;i!;;;{;vj^ty;!)i}Hvi{!i{}H«a{iK;}!v ToiiiE III. — i83o. 7" LIVRyVlSON. NOMS DES COLLABORATEURS RT DES CORHESPONDANS, FRAN° Pour les Sclencia naturelhs : MM. Floueehs, Gkoff bov S aint-Hilaibb, de rinstitiit; Bob* db Saiht-Vimcent, correspoadantde rinstitut; Matbibl BoNAFODS, de Turin; B. Gaiclok, de Dieppe; Isidore GEOPraoy Saint- liiLAiBB, Hoot, etc. 5° Pour les Science* medicates : MM. DamibomjG.-T. Doiir, Fossaij, Gasc; Gebsor, deHambourg; db Kihckhoff, d'AoTeis; Lovsan; Ri- KOLLUT fils, d'Amiens, etc. 4° Pour les Sciences phitosophiques et morales, poUtlques, geographiquet et historiques : MM. M. A. Jollien , de Paris , Fondateur-Directeur de la Hevue Encyclopidique; Abth. Beuohot, Ad. Blarqci; Alex, db la Bobdb , JoMABD, de rinst. ; M. Avbkbl, Babbd^ ed Bocagb fils, Behjamir Cons- TADi, Ch. Gohtb, Depfuic , Alphokse d'Hebbelot, Dcfao, Dohoyeb, Gl-igriaut, a. jACBEBar, J. Laboodebie, Laajcirais, p. Lami, Isidobe Lbbbch, Lesd20B-Mebli«', Massias, AtBEaT-MoKTSMOHT, EusiBB Salvebtb, J.-B. Say; Siuokdbdb 9isHonDi,de Geneve ; WABNK0BNiG,deLi6ge,etc.; Dopiif atne; Bkbvillb, BoccHEnii-LBFEB , Pabbnt-R^al, Gb^ Rbrouaho^ Tailiabdibb, avocats; Vidadbbb, du P6rou, etc. 5° Pour ia Littirature franfaise et itrangete, la Bibliographie, VArehio- logic et les Beaux-Arts : MM. Ardbsbciz , Ahauby-Dotal, Eu^ric David., Lbukbcieb, db S^gcb, de I'lnstitut; Alloc; Andbievx, de Ljimoges; M"* L.-Sw. Bblloc; MM. Bubrouf fils, Chauvet; Cbiabiri, de Varso- vie; P.-A. Colfir , Fb. Degbobgb, Dombbsah; Eo. Gaottieb-d'Abc ; Ph. Golb^by , eurrespondant dc I'lnstitut; L^oh Ualevy , Herbicbs, E. IIiiBBAB, AcGcsTB JoLLiEK fils, Brbrabd Jollien; Kaltos, de Zante; AoBIBtl-LAFAfiCB , J. V. LbCLBBC, A. MaBUL , MORGLAVB ; MoR.f ABO, de LauMone; C. Pagahbl, H. Fatip, Arsblmb Pbtetir, Pdmgbbvillb, dk Rbiffmbebc; db Stassabt, dc Bruxellea ; Fb. Salfi, Schritzlbb, Sbb- VAH obSobrt; L^o.tTmi»s<, P. F. Tissot, Vicoibb, VuLBnAVB, etc. REVUE ENCYCLOPEDIQDE. lYPOGRArHir: DE MARCELL1N-LEGRA,ND, I'LASSANETG' nCE DV PETIT-VAIICIRAHD , K" 10. PAUIS. — IMFRIMERIE DE I'LASSAN ET C'S Bl'E OE VAUnjRAnO, K" |5. ^s^. /m REVUE ENGYCLOPEDIQUE. ov ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LES SCIENCES, LES ARTS INDIISTRIELS , LA LITTERATORE ET LES BEAUX-ARTS ; PAR UNE RIEUNION DE ME MB RES DE L'INSTITUT, ET d'aUTRES HOMMES DE LETTRES. TOME XLVII. AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPl^DIQUE, ET CHEZ sfeDILLOT, LIBRAIRE, RUE DE L'oDioN , N" 3o. JUILLET-SEPTEMBRi: 1 85o. • Toutcs It's sciences sont les raiiioaux d'une mfenie tige.> Bacon. • L'art u'est autre chose que le contr6le et le registre des meilleures pro- ductions... A controler les productions (et les actions) d'un chacun , il fi'engcndrc envie des bonnes et ni6prisdesmauvaises. » MONTAIGNB. • Les belles-lettres et les sciences, bien dtudiees et bien comprises, sont des instrunicns universclK de raison, deverlu, de bonhcur. » REVUE ENCYCLOPfiDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAlSONINliES DBS PBODLCTIOnS LBS PLUS BEMARQ0ABLES DA>S LA LlTTIilRATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIKES, NOTICES, LETTRES ET MliLANGES. ^ COURS D'HISTOIRE DES SCIENCES NATURELLES , PAR M. CUVIER. N. B. Nous noiis proposons de rendre comple du Cottrs sur I'Hisloire ties Sciences naturelles que professe M. Cuvier an college de France, en insistant principalement sur ies gene- raliles, et reduisant beaucoup Ies details historiques, scienti- fiqiies ou biographiqiies qui nous entiaineraient trop loin. Si qiielque eiieur se glisse dans ces articles, le lecteur devra s'en prendre a nous, et non au savant illustre dont nous cherehons a rendre le? idees. Cependant, apres avoir suivi (i COUllS D'HISTOIUE SOS lecons avce raltentioii la plus soutcniie, uous avons pris (Ic telles piocaiitions que ces errcurs iic pounonl elic que trt'S-rarcs. Mais, avcc I'exactitude ties fails, des dates et des noms proprcs, nous ne saurions offrir, dans le cadre etroit d'une analyse trop rcsseiree, I'image de cette elocution si claire et si abondanle oi"! tous les fruits du travail, du genie cl d'une immense lecture viennent se coordonncr et se fon- dre sous les apparences d'une conversation elegante et ne- gligee. Dans un tems ou les promesses trompeuses d'une me- taph}sique incertaine excrccnt encore quclque influence sur I'esprit d(!S jeunes gens, il est inutile de I'aire ressortir I'im- portance et I'ulilite d'un cours veritablement serieux et in- structif, dans lequel se tronvent developpes, a la fois, I'ori- gine, les progres, la philosophie de chaquc branche des con- naissances naturelles, les rapports nombreux qui les unissent L'u faisceau, leurs intimes relations avec les revolutions po- litiques et les modifications sociales. Nous entrons done immcdiatement en nialii're, en tachanl de faire parler M. Cu- vier lui-menie. PREMIER ARTlCLIi. UlSTOlhE DES SCIENCES NATlIREtLES CHEZ LES PEl PLES ANTERIEIUS ATJX GrECS. L'etude de i'histoire des sciences natuielles est indispensable .1 tous ceux qui les cultivcnt : elles reposent.sur des faits con- flates par uotre propre experience ou par le temoignage d'au- trui; et ce temoignage ne peut elrcapprecie lui-meme si Ton ne connait Ic tenioin et les circonstances oti il a vecu , les niuycns qu'il avait en lui et hors de lui de connaitre la verite : leur uiarcbe est progressive ; et, faule d'avoir fait cette etude. I cuxqui veulent bater leurs progres s'exposent, apres dc longs efforts, a decouvrir des cboses deja trouvees, a relever des erreurs deja refutees : d'ailleurs, la connaissance des idees de nos predecesscurs peut devenir pour nous une source feconde de nouveiles decouvertes. Cette etude nnns nflVe encore une DES SCIENCES NATURELLES. 7 »Uilite d'nn ordre plus eleve, en demontraiit la vaiiilc des nombreux systemes qu'on voit sc succeder et sc detriiire sur le3 objets inaccessiblcs a l'esi)rit hiimain. Les fails bien deter- mines demeurent seuls immortels aveo les nonis de ceux qui les out devoiles : un des besoins de notre age est de fixer leur importance et leur duree. C'est par I'observation de la nature que les hommes ont etc conduits aux decouvertes qui, fournissant tout le materiel de la societe, ont favoiise son developpement. La societe n'est autre chose qu'un combat contre la nature; or, la nature ne se combat que par elle-meme ; chaque progres des sciences avance done la socic-te, et Thisloire de leur developpement el de leur influence serait I'bistoire mCme de la civilisation. II ne faut pas oublier que ce qui est vulgaire aujourd'bui a fait partie de la science mC-me, dans I'origine; et nos premiers moyens d'existence ont etc d'abord les fruits du genie de nos ancetrcs. La Providence avait, sans doute, desliue I'homme a ce coinble de jouissances physiques et spirituellcs auxquelles une partie de I'espece est parvcnue ; mais elle avait resolu de les lui fairc acheler par le tems et le travail. Jete nu et sans amies a la surface de la tcrre, il serait reste le plus faible des animaux, s'il n'avaitetedouc de trois instincts puissans : lasociabilite, le langage, I'abstraction. Si i'on cherchc a etablir I'ordre de succession des decou- vertes capitales dans les sciences naturelles, on voit I'homme re- connaitre d'abord que I'air n'esl pas conducteur du calorique, et ressentir le besoin des vctemens et des jnaisons : ce qui le con- dnisit auxpremieres notions d'architecture et de inecanique. Il s'apercutensuiteque I'oxygene, en se combinant, aliaudonnait son calorique, et il chercha le fen, qu'il appliqua a la cuisine et auxpremiers artschimiques. En remarquanl que lefeu liquefiait cerlaines substances susceptibles de se fondrc et de se forger, les nietaax, il eut I'idee des armes et de leur cmploi a la chasse. En reconnaissant que I'eauportait des corps plus Icgers, il con- rut la narigaiion appliquee a la peche. Certains animaux pou- vaicnl sc sounietlrr et se mnlliplier : de cette observation naquit a coLus D'HisroiiU': I'art pastuial ct Ics \oyages. Certaines plaiites poiivaient se lUuUiplicrct scperfectionner : delitl'agricuUiire. Les dillerens rlimatsproiluisaient des substance? di verses elreciproquemeiit utiles : co iul, dans son esprit, le premier germe du commerce entrc les nations. La marche dcs saisous se montrait reguliere- mcnt sonmise aux mouvcmcns des aslrcs, et il etudia I'astro- nomic, qui Uii fit inventer Iccalendrier. Des rapports existaient entre la position des aslres el la sienne propre sur terre ou sur mer. et il s'atlacha a la navigation aslronomiqae , d'oii depend lageographie. Parl'etnde desproprietesdel'ainiant, il retroiiva cetlc memo position sans le secours des aslres : des lors il pnt tracer le chemin des Deax-Mondes. Par la fabrication de la poudre d canon, I'enipire fut enleve a la force parmi les indi- vidus commc a I'egard des nations. II crea I'imprimerie , qui assure une duree eternelle a toutes ses autres decouvertes. EnfiUj il a construit les machines a vapeiir ; et rhomme possedc desorniais une force sans liiniles. A ces decouvertes se rattachent des developpemens corrcs- pondans dans I'elat social. Les premiers hoinmes, ne se sou- mellant qu'a I'amour ou a la force , se diviserent entre enx : la force decidaii de lout. En se creant dcs dcincnres, des vete- mens, des amies, ils commencercnt a pren(ire I'idee de la propricte appliquee aux produits de leur iuduslrie : I' Industrie conlrebalanca la force. En formant des Iroupeaux, ils prirent ridee d'une propricte sur des chosesqu'ilsn'avaient point pro- iluiles : aussitot parurent I'inegalite des richesses et celle des tcinc/(Zi(JH5 indcpendantcs de la force : les prisonniers ae se man- gerentplus; on enfitdesesclavespourlesuliliscr. Ens'exercant a la culture de la terre, les hommes apprirent a conuaitrc la I'ropriete icrriloriale : I'inegalite put alors devenir extreme ; in- depcndammenldesesclaves, les hommes librcs sans propricte (ravaillcrent pour les autres. Le commerce fit apprecier Tim- j)ortance de la propricte mobiliaire, affaiblit les effcts de I'ex- Ireme inegalilc, et I'invention de la boussole aocrut prodigieu- sement la puissance du commerce. Lapoiidre d canon, mettanl le pouvoir eiitrc les mains du gouvcrnement , rendit tou'^ les DES SCIENCES NATlJRELLE.-.. q homines egaux tlevant la loi. L'imprimerie , eiupechant la duree de reircur, obligea les gouvernemens ciix-memes a remplir leur mission, qui est le mainlien dc la justice. Tels soiit les bienfaits successifs qui derivent de I'Dhserva- tion dc la nature scientifiqiie. Mais leur developpementn'apas ete spontane : il a i'allu pour le determiner rimpulsion d'hom- mes de genie, d'esprits speculatifs, qui, tirant parti des decou- vertes dues au hasard, ont su les coordonner et les appliquer. L'histoire des sciences offrc trois epoqucs principalcs : I'e- poque religieuse, I'epoque pliilosophique et celle qui a pour caractere principal la division du travail dans I'etude de la nature. Dans I'origine, il a fallu parler aux hommes au nom de la divinite : la science et la religion etaicnt conl'ondues : aussi les peuples ont-ils mis au rang des dieux leurs premiers instruc- teurs, Minerve, Neptune, Ceres, Triptoieme, Hermes et les dieux de I'Egypte, Brama , Fo , Mancocapac. Aiijourd'hui meme ce ne sont guere quo des missionnaires religieux qui parviennent a eclairer les sauvages. Mais la condui(e de ces precepteurs des nations n'a pas ete partout la mC'ine. Dans certains pays, les savans ont conserve a leur doctrine le carac- tere religieux : la science a etc censce reviUce, et, par suite, elle estrestec statioimaire. lis ont etabli des castes hercditaires; et, pour conserver le privilege de la science , ils I'ont presentee aux peuples voilee d'emblfemes : sous la forme de divinites I'ac- ticcs, comme dans I'lnde; avec des figures et des hicroglj- phes, comme dans I'Egypte. Cependant I'esprit de caste aurait arrele ses progres, et maintenu le genre humain dans une eter- nelle enfance, si des circonstances hsureuses ne I'avaicnt transporlee hors des temples. Les Hobreux et les Grecs, for- mes par les colonies egyptiennes, furent les premiers qui etn- dierent les sciences pour elles-mOnies , debarrassees des alle- gories qui les masquaient encore. Moise enseigna une doctrine pure, et defcndit les images : malheureusement 11 parlait a une nation trop faible, ou le sacerdoce etait encore hereditairc; el cetle non vello influence ne put se manifesler avec force que par lo COUUS D'HISTOIRE le christiaiiisme , la seulc religion an sein de lat[ueile les scien- ces soient cullivces cle nos jouin. Los Grecs ne recnrent d'E- gyple el do Pltenicic qne des rites s^niboliques sans explica- tions; et les connaissances qn'ils alleient chercher plus lard en Kgypte el anx Indus en rcviiuent sous la seconde ferine, c'esl-a-dire. sons la forme pliilosoplii(|ue. L't'poque philosopliique commence done anx premiers sa- ges de la Grece, qui firent ces voyages, environ mille ans apres I'elablissemenl des colonies egypliennes. II n'y avail pas alors de sciences proprement diles : toutes les connaissances hu- maincs, dont I'ensemble fut designe plus lard sous le nom de philosophie, scparecs de la religion , se cnltivaient a la fois par les nu ines liommes, qui les communiquaient sans reserve au vulgaire. Dans le.s sciences, conime dans I'induslrie, la division du travail est la condition des progres. La troisieme epoque oii celle division fut bien marquee aurait dale d'Arislote , si ses disciples avaient pn suivre la marclie qu'il leur avail tra- cee; car cc grand homme classa les sciences avec une supe- riorile devues admirable. Mais, apres lui, lasectedesperipate- liciens, qu'il avail fondee, tomba dans le mepris, et la confusion 1 enaquit dans les sciences. La medecino resla seulc separee en sa qualitc d'art pratique. Ccfte Iroisieme epoque ne doit done elre complec reellement qu'a parlir de la renaissance des lel- tres au xvi' siecle. Alors cha(]ue ordre d'idecs se delacba el forma une science speciale sous la direction generale de la philosophie , restee ainsi la science des sciences , parce qu'cllc est celle de I'inslrumeTit general des connaissances de I'espriL humain. Les sciences ne complent done en I'calite que tiois -iecles d'efforts constans et de travaux melhodiques. Quelles esperances ne doivenl pas faire concevoir leurs progres mer- veilleuxdans un si court intervalle! quel avenir leur developpe- ment ne promet-il pasal'espece humaine! qui oserait assigner des limites a leur essor! L'originc des sciences doit elre comptee du jour meme de Tapparition de I'liomme a la surface de la terre : c( la considc- DES SCIENCES N ATLlflELLES. n ratioa siaaultanee des phenomenes naturels, des moniiniens historiqiies, des traditions religieuscs, malgre le pen de don- nees que Ton a pour resoiidre cette question, perinet d'en determiner I'epoque d'une maniere satisfaisante. Tons les peuples se vantent d'une haute antiquitc : des mil- liers de siecles ne coQtent rien a ceux qui ne suivent pas la Bible. Mais, si Ton se borne aux histoires serieuses, aucune d'elles ne renionteaplus de 5,ooo ans avant notre age; etdans toutes se trouve conserve le souvenir d'une grande catastro- phe, qui, changeant la surface de la terre, aneantit la pres- que totalile de Tespcce humaine. L'etude du globe nous ap- prend aussi que, des diverses revolutions qui I'ont agite, la derniere correspond sensiblement a I'epoque assiguee au deluge. Parmi les considerations geologiques qui permettcnt d'as- seoir une opinion sur la date de cette immense revolution ter- restre, on doit compter surlout les dunes qui s'elevent au bord de la mer, les atterrissemens qui s'acoumulent a I'em- bouchure des fleuves, les talus qui se forment au pied des montagnes, car ces phenomenes out du commencerimniedia- tement apres le dernier bouleversement du globe, et se conli- nuer dans une succession reguliere. Or, I'observation, nous apprenant a calculer leur augmentation annuelle, demoittre qu'ils ne peuvent compter que 5 ou 6,000 ans au plus. Eu outre, les ossemens et autres debris organises qu'on rencontre sous les couches marines soul dans un etat de fraichcur qui prouve leur pen d'anciennete. Les circonslances nalurelles, susceptibles d'appreciation, s'accordent done pour confuiner I'exactitude des traditions luimiines qui oftVent elles-memo5 une etonnante confomiite. Toutes les annates des peuples anciens parlent de cette cata- strophe, et la Cxent a des epoques trcs-rapprochees les uues des autres. Le texte hebreu de la Genese place le deluge 11 I'an 2049 avant Jcsus-Christ ; ceini des Septante, a I'an 552u : cekii des Samarilains, a I'an r)o44- Les Grecs, selon ^'arron el Ccnsoriuus. portent I'annee de leur deluge en 2376: selon ,3 COURS D'lnSTOIllE Acmiluiis el Liiscbe, on 1796. Lcs liulicns, d'apji;s Caliyoug, foiilcoinmencer le qiiatritiue uge du moiule, ITigo do !a terre, celui oil nous vivons , a I'an 3 102; clici los Chinois, Confu- cius rcpjoseiitc le premier roi , Yao, laisant coiilcr, on 2384, ' les eaux dc I'Oi-oau, olevees jusqu'au somrnet des mon- tagnes. Ninns, d'apres Ctosias, Ibmla I'empire de Baby- lone, en 2348 ; el, selon Horodoto, en laSo. Les rois de Tha- gada, fds du soleil, el les premiers huniains, commenccrent a regner en 2200. Ainsi toutes les hisloires s'accordent i\ rap- porler la fondation des grands empires a 2000 ou 25oo ans avant I'ere chielienne : ccpendant, les hommes ne peuvent avoir commence a tenir des registrcs reguliers, ;\ elablir des systcmes scienliliques positil's, quo long-terns apros cette epoqiio. La plus ancienne de toutes les sciences est Tastronomie, dont les premieres observations paraissenl avoir ele foiles en meme lems par plusieurs pcuples. La premiere »!clipse obscrvee a la Chine date de 776; a Babylone, la premiere des Chaldeens qui semble autbcnlique est de 747, sous Tore de Nabonassar. Les aodiaqucs, traces sur les murs de certnins temples en Egyple ont faitpenser qud'aslronomie y elait cultivee depuis un terns plus reculc; mais3L ChampolHona reconnu leur date precise : celui de Denderah fut construit sous Noron, un autre sous Domilicn , etc. On a protendu, il est vrai , que des observations remontant ;i I'an 1903 avaient ole envoyees a Aristote par Callistbones, lorsque ce pbilosoplic se trouvait a Babylone, A la suite d'A- lexandre; mais Arislote n'en parle pas ; et ce I'aitn'esl rapporte que par Simplicius, ecrivain grec du Bas-Empire, qui yivait 600 ans apres.T-C. : Plolomee lui-mcme n'avait ancunc con- naissance de ces observations. Le calendricr attache aux Vedas des Indiens parait dater de i5oo ans avant J.-C; mais on douto aussi de son aulhenticite. Tout annonce done que la societe luimaiue n'a pris assei deconsistancepoiu' conserverdesMemoircsot ponrdonner une forme un pen vrguliore a sos connaissnncos (pic dans le vni' DES SCIENCES NATlillELLES. i3 siecle avanl J.-C; bieii que les dociimciis rcsles de ranliqiiite nous portent a penser que, fits i5oo ans a\anl I'ere cliro- lienne, quatrc grands per.plessubsislaicnl en corps de nations : Ics Chinois, les Indiens, les Babyloniens et les J^gyptiens. Les Chinois ont toujours vecu separes du reste da monde, et leiirs progres dans les sciences n'ont jamais cu d'infiuence sur la civilisation universclle Quant aux trois autres nations primitives, 11 existe une si grandc ressemblance entie leurs emblemes leligieux, leur constitution sociale et la t'ornic memc de leurs monumens, qu'on ne peut s'empecher de leur recon- naitre une origine commune. Leur systeme de religion represente la mome phiiosopliie avec des legendes fort semblablcs. Chez toutes, les emblemes sent des divinites, Athor, Asfarte, Venus, Bavhane, Brama, Phta, Vulcain , Uhama , Bacchus, Osiris, Chrishna, Horus, ApoUon. Leur doctrine est une especede panthcisme : partout regne la metempsycose. Le sujet dc la melaphysique est le meme pour toutes les nations : on concoit done a la rigueur qu'elles puissent arriver a la fois a une meme philosophic re- ligieuse, revetue d'emblemes a peu pres semblables emprun- les des objets naturels les plus familiers; iiiais I'identite de la constitution politique nepeut provenir evideminent que d'une communication entre ces peuples. L'organisation sociale dans I'lnde est restee telle qu'elle etait du terns d'Alexandre. Ony observe quatre castes principales: les pretres ou bramines, dcpositaires de la religion etdes scien- ces, jouissant seulsdu privilege de lire les vedas, et de les ex- pliquer; les kchatrias ou guerriers, autrefois charges de la de- fense du pays, dont le privilege est d'enlendre lire les livres sacres; et deux autres classes, qui ne doivent apprendre que dans les pouranas, les marchands ou vaisia, et les artisans ou joudres, subdivisees elles-memes en autant de castes hcredi- taires qu'il y a de professions diverses. Unepareille division ert castes hereditaires, sousle gouvernement des pretres, n'a jamais eu lieu a la Chine; mais cette constitution singuliere, evidem- menl prodmte soui I'empire de circonstances' accidcntellesy I'j COURS D'HISTOIRF- se lolroiivc cxaclomeiii dans raiiti(|iic Kgypte : une coinei-' tlencc aii.ssi extraordinaire ne saiirail etre impulee au liasard. Lesnioniinicns,dont les formes doivent etre plus arbitraires do leiiniatiire, oflVent, chez ces pcuples, une rcs'^emblancc plus etonnanle encore ; cc sont des pyramides, des grottes, des temples souterrains; et cependant les materiauxn'elaient pas les memes : dans I'Assyrie, la brique seule etait en usage, tandis qu'aux constructions de I'lnde et de I'Egypte on em- ployait la !?ienilc on le granit. Tncgrande analogic scmonlrc aussi dans leur position gco- grapliiquc, qui dnt etre pour ces peuples une cause puissante de prospcritc. Tous les trois s'etablirent dans le voisinage de grands lleuves, dans des pays fertiles, plats, perces de canaux et d'une culture aisce. Les Indiens Torment leur empire sur les rives du Gange, en envoyant quelques colonies aux Lords de rindus; les Babyloniens, dans le Delta de I'Euphrate; les Egyptiens, le long du Nil; et tous sont places sur la route d'un grand commerce, protege par la religion, puisque leurs edifices sacres servaient d'entrepot aux marchandises. Au mi- lieu de tant de circonstances favorables, pourquoi les sciences ne s'y sont-elles pas eleveesa un haut degre de perfection? Quelles furent les causes extcrieures de leur retrogradalion? Tous ces peoples primitifs occupaient un sol fertile, qu'en- touraieut des plaines sablonneuses ou elevees, pen suscepti- bles de culture, et habitees par des nomades, naturellement actifs, sobres, courageux, portesA laconquetc. Dans les tems recules, I'histoire nous montre les nations civilisees luttant sans cesse contre les hordes nomades, et souvent subjuguees par ces voisins dangereux : la Chine a ele conquise dix fois par les Tartarcs ; I'lnde, trois fois depuis que nous connais- sons son histoire, par les Mongols, les Turcs et les Persans ; la Perse elle-meme passa sous le joug des Turcs et des Arabes : des le commencement de I'histoire, on voit les desastres des Assyriens et desChaldeens : Samarie cstdelruite en 720 par Sal- manazar; Jerusalem, en 58^, par Nabuchodonosor ; Tyr, par Icmeme; Babylone, par Cyrus, etc. : 1'1'^gypte fnt occupee,de-' DKS SCUINCES NATURELLES. !"> puis i65o jusqu'a i/po avanl J.-C, par les noinados arabes, sovis lo noni d'hicsos, qui ileliiiisiient I'ordre ilcs pretres, el arrelerent I't'ssor tics coniiaissaiices hiiuiaines; en 784,elle tut soumiso par Sabaccon, I'lilhiopien; en 54i, parCambyse; plus tard, par les Sarrasins, et enfin par les Turcs. Ce ne fut done que par leur transmission des Egyptiens aux Grccs, et de ceux-ci aux peuples occidentaux, que les sciences, a I'abri de ces commotions politiques, parent se deyelopper d'une ma- niere continue. Tout se reunit pour nous faire penser que I'lnde a etc leur berceau, et qu'il faut y chercher les premieres annales du monde. Contenant les plus hautes plaines de la terre, celles qui avoisinent les chaines du Thibet et de I'Himalaya, seule, elleapu offrir un abri aux hommesechappesdu deluge, ou der- nier cataclysme de iiotrc globe : la Babylonie nepresentaitalors qu'uu marecage; et, par le nombredcs couches annuelles du Nil, superposees sans se confondre, on pent reconnaitre que, 2000 ans avant J.-C, toute la Basse -Egypte n'existait pas encore : du terns de Menes, en 2200 avant notre ere, le Delta n'etait qu'un marals. Une tradition, que Tonne senibic pas avoir prise en conside- ration jusqu'a present, tend encore ;\ prouver I'anleriorite des Indiens sur les autres peuples de I'antiquile. Dans des frag- mens conserves des ouvragos de Manethon, on voit que, vers 16 1 5, sous le regne d'Amenophis, roi de la seizieme dynastie, une colonic indienne s'etablitdans TElhiopieouHaute-Nubie : or, Diodore de Sicile et les autres aiiteurs qui ont ecrit sur I'Egypte font venir sa religion de I'Elhiopie. On sait d'ail- leurs que Thebes n'etait qu'une colonic de flleroo, du moins pour ses castes superieures, car les classes inferieures parais- sent avoir ete d'une autre race. La civilisation, dont le foyer primitif etait dans I'lnde, passa done de \k dans la TSfubie, el de la Nubie dans I'Egypte ; et Ton peutconjecturerencore que de I'Egypte elle gagna Babylone, en se fondant sur les recits de Diodore, qui pretend que les Chaldeens, c'est-a-dire la casle lU COLRS D'HISTOmii )«acrec dans la Baliyloiiio, ii't'taictit d'ahord <[iriv.ie colonic des prClrcs «'-gvplitns. Pour ctal)lir la maichc des sciences parnii Ics Indiens, scs premiers fondatenrs, on ne peutlireraucnn secoursdes ouvra- ges qui nous en rcstenl : i!s n'onl lien public sur I'histoirc de lenr pays,bienqu'ilsaient bcaucoup ccrit et depuis trcs-Iong- tems. Les premieres notions que IcsGrecs en prircnt, lors des conqueles d'Alcxandre, ctaient passageres et snperficielles; cellcs des Plolomoes et des lloniains nc sc fondaient que sur des traditions de marchands. Les Indiens condamncnt I'elude dcl'liistoire : ils mepriscnt le terns present, etscmo(iucntmeme des Europetns. On ne peul done puiser quelqucs renseigne- mens a cet egard que dans Icurs autres livres ou dans leurs monumens. Les monumens del'Indc sent posterienl's a Alexandre et aux Ptolomees, puisque,malgre leurs proportions gigantesques, les ecrivains grecs n'en ont jamais parlc ; et les emblemes qui lenr servent d'ornemenl se rapportent tons an cullc acluel, dove- loppe dans des traites plus recens que les vedas : ccs edifices religieux n'existaienl done pas au tems ou les vedas furent composes. Ils n'ont d'insci iptions a dates connues que d'un siecle avant J.-C : Stobco, qui vivait au u' sieole, sous He- liogabale, est le premier qui en fasse mention. Les vedas et les pouranas, dont I'ensemble forme les livres sacres des Indiens.; les upavedas , recucils de traites de me- decine, de musique, de danse, sur la guerre, I'architecture et soixantc autres arts; les anciens poemes de ce peuplc , ou la philosophic generale se melc a la mylhologie, et qui font aussipartic de sa litlcraturc sacrce. sont tons ecrits en Sans- crit, languedes premiers Indiens, langue la plus rcguliore de loules, qui n'est parlec aujourd'hui nullc part, et de laquelle paraissent deriver, puisque lenrs racines y sonl comprises, le grec, Ic latin, rallemand, I'esclavon, et les langues qui en de- pendent. C'est done encore dans I'lnde qu'il faut aller cher- cherl'originedulangagejdecpt instrument primitif.des sciences. DKS SCIE>iC.i:S NATUUELLES. i; Oil a pii calciiler Ic tcms oi'i les vedas fiirent composes, a Wide, il'iiii calcndricr ajoiilo a I'un d'eiix, le Jasns veda : d'a- pios les loisconnuosde I'aslroiiomie, il doit elrc de i58o avant J.-C. Lcsloisde Mcnoii sonl dc 1280. Les vedas, dont la mctaphysiqiie offro une espece de pan- Iheismc, sont Icurs plus anciens livres, cites dans tons les au- tfcs. II n'y est question ni deCrishna, qui, selon Johnes, date . '-i ,; coins D'HISTOllU': (lu'aii ( ;iiio ill' riiy|>itlli('iinsi> el ;mx liiaiij;l(> sciiiblaltlis : on ue les v <''oit arrives qii'aii xr sieclo. Les connaissaiicos des liuliens en hisloire nalurcllc devaienl se hornt'r, vers le terns ort I'une dc lenrs colonies civilisa I'K- "Vpte. a des nofiions snr les prodnits dii regue \egetal de leur pays. L'hori't'iw (]iie la religion inspirait pour le ciiir, pour Ifs eadavreset pour lo niem'He des animaux, s'opposail a tout progres sensible en zoologie. Dans leurs anciens poemes , il osl souveni patle de I'or. inais pas encore des pei les : ils oon- nuissaient I'ivoire, el savaienl le travailier; ils lahriquaienl des lissns, employaient la leinture, laisaienl un granATDRELLES. 19 farriitcs ile gres et de granit, materiaux durables qu'ils pou- vaient transporter tacilenient siir le Nil , ils fureiit portes a rarchitectiire ct aiix arts du dessin qui en dependent ; posses- seurs de mines nomhreuses, ils etudiercnt la niineraloj^ie , et, par suite, la chiinie, qui en est inseparable. La pratique des embaumemens leur fournit des notions exactes en anato- mie. Au culte qu'ils avaient rccu des Indiens ils ajouterent Tadoration de certains aniniaux; ce qui les conduisit a en ob- server les nVoeurs et a en dessiner les figures dans leurs edifices facres : leur religion, lormee probablement d'un melange des rites de I'lnde avec le tetichij>me, qui dut ctre le premier culte des l^thiopiens, comme il Test en general de tous les peoples de race negre, n'etait done point uu obstacle aux etudes de rbistoire naturelle : au contraire, elle semblait les fav oiiser. IMalheureusement, il ne reste aucun ouvrage ecrit de co peuj)le ; nous avons seulement un catalogue des livres sacres d'Hermes, conserve par Clement d'Alexandrie. Ces livres etaient en l^gypte I'objet d'une grande veneration ; ils trai- taient des rites , des lois , de I'astronomic , de la geograpliie , des hieroglyphes, de pliilosopbie, de medecine et d'autres su- jets; maisaucun n'etait consacre a I'histoire : Jamblique dit qu'il y en avait 36,52 1. Des le terns de Galien, la plupart de ceux qui portaiont ce nom etaient deja tres - suspects ; ceux d'aujourd'hui sont apocryphes. A defaut d'annales de I'l^lgypte, nous avons, dans Eusebe et dans qnelques antres ecrivains, plusieurs listes de ses rois ; mais ily regne une grande confusion, qui provient vraisembla- blement de la division du pays en Etats independans , dont les souverains sont presentes sans date sur ime ligne continue, comme s'ils s'etaient succede sur le meme trone. Les probabilites sont que I'lnde a devance les aulres peu- ples dans la carriere de la civilisation. Mais, si, a une epoque reculee, 16 ou 1 700 ans avant notre ere , elle a pu influer sur I'Egypt^, ses communications scientifiques se sont bornees a des idees metaphysiques ou religieuses, et aux premiers ele- nieus des malhemaliques. Les propres ouvrages des Indiens , •...o coi'i'iS DJiisroniv: poslcricius a rc'!^ cttniniuiiication.s, ruiciil cuiiii'nsc.-, dans (l«'.t lonis moii>s rccules que Ics Hvrcs sacres des lilf^yplicns, ((iii paraissciit d'ailleurs n'avoir conlcnu ricnd'intero.ssanl pour los scit'iict's. Los myslercs quo Ton croyait ecrils swv Ics moiin- intMi? so rt'duiseiit dc leur cute a dcs lilauics cl a dcs desciip- lions adulatoiros. Cos edifices n'ollVeiil probabieineul que dcs rcpreseiilations niytliolo^iqucs, coniinc ils icpiesenlciii ics exploits de Ilhama dans I'lnde, et ceux d'llcrcule ou d'Aeliillc dans la Gi'tcc : (lalterer preleud meme que Mencs, Osyiiian- dias, Mceiis, Scsostris ct Rhanisiniitts ii'ont cxisle que dans i'iniHgination des cicerone qui expliquaient les pyramides ; on ne Irouvc, en cffct, aucune tiacc des exploits de Scsostris chez les historicrjs des autrcs nations. li est done perniis dc pcnser que riigyple n'a piis de I'li- nite ct de la consistaiice qu'apics I'cxpulsion dcs pastcius, alors que loutes ses petilcs soiiverainctcs t'urent reiinics sous on meme sceptre. Sculcniout, a parlir de cette cpoquc, clle fut asscz. puissanlc pour cntreprendrc dc grands travuiix. M. ChanipoUioM, cu lisant les nonisdcs souverains, ccrits sur les monumens en caracteres liieroglyphiques , a reconnu qu'aucun d'eux n'etait anterieur aux xvii" et xviii' dynasties, c'esl-a-dire, a celles qui cxpulsercnt les nomades : peut-etrc meme les edifices elcvcs en I'honneur de ces princes n'onl-ils etc l)alis qu'apres leurmort, connnc on en erige aujourd'hui parmi nous a Henri IV et a saint Louis. Les pyramides , monumens de renfance dc I'arl, nc fii- rent construites, suivant Mancthon, qu'apres Ic regno dc Scsos- tris, le vainqucur des pasleurs : elles sont done postcrieures aux premieres emigrations dc I'Egyptc, colics dc Cccrops , en i55G avant J.-C. , de iMoise, en i/iO"? d« Danaiis, en i485. La Bible n'en fait aucune mention, et les Hebreux ne les imi- lerent pas : la memo observation pent se laire a I'cgard des (rdonies qui sc dirigercnt vers la Greee.-On croit que les py- ramides furent fondees en iioo, \\n pcu avant David el la guerre do Troie. Les autrcs edifices leur sout j)oslcrietus : on doit porlrr leur d;Ue au tcms oi't I'Kgyple ilorissail Ic J>lus , DES SCIENCES NATUUraLES. -n depiiis noo jusiiu'a I'aii 55(1 avant J.-C, cpoquc de I'iiivu- bion lie Cambysc, qui niit im Icrnic a sa pro.spcritc. Leur nonibrc, Icur bcaiitt;, leiir grandeur, n'oiit rieii d'ctontiant sous uu ciel oi'i Ics inateriaux se conscrvent inallerables, et dans un pays au sein duquol avaient du s'accumuler d'im- uienses richesses, par suite dc la fertilile du sol et do sa po- sition geograpbique , qui le reudait maitre du commerce dc I'At'rique et de I'lnde. Fermee aux etrangers pendant sa prosperite, I'Egypte leur ouvrit ses ports pour la premiere fois, vers I'an 600, sous Psannneticus, qui, pour apaiser des troubles tivils, se vit force d'appeler des troupes grecques auxiliaires. Ses prGtres purent alors communiquer leurs connaissances a Tbales , a I'ylbagore, et successivcment aux aulres philosophes grecs qui vinrent s'instruire dans ses temples. Tbales y vint on 55o. Peu apres, en 54 1, Cambyse conquit I'Egypte : mais cet eve- nement n'empecba pas les Grecs de s'y rendrc encoic, Py tha- gore vers 5oo, Herodole en 45o, Platon en 4t»o, Eudoxe en 570. Ainsi, les Iravaux vraiment scientifiqucs des Egyptiens com- mcnccnt environ laoo ansavant J.-C. ; ils se ralentissent lors des troubles civils, vers 700, et ccssent prescjue enlieremeiil a la conquetc de Cambyse, en 54i? on 548, scion d'autres : on les voit enfin apprecies et reduits a leur juste valetn-, en 304, par les Grecs d'Alexandre, qui transporlerent sur les bords dti Nil les sciences, telles que, depuis Tbales , en 200 ans, ils les avaient developpees. Bien que cette periode de sept a huit sie- cles ait ete plus que suffisiuite pour conduire a de nombreuses dccouvertcs, I'esprit hnmain ne fit pas en Egypte de grands progres pendant ce long intervalle : la periode grecque , a parlir dc Tbales, et memc en y comprenant I'ccole d'Alexan- dric, ne fut gucre que de mille ans; celle des modernes n'en comptepas encore cinq cents. On pent juger des connaissances des Egyptiens par celles des emigrans. Les premiers, dans les xv" et xvi° siecles avant J.- C. , Cccrops, Deucalion . Moisc, Danaiis , n'a- COIUS D'HlSTOIKi; xiiiiiil (jiif J'iiijiui' liiiiairc tie 53;) jours, avei" ties iiilcrcalla- liout!. Knviron inillc ans apies, TliaU's n'eii rapporta que I'an- nee do 305 jours; ou dil meme qu'il leur montra la manicre (Ic uiesurer par I'ombre la lianlenr des pyramides : Pylliagore Y apprit rarithmi'-IiVnif , inais iion son tlit'orfenu' du carre de rhypo'.lu'inisf : Hcroilolf y Irouva eiu'ore I'annt'odeSliS jours: liudoxe y vit uuc spJH'rcgrossit ir ; el , de son Icms, on y avail adoplc rannt'c de 5(55 jours uu quart. iMais (pie savaienl d'ail- leurs les I'Igypliens-* (|u'oiit-ils pu euseigiier au\ pliilosophes {j:r(fcs ? lis cnltivaienl I'liydraidique, ear ils avaient crefjse des ca- naux; la meeaniqiTn, qui leur fit transporter et elever des masses enormes a une grande hauteur; la stireoloniie, au inoyen de laquello ils taillaient des pierres sous des formes re- gulii'res : i'arl de I'arpentage, qui servait a diviser et a retrouver les proprietes. lis s'adounaieni a I'etude de I'astronomie , qu'ils porterent a^sez loin pour trouver I'annee de 5()5 jours et un quart, Ires-approehee de la verilahle, el pour orienler leurs pyramides; niaisiln'est pas prouve qu'ils soieut lesautcurs des constellations. Kn physique generale. ils paraissent n'a- voir eu que des ihimiqnes, ils (laicut heaueoup plus avanct;g que nc le fiu'ent jamais les (irees et les ilomains, leurs successeurs. Kn zoologie. I'etude (les mo'ins et des formes des animaux (-tail favorist'e par la religion, el les ^Ic-sins de pito'dc ciiKiuanlc dCiilrc cox DES SCIENCES INAIUUELLES. iT, tii'S-rcconnaissables sc retroiivent encore dim.-, ktirs Inu- plcs. lis avaient aussi des notions d'anatounie. Eiise livrant avec perseverance a rol).')er\ali()n dt> liiils, les E«>ypliens iliircnt etre conduits a chcrcher les ihiories gene- rales (jui cxpriini'nt lenrs rapports : pciil-f Ire oat-elles ete perdiies par suite de ['oppression de la caste sacerdotalc, apres lii (onfjiiete de Cantbyse; inais toiites ces theories , liees ;i li'ur mylli(dogic. entravees pai' des lois de castes, cachees >.oiis des tonnes mystiques, n'ollraient rien de solide, hors de la pratique des arts; el toutefois, un Ootoniate tut nieilleur cliirurgien pour Darius que tons les Egyptiens. On a pen de notions sur les connaissances des peuples voisins de I'Egypte a ces epoques reculecs. Les Clialdeeus avaient un observatoire sin* le temple de lieUis : ils (in nl des observations grossiiics d'cclipses de lune, concuroiit quebpies idees de I'as- triinomiesplierique, el conuureiil lanuee solairc de 565 jours 5o' 28". Les Pheiiiiicns etaient trts-industrieox , faisaieni un grand comu)erce, et fabriquaicnt le verie, la pourpre. le ged, etc. ; mals, u en juger par Sancbonialon, leurs tbeories cosmogoniques etaient encore plus ridicules ou plus d<''guisees que » elles des autres natious- Lt!S chet's des colonies egypticnues ne ptissedaient, avec les proccdts prati(|ues, op!,iques des pretres. A la prendre poiu' biuuaiu*: , sa cnsmogouie est etonnante; et ses livres prouvent qn'il avail des idees exactes sur plusieurs points de la plus haute philosophic. L'ordre qu'il assigne aux diverses epoques de la creation s'accordc parfaite- ment avec celui qu'on deduirait des considerations purement geologiqnes. C'cst ainsi que la Genise nous moutre la terre et le ciel formes d'abord el animes dc la lumiere, puis les poissons, ensuite les plautes, apres lesquelles viennent les animaux tenestres, et enfin rhonime. le dernier des efre.» crees. Cette succession est exactemeul la nu*nu' (pi'admel la geologic. [)ans les terrains silues aux plus grander pr')fon- 24 coiJis D'niSToiiU': dks scirncks natur, (leurs, ct par conseqiicnl aivton'eiu's aiix ( onolios siiporposecs, on nc voil aucunc trace il'eties orjj^aitisos; la Iciro ('lail iloiii; alors sans habitans : en s'elevanl aux couches supcificicllcs, Ics coquillcs et les debris de poissons se ittontrenl d'abonl, ct sHccessivenient les rcstcs des grands reptiles el les os des (pia- drnpedcs; les osseniens huniains ne se Irouvent que dans les IctTains meubles, tels que les cavernes et les I'cntcsde rochers : liiomnie est doi>c, de tons les etres organises, le dernier qui ait apparu a la surface de la lerre. La Bible parle de I'olivier, du safran, du papyrus, du nard , de Torgc, du ble, du figuier, du sycomore, dc plusieurs par- lunis : pour les ))lantes qui y sout nicntionuees, on pcul voir la Flore biblique dans Sprengel ; en ce quiconcerne les anini;uix, il Caul consulter rHierozoicuni de Bochard. A({. GONDINEIV OPINIOM de M. Edouard Livingston SUR LA PEINE DE iMORT. ExTRAiT du I'lAPPoRT Servant d'introduction au systemi: DE LOI PLNALE PREl'ARE POUR l'EtAT DE I.A LoTUSlANE (l). En entrant en maliere, nous sommes arrclespar la difTuuIlc de decouvrir la vraie ihcorie de la loi penale. II I'aut que la (i) Nous devons ia communicalion dc ect Exirnil h M. TAiLr.AKDiKii, notrc collaboratcur, qui Ic premier a jiublit en Eiiiiipe lo K-siiital des Iravaiix de M. Livingston siir la l6\;islation crimlnellc. La liaiilc repii- latiun que ee leffislaleur de la Luuisiaiic s'esl acquise, la liiicc des argii • mens qu'il a enipluyes |)our oomijallre la peine de moi I, qii'il repudio dr ■inn (lodr, nc nous lout pas licsiler a inscicr ret Lxtrail, dans Icquel I'il- (u8tie auleur s'cst dc nouvcauelcve conlic ct Rrriblc < huliiiicul. On n OPINION DE M. LIVINGSTOJN SIJU LAPEINE, etc. a') philosophie nous la rcvelc ; tar cello llicuile derive dc pru- Ibndes recherclics siir les faculles dc I'esprit humaiiij el sur jeiir aclion habiltielle ; el il apparlienl a une lejjislalion sage de ('adapter a I'usage dcs societes. A aucune aiilrc epoque, la science de la jurisprudence, el parliciilierement de la juris- prudence penale n'a aulant qu'aujourd'hui atlire raltenlion. A aucune aulre epoque, ses progres de la verile theorique a rutilite pratique n'ont etc plus apparens, ou n'onl produil de plus iinportans, de plus heureux resultats. Des hommes eru- dits et sages consacrent a ce suj«t lour terns et leurs talens ; el, dans le conflit intellectuel qu'a produit cette discussion in- teressante, il est bien satisl'aisanl de rcmarquer que les priu- cipes que vous avez sanctionnes ont ele confirmes par les plus honorables opinions, et soutenus par les raisous les plus con- eluanles. Ceux-menies qui difterenl sur d'aulrcs points s'ac- cordent a approuver les doctrines generales d'apres lesquelles vous avez vonlu que voire Code fCil prepare, quoiqu'ils n'en deduisent par les memes conclusions, elqu'ils n'aieiit pas puise leurs autorites dans les memes sources. Ainsi, tandis que tons confessent que le veritable but de la jurisprudence criminelle est la prevention des crimes, et que la doctrine des lois vindicatives est absurde et injusle au plus haul degre, les uns soutieunenl que les crimes ne duivenl etre reprimes que par le seul exemple dcs puuilions ; les autres, que la retbrme est le seul objet legitime quo Ton doive se proposer. Quelques-uns foul deriver le droit de punir d'lui conlrat tacite en Ire la societe et ses membres ; d'aulres, du seul principe d'ulilite generale; d'autres enfln n'admellent niarquera quelques locutions vicieuses dans le style; mais nous croyons devoir les conseiver, parce qii'elles feront connaitre i\ nos lecteurs Tetat de la langue francaise a la Louisiane. Le Rap])oit d'oii ce passage est ex- tiait a tie, coniine tous les actes legislatil's de cette coiitiee, public en anglais et en fran^ais. Ce n'esl done pas une Iraducliun que nous prc- sentons ici; et, k ce litre, nous n'avons pas crn qu'il nous I'ut pennis de lien rhanger a un document officitl. ( I\'i)lc itn rtodMlCitr. ) a6 OPIINION DE iVI. MVhNGSTOiN il'autre origine a cc droil <[ii'iiiie justice abslrailc. Chacuiit; (le ces opinions a sos sectalcurs. Pour nous, sans nous en- foncor dans les abstratlions de leiirs raisonncmens, conten- tons-nous de cc'rosidlat important, que, soit quo Ic droil de punir soil fonde siir coiilrat, utilito ou justice, soit qnc I'oijjct doive etre la punition ou la rcl'oruie; quelle que soil la vraic doctrine sur ces points, nous avous la satisfa-tion de savoir que, par un honheur particulier, si I'line de r;es theories «sl bonne, les resullats praliiiucs que nous avons deduits de notre raisonnemcnt ne peuvcnl otre mauvais ; car toutes les dispositions de notre sysleiue coincident avec la justice abs- traite, avec rutilite generale, etavec les clauses admissibles de tont conlrat originel snpposable; el que cc soit la reformc on la punition qui soient le vrai moyen de (irovenir les crimes, notre plan de discipline dcs prisons reinplira cet objet; car il embrasse I'une et I'autre, Si, sur un cxanien critique du sysU' me <|ui vous est pro- pose, on trouvait extraordinaire qu'il s'adapte si bien a des principes qui soul consideres comme opposes les uns aux autres, ce sera cerlainement un grand pas ver> la inut;iusiou 'i tirer, que la dispute tbeorique porle plus sur les niols que sur ancunc difference reelle dans la chose. Par exeniple, si le pretendu contrat social a jamais eviste. il n'apu elrelonde que sjir la conservation des droits naturels de ses meuil)res ; ce <|ui lui donne les memes effets (pie produit la ihcorie qui adopte la justice abslraite pour base du droit de punir; car Tunc et I'autre out le nieme but, d'assurer achacun son droil; el si rutilite genera !e, qui esl la troisieme source d'ou Ton fait decouler cc droil de punir, est siintimcmenl liee avec la justice qu'en jurisprudence criminelle elles soient insepara- bles, il s'ensuit que tout sysleme fonde sur un de ces princi- pes doit etre appuye par les autres. De mcnie pour ce qui est relalif an bulcoinmun de tons, la prevention du crime, si la punition la plus efllicace est cellc (pii pioduil la rel'orme ; loutcs ces tlicories soul d'acc.ord dans la pralifpie, quelle (pir soil d'ailleurs la diiVereucc de Icurs raisonnemeus. SDR LA PEINE DE ftlORT. 27 Oa a cm eu consequence qii'il etait pius coii\cii;il>lc do s'abstenir de paraitre dans la lice de la conlroverse avec les dispiitans, ainsi que d'adoplcr iniplicitemeiit les dognies d'au- cune de ces ecoles, niais de se conlenter de rcnnir, s'il etail possible, le sufi'rage de loiites dans les resullals pratiques (jiie nous etablirons. II ya cependant un de ces rcsultats qui, quoique deduit clairement des premiers principes admis par tons, n'est pas encore generalement mis en pralique. Ce trait qui distingue si honoiablement des lois actuelles de toutes les autres nations le plan qne vos predecesscurs ont unanime- nient appronve ; ce trait qui a excite I'attention du monde ci- vilise, et qui semble I'avoir fisee sur cet objet principal, est (comme vous devez I'avoir pressenti) Vabolition de la peine de mart. Rarenient aucune doctrine a t'nit d'aussi rapides pro- gresdans I'opinion publiqne. Quoique conibattue par les pre- juges inveteres, par la longue routine, par les opinions reli- gieuses erronees et par I'apprehension generale et indefinie des innovations, le nombre de ses proselytes s'accroit nean- luoins chaque ji:ur davantag(>; I'exempledenotre Etat est pai- lout cite : les mesnres futures de son assemblec generale sont attendues avec le plus vif interet, et la civilisation europeenne avec une confianoe melee d'anxiete attend de vous I'abolition d'une peine qui repugne a notre nature. L'n citoyen eclaire de Geneve (1) a public I'annonce d'un prix qu'il propose pour (1) M. Sellon, membre du Conseil Souveiain de Geneve, proposa au Conseil, des I'annee 1816, d'abolir la peine de niort; et ce I'ut en 1826 qu'il propnsa le prix menfionn6 dans le texte. Dans I'annonce, apres avoir cit6 les opinions de Bercaria et de Benthain, 11 ajouta : <■ Je termine ces observations en produisant le document le pius recent et le plus con- ( luant en favcur de ma proposition; c'csl rassenliment de I'asseniblec ginerale de la Louisiane aux principes traces par M. Livingston dans son Rapport. Mes concitoyens y verront une ripublique adoptant des dispositions dout la piincipale est la suppression absoliie de la peine dc mort. » II donne ensuite une cnpie de notre loi dc 1820, du cerlifical de ma commission, de (oule la partie du Ha|)porl qui est relative i> l:> jieine I'e morl , ct de la resijlution qui .ippicun a ii' nappnil. Dans unr .}! OPINION DK iSl. LIVIN<.STON li; lucillciir cssai siir co siijct, el il y a iiiliodiiit, rominc Icxtc, la copic dcs argnnicnsqiii ont rcfu I'appiobaliou c!c cet Ktat. Due Socicti; a suivi cet excmpic a Paris. Lcs nombrciix pa- piers peiio(lif|iies dc Franco, d'Anglelcrie, d'Alieiiiagiie el do Hollande, soul lemplis de dissertations, la plnparl lorlemenl approhalivcs dc l'al)()litioii; mais, autant qnc j'ai ])u le voir, aiicnn, menic de ceux qui doutcnt du succes, n'a combattii I'expericnce coninie danfjereusc. Si ce principe est niaintcnii dans noire Code , sa dale sera ( o!Ie du vote d'approbalion, et nous assure parnii lcs nations nil nom auquel dc piusienis siccics nous n'aurions pu pre- iiolc sur la loi, il dit : « N'ayant d'aiitre but dans cet ecrit que de coii- vainere mes coucitoyens que I'aljolition de la peine de inoit serait uiie iiiesine aussi utile qu'lioiiurable pour nia palrie, j'ai ciu ne puuvoii- niieiix Tatleindie qu'en !cui- doniianl couiiaissantc du Rapporl iait par ftl. Livingslon a rasseniblee geneialc de la Louisiane. La Louisiaiie est une repiiblique; cllc esl parlie coustiluante d'uiie illustie union, coiiime nous faisons partie de la conledejalion Suisse; et la constitution des Etals-Unis, conime notre acle federal, permct „ OlMMON DK M. LIVINGSTON Drdoniie dc croirc), toulcsotiele priniitive a elo iiivestie, aiiisi que chacun de ses membres, de certains droits natiirels et de certains devoirs correspondaus, anterieurs en date, et siipe- rieurs on antoritc a tons ceiix qui peuvcnt resulter d'aiioun consenlemeiit nuitnel. Le premier de ces droits, peul-ftic le seul incontestable, est poor I'individu anssi-bien que ponr la societi'; le droit de conserve!' I'existence qn'ils ont ref ne de la toute-puissanie divine qui crea I'liomnie pour I'elat social ; et le devoir coirespondant et niutiiel de I'liomme et de la so- ciete est de defendre ce droit. Mais, lorsque le droit est donne, les moyens de le maintenir doivent, dans la loi natn- relle conime dans la loi positive, avoir eg^alement ete donnes. Si done les individns et la societe ont le droit de conserver leur existence respective, et sont reciproqnement tenus de la defendre lorsqu'elle est attaqnee , il s'ensuit que, si I'une ou Tautre est menacee de destniction, et que ponr I'eviter il soil necessaire d'oter la vie a I'assaillnnt , le droit, je dis plus, le devoir de I'oter existe : I'impnlsion irresistible de la nature' indique Ic droit qu'elle a confere; et sa premiere loi est que la vie pent etre olee dans la defense peraonnelle. L'agresseur, il est vrai , a le meme droit d'exister; mais, si ce droit res- fait sacre lorsqu'il tente de I'oter a un autre, il existerait en meme tems deux droits egaux et opposes ; ce qui est nne con- tradiction dans les termes. En consequence le droit dont je parle est prouve; mais, par rapport i\ rindividn comme a la societe, ce droit est striclementdefensif : il ne peut elreexerce (|ue pendant la duree du danger; j'entends pendant letemson la question est : Leqnel des deux existera de I'agresseur on de la parlie attaquee, soit individu ou societe? Avant ou apres ce moment critique, ce n'est plus defense personnelle; leur droit respectif de jouir de I'existence est alors co -existant el egal, mais non oppose, et il serait injustea I'un d'en depouil- ler I'autre. Ainsi jecroisavoir prouve ce que j'avais avance,que ledroil d'infligcr la mort existe, maissenlenienl dans la defense per- sill LA PKIM-: DE MOllT. ."i soniicllc lie I'iiulividii on do la sociele (ijiCl (ju'il c.-it cuiijhu anx cas oiV il n'y a pas d'anlrc alternative pour detoiiiner rimmineiue de la destiiutioii. Afin de jiiger s'il y a necessito de mettre en action ce droit abstrait, il faut se rappeier le devoir impose a lasociete de pro- teger ses nienibres; devoir qui, si nous avons bien raisonne, derive de la nature sociale de rhomme, iudependamment de lout contrat impticatif. Taut qu'on peut iniaginer la societe dans un tel etat d'enfancc et d'iniperrection qu'elle ne puissc remplir ce devoir de protection sans oter la vie u I'agresseur. nous devons lui accorder ce droit; mais exisle-il un pareil etat de societe? certainement non . dans le monde civilise; et nos lois sont Failes pour des hommes civilises. L'emprisonne- ment est une alternative facile et eflicace ; ainsi dans la societe civilisee, et dans le cours ordinaire des choses, nous ne sau- rionsadmettre la necessite, ni consequemmcnt la legitimite de I'exen ice de ce droit ; et nieme parmi les hordes Ics plus sau- vagC';, ou les moyens de detention peuvcnt nianquer, le ban- nissement peut, dans beaucoupdocas, dispenser de la neces- site d'infliger la mort. II n'est pas douteux qu'une imagination active ne put inventer des cas ou des situations dans lesquels cette necessite existerait peut-etre : mais de pareils cas, s'il en est (ce qui est suifisamment probable pour justifier une exception dans la loi), doivent etre presentes comme ci^s d'ex- ception , et des lors ne feraient que confirmerla regie; mais, par un travers de raisonnemenl de la part de ceux qui ap- puient cette espece de punition, ils mettent I'exception a la place de la regie, et une exception , qui pis est, dont la pos- sibilite d'existence est douteuse. Observez que j'ai cite le cas de la preservation de la vie comme ie seul dans lequel mcme la necessite puisse autori- ser a oter la vie ; et cela , par la raison bien simple que c'est le seul cas oi'i ces deux droits naturels et d'egale importance (i) Ceci nxpliqiie cette partic dii prcnufr Rappdit qui est relative a la compaiaison dii iiial de I'oireii.sc et de la punition. ( A'ii/r (h M. Llriiifiston. ) 32 OPINION l)i: M. LIMISr.STON nuisscnl T-hc Italaiicos, ct tn\ la balance cloivc pcncher en la- vein- lie cclni qui s'oppose a la clestruclion coiilre celui qni larlic do ropeier. Lc soul vrai rondcnicnl (In droil d'inniger la niort est la preservation de la vie. Cc don do noire Crea- lenr semhie, par le de«ir nniversel de le conserver, qn'il a in- fuse dans tontes les parties de la creation animale, elre Ic sen I qn il n'ait pas cu I'intenlion de laisser a notre disposition. iMais alors, dira-t-on , que deviennent nos autres droits? La liberie et I'inviolabilite personnelles, la propriete privec, doi- vent-ellcs etre abandonnees a la merci du premier nsnrpaleur pnissanl ? Commejit les defendre, si vous rcstreignez le droit d'oler la vie au scnl cas de defense centre un attentat a I'exis- lence? A cela on repond : la societe etant un etat naturel, renx qni la coniposent ont colleclivenicnt des droits natnrels. Le premier de ces droits cstcchii dcmaintenir I'existence so- ciale; ce qni ne pent s'effectner qn'en mainlenant celle des individns qiii la composent. Elle a done des devoirs ainsi que des droits; et les uns et les antres ont ete sagement rcndns inseparables. La societe ne sanrait exercer ses droits de pre- servation propre d'elle-meme sans en memc tems remplir.ses devoirs en preservant ses menibres. Toutes les fois, quel'nne des cboscs qni sont I'objet deTassociation , telles que la vie, la liberie on la propriete, sonl altaquees, la force de tout le corps social doit etre employee pour la defendre. Et celte force collective, dans le cas d'unc attaque individuelle, est generalement snllisanle pour la repousser, sans sacrifice d'existencc; niais , dans les cas extraordinaires , on la force des assaillans est telle qu'ils perseverent de nianiere a com,r promettre I'existence sociale, alors la loi cic la defense de soi- niT'oie devient applicable. Mais il pent snrvenir des circonstanccs dans lesqnelles les droits individuels ?e Iron vent leses avant que la force coni- iiuuie ne puisse intervcnir. Dans ces cas, conime la nature de la societe ne prive point I'individn de ses droits personnels, i! pent defendre sa personne on sa propriete conlre lonte vio- l(!nce illegale avec luie force suHi>anle poui' repousser celle SLR LA FKINli DE MOllT. Tio tk I'assaiHaiit. Ceci resulle clairenient du droit de proprlete, dc quelque source qu'on le fasse derivei", et de I'inviolabilite personnelle, qui est (avec quelques restrictions imposees par la nature elle-meme) incoutestablement un droit uaturcl. Comme le tori dont il est menace peut ne pas adniettre de compensation, I'individu pent, pourleprevenir, userde force; et si celle employee par I'assailiant met en danger la vie de I'assailli (») , la question rentre encore dans la categoric de la defense personnelle, et le meme raisonnement employe dans ladite hypotliese demontre le droit d'oter la vie dans le der- nier cas. 3Iais lorsque I'individu attaque peat, par sa seule force physique ou avec I'aide de la societe a laquelle il appar- lient, defendre sa personne ou sa propricte ; lorsque I'attaque n'est pas de nature A comprometlre sa propre existence dans la defense; s'il ote la vie a I'agresseur en pareille circon- stanco, il I'ote sans necessite, et consequemment sans droit. \ oila toute I'etendue que la loi naturelle de la defense per- sonnelle accorde a I'individu pour infliger la mort a autrui. Ijne association {(uelconque d'individus pent-elle I'infliger pour aucune autre cause, et dans aucune autre circonstance ? La societe n'a le droit de defendre qu'elle-meme, c'est-a-dire sa propre existence, et ce que les individus qui la composent ont le droit de defendre; et dc detruire tout individu, ou toute autre societe qui tenterait de la detruire. Mais elle n'a ce droit que comme les individus, pendant la duree de Tattaque, ct lorsqu'il n'y a aucun autre moyen dela repoufeser, C'est-la le seul sens que j'attache au mot, si frequemment employe, si abusivement prodigue, et si peu entendu , ne- cessite; elle existe entre nations, durant la guerre; entre une nation et une de ses parties constiluantes, dans les cas de re- bellion et dinsurrection ; entre des individus, durant le jno- (i) La seule existence du danger nc suifil pas pour juslifier i'homi- cidcj d'apres les lois ^angiaises et autres, il faut que le danger ne laisse pas d'autres inoyens de reviler. [Noie dc M. Livingston.) T. XLVII. JUlir.F.T l8.10. 5 54 OPINION DE W. LIVINGSTON iiipiit d'lin attentat a I't'xistcnce, qui iic petit pas otre aulre- mniil prt'sorvrc ; niais , eiitie mi iridividii et la societe, telle qii't'llc est aujourd'luii formee. elle n'oxisfc jamais. Je con- clus done (bieri explicitement , parce que je desire etre com- pris) que, quoique le droit de punir de rnort pnisse, sous un rapporl abstrait, cxister dans certaines societes , et dans cer- tnines i-irconstances qui peuvent le rendre necessairc , nean- moins, dans I'etat actuel de la societe, ces circonstances ne peuvent etre raisonnablement nieme supposees advenir; que des lor.s il n'(!xisle auciine nocessite, et par consequent au- cun droit d'infiigoria inort comnie punition. On a egak'iiient employe des raisonnemens tres- forts pour refuter cciixqui fondentle droit d'oter la vie pour crimes surun contratoriginel fail par lesindividuslorsde la premiere fonda- lion des societes : d'abord , qu'un tel contrat non-seulement n'est pasprouve, mais ne pent meme guere £tre imagine; en- suite, qu'alors meme qu'il le serait, il serait confine au seulcas de defense. Les parties, dans ce contrat, n'ont pu donner ;\ la societe que les droits qu'elles avaicnt individuellement ; leur seul droit sur la vie d'autruielaitcclui de preserver la leur; voilA le droit qu'ellespurenldoiiner a la societe, etpasd'autre. Ainsi, dans cette iheorie egaleincnt, le droit se resout en celuide faire cequi est necessairc pour sa conservation; lagrandequeslion re- vient done encore : la peine de mort est-elle necessairc dans aii- cune societe civilisce pour preserver, soit la vie de ses mern- bres individuellement, soil Icurs droits sociaux collectivement? Si clle n'est pas necessairc, jc pensc avoir prouve qu'elle n'est pas juste ; ct, si ellc n'est ni juste ni necessairc, peul-elle etre utile? Pour qu'elle fut necessaire, il faudrait deiiiontrer que sans elle la vie des citoyens et I'existcnce de la societe ne sauraient etre prescrvees. Mais ceci pent- il etre soutenu en face de tant de preiives contraires? L'Egypte , pendant vingt annecs , sous le regne de Sabace ; Rome , pendant deux cent eiiiqnante ans ; la Toscane, pendant plus de vingt-cinq ans; la Uussie, pendant vingt-un ans, sous Klisabeth , dementiraient eetle assertion. II y a plus : s'il est vrai, comme on vous le I SUR LA PEINE DE MORT. 35 (lit, que les lois penalcs cspagnolcs aient etc ubrogees par la cession, cet ttat liii-menie Tons offre line prcuve incontes- table que c-elle necessitc n'cxistc point. Car, si ces loii? n'exis- taient pas eu force, il est evident qu'il n'y en avail aiicune qui iniposat la peine de mort, dcpuis I'epoque du transfcrt (decembre i8o5) jnsqu'au 5 mai i8o5, que fiit passee notre premiere loi penale. Eh bien ! dnrant cette periode, on les prejuges nationaux etaient exaltes, ou I'un des gouvcrneniens avail abandonne, et raulrc n'avait pas encore etabli son au- torite, jc crois qu'on ne vit pas un exempte de menrtre ou de lentalive de troubler I'ordre de la societe. Ainsi il faut qu'on renonce a I'un ou a I'autre argument; ou les lois espagnoles existaient , ou nous elions nous-menies une preuve qu'unc nation pent exister en paix sans la peine de mort. Des socie- tes ont done existc sans rile; elle n'etait done pas necessaire a ces societes. Y a-t-il quelque chose dans I'etat de la noire qui rende cette piinilion necessaire? Autaut que j'ai pu I'ap- prendre, rien de pareil n'a ete mC-me suggerc. SJais, si ellc n'est pas de necessitc absolue, ses partisans auront-ils recoufs au litTserable pretexie qu'elle est convenable; que les crimes auxquels on I'applique diminuent en plus grande proportion que ceux auxquels une autre peine est infligee ; mais le con- traire est malheureirsement trop vrai. Le meurtre et la tenta- tive de meurtre, qui sont punis de la peine capitate , se sont multiplies, dans quelques l^ltats de TUnion, a un degre qui non- sculement repand une alarme generalc, mais qui imprime au caractere national une tache qu'il sera tres-dilTiciie d'effaccr. Je pourrais la-dessus m'Cn remettre aux sentimens des mem- bi'cs du corps auquel je m'adresse; mais, comme le lesuilat est susceptible d'etre demontre par des chiffres, j'appelle leur attention sur les tables annexecs a ce rapport, dans lesquellcs ils verronf , quelque incompletes qu'elles soient, un accrois- semcnt de ces crimes, qui demontre, si quelque chose peut le demontre;-, I'inefficacile des moyens adoptes , et si obstine- ment maintenus pour leur repression. Le petit nombre d'exe- eulions, compare avecles fails bien aulhentiques des crimes , :,() OPllNION DE M. LlVIN(;STOi\ nrouTC que la soverilc la description physique des lies Canaries par M. dc Bnch , ouvrage classiciue pour la geo- logic, serait plus counae en France, qu'on nc lirait pas moins avec inlcret les recits dc I'cxcursion au pic dc Tcneriffe, par MM. d'Urville, Quoi et Gaymard (1). i'ar un arrangement colleclioii d'inscctcs, dont roo cspccos inanqiiaicnt :'i cot elablissenieiil, on n'etaicnt pas encore dccrites. Dcji le Museum avait rc^ii des dons non inoins prccienx dii menie officier qui avait accompagnt M. Ic capitaine Gaiitliier dans la Mer-IVoire et la Medilerian6e ; et le Music du Louvre est redevable a M. d'Urville de la decouverle de la Venus de Milo. (1) M. DE LA FoYK, ])rol'essiur de i)hysi(iue 5 la ['\icull«'; des sciences de rAcad(';niie de Caen, vient de traduirc la parlie la pins impoitanle de I'oiiviage de M. Leopold de Hugh, nienibre de rAcadetnie des sciences dc Berlin. Cetic traniniesqui f'ornient peut-etre une racedistiucte, dont rintelli- geuce ne s'est jamais eveillee pour aucune Industrie, et ces etres fltitris par descrimcs qui provienntNitmoins peut-etre de leur perversite que de la I'aussc direction donnee I'l nos insti- tutions sociales. Mais, malgrt; les yices que Ton retrouvechez la plupart des convicti, les arts et le travail les rendront di- gnesdedevenirla souched'une nation composeedelaboureurs, de manufacturiers, de magistrals, el^ussi delords et de ladies; car plutt)t que d'abjurer ses prejugos, I'aristocralie d'Europe lt;s propage jusque dans les cases de la Nouvolle-Galles. La seconde partie du premier volume de VJslrolabe con- tient (p. ai5 a 538) un precis de I'liisloire de cette colonic et des tribus indigenes, d'apres lesmeilleures relations et les ga- zettes de Sydney : resume interessant pour noire pays, qui s'occupe, mais seulement en theorie, de la colonisation des condamnes. Ce precis renferme aiissi des tableaux que re- cbercheront |.es villes et Ics Etats qui couvriront un jour ce vasle continent : ils possederont des origines cerlaines que ni Rome,ni lesGaules, qu'aucondes empires modernes n'ont pu tiouver en des sicclesqu'ils out taut inlerroges sur les terns pri- niitif's. La premiere exptjtlilion anglaise, en i7''''7, transporta 56;) hommes condamnt^s, 192 lemmes, et seulement 60 fonc- tionnaires et gardiens : elle employa hnit mois et neuf jours a une traversee qui a present s'effectue en quatre oueinq mois. Toutes les especes d'animaux apporlees d'Europe produisirent ^'abord plus de males que de femelles : la premiere recolb^ T. xi.vii jriMET I Sao. 4 J,, SCIKNCES PMVSIQll'S. nc renctit que 200 boisseaiix de ble et 7>5 il'orge. F.n 1796. un recenscmciil donna /|,84f> Eiiropeens : 889 a Vila Norlblk, 454 rlan5 rHa^ko.sl)niy , f)65 a Panama t(a , et 2,219 a Sydney, 01^ liois t'coles reiinissaient pins de iooenfan<;. La popidation, en 1802, s'eleva a i5, 195 individiis, dont 5,772 convicts, 3, 170 emaiicipes et2,o65 onfans nrs dans res Incaliles. La pre- niit-re gazelle parul le (i mars i8o3; en 1811, on commenca a pnhlier Falmanacli do Nciv-Soulh-lP' ales, qni. Lien diffe- rent en ccla de la pinpart de nos anniiaires, a acquis chaque annee nn interet noiiveait. Plus de 20,000 habitans, 9,000 acres ciiltivees en ble, 200,000 brebis, et plus de 00,000 b6fes a cornes ; tel etait Tulat de la colonie en 1820. Mais ce ne fut pas sans soulever une forte opposition que le gonverneiir, !M. Marquarie, contera a des emancipes qnclqnes emplois pu- blics. '< Le? grandes propriotes et la majeure partie des inte- rets commerciaux, dit M. d'Urville, se trouvaient concentres entre !es mains d'un petit nombre d'individiis qui exercaient aussj des fonctions civiles et militaires, ou qui les avaient pri- mitivement remplies. lis ne tarderent pas a former une sorte d'aristocratie dont les efforts tendirent incessamment a enva- bir tout le pouvoiret a dominer la colonie entiere. Aux yeux de ces colons, toufe la classe des rmaticipi.ites (les convicts qui recouvrent lein- lilierte par pardon, ou apr6s avoir rempli le terns de leur condamnation ), ne merilaieiit aucune conside- ration. » Lespallialifs et les promessesdecevantes encore a I'usagede la vieille politique des gouvernemens europeens n'en imposent plus aux peuples. Le parlement angiais rendit, en 1823, un acte qui ordonnaitpour 1827 I'ctablissement d'un conseil legislatif compose au plusde sept membres,d'unecour supreme et d'un tribunal, general i/iiarter sessions of peace. JLais, outre que des envois trop frequens de convicts compromettaient la securite pul)!ique, un commissaire extraordinaire enUavait lesniesures conciliatrices du gouverneur; et la metropole, par les char- ges qu'elle imposait au commerce et a I'induslrie, paraissait &lre jalousedesprogres si rapides do la colonie, et deja redou- SCIENCES PHYSIQUES. 5i lei' son affrunchisseuienl. Aussi des homines dc loi, des nie- decinS; d'autres habitaus, n'ont ccsse d'cxprimer, dans les joui'naiix V Australian et le Monitor, les plaintes les plus ener- giques, surloiU oontic les pretentions dc^ grands proprietai- res. Dans nos colonies, les honimesdc couleur, qui n'ont me- rite ni subi ancune coudamnation, leclament bien uioins de droits que les convicts emancipisles australiens ne jouissenl de privileges; quand des coniplols ne sont pas imputes aux premiers, les tribunaux condamnent on bannissent ceux qui ont recude simples hrochurej? publiees a Paris; meme le mi- iiistereapprehendeque les mulatresne trouventdes defenseurs a la tribune desdeputes. La presse periodique n'est aux Etats- TJnis et en Anglelcrrc ni plus active, niplus vehemente qu'ii Sydney; elle y emploie tons les tons, loutes les formes de style, et pariois elle devient demagogique, entrainee qu'elle est par les passions d'une opposition qu'irritent les actes et les vices d'une administration partiale, cauteleuse, qui ne sert pas les interets de tons. Ces gazettes fournissent, au moins par les extraits que M. d'Urville a traduits, des notions interessantes sur I'emi- gration et sur le regime colonial. La Nouvellc-Galles, a la fin de 1826, contenait 200,000 betes a cornes, 5oo,ooo brebiset » 5,000 chevaux; plus de 700,000 acres etaient occupees par les Anglais : le gouvernement louait par an les paturages ao sclicliings les loo acres. Cinq villes et plusieurs villages ren- ferment une population de plus de 4-,ouo individus qui con- soinmentannuellement pour la valeur de35o,oooliv. sterl. de produitsdes fabriques anglaises; les exporlations s'elevent deja a 100,000 liv. st«rl., et a 10,000 tonneaux; enfin le revenu colonial depasse 5o,ooo liv. sterl. II resulte de divers tableaux que de 1787 a 1821 cet etablissement a coOte a TAngieterr* 5, 5o 1,023 liv. sterl., qui ont servi au transport et ^1 renlrelien de 53, i53 personnes, a la solde du service de terre et de mer eta loutes les autres depenses coloniales. La Grandc-Breta- gne. en gardant dans son seinces condamnes, eut paycsur les ponlons, dont 11 efit fallu accroitre le nondire de l\<^, environ 5u SCIENCtS PiJVSlQUKS. ^^•M^,^Sii liv. sterl.; el ilnns des maisons pi'iiileiiliiiiros (ce qui eCit rendu iieccs-faire relajilissemenl ile 4i> maisons uoii- velles) a peu pres 16,509,861 liv. storl. J(; rej^retlc que I'es- pace uie manque pour comparer avecces tableaux les dcpcnses d'etablissement et les levcnus des deux colonies de bienfai- svnce que je visilais naguerc dans les Pays- lias, et dont la fondatioii fail lant d'boinieur a la nation et an gou- vernemenl beiges. Les evaluations des papiers aiislraliens el anglais paiaissent un peiiexagerees; mais il en sort nne re- I'nlalion complete des opinions que des ecrivains distingues onl publlccsen France pour (U'precier on conleslcr les avan- lages (ie la colonisation des condamnes. 11 serait plus vrai de dire que la derniere expedition centre rKspagne a plus coQte a la France qne retablissement de qualre colonies dans I'Aus- tralie, qui bicnlot seraient deveuues aussi florissautcs que la Nouvelle-dallo^. Pendant la couile relache de V Astrolabe a Sydney, les ba- bitans soupronncrent que cette corvette venait prendre pos- session de King-Georges-Sound, de "Western-Port on de Jer- vis-Bay; enfin qu'elle avail pour mission do c.hoisir un lieu ronvenabie a un depot de Ibrcats. Certes, les relevemcns que Jl. le capilaine d'llrviiie a operes de ces trois porls, et de tant d'autres contrees de I'Australie, preserveraient du desappoin- tement que causa a rAuglelerre la reconnaissance inexacte de 15otany-Bay par lecelebre Cook. Mais c'elait attribuer a no- tre gouvc! nement un projct concu seulement par d( s philan- tropes. La France nc pent pas esperer, ineme pour aucuue de "es colonies tutuelle.--, iin aveniraussi prospere que Ie prcvoit, avec assez tb; probabilites, Ie Moni/or au^tralien pour Sydney en I'an kjoo. llannonce, ponrcette epoque, I'arrivee d'un ba- teau a vapeur d'Anglelcrrc, apres une Iraverscc do 47 jourspar !e canal Darien ; I'approcbo d'un corsaire de la Nouvclle-Ze- lande; tleMiegociatiouspoliliquesavec i'Etat deTasnianie;puis Ie depart procbain de 56 naviresen charge pour I'Europe. L'ex- porlationde la laines'elevc a 20 millions de liv r, ;lecensde 1899 a donne 287,^52 babitans a Sydney : une session legislative SCIIliNCES PH'iSIQl'ES. ^7, Ta s'ouviir; acelU^ occasion on allend une nouiinalioii tic ba- ronnets australiens, etc. Les colonies de Taiti et de Tile Mer- ville HOnt dans I'otat le pins florissant, ainsi que Java, lien- w;use depuis I'expulsion di; ses maitrcs d'Etirope Sans conlredit le revoiir jonnialiste de Port Jackson est plus spiri- tiiel qne son confrrre de Londies, (nii , critiqnant la nianie des speculations, a public la lettre suivaiite qu'on s'ctonne qu'iine Renie tres-esliuicc ait tra^Iuitccomnie veritable. « On \ienl de laire d'Angleterre a Sydney lui envoi de deux millions de do- ses de sel purgatil'd' Epsom, quantite suffisante a la consom- mation de la colonic pendant 5o ans, en supposant (jue cha- que habitant prenne une dose par semaine. Les homines et les femmes sont la marchandise qui y ont le plus de deman- des : on nc refuse pas les vieilies; car, meme a Go ans, elles devicnnent meres dans la NoiivcUe-Galles. » Bientot les siences morales ne troiivcront plus par tout le jjlobe un des priiicipaux siijels de leurs etiidc*, la coxii- paraison de la civilisation ralinee et de I'elat de natuie avec ses raiseres et son independance. Les castes de I'Hin- doustftu n'ont guere plus de mepris les unes pour les au- tres que n'en nouj rissent a Sydney les legitimates, purs meri- nos ouemi grans ea.clusionistes, coQti'elca fimancipiste.i nu iUcgili- males, qui se su!)(livisentcnf«r(7c/(';r<'.s' litres, en canaris, etc. Les tribusde la Nouvelle-Hollande avaient aussi leurs tilres [//lein- vai) ; mais les cic;!trices de ces chel's dt'signaient lenr autorite. L'aristocratie curopecnne ne s'est jamais contentce de la re- devance d'une dent, coinme la tribu Goiiia-Gal, qui en exige une de cbacun des honimes des anires hordes, (les sauvag(!s sent aussi maladroits dans leurs rapines que les convi< !s de- ploient d'habilete a derober; niais les naturels metieiil plus d'adresse dans leurs cou)l)ats siniulcs et tl'ordre dans la reu- nion de leurs tribus que les tt/z^^/w anglais nemontreiU d'arl eii boxant etdesobriete daus les tavernes. Iriandaiset indigi ne-. Ions ont conserve des croyanres superslitieuses. On racoutc que des matelofs, retenus parun vent conlraire, s'amusaiciil Jafluilafaire cuire descoquillagc* : unsaiivage leur repr'scnla 54 SCIENCES PHYSIQUES. (ju'lls cnipr-clKiieiit ainsi le vent de leiir dcvciiir t'avorahic ; inais eux, lui atlribuanl ce rolard, ils Ic nialtraili'rent. tin g;rand nombre de voyageiirs ont visitc a la fois trop de leiTe* ct lait sur cluiLiiiie uu Irop court sejour pour approfiin- dir I'etat dc chaqiie pcupladc sauvage. M. Diimont d'lrville, qnoiqu'il ait n'-side pliisieurs fois i la Noiivelle-Gailes, joint, a ses observ;ilioiis propres, des renseigneinens que lui out tom- muniques des colons inslruits ot des fonctionnaiies qui out ea dcs raj)poils conlinucls avcc Ics indigenes; en outre, des ex- traitsdes jouinauxdeM. Quoi, naluraliste, et de M. de Sainso», »pii a lapporlc tant de vues, de portraits, dedessins egalcnient ciirieux el bicn executes. Ce premier volume est une belle in- troduction anx travaux, si importaiis pour les progres des wiencesj qu'ont operes les navigateurs de V Astrolabe. Isidore Le Bri;b. SGIEINCES MORALES ETPOLITIQUES. VORLESUNCES UBER DIE GeF.ENGN(Ss-8.UNDE, CtC. LeCONS StJR LA CONNAISSASCE DES PRISONS, OU SUR LEUR AMELIORATION, SUR LA REFORME MORALE DES DETENUS, DES FORCATS LIDERES, CtC. ; faites a Berlin, en 1827, par N. H. JuLitis, docteur en ine- decine (i). TROISIEME ET DERNIER ARTICLE. (Voy. Rev. Enc, t. xli, pag. 407-427; t. xliv, pag. 60-86). Nous allons continuer ici, sans preambule, I'analyse de cet ouvrage, auqiiel deux articles out ete deja consacres dans la Revue Encyclopedique. Septieme Legon. Apres avoir examine les mcsnres ntscessaires pour assurer dans les maisons de detention taseciirile, la salubrile, la sur- veillance et la classification, M. Julius s'ocoupe de deux objets non inoins iniportans et etrollemcnt unis, sas'oir : Vorganisa- tion da travail et I'ensfignemcnl religieux el moral des prison- iiiers. Sans le travail, I'enseignement moral et religieux le niieux dirige et le mieux approprie a ieurs besoins peut nc laisser dans leur esprit qu'unc disposition a des pratiques as- cetiques, accompagnee d'une sensibilite faclice qui n'inspire aucune energie pour resister aux suggestions des penchans '1) Beiliii, i8i8; libraiiie At Slulir. j vol. iii-8° avec plaiiclies. .W SCIENCKS MORALES mii>il)Ios. Sails un cnseigiienient moral ft religieiix, le tra- vail pout doniic'i' aiix facultos iine trcmpe plus vigourciise, in.lrs pioprc seulenieut a rendrc le malfaiteur plus icdoiitable pour le rcpos de la societe ; car cette force toule ariinuilo t^c developpe aux dcpcus do cc qu'il y a de plus eleve dans sa nature. Le travail et i'cuseignenicnt doivent done se doniier la main pour ci)nlril)uer a la regeneration morale du criniinel, veritable ])ut de la sentence prononcee sur lui. Si roisivcte est la nii;re de tons les vices, on pent dire aussi qu'elle est la mere d'uiie i'oule de maladies, observe avec beaucoup de juslcsse M. Villerme (i). Ces dangers sout doubles par risolement ; ils sont centuples pour I'liomme auquel le passe n'offre que des remords, le present des dou- leursy I'avenir des craintes. On ne saurait done trop blamer I'essai fait en Amerique de remprisonnement solitaire, suns travail^ comme jnoyen de punition(2). Le legime propre a detourner de I'imagination du detenu toute peiisee perni- cieuse est un travail conlinu pendant toutes les heures qui ne sont pas employees au repos, ;'i I'instruction on a I'exer- cice en plein air. {7>) A ce premier avantage du travail s'en joignent plusieurs autres egalement importans : le detenu perd I'habitude de la paresse et contracte celle d'un genre de vie regulier. II lui est assure, a I'epoque de sa liberation, des moyens d'existence par I'exercice d'une profession lucialive. Lors(pi'au contraire il sort de prison sans autre savoir-faire que celui de trans- (i) Dictionnaire lies Sciences mvcllcalis. (2) Nrnio est ex impniflentibus, qui relinqni sibi dt'bcat. Tunc mala consilia agilant, tunc aut aliis aut ipsis t'litura periciila stniunt. Tunc cu- piditatcs inipiobas uidinant, tunc, quidquid aut niclu aat pudoie cela- bat, animus cxpruniit , linir audaciain acuil, libidincm iriitat, iiacun- dram Insligat. Seniquc. (/)) Lc malfaiteur en prison n'est plus tourmenlt-, si)it i)ai- rinqui<';tude d'etre decouverl, suit |iai telle de ne pouvoir I'uuinir aux besoins dn leu- dcuinin sans commettre quelque nouveau crime : im doit aussi compter jur ccltc certitude de .-on scut pour calmer ragilalioii de son esprit. ET POLITIQllES. 5; gresser les lois, il ne tanle pas i'l epuiser les legercs ressources que la charile a pu niellre eiiire ses inains; et bientol, con- traint par le besoin a rechercherses anciens complices, il rcn- tre avec enx dans la carriere dont on ne I'a eloigne que nio- inentanemeiit. Hn dernier avanta;^e enfin, qui ne doit niiHement tire ne- glige, c'est le produit : d'une part, il sert a ia loriualion du pecule destine a I'entretien des detenus liberes depuis le jour de Icur delivrance jusqu'a celui oii ils Irouvent a se caser de nonveau dans la societe; de I'autre, il en resulte pour I'Ktal une economic considerable. Dans beaucoup de prisons de la Grande-Uretagne, de I'lrlande et des Etats-Unis, cette econo- mie s'est elevee jusqu'a plus de la moitie des depenses de I'etablissement. La prison de I'btatde Vermont, en Amerique, s'est soutenue pendant cinq annees, presque uniquement par des ouvrages de tisserand. L'utilite du travail etant ainsi constatec, il reste cette ques- tion a examiner : quel genre de travail convienl le mieux aux etablissemens de detention ? ^I. Julius arrive aux resul- tats suivans : 1'. II ne faut point introduire dans la meme prison une trop grande diversite d'occupalions. Les divisions de travail- leurs devenant alors plus nombreuses, on ne saurait conser-; ver im egal degre de surveillance qu'en multipliant aussi le nombre des gardiens : dcla un contrule plus difficile i exercer et des frais plus considerables. 2*. II est important de choisir pour chaque prisonnier Iti genre d'occupalion le plus puopre a changer totalement Sil maniere de vivre anterieure. Que le faussaire, que I'escroc, habitues a mettre en jeu les subtilites de leur esprit, soient appliques a un travail corporel, faligant, et, autant que possi- ble, en plein air; que le vagabond, le voleur de grands che- mins, soient employes dans rinltrieur, a des ouvrages seden- taires, qui exigent toute rallenlion de Irur intelligence moins active, tels que ceux de laillenr, de curdoniiier, de tisserand. 5". II est egalemeul important, dans le choix d'une occu- 58 SCIENCES MORALES patioii |)Our le pii?omiier, d'a>'()ir egartl a cette con-iideridion, savMr : si clle cuiislitucia pour lui uiic piolcssioii qu'il piiisst- exercer iilileiiiciU ap^•e^s rexpiratioti |p superiorite du dernier. Quatre grands edifices de forme circulaire ou polygene , savoir : ta prison d'l^dimOourg, la maison de correction de Bri:t- ton , la maison. de correction de Kirkdale et la prison piniteii- tioire de Mitbank, sont depeints avec le plus grand soin par M. Julius, qui les a visites Uii-meme , ainsi que trois autrcs construits selon le systeme etoile ; savoir : la matron de cor- rection d'York, la prison de la ville de Bristol , la maison peni- lentiaire de Geneve. Dans une construction circulaiie, les corps de logis habiles par les detenus se trouvent necessairement a une distance i)eaucoup plus considerable de la maison centrale occupce par le directeur que dans une construction etoilee, puisqu'ils en sont separes par des cours : il devient done impossible aux employes d'exercer une surveillance exacte et invisible daii^ les ateliers, les salles et les corridors, oi'i ils ne peuvent par- venir qn'en traversant cet intervalle sous les yeux menie des prisonniers. Un autre inconvenient resuite de la disposition des balimens en forme de cercle ou de polygene : les fenetres, se trouvant placees plus ou moins obliquement les unes a I'e- g;ard des autres, permrttent des communications entre les de- T. xi.vii. jriiLFT i85o. ■; 06 SClfcl.NCKS MOHALKS lenns apparleiiaiit aiix (liffcrentes classes , communications I'galement t'acilos dans les coiirs que de simples miirailles se- parenl ; ces coiirs, d'ailleiirs, sent entourtes dc halimens on de murs eieves qui cmpecheiitd'vctahlir de.s conrans d'air, et de donner acces aux rayons du soleil. Enfin I'expeiience a lait reconnailre que les corps de logis de la detention, situes entre la dcmenre du directeur qu'ils enviionnent et le iiiur d'enceintecxterieur, I'ormenl luie espece dc paravent, derricre lequci les prisonniers peuvent, sans crainte d'etre apercus, faire des preparalifs d'evasion. A cctte cotnparaison du plan rircnlairc avec le plan ('■toilt'; nous devons ajonter , d'uiie part, que les sons se transrnettent plus aisement des extremites au centre dans un edifice de cette derniere forme, avantage qui pent etre augmente au moyen de tubes de metal passant par les corridors et venant aboutir dans la chambre du surveil- lant ; de I'autre part, que, dans les prisons circulaires, les de- tenus trouvent le secret de commimiquer ensemble par des sonslegers qui sepropagentle long des murailles, sans pou voir rtre entcndus par les inspecteiirs logcs au centre, de I'autre cote des cours. De lout ce qui precede il resulte que des six conditions re- putees nccessdires a un etablissement de detention les quatre premieres, savoir : la sCirete, la salubrite, la surveillance et la classification, se trouvent realisees d'une maniere beaucoup plus complete par le plan radie que par le plan circulaire, egalement moins avantageux, ainsi que nous allons le voir, a pkisieurs auties egards. La distribution des alimens, celle des materiaux destines au travail, I'enlcviiment des immondices, etc., sont rendus singu- lieremcnl commodes par la proximite oii les ailes se trouvent ilu batimcnt (central ; cette proximite facilite surtout beaucoup I'acces de la chapelle. Enfin le plan radie presente, de plus, la possibilile d'augmenter I'etablissement par la prolongation des ailes; cequi devienttoul-a-t'ait impossible dans un cercleou po- lygone ferme:chacune de ccs ailes constitued'ailleurs un edi- ii< e a part : des que la premiere est batie, elle pent etre occu- ET POLITIQUES H- pec par des piisoiiuiers que Ton crnploic, si I'mi vent, nnx unties constructions. Quelle que suit neannioins la supciioiite du systeme ctoiic sur le svsttrnc circnlaire, ce dernier est preferable, sans con- tredit, a celui qui seinble avoir pris favenr aux Etats-Unis, ef d'apres leqncl a etc constrnite, en 1820, la prison d'Anburn. dans I'Etat de Nciv-York, prison declaree modeic par les Ame- ricains. Cet edifice foruie , avec les murs exterieurs epais de trois pieds, un carre long de deux cent six pieds et large de quarante-six. Dans ces murs sent percees trois rangees de fe- netres garnies de vitres et d'un fort treillage en fer. A I'lnte- rietn- de cette espece de boite on de vaste hangar cosn ert d'lm toit se trouve lebaliment de la detention, elevcde cinq elages; chacnn de ceux-ci consisle en deux rangs dc cellules, separes par un mur niitoyen ; il en contient cent onze. ce (|ui donne pour retablissement entier le nombre de cinq cent cinquunte- cinq. Les cellules ont leur entree sur la cour intcrieure , qui n'est autre chose qn'un intervalle de dix pieds entre les denx boites concentriques : an rez-de-chaussee les portes donnent immediatement sur cette cour; aux etages superieurs elles donnent sur dcs galeries de bois ouvertes, largesde trois pieds, qui s'etendent tout autour du biitiment et auxquelles condui- sent des escaliers places aux quatre angles. Les cellules, dont les cloisons intermediaires ne sont epaisses que d'un pied, en ont sept de longueur, sept de hauteur et trois et denii de lar- geur : la partic superieure de leurs portes consisle en un gril- lage de fer, par Icquel I'air, la lumiere et la chaleur penetrent de la cour interieure, garnie de cinq petits poeies, de six plus grands et de douze petites lanipes. Des ventilateurs sont adaptes aux cellules. Dans la cour se promenent deux senti- nelles qui peuvent entendre les paroles prononcees a A'oix basse aux etages les plus eleves. Si I'on etiidie ce plan beaucoup trop vante, en ayant cgard aux six conditions dont nous avons reconnu la necessile , on apercoit aussitot scs vices : 1° en cc qui concerne la sOrete, le< cloisons qui separent les celhdes ne semblent point devoir em- (>s s(:rE^cEs moralks pechcr lovite communication des detenus eulre ciix. 2". A IV- •rard de la saliibritc, les inconvcniens sont plus graves encore, les cellules nejouissantqnede cent soixante-onzc piedset denii cubes d'air. rccu, pour ainsi dire, de la scrondc main, c'osi-a- dire Iransniis par une cour qui n'esl elle-meme en communi- cation avec le dehors que par des croisees. De pareilles cri- tiques peuvent etre faites conlrc le mode dc distribution de 1;> chaleur et de la lumiere. 5°. Quant a la surveillance invisible, elle n'a lieu dans les cellules que lorsque les gardiens par- courent les galeries ; elle est nulle dans les ateliers, dans les refectoires et dans les cours servant a la promenade. 4°. Enfin on doit tenir comple des inconveniens qui peuvent resulter, suit de la presence simultanee d'un nombre conswlerable de detenus dans des galeries etroiles, lorsqu'ils se rendent au tra- vail, au repas, a la promenade, ou loisqu'ilsen reviennent, sort de Textreme con fiance que le directeur, pi ive des moyens de surveillance immediate, dont il est en possession sans quitter sa demeure dans un edifice etoile, est oblige de temoigner a ses subordonnes et meme a de simples sentinelles. 11 est a regretter que ce sysleme imparfait soil en assez grande faveur en Anierique pour que I'Etat de New-York en ait ordonne Tapplication dans la prison de Sing-Sing sur le fleuve Hudson, I'liltat de Massachussets dans celle de Charles- town, etcelui de Connecticut aWeathersfield. EnPensylvanie. au contraire, ainsi que nous I'avoiis dit, le plan radie sert de base a la construction du nouveau pcnitentiaire de Philadel- phia. I Avant determiner, nous devons dire un mot encore surl'ex- terieur convenable a une prison. D'apres le principe de tout monument d'architecture, elle doit presenter le caracterede sa destination. Forte, sOre, inebranlable, elle doit encore, selon Howard, offrir quelque chose de severe, de sombre, de repous- sant. II ne faut pas qu'une idee agreable se joigne a celle d'une existence assuree. privilege dont jouit le detenu, que ne pos- sede pas aujourd'hui le pauvre (moins favorise, sous ce rap- port, que le serf on Tcsclave lui-meme ) . et (|u'il serail alors tl I'OLITIQIES. 6ij trop >uu\ciit teiito tie lui einier. Les suites il'niie idle dispo- sition, appuyee par I'apparence exterieiire des etablissemens - gleterre, ou, comme a Ilambourg, de draps a fouler. — Plus cetle quantite estconsideiable, plus la roue tourne lentement; I'exercice des marcheurs est alors moius penibic : il le devieiit d'autant plus, au contraire, que la roue tourne plus rapide- iiient, ce qui a lieu lorsque la force du moulin agit sur une pe- lile quantite de nialeriaux. 'i) Lc» iiKigistials iiul :ilj()li cct iisay;c dans la ineiiiiure df ccs villot. ET l'OLHI(,)l ES. '^Y^ 5°. Le dianit'tre d«; la loue ; le terns uecessaiie pour ^a rota- tion etant en raison inyerse de sa circonference. 6°. Le noinbre des marches qui forinent la circonference de la roue. — De son etendue depend, il est vrai, principalemenl la lacilite de son exercice ; mais les degres peuvent aussi se Irouvertrop ou trop peu rapproches, et contribuer arendre cot exercice beaucoup plus incommode. 7°. Enfin, le nombre des marches qui doivent etre franchies diins un tems donne. — D'apres les tableaux dresses en An- gleterre, le chilTre moyen est 48 par minute; combine avec le terme moyen du tems consacre au travail ( 8 heures ), et avec I'elevation moyenne des degres ( 8 pouces 4 ^ lignes ) , il donne la hauteur de 16,076 pieds 9 | pouces comme cello «|ue le marcheur doit iVanchir en un jour. L'experience de- montre que cette limite ne pent eirc depassee sans inconve- nient. Quant a I'emplacement convenable aux moulins de disci- pline , la Societe des prisons de Londres veut qu'ils soient construits en plein air, mais sous un tcit et dans le voisinage des salles de jour , afin qii'en cas de mauvais tems ou dans le moment oii les travailleurs passent d'un exercice tres-actifau repos, ils ne soient point exposes a I'influence du froid. Places dans des lieux fermes, ils offriraient toutetbis I'avantage, pen- dant les courtes journees d'hiver, de pouvoir etre mis en mou- vement a la lumiere le matin et le soir. II est aise sans doute de prescrire a dcshomnics rassembles un silence absolu; mais un tel reglement est illusoire, parce qu'il est inhumain, non pour des chartreux que la foi soutient au milieu de leurs privations^ mais pour des prisonniers que revoke la contrainte. Aussi I'interdiction de la parole est-elle generalemenl inobservee par le surveillant ou transgressee par les dotenusau moyen du langage des signes, d'autaiit plus nui- sible qu'il est grossier et secret. L'homme doit entendre, penser et parler, ou ne faire aucun pas dans les voies de la perfection; il ne faut pas, meme -i SClliNCLS MOKALhS «ii prison, qti'il suit privc de rexeicicc dc ces lacullo.s. Mai?- il lie iiii sndit point dc pailcr on d'ecoutcr par ordrc ; ce dont ii a Ijesoia, c'est d'nn entrelien lii)ie on ranic pevit s'epanther et uianilcster son intorGt ponr lout co qni la IVappe. Toutet'ois Ic silence est line regie impoilante dans la discipline peniten- liaire; il doit etre obligaloire pour la classe d'epreuve, liormis anx heures de I'enseignement. Dans la deuxiime classe, celle K[eseprouves, la conversation doit etre permiseatilrede recom- pense , saul" interdiction de toute expression nialhonnete, cris on clinchotcinens; c'est a I'aunionier, pendant les lienres consacrees le dinianclie soir a la conversation, a savoir liii donner nn cours utile et interessant. Knlin , dans la classe de preparation, rien no s'oppuse a ce que les detenus puissent •s'entretcnir librenient, uiais a des Jieures deterniinees, et en jiresence d'auditeurs. Si Ton a toujours considere la solitude conuue un des plus nobles mojens de perfectionnement pour rhoinme, c'est que Ton supposait chez ceux qui s'y condamnaient volontairement une disposition a meditcr sur Ics sujets les plus sacres ; inais peut-elle exercer cette influence salulaire sur des uiali'aiteurs cliez lesqucls on doit presumer une vocatitjn tout opposee ? Non sans doute, et nous n'liesitons pas a considerer I'einpri- sonneiuent solitaire prolonge comme I'etat ie j>lus coirnpteur, apres le contact avec des criminels endurcis. Cependant ce iiioyen pent etre employe avec sncces comme punition ; que le coupable soit abandonne seul a ses remords pendant peu dc lems, mais qu'il n'ait pas celui de se familiariser avec cette situation, et d'occuper son rccueillement a ruminer de nou- veaux crimes. i\l. Julius, d'accord avec nos sentiuiens a cet egard , ne conseille I'emprisonnement solitaire qu'envers les individus qui n'ont point abjure toute idee religieiise, on qui deja ont fait quelque retour sur eux-memes. Quant aux au- Ires, il vent ([ue le tems dc leur solitude soit rempli par un travail assidu et I'atigant , qui ue soit inteirompu que pai le repos strictemcnf necessaire et par I'enseignenienl spiriluel. KT POLITIQIJES. 75 II esl indispensable d'etiidieravecsoinle taracteredes hoinmes auxquels on pretend appliqiier cette peine, dont I'eftel vnrie elrangement. M. Buxton lapporte que deux paysans de la nienie ferme ayant ete condamnes a I'eniprisoniu'nient soli- taire. Fun, sot et paressenx, avail passe son lenis ;'i doimir, landis que I'autre, vif et intelligent, avait lailli perdre la rai- son. II est des individus pour lesquels ce chatiment est une lortiire intolerable, et I'on en a vu demander lamort comme line grace. — II a ete observe en general que la solitude pro- lougee inlluait sur le mora! d'une maniere tres-nuisible, a moins qu'elle ne Cut acconipagnee d'un travail continu, tandis que ce moyen, employe avec intelligence et menageinent, de- venait un puissant auxiliaire dans I'tenvre de la reforme. II est presque inutile de reconanaiider un soiii tout paiti- ( ulier a I'egard des conimunication^i avec I'exterieur. Pendant la periode d'epreuve, toute visite aux detenus doit etre formel- lement interdite : ce n'esf que pendant les deux periodes sui- vantes qu'elles peuvent etre autorisees pen a peu, apres des informations Ires-precises sur la moralife des visiteurs , et toujours devant tcmoins. Ces visites , outre I'inipression di- recte qu'elles peuveut exercer sur le piisonnier, ne sont pas sans une influence prejudiciable a I'exterieur menie. '^- r-G SCllilNCES MORALES fx;i};crc \c< maux de la uaptivito, et si cctte opitiiun n'inHue pas sur leiir piopre coiiduite, ils lie manqucnt pas dii moin!» dc la propager an dehors. » L't;iiseignemeiit qui a pour but d'inculqiier au detenu des luiliiludes de travail, d'ordre et d'ecoiiomie, el de le mettre, par la possession d'une induslrie lucrative, a I'abri dcs teiita- lions (lont il sera assailli en rcntrant dans la societe, et I'ensei- gueuient religieux de.>^tinc a perl'cctionner son moral, sont, conune on le voit, trop inliaicnient lies pour les separer : ils doiyenl marcher de front. Qu'u I'apprentissagc d'un metier se joignent I'instruction elementaire de la lecture, de I'ecriture, du chant, ie calechisme, la pri^re solitaire qui n'est entendiic (jue dcDieu, et la priere en commun qui harmonise les ames; qu'une ceremonie religieuse accompagne j'entree en prison et la delivrance de chaqiie detenu, c'est la premiere et la der- niere pierre du monument que vous entreprenez d'elever a pieu dans son cceur : ces deux epoques doivent y laisser de prol'ondes impressions. La division des prisonniers en trois classes n'est en usage en Angleterre que dans les maisons penitentiaires ou uue diffe- rence de costume les distingue. Cette mesure pomrait etre jutroduite dans les prisons ordinaires sans grande difficulle. Pour la classe d'epreuve la solitude et le silence sont de rigueur pendant la premiere annce au moins; la severite de ce regie- ment doit etre foil adoucie pour la classe eproavee ; elle doil I't'lre heaucoup plus encoie pour lu classe de preparal ion cher. lai|uelle le trav;iil en commun doit devenir pen a peu une ha- hitude. La promotion d'une classe a I'autre ne doit pas avoir lieu sans quelque solennite; qu'elle soit precedec pour celui qui en est I'objet de quelques jours de solitude dans une salle dont la decoration puisse frapper son esprit, et que cette soli- Uide ne soit inlerrompuc que par la visile de I'aumonier et remplic par un choix de lectures convenables a sa situation. — La duree dn scjour des prisonniers dans chaque classe doil etre determinec par le dircctenr, rinstituteur et I'aumonier- ■ — Ccnx d'enlrc le,'- detenus qui sc distinguent par leur bonne coniliiito peiivcnl f'lio cloves aux Ibnctioiis de soiis-iiispec- teurs, ^ans pour cela cesser d'etre souniisaux reglenieiis gene- raiix de la maison. — Enfiii, pour exciter ['emulation , dev recompenses peuvent etre accordees , telles que la prolonga- tion des momens de repos ou de conversation, des emplois doinestiques dans rclablissement, I'exeniption des chatimens corporels. la facidte d'etre appeles en temoignagc, etc. Los moyens de punitiou seraient alors la privation de tous on do quelques-uns de ces privileges, la relrogradation vers nno ilasse inlerieure, et pour la derniere de ces classes le renvoi de la maison aux travaux forces. — Cette organisation otani t'ondee dans les prisons ordinaires, le nombre des institutions penitenliaires proprement dites pourrait etre considerablo- ment reduit et les frais qu'elles occaslonent epargnes. M. Ju- lius, appliquant ce systeme a la Prusse, pense qu'il y suflirail de deux penitenciers modifies selon les degres tres-differens de lumieres qui separent la partie orientale de la partie occi- dentale. A cette lecon sont joints les reglemens des prisons de Mil- bank et de Geneve. Onzieme. Lcfon. L'argument le plus specieux que fassent valoir les adversai- res du systeme penitentiaire , c'estle mauvais succes des eta- blissemens de ce genre dans le pays oii il a ete primitivemeni inlroduit el perfectionne, dans les litats-Unis d'Ameriqne. M. Julius a regarde comme un devoir de repousser les induc- tions que Ton pourrait tirer de ce fait sans en avoir approcio les causes. Ces causes, d'apres le rapport d'un comite institue a TSow- York pour en faire la recherche , sont les suivanles : 1°. L'archilecture vicieuse des prisons. — Auciine n'etaildis- Iribuee de manierc a empochci' la communication des detenus entre eux. 2'. Le defaut de classification. — Celle des sexes elail la seule en usage. L'objet principal, celui qui dominait tous les autres. etait de rendro le travail aussi proiluctif que possiide. -S SCIENCES MORALES sail'* sonp:or, ainsi quo I'oIjsctvo Io coinifi'-, qu'iin lol procedc (levail nictlro an iicaiit tout Ic syslonie. 5". Le manque d'espace. — Outre I'inipossibilih! d'elablir, |i)is meme qu'on I'auruit voulii, aucnne classification, ce defant i-ntrainait I'lnoonvenipnt suivant non moins grave : 4°. L'usagc abusif du droit de grace. — Ces graces ctaieni accordees avec autaiit de logerete qu'on en ineltait a appuyer les demandcs; ct cela afin dc faire place a de nouveaux pri- s6nniers, qu'il fallait logcr. 5°. line nouriitnre trop pen abondante sans interdiction des liqueurs fernicntces. — C'ctait le IVuit de la meme tendance Innesle qui poilait a tout sacrifier au lucre du travail. G°. L'al)sence d'ecoles pour les jeunes condamnes. Partoul. mais surlout dans la vilie populeuse de New-York , s'offre le tableau deplorable d'nne nombreuse jeunesse privee d'in- slrnction, grandissant dans le vice et destinee au crime. ^". La mutation iVeqnente des fonctionnaires publics par suite des triomphes et des cbutes siiccessives des differens par- tis politiques. Ces mutations se font sentir jusque dans I'ad- ministralion des prisons (i). Ces causes onl eu des suites sur iesquelles nn rapport fait, en 1825, al'occasion d'un projet d'institution penitentaire pour les jeunes delinquans s'exprime de la maniere suivante : "La nature demoralisante de quelques-uns de ces etablisse- mensnommcspenitentiaires est tellement connue, il est si rare que les detenus liberes n'en rortenl pas plus degrades et plus corrompus qu'ils n'y sont entres, et plus experts dans les pro- cedes du vol, que ces lieux ont merite le surnom d'ecoles du (i) M. Charles Lucas vlent de publier le second volume de son ouviage sur le Systcme penitentiaiie : 11 y trace avcc detail I'liistorique de la d^;- cadencc de ce systeme aux Elals-Unis (p. 5i et suivaiites). Nous y ren- voyons ceux de nos lecteurs qui voudraieut en avoir une plus ample con- naissancc. — Voyez aiissi : A brief statement of the catcscs wliicit have ted Io Ihe abandonment of the celebrated system of penitentiary discipline in some provinces of the united stales of America. 15y TVilUam Roscoe. Liver- pool, 1827. VA POLITIQUES. ;;,) crime. La soinme des maiix causes a noire ville et a notro ihat par les delaiits du regime des prisons est si grande que , dc I'avis de bien des gens, il esl douleiix si le systeme actuel . avec son attirail dispendieux, sa doncenr et sa nioralite appa- rentes, n'estpas, en derniere analyse , plus niiisible encore a Tordre public que le simple emprisonnement d'autrefois. avec ses pnnitions corporelles, ses fustigalions pnbliques, ses piloris, sa marq.ie , etc., etc. (i).'> Un semblable tableau serait bien deccurageant pour les par- tisans dn systeme penitentiaire, si i'on ne ponvait !ui oppo- ser les experiences faites dans plusienrs prisons d'Europe el dans le petit nombre de celles d'Amerique qui ne se sonl poini troiivt'es enonm!)rees : les anteurs du Rapport auquel nous avons emprnnte I'enumeration des causes qui ont entraine sa decadence, decadence dont ils sont loin de faire un mysterc, ferminent lenr travail par ces paroles remarquabies : «Dans I'espace de Irente annees, il n'a pas ete signale un seul fait, decouvert un seul vice qui fOt capable de nous con- vaincre que ce systeme n'est pas en etat de realiser tout ce qu'on n pu en attendre». Apres cette digression nocessaire , M. Julius reprend son exposition en tracant les devoirs des hommesappeles a donner la vie au systeme , et sans lesqueis tons les avantages d'une si- tuation favorable, d'une construction habile, d'un emplace- ment etendu, etc., ne serviraient de rien. « La fonction de directeur de prison gagne journellement en consideration publique et en importance; cela est juste : cette fonction est honorable, difficile, elle entraine une delicate res- ponsabilile, et suppose une confiance toute particuliere dansla personne que Ton en investit. L'accomplissement ponctucl el loyal de ses devoirs rend un directeur de prison digne de I'es- time et de la reconnaissance gcnerales. La surete de I'etablisse- (i) Report of a commiliee appointed by the society for the prevention of pauperism in the city of .^etv-Vork, on the expediency of erecting an insti- tution for ilic rcformnlirn of juvenile driinqiienls. ]V('^y-Yol■k, iSjii, jio SCJKACtS AlOIWLKS menl qu'll adrninistre csl son jirciiiier soiii ; niiiis ii nVst pii' le senl. Scs elVorls out aussi iii> ol)jel uiond, ot Ic repos tic la socititc et le soil dcs plus malhcureux des homines en depen- dent. II doil savoir regler remploi de sou aulorite, encotira- ger I'obeissance et pievenir bien plus que reprimer la muli- nerie. Ses ordres doivent etre precis, son humeur egale et son amour de Tequile sensible pour tons : eiifin il doit apporter dans I'exercice de sa charge non-seulemeut t'ermcte de caran- tere el droiture de jngcnienl, mais encore une ame remplie de senliinens bienveillans »!l religieuxn. Immedialemenl apres ce lonclionnaiie superieur qui doil embrasser tons les besoins de relablissement, deux aiifres trouvent leur place, auxquels est confiee immcdiatement hi direction morale et inlellectuelle des prisonniers ; Vaumonier, c'est-a-dire le confident, le guide de lenrs consciences, et Vin- stiiuteur, donl Temploi doit etre egalement revetu d'une haute consideration; vientensuite V instractcur (\n'\ enseigneaux dete- nus la profession industrielle qu'ils doiveut exercer; etle mc- decin^ dont le docleur Julius indiqiie Ics devoirs en honime de I'arl. Toutefois ('ette organisation inteiieure de la prison nc Ini parait pas encore sufllsante pour remplir coniplelement son objet. S'appuyant sur I'opinion, emise il y a plus de \ingl- cinqans, par un homme d'Ktat eclaire, leu M. d'Arnim, minis- tre de la justice en Priisse (i), il croit necessaire d'etablir entre lesautoritessuperieuresquinepeuvent, sans inconvenient, des- cendre a une surveillance a I'egard de chaque fonctionnaire . et les administrations particulieres des prisons, des conseils charges d'assister les directeurs dans leur gestion, el composes, dans chaque localite, outre !e jiisticier, raiimunier el le nie-^ (i) Briichstiicke iibcr y crbrcchcn iind Slvafcn, etc. — Fragiii<;iis sur \vs (lelits et lespeines, on pcnsees sur I'acci-nisseincnt rpinaj que dans Ic^ Utals prussiens du nonibre des crimes centre la propriite; avec des pin- positions sur les inoyens d'y rpm<''dier par une l)Onne organisation des prisons. Francfort, i8()i>. KT POLiriQUES. 8i ilecin dc la niaison , de jiliisiciirs de? ciloyens Ic? plus nota- bles qui acccpleraieiit sans doiilc voloiUiei's ces com'.nissions purement honorifiqiies. La solliciluuo piibliquc scrail aiiisial- liree sur les elablissemens dc detention, et travaillerait a Icur pcrfectionnenient. M. Julius observe que des efforts trop sou- vent meconnus, surtout a I'epoque oii ecrivait M. d'Arnim. avaient dcpuis long-tems cree dans un but religieux des in- stitutions analogues a celles qui sont ici concues d'apres uit point de vue politique. Sans parler des traces laissees par les empereurs remains des les premiers siecles du christinanisme, on ne pent s'cmpecher de citer les nombreuses confreries qui de Rome se repandirent dans I'ltalie et dans tout le monde ehretien, et parliculierement celle de la Misericorde, quiavait dans beaucoup de villes des confreries afliliees des deux sexes, ct dont les reglemens furent renouveles en 1821 (1). Ces as- sociations ne se bornent pas a porter des consolations aux con- damncs a mort ; elles s'occupent aussi de I'enseigneuient reli- gieux des prisonnieis, et de leur distribuer du travail , des vetemens et de la nonrriture. Ce qu'avait fait le sentiment religieux, la philanlropie a de nos jours essaye de le reproduire; elle a voulu interesser les efforts individuels a I'amelioration du sort des detenus et a leur reforme morale. Daus toute I'Europe, mais particuliere- nient en Angleterre, les Societes pour la visiie des prisons se 5ont multipliees. Parmi ces associations, il est impossible de ne pas nieltre en premiere ligne la Socictcpoiirla reforme i/cs fenimes dc- ienucs, et te nom de sa fon'lalrice, M""" Elisabeth Fry, de cette i'emme cliez laquelle la douceur et la fermete, le devoucment et I'elevation d';lme forment un ensemble harmonique si digne (le respect et d'admiration. Nous nous faisons une veritable violence pour ne pas reprodiiire dans son entier Thisloire de (1) Cette conPrerie, cilt-e cumiiie inodele i iniiter dans les ecril? do Scaiiaioli {Da Fi.sitalione Carccralorum) et do Miiratori {Delln Carild cris- liana) fut leiiconlree par Howard dans la pliipar! des villes d'llaiii' el dr Portugal. T. XLVll. JllLtET I(t.'a:ograpliic. arahc, par .1. J. Marcel; I'aris, iSt^H. i vol. in-lnl. , LT POLITIQUES. (j7 natisnie, leur haine inveterec contre les penples qui out unc autre croyaiice, un autre cultc. Les maximes morales sont dans I'Orient ce qu'elles doivent etre chez tous les peuples civilises. La moral* est partout la meme. P'liir les vices qui portent atteinte a la societe; aider, secourlr scs scmblables : tels sont les preceptes qu'on lit a chaque page du Coran, et que Ton retrouve sans cesse dans les inscriptions musulmanes. C'est encore le Coran qui fournit les inscriptions que gra- vent les Miisulmans sur lears amies, sur leurs vases, leurs meubles de toule espece. Sur tel sabre on lit ce passage : « Le secours vient de Dieu, et la victoire est proche: annonce cette bonne nouvelle aux croyans ; » sur un poignard : « Que Dieu nous soil en aide; » sur des etendards, cet autre passage du meme livre sacre : « Assurement nous t'avons accorde une victoire illustre ; Dieu t'a pardonne tes peches passes et futurs, afin d'accomplir sa tache sur toi, de te dinger dans la voie droite et de t'aider d'un puissant secours. » Ces paroles sont relies que Mahomet prononoa , lorsqu'il entra triomphant k la Mecque. De semblables legendes, que Ton retrouve partout, annoncent une tbi vive et constante; et telle est celle de tous les seclateurs de I'lslamisme. La superstition est la compngne inseparable de I'excessiv* piete. Les Musulmans doivent croire et croient fermement a la magie, a I'astrologie, a I'art de la divination par divers pro- cedes mysterieux. L'Orient, au reste, a toujours ete le Ijer- ceau des plus absurdes croyances : c'est de la qu'elles sont sor- ties pour envahir le monde; rien d'etonnant, si c'est encore la que prosperent sans contran'ete , sans obstacle, toutes les fables, les superstitions, qui ont si long-tems conlribue a I'a- brutissement de notre Europe ; dont nous ne commencons que d'hier a nous delivrer, et diilicilement encore; quipeuvent re- paraitreparmi nous, pour pen que I'ignoranceseperpetue, se propage, pour peu que Ton continue de proscrire I'esprit d'examen, on pour mieux dire, la philosophic, y Parmi tous les instrumens de magie, les plaques talisniani- T. XI.VII. .Ilir.LF,T i83o. r- ,)8 SCIENCES MOFIALES ques, les vases, les coupes, les miroirs dont M. Reinatid donne, dans son livre, la description, rexplication et souvcnt la gravuic, il est un objet qui, plus que lesaulics, m'a paru meriter I'attention : c'est une coupe en nittal, d'uue asscz grande dimension, et qui occupe les planches v et \i. On salt que les coupes, des les terns les plus ancieus, ctaient un ustensile indispensable pour quiconque faisait metier de pre- dire I'avenir. II parait meme, d'apres la Bible, que le patriar- che Joseph employait, ou du moins feignait d'employer une coupe d'argent pour interpreter les songes du Pharaon d'E- gypte, et pour toutes ses autres predictions. C'est du moins ce que i'ait entendre tres-clairement un passage de la Ge- nese (i). La coupe que decrit M. Ileinaud etait certaiuement employee a un usage analogue. C'est un talisman qui doit preserver le possesseur, moyennant quelques ceremonies qui ne sont pas indiquees, de plusieurs accidens ou maladies dont on voit I'enumeration inscritc en arabe sur les bords. Voici I'inscription : « Ce talisman beni, digne de figurer parmi les tresors des rois, sert contre toutes les especes de poison; il reunit une foule d'avantages constates par I'experience. On I'emploie utilement contre les piqflres des serpens et des scor- pions, contre la morsure des chiens enrages, contre la fievre, les douleurs de I'enfantement, le mauvais lait des nourrices, les douleurs d'entrailles, les coliques, la migraine, les bles- sures, les sortileges et la dyssenterie." L'interieur de la coupe est entierement rempli d'inscriptions tirees du Coran, et con- tenues dans des especes d'ecussons, qui rappellent un peu les Cartouches des hieroglyphes egyptiens. Plusieurs de ces ecus- sons renferment, ou du moins paraissent renfermer aussi quel- ques informes representations d'ftres animes. Ainsi les artis- tes musulmans contreviennent quelquefoisala loi de proscrip- tion lancee par le prophete contre les representations de cette esp^ce. ^ (i) Chap. XLiv, V. 5. — La coupe que Joseph Gt mettie dans le sac de bli de Benjamin, son frtre, etait la coupe qui lui servaif dans ses pro- ph«lio!i. ET FOLITIQUES. 99 On voit aussi des figures d'etres animes sur un miroir bieti plus curieux encore que cette coupe, et qui tenait de meme aux sciences occultes en si grand credit chez les orientaux. M. Reinaud croit que ce miroir a ete fabrique vers la fin du xiu" siecle de notre ere. La surface ne porta aucune in- scription ; il n'en est pas de meme du cote oppose : sur une bande qui en fait le tour, on lit d'abord ces mots : «par le grand noin de Dieu... talisman. » Au milieu est une espece de chat-huant, les ailes deployees; aulour, dans des bandes pla- cees I'une au-dessus de I'autre, sont les figures des planetcs et des signes du zodiaque «Les planetes sont representees deux fois : la premiere fois, elles sont sous la forme de sim- ples bustes et privees de leurs attribute; la seconde, elles sont groupees avec les signes du zodiaque; ce qui donne a ces der- niers un caract^re astrologique.i) Aiusi parle 31. Reinaud ;et il s'efforce ensuite de rendre raison des modifications appor- tees par les Musulmans aux figures ordinaires du zodiaque. Cette partie de son ouvrage a dft lui couter beaucoup de re- cherclies et d'ctudes. Le monument meritait I'interet d'un auteur qui s'est fait un devoir de tout expliquer. Ce ne pour- rait elre que dans une dissertation, qui serait ici deplacee, qu'il conviendrait d'examiner si les opinions qu'il emet sont incontestables : aussi ne veux-jeconsiderer ce miroir que sous le rapport de I'art ; et j'observerai que Ton ne saurait imaginer rien de plus grossierement dessine que les figures du zodiaque ; qu'elles sont une preuve sans replique de I'inexperience des artistes musulmans dans la representation des etres animes. Mais il faut repeter que, dans les figures des plantes, dans ces orneraens bizarres que Ton qualifie A^arabesques, ils ne se montrent pas sans genie, ni sans gout. II me tardait d'arriver A la partie de I'ouvrage oii I'auteur, par d'excellenteg Notices puisees dans une foule de manu- scrits orientaux, nous fait connaitre I'opinion des Musulmans sur un grand nombre de personnages dont I'hisloire et les reli- gions les plus repandues dans le monde out consacre les noms. ,„.p S(:U^^■CF.1> M oil ALES C'eliiil Hii .ippcndice necossairo an tableau tie la croyarice re- ligieiisc despeiiples qui prol'essent rislamisme. II a divise celte parlie de son travail en trois sections : dans deux sections, il passe en revue les personnages, donl les uns out precede at lesautres suivi Mahomet. Dans la seconde section, Mahomet comparait seul; elle est enli('renicnt remplie par I'histoire du prophete legislatcur. Les Musulmans ont ajoute hicn des fables aux evenemens de la vie des personnages qui figurent dans notre Bilile. II y a plus : ils ont place au nombre de ces personnages des hom- mes que la Bible ne mentionne nullement ; ils leur attribuent des aventures, quelquefois tres-singulieres, et qu'ignorent en- tierement les juifs ct les chretiens. Mais il fallait bien que ces aventures t'ussent universellement connues au terns de Ma- homet, puisqu'il y fait allusion dans son Coran. Le Talmud et les livres des Rabbins, les evangiles, lanl vrais que faux, qui circulaientalors dans tout I'Orient, furent sans doule les sources de toutes les opinions singulieres qu'avaient adoptees les peo- ples sur les patriarches hebreux, sin- Jesus, Marie, sur les apo- tres. Mahomet n'avait aucun interet a delruire ces opinions; il les presentait , au contraire, comme des autorites respecta- bles, lorsqu'elles pouvaient etayer le nouveau sysleme reli- gieux qu'il voulait imposer a sa patrie. Les commentateurs de son livre sont venus ensuite, qui ont corrobore, par des fables encore plus bizarres, cclles qu'il n'avait que legeremenl indi- quees. II en est resulte un amas de legendes, toutes plus deraisonnables les imes que les autres, et qui rappellent ces contes des Mille et tine Nuits, on se manifeste a un si haul de- gre la vive et brillante imagination des Arabes. Citons seule- ment quelques exemples, parmi un bien plus grand nombre. Adam est pour les musulmans, comme pour les juifs et les chretiens, le premier hommc, le pere du genre humain ; mais ils ne croient pas qu'apres avoir ete chasse du Paradis terres- tre il eOt du moins, pour se consoler un pen dans un si grand malheur. Eve, sa femme. L'ange du Seigneur le jeta dans Pile de Cevlan. ct Eve Cut rclcKuee sur les rotes do la Mer-Iloui;e. ET I'OLlTIQliKS. io> Ce no I'lit que ileiix cents aiis apres (jue Dieii , louche de leur:- larmes, consentit'a ies reunir clans les environs de la Mecque. II s'e'nsuivrait ilc la que ce pays si revere, parce qn'il possede la maison sacrec, la iameuse Caaba, doit I'etre encore, comme le berceau du genre luimain. Au reste, ce que les Chretiens ignorent, Adam etait un propliete ; il avail sur le front le rayon lumineux qui depuis biilla sur le front de MoJise. Aprcs Noe, dont ils n'ont pas trop defigure I'liistoirc, les musulmans citcnt deux prophetes dont il n'est point parle dans la Bible. Ce sont Houd et Saleh. Le premier alia precher la foi a des Arabes, geans s'il en fut jamais; car les plus petits avaient soixante coudees ; mais ils ne voulurent point croire au Dieu unique qu'il etait venu leur annoncer. Saleh, I'autre propliete, alia, dans une vallec de I'Arabie, precher aussi le vrai Dieu in une autre tribu de mechans Arabes qui se moquferent de hii. En vain, pour les convaincre par un miracle, flt-il sortir des flancs d'une montagne une chamelle prete a mettre bas : ils tu^rent la chamelle et son petit. II est souvent fait mention de cet evenement dans les ecrits des Orientaux, qui, lorsqu'ils passent pres dc la montagne oOi s'opera le prodige, croient encore entendre les cris du cha- xiielon. Mais le patriarche sur la vie duquel ils semblent avoir pris piaisir a entasser le plus de fables, c'est Jbraham, qu'ils nomment Ibrahim, et qui est chez eux en grande veneration. Certes, dans la Bible, I'histoire d' Abraham est fort extraordi- naire; mais c'est bien autre chose duns le Coran et dans les commenlairesdecelivre. Al'age dequinzcmois, Abrahametait grand comnic un jeune homme de qninze ans ; et il pouvait se nouriir a pen de frais; car il n'avait qu'a sucer ses doigts. De I'un, il tirail un lait exquis; de I'autre, le plus doux miel. Plus age, il alia precher les habitans de Babylone; mais Nemrod, leur roi, le fit jeter dans un bOcher, qui, si Ton en croit quelques auteurs, se changea en un parterre de roses. Mahomet racoate bien le, miracle, mais sansy joindre la der- liicre circonstance. Voiri cp qu'nn lii dans In C-oran : "Pour- ,02 SCIl":NC(iS iMOKAl.KS fiuoi adorez-vou», disait Abraham aux idolutres, des simu- lacres impuissans dont yous ne pouvez attendre ni bien, ni mal ? Malheur a vous et aux objels dc votre ciilte ! N'ouvri- rez-voiis point lesyeux? — Brfdez I'impie, s'ccrierent les ido- latres, ct dofendez vos dicux. —-Nous commandames au leu (c'est Dieu qui parie) de perdre sa chaleur, et au salut dc des- cendre sur Abraham (i). » Combien, au rcsle, la mcmoirc d'Abraham ne doit-elle pas Ctre eii veneration chez les musulmans. lis croient qu'il a construit de ses propres mains la Caaba (la celebre maison sacree a la Mccque, vers laquelle ils «e tournent dans toutes leurs priercs), et que son fils Tsmael lui apportait les rnate- liaux, a niesure que s'elevaient les murs. Aussi, tres-ante- ricurement au terns de Mahomet, les Arabes faisaient le pele- rinage de la Wecquc. Ils venaient y venercr la memoire d'Abraham et d'Ismael. «Ce n'etait d'abord qu'un usage, dit Savary ; Mahomet le consacra par des ceremonies religieuses, et leuren fit un precepte (2). » Quant a un autre patriarche non moins celfebre, Joseph, on, comme prononce les musulmans, Joussouf, ils ont aussi em- belli son hisloire, deja si interessante dans la Bible, de plu- sieurs traits romanesques. Suivant eux, Joseph etait si beau qu'aucune femme ne pouvait le voir sans I'aimer ; ce qui excuse I'extreme passion que concut pour Iiii la femme de Puliphar, dont la Uible ne donnait point le nom, mais qu'eux ils appellent Zoleiklia. Comme on parlaitmal d'elle en Kgypte, et que les fcmmes du pays la desapprouvaient surtout d'avoir donne son coeur a un esdave, elle en invita quelques-unes a venir manger chez elle des grenades. Toutes ces fcmmes elaient i\ table quand Joseph parut, et elles furent si eblouies de sa beaute que, sans songer a ce qu'elles faisaient, elles sc couperent les doigts au lieu des grenades. CeUe aventure se trouve representee dans un tres-beau mannscrit persan de la Bibliotheque du Roi. (i) Lc Coram. Surale, xxi, vers. 68 ct suir. (s) I.f, CnriiK. T. n, p. 91 (a l.i nolc). 1 ET POLITIQUES. lof. All reste, il faiit bien que I'opinion dc la uierveilleusc beaiilc de Joseph ait ele repandue, au moyen age, ailleurs que dans rOrient; car un potte du xn' siecle , Pierre de Riga, chaiioine de Reims, dans un poenie laliii, intitule : Aurora, •race de I'amant de Zoleikha le portrait le plus seduisant. 11 nousapprendmeme une chose fort extraordinaire : c'estque non-seulement la femme de Putiphar, mais que Putiphar lui- mtrne, brQlait d'amour pour Joseph. Et le poete semble ex- cuser un peu le mari de ce gout deprave, en considerant que, nieme au terns oi'i i! ecrit, les princes de la terre etaient tous atteints du meme vice, qu'il s'efforce de fletrir par I'epi- thete de sulphureuni. Comme le poeme de Riga est peu connu, piiisqu'il n'a jamais ete imprime, je citerai les vers dans les- quels il decrit la beaute de Joseph et la passion de Putiphar, qu'a I'exempie des musulmans, il nous donne pour un de* principaux ministres de Pharaon. Sulphureo vitio qui dicitur esse nolatus Putiphar iste fuit captus amore Joscpli. Nam qui scit quos non laqueo prxdetur amoiit Os in quo certant lilia mista rosis ! Magnus habebatur antistes regis : eoque Putiphar i vitio non alicnus erat. Nunc etiam tales absorbet, eoque laboianl Qui mundi regimen et loca summa tenent (i). Dans quelques endroits de ce poiime de VJuroi-a, qui n'a pas moins de i5,ooo vers, j'ai trouve une assez grande con- formite entre les fails racontes par le poete et ceux que les musulmans ont consignes dans leurs livres ascetiques. D'oi^ il resulterait que les aventures qu'ils pretent k certains person- nages de nos livres saints n'ont ete regardees par nous commo des fables qu'assez tard, et presque de nos jours. Amaury Duval, De I' Academic des InscripUons et Belles- Letti'es. -^ (La suite au Caliier prochain.') (i) Voy. le pofeme de V Aurora, dang le maouscrit 8097 ds la Biblio- ihvque. vwvMwxmwM ro4 SClliNCIvS .MOKALliS SUISSE. Canton da Tessin (i). I. DeLLA RlFORiMA DELLA COSTITIIZIONE TICINESE. Dc lu Re- ' forme de la Constitution du Tessin (2). II. L'OpI'SCOLO BELLA RiFORMA DELLA COSTimziONE TICIHIvSE D;PES0 DAL StIO ACTORE (3). III. AtTI E RlSOLTTZlONI DELLA SESSIONE STRAORDINABI A DEL GRAN CoSSrCLIO DEL CaKTONE TlCIlNO DEL 6 MARZO 1 85o , E SliCCESSIVI (4). IV. G. B. QtiADRi , Landamaiio Reggenie, Alcune Osserva- ZIONl dell' AUTORE DI UN PROGETXO DI AdRIZZO DA FARSI DELLF. COMUNI. V. Giac. Li'vini-Perseghini e Slefano Franscim, Risposta all' OPCSCOLO DEL SIG. Land. QUADRI. VI. Giov. Reali , Cenni apologetici sopra i wove pbntj essen- ZlALI d'cnA RiFORMA COSTITUZIONALE CHE FlIVOSO STAMPATl E DIVAMATI. VII. Battista Monti Pensieri irtorno al migliorare la costi- TTJZIONE DEL CANTONE TiCINO. LeTTERA CONCERNESTE I SLOt Pensieri. viii. g. b. ploda , osservazioni intorno alla riforma dell.l eOSTITVZIONE. (i) La Kevue EnQ'dopediqiie, recueil centra! dc la civilisation, enre- gistre tout ce qui allesle les progrfes dcs peuples en tout genre. L'lieir- reuse r6forme constifulionncUe, qui vient de s'op6rer dans nn des cantons de la Suisse, est un de ces 6venemens qui appartiennent k I'histoire du perfectionnement social, et qu'il i'tait de notre devoir de signaler. M. A. J. (s) Zurich, 1829; Orell et Fussli. InS" de 69 pages. (3) Zurich, i83o; Orell et Fussli. In 8° de xvi-67 pages. [.\) Lugano, i85o; Fianc. Vcladini. In-8''dc 117 pages. El' I'OMTIQUKS. 105 IX. GioV. JaBCH^ LeTTERA STJL MODO DI ELEGGERE I MEMBRl DEI. GRAK CONSIGHO. X. Giac. Ang. Land. Ileggcnte, Dlscorso PRONtNciATo all' en- TRATA DELLA SESSIONE ORDINAHIA DEL GRAN CoNSlGLIO, il giorno 7 giugno i85o. XI. Giac. Lbvini-Persechini, Colpo d'occhio al paragrapho 7° DEL DeCRETO GOVERNATIVO I 8 GIDGfiO, CtC, CtC. Une reforme radicale vient de s'operer dans rorgaiiisatioii politique du canton dn Tessin; nous aurions dit une revolu- tion, si ce mot ne reveillait pas dans la plupart des espiits I'idee de la violence et des troubles. Or, le renversement , moins des honimes en place que des institutions vicieuses qui pesaient sur le Tessin, n'est pas rouvrage d'un soulevcment on d'attaques violenles, inais de I'opinion publique, de la pu- blicite , du reveil de tout un peuple, de I'opporlunite , de la sagesse administrative , de la raison qui a preside aux debats legislatlfs, enfin de quelques actes arbitraires qui ont hate et lacilite la reforme. Pour ^clairer la matiere dont nous devons entrelenir nos lecteurs, jetons historiquement un coup d'ceil sur les phases de I'etat politique du canton du Tessin. Les provinces italieu- nes qui forment aujourd'hui cet Elat, apres avoir passe sous la dominalion de plusieurs maitres, simultanes ou successii's, et avoir ete tour a tour le theatre de la valeur des Suisses et I'objet de leurs conquetes, furent enfin incorporees a la confe- deration helvetique, au commencement du xvi'siecle, comme pays sujet d'une republique orgueilleuse desa liberie, mais qui ne comprenait pas encore toute la portee de la liberie. Devenu Suisse en sous-ordre, ce pays ne fut plus guere connu que sous le nom de Bailliages italiens. Huit baillis y exercaient les droits de republiques despotes : une parlie du pays appar- tenail a douie cantons; une autre parlie, aux trois cantons primitifs; Uri seul possedait en propre la Leventine : la for- mule du sermcnt prete par cette vallee ;'\ scs nouveaux mai- loG SCIEINCKS MORALES Ires, en 1466, et coiiscrvee dans Ic livre des statiits de In Lcvcntine , donne une idee des relations des pays sujets avcc leurs souverains suisses; la Lovenline jurait, entre autres, «de preter obeissance, sans la moindre confradiction, en tout ce que le pays d'Uri entreprendrait i I'egard de ladite vallee Le- venlinew. Neanmoias, quelques droits politiques, quelques franchises, avaient etc conserves a la Suisse italienne ; ces pro- vinces sujettesavaient une part dans Tadministration judiciaire en matierc civile, et , dans des Assembl(';es generales, elles nommaient leurs magistrals et leurs autres tbnctionnaires pu- blics. Mais, malheur a elles, si elles venaient a fournir quel- que pretcxte de les depouiller de ces prerogatives! Des mai- tres, jaloux de toute liberie qui n'elait pas la leurpropre, sai- sissaient avidement cette occassion de resserrer les chaines de leurs sujets. Telle fut la conduite d'Uri , lors de la revoke de la Leventine, en 1^55. La longue possession et I'habitude etendirent les prerogatives de la domination, et rendirent la sujetion'plusmolleet pluslache. Un systeme de gouvernement favorable a I'avidite administrative plongea pen a peu le pays dans la corruption. Hcritiers d'abus donl plusieurs avaient leur source dans la religion mal entendue, les huit baillis en creereut de nouveaux. La Suisse italienne payait peu d'im- pots, et le revenu legal des baillis etait plus que modique ; mais ils achelaient a un grand prix leur emploi, que les can- tons mettaient en quelque sorte a I'enchere , et ils ne rece- vaient eel emploi que pour deux ans. lis mettaient ce tems si court a profit pour se remjjourser d'abord de leurs avances ; puis, pour s'enrichir. Outre les baillis, le college des douze deputes des cantons formail, sous le nom de syndicat, un tri- bunal d'appel et de patronage; la justice et la protection pa- ternelledevinrent deux branches de commerce lucratives qu'on exploila sans misericorde. Une letlre ecrite par iin membre du syndicat, et dont je garanlis I'authenticile, renferme sur Tad- ministration des bailliages ilaliens des fails extremement cu- rieux, qui paraissent ici pour la premiere fois au grand jour de la pnblicile. ET POLITIQUES. 107 « Imaginez une detestable admiiiistralion, et vous no sere/. pa« encore a la hauteur dc cellc des douze cantons (Appeniell n'en etait pas). » II y avait appel du bailli au syndicat et du syndicat aux douze cantons. A ous jngez bien dc rimpossibilile de plaidcr devant douze cantons, dont sept ou liuit au moiiis trafiquaient de leurs suffrages. ))!\Ion predecesseurau syndicat, M. X, avait poursuivi le depute d'un canton aristocratique catholique, pour avoir vendu sa voix comme juge. Le depute, pour etouffer I'afTaire, signa que lui, conseiller a Lucerne, reconnaissait avoir vendu sa voixdans le procesde***. M. X se contenta de cet aveu, et me remit la declaration faite en due forme, d'avoir, contre son serment et contre les lois, acceptc telle somme pour con- damner telle partie. » Dans nos seances de la ierre, sans paille ni lit. Nous le fimes relacher; il vint me LT POLITIQUES. 109 voir; il elait si t'aible cju'il nc poiivait pas tenir line prise dc tabac entrc deux doigts ; on lui versait le tabac siir la main pour le prendre. ))Bien anterieurement, un bailli avail fait verser du plonib fondu snr la tete d'uiie vieille femme, pour lui I'aire avouer 011 eile avail mis son argcnl. » A Val Maggia, la chambre oCi Ton torlurail etail vis-a-vis de la chambre a coucher des dames du chaleau (1). » Les proct's duraient tant que les parlies avaient de I'argenl pour payer les avocats et les juges. Le proces de la commune d'Ansernone concernait, dans I'origine, une valeur de 3 li- vres. Quelques annees plus tard , il avail deja coQte 120 011 20 mille livres, el n'etait pas fini. ( Je crois 120 mille, mais metlons 20 mille, ce sera deja assez. ) Les habitans de cctte vailee, divises en deux parlis, se fusillaienl, el personne n'y allail qu'arme. On avail plusieurs fois lire sur le cure. "Locarno etail une ville de 2,000 ames. II y avail 52 avo- cats el prot'ureurs. La seule marchandise , dans ce pauvre pays, c'elait la justice. uTous les revenus de I'hopital de Locarno etaient parlages cntre les syndicateurs. )>Dan,s les petils cantons, les bailliages se donnaient au plus offrant. Ceia I'aisait 2, 5 on !\ francs par membra de la Landsge- meind (2). Le bailli payait a son souverain deux ou Irois Ibis plus que les revenus legitimes du bailliage : ainsi loute la commiinaute etail complice. »Enlre nous autres deputes, on parlait franchemeiit. Ccs messieurs me disaient : « Nous ne levons pas d'impol; le pays ne nous rend rien que de cetle seule maniere; il paie moiiis qu'aucun pays de I'Europe. Nous convenons que cette taxe (1) Lorsque le celtbre Jean de MuUer visita le cbileau de Gruj'eie, dans le canton de Fiibourg, il trouva le cabinet de niadame la baillivc a c6te de la cbanibje oil Ton donnait la question. Les bois qui servaient a la torturr etaient comme vernisses par le grand usage : c'elait «>n 1 j.'S.i. (2) AKseniblee g6nerale du peuple. 110 SCIKNCES MORALES n'est pas morale ; niais eufin il paie iiioiiis qu'aiicun pays ci- vilise. » — Avec line bonne adminislralion, il auruit rendu le centuple sans s'appauvrir, ct sans effort , tandis que le denier enleve injustemcnt ruinait tous les habitans moralement ct t'conomiqxiement. » Le pays otait oblige de loger et meubler les baillis. Un bailli, a qui le pays n'avait pas fait le present qu'il voulait, cassa, brisa tous les meubles de son chateau, la veille de son depart. »Le regime a dure jusqu'en 1798. Et qu'on nous parle en- core des vertus republicaines! On a bien raison de trembler en Suisse a I'idee de la liberie de la presse. » La servitude et la corruption developpes par le terns lais- sent des traces durables , meme sous un regime de regenera- tion ; I'ignorance generale dont elles se font un auxiliaire, la puissance de I'habitude, la douceur des prerogatives, la hie- rarchic de la corruption organisee, les traditions de la servilite ralenlissent les progres de la guerisonet s'opposentlong-tcms a I'extirpation du mal. Seize annees de liberte, depuis 1798 jusqu'en 1814, ont ete une periode insuffisante pour cicatriser les vieilles plaies del'Etat; il restait encore et des habitudes, €t des traditions, et des hommes du precedent regime. Aussi, lorsqu'apres un intervalie de fluctuation et apres le regne de I'Acte de mediation, arriva la contre-revolution de i8i4j elle trouva des aides benevoles dans ces hommes, dans ces tradi- tions et dans ces habitudes ; le revirement du vaisseau de Vi,- tat fut une operation aussi facile qu'elle devint funeste. A rai- son de la duree et du degre de la servitude antcrieure, a raison de la profondeur de I'ignorance du peuple et du manque de bonnes institutions, le regime aristocratique pesa des lors sur le canton du Tessin, d'un poids plus lourd que sur auctm des autres cantons nouveaux. Les fails que nous allons rap- porter expliquent ce phenomene. Le Grand-Conscil ou Corps-Legislalif fut reduit a ySniem- bres pour une population de 99,600 3mes, proportion la plus faible de tons les cantons oii la representation est en partie di- ET POLITIQLES. in rede et enpartie indirecte (i). Lamajorite absohie clait deSg, a supposerle Grand-Conscil assemble au complct, ce qui n'ar- rive presque jamais. Le Conseil-d'Etat ou pouvoir executil", compose de ii membres , en faisait partie. Dans les affaires qui interessaient ses prerogatives, on pent croire qu'il etait unanime ; il n'avait done besoin que de s'assurer une vingtalne de suffrages pour transformer ses desirs en lois et en decrets. Or, ce nombre de suffrages lui etait acquis par I'influence qu'il exercait sur les elections indirectes , par la dependance des agens revocable?, membres du Grand-Conseil, et par les re- lations deparente; car, depuis iSi4, iacomposition des con- seils legislatifs des nouveaux cantons a frequemment rendu hommage a la saintete des liens du sang. Dans le Tessin, comme ailleurs, les abus des nominations indirectes avaient revolte les esprits bien pensans. 11 eii etait de meme de la trop longue duree des fonctions des membres des pouvoirs legisla- tif et executif, et de leur rceligibilite continuelle. (i) Voici le Tableau du rapport numerique de la representation i la population dans les cantons repr^sentatifs. Nous le tirons de la brochure Delia Riforma (n" i). Ganto«s. Nombre, des membres du Grand-Conseil. '90 288 9.12 Vaud 180 i5o Saint-Gall i5o Bale i50' 44 101 100 Thurgovie. . . : .... Tessin ICO 76 Population approximative. Vn membre par ame. 55o,ooo 1,170 52,000 182 218,000 1,028 170,000 944 i5o,ooo 1,000 i44>ooo 54,000 960 56o 84,000 583 53,000 525 1 16,000 1,160 Si, 000 810 99,5oo 1,309 Total. 1,950 1,574,000 S06 11 a S{;iii;?»icb;s iMuivali^s L'adminislralionjudiciaircadonne licii a dcsplnintcs gt;iic- rales ct sou vent rcpetecs. Quoiqnele canton dti Tessin ait etc iin des premiers a posseder iiii Code de pioeedurc criminclle ct coneclionnelle ct un Code penal, ce hienliiit se trouvait neutralise par rignorance de beaucoup de juges de paix, et nieme de juges de picmieiv instance, triste resultat dc I'ab- sence de conditions suifisantes d'eligibiiite et du manque d'nne instruction publique au moins passable. L'impunite criante des contraventions, les longueurs interminables des proces criminels, les tnbunauxextraordinaires crees dans des 'cas graves, comme dans la famcuse tentative d'empoisonne- ment, I'intervenlion du pouvoir executif dans les afl'aires ju- iliciaircs , voila certcs des griefs suflisans contre I'ordre de choses etabli depuis i8i4- Et que peut etre la sCircte indivi- duelle dans un pays on nous venons d'apprendre, par un dis- cours prononce dans le Grand-Conseil, qu'un prevenu gemit depuis quatre ans dans les prisons sans avoir encore ete juge? L'instruction primaire miserable, I'iustruction moyenne insuffisante.rinstruclion superieure nuUe, demandaient la re- forme d'une organisation politique incompatible avec les lu- mieres. La pressc etait livreea I'arbitraire, c'est dire qu'il n'yavait point de liberie de la presse, point de publicite ; la liberie d'as- sociation n'existait pas meme pour des travaux philantropi- ques dont I'objet etait determine et connu. Le Conseil-d'Ltat avail defendu, il ya pen de tems, les reunions d'une Societe d'utilite publique afliliee a la Societe Suisse de ce nom, la- quelle compte dans les divers cantons plus de 5oo metnbres, et s'occupc de I'education , de I'industrie et des pauvres. — Deux gazettes se publiaient dans ce canton : II Corriere suiz- :ero et la Gazclta licinese, I'une et I'autrc presque silencieuses sur les aflaires interieures; car tel etait le bou plaisir du gou- vernement. Nous ne rapporterions rien de ce que nous avons lu et en- lendu sur quelques parties de I'exploitation financierc du can- ton, paroeque ce sont des choses a nccroire et surtouta nc dire KT FOLITIQIJES. i i3 que Ie» prcuves a la mail), si nous ne pouvions pas ciler iiii ocrit siguu, c'est line brochure tie M. I'avocat : Lbvini-Perse- GHiNi (n* ii), datee du 27 juin; nous copious ses propies paroles : « Le nom Icssinois doit I'opprobre auquel il est con- dainiie a des actes reiteres d'extorsion, a la vente ouverte de toutes les charges, a la demoralisation publiquement protegee, a I'oubli des besoins du peuple, a des lois rendues bien plutot en faveur des interets particuliers que des intcrets publics, a des monopoles honteusement adjuges, a la dilapidation des ijnances, enfiu au regime entierement despotique elabli dans UM pays destine a jouir du plus beau don du ciel, de la li- berie. » La situation politique du canton du Tessin, sous les prin- cipaux rapports, se resume done depuis 1814 dans ces mots : sy&tiine d'asservissemcnt et de serciiUc au profit dc quelqiies homines liabilcs. II nous reste a exposer les evenenieus qui ont amene la mine de cet etat de choses et les bases du systeme qui lul a succede. Dans la session legislatiye ordinaire de I'annee 1829, un ho- norable depute direct, IVl. Jeaii-Baptiste Maggi, fit une motion pour obtenirunchangementiians le systeiue des elections; elle fut repoussee comme subversive de la constitution ; un Te Deuin solennisa le triomphe du statu quo. Au commencement de la presenleannecsetrouvatouta coup repandue danstout lecan- tf)n la brochure Delia Ri forma dont nous avonsplacele litre sous Ic n" 1. Exposer les vices de la constitution et les reformes a faire fut le double but de I'auteur anonyme. Ses assertions etaient si bien fondees, qu'a quelques details d'opinion pres chacunyreconnutou ydecouvritia verile. Raremcnt peutetre un ecrita plus contrijjuea donner a I'opinion de la consistance. — Dans ces entrefaites, s'appuyant sur cette opinion qui avail rejete ses langes, un journal national s'ctait etabli, VOs- iervatore del Ceresio, rcvlige par trois citoyens d'un courage civique digne dc leurs lumieres, M. Slefano Franscini, auleur J'uiie Slutistica delta Suiz:era, dont nous avons rendu complc r. xLvn. JciLi.ET i83o. 8 ii4 SCIKNCKS MOKALES tliins la lierue Encyclopedique (voy. t. xl, p. 429), et dcuxavo- rats. IM. LiviNi Perseghini, et IM. Peri. La surveillance do la jinijlicile dc-range les habitudes de I'aibitraire. Uneminoiitt'uiii Consoii-d'l'Ual, sc troiivaot un jour de seance pen nomhreuse (21 avril), forme la iiiajoritc, hasarde un coup d'Etat; eile snpprimc VOsscrralorc^ et livrc les cditeurs aux tribunaux, sans prejudice des mesures surrcrop:at()ires que laisse enlrevoir la peur administrative. Des bruits de sedition, de visiles domi- ciliaires sont repandus. L'autorite prend en tiemblant une altitude menacante; elle reussit bien a inquieter le peuple, inais non a le soulever. Parvenu an faile de Tarldlraire qui gouverne depiu"s long- lenis le Tessin , le poiivoir execufif en va descendre rapide- ment. La lulle venait d'etre transportce sur le terrain de la publicite. Le 6 mars, a Toiiverture d'une session extraordi- naire du Grand-Conseil, M. QiiADRi, landanimann en charge, avail prononce un long discours qui n'etail guere qu'une len- lalivc de refutation de la brochure Delia Ri forma. Ce discours fut publie olTiciellement avec deux pieces envoyees sous le tilre de Alti eResoluzloni, etc. (n°5). Quelqne tenis apres pa- rnt la replique du premier auteur (n"2). Dans cettememe ses- sion legislative du mois de mars, le Conseil-d'Etat . en vertu de son aulorisation , avait fail une proposition relative & des changeniens a la constitution; sentant bien que le statu quo n'etail pins une position tenable, i! joua d'adresse el proposa sur le mode de revision de la constitution une loi destinee ;\ tromper les esperances des partisans des liberies publiques. Mais devant la finesse de I'opinion les finesses du pouvoir rrliouent , on si elks reussissent ce n'est qu'en se faisant me- priser. La premiere de ces alternatives fut le parlage des co- rvpheestcssinois. Le r' mai, I'Assemblce communale de Lugano se reunit conslilulionnellemenl pour elire nn nouveau syndic et une parlie des aulres olTiciers municipaux. Le nouveau syndic, M, LiiviNi, adressa a I'Asscmljlce un discours de remerci- inent dans lequel il parla cloquemment des l)esoins de la pa- tric. Ce fnt une elincelle electrique. L'Assemblee repondil par ET POLITIOUES. ii5 lies arclamalions. Le discours lut iinprime ; plii? de mille cxcniplaires s'en ropandireiit imi pen (rheures; mi second ti- rage s'en fit sur-le-champ. De proclie en pi'oche toutes les Assemblefis commimales exprinierent les mCmes besoins et les meuies voeux. Trois jours apres la pncifique explosion de Lug-ano, qui donna le signal de remancipation de I'opinion nationale, la majorite dii Conseil-d'Elat , impatiente de la tn- telle sous laquelle la tenait une de ces siiperiorites qu'on rencon- tre dans toutes les republiques oi'i il y a des clemens aristo- cratiques a exploiter, se declara aussi emancipee. Desmesnres vivos lui i'nient proposees; elle les rejeta. Vers le milieu du mois de niai une demi-feuille d'imprcssioii, repandue avec et sans les journaux, indiqua nc a f points cssentiels et indispensa- bles pour une bonne reforme de la constitution. Les neul' points, Ions adopti'.'S depuis, furcnt en qiielque sorte le centre aulour duquel tourna une discussion animee, soutenue dans les jour- naux et par des brochures, dont nous avons cite les principa- Ics sous les n° 4~9' Enfin la session ordinaire du grand Conseil s'ouvrit le 7 jiiin, sous la presidence de M. le landammann en charge LoTTi. Digne de la circonstance, le discours d'ouverture de ce niagistrat respira le patriotisme le plus pur, et fut accueilU avec cnlhousiasnie : I'inipression en i'ut ordonnee (n° lo). Rompant avcc !c passe, sans astuce et, ace qu'il semble, sans regret, le pouvoir executif se place en tete du niouve- ment general ; il use de son initiative pour presenter un projet de constitution dont les bases sont plus liberales que celles d'aucune autre constitution des cantons confederes. iModifie, par une commission d'examen, puis discute dans huit seances legislatives, ce projet est enfin provisoirement adopte avec de nouveaux amendenicns par le Grand-Conseil , en attendant que les Asscmlilees primaires le sanctionncnt. Les principaux points de la nouvelle constitution, rapportes sans cnmmentaire et sans developpement, I'eront connaitre a fond I'esprit de la reforme qui vient de s'operer. l^a representation nationale sera porlee de 76 meuibresa 1 1 1, ,,(> SCIKNCES MOR\LRS tons ehis liiiecleiufiilpailtspeupU! pour qiialic ans seulemenl. Les monihies du Grand-Conseil ne peuvcnt remplir aiicunc charge salarii'e qiielconque qui les mettrait dans la depcn- dance dii ponvoir cxeculif; les offices municipaux sent seuls exceptes. Les seances sont publiques. La division den pouvoirs sern plus complele que dans aucun autre canton ; les membres du Conseil-d'Etat , rcduits de 1 1 a c), ne seront pins membres du Grand-Conseil ; mais leCon- seil-d'I^tat assistera en corps on par commission aux debals legislatifs, exceptc qnand il s'agira de I'examen do sa gestion et de sescouiptes; il ne sera jamais present a la votation. Les Consoillers-d'l^tat nommes pour quatre ans ne sont immedia- tement reeligibles qu'nne fois, an bout de huit ans de fonc- tions ils ne sont reeligibles qu'apnjs un intervalle de deux ans. Le president du Grand-Conseil ne sera plus prls dans le Con- seil-d'litat, mais dans le Grand-Conseil iui-meme, et ce litre do president sera substitue a celui de (andanvnann. Les membres du tribunal d'appcl seront pris en dehors du Grand-Conseil. Les membres des tribunaux de premidre instance seront choisis snr une presentation triple laite par les cercles ou As- semblees primaires. Les cercles nomment leuv juge de paix , I'assesseur et le suppleant. La constitution garantit la libcrte de la prosse, le droit de petition, la surete personnelle. iNul ne pent etre arrete ni mis en cause qu'en vertu d'une loi; nnl ne peut etre distrait de son juge nature! ni detenu an dela de vingt-quatrc hemes sans etre renvoye par devant le jnge (competent. Tons \NARD. LITTER ATU RE. L'Iliade d'Homerf. ; traduction nouvelle en lers francais, prc- ccdee d'lin Essaisur I'epopee homSriqiie, par A. Bignan ( i ) . Notre epoque, fcconde en preoccupations politiqiies , est pen favorable aux travaux litteraires, et surtout aiix etudes sur I'antiquite. Une mince brochure, relative aiix affaires du jour, a mille fois plus d'importance aux yeux du public et plus de, chances de succes que des recherches laborieuses ou des ouvrages purement scientifiques. L'illustre auteur iV^^fia- charsis , apres avoir termine , au bout de trente annoes , ce j;rand et iuiperissabh; monument, hesita, avant de le livrer au public, parce qu'on etait a I'aurore de la revolution, et qu'il craignait de passer inapercu au milieu des grands ev^nemens qui se preparaient. II se decida enfin u cette epreuve qu'il legardait comme si perlUeuse pour lui, et le succes dementil beureusement ses tristes previsions. Mais, enserait-il de meme aujourd'hui , et le savant Barthelemy pourrait-il attirer I'at- tention publique absorbee par des circonstances si graves? il est permis d'en douter. A I'epoque oi'i parut Anacliarsis , il restait encore dans la nation de vieillcs habitudes litteraires, si Ton pent s'exprimer ainsi; I'influence que la litterature avail acquise par les ouvrages de Voltaire, de Rousseau, de Buffon, de Montesquieu et d'autres ecrivains celfebres , dut (i) Paris, i85o; Hclin ont point familiers. II semble que de tout terns le public a parfaitement compris cctte distinction ; car, de tout terns, il a accueilli par ses suf- frages les traductions en vers ou en prose qui avaient un me- rite reel. II faut abandonner cette question de preeminence aux docteurs qui imaginent de si belles choses depuis quel- ques annees, et qui sout venus bien a propos pour nous cor- riger des erreurs que nos pcres nous avaient leguecs. Ce sont ces memes docteurs qui, souffrant avec peine les traductions, de quelque nature qn'elles soieni, ont cependant etabli un art poetique nouveau pour ce genre de travail. On a proscrit en masse toiites les versions de In Utterature classlquc, et eutre autres celle des Georgiques, par Delille . parce qu'elles n'e- taient pas faites dans lui systeme de fidelite scrupuleuse. It I'aut non-seuleinent qu'un Iraduclcur en vers cxprime le scn.| I |r|i|il_lii *VW^ *- W fcW VW WM VW-W* VWVW 1/V\VVV W VVW W* V W WW* WW WVV III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. LIVRES I'TRANGERS (i). AMlfiRIQUE SEPTENTRIONALE. ^TATS-UNIS. 1. — * Encyclopcedia Americana. — Encj^clopedie amcri- caine publiee par F?-anm LiEBER, aide de E. Wigglesworth. Philadelphie, i83o; Carey et Lea. In-8° de 616* pages impri- meessurdeux colonnes. Ce premier volume est le commencement d'une entreprise aussi importante que recommandable, et qui, si elle est ine- nee jusqu'au bout avec le talent et la conscience qui president au debut, fera honneur a la litterature d'Amerique, et com- blera un vide qui s'y fesait sentir. Concue sur le plan du Dic- tionnaireailemand [Conversations Lexicon), cciXe'EncjcXo^iidiK embrasse toutesles decouvertes les plus recentes de I'Europe, ainsiqu'une grande quantite d'articles originaux sur I'Ameri- que, etde notions biographiqnes d'un hautinter^t. TJnetircon- stance assez curieuse c'est que I'editeur, jaloux de reserver de la place t\ des sujets plus importans, et se meltant au point de vue d'une nation jeune et libre comme celle des Etats- Unis, a omis tout ce qui regaixlait la science du blazon ct de.'- armoiries. Nous signalons ce fait comme caracteristique. i-e volume s'etend depuis hi lettre A jusqu'au mot haiaille. Ees renseignemens donnes sur chaque chose sont exacts, clairs etconcissans secheresse. Les parties geologique et biographi- que promettent des choses neuves, et les specimens donne* sont de nature A faire bien augurer de ce qui doit suivre. L. S. B. (1) Nous indiquous par un astiiisqiic (*) , pl.icti n c6te du litre de chaque ouvrage, ceux des livi-es eirangers ou fraiK^ais qui paraissent dignes d'une attention pai liculii re , el nous en rendrons qiielquefois compte dans la section dtjs j4nulysi:s. i58 ETATS-riVIS. 2_. — Eleinenls of geometry, ivith practical applications^ ale. — Elemeiis de geonieliic, avec des applicalioiis a la pratique, i\ I'usagc des ecoles; par T. 1>S iLRER. Seconcte edition. Uostoii, i85o. In-rj de io4 pages. L'ouvragc de 31. Walker ne nous est connu que par un ar- liclc du 67""" uumero de la Recuc nord-amdricaine (the uorth- aniericaii lleview) ; I'auleurdc I'article, qui commence par Je- ter ini coup d'oeilrapidesurl'liisloirc de la geometrie et sur les ouvrages elementaires les plus cstimes pour I'enseignement de cette science, arrive au petit volume du professeur de Northampton, ct lui donue des elogcs qui paraissent impar- tiaux et mcrites. II ne serait pas inutile de (aire en Europe la comparaison de ce petit livre avec les nom!)reu.\ traites dent on embarrasse I'enseignement, surtout en France, et dont au- cun ne manque de proneurs. Si cc traite de io4 pages in-ia vaut mieux poiu* I'instructioti cummune que ceux que nous possedous, pourquoi ne ['adopterious-nous pas? L'interfit des eludians, avant loul, car c'est Tinleret de la societe. Si apres avoir compaie les Etats-Unis a la France, par rappoi't a I'en- seigneuient de la geometric elementaire, nous pensons que notrc situation actuelle est assez satisf'aisante pour que nous ne cherchions pas a la changer, nous inviterons les Anglais ;i s'emparer du livre de 31. AValker, a moins (|ue son origine ne letu- porte umbrage. II ^emblc que la Graude-Bretaguc se con- damne a mauquer eleriielleimiu de boiis elcmens de geome- tric ; comment peul-elle s'ubsliuer a uiettrc Euclide cutre les mains des etudians? Si jamais methode Tut coulraire a la marche natiirelle de I'esjiril humain, fatigaule, assommanle ^ c'estbien cellede cet ancien geometre. On ne peul douter que rohstiualiou de la routine qui a conserve son ouvrage dans les ecoles de rAngiclcrrc ne suit une cause de I'aflaiblissement de rinstruclion mathcmalique dans la patrie de Newton. 3. — Elements of technology , etc. — llliemens dc techno- logic, tires principaleuient du Gears d" Application des Sciences aiix Arts fait a Cambridge, et pul)lies pour I'usage des ecoles et des etudians; par Jacob Bicelow , D. 31., prol'esseur de matiere medicale, membre deVAcademie amvricaiiie des Scien- ces ct des Arts, etc. Boston, 1829. In-8°de 5oy pages. Jusqu'a present, le mot tcclmologie n'a pas etc defini avec precision el. chute. II doit signilier autre chose que I'applica- tiou des sciences aux arts mecaniqucs; autre chose aussi que la description de ces arts, do leursprocedes et de leurs instru- luens. Ces descriptions seraient de volumitleuses monogra- phies dont la collcclion composerait la BihlioHihjur ties Arts iTATS-DMS. i39 et Metiers i on en tiieiait des materiaux pour iiue lecbuologie qui lesteiait a i'aire , en generalisant sous quelque point tie vue particulier ces notions diverses et isolees, en rasseniblant les idees communes ;i toutes les monoi^raphies , en fonnanl des groupes des ol>jets analogues qu'clles presentent, et en procedant envers les etres industriels a peu pies comme le natujaliste envers les animaux, les plantes et les mineraux qu'il olasse d'apres la methode qui lui parait la plus naturelle et la plus commode pour I'etude. Comme la technologie est encore a naitre , si elle suit deg sa naissance la direction que I'histoire naturelle l\ii a tracee , direction qui est peut-etre la meilleure et peut-etre la seule qu'clle puisse prendre, elle eprouvera le sort de I'histoire naturelle, commencera par des aiethodes impart'aites et qu'il I'audra quitter; les technologues ne seront pas plus d'accord entre eux, que les naturalistcs ne I'ont ete et ne le sont encore aujourd'hui. Comme ils serout venus les derniers, ils ne seront probalilement pas les pre- miers a se reunir a une doctrine commune; et par conse- quent, la science viendra tres-lard, et ses elemens plus tard encore. On ne pent contester a la technologie le titre de science, piiisqu'elle doit etre nn ensemble , un systdme de connaissan- ces generalisees. Elle pent done avoir ses elemens, comme loutes les sciences, au lien qu'nn art est un assemblage de con- naissances particulieies, toutes neccssaires a la production do resultat, qui ne forment pas un sjsteme, qui ne derivent point de principes communs, et qui , par consequent, ne sont point susceptibles d'etre exposees dans des Trailes elementaires. Ce preambule devait etre long, parce que nous sommes dans la necessite de declarer que le bon et interessant ou- vrage de iVI. Bigelow ne contient pas les elemens de la tech- nologie. C'cst une dissertation tres-bien faite sur plusieurs arts, sur leurs ressources, leurs precedes, les secours qu'ils ont recus des sciences; des descriptions succinctes et claires d'une iiiullitude d'operations curieuses; des observations sur les beaux- arts dans lesqnelles on reconnait une intelligence capable de les sentir, de les analyser, de les juger. Le livre de M. Bigelow offre a I'homme dfl monde une lecture aussi agreable qu'utile ; il pent meme contribuer aux progres de I'etude des arts mecaniques et autres, tant par la justesse de ses vues, la curiosite qu'il excite et le gout qu'il fait naitre, que par des preceptes et des conseils dont il est a desirer que Toil profite partout; mais il iaudrait changer le titre, car les elemens de la tedmolngie ne sont cerlainemeot point dans cet oiivrage. |.\ i4o ETATS-rNIS. /j. — Consi(li}rations on the propriety and necessity of an- nexing the province of Texas to the United-States, clc— Consi- derations siir la convenanceet la nccessilodeicunir la province de Texas aiix Etats-Unis : par nn Officier de I'armce de la revo- lution. >ew-York, 1H29; Hopkins pore cl lils. Get ecrit n'atleiiit pas loiit-a-fail son hnt, I'autour pouvait ge dispenser de pronvcrqiie la province de Texas est a la co»- venance des l^llals-Unis, piiisqu'ellc est, en partie, dans le bassin du Mississipi, et quo, par consequent, les deux repu- bliques limitrophcs ne peuvent plus avoir dc fronlieres natu- relles que sur la ligne de partage des eaux ; quant a la necessitii de la reunion donl il parle, on ne la sent point dans les Etats- Unis, oii tant de moyens de Ibrce. tant de garanties d'in- dependance sont maintenant accumuiees; ce ne serait done que pour la province de Texas seulcment que celte reunion pourrait avoir de tres-grands avantages, quoiqu'on ne puisse regarder coninie necessairc la reunion des deserts a la confe- deration des Etats-Unis. L'etendue territorialc de I'Etat, I'un de ceux qui fornient aujonrd'hui la republi(|ue niexicaine , equivaut an moins aux deux tiers de la France, et la popula- tion n'y excede pas , dit-on , douze miile hahitans! les glaces de la Laponie en coniptent , a proportion , plus que le dou- ble. II ne pent done etre vrai , n'en deplaise a I'olBcier ame- ricain, que les Etats-Unis ne puissent se passer de cet accrois- sement d'etendue. Mais, comme pays propre a la fondation de nouvelles colonies, le Texas merite la plus serieuse atten- tion; considerons le sous cc point de vue. L'art social n'a pas moins besoin d'experiences nouvelles que la mcdecine, I'arl de la guerre, les diverses applications des connaissances huniaincs. Point de peri'ectiounemens de quelque importance sans decouvertes; et, dans les sciences experimentales et les arts, c'est ordinairemeut par des essais que Ton force la nature a reveler quelqnes-vins de ses mys- teres, quelques vcritcs iecondes qui font une revolution com- plete dans la science on l'art (|u'elles vieunent eclairer d'une lumiere subite. Lorsqu'nn hasani hcureux fait apercevoir une de ces verites sans qu'on ait nieme pris la peine de soidever le voile qui la couvrait, on n'est point dispense de la sou- mettre a des epreuves assez nombreuses et assez diverses pour que son autorite soil reconnue sans contestation. Laissons done le cbanip libre aux experiences de toules sortes , et en politique , une colonic notivelle est certainenient le moyen le plus commode et le plus sur de verifier ce que nous croyons savoir : I'homogeneite des elemcns qu'on y rassemblesimplifie I ETATS-UNIS. i4i toiiles les questions , el laisse demeler plus facilement les cau- ses et les effets : peiit-etre meme iie saurons-nous jamais bien que ce que nous anions appris par cette voie qui est reelle- ment celle de Fanalysc. Ajoutons encore, en faveur de ce mode d'epreuves politi- ques, une observalion dont on ne contestera point la justesse, c'est qu'elles ne font que des victimes volontaires, en cas de non succes. Le medecin essaie sans scrupule ses remedes nouveaux sur les malheureux qui implorent les secoiu's de son art ; certains gouverncmens traitent aussi leslement les na- tions sur lesquelles ils cxercent leur plein pouvoir : dans une colonic nouvelle, on va droit au bien commun, on s'entre- aide pour atteindre ce but ; la societe naissante offre I'image de ce qu'elie scrait , si en grandissant el acquerant des forces, elle conservait sa raison et ses vertus. Reunissez sur un sol tout neuf et fertile des hommes qui soient bons, sains, labo- rieux; vous aurez fait des heureux. D'ailleurs, il est des hu- meurs inquietes, indociles, avides de nouveauIeSj des carac- leres qui ne peuvent s'habituer a nos moeurs, a nos vieilles institutions ; il convient de leur laisser au moins vme voie pour nous echapper, un lieu d'asile sur la terrc ou ils puissent vi- vre a leur maniere ; qu'ils aillent au Texas , qu'iis s'enfoncent dans les solitudes oi'i I'homme n'a pas encoi'e penetre ; la vieillc Europe ne les poiu'suivra pas dans cette retraite; ils y seront meme en sOrete contre la jeune Amerique, s'ils ont une insurmontoblc aversion pour tout ce qui leur rappellerait nos formes sociales. Aucun lieu sur la terre ne convient mieux que cette pro- \ince mexicaine pour y clablir imc grande et belle colonic, et faire I'essai des theories morales et politiques dont quelqiies bons esprits douteraient encore. Point de voisins incommo- des ; plus de garanties contre les dangers d'une invasion qu'on n'eu aurait au milieu de I'ocean ; cent lieues de cotes, des bales, des ports, les embouchures de plusieurs rivieres na- vigables, dont I'une a plus do deux cents cinquante lieues de cours; un sol fertile, un climat plus salubre qu'on ne I'aurait espere, point de marais pestilenliels, une chaleur constante et moderee pres de la mer, des froids severes dans les monta- gnes , et entre ces deux extremes , tons les degres des tempe- ratures iniermediaires. Aucinie contree ne semble plus con- venable pour la culture de la vigne, car elle y croit parlout spontanement, s'eleve a une hauteur extraordinaire, sur un tronc dont la grosseur est un pheuumene que les Europeens ne voyeni que dons re pays et dans les monlagnes de I'Tnde. i4'i inATS-llMS.- AiAiKiUOl'K MKiUDlON \l.K. Eiifrc 2^r° el 53" dt; Ijitiliule tuinl , cv. pays silloniK' par dc nombreusos rivit'^-es, oi'i ties ihonlagiies sVlt-vonl jusqu'a la reg;ioii cles jjlaces t'ternellcs, no nioiitait pas rahandoii aiiquel on I'a condaiiiiic jiisqn'Iii, niais dont il sera bien dedomniage, s'il a 6l(V reserve pour des C(doiiies dont lesprogres de la mo- rale et dc la civilisation snient le but. Malbeiireusenient , I'es- prit de speciilalian s'eniparc de cos ressonrccs qn'il eftt falhi consacrer a iin plus noble usage; il a jcte les ycux sur le Texas, et probablenicnt , il a deja lorme ses projets d'enva- hissement. On ne connait pas biei^ , en Europe, la nature, rorganisation et le but de la colonic Ibndee dans ce pays par M. Jiiftin, (;it()yen des Etats-L'nis , el qui est alijourd'laui entre Ics mains de son fils, M. le colonel Austin; il est bien a desirer que nous aj^ons enfui imc description cxacte et com- plete de cctte contrce intcressante sous taut d'aspects divers et d'une baute importance : mais cetle instruction ne nous sera donnec qu'a la suite d'un voyage de reconnaissance, et nous le disons sans besiler, c'est a un Francais que des recbcrches de cette nature devraient etre confiees. La France est aujour- d'hui tres-bien pourvue d'hommes qui possedent I'assorti- ment de connaissances qu'exige un voyage de decouvertes ; et de plus nous avons acquis, au milieu de nos agitations po- litiques, une babitude d'observer que nous ne perdrons point, si nous sommes assez courageux pour defcndre nos institu- tions contre tous les ennemis ligues pour les dctruire. Y. AMI^RIQUE Ml^RTDIONALE. 5. — Memoria i^nbre laEducacion, etc. — Memoire sur I'E- ducation, par J . Del V. — Guatemala, 1839; iniprimerie de I'Lnion. In-8' de 4n pages. L'auleur de ce i\lenioire, M. Jose Dec Vallil, est membre de la Societe etablie a Paris pour I'amelioralion de I'enseigne- ment elemcntaire , el s'acquilte envers elle , en lui communi- quant ses idees sur I'education, lelles qn'il les a modifiees pour les rendre applicables a sa patrie. Son IMemoire est un extrait d'un ouvrage assez consideiable , compose d'abord dans la prison on M. Del Valle fut enferme par ordre de Vempfrfiir Ilurbide; puis, an milieu des travaux et des sou- cis des hautes I'onctions dont il i'ut cbarge , et des borreurs d'une guerre civile dont le premier eftet I'ut de suspcndre la liberie de lapresse. Ainsi, quand meme on remarquerait quel- que defaut d'ensemble dans Texposition des idees et des fails. AMliRIQlK MEIIID. — GUAlNDE-DRETAGNK. 145 il serail equitable de I'altribuer a la situation penibie el coii- trainte tie recrivain : mais on ne sera pas dans le cas d'usei- envers lui de cette sorte d'indulgence. On trouveia dans son Memoire quelques dures verites, telles que celles-ci : Les plus grands maax que Clmmanite ait soufferts ont etc causes par de mauvaises lois ; ses plus grands enuemis ?ie lui auraient pas ele plus funestes que ses legislateiirs. L'idee si juste et si impor- tante d'luie ecole d' instiluleurs est reproduite ici, d'apres I'ex- pei'ience de noire ancienne ecole normale, monument tout-a- fait efface en France, mais dont le souvenir sera conserve par les peuples plus eclaires sur leiirs veritables interets. M. Del Valie passe successivement en revue les divers degres d'en- seignemenl dont sa patrie aura besoin , depuis les ecoles ele- mentaires jusqu'aux Societes savantes; et, pour que rien ne manque a I'edilice donl il propose I'erection, il le termine par une Acadeinie d' education. Les enseignemens speciaux n'en- traient point essentiellement dans son plan , quoiqu'ini litat bien organise ne puisse s'en passer, et qu'ils doivent etre coor- donnes avec I'education nationale. Cette coordination est sans doute etablie dans Tonvrage dont ce Memoire est un extrait, et dont nous attendrons la puldication avec une impatience d'aulant plus vive, qu'nne impression de cette importance at- testera le retour de la paix et du bon ordre dans cette parlie de rAmeriqne. Y. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. 6. — * Reflexions on the decline of Science in England, and on some of its causes. — Reflexions sur le declin de la science en Angleterre, et sur quelques-unes de ses causes, par Charles Babbage, professeur de mathematiques a I'Universite de Cam- bridge, et membre de plusieurs Academies. Londres, i85o; Fellowes et Booth. In-8". Tandis que les sciences ont produit en France tant de theo- ries ingenieuses, tant d'import&ntes decouvertes, restees long-tems, a la verite sans application, par suite de I'iner- tie de nos classes ouvrieres, elles sont devenues pour ainsi dire toutes pratiques dans la Grande-Bretagne, 011 les con- naissanccs des praticiens sont proportionnellement beaucoup plus etendues que celles des savans, ou de ceux qui preten- dent a ce litre. II resulte de la que les sciences mecaniques ont pris un grand developpement. et que toutes celles qui 444 LivREs Strangers. reposent siiv I'obscrvation , et qui exigent des etudes longUes ft ahsfraites , sont demeiirees stationiuiires. C'est cet etat de <;hoses qui a frappe M. Babbage ; il I'attribue a I'absencc d'un plan ratioiMH'I d'cdiication scicntiCique, au manque d'encou- lagomens nationaux offerts nux liommes distingnrs , enfinj t'l i'induence dangerciise d'nnc socicte fondec dans le prin- ripe pour etcndre ct seconder Ics progres des lumieres. En elVet , les sci-ences sent pen on point enseignees dans les Uni- versites anglaises : ni concours, ni examens, ne viennent sli- mulerles ('■ieves, et les forcer a faire preuve de savoir. L'en- ."«eignenient, quaiid il y en a, se borne a des notions vagues et genorales, donnees par un professeur, sans demonstrations, ni experiences. Pour se devoner a des recherches savantes, il font en Angletcrre I'in^lependance de fortune, car aux eludes de ce genre ne seratlachent niemplois lucratifs, ni posteshonora- bles; les etudians qui entrent avec ardeur dans la carriere du savoiren sont bien vite detournes par I'obligalion de se creer nn etat, et un avenir : reste une dasse d'amateurs riches, jaloux derattacherleurs nomsaquelqueelablissement d'utilite publi- que, mais c'est a prix d'argent qu'ils se font une reputation de savans : ainsi on n'apprendra pas sans surpiise qu'il en coCite cinquante livres sterling pour se faire nommer membre de la Society iloyale; les homines du plus grand nierite ne peuvent s'excmpler de payer cette somnie, taadis que la facilite avec iaquelle on admet ceux qui n'ont d'aulres droits que leur for- tune a augmente le nombre des membres dans u-,^e propor- tion deraisonnable : et a , par cela meme , diminue I'impor- tance du litre. Le president et les secretaires sont nommes par coterie, et sans egard au merite reel. Le conseil est au choix du president et ne relcve que de lui. Les rapports de la so- ciete sont mal tenus, et parfois falsifies; les correspondans font pen de comuuinications, on figurent sur la lisle pour leurs litres de lord ou de due; bref, tout tend a amener le ra- pide declin d'une fondalion, deioin-nee de son veritable but. M. Babbage cite plusieurs fails a I'appui de ses assertions. Les observations failes a I'oJjservatoire de Greenwich, et pu- bliees aux frais du gouvernenicnt , avec le plus grand luxe, out ete trouvees dans une boutifjue de Thames-Street ou on les revendait a la livre portr en i'aire du cai'lon de Bristol. II parail qu'un des membres du conseil, charge de ce depot, avait imagine (I'en tirer ainsi parti. Ln autre inconvenient beaucoup plus grave, resultat de la negligence des etudes matlicmati- ques, est signale par M. Babbage : « Le gouvernement de- couvrit, il y a pen de terns, que les termes d'apres lesquels il (.RA N l)l-,-liP»j:T.\GNE. i^j pny;iit ie.s animiti's otaicut iiiexacis, ot dt; iioiivelies tables i'uicnt faites par ordre du parlement. II i'ul constate a ia meme tpoqiie, f|ue les I'ausses tables avaient occasioiie au pays une perte de deux oi: trois millions dc livres sterling. On suvait de- puis long-tems qu'il exislait nombre d'crreiirs dans ie regle- meiit de ces comptes, mais le gouvernement en fr.t le dernier Hiforme. Mi)itie dc I'intcret de inoitie de cctle somme, judi- rieiiscment appliqiiee a I'cncouragenient des etudes mathe- luatiqiies, eut empeche que de paieillcs eneurs ne se renou- veliasscnt jamais. » On voit que dans son omrage M. Babbage aborde et ap- profondit d'importans snjets, et de hautes questions : il ne re- cide devant aiicun abus; il les dcinasqne tons, et en appcllc avec intrcpidite et bonne foi an sens de la nation pour les faire (iisparaitre. L'inleret de la science I'anime seiil, et son tra- vail , aide de I'autorite d'un nom qui deja se ratlache a d'im- portantes decouvcrtes, ne pent manqncr d'amener sur phi- sieurs points de grandes anielioralions. L. Sw.-B. ^. — On t/ie portraits of engUsli authors of gardeaing, etc. — Siir les portraits des auteurs d'horticulture anglais, avec iortent avec eclat dans tous ses recits: uons remarquerons surtout ce qu'il dit du iiuramy, on prison- iiier mis a rancon. II est trail"' tour a tour avec barbaric ct (;R\NDE-C];t:TAGNE. 147 hiinunile, en ennemi eleii fils. Des qii'il pent toucher le niai- tre, quelqu'iin 011 f|iielqiie cliose qui liii appnrliennc, en s'e- criant : Anadak/teilitM,u jc snis ton prutegx-, )iH n'est plus ex- pos*; i'lancun manvais lrait<*nient. Si un enfant lui donne un morceau de pain , il a droit dc reclanier le privilege d'avoir mange avec nn liheraleur, et on le reniet aussitot en liberie. La pitie des chefs des tribus voisines pent sur-Ie-champ faire tomber ses fers. Le devoOment d'un de ses proches (souvent sa mere on sa scenr), si elie parvient a s'introdnire dans le camp des Aralies, assure sa delivrance. Cest ordinairement sous le costume de mendiante que se presente la parente du haramy. Un* fois qn'elle sait dans quelle tente est le prison- nier, elle s'}"^ glisse la nuit, tenant a la main un peloion dc fil ; clle tache de lui en mettre nn bout dans la bouche, ou de le lui attacber a la jambe, afin qu'il sache que queiqu'un des siens est venu a son aide. La femme se retire ensnile, derou- lant le fd a niesure, jusqu'a ce qu'elle atteigne une tente voi- siue. La, elle reveille I'Arabc endormi et lui posantlepeloton sur la poitrine, elle lui dit : « Regarde moi ! par ton amour pour Dieuet pourtoimenie,iem€t.seecisousta protection!)) Aussitot que I'Arabe comprend le sujef de cette visite nocturne, il se le- ve, et, suivantlefil qu'il tient, il marchedroit a latcnte([ui ren- I'eiine le haramy, et soaime le maitre de relacher son captif, declarant qnec'est son daklieil on protege. Iln'y a pasd'exem- ple qn'uiie pareille demande soit jamais rel'usee. On delie le prisonnicr, on le regale comme un bote bien venu, et on le renvoie lil)re. Ce fait, tout romanesque qu'il puisse sembler, n'est point une fiction : le voyageur I'a vu se renouveler plii- .sieurs fois pendant son sejour cliez les Arabes; et ce n'est pas I* cote le moins frappantde celle vie nomade et aventureuse, que le respect de coiitumes bnmaines, garanties seulem(;nt parJa lM)nn<; foide tons. 11 y a quelque chose de toucbanl dans cetle civilisation organisee d'un commuii accord, et sans son cortege oblige de lois et de chTitimens. I^ pitie ct la sympa- tbie out hi un code convenu, regulier, et dont le plus sau- vage Bedouin n'oserait s'ecarler. line histoire de la sccte san- guiuairedes Wechabites terniine le volume, et n'en est pas la partie la moins curieuse. L. Sw.-B. 10. — * On the borieuses ; tliscours proiionce a la premieie assemblee scientifique men- suelle de Vlnstitut de micaniqae de Belfast ; par Hcniy M'Coa- M\c, D. M. Londres, i85o; Longman. In-8° de a4 p<'ges; prix, un shilling. ,',S LIVllLS KTI'.A\(;ii:ilS. iM. Ic (loiloiir iM'ConiuH-avail a icniplir imo tuhc duvciiiK? lacile a (itieliiiies oj^aicls, dilliriic sons iii» acilrc point de vii*' ; il fallail lain: soiilir de pins c.n pins Ics avantai,'es dc la pro- pa;uoi qu'il en soit. I\I. de Hammer ne repondra pas, dit-il - liLSSllv i.H par (les injures, au\ injures tie iM. Seiikovskv ; i! nl'IiI, ,-,uiv;int I'exuiession de l'()i}'l)e , que sa defense soil non-seukmcitt atie lutle , innis encore une erole. ]Nous ne poiivons en cola qu'ap- pronver i\l. de Hammer, (|uoiqiie nous devious u la verite dc declarer que nous avons trouvebieii des malices, bien des me- cliaiicetes dans la lettre de M. Senkovsky, mais lien qui ne nous paraisse elre de bonne guerre, et surtout rien qui ressemble le moins du nionde a des injures. Apres un preambuie , on la modestie de notre celebre orientaliste M. Silvestre de Sacy recoit un eloge que tous ses confreres devraient bien taclier de meiiter comme lui, M. de Hammer entrc en matiere, et passe franchement condamnalion sur les fautes et les erreurs de sa Iraduclion. II avoue qu'il a en lort«de traduire les mots iciitlar et rnounfesihan comme s'ils etaient des noms propresn ; qu'il ail mis par mcgarde dans celte traduction, le cote droit pour le cote gaaclie, et ceux-ci pour ceux-td >' ; il avoue qu'il aurait dudire berke, au lieu de birke», et qu'il a eu « tort de prendre les mots bakl-ol-djayi, baki-el-djuyi , ou bakil-djayi pour le litre d'un ouvragen. Enfin il reconnail que « la lecun de djebal ( monlagnes ) vaut mieux que celie de djctnal (clia- meaux) ». — iiVoila, dit-il, pour les fautes d'inadvertance ; pour les autres qui ont ete relevees par M. Senkovsky, elles sont autant de fictions de sa creation. " Si la lecon de Kdrraii vaut mieux que cellcdeiiLaz(/7;«(lo tor, dealba tor), qu'il a rendiie par foulon , il n'e^t pas vrai , ajoute-t-il, que ce mot signilie inie blanchisseusc, conmie le vent M. Senkovsky, ce qui don- nerait lieu de croire que ce sont le-s fenunes qui blanchissent en I'erse , taudis que ce sont les homnies. Si la lecou de Ghoumran vaut mieux quecelb; d'Ouviran, il n'en a pas moins eu raisoi) de traduire celle-ci (qui est ceile que porte son ma- ruisciil) par le mot de culture, (|ui est celleque lui donue Ibii- Kbaldoun et le dictionnaire arabe-turc {{' A Lhteri , qui a paru il y a deux aiis a Constantin(q)le. II soutient que le mol pci- san kundus est Ic nom d'une licrbe vetieneuse, et non cclui du castor, comme le veut M. Senkovsky, qui a confondu ce mot, dit-il, avec celui de koundUouz. Nous ne suivrons pas plus loin le celebre orientulisle de Vienne sur le terrain glissant de cetle discussion, o\\ il semble reprendre quelquelbis I'avantage contre son adver^airc, qu'il taxe a son tour, on propres termes, d'igiwraiice et de prcsonip- tion, et qu'il accuse d'user souvent a son egard « d'un procede qui lie peut reussir qu'auprcs des personnes qui u'cnlendenl rien aux lexles oricntaux» ; c'est dc paraitrc corriger ses tra- ductions np.u' une nouvelle interpretation, qui est en rcalilo i5'2 Liviiiis ia'iiAN(;i:j\s. inoins juste et inoiiis Mi-Ac a la Ictlic dii texto. mNous iie soiii- uies point juge competent dans ces lualiercs, conune notis I'a- Yons deja declare, el nou>; avoiisliate d'aniverun point le pins important de cette disrtission, (pii est reiatif an sojct ineme de I'onvrage de M. de Hammer, critique par M. Senkovsky, c'est-a-dire anx origirie.i ntsses. « II en sei"a , dit-il , comme I'entend M. Senkovsk}-, jc ne serai, comme il Ini convient de le dire, et si Ton pent le croire, qu'un franc ignorant, \\n char- latan(^t), en liistoire el en geograpliic; jc kii ahandonne tons mes ovivrages, car il parait que c'est lenr qnantiteqni I'irritc... mnis je ne puis desavouer ce que j'ai dit sur les Sacce, li's mots Czar, Ras, Corsares et sur la patrie originaire des Geimains. » Ici I'auteur s'attachea proiivcr les cinq propositions suivaiiles, savoir: i" queries 2ay.«t des Grtcs paraisseiit^lre \ei Slaves»; 3° queu le nom de Cf«r«st un iioin asialiqoe»; 5" que« les Corfans du Cliahname sont les Xoipoapoi des geograplies grecs > ; 4° qneo les Asshabi-Ras dn Coran, places par quel- ques commentateurs sur les Lords de I'Araxe, sonl probahle- ment les Pwj de rEcritnre, c'est-a-dire les Rnsses d'Asie, que les historiens orienlaux dassent parmi les Turcs » ; 5° eu- fin (et cette derniere proposition n'est plus lelalive aux Ros- ses, mais aux Germains), que "la patrie originaire des Ger- mains et des Teutons est an deli\ de I'Oxus, la Boiikhariei) (quoique, ajoute M. de Hammer lui-mOme, !a«Jecon du ma- nuscrit de Miikhond qui porle Gerinania y)Ouv Djorc/Juniatioit faussex, ce qu'avait observe son critique). II faut lire dans la Defense meme de I'auteur toutes les rai- 80ns qu'il cherche pour appuycr son opinion, el les compa- rer ensuile avec celles que donne iM. Senkovsky pour cotro- horer ia sienne, qui lui est loute contraire, et pom- la(|ncile nous avons deja dit que nous penchions. Mais cette opinion ne recoil point de valenr de la noire, que nous devrions aji- puyer A noire lour sur des preuves. Ce n'est pas ce que Ton peut faire en quelqties mots. Nous le lenterons peut-elre i\\\ jour; mais dans un travail special, pour leqiiel nous n'avons encore qu'unc Lien I'aible parlie des materiaux, etsurtoul des connaissances que nous sentons etre necessaircs. Nous ne voudrionspas imiter en cela I'exemple de savans cel^bres qui se sont presentes quelquefois dans I'arene, armes un peu irop a la li'gere, et qui ont donne des conjeclnres hasardees pour des fails, quoique nous ne puissions preter k nos erreurs I'au- (i) Reniaiquon.^, fin passant, que cos mots ne se trouvent nuUe [i.n » texltiellemciit dans la lettre do M. SenkDvsky. iiessiE. iHo toritt: d'uii noin qui Its reiidit l)ieii dmigereuses, et que par cela meme sans doute nous t'ussions plus excusables. Les sa- vaus, et en general tous ceux qui ecrivent sur une matiere quelconque , devraient s'appliquer avant tout u augmenter la somme des verites connues. Ce n'est pas la peine de s'ciever au-dessus du vulgaire et de nionter a la tribune, si Ton ne fait qu'embrouiller la question et epaissir davantage le voile de I'erreur ou du doute. C'est la le point moral de la discussion, e'est la oCi nous voulious en venir; et tout notre desir serait de voir les savans se rendre un peu plus respectables en se respectant un peu plus eux-memes dans les querelles que pent leur susciter ramour-propre. II nous reste bien peu de place pour parler des Obsenatlons do notre compatriote M. ("diarmoy, qui, on ne sait trop pour- quoi , est venu se mfler u cette discussion. Ma raison, dil-il, se refuse aattribuer, couiaie M. de Hammer, un semblable libelle a un homme aussi distingue que M. le professeur Sen- kovsky. »11 enlreprend done de lui repondre, et il essaie de le faiie sur le meme ton qui regne dans la lettre de son adver- saire, ou plutot de celui de M. de Hammer; mais , si la plai- santerie est une arme que Ton se plait generalement a voir mauier par les Francais , et dans laquelle ou avoue assez volontiers la superiorite de notre nation , il faut bien recon- nailre qu'en cette occasion notre compatriote a ete vaiocu par un etranger, qu'il est reste bien loin de la finesse, de I'i- ronie, et surtout des convenances, et des formes du style em- ploye par I'agresseur; nous dirons meme que sa brochure, ecrite en francais, mais tres-peu soignee sous le rapport ty- pographique , semblerait bien plutot tradnite peniblement d'une langue etrangere que celle de M. Senkovsky, qui a ete ecrite uriginairement en russe. Ce qu'il y a de plus clair dans 4a brochure de M. Charnioy, c'est qu'il a voulu, sous le pretexte de defendre M. de Ham- mer contre les attaques de M. de Senkovsky, inontrer que ses connaissances sont superieures a celles de ces deux savans ; ce que nous souhaitcrions de tout notre c oeur, ne fut-ce que par esprit national. En elfet, il accuse le celcbre orientaliste de Vienne (p. 4) de travailler « parfois avec trop de legeretc » . II ne s'est, dit-il (p. (j) , immisce dans cette discussion, que parce que M. de Hammer « s'est laisse intimider par le ton tranchapt du quoUhet dirige contre lui », et qu'il s'est borne va chanter la palinodien , jiu lieu de i clever les faules gros- sieres dout foutmiile rouvra;;o de son adversaiie. II oppose (p. Qii 12) sa propre version de quelques passages a la tra- duction de M, Senkovsky. ct pretend {)rotiver par-hi que ce i54 LiviiEs i5tiian(;eiis. iimordiiut ceuseur les a lual atis.si mal enicvdus que le nuvant (/ii'il a critiq(i('». Lliaiige nianieie, on l"a\ oucra, de (leleiidrc^ W. dc Hammer! Mais, ce qu'il y a dc pins ciirioux dans telle prelendue de- fense, c'est que le fauieux i)/Virt/, siir lequel 31. de Hammer' lui-mfme a passe eoiidauiiiation de si l)onne {ii;ii'icc , iie doit plus etre remplace, seloii M. (^liainioy, par cclui de DjemoL (ou Z)_/'(wi«/) qii'a propose M. Senkovskj; mais qii'il taut lire, a la place de ces deux mots, celui de clmtarlia, que I'on Irouve. dit-il , dans le texle persan, donne par M. dc Hanmier liii- meme a la suite de son ouvragc. C'est ce qu'on appelle iaire d'une pierre detix coups ; c'est lucr a la fois (toujours dan^ la supposition que notre compatrioteaitraison) et M. Senkovsky, centre lequel il dirij;e sa refutation, et M. de Hammer, peniblement tonte I'etcndne de nos besoins , le poids enornie du fardeau qui nous accable; nous connaissons les moycns dc soulagemcnt et les obstacles qui s'opposent a leur adoption : la Pologne est-ellc mieux que nous'P Examinons. I'our line population ([ui n'esl guere cjue le sixieme de celle dc la !• lau! <• , on compte \l\,\!\-i causes criminelles ; cc ?erait, a proportion, an moins 85, 000 jxiur la France; il y en fi) L'Oiirs el rjimiliiir dc-t jdrtlin.s, liv. \ 111, lab. x, edit. |iarisicnne. POLOGNE. ,55 a nioins rliez nous. Mais il parait que les tJcoles superieuies sont pluj! frequenlees en I'oloj^iie qu en France. Quant a ['in- struction primaire , ce discoms ne <]onne pas la niesure des profiles qu'elle a pu faire en Poloi;'ne ; M. le ministre de I'in- tericur annonce que le nondjie des etudians s'est accru, qiioi- que celui des ecoles ait ete diminue. Les maxiuies qui diri- gent le gouvernement polonais, relativcment a la propagation des connaissances, doivent etre lemarquees paries pliilan- tropes; nous les livrons a leurs meditations. Les voici lelles que M. le comte Mostowski les expose :« Aucune societc dont les membres n'auront point appris a disccrner le bien et le mal, le vice et la vertu ; auxquels on n'aurait pas, a cet elVet, ainsi que pour la direction de leur avenir, enseigne les pre- miers elemens de toute instruction sociale, a lire, a ecrire, a compter, et ce qui est strictement necessaire a la profession qu'ils exercent, ne saurait etre mure pour cherir et maintenir un etat de choses hors de leur portte. Et , s'il est peul-etre vrai que I'extension irreguliere des connaissances, en aug- mentant la sQrete des personnes, tend a diminuer cellc des proprietes, par les nouveaux desirs qu'elle excite, Ic moyen le plus simple d'ecarter I'appat des jouissances illiciles so trou- verait en facilitant surtout pour chaque etat I'instruction li- mitee qui lui convient, et qin' attachera davantage. » Cette doctrine poussee trop luin ne serait point sans danger : elle tendrait a faire penser que I'eftet de I'instruction pourrait etre d'engager les assassins a se conlenter d'etre voleurs, ce qui serait une amelioration ; mais que, d'un autre cote , Faccrois- sement illimitv:' de I'instruction multiplierait les vols , ce qui serait aussi un grave inconvenient. Quant ;\ Vinstruction linii- Ue qui convient d cliaqae profession, il est fort a craindre que les distributeurs ne se tronipent sur une dose aussi precise, qu'ils n'aiment mieux etre avares que prodigues, et que, pour cviter plus sftrement la multipdication des vols, ils ne laissent faire quelques pas retrogrades vers I'assassinat. Mais continuous notre examen. En raison de la population, le derge polonais n'est pas la nioitie de celui de France, et proba!)lemcnt il n'est pas traile plus magnifiqucnient ; c'esl un bien. Dans I'espace de cinq ans. 267 fonclionnaires , prcrenas de concussion ou (Calitis de poiivoir, out ele poui'suiris criminellement : justice a ete faite, c'est en- core un bien ; mais le nombre des prevaiicaleurs est Ires- grand, ce qui decele quelque vice dans les lois ou dans les moeurs; voila un mal. Ps'ous ne manquons pas non plus de fonclionnaires prevaricateurs : mais bien pen sonf poursuivi* i5() LivKKs i';TiiAN(;i;i;.s. ( liiuinclloiuenl. Lt's levees de recnie.s oiil ele luoiixiiioij cu Po- logiie qii'en Fianre. En Pologne, les routes s'anu'lioiaietil, laiulis (Hie les uolies se degnidaienl de plus en plus. Les anie- lioialions sont lapidcs, dans un pays oi'i I'on avail tant a repa- icr; chez nous, ou il ne s'agissait que de conserver, on n'a lieu acquis; et sans les efforts constans des amis de la patiie, les pertcs cussent ete uombreuses, et peiit-etre ineparables. Que les Polonais soutiennent leur courage , qu'ils ne cessent jamais d'esperer, et qu'ils s'attaclient a resserrer le (aisccau national : pour eux I'avenir n'csl pas, comme pour nous, me- nacant et charge d'orages. Tout hien considere, dans les cir- constances actuclles , ils out a se leliciter d'un elat de clioses (]ui ouvre la voie a de nombreuses ameliorations. Tons les voeux des amis de I'liumanite accompagnent et encourageiit la noble nation polonaise dans sa tendance progressive; et le mi- iiislre qui vent la lavoiiser, et qui remplit ainsi les intentions de son jeune souvcraiu, niarite aiissi des eloges. N. ALLEMAGiNE. i5. — Milcronkopisc/ie Unter.(ichiingen,u. s. w. — llecherclies microscopiques sur la decouverte faile par M. Robert Brown de parliculcs vivantes, indestruclibles memo dans le feu. se trouvant dans tons les corps, et sur la generation des JMonades ; par le docteur C. Aug. Sig7n. Schiltze. Carlsruh»; et Fri- bourg , 1828. In-4°- Depuis le commencement des recherchcs scientifiques, un des buts principaux de la physiologie a ete, d'un cote, de poiirsuivre le germe de la vie jusque dans ses premiers mou- vemens; de I'antre, de decouvrir les phenomenes qui signa- lent le passage de la vie a la mort. Le microscope a servi maintes fois a I'examen de ces problemes encore insolubles, et il a ramene les philosophes a ces idees de molecules et d'a- tomes qu'avaient deja prolessees Empedode et Democrite. On a vu la, comme en beancou[) d'autres points, un obscur ins- tinct de ces antiques genies devancer les demonstrations de la science. fll. Robert Brown, qui se livre aux rechcrches microscopi- ques, annoncc, dans un Memoire quia parn a Londres en 1829, et (lout la Revue Encydopcdique a rendu compte ( voy. t. xLiv, p. 124), qjie toiLs les corps organiques et inorganlqaes continmenl des parliculcs animees , pourrues d'un mouiemdit propre, qui soul dans tous les corps dc la mane forme et de la vumc grandeur, ct qui ont le meiuc mouvemenl. (!fllo (jiic.Mioii a (K'ji'i tile soiimiM: .'in jup.cmeivl cie I'Ariulc- mie *i«!S srieiK.es. iM. jJd BaoiNGMAnT avail pic.seute un iMe- Dioire (Jans Icqiiel il avaiicait que c'esf. un caractere commim aux lorpuscules reproducLeurs de tons les etres organises de joiiir d'une rie propre qui sc manifeste par des mouvemcns Fponlancfi. "SI. BioAA II (leiRlail cetlc proposition a lous les coi-ps de la na- ture. L'Academio, appelee trois t'oia a prononcer son avis dans i;es dilliciles qiieslioiis, eievc dans son premier rapport la de- couverlo de M. Brongniart jiisqn'aux nues , adniet le doule dans Ic siH'ond, et dans Ic troisieine declare que les travauxdc; M. Roliert Biown fouinissent do lories presoniptions eontrc I'hypolhose du naluralisie francais. Ce sont ces Iravau.v de M. Brown que RL Sehullze a souinis *;'i nn nouvel examen ; et il est arrive a des resultats lout diffi- rens: 1". Le moMvement des molecules n'est point un uionverrient sponlanc ; il est du a I'evaporation du liquide, a rimbibilion oti a la dissolution des particules. Si on les place dans un li- quide qui s'evapore diflicilement, I'huile par exemplc, le nionvemeiit cesse ; il I'accelere beaucuup dans Talcool et Te- ther. En etudiant avec attention ces niouveniens, M. Schultze est parvenu a en di.'^tinguer trois especes qu'il rapporte a troi.s (;auses diffeientes : le premier, d'ascension et de descente. est prodnit par I'evaporation ilu liquide; le second, d'oscillation, seniblal)le a la supination et a la pronation de la main, est du a I'imbiiiilion successive des parlicules; le troisieme, de rota- lion, a leur dissolution dans la liqueuj'. •i". M. HoI)ert Brown a avance que ces memes particules qn'il a apercucs dans U: poller des planles se retrouvenl comme molecules elemcnlaires dans tous les organes des ani- niau'X et des vegetaux , et sont les nif-mes que celles qu'ont deCnlcsBuffon, Needliam, Wrisberg, MiilleretMilneEdwards. i\l. Sehullze nie 1 1 verite de celte proposition pour les parti- cules organiques. Elles difl'erent de I'ormes et de grandeurs suivant les animaux el suivanl les organes. Et le raisoimement est ici d'accord avec les fails ; car qu?lle explication des dille- rens phenonw'nes vitaux pourrions-nons esperer d'atteiudie, si ces opinions d'une similitude complete entre toutes les parties elcmentaires des corps organises etaient confirmee-* p.:r robservalion ? Quant a la texture des corps inorganiques, ou M. Iiobert Brown pretendavoir trouvelesmoleculescoinme parties. eb-mentaires, il semble a M. Sehullze qu'elles sont iirt prodnit de I'art . et qu'oii pent leur doruier !e degre de gi"s- s«.';ii- qu%in voiil par la piilverisalion. 1 58 LiviiES Strangers. Tels sont les resultals ;mxqiu;ls est arrive IM. Schultze par iin grand nonil)re d'observalions atleulives ct ingenieiises. II est impossible de nieconnailre la val>Mir de ses objections; et on en scntira encore davanlage la I'orcesi Ton sc ra|ipelle qu'nn obscrvatenr plein de sagacite , M. Raspail, a deja altaqne, et presqiie par les meines motifs , Ic Memoirc pnblie par M. Adoiplie Brongniart snr les particules dii pollen. II est evident qne, quel qvie soit le pouvoir de nos verres grossis- sans, nons sommes encore loin d'avoir atleint les limites oii la natnre commence ses opeiations. E. L. 16. — * Cor pan Historic Byzantluce. — Collection des His- toriens de Byzance : Nouvelle edition publiee par les soins de M. NiEBUHR. Bonn, if-5o. In-8°. Cctte belle enticprisc niarche d'un pas rapide ; deja elle nous a donne Af^ntltias, Nicvphorc, Consiantin Porphirogenete, ]eSy»celle, etc., etc. : anjoiird'hui MM. BEKKERet NrEBrnR pn- hlient plnsieursnoineaux ecrivains : ce sont Dexippe, Eunape, Petrii.s Poiricius, P rise us , Malc/ius, Mrnandre , Olympio- (lore, No7Uiosus, Candide et Theopliane; ciifin le volume est ter- mine par les ])anegyriques de Procopc et de Priscien. Nons empriintons a la preface qnelques rcnseignemens snr ces di- vers bisloriens. Dexippe, Albcnien, fut lionorc de la dignite d'archonte eponyme et fat agonothcte anx panathenees; il se distingua a la fois comme orateur et comme historien , aussi Ini erigea-t-on unc statue. La gloire militaire embellit aussi sa carricre, car 11 defit les Herules qui s'elaient jetes sur Alhenes, et leur tua 3, 000 hommes. Dexippe vecut ius([u'au rcgne de Probns. Les IVagmens qu'on nous donne de lui sont relatifs a la guerre des Scyllies et anx aflaires de Macedoine : Pliotins vante beancoupson style. — Eunape naquit a Sardes en 5-'i7. et continua I'histoire de Dexippe; il parait d'apres Pbotius qu'il la poussa jnsqu'en 4o4i ^'Hk^c de I'exil de satnt Jerome. Eunape professait une liaine aveuglc pour les clue- liens. On a joint a ces liistoriens, ainsi qu'a Metiandre , des frngmens dt'couverts an Vatican par Tabiie Mai. — Petrns, ne a Thessaloniquc, se distingua a Constantinople dans I'art de la pai'ole. .luslinien le chargea de plusieurs missions im- portantes; dans I'une d'elle, il tomba an pouvoir du roi des Goths, a Ravenne, et demenra ti'ois ans captif; apres avoir conclu plusieurs traites avec les Perscs, il lermina sa longue «;l iirillanle carriere, laissant nn (ils qui suivil ses traces. Pe- trus ecrivit I'liistoire, mais il sciait dillicile de dire oi'i il com- nienca, on presume qu'il s'arreta oii commence Eunape. — Priscusde Tlnace a ecril Iiuit livres snr Atlila. On nc sail pas ALLEMAGNE. iSg tion plus quel tut Iccommeucement tie sou histoire: seulement on remarque qu'on ne la cite pour aucuu evenemetit antericur a /j53;ona desraisonsdecroire enfin qii'elle tinis.saita474i^'in^e Oil commence celle de Malchu?. Celui-ci, ne a Philadelphie en Palestine, faisait a Constantinople le metier de sophiste ; ii continua Priscus jusqu'j I'an 4^0, epoqiie de la mort do I'cm- pereur Leon. Son ouvrage contient sept livres et emijrasse sept ans. Quant a Menandre, il continua I'histoire d'Agathias, depuis I'iuvasion des Huns repousses par Belisaire en 558, jusqu'a la fin de Tibere en 582. On ne sail d'Olympiodore, de Candide, de Nonnosus et de Theophane que le pen que nous en appiend Photius. iM. Classen a revu la traduction la- tine. II y a dans rette edition une multitude de corrections et (ringenieuses conjectures, les unes de M. Niebulir, les autres de M. Bekker : on les distingue par les iuitiales dont elle sont signees. P. de Golbery. ij.- — Antiquilaies Snynetises, etc. — xVntiquites de Sayn recueillies en 1684 par Jean- Philippe de Reiffenberg et pu- hliees pour la premiere ibis siirles nianuscrits originaux. Aix- la-Chapelle et J^eipzig, i85o; J. A. Mayer. In-8", avec figures. ()tioiqu'ecrit a la fin du xviT siecle, el piiblie seulement all commencement du xviv'' siecle, cet ouvrage etait loin d'e- tre ignore. Plusieurs savans y ont rccoiuu avec fruit else sont appiiyc de son autoritc, entre autres le celebre IJonlheim qui songeait a en faire cadeaii au public ainsique des Nota; et Ad~ ditioncs in Annates Browerianos Trcvirenses du meme auteur. Les Antiquilcs de Sayn sont divheesen quatre parties. Dans la premiere, il esttraitede la ville de Sayn, de son chateau et de ses dependances ; dans le second, de Cunostein-Engers qui est dans le yoisinagc, lieu <)\\ J. P. de Reitfenberg reconnul les debris du pont jete siir le Rhiu par Cesar et dont celui-ci fait mention dans le vi" livre de la Guerre des Gaules. La troi- sieuie partie est consacre<; a des recherches sur Hegiorttdum, non pascelui dont parle Tacite [Hist., lih.iy), mais le liegio- duliim d'Ammien Marceliu. Enfin dans la quatrieme est de- critc la paroisse de Hcinibach. Les ditierens chapitres ou Me- moires sont precedes d'une preface et accompagnes de notes par flL Engelmamv, conseiller a Arensberg, lequel n'a pas jiige a propos de se nommer. de Reiffenberg. Ouvrages Periodiqucs. 18. —* Kritisc/ie Zeitsclirift. — Reciieil critique de jurispru- dence et de legislation etrangeies, publie par i\l\l. iMitter- T ,n L1VR|<:S KT[iAiN(.i:j;S. MAiEn rl Z,AriiAniA. T. ii : caliirrs ii ct iii. Hi-iiiolherg, 187)0. In -8". Dei(X articles importans pour la Suisse oiivreni ee nouvcaii ATolmne. Dans le premier, JVI. Mittermaucr examine le nou- veau projet de Code penal dii caiilon do Geneve ; dans I'autre. M. Fre\, docleur bUois, entretient ses lecleur.s des Codes (rUri el d'Aj>pen7,ell. Allachons-nons d'abnrd aiix lois qn'nn prepare ponr I'heurense cite qui, I'rancaise an lems de notre }jloire, jouit aujourd'luii d'une liberie et d'unc prosperite dij^nes d'envie. Geneve jusqu'a ce jour etait encore regie par notre Code penal : cependant ily avail etc fait des changemens dictes par riiumanite et par la raison. U est pen de pays qui puissent se glorilier d'antanl de huTiieres : de savans juriscon- sultes, cles historiens celehres repandenl sur lenr belle palrie I'rclal de leur reputation, et c'est de Geneve que s'esl elevee recemmenl la philantropique discussion d'une des (jueslions les plus graves, de celle de I'abolition de la peine de mort. Le projet dont il s'agit aujourd'hui est le dernier travail du ce- Icbrctradueteur de Benthani. 11 nc s'agit de rien moins que de mettre en pratique les idees du philosophe anglais. Mais M. iMittermaier, tout en reconnaissaut le merite du travail de M. Dumont, pen^e que son adoption n'aurait pas pour Geneve de resultats heureux. Passons sur la nomenclature des crimes el la lisle des peines. i\i. Mittermaier n'approuve pas les de- finitions qui souveni ne servenl qu'a entraver Tusage qu'im voudrail I'aire des lois, et qui ressortent bien mieux du bon sens et du discours ordinaire, que de phrases Irop souveni de- iectueuses el presqnc toujours incompletes. II critique plu- •iieurs de ces definitions, /( Bravi. Bergatne , 1829; imprinierie de ftiazzaloni. Grand in-8° de i55 pages; prix, 2, 5o lires d'Autriclie. Le second de ces deux ecrits est du menie auleur que le premier. i^I. I'abbe Bravi repond a une critique de son ou vrage, inseree dans le recueil periodiquc public a Modene sous cc litre : Mcniorie di Morale e di Lettcratura. Le critique, anime, d'un zcle dont la religion pouvait se passer, et que la morale ne reclamait pas davantage , n'a pas attendu I'approche du danger pour jeter un cri d'alarme ; il a devine les proje!s de I'ennemi, observe sa marclie, et, allant a sa rencontre, il atta- que impetueusement I'avanl- garde qu'il croit apercevoir. L'auleur de la Theorie da Probable, etonne de se voir assailli si briisquement comme ennenii de la religion, se fache, et riposte avec vigueur. Cette escarmouche n'aura pas de suite; le combat doit cesser des qu'on se .sera reconnu de part et d'autre. Nous n'avons (lone a nous occuper que du livre qui a ele I'occasion de ces debats inutiles. L'exposition de la Theorie est divisec en neuf chapitres, et les applications en comprennent six. Lepieuiier chapitre pent etre considere comme une introduction ; I'auteur y expose en peu de mots I'histoire des travaux des geomfctres sur le calcul des probabilites, et partant des notions generales de sensatio'is, d'idees, Aeprincipcs, il indique ce qui a pu jeter quelques philo- soplies pleins de droiture et de di'^cernement hors dc.« voieji r. XT,VII. .TII?I,I,F,T I 83fi. 1 1 idi LIVUES ITUAiNwKr.S. qui III! J>ill•ais^cnl senlcs dii ifftes veis la veiite. Des ce (l«;hii(, qiiclf]ii('s lecleurs prendroiit piMil-efre un pen crumbragc , et oh.sorvoront dc plus pris les rnisonncmeiis de I'anteiir; ftl. ral)l)6 Bravi n'y perdra rieii. Qiiand iiioine on s'ocarlerait do lenis en tenis de son avis, re qui est iiU'vitablc. on iccon- nait si l)icn en iiii ramoiir sincere dn viai et le desir de pro- pager les oonnaissanres utiles, (jn'oii le suit avce inteiet, qnelqnc rontc qii'il siiive. Son introduction meriterait d'etre citee piescpie en totalite, lant pour la justessc des pensees que pour oelle des expressions ; nous nous borneions par ne- eessite a Iraduiro le dernier alinea, on Taulenr iiidique plus specialenient son liMt et I'ordre qu'il snivra. II J'ai profite , ponr la i oinposition de mon ouvrage, des luniieres qn'ont rt'pandnes les ecrits des geometres dont je >iens de parlor : j'ai surfout mis a eontribiition Bernoulli, Cnndorcct el Laplttce. Mais, quel qu'ait ete le genie de ces homnies illnstres, quel que soit le merite des ouv rages qu'ils nous ont iaisses, il nie semble qu'on pout laire disparaiire des complications innlilcs et des obscuriles qn'ils y ont laissees, " ( orriger cerlaiiies errcurs qu'ils n'ont point aporcues, restituer a la S( ionce des principcs qu'ils ont omis. .le nie suis done altache a simplifier, a elablir enlre toiiles les parlies les liai- sons nocessaires, a roniplir des vides, et ce travail amenait qnelques cliangemens. Je devais aussi, pour rendre la science i'acile et accessible a tous, eviter les longs calculs dont les geometres nnt remidi Icurs ouvrages, deduire des notions les plus communes les principes fondamentaux, et trailer le tout par line metbode unit'crme : le public jugera si j'ai reellenient fait ce (jiie j'avais projeto. Jusqu'a present aiw^nn ouvrage italien n'avait Iraito d'une nianiere scientiliqne I'iniportante question des piobabilitcs; celui-ci conticnt deja bcaucoup de veiitos utiles, et detei minera sans doute quelque penseiu' pins profond a perlectionner ce que je n'ai qu'ebaucbe. » Le second chapitre appartient a la meiaphysique ; I'anteur y traite de la certilude consideree en elle-meme aulant qiCilnouH est possible de la connaitre. Ici la metapbysique no manque point d'amener son immense cortege de nuages, et d'en couvrir les notions les plus claires ; Vidiic c\c certitude senul dece nombresi Ton pouvait s'abstenir de cherchcr a I'eclaircir encore, si on I'employait partoul avec confiance au lieu de scruter peni- blemenl ce qu'elle pent elrc. Nous comprenons a merveille ce que c'est qu'/^'/iwn-, et les explications qu'on en donnerail ne nous apprendraient rien de plus; nous savous lout aussi-bien eeque c'estqne le doute; nous n'ignorons point qu'il diminue IT AUK. i63 a incsiirc que nous acqiicrons des connaissances relalivcs a Tobjet (le noire incredulite, el que, lorsqu'il est entierenienl (lissipe, la certitude le reuiplace ; en un mot, que, par rajtport a nous, la certitude est la conviction iniimc, el ne peut etre aulre <'.hose. Si de ce qui se rapporte a notre intelligence nouj pas- sons aux objets dont elle s'ocrnpe, il nous i'andra d'antres mots, car nous aiirons de nonvclles idees; et si, a raison dc quelque analogic partielle entrc I'une de ces ide€S et quelque autre appartenant a nn ordre de conceptions diflcrcntes, nous nousdesignons i'une el I'autre par le menie mot, I'expression manquera d'exactitiide, et le laisonncment oi'i cc mot sera em- ploye seressentirade cette incorrection. Si \cmo{ ceriitude (\ii?\- gne I'etat de I'espritqui ne do ute point, et ne peut don ter, puree qu'il apercoit dairement la totalitederobjet dont ils'occupe, il ne deviait pas etre permisdedire \acertituded'un fait. Danscc cas, pnisqu'il s'agit des c/wses, le mot iralite n'est-il pas le plus convenable, le mot propre ? M. I'abbe Bravi n'a pu echappcr cntierement a Tobscurite d'une discussion metaphysique, quot- que son raisonnement y soil d'lme sagesse remarquable , et qu'il t'asse tres-bien connaitre les causes de I'incertitude qui s'attache a tons les resullals de notre intelligence, memc en mathematiques. II dtmontic avei: une telle evidence la ncces- site d'evakier le degre de pBobabilite de c.hacune de ces ope- rations qu'apres avoir In ce chapitre on est persuade que la partie la plus precieuse de I'arl du raisonnement est celle qui etabllt les methodcs et dirige les applications du calcul (les probabilites. Dans les chapitres suivans rauteur discute successivement les notions de probahilite simple, de prchabiUte composee, et il passe en revue les causes diverses qui font varicr celles-ci, quant a la valeiir que nous leur altribuons. II traite ensuite de la combinaison des diffcrentcs sorles de probabilites plus on moins complexes, plus ou moins appreciables. L'lisage du calcul lui devient indispensable ; niais il le ruduit a des opera- tions d'arithmetique tres-faciles, et supplee par le raisonne- ment a ce que les signes algebriqnes enssent represente. Dans le troisieme cbapitre, au sujet de la probabilitc simple, une question de mots ne semble pas deplacee, etpeut repandre snr les choscs memes quelques luuiieres dont la scienc* prolile- rait. L'auteur, d'accord sur ce point avec tousles geomelro, etablit cette loi generate : « Dans une scrie d'cvenemens ega- lement probables, le degre de leur probabilite relative est ex- prime par une fraction numerique dont le numerateur est rnnite. rt doni le denoniinalenr est Ir nombre total dc ces iG4 Ll\KliS LTUANGKKS. pvi-nemens. » ^'ei't-ce fiAs une rd^le de calcul que Ton transformc ici en (oi? Les lois liennent essentiellement a la nature des (;lios("; ; tlaiis le cas dont il s'agit, cc n'cst plus sur les choses que portc nntie jug:Pment, mais siir la connaissance que nous en avons. Nous legardons comme egalement probables deft eveneniens doiit reventualite nous est inconuue au ni6mc degre, niais qui ne sont point egalement possibles, ni meme places dans des circonstanccs egalement favorabies. Ainsi, par excnible , les numeros d'une loterie occupent dans la roue, avant le tirage, une place determinee : voila pour ce tirage un premier fait : quelques-uns dc ces numeros sont en avant, d'autres en arriere ou dans I'intervalle ; le mouvemenl de ro- tation de la roue et la pesanleur les affecteront d'apres cette position initiale, et il est evident que leur place, apres !e mou- vement et au moment du tirage , depend de cclie ort ils se trouvaient d'abord. lis ne sont done pas tons egalement h la portee de la main du tireur, leur sortie n'etait pas egalement probable. Le calcul n'est done fonde que sur une hypothese representant, non pas Petal des choses telles qu'elles sont, mais notre ignorance de ces premieres donnees : ce n'est done pas une loi que I'on a introduite dans revaluation des chances dc la probabilite. A la rigueur il n'y a peut-etre point d'ev^- nemens egalement probables; on serait tente de raffirmer si I'accusMtion de fatalisme ne menacait pas le temeraire qui ose- rait avancer cette scandaleuse proposition ; mais ce dont on ne pent douter, c'est que les cas d'eventualite reellement egale pour un grand nombre de chances sont extiemement rares , et que parconsequent le calcid fonde sur cette egalite doit etre fort souvent en defaut. Get ouvrage meriterail une analyseapprofondie. Le peu que nous en avons dit d'apres une lecture trop rapide nous a con- vaincu de son utilite, et ce que nous avons pu relire est pre- cisement ce qui nous a le plus sitisfail. Gel ouvrage est tres-propre aprovoquer des meditations sans fatigue, et fruc- tueuses : on ne sera pas moins content des applications que de la theorie. II est bien a desirer que nos professeurs de philoso- phie sachent profiter de I'excellent travail de M. I'abbe Bravi. Ferrv. 21. — * Tealro dc Shakespeare, volgarizato , etc. — Theatre de Shakespeare, traduit en italien par Firginias Soncini, avee des notes explicalives. Milan, i85o; Ranieri Fanfani. Notre Rente a deja en I'occasion de lemoigner I'estime qu'elle fait des talens de iM. V. Soncini lorsqu'il publia son Histoire de la Suede. Aujourd'hui r'e^l avec encore phis de s.i- ITALIE. 1(55 I'lsfactioii que nous appltuidissoiis aux Iravaiix lillcrjires de cet ccrivain. Ses traductions des deux tragedies d'Othello et d« Macbeth, quiseules jusqu'ici ontparu, nous semiilent Ini pro- mettre un veritable succes. II a compiis son auleur, il I'a tra- dnit fidelement dans un langage pnr, facile et qu'il a su ani- iner de difi'eientes couleurs, selonles differentes pensees qu'il avait aiendie. Peut-etre pounait-on accuser M. Soncini de se servir qnelquefois d'inversionset de phrases qui s'eloignent autant de la siniplicite que de la hardiesse du style de Sha- kespeare; mais en general il sait Ires-bien rendreles expres- sions anglaises par leur analogues italiens, et nous osons dire qu'il est souvent parvenu a reproduire sur ses lecteurs les im- pressions que le texte original prodnit sur les lecteurs an- glais, de meme que nous ne croyons pas nous contredire en ajoutant que, dans certains passages, M. Soncini est plus simple et plus touchant que I'original. Dans les notes qui accompagnent cette traduction , il y a lent de grace, de bon sens et de profondeur, qu'elles seules sufEraient pour nous rassurer sur la capacite du traducteiir a remplir la tache qu'il s'est iniposce. ]Nous avons le plaisir d'annoncer que M. Soncini va sous peu livrer au public la traduction de quatre autres tragedies, et nous avons toute ralson d'esperer qu'il completeia re beau ettres-utile travail. Jusqu'ici'les Italiens n'avaient pu lire dans leur langue que quelques-unes des pieces de I'Eschyle anglais, traduites en vers par M. Leoni ; et encore cette tiaduction s'e- carte tellement de I'original , qu'on devrait plutot I'appeler une imitation. M. Soncini est aussi I'auteur d'une traduction des come- dies de Moliere, qu'on nous dit etre excellente : mais nous lie I'avons point encoie lue, et nous attendrons en conse- q»>ence pour en cntretenir nos lecteurs. V. Ouvrages perlodique^. 23. — * Annail universall di stalistica, etc. — Annales uni- verselles de slatislique, d'economie publique, d'histoire, des voyages et du commerce, •i?)' volume. Milan, i83o; on s'a- bonne chezles editeurs, quartier del Agnello, n" 960. Le prix de la souscription est de 20 lires par an, el .24 lires par la poste. Nous revenons toujours volontiers a ces Annales, parce qu'elles abondent en mal«''riaux qui nous conviennent. Plus d'une fois peut-etre il nous est arrive de faire usage a noire i66 l.lVKl'S ElUANGLilS. incu de (lonuees que iiotrc lui'muiie nous liippelait alors, of que le lleueil milanais nous avail founiies. Si nous sommes qnelque jour dans la necessite d'opposer une nouvelle resis- tance a racciimulation dcs proprielcs teiritoiiales entre les mains d'ua petit nonibie de possesseurs, nous emprunterons ceitainement dcs faits et des raisonnemens a denx articles in- serts dans le cahicr de mars de cette annee ; I'un est un Me- nioire de iM. le docteur Vanni, lu a la Societe desGeorgoplii- les, le 3 mai 1829, et rautie est I'analyse d'lin ouvrage de M. I'avocat 1'oggi, intitule : Essaid'un traiU theorico -prati- que sur le sjstiiiw de la distribution des propriet^s, suivant les loisct la jurisprudence de Toscane. L'autcur de cette analyse, M. Nannini, expose avec clarte les principes d'economic pu- bliqucqui resolvent toutes les questions relatives a cet objel, et dont le legislateur ne devrait jamais s'ecarter. On a fait pourtant chez nous, on y renouvellera peut-etre des tentati- ves pour imprimer a nos lois une direction contraire a ces principes. Et remarquons que ces Annales sont publiees en Italic, dans un pays on le gouvernement repr^sentatif cstabo- li : lieureusement les principes de toute bonne administration n'y sont pas meconnus, etil est permis de les proclamer dans les livres, et meme dans les ccoles publiques. 20. — * Giornale arcadico, etc. — Journal orradien des scien- ces, des iettresetdes arts. Komc, i83o; Arcliini, libraire, rue du Cours (via del Corso), n" 249. Journal mcnsuel de 8 feuil- Ics au inoins par cahier : format in-8"; prix de I'abonnement, 5 ecus romaiiis par an. Co journal, commence vers lu fin duxviii" siecle, a ete con- temporain de gsands bouleversemens poliliques, au lieu meme de sa naissance, el ii est encore dcbout : la raison hu- maine et tout ce qu'elle produil, les sciences, les lettres et les ai ts L'cliapperont desormais aux causes de destruction qui les atteigniient autrefois, et peut-otre a plus li'unc epoque ; les joiunaux qui secoiident les developpemens iutcllectuels et la propagation des coniiaissances participeront a cette iminor- talite; ils I'auront meritec. Le seul caliior de ce journal que nous ayons recn cette aniioe est du mois de Janvier, et tout annonceque les Iccteurs en seront anssi satisfailsen i85o qu'ils i'ontete jusqu'a present. Dans la section consaci'oe aux scien- ces, nous voyons que I'Tlalie a les yeux ouverts sur les tra- vaux de nos savans, et qu'elle s'emprcsse d'en profiler. Nos ouvragcs periodiques avertissent de I'apparition des ecrils digncs d'estimo ; on veut les juger par soi-meme ; el, s'ils re- pondent a cc que rauuonce promcttait , on les traduit : c'cst ITALIE. — PAYS-BAS i6r ainsi que la geometric cle M. (>liail-es Dupin va seivir a I'in-' atruction de ia jeiines^e ilalicntie. En litterattire, il fautavouer que I'ltalie semlilc nous livrcra nous-meine, ot attendre pai- siblemcnt que les acces de delire de qnelqiies-uns de nos pln.s fougueux novateurs soient passes : on ne parle point de nous; niais les aulenrs ilalieiis sufliscnl pouralimenlcr les journaux de celte contree, et occnper le loisir des lecleurs. Mais, afin dc satisfaiie en meme terns le goQtdela variete, les redatteurs y oat enlremele quelqnes echantillons n<7edesceaux et d'ecritures. 28. — * Histoire de COrdre de la Toisoii-u'Or, depids son ortgine jusqa'd la cessation des chopiires gmcraiix , tircc des ar- chives dc cet ordre et des otirrages aid en on( traite, par le baron de Reiffesberg. BruxcUes, i83o; imprimerie normale. Giand in-4° d'environ 700 pages, avec dix planches; prix, 84 tV. (i5 cent. Celouvrage enlierement ueul'est dedie au prince d'Orangc, au nomduquel, comme le dit jusiement I'auteur, se raltache tout ce qui est noble, grand, chevalere.-que. Dans um; iongue iutrodu( lion, M. de Reillenberg raconle I'origine de la Toi- s(ui-d'Or, en analyse les privileges et les statuts, en I'ail con- nailre I'espnt et les rapports politiques, puis examine a quelle puissance en appartient verilablemenl la grande- mailrise. Cette discussion Ires-approt'ondie est presentee avec une cir- conspeclion loute diplomatique, bien qu'elle mette la verite dans son jour. L'bistoire de I'Ordre, qui vient ensuite, est uu extrait des protocoles niemes, lenus paries grelfiers de la Toi- son-d'Or, avec des notes In'storiqnes, genealogiques, heraldi- (|ues et littcraires , et des appendices tires soit de manuscrils prccicux, soit d'ouvrages imprimcs pen comnums. Voici un I'ait, entre mille autres, qui donnera une idee des reuseignc- niens prccieux quu contient ce bel otivrage. Les chevaliers de rOrdre cxenaient autrefois les un? sur les autres une censure 172 LIVRES ETRAINGERS. — UVUES FRANCAIS. morale, dont la hurdiesse etoiiiieiail de nos jours, quoique nous conimencious a devenir difficiles en fait d'audace. Le terrible Charles de Bourgogne, surnomme le Temeraire, n'en ctail pas plus exempt qu'un autre ; et , en 1408, il s'atlira, de la part dc ses confreres et compaignonf., la rrprimande sui vante : «Que mondit seigneur, sauf sa benigne correction et reve- rence, parle parl'ois un peu aigrement a ses servileurs, et se trouble aucuues (bis en parlant des princes. — Qu'il prend trop grande peine, dont I'ait a douler qu'il en pfit pis valoir en ses auciens jours. — (^^^^ ^ quand il fait ses aruiees, lui plQt tellement dresser son fait, que ses sujets ne fussent plus ainsi travailles ni foules, comme ils ont etc par cl-devant. — Qu'il venilie eslre benigne et attempre , et tenir ses pajs en bonne justice. — Que les choses qu'il accorde et dit, lui plaisc entre- tenir et etre veritable en ses paroles. — Que le plus tard qu'il pouna il veuille mettre son peuple en guerre, et qu'il nc le veuille faire sans bon et mflr conseil. » Nous le demandons , jamais Chambre de deputes, jamais parlement tinrent-ils un langage plus fernie , et de pareilles semonces ne fonl-elles point prdir ces adresses contre lesquelles se gendarment si fort certains ministres qui voudraient nous ramener aux traditions dupassedont ils ignorent, couimeon voit, la valeur P — L'his - toire dc la Toison-d'Or jette un nouveau jour sur les regnes de Fhilippe-le-Beau et de Charles-Quint, ainsi que sur le pro- ces des comles d'Egniont et de Homes. — Les planches sont copieesd'apres d'anciennes miniatures , et offrent desportraits, dps blasons et des costumes. P. LIVRES FRANCAIS. Sciences p/iysu/ues et naturelles. 29. — Notice sur quelques animaux elevSs et apprivoises ; par iM. Chassay, lieutenant-colonel en retraite. Bayeux, i83o; Groult. In-S" de 20 pages; ne se vend pas. i\l. le lieutenant-colonel Chassay a pris plaisir a apprivoiser des epervier, uruignee, coclion, crapaud, loup et co(f : cet ordre est chronologique. Ce qu'il a fait et comment il a fait, I'auteur I'expose avec une erudite et une simplicite dc langage qui font image, et qui le montrent dans un ctat voisin de i'extase, plus occupe de ses eleves que de son lecteur. Le loup, auquel il a donne ses soins, etqui a vecu de i8i4 a 1828 a la menagerie du jardin du Roi, excila un certain interet. M. Chassay parait persuade que la nature I'avait doue SCIKNCES PHYSIQUES. xfo rle faciilles ad hoc ; il parlc cle son point de mire juste et de son lad lout particulier pour reclucatiou des animaux. Aiix questions comment il s'y prend, il repond : « Je re garde d'aijord I'animal avec desyeux oi'i il distingue enfln uu viF sentiment de bienveillance pour Uii;i'oludie ses besoins, ses moindres desirs; j'j pourvoie. Est-il nn etre au nionde qui resiste a des caresses , a de tendres soins dont il est Tob- jet ? » Tel est le precis de ses reponses. Son secret, c'est d'aimer pour etre ainie a son tour. M. Chaseay conclut de ses experiences qu'il est ainsi pos- sible de changer le naturel des animaux. Cependant, si leurs habitudes d'aujourd'hui n'otaient que le resultat d'une con- trainte qui les aurait anciennement modifiees, si elles ne I'or- uiaient que des habitudes viciees par I'intervention el la multiplication d'une espece qui combat avec la toute-puissance de son etat social pour t'asciner et asservir tout ce qui existe autour d'elle, les experiences de M. Chassay ne prouveraieni que le fait d'un retour a I'ancien ordre de choses. (iEOFFROY-SAINT-HlLAIRE. 3o. — * Cours de C/iiniie generate, par )1. Laiigier, prol'es- seur de chimie au Jardin dn Pxoi. Paris, 1829; Pichon et Di- dier. 5 vol. in-8° avec un atlas; prix, a4 fr. Nulle science ne fait des progres plus rapides que la chimie ; nnlle science n'est en mcme tems lobjet d'un culte plus ge- neral. Le merveiileux de ses experiences captive d'abord I'at- tentiondes hommes, qui plus tard sentent le besoin de s'initler ii ses theories. II n'est gutre de carrierc en effet oii la chimie ne donne lieu aquelques apj)licalions utiles : toules les profes- sions industrielles exploitent ses ressources; la medecine et la pharmacie lui empruntent la preparation de leurs medica- mens ; I'agriculture y trouve I'explication de quelques-uns de ses my>teres; et I'homme du monde lui-meme ne pcut so dis- penser de rendre raison par des explications chimiqnes d'une foule de phenomenes qui se passent tons les jours sous nos yeux. On peut tronver la mcsure de ce besoin general de connais- sances chimiqnes dans I'avidite avec laquelle sont snivis tons les cours oil I'on s'occupe de cetle science. A Paris, le vaste amphitheatre de la Sorbonne, cclui du college de France et celui du lardin du Roi suffisent a peine pour recevoir toute une jeunesse avide d'instruclion. En province, des chaires de chimie sont etablies on s'etablissent sur tousles points, etparfout res cours sont suivis avec passion. Les publications sur celte srient p ont dn se lessentir He cet elan ; aussi depuis qnelque i;4 LIAIU'.S FIIANVAIS. tems vdyons-nous piilluler li;s Iraites tie chimic oloinenlnire, on appliqiicc ; on pourrait en ell'ct eu cilcr an mnins vingi fpii ont etc publics v.n Prance dopnis cinq ans. Tontes ces pnhlicalions snr nn uiCnie snjct prnuvcnl , n'en dontons pas, uii {jiaml Wcsoin d'nne science, dont les cleinens leront sans donle bienint parlie de renseigncmcnt elemen- taire. L'ouvragc de M. I-augier est la redaction dn conrs proffsse par ce savant dislingiie an Jardin des planles. Ce couis qni ne coinprend cpie cinquaiitc-trois lecons, laites du niois de mui au niois d'aout, doit presenter nn sjsfeme coniplet de connais- sances chiniiques a I'nsafije des nombieiix eleves en pharnia- cie et en medecine, qni suiven t lescours d'ete dn Jardin des pian- tes. LesconnaissancesetendnesdeM.Laugier, sestiavanxnoni- brenx etsa longne experience de la science rendent son conrs extreniement instructif, et les homines qui pcnvent y assister, de nieme qne ceux que leur eloignement de Paris prive de cet avantagc, ponrront se procurer son onvrage, qui est concu avec methode, ecrit avec clarte, el qni est mis ainsi meme a la porlee des pcrsonnes qui ne vcnlent pas faire de la chimie nnc etude approf'indie. Le professenr examine d'abord les corps simples non metal- liqnes, les oxides et les acides auxqncls ils servent de radi- canx. Les metanx divises en six sections se presentent ensuite avec leurs oxides; puis vient I'etnde gcnerale et speciale des sels. L'ouvragc est termine par I'etude des deux chimies orga- niques. En general M. Langicr a pris pour base de son cours celni de M. Tlienard. 3 1. — * Coars de chimie, par M. Gay-Lussac ; comprcnant rhistoire des sels, la chimie vegetale et animale; cours I'aita la Faculte des sciences. Paris, 1828 ; Pichon et Didier. 2 vol. in-8°; prix, 18 fr. Les cours de la Sorbonne sont partages en denx parlies qni sent confiees chacune a des prolesseurs ditrerens. C'est ainsi que le cours do chimie a cte long - tems pai tage entre MM. T/ie'narrfetZ)((/on^, etle cours de physique entre MM. Cay- Lussac et PouiUet. Des arrangemens do t'aniille ont provoque un echange de travaux entie MM. Gay -Lussac et Dnlong. Cette circonstauce, qui a prive i'auditoire de la Sorbonne des savantes lecons de I'nn de nos pins inlatigables chiniistes. a fait connaitre au moins eu ( umpensatiim la maniere dont nn de ses dignes emules envisage la science. Jusqtie-la le public n'avaitrecn do M. Gay-Lnssacqne d'ex- cellentes et inslructives lecons de physiqne el Ton devait de- sirer ardemment d'cniendre p.irlcr s\n- la chimie I'illuslro an- SCIENCES I'ilVSIQlJKS. i-5 Iciir lie taiil de tiavaiix el d'impoi (antes docoiivertes (pii onl t'liriclii celle branche de iios connatssances. M. Gay-Liissao a dans cet eiiseignement soiileiiu digne- nient sa repiilation (.onime savaiil el commc pro lessen r, el il a sii , ihose assez diPTicile, con^erver uti andiloirc assez itomhreux jusqu'a la fin de ses lecoiis. L'nidre du coins lui legtiail line des parlies les plus arides de la science, telle qui, Yivanl moins d'experieiites amnsantes. paile pins li I'intelli- geiice qn'aijx yeiix. Cette partie embrasse les sels ct la chimie organiqne : elle conipiend trente-tiois lecons, qui ne snlfiserit pas ail cadre d'une science qui s'agrandit chaque jonr. Aiissi loutesles lecons sont-clles hien snbstanliellcs el tort nourries. Nous enieltons ici tin regret, c'est de voir resserrer autant nn enseigneinent dont ie public et les professeurs senlent si pr- iiiblenient I'insutrisance. On a eu Thcureuse idee de stenographier et de publier les lecons de 31. Gay-Lnssac, et c'est cette publication que nous annonrons. Elle est nne expression assez fidele des lecons du savant piofesseur, quoiqu'elle n'ait pas ele retouclice par lui, el nous croyons qu'elle sera, de la plus gr.unle iitilite a tous les amis de la science etde reiiseiguement. Elle sera sni'- loul utile i\ la ciasse nrmbreuse d'etudians qui suivent les coursde la Sorbonne, et(|iii, souvent elrangersa la science, sui- vent avec peine lessavantes lecons du prol'esseur. lis trouve- ront ici un guide qui les previendra des matieies traitees tla;is chaque Iccon, et qui Icur permetlra par l.'i meme de se pre- parer a la recevoir, et de la mcditer encore apres ravoirrecue. 32. — * Lecons itc cliimie appliqace a la teinture , par M. E. Chevreiji, , membre de I'lnstitut. T. I" : lecons 16" — jo". Paris, i85o ; Pichon et Didier. Le cours coniplet sera compose de 4 vol. in-8° fcrmant en tout environ 3,5oo pages, etcom- prenant 60 lecons dont le prix est de 45 ir. En annoncant le 1" volume de cet ouvragc (voy. Rev. Enc. , t. XLii, p. 466), nous avons presente des observations generates sur le plan de i\l. ChevrenI et sur le merile ct I'nti- lite de son livre. Le volume que nous annoncousaujourd'hui, digne en tout de la graude reputation de I'auteur, n'appelle notre attention que sur ses details. 11 coniprend couime le premier quinze lecons. 11 termine I'etude des metaux. puis il s'nccupe, avec tons les developpemens desirables des acides et des bases organi- ques pour trailer immcdiatement, d'une matiere plusgenerale et plus complete, la ciasse si imporlaute des sels. Cet ordre est une innovation lieurcuse qui a permis a M. Cbevreul de grouper I'ptude des sels sans distinction de regnc , ct qui per- 176 LIVRIiS FllANCAIS. met ainsi de clonner aux principcs plus de g6neralitc. Jusqu'a present les aiUoins qui ont liaite la chimie d'line maiiiere ele- nientairc n'orit prescnte les piopiietes geneiales des sels qu'a- pres avoir adopte uiic classifitation par genres, etablis on d'a- pres la nature de la base ou d'apres la naline de I'acide. Ces deux modes d'ttal)lir les genres conduisent I'un et I'aulre ;'i ces generaliles qn'il est important de i'aire eonnailre, et M. Chevreid montre les sels sons ces deux faces principales. Ayant a Iraiter dans ce volume la chimie organiqne dont il s'est occnpe avec lant de perseverance et de succes, M. Che- vrcnl a resume tout ce qui a etc public d'inleressant surcelte matiere, et ses travanx sur les corps gras, sur le blen de Prusse, sur les matieres colorantes y occupent une huge place. On lira siirloutavec interet I'arlirle indigo, qui, envi- sage dans ses proprieles cliimiqucs. dans sespreparalions, ses qualites commerciales et ses emplois industriels, est le travail }e plus complet qui ait cie pul)lie sur cette inatiere. En resume I'ouvrage de M. Chevreul est remarquable par les vues philosophiqueg qn'il a sn repandre sur la science, et par la darte et la simplicite qui regnent dans ses explications. Ces qualites rendent son livre digne tout a la fois des medi- tations du savant et de I'eleve. Dubbunfact. 33. — * Cours de Chimie elementaire et industricUe, destine aux gens dn monde; par M. Payen, manufacturier-chimistc. Paris, i83o ; Thomine, rue de La Harpe, n" 88. Cet onvrage parait par livraisons de deux feuilles chacune ; prix de la li- vraison, 60 cent. La Societe des methodes d'enseignement ayant desire qn'il flit fait un cours public et gratuit dans lequel les principcs de la chimie et lenrs applications a I'induslrie seraient mis a la portee de toutes les classes d'audilenrs, M. Payen a consent! a remplir cette tache. Ce cours se fait dans le local de la So- ciete, rue Taranne, n"i2; les lecons sont slenographiees et imprimees. Les trois premieres lecons sont actueliement pu- bliees; ellcs sont dignes du savant dcsinteresse qui sacrifie si genereusement son tems et ses peines a inie branche \itile d'enseignement. Les six feuilles qui sont en vente ne renfer- ment encore que rcnonce des propositions de physique les plus necessaires a I'etude dc l;i chimie. Les livraisons parai- tront sticcessivement a mesnre que I'auteur conlinnera ses tenons, Francoewu. ' 34. — Esaai sur la Navigation dans fair. Note presentee a PAcademie royale des Sciences, dans la seance du ai dc- cembre 1829, par Dupins-DF.tcovnT. Paris, i83o; Delannay. Grand in-8" de 56 pages. SClElNCliS PHYSIQUES. 177 L'art de voyager dans les airs occupe en ce moment quel- ques esprits dans les deux niondes ; en Amerique, M. Genet et ses cooperateuis, et en Europe, trois rivaux, MM. Dtpuis- Delcoiirt, Chabrier ct Vallot. M. Genet a fonde ses projets sur quelques pro|>rieles qu'il altribue aux fluides elastiques; s'il echone, ce ne sera pas a ses hypotheses qu'il inipulera le nnn succes. Ici, lesconturrens en aerostation paraissent pleins de confiance; car ils s'empressenl de laire constater I'epoque precise de leurs decouvertes. Nous n'aYons aucuiie connais- sauce de celle de M.Valhjt, ingeiiieur-mecauicien : nous man- quons aussi de toute notion sur hi machine de M. Cliabrier, tres-dillerente, dit M. Dupuis-Delcourt, des applications que le menie savant a voulu i'aire de ses idees sur le vol des oi- seaux. Tout ce que nous savons , c'est qu'il j a quelque res- semblance enlre les vues aerostatiques de MM. Dupuis-Del- court el Cludjriei' ; qu'il y en a de meme entre les mecanismes de MAI. Cliabrier et Vallot; mais peul-elrc n'y a-l-il rien de commun entre le premier et le troisieme tie ces invenleurs. (1 Mon intention etait de presenter a I'Acadenu'e, surmes nioyens de \oyager dans Pair, un Mt^moire detaille el digne de fixer son attention : il n'est point termiue. J'aurais attend u encore, si, dans le travail que vicnt de soumeltre a I'Academie sur le meme objet, M. Chabrier, il ne se trouvait des points de res- semblance qui m'oliiigent a prendre dale, pour eviter a I'ave- nir toute reclamation, ou toutes i'ausses interpretations. » M. Dupuis-Delcourt donne une idee de son aerostat diri- geable : plus d'un lecteiir ne trouvcra pas dans son imagina- tion les moyens de suppleer a ce que sa description ne fait pas assez connaitre. L'auleur ajoute ensuitc :"0u trouve lacile- meut, au moyen de quelques opeiations simples et daires, le calculrelatil'des dimensions, des pesanteurs, forces et resistan- ces necessaires a une semblable machine, non pour marcher contre un vent violent, ni pour lutter contre une atmosphere en I'urie, mais pour avancer par un tems calme, devier par uQ vent i'aible, etvaiucre les oscillations, s'il y en avail, les frot- temens, la force d'inertie, celle (legere) d'asceusion qui rom- prait I'equilibre , et tenterait de faire elever la machine, tout ce dout enfin on n'aurait pu faire etat. »Si l'auleur possede ef- fectivement une methode simple et claire d'appliquer le calcul a sa machine, et de resoudre toutes les questions relatives a sa construction et a son mouvement, il devrait en enrichir les sciences malht'uiati(jues ; une aoipiisilion aussi precieuse ne serait pas moins estimee que l'art de diriger les aerostats. L'auleur continue ainsi :« Une fois le mouvement en ligne T. xfcvii. Jiiij.i.F.T iSoo. la 178 J.IVllES FRVNCATS. (Iroile coinmeiKHV, il laul romptoi' que I'acroslat Iroiivciait cii lui-memc iine noiivelle puissance ilans sa force (I'inipiil^ion. l)ii ct>tps long el etroit, tel qvic serait celiii cle cetle iuaotre .luteur, que les moyens qui y sont indiques sont du ressort de la chirurgie dont I'exercsce est confie sans le moindre inconvenient a nos eleves les moins forts. «Votr« Commission conciut ananimement f\UQ. la methode de M. Gondret n'est pas nouvelle, qu'elle pent etre dange- reusedans certains cas, que cette methode ne doit pas etre exclusivement employee, qw'elle est d'une application tres- simple et tres-facile, et a la portee de tout le monde, etqU'en- fin Jl n'y a pas lieu a accorder au docteur Gondret une salle dans les hopitaux de Paris. » M. Gondret ne se resigne point k subir toutes les conse- quences de cette condamnation; il en appelle au jugement du public, et rev«ndiqiie la part d'estime et de confiance que la decision academique pounait lui faire perdre. II s'agitdonc. pour ceux qui sont etrangers aux sciences medicales, de mul- tiplier les faits aulhentiques, et, pour lesmedecins, d'appro- fondir la discussion, et d'examiner si la Commission acade- mique ne s'est point trompee dans son jugement. II parail, d'apres la preface de cet ecrit, que I'Academie de medecine n'a pas encore adople les conclusions de sa Commission, et que la cause n'est pas jugee. Puisque le plaidoyer peut etre continue, revenons au rapport de M. Lisfranc. 11 faut avouer que ce docteur expedie lestement une question grave : ilsem- ble meme qu'on apercoit dans ces decisions brusquees I'habi- tndc de prononcer, d'apres un simple et rapide coup d'oeil, s«r la vie d'un pauvre malade. On serait autorise a conclure que les droits de rhumanite sont peu respectes dans quelques hopitaux de Paris, peu connus de quelques-uns des medecins attaches a ces etablissemens. Les malades y seraient done li- vres a I'apprentissagc des eieves, comme I'argile et le platre aux jeunes artistes qui aspirent a exercer leiir ciseau sur de* i8e LIVRRS FllA.NtAIS. matit'res precieuses. Que ces medeiins y piennent garde; ils n'ecliiipporont pas tonjouis aiix rcgnnls sciiilaleiirs dc qiicl- qucs sincrrcs el jiulicioiix amis de I'liiimaiiiU' ; (Sri leiir rap- pellera ([(le lo i\ni'lcni Siorc/i , avaiU do I'airc aiicuii usage de I'exlrait de ligiie, cii fit siir hii-ineme uii essai prolonge, et ne se permit aiuume expcrieiU'C siir Ics h.mmies coiiries a ses soins dans les liopilaiix de Vienne. On (|tiaiifiera conime il doit I'etre ce iiiepris j)Our I'hoiiiine aceahle de souflVanees et de niisere,ce revoltatit abus de confiaiice, qui ne craiut point d'exposer a une mort ceilaine le malheureux qui est venu cherclier un reinede ou nn soulagenienl aux maux qu'il en- dure. Les noms seront places a cote des epitheles merilees ; il est terns de t'aire une justice complete. M. Gondret remaiqne (|ue liuis des mendnes de la Com- mission n'ont pas sigue le rapport, et que les conclusions n'ont peut-elre pas ele adoptees aussi iinanimemciit (pie le rapporteur I'a dit. De plus, uue discussion assez vive s'est elevee dans TAcadi'mie a la seance on ce rapport lui fntcoiii- niuni(|ue. i^l. Gondret p.ro(!iiitquel([ues exirails d'antiens rap- ports de lM. Lislranc <}ni lui soul jdus lavorables; mais , si 1 influence dc (piehpies viies (!'tiangercs a la science ne se ma- nifestail point dans cetle affaiie, on justifierait ais(;ment M. Lislranc decesvarialious, qui peuvent elre le r(2suUat d'ob- servations nouvelles, de connais-auces plus mCires et plus completes; mais ce docteur ne pent elre excuse, ni anx yeux des medecins, ni a ccux dii public, d'avoir fait un rapport oii les convenances les plus ordinaires sont aussi mal obser- vees. Nous n'examinerons point en dcilail la repiiqiie de M. Gon- dret elle nous mcnerail trop loin , ou bien notre examen serait i.).-etala legledes >ignesdc Descartes. On y voit encore des ob>ervalionsnonvelles siu'la theorie des racines reciproques, sur celle des ladirawx reels et imaginaires de tous les (legres. etc. (let onvrage est princi[>alemcnt destine aux professeiu's des Colleges royaiix et aux eleves qui se des- tinent nn-x divcrses ecoles miiitaircs. Ad. G. 57. — /Ipplicoiion des Globes a la Trigonometrie splieriqiie et a divers eaktils d' astronomie et de geographie , poor servir d'ap- pendice a rouvrage de M. F. DELAMARcnE, gengraphe ; par John Jump, iiiventcnr d'un instrument qui represente les cer- cles verlicaux de la spliere, appronve par la Soiciele de geo- graphie. Paris, 1829; F. Delamarclie ; Fayolle. In -8" de 104 pages; prix, 2 Ir. Lorsqn'on n'a pas besoin d'une grande precision de calcul, on pent resuudre sur un globe tous les problemes de trigono- metrie spherique,' an moyen de ccicles mobiles, propres A mettre en pla';e les donnees de la question : c'est ce que M. Jump expose dan-« cet onvrage. Les melbodes grapbiqnes, foiuMiies par la geomelrie descriptive, vont plus pres du but, ft entrc des mains exercee? , poussent I'approximation assee i8a LIVRES FRAiNCAIS. ktiii. Enfin, poiii'les besoins de I'asti'oiioiine cl de iscy applica- tions, rion ne pent siippleer ai» de{;fre d'exactitude que Von obtient par les iiictliodes comiiies. L'tisaf^e dii globe et des so- lutions qu'on pent obtonir par les piocedes de M. Jump est rerlainement utile aux conimcncans ; il les accoulunie a se re- preseuter, soil sur la terre , soit dans les espaces celestes, les operations des geograpbes et des astrononies , et les met ea etat de se passer do ce mecanisme pour des etudes plus ele- vees. L'introduclion de ce petit ouvrage dans renseiguement pent done rondre un service reel , soit a la jeunessc truction ; car on doit avoncrque la phipart des meuniers sont depourvus des etudes theoriques les plus necessaires a Icur profession. II n'en €st pas moins certain que les perlcctionneinens que cet art a rccus de nos jours n'orit pu eire I'aits que par dcs houimes reniar- quablesparleurs luinieres, et dont on doit ecouter les conseils lorsqu'on veullivrer a la consommationlesi'arineslcsplus belles avec pen de I'rais et de dechets. L'appreciation de la force mo- trice du vent on d'un cours d'eau, Temnloi debi puissance de la vapeur, la'maniere de gouverner ces actions avec adresse et economic, le cboix des engrenages, I'art de diminuer les frotte- mens et de tirer partie de la force centrifuge dcs meules tour- nantes sont des choses qn'oii ne pent savoir sans une elude parliculiere; ici la iheorie est anssi indispensalile que la pra- tique. L'onvrage d'Oliver Evans merite d'etre medile par toutes le.s personnes que ce sujet interesse, parce qu'il Fa embrasse dans toute son etcndue. Cet bal)ile mccanicicn, connn par le parli qu'il a sn tirer de la vapeur a baule pression, et par I'ou- A rage qu'il a public sur cette matiere, joint des connaissances exjierimentales a celles que I'etude de la tbcorie bii a peruus d'acquerir. II passe en revue toute» les parlies de la meunerie. Apres avoir expose les principes de mecanique necessaires a cet art, etanal3'se les niacbiues simples et leurs combinaisons, lanl en repos (ju'en mouvcmcut , les fails d'expcrience qui luodifienl la llieorie, et partic(dierement ceux qu'on doit a Smcaton sur la force dn venl et cclle de Tean, I'auleur iudique les regies propres a la construi lion des roues hydrauliques el des ailes de mouiin a vent. Dcs tallies clairemeut disposees >oul piopres a guider le constructeur dans le i hoix des mojens po\n' tirer parli des cours d'eau lor.s de letablissement des roues. F^es instructions de T/i. EUicoi , de JV . French , con- slructciM's de nuHilins, el de Tli. Jones, jetlent sur ce sujet la clartc de.^irable. On trouve dans I'ouvragc lou? los details cans doule, aux savantes et consciencieuses re- cherches de M. Raibi, I'un des coliaborateurs. Nous y aurions seulement desire quelques pages de plus, sur I'industrie ma- niifacturiere, surtout pour les litats doni elle forme la princi- pale lichesse; et sous ce rapport, sans doule, la France et I'Anglelerre meritaient bien quelques details, que le plan de cet ouvrage semblait d'ailleurs comporler. L'Atlas, dont nous avon$ encore a parlcr, conlienl seule- )9o LTVRES FRANC AIS. ineiil (louzc cartes, executees avec iiii soin «!t uiic dolicalcs.se cle huriii reniarqual)les, et donl rexactilude no pent etre mise en tldute, jniisqn'elles soiit I'oiivrage de M. Poirson, donl le (alenl est f^i bien lonnii, ct a (|ui i'on doit Ic supcibe glohc manuscrit qui oinc le milieu de la galcric d'Apollon, aii Louvre. Cos carles sont precedecs de pliisieuis tables in- diqnant la position des capitales des cinq parlies du nionde par rapport ail nieridien de Paris, ainsi que la valeur conipa- rarlive de lenrs jioids et mesures el de leurs monnaies, rappor- tes aux notrcs. Y. Z. Sciences veligieuses, morales, poUtiqaes et historiqacs. 42. — Etablissc7neiit protesiant pour I'education d'enfans pauvres , an Ncuhof, pres Strasbourg. Strasbourg, 1829; im- primerie de IM°" veuve Silberman. Iii-S" de 16 pages. En lisanl eel ecrit on prend tin vif inleret a rclablissemenl de JNenhol' el a ct;ux qui le dirigent : JI. Krafft, superieur du pensionnal theologiqne attache au seniinaire proteslanl, etc., esl president du Conseil d'administraliou et redacteur de celte notice, (|ui, dans I'espace resserre de 16 pages, contient la biograpliie du I'ondateur principal, I'liisloirc el I'organisation de letablissement, la distribution des lieures du travail, soil a I'etude, soil au menage eta lacomptabiiite, les noins des bien- I'aileurs et la note de leurs dons. Anetons- nous un moment a la biographic par laquelle M. Kraft't a debute, car le vertueux Wv'RTit, model accompli du chretien, est "un de ces hommes qui I'onl honneur a I'himianite, el donl la vie fait connaitre tons les biens que le christianisnie repandrail sur la terre s'il etait niieux connu et si ses maximes etaicnt mieux suivies. "VN nrlz naquit dans la pauvrcte, supporta des I'enfance des iiiforlunes donl la religion le consola, ne perdit pas de Yue un seul instant le but du voyage que le chretien fail sur la lerrc, el la route par laquelle il pent I'atteindre. Le pen de biens quMl avail acquis pai' sou travail, ses soins duranl les dernicres an- nees de sa vie, tout a ele consacre a relablissemenl de ISeuhof. Un simple monument y conserveia son souvenir; sur I'une des faces on lit cette inscription : « Piiilippe-Jacques Wurlz, I'ondateur princijtal de retablissement pour reducation d'en- fans pauvrcs au Neuhof, ne le ig oclobre i745, decede le 23 juin 182S. » Sin- une autre face : Paroles du defunt en iSaS. « Ce bieu lerrestre n'est point ma propriete ; c'est un»talenl que m'a prete le Seigneur, el je dois le lui reudre avec usure ; jfi le lui rendrui en le transmellanl a ces plus petils de mes SCIENCES iHOUALES. 191 fieics. i)Troisieme face : I' arches du SEicnr.uR. nO bon et fidi'le servilcur, tu as ete fidcle en pen dc choses ; je t'etablirai sur beaiiroiip; entre dans la joit! do ton seigneur..) Qnatrieme i'acc : Sentimeistdes enfans. k Dien ! tn as delivro mon ame de la mort: tn as garde nics pieds de l)ronrher, afin que je mar- ehc devant Dien en la lumiere des vivans ( ps. 56, v. i4). » Pour avoir une juste idee de la vie loute chretienne de Wurtz, il fant lire cette notice tout entiere, et remarquer que cet liomme d'une veritable piete a traverse tonte la revolu- tion, subi ses calamiles, supporte ses orages, sans que la tran- (juillite de son ame en ait ete tronblee. An Neuhof, outre rinstrnttion religieuse que recoiveat les enfans, on leur fait apprendre le francais et I'allemand ; la calligraphic, le dessin lineaire, la geographic, le calcul, etc., sont augsi robjeldelecons assez freqnentespour que les jcnnes elfevescn tirenl un profit reel. Le menage et les travaux cham- petres sont faitspar lesenfans, sansleconcours de domestiqnes ni de joninaliers. Malhcureusement, quoiqne le zele des bienfaitcurs se soutienne, il eprc^uve des variations qu'il serait important d'eviter : nous lisons dans cette brochure, an sujet d'un envoi de poninies de'terre et d'autres denrees, fait par la commune de Lampcrtlielm : « Ce dernier seconrs nous arriva a une epoque oi'i notre [rovision etait epuisee, tnie avance de quati-e sacs consonmiee, et on notre pusillanimile etait sur le point de se deniander : que mangeront nos enfans';' >■> Les do- tations faites aux etablissemens tels que celni-ci sont aussi I'un des moyens par lesquels la Providence pourvoit a leur conservation : il serait bien a desircr que les largesses prodi- guees anx enuvens reciisseut cette destination. La iiienfaisance appliquee a I'education des enfans pauvres ne fait sans doule aucunc distinction entre les diverses communions chretiennes; rinstitut dn Neuhof ne pent encore se passer d'offrandes an- nuelles. Les c/ireticns disposes a venir a son seconrs voudront hien adrcsser leurs dons soit a M. Krafft, soit a I'un des mem- bres du Conseil d'administration, qui sont ;\Ii\l. le professeur Heruen CHXEiDEB, LuAG, marchand de soieries, Dolde , pro- prietaire, Hickei, , notaire royal. On pent aussi adresser a MM. ]>EGRA>iDpere et fils, membre? correspondans, a Fouday, an Ban de la Hoche. Y. 43. — f-e I' ocabulaire des Soiirds-Mnets (^parlie iconogrnplii- qiie) ; premiere Uvraison, contenant cinq cents noms appella- tifs dc la langne usnelle, interpretes par un pared nombre de figures conespondantes; par M. Piroi x, directeur de I'lnsli- fut des sonrfls-muets de Nancy, Jiiembre de plnsieiu's So- 193 liv];j:s fua.ncais. cieles savantcs. Nancy, i85o; a rclablisscnient ties soiii-ds- muetsct (he/, L. Vincenot el Vidart, an Casino, Iii-8°; prix de cliaqnc livraisun, 2 fr. oo c, 5 IV. jiom' les non-souscriptcnrs; les aulres liviaisons paraitront de six en six mois. l)n travail dn genre de cciiii dont nons venons de tracer le titrc avait etc reconunande pnr [M. de Gkraisdo dans son esti- mable onvrai;e snr rinstrnclion des somds-mnels ; ftl. I'ironx etait bien dij;n(; de s'axsocier an voen de llionorable philan- trope en raicoinplissant. Son onvrage, qni se coniposcra de cinqiivraisons, est diviseen pailieici)nographi(|ne ct en parlie lexic(»loj;i(|Uc , c'est-a-dirc qu'il rcnnit des fignres et des ap- pellations coiiespontiantes ; on concoit tons les avantages de cette melliode poor parlci' a la I'ois aux yenx et a rintelligence. L'anlciii', poiw exciter pins encore Ic travail des eicves, a en le soin de placer les fignres au verso dn t'euillel snr leqnei les noms sont inscrils. Nous ne ponvons qn'enconrager I'anlcur dans son nlilc cntrcprisc, (|ni a deja oijienn les snllVages ties direclcnrs d'etablisseniens royanx , parnii los(|nels M. I'ironx fignre ini-mOmc si honoral)Iement. L'instniclion d'nne classc d'elres niallieurenv, dont [ires de nioilic en Fran::e, environ 8,000 individns , n"en pcnvent recevoir ancnne, en devien- dra plus simple et pins facile. L'anteur aura done rendn par la nn service important a la societe. D.... 44- — * Hlstoirc fiiianciere de la France depuis rorigine de la monarchie jia^qu'd la /in de 1 78G, avec nn Tahlrau general des anciennes impositions et I'.n Etat des rcccttes et des depmses da Trisur royal a la nieme epotpu; ; par i\l. S.. Baii.ly, inspec- teur-gencral des fniances. I'aris, i85o; Moutardier, rne Git- le-Ca-nr, n° Zj- ^ vol. in-8" ensemble de xxxvi et g54 pag.; prix, ID I'r. L'anncedcrniere, M. Jacques Bresson piiblia sous ce nieme litre un onvrage dont il a ete rendu compte dans la Revue EncycLophlique ( t. XLi , p. O78), et qui n'elaii, a propre- nient parler, qn'nn expose de la vie des snrintendans et des ministres des finances depuis i5oi jnsq I'en 1800; M. iJrcsson n'avait point traite son snjct conime on aurait pn I'atlendre de son talent, et le travail etait a ref.dre ; ivl. BaiUy est entre dans la carriere, et son livre est en quelque sorle la contrc- partie de celui de M. Bresson. Laissant de cole les noms et les personnes, il s'attache aux fails et passe en revue I'etat des finances sons la domination romaine et sous les trois pre- mieres races. On voit qu'il s'est beanconp aide de I'ouvrage d'Arnoidd, public en i8o6; ses recherches Tout complett; : inais i! est a regretler tpi'il n'aitpas suniioux resumer les fails \ SCIENflLS MORALES. i-^" el qu'il n'ait pas I'ait lesbOiiir avec pkib tie force cl tie clarlc les differences notables qui se font reniarf|uer dans les divcrscs phases de noire histoire ; son livre renferme beaucoiip de choses, beauconp de documens a consuller, de maleriaux im- porlaiis; ils seront utiles A celui qui saura nous donner enfin un tableau complet et precis, appuye sur des cbiffres, de I'iiis- toire de nos finances depuis i'origiiie de la monorchie jiisqu'u nos jours. w- 45. — D(S Domaincs ct de I'etat conslUutionnel de la Lor- raine, par M. Noel, notaire et ancien avocat. Nancy, i83o. In-8° de 120 pages. L'administration des domaines voulant faire entrcr le gou- verncmeut en possession de ceux qu'on nppelle alienes ou engages, cette grande question a prodiiit plusieurs ecrits in- teres?ai:s sous le rapport de I'liisloire et du droit public, au moyen age. Parini eux , nous avons rcuiarque le Menioire public par M. Noel, de Nancy. L'auteur, qui a renni un grand nombre de livres et de manuscrits curienx sur la Lorraine, examine la nature de ce ducjje et la puissance donnee aux dues lors de I'investiture, essenliellenient en ce (|ui regarde le domaine. « Les Francs, dit-il, lorsqu'ils s'emparirent des Gaules, ne possedaient lien du sol ; la conquete n'clait pas la propriete du chef, niais celle de tous les vainfjiieurs. Le chef n'etait point inaitre , mais seulenient administrateur du bien commun ; sous ce rapport, il ne pouvait raliener seid — De- puis i3i4»apeu pres dans le tems oii les etats-generaux ou nationaux ont ete asseml)les pour la premiere fois, il fut publie des ordonnances qui deolaraient les domaines inalienables, et revoquaient les alienations faites meme par saint Louis depuis 1226 » En Allemagne, dont la Lorraine faisait partie, de- puis le traite de Bonn en 921, I'empereur etait electif. Toutes les capitulations succcssives n'avaient pour objet que de diminuer ses pouvoirs, en augmentant celui des princes liquer toules les restrictions qu'il est possiiilo de Ini faire subir. La premiere est, sans donle, d'eflacer reffot rotroaclif ; la loi dispose seulomenl pour I'avenir < Sous le regno de Francois III s'est oleinte la puissance des dues en Lorraine. (i) Les iillias de ce lems-li nc jelaienl-ils pas les liaiils ciis de cc qti'oii i'ofiisait le budget a un piincc tronipe jiar ses minisSies ? I m..,.. .1 .,/..,.. , N ( /Vo^: till rcfliulcitr. ) SCTENCliS MORALES. igS Stanislas iic fut que due heiieficiaire ou nsut'ruilioi- ; c'est '^)ourqiioi ii no disposa en lien dii domaine , lo-Ues lea aliena- tions en furent adjngees par suite des ordonnances du roi de France, piouiidf^uecs par Stanislas lui-meme. » On lira avec |)laisirle diilcours que M. de Vence prononfa lorsquece prince vinl prendre possession ile la Lorraine: «Sire, la fortune, 4assoe ile vons accabler, vient enfin de se fix«r eur vous; il etaittemsque I'amide Charles Xlletle beau-pere de LouisXV cessat de donner a I'Univers le spectacle aflligeant de I'incon- stance des choses humaines. V. M. va regner, et sur qui? Ah ! Sire, jugez par nos larnies de ce que nous perdons et de ce .que nous atlendons de vous. Si la renommee de vos vertus lie vous avait devance, nous oserions vous citer Leopold, .d'eterneUe mernoire, et son fils que nous n'avons qu'entrevu; nous supplierions V. M. d'imiter ces princes. Mais il ne faut point d'exeniple a iin heros , son coeur lui dicte ses devoirs; ■ecnutez le voire, Sire, et nous serous heureux. » « Stanislas a surpasse Tattente des Lorrains. » Leur courage, leur fidelitt, leur patriotisnie sont encore iniVgenes dans cet ancien Etat. An milieu des troubles de la revolution, la Lorraine est la province qui a donne le moins d'hoiumes variables en opinion politique ; pour preuve, nous pouvons citer le general comte Drouot; il a herite des vertus de nos ai'eux, et certes il n'est pas le seul ; niais c'est un bcl exemple a citer. « L'amitie a copie ces dernieres Ugnes avec bien dn plaisir. L*. 46. ■ — Consid-crations et opinions siir cette question: nCon- tinuera-t-on de delivrer, pour les inventions industrielles , de titres qui , sons la denomination de brevets, confereront le droit privatiC d'exploiter ces inventions pendant un terns de- .termine?» Par A. B. Vigarosy. Castelnaudary, 1829; ijnpri- merie de G. P. Labadie. In-S° de 66 pages. Cet ecrit est du nombre de ceux que provoqna le ministre du commerce durant la courte existence de son ministere. Cetait alors I'usage d'interroger I'opinion pnblique, les hom- ines eclaires , et d'ecouter les reponses ; on ne croyait pas a AAcertaine science. Snr les viugt-sept questions que M. de Saint- Cricq avait proposees, M. Vigarosy n'a traite que la premiere, parce que si la solution qu'il propose etait admise, il serait inutile de s'occuper des autres; il ne croil point a I'utilite des brevets d'inventions, et par consequent il les repousse coinme 4ine grave erreur en economie pnblique, un obstacle au deve- loppemenl de I'induslrie. Mais ce qu'il voudrait meltre a lew igG LIVUES FRAINCAIS. place ne nous eloignerail-il pas aussi du but ? Feiionj-noiis autre chose que changer d'erreur, si nous etablissioris un Ordre du Meriie pour recornpenser et encourage/' les invmiions noutel- les? 1-a pauvre humanile serail-clle condamnee a ne jamais revenir au simple hoii sons; et fant-il que, sous une forme ou sous w\he dansces deiniers jours, a Pa- ris. Gordons- nous de la conipromeltre. Ce triomphe, loin d'effrayer les monarqnes, si notre conduitc est sage ct mode- ree, pent garantir lenrs Etats de commotions populaiies et de revolutions sanglantes, pourvu qu'ils sarhent comprcndre cette grande lecon. » N. 4<). — f^ouige a Paris, nu Esquisses dcs Itotnines ct des cboses s(:ii-:ncl;s mouales. 199 - dam cclle iai)itale ; par le marquis Louis Reinier La>franchi. Paris, i83o; V' Lepetit, rue de Sorboune, n" 9. In -8"; prix, 6 i'v. > oici tin livre i'ort amiisaiit, t;t (|ui tienl beaucoup pins que, son litre ne proniet; singnlaritc litteraire assez remarqnabl^' pour etre d'ahord signalee a nos iecteurs. Nous on I'erons I'oni- plinient a I'autcur, quel qu'il soit ; car, s'il faut tout dire, I'cxistcnce de M. le marquis Lanl'ranchi nous a paru singuiie- remenl probleniatiquc ; el pai' plus d'un motif , nous sonnnes tenles de le regarder conniie apparlenant a cetle lamille noni- breuse qui a produil dans ces derniers terns .loseph Delorme, i'eu i\l"' de Cluunilly, et bien d'autres. Co n'est pas que, dans line de ces lellres, nous ne trouvions des regrets fort touclians de I'auleur sur I'esclavage de I'llaHe, une belle phrase sur le Cnmpo-Santo de Pise, sa patrie, et sur colte tour penchee, si connuc des voyageurs. Mais, dans nnlle autres passages, nous croyons reconnaitre un Parisic!i spirituel et malin, qui ne s'esl fait aucun scrupub-s de s'cgayer anx dej)ens de ses compa- triotes, sousun masque italicn. Dne senle chose nous feraitbesi- ter dans cette opinion : c'est I'tMoge singidier que fail Ic vnya- geur de la commission de censure dramalique, devenue, a cc qu'il assure, « un tribunal vraiment litteraire, 011 des hommcs de goQl aident I'anteur a corrigcr ses inatlvertances.'^On bien ce n'est pas nn Francais qui a ecril ces ligncs, on il n'aura vouln qu'ajouter une epigramme de plus a toutes celles que rcnfer- mait deja cette piqiianlc revue de la capilaic. Nous abandon- iierons ce probleme a la sagacite du lecteur, nous boruant a donner nn apercu de ce livre, ecrit avec grace et elegance. plein d'obscrvalions ingenienses, de critiques presque Ion- jours fondees et exprimees avec une ui'banite toute nationale. Dans cette nombreuse galerie , un scul portrait nous a sehil)It; liace avec des conleurs et une intention tout-a-lait differenles : (•'est celui d'un ministre qui, dans ces derniers lenis, a fail ailiTiirer a la tribune un des jdns beaux talens oratoires dont la France j)nisse anjourd'hui s'honorer. Le voyageur elranger en jiarle a plusicurs reprises, avec un dedain que nous ne vou- lons pas qualifier. L'amcrtume de ses sarcasmes conlraste elrangement avec le Ion general du livre, et Ton serail lenle de croiie que des motifs particuliers, une cause loule person- nclle, out conduit ici le crayon de I'observateur. Cet ouvrage, sous la forme de lettres, conmie on I'a doja vu, est adresse a un ami, elconlienl les remarquesde I'anleur sin- tout cc que Paris pent offrir d'intercssant a I'avide curio- sile d'mi elranger. II ne s'y c>l assujelli a aucini plan, el passe. 2i-.o LIVUl'S FRANC-VIS. •uivant snn c.iprice et san.« niille Iransition , d'nn sujcl a I'aii- tre. Aiiisi, apresiiii aper.u gtiural de celle graiide cite, de sa population, on pliilot des popublions si distinctcs qu'ofTrent ses (liftV'icns (]iiai-li('rs, vienl iin ihnpilre siir le Tliealrc-Frau- <;ais, oi'i clia(;i!e arteur a sou article i\ part, trace avec une malice qui ii'cxt hit pas la voritt'. Le talent de Talma et s^es diflerenles plia'scs, si Ton pent ainsi parler, sont caraclerises aillenrs aveo infiiiiiiient de .sagnrile. Les entrepreneurs de suc- cesa jusleprix ne sont [Msonblies; et c'estici nn de cesuoni- l)reux passages qn'une main ctrangcre n'aurail ccrtaiuement pu tracer d'line niani( re si silre, ui si exacle. Plus loin, dans une soiree cliez i\l. de Jouy, vous voyez defder devant vous la plupart de nos relebrites litteraires La politique a sa place, comnie on le pense bien. dans cetle revue parisienne; et ce qn'il ja de singulier, o'est qn'an connuencement du livre on parle dn niinistere Villele coninie encore existant, et que, dans Ics letti'es suivanlcs, on voit successivemeut apparailre ceux dont ont faitparlic MJl. de .^lar[i^;nac et de Bouruiuut. Nous passons ailleurs dans la galerie du Luxembourg, a laqnellc I'auteur a consacre deux chapitres, ou U's beaux ouvrages de nos peintres vivans, ceux qui font la veritable gloire de I'ecolc moderne, sont apprecies avec Ic gout et renthousiasme d'un sincere ami des arts. Au nn"lieu de ce desordre apparent, qui donne a I'ouvrage ee genre de merite que la foule des lectevirsapprecic le mieux, celui de la varictc, se trouveni ietes, comme par hasard, un ohapitre tres-remarquable sur le gofit dans les arts en France, et un ej)isode romantique, dont I'auteur aurait pu nous faire grace, sorte de concession faite a un genre qu'il a si bien et si licureusement combaltu ailleurs. Nous avons fait connaitre le gofit de noire voyageur pour les portraits; raais il s'cn faut bien que nous ajions indique tons ceux qu'il s'amvise a tracer dans ses lellres. Celui de i>fa- poleon, qu'il ne pouvait oublier, est dessinc avec un talent tout particulier; ^ceux de IMM. Chateaubriand, Lafayette, ne sont pas moins digues d'attention. II en est encore un au- tre, anquel I'auteur a donne tons ses soins; il le trace avec enthousiasme ; il en soigne les moindres accessoires : ondirait qu'il a voulu en faire son chef-d'oeuvre. Peut-etre le pidjlicde- sinteresse le trouvera-t-il un pen flatte : mais sflrement la NoKvelle Corinne, laSceur xivante des j4nges de Saint e-Geneviine et ses nombreux admirateurs ne s'en plaindront pas. 11 est biendiflicilc, dans un tableau si vaste et qui compicnd SCIENCES MORALES. — LITTEUATURE tai tanl lie synjets (liftcrens, dc ni- pas iaisser tcliapper qiielques fireiu'S, qiielques jdgemens iucomplels. Aiissi, nous pernict- Irous - nous a peine lie t'.iire rcuiarqiier ii M. le marquis Lan- franchi, ou a son spirituel inlerpi'ele, qu'on ne plaide pas dans la salle des Pas-Peidus; que M"' l-llisa iMercoeur n'est pas cn- rore tont-;'i-fait regardee comnie tine grande poete, et que JI. dc Lamarline a meme formellement desavone le mot flaltcur qu'on lui pretait a ce sujet. Nous poin-rions ajouter encore que I'auteur, quel qu'il soil, se trompe comnletement, en aflirmant que M. de Jou}' n'a peint, dans ses Ermiles, que les moeurs de la classe elevee; tons rcux qui connais.-ent ces charmans ouvrages, oCi un si rare talent d'observateur s'nnit a un talent non moins.rarc d'ecrivain, peuvent se rappeler que les tableaux les plus piquans sont pris, an contraire, dans les deriiiers rangs de la societe; il sufllrait de citer pour preuves •VEcrirain public, la Vcnie aprl's dcces , la Maison de la rue des Arcis, lajournee d'ttn Fiacre, le Cure Toitchard, etc. Y. Z. Litteralure. 5o. — Sethos, ou unc Journee de I'ancienne Egypte, poeme dramatique en cinq parlies. Paris, i85o; Kilian. In-S" de xxxviii ct 71 pages; prix, 2 !'r. L'auteur de ce poeme rend comptc a se> lecteur?, dans unc preface spirituelle, d'une lecture qu'il fit de son drame, vers le milieu de la dnrcc de I'empire. Les opinions ultra-classiques du tems, qu'il caractcrise d'une mauiere piquante, contras- tent singuliercment avec celles du uotre. Condamne par cc rigorisme iitleraire, I'aulenr n'en juge pas avcc moins d'im- partialitc I'esprit de licence qui lui a succedc. Dans toutes les reflexions que lui suggerent les teiUatives des novateurs ac- tuels, il fait preuve de beaucoup d'inslruclioa ct de gout. Nous regrettons de ne pouvoir parler aussi favorablement de son drame que de sa preface. Le style, generaleuient faible et languissant, mais pur, naturel, parscme ilc beaux vers et infme de beaux passages, est encore la pariic la plus recom- mandable de ce drame. L'aclion, obscure el conipiiquee, n'est point disposee d'une maniere iheatralc. L'inleret est presquc nul ; les details de moeurs, surtout dans les trnis premieres parties, etouffent, pour ainsi dire, le sujet. Faire de la pein- ture des mceurs historiques I'objel principal du drame est unc idee malheureuse et jusqu'ici infcconde. Tons ceux qui ont tculc con.'rient ieiisemcnt ( etlo ciilreprisc y ont ('•.■lioue. ao2 LIVUES FKAiXCAIS. Si quclqiics-uns iles adeplcs dc I'l'colo preloiuluo lii.sloii(|iit onl ulUemi dcs siicces, c'est pour avoir (iLtiaigiii': ses prc- ceptes, noil pour Ics avoir suivis. Ch. 5i. — * Le Sylplie, Poesies de leu Dovalle, precedees d'linc Notice par iM. Lovvet, et d'line preface par M. f^iciorUico. Paris, i85o; Ladvocal. Grand iii-8°; prix, 9 I'r. (1 Ce mannscrit du poile lue a vingt ans reveille desi dou- loureux souvenirs! Taut dVmotioiisse soulevent en I'oule sous chacune de oes pages inachevees! On est saisi d'une si pro- tbnde pitie an milieu de ces odes, de ces ballades orjdieliues !. . Quelle criti(|ue lairc apres one si poignante lecture ! "Ces paroles cnipruntecs a la lettre dc i\l. F. Hugo auxediteurs de ftj. Dovalle expliqucnt assez pourquoi nous arrivons si tard a parler de ce livre. Maintenant nous sonimes heureux dc dire que I'ceuvre n'a rien perdu a nos yeux du touchant iuteret qu'elle semblait empruntera cette mort si triste ct ii prenia- turee du poete. Jusqu'ici notre critique s'i'tait adressee a i\v vieillesrenouimees, devant lesquelles nos opinions etaienl me- lees de reserves, oi"i a de jeunes athletes, que nous aimions a suivre dans le developpement progressif de leur talent. Tci. rien de semblahle; c'cst un poete de viugt ans rpi'il I'aut jugei comme une vieille renoumiee; c'est uu hymne de je,unesse que I'age mur n'acbevera pas. Toute la vie, lout le talent, toute la destinec du poete est dans ce livre de 200 pages, donl la mort a laisse la derniiire inachevee. Cette vie, ce talent, cette destinee, le secret en est tout en- Ire r dans le morceau qui ouvre le recueil , et dont le litre, par une heureu.-e pensee des editeurs, est en memc teins ce- lui du livre, le Sylplie. Le Sylphe. L'aile ternie et de rosije huniide, Sylplie inconnu, painii les fleiiis coiiclie. Sous une feuille, invisible et limide, J'aime a rester cache. \ Le vent du soir me berce dans les roses; Mais, quand la nuit abandonne les cieux. All jour ardent nies paupit'-i es sont closes ; Le joui' blesse mes yeux. I'auvie iutin, papillon ephemeie, Ma vie, 6 moi, c'est iiion obscurite 1 Moi, bien souvent je dis : c'esi le iiiysteir Qui I'ait la vuluple. . LITTl^RATURE. 2o5 Ta jc ni'ciidors dans les palais mapiqiics Que nia bagiied*' eli've an fond dcs bois, Et dans I'aziir des pales veroniques Je laisse error iiies doigts. Quand tout i coup I'eclatante fanfare A mon Oreille annonce le cliasseurj Daos les rameaiix nioii faible vol s'egaie. El je tremble de peur. Mais si parfois, jeune, reveuse et belle, Vient uDe femnie, h I'heuie oil le jour fuil, Avec la brise, anioureux, autour d'elle, Je voltige sans bruit. J'aiine i giisser aux rayons d'une etoile, Entre les cils qui bordent ses doux yeux ; J'aiuie a jouer dans les plis de son voile Et dans ses longs cheveux. Sur son beau sein quand son bouquet s'(!ffetiill»', Quand ii la tige elle anache un bouton, J'aime surtout a voler una feuille Pour y tracer mon noni... Oh! rcspectez mes jeux et ma faiblesse, Vous qui savez le secret de mon coeur! Oh I laissez moi pour unique richesse De I'eau dans une fleur. L'air frais dusoir; au bois, une humble couchc, Un aibre vert pour me garder du jour... Lc Sylphe apres ne voudra qu'une bouclie Pour y mourlr d'aniour. Le poete est la tout entier avec sa pensee chnste, sa laii- gue harmonieiise, ?on allure moUe et abandonnee; a jien ile sombre, rien d'amer, dit encore le poete que nous cilioiis eii commenrant ; rien de fatal. Lne poesie loute jeune, euranline parfois; la joie , la volupte, Tamour; la femnie surtout, la femmedivinisee ; etpuis, partout desflenrs, des fetes, ie prin- fems, le matin, la jeunesse; voila tc qu'on trouve dans cc porlefeuille d'elegies dechirees par une balle de pistolel ; on, si qnelquefois cvlie doure muse se voile de melancolic, e'csl comme dans le Prejnier chagrin ^ un accent confns, indistinct, presque inarticule, a peine un ^oupir dans les feuillcs de I'ar- bre, etc.. » Une piece surtout nous a paru marquee de ce ca- ractere ineffable, cellc qui a pour litre : Lc Cvnvoi d' un jciinc enfant. Partout ailleurs, M. Dovalle se laisse aller a une poc- sie plus en symi)athie avec la fraicheur de sou laleni; luCam- pagne apris une pltiie rroragc. la Cliafsc inrlsU)U\ la Jeune jille. uo/i LIVRES FRANCAIS. sont dc cliarmaiid'S coniposilioiis oi'i la ncglif^ence est encore lie la grace : ailleiirs, die est (iiielqiielois tie la faiblcssc. Un aulic reproche que nous I'erioiis a ce livrc, si nos reproches pouvaient encore etre des conseils pour I'aulenr, c'est I'ab- sence du rhylhme dans la phrase poctiquc; il va liarnionie el douceur dans diaque vers isolc, dans oliaqne hemisliclie pris a part, dans cliaque mot ; niais nullc melodic dans Ic niouvc- ment de la stance, nul art dansie clioix dc la strophe. II sem- i)le que, dans sa douce insouciance, le poete laisse prendre a sa reverie la premiere forme qui vient a elie : de hi peiil-fitrc aussi celte incertitude qui se trahil ca et la dans la marclie de certaines composition'*. Nous citerons encore, en finissant, M. Fictor Hugo; aprcs avoir parle de la preoccupation aus- tere que les revolutions j)oIiliques ont laissee de nos jours dans les ames, il ajoute, en revenant a M. Dovalle : « Heureux pour lui-mcme le poete qui, ne avec le gout des choses frai- ches et donees, aura su isoler son aqie de toules ces impres- sions douloureuses; et, dans cctle atmosphere sombre qui rougit I'horizon long-tcms encore apres ime revolution, aura conserve, rayonnant et pur, son petit monde de fleurs, de ro- see et de soleil! » A. de L. 52. — * L'lnsiirreciion, poeme dedie aux Parisiens , par MM, Barthelemy et Mery. Paris, i83o; A. -J. Denain, rue Vivienne, n" 16. In-S" de 55 pages; prix, 2 fr. 5o c. Nos poetes n.itionaux ne pouvaient rester mnets devant les admirnbles evenemens qui ont rendu a la France sa gloire et sa liberte : deja Oasimir Delavigne a celeiire, dans la Marclie parisiennc, les heroiViues exploits des enlans de Paris; bienlot sans doute, Beranger chantera la resurrection dnFieax Ora- pcaa; et voici Barthelemy et Mery, ces audacieux advcrsaires du jesuitisme ctde I'arbitraireministeriels, qui, deposant leur.s armes citoyennes, retracent en beaux vers I'histoire de notre glorieuse insurrection. oTcmoins de tant de merveilles, di- sent-ils dans la preface, nous avons ecrit ce poeme sous leur inspiration; la poesie est bien froide aprcs un drame si vi- vant, et les eznotions sont encore trop ferventes, pour qu'on puisse donner a une oeuyre de litlerature ces soins minutieux, enfans des calmes loisirs. IN'importe; nous nous sommes ha- tes de payer notre delte a la circonstancc, nous qui avons si souvent chanle le drapeau tricolore devant\illele et Polignac. D'aillenrs, nous osons dire a la critique qu'un ])on norabre de ces vers n'ont pas etc composes dans le silence du cabinet, et que nous avions cesse d'etre poetes pour nous faire citoycns. » Aussi u'lions-nous pa- rchercher dans leur poeme par quel* LITTERATURE. 2o5 defauts pechenl ia cpnceplion de I'eiisemble et I'agencement des details ; nous ne dirons pas qiielles ligries auraient pu otrc retranchecs sans nnire a I'effet poetiqiie, ni quelles expres- sions choijiient I'oreille et la raison j)ar leur obscurite et leur uiaLidroite nouveante. Mais nous applaudirons aiix patrioti- ques intentions des jeiuies aufeiirs, et nous adniircrons, avec tons !es amis de la belle poesie et des nobles sentimens, la ri- chesse el riiarmonie de leur langage, ia verve et I'eclat de leurs pensees. Comnic nousl'avons dit deja, Bartheleiny et Mery se sont bornes a i'airc Tliistoii'e poetique dc I'insmrection de juillet. Etd'abord, ils raconteut les discours mensongers des conseil- lers du tione : Yoici ce que disaient les courtisaiis prophetes : Voyez-lS cette ville idolatrc des fefcs ! Coiiime aux jours deciipits de I'enipire roinaiii, Dans rivri'-se dii ciiqtie oil son peuple si; plonge, Cliaque soir de la vie, il s'endoi t, sans qu'i! songe A ses maitres du Iciidemaih. En ses faubomgs de fange, Que fait la plebe vile? EUe boit, elle mange, Elle exhale sa joie en dc cyniques chants; Iguobles journrtliers, grotesques poliliques, On les venait encoi' trembler dans leurs boutiques Devant le prevOt des maicbands. lis ne sont plus ces jours oii la voix de Camiile Convoqiiait la r6volte au pied de la Bastille ; La lo'iille a devore la jiique des i';iubourgs. Tout ce peuple abruti doit d'un penible somme, Et Santerre aujourd'hui, sans eveillcr un liomme, Passerail avec ses lambours. Osons tout, oublions leurs vieux anniversaires, Deployons sans effroi des rigueurs uecessaires; Le trOne de Saint-Cloud. est bali sur le roc; D'un brumaire royal faisons naiire I'aurore : 8i Paris se levait, ii tomberait encore Devant le canon dc Saii:t-Rocb. Eh bieii ! ils ont ose... Qtia.id la lave voisine S'apprete ^ secouer Agrigeate el Messiiie, D abord la giande nicr, par elans convulsifs, Pousse des flols huileux sur I'algue des recift. •oG LIVUES FUANCAIS. Oe I)IiikUits v.-ippurs s'echapprnt dii crnUVre, Kt la viiix d'un volcaii proiidi- an Inin sons la torro. Tel bimilionnait Paris : Ics travanx et les jeii\ S'airt';lcnt lonl a Cdup snr nil sol oiagcux; Un penple enticr, soiti des foyeis doniosliqucs, Onduie (mi imr.inurant snr les places pnbliques. El pai'Idiit, siir les niiirs du splendide bazar, De propiitiliqncs mots nienacent Ballhazar. La inort nons enveloppc, entende/.-voiis iios oris? All seconrs ! an secours! defensenrs de Paris! Venez prendre line part i nos conibals epiqnes. Vous qui sortiez jadis avec cent mille piques, Hediiutables faubourgs Saint-Antoiue et Marceau, Du vieil Hotcl-de Ville envaliissez I'arreau ; Salnez en passant Tombrc de la Bastille, Le canon du dix aout va tenner it la grille; Repiencz les niarteaux qui brisent sur les ponds Les lourds batlans de bronze oil veillent les dragons. Va vous qui prolongez vos lignes parallcles, Saint-Denis, Saint-Martin, grandes cites jumelles, Venez, armcz vos bras du I'er des ateliers. Tonibez du Pantbeon, geneieux ecoliers, Quittez vos bancs; payez par votre jeune aodace La grande inscription qu'aucun iiiaitre n'efface ; Muntrez-vous les premiers, au front des combattans, Enfans de Guttemberg opprinies si long-tenis! Gloire a vous, jeunes gens de plaisirs et de f^tes! Quels bravos sont sortis de nos coeurs de poeles, Quand vous avez paru dans le poudreiix cheniin. Sous les habits du luxe, un fusil it la main ! Et vousdont les accens electrisimt une Ame, Un rOle vous est du dans ce mecveilleux draine, Artistes citoyens! anioncelez ici Les sabres do Coriirtbe et ceux de Portici ; Fouillcz, pour soutenir notre lutte civile, Tout, jusqu'ii I'arsenal du joyeux Vaudeville. Paris se leve en bloc! au signal assassin, Tout hoinnie dans son cocur sent vibrer un tocsin, ifiternelle infamie au Iflcbe qui s'absente ! Siiivciit la peintiit^ de la miit du 28 au 29, et de la jouiiiee qui suivit, ia prise du Louvre et des Tuiierics, et la veaue du roi iiouvean, proclamc par le peuple ; puis,, no hymi 'en Italic, La chronique d'/- rene Delfino a ete traduite par un ecrivain habile, M. Cesar RossETTi; et, si I'ontrouve dans cet ouvrage quelquc froideur, ce defaut est compense par le mtrite/li; style, dont la couleur et le mouvenient ont ete bien rendus par le traducteur. 55. — Cloudeslcy , par JVilUam Godwin, auteiir de Caleb JVilltams ; traduit de I'anglais \)m Jean Cohen. Paris, i83o; Fournier jeune, rue de Seine, n" i4- 4 ^'ol- in-ia formant ensemble goo pages; prix, 12 fr. iM. Godwin jouit depuis long-tctns d'une reputation meri- LITT^RATURE. — BEAUX-ARTS. tog tee, qu'il doit surtout au roinaii de Caleb Williams qui a servi de texte a ce diame de Falkland, oi'i Talma niettait ea saillie, avec lant d'art et de genie, tons cos tonrniens dii re- mords developpes avec une saj^aeite si I'einaninable par le. romancier anglais. Comme I'a dit un de nos collaboralenrs, M. Godwin "cxcelle a deciire nne passion ; il la prend a I'ori- gine, remonte a ses canses secretes ; c'est d'aboi'd un atome qui s'agite pour vivre; puis, a peine visible, il grossit rapi- dement, absorde les pens'^es, les desirs, se precipite au but a travers mille obstacles, I'atteint alors que dans rume ii n'y a plus puissance de jouir ; nous assistons ensuile au desen- chantement, an degoQt de ces biens si ardemnient souhailes, si cherement payes : la peinture des nuances et des progres des sentimensconstitne le principal inerite de ses onvrages. » Clondesley a sous cc rapport bcaucoup de ressetnblancc avec le clief-d'cieuvre de Goihvin; toutetois I'interet et la curiosite n'y sont pas aussi-bien soulenus que dans Caleb ^Villiams. Nous renvoyons d'ailleurs, pour une analyse plus detaillec et poui' un jugement i)lus complet," a I'article que nous avon* consacre a ce roman lors de sa premiere publication a Lon- dres (voy. Rev. Enc, t. xlvi, p. ij8). Du reste, c'est un ouvrage interessant et dont la traduction merite d'etre favo- rablement accueillie. Beaux-Arts. 56. — •* Traite complet de la Peinture, par M. P*** de 1VIoi«- TABERT. Paris, 1829; Bossange pere. 9 vol. in-8', avec u\t atlas in-4°, renferniant no planches; prix, 92 Ir. Cet important ouvrage est r/'cllement un Traite complet, ainsi que I'annonce son tilre. L'auteur y a considere I'art de la peinture sous tons scs rapports et dans toutes scs branches. Histoire generale de cet art, chez les anciens, dans le moyeu age, et chez les moclernes ; histoire chronologiqne des artistes ; catalogue des onvrages ecrils sur le meme sujet a toutes les epoqnes; idees sur la theurie de I'art, sur la beaute; principes d'anatomie a I'usage des peintres; geometric pratique; per- spective; procedesde la peinture proprement dite ; art du co- lons; encaustique; art de reparer el de netto^er les tableaux : tel est le vaste champ que s'est trace M. de Montabert. 11 n'a rien oublie de ce qui lui a paru propre a instruire ou a inte- resser les artistes et les amateurs. Son ouvrage offre un en- semble de fails, de vues et de raisonnemens, que personne n'avait eu jusqu'a present le coiuMgc el le lalcnt df reunir «h T xi.vii. jriLi.F.r i8?»o. i4 aio MVRi;S FRANgAIS. un seul corps. Un si vaste tableau ne saiirait etre analyse dans fjiieiques lignes. II siiflira aujoiird'lnii de cetle premiere an- nonce; nous nous livrcrons a un oxamen plus attentif, dans I'lm de nos prochains caliiers. 5y, — * lyusi'e dc peinlare el de srulpiure, ou Recueil dcs principaux tableaux, .statues et bas-reliefs des collections pu- l)li(iues ct particulicres de I'Europe ; dessine et grave a I'eau forte par Heveil, avec des JSolicex descripiives, ciiiii/aes et /lis- torigius, par Ducheske aine. gi' Itrraison. Paris, i83o ; Audot, rue des Macons-Sorbonne, n° 1 1. Prix, i fr. chaque livraison, composee de 6 planches gravees et dc 12 pages dc texle. Depuis que nous avons annonce celte interessante collec- tion (voy. Rev. Enc, t. xxxviii; mai 1828, p. /196, et t. XLiv, octobre 1829, p. 201), elle est parvenue a sa Qi' livraison. Le iiienie soin a preside au choix des tableaux, a I'cxeculion des gravures et a la redaction des notices. Le procede de la gravure sur acierdonne beaucoup plu« de finesse aux planches, et par ce moyen loutes les epreuves sont ega- lement belles. Nous n'insisterons pas sur I'agrLineut et I'uLilile d'une cnlreprise qui jouit d'un succes eprouve, cepcndant nous r.iterons les articles qui nous sernblent nieriter uue mention particuliere. Le quatrienie volume contient, par exemple, loute I'his- toire de Marie de Wedicis, peinte [lav Ruhcns dans I'ancienne galeric du Luxembourg; les tableaux du Con>eil-d"Etat qui n'avaient pas encore etc graves, et paraii le-que!s on rcinar- que la inort de Duranti, par Delaroclie; la morl de Brisson, par Gassics; Mole insulte par le peuple, et I'arrestatiou dn parlenienf, par Thomas; enfin Mazarin prescnlam Colbert a Louis XIV, par Schnel:. Ce volume renferme encore des tableaux peints par Mnrillo, et lires de la galeriedu marcchal Sou'.l, due de Dalmatie. Ce n'est pas sans inleret non plus que les souscripteurs eloignes de la capilale y Irouveront !a reunion des statues uou\cllcraciitplo(ees sur lepo i.oiiisXVL Parnii les sujels interessans contenus dans !e 5* volume, on doit remarquer les sacremens du I'onssin, compositions subli- mes qui sont rendues avec une perfection remarquable et a Jaquelle ne sont pas toujours ariivees des gravures d'une plus grande dimension : les notices qui les accompagneut sont pi- quantes par les recberches doiit I'auteur les a reniplies, et dans lesquelles il rapporte souvent I'opinion de Poussin lui-meziie sur ses tableaux. Lc melange des ouvrages des grands maitres de toutes les tccl.s apporte dans ce recueil beaucoup de variete. Aupres BEAIJX-AKTS. jii clcs Raphael, des Rcuibrancit, des Teniei*, des Van Dyck, se troiivent de belles el iniportantes productions de I'art mo- derne. On ne pent voir sans snrprise le tableau du sacre par Gerard, qui tenait une si grande place au salon, reduit a une jiroportion de cinq pouces snr trois, et rendu avec une exac- titude et une finesse qui ne laissent rien a desirer. Le mcnie merite se retrouve dans les immcnses compositions des batoil- !«s d'Alexandre par !.e Bnin. Parmi les tableaux inodernes interessans, dont chacun ainiera a retrouver le souvenir, sont la Phedre de Giiirin, le Marius de Drouais , le sernient des Horaces par David, la fa- mille nialbeureusc par Prudlion, le jugement de lord Riissel jjar Hayter, I'Hippocrate de Girodet, le Mazcppa iV Horace Fernet. Nous bornerons la nos citations de tableaux. Dans cliaque livraison une planche est consacree a la sculpture, et repre- sente des chefs-d'oeuvre dont quelques-uns n'orncn! plus notre Musec. Quant au texte, les notices sonl en gereral concises et substanliolles. L'auteur, en det'rivant les tableaux, donne avec soin I'historique du sujet, et y joint des oliservafidns sur Tart, le style et la composition, qui annoncent en lui beaucoup ilt; connaissances positives. II en est de meme de scs Notices historiqucs : chaque vo- l-mne en contieni trois, avec des portraits. L'auteur y fait bien connaiire le talent de I'arliste et le caiactere de I'liomme : il resume les jugemens qui out ete portes sur les peintres et les sculpteurs celebres dont il donne la vie, et il y joint 4a lisle de leurs meilleures compositions. On trouve dans cetle collection, outre les tableaux impor- tans du Musce royal de France, les principaux tableaux des Musees de Dresde, de Munich, de Yienne, de Florence, dc Pet€rsbourg, et des belles collections de Stafibrd el d'Anger- stein, en Angleti>rre. 11 n'cst pas inutile de rappeler que le prix modiqiie de cha- (|ue livraison, qui n'est que d'un franc, permeta toiites les for- tunes de se procurer cet ouvrage, qui (era verilablement un Musce europeeu de peinlure et de sculpture, utile surlout a eeux, qui n'ayant pas fait des arts une etude npprofondie, en ont cependant le gout. Le texte fraucais est accompagne d'une traduction anglaise : des tables comph'tent chaque volume : enfin I'ouvrage est fail on conscience, et olTre autant d'agnv- menf quo d'niiliic. DrMEr.SA.v. 212 LiviiES iuan<;ais Ourrages periodiques. 58. — liicueU a-grononiu/uc publie par les soins de la Societe des sciences, agriculture et belles-lettres du departement de Tarn-et-Garo7ine. Joiiinal mensiiel. Montanban, i85o; im- primcrie de Lapic-Fonlancl. (;haf|iie cahier est d'environ 2 feuilles, et siiivi do planches, si le sujet I'exige; prix de rabonnemcnt, 5 Irancs par an, franc de port. 5g. — Journal du Cornice agricole du departement de la Marne. Chalons, i83o; iniprimerie de Boniez-Lambert. In-8° de 24 pages par cahier. Publication mcnsuclle; prixdel'abon- nement, 6 IVancs par an, I'ranc de port. La Sociite des sciences et d'agriculture de Montaulxm est peut- etre la premiere qui ait donne rexempie de ces publications qui contribucut souYcnt, plus que de gros volumes, a la pro- pagation des connaissances usuelles. Elles sont a la portee de tons les cultivateurs, et par la modicite du prix, el par les matieres qu'ellcs trailent. Conime les redacteurs ont a leur disposition tout ce que Icur apporle la presse periodique, et, de plus, les bons ouvragcs d'agriculture, chaque livraison est remplie de notices d'une utilite rcconnue, et qui viennent toujours a propos. II semble que le Recueil de Tarn-el-Ga- ronne enibrasse plus d'objets, afin d'etre au niveau des be- soins de la culture meridionale ; le Journal du Cornice agri- cole de la Marne se restreint a ragriculture du nord. Nous n'entrerons point dans W, detail de ce qu'ils conliennent. Les soins quo d'habilos redacteurs donnent a chaque livraison et le but qu'ils se proposent garantissent assez I'utilite de ces publications, qui n« sauraient trop se multiplier dans nos de- partemens. N. 60. — * L" AgricuUeur-manufacturier, Journalde Mecanique, de Pliysiquc et de Chinue appliquees d I' agriculture et aux Arts qui s'y rattaclient , tels que : les sucreries de betteraves et de Can- nes, les amidonneries, les feculeries, les brasseries, les dis- tilleries, la meunerie , la fabrication des sirops de I'ecule et de raisins, des vins, des cidrcs, des poires, des vinaigres, des huiles, des beurres, des fromages, de I'indigo, des cafes in- digenes, le travail des lins, des chanvres, le ratlinage, etc.; par M, DiTBRiKFAVT. Paris, i85o; I'auteur, rue Pavee, n° 2/'|,auI\larais, et Bachdier, quai des Augustins. Le journal parait par cahiers mensuels de 3 a 4 feuilles et un ou deux planches ; prix , 3o fr. par an pour Paris ; 52 pour les dep.irte- mens; el 35 pour I'Ktranger. OUVRAGES PERIODIQUES. »i3 11 existe un grand nombre de reoueils destines aenregistrer les progres de l'indu.ur rcmploi lUs appareils et les fabrications. Pour ceux me- mes qui out I'ait unc etude speciale des Iraites ex-professo pu- blics sur ees divers arts, parnii lesquds se placent en premiere ligne les onvrages de M. Dubrunl'aut, lui-meme, il manquait encore; un ouvrage pcriodiiiue special destine a leur faire connaitre les changemens, les perfectionnemcns apportes dans la coiistiuctiou des appareils et les methodes nouvelles de tabiication. Piive de ces renscignenicns, le proprietaire-ma- nufaclurier risquait, en continuant sur les nicines errcmens, de toinber dans la routine et d'etre bientot incapable de sou- tenir la cone urrence avec ses voisins mieux informes ou aides des conseils d'(ui praliiien eclairc par la science. 11 apparlenait a M. Diibiiint'ant de porter remede a cet etat de clioses ; livie par gout aiix applicalidns des sciences a I'a- griculture, ce jeune savant a puissamment contribue, par ses ouvrages et ses Mc^moires, par ses lecons et ses infaligables travaux, an perfectionnementdes arts agricoles en France, de la distillation, et surtout de la fabrication (hi sucre de bette- ra\es, industrie avec laquelle son nom est desormais idenlifie, et dont il se propose de consialer regnlieremcnt les progres dans son jouinal. Ce recueil est, pour ainsi dire, ie complement de ses le- cons. Chactme de ses [ages consarre un fait, une experience repetee d'al)ord dans le laboratoire, sous le point de vue scientifique; puis, dans Tafelier, sous ie point de vue indus- iriel et eronomique. Les appareils qu'il decrit, s'il les recom- mande, c'est qu'ils ont fonctionue dans son atelier, qu'ils ont ete conslruits cboz lui sous ses yenx, qu'il a pu ainsi appre- cicr leur ec nnmie, et qu'enfin il les a places dans les nom- breuses usines qu'il a montees ou fait nionter, soit en France, soil en Belgique, en Pologne, en Russie et en Suede. Deja deux caliiers de ce recueil ont ete publics; le premier rontient, entreauties articles, la description avec le dessinde la presse bydraulique horiznnlale de Braniah pour les graines oleagineuses; un article sur les progres de la fabrication du Sucre de betleraves pendant 1829; nn moyen de dislingner les suorcs bruts de la canne et de la betterave ; un plantoir a bctteraves, etc. 0LVKA(;ES I'ElllODIQlJES. jif) Le a* iiiinieio, mai i85o, coatientdes questions do droit .siir ragricultiireDianuracturiere, u ii article sui- la defecation du jus de betteiaves ; la description d'un laveur continu ; unc note surle sucre de fecule; un article sur la culture des lins, etc. Les planches dont chaque cahier est accompagne sont dues a i\l. Le Blanc; c'est assez dire qu'elles sont executces avec soin, et qn'on pent compter sur ['exactitude de leur cclieile. Si M. Dubrunfaut tient la prornesse dont les deux premiers cahiers ont ete un commencement d'execution, nous ne dou- tons pas que son journal tout special ne soit apprecie par les agriculteurs, et surtout par les fabricans et les ralli'ieurs dc sucre, pour lesquels il finira par former un corps de doctrines, et qu'il liendra ainsi au courant de toutes les ameliorations sur lesquelles ils etaient obliges d'aller cbercher des renseigne- mens epars dans un grand nonibre de recueils divers. H. D. 6i. — * Journal (mensuel) des Sciewes mililaires des armees de terre et de mer , etc... Paris, juiilet i83o. J. Correard jeune, editeur, rue Richer, passage Saulnier, n° i3. In^-S" de 176 pages. Prix de I'abonnement. Au milieu du mouvement general imprime aux connais- sances humaines en Europe depnis deux ou trois siecles, !u science des armes, dont les peuples n'ont malheureusement que trop besoin, ne poiivait rester stationnaire. Aussi a-t-elle epronve, pendant cet intervalle, d'importantes modifications, dont elle est surtout redevable a la decouverte de la poudre : plans de campagne, tactique, strategie, attaque et defense des places, etc. il a fallu tout changer ; tant nos projectiles I'em- portent sur ceux que les anciens lancaient avec les arcs, les balistes et les catapultes! L'histoire de tons ces changeuiens presente beaucoup d'interet, ct la creation d'un journal des sciences militaires fut ccrtainemcnt une heineuse idee, commc I'atteslent le succes de cinq annees obtenu par celui dont M.. Correard est I'editeur. Le cahier de juiilet que nous avons sous les yeux contient : 1° le commencement d'un Mcmoire sur di/ferentes parties du service de I'ariillerie. II parait que ce travail a ete redigc, en 1793, par MM. Douai et Labiboissieri', apres la reddition de Mayence. On y propo-e dans le materiel plusiears ameliorations dont I'experience avait prouve la ne- ccssite . et qui ont eu lieu en partie, depuis celte epoque. •1" 4°"' Article sur la Rectification du inatiriel de I'artillerie, par M. le baron Mallet de Trumilly, lieutenant colonel en re- iraite. L'ecrivain s'y occupe specialement du tir du mortier a pivot et a aiguille, dit tir par comparaison. Les honimes d<^ I'art doivent sc souvepir que M. Mallet est inventeur d'un ai6 LlVUliS FUANCAIS. inurlicr avec appareil a aiguille, cl'iuie swperioiih'; ret.ouniie pour la justei^seet la promptilude dii tir; il eii expose de uou- veaii la tlieorie, pour en i'aire micux rcssortir les avanlages. Ce inortier a scrvi oiizc ans an polygone de Vincennes : il en a ete relire, en 1829, on ne sail Irop ponrqnoi, et ce n'est pas la seiile injustice dont Finventcnr ait en a se plaindre ; lant il est rlifficilc, menieau vrai nu' rite, de hitter contre de jalonscs riva- lites ! o" Obseiralions siir I' A chninistralion milllaire : on troiive dans cet article d'excellentcs vues siir les attributions des fonc- tionnaires de I'arniee. [\°Tubleandes forces 7\avalis cics puissances maritimes de C Europe. II rcsidtc de ce tableau que I'Angle- terre possede encore aujouid'hui i5i vaisseaiix le ligne, i40 trt'gates, 550 corvettes, bricks, etc... ; en tout, 6i5 ba- timens de guerre, nombre qui snrpasse de nioitie celui des vaisseaux que la France, la Ilussie , la Hollande , rEs|)agne et le Portugal pcuvent opposer ensemble a la dominatrice des raers. On pretend qii'en i8i4 la Grande -Bretagne avail en activite 1,026 batimens, dont 276 vaisseaux de ligne et 265 fregates, Ic tout monte par 100,000 niatelots, et plus de 56,000 hommes de troupes de marine. P'n 1819, on ne comp- tait plus que 30,000 matelots sur Ics flottes anglaiscs; on a calcule aussi que, depnis 1688 jusqn'en 181 5, c'est-a-dire dans nn espace de 127 ans, les Anglais avaieut eii 65 an- nees de guerre qui leiir ont cofite 2,024.000,000 de livres sterlings, on 56,6oo,ooo,ooo de francs. Faut-il s'etouncr, d'apres cela , que la dette nationale, en Angleterre, s'eleve a 28,000,000,000 de francs! Nous ne dirons rien de I'article sur I'expcditiou d'Alger, (|ui tcrmine cette livraison , parce qu'il n'esl qn'un simple extrait des nouvelles Iransmises par le Moniieur. Livres en langues Hrangercs , im primes en France. 62. — * A ALel/ta, etc. — I'Ahcilte (portugai-^e), on Recueil de cor.naissances agrcabl/is, instructives, necessaires on utiles a toutes les classes de la societe, extraitcs des journaux scien- tifiques et litteraires de toule I'Kurope, et des ouvrages des meiileurs in-A\\a.'\ni: Journal portugnis , redige et pulilie tous les mois a Paris, par Francois Ladislas Alvares d'Anduada, bachelier-6s-lettres de I'Academie de Paris, de I'Acadcmie royale des sciences, belles-lettres et arts.d'Orleans, menibre de la Societe IVancaise statistiqiie universelle, etc. — On s'abonne a ce nouveau recueil, a Paris, chez le redacteur. rue de I'Arcade, n" 56. — a lyisbonne. chc/. Georges Rey , jk LTVRES EN LANGUES ETilANGERES. 217 rue iJes Martyrs, etchez M. Pierre-Nicolas Brelaz, negociant, — a lUo-Juneiro, chez M. Laeminert , lii)raire; prix pour I'annee, 5o fr. pour la France; 20 schellinfi^s pour I'Angle- terre; 4800 reis, pour le Portugal et le Bresil. On pent aussi se procurer Ics cahiers separes, an prix de 480 reis cliacun. 1" cahier. Paris, juin, i85o. In-8"de 60 pages, avec uue li- ihographie. Le redacleur de ce nouvcau journal se propose encore plus que de rupandre les connaissances usuelles dans tous les lieux occupes par la nation portngaise; il clablit avec ccs coutrees uue correspondance pour I'envoi de livres, d'instrumeus pour les sciences, lesartset I'agriculture dont le journal aura rendu comple aveceloge. M. d'Andrada avait sous les yeuxun grand nombre de modeles de pu])lications analogues a la sicnne; mais il les generalise, il renferme dans son cadre tout ce qui mevite le nom de counaissance, et par consequent il etablit unesorlc de Revue EncycLopcdique portngaise. La presse perio- dique ne lui fournit qu'une partie des materiaux qu'il met en oeuvre; il en prend partout t>i'i il en trouve a sa conve- nance, sanr tenir compte d'autre chose que de Futilite des no- tices dont il fait provision pour ses eompatriotes. L'entre- prise de 3L d'Andrada est genereuse; elle pent devenir grande et belle, si elle est secondee. Place ici, hors des pas- sions poliliques dont sa patrie ressent encore les atteintes , il ne voit que le bien qu'il serait si I'acile d'operer partout oii la nation portngaise s'est etai)lie; et parmi ces biens il ne pense pas qu'il faille prononcer aucune exception. Tous les arts y sout compris, meme le plus mobile, le plus capricieux de tous, cclui de la marchande de modes. Le prospectus an- nexe au premier cahier est un des bons articles qu'il ren- ferme; les Iccteurs y trouveront des obsp~''vations tres-judi- cieuses sur Tinfluence des lumiereset de I'habitude du travail, sur r«itat intellectuel de I'Europe , et sur les moyens de I'a- meliorer de plus en plus. N. IV. rSOUVELLES SCIEN TIFIQUES ET Lrni^:R AIRES. AM^RIQUE SEPTENTRIOJNALE. 6TATS-UNIS, Progres des moyens de communication. — Le tableau sui- vant fera mieux apprecier que tons les discours celte pro- gression lapifle de tous les eleniens de la civilisation, qui, en si peu d'annees, a eleve rAmeiique du Nord au niveau de» contrees les plus prosperes de la vieille Europe. Revenu, 37,935 doliari. 160,620 j8o,8o4 421,373 55 1 ,684 1,045,065 1,111,927 i,3o6,525 1,707,418 Millcs Salaiies deteriiiiiiis 11 y avail, de chemins de posle, Clercs, par la loi. En lyqo. 1,875 » » 2,000 dollarii. 4,7.50 9,i5o n,33o i6,58o 22,700 28,3oo 59,700 New-York. — Nouvelle XJniversite. — U est t'ortement ques- tion de I'onder is i iin ctablissement d'e lucation sur le plan du 11 y avait, Bureaux de poste, Eu 1790. 75 — 1795. 453 — 1800. 800 — i8o5. 1,558 — 1810. 2,5oo — i8i5. 3,006 — 1820. 4,5oo — 1825. 5,667 — 1829. 8,co4 1790. 1,875 » .798. 13,207 4 1800. 20,817 7 i8o5. 31.076 2 i8io. 36,4o6 13 i8i5. 43,748 i5 1820. 72,49a 31 1825. 94,o52 «7 1829. J 1 5,000 38 I K! ATS-L'MS. XSIK. sig college de Loudres, qui prospirc, eii dcpit de ses QonibieuK delracteurs. La villeile Nevr-Vork veut faire un appel auxsa- vaas les plus dislingiics des Etats-Unis, ct compte bcaiicoup suf leiir cooperation pour rcaliser ce projet. ASIE. Malacca. — Abolition de I'Esclavage. — Une premiere as- semblee des habitans s'est teniie le 18 novembre dans le but de prendre en consideration le mode le plus ccnvenable pour abolir Tesclavage dans cet etal)lissement. II a ele arrelo (pie, tousles travaux domestiques etant executes par les esclaves, ■et les naturels ayant depuis long-tems contracte I'habitude d'etre ainsi servis, il etait impossible d'efl'ectuer un affranchis- sement immediat. Toutes les classes d'babilans, ayant intert-t et droit a peser la question, et a la resondre en conciiiant leurs intcrels particuliers avec la justice generale , ont ele invitees a envoyer une deputation a une seconde reunion qui a eii lieu le 28 novembre, et a laquelle se soi>t en effet rendus cinq depu- tes de la part des Portugais, cinq envoyes paries Chinois, cinq par les Malais, cinq par les Cboolc^as. Apres une discussion calmeet eclairce, on a fixe I'epoque de I'emancipation des es- claves a douze ans, a daler du jour de la decision. Les habitans ont ensuite adresse un rapport et une lettre de remercimens au gouverneur, qui a hate cette resolution de tons ses voeux et de tous ses efforts : ct Ion a inscrit solennellement sur les rc- gistres que I'esclavage ne serait plus autorise ni reconnu dans la ville et le territoire de Malacca , apres le 3i decembre 1841. — Nouveaux reglemens pour la presse. — La censure de la presse vient d'etre abolie ici ; on y a substitue des regle- mens qui interdisent aux editeurs de journaux : «rToute ani- madversion centre les mesures et les actes de I'honorable cour desdirecteurs, ou autrcsautoritespubliquesanglaises chargees du gouvernement de I'Lide; toiite enqueie sur les transactions poliliques de I'admistralion locale , ou remarques offensan- les sur la conduite pnblique des membres du Conseil, juges '.e observe les moindres convenances; ni sa voiture, ni celle de sa I'a- mille n'a suivi le convoi : nul envoye ne represenlait elle on sa fdle aux funerailles. Quels honneurs a t-eile rendus a la tombe de celui dont la gloire la distingue seule de la pe, dii diplomate aiilricliien, le prince de McUer- nich, on voil In figure rude et h;llec dn veteran Bliiclier. Apres le dtic dc "Wellington, vient Plaloff, I'hetinan des Co- saques ; puis, Capo-d'Islria , le cornle Nesselrode , le defunt marquis de Londonderry, etc., etc. Les portraits de femmes sont peut-elre les plus etonnans coninit; tableaux : remarqua- bles de composition et de couleur, ils ont un eclat et une vie exiraordinaires. L. B. RTJSSIE. Expecl'dion meniipqiie d C Ararat, par M. Parrot Ills (i). ■ — ^« Des que I'Araiat ent efe conquis par les armees russe, le professeur Parrot, de Dorpat , forma le projet de faire a ses propres IVais une visite a celte monlagne, celebre dans la plus haute aniiquite, et consacree par nos livres saints comme le second heiceau de I'humanilc. C'est au milieu de mars 1829 qu'eut lien son dopar't. Aprcs s'rlre muni des meilleurs iu- strumens d'obscrvation et de tons les aiilres objets necessaires, B!. Parrot se chcisit parmi les elevcs de I'Universite de Dor- pat qualre compagnons de voyage: MM. Feodoro/f, Schl.e- man, Halm et De/tagel , pour I'aslronomie, lazoologie, la ho- limique et la geognosie. L'empereur ajouta de son chef un courrier, homnic sflr, destine a hater les expeditions sur la route, eta epargner aux voyageurs bien des details fatigans, el chargea le comle Paskemilcit d'Erivaii dVladikai'kas, Viosbeck, an Iravers de la thaiue du Caucase. M. le general llenenkanipfr, <|iii accompagne le prince de Perse dans son voyage a Pelersi)ourg, nons in- slriiisit que deja la peste ravage Erivan et la oonlrce voi- sine ; circonstance qui ni'a arrete a Tillis jusqn'a present. J'ai employe nion sejour ici a des operations tres-soignees et soLivent repetees sur le pendule constant et ies aiguilles ai- mantees, pour lesquelles je nic suis elabli ici nne espece d'observatoire, on j'ai continue, conniie a Dorpat, Ies obser- vations du pendule pendant qnatre I'ois vingt-quatrc lieures. M. Feodoroft' me I'ournissait Ies tems exacts pour I'obser- yation des hanteui's du soleil et de quelques etoilcs. Je n'ai pas encore calcule Ies observations du pendule, ma is I'inHuence de la diminution de la pesanteur saute aux yeux. — Ti/lis, 18 jtiilUt. L'inlensite tin magnetisme est ici (d'apres un calcul approximatif) , o,()55 de Dor[)at; I'inclinaison moyenne 55° 55' ; la declinaison immediutement obseivee 3° 3i' a I'ouest. Ces dernieres observations ont ele I'aites avec deux grandes aiguilles, I'une paralKlippedique et pesante , I'autre tres-le- gcre et en forme de lance. Les resultats ont ete Ies memes. J'etais decide apartir pour 1' Ararat, sans me soucier plus long- tems de la peste, (jui diminue deja, d'autant plus que je me suis muni de chlorure de chaux, et que je ne negligerai pas I'u- sage du vinaigre en cas de danger. iMais toutes les personnes de ma connaissance ne veulent pas me laisser partir, parce que le voyage dans ces plaines humides, pendant I'exccssive chaleur, cause des fievres dangereuses et des dyssenteries. Four passer cette saison malsaine avec a vantage, je vais me Jeter dans le pays montueux de la Cachetic , encore tout-a- fait inconnu. — Ti/lis, 3o aoilt. Les vallees et les montagnes de la Caclietie sent encore tellement en proie au brigandage des Lesghis, qu'on ne pent s'ecarter d'une verste de la ligne des villages qui bordent cctle partie du Caucase. La seule ex- cursion nn pen consideraldc qui nons fnt possible I'ut dirigee sur la plus haute montagne de res contrees, dont nous attei- gnimcs le sommet, eleve d'environ i()G6 t. au-dessns du ni- veau de la nier, et cela ne fnt possible (ju'en nous I'aisant m escorter par 120 hommes d'infanterie, comraandes par un - * capitainc, et 200 gergious d'elite, bicn amies, et commande par un des printMpanx princes de la Caclietie. J'ai deja pu laire la quelques observations relatives a la ligne des neiges permanentes, et nous avons nivele-tont ce terrain , jnsqu'a Ti- r.issiE, 120 flis, pendant raliiJe el lerctour. Dans deux ou trois jours, nous nous meltrons en marche avec les meilleures esperances. La saison des grandes chaleurs est passee, la pesle diniinue de plus en plus a Erivan et dans les environs, tile n'a point alteint le beau monastere d'Erivas d'Elschmiazin, qui nous sei- vira de station pendant tout le tenis que nous voiicrons a I'Aia- rat, et de centre de reunion apres nous etre disperses dans les -environs. — Convent Saint-Gregor, sur le penchant inferieur de I' Ararat, il\ seplcmbre i8ig. — Nouspartiines le i^'seplembre deTiflis; nous arriv;1mcs, toujours en nivelant noire route, au monaslere (rEtSL'hmiazin, le H de ce mois. Le lendeuiain, trois artheve(|ues et plusieurs archimandrites nous honorerent d'une Yisite; et cnsuite le palriarche, vieillard de g5 ans, recut la notre, entoure de son haut clergo , avec bcaucoup de dignite et de bonte. Un jeunc diacre, noninie Abojan, qui nous servait d'interprete a cette cerenionie, demanda et ob- tint, a ma priere, la permission de nous accompagner a I'A- iHirat. ISous pai'liines le lo. traAersames I'Araxc, couclulmes la nuit en plein air et arrivames le 1 1 au soir ici. Nous nc trou- vanies dans ce convent delai)re 'et solitaire qu'un archiman- drite de ^5 ans, qui n'a jamais quitte cette solilutlc, oi'i il souffre, avec nnc resignation vraiment chrelienue, les mau- vais trailemens des Persans. Ce convent est ;'> quatre verstes du village d'Argure, nom qui signilie plantation do la rigne, et iJoit rappelei' que c'est la que ^oe a plante les premiers ccps. Notre maniere de ^ivre est tout-a-fait militaire. Outro les trois kosaks qui nous ont escortes depuis Tiflis, j'en ai I'ait venir en- core quatre d'Erivan et quatre soldats d'infanterie. Ma tente est au milieu dc la cour, gardee par une sontinelle : elle con- tient les instrumons, et me scrt de chambre a coucher. Wes camarades logent dans une gi-ande salle du cloitre. A notre premieie tentative d'ascension de 1' Ararat, I'aite a Test de la niontagne, nous arrivames a 2,iC)6 toises au-dessus du niveau dcl'ocean. Mais, parvenus a cette hauteur, nous vimesevidem- mcnlqu'il serait impossible d'atteindre le sominet dececote, a raison de la raideur de la penle des surfaces de glace que nous avionsaparcourir. Jesuivisen consequence, quelques jours jdus tard le conscil d'un paysan du village, de (aire un cssai dn cote nord-ouest, accompagne dcMM. Behagel, Schlicman, le brave diacre Abojan, deux soldals d'infanterie, un kosack, et cinq habitans dn village. Nous alleiguimes le premier join- la limite des neiges pennanentes , on nous passamcs la nuit au- pres d'un feu de bivouac. Nous parlimes au point du jour pour le sommet, esperant I'atteindre vers midi; mais, a celte T. XLVII. iriTLET i85o. »5 226 EUUOPi;. heme, nous n'avions aUcintf- que la hniUeiir /)c 2,(ioo loiscs. c'cst-;i-ilirc fail un clu'iiiin d'cnviron Son loiscs peipoiuruii- lairc; et , couiine il nio paraissail qnr nousavions encore luie liaiitenr de phis de 5oo toiscs a gravir par one mardie tou- jours ralentie , el voyant des nnages et des bninies s'avancer vers la niontagiio. ot (pii. vers le soir, la couvrireiit de neige. je me Irouvai lorce de ledesoendre, apres avoir plante an point le plus eleveque j'eusse allcini, inie gruuile croix de hois, de- passant de lo pieds le niveau de la glace, et sur laquelle j'a- vais clone une phiqne deploinl), sur laipielle elail I'inscriplion siiivante : A'/co/rto, Paull filio , latins liuthenicp autocralore jii- lienie, hoc asylarn sacro -sanctiirn armain maim rindicaiit , fulei Clirintionm , Johannes FruLrici fiUns Pnskeivitsck ah Eriwan, annoDonuiil i\] /'CY'(7A'A/A. Avantledeparl, rarclumaiidritc hi'.mt soleuneilenu-nt cette croiv et les vojageurs. L'Aiai-at est une nia,sse hiiniense de laves. Depuis 5o werstesanxeuvirons, jnsqu'aux nciges permancntes, nous n'avons vn, dans loutes nos excursions et nos deux ascensions, rien que des laves. INous n'avons pas trouve de cratere de I'ornie ordinaire, si Ton ne prend pas pour tcl une enornie crevasse an cote nord- ouest. L' Ararat enlier n'offre aucnn arhre ; quelques noyers et autres ari)res I'ruitiers plantes antour de ce convent sont des hroussailles ipii nieritent a peine le nnm de hnissons. Les ar- mt'ies de serpens et d'animanx (\arnassiers dont on nous mc- nacait out dispaiu, au rnoins devant nous; les Kourdcs n'in- qnieteni plus ce cote de I'Ararat , et la pesle est enlierement etouffee. Les excursions zoologiques et geognosliques se con- tinuent, et M. Hahn cherclie avec un soin scrupideux ce qui se trouve encore de plantes reconnaissables enfonies dans I'herhe secbe, tandis queM. Feodoroffnequiltepas un moment ses observations. Convent Siiiiit-Grcgor, a8 septcmhre. — Je me hate de t'an- noncer que I'ascension complete de I'Ararat m'a reussi. C'e- tait la troisieme tentative qini j'enlrepris ie af) de cemois; j'etais accompagne du robuste et inlrepide Abojau, de cinq paysans et de deux soldats rnsses. Nous arrivames le 27, a trois henres apres midi, a la cime. Les difficuUes elaient iiom- hrenses, et je doisheancoui), peut-eire le succes entiei', a I'ar- deiir des deux soldats et d'un des cinq paysans, les quatre autres n'ayant pu nous suivie. Des le premier pas que nous fiuies sur la neige glacee, jnsqu'an soinmet, nous avons dft nous former, pas par pas, a la bacln! des marches pom- y as- seoirlc pied, iesquelles nous furenl hieu plus necessaires pour Ja desccnie que pour la moutec ; car le coup d'ceil, plongeant de celtc hauleur sur ces surfaces immenses et escarpees de RUSSIE. 227 glaces Inisantes, cntrocoupros.de precipices proloiuls et ol»-- sciiis, a reelleuient quelque cliose d'iiuposaQf, nierae pource- liii qui osl agiieiii fi ces entreprises. Celte fois-ci, couiiue a la seconde leiit;itive, le loins nous favorisa completement; nous avons passe la iiuit au njilieu de ces frimats, dans une at- mosphere si tranquille et si sereine , que je s^ntais a peine le, iVoiil, qui, d'ailleurs, est extreniement sensilile ;'i de si gi'andes hauteurs. La lune meme prit soin de guidcr nos pas iucer- tains sur le cAue de glace, lorsiju'apres le couclier du soleil , je me trouvais encore bien au-dessus de la region des neiges permanentes. Le harometre etait au souKnet a 180,7'", a une temj)eralare de — 5", 5. c. ; ce qui doune environ .".,700 1. pour la hauteur au-dessus du niveau dc I'ocean. La hauteur de la ligne des neiges eterjielles est d'environ 2,000 t., hauteur ex- traordinaire pour cetie latitude de 59'',45'; selon les cartes, ce qu'on doit attnl)uer, vrai^emblal)lement, a ce quel'Ararat est une niontagne ton[-a-fait isolee, dont le climat n'est p.i;* refroidi par d'autres montagncs voisines qui dcj)assent cette ligne (1). L'Ararat n'offrc de tons cotes' depuis la ligne des neiges jusqti'ii une distance de 5o werstes, ou environ 12 iieues de France, absolument ricn que des laves, meme s^ans auties productions voicauiques, de soite qu'on doit le regarder comnie un des plus grands volcans, et comme ayant cela de pailiiulier, ([u'il se trouve a la meme distance de J^o Iieues de la nier Noire et de la mer Caspienne, et doit par consequent etre envisage comnie un volcan mediterrane. On est etonne de voir d'imuieuses rochers de laves s'elever au-dessus du reste conime des masses fou.lues, qui viennent de so figer en I'air. J'ai eleve sur ce somniet une croix de cincj pieds de hau- teur au-dessus de la glace, comnie un signal de la religion chrctienne qui domine , et eclaiiera bienlot ces contrees. Je feral les experiences di.i pendule aux environs du convent ou nous sommes, mais en piein air; le couvent ne nous offre , dans son inlerieur , aucune base assez soiide. J'ai deja fait plusicins experiences maguetiques; mais je les raultiplierai (i) Au Casbeck (43" dcgr6 de lalit.) elle tie moiile qu'ti 1G47 t. Selon la loi des cai res des cosinns des latiludes, la ligne des neiges de ('Ararat lie devrait s'elever qu'a 1822 I. , et par consequent de i5S t. de nioiiis que la veritable. M. Pairut se truuvaiit a I'Ararat dix-sept jour* plus lard qu'au Casbe. k. (qui s'eloifjiie de tr lis (leg; es un q larl de latitude de I'Ararat), ii diit avoir ele sur le soniinel des deux montages precise- nitnl dans la meme saison relative; c"est ce qui doit faire preferer i foule autre I'observaliou I'aite au Casbeck. ,,.,s F.riioFr. el les rept'terai, pour leur doniior le plus haul degre d'exac- titude. Nous sejouiniTons ici encore trois on quatre se- mainej T//F(.t, \" dicembre 1829. — Demain j'expedie frois de ines camarades pour le retour, avec les instrumens et les (collec- tions, escortes du fi(l(Me courrier. iM. Bcliagel et nioi ferons encore phisieurs nivcUenicns baronielririues. Le premier sera d'ici directenienl 11 Rcduule-Kale, sur la mer Noire, pom- re- dnire tout d'un coup iios hauteurs mesurees au niveau de cette mer, sans rintermediuire de la mer Caspiennc. De Re- doule-Kaic, je rotouruerai a Tiflis, pour niveler sa distance jusqu'a Bakon. De cette ville, nous passerons a Astrakan, et essaierons dc pcrcer depuis I'emboiuhure de la Rouina jns- qu'aux sources du Maniltsch, autnnt que I'hiver, qui n'offrc point de fonrrages a la cavalerie d'escorte , le permettra. En- iln, je m'eft'orcerai de gagner le terns de niveler les rives du A'olga jusqu'a Zarizin. SliEDE. Trataux publics executes en Snei/e par I'armee. — M. Theo- dore OhiwzR , I'nn des fondalenrs de VEcole deserts et Ma- nufactures, a Paris, et I'un des professeurs de ce precieux etablissemcnt, a fait un assez long- sejour en Suede, oi"i il a visite, en iSaS, les tiavaux de la forteresse de Vanas, sur le lac Wetern ; il a insere, dans les Annales de Vindustrie fran- caise et etrangere, une notice tres-instructive sin- ces iravaux. Nous croyons devoir transcrire en entier les reflexions par lesquelles il debute, et les I'aire suivre des observations qu'elles provoquent, ann d'examiner ce qu'il est convenable d'etablir en France, avant de nous occnpcr de ce qui se passe en Suede. (iDans ce moment, I'industrie francaise jette, non sansmo- tif un cell inquiet sur les communications inferieures du pays. De tons C(5les Tou'voit apparaitre des Memoires sur I'etat de r.os routes et de nos canaux; plusieiirs iugenieurs ont pid)lie luurs observations sur ce sujet important, et propose les moyens qu'ils croyaienl les plus propies a enipecher les maux (lui nous menacent. Notre lint n'est point de disculer les pro- jets proposes, ni d'en examiner la valour rreile. Au resle, nous ferons observer que, deja phisieurs fois, on a parle dans ces derniers terns de soldats utiles a la palrie en terns de paix, d'armee employee anx grands travaux publics ; que Ton s'est meme souvenu que les legions romaines, apr^s avoir con- SLEDE. jii) quis un pays, y etaient employees, pendant les loisirs de la paix et pour consolider la conquete, a construire des routes militairos, de5 aqueducs, etc. Nons avons done pense qii'il serait opportnn de piiblier des docnniens anthenliqnes sur remjtioi de raiuiee suedoise dans les tiavaux publics. Et d'ailleurs, qui ignore qne la grande route du Sinipion a etc executee par I'armce (Vancaise? que des bornes miiliaires al- testeront a la posterile que lei regiment construisil , en telle annee , telle partie de cetle route memorable qui a aplani les Alpes? »Q\\e de iravaux, de ports, de forteresses, de canaux, de routes, n'ont pas ete executes par notre grande arniee: presque tons ces travanx lurent executes, il est vrai, sur les terres conquises; letrangcr en jouit seul maintcnant, et sans doute avoc- dedain ; rien n'est reste a notre patrie. Des lors nos soldnts pourraient-ils ue pas employer avec plaisir leurs l)ras a elever sur le sol de la patrie des monumens utiles que tons les Francais pourraient contcmplerpD Arrelons-nous ici. Quand ces^era-t-on d'attribuer aux le- gions romaines les constructions qu'elles fireut executer par les malheureux habitans des pays conquis? S'il pent etre utile de conserver sur le territoire IVaucais ces traces de notre an- cienne servitude, c'est apparemmcnt afin que nos descendans connaissent d'autant micux le haul prix dc Tindependance na- tionale, et repoussent avec plus d'horreiu' I'idee de se sou- uiettre a une domination etrangj-re qui le^s gouvernerait mili- tairement, et emploierait leurs bras a taire des routes pour ses soldats, des aqueducs pour ses naumachies, etc. Certes, ce n'est pas en cela qu'il nous convieiit d'imitcr les Uomains. Mais, sans chercher des exemples au dehors ou dans le pa'se, ne pouvons-nous contracter I'habilude de I'aii-e deriver nos lois et nos institutions du petit nondire de principes qui for- ment a pen pres loiite la politique iles nations? Tant que nous n'aurous que des Inis mal raisonnees, contraires a des A^erites iucoulestables et fondamentales, et que ces mauvaises lois ne seront pas mieux appliquees qu'elles n'ont ete concues, le malaise social sera la consequence inevitable d'lm pareil etat de choses. Voyons done quels sont les principes dout on ne pent s'ecarter impunement, lorsqu'il s'agit de I'organisa- tion d'une armee nationale. On admet en France deux modes de recrutement pour les armees : les engagernens volontaires sont le premier mode, irini dont on se contenterait. s'il pouvnit sulFire; les coutin- 23o EliUOr»R. gens foiirnis par les rlepjirlenieiis, quoiqw'ils soicnt la pifncN pale rossoiirce de toiites les artvies el la pepinit re iles ineil- leurs solclats, n'obliemlraieiit point la pn'-rereiice, si Ton trouvait qiiclqiic moveri de s'en passer. II seMd)!e meni(? que les doctrines le plus goncraleiiient prol'essees aiijourd'liiii ten- dent a ne coniposci' les arniees que de soldats merccniiires , et font pen de eas des honinies qsic les lois appeilent sons les drajieaiix, liommes (|iii, dans certains eas, ponrraieni se sou- venir qii'ils nut une j)atrie a scrvir et a defendre. Jns<]u'a pre- sent on n'a point senti les inconveniens de ce donble mode de formation des corps militaires, dont la force depend en grande partie de leiir homogeneite : les enroles volontaires sent en tro}* petit nonibre poor nc point disparaitre, absorbes ])ar la masse des soldats appeles en execution des lois. Si, par la suite, ces deux elcmens de nos arniees se rapprocbaient de I'egalite numerique, on se determincrait probablement a les separer, ef a former de chacun des corps distincts entre les- quels on ])Ourrait susciter une louable emulation, an lieu de les contraindre a supporter paisiblement une association que leur origine repousse. En attendant, comme nos armees sont presque entierement composees de soldats reunis sous les drapeanx en execution des lois, c'esl pour ceux-la qu'il s'agit de resoudr.^ la question de I'emploi des troupes dans les tra- vaux publics. L'iuipot du service militaire est, sans conlredit, le plus onereux de ceux rfui pesent sur les contribuables : ajontons qu'il est aussi le pins inegalement reparti. Les antres taxes n'afiectent que les revenus, et pesent equitablement sur toutes les fortunes : celle-ci dispose des plus belles annees. de I'ave- nir, d'un petit nombre de jeunes gens designes par le sort pour acquitter seuls toute la contribution, tandis que tout le reste de la generation virile en est complctement alVranchi : une re- partition aussi vicieuse, aussi evideniment contraire a toutes les notions de justice et de bon gouvernement ne pent etre excusee que par une rigoureuse nccessile, par I'impossibilite d'agir autrement. Que doit faire le legislateur dans ces eas on il e-t force de ceder a im pouvoir au-dessus des principes de morale et de justice? Alleger autani qu'il est possible le far- deau qu'il ne pent faire peser que sur un petit nonibre, ne rien exiger au del.'i de cc (}ui est necexsaire, ne pas iniposer d'aulres devoirs que le noble eniploi des armes et du cou,rage pour la defense de la patrie. S'il reste du tems an snidat, apris Taccomplissement de ses devoirs militaires, c'est une propricte qu'il n'a point ali/'uee, dont aucune loi n'a dispose, et qu'on SUKDE. u3i m; pent hii lavir sans la plus revoltaiitc iiijiii^tice. Un tems vicnilra peiil-etic oi'i Ton leia mieux que ile in: pas ajj'graver le sort dii soUlat, en le privaut du tems (|u'il pom rail consa- crer a so preparer vin aveiiir lors(|ii'il lentreia dans ses foyers; on senlira que Ics ualions n'acqiiilleiit point leurs dettcs en- \ers Jeurs del'enseurs, en ieur luurnissant la subsistance, et ricn de plus. Si I'on medite sur la meilleure organisation de la force publiquc, on sera conduit a des verilcs encore inaper- cues, ou tout-a-fait liors d'usage, conibatlues par des prejuges plus puissans que la raison : peu a pen ces verites seront pro- clamees par des voix eioquentes dans I'enceinte legislative; recues avec emprcssemenl par la raison publique, elles fei'ont bientot partie des doctrines prolessees par tontes les nations eclairees; et tot ou tard il faudra bien que les gouverneinens s'y conforment. Si nous arrivons un jour a ce degre de perfcc- tionnement, il ne sera plus question d'eaij)loyer rarniee aux travaux [)ublics. El nien'.c, dans I'elat acluel de nos connais- sances, de nos opinions et de nos lois, les maxinies fondanien- tales de I'organisation dont il s'agit sont ])ressentics par 'tons les esprils droits et toutes les intentions patrioticpies, en depit des etforts que font encore les prejnges pour diriger en sens conlraire les opinions et les actes d'l gouveinement. C'cst a cette cause qu'it faut attribuer I'airaiblissemcnt de I'esprit nii- lilaire en France. Vons failes lout ce que vous pouvez pour depouiller de sa dignile le litre de soldat francais; et vous vous etonnez qu'on ne veuille plus rester sous les drapeaux ! Encore une observation sur I'eniploide I'aimee aux Iravaux publics, et celle-ci est severe; vous parlez de I'aire creuser des canaux, des ports, etc.,par nos soUlats. Si les bagnis vous fonrnissaient un assez grand nomine de travailleurs. vous Ieur doiuiericz la preference; ainsi, voxis suppleez par des soldals aux galeriens dont vous manquez! (leilainemeni , .M. Olivier n'a pas apercu toutes les consequences de la pioposition qu il a I'aite, (pjoiqne I'exemple de la Suede ait pu I'induire en er- rour. Qu'il fasse atlenlion a la dill'erence essentielle cnire la constitution mililaire de la France et celle de la Suede, et il seia pleinement convaincu de la in'-cessiU! de renoncer a i'aire cliez nous ce qui reussit an dela de la Ballique. C'est a sa iSole que nous empruntons les delails suivans : » L'nrmee sucdoise est divisee en deux parties tres-distinc- tes : I'une est permancnte, ellc se compose d'liommes qui sont soldals pendant toutelenr vie, et prend le nom d'armee««(/c//a; I'anlre se compose d'bommes enroles pour un tems, et preiid le nom d'arnice varcat. Les deux regimenfi des gardes a pied, 202 ELROPE. le ieg;imcnl ilos gardes a cheval , les trois regimens d'artillciiR die regiment des hnss.nrds dn prince royal composeiil la par- tie vdriat do larmee suedoisc. II y a environ 52,ooo hommes d'infanleric indclta; et c'esl celte Infanterie settle qui est appclecd covpcrer d f execution des grands travaua: d'litilite puhiique. )) Cliaqne anni'c, on de;iigne les regimens qui doivent cn- voyer des hommes aux travanx publics. Les regimens designee onvoient ciiacini a pen j)rcs lo meme nombre d'liommcs, et chaqne regiment, a tone ile role, Ibnrnit son contingent. Les tronpes se rcndent a lein- destination en arnies. et le sac sur ledos, n'emporlant que les eft'ets de petit efinipement milifaire; pemlant lout le tems qn'elles sont sni' les travanx, dies sont excrcees an maniement des armes et aux evolutions militaires le dimanche, dans I'apres-dinee. » Le nombio des oHiciers, charges ilu conmiandement des tronpes envoyees siu' les travanx, est ordinairement la moitie decelnielabli par ['organisation miiitaire.Cependant, suivantles localites et le genre du travail a execntcr, ce nombre varie ; jl est regie par des ordres jjarticnliers envoyes aux regimens an moment du depart des troupes. »En tout ce qui regardc la discipline, les soldats obeissent a leirs oflicicrs. C'est par eux qu'lls sont conduits et ramcnes du travail; j)endant le travail, les officiers surveillent les soldats, pour s'assurer, soit qu'ils execntent avco obeissance et activite les tra\ aux dont ils sont charges , soit qu'ils n'entre- prennent pas ou que les ingenieurs n'exigent pas d'cux des travanx au-dessus de leurs forces, etqui pouriaient compro- mettre leur saiUe. Du reste , penlant les heures de travail, les soldats sont entierement sous les ordres des ingenieurs, et diriges par eux senls. Les heures do travail et de repos sont indiquees mililairement. » L'organisation de I'armee indelta est due a Charles XI, qui fut un roi habile et on bon administrateur. Dans chaqne pro- vince, ilya un ou deux regimens cantonncs a perpetuite. Cha- qne olFicier a sa metaiiie (^hostel) qu'il fait valoir, et dont le revenu forme la solde de son grade. Cha(jue soldat a une chanmiere, et un coin de terre [torp] assez grand pour qu'il puisse sulfire a ses besoins. II recoit du gouvernement I'equi- pement militaire. Une compagnie est cantonnee, soldats et officiers, autour d'un village. Tous les dimanches la compa- gnie se met sous les armes, et manceuvie. )) Chaqne annee, pendant trois semaines, le regiment se rend an champ de manoeuvre, et cainpc. Quelqucfois, detix, on un plus grand nombre de repimens se reunissent pour exe- SIKDK. - ALLF.Al AGM:. 2j5 tiller i!e graiules iiianoeuvies Peiulaiit tout Ic terns que Ics soldals passcnt sous la tcnte, ilsieeoivent tlu gouveruementles vivres de canipagne. Par la rueme raison, pendant le terns que les soldats sent occupes aux travaux publics, ils reroivent, eomme en terns de guerre, les rations de vivres. Mais, pres- ([ue tonjours, le soldat appele aux travaux publics recoit ses rations en argent, parce que les localites perniettcnt rare- nient d'ctablir des niaj^;asius provisoires. "C'est le roi qui regie, suivant les lieux ou s'executenl les travaux, rindemnite ou solde {^bctini^^ que cliaf|'ue soldat doit recevoir par jour. Cctte solde varie, parce cpie , pour I'e- tablir, on consulte les matricules des prix des denrees dans I'endroit ou le soldat doit sejourner. nChaqiie soldat pent , apres avoir termine !c travail exige , el fourni sa journce, prcudie a son compte un supplemeiit de travail pour lequel il I'ait plix de gre a gre avec I'ingenicur. La solde de ce travail se nomnie of vir beting, et forme ses be- nefices. :> Les details exposes dans le resledela note font senlirle besoin de mieux connaitre tout ce qui concerne rinlanterie imlella de rarince suedoise ; niais il est assez evident que la Fi'ance ne pent adopter aucune inslitutioii luilitairc qui soil analogue a cellc de cette infanlerie, ct que, si nous prenions la Suede pour rnodcle, ce serait pour imiler I'organisation et Teniploi de son armee varvat , qui n'est point chargee de travaux pu- blics. ALLEMACxiNE. Berlin. — Socieic de geograpliie. — Cette Societe a lenu sa deniiere seance le G juin. Le celebre geographe Ch. Ritter y a lu des notices sur la race des negres qui habilaient auti-e- fois dans les montagnes de rHiinalaya , et sur les masses de fer melcoriqne trouvees dans I'lnde et en Arable. II a egale- ment presenle une copie de la carte du geographe arabe lln al W ardi, d'apres le dessin de M. Johannsen. a34 EUROPE. DOCUMENS RELATJFS A LA STATISTIQDE MOUALE 1)E LA MONARCllIE PRUSSIEMNE. (Voy. t. XLVi, p. 49i et p. 791.) 10. Crimes et Delits. a. Tab lean ilos criwcs cl ■- ^— — ~, en K.^»<-.al sur ce„. 196 16 45 10 I 10 10 63 '7 220 12 100 6 60 4 110 •"" 827 9 937 8 Contre les propri^lis. 1,055 84 ■^99 1,043 3oo 9u 83 ■,574 88 2,107 1,542 0,007 94 97 8,o48 11,355 91 92 Total. 41 i 1,1 53 363 »v97 2,267 1,602 0,417 8,875 12,292 b. Tableau dcs crimes cl c/cllts comntis dans lcs ancictmcs provinces de In monarcliie prttssicnnc pendant I'annce 1826, avcc I' indivaiion de leur pro- portion relativemenl aitx personnes et aux proprictcs, ct de tear rapport a la population existante dans la mime annee. * Pbovinces. Brandeboiiig Pomeranic . . Prusse Posen Silesie Saxe Westphalie. . Toi Population en 1826. 1,525,000 862,000 2,o3o,Qoo 1,067,000 2,022,000 1 ,378,000 1,200,000 io,3S'j,oou Crime 5 et ddits c el 9 .■■47 69 448 ALLEMACNE. 235 C. Tableau general o/frant le iiomurc ties pcrsonnes cnndawnces a morl dans toitte la monarchic prusdenne, depuis iSii^ J iisf/u'cii iSy.y inclii-iivcwcnt, en distingiiant le.i sentences qui j'urenl eonjimiees de cellos oil la peine do marl a Hi eommuco. 1° Par Provinces. De iSiS a 1827 Incliisivcnient. Srandeb. PomC-ranie. Trusff. Poseii. Sili-sie. Saxe. Weslphalic. ProY. rbin. 01 V 1 s a c E "s! 'i = ■S c 2 "3 =t: c a •-■ p ■5 =r:' 5 "« ^ s a 0 0 a H U u H u u H U u H U -> H 0 u H y u f-i U u H 0 0 u — — — - — - - — - — - - — - — — - - — — iS "4 33 6 • 3 i8 1 i5,53 9 8 '7 i5 12 27 7 7 »4 4 6 K 10 60 70 ?" Total g^n^bal, ^irc la distinction dii scxe dcs condamnes. Sentences confirmees. Commnet s. Total. 0 £ ■^ i S ^ C9 — 'J s ' _ a 0 S •3 c 3 o H 0 H 0 y H S b^ B3 b^ - fc, 77 10 87 87 56 I 23 164 4G 2 10 3" JlESUHi ciniRAL AVBC LE BAPPORT DES EXSCUTfiS EX DES GRACltS A LA POPULATICN. De iSiSi 1827. Dans !es anciennes provinces. Dans Ics provinces rli6nancs. . Dan.s loiitc la uiuiuucliie Condaniiics h iiiorl. i4o Nombre d'liabitans pour line contlainnation 1 gfiifril 124)096 237,100 1.52,62.5 3y,.il7 35,414' l;5'7'*^'J (/>« suite ail Cahier proc/uiin ) 68,688 33,871 56, 100 236 IvliKOrE. ITALIli. Turin. — Acadvmie des sciences: Section dcs sciences morales, historiques el plulolo^iques. — L'Acudc'njie propose, pour siijct de prix, uii travail sur les Institutions manicipales en Italic, depuis la cliute de I'empire d'Occident, en l\'^Q, jiisqud la fiu de la domination de la luaison de Soiiabe (Hohen.staiifen), en 1224- On deiuande i " des details snr I'etat des dernieres ins- titutions uiunicipales rouiaines, ct sur les cliaii{!;eniens qu'y iirent tour a tour les Goths, lesGrccs, les Lombards, etc., pendant que I'ltalie etait nnc proic que se di>pntaienl des princes italiens, i'ranrais, allemands, el enfin sous les emoe- reul's et rois des maisons de Franconie et de Souahe; 2° une analyse des hisloriens qui ont parle de la destruction, soil enliere, soit parlielle, deces inslitulions rouiaines; on indique specialemeut Sii^onio, Faniagalli, Liipi, Sismondi, Marutori, Savii^ny, Leo, Pagnoncelli Les Memoires, ecrils en italieu, latin on fraucais , devront etre remis avant la fin d'octo- bre 1 832. Leprix est une uiudaille d'ordela valeur dcGooIires. GRECE. Etat de Censeigneinent primaire en Grece. — Nous avons plu- sleurs fois eiitretenu nos lecteurs de cet objet important pour un pays oti tout est a creer, les hommes et les choses. La publication d'un document officiel nous I'ournit I'occasion d'y revenir, cl nous la saisissons volonticrs. La ^emWalion grecque actuelle, habituee a la guerre, est peul-etre inhabile a seconder I'ttablissement de I'ordre et a gofller le calme de la paix : il s'agit d'en I'ormer une autre plus en harmonie avec I'avenir probable de la (irece. 11 faut, en im mot, faire I'eilu- cation d'ini peuple. Parmi ceux(|ui s'yemploient avec ardenr, nous rcmarquons, non sans une vive satisfaction, un de nos compatriotes, M. Dulrone, dont nous avons plu^ieurs f)is si- gnale les utiles travaux el le zele pour la regeneration de la Grece. C'est a lui, en grande parlie, qu'est dCi 1 elat satisfai- sant de I'liislrnclion publique lei qu'il est expose dans le rap- port suivajit fait an president parle secretaire d'Etat, Chryso- selos. Cette pitce est datee du 26 ievrler (10 mars) i85o. Rappobt. — « En execution des ordres de V. Exc, le se- cretaire pour les affaires eccl^siastiqucs et pour I'instruclion pub!i(|uc a i'honneur demetlrc sous vosyeux, M. le president, les rcnseigucmcns (pi'il a recucillis ju^qu'a ce jour relative- ineiit aiix I'cules de langiic grecqiie et a celles d'enseignement mutiiel qui sc tiouvcnt etablics dans I'Etat. » Ces renseigiiemens, d'linc part ptiises dans les rapports queles commissaires exUaordinairos et les gouverneurs pro- visoires ont laits an gouvcniemont, en se conformant a la circniaire qn'il leur avail ete adressee, en dale dn 5 octobre dernier, et d'nn autre cute conrrontes avec les catalogues des mailres el avec les indications donnees par des parliculiers a porlee de connailre la situation de ces etahlissemens, ont ete consignes dans un registre ad hoc. Ce registre contient le ca- talogue des ecoles de langue giecque et de celles d'enseigne- ment mutuel, le nom des m litres de chacune d'elles, I'indi- calion du traitement de ceux-ci, les fonds accordes par le gouveinement pour la fondation et I'enlretien de ces etalilis- semens, enfin les contril)utions payees par des parliculiers. » D'apres le tableau sommaire que j'ai I'honneur de Irans- mettre a V. Exc, elle veri'a qu'il se trouve etabli : 1° dans le Peloponese, dix-huit cm olc? pour la langue greique, fonle- nant ^ 694 eleves. Vingt-cinq ecoles d'enseignement mutuel, con- tenant I5768 Dans les iles de I'Archipel, y compris I'Orpha- notrophe el I'ecole centrale, trente-une ecoles pour la langue grecque i»7i'i Trente-sept d'enseignement mutuel 3,G5o Total, cent onze ecoles, renfermant . . . 7,S2'i eleves. Quand a la Greco continentale, le lieutenant plenipoten- tiaire vient de fonder a Lepante une ecole pour la ianguc grecque, et I'edifice qui se construit pour le mcme objet a Slissolonghi, aux frais du gouvernement, va bieutot elre acheve. Ainsi V. Exc. se convaincra que les Grecs, a peine rentres, depuis son arrivee, dans leurs haI)itations, s'empres- sent parlout avec une egale ardeur a concourirde lous Iciu's moyeus a la fondation des ecoles. » Les re^sources que la sollicilude de V. Exc. a procurees a ces elablissemens, les mesurcs qu'elle a bien voulu adopter pour les assujettir a des regies uniformes, la fondation d'une ecole ceiitrale oii viennent deja se former les iiistilnleurs qui doivonl les diriger, le zele enfin que des citoyens hellenes, domicilit's en Grece, 011 dans I'elranger, mettenl a encnura- ger I'inslruclion, garanlissenf a la nation des progres rapides vers les lumieres. qui constituent le principe vital de tonic socicte. " «38 FRANCE. frangt:. PARIS. Instititt. — Acadcinie dea Sciences. — Juilliit i85o. — M. Cavchy fait nn rapport siir iin Memoirc dc M. Ch. Stbum, intitule : Resume d'ltne nouvelle Tlieorie relative d tine clause de fonction.s transceudanles ; nous en donnon.H les conclu- sions, (I M. Sturm s'ost contcnle !e plus souvenl d'enoncer les propositions auxquellcs il est parvenu. Ayunt verific un grand nomhre de ces propositions, nous les avons trouvees parfaite- meut exactes , et nous pensons que le nouveau Memoire de iM. Sturm est tres-digne dc I'approbatiou qui a etc accordee au\ autres ouvrages de ce jeune savant. En consequence nous proposons a I'Academie d'inserer ce Memoire dans le recueil des savans etrangers. « ( Approuve. ) — M. Caucht presente un nouveau Menioire stir la determination des racines Ijrimitive.i. II annonce qu'il se proposail de revoir ce Menioire redigc, il yapiusieursniois. Maisua journal scicntifique ayant annonce c[ue d'autres personnes s'occupent du ineme sujet, il se borne a presenter la redaction primitive; sur sa de- mande, ce iMemoire sera paraphe par un des secretaires. — MM. Geoff roy-Saint -H ilaire el Serres font un rapport sur une note de M. le D' Dupoiiuquet, concernant un enfant double, du ^enn'. isc/iiadelplte, ni: a Salics (Basses-Pyrcn'-cs), dans les der- niers jours de mars. Cemonslre presenle I'idce de deux enfans reunis et coUes sur une ligne circulaire qui partirait du bour- relet des anus et passerait sur les pubis, de telle manirre ((ue la peau des deux ventres, en s'agglulinant , a cache les or- nanes sexuels, et que les deux enfans ne semblent avoir O 1 1 1 1 1 I . qu'un abdomen commun et n out qu un seul cordon ombi- lical. — Seance da i-ijuillel iSjo. — M. Gnillaume Libri presente une noteconteuaut une formule (jui donne en nombres, direc- tcment on d'une maniere gi'uerale, les racines primitives d'un uombre premier qiielcouque. (MIM. Foisson,Caiicliy, commis- saires. ) — L' Academic procede auscrutin pour la nomination d'un candidal a la cliaire de I'^cole dc pliarmacie; sur 07 vo- tans, M. .5y«/ie/rrtn obtient 26 voix, M. Corentoa 1 i ; !a nomi- nation de yi.Souhcirun sera adressee au ministre. M. ChevalUer avait rcnunce a la candidature. — M. Dcpuytren presente a rAcademi<; uu enfant age de 10 a 12 uns, le(|iiel , par suite d'une inllanauation gaugreneuse a la face, avait perdu la r PiyilS. 27»9 commissure des levres, line parlie tie la levre siipeiieure, la totalile (le la joue ct la majeure partie de I'os maxillaire iiili.- rieur dii cote droit. Ces pertes de siihslances etaieiit accom- pai;nees d'un ecoidement involontaiie de la saiive et des aliiiiens, d'impo^r^ihilite de former aucun son artieule et d'lm deplacement de la langiie qui pendait i usque sur la partie mojenne du cou sans jamais pouvoir etre ramenee dans la bouche. Ces diilormites et ces incomuiodiles avaient fait ex- clure le malheureux enfant de loute reunion publique ; son existence seiublait t-lre arrivee an dernier terme ; il fallait venir a son secours, sous peine de le voir [xirir d'inanition. Apres de mures reflexions, M. Dnpuytreii s'arreta a I'idee de faire un emprunt a la pcan dn ecu, pour reparer la perte de substance ct corrif;er la diflbrmite de la face. Apres trois ope- rations su(;cessives, renducs necessaires par des accidens inde- peudans de la mcihode employee, Tenfant a etc j^ueri de tout e< oulemcnt involontaire de la saiive, des alimens , do tnute dilfomiite produite soit par la chute de la langue sur le cou, soitpar la destruction de la joue, et quoi(ju'assurement la face ne soit pas des plus reguliores, elie n'ollVe rien de repoussant. — M. Arago met sous les yeux de I'Academie un Memoire (le grograp/de matkcmuiiqae de M. Pentlakd, contenant les lon- gitudes et les latitudes des points les plus reniarqiiables de la partie du Haut-Perou. quimainlenant porte le nom da Bolivia. Ces determinations ont ete obtennes, en iSati et 1827, pen- dant un voyage que iM. Peutland a fait en Aa)eri(]ue par les ordres du goavernement anglais. Les instrinnens dont il etait muni sont : un excellent sextant de Trougbton ; un sextant a tabatiere ; un ccrcle a reflexion ; un borizon arlificiel a mer- ciu'e ; deux cbronometres de pocbe d'Arnold et Koskell, et nne collection complete de barometres, !bermomctres et by- gromctres. Les latitudes wnt ete determinees par des hauteurs circummcridiennes des etoiles situees an imrd-est et an sud dn zenith ; les longitudes des principaux points se foiident sur de nombreuses observations des distances de la lune aux etoiles. II rcsulte du travail de M. Peutland que les cartes de I'interieur du Peron duivcnt etre complclement refondues. — M. Arago met sous les yeux de TAcademie I'extrait d'un tra- vail que iM. QiETELET, directeurdei'ObservaloiredeBruxelles, lui a lemis, et qui concerne les degres .ii^ccessifs de force qu'une aiguille tl'acifr refoit pendant les fiictions nm.tiplcs qid servenl d I'aimanler. L'auteur a Irouve que toutes ces forces sont re- presentees par nne formnle CNponentielle contenant trois conslanlos, en .sorte que, si i'on a oi)serve rintensile du ma- ^i'lO 1' KAN CI". gnetisiTH- de I'aigiiillo, aprus iinc. deux et trois (rictioiis, par exempl(!, on pciil calculer oo qu'elle sera apri-s qiialie, cinq, dix, vingt, etc. En etudiant ensnite la nianicrc dont le ma- gnetisms d'une aiguille se renveise qnand on le I'rotle en sens contiaire avec les mcnies l)arreanx qui d'ahord avaient servi a I'aimaiiter, M. Qiictclet a rcconnn que la charge maximum dcvenaitde plus en ])lus I'aihle a niosure que les rcnvei'semens semullipliaieut. Ainsi, apies raiuKinlation primitive, I'aiguille oscillait plus \ite qu'a la suite du premier renversement ; mais cetle derniere force a son tour surpassait cclle dont I'aiguille etait douee , quand, de nouvelles I'rictions nyant encore ren- ■verse les poles, elle se troiivait revenue, du moius pour le sens de I'aimantation, a I'etat initial, etainside suite. Au reste, ces differences allaient continuellement en s'aflaiidis?aut, et, sui- vant toiiteapparencc, ellesauraienttinipar devenirinsensibles. • — l\I. Arago communique nne Ictlre dans laquelle iM. Dau- BuissoN, correspoudant de I'Acadeniie. rend compto d' expe- riences qn'ii a faites a Toulouse avec M. Castel pour resoudre ces trois questions d'liydraulique : i". Sous de petites charges , le coe/ficientde la coniructiondc laveine fluide augmente-t-il lorsque la charge diminue, comme on le supposait ilejd? La reponse est affirmative. 2°. Le co'cjjicient propre aux orifices rcctan^ulaires allonges esl-il lemcme que celuidcs orifices circulaires ou cdrris, xiinsi qu'on Cadinei generalemcnt? L'expeiicnce a repondu ne- gativement. 5°. La depense par un orifice est-elle affoibUe si, dans le voisinage du premier, il en existed' atitres auirav,rs des- quels le liquide ptiisse aiissi couler? Pour de petites charges, cette influence que divers orifices voisins pourraicnt exercer les nnr sus les autres n'a pas lieu. Si les experiences de ce genre faites sur les empelemcns des portes d'ecluse du canal du midi sont exactes, on a cu tout au nioins tort d'en generaliser les residtats. — M. Cauchy lit im Mcmoirc sur la Iheorie des nomhrcs. — ]>!. Cuvier lit un Mitnoire sur quelques ossemens qui paraissent appartenir d un oiseaii dont I'espece a etc detruite seulement depuis deux siecles. Cet Oiseau habitait I'ile Maurice a I'epoque oTi les Europeens s'y sont etahlis. iM. Cuvier trouve que ses restes donnent dcs prcuves sufTisantes que cet oiseau /ippailcnait a I'ordre des g^illinacees. Ces restes ne sont point petrifies, mais seulement reconverts d'une legere incrustation calcaire. Leur decomposition n'est pas grande, en sorte qn'on pent les considerer comme aj^ant ete deposes a I'epoque geo- logique actuelle. — iM. de Blainville fait I'observation que. fkpnis plusienrs annecs , il s'est occupe d'un travail sur le Donn. pom- loquel il a fait faire trois planches, qu'il met sons FARlS. 24« k? j'eux de rAcademic. II est arrive a ce resultat que, suivaiit lui, c'etait un vautour et non un gallinace, ni iin iiiaiichot, conime i'ont voiilu quelqiies auleurs. 11 se propose de lire son Rlemoire dans la seance prochaine. — IM. Geoffroy-Saint- HiLAiREpresenleaussi quelques observations au sujctdn Dodo. La dispaiition comidete de cet oiseau lui rappellcqu'on trouve aujourd'liui des niomies entieres de crocodiles qui ne res- semblent pas a ceux qui peuplent actuellenient le INil. — Seance du 19 juillel. — M. Peltier annonce avoir applique le gaivaiwmctre a la niesure du produit des piles siche.s , et que les piles de 25 a 3o couples lui out donne le maarimiim de deviation de i5 a 24 degres; qu'a 200 couples il y a a peine de 5 ou 4 degres; que de 600 a niille il n'y a de seusibilite que par intermittence. En reunissant au con- traire les pules de meme nom, il a rougi la teinlure du tour- nesol avec 5o piles de 5o elemens, et rednit du nitrate de cuivre. Le galvanonielre augnicnte de deviation dans le rap- port du nonibre de piles. Avec une pile de 40 eleiuens de six pouces en carre, il a rougi en trois heures la teinture de tour- nesol, et le galvanometre marqu'ait 80 degres. — IVDl. Che- VALLiEB et Paten adressent de nouve/les observations sur les moyens d metlre en usage pour prevenir les faux en ecritiire. lis proposent d'introduire dans la pate du papi«r destine a porter le timbre une substance colorante qui puisse resister a Tac- tion de Pair, de I'huniidite et des autres causes qui agissent sans le conconrs de I'honinae sur le papier ordinaire, mais qui serait susceptible de se decolorer lorsqu'on altererait le pa- pier pour comnietlre un faux. (Kenvoye a la commission deja nommee.) — ^Sur la demande du ministre de rinstruclion pu- blique, la section de physique est chargeedefournir des cxpli- ratiuns sur certains points de son instruction sur les pat-aton- uerres, et notamment sur la distance a laquelle ils doivent etre places les unsdesautres. — M. ledocleur Fontaneilles adresse deux insectes rendiis par une de ses malades a la suite de pilules purgatives. « Ayant observe ces deuxinsectes au microscope, dit ce medecin dans sa letire, il m'a paru leur reconuaitre les caracteres d'une espece de chenille arrivee au commencement de sa metamorphose enchrysalide ; ils onl a pen pres nnpouce de longueur. Leur peau est assez dure et liiisante, le nujseau est rond et ressemble a celui du ver a sole. .le crois avoir distingue six rangs de paltes inl'erieures. » ( .M. Dumcril, coui- missaire,) — MM. Cuvier et de Bi.ainville font un rapport sur ie Memoire de M. Duces, contenant quelques observations nouvelles sur les planaires et genres voisins. Ce travail, qui T, xLvii. jullet i83o. 16 U4'2 FliANCE. offre bcaucoiip d'interfit, sera imprime dans le Rectieil des sa- vans eirani^ers. — M. (^apchy pieseiite un Memcire sur la dis- persion de la Imnii're. — Srunce pnhlit/ue du i(S juillet. — Prix decernes, • — i ". Le grand prix de matlirmaliqncs, con^istnnt en ime meditille d'or de trois mille francs, que rAriultiinie nvnil propose pour celiii des ouvragfs, on maunsi-rils on impriint's, q li pri'.senlerait I'applitation la plus iinporlanle des theories matheinatiques , soil a la physique j^tneiale, soil a TasUonomie , ou qui con- tiendrait ime decouverle analyliqne tn's- reniarquahle, a ete parlage enire la lainille de le t de IM. Abel, de Chrisliania, et M. Jacobi, prof'csseur de matliemali([ues a Kcenigsberg. — a". Le sujct du grand pri.c des sciences natiirellcs etait une des- frripHo'i anatomique iles nerls des poissons; I'Acadt'inie n'a recu qu'iin seul iMtmoire redige eu lalin, et atoompagne de dessins dn fiui le plus precieiix, qui represeiiteiU la distribu- tion des nerls dans le sandre ( pcrca luciopcrca ) , le brochet [eson Lucius), et la laniproie [peiromyzon mariniis. ) Ce Memoire coiitient des observations excellenles et mie liistoire presque aussi tomplete (|u'il etait possiide de I'allendre des nerfs des deux piemieres espec-es; mais telle liistoire est bcauconp nioins parfaile pour la troisii nie espt'ce, ainsi que le redactcurlui-meme le reconnait. IN eaninoins I' Academic, dans la vne de conlribuer au perl'ec tionncment de ce travail et a sa publication, lui accordc, a litre d'encouragenient, la somme entiere de r/aalre inille francs, consacree au prix propose. — 3°. Prix d'astronomie. L'Academie decerrie cette aiuiee la medaille fondee par M. Delalande, a M. Gambart, direclcur de rOhservatoire de Alarseille, quia apercu le piemierla nou- velle coniete de i85o, I'aobservee avec le plus grand soin, et a dett+niine les elemeus ]»araboliqnes de son orbile. Kile a de- ceniedeux autres medailles; I'uiie a i^l. Gambey, a qui I'Ob- servaloire de Paris est redevable d'une niagr.ifique lunette nieridienne, et d'un cercle equatorial tres ingenieux; I'aulre, a R]. I'errelet, inveuleur d'uu conqiteur li detente, a I'aide du- quel un observateur inexpcriniente pent delernwtier les ins- tans des passages d'une etoile sous difl'ercns fds de la lunette mt-ridienne, avec la precision d'un dixicme de seconde de terns. — 4"- Pi'i'^' '1^ mrcunitjue de HI. de Montyon. L'Acade- ttiie a partage le prix ; elle a accorde une medaille de 700 Ir. a M. Thilorier, pour les perfoclionneniens remarquables qu'il a apporles dans sa machine a comprimer les gaz; et une seconde medaille de 5oo fr. . a M. Babinet, prolesseur de pbysifjue, auleur d'un perfectionnement des machines pneu- PARIS. u^S niatiqucs. — 5". Le prix de physiologic experimentale de M. Uv Monijon e I'onvrage de i\l. Fouhcavd, intitule : Lois de rorganisiiie vivant, on application des lois physico-cliiniiques a la pliysiologie. — 6°. Le prix ile M. de Montyon en laveiir de ceini fjui aura deconveit les laoyens de rcndre on ait on un metier moins insaiuhre est accorde a M, le chevalier Aldini. a qui Ton doit Carl de preserver les pom- piers de I' action de la jlainnie dans les inrcndies ; TAcademie, preoant en consideration le devoflment de M. Aldini et les depenscs considerables qu'il a I'aites, Ini accorde la somnie de hiiit mills francs. ■ — y°. Le prix de statistique, fonde par M. de Montyon, et consistant en une medaille d'or de la valeur de 55o fr. , a etc decerne a W. A. I'uvis, ancien ofTicier d'artille^ rie, anteur de I'ouvrage intitule : ISotice stutistiquc sur le dd- partemenldel'Ain. I'rix proposes. — 1°. Grand prix de mathemaliqiirs. Une me^ daille d'or de 5,ooo fr. sera decernee a I'auteur dii meilleur Mimoire sur I'exptication du phcnoin&ne dc la grelc. Ce que. TAcademie demande, c'cst une thtorie appuyee sur des ex- periences positives, sur des observations varices, faites, s'il est possible, dans les regions mcme oi'i nait la grele. — 2". Pa- reille medniHe sera accordee au meilleur travail sur le sujet suivant :« Examiner dans ses details le phenoniene de la re^ sistance des fluides, en determinant avec soin, par des expe- riences exactes, les pressions que su[iportent separement un grand nonibre de points con\ enablement choisis sur les par- ties anierieures, laterales et posterjeures d'un corps, lorsqu'il est expose au choc de cc fluide en mouvement, et lorsqu'il se nieut dans le meiue fluide eu repos ; mesurer la \ ilesse de I'eaii en divers points des filets qui avoisinent le corps; con- struire sur les donnees de I'observation les ctiurbes que Tor- ment ces filets; determiner le point oi'i commence leur devia- tion en avant du corps; eqfin etablir, s'il est possible, surleis resultats de ces experiences des furmules empiriques, que Ton comparera ensuite avec I'ensemble des experiences fai- tes anterieurement sur le meme sujet. « (1" mars 1802.) — 3°. Grand prix des sciences naturelles. L'Academie propose 4,000 fr. a I'auteur du meilleur Memoire sur le sujet sui- vant :« Faire connaitrc, par des recherches anatomiques, et 4 I'aide de figures exactes. I'ordredans leqiiel s'opere le dc. 244 ruANCK. veloppenient ties vaisseaiix, ainsi (jne Ics prin< ipaiix chanj^e- nu'DS qu'eprouveiit en general les organcs desliiies A la cii- (iilalion (III sang chex les animaux verteJjres, avanl el apres leiir naissaiiee, et clans les diverses /poqiies de leur vie. » (i^'jaiivier i8ji.) — 4°- P>'i-^ fondiparM . Allmnthert. L'Acade- niie propose \\\\ prix de i,5oo iV. an nicilleiir Memoire snr la question siiivanle :« Determiner a I'aide d'oljscrvations. el de- monlrer par des preparations anatoiniqucs ct dcs dessins exacts les modilLalions que presentent dans leur sqiieielte et dans leiirs muscles les reptiles batraeiens , tels ([ue les gre- nonilles el les salamandres, en passant de I'elat de larve a cc- liii d'animal parfait. »(i'''avril i83i.) — 5". Lf prix d'astro- rwmie fonde par i\I. de LaiAisde, et consistant en une niedaille d'or de G35 IV., sera deceine en juin i83i. ■ — 6°. Le prix de physiologie expcrimentale fonde par -^1. de Wontyon sera de 895 iV., et decerne a la meme epoqne. — 7". Le prix dc rm';- canique de i\i. de Montyon sera pour 18,")! une niedaille d'or de 5oo i'r. — 8°. Pri.r dirers du legs Montyon. Ues prix seront deeernes aiix autenrs des oiivrages ou dcs decoiivertes qui se- ront jnges les plus utiles a I'art de guerir, el a ceiix qui au- ront trouve les uioyens de rendie im ail ou iin metier nioins iusalubre. — 9°. Un prix de cinq mille frams, provenant du legs iMontyon , sera decerne an nieilleur Memoire sur cette question ; « Determiner quelles sout les alterations physiques et chimiqnes des organes et des lluides dans les maladies de- signees sous le nom de (levies continues? quels sont les rap- ports qui existent enlie les symplomes de ces maladies et les alterations observees? insister sur les vues de therapeiitique qui se deduisent de ces rapports. » — 10°. Uu autre prix de six mille francs pour cette question f/e f/(/"/v//'i;(e. c Determi- ner par une serie de Tails et d'observAlions aulheutiques quels sont les avantages et les inconveniens des moyens me- caniques et gymnastiques appii(jues a la cure des difforiniles du systeme osseux. •>■ — ■ 11". A« prix de slatistiqtte fonde par M. dc iMontyon consiste en une niedaille de 55o tV. — Apres la proclamation des prix, IM. Cuvier lit Teloge de Humphrey Dai\y; M. Arago, celui de Fresnil. La longueur de la seance n'a pas permis a M. Cuvier de lire i'eloge de Vaiuiuelin. A. MiCHELOT. Socieiephilolechiiiqiie. ■ — Seance pubtique da •iomai i83o,soiis lapresidence de M. dePoincervii.le. — M.Tiiiesse, secretaire- perpeltiel, daiiMin elegant discoiirsd'ouverlnre, a passe rapide- PAillS. 245 niciil en reviielrsliavaux, les pL-rtes, I(\siirt|ui.silinii.s tie la So- licte pendant le.'^cniestie ecoule tiepuis !a seance pivoedcnte. Ce uiorceau, au,ssi bien ecril qiiehien compose, exempt de loii- gneurs, plein de goCit et de convcnance, a ote IVcMpieiuuient applaudi. On a surlout dislin„Mie I'lioniuiage louchant rendu par I'oraleiir an icspcetable Gohier, qu'une maladie, devetnie bientot apres morlelle, retenaiteloigne de la seance ; nne iSo- tiee egalenient toucbante snr un autie monibrc de la Societe, M. Levava.is.eur, mort vicliuie de son zele a secourir les mal- heuieux pendant les lignenrs dii dernier hiver; et surlont le passage on, rappelant I'election dc son confrere, M. de Pon- gerville, a T Academic francaise , M. Tbiesse a sn associeraii juste tribut d'eloges que mciilait ie tradnclenr de Lucrece et d'Ovide une loyale appreciation dn talent et des litres de ses roncurrens. Apres le discours du secretaire-perpetuel , on a enlendu avec plaisir deux jolis apologues de iM. Michaux (C/or/.s); un fragment des excellenles eludes de V.. Tissot snr Virgile ; up.e. epitreagreabie et fort agreablenient hie de M. I'ebve, anqiiel on poui'rait scniement reprocber de ne point assez varicrle cboix de sessujets; un morceau plein d'interet, faisant partie dc I'bistoire du Grand-Frederic, par M. CninUlc Paganel ; trois fables de iM. le baron de Ladoucette. Uu beiu'eux melange de sentiment et de gaite, nn debit vrai, expressifct spirittiel out fait vivementapplaudir \econ1c popiilaire par iequel M. Boiully a terniine la paitie littcraire de la seance : nn concert on se sont fait enlendre plnsieurs artistes dislingues, AIM. Daiidiol, Romagncsi, Tilmant, MM'"" Roniagiic.si, Tuelle cl Batuiiot , n complete la satisfaction du nombreux anditoire que la cbaleur deja vive dc la saison n'avait pas empecbe de se rennir dans Penceinte de la salle Sairit-.lean. Instiiulion aiiail'iaive de CEevle de Droit pour les rludions nationaiix et i'ira7igers, siluee rue des Fiancs-Boiwgeois, n" 8, dirigee par M. Darbagon. • — Nous avons dt ja parlc de cette Institution; nous avons monlre comliien elle offrait de secu- rite anx parens qui craigneiit dc voii- leurs fils abandounes a eux-mCmes dans luie vilie c(jmme Paris, et (jue cette crainte empecbe souvent de donner a Icur education loule I'exten- sion (ju'ils desiient. L'accroissement raj.idc de la uiaison de IM. Darragon a prouve fpie le public avail juge comme nous d(: telle niaison, et aujotnd'iiui il n'esl plus aucunemeut ne- cessaire d'en I'airc I'eloge. Bornons-noiis a signaler, parmi lcsnou\caux avantages que AI . Darragon a rcuiiis cbez lui, relnlilissrnient d'un cours 24« FRANCE. li'eloqiunce judiciaiie el d'lin autre dc declamation, qui, aveC les coiirs dc droit et de s{i<;ncos qui s'y font depuis deux ans, a.ssiirent aux jeunes avocats une instruction solidc et distin- gnee. Pr'ojtl d'une Association tna'ustrielle soui te. nom de Com- pugnie gfiiviale dii Leiant. — Tel est Ic litre d'un ecrit tr^s-re- rnnf{iua1)le,repandudans Ifenionde speiiilaieur par on liornnie qui parle de ce qu'il avu, soi{jneusernent oi)sorve, connu par les voies les plus sures (jui puissent mener a la connaissance s1ati>li(iue des contrees dont il paile ; il sufTit de nommer M. Delabohde. depute de la Seine, pour exciter la curiosite^ fet fixer I'allentinn. II ne s'agit point d'exploiter la nouvelie concjuele de la France avanl de I'avoir consolidee^et de s'etre hssure i\nt Ic saiiget les Iresors francais n'auront pas cte pro- digues au profit d'un peuple lival : le plan de IM. Delaborde est inde|iendani de I'affaire d' Alger, et tient a des considera- tions plusYa.-tes; laissons-le s'expliq.ier lui-niemc. « Lne revolution enlit>renient a I'avanlage de Tindustrie, dii ti'avail et de la civilisation, s'estopei'ee .-iinultanenienl dans le Levant. L'empire turc^ s'est tom'ne tout a coup vers les in- stitutions et les arli de PErn'ope; il ue peul'phis rrtoniberdaiis la barl>arie. Une des plus inteiessantes parlies de ce pays, la Grece ei ses ilt's, prcser.te deja dans les relalions qu'on pent former ave'c eile toule la garautie iVun ordre de dmses rcgu- lier el legilinie L'Egypte, d'un autre cote , gouvrruee par un i'bet"lla!)ilc et fidcle a ses dui'.agemens, doniie iriinnienses prodnils, et desmnyeus '.rediange aveclesolijetsniauuf.ictures de TEvn'ope. Ilnfin le sullan actuel . inteirninpn un moment dans ces utiles iimovations, a su resi-ter a la fois aux succes d*nnc campa^ue et aux iev^is (I'une autre, saus devier de cctte mCune li^ne fl'innovalions ([u'il s'elait tracee, et qu'il est determine a suivre. Les inlerprcles de la loi, le corps des ule- mas, les grands de ri''lat,ont decide que rren dans le Coran ne •s'opposait formellenicnt a ces changemens, et qu'il fallait que l'em]iire ottoman sortit 'e\\(\n (]e^ liens ou les preguges I'a- vaient trop loug-lenis retenu. La Mcdilerranee presente done en ce moment le champ le plus vaste. le plus neuCpour loute entreprist^ commeiciale et industrielle, agrandi encore par I'ouverture du Bosphore et I'entree libre des produits de la mer Noire et des nouveaux etahlissemens russes siu* la cote dip I'Asie. h En cbhlinuaiil cet expose, dan-leqnel on ue Irouvera rien d'exageie, rien qui s'udicsse n i'imngiiiatiuii plirtot qu'au rai- sonnement, M. Delaborde arrive a son projet, dont le carac- tere merile I'attention de cciix niemes qui ne sont point appe- les a y prendre part, mais qui s'inli-ressent a tout ce qui pent contribuer au Ijit-n de i'luinianite. II s'agit d'une cnlreprise a laqnelle des niaisons respeitahies de l""rnnce, d'Angleieirc et de Hollande, scut invilt';es a roncourir. L'avanlage des specu- lateurs n'est pas ici,coninie au jeu de I'agiotage. une perte equivalenle pour ccux avec iesquels ils out traite ; c'est uii ecliauge de beneflccs egaleiiient profitables. M. Delaborde averlit que I'exposequ'il va faire n'est qu'un extrait d'uu plus grand travail, dont il doniiera le dfjveloppement, si le prin- cipe est une fuis adople. Quant a la nature des operations de la Compdgnie generate du Jjevaiit,e\\e se boruerait a rexploitatioii do commerce de la iMediterranee. Elle etablirail des comptoirs servant au depot el il i'ecliange des produits naturels ou manufactures ; elle ferait fabriquer dans le gout nienie deH pays oii ces proluits seraient debites ; le lien de fabrjcation lui serail indifferent, pourvu qu'elle put livrer a bon conipte, et y trouver de I'a- vantage. « Ainsi elle debiterait les plancbes de I'lslrie et de lAlbanie, la cloulerie de la Carintbie. les founiues de Polo- gne, les xelours d'ltalie, si elle pouvait se les procuier facile- ment, comme les toiles de Roiien, les draps de Carcassonne, la qnincaillerie anglaise, etc., differente en cela de I'ancienne (Jompagnie du Levant, qui n'a pas pu reussir, par les entra- ves que lui opposaient ses statuts. nCette ancienne Couipa- gnie anglaise n'ecbangeait que les produits des fai>riques de la Grande-Bretagne, qui convenaient raremeut aux peuples cbez lesquels on les transportait. II est probable cependant qu'elle ne poussait pas I'lgnoiance ou I'etourderie aussi loin que cesmaisonsde connnerce qui out expedie, comme M. De- laborde le rapporte, des I'ourrurcs et des patins a Buenos- Ayres, ou il ne gele jamais, et dans le Levant, des plumes, du papier a lettres, des pains a cacbeter, etc. Les operations de la Compag'iic seraient divisees ainsi qu'ii suit : la Crcct, VE^yple et la Syrie, Constantinople el la mer Noire; V^ste-Mineiire serait comprise dans cetle troisieme division, ^olls regrettons de ne pouvoir Iran-crire les inipor- tantesobservalious de iM. Delaborde siu- cbacime de ces con- trees, en les envisagtant sous le point de vne commercial; il serait inutile d'en rien detacher, car c'est I'enscmble qu'il fautToir. Rl. Delaborde le presente a la suite des details, et, porlanl encore ses regards sur I'etat actuel de ces contrees, il 348 FIIANCE. prevoit (|iie la Compagnit' dont il propose la fonnalioii pour-' rait bicii coinplor'parnii t^es actionnaircs le vico-roi d'Kfjypter cl les principaiix sarals de Constantioople. Virnt cnsuilc im projel de stalats provisoires de la Conipa- gnie geiiernle dii Levant. On y remarque que le domicile so- cial est fixe a Paris, et qu'iine succiirsale sera etalilic a Mar- seille : le premier litre r6gle ce qui concerne le fonds social et les droits des aclionnaires ; le second a pour objet I'orga- nisalion de la socrete, ses asseiwblees generales, ses conseils, i'mteretr 1^ dividende et la reserve, la direction des affaires ^ la caisse principale et le cautiounenieiil ; le Iroisieme tilre- regie la liquidation et I'arbitrage, en cas de dissolution de la societe; enfiu le qualrieme titre pourvoit aux modifications' des slatuts et anx publications. Parnii les projets que Ics circonstances acfuelles onl fait conrevoir, aucun ne se presente avec aiitant de moyens d'en- trainement que celui-ci. La raison commence par le discuter,, et I'approuve; I'lmaginatioii vient ensuite la revetir de ses charmes. En parlant des associations et des illusions qui peu- vent les seduire et les egarer, M. Delaborde s'exprime aiusi : «doit-on ue penter qu'aux pertes epi-ourees par le priiicriie d'association , et oul>lier les iimuenses richesses que le monde lui doit, depuis ses premiers developpemens? NVn citons pour exemple que ( etle Compagnie, qui commeuca ses tra- faux avec trois millions de capitanx et ileux vaisseaux, et qui possedc aujourd'hni cinquante millions de sujets trihutaires^ ane armee de deux cent mille hommes a solde, et la plus singuliere existence ou ait pu parvenir le genie indiistrieL Sans doute, c'est plus a son influeme politique dans les pays qu'elle exploitait qu'a ses operations commerciales qu'elle a do sa puissance, et uous nous sommes inierdit absolumeulce daiigereux moyen d'aclion , cet abus de rhospitalite. Mais, sans spt'culer sur les passions des hommes et la discorde des peuples, n'est-il pas permis, louable meme , de mettre a profit leur reconnaissance, de leur creer des besoins pour les encourager au travail, de leur enseiguer des jouissances pour avoir roccasion de Its satisfaire, enfin de s'cnrichir eii les rendaiit heureux?» L'homme qui a concu re projet est bien digiic de trou\er rl'auties hommes qui le compremienl et le secondent. »Que faudrait-il pour que cet utile projet renssit? La participation seule ou collective de quelques maisons res-' peclables de France, d'Angleterre ou de Hollande, de ces maisons qui assureiil le succes de toule affaire par la seule raison (|u'cllef rnpprouvent. el dont les noms places en Icte PARIS. 249 d'lin projet veulenl dire : con fiance , succes , ricfiesse. Cest a ces niaisons que nous pi'oposons celte graiule, cette iioRvelle entreprise que nous regardons comme une dcs plus profitable^ et des moins hasardeuses qu'on puisse imaginer en laveur de t'industiie et de I'liumanitc. N. Chroniqiie des theatres pendant le mois de juit/et i85o. — - Neuf pieces nouvelles seulement ont ete representees, pen- dant ce mois, sur les differens theatres de Paris. — An Theatre-Fbancais on a ressuscite VEnvieua-, coniedie en cinq actes et en vers, de M. Dorvo (6 juillet) , et qu'un arret du tribunal du coniinerce a mis les comediens dans I'obligation de representcr ; on sait que cet ouvrage avait paru sur I'Odeon, alors la Comcdie Francaise, le soir meme 011 ce theatre ftit consume par un premier incendie. On a remar(|ue dans VEn- vieux quelques vers bien Tails, mais la fable a paru nidle et commune, et les caracteres faibles et froids. A I'Odeon, te Mart ile ma Fcnime, comedle en 5 actes et en vers, par IM. Piosier, a obtenu des applaudissemens nombreux et merites ( \t\ juillet). II n'y a toutetbis, dans cet ouvrage, rien de bien neuf ni de bien vraisemblable . ni menie une peinture de moeurs bien decidee ; mais il y a beaucoup de gaite, et, dans unecomedie, la gaitc tient lieu de l)ien d'autres qualites ; seulement la plaisanlerieest ici trop prolongee, parce que les personnages sont toujours dans la meme situation, qu'un mot peut la faire cesser, et qu'on s'inipatientc contre I'auleur de ne pas dire ce mot lorsque le badinage s'epuise et que Ton sent la curiosite moins vivement piquee ; mais un style spirituel et des vers piquans out soutenu ('attention jus- qu'a la fin. — Une rcuvre plus importante est le Giiillaiimc Tell, tragedie en 5 actes, de feu 1'ichat, representele 22 juillet. Turnus et Leonidas avaient deja fait conuaitre le nom de F'icliat. Presque tout est imitation dans Guillanme Tell, mais de celle imitation qui est encore oeuvre de poete, et ou I'ori- ginalite se montre sans cesse dans la pensee et surtout dans I'expression. Le fond de I'ouvrage appartieul evidenuneiit a Schiller : I'cxecution pieine de gout el la couleur brilianle appartiennent au poete francais. Ilesolu de nc point alterer la simplicite de ce grand sujet, oblige de se privcr d'une fonle de details qui plaisent aux Allemands, mais (|iii, chez noii.-, plus presses d'arriver a I'evenement, font languir un drauie : force enfin de »=ctranchcr ce cinquieme acte de Schiller, que ses compalriote? suppriment eux-memes a la representation , \h aSo I'KANCE. po^fe JVanf-ais a dispose avec beaiicoDp d'art son sujet ainsJ depouille de ressources assoz abondnntPS. Le sucrts a et6 brillant, et doit aiijonid'hiii iin nouvcl eclat mix oirconstarvces qui donnent pour les Fran^ais une valeur nouvelle aux idees de patric et de libei te. Au > AUDEViLLE, Ic Voyagc par desespoir, vaudeville en 4 ta- bleaux (5 juillet) , n'a Fait qn'anc courte et malheureuse ap- parition; puis l/i Petiif Prrtdr, vaudeville en i acle, de MM. Divert. DEsvEncERs ct Varus ( 12 juillet), a ete plus favorablcnicnt accueillie, RriM^e a quelqnes details plaisans, brodes snr iin I'ouil taut soil pen us^, et grace a inie critique assez iu-ie.iit'use de Teducation mystique qui comnienrait a redevenir a ia mode i Courses trEpsom , tableau-vaudeville en i acte, ont eprouve wna vive opposition. Au theatre de la PtrnxE-SAiNT-MARTiN , Jhen- Humeya, ou les Avalies sous PhUippe //. melodranie de M. Martitjez ive ia Rosa , avec de la mu'^ique composce par M. Gomis ( jSijuillet. Un vif interet s'adarhait a cet ouvrage d'nn des hommes les plus honorables de notre epoque. Cbacun sail la noble part que M. Marliuez de la Rosa a prise aux evenemens politiques qui ont nn instant repla<;e rEspan;ne au rang qu'elle doit oc- CUper parmi les naticms enro|i('ennes; mais pen de personnes, eti France du nioins, savaient que, dans le cours de sa vie si pure et si pleine, le genereux patriote avait eu le terns dfe cOnquerir une autre gloire. Ses tragedies, dont la Rerue E-ncyrlopcdiqne A eu I'occasibn d'entretenir ses fecteurs (voy. t. xmi, p. 7^4) » ont eu le plus grand succ^s en Espagn*. Par une audace rare et presque poettque, i1 a voulu rcus- sir encore snr un tbeatre etranger, sur le noire, le plus glissant de tons peut-etre*, laissant la le souvenir de ses eludes, son art, son gout, sa langue, il a vouki peiiser 'et ecrire, selon un art different, et [lonr d'autres gouts, rlans une langue qui n'cst i^as la sienne, lorieuse carriere niHilair e en i7'S8. et.nprts^ aSa IVECROLOr.lE. uiipreniior couibiit, oi'i iU'ut repousse, il remporta, fe 18 jiiiii, ilevant Agra, niie vicloire decisive; dans ie,s deux allaiies, le general savoisieii se (it dislinguer d'uiie uiaiiieie loulc paiti- cuiiire par son eliel", cjui ie reconipeiisa noblenient. lis se qnitterent en conscrvant unc liaiilc estinie I'un pour raulrc M. de Boigne se reiidit a Luckuow, 011 il s'occnpa d'opera- lions commerciales, jusqu'cn 1790, epoque 011 il I'ul rappde par Scindia, qui lui ordoniia dt; loraier unc brigade dc 52,000 bouinics. Le general, par un souvenir bien touclianl. lie patriolisuie , la reunit sous un drapeau portant la croix blancbe de Savoie. A la tete de cette arniee, il uuircha a la renc'.intie des Mongols el des Uajepoules, reunis au nonibre lie 60,000, sous les ordres du I'anieux IsiuatM IJcg. II Ics bat- tit le 2-2 juin a Patau, poursuivit les Uajepoules, qu'il attei- gnit a iMiitali, et detruisit leur armee. Ces victoires rendiiiuit a Scindia loute sa puissance, et valurenl a M. de IJoigue la confiance illimitee de c:e prince, qui lui donna ordre de lever deux nouvclles brigades, chacune de 10.000 honimcs, le com- bla de recompenses et d'bonneurs. et lui assigna une pari considerable des contributions levees sur les Iiajepontes. [1 fut pen aprcs, en outre, nomnie chef dc 62 districts, dont les revenus, s'elevant a 22 lack de roupies (5,5oo,ooo IV.) par an, liu I'urent assignes pour rentrctien de ses troupes. M. de Buigue, independaniment de son traitcment de general, fixe a 1 5,000 IV. par mois, et de la propricle d'un corps de cavalerie d'clile, prelcvait encore 2 p. 100 sur les revenus des 52 districts qn'il adniinistrait. On coniprend par ces fails comment sa foilune a pu parvenir au point ou elle s'est ele- vee. En 1792, Scindia cut affaire avec un lival de sa nation, Holkar, autre prince mahratle. Le general de Boigne liit en- voye contre lui, et le defit a la iiataillc de Lukliairie. A la nienie epoque, il niarcha contre le rajah de .lypore, qui se soumit en lui payant une contribution de 20,000,000 de fr. (i) En 1795, la guerre eclala entre les Mahrattes et INizam-Aly, prince d'Hydera!>ad, le general de Boigne retniil a I'arniee mahratte une de ces brigades qui remporla la grande vic- loire de Kmdla. A la lin de cette nveme ainiee, la saute gravement alu'ree de M. de Boigne I'avait determine a solliciter de son prince (1) lia II iiiiqiiillite , ;kIicI<';c au |)iix de lani dt; vitloiies, [Kiiiiit ii M. de Boigne d'arlievei rdrganisalinn de son aiinee, dc creei des tabii- qiies d'aiines, el d'elablir des fuiideiies de caiious , 5, dont 2 ouvrages periodiques 161 ■ — Pays-Bas , 5 167 France, 54, sayoit : Sciences pkysif/ues et naturellcs, i3 17a • — Sciences rcligieuses, morales , fwlitiques et historiqaes,S .. . 190 — Littiralure, 6 201 -256 TABLE DES ARTICLES. — Beaux-arts , 2 -jog — Oiivrages piriodiques , 4 a 12 — Livres en langues ^trangeres , imprimis en France , i .... 216 IV-NOUVELLESSCIENTIFIQUESETLrfTl^RAIRES. AMiiniQUE sF.^TENTnlo^Al.K. — Etats-Unis ; Progrfes des inoyeus do commiuucalion. — iYeiv-Foi/c ; NouvcUe univcisit^ . . 91.8 AsiE, — Malacca : Abolition de Tesclavage ; Nouveaux riigle- niPiis sur la pressf. — Cliine : Discipline dos prisons ; Solli- citude du dernier cmpereur sur ce sujet ; Extrail du re- gistre de Canton 219 EUROPE. CiBANDE-BnETAGNE. — Souscriplion en faveur des blesses pendant les iournees des 27, 28 et ag juillet. — Memoires de lord Byron -. Comnierages lilteraires. — Beaux-arts : Galerie de portraits de feu sir Thomas Lawrence 221 PicssiE. — Exp<5dilion scientifique il'Ararat, par M. Dorpat fils. 223 SxjEtiE. — Travaux publics executes par Tarniee 228 Aii.EMAGNB. — Berlin : Soci6l(> de g6ographi«. — Suite des do- cunieus relatil's i> la statistique morale de la niouarchie prussiennc ■ 255 Italie. — Turin : Acad6mie des sciences : Prix proposu Directeur de la Revue Eneyclopadique, hue D'ENFEa - saint - MicHei^ N" 18, les oomptes rendus de Icurstraraux et les programmes desprix qu'elles proposcnt , afln que la Revue puisse les Caire cunnaitre le plus pt'ocaptement possible i ses lecteurs. AUX EDITEURS d'oUVRAGES ET AtX LISKAI&fS. MM. les Editcurs d'ouvrages periodiques , fran9ais el etrangers, qui d6sireraient echanger leurs recueils avec le n6tre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons k lems propositions d'echange, et sur une prompte annonce, dans la Revue, des publicationa de ce genre et des autres ouvrages , nouvellement publics . qu'ils nous auront adresaes. AtX ilDITECRb OES RECL'ELLS PERIQPIQUES, ES ANGLETEB&E. MM. les Editeurs des Recueils periodiques publics en Angleterre sont jiries de faire remettre leurs numeros h M. Rolandi, i Londres , n<> ao, Berners-street, Oxford-street, qui leur transmettra , chaque moia, ea tictange, les cahiers de la Revue Eneyclopedique, pour laqnelle on pent aossi souscrire chez lui , soit pour I'annee couraute , soit pour se procurer ies collections des aan6es ant6rieures , de i8lg k iSag inclusivement. AVX litBfUIRES ET AVX EDITEtTRS D'OVYRAGBe, EM ALLEUAGim ET EN ITALIE. M. Ziacis, Ubraire 4 Leipzig, et M. G. Piatti, libraire i Florence, sont charges de recevoir et de nous faire parvenir ies ouvrages publics en AUemagne et en Italie , que MM. les librairea , les editeurs et lc« auteurs dccircront faire aunoncer dans la Revue Encyclopidique. Tous les CHivrages annonces dans la Bevue se tr.juvent chei SBDittor, LiiRAiBE, rue de I'Odeon, n' 5o. CONDITIOMS DE LA SOUSCRIPTION. hi lievue Encyclopiditfiic pzrait mensucWtmcnt, depuis janvler 1819, par caLicrs de ink li feuillcs d'impression. TroLs cahiers forment iw vo- lume, leniiine par une Tal/lt analytu/ue el alphabetic iie dcs malUres. Chaqiie annfie est LndepeniUnte des aoaees pri;Ccdentes, et ofTie une s.irle d' Annttaire scicnlifique ct Uticnure, en 4 volumes in-8". Priv ('e I'Aboiuienunt. A. Paris. , 4^ fr. pour uu an; 26 fr. pour six uioi.- Dans les d^partcmens. 55 00 A I'etrangcr 60 ?/4 En Anglclerrc 76 4 2 A partir du 1"=' Janvier ou du i<" juillet. Lcmoutant d.; la souscrlpttcn, cnvoye par la posle, doit Mre adressi d'avaiice, FB.iKC db poaT, aiiisi que !a correspondance , an Directeur dc la Revile JSncyclopediijue, rue d'Enfcr-Sainl-Mlehel, n" 18. G'est Ji la ruC-ir.r; adressc qu'on de,vra envoycr les ouvrages de tout genre et les gravuics qu'on voudra I'aire annoncer, ainsi que lej articles dont on desirera I'in- sertion. . On souscrit ausii A Paris,, chez les libraircs < Treoitel et WDrtz, nie de Bourbon, ij° 17 , Obarlks BitcHET, quai des Aughstins, 11° 55 ; Rkv et Gbavibh, quai des Augustins, n" 55 ; A tA>-C*LEaiE BK BossANCE ptTC , ruc Richelieu, n' 'm ; RoRKi, rue Hautefenille, n" 12 ; J. Rb«ouard , rue de Tournon , n<> 6. On souscrit aussi chez tous les Directeurs dcs pastes, ci clic/. (es iirin- cipaux Libraires, dans les departemcn"!, cl dans les colonies. LiBRMRES chez lesquels on souscrit dans /cs pays exrakgeu>. Amsterdam , Delachawx. Anvers, Ancelle. Aran (Suisse), Sauerlander. Berl'a , Schlesinger. Bern:, Clias; — Tlourgdorfer. Brcslan , Keygel. Bruxclks , JJujardln - Sailly ; — Dcinat ; — . lIorgnies-ll6ni6 ;' — Librairic parisienne,lran^aise et etrangere. FlorencCj, Piatli; — Tleusscux. Franc fort - sur - iletn, Jugel. Gand, Vundenkerckoven fiTs. Geneve, Cherbuliez; — Barbezat et Delarue. La JJayCj les frfercs Lan^'ectiuyscn. Lausanne, Fischer. Leipzig, Brockhaus; — G.Zirges. Liege, Desoer; — Colardin. Lisbonne, Paul Martin. Londres, P. Rolandi ; — Dulau et C^S — Treutlel et Wiirtz; — Bnssan"o, I!a \\\ci.. fjOMfUcI i." . Ma'drid, Dennee ; ^ Peres. Maiiheim , Artaria et Fontaine. Milan, Oicgicr; Tismara ; Bocca. Mons, Le Roux. Mcscuti, (jaulier; — Rlss pereclfdc. Naples, Borel ; — Maiotta et Wanspandock. New-York (T^lals-Unis), Foreign aud classical bookstore ; — Bc- rard cl Mondon. Nouvelle - Orlians , Jourdan; — A. L. Boisniare. PiiUrme ( Sicile), Pedonne el Mo- ra tori ; — Bau('(Ch.). Pilersboiirg, F. Bellizard etC'<'; — (Jraelf; -Pluchart. Uonie, de Romanis; — Merle. Sliiltgnit cl Titblngtie, Colta. Turin J Bocca. Varsovie, Glucksberg. yienne ( Autriclie ) , Ceroid ; .Schaumbourg ; — Schalbachw. iMriMMtniE i>r pi..»- v.\ E Dt vAt cii'.inn. .■«' l OTomeIII. — i85o REVIIE EMCYCLOPEDIQUE ; ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLCS REMARQUABLES DA«S LA LITTER VniBE, L£S SCIENCES ET LES AHTS; PAR UKE REVMOIV DE ME5IB8ES DE I'iNSTITUT El D'aBTBB? HOMMES DE LETTBCS. -mmm" PoxiTlesSckniiisnatureltes : MM. Flodrbks, Gkofmoy Saist-Hiiaibe, dcl'Iostitut; Bort db Saint-Vincent, correspondantdcrinsUlut; Matbibo BoHAFODs, dc Turin; B. GAI^.LO^, de Dieppe; Isidore Geoffbov Saibi- Hilaibb , HooT) etc. 3» Pour leg Sciences medicates : MM. Damiron,G.-T. Poiw, Fo»sati, Gasc;Gbbson, deHambourg; bb Kircrhoff, d'Anvers; Lovsos; Bi- coixoT fiU, d'Amiens, elc, 4° Pour Ics Sciencet pkilosophiqties et morale^, polltiqttes, gecgraphi^ttes ei hlstoriqties : MM. M. A. JcLUEft, ue Paris, Fondateur-Direclcur dc h Revue Encyclopidique; Abth. BEcr.nox, Ad. Biamqbi; Alex, de la Borob, .ToMARD, de I'Inst. ; M. Avenei,, Babb:£ do Bocacb fils, Bbnjiajiiw Co»s- tant , Cn. CoMTB, Deppinc , Alphonse d'Hebbelot, Dcfao, Dunoybb, Gdigniaut, a. Javbeot, J. Labouderie, Lanivinais, p. Lami, Isidore Lebbck, Lbsdkdr-Meruk, Massias, Albebt-Mokt^monx, EpsiBE Salvebte, J,-B. Say; Simondbob SiSMonBi,deGenfere;WARS5.0ERiG,de Liege, etc.; I>opin ain6; Bexvillb, Boocrbn£-Lbfeb , PABBirr-RiiAi., Ch. Rbwobabd, TAiLr.ANDiBs, avocats; VioAoaRK, da Perou, etc. 5» Pour la Liileralure franfaisc et etrangere, la Bibliographic, VArdiio- logic et les Beaux-Arts : MM. Ardrjel's , AsiAURY-DyvAL, Ewfinic Davib, Leheucieh, be S^gur, Ac I'lnslitut; Allou; Awdbieux, de Limoges; M^'L.-Sw. Belloc; MM. Uurnodf fils, Cuaovki; Chiari.m, de Varso- vie; P,-A. Codpin , Fb. Dkohohge, Dumbrsax; Ed. GArxiiEB-D'Ah* ; Ph. GoLEERy , eorrespuudaal de rinsfitiil ; Liiow Halevy , IIenricii*, E. HiBBAD, Ai'CcsxB Jdllien {ils, Bbbnard Jullirn; Kalvos, de Zante; Adbiem-Lafasob, J. y. Leclebc, A. Mauol, Monglave ; Monxasd, tie Lausanne; C. Paganel, II. PAxif, Ansblub Petbtin ; Sebge Polto- RAi'tKr,dcMo«cou;Poi«cBr.viHE, de Rfiffekhkhc; dk Stassart, dcBnixel- ies; Fb. Salfi, ScnMizLER, SER-viw obSohnv; Liun Tlusssti, P.F.Tis- SOI, VlCCIEB, ViLtENAVE, ClC. REVUE KNGYCLOPEDIQIJE, ■ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNI^.ES DES PHODDCTIONS LES PLUS EEMABQUABLES DANS LA LITTl&RATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOITIES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. I \ DES ARTS QUI TRAVAILLENT A LA F0RMATIO^ DE NOS HABITUDES MORALES. (Voy. liev. Enc, t. xxxvm, p. 58o, un Mcmoire intitule : Des arts ijin mt pour objel la culture ct le per feetionnemcnl dc noire nature physique ; et t. XLi, p. 3o5, iin second Memolre, sous ce litre : Des arts qui s'occu- pcnl de I'educalion de nos faculUs iniellectueUcs. ) Trois conditions sent necessaires pour que I'homnie se de- termine et pour qn'il ne prenne que de bonnes determina- tions. II lui faut quelque chose qui le pousse : d«s besoins, des instincts, des sentimens, une imagination. II lui faut quelque chose qui I'eclaire et le dirigc : de rintelliq;ence, dc, la raison. Enfin, il abesoin d'une force iuterieure qui le reiulp T. X».Vn. AOUT i83o. I " 258 DE LA rORIMATION capable de soiimetlre I'insliiict a rintelligeiicc, les faculteff impulsives aux faculles directrices, les determinations irre- flecbies aux conseils de la reflexion. Sans imagination et sans passions, I'homme n'agirait pas. Sans inlelligence et sans raison, il serait fort expose a m.il agir. Sans le pouvoir de sonmeltre la passion a lA raison, a quoi la raison liii servirait-clle? IMioux lui vaudrail, coinme les brutes, avoir etc rediiit aux simples impulsions de I'in- tinct, que d'avoir recu la raison sans le pouvoir de marcber a sa luniiere. La raison, sans le pouvoir de la suivre, ne serait bonne qu'a empoisonner sa vie et a la remplir de remords inntiles. Ces trois ordres de facultes, le sentiment, I'inteltigence, la rcriii ne se developpeiil pas en meme terns. L'bomme no suit d'abord que son imagination el ses passions, et ses premieres determinations snnt tout inslinetives. Plus tard, son inlelli- •rence se forme ; niais I'babitude et I'entrainement continuent a le diriger dans le sens de ses premieres impulsions ; il per- siste a faire mal long-tems apres avoir reconnu qu'il pourrait faire mieux. Enfm, mais tres i\ la longue, il apprend a mettre quelque accord entrc ses actions et ses lumi^res, entre les mouvemens de la passion et les directions de I'entendement. Je doisajouter que le dcveloppement de son activitc suit la meme marcbe dans quelque direction qu'on I'observe ; c'est- a-dire que, dans ses travaux coinme dans sa conduite, dans son action sur les choses comme dans ses rapports avec lui- meme on avec ses semblables, il commence toujours par agir instinctivcment; qu'ensuite I'experience I'avertit, I'observa- tion I'eclaire; qu'enfm il apprend a agir consequemment a ce qu'il sait, et qu'il se laisse moins aveuglement conduire par ce qu'il sent, qu'il met moins d'entrainement et plus de re- flexions dans ses actes. Maiutenanf, queilcs sont les directions oi'i son activite pent devei'ir morale, et quand peut-on dire qu'elle le devient? L'adjectif morrt/, morale, derive evidemmcnt du latin mos. Monis, MORES, MOBALis. II seniblc done, a prendre ce mot par son etymologic, qu'on devrait I'appliquer a toute maniere DK NOS HABITUDES MORALES. aoQ tragir qui est passee en usage, en pratique, en habitude, et qu'on devrait dire d'une action qu'elle est morale par cela seul qu'elle est accoiitiiniL-e, par cela senl qu'elle est dans les habitudes de I'individu ou du peupie qui la i'ait. Cependant il n'en est point a4nsi : d'abord on ne qualifie de morales, alors m6me qu'elles seraient habitnelles et regu- li^res, aucune des actions qui se rapportent au travail; on re- serve cette qualification i*! celles qui sont relatives a la con- duite; on distingue les moeurs d'un peupie de ses travaux, son savoir vivre de son savoir faire. Ensuile, encore bfen qu'on donne le nom de moeurs aux habitudes tolles quelles qui nous dirigent dans la conduitc de la vie, on ne dit pas toujours de ces habitudes qu'elles sont morales. On ne donne le nom de morales aux habitudes qui nous gouvernent que lorsqu'elles sont dignes de nous gouverner, de nous servir de regie, lorsqu'elles meritent de former nos moeurs. On recon- nait universellement qu'il j a des moeurs ou des habitudes morales et des moeurs ou des habitudes immorales. Ainsi, tanl que notre activite ne renferme pour ainsi dire ,. DE LA FOlliMATlON sentimons qui se prennent orrlinaiienioiit en maiivaise jtarf; ramour-propjc, la haine, la colero, l'oig»ioil, ravaricc, qui, bicn djriges cependanl, soiit siisceplibles de pioduiic d'heurenx eft'els, peuveiit-ils, s'ils sont laisses a Icur proprc impul.sion, Ic pousser a dcs acles coupaljles. En general, nus aflVctions, qui sont presque toulcs bonnes et digncs d'etre entretenucs comme slimulan^, comuie forces motrices, nc valent rien coninie regulate nrs; et une condiiite qui n'esl dirigee que parle senliment est si loin de pom oir elie qnalirur de morale, qu'il n'esl pas an de nos sentiniens, nieiue dans le nombre des plus purs et des plus sympathiques, qui n'ail indispensable- ment besoin d'etre regie. De plus, la conduite de rhomnie ne devient pas morale par cela seul que le sentiment est eclaire cbez hii par I'intel- ligence. II faut sans doute, pour qu'il soit capai)Ie de faire le bien, qu'il apprenne d'abord a le connaitre ; mais de ce qu'il apprcnd a le connaitre, il ne s'ensuil pas qu'il devient capa- ble de le pratiquer. On aurait beau demonlrer a un bomme que la verlu consiste a agir d'nne certaiiie faoon, si Ton se bornait a lui dire ce qu'il i'aut faire, il serait assez doulenx qu'il le fit; il se pourrait tres-fort qu'eclajre sur le bien, il continual a faire le mal. Telle est en eflct la disposition de K-* plupart des hommes ; Video meliora iiroboqiic, deleriora seqiior. On sail combien il peut y avoir loin d'un honime instruil a un homme vertueux, d'un boninie eclaire sur la morale a un homme moral, et combien i! nous reste a faire encore pour devenir d'honnetes gens apres que nous avous le mieux compris en quoi Thonnetete consiste. Notre conduite n'est done pas morale lanl que nous \ivons sous I'enipire du sentiment, car il peutarriver a tout moment que nos sentimens nous egarcnl ; el elle ne le devient pas par cela seul que nous eclairons noire esprit, car les lumieres de I'esprit n'excitent pas necessairement les facultes du coeur, cl DE iNOS HAIilTUDKS MORALES. 261 la connaissance du bien ue donne pas toujoiirs la force de Ic laire. ISotis ne devenons des hommes moraux que lorsqne tious accoutumons nos aflectious et nos arts a se reglersiir la luiniire de la raison. Cost un travail tout-A-fait a part; tra- vail dilFerent de celiii qui a pour objct d'eveiiler niJtrc sensibi- lite, et de eelui qui tend a perfectioiinernotre intelligence; car I'artiste a beau nous emouvoir, il ne nous apprend pas a con- naitre le bien; et le savant a beau nous eclairer, il ne nous ac- coutume pas a le faire. II faut de necessite que, dans le lems oii I'art nous emeut et 011 la science nous edaire, un travail d'une autre espece nous apprenne asoumettreles passions aux avertisseniens de la raison. Or, tel est proprenient, ou tel dumoins devrait etre I'objet de I'art ou des arts qui se proposent ou qui paraissent se pro- poser de nous faire contracter de bonnes habitudes morales. Le nioi-aliste pratique a surcment grand besoiu que Tartiste entretienne notre sensibilite et que le savant perfectionne no- tre intelligence; car la vertu ne se compose que de sentiment et de raison; mais sa lache a lui, I'oncieremcnt distincle de celle de I'un et de I'autre, consiste surtout a accoulumer nos faculles afteclives a agir consequeniment a ce qu'enseigncnt nos faculles intellecluelles ; elle consiste a nous faire con- tra(;ler, par de certains exercices, Thabitude de nous bien de- terminer, comme celle de I'artiste et dn savant consiste a nous habituer, aussi par I'exercicc, a sentir delicatement et a pcn- ser d'une maniere juste. On pent dislinguer dans la societe plusieurs classes de per- sonnes et de professions qui travaillent ou qui sont censees travailler a la formation des moetirs. Tel est ou tel devrait etre I'un des principaux objets de I'education domestiqne et de celle des ecoles. Telle est aussi la (in piincipalc que devraient se proposer les honuues qui enseigneut ou qui pretendent en- seigner les clioses de I'autre vie, les hommes qui dans toutes les religions se livrent a I'exercice du sacerdoce. Enfin le gouvernement n'a pas de devoir plus essentiel, de tache phis aCa DE LA tOi;.^iATIO> foudanienlalc, el ti I'objet immcdial de son iiiterveiilion est dc vider les proces, d'.ipaiser les ijucrcllcs, d'arreter ou de re- paid' les dc'sordres, son but final et v«!ritahle est de prevenir tons ces maux on s'eflbryanl de corriger les habitudes Vicieu- 9CS qui les engendient. Au icste, quoique I'instilutcur, Ic pre- tre, Ic njagisUat s'occupenl egalement de nous faire coutrac- ter de bonnes habitudes, ils y travaillent par des moyensassez dilTercns et chacundeleurcote d'unenianiere assezimportantc pour que la profession que chacun d'eux exerce niciite d'etre considoree separement. II no sera question, dans cet article, que de cellc de ces professions qui est exercee par I'inslituteur, et encore ne sera-t-elle cnvisagee ici que dans ce qu'elle a dc relatif avec la formation des habitudes morales. La premiere et pour ainsi dire la seule chose qui frappe aujourd'hui lorsque Ton considere I'education domestique et surtoul celledes ecoles dans ieiir rapport a vecla formation des moeurs, c'est leur insulTisance, je dirai presque leur nuUite re- lativement a cet objet. Je ne parle pas de I'enseignement specuiatif et purement intellectuel de la morale. Je ne di-s pas que I'education neglige absolument de nous instruire de ce qu'il faut faire, de ce que nousdevons eviler. 11 n'est pas douteuxqu'on ne charge notre memoire des noms de beaucoup de vertus et de vices ; qu'on ne nous disc quelque chose des mauxquc le vice engendre, des biens que produit la vcrtu, des motifs que nous avons pour nous abslenir de I'un et pour praliquer I'autre. Get enseigne- ■ meut sans doute est extremement imparfait. II y a bien des actions recomniandees coinme bonnes qui sent iudifferentes ou mauvaises: il y a bien des motifs assignes aux bonnes ac- tions qui sont insuflisans ou vicieux; mais enfin cet euscigne- ment existe, et, bien ou mal , on exerce notre esprit sur la morale comme on I'exerce sur une multitude de sujets. Mais on n'exerce lu-dessus que notre esprit. C'est, si Ton veut, une partie de I'education de rinlelligence, c'est une branche du cours de philosopliie ; mais ce n'est que cela; les farons que DE iNOS HABITLDES MOUALES. ^5 revolt a cet egard notre entendemcnt ne s'etendent pai ju.sqn'i notre volonte ; on ne nous exerce pas ;'i pratiquer le biea qu'on nous apprend a conipiendre : ce quo I'cducation n/glige, en un mot, c'est la t'ormalion du caracteie et des moeiirs. Cette negligence est telle qu'il est difficile de ne pas la voir; mais elle devient particuliereuient fnippante quand on consi- d^re les soins que refoivent d'ailleurs nos auli-es facultes. Combien n'y a-t-il pas d'arts occupcs a entretenir et a perfec- tionner nos forces physiques , afTeclives , inlellectueiles ? Quelle vaiiele d'exercices nolainment ne fait-on pas faire ii notre esprit ? Quel tems ne donne-t-on pas a sa culture? On exerce douze et quatorze heures par jour rintelligeuce d'un adolescent : on lui fail faire des coxu's de grec, de latin, d'elo- qiience, de logique, decalcul, de physique, dechiniie, etc., etc. Mais, pendant qu'on use les jours entiers a exercer son intel- ligence, on einploie a peine des momens a faire I'educatioQ de sa volonte ; pendant qu'on travaille a graver dans son enten- demcnt toutes sortes de connaissances, a peine peut-on dire qu'on forme son coeur a la pratique de quelque vertu. L'edu- cation des ecoles nous apprend peut-etre a disserter sur les preceptes de la morale; mais on conviendra qu'elle ne nous instruit guere a les observer. Nous apprenons a disputer, non a vivre : non vita, sed scholcB Uiscimas. Pour apprendre a vivre, nous attendons, comme dit Montaigne, que la vie soil passec. Comme du tems du philosophe perigourdin,, « le soing et la despense de nos peres ne visent qu'anous meubler la teste de science, et pour ce qui est de la vertu, pen de nouvellcs. Criez d'un passant : 6 le savant homme ! et d'un autre : 6 le bon homme ! notre peupie ne manquera pas de tourner ses yeu.x et son esprit vers le premier (i). » Diogenc pourrait encore se moquer desmusiciens qui savent accorder leurs flutes et qui ne savent pas accorder leurs moeurs, des orateurs qui s'escriment a disputer sur la justice, et qui sont incapables de la prati- quer (a) . Nos vertus, pour la plupart, sont ecrites et consignees i) Essais, 1.1, rh. ■i/^ ; du Peffanlisme. :5) Jbid. 264 ^^ • -^ VOim VTION ilaas nos tivres de morale, ct c'est la qu'au besoin nous aflofiir les puiser : « 3Ie veulx-ie armer contre la crainle de la morr? c'est aiix despens de Seneca. Veulx-ic tirer de la consolation pour moy ou pour un aultre ? je Temprunte de Cicero. le I'eusse prinsse en moy-mesme si Ton m'y eust exerce » , ob- serve Montaigne (i). II est vrai pourtant qu'on ne pent pas fairc rcducaliuu de notre esprit ou de not membres sans le concours de notre vo- lonte, et par consequent sans aecoutunier cette faculte a vou- loir ce que d'antres doivcnt faire, sans travailler plus ou moins a son education. Par cela seul que notre education, telfe qu'elle est faite, nous astreint a un certain travail, elle nous inculquG necessairementdecertaines vertus. Tout travail exige que nous prenions un certain empfre sur noiis-memes ; tout travail nous exerce plus ou moins a la patience ; tout travail nous fait contracter I'habitude de I'activite, de I'application, d'un certain ordre, etc. D'^ailleurs I'education ne pent pas dc- velopper nos facultes affectiveset intellectiielles sans agir indi- reclement sur notre volonte ; elle ne peut pas rcveiller en nous de bons sentimens sans nous exciter a faire le bien ; elle nous porte, jusqu'ii un certain point, i le pratiquer, par cela seul qu'elle nous le fait connaitre , et qu'elle nous en montre lies avantages. Je conviens de plus qu'on ne s'en tient pas absolument a nous dire ce qu'il faut faire : on nous stimule aussi a I'executer par un usage plus ou moins judicieux de I'approbation et du blame , des peines et des recompenses. Le seul fait de la vie en commiHi a, ju^qu'a un certain point, pour les cleves d'une ecole, I'effet de reformer ce qu'il peut y avoir de violent et d'injuste dans leurs volontes : chacun des eleves est plus ou moinscontenu par tons los autres, et oblige de reprimor ses mauvaises dispositions. L'education a done plus ou moins pour resultat de rendre nos habitudes morales, quoiqu'elle no vise pas direclemenla (i) Essais, t.'i, di. 24 : du Piclanilsme. DE NOS HABITLDES MORALES. a(?5 ce but. Mais ce que je Ini lepioche, c'est prooisoment de ne pas se faire un objet special dc la formation de nos habitudes; de ne pas soumettie la volonte, comnie rintelligence, a des ■ exercices reguliers ; de ne pas reduire la vertu en art comme la science, quoique Ton sache tres-bien que, si la science a be- soin de s'apprendre, il est encore plus indispensable de faire I'apprentissage de la vertu. Cette absence, dans I'education, d'exercices proprcs a for- mer les moeurs est devenue particulierement sensible depuis que les idees religieuses ont perdu une si grande partiedeleur ancienne influence. Sous I'empire de ces idees, on voyait qiiel- que chose d'analogue a ce que je demande. II se melait a I'ob- servation des devoirs purenientreligieux de certainespratilils, (levant Irs tiibunau\. DE ^OS IIAIUTIDKS MO^ALKS. 367 II ii'y a jnis de liaison rigoiii eusenient necessairc entre le talent tie lire et la verlu de s;e bien conduire, ni meme en general entre le lalerjt et la vertn. Pour ("aire le bien, il taut sQrement le connaitre ; mais de la connaissance a la pratique on sail la distance qu'il j a. Pratiquer le bien qii'on connait est un me- rite tout different de cehii de le connaitre, et qui ne s'acquiert pas par les memes moyens. On pent faire de nous des savans sans etre assure d'eu faire des hommes moralement reconi- mandables, et Ton sait que les plus grands oasuistes ne sent pas toujours les plus gens de bien. II y a done quelque chose d'extremcment errone dans cette disposition d'esprit qui nous porte aujourd'hui a attendee le perfectionnenient des moeurs de la seule culture des intelli- gences, et qui nous fait negliger comine inutile, dans I'edu- cation, tout traAail, tout exercice qui aurait directement pour objet de les former. Au reste, de ce qu'il n'y a rien darrange pour cet objet, dans les ecoles, il ne s'ensuit pas qu'il n'y poiu'rait rien avoir; de ce que I'art de former les hal)itudes n'existe pour ainsi dire point, il ne s'ensuit pas qu'il e^^l impossible. La vertu se pent enseignor et appiendre comine les autres clioses de la vie. Quoi done, dit Plutarque, les hommes peuvent se former a lout, et on nc pourrait les plier a I'art de bien vivre ! « Les hom- mes apprennent a chanter, a danser, a lire, a ecrire, a se vetir, a labourer la terre, k dompter les chevaux ; ils ne sont capables de bien faire ces choses qu'apres les avoir apprises, et celle pour laquelle toutes les autres s'apprennent , la bonne vie, la sagesse pratique dependra'it uniqueuient du hasard, et serait la seule qui ne se pourrait enseigner ni apprendre (1) ' » Mon- taigne observe, d'apres Xenoplion, que les Perses eiisei- gnaient la vcrlu a leurs enfans, comme les autres nations fai- saient les leltres. Rousseau est d'avis qu'il n'est pas de vertu dont on ne puisse faire I'apprentissage , et il observe que la Constance, la fermete et les autres vertus sont des apprenlis- (v) tElivrc* mor., chap, vi : Oirc la irrlii xe pent rrtseigtHr ci iifprcuiln 968 DK l.A FOIiaiATION siges lit- rciilaiicc!. Ci't appri'ulissage sans iloiile nest pasaisc ; niais il est possil)lo. Toiil le inonde n'y apportc pas les nienir.^ dispositions : on est pln< ou moins aptc a la vertu comme a la science; on est plus on moins porle a la pratique de telle vcrlu coaime A Tctudc de telle science; mais il n'est pas do vertu a laquelle on ne puissc plus ou moins former noire vo- lonte, comme il n'est pas de notions avec Icstjuelles on iic puisse plus ou moins I'amiliariscr notre intelligence. Et non-seulement la vortu se pent apprendre, mais on sail quel est, en general, le moyen par lequel on y pent reussir. Ce moyen est I'exercice. « Vouldrais-ie, demande Montaigne . que le Palluel ou Ponipee, ces beaux danseurs de mon teujps. nous apprinssent les caprioles a les voir faire seulement, et sans bouger de nos places (i) ?»Eh bien, si nous ne pouvons apprendre les cabrioles seulement a les voir faire, nous ne pouvons pas davantage nous former h la vertu en la voyant seidement pratiquer. La puissance de vaincre nos desirs, ob- serve Locke, s'acquiert et sc perfectionne par la coulnme, a qui tout devient fa;ile et famiiier. II ne faut pas, ajoute le meme ecrivain, inslruire les enfans par dc simples regies qui leur ecbappent continuellcment de la memoire ; mais ce qu'on juge necessaire qu'ils fassent, il faut le leur faire pratiquer aussi souvent que Toccasion s'en preseiite, et s'il est possible, en faisant naitreles occasions. Cela produit des habitudes qui, une fois etablies, agissent d'elles-memes et sans le secours de la mcuioirc (a). A la vtritc, les philosophes qui rocoiuiaissent le uiieux qu'on ne pent former la volonte, de merae que rinleliigence, qu'en I'exercant, qu'en la faisant agir, sont assez embarrasses de dire par quels exeicices on reussit le mieux a la dresser; Lomment, par exemple, on parvient a faire I'education ditl courage, de la patience, de la sobrielc, de la justice, etc. ; et, ueanmoins il n'est pas douteiix qu'il n'y ait des methodes poui">j (i) Essais, I. p, cliap. a.'- : Do I'inslilulion i/cs ciifiDis. (a) Edticatwit ilcs tiifuuf, $ 5g, (\- cl 68. bK NOS HABITUDES MORALES. ili.j i-tjgler la volontc el des procedes pour former les habitudes. II esl des hommes qui s'enfendent parliculierement a faire I'e- dutaliou du caracti're, Lomme il y en a qui soiU paiticuliero- men! pi'opres a faire rediicatioii de I'e.sprit. II pourrait y avoir des etablissemens pour la premiere de ces educations, tont aussi-bien qu'il y en a pour la seconde ; ou bien les etablisse- mens montes pour faire Teducation de nos facultes intellec- tuelles pourraient etre ordonnes, tres-probablement, de ma- niere a servir aussi a faire I'education de nos facultes morales. Qu'est-cc qui empecherait que, dans une ecole bien organi- see, on ne fit des cours de vertu comnie des cours de science, des cours dc gymnastique morale comme des cours de {j;ym- nastiquc intellecluelle ou corporelle ? On voit dans les Me- moires de IJcnjamin Franklin, qu'a I'cpoquc de sa vie ou il forma, comme il s'exprime lui-meme, ie liardi et difficile pi-o- jet de pancnir d la perfection morale, il sut s'arranger de ma- niere a aliier a ses travaux et a se% etudes un cours pratique des principales vertus auxquellcs il sentait le besoin de se for- iner. Rien de plus simple et de plus ingenieux tout ensemble que Ic moyen dont il s'avisa. II avait trace sur unc tablettc d'ivoire, qu'il portait toujours avec lui, un certain nombre de colonnes transversales, en marge desqneiles etait inscrit le nom des vertus qu'il desirait parliculierement acquerir. Ces colonnes etaient croisees par. sept colonnes perpendiculaires, portanl en lete les jours de la semaine. C'esl sur ce tableau que s'operait son travail. II donnait, pendant une semaine en- tierc, une attention rigoureuse a chacune des vertus inscrites en marge du tableau, abandonnant les autres a leur chance ordinaire, et ayant soin, chaque soir, de marquer les fautes du jonr. La semaine d'ensuite, il etendait son attention a la vertu placee dans la seconde colonne transversale, puis a la vertu placee dans la troisieme, et ainsi de suite jusqu'a la fin du tableau. II faisait un cours complet en Ireize semaines, et quatre cours en une annee. A mesure qu'il perseverait dans ces utiles exercices, il avait la satisfaction de voir les marques de ses fautes devenir moins nondjreuses, et sa vertu faire des 2-0 t>K L\ rOUMATION progrcs (i). Qu'esl-cc qui einpccliurait qii'oii iiusill de scm- blables prociidus d.nns les ecoles? qu'oii ne tracat pour chaque classe, suirant I'age des elevcs, iin tal)leau des bonnes habi- tudes auxquelles on voudrail les former? Que ces vertus de-r \iiisscnt chacune a leur tour, et pendant un certain teins , I'objet d'exercitep communs a tons les enfans d'une memo classe ? qu'on intcres'^at leiir emulation a les praliquer ? qu'on notal les atteinles qu'y poilerait ostcnsiblemcnt chaque eleve? qu'on les accoiitumat a faire eux-memes, chaque soir, I'exa- men de leur jeune conscience, et a se rappeler les manque- mens du jour? L'efficacite de ces pratiques pourrait etre ac- crue par un usage eclaire dc tous les stimulans propres a faire agir la volonte dans le sens des determinations qu'on voudrait lui faire prendre : par la douceur, parlebon exemple, par des appels aux bons scnlin PENALE PREPARE POUR l'EtAT DE LA LOUISIANE (l). SECOND ARTICLE. (Voy. ci-dessHS, pag. 24.) Toules les uatioiis meme lesmieux organisi'-es sont sujettes a des troubles politiques, durant lesquels l«s passions vio- peuple dps canipagnes. On a fait des frais enorities pour Ic mettre A meme de participer aux bienfaits de reducation, dans resperance qu'en Teclairant sur ses devoirs on le rendrait plus honnete. On a constrnil partout des prisons, des niaisons de correction, des p^nitentialres ; on a forme des associations pour poursuivic les voleurs, les bracouniers, ou, ce qui revient au meme, pour transfei er plus surement les liabilans des campagnes de lenrs chaumieres dans les niaisons de force. D'autres asso- ciations se sont form^es pour !es catechiser quand i!s sont detenus. Mais tous ces clforts etaienl en ]!ure perte. C'etait vouloir neltoyer le ruisseau sans epurer la source. Un bon Code crimrnel, une police bien organts6e, pe ivent rendre la decouverte dn crime plus cerfaine et sa punition plus prompte. Mais ces moyens rejirossifs ne diminueront que bien faible- snent celte multitude que la misere et le dt^sespoir poussent avec une puissance irresistible vers les portes de nos geOles et de nos peniten- tiaires. » (Voy. dans la Revue Brit., n" 58, p. sif)Ct 220, un article de Walter-Scott sur la situation du people des campagnes en Angleterrc, traduit de la Revue Trimcstricllc [Quarterly Rcivicw). (1) Nous nous applaudissons d'autant plus d'avoir insere dans notre OPmiON DE M. LIVINGSTON SUR LA PEINE, etc. 277 lentcs (lui se dechaiiicnt profilent de tous les prelextes pour aiiloriscr leurs exc^s ; el les partis, mutuellemciit enflammcs de la rage des discordes civiles, s'acciisent reciproquement dcs inloiilions les plus noires, des crimes les plus atroces ; mais , daus les conflits meme les plus acharnes des I'ureurs intes- liues, il est rare que Ton tente la destruction du parti ennemi, ou d'uu chef dangereux, sans leur imputer quelque crime. On ne fait pas de nouvelles lois dans ces occasions ; mais on tord et on pcrvertit les lois existantes ; on n'invente pas de nou- velles peines; mais celles deja elablies sont rigoureusement applicjuees a I'innocenl. C'est ce qui arrive d'ordinaire dans toutes les commotions intestines, et meme apres qu'elles out pris la forme de la guerre civile accompagnce de toutes ses horreurs. Ceux qui n'ont pas peri dans les combats sont soumis a une espece de jugement avant d'J'trc sacrifics. Le meurtre revet dans ces occasions I'hermine immaculee de la justice, se couvre dc sa robe, montc sur son siege sacre, eni- pruntc son saint langage , adopte ses formes, qualifie son ioique sentence de jugement legal ; et meme, a I'inslant oi^i son bras sanglant se leve pour I'execution , il est arme du meme glaive, et n'inflige a la viclime innocente d'autre puni- lion que celle que les lois preexistantes avaient etablie pour le criminel. Rpcueil ['opinion de M lidouard Livingston sur la peine de mort, que cette opinion a ible. Ceci ne sont point des alarmes imaginaires, ])uisees dans de simples possi- bililes ; il n'existe pas ile regislre criinii.el qui n'uffre des exemples de ces falales meprises, el ceux qu'uu concours siiigulier d'evenemens a fait counailre nous autorisent a croire que beaucoup d'innoccnles vic- limcs sonl reslces incnunucs. 11 est meme a observer que ce sonl les cas. aSa OPINION DE M. LIVINCSTON Vouclric7,-vous iiKiiiitcnir imo puiiilion (|iii, duns In c(m:i,n oiiliiiaiic dcs cvrnemens, doit (|iielqiief()is elre iiromedial)lt;-- meiit indigee li riiiiioceiit , qiiand menie cllc scrail uii IVciii edicace pour le coupable ? mais il s'en I'aiit bieii que ce soil le cas. Par cela meme que dans certains cas voiis nepouvezeni- pecher que cetle [leine ue tombe sur rinnocent, ellc doit, \\i I'impcrfection de tout tenioignage, favoriser I'evasion du coupable, el la niaxiino si sou vent citec dans ces occasions (i) ne cessera d'etre perverlie, pour t'aciliter le compromis entre la conscience du jure et la severile dc la loi, que lorsque vons n'aduieltrez dc punitions que celles susccptibles de revocation et de rehabilitation dans Ics cas ou ellcs seraient reconnues avoir ete injustement infligees. II serait facile de presenter d'autres argumens non moins forts, d'autres autorites non moins respectables pour demon- IrerlesmauvaisefFetsdecetteespece de punilion;inaislaquan- tile d'objcts divers dont il me reste a parler dans ce rapport me contraint de me borner a demander quel bien on peul at- tendre, ou quel avantage actuel on retire de la conservation de ce genre de punilion. Notre legislation I'abandonna d'abord sans debat dans tons les cas, excepte ceux dc meuitrc , de ten- tative de meurtre, de viol et d'insiirrection d'esclaves; ensuite elle I'etendit a une espece particulierc d'effraction avec cir- dans Icsquels on emploic le phis le mot de preuvc, oil les lemoigiiages sent le plus douteux, lorsque le crime impute est uu de ceux qui exci- tent la plus I'orle antipathie ou qui exaltent I'esprit de parii, les temoius, sans s'en doiiter, deviennent accusaleurs, ils ne sont que les eclios de la clanieur publique, la I'ei mentation s'accroit par sa pjopie action ; et il n'est plus pcrmis de douler que ce I'ut une IVenesie de ce genre qui d'a- bord s'empara du peuple et se coinmuniqua ensuite aux jug(;s dans la nialbeuieuse all'aire de Calas. » [Tlicoric dc.i peines el cics recompenses, par Bentham.) (Note de M. Livingston, ) (i) Qu'il vaut niieux laisser ecbappei rlix coupables que de punir iin innocent est une maxime invaiiableiiient lecoinmandee an jury dans Ikus les cas capitaux qui dependent des |)reiives ciiconstantielles, et (jui no nianquenl jamais leur elTcl quaiid il n'y a pas de causes irritantes. ^ iKulc r(c M. Livingston. ) SUR LA I'EINE DE MOllT. 285 Constances aggravantes (i). Maintenant comnie ces cas sont les seuls pour lesquels on I'a reserve , comme cette punilioa a ele abandonnee pour tons les autres, une question se- rieuse se presente d'ellc-meme : pourquoi I'a-t-on mainte- nue dans ces cas? pourquoi y a-t-on renonce dans les au- tres? II faut que son inefficacite, ou quelques autres desdefauts qu'on Jul objecte aient ete bien manifestes dans les cas noni- breux oi'i elle a ete supprimee , sans quoi on I'eQt certaine- ment couservee ou retablie. Prenant pour base de noire argu- ment cette inefficacite reconnue dans un grand nombre de cas, examinons s'il y a quelque raison qui rend plus appro- priee aux ofl'enses ci-dessus enumerees la peine qu'on a juge jnjuste et inconvenable d'appliquer aux autres. II y a trois manieres de decouvrir la verite sur ce point : en raisonnunt, d'apres les eflets generaux des motifs particuliers, sur les ac- tions humaines par I'analogie ; en jiigeant, d'apres les resultats. dans un cas, des resultats probables dans un autre ; enfin par rcxperience des effels dans un cas donne. Le raisonnement general sur la justice et I'efficacile de cette punition ne sera pas repete ici ; mais on s'y reiere comme etant concluant pour (i) Par la troisiome section de I'acle dii 20 mars 1818, entrer avec effraction dans une niaison de residence, pendant la nuit, dans I'iuten- tion de derober, etc. La loi de i8o5 avail deja ponrvu a la punition dcce Clime. La peine de nr.oit a ete ajoutee dansle cas ou quelqu'un se trou- verait legitimement dans la maison, et oii I'offenseur seiait arme d'un instrument dangereux, ou s'armeiait dans la maison, ou ferait une atta- que sur la personne qui seiait legitimement dans la niaison. Si I'occu- pant de la maison n'y etait pas I6gitiiiiement, Toffeuseur evite la mort. De quelle circonstance fait-on dependie la vie d'un homnie! Si I'occu- pant a un bail en regie, le voleur est pendu, siuon il echappe a la nioit : en outre, si le voleur ne rencontre personne dans la niaison, et vole dix niille piastres, il en est quitte pour la prison ; niais, s'il apercoil iin domestique, et le menace du baton, il est pendu, qiioiqu'il n'ail rien derobe. S'il y penetre sans arnies, et qu'il enleve tout ce qu'il y a dans la niaison, il n'est qu'em|)risonno ly 2i,o OPINION 1)E M. UMNGSTON peine de mort a produit rettc diflV'rence dans !e caracliM e mo- ral dc ces deux nations. 11 parailrail d'apr^s cela que les mcur- ti'ieis de Tostam; auiaicnl ele attires, par la severite des pu- nitions, dans le voisinage de Rome, pliitot que ceux de Rome ne I'etaicnt cii Toscane par la lenite des lois. Nous n'avons doncriena apprehenderde cettemesure, et, sid'aillcursqnel- que mauvais eflet pouvait lesuller de cette epreuve , il n'est que. Irop facile de revenir au sysleine d'exlorniinalion. Un aij^umenl sur leqnel j'ai insisle dans nion premier rap- port el qui a trait au caractere de f«;rorite iinjirime au pevi- ple par celle punition, vient d'etre dcveloppe d'unc maniere si fiappante par nn evenement subsequcnimcnt arrive dans la Pensylvariic, epic je ne puis le passer sous silence. Apres que I'execulion de Lechler eut assouvi la curiosite des habitans des environs de New- York et de Lancaslre, eteut produit ses resnltatsd'homicides etautres crimes, ini nialheureux futcon- daunie a la meme peine de mort , pour'uue offense dii niemc j;enre, dans nnc autre partie dc I'Ktat oi'i le peuple n'avait pas encore joni de ce spectacle ; une foule immense se ras- sembla, la viciime Tut amenee, tons les yenx de la masse vi- vante qui enviroiuiail le gibet elaient fixes sur eel inl'ortune, et brillaicnl dii desir de voir le moment on il serait lance dans relernite. II y eul du delai ; ils devinrent impalicns : ce delai se prolongea, ilss'exaspererent, pousserent descris sem- blables a ceux (pie fail entendre le parterre quand au tlieaire il provoque la levee du rideau Irop tardive a son grc Avides du plaisir qu'ils attendaient du spectacle de I'agonie de leur viais piincipes, elles s'accoi deront k etoiiffer k's flamincs et a bannir les supplices. Si ces piincipes continueiit de repandie leur iiiiliieiice sur le i^ouvernemcr.t, comnic ils le fnnl depiiis qiielque tems, je ine ])lais a es- peiei- que le iifonient n'esl pas bifii eloigne oil les echal'auds, les pilaris, li's I'ers, les carcans, les lOiies (instruiiiens habituels des [luiiilions piibli- ques) seront rclegues dans I'lii-^loiie avec les chevaiels, les Icnailles, etc., cuinine moiuiiiiens de la barbaiie des siecles el des Elats, el ocuniiie une pieiive aHligcaiile de la hi'leiir c(il partisan qui oserait etayer cettc punition qui , inlligce en pa- (i) Cette sci'tie scandaleusc eiU lieu a Orwighbouig ; le inalliciiieiix iHse.nse qui faillit etre sacrifie s'appelait Zicnerman. Je tiensces details {'.'line persunue (!e la plus haute respeclabilite en Pensylvauie, quiajoule au i.aiie de ce fait : Les executii.ns, dans cet Elat, soul de.-i scenes de desoidie et de loules sortes d'iniquiles; vingt , ttenle, qiiaianle niille jieisoiines se lasscnibleiil en cette occasiiin. Dans les campagnes deux, ticiis ji)m;s se passent en i ejnuissaiircs qui rappcllcnt les foires d'aulre- I'lis. [Note (le M. Liri)iy.iloii.} ■uja uriiNlOlN l)K M. MVINCSTON i(mI cas, a pour la malinHirtMiso iiiiio((!n(c lo'.is Ics caracti'res (111 nuurlrc Ic plus atroi"o. Ses clTels surpassont on l)ail)aric I'acio cki plus int'Sme assassiu. (/cliii-ci poij!;uar(lc, fia|ip(> ou (>nipoisonne, et la viclinic expire iriin coup imprevu, sous e.tre douiiee en spectacle a la curiosite pul)liqne, sans laisser a ses meilleurs amis des doutes sur son innocence, sans se voir abandonnee d'eux, dans la conviclion de sa culpabilite; cllc meurt, et sa mort est uu de ces accidens inevitables auxqucis scut soumis tons les mortcls. Sa lamille est aflligee, mais nou deshonoroe ; sa mort est dcploree par ses amis et lionoree par son pays s'il en a bien nierite duranl sa vie. Mais I'liomicide juridique, le mcurtre de riunocent, avec les formes sacrces delaloi,n'a poinlcescirconslaucesadoucissantes. I< i la mort, lente dans son approche, indecise dans ses coups, fait eprou- yer a sa victime, non-seulement ces angoisses de I'ame qui naissent du conflit de la crainte et de I'csperance, en atten- dant sa condamnation; mais apres...., dans I'isolement d'ini cachot, elle est en proie , durant cliaeime des minutes de vie que lui laisse la cruelle douceur des lois, a toutcs ces antici- pations decourageantes, cent fois pires que la mort. Le sen- timent intime de I'innocence, qui nous soutient dans les autres adversites, se convcrtit pour lui en ime source d'a- mertume et de desespoir quand il reconnait que ce n'est pas une protection contre I'infamie et la mort ; et lorsque les liens qui I'attachaient a sa palrie;, a sa famille , i\ ses amis, vont a jamais etre brises , aucune reflexion consolante ue vient adoucir I'horreur de ce dernier rmunent : il laisse a ses enfans une infamie non meritee, a ses autres parens, un noui fletri dans la societe, et courbe vers le tombeau les tetes blan- cbies des autcurs de ses jours. En sortant de son cachot, il Yoit la fouleassemblee pourcoutempler ses dernieres agonies; il monle au fatal poteau , et une vie innocente est terininee par ime mort deshonorante. Ce n'est pas un tableau d'ima- gination : plCit a Dieu le fut-il ! Plut a Dieu, si la mort doit elrc iunigee,qu'on pfit dccouvrir des moyens certains pour ne la faire lumber que sur des teles coupables ! Mais ces fails sun LA PKINE DE MORT. 2(/. soiit ai rives ; ecs nieurtres legaiix out cle coiiiiiiis. El quels I'lirenl les premiers auteiirsdc cos crimes? Quia anlorise iirie punition qui n'admet aueune remission pour rinnocence? ()tii a serre le nocud fatal ? Qui a fait tomber la haclie sur une inoffensive creature? Ce n'est pas le bourreau, vil instrument salarie pour accomplir I'oeuvre de mort. Ce n'est pas le jury qui condamne, ni le juge qui prononce la sentence, ni la loi qui sanclionne ces erreurs, niais bien les legislaleurs qui fi- rcnl la loi, ceux qui, ayant le pouvoir dc la rappeler, la lais- sent exister. Voila les personnes qui sont responsables a leur patric, a Icurs consciences et a leur Dicu. Non-seuiemeiil ces horreurs ont eu lieu, mais elles seront renouvelees; les me- aies causes produiront les memes eflets : I'innocent a ete sa- crifie pour le coupable , il le sera encore. Nous le savons, cetle affreuse verite fatigue nos regards. Nous ne poiivons ni la meconnaitre, ni Teviter. Un mot sufRrait pour sauver I'in- nocent et assurer la punition du coupable, et nous pourrions liesiter a le prononcer! Nous contentcrons- nous de nutre exemption imaginaire de pareils accidens, et fermerons-nous I'oreille aux cris de la justice et de I'humanite ! « La sensil)i- lilc, pour me servir de I'expression d'Eden (i), s'endorij.iira- t-ellc au sein des jouissances, sans se reveiller a la voix de rintbrtune? » Je m'appesantis sur ce point, parce que j'ai vu plus d'une condamnalion sur de fausses interpretations de la loi, sur la foi de temoins deous ou parjures, condamnations qui eussent ete revoquees avant ce jour, si les malheureuses victimes n'etaient hors dc la portee des reparations lui- niaines. J'ai vu, dans le sombre silence des cacbots, I'expres- sion mueltc derindigiiatiort profondement concentree, luttanl contre la douleur. J'ai enlendu des attestations solennelles d'innocence faites d'un ton (|ue Tarlifice ne saurail imiter, J'ai ecoute avcc un etonnement mele d'effroi les adjurations d'une de ces victimes, dont les accens, d'une energie plus qu'hiimaine , sommaient son perfide acusateur et sonjnge (i) Principcs dc la Ivl /iciuik. 294 . OPINION OF M. LlMiNGSTON ahusc i'l coniparaiire avcc liii dcvaiil le Irolie do Dieii ; tri ajipcl ail grand tribunal, qui ii'errc jamais, ct devant iequol I'appelaut allail parailre dans quelqiiC!; heiircs, etait I'ait ponr exeiter la priisomption de son innocence : celte presoiiipiion fill fhangeo en certitude; le parjure dii lenioiii fnt decmi- vprt,el lemonstre echappa par la I'liilo ;'i I'infamieqiii I'atten- dait. IMaisil ('tait trop lard pour ri'parer le mal.et cette dccoii- vcrte ii'eiit d'aiitrc consequence que d'ajuutcr a la quanlile dc cas pareils un exeniple de plus du danger, je dirai de I'im- piele de s'arroger cet attribiit de la puissance divine, sansetre done de rinfaillibilitc fjui peiit seule en diriger I'excrcice. Celte seule objection, lors mOme que toutes Ics autres rai- sons pressantes qui s'eltivent contre la peine de mort n'exis- teraient pas, celte consideration seule suffirait pour me faire accueillir avec transport le decret d'abolition de la punition capitale, comme un evenement si honorable pom- iija patrie, si consolanl pour riiunianite, qn'il ne serait pas trop chere- ment achetc an prix d'unc vie onlicre de travail. Je ne puis abandonner ce sujet sans sounieltrc prcalable- inent a I'asseniblee gcnerale I'opinion d'un honinie donl I'au- (orite jnstifierail des epreuves bien plus hasardeuses que celle qu'on propose, et dont les argumens sont aussi con- vaincans que le nom est respectable; ce ne sont pas ici les ojiinions d'un individu que le jargon moderne qui couvre I'i- iMiorance du sicclc pnisse qualifier de theoricien, mais celles d'un persnnnage dont I'exislence entiere futdevouee a I'exer- rice des I'onclions utiles ct honorables de la plus haute ina- gistralure, dont le nom n'est jamais prononce qu'avec reve- rence, el donl la doclrine est citeecomme aulorite, toutes les fois que les vrais principes des connaissances legales sont mis en question ; ecoutons le venerable d'Aguesseau. «Qui croirait qu'unc premiere impression decide quelquc- I'ois la question de vie on de mort? Une reunion i'alale de circonslaiices qui scmblent a voir ele exprossemenl rassemblees par lo sort pour consonmicr la ruiiie d'liu inlbrlune, une Ionic de temoiiis nuiets. par rela nieine plih- dangereux . deposeiit SUll LA PlilNK DE MORT. 2(j5 eoutre riniiocenoe; elles iiifluencent Ic juge; son indignation s'allnm'e ; son zele nienie contribne a le sctlnire. Convertis- sant son caractere de jnge en cchii d'accnsatour , il ue consi- dere que <.e ([iii tend a pronver la cnlpabilile ; et ii j-acrifiea ses pi'opves raisonnemens I'honime qu'il eCit sauve s'il n'eut fait alteiilion qu'aiix prenves de laioi. L'n evtnement iniprevn demontre quelquefois que I'innocence a succombe sons ie poids de conjectures, et revele la faussete fles conclusions que le jiige avait tirees des I'irconstances. La verite leve le voile, dent la probabilite Tavait enveloppee ; mais elle se niontie trop tard , le sang de I'innocent ciie hauteinent vengeance contre le? preventions de son juge, et le magisliat passe le reste de sa vie a deplorer un nialheur que tout son repentir ne saurait reparer (i). » On a quelquefois reproche aux partisans dc cette retbrme la chaleiir avcc iaquelle ils y travaillent, conune procedant d'une crainte puerile ([ui exagcre I'appreheiision d'une chose que nul ne pent eviter. On se tronipe ; uos raisonnemens n'exa- g^rent point le prix de la vie. II est des occasions ou Ton doit en risquer la perte; oi'i la certitude de la uiort doit ctre envi- sagee avec calnie et I'eruiete. Ces occasions s'offrent an pafrio- tisme, dans la defense de la patrie ct de ses droits; a la bien- veillance, dans le salut de son semblable en peril; a la reli- gion, dans la persecution quipresente aux fidcles la cowronne du martyr; et ce serait une graiide erreur que de s'lmaginer que ceux qui proposent I'abolilion de la peine de mort redou- tent, plus que ceux qui veulenl la niaintenir,cet accident inevi- table de notre nature, ou cette consequence possible de nos devoirs. Celui qui sauvait la vie d'un citoyen roniain obtenait une recompense plus honorable que le soldat qui aventurait la sienne, en monlant le premier a la breche. Le chene etait prelcre an luurier, el la conronne civique a la couronue mu- rale. Dans les beaux jours de la republique, lesRomains avaient [i) D'AcuKssKAi, \Ci' niciTiiiiali f.(/i OPINION DE M. LIYITNGSTON, etc. aboli celle piinilioii. Loin (s'ecric leiir ^rand orateur, s'of- ioirant, dans iin iige conompii, tic rcvoillor Ics anciciis senli- mcnsi'i ce siijet ) loin de nous lapunition do mort, ses ministies, ses instrumens! Ecartez-Ios, non-seulement de nos corps, ir.ais de nos yeux, dc nos oreilles, de notre pensee! Car non-seuie- menl rexeciition, mais I'apprchension, I'existeuce, la mention meme de ces clioses, est indigne d'un homme libre et d'nn citoyen ron^ain. Les Uomains n'etaicnt pourtant pas remar- quahles par leiir crainte piisilianime de la mort. A I'epoquc dont je parle, ils n'avaient pas besoin du stimulant de la peine capitale pour les exciter a s'inimoler pour la patrie. On pourrait, au contraiie, arguer avec plausibilite, que la dispo- sition servile qui degrada les derniers terns de la republiquc f'ut, en quelque sorte, due au cbangement qui fit du sacrifice de la vie I'expiation du crime, au lieu de la preuve et de la consommalion du devoCiment patriolique. Convaincu d'etre tonibe dans beaucoiip de repetitions, ct certain d'avoir afl'aibli, en les reproduisant , des argumcns mieux developpes par d'autres, je craius neanmoins encore d'avoir oniis quelque cbose qui eut pu peut-etre porter la conviction dans I'ame de ceux anxquels ce rapport s'adresse. La Icrme et religieuse persuasion oi'i je suis de la verite de la doctiine que j'avance, contrariee par le sentiment intime de mon incapacite de la commnniquer aiix autrcs, doit avoir repandu de I'obscurite la oCi les intcrets de I'humanite eussent exige de la clarte, et seme de la confusion dans un travail oi'i ie pUis grand ordre etait requis. Mais la verile se fera jour a travels ces obstacles. Du sein des nuages dont s'enveioppe riinperfection humaine, sa voix se fera entendre, comme celie du Tout-Puissant, du sommet de la montagnc, repetaiit aux nations ainsi qu'aux individiis Ic grand commandenicnt :« Tu ne tiieras point. » \ NOTICE MiCllOLOGIQUE. NOTICE KECROLOGIQUE SUR IM. Jeais SCHWEIGHAEUSER, »e Strasbourg. Au commencement de ce siecle, I'ancienne universile de Strasbourg, celebrc surtout par les hommes eminens qui s'y succederent dans la chaire de droit public et d'hisloire, elait illustree par trois philologues, lels qu'on les rencontre ra- rement a la lois et dans la menie viile. La Hollande avail bien vu se perpetuer cliez elle la serie des savans interpietesdc I'an- tiquite : lluhnken avait pris la place d'Heuisterhuis, Valcke- naer et \N Itlenbacli les suivirent a peu de distance; niais ja- mais on n'y avait vu, au meme endroit, une reunion de savans presque du mejne age et de la meme celebrite, comme Stras- bourg i'offrait a cette epoque. Brunck, Schweighaeuser et Oberun y formaient alors un triumvirat utile et paisible, qui, loin de proscrire, altirait au contraire de toutes parts les hom- mes studieux, ceux surtout que la gravite des lettres antiques avait su captiver. Aussi ne i'ut-il point ephemere comnie I'e- taient jadis ceux que I'interet et la soil" de doniiner avaient ap- peles a I'existence : I'ambition, la jalousie ne rouipirenl pas les liens qui attachaient entre eux ces hommes que Tardein' de la science avait unis, et que leur ville natale confondait dans une meme estime. L'editeur de Sophocle et d'Aristophane,Brunck, le plus age des trois, lut aussi le premier a payer le tribut a la nature; arrivee au milieu de grands evcnemens politiques , sa moi t ne fit pas autant de sensation qu'on aurait du s'y attendre apres une vie si utile a la science , illustree par des Iravaux si ini- portaus. Trois ans apres , Oberlin siiivit au tombeau celui sur tes traces duqucl il avail niarrhe : le deuil Inl aUus d'aulant 298 NOTICE Nl^CllOLO(;iQLE plus general que raclivilc de ce savant iiilaligable, qui sc nuil- tipliait puui' sulfirc a tout, avail etc plus grande, qu'ellc s'e- lait etf'uduc a toutes les branches de la vie lilleraiie et siien- lifi([ue de sa ville natale , el qn'il ne reslait plus de cetlc ecule leconde en savans , que celui qui remplit alors un triste de- voir, en consacrant la aienioire de son collegue par un discours digne, par son eloquence et la purele de la diction latine, de sur- vivrc a toutes tes compositions acadeniiques dont les rcntrees, les promotions el tons les evenemens (pielcon(iues offraient alors d'eternelles oecasii)ns. II est vrai qn'a lui scul Sclnveig- haeuser pouvait suflTire a la gloirc d'une Inivcrsite, comme au sacerdocc des Muses anti(|ues : mais a la mort d'Oberlin, en i8o6, il avail atleint sa soixante-quatiieme annec; sou tour semblait pret a venir aussi, et personne n'etait la pour re- cueillir un si bel heritage. Cependant, malgreles vicissitudes du sort, malgre les fati- gues d'une vie prcsque accablee de travaux , la carriere de ce savant se prolongea bien au-dela des limites communes, et enrichit la science de tresors nouveaux qu'on n'aurait ose se prometlre de la phmie debile d'un septuagenaire ; a quatre- vingls aus meme sa tacUe n'etait pas accomplie, et ce n'est qu'a- pres avoir mis la derniere main au monument qu'il erigeait au pere de I'liisloirc, que le digne vieillard posa enlln la plume et se reposa de ses travaux. Ses I'acultes n'eprouvercnt pas la moindre alteration, et nous ctions a la fois heu- reux et etonnes de I'espoir que nous avions de le conserver encore des annees, quand il.nous fut enleve subilemenl par une mort qui, long-lems pressenlieet anivee au dernier terme de la vie humaine, nous paraissait pourlant inopiuee. Jean Schweighaeuser, lils d'un pastcur et chanoine au tem- ple proteslant de Saint-Thomas, naquit a Strasbourg le 2G juin I'^^'i. A peine age de cinq ans , il entra au gymnasc de cctte ville, elablissement antique, fonde au tems de la relbrme religieuse sur le plan dn savant Sturm; el, aprcs avoir passe hull ans a celte ecole, oii plus d'un prix I'ul decerne a ses pro- gres, il (it inscrire son nom sur la liste des eludians de I'Uui- SlJii SCinVEIGllAKlSER. -lo.c^ vei>ilt'. La Rang <'l Loieiiz devinieiit ses maitrc-ipoMi ic j^icc el Ic latin ; it iliulia I'hisloire sons S(hocpflin,auqtiel son immense savoir a ol)leiiu la chai'ge d'historiographedu roi ; d'autres sa- vans rinitierent anx proi'ondeurs de la philosophic ou liii en- seignoient los iiialhcmalicpics, la physique, la cliimie. Destine an ministere dn cnlte, 11 s'appliqna ensnile a t'etude de la iheologie, ainsi qn'a telle des langucs hebr'aiqne, syriaque ct arabe, dont la connaissance est consideree, parmi les protes- lans, commeunebase indispensable de la premiere. Le dogme et I'histoire ecclesiastiqne I'occupercnt apres : son genie vaste et multiple n'avail aiicnne peine a embrasser a la fbis tant de l)!anches du savoir, et il ne ernt pas nuire a ses succes en y joignaiit encore la botaniqne, I'histoire nalurelle et I'anato- niic, bien qu'elles seniblassent le detourner du but f[!ie deja il s'etait propo.-e. Mais seduit par la reputation des Spielmann, des Herrmann, il ue voulul point rester elranger a des cours t'requentes par ime Ibule de jeunes gens de Ions les pays, que la teiebiite des professeurs attirait. Heuss et Frid, sesmaities de philosophie, nejouissaienl pasde la meme reputation; mats leur eleve ayant une predilection marcpieeponr cette siience, il aimait ifse fortifier, par Icur commerce, dans I'etude analy- lique de nos facultes, ainsi (jue des regies imposees a leur exer- cice. Tontes ces parties einbrassees a la I'oisavaient dfi consu- mer plus d'anneesqu'on n'en accordc ordinairement anx cours universitaires : an lieu des trois ou quatrc ans qui aujourd'hui paraisscnl si longs a Timpatience de la jeunesse, il passa dix ans sur les bancs de I'ecole, retenu d'ailleurs dans sa ville na- talepar les devoirs que lui imposaient I'age avancedesonpere, et la piete avec laqnelie il les remplissail. Decide enfin a faire IVssai de ses talens, il soutiut, eu 17O7, sous la presidence du venerable Reuchlin, une these sur I'ordre moral qui regne dans le monde, imprimee sous le titre de Srslciim morale liii- jus univfrsi. Cette dissertation, epic le repondantavaitlui-memc redigee, melhodifjuc et cliire aus.'-i-bicn ([u'ecrite avec uu grand usage de la langue latine, anuoncail dans son auteui une lete Ibrtc ct bien orgahisee. rcfunissant de vaines iheo- r,oo NOTICE M^CllOLOGIQLE lies, uiu' iirol'onJeiir iiilelligiblo aiix seuls aclcples, niais creti- saiit la malicrc avec une rart; pciictialion. Le vifux pasteur n'avait pu clro teinoin ile cc premier Iriomplie de son fils, il etnit moit avaul la solennite qui a niai que si honorablenieut les premiers pas de ce dernier dans la carrieredes sciences. Degage alors dn lien qui I'avait relenu, Scliweighaciiserquilla Straslioiirg avccia resolution de n'y re- tuuruer qu'apres avoir fait, dans les pays etrangeis, ime am- ple provision d'experiencc el de lumieres. La capitale I'altira nalurelloment en premier lieu : il y vola avec I'ardeur de la jeunesse et cetle soif de la science qu'une vie si longuc n'a pu enlierement satisfaire. Les tresors entasses pour la science, et le commerce des savans raltirerent tour a lour; s'elant surtout attache au celebre de Guignes, 11 fit, sous sa direction, de grands progres dans la connaissance du syriaque et de I'a- rabe. Puis il alia en Allemagne pour ctudier encore les laugues orientales : •\ Goeltingue il IVequenIa avec la plus louable perse- verance les cours de AValcli, de Miller, d'Achcnvall, dcHeyne, de Feder, de Diez el de Less, el plusieurs de ces hommes distin- gues accorderenl leur amitic au jeune homine sludieux qui at- tachait un si haul prix aleursleconsel a kureslime. DeGcetlin- gue,11 alia a Halle, et de la a Leipzig oii il se fit aimer de Reiske qui I'iiiilia , lui et son ami Schnurrer, depnis proi'esseur a T u- bingue, dans la connaissance plus intime non-seulement de I'arabe , mais encore de la langne grecque el de ses grands auteurs Iragiques. Le tems passe pres de ce savant, si original a la Ibis et si erudit, lut precieux pour lui; et ce qui slimula encore son zcle, c'est qu'ileut pour condisciplc la lemmcde son maiire, versee dans la lillcralurc aucicnno, et donl les progres pouvaient bien exciter son emulation. L'Allemagne abonile en foyers de sciences et de lumieres : de Leipzig, Schweighaeiiser passa a Drcsde et puis a Berlin, on il fit la connaissance des Sulzer, des Lambert, des Merian, des iMendelsohn, des Spal- ding, des liusching ct d'aulres houujies places alors sur les sommites de la carriere des Icttrcs. Leur ace neil plein de bien- veillance lui 111 legretlcrla hate avec lacjuclle il lut olilige de con- sill SCinVEIQHAEUSKFl. r.oi liniior soil voyage. Basedow etuit aiissi alors a JJerlin : notie jeiin(M''[U(liant iie ncj>li5;ea pasl'occasioii de voiruuphilosoplic doja connii alors. et que ses efforts pour ameiiorcrlesmetiiodos d'cnseig;nement devaiiMit rendre celeljre. Depiiis long-tenis I'^nglctcrre appelait notre voyagoiir : il se r-endil, par Bruns- wick ct AVolfenbiittfl, a Hamboiirg, oi'i, avantde s'cmharquer, il eiit I'avantage de voir le grand Lessing dont les lauriers em- bellissaient la retraite. A Londres, Askew et Turton accneil- lirent avec empressenient notre philologue : le premier le fit inenne assister aux seanres de la societe royale oii il sne felicita d'approcher dcs erudils celebrcs avec lesqiicls il resla eiisnite en relation; il travailla aussi ati Miisee britaniiiqiie, friMjuenta la bibliotheqiic royale, etvisita leslibrairies qui avaient alors le j)lus de renomniee. Sa connaissance de I'anglais lui ful d'un grand serours, el la iacilite avec laqiielle il s'enoncait en lalin lui offrit nil moyen subsidiaire aupres des savans qui ne par- laient ni le franrais, ni I'alleinand. A Oxford, il passaune grande partie de son tcms a la bil)liotbeque Bodieienne, en consuma le reste avec Kennicott, Swinton , Hunt et "While, et se lia particulierement avec ce dernier. Si pres de la residence de I'eveque Lowth glont il avait soigneusement etudie les ouvra- ges, il ne put resisler an desir de presenter ses homniages a cet houinie eminent; il en fut recu avec unc hospitalite par- faite, relevee par la simplicite des manieres de ce prelat. Plus de deux ans s'etant deja ecoules depuis sou depart de Strasbourg, et les depenses inseparables d'une vie passeeainsi en voyages menacantd'epuiser ses ressources, Schweighaeuser songea enfin k retourner chez lui, heureux de trouver sur sa route de nouveaux objcts dignes de tout son interet, et I'oc- casion de faire d'autres connaissances non moins utiles a son avenir. Ayantchoisi la route de la Holla ndeet des Pays-Bas, il visita Rotterdam, La Haye, Amsterdam, LUrecht ct Leyden, et vitdans cetle derniere ville, siege illustre de I'erudilion classi- que , le celebre Ruhnkenius dont les commentaires sont des niodeles de critique comme son eloge d'Hemslcrhuis est un ohel-d'oeuvre d'eloquence. II arriva enfin par Buxelleset Met/, 3o2 NOTICK Ni'CiU)].()GIQl)i<; 11 Strasl)onri^', vers la fin tic i 76;) ; scs anoiciv^ mailrcs Ic rc- \ircnf avoc joio, et Bninik. alors dans lonlo la forco dc son talchl, Ic reciit dans son intimilc. Schwcighaenseravaitcua peine le lemsdcrepasserdans son esprit et dc nicltrc enordrelons lestresorsdont.son voyage I'a- vaileniichi. II commencait sculemenl a tircr parti de la connais- sancc do I'liebrcu etdcl'arabeqae ce nicme voyage Ini avail pro- ruree, qnand la chaire de logique ct de niclapliysiqiie, deve- nnc vacanlc, cvellla son ambition en niemc terns qu'elle lani- niait son ancienne predilection pour la philosophic. II I'ohlint en cffcl en 1 770, conime proresseur-adjoint, et consacra le pre- mier pas fait dans la carriere des honneurs acadomiques, par nne disserlation inaugurale sur cettc qnesstion : quelle est la connaissance de Thomme qui a le plus de certitude pour lui, de celle des choses corporelles, ou bien de celle .qn'il a de sa propre essence? Dans unc dednclion rapide, mais concluante, Fauteiir fait voir que toutc la connaissance que aonsavons des choses exterieiu'es se rednit a des accidens , a cclles de Iciirs qualitcs ([ui tombent sons Ics sens, mais que c'est par I'etudc (le nons-meme que nous acqncrons I'idce de substance que rien an dehors ne saurait nous donner. Cette dissertation, comme la precedente, prouva dans son auteur une rare apli- tude pour I'analyse et une clarte parfaite dans les idees ; il fani dire la mcme chose decelles qu'il redigeasuccessivement pour les jeuncs aspirans aux degres academiques , appclcs a les soulenir couinie theses sous sa presidence. De ce noaibre sonl Ic trailc dc scmii. morali, les senlenccs philosophiques et la ihcologic, aiusi que la morale de Socrate, qui sont dc I'an- nec 1785. Jusqu'en 1777, Sclnvcighaeuser avail allenialivemcnt en- seignc la logique et la mctapliysique : la mort de Schcrer lui en ouvrit a cette epoque la chaire dont il n'etait encore qu'ad- joint; mais son collegue Muller etant mort immediatement aprcs, il oblint la chaire des langues grccques et orienlales, qn'il orcupa jusqu'u la fin de ses jours, et pour laquelle il avail trouve dans la pcrsonne du (■cli'i>re Obcrlin un compc- sun SCilWEKillAEl SEU. 5o3 titciir reiloutable. y\u moment d'tnilrer en functions, il invila le public a cetfe solennite, suivant I'lisage, par un programme oii il rend comple des prineipaux evenemens de sa vie, avec line candeur et une modcslie dignt;* d'eloge. Ce i'ut le i4 no- vembre 1778 qu'il iiit installe. II revint alors a Tetiide des langues, avec cettc ardeur et celte persislance qui sont les plus sfirs garans du succes, sans toutel'ois negliger la jdiiloso- phie, a laquelle ses theses, redigecspour des eleves appeles a Jcs soutenir, eurent toujours trait , conime il a etc dit plus haut. En meme terns, il ne dedaigna pas des eludes plus mo- destes : il donnait en particulier des lecons d'anglais, et ar- rangea, dans desmomensdc loisir, une petite Encyclopedic de la jeunesse, intitulee : Teutsclies Lesebucit , oCi il fit entrer un chapitre sur la nature de I'honime tout entier de sa main, et compose avec le plus grand soin. II parait avoir attache beau- coup d'importance a ce morceau , puisque, I'ayant traduit en latin, il I'insera plus tard dans le piemier volume de ses opuscules, en forme d'appendice. Jusque-lul'activitc litteraire de Schweighaeuser se reduisail a des compositions de peu d'etendue : nous allons le voir se lancer dans la carricre qu'il a depuis parcourue avec taut de gloire. Quand il en cut fait Tapprenlissage sous Brunck, qu'il aida dans son edition d'nn choix de tragedies grecques, ce ce- lebre savant !e mit en relation avec I'anglais Musgrave, qui, desirant connaiti'e les lecons et les variantes d'un rnannscrit d'Appien, conserve a la bibliotheque d'Augsbourg, s'etait adresse a Brunck pour en obtenir la communication. Ce- lui-ci chargea noire jeune philologne de collationner ce ma- nuscrit fort important avec les «';ditions imprimees; et c'est pendant ce travail que Schweighaeuser sc convainquit a quel point le texte de I'historien des guerres civiles et de iMithridate etait altere , de combien d'ameiiorations il elait susceptible. Plein d'empressement, il fit part de ses decouvertes au sa- vant anglais, de maniere a lui donner une haute idee des moyens de son correspondant ; il redigea presquc iimnediat' - nienl plusieins dissertations, non-soulement sur le texte de :^o4 NOTICE NKCIlOLOr.IQUE l'hi:ier volume parut la meme annee, encore a Leipzig, ou le libraire Weidmann s'empressa d'accueillir et de provoquer les nouvelles entreprises d'un homme dont le 110m commeiicait a devenir enropeen. On sait qu'il ne reste des ceuvres de I'Acheen, ami des Sci- pionS; que les cinq premiers livres en entier, puis des extraits des douze ou treize suivans, faits anciennementparun abrevia- teur, enfin quelquesiVagmens conserves dans les recueils intitu- les : De Lcgationibiis ct De V Irtatibus et Vitlis. A ces precieuses reliques I'editeur en ajouta d'antres recueillies dans Suidas et danslitiennedeByzance,et, le premier, ils'appliqua areconnai- tre I'ordre suivant lequel tous ces fragmens etaieut disposes dans lestrente-cinq livres perdu s , pour les retablir a leur veritable place. On sent de quelles difficnltes une semblable <;ntreprise fltaitacconipagnee, mais elies furent surmontees avec tant de bonheurqu'un petit nombrede fragmens seulement, trop courts pour offrirdesmoyens declassification, durent etre rejetes a la findel'ouvrage. Apres cette operation, il s'appliqua a corriger le texte vulgaire k I'aide de manuscrits jusque-la negliges, et des nombreuses variantesentassees plutot qu'exploitees par Ca- X. XLMI. AOtIT iSI^O. 30 Tiof) NOTICK NKCKOLOCTQllR saiibon. Do? notes critiques pen (tciKliics liueiit placecs sous le texte, iin conimentaire plus detaille suivit dans des volu- mes a part; la traduction (legantc niais souvent iuexacte de Casaubon fut refondue, les tal)Ics des inatieres aug^entees, el cette edition I'ut encore enrichie d'un glossairo tres-rcmar- nuablc dans lequel sont dii?cntces les parliculariles du style de Polybe. Maiheureusement ce travail important ne put pas s'accom- plir sans interrupfion : tomhe dans des terns de desastrense memoiie, il ne defendit pas sou autour conlre les tribulations auxquelles taut d'hommes de bien sc trouvaient alors exposes. Scbweighaeuscr, sage et t'eriue dans ses principes, avait donne pen de gages de civisme ; on raccusait d'etre le confident de I'infortune Dietrich, premier maire de Strasbourg, de tenir chcz lui des conciliabides nocturnes, d'intriguer contra le triom- phede I'egalite rcpublicaine. Ayant d'ailleurs accepte quelques I'onctions publiques, il y avail deploye la franchise et I'ener- "ie de caractere qui lui etaient proprcs : c'ctait plus qu'il n'en fallnit pour aller grossir le nombre des suspecis que nos Ja- cobins entassaient au seminaire episcopal. Apres y avoir passe vingt jours, cette prison ne s'ouvrit pour lui qu'a condition que dans les vingt-quatre heures il quittat la ville pour s'eloi- gner des frontieres d'au moins vingt lieucs. Baccarat, hum- ble village du departementde la Meurlhe, lui offrit alors unasile, od il resta plus d'un an avec unc partie de sa lamille. Mais la meme il ne put conlinuer tranquillenient ses paisibles tra- vaux. La lanqie nocturne du savant, ses veilles prolongees souvent jusqu'a I'aube du jour, paraissaicnt suspectes : quel motif pouvaient-elles avoir si non des trames arislocratiqiu>s et de sourdes niences? Des hommes incessainment acharnes aux interets materials de leur cupidite ou de leur ambitioii pouvaienl-ils comprendre une activite produite par la seule ardour de s'instruireet d'etendreaussi les bornes de la science? T(uUefois les denoncialions resteront sans cffet, on en comprit Tabsurdife; on s'assura qu'il elait possible de travaillor la nuit sun sen WEIGH AEUSER. 3o7 Siuisronspirer; ct d'ailleiusconsacTer sesveillesaii republicain ami de res Scipioiis dont on inv()f[iiait les souvenirs, n'etait-ce pas nn litre d'eslime anx yeux des pnissans du jonr? L'edilion de Folybc I'ut done achevee ; le neuvieme volume parul en i ^gS ; aujoxird'hui elle est epin'see. Tous les hommcs capables d'aprecier un travail dc celte nature furent unanimes dans le jugement favorable qn'ils en portaient. Delivre de son exil, Schweighaeuser retourna alors a Strasbourg, ou les elu- des comiiienci'rent a se relever, L'Ecole centrale du departemcnt du Bas-Rhin venait d'etre ouverte : Schweighaenser, ayant etenommeprofesseurdelilte- raliueancienne, yfit descoursdelanguegrecque et d'arabe. La niethode avcc, laquelle il procedait, sa marcbe analyticjue, la clartequ'ilsavait toujoursrepandresur les objets traitespar Ini, la condeseendance avec laquelle il se niit a la portee de ses au- difcurs, la plupart faibles encore, donnerent a son enseigne- nient un haut degre d'utilite; il s'y livra avec un veritable plaisir : propager la science, inslruire la jeunesse, faire ger- merdansson esprit nne science reelle, et y eveiller le goQt des etudes graves et solides, c'etait pour lui unc passion, la seule peut-etre qu'il connOt- 11 prechait d'e.xemple a ses audileurs la modestie et la circonspection , leur rappelait sans cesse la necessite de se rendre un compte exact de tout ce qui s'offrait i\ leurs meditations, et leur taisait comprendre que jamais ils ne sauraient reellement que ce q'l'ils anraient saisi avec luci- dite et classe avec methode. Plus tard, quand V A cademie pro- testante de Strasbourg prit la place de I'ancienne Universite de cettc ville, il fut aussi retabli dans la cbaire oi'i il avait deja rendu de si grands services, et oi"t il conlintia d'enseigner, meme (piand cet antique etablissenient cut etc reduit a\ix bor- nes etroilcs d'un seminaire, a la suite du systemc de centrali- sation et d'uniformite alors generalemeut siiivi. A peine I'ln- stitut dc France fut-il organise-, que Schweigbaeuser, nomme correspondant de la 5' classe, y Cut compris : sa reputation s'etail deja fait jour au travers des interets politiques et des -...8 TSOTICI-; NKCROLOGIQUK prop a rati Is iriilitaires qui absorhaicnt alors rattcnliou pnlili- (jiie. Dans la suite, quand les classes I'lireiit rempiacocs paries qiialic Academies, 11 fiit nomine academicieii lihre de celle des Inscriptions et Belles-Lettres. Cos siicces, loin de rallcntir le zele de nolie pliiloloj^ne, I'excitercnt a de noiiveaux efforts que I'etat de sa fortune rendait d'ailleurs necessaircs. L'exil de i^Q^f, liitai a sa bi- hliotheque, avait aussi porte un coup sensible a ses affaires do- mesli<|ues jusqiie-la (lorissantes : pour subvenir a toutes les depcnses dont sa position hii I'aisait une loi, et cnlrelenir ho- norablcnient sa nombreuse famille, dont I'aine commencait des-lors a marcher sur les traces glorieuses de son pere, il I'alhit redoubler d'activite. Heureusement qu'en servant la science, la librairie de Leipzig avait bien fait ses propres af- faires : Weidmann demanda done apublier de nouvelles edi- tions de classiques relouclies par une main si habile et si exer- cee. Schtteighaeuser, que I'amour de la philosopliie n'avait jamais quitle. choisit les monumcns dc celle d'Epi('tete, con- serves par Arrien et par Simplicius, et les publia, a la fm du dernier siecle, en six tomes, ou cinq volumes in-S". Cette edi- tion ent pour avant-courcur celle du Manuel d'i-pictete, avec la Table de Cebes, deux precieux opuscules qu'il affection- nait, et qu'il ue croyait pouvoir assez recomm,ander a I'atten- tion des jeunes disciples des philosophes.Villebrnne s'en etait occnpe lout recemment ; mais, loin d'en amelioier le texte, il y avait porte la confusion. Le Manuel devait aussi enlrer dans i'edilion complete des Epiciclew pliilosop/dce Monumenlu :miu» Schweighaeuser etait l)ien aisc d'exposer, avec des details ([ue ce grand ouvrage ue comporlait pas, les principes qu'il avait suivis pour la reconstruction dti texle, ct de donner une revue complete des ressources qu'offraient les manuscrits exislans. L'edition anglaise d'Upton forme la base du grand travail ; mais cet editeur n'avait eu sous les yeux que des ex- traits tres-imparfaits de plusieurs manuscrits de Paris, dont son successeur a pu noter toutes les lemons imporlautes. Moins tiniide qu'lpton, il a fait entrcr dans le texle nn grand nombre SDR SCmVElGHAEUSEU. 5of> tie variiinlcb que celiii-ci s'etail coiiteiUe de mellrc en relief; il y en ajoula d'aulres qui avaient echappe a Upton, et qu'il (lut ou a i?es manuscrits, ou a la revision do tontes Ics editions anciennes d'Epictete qu'il entieprit, a rexteption senlement de cclle de Salanianque. Comme pour Polybe, il rccneillit un grand nombre de fragmens que ses devanciers n'avaient pas reconnus, refondil les tables des malieres, et enrichit Vindea; grccdtatis d\me fonle de locutions nouvelles. A peine la pbilnsophie d'Epictete fut-eile ainsirendne acces- sible anx investigateurs des doctrines antiques, que son res- taurateur, de plus en plus sollicite par les libraires comme par son zele, se mit a un ouvrage bien different, et dont la face- ticiise gaile effacait bien vite les rides que les lecons severes de I'cleYe du Portique avaient gravtcs sur le front de son inter- prele. La Societe tjpographique de Deux-Ponts, dont tant dc bonnes editions de classiques atteslciit I'activite eciairee, de- sjrait donner une edition nouvelle du Banquet d'Athenee, espece d'encyclopedie a laquelle nous devonsdes lumieres de toute nature sur la vie des anciens, leurs arts, leurs idees, et sur un grand nombre dc particularites de la langtie grecque. L'cntreprisc ctait difficile, car elle exigeait dans celui qui s'en cliargeait une niiilliplicite de corinaissances qu'on trouve ra- rement reunies dans le meme homme ; maiselle promettaitde grinds resultats.On s'adressa a Schvvcigbaeuser, qui d'abord vouiiit s'euexcuser; cependant, des soliicitations reilerees lui firent accepter ensuite la proposition, bien que, de son propre aveu, il n'eQt jamaisln jusqii'alorscet auleurd'unboutal'autre. Ici, qu'on ne sc presse pas de I'accu.ser de presoniption : un oomnientairc explicatif de toules les cboses renfermees dans les Deipnosopbistcs n'entrait pas dans son plan; il avoue lui- meme, avec la plus gnindc ingenuite, que ses connnissances n'y auraient pas suffi, que plusicurs de ces niatieres lui etaient entierenient inconnues, et que, s'il est des honimcs qui em- brassent A la fois les parties les plus diverses, sou genre d'oc- cupatious ne lui avait pas permis de se placer de lour nombre. Iffanl lo dire en rritc occasion, Schvvrighaonscr poussail bi»; 5io NOTICE N1?:CI10L0GIQUE loin la modestie dans les jiij^enicns qn'il poiliiit sur Itii-iuenie . loin de so menager, il avoiiait avec fraiirliisc le (|ue son tra- vail liii seniblail laisser a desirer; hi oi"i des liomnies plus sii- perficiels avancaient sans enconihre, liii se tronvait arit^te a cliaque pas; et plus d'une fois il dit ces paroles : qu'il n'elait pas aussi heureux que ces jciincs philologues, souvent ses eltves, qui conipienaient sans difliciilte des passages dont I'in- telligence, tres-voilee a son avis, lui avail coQte des semaines d'etudes. Ce langage honorait son taraclere en uiCme tcnis qu'il pouvait conlbndrc la niediocrite. D'nn autre cote, ton- jours pret a recevoir des hnnieres de quelqne pari qu'elles lui vinssent, Schweighaeuser aimait a rendre justice aux antics, tres-dilTerenl en ccia de ces denii-savans qui croienl se gran- dir eux-niemes de lonl Ic meriteqn'ils refusenl a lenrs rivaux. Schweighaeuser sentait done bien toute Timportance du tra- vaildontil se laissail charger, maisil comptail sur ['assistance de 56) amis, de Brnnck, de Hermann 16 natiu-aliste, el surtout d'un savant donl il n'a pas cru pouvoir reveler le nom. Mal- heurenseuient ces esperanccs furent decues. Ayant decouvert nn mannscril de Venise qui avail appar- fenu autrefois au cardinal Bessarion, et que sa perspicacite lui fit reconnaitre pour celui dont tonsceux qii'on connaissait enlierement elaient copies, il put retablir le texte d'Athenee la oi^ les copistes I'avaient allere, ct, a I'aide d'un autre ma- nuscrit renlermant I'epi^ome et I'abrege du Ban(|uet lait tres- anciennement, et dont le scholiaste Eusthathe s'etait deja servi, il remplit les grandes lacunes qni etaient restees dans les editions. De plus, il lira parti des observations pnbliees sur Athence par Hugo Grotius, Saumaise, Ueinesins, Valcke- naer, Toup, Uuhnkcnius el Lel'evre de Villebrune, poslerieu- rement a I'apparftion du savant comnientaire de Gasaubon , et y ajoula le rcsultat de ses propres lectures. Sa preface, lon- gue de cent vingt pages, est un clicf-d'ceuvre de style, coninie elle est un uiodele de discussion, de criti([ue et de modestie. Toute cette belle edition, impriniee de 1801 a 1807, forme 14 volumes in-8° ; elle est un des plus beaux litres dc gloirc pour son auteiir. SIR SCHWEIGHAEUSER. 5i i En i8o(3, ()b«!rlin fiit eiileve i"i 1' Academic de Strasljoiirg-, dont il t'tait iin des orneniens : notre philologue fnl charge d'eii faire, suivantl'usageanciennemcntctal)li,l'cIoge public en langue latine. Rien de~plus interessant qne ce discours par leqiiel il rcndit aux nierites de son rival le plus juste hom- magc; la finesse des observations s'y allie a la plus grande siniplicite de I'expression, et le style latin, digne des grands maitres a I'ecole desquels Schweighaeuscr s'etait forme, ne peut etre compare, dans les terns modernes, qu'aux ecrits immorlels des grands philologues de Leyden et d'Amsterdam, on, en remontant plus haut, qu'a la latinite elegante et chaliee deMuret.Lamemeannce, Schweighaeuserpubliala collection des opuscules critiques etphilosophiques dontil a dej'i etc ques- tion. L'hominevieilli dans les travauxn'avait pas a rougirdeses essaisdesa jetinesse: les Opufcnla aca\'EIGH ABUSER. 5i3 Une quarantaiiie de volumes, IVuits de la plus rare assidiiite, t'taient ainsi, entre les mains des savans, lesprenves irrelVaga- bles du talent et dc rerudilion de noire philologue : peu do terns avail suffi pour les preparer et les riiener a malurite, et potirtanl rien dans leur contenu si grave, si difficile, ne se ressenlait de la precipitation. On a de la peine a comprcndre eomuient il a pu trouver le tenis necessaiie a de si graiuls Ira- vaux, surtout quand on songe (|ue les cours publics qu'il fai- sait et auxquels il se preparait soigneusement , que la biblio- iheque de !a ville dont il etait conseryateur, et qu'a I'exeraple d'Oberlin, son devancier, 11 avail entrepris de mettre en ordre, que d'aulres soins, au nombre desquels il faut compter surtout une correspondance tres-etendue, reclamaient aussi une grande partie de sa journee. Mais I'ardeur au travail et la per- severance viennenl a bout de loutes choses; et pour que la vie suffise a toutes sortes d'occuj)ations, il n'y a qu'a la bien dislribuerd'abord et I'epuiser ensuile. Meme dans sa vieillesse, Schweighaeuser se couchait rareuient avant minuit, el pous- sait assez sou vent son travail j usque vers la pointe du jour; il se levait matin, et evitait ce qui pouvait le distraire sans uti- lite de son travail. Lorsqu'il ressentait de la fatigue, il qnittait ses livres pour respirer librenient au sein de la belle nature : ami de la vie champetre el pielon infatigable , il courait alors dans les montagnes, le plus sonvenl accompagnedesarauiilie, et en revenait avec de nouvelles forces. Depuis Ion g-{ ems Schweighaeuser avail vuavec regret qu'au- cun savant ne s'etail occupe, dans les terns modernes, a don- ner une edition separee et facile a rusage,des epilres si inle- ressantes adressees par Seneque le philosophe a son ami Lucilius; lorque Malthia), a Francfort, entreprit de combler cette lacune, il sempressa de lui comuiuuiquer, sur sa de- mande, les variantes extraites des mauuscrits de ces epitres conserves a la bibliollieque dc Strasbourg. Malthiie, s'etant bientot apercu que de si riches inateriaux devaient servir a la reformc complete du tcxtc latin dont ses loisirs ne lui pcr- nieltaient pas de s'occuper, cngagca son correspondant VEIGHAEliSKR. :)i5 rfe Bade, cliarinant si-jour ou il etait sur de lencoiUrer d'aii- eiennes connaissances, ou des homines empresses de lui ollVir leiirs hommages, et de jouir de son iiileressant uonmierce. Sa vie s'ecoulait ainsi paisiblement entie le travail et Ics delasse- nicns. Nous voici arrives a son dernier ou viage , a celui qui , apres I'avoir occupe dix ans, marqua le dernier terme de sa glorieuse carriere. II s'agissait de retablir le texle precieux.du pere de riiistoire , et d'en donner une edition plus commode que I'in- folio de Wesseling. Schweighaeuser, toujours pret a hunorcK le merite, etait loin de cont ester celui de I'edition hollandaise, mais il lui reprochait une limidite poussee trop loin. INon-seu- lement 'We.sseling n'avait pas tire tout le parti possible de ses trois manuscritsde Paris, mais, alors raeme qu'ilslui avaienl fourni les veritable* lecons, il n'avait ose eliuiiiier les ancien- nes poiM' leur substituer ces dernieres, et, surlout, il avail eu scrupule de corriger le texte, bien qu'evidemment altere, sur de simples conjectures, quelque specieuses qu'elles lui parus- sent a lui-nieme. Avec les materiaux enlassespar lui, lleiz et Schaefer, critiques du premier ordre , avaient I'ait a cc texte des chungemens notables, et Borheck meme,avec desmoyens plus I'aibles, y avail puise la maliere de toutes sortes d'ame- liorations. II importait de fixer enfin, par une critique severe et savantc, ce texte si precieux a I'liistoire : Schweighaeuscr enlreprit cetle tache; son edition parut, en 1816, en six vo- lumes in-8°, partages chacun en deux tomes. Revu sur de nouveaux manuscrits aussi-bien que sur ceux que ^Vesseling avail deja employes, I'original grec iutaccompagned'une ver- sion latine dont celle de Laurentius Valla , corrigee deja par plusieurs editeurs, forme la base, mais qui, rel'aite par Sch-n cig- haeuser, devint un veritable chef-d'oeuvre, non-seulemcul par I'elegance du style, mais surtout par la souplesse el I'exacti- tude avec lesquelles elle rend toules les nuances, tons les ac- cidens de langage , si Ton pent s'exprimer ainsi , de I'original dont ou retrouve partout I'aduiirable uaivetc. Toules les no- tes de Wesseling el de Valckeuacr furenl mainlenues, cellcs dc 3iG iS'OTICE >L'CROLOGIQUE Gionoviiis, moins utiles, nc finerit conscivees que par ex- trai's, inais Ic nouvel eililciir y joigiiit les sieniies plulot crili- «|ues qu'expli'.valives. \oiisn'cntrerons point ici dans la discussion qui s'eleva eii- Ire lluhkopr ct redileiir, sur le systeme suivi par ce dernier a regard du dialeclc ionique dont Herodote s'est servi, el que des copistes sans mission ont successivenjent eflace. En sou- tenant que son auleur, pas plus qn'Hoinere, ne s'etait astieinl rigoureusemenl aux formes iisitees dans son pays, niais que I'usage universel d'un mot le Ini avait quelquet'ois I'ait adop- ter, quand bien meme il appartenait e'l un autre dialecle, Schweigliaeuser avait pour lui I'autoiite de Scliaefer, el lluh- kopf n'a pas prouve le contraire. L'accueil favorable que trouva celte edition, quifut meme conlrefaite en Angletcno, le vengea de ces reproehes dictes par la susceplibilile blessee; d'autres critiques resterent sans objel quand le Lexicon Hero- doteum fut public. Ce glossaire tres-etendu qui parut en 1824, en deux volumes in-8", fut le dernier ouvrage du vieil- lard deji'i plus qu'octogenaire, qui, pour completer la liste de ses Iravaux, avait encort; mis au jour, en J8i4 , nn petit vo- lume de morceaux choisis d'Appien el du commentaire de Simplicius, accompagnes d'une traduction latine et arranges a I'usage des ecoles. Le Lexicon HcrodoUum, orne du por- trait Ires-ressemblant de I'auteur, se ratlache a loutes les edi' tions des Muses dont il forme un complement precieux, fruit d'une sagacile et d'une application qu'on u'etait pas en droit d'attendre d'un vicillard de 85 ans, dont la vue, faible meme dans sa jeunesse, elait alorsenliercment obscurcie. iNon con- tent d'y inscrire toules ces locutions familiercs on particu- lieres a Herodote, il y rend aussi compie de I'ensemble de son style, y discute un gr;ind nombre de passages de son histoire, tant sons Ic rapport du langage que sous celui des choses, complete ainsi son commentaire, et corrige en bien des eii- droits on le texte (ju'il avail adopte on la version qn'il en avail faile. De menu; (|ue le roi. a Towasioi) de la naissaiu( do due de SliR SCHWEIGHAKUSER. li- Bordeaux, avail voiilii reconnaiUe le rare nierite ile Schwei- ji;haeiiser,enliiicoiirerant rordiedelaLegion-(rHonne(ir,et(|iic TAcademie lui avail pliisieurs fois prouve son eslime en le reievantdans jon sein, soitcomme coirespondanl. soilcomme academicien libre, de nieme aiissi la iSocietu royale des leltres de Londres desira offrir a une vie si lal)orieuse un hommage piil)lic. Ellc lui docerna, en 1826, troisieme annee de son exis- tence, une magnifiquc medaille d'or ornee du busle du roi, et poitant cette inscription : Joanni Scliweighaeuser critico grcEco criidlli.i.thiio. Cette medaille vienl d'etre deposee par la famille a laBibliolheqiiepiibli(|;ie deStrasboin-g. Quatreans avanl, un linniniagc d'un autre genre, bion doux an cceiir de cekii qui en Cut I'objet, avait ete adresse au Nestor des savans. Sa fa- mille et ses collegucs s'etanl reunis pour celebrer le 80" anni- versaire de sa naissance, les etudians voulurcnt y prendre pari. Le banquet avait dure plusieurs heures quand , a I'ap- proche de la nuit, ilsarriverent silencieusement dans lacour de riiabitalion de leur professeur : suivant un usage encore observe dans les universiles allemandes, ils entonnerent tout a coup, a la lueur de leurs flambeaux, le P^ivat academia, viiani professores, elchanlerent ensuito, avec accompagnement d'in- strumens, des couplets que I'un d'eux avail composes pour cclte occasion. Bientot le vieillard est au milieu d'eux : il les remercie d'nne maniere louchante decelte preuve de Icuraf- fection. Alors deux de ses cleves s'avancenl vers lui, lui adressenlquelqnes paroles de gratitude au nom de leurs cama- rades, et , apres lui avoir presente quelques exemplaires des couplets chantes par ceux-ci , ils postrent, aux acclamations unanimes de I'asseinblec , ime couronne de lauriers sur le front venerable de leur professeur. Son emotion etait visible : a peine pul-il articuler quelques mots, cl la confusion oil le mellniirembleme place sur sescheveuxblancs,ajoutait encore a la veneration des assistans. Le banquet continua alors jus- que bien avant dans la nuit, et les jeunes gens, invites a y prendre part, y porterent leur gaite. Malgrc son age, Schweigliaeuser n'avait pas discontinue 5iH NOTICK NECIIOLOGIQUE encore son coin's de litttrature grecqiic : seiileiiitjnt , il ne Ic fai>iail plus qn'en hiver, et ne paraissait plus aux exaniens. La viguour de son esprit etait toiijours la meme,.coinnie lu clarte de ses idees. II aimalt a s'entourer de jcunesgens, a leur oflVir d'utilesdiieclions, et astimulerleur zele. S'inleressaiita lout, il les inteiTogeait sur leuis etudes, les Gourssuivis pareux, Icnrs projets, leurs plaisirs; rien nclui restailelrangcr, ilpienait une partegalei'i toutceqnise passaitautourde lui. Cependant,(leux ansapics cet anniversaire, il demanda enlln sa retraite, et des- lors il n'agit phissur la jeiuiesseqiiepar ses conversations, par I'iiilimite ;'i laqiielle il admit pliisicurs doses aucienseleves. La campagne I'attirait constamment ; ily passal'cte, les dernieres annees de sa vie, entoure de ses enfans et de ses petits-fds, dont les nail's discours charmaient son desoeuvrement. Son tems etait partage entre la lecture, la promenade et le repos : on lui lisait, a des heures reglees, les journaux, des recueils scientifiques et des livrcs de picte. Car Schweighacuser aimait la religion, et sur son lit de mort des cantiques spirituels qu'il rappelait a sa niemoire, a mesure qu'on lui en lisait quelque parlie, reniplirent agrcahlement ses derniers momcns. Peu de jours avant sa fin, il discuta avec un vil' interet le plan adopte par les nouveaux editeurs du Tresor de la laague grecque d'Henri tlienne, et qu'un de ses anciens eleves, celui qui trace ces Kgnes, lui exposait : i! y songea pendant sa maladie, et aurait voulu donner quelqties directions aux jeunes savans charges de cetle immense entreprise. C'est ainsi que, jusqu'a son dernier soupir, sa vie etait consacrce a la science. Les rigueurs inouies dc cet liiver, auxquelles tant de per- sonnes n'ont pu resistor, exercorent aussi lour action malfai- sante sur le vieillard. Apres iine promenade qu'il faisait habi- tucilement dans I'interieur de sa maison, il se sentit affecte : la fievre le prit, et, apres avoir fait esperer un moment que son cxcellentc constitution en triompherail encore, il y succoiiiba, le ig Janvier i83o, a deux lieures du matin, age de 87 ans et 7 mois. Sa perle fut vivemcnt ressentie : die est irreparable sons tons Ics rapports, el prive Strasbourg d'uue de ses plus SLR SCinVtlKKiUAELSEll. 0,9 jfianiles illustrations. Le seminaire protei^tant, rAcacK-mie royalf, les autoritesde la ville voulurerit rendre au Tcneral)le def'iint les derniers hcnnenrs : 5a voloiitc expiesse s'y oppo- sait, et ce fiit ;i regret que M. ie reuteiir de rAcademie ctida a line disposition eirite de la main de Schweighaeuser qiiclques annees avant sa niort. Pen d'amis et ses plus pioclies parens devaient I'acconipagner au champ du repos : point de Taste, point d'apparat. Son collegue et ancien commensal, Rl. Dah- ier, docteur en tbeologie, devait prononcer qnelques paroles de consolation avant que le cercueil ue fQt cnleve ; il le char- geait d'rtinioncer a ses amis qu'il etait mort reconnaissant en- vers Dieu de toiites ses bontes, coniiant en la promesse qu'il avait -doniii'e aux hommes par I'organe du Sauveur, et sur de rinmiortalitt: de son ilme ; il le priait encore d'assurer ses amis qu'il avait garde jusqu'au dernier moment le souvenir de leur a mi lie. Tout se passa ainsi : mais le lauricr place sur le cer- cueil, et que la tombe recut dans son sein, n'apprit que trop tot a toiite la ville qu'un de ses plus illustres citnyens lui etait enleve. Schweigbaeuser, d'un caractere male et ferme, etait pour- tant aussi indulgent et bon ; son commerce etait facile, ses mani( res cordiales. Tine prubite I'igoureuse ie dirigeait dans toutes ses actions, et la foi le soutenait au milieu des vicissi- tudes du sort, (^onsciencieux dans tons ses travaux, il ne put jamais se satisfaire lui-meme : aussi rien n'egala sa modestie, II porta toujours dans raccomplissement de ses moindres de- voirs du zele, de Tempressement, la croyance de se rendre utile en les pratiquant. II fut un bomme estimable aussi-bien qu'ini savant consomme. Marie des 1770, et veuf depuis un grand nonibre d'annees, il laisse deux fils ot antant de fdlcs : I'aine est le dlgne biM-itier do son nom ; puisse sa sante cliaucelantc se raflermir, puisse- t-il contribuer encore de sa part a perpetncr parmi nous les iionorables tiadilions qu'y ont laissecs les Brunck, les Oberlin et les Scbweigiiaeuser. et que nul autre ici ne scmble vouloir rccueillir ! J. H. SCHNITZLER. SOUVEMKS SOUVEMRS POLITIQUES. LA R1^.V0LUTI0N ET L'EMPIRE. Mars i85o. DaiiR ces jours inccrtains oii la paisible enfanco Fait place .i la jiuinesse, oii d'line autre existence Va cominencer Ic cours ; oil s'cnivrar.t d'cspdir, Dans un long avenir, Tame cioit cnlrevoir Tous les biens k la fois que pent donner la vie, L'auiour et ses transports, les clans du genie, La gloire et ses lauriers, I'ininierrse volupte Que pronieltent I'bytnen et la paternite ; Quand de rillusion le seduisant prestige Dans un monde nouvean, de prodige en prodige Nous conduit, nous entraine, ct fait briller eocor A nos yeux fascines un nonvel age d'or; D6cbiraiit souvenir! deception etrangel De raison, de folic incroyable melange ! Dans cet age d'espoir, d'illusion, d'erre\u', Pour la France, pour moi, j'osai croire au bonheur. Je crus que la vertu, I'aniour de la patrie, Et des ccvurs genireux la noble sympathic, Pour le bonheur public saintement conjures, A I'cslinie, a la gloire, etaient des droits sacres. De cet espoir trompeur conibien je fus victime! Pour la France, pour moi se creusait un abime; Et mon impr6voyance et nia security Marcbaient vers I'avenir d'un pas precipitc. J'ainiais ft contenipler I'horizon politique Qui s'ouviait devant moi : son eclat prophetiquc M'offrail, riclie de gloire et de felicite, Puissante par les lois et par la liberte, La France, de la paix gardienne fidele, Seivant aux nations d'arbitre et de modele. Mais, bienti*)t, des partis I'implacable furenr Fit regner en tous lieux la haine, la terreur, Les soupijons ombrageux, les noirs complots, I'envie Do fiel et de poison incessaniment nourrie ; POLITIQUES. Z'n La vengeance pai lout dressait des fichafauds : Les meilleurs citoyens, sous le fer des bourreaux, Victimes des exces d'un fanatisme iinpie, Snccombaient, inimoles au nom de la patrie (i). La patrie, en ces jours d'orage et de danger, Par d'indignes Franoais vendue a I'^tranger, Pour 6chapper au joug du plus dur esclavage, De ses fils bien-aimes implora le courage. A cet appel soudain cbacun a rtpondu, Et dans le monde entier un bruit s'est repandu : B Des rois Europeens les bandes ineurlrieres De la F.ance envahie ont franchi les barrieres. Mais la France est debout, elle defend ses droits, Et voit avec niepris les vains coniplots des rois. • Tes braves defenseui's, guides par la victoire, D'un vaste bouclier couvrant ton territoire, O France! ont repousse les faroucbes soldats, Serviles instrumens de quelques potentats, Dont I'insolent orgueil se prouiettait d'avance D'aneantir tes droits et ton independance. La voix des nations celebre tes succfis; Tons les coeurs genereux sent devenus franijais. La cause de la France, oil leur espoir se fonde. Doit faire triouipber la liberie du^monde (2). Mais cetle liberte, ses itnnienses bienfaits, Par la guerre etouffes, ont besoin de la paix. J'ai vu sur I'borizon, apres un long oragCj D'un ciel pur et serein le consolant presage Dans I'echarpe d'lris apparaitre k nos yeux. Tel, pour nous, de la paix le retour pr^cieux, Unissant desorniais, par une immense chaine, Tous les menibres epars de la famille humaine, Apres des jours de sang, de guerre, de terreur, Proniet un avenir de calnie et de bonheur. Ob! comme avec transport, au sein de la soiiffrance, L'imagination cmbrasse I'esp^rance! Comme un faible mortel, entraine par les eaux, S'altacbe I'ortement aux plus freles roseaux! {') En 1793 et 1794. (9.) En 1795 et 1796, jusqu'en i8o3. T. XLVII. AOl'T l83o. SOl'VRNIUS Ainsi, la Fiance, it peine ecliappee aux leinpetrs, Tout entii;re aux plaisirs, au tourbillon ties I'eles, Gonfie iinprudemment sa f^loiie et ses deslins Au gucrrier levenu des rivages lointains, Soiti des rangs ohsciiis de la nouvelle armee, Qui vit en quelques nmis giandir sa lenoinmee ; Dont I'Europe admiia les ia[)ides exploils; Qui porta la teneur dans les palais des rois ; Giava sur ses drapeaux : liberie, tolerance ; "Pioniit aux nations la paix, I'ind^pendance ; Delivra I'ltalie, et lui donna des fers; En Egypte dprouva des succts, des revers, Et vainqueur des partis qui divisaicnt la France, Sur les debris des lois (itablit sa puissance (i). Tels etaient le deslr, le besoin do repos, Qu'un hommage unanime accueillit Ic heroa Dont le coniplot heureux et I'audace impunie Le Grent proclatner sauveur de la patrie. Et nioi qui, dans les jours de I'affreuse terreur, D'un tyran sanguinaire affrontant la furenr, Aux bourreaux de Carrier n'echappai qu'avec peine ; Moi, long-tems poursuivi par I'iniplacablc haine Des nienies proconsuls, teints du sang des Franc^ais, Dont j'avais combattu les coupablcs exces, Sous un maitre nouveau, d'une Sme indcpendante J'opposai I'energie, belas ! trop impuissante Aux plans ambitieux, inspires par I'orgueil, Qui de la liberie preparaient le cercueil. Ma franchise d loyaiHiie, exceple peut-etre dans les provinces ties deux Hollandes, d'Anvers,';de la Zelande et surtout dans les villes qui en font partie. Les peites de population que ces provinces ont faites, sous le gouvernement precedent, peuvcnt provenir de la gene qu'ont eprouvce les relations commerciales pendant les guerres qui out eu lieu et qui ont ferme pendant long-tems la mer u tons les vaisseaux; car, depuis le retablissement de la paix, la population est redevenue croissante, quoique d'nne maniere moins prononcee pour la Hollande septentrionale. Nous ne pretendons certainement pas qu'un accroissement de popula- tion soil un signe infaillible, et bien moins encore une cause directe de pro^perite ; I'exemple de I'lrlande nous prouve as- sez le contraire, et nous montre qu'un pays peut etre mal- heureux tout en voyant croitre sa population. On pourrait s'exposer a des erreurs plus graves encore, en ne tenant compte que du nombre des naissances qui ont eu lieu dans un pays. Car, s'il est vrai que le decouragement porte quelquefois les malheureux a multiplier de plus en plus comnie en Irlande, et qu'une degradation morale soit un tres- grand stimulant pour les mariages precoces (i), il peut arri- ver encore que la mortalite n'en fasse que d'autant plus res- sentir ses ravages; et I'un des plus grands fleaux pour un peupie serait de voir ses generations se renouveler avec une rapidite qui ne lui permettrait pas de conserver les hommes utiles. Comme je Fai dcja fait observer ailleurs (2), les ma- riages sont plus nombreux dans notre pays que chez nosvoi- sins, et ils sont en meme terns plus productifs ; mais les de- c^s, qui sont a pcu pres en meme nombre qu'en France, sur- passent de beaucoup cenx de la Grande-Bretague ; la dispro- portion est considerable; elic est euviron dans le rapport do trois a deux. Aiusi la Grandc-Bretagne produtt moins que (1) Voyez un article de M. d'Ivermois insure dans la Bibliolliiqiic iini-^ verselle de Geneve, mars 1800 (voy. Rev, Enc, t. xlvi, p. 45o;. (2) Rcchcrchcs stadstiques stir Ic ro^alnne des Pnys-Ras, p. p. 33o SCIENCES PHYSIQUES. notre pajs, mais les t'ruils sunt plus durables ; ellc (louiie K. jour a moins de citoyens, mais elle les conserve mieux. Si Ton peut s'en rapporter a I'estimation aclucllc de notre popu- lation, la Z«)landc serail, de toules nos provinces, celle qui, ton- tes cliosesegalf's, prodniiait ie plus de naissances; mais on sc troniperait sans doutc, en la regardant par tela mrme conmic donnant le plus de signes de prosperite, puisqu'elle est en meme terns la province qui produit le plus de deces. On a souvent cherche a eslimer la prosperite d'un peuple, et a cet effet on a fait usage des mouvemens de la population. Lapossibilile de parvenir a desresultats satisfaisans, en suivani une pareille route, merite sans doute d'etre examinee d'une manicre approfondie. C'cst une question qui nous a toujours paru d'un liaut interet; mais, nous devons I'avouer, les don- nees seules de la population ne nous paraissent pas suffisantes pour la resnudre. Les influences locales, le climat, les habitu- des, etc. sont des clemens que Ton ne peut guere negligcr en comparant un peuple a on autre : pcut-etre le ferait-on avec moins de danger en comparant un peuple a lui-meme pour differentes epoques, pendant lesquelles ces elemens n'ont pas eprouve de variations sensibles. Mais, comme nous I'a vons deja dit, le chiffre seul des naissances nous paraitabsolumentinsuffi- sant. Nous anrions plus de confiance dans le chiffre des deces, surtout s'il ne s'agit que d'etablir une mesure a laquelle on puisse s'assurer si une population a atteiotou depasseleslimitcs qu'elle ne saurait iVanchir sans se condamner du pauper isme. M. d'lvernois a fort bienmontre, dans un des dernierscahiers de la Bibliothiqiie tunversetle, I'utilite dont il peut etre sous ce rapport, et I'on doit desirer vivement la piddicalion de I'ou- vrage(iu'il annonce sous cc litre : De la Morlalitc moyennc, cn- visagee comme Mesi're de faisance el de la civilisation des peii- ples. Cette mesure universelle, dit I'autcur, jc me flatte de I'a- voir Irouvec dans le chiffre mortuaire des peuples, par oi'i j'en- tends ( clui qui iudi(|ue si la proportion des deces annuels, compares an uombre total des vivans, augmcnle on diminue. Nous avoiis pcni-elic tori de prcjuger des lesultals ; mais, si nous observons que celle mesure uc change pas des que le hi- SCIENCES PHYSIQUES. "^.'^i tal ties vivans reste le meme, ainsi que celiii cles dcces, on peut avoir quelquescraiiites sur sa precision. Line population, en effet,peut rester numeriquenient la meme de flifiereules manieres, et presenter un nonibre d'hommes utiles phis ou moins grand , sans que Ton puisse dire pour cela que son ai- sanoe demeure aussi la meme. Par ia on estimerait en quel- que sorte un enfant a I'egal d'un homme utile. Pour n'en prendre qu'un seul exemple,si, parune cause quelconque, la mortalitr dans un pays florissant s'attachait a frapper plus parliculicrement les hommes utiles en epargnant les enCans. le nombre des deces etcelui des naissances demeurant d'ail- leurs le meme, il arriverait ini'ailliblement que cette popula- tion, apres quelquesannees, aiiiait perdu beaucoup d'eiemcns de prosperite; et cependant, la perte qu'elle aurait eprouvee n'aurait ete nuUcment accusee par la mesure employee. Le chiirre mortuaire serait reste le meme, et un nombre conside- rable d'hommes utiles, qui produisaient pour leurs semblables , auraient ete remplaces par des enfansqui seraientvemis pren- dre part a la consommation et auraient cause ainsi un veritable appauvrissement. Une population peut done rester intactedans certains cas et meme augmenler, le nombre des deces de- meurant le meme, sans qu'on puisse inierer de la que son etat de prosperite ou d'aisauce demeure egalement le meme. On ne saurait nier, cerlainement, qu'iln'existe des relations tres-etroites entre le botdieur d'un peuple et les mouvemens de sa population; comma nous I'avons deja dil, le tout est de savoir comment les exprimer. II nous semble , a cet egard. qu'il y R une distinction imporlante a etablir : on peut, en effet, cnvisagcr la question sous un double point de vue. On peut se proposer, en s'occupant d'un peuple , d'examiner quelles sont les annees desastreuses, ceiles pendant lesquelles il a plus ou moins souffert; ou bien on peut rechercher d'une maniere absolue quel est le nombre d'hommes utiles dont il peut disposer, en un mot, quelle est sa force , qui est aussi I'un des principaux elemens de sa prosperite. Dans le premier cas, le chiffrc des deces pourra presque ton jours etre employe avec beaucoup de succes ; car wnv annee desaslreuse est g«"- 532 SCIKNCES I'H VSIOL^-^- ncralemenl acconipagiice et siiivie de piivalioiis de tuiilos cs- ueccs, meinc chez les pciiple.s les plus I'avorises, et les priva- tions sont mortelles pouil'espece luimaiiio. Ainsi, quandoniie saurait pas que i'annec 1817 a ete une aniieede disette pourle loyaume des Pays-Bas, 011 le verrait sans peine par le. nombre des deces qui a ete plus grand que pour les annees qui prece- tlent ou qui suivent. Cclte mortalilc plus grandc s'est fait res- sentir aussi dans les depots de mcndicile on elle a presque ete double de ce qu'elle etait precedeiuinent, et meuie jusque dans les hospices des Enlans trouves, conime dans le terns j'en ai fait la remarque dans mes Recliercliex snr la Population, etc. Quant a la seconde nianiere d'envisager la question, j'ai deja cberche a faire coaiprendre pourquoi le chiffre seul des deces ne me parait pas suffisant. U ne suffit pas, en eftet, de savoir conibien de deces donne une popidation, il faudrait sa- voir encore a quel age ces deces out lieu. Quelques ecri- vains ont employe dans des estimations semblables, les uns, la duree de la vie moyenne, les autres, la duree de la vie probable , et ils ont cherche a etablir leur appreciation d'apres les changemens que subissait I'une ou I'autre de ces valeurs. Mais ici se presente un inconvenient a peu pres semblable a celui que j'ai signale d'abord : c'est que la duree de la vie probable et de la vie moyenne pout avoir la meme valeur de diflerenles manieres. Get inconvenient se fait sur- lout sentir quand on emploie le nombre qui exprime la vie probable, puisqu'on ne considere, dans le fait, que I'epoque a laquelle un certain nombre d'individus dc meme age se trouve reduit de moitie ; et Ton n'exprime pas si ceux qui sont morts les premiers ont pu se rcndre utiles pendant un tems plus ou moins long ; on n'etablit egalement rien a I'egard de ceux qui survivent. En prenant le chiffre qui exprime la vie moyenne ou la moyenne des ages auxquels sont parvenus un certain nom- bre d'individus que I'on suppose nes en meme tems, on donne aussi meme valeur a une annee de la vie d'un enfant qui vient de naitre et a celle de la vie d'un homme dont les travaux sont profitables a la socielc. Ces considerations doivcntmontrcrassc/. combieu il est dilTicilo d'obtonir d.uis dc |)arcillcs appn'-cia- SCU-lINCblS PHYSIQUES. 355 lions une mesuic exacle on memc uiie approximation satis- faisante. Lorsqu'il s'agit d'estinier les forces doiit un l^lat peut dis- poser, en considcrant, bien entendii, le probleme sous un point de vue purenienl physique, comme on I'a fait, il me semble que Ic cheniin le plus sCu'serait de comparer numeriquenient les hommes utiles a ceux qui ne le sont pas. Les elemens de com- pai^'aison devraient, dans ce cas, etre puises dans les tables de mortalite ; et il faudrait rechercher combien, sur un nombre donne d'individus, ilse trouve d'enfans hors d'etat de se rendre utiles, et combien d'honimes en age de contribuer au bien- etre general; on pourrait parlager une population en deux par- lies, I'une ayant nioiiis, I'autrc ayant plus de quinze ans. Je suppose airtsi, il est Yrai, que I'horame ne peut se rendre plus utile a trente ou quaraute ans qu'a seize ou quatre-vingt ; mais c'est un inconvenient qu'ou trouve aussi dans les autres methodes d'appreciation, et qu'on pourrait faire disparaitre, d'ailleurs, en attribuant plus d'iniportance a certaines annees de la vie qu'a d'autres, si une extreme exactitude ne devenait illusoire en pared cas. L'objection la plus forte serait, sans doute , qu'on altribue une valeur trop grande aux annees de la vieillesse; mais on trouvera, d'une autre part, une espece de compensation dans les secours qu'offre encore son expe- rience, et dans la longue serie de services qu'elleapu rendre. Nous presentons ces observations avec les doutes qu'on doit naturellement epronver en abordant des questions aussi de!i- cates, et Ton peut dire, aussi compliquees. Tout ce qui se rap- porte au mouvement des populations merite le plus serieux exanien, si Ton ne vent s'exposer a de graves erreurs. Si Ton nous disait, par exemple, qu'apres un certain nombre d'an- nees, une population sera plus nombreuse, si elle a ete con- stamment stationnaire, que si elle a ete alternativement crois- sante et decroissante , quoique le rapport de I'accroissement ait ete egal a celui du decroissement, et que le gain d'une annee ne compense pas la perte d'une autre, on pourra, au premier abord, regarder cette proposition comme tres-pro- l>b''maliqui' ; repeudant ]v erois I'avoir mise hors de doute. 534 SCIENCES PHYSIQUES. (le rnCine qu'uiiaiilrercsiiltal nun moins curieiix.(Voy. Reciter- ches statistigues sur le royaame ^!*t^ CO CI J> a>co "o O lO O l\ I^ o i^ oi « ~* o - - - I CO O-,00 -^ ~5* C7) l^OO - - - . )tO to — 00 in t^ Ol^ lO O CitO ^ N^ CTl I-N — « s^tO to to lO -* - « — .- _ — i^co to CO - - ix i^io to ^-^ o "^ c^'-o 1^ a>30 -«i-to 1 O ^4^0 ^Ti u-5 -< «5 Olv^ to VD VO ^* 00 1^ 1^ 0«0 O tNlO to 00 »0 r^io t^to ooto N-^ro^oto - niocooo « -■ o ixio to i^to i^to -vd-.v»o -• -tOv^.o~<:^^* ko ao lo 10 ^^ o^^^ o to to to 1^ — l-x>0 l^to ~<* -< ~i I to t>. -" 05C0 to to 00 - to 05-^to 00- i^^^ to -Tito osto o 1^ i^co to *^ o^ Ix^-rio to 00 to r^oo Ci^^ CTi « Lo to 10 t-^co »o v^v5^ - ■* * - rto Oito 1^ o o in ' ^ ■" - c>to o t^ ts 1^00 m o =q B5 -^ <0 wj k, fe. SCIENCES PHYSIQIKS. 535 IN AISSANCES De i8o4 k i8i5. Dans les vllles. nanslescampa .Tanvier 68,255 159,787 Fcvrier 65,4o4 1 55,434 Mars 69,267 164, M5i Avril 64,089 142,372 Mai 62,102 134,446 Juin 56,835 120,993 Juillet 57,i5i i2!,5i2 Aout 59,620 i3i,657 Seplembre 60,707 159,731 Octobre 62,5oo 146,362 Novembre 62,200 i4i,566 Decembre 65, 120 14.8, 1S6 Moyenne 62,770 142,182 Diets De i8i5 4 1824 59,892 5i,234 54,277 5o,i46 48,911 45,104 45,212 47,o52 48,572 5 1, 649 5l,20l 55,63t 50,739 iDslescnmpag. 1 16,129 104,495 114,244 io3,8o4 95,7'4 81,739 77,755 78,802 82,385 89,5.4 86,695 98,705 95,981 Ce tableau met de nouveau en evidence la remarque que j'avais faite pour le royaume des Pays-Bas relativement aux epoques des maxima et des minima pour les nombres des naissances et des deces aux diff^rentes epoques de I'annee, remarque qui a ete etendue et developpee parlM. Villerme, avec unc lucidite et un ensemble d'observalions qui semblent ne laisser plus rien ;'i desirer. A. QtJETELET. SCIENCES MORALES ET POUTIQIJES. HiSTOiRE DE LA CIVILISATION EN France , clcpiiis la cluile de I'empire romaln jusqiCen 1789; par M. Guizot, professeur d'histoire a la Faculte ties (eilres de Paris. Premiere epoque, jusqu'aa x' siecle (cours de iStsg.) (1) — Deuxieme epoque : XI'', xii' e* XIII'-" siicles (Cours de i85o.) (3). On n'a pas oublie les motifs par lesquels, en commencanl, I'annee derniere, son histoire de la civilisation inoderne, M. Guizot a expose qn'il avait ete determine d'abord a etndier de preference I'histoire d'une civilisation speciale, puis a choi- sir celle de la France plutot que celle d'aucune des grandes nations qui nous avoisinent : apres avoir ainsi bien etabli la methode qn'il avait resolu d'adopter, le professeur dcA'ait ne- cessairement entrer en matiere par un tableau de I'etat de I'administration et de la societe en Gaule pendant les derniers tems de la domination romaiiie. Tel a ete, en effet, son point de depart, et ses premieres lepons, apres avoir retrace la de- cadence et I'impuissance de la societe civile gauloise, ainsi que les causes de cette decadence, nous ont bientotamenes aux v" ct vi" siecles, epoque de I'invasion du peuple gernianique sur le sol gallo-romain. On so fait en general une idee tres-fausse de I'invasion des Barbares, de I'etendue et de la rapidite de ses (1) Paris, iSag; Pichon et Didier. 3 vol. in-8» ; piix, 27 fr. (voy. Rev. Enc, t. xLiii, aout 1829, p. 53 1 et suiv., le compte rendu de celtepie- mi»;rp, partie, par M. de Sismondi). f?) Paris, iCliS MORALES rales lie la Irilxi, la souvcraiiiele nppartonait a rassemblce des chefs de (aniille proprletaires; pour tout ce qui se passait clans rinterieur de chaquc domaine, au chef dc familie lui-meine, sous I'autorite dc qui vivaicnl sa ramille proprenicnt dite, ses colons etsescsclaves. Lors dcriiivasion, ce ne futpas la iribu, mais la bande gerinaniquc qui passa snr le territoire gallo- romain, et s'y etablit. En AUemagnc, e'est la tribu agiicole; chez nous, c'estla bande guerriere qu'oii apercoit au beiceau de la sociile, ct qui est devenue un des clcmens primitifs de noire civilisation. Ces nouveaux conqucrans durent naturel- lemont vouloir reproduire les institutions de leur patrie el prendre pour modele I'organisation de la tribu gernaaine ; inais le cbangenient des situations et des circonstances exterieures devait inlroduirc et introduisit en effet dans lu societe nou- velle de graves alterations, dont Ic resullat fut que la souve- rainete domestique de I'ancienne tribu geruiaine, lorsqu'elle fut transplantee en Gaulc, perdit son caractere de familie, dc regime patriarcal ; ^element qui devint dominant fut celui de la conquete, de la force. Ainsi la fusion de la souvcrainete Gt de la propriete, I'uu des trois grands caracteres du regime feodal en France, ne fut pas uuiqncment le fait de laconquetc, puisqu'un (ait analogue existait dans le sein de la tribu ger- mainc. Mais, en Germanic cettc fusion s'etait acoomplie sous I'influencc de deux principcs, qui sont, d'une part, I'esprit dc familie, I'organisation de Clan ; d'auire part, la conquete, la force. En Gaule, la part du regime patriarcal, de I'organisa- tion de familie et de Clan, s'attenua beaucoup; celle de la conquete et de la force devint au contraire le principe tres- dominant de la fusion de la souvcrainete ct de ia propriete : telle fut du iv' au x' siede ia transformation dc re fait, qui, venu de Germanic, a re vetu sur no tre sol im ton t autre caractere. Quant au troisienic des grands faits qui constituent le re- gime feodal , encore bien que, dans son essence, il soit en quelquesorteplutotnc'galifque positif,p!ut"t noniinalque reel, il n'en est pas moins vrai que Ton doitlc considcrera juste tilrc comme im des principanx caracteres dc la feodalite; cetrui- liT POLITIQUES. 343 si^me fait est I'ordre des i-apporls des possesseurs de fiefs en- tre eux, le developpement progressif de I'orgaiiisation qui les unissait, on plulol qui etait censee les unir ; en elfet cette union, cetle organisation etait bien plutot un principe qu'un fait : sans doute, en principe. les possesseurs de fiefs etaient lies les uns aux autres, et leur association hierarchique semiile sa- vamment organisee; en fait, cette organisationnefut mreelle, ni efficace. Si tel a ete son etat dans tout le cours de I'epoque feodale, a plus forte raison devait-il en etre ainsi au com- mencement de cette epoque Aers la fin du x' siecle. Da \' au X' siecle, nul principe d'unite sociale et politique n'a pu conser- ver ou acquerir I'empire ; tous ceux qui avaient regne aupa- ravant ont etc vaincus, abolis; et c'est au-dessus de leurs ruines que paraissent les essais grossiers et incomplets de I'organisalion feodale. Immediatement apres I'etablissement territorial des Germains dans la Gaule, trois principes d'orga- nisation sociale, trois natures d'institutions coexisterent et se trouverent en presence ; le systeme des institutions libres, ce- lui des institutions aristocraliques et celui des institutions mo- narchiques. Chacun de ces trois systemes avail respective- ment une double source, une double origine dans I'etat de ehoses qui existait, d'une part, en Germonie, et de I'autre, en Gaule, avant I'invasion ; mais cette parite dans leurs ele- mens constitutifs ne se relrouvcnt pas dans leur destinee. Dans ce long intervalle compris entrc I'invasion des Barbares et I'avenement de Hugues Capet, tous les principes du sys- teme des institutions libres ailerent s'enervant de plus en plus; tous ses moyens d'action furent brises. Tel fut aussi le sort des institutions monarchiques ; le caracf(''re religieux de I'an- cienne royaute germaine avait disparu, ainsi que son carac- tere militaire primitif; le caractere politique de la royaute impcriale des Romains etait incompatible avec la societe nouvelle; le caractere religieux chretien conservait seul quel- que empire, mais un empire faible et rare; toutes les bases du systeme des institutions monarchiques etaient ebranlces : tous ses principes vitaux avaient perdu leur energie. 54't SCIENCES MORALES II en elail tout niitremcnt du systeme des institutions aris- tocratiqnos; an lieu de dL-rliner, celni-ci avait ete en progres. Leselemens, soil germains, soit romains, qui le constituaient, s'etaient tous afferniis, devetoppes : la souveraineto domes- tique du chef de famille proprictaire Germain, transplanteeen Gaulc, y etait devenue plus complete et plus absolue, le pa- tronage du chef de bande sur scs compagnons, tout en chan- geant de forme, s'etaitaccru et fortifle; de telle sorte que, tan- dis que les deux premiers systemes ont ete declinant, le systeme des institutions aristocratiques a vu au contraire ses bases s'affermir, ses principes ]irendre plus de vigueur ; il n'a point acquis, il n'a point donne a la societe en general une forme reguliere, de I'nnite, de I'ensemble ; il n'y atteignit meme ja- mais : mais il n'en est pas moins evident que seul il finit par prevaloir, par etre le fait dominant de I'epoque qui nous oe- cupe. Tels furcnt Ics fiiits matericis et moraux sous I'empire des- quels fut proparee el se conslitua progrcssivcment du v" au X" siecle la societe feodale : nous avons dfl nous borner i\ pre- senter dans son ensemble, et sous son aspect le plus general, rhistoire de sa formation graduelle ; les bornes de cet article ne nous permettent pas de suivre M. Guizot dans les details remplis d'interet et empreints dHine veritable erudition qui sont le fruit de ses rccherches et yiennent a I'appui de ses vucs et de ses doctrines. Le meme motif nous oblige de passer ra- pidement sur les developpemens auxquels, apres avoir ainsi examine les origines de la societe feodale, il selivre pour etu- dier cette societe en elle-meme pendant I'epoque qui hii ap- partient en propre. Rien de plus curieux, de plus instructif, que le tableau qu'il trace de la vie que menaient en geneial les possesseurs de fiefs au sein de leurs chateaux, et que les con- siderations par lesquelles il est conduit a etablir que la vie de chateau et la situation des possesseurs de fiefs ont contribue notablement aux progr6s de I'esprit de famille, et surtoiit de I'influence et de la condition des femmes. A I'epoque of\ la feodalile atteint son complct develappemcnt,c'esl-a-dirc vers ET POLITIQUES. 345 \e milieu du xi' siecle, nous voyous, pour fairc diversion a leur isolcmcut et a leur oisivete , les seigneurs feodaux rasseni- bler aulour d'eux de nombreux officiers, un cortege conside- rable, une petite cour. En meme terns, du sein de ces modifi- cations apportees par le tenis et les circonstancesauxanciennes mceurs germaniques surgit un fait qui merite d'autant plus I'at- tention que son origlne et sa nature out ete presque toujours et sont encore souvenl inexactement appreciees : ce fait est la cheTalerie. On a represente la chevaleriecomme une grande institution formee , an xi" siecle, dans le dessein moral de lutter contre le deploralile etat de la societe, de protegcr les faibles contre les forts, de vouer une certaine classe d'homnies au redres- sement des torts et des injustices; M. de Sismoudi lui-meme n'apassusedefcudrede I'lnfluencesigeueralede cetteidee (i). II n'en fut point ainsi : la cbevalerieu'a point ete, iiTepoque dont nous parlous, une institution amenee par une necessile specialc et comi)inee dans le dessein d'y pourvoir. Elle s'est formee d'une maniere beaucoup plus simple, plus naturelle, ■^lus obscure meme : elle a ete le developpemeutprogressif do faitsanciens, le produit des mceurs germaniques et des relations feodales; elle est nee dans I'interieur des chateaux sans autre intention que de declarer I'admission des jeunes hommes, soil filsdu suzerain, soitfilsdu vassal, au rangeta laviedesguerriers, et de fortifier ainsi , par un acte solennel, le lien qui unissait le vassal a son seigneur, qui I'armait chevalier : c'estce que prouve evidemmentrhistoire du mot meme qui designait le chevalier, du mot ??K7f5, employe constamment, jusqu'au xin* siecle, comme synonyme de vassal. A mesure que la chevalerie se developpa , ce fait tomba sous I'empire de deux in- fluences qui ne tarderent pas a lui imprimer un autre ca7 ractere : la religion et I'imagiuation, TEglise et la poesic s'emparerentde la chevalerie, et s'en fircut un puissant moyen de repondre aux besoins moraux qu'elles avaient mission de satisfaire: si, d'une part, on ne peut conlcsterque la chevalerie (i) Hisioirc des Frun{ement de Louis -le-Gros que commence la royaute feodale proprement dite et qu'elle rev6t son veritable carac- lerc. U est nieme plus vrai d'avanccr que cette revolution est ant«rieure a I'avenement de Louis-le-Gros etremonte jusqu'au terns oii il o'etait encore que prince royal; c'est alors en effet que nous voyons commcncer ces expeditions militaires, dont Suger nous a conserve le recit, et qu'enti-eprenait la royaute, tantot sur un point, tantot sur un autre, et memc a des dis- tances considerables , pour rexercice du droit qu'elle s'attri- biiait de rctablir I'ordre et la paix entre les S'uzerains, ct de ET POLITIQUES. 35 1 punir la desobeissance des sujets; droit qui n'a plus lien de feodal, et qui place le pouvoir royal bien au-dessus de celui des grands feudataires, dont jusqu'alors le roi n'avaitete, a bien pen de chose pres, que I'egal. Ainsi s'accomplissait ce grand changement qui nous montrc la royante s'etablissant comrne un pouvoir d'ordre et de paix au milieu du desordre et de I'anarchie, comnie un pouvoir unique et central au milieu des suzerainetes locales ; carac- tere tout nouveau qu'elle recut de Louis-le-Gros et qui fut tellement celui du gouvernement de ce prince que, sous le regne de Louis-le-Jeune , sonfils, il se conserva entre les mains de Suger, malgre I'incapacile et I'absence meme du roi, que la croisade eloigna long-tems de ses ttats. Celte tendance a I'unite, celte superiorite, cette influence que gagnait rapi- denient le pouvoir royal, renfermait evidemment un principc de force; mais, si Ton examine Ics faits, on reconnait que la puissance reelle du roi de France etait encore tres-faible, soit par rapport au territoire, soit par rapport a la juridiclion. A la verite, sous Louis VII, le territoire recut ua vaste accrois- semeut par le mariage de ce prince avec Eleonore d'Aquitaine, mais on sail aussi que cet accroissement ne fut que tempo- raire, et que, par la dissolution de ce meme mariage, le royaume de France se trouva a pcu pres reduit a ce qu'il etait sous Louis-le-Gros : tel etait, sous un double point de vue, I'etat de la royaute a I'avenement de Philippe-Auguste; d'a- bord son pouvoir fut et devait etre effeclivement faible et borne; "mais bientot il se dcvoua u I'accomplissement de sa mission, et consacra plus des deux tiers de son regne a recon- stituer le territoire francais, a metre la royaute de fait au ni- veau de la royaute de droit. La tache etait difHcile ; car ses ressources etaient fort limilees, et il avait a lutter contre des rivaux et des voisins plus puissans que lui : son adversaire le plus redoutable 'etait le roi d'Angleterre, qui, sauf la Brelagne, possedait presque toutes les provinces occidentales de la France. Ce fut contre lui que durent naturellement se diriger les principaux efforts de Philippe ; mais c'est seulement apres 55i SCIENCES MORALES la niort de Henri II qn'il commenra a gagncr du terrain suf Richard-Coeur-dc-Lion ct Jean-sans-Tene, ses deux flls. Les vices et le caractere aventureiix de Richard donnerent sur lui un grand avantage a Philippe, patient, perseverant, ct qui nc donnait rien au hasard ; pnis, kirsquc Jean-sans-Terre, veri- table valet de comedie sur le trone, eul succede a son frere, Philippe, profitanl, avec Constance et habilele, de la faiblesse et de la pusillanimite de son rival, I'eut bientot dcpouille de tout ce qu'il possedait en France, sauf la province d'Aqui- laine, et se h;1ta de faire Icgitimer ses conquetes par une assem- blee de barons ou pairs du royaume, qu'il avail convoquee pour juger ct condamner le roi Jean comme assassin de son neveu Arthur de Bretagne (i). En laij, sur 67 prevotes dont se composait le royaume, 52 avaient etc acquises par Philippe-Auguste, qui des lors se trouva mailre d'un territoire beaucoup plus considerable qu'au- cun dc ses predecesseurs : apres avoir agrandi et consolide sa puissance materielle , Philippe s'appliqua a developper le ca- ractere d'unite et de superioritc que le pouvoir royal avail I'ecu el conserve sous les deux regues precedens : il cssaya de con- sliluer des Assemblees IVequentes de barons, mais sans obtenir de ce moyen de gouvcrnenienl tout le succes qu'il en atten- dait; ses travaux legislatifs sont attestes par Sa actes portant la dale de son regne, et qui se trouvent dans le recueil des ordonnances des rois de France ; il faut y ajouler encore le testament politique qu'il fit rediger en partant pour la Terre- Sainte , et dans lequei on remarque un soin de gouvernement tout-a-fail inconnu jusqu'alors. Un autre fail non moins digue d'allenlion. du regne de Philippe-Auguste est la resistance que la royaute commenca alors a opposer, soil au clerge in- tericur, soil a la papautc, aiusi que I'habilete avec laquelle le roi sut se scrvir, dans cellc lutte contre I'Eglise , de I'aide de ses grands vassaux. Enfiu toutle monde sail que la protection accordee par Philippe aux ecoles, qui deja attiraient les etu- fi) Viiyei: M. df Sismondi, Histoirc des Francais, t. vi, p. 354 et suiv. ET POLITIOIES. 353 (lians etraugcrs, porta specialenient :?iir runiversite de Paris, c|iii lui dul ses premiers privileges ; ce fut aiissi sous son rogue (|ue s'execiiterenl Ics premiers traYaux publics pour reuibel- lissement et I'assainissement de la capitale, €t que fnreiit de- posees dans un lieu determine les chartes et archives du royaume, qui jusqu'alors etaifcnt transportees a la suite des rois dans leurs diverses expeditions. Tel est I'expose sommaire des moyens par lesquels Philippe- Auguste sut, en suivant la voie que lui avail ouverte son ai'eul Louis-ie-Gros, etendre et mainteuir le nouveau carac- tere avec lequel la royaute lui avait etc transmise. Alors se lrouvaaccomplle,au commencement du i5' siecle,cettegrande revolution dont le resultat devait etre de faire surgir la mo- narchie feodale proprement dite du sein de I'association aris- tocratique des possesseurs de fiefs, dont Torigine remonte , ainsi que nous I'avons vn. jusqu'a la conquete germanique; c'est a cette epoque que s'arrele la premiere partie du cours dont nous avons entrepris I'analyse, et dans laquelle M. Gui- zot a jete sur la premiere periode feodale une lumiere d'au- taut plus vive que ces terns de notre histoire sont en general plus imparfaitement conuus; dire que, dans les lecons qui vont suivre , le savant professeur continuera I'examcn du role que fut appelee a jouer la royaute sous Philippe-Auguste et ses successeurs jusqu'a Philippe de Valois, et qu'il nous fera assister aux commencemens de cette lutte si energiqueet tant de fois renouvelee que soutinrent contre le pouvoir royal et contrc les suzerains feodaux les communes du moyen age, c'est proclamer d'avance le haut interet historique que pre- sentei'a la derniere partie du cours de cette annee. Albert Dctens. WW\I\IW«VW XLVIl. AOl'l lOOO. 554 SCIKNCES MOIlAtES MoNVMRNS AiUBES, I'ERSANs ET TiBCs du Cabinet (le M. le due DE iii.ACAS, et d'autrcs cabinets, considcrds et dccrits d'nprrx leurs rapports avec Ins croyances, tes maurs et CIdstoire dcs nations masiUmanes ; par iM. Reinaud, employe aii Cabiiiel des nianusciits orieiilaux tie la Bibliolliique du Iloi, uiem- bre de la Socicie asintiqae ite Paris, etc. (i). StCOND ARTICLE. (Voy. ci-dessus , p. 92.) Je reprends I'examen'des notrces de HI. lleinaud sur le«; personnages celebre? mentionnes dans I'Alroran, cotnme dans la Bible et les Kvangiles. Moise ne ponvait etre oiiblie par Mahomet : c'etait, comme lui, un prophote et un legislatenr. Aussi le cite-t-il avec hon- neur dans plusieurs soiirates (chapitres); et les orientaux ont encore ajoiile aiix prodiges qu'operait sa baguette. Par exem- ple, dormait-il : sa baguette, sous la forme d'un serpent, veil- lait sur lui, et le defendait de ses confreres les autres magi- ciens, qui ne voyaient pas sans envie, comme on pent le croiie, qu'il avail une bien plus grande puissance inagiquc. David n'a pas moins de celebrite chez les musulmans que chez nous : its se font une si haute idee de ses talens dans la musique, qu'a les en croire, sa voix enchantait les oiseaux, amollissait le fer et aplanissait les monlagues (2). Mais le personnage qu'ils semblent meltre au-dessus»de tous les autres, c'est Salomon, qu'ils font regner sur /'Orient et sur ['Occident. II n'y a point de merveilles qu'ils ne lui attri- buent. Non-seulemenl les hommes, mais les animaux lui etaient soumis : il commandait meme aux elemens. Avait-il (1) I'.-uis, iSay; Dondey-Diipie. 2 Vdl. iu-S'^, iinprimes, pai aiitoiisa- tion du Roi, a I'iniprinieiic royale; prix, 18 fi., papier (irdinairc; et 3o fr. , papier velin. (2) Lc Coran. Sonralc xxxiv, vers. 10. LT POLITIQUES. ")55 \w voyage a faire , il monlait siir iin vent, et arrivail prosque aiissilol dansles regions les plus eloignees. II savait lalangiie des oiseaux, et meme celle des insectes. L'Alcoraii n'a pas. dedaigne de rapporter les entretiens qii'il eiit avcc une four- mi. Grace a iin aniieau ([ii'il portait, il avait aiissi i\ ses or- dres des genies : c'est parlcurs mains qu'il eleva sans peine le palais de la reine de Saba, et tous les autres moniimens qui ont illustre son regne. II ii'est pas etonnant, au reste, qu'il ait passe dans I'Orient pour le chef des magiciens; car on lui a long-terns attriljue piusieurs livres de sortileges qui circulaient dans tous ces pays, et dont fait mention I'historien Josephe. Mais Mahomet assure que ces livres etaient I'ou- vrage de certains demons qui avaient pris ie nom du plus sage des rois (i). Laissons de cote nombre d'autres personnages renommes siir lesquels 31. lieinaud nous donne, d'apres les orientaux, de curieuses notices. Tels sont : Le fabuliste Lokman (2), qu'ils croient neveu de Job ; un certain Kheder, que piusieurs con- fondent avec le prophete Elie; Jonan, dont ils racontent, a pen pres comme nos livres saints, le longsejour dans le corps de la baleinc ; Alexandre-le-Grand, que iMahomet a designe par I'homme d deux comes; un Zacharie, qu'ils confondent avec le prophete de ce nom, tout en lui donnant pour ftls saint Jean-Baptiste ; d'autres encore, qu'il serait trop long de citer. Ce qui me parait devoir nous interesser davantage, c'est I'opiuion qu'ils ont de Jesus-Christ, et de sa m^re, Marie. Et d'abord, declaronshautement que le fondateur du chris- tianisnie est pour eux un objet de veneration. lis lui attri- buent memequelques miracles, un pen ridicules, il est vrai, que sans doute ils trouverent rapportes dans I'un ou I'autre de ces nombreux Evangiles auxquels on ajoutait encore foi du (1) Souiate 11, vers. 96. (i) Nous avdiis une liaduclioii de ses I'ablfs, avec une Notice sur sa vie, pai M. Marcel, ancien diiecleui de i'iiiiprimerie du Caire. Paris, i8o!>; 1 vnl. iiii ■>.. 356 SCIENCES RI Oil ALES terns dc Mnhomct. Cost lo piopliele liii-iiirinc f|iii relate line parlie ile ccs miracles ilaiis (iuel([ues vccsets du Coran que je consipierai iei : « Uii jour, Dieu rassemhiera les propheles, et leilr dcman- dera ce que les peuples out repondu a leurs exhortations... Dieu dira a Jesus, (ils do Marie : Soxiviens-loi dcs graces que j'ai repauducs sur toi, et sur celle qui t'a eiiiante. Je t'ai, for- tifie par I'csprit dc sainlete, aliu que tu instruisisses les hommes, depuis ton bercean jiisqu'a la vieiliesse. Je t'ai en- seigne I'Ecrituie, la sagesse, le Pentateuquc, rEvangiie. Tu formas de boue la figure d'un oiseau, ct ton souflle I'anima par ma permission. Tu guerisim aveugle de iiaissauec et un lepreux. par ma volonte. Tu fis sortir les morts de leurs tom- beaux. Je detournai de toi les mains des juifs(i) ; au milieu des miracles que tu fis eclater a Jeurs jeux, obstines dans leur incredulite, ils s'eiriaicnt : Tout cela n'est que prestige. » J'inspirai aiix apotres de croire en moi. et en Jesus, men envoyc, et ils dirent : Nous croyons; rends tenioignage de notre foi. » 0 Jesus, fils de Marie, dirent les apotres, ton Dieu pent- il nous faire descendre des cieux une table preparee ? Crai- gnez le seigneur, repondit Jesus, si vous etes fideles. » Nous desirons, ajouterent-ils, nous y asseoir et y man- ger; alors nos cceurs seront tranquilles. Nous saurons que lu nous as preche la verite, etnous rendrons tenioignage. » Jesus, fils de Marie, adressa au ciel celte prierc : Sei- gneur, fais-nous descendre une table du ciel. Qu'elle soit une iete pour le premier ct le dernier d'entre nous, et nn signe dc ta puissance. Nounis-nous.; tu es le plus liberal des dispeit- sateurs. ■> (i) Les musiiliiians nient la passion el la moi t de Jesiis-Chiisl. L'Al- coraQ s'rsl expiime ainsi k ce sujet : « Les juil's croient avnir mis i inoit Ic Mesoir", ciivoye dc Dieu : ce n'csl pas hii qii'ils ont i'ait iiioiiiir; c'est quelqu'iin quiiui lesscmblail. a />c Coriin. Soiirale iv, vers. i56 el siiiv. ET POLITIQUES. 557 » Le Seigneur exauca ?a demaiulo, et clit : Celui qui, apres cette merveille, seia increclule, suhira le supplice le plus ter- rible qu'oprouvera jamais aucune creature. (1) » Mahomet parle aussi de la mere de Jesus comme d'une mortelle privilegiee ; il se fait dire par Dieu meme : uCelebre iMarie dans le Goran; celebre le jour 011 elle s'e- loigna de sa famille du cote de I'Orient. — Elle prit en secret un voile pour se couvrir, et nous lui envoyames Gabriel, notre Esprit, sous la forme humaine. » tile conrut, et elle se retira dons nn lieu ecarte. Les doulenrs de Tenfantcment la surprirent pres d'uu palmier, et elle s'ecria : Plot a Dieu que je fusse morte avant ma concep- tion ! — Ne t'afilige point, lui cria I'ange; Dieu a fait cooler pres de toi un ruisseau. Ebranle le palmier, et tu verras tomber des dalles mOres. » Elle retourna vers sa famille, portant son fils dans ses bras. — Marie, lui dit-on. il vous est arrive une etrange a venture.... . Pour toute reponse, elle leur fit signe d'interro- ger son fils. Nous adrcsserons-nous, lui dit-ou, a un enfant au berceau? — « Je suis le serviteur de Dieu, repondit I'enfant. II m'a donne I'Evangile, et m'a etabli prophete.... (2))) Voila encore un miracle que les chretiens ne lisent darn aucun de leurs livangiles. Mais, si Mahomet placait Jesus au rang des propheles, il s'en fallait bien qu'il reconnftt en lui une nature divine. I'lls disent que Dieu a uu fils, s'ecrie-t-il, dans la mCme sourate, en parlaut des chretiens, et ils proferent un blas- pheme. Pen s'en faut que les cieux ne se fendent k ces mots, et que les montagnes brisees ne s'ecroulent (5) ! » He n'est pas avec moins d'indignation qu'il declame sou- (1) Le Coran. Soiiialo v. (2) Le Coran. Sourate xix. {"S) Ibid., in fine. 358 SCIENCES MORALES vent conlre les jiiifs. II les accuse d'avoir altere le Pentateu- que, d'avoir persecute les proph^les, etc. ; mais le vrai motif de sa colore elait que les juifs de son terns refusaient obstine- ment de voir en lui un envoye de Dieu. La vie dc ce leg;islateur des musulmans, qui fonda par la parole et par le glaive, sur les ruines de vingt cultes divers, une religion grave, austere memc, dans laquelle on ne pent trouver qu'un seul dognic, I'unile de Dieu ; une religion rai- sonnable dans son essence, etque Ton pouriait pratiquer sans pretres et nienie sans temples; une religion qui doniine au- jourd'hui danspresque toules les contrees de I'Orient, et qui, sans la victoire de Charles-Martel, pres de Poitiers, serait peut-etre celle de 1' Europe, celle du monde entier : une telle vie, dis-je, devait sans rioute tenir une place importante dans I'ouvragc de M. Reinaud. Aussi, elle y remplit plus de cent pages du premier volume. Nous avions deja piusieurs vies de Mahomet. li'Arabe Abulfeda, an commencement du xiv'' siecle, en avait com- pose une, d'apres les traditions qui s'etaient conservees dans rOrient; traditions oCi quelques verites sc trouvaient melees a un grand nombre de fables. II avait aussi puise dans la chro- nique arabe de Thabari, qui ecrivait au x" siecle, c'est-i-dire, a une epoque bien plus voisine de celle oii florissait Mahomet; et ce fut la sans doute qu'il dut trouver les renseignemens les plus autlientiques. Jean Gaguier, Francais refugie en An- gleterre, donna, a Londres, en 1720, une traduction latineet le texte arabe de cette vie de iMahomel. Elle fut publiee, quelques annees apres, a Amsterdam, Iraduite en I'ran^ais. C'est avec ces materiaux, et en mettant de plus a contribu- tion quelques auteurs orientaux, que le voyageurSavary ecri- vit, vers la fin du dernier siecle, une vie de Mahomet, qui remplit le premier volume presque entier de sa traduction du Coran. M. Reinaud, venu apres cet anteur, raconte les memes eve- nemens; ce qui necessairemenf devait etre; mais il j ajoule ET I'OLITIQUES. r>5(j quelquespaiticularites qu'il a puisees dans des nianusciitspro- babloment inconnus a Savary. Ces additions ont de rimpoi- tancc : c'est ce que reconnait du moins iin de nos orientalistes les plus celcbres (i), bien plus capable que je ne puis I'etre de juger du merite de ce travail. II y a, entre ces deux der- uieres vies de Mahomet, redigeesl'une et I'autre par des liom- mes de merite, une difference qu'il n'est pas inutile peut- etre de remarquer : c'est que dans I'une (celle de M. Reinaud) Mahomet n'est le plus souvent represente que conmie un en- thousiaste, un fonrbe, un arabitieux; que ses fiiiblesses et ses erreurs y sent minutieusement retracees; tandis que Sarary le peint sous de tout aulrescouleurs. S'il faut en croire ce der- nier, Mahomet etait un homme d'un genie eminent, qui con- naissait pnrfaitement le caractere de ses couiemporaias, le secret d'exciler leurs passions, licoutons-le , lorsque, resu- mant la vie de son heros, il semble prononcer lui-meme le jugement que Ton en doit porter. » Mahomet ful un de ces hom- mes extraordinaires qui , ues avec des talens superieurs, pa- raissent de loin en loin sur la scene du monde pour en changer la face, et pour enchainer les mortels a leur char. Lorsque Ton considere le point d'oii il est parti, le t'aite de la grandeur oii il est parvenu , on est etonne de ce que peut le genie humain t'avorise des circonstances. Ne idolatre, il s'eieve a la connais- sance d'un Dieu unique, et, dechirant le voile du paganisme, il songe a donner un culle ;'i ses sembldilcs. L'adversite qu'il eprouve en naissant ne serl qu.'u affermir une ame I'aite pour braver tous les revers. Instruit par ses voyages, il avail vu les Grecs, divises dans leur croyance, se charger d'anathemes ; les Hebreux, I'horreur des nations, defendre avec opinialrete la loi de Moise ; les diverges tribus arabes plongees dans les tene- bres de I'idolatrie. Frappe de ce tableau, il se retire dans la solitude, et medite, pendant quinze annees, un systeme de religion qui put reunir sous un menie joug le chretien , le juif et I'idolatre. Ce plan etait vaste, mais impossible dans (i) M. SvivEbTHv; DE Sacy, (latis Ir Journal dis Sni'ans, mars 1S29. 56o SCIRINCES MOllALIiS I'execution. 11 crut en assuror le succes, en etablissanf ita dogme simple, qui, n'offrant a la raison rien qu'elle ne puisse concevoir, lui parut propre a tous los peoples de la terre : ce tut la croyanoe d'u:i Dieu unique, vengcur du crime et remu- nerateurde la vertu. Mais, conime ii lui lallait, pour lairo adop- ter sa doctrine, se dire autorise du ciel, il ajouta roblij^alion de le regarder comme le ministre du Dieu qu'il prrchait. Cette base posee, il prit de la morale du cluistianisme et du ju- daisme ce qui lui semblait le plus convenable aux peuples des pays chauds. Les Arabes ne furent point oublies dans son plan : c'etait prineipalement pour eux qu'il travaillait. II leur rappela la memoire toujours chere d' Abraham et d'lsmai-l, et leur fit envisager I'islamisme comme la religion de ces deux patriarches (i). » Cest un drame plein d'interet que la vie du fondateur de Tislamisme, quoiqu'elle n'offre rien d^ miraculeux,. d'incroya- ble. Six siecles auparavant, on avait vu un autre fondateur de religion, lie dans les derniers rangs de la societe, parcourir les villes et les carapagnes de sa patrie, se proclamant le fils deDieu, prechant a des hommes corrompus line morale pure, »leclaraant conlre les riches, ctablissant en principe Tcgalite des hommes an milieu d'une nation composee de mailres ct d'esclaves : pour appuyer sa mission, ses doctrines, il opere les plus eclatans miracles; et pourtant il ne seduit que peu d'esprits, ne rcunit que peu de partisans, est toujours per- secute, pendant le peu d'annees qu'il lui etait donne de rester sur la terre, et perit enfin du dernier supplice, dans la ville mume oOi, quelques jours auparavant. il avait ete accueilli avechonneur. Quoi ! un homme qui ressuscite des morts,gue- rit desaveugles et des boiteux, nourrit aveccinqpainseldeux poissonscinqmille hommes accourus pour entendre sa parole, change I'eau en vin, etc., etc., ne pent persuader qu'il est I'en- voye de Dieu! La, tout etonne, confond la raison : I'incre- dulite des juifs,non moins que les miracles du Christ. (i)/iC Coran. T. i, p. i\o. KT POLITIQUES. .ICi Dans la vie de Mahoinel, au contraire, lieii que de natu- rel, que de conforme aux regies ordinaires qui enchainent Ics evenemens a leurs causes. Ne pauTre ♦ mais au sein d'une fa- milie yeneree dans sa Iribu, parce qu'on en faisait reinonter I'origine jiisqu'a A])ialiam , il epoiise une riche veuve; ce qui lui donne ponvoir et consideration dans la Mecque, sa ville natale. Aussi ose-t-il y abjorer les dieux que, pendant quu- ranle ans, il avail adores. II devait necessairenient en resulter pour lui dcs persecutions ; il s'y soustrait enf uyant a Medine, ville rivale de la 31ecque. La, grace a son eloquence, et peut-etre ii sa richesse, il reussit a se donner un assez grand noaibre de sectaleurs, a la tete desquels il marche sur la Rlec- que, autant pour la punir de ses dedains que pour y etablir sa nouvelle religion. II y entre en triomphant, apres avoir battu, disperse ses adversaires; et son premier soin est de renverser les 56o idoles dont I'ancien temple de la Mecque etait entoure. Jeni'arreterai ici un moment pour exprinier un regret: c'est que M. Reinaud, endccrivantfortbicncette graiide epoque de la vie delMaboniet,ne soit pas entre dans deplus grands details sur les attributs de ces 56o idoles , et sur les divers cultes aux- quels elles appartenaient. Cette petite excursion dans un sujet qu'a la verite il ne s'etait pas charge de trailer, cette digres- sion, si Ton veut, nous aurait mieux fait connaitre le genre et la multitude des religions, qui, au vn' siecle de notre ere, s'etaient repandues en Orient. Mais, je lecrois, les materiaux lui manquaient; et peut-etre neparviendra-t-on jamais are unir sur ce sujet des notions bien exactes. Et pourtant un savant orientaliste qui a rendu compte , dans un journal allemand, de I'ouvrage de M. Reinaud , raconte la destruction des idoles de la Mecque avec quelques details qui ne sont point a dedai- gner, et que je crois devoir repeter ici. <- La Caaba, dit M. Neumann (i) , etait alurs enlouree de 36o idoles, consacrceschacune a un jour particulier de I'annee (i) Dans Ir hiinsf liluH, jimrnal piiblir .i Sluttgait : ii" .\, janv. 1820. 362 SCIENCES MOIIALKS lunaire des Arabes ; elles etaiciit failes de bois, de pierre, de verre et dc bronze; !es uncs avaient des figures humaines; d'antres, des figtiros augt,'li(|ues; d'aiilres encore ctaiont des masses iulormes. La plus giaude de ces idoles s' ippelait Habol, ot venait de la Syrie, oi"!, suivant la tradition, eilc elait lonibee du ciel, et ctait adoree conirne le dieii de la pinie [Jupiter Pluvius). Sa figure elaitcelle d'lin venerable v ieillard a longne' barbe; sa main droite elait d'or. Mahomet s'approcha de ces pretendues diviniles, les toucha d'une baguette, el dit : « La verile s'est monlree pour que le mensonge disparaisse » ; et en menie terns ces idoles rurcnt mises en pieces par des sccla- teurs. Pen avant Mahomet, le judaisme avail fail de grands pro- gres en Arabic : des Iribiisentieres, telles que (■elles dcsp;iissans cliaibar, avaient end3rasse la doctrine de Moise ; el de la vint sans doute (pie dans la Caaba se Irouvaicnt les statues iVAhra ham et d'Isiiiael. Ces ancelres de toute la nation arabe ne furent pas epargnes non plus ; lems statues furent egaleuient brisecs. Apres cette action, qui fut regardee avec effroi par une grande parlie du peuple idolatre, Mahomet asscmbla tons ses sectateurs, et dit : « II n'y a point d'autre Dieu que le Dieu qui a rempli toutes les promesses qu'il avail failes a son ser- viteur, et qui a mis ses ennemis en fuile. Desormais vous u'adorcrez plus vos percs Abraham el Isniacl : ils elaient hommes comme vous. » Mahomet ^oulai^ empedierfpie la religion du Dieu unique el clernel ne dcgrneral avec le Icnis en un cuUe d'idoles el d'iniages, et il defendit a eel ell'cl loule representation materielle de la Divinite. La peinture el la sculpture Ini etaient egalement odieuses. En cela il se confor- mail entieremenl aux idees des Juifs. » Le succes enhardit : iMahoiuet tenia bienlot de plus grandes entreprises. Ce ne fnt pins sur la Mecquc, sur I'Arabie seide, qu'il voulut dominer; il crut pouvoir elendre sa domination, avec le nouveau culte, sur des conlrecs que les Juifs, les Grecs, sioumis aux Uomains degeneres, n'elaienl plus cu etal de de- fendre. Le desir du pillage, autanl que le I'aualisme religieux' que Mahomel savait si bieu inspirer, avail nnni sous ses dra- ET POLlTlQliES. ?)b*5 peaux des troupes noinbreuses. Partout oCi elles se presen- laient, il fallait croire an Dieii de Mahomet et payer tribut. Voila ce qui explique la rapide propagation de I'islaniisme. Pour fuire croire a sa mission de prophete, de reCormateiir, il n'eut pas besoin de recotn-ir a des miracles. Lorsqn'il com- raenra a precher sa doctrine, on hii demanda bicn qii'arexemple (111 fondateurduchristianisme il prjuvatpar quelqnes miracles (lu'iletaitveritablen)entrenvoyedeDieir, maisilrepondaitqii'il ctait vena non pour faire des miracles auxquels le plus sou- vent on n'ajoute pas foi, mais pour annoncer la parole divine. Quand il eut long-tems repete qn'il etait le farori de Dieu, mais surlout apres vingt victoires eclatantes, on ne se permit plus d'en douter; et lui-meme peut-etre a bien pu le croire. De grands desastres Ini auraient sans doute ote cette orgueil- leuse opinion ; mais, plus heureux qn'un autre conquerant de nos joins, qui ne fut ni moins aml)itieus, ni moins confiant en sa fortune, il n'eprouva jamais d'irremediable calamite; et, s'il momut empoisonne, ce fut le tardif effet dc la vengeance d'une femme. C'est une chose remarquable que 'es fondateurs des deux religions qui se partagent le monde presque entier n'ont rien ecrit de leurs dogmes ni de leurs preceptes. Si les evangelistes n'eussent pas raconte dans leurs ecrits ce qii'ils avaient vu ou entendu dire, nous ne saurions ricn de certain sur I'Etre divin (|ui etait venu laver le genre humain de la tache originelle : peut-etre meme ignorerait-on que Jesus a existe ; car il n'a iaisse aucune trace, aucun document aulographe de son pas- sage sur la terre. Et quant a Mahomet, il n'ecrivit rien non plus, car il ne savait pas ecrire ; il dictait ce que Dieu lui inspi- rait par Tentremise de I'ange Gabriel, et ses paroles recueil- liessurdes morceaux de parchemin etaientdeposees pele-mele dans un cofifre, que Ton n'ouvrit qu'apres sa mort. Ce fut son oncle Abubeckre que Ton chargea de former de tons ccs frag- mens des discours de Mahomet ce fameux Coran ( le lirre par excellence), qui est le Code religieux et civil de la moilic du moude. Ileslpo.ssible qu' Abubeckre u'en ail rien ret ranchc. u'y 564 SCIENCES MORALES ait rien ajoulc ; etdans cetlehypolhese nous aiirionsrouvragc meme de JIahomet, qiioiqu'il ne soil pas de sa main. Cepen- dant, n'en doutons pas, s'il en eCit toordonne les parties, < C'est de ce style qu'il recomniande le jcune du Ramazan (le jeiuie dumois oiile Coran lui futapporte par Gabriel) ; I'usage (1) \oycz Genesc, chap, xxxiv, vers. i4, i5 ct siiiv. (2) C'etait une espece de divination par des lleclies, en usage avant Mabomet. (3) Lc Conin. Souratc x. 500 SCIIiiNCES MORALES tics viandos do tout terns rc'piiU'jcs immondes cliez les Arabes ; les IVequenlcs ablutions ; les pricres que doivent faire les mu- sulnians, le visage touiue vers la Caaba, etc. , etc. Quel parti n'ont-ils pas sii tirer de ces prescriptions, les hommes interes- scs a exploiter la credulite de leurs compatrioles ; ces nlemas, ces imans, dont le metier est de mettre a profit les erreurs et les superstitions! , Le Goran, comnie la Bible, comme I'livangiie, a etc expli- quH, comnienlo par des cc.ntaines de docteurs, de l/ieologiens, qui y out tmuve tout ce qu'il etait de leur avantage de faire croire, d'instituer ; etces explications et ces commentaires onl produit differentes sectes, qui toutes s'abhorrenl entre elles, qui ne s'unissent que dans leur haine contre les juifs et les Chretiens. Quand on lit le Catechisme des musulmans, on a peine a s'expliquer qu'un culte qui exige tant de pratiques austeres aitpu jamais etre adopte par des nations naturcUement indo- lentes, et qui ne connaissent d'aulres plaisirs que les plaisirsr des sens. INous avons une traduction francaise de I'un de res catechismes , tres-estime surtcut en Turquie (i). On le croi- rait sorti du cerveau de quelque moine du xii'siecle; tant il contient d'idees mystiques ; tant il rccommande dc pratiques minutieuses et pueriles. C'est la qu'apres la definition des prin- cipaux dogmes (et ce sont les memes a pen pros que ceux de toutes les religions dans lebquelles le polytheisme est proscrit), on voit quelles sont, dans la reli»gion musuimane , les ohliga- tions et les prohibitions. On y distingue tres-subtilement lesij articles d'o/'/(g'a/(o» divine et ceux d'obligalion ca)ioni(/ue ; leg pratiques necessaires de ceiles qui sont surerogaloires , etc. Enll verite, la Sorbonne en corps n'aurait pu mieux faire. On y dc-j finit les vertus dont, comme dit le docleur musulman, on doiti s'appUquer a orner son coeur. Ce sont : La patience, la confiancej en Dieu, la sincerite, I'humilite, la piete; les vices sont : Les] (i) Exposition dc U foi musuimane, traduite du turc avec des notes })ar M. Gabcin de Tassi. Paris, i8i9.. I11-8". F;T POLITIQLIES. 5Gn jiigemens temeraires, rhypociisie, I'envie, I'orgiieil, ramoiir du uioiule, les passions (|ui portent a aimer avec exageration les bons mets, les femmes, etc. Pour plus de clarte , raiiteur (111 catechisme eniunere, dans un chapitre special, tons les pe- ches que Ton pent commettre par les difterens nicmbres dn corps ; par Voreitle, par exemple? II ne faut ecoiiter ni mu- siqiie, ni medisances, ni discours obscenes ; par les yeux? « li est defendu a tout fidele, de quelque sexe qu'il soit, de regar- der du nombril aux genoux, les hommes ; a la femme, de re- garder du nombril anx genoux, tmepersonne de son sexe (i). » — On me dispensera , j'esp^re, de detailler les peches que, suivant notre docteur, on peut commettre par tous les autres membres. Pour que les crimes fussent punis , et les actions vertueuses recompensees, il fallait bien que Mahomet proniit aux croyans nn enfer et un paradis. Son enter est a pen pres celuides Chre- tiens ; mais il n'en a pas I'ait les peiiies eternelles : quant a son paradis, il comprend bien dans le bonheur dont joiiiront les justes la contemplation de Dieu; mais il leur promet aussi quelques autres plaisirs accessoires dont les apotres du Christ n'ont pas cru devoir nous offrir I'esperance. Ecoutons-le lui- meme; il est vraiment poete dans la description qu'il fait de son paradis. «Les elus seront les plus pres de I'Eternel ; — - lis habite- ront le jardin des delices. — Un grand nombre des anciens et quelques modernes seront ces botes heurenx. — lis reposeront sur deslits enrichisd'oretdepierresprecieuses; ils seregarde- ront avec bienveillance; ils seront servis par des enfans doues d'line eternelle jeunes'se, qui leur presenteront du vin exquis dans des coupes de differentes formes. Sa vapeur ne leur mon- tera point a la tete, et n'obscurcira point leur raison. lis ati- ront a souhait les fruits qu'ils desireront, et la chair des oi- seaiix les plus rares. — Pres d'eux seront les houris aux yeux (i) Exposition do la fui musutmane, traduite du tuix- avec des notes, p.ir M. (JABciH DK. Ta SI. Paris, iS^-a. p. 5j. 368 SCIENCES MORALES iioiis : la hiamhour de leiuteiiit egalc I'eclal dcs perles. Leurs faveurs seiont le prix dc la vertu. — Les disoours IVi voles se- roiit bannis de oe sojour; le cociir n'y sera point porle an in.d ; on n'y cntendia que le doux noin de paix ( i). » Voilu comme il fallait parler a des homines tout sensiicls, " d'une imagination ardente ct vohiptueuse, Mais, par cela meme, par una consequence de ces qualiles, ou, si Ton vent, de ces defauts, ils etaient continuellement entraines vers I'ido- lAtrie. Dans les statues, ils voyaient des etres surnaturels tou- jours prets a econter Icurs vocux, a satisfaire leurs dusirs sans cesse renaissans. Que d'efforts il I'allut a Maliomet pour dera- ciner une si douce erreur dans sa superstilieuse nation. Moise avail diten vingt endroits aux Ilebreux : «Vous ne fabriquerez point des images de betes terrestres. ni aquatiques ; ret il en donnait aussitot le motif : Ne forte deccpti faciatis vobis sculp- tam similitudinem aid itnaginem niasculi et frmince.... Neforti^ ■elevatis ad coelum ocuUs , videos solem et lanam, et omnia astra cceH;et errore decepCtts adores ea et colas quae creavit dominus tuus in ministerium ctuictis gentibus <]uoe sub ccelo sunt (2). Ce futparces memes raisons que Mahomet, adoptant dans . tonte son etendue le prccepte de Moise, ne cessa de lancer les ■ foudres de son elo(jueiice contre les statues, les images quel- ; conqncs d'objets animes. Sans la rigoureuse defense qu'il fit aux croyans de fabriquer de telles images, avec quelle ardeur, et probablement avec quel talent, la nation eminemment poe- tique a laquelle il appartenait n'aurait-elle pas represente sur j le marbre on sur la toile toutes.ces fables ingenieuses et si va- | riees, ces contes merveilleux qu'elle inventc avec tant de faci-' lite. LesOrieutaux ne s'expiinient que par figures, que par me- taphores, ne raisonnent que par paraboles ; ils auraient peinf] ou sculpte les sujets dp leurs discours, et tout ce qu'ils auraient ] voulu confier a la memoire de leurs contemporains, ou fairej passer a la posterite. Ainsi firent les anciens Egyptiens et les (j) LeCoran. Sourate lvi, (2) Dealer., cap. iv, veis. 16, 17, 18, ig. KT POLITIQUES. 3G() Cirecs; T Arabic aitrail eu aiissi sos artisles celcbres, etpeiit- ■•"■Ire en plus grand noinbrc que n'en coniplc aiijounl'luii I'Eu- ropc, parce que rKiii'opc est plus ratsonnonse, plus positive, inoins poetiqiie. L'investigatciir des monumciis oricntaiix aii- rait eu une tuche phis agitable a remplir, plus facile que celle d'expliquer de inouotones inscrljitions : ses recherclies au- raicnteu pour objet de veritables monumeus de Part, des ta- bleaux, des bas-reliefs, etc. Mais les inscriptions, je me plais a le repeter, sont , sous d'aiitres rapports que ccux de I'art, d'lui tres-^rand intcret : ce qui le pronverail, c'est le grand nonibre des observations qii'cllcs m'ont suggerees dans cet article. Peut-etrc aussi les *u-je trop multipUees : c'est un tort dont je pri« le lecteur de ni'absoutlre. 11 paste unautre travail a entreprendre, ct que j'imposerais voiontiers au savant orientaliste dont I'ouvrage vieiit de ni'oc- <,Miper si long-tcms : ce serait de nous doniier aussi la des- cription et I'explication des monumeus arabes anterieurs a J'ere de Mahomet. Sans doute il existe, et en assez grand nom- bre, de ces monumeus, puisque, dans un Memoire qui fait partie du grand onvrage sur I'Egypte. je Irouve un paragraplic qui a pour titre : Des CaracUres employes par les Arabes dans lears inscriptions, avant rhegyre[i). II y a, si je ne me trompe, de peuibles recherches a faire k ce sujet; car la langue et I'e- criture arabe out subi, si j'en crois le Memoire que j'ai cite, un ■changement presque total, au terns de Mahomet; mais toute decouverte en ce genre serait accueillie avec empressement par les erudits. — ^M. Reinaud a prouve que les dillicultes ue sauraient I'aiTeter ; I'ouvrage que jc lui propose est le preli- minairc indispensable de celui qu'il a publie. Ainaury Duval, De I' Academic des Inscriptions et Belles-Lcltres. (i)Voyi>z, clans le grand oiivragc sm I'Egypte, les Memolies elf M, Marcel. r\ xxviii. Aom i87)o. ^4 LITTElUTUUi:. {>,)Mi':die,s D'AuisTdrriANK , fin/iiilrs da gvec par M. Artauo. prnfesseur an collego de l.oiiis-lc-fiiand (i). II ost impossible de jng^er serieuseinenl le iheati-e d'Aristo- phane, ou meme de conipremlre cc que sont ses pieces, si Ton ne possede des nolinns exudes siir I'etat politique et mo- ral du peuple pour qui elles fureut composees, et si Ton ne se repotte a I'epoque oi"i elles furent representees. Toules ces tonnaissances ont manque a Voltaire; et, quand il a prononce qu'Aristophane liciait n't pocte , ni comlqiie , il a fait plus de tort a son propre jugement qu'a celui qu'il censurait avec tant de legerete. Moliere a deja besoin de commentaire, aii moins pour etie enticrenient conipris; et si, d'ici a deux mille deux cents ans , des etrangers se mtlent de I'apprecier, ils leronl sagcmenld'ctudierd'abord le sieclede Louis \IV, pourechap- per au danger des decisions aventurocs et des critiques sans fondement. Parmi nos lecteurs, il en est plus d'un sans doute qui, a Athenes comme a Paris, se trouve en pays de connaissance. Ponr ceux auxquels I'anliquite est moins familiere , nous es- quisserons le tableau de la republique et de la societe Athe- niennes , a I'epoque de Pericles , de telle sorte qu'en s'y trans- portant ils cessent d'y etre etrangers. Get essai leur fouruira peut-etre le movei! de s'aboucher avec Aristophane , de com- prendre son laugage, d'entrer dans ses idees, de saisir les rap- (i) Piiiis, iS/ifi tl i.S?)ii; Aiiu^ AnHre. fi veil, pianrt iii-5?. ; prix, 21 •"'■ LirrEllATlHK -;i ports (iiii ont existe entte ses coiiibinaisons dramatifjiK's ot los (.ircon-lances sous I'influence dcs(|uelles il ecrivait. Tout en investissanl le pcuple de la souveraincle , Solon avait donnc de puissaus contrepoids a la deuiociatie. Cos cou- Ircpoids avi;ient etc importis par Clisthenes, Arislide et sur- toul Periclt's. Au terns de la guerre du Peloponesc, Ics projels de lois, sur lesqueln le peiiple volail, avaienl cesse d'etre exa- u'.iiies et discutes prealablement par le senal. La paix, la guerre, les alliances, les imputs, la legislati!)n , tout etait du ressort du peuple : il prononcail sur lout, sans preparation et sans autres eonseils que ceux de ses oraleurs, dont on n'exigeait plusaucune garanlie de talent et de probitc politique. Quand I'ignorance, le caprice, ou la corruption de la multitude, coui- prometlaient les grands interets de I'Ktat, ses folies ne pou- vaient plus etre corrigees, depuis qu'on avait affranchi ses arrets de la sanction des archontes, de la revision et de la cas- sation de I'areupage. Lorsqu'elle empietail sur les droits de ses magistrals ou des corps etaldis par ia constitution , I'areo- page se trouvait encore hors d'etat de la refouier dans ses limi- tes, parce qii'il avait perdu lui-mC-me cetle haute surveillance . independante de son pouvoir judiciaire, et correspondante a I'autorile des ephores de Spartc et des censeurs de Rome, fies funesles innovations etaient dues a Pericles, qui, eu avilissant le senat et I'areopage, en leur otant leurs attributions primi- tives, avait arrache les deux ancres sur lesquelles Solon avait arrete le vaisseau de I'Etal. Du vivant de Pericles, on n'avait pas eprouve les effets do Textension extravagante donnee par - lui au pi incipe democralique , parce qu'il avait herite de toute I'influence qu'il enlevait aux deux premiers corps de I'lu-it; parce qu'il avait concentre entre ses mains les elemens mo- narchiques deposes au sein de la republique par le legisla- teur; parce qu'il avait use de sa royaute viagere pour dominer I et conduire un peuple, sou veraln de nom et de droit, mais, par le fait, sujetde son genie; parce qu'il I'avait sauve dc son inca- pacite , de sa petulance, de son ambition. Mais, a la niort de Pericles, doul les beaux-art-, proteges par :>7.. LITTKIIATIIR!;. Ini, oiil piott'f^v ii Icnirldiirla m('Mii(>ii«;,oii cntiviaintrtiii w'lU; brillaiil les lautcs de rhouiiue (I'lilat, h;s choses reprirent l«iir coiirs liaturel, et cc cnurs fiU Hrplorable. Lcs corps polilKiiic? ne piirent re.ssaisir leiirs aiiciennes prerogatives , Ic poiiple ganla ses usurpations, el il posseila tout cnseniblc, dans ic poiivoir legisialil', I'oxamcii prealahle , le V(.te imniediat et la sanction. La prospcritc tic la ropiiidiquc otail tleja inconciliable avco cette intemperance de pouvoir icgislatit" accordcc au peiipie. Toiitefois ce n'etait la que le premier des empietemens po- pulaires, et la liste en est si longue qii'il faut se Iwrner a rap- pt'Ier les principanx. Anx termes de la constitution de Solon, Ics magistrals devaicnl clre choisis exclusivement danslestrois premieres classes; I'autorite residtanl de ces magisti'aturcs devait appartenir seulemciit a ceux qui, par lour i'ortune, of- Iraient des garanties sufTisantcs a la chose pnidiquc. Dans les assem4)Iees oCi ils etaienl clus , commc danscellcs oi^i Ton de- Jiberait snr ies lois, les citoyens ages de plus de cinquantc ans votaient les premiers : chacun sent la sagesse d'une pareille disposition ; en effet, comme le remarque Montesquieu , si les conseillers sont utiles aux rois, ils soul indispensables au peo- ple. Enfin les hommes entacjics d'infamie elaieul, dans le principe, suspendus du droit d'elcclion et de suftVage. Aprt'S Pericles, et au terns d'Arislophane, les changemcns introduits snccessivement dans la constitution avaient ren- verse toutes les barrieres opposees a la domination, disons'j mieux, au despotisme do la populace. Aussi quclies erieurs, quelles folies, dans lechoix, dans la deslilulion des magistrate ct des generaux! Le marcband de lantcrnes Hyperbolus, le corroyeur Cleon, obliennenl la conduite des afifaires et des ar- niees. Cost pen qu'ils dilapidcnt le tresor, (pi'ils delournent a leur profit les sommes deslinees a la solde et a rentreticn des troupes : Cleon mcne lessoldats d'Albenes a une morl certaine sous les murs d'Ampbipolis, ol pci'd en un jour la superiorite qu'Atlu'nes avail peuibiemeut couqnise par cin([ ans do victoi- res. Alciliiadc est seul capabk d'assurcr lo succcs de I'cxpedi- LlTTlilllATUHK. S;,". lion (le Sicilc : Akihiatle (..st (lepoiiillc da coumiancicuioiit, el - \ii Ibrliiiie d'Athenes va ['aire nauCrage dans le poil do Syra- cuse. Plus lard, lorsqn'il ne s'agit plus pour Athenes de la su- preinatie, niais de I'existence meine, on replace Alcibiade a la tt'tc des trou]>es. En gage dcs services qu'il pent reiidre , i! donue les vicloires d'Abydos et de Cjziqne. Ces vicloires ne peuvent lui sauver une seconde destitution ; celle des Ai'ginu- ses ne peut garantir ses successeurs d'une plus cruelle dis- grace. Le people livre la deruiere armee et la deinierc llollc de la palrie a des generaux dont les uns sunt a peine dignes de fignrei' dans les derniers rangs, donlies autres, tels qu'A- iliuiante, sont payes par Lacedenione pour tiahir leurs conci- loyens. La dei'aite d'OEgos-Potamos livre Athenes a la tyrannic desTrentc et an joug de I'etranger.Telsetaienl les incroya])les (iesordres, le& deplorables resnltats, pour lesquels les bons ci- toyens n'avaient pas assez irindignaliou et de doidcur. iMais ne pouvaient-ils done, an lieu de se lauicnter inuli- lenient, opposer une salntaire resistance aux bacchanalcs po- litiques de la multitude ? Nullcnient. Outre que le people avail pour kii le texte lies lois' lendues dans les dcrnieres annees, et une absui'de legalite , il tenait entre ses iiuiius une ariue ca- pable de vaincie loutes les opposiiions de I'arisiocratie , tons les efforts du patriotisme. Investi du droit de juger, il appe- iait incessaniment la puissance judiciaire au secours de la puissance legislative et de la t'aculte de noimiierlesmagistrats : il banniss;iit |)ar rostracisiuc , luinait j»ar les sentences qu'il rendait dans les tribunanx qniconque coiitrariait ses caprices sur la place pnbliqne. II elait trup dangereux de ( hcrcber a le sauver malgrc Ini, pour (pTon s'y avenlurat. Aristote (i) reprochait a Solon d'avoir accorde au people une inllnence de;;isive dans les affaires, en lui altribuanl cetle puissance judiciaire , conjointeuieut avec la puissance legis- lative. Solon avail essayc au nioins de modtier des conces- sions, arracbeespeut-etre par les circonstances. lla\aitordoini«'^ • (i) Ui !lipiih/i((i. lib. n, can. 151. u;4 MlTKUATUHi:. que, chaque auiieo, tousles citoyens jiistifieiaient devant les magistrals de leurs nioyeiis d'oxistence ; il avaif , en outre , fletri roisivete par rinfamie. Presse par la necessitt' de satisfaire a ces lois, par la tu'cessitt; plus iinporieuse encore de fouriiir a ses hesoins ct a ceux de sa lamille, le ciloyen obscur manquait ordiuairement du tents cl de la vnlonle necessaires pourexer- eer ses droits polili(|ues. II taisaitdes tuniques et desmanteaux, at! lieu de I'aire des decrets ; ii trouvait des pretextes pour echapper a la necessite de juger des causes clviles et crimi- iielles qui ne I'interessaient guere , d'apres des lois qu'il con- naissait encore inoins. .Mais qiiand Pericles eut accorde deux oboies, et Cleon trois, I'l cbaque homnie du peuple. pourcha- cune des lois qu'il se rendiait a I'asseniblee, ou (ju'il siegerait dans It's tribunaux; quand cette retribution (i), suffisante a ses besoius journaliers, devint un appat olTcri a sa parcssc, pour satisfaii'e sa vanite, alors il ue (juitla phis la place piil)Ii([ue et les Cours de justice. Des lors tons les maux ecartes par la pru- dence de Solon fondirent sur la republique, et le desordre fit r lection de domicile perpetuel a Athenes. II mena si bien sa ( onstitution que le moindro cboc devait renverser la frele re i>ul)lique. Dans cet etat de choses. le service le plus grand a liii rendre etait d'eloigner d'elle toute commotion violenle, el (le la dissuader snrloul do la guerre qu'elle coridui?ail, nous I'avoiis vu , en depil du bon sens. Aprt's nous elre rendu comple de la situation politique" d' Athenes, au terns de la guerre du Peloponese, eludious un peu le caractere el les habitudes des Atheniens sur lesqnels on s'esl fait d'aussi eiranges illusions que sur lenr gouver- uement. « Que les Atheniens elaient un people aimable, > dit Voltaire. Voyons quel etait le genre de son amabilitc, au i (i) 2 (jboics, 6 sous ; 3 oboies, 9 sous. Lfs deuiocs de piciiiieie ntc<'s- bit6 etaicnt ^ vil piix, el I'argent encore rare, conipai;itivenient ii nos liiiis inodcrnes. Les 3 et men)e les 3 oboies sufiisaient h la nourriture journaliire d'un ciloyen, coninie le rtconnail M. Boeckh, dans son Eco- nomic politique tenaient de Lonis XV et de ses niinistres; en sorte que cette democratic presente tons les abus d'une nionarcliie dans le tems de son plus grand desordre. Pour ne ricn distrairc an jirofitde I'Etat des somnies qu'il s'est appropriees, le })euplc rejette loutcs les charges sur les riches : Tobligalion de cons-truire et d'equiper les lloltes, les frais et I'embarras des representations theatrales, ainsi que des fetes rcligieuses, qui sontpourkiiun autre spectacle. Qnand ses ressoiirces se trouvent au-dessous de ses depenses privces ou pnbliques , son esprit mventif trouve d'antres expodiens. II intente des proces aux mcUques, c'est-A-dire aux etran- gers doniicilies dans ses murs; gagne sa cause devant des juges tout natiouaux, et s'approprie la fortune de ces barbares, qui evidemnient no sont bons qu'a servir a ses menus plaisirs (i). II contrainl les allies a traverser les merspovu- porter leurs pro- ces, et venir chercher des sentences a Athtines ; et comme il n'y arien de si precieux que la justice, ilia leur vend ;\ iinprix exorbitant (a). Mais la principale branche de ses revenuscon- siste dans les tributs qu'il exige de ces memes allies pour les defendre contre les Perses qui, depuis cinquanle ans biontot, n'attaqueut pins la Grece; tributs qu'il eleve pen a peu de 2,600,000 fr. a la soninie annuelle de 7,160,000 fr. Les allies s'oublicnt an point de trouvcr mauvais que ceux qu'ils ont crees leurs chefs deviennent Icurs tyrans. et que ceux qu'ils (i) Chevaliers, t. 11, p. 48, 49- {2) Xknophojv, (lc Republic. Allien., cli. 5, (■miincic^ (oiitcs It's eiiquetcs ruincuscs auxquellcs sciiil exposes les ;illics, ])ai- suilc de la puissance ju- diciuirc que les Allieniens se sobI anogee sur eux. LlTTlillATURT;. ^77 ont elablis pour les del'endre les desolenl par leurs exactions. Tanl d'audace est proinplemeiit et justement reprimec! Aver les luibitans de Sanios, on se borne a dctruire leiirs miirailles, a prendre leurs vaisseaux, a les charger d'impots plus pesans et a eiiaiiener leurs principaux citoyens tonime ulages a Alhenes, Mais, comme la recidive est de niauvais exeniple. on conlisqne le territoire, 011 massacre mille des notables ha- bitans de Lesbos revcltec; a Scioue , on tiie tons les males en age de porter les armes; on vend comme esclaves les fcmmes et les enl'ans. La mansuetude du peuple alhenien a I'egard de ses allies est egalee par son respect pour le droit des gens et par son humanite a I'egard des nations ennemies : ainsi il envoie au supplice les ambassadeurs de Sparte tombcs enlre ses mains; ainsi, avant la bataille d'OEgos-Potamos, le de- magogue Philocles propose, et toute I'armee conliruie, un de- crct aux termes dufjuel on cou[)era le pouce aux prisounicrs lacedemoniens. Dans ses rapports avec ses propres conci- toyens, le peuple n'a pas fait des pas moins sensiblcs vers un meilleur ordre de choses auquel rappellelapert'ectibilite inde- finie de la nature humaine. Autrel'ois, il se bornait a bannir pour un certain nombre d'annees les grands hommes dont les talens et les vertus lui portaient ombrage, et I'ostracisme n'entraiuait pas la confiscation des biens : maintenanl il con- damne a mort , il depouille de tous ses biens, Alcibiade con- vaincu d'avoir uuitile les statues de Mercure, aux(|uelles il n'a pastoucbe : mainlenant il prononce la jieine capitale contrescs generaux vainqueurs aux Arginuscs, niaiscoupables de ifavoir pas ete phis forts que la tenipete el de ne In! avoir pas arrache les corps des gueniers morts dans Taction. Ses jeux aussi soul pariaitement innocens et ses plaisanteries du meilleur gout. Par exemple, Cleon accuse ies generaux de Sphacterie de trahir la republique et de ne pas reduire les Lacedemoniens a capituler, par raauvaise volonte toute pure. Le peuple trouve piquant de le charger lui-^mCme de la couduile de cette entre- prise. (Meon, avec la conscience de sou incapacite, refuse le comiuandemenl; le peuple le lui impose, lui fait uiie [i>\ d<- 378 LlTTl!:RATLRli. I'accepter, parce qii'il sera siiigiiliticment diveitissant da voir rentrer a Athenes ce grand hnbleiir vainou et humilie. Ccttc I'acelie. selon toute apparnnce, ne coiilera qii'iine armec ; on voithien que le penple ne la paie pas'ce qu'elle vaiiL ()iie le.s Atheniens elaient iin peuple aimal)le! II n'cst pas nn senl do ces nionstriieiix abu.s dans la consli- lution et le gonvernemenl ; pas nn scnl de ces vices de-coeur, de ces habitndes hontenses, de ces saiilies d'ambition, de ces oxces d'imprudence on de criinute qu'Aristopliane n'attaque, ne ponrsnive de ses continuels et sanglans sarcasnies. Le ta- lent de lobservation et de longncs etudes Ini ont livre la na- ture sur le fait, Vont comhiit a inie parfaite connaissance des passions, de la vie politiqne et privee des Atheniens. II les pcint avec nne fidelite si scrnpulcnse, avec un bonheur de ressemblance tel que, D.'nvs" demandant a Platon des rensci- gnemens sur le gonvernenient d'Athtnes, le pliilosoplie Ini envoj\a pour tout docmnent les comedies d'Aristopliane. Toutroiainie la flatterie, et le souverain collectil'd'Athenes, le penple, s'en tnontrail aussi avide (|u'ancnn souverain indi- vidu : c'est ce dont on trouve des preuves innonibral)les dans Aristophane. Comment done expliqner la hardicsse et I'impu- nite des re[)roches <|ue le poele Ini adresse en lace? \ oici le mot de cetle enigme : Aristophane tut couragenx; Aristo- phane snt amiiser les Athei.iens, it quiccnque les ainusail re- cevait pleine licence de leur tout dire, meme des injures. Les taits se piessent a I'appui de chaiurie de ces assertions Dans !cs Bahyloniens , Aristophane a deja lance ses premiers traits contrc ses concitoyens. Dans les C/ifvcitiers , il revient a la iharge , et s'en prend non-seultnient au peuple, mais encore a Cleon , le plus puissant des demagogues dcpuis la mort de Peric^les; et c'est une guerre a mort (ju'Il declare a ce formi- dable adversaire; car il le traduit en personne sur la scene, le designe par son nom, et le charge des imputations les plus odieuses. II voit. lui, sans sourcillei' les dangers de cettc double attaque, niais tout treml)le antour de lui. II ne trouve pas uni actempoin- jouer le role de (Ib'im. pas nn onvrier ]ionr fabri- LITTERATURE. 5;9 . Ailleurs, il se vante d'avoir le premier releve avec francbise les vices des Athenieus, et il pretend que le roi de Perse trouve leurs armes plus redoutablcs, depuis qu'il leur dorme des ronseils. Mais il eCit peri certainement , s'il n'avait desarme la baine par le rire, s'il n'avait repaudu le comique a pleines mains en meme terns que le blame; si les Atheniens, en sortanl de ses pieces, ne s'etaient ecries : il nous censure avec amertume, inais qu'il est amusant ! II faut savoir ce qui amusait les Athe- niens, pour connaitre quel genre de comique il a dCi adapter a sou drame esseutiellement politique, cl pour completer I'i- dee (jue nous devons nous former de son ibeatre. Dans de beaux livres, auxquels on nous renvoie sans cesse pour etu- dier les gouvernemeus et les moeuis de I'antiquite, et oli tout est faux, lout de convention, on nous represente les Atheniens dans les objets qui tenaient a rint^-ret public comme des pa- Iriotes desinteresses et d'incorrupdbles iegislateurs ; et, dans les choses d'esprit et d'imaginalion, comme iles arbitres d'un goCit delicat, d'un jugement exqiiis. On vante a tout propos le sel attique, le tact et la dclicalesse des Atheniens. \ous savons deja a (|uci nous en lenir sur le premier point ; sur le second, nous n'avons pas moins .1 reforsniT dans iios prejuge- .'pour 38o LITTl'RATUIU:. pen que nous vcuillons aiiiver a la vci ilc. Les Alht'nicns en masse etaicnl pouplo, tont-a-l'ait peuple, clans rai:(:option la plus stride et la inoins relevee do ce mot. Les images el les iiiols (lela plus degoiitante obsoenite ; I'expression des besuins les plus Inmiiiians pour la fierle de noire nature; les injures des hallcs; les plaisanteries de taverne ; les debauches de I'es- prit faux et etroil, telles que les poinles, les jeux de mots, les calembourgs, faisaient sans aucun doute les delices du grand nombre des spectaleurs atheniens. Pour les mettrc en belle humenr, pour les disposer a reccvoir, sans Irop re}>indjer. les graves reprimandes (juc merite leur eondnite j)olitique, Aris- tophane leur prodiguc ces amusemens favoris avec une I'aei- lite et une a!)ondance qui confondent. L'Aretin, llabelais, Vade et Brunei ont pu s'insjiirer egalemenl par la lecture d(! son livre. La premiere londition pour que les Atheniens prissent du plaisir a wne representation theatrale etait done qu'ils assis- tassenta une dionysiaque ou bacehanale cdntinuelle. Leur se- cond besoin parait avoir cte de comprendre vile et de suivre sans fatigue I'intention principale de I'auteur. Aussi Aristo- phane appelle-t-il un chat nn chat, et Cleon un volein-, un fourbe, un impudent (i); aussi, dans lonles ses comedies, n«; trouve-t-on pas mie seule intrigue fortement nouee, et dont les fds lie puissent elresaisis par i'intelligence la plus vulgaire : a la verile, il emploie l're<|uemment rallegoiie ; mais tdle est tellement transparente qu'il faudrait etre aveugle pour ne pas apercevoir la realite dcrriere son \oile. Enfin on doit se rap- peler qii'a Atheiies chaqne jour et chatjuc quartier n'avaient pas, comme a Paris, leur spectacle parliculier; que les repre- senlations etaient rares; que les Atheniens voulaienl rassem- bler les divers genres sm- la meme scene, revciller chez eux lon- les les emotions, et prendre en un jourdii plaisirpour sixmois. Aiistophane a largemcnt satisfail a lettc luule d'exigenccs: au^si prenez I'une de ses pieces an liasard, on analysez- to (l) Vi>yo7., dans les Chcralirrs, Its sct'iics ciilic Ic t liarcullei j Par ces concessions faites , par ces satisfactions dounees a tous les goOts, a toutes les fantaisies des Atheniens, Aristo- phane s'etait acquis le droit de censurer leurs vices, de fla- gellcr leurs drsordres , d'immoler les ambi;ieux qui les pcrdaient , de les retenir sur le penchant de I'abime oii ils se precipilaieut. Ainsi fait-il; el. si ces avis avaientete ecuiites, LirTEllATLllE. 585 les Allioniens auraieiit dclouriie tie leurs tetes I'onige des nial- lieiirs(|tii foiidit sur eux durant la guerre du Peloponese; d'vine main coiiragcuse, ils aiiraient aussi arrache de Iciir sein le iiial qui roiigeait lenteiuent les principes de leur liberie et de leur grandeur. Ami declare, constant auxiliaiie dc iSicias ct de Demosthenes, il soutieiit avec eux les parties .irislocratiques dc la constitnlion battues en breche et tombant de toutes parts en mines. II vient courageusement dcnoncer au peuple lui-meme lesabus de sonpomoir, les exces de ses nouvelles attributions ; i! vient rcclamer, pour les principaux citoyens, le droit, nou de decider sculs, c'est-a-dire en maitres, mais celui de con- seiller et de diriger le peuple, celui de remplir les charges. d'exercer les touclions, interdites aux pauvres par leur incapa- cile, etlivrees par leur ignorance aux flatteurset aux intrigans. La democratic est le gouvernement de tons les citoyens riches et pauvres, parlages dans fa distribution des potivoirs, seloii leur merite, leurs lumieres et leurs richesses ; I'ochlocratie est le gouvernement exclusil" de la populace aveugle et passion- nee. Oti Irouver une satire plus virulente dece regime absurde que dans les pieces d'Arislophane ? Le CHABCtiTiER. — Et dis-moi , comment deviendrai-je uii personnage, moi simple charcutier ? Demosthenes. — C'est pour cela que tu deviendras grand, c'est-a-dire parce quetues un vaurien, uneffronte, un homme de la lie du peuple. Le Charcutier. — Je ne me crois pas digne de cj haut rang. Demosthenes. — Quoi done ! d'oi'i vient que lu ne t'en crois pas digue ? On dirait que tu as quelque bon sentiment. Se- rais-tu done issu d'une honuete lamille ? Le CHARCiiTiER. — .I'en atteste les dieux, j'apparliens a la canaille. Demosthenes. — Mortel I'ortune! les heureuses qualites que tu as recues pour les afl'aires publiques Le Chahcutier. — Mais, mon cher, je n'ai pas la moindre education, si i e n'csl que jo sais lire, et encore assez mal. 584 LITTI'IRATIJUK. Dkmosthenes. — Ceci ponrrait le Idiio tort, de savoir lire nit-inc assez nial. Le goii\ernemciU pnpiilaire n'appaitient pas aux homines instruits el do moeiirs iricprochables , inais aiix ignoransetauxinfames. Ne dedaigne done pas ce que les dicux t'aniioncent par lours oracles (i). I)e pareilshomuies oessoraient d'ohtenir les prouiioros places dc la judioature, de raduiinistralioii, do rarmee ; les fiincstes docrots avec losquels on joue cliaqiie jour la prosporite et lo saUit de la republique cesseraient d'etre rcndus, au moment ou les uns et les autres uianqueraienl dc I'appui et des suf- frages de la multitude. Et la populace cesserail d'apporler dans le Pnix (2) son ignorance, son avougiement, sa corrup- tion, des qu'elle n'y serait plus attiree par un salaire. En effet, rexercioe des droits purement honorifiques , la perte de son terns sans profit, ne sont nullement de son goGt : I'examen et la decision d'affaires auxquelles elle ne couiprend rien la phi- part du tems I'ennuient mortellement : avant Pericles , il fal- lait recourir a la violence et aux amendes, quaud on voulait amener sur la place publique uu uombre de citoyens assez considerable pour que les lois fussent votees Itgalement. C'est ce qu'Aristophane comprend tros-bien : aussi n'est-il pas une seule de ses pieces oii il n'altaque , a diverses reprises, le sa- laire accorde au peuple, le fatal triobole. Mais, comme il sail en memo tems que I'interet seul a roroille d'une nation morte" a la verlu politique, c'est le langage de I'intoret qu'il lui parle. II lui conseille de prendre pour elle, a la place du triobole, les tribuls leves sur les allies, tributs que les demagogues dotour- uenta leurprofit, etdont le produit doit fournir abondamment a ses besoins, sans I'astreindre a remplir les devoirs politiques qu'on lui impose (5). Si la demagogio et I'intrigue ont, au moyeii du pouvoir Ic- gislatif, eleve I't'dilice de lour puissance sur la place publique,' (j) Les Clievalier.i, I. 11, p. 34, 35. (2) La place' publique d'Atlienes. (3) Voyez les Gitcpes, t. 111, p. 70-75. LITTERATURE. 585 elles ont place les deux arcs-boutans, qui leur servent d'ap- pui, dans le senat et dans les tribunaux. Le senat, mainlcnant domine par les democrates purs qui s'y sont introdnits en majorite, le senat, infidele a I'esprit et au but de son institu- tion, conspire a !a ruine commune avec la populace qu'il etait originairement destine a eclairer et a retenir. Ses dcciets, exe- cutoires pendant lui an, sont devenus rintermede ou le pre- lude des lois les plus desastreuses. De plus, il accueille toutes les accusations portees contre les ennemis de ('anarchic et du dcsordre. Pour que les hons citoyens conservent leiu- vie, leur patrie et leursbicns, il I'aut qu'ils ocliappent aux actions poli- liques intentees contre eux devant le senat; comme aux ac- tions civiles qui les atteudent dans les tribunaux, on ils re- trouvent encore la populace toute puissante par le nombre. Aristopliane vient se placer dans Icnrs rangs decourages, atta- quer leurs ennemis, battre en Ijreclie des institutions avilies et pernicieuses, avec cette machine du ridicule et de I'ironie, ir- resistible a Athenes. Dans les C/trvaliers , il monlre les sena- teurs accueiilant les imputations les plus absurdcs et les plus caloninieuses, prenant d'aliord en main la cause de I'intrignnt contre celui qui le demasque; puis, al)an(lonnant Tintrigaut pour son adversairc, des que le dernier leur a enseigne le mojen de se procurer une graudc quantite d'anchois, au prix d'une obole (i). Dans les Gui'pes, ce sont les attribniions judi- ciaires de la populace que le poete essaie de saper par leur base. II emploie d'abord le ridicule dont il couvre la manie de jugeret I'hnmeur processivc. II reveille ensuite I'amo:ir-pro- pre et I'amour de I'indepcndance chez les cito>ens paiivres, en leur montrant qu'on les tient captil's a la chaine dans le clicnil des tribunaux, pour les lacher ensuile conire ceux des allies ou des Atheniens qui ont encourii la disgrace des ambilieux. Et que la crainte de perdre les gratifieatious qu'on leur fait sur le Iresor ne les retienne pas. Encore une fois, des qn'ils aii- rontbrise le joug de ceux qui se sont etablis leurs maitres, ne (i) Les Chevaliers, t. ii, p. 71-73. T. xLvii. Aui'T 1 85o. 2:') 580 LITTlllRATUlU:. iO(l(!viemlroiit-ils passouvcriiins dispensateiirs ihisrevcniispu- l»lit'S?Cest ainsi que, pour miner rauloiite dc la populace, Aiistophane excite et flatte les passions populaiies : il veul que le nionstre se devore lui-meme. On a dit avec raison que notre revolution, meme en coni- menrant, etait deja achevee, parce que rAsseniblee consti- luante n'avait fait que decieter ce que I'imniensc niajoiite do la nation pensait et vouiait. 11 est evident qn'elle n'aurait ni voulu, ni pense de la sorle, centans plus tot. Ce grand clian- gement avait ete opere dans les idees par les ecrivains du xviu'" sieele. Si leiu" influence est incontestable, cclle d'Aris- lophane ne Test pas moins dans un evenenient de rnenie na- ture, quoique de resaltats diamclralement opposes a la crisc de 8g. II y avait vingt ans qu'Aristophane, presqued'annec en annee, presentait I'ochlocrafie sous un jour ridicule on odieux, loisquc, I'an 4 ' '? s'acconiplit a Athenes une revolution, dont les residlats naturels devaienl elre de detruire la souverainelc lyranni(|ue lac6 a rote dii lilio de cliaque ouvrage, ceux des livres ctiangcis ou iVan^uis qui paiaissent dignes d'line attention parliculierc , ct nous en lendions qiielqucfuis comple dans la seclion des Analyses. 3«j() LIVKKS J^TKAINGEKS. 1)011 usage (Ic la libcrte, dcs cnconrngcmcns a poisislor ilarii> la voie dcs pert'eclionneniens soi'iaux. G/|. — ■ Adresses deUicrcd on various piihlic occasions, etc. — Discoiirs prononccs en public, en difl'6rcnles occasions, par Joht) D. GoDMAN. D' iM. . ancien prolessenr d'histoin; natu- lelle a Vlnstiliit de Franklin (Pensylvanie), piol'esscur d'ana- tomic au college de medecine de Rntgers, nieml)i't> de phisieurs Societes savanles, etc. : avec un Jppendicco'^ rauleiir expose (Ml pen de mots les pernicieiix elfets siir la respiration, la circu- lation et la digestion , de riiahiliide contractee par plusienrs lemmes de serrer leur corps en sc lacant. Pliiladelphie, 1839; Carey. In-8" do ic)4 pages. Conime :M. God man sait Ires-hien observer les convenances, SOS disconis ne sont pas loiigs, ct ce petit volume en contient huit, outre pliisieurs notes que I'auteur y a joinles, afin d'en rendre la lecture encoie plus utile. Quoiqiie les sujets traites par le prolessenr soient tres-sericux , il se fit ecouter sans doute avec interet; car ici nieme (jn prend plaisir a le lire. Mais il ne dissimule point que ses discours out tie revus pour rimpression. Sa preface est empruntee a Boilcau, et transcrite telle que I'a I'aite noire illustie poete : « Parlous mainteuant de nion edition nouvellc. (]'est la plus correcte qui ait encore parii : et non-seu!ement je Tai revue avec beaucoup de soin,. mais j'y ai letouche plusieurs endroits ; car jc ne suis point de cesautcurs fuyant la peine, etc » M. Godinan n'est pas noa plus du nombre de ces auteurs paresseux qui, sous pretextc de conserver a leurs ouvragcs le caracterc d'originalite, y lais- sent suljsistcr tout ce qui fait reconnaitre une ebauche, un travail iniparfait, oi^i de bonnes pensees, un but louable, quel- (jucs trails d'eloqueuce n'empechent point qn'on ne remarquc (le trop nonibreuses incorrections. On ne saura pas mauvais gre a I\l. Godman du soin qu'il a pris de traiter en homme de Icttres aussi-bien qu'en savant des sujets tels que la dissection des nvorts, r<3tudc de I'anatomie , etc. Quelques autres sujcts- n'exclnaient pas quelques ornemens oratofres ; tels sont le dessin, ses usages et son influence, les charmes de Tetude de rhistoire naturelle. On reinarquera surtout dans ce rei^ueil un discours de chjture r(''serv(j pour la fin, comme on s'y atten- (lait. Mais ce qui devrait etre repandii parini nos dames, ce sont les observations expost-es dans I'appendice sur la model des corsets, on dies s'omprisonneul eu sc faisant laccr bicn serrees. Cetabus, qui n'est pasmoinsnuisible aux graces qu'a la sanli;, ue devrait-il pas itre combaltn en menie leins par le»J medecins et par les peintres? et ccs dernicrs , comme jugesj l^TATS-UNIS. 7>()x supiemcbcii in;ilit;i'c del)oaut6,ctpar conscquont cic bon goAt, n'auraient-ils pas eiuorc plus d'nscciK'niit que les medocins, tloul les ordonnaiKies soiit pai'fois ausleies? M. Godnian n'a pas neglige dc reclanier aus^i en I'aveur des graces un pen plus de liberie do ces lailles emprisounecs dans un corset, nn pen de souplcssc et de mobilite : niais il n'est que medeciu, et ie beau sexe ue Ie mellra point au noml)re des juges conipetens : c'est duncaux peiulres (pi'il I'aut s'adressor pour faire diminncr au moins iin mal si prejudicialjle. et de deux nianieres. II pa- rail que I'abus des corsets est pousse en Amerique beaucoup plus b)in qu'en Europe ; un journal de Baltimore en donne la preuve. Unc negresse arrivee depuis peu danscelte ville avait apporte les modes de NcAV-York, et s'y conlormait ponctuel- lement, meme dans son elat dc femme de chambre : pendant (ju'elle etait occupee a repasser dii linge, elle lomba morte. L'ouverture du cadavre fit voir que la compression du lacet avait deplaie Ie Ibie. La cause inmiediatc do la mort avait ele la ruptuie d'un vaisseau pres du cceur. 65. — *Mcmoirs of the life and ministry of llicrcv. Jo/inSinn- merfield, etc. — 31emoires sur la \ie et Ie uiiuislerc du reve- rend/o//«iS'(/w(HVf r//cW,pr(';dica ten rmelhod isle; par. 1. 11 oLLA^D. New-York, 185;). In-(S". Cette biographic est plcine de fails Ires-inlerossans sous divers aspects; la religion, la morale, I'lii^itoire de I'espril huniain y trouveront des observalions qui ne peuvent elic negligres, et quiseront appliquees lot on lard pour Ie bouheur de I'humanite ; e 1 voyant que les vertus evangelirpies appar- tiennent egalement a toutes les croyances cbreliennes , que chaque secte pent sc glurifier d'un certain nombrc d'hommes qui furent les disciples du Christ, dansl'accejjlion la plus juste de ce mot, on pensera que les points de doctrine qui diviscnt ces sectes n'ont aucunc influence sur I'espril rel'gieux, el ne devraient point etrc un obstacle a la reunion sincere de tons les Chretiens, au retablissement de VEglise telle (ju'clle tut dans ses plus beaux jours. M. Summerfield naquit en 1798. et mourut en 1825. Cette vie de vingt-sepl ans j)arailra lon- gue , en raison des evenemens qui la remplissenl. A I'^ge de onze ans, Sunmiertield dcvienlmaitrcd'ecolepour aider sa fa- inille accablee par un revers de fortune; un peu plus tard, I'enfantdevenu jeunehomme conlracte qiielques-uns des vices de son age, mais il rentre bientot dans la bonne voie, et Ie .jeune libertin de seize a dix-sept ans devienl un apotre a vingt .ans; Ie zele de la predication l'emj)orle an dela dc ses I'orccs, el prepare sa fin prrmaturee ; on Ie vit loujours prcchaut en ^0» LIVRKS JirR/\Ni;R)lS. Irlande, en Angloterre, en Ameriqiie, en France, nii il fit iin voyage pour rclablii- sa sanle tlelahree, onfin en Ameriquc, oii J il dcvait troiiver Ic setil ropos qu'il lui IVit possible de gouler. m Pendant son sejonr a Paris la Socicte bibliqne lint sa seance anniicUe; le piciix missioniiairc fit nn discours pom' cettc so- lennite ; i^l"'' la diicbessc do Bioglie le Iradnisit en fraiicais, et M. le resident des Ltats-Uiiis le prononra. Mais le climat du nord de la France ne I'lil rien nioins que favoiable a sa saute; ses maux pliysiques angnienterent. tandisque I'activite de son anie aclievait de consoniiner le pen de lorces qui lui restaient. 11 fallut retourner proniptemeiil en Anierique ; il etait a Bal- timore lorsqu'il appiit que son pere, elabli a New- York, etait atteint d'nne mahulie grave ; quoiqnc tres-souffrant Ini-meme, il ne perd )ias mi moment, va prodigucr a son pere les soins les plus tcndres et les jdus assidns, el suctondje en remplis- sant les devoirs de la piete filiale. Ses vertus i'urent aimables comme celles do noire Fenelon , conime celles d'un sincere ami des honmies; sa momoire ctail exlremement ornee, et lui fournissait des citations remarf|uables par leur autorite et leur a-propos. II avail cullive la musiqnc, et le scntimcnl du beau, partie essenticlle du talent oratoire, etait si developpe ct sisOr dans cet homme si heurensement organise, qu'il cQt ete I'un despremiers artistes de ce siecle, si ses baules lacultcsn'avaient point pris une autre direction, llemercions M. Holland de tons les details inleressans qu'il a recueillis sur cette vie bien digue d'etre connue de la generation actuelle et de celles qui lui suc- cederont. N. EUROPE. GRANDE-BRET AG NE. 66. — Et, comme un de ses voisins s'arrclait un joui' a sa porle pour lui parler de cetle pcrtc, John (]ly coupa coint aux dolcanccs du bavard, en repliquant : « Eh bien, si j'ai perdu nion clos, j'ai a la place un joli petit etang , ou je peux pe(ther, i^ans demander per- mission a pcrsonne. "II s'etait b-lti une maison sur le roc, a mi-cote dn vallon, et ati mois d'aout, lorsque I'eau faisait rage et batlait violcmment la porte et les fenetres, sa soeur, plus ilgec que lui, s'effrayail et proposait de fuir. « De quoi as- lupeur, fcnnne ! «lui cria impali(;mnient John, »n'avons-nous pas tons deux pour appni Ic roc de la uatuic , el le roc des sicclcs! » faisant ainsi une doubh" allusion a son age cl a I'K- fcrnile. No cioirait-on pa-^ rccounailic la philosopliique in- GllANDE-BIlETAGNE. 095 soiK'iance ct la (Vriiictc iriliiie f|iic "Waller Stoll .-'csl piu a poitulie.dans Ic niendiant Ochilliic do rAiitlquaire? Ce n'cst pas les seiils traits cic nature qui, dans ce livre, rappelleiil le talent du grand lomaucier ecossais. A chaqiie page on iccon- nait ses sites favoris et les moeurs auxquels il nous a inities: c'est plaisir de voir la richesse de la mine, et ce qui rests en- core a exploiter. Rien de plus dramalique que I'histoire du pauvreaubergisle Cruiikskanks, qui, apres une joyeuse jour- nee de chants et de danses, tut entraine par le torrent avec le radean surlequel il se trouvait, et, se craniponuant a unarbre, attcndit vainement du secours pendmt plus de six heures, poussant par intervalles des cris de detresse et de longs siflle- mens. 11 serait impossible d'analyser tons les passages curieux et interessans de ce volume , qui est a la fois une oeuvre litte- 1 aire pleine de merite, et qui forme les annales les plus variees du comte le plus pittoresque pent-etre de I'Ecosse. Sir Tho- mas Lauder a mele aux recits des desastres recens, les sou- venirs historiques du pays, les superstitions, les legendes consacrees, la description iles licux, etc. Enfin, pour comple- ter son travail, il y a joint deux cartes indiquant le coiirs des rivieres qui ont joue le principal role dans i'inondation ; et soixante-cinq gravnrcs a I'eau I'orlertpre.sentant des sites de la province, ses habi la us, leursmaisons, desruiues,desponts, etc. 67. — * Family Libraj-y. N" xiv : Lives of BriLish pliysicians. — Bibliothcque de lamille. N° \l\. Vies des mcdecins anglais. Londres , i85o; Murray. 1 vol. in-ia. La collection que l'aitparaitre31. Murray, sous le titre general de Bibliothcque de famille, devieut de jour en jour plus po- pulaire, et justifie pleinement son succes, par le choix des sujets, les noms des auteurs et la Ibule de dorumens curieux, de faits ignores, de remarques neuves, que rassemblent les volumes deja publics. Ce dernier donne les vies de dix-huit praliciens les plus eelebi'es dans I'art de guerir : ecrites d'uii style viC, anime, entremelees d'anecdotes curieuses, parfois plaisautes, et disposees de facon a former un historique fidele et tri's-remarquable desprogres de la medecine en Augleterre, depiiis le commencement du xvi'' siccle jusqu'a nos jours. Linacre , fondaleur du college royal des mcdecins de Lon- dres, arrive, a juste titre, le premier. Frappe desinconveniens qu'il y avail a laisser plus long-tems la medecine aux mains d'euipiriques , et de moines ignorans , il sollicita et obtintde Heiui ^ III la permission d'instituer une corpoialion rcgulicre de mcdecins qui pouvail senls delivrur le privilege d'excr- cer a Londres, el dans un circuit de sept millcs aux environs. 39^> LTYRES ih'RANGERS. Aprcs liii, vint Cains, iiiedecin do la (]our sous lidoiiard VI, la roinc Marie et la iciiie Elisabelh ; puis Harvey, doiit Ic iioin rappelle de grands services reiulus a I'art, et dont la theorie sur la circulation du sang pent rivaliser avec celle de Newton sur la lumiere ct la gravitation. 11 vint au monde a Folkstone, en iS^S. Sa reputation , commcncce de bonne hcure , lui va- lut la confiance de Jaques I", et ies bonnes graces de Charles, qui prenait un vif intcict a ses rccherches anatomiqucs, et as- sistaitrogulierement a SOS experiences. Ce tut a la requetedu roi (juc Harvey dissequa Thomas Parr, mort en i655, i I'age de cent cinquante-trois ans. C'etait un pauvre paysan, qui avait t'te tire de son pays natal, le Shropshire, etaujene a la Cour, comme objot de curiosito, par Thomas, comte d' Arundel. II s'etait marie pour la premiere I'ois, a 88 ans; a 102, il avait fait amende honorable, dans I'eglise , pour incontinence. A 120 ans, il avait epouse en seconde notes une veuve, avec la- quelle il vecut en tres-bonne intelligence. A i3o, 11 etait en- core batteur en grange , et faisait d'autres travaux penibles pour gagner sa vie. II se nourrissait de pain noir, fait de son , de fromage ranee et de petit lait aigre : mais , lors de son sejour chez le comte d'Arundel, il prit des alimens plus sub- stantiels, but du vin , et mourut au bout de pen de tems. Har- vey, altribua sa mort au ohangement de regime , et a I'insa- lubrite de I'atmosphcre de Londres. (cLes poumons etaient adherens a la plevre du cote droit; le coeur etait gros ; Ies in- testins en bon etat. Les cartilages des cotes, au lieu d'etre ossifies , comme il arrive generalemeiil chez les personnes agees, etaient souples et flexibles; particularite trcs-rcmar- quable dans un homme qui avait vecn plus d'un siecle el demi. La cervelle etait saine. II avait perdu la vue vingt ans avant sa mort, mais il entendait bien. Sa mcmoire etait mauvaise.» Lo manuscrit original du cours fait par Harvey est, dit-on, conserve au iMusee britanique, ainsi que quelquos prepara- tions curieuses (malgro leur impcrfeclion comparee aux inge- nieuses methodes employees aujourd'hui) qu'il fit lui-meme a Padoue, ou qu'il se procnra a coUc celebre ecole, et qui lui servirent a deniontror ses nouvellcs doctrines. II etait violem- ment afflige de la goutte; sa manicre de se traitor est assez singuliero pour Irouver place ici : «I1 s'asseyait los jambes nues, memo par la gclee, au grand air, sur les plombs de Cockainc-houso qu'il habita long-tems, ou bien se mettail les jambes dans un sceau d'eau, jusqu'a ce qu'il lYit presquc transJ de froid : il rcigagnail onsuite son poele, et Tacces etait passe. Pour coinbattrc les iusomnics auxquels il etait fort sujet , il GRAN DE-BRET AGNE. 397 usail a peu pies du meme mojcii ; il sc levait et se proinenait en chemise dans sa chanibre, jusqn'a cc que le froid Ic prit ; quand il comniencait a frissonner , il legagnait son lit, el ne tardait pas a s'endormir. « Nous passons a la hale, qiioiquc a regret, la vieducelebre Sydenham, cellederoriginal ct bouriu Radclifle , qui tenait a honneur de ne pas payer ses dettes. Uu pavenr, apies phisieuis longues ct values tentatives, le sui- prit un jour comme il desccndait de voiture, ct reclama avec instance le prix de ses jouruees. « Comment, druie, dit le doc- teur, til pretends le faire payer un pared travail ! tu m'as gale men pave, et tu I'as recouvert de terre pour cacher ta mau- vaise besogne.n — «IM. le docteur, repliqual'ouvrier, je nesuis pas le seul donl la terre cache les sottises. » — « Ah ! ah ! » reprit Radclift'e ; tu fais de I'espril, en ce cas, tu dois etre pauvre ; entre. » El il le paya. II perdit sa place de medecin de la Cour pour avoir repondu an roi Guillaume, quiluimontrait I'enflure de ses jambes, et lui demandait ce qii'il pensait : < Rla foi, je ne voudrais pas pour les trois royaumes de voire Majeste avoir ses deux jambes. » Mead, Huxham, Hunter, Baillie meriteraient chacun una mention particuliere; mais il ne nous reste d'espace que pour parler de Jenner, celui de tous qui a le plus puissamment contribue a la conservation de la vie, et a Tallegement des soiiffrances humaines. De toules les versions qui onl circule sur la decouverte de la vaccine, voici la plus authenliquc : '(Comme Jenner eludiait la mcdecine chez un professeur, a Sudbury, une jeune femme de la cainpagne se presenta pour le consulter. En rinterrogcant sur ce qu'elle eprouvait, il nomma la petite verole : elle I'interrompit, el lui dit :«Jc ne puis pas I'attraper, car j'ai eu celle des vaches (cow-pox). » C'etait une des idees populaires de ce district; uiais pour la premiere fois eiie atlira rattention du jeune medecin, qui ne tarda pas a s'assurer par lui-meme de la verite du fail. Dans une note, datee de 1799, il ecrit : « Je ne connais aucun au- teur ancien qui fasse allusion a celle maladie des vaches. Ce- pendanl, voici une anecdote qui me parait devoir s'y rappor- ter. Lorsque Molly Davis (depuis lady Mary Davis) et d'autres raillaient la duchesse de Cleveland, leur compagne, de ce qu'elle aurait bientot a deplorer la perte de celle beaute qui faisait tout son orgueil, et que pouvait detruire d'un moment a I'autre la petite verole qui regnait alors a Londres, elle re- pondit qu'elle n'avait rien a craindre de semblable, parce qu'elle avail eu une maladie qui rempecherail de jamais attrapcr la petite verole. Cette anecdote m'a ete comoiuniquee rccem- TmjS LlVllES ETUANGEllS. meiil par iin genlilhommc tie cc conite, mais il ii'a pu sc rap- pclcr 111 me citer son auteur. » Jciiner proilama parloiit .si loi dans I'dlicacite de la vaccino, mais il reiuoiUra dViliord ilc la tVoideur et de I'opposilion dans Ic public. II ii'eii poiirsuivit pas mollis sa taclie, anime dc I'cspoir dc diUivrer la paiivre luimanite d'un dc ses plus cruels lleaiix. C'etait la sa seide ambition. Lorsrpie son ami, M. Cline, I'lm dcs premiers dii- lurgiens dc rAngleterre , I'engagea a veiiir se fixer a Londres, lui piedisantqu'il se I'erailbienlot nnicveniide dix mille livres sterling par an, il refusa, preterant a la fortune, Ic repos et la mediocrite. «Si j'etais necessaire a la propagation de la vac- , cine, ecrivait-il, j'y sacrifierais mes gouts; mais il est evident qu'iine Ibis coiinue et adoptee la chose lera sun chemin d'elle- incme ; c'est un bon grain seme, qui nc pent manquer de rrnctilier, d'autant mieux que cette decouverto est de celles (jue tout le monde pent appliqner. » Nous bornorons la nos cxtrails de cc livre, en le reeom- mandant comme une lecture atlacbante, instructive, et comme un excellent modele pour crcer en France un ouvrage du meme genre, qui nous semble manquer, et qui serait, selon loute apparence, accueilli avec empresscnient. On pourrait meuie en agrandir le plan, et y faire figurer ceux des mede- cins etrangers dont la reputation est devcnue europcenne. 68. — Anli-Draco : or reasons for al/olis/iing the puniskment of death, etc. — L'Anti-Diacon : on raisons d'abolir la peine capitale pour crime de faux; T^ixr un Avocat. hondrcs, i85o; llidgway. Iii-S" de 49 pages. II arrive a certaines epoques que des idces long-tcms rele- giices dans le domainc des theories, des questions souvent agi- tees sans etre resolues, prennent tout a coup un corps, et iieviennent des faits de la veille au leudemain. II nous etaif donne de voir se realiser ainsi, comme par miracle, nos plus beaux reves de gloire el de liberie; d'elever le posilif au ni- veau dc notre imagination ; de vouloir noblement, et d'agir de ineme. C'est peut-etre le phis haiit point auquel un peu- ple puissc atteindre que cet accord entre ses principcs et ses actions. Lc plus difficile est fait, mais le triomphe d'une belle cause se lie a une foule d'interets sacres; toutes Ics pensees de droiture, de justice, se pressent a renvi Tune de I'autre, et reclament une place dans le nouvel ordre de choses qui les appelle et ne pent exisler que par elles. Quand la societe se relbnd et se purifie, conservera-t-ellc son droit sanguinaire de vie el dc morl ? Vouera-t-elle a rinl'amie un honune, iiieuilrier \i-ii\\\ v\ snide des deiiiers e prix de I'abonnement est de 12 schellings, payables a la fin du trimestre ; un schelling par nuinero de 36 pages in-S". Ce journal s'empare d'une eminente dignite, et s'impose les devoirs qui y sont attaches. S'il ne s'eleve point jusqu'a la hauteur de son titre, il ne sera point revoque, mais delaisse, re qui est encore plus facheux. Comme nous n'avons pas vu le prospectus de ce nouvel ouvrage periodique, dont I'appa- rilion ne remonte qu'au mois de mars de cette annee, nous ignorons quel sens y est attache au mot representant, en sorte que nous sommes reduits a nous en tenir au sens vulgaire. Hien de mediocre ne pent etre tolere dans le Representant des peuples ; il laut qu'unc forte raison s'y exprime arec une elo- quence soutenue, que tout y soit grand , digne des regards de toutes les nations. La politique des peuples, c'est celle des Americains affranchissant le Nouveau-Monde, celle des Grecff perissant pour conquerir leur independance, des ttats-Unis recompensant Lafayette, des Francais chassant un roi parjure : »;n presence de ces actes veritablement nntionaux, la pens6e tie pent plus s'occuper de petites choses ; on risque de I'im- pnrtuner, meme en I'enlretenant de litterature. L'organe des peuples- I'interprete de leurs vreux doit etre en meme tems GRANDli-BUETAGNE. 4.. 5 lour guide vers le but commun de leurs eft'orts. Qu'il recueilie les vues utiles a tous, et par consequent genereuses ; qu'il in- dique les institutions qui nianquent encore, celles qui doivent r-tre perfectionnees; qu'il conibatte les erreurs dont I'in- fluence est si funeste aux lois, aux nioeurs, aux gouvcinoniens: qu'il avertisse ceux qui s'egarent, invite ceux qui n'osent en- core se reunir a la confederation universelle, et qu'il s'atlache a fortifier de plus en plus celte alliance plus sainte que celle de certains rois contre les peuples :voilii comment il justifiera son titre, et s'acquittera de la mission dont il s'est charge. En I'aisant abstraction de son titre un pen Iroplastueuxpour un journal, on lit avec interet le Reprcsentanides peuples. Nous, Eranrais, noire avis sera peut-etre soupconne deparlialite, en laveur d'un ecrit periodique public a Londres en notre lan- giwc ; on se tromperait sur les motifs de nos eloges, comma on s'est mepris trop souvent sur le motif de nos critiques ; quel que soil I'ouvrage dont nous rendons compte, I'auteury est completement oublie , Tros TyrUisve fuat. Nous ne craignons done point de dire que ce journal aura I'approbation des An- glais raisoiinables, meme lorsqu'il discute les questions rela- tives a I'Angleterre. Quant a celles de la France, on ])eut voir par les numeros du mois de juiilet que les derniersevenemens y sont pressentis, mais que la I'apidile de leur accomplisse- ment et I'importancc du resultat n'ontete pre vues nulle part, et ne pouvaient I't'tre ; ce phenomene politique eta it en- core inconnu dans I'histoire, et i'etoimement qu'il a excite durera long-tems. On s'attcnd biea que la litterature tient peu de place dans ce journal ; fdans liuit numeros consecutifs que nous avons parcourus, nous avons vu la politique envahir toutes les pa- ^es; et nous ne I'avons nullement desapprouve. Les joyeux passe -lems viendront plus tard ; quant u present, soyons tout entiers auv choses serieuses. Si la politique de tous les pays est aussi-bien concue et Iraitee dans ce journal que celle de la France en particulier, les redacteurs ontalteint leurbut, et leur entreprise merite les suffrages et les encourageuiens de lous les amis de I'humanite. Le spectacle qu'ils meltentsous les yenx des nations est encore douloureux : en s'an elanl au u4 juiilet, nous y voyons la France inquicle , mais coura- geuse, I'Espagne et le Portugal continuant a rctrograder, I'l- talie n'avancant point dans la carriere des ameliorations, le sort de la Grece encore indecis, notre armee d'Afrique livree aux maladies et a I'incapacite de son chef, les vertueux exi- les des Pays-Bas sans asylc sur le continent ciiropccn, elc. 4o6 LIVULS ihUANGEKS. Le mois il'aout sera inoins Iriste ; des rayons d't'.siioir su feront jour a Iravers les sombres nuages dont I'avenir des peuples est encore enveloppo. Nous n'avons pnrlc que du but, de la tendance, de I'esprit du nouveau journal ; nous lui devons, et surtout nous devons a noslecteursde faire connaitre aussi le style de la plupart de ses articles , afm qu'il soil apprccie sous tons les aspects. Nous ne citerons point un article rclalif d notre pays; tranquilles desormais sur notre avenir, c'est des aulres nations que nous devons nous occuper : choisissons un article rclalif a I'ltalie. « Le moyeti principal du gouvernement de rAutriche en Italic, c'est I'espionnage. Timet limentes, metus in auctorem re- dit, a dit Seneque, en parlant du tyran. Cesmots s'appliquent on ne pent plus justemenl a nos gouvernans ; partoul oii il est possible que quatre personnes se reunissent, on est sOr de rencontrer un espion. lis sont sur les places publiques, dans les promenades, aux theatres, dans les cglises m6ines. Les ho- tels, les cafes, les cabinets de lecture en sont infestes; I'or- ganisation et la solde de cette bandedans toutes les rilles sont telles que Ton trouve toujours des hommes pour en faire par- tie. Les simples agens ont deux livres d'Autriche par jour, les inspecteurs en ont quatre, les espions nobles en ont dix, et les agens superieurs out a pen pres tout ce qu'ils veulent. ))0n avoue ici I'existence de cette police, et on obtient par cet aveu I'avantage de jeter la defiance dans toutes les rela- tions sociales , de restreindre les conversations, d'empecher toute reunion d'homme, d'inquieter I'amitie menie. Ainsi, I'i- solement des individus fait la force du gouvernement. » Les revolutions, comme on I'a ditavec rafson, se font dans les idees avant de passer dans les choses. Le grand soin de nos gouverneurs et de la police est de saisir les idees k Icur passage, et d'en empecher la communication. C'est pour cela que les hommes les plus remaiquabies par Icurs lumieres, leurs talens on leurs vertus sont environnes d'observateurs charges de rendrecompte desvisites faitesou recues, et mC'me de simplesbabitudes de famille; d'un autre cote, un ordre po- silif, donirexeculionest publiquc, faitouvrir toutes les lettres. et eiles sont remises dans cet etat. C'est ainsi que la crainte cmpechc a peu pres toute correspondonceavec les etrangers, la pcrsonne qui recoil une Icltrc etant consideree comme aussi coupable que ceile qui Tecrit. La surveillance de la po- lice s'etend plus spcciaiement sur ks elablisseniens d'instruc- tion jiubjique, les colleges ct les academies, et des rapports tri's-circonstancies rendent jouruellemenl compte des lei ous GRAi\DE-BllKTA(iNE — UISSIE. /|o; Hcs iiiiiilies el de la condnile des oleves, Au nioiiidio mot d'line interpretation hostile, au moiadie signe d'un sentiment national, le cours est svispendu , et Ic profes'-cnr destitne. C'est ce qui est arrive ;'i un professeur d'histoire qui, dans sa ehairo, avail cite eemot connu du pape.Iules II : Fuordel I'lta- lia i l^arbari, liors de I'ltalie les Barbares »Tout le reste de I'article n'est pas moins caracteristique, ni moins in- slructif. T". RUSSIE. I^S. — * Seance extraordinaire tenue par CAcadimie imperiale dcs Sciences de Saint-Pelersbourg , en I'fionneur de M. le baron A lexandre BE HvtABOi^uT , le i6 novembre 1829. Saint-Peters- bourg, 1829; imprimerie de I'Academie des Sciences. In-4'' de 40 pages. Les voyages de M. de Humboldt fourniront quelqucs-nnes des plus belles pages de i'histoire des sciences. Si Ton compare les resultats de la reconnaissance qu'il vient de faire an nord de I'Asie avec ce que Pallas nous avail appris sur les memes Gontrees, on sera snrpris de I'abondance de la nouvelle re- colte. Cependant, Pallas a ecrit tout ce qu'il avail vn, ettout ve. qu'il croyait, d'apres des temoignagcs digues de tbi ; son voyage diua plusieurs annees, el il eut le terns d'observer sous divers aspects, dans plusieurs saisons, les pays qu'il ti-aver- sait. II est vrai que Pallas etail jeune encore, qu'il elait moins bien seconde que M. dc Hundioldt ne I'a ete, el qti'a I'epoque o\\ il visila la Sibcrie, les sciences n'avaienl pas failles im- mcnses progres qu'un demi sifede de Iravaux micux diriges devait amencr. M. de Humboldt donne une idee tres-jusle de ces progres : citons cette partie inleressante du discours qu'il pronouca dans celle seance. « Pendant le long inlervalle qui a separe nics deux voyages, la face des sciences physiques, surtout de la geognosie, de la chimie, de la iheorie clectro-magnetique a considerablemenl change. De nouveaux appareils, j'oserai presque dire, de nou- veauxorganesont ete crees pons metlrei'homme en contact plus immediat avec les forces myslerieuses qui animenl I'oeuvre dc la creation, el donl la lutle inegale, les perturbations ap- parentes soul soumises a des lois elerneUes. Si les voyageurs modernes pen vent soumettre a leurs observations, en peu dc tems , un plus grand espace de la suporficie du globe, c'esl a la precision des sciences mathematiques et physiques, au per- fectionneraenl des melhodes, a I'art de grouper les fails et de 4o8 LIVRES ETRAKGEilS. s'el ever ;i des considerations gtnerales qu'ils doivent les avan- ta;, esdont ils jouissent. » Le voyageur trace ensnite los devoirs de ceux qui vont, couinie liii, a la decouverle des fails de la nature, devoirs auxqucls ont satisfait, dil-ii, ceux qui I'ont precede dans la carriere, et dotit I'exi-mpk a sonvent ranime son ardeur dans les momens di/ficili'S. Tel est, ajoiile-t-il avec modestie, la source des ftiibles succis d'lin devouinent que I' in- dulgence ie HAcadnnie a daigne agramlir par ses suffrages. «Terniinant sous d'heurcnx auspices un voyage loiiilain eu- treprisparordre d'unnionarquemagnaninie,piiissamiiientaide des luniieres de deux ^avans dont I'Europe apprecie les tra- vaux, MM. Ehrenberg et Rose, je pouirais nie borner ici a deposer devant vous rhoiiimage de ma vive et respectueuse reconnaissance; je pourrais solliciter de celui (i) qui, tres- jeune encore, avait ose penetrer dans ces mysieres antiques, sources nieniorables de la civili.-ation politique et rcligiense de la Grece, de me prefer le secours de I'art de bien dire, pour exprinier plus digoement les sentimens qui ni'animent. >lais jelesais, messieurs, le charme de la parole, dfit-il nieme etre d'accord avec la vivacite du sentiment, ne suffit point dans cette enceinte. Vous etes charges, dans ce vaste empire, de la grande et noble mission de donner une impulsion gene- rale a la ctdlure des sciences et des lettres, d'encourager les tra- vaux(|ui sonl en harmonic avec I'etatacluel des connaissances humaines, de vivifier et d'agrandir la pensee dans le domaine des hautes mathemaliques, de la physique du monde , dans celui de I'liistoire des peuples cclairee par les monumens des differens ages. Vos regards se portent en avant sur la carriere qui reste a parcourir, et le tribut de reconnaissance que je viens vous oflVir, le seul digne de voire iMslitution,'est I'en- gagement soleimel que je prends de resler fidMe a la culture des sciences jnsf|u'au dernier stade d'une carrieie deja avan- cce, d'explorer sans cesse la naline, et de poursuivre une route Iracre par vous et vos ilhistre-^ devanciers. » Nous regrettons de oe pouvdir tnmscrire en entier I'enu- meration des travaux scienlifiques executes depuis quclques anneesdans la Russia; mai;- il ne lant rien ometlre ile ces nom- hreii>es et imporlanles notices, non plus que de rindicatioQ des recherchcs ulterieures a faire sur le lerriloire de la Russie, dont I'etendue, dit notre voyageur, dcpasse celle de la partie visible de la lune; toutes les parlies des sciences physiques ont (,1; M. OuvABOP, piesidcnt tte I'Acarlemif. jassiK. 409 actiiellement besoin du concours des savans russes, afln dc completer et de coordonner les observations faites sur lesaii- tres parties de la terre. Ce discours est Ic proj^nanime general des questions a resoudre, I'exposition des niethodes a suivrc, la designation des iieux les plus propres aux observations : partout oii il sera lu , les savans se mettront a I'ceuvre, et s'em- presseront de contribuer a I'edifice dont M. de Humboldt nous presente ie magnifique ensemble. «C'est aux corps scientifi- ques qui se renouvollentelscrajeunissent sanscesse; c'estaux Academies, aux Liniversites, aux diverses Societes savantes re- pandues en Europe, dans les deux Anieriques, a rexlremite meridionale de I'Afrique, aux grandes Indcs et dans celle Aus- tralasie naguere si sauvage, ou deja s'eleve un temple d'Ura- nie,qu'il apparlient de laire observer regulierement, mesurer, surveiiler, pour ainsi dire, ce qui est variable dans I'econo- mie de la nature. L'illustre auleur de \a Mccanique celeste a exprime souvent verbalcment la meme pcnsee au sein de rinstilut. ou j'aieu le bonheur de sieger avec lui pendant dix- huit ans. » M. de Humboldt a toujours soin de parler des au- tres savans, et le moins possible de lui-meme : la justice et I'amitie sont deux passions auxquelles ii s'abandonne corame a I'amour des sciences. Le discours du president de I'Academie est parfaiteraent adapte a la circonstance ; c'etait une seance extraordinaire dont l'illustre voyagcur ilevait surtout laire les frais , comme il en etuit I'occasion. Nous voudrions aussi pouvoir transcrire en entier les trois pages ou M. le president a montre jusqu'a quel point il possede Vart de bien dire; mais il I'aut nous borner a la peroraison. «Felicitons-nous, messieurs, du concours favorable des evenemens qui, a I'tqioque la plus briliante de notre histoire, a amene parmi nous I'homme le plus digne d'en apprecier les avantages. Qui, mieux que lui, pourrait se rendre comple de cot accord de la force physique et de la force morale quiconsti- tue les grands Etats, et seul les consolide ? Que les scenes varices qui se sont offertes de toutes parts a ses yeux ne s'ef- facent pas de sa memoire : qu'il se souvienne loug-tems d'un pays oi'i son merite a ete apprecie, ses talens reconnus, son caractere estime a leur veritable mesure ; qu'il disc a ses com- patriotes, a I'Eiirope, qu'il a vu la Ilussie s'avancant dans la carriere qu'il a lui-meme illustree. » Deux Memoires furent lus a la meme seance, I'un par M. Hess, academicien adjoint, sur la geognosie des contrees situees au dela du lac Baikal. I'autre par M. Kdi-fer, membre de I'A- 4io LIVUI'S ETUANGERS. rndomic, siir quelqncs phcnomenes inagiietiqucs. Noiisaujoiis roc'casion d'cn parler ailleiirs. F. 74 ■ — * Mriiwires de f Jcadcmio imptlriale des sciences de Saint-Pctershoiirg {g(\ lat in ct en f ran fais). Sixieme seuie, rom- mcncoc cii i83o. Premiere section : Sciences mathematiqaes, physiques et naturelles. Tome premier : i"^ livraison (il y cii aura sept). Petershourg, i85o; imprimerie de I'Academic. Iii-4" do 1 1 5 ct IX pages, a vec line planche ; piix des sept liviaisons, i8 roubles (environ i8 francs.) ■ — Idem. Deuxiime section : Sciences politiques , histoire, philologie. Tome premier : i'* livraison (il y en auras/a;). Saint- Petcrsbonrg, i85o; imprimerie de I'Academie. In-Zj" de 88 pages, avec une planche ; prix des six livraisons, la roubles (environ la francs). L'Academie des sciences de Petersbourg a public, durant \c premier siicle de son existence, ^3 volumes de ses Memoi- res, qui ont successivemenl parn en cinq series, et sous les li- tres suivans : I. Commentarii Academim imperiatis scienliaruni Petropolitanwy depuis 1726 jiisqu'en 1747^ en \l\ vol. in-4° — ^.N ovi Commentarii , 1747-177(3, 21 vol. — 5. J eta, 1776-1783, 12vol. — 1\. Nova Acta, i783-i8o5, i5 vol. — Et 5, Mt'moHYS, 1803-1826, 11 vol. Cette derniere serie a etc plnsieurs fois annoncee dans la Revue Encyclopddique. A chacune de ces differentesepoques serattache quclque souvenir rernarqnable, lels que, en 1726, la Premiere seance piildique en presence de I'imperatricc Calherine 1'% epoquede I'inaugurationde I'Aca- demie; en 1747? les reglemensdonnesacette Socicte par Eli- sabeth, fille de Pierre I"; en 1776, la celebration solenncUe du jubile semi-scculairc ; en 1785, la nomination de la prin- cesse Dachkof, directeur de I'Academie; en i8o3, les nou- veaux reglemens donncs par Alexandre ; enfin, en decembre 1826, la celebralion de la fele secalaire. Pour facililer le debit de ses Memoires, et en accelerer la publication, I'Academie TJenl d'adopter nn nouveau mode pour la redaction de ce re- cucil, qui commence actuellement sa sia-ZUme serie, divisee en deux sections, conime I'indique le titre place en tete de cet ar- ticle. Lestravaux decetleSocieleserontmis, de cette maniere, a la disposition de tons les savans avec bcaucoup plus de ra- pidilc el de regularile qu'ils ne I'ont etc jusqu'a cc moment, ce qui nc pent manquer de tonrncr an prolil des sciences. Parini les qnalorze Memoires du plus haut inleret que con- tiennent les deux premieres sections que nous annonpons, il s'en tronven/k/ qui onl rapport a la Russie, et qui, par ce motif, fixeront raltenlion specialc des Iccteurs etrangcrs; ce RUSSIE. 411 sonl, dans la section des sciences mathematiques, les Me- jnoires : Sui' les Sds communs du gouverneyncnt d'lrkoatzk (en Siberie), par M. Hess; Culcal des oppositions de Jupiter et de Saturne, observees A Pctersbourg en 1818, par Tarkhanof; et dans celle des sciences politiques, histoire et phiiologie, les Recherches de M. Herrmann, sur le nombre des Suicides et des Homicides commis en Riissie pendant les annees 1819 et 1820; article de la plus haute importance ; la Notice, du meme aca- deniicien, sur VlLtat acluel dela Population tutare en Tauride ; enfin, celle de M. Grj;fe, en latin, relative a une ancienne Inscription grecque, trouvee dans les ridncs de I' ancienne ville de Sarai, prcs de Tzaritzine, sur le Volga. — Un des plus zcles et des plus savans coilaborateurs de la Revue Encyclopedique, M. Ferry, qui a dej;\ donne un article etendn sur les derniers volumes do la cinquiemescrie de ces Mcmoires (voy. Rev, Enc, fevrier 1829; t. xu, p. 545-366) consacrera incessamment ;\ ceux que nous annoncons ici une analyse detaillee, que re- clame i'importance des objets dont I'Academie de Petersbourg s'est occupee. ^5. — * Memoires presentes a CAcademie impcriale des scien- ces de Pdtersbourg , par divers savans, et lus dans ses assem- blees. Tome premier, \'° Uvraison (ii y en aura six pour chaque volume). Petersbourg, i83o; imprimerie de I'Academie. In-4° de 95 pages, avec a planches; prix des 6 livraisons, 1 5 roubles (i5 francs.) Les Memoires des 5fltan5JBI. IMassalski ii'a point dc concurrens parmi les ecrivains actnels de la Pologne; seul , il rappelle souvent le genie du grand Rrasicki; en le lisant on est en meme terns emu, charnie et I'gaye. Mais I'auteur abandorine quelquefois la route qui lui est si naturelle ; il tombe dans la tristesse, il veut etre grave et reveur; et alors il nous semble qu'il ne reussit point. Piusieurs de ses fables et de ses contes portent I'empreinle de la veritable poesie, et si I'au- teur se neglige parfois il n'ote jamais Tillusion a ses lecteurs. Sans doute le reciieil des poesies de M. Massalski n'est qu'un echantillon de son beau talent, et ceiix qui connaissent rhistoire de sa vie s'etonnent qu'il puissc conserver encore sa verve dans la position triste et facheuse a laquelle il est reduit. Cite parmi les etudians les plus distingues de I'uni- versite de Wilna, M. Massalski partagea le sort de tons ses collegues qui se faisaient remarquer par leurs tr.lens. En i8^5, Mickiervicz fut envoje en Tartarie ; Thomas Zan, en Siberie; Jezowski, a Moscou ; Alexandre Cliodzko , a Petersbourg ; So- bolewski, a Arkhangel et piusieurs autres etudians dans di verses contrees plus ou uioins eloignees des tVontieres de I'aiicienne Pologne. Quant a M. Massalski, le grand-due Constanlin lui reserva un sort encore plus triste ; il le condamna a etre sim- ple soldat , dans uu des regimens moscovites, avec la pension dc trois centimes par jour. Cependant ce jeune homme, au lieu de faire partie d'nne Societe palriotique, comme les au- tres compagnons de son infortune, ne subit le triste sort sous lequel il gemit actuellcment que pour une ftuite tres-legere et entierement etrangere ;'i la politique : c'est done au milieu de la vie etrange a laquelle il a etc condamne, qu'il a com- pose toutes ses poesies. 78. — Poezye Kazimierza Brodzinskle£;o.- — Poesies de Casi- mir Brodzinski. Deuxieme edition. Varsovie, 1829; -2 vol. in- 12. M. Brodzinski, savant professeur de lifterature polonaise a I'universite de Varsovie, est place aujourd'liui au premier rang parmi les poetes nationaux. La naivete, la candenr et la simplicite sont les qualites qui distinguent surtout son talent; et I'amour de la patrie domine dans tons les ecrits qu'il a pu- blics, tantot en vers, tanlot en prose. II a d'abord consacre sa lyre a la gloire des guerriers polonais, et se fit connaitre par les poemes intitules : Le Legionnaire en Italie, le Camp de Raszjn (1809), et par piusieurs autres ouvrages du meme genre; s'essayant ensuite dans la poesie villageoise, il sur- 4i4 LIVllES ETRANGERS. passa lous ses devancieis, surlout par le pocme aiiquel il donna lo litre de IVieslaw, et qui est, saus coiUredil, unc dos productions Ics plus reniarquables dans ce genre. Plus tard, il voyagea dans les Etats slaves de I'Aulriche , y etu- dia les huigues de la Boliemc, de la Moravie, de I'lllyrie , de la Croalie, de I'Esclavonie, etc., et publia en polonais une traduction, pleine de heaiitesel de naivete, des chansons nalio- nales de ces penples. Ccpendaiit M. Brodzinski nc cherche jamais a fasciner I'esprit de ses lecteurs ; sa maniere est celle qui s'adresse au cceur plulol qu'a I'imagination ; elle n'en est pas pour cela moins pourvno de charmes el d'attraits. Aussi, la iiouvelle edition de ses poesies, augmentee de plusieurs pieces inedites, a obtenu les plus grands eloges, et toules les voix se sent accordees pour lui decerner les honimages les plus flatteurs. 79. — Poczye bibiiyne Stefana pyilwickicgo. — Poesies bi- bliques, par E^ienneWiTAviCK.!. Varsovie, i83o. 1 vol. in-12. 80. — Poczye sieLskie. — - Poesies champetres, par le inemc auteur. Varsovie, i85o. 1 vol. in-12. 81. — Edmund. — Edmond, reman, parle meme auteur. Varsovie, 1829. ivol.in-8°. M. EtienneWitwicki debuta, dans la carriere litteraire, pai' des poesies detachees, qui furentinserees dans divers journaux de Varsovie, depuis 1820 jusqu'en 1822. Son talent plut au public, et Ton atlendit avec inipaliaice la publication du re- cueil coniplet de ses productions. C'etait I'epoque oi'i la poe- sie allemande etait engrande faveuraupres des Pulonais, par suite de la publication des ouvrages de M. Mickiewicz, le plus distingue des ecrivains Ibrmes par I'etude de la litleralure de I'Allemagne ; M. >Yitwicki, au lieu de suivre les inspirations de son propre genie, s'essaya a imiter ces ballades dont le nom meme ne lut jamais connu chez le people polonais; il ne fut pas entieremeut heureux dans cette maladroite tentative. La critique releva tons les defauts qui deparaient son recueil, mais ne negligea point de proclamer le talent bien reel de I'auteur pour d'autres genres de poesie. Quelques annees s'e- laienl ainsi ecoulees, et M. Witwicki, persuade enfin de I'ini- pussibilite de suivre une vocation qui n'etait point la sienne, se iivra a des travaux serieux dans un genre nouveau, dont il est le createur en Pologne : c'est la poesie bil)lique. II y a une diflerence notable entre ses anciennes ballades et le recueil qu'il a public il y a quelques mois, et totit a I'avantage de cc- Ini-ci. On y remarque deux especes de poesies : dans les unes le poele traduit des exlraits de TAncien Testaroent, comme POLOGNE. — ALLEMAGNE. /|i5 par exemple Raih, Samson, tire des livres des Jiiges, Saiil ct David, des livres des Hois, etc. ; dans les autres, il donne une nouvcile tonne aiix sujets tires des livres des Hebreux, el telle est enlre autre Table, scene lyriqiie. L'apparition de eel oii- vrage excita les plus vifs eloges, et I'auteiir I'ut ainsi ample- ment dedommage du peu de succes de ses premiers ouvrages. — Les'anciens Hebreux sont, il est vrai, aussi etrangers aiix Polonais que les Allemandsactuels ; mais I'espril religieux qui regnedans leurs ouvrages est celui sur lequel la Pologneciu'c- tienne s'est formee. Aucun pays ne possede d'aussi belles ct d'aussi nombreuses traductions de la Bible auxvi" siecle que la Pologne; et c'estevidemnicnt la languc duxvi" siecle qui sert de modele aux ecrivains actuelsdecepays. Ainsi, M. ^Vit\vicki, en puisant dans les Bibles de ce siecle et ses sujets et les beau- tes de la langue, se trouva sur le terrain national qui lui con- vicnt le mieux. A peine eel ouvrage eut-il paru , que I'auteur en publia an autre, sous le litre de Poesies champelres. Autant on remarquc de dignite el de luajesle religieuses dans le precedent, autant on est cliarme dans cclies-ci par des beaules qu'on ne re- trouve que dans les ouvrages de Brodzinski. Tout ce (pic nous avons dit des meriles de ce dernier potte, s'applitjue aussi an recueil des poesies cbampetres de M. "VVilwirki; niais on peut apercevoir facilenient enlre ces deux ecrivains une difference reelle : le premier nous retrace le la])leau des moeurs de tons les slaves occidentaux (Polonais, iMoraves, Bohemes, Croales, etc. ) , et senible s'allacher a laire con- naitre I'esprit general qui les rapproche ; lundis que son eniule se renferme dans les bornes de la Pologne , qu'il veut separer des autres pays slaves. Ensnite, M. ^Vilwicki a consacre son recueil specialement a ce genre, taudis que M. Brodzinski ne lui a donne que peu de place dans son recueil. Nous ne pouvonsque feliciter M. \Vilwicki d'avoirchoisi une si belle route, d'avoir cherche la simplicite el la naivete dans deux genres de poesie populaire, qui. I'lui el I'autre, couvien- uent surtout aux mccurs et aux idees de ses conipatriotes. — Eufin, quant au roman intitule Edmund, ou I'auteura voulu relracer le caractere d'un enthousiaste, il possede tons les meriles du style et de la diction; mais il nous semble que le choix du sujet n'a pas ete tres-lieureux. M. P. ALLEMAGNE. 82. — * Gescldclitliclie Darstellan^ des Ilandels, etc. — Ta- ^ifi LIVJIKS jiTllANCERS. blean historique dii commerce, des arts mecaniqucs et de I'a- gricultiire des priiicipanx Elats commercans de notre tems, Yiar Gustave de Gulich : T. I. Jena, i83o; Frommanii. Grand in-8" de xii-489 pages, plus 9 reiiilles de tableaux. M. deGulicli, liche proprietuire dans le royaume de Hano- vre, dnue d'un esprit juste et inlelligent, actif et penetrant, dont il a dcveioppe les dispositions naturelles et les facultes par de bonnes etudes, an moyen desqnelles il a acquis des connaissances aussi etendues que prof'ondes dans I'histoire, les sciences naturelles et physiques, I'agricullure, le commerce et I'industrie, continuellenient occupe du desir d'etre utile a son pays, consacre son tems, ses etudes et sa fortune a des recherclies dans I'interet des sciences en general, et speciale- ment du commerce, de rindustrie et de I'agriculture. C'est ainsi qu'au milieu de ses etudes, attire de plus en plus vers ces trois derniers oi)jeIs, il concut le projet de poursiuvre , d'une maniere plus particulicre encore et plus active, les re- cherches necessaires pour en acqueiir uiie connaissance aussi cxacte qu'approfondie, et pour s'inslruire a fond de leur etat actuel, particulierenient en AUemagne ; et enfinde conim(mi quer an public les resultats de ces recherches. Telle est I'ori- gine de I'ouvrage important dont nous venons annoncer le premier volume. Get ouvrage est dans le genre de celui de M. Alex. MoREAv DE JoNNES : « Le co7nmerce. au xix'siecle, etc.,» pu!)lie en 1825. Mais le travail de M. de Gulich pre- senlc un plan beaucoup plus eteiidu, puisqu'il place le com- mencement de son tableau dans les tems les plus recules, et qu'il embrasse dans ce meme plan, outre le commerce, les arts industriels ou mecaniques et Tagriculture d'une maniere plus parliculiere que M. Moreau de Jonnes qui ne les traite que comme accessoiies. Nous nous absliendrons de tout juge- ment sur le contenu de ce premier volume; nous nous con- tenterons de direqu'habitant le meme pays que I'auteur, nous avons ete temoin du travail et de la peine qu'il s'esl donnes pour recueillir les materiaux necessaires a la construction de son grand edifice ; de I'activite et du zele avec lesquels il a tra- vaille a rasscmbler ces materiaux el a les mettre en oeuvre, fait des voyages de longue haleine dans diverses parties de i'Allemagne, en France, en Angleterre, dansles Pays-Bas, etc.; en nn mot qu'ii n'a rien epargne pour donner a son ouvrage loute I'importance, I'exaclitude et I'etendue dont son sujet etait susceptible. Ce premier volume est divise ainsi qu'il suit: Apresl'intro- durtion qui remplit 42 pages, etdonneunaperfuderensemble, ALLEMAGNE. 417 vient I'cxposition historique de I'etat du commerce, de I'in- dustrie et de ragriculture de I'Angleterre, divisee en neuf pe- riodes. Vient ensuite une exposition semblable pour le Portu- gal, puis pour I'Espagne. Apres cela, suivent les chapitres consacres a la France, aux Pays-Bas, i la Russia, a la Pologne, a la Suede, a la Norvege et au Danemark. Le tout est accom- pagne d'un grand nombre de tableaux explicatifs et compa- ratifs des resuitats des recherche? historiques deduits dans le cours de I'ouvrage. Nous terminons cette annonce par la transcription d'un des plus petits de ces tableaux afin d'en donner une idee : c'est la seule citation que, par rapport a I'espace, nous osions nous permettre. II est intitule : AperfLi de I' importation et de f exportation de la France, depuis Tannee \'ji& jusqa'a L'annee i823. Tbhme MOYBN ANNUEL DANS LES ANNEES Importation. Exportation. Francs Francs Dc 1716 a 1720. 92,091 000 121,258 000 — 1720 ^ 1732. n 5,883 000 «48,477 000 — 1-52 a 1735. I23,402 000 164,596 000 — 1755 ji 1739. 167,655 000 194,951 000 — '739 a 174s. 182,667 000 248,529 000 — 1748 a 1755. 275,551 000 53g,igo 000 — 1755 a 1763. •74,787 000 249,044 000 — 1765 a 1776. 535,376 000 391,673 000 — 1776 k 1783. 545,609 000 557,815 000 — 1783 a I7S5. 567,710 000 493,947 000 — 1785 k 1787. 6o3,g44 UOO 525,557 000 En 1792. (les assig nats.) 919,455 000 Soo,g7g 000 — 1793. (d 3 meme.) 3o4,859 000 354,961 000 — 1800. 5i5, 116 000 271,575 000 — 180!. 419,940 000 3o5,4i5 000 — i8io. 536,000 000 576,000 000 — 1812. 257,000 000 583,000 000 — i8i5. 198,416 000 397,704 000 — 1816. 261,569 000 463,221 000 — 'I'l- 539,800 000 394,787 000 — 1818. 556, gi3 000 449,206 000 — 1819. 5o9,223 000 4.15,479 000 — 1S20. 565, i5g 000 454,918 000 — 1S21. 594,442 000 404,764 000 — 1822. 426,176 000 385, 1 68 000 — 1823. 561,828 000 390,754 000 Ce tableau est acconipagne de faut nous abstenir de traduire. T. XtVlI. AOVT i83o. notes explicatives, mais qu'il Cc volume est termine par 27 4i8 LlVUliS liTUAiNGEUS. deux lisles des ouvrages dont rauleiir a fait usage; Tunc coii- lient Icsouvragesalleinands, I'aiitre les livros francais, latins, anglais etc. /. de Lucenay. 85. — Topographisclie Carte dcs Rlieinslromcs. — Carle topo - graphique du cours du Rhiii de Huningiie a Laulerboiirg. Fribourg, i85o; Herder. In-l'olio ; prix, 54 florins (rio IV. environ). Nous avons emis notre opinion sur cetle belle enlreprise (voy. Rev. Enc. , t. xm , p. 159), qui est, conime noiis I'a- vons annonce, le resultat du travail dc la comnussion des li- rniles, et qui presente sur I'echelle ^..'-^t, tons les details que Ton pent desirer, soit dans I'interet de la strategic , soit dans celni de la geographic, soit memedans celui de I'agricullnrc. Depuis Timpression dc notre article, M. Herder a complete sa collection , et ses dernieres cartes sont dignes de I'execu- lion des premieres; jamais la lithographic ne produisit rien de plus parfait. Combien il serait desirable que nous eussions pour toutes nos provinces des cartes semblables ; mais leslra- vaux necessaires a leur execution exigent d'imnienses depen- ses ; la publication elle-meme n'aiMait pu avoir lieu sans le secours du gouvernement. Les cartes que nous avons a signa- ler a I'attention de nos lecteurs sont celles qui portent les numeros lag, i5, \l\ et 17. Elles sont accompagnees d'nn superbe titre entoure de medaiilons, an pied de ce titre est un petit monument a cole dnquel sont les atlributs de la science, et ou Ton volt, sur le i'ronlispicc, les noms deM.Al. de Bercklie'un el Gidlteminot, des colonels Tulla et Epaillj, des capitaines i^c/fe^f/ et Iiiiiiielin, qui (ous ont concouru a ce beau travail; les premiers, en fixanl ios liniites des deux ttals ; et les deux derniers, en Iracant ces cartes. Les douze medaii- lons representent Archimude et La Condamine, Kepler et Tycho-Brahe, Copernic et M. TuIIa, Galilee et M. de la Lande, enfin Herschell et Monge. Le tout est surmonle d'une vne de Strasbourg, prise de la rive droite du Rhin, et dominc par les armes de Bade. II y a , en general , beaucoup de goftt etd'elegance dans la disposition de ce titre. II est suivi d'lm second qui presente le sommaire des 19 cartes dont se com- pose I'atlas. Les details qui suivent le cours du fleuve s'e- tendent toiijours a unc demi-lieue; on y trouve jusqu'aux croix de mission; mais, dans les fortifications d'Huningne , on ne voit rien qui annonre qu'elles sont delruites ; on a meine siguale la redoute Abatlncci. An reste , toujours mcme exactitude u marquer les maisons isolecs, les rues des com- ALLEMAGNK. 419 munes, etjusqu'auxeciuscs descanaux Jereniarqiie avcc plai- sir, qu'aiiprt'scic Kembs, la Cambes des Remains, on n'a pas oublie Icsvt'sligcs de rancieiine voie, et je legretlc (|u'on n'ait pas indique renibianchement qui partait de ce lieu et Ira- versail la foret appelce la Hart, so dirigeant sur Mandeure. On n'a point omis tonlei'ois les vestiges tie la rive droite ([ui conimuniqnaienl ;i ce passage, el pour lesquels nous ren- vo^'ons au savant ouvrage de M. Leiclit/cn, intitule : La Souabe sous les Romalns. Nous avons remarqiie sur le nu- mcro 5 jusqu'a la forme oclogone du temple d'Otlmarsheim. Pll. DE GOLBERY. 84. ■ — * Bilder far dieJugend, etc. — Tableaux pour la Jeu- nesse, rediges et publies par Ernest de Houwald. T. 1'". Leipzig, 1829; Gocscheu. ]n-.S° de vi-2j2 pag. avec i3gra- vures ; prix, 8 I'r. M. de Houwald, dont le nom est si avantageusement connu dan< le nioiidc iitteraire comme potte tragique, presento ici a la jeunesse des materiaux pour son instruction et son aniu- semenl, apres avoir, il y a quelqnes anuees, comme un delas- sement d'ouvrag'es plus serieux, deja travaille pour I'enfance. \oici comment cet aimable auleur raconte, dans sa preface, I'origine dc Touvrage dont nous annoiicons le premier volume. Le feu libraiie Goeschcn, a qui la litterature alleniande doil d'importans services reudus, possedait un grand nombre de planches de cuivr£ gravces par les njeilleurs artistes de I'Alle- niagne, et il lui en avail laisse choisir quelques-unes pour en- richir son livre destine a I'enfance, public en 1819. Mais rintenlion du proprietaire de ces planches elant que les autres fussent aussi publiees pour I'usagc de la jeunesse, chacune d'elles, accompagnee d'une description convenable, ayant pourbut d'instruirc en amusant, M. deHouwald lui promil de se charger de la ied;iction du textc de ces tableaux; et c'est ainsi qu'il a compose lui-meme, ou choisi et arrange, les treize descriptions coulenues dans ce premier volume. Autanl qu'on pent (ni jugcr par ce premier volume, eel ou- vrage doil avoir une influence avantageuse sur la jeuntisse ;\ laquelle il est destine, tanlsous le rapport moral que souscelui de I'estbelique et dugoCil; et, nSus n'en doulonspas, il attein- dra son but. Les gravures que contienl ce volume sonl dues au burin de graveurs recommandables, les FIcischmann, A. TV. Boe/im, Jcs. Siceber et C. A. Scliwerti^ehurt ; el plusieurs onl ete failes d'apres les dessins de Ramberg. II nous sullira, pourappelerralle.iticn sur cet inleressant petit ouvrage, dont 420 LIVRES ETRANGERS. nous aftendons avec emprcssemeiit Ic second volume, de citcr qticlques-uns dcs sujets traitos dans ces gravures : cc sont rieiTC-le-Grand et Charles \1I, avec la bioj^iaphic de cliacun de c&s deux grands honimes ; la Villa d'lloracc ; ccUe de Me- ccnes; le ^ignoble du poete Koerner, pres de Dresde ; une Viie de Blascwilz et du pavilion de Goethe , prise du vif^noble de Koerner, et anlres, toutes suivies de descriptions char- nianti's. J. de Lucenay. 85. ■ — Ilcllenlsclie Attertluimskundc. — Coiniaissance de I'Antiquite grecque sous le rapport du gouverncnient , par If^ilhelm AVachsmxjth, prolesscur a i'Universite de Leipzig. T. 11. Halle, 1829. In-8". Ce second volume est consacre a I'economie politique, ii la legislation et al'organisationmililaire. L'auteura toujours le merite de resserrer beaucoup de choses en pen de mots : aussi ne se jette-t-il pas dans les divagations auxquelles auraient pu Tontrainer t'acilement les nonibreux ecrits deja publics sur cc sujet. Athenes I'occupe principalement, et c'est sur Athcnes aussi que les anciens nous ont laisse le plus de details; on ne pouvait done manquer, en se reportant aux sources, en i'ran- chissant, pour ainsi dire, ce monceau de dissertations moder- nes, de faire jaillir de I'antiqnite quelques etincelles qui n'avaient point encore briile aux yeux du monde savant, et pen de personnes etaient aussi capables que M. "VVachsmuth d'obtenir ce succes. II examine quelles f'urent, dans les terns heroiques, avant la guerre des I'erses, apres cette epoque, les institutions judiciaires, militaires et financieres de la Grece. 11 y a une belle et prolbnde introduction sur I'organisatiou des cites grecques, sur leurs divers magistrals, sur les phjles, les phratries, les genos, les demes. Le commerce interieur et les iinances occupent la premiere section; tout ce qui se rap- porte a ces objcts y esttraite : poids, measures, routes de com- mereo, marchandises, relations d'Etata Etat, passent successi- vement sous les yeux iocle, elle nous fait participer le plus lot possible aux ameliorations ameuies par le tems, et fait souvcut [)roveuir les maux que ces perfectiounemens pen vent enlraiuer ; car co sont des inno- vations que Ton n'oblient point sansquelquesefforts, et memo sans quelque douleur. Ceux qui refusent de se livrer a co niouvenicnt general, et protendent rosier immobiles comme un roc au milieu d'un ileuve rapide , oprouvent malgre eux I'acliondu ouurant; ils dccroisseulet s'afl'aiblissenti.'i lour insu. ITALIE. — PAYS-BAS. 4a; tandis que rinipetuositc de I'onde qui les mine va toiijoiirs en aiignienlanl, et finit par les entrainer. Telle est la veritable, la scule cause des levolutions dont iiotre age est feinoin , y. compris celle qui vient d'etre operee en France. Le sen! inoyen d'e\iter cesviolentcs catastrophes est de se laisser en- trainer paisiblement, d'acepter ce que le tems et le progres des connaissances nous apportent; et cette sage lesignation neyieudra point, si I'on detourne ses regards du grand spec- tacle de la marche des sciences, des arts, des opinions, des penples; si Ton redoute le contact des elres divers qui se meuvent dans cette i'oule, souvent avec peu d'ordre. Qu'on lise les journaux, qu'on en lise beaucoup, plutot dans un ca- binet de lecture que chez soi. Dans une reunion de lecteurs, on apprend a connaitre les differentes classes qui les compo- scnt, a les juger plus favorablement ; on s'en rapproche , a mesure qu'on les estinie davantage, et ces resultals heureux sont bien plus assures a mesure que les reunions sont plus nombreuses. Ces observations sur les salles de lecture nous out entraines loin de la Feuille commerciale, redigee par M. Pastori. Nous ne pouvons juger que de la seconde parlie, I'Eckctiqtie : celle -ci, d'apres les numeros que nous avous sous les yeux, est I'aite avec beaucoup de snin et d'impartialite dans les jugemens; les auteurs et les lecteurs ont lieu d'en etre egalement satisfaits. Quant aux auuonces commerciales ou bibliographiques, on ne pent douter qu'elles ne soient exactes : mais, pour les dernieres, nous devons ajouler qu'el- les seront d'aulant plus nombreuses, que les produils des presses italiennes seront d'autant plus complelement annon- ces au monde litteraire, a mesure que le cabinet de lecture sera mienx fourni de journaux, et que, par consequent, il sera plus frequente, et comptera plus d'abonnes. L'entrcprise de Jl. Pastori, honorable et utile pour son pays, merite d'e- tre encouragee par ses compatriotes et par les etrangers amis des letlres qui voyagent en Italic. N. PAYS-BAS. 1)3. — De Zeehacl inrigtint^ te Sc/ieveningen, etc. — Les bains de mer a Scheveningue, et la saison des bains de 1828, par J. F. d'Aumerie, docteur en medecine, attache al'etablis;- sement des bains. La Haye, 1829. In-8' dc 1 18 pag-es. Ce n'est que depnis peu d'annees que ics bains de mer out acquis quelque vogue en Hollande , et ce n'est que depuis iSaSqu'existe a Scheveningue, pres de laHaye, cet etablisse- meiit nwgaifique, qui, a la verite, pent etre nomme europeen, 428 LIVRES l^TRANGERS. ct qui rivalise avec Ics olablisscmens de cetle sortc les niieiix orf;;anist'S, s'il nc les siirpassc. L'oiivrajjcqiienousaniionoonsconlienlccsquatrc chapitres : lino (Icscriptioii de rclablissenicnt, iin apcrcu des avantages qu'il oflVe, et une relalion do I'analyse cliiniiqiie dc I'eau de mcr dc Schevenirijj;ucpourcn determiner les vcrtusniedicales, des obscrvalions sur la saisoii des bains de 1828, etc., le rc- cit de qiielqucs gneiisons reniarquables qiiiy ont eii lieu; en- fin, une invilalion a pkisieurs genres de malades pour venir cssayer la guerison de leurs maux aux bords dc I'Ocean, a Scbevcningue. On pent altestcr la verncile des lecits que cet ouvragcconticnt, et le grand nombre d'etrangers qui sont ve- nus visiter les bains de Schevcninguc, en 1829, offre les plus heureux augures pour la prusperile de retablissement. X. X. Ouiragcs periodiqaes. g/j. — * Journal cCAgricuUure, d'Economle riirale et des Ma- luifactitres.DeuxUviescrie :l. xt. Bruxelles, 1800; au biwcau, rue des Sablons, n" 28 ; Paris, Raynal , rue Pavec-Saint-Andre, 11° i5. Un vol. in-8° chaquemois ; prix, 18 fr. par an. Une colonic de laboureurs beiges est passee par Paris, au commencement de juillet, avec un convoi de chevaux et un cbargement d'instrumensaratoiresd'origineflamande. M.A'an- Castell, savant agronome et proprietaire dans le Berry, pro- cure a cette province une importation, donl les siecles der- niers ont fourni des exemples assez nombrcux. La Belgique a devancc les aiitres nations modernes dans I'agriculturc , comme elle a la gloire d'avoir exploite dans le nord de I'Europe des genres de fabrication et le commerce qui firent, au moyen age, la splendeur de Venise el de Florence. Les Anglais eux- memes avouent qu'ils sont redevables de leur horticulture a des jardiniers flamands; ce furent des lisserands beiges et normands qui, au xiv" siecle, porterent la fa])rication de la toile dansla Grande-Bretagne. Vers i55o, un courrier fut en- voye de Londres ;'i Calais, afin dc s'y procurer un pic.on d'huile pour les satades deS. M., suivantle manuscritdesdepensespar- ticuliercs de Henri Mil. J'aidcjadit (voy. Rev. Enc, t. xxxvi, p. 4/2), qu'il y a luoiiis de 40 ans, la culture du colza s'est repaudue de la Flandre dans le Calvados et d'autres departe- mens, dont elle est devenue une des principales richesses. Cc- pcndanl, un tres-petit nombre d'agronomcs IVancais propagent les cspeccs superieures de-la pomme de terre de la Belgique , s'occupent d'amcliorcr nos cspeccs bovincs et chevalines par celles de la HoUande ct dc la Frisc; et lorsque, dans les Pays- PAYS-BAS. 429 Bas, on truvaille a acclimater la vigne ct le mCirier, nous nc Savons pas profiler de leurs excellens procedes pour la cul- ture du lin, si florissante jadis, tant negligee aujourd'hui dans la Normandie, la Bretagne et I'lle de France. Malgre les gran- des ameliorations apportees a notre agriculture , que de pre- juges elle suit encore, que de methodes defectueuses elle nc cesse de pratiquer ! Le deparlement de la Seine compte un grand noinbre de savans agronomes; et neanmoins, des les barrieresde Paris, vous ne voyez que champs infestes d'herbes parasites qui epuisent pour un quart et plus la vigueur de la terre ; partout unc pcrte enorme d'eugrais, par I'emploi vi- cieux qu'en font des laboureurs, iaborieux, mais si routiniers, qu'ils ne veulent pas profiler des exemples de nos voisins, niSme quant a la disposition des gerbes et au tassement des meules. Le sol de la France ne le ci;de aucunement a celui de la Belgique, qui naguere encore elait francaise ; et la totalite de nos riches paturages depasse de beaucoup le lerritoire de la HoUande, qui produit, annee commune, 26,000,000 livres de beurre, et 3o, 000, 000 livres de fromage. Les cultivateurs beiges lisent aussi peu que les notres, et ils sont plus supersti- tieux; mais ils se transmettent d'excellentes traditions, qui m'ontparu se reduire a ces preceptes : Un labour profond et egal, des facons repelees pour rendre la terre meuble et nette ; emploi d'eugrais liquides et parlant tres-actifs; semence pu- rifiee et de choix; sarclage des les premieres herbes. Ajoutez des instruuiens aratoires perfectionnes, la division des pro- prietes; car, malgre les declamations de nos ulopistes arislo- crates contre le morcellement des terres , les fermes les plus considerables de la Belgique ne se composent que de 5o a 35 bonniers (hectares). Dans un Etat ou les meilleures me- thodes sont populaires, I'agronomie doit recevoir sans cesse des ameliorations, elre veritablemcnt une science. Ce sont ces perlectionnemens, les essais heureux et les observations pra- tiques que recueille, depuis quinze annees, le J ournald' Agri- culture des Pays-Bas. II continue, dans les cahiers du premier semestre de 1800, cet cnscignement si precieux pour la pros- perite de nos cultures, et qui leur manque trop generale- ment. Des fermes experimentales, etablies dans cliacun de nos departemens, y amelioreraient sans doute I'agriculture ; mais ils se procureraient bien plus promptement de meilleurs pro- cedes et des reformes, si les riches proprietaires altiraient dans leurs exploitations quelques laboureurs beiges, etsi ces agro- nomes consultaient davanlage le Journal d' Economic rurale, dont la reputation est europeenne. Isidore Le Brun. 43o LIVRES I^ITR ANGERS. — LIVRES FRANCATS. q5. — * Corvcspoiidance mathemaliqiie et physique, publieo par A. QiETELET, dircctciir de I'obscrvatoirc dc Biuxelles, meuibrc de rinstilutdesPays-Bas, clc. Brux^llos, i83o. In-8", avec des planches. Un volume chaqiie aniiee, par livraisons d'enviroii trois feiiille.';. Prix dc ralionneaicnl, '; florins dans les Pays-Bas, 9 florins a I'etranger. Coninie nos lecteiirs onl eu plus d'une fois roccasion dc prendre connaissance des travaiix dc M. Quetelot, nous nous bornerons, par rapport a cetle correspondaiice, a pnblier une bonne nouvellc pour ses aboniies. L'auleur a parcouru I'Al- lemagne; il voyage mainlenant en Italic, et outre I'ample provision de mati riaux qu'il aura I'aite dans ccs deux fer- liles provinces de la republique des lettres, il aura fait I'ac- quisition de nouveaux corrcpondans qui enrichiront dc plus en plus son intcressant rccueil. On sail qu'il ne se l)orne point aux matlicuvitiqucs et aux sciences physiques, qu'il y reu- nit la slotistique, et surtout les parties de cette science mo- derne qui tiennent dc plus pres a la morale, et supposent ime profonde etude de I'homme considerc en lui-meme et dans I'elat de societe. On trouvera, dans le volume de cetle annce, le rclevc des crimes et delils commis dans les provinces da Brabant meridional, des deux Flandres, da Hainaut et d'Jnvers, pendant rann^e 1829, continuation des travaux analogues que I'auteur a dcja publics dans ses Reclwclies statistiques sar le royaume des Pays-Bas. Nous ne pouvons nous dispenser de citer au moins la fin de cc nouveau releve , dont ii faudrait peut-ctre transcrire lous les tableaux. 0 Nous rappellerous encore Tattention sur la presque idcn- tite des nombres de Tannce 1829 avec ceux des anneesprc- cedentes : nous pei'sistons a croire que cet examen est dignc d'occuper les meditations des philosophcs el des hommes d'E- lat. Nous I'avons dil ailleurs, on s'occupe de discuter sur les deniers que paie une nation aux caisses de I'Elat, et Ton scm- hle a peine aperccvoirle deplorable impot qu'elle paie, avec une rcgularitc eflVayaule, aux prisons, aux I'ers, a rtcliafaud. Voila surtout les jjudgets qu'il landrail s'ellorcerde reduire. » LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. 96. — Etat general des vegStauw originaires, ou Moyeu pour jugcr, menie de son cabinet, dc la salubrile de I'atmos- phei-e, de la ferlilitc du sol et de la propriete des habilans SCIENCES PHYSIQUES. 43i dans loutes les localites de I'linivers ; par M. le docteur Lavy , meinbie de ia Faciilte de medecine de Tvirin, niedecin ordi- naire de la maison dti roi de ."^ardaigne. Paris, i85o; J. B. IJailliere, libraire de I'Acadeniie nationale de inedcciiie. In-8" de 4t'2 pages ; prix, 7 fr. 5o c. Les lecteurs trouveront sans douto quelque ctrangetc dans le litre de cet onvrage, et seront curieux de connaitre I'aii- teur; qu'ils lisent , a la page 67, I'article de la flore d'Ansle (patrie deM. le docteur Lavy) qui est suivi d'une notice jjio- graphique et de quelques details sur les ouvrages que 'i. le docteur a publics avant celui-ci : ces ouvrages sont 1" une Phillographte pihnontaisc ; 1" une Melliode ires-facile pour dive- lopper les secrets de la nalure dans le corps /mmain, par t'explora- iiondupoals;^)" Presages tii-es da potils, d' apris I' ecole pkygmiquc ; /j" un drame intitule : Epanchement da cceur hinnain, etc. Cc drauie, imprime a Paris en 1837, « est, dit M. Lavy, I'histoire d'une demoiselle de grande distiaclion, dent il avail cultive I'esprit lorsqu'elle sorlait a peine de rent'ance, a la(|uelle il donna les memes soins jusqu'a ce qu'elle atteignit I'age de raison, et qu'il perdit de vue pendant dix ans. » Cet opuscule a pour but d'avcrtir qu'il u'est pas toujours ;'i pi-opos Ic dire la verite et de donner des lecons aux maitres de maison. « Le rolede deux statues allegoriqucs a donne beaucoup d'iiUeret a cette piece. » Comment I'autcur peut-il alteindre le but de son ouvrage, donner le moyen de Juger, de son cabinet, de I'air, do sol et des liabitans d'une contree? Nous ne pouvons mieux repondre a cette question qu'entranscrivani, en grande parlie, I'instruction qu'il donne sous le tilre de Prorcde pour la pratique de cet ou- vrage. Les lecteurs doivent etre prevenus que c'est uu etranger qui exprinie ses idecs dans une langue qu'il n'a pas cultivee comme hommc de letlres. <■ Les animaux et les vegetaux vivent ensemble dans leurs propres et naturelles localites, en qualite de fideles et in- separables compatriotes, et cela en raison des qualites de ratuiosphcre et du sol qui leur est hnmogene. Cela pose, on pent dire que, connaissant les plantes originaires de telle ou telle autre localite, on viendrait facilement a connaitre aussi les localites du sol et de I'atmosphere de cette meme localite, ainsi que lecaracterede seshabitans. Pour ceteffet, j'ai dispose les plantes en differentes flores, selon leur lieu natal, on elles croissent indifferemment,ou cllcs aiment un sol particuller; et c'est I;i le motif pour lequel ce lieu est determine dans quel- ques-unes. Quant au caractere national des habilans , j'ai 432 LIVRBS FUANgAIS. transportc a chaquc localilc I'opiiiion memc qu'on pourrait lire dans I'Encyclopedie. « Pour avoir ces connaissances relativement a iin pays quel- conqiic, il est un moyeii bien simple : qu'on se procure unc poiguec du foin dcs biens-l'onds qu'on doit acheter, ou de la campagne qu'on doit choisir pour un sejour salutaire, ou Ic domicile de I'individu a examiner ; on consultera ensuitc unc personne de Part, c'est-a-dire un botanistc , alin d'avoir le nom de ces plantes originaires. Cela obtenu , on examinera, dans Icsdifferentes flores, ou setrouve leiir pluralite ; ainsil'on doterminera si elle appartient a I'Afrique plutcit qu'a I'Ame- rique, a I'Europe plutot qu'a I'Astc, etc., etc. Lorsque la plu- ralite sera plus grande, par exemple, en Ameriquc, on en fera de meme pour Ics differentes contrees de ces memes parties du globe, afin de parvenir a juger ses qualites de la plus petite localite , et consequemment de la proprictc de ses habitans dont il est a remarquer, dans de petites contrees, I'esprit bourgeois, le langage patois, le traitement avec plus ou nioins d'exces, auxquels, par la bonne tranquillite, ou doit sc con- former, et meme tolerer en vue de I'impossibilite de les con- traindrc. » On voit que M. le docleur Lavy n'est pas toujours intelli- gible pour des Francais , ct qu'il eut mieux fait d'ecrirc en italien. Quant au fond de sa doctrine, on s'abstiendra de la juger avant de I'avoir comprise. Qu'il s'attende a rcncontrer beaucoup d'incredules, car il va tres-vite dans ses jugemens,et ses nombreuses erreurs en geographic inspireront inevitable- mentquelque mefiance. Une recapitulation, placee a la derniere pageet disposee en tableau synoptique, enonce, avec un ex- treme laconisme, des jugemens sur vingt-cinq contrees, sans que Ton voie quelles relations sont etablies entre les habitans et les plantes dc ces lieux. Quelques-uns de ces jugemens ach^vent de desappointer les lecteurs : les iles Caraibes sont distinguees par le sang-froid de leurs habitans, la Corse par la richesse de ses produits, I'Egypte par ses habitans d sciences sa- vantes, la Hollande par qaetqaes auteurs de pocsie, etc. F. f)^. — * Principes de Physiologic comparec, ou Histoire des Plienomenes de la vie dans tous les ctres qui en sont doucs, depuis les plantes jusqu'aux animaux les plus complexes ; par Isidore Bourdon, de 1' Academic de medecine. Paris, i83o; Gabon, .1. B. Bailliere. In-8° de Goo pages: prix, 7 fr. 5o c. En meme terns que I'histoire naturelle s'enrichissait par la decouverte des productions de toutes les parlies du globe, I'ana- tomie comparee des animaux et des di verses classes de vegetaux SCIENCES PHYSIQUES. 433 a^andissait ses vues par I'examcii tie laiit cle nouvellcs espe- res , sous de nouveaux rapports. Apres I'etude des formes et des modifications des organismes, ildcvint necess-iire d'en re- chcrcher les tbnctions siiivant leiirs degres dc com^)lication. II est evident que la seule connaissance de pliysiolngie huniaine, idle que les anciens et les modernes nous I'ont transmise, est aujourd'luii imparl'aite, insuffisante, jusque dans le grand monument eleve par Haller, comme nous Tavons expose dans notre traite de la Puissance ritale. Lne nouvelle carriere a ete ouverle par les lecons d'anatomle comparee de l\l. Cuvier, et par d'utiles travaux entrepris simul- tanement, soil en Angleterre , soit en Allemagne, parmi les- quelsii est juste de ciler ceux de J. Fred. Meckel, Tiedemann, Blumenbach, Rudolphi, etc., comme ceuxde MM. lilainville, Geofl'roj-Saiut-Hilaire , Dumeril , Series, Flourens, Des- moulins, etc., en France, On doit rappcler aussi les noms an- glais d'Everard Home, de Iloljert Knox, etc., et des celebres botanistes de diverses contrees ([ui rivalisent nolilement avec ceux dont noire palrie se glorifie. Tant de richesses meritaient d'etre coordonnees ; cependant, I'oenvre ne parait pas aisee. On n'est nullemenl d'accord sur les priu( ipes; car, au milieu de tons ces materiaux epars, les iois geuerales, les rapports philos.wliiques sont souvent ce qu'il y a de plus dilllcile a etablir. II I'aut emljrasser de haut rensem])le des fails; il faul portei- la lumiere dans le chaos : ceuvre du genie qui doit snppleer a ce qui manque . et decou- vrir I'erreur. II faul enfin s'elever aux vraies sources de I'or- ganisation, aux causes primordiales de la vie, autant qu'il est possible de le faire. On ne pent raisonnablement espcrer, dans I'etat actnel des sciences physiologiques, cette oeuvre parfaite, irreprochable ; mais on doit applandir aux efl'orts de quiconque tente une aussi noble enlipprise : elle exige une puissante elendue de savoir et de capacite inlellectuelle pour enchainer les fails dans un systenie regulier. Car les vrais principes de la science nous sembleut loin d'etre encore devoiles. M. Isid. Bourdon a sn rassembler, et souvent avec bonlieur, les elemens conous de toutes les notions pliysiologiques, pui- sees dans la zoologie el la botanique. Dans les (|uatre livres -qui comjiosent son premier volume , I'auleur Iraite d'abord de la vie chez les corps organises et des Iois SLivant lesquelles elle se nianifesle. La generation on produclion des aiiinianx «t des vegelaux fait le sujet du second livre. On lit, dans Ic 4roisieme, I'histoire de I'accroissemenl des corps vivau>; ce T. XLVII. AOUT i85o. 28 4r»! LIVRKS Fi\7\NCAIS. qui comjM'cinl I'ctat tie ra'iif, la vio foclalc, k'S dcvflopjio- mens des organcs, leiir nu'lainorphose, les monslruosiks on anomalies, I'liermaphroilisnie (qui scrait niieiix plac*';, scion nous, dans rhisloiie de la generation). Enfin, Ic qnatriemc livrc renfernie I'liistoiic de la nutrition et des alimcns, dc leur digestion, de I'absorption , des effets de I'abstinen- ce , etc., etc. L'autenr, dans nn volume suivant, devra completer toute la serie des Ibnctions de I'organisme dont I'histoirc leste a trailer. On ne pent que desirer vivenient cetle suite, inipor- tante d'aiileurs, pour apprecier Tensemble de ce grand travail. Nous ne croyons done pas (pi'll soit jusle d'asseoir nn jngo- menl decisif sur nn onvragc encore inacheve qui presente, au milieu dc quelqucs imperfections, de tres-utiles develop- pemens. M. Isid. Bourdon a beaucoup d'esprit, et qnelquefois Irop ; il joint, a une facilite merveillense d'expression , des apercus fins, delicats, qui decelent une grande habilete et nn prolbnd savoir. II cite, In p,lobo, an commencement des cbapitres, ses auteurs, sans indication; puis, il travaille a son aisc sur leursrechcrches; il en retrace un elegant et chiir resume, tou- jours avec grace et talent; rarement il va plus loin. II a le de- faut de rejeter parfois, Jomme douteuses, des choses tres- cerlaincs, comme I'existence des animalcules infusoires. Nous pourrions joindre ici notro temoignage a celui de tant d'ob- servateurs scveres qui les out observes. Nous devrions blamer quebiues details pen necessaires et des digressions; mais il serait in juste de ne pas reconnaitre ime foule de choses im- portantes, utiles, bien exposees et signalees a I'altention avec une rare Incidite. Ce travail, sans fairc beaucoup avanccr la science, en ex- pose fort bien I'etat actncl ; il est tres-approprie a des eleves en medecine auxquels il importe de se I'amiliariser avec les connaissances d'bistoire naturelle, d'antant plus qu'elles les mettront en garde contre celte foule de theories etroites, ex- clusives, dontl'ancicnuc physiologic est encore infectee, meme dans les traites les plus recens de nos ecoles. C'est ici le triom- phe et la manifeste utilite dn nouvel ouvrage de M. Bourdon , et ce qui hii assure la reconnaissance de tous les amis de la science. Cepcndant, nous devons signaler aussi des delauls qu'il cut etc facile d'ecarter ; a quoi bon refuter aujourd'hui leserreurs sur la pretendue fecondation de certains poissons qui avalenl la liqueur que jcttc le mfde, et sur celle des per- drix, an nrioyen d« Fair, on sous le vent dn male, seion les SCIENCES PHYSIQUES. 43;-) ancicns? La physiologic vegelalo nous scmble aiissi beaucoup nioins exactcment developpce cpie celle des animaiix, dans le livre dc M. Isid. Bourdon; au sujct dos metamorphoses des insectes, I'auteur n'a pas retrace I'etat actuel de nos connais- sances qui fait considercr ces pretendues transformations, comme un vrai accouchement successif par Ic dcpouillemcnt des membranes fa'tales qui forment les larves, les nymphes, avaiit que I'animal apparaisse parfait. Nous nc pousserons pas plus loin la critique de detail qii'il est toujours si facile de multiplier, quand on vent chicaner les meilleures productions. Nouscngagerons M. Isid. Bourdon a faire un choix severe des fails les plus eleves de la science, en s'attachant moins a quelques individualites. L'enchaine- mentmelhodique des di verses parties de lascienccauraitpeut- etre gagne a un plan autrement combine. En resume , cet ouvrage se classe honorablement dans los sciences physiologiques ; c'est un essai hardi et heureux, comme pierre d'attente d'une ceuvre plus haute; car on n'at- teint que par echelon le faite des verites. On doit done applau- dir aux efforts tentes par un bon esprit occupe a defricher cette route asccndante , pour faire enlrer dans le domaine public tant de decouvertcs precieuses qui restaient enfouics sous les laboricuses et penibles recherches des expcrimenlateurs. .1. J. VrREY, D. M. gS. — -*Traite c/cmentairede7naiierenicdica/e,iniv3. B. G. Bar- bier, medecin en chef de rH6tel-Dieu d'.4micns, professeur de pathologic et de clinique internes, etc., mcmbre de plu- sieurs Soeietes savantes francaises et etrangeres. Trobieme- Miiion. Paris, i83o; Mequignon -Marvis, rue du Jardinct, n" i5. 5 volumesin-8°de65oa joopageschacun ; prix, iG IV. M. le professeur Barbicr vient de donaer au public une troisieme edition de son Traile de matiire mediccdc : six annees s'etaient a peine ecoulees depuis la seconde. La reputation dc I'auteur et le merite bien connu de I'ouvrage, qui el. Barbier. II conleste a la laitue ct a ses exlraits la vertu calmante. INous avons lieu de pensor que cette I'acon de voir est extremement juste : nous avons plusieurs I'ois employe la thridacc a la dose de dix grains par jour, et, i)ieu que nous en eussions continue I'usago pendant ties semaines ontiores, ja- mais elle n'a produit de S(ndagemcnt aux douleurs, jamais elle n'a i'ait nailre la plus logore propension au sommeil. L'une des classes de medicamens dont M. le professcur Barbier ait le plus avance I'etude est celle des uarcoliques. On Irouvera, aux article's opium, digiluLe, jiisquicmie , bella- doiie, etc. , des considerations neuves et etendues sous le rap- port des eflets de ces remodes sur nos divers systemes d'or- ganes Ces perfectionuemens nous paraisscnl lies aux progros tout recens que la science doit a plusieurs savans medecius, et i\ I\l. Barbier lui-nieme dans Totude des affections encophali- ques et nerveuses. Une des parties les plus neuves et los plus intore'isantes de la nouvelle edition est celle (\\u se rapportc aux affections des nerl's ganglionnairos. iM. barbier a ) eu de contiance danslametliode eudermique: il la trouve aussi incertaine que I'application des lemedes sur I'epiderme. II y distingue avec laison deux si)rtes d'effels , ceux qui dependent dv rini[>ression du remede sur le derme, ct ceux qui dependent de Tabsorption de ses molecules : 11 a trouve que rui::e et I'autre elaieul tres-variables. Pour nous, en recomiaissant avec lui que cette nianiere d'employer les remedes est tres-infidele, nous croyons devoir ajnuter qu'elle I S(;Ili^CFS PHYSIQUES. 437 apiirtbis des ett'ets ties-proinplset trt's-energi(|iie;- : nous avoiis vii (les iiiuisees et da I'iissoiipissenicnl suivro tie tri'S-pres I'ap- plication eiulermiqiie dc I'opiuni. II n'est pas de medicament uomeaii siiflisamment accre- dite, ni d'applicatioii noiivelle de.* anciens remedes dont M. Barbier n'ait tenu compte; el souveni il les a hoiimis a I'essai de sa severe ct coiisciencieiisc experience. Ceiix qui compareront comme nous, page a page, I'edilion actnelle avec les ])recedenles, se convainoiont aisement dn soln que I'auteur a pris de celle-ci, et jugeront bientut qu'eile a dft liii coGter uti long travail : il n'est pas jusqu'a ['expression qu'il ii'ait maintes t'ois modifiee. Dcja on rcmarquait, dans la seconde edition de ce Traite, des traces de la nouvelle doctrine medicalc que professe I'au- teur; mais on ne pent parler de Tedilion actnelle, sans s'arre- ter a cette doi Irine dont elle est loute impregnee. Kn taisant , a la fin de ('liaque classe ile uiedicauiens , I'applicntion gene- rale de la medication qu'ils produisent, M. Barbier les consi- dere agissant snr nos diveis syst«''mes d'organes, suivant I'es- pece de lesion dont ils sont affecles, el Tail voir ce qu'ils peuvenl procurer de bien ou de nial, se'on que nos tissus sont atteints d'oligolrophie , d'hyperlrophie, de malaxie, de scle- riasie, etc. Le premier volume de I'ouvrage que ncMis annon- cons contient un resume succinct de celt<' doctrine, (jue I'au- teui', dans son amour sincere de la verile et dans son zele ardent pour le bonbeur des lionunes, se ielicite de prot'essei' el dc suivre. Si la mcdecine des lesions n"a pas encore etc ac- cncillie avec toute la iaveur qu'eile mcrile, c'est, suivant nous, parce que I'ouvrage dans lequci !\l. Barbier doit I'expbser [Precis de ISosologie et de T/wrapeulique) n'est pas pr.blie tout entier. On a besoin de developpemens ullerieurs pour en sai- sir I'ensemble et en juger les rapports : nons devons esperer que M. Barbier ne lais-era pas le public dans uue longue al- tente. Sa doctrine n'est ponit de tbeorie, mais de pratique : c'est dans ce sens qu'il taut jnger des divisions qu'il a elablies. Ce ne sera probablemeiil pas le dernier mot ile la scieiTce ; mais c'eu esl dn inoins un progres remarquable. F.-P. R. 99. — * Manuel d'Eiltn ntinii plnsiqiie, gymnasll qualites qui seules peuvent faire le bonhenr des honimes, et lie produit (]u'nne fonle d'etres chetifs et delicats a predomi- nance nerveuse, qni sont deja uses, a la fin de lenrs eludes, on lie portent dans le monde qu'une imagination iu(piicte et ca- prieieuse, Timpuissance des conceptions fortes et de la perse- verance necessaire pour les accomplir. Heauconp d'antres, qui se seront fait la reputation dc paresseux ou d'incajwxbleSy sortent du college avec une instruction pen etendue, one pro- fonde aversion pour le travail et nn caractere vicieux, parce qu'il n'a pas etc dirige. Les premiers terns de leur vie n'au- ront ete qu'ennui et confrainte, et la liberte, objet de leurs desirs, sera bientot de la licence. La nouvclie vie qni com- mence pour la France commande des reformes dans rinslrnc- tion publique ; mais je ne m'attaclie qu'aux resultats que pent donner la gymnastique introduite dans les colleges. Par elle, la sante sera fortifiee, car sa premiere condition est I'equi- libre general, et I'exercice le retablit, en enipecliant les con- gestions partiellcs que produit I'aclivite d'un scnl organe. Toutes les puissances musculaires seront mises en jeu, et les jeunes gens acquerront par une fonle d'exercices ingenieux et amusans, du sang-froid, un coup-d'ocil juste, I'liabitude de juger les resistances ou les dangers, ct les moyens de les sur- moiiler; les chants, dont le rilhmc guide leurs monveniens, elablirunt I'ordie et la precision; l(!s paroles genereuses cpi'ils cxpriment leur inspircront le desir d'imiler les nobles actions qui leur sont proposees pour modeles", et I'emulation sera cntretenue par des cloges et des recompenses justemcnl dis- tribues. SCIENCES PHYSIQUES. 4^9 Lorsqiic Ic toms cles otiules oiilincs ct prnroiides sera arrive, ellos seront a leiir tour regardces comme iin delasseinent et un repos, et I'attention ne sera pas coiitinuellemcnt distraite jiar le besoiii de niouvenieiit , qui est un des atlril)iits dc I'en- i'aacc. L'iiilelligcncc prolilera de la vigueiir de I'organisme, coninie le proiive I'exemple des Grecs, qui se livraient a la gymnastique avcc ardcur, ct dont le genie excilera unc elcr- nellc admiratiun. Les moyens de la gymnastique sont tcllement nonibreux, ses applications si diverses selon les ages, I'etat de sante et la position sociaie, que M. Amoros a cru devoir etablir dans celle science qualre divisions principales : \" ta gymnastique civile, et Industrielie ; 2° la gymnastique militaire , terrestre et mari- time; 5" la gymnastiqne medical e; 4° la gymnastiqiLc scenique oil funamhulique. ■ — • Les deux premieres se divisent encore en gymnastiques elementaires et en gymnastiqucs completes, et comprcnnent aussi nne des parties de la gymnastique medi- cale qui est Vliygiine. La troisieme se divise en quatre parties : i" la gymnastique liygieniqiie on propliylacliqne^ pour conserver nne sante rohuste ; 2° gymnastique ttieraprudque pour le trai- lement des maladies; 3" gymnastique analcptique, ou des conva- lescens ; C\° gymnastique ortlwpcdique. La qualriemc division ne pouvait occnper RI. Ainoros, pnisque le {'uuamhulisme com- mence on le nol)!e hut dc la gymnastique, qui est de laire du bien, est sacrifie au iVivole plaisir d'amuser et de i'aire des tours de force. Deja la gymnastique civile a etc adoptee j)ar plusieurs insti- tutions, el le ministere de la gnerre, ayant eu connaissance des resultatsavantageux que pouvait produire la gymnastique mili- taire, voulut la rendre generate dans rarniee, ct designa une commission pour lui proposer les mesures que Ton devait prendre a cet cffet. Pin iSaj), iM. Amnros Tut nomme inspecleur general desgvmnases rcgimenlaires, et ses iccons out eu tant de succes, que Ton avail prepare pour I'expedition d' Alger un pare gymnastique, qui aura dQ servir a surmonler une foule d'ojjstacles et contribuer a nos succes. Les bopitaux mililaires ont aussi reclame la fondation de gymnases medicaux, et une mesure aussi utile ne pent larder a elre adoptee. L'ouvrage du colonel Amoros est le plus complel que i'on possede sur la gymnastique; il expose tons les exercices ima- gines par ce prol'esseur, et I'ordrc dans lequrl on doit les cn- I reprendre. Des exemples bien choisis de traits dc coiu'age ct dc devofmicnt duivcnt devdoppcr iiuc luuablc (^'nndali'jn et 44o LIVllKS I'llANCAlS. JHspirer les st'ntiineiks les plus geiiereiix. Des planches hierf faites t'aeilitenl rintelli{;eiKe dii texte, et il ii'j a pas dc doiite que cet ouvnii;e, en ajoulanl ;'i la reputation de son aiiteiir, ne serve a repandic le gout de la gyninasli(iuc, dont rinipoilaiioe ne pent plus etie mecounue. C. S***. loo. — Notice siir Bourbonne et ses anix ihennalcs , par F. Lemolt. Paris, i85o; Gabon. Tn-8° de 5o pages ; prix, i t'r. et 1 IV. 25 cent. , an protil des nialades indigcris admis a I'u- sage des caux. An premier rang de cos precieusesso«r(T5 i/e .■'aiiiet\ui junis- scnt de proprietes ni>>terieuscs et en dehors de nos uioyens vnlgaires d'investigalion, se placenl les thernies du drparle- nient de la Hautc-Alarne , connus sous les nouis de Hour- bonne -les- Bains. Plusieurs siecles d'experiences contimies Icuronlvahi Iciw hrillanle reputation. Eclairer le nialade sur la pratique de ces eanx , I'aiie loiniaitri; leurs propiielis ca- racleristiques et le leginie parliculier de leur euipioi, popn- fariser les residtals tl'une pratique journaliere, comma nicde- cin inspecteur des bains civils, aider a I'avaiice do^teurs et A'aletudinaires de toutes les notions desirables sur la situation du pays et les ressources qu'il ollVe sous le rapport de I'eco- nomie et de I'agrement , voila le but de la monograpliie de iM. le docteur Lemolt. — Sa Notice est divisec en sept courts paragrapbes. Apres quelqucs observations preliminaircs sur I'usage des eaux niinerales en general, I'auteur lesume en pen de mots la stalislique de Bourbonne. Vienncnt ensuile la topographic de relablissement thermal, des indications ?ur le meilleur mode d'administration des caux , sur les maladies que leur usage plus on moins soulenu peul cond^attre avec avaulage, sur les soins dietetiques qui doivent preceder, pre- parer, accompagner et siiivre le traitement. Les arcbeologues et les etymologistes n'ont pas manque de >'exercer sur le nom mcine de Bourbonne, (|u'il9 deduisent en droite ligne de deux radicaux celtiques, retvt^t ven (chaude lontaine). Quoi qu'il en soit de celte erudition. Bom-bonne possede trois sources thermalcs, dont le degrc de cbalein- varie de 44 '' ^^ degres de Kcaumur, et qui donne par jour de ■^4 beures 5, 240 pieds cubes. MM. Bosc et Bnii, de Bour- bonne, MM. Jllunas, Des fosse et le docteur Rodjnier , de Besancon, out sou mis a I'analyse < liindfiue meme quanlite d'eau, mais sans obtenir, il s'en faul de beaucoup, des resul- tats idenliques. Parodices par les eaux minirales arlificielles, dont IMM. Duchanoy, Tryaire et Jiirine, dont les pharuiaco- pccs civile et mililaiio oul dounc la rrcctte. Ic? eaux ihcrma- SCIENCES PllYSIQUES. 44i ivA nalurelles se preiiiient deioiilitiuite par saisoiis ile 21 jours i;haoune, qui se penvent leilerer trois el quatrefuis, a liuit ou quinze jours d'inlervalle. Contie-indiqnees, dans tous les cas d'inilaminalion aigne, olles cunvienneiit aux affeLtions essen- tielleiucnt chrouiqiies. M. Leinnit eiuiineie 24 gr-mdcs famil- ies de maladies dans lesquelles il les rccommaiule; s'il ai'rive que le mal resiste, si elles ne guei'isseiH ni ne soiilagfMit, loin de tuer intaillibiement , ainsi que le pietend le plus doraisori- nable et le plus ridicule prejuge, elles reslent tuujours d'une complete iimocuite, loutes les I'uis que le traitemeut aura ete •convenahlement dirige, sagemcnt applique, et observe avec une scrupuleuse exactitude. La brochure de M. Lemolt est un service rendu a toutes les personaes que leur position met a meme d'avoir recoups aux eaux de Bourbonne ou de les conseiller. On regrette, en la 11- saut, que I'auteur ait cru devoii' se renlermer dans d'aussi etroites limites. Ses 00 pages ne sont, pour ainsi dire, que la table des matieres d'un ouvrage tres-imporlant qui manque jusqu'ici a la science, nous voulons parler d'une pliysiolvgie medicate generale des eaux mincrules, avec des applications aux specialiles. P. L. P. »oi.- — *Manael de la metallurgie da fer, par C. J. B. Kars- TEN;traduit de Tallemand par l'". J. Cilmakn. Deuxicmc edi- tion. T. II. Melz, i85o; M°"' Tliiel. editeur. In-8" de xxiv et 4g5 pages, avec 9 planches, prix, 7 fr. Le second volume de cct important ouvrage renferme la theorie des machines soufllantes et !a description de cellesqui sont le plus connues : cetle partie, qui forme la troieme sec- tion, laisse quelque chose a desirer, etnous nousproposonsde revenir sur ce qui la roncerne, lors de I'annonce du 5" et der- nier volume qui nous fournira I'occasion de jeter un coup d'oeil sur I'ensemble du travail. La quatrieme section, tre>- remarquable par la methode, la clarte et renchaincment des demonstrations, est consacree a fextiaction du fer crfi. an mode de construction des hauts-fourneaux et autres, a leur allure, a I'art de jeter en moule, a la refonle du fer. et en ge- neral a tout ce qui concerne le fer non encore afllne. Cette section, qui est cellc qui intcresse davantage les producleurs du fer, esi parfaitement bien Iraitee et reporul a la haute repu- tation de I'ouvrage. (Vov- I'annonce du 1^' vol., Rev. Enc, t. XLv, p. G85.) " OE. 102. *Mcmoire .sur la Naxiguiion dxape:ir, lu a I'lnstitut, le 26decembre iS'^O, pariM. SEcriKaine. Paris, 1828; Bachelier. In-4" de 29 pages, avec une planihc: prix, ." fr. 44.* LlVilKS FIIANCAIS. M. Srj^uin a divisc son Mi'moiic cii Irois jiailics : tluiis la premiere, il s'allachc a « ranieiicr a ties piincipcs simples et Ihciles a saisir ies circoiistanrcs qui accompagiioiil la trans- mission du mniiveiiient developpe par le moleni', soil an flnidc qui Ini scrt dc point d'appni, soil an mobile qii'il est destine a meltre en inonvemcnt. » Ses rccherches sur cet objet I'ont convaincn que la forme de la carene d'nn bateau excrce nnc Ires-granile influence sur la vitcsse dn monvcnient qu'il pent rccevoir d'nne tbrce donnee, en snrmontant la resistance de I'caii. L'autenr s'occupe, dans la scconde partic, de la deter- mination de la forme du solide de la moindre resistance, et il trouvc que cettc foinie approche beanconp de celle d'un pois- son; qneiques experiences auxquelles il applique le calcnl viennent a I'appui de celte analogic. La troisiemc parlie est consacrce an calcidde la resistance dn fliiide, soit que le corps qui I'eproiive se meuve contre le fluide en repos, soit qn'il s'agisse dc I'aclion d'nn courant plus ou moins rapide centre un obstacle immobile. L'autenr rassemble, discute et applique Ies melliodcs de caicul que Ies geometres ont etablies jns- qu'ici: mais, apris avoir lu el medite ce iMemoire, on sent que ia science n'a pas encore assez fait pour resondre Ies questions abordees par M. Seguin, et que Ies experi«;nceslenlecs jusqn'u [)resent ponr determiner la resistance des fluides n'ont pas encore etc sulTisammcnt analysecs , ni failes assez en grand, pour (jue Ies applications en soient tout-a-i'ait dignes de con- iiance. Lc terns approche sans doule on notre patrie , remise en possession de tons ses nioyens de prosperite, pourra faire anmonde savant et industriel le beau present d'nne suite d'ex- periences concliiantes sur cette parlie essentielle des sciences mecaniques : on aura prepare a loisir Ies moyens d'epreuve; Ies bateaux a vapeur en feront partie, et lenr construction scr.i ^onmise alors a des regies sores et d'une facile application. Cc Memoire est nne tres-bonne dissertation sur Ies bateaux a va- peur ; l'autenr y a fait usage de tout ce que I'tlat actuel de nos conuaissances en hydrodynamique pouvait lin fournir; mais la science n'a pas encore fait assez de progres ; et, pour Ies liatcr ct Ies assurer, il laut de nouvclles experiences sur la resistance des fluides; il Ies faut grandes, noml)reuses, diver- sifiees, eclairees par one analyse exacte de toutcs Ics causes qui conconrent an resnltat. Ajoutons que ces experiences se- ronl mienx faites en France que partout ailleurs; c'est chez nons (pie Ton tronvera le plus d'liommcs capables de Ies di- I'iger. et la ]>lus grande somme iU'> idecs qn'clles exigent. F. i(i5. — *1 lincrairc dcscrlpiif (lc la Fnuicc. on Giograplilc coin- SCIENCES PHYSIQLES. {,4v> jilete de ee royauyne par ordre de routes , par M. Vaisse de Vil- LiERSjimcieninspctleiirdes pontes. — Route de Paris d Rouen, au Hcitre, Dieppe, etc. Paris, i85o; Jules Reuouarcl. In-8°di; 548 pages, avec carte ; prix, 5 fr. Nous avons deja rendu compte (t. xlyi, avril i83o, p. 184 ), de cette utile et iniportanle coUcclion, avec tous les clogcs qu'elle merite. Grace an zcle de 51. Yaysse de Villiers, la Franco possedera bientut une description complete de son lerritoire , par ordre de routes, qu'elle pourra opposer avec confiance a CO que les elrangers peuvcnt oii'rir de plus pnrfait dans cc genre. Lenouveau volume que nousannoncons, redigeavec le memo soin, la meme conscience d'observation que les procedens, nous a paru digne des mf-mes cloges, et recevra cerlainenienl Ic meme accueil du public. II sera, surlout, bien venu des habitans de la capitale, qui, inalgre le peu de goCit qu'ils nion- trent, en general, pour les voyages, onl tout au moins execute ou projete, une ibis en leur vie, ceiui du Havre et de Dieppe. Nous pouvoiis leur proniettre, dans I'llineraire que pui>lie aujourd'liui M. Yaysse, le meilleur, le plus judicieiix et le plus agreable de tous les guides. II nous siiffira, pour justilier cclte opinion, de donncr i^.i uii aperfu de ce que ce voUime contient d'interessant. L'auleiir y decrit d'ahord les deux routes de Paris a llouen , diles d'r/o hautet d'en lias ; I'une par Saint-Germain, Mantes et Louviers; I'autre par Saint-Denis, Pontoise et Magny. La premiere offrt; successivement a I'oJDservateur le beau pont et le chateau de Neuilly, les jobs coteaux de SJarly et de Luciennes; Saint- Germain, dont le chateau bfai par cinq rois rappeUe lant de souvenirs; cclui de 3Iaisons, que Voltaire habita dans sa jeu- ncsse ; Poissy, ou naquit un de nos plus grands rois, et Oi'i I'auteur n'oublie pas la celebre maison centrale de detention ; iMantes, renommee par son site gracieux ; enfin, llosny, sejour d'uiie princesse qui va expier dans I'exil les i'autes graves de sa lamiile, et deja celebre par le nom de Sully. M. A'aysse s'esl alttache a decrire avec soin ce lieu doublement remarquable, el les details qu'il donne a cette occai^ion sont plcins de charme et d'interet. II poursuit sa route par Gaillon, dont on cilail jadis le chateau, bati en i5oo par le cardinal d'Amboise, mo- nument prccieux des premiers tems de la renaissance, et donl Tune des facades figiu^e encore aujourd'liui au milieu des tristes debris du Museedes Petits-Auguslins. Plus loin, s'oflVcnt Lou- viers, si connn par ses manufactures, et Pont-de-l"Arche. d'oii Ton decoiivre les restes dixPricurc des deux Avians. Nous urrivons enljn a Jlouco, donl la dcscj'iplion sc trouve placcc a ^ 44/| LIVRKS FIUNCAIS. la suite de la route ci-apiex, ilite d'en haul, plus couiie cl'eii- viron trois lienes qtie oelle clout il vieut d'etre tail mention. Cello seconde route, qui est aussi heaueoup moins iuteres- sante , so dirige, coniuie il a ete dit, par Saint-Deuis, nrlanl d'Houtli in-. SCIENCES PHYSIQUES. 4^15 ladelicieiise silualionde la chapelle de Notre-Daine-dc-GrAce, qui, aveo ses ex-voto, les beaux aibres fjiii i'entoiirent et son inagnifiqiie point de vue, est certaineuient un des lieiix les plus dignes, dans loute cette controc, de I'admiratioM des voyagenrs. Ce volume se termine par les routes de Paris a Fecanip, et de Saint- Valury-cn-Caux, et par un aporrn de celle de Dieppe, que rautenr promet de donner avec plus de detail, en parlant de la route de Paris a Londres. Dans la desciiption du chateau de Fecamp, M. Vaysse a soin de racnnter I'audaciense entre- prise du capitaine Boisrose , qui I'euleva pendant les guerres de la Ligue, aide .senlemcnt d'un petit uonil)re d'hommes de- termines. L'auleur. qui rapporte cc trait d'apres M. Noel, a qui Ton doit un Essai sur le departement de la Seiiie-Infe- rieure, aurait pu prendre lui-mcme le recit original dans les Memoires de Sully, ou se trou\e meme uue circonstance pi- quante que M. Not^l parait u'avoii'pas citee. Le capitaine Bois- rose, elant venu a la cour solliciter la juste recompense de son courage, ne put parvenir jusqu'au roi. II s'en plaiguait hau- temenl a tout le monde, ct ayant un jour rencontre Sully, (|u'il ne connaissait pas, il s'empoita vivement, tout en lui contant samesaventurc, coiitre le ministre iavori, qui, disait-il, ne lais- sait faire au roi que ce qu'il voulait. Sans trop s'arreter a ce mode un pen brusque de petition. Sully s'empressa de recom- mander a Henri IV la belle action de Boisrose, que le vain- queur de Coutras et de Fontaine- Francaise devait apprecier mieux que personne ; et Boisrose, nomme gouverneui' d'une ])lace importaute, apprit, avec une grande surprise, a qui il en avait I'obligatiou. 104.- — * Dictioiniaire topogrnphiqnc , /li.sioru/ue ct stutistif/ue da dipartnnent dr la Sartlie, par J. R. PESCnE. i5' et 14' dvrai- sons. Paris, 1800; Bachelier, qiiai des Augustins ; et Lance, rue Croix-des-petits-Cliamps ; prix de-la iivraison , 2 f. 5o c. Nous avons deja fait counaitre a nos lecteurs (voy. Rev. Enc, torn, xlvi, aviil i85o, pag. 187. ) I'ulile entreprise de M. Pesche, qui la continue sans relaclie , avec des soins et une persijvcrance tres-dig.ies d'eloges. Malgrc tout ce qu'on pent dire sur la forme de dictionnaire qu'ii a cru devoir pieferer, il seiait certaineinent bien a desin r que chacime de nos an- cienncs provinces possedat mi repertoire semblable de lous les faits qui interessent ses habitans. Un travail dc ce genre, re- sullat des plus penibies recherches , conduit rarement a la ce- lebrite; mais il pent rendre de nombreux et imporlans servi- ces ; il repand des lumieres dans le pays; il met en rapport L-s /,/,<) LIVRES FRANC AIS. iiiilividii? (I'lino mCmc conlrcc, so'.ivcnt otniiiu'-s eu on point con- nus jnsqu'a lul , et ou d'a litres hommes distinguos honoraient encore la memo province. Parnii ceux qne cite M. Pesche, il ne faut pas oublier du Boullay, Ambroise Pare. le pere de la ihirur;;ie i'rancaise ; Lacroix-du-Maine, Gamier, Ronsard et le CL-lebre statnaire (lermain Pilon , dont on admire encore le ciscan, dans la chapellc si curieuse et si pen connue de So- limes, pres de SaVilc. Nous passons rapidemcnt snr les guerres de la Fronde, qui caiiserent de grands dommagcs dans le Maine, sur la revoca- tion de I'cdit de Nantes et sur d'antres evenemens poslerienrs, SCIENCES PilYSIQL'ES.— SCIENCES MORALES. 4^7 qui n'ollrent pas, dans ccUc province, de circonslanccs pro- pres a atlirer noire attention, et nous nous liatons d'arriver a une epoquc trop memorable, qui y a laisse de grands souve- nirs. Nous voulons parler du passage de I'armee vendeenne et de cetle deroute do Mans, si sangianle, et d'ailicurs si de- cisive, (|ue les laibles debris qui avaient pu ecliajjper ne tin- rent plus desorniais oontre les amies republicaines, et dispa- rurent cnfin cornpletement a Savenay. Quelques communes de I'ouest de la Sarthe s'elaient deja soulevees contre la Con- vention, niais elles furent proniptement soumises. Ce t'ut au mois de decenibre 1795, que la grande armee vendeenne, qui venait d'echouer au siege de Cranville , parut sous les murs du Mans. C'est surlout dans les Memoires de M'°° de la Ilochejacqiielein qu'il i'aut lire le recit de ce memorable desas- tre. Ce morccau, que M. I'esclie cile presqn'en entier, est de I'interet le plus dramatique, et offre en menielemsnn niodele parfait de narration et de style. La guerre de la chouannerie qui desola surlout, eomme on sail, les deparlemcns de la Sarlbe et de la iMayenne, moins fertile en evineniens et surlout moins bonorable que cellc des A'endeens, ne fnt pas moins I'uneste au pays. On lira ce qu'en raconte M. Pesclie, avec la confiance que merite im homme de bonne i'oi, ecrivant sur les lieux memes, et d'a- pres des docuinens irrecusablcs. En total , ce precis historiquc est compose d'une maniere Ires-salisl'aisantc : on voit que rauteur s'y est prepare par des etudes serieuses, et les lecleurs, meme etrangers an pays pour lequel il a travaille, le liront avec interet et souvent avec profit. Y. Z, Sciences rclis^ieuses, morales, poliliques et fiistoru/ucs. io5. ■ — * Instruction pratique et t/ieorique, ou Guide des Maitres pour la lecture elemeiitairc, suivant une nouvelle me- thode de decomposition egalement applicable a tons les modes d'enseigncment ; par M. Dirivau. Paris, i8jo; Arlhus Ber- trand. ln-8° de 71 pages et 9 tableaux; prix, 5 fr. 5o c. J'ai deja annonce avec eloges dans ce recucil plnsieurs me- ihodes de lecture : je vais avoir encore a louer celle-ci; ce- pendant les procedes indiques sout lous differens, quelqnefois conlraires : conmient se iait-il que tons, a mon avis, soient bons et uliics ? Ces jugements n'impliqnent-ih pas contradic- tion ? II estlacile de repondreacetle objection : moins I'edncalion esl avancee, plus Tefude est pratique : les theories grammali- ',48 LIVRES FKANCAIS. oales sont tres-eteiidues; la llu'-orie de la lecture Test fort pen. Presqiie tout le travail dii maitre et de I'eleve est uii travail d'aotion, iine pratique, jc dirai pies(|ue urie routine. Le livre qui n'cxpuse, la pliipart du teiiis, qu'nne theorie appnyee do quelque.s exemples, coii.'^idrre les clioses a aj)preridre sous un aspect general, et, sous quelque point devnequ'on les examine, chaque theorie fait tonjours disparaitre qnelques diiricultes, et en laisse subsister d'autre.s. Ainsi qnelques mailres, rebute.s des obstacles qu'iis rencontraient dans la variete des conibi- nai.sons de wos letlres, pour cxprimerun petit nonibre demons, ont imagine dattribuer tonjoars le menie son an memo signe. comme le voulait la Socielede la llei'orme oiihographiqne : on a ainsi vii diminner prodigieusenient les didicultes de la lec- ture : maisbientot se sont pressees en bien plus grand nombre celles de I'orlhograpbe. Les partisans de Yepellation se vantent du petit nombre de leurs signes; les partisans de la lecture syllabUjue (i) lenr opposent une mullilude de leurs combi- naisons ; et ces comljinaisons, ils les prennent, quant a eux, pnur des signes simples, et les font apprendre par cocnr. Ils pretendent (pi'il y a im avantage dans cette methode. Ce que Ton pent as.snr(!r, c'est que ces divers pocedes, plus on moins salisfaisans pour la raison, doivent dans la pratique leur plus grand succes a I'assiduito, a la patience des mailres, au travail et a I'attention des ecoliers : car, comme je le disais tout a I'heure, I'enseignement de la lecture est presqne tout praliqiie : et, par conse(pient, I'exeroice y produira tonjonrs plus de fruit que des considerations metaphysiqnes. La preuve en e.st au reste qu'on a fort bien et fort ma! appris a lire par des mcthodes semblables, dill'erentes ou contraires. On voit par la comment, sans prendre parti ni pour ni contre I'epella- tion , i'ai lone des ouvrages tendant an meme but par une route diffi'renle. lorsqiie j'yai trouve ce qui dans toutes les me- thodes, doit incontcsfablenient produire un grand bien pour les eleves, je veiixdirelesoin degradner lesdilTcuUes, et de rendre sensiblcs, par tons les moyeus, les differences qui separent un objet d'un autre. M. Durivau s'est attarlie a rendre son ou- vrage satisl'aisant sous ce doul)le rapport; allaiil toujonrs du simple an compose avec une rigueur niathematique, il divise en neuf tableaux I'art de syllaber, d'ou doit decouler immc- (i) L'epcllation coiisisl<; i apprcndie tciiiles les littres une Ji mic, et a deduire le son de leurs coinbiiiai.-ions du .sou des letties simples. La lec- ture syllabique consiste, au contraire, ii faire lire toutes les syllalus nu une bonne partic des syllabos comme des sons simples. SCIENCES MORALES. 449 \lialement Tart dc lire. Le premier contient les signes inde- composables, c'est-;i-dire, les Jettres ou reunions de lettres (par excrnple, o, au, eau, c/i, ph, gn) , qui forment des sons .'iimples. Tous ces si^nes, ranges se.lon un ordre qu'il faut etudier dans le livre menie , reparaissent un peu plus loin dans un ordre different, et permetlent ainsi de I'aire saisir jusqu'aux moin- dres traits qui les distinguent. Plusieurs exercices divers se rattafhent a ce meme taiileau et fornient ensemble la premiere partie de cetle methode de Fecture. La seconde partie comprend I'ttude des eiemens decompo- sables, c'est-a-dire, des syllabes oi'i une articulation se com- bine avec les vuix simples (i) eniuiierees dans !e premier ta- bleau ; et ici sc presenlent encore plusieurs divisions, selon que Tarliculation est initiate ou Qnale, simple ou composee. Enfin, dans la troisitnie partie, sont des principes pour pas- ser a la lecture propiement dite. Le tout se termine par quelques notes oil M. Diirivau dis- cule les methodes proposees avant lui, les avantages ou les desavanfages qu'on pent y renconlrer : il etablit, avec cette raison supcrieure dont il a tait preuve dans I'examen de la methode dc M. .lacotot (voy. Rev. Erie, t. xliv, p. 454), ies vaisons qui lui font prtlerer telle ou telle marche, telle ou lelle disposition. Ccst la surtout, et dans le dlscours ou'ii a mis en tele de son ouvrage, que Ton pent approcier I'in- fluence de I'esprit philosophique sur I'instruction de la pre- miere enl'ance : aussi je rogarde cet ouvrage, quelque court qu'il suit, et peut-etre uiemc parce qu'il est si court, comme I'un desmeilleurs guides que Ton puissc recommander, suit aux maitres, soil aux inonileurs, dans les ecoles d'enseigne- n>erit mutuel. B. J. 106. — * Instruction du peuple francais ; Hires vendtts au pri.r- coutant. — La Science du bonhomme Ricfiard, par Benjamin Fbanrlin, imprimeur, precedee d'une Notice sur sa vie, et suivic de VHistcire du sifjlet. Paris, i83o; imprimerie de Fir- inin Didot. In-i6de 54 pages; prix, 2 sous. Ces publications sont t'aites par les soins d'une Societe dont (i) Les voix sont les sons produits pai i'air vocal dans lo gosier; in ies lepresentc par ies vojelles; les articulations sont les modifications f'n son piodniles par les moDveniens de la langne, des levres, des denls, ar ordonnance du 20 mars 1828, ariiva a Pondichery, le 11 avril 1829, et tut instaUe le lendemain. M. i\loiroud I'a- vait connu a Paris chez des amis communs, etse felicitait d'un choix ((ui donnait a la colonic nn chef pour lequci il avail concu heancoupd'estime,d'apics les opinions et les scntimens qu'il lui supposait. « Ce fut en rcqucrant I'enregistrement de sa commission que je prononcai le discours c|ui suit : deux heures apres I'audience, je me presentai a I'liulel dn gouver- nement, a la tete de loute la magistrature francaise de I'lnde, pour y saluer le guuvei-neur. M, le capilaine Dujnclay recut les magistrals d'une cour souveraine, a pen pres comme des matelols qui auraient manque a I'ordre. Son allocution, en slyle de marin, ne fut, d'un bout a Tautre, ([u'mie apre cen- sure de la profession de foi que je venais de faiic. Je I'ecoutai avec le calme que m'imposait la loge dont j'clais revetu ; et je me bornai a dire : 31. le gouvcrneur, .soyez sur que voire mer- curiale ne fera paf perdue. Dix minutes apres, ma demission etait dans ses mains. » En lisanl ce discours avec la plus scrnpuleuse attention, on n'y decouvrira rien dont un hommc de sens puissc paraitre offense , mais an contraire bcaucoup de choses qu'un fonc- tionnairc equitable cl bienvcillaat eut ccouLees avec recon- naissance. La miserc a laqucUe le systcme d'inipots rcduit le peuplc nialabare y est exposce avec courage ; i'oraleur denoncc I'alroce maxiuic cxprimcc en sa |>resence, en plein couseil dc 454 LIMIES MIAN^AIS. goiivcrnemonl, qn'(7 fuut que le peuple ait fahn, pour qii'on ait meilleiir marclw dc i>es sueiirs. Lcs inauoouvres des jcsiiitcs dans cetle conlrce lointaijie y soiit mi.scs an grand jour; des hpmnies pervcrs y sonl (letris coninic il.s I'ont merite, etc. Comme nous sommos rednils a citcr pen ., transcrivons an inoiiit! nil extrail qui domic une idee juste de I'espiit et des intentions qui out dicte ce disconrs. 0 Parmi les grands intcrets qui •appellcront votre sollici- tude, je nc cherclierai a la fixer qne sur unseul, parce qu'il me scmble dominerlous les antics, et qne trop pen de voix , jnsqu'ici, se sont elevces pour sa defense, ^'os regards se porleront avec bonte sur cette popnlitioa intlienne , qui n'a etc tant calomniee par ses oppressenrs que parce q^ue la caiomnie donne un pretexte ;'i I'oppression ; ils ont fait des esclaves, et ils lenr renrochent les vices qn'engendre la ser- vitude ! lis les ont charges de chaines, et ils leur font un crime des fers ! Qu'inie fois au moins on essaie de les traiter en homnies; appe!c/.-!es a I'exercice d'line liberte sage etmode- ree, et vous en ferez des citoyens. » M. Dumelai est un exemple de jdns de I'influencc corrnp- trice dn pouvoir absoln ; on en avait deja plus qn'il n'en faut pour notre instruction. Lorsqu'on reverra la legislation colo- niale, car sans doute elle suivra les progrcs de nos institutions, que les pensees exprimees si noblement dans ce disconrs de- viennent celles des legislateurs ! Nous ne rcsisterons point au desir, au besoin imperieux dc faire encore unecitation. M. Moi- roud adressc la parole a ses amis de France, a ses confreres dn barreaa de Paris '« Mes amis, si iecielm'accorde de vous revoir, je ponrrai recevoir vos enibrassemens , car je serai reste digne de vons. Qiiand vos conrageux accens assurent le triomphe de nos libertes et raffranchissement de la Grece, les miens y repondront en disant a la population malabare qni jn'entourc : Indicns des etablissemens fvancah, vous cics les su- jets du roi de France ; mais vous ii'etes les esclaves dc persoiine. Obeissez d la lot. car desormais cc n'cst plus qit'd elle que vous devez obeir. Si jamais des prejugcs barbares, si d'odieux usages tentaient de s'appesaniir sur vous, vene: vous jetcr dans les bras de la magistratiire que le roi vous a donnee ; vous la trouverez toujours prete a combaltre pour les droits cto-nels de Injustice et de I'bumanite.n En prononcant ccs paroles, Torateur voyait deslarmes dans lesyeuxdela population malabare dontil ctait cnvironne. Cette vue fit sur lui une impression que des sicclcs n'efiaceraieiit point , comme il le dit dans une note qu'il ter- mine ainsi : « Pauvrcs Indicns ! vons que j'ai aimes de toute I'eilusion d'une amc ardcnle, ^ous qui m'avcz donne dc si SCIEiSCES JiOIlALES. 455 loucbans temoignagesde reconnaissance, je ne vous abanJon- nerai pas; et, si ma voix ne parvient pas a vous arracher a I'opprcssion , elle sera du moins assez forte pour fletrir vos oppresseurs. » Y. 1 10. — Hisloire resiiniee de la guerre cC Alger, d'apres plu- sieurs teinoins oculaires, avec un portrait du Dcy. Paris, i85o; J. Correard jeune, rue Richer, passage Saulnier, n° i5. In-S" de 56 pages; prix, i fr. 5o c. Au milieu dcs glorieux ^vencniens qui out agite I'u France et la ville de Paris, on a presque oublie Alger, et cette loin- taine querelle , et notre rapide conquele. C'est que nos vrais ennemis n'etaientpas en Afrique, et que, si la prise d'Algcr nous promet ime riche colonic, la victoire du 2g juillct nous donne une patrie heureuse et libre. Toulefois, la destruction de ce repaire de pirates ajoute uU laurier de plus a notre cou- ronne militaire, et a droit, par consequent, a notre admira- tion et a notre sympatbie. L'auteur de la brochure que nous annonfons a eu pour objet de rappeler, dans un court ex- pose, les causes ct les principaux evcnemens de la guerre : il nomme avec une attention scrupuleuse les ofliciers et sol- dats qui se sont distingues, et donne une petite notice biogra- phique sur les ofliciers-generaux employes dans I'expedition. jNeanmoins nous devous dire que ces pages breves el incom- pletes apprendront pen de chose a ceux qui ont suivi dans les journaux le recit des hostilites. Elles ne contiennent rien de par- ticulier sur la nature du climat , les inoeurs deshabilans, leurs dispositions a I'egard de I'armee francaise, et ne font qu'ana- lyser les bulletins assez mal faits inseres au Moviteur. La partie biograpbique nous a paru passablement insigni- flaute. La honteuse desertion de M. de Bourmont est racontee avec une mesure qui ressemble presque h I'approbation. Quant a I'amiral Duperre, le fait Ic plus iionorable peut-ulre de sa carriere militaire est passe sous silence. RL Duperre, nomme, en i8i5, commandant pour le roi, des \nlillcs frau- caises, conduisait a la Martinique une scule fregate, lorsqu'il rencontra, a I'entree de la rade, une fregate anglaise , beau- coup plus forte, dont le lieutenant s'avisa , en I'absence du capitaine, d'arborer un drapeau tricolore renverse au-dcssous du drapeau anglais. Le brave marin ne put tolerer cette insulte gratuile a un pavilion proscrit, il est vrai, mais immortalise par cent victoires. Bien qu'une escadre anglaise croisat a peu de distance, il fit baltre a son bord le branlehas de combat, rt signifia au lieutenant anglais, que, s'il ne relevait immedia- tement le drapeau tricolore, et ne le saluait de plusieurs coups 456 LIVUES KKANCAIS. de canon, il coiumeiicerait le leu. Celle Cihc attitude en ina- posa, ol le nohlc; drapoau, liisse au hant du grand mat, recut ieshonncurs mililaires. Ce ii'cst pas tout : a rarrivce du com- modore anglais, M. Dnperre I'obligea ;\ traduirc devant nn Lonseil de guerre Ic lieutenant qui I'lil destrtue. — Get acte d'energie ct de patriotisme ou])Iie sous le regne des ennemis acharnes de notre gloire, meritait d'etre rappele aujourd'hui, et nous aurions desire le relrouver duns la note relative a I'a- miral. A. D. 1 1 1. — *Evinemen.i de Paris des 2(5, a;*, 28 et iic)juillet 1 85o, par p'usieurs teinoius ocidaircs. Deiurleme edition conlinuee jusqu'au sermcnt de Locis Philippe I", et augnientee de la Cliavte naiionale, avec I'indieation comparer des nouvelles mo- difications. Paris, i85o ; Audot. In-i(i de 208 pages; prix, 1 fr. Cetle histoire est beaucoup mieux «''crite qu'on ne devait s'v attcndre , au milieu du tuuiidte d'une revolution terminee en dix jours, dans toute I'elendue d'un royaume aussi vasle que la France. Les ('crivains qui out redige ce petit volume, temoins oculaires de ce qu'ils racontent , etaieut sans doute dans les rangs des plus iutrepides conquerans de notre inde- pendance ; la delicatesse qui les empeche de se nonimer est aussi I'undeees trais qui embellissentcetteepoque si memora- ble de notre histoire : ils racontent ce cpi'lls ont vu , nomment les braves dont le nom doit passer a la posterite, et se placent eux-memeshorsde la peiuture sublime qu'ils mettent sousnos yeux. iNous ne ferons point d'extrails de cct ouvrage; il faut le lire en entier; hors de France comme chez nous, tons les peuples y trouveront de salntaires lecons , et snrtout, il ne tiendra qu'aux gouvernans d'en profiler : jamais averlisse- ment plus utile ne leur Tut donne plus a propos. N. 112. — *Causes et consequences des evlmemens du mois de juil- lel iBjo, par J. FIevee. Paris, i83o; A. Mesnier. In-8° de 107 pages; prix, 2 I'r. 5o c. C'est une tentative bardie, un mois apres une revolution, de pretendre en indiquer la cause precise, el en annoncer les vastes cojisequenoes, de deroulcr ainsi en quelques pages tout le passe et tout I'avenir d'un peuple, ct d'assigner a cbaque lait sa place reelle dans i'ordre des eveiieniens successifs qui ont precipite vers la plus liouteuse chute une dynastie royale. Quand de tels monvemeus ont agile les Elals, il scndile que I'ecrivain philosopbe , laissant au.v hommes d'aetiou la t;1che penible de recrepir provisuiremeiit I't'iiifiL-e social, doit se re- cueillir quclque terns, rappeler a Ini ses principes les plus f'er- mes, ses souvenirs les [)1hs surs . el ne pa? donner des idees SClKNCliS MORALES. 457 iiicoaipletes , des iu>piiations plus ou moiiis heurcuses, pom- la vraie et delinitive 1 aisoii des choses. Nous accuserons done de temeiite I'auteur de la brochure que nous annoncons, et nous lui reprocherons d'avoir cru que I'esprit suffisait a une telle oeuvie, quand le g:enie mOaie reculerait devant olle. Au milieu du style hrillant et ingenieux, mais souvent sub- til et alanibicpiu dc 31. Fievee , il est assez difficile de distin- guer uii Oldie de raisonueinent exact et severe, par conse- quent de let'uter ou d'appu^er ses opinions. Toutefois, dans le denombrement des causes de la revolution actuelle, une la- cune nous a frappcs, Anciennenient attache au parti roya- listc, M. Fievee a voulu se dissimuler a lui-meme la baine prol'onde que le peuple avait loujours portee aux proteges de la Salute-Alliance. li n'a pas ose dire qu'enlrc Ics Bourbons et nous, il y avait tout le sang deWaterloo ; et qup, si les hommes habiles, les raiionneurs peiiv»int efl'acer de leur espiit de sem- blables souveniis. le peuple les garde toujours. Depuis le mois de juillet i8i5, depnis le jour ou la i'amille dechue fit a Paris son entree triomphalo au milieu de cette armee toute cou- verte encore du sang de nos frires, il y cut en France, parmi les jiiasses, une agitation souide et constante. on cspf)ir ine- branlable de faire briller de nouveau le drapeau tricolore , et de secouer en/in la poussiire qui souillait ics nobles cou/ears ! Paris se preparait depuis quinze ans aux grandes batailles dc juillet, et les hj'nuies lidicules (|ue chaque parti appele au pouvoir entonnail a la tribune, en I'hunneur de nos maitres, restaient sans echo dans la nation. Si M. Fievee a neglige cette cause feconde des evenemens de juillet, cette cause qu'on pourrait appeler le prejuge pa- triotique, il eu a saisi et developpe spiritncllenient I'origine immediate et occasionelle. «Apres la dissolution de la garde nationale, dit-il, les hai)ilansde Paris n'ayant plus aucini signe pour se rallier, avcc plus de quatre cents niiliidns de nioiiu- mens qui lenr apparlenaient, c'est-a-dire, dont iis avaient suc- cessivemcnt fourni Ics f'onds , se troiiveient sans un seulbali- ment pour se reunir et se communiqiicr leurs pensees, si quelque danger I'exigeait. C'est ce «iu'on appelait la preroga- tive I'oyale — A I'apparition des ordonnances, nous serions- nous porles vers le parlement comme an tcnis dc la Fronde, pour le supplier d'aller se jeter aux pieds du roi , afin de lui I'aire entendre la verite, au moins pour la derniere fois, et de lui porter des propositions de conciliation? Nos cours royales soiit composees d'honuucs du pouvoir, et non d'hommes de pouvoir. D'ailleurs. notre confiance ne pouvait T-trc la; trop 458 LIVUES FRAiNCAIS. dc conclamiiations politiques nous en avaicnt avertis tlipuis le uiinistere dii 8 aoCit. Nous serious- nous portes vers THotel- de-Ville pour exciter le zeie de nos echevins, et nous meltre sous leur direction? Noire H6tcl-de-\'ille est I'hotel duprefet; au lieu de nos magistrals, nous n'aurions encore Irouve la que des homnies du pouvoir; autaut dans ce qu'on appelle nos niairieg, que ne connaissent guere que ceux ([ui ont etc s'y ma- rier, ou y domander des certificats. La Cliambre des deputes etait fennee, la Cliaml)re des pairs de meme. Le peuple sc groupa dans les rues, parce qu'il n'y avail que les rues qui apparlinssenl au peuple. Quand Ics soldats vinreut les kii dis- puler, raolion s'engagea ; car encore faut-il que le peuple soil quelquepart. Aucun despolisnie ne pent parer a eel inconve- nienl.... » Cerles, il esl impossible de dire plus finement comment s'engagea celte immortelle bataille ; et, en general, a quelque page que Ton ouvre la brochure de M. Fievee, on Irouvera force reflexions piquanles, Xorce tableaux pleins d'esprit el de vivacite. Mais ces lichesses sonl confuses et incoherciites. les considerations serieuses, sacrifices a des mots heureux, les con- sequences souvent elrangeres a lenrs principes. L'auteur est lui-meme infidele a ses promesses, ou plutot a'celles de son libraire, et, en depildu litre olTiciel, onchercherait vainement, dans son ouvrage , uue suite d'apercus relalifs aux resultats probables de la revolution de i85o, a moins qu'on ne coai- prenne sous celte denomination les qucLques idces jetecs au lia- sard a la fin du livre. Neanmoins, et uialgre ces imperfections, chacun voudra connaitre eel ouvrage d'un Iiomme d'esprit, quand ce ne serait que pour apprendre comment se font les conversions au xix° siecle, et comment on pent passer du Con- servateur au Terns, en soulenant qu'on n'a jamais cru a la pos- sibilite del'existence des Bourbons. A. D. ii5. — Questions sur la lieroliiiion de i85o, par le baron Massias. Paris, i85o; Firniiu Didot. ln-8" dc 40 pages; prix, 1 fr. Soccnt. Le debut de eel ecril, dfi a l'auteur ile divers ouvrages plii- losophiques importans , esl un tableau rapide et anime des grandes journees qui doivenl ajotilei- une si belle page a no- ire liistoire. M. Massias y caraclerise avec beaucoup de force le I'cgne de ce monarque iuibeciilc qui, invoquanl sans cesse la sagesse divine, ne sul meme pas s'eclairer des plus simples lumieres de la sagesse humaine. II passe de la a Texamen de queslions d'un si hautinteret que les circonstances ont sou- loees, el il les resout. en general, couime I'ont f.iit nos de- SCIENCES MORALES. 459 pules, a iiu petit noiubie d'opposaiis prey, Icsquels, au sur- plus, onl tiouve bicii des approbateurs parmi la nation. Nous cnumererons les divcrses questions que traitc I'auteur, comme le mcilleur moyen de faire connaitre son ecrit : 1". Le parjare ei Ccdxlication de Charles X sii ffirent-ils pour abolir entUrement les lois ct la Cliarie? 2°. A qui, aprcs la consommation du parjare, appartenait de malnienir, modifier tt coiiiplclcr la Cliarie ? 3°. La cliamhre de$ deputes, en droit de conserver et de modir fier la Cliarie, avait-clle le droit d'en changer les articles fonda- menia((X , et deriietlre la France en repiibliqtte? 4°. Eiit-il ete expedient que la chambre des deputes mit la France en republique, lors mane qii'ellc en atirait cu le droit et le po avoir? 5°. La chambre des dcpatcs, qui n'etait pas en droit, et pour qui il n'etait pas opportan de proclumcr la republique, avait-clle le pouvoir de nommcr an roi? 6° Qui, la chambre des deputes, ayant droit de nommer un roi, devail-clle elire, de Napoleon II, da due de Bordeaux oa du due d' Orleans? On voit par quel encluunement logique Tauteur est arrive a I'ordre actuel de choses; chemin f'aisant, il examine cer- laines questions incidentes, notamment la legitimitede la nais- sance da due de Bordeaux. M. Massias n'y croit point, et il presente a ce sujet des rappi-ochemens et des anecdotes qui penvent fortifier des doutes deja concus; nous y rcnvoyons lespersonnes dont la conscience est encore preocoupeedocette insignifiante legitimito, en presence des oeuvres glorieuses de la legitimite nationale. En gomme, cet ecrit, dont on n'adop- tera peut-etre pas toutcs les opinions, denote du moins un bon citoyen et un homme resoln a rompre en visiere avec cette ignoble congregation dont le joug nous a tant humilies; or, comme dit Courricr, c'cst Id lepoint. P. A. D. 1 14- — De la Charte d'un Peuple libre. Le peuple francais ayant reconquis ses droits, quelle sera desormais la (]liarte d'un pciqile librc et digue de la liberie ? par A.-D. Vergnacd, ancieneli've de I'Ecole Polytechnique. Strasbourg, aoiit^ i85o ; iniprimerie de Silbermann; et Paris, Iloret, rucHaulcfeuille. In-S" de 39 pages; pris, 1 fr. ( Se vend au profit des bles- ses. ) Nous ne pourrions nous livrer ici a la discussion dc tous les articles dont se compose le projet de Charle cpie M. ^ergnaud presciUe a ses conciloyens, trop lard, il est vrai, pour qu'il puisse coucourir a cclaircr le pouvoir constitiiant snr les ytvux 4Gu LIVUES FllANCAIS. cl les bcsoins du pays, niais a toins encore |i(jur (-oiiliibuei >i repaiicire partout des idees sainos sur la iiatiiic des institutions qui convicunent a un peuple iibrc. Nous nous i)oinei'ous doni; a I'annoncer, en reconnaissant, sans touleibis approuvcr en- tierement loules les opinions professees par Pauteiu', (pic c'est rceuvre d'nn homnie instruit ct d'uti hon citoycn. Z. 11 5. — Petition d MM. Ifs Menibrcs de la Chambre des De- pales. — De la Revision de la Cluirle , des motifs qui la deter- minent ; par M. de Frakcueh. Senlis, 4 aoCit i83o. In-4" dc 4 pages. 1 16, — Pitition : momeni present ; ensemble des mcsures, des lois que je propose a MM. les Membres de la Chambre des Deputes; par M. de Francliei'. Senlis, i5 aoOt i83o. Ia-4" de 8 pages. Nous avons eu plus d'une fois roccasioii de f'aire connaitre a nos lecteurs les idees politiques de M. de Franclicu. et ses opuscules qui se dislinguent souvcnt par des vues utiles, lou- jours par un vif amour du pays et un zeleardent pour la liberie. Ccs deuxnouvcaux eciits .'■e reconunandent aumenie litre. Sur le premier, j)ubli(; au moment oi'l la nouvelle revolution avail lout remis en question parmi nous, ftl. de Franclieu deman- dait que les changemc'is a faire a la Cliartc nc i'ussenl operes que dans des formes solennelles el spociales pour ce grand acte de revision. L'auleiu' reproduisait un projel deja pubJie par lui, et lendait a fixer, par un mode regulier et determine a I'avance, les ami'liorations successives et periodiques que doil subir la constitution d'un peuple, pour resler toujours ^ au niveau des progres de la civilisation et des besoins poli- tiques de ce people. - La seconde petition renlerme quinze observations qui por- tent sur des objets plus on moins graves. L'autcur demande que le Pantlieon soit rendu a sa destination premiere, et pro- pose I'erection de divers monumens. II demande que la Chambre des deputes soit renouvelee par ciufiuiemc chaque annee; que la Chambre des pairs soil remplacee par un Senat elcctif, niais avec des conditions d'elccliondiflereutesde cellos de la Chanil)re des deputes. II veut un tril)unal d'Et.it supreme pour juger les crimes delese-nationetlesronclionuairesprevari- cateurs; une organisation de la force publique, qui cmbrasse toutc la population, divisee en sepl classes, depuis rcnfancc juvscpi'a la velerance , fixec a Page de Go a 70 ans. Enfni , les colonics attirenl aussi I'atlention de noire publicisle, qui re- clame pour elles des lois stables el un regime delinitif. Dans I'clroil espace d'une pclilinn. i\I. de Franclicu n'.i pu SCIENCES MORALES. — LITTERATURE. 461 qu't-noncer ties propositions; on voit, i\ leiir nombre et aleur importance, qu'un voliimfisufliraitapeineponiiesdevelopper. II nous laiKlrait an'ssi I'airc un livre, si nous voiilions les exa- minrr a fond. Nous aurions quelques points a fontester a iM. do Frandieu, mais lors mt"me que nous ne nous (rouvous pas de son avis, nous no saurions nous cmpecher de rcndre temoignage a ses lumieres, a scs intentions et a son amour du bien public. M. A. Littcfature. 117. — * OEuvres de Voltaire, aver prefaces, avertissemens , notes, etc.. par M. Bepchot. g' et 10" livraisons, comprenant les torn, in, v, xix, xx, xxxix et xl, des OEuvres completes. Paris; i8jo; Lcl'evre, rue dc I'Eperon; prix du vol. , 4 f''- 5o c. Nous avons deja recommande aux lecleurs de la Revue Ency- clopddique, cette importante publication, pourlaquelle le nomde M. Bcucliotetait unegarantie plus quesufiisante.Les nouveaux volumes que nousavonssouslesycuxnnusparaissentdignesdes memeseloges que les precedens, soil par lomeritetres-notable de I'execution typograpliique , soit pour Textreme correction du texte , soit surtoiit pai' les annolalions savantes et juditieu- scs de I'editeur. En attendant que Tentiere publication de I'ou- vrage nous incite a poitce d'exaniiner cette belle edition avec lout I'interet qu'«lle merite, nous nous contenterons d'indi- (|uer ce qu'olTrent de plus rcmarquable les six volumes que nous annoncons aiijourd'hui. Les deux premiers (iii et v dela collection) font partic du thea- /;r, et contienuent, cntre a litres pieces, Zaire, Adelaide du Gues- r'iii, Mnho))iet, Meri'pe oA Seiiiiramis. Chacune de ces tragedies est accompagnee de sesvariantes et dc notes, presquc toutes d'un giand inlerCt. A la suite iV J detaide seU'ouve une piece inlitulee: Le due d" J le7i(.-oji , oi'i le meme sujet], deja traite dans le due de Toix, avait etc arrange par I'auleur en trois actes, et sans role lie femme, pour Ic petit theatre de Potzdam : cette derniere tragedie n'a ete imprimee qu'en 1821, L'autre volume con- tient, de nieme, des fragmens d'une piece incdite intitulee : Tliercsc. Ces deux ouvrages sont, du I'cste , tros-peu remar- quables , et nous n'en faisorts mention que pour montrer com- bien I'editeur a mis de zele et de conscience a rendrc cette collection aiissi complete qu'il etait possible do le desirer. Les deux volumes suivans (xix et xx) comprennent en en- tier le sicclc dc Louis XTV, avec lo snpplrment. qui manque 462 LIVKES I'ilANCAIS. dans beaucop trcdilions nieiiic assez reccntes, et qui contient, comme on salt, une reponsc, telle qiicVoltairc pouvait lafaire, aux critiques et atix invectives de La Beauniello. Enfin, sous le litre dc Melanges, se tiouvent rassembles, dans les torn, xxxix et xl des ceuvres completes, des Memoi- rcs, disconrs, et aulres morceaux relatit's a divers sujcts, parmi lesqucls on remarque lout ce qui sc rapporte an memo- rable proces de Galas, uneleltre Ires-curieuse sur rimpol du vingtieme, piibliee pour la premiere fois en i8i() par M. dc La Bedoyere , et son examen critique des ceuvres dc Mauper- tuis, qui n'avait pas encore etc r.dniis dans la collection des ceuvres de Yollaire. Ce petit nombre d'observalions, auqucl nous dcvons nous bornerpouric moment, fait voir, du moins, avec quel soin M. Beucliot poursuit la tache laborieuse qu'il s'est imposee, et que personne n'elait, assurement, plus capable de bien rem- plir. Y. Z. 118. — * Francoise de Rimini, drame en. cinq actes et en vers, par Gusiave Drouineau, rcjuesente pour la premiere fois sur le Tlieiltre-Franrais, le 28 juin i85o. Paris, i8jo; Timothee Deliay. In-S" de xiv et lao pag. ; prix, 3 fr. Parmi les sujets nombreUv que le drame a empruntes a Tepopee et an roman , il en est bien peu qui aient obtcnu un succes complet. Outre qu'il est rare que la mfeme action con- vienne egalement au recit el an theatre, il senible qu'une fois que le genie a imprime son cachet a un evenement , I'imagi- nalion se prete avec peine a le voir reproduire sous des formes nouvelles. Le nom de Fiancoise de Rimini rappelle a tout lec- teur du Dante deux situations, j'oserai dire caracterisliques; cellc ou Fi'ancoi^e et son amant s'abandonnent aux seduc- tions du livre des Amours de Lancelot; situation si lieureuse- mentlivi'ee a la reverie du lecteurpar le vague dc ce dernier vers : Quel giorno pl'ii non vi leggenimo avan!c; etcelleou le poele les peint au sejourdessupplices, errant dans le vague des airs, comine deux colombcs, soullVans, mais cternel- lemenl unis. Or, de ces deux situations, la premiere ne con- vient sous aucun rapport au lliealre ; la seconde est posterieure al'action, Quereste-t-il au drame, prive de ces deux elemens? L'aventure d'unc femme tuee par son mari , parce qu'il decou- vrc (pi'elle ainic son beau-frcre! Cela n'esl ni bien original, ni bien important. 11 faut , pour remplir le drame , ajouter a cc fond d'autres evcuemeus, d'autres personnages, d'autres com- biuaisons; ct c'esl ce qu'a fait IM. Drouineau. La querelle dc$ litti<:rature 463 Guelles et rles Gibtlins, les efforts du Dante pour relever les esperances tie ce dernier parti, occiipent unc assez grandc place dans son ouvrage, surtoutaux premiers actes. Par mal- heur, CCS details politiqiies ne font que rallentir Taction et compliquer le sujet. Ilien de moins interessant que les Guel- fes et les Gibelins. Ces factions dechiraient I'ltalie pour la cause dc deux puissances rivales, le pape et Tempercur, dont le triomphe ne pouvait que lui etre egalement fnneste : si les peuplesitaliensavaienteu alorsplus de luniieres, ilsseseraient amies contre tons deux. Une invention plus heureuse, c'est celle d'un tournoi oi^i Paolo remporte le prix; la jalousie de Berthold, qui lui suggere Tidee d'obliger Francoise a ceindre I'echarpe au A'ainqueur et a lui donner le baiser d'usage , pro- duitune situation tres-draniatique. Cctte scene, et plusieurs autres, ou la passion estpeinle avecenergie et delicatesse,con- firment les esperances qu'avait fait concevoir le succes de Rienzi, et que realiseront sans doute les nouveaux ouvrages que M. Drouineau nous promet dans sa preface. Nous re- marquons, dans cette preface, une protestation d'admiration et de respect pour les anciens maitres de notre scene , qui honore a la fois le talent et le caractere de ce jeune auteur. Presse par la coterie romantique de dire a quel regiment litteraire il appartient, M. Drouineau repond« qu'il ne concoit pas qu'ou puisse enregimenter les intelligences, (|ue les con- quetes de I'esprit doivent etie individuelles, qu'il ne s'agit pas de suivre un drapeau, mais bien ses propres idees et Tes- sor de son imagination. » Cela est juste et vrai, anssi bien ex- prime que bien pense. Je suis moins satislait des niojens qu'il propose pour renouveler les tableaux trop souveut reproduits sur notre scene. » Donner de la vie d l' erudition , animer d'un coloris intime et vigoureux les sujets qui ne nous ont etc offerts qu'a I'aide de demi-teintes p;lles et timides ; faire pal- piter la science historique; rajcuuir toulesces vieilles passions, en les represcntant avec rencrgie et la couleur vraie de leur siede ; les Jeter comme contraste au milieu de notre civilisation moderne, ou toutes les physionomies s'effacent, etc. Ce style enlumine fait mon supplice, quand je le vols applique aux matieres de raisonnement et de critique. La tbeorie des arts est bien assez abstraite, sans y joindre 1,'obscnrite dn langage a la mode. Que veut dire M. Drouineau ? Que les personnages et les evcnemens que nous offre le drame doivent dcsormais por- ter les couleurs du pays et du terns? Le preceple est bon. mais il n'est pas nouveau; et pour uc ciler qu'iui petil uoiii- /jt)4 LIVRES FRANC ATS. bre d'excmplos, il me scmbic que le Cid, les Ilornccs, Ailia- lie, Tancri'de, en preseiiteiit il'assez hciircuses applications; que ies niceuis y sont pcinlcs avcc aiitant d'exaclitiide que le pcrniet rinlcict dramatique. Mais peul-otre 31. Droiiinean veut-il (lue Ics personnages reparai-^sent a iios yeiix absolii- ment tels que Ics faisaient Ies usages, Ies opinions, Ies costu- mes de leur siecle. De pareils tableaux poiirront etre agriia- bles aux antiquaires ; mais je doulc qn'ils soienl I'ort gofites du public. Pour I'emouvoir, pour I'attachcr, il I'aut, de toule ne- cessity;, ([ue !es heros du dranie sympathisent avec lui. II faut sous le costume dti siecle peindie I'lionitne de tons Ies lems. J'ai encore une objection a soumcttrc a M. Diouineau. « Je crois , dit-il, a la perfectibilite de I'espece humaine ; i<' croij a la perfectibilite des arts; je crois done I'art dramati- <(ne susceptible dc modifications inepuisables. » L'espece hu- maine est peifectible sans doute, en ce qui est le fruit de I'ex- perience et de I'observation. Ainsi Ies sciences , Ies arts mecaniques, I'organisation des Societes, la moralite meme de I'bomme soot indefiniment susceplibies de progres. Mais il n'eii est pas ainsi des arts ou rimaginatioi) domine. Leur empire lie s'etend pas de siecle en siicle , et I'avantage de I'^xpe- rience n'y conipeiise point rinconvenicnt de trouver la car- riere deja parcourue. Les liommes de genie qui out initie Ies peuples f'i la culture de ces'arts en resteront done piobaI)ie- mentles plusheureux modelcs. Quels progres a faits I'epopee depuis Hoiiiere ; I'ode, depuis Pindare et Horace; I'elegie, depuis Tibulle ; la tragedie, depuis Voltaire; et qui pourrait croire que, dans la fable et dans la comedic , La Fontaine et Moliere seront jamais surpasses! Ch. I iq. — Melangei^, on Suile des promenades d'lin solitaire, par Charles d'Outrepont. Paris, i83o; Firmin Didot, rue Jacob. Jn-8° dc MM el 222 pages; prix, 5 fr. Ce n'est point ici un titre en I'air 011 pris au hasard ; medite sous des ombiages inspiratenrs, cet ouvrage est bien reelle- ment I'oenvre d'un pbilosopbe qui vit solitaire au milieu de Paris, qui piiise en lui-menie ot dans ses livres une pensee pure et independante, une opinion libre, et que n'inflnence point I'opinion du voisin. Si c'est la unavantage, si Thomine qui ecrit ainsi est pins lui, plus original, cet avantage n'est pas a I'abri de <|iicl((ue incftnvenient ; il est bien certain qu'il y a aussi quebpie chose a apprendre dans la grande frequen- tation lies honmies, qu'il est telle conversation 011, sans per- > Si nous prenions a la lettre la plaisante- rie de I'eveque, il en faudrail conclure qu'il n'y a rien de vrai parmi les hommes, et que toutcs les opinions sc valent; niais c'est une cxageration qu'il Cant savoir comprendre, etqui ren- ferme une pensee pleine de sens. » T. xLvii. Aurx iS3o. 5o 46() LIVllES I'RANCAIS. Quelqnelois aussi nous nc poiivons allrihiior qn'a unc sim- ple (lislrarlion rcrreiir oi'i nutis croyons quo noire aulour est tonil)e. Aiiisi, dans iin cliapilre iiiliUilc : Que d'errenrs et d ab- surditi's danf uric biltlio/lti'qui\ cliapilre qui pronve a la Ibis heancmip de leclure et nn lact loit jiulicieux, I\J. d'Outre- pont accuse line pensec de Sophocit; que nous tenons a jusli- fier, car Sophocie est u!i de nos auleursJ. d'Outieponl n'a pas de peine a faire seulir ce qu'il y a d'imnioial et de faux dans celle maxime; puis, il ajoule : «Les poetes.sont qneiquetbis de singuliers ciloyens. Remarqnons que Sophocie est iei inexcu- sable, car il ne met point sa maxime dans la bouclie d'un ty- ran, on dans cellc d'un valet de cour; mais il la fait dire par le choeur, par le personnage qui est toujours charge de la par- tie morale et senteucieuse dans Ics tragedies grccques. » D'a- bord la phrase grecque est beauconp moius absolue que la phrase francaise. Ensuite, s'il est vrai que le plus souvent le chopur esl le pcrsonnage moral de la piece, ce n'est pas unc regie sans exception, et parmi les exenqiles du contraire, le choeur de VJritigone a ete plus d'uiie lois ciie. Les vieillards qui composeut ce choeur sont des courlisans dc Creon , ils plaigneiil le nialheur, mais ils obeissent aux volontes du mai- tre ; et I'inlention assez manifeslc de Sophocie, dans tout le cours dc la piece, a etc de prouver que le despotisme perver- lit mrn;e le bon nature! ; c'est une flatte;ie populaire qui n'est pas rare chez lis auteurs dramaliques d' Atheiifes, lesquels usent de tons les moyens pour rappeler aux Atheniens tons les vices du gouveruement d'un sent, tons les avanlagcs de la liberie. L'erreur que nous v.^nons d'in(!i(|uer, nous I'aurions laisse passer impuucmcnt dans beaucoupdelivres ; mais les opinions de M. d'Outrepont sont si bien marquees au coin de la sa- gesse, elles out I'l nos yeux une autorite si respectable , que nous avons cru necessaire de venir au secours de Sophocie. Cette remarque nous sert d'ailleurs a varier le too de cet ar- ticle, dont le sujet nous oflVe beauconp a louer. II est pen d'ouvrages ou Ton trouve ainsi reunis un savcir etendu, unc vue percante, une conscience d'honnetc homme. Studienx, observatcur el ecrivain, IM. d'Oulreponl s'adresse a un grand nombre de lecleius. Chez lui la protondeur de la pensee est unie a la legcrete des i'ormes ; les verites morales n'ont rieu de rwharbatil, et se prcsentent sous une apparcncc piquanle ; lemoins, enlreautres, ics chapilres intitules : Jttdis et Atijour- d'liiii ; En ionic c/iosc, U faiit coJifidcrer la fin. C'ett une revue LITTERATURE. 467 caustique et souvent Cdcle de la societe d'aujourd'hiii que le <'hapitre iiUitidu : F/tilolas; la grande qiK^stion dc la source »lu pouvoir est habiIemenUliscuteaii, maisqiii no saiirait en clissimii- ier la faiWlesse et rincoriection. Kh bien, nos jciines autenrs, on (li'.igcanl Icurs elTorts vers la recherclic fic cette qualite, pciit-etie tiop neglij^ce paileins devancicrs, sonttombes dans iinc eiTCnr latale : ils ont ciii qu'ellc poiivait eonslitucr a ellc scido le nieiite dos oiivrages d'arl, el qn'clle snfTiiait a ieurs snoci'S. Bion plus, ils ont meconnn la natnre memc de cclto cnnleiir locale doni I'acqnisition le\n' paraissait si precicuse : ils I'onl fait consisler dans la repiiL'senlation exacte des Ibrmcs exleiicures, an lien de lachercher dans j'intelligencedes idecs inoiales qni dislingnont unc epoque parmi toutes les antrcs. Ainsi, les nns ont minulicnsenient decrit la forme d'un cha- pcan, la conlenr et les plis d'nn haut-de-chausses; ils ont par- I'aitenient analyse la distribution des diverses parties dont se composait^ an x\' siecle, un cbatean seigneurial, on merne le logis d'un ricbe bourgeois; d'autres se sont cms plus habiles, en introduisant dans leur dialogue quelque juron bistorique, «'n faisant retcntir, sous les voftles d'un corps-de-garde on d'un cabaret, le refrain golbique d'une vieille chanson : la iilupart ont fait conime ces peintrcs qui dcmandent a leur palette les plus brillanles couleurs pour rendrc toute la ri- cliesse d'un nniforilie on d'nn habit de cour, et dont le froid pincoau uc commuiii(|;ie ni vie, ni expression aux p;1les figu- res ecrasees sous ces lourds ornemens. Bien pen se sonl altacbes, coinme les grands maitres , a ctudier les traits caracleristiques de la physionomie d'un siecle. afin do les itersonnifier dans quelques portraits d'imaginalion , types pliilosopbiques on poetiques, pour ainsi dire, des opinions et des niceurs de leur terns. Ce reproche nepourrait s'adresser cntieremcnl, sans injiis- licc, aiix auteurs des deux ronians que nous annoncons. Les Mauvnis Gnrrons offrent un tableau assez vivant de I'interieur (in vieux Paris; Taction en est curieuseet animee, etles figure? Mnnci|ia!es sont tracoesavecsoinct avec une agrearble varietc dans le dessin. Quaul aux Dcn.r Foua, \m interet melancoliquc s'a ttacbe a la persoruiedu beros principal, Caillctte, qu'un amour Irop sincere et trop genereux pour la personne de Diane de Poitiers conduit, alraversplusieurs avenlures assez habilement liees enlre ellcs, a une mort volontaire et premaluree. U y a certainemeiit quelque chose dans ces ouvrages qui revele deux lalens originauv ; mais oes lalens sont gates par un dc'faul, disons inieux, par une manie qui unit singulierc- LITTl^RATURE. Ltinj inent a I'effet que leurs pioduclions soiit ilostinees ii ubteiiii sousle rapport de I'art : c'est railectation de la cotileur locale, lion plus appliqueeseulementaux petiteschoses, coinine nous I'avons deja signale, inais Iransportee jusque dans le style. Soit «iu'ils aient voulu donner une teinte plus antique a leur travail, soit qu'ils aient lecUcnient forme le projet de rci'oraier la lan- f^ae, M. Jacob et souemule semblent d'accoid pourinleicalei-, dans un recit eciit en irancais de notre epoque, avec eh'ganceet naturel, des dialogues interminables, oi'i tout ce que I'etudeia plus laborieuse des ecrivains du xvi° siecle a pu leur fournir d'expressions grotesques et de facons etranges de parler est rc- lueilli avec une scrupuleuse exactitude. Qu'en resuUe-l-il? Une disparate choquante, un def'aut d'harmonie qui I'atiguent el repoussent. Et encore, si ce dialogue etait simple, court, et approprie aux persounages : mais non, cenx-ci sont tons egft- lement bavards, sentencieux et diffus, ne laissant echapper aucune occasion d'ouvrir la bouche, et, lorsqu'ils out une iois obtenu la parole, la conservant avec une perseverance admirable. De bon compte, les dialogues occupent, pour le inoins , les deux tiers de chaque volume ; et certains mots pe- dantesques, telsque^S'fl/rtnas, messire Apollo, damo Jutw,etc.,y rcparaissent avec une complaisance qui porterait a croire que les auteurs leui' attribuent quelque vcrtu uiagique d'attrac- lion. Certes, le langage moderne pent I'aire d'uliles conqueles dans les domaines negliges du vieux Irancais : que de m,ots cxpressits, que de lournures naives et energicines, un ecrivain habile, un nouveau Courrier, saurail rendre populaires en les adaptant avec art aux habitudes nouvclles de notre lan- gue. Mais c'est une lache qui demande du discernement et dc la mesure; ce sont des conquetes qu'on ne peul obtenir que lentement et par degres; pour y reussir, il ne suflit point de lancer inconsiderement dans le public un gros volume, tout larci de phrases bien lourdes et bien obscures ; et c'est une tentative ridicule que de vouloir placer le vocabulaire mo- derne en presence de cette nomenclature de mots eleinls aux- quels la mode capricieuse a tour a tour retranche deux ou trois lettres, atinde leur donner une allure plus jeune, et qu'on est tout etonne de voir ressuscites pour contester a d'heureux derives leur juste droit de cite. Quant aux a vantages que I'art, pour lui-meme, pent letirer de celte innovation, paraitront- ils plus evidens? Je ne le pense pas. Loin de conlribuer a rdVct de I'ensemble, je I'ai deja dit, ce placage d'un dialogue antique an milieu d'une narration a la moderne est du plus mauvais gout, et ne produit (}u'iine maladroitc discordance : 470 LIVRES FllANCAIS. et puis, quelle pourra ?lre la vcrite tie ccs discours dont fe? membies de phrases out etc pilles ca et li\ dans des livrcs, qui sonvent ne soiit point oontcmporains les uns desantrcs, et qui, dans tons les cas, entaclics de rcrndition pedanlcsqne et de la snl)liliie scolasliqne dn terns, ne penvent donner une idee juste du lang;ige I'amilier et popnlaire. Aussi, qu'est-il re- sulte des premiers essais de ces jennes ecrivains? Us n'ont fait ni de bons olivraj^es d'erndition grammaticale et litteraire , ni des romans complets et amusans : nne autre lois, qn'ils tra- cent, entre les deux genres, une ligne de demarcation plus precise, et certes ils sont bien capal)les d'obtenir des sacc^s solides el durables dans I'nn et dans I'autre. 123. — Lc. Grenadier de rile d'Elbe, Souvenirs de i8i4 et 181 5; par A. Bauginet, de Grenoble ; avec cette epigraphe : La vertu, c^est te dcvoument. Paris, i85o; iManio et Delaunay- Yallee. 3 vol. grand in -8°, formant ensemble plus de 800 pages; prix, i4 fr. M. Barginet n'avait certainement pas determine le plan de son onvrage avant de prendre la plume ; car il est difllciic de comprendre, lorsqu'on a eu I'attenlion dele lire jus(ju'au bout, quel en est le veritable beros, et sur quelle action I'au- teur a voulu diriger I'interet. Le fabuleux episode des Cent- jours, qui intervint, avec tant de merveilleux et de deplorables incidens, entrc les deux pretcndues restauralions, parait avoir vivement I'rappe ['imagination de M. Barginet. Fort jeune en- core en 18 i5, et place, dans saville natale, aux avant-postes de cette population entliousiaste qui fela la premiere Napo- leon echappe de sa triste caplivite de I'ile d'Elbe, il recneillit avec soin les impressions profondes que ce beau spectacle ne put manqiier de prodnire sur son imagination encore neuve. Des circonslances particulieres, et dont lc recil occupe une place dans son livre, diU'cnt ajoivter encore a la force et a la magie de ses souvenirs. Aussi ne faut-il pas s'elonner s'il a cede, peut-etre meme un pen tard, an desir de les consacrer par un hommage public. Ainsi, bien evidemment, son premier pro- jet doit avoir ete de tracer un tableau poctique de cc grand evenement, el deconstater la part, tonle minime quVlie soil, qu'il pent y avoir cue. Si les details nonveanx el personnels qu'il pouvait ajouter a I'histoire de cetlc epofpie avaient ete assez nombreux on assez importans, il anrait done I'ait tout simplemenl des Memoires ; s'il avail ete done du talent d'a- ligner des rimes et de mesuier des syllabes, ilaiu-ait euibou- che, conmic on dit, la Irouipcltc epique : mais ni I'nne, ni I'autre enlreprisc ne paraissaiil convenir i\ son talent, ni aux t LITTER ATURE. 4^1 materiaiixqu'il avail a nicttic en ceuvre, raiiteiir acheiclu'; uii genre mixle, oi'i I'ou trouve dc nombreux essais cre sincere admiration a son nohlc ca- ractere; puis Germain, detrompe sur ses esperances par lady Latimer donl il etait dcvenn I'assidu courtisan , s'attachc de plus en plus a la soeur de cellc-ci , lady Jane Sydenham, dont il sait apprecier les qiialites agrcables et solides. Enfin, lorsque roiiverlure de la session parlementairc rapcllc a Lon- dres, avec toute la societe fashionable, les deux nonveaux deputes, I'un devient un assidu delenscur des interets du peuple, landis que i'aulre sacrifie trop souvent ses devoirs politiques a son goOt pour les plus coOteux plaisirs. Toute- fois, ce dernier a une fin plus heurouse que son rival ; emporte par son humeur fantasque et defiante, celui-ci cherche querelle a un petit-maitre dont il n'a jamais pu sup- porter rimpertinence et la frivolite, et meurt dans un duel devenu indispensable, au moment d'epouser Helenc a laquclle il rend enfin justice. Germain, au contraire, ruine par ses foUes depenses, trouve encore, dans sa delresse, lady Jane fidele a ses engagemens ; et , cedant aux voeux exprimes dans le testa- ment dumalheureux Oakley, ilretrouve, en I'epousant, une for- time independante qui lui est assuree dans la succession de son ami, II serait trop long de discuter ici la valeur moiale des pre- ceptes de conduitc que pent comporter cet ouvrage ; mais , en le considerant comme un simple roman , disons qu'il est amu- sant et spiritnel : les divcrses scenes relatives aux elections surlout sunt decrites avec beaucoup de gaite , quoique les traducteurs en aient souvent affaibli les couleurs, soit par une negligence blamable, soit peut-eire par ignorance du langagc et des nioeurs de I'Angleterre. c. Beaux- Arts. iu4. — * Mcthodes d'hiirrnonie el de composition, a I'aide dcs- qifelles on pent apprendre soi-nieme a accompagner la basse chiffree, et a composer toute espcce de musique ; par M. Geor- ges Albrechtsbergek; nourellr edition tradnite ile I'allemand avec des notes, par M. Ciioron, direcleur de I'lnstiUUion dc musiiiue religieiise. Paris, 1800; Bachelier. 2 vol. in-8°. T. i de XXXII et 219 pages. T. 11, entieromenl compose de planches de musique divisees en 4 series de io5, 37, 208 ct 78 pages aon compris Ic litre; piix, 16 fi. BEAUX-ARTS. 4^3 Ne a Klosterneubourg, 6 deux lieiies de Vie nne, Je 3 fevrier 1756, Jean-Georges Albrechtsbeiger s'appliqua des I'enl'ance i\ I'etiide de la musique avec une assiduite peu commune an jeunc age; apres avoir touche I'orgue en diffeiciis endroits a la saUst'action generale, il fut , en 1772, successeur de son maitre Mann , organiste de la Cour, et vingt ans plus lard, en 1792, remplaca Leopold Hoffmann, maitre de chapelle de la catliedralede Saint-Elienne, aVienne. Iloccupacetle place jus- qu'a sa mort , arrivee le 7 mars 1809; et c'est pendant qn'il s'acquittait de ses honorables t'onctions qu'il composa im nom- bre Ibrt considerable de messes, offertoires , p-adaels, etc. II publiait en meme terns quantite de morceaux de musique in- strumenlaie, prcsque tous dans le style fugue, faisait iniprimer la Mcilwde de Composition qui est I'objiit de cet article, et for- mait de nombroux eleves , parmi lesquels on remarque Beet- hoven, Hummel, fVeigl, le chev. Sey fried , etc. C'est ce dernier qui s'est charge de recueilliren un seul corps les traites d'Albrechtsberger epais jusqu'a ce jour, et de placer ce tiavail en tete de la Methode de composition , en ajoutant a ce dernier ouvrage des augmentations communiquces par I'au- teur lui-meme. Le Traite d'/iarmoriie et dc basse c/iiffree occupe 80 pages : le systeme developpe par I'auteur est d'une simpli- cite extreme ; apres avoir deflni I'accord parlait et ses derives , et en avoir regie I'emploi , il presente cet accord primitif comme susceptible de recevoir successirement ou simultane- ment ses dissonnances de septieme, neuvieme, onzicme et treizieme, et formant ainsi de nouveaux accords susceptibles de renversemens ainsi que ses premiers, et qui deviennent chacun I'objet d'une etude particuliere. Quelque nombreux que fussent les exemples correspondans a cette premiere par- tie , M. Choron a fait sagement d'y ajouter un choix excel- lent de partimenii ou lecons de Jjasse chiffree , lire de la col- lection de Curio Columacci : I'usage d'etudier I'harmouie eu s'excrcant a I'accompagnement etait fort cnmmun dans ces admirables conservatoires d'ltalie, aujourd'hui entierement dechus du rang qu'ils ont occupe durant un siede ; une telle methode est fort simple et fort commode, et c'est probable- ment pour cela qu'elle est tout-a-fail iausitee en France oii Ton commence a ne trouver plus d'accompagnateur qui ait I'habitiule du chiffrage. 1 L'enseignemcnt du contrepoint est presente avec antant de clarte que celui de Tharmonie. Apres avoir pose quelques regies generales, I'auleur indi(|uc les moyens d'ecrire oor- rcclement les cinq especes de contrepoint simple a 2 , 3 et 4- 474 LlVllES FRANC AIS. parties, cttermine par qiichjucs notions sur la composition ;V cinq voix. > icnnent ensnile Ics regies do I'iniitalion et de lir ftigiio simj)lc , puis cclles dii rontrepoint double ;'i ['octave, a la dixii'nie ct a la douzienie, en/in des notions sur la liigne double et les canons; le tout est leintine par une instruction sur les instrumens ct les voix, leiir etendue et la manicrc de les employer. M. Cboron a conserve dans son cntier le travail d'Albrechls- bergcr; il n'a lait sul)ir au texte aucnn cbangemcnt notable, si ce n'est la transposition de certains chapitics qui seniblenthors de leur place, ct I'addition de quelqueseclaircissemens passa- gers.Quantauxnotesasscznombreuscs qu'ila placeesau basdes pages, nousne saurions trop en recommandcr la lecture auxele- ves (|ui etudient la composition. On y retrouve cette veritable science musicale,auiourd'hui si rare, surtout en France: noussi- gnaleronsen particulierles notesdespagesQg, iSq, 2o5ou les le- glesduconlrepoint et delal'ugue sont decrites de telle ma uicrc qu'elies paraitrontclaires aux intelligences les moins develop- pces : ftl. Cboron expose cette parlie, en quelque sorte meca- uiquc de la composition, comme il n'avait jamais ete (ait jus- qu'a cette heure, en apprenant a I'eleve comment il doit s'y prendre pour ecrire, lui indiquant les ecueils C|u'il doit evi- ter et la route dont il ne pent s'ecarter sans faillir. Cette uou- velle edition d'Albrechtsberger et un servive de plus rendu a la musique par .^1. Cboron; mais nous ne le tenons pas quitte; soiivent il annoncc dans ses notes un ouvrage (|ui a pour litre : Iniroductlon a CElads generate ct raisonnee de La Musique : nous dcvons a I'amitie de M. Cboron la connaissance dc plusieurs parties de cet excellent livre qui, presentaut I'art musical sous un jour nouveau, nous parait devoir tout expliquer et tout eclaircir; la, point de difliculteseludees, point de tbeories aven- tureuses, point de declamations extra vagantes , mais des ve- rites neuves bien reconiiues et bien etablies, digne t'ruil de quaranle annees de travaux et de meditations. Que SI. Cbo- ron se bate de metlre la dernicre main a ce travail et de le livrer au public, il seia le sccau d'une des reputations musi- cales les plus justement et les plus bouuraljlenieut etablies. J. Adrien Lafasge. 1 35. — Manuel romplet de La Danse, comprenant la tbeorie, la pratitpie ct I'bistoirc de cet art depols les tems les plus re- cules jusqu'a nos jours; a I'usage des amaleiu's et des profes- seurs; par M. Blasis, premier danseur du ibealre du roi d'Angleterre, el compositeur de ballets; traduit dc I'anglais dc M. Barton, sur I'edition dc 18.I0, par M. Paut A'ERGSAiiD, IIEAUX-ARTS. — MEMOIRES ET RAPP. 4^5 ct revii par M. Gardel. Paris, i85o; Roret. In-i8 de vj-412 pages, et 24 pages de musiqiie notee, avec un grand nombre de figures ; prix, 5 fr. 5o c. Deux nonis celebres dans les annales de la choregraphic recomiTiandent suifisammeni cet ouvrage, ou la niatiore (;st traitee cx-professo et avec lous les developpcmens ticces- saires, dans six parties, divisees chacune en de nouibreux chap i Ires. Memoires et Rapports de Socictes savantes. 126. — * Seance publique de la Societe libre d' emulation de Rouen, tenue le 6 juin 1829. Rouen, 1829; imprimeiie dc Baudry. In-8° de 196 pages. Apres un discours de M. Destigny, president, ou les bien- I'aits des sciences, des lettres et des arts sont exposes avec di- gnile, et ol'i I'orateur fait en peu de mots I'eloge de Laroche- foucauld-Liancourt, dont toute la France regrette encore la perte, M. P. A. Corneille, professeur d'histoire et secretaire de la Societe, rendit le compte annuel des Iravaiix aussinom- breux que varies des societaires. Les sciences et leurs appli- cations aux fabriques de I'industrieuse ville de Rouen y ont en leur part ; mais la lilterature y domina , ce dont le plus grand nombre des lecteurs ne se plaindra point. Ce compte, ou tanl d'objets sont passes en revue, est ccpendant fort court. On lut a la meme seance un fragment d'une tragedie de M. Deville, compalriote de Corneille, mais qui, au lieu de puiser dans rhistoire romaine, va chercher ses heros dans nos propies an- nales, et a mis en scene la mort du due de Guise, dans lo chateau de Blois. — Une Notice necrologique sur M. le doc- teur Marquis, professeur de botanique. poete, antiquaire, en- leve aux sciences et aux leftres a 5i ans; M. Carault est son biographe. — M. Toi'gard fait un rapport sur les medailles d'encouragcmcnt distribuecs par la Societe aux artistes, aux fabricans, aux ouvriers. Tel etait le sujet dont le public fut occupe, a la seance annuelle de 1829. Ti'ois Memoires sont inseres dans ce volume, par decision de la Societe ; le pre- mier est une Notice sur les poids ct mesures, par M. Lemar- cha>dde la Faverie ; le second est intitule : Dela Mort senile, par M. le docteur Avenel; ct le troisienic est le rapport de SI. Deville sur le projet de munumciilaelever a Pierre Cor- neille. Le projet ayant ete adoptc, la souscription ouverte el remplie, cet hommage rendu au fondateur de la tragedie francaise sera bientot une sortc de compensation des outrages /,7G LIVllES FRANCAIS. iloiit la soi-disantc *;colu moderne croit flcliir la menuiiic iles' aitleurs qui ont portc Ic plus haut la gloiie do noire liUcra- liiie. Ouirages pcriodiques. la^. — *Aiinale& pi'ovencales d' agriculture pratique et d'eco- nottiie rurale, piibliees par MiM. Toiloizan ct I'eissat aino. — 3' annee : n" 5i et 7)2 (Janvier ct fevrier). Rlarseillc, i85o. On s'abonnc an bureau, rue de la Canebiere, n° 19. Ce retueil nicnsiiel parait par cahiers de trois I'enille.s d'inijircs.sion ; prix de I'abonncment, par annee, 6 IV. pour Marseille, 8 Fr. pour le reste de la France. Dans le cahier de Janvier, IM. Planche entre dans dcs consi- derations generales sur I'introduction d'uii troupcau de betes ;'i laine dans un domaine situe entieremcnt dans la plaine, sans bois et sans collines. II rend compte des soins qu'il a donnes jusqu'a ce jour a un troupeau dontlcs premieres brebisont ete acbetees en 1819, des experiences i'aites successivenient pour anieliorer la race dans un pays inoins propre que les departe- niens du nord de la France a I'engraissenient des troupeaux . des resultats qu'il a obtenus; et nous met sous lesyeux, dans trois tableaux synoptiques, Taccroisscment progressildes pro- duits reels. Ces details sont d'autant plus curieux, et doivent d'autant plus interesser les agriculteurs du departenient des Kouches-du-Rhone, que les habitans de cettc partie de la France se sont obstines jusqu'ici a rejcler tous les pertection- nemens introduils dans I'agncidture. Cetle obslinatioii , qui provient d'un deplorable esprit de routine, tient un grand nombre de departemens dumididans une inferiorite immense rclatiTcment a ceux de la Normandie , de I'ile de France et de presque toutes les provinces septentrionales. Ksperons que le brillant resullat dcs eflbrts tentesparJI. I'lancbeengagerales proprietaires et les Cermiers a I'imiter ; que les procedes et les instrumens actuellement en usage en Provence seront aban- donnespour {'aire place aux nouveaux; et quecette belle pro- vince arrivera enfin au niveau de celles oOi I'on accueillc tous les peri'ectionnemens que la science et I'experience doivent necessairement amener. Dans tous les cas, M. Planche et ses associes ont acquis par leur tentative et le succes de leurs tra- vaux des droits ;i la reconnaissance de Icurs compatriotes el. de la France cntieie. Le nuniero 53 des ;mnales conlienl un article sur la compa- tibilile de la taille elevee avcc la superfinesse de la laine chez les moulons. OUVRAGES Pl^RIODIQUES. 4-7 L'aulcur pretend, en I'appuyant des resultats de ses pronres experiences : i°qiie !es montagnes ct pruurag^es qui nourissciil moins riehciTtent Ic betail el lui donnent la meche lache, pro- diiisent une laine fine, soyeuse, at d'un frise re{;;iilier, signc caracteristiqiie de la lainc amelioroe ; 2° que les inonta"-nes et patnrages, donnant plus de graisse avec le brin fin , et toison tassee, produisent, au contraire, avec le mrme troupeau unc laine beaucoup plus grosse, plus riche et d'aspect cotonneux, c'est-a-dire, ayant perdu en grande partie son frisc. D'oi'i on pent conclure que de maigres paturages, en faisant perdrc aux moutons I'dnbonpoint qui leur est necessaire, donnent a la lainc encore plus de finesse; mais qu'alors, a I'orce de s'elrr amincie, elle a perdu de son nerf comme de ses autrcs qua- lites. — L'auteur, ayant done pose en principe que la sante, Pcmbonpoint et la taillc des moutons sont toujours en raison directe de la beaute des paturages, et que des paturages trop gras leur donnent iin exces de graisse aussi nuisible pour la qualite do leurs laines qu'une maigreur excessive, soutient que la tailie moyenne est seule compatible avec la superfinesse de la laine chez les moutons. Z. 11S. — *Recacil indusiriel, manafacturier , agricole et com- mercial, de la Salabrite pubiique, ct des Beaux-Arts , auquel son reimis et ajoutes ce journal et la FeuUlc des arts el metiers de I'y^ngleierre, et les Annales de la Socicte royale d^s Prisons. '—Repertoire general des Brevets d'inr.ention, renlcrmant la description des expositions publiques faites en France et a I'ejranger; dedie au Ror, par J. G. V. de Molbon, ancien clevede t'Ecole Polyteclmique , ingenieur en chei" des domaines de la couronnc, etc. Paris, i85o;de Moleon, rue Godot dc Mauroy, n" '2.\ Bachelier. i2cahicrspar au,deGa ^ feuilles, ct4planches, lormant 4 volumes; prix . 5o fr. pour Paris, 56 fr. pour les dcpartcnicns, 4?- fr. pour I'etranger. On ne pent exiger que ce recueil satisfasse completement a son titre ; il laiidrait, pour oblenir ce resultat sans un mira- cle special , que le mouvement de I'industrie fut tres-lent, que la socicte de Stalistiquc ne fit presque rien, etc. II faut (lone le considerer en lui-ineme, sans le comparer aux pro- messes qu'il fait trop imprudemment. On n'en sera pas me- content, s'il est considere plutot comme indicateur que comme recueil dc Noti(;es instructives : I'instrucliou sur les arts exigc licaiicoup dc dcveloppcmens, elle est uecessairement verbeuse, et lorsque les mots ne suffiscnt point, die appelle le dessin a sort sccoui-s, et dans ce ens, le dessin memc doit filrc prodi- guc. Si les nrlicles d'line certainc eteudue sc muitipliaient dans 4:8 LIVllES EN LANGUKS l^TilANGKIlFS CCS cahicrs, cc scrait aux di-pcns dii nombre des insertions, ct par consequent des indications. Dans le cadre elroit de G ;\ 7 I'euiiles, il est peut-eire impossible de rciinir avcc avanlage deiixsortes de publications, doiit I'une n'alteint point le l)ut, s'il lui est defendu d'etre volumineuse. D'ailleurs, ce n'est pas line tache pen diHicile, ni un service mediocreraent utile cpie la redaction d'tin indicateur' mensuel des divers objets com- pris dans ce rccneil , et un jugemcut eclaire, impartial des di- vers ecrits (pii les concernent. II est done a desirer que M. de Moleon reslreigue son plan, s'il vent rendre son ouvrage utile comme recueil , ou I'etendue de quelques-nns de ses articles, afin de ne rien omettrede ce qu'il acompris dans ses altributions. N. Livres en langues etrangeres , unprimes en France. 129. — *Caroli Linnm, sued, doctoris medicinm, Systema na- tarce, etc. — Systeme dela nature, yavC/iarles Linne, suedois, D. M. , ou les Irois llegnes de la Nature distrii)ues systemati- quement en classes, ordres, genres et especes : premiere edi- tion pul)liee de nouveau, et revue par A. L. A. Fee, pbarmu- cienencliel'del'l^lcoledemedecinemiiitaire de Lille, prol'esseur de botanique, associe de 1' Academic royale de medecine, etc. Paris, i85o ; Levrault. In-S" de 86 pages : prix, 4 fr. M. Fee avait le projet de publier cet ouvrage, arec une tra- duction francaise faite par son (ils , age de moins de dix ans , et qui s'en occupait avec autaiit de succes que de zele, lorsque la mort I'enleva. L'inlbrtune pere consacre une partie de sa preface a la memoire de ce Ills si digne de ses regrets, et pcut- etre de ceux des sciences, des lettres, 46,425 428;o6o Un ziS"". T. XtVlI. AOl'T i85o. 5l /,82 ANTILLES. Ea-portalions. 1827. 1828. 1828. Rapport a la valeur fr. fr. lotalederexporlalioil. Espagnc u,42i,a5o i5,i3i,225 Un 4°. t'UalsUnis 20,557,260 1 5,884,820 Vn ^'. Villes ansiatigues.. 8,347>ooo 9,G57,5o5 Un 7°. Angleleire 8,o25,56o 8,059,100 Un 8''. France 5,218,090 0,774,060 Un 18°. Pays-Bas 4i9oS,420 1,677,535 Un 40". Ilalic 2,193,055 1,128,700 Un 60'. Russie 2, 244^045 3,597,910 Un 20". L'impoitalion des produils manufactures d'Europc a etc repartie de la maniere suivante, en 1828: fr. Importe d'Espagne , pour 5,934 ,120 Un 8''. — des Etats-Unis 6,000,390 Un e''. — dos Villes ansealiques.. . . 8,191,605 Un 4°» — d'Angletcrre 6,020,8i5 Un 5'". — de France 6,178,605 Un 6«. — des Pays-Bas 6jo, i65 Un 47". — d'ltalie 225, 4od Un '.35", — de Russie 078,710 Un 80'". Valeur tolale des produits manufactures 3o, 669, 000 fr. — des autres produits iinporl6s 35,ooo,ooo Valeur totale de riniportation 65,569,000 fr. Les principaux objets de riniportation ont etc Ics sui- \ans, en 1828 : 196,673 barils de farlne, ou environ 19,667,000 kilogranimes. 7,025,660 kilogrammes de riz. 2,44 '5910 id. de beurre et saindoux. 105,942 hectolitres de vin. 37,585 pieces de toile de Bielagne. 68,090 id. d'estopille 011 toile claire. 1,299 "'• *^c Ilollande. 3,936 id. d'Irlande. 88,012 id. dc platitte. En 1827, il avail etc importe : Pour 6,097,900 fr. de vins, eau-de-vie, liqueurs. — 4i786,8S5 de viande salee, funiee. — 5,216,121 de beurre, saindoux. -*- 1,5445160 de poissons sees, sales. — i4,6o9,685 de grains et f'arines. — 4735i3o d'6piceries. ANTILLES. 483 Pour 6,9^)8,430 fr. de tissus de coton. — 2,oio,4oo de tissus de laine. — !2,543,J25 de linges et effets. — 2,269,740 en cuii's, peaux. — 5,534j3oi en soieries. En 1828, I'exportation dcs principales denrees provenant du sol et des manufactures de la colonie, a consiste dans les articles suivans : 2,864 pipes de tafia. 68,421,259 kilogrammes de Sucre, on 68,421 barriques. 14,767,012 id. de cafe. 246,146 "/• de cire. 8o5,356 id. de tabac en feuilles. 96,299 id. de tabac travaille. 549,861 id. de cotoa en laine. 29,977,095 id. de miel. En 1827, il avail cte exporte : 67,647,626 kilogrammes de Sucre. 2J,oi8,2o4 id. de cafe. 267,623 id. de cire. 861,954 id. de miel. 909,719 id, de tabac en feuilles. La navigation relevee ^i I'entree et a la sortie des ports de la colonie offre les nonibres suivans : 1827. 1828. Entres. Sortis. Entres. Sortis. Navires espagnols i83.... 184 279.... 004 — des Etals-Unis. 1,242. ... 1,107 1,175.... 990 — anglais 166.... i5i 206.... 176 — franoais.. 92 70 77'--- 79 — hoUandais 48.... 46 33.... Sa — danois 35.... 25 32.... 28 — sardes 27.... 21 21.... i5 — brcmois 21.... 20 12.... 11 — tianibourgeois.. 12.... i4 12.... i4 — toscans 6. . . . 5 8. . . . 8 — suedois 4- • • • 3 9- • • • 7 — russes. . . = . . .. 2.... 2 i3. ... » — portugais 1.... i 1.... 1 — prussiens i.... » 2.... 5 — siciliens 1. . . . » 4- • • • 3 — autrichiens. . . . ».... » 3.... 3 — romains <>.... » 1.... » — hailiens » . . . . » i . . . . 1 ToTAux i,S4i. . . . 1,649 ijSSg. . . . i,6S6 Le tonnage des navires enlrds a 6le de 277,066 tonneaux. dcs navires sortis 223, 83o id. 484 ANTILLF.S. Resultats. 1". Lcs produits dc I'Eiiropc ct des litals-Unis imporles a Cuba sont estimes a pros do loo million?. C'esl pres d'lin G' dc ce que la Fiance rccoit dii dehors, lant pour sa consonima- tion que pour ses entrepots Cost le quintuple des importa- tions iaites, par nos navires, a la Marlini([ue , qui est la plus considerable ile nos colonies. 2°. Les produits de Cuba, exportes en 1828, valaient 65 mil- lions et demi; on plus d'un 9" des exportations annuelles de la France, et 3 fois un quart antant que les denrees colonialesquc nous recevons de la Martinique on de la Guadeloupe. 5°. L'Espagne est entree, en 1828, pour un tiers, dans les importations J'aites a Cuba, et pour un 4" dans les exportations de ses produits. En 1837, ses relations avec la colonie avaient cte moindres de moitie. 4°. Lcs importations des Etats-Unis egalent en valour celles de la metropole, et lours exportations sont dans une egale proportion aux achats qui y sont faits par I'Espagne; ensorte que cette puissance voisine prend exactement la mcme part que la metropole, dans lcs transactions commereiales do la co- lonic. En 1827, cette participation olait bcaucoup plus grande. 5°. Les villes anseatiques et I'Angleterre entrent pour la memo valeur dans I'importation , et les denrees qu'elles ache- tent sont en plus grande ([uantite. 6°. La France porte a Cuba presque aiitant de marchandi- ses que I'Angleterre ou les villes anseatiques, mais ses retours, C!i 1827 et 1828, ont ete singulierement inferieurs; ce qui semble indiquer qu'elle ne peul exporter, avec les memos avantages, les denrees coloniales de cette ile. Les importa- tions forment le 1 i*^ de celles de la colonie, et ses exportations le 18' seulement. 7°. Les autres pays de I'Europe ne prennent qu'une faiblc part au commerce de Cuba. Ccpandant, on remarque que la llussie accroit ses relations avec cette ile, et qu'en 1828, elle en a exporte une quantito de deru'ees dont la valeur ne diffe- rait que tres-peu de cello des produits achctes par la France. 8°. En examinant la nature et la quanlite des marchandises importees a Cuba, on remarque que cette colonie n'offre pas aux fariues d'Europe et des Etats-Unis un niarche ou Ton piiissc vcndre 20 millions de kilog. de farine. C'o.-l seulement la subsistance annuelle de ^,620 individus ou le 1 J7'" de la po- pulation dc I'ilo; d'oii il suit que 627,000 habitans vivent des produits agricolcs du sol de la colonic, et no mangent point ANTILLES. 485 de pain, ou du moini n'en coiisommcnt pas habituellement- L'importation des farines peut done s'accioilre, comme I'ai- sance piiblique, indefinimeut. 9°. La consommation du ris exotique est lort grande; elle est plus considerable qu'en aucune autre colonic americainede la zone torride ; elle prepare I'abandon du regime compose des produits indigenes, et amene raccroissement de la con- sommation des farines de froment. 10. La consommation du vin est plus repandue que celle du pain; on peut admettre qu'il y a 35,ooo individus ou un sur i8 qui en boivent habituelJemewt une bouteille par jour. 1 1°. L'usage general de fonder presque entierement la nour- riture animale, sur le poisson sec, sale ou fume, rend fort considerable la consommation du beurre, de Thuile et des autres assaisonnemens gras. La depense qu'ils exigent egale presque celle du vin. 12°. Les subsistances importees ne surpassent en valeur que d'un 6' le montant des produits manufactures venant d'Eu- rope ou des Etats-Lnis. Les tissus de coton se rapprochent du quart de la valeur totale de ces produits. Ceux de laine en font le i5% et ceux de sole le lo'. Les cuirs et peaux prepares en constituent le i5'. Mais, ce sont les effets d'habillemcnt, le linge, qui en com- poseut la grande masse; leur valeur igale presque la moitie de toute celle des produits manufactures. 10". L'exportation des denrees provenant du sol et des fa- briques de Cuba, montre avec quelle lapidite se developpe la prosperite des pays du Nouveau-Monde , lorsquc quelques circonstances heurcuses en favorisent I'essor. En 1828, Cuba a fourni au commerce d'Europe et d'Amcrique G8,4oo barri- ques de sucre. C'est a tres-peu pros la quantite qui est fournie a la France, par ses quatre colonies agricolcs, et beaucoup plus que la consommation annuelle du royaume. i4". En calculant sur 2,5oo kilogrammes de sucre, par grand carre des Antilles, et non compris la consommation lo- cale, on peut porter les cultures de la canne a sucre de la colo- nic a 26,000 carres, falsant 53,5 10 hectares ou 17 lieues car- rees. i5". Cuba afourniarexportaliou de i827presde 20 millions de kilogrammes de cafe. Celte quantite est double de la con- sonmialion annuelle de la France, et un tiers en sus. EHc suppose une forel de cafeyers de 55 millions d'arbres, couvrant 55,538 hectares ou 18 lieues carr«k's. 486 ANTILLES. 16". Le colon n'est ciiUive que partiellement a Cul)a, et son »!xportation n'cxci'de pas 5.>o,ooo kilogrammes. Lc tabac est plus abondant; il so rapproche d'un million pesant ; mais, un produil etrangcr aux aufrcs colonies d'Ameriqiie, et qui donno a la Havane une branchc de commerce etendue, c'est la multiplication extraordinaire des abeillcs, qui a fait obtenir, en 1828, une exportation dc miel de pres de 5o millions de kilof!;rammes. C'est 4^ lois plus qu'il n'en sort de France, provenant Total des maiins, en 1S29 19,9,0(10 liomnies. Total du tonnage anglais, id 2,iS4,ooo RUSSIE. Petersbourg. — A cadcmie des Sciences. — Seances des niois de septembre , octobrc , dccembre 182Q ; jciiirier el fcvrier i85o. — JVl. OsTROGRADSKY aiiiioiice u rAcacleiiiip qii'il a resolu le pro- bleme siir la propagation des ondcs a la siirlacc d'lin liquide rcnrerine dans un vase ayant la forme d'un secleur cylindri- qiie. Le problen^e sur la propagation des ondes a la surface des fluides renfcrmes dans des vases de forme invariable a ete resolu par I'illustre auteur du Calcul des residus dans le cas du vase ]-ectangulaire ; M. Ostrogradsk}^ I'a traite dans le cas du vase cylindrique. Ses reclierches relatives a cet objet seront imprimees parmi les Memoires des savans etrangers , publies par I'Academic des Sciences de Paris. Le problcme dont M. Ostrogradsky annoncc acluellement la solution est plus general que celui qu'il a resolu dans son Blcmoire anterieur. II determine I'etatde la surface fluide au bout d'un tems quel- conque, non pas en supposant que le bassin soit un cylindre, mais eii lui attribuant la Ibrmc d'lm secteur cylindrique : de sorte qu'enadmcltant que Tangle du secteur devienne egal a 400", on relrouve la solution du probleme presente a I'Aca- demie de Paris. — 31. Ostrogradsky croit avoir Irouve Veqaa- lion au.r dilfcrences parlielles relative a lapropagalion de la clia- ieur dans I'intrienr des liq aides ; ujcn'ignorc pas, dit-il. que rilluslrc auteur de la TItcorie analylique de la Clialeur a trouve depuis long-lenis Fequationahiquelle la lemperalure dansl'in- lerieurd'un liquide doit salisfaire ; mais cclteo I'instruction primaire, dans le cahier de novembrc 1S29 du Bulletin itnlvcrscl des Sciences (pages 261-264). l5° COMPARAISON ENTUE LES VILLES ET LES CAMPAGNES. No(a. Ce Tableau ayant deji ett public dans la Revue Encyclopidiquc (voy. t. XLi, Janvier 1829, p. 4'i) nous I'avons supprimeici; mais en indiquant la place 011 nos lecteurs pourront le trouver, afin de comple- ter autant que possible pour eux I'ensemble de cette stalistique de la monarchie prussienne. 494 EUROPE. j4» TaHLEAU STATISTIQl'E DBS PBINCIPAUX CHIMES ET D|5lIT3 COMMIS, EN 1817, bANS I.ES llllil raOVlNCES MlUlE Suicide. Meiirtre. Assassinat. Assassina t accompagne de vol. .Ismssinat d'tm tpuux ou d'unc epouse. Infanti- cide. Provinces. 0 3 cr •-J a B- 2! 0 a- a 2 s c •-J cr cr 0 g 0- 4 c 0 3 0- C5 cr 2 0 3 cr 1 c tr 2 0 a cr a i5 a c Biandebourg.. . 175 6,Soo 595,000 297,500 I 1,190.000 1,190,000 91,538 Pomiiranie 58 5i,5i6 5 231,555 1 6645000 • . 1 664,000 2 502,000 Prusse 77 8,625 6 255,555 1 1,400,000 » • 1 l'4oO>000 22 65,656 ■s- 20,676 6 127,500 185,182 8 95,625 „ jj 1 765,000 5o5,7o4 in 76,500 180,182 Silesie »79 11,257 1 1 14 145,929 » » 4 11 Saxe 9^ ix,o65 i5 76,400 7 165,714 1 iii46>ooo „ „ 12 95,500 Westphalie. . .. 56 28,417 5 204,600 5 204,600 5 541,000 1 1,020,000 9 ii5,666 Prov, rhenanes. 65 29'444 12 1 54,585 8 251,875 3 618,555 5 618,555 i5 125,667 Total 700 14,069 60 167,655 48 209,542 8 1,257,250 12 1,257,250 94 107,000 i5° Tableau des crimes ex des d^lits commis dans les ahcienkes provinces de la monahchie ET Y Meurtres Assassinats Infanticides, recelom. dc la gros ft de I'enl'autem. et aiortem... Duels \ols Donimag.caus^alaproprielfe avec 1.1 L-midilat. ou par escioqucrie. Brigandage ou vol siir les grands cbeiuins / volontaires. . Incendiesj ( involontaires. Autres crimes et delils. . Total des crimes et delits 1824. M w '^ ^ i-d tr 3 0 0 a"- 13 re 3 re cr 3 2' c 3 a c fD a CH) orci 5 2 12 4 9 5 9 44 5 » 16 5 1 4 4 7 7 1 45 i5 1 9 20 4 52 17 59 24 00 186 i4 8 62 4 » 2 0 4 » I »4 5 » 5 1,520 556 2,474 7.6 2,279 1,198 756 9,299 1,541 461 2,117 446 90 390 '97 209 288 219 1,859 461 86 525 8 2 25 8 2?. 17 6 82 10 1 i3 00 6 59 24 26 7 )4 166 25 8 5i 34 18 77 >7 42 40 8 236 »7 3 45 l,2l4 5i5 792 2,025 i,oo5 1,284 97S 1,295 8,io5 i,ii5 555 1,624 5,282 5,i5o 1 >99'' 5,921 2,555 2,345 ao,oi4 3,2o5 .901 4,242 ALLEMAGNE. 495 1) r.A MONAncniE PHTJSSIENNE, AVEC L IMDICATION DE LEUH HAPPOHT A LA POPULATION EXISTANIE A LA EPOQOE. Parricide. Duel. Fol avec des circonstanccs agi^ravantes. Assaut avec effraction. Brigandage. Inccndie. ] Indistinctement. c D B 3 B 2 0 0^ 3 0 s i ft. S -i 0^ 2 0 5- 6 S 3 0 ? 8 C 3- S D- ■1 0- 0 C P- » .. » . 95s 1,242 ^3 16,001 i48,75o i4 85,000 1,249 955 » - » ■> 375 >v7" '7 39,059 3 221,553 4 166,000 444 1 ,4y5 » » 3 466,667 920 1,522 95 •4,757 1 2 1 16,667 16 87,500 i,i53 1,2.4 1 765,000 » » 25l 3,o48 i5 5 1,000 6 127,500 28 27,393 565 2,107 1 2,Ol5,000 5 671,667 1,359 i,5o5 117 11,384 >9 106, o55 39 51,667 1,797 1,121 » » ■> "> 1,865 6i5 229 5 ,oo4 i3 88,1 54 3o 38,200 2,267 5o6 ' - 1 l,025'00O 1,247 820 259 3,950 24 42,625 12 85,25o 1,602 639 2 927,500 4 i,855'Ooo 2,691 6S9 544 3,410 56 33,126 16 115,957 5,4.7 543 4 2'5i4.5oo 11 914,364 9,646 1 ,043 l,i0C) 7,i38 i4i 71,535 159 65,258 12,292 8i3 1824, 1825, 1826, El' LEDH NOMBRE TOTAL DEPCIS 1819 JUSQDES coMPais 1826. 1825. hi 0 a a u 9 n t n' 4 7 9 7 5 4 6 7 27 38 58 16 3 3 3 2 902 2,210 1,544 856 424 181 558 248 i5 19 18 8 a5 14 20 12 69 46 29 7 955 1,539 97^ 1,094 9,133 5,925 2,973 a,257 9,65i 1,761 78 i55 216 7,495 1826. Tl ^ D n 5 1? c ? »5 a ■0 c 0 Vi 2 c cp 6 •> 14 6 18 7 2 18 2 i5 3 i5 12 6 18 9 48 22 79 55 1 1 5 » 2 1 5 1 • 1,954 449 '■,979 857 2,477 1,628 1,018 354 126 022 i6o 458 6o5 206 5 5 54 i3 26 i5 8 4i 6 io5 20 25 42 i4 24 7 81 55 63 28 5 1,182 3o8 1,648 858 1,919 1,818 927 5,587 910 5,248 1,976 5,o65 4,189 3,195 55 CO 00 ^■* ' l,5l2 222 1,97*^ i4 15)7 11,542 96,296 2,21 1 21 ,208 102 755 256^ 259 5,208 8,660 60,020 i85,i52 49^ E UIIOPE. 16" Tableai' des chimes et des deeits commis dans les provinces Dll RniN (1) PENDANT LES ANNliES 1834, 1 825 Ct 1826, ET LECR NOMBRE TOTAL DEPUIS l8aa JCSQUES ET Y COMPRIS I 826. Qualification des crimes et des di5li Meurtrc et simple liomicide VoL et lai'cin Fausse monnaie Fai'jurc Avortement et infanticide Blessures graves ISigamie Rebellion Fau X Maiivais traitemens cnveis les parens.. . , I iiccndic Attentat ix la pudcwr avec violence , Viol Destruction des ustensiles d'une I'abriqiie. Menace d'incendie Corruption Concussion Exposition d'un enfant Homicide involontaire Banquei'oulc Escroquerie IVOMBRK DES CBIMES ET DALITS comniis dans les ann6cs Total 294 Berlin. — Question proposee par la classc de pkUosopliie ct d'histoire de I' Academic royale des sciences. — «Quel fut I'etat (Ic ['administration de I'empirc arabe pendant la din-ce dc la puissance seculitre de Khalifes, c'est-a-dire, depuis rorigine (i) On a separe la province du Rhin, parce que les gouvernemens qn'elle comprend soiit encore regis d'apres le Code frangais, trfes-dilfe- rent du Code en vigueur dans les sept autres provinces de la nionarchie prussienne. Cellc parlie offre par consequent des eleuiens cntieiement coinparablcs avec les etats corrcspondans rediges en France avec lant L'Acaileiiiie desire que les conninens iie se bornent pfjinl ;> exposeret a discuter en general I'aduiiiiistiation introdtiite par les Arabes, niais qn'ils la developpenl par rapport aiix diilfe- rens pays qui fiirent successivement soumis a la domination de ce penple; (pie I'liisloire morale et politique de ces pays soU resumee, ainsi que lenrs codes, leiir.s procedures juridi- ques, etc.; que I'influcnce de I'aneienne administration soitob- scrvee dans les terns posterieurs, et que les traces qui la font reconnaitre soient indiquees, etc. Les Memoires seront recus jusqu'au 3i mars i83'Ji, terme de rigueiu-, et le prix (de 100 ducats) sera decerne au mois de juillet de la meme annee, a la seance aimivorsaire de Leibnitz. SUISSE. Appenxell [Rhodes ewUrleures). — Instruction pubUque. — Ex ungue leonem. Un fait, un trail repand quelquefois dii jour sur tout Tespril d'une institution, comme uii mol, dans certaines circonslances, revele tout un caractere. \}ne Ecole canlonale a ele fondee, il y a dix annees, dans le bourg- de Tro- guen , clief-lieu d'Appenzell protestant; I'.'est a la genesosite de particuliers (}ue la creation en est due; le gouvernenieiit n'est intervenu qu'environ cin(j ans plus tard. La bonne etoib^ de I'ecole a vonlu qn'elle ful placte sous la direction d'lm de CCS homnies nes pour elre ITune d'une institution de cetle nature , M. Krusi, appenzellois, et Tun des premiers coilabo- lateurs de Pestalo/.zi. I'ar un autre bonbeur, sa survcillaiice supeiieure est confiee a \n\ philantrope cbrelien verse dans la science pedagogique, dans la connaissance du peuple suiss(! el de son education, ardent ami de la jennesse et de son per- fectionnement , SI. Jean Gaspard Zei.i,\ve;guer; ce nom est entoure de I'estinie de la confederation entiere. Le i"dc jniii, I'ecole a celobre l^a fcle aunuelle des examons publics; ce mot de fete n'est rien moins qu'une ironie. M. /.ellweguer a 011- vert la seance par un discours, dans lequel il a lait hi profes- sion de foi pedagogi(jiie de I'ecole; c'est comme une utile ic- con donnee anx educateurs que nous en citerons qiielques passages. II a montre que les vraies lumieies sont une souice de prosperite pour un pays, en meme terns qn'un moyen de conserver sa liberie. «Mais, a-t-i! ajoule, il ne faut pas cher- cher ces luniieres uniquement dans les connaissances el les sciences; celies-ci ne soul qr.'uii moyen de I'airt; desccndre lu T. XLVII. AOUT I 8")U. Tj? /,,,.S ELROlMv Inmiere celesle dans I'Sme do riioinnic. Unc etincellc dn inc aniiiic tons Ics mortels; mais celtii qui sc plouge tout rnlici dao'^ la vie aiiiinale se rapprochc do I'ap.imal , tandis <|ir('ii vividant son esprit riionime se rappioche do la Diviiiile; oi', (|nrI(]iieroif' on voit des porsonnes riches do coniiaissanccs vi- \vc dans rcsclavagc dc lenrs passions, send)ial)les an cln'en instruit a t'aire des tonrs, et qni n'cn rcsle pas n)oins confine dans la nature animate. Celni-la seid qni s'appiiqnc a faiie la vo- lonle de Dieu , qni reroit Dieu dans son ccenr ct vit en liii , qni s'ett'oiee de deveniisembiable a laDivinite, non-senlenicnl par I'anionr dtvs hommes, mais encore par une intelligence cnlti- vee, celui-li'i sen! ravit la Inmiere dn ciel el reconnait qn'elle n'cst qn'iine preparation a nne lumieie a venir et plus pure. \llnmer ee fland)eau dans le ccenr des enfans qni nous soul confies, tcl est notre but; nous ne nous ravalerons jamais jnsqu'a faire de noire ecole une institution de parlage! La nianiere dont M. Zellweguer envisage I'etude de Tbis- toiro merile une attention particuliere. bNous instruirons dans i'bistoire les enfans qni nous seront ronfies, mais lion pour les metlre en possession d'un repertoire de noms ct de dates; nous voulons qu'ils y apprennent a con- nailre la nature de la vraie liberie, et a comprendre que la liberie disparait qnand disparait la vertu. !ls doivent appren- dre que le llatleur du peuple vise au despotisme, que ranarcbie est le (bemin qui conduit a la tyrannic; que la source du de- vofuneut patriolique n'est pas dans les connaissances acquises, mais dans Tamonr pur de Dieu ct dn procbain ; que la verita- ble patrie ne consistc pas dans le sol, mais dans les bommes, leurslois, leurs moenrs et lenr religion oTant que des predi( alenrs pobtiques font consister la li- berie dans la souveraincte illimilec dn peuple, on n'a pas saisi I'esprit de la lil)erlc. Le penple qui s'arroge, par la grace de Uicu , mi ponvoir illimile, n'esl pas nioins lyran qne le despotc qui s'assied sur nn trone, par la grace de Dieu, el pro- claiiie sa volonle. La libei'te n'esl pas non plus on nn petit nombrc declare mcprisable tout ce (pii ne pense pas commc eiix. La liberie no regne que la oi'i I'amour des honueurs et de la gioire, de rcclat et de I'argent n'onl pas snpplante I'amour pur du devoir, la ferme volonl,fi de plaire a Dieu; la oi^ ne gonvernenl ni I'homme assis snr le trone, ni la midtilnde dans les rues, mais les lois, les lois seules, limitant le pouvoir de cluK un. Nous jonirons de celte liberie n'elle lorsqnc la lumiere celeste .-era repandue sur loutos les classes de la societc; la repandre doit etre la tacbe e ■^enlicllc des ccoles. » SL^ISSE.— PAYS-BAS. /|f)n Ces viies, marquees au coin de la sagesse, ont aujourtl'liui pour la France le merite de I'a propos. Les quaranle-iin ans qui vienr.cnt de finir lorinent pour la liberie une periode d'es- sais, de luttes, d'epreuves, durant laquelle, elle a ete conquise, puis epuree ; une ere nouveiie s'ouvre, celle de sa consolida- tion et de son accomplissement ; elle va s'asscoir sur la base solide de I'inslructioii generale, et cette inslruition , pour ctrc digue de la liberie, salulaire, proteclrice , devra elie \ i- vifiee par un esprit religieux, mais d'une religion large, gene- reuse, devouee, pleine d'enthousiame, opposee en tout u la pratique rnesquine des I'reres ignoranlins, el a I'impie egoisnie des jesuites. Dans I'entreprise vilale d'luie regeneration de I'inslruction populaire,la France, loute brillanted'inlelligence qu'elle est, ne dedaigiiera pas, nous I'esperons , de consulter ce qui se fait dans des pays plus avances dans cette oeuvre. A ce litre, la Suisse merite son attention ; le Taste et iniposant royaume tiouvera, par exeniple, un excellent modele, et fera peut-elre des decouvertes, dans la petite ecolc centrale et nor- male de Tune des moities du petit canton d'Appenzell. C. MONNARD. PAYS-BAS. Amsterdam. — Inslitut royal des Pays-Bas : Prix proposi's. — La tioisituie ciasse a tenii sa seance publique a I'liotel de rinslitut, le 24 novembre 1829. Apres un discours d'ouver- ture"^ronouc6 par le president, J. Teyssedre I'Ange, le se- cretaire, M. C. A. Dem Tex, a In le rapport des travaux de la ciasse pendanl les deux dernieres annees. La ciasse avail projiose, dans sa seance publique du 28 aoQt 1827, uiie question, sur C existence, les vraies ha.ies et le but de la science du droit naturel, el sur les causes qui font fait plus ou inoiiis apprdcier d differeides epoqiies. Comme la ciasse n'avait recu aucune reponse satisfaisante, elle a mis de nouveau celte question au concours, en y joignant les qualre suivantes : 1°. Jusqu'a quel point la Grece ancienne a-t-clle empruntc aux peuples de I'Orient, sous le double rapport de sa laiiguc, de son ecriture, de ses arts et de ses sciences? Quelle niar- che a-t-elle suivie pour y introduire les changemens et les ameliorations exigcs par son caractere, ses besoins et sn po- sition ? — 2°. Que peut-ou conclure avec un certain degre de probabilite du temoignage des ancicnssur cette espece de co- uicdic mixte, qui lenait a Athenes le niilicu cnlrc le genre 5oo KIROPE. — FUANCK. antique ct lo gciiio luoilcnic ? Kii qiioi consisliiil piiiiiipalr- iiient la tliiTerence de la coiiir.lie inixle avec ci's deux der- niers genres? Que sait-on des jxietes ([ui se soul illiislres dans celle espeoe de couiedie, et des )»ie(cs (ju'Ils out ecrites? — 5". Quelle a ete I'influeiice des colonies romaines, dans I'Eu- rope occidentalc, sur la civilisalion des penples de cette con- tree? — 4° I'" Memoire appuyc de pieiives sur la part qn'ont prise les Schultcns a la promulgation de la litterature oricn- tale. Les IMenioires devroiit ("'Ire ecrils d'une autre main que oelle de I'anteur, en latin, hollandais, francais, anglais on al- lemand (mais en caractores ilaliques). lis devronl elre signc's par quelques mots distirtctil's, qui devronl aussi Ctre places sur un billet cachete et conlenant le nom de I'auteur. Les Memoires devront etre recus tVano de porta I'liotel de I'ln- stilut, a Amsleidam avant le i" aofi! i85i. M. le prol'esseur (Ieei., de Leyde, a In un disoours, sur la manure d'etudler I'liisloire ancienne el la littiralure, el les li- mile.s (les reclierclies qui s'y rapporlrnl. Apres quoi le president a declare la seance close. \. \. FRANCE. PARIS. Institiit. — Acaitcinie des Sciences. — Seance du [\ audi iS-jif. — M. le D'^OzAJiAM, de Lyon, adresse des experiences' nuii- velles et des observations sur la transformation dn virus va- riolique en virus vaccin, et sur I'idenlite de la vaccine avec la variole. En voici un extrait : oAu mois de noveiubre dernier, je vous adressai im Memoire, destine pour le prix iMontyon, sur la mortalite de I'espece luunaine comparee chez les divers peuples de I'Europe. J'y joignis des considerations sur la vac- cine, avec unc scrie d'experiences prouvant que ie virus vac- cin, extrait d'individus attaques d'aulres maladies, meme des maladies contagieuse.-!, ne communique jamais ipie la vaccine. Aujourd'hui je vais vous soumetlre le resultat de (pielcpies experiences que j'ai I'aites, soil dans ma salle de I'ilotel-Dieu, soil a I'hospicc de la Cliarite de cette ville, sur une propriet6 siuguliere du virus variolique. » Ici I'auleur dotme le detail de ses experiences, el continue ainsi : lnpose^ PARIS. 5(.3 (luues dc pi'opricUis differcntes et de composition identiqiie, el pour distingiier I'line de I'auire deux combinaisons isomd- rcf, on J'erail preceder le nom de Tune de la preposition grec- i|ue 7ra/3«. Ainsi Ton diniil acide phosphorique, acide paru- |)li()spliorique , etc. » — M. [fetiri de Cassini I'ait un rapport verbal tres- favorable sur la Monograpliie dcs capanuUes , re- ccimnenl publite p;ir M. Decandolle /?/,?. — I\I. Geoffroy- Saint-Hilaire lit nil Mrnmire inlitule : Sur une chcvre des deux sexes : fevielle quant d ses parties extcrnes oil de copulation, et male dans ses organcs profonds et de reproduction. — Du i6 aoiH. — M. Dulong lit nne note de M. Le CnevA- LiER, officier d'artillerie, sur la calefaetinn de I'eau dans des vases porles au rouge. D'apres Ics experiences de I'auleur, ii paraitriit que I'eau conteniie dins un vase ferine port*'; an rouge pent ctre k une femperature inferienre a 100° centi- grades; et que de I'eau a la temperature dc rebnililion se re- froidit (|uand on la verse dans nn creuset incandescent. — I.e nn'nistrede I'interieur ecrit i\ I'Academie pom I'inviler, d'aprt » ledesirnianifesteparlegouveniementaiitricliien,afaireproce- dcr a la comparaism de la lois^edc Vienne etdii metre francais. Une commission, comjjosce de i\BJ. I.cgcndre , Prony, Ma- Ihicu et Arago , s'occupera des moyens de rejiondre j)romp- tement a la demande du ministre. — M. Geoffroy-Sainl-H i- laire lend compte d'un iM(»moire de M. CotRBEBAissE, relatif a nn veau bicepbale. M. Combebaisse, veterinaire a Aurillac, anteur de cctte communication, I'a rendue satisfaisanle, en I'accompagnant d'un dessin si bien fait, que nos artistes les mieux exerces a Paris n'eussent gnire mioux reussi. Le veau, ayanl deux tetes et aussi double train anterieiir, est ne le 20 aout 1827, flans nne vacberie des montagnss du Can- tal, apparlenant a M. Garnier, banquier a Aurillac. L' Acade- mic decide (pie dcs remeicimcns scioiit fails a i^l. (".ourbc- baisse , et que son dessin sera grave dans le recueil de ses .Memoires, avec le rapport de iM. Geoffioy-Sainl-Hilaiic. — Da 23 aoCit. — ,M JS. Tlirnard cl Sirullux font un rapport sur le Meaioire de MM. Hobivdet et liocTROx-CHAKi.Ann, re- latif aux amandes ameres el a I'buile volatile qu'ellcs four- nissenl. Kn voiri les conchisions. '< En rcsiimant le travail de MM. Hobiqnct et Boutron-Cbarlard , on y trouve, outre les prenves d'habilcte dans I'art dcs experiences . en laits nou \eaux on mieux constah's : I'Qnc i'buile volatile d'amandes ameres n'est pas tonic loinice dans !e fruit; que I'eun est ue- cessaire a sa production ; -2' Que I'acide benzoiquc ne preci.- pilc pas iHju pins dans rhiiilc \')lalilc: niai> que < elle-ci est 504 FKVNCK. ^.usccplJble de se cunvertir enticMCiuciil en acidc Ijoii/.oique j>ar rabsi>rpl!on tie I'oxigtne ; 5" Qu'il existc dans los aman- des aniiTCs unemiUicrc crislallinc parliruliere, blanclic. ino- don*, inalterable an contact de I'air, d'line saveiw amerc qui lappelle cello des aniandcs ; trcs-soluble dans Talcooi et cifs- tallisantpar IcretVoidissenient on aiguilles rayonnees; suscep- tible do dt'gager de I'ammoniac quand on la chauffe avec de la potassc causliquo on dissolution ; que ceite subtance, que les aiUenrs noninicnt nmygdaltne, serait la cause unique de ramerlunie des amandos anieres, cl I'un dos elemons de I'hnile cssentioUc, dans Iai|Uolle ils seraicnt portes a admettrc I'cxis- tence d'un radical benzoique. Le Memoirc a paru a vos com- inissaires ties-inlcressaot ot digne de Tinsertion dans le re- cueil des savaris ct rangers. "^Vpprouve.) — 31. Caichy lit un IMenioirc d'analyse sur la dispersion de la lumiere. — Dll'oo aoilt. — M. Larrey litunapercu chirurgical sur les deriiitres journecs dc juillel i85o. — An nom d'une commis- sion, M. de Blainville fait un rapport sur le iMemoire de M. Deshaies. relatif a I'analyse du genre helix putris. <■ l\ resulte en definitive du travail de iM. Deshaies, que I'organi- salion des ainbress(!s presente des ditTerences sullisantes pour confirmer, jusqu'a un certain point, I'etablissenient d'un genre Snrcinca, tel que Draparnaud I'avait deflni , d'apres la consideration scuie de la cnquillc ; ct que ces differences por- tent essgntiellement, cominc on devait s'y attendrc, sur I'ap- pareil de la generalion. I! sera inleressant de voir si les gen- res agntine, hidslvc, caiUot , mar orotic ^ etc., cgalcment de-^ membrcs des helices, presentent des differences aussi consi- derables, quoique cola soil pen probable, au moins pour plusieurs. L'Acadcmiene doit pas moinsencourager M. Des- haies a conlinuer son travail, et I'inviter ;\ lui en t'aire part : c'est du moins la proposition que nous avons l'hot«.eur do lui t'aire en terminant co rapport. (Approuve.)» — I>1. Dnmcril rend comptc de I'examen qu'il a fait de deux larves d'inscctes que M. le docteur Fontaneilles avait adressees a I'Acadcmie, et qui avaient eterendues par une dame qui avait fait usage des pilules ecossaiscs. Le rap[)(>rteurpcnse que ces larves, on che- nilles, ont ete avalces soit avec des tiges de choudeurs on de salades, soit avec des racines de navets ou do toute autic jtlante potagere. Nous trouvons. dans lesanteurs, bcaucoup d'observatiotis de ce genre qui, dans la plupart des cas, ont ete, co^ninio dans < clui-ci. considerccs conimo des expulsioiis dc vers intestinaux. IMais les couiiaissances acquiscs siu' la slruclurc des insectes, comparec a cclie des hchmnllie^, pout. PARIS. fx.f) (];m^ la plupart dcs ca.-^, iJclaircr les iiicdcciiis oliscrvalciirs. Nous pcnsoiis (]ue rAcadcmic iloit reinorcier iM. Fontancilles de (.cite communication, qui ajoiite un fait de plus a ceux (jLii ont etc dcja public? a ce sujct. (Approuvc. ) — M. de Blainville lit le Mcmoiie siu' le Dodo ou Dronte, qu'il avail annonce dans la seance du ig juillet dernier. — iM. Cr- viER , dans son dernier voyage en Anglcterre , a vu la tele de Dronte qui exisle a Oxford, et le pied du meme oiseau qui se trouve dans le Musec britannique. II compte etre pro- chaiuement en etat de rediger un Mcmoire oi'i les questions ([ue le Dodo ou le Dronte a fait naitre seront traitees d'aprus un examen immediat des seiilcs pieces qu'on ait conservees dans les collections d'histoire naturelle. — M. Savart lit un Jlcuioirc sur la seiisibilite de Torgane de I'ouic. — M"" Hev, sage-l'einme, annonce qu'cllc a rccu, le 4 juillet, un garcon bien portant, qui a un double train de derricre ; elle propose a TAcademie de le lui niontrer. M. GeolTroj-Saint-IIilaire se charge de prevenir 31""= Heu que I'Academie accepte son oflVe avec empressemcnt. JM. Geoffroy-Saint-Hilaire esperc pou- voir presenter lundi prochain un poulet qui a aussi un dou- ble train de derrierc. A. Michelot. — Acadanie francnise. — Seance piiblique (hi aS aodl , pour la dislribatlon des prix de verlu et autres , fonder par M, de Monlhyon. — l)n niois s'etait ccoule depuis la dernicre reunion solennelle de I'lnstitut. Celle-ci, tenue par I'Academie des sciences, avait eu lieu precisement le aO juillet, jour de sinis- tre memoirc, desorniais marque dans nos annales en carac- teres qui ne pcuvent plus s'effacer. Deja etaient connues dan.; Palis ces funestes ordonnances qui, remettant tout en ques- tion, appelaient la force au secoursde la perfidie. La ville etait Iranquille encore, mais de cette tranquillite qui fait peur, et qui piesage la tempete. L'assend)lee reunie par cette pacifiquc sclennite etait calme aussi, mais animee de sentimcns qui ue demandaient (pi'a s'cpancher; et lorsquc i>l. Arago, dans son t'loge de Fresnei, vint a raconter Todieuse conduite d'un nii- uislrc envers ce jeunc ct mallieureux savant, cette assemblec tout entiere, nielant des cris d'indignation a ses justesapplau- dissemens, sembla vouloir s'associer e'l une accusation gene- reuse, qui venait de rccevoir, des circonstanccs, une si vive opportunite. Un mois s'etait ecoule, ct que de merveilles il emportail avec lui ! Apres des fails que nous-memesavonspeine a croirc, I'cudie et la paix rcnaissaient de tonics parts, et les porles (1« I'lnstitut, enc<»rc nuililecs par les coups de la niitraille, sy 5o(i FRANCE. roiivraienl dc nouvcuii ilovant iiiic asscmblcc comjxi.-icc ptiil- elio en grandc pailic des mrmes auditcurs, mais pleine, aii- jourd'hui, de bonhenr et d'csperance. On savait, d'ailleiirs, quo par unc touchante syinpalhie, vivement appicciue, I'Aca- (liVtiiie veiiait de. coiisacier, au sonlagciiient dos victimes dc la cauiarps dans le cabinet des anliquos de la l)il)li> tlieque. [Nolo tlu hidactc iir .) I'ARIS. 5ii iMai. — Seance da lo : M. Coqiiehertde Montbret conimuuiqiie • nil niautis( lit mexicain qui a cte soiimis a I'examen des Aca- demies dcs Sciences el des lusiriplions et Bellcs-Letlres. M. Baitlieti, associe-correspondnnt a jNanoy, lait lechire d'une notice S(n' un chapiteaii a bas-relief troiive u Toul. !>!. Tabbe Castellan est recii associe-correspondant pour le departenient des Roiiclies-dn-llhone. — Seance du 19 : M. Dtdaiire fait nn rapport sur le Menioire de M. Veranda relatif a rainpbilheillrc d'Arles. — Seance du 29 : IMM. Finn Magmisen et liiifn, presi- dent et secretaire de la Societe des Antiquaires de Copen- haj;iie, ecrivent une lettre latine a la Societe pour la reiiiercier de les avoir adniis an nombre de ses correspondans etrangers. Un meinbre donne lecture d'nn Memoire de M. Lejeune sur les joules aux coqs dans le pays cbarlrain. M. Frederic Cat l- liaud est recu associe-correspondant pour le departenient de la Loire -Inferieurc. — Juin.~ — Seance du C): M. de Labouderie, an nom de la Commission des Menioires, fait un rapport sur ceux qui devront composer le 9" volume. Un membre donne lecture d'lm Memoire de M. Dufoiir sur le temple de Mont- morillon. — Sdance du 19 : 11 est fait lecture d'une notice necroiogitpie de M. Lerouge, sur fen M. Mangourit , I'un dcs fondateurs de la Societe. — Seance du -29 : apres diflerens o'o- jetsd'administration, MM. Davezac-Mocaya et de Talairat sonl recus associes-correspondans pour les dcpartemens de la Haute-Garonne et de la Haute-f.oire, et M. I'abbe C/uari7ii, professenr de lan;;ne hebraiqne a I'Universite de Wilna, est admis an nombre des correspondans ctran/;ers. ]\. — Society pour I' enseignemcnt eleinentaire. — Prix propnsr. — Utilite des macliines. — La Societe de C enseignemcnt rlr^ mcntaire, dans sa seance dn 18 aoCit, a propose un prix de 5oo IV. qui sera decerne a I'auteur du meillenr ouvrage, dans iequel on aura demoutre les avantages pour les classes 011- vrieres de I'existence des machines. Publication pvocliaine. — M. Charles Pougens, un de nos plus laboricux academiciens, vient de mettre sous presse une nouvelle edition de son ouvrage, intitule : Jbel, on les Trois Frires, 1 vol. in-i ^d'environ aJopag. , imprimepourlapre- niiere foisen 1820. Paris, Mongieaine. Boulevard desltaliens, n° 10, et dans Iequel il demoutre Tillegitimite de la peine do mort, ainsi que les graves inconvenieus dcs pcinesinfamanles. Cette nouvelle edition, cnnsidcndilement angment«'>e, el cor- rigcc avec soin, sera vendue an profit des blesses. Jui FRANC i:. Piictamalion. — Moiibioiii-, tlaiis uucieltio iiisntcdansculiier lie Juin cli; la Rtxnte Encydopcdiquc, M. Jonuird fail romar- quer qu'cn opposant (voy. t. xi.vi , p. 7k)1\) a sdii liypoliiesc (io I'ccoulenicnt d'lin hras clu Dliioliha dans Ic hu; de Tchad , les haiiU'iiis rcspcctives do Tcmbotiou et dii lac, je Idi ai I'ait dire par inadverlaiice que la piemiiie est de aao a aGoyf/a/i'. landis qii'il I'a evaliiee de 25o a 2G0 mitres. La remaniue de M. Jomai'd est jiisle ; inais, comme par suite de la nifnue iiiad- vertnuce, j'aiporte la hauteur du Tchad observec par Denham, ixooopieds, au lieu deQaopiedslVancaisuueuvirun 5oo ?/(fnsuite d'abandomier la cause ■ct Paris, dupe par sa I'emme. Celle-ci, fort contrariee de se voirpriveedes vacances, feint un tend re penchant pour le client, rend ainsi son mari jalonx, et le force, par ce stratageme, a changer de resolution. Ce pen de mots sullit pour donner nne idee dela mdlitcdecet ouvrage, attribue a trois autenrs qui se sont caches sous le nom de Paulin. — Le iQaout, premiere represenJation de Dix jours apres , ou le GentiUiomme de la Cliambre, a propos national en vaudevilles, par MM. Sauvagj: et Georges. Ce genlilhomme qui , grace a une forte dose d'o- pium, prise par megarde . s'est endormi, le ySjuiilet, apres avoir qnitte son service a Saint-Cloud, ne se reveille que le 5aoQt. C'est la vieille idee d'Epimenide qu'on n'a jamais man- que de reproduire,a chaqne revolution politique. Mais les de- tails rajeunissent tonjours un pen ce fond qui tombe de ve- tuste. Les di verses classes de citoyens qui ont figure dans la grande semaine sont ici representees : c'est un eltve de I'ecole pnlytechniqne , nn medecin qui a etabli des ambulances en faisantle coup defeii, \\n faitboiirien blesse , des femmes qui font de la charpie. Des couplets remplis de la joie du triomphe on d'allnsious saliriques, des noms propres livres aux applan- dissemens ou aux sifllets dn parterre, tout dect-le dans celte bluette I'effervescence du moment : en liarnionie avec les sen- timens du public, elle a oblenu nn plein siicces. — Samedi 28. 1"" representation deJennne la Folk, ou la Brctagnc nu xiir.sfV- cte, drame historique en 5 acles et en vers, parM. Fdntax. Les chroniques rapportent au xi^ siecle I'hisloire d'Hoel V, prince imbecille, bigot, hlche, sous le regne duquel le poete a place T. X1.V11. AovT )85o. 55 514 FKAiSCI':. I'actioii (le son dramo. lAIalgii; ic lilrc, ii iic laiilpas y chcrclttT bcaucoup de I'aits historiqucs, c'est nii ouvragc j)rc.s(|iie entie- nient d'imaj;ination. Jeanne la Folic est nn peisonnajjc cree par le poelc, ct I'on reniarqiie dans cette physionoiuiede beaux t laitsclde* details biea sent is; nialheiirev.senicnt, reiisenibiedn rob^ est un pen vaj;iie, et ne lient pas assez a Taction. L'auteiir apeint, dans ccltc piece, les deplorablesconseqnencesdnregnc d'un prince I'aible el abinti par la superstition. Co prince sc fait le vassal de I'etranger, les grands I'insnltent en lace, et tramcnt secretement des con)pb)ts contre sa vie; entraine par unc inique preference pour Conan, son fils cadet, il desberite raine , jeunc homme de coeur et d'csperance, pour donner la couronnc a Conan, nionstre de corps et d'anie , bossu , a la (■bcveUne rouge, a I'oeil terne et sinislre, toujours plonge dans nne crapuleuse ivresse, qui, nun content de depouiller son frere, de !ni ravir la couronne et sa maitresse bien-aimee , vcut aussi Uii oter bi vie, et Unit par massacrer son propre pere. Le miserable ne joiiit pas du fruit dc ses crimes : il perit dans rinccndic du palais, qui termine la piece. Cette figure, alroce et ignoble a la Ibis , inspire I'borreur et le degout; c'est une de ccs exceptions dont I'urtiste ne doit pas etre prodigue, et ([ui sont juslifiees i)ar le talent d'exucution. II y en a beau- coup dans cette peinlure qui se distingue par la vigueur du trait et I'energie de la conleur. C'est dans ce role, dans qucl- ques parties de celui de Jeanne la FoUe, Jansplusieurs belles scenes ct dans mi style vrai et nerveux que se trouve surtont le mcrite de cetouvrage, dont malbcurcusement la donnce est un pen commune ct I'intcict pen pressant. La caricature du vieil Hoel, qui rappclait a tons les yeux un prince non moins fatal a la France que I'autre le t"ut a la Bretagne, a con- tribue an succcs dc la piece, succes que ponvait d'aillems assurer le talent dn poete,etaussi levif sentiment de bienveil- lencc que sa personne inspirait. Victime dc la barbaric d'unc police odicu'^e. les tortures qu'il avait snbies a Poissy avaient enni tons les cocurs; et les ladies persecutions dont sa piece clle-nicme avait etc I'objet, merilaient d'etre vengecs par le public d'une maniere eclafante. S.usi\, Jeanne la Folle, accueil- lic avcc beanconp de faveur le premier jour, continue a rece- voir dc nonibreux applaudissenicns. A rOruiu-CoiMiytiE, on a donne, le 21 iio\:a,Trocs jours en iinehenre, a propos patriolique en un acte , par MM. Cabiuel et Masson, nnisique dc MiM. Jdolp/ie Adam el UojivcMisi. Cc tableau des belles journees dc juillet, moins animc, moins complet que d'autres pieces du mcmc genre, ne manque ce- PARIS. 5i5 penihmt ni de mouvenieiil, ni ilc chalour. Dans la pailition, veritable impromptu musical, on a remaique Ics couplets : En avant, da courage, qui out ele vivemeut applaudis. C'est le Vaudeville qui a celebre le premier la sublime in- surrection des Parisiens : des le 17 aoiit, MiM. Eiieune Arago el DuvEivT y ont fait representer Les 27, 28 et ac)jtiillet , piece entroisjournees. P»apidement compose, iion moinsrapidement appris , cet ouvrage n'a d'autre pretention que de repro- dlA.^' avec lideiite les faits les plus remarquables des trois im- rnoTielles iournees : les tableaux dont il se compose sont rendus avec une verve , une franchise de patriotisme qui ne pouvaient manquer d'exciter des transports d'cntliousiasme dans un au- ditoire encore cbaud de Paction qui s'y trouve retracee. Aussi, le succes a-t-il ete complet. — Aux Farleies, on a vu, d'abord, la F^mme da Sous-Prcfet, vaudeville en un acte, de MM. Mo- REAU et Sewrin (i5 aoiit), bluetle agreable et gaie, a laqnelle a succede : M. dcLaJobardiere, ou la Revolution impromptu , vaudeville en un acte, par MM. Dumersan et Diipiiv (19 aout), critique fort amusante oi'i reparait une spirituelle caricature de 1814, M. de La Jobardiere , I'ancien regime personnifie , avec ses ailes de pigeon et ses gothiques idees; puis, I'lvro- gne, drame grivois en deux acles, mele de couplets, par M. Sauvage (26 aoOt), qui a ete lecu par de nombreux sif- flets. — Apres quelques semaines de vacances, le Gtmnase a ouvert ses portes a un nombreux auditoire qui est venu, dans la meme soiree ( 1 4 aout), assister a deux premieres repre- sentations. Le Foyer da Gymnase, vaudeville en un acte, est un petit a propos dans lequel figurent ])lusieurs personnages du repertoire de ce theatre, et qui a paru ennuyeux et froid assez gencralement. Une Faale, drame en deux actes , par 31. Scribe, est luie sorte de contrepartie de M isanihropie et Re- pentir, un tableau bien sombre pour un vaiuleville et oi'i le melange des iuqircssions de tragedie et des fadeurs d'un cou- plet langoureux forme un etrange disparate. Du resle, la lecon morale qu'il ann'ne est forte, et adoitcment menagee ; et la pantoymimc, parfois terrible, de M"*" Fay, emeut vivement : c'est, en un mot, un de ces ouvrages qui opprcssent la puitrine plutut qu'ils uc muuillent les yeiix : muis ce genre a aussi de nombreux amateurs. — Aux Nouveaotes , cpii ont pris le litre de Theatre national, on a remarquu un d propos spirilnel sur lesevenemens de juillet, par M. Masson. Andre le Clianson- nier, drame en 5 actes, par MM. Fontan et Desnoyers, a parn le 9 aout. .lugee trop forte par la censure du regime dechu, (Cite prodiiclinn esl , en rtjalite , trop faii>lc pour 5i6 I'UANCE. les noiivt'llcs ciiLuiistanccji. IJien c|ii\''viclemuieiil loniaiiiuc par les aiiteurs dans quclqiios-unes de scs parlies, pour I'e- levcr ail niveau de ractualile, la piece ne salisfait p. is assez aux exigences du moment : ce n'est pins a present qn'il nous faut montrer Ic cole hidenx de la re\olulioM, comnic pour nous en I'aire penr. A part ce defanl capital, on remarcjue dans cet ouvrage des couplets spirilnels el delicals, des situa- tions attachaules, surtont de l)ons senliinens Ires-bien expri- mes. Le nom de I'un des auleuis, si digne a taut d'cgards de I'inlerct gcnei'al, a etc salue par d'unanimes applaudisscmens» Au memc theatre, la Contre-Lettre, vaudeville en un acle, par MM. Pailin et Ldovard n'a obtenu qu'un succes conteste. Nous cilerons, pour jnemoire seulement, au theatre de la Porte - Saikt- Martin , la Barricade , a propos vaudeville par WM. Benjamin et Anicet (SoaoOt); a I'Ambigh-Co- MiyuE, la France au x\' siicle, melodrame en 5 actes, par M. Charles Desnoyers (3 aout); et a la Gaite , John Hull, imitation d'une piece anglaise, par IM. Theodore (9 aout). Banquet mensuel de la Revue Encyclopedique. ( Mardl 10 aotU.) — Ce banquet patriolique avail attire a la Grande- Chaumiere, boulevard du IVlont-Parnasse , une grande al- tluence de personnages de distinction , francais el elrangers. Quatorze nations difl'erentes se tronvaienl representees dans cette reimion, et assises a la menie table, pour I'raterniser en- semble. On s'est felicite mutuellement sur les grands evene- mens qui viennent d'assurer le trioniphe de la liberie en France : on a reconnu qu'ils doivent exercer une salutaire et ptiissante influence sur le sort des autres peuples. Le systcme oppresseur de la Sainte-AUiance va faire place a une direction politique plus analogue a I'etal acluel des lumieres et au be- soin d'amelioration j regressive qui se Tail generalenienl sen- lir. Les monarques, comme les peuples, ont egalement a ga- gner a ce changement de direction. Les trones, devenus populaires, seronl mieux affermis; I'opinion publique, salis- faileparde jusles reformes, ne sera plus porlee a se manil'ester par des revolutions violentes el orageuses; la monarchic con- stilutionuelle, sagement ponderee, deviendra le droit public de I'Europe. On voyait des Frcin^ais , de Paris et des dcparleniens, des Anglais, des Hollnndais, des Beiges, des Busses, des Polonais, des Alleviands, des lialiens, des Espagnols, des Danois, des Grecs, iies A ni('ric(uns i]u nord el du midi, rapproches par une douce et prot'onde sympalhic, abjuicr le? vieux prejuges PARIS. 5i7 (le rivalites natiouales, s'entreleiiir tie leurs inteiets com- imins, del'avenir prochaiii d'avancement social, de prosperite el i\e gloire que peiivent esperer desormais les naliuns. On a porte des toasts palriotiques : au roi (X/nstitnfiniinel desFraii- cais, au roi citoycn qui a promis que la Cliaite sera desor- mais une Terile; a Lafayette , a rhomuie de la liberte, de I'e- galite et de I'ordre public, au citoyen modele ; a rheroique population parisienne; a la. garde nalionale; a I'union des na- tions; a ni>tre poete populaire Beranger; a M. de Jouvencel, depute, I'un des convives, et aux 221 qui, par leur adresse courageuse, ont prepare la revolution de i85o, et qui doivent la completer par leur energie et leur sagesse, en accepter toutes les consequences et la rendre profitable au peuplc. D'aulres toasts ont ete portes : par M. Chodzko, auleur de I'Histoire des Campagncs des Legions polonaises en Italie : aux trois plus grands citoyens des terns modernes; Jf^as/iington, Kosciusko et Lafayette ; par M. Alplwnse (/'Herbelot : a la li- berte de la presse; par M. Lehec, avocat d'Epinal : a la me- nioire de Foy et de Manuel; par IM. Quentik, d'Angers : aux braves ouvriers de Paris; par M. Jcllien, de Paris : aux dames francaises! elles ont prodigue des soins louchans et des se- oours aux blesses; clles ont inspire le courage pendant le combat, la moderation apres la victoire; elles ont honore par rhumanite le triomphe obtenu par le patriotisme. M. Albert SowiNSRi, de Varsovie, I'un de nos pianistes les plus distingues, a joue quelques-unes de nos melodies patriotiques , avec cetle puissance de talent qui donne de I'ame et de la vie a I'instru- ment auquel des mains moinsexercees et nioins babiles no sa- ventt'aire rendreque des sons. L'bymne glorieuxdes Marseillais a ete chante par M. Floriot, des Vosges, et repete en choeur par tous les assistans. iM. Jtllien, dans une improvisation yi- vement applaudie, a rappele les recens titres de gloire de la population parisienne, et il a lu des vers adresses au general Lafayette, qui retraceut, dans un tableau rapide. Its princi- paux evenemens de la vie de ce grand citoyen (voyez Rev. Enc. tom. xlv, pag. 488.) Un toast a ete porte a la recoruiaissance des nouvelles repu- bliques de I'Amerique du sud et a leur prosperite. M. Mur- phy, consul du Mexique, a rcpoiidu par une allocution ener- gique . en protestant de rafl'ectiousympalhique des Americains independanspourleursfreresd'lunope. MM. Gaimard, Amoros, La Chai'Vigniere ont exprime le vwu (|uc I'assemblee adies- sal une demande a M. le prel'et do la Seine, pom- faire don- ner le mim de Rue V unneaiu a la ruo Babylone, dans laquelle 5i8 FRANCE. — NtCROLOGIE. cet luruiqnc elove de I'Lculi; Polytcchniqiie a ete I'lappe; Ic nom cle Place dcs Braves, a la place dc (ireve , oii nc devroiil plus avoir lien les cxocutions piibliques, si tonlel'ois la peine de mort et la peine infaniante de la marque ne sont pas tres- procliainenient snppriinees , et de rcndre le nom de Rue de Lille a la rue ci-devant Bourbon. Une demande conteiiant ces propositions a etc redigee, et signee, a I'instant meme , par toutcs les personnes presenlcs. — Cette I'etc civique, sigualee par les plus nobles elans de renlhousiasine et de la genero- site ne])Ouvaitse terminer, sansqu'on y fit mention des hono- rables viclimes des sanglantes journees de juillet. Une coUtcle en laveur de nos blesses a ete I'aite parmi les assistans; elle a produit une somme de 1O4 francs, qui a ete versee par MlAI. Quentin et Jullien, entre les mains du maire du onzieme arrondissement. NlilCllOLOGIE. France.- — Lj^m {Pierre- J acq uas-Gahriel) naquit a Caen, en 17G9. Lesesperancesqu'avaient inspireesses brillantes eludes a rUniversite de tetle ville out etc de beaiicoup depassees par les talens et les services qui Ini ont valu I'une des L\ey\x places d'inspecteur-general des constructions navales. Employe d'a- bord a Brest dans le genie maritime, il lut envoye au Havre, alors port de constructions militaires. et dont les bassins sont au noudire des ouviages les plus admirables du conmieuce- meut decesicde. Lairprilensuile une graudepartauxprepara- tifs de rexpediliou de Boulogne : il supplea a la rarele du bois degayacpar dcs rouetsdepouliesen ler coule auxtiuels on sub- stitua, dans les ports du Calvados, des rouets en porcelainc. Ce fut principalement a Anvers qu'il deploya sa science pro- fondc et toutel'activite de son esprit : par ses conseils, il con- tribua a Texccution du magnifique bassin qu'aujouril'bui le g;ouvernement des Pays-Basjugc trnp vaslepour Iccommeice, el qu'il fait coii)blerdans une partie pour balir sur une foret de pilolis un entrepot; il dirigea a la fois I'etablissement d'un ar- senal immense ct la conslrucliou de la flotte qui iru]uieta le plus I'Angleterre, el que Ic traite du 25 avril i8i4, accepto avcc une irr«';nexion deplorable, a fait perdre a la France; et il secondapuis.-ammentlc general Carnot durant le siege cclebre que soutint cetlc place. Avant i\J. Brotvn, ingenieur anglais qui a forme, en i8'2i, des enibarcaderes d'une longueur con- siderable, Lairavaitelablidcspontsvolansetdcsembarcadercs flotlans : I'essai qu'on en fit. en i8i3. renssit completemenl; NECROLOGrE. 5ig avec un soul de ces embarcaflercs, on pent en qnelques minntes Jeter jusqn'a mille soldats d'une rive a I'aulre dc I'Escant; ce precede un pen modific vicnt de servir au debarquement de i'armee sur les cutesde TAtrique. L'art i — Pays-Bas, 5, dont 2 ouvrages pdriodiqucs 4^7 FiiANCE , 54, savoir : Sciences physiques et naturellcs, Q 43o — Sciences 7-cligicuses , morales, politiques et historiques, 12. . . 44? — Lideralure. 7 46i 524 TABLE DE;; AUTICLE?. — Beaux-arts, 2 472 — Mdmoircs et liapports de socUttls savantes , 1 /cj.^) — Ouvvagcs piriodiques , 2 t\-](\ — Licres en langues iltrangiires , imprimds en France , 1 . . . . 479 IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTtRAIRES. Amervque septentrionai.e. — Etals-Unis : Neiv-IIarcn : Arro- lithcs. — ^tat de ISeiv-York : Roclieslcr ; Accroi.'^seuiont ik- la populalion. — Canada : Qiu'hcc : Socict(5 li'torairc et his- torique ; I'ot'-me sur la prise de Missolonglii, en 1827. — Moiif/ii'c/ : I'rcsse peiiocrique/, Journaux IVaacais 47*J Antilles. — Cuba : Tableau du commerce de cctlc ile, eu 1827 et 1828.. .........;...... . . ...... 481 AsiE. — Biissie asiatiqiie; Sibiirie ; Ydnisscisk : Position gi^ogra- phique ; Population. — Gdorgie : Tiflis : Population ; Presse periodique -, — Journaux pubiii5s dans trois langues ; russe, g^orgienne et persanc i^^-j EUROPE. Gra^de-Bhetagne. — Sympathie de TAngleterre pour noire der- ni^re revolution. — Londres : Mesnres pour le soulagemcnt des ouvriers, . — Statislique de la marine anglaise 488 RrssiE. — Piitersbourg : Academic des sciences i Seances dc sep- t^mbre 1829 .'i ievrier 1800. — • Calendrier russe : Recla- mation confrre une assertion de la Revue des Deux-Mondes. . 4o'J Allemaone. — Suite el fin des docuniens relalifs a la statisti- qiie morale de la luonarchie prussiennc. — Berlin : Ques- tion propos^e par la classe de philosophic et d'histoire de TAcatlemie ro-j'ale des sciences . 492 SvissE. — Appcnzeil {Rhodes exterieitres) : Inslruclion pidilique. 497 Pays-Bas. — Amsterdam : Prix proposes parTlnslitut royal des Pays-Bas 49!) France. • — Paris. - — Institut : Academic des sciences : Seances du mois d'aout 1800. Academic fraiicaise : S(5ance pu- blique du 25.aout. — Societe royalc des anliquaires ; Re- sume de ses travaujj. pendant le premier semestre de 1800. — Socij^le pour rcnseignenient elemeutaire ; Piix propose : Utility des machines. — Publication prochaiuc. — Recla- mation de M. Chauvct. — Chronique des th(^atres pendant le mois d'aout 1 85o. — Banquet mensuel de la Revue Ency- clopddique, du. 10 aoxit 5oo Necbologie. France .- Lair ; comte de St^gur 5i<) kvX ACADEMIES ET AUX SOCiETBS SAVASTES (U tOUS ISS pays. Les AcABiMiM et leg SociinSs SAViHTte bt n'o-rtipnl posuqpb^ fraD^aitet ot elrangeres, soat invitees a faire parvenir exactement , francs de perl , au Directeur de la Revue Encycbpediijue, bds s'£N('EB-SAinT-M>'iCHBi.« N" i8> les comptes rendus de lours travaux et les programmes des prir qn'elles proposent , afin que la Reimo puisse les Idire connaitr* le phu promptement possible k scs lecteurs. AOX EDITECRS d'oBYRAGES ET ATX LrBKAINS9. MM. les Edltcurg d'ouvrages periodiques , frangais et Strangers, qui ddsireraient ichanger leurs recueils avec le nOtrc , peuveot compler »n r le bon accueil que nous lerons k Icnrs propositions d'^change, et sur ijae proropte annonce, daos la Rtvue, des publicationg de ce genre et des autres ouvrrges, nouTellement pablies, qu'ils.iious aurant adresste. A.VX EDlTEUaS »ES BECTEIIS PERIODIQTJEd, EM AirGCGTBB&B. MM. les Editeurs des Uecueils p^riodiqnes publics en Angleterrt mai pries dc faire remettrc leurs numeroth M. Ao(,an»i, ik Lundres, n" ao, JJeniers-street, Oxford-street, qui leur tranumettra, chaque mots, e« echange, les cabiers de la Revue n.xychpidique, pour laquellAon peu( ans.«i souscrire chez lui , eoit pour I'aon^e courante , soit pour se proourer les coilecUons des anndes ant^rieures , de 1819 & 1829 inclusireuMUt. AVX blBBAIBES ET AVX EOlTErsS d'ODYKAGBA, EH AIXBHAdirE ET EN ITAUB. M. Ziac&8, Cbraire i Leipzig, et M. 6. Piatti, libraire 4 Florence , soot charges de reoevoir ct dc nous faire parrenir les ouTrages public on AUcmagne et eo Italic , que MM. les librairca, les Editeurs ct les autctWi^ ;l6airoront faire annoncer dans la Revue Eneycloprdigue. Toys tea ouviages annonces dans la Hevua se trjMvent chez SEBitioT, LwRAiBE, rue de TOdeon, n" 3o CONDITIONS DE LA SOUSCRIPtlOK. La lievue Eneyclopediqup pzrait mcnsnellevaent, depuis janvicr iSig, par cahicrs de la ^ i4 fetlHltes d'iropression. Trois cahiers forment nn vo- lume, termiaii par uoe Tkbto analytique et alphabet'ujue des matieret. Cliaqoe annie estindipendantc des nnn<5es pr6c6dentes, et offreuae sorte A' Annuaire scicntifique 6t litfirairCt en 4 voliunea jn-S", Prix de I'Alionnetttent. A Paris 46 ft', pour un an ; a6 fr. pour six mois. Oar.s tes d^partemens. 53 3o A I'etranger 6o 34 En Anglcterre 76 4^ A partii- du 1"' Janvier ou du 1" juillet. Le montant de la souscriptica , cnvoyd par la poste, doit 6lrc adi'essi; d'avance, PBASC dk.t'Aht, ainsi qne la correspondanoe , tiit Directkur d« (a Revite JEncyclcpediijta, rue d'Enfer-Sainl-Michet, n" iS. C'est ilamfimc adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tout genre et las gravuies qu'on voadra faire annoncer, aiosi que les articles dont on desirera I'ia- , sertion. On souscrit aussi k Paris, chez les libraires ci-aprec; TaEtTiSL ct Wi^RTZ, rue de Bpiirbon, n" 17; - Ghahlks B^chet, quai des Angnstins, n" 55 ; Rby et Geavieb, quai de« Augustins, n" 55 ; A LA Galkbik de Bossange pere , rue Richelieu , n" 60 ; RoBKr, rue Hautefeuille, n" la : J. RsnouABO , rue de Tournon, n«6. On aouscrit aussi cbcz tons les Directeurs des postcs, ct chez les prin- ciparux Libraires, daos leti ddpartcmeiii, et dans les colonies. LtBKAiREs chez Usqaels on souscrii dans les pays EXaANC-ERS. i Madrid, Denude; — Peres. Maiilicim , Artaria et Fontaine. Milan, Glcgler; Tismara ; Bocca. Mons, Le Roax. Moscou, Gaulier; — Riss percctfils; — Urbain ctG''. ; — Semen. Naples , Borel ; — Marotta ot Wanspandock. Jfew-Yorh (llltats-Unis), Foreign and classical bookstore ; — B6- rard etMondon. Noutelle - Orleans , 3ourdan ; — A. L. lioismarc. Tfl /«•»»« (Sicile), I'edonneet Mn- ratori ; — lUcuC (Cb.). Polersboitrg, F. Rellizard ct Cs — Graeff; -Plnchart. Rome, de Uonianis ; — Merle. Slultgart el Tubl,\guc, Cottn. Turin., Bocca. Vanovic, Glucksberg. ( Viemo (Autiiche), GeroW ; — ,' Schaiimbosirp ; — Sclialbachw. Amslerdam, Delachaux. Anvers, Ancelle. Arau (Suisse), Sauerlander. Berlin, Sclilesinger. Berne, Clias;^-Bourgdorfer. Breslau , He jsc\, Bruxelles , Dujardin-Sailiy ; — Demat ; — Horgnies-R^nie ; — Librairie parisienne, franfaisc et etrangferf:. Florence^ Piatti; — Vieusseux. Franefori - xur - Mein, Jugel. Gand, Vandenkefcloren fils. Geneve, CberbuUez; — ■ Barbezat et Delarue. Im Hayc, les Trvres LaD'geahuY8«a< Lausanne, Fischer. Leipzig, Brockhaus; — G.Zirg^5. T-iige, Desoer; — Coiardiu. Lisbonne, Paul Martin. I^ndrcf, P. Rolandi ; — Dulau et Cio ; _ Treuttel et WOrtz ; — Bossange, Barthez, LowcUet C '«. IMPBIHERIE DE l-LASSAN ET C'% bVt DE VACGlEiRB; !«• 1 5, Tome III. — i85o. 9' LIVRAISON. EMCYCLOPEDIQUE ; O J ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIOiNS LES PLUS REMARQUABLES DANS t\ MTTEBirbBE, LES SCIBKCES'ET LES ARTSJ PAR t'KE RjfeUWlOW DE MEHBRES DE l'iNSTITTIT EI d'aVTRES HOUMES DE LETTRES. ■k PARIS, ^%Si^ AU BUREAU DE LA REVUE ENGYCLOP^DIQUE, i:t clic* stDILLOT, UBBAiRB, noE m l'oij6ok, n* 5o; AUTHUSCFKTRAND, ruf hautki'kuillb, n<> 23. SEPTEMBRE 1S30. NOMS DES COLLABORATEURS ET DES CORRESPONDANS, FRANCAIS ET ^.TRANVERS. 1" Pouv les Sciences physiques et mtitliematiqiies el les j^ris industrlels : MM. BAiLtr DE MsBLiEus; Casaseca , de Madrid; Ch. Duun, Qirabd, iVaviisb, de rinsUlut ; 3. J. Badde, DiBauHF'ui, H. Dcssabd, Fk-bky, Fbancobub, Ad. Gcs:«diivet; D. Labdkeb , de Londrcs; A. Michelot, BB MoMTCiBy, MoBBAU DB JoBHis; QiiiJtelbt, dc Bruxellcs ; T. Richabd; Wahdbr, des ]6lats-Unis d'Amferique, etc. a-" Vouries Sciencesnaltirelles : MM. Flodbens, Geoiffbot Saist-Hilaibe, derinstitut;BoHi[DBSAiHT-ViMCEKT, correspondantderinsUlut;MATHiBD BoJtAFOos, dc Turin; B. Gaw,i.oi., de Dieppe; Isidose GEOrrBOY Saini- HiLAiBE, Hoot, etc. 3" Pour ies Sdmces medicates : MM. Damibon,G.-T. Doin, Fossati, Gasc;G«bsoh, deHambourg; de Kibcrhoft, d'Anvers; Lovso.n; Rj- COI.LOT fils, d' Amiens, etc. 4° Pour lc8 Scieneef philosophiques el morales, polkiques, geo^raphiqaes el histariquet : MM. M. A, Jdiuen, Ce Paris , Fondateur-Directeur de la Revue Encyclopidique ; Abth. Becgmot, Ad. Bi-amqui ; Alex, de la Bobdb , JoHABD, de rinst. ; M. Avekkc, Babbs^ ccr Bocagb fils, Benjamin Cons- XAsr, Ch. Coute, Deppikc , Alphonbe d'Hebbelot, Dcfap, Duhoykb , GoiCNiAUT, A. Jaubebt, J. Labooderik, Lawjuiwais, p. Lami, IsiOOBK Lebbdn, LEsaeuH-MEBLiN, Massias, Albgbt-Mort^mont, PoiBSON, EuS&BB Salvebtb, J.-B. Say; Simondbde Sismorui, deGenfeve; Wab.niqenig, de Li^ge, etc. ; Ddpin ain6; Bebville, BoccBBn^ -Lbfeb, PABEnx-RiiAL, Ch. Bsaodabd, TAiLr,A«DiEB, avocats; Vidadbbe, du P^rou, etc. 5" Pour la LUleraiure fratifaUe et itrangera, la Bibliographie, I'Archio- logic et les Beaux-Arts : MM. Ardbseux , AMAUBY-DovAt, Eiii£«ic Datid , Lbubocibb, db SiicDB, de I'lnstitut; Alloc; A.nobieox, de Limoges; M»'L.-Sw. Bblloc; MM. Bdbhouf fils, Chadtbi; Chubim, tie Varso- vie; P.-A. CoupiN , Fa. Dkgbobce, Dombbsak; Er. GAniiKa-D'Aac; Pa. GoLEiBY, correspondaat dc I'lnstitut; LSo« Halevy , Henbichs, E. H^BEAC, Acgdsib Jclliek fib, Bbbhabo Jollibn; Kaltos, de Zantc; Adbjen-Lafasob, J. v. Leclebc, A. Maucl. Mono lavs ; Mon^tabo, de Lausanne; C. Paganel, H. Patih, Aasrjlub PsTExm ; Serge Polto- HATZ.KV,dc Moscou; FoncBRTiLLE, DB Reiffenbeac; dk Stassabt, dc Brnxel- les; Fb. Salfi, ScnKixzLKa, Sebv an db Sucny; LiioN TniESss, P, F.Tis »0T, TlCDIKB, YaLBNAVK, CtC, 11 E V U E ENCYGLOPfiDIQUE. o V ANALYSES ET AINNOINCES RAlSONINliES UES PR0DDCTI0K8 LES PLCS EE M A P.QU ABLKS DANS LA LITT]5;RATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. L'AVEIVIR. L'avenir ! Nous n'avoos garde de pretendre le prevoir. Qui aurait ose, au commencement de juillet, concevoir I'idee des evenemens que nous avons \ us? Qui auiait compte sur line si prompte resistance au premier acte de tyrannie? Qui auraitcru que le peuple d'une ville vaincrait en trois jours une armee? Qui aurait calcule ce qui ctait ircalculable? Non ; l'avenir se derobe a notre vue; nous ne songeoas point a le prediro; nous cherchons seulement a exposer nos desirs , no? voeiix sur ce T. \LVn. SFPTEMDBE I Soo. ^4 52t) L'AVENIR. qu'il couvie, a consiiltcr rcxpoiiencc pour diiifjor iios efforts vers cc qu'il peul acoomplir. La FiiANCE est jusqu'a cc jour seiilc complLtcment lihre , au milieu de peuples plus ou moins asservis, plus ou moins cour- bes sous le joug. La France seule rcgarde avcc confiance ct amour les institutions qu'clle se donne, tandis que tous ses voisins appellent avec impatience des cliangemens, qui , pour les uns, pcuvent n'ctic que des refornies; (jui, pour les antrcs, doivent attcindre ade completes revolutions. Puisse la France conserver ces institutions qui font sa gloire! puisse- t-ellc obtcnir tout le bonhem' dont elle s'est montree si digne ! puisse- t-elle eclairer les autres peuples par son experience, comme elle les a encourages par son heroisme ! Maisqu'elle ne I'oublic point, la France est seule ! sa premiere attention doit se porter sur cet isolement. La France est seule au milieu d'Etats ri- vaux; la France a donne un exemple effrayant pour les gou- vernemens ; la France, sans vouloir agir, et en ne s'occupant que d'elle-mfnie, menace tous les abus dans les Etats voisins : la France entend les applaudissemcns des peuples; qu'elle ecoute aussi les maledictions des minislres des rois ; partout ou s'exerce un pouvoir fonde sur la deception ou la violence, elle est sQre d'avoir un ennemi. Sur chacune de ses frontieres, eel ennemi veille pour profiler de ses I'autes ; sur chacune , il attend avec esperance. Que personne ne soit si insense que de se reposcr sur des notes diplomatiqiies pour reconnaitre le nouveau souverain, sur des ambassades , sur des promesses. De meme que, sans le voidoir, la France, par I'exemple seul de sa liberie, fait la guerre a toutes les tyrannies ; toutes ces tyrannies, des qu'une chance leur serait offerte, se Irouveraient conjurees contre la France. La paix ne saurait dissoudre cette ligue; ellesubsistera, ellese montreradansdix, dans vingl ans, comme demain , lant que le sysleme progressif et le systeme retrograde des gouvernemens seront en presence. IN'oublions jamais cette inimitie, qu'elle fasse sentir a la France la neces- site de cherclicr d^s anjourd'hui toute la force qu'elle peul trouvcren elle-nieme, de chcrcher a I'avcnir au-dehors toute Ja force qu'elle pent s'assiuer par des alliances. L'AVENIU. 527 La France est anjoiird'hui forte par elle-inCuio ; elle desire ardeinmenl ii'avoir point la guerre, niais elle sent que la guerre ne lui apporterait pas des dangers. Isolee eomme elle I'etait, dans les cent jours, au milieu de I'Europe ennemie, elle sent que les proportions sont changees entre elle et toute coalition. En 18 15, sa population virile et militaire avail etc epuisee par vingt-cinq ans de guerre; chaqiie annee, la conscription avait enlcve la flenrde la population, toute la partie de la jeunesse qui etait le plus propre au service; aussi , les levees en masse ne presentaient plus que des rangs affaibiis. Aujourd'hui, quinze ans de paix ont laisse aocumuler, pour la defense de la patrie, tons les jeunes gens qui, durant ces quinze annees, sont ar- rives a I'age viril; iU sont ages dedix-neuf a trente-quatre ans; leurs rangs n'ont pas etc decimes, n'ont point eprouve de pertes, etleurvigueurcstredoubleeparlessouveniisdelagloir€ des generations qui ont passe devaal cux. En 18 15, la popu- lation decouragee , fatiguee, ne dcsirait que le repos ; elle s'etait usee sur tons les cnthousiasnies; les mots de liberie, de gloire, de patrie, n'excitaicnl plus que des efforts languis- saus; les amcs faibles se resignaient ;'i une ignomiuieuse ser- vitude. Aujourd'hui, une nouvcile flamme s'est allumee, une nouvelle liberie est apparue a nos yeux, une nouvelle aureole de gloire, acquise dans les derniers jours de juillet, couronne In patrie. Les armees coalisees de 181 5 se presenteraient sur toutes les frontieres , qu'elles rencuntreraieul partout de la resistance, qu'elles se foudraient quand elles se trouvcraient aux prises avec deux millions de gardes nationales. Au reste , c-es armees de 181 5 n'existent plus nulle part; a cette epoque, I'enthousiasme , I'amour de I'indcpend nice et celiii de la li- l>erle avaient quitte la France pour passer dans les rangs en- nemis. Tons ces senlimeus ont etc etouffes, puuis meme, par les rois qui en avaient profile. Ou sont aujourd'hui les peuples <|ui se leveraient pour ecraser la France? Oii sont les land- M ehrs qui s'armeraienl voloutairomenl, qui combattiaicnt avec patriolisme, quand chaquc sujel d'un nionarque sail qu'en as- servissant la France il riverait sos pnq>rcscliaiues? Nou : dans 5.s8 L'AVEiMll. ce moinciij , la f^iiene est iuipo.ssible ; les elrangers le savent , et ils ii'allaqiieront pas. Mais Ics rtraiigers attendent et ils viillont; mais ils se rc- jouissent, qiiaiid ils vuiont iles syniptomes do dcsorganisalion ; inais i!s apphnulisseHl, (|uanil Ics Fi'ancais deconsiderent Ic poiivoir qu'ils (iiil cii'm', Ics ministres que la revolution leur a doiuios, les Chambres (|ui oat saiictioniie leurs droits. Us sa- luent avec joie cette iuiage de 181 5; car c'est aiusi que, dans les (Cnt jours, le peuple, qui s'etait fait un gouvernemeiit uou- veau, oublia qu'il devait s'interesser a son ouvrage; le peuple, qui avail designe a son chef un nouveau ministere, oublia qu'il devait etre ministeriel. Les etrangers se rejouissent; car ils savent que Peffet d'nne revolution est de dctendre enlre les mains du gouvernement tons les ressorts niateriels qui foul moil voir la force, pour ne plus lui laisser que le ressort de I'opinion ; si les organes de I'opinion s'attachent a detruire celui-ci a son tour, le gouvernement ne gouverne plus; la nation n'a pas perdu sa force; mais elle en a perdu I'usage, elle ne pent plus agir avec ensemble, et elle se trouve a la merci de ses inlerieurs en puissance. Ne nous demandons point (qu'on permette a celui qui ecrit dans un journal frinrais de parler comme nn Franrais), ne nous demandons point si la Cdiambre des deputes, si le nii- nistere ont merite qiieb|iics leproches : ils sont I'expression de notre volonte, ils sont la creation de noire puissance, ils sont les agens par lesquels nous exercons nolie force, les instru- mens avec lesquels nous devons operer notre salul. Laissons aiix amis de Charles X le soin de former I'opposition ; ils sau- ront assez veiller sur les faules et decouvrir les abus; ils se- ront tonjours assez prets a crier aux attentats contre la li- berie, eux qui ue la connaissent et qui ne rcstiment pas; noire atfaire a nous, qui voulons etielibres, c'est d'etre aujourd'bui niinisteriels (i) , de I'etre en nous sonvenanl que les homines (1) Puiir que les patriotes soicnt »i'?i('s qui tourneront centre elle, touleslcs fois qu'ils le pourront, avec surete, toulce qu'on lui laissera de pouvoirs conslitulionuels. Le clerge, enfin, est, de tons les corps de I'l^ltatj le plus una- liime et le plus acharne dans sa haine. Sa conscience et ses prejuges, son interet pocuniaire et son amour du pouvoir, tous ses sentimens enfin lui font desirer la contre-revolution ; il sc trouve dans I'Elal, parlout present, partout agissant de con- cert, comme un pouvoir organise pour uneconspiraliou perina- nente; c'est lui qui aigrittous les mecontenteniens, qui pousse audesordr;sil)le d'etablir jamais aucun nouvel impot , el de changer par consequent aucun des ancicns, quelque absurde^ L'AVEiNir.. 555 qu'ils soioiil; et leur economie, soiivetit sordldc, en soignant los iiitcrets niateriels de Icurs ressortissai^d, ieur sacrifie lesin- terets intellectuels dc lapalrie, son vent la liherte de leiirs con- citoyens. Ainsi la Suisse est tourmentee aujourd'hui pav unc classe nombreuse d'homnies, qu'on nomme lieimatldose (sans demeure), parce qu'ils n'appartiennent a aucune commune, chacune d'elles lesrepoussant ogalenient, pour ne pas se char- ger de Ieur indigence. Kevenons a la France qui a le bonheur de ne point con- naitre encore par experience cette resistance liabituelle de toutes les parties au tout. Sa force, avons-nous dit, ne depend pas seulement de sa brillante et belliqueuse population, et de renlhousiasme qui I'anime ; elle a besoin que son gouverne- ment soit puissant dans I'opinion, qu'il soit puissant par la stabilite et I'experience de ses minislres, par la confiance, et, au besoin, par I'indulgence de ses administres, par le franc appui de la pressc liberale, tandis que la presse servile ne ces- sera de I'attaquer. Elle a besoin que son action soit une, qu'elle soit proniple, qu'elle soit eclairee, que les rouagos de la ma- chine administrative ne se revoltent pas, s'il est permis de parler ainsi, contre la force motrice qui les met en jcu : elle a besoin enfin que le peuple suit ministericl, tandis que la no- blesse, les tribunaux et le clerge feront de I'opposition. Si la France ne salt pas comprendre ces necessites de sa position, elle sera bientot atlaquee par les gouvernemens absolus; el, malgre toute son-energie, sa victoire n'est pas assuree. Mais, si la France ne dctruit point elle-meme a plaisir sa .force, elle est inattaquable ; elle aura la paix, et alors c'est des gouvernemens absolus que I'heure a sonne. Dans toute la partie occidentale de I'Europe , il y a un progres des intelli- gences qui ne pent plus s'accommoder d'un gouveruement qui pretend mesurer la lumiere, inaitriser la pensee, et inter- dire I'instruction ; il y a un progres de dignito humaine , qui ne perniet plus a I'hommc de se soumettre a un pou voir dont il ne reconnait et n'approuve pas le but, dont I'origine est une usurpation ; il y a un progres de moralite qui ne pcul plus ad- meltre I'arbitraire a la place dc la justice, ct la violence au :>:,() L'AVKMii. lien dii droit; il y ^ ciifin un progres de riche^ses maleriellcs et inobilieres qui demande des garanties dont la richesse fon- cierc peiil ;\ la ligueur se passer. Un despole ne pent pas de- pcnscr les champs de scs siijels : s'il les coiifijiiiuo, il est force de les rendie a d'aulres, el le domaiiie de la nation demoiire a pen pies le meme; mais la licliesse du comnierce est I'aite pom- la consommalion ; ce que le gouverncnient prend aux industriels, soil argf^nl, soil niarchandises , il Ic dissipe Ini- meme ; et, si des bornes ne sotit mises a son pouvoir, il pourra tout prendre, parce qu'il pourra tout dissiper. Paitoutdonc oil se trouve un develonpement d'intelligence, de dignite, de moralite ou de richesse coiumerciale, se trouve aussi un besoin intense de liberte oonstitulionnelle et de garantie. Kn vain, apresia victoire remportee en 181 3 sur la France, laSainte-Al- liance essaya d'etendre le systeme de Metternich sur toule I'Europe; en vain elleallaqua parlout rintelligenco, la dignite huujaine et le sentiment du droit ; le be^^oin des honimes deja civilises etait plus fort qu'elle ; la resistance reconunencait partout, Tintelligence se revoltait partout centre la force ma- teriellc, etla victoire de Paris a enfin revele I'impuissance des despotes, I'accord des peuples et les besoins du siecle. Le parti vaincu n'a pins d'esperance que dans les fautes de la France; si celle-ci leste digne d'elle-meme, chaque despo- tisme de I'Burope occidentale doit crouler au sein de la nation qui le supporte, par les forces menmes du pays qu'il opprime. Une memorable lecon a enseigne aux peuples, dans les der- niers jours de juillet, quelle etait leur puissance, meme contre des armees ; eile a enseigne aux armees, et cctle'lccon est plus importanle encore, le sort qui les attend, si elles combattent les peuples. Desormais, les soldits auxquels 6n ordonnera de tirer sur Ic peuple songeront que la garde royale et la gen- darmerie out ete licenciecs pour avoir obei ; que leurs soldats .sont rentres humilies, honnis , prives de leur etat, dans les rangs de ce peuple qu'ils avaient combattu; que les Suisses ont cle repoMS^es hors de lette France, a laquelle ils lenaient a honncur de s'associer, apres s'etre ferme toute oarri^re a L'AVEiMR. .'>37 eux-mf;mes par lour aveugle obeissance. Que ceux qui, lUms (I'autie* pays, siiivraient leur exemple, aux uns ou aux aulres, ue s'atlendent pas a etre trailes avec iiiitant d'indulgence. Apres cette lecon, le devoir militaiie est uiieux compris de I'Europe; ceux qui aurout cru t|u'ils doivent pousser I'obeis- sance jiisqu'au crime seront desormais traites par le peuple vainqueur,comme des ci-imincls. La politique de la France, conforme aux principes qu'clle prol'esse, lui interdit de se meler des affaires de ses voisins, ou d'usurper la souverainete de diaque nation sur eile-nieme. Elle ne se permeltra done point d'inlervention; mais elle n'en permettra point auxaiitres. Point de Sainte-Aliiance des rois, oubienily enaura unedespeunlcs; point de garantiemuliielle des usurpalions, ou liienla F'ranceproclamera unegaranlienui- luelle des droits. Car, apres tout, el!e veut respecter le prin- cipe de I'independance nationale; mais ses voeux, avec tous ceux des amis de la dignite et de la moralite humaines, sent pour la liberie. Son interet demaiade iniperieuseuieut la lil)erte de ses voisins : car ce n'est qu'avec des Etats libres qu'elle Gontractera jamais des alliances surlesquelles elle puisse comp- ter. Viennent les re vers, et ies allies despotiques qu'elle croi- lait avoir agiiont, comnie agirent envers la nouvelle dynastie de Napoleon, I'Autriche et la Priisse, et tous les princes d'Al- lemagne. La France est puissanic aujourd'hui par son entbou- siasme ; mais le calme doit venir ensuite, et dans le cainie il I'aut que les forces materielles se balancent. L'Europe ne jouira de ce calme, apres lequcl e!lc soupire, que lorsque tons les pays qui entourent la France auront obtenu les gouvernemeus nationaux qu'ils redament. La Belgiqi'e s'est la premiere mise en mouvement pour ob- lenir des inslilulions et des garanties, et c'est pour elle que la France est appelee a recounaitre , pour la premiere fois, et a faire recounaitre aux autres le principe de non-intervention. Dans ce cas, elle sacriBe ses interets, presque ses droits, aw desir de maintenir la paix. La Belgique, uuie malgre elle, et par line force ilraugere a la Uollaude, a loujours detestc cette 538 L'AVENIR. union. Onne peutdoutcrqneles Beiges neproferassent an fond (III coeur se roiinir de noiiveau a la Franre, que tons les Bei- ges ages de trentc a cinqiiaiite-cinqans ontaimee commeleur palrie ; les etrangers n'ont pas plus Ic droit de gencr lent- choix a eel egard, qne.de les enipeohcr dc changer leur gouverne- ment. Cependant, par amour de la paix, pour ne pas ebraii- ler I'equilibre de I'Europe, la France et la Belgique peuvcnt sacrifier leur desir et leur interet coinmun, pourvu que les puissances voisines montrent la mSme sagesse et la meme mo- deration que la France. Si on laisse les Hollandais et les Beiges arranger entre eux Icurs interets , il est bien probable que lc& derniers obtiendront la constitution et les garanties qu'ils de- sirent, obtiendront snrtout de se scparer de la Hollande, et de fojrmer deux Flats, comme la Suede et la Norwege, sous un meme roi. Le souverain de deux pays, qui a I'aide de I'un fcrait la guerre a I'antrc, entendrait bien mal ses interets : a supposer qu'il subjuguat I'un des deux, sou pouvoir ne serait guere durable; il commenceraitparla faiblessect repuisemcnt, il finirait par une nouvelle revolution. Mais, si ce souverain, au lieu d'employer les Hollandais a faire la guerre aux Beiges, appelait les Prnssiens, certes la France ne devrait pas le pcr- mettre. Le spectacle d'une contre-revolution operee par nne arruee etrangere serait trop dangereux; il enivrerait d'orgueil les despotes, il allarmerait la France, et il ne pourrait man- quer d'allumer bientot une guerre universelle. La Prusse et toute I'Allemagne septealrionale sont egale- ment mQres pour des institutions : li\ aussi, les progres de I'in- telligence et de la dignite hnmaines, de la moralite el de la richesse mobiliere, reclament des garanties qui ne peuvent etre long-tems refusees ; mais aucun pays d' Europe n'a une es- perancc plus fondee de les obtenir sans revolution : les gou- vernemens out marche avec les peuples; s'il n'ont pas donne des garanties, il out presquc tonjours agi, comme si elles exislaient; ils n'ont pas violeute I'intelligence, ils n'ont pas outrage la justice, el ils ont soigne avec habilete tons les in- terets materiols. Les princes, tonjours Icnts a se dcssaisir du 1 L'AVENIR. 539 poiivoir, n'ont pent-etre tarde jiisqu'a ce jour a donner aux peoples les constitutions qu'ils avaient promises, que pares que I'influence de I'Autriche les en empechait. S'ils le tentent aiijourd'hui de bonne foi, ieur tache ne sera pas difTicile; car rexenipie de I'Angleterre Ieur est bien plus applicable qu'a la France. Les families rcgnantes, qui n'ont jamais demerite, sont toujours cheres au peuple, par une aft'eclion here- ditaire; le pouvoir attache a la nais.-ance et a I'antiquite est toujours grand chez les Allemands; ils vont chercher ieur li- berte, moins dans les droits de I'homme , que dans les souve- nirs du moyen Age ; Ieur noblesse est entouree de respects qui nous paraissent sou vent serviles : elle Ieur offre tous tes ele- mens d'une pairie independante; Ieur clerge, surtout le pro- testant, est ami en mOme tems de la liberte et du pouvoir: il sera moderalcur ct conserv'ateur ; leurs tribunaux sout sa- vans, iudependans, mais attaches a toutes les traditions anti- ques. Enfin, il n'y a presquc qu'a vouloir, pour y faire une notivelle Angleterre, moins ses abus. Combien la condition de I'Espagne et celle du Portugal sont dift'erentes ! la, il faut que le gouvernement tombe , et qu'il tombe d'une maniere violente : il a par trop abuse de son pou- voir; il a pousse trop loin la tyrannic, pour q«'aucune retorme soit possible avec lui. La nation , dont une partie appartient encore aux siecles de la barbarie la plus reculee, et une au- tre a la civilisation de notre age, ne demande point tout en- tiere des institutions. On y trouve des masses qui out horreur . de la lumiere , de ia legalite et de la liberte; mais Ferdinand et Miguel se sont montres si perfides et si stupides, ils out tel- lement mine leurs p;iys, ils out tellement compromis toutes les existences, que leurs sujets, si di vises entre eux, ne s'ac- cordent que pour les hair et pour les mepriser. II est proba- ble qu'ils lomberont sans qu'un bras s'arme pour Ieur defense ; que I'armee, qu'ils laissent mourir de faim, se jpindra avec joie ;"i ceux qui les renverseront. II n'y a rien a faire d'eux, ni pour eux : quel que soit leursort, ih ne mcritent aucunepitic. Quel- ques journaux anglais annoncent des projets de constitution 54o L'AVENIK. moiiarchique avee Feidiiiaad ; quels sermens preterait-il done qu'il n'ail dcja violes? Quelle garantie e'xigcrait-on de liii , dont il n'ait deja montre rinsiifTisaiice? La France a epionve qti'nne conslitutionliberale etait impossible avec les Bonrbons ; et pourlant Charles X elait un philosoplie, aupres de Fer- dinand; il etait un honime probe, loyal, observalenr reli- gieux de sa parole, hiimain, compalissant, econome, aupres du roi de bone de I'Espagne. Si la nation espagnole pouvait supporter un roi, un tils du roi des Franrais lui conviendrait peut-etre mieux qu'un autre; mais, certes, ce ne serait pas un trone a lui envier. TJne longue anarchic est peut-etre le seul avenir qu'on puisse prevoir pour I'Espagne et le Portugal : du moins, cette anarchie i'ormera des hommes , tandis que celle d'anjourd'hui les detruit; elle fera renaitre les elemens des so- cietes civiles, el celle-ei les pervertit. Quand cette revolution qui parait s'approcher sera accomplie, elle otera a la France tout sujel de crainte du cote des Pyrenees; mais elle ne lui donnera pas de long-lems une alliee efficace. . Nous ne parlerons point des puissances plus eloignees, la RussiE, le Dakemark, lai>DEDE; rAuxniCHE elle-meme est as- sez loin de la France, pour n'etre pas peut-etre entraince par son exemjjle. II n'est pas impossible que le systeme de Rlet- ternich, de fcrmer tout abord a la pensec, d'interdire toute communication entre les peuples, d'arreter toute instruction, puisse etre tolere queique tems encore dans les Etats autri- chiens, d'auiantplus qu'il seconcilIe,dumoinsquantauxquatrc millions de sujets qui sontde la race alleniande,avec un grand bien-etre materiel, un grand soin pour la classe agricole, qui fait la grande masse dela population, un grand respect pour les droits prives et pour la justice, sous la reserve seule du droit a I'intelligence. Les jaysans autrichiens sont contens de de- meurer paysans; les seigneurs seronl plus contens encore de demeurcr seigneurs ; le resle de la nation a pen d'imporlance. M. de Metlernich a juge le reste derKuro})e d'apres I'Autriche et la B(dierae ; il a cru que les autics peuples ne tenaientpas plusala liberte queceux qu'il avail souslesyeux. Son erreur est cause des v iole n t es convulsions pa rl(!squel les nousavonspa?se ; LAV EN III. 541 tnais il a trop d'esprit pour ne pas voir aujourd'hui qu'il lui serait impossible d'enlever encore une fois a la race humaine ses liberies par droit de conquete. S'il le comprend, il doit renoncer a la guerre qui compromettrait ce qui lui resle de I'empire des tenebres; car, pour sauver son Autriche, sa Boheme, sa Hongrie de I'invasion de la lumiere, il faut les separer des pays oii I'intelligence est en mouvement, et oii les peoples reclament leurs droits. Qu'il etende, s'il veut, ses frontieres a I'Orient; qu'il y comprenne la Bosnie, la Servie, I'Albanie, la Macedoine meme; il ne leur fera que du bien, en les detachanl de I'empire turc qui tombe en lambeaux, en les sauvant de I'anarchie. Que I'Autriche s'agrandisse de ce cote, de maniere a demeurer toujours un utile contre-poids de la Russie; elle le fera, aux applaudissemens du reste*de I'Eu- rope. Par amour de la legitimite ou peut-elre du beau id^l en faitde despolisme, M. de Metternich a voulu jusqu'a present sauver la Turquie en depit d'elle-meme, conserver ce colosse, encore qu'il n'eQt plus de sang pour I'animer, de bras pour se defendre. Mais, apres la chute de Charles X, I'inviolabilite des trones n'est plus qu'un reve, et les peuples n'auront pas plus de veneration pour le pouvoir royal, encore que Mah- moud conserve le droit d'abattre des tetes selon son caprice. D'ailleurs, tout I'empire turc se desorganise, la revolle eclate partout, les finances se tarissent, la population disparait, et I'Autriche, quand elle le voudrait, n'aurait plus la force de sauver le trone des Osmaulis. Qu'elle s'etende done au midi du Danube, aussi loin qu'elle croira pouvoir convenablemenl et prudemmeut le faire; qu'elle s'y arrondisse; qu'elle s'y donne de bonnes frontieres; qu'elle lie toute la Hongrie a la cote de I'Adriatique ; elle y acquerra des terres fertiles , de braves soldats, des sujets qui ne se soucient ni du progres de la pensee, ni du perfectionnement de I'education, ni de la li- berte de la presse ; des hommes qui obeissent et ne raisonnent pas, a qui la licence sufiit sans laliberte; qui seronl contens, si ou ne leur coupe pas la tete sans motif, si on ne les pillc T. .XJ.VII. ir,i\F. iSiio. 35 o'p L'AVENTR. pas sans onlre, ot si on les appollo aiix arnues, pourleur don- ncr le plaisir cle se battrc. Qn'on ajoiitc encore a ces conces- sions la legalite el I'ordre ilc rAutriche, et on ics elevera dans I'txhellc sociale; on repenplcra blentot les deserts oCi I'oppres- sion les disperse, on ajoiitera une force leelle a I'cmpire aii- trichien. Sa population sera homogene, du morns quant a rintellii;en(e et ;'i la nioralite; elle ne sera lonrmcniee par au- cun dcsir d'independance , par aucun niouvenieiil seditieux; et, si I'empereur d'Autriche decline ensnite a I'Europe qne ses sujets sont trop serviles pour estimer la liberie, trop igno- rans pour recbercher I'origine de son pnuvoir ou de sa justice, Irop abrutis pour desirer de s'instruirc, pour avoir besoin lie livres, de journaux et d'Universites; si , en consequence, il coupe toute communication entre ses ttats et le monde ci- vilise, on le laissera faire, el on Ten croira sur parole. Mats, pour alleindre ce bien supreme de la politique autri- chicnne, pour s'enfermer avec securite dans le paradis des sots, il faut renoncer a I'ltAtiE. La possession d'une langue de tcrre prolongee vers la France, entre la Suisse et la Tos- cane , d'une langue de terre converle de villes populeuses et riches, oi'i tons les besoins de I'esprit se font scntir, oij tous les sentimens genereux sont enlendus, oi'i une grande richesse industrielle demande toutes les guantics, cette possession est un contre-sens pour TAutriche. Son joug y est abhorre, sa langue seule y excite la colere ; il y a antipathie entre les deux peoples, Italien et Allemand; il y a un fremissement conti- nnel dans cclui qui, depuis quinze ans, est courbe sous le JQug autricbicn , qui n'obeit qu'a un droit de conquete qu'aucun litre plus respectable n'a encore consacre, qui ne reconnait pas plus dans ses maitres des souverains heredilaires que des souverains de son cboix. I,es Lombards cl les Veniliens sont mQrs pour la liberie qu'ils ont connue, qu'ils ont gofilee; mais tous prefereraient encore obeir a un mauvais roi de toute I'l- lalie, plutut qu'a une constitution liberale donnee par les Au - tricliiens ; tous mettent avec raison I'independance nalionale au-dcssus memo de la liberie. A la premiere convidsirtn de L'AVENIH. 545 I'Europe, ils seioiU prcts; et, tandis que la paix dure entre rAiitiiche et la Fiance, il faut les garder par de puissantes armees. On parle de qiiatre-vingt mille hommes a envoyer en Italie, pour la tenir tranquille; et dans un momenl oii les iVoutieres de Turquie, de Russie, de Prusse, reclament aussi des soldats, un tel deplacement de forces est ruineux pour la monarcliie. Que serait-ce, si la guerre eclatait, si Naples et l'i5- lat de I'iiglisese soulevaient au niidi, le Piemont au couchant; si la France arrivaitavec ses armees: le corps autrichien aven- ture dans la Lombardie serait perdu, et sa destruction ouvri- rait les avenues deju connues, deja pratiquees de Vienne. Quand les hafaillons milanais passaient en vainqueurs les portes de cette capilale ennemie, les soldats criaient en riant : Appal- tali, abonnes, c'est la troisierne fois que nous entrons sans payer ! Ils cojnplaient bien j entrer encore; ils y entreront en efifet si rAulriche ne sait pas prendre son parti; si, pfindant qu'elle en a encore le pouvoir, die ne concourt pas a elever une puissante monarchic italienne, une monarchie indepen- dantc entre elle et la Fiance, une monarchie qui, pouvant ad- mettre plus d'elemens aristocratiques que la France, sera moins dabgereuse pour elle, pnr son voisinage el son e\emple ; une monarcliie qui, animee du desir de sa conservation, et ayant besoin de paix a son premier etablissement, tiendra la balance entre les deux puissans empires, ses voisins, dont I'un represente le systeme progress! f, I'autre le systeme retrograde de I'espcce humaine. Cette haute determination de I'Autriche, qui, pour s'arron- dir, abandonnerait volonlairement le pays auquel elle a donne le nom barbare de Royaume Lombardo-V en'Uicn, et se lerait ceder en retour une compensation d'egale valeur et d'etendue superieure, dans la Turquie d'Europe, comme elle I'a fait au- trefois pour les Pays-Bas autrichien*, serait, pour elle, nous le croyons, le seul moyen sage, honorable, arantageux, de sor- lird'une situation perilleuse. Nous confessons aussi que nous n'avons aucune espeiance de le lui voir adopter. L'Autriche cntassera ses soblats demi-barbares sur le sol de la Lombar- 544 L'Avt;^'I^. die; elle cxasperera toujours plus les peuples qu'elle foulera par leiir presence; elle ('ipiiisera ses provinces allcmandes ot hongroises d'hommes ct d'argent ; elle y cveillera un mecon- tentement qu'on n'y sentait pas encore ; ses soldats allemands apprendront en Italic les idecs itaiiennes ; les soldats lombards les rcpandront en Ailemagne; et, quund le niomenl du choc arrivera, tout Tempirc d'Antriche sera embrase. Deja M. de Metlernicli pent savoir que, dans cet empire meme, les hom- ines se groupent scion leur langue et leur origine, qn'ils se comptent ct s'etonnent que vingt-cinq millions de Bohemes, de Hongrois, de Polonais, d'lllynens, d'ltaliens, aient pu obeir si long-tems a quatre millions d'Autrichiens; que, n'o- sant encore reclamer des droits, ils s'attachent du moins i des souvenirs nationaux, que leurs efforts pour reproduire ce qu'ils ont ete montrent leur mecontentement de ce qu'ils sont. Dans cet empire meme, I'orage n'attend qu'un premier choc elec- trique. Et comment ce choc pourrait-il etre long-tems evite ? L'Au- triche a maintenu dans toute I'ltalie, par son influence, des gouvernemetis cent fois plus vieieux que le sien ; elle a ar- rete, elle a aneanti par ses armes, la reforme qui s'operait a Naples; elle y a pousse Ic gouvernemenl dans des voies de perfidie et de cruaute qui I'ont rendu I'abomintrtion de I'Eu- rope; les supplices, les tortures se sont multiplies ; des recits d'liorreur circulent deja, le proces effroyable de Mattei n'est encore qu'imparfaitement connu ; mais la lumiere qui brille en France eclairera bientot tons les crimes, et le ressenti- ment d'une nation si barbarement traitee ne pent larder a eclater. L'etat valetudinaire du roi de Naples est peut-etre la seule chance de salut qui reste a sa maison; si son fils arrive bientot au pouvoir, pur des souillures du dernier regne; s'il rend a un peuple cruellement trompe la liberie que tant de sermens lui avaient garantie, I'Autriche interviendra-t-elle alors pour I'empecher? De quel droit, et avec quelle securite? Lorsqn'en violant un territoire ncutre et independant, elle y appellerait les armes de la France; lorsqu'en engageant ses L'AVENIFU 545 armees jusqu'au fond de la peninsule, elle les exposerait a ce que toute retraite leur ftilcoupee ? Mais ce n'est pas a Naples seulement que le sol tremble ; quelle est la partie de I'ltalie ou un gouvernement stupide et souvent ferocen'ait pas enseigne a ses sujets i soupirer apres uiie revolution? A Modene, un prince autrichien a pris k t;1- che de rivaliser avec don Miguel. Sa haine pour leslumieres, dans le pa^s de Muratori et de Tiraboschi, a blesse les Mode- nois dans leur antique renommee : sa tyrannic a penetre plus avant encore dans toutes les families, et il s'est aussi rendu, s'il est possible, plus odieux encore. Le gouvernement du Pape s'est signale a Rome, par un mepris de toutes leslois, de toutes les formes, qu'on n'aurait plus cru possible en Europe : il renverse les jugemens des tribunaux, il interdit ou il fait recommencer les procedures, il suspend les prescriptions, il delie les biens des liens hypolhecaires, selon la faveur ou le caprice. II n'y a, dans tons ses l^ltats, pas une famille qui n'ait quelqu'un de ses membres atteint par d'iniques poursuites judiciaires, pas une fortune que I'arbitraire des legats ne me- nace etne puisserenverser. Les l^tats du Piemont, plus avances peut-etre en intelligence qu'aucun autre en Italic, plusremplis des souvenirs d'un regime liberal, ont ete soumis a une con- tre-revolution qui n'a epargne aucun perfectionnement, au- cune des idees du siecle. Les jesuites ont ete investis de tout pouvoir dans I'Etat, dans I'eglise, et dans I'instruction de la jeunesse. D'insolentes prerogatives ont ete accordees a la no- blesse, pour la brouiller avec la bourgeoisie; lesjournaux, les livres, la pensee ont ete repousses a la douane, comme une odieuse contrebande, etle gouvernement, qui craignaitla rai- son humaine, a cesse lui-meme de la consulter. Son systeme economique, ses prohibitions a I'entree et i la sortie, sont tellement absurdes, qu'elles exciteraient le rire, si Ton ne sa- vait combien elles font souffrir. De tons cotes I'ltalie est rnOre pour une revolution; et , si elle eclate dans un pays neutre, que fera I'armee autrichienne ? Si elle reussit, comment de- fendra-t-elle les fronti^res lombardescontre le desir toujours plus ardent des Ilaliens de redevcnir un seul peuple ? 546 L'AVENm. Nous n'avons pas besoin d'arreter nos regards siir la Scissu, engagee et par ses interets et par scs goOts a del'endrc sa neu- Iralile. L'exemple dc la France ne sera cependant pas perdti pour elle : la aussi il y a de vieux abus a reformer, de vienx prejuges a delruirc, de vietlles laches a fiiire disparailre. C'cn est une qui ne peut plus s'acxorder avec un sieclc de moralite et d'inlelligence que I'habitude des capitulations pour le ser- vice etranger. Le metier d'hommes qui se louent pour allcr tirer sur le gibier humain qu'on leur designera , sans s'iufor- mer de la cause qu'iis delendent au qu'ils attaqucut, sans se soucier du droll ou de I'injustice, sans elreappelesacetteoeu- vre de carnage par le devoir, le patriotisme, la fidilite, memc le prejuge ou la passion; ce metier est trop odieux pour pou- Toir se continuer; aujourd'hui que Topinion du rrionde est appeleea le juger, il ne pourra soutenir la reprobation du sen- timent moral qui le fletrit. Ce n'etait pas pour faire ce que la conscience des Franfais aurait refuse de faire, que les regi- mens suisses enlraienl autrefois au service dc France; ils de- mandaient alors seulement a partager I'honneur et les dan- gers des amis de leur patrie; entrant aujourd'hui dans la meme carricre, ces montagnards comprennent mal le mouvemeut du monde et ne s'aperpoivent pas qu'elle ne !es conduit plus au meme but. II est tems qu'ils s'arretent, avanl que ic Irafic qu'ils font de leur sang et du sang d'autrui les signale a ki haine de tous; il est tems, s'lls out besoin de guerrcs, qu'ils sachent choisir celles auxquelles un juste entliousiasme peut associer des etrangers, celles od ils defendront, si ce n'est leur patrie, du moins ce qui leur est cher dans leur patrie; qu'ils abandonnent les palais desrois pourse ranger aux avant- postes de la civilisation; qu'ils aillent combaltre daiis la Grcce ou a Alger pour I'avanccment de la religion , de la liberte , des moeurs et des lumieres , pour la defense des femmes et des citoyens paisibles, et ils retrouveront eel honneur mililaire que leurs peres allaient chercher dans les services etrangers. Tels sont les voisins qui entourent Ja France; tels sont les peuples sur lesquels son exemple exerce une puissante in- fluence; et qui, mOrissant pour la liberie, quand ils aurout LA YEN in. 547 uuciuis couiiue la France cles inslitiUiuns piotectrice.-i, lie se- ront pas m')ins empresses qii'elle ;'i niainlenir la paix. iMais il reste, en face des rivages de France, un autre peuple puissant, un peuple que la France avail long-tems considcre comnie rival, auquel elle gardait une profonde rancune pour lui avoir raiuene les Bourbons, et qui , dans cette dernicre circoustance, a nianifeste tant d'entliousiasme pour sa delivrance, que tout autre souvenir est eflace , saut" celui de cette noble synipathic. Les ANGXiis ont applaudi avec transport , quand les Francais ont brise le joug, parce que Taction etail belle en elle-ineme, nonparcc qn'elleleur etail utile, Aucontraire, elle derange leu r politique precedente , et elle porte de I'incerlilude dans toutes leurs alliances, dans tons leursprojcts. Ilsavaient elabli I'ordrc qui vient de lomber, et ils se croyaient interesses a le defen- dre. De vieilles habitudes, dont il serait difficile de trouver le motif, leur faisaient considerer rAutriche comme leur alliee necessaire ; ils scmlilaient done appartenir au systeme retro- grade, tandis que leur conslilution , leurs senlimens, leurs pensees , leurs interets les rangeaient dans le systeme progros- sif. La France, reconnaissante de leur sympatbie el desireuse de leur alliance, menagera jusqu'a leurs prejuges, autaut qu'elle pourra Ic faire. C'est suitoul par egard pour eux qu'elle n'est point intervenue dans les affaires de la Belgique, qu'elle n'iu- terviendra point dans les affaires d'llalie, a moins que d'au- tres puissances, egalement etrangeres,. ne s'en melent les premieres. C'est d'accord avec eux qu'il conviendrait a la France d'cngager I'Aulrichease retlrer de la lutle des revolu- tions, en abandonnant ses possessions enllalie, et prcnantdes conapensations dans TOrienl. C'est d'accord avec eux (ju'll lui conviendrait de rcooiDiaitre une llnlie libro, independanlc el forte; de garantir a VEspagne qu'aucun pouvoir etranger ne la troublerait dans sa difficile reorganisation; d'aider le roi des Pays-Das a assurer I'independance et rhaiiuonie des deux peuples sounds a sa couronne. Ln interel egal pour la paix. la liljerte et I'independance des nalious, rcndia ellicace la inediation des deux nations les plus eclaiices de I'Furope; el plus elles ('■tudieront les destinees probables du genre humaiii, 548 L'AVEMU. plus dies trouveront que leiirs interets et Icuis voeux doi- vent etre identiques. On a cherche a faire naitre une opposition d'interels entre la France et I'Angleterre, a ['occasion de la possession que la France vient d'acquerir sur la cote d'Afrique. h' expedition d' Al^er a soufferl de la revolution de France : son chef, sen- tant bien qu'il serait rappele, parait n'avoir mis ni soins pa- tcrnels a garantir la sante de ses soldats, ni bienveillance ou adresse dans ses rapports avec le peuple conquis, ni vigilance pour eirtpecherun honteux pillage. Son successeur aura une tache difTicilc pour retablir quelque ordre et quelque sQrete en Afrique. Cependant les attaques des Bedouins, les massa- cres de Belida et de Bonne ont asscz prouve que ce peuple perGde et avide de pillage etait hors d'etat de se gouverner lui-meme; qu'evacucr Algcr, ce ne serait pas rendre cette ville a I'independance, comnie I'a propose ridiculcment un journal anglais, mais condamner ses habitans a etre pilles et massacres. L'humanite, le progres de la civilisation, la sQrete du commerce dans la Hediterranee , demandent toujours plus iinperieusement qu'un peuple civWisc possede Al- ger. Le midi de la France a senti I'importance de cette colo- nic; les Provencaux meltent I'esperance de leur commerce compromis, dans les etablissemens qu'ils se preparent a faire sur la cote d'Afrique. Dans cette premiere annee, cependant, les pertes ont etc considerables, et la possession onereuse a la France; mais c'est un droit de plus qu'elle a acquis a une conquete qu'elle ne pourrait evacuer sans honte pour elle- meme, sans cruaute pour les habitans qui se sont confies a sa foi. Tandis que TAngletene applaudit genereusement aux revo- lutions qui bouleversent sa politique, on demandera peut-etre si elle ne court point risque d'en etre elle-meme ebranlee. Nous ne le croyons pas. Sans donte, beaucoup d'abus y re- clamcnt encore des reformes; beaucoup de soufifrances, dans les ordres inferieurs du peuple, demanderaient une meilleure distribution de la propriete. Mais TAngleterre est deja en pos- session de moycns leganx pom- marcher san? sccousse a son L'AVENIR. 549 perfeclionnemcnl; elle n'a pas besoiii des dangereux expe- diens qui ont reiissi a la France, mais aiixquels on ne recourt jamais sanseffroi. Constituec bieu differemment quela France, avec line masse bien plus grande de proletaires, avec pbis de richesses, mais incomparablemcnt plus de pauvrele, elle de- vrait trembler si une insurrection remeltait son sort, comme il a remis celui dc la France a la sagcsse et a la verta des classes ouvrieres. C'est par plus de lumiere, qu'elle peut por- ter remede aux maux qu'elle eprouve, et non par plus de cou- rage. C'est de calme, d'ordre et de reflexion qu'elle a besoin, pour decouvrir le raoyen de raltacher a la propriete ces mil- lions d'oiivriers qui vivent au jour le jour, en faisant seuls tout I'ouvrage des manufactures et de I'agriculture, Sa tache est bien plus difficile que celle de la France, parce que le but qu'elle doit atteindre est bien plus mal defini. Mais nous es- perons que, des qu'elle connaitra le remede, le patriolisme ne lui manquera pas pour I'appliciuer ; nous esperons. disons- nous, pour I'honneur de la liberte, que la France et I'Angle- terre, ayant toutes deux passe par une heureuse et glorieuse revolution, n'auront jamais plus le besoin de s'y engager de nouveau. Jetons en finissant un dernier regard sur cet avenir dont nous avons cherche a soulever le voile ; il depend dela France, si elle n'oublie point que son devoir envers I'univers est d'etre unie et forte. Mors, respectee aujourd'hui pour son heroi'sme, elle sera bientot entouree d'une ceinture d'Etats libres, qui garantiront sa prosperite comme sa securite. Si elle s'agite pour avancer. sans savoir oii elle veut aller; si elle change sans cesse ses institutions, et les dcpositaires de son pouvoir, ce pouvoir s'evanouira entre leurs mains; au lieu de peuples allies, parmi ses voisins, elle ne verra que des princes enne- mis ; elle sera appelee de nouveau a une lutte terrible ; et vic- torieuse ou vaincue, elle n'en sortira pas sans dommage pour sa liberie. J. C. L. DE SiSMONDI. 55u UE LA METUODK DE LA METHODE D'OBSERVATIOM APPLiyUEE ADX SCIENCES MORALES ET POLITIOLES. A M. LE DIRECTEUR DE Lxi REVUE ENGYCLOPEDIQUE. Monsieur, II est toujoiirs tachciix pour un ecrivain de n'avoir pas eto coiiipris ; niais cela est surtout penible pourcelui qui ecrit suf la morale on sur les lois. Dans ces matieres, en effet, un faux principe en theorie conduit necessairement a de mauvaises actions dans la pratique. Si I'auteur n'est pas accuse d'incon- sequence, les reproches adresses a son ouvrage tomhent pres- que loujours sur sa personne. Vous ne serez done pas surpris si je vous adresse quelques observations sur I'article insere dans le numero de la Revue francaise du mois de mai, au su- jet de mon Traitc de Legislation. Ces observations scront, du reste, etrangeres aux critiques relatives au nierile lilteraire ; ellcs ne porteronl que sur le fonds des clioses. Avant de repondre au critique, je dois le remercier de ton- ics les marques de consideration qu'il me donne, et que je lui rcudrais sans doute, s'il n'avait pas eu la modestie de mc ca- cher son nom. 11 est anime pour moi d'une si grande bien- vciilance, qu'il ne m'attribue pas un faux raisonnement sans Taccompagncr de I'assiirance de sa profonde estime , et qu'il m'accable d'eloges, toutes les fois qu'il pent trouvcrl'occasion dc nrimpuler uuc absurditc. On sera peut-eire surpris de D'OBSKRVATlOiN. 55 1 voir tin liomnie douc d'uii si bon nulurel se resigncr a nioii- tn-r .Tu doigt les fautes dii prochain, pour lequd il parait avoir line affection si sincere; mais rctonnemcnt ccssera quand j'anrai dit que c'est un homme exlremcmont attache d la hi du devoir. II avail a remplir unctdche pcnible qui hii ctait ini- posee, dit-il, par le nom do I'aiitenr, ct par le mcritc do reslc du livrc; il n'a pas du rcndre compte de I'oavrage , sans signa- ler une introduction dont les doctrines ltd paralssent affaiblir i'evtpire de I'obligalion morale , et oler d la science son autoriie. Si Ton pouvait douler de la repugnance avec laquelle le critique a rempli la tdclie penible, une seule observation sufli- rait pour dissiper tons les doutes. L'ouvrage dont il dit avoir voulu rendre compte forme quatre volumes ; et sur les vingt- six pages dont son article se compose , vingt-une sont con- sacrees a la tdche penihle ; cinq pages ont suffi a I'analyse des onze douziemes de l'ouvrage : c'etait ici la tiichc agreable. La loi du devoir ne permet pas de consulter ses affections. Suivant le critique, j'ai done professe des doctrines propres a affaiblir I'empire de Vobligalion morale, et a oter a la science son autorite. II est a craindre, suivant lui, que I'autorite de mon nom ne serve a donr>er du credit a mes principes, et c'est pour cela qu'il s'imposela lache penible de les refuler. Ce reproche, fait par un homme qui me temoigne tant d'es- time, et qui montre un si grand zele pour la loi du devoir, est tres-grave, tellement grave, qu'ii serait difficile d'en fairc un plus fort a un ecrivain qui s'occupe de morale ou de legisla- tion. La question est de savoir s'il est merite, et si, dans cetle occasion, le critique n'a pas montre plus de zele que de science. Ai-jc reellcmenl professe les doctrines qu'il m'attii- bue; et celles que j'ai professees peuvent-elles avoir les con- sequences qu'il leur suppose? En lisant son article, il m'a paru evident qu'il ne m'avait pas compris : vous jugerez, Monsieur, si c'est sa faute ou la mienne. Je concois deux manieres de trailer un sujel quelconque: on pent le trailer comme science, on eomme art pratique. Si 55-2 DE LA iMl5;TilODE on le traite comnie vine science, on le considere, cc me sem- l)le , commc la connaissance d'nn certain ordie de pheno- menes. Quelquefois ces phenomenes ont entre cux plus ou nioins d'analogie ; quelquefois aussi ils derivent les uns des antres. Si, par exeniplc, jc veux acquerir la science de la le- gislation , il fant que j'cludie et que je classe les diverses lois auxquelles les peuples sont soumis. II faut que j'observe en- suife les rapports qui existent entre elles, et que je recherche les causes qui les ont amenees et les resultats dont elles ont ete suivies. Si je veux etudier la morale comma science, il laut que j'observe les diverses passions qui so manifestent chez les hommes ; que j'examine les circonslances ou les faits sous I'empire desquels elles se developpent, et enfin que j'en de- couvre les consequences. On precede differeinment quand on considere, sous le rap- port de I'art, I'une ou I'autre de ces deux branches de nos connaissances. On recueille alors les verites ou les principes que la science a decouverts ; on les convertit en regies, et ces regies servent a nous dinger dans le cours de la vie. C'esl ainsi que la plupart des sciences ont fourni des procedes a tons les arts, et ont dirige une multitude de gens qui les ignorent. II ne faut pas conclure de la que toute regie de con- duite a toujours ete precedee d'observations scienlifiques : il est des choses tellement simples qu'elhss nous frappent, sans que nous ayons besoin de reflechir; il est aussi des sentimens tellement naturels, tellement energiques, qu'ils nous entrai- nent avant que nous ayons eu le (ems de penser. La science, ne procedant pas de la meme maniere que I'art, quoiqu'elle tende vers le meme but, n'a pas non plus le meme langage. La premiere expose ou deduit; le second donne des regies, present. L'une montre la nature des choses, et ob- serve les lois : I'autre commande, trace des devoirs. La science, telle du moins que je la concois, ne sera long-tems connue que du petit nombre ; mais I'art de se bien conduire doit etre appris a tous. D'OBSERVATION. 553 Celui qui etudie une science n'a, scion moi, que deux regies a suivre : recliercher la verite avec I'attention ct la perseverance dont il est capable; I'exposer ensuite de la ma- niere la plus simple, la plus claire, la plus methodique; s'il remplit cette double tache, on n'a plus rien a lui demander. "Voulant trailer la legislation et la morale comme sciences, j'ai dit que je procederais comme on procede habituellement quand on ecrit snr les sciences; c'est-a-dire que j'exposerais nn certain ordre de phenomenes, que je tacherais d'en mon- trer I'enchainement, d'en faire voir les consequences. J'ai dit que les regies en sortiraient d'elles-memes, et que je n'aUrais meme pas a parler de droits, nl de devoirs; j'ai surtout dis- tingue I'autorite des lois de notre nature, de I'autorite des ecrivains ou des savans. J'ai demontre que la premiere a une puissance irresistible; mais j'ai dit aussi que les hommes qui s'occupent de sciences n'ont pas d'autre puissance que celle que leur donne la verite ; ce n'est pas a eux que I'autorite ap- partient; c'est aux lois dont ils out fait la decouverte. J'ai dit, en parlant des personnes qui cultivent les sciences, qu'un sa- vant qui fait des recherches sur les causes, la nature et les con- sequences des actions ou des institutions humaines, n'a pas plus d'autorite sur les peuples que n'en a sur les classes indus- trielles un homme qui fail des recherches sur la mecanique. L'un el Tautre, ai-je ajoute, peuvent decrire les phenomenes relatifs a la science dont ils s'occupent; l'un et I'autre doivent exposer les consequences d'un bon ou d'un mauvais precede; mais il n'appartient pas plus au premier qu'au second de par- ler de devoirs. Ayant distingue la science, qui recherche des regies de con- duitedansl'observation des phenomenes dc la nature, de I'art, qui apprend a faire I'application de ces regies, j'ai dit qu'il appartenait aux hommes qui dirigent leurs semblables de leur enseigner leurs devoirs, de leur prescrire I'accomplissement de leurs obligations : j'ai cite parnii les personnes qui sent dans ce cas, les ministres de la religion, les magistrals, les parens. 554 '^1'^ J^^ MlilTHODE Vous rcmaiquerez qii'il n'est ici question que de melhode ct de propriele de langiige; il ne s'agil nullement du fond de.s chores : ricn de ce qui est (lianger a la methode n'est af- firnic, ricn n'est mis en doule. Le critique parait cependant singulierement scandalise de ce langagc. Apres avoir rapporte quelques passages de mon livre, il s'empresse de rassurer ses lecteurs, en leur disant qu'il ne faut pas concluie de nies paroles que je ne reconnais pas de devoir dans I'liomme. II veut bien leur apprendrc qu'il existe dans mon ouvrage plusieurs passages qui prouvent que je reconnais des devoirs et des droits. II leur dit qu^e ceux qui me connaisscnt personnoUement n'ont pas besoin de mes pa- loles imprimees pour en etre convaiucus. Enfin il assure, cju'fl/t lieu du rcnegat, le devoir trouverait an besoin en moi un martyr : Impacidum ferient ruince. Je suis fort reconnaissant de la bonne opinion que le cri- tique a de ma personne, en ayant une si mauvaise de mes opinions ; je suis fort reconnaissantsurtout de I'attestalion qu'il veut bien en donner, apres avoir rapporte des passages de mon livre qui, suivant lui, pouvaient rendre cette attestation neccssaire. Je me permetlrai cependant d'observer, en pas- sant, qu'il me donne ici plus d'eloges que je n'en merile, et que je ne suis pas un homnie aussi hcroique qu'il vent bien le dire. Si , au moment oi'i j'ecris cette lettre , j'entendais cra- quer fortement, je ne dis pas le globe terrestre, mais seule- ment les murs de la maison que j'habite, j'aurais peur; cela me parait certain. Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Le critique veut bien apprendre a ses lecteurs que je recon- nais des droits et des devoirs : s'il leur avail dit que je ne concois pas que cela puisse ctre mis en doute, et que mon opinion a cet ugard resulte de toutes les parties de mon ou- vrage, il aurait parle avec plus d'cxactltude. Cela aurail ete plus obligeant, et surlout plus vrai que la citation du vers d' Horace. Dans un des chapitrcs qu'il desapprouve, apres avoir som- niairement examine qiielques-uns des syslemes qu'on a faits D'OBSERVATION. 555 sur la morale, je m'expnme en ces lennes : Qu'on ne se hate pas de conclure de Id que , pour s'instruire dans les sciences vio- rales, U est necessaire de n' avoir point de regies , de m^priser la justice, de ne tenir conipie d'aucun devoir. Qri pouhrait avoir I'NE TELLE pENSEE ? La qucstion n' est pas de savoir s'il faut sc C07I former d la justice, s'il est des devoirs qa'il faut observer, des droits qiCil faut respecter, des maximes ou des principcs qu'il est hon de mettre en pratique ; elle est de savoir quelle est la mcil- leure metliode pour arriver a la decouvcrte de ce qui est juste , dc ce qui est droit, de ce qui est un devoir (i ) . Ainsi, des les premieres pages de mon ouvroge, j'ai an- nonce assez nettement, ce me semble, que j'allais trailer line question de methode, et que je ne concevais pas que la pen- see pflt \enir a un liomme de mettre en question s'il existe on non des droits et des devoirs. Si le passage que je viens dc citer n'etait pas assez clair aux yeux du critique, il aurait pn en trouver beaucoup d'autres qui pent-etre I'auraient etc da- vantage : je pourrais en citer pkisieurs, mais je peuse qiTuii second suffira. I'Dans tons les pays, on a beaucoup ecrit contre les philo- sophes ; on les a accuses d'incredulite, d'atheisme, de matc- rialisme, enfin de toules les opinions qu'on a crn propres a les rendre odieux aux nations. Je n'ai point a examiner si ces re- proches ont ete de bonne foi, et s'ils ont ete bien ou mal fon- dos ; mais je crois pouvoir laire observer ici que, s'il est au monde une classe d'individus a laquellc ils conviennent , il n'en est aucune qui les merite aussi-bien que les possesseurs d'liommes. Est-il, en effet, une incredLdite plus effrayanle pour le genre biimain, que celle des individus qui nienl rexislence de toute especc de devoirs? Les honimes auxquels on a reproche d'avoir aft'ecte le cynisme dans leur impiete ont-ils jamais eu I'imprudence de soulenir qu'un pere ne doit rien a ses enl'ans, qu'un fds ne doit rien a sa mere? Ont-ils jamais ose publier qu'un mari ne doit rien a sa leinme , ni une femmc a son (i) Ton.. 1, (lag. 9. 556 DE LA 31ETIiODE mari? Ont-ils jamais degrade les lionmies jusqu'au point de sou- tenir qu'un itre liumain n'a aucun devoir a remplir ni enters lui- vxcme, ni envers les autres ? » L'incredulile qui portc sur Vexistence de tous les devoirs mo- rnnx est plus funeste, et je dirai menie plus impie que cclle qui porlerait sur urie vie a vcnir, ou sur I'existence d'un Etre supreme. Qu'iniporterait, en eflet, la croyance dans une autre vie, ou meme celle de la Divinite, a celui qui croirait en meme tems qu'il n'a aucun devoir d remplir, ni envers lui- memc, ni envers les autres, ni envers celui qui lui a donne la vie? Celui qui fait de la ruse et de la force la mesure de ses droits, et qui ne reconnait pas d'aulre devoir que celui d'o- beir aux caprices d'un maitre, ne denie-t-il pas I'existence de tous les devoirs uioraux, I'existence de la justice et les pre- ceptes de toute relij|,ion? Ne denie-t-il pas, par consequent, I'existence de tout rapport entre rhoninie et un Eire supreme ? En se faisant lui-meme le but et le centre de tous les devoirs des hommes qu'il tient asservis, ne se substitue-t-il pas a la place, non-seulement du genre humain tout entier, mais de la Divinite elle-meme (i) ?» Ayant dit, dans les premieres pages de mon ouvrage, que jc ne pouvais supposer que quelqu'un mit en question s'il existe ou non des droits et des devoirs, j'ai fini comme j'avais com- mence. Mais, dit le critique, si vous les admettez, vous refu- sez aux savans le droit d'en parler ; et ce droit leur appartient incontestablement. J'en demande pardon au critique ; mais il me fait tenir im langage qui n'esl pas le mien. II transforme en question de droit une question de methode, ce qui cerlai- nement n'est pas la meme chose. Si je disais a un ecrivain qu'il doit observer les regies de la grammaire ou de la logi- que, et s'il me repondait qu'il a le droit d'ecrire comme il lui plait, que pourrais-je lui repondre ? Rien, si ce n'est que je ne lui ai pas contesle son droit. (i) Tom. IV, pag. 4oi ct 402. D'OBSERVATION. Sn- Montesqiiieii pensait qu'nn tcrivain devait prouvcrles rjiia- iifications par les choses, et non les choses par les qiialifica- lions. J'ai partage son opinion sur ce point, ct c'est une des raisons qui ni'ont fail pcnser que, pour donner la qnalififation (!e droits ou de devoirs aux choses, il fallait dabord montrer cc que les choses sont. J'aurais cru tonaber dans nn cercle vi- cieux, si, couime tant d'autres, j'avais I'onde nos devoirs sur In hi du devoir ; il fallait done procederd'une autre manicre. Une autre raisonadeteimine le parti que j'ai pris, et cette raison tient peut-etre a une disposition pcrsonnelle. Un soldat qui parle beaucoup de sa bravoure, nn pretre, de sa piete, une femcne, (le sa pudeur, el un agent d'affaires, de sa probite, m'inspirent en general peu de confianre. Je puis dire aussi que des ecri- vains qui parleraient a tout propos de leiir conscience et de leur soumission a la loi du devoir ne prendraient peut-etre pas ie meilleur moj^ende me persuader. II est des choses qii'on fait ct dont on parle pcu : c'est pour cela qu'a mon avis il est des expressions dont il faut elre sobre. Convaincu que la vcrite, quand elle est bieo cxposee, finit tot ou tard par avoir sur les peuples une puissance irresistible, j'ai dit que pour faire faire des progres aux moeurs et aux in- stitutions, il suffisait d'appliqiier a la legislation et a la morale la methode qu'on suit dans toutes les sciences, la methode d'observation. Cette melhodc, ai-je ajoute, n'est point exclu- sive du sentiment moral (ou de la conscience); elle nc peut, au contrairc, etre eflicace que parcc qu'elle en admet ou en suppose I'existence. Ici, le critique sc recrie : il passe I'expression admet, mais le mot suppose le choque singulierement; il y voit une incon- sequence palpable. V L'analyse qui suppose I'existence d'un "fait, et d'un fait dont on n'a pas une idee nette ct precise! nCependantle but principal de ce premier livre est de rc- » pousser totite hypotliesc. » J'ai dil, en cowmiencant cette leltre, que le critique nc m'a- vait pas compris; j'ajouterai maintcnant qu'il ne me parait pas bicn comprendre les termes de notre langue. Quand j'ai T. XLVH. .-EPTEIMBHE I 8,10. 7,(5 r)o}S OE LA METllODE fnit (il)isailli son esprit quand il a 56a DE LA METHODE lu le premier volume de mon oiiviagc : mais je no puis faire dans qiielqncs pages un traite de droit et iin traitc dc morale. Le critique parait avoir une grande repugnance pour ce qu'on nomme VutUite ; il avoue, avec douleur, qu'il me soup- • onne d'avoir du penchant pour cetle pernicieuse doctrine. Je reconnais, qu'en effet, je n'ai pas cu d'autre objet en ecri- vant, que de faire un ouvrage utile ; si c'est un mal, j'en suis coupable, et ne cherche point a m'en excuser : j'ai peche en pleine connaissancede cause. J'ai aspire a faire un livre propre a concourir au perfectionnement des mceurs et des lois, un livre utile. Ayant admis, comme un fait incontestable, que I'homnn; porte en lui-mcme un principe d'action qui le dirige vers ce qui est bien, et qui I'ccartc de ce qui est mal, inais ayant admis en meme terns que, dans un grand nombre de cas, I'homme a besoin de lumieres pour distinguer ce qui est mal de ce qui est bien,,et que I'instinct ne lui suflit pas toujours pour se bien conduire, j'ai dit que la science ne pouvait pas avoir d'autre objet que de I'eclnirer. Mais comment la science de la legisla- tion, par exemple, peut-elle eclairer les hommes? En leur faisant observer les institutions qui les regissent; en leur mon- trant les divers effets qu'elles produisent; en leur faisant con- naitre les causes qui les ont amenees et celles qui les soutien- neut. J'ai dit que, si Ton ne voulait pas que les peuples se livrassent a de vains efforts de perfectionnement, il fallait, en remontant d'un fait a un autre, arriver a des phenomenes quit leur fftt possible de modiQer (i). J'ai indique les principales (ij A'oici les teniies inemes dont je me suis servi : o En procedant ainsi (en montant d'un fait a un autre), on arrive i des fails primilifs un i des phenomenes dont on ne trouvc plus les causes; la, il faut s'arretei-, |)arce qu'au-deli* on ne trouve plus que des tencbres. On pent ne pas tou- jours lemonter jusqu'a ce qu'on arrive a des causes incxpl'uables ; niais il faut cependant, pour que les sciences ne soient pas des connaissances stei'iles, passer d'un phenomene a un autie, jusqu'a ce qu'on arrive a des I'aits qu'il soit dans la puissance des hommes de modifier. En morale et ea legislation, comnie en toute autre science, on n'agit eflicacement qu'autanl qu'on agil sur des causes. » T. i, p. 78. D'0BSE11VATI0>. 50.'i causes qui, a mes yeux, exercent plus ou moins d'influeiice sur les institutions et sur les habitudes morales dcs peuples , et j'ai ajoute que, pour modifier ces iustitutions ou ccs habi- tudes, il fallait en atlaquer les causes. Tenter de modifier les effets aussi long-temps que les causes subsistent, ai-je ajoute, est la plus vaine des entreprises. En considerant ces causes re- lativement aux phenomenes qu'elles produisent, je les ai desi- gnees sous le nom de falls primitlfs. J'ai donne le meiiie nom aux causes dont il nous est impossible de donner I'expli- cation, el que nous ne connaissons que par les effets qu'elles produisent. A mes yeux ce sont la, en effet, les phenomenes primilifs non du monde, mais de la science dont je m'occupe. Le critique trouve cette qualification mauvaise , mais sans en indiquer one meilleure ; il doule, dit-ll, qu'on puisse ac- cepter ma definition. Suivant lui, les faits primitifs ne sont pas ceux dont il ne nous est plus possible de trouver uu d'expli- quer les causes, mais ceux qui, par lew nature, sont inconipa- libles avec I'idce d' effet dans I'ordre de la creation; ceux, par exemple, dont le contraire impUque contradiction. II aurait de- sire me voir traiter des faits primitifs de la nature morale de 'I'homme, en prenant cette expression dans sa veritable acception. Son desir, dit-il, n'a pas etc satisfait. (Pag. 2'.u.) Je n'ai pas eu I'intention de Iraiter des faits primitifs, en donnant a ces mots le sens absolu que leur donne le critique. J'avoue que mon intelligence ne va pas jusqu'a expliquer les faits (fui, par leur nature, sont incompatibles avec I' idee d' effet dans I'ordre de la creation. Je ne suis pas meme sur de com- prendre la pensee du critique, quand, par forme d'exemple, il nous dit, que les faits dont le contraire implique contradiction sont par leur nature incompatibles avec I'idee d'effet dans I'ordre de la creation. J'avoue que, quelle que soil la bran- che de nos connaissances que j'etudie , je rencontre a chaque pas des phenomenes inexplicables. J'avais meme en- tendu dire que ce malhcur, si e'en est un, arrive li des gens qui, sur un grand nombre de points, en savenl beaucoup plus que moi. Je sais bien qu'il est des hommcs qui preteudent 5G4 DE LA Ml^lTHODi!; tlonner T'explication universelle de toutes choses : je iie siiis point dc ce noiiibre (i). Voici dcs reproches noii moins graves. Siiivant It; critique, ji; me suis arretc a la vie extcrleure de I'honime; je parais n'a- voir attache une grande importance qu'a la description des fails scnsiltlcs dc riiumanite; ies rtci/ons ca;/ ce que je ciois, ce qu'ou doit penser de celui qui tient dc tels disco'.irs ; il fatil le rcgiii'dir cowme un Imiecile qtil s'est laisse diiper par un clitiflnlan. » De la Bcpnbriquc, liv. x, torn. 11, p. aS^^ de la Iradutliou de Grou. D'OBSERVATION. 565 assertion, que les unes doivent s'arreter exactemeut, ot aii meme point que los aiitres, et que le champ des premieres n'est pas plus etendu que celui des secondes? J'ai dit que. pour arrivera la decouverte de la verite, il n'y a qu'une bonne inelhoJe, ceile dc robscrvaliun ; j'ai ajoute que la metliode est la mcuie quel que soil I'ohjct auquel on I'appliriue; niais, loin de comhire de I'identite de la mcthode I'identite des su- jets auxquels elle est appliquee, j'ai precisemeat dit le con- traire. Voici les termes meiiics dans lesqueis je me suis ex- prime : « Les sciences morales difjWent des autres par la nature des fails qui en sont I'objel, elles ne peuvent en differer ni par la methode, ni par la puissance qui est propre a la veri- te (i). ))Proclamer que les sciences morales et politiques dil- ferent des sciences physiques par la nature des fails qui eji sonl I'ohjet, est-ce etablir un parallelisme absoiu entre les vmes et les autres? Est-ce dire que le champ de cellcs-la n'est pas plus etendu que le champ de celles-ci? En voyant le critique pren 're des questions de method.! pour des questions de droit, j'ui commence a soupconnci- qu'il ne savait pas bien ce qu'est une methode ; ici nies soup- cons se changent en certitude : il est evident, en effet, qu'il ne distingue pas la methode des objets auxquels elle s'appli- que. L'erreur dans laquclie il tonibe ressemble a celle d'un homme qui confondrait nne procedure judiciaire, avec les laits ou les droits qu'elle doit mettre en evidence. Le critique veut bien m'apprendre qu'un physicien n'a rien a prescrire aux arbres et aux pierres, ct qu'il ne pourrait, sans abuser des mots, deduire de ses observations que les uns ont le devoir de croitre, les autres, celui dc graviter vers Ic centre de la terre. Ensuite, il ajoute immediatement : M. Comte en a conclu serieusement, que de meme iln'apparlient pas au moraliste et au publiciste de parler de devoirs (pag. 225). Quand on attribuc de pareilles extravagances a un ecri- vain, il faudrait, je peuse, se donner quclquc peine pour lei. (i) Torn. 1, pag. \i<. 5G0 DE LA Ml^THODK prouver ; mais le ciiliqiie n'y regartle pas de si pics. Persuade sans doutc que de telles assertions n'ont pas besoin de preuve, 11 'continue, et se demande, si ta consequence est ralionnelle. Old, ajoute-t-U , si I'lwmme n'esl que matiere ; s'il est, comme la matiere, dcpourvu de toute moraliic , et soumis d Cempire de la necessiie. En lisant de pareilles observations, je marche, je I'avoue, de surprise en surprise. Le critique s'imagiuera-t-il que le naturaiiste, en exposant les lois du monde physique, adresse ses lecons aux arbres et aux pierres, et qu'il se propose de Icur enseigner les lois de la vegetation ou de la gravitation ? Ou bien supposerait-il que les homines auxquels il s'adresse soot aussi depourvus de conscience et de liberte que les pier- res et les arbres, et qu'il n'existe chez cux aucun principe ca- pable de les deteriiiiner a faire un bon usage des connaissan- ces qui leur sont donnees? II parait croire qu'on ne saurait I'aire sortir la connaissance d'aucun devoir de I'observalion du nionde physique, et c'esl probablcment pour cela qu'il me reproche un parallelisme que je n'ai pas fait. Je ne suispas de son avis; je suis, au con- traire, bien convalncu que nos devoirs se multiplient i\ me- sure que nos connaissances s'etendent. Du moment qu'un homme qui se destine a la pratique de iamedecine, parcxem- ple, a appris que tel remede guerit tel maux, son devoir n'est- il pas d'en faire I'application a ceux qui en ont besoin, et qui reclanient les secours de son art? Faut-il conclure de la, que le professeur ou I'ecrivain qui expose les principos de cette science, doit commencer par faire un traite des devoirs ? je ne le pense pas : dans toutes les sciences, il est des veriles que Ton n'exprime pas, parce qu'elles sont sous-entendues; je neveux pas dire supposees, le critique m'accuserait de mettre ces veri- tes au rang des hypotheses. Je me suis arrete a la vie exterieure de I'homme , dit le cri- tique, je n'ai attache une grande importance qu'a la descrip- tion des fails sensibtes de I'humanite; les actions c.rtrrieures et les institutions de I'homme ont evidemment absorbe nion allenli'Mi tout enticrc D'OBSEllVATION. 5G7 Quels sont Ics faits que le critique cnteml designer par ees mots la vie cxlcrieure, et les fails sensil/les? Veut-il parler ties faits qui se passent clans iios organes physiques, ou que nous accomplissons par leur moyen ? Si c'est des faits do ce genre, me reprocherait-il de n'avoir point parle des fait internes ? Je ne le pcnse pas; car, je ne saurais concevoir I'obligation de parler de la circulation du sang, de la digestion ou d'autres phenonienes physiologiques , dans un traite de legislation. II veut done parler des phenomcnes qui se lappoitent a Tame, et il trouve manvais que je ne les aie pas distingues en faits exterieurs et en faits intcrieurs, etque je n'aie pas parle des uns et des autres. Celle distinction se trouve, jele sais, dans un grand noui- bre d'ecrits reccniment publics: cependanl je ne I'ai pas adop- tee. Si j'avais distingue les faits de Tame ou les faits de conscience, en interieurs et en exterieurs, le critique n'en au- rait-il pas conclu que, dans ma pensee, ITtme a un dehors et un f/f(/«n5; que, par consequent, elle est etendue ; et, par con- sequent, materielle? J'avais bien d'autres raisous pour ne pas m'engager dans des discussions de cette nature ; je les ferai bientot connaitre. Ce n'est pas tout : je n'ai attache, dit le critique, une grande importance qa'aux faits sensibles de I'humanite. Qu'est-ce qii'il entend par ces deux mots? Voudrait-il dire que je n'ai mis de I'importance qu'aux faits apercevables? Si telle est sa pensee, j'avoue qu'il a raison ; mais alors je voudrais bien qu'il ni'expliquat comment j'aurais pu mettre une grande importance a des faits qu'il m'aurait ete impossiljle d'aperce- voir , et par consequent de connaitre. J'ai considere les hom- mes dans leurs facultes intellectuelles et dans leurs facultes morales, comme dans leurs facultes physiques. Qu'avais-je a faire de plus? Les actions exterieures et les institutions de I'homme ont evidemmentabsorbe mon attention tout entiere. Ce reproche, que le critique m'adresse, lui parail fort grave; je ne m'en justifierai pas. J'avoue qu'cn effet je n'ai pas eu d'autrc objet i\\w rli' concourir. aufaut que cola depend do nia> dr la uioli\ cr. le ne crois pa'^ qu'il existt; dans D'OBSERVATIOi>. 56y mon ouvra^fc line seiile phrase qui puisso en avoir fourni le prelexte. Loin d'allaquer les maximes pratiques admises dans les divers sjstemes que j'examine, je dis, au contraire, en parlant des doctrines des jurisconsultes, que ces maximes sont gencralemcnl bonnes (i) ; je ne dis pas un mot de colles qui sont admises dans les autres systomes dont je parle. Comment done le critique peut-il me reprocher de confondre les metho- des qui me paraissent defectueuses, avec les resultats de ces methodes ? II pretend que j'ai mutile les sciences de la morale et de la legislation. Mais, comment les ai-je mutilees ? En les reduisant, dit-il, a la sinijjle description des mceurs , des habitudes, des ac- tions et des institutions liumaines. Je lis le premier chapitre de mon ouvragc, et j'y vols (pag. 17), qu'en degageant les scien- ces morales et politiques des croyancesparticulieres a chaque religion, elles nc sont que la desciiption des actions et des institutions liumaines, des causes physiques et morales qui les produisent, et des e(]'els qui en rcsuitent rclatirement au bien-elre des honnnes. II est clair qu'il y a ici une mutilation ; mais est-ce moi qui mutile les sciences, ou le critique qui mutile mcs pensees? En examinant le systeme de M. Bentliam, qui donne I'uti- lile pour base a la legislation, j'ai dit qu'une science est I'ex- positionmethodiqued'un certain ordre de phenomenes, et non le dcveloppenient d'une maxinie ; j'ai dit que si Ton fait d'une maxime de morale la base de la science, on s'expose a tomber dans un cerdc vicieux , si le principe adopte n'etait pas une idee parfaitement claire el universellement admi'se ; car com- ment raisonnei'aveiules gens qui mcltraient ceprincipe enques- tion ? coimiient, par exemple , prouver a des legislaleurs qui se moqueraient du bien public et qui ne croiraient pas a I'en- fer, que I'utilite generale doit eire le principe de leurs raison- nemens ? Cette objection, qui peut etre iaite contre tout systeme ( 1) Tiini. I, pa;;, i \j . 570 DE LA MKTIIODK fondc siir unc maxiine, devient le snjct d'nnc accusation. Lc critique nic reproche de no pas I'avoir refiitec; il aurait de- sire savoir si Ic legislatcur qui prcfere son interCt a I'intcret general a droit ou tort. Ensuite, il ajoule qu'il est f'ar'he de sc scntir oblige de reconnailre que, si j'etais pres>c sur celtc question , je rcviendrais probablement an principe de Ben- tham. Cette accusation est grave; car, ascsyeux, le principe de I'ntilite est un principe funeste (i). II est tres-vrai que je n'ai pas examine si le legislateur qui se moquerait de I'utilite generale aurait droit ou tori; a mes yeux ce n'est pas la qu'esl la dilTiculte; elle est dans la ques- tion de savoir comment il taut s'y prendre pour que les na- tions aient de bonnes lois, et dcs gouvernemens qui marclient droit. Ceci , je I'avoue, pourrait bicn tendre un pen vers I'utilite, et sentir par consequent I'beresie ; cependant, le criti- que se trompe quand il dit que, si Ton me pressait, j'en re- viendrais a un systeme dont j'ai fait voir les defauts. Ses con- jectures a cet egard me prouvent qu'il n'a pas compris un mot (i) Le critique parait etre du nombre de ccux qui considerent le prin- cipe dc lientham comme une noiiveaute dangeureiise. Qu'il lise Platen, et il verra que ce pliilosophe pnjfessait le principe de I'uliiile d'luie ma- niere aussi nette, aussi positive que ie jiiiisconsultc anglais. Dans son Traile dc /« Rcpublique ou du Juslc, Platon dit assez clairement qii'a ses yeux, ce qui est juste et ce qui est utile aux liouiniesest une scule et uiCnic chose. « On a et on .lura toujours raison, lail-il dire a Socrate, dc dire que I'ulite est lionnitc, cl (/u'il n'y a dc honleux que ce qui est nuisible. » Liv. v, t. II, p. 9.7. V'oycz aussi les pages ili4, 3i3 et 3i4 du inenie volume. Dans son livre Dcs Lois, Platon traite les homnies qui nicttent I'utile d'un c6lc, et Ic juste de I'autre, bien plus severement qu'il n'a traite les pos- sesseurs de la science universclle. « Quant a nioi, dil-il, la chose nie pa- rait aussi evidente (I'identile entre \ti juste et I'utile) qu'il m'est Evident que la Crete est une ile : et si j'6tais legislateur, je ne negligerais rien pour engager les poetes et tons mes citoyens a tenir les memes discours : je n'aurais point dc clidtimcns asscz grands, pour ininir quico/iquc oscrail dire i/u'il y a dcs medians qui vivent hcurcux, cl que I' utile, I'avantageu.v est un, et le juslc un autre. » Liv. 11 , t. i , p. 45, traduclion de Grou. II est bien clair que les ecrivains dc la nouvelle ccole, qui admirent Platon et condaninent IJentham, nc ccuinaissani menie pas Icurs (icrits. D'OBSERVATTON. 5^1 tie cc que j'ai dit sur la methode. C'est an public a juger si c'est ma faute ou la sienne. J'arrive a un reproche tres-grave ; mais indirect. Le criti- que, pour me refuter, m'apprend (pag. 225) qu'il y a dan? riiomme Liberte et moralilc. Cela no va-t-il pas faire croire a ceux qui n'ont pas lu uion ouvrage, que je ne considere pas la liberte ct la moralite comme des lois de notre nature, ou que du moins je ne me suis point explique a cet egard? Je doute qu'une telle pensee se presente jamais ;\ I'esprit de ceux qui auront lu les chapitres oii j'expo!.e les efTets du despotisme et de i'esclavage domestique. Quand on refute un ecrivain, il faudrait tacher de ne pas lui imputcr, meme indirectement, des opinions fletrissantes,diamelralemcntopposeesacelles qu'il a publiquement manifestees, surtout quandiln'a jamaisdonne le droit de mettre ses ecrits en opposition avec sa conduite. Suivant le critique, j'auraisdu trailer des faits incompatibles avec I'idee d'elTet dans I'ordre de la creation; j'aurais dCi de- crire I'ame humaine , les conditions de sa nature, les princi- pes qui regissent son activite (pag. 221, 225 et 227); et je n'ai rien fait de tout cela. J'avoue qu'en effet, je ne suis pas remonte a la creation pour y observer les faits primitifs ; je n'ai point decrit I'ame humaine; je n'ai point determine les conditions de son existence; je n'ai pas decrit les principes qui regissent son activite. On pourrait faive sur ces remarques diverses questions; je n'en ferai qu'une ; maiscelle la pourrait me dispenser d'cn faire et d'en examiner d'autres. Ce que le critique m'accuse de n'a- voir pas fail est-il possible? Si cela n'etait pas dans Tordre des choses possibles, y aurait-il de la justice a me reprocher de ne I'avoir pas fail? Je suppose bien que le critique ne me demande que ce qu'il croil executable ; cependant , je lui con- seille d'en tenter lui-meme I'execution , avant de se prononcer a cet egard. Qu'il songe bien surtout, s'il en vient a I'expe- ricnce, qu'il s'agit de decrire des etres .utres, empruntes a un tableau slatistique public, en 1827, par un recueil pei-iodique exclusivement consacie a (i) Stedman. Tom. Ill, pag. 84 et i85. (2) Essai politique. Tom. it, pag. 09. (3) M. Dkvaix, da Cher. Session de 1826. (4) Du Commerce, etc. Tom. 11, pag. 349. T. XLVII. SBPTEMBRE I 83o. 38 590 UK L'ABOLITION (ilUDUELLE la noble cause de rabolitioii (1). D'aprcs ce tal)lcau , pciulaiil les annecs 1818, 1824, la population epclave s'otait accrue dans trois colonies seulenient [Baliama, liarhadc et Domini- que), de 5,44'-* individiis, et die avait eprovivi- dans toules les auties une perte qui s'c'levail a 51,419, et cU'ectiiait pour six ans, Ic nonibre precedent souslrait, une diminution de 27,997 individus. Si , dans I'ensemble , on calcule que , depuis rorig;ine des etablissemens , I'Afrique doit avoir cnvoye par an aux regions equinoxialcs de I'Amerique une quantile moyenne de 70,000 individus (2), fortnant pcnt-etre de iw) u 25 millions d'hom- mes, pour produire une population de quelques millions do noirs dissemines dans les ilcs et dans les deux Ameriques, on aura I'idee du fleau le plus devastateur qui ait jamais mois- sonne I'humanite. Et Ton ne peut avoir le moindre doute que ce ne soit bien I'esclavage avec ses consequences desastreuscs qui amene cet affrcux resultat. Car, partout oi'i le systeme est ameliore , la mortalile s'affaiblit ; partout elle est exactement proportion- nelle avec I'espece et la duree du travail impose aux esclaves. Mais un fait plus conclnant, c'est que , dans les memes lieux, cette meme population qui decroit rapidement , taut qu'elle est esclave, s'accroit au contraire d'une maniere sensible , des qu'elle est affranchie. Les Ltats-Unis et Haiti en sont la preuve ; divers rapports officiels ont constate le fait , pour la plupart des colonies anglaises. La Trinite en a offert un frap- pant exemple. On transporta, en 1816, environ 744 Noirs americains, de tout sexe et de tout age, qui avaient pris parti pour les Anglais, dans la guerre precedente. On leur conceda un terrain oQ ils vecurent libres; en 1824, cette petite colonie s'elevait a 925 individus; ce qui formait, pour huitannees, (1) Anti slavery monthly reporter. N" 2G, pag. 11. (2) M. DK HtuBOLDT I'll poitec ^ "4,000; M. GaiicoiHE i So,ooo ; d'aulrcs h 100,000 ; M. Ualbi evaliie a 5o,ooii individus la seiile iiiipoi- tation anniielle du Bresil. DE L'ESCLAVAGE. Sgi nn accroissement de 149 persoiines, ou de 2 1/2 pour cent, taux preciscmeut egal ;i celiii de la mortalite dans la memc ilc parmi les esolaves (1). Si doac il resulte necessairement de I'esclavage qu'il doit etre regi par une loi speciale, et si cette loi cree de toute ne- cessite, en ce qui concerne la personne dcs esolaves , un sys- teme contraire a I'equite, fonde siir la violence, ineflicace dans les garanties qu'il accorde, propre a operer la degradation de I'individu et I'extinction de I'espece , quelle voix osera s'e- lever pour prendre sa defense, pourrepoussei-ranathcmc dont une telle institution doit etre a si bon droit frapp«;e? II. En ce qui concerne les maitres. — S'il est une verite con- stante, c'e.st que Tesclavage ne corrompt pas inoins le maitre quel'esclave. Cette verite a cent fois ete reproduite et deve- loppee. On a pu citer A I'appui des faits nombreux, pris dans tous les terns : celui que presentait la societe coloniale etait le plus frappant qu'on put invoqucr. II ne s'agit ici nuUement de dlriger des traits satiriques eontre les colons; mais, il est impossible que le systcme aJoptc pour la culture des colonies n'att pas exerce une influence quelconque sur leurs habitudes morales, et nous devons de- terminer la nature de cette influence. Or, qui ne conviendra que I'esclavage ne semble merveil- leusement combine pour encourager les penchans vicieux auxquels les institutions sociales doivent cherdier a mettre un tVein; que cette domination absolue et illimitec qu'exercesur son semblable I'homme , qui sait si rarement se dominer lui- meme, ne soit precisement faite pour oter toute digue iV ses passions ; que la cupidite , la debauche, la colere ct toutes les autres maladies de I'lime ne trouvcnt la un atlrait et un ali- ment qui se rcproduisent sans cesse?En these generale, la verlu est-elle compatible avec un tel etat de choses? Com- ment resterait-on modere dans ses desirs, quand on pent lout (1) Anti-slavery month ty reporter. NovL'iiiliic 1S27, pag. i56. 5o2 DK L'ABOLITION Cl\ ADl'ELLK exiger des sueurs de rhonimc ; continent, qiiand on n'a memo pas besoin de se donner la peine de seduire ; luiniain , qiiand on a si frequemment sous les jeux des chalimcns dontla plus vile populace dc I'Europe pounait seule cndurer le spectacle? Nous le demaudons : n'y a-t-il pas la une cause peipetuelle et ncccssairc dc depravation ? On a soiivent remarque que, dans les colonies, ce sont Ics enfans, les jeunes femmcsquidonnent les plus (Vequens exem- ples d'insensibilitc froide et de cruaute reflochie, a I'ej^Mrd des esclaves. Celte oliservalion n'a pas besoin de comnienlaire ; elle demontte assez par elle-mPme toutc rotendue du mal moral dont I'esclavage est I'origine. TJne raison plus forte, un iutoret mieux eiitendu repriment quelquefois, diex les hommes ce fatal entrainement a tout se peniiettre envers les esclaves; et Ton a souvcnt trouve la un argument centre toute reforme, contre loute amelioration ve- nant du dehors. Laissez agir les mailres, repetait-on sans cesse; reposez-vous sur leur raison, et plus encore sur leur inleret, qui est de faire vivre des hommes qu'ils out bicn payes, et qui ferment la plus forte portion de leur capital!.. Mais le temoignage irrecusable des fails prouve combien la raison et I'interet sent faibles devant les passions brutales : comme nous I'avons vu , les n^gres payes si cher mourraient par milliers, chaque annee; chaque annee aussi, TextensiOn des cultures, et par consequent I'accreissement de la morta- lile elevaientconsiderablement le prix deceuxqu'on transpor- tait d'Afrique. C'elait la une cause de mine imminente; les calculs les plus simples le pouvaient demontrer, et ricn ne changeait pourtant, rien n'eclairait la masse des colons; ils n'ep perseveraient pas moins, a quelqucs exceptions pres, dans ce systtme de destruction; ils n'en continuaient pas moins a imposer a Icurs esclaves un travail qui les extenuait , a les faire chudier de maniere a les rendre infirmcs, ou a les priver de la vie; ce qui effcctuait sui-le-champ une perte de capital, portce quelquefois jusqu'a douze mille francs, mais DE L'ESCLAVAGE. SgS Jonl on se coiisolait, en disant : L'Afriqae est uiie bonne tuire (i) / Des ecrivains dignes de foi nous ont fait connaitre ce que sont Ja pliipart du teins les blancs proposes a la surveillance des esclaves ; et Ton sail que c'est de leiir part surtout que ceux-ci ont a souffrir tons les genres d'oppression. Le systeme parait la dans tout ce qu'il a de plus hideux, de plus propre a montrer la Cuneste influence qn'exerce I'esclavage sur la race blanche. Libertinage, orgueil ct cruaute. tels sont les traits habituels du caractere de ces maitres seeondaires. C'est par eux qu'ont ele consacres ces principes qui forment comme uu corps de doctrine et une morale a I'usage des colonies : que le negre est fait par la nature pour Sire esctave ; qu'il fcAit ne Utl rien passer et se montrer tou jours terrible arec lui ; que le grand art consiste, d faire en sorie qu'il produise le plus el coiite le rnoins possible; surtout que, si I' on reut faire fortune aux lies, il faut comynencer par etouffer la sensibilite pliilaniro pique de I' Eu- rope; et il est uialhenrenscment trop vrai qn'elle est souvent etouffee, ct qu'apres s'etre nionlres compatissans, la plupart des Europcens finissent par adopter les idees et la conduite des colons a I'egard des esclaves; tant est profonde sur le ca- ractere moral I'influence qu'exerce un ttl spectacle d'ini- quite ! En 1822, un jeune homine du cap de Bonne-Espcrance, fils d'un ecclcsiastiquo de la colonic , fut convaincu du meurtre d'un esclave et conJamne a morl. Interroge par le pasteur qu'on avait charge de I'assister dans ce terrible moment, sur ce qu'il pensait de I'esclavage, « Monsieur, s'ecria le nialheu- reux jeune homme, en montant sur Techafaud , Vesclacage est un ajfreux systeme, pire encore pour les maitres que pour les es- claves (1)/ Qu'ajouter centre resclavage a ce temoignage d'une de ses victimes, en presence meme de la niort ! An surplus, nous le rcptions, il ne s'agit ici du caractere (1) MALK.>FASr, [)3g. 175. h) Anil-sJiiyery rcpoiler. 1S28. N" S2, pap. 17.". 594 DE L'ABOLITION GRADUELLE colonial que sous le rapport de I'esclavage. On lui a rendu justice i tons autres ^gards; et, recemment encore, un ecri- vain dejt\ cite (i) a dit :«Lgs colons sont d'ailleurs les plus honnetes gens du monde, bons, serviables, justes et luimains, pourvu qti'ilne soil question de noirs, ni d'liommes de couleur. Ce sont dcs honimes fanatises par les prejugcs de leur en- fance; ce ne sont pas les personnes qui sont coupables , c'est le systeme qui est criminel. » III. En ce qui concerne les colonies. — Qu'une population maintenue dans I'etatde degradation et de souffrance que nous avcns fait connaitrc mette , en plusleurs contrees de I'Ame- rique, la societe dans un peril toujoiirs croissant; c'est ce que le raisonnement et I'experience deiuontrenl egalement. Pour apprecier toute Fetendue de ce peril, etablissons aussi exacte- ment que possible le rapport de la population blanche, soil avec les noirs, soit avec les homnies de couleur. L'Archipel des Antilles presente une population totale de 3,845,000 habitans; savoir: 482,600, blancs. 1,212,900, libres de couleur. i,i47,5oo, esclaves (i). Dans les Guyaones , on compte une population totale dc 215,92a individus, ainsi partagee : 9,971, blancs. 11,402, hommes de couleur. 194,549, noirs esclaves. Au Bresil, la population doit presenter a pcu pres les resul- tats suivans': 900,000, blancs. 600,000, hommes de couleur. 1,900,000, esclaves. Environ 1,600,000 Indiens, metis, dont un certain nom>- (») MobSnas, Pag. 087. (2) MuUBOLDT. Tom. II. DE L'ESCLAVAGE. 5q5 bre sont esclaves, compl6l:ent le total de 5, 000,000, aiiquel on croit pouvoir porter la population aotuelle de cet empire. AiixEtats-tlnis, lapopulation etait,en 1820, deg,5oo,ooo ha- bitans (quelques tribus indiennes non comprises). Celtc po- pulation etait ainsi partagee : 7,726,525, blancs. 235,557, bommes de couleur. 1,538, 118, noirs esclaves. II faut remarqner que la population esclave et affranchic sc trouve a peu pres tout entiere comprise dans dix Etats mcri- dionaux, oOi les noirs et hommes de couleur sont au nombre de 1,496,285, et les blancs, de 1,188,796. On pent evaluer a environ 2,5oo,ooo les noirs et hommes de couleur libres, ou dont la liberie prochaine est assuree, qui sont disperses dans les nouveaux £tats de I'Amerique , parmi 8 a 9 millions d'hommes apparteuant a diverses races. II resulterait de ces evaluations, que la race noire compte- rait a peu pres T^our dix niillions dans les quarante, dont se compose, a ce qu'on croit, la population totale de I'Ame- rique, c'est-a-dire qu'elle formerait le quart de cette popula- tion, et qu'il y aurait Irois hommes de race europeenne, ou bien indigenes, pour un individu originaire d'Afrique. On ne verrait la aucune raison de concevoir des alarmes bien vives, si cette population etait egalement distribuee dans I'immense etendue du Nouveau-Monde. Mais nous voyons, au contraire, qu'elle est toute concentree sur quelques points, et de maniere a y presenter les resultats suivans : Dans les dix Etats de TUnion, ou la population se trouve ;i peu pres reunie , il n'y a pas tout-a-fait un blanc pour un liomine originaire d'Afrique ; le rapport est exaclemput le meme au Bresil, si Ton comprend les Indiens avec les Blancs; mais il y a bien pres de trois Africans pour un blanc, si, comme il convient de le faire, on met ces tribus a part. Dans les Guyannes, on trouve vingt it vingt et un noirs on hommes de couleur, et dans I'Archipel des Antilles , de qualre d 5g(> I)E L'ABOLITION GUADLELLE cinq pour an l/lanc eurcpeen, ou Creole. II est inutile d'ctablir ce rapprochement dans les autres parties de I'Ameriqiie, oi'i Ton s'est mis ^ I'abri de tout danger sous ce rapport, par un systtme d'afTrauchissement graduel, mais effeclif. La situation devient beaucoup plus grave dans les Antilles, par rinegalite plus grande encore de la repartition des deux races. Ainsi, Ton volt que, si dans I'ensemble il se trouve sur loo individus 17 blancs, ^3 hommes de couleur libres, et 40 esclaves, ou bien, en reunissant ces deux derniercs classes, 83 U'origine africaine centre 17 de race europcenne , ce dernier nombre se trouve etre eleve a 45 pour Cuba, tandis qu'il se reduit a 12 pour la Jamalque, et a 1 1 pour les deux Antilles Irancaises. La proportion dtcroil encore dans d'aulres colo- nies, oOi elle ne se trouve plus que de 5 ou 6 pour cent. En- fin, dans cerlaines iles, il y a plus de cent noirs on hommes de couleur pour un blanc. Ces rapprochemens, qu'il serait facile de multiplier, sont bien expressifs; on peul y ajouter encore quclques conside- rations importantes. On avoue que I'esclavage est la plaie des Etals-Unis (1) ; au Bresil il est, pour tons les hommes qui voieut dc haut et de loin, la source des plus serieuses inquietudes. Mais, si Ton en redoute les consequences dans ces puissans Etats, combien les doit-on redouter davantage dans cet Archipel, ou la dispro- portion entre les deux races est beaucoup plus considerable, ie systeme infiniment plus rigoureux, et oCi les bras de mer qui coupent les terriloires de chaque nation rendent, en ca? de revolte, les secours moins faciles et moins prompts. Des I'origine meme des colonies, on avait pressenti les in- conveniens qui pourraient resulter un jour de I'iniportation inconsideree des noirs dans ces etablissemens pour le main- lien du bon ordre et de la subordination. L'Espagne, apre.» I'a- voir simplement tolcree, voulut en reprimer I'abus (2) ; mais (i) Warden. T. i; Introduction, pag. 5y. — Coopbb, Lcllres wr les Ktals-Unis. [i) Chablf.voix. Tom. i. p. 287. DE L'ESCLAVAGE. 5()7 on lie tarda pas ii s'ecarter de celte sage reserve, et toiites les nations serablerent , comuie a I'eavi, s'altacher a encombrer de noirs leuis etablissemens. Le principe s'etahlit alors que I'angmentation de prosperite dependait absoliiment de ['aug- mentation des esclares. II ne i'ut plus question d'ameliora- tions dans le systeme agricole, dans la fabrication des pro- duits ; ii nc fallut que des negres, on s'occiipa simpltment d'en recevoir d'Afriqwc, chaqiie annee, un peu plus qu'il n'en etait mort dans la precedente; et c'etait la ce qu'on appelait peu- pler Us colonies (i). Toutefois, I'experionce prouvait que, plus nombreux, ils devenaient aussi plus remuans et moins deciles, et que le sen- timent de leur force numerique ne lardait pas a les porter a briser le joug sous lequel ils gemissaient. « Les esclaves , dit I'auteur des Annales du Conseil de la Martinique (2) , ne sont plus, depuis la pais ie ijt'S, ce qu'ils elaicnt, tiente ou qua- rante ans avant. II semble qu'ils ont tous lu lo morceau qui les regarde dans CHistoire phiLosopliique et politique de Ray- naly>. L'Europe pressentit alors le danger, et ses avis firent connaitre aux colons tout C3 qu'il y aA ait a redoutcr de ces dispositions nouvelles dc leurs esclaves ; des insurrections par- tielles vinrent pretcr appui aux conseils de la sagesse euro- peenne; mais rien ne put eclairer les colons, et ils n'en con- tinuerent pas moins ;' demand'^ • sans cesse a I'Afrique de nouveaux negres qui ajoutaient au peril, non-seulement ea accroissaat cette population hostile, mais encore en rappelant aux negres Creoles les souvenirs du sol natal, en reveillant en eux I'amour de I'independance et la hainc de I'oppression. De nos jours meme, nous avons vu ces colons, nous les voyons encore, apres la sanglante catastrophe de Saint-Dominge, lut- teravec opiniatrete pour maintenir une importation condani- (1) Quelquefois on a ele jusqu'a proposer au gouverneincnt d'accor- der une prime pour chaqne ieic de noir inlroduile rlans les e!ablisserncn>» (Labahthe. Voyage au Senegal. In-S", iSoa, pap;. 100.) (^.) Dbssalle. Tu£n..ii, pag. 54q. 598 DE L'ABOLITION GRADUELLE nee par Ic simple bon sens, qiiand niGme clle nc sera it pa* repi'Oiivce par I'hiimanite! Cerlcs, il est permis dc s'etonncr do tant d'imprudence; mais ve n'est rien encore ; dans la position extreme 01^ se trou- ventles plantciirs des lies, ainsi epars an scin d'line population nombreuse et I'orccuient ennemie, il scmblc qn'il devrait suflire encore du simple hon sens pour letn- aprendrequc. plus le joLig qu'ils feront porter sera rigoureux, et plus il y aura de danger ponr cux; que ce danger s'affaihiira, a mesnre que I'esclavage deviendra plus tolerable. L'expe- rience est encore lii, d'ailleurs, pour servir d'appui an raison- nement en montrant qu'il n'y a jamais eu de revolte parmi les noirs dans les contrees ou ils ont ete plus humainement trai- tes,notamment dans rAmeriqncespagnole. Oncroirait d'apres cela, que le regime devrait etre d'antant plus modere que la population noire serait plus considerable. Et bien ! c'est tout le contraire. Si Ton observe ce qui se passe dans les Antilles, on voit presque toujours que I'esclavago y est d'autant moins ameliore que les esclaves y sont plus nombreux. Plusieurs Ibis nieme, les colonies ont precisement oppose aux ameliorations qu'on exigeait d'elles cette superiorite numerique qui etait une raison suffisaiite pour les I'aire accueillir. Par exemple, en 1825, Ic Conseil de Tabago, dans une adresse au gouver- neur, sur ce qu'on alieguait que le regime de I'esclavage n'e- tait pas dans cette ile etabli sur des bases aussi liberales que dans quelques autres, disait : "Quand bien meme le fait serait exact, le gouvernement ne pourrait etre surpris de ce qu'on eCit accorde de plus fortes garanties a la Societe, dans line ile, oCi 260 colons libres se trouvent an milieu de 14,000 esclaves; ce qui etablit le rapport de 1 a 56 (i). Nous verrons , quand il sera question des hommes de couleur, un nouvel et plus frappant exemple de ce qu'on peut avec justice appeler la di- raison coloniale.n Voici done I'etat de choscs que piescntent actucllenienl , (1) Royal Gazette of Jamaica, iSaS. DE L'ESCLAVAGE. Sqo sous ce rapport, les colonies europeennes. Environ 5oo,ooo blancs y sont entoures, presses, comptes par une population maintenue dans la plus miserable condition oil des hommes puisscnt etre, et qu'une inegale repartition rend sur quelques points dix, vingt, cent fois plus considerable que celle qui I'op- prime. Si on la laisse languir et s'eteindre, cornme par le passe , les colonies se perdent ; si on la laisse s'accroitre , elles sont menacees d'une inevitable subversion ; les evenemens en ontdeja affranchi une uioitie; a Surinam, a la Jamaique, des revoltes ont etabli I'independance de ces tributs redoutables de marrons avec lesquelles il a fallu quelqucfois transiger (i). Une revolution terrible a rendu , dans la plus grande, dans la plus riche des Antilles, 600,000 esclaves maitres et sou- verains. D'autres passent graduellement au rang de citoyens dans les nouvelles republiques du continent I... de tons cotes, les esclaves de nos iles peuvent du rivage saluer des compa- triotes affranchis!... dans cette situation, les colons ne sem- blent s'inquieter que de ce qui s'ecrit i Londres et a Paris sur I'esclavage, et ils voient tout le mal dans les pages oii on leur demontre I'imperieuse necessite de modifier et d'abolir un systeme qui menace la society coloniale d'une inevitable ca- tastropbe ! lY. En ce qui concerne les Metropoles. — Les colonies , sur- toiit celies de I'Amerique, ont rencontre, de nos jours, un grand nombre d'adversaires ; el en effet, au premier apercu, quelques iles jetees dans un autre hemisphere , avec des rades d'un accfes facile et sans Iravaux d'art pour les defendre , pa- raissent'des possessions dont I'avantage reel est tout au moins (i) A la Jamaique, les marrons ont quelqurfois mis^ eJi p6ril la colo- nic; reconntis independaos par des trait(''s, ils vivent dans des forfits inaccessiblcs. II leur est allou6 une cerlaine soninie pour chaque csclave deserteur qu'ils ramenent a son niaitre. Cetle i'trangc transaction rap- pelle asscz celle que les Romains i'aisaient avec les tribus barbarcs aux- quelles ils conCaientla gaide de leur frontieie, quaud ils avaient renonci. ;Vrespoir de les douipter On sait quel en fut le ri-sultal ! Ooo DK L'ABOLITION GRADLELLE tlnilcux. Elles pcuvent etre si facilement enlovees, en cas dr guone, qu'on hesite a faire pour lour prosperite dcs sacrili- oes uii pen considerables en terns de paix; el cepenlant, si Ton nc fait ces sacrifices, elles deperissent et deviennent line rliarge. La necessite de protegcr qiielqiies europeens , qui s'y Iron vent places au milieu d'une population devcnneiufinimeut ledontable par I'oppression qn'on fait pe,«er sur elle , rend leur cnlretien tres-coflteux : par unc consequence toute naturclle d'un tel etat de choscs, il faut quelqucfois y mainlenir uu ordre politique tout-a-fait conlraire anx vrais priucipes de gouver- nement, et qui devient alors, en Europe, un sujet perpetuel d'acciisations; il faut sans cesse y renouveler les administra- tions qui s'y croient ordinairement en pays de conquete, et les soldats, que les maladies y moissonnent avec unc effrayar)te lapidite; et tous ces rcnouvellomens se resolvent toujours en pertes d'hommes et de millions pour la mere-patrie. Ainsi, nous voyons, par excmple,qu'en 1820, nos deux An- tilles coulaient, pourleursdepensesinterieures, 1 1,860, 000 fr., et qu'ellcs rapportaient 5,790,000 fr. ; les choses n'ont pas beau- coup change depuis. II en resulte que la France pale un peu plus de six millions I'honneur de posseder ces deux iles. Mais c'est beaucoup plus, si Ton consid^re I'excedant de prix que nous sonmaes obliges de payer pour les denrees qu'elles pro- dnisent, et que nous poiirrions prendre ailleurs a plus bas prix. Elles nous vendent 5o fr. les cent livres de sucre que la Ha- vanne nous livrerait a 35 fr. , et I'lndeauglaise a meilleur mar- che encore. M. Say fait monter de 70 a 80 millions par an la snmme que nous coutent nos colonies sous les deux points de vue que nous venons d'indiquer (i). En Angleterre, on s'esl recrie cent fois contre les privileges particuliers qu'il a fallu accorder aux denrees des colonies de I'jVmerique, au d»';tri- mcnt dc celles des auties parlies de I'empire britannique (2). (1) Cotirs complet d' Eronotnie politique, elc. Tom. n, 1S28. (•') On a avance que la detle imbliqiie dv. rAngletciTO a dii Olii- ;iwgni(,nlci', dans Ifs Ueiilc dcniicies aiiiiiics, dc jio iiiiHioiis par la pob- DE L'ESCLAVAGE. 601 Et quoi de plus extraordinaire, en effcl, que de voir, an sein meme d'uiie nation, les monies produits intgaloincnt taxes? Quoi de pins contrairc a Tequite , soit envcrs les producteurs, soit envers les consonimateurs? On repond que, sans cette inegalite de taxes, les colonies a esclaves ne pourraient sou- lenir la concurrence. Mais, alors pourquoi avoir des colonies a esclaves ? On sent que nous ne pouvons qu'indiquer ici les liaut&s questions qui naissent en foulc d'un examen approfondi. On a ecrit des volumes pour et contre les colonies. Les eveneinens politiques en ont deja separo plusieurs de leurs metropoles. S'il est dans I'avenir de I'Amerique que toutes les antres soient successivement affranchies, I'Europe aura bien cerlainement de justes motifs pour s'en consoler. En attendant, il serait peut-etre pcu raisonnablc de vouloir qu'on les abandonnat; mais il y a toute raison i demander que leur regime soit ame- liore, de maniere i\ ce qu'elles ne deviennent pas un fardeau de jour en jour plus incommode. Or, c'est de I'esclavage que naissent, en tres-grande partie , les inconveniens de leur pos- session; et c'est aussi le point sur lequel , dans cetle grande controverse, doit se porter exclusivement notre attention. En tlu'se generale, les colonics peuvent etre surtout utiles a la metropole, en offrant des debouches a ses produits, et en lui euYoyant en retour des denrees qui sont presqu'au rang de ses premiers besoins. Pour cc qui rcgarde particulieremcnt la France, on pent cal- culer que le montant de I'importation totale dans toutes ses colonies s'eleve a environ 84 millions. Sur ce total, il y a a dcduire tout ce qui est importe de I'etranger, par suite de I'in- t<:rlope qu'on n'a jamais pO empecher, malgre toutes les pre- cautions possibles, parce qu'il resulte a la fois de I'eloigne- ment de la mere-patrie qui seule a interet a I'empecher et des sessinn des colonies a sucie; et que Ic paysgagnerait, i rabandon de cos colonies, a millions qu'elles gagnent elles-memes par Ic haiit prix au- qnel (in leur paie oetle denree. 6o2 DE L'ABOLITION GRADUELLE rapports faciles qui pen vent tnu jours etre otablis entre Ics diC- ferentes lies d'un mcme archipel. II se moiUait, suivant U. Mo- - rcau dc Joiuies (i) , a 17,000,000 fr. , il y a quelques aiuiees, pour uos Jcux Antilles seulctncnt. Cette iuiporlatiou etranjjerc est soldee en denrees coloniales, et toute cette valour perdue pour uos produits. C'e^t ainsi que se trouve tarie cette source de debouches tant vantee. Les effets de cet interlope sont si funestes,ajoute I'auteur (p. 559), qu'autant vaudrait prcsque avoir perdu les etablissemens. Le reste du montaiit de I'importation est fourni par la me- Iropole a la consommation coloniale. Mais qui ne voit, de prime abord, combieu cette importation serait plus conside- rable, si I'esclavage etait detruit? En effet, la population totale de nos colonies pent s'elever a 570,000 habitans, dont5og,obo esclaves. Ces derniers qui forment au-dela des quatre cin- quieuies de la totalite , n'entrent, dans la consommation des objets importes, que pour une faible somme en morue, en viande salee et en tissus sans valeur. Par consequent, les 58,000 blancs et les 25,ooo affranchis, en tout 61,000 indivi- dus, peuvent etre cunsideres conime les consommateurs a peu pres exclusils des produits dc la metropole. Supposons main- tenant les 509,000 esclaves translbrmes en ouvriers libres; certainement , pouvant des lors, comme en Europe, et bien mieux qu'en Europe, trouver dans le prix de leur travail une nourriture plus sainc et plus abondanle, des vetemens plus appropiies a leur gouts et aussi aux variations de la tempera- ture, enfin toutes ces commodites diverses qui appartiennent a la vie sociaie, ils seraient promptenient amenes a consom- mer autant a eux seuls que I'autre cinquieme de la population. L'importation serait done doublee, ainsi que le tonnage qu'elle suppose, et elle serait tou jours croissante, puisque la popu- lation placee dans une pareille situation, aii lieu de perdre chaque anmie , comme il arrive , a moius qu'on ne la renou- velle par la traite , s'accroitrait rapidement. (0 Pag. 29,4. DE L'ESCLAVAGE. 6o5 ♦ C*est done un interet pressant pour notre industric que les esclaves soient , s'il est possible , transformes en ouvriers li- bres. II y a done la un moyen bien reel do lui ouvrir des de- bouehes qu'elle reclame, et dont le besoin .se fait de jour en jour plus vivemcnt sentir. On peut appliquerce oalcul a toules les colonies a esclaves indislinctcmeut. Ajoutons qu'il n'a pas peu contribue a for- mer en Angleterre I'opinion qui se manifeste avee tant de force en faveur de I'affranchissement des noirs. H est facile de concevoir aussi que ce surcroit d'importa- tion suppose necessairement un accroissement proporlionel dans la creation des valeurs d'echange ou d'exportation; et cet accroissement ne pourrait manquer d'avoir lieu : en effet, on a calcule que, pour produire tout ce qui est necessaire a la consommation interieure, au commerce d'exportation, a I'ali- mentation des cultivateurs, il faut a la France 76 lieues car- ries de terres coloniales, et 1^1. a peu pres, si Ton veut que lout le colon necessaire a nos Aibriques soil fourni parnos co- lonies. Or, I'etendue de ces colonies (y compris Bourbon) est de 45o lieues carrees, dont un tiers seul sullit, par conse- quent, pour le but propose. Ce tiers correspond , a la verite, a I'etendue aetuelle des proprietes existantes qa'on evalue a environ 146 lieues carrees. Si done cette portion de sol est bien loin de satisfaire a I'exportation demandee par la me- tropole, il faut de loute necessite en accuser le systeme eta- bli pour la production, c'esl-a-dire, I'esclavage. Si les terres ne manquent pas, les honimes ne manquent pas non plus, comme il est prouve par les calculs suivans que nous enq^runlons a la meme source. Pour produire la quantite de denrees coloniales que con- somme actuellement la France, il faut seulement 5o,ooo car- res de terre (5,4o2 toises carrees par chaque carre) , cette mesure agraire, vu I'elat inferieur de I'agriculture dans nos colonies, produit 6,000 liv. pesant de suere, 2,000 de cafe, 75o d'indigo, on 5 a Goo decoton. II faut trois hommes pour la culture de deux carres en Cannes a Sucre ; un seul pour 6o4 DE L'ABOLITION GRADUELLK chaque carre en caleycr, ou iiidigoticr; un seul aiissi pom- trois canes de cotonnier^. D'aprus ces bases, le nombre d'in- dividus necessaires pour prodiiirc toiites Ics dcniees colonia- les exigces par notre consommation se monle a 4o,ooo. II pent deveiiir double, si les cultures prennent un grand ac- croissemcnt. « Oiivoil qu'il ne faut pas Ics 800,000 habitans que posst'daient les colonies francaises avant la revolution ; qu'il ne faut, dans I'elat actuel de I'industrie agricole, que 80 a looniillc cultivateurs (1). » Si done, a vec nos 309,000 travaillcurs esclaves, nous ne produisons pas ce que pourrait rigoureusement produire 40,000 cultivateurs ordinaircs, il faut encore dc toute neccs- site accuser le systenie qui les met en oeuvre, c'est-a-dire, I'esclavage. On avoue, en cffet, qu'on ponrrait singulierement amelio- rer la culture des terres et la fabrication du sucre, en intro- duisant les precedes agricoies ou chimiques de I'Europe, I'emploi des animaux et des machines; qu'on obtiendrait par- la une augmentation d'un quart au mois daxis les produits. Mais le principal obstacle , c'est d'avoir des esclavcs, c'est-d- dire, des ouvriers plus routiniers encore que les notres (p. 340). Et qui pent douter, au surplus, que ces 3og,ooo individus qui languissent sous le joug, s'ils etaient transformes en ouvriers libres, et travaillant pour leur compte, ne crcassent prompte- ment un surcroit considerable dc produits dans les colonies! En these generate, I'avantage du travail libre ne peut plus etre conteste ; la science economique s'est attachee a en de- montrer I'evidence, et divises encore sur une foule de points, les plus celeres economistes, depuis Adam Smith jusqu'a J- B. Say, se sont trouves d'accord sur celui-ci. La plus simple ob- servation du passe ne suffit-elle pas d'aillcurs pour ctablir cette utile et genereuse theorie? Dans les terns anciens, comme dans les tems modernes, peut-on trouver un etat quelconque dont la fortune agricole, iudustrielie, ou ccmmerciale, dont (i) MnnEAi UK JosfNks. Tom. i, pag. 206. Dii L'ESCLAVAGli:. 6()5 4e capital social, enfln, n'ait piis un accroissement conside- rable, par suite de raffranchisscmenl des classes laborieuses '.' II resulte de ces considerations, que I'esclavage doit etre «ncore condamne dans I'interet de la metropole, et que son abolition augmenterait corisidciablement la valeur de scs co- lonies. Mais cette abolition est-ellc praticable? L'esclavage n'est-il pas essentiel a I'ex-istence des colonies ? Le climat , la nature du sol, I'espece des cultures, la difference des races ne s'op- posent-ils pas invinciblement a ce que le travail y soit libre, comme ailleurs? Enfin, demander I'abolition de rescluvage, n'est-ce pas demander la ruine des colonies ? Telles sont les questions que nous avons maiutenant a examiner. On a ecrit cent fois, et Ton repete sans cesse, que les tra- vaux des cultures coloniales sont au-dessus des forces des Eu- ropeens. Les planteurs I'ont si fortcment et depuis si long- terns assure, qu'ils ont fini par se le persuader a eux-memes, et par convaincre sur ce point un grand nombre de person- nes, auprcs desquelles la deplorable condition des noirs n'a plus ete dt's lors qu'un mal necessaire. Ce n'est l;'i pourlant qu'un veritable prejuge, comme I'examen des fails peut lo dcmontrer. En effet, si Ton remonte a I'origine des colonies, notamment des colonies francaises, on voit que les premiers travaux, c'est-a-dire, les plus penibles, ceux que necessita le delVicbemeut, furent effcctues par des Europeens. Ces cultiva- leurs d'Europe, qu'on employa dans les premieres planta- tions coloniales, furent Oi^'^cXts Engages detrcnte-six mois, par- ce qu'ils contractaient en France I'engagement de sor\ irJans les colonies trois annees, a Tissue desquelles ils elaient libres Je letourner dans leur patrie. En iG65, retablisscineut francais de la Tortue se compo- sait d'environ 45o personncs, qui cultivaient le tabac. II n'y avait encore a Saint-Domingue que la colonic de Leogane, d'environ 120 individus, et point d'esclaves encore dans ce nombre, qui, en quatre annees, fut porte a i,5oo, par la sage administration dn premier gouvernenr dc cette colonic, d'O- T. XI.VII. SEPTEMBRE l85(). 5(J ()o() DE L'ABOLITION (ilSADUELLR j;ei»ti(. )l jiiii-ail qii'i! ii'y en cTit qiielqties-uiis echappes i;ite. Tom. 11, iiv. viu. (!>^ llii.i.i ii;d d'Ai CEBTEt II,. Tom. II, pag. s-T). I DE L'ESCLAVAGE. G07 ce qui a fait manquer la pliipart des essais qu'on a voiilu faire pour ameliorer lesystuine agricole danscesetablissemens. Par exemple , on aplusieurs fois essaye d'y introduire la charrue : pour en faire goOler Temploi aux esclaves, on envoyait quel- qiies laboureurs bien choisis; mais ces hommes, plates an ni- veau des cullivateurs noirs de la colonic, ne tardaient pas a se regarder comnie avilis; ils accahlaient de dedains et d'insuUes leurs coinpagnons de travail, qui, chose etrange, nieprisaicnt aussi et raillaient ces blancs dont ies bras partageaient leiir pro- pre besogne (1). Ceci, foint a tous Ies inconveniens que ren- contre toujours le nianouvrier enleve au sol qu'il a jusque-Ia cultive, et a la routine qui est sa sagesse, suffisait bien pour degoCiter de leur position ces laboureurs. Des lors, Ies essiiis manquaient, el bientot ils etaient abandonnes. Si Ies noirs etaient consacres a la terie, Ics professions in- dustiielles etaient assez generalement exercees dans Ies viUes par Ies hommes de couleur, et il y avait encore, dans I'ctat d'abjection ou cetle classe etait mainlenue, un pretexte a re- gaider comme avilissant cet emploi si utile et si honorable de la capacitc physique et intellcctuelle de I'homme. Voih'i, comme on voit, des raisons sufTisantes pour motiver I'elat d'oisivete et de desordre dans lequel vivait ordinairement la parlie de la population blanche qui n'etait pas occupee a di- nger Ies cultures ou Ies operations commerciales avcc la mc- tropole. C'etait au sein de cette partie de la popwlalion que venaienl la plupart du tems se perdre ces jeunes gens qui, mns par di- vers motifs, passaienl dans Ies colonies. Ils y apprtnaienl a perseverer dans leurs liabifiidcs de dissipation ct de prodiga- lite ; I'intrigue et la friponnerie leur eidevaient promplcuient Ic pen de capitaux qu'ils possedaicnt. L'abus des plaisirs, fatal dans tous Ies climats, niortel dans celui-ci, ruiuait leur sante. Aifaiblis ei languissans, mal soignes, livres au regret de voir tnutes leurs esperances decues, quelquefois en proie aux be- (1) MALrNFAM, i'.'Ig. Ij6. G.)8 DE L'ABOLITION (.UADDELLE soins les pltis pressans, Ic chagrin s'emparait d'eux; ils expi- raieul, el I'oii ne manquait jamais dc dire qu'ils avaienl siio- combe aux atteintes du climat devorant des colonies, quand ils n'avaient ete victimes que de leurs passions. Tout en effet porle a croire, comme un grand nombrc d'ecrivains I'ont re- connu (i), qu'nn regime irritant et des excfes, auxquels on n'est que trop porle sous un ciel brCllant et pour lesquels il y a loule facilile sur une terre d'esclavage, etaient les veritables causes de la morlalite observee parmi les Europeens. On insisle sur la nature des travaux dans ces contrees, si differcns de ceux de I'Europe; et, pour prouver qu'il n'y a (pie les Africains qui puissenl lesaccomplir, on cite les Indiens dont la race s'est eleinte dans les Antilles; mais il suffit d'une simple observation pour prouver combien I'objection a peu de fondement. Les Indiens ont peri, non dans les travaux des cultures coloniales qui existaient a peine alors, si elles exis- taienl , mais dans les travaux des mines qui seuls paraissaient dignes d'altention aux conquerans. La tentative malhcureuse de colonisation, faite dans le siecle dernier ii la Guyanne, a paru a Malouet un fail con- cluant en faveur de I'opinion qu'il emet aussi contre la pos- sibilite de faire travailler les Europeens aux cultures co- loniales (i). Mais il suffit de connaitre, dans ses details, I'histoire de cette expedition desastreuse, pour voir qu'on ne pent absolument rien en induire. Ce n'est pas parce qu'ils travaillerent que ces colons, envoyes sur ce sol avec tant d'im- prevoyance, perirent miserablemefit; c'est au contraire parce que diverses circonstances elrangercs aux cultures les empe- cherent de travailler; de la, une profonde misere, des souf- franccs de tout crenrc, des maladies devorantes. En voila assez (i) Mimoire sur les maladies de ^ninl-Domlngue, par M. Bourgeois, secrelaire de la chambre d 'agriculture, inipiime dans un volume inti- tule : Foyagcs inicressans dans differcntcs colonics; pnr 1\I. N fjon- drcs, 17&8. I vol. in-8". (2) Menxolres, pag. j,!i. DE L'iiSCLAVAGli. 609 pcur expliquer uive catastrophe* dont le travail des plantations est bien injustement accuse. Au surplus, cerlaines parties des Guyannes sent peu salubres, et il est bien clair que, toutes Ics fois qu'on voudra y fonder des colonies avant d'avoir pris tons les moyens possibles pour en assaioir le sol et I'atmosphere , ces colonies seront detruites avant de uaitre. Qu'il faille absolument des noirs d'Afrique pour produire Igs denrees tropicales, c'est, en verite, ce qu'on nc pent ad- uiettre, en presence de tant de faits qui etablissent le contraire. II est bien reconnu que la culture de la canne et la fabrication du Sucre constituent ce que le travail colonial pent avoir de plus penible. Or, on cultive la canne et Ton fait du Sucre, sans noirs d'Afrique, dans plusieurs contrecs des deux Indes. L'ln- tloustan, avec sa population indigene dirigee par le genie in- dustriel de I'Angleterre, en produit li lui seul une quantite toujours croissante. A Java, oCi Ton ne compte, sur 4 a 5 mil- lions d'habitans, que 27,000 escLives, presque tous domes- tiques, la culture de la canne a siicre est I'une des plus impor- tantes de I'ile (1). Le 3Iexique pent etre considere comme n'ayant jamais eu de population noire; on 6valuait a six mille ceux qui se trouvaient repandus dans Timmense territoire de la Nouvelle-Espagne, et la plupart etaient egaleiiient consa- cres a la domesticite ; cependant, le Mexique produit du sucre ; "ilyavingtans, dit M. de Humbolt, qu'on ne connaissait pas en Europe le sucre mcxicain : aujourd'hui, laVera-Cruz seule e-n exporte 120,000 quintaux (a). » Ce point est d'une importance telle que nous ne croyons pas pouvoir I'appuyer de Irop de faits et de leuioignages. L'auteur des Considerations sur Saint -Domlngue (5) n'hesite pas a reconnaitre que Ton pent tres-bien faire travailler les blancs aux cultures coloniales, et il declare qu'il serait avan- tageux de faire travailler, ccncurremment avec les esclavcs, tous. (1) Sib Stamford Bafles, History of an Archipelago, etc., vol. i. {2) Essai politir/iic. Tom. ii,pag. 4p. {"■') HiLLURD d'Ai'berteoil, Toni. 11, peg. 274. 6io DE L'ABOLITION GRADUELLE les vaj^aboiuls oisifs qui rempI?Ssent la colonic. Un voyagenr, que nous avotis cite dit : « Qu7/ est absurde de croire que les Euioptens nc puissent vivre et tiavailler dans ces climats; qu'on volt de frequens exeinples du contraire; que des fa- milies allemandes ont travaille avcc succes a la Louisiane, et des Irlandais a la Barbade, sans avoir de negres; que le sys- teme des anciens engages des colonies I'rancaises^xiste dans quelques parlies des l^tats-Unis, q\\ Ic colon a en meme terns des engages et des esclaves, avec celte difference que les pre- miers travaiUent uiieux et hii cofilent moins (i). IJn Ameri- cain, niagislrat en Gcorgie, et ancien plantenr dans les Indes- Occiilentales, declare que c'cst une erreur de croire que la canne a sucre , le cafeyer, etc., ne puissent etre cultives que par des noirs ; les Creoles, blancs de I'Anguilla et de Tortola, et les hommes de la Barbade, appeles ten acre men (hommes de dix acres) , qui sont accoutumes a mener line vie active et sobre, sont agiles, robustes, etprouvent que les blancs pen vent cuUiverle sol colonial (2). »Enfin, un ecrivain francais, connu par des trava ux d'un grand interet sur nos colonies, et qu'il I'aut compter parmi ceux de nos contcmporains qui les connaissent le nrieux (3) , a si bien reconuu que les Europeens sont tout- a-tail aples aux travanx agricoles des colonies qu'il propose d'envoyer riRE DE Saim-Ve.\ant. Dea Colonies woricrnes, etc, fii2 DE L' ABOLITION GKADtELLE lien n'a etc plus variable (]uc I'csptce ct le degrc dii Iravail esueule par les homines dans des sitnations entierement ana- logues. On a liavaille peu ou beaucoup sans csclaves, ou avec des esclaves, scion les circonstances. La religion, les lois, le voisinage des cotes ou des monlagnes y ont influe. On parle des contrces tropicales; mais, dans les siecles oii les parties scptentrionales de I'Europe etaient inexplorees et barbares, on eQt ele fonde aussi a declarer que jamais cesregions glades ne seraient cultivees, ou qu'elles ne le pourraient etre que par des esclaves. On I'a peut-etre dit cent fnis dans I'ancienne Rome; ct cepcndant ces contrees sont, de nos jours, riches d'agricullure et d'industrie, el si dans quelques-unes les terres sont encore cullivces par des serf's, il en est d'autres dont les paysans sont au rang des cultivateurs les plus libres et les plus civilises du globe. Revenons aux noirs, nous ne rapporterons point ici tout ce qui a etc dit sur leur paresse inveleree, sur cetle disposition morale qui empechera toujours, assure-t-on, d'en faire des ouvriers libres et industrieux (i). A quoi bon, en eifet, com- batlre des assertions dont rinexacfilude est demontree par desfaitsmanil'estesPLes colons, qui ont accredite cette erreur, affirmaient qu'on devaitles croire, eux qui avaient sans cesse les noirs sous les yeux, de preference ii ces raisonneurs d'Europe qui s'ctaient fails leurs apologistes, sans les con- nailre. L'experience a pourlant prouve que c'etaient les rai- sonneurs qui ne se trompaient pus, et qu'il etait injuste et absurde de pretendre que les Africains ne peuvent elreamenes i» travailler sans porter des chaines. Les colons croyaient connaitre les noirs, et en realite ils ne (i) Ricemment encore, Tauteur d'une brochure imprimeeau Hiivre, relative a raEfiaiicliissement des esclaves, disait : Ilcsl sans excmple que jamais noir ait traraillc sans y clre force, sans tire clans un Hat de sonmis- sion absoltie (pag, i3). Comrmnt sc peut-il, q'l'en presence de tant de fails qui donnent an deiueiili furniel 6 de lelles assetiioiis, elles soienr sans crsse repioduiles avet une aussi itrange assurance! DE L'ESCLAVAGE. 6i3 connaissaicnt que leurs esclaves. Oubliant que les hommes, loin lie se civiliser, s'abriitisscnt par I'esclavage, ils s'etonnaient VVVWVV^\WVWVWVKVVM.VWV\WWVV\%VWVWV%%V\\«' II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES ET lNATURELLES. A COMPENDIUM OF THE COURSE OF CHEMICAL INSTRUCTION, CtC. Ahrege du Cours d' instruction cliimique, fait d la Faculty ile, mtdecine de CUniversite de Pansy Ivan ie^ par M. le doiteiir Hare; ouvrage destine a ses cleves (i). Nous avions espere que cet ouvrage de M. Hare, compare i des ecrits analogues de meme date, ou plus recens, publios par des professeurs europeens, nous founiirait roccasion de mettre sous les yeux de nos Iccteurs I'etat de I'enseignement de la chiniie dans les deux mondes. Mais il paralt que les clii- mistes rcgardent les theories comme assez avancees, assez completes, et qu'ils se livrcnt cxclusivemeni a la recherche des faits : de I'immobilite des theories resulte la duiee des ou- vrages destines a lesenscigner, surtout dans ce lems, ou Ton ne manque, pour aucune science, de bons traites t'l I'usage des etudians et des professeurs. Ainsi nous atlendrions peut- etre encore tres long-temsl'ajiparilion d'un ouvrage que nous pussions associer a celiii de M. H;ire, afin d'observer la mar- che de I'un et de I'aulre ; et, si les methodes prescntent (juel- ques diversites, d'examiner quelles sont ceiles qui scmblent prelerables. Nous n'assisterons done qu'aux lecons du pro- fesseur americain ; nous le suivrons dans la parlie de .^on cours qu'il a publiee, et qui est arrivee jiisqu'a nous. Au mois de (i) I'luladel|)hie, 1S28; Carry et Lea. Grand in-S" de 558 pages, avro Jin gtanri iianihrc do figure* gravpps en bois. SCIENCES PHYSIQUES. 6ig novembre i8a8, le resume des lecoiis sur relectricite, le gal- vanisme el rclectro-niagnetisme n'etait pas encore livre a I'impression ; depuis ce tems, I'ouvragaest certainement com- plete , uiais riinportante division de la science qui lui man- quait encore ne nous est point parvenue. Nous le regrettons d'antant plus que ce qui donnera le plus de prix a cet ouvrage est la description et la figure de thaque instrument, ou ap~ pared employe par le prolesseur dans ses experiences, et que, sans doute, les lecons sur I'electricite et le uiagnelisme sonl bien pourvuesde ces moyens d'exposition et d'explicalion. Ce traite devait repondre a sa destination, et, par conse- quent, diriger vers la medecine les applications de la physi- que et de la cliimle. On doit done s'attendre a y trouvcr quel- ques parlies plus developpces, aux depens de quelques au- tres qui occupent plus de place dans les ouvrages on la science n'est pas consideree sous un point de yuc special. On s'en apercoit a la marche rapide de I'auteur, lorsqu'il s'occupe de la lumiere et des phenomt'iies de la vision, ma- tiere expediee en six pages, qui contiennent en effel ce qn'un medccin ne doit pas ignorer sur les proprietes de la lumiere et le mode de son action sur les corps organises. La cristallo- graphie, quoique moius importante pour les sciences medi- cales, est traitee moins brievement : maisla theorie du calori- que est exposoe avec soin, ainsi que les faits dont elle est deduite, et ses applications qui ajoutent encore au nombro de ces faits. Les instrumens pour mesurer la pesantcur specifique des corps ont ete multiplies entre les mains de M. Hare; on en voit ici deux nouveaux qui paraissent tres-commodes, et que nos artistes conslruiraient facilement d'apres ledessin et avec le secours de I'explication. L'auteur s'est attache a reudre les experiences aussi promptes et aussi sures qu'elles doivent I'etre dans un cours public, en sorte que son livre n'est pas seule- ment un recueil de lecons de chimie , il renferme aussi plus d'instruclion sur I'arl des experiences que la plupart des au- teurs de tiaites de physique el de chimie n'onl cru devoir en (hfy SCIENCfiS PHYSIQUES, joiiidre au devcloppement des doctrines scienlifiques. On pense bien que les fonniiles algobriques n'ont point etc ad- uiises dans ces lecons donnees a des etudians en niedecine ; les mathematiques n'ont pas encore pris rang parnii les scien- ces qui peuvent conconrir an perfectionnenient do I'art de guerir. Cependant il faut observer qu'une connaissance exaclo des lois du niouvemcnl et de leurs cffets est une des bases de la physique; on ne contestera pas non plus que le medecin ne peut se dispenser d'etre physicien, a moins qu'on ne regarde la chimie conime une science de luxe dont la medecine n'a guere profile. Cette opinion, quoique directement opposee u toute bonne logique, ne manque pourtant point de partisans dans toules les ecoles de medecine ; elle en compte beaucoup en Allemagne, un pen moins peut-etre en Angleterre, en Italic, et surtout en France; M. Hare nous apprend, dans sa preface, qu'un certain nombre de ses disciples paraissent peu convain- rus de I'utilite de I'instruction qu'il leurdonne, et redniraient volontiers cetle partie de leurs etudes au point qu'ils I'eraient aussi-bien d'y renoncer entierement. Ainsi noS erreurs, en fait d'instruction, ont traverse I'Oceanet penetre dans le Nou- veau-Monde avec nos doctrines. Le tems approche oCi les rap- ports entre les diverses subdivisions des connaissances liu- maines seront mieux connus, ainsi que les secours mutuels qui peuvent mcttre toutes ces parties de I'ensemble en etat de profiler des progres de chacune d'elles. On s'etonne que des hommes exerces au raisonnement, inities dans quelques-un? des mysteres de la nature, dont la memoire doit avoir conti- nuellenient a sa disposition une multitude de faits physiques classes methodiquement, que ces hommes n'aient pas reconnu que les phenoraenes de la vie, de la digestion, de la nutri- tion, etc., sont autant de faits chimiques extremement com- pkxes, et dont les lois ne peuvent etre decouvertes qu'au moyen de I'analyse prealable de ces phenomenes et de leurs causes. Qu'on se rappelle par quelle suite d'experiences Spallanzani parvint iconstater que la digestion est une disso- lution chimique des alimens dans le syc gastriqne, et qu'elle SCIENCES PHYSIQUES. 621 s'opere meme hors du corps vivaijt, lorsquc I'on mcl la ma- tiere soluble en contact avec Ic dissolvanl : o'est ainsi qu'il laut interroger la nature, pour lui arracher ses secrets rl devoiler le mystere de ses operations. Ces rechercbes sur la digestion, si habilement dirigees et decrites par Ic cclel)re professeur italien, seront, dans tons ies terns, un niodilcdc sagacite, de logiqiie experimentalc, et sufiiraient pour re- commander I'etude de la chimie a tons Ies amis des sciences naturelles et de leurs applications. Mais on ne pent tiop le redire , Ies theories cbimiques ne seront bien comprises qn'a I'aide de connaissances approfondies sur Ies proprietes gene- riiles des corps; on, en d'autres termes, si Ton n'est pas assez instruit on physique, on sera frequemment arrete dans le cours des recherches cbimiques, expose a s'egarer, quand meme on aurait acquis la plus grande connaissance des fails isoles, et que Ton possederait a un trcs-haut degre I'adresse des manipulations. Si Ies chimistes ne peuvent se dispenser d'etre physiciens, ils devraient s'imposer aussi I'obligation de nc pas negliger Ies mathematiques. On cite il est vrai, parmi Ies promoteurs de la science, des hommes qui manquerent totalement de cettc instruction preliminaire ; mais ils la scr- virent par la decouverte de quelques fails que Ton ne pouvait concilier avec Ies theories ailmises jusqu'alors, en faisant sen- tir la necessite de reformer ces doctrines, en preparant Ies bases de theories moins imparfaites ; mais ils ne contribuerent point a clever I'edifice sur ces bases. Lavoisier et Berlbollet n'etaient point pourvus des connaissances mathematiques in- dispensables pour approfondir Ies theories physiques ; mais ils eurent le secours des plus illustres geometres de leur terns, et ils en firent un heureux usage : une partie de la reconnais- sance que Ies chimistes ont vouee a Lavoisier serait equitable- ment decernee a Laplace. Dans I'etatactuel de nos connaissance* et de nos habitudes, M. Hare ne pouvait adopter un autre plan que celui qu'il a suivi dans cet ouvrage ; reduit a s'abstenir des applications et meme des formes mathematiques, il ne pouvait presenter Ies T. XLVII. SEPTEMBRE 1 85o. 4" Caa SCIENCES PIIVSTQUES. notions de physique aulrenicnt (jii'il nc I'o lait, ni les cicndic plus loin, exccple cellcs dc la liimiore, dont on rej,a-ctlc qu'il n'ail pas nn pen phis devcloppe la thcorie. 11 nc pent etre in- diflV'rcnt pour la cliiniie, ni peut-etie pour la niedecine, que les phenomenesdelalnniiere soientprodni.tspar un lluideenia- nedu soleil et dcs corps celestes de mOme nature, degage par certaines actions chiniiqnes, etc., ou qu'ils soicnt le resultat des vibrations d'un flnide repandu dans les espaces celestes, et considere coninie immobile : ces deux hypotheses peuvent satisfaire a pen pres egalement a rex[!lication des fails do mouvement et de vision ; mais on ne voit pas clairement comment on en deduirait les inemes resultats ehimiques. M. Hare adoptc I'hypolhese nevtonienne, admise, dit-il, par la majorite des physiciens ; mais les questions de physique ne sent point resolues, comme cellesde politique, Dans les scien- ces exactes, lorsque les opinions sont parlagees, c'est que la verite ne s'est pas encore manil'eslee, et que, par consequent, on ne sait rien encore, et qu'il taut de nouveaux efforts pour arriver a des connaissances positives. Sous le titre de Cliimie pneamatique, Tautcur a reuni la thco- rie generale des gaz, et Texposilion des caracteres et des pro- prietes de tous ceux que les travaux chinii(jues out fait con- naitre ; il les combine, soit entre enx, soitavec le carbone, le soufre, le phosphore, le bore, le sodium, etc. Toutecette par- tie de I'ouvrage est au niveau des connaissances acqnises, et oonforme aux doctrines actuellement recues. Veudiometrie y est traitee avec quelque etendue, et, parmi les instrumens qu'elle cniploie, I'autcur en decrit deux qui sont deson inven- tion. Vhygrometrie obtient aussi les soinscju'elle reclame dans unouvrage destine aux etudes medicales. Lesenl teproche que Ton puisse faire a cette cliimie pneumatiqiie n'est peut-etre pas i'ondu, et certaiiiement il est sans importance : toulefois, nous nc I'oniettrons point, afin de conscrver les droits de (a criti- que. C'est a la fm que I'anteur a place I'exposilion des divers moyens de mesurer la pesanteur specifique des gaz; on s'at- tendait a la trouver immcdialement apres la thcorie generale des fluides elastiqnes. SCIENCES PHYSIQUES. GaS \,i\ section guivante est la chimic dcs metaux. Ici, Taiiteur a pris poor guide notre celebre Thcnard, et le travail du pro- fesseur americain pent etre considerc comme un resume tres- bien fait des lecons du prol'esseur de Paris sur le iiieme sujet. La deruiere section est consacree a la (■himie des substances vegetales et animales. L'ouvrage y represeute fidelement tout cc que nous croyons savoir sur ces deiix objels, et que proba- blement il t'audra desapprendre tot on lard. La science suit actuellement, dans les recherches sur les corps organises, une marche opposee a ccUe qui lui a si bien reassi pour arriver a la theorie des substances inorganiques : pour celles-ci, elle a generalise et simplifie; pour les autres, elle apporte chaque ]our de nouvelles complications. Ce n'est pas dans I'emploi de cette methodc que nous engagerons les chimistes duNou- Vfiau-Monde a imiter ceuxde I'Europe : si nous sommes tout- a-fait hors de la bonne voie, que nos erreurs soient conflnees parnii nous, et que d'utiles avertissemens puissent nous arri- ver de quelque part; tandis que nos chimistes seniblent tra- vailler a I'envi pour epaissir les nuages qui nous cachent le but, qu'une lumiere lointaine puisse nous le fa'ire an moins entrevoir, et rendre notre marche moins incertaine. Nous devrons beaucoup a I'Amerique, si elle nous apprend a mar- cher avec plus de precautions, lorsque la route est nialcclairee, perilleuse, herissee d'obtacies : telle est celle que les chimis- tes ont a suivre, dans les recherches sur les corps organises, el principalement sur les corps vivans. M. Hare nous donne I'exemple de cette sage defiance : voici comment il termine la section oii il expose la chimie des vegetaux et des animaux. « Jeprends conge de cette parlie de la science qui se reduit i\ peu pres a des faits non generalises. Les grandes decou- vertes dont la chimie des corps inorganiques s'est enrichie ont fonde la theorie de cos corps et des elemens dont ils sont composes, et nous donnent I'espoir de parvenir egalement a la dccouverte des lois de la matii re organique, on de I'in- flucnce qu'exerce le principe de vie pour modifier et diversi- fierles resultats des lois generales de la matiere non organisee. t)i4 SCIENCES PHYSIQUES. «Un coiirs limitc a qiialie mois ne pent sulTire aiix expe- riences et aux menus details qn'exige la chimie des corps or- ganises; el d'ailleurs, les elevcs n'auraient pas Ic tcms de retenir tout ce que le professeur aiirait dil. IMais Tcxcrcice de la medccino est iine continuation des etudes que nous no pouvons pousser plus loin dans ces lecons ; Ic medecin a cons- tamnient sous ses yeux des objets a observer, des laits qu'il doit analyser, des actions et des reactions dout les lois pea- vent sc laisser entrevoir. S'il a besoin de quelques experien- ces directes, il pcut toujours les faire aisement et a peu de frais....» En effet, comme cette partie de la cbimie est specia- lement dans le domaine de la medecine, c'est aux medecins qu'il faut recommander les tra\nux que son perfectionneraent exige. M. Hare areuni, dans nn Appendice, plusieurs Mcmoires ou Notices qu'il avail t'onrnis prucedemment a I'excellent recucil periodiqiie public par M. le professeur Silliman. Le premier est une dissertation sur cette question : Les effets de la cha- leur peuvent-ils ttre produits par le seul mouvemcnt? II conclut qu'il faut admettre I'existence d'un calorique, fluide auquel il attribue non-seulement lous les phenomenes de la chaleur, mais ceux de la lumiere el de I'electricite. Ce Me- moire a etc I'occasion d'un demele scienlifiqoe ou les deux adversaires ont paru lour a tour dans le recueil de M. Silli- man; M. Hare a place ici la defense de son opinion. Parmi les autres notices renfermees dans eel appendice, ou remar- que une solution algcbrique du problemc de determiner dans iin melange de gaz, la quantilc de chacun des fluides melan- ges, d'apres la pesanteur specifique du melange et celle de chacun des fluides qu'il renferme. On y remarque aussi la description et la figure de plusieurs instrumens imagines par i'auteur, et que nous pourrions nous approprier. Nous I'avons deja dil, et nous nous plaisons a le repelcr : I'ouvrage de IM. Hare sera consulte avec profit par les physiciens el les chimistes qui chercheront a perfeclionner I'art des expe- riences. Ferry. SCIENCES MORALES ETPOLITIQIJES. Df.s sciences occxjltes, oil Essai su7- la Magie, les Prodiges et tes Miracles, par Eusebe Salverte (i). Quand on voit I'homme cl'ttal, int'utigable det'enseur des droits et des interels de son pays, nc qniltcr la tribune ou il a fait entendre des paroles de sagesse et de liberie, que pour se livrer a des etudes graves et profondes, ontreprises pour eclairer la nation , pour I'arracher a\i joug de Tignorance et de I'erreiir, on ne saurait trop admirer un aussi pur patriotisme; et c'est celui de M. Eusebe Salverte. Qu'il nous soit permis de rcndre hommage a son beau caractere; depute, il n'a ja- mais recule devant la verito; la France I'a toujour? trouve lidele a son mandat; ecrivaln , il a constamment attache son nom a des ouvrages utiles a I'humanite, et son Introduction a r/dstoire de la civilisation , dcpais les premiers terns Idstoriques jusqu'a la fin dit xviu'' siecle , pensee immense, qu'il n'a pas craint d'aborder, est un monument a jamais durable de la haute portee de ses vues philosopliiques. L'etude des sciences occultes chez les anciens otait une bran- che importante de ce grand travail. Les rccherches de ftl. Salverte ayant pris assez d'etendue pour pouvoir etre deta- chees du cadre de I'ouvrage principal, ct former un tout sus- ceptible d'un intcret special, il s'est decide a les publier sepa- rement. Deja schi Essai historique ct pbilosopldque sur les noms d'Hommes, de Peoples et de Lieux, public en 182/1, avail revele (1) Paris, i82()-iS5o; SedlUol, luedc I'Odcou, n" 00. 2 vol. in-S" ; piix, ij IV. 6a6 SCIIiNCKS MOllALES sa vasle erudition; eon E.isai snr les Sciences occultcs n'cst point au-dessoiis dc scs premiers ccrits. Van-dale, Bayle, Fontenelle avaient cffleure ce sujet; ils avaient voiiln prouver que les oracles etaient le prodnit de I'a- dresse et dc la snperslition. Mais anssi, avec qnels menage- niens ils ont omislcnrs opinions; ils n'auraient jamais ose at- laqner ouvertcment et de front les prodiges et les miracles; M. Salvei'te, vcnu, il est vrai, dans nn tems ]dns eclaire , a en le courage de trailer franchement la question , de la discn- ter sous toutes ses Aices, de combattrc ;\ outrance. en un mot, les erreurs et les prejuges. On n'est nullement dispose, j'ima- gine, a brQler vils les sorciers d'aujourd'hui ; mais, quand on songe que ces afTreuses exejcutions avaient encore lieu , il y a quatre-vingtsans, et qu'on croyait alors prcsque generalement a la puissance surhumaine de ces malheureux, on peut s'eton- ner que Ton ose prouver a present qu'elle n'existait que dans I'imagination dcs hommes ianatises. L'ouvrage de M. Salverle fail faire un grand pas a I'esprit humain ; il apprend aux incie- dules a se rendre comple de lenr opinion, a I'appnyer sur des fails; il portc un dernier coup aux superstitions populaires , et IMnteret soutenu que sa lecture inspire est un sur garant de son succes, et par consequent du bien qu'il produira. Avant d'en tracer I'analyse complete , nous allons faire ressortir la pensee principalc qui I'a constamaient dirige. Les livres'anciens sonl remplis de temoignages en faveur de la magie; tons la representent comme une science surnatu- rellc. Aussi, parmi les modernes, les uns I'ont nice absolu- ment (et dans le dernier siecle surtout, on s'etait habitue a I'idee que ce n'etait qu'imposlures et mensonges); les au- Ires ont alTirme qu'elle etait une manifcslalion de la puissance de Dieu dans les prophttes, et de celle du demon dans les ennemis du peuple juif. M. Salverle prend un autre parti ; non pas qu'on puisse admctlre une science surnaturelle, mais cst-il raisonnable de jienser que celle multitude dc prodiges rap- portes par les ecrivains anciens soient lout-;'i-('ait controuves : que, s'il y a cu supercherie, la foule nc s'en soil jamais apcr- I;T rOLlTIQUES. 627 (•uc; que le? piclies et les inilics qui exploifaient a leiir profit I'etiule de la nature et la crcdulilo populaire n'eusseiit jamais pii parvenir a executer autre chose que quelques tours de char- latans? Non, sans doute; aussi, M. Salverte presenle tous ou presque tous les temoignages couime vrais; il donne, de la plupart des pretendus miracles, une explication, si non incontestable, au moins ires-plausible. On trouvera peut-etre qu'ilsemble trop avoir pris d'avaace le parti de toutexpliquer. On a de la peine a imaginer que les anciens, dans la marche de leurs sciences, se soient si parfaitemeat rencontres avec les modernes; que les diicouvertes faites nouvellement nous servent a expliquer des prodiges qu'ou aurait jusqu'a ces der- niers terns regardes comme incroyables. Mais, comme le but de 31. Salverte est moins d'cxpliquer quelque chose en parti- culier que I'ensemble des fails, on ne disputera pas avec lui sur quelques explications plus ingenieuses peut-etre que fidd- les, etl'on conclura avec Tauteur quel;) plupart des faits attri- bues a la magie sent vrais, mais qu'ils nous ont ete transmis quelquefois sous le voile de I'allegorie, quelquefois avec des details invraisemblables, souvent d'uiie maniere inexacte; mais que du moins les anciens, les inities surtout, ont etc plus loin dans I'etudc des sciences physiques qu'on ne le croit com- munement. Nous allons maintcnant suivre 31. Salverte dans les developpemens qu'il a donnes a son sujet. L'homme est credule, parce qu'il est naturellement veridi- que; il aiiue a exprimer ses sensations, ses sentimens et ses souvenirs avec la mSme verite que ses pleurs, ses cris et les mouvemens de sa physionomie revelent ses souffrances, ses craintes et ses plaisirs. En agissanl sur ses passions par sa cre- dulite, les honunes superieurs c[ui voulurent imposer a leurs semblables le IVeiu de la religion prcsc'Uterent les miracles et les prodiges comme des sigues certains de leur mission, comme des ceuvres inimilables de la divinite dont ils elaient les interpretes. L'histoirc de tous les pays el de tous les ages est chargee de rcclts merveillcux qu'on aurait tort de rejeler avec un dedain pen philosophique; tous les faits peuveut s'cx- (528 SCltNCES MOKALES pliqiiei- pur iiii petit norabre de causes plus ou tnoins taciles ;t cliscerner, et la recherche de ces causes nous ouvre les archi- M's d'uiie politique niysterieuse dont quelqueshommessavans se sent servis dans tons les terns pour goiiverner le genre hu- uiaiii , et Ic conduire a la grandeur ou a la Ijassesse, a I'escla- vage ou a la liberte. Dan* Ic doniaine du niervcilleux, on doit dislinguer les pro- digcs ou les ev^nrniens singulicrs que la nature ne produit (ju'en paraissant s'ecarter des lois qu'elle s'esl invariablcment prescrites, et les miracles ou oeuvres magiques, emanes des hommcs. L'attrait attache aux fails extraordinaires, le pen- chant a I'exageration qui en est la consequence, Topiniatrete lies traditions, les expressions inexactes, I'explication erronee de representations emblematiques, I'emphase propre aux lan- giics de I'antiquite, et le style figure, attribut essentiel de la poesie, ont dfi grossir de fictions les fastes de I'histoire. A I'appui de cette opinion, I'auteur cite un grand nombre d'exem- plos; nous reproduirons les plus saillans. Que Ton rejelte ce qu'onl raconte de I'immensc kraken les inarins du nord ; que Ton laxe d'exageration ce que rappor- lenl nine et l^lien des dimensions de deux polypes de mer, (pravaienl pourtant dfi voir des observateurs nombreux ; il ^ulTit d'admetire avec Aristote que les bras dc ce mollusque altc'ignaienl quel(]uef'jis jusqu'a deux metres de longueur, et ou avouera qu'il pent enlever un homme sur une chaloupe de- rciuverte. Que devient alors la fable de Scylla ! ce monstre , le fli-au des poissons les plus forts qui passaient a sa portee, et dont les six tetes, soudainenient elancees hors des flots, sur lours cousdemesures, entrainerent six des rameurs d'Ulysse; \c monstre , si Ton substitue a I'exageration poetique , la rea- lite possible, u'esi qiiun polype parvenu i une croissance ex- traordiiiaiie et oolle con! re i'ecucil vers leque! la crainte du goiiilVe de Caiybdo furcait les navigateurs pen cxperimentes ;'i dinger ieurs freles cndjarcations. En iui prouiettant uue riche part dans les biens (jiie Dieu doit donner a son peuple, Mo'ise decide le madianite Hobab a KT POLITIQUES. ()j() s'unir a la marcbe des Israelites. « Ne nous abandouiie pas, liii dit-il, tu sais dans quel lieu du desert il nous est avanlagenx de camper; viens et sois notre guide. »Samarche, ainsireglee, est ouverte par I'arche salute avec laquelle s'avance et s'arrete tour a tour le peuple lout entier; les pretres qui I'cnvirounent portent le feu sacre ; la fumee estvisiblele jour, et la llamme, pendant la nuit; Dieu meme guide son peuple la nuit paruue colonne de feu, et le jour par une colonne de fuinee. Vers la fin d'un combat opiniatre , les nuages amonceles produisaient une obscurite presque complete ; soudain ils so dissipent devant la lune qui s'eleve a I'orient, tandis qu'a I'oc- cident le soleil n'est point encore descendu sous I'liorizon ; ces deux astres semblent rcunir leurs clartes pour prolongerle jour et donner au chef des Israelites le tems d'achever la defaite de ses ennemis. Ce chef a arrete le soleil et la lune. Sur le mont Erjce, en Sicile, I'autel de Venus etait situe en plein air, et une flamme inexlinguible y briilait constam- ment, sans aucun aliment visible, et malgre le froid, la pluie et la rosee. Bayle traite ce recit de fable. En d'autres lieux, ce- pendant, la nature a allume des fcux semblables. Les feux de Pietra-Mala , en Toscane, sont dOs, suivant sir Humphry Davy, a un degagement de gaz hydrogcne carbure. Les flam- mes perpetiiellcs que Ton admire a I'Atcsch-Gah , pres de Ba- kou , en Georgie, sont alimentees par le riaphte dont le sol est impregnu. Ce sont des feuxsacres, et Ics pretres Hindous les out enfermes dans une enceinte de cellules, conime on avail eleve autour du feu de la montagne Eryce le temple de Venus. En Hongrie, dans la saline de Szalina, cercle de Marmarosch , un courant d'air impetueux, sortant d'une galerie, s'est enflamme spontanement , c'est du gaz hydrogene semblable a celui que Ton emploie aujourd'hui pour Teclairage. Des pre- tres, dans une civilisation de foiuie fixe, aiu-aient consacre ce phcnomene a la superstition ; dans une civilisation perfectible, rinduslrie en tire un service utile, D'autres fails naliu'cls, peu conuus out donne lieu a de grossicrcs erreurs. A la surface des e;iux thcrmalcs de Baden en AUcmagne, el des eaux d'Ischia, ()5o SCIENCES MORALES lie dii royaiiine do Naples, on lecueillc le zoogciic , subslancc singulierc qui rcssemblealacliair luimaine levetiie de sa pcan, et qui, soumise i\ la clistillaliou , lournit ies uicmes prucluils que les malieres animales. Pies du chateau de Loponiena , el dans les vallees de Sinigalia ct de Negreponte, les lochcrs sont couverts de celle substance. Yoilu rexplieation de ccs plnies de morceaux de chair, qui fignrent au nonibre des prodiges de I'antiquite. Arrosee et ferlilisee par le Jourdain, la vatlce des bocages s'ouvraitdevant le voyageur qui du desert arrivait a Segor. La, Sodome, Gomorrhe et vingt-six autres cites (leurirenl pen- dant un denii siecle; les villes, les habitations furent delruiles par une conflagration subite. Un lac d'eanx ameres, le lac As- phaltide rcniplaca la v,'}Uee des bocages. Strabou atlribue sa des- truction a I'eruption d'un volcan; la nature du sol suIFit seule a la solution du probleme. La vallee etait assise sur la couche de matieres emineni- ment inflammables qui forme encore le I'onddn lac Asphaltide. Dans des puits nonibreux, on y voyait sourdre, expose a une atmosphere brOlante, le bitume qui s'etendait sous la terre. L'enibrasemcnt determine par une cause accideutelle se pro- pagea avec une rapidite dont ne nous donnent point niie idee les incendies qui devorent quelquefois his mines de houille et de charbon de terre. Les maisons en I'cu , la campagne minee an loin par la flamme soutcrraine, s'abimerent dans le goufFre que formait ralYaissement du sol, aftaissement proportionne a la consomuiation du bitume. Le Jourdain se precipita dans le nouveau lac, dont I'etendue fut bientot assez considerable pour que le fleuve s'y perdit tout entier, abandonnant a la ste- rilite les contrees qu'il arrosait auparavant, et I'on a vu la co- lire du ciel dans un accident de la nature. Le passage de la Aler Rouge est aussi facile a expliquer. Le flux ct reflux, en se I'aisant avec une violence extraordinaire, mais dont on a vu des exemples encore tout recemment, de- truiscnt tonic la conleur merveilleuse du fait. M. Salverte, en reunissanl d'innombrables citations de ce ET POLITIQIJES. 05 1 {^eiire, a toujourssoindes'apptiyersiirdesautoritespuissantes. La bonne foi de I'histonen Josephe lui fournit des arme!i bien redoutables. Fhilon lui-meme attribue a des causes naturelles quelques miracles de Molse ; ainsi , en pailant de la source qui jaillil du rocher d'Horeb : «Morse, dit-il, frappa le rocber; et, soil que , par un hcureux basard , 11 eCit ouvert I'issuc a une nouvclle source; soil que les e.iux eussent d'abord etc amenees la par de secrets conduits, el que Icur a])ondance les fit sortir avec impeUiosite, le rocher jeta aiitantd'eau qu'une fontaine. « Apres avoir ainsi demontre que les prodiges peuvent s'ex- pliquer naturellement, I'auteur, appliquant ce principe aux ceuvres magiques, pense que les pretres et les inities n'ont pas seulement specule sur I'ignorance et la fraude, etque leurs secrets cachaient une science tres-etendue et toutes les con- naissances iheoriques, necessaires pour operer des resultats merveilleux, et dont a dfl se composer la magic. Long-lems la magic a gouverne le monde, ctson origine va se perdre dans les terns les plus recules. L'Orient , TOccident, le Nord ont, pendant des siecles, lespecte sa puissance et son antiqnite. Ses ceuvres furent egalement attribuees au bon ct an mauvais principe ; mais on ne croyait pas qu'elles fussent Ic renversement de I'ordre naturel. Tout secours inesperc pa- raissait un bienfait de la diviuite, et c'est ainsi qu'on adniet- tait des degres diflerens dans I'importance des miracles et dans la science des thaumaturges. Zoroastre descend a plu- sieurs reprises dans la lice avec les enchanleurs ennemis de sa nouvelle doctrine; il ne nie point leurs ceuvres merveil- leuses, il les surpasse; il alFirme qu'cllcs sont I'ouvrage des Dews, emanation du principe du nial , el il le prouve, en remportant sur eux la victoire au nom du principe du bien. Woise, propbele du vrai Dieu , lulte de miracles avec les pre- tres egyptiens, sOr d'elablir, par la superioritc des sicns, la superiorite du maitre an nom duquel il parle devant le roi d'Egyple. Suivant une tradition hebrai'quc, conservec en Orient, il devina le secret des procedes employes par ses ri- 653 SClKi^CES MOUALES vaiix, siius que ceux-ci piisscttl peiielrer !es sieas; ce qu'ei- priiue en style figure la verj,^c dc son fiere devorant cellos de SLS anlagonistes, tranibrnieos en sei'pens. Desque qiielques Incurs histori(|ues pernietlenlde penetrer dans les temples, on reconnait (|u'unc vaste branchc des con- naissances humaines n'a pu lleurir ([u'au fond des sanctuai- res, et qu'elle coniposait inie partic; iniportantc des niysteres relijjioux. Tous les miracles i]ui n'appartenaient pas a I'adresse on a rimpostnre etaient lo fruit de cette science occulle; c'e- laient , en un mot, de veritables experiences de physique. Lorsque, de uos joius,Swedcnborg declarait que ceux qui lie croyaient point a sa parole, ne se rendraient pas nonplus a des nn'racles ; c'esl qu'il comprenait fort bien que le tems des miracles etait passe. Nous sommcs, dit-on, trop eclairespour y croire ; n'est-ce pas dire, en d'autres termcs : Ce qui for- mait une science secrete , rcservee imiquemcnt a quelques etres privilegies, est rentre dans riirunease domainc des scien- ces accessibles a tous les esprits. En eft'et, des arts, depuis long-tems vulgaires, ont dO pas- ser pour dlvins on magiqiies, tant que leurs procedessont res- tes secrets; et, dans les luttes d'habilete qu'elevaient, entre les deposilaires de la science, des interets opposes, pour ne point laisser apercevoir aux regards profanes les bornes des moyens de lamagie, uu pacte lacite ou formel existait entre les thau- maturges. Deji'i, dans la mythologie grecquc, il n'etail pas per- mis a un dieu de defaire ce qu'un autre dieu avait I'ait. Dans les Intles des thaumatiuges , il pouvait en etre de vneme en general; on voit meme que le triomphe de Tun d'(;ux ne pa- raissait nullemeut decisif a ses adversaires, prets a choisir a ieur loin' une epreuve oii leur capacite I'einporlera. Moise a vaincu les prC-tres egypliens; Elie_, les prophetes de Baal. Loindes'humilier, Pharaon poursuit, a mainarmee, le peuple qu'a conduit Moise : Jesabel jure dc venger, par la mort d'E- lic, les prelics qu'il a mis a mort. En resume, I'art des magiciens parait moins un secours et un bienl'ail continiiel de la divinitc que le produit d'une ET POLITIQIIES. 655 science peniblement acquise et diflicilement conservee. Pour operer magiquement, il fallaitdes preparatifs Ires-etendus siir la nature, et sur raclion desquels on jetait nn ■voile mysterieux. ApoUonius se defend d'etre au nombre des magiciens, qn'il appelle artisans de miracles. Enfin, Moses Maimonide nous apprend que la premiere -partie de la magie des Chaldeens elait la connaissance des nietanx, des planteset desanimaux, et que la seconde indiquait les tems oi'i les oeuvres niagi- ques pouvaient eirc produitcs, c'est-a-dire', les momens ou la saison, la temperature de I'air, I'elatde ralniospbere secon- daient le succes des operations cbimiques ou pbysiques. Ajoutez acela les operations mecaniques, les gestes, les pos- tures, les paroles intelligibles et inintelligibles, le cliarlala- nismedeTescamotage, les tours d'adressc plus ou moins gros- siers , le sort tonsulte sans cesse, et dirige par la ruse; ces oracles, que Fontenelle et Van Dale ontdevoiles ; etvous au- rez un systeme a pen pres complet. Comme il fallait partout monfrer un pouvoir surnaturel, el cacbcr la main de I'bomme, un secret religieux ccuvrit les principes de la science : unc langue particuliere, des expres- sions figurees, des allegories , des emblemcs en voilerenl les moindres details. Les hieroglyphes, une ecriture inconnue, le langage enigmatique des evocations, les revelations gra- duees, particlles, et qn'un petit nombre de pretres obtenaient dans leur plenitude, et la religion d'un serment terrible, oon- tribuerent a les envelopper d'jjne obscurite impenetrable. Wichaelis, qui savait relever, par une philosophie saine et pro- fonde, le prix de sa vaste erudition, remarque qu'une langue universelle, creee par les savans, et a I'usage des savansseuls, les mettrait en possession exclusive de la science ; s'il eilt ("ait un pas de plus, Michtclis aurait observe, que son hypo- these elait I'histoire de I'antiquite ; que les religions posse- daient presque toutes nne langue et une ecrilure sacree, ct qu'elles permettaient aux inities d'imposer aux profanes, qui osaienl concevoir Tespoir de deviner ces enigmes , et foi- maient mille conjecliires exliavaganles. Le ibaumalurge, loin 634 SCIENCES MORALES de les dissiper, Ics aidait A se rcpandre ; c'etait aiitant de ga- ranties de I'inviolabilite de son secrel. Aussi, coiicentree dans u\^ petit iiombre de inairii?, frans- uiiS'e souvent d'une maniere incomplete, la magi(! dut se de- grader; les siecles s'accumulerent , ct elle se reduisit a une pratique dennee de theories, a des formiiles inexactes et sou- vent intraduisibles. Plus tard, Tignorance et la curiosite, I'o- pinion qu'en imitant des figures d'hieroglyphes, on devait operer des prodiges, qu'on obtenait precedemment par le procede dont ils deguisaient I'expression , prnduisirent d'e- tranges aberrations, et firent germer parmi la multitude les erreurs les plus grossieres. Tant que I'esprit de forme fixe de la civilisation subsista, les mystcres resterent caches an fond des sanctuaires, au fond des ecoles philosophiques. lis ne se repandirent, a la longue, que par I'influence de la civilisation perfectible. La commu- nication habituelledesGrecs avec les successeurs des mages, disperses en Asie, aprcs la mort de Smerdis ; les victoires d'Alexandre; I'appauvrissementde r^gyple, apres la conquetc des Romains, qui fit afiluer a Rome des pretres de grades in- ferieurs qui y trafiquerent des secrets des temples; les poly- theistes, enfin, qui se converlirent au christianisme, ct appor- terent dans son sein les connaissances magiques qu'ils posse- daient, propagerent les debris de la science sacree. Elle subsista long-lemsdans les ecoles des philosophes theurgisles, et parmi les pretres errans; on peut, sans invraisemblance, assigner pour successeurs, aux premiers, les societes secretes de I'Europe; aux seconds les sorciers modernes. Apres avoir ainsi trace I'histoire de la magie, M. Salverte recherche quels progres les sciences avaient pu I'aire dans Talitiqiiite, et apres avoir esquisse a grands traits les mer- veilles que la pratique donnait au thaumaturge la possibilite d'operer, tableau cmpreint des plus vives couleurs, ecrit de verve, d'un style rempli d'images et de poesie, il s'engage dans I'expose des conquetes scientifiques des anciens, et jette sur cette enumeration, qui semble im peu aride au pre- ET POLITIQUES. 635 mier abord , un interet dc ciiriosile toiijours croissant par la A'arielo des details , I'heiireux choix des citations, et par les rapprochemens inattendiis, les explications ingenieuses qu'il accumule avec un rare talent. Nous aliens suivre I'auteur dans cetle parlie importante de son livre, et reproduirc yiccinctement les principaux faits qu'il a recueillis, lieureux si nous pouvons donner une idee des immenses recherchcs du savant ecrivain. Une analyse lapide ne reproduira jamais ({u'imparfailement ce vasle ensemble plein d'interet et de vie , qu'il faut etudier dans I'ouvrage me me. I. La mecanique, racoustique, I'optique, I'hydrostatique, sont I'objet des quatre premiers chapitres. Ces sciences etaient connues des lhaumaturji;es, et portees a un degre de perfec- tion que les modernes n'ont pu atteindre pendant long-tems, et qu'aujourd'hui nieme ils ont a peine surpasse. Les planchers mouvans, les machines qui saisissaient les as- pirans a I'iniliation et les faisaient disparaitre, se retrouvent dans presque totis les temples; les statues qui se mouvaient d'elles-memes prouvent que la construction des automates ' n'est rien moins qu'une invention recenle, etles paroles qu'el- les prononcaient, au rapport de tons, tres-distinctement, in- diquent assez que les anciens avaient decouvert le secret des androides, qui, de nos jours encore, sous le noin de femme invi- sible, ont excite I'admiration de bien des gens. Quelle devait etre la teireur de la multitude, en entendant des arbres, des animaux proferer des phrases pleines de sens, el ces tetes par- lantes, dont les ecrits des chroniqueurs dc tons les pays Font mention si frequemment? Onsavait aussi dans les sanctuaires imiter parfaitement le bruit du tonnerre; on connaissait le mecanisme et I'usage des orgues hydrauliques , des coiTres vi- sonnans. Les illusions offertes a la vue n'etaient pas moins extraordi- naires. Les thaumaturges se servaient de miroirs qui repre- sentaicnt les images multipliees, les images renversees, el, chose plus rcmarquable encore, qui perdaient dans une posi- 656 SCIKNCES MORALES lion pnrticulicre la propiictcde reflccliir. Usmenagcaicnt arcc liabiletc les effets de la luiniere; les jarclins delicieux, les niagnifiqucs palais, qui, dii sein d'une obscurile profonde, ap- paraissent siil)itcment eclairos a pcrte dc viie, comme par un soleil qui Icur liit proprc, font siipposer, dans des terns lecu- les, rcxistencc du diorama. D'lni autre cute, les apparitions des dieux et des ombres des morts n'etaient-elles pas dues a la fantasmagoiie : inconsolable de la perte d'Eurydice, Or- phee se rend a Aornos, dansun autre consacre aux «';vocations; il croit que I'ombre d'Eurydicc lesuit; il se relourne, et, voyant qu'il s'est Irompe, il se tue de desespoir. Ne doit-on pasrapporter egalement aux prestiges de ladiop- trique, une faculle extraordinaire, dont parlent les ecrivains d'ages et de pays assez differens, pour que Ton puisse croirc qu'iis ne se sont pas copies les uns les aufres. Des magiciens avaient trouve le secret de fasciner la vue des hommes, au point de rendre des personnes invisibles, ou, du moins, de les faire paraitre sous la forme d'etres d'une espece differcnte. Sans (aire mention de Protce, Cratisthenes, au rapport d'Eusta- thius, s'entourait de flammes qui semblaieut sortir de son corps, et passait seulement pour un I'aiseur de prestiges. Ce fait extraor- dinaire, dont les livres anciens racontent tant d'exemples, fut retrouve au Mexique et au Perou. Les naguals, pretres natio- naux, prenaicnt tout a coup un aspect effroyable, et se trans- formaicnt, aux yeux des hommes, en aigies, en tigres, en ser- pens monstrueux; ces miracles ne s'operaient que dans un endroit choisi et designe d'avance; ils indiquent I'existence des machines, mais n'en font pas deviner les ressorts. Nous ne nous etendrons pas sur la fontainc merveilleuse d'Andros, sur les statues qui versaient des larmes, les lampes perpetuelles, etc. L'hydrostatique explique aisement ces phe- nomenes. Les anciens connaissaient aussi les liqueurs alcoo- liques, la distillation, les liquides changeant de couleur, et grand nombre de resultats chimiques; mais ils possedaient en meme terns la recette de secrets que nous avons ete bien long-lems a decouvrir. Les moyens de se preserver de I'at- ET I'OLITIQLIES. 65; 4ciiUe (111 I'eii, si souvent employes dans les ceremonies du cuke, el dans les epreiives judiciaires, etaient mis en usage en Asie, en Italic, dans le Bas-Empire, ct jiisqu'aux derniers sieclesen Europe. L'artde tisser Tamianlhe ctait une invention tres-ancienne ; elle vient d'etre lout rocomnient renouvelue par le chevalier Aldini , et sera d'un immense avantage dans les incendies. Les thaumaluiges avaient ciifin, pourrendrele bois incombustible, uii proccde que nous n'avons point re- trouve. 11. La connaissance parfaite des planlos, de leurs proprie- les lournissaient aux inities des armes redoutables; sans doule, le pouvoir de Tharmonie et des bons traitemens de- vaitagir sur les sens des animaux; mais combien de t'ois ce- lui des odeurs n'a-t-il pas servi a les domptor. Et , pour citer nil seul exemple, la faculte qu'avaienl les I'bsyiles de braver la morsure des serpens, mis liors de doule par des experien- ces I'ailes de nos jours en Egypte, teuait a des emanations odoiantes, qui affcctaient les sens des reptiles, et ecbappaienl a ceux de rhonime. M. Sah erte examine les vcitiis de certai- nesberbos, de drogues et de breuvages prepares par les pro- tres ; les unes , cansant un assoupissemenl profond, les an- tres, ploiigcant dans une ind)ecillite passagere. Les Scythes s'enivraient en lespirant la grains d'une espete de chanvre je- tee sur des pierres rougies au feu. On sail que les bales de bel- ladone, prises comme aliment, ])rodnisent une t'olie I'urieuse, suivie d'un sonimeil qui dure vingt-qualre hemes. L'odeur soule de la jusquianie, siu'tout quand la cbaleur excite son energie, dispose a la colere, aux querelles. On pcul rappor- ter, enlre aulres, le trait de deux epoux qui, parlaitement unisparlout ailleurs, ne pouvaient, sans en venir a des debals sanglans, resler quelques heures dans la chambre oi"i ils tra- vaillaient. On ne nianqua pas de croire la chambre ensorcelee, jusqu'a ce que Ton decouvril, dans nn paquet considerable dc graine de jusquiame, place pres d'un poele, la cause de ces dispLites journaiieres, que la disparilion ile la subslaiice veneueuse fit cesser sans retour. T. XJ.VII. SKrTEMBUE |8")0. Ijl 038 SCIENCES MOllALES C'est done, sans aiiciin doute, dans certaines proprieles conniies de substances et de compositions particulieres, que Ton doit rechercher les mobiles de ces illusions delicieiises on effrayantes, de ces revelations involontaires, de ce courage in- vincible, de cette force morale qui resistait a Ions les four- mens, dont I'histoire des initiations anciennes offre tanl d'cxeniples. Ajoutez i cela I'effet des onctions magiques, et vous aurez I'explication de I'histoire entiere des sorciers. M. Salverte montre dairement que la plupart des faits qui Icur etaient imputes n'avaient pu exister qu'en reves; que pour prodnire ces reves, il suflisait des drogues dont ils se frottaient, et de I'opinion certaine qu'ils avaient conrue d'avance qu'ils al- laient etre transportes an sabbath. En 1750, a Wurtzbourg, uncreligieuse, prevenue du crime de sorcellerie, fut traduite devant un tribunal : elle declara opiniatrcment avoir, parses malefices, tranche la vie a plusieurs personnes. Ces personnes vivaient ; leur presence demcntait ses aveux insenses, et ce- pendant elle perit sur le bfichcr, et cela en ijSo. L'histoire AwVieux de la montagne et de ses jardins enchan- tes confirme ce qui precede. II etait entoure de fanatiques, dont le devoOment sans borne ne lui cofltait, dit-on , que le soin de les endormir par iine boisson narcotique, et de les faire transporter dans des palais delicieux oii , a leur re\ eil , toutes les voluples reuniesleur faisaient croire, pendant quel- ques heures, qu'ils gofitaient les plaisirs du ciel; n'est-il pas evident qu'une parcille illusion doit s'expliquer par I'ivresse physique combinee a I'ivresse de I'ame. Chez I'homme cre- dule et prepare d'avance par les peintures et les promesses les plus flatteuses, le breuvage enchanteur produisait snns peine, an sein d'un profond somraeii, et ces sensations si vi- ves el si donees, et la continuite magique qui en doubbn't le prix. Interrogez un homme qui vient d'assoupir des douleiirs aigues avec uue dose d'opiutn; le tableau des illusions cn- chanleresses qu'il ne cessera d eprouver, dans I'etat d'extase mi il pent rcster long-tems plonge, sera exactcment celui ET POLITIQUES. dSg des voluptes surnaturelles donl le chef des assassins coniblait ses {uliirs seides ; la promesse de !es soustraire a I'empire de la doiileur exaltait encore leiir fanatisme, et , s'il connaissait, comme tout le fait prosumer, quelque moyen d'engourdir la sensibilite physique, raccomplissement de cette promesse de- Y«nait un nouveau mirqcle, une preuve ajoutee a taut d'uu- tres du pouvoir certain de commander i la nature. L'un des plus puissans auxiliaires des thaumaturges etait I'imagination preparee par la croyance habitueile i des recits Hierveilleux, par I'exaltation des facultes morales, par une ter- reur irreflechie , par les pressentimens. Nous sommes chaque jour temoins des effets singuliers qu'elle peut produire; que desguerisonsmiraculeuseslui sont dues; el que de services n'a- t-ellepas dQ rendre a In medecinc qui, nee dans les temples, faisait partie des sciences occulles , et ne fut long-tems exer- cee que par des pretres! La credulite et le charlatanismc for- tifiaient leur influence ; on sait que les abstinences extraordi- naires, dont les anciens font si souvent mention, provenaient de substances nutritives reunies sous un volume presque im- perceptible, qui permettaient de rester long-tems sans pren- dre en appaience d'alimens. Matthiole n'altribue-t-il pas aux Scythes I'usage d'une herbe agreablc au goQt qui suppleait si efficacement a la nourriture, que refifet s'en prolongeait quel- quefois douze jours entiers : souvent aussi les thaumaturges guerissaient des maladies qui n'avaient jamais exisfe, et I'his- tolre des resurrections elle-meme semble fournir quelqtie ap- pui a celle assertion. La fille de Jair est mourante ; son perc a implore le sccours de Jesus ; on vient annoncer qu'elle a cesse de vivre. Jesus rassure Jalr; il dit positivement aux person- nes qui pleuraient : ne pleurez point, la jeune fille n'cst pas morte, elle n'est (|u'endormie : et en effet, un instant apies, il la reveille. On a vu dans ce fait une resurrection; mais les pa- rolxis (le Jesus indiquent elles-memes le conlraire. La fille de JaiV etait tombee en lethargic, et Jesus Ten a tiree. Les anciens iiiilies pouvaient inspirer aussi la terreur par la t)4o SCIENCES MORVLES connaissaiice approfondie qu'ils posscdaienl des substances vt'iicncuscs. Sans doute, ils rendaient d'imnienscs services a rhiiniiiiiite par Iciir science, mals, lorsqiie les circoiistances exigeaienl dcs exeinplcs IVai-paas, ils irhesilaieiit point a em- ployer les dangereiix moyens de destruction (pi'ils avaient en leiir pouvoir. L'art de gradner les pidsonsade tons tems exislc dans rinde. lletait connn chez les liel)re'jx; et si aujonrd'liui nn prophete se presentail devant un roi, coinnie Elie dcvant Joratn, Ini anuoncait, en pmiition dc son inipiete, sa Cm pio- chaine et les syuiplomes de la nialadie qui doit lui ravir le jour, et que sa prediction se reidisat, qui n'aciuserait le pro- phete d'avoir coopere a I'execution de sa menace! III. Ce qui nnus frappe le plusdiez les sages de lanfiquite, c'est le talent de robservation. Aux yeuxd'un peuplc credide et ignorant, qu'ils devaient paraitre puissnns, ceux qui pre- voyaient avec exactitude les trembleniens dc terre, les ebou- leinens, la pluie , les orages, les changeniens de vents, qui posscdaieut enlin Tart de soutirer la foudre des nuages. El pourtanl un examen approfondi des phenomenes meteorolo- giques et des signes avant-coureurs fr. .5a c. ET POLITIQUES: O/p I'Europe modernc n'exciterait pas iin liant interet. Oi'i troii- ver line plus ample et plus riche collection tie balail- les et de revolutions, d'evenemens de toute sorte, inimen- ses par lenrs resultats pour les peuples qui les ont accomplis? Mais I'histoire est mieux que cela; sans quoi il la faudrait presque niettre an rang dcs contes qui servent a tromper la longueur des veillees. Mensonge ou yerite, la difterence ne serait pas grande, et Ton concevrait que les esprits siipe- ricurs nc vissent la qu'un vain amusement a renvoyer a AVal- ter Scott. Si , comme I'observation attentive le revele, et comme di- vers travaux contemporains Tout demontre, la societe, dans son ensemble, est invariablement soumise a la loi du progres; si elle a le sentiment prolbnd que telle est sa marcbe neces- saire, il est clair qu'elle ne sera vivemcnt interessee par une serie de faitsqu'autant que la pensee dn progres s'y ti'ouvera, qu'autant qu'ils n'appartiendront pas a une de ccs epoques, oii I'hunianite parait accidentellement stationnaire, ou retro- grade. JDans ces epoques, en effet, il ne pent y avoir pour elle que du bruit et du mouvement, que des tableaux de calamites avec lesquelles elle sympathise, mais dont elle eloigne bien vite ses regards, pour les reporter sur ces terns glorieux, ou le progres se manifeste par ses deux caracteres essentiels, le de- veloppementdes lumieres et de la liberte. II faudra done, pour que I'histoire nous attache fortement, qn'une pensee d'affranchissement ou de civilisation ladomine ; il laudra que nous puissions suivre cette pensee an travers des phases diverses de la nation dont il s'agit ; que tout vienne la, hommes et choses, que chaqiie fait y apporte son tribut, et que le terme q(\ Ton s'arrete se trouve aussi etrele pas le plus en avant dans la carriere. Alors, et seulement alors, il y a vie et puissant interet; c'est de I'histoire. Voyez, en effet, parmi les revolutions q-ii marqueut les annales dcs peuples, si ce ne sont pas tnujours celies auxquel- les iisdoivent la liberie qui fixcnt presque exclusivement no- trc attention! Autant en dirai-je de ces vastes conqueles qui (J^O SCIENCES MORALES changentloutacoup lafaced'une portion du globe. Nous n'ad- mirons, nous ne voulons connaitre que celles qui soiit faites au profit de la grande cause sociale, par un peuple civilise sur un peuple barbare. Et ainsi s'explique le degre si different d'iiilorOt qu'excitent en nous, par exemple , les expeditions d'Alexandre et celles deTimur-Bek, ou deplusieursautres de- vaslateurs de I'Asie. (]es idees sont lout-ii-iait applicables aux liommes niemes qui figurent dans I'histoire. De grandes qualites, de beaux cx))loits peuvent etre signales dans tons les terns. Chacjue 3ge cut ses heros ; niais dans quel but ont ete diriges leurs efforts; a quelle cause leur bras s*est-il devoue? C'est liV toule la question. On pourrait citerquelques personnages du Bas-Em- pire, dont les noms sont a peine connus du lecteur, et dont la carriere fut peut-etre non moins glorieusc que celle de Scipion; et Belisaire serait peut-etre dans cette classe, si un conle populaire n'eu avait fait un frappant exemple de I'in- gratitude des rois. Mais ces personnages iilustres ont depen- se leur vie au profit du lache et honteux despotisme des em- pereurs d'Orieut, et nous nous soucions peu des lors de leur gloire. Je reste indifferent a vingt traits de devoOment subli- me, dictes par un auiour aveugle pour une dynastic dechue, et la mort de Leonidas ne se presente jamais a ma pensee, sans exciter en moi une vive et profonde emotion ! Maintenant, on voit de suite pourquoi certaines parties de I'hisloire ont ete si universellement adoptees, pourquoi d'au- tres sont restees dans I'oubli , et n'ont pas meme trouve de narrateurs dignes d'estiinc. Car, c'est une chose remarquable, et que toutce qui precede fait suffisammcnt comprendrc, que, partout oii I'histoire a rcellement valu la peine d'etre traitee, oii elle a ete vcritablement nationale dans une acception nou- velle du mot, elle a rencontre d'habiles interpretes. Le ge- nie s'y est de lui-meme porte. Voila comment I'histoire de ces peuples libres de I'antiquite, qui dominerent eledairerent Ic monde, a passe dans de si admirables productions, et com- ment aussi, apres tant de sifccles accomplis sur la poussi^rc ET POLITIQUES. 6/,; de leurs cites, cclte hisloire excite encore un plus vif interOt qti'iine grande partie de I'histoire modernc. II faut bien voir, en effet, que les annales de notre Europe commencent partout par une deplorable invasion de la bar- baric sur la civilisation , par la plus effroyable scene de mort et de devastation dont le monde ait jamais ete le thefltre. Sans doule , il y a la matiere a de rapides et prol'ondes considera- tions a la maniere de Montesquieu. Mais les details presentent un chaos non moins fastidieux qu'aflligeant , et sur lequel le 2ele d'une science vaine pent seul aimer a s'appesantir. Yient ensuile la feodalite qui s'etend uniformement sur toute I'Eu- rope, la feodalite rehabilitee dans ces derniers lems par une ecole philosophique , et qui fut certainement un progres de I'tlat social, comparativement aux tems anciens, mais qui amena un nombre infiiii de luttes longues et sanglantes, oO la liberte succomba presque toujours, et oii ne se trouve plus dcs lors cette sorte d'interet que j'ai signale. Les tableaux prennent plus de grandeur, quand la reforme vient donner le signal de I'affranchisssement de I'esprit humain et frayer les voies a la liberte civile ; ils en deviennent aussi plus atta- chans.Pour plusieurs peuples, i'histoire ne date veritablement que de la. Les considerations et les rapprochemens viennent en foule a I'appui de ce systeme, et prouvent que, dans le fait, le but et les resullats des evenemens en font tout le prix devant la pos- tcrite. L'Espagne, theatre d'une guerre si longue et si achar- nec, ct ilont le peuple hrroifjiie reconquit, pied a pied, son sol sur les Maures, devrait, ce semble , pouvoir offrir une histoire pleine d'un puissant inferet : pourquoi done est-elle si negligee, et n'a-t-elle trouve qu'un jesuite pour histo- rien (i)? C'est qu'en definitive, elle presente le tableau de toutes les franchises nationales vaincues par le monachisme, el d'une grande victoire sur Mahomet , dont tous les fruits ont etc pour I'inquisition. Que voulez-vous faire d'une hisloire (0 M i R I A N A 6/^8 SCIENCKS MORALES couroiinee par line telle fini* An coiilraire, qu'iiii petit peiipit fasse retentir ses monts clu cri de liberie ; ((u'il ilepluie de ma- les vertus pour renverser la tyrannic ; <|ii'il s'airraiichi.ssecnfiu par d'heroiques efforts; aiissitut tons les antres ressentent nn vive S3fnij)athie pour cctte partie de son histoire ; on ne la 111 pas sans emotion, et il trouvera nn Jean de Muller pour la retraccr ! Nous n'avons pas encore, dit-on, iVIdsloire naUonale ; m.M^ cst-ce anx ecrivains on a cctte histoire elle-memc f|n'il faut s'en prendre ? L'espacc me manque pour trailer ce point. Dans la crainte d'abuser dn droit de prean^jjule, je Taljundonne aux reflexions du leoleur, el j'arrive a I'liistoire d'Angleterrc. Ici, du moins, il ne peul y avoir de doute sur I'immense interet qui doit s'altacher a un expose fait avec talent. II s'agit d'une nation chez laquelle une pensce de liberie domine tons les Tails, s'associe a tous les changemens poliliques. Celte na- tion a pose la base de ses franchises, a une epoque deja re- culee ; elle y a ajoute, a chaque siecle, a chaque regno : toutes les classes ont concouru a I'ocuvre; le clerge souvcnt, la no- blesse toujours; le peuple est constamment reste snr la bre- che. Parmi ses longs troubles civils, on voit naitre et se developper la nionarchie representative , celte belle inven- tion nioderne , la plus heureuse alliance du pouvoir et de la liberie qui ait ele jusqu'a present concue : on pnise des lecons d'experience politique a chaque page, et, pour completer I'imposante majesle du tableau, on suit un agraudissemenl progressif qui a livre a ce peuple la domination des mers du globe et la fortune de I'univers; cerles , il faut convenir que raremenl le genie de I'histoire eut ime plus belle et plus large carriere a parcourir. Aussi, les historiens n'ont pas man(|ue a ce pays ; quclques- nns sont comptes parmi ses ecrivains les plus distingues el ont meme quelqtiefois merite d'etre places a pen de distance des beaux genies de ranliquite. Dans le nombrc , il en est un qui a reellemenl piis rang a cole d'eux pai' les nieriles divers de son vaste et Ijcau travail ; on voit (|ue jc veux parler d # G54 SCIENCES MOHALES (endii u trouverlu cette expression laiUicpiochcc tie nos jours i\ un ecrivain de la congregalion ! Je terniincrai cet examen par la citation d'un passage dans lequel I'anteur apprecie de la maniere la plus jiidicieiise la position et la conduite des Stuarts, dont I'liistoire a d'aiitaut plus d'interot pour nous, qu'ellc s'est exartement reprodiiite dans cc pays, et qn'une revolution glorieuse vient aussi dc lui donner un denofiment conforine. Cette citation servira en ineme tems a faire micux connaitre la maniere du D' Lingard, autant touteibis qu'il est possible a une traduction de remplir un tel olFice. «Les Stuarts, dit Thistorien (vol. x, p. i52) , s'assirent sur le trone des Tudors , avec la persuasion qu'ils possedaient le- gitimement tons les pouvoirs arbitraires, reclames et cxerces par leurs predecesseurs. Mais, dans le cours des cinquante dernieres annees, les esprits avaient ete changes par une eton- nante revolution. II elait devenu de mode d'etudicr les prin- cipes du gouvernement, et d'opposer les droits des sujets aux pretentions du souverain. Nous avons vu (ju'lilisabeth, mal- gre la crainte respectueuse qu'inspirait la t'ermete de son ca- raclere , avail ete , vers la fin de son regne , incapable dc re- primer I'expression des idees liberales; elles firent de rapidcs progres, sous la domination moderee de Jacques I". Les eni- barras et les besoins qui naipiirent des guerres et des dettcs de Charles I" debarrasserent I'opinion de toute contrainte. Le bon sens eCit dCi apprendre a ce monarque qu'il iallait ce- der aux sentimens genereux de son people; mais, dans tons les siecles, les princes ont ete lents a comprendre cette impor- tarite lecon, que rinfluencc de I'autorite doit en definitive flechir d pen d'anlicipation, impossible a evitcr, sur les chapitres sub- sequens, el ainsi de redite dans ceux-ci. Queique interessant que soil le surplus du premier chapitre, nous passons an deuxieme, intitule : Premiere ipoqae Utteraire ^ depuis le xwi' jusqu'au xvn'' sidcle. La traduction des lais des nienestrefs ; les romaus de la Ta- ble-Ronde du roi Arthur, traduits par Claes (Nicolas) van Brcchten, de Harlem, ouvrenl ici le catalogue des auteurs neeiiandais. « Neanmoins leurs ouvrage.'^, depuis long-teius perdus ou oublies, pTdissent devant ceux de Jacques de Maer- lant , ne en Flandre (a Maerlant), en i255. II n'etait pas ec^ clesiaslique ; II occupa dans sa province I'emploi de grcfller de la ville de Damme, oCi il est morl en i3oo, et oi'i on lui erigea, arHutel-de-Ville, une espece de monument. Ses ou- vrages sont presque lous des traductions de Pierre Comestor, de Vincent de Beauvais, etc. Les ouvrages de Maerlant n'ont aucun merite poetique : c'est de la prose rimee ; niais la lan- gue est deja plus pure, la tournure de ses phrases ne manque pas d'une certaine elegance, et ses idees s'elcvent ([uelque- foisau-dessus des prejuges de son siecle. Metis {Emilc) Stoke ^ son conleinporain, et probablement moine de la telebrc ab- LITTERATUUE. 669 bayc d'Egmoiil, vivait vers la fin dii xiii' siecle. 11 donna des dironiqaes riinees de la Hollande, et les dodia au cointe Guil- laume III, dout il s'inlitnle \c paurre clcrc. » (Voyez I'arlicle que nous lui avons fait dans la Blograplde universelle.) « Un troisieme auteur du terns, plus poctiqiic, mais moins pur de style, est Jean de Helu, Brabancon : il choisitpour sujct de son ouvrage la victoire remportee par Jean, due de Brabant, en 1258, et il s'eleve quelquefois au ton de la poesie. Enfin, on place dans ce s'iecle la dissertation rimee du Frere Thomas ou Gerard, sur le systeme de la nature ; fatras des prejuges du ■ terns, meles aux systeme de Ptolemee. L'air et la lerre y sont depeints comme peuples de monslres qui se combattent sans relache, pour elTrayer le genre humain. » — Les romans de chevalerie faisaient, a cette epoque, les delices des gens soi-disant comme il faiit, et VHistoire de Charles-de-ri^le- gaste, les Amours de Florant ct de Blancliefleur, les Enfansdu Liml)ourg, etc. passerent en neerlandais avec une vogue po- pulaire. C'cst peu de chose pour un siecle; mais ce siecle etait un siecle d'ignorance et de discordes civile'v. II serait in- juste de passer sous silence Louis de Vclthem, continuateur de Maertant ; ISicolas Leclerc , secretaire d'Anvers, a qui nous devons une chroniquc rimee des dues de Brabant, sous le ti^ Ire de Gestes (G esia.) brabanpons ; Claes PViUcmsz (Nicolas, fils de Guillaume) un peu plus poete que les deux autres, et dont I'ouvrage est intitule : Cours d' Amour, et enfin , le Noaveau Doctrinal, ou le Miroir du pcclie, par Jean de Weerl , produc- tion remarquable par la liberte des idees religieuses. Une cause principale de la decadence de la litterature neerlandaise, a cette epoque, est dans les changemenssuccessifs des maisons sou veraines qui gouvernerent les Pays Bas, et dont la maison de Bourgogne reunit enfin les depouilles en i455. Cette maison, toule francaise d'origine et de moeurs, encouragea peu la lan^ gue nationale, el elle contribua a I'alteration du style et de la prononcialion. 11 faut rapporler a cette epoque lea Cliambres de rkctori- cicns, Ires-niultiplii'es dans les cauipagnos non moins que duns G6) LlTTlUlATURE. les files. M. S'Gruvtuwecrt estirao qu'eu egard a la vulgai ile dc leur composition, lenr influence lilteraire fut nulle ; ce qui est peut-efre tropdire; ilsroprcsentaientdesmystcresctdcsmora- lites;ilss'entre-distril)iiaiciit desprix de pocsic ; ils rivalisaient quclqueibis d'iniprovisalion. Chaque tliambrc avail son bla- son, sa devise el son etendai\l ; los chefs ou direcleiirs por- taient les litres de prince ou de doyen ; elles figuraient dans les golenniles publiqiies par des entrees triomphales, par des ca- valcades, par la richesse et la bizarrerie de leurs costumes. Philippe-Ie-Bel nc dedaigna pas de s'y faire inscrire. Elles s'altirerent plus d'une fois I'animadversion de rautorile, par la licence dc leurs salyres conlre le gouvernement el le clerge. M. Kops nous a donne une inleressante hisloire des rhetori- ciens, dans les Mcmoircs de la Socicte de philologie lioUandaise de Leyde, t. ii, p. 355-55 1. M. S'Gravenweert allribue encore an xv'' siecle les premiers ouvrages flainands ou hollandais en prose. Une traduction de I'Ancien Testament, d'apres la Vulgate, parut aDclft, en 1/J77; I'Histoire ou la Chronique des Pays-Bas, par Veldenaer, u Utrecht, en 1480. C'estdans le siecle suivant qu'il faul surtout dislinguer Coo?'n/(er<, secretaire dc Guillaume I". ( Voy. nos articles Coornherl el Lipsiits , dans la Biographie iiniverselle. ) Engageepar CoornA«'<, la chanibre des rhetoricicnsd'Amster- dam pnblia, en 1 584, ^'"c grammaire hollandaise, donl il com- posa la preface. Philippe de Marni.r, seigneur d'Aldegonde, le Mornay dc la Hollande, inerite cminemment d'etre menlionne ici. Celui de scs ouvrages en prose, qui fit le plus dc sensation, est sa Ruche de I'ligli.te cathoUque, satyre dans le genre de Swift , mais an- lerieure au Conic dii Tonneau de plus d'un siecle. Sa traduc- tion dei Psaumes de David, en vers hollandais, d'apres I'origi- nalhehreu, lui fit aussi bcaucoup d'lionneur, L'air national de IVilhelmitsvan Nasfatnven (Guillaume de Nassau) est encore de Marnix ; c'est la Marseillaise du terns. Nous passons sous silence des noms moins illuslres; mais il faut reudrc justice a Corneille Kilian, prole de I'imprimeur i LnTli;RATLi{lF.. 661 Planting il piiblia a I'iniprimeriu tic llnntin, en iS^S, son Thesaurus Lingam Teutonicw. Le Vocalndaire elymologique et granunatical de Kilian, leinipnmo pour la troisicmc fois a Anvers, en 1 Sgg, sert encore aujoiird'hiii de base a toutes les recherches des philologues neerlandais. Les historienshollandais Bor et van Meteven figurent ici dans leiir ordre chronologique. Enfin, deux personnages interessans lient , pour ainsi dire, le xvi' siecle au xvii* : ce sont Rfemer (Remain) f'isscher el Henri, fils de* Laurent Spiegliel. La crainte de trop etendre cet extrait nous fait encore renToyer nos lecteurs a nos arti- cles de la Biograpliie univcrselle. La plus glorieuse epoque de I'Histoire de la Hollande est, sans contredit, sous tous les rajiports, la premiere moitie du XVII' siecle. M. S'G. en trace un magnifique tableau, qu'il faut lire dans Touvrage. Les deux coryphees de cette epoque sont Hoofft et Vondel. (Voyez I'Duvrage ; voyez aussi nos arti- cles, dans la Diographie universelle.) Nous en disons autant de Cats, leur emule de gloire. Cats est le poete emineniment po- pulairc de la Hollande. Un grand nombre de noms illustres se groupent autour de ces chefs de file : I'epoque etait si inspiratrice ! La creation du theatre d'Amsterdam est de cet age. Fondel et Hoo/ft en illus- trerent la naissance. Samuel Coster, Bredero, Jean Vos y con- coururent, mais avec nne grande disparite de merite. Les deux fdles de Remain Visscher furent a la fois les Muses etles Graces de cette memorable periode. L'immortel Grotius, ainsi que Daniel Hemxus, comptent parmi les ecriA'ains hollan- dais les plus dislingues. Viennent cnsuite Constantin Huygens, seigneur de Zuili- chem, et pere du cclebre mathematicien de ce nom; le poete sacre Kamp/uiisen ; le poete erotique Jonktys; le poete frison, ecrivant dans le dialecte de sa province , Gisbert Japix. II faut apprendre a connaitre dans I'ouvrage, ou dans la Diographie universelle , Jeremicde Decker, Jean de Heemskerk , Begnier Anslo, etc. Le Paniassc boilandai- se glorifio rnc()rc . dans cc 66a LITTl^RATDRE. siecle , iVAntonisiU's ran der Goes , ct dii iheologien Follenlw- ven, immortalise tiurtout par son Triomphe de la Croix. M. S'Graveiiweert range parmi les pontes clii second ordrc de cette epoque, Buysero, Oadaen, Pluymev, Elisabeth Hoof- man, If'^ellekens. Fraficius ci Brouckliusias ( Broekliuizen ) nc bornerent pas leur merite a la poesie latine ; la muse natio- nale rerut aussi leurs hommages. D'accord avec M. de Vries, dans son Hisloire (anthologi- que) de la poesie hollandaise, I'auteur I'ait datcr de cette epoque Ic declin de la litterature et surtoul de la poesie na- tionale en Hollande. «0n avail commence (dit-il) a lire Cor- neille, Racine, Moliere, les types de la perfection dramatiquo, ct Ton trouva plus commode desormais de les traduire ou de les imitcr, que de creer. » L'originalite de la muse hollandaise s'evanouit, a mesure que prevaiut la manie des traductions. L'esprit de coterie s'introdnisit d'ailleurs avec les clubs ou les associations litteraires, et des lors on se disputa, on s'entre- dechira pour un mot, pour une phrase ou une inversion; « la mediocrite iuventa des lits de Procusle ; » on pardonna a la I'roideur et a I'aflectation, en faveur d'une monotone regula- rite. Amsterdam vit naitre, en 1670, sous la pompeuse devise de Nilvolentibiis arduum, une societe qui, a force de traduire, bannil presque entierement de la scene les chef-d'ceuvres de Vondel. Pels, fondateur du nouvcau club, n'etait cepen- dant pas sans merite; en 1G68, il avait donne une tragedie de laMort de Didon, et son imitation libre de VArt poctique d'Ho- race est un ouvrage estimable, ainsi que son discours en vers sur I' usage et I' abas da theatre (168 1). Catherine Lescailze, en- tierement animee de l'esprit de Pels, donna des imitations en vers de Rotrou et de Corneille ; elles sont au nombre de sept, et forment le 3" volume de ses oeuvres, recueillies en 5 volu- mes in-4% Amsterdam, 1722; les deux premiers contiennent ses poesies melees. La faiblesse j est mal compensee par la correction. Quand la poesie hollandaise out pris son essor avec Vondel et HoojJ'l , la Flandre dcmeura slaliouiiairc, et ret ('tat arrierc dure jusqu'a nos jours. { LITTJ-^llATURE. 6&5 M. S'Gravcnweert revicnt sur b prose hollandaise. Hoofft no fut pas moins grand prosatonr que poete, tenioin surlout son Histoire de HollancJe ; temoin encore son Hisloire de Henri IV , pour laquelle Louis XITI lui donna le cordon de Saint-Michel, et son Histoire de la Maison de M edicts; enfin son admirable traduction de Tacite. Les Brandt (Gerard), et Gas- pard ct Jean, fils de Gerard, sent ici en secondeligne. Le chef- d'oeuvre de Gerard Brandt est sa vie de Ruiier. La traduction hollandaise de la Bible, adoptee au synode de Dordrecht ( 1618 et 1619) , est un monument tres-remar- quable. Enfin, M. S'Gravenweert mentionne iciquelques voyageurs hoUandais, JeanNieuw/ioff, le pasteur Baldeus, Scliouten, bos- muii, de Brujn, et il n'a garde de passer sous silence le grand ouvrage qui parut, en lyoS, sous le titre de la Tartarie seplen- trionale et orientale , par le bourguemestre d' Amsterdam, A^t- colas J'Vitsen, I'ami intime de Pierre-le-Grand. Nous sommes fiers de transcrire ici, pour Thonneur de la Hollande, le temoignage rendu a "VVJtsen, par Voltaire, dans son Histoire de Pierre-le-Grand. «C'etait, dit-il, un ciloyen recommandable a jamais par son palriotisme et par I'emploi qu'i! faisait de ses richesses qu'il prodiguait en citoyen du monde; envoyant a grands I'rais des hommes habiles re- chercher ce qu'il y avait de plus rare dans toules les parties de I'univers, et fretant des vaisseaux a ses depens pour decou- vrir de nouvelles terres. » Le surplus du 3" chapitre offre quelques considerations sur I'elat comparatif de la litterature hollandaise au commence- ment et vers la fin du xvii" siecle. Nous rcgrettons de ne pas pouvoir les transcrire, et nous renvoyons nos lecteurs a I'ouvrage de M. S'Gravenwcrt. Le chapitre suivant est con- sacre au xvni' siecle. Dans la revue du xvm' siecle, I'auteur reconnait, et il aurait grand tort de ne pas le faire , que cette epoquc qui est carac- terisee par la deterioration, n'en offre pas moins plusieurs poelcs et prosatcurs trts-dislingues , et il sc plait a leiir rcn- ()Gi LlTTl^llAriKl':. drc jiislioc. II la divise en trois periodes : depiiis 1700 jii;5qu'a 1775; depuis 1775 jusqn'a la revolution de 1796; et cnfin, de- puis celtc catastrophe jusqu'en i8i5, periode (dit-il), dc la reslauralion qui se rattache an moment actuel. Voitri les sommites litteraires de ce terns qui hii ont semble lc3 plus dignes de commemoration. Scliermer (Lucas) promcttait infiniment ; mais sa carriere fut terminee a vingt-deux a.is. Poot [llubert), fils d'un paysan des environs de Delft, ne en 1689; des son premier age, il se delassait des travaux agricolcs par la lecture de Rondel, de Ilooft, A'Anlonidcs, et il publia a Rotterdam, en 1716 , un recueil de poesies qui fixa aussitot sur \\\i Tattention des connaisseurs. Mort a ITige de 4o ans, il a excelle dans la poesie anacreonlique et dans I'idylle. M. S'Gravenweert assimile Poot a Bdranger. Comparaison n'est pas raison. Langendjk [P'uire), ne en jC83, est le premier poi;te co- miquc de la Hollande. II trouva la scene comiqueoccupeepar des farces igrlobles, et son bon-sens lui indiqua une autre route. A I'age de 16 ans , il puisa son premier sujet dans le ro- man de Cervantes, et son don Quichotte, ou les Noces de Ga- mache, piece bien conduite, bien versifiee et pleine de verve, est restee au theatre. Les ridicules qu'il a peints avec le plus de siicces sont les querelies des physiciens de son terns sur le systeme de Newton; les speculations de Law, qui boulever- serent en Hollande taut de fortunes, et la manie des anoblis- semcns, fruit de I'elevation de Guillaume III au trone d'An- glcterre. Telle fut I'origine de ses Mat/icniaticiens , de son Quincampoix, ou Arlequin actionnaire, de la Double Duperie en Manage et de son Krelis Louwen. II s'eleva tout-a-fait au genre de la comedie de moeurs dans son Miroir des JSegocians. Sa Xantlppe, epouse dc Socrale, n'est pas non plus sans me- rite. Hoogrliet [Arnold), ne en 1687, 1'cbula dans la carriere poe- tique par une traduction des Pastes d'Ovide, entreprisc ingrate. Doux vnlnmos fic poesies melees nirroiit r|uolqni'5 pieces rrniar- LITTERATURE. 665 quables; niais sa celebrilc se fonde surtout siir ion Abraham le Patriarche, poemc en douze chants qui partit en 1727. « Get ouvrage, brillant de poii^ie descriptive et d'une versification forte et harmonieuse, n'cst pas, quoiqu'on en ait dit, un pocme epique ; c'est un long et superbe recit, dans le style de I'epopee , de la vie, des sacrilices et des combats du pere des croyans. » Adopte, nationalise en quelque sorte par le goOt religieux des Hollandais, V Abraham a donne naissance a une foule de raanvaises copies, et la Bible entiere a failli etre tra- vestie en pretendus poemes epiqiies. De Marre [Jean), nc en 1696, merite surtout d'etre cite pour sa tragedic de Jacqueline de Baviere, representee cm 1 736. On a encore de lui un beau poeme en six chants, intitule : Batavia, dont le sujet est la domination hoUandaise dans I'ar- chipel d'Asie. Feituma [Sibrand), plus versificaieur que poete, est auteur d'une bonne traduction de la Henriade : il a aussi publie une imitation en vers de Tclcmaque. Brutus et A hire sedistinguent parmi les emprunts qu'il a faits a la Melpomene Irancaise. On doit a Philippe Zweers une tres-bonne tragedie, i«litu- lee : Semiramis, ou la Mort de Dfinus. La tragedie A' A da, comiesse de Hollande, par Francois van Steenwyk, merite des eloges. Mais les deux plus grands hommes que la litlerature neerlandaise ait produits a cette epoque sont, sans contredit, Balthasar H uydecoper et Onno-Zwier van Haren. Hitydecoper rkumX a un tres-haut degre les deux merites si divers de grammairien crrtique ou philolologuo hollandais, et de poete; ses productions du premier genre sont toutes classi- ques. II commenca sa carriere poetique, en 1719, par sa belle tragedie iVAchille, Son Arsace eut egalement un succes me- rite. Son imitation des Satyres et des Epitres d' Horace est un chef-d'oeuvre en son genre. Van Haren, issu d'une des plus illulres maisons de la Frise, et qui occupa, avec des desagremens infinis, les plus haules dignites de la republique , fournit au theatre deux tragedies : Agon, sultan de Bantam , tahl«ui de la chute des jouverains (^66 LlTTl^RATUttE. (le cettc contrec de I'lnde, cl Guiltaume I". Mais ces ouvrageSj forts de talent et de pensees, sont ecrits et versifies avec une negligence impardonnablc. II en est de meme de son poeme des Gueux, sobriquet adopte coiniiie litre d'honneur paries fondateiirs de la liberie hollaiidaisc auxvi'' siecle. Get ouvrage, en vingl chants et en stances regulieres (Oltava-RiiTui), parut en 1769. II offre, avec Ics plus riches tableaux, les plus ma- gnifiques et les plus touchans episodes. II a fallu qu'en 1785, Bilderdyk et Feitli se reunissenl pour chatier ie style et corriger la versification des Gueiix, afin de placer eel ouvrage au rang qu'il nierile. Van Haren (Guillaume), frere du precedent, fut homiije d'Etat el diplomale comme lui; et, comme lui, a la plus ri- che imagination , a I'esprit le plus cultive, aux senlimens les plus nobles, il joigaait le style le plus rocailleux et la versifi- cation la plus disparate. II n'en est pas moins vrai que la Hollande lui doit son seul veritable poeme epique. Ce poeme est intitule : Friso, roides Gangarides et des Prusiates : ce Friso est unpersonnage plus que douteiix, dont quelques chroniqucs font mention , et qui aurait ete le fondateur du peuple Prison. Son avantureuse carriere est presentee dans une suite de dix chants. L'invention seule du sujet annonce un g^nie createur; les details etincellent de beautes du premier ordre ; les episo- des sont varies et interessans. II ne manque encore qu'un Bil- derdyk on un Feith pour le retoucher. Friso a ete faiblement traduil en prose francaise , par M. Jansen. Une belle ode de Guillaume van Haren, intitulee : Leonidas, et sa sombre com- plainlelyrique sur la vie humaine sont dans tous les souvenirs Hollandais. Nousenavons trouve la traduction en prose, dans un recueil intitule : Varietes Litieraires. Voltaire a adresse a Guillaume van Haren de beaux vers qui commencent ainsi 1 Dinioslhene au cunseil et Pinflare an Parnassc, L'augusle liberie niarclic dcvaiit fcs pas : Tjrlee a dans ton sein repandu son audace, Et lu liens sa trompette, urganc des combats. LITTIiRATURE. GGy Lucas Trip, Jean Eiisebe Voet, Roger Schutte ne sont point passes sons silence comme poetes lyriques sacres. Parmi les grammaiiiens se distinguent Lambert Tenkate, Monen, Hoogstratcn, surtout le premier; nousavons deja rendu justice a Huydecoper. L'histoire, si noblement commencee par Hooft ct Brandt, cite avec distinction a cette epoque Gerard ran Loon , Fran- cois van Micris, parent des celebres peintres de ce nom, van der Vynckt , membre du conseil de Flandre, en 1729, et qui, sous les auspices etauxfraisdu comtede Cobenzel, ecrivit une Hisioirc des troubles des Pays-Bas , tiree sculement a six exein- plaires, et surtout JVagenaar. (Voyez, pour ce dernier, la Biogroplde aniverselle. ) Juste van Effen publia, avec succes, de ij5i a 1735, uii Spectateur hollandais, dans le genre de celui de Steele, Ce genre donna naissance en HoUande au Philosoplie ( de Philo- sooph), au Penseur (de Denker) ; ran Engelen ful un des col- laborateurs les plus estiines de ces feuilles hebdomadnires. L'nancienjournal litterairehollandais, intitule : leBoekzaalder Gelearden (la Bibliothequedes Savans), etait un pen troptheo- logique, un peu trop ecclesiastique. IM. S'Gravenweert a oublie d'enparler. En i;Gi,parurent les V aderlandsche Letterocfenin- gen (etudes litteraires nalionales); ce journal fut suivi de deux autres non moins meritans, sous les litres de Bibliotheque unirerselle , et d'Ecole universelte des Arts et des Sciences. Le ferment patriotique se developpait dans les Provinces- Inies. Selon M. S'Gravenweert, la poesie s'en ressentit sur- tout ; il la voit redevenir plus originale, et il attribue a diverses conjunctures la naissance d'un genre mixte auquel ne fut rien moins qu'etranger I'essor que la litturature et la poesie alle- maiide prirent a cette epoque. Dans ce genre mixte, mais plus francais qu'allemaud, I'auteur distingue d'abord Nicolas-Simon van Winter, et son (i'pouse Lucrice-Guillelmine vanMerken. Ne a Amsterdam, dans la classe aisee, en 1718, van Winter cultiva les lettres par de- lassement. On lui doit un poeme dans le genre descriptif, in- G()8 LITTERATUill!;. titule : le Fleuve d'Ainstel, en six chants; un pocnic ties »^at- sons, en quatre chants, et deux tragedies originales, Menzikoff et Monzotigo. II est niort a Leyde, en i8o5. (voy. Biogra- phic universelle.) Son epouse, qui confimenpa a s'illuslrer sous le nom de van Merken, nous a laisse un potme moral et reli- gieux, en trois chants, sur rUsage de I'Adversitc. II etablit avec eclat sa reputalioii; mais elle se surpassa dansun poc-'Oie heroiquc, en donze chants , intitule : David. «I1 est empreint, dit M. S'Gravenwcert, d'une douceur el d'une grace qui com- pensent I'energie de HoogrLiet. •■> En 1779, elle prit encore un plus noble essor dans son poeme epique de Germanicus, en viugt chants, q\ii a ete faiblenient traduit en prose francaise. Simplicile, rcgularile, elevation, s'y unissent au plus rare ta- lent pour la poesie descriptive et a une couleur locale dont on ne pent Irop admirer la verile. Les caracleres sont beaux et soulenus; I'attion et les episodes naturellement enchaines ; la politique et la morale cmpreinles d'une haute sagesse ; le style est harmonieux et pur; sous le rapport de la versification, on a appelle M"" van Merken la Raci\ie de la Hollands. Elle a en- core fait paraitre, de 1772 a ijSti, sept tragedies de son in- vention, quin'ont pas toutes le mfime merite, mais qui sont toutes des pioducllons tres-eslimables, savoir : le Siege de Leyde, ]es Camisards , Marie de Bourgogne, Louise d^Arlac, SibyUe d'Anjoa, et Sinwn de Byk. La derniere est son chef- d'oeuvre. M"" van jMerken est morte a Leyde, en 1789. Apres M°" ran Merken, M. S'Gravenwcert nomme une autre Muse conlemporaine tres-distinguee, J (ilienne Conic lie de Lannoy , auteur d'une excellente tragediede/>c'on-/e-G/'a?)a(, et de deux autres, dont I'uue a pour sujet le siege de Harlem, signale par le courage de la Jeanne d'Arc hollandaise, Kenan Hasse- laar ; I'anlre est inutilee Cleopatre, veuve d'Autipater. Dans un volume de poesies melees que M"' de Lannoy publia en 1 780, on distingue des epitres et des satyres, ou elle a pris Boih au pour modele. Novis passons sous silence Sara- Marie ran der TV Up; et Cyutliie Lenige; mais nous no pouvons pas ne pas faire men- litti<:ratdiie. 669 tion dc deux illiislres associees, M"" IVolf, nee Bekker, el Agathe Dcken. Sons son nom dc famille, la premiere avail commence a se faire connaitre par quelqiies poesies legcres, pleines de verve et d'originalite. Ces dames ont puiilie ensem- ble des remans nalionaux qui ont eu un inerveilleux succes , bien qu'nn puisse leur reprocber un peu de prolixite. Ce sont Sara Bar gerliari, TV illein Lcvend , CormUa JVildfclmt , et les Lttlres cCAhraliam Blankaert. Jean ISomsz , qui mourut A I'bopital d'Amsterdam, apres avoir long-tems soutenu par ses ouvrages Ic theatre de celte ville, eut le tort de se charger de trop de ha gage pour aller a rimmortalile, comme il en avail la vocation. Nous renvoyons a I'ouvrage de M. S'Grav^nweert, ceux qui voudront connaitre Havercorn (Guillaume), Uj lenbroek (Jean), LeFi-ankvan Berkliey, auteiir d' unc Ilistoirc nalurellede H ollan- e- rance, etc., etc. Bret', disons-le Irancliement, nous (•licicliioiis (les idces et des observations, si pieciciises en pareille nia- tiere, et nousavons trouve unc ainplilication de colli;5;;e, vide et boursouflee. I-.- S. B. i53. — A narralive oftlie A nli-masonic excitement in tlie'^lf^ es- ter n pari of tlie State of New-York, etc. — Histoire du soule- veuient antimarvnniiiue, dans la partie occidentale de I'Etat de New-York, dcpnis 1826 jusqu'en 1829; ^'^r Henry Broavn, conseiller is his (counsellur at law). Balavia, 1829. In-8" de 244 pages. Le recit de M. Brown fail mieux ronnaitre la situation mo- rale et sociale de la population des Etats-Unis, on, plus cxac- tenicnt, de I'litat de New-York , que tout ce qu'on recueil- lerait dans les livies des voyageurs les plus dignes de tbi. Les fails qu'il met, pour ainsi dire, sous les jeux de ses leclcnrs scut tels que riniaginalion d'un romaniier n'aurait rien concu de niieux, et seiait prol)oblemcnt restce aii-dessous de la rca- lite, de mOme que les creations des poetes sont au-dessous de la nature qu'ils ne connaissent point, et qu'ils pretendenl imiter ou surpasser. Un prisonnier pom- dettes est elargi; des bourses se sont ouvertes pour satist'aire ses creanciers; une voiture I'atteud a la porte de la prison, il y monte : il est tonibe enire les mains d'ennemis plus ii>ipitoyai)les que ses creanciers, on renunene, il disparait : voila !a part du romau; ajoutous-y les infortuues de Tepouse de ce prisonnier, qui, mariec a I'age de 16 ans, en 1819, a partage les revers suc- cessits qui ont mine son epoux, snpporle les vices et les desor- dres que "ces revers ont eutraines, etc, Quant aux tableaux de moeurs locales , la rivalile de deux iniprimeurs ctablis dans un village (Batavia ) , I'eflet produit par la menace de reveler par la presse tous les mysteres de la franc-maconnerie; des tenta- tives pour mettre le leu a la maison du temeraire imprimeur; quelque tenis apres, uu projet d'attaque contre sa forteresse, car sa maison etait en etat de soutenir un siege, munie de deuxpierriers, de 5 a 6 pistolets, de i5 a 20 iusils. Viennent ensuite des proces particuliers, des iuiormations judiciaii-es , od I'on pent observer la marche des uii)uuaux dans I'Etat de New-York. Les actes de violence fureul d'abord contenus, mais enfin des attaques eiueiit lieu, et les francs -macons furent les agresseurs; mais leuis adversaircs ne furent pas nioins reprehensibles. d'autant plus qu'ils firent inlervenir a politique et mcmc la religion dans des quereUes ou les inte- liTATS-rNIS. — GRAN DE-BRET AGNE. O^r rets du cicl n'elaient point coniproniis . non plus que ceux tic la patric; et, clans un gouvcrnement lepublicain, toute la po- litique consiste danslaconuaissance de ccsiiilerets de la patiie. et des moyens de les assurer sans nuire a ceux do I'liuiiianite. 11 est a desirer, sans doute, que les republicains aienl qiiel- que aversion pour font ce qui se passe dans unc rctraite iiiyste- rieuse oi'i I'on n'admet que des'adepteset des initios; si lessouve- rains de I'Europe ontpu uroireque leurs trones etaient menaces parlafranc-iriaconnerie, illaut excuser les citoyensdel'l^ltat de New-York d'avoir concu quelqne defiance en voyant celle as- sociation se repandre chez eux, jusque dans les plus pelits villages, et appeller, au hesoin, les associes des autres lilats. Celte histoire, fort bien ecrite et pleine d'observations judi- cieuses, apprendra beaucoup de choses que la plupart des homnies d'Etat ne savent pas encore assez ; ellc leur fcra voir qu'aucun prejuge n'est sans influence, que TelFet dont ils sont capablessont les plus souvent iniprevus, opposes a ceux aux- quels on s'attendait, et qu'il est toujours imprudent de comp- ter sur d'autres resultats que ceux des verites morales et po- litiques. y. EUROPE. GRANDE-BRETACNE. i34- — * Prospectus of a plan of philosophy, etc. — Prospec- tus d'un plamhi phiiosophie, contraire a lous les systemcs mo- dernes, et ibnde sur la parole de Dieu, par Florent Galli, ex-aide-de-camp du general Mina, membre de rAcadenjie des Arcades de Rome, fondateur et president perpetuel bonoraire de I'Academie des Rcgcncrados, editeur (Vel Europeo, en Espa- gne, et de 17m, au Mexique; auteur des Memoires sur la der- nUre guerre en Catalogne. Londres, i85o; imprimerie de Howletl et Brimmer. In-4° de 20 pages. M. Galli n'est pas consolant; le tableau qu'il met sous nos yeux nous montre le piesenl sous un terrible aspect ; et le passe, surcbarge des erreurs et des calamites qu'elles en- trainent, ne pouvait nous amener a ricn de mieux que ce que nous voyons. La faculte dont I'bomme s'enorgueillit le plus n'a servi qu'a le perdie ; semblable aux lumieres insi- dieuses produites par les exbalaisons des marais, elle nous a toujours fail quitter la boime voie, et diriger nos pas vers le> lieux les plus malsains, les plus dangereux. C'est sur la foi de ce guide pervers que nous en sommes venusau point de croire n;8 LIVRES KTHANGrnS. que la terre tourne aiUour dii soloil, etc., etc. Et qui poui- rait compter les egaremerisdecelte sorte, clont iios preteiidues sciences sont coupables? On pcut done elre assure, que la philosophic de M. Galli sera nouvelle a tons ogards, et qu'elle non-; fera desapprendie a pen pros tout ce que nous arons cru savoir jusqu'a present, sans en excepter les veri- tcs niathemaliqucs, dont le reformateur ne parle point, ma is qui ne sont nnllement en sfirete. car ellcs ne sont point fon- dees snr la parole de Dieu, et ne peuvent elre comprises dans la nouvelle philosophic. Ce prospectus est ecrit avcc chalcnr, entrainernent , con- Yiction profonde : ceux dont il n'eliranlera point les croyan- ces philosophiquesne serontpourlant pas insensihlesauxchar- mesdc Teioquence, car il y en a beaucoup dans ce prospcclus, ct I'erudition de i>I. Galli ne la dcpare point. Ceux qui I'au- ront In d'un bout a I'aulre seront au moins tentes de se faire inscrire an nombre des souscripteurs, pour I'ouvrage qn'il se dispose a publier. Void comment il I'annonce. « Eixannees d'observations, d'epreuves et de voyages, I'e- tude assidue de I'aspect de I'univers, elude faile snr les cho- ses et non dans les livres, m'ont demontre que ricn n'est exagerc dans I'esquisse que j'en ai presentee, ct qnel'horizon politique de I'Europe est reellement tres-sombre, plus som- bre que je ne saurais le depeindre. Je propose done aux na- tions civilisees un systeme de philosophic, dont I'objet est d'attaqner le mal dans toutes ses racines, de calmer les pas- sions, de panser les plaies, d'eteindre I'esprit de parti, de pro- pager I'nnion, la paix et I'harmonie parmi les hommes, en travaHlant a reconcilier la science avec la morale, la politique avec la religion, la philosophic avec les lumicres divines, la nature avec Dieu. On sail trop bien que, sans la religion, la justice des rois n'est pas une garantie pour les peuples, que les rois ne peuvent se confiera la loyante de leurs snjets, que ni les penples, ni les rois ne peuvent compter sur la saintcle des pretres ; que la faveur du Tout-Piiissant est refusce aux pretres. aux peuples et aux rois. L'errenr, rincrcdulile et les dissentions domesliqnes dominent toutc I'Europe. Malheur a celle pnptilation! Le jiigemcnt de Dieu se prepare, et I'atteindra. oL'ouvrage est deja fort avance , ct un grand tableau pre- sentant les bases etle type de tout Ic systeme est lout prct pour I'impression : c'est un precis de tout mon travail que je me propose de livrer au public par sonscriplion. Je donne a ce tableau le nom de Tabula philologica, parce que mon systeme repose lout cnlier sur le texte de saint Jean zv «pxri nv o loyo; {in principio crat verbum . etc.). Le tableau philologifjuc csl de GRANDE-BRETAGNE. 670 imluie i'l ftio bieii niieiix compris a la seule iiispcclion, qu'il lie poiirrait I'f'lre par les explications d'lin prospectus : mais, atin que Ton puisse s'en former une idee, tracons ses princi- paux lineanicns. II represente une coupe de I'univers, dirigee suivant I'axe tenestre , et la voute des cieux, a I'horizon : le milieu est occuj)c par un syrnbole hicroglyp]u(|ue, relatif a la nature de Dieu. Le t'.ut est suruionte par la gmese du langage huniain, avec le trace des rayons qui,partant de ce foyer conimun, se dirigent verslescinq parties dn monde, et Aont y former toutes les langues et leurs dialectes, au nombre d'envi- ron deuxmille cinq cents. Les textes qui forment la base du systeme represente par ce tableau, sent transcrits litterale- ment, avec I'explication a cote de I'original; tout le reste est en anglais. » Le prix de la souscription an Tableau p/iitologic/iie et au livre qui I'cxplique, est de 2 livres sterling et 2 schelings. » (On sousciit a Londres, chex MM. Treuttel, 5o, Soho Square ; Arch, Cornhill; Longman, Paternoster row. ) En prenantle mot p/iilologie dans le sens ordinaire, et nou dans I'acception plus speciale que M. Galli lui aUribue, on sera cuiieux de voir I'immense travail que notre novateur en phi- losopbie a fait sur les langues. Son prospectus annonce deja I'ctendue de son erudition; son tableau doit en donner une bien plus haute idee, et repandrc quelque clarte dans I'his- toire, encore si obscure, des migrations des pcuples etde i'iu- vasion de toute la terre par I'espece humaine. N. i35. — * Lectures on an entire new stale of society, etc. — Le- cons sur an etat de societe tout-a-fait nouveau, comprenanl une analyse de la societe en Angleterre, et des vu6s sur la production et la distribution des richesses, la formation des caracteres individuels, le gouvernement au-dedans et au-de- hors ; par Robert Owen, ecuyer. Londres, i85o : suite de brochures d'une feuille d'impression, publiees par Strange, Paternoster row, et Heterington, et vendues, au piix de irois deniers chacune, parG. Puikess, 'Ji Wardour street, Soho, ct chez tons les libraires, ainsi qii'au bazar cooperatif, iq Gre- ville street, Hattongarden, et dans tons les inagasins coopcratifs. La hetue Encyclopedique a deja parle plusieurs fois des en- treprises philantropiques de M. Owen. Quoiqu'il n'ait pas encore obtenu un succes conqilet et decisif, mcme dans le Nouveau-Monde, il se presenle poarlant avec I'aurorile dc quelque experience, et ne s'appuie pas, comuie M. Gaili, sur des fondemcns qu'il ne soitpar pcrmis d'examiner et de sen- der. Sos idees sent au niveau de notre intelligence ; mieux on 68o LIVRES l^TRANGERS. Ics concoit, plus uii s'y attache; ot si I'on est lorcc de recon- uailre tine les iiioyens ile bonheur qu'i'l iioiis presenlo ik; soiit pas encore applicables a notrc situation, ce soiit des rcgiels que Ton eproiive, et non pas un desappoiniemcnt; I'espe- rance n'est pas tout-a-fait perdue, on se resigne a dilierer jus(|u'a ce que les liimieres sui( iit phis repandues, les esprils micux prepares pour des reformej aux<|iielles la raison seulc presiderait. Les idees consolantes arriv(!Ut en ibule, et font oublier les maux presens, en laissanl eiilrevoir dans i'avenir des biensque I'iniagiualion apprecie a sa manierc, sans se pi- quer d'exactitude. Partout oCi les ecrits dc l\l. Owen penetrc- ront, il peut compter sur un grand nombre de lecteurs atten- tifs, et ccux niemes qui n'adopteront pas ses doctrines con- cevrout une haute estime pour I'ecrivain, et s'empresseiont de rendre justice a ses intentions. iSous n'avons encore sous les yeux que les cinq premieres fenilles de ces lecons; le rel'ormateur commence par I'analyse de I'etat social en Angleterre, et passe ensuite a I'exposition des eireurs qui jusqu'a present out dirige tons les peuples, et servi de bases a toutes les associations humaines que nous puissions observer, on dont I'liistoire nous a transmis la con- naissance. Cette matiere abonde au point que M. Owen y a consacre deux lecons, apres lesquelles il arrive aux reibinics qu'il veut proposer : elles sont radicales, comme on va le voir. uDansle nt)uvel elat de societe (|ue je yeux I'aire con- nailre, une religion n'est pas uccessaire, non plus que la res- potnsaljilite individuelle, I'artifice des re(Himpenses et des punitions; non plus fpie les proprietes privees, la concurrence commerciale, I'inegalite des rangs et des conditions, les unions conjugales celebrees avec la solennite dont elles out ete accompagnces jusqu'a present. Les lois eternelles de la nature y seront ponotuellenient observees; aucune passion n'j porlera au crime; la pauvrete u'y sera point a redouler; tons les echauges seront au profit de tous; on u'y (lonnaitra point le desir des richesses, des honueurs, des distinctions; point de dissolution, mais au contraire tme chastete reelle et pure; une tendance universelle vers le bien de tous, une af- fection mutuelle, les douceurs d'une inalterable Concorde. «Cet etal social si desirable sera le residlat de la connais- .sance et de I'application des lois de la nature humaine, de rexperieuce (pie I'hisloirt! doit nous douner, desaverlissemens que I'on y Irouvera pour eviler les fairies commiscs ])ai' igno- rance, et les vices que ces fautcs out engendres, des soins que I'on prendru pour ['education de la jeunessc, et ineme des r.llANDii;-l{UETA(;NE. G8i ages plus avanct'S, de la direction que Ton saura donncr aux actions et aux penchans, des institutions raisonnables qui se- roiit etaljlics, pour s'emparer de rhomnie naissant, et ne le quitter que lorsque la tombe • le reclame. Ce sera par ce moycn que cliaque generation ajoutera quehpies nouveaux degres au perleclionneinent de celle qui I'aura precedee. » (j'est ainsi que iM. Owen commence sa quatrieme lecon, dans iaquelle il entreprend de prouver qu'une societe perfec- tioniiee sc passe de religion, de systeme de recompenses et de chiltimeus etde proprietes piivees. L'acte d'accnsation des religions est tres- vehement; les reproches qui leur sont adresscs sont des plus graves; et, si elles les ont merites, rien ne pent les justifier. II est bien evident que le reformateur ne parle que des systemes religieux imagines par les hommes, et n'a point en vue les dogmes reveles, ni lien de ce que Dieu meme a daigne manifester aux hommes. Ceiix qui s'avise- raient de crier d t'impieU, au srandale, piouveraient sur-!e- champ qu'ils savent mieux persecuter que raisonner. En effet, qui oserait dire que I'homme est en etat de creer une religion, on, en d'autres termes, d'etablir desrelations entre la divinite et la race humaine? et si, malgre son impuissance, il cons- truit im systeme religieux pour servir de bases a son etat social, n'aurait-il pas abandonne la raison, et pris son imagi- nation pour guide? M. Owen insiste sur un axiome que les legislateurs perdent souveul de vue, et dont ils ne s'ecartent jamais impunement ; c'est qu'il ne peut y avoir de surete pour les peuples que dans I'application des verites morales, c'est ;\-dire, des rapports qui subsistent reellement entre les hoa;i- mes, d'apres les lois generales de la nature humaine. Le re- formateur attaque avec la meme force de logiqne le systeme de responsal)ilite individuelle, de recompenses et de peines, de propricteprivee; c'est principalement contre cctte derniere institution, base fondainenlale de nos societes actuelles, (|u'il dirige les plus vigoureuses attaques. II fant en conveuir, la defense est difficile, si on ne vent la confier qu'aux amies du raisonnement. On voit, au contraire, au premier coup d'oeil, qu'uii systeme social oi'i tout serait mis en common remedie- rait a la plupart des maux que nous souffrons; (]ue les ma- chines, par exeuiple, y procureront I'avanlage de creer, pour I'usage de tons, la plus grande somnie de produits avec le moindre travail, et de faire jouir a la fois du maximum de ri- chesses et de loisir : loin de proscrire ces creations de I'indus- trie, on s'attacherait i\ les perfectionner de plus en plus, en sorte que le travail immediat de I'homme serait exclusive- ()82 Livings i:ni ANGERS. menl reserve pour ce que Ton ne pouirait faire au moycn des machines. La cinquiemc lecon a pour but de domontrcr qu'une socicte pcrl'ectionnee n'admet ni commerce, ni distinctions sociales, ni mariages conlractes a noire maniere. Ccttc matiire n'est pas tcrminee dans les I'euiiies que nous avons sous les yeux; nous atlendrons avec impatience la fin de cette interessantc discussion, et surtout quehpics informations sur les eftets que les doctrines de I\I. Omcu out operes en Anglelerre. Sa philosophie n'est pas simplemont speculative; c'est aux actcs, aux residtats qu'il attache du prix, ct ses efforts sont bien dignes d'obtenir la seule recompense qu'il ambitionne, de voir quelques heureux qu'il aura I'aits, ct dans la carricre du per- lectionnement social, quelques pas qu'il aura provoques ct guides. Y. 1 36. — *Tlie friend of Australia; or a Plan for exploring the interior, etc. — L'Ami del'/Vustralasie, ou plan pour explorer Finterieur de tout le continent de la JNoiivelle-Galle meridio- nale,parun officierreliredu service de la Compagnie des Indes. Londres, iSoo; Hurst. In-8° de 42S pages, orne d'une carte et de cinq planches. U est bizarre que les Anglais, qui ontdepense tant de mille livres sterling pnur resouJre le problemc geographique des glaces elernclles du pole, qui ont prodigue un si grand nom- bre de vies et beaucoup d'argent pour les expeditions d'Afri- que, aient jusqu'ici completement neglige I'exploration d'une de leurs plus importanles colonies. Tout ce qu'on sait en An- gleterre de la Nouvelle-Galle du sud, c'est que c'est un lieu de deportation pour les voleurs et les rebelles irlandais, que la cote est presque partout sterile et sablonneuse, que de Iiautes montagnes ferment I'acces de I'intericur, d'oii soufilent a certaines epoques des vents brCdans, qui ont fait augurer que le centre etait occupe par des desserts arides : plusieurs (aits demcntent celte derniere supposition, enlre autres les inondalioni soudaines qui vicnnent souvcnt assaillir les vallees et les basses terres, sans qu'on puisse leiw assigner une cause, et savoir par 011 elles arrivent. et par on elles disparaissent au bout de deux ou trois jours. Les embouchures des cours d'eau interieurs ne sont pas meme bien connues; quelques per- sonnes ont, il est vrai, recu du gouverncment la mission d'ex- })lorcr le pays; mais les moyens ont etc si disproportionnes a Fontreprii^c, <|u'elles ont cic obligees de couper court a Icurs excursions, el de revenir sur leurs pas, faule d'armes, de pro- GRA^DE-BRETAG]^[E. (J85 visions, etc. C'est ceqni arriva a Blaxlaiid, Wentworlh, Law- son, et nux capitaines Oxiey, King et Jamieson. Le but du livre dont il s'agit.est de proposer de faire plu- sieurs expeditions a la I'ois sur differens point?, ayant un cen- tre commiin, d'oi'i Ton expedierait, a Taide de depots etablis de distance en distance, des provisions, de la poudre, des ba- ches; bref, tout ce qui pent etre necessaire a des explora- tours. Les moyens indiques par I'auteur s(»nt ingenieux, mais, comme ii n'en a pas essaye, plusieurs peuvent n'etre pas aussi praticables qu'il le croit. Sa grande terreur, c'est que la France, dont les navigateurs ont en effet remonte les premiers la ri- viere SAvan, jusqu'a vingt lieues dans I'interieur du continent, ne vienne revendiqucr ses droits sur la Nouvelle-Galle, et n'envoie une commission savante reconnaitre la cote et en prendre possession sur un autre point que celui qu'occupent les Anglais. « N'imitons pas, dit-il, les Espagnols qui fonde- rent une premiere ville (Saint- JMichel), au Perou, en i55i, et negligcrent la geograpbie de TAmerique meridionale, on la tinrent secrete pendant pres de deux cents ans, jusqu'a ce que la Condamine entra dans le fleuve des Amazones, en 1^57, et donna la premiere carte exacte du cours de cettc immense riviere. Ne nous laissons pas ravir I'bonneur d'avoir decouvert et civilise ces tenes inconnues : tout retard est dangereux. Une nation d'un genie plus entreprenant peut nous depasser. Louis XV envoya dans I'Amcrique du sud une expedition savante, composee de vingt-cinq personnes, au moment oOi il etait engage clans une guerre importante. La France est ricbe, eclairee, avidc de gloire ; prevenons-lii. »E(; pourquoi ne prendrions-nous pas ces craintes pour un avis? qui enipecberait la France, dans un an ou deux, et plus tot peut etre, de fonder, a I'inslar des Anglais, nnc colonie nais- sante sur ces plages qu'elle a reconnues la premiere? d'etablir dans rOcean pacifiqueun vaste entrepot de marcbandises, un echange des produits de la Cbine et de I'lnde coutre ceux u'Europe ; ou bien encore d'en faire un lieu dc bannissement pour ses criminels, si, comme il faut I'e-perer, elle se prononce pour I'abolilion de la peine de mort. Quoi qu'il en soil de ces projets, ce serait toujonrs chose utile de s'eclaircr sur ce pays, sur la nature du sol, sur les ressources qu'il presente. Le cli- mat est generalement tempere ; dans les plaines qui avoisi- nent les montagnes, on obtient, avec un pen de culture, du ble, d'abondans legumes et des fruits savoureux. Les eaux qui viennent de i'interieur, et particulierement les inonda- tions dont nous avons parle plus haut. amenent avec dies d'e- G84 LIVRES tTilANGERS. norivics Ironcs d'arbres qui icmoigiieiit tie la fertilite du cen- tre. La livioic dii Piincu-IUij^cnl, dans laquelle on a penelre jusiiu'a uiie distance de cincitianle-quatre milles, forme, an- dessns des rochers qui banent son lit, line cascade de cent quarante pieds de haute-ir; et. siir ses bords, les alluvions et les debris d'arbres et de rocs prouvent (jue les eaux moment sonvent de liix a douze pieds. Enlin, tont porte a croire que, de mCme que la cote de Coromandcl, ce nouveau continent a pour ceinture des deserts de sables, et des monlagnes, der- ri^re lesquelles s'etendent des plaines semees de collines, et arrosces par one grandc quantile de lacs et de rivieres. Du reste, il est inoni qu'on en soit encore aux conjectures, et qu'il ne se soit pas organise nou-seuicment ime, mais vingt expeditions, pour reconnaitre un pays qui promet tant de nou- veautes aux savans, et tant de decouvertes curienses aux voyageurs. i3^. — * Military Reminiscences, etc. — Souvenirs mililaires : Extraitsd'un journal teuu pendant quarante annees jiassees en acti vite de service dans les Indes-Orientales, par le colonel James Welsh. Londres, i83o; Smith, Elder et C". 2 vol. in-8". Une foule de gens, menie en Angleterre, oil de continuelles relations avec I'lnde auraientdu eclairerles esprits, ne voient encore dans les adorateurs de Brama qu'une race de Paiens impassibles , depourvus de passions , soigneux de la vie ani- mate, devoucs a I'idolatrie, aux exercices de la penitence, et i\ une indolente meditation. On prend pour accorde que I'im- mense population eparse sur le vaste territoire qui s'elend du cap Comorin aux monts Himalaya a memes traits, meme physionomie, bien que formee de tribus aussi distinctes que le sont entre ellos les diverses nations d'Europe. Les innombra- bles ouvrages publics en Angleterre sur les Indes-Orientales n'ont pas opporte justpi'ici de grandes hnnieres sur le veri- table etat du pays : ecrits pour la plupart par des hommes imbiis de prcjuges, et qui chcrchaieut dans les I'aits non la ve- rite, mais la confirmation de Icurs propres erreurs , ils renfer- ment peu de vues justes et inipartiales. II n'en est pas de meiiiv; du livre que nous annoncons. Enlro an service de la compagnie en i 790, le colonel Welsh a habite quarante ans dans I'lnde, et a lait partie de I'armee SepoY, composee de nalurels qui aident a sid)juguer leurs fiompatriotes : la, il a pu observer loutus les nuances de carac- tere qui distinguent cinq casles, ditlcrant essenlielleuient dc moeurs, de religion, dc coutumes, et offrant cependant dans leur ensemble un exemple admirable de discipline et d'har- GRANDE-BRETAGNE. G85 monie. II donne, sur ['organisation de ce redoutaI)le instru- ment dc tyrannic, des details Cortcurieux, niais que nous no repetcrons pas, dans notre impatience d'arrivcrau recit d'unc. de ces violcntes injustices, de ces sanglantes expeditions, a I'aide desquclles la Compagnie des Indes a etcndu si rapide- ment ses conquetes. La guerre de Poligar, enlreprisc en 1801, futa pen pres ignoree de I'Europe ; elle meritc pourtant d'etre connue ; et c'est bien lemoins qn'tnie sympathie tardive vienne recompenser Ics efforts genereus dc mallienreux braves, assas- sines pour avoir voidii repousser une oppression etrangere. (' L'ennemi ne tenant plus nulle part, dit M. Welsh, on en- voya des compagnics batlrc les broussaiiles et les laillis oi'i les Indousauraientpu se reiugier : j'eus pour ma part Ic nialheur d'etre devance, dans la poursuite d'un des clieCs, dont la tele etait a prix, par nn parti de nos allies qui tirerenl sur lui , le blesserent, et le firent prisonnier a cjuelques pas de nous, nous enlevant ainsi une recompense de dix mille pagodes, ou quatre mille livres sterling. En pen de joufs, les deux Mor- clous et leurs families, Calabonia Naig, Delawai Pilly, et le Frere Muet, furent tons pris etpendus, exccple Dora Souamy, le plus jeune des fds de China Mordou, et Delawai Pilly, qui, etant nioins importans, furent transportes pour la vie a I'de du prince dc Gallcs, avec soixantc-dix de leurs plus devoucs partisans : ainsi finit cette cruelle guerre, ou ])(;ril lant de monde, et dont le resultat fiit loin d'etre honorable a ceux qui survecurent. Des deux Mordous, Ic frere aine se nommait Wella, ou Veli Mordou; mais il nc semelait en rien du gou- A'crnement du pays : tout son tems etait pris par la chasse, qu'il aimait avec passion. C'etait un homme d'une taille et d'une force extraordinaires, et dont le plus grand amusement etait de kilter avec les animaux feroces, auxquels il faisait tine impitoyable guerre. Debarrasse de tons les soucis et de tout I'altirail du pouvoir, il mcnait une vie erranle, visitant aTan- jore, a Tripolichiny, a Madura, ses voisins europeens, qui I'estimaient beaucoup. Si quelqu'un voulait du gibier, il suf- fisait d'un message a Veli Mordou pour en obtenir. II meltail le nieme empressement a donner a tout elrangcr le plaisir d'une de ses dangereuses chasses; mais, prenant un soin tout particulier de la sQrete de son bote, il I'cnvironnait de ses meil- leurs et de ses plus intrepides piqueurs, et s'avancait scul a la rencontre du tigre qu'il avait traque. Une vie seniblable peut paraitre puerile ot insignifianle aux habilans dc nos con- trees civilisees, mais elle avait un but el une haute ulilite dans urvpays convert de laillis el infesto des plus dangerenx ani- T. Xr,Vn. SF.PTEMBRE 1 85u. 44 t>8G LIVUES KTRAN'iEHS. I1KUIX. Lorsquc ji; t'lis en stalioii a riiadiiiii, en 1795, jc reciis plusieurs inarfjues (riiilcret de cr Ncmrod oriental. Son frcre, Cliina IMonlou, clait le sonverain ostensible d'liii territoire ('■loniUi et I'ertile ; ii resiilail ;'i Slierewele. II etait basane, j^rand, i)ien fail, d'une afVabililc reniaiquable , Irt-s-accossible, et de luoenrs fort deuces. Quoiquc loi d'nn jicnple ponr qui Ic uioindre de ses desirs elail une loi, 11 bal)itait nn palais oiivert .iloiil lemonde, el n'avail pas un garde. Quaiidjele visilai. en revrici' 171)5, chacun entrail et sorlait liljieincnt de cliezlni,et Ions le biMiissaicnt ooininc Ic pere de ses snjels. II nie piit en aniitic, el pendant tonl le terns que je passai a Madnra, il ni'en- voyait eontiniiellement de.s prcsens, dii riz, des frnils; cntre autres, unc especc d'orangc Ires-grosse, a peau rnde, d'nn par- Inm el d'lui gofit cxqiiis. Ce fnt Ini qni m'apprit a jeler la li.tnce ct a t'airc divers exerciccs en nsage dans Ic pays. Ce- ncndant le sort nic condanina phis tard a poursnivrc ee uieme lioinnie c milks du camp cnnenii. « Les Indons etaient en pleine rclraile , et le GRANDE-ii5\ETAG;NE. (58; ' M. \Velsh fit de vaincs tentalives pres des naturels pour apprendre le secret de lenr pre.servatif ; mais, soit ignorance, soit manvaise volonte, ils ne voulurent rien lui dire. Ces deux volumes, ecrits d'un style simple, rcnferment beaucoup de fails, et plus de renseignemcns sur I'lndc qn'on n'en trouve dans des ouvrages a litres plus ambitieux, et a plus hautes pretentions. i38. — The fifth of November , or the Gan-powdcr Plot. — • Le Cinq-Novembre, on la Conspiration des poudres'; piece historique qn'on croit avoir etc composee par William Shars- PEARE. Londres, i85o; Baldwin. In-8° de ii4 pages. II est des nomsqui, a cnx seuls, evoquent des mondes, re- peuplent Tiniagination d'une foule d'etres qn'on a vus dans des benres de repos et de beatitude; des noms, qui reveillent les plus vives emotions de I'anie, qui ont en eux qnelqne chose de sacre, qu'on ne prononce qu'avec amour et respect : Shakspenro est un de ces noms -la ; et en le voyant figurer sur le litre d'une piece historique decouverte depuis peu , nous av»ns eprouve un melange de sentimens divers. Ce gram! homme mourut en i6iG, et la conspiration dc? poudres cut lien en i6o5 : il put done profitcr de dixans, passes a la cam- pagne, dans la solitude, pour composer nne tragedie que les circonstances ne lui permirenl pas de publier. Voila pour les probabililes , et il n'en cofilc rien d'accnrder cela. Mais quelle credulite resistcrait a la lecture de celte oeuvrc atlri- bncc an plus sublime gcnic de I' \nglelcrre? Comment acccp- (;il\i> L)E-JJUliTA(iN i: - KL SSIE. 689 tor CO style cmpliarKinc et plat, lias ot guiiidt!, poni' la couti- luiatioii de cette iiitarissablc verve, s'amassant et roulant a pleins bords?Quel degre d'impudcnce n'a-t-il pas fallu an laussaire pour cioire faire mie seiile dupe? Qui jamais a lu Shakspeare sans retenir qiielques-unes de ces tournures har- dies , de ces paroles fortes et pleines, qu'il semble creerex- pr6s, et sur I'heure : sa pensee arrive toute vetue, comnie Mi- nerve sortit toute armee du cerveau de Jupiter. Cette langue, qu'il plie «t iiianie a son gre, on croirait qu'il I'inventc, et pourtant ricn ne reveleni fatigue, ni effort; c'est une creation large, facile, naturelle, au milieu de laquelle le genie se joue conioie un dieu , laissanl cchapper des flots de poesie, et se complaisant en son oeuvre, comme le Tr^s-Haut de Raphael se complail a la vue des mondes echappes de sa main. C'est ohose bien niagnifique que cette puissance , pour pcu qu'on s'y arrete et qu'on y reflecliisse; mais on conceit pourtant qucquelques ecerveles n'y voient que de I'audace, ct se fign- rent en pouvoir approcher : du moins, telle a dft etre I'illu- sion de I'homme qui s'est aviso de continuer Shakspeare. Sa composition n'a de remarquable que le grand nom qui s'y rattache, et la grossierete dc I'iniposlure : a part ces deux ti- tres a I'attention, c'est une platitude assez niaise, et qui pou- vait passer inapercue de la critique. L. Sw.-Belloc. RUSSIE. i3c). — * Essais entomolo piques pablles par Arvicl-David Hum- mel (de Gothcnibourg) , membre correspondant de I'Acade- miedes sciences de Pelersbourg, etc. Pelersbourg,i8'ii-i827 ; Imprimerie de la Chancellerie privce du ministcre de I'inte- rieur. Tome I, compose de six cahicrs formant ensemble 270 pages in-8". L'histoire des insectes, de quelque nianiere qu'ello soil trai- tee, excite la curiosite par les fails singuliers, Ics phenomenes nouveaux qu'elle fait passer sous nos yeux. Si lo naturaliste qui nous les devoile salt agrandir son sujet, aller a la recherche- de qiiolques lois generales, approfondir ce qui n'avait ete vu que snperlicielleinent , la ciuiosite du lecteur change de ca- ractere ; elle devientamour dola science, bosoin d'instruclion. IVI. Hummel ferait naitre quelqucfois cette disposition i I'e- tiide, s'il n'otait point dc terns en tems plus missionnaire que naturaliste, s'il ne convertissait jamais scs lefons en prones, et s'il pouvait s'abstenir de substituer la thoologie a l'histoire naturelle. Mais I'ardeur de son zole rentraine, le subjugue; ct ce zelc n'cst pas, comine il en est persuade, I'eftet d'une forte Gyo LIVUES KTUANGERS. et inlime coinicliun roligieuso, mais tn.'s-materiellciueiil I'lin dcs synijitumos ile I'hiimciir acrinioiiieuse dont ses essais por- lent qufliiut'lois I'ciiipreiiite. (Voyez rofleu.'^aule fiiti(|iic d'lin omrage de M. Billdkrg, autre ciilOMiolojj;iste siii'dois, Es.sait: 11° 4i l'"8''' ■"'•) 11 est vrai que, dans Tessai siiivant, 1^1. Hum- mel deniaude pardon de cede oftcnse, qu'il cherche a la rejia- rer en cluetien penitent, et non pas en naluralisle. en sorlc qu'il rie I'ait aucune reparalidn. Cepeudanl ret aete dc contri- tion sert de prefarc a VEf^sai n° 5, eonsaiTc tout enlier a dcs remontrances sevtres adrcssces anx observaleurs de la nature qui, dans le cours de lenrs reihcrches sur les creatures, ne- gligcrnient de s'oecuper en niT'ine terns dn Createnr, d'adini- rer sa haute sagesse, de s'hnniilier devant son inleilig^ence in- finie. « Ouvrons les livres qui traitcnt des sciences physiques , cenx de I'hi.-toire natnielle en parliculier; si rhomnie qui s'oocupe de quelqu'une de scs branches est force de les con- suiter, et pourvu que ce ne suient point de simples nomencla- tures, il sera sur d'y renconticr le plus soiivent le materia- lisme, le dcisme, le polythi'isme, on c|ucl(ji'.e autre systenie inl'ernal qui conduit an cliemiu de la pei'dition. Je ne parle pasici des U\ri;>iUrcrtcm(iit opposes an christianisme , el com- poses pour en sapper les I'ondemens, dicles parl'esprit du Euai et avidement his jsar ses disciples : je parle de ces onviaj^es qui, en apparence, ne traileut que de la science ; (|ui mSnie , par-cipar-la, parlent avecun respect affecle de la Providence, de I'auteurdes mcrveillesdcla nature, mais dont la doctrine degui- see n'en est pas moins funesle, carelle est contraire a la Bible : etsans la Bible, point de christianisme, ethorsdu christianisme, pointdesalul. wM. Hummel declare qu'il ise nommera point ces ouvrages et ieurs a\iteurs; cependant, on lit cette note an has de la page : ^ Croirait-on que, dans le courant de 1824, il oit paru a Paris un ouvrage , d'aillcurs fort savant, on I'aulcur, apres avoir beaucoiip loue la tolerance des philosophcs paiens, regrette que la doctrine des Indous n'ait pas de tout tems pre- valu sur la terre ? Voyez VE.ssai hisloriqac et philosopliiqiic sur Icsnomsd' lionimes. des pennies etdesticiu;, \-)ar Eus^.hc Salveute. Paris, 1^2^. torn, u, pag. 23. » Est-ce le veritaide esprit du chiistianisme qui a fliit direal'auteur de ces Essais, n° 5, p. 5, I'Que la phi/osop/de super/icielle cl hriUante qui rejcttc la Bible a, pour ainsi dire, infuse Cesprit d' Anic-Clirist-dana beancoup d'ela- blisscniens liiieraires de nos jours? >) Que les recherches sur I'an- iiquite des ( oniiaissances aslrouomiques et sur I'age dcs zo- diaques servireut « aU trop fanieux Dupuis a batir la fable la ])'u? absurde et la plus inipie, dan^ raboniinable livrc atiquel llLSSiK. C)C)i il u'a j)as roiigideduiiner sun nles. hs.Rcvue Encyclopedique, ayanl conlribue a la publication de la Balance da Globe, a juge convenablc de s'abstenir, jusqii'a present, d'un exaitien de eel ouvrage, et de ne point antiii- persur les jugemeus qii'en porteraicnt les recueils periodiqvics elrangers. iMaiiilenantque cet im|iortant travail, qui a cofile a iM. Balbi de laborieuscs et immcnses reclierclies, est deja connii et apprecie dans le uionde savant, et qu'on vient d'cn publier des traductions en [ilusieurs langucs, nous pensous que le tour de la Reriie est venu de Tanuoncer a ses lecleurs. Nous croyons ne pouvoir mieux faire que d'empruntera VA- /»«7/e(/HiV(;r(/, de Fetersbourg(u"73, du t^ptj^'i'^, 1800), la notice que ce journal a publiee sur la Balance du Globe, el qiii, en lai- sant/cunnaitrc eel ouvrage d'une nianiere analylique eldelail- lee, donne en nieme tems uiic idee de I'accucil qu'il a recu en ilussie : » II est impossible, dhV A beilte du Nord, dcineconrtailre la tendance de noire siecle vers des occupations serieuses. En Russic, coniuie dan* les autres pays civilises, les connais- Cryi LlVlli'S i;'l'UAIS(; I' KS. sunces, renfeiiiicch d'aburd dans !es cabirietb des savaiis, se sont eiisuito repandues dans les dilVcrenles classes qui se vouent ;\ I'otiidc dcs sciences, ct dans toiite la societe. Connaitre, analyser, appiofondir, lei est le caracleie dislinclif de notre epoque ; c'esl pourquoi Ton s'occupe avec zelc de celles des sciences qui sont le plus propres a satisfaire cette tendance , et au nouibre des([nelles la slalislique cjccupe, sans contredit, lo premier rang. Ancun raisonnenient ne pent resister a la con- viction que produit, dans certains cas, le rapprochement des chiffres (i); ce moyen de conviction a nne force positive, qui n'admet ancun doute; cliaque jugement devient, a I'aide des nombres, une verite mathematique, accessible aux esprits les uioins penetrans (2). (1) Sans contesler eatiereuient la puissance et la justesseiles argumens pioduitspai- des clufTresjUn ne pcutcepeiidantpasen admettre la certitude d'unc maniere absolue. On ne sauiait assez se nielier d'line conviction apparente, produile quelquelbis par la combinaison altrayaule des nom- bres. Un citoyen ct un savant distinu;ue, pour lequel nous professons une vive admiration et une iiaule eslime, a souvent reussi k former, avec des nombres, des conibinaisons exactes et lieureuses, et a jiislifiei .linsl I'epi- graplie d'un de ses plus beaux ouvrages : « Mundum rcgunt ntimeri ; » mais il lui est aussi arrive d'abuser de I'emploi des nombres, lorsqu'il lesap- pliquait d'une maniere trop absoiue et trop inconsideree au mouvement inttllectuel et moral des nations, lleuieuscmeiit pour la science, I'auto- rite de son grand talent a tiouve un cOntiepoids et un controle digues de 1 li, dans un autre talent distingue; nous voulons parler des argumens pleins de force, de juslesse et d'eloquence que M. Dunoykr a opposes, dans un ailicle de la Hcviic Francaise {n" 4, juillet 1S2S, p. -4-91), aux calculs de M. Charles Dupin. — Cet ;utitle remarquable a el6 traduit enrussf: dans le Tclegraphe dcMoscou, redige par M. PoLiSvoi. S. P-y. (2) Cependant, pour demontrer ii I'auteur de I'article de ['Abc'dtc da Nord, ct a tous les partisans des nombres combien les vcrilcs raatlid'- matiques de ce genre sont quelquefois crro^u^M, nous. signalerons, conime un exemple de Tabus qu'on pent fairc des cliiU'res, les dlverses don- nees qui unt rapport YAG>ER, avcc Ics nnlcs do J. G. du QrAXDi. Tom. i". Leipzig-, i85o; Barth. Tn-8" dc Oi4 images. Tons les aitistes Ics et arnaleiu-.s dcs arls connaisscnl i'oii- vrage italien de Lanzi, qui a etc tradiiit dans pliisicMrs laiignes. L'cditenr do la traduction alieinande ne s'cst pas borne ;'i rc- pnulnire Toiij-jnal: un ecrivain, qui s'ocenpe specialenient de i'histoirc de Part, M. de Qiiandt, a ajoulc un ^rand noml)ie de notes qui tendcnt a completer ct qnelqnei'ois a rectifier le texte ; le Iradncteur y a joint aiissi des notes; on trouve de plus, a la tele de la traduction, un niorceau curieux, oi'i I'ou- vrage de Lanzi est juge n;)n pas par un admirateru' avcugle, mais parun critique impartial. Ordinairenient les traducfeurs sont a genouxdcvant I'origina!. Icl Ton juge Lanzi de maniere a ne pas lui laisscr un meritc bicn eleve : I'amour de la verite parait I'avoir emporte, chez le traducleur, sur I'interet qu'il avail a faire valoirson autcur. — Lanzi, est-il dit dans cette pre- face, etai! un de ces honiietes collecteui's qui sont infatigables dans leurs reclierches, et mettent un zHe Ires-lonaide a re- cueillir tout ce qui pent orner leur collection; mais il n'allait pas ;ilus loin. II n'etait pas echauffe par le genie de la pein- ture ; il ne saisissait pas rinfliience de la religion et des moeurs sur les arts chez ses conipatriotes ; il adoptait des oj>inions loules failes sur le merite relatil' des peinlres. II aurait volon- tiers pcse les artistes dans la lameuse balance inventee par dc j Piles; il avoue qu'll a empruiUc la plupart de ses jugemensa I iMengs ; or, i\!engs avait des idees parliculieres sur le beau , -^ qui ne soul qu'un sj'stemc aussi pen soutenable que beaucoup (i'autres. En resume , il Taut compter pour peu de choses les jugemcns que Lanzi porte siu' les ouvragcs del'ai't, mais on pent en toufe surete le consulter sur les dates et les localites. Cest nn guide, un cicerone, qui vous dit exactement ou se trouve tel ou tel tableau d'un certain niailre, conii)ien ce niaitre a fait d'ouvrages, a quellcs opoques il s'en est occupe, « et quel a ete le sort de ces chel's-d'oeuvre. — Je ne pensc pas ^ (|ue Lanzi eQt ete bien flatle dc voir son travail reduit a celui (i'un guide ; mais jc rrois que les edileurs allemands ont asscz bien apprecie le talent du prctendu bistorien de la pcintiu-e. (^eux qui le cousulteiont a I'avenir ferout bien d'avoir egard aussi anx notes des editeurs allemands ; ils y tvouvei'ont beau- coup d'indicalions relatives a I'histoire de I'art. D — g. SUISSE. G99 SUISSE. 146. — * Blilie in rlati JVesen, etc. — Viie sur le but ct la nature de I'education des femmes; oiivrage destine aux me- re? et anx fdles capables de reflexions; par M"^' Roaette NiE- DERER, nee Kasthofer. Berlin, 1828; A. iUicker. In-8° d(; xet 49*J paj;es (i). Lorsqn'onetudic avec attention les developpemens de I'es- pt'ce humaine, on apercoit, a I'nn des extremes de I'ednca- tion des I'emmes, des pensionnats de dimoisclles et des maisons (pii sendjlent n'aspirer qii'aii titre de succursales de la mar- cliande de modes, dn coiffeur et du maitre de danse ; a I'au- tre extreme, des institnts d'edueation et line vie de f'amille, 011 Ton se propose de resoudre le f;rand problinie de la destinei; de la femme, dont le perfectionnement individiiel , la pros- j)erite,Ie bonhenr et la moralite religieuse de la i'amillc soiit la solution. Ceux qui croient que la I'eixmie acconiplit sa des- tiiiee lor^qu'elle parvient a s'etablir dans le monde a force de I'rivolite agissent conseqiieniment , s'il la dressent pour eela. IMais, quand on respecte Fame liuniaine ct la divine em- pieinte que leCreateury a laissee, sa tache se compliqiie, en uiOnie tems qu'elle devient plus noble. Independamment des inteiels eteiiiels de la nature luimaine, premier objet de la science generale de I'ediication, on se demandeqiiel est le ca- ractere disfinctif de la lemine, qiieiles attriliiitions la natui'e iiii a donuees, quelles relations resullent de la pour elle avec la laniille et avec la sociele, quelle sorte d'influenee son edu- cation doit exei'cer sur I'une et sur I'autre. Cest ainsi qu'a procede M"' Niedeker. Compagne d'un homrae place sur la premiere lignc des collaborateurs di; Pestalozzi , directrice d'un institut d'educalion jiistement celebre, riclie d'une expe- rience I'aile C(mscieiicieusenient, et douce de hautes I'aculles, eile a droit de suffrage dans les discussions pbilosopliirpjes les j>lus approfondies sur la fonction des eilucateurs. A del'aut d'autres garanties, son livreen serail une preuve peremptoire. Prenant pour point de depart la reconnaissance intime de la nature feminine, et les piincipes immuables de I'education envisagee au point de viie d'unc; pbilosophie religieuse, elle (1) Nous pIa<;oii.s cet article dans In Bulletin bibliogiapliique de la Suisse, qu'iiqu'il ait cle publie cii Allrnu'ijjne, paice qii'il a ete ecrit cii Suisse, par unv. dame Suisse, et qu'il connilete le tableau des publica- tions relatives A rediic<«lion recemmenf faites dar.s en [)avf:. ;oo LIVIILS i'lTR ANGERS, combine ccs cknix eli'iiicns ; puis, ollc conslriiit surcctie ha.-o line theorio, doni lontes les parlies se correspondent, et i'or- nicnl un ensemble sans lacinic el parl'aitement harmonique. Comment Tame de la lemmc se presente-l-clie anx jeux de Tauteur? Ecoutez :«Une immense pb'nilude d'affcction est innee a ITimc de la lemmc, destinee par Dien a vivifier et a developi>cr tons les garans dcli>"als dn senlimcnt huinain {^cler Menschliclikeit). Le leu sacie demandc a eire entrctenti avec mi saint respect, et nonrri des llammcs de I'amour divin, afm qu'il ne s'eteigne pas dans I'atmosphere epaissc de la terre, mais qn'an contraiie, s'il \ient a s'obscnrcir an milieu des orages de la vie, il se ravive an celeste foyer oi"i il I'lit puisc. » Voici maintenaut de quelle maniere rauleur envisage i'cdnca- lion en general : « L'cduialion se propose deconduire le geni'e humaia an but que Dien lui a marque, par le cliemin de ses lois. Les moyens luimains qu'elle emploie sont le developpe- ment et la culture du corps, dd'esprit et du ccBur, par la raison ct la conscience, par I'art et la science. Les moyens di-' YJns sont le developpemcnt et la culture ile la raison et de la conscience, par la revelation que Dieu a donnee anx hommes, par les evenemens de la vie, par des etres inspires de Dieu, par I'eglise, par leJjaptcme, et la sainte Gene. Des qu'on se- pare et qu'on isole les moyens humains et les moyens divins, ieur application presente des contradictions et des luttes; en renoncant a Ieur union, ils perdent Ieur salulaire influence; alors, an lieu d'ameliorer I'homme, I'education le pervertit ; par une consequence inevitable, cette perversion le met en disaccord avec la nature, avec lui-meme, avec son espece et avec la Divinite. » Nous sentons, en Iraduisant ces passages, qu'on Ieur tron- vera en France une teinte de my.-ticisme et de devotion illi- berale; tautest diflerent le genie des deux langues et des deux peoples. Rien, cependant, u'est plus eloigne de lasimplicite etdes peliles pratiques d'une devotion nieticulcuseou pedan- tesque, que I'elevalion de I'esprit religieiixqui regno dans le livre de M°"= ?iiederer; son cbristianismc pVend la forme ap- propriee a un esprit d'une culture pbilosophique. L'ouvrage estdiviseen qualre livrC'S. 1. Besoins et habitudes: Sommeil; nourriture; gymaastique; proprete; decence ; amour du travail; economic; ordre dans I'espace ; ordre dans le tems; ordre dans I'education. IL Education morale : Deve- loppemenl du sentiment, a I'occasion des soins physiijues don- nes a Tenfant ; amour maternel ; vie domeslique; re veil et dc- vcioppemenl de la sensibilitc enfantine; amour; reconnais- SUISSE. 701 sance ; conscience; Coi ; couiage et luimilite; recompenses et peines; morale de la vie de I'enfant; fleveloppement des ele- mens reiigieux; reconciliation. III. Education intelleclacUe : Rapport du sujet, sous le point de vue de Teducation intellec- tuelle;... de I'instinct dans ses rapports avec I'intelligence;... rapport des facultes intellectuelles aux autres facultes de la nature humaine, et leur influence; I'raudes et crreurs dans la uiarche de I'education intellectuelle des filles; la lecture, moyen d'education intellectuelle ; tendance naturelle de I'e- ducation intellectuelle des filles, comme resume de I'ensem- ble de cette education; consequences de cette education pour I'humanite. IV. Education sociate : Education esthetique; forme et nature de la societe; sociabilite ; rang; luxe et mode;... publicite ; fetes; liberte ; palrie ; eglise. » Rapprochee des principes fondamentaux du livre, cette sim- ple indication des matieres essentielles qui y sout traitees, et de leur ordre, fait assez bien connaitre I'esprit dans lequel il est ecrit. L'auteur fait reposer la science de I'education sur sa veritable base, la psychologic ; ellechercbe, dans le sanctuaire del'ame humaiue, les rcalitesdontles phenomcnesde la viene sontque les images; et, loin dese boruer a satisfaire unecurio- site speculiitive, ses recherchessont noblement pratiques, puis- qu'elles tendent a epurer et a elever la pensee et les sentiniens. L'impression generale produile par un livre en est la meilleure pierre de touche : I'efl'et de celui de M""" Niederer est de vous placer dans une atmosphere morale, oCi, sans vous enorgueil- lir de la nature humaine, vous respectez en elle les intentions de son auteur, et vous vous sentez presse de la rapprocher de son type primitif. « Quant une lecture vous eleve I'esprit, dit La Bruyere, et qu'elie vous inspire des sentimens nobles et courageux, nc cherchezpas une autre regie pour jugerde I'ou- vrage; il est bon , et fait de maind'ouvrier. » La main de I'ou- vrier se reconnait a chaque page de celui que nous recom- mandons ici. Tandis qu'on ne considere le plus souvent I'education des filles que sous le point de vue du bonheur individuel et do- mestique, on devrait y voir I'unedes causes desrertus pui)li- ques ou de la decadence des mceurs, et, par consequent, des Lta V Ses rapports avec la societe civile out ete considrres par l'auteur d'une maniere complete; ce grave sujet nous semble epuise dans les chapitres intitules : Institution d'cdu~ cation pour les filles ; publicite; liberie ; patrie; nous in\ iluns a les niediter les hommes appelcs a s'occuper de I'education publique : beaucoup d'entre cux, nous ne craignons pas de T. XLVII. SEPTEMBRE l83o. 4^ ^Oi LIVRES ETRANGERS. Tavanccr, y Irouvcront uac richesse d'iclces ct unc prnfoiidcur nhilosopliiquc qu'ils irciisscnt pas troiivoes cii cux-iurmcs. Cc merite dii fond iiiiil peiit-Oire a la forme ; Irop plulo- sophiqiie pour les fcinines dont la riilturc itUellecUicllc n'cst pas avamccc, elle olc an livre cc caraoliTe de popularile que nous aurions ainie ay trouvcr, parce que nous vondrions le voir dans les mains de lontcs les meres. Qu'on nc sc me- prenne point sur notre critique : ce que nous semblons bla- uier esl une qualito rare, que bien des honnnes ambilionne- raient : c'est la precision rigourcusc du laiigage de la philoso- phie, que I'autenr doit d'ailleurs vivificr par les conleurs dc I'imaginalion et par la sensibilite d'un cocnr de femmc. Ce- pendant, plus de simplicile cut en quelqucfois plusdecharu^e. 147.* — Die Hausmutter. — La mere de Famille. Ouvrage pour le pcuplc, par M. 77<«5 Toblek, D-M. Buhler (canton d'Appcnzellj, i85o; Michel Buff. In- 12 deviij-207 pages. La forme dc ce livre est aussi popidaire que ccllc dn pre- cedent Test pen; tout y est en action. Elisabeth, la mere de famille, quoique femme-modele, n'a rien dc fantastique; c'est une excellenle paysannc du canton d'Appenzell, cntouree des habitudes et des moeurs dc son canton. Seulemcnt, elle donne a ses concitoyens un bon exeniple, que I'auleur, Appenzellois comme elle, accompagnc de bons conseils, sur cent objets dc la vie du peuple. Son langage nieme est celui que le peuple comprend; Tcxprcssiou appenzelloise est sagement preferce a I'expression classique, toutes les fois que cellc-ci ne serait pas a la portec des personncs auxquelles I'ouvrage s'adresse. La tournure proverbiale donnee anx decons et anx conseils est aussi heureusement choisie. La Mere de Famille est A la fois un livre d'educalion des femmes, et un Manuel de bon sens sur des choses usuelles placces en dehors du domaine de I'education. Pour attcindre le prender but, I'autenr montre plutot le resultat qu'il ne deroule le moyen d'y arriver; mais I'esprit dont il cherche a penetrer le leclein- csl < ehii de I'e- ducation \eritable, du perfectionnement moral. Les antres avis portent sur les prejnges et les superstitions du peuple, sur les soins de la sante et de la fortune, sur reconomie do- mestique et la vie de famille. Tout le livre respire un senti- ment moral sans affectation. Sons le rapport litteraire, il est attrayant par une naivete aussi originale que la peuplade pour laquelle il est ecrit. C. MONNARD. SllISSK. yo5 Ouvrages Periodiques. 148. — *Zeitschrift fur VolksscliuUelirer, otc. — Journal pour les Institateurs du l'eiipl(!, public par tine societe d'honimes attaches a refliicalion puI)liqno en Suisse et dans I'Allemagae meridionale. Bale, 1829 et 1800; Felix Schneider. Cahiers in-12, de deux a trois feuilles d'impression , paraissaut tous les deux mois. En Allemagne et dans la Suisse allemande , rcducatiou n'est pas seulement une de ces matiures genurales sur les- quelles les personnes instruites roflechissent, parlent on ecri- Tent d'une maniere plus ou mains vague, une espece de terre cunnnnnedans le domaine de la pensee ; c'est une par- tie partaitement circonscritc , une province distincte dans Fompire de la science, etqui a ses divisions terriloriales , sa charte et sa propre legislation. La pedagogique ou science de t'education furme une branche a part, Comme reconomie po- litique ou la geographic ; des chaires lui sont consacrees dans les uiiiversites ; les ouvrages qu'elle a fait colore composent une vastebibliotheque; elle occupe desjournauxscientifiqueset d'autres plus populaircs. Celui que nous annoncons participe de ce double caiactere ; les sujets y sont Iraites scientiflque- inent et pourlant mis a la porlee des instituteurs ordinaires et des peres de i'amille dont la culture intellcctucllc n'est pas bien avancce. Chaque cahier du journal contient trois divi- sions : 1° dissertations, memoires, lettres; 2° notices histori- ques; 3° analyses d'ouvrages relatils a I'cducation. Dans la premiere de ces divisions se traitent des sujets d'une grave im- portance : par cxemple, le but ct les limites des ecoles popu- laircs, les rapports de I'ecole avec la vie pratique, les rapports de I'eglise avec I'ecole; on y trouve une serie de lettres adressces aux instituteurs du pcuple, par M. Krusi, ancien collaborateur el ami de Pestalozzi, et aujourd'hui dirccteur de Tecole cantonale des llhodes exlerieures d'Appcnz(d!. Les notices hisloriques rendent compte de I'etablissement et du perfectionnement des diverses sortes d'ecoles en Suisse prin- cipaiement,puisaussi en Allemagne. Dans la section des analy- ses, on ne rend compte que des ouvrages les plus marquans. La theorie et les faits concourent ainsi dans cc journal a lairc re- flechir les instituteuis et a donner a Icurs eflbrts une direction cclairee. L'editeur du journal, M. Rod. Hanhart, professeur de pedagogique a rUniveisite de lifde ot rccteur du Gymnase, appartient a la dasse des ecrivains distingucs dans cette bran- 704 LIVllES ETRANGERS. che des sciences; son active cooperation a ce Recueii peiio- clique, o\\ d'autres noms recommandahles so groupcnt aulonr du sicn, permet de cioiic que Ic luorile dc son journal se son- liendra. i4y. — Journal d' Education, pub lie par la Societe d'utilite. publique da canton de Faud. Yverdnn, 1829 et i83o; Fivaz, fiLs aine. Cahiers in-8"; la premiere annee d'une leuille et de- mie d'impression, la scconde annee d'une Cenille. La Societe vandoise d'utilite pnblique a ete bien inspiree lorsqu'elle a concu I'idee de fairc publier, par un comite, un journal d'edueation, dans le but de propager, parnii les insti- tuteurs et les peres de famille, la connaissance des principes pedagogiques, et d'offrir aux uns el aux autres un moyen de correspondance publique, de communication reciproque des resultats de leur experience et de leurs reflexions. I! est t'a- cheux que Texecution ait ete trop hative. Les publications ont eommence, il semble, avant que les personnes qui s'en tron- vaient chargees specialement aient arrete un plan avec tonte la conscience de la tache enlreprise, et aient ordonne, avec maturite et d'une maniere systematique, des materiaux suffi- sans. La t'aiblesse des premiers cabiers a jete de la defaveur 9ur I'entreprise , en sorte que malgre I'amelioration sensible des numeros suivans , et surtout de cenx de I'annee cou- rante, elle n'a pas recu tout I'encouragement que meritait son objet. line teinte religieuse d'une nuance particuliere a aussi nui au Journal d'Education aux yeux de la majorite du public. Les premiers cahiers etaient remplis de details de methodologie ; la partie morale, negligee; et les bases psy- chologiques de I'education n'etaient gueres prises en conside- ration. Sous tons ces rapports, le journal' a successivement subi des reformes utiles. II ne pourrait que gagner par des emprunts plus f'requens faits aux journaux et aux ouvrages pedagogiques de I'Allemagne; ceux de la tfollande trouvcnt un interprete instruit dans, cette mafiere, et le journal une coo- perateur actif en M. Van Mcyden-Porta. C. Monnard. ITALIE. i5o. — *Mimoires de Mathematiques et de Physique, parGut/- /awmc LiBRi. T. i". Florence, 1829; Leonard Ciardetli. In-4°. Ces Mcmoires ont attire en Italic I'attention de tons les sa- vans, et ont excite leur surprise et prcsque leur admiration. C'est le coup d'essai d'un jeune homme qui proniet par la de prendre une belle place dans le? sciences, et de conlinuer ITALTE. ;o5 cclle serie d'hommes illustres qu'elles ont produit dans sa pa- nic, parlieulierement pendant le xviu' si^cle. Nous sommes heureiix de signaler a la France cette renominee naissante dont elle pent, je crois, s'enorgueillir, puisque M. Libri lui appartient, sinon par son origine, du moins par I'etude de sa langue, dont il se sert, et de ses grands mathematiciens, donl il rappelle le style clair et precis. — Les Memoires qni com- posent ce volnuie, auqnel I'autenr proniet nne suite , traitent des matieres ci-apres : — i° sur qaclqiics formules generates d'a- nalyse; — 2° theorie de la chaleur; — '5° des fonctiom continues; — 4° trois Memoires sur la theorie des nombres. — Nous invitons beaucoup tons ccuxqni s'occiipent des hantes mathematiques a porter leur attention sur cet ouvrage remarquable, qui de- note unc grande superiorite de savoir et de genie dans son auteur. i5i. — Rime del Petrarca, etc. ■ — Poesies de Pelrarque, edi- tion pubiice sur la lecon du proi'esseur Marsand, avec des ad- ditions et des corrections, par Jngelo Sicca. Padoue, 1829; Picotti. Voici une fort belie edition de Petrarque. Les noms des hommes qui la publient doivent la recommander ;\ tons les amis des textes corrects et des savantes rechercbes bibliogra- phiques. M. Sicca est connu surtout en Italic, oCi il a Kierite par ses beaux travaux des recompenses academiques et des temoignages de reconnaissance de plusicurs corps savans, no- tamment de I'Athenee de Brescia. Quant a M. Marsand, il s'est fait connaitre dans toute I'Eiirope par ses recberches as- siduesdes editions de Petrarque, auquel il aconsacre les etudes de toute sa vie, et par la collection qu'il en a rassemblee. On sait que cette collection a ete acquise pour la Bibliotbeque parliculiere du roi de France. P. Ouvrages periodiques. i52.— * Annali uniiersali di Stalistica, etc. — Annales univer- selles de Statistique, d'econouiie piiblique , d'Histoire, de voj^ages et de commerce. Milan, i85o; les editeurs des An- nales universelles des Sciences et de I'Jndustrie, Cont.''" dell Agnello, n" g63. Cabiers meusncis in-8°. 1 55. — *Amnili universali di Agricultura, etc — Annales uni- verselles d'Agriculture, d'economie rurale et domestique, et d'arts et metiers. Milan, i85o; les memes. In-8°. Ces deux recueils mensuels, dont nous avons deja parie plusieurs fois, contiiment a faire un tres-bon choix parmi les materiaux mi? a leur disposition. Mais nous continuerons yo6 LTVULIS O'RAiXGIiRS. aussi ;i Icur faiie un roprocho que noiis avous tlc'ja exprimt- , rcproclie intercss6, sans doute, car nous voudrions piotltoi souvent de ccs deux publiralions pour cnrichir la uolro, cc qui ne peut avoir lieu que par les notices qu'ils nous doiine- ront sur I'ltalie. Les redac'.eurs de Milan Irouvent dans les ecrits periodiques de I'Angleterre , de la France, de I'Alle- magne, etc. , tout cc qu'il lenr Taut pour tenir I'llalie au cou- rant de ce que Ton fait dans toute 1' Europe pour ie proi;res des sciences agronomiiiues, economiqnes et stalistiqncs : en echange, ils doivent a I'Europc une ample instruction sur les travaux analogues executes en Italic; el si Ton ne fait pas as- sez dans cette contree, qn'ils slimuUnt leurs compatriotes, qu'ils provoquent les rechcrches, qu'ils en recueillent les re- sultats. Toutefois, dans les circonstances actuelles, on ne peut savoir mauvais gre aux /Annates de Statistique de s'etendre sur Alger, et de faire connaitre cette contree, ses habitaiis, la do- mination que I'armee I'rancaise en a chassec. On lit aussi avec interet et profit, dans \e?, Annates d' Agriculture, les articles de MM. LoMENi et Manetti, quoiquc le premier nous i'asse per- dre I'espoir de naturaliscr en France la palate [convolvulus batatas) , el que !e second nous pronve que nous avons larde beaucoup trop long-tems a multiplier sur noire sol deux ar- bres interessans sous plus d'un rapport, le spruce noiriieVir- ginic {abies nigra), et le magnolier glauque. M. Lomeni est un des principaux redacteurs des Annalesd' Agriculture : celles de statistique sont confiees a M. Lampato. i54. — * Effcmeridi di Medicina O7niopatira, etc. — Epheme- rides de la Medicine homeopathique, redigee par une So- ciele de medecins napolitains, sous la direction du professeur C. M. DE HoRATiis, medecin-cliirurgien de S. M. le roi des Deux-Siciles. Naples, i82g-i85o; imprimerie de VObserva- teur medical. In- 12. Tandis que le gouvernement autrichien interdisait I'ensei- gnemenl des doctrines du docteur Hahnemann, dans les Elals soumis a sa domination, ce systeme , propage par les mede- cins de son armee, pendant I'occupation dii royaume de Naples, s'introduisail dans la pratique medicale de ce pays, ou ses proselytes ont entrepris la publication d'lin joarnal qui compte deja plusieurs cahiers, et qui se compose d'essais theo- riques sur les doctrines dont il entreprend la difl'usion , et d'observations experimentales destinees A en demontrer les avantages. ]55. — * Antologia, etc. - — Anlologie, journal des sciences, des lettres et des arts. Florence, i85o; au cabinet scientifique et iiUerairt dc G. P. >icusseux. directcur el cdHeur. I'ulili- ITALTE 707 calion mensucUc, par cahiers in-8"ile lo feiiilles an nroin?. Prix tie I'abonnemeiif, 50 lires loscaiies pour I'ltalie; 5a Ir., IVanc tie port, a Paris. L'ltalie est une ties provinces tie la republiquc des lettres le mietix poiuvucs d'cxcellens ouvragcs pt.'riotrKiucs, et VJn- iologie est certaineinont tie ce nombre. Partout oi'i I'on exerce ainsi une crititpic eclairee, equitable et meme bieiiveillanie , la raison publitiue se furlific, les coiinaissances se lepandent, les perlectionnemens intelletluels et iiiuraiix arrivent succes- siveinent, et se uiuintiennciit. La critique raisonnable et de- ceate exerce sur les esprits et leurs diverses operations une influence non moiiis salulaire que celle d'une bonne police sur les uiceurs. La critique a nienie I'avaiUnge d'etendre son ac- tion beaucoup plus loin que la police; elle ne reconnait point de circonscriptions territoriales, point de limiles qui I'airetent; en tous lieux et dans tous los terns, elle attaque les delils centre le goCit et le bon sens, et venge la raison des ou- trages que lui Crenl des auteurs qui ne sont plus, et de ceux tjue lui prodiguent trop souvent les ecrivains tie notre epoque. LUi nuiuvais dianie est applaudi en France, imprime, livre a ses juges competens; il en Irouve en Italie, et n'echappera point a leur arret. Hernani a comparu devant le tribunal dc I'Antologie (n" ii5, juillet i85o); apres des informations scrupuleuses et un examen dont I'auteur ne pent se plaindre, la condamnation tie I'ouvrage est prononcee, avec tous les egards que uierite le caractere dc I'aulcur. II semble que la critique peut s'exercer aussi sur quelqucs parties de la disser- tation sur la piece de M. Hugo, et sur la tragedie moderne. Citons une des observations que Ton y remarque. « Nous pensons qu'une seule iniiovation d'un immense pouvoir sur le theatre serait celie qui permcttrait aux mo- dernes de mettre sur la scene Iragirpie, a I'imitation des Grecs, les ministres des autels. Nous ne doutons nullement que cette tolerance, loin de nuire au respect qu'on doit au culte et au sacerdoce, ne contribue au contraire a inspirer pour eux une ve'ieration plus profonde, a augmenter la puissance morale des ceremonies reiigieuses. Siipposons, par exemple, qu'on melte surlc thtiatre lacatalrophe dela conjuration des Pazzi, ou celle de notre terns contrc Visconti, avec une representation lldele des circonstances de Tevenemeut ; qu'on y voie la pompe du service divin , que I'orgue se I'asse entendre , que la iumee de I'enceus s'eleve en nuages vers ia voiite du tem- ple , que le peupic soit proslerne , etc. : qui ne sortirait penctre d'horreur , apres avoir vu couler le sang dansla uiaison du seigneur, au moraenl meme oi'i Ton celebrait ^o8 UVRES liTRANGliKS. les phis aiigustes nij-^sleres de la religion?... >■ ftJais si Y0115 repii'sentcz fidelement la conjuration des Pazzi , apn's la scene do Tassassinal de I'un des Mediti^, au moment dc I'ele- Tation dc I'hostic, ne faudrait-il pas montrer rarclieveqne et Bandini pcndus 11 iine f'enetre du palais, ce dernier saisissant avec les dents son complice, et nc lachant cette horrible proie qu'au moment oli il expire? Nos romanliques oseraient [)eut- gtre souiller la scene de ces atrocites; mais, a coup sur, le public nc les supporterait point. Quanl anx ceremonies reli- gieu.ses, et la religion elle-meme, il est a dc«irer qu'elle soil fecartee de nos yeux , et traitee constamment avec la reserve qui convient a son essence mystericusc. Celle des Grecs por- tait Tcniprcinte de son origine ; I'homme pouvait user a son gre de ce qu'il avail cree : mais une religion emanee de Dieu meme ne pent elre detournee de son auguste destinalion. Mais, dit-on, lareligion use d'une grande condescendance envers les arts ; die laisse revetlr de formes materielles les essences spi- rituetles dont elle nous a rcrele Cexistence ; elte ne s'offenserait pas plus des Libertes que rart dramatique se permettrait envers elle que de celles dont la peinture et (a sculpture sent en posses- sion, etc... 11 serait a desirer que les beaux-arts n'eussent ja- mais denature les idees religicuses; et aujourd'hui, la saine pbilosophie doit s'altacher a reparer le dommnge que cette imprudence a cause. Puisqu'il est encore terns de s'opposer a de nouveaux envahissemens dont la religion aurait a souffrir de nouvcUes pertes, qu'on s'abslienne de ces sortes CCinnova- tions, et que les theatres se bornent a exploiter I'inepuisable mine des passions humaines et de Icurs resultats. i56. — *// Nuovo RicogUtore,G\c. — LeNouveau Collecteur, on Archives de toute Littcrature ancienne et moderne, avec Vindication et des notices des livres nouveaux et des nouvel- les editions. Milan, i83o; Ant. Fort. Stella et se« fds. Ce recueil succede au Spectatear italien et etranger, dont la publication est de 1 14 cahiers, et au Collecteur, qui a fait pa- raitre 96 livraisons. Celui-ci est dans la sixifeme annee de sa renaissance. Les douze cahiers de I'annee peuventetre reunis en deux volumes, on n'en former qu'un seul, de 54 feuilles d'impression au moins. Prix de I'abonnement , a Milan, i5 livres d'ltalie, pour I'annee, ct la moitic pour six mois. Pour les etrangers, I'abonnement est augmente de 2 livres par an, frais du port jusqu'aux frontieres du royaume. Les editeurs peuvent procurer les ouvrages annonces, et previennent ceux qui en feraient la demande que les prix sont en livres d'l- talie. ITALIE. — GRECE. 709 Ce recueil pent ftre compare a notre Mcrcure; et, s'il eprouve les vicissitudes aiixquellcs Ic doyen de nos journaux litteraires fut expose, si la fortune lui estquelquefoiscontraire, on si lacapricieuse le comblede ses favours, ii poiuTadumoins compter snr une existence plus que seculaire, traverser plu- sieurs generations, tandisqu'il vena s'elever et tomher la plu- part de ses contemporains, et meme de ceux qui ont brille d'un plus grand eclat. Les editeurs ne s'attachent point a sui- vre un ordre determine, et , en effet, les lectenrs ne le deman- dent point; comme les livres de cette sorts sont faits pour qu'on les prcnne et qu'on les quitte a volonte, rien n'empe- che qu'une piece de vers ne vienne se placer a cote d'une dis- sertation phiiosophique, que la gravitedcs sciences ne succede auxsaillies de I'esprit, aux caprices de I'imagination. Quant aux notices bibliographiques, I'ordre y sernit utile, sans doute; mais il en est un par lequel il faut commencer, et qui s'ac- corde rarement avectouto autre classification , c'est celui d'an- teriorite, qui semble constitner un droit a etre annonce avant tontes les productions d'une date plus recente. C'est ainsi que les causes sont appelees a tour de role devant les tribu- naux; et, en fait de lilterature, le public est le tribunal. Quel- quefois, les redacteurs des recueils periodiques se cbargent des fonctions de rapporteurs de ces causes, et par leurs analyses ils peuvent influer sur le jugement : il nous a paru que ceux du D/uoro Bicogtitore s'acquittent de ces fonctions avec impar- tialite et pleine connaissance de la chose a juger, en ayant au- tantd'egards pour les ecrivains que pour les lecteurs. II serait inutile deciter quelque partie de ce recueil pour donner une idee de rensenible, d'apres une ou deux pieces detachees; personne n'ignore aujourd'hui qu'on ne pent fairc connaitre par ce moyen une oeuvre de plusieurs mains, oi'i Ton emploie toutessortesde materia ux, ou I'onn'est pastoujours libre d'ac- corder a chaque travail le terns qu'il exigerait. En parcourant les cahiers que nous avons sous lesyeux, nous y avons trouve une agreable variete, plus de litterature que de sciences, et celles-ci mises a la portee des lecteurs qui nese piquent point d'etre savans. II y a done tout lieu d'esperer que le ^otiveati Collecteur plaira long-tems, et sera digue du succes qu'il ob- tiendra. Y. GRECE. 1 57. — AtctT«7pia,.. «, T. 1. — lleglemens sur I'organisalion' de TEcole centrale militaire. Egine, 1829. In-8° de 21 pages. 7 10 LIVRES ETRANGERS. Les 1 eiili'mtMis do VEcolc milltaire, coiiliee aux soins ile M. Ic (lapitaine Taczii;, out etc cmpruntes a ceux qui rcgisseiit en France Ics olablisscmens lUi nicme genie. Les personnes qui out visile avcc soin celui que Ton a cree derniereuient en (Irece s'accordent a fiiire I'eloge de Finstruction des proies- seurs ct du zele ct des progres des jeunes evelpidcs, qui sont I'espoir de leur pays. La Grece attend avec impatience la creation d'une Ecote maritime, qui Ini est peut-elre plus necessaire encore, parce qu'elle aiauquc de bons oflicicrs de mer. Celte utile institu- tion no lardera pas sans doutc a etre deliaitivemcnt organisee. i58. — Six fcaillets de mes Tabletlcs, par M. Eug. de Ville- NEVVE. igine, 1829; imprimerie t'ranraise. ln-8" de 12 pages. Nous n'aurions pas mentionne ce leger et insignifiaut opus- cule, si le lieu oi^ il a paru ne donnait pas quelque iuteret u sa publication. 11 oflVe une nouvelle preuve dc I'universalite de notre langue, qui commence a etregeneralementparlee en Grece, oCi elle dcvienl un des elemens de reducalion pu- blique. E. G. PAYS-BAS. 1 5g. — * Fables de La Fontaine, ornees dc 1 00 gra vures a I'eau forte, T^ar Eug(;ite Vebboeckhoven. Bruxelles, i85o; Demen- geot et Goodman. 2 vol. grand in-8° sur papier velin d'An- nonay. jNous copions ici le prospectus pnldie par les editeurs de cet ouvrage : nous croyons laire plaisir a nos letteurs en leur faisant connaitre cette belle cntreprise de librairie. « On salt le grand prix attache de tous tems par les ama- teurs aux gravures a I'eau forte; celles des peintres celebres de I'Ecole ilamande et hollandaise sont montees a un taux tellemenl eleve, qu'il faut aujourd'hui possiider une grande fortune pour pouvoir en reunir la collection compR'te dans son porlcfeuille. Cette favcur n'est point sans motifs; ce genre de gravure est eniinenimcnt propre, en effct, a reproduirc d'une facon vive et aninieo la pensee de I'arliste avec sa fou- gue et son originalite, qui bien souvent s'effacent etdisparais- sent dans Ic travail plus long qu'exigenl loutes les autres ma- nieres de graver. » Un dc nos artistes les plus dislingues, M. Eugene Ver- boeckhovcnj qui, nous pouvons le dire avec orgueil, est sans rival en Europe dans I'art de peindre les aaimaux, a conco riicurcuse idee d'une collection de 100 gravures i I'eau forte. , PAYS-BAS. ;ii donl les sujots ;croiit fnipnintL'saiix ral)!c.s ilc La Fontaine. II a bicn vouki Iraitcr avoc MM. Dcnicngeol et Gooilman pour sou beau travail, (ju'ils publient par sousciiplioii. Le talent bicn connudetet artiste estunc garanlie de rexecutionparfaite de son ouvrage; non-seulement on y trouvera nne rcniarqua- ble correction de dessin , niais encore cet art nierveiHeux de donner une physionomie a chacnn des aniniaux mis en scene, ct de rendre avec inliniment de naturel, de pittoresque, la pensee tout entiere de rimniorlel fidjuliste. » Outrages periodiqites. sGo. — * La Revue des Revues, bullelins, journaux, magasins, atmales ct recueils des arts ct des sciences physiques , chimiques , iechnologiques, agricoles, economiques et commerciates • par nne Societe d'indnst:iels. Bruxelles, 1829-1850. Cctte publication mensnelle a commence avec I'annee 1829, Charjue cahicr est de 4 11 5 fenilles in-8", avec plusieurs planches lithographices avec soin. Prix de I'abonnement, 13 florins; i5 florins, I'ranc de port, dans toutes les provinces des Pays-Bas; i5 florins pour les pays etrangers. II scmble qu'on multiplie trop Ics livres faits avec des livres, et les joiunaux composes avec des journaux. Paris en est inonde, rAllemagne et rAagleterre nous en envoient: I'ltalie se met, a eel egard , an niveau des pays oi'i les redites et les' republications abondent; il est a craindre que les productions origiuales ne deviennent de plus en plus rares, tant il semble que Ton pent s'en passer pour faire gemir la presse et con- sommer tout le papier qu'il nons est possible de fabriqner. Le mot Revue a besoin d'etre defini, car les acceptions qu'il recoil anjouid'hui divergent de phis en plus, et par consequent il serait bientot impossible d'y attacher un sens precis, si on ne prenait pas la precaution de fixer celui qu'il eut a son ori- gine, et qu'il convient de lui conseryer, a 1 exclusion de tout autre. Les ouvrages periodiques , auxquels le litre de i?CT«e fut donne pour la premiere fois, furent consacres a I'exainen des livres nouveaux, des productions scientifiques et litte- raires, des ecrits siu' les arts, et en general, de ce qui avail quelque intcret pour la republique des lettres. Assez long- tems, ce litre ne designa point d'autres Ibnclions, en sorte que les Revues qui vinrent partager avec les premieres le tra- vail des inspections litteraires se borncrent a cctte occupa- tion, deja suffisante pour un grand nombre de cooperateurs. Les Rccucs anglaises n'ont point altcre Tinslilutinn priinilive ; 71 a LIVRES KTRANGERS. en France, la Revue Encyrlopcdiqiie ne s'eri csl pas ecarlee non pins, quoiqne son plan soit pins vasle que celui ties Revues anglaises. Quelqnes ecrivains pj'riodiques sont alles plus loin ; ils out pense que copier, on tradniie, c'elait rcfoir , et leurs vingasins ont ete onverls sons I'enseigne tie Revues. En ceci , ies Anglais nous ont encore ilonne I'exeniplc fl'nne plus grantle correction dans Ies titres de lenrs ouvrages periodi- qnes; cenx de ces ouvrages oi^i ils accumulent des notices de toutes sortes, originales on d'eniprunt, sor.t des Magasins, et ils en onl de tres-hien fonrnis. Quelques-uns des recueils publics sur le continent, sous le tilie de Revues, s'imposent I'obliga- tion de ne rien inserer qui leur appartlenne , de pouvoir ci- ler, dans tous Ies cas, un ouvrage imprime qui ait fourni chacun de leurs articles; ils sont done aussi des magasins,quoi- qu'ils different dc cenx tie I'Angleterre , en ce qu'ils ne tirent rien inimediatement des fabriqnes, et ne s'approvisionnent que de ce qui est dt'ja livre a la consommation. Cetle discus- sion a propos de titres et de mots n'est point une vaine subti- lite : on ne pent douter qn'on sert beaucoup mieux Ies sciences et Ies arts, en ajoutantanx connaissances acquises que lors- qu'on se borne a rcpandre ce qui est deja su ; dans le premier cas, on a travailit; pour tous sans exception, et dans le second cas, seulement pour ceux qui ne savaient pas encore. Mnlti- plions done, autant que nous le pourrons, Ies journaux qui se • cbargentdememoires originaux, qui forment I'avant-garde de I'armtie d'expedilion contre I'ignorance et le faux savoir : le corps d'armee sera toujours asscz nombreux. C'est ainsi que cliez nous le Journal du Genie civil s'est t-leve rapidement a une bante prosptirite, en raison des pidilications originales dont il est renipli. Faites que Ton trouve dans votre recueil ce que Ton cbtircberait "cn vain dans tons Ies autres; vous n'aurez pas a craindre qn'on vons deiaisse. Le journal de Bruxelles est, certainenicnt, tres-digne d'estime; Ies choix sont bien fails, Ies notices inttJressantes; mais en associantaux ar- ticles d'emprnnt nn certain nombre de choses qui n'aient point encore paru dans d'antres recueils, Ies redacteurs seront en- core plus assures de plaire et d'instruirc, etpour Ies services de cette nature, le public n'est jamais ingrat. La ville de Bruxelles est aussi un centre des sciences et des arts, un des foyers d'oi"! la Inmiere se repand dans tout le monde civilise : on y est promptement instruit de toutes Ies dt3couverles, on en fait quelques-unes ; que la presse periodique se bale de Ies publicr. Cet bonorable emploi suflit pour exciter I'emulalion des redacteurs de journaux consacres aux connaissances utiles. PAYS-BAS. — LIVRES FRANC AIS. ^iS La Revue dcs Revues, qui i'ait tlej;i tres-bien, fera mieux en- core, si elle consent a se charger de tons les articles originanx qu'elle pourra trouver, dQt-elle renoncer u son tilre. II y a deja, dans cc recneii, des notices de cette esp«''CO ; mais elles appartiennent specialement aux Revues , et ne peu- vent etre considerees comme propageant des connaissances noiiveiles. Telies sont, par exemple, les observations sur les prodnits de I'indiistrie et les tableaux exposes cette annee. Les jugemens sur le travail des fabricans sont exprimcs avec nne moderation qui inspire la confiance ; il n'en est pas ainsi de la Revue du Salon de peinturc. A Bruxelles, comme a Paris, teux qui s'erigent en arbitres des beaux-arts se croient dis- penses^d'observer les convenances : un ton rogue et tranchant, que Beaumarchais renvoyait aux libellistes ; des pretentions u I'esprit qui ne provoquent aucun sourire; cependant, I'tloge domine dans toute cette revue, mais on voudrait que I'exage- ratlon n'y fut pas quelquefois trop evidente, et que partout on pQt reconnaitre Ic langage de la raison, toujours simple, et manifestant la justesse des pensees par celle des expressions. Au reste, il faut croire que ces articles sur les beaux-arts sont fort difficiles a bien faire, car on n'y reussit pas mieux a Pa- ris qu'a Bruxelles. Quant aux autres objets sur lesquels on trouve des notices dans la Revue des Revues, nous repetons avec plaisir que les lecteurs auront lieu d'etre satisfaits du choix et de la redaction. N. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. 161 — * Discours sur les revolutions de la surface du globe, et sur les changemens qa' elles ont produits dans le ri'gne animal; par M. le baron Ctjvier. Sixicme edition franraise, revue et augmentee. Paris, i83o; Edmond d'Ocagne. In -8° de 408 pages, avec 6 planches; prix, 7 fr. 5o cent. Des savans anglais et allemands ont pense qu'il serait utile de detacher ce discours du grand ouvrage de M. Cuvier, sur les ossemens fossiles, et de le mettre a la portee des lecteurs qui ne font pas de I'histoire naturelie leur etude specialc, on' qui doivent s'interdire la dispendieuse acquisition d'un ou- vrage qui renferme plus de 400 planches. En faisant passer dans leur langue I'excellente introduction aux reclierchcs sur les ossemens fossiles, les savans traducteurs I'ont enrichie de notes, dont I'auteur a profile pour cette edition, en y joignant 7i4 LlViliiS FHANgAIS. oncore cc que sos recherches ulterieurcs lui ont fail decoii- vrir. Mais ces nouvcUesconnaissancesne pouvaient elrc qu'in- diquees dans cc Uiscotirs, qui est Ic rosum('; dc ce que I'on salt aujourd'hui sur le monde souierrain, sur ces plantes et ces aiiimaux ensevelis dcpuis tant de terns, a une si grunde pro- fondeur : noire illustre natnialiste se propose do les repro- duirc en dt'tail dans le volume de supplemenl a son grand ouvrage, ou il rennira ses proprcs dccouvertes a celles que I'on a t'ailes dans Ics deux continens. Lorsque cet interestant volume sera publie, nous anions tout ce qu'il I'aut pour ap- precier convenal)lcment les additions I'aites a ce discours, dans cette nouvelle editit)n : M. Cuvier prouiet do discuter, dans lo volume supplementaire, les lijpothoses nouvcllcs auxquel- les les docouvertes ultoiieurcs auront donno lieu ; ilsora done terns alors d'examiner si ces docouvertes et ces hypotlieses peuvcnt roagir sur I'introduction meme, et si les opinions et les doctrines exposoes dans ce discours sont susceptiblcs de quelques modifications. F. 162. — Mimcire sur le Cliarboii, son cniplot dans I'assai- nissevunt des caux et a divers usages econornlques, par A. Che- VALLiEU. Paris, i83o; imprimcrio de Dezauchc. In- 13 de 52 pages. Toutes les classes de la sociote pourront lire avec fruit Ic Memoire de M. Chevallier sur les emplois des diverses especes de charbon vegetal, animal ou schisteux pour la decoloration des liquides, tels que vinaigrcs, huiles, eaux-de-vie, etc. L'au- teur y indique les frequens usages du charbon de hois comme engrais; cusuile, comme moyen d'economie domeslique pour le chauflagc par un precede particulier, et d'liygione pour la dosinfeclion dos viandes, lour conservation, ainsi que celle de I'eau et son assainissement. 11 est fort a dosirer que ccttc der- nioro proprieto du charbon vogotal soil plusconnne, et surtout ntilisoe dans les hautes plaines du Jura et le nudi do la France, ou rhabitude est de conserver pour I'usago journalier les eaux pluviales dans des cilernes, souvcnt tris-mal saines. Ii'' C. i65. — Description d'un nouveau systeme d'arcs pour les grandes cftarpentes, execute sur un batimcnt de 20 metres de largeur, a Marac, pros Ba.yonne, et sur le manege de la caserne do Libourne; par A. R. 15my, colonel du genie, en rotraite, ex- directeur des fortifications de La Uochelle et de Bayonne, membre de rAcademicde La llocbelio, etc. Paris, 1828; Ca- lilian Greury. fn-folio de i5 pages, avec 7 planches gravocs; prix, (J fr. M. ic colonel l'",my rappclle d'abord les services trop Icng- tcms mecoi.nus que Philibert Delorme a rendus a I'art du SCIENCES PHYSIQUES. ^ifi charpontier. Le syslemc d'arcs en planches, imagine par cet ingenieux architecte, n'avait encore ele employe qu'a de pc- tilc!? constrnctions, lorsqu'on en Yit enfin une application en grand a Paris, a la Halle-anx-Bles. Si nos architectes avaienl quelqne habitude dcs mathematiqnesct de leurs applications, s'ils connaifsaient le calcul de la resistance des bois, et les fails nombrenx qui confnment ces resultats, ils auraient construit avec plus d'economie et d'elegance la vasle etendue des mar- ches de celte capitale, des Ilalles-aux-Vins, des Greniers d'A- bondance, etc : pen a pen, I'art du charpentier aurait adoiUe les perfectionnemens dont il a grand besoin, rinstrnstion se serait repandue de haut en has, suivant I'ordre naturel, et clle aurait penetre jusqu'au fond de nos campagnes. Aussi long- tenis que les etudes des architectes conserveront leur direction actuelle , ces changemens, si desirables, n'auront pas lieu; mais, ce qui est assez vraiseml)lable, c'est que les charpentiers recevront, par une autre voie, I'instriiction que les architec- tes ne leur donneront point , et que les ma'dres dc I'art seront inoins habiles que quelques-uns des ouvriers qu'ilsemploient. Si I'enseignement industriel continue comme il a commence, il ne sera plus permis aux architectes de perseverer dans I'i- gnorance dont ils semblent se faire un point d'honneur, comme les gentilshommes du moyen age auraient cm deroger en sa- chant eciire leurnom. M. le colonel Emy n'est point dans ce cas : les systemes de charpente qu'il a fait e\'ecuter,et ceux qu'il propose, sont autant d'applicationsdes lois connuesde la resistance des bois. II decrit d'abord la charpente dn hangar de Marac et cello du manege de la caserne de Libourne, et il les compare aux char- pentes construites suivant les methodes ordinaires; il passe ensuite aux applications a des arcs de plus grande portee. Le premier projet, dont il donne une notice et le dessin, estcelui du comble du manege de loo metres de longueur, et de 4" metres de largeur, qui devaitetre construit a I'ecole de cava- lerie de Saumur II ose passer ensuite a un comble de loo metres de portee, et il termine ces hardies tonc<'ptions de I'art par la construction des plus vastes coupoles. On remar- quera specialement, dans ces divers projels, I'attention que I'auleur a eue de profiter constammenl de tons les modes de resistance dont les bois sont capables, de leur associer le fer, sans prodiguer ce metal, et en ne I'employant qu'avec de petites dimensions. Tons les details de ces constructions gi- ganlesques peuventelre executes par des ouvriers ordinaires, avec les inslrumens de Icurs Iravaux habituels. Cet ouvrage 7i6 LIVRES FUANCAIS. est uii siijet d'etude tres-convenable pour les jeunes gens qui se destiiient aux arts de la construction; ils y apprendront comment on pent tirer parti des homines ct des materiaux qii'on a sous la main, memo lorsqu'il s'agit d'ouvrages re- marquables par leur grandeur et leur peri'eclion. 164. — Manuel du Ferblantier et du Lampiste, on I'Art de confectionner en ferblanc tons les uslensibles possibles , les appareils recemment invenlcs, comme auguslines, cafetieres, calefacteurs, etc... ; i'etamage, le travail du zinc; I'art de fa- briquer les lampes d'apres tons les systemes anciens et nou- veaux; tous les appareils d'eclairage, depuis les lustres jus- qu'aux quinquets ; enfin, de I'aire tous les ornemens des produils du ferblantier et du lampiste : suivi d'a/j vocabulaire deste<-mes tec/tniques; par iM. Le Brun. Paris, i85o; Roret, rue Haute- feuille. In-i8 ; prix, 3 I'r. Cetouvrage est divise en quatre parties. La premiere traite des materiaux et des outilsen usage dans la ferblanterie, el des procedes generaux de fabrication. — La seconde indique I'art de travailler les ustensiles de cuisine, tels que cafetieres, filtres, passoires, rapes, calefacteurs, casseroles, ecuelles, lanternes siphons, entonnoirs, baignoires, etc. On y traite aussi du tra- vail du zinc, de I'etamage, etc. — La Iroisieme partie doune la construction de toutes les especes de lampes, depuis la veil- leuse et la lampe de cuisine, jusqu'aux lampes a mouvement d'horlogeric, inventeespar Carcel,Gagneau, Du verger et Got- teux : on y frouve aussi la description des lampes hydrostati- ques deCirard, deThilorier, de Morel et de Gamier. Cette par- tie est en grande partie extraite de I'ouvrage de M. Pixlet sur I'eclairage, et de I'article lampe du Dicilonnaire teclinologiqae. — La quatrieme partie a pour objet les ornemens, le vends, la peinture, le polissage, la dorure des uietaux employes dans les appareils prccedemment decrits. Elle est terminee par la description de I'art de faiie le moire metallique. Get ouvrage est ecrit avec ordre et clarte ; il sera utilement consulte par les personnes qui se livrent a la fabrication des appareils de ferblanterie, et par celles qui s'interessent aux progres des arts. C'est un des meilleurs trailes de la collec- tion des manuels : ecrit sans pretention, il donne une idee juste des procedes les plus usites dans ce genre de travail, dont les produils sont si frequemmcnt employes. FiiANCOEt'R. 1 65. — Manuel du Bonnetier et du fabricant de bas , par M. V. Leblanc et M. Preaux-Galtot, de Troyes, i'abricans. Paris, 1800; Roret. In-18 de 020 pages, avec figures; prix, 3 fr. SCIENCES PHYSIQUES. 717 Cct outrage s'adrcsse a un grand nombre delecleurs. L'ait du bonnelier embrasse dans son ensemble plusicurs proles- sions : Ics filateurs, les laveurs, les apprOteurs, etc. II se divise lui-meme en quatre brandies principales : la bonneterie eu colon, la bonneterie en fil, la bonneterie en lainc, el enfin ia bonneterie en sole, qui ont etc traitees separiment par les au- tenrs. Paris ent long-lems et conserve encore la reputation d'etre la premiere ville manufacluriere pour cetle uerniiie espece ; uiais, depuis I'abolition des privileges, cetle Industrie a pris un essor considerable, elle est maintenant rcpandne sur plusieurs points dc la France. Lyon, Nimes, Mont- pellier, Dourdan ont aussi lenrs manufactures de tricot dc soie. Si Ton recapitule le nombre des labriques de tout genre de ])onnelerie etablies dans nos departemens. on trou- vera que le total s'eleve a pres de sept cents , non compris les metiers isoles. Un renseignement stalistiquecurieux, que nous regrettons de ne pouvuir t'oiirnir a nos lecteurs, serait d'eta- blir combien il y a de metiers par fabrique : cetle somme trou- vee, on saurait aisement combien d'hommes soul employes u celte fabrication, puisqu'on pent toujours compter six per- sonnes employees par cbaquc metier batlant pour la filature, le lavage, le peignage, la teinlurc, la couture ct les apprels. On verrail par cc moyen de quelle importance est cette bran- che d'induslrie qui fournit des moycns d'existence a une quan- lite si considerable de monde : ii y a eu telle de cos fabriques oCi Ton a compte plus de trenle mille personnes de tout age employees. Si de ces considerations generales sur son utilite nous passons a I'examen du manuel en lui-meme, nous n'au- rons a reprocbcr aux auteurs que d'etre phribis trop coucis, et la concision est souvenl un d ;faul dans les livres techniques ; mais, d'un autre cole, il y avait tant de choses a faire entrer dans cet in- 18, que nousnc pouvons en conscience nous ap- pesantir sur ce reproclie. OE. 166. — * L' Esprit (le I' liomme de fiuerre, on Essai moral, his- toriqae et tkeori- pratique sur Cart mUitairc, accompagne de tableaux et de planches; par le capitaine L. A. D'Esmond. Paris, i85o; Correard jeune ; Anselin. In-8° de [\\l\ pages, avec 7 tableaux et 16 planch.es; prix, 12 fr. Nous n'avons pu q.ie parcourir cet ouvrage d'une lecture facile, d'une etude agreahle, mais dont Tunaiyse exige quel- qucs meditations; ncus serous done dans la necessite d'y re- venir en terns plus opporlun. Nous aurons, sans doule, a faiie quelques observations critiques, a lectifier quelqiies legeres inadvertances ; et comment une lecture atlenlive n'eu ferait- T. XI.VII. SEPTEMDRE i83g. /(t) yiS LlVllES FKANCAIS. elle pas decouvrir dans un volume de /Joo pages ? L'auteur lui-menie previcnt ses lecteurs que son livre porte le cachet d'une premiere edition, et lermine son avant-propos par le ju- gemeiit que Martial prononyait sur ses propres epigrammes. La modestie de M. le capitaine d'Esmond est beaucoup trop severe; on le serait encore trop, en transposant deux mots dans le vers du poete latin, et disant : Sunt mala ; sunt quaedam niediociia ; sunt bona plura. Ce livre est du nomhre du ceux auxquels on revieut volon- tiers. Nous nous empresserons d'en rendre a nos lecteurs un compte ua pen detaille, malgre la multitude et la varicte des objels qu'il embrassc. V. I )y,-^* Manuel elementaire pour la construction et le dcssin des cartes geograpliiques , par A. M. Perrot. Paris, i83o; Ro- ret. In-i8 de iv et 258 pages, avec 7 planches; prix, 5 fr. De tons les moyens d'apprendre la geographic elementaire, le plus expeditil'et le plus agreable coiisiste sans doute a co- pier les cartes d'un atlas, en choisissant, pour les marquer sur son dessin, les villes ou les accidens naturels qu'on croit avoir besoin de se rappeler, en guidaut ses traits par le trace des meridiens et des paralleles, et relevant le tout par une bril- lante enluminure : de cette maniere on se met parfaitement dans I'esprit la position relative des lieuxet des objets, et I'a- greraent des couleurs, la nettete des formes contribuent sin- gulierement i la fixer dans notre memoire. Mais cet exercice , bon pour les enfans et ceux qui com- mencent, ne pent bientut plus satisfaire ces cif;ves dont I'es- prit veut toujours aller an dela de <;e qu'ils ont sous les yeux; ils voient bien dans leur caique ou leur dessin une image de la carte qu'ils copiaient : mais cette carte elle-meme, com- ment I'a-t-on faile? comment represente-t-elle la terre ou ses diverses parties? pourquoi les meridiens n'ont-ils aucune courbure, si le pole est an milieu d'tme carte circulaire'P pour- quoi, dans les mappemondes ordinaires, sont-ils courbes en sens opposes au-dessus et au-dessous de I'equateur? pour- quoi sont-ils droits et a des distances progressivement crois- santes dans la projection de Mercator? Toutes ces questions et d'autres semblables. pour etre reso- lues completement , exigent des notions assez avancees de geouietrie descriptive; mais combicn de gens ontetudie cette science qui ne se doutent pas de ce que c'est qu'une carte, ni sttr quel priucipe elle est consfruite : c'est pour eux que SCIENCES PHYSIQUES. -uj M. Perrot a ecrit son livie, plein de Tails et de recherches : on jugeia par le conipte que nous en allons lendre s'il me- rite, comme nous le croyons, I'altention de tons ceux qui se livrent a I'etude de la geographie. M. Perrot divise en trois parties ce qn'il a a dire sur les cartes geographiqncs : dans la premiere, ilexpliqne leur usage et leurs dilierentes especes, selon que Ton vent y etudier les divisions naturelles, politiques, adminislratives , miii- taires, etc. (j) H passe de la anx niesures absolues el rela- tives au moyen de delerniiner la forme et la surface de noire planete. Plusieurs tables sont consacrees a nous faire con- Tiaitre les nombreiises mesures itineraires en usage dans les divers pays, et les dimensions exactes du spheroide Icrrestre, a tous les degrcs de longitude et de latitude exprimes dans le systeme centesimal, ainsi que dans le systeme sexage- simal. Le rapprochement de ces deux divisions deja mises en pra- tique pour quelques cartes (2), oi'i I'on Iracail sur le bord intericur du cadre les degres centesimaux, doit nous faire esperer que le tems n'est pas eloigne, oi'i les divisions de de- gres seront toutes conformes a noire systeme de numeration, et n'inlroduiront plus dans le calcul ces fractions et ces quan- tites complexes que le systeme mctrique en a chassees : en meme tems, les tables des mesures de distance, oCi Ton ne trouve pas moins de seize lieues dilierentes pour la France seule, convaincront peut-etre les ecrivains de tous les pays qn'il n'y a pas d'autre moyen de presenter une idee netle et cerlaine a leurs lecteurs, que d'exprimer toutes les quantites dont ils parlent en mesures metriques, ne les mettraient-ils qu'entre pai-entheses, et que tout ouvrage oCi cette precaution aura ete negligee ne sera certainement compris, s'il parle de (1) M. PeiTol appartenait, ce nous semble, a la direction du Biblio- mappc; cc traits de geographic etabiissait en principe qu'il ne fallail ja- mais ineltre dans une carte que cc que I'on avait besoin d'y trouver pour I'objel special auquel elle ii!i.- de la !\^ormanilie, collection destioee a facililei- I'ctiide de la nuisiologie dc la France, ct qui ^c roinpo-Jera dc. 8 fascicules, in-H" ; piix, /> fr. feClKNCES MORALES. 723 facJliter I'ialelligencc de I'Ecrilure Sainte ; enrichio de figures ct de cartes geograpliiqnes. Ciiu/uiime edition, soigneusc- inent revue, et augmentee d'un grand nombrc dc notes, par M. Drach, rabbin converii, et enricliie de nouvetles disserta- lions.T. xviii ct XXIII. Paris, i85o; Mequignon-IIavard , rue des Saints-Peres, n° 10. 2 vol. in-8°; prixdu volume, 7 IV. Le tome xviii contient des remarqucs sur les doiize pctits prophetcs, qui ne sont pas sans interet ; une preface sur les deux livres canoniques des Macbabees; une dissertation sur la parente des Jnifs et des Lacedemoniens ; une dissertation sur I'arcbe d'aliiance ; les deux livres des Blachabees, et un abrege de I'bistoire des Juifs, depuis la mort du pontife Simon jusqu'a la naissance de Jesus-Cbrist. La dissertation sur la parente des Juifs el des Lacedemo- niens nous dit bien que les chefs de ces deux peuples s'ecri- virent reciproqucment, mais el!e ne nous apprend pas lequel des detix commcnra le premier. Le grec porte qu'Areus, roi de Sparte, ecrivil d'abord a Onias, souverain pontife des Juifs, landis que le latin porte au contraire que la correspondance fut entamee par Onias. Le disserlateur ne decide point la question. Quant a la parente, quelques savanscroient qu'elle est toute chimerique ct sans fondement reel; d'autres la croient veri- table; et d'autres la mcttent au rang des choses douteuses el incertaines. Lc dissertaleur voudrait bien ne pas se pronon- cer; comment faire? La chose est loutc simple. uQuelque parti que Ton pienne, dit-ii, parmi ces sentimens divers, il est certain au moins que les Hebreux et les Lacedemoniens I'ont cru serieusement , et par consequent qu'ils avaient de part et d'autre des raisons au moins plausibles pour s'cn per- suader. 1) Yoila qui est puissamment raisonner. Tout le restc est de cette force. La dissertation finit de cette maniere. «Pour peu que ces peuples eussent d'envie dc se croire parens, et de le persuader aux aulres, rien n'etait plus aise que d'y reus- sir, avec taut de marques exterieurcs de ressemblance : ap- pareniment leur intention n'a jamais etc qu'on approfondil beaucoup cette affaire, et qu'on la prit dans toute la rigucui'; clle ne souffre point un examcn profond et litteral. » Dans la dissertation sur I'arcbe d'aliiance, on examine m elle fut remise dans le temple apres la captivite de Babylone, et si clle doit un jour reparailre. On repond a la premiere ques- tion que le sentiment qui est le plus repaudu et le plus com- niun aujourd'hui , et qui a etc le plus ordinaire parmi les an- ciens, est que rar."bc ne fut jamais rccouvroc , et ne parut pa^^ 7a6 LIVRES FRANC AIS. dans Ic seconJ temple. On repond a la seconde question que les doux propheties du second livie des Machabees ct de Jere- mie, dont I'une annonce que I'arche reparaitra, et I'autre in camp dc fourinis ne sont ponr Ini que dc grands animanx, dont les divers organes ne sont pas converts d'nn tissu ,- et peuvent s'ecarter nn j^en plus les nns des au- Ircs qu'on ne Ic voit chez les aniniaux individuels. Les nen- tres, chez les abeilles, sont des estomacs vagabonds, et les rciiies sont les parties genitales de la ruche. Tons ces petits circs n'ont qu'une vie de relation, et il leur estaussi impossi- l)lequ'aux parlies dc notrcccjeur de seseparcr sansmourir. Ans- si, qnoiqu'ils soient des csprits parlicnliers, ils ol)cissent a nn esprit conimiin, qu'on peul appelcr I'esprit de la ruche, comnie chez nous, chaqne muscle, chaque arlere, chaque valvule sc sonmet a I'esprit general, qui est I'esprit de ce qu'on appellc noire corps. Tels sont les degres parlesquels Tanteur a cru devoir arri- vcr a \i\rie Itumainc. II est, conlinne-t-il , nn animal chez le- quel I'esprit indispensable aux Ibnclions de I'aniuialilc engen- dre une sorte de superflu, qui produit ce qu'on nomme les operations intellectuelles, lellcs (|uc la mcmoire, la penscc, la volonle. L'auteur donne a ce prodnit le nom r/'csprit surahon- dant ; et il reserve a I'lisprit d'auimalite le nom iVesprit neces- saire, nom qu'il ctend a I'esprit de la vie vegelale, ■\ I'esprit mineral, a I'esprit lerrestre, a I'esprit solaire, et a I'esprit ce- leste. Uefprit lu'cessah'e csl, parce qu'il a dfi ctre; il 3' a un so- leil, une terre, des vegctaux , etc., parce qu'il ne pouvait pas ne pas y en avoir. Dn reste, il agit d'nnc manicre inl'ailli- ble : jamais le soleil n'onbJie d'emellrc ses rayons, jamais la icrre ne se trompc de roiite; jamais le mineral ne change sa cristallisation. jamais la plante ne met ses fleurs a la place de ses racines, jamais restnmac ne secrete de larmes, ni I'a-il dc liqueur propre a la digestion. Mais I'esprit aura/wndanl ta- lonne, oublie, calcule, et s'egare. II reste quelquefois absorbc dans Vcsprit animal, comme pendant le sonimcil, et pendant la folie. Quelquefois aussi, il vent soumettro Vcsprit necessaire: il Ic combat par I'abstinence, on il s'cn sqtarc violemmenl; c'cst ce qui produit la ine devote et Ic suicide, Ucsprit snrabondant, on I'esprit des Ibnclions intcllccluelles, c>t le seul qui s'occnpc de I'esprit celeste et de la vie a veiiir; SCIElNGKS morales. J29 il esl roligieux ; Vcspiit necessaire eat athoe. Cependant, ie pre- mier cherehe aiissi le boiiheur ici-bas. ftl. de Montlosier compte tiois elemens de houheiir : i" faiio sa volonte; 2° etre avec mi autre; 3" etre d'acconl. Liberto, amour et ordre, tel est le bonheur de I'individu. De memo qu'il y a, aux yeux de I'auteur, desanimaux individuels etdes animauxcolloctifs,la vie humaine se presentcaussisoitcomme individuelle, soit comme collective; sous ce dernier aspect c'est cc qu'on appelle Vetat ou la socle te. Ltis conditions de bonheur, pour un peuple et pour les peuples entre eux, sonl les mCmes que pour riudlvidu. Le soin dcs publieistes doit etre, en consequence, d'etablir, dans les rapports de gouver- nans a gouvernes, et de peuple a peuple, liberte, amouret al- liance. Tel est le singulicr systcme imagine par M. de Montlosier. II y a sans doute plus d'une objection serieuse a elever con- tre ces fictions platoniciennes. II nc liiudrait cependant pas se contenter de I'idee qu'on en pent prendre dans cette aride analyse. Nous engageons les hommes chez qm la science n'a pas desseche I'imagination, a lire Touvrage meme. Malgre la bizarrerie du langage, ils trouveronl, a plus d'un endroit, sous les graces du genie poetique, cet esprit de generalisation qui, dans les sciences, produit les decouvertes et les vues philosophiques. Adolpke Garnier. 173. — Rapport fait an nam du Bureau de charitc du 1 1* ar- rondissement, dans I'Assemblee generate da 17 mai i83o, par M. deGerando, Cnndes adniinistraieurs. Paris, i85o. In-8°. 174- — Societc des itabtisseynens charitables ; reglemens et discours des president ct secretaire provisoires. Paris, i83o;Treu ltd et Wurtz. In-8". G'est nne belle ct genereuse idee que celle qui a fait naitre, de nos jours, ces nombreuses societes charitables que nous remarquons aujourd'hui de tons cotes sur le sol de la France, et particulicrement dans sa capitale. An milieu des desordres et des crimes dont nos cites sont le theatre, et dont la misere est biea souvent le motif ou tout an moins le pretexte, il est consolant pour I'ami de I'hnmanite de voir ces associations bienl'aisanles fournir a I'indigence estimable dcs secours et du travail. Ce n'est en efl'et qu'a cette double condition que la charile est reellement unc vertu, et il a fallu beaucoup de tems ct une lacheuse experience pour comprendre tout ce que pent faire de mal une chaiite aveuglc, qui n'a pour resul- tal que d'epuiscr sterilement les ressources de la bienlaisance et d'cncourager une honleuse mendicite. -3o LITRES FRANCAIS. La plupai'l de ccs prccieuses institutions datcnt, commc nous , I'avons dit, de notre terns. Toutefois , comme il taut ctre juste envers les i'poques de nicme qu'envers les individus, nos lec- tetirs apprendront sans doute avec plaisir que, quelques an- nees avant la revolution de 1789, il existait dans la paroissc de Saint -Sulpice unc administration des pauvres qui pu- bliait chaque annee le canipte de ses travanx. M. de Gerando, donl on est sQr de rencontrer le nom partout oil il y a dti bien a faire , a donne, dans le rapport indique ci-dessus, des details tres-interessans sur cette societe , et sur I'ordre parfait qui regnait dans ses operations , qui , a ce qu'il assure, pour- raient encore servir de niodele aujourd'hui. Dcja on avnit eu I'heureusc idee d'etablir des ateliers pour les indigens valides. L'administration avait quatre maisons de ce genre, oi'i etaient occupes prcs de 800 ent'ans des deux sexes. Ces elablissemens, loin de cofiler, etaient productifs, et les enfans pouvaient rap- porler a leurs parens, toutes leurs dcpenses prelevees, une petite somme qui s'elevait jusqu'a 12 francs par mois. Enfin, d'autres sommes etaient employees en achats d'oulils, en SC' cours dislribues a des families laborieuses, frappees par des malheurs inattendus, et en loyers, dont on ne pnyait jamais que le quart, pour contraindre le pauvro a s'aider aussi lui- mcMiie. On ne s'etonnera pas, d'apres ces details, que I'admi- nistration des pauvres de la paroisse de Saint-Snlpice ait ete cilce , alors, comnie le meilleur modele qui exislal en France pour la distribution des secours a domicile. A la suite de cette notice se trouve le compte rendu des se- cours donncs aux indigens du 1 1' arrondissement, pendant I'annee 1829. On y voit que cet arrondissement , qui com- prend pourlant des quartiers oi'i regne une certaiue aisance , compte I pauvre sur 12 individus, ce qui excede revaluation faile pour la capitale en masse, qui n'est que de 1 sur i5. Les 3°", 3""" et 10'"° arrondissemcns sont beaucoup mieux parta- kes, puisqu'ils ne complent que 1 sur 24, 22 et 20 environ. Pen iaiit I'annee 1829, le bureau a secnuru 5,oog indigens. Les recettes avaient ete de iog,o55 fr. 63 c. ; les depenses, partagees en trois branches (secours en nature, en argent et a domicile), montent a 101.900 fr. 53 c., d'oi'i resulte, mal- gre des circonstances defavorables, et surtout rextremecherte du pain et le froid excessif de I'hiver dernier, un restant en caisse, au i" Janvier i83o, de 7,i35 i'r. 3o c. Nous ne dirons qu'un mot de la seconde brochure annoncee ci-dessus. Elle conticnt plusieurs pieces relatives a la fonda- tion d'unc societe nouvclle , dite des Etablissemens charitable^, SCIENCES MORALES. 73i qui a pour objet, suivant les expressions de M. do Gerando. son secretaire , de fortner les archives on les annales de la charite ; d'etablir iin centre de correspondance pour les insti- tutions pbilantluopiques ; d'examiner ct de preparer les ame- liorations que peut recevoir le systeme des secours pubUcs. La liste des membres deja adniis presente une foule de noms honorable?, qu'on est habitue a retrouver dans toutes les as- sociations utiles, et qui sont du plus heureux augure pour I'avenir de celle-ci. Y. Z. 175. — Premier rapport de la Societe pour I' encouragement de finstruclion primaire parmi les protestans de France. Paris, 1829- )83o. In-8° de 32 pages. Ce rapport offre d'abord I'ordonnance d'institution et le re- glement de cette honoral)le et utile Socielo. Ces pieces sont suivies du proces-verbal de la seance extraordinaire du co- mite du 24 avril i83o, preside par M.le comle de Jaucoort. C'est M. £f/owa;Y/LAFONDDELADEBAT qui s'est charge de rendre conipte des premiers travaux de la Societe. Mais son existence tres-recente ne lui a permis que de I'aire pressentir I'heureuse influence qu'elle est appelee a exercer un jour. Du reste, le discours de M. de Ladebat, renipli de details interessans sur les ecoles protestantes de Paris et des departemens, a ete en- tendu avec plaisir. Cette lecture a ete suivie de diverses pro- positions relatives a I'amelioration de rinslruclinn primaire. Le rapport se termine par la liste des souscripteurs, au nom- bre de 181, et dont les cotisations respectives s'etaient ele- vees, le 5o avril dernier, a la souime de 5,565 fr. A. 176. — Questions sur laPtine de mort, par le baron Massias. Paris, i83o; Firmin Didot frcres , rue Jacob, n" 24. In-8° de 5o pages; prix, 1 fr. 5o c. Ce nouvel ecril de M. iMassias traite d'une des plus hautes et des plus interessantes questions qui puissent etre agitees au sein de la societe actuelle. Soulevce il y a pres d'un siecle, elle n'a depuis ces.se d'appeler I'attention des pui)licistes, et elle les a souvent partages. Je ne crois pas que les questions posees et resolues par M. Massias soient destinees a terminer ce grand debat. La premiere qu'examine I'auleur est celle-ci : La so~ ciete a-t-elle le droit de punir de mort? H. Massias, remontant aux principes qu'il a etabiis dans ses ecrits philosophiques, decide que la societe a le droit de decerner la peine de mort , quand c'est pour elle un hesoin conforme d I'ordre, el il expose ensuite comment, a son avis, la peine de mort est reellement en quelques cas, pour la societe, un bcsoin conforme d I'ordre. II defend au surplus cetle these par des argumcns souvent 732 LIVUES FilANCAIS. rcproduits, ct qui ne in'ont pas convaincu , jc lavoiic, aprcs les refiitalions multiplices qui on out etc faites clans ccs clcr- nicrs terns, notamment par M. Charles Lucas, dont Ics tra- vaux ont taut avancc ccttc graudc conlrovcrse. M. Massias examine ensiiite dans quelles llinUcs doit ctre rcslreint Le droit de condamnation a mart , et il veut que rapplication dc ccttc peine n'ait lieu qu'en cas de mcurtre conunis sciemment, me- ( liamment Hi volontairemenl. 11 seinblerait, apres unc solution semblablc, que cette question, si la peine de mort pent etreap- ptiqaec aux dctits poUliqucs , ne dcvrait mcnie pas Ctre posce par I'auteur. 11 s'en occupc anssi neanmoins, et scnible meme etre d'avis qu'il est dcs cas oi"i uu honnme d'Etat est bieu plus coupablc qu'uu malfaiteuV, c'cst-a-dirc oii sa vie doit etre ega- lemcnt sacrifice an besoin conforme d I'ordre. Enfiu, M. Massias en vient au point qui semble ctre le but de son ecrit ; il se de- mande si les cx-ministres, coupables dcs ordonnances dii a,5juil- let , sent passibles de la peine de mort. Sans se prononocr po- sitiveinent sur la culpabilite, il les recommande a la clemence d'un pcuplc gencreiix qui s'est moutre assez grand dans la conquete de ses droits, pour n'avoir que (aire de quelques gouttes de sang apres la victoire. Aprcs tout ce qui prcce- dait, jc ne m'alteudais guere, je dois I'avouer, a une telle conclusion; il est fort probable que bien dcs Icctcurs cprou- vcront la nicmc surprise, ct qu'on ne comprendra guere com- ment, pour calmer les csprits, amener la nation a ne point user de riguour en cette grande circonstauce, M. Massias a cru devoir s'altachcr d'abord a justifier toutes les idecs vul- gaires rclativement a la peine de mort. P. A. D — 177* — * Histoire dcs Conqiictesdes Normands, en Italie, en Sicile et en Grece „ accompagnee d'un atlas in-4°; parE. Gaut- TiER d'Arc. Premiere cpoque : ioi6-io85. Paris- i83o; L. De Bure, rue de Bussy, n° 3o. In-8°, avec uu Atlas in-4°; prix, 12 fr. Le second volume va paraitre, et coutera 7 fr. 5o c. Nous consacrcrons unc analyse a ce travail interessant, dans uu de nos pins prochains cahiers. 178. • — * Histoire de Frederic- le- Grand,, par M. Camitte Pacanel. Paris, i83o; A. Desauge, rue Jacob, n" 5. 2 vol. in-8°; prix, i5 fr. Entre le grand nombre d'ouvrages publics sur ce roi dc Prusse, litterateur, pbilosophe et guerrier, qu'on pourrait ap- peler le Jullien des terns modernes, on doit distinguer celui que nous venous signaler. Nous en eussions-fait le sujet d'un article etcndu, si M. Pagancl n'cQt mis son livre au jour a I'epoque memo ou le parjure royal dclivrail la France de cell e prclendue Icgitimile esscntiellcment couspiratrice , puisqu'il SCIENCES MORALES. 733 fest dans son essence de moconnaitre et de trailer en rivale rebellc la veritable souverainele. Des evenemens immenses ont absorbe I'attention , el duranl deux inoii ne lui ont giiere laisse la possibilile de se reposer sur les objets qui n'elaient pas d'inlei'et pubHc. Par la force des choses, les sciences et les arts soul deveniis d'une considci-ation secon- daire. Quel est le lecleur qui se fut arrete a I'analjse d'un livre, lorsqu'il etail question de conquerir la liberie, ou d'en regulariser la conquete ? Mainlenanl lout rentre pen a pen dans I'ordre habiluel , el Ton peut revenir a scs travaux. Nous al- lons done reprendre les lectures que la revolution avail inler- rompues. L'ouvrage de M. Paganel parail avoir le premier des droits a notre attention, parce qu'il est sans contredit le meilleur dans son genre; nous le trouvons rempli de I'aits presses et exposes dans iin ordre adDiiral)le ; Tinteret y ^st soutenn ; le style y est ce qu'il doit etre, quand un grand mo- narque, vraioient digne du Irone, fait le sujcl du tableau, e'esl-a-dire qu'il est noble, pur, franc el simple. On voil que I'autuur a long-tems travaille sa composition; il s'est princi- palement occupe d'en resserrer le contenu; il doit avoir fait •de grandes recherches pour reunir ses materiaux; mais il a sacrific ceux qui n'elaitnt pas indispensablcs ; il n'a dit que ce qu'il iallait, et en meme lems lout cc qu'il elait tiecessaire de dire. Nous nous bornerons, pour le mo- ment, a I'annoncer, en attendanl que nous puissions en oifrir une analyse eleadue. Nous nous occuperous de ce livre avec d'autant plus de plaisir, qii'ayanl aussi fail la guerre sur le terrain on le lieros de M. Paganel s'est acquis une gloire im- mortelle, et qu'ayant etudie sur les lieux les operations qui placerent Frederic en tele des maitros de I'art, nous sommes penetres d'une r^spectueuse admiration pour I'homme prodi- gieux dont I'ombre puissante semblait encoie habiter Sans- Souci , quand les suites de la vicloiie d'lena nous y ti'auspor- leient. Bory de Saikt-\ ixcent. 179. — Balaillede Paris, enjuillet i85o, par le lieutenant- general d'artillerie Allix. Paris, i8~)o; Correard jeune. lii-8° de ^o pages, avec un plan d'une parlie du champ de bataille ; prix, i fr. Dans cette brochure, la politique tientplus do place que les fails et les considerations militaires. M. le general Allix com- mence par exposer la cause eloignee de la revolution de juillet; il passe ensuite a la cause immediate, et rappelle une petition qu'il adressa, en 182G, an roi Charles \, a ses miuislres, et aux deux chambrcs. 11 n'eparguail pas alors les veriles a T. XLVII. SEPTEMDRE 1 83o. 4? ;j4 MVni'S FUANCMS. (les j;ons pen dis^posi'S a les ('•(•(nilei', ct il Ics rcprodiiit aiijuur- • I'liiii, plus (lures qii'cllcs n'avaictitparu jusqu'an di rioCiniPnt du long cl pi'uildo draiiio si iiupropi-cment nomiut; Reataurulion. <; Lcsoidoiinauccsdu 25 jiiiilet ('■taieiil a peine publiees, que la balaille s'engagea enlre la conlre-revolntion ot ses adver- saires. II ni'est impossible de decrire en enticr le ehamp de bataille oi'i elle a ete liviee, il faudiail decrire tout Paris, et iudiquer remplaceuient de loutes les barricades qui furent elevees, en une seulc nuit, dans tonics les rues et a tons les arrefours; ce serait un travail immense : je dois me bornera decrire luie parlie tres-petite, sans doute, de ce vaste champ de bataille, et du plus vasle que je connaisse... » Apres avoir expose les moyens defcnsifs, M. le general Allix suit la mar- clie dcs troupes de Charles X , et note les i'autes comniises par iMarmont. -< Laplu>grande, dit-il, I'ntde n'avoir pas assure la rubsistance de ses troupes. La del'ense sentit ties-bien Ic parli ((u'elle pouvait tirerdecettc (ante, et le pren)ier de ses aetes fut de s'emparer de tons lesmagasins de vivres et de fourrages itablis dans Paris pour la nourriturc de la garnison. » Dps considerations politiques viennent suspendre le recit de la bataille et les observations militaires. Le general suit, bns sesecrits, la methode de Montaigne, ou plus exactoment, il use de la nieme lilierte, cause familierement avec son lec- teur. et lui communique toutes ses pensees a mcsnre qu'elles se preseulent. On lit, dans cet article, une multitude d'anec- dotes, dignes non-seulemcnt d'etie inserees dans des meinoi- res historiques, mais dc passer dans I'histoire niemc, pour ter- miner les portraits des homnies qui exercerent la plus I'orte inlluence surles evenemens et sur k-s nations. Enfin , le recit de la batailleconliuue; I'esprit el les dispositions des habitaus de Paris recoivenl les eloges qui out relenti dans toule I'Eu- rope. « Tous les interets individuels furent meconnus, oublies. Le recueil des belles actions sera inuueuse, et elles ne seroni pas toutes recueillies. » Parmi les tails rapportes, il en est un sur lequcl les opinions seront parlagecs, et qui provoque une discussion. « C'elaient des Suisses qui defendaient le Louvre lorsque la defense ctit pris I'offensive. Tons les Suisses qui lomI)erent danslcs mains des vainqueursetaient, morlsou vifs, jetes dans la Seine, pris le Pont-des-Ai'ts ; et la defense disait ([ue c'e- tait des estalTelles qu'elle expediait pour Saint-Coud. C'etait, (Ml d'autres ternies, direaux Suisses d(! ne plus y revenir. lis avaienl oublie le lo aoftt : ils n'oublieronl jias sans doute k 29 jnillet. » SCIENCES MORALES. 755 La pensce du general Allix n'cst pas suffisamment deve- loppee; rhoniieui- dcs combatlans parisien? cxige qii'on cdoi- gne d'eux jiisqu'au soupcoii d'une cruaute sans but, et qui. an premier coup d'ceil, si^mblc toul-;'i-fail inexcusable. Exa- minons la condnite des Suisses dans cctte grandc crise poli- tique ;voyons si ce qu'ils ont fait etait le;u- devoir. S'ilsetaiciil a la solde de Cbarles X , et non de la France, ils ne pouvaient inspirer aux Francais qu'une forte aversion, et la morale la plus severe ne blamera point cctte anlipalbie ; les penplcs ne peuvent s'accoutumer a n'eire comptes pour rien dans les al- faircs qui les concernent, et dont ils jiaient lous les frais. Si la France n'etait pas etrangere aux capitulations avec les Suis- ses, les regimens de cette nation ne devaient nullement se melcr de nos affaires domestiqnes; unc nation s'oCfense avec raison lorsque des etrangers, qu'elle n'a pas cliarges du soin de la rappeler a ses devoirs, vicnnenl, les amies a la main, fairc des remontrances, et commander au nom des lois, dont ils ne peuvent etre lesorganes. Les olficiers suisses n'ont point senli I'inconvenance, rillegitimite de leur condnite ; on ne pent les excuscr d'aucune manierc, car apres lout ils ne sont pas dispen- ses de raisonner. Qn'ils n'alieguent point I'esprit militaire, la discipline, la foi du serment; rien de tout cela n'est applicable anxcirconstances du mois de juillet. Ces officiers n'iguoraient point combien la presence d'elrangers en armes au milieu de la France etait odiense aux Francais, et, en les menant an combat, ils devaient s'attendre a I'efifet de ces animosites in- veterees. L'exasperation dcs Parisiens, ])ortee au plus bant degre, etdans une affaire decisive telle que I'aliaque du Louvre, ne pouvait etre conlenue par aucune consideration : on ne faisait pas plusde quarlier aux Suisses qu'anx gendarmes qui, depuisseiz.eans, elaicnt, dit M. le general Allix, les cxeculeiirs des liaidcs-ccitvrcs de la conU e -recolution. Dans les afl'aires de juillet, ce ne sont pas les Parisiens qui meritciit d'etre blames par rapport a leur condnite envers les Suisses, mais les offi- ciers de cette nation , qui ont joint leurs soldats a ceux que le crime diiigeait conlre nous. On s'est montre genereux envers les soldals francais que les passions politiqnes avaient peut- elre egares ; mais les etrangers, que ces passions n'exci- taient point , etaient sans excuse; on les a trailes, non coinin'j ennemis, mais comme dcs assassins pris en des circonstan-es qui les mettaient bors de la loi. Les evenemens de juillet feront probablement sentir a-ix Cantons suisses qu'il n'est plus terns de fonrnir des soldats aux Elatsqui leur en demandent, el qn'ii fant employer d'une ;r)a LTVUES FllANCATS. aiilre manitTC rexcedant de Itur poinilaliDii lis ont deja fail qiielques cssais dc colonies lointainos ; iiiais oe n'otail encore que dcs cssais, on n'avait pu lout prcvoir ; on n'a, sans doute, pas obtcnu tout le succcs que rexpciiencc aiirait assure si Ton avail mis ses lecons a profit. Si Ton revicnl a ces projels avec plus de donnecs, en choisissant des conUces plus conve- nables, el en proccdant avec une sage lenlcur, on parvicndra certaiuement a crcer de nouvelles Hclvoties, digncs en tout do leur mere commune. Veul-on s'etabiir dans d'autics Al[tcs? I'Ancion-iMonde oflVirait des regions caucasicnnes, mais il i'aut les conqucrir; I'Anieriquc i resente ses rnoniagnes roclicasss, ia protection d'unc repuhlique puissanle e! aiVermie, nn cli- mal saluhre, de belles forets, tin sol fertile; inais la, presqne plus de relations avec le mnnde civilise, ct encore moins avec I'Europe, avec cetle patric si chere, el d'aulanl plus desiree, qu'on a moins d'esperance de larevoir. Lcs moiitagnards con- sentent-ils a vivre dans les plaines en s'exposant aux dangers d'un climal nouveau, d'une Icmperaluie iuaccoutumee, etc. ? lis se rapprocheront des autres himiains, mais c'esl encore le Nouveau-IVlonde qvii vient leur proposer son lerritoire. L'im- mense vallee du Mississipi s'enorgueillirait de compter une Suisse nouvelle an non\bre de ses divisions territoriales. L'an- cien continent ne se prete pas de meme a la formation de colonies nouvelles ; dequelque cote que I'ondirigeses regards, on ne voil que des populations bostiles, on des gouverncmens dont les habitudes repul)licainesnes'accommodeht point. Mais, avant que la Suisse ait envoye aux Etats-Uuis d'Amerique lous les colons qu'elle pent lui fournir, d'autres ressources ne Ini manqueront point, el elle ne sera pas dans la necessile de renouvelcr ses fournitures de soldats aux monarchies dc I'Europe, s'il en etait encore qaelques-unes qui voulussenl en faire la demande. Revenons a la BntaiUe de Paris, el aux anecdotes raconlees par M. le general Allix. Apres avoir fait rcinarquer qn'aucnn des servileurs si zeles de la fainille des Bourbons , ancun des partisans devouesdu ministere Polignac ne prit les armcsdans les meniorables journees de juillet, il rapporte le fait suivant : « II ni'a ete raconte que Charles \, alors conited'Artois, cn- Toye a Lyon lors du retour de I'ile d'Elbe, dis;iit a ses cour- lisans, en presence du general Albert, ai ie-dc-ianip de M. le due d'Orleans : Noire vicloire ne sera point dnuleuse ; dix mille gcnlils-liommes ont pris les armcs : a quoi le general Albert repondit ([ue dix mille paysaus comme lui valaient bcaucoup mieux; eii effet, en i8i:>conunc en 18:^0, pas uii s(;iEiN(:i';s MouALts. j-Sj sciil dc ces prelcnilus braves ne se montra pour liclciidrc Icui' idolc. lis iiese sont jamais inontrus qu'iiii trcsor, qui eluit hien leiir veritable ct seule diviinte, et c'esl bien cerlaiueuient la senlc qu'ils ref^relteiil. " Autre anecdote. .( Le uS mars 181 5, dans sa premiere entre- vue avec Napoleon, le marechal Ney lui demandail, moi pre- sent : Qui a pa vous determiner a former une entreprise ou vous deviez cent I'ois perir? La lecture du Moniteur, repondit- il : j'ai vuque les actes du gouvernemenl des Bourbons elaient en opposition avec les interets de la France, et j'ai juge que la France etait a moi ; je suis venu. » F. 180. — Du Passe, du Pri'sejit ct I'Avenir, par Mic/iel Behr [deTurique). Paris, i83o; Delaunay. In-8° de5o pages ; prix, 1 !r. 181. — Ncpomuccne L. Lemercier , uses concitoyens , sur la grandescmaine. Paris, i83o; librairie des eti angers, rue Neuve- Saint-Augustift , n" 55, et rue de la Paix, n° 1 1 ; Delaunay, Levavasseur, au Palais-Royal, etc. In-S" de ^8 pages; prix, 1 IV. 5o c. La brochure de ftl. Michel Berr n'est deja plus prccisement de circoustauce : composee avant la pro;mdgation de la nou- velle Charte et I'elevation au trone du dncd'Orleans, elle sem ■ ble aujourd'luii antique et surannee, tant les evencmens se sont precipites avec vitesse. Renipii d'intenlions excellentes et d'honorables vceux , ce travail est d'ailleurs pen lecoud en idecs utiles : c'est I'oeuvre d'un bun citoyen, mais non d'un honmie politique. L'ecrit de iM. Lemercier est d'une toute autre importance. K La chute de I'ancienne monarchic Irancaisc, a la fin du xviii° siecle, dit iM. Lemercier, fut une grande revolution. Quicon- que put en etre temoin, et sut juger les causes de cette inevi- table catastrophe , nc considei'era pas les importans evene- mens de juillet dernier comme une revolution nouvelle, mais coumie la continuation de celle qui eclala dans I'anuee 1789, et dont un concours de circonstanccs fortiiiles a retarde I'ac- complissement. Parmi les nombreuses variations des choses, des gouvernemens et des systemes, le piiticipe virtuellemeut revolutionnaire qui meut la population en masse, n'a pas cesse d'agir progrcssivement. Traverse par mille obstacles, ila niar- chedansle meme sens avec Constance ; ilmarche encore. C'est erreur ou folic de presumer qu'aucunc puissance repressive le puisse arreter ou detourner dc son but a jamais. Ce prin- ripc est le produit d'une cause morale, et sa force, ainsi ((ue j-38 LlVllES FKA1N(^AIS. louto I'oice niatdiellu Jans la nature, a son iinpulsion mo- tiicc el scs cflels nnivtrsels quo rien ne peut anf'antir, etc. " Celte idee si juste ct si lationnclle, ftj. I-emercier la suit (Jans toules ses consequences. II nous monlie le piincipe re- volutiounaire lenversant la Bastille, et terrassant TEurope, a la fin du siecle deinler, se railiant a Bonaparte par degoflt de ranarcliie, puis aux Bourbons, par degofit du despolismc ; cliassant enfin au-del>'i de la mer cette dynastie parjure, lors- (jn'elle vent reniplacer un joug cache sous des iauriers, par un you\ ernement d'auli( lianibre et de sacristie. Puis , allant du passe ;'i I'avenir, M. Leniercier offre an pouvoir nouveau do sagesconseils qu'il n'a gnere suivis. II I'exhorte a ronipre pour jamais avcc les voltigeurs de tous les anciens regimes, avec ceux dc Tcnipire comnie avec ceux de la restaiiration , ct lui fait voir son appiii nalurel dans celte jeunesse a la fois coura- gense et intclligenle, egalement habile a defendre la liberie par la plume et pir I'epee. Ces avis de M. Lemercier et de tant d'autres devoues ci- toyens n'ont gnere ete suivis; illeur resle Ic mcrite de les avoir donnes : il resle encore a M. Leniercier un awlre et plus bril- lanl litre de gloire. Le jeudi, 29 juillct, a onze beures du ma- tin, au moment ou le sang des palrioles coulait a la caseinc de Babylone, au Louvre, aux Tuileries, au Palais-Iioyai, M. Le- mercier accepta les fonctions perilleiises de president de la romniission insurreclionneJIe du 1 1' airondissement, et coii- tinua de les exercer pendant tout le tems dn danger. Nous qui I'avons vu calme et I'eriiie dans ces jours de crise, nous nc pouvons terminer eel article sans rendre ce faible hommage a I'un de nos plus vertueux et de nos plus illuslres ciloyens. A. D. 1H2. — P/iiiippe I", ruldes Fiancais: Precis hislorique', par iM. A. Chateainehf. Paris, !8i>o : les marchands de nou- veautes. In-8"de vii-Sj pages; prix, i fr. 25 cent. Un cbangemenl de rcgne fut tonjoiu-s nne bonne forlune pour les biogiaplies. Mais, c'est un grand penple qui aj)pcl!e un prince a I'lionncur de le gouverner; il suflit prcsqne de ra- conter eel avcnenicnl extraordinaire : les peuplcs out pu si rirement elire eux-niemes leurs chel's! Que si ce prince n'a pris aucune part aux cvciicmeiis qui onl ameue lavacancedn tronc. il a ilonccunfjuis tant de popularile par la pralitpie d<: tonics les vertus civi(|ues ; el celte unaiu'milcd'une nation tonic entieic dans son cboixexplique assez quelle a etc la vie du nou- veau souverain. Cependanl les contemi;orains clierchenl dans le passe des g'lges pour rav.iiir : il« ob.--crvcnt incessammenl le SCIENCES MORALES. 739 monarqiie, pour qu'il reste inaccessible aiix seducliun!- et aiix exc^s dn jiouvoir .supreme ; ct la postcrile surtout voudra ju- ger le roi par le pi'ince. M. Chatoaiiiifiif, aiitcur de I'histoirc estimue dus granda ca- pitaines de la revolution, a puiilic ce [)rcci.s historique, pcu apres ccs journecs terribles dont le due d'Orleans, par son acccplalion de la coiironne, a assure la gloire et les bienfaits. La critique ne pent pas etre severe pour un livre fait aussi ra- pidemcnl; d'aille(M;', I'auteur, veridiqueet instruit, s'est pre- serve de I'adulation. 11 nous montre Louis-Pliilippe d'Orleans, ne a Paris, le6oclobre 17/5, deja comiiiaiidant une division a Valmy, ou 22,000 Francais, soblats presqiie improvises, iiiet- tent e.i I'uite 70,000 Alleniands. A Jemmapes, leduc de Char- tres, vainqueur aussi a I'aiYaire de Baussut, rallie des regi- mens, et s'elance a la lete des grenadiers, vers leshauteursque defendent 5o,ooo Aulrichiens et 200 canons. Nervinden et Tirlemont sonfc en outre lemoins Je sa valeur : deja de la gloiie et ie plus ardent patrioti.smc! Wais le general de vingi ans est prince royal ; et il expiera par Tevil, dans une vie er- rmte et malheiu'euse, sa naissance et scs laiens militaires. Perdu pour la cause nationaie, il devient, sous le nom de M. Corby, regent d'liistoire et de matbemaliques an college de Reichenau. De la Suisse, ce prince va visiter le Dane- mark, la ^or^vt■ge, la Laponie, jusqu'au cap Nord, a 18 de- gres du pole : ii parcourt la Fiulande, la Suede, ct revient a Hambourg, en i7<)6, « presqiie sans avenir, mais persistant dans son refus d'enlrer dans les r«//i/)5 r/e.v ctrangrrs ; et le Di- rectoire negocie secretement son expulsion de I'Europe. » Charles Xetsa famillen'ont rienappris dans les revolutions, iiipar les voyages: trois generations de princes, tombees ensem- ble du trone de France, Aiennent d'etre transportes de Cher- bourg a Portsmouth, et a I'asp.-icl du pavilion etoile, flotlant sur le (heat-Briliiln, le roi dechu disait an commandant de rexpedilion, M. Dumont-d'JJrville :« Ah! si mon frtre n'eut pas favorise I'indepondance de I'Ameriquedu nord !.. II a cause lapertede notre dynastie : tons les malhcurs de la France pro- viennenlde la .» Jamais voyages, ai: conlraire, n'ont ete mieux regies pour rinstriu'tion des princes, que ceux qu'une suite de circonstancesdeploiables fit entreprendreau due d'Orleans. II a vu rAllemagne, les iSlla'sdu nord de I'Europe, il resiila quel- que terns en (\ng!etei're, et, traversaut I'Ocean , il visita pres- que tons les tlats de rUnion : c'est lorstpi'il vient d'eludier les institutions el I'industrie des deux nations les plus libres du monde, qu'il est appele en Sicile. La, le bonheur eufin lui 74o LIVRES FRAN^ArS. somit. II cpouse la piinccssc Ainelic, qui ddevaita iin iiadirt lieureux, secoiidc (Jc I'education, uric tlignilc sans oigtieil . unc V(M'tu sans faslc, cf uiic bitMiraisancc sans ostrntalion. » La France profitera sans dunlc d'unL' instnution si douluu- rcusement ac(|uise : le prince, bien avant do ceindrc la coii- ronnca recu la conseciation de rinlnrtune pour iiii et pour ses fils, qui ne pourront pas unlilier, et Ics nialhenrs do Icur faniille, ct de liien teiribics cxcniplcs. lloi des Francais on due d'Oi'Icans, Louis-Philippe n'a lien iwiinT?' dans sa vie pri- V'ie. RL Chaleauneiif a relracu seuicnienl sa vie politique, et niCmc il termine son precis historique ii la seance memorable de la Chambre des pairs, en 181 5, dans hujuelle ce prince de- fendit, ayec MM. de Lroglie, Lanjuinais, etc., le tidne et sou droit sacre de clemence centre une niajorite avide d'exils ct de s'ippliccs. On rcgrette aussi que ce livre ne nous moutrc pas le protecteur eclaire des beaux-arts el de Tiuduslrie, I'ex- cellent pere de fanu"lle, le proprietaire qui, prince au Palais- Royal, etait a INeuilly un savant agronome, et I'ami des 011- ■vriers. Isidore Ledrcn. i85. — Notices historiqius stir S. A. li. Louls-Plii- lippe d' Orleans , roi des Francais, et sur le general Lafayette, commandant en chefles gardes nationales de France, extrai- tes de la Biographic universelle et portative des contmiporains, et precedees de qnclques notes sur La necessite deseraUier au due d'Orlcans; par V. de ISoisjoslin. Paris, i83o; les editeurs, rue de rEcole-de-Mcdecine, u" 5. In-8° de 113 pages; prix, 75 cent., au profit des blesses. On recherche maintenanl toutce qui peutcontribiier a faire apprecier le caractere des deux ciloyens illustres que les der- niers evencmens out places I'tmsur le trone, auquel ses vertui promettent un eclat nouveau, I'autre a la tete de cette mi- lice nationale dont il a jadis seconde si gloricuscment la pre- mic're organisation. iNons recomniandons les deux INotices annoncees ci-dessus, et (ixlrailes d'un recueil dont nous avons eu deja plus d'une fois I'occasion de luuer rexaclilude et I'im- partialite, a tons ceux qui d( sirenl connaitre par (juelle suite d'ev6nemens etde patriotiquesdevoOmens Lal'ayelte et Louis- Philippe out acquis des droits a I'estime des Francais. Litterature. 184. — *Bibliotlidque latine-francaise : Collection des class iques latins, avec la traduction en regard, publieepar C. L. F. Panc- KoucRE. Institution oraioirc de Quintilien , traduction uou- LITTEIIATLKE. 741 velle, par C. V. Ouizille, chef de bureau au iniiiisU'rc de I'inlL'rieur. T. u. Paris, 1800; C. L. F. Panckouckc. In-8°; pris, 7 fr. (Voy. Rev. Enc, t. xlvi, p. 75G.) La notice ([ui precede ce volume est a peu pres extriiile de Dodwell; mai.s cet extrait, degage des Ibinies de la disserta- tion, est clair, precis et elegant ; les considerations qui sui- vent sur la decadence des lettres, et sur les torts de Senecjue envers la vieille litteratine de Home, pourraient bien deplaire aux romantiquescontempleurs de la noire ; et, si Quintilieu est Venn ressusciter les bonnes doctrines chez les llomains, nous n'avons pas moins besoiii d'y revenir. La lecture de son Insti- tution oratoire aurait beaucoup de conversions a operer; elle con- viendrait surtout a ceux, qui fal.sam sibiscienticB persuasionemin- duerunt ; ce passage dn premier livre a ete I'ort bien rendu par M. Ouizille, dont la traduction est claire et fidele. II nous se- rail impossible, sans doute , d'entrer ici dans une discussion philologiqueihimerite qu'elle presente. II vautmieux instruire nos lecteurs des moyensdont il s'est servi pourenfaire unbon travail. L'edition de Quintilien, qni fait partie de la collection de i\l. Lemaire, a ete fort utile an Iraducteur, qui se plait ale reconnaitre, et qui a profile anssi des remarques de IMiM. Adry et Capperonnier ; et, graces a lui, on pourra lire avec fruit et avec plaisir celle Institution oratoire, que La Ilarpe qualifiait de livre iuimortel. La notice sur Quintilien est parfaitement ecrite, elle est forte de choses et de style ; nous en extrairons les fails suivans. L'auleur naquit a Calahorra , et suivit a Rome les lecons de celebres orateurs, puis il accom- pagna Galba , que Neron avail designe pour commander en Espagne. A ravenement de Galba, il fut nomme profeSseur d'eloquence ; apres vingt ans d'exercice, il se retira ; et il com- posait son Institution oratoire, quand Domitien le choisit pour pri'sider a reducatioii de ses pelits neveux; enfin, ce ne fut que sous Adrien , ct dans un age fort avance , qu'il parvint au comble des bonueurs et des richesses. Cela explique com- ment, sous Trajau, Pline s'adressait encore au rheieur plus riclie enverius qu'enressources. M. Ouizille cherclie a absoudre son auteur du reproche d'avoir loue Domitien. Nul doute, dit-il, que I'eloge de cet empercur n'eflt ete impose a lous les gens de lettres du terns jar I'ombrageuse snsceptibilite de ce tyran. La lecture de Quintilien a etc fort recommamlee par Kollin : elle doit plaire surtout aujourd'hui, ijue I'eloqacnce a recouvri ses plus nobles prerogatives, et qu'elle est appelcc d exer- cer une si haute influence sur notre avenir, aujourd'hui qu'elle est dcvcnue le plus puissant inoyen d'ilUistralion personnelle, et qu'il 74a LlVllES Fll.VNCAlS. hnpoi'le lant lie lid doiinir itne direction sags et gentrcit.ie , digits tvfin lies institutions qui nous rcgissent. Ces mots sont de ^1. (.)iiizillc, cl prouvciil que, .s'il est lion jihilologiic et tia- diiclcur exact, il ii'est pasinoins hoii Francai.s. 1 85. — * Bihtiotlicqnc talin(-franraise,iilion est le recit. II en est unc plus vive, qui tient le milieu entre le drame, auquel elle emprunte quelqucfois son dialogue, el le recit, dont elle suit, par moment, lamarche progressive. C'est • •elle oi'i le poete saisit les points piincipaux de sa legcndc cl les developpe isoK'inent, en y ramcnant par allusion les cir- conslanccs sccondaircs. IM. Boucher ilc Perthes parait affec- 74'j LIVRES FRANCAIS. tiomier cettc doniiere forme, et, srloii nous, avoc raisoii ; ct rios cloges scraiciit ici sans restriction, si les discours des per- sonnages etaient enticmeles de recits places dans la liouche dn poete : chaqiie morceau de M. Boucher de Perthes n'est qn'nne rapide elegie qui, plaoee surles levrcsd'un personnago passionne , ne periuet an pocte que le developpenient d'une seule situation, et lui inlerdit souvcnt reil'et de contrastes. Nous anivons avecplai>ir i\ I'exanien du style, on nos eloges seront pen nieles de critiques. 11 est toujours simple , elegant, harmonieux, souvenl vif, quelquefois encrgique ; et , si les couleurs en etaient plus Cortes et plus animees, il ferait sans doute oublier ce qui manque an fond des idees de haidiesse ct de nouveaute. II serait facile de trouver dans re iccueil dix morceaux egaux en merite a celui que je vais citer : Lc Pauvre honieux. H nc demande pas, mais, sur son front livide, Ah! ne lisez-vous pas ces mots afl'ieiix : j'ai faim 1 11 ne demande pas ; il est Cer et liniide : Lui rerusciez-vous, li) C'est par un tel langage, plalement adulateur, que les fonctionnaires de I'epoque entrainaient graduellement cc prince vers Tabiine oO il s'tsl enfin precipite. Apres ce dis- MliMOIHES ET RAIT. — Oi VRAGF.S PiiRIOD. -r>i cours, iM. le D'CuYiixANr, sccre'.airc peipetuel, a fail (in rapporl surles travaux tlesmeinbres de la Societe, entre lesqiieis nous, remarquons lui Essai d'analysc des eaux dc Lons-le-Saulnirr, par M. PoiRiiiR, phaniiacien de cette ville ; nn expo«e fort interessantc/c I'F.tat delaMaison peniteniiairsct de C£cole pour tes petits eufans de Geneve, resiiltat d'un voya-^e fait par M. le secrolaire perpetuel dans cctle vilic ; line note sur' diverse.^ ameliorations agroiiorniques oi^erees par !\1. Chevillard; unc Notice curievise sur les Antiquilrs de Lons-le-Saulnier , par M. MouNiER, conservateur dii Musee; enfin , un savant Mc- moirc de fll. Houry sur I'Analogie des langues grece/ue , la- tine el sanscrite. Yoici pour la prose. La Soeiete a egalement paye >on tribut poetique, par plusieurs morceaux qni ne sont pas indigncs d'etre remarques; nous citerons specialement des Imitations d'Horace, par SI. le general Delort, et deT/io- mas Moore, par M. Viancin. La Societe a ramis au conconrs pour 18 jo un siijel sur le- quel elle n'avait rcru (|n'un ftlemoirc : c'est I'hisloire du pays forniant aiijourd'luii le deparlement du Jura, dcpuis Jules- Cesar jusqu'a nos jours; le prix est une mcdaille d'or de 200 fr. La Societii annonce egalenient qu'elle decernera des niedail- les d'encouragement aux meilleiu-s Wemoires historicjues sur les diverses localites, ainsi qu'aux ouvrages inedits, scientifi- ques on iitleraires, qui lui seiont adresses paries auteurs. La Societe propose egaleaieut divers prix pour Tencouragement de I'agruulture dans le departement. A. Ouvrages periodiques. igS. — *Bulletin des sciences geograpldques , etc. : Economie piibliqae. Voyages : 6° section du Bulletin aniverscl, public par la Societe pour la propagation des connaissances scientifiqucs elindustrielles, etsous la direction de M. le baron de Ferussac. T. XVI (deuxieme voluuiesupplementairedeiSaS). Paris, iSSo; au bureau du Bulletin, rue de I'Abbaye, n° 3. In-8° de 4^0 pages. « Lorsquenous fumesappele, en 1828, ditM. deFcrussac, en qualitede chet'de division, a dii-iger lesrechcrches statistiques que paraissait vouloir entreprendre le ministere du commerce et desinanufaclures,afindepouvoirappnyerla marchedesaflaircs sur une parfoite connaissance des tails, notre premier soin tut dc constater toutes les sources de renseignemens existanles alors, que nous pouvions consulter avec I'ruit, en nous atta- chant a tenircet inventaireconstamment a jour. Oblige de nou> ;5a LIVRES fllANCAlS. demcttrc tie ces t'onctions, lorsque nous eftmcs acquis la cer- liliule que le senl plan prati(iil)le, pour arrivcr a nne connais- saacc complete tie fiiits positil's sui' toulcs les questions (I'ln" leret public, n'elait point agree par le minislrc, nous concfimes le projet d'uliliser ces matcriaux pour le Bulletin, en nous bornant a rappeler les documens Irop anciens, et a donncr, sur tousles travaux recens dont nous avions connaissance , un article special et court, propre a les faire connaitre aux lec- leurs de ce recueil. » (Exlrait de V Averlissement). Ce voltune est done un recueil d'indicalions relatives a la statistique de la France, un guide a consulter dans les recher- ches que Ton pourra faire, soit sur quelques parties du ter- ritoire, soil sur toute son etendue. Pour une telle destination, il fallait que toutes ces Notices fussent reunies,au lievi d'etre reparties dans les cahiers du Bulletin ; mais comnie elle sont une partie cssenliellc du plandc cette grande entreprisescien- tifique ; conime elle serviront Ires-eHicacement a rendre plus protitables tons les documens ulterieurs qui seront publics sur les memes conlrees et sur les faits qui les concernent, il fallait lesassocier aux cahiers du Bulletin, mais en dehors, en faire un volume supplementaire; c'est le parti que M. de Ferussac a pris, el les amis des sciences slatistiques lui en sauront grc. Une table alphabetiquelres-delaillee rendra les recherches en- core plus faciles : rien de ce qui pouvait venir au secours du laborieuxinvestigateurn'a eteoniis, el Ton n'apas craint de se livrer a un travail ingrat etrebulanl, pour I'epargner a des savans et a des homines d'Etat qui onl a faire un autre em- ploi de leur lems. igg. • — * Le Franc Parleur dc Faitclusc, jiturnal politique, industriel et lilteraire. Avignon, i83o; typographic d'Armand Guichard. On s'abonne a Avignon, chez M. Henry Maumet, avocat, rue Calade. Ce journal est mcnsuel; chaque nimiero est de 2 feuilles d'impression. Prix de I'abonnement : 12 fr. par mois, 7 fr. 5o pour G mois, i fr. 5o par numcro. Les coeurs franf;ais baltent en province avoc aulant dc force qu'a Paris ; lisez le Franc Parleur, et vous en serez convaincii ; et ce joinnal n'est pas un fruit de notre recente et glorieuse resurrection; il est ne sous le regime prosciipteur de touto franchise ; il a paru conmie I'un des signcs qui annoncaient la chute pruchaine de la tyrannic qui accablait el deshonorait la Fran<'me tahitien, un choix d'extraits des saintes EcritureSj I'Lvaugtle de saint Luc. O grande Brelagiie, lerre du savoir! s'ecriaicnt sans cessc 758 AUSTIWLIi". tons tciix qui sc pressaieni nux portes et aux fonetres ile I'im- prinieric. La loiilc accoiiiait dc tontcs les parties d'Eiineo, et uieme Jes iles voisines, pour voir Ics niissionnaires a I'oeuvrc, et pour se procurer cles livres. Lc rivage clait horde de canots; les maisons dcs hahitans etaicnt envaliiespar des hotes nombreux; ct de tons cotes des groupes cam])aient en plein air. Pendant plusieins semaines que dura le lirage, on eCit (lit alentour une foire pernianente. Afin de conserver les livres, on jugea nccessaire de les reiier d'une facon un pcu soiidc avant d(! les livrcr aux demandeurs M. Ellis s'etait mis an fail de la reliOre en Angleterre. Mais les nialeriaux lui manqnaient ; il lallnt y suppleer. On labriqua d'excellcnt carton avec de la loile d'ecorce d'arbre. De vieux journaux teints en violet fonce fiircnt colles par-dessns, el on se servit, pour le dos et les coins, du petit nombre de peaux de njouton apporlees d'Europe. Lorsque les provisions lurent epuisees, les natnrels firent la cbasse aux animaux pour s'en procurer de nonvelles. lis arrivaient triomphans avec la peau de quelque gros chien, ou de qnelque vieille chevre, aux- quelles tenaient encore !e poil el la barbe. D'autres foisc'etait la depouille d'un chat sauvage attrape dans les monlagnes. Lorsqu'on leur eulenseigneaappre*er lecnir, ils le firent chez eux, et de tons coles on voyait des peaux suspendues anx bran- ches desarbres ou lenducs dans des cadres, ^ secher au soleil. Les livres elenientaires se distrii)uaienl gratis : uiais il I'lil arrete que tout ouvrage plus considerable on plus important se vendrait poiu- convrir les frais du papier et de I'impression, et pom- empf'cher que le peuple ue fit pen de cas des choses donnees ponrrien. Le prix fixe Tut une petite qnanlite d'huile de noix de coco, facile a se procurer et que les naturels se sou- inirent i payer avec joie. Tout penible et tout fatigant qu'etail un travail sans relache, sons les tropiqnes, et dans une saison ou le soleil est vertical, M. Ellis dit que cette epoque est parmi les pins heureuscs de sa vie. «Je voyais snuvenl, ajoute-t-il, arriver trente a quaranle canots des parlies les plus eloignees d'Einieo on de quelque ile voisine, amenant chacun cinq a six personnes qui ne fai- saient le voyage que pour se procurer des exeraplaires des saintesEcrilures, qu'il leur fallait sou vent altendre six ou sept semaines. Elles apportaient d'enormes paquets de leltres, ecrites sur des feuilles de platane et roulees cotnnie d'.incicus parchemins; c'etaient autanl lie suppliques de ceux qui, ne pouvant venir eux-menies, demandaient par grace qn'on leur puvoyat des livres. Al sill A LIE. 759 «l>n soir. an couchor du joleii, 1111 ciiuot airiva lic Tahite, ijiontcpar iirH| lioimiies, Ilsdobarqiiorent, plitTciit leur voile, tir(;reiit Itiir caiiut siir la plage, et s'achemiiierent vers ma denieure. J'aliai an devant d'eux : » Luka, te paraii na Luka! — Luc, la parole de Liic! me dircnl-ils tons a la Ibis, en me montrant dcs Cannes de banibuu pleiiies d'huile de coco qu'ils offraicnt en paiement. Jc n'avais point d'excinplaires prets; je leur eu promis pour le iendemain matin, el je les engageai ii se letirer chez qiielquc ami dans le village pour y passer la nuit. Le crepuscule, toujours Ires-court sous les tropiques, avail disparu. Je leur souhailai le honsoir el me retirai. Le Iende- main, au point du jour, je les apercus, a mon grand etonne- ment, couches a terre devanl la maison sur des nattes de feuilles de cocolier, sans autre couvorture que le laige man- tean de toilc d'ccorce qu'ils portent haJiituellemcnt. Je me batai de sortir et je sus d'eux qu'ils avaient passe la toute la miit. Lorsque jc leur demandai |iourquoi ils irt'lai<'nt pas alles loger dans unc maison, ils repondireiil : Oh! nous avions trop peur qu'en noire absence, quelqu'nn ne vinl de grand matin vous demander les livres que vous aviez prepares, et qu'alors nous fussions obliges dc repartir les mains vides; nous avons tenu conseil hier soir, et nous avons resolu de ne nous eloi- gner qu'apres avoir oblenu ce que nous sommes venuscher- chcr. Je les conduisis dans I'imprimerie, et, ayanl assemble des feuilles a la hale, je leur donnai a cbacun un exemplaire; ils m'en demandercnl deux aulres, I'un pour uue mere, le se- cond pour une sceur. Ils' envelopperent les livres dans un morceau de toile blanche dn pays, les mirenl dans leur sein, mo souhaitcrent une hcureuse journee, et sans avoir bu, mange, ni visile une seule persnnne de retablissenienl, ils coururcnl au rivage, remirenl leur cauot a (lot, hisserenl leur voile de cordes de palmier nattees, elsedirigerenl lout joyeux ver's leur ilo natale. » Aprt's I'Evangile, les missionnaires imprimcrrnt un volume il'liymnes en vers, qui acquirent bienliU une giande popula- rile, ces peoples ayant un goAt tout p;:rticr.lier poiu- I'harmo- nie poetique, alaqiielle leurlangue est singulierement propre. Ils possedent de nouibreuses ballades historiques et mytholo- gi((ues oil se trouvcnl retraces unc I'oule d'evenemens en rap- port avec chaque cpoquo de la vie. Ces poemes se nouiment 'ibiix : on enseigne aux enfans a les reciter de bonne heure, et pour ainsi dire a les representer, car ils ont parfois le carac- '.erc du dramc ou dc la pauloniiinc. II y a uu chant pour la pc- jr6o ALSTIIALII'. — ASIlv clic, nil autre pour la construcliun il'iin canol, pimr lancer iiiic pirogue en iner, pour aballre un arbre de la loret. Cu soul ties harmonics imilatives d'un accent neuf et sauvage, tandis que les paroles rappellent ties usages singuliers d'an- cienne snperstilion qui vout dispaiaitre. 11 est fort a souhaitcr (pic les missionnaires conservent non seulement la substance (le CCS poesies populaires, mais ies poesies memes dans leur forme originale, ct qu'on en ait nn jour des traductions aussi pri's dn texle que possible. Les chansons tahilicnnes suitouf contiennent bcaucoup de mots qui ue sont plus en usage dans I'ldionie parle , et que M. Ellis croit devoii' faire remonter a la plus haute antiquitc. Ces chants sont pleins d'images, vifs tt Ires passionnes quand le snjct Texige. Les rares specimeits qti'en donne le voyageur missionnaire se rapproclient beau- coup de la plus belle poesie orieiilale. ASIE. UcssiE AsiATiQtJE. — Georgie. — InstructionpubUquc. — £coles. — La Gazette de Tlflis, fcullle interessante que nous avons fait connaitre a nos lecleurs (voj. ci-dessus , cahicr d'aotJi i83o, 487-488) , el que presque tons les jonrnaux russes exploitent a I'envi sans Ic inoindrc scrupule, continue a nous offrir des notions intcressnntes et circonstanciees sur les provinces du Caucase sons les rapport historique, statistiquc , elhnogra- phique et indnslricl. IJ'est a elle que nous devons les details suivans sur les progres de Vinslruction publique en Georgie. — Du moment oi'i cette province ful reunie a !a Russie, on posa , en J 802, les bases de redncalion de la jeunesse, par la fondalion d'une eVo/c a Tiflis, qui fut remplacee, en i8o4, parune/;«i- <,ion noble, deslince principalcnient a procurer de rinstniction aux entans des genlilshomnies georgiens ; chaque annee huit eleves devaient etre envoyes a la pension de rUniversite de iMoscou, pour y ai'hever leurs etudes. En 1807, I'enseigne- ment de cetle ecole fnt a^simile a celui des gymnnses, et divise en qu.itre classes ; I'illustre general Yermolov , ayant rcconnu par la suite que cc mode d'enseigncmenl n'elail pas en har- monic avec les'besoins du pays, y fit, en i8i(), de nouveaux changemens ; renseigncment des laiigues lailne et alleynandc fut reniplace par celui de la langue tatare, bcaucoup plus usi- lee dans ces contrces ; Ton ajoula an conrs d'eludes plusieurs branches des sciences miliiaires. L'ccole ainsi reorganiscc eut jusqn'a 5oo eleves ; mais, d'apres le but de sa fondalion, elle n'ofTrait qu'a la senle aristocratic georgienne les bienfaits dc ASIE.— ELROPE. 761 rediicalion, dont les autres classes de la population commen- caient aiissi a sentir le bcsoin a mesiire du developpemcnl de la prospcrite generale. En consequence, on a etabii en mai i83o un ^■mnase I'lTiflis, et vhigt ccoles de district dans les provinces. A ce gymnase est allachec une pension pour 40 eleves du gouvernenient , dans laquellc sont adniis, aux fraw de leurs parens , les enfans des gentilshommes , des inili- taires et des employes. A Tepoque de son ouvcrture, cet ela- blissemenl comptait 298 eleves. S. P — Y. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. LoNDRES. — Pompe a iiicendie mue par la vapeur. — Celte macliine, de rinvcntion de M. BnAiTHWAixn, a rendu deja les plus importans'services : la simplicite des moyens, l:i certi- tude et la facilite de raction, la force extraordinaire du jel , et la quantite de fluide qu'elle envoie, lui donne des avantages incontestables sur les pompes ordinaires. Elle pent lancer en- viron 9,000 gallons (40 tonncaux) (lar lieuie, a vnie elevation de 90 pieds, par une ouverture d'un septieme de pouce de diametre. Plus le tube est large, plus la quantite d'cau aug- inerite ; avec deux jets, on obiiendrait cinquante tonneaux par heure, lances a cinquante on soixante pieds. Mais I'elevation depend beaucoup du vent. Par un Icms calmc, on a projete un jet dun septieme dc pouce de diametre, a ime distance dc i4o pieds. Le second point important est le tems qu'exige la formation dc la vapeur. Des tenioins oculaires affirment que, du moment que le feu est allume, I'eau de la chaudiere etant tout-a-iail froide, il ne faut pas plus de 18 minutes pour que la vapeur atteigne toute son intensile : presque toujours les arrangcmens necessaircs pour atteler les chevaux, se procurer de I'eau, etc., remplissent cet intervaile ; et la marcbe n'ar- rete meme pas Taction du feu, qui est constamment ravive par un soulflet dont le mouvement correspond a ceiui des roues. Deux hommes suflisent pour diriger I'eau et faire tra- vailler la pompe; les frais de combustible sont de six sous d'AngIcleri:e (12 sous de France) par heure. Le prix d'une de ces machines est de 800 livrcs sterling; rinvcnteur se charge dc fonrnir un homme accoutunic an service de la pompe, et prend sur lui tousles frais de icpara- lion pendant loou aoans, selon les conditions. -62 EUROPF. RUSSIE. Petersboprg. — Acadende des sciences. — Same.*' des mots dc mars ct d'nvril i8jo. — M. B/icu a In nn Mciiioirc snr unc (lent dc manniioiit/i oa elephant fossile, scmhlabte a la dent de l\lep/i(int d\I fii(/iie vlvant, et iiii autre .s7//- tcs esprces du cenre Felis qitise ironvcnt enRassie. — .M. 'V iciimkv.sky a ])reseiite tiois dessinset iine description do Vaurorc borrnte, qii'il a ob- servee le ■— mats i85o. — M. Schmidt a prcseiite en mi- nusciit line grammaire mcngole, dont nous parlous plus ha-^, et M. Mertess, une dissertation sur les aeali plies , ct un deuxicme traite sur Ics physsnpliores. — JM. Fn.tniS a lu uu Menioirc reiatifa Irois nicdalllcs des Diilgares du Volga du ix" siccle; el IM. Ij.er, son rapport sur le manuscrit de M. KiTLiTz, ayant pour objet quel/jucs oiseaux du Clilli ; il signaleavec eloge les notions ornitbologifpies recueillies par M. Ritlitz pendant son coin-t sejour an Cbili, on 11 a decou- vert pbisieurs nouvelles especes d'oiseaux. — M. Hamel, au- leur d'un excellent ouvrai;e sur la Fahrir/ue d'ornies dc Toala (voy. Revue Encyclopcdique, Janvier 1828, t. xxxvii, p. luG- 129), a lu un IMemoire dans lequel il deniontre rulilite dont 11 serait pour la science et pour Tinduslrie nianufacturierc d'etudier, avec plus de soin qu'on ne I'a fail jusqu'ici, I'liis- toire naturelle de ces especes d'oestrus, dont les larves sont logees sous la peau de divers animaux, on elles sc nourris- sent, et parviennent a letn-euticre croissance dans des abces, qui Occasionent dans le cuir des trous et d'autres deftuits, auxquels les tanueurs et les chamoiseurs russes donnent le nom de petite verole. — M. Ostkogradsky a fait connailrc qu'il avail acbeve sa dissertation sur Ics inegaliies seculaires des elcmens des planites ; ce travail doit etrc adresse a I'lnstitut de France. — iM. le general Ba/.aine a prescnte son Memoire, intitule : Nouvelle demonsiraiion du hinOmc de Newton pour le cas de I'ca-posant enlier et posilif, independanie de la llu'orie des pcrmuial'ions et des comhincdsons. — M. Mertens, qui a fait un voyage aulour du monde, a donne des details sur les pro- gri'S rapides de la civilisation parmi les insulaires de I'Ocean- Pacifique; il pense qu'il serait important pour I'histoire de I'hunianite en general, et pour celle de ces insulaires en par- liculier, de rccueillir tout ce qui a rapport a Icur induslrie indigene. En offrant a I'Acadcun'e les curiosites relatives a cot objet, qu'il a recueillies pendant son voyage, il a exprime le desir qu'elles formcnt la base d'un Musee, qui rennirait tout IIUSSIE. ^65 oe que I'Acadcmie possede en fait d'habiilcniens, d'armes, d'ustensiles, d'ornemens, etc., des peuples sauvages, et dont line section seiait consacitie aux insulahes de rOcean-Pacifi- que. — iM. RiTtiTz a adressc un Mcnioiie siir les oiseaux du gionpe d'des dc Boiiinsima, et iinc liste d'aniniaux ctnpailles on conserves dans de I'esprit de vin, qu'il a rappoites de son voyage antour dn monde, ainsi qn'uno grande qnantite de plantes du Kanitcliatka. Tons ces objets sonl offerts a 1' Aca- demic, ainsi qu'nne collection geognostiqne, un porlereuille de 4'5 dessins, de M. Postels, mineraiogiste et peintre de Texpedilion dn capitaine Litre, et un porteieuille de47 des- sins de JI. MiRnAiLov, peintre dc ['expedition dc la corvette MoUer. — On a lu unc lettre du capitaine Litre, contenant les resultats de ses observations s((r le pcndule, failes a I'Obser- vatoire de Greenwich, a Valparaiso, a Silka, an port de Saint- Pierre et Saint-I'aul (Kamtchalka), a Sainle-Hclcne, et a i'Observatoire de Petersbonrg. — IM. Hansteen a etc ein nicnibre hoiioraire de I'Academie, a {'occasion de I'aciieye- ment du voyage qu'il a entrepris en Russie pour des observa- tions magneiiques. Travaux publics. — Canaitx. — On coiistruit, en Russie, trois nouveaux canaux qui ont cte commences en iSaS: I'un, sous le nom de canal de la Findava, est destine a joindre cette riviere au Nienien; le second, doit rcunir le INiemen a !a Vistnle ; et le troisieme, joindre le ^ olga a la Moskva. Voyage aux colojiies americaines busses. — Decouverte d'une tie. hahitee. ■ — M. Koromtchenro, dans son voyage qui u dure environ deux ans, et duquel il est revenu a Kron,-tadt en juillet i85o, a decouvert, au 7° 9' TS" de latitude meri- dionalc, et 177° i5"de longitude-est de GreenAvich, une pe- tite He habitee, qui n'est designee snr aucune des cartes les plus recentes, et a laquelle il a donne le nom de LcBwenduhl , eii I'honneur de son premier adjoint; le voyageur a deter- mine la position de deux groupes d'iles (dont Kot/.cbue u'a parle que d'apres les rapports d'un insulaire), et il en a fait la 'descri{)tion. Instruction publique. — Siaiisiiqae universitaire. — ^om- bre des Hcves en 1829. — UVniversite de Petersi)ourg, qui comptait, en i8-.>G, 5oeleves, en a en 177 pendant I'annee 1829. Le nombre des etudians dans les huit gouvernemens de son arrondissement, a etc de 10,200. — Le nombre des eleves de VUniversite de Moscou, qui a cele- brc, en Janvier i85o, le 75'anniversaire de sa fondation. a ete, pendant Tannee scolaire 1829. de 660, non conipris les 764 EUROPE. i8cnndidat«, et 58 cliirurgiens qui y oiil continue leurs etu- des. Le nombre total des cleves, dans Ics 296 etablissemcns d'instruction publique des onze gouvciiiemens dc I'arrondis- aeinent uuiversitaire, a etc de i5,f»oi. Ces eleves etaicnt re- partis oinsi qu'il suit : NUUBBB et CERBK Etablissemens. KOMBRK des lileves. NOUBBK et GENRB des Etablissemens. MO MERE des Eleves. 1 1 Gyninases. 1,089 Universile de Moscou. 716 g4 Ecoles de district. 7,5o6 Pension des nobles, k Moscou. 272 1 54 Ecoles de paroisse et primaires. 4,945 Haute Ecole de Demidov, a laroslavle. 79 54 Pensions el Eculcs particulii-TCS. 994, dont 562 gar(^ons et 652 Giles. Niimbre total des Ijltablissenicns. 296. Nombre total des Eleves. 1 5,601. Le nombre des eleves a ete, en 1829, dc i.3oo plus consi- derable qu'en 1828; celui des professeurs et des maitres s'est eleve a 827 ; ce qui fait environ un pour 18 eleves. On a ou- vert 8 nouvelles ecoles paroissiales et 3 nouvelles pensions particulieres. Los onze gouvernemens de rarrondisscment universitaire de Moscou se classent dans I'ordre suivant, d'apres lenoiTibic de leurs eleves : RUSSIE, 7G5 NOMS des Gouvernemens. NOMBBE des Eleves. IVOMS -des Gouvernemeiis. NOMBBE des Eleves. 1 . Moscou. 3)9i'9 7. Tver, >,>S7 3. Riazane. 1,595 8. laroslavle. 1,087 5. Toula. 1,389 9. Novgored. 1,047 4. Vladimir. 1,373 10. Tambov. 1,009 5. Orel. 1,071 11. Koslioma. 634 6. Voronege. 1,200 TOTAL. i 1 TOTAt.. 1,5,601 On doit regietter que Ics autres Universites, oellcs d'Abo (transfc'ice en 1828, apres I'incendie dc cette ville, a Helsing- fors) , de Petersbourg, de Kazane, de Kharkof, de Dorpatetde Vilna negligent de publier de semblablcs documens, avec Icsquels on ponrrait dresser un tableau slatistiqnc tres-cnrieux de I'etat de I'instrnction publique en Rnssic, et ctablir les rap- ports qui existent entre la population de ses differens gouver- nemens et le nombre des eleves; car tout ce qui a etc public jusqu'a present a ce sujet dans les journaux est inexact et in- coniplct. Serge Poltoratzky, de Moscou. PaiLOLOGiE OBiENTALE. — Grammaive de la langue mongole,, parM. Schmidt. — Cette granimaire est \e fruit de longs et cons- tans travaux. Dans un rapport presente a rAcademie des sciences de Petersbourg, M. Scbmidt expose tout ce qui a ele fait avant lui dans cette branche de la pliilologie orienlale. et prouve que, nialgrc les excellens travaux de Beyer, nos con- naissances sur le mecanisnie de la langue mongole sont encore tres-defectueuses. L'Academie, considerant que la publica- T. XLVII. SEPTEMBRE 1 85o. 4y yGG EtllOPK lion lie la grummaire mongole de Al. Schmiut. iccoiiiui ))>nir rorioiilalisle Ic plus verse dans cetlo lan-^iie, sen iioii-seidc- nicnl reciie par ic monde savant avec heancoiip trinleiei, njais qu'elle sera encore d'une grande iitilite pour la llussie, a resolu d'en publier, a ses I'rais, deux alilions, I'nne avec le textc altemaTid, et Tautre en russe. AnRHANGEL. — Dcaux-Arts, — Sculpture. — Monument en bronze d l.omonossov, par Martos. — Le celebre poete, dont s'honore la lUissie, n'avait eu jiisqu'a present qu'un simple saiTophage eleve a Petersbourg, siir sa tonibe. Une sonscrip- tion, qui produisit 5o,ooo roubles, fut ouverte pour lui erigcr un monument, qui se compose de deux figures, dont la plus grande, de dimension colossale, represente Lomonossov dans un moment d'inspiratioii poetique ; son bras droit est etendu ; il lient dans la main gauche une harpe, ornee du chiffre de rimpcratrice Elisabeth, et soutenue par un genie aile. Al'imi- talioa des anciens, M. Maktos a represente le poete a demi- nu. 11 est debout sur un hemisphere, oii Ton voit la parlie septentrionale de la Russie europeenne, et les mots : Mer glaciale et Khohiiogoiy, lieu de naissance de Lomonossov. Le tout est en bronze, ayant trois archines et deux verchoks (un j)eu plus de deux metres) de haut, sans compter I'hemisphere. Cette masse reposera sur un piedeslal de granit, dont le de- vant portera en lettres d'or le nom de Lomonossov. La hau- teur totale du monument est de sept archines et deniie (en- viron cinq mt'trcs). PuK>st puRioDiocE. — Sombrc ct Indication des Journaua- pu- blics en Russie en langiie francaise , pendant les annees i82<) et i85o. — Le nonibre d<;s jourwaux en laugue franpaise, pu- blics en Ilussie pendant ranriee 1829, a ete de 7, dont 3 a Petei'sbourg, 5 a Moscou et 1 a Odessa. Deux de ces jour- naux, publics a Moscou, out ces.'e de paraitre : XeBnlleiiii du Nord, rcdige depuis Janvier iSuS jusqu'en decembrc 1829, par M. Lecointe de Laveau ; sa collection, qui se compose de •24 cahiers mensucls, on (J volumes in-8° pour les deux an- nees, ne pent mauquer d'iutcrcsser les etrangers, en leur I'ai- sant connailre h s ri. hesses scientifiqiies, litteraires ct iud'.is- trielies de la Russie. On trouve, dans les cahiers de Janvier, Icvrier et mars 1828 de cc Bulletin, un article tres-curieux sur I'elat de la Prcsse periodiquc en Russie, traduit du Tclegraphc. de Moscou (N"'22, 20 ct 24, de 1827), et qui fait connaitre, a qneiques omissio!is el inexactitudes pres, les titres et I'epoque (le publication de tons les Joumaux qui out paru eu Russie de- puis qu'ony a introduil ce genre d'ouvrages (c'est-a-dirc, de- UUSSIE. ;G7 puis le commencement du xviii' siecle jiisqii'a I'annoo 1828); le redacteur rnmcais a senleraent en le tort de donner le litre inipropre iTEsprit des Journaux russes a des articles (|ui ne presentent qu'une simple notice bihliograpldque. Le BuUclln a rendu encore a la litterature le service dc relever les crreurs que les journaux etrangers commettent si inconsideremment et si obstinement, en donnant des articles inexacts sur la iliis- sie, et en dciigurant les noms de nos ecrivains; et , quoique des observations justes et meme severes aient ete adn\ssees a ce sujet dans le cahier de_/'awr/e/- 1828 (p. 28-38) du BuUetin du Nord, aux redacteurs du Journal gmcralde la Litleraturc (trangere, public a Paris depuis trente ans, ces messieurs n'en out gucre tenu compte, puisqu'ils conlinuent toujours a ol- frir, snr la litterature rnsse , des notions d'nne inexatlitudc inconcevable, et poussent la negligence au point de ("aire pa- raitrc, au niois iVaout i85o, leur cahier de mars. — II est fort a regretler que Le Biilletiri du Nord ait ccssc de paraitre. — Le second journal dont nous avuns a annoncer la cessation n'a eu qu'une existence ephcnu're : c'cst unc leiiille puiiiiee a iMoscou, sous le litre de Thedtre Fravcais, et ilislribueele soir, a raisonde ;|0 centmies. Cbaqne numero, dont il n'a paruquu 5 , en Janvier 1829, se couiposait d'nne page in-4°, sur deux colonnes, et nedill'erait du Monilcur des Theatres, I'euillc quo- tidienne, publiee a Paris depuis six ans, qu'en ce qu'il n'avait pas, conmie celle-ci , vingt spectacles a annoncer, et qu'il teni])erail Taridite de ses annonces en les faisant acconipagner de couplets , de charades, de logogriphes, etc. Le nombre des Journaux frangals publics en Unssie, rcduit a 5 par la disparition de deux journaux de Moscou, s'est cleve, en i85o, jnsq'i'a 8, dont 4 a Petersbourg, 1 a Moscou et 3 a Odessa ; savoir : 1 . — Le Journal de Saint-Petersbourg , politique el liltih aire, parais!rant Irois lois par semaiue, les mardi, jeudi et samedi, par nunicro de quatie pages in-t'ol. , a deux colonnes. II fait suite, depuis le niois de Janvier 1825, au Conseiralear impar- tial, public depuis i8i5 jusqu'en dccembre 1824* deux Ibis par scmaine, par nunieio de qualre pages in-4', sui' deux co- lonnes, comnie une continuation du Journal du Nord. Le Journal de Petersbourg, redige au ministere des affaires clran- geres est, pour ainsi dire, le Moiiiteur russe ; car il donue les nouvelles olficielles, diploniatiques el celies de la cour, avant les journaux russes. On y tronve pcu d'artides relalifs a la litterature russe ; ceux qui ont rapport a la statislifiue, au commerce et a I'industrie, sont traduits, en giande partie, des journaux du pays. ;08 EUROPE. 2. — Le Journal des Voies tie communication. — CvAle ifttc- ressaiite publication, que la Rrrue Encyclopcdiquc i\ I'ait con- nailre avec detail (mars i8ii8, t. xxxvii, p. 713-7 iG), date dii iiiois de juiilet 1826, et n'a parii rcgiilicremciit (jiie pen- dant six mois, apres lesqnels elle a nialheiircMsement epronve des interruptions conlinnelles; an lieu de 34 livraisons men- fuelles, qui (int ete promises pour les deux annees 1827 et 1828, on n'a pnblie que six nnnn'ros de ce journal (de 7 a 12), et, pour I'annee 1829, senlement de.nx (numeros i3 et I'j). Le i5°" cahier a parn p.n Janvier i85o , et le i6°"' en Jiiin ; on rei- tere la promesse de le piiblier avec plus d'cxactilnde; cc qui «st a desirer, dans I'interet des sciences. Chaqne livraison est aussi pnbliee en russe ; prix des 12 cahiers in-8", /(O francs, et 80 fr. pour le journal dans \c^ deu.r /.ungues. 3. — Le Furet, journal de la liilcraiure et des thcdires ., pu- blie a Petersbourg depiiis lemois de juiilet 1829, par .VI. Saint- JuLLiEN, les mercredi et dinianche, par numero de qnatre pages in-4° snr deux coionnes. C'est one pfde imitation du malin et spiritnel Figaro, et dn caustiqne Corsaire. Le Furet ne vit, en grande jeartie, que d'emprunts : c'est, en petit format, nil Voleur, un Pirate, nn Compilaleur, un Cabinet de lecture. 4. — Melanges littcraircs, publics a Petersbourg, par IM"" LissKOY-ViLLAMOV ; les quatre premieres livraisons ponr I'annee i83o forment un volume in-8'', d'environ 3oo pages. Le prix de la souscription est de 3o roubles. 5. — Bulletin de laSorietc drs Nafuralisles de Moscou, public depnis le mois de mat 1829, sous la direction de iM. Fischer. La premiire annee de ce Bulletin, auquel on ne s'abonne pas, niais qui se distribne gratis aux membres de la Societe et au\ amis des sciences, forme un volume in-8° compose de donze numeros. Le premier numero de la scconde annee a paru en mai 1800. II est a desirer que la publication de ce Bulletin n'eprouve pas d'interruption, et qu'ellc ait lieu 1 egulierement tous les m.ois, conformement aux proinesses du prospectus. Ce Bulletin est le seul journal franpais qu'on public cette annee a IMoscou. 6. — Le fournald'Odessn, commence an mois aVarril 1820, paruj d'aliord sous le litre de Messager de la .Riissiemeridio- nale, deux fois ))ar seniaine, j)ar numeros de quatre pages in-4"surdeux coionnes. En juiilet 1821, il fut aussi public en langue russe, mais cela ne fut pas ciuitinue; en novembie 1825, il changea son titre, et fut intitule : Journal d' Odessa, on Courrier comnifrciid de la noiirelle Russie. Depnis !e mois de janrier 1827, il est imprime dans les deux Vaw^mcs russe cX fran- false, cl parail jus«[ii'a pieseiU avet; e^actiliule loiis les iiiei- crodi ct les saniedi, par numeros de 4 P'lg*^'^? I'orniat iii-l'ol., sous Ic litre da Journal d'Odessa, en riisse : Odesski F i'stiiik. (letle leuille, comuic deja des lecteurs de la Revue Encjclo- pcdl'jue [soy. iiovembre 1^27, t. xxxvi, p. 38g-5()o), esltri;s- iiitcressante cl oftVe heaucoup d'articles instructil's et iuipor- tans sur les piuviiices mcridioriales de la Ilussic. 7. — Fcuiile de comnierce, paraissaiit lous les: aamedis , par niimero de deux pages in-fol. sur deux colonnes, depuis k mois de Janvier i83o, et distribuee avec Ic fournal d'Odessa. 8. • — Bulletin de la Socivte agroriomii/ae de la Russie ineridio- nale. Le premier iiumero de ce Bulletin, publie dans les deux la agues russe et franfaise, a paru en juillet i85o, sous la Ibrine de Supplement au Journal d'Odessa; ilcontient un court avant- propos dans lequel les redacteurs iiidi(|uent les motifs qui ont determine la Societe agronomique., etal)lie depuis pen de tenis a Odessa, a eette publication, et donnent I'apercu suivaut de la marche qu'ils se proposent de suivre. « Les redacteurs, ap- preciant a sa juste valeur la tache qu'ils ont a remplir, pu- blic ront dejpre I'erence les travaux deja approuves des au Ires So- cietes d'agriculture, avec les(|uellcs ilssont en relation. Uepan- dretoutes les decouvertes et les perfectiounemens, dont I'eno- nomie rurale est I'objet, lorsqu'ils serunt utiles el applieables a ces provinces, appeler rattention des proprielaires sur celte branche d'iudustrienon encore exploree, et, en reveillant leur sollicitude, operer des ameliorations dans Teconomie riuale de la Russie meridionale, t«l sera I'objet des efforts des redac- teurs, et ils s'estimeront heureux s'iis ue deviennent point entieremeut inlVuctueux. Les vieilles routines ont des racines pi'ol'ondes. Les hounnes y tiennent coinme a une partie do i'beritage qu'ils ont recu de leursperes. Voila quel a toujours etc le plus grand obstacle a I'avancement des scieiues agri- coles. iSous esperons que tons les proprielaires se reuniront d'iutention avec nous, et contribueront aux progres de la science dans celte province par I'application des nouvelles juethodes. Nous recevrons avec infiniinent de reconnaissan(<; les observations qu'ils auronl i'aites, et, si la sphere retrecie All inois *lc niai, le {;ouveinement thurgovicn fit lairt- des travaux sur la grande route qui longe le llhin et rextremite occidentale du lac de Constance. Dans les dcrniers jours dit mors on trouva, a i4 pieds de profondeur, dcs nionnaies d'ar- gent tres-fin qui avaient conserve tout leur hrillant priniitif. Trois des pieces presentent d'un cote I'iuscription suivante autour d'un croix : CARLVS HE 7 Fll -j- ; siu' le revers I'une porle : METVLLO f; la seconde, MEDIOL f ; la troisieme, PAPIA, et au milieu un signe qui se refuse a la description. Chacune de ces trois pieces pese 33 grains. Toutes les autres , au nombre d'une trentaine, du poids de 52 grains, paraissent provenir des Sarrasins. Les niemes caracteres se trouvent suk i'un des coles de ces pieces; mais sur les revers chacune a quelque chose de particiilier, en sorte qu'il n'y en a pas deux qui se ressemblent parfaiteuient. Avant d'arriver a ces mon- naies, on trouv^i dans le meme emplacement quelques osse- mens humains et un eperon presque detruit par la rouille. L'etat du sol fait presumer que ces objets etaient la par suite d'un eboulement. A Cormevoz, yiWa^e frii/ourgeois , situe a cinq quarts de lieue d'Avenche (ancienne Aventicum), un paysan, ayant ar- rache un arbre , decouvrit sous les racines un beau pave en mosaique, bien conserve, d'environ vingt pieds carres. Au centre, on voit un mtdaillon d'a peu pres quatre pieds de dia- metre, qui represente Thesee tuant le 31inolaure. Le large cercle qui entoure le medallion, et occupe presque toutlecarre a I'exception des angles, est divise enhuit compartimens dont le dessin symetrique et uniforme offre un symbole du iaby- rinthe. Un artiste de Lausanne, distingue par son talent, son gout et son savoir, a dessine le niedaillon sur les lieux; il enporte le jugement suivant : «I1 existe sans doute des mosai'ques plus belles et infiniment plus soignees dans I'excoilion ; niaiscclle- ci se distingue par sa dimension et par une execution large. L'attitude de chaque figure est fies-ronvenable, le Minotaure est bean. La compo ition est d'un artiste habile; mais Texe- cution se ressent de I'eloignement de Home, et peut-etre aussi d'un commencement de degeneration dans I'art. La main de Thesee et celle du Minotaure laissent bcaucoup a desirer, sous le rapport de la leguiarite du dessin. » Cette mosaique appartient probablement a une villa des environs d'Aventicimi. Les anliquitcs qu'on decouvre encore rhaque annee dans remplacement de cette cite romainc, al- lestent sa vaste etendue cl sa splcndcur. Le gouveruemcnt ;;', EUROPE. fril)Oiir{;;ci)i.s sc propose, ilit-on, de fuirc transporter a Eriboiirg la inosalqne ilocouvorle il y a quelqiics semaines, el du jetcr ainsi Ics londemens d'uii Musee. II est a craiiidre que ce mor- ccau precieux ne souftVe dans le transport. Le {;ouvernenient vaudois , de son cote, a antorise lescon- servatenrs des antiqnites cantonnales a construire un iMnsee a Avenche, pour y recucillir les del)ris mobiles d'Avenlicnm, <'t donner a ces antiquites plus de prix, en les laissant rappro- clit'S des nionumens inimobiles qn'on voit en icrand nomjirc dans I'enceinte et dans les environs d'Aveuche, humble villc qui n'a conserve de la magnifique cite qu'elie remplace que des mines et des souvenirs. Le canton de Vaud possede a Lausanne un Mnsee. central; neannioins , le gouvernement a prtfere avec sagesse , pour cette partie considerable de nos antiqniles, I'interet de la couleur locale aux avantagcs generaux de la centralisation. Parmi les decouvertes qui se font anhueilemcnt a Avenche et dans les environs, une, laite en 1823, merite d'etre reniar- queo. Sons 'ine masse considerable de platras, le hasard fit apercevoir des debris de I'ancienne ville. On fonilla, et Ton trouva des colonnes de marbre, des aigles d'albatre, un mur encore debout avec des peintures a fresque, et non loin de la un aqueduc en marbre blano et poli. C'etaient sans doute les restes du palais de qiielque personnage considerable. — Les fouillcs entreprises par les proprielaires de foods de terre n'ont gnerc pour objet que de Irouvcr des materianx de con- struction; elles suivent la ligne possil)le de ricn pro- niettre. J'aime a penser que, sous pen, nous saurons ce qui en adviendra du gouvernement ; le nouveau souverain decla- rera ses intentions. « La ferme modele etablie a Tyrinlhe, enlre Nauplic et Argos, avance. M. Paleologue fait esperer que cet etablisse- ment prosperera. Avant I'aulomne, I'ecole de celte ferme renfermera au moins 24 elevcs. L'orphanolroplie , a Sgine, va Ires-bien; il contient cinq cents enfans, et un nombre con- siderable d'entre eux se distinguent dans la grammaire, le dessin et !a nuisique; uue vinglaine out etc places dans la marine, et par leur discipline servent de modelcs aux vieilles moustaches. » On en a envoye une quarantaine a Nauplie, pour y appreu- dre les etats de lailleur, detourneuretde charpentier. Presque tons reussissenl. A cole de rorphanotrojihe d'Egine, soul en pleiuc acli vile de ux ecoles norniales, I'une pour renseigiiemenl iuulnel, I'autre poju' les etudes supericn res. Elles sontsousia di- rection de iM. Wi'sToxiui ; elles cnmptcnt environ troisceuts ele- ves, et, snivant toute appareuce, en conliendront sous pcu le double. On ne pent cju'eprouver v\\\ sentiment de surprise et de joie, en voyaut ces jeinies gens, sorlis depnis un an des le- nebres de I'iguorance et des liorrcurs de la miscre, faiie des progres aussi rapides et aussi exlraordinaires. Que les esperances qu'ils nous donneal sonl douccs et flat- tenses, que celte recompense derinlerel qu'on leur porte est satisfaisante ! Mauplie sort vui peu de ses mines el de ses marais ; on y batit beauconp. II en est de meme d(! Trlpolitia, de Palras, deCorintheel d'autres villes. Chaque province posscde a ccttc GRECE. 777 heure une ou deux ocoles d'enseignement mutuel. Paios est bieii change, Ics ri:es y sont propres; on a etabli un jardin public; la oii il n'y avail que des rochers est une ecole d'en- seignement mutuel pour trois cents ecoliers ; on va construire im quai le long de la mer, depuis la mairie jusqu'u I'ancien arsenal, el on commence a batir un nouvel arsenal ; en un mot, cette ville est tellement embellie et ameloiree qu'a peine est-elle reconnaissable. M. Mahn, jeune pharmaoien plein de zele et d'instruction, qui, aprcs etre reste quelques mois en qualite d'aide pharma- cien , chez W. Morin, a Geneve, s'elait decide a offrir a la Grcce ses services et ses lalens, vient d'y etre nomme phar- macien des troupes regidieres , et directenr de la pharmacie centrale. , Z. Code de Commerce francais adopte en Grece. — Sur la demande des negocians grecs, le Code de Commerce francais a ete mis en viguenr dans les Flats de THellade. Les dispositions si coa-^ fuses de la legislation civile dans ce pays font regretter vive- ment que la mcme mesivre n'ail pas etc etendue aux aulres Codes qui nous regissent. L'identite de legislation enire les peupies, en simplifianl leurs rapports, forme un des liens les pluspuissans de la ('ivilisation, et nos Codes out etu pris pour modeles par toutes les nations qui out juge utile d'apporter quelques reformes a leur legislation anterieure. Etablisscment d'line monnaie. — Un atelier pour frapper les monnaies vient d'etre cree a ligine, par les soins de M. de CAPO-d'IssTRiAS. II a place a la tele de eel etablissement un Ar- menieu, aucienuement employe a Constantinople. Les pieces sorlies des ateliers sont passablemenl frappees. L'unite mo- netaiie grecque a ele fixee a qo centimes. La piece d'argent de cette valour porle le nom de Phenix. On n'a point encore frappe dc multipies de cette monnaie, qui a deja etc conlre- faite. Suppression du journal : l'Acrure. — Pen de terns apres retablissoment du gouvcrncment grec a Napoli de Romani, un Grec, M. Amonides, armaleur a Candie, a fail paraitre un rocueil periodique, intitule : L'/#a;we, H&jj. Ce journal, qui Iraitait dc la politique, de I'agriciiltiire, du commerce et de la litlerature , etait faiblement rcdige. Cependant, on a juge que sou existence pouvait compromettre la tranquillite du pays; il n'a pu paraitre que durant trois mois, et il a ete supprime. Bien que les sciences et les arts n'aient pas a le re- gretter, on a generalement dcsapprouve les mesures prise« a cette occasion par le gouvernement , qui est ainsi reste le uiailre des deux seules gazelles publices dans le P'lys. E. G. 778 KDROPE — BELGIQIK. BKLGIQUE. Stallstique. — Population. — D;ins uii inouient oi^ le jioii- plc beige liitlc avec une conslance heioique pour conqiu rir a la I'ois sa liUerte politique et son inilepeudancc nalioiiale ; quaiitl tons les coeuis genereux, en Europe, palpitentd'unc at- fection synipalhique et piofonde pour cette population levee loulentiere contre ses oppicsseurs, nos lecteuis ne liront point sans intiret le [ahleau ci-apres de la population des prinripu- Ics villes des Pays-Bas. lis y venout la preuve qu'il est im- possible a la Holiande de mainlenir, avec Ics forces niilitai- res dont elle pent disposer, I'union maiheureuse de deux pcuples qui different de religion, de langage,de mceurs, d'iu- tercts, et qui n'avaientcte associes, contre leur volonte etcon- Irc la nature des choses, que par la couibinaison diplomatique la plus deplorable et la plus criminelle. Population des principales villes des Pays-Bas. Bruxelles io5,noo liabitans. Liege 5o,ono habilans. LOUVAIN 25,500 AkVERS 65,(100 Gakd 65,000 MAfisTBicni.. . . iy,OQO Bruges 55,000 Namur 17,000 Mors 20,000 Tocrnai 24,000 Des calculs statistiques de notre savant collaboratcur IM. MoREAu DE JoissES t'oHt connaitre , d'apres des bases au- ihentiques, aquel nonibre pent s'eleverla levee en masse des provinces beiges. La population de ce pays etant de yiAiRE MILLIONS d'habitans, le nonibre d'homnies Ages de quinzeans a soixante, et capable de porter les armes en cas d'invasion, est compose des cinq series suivantes : Ages de i5 a 20 ans 179,591 homuies. — dc 20 a 5o 327,582 — de 3o i 40 281,075 — de 4" ^ 5o 202,093 — de 5o Ji 60 178,588 Total de la levee en masse 1,198,000 Oncompte, dans cette masse, 84nmilieh(;mmesages de 20 i'l no ans, et propics au service uiilitaire le plus at tii'. II sulfit dc ces nonilues pourdonner au pcuple beige la conscience de ses forces, et poiu" lui fairc seulir qu'i! depend de lui de re- gler sa dcslintc et de se constiluer en ^tat librc cl indepen- dant. FRANCE. —UI-lPAllTEiMENS. ^y.j FRANCE. DlfePARTEMEKS. Toulouse. (ffaa<«-Grtro?/«e.) — Prix proposes. — L' Academic royale des Sciences de cettc A'illt; propose la question suivaiUc , pour )e prix qui sera decerne en i833 « Indiqiierlescirconslan- ees da-is lesqiielles leniinerai deferextrait des mines de Rancie, et trailo dans les forges calalanes des Pyrenees, y prodnil line sorte d'acier nature!, dit fer cidat, on fer fort, dans le pays, par opposition au fer doux que Ton retire habituelleuient de ces memcs forges. Determiner ensuite les conditions qui assu- rent la prodnttion du fer fort de maniere a rol)tenir a vo- lonle. » Ly solution des deux parties de la question doit etre fondee sur des faits observes dans les forges catalanes, et constates d'inie maniere authentique. Le prix est ui:e ine- daille d'or de la valeur de 5oo fr. Pourl'annce i85'2, un prix double (medaille d'or de 1,000 IV.) sera decerne a une iheorie physico-mathematique des poinpcs aspirantes et foulantes, faisant connaitre le rappoit enlre la force motrice et la quantile d'eau elevee a une hauteur don- nee, en ayant egard aux principaux obstacles que la force doit surmonter. Les lettres et niemoires seront adresses a M. D'Aubvsson Desvoisins, secretaire perpetuel de I'Academie ; le teruio de riguenr pour qu'ils soient admisau concours estle 1" fe\rier. — Acadhnie des J tux floranx: — Prix decerncs eu 1 83o. A la seance du 5 mai , on a conronne les auteurs des pieces sui- vantes : 1° Atli/a, ode, par iM. Gi'ilhacd de Lavergne, a rom- porte le prix reserve du genre ; — 2" La Jeiine Veuve a son Fils, ode elegiaquc, par M. Tirel de la Martimere, a obienu une violette reservee ; — 5" Flori'tte, poeme , par M. Guil- HAVb DE Lavergne. a remporte le piix de I'annee; — 4* ^'^ J cane Fille, elegie, par ,'iL Tirel de la MAHiiNiiiKE, a rem- porte le prix de I'annee; — 5" Le liclour du Bal, elegie, par M. Macge, a obtenu un prix reserve du genre ; — 6" Les Deux Sceurs, hymne a laVierge, p n- M. Adolphe de Pci- Biis(.)rE , a remporte le prix de I'annee; — 7° Le sujet de dis- cours propose par I'Academie etait la question suivante : Quels avantages peurent retirer nos ccrivains de la lecture des au- teurs frarums aiiterieurs nu xwx' siicle? ^1. Granie (du Gers ) ct M. GviLHAi'D DE Lavergse out obtcHu chacuu une eglan- tine d'or. — L'Academie propose pour le sujet du discoursmis ySo FRANCE. au concours de i83i, la question siiivantc : Est-ce par I'imiia- tionoa par I' invention que la Utterature franpaise a faille plus fie progrl's? Ponr le concours dc i 85i,lesaiileurs feront remettre, par unepersonne domicilice a Toulouse, trois copies de cliaquc ouvra{^e a M. <]e Malaret , secretaire perpetuel, qui en don- nera un recepisse. — Socicte royale d' A griculture du departement de la Haute- Garonne. — Le grand prix d'honneur pour ramelioration des laines sera decerne dans la seance publique du 24 juin i83i. Ce prix consiste en houlettes de vermeil et d'argent. PARIS. Institut. — Academic des Sciences. — S('ances du mols de scp- innhre i83o. — Seance duQ. — M^^Eude, sage-femme, presente reul'ant a double train de derrierc, dont il a ete question dans lapreced«ute seance. — M. Geoffrov-Saint-Hilaire lit unMe- moire a ce snjet, ou il fait connaitre ce qu'ily a de particnlier et d'incomplet dans ces membranes surniimeraires. — M. Gay- Lusirtc annonce que M. Braconnot, de Nancy, a decouvert dans le peuplier la sul)stance nommee salicine, et une autre substance, qu'il regarde comme nouveile, et qu'il nonime po- puline. — MM. Cuvier ct D unicril (onl un rapport sur le Rle- moire de M. Dreschet, relatif a I'organe de I'audition de quel- ques poissons. En voici les conclusions :« Les functions des parties de I'oreille sent encore si obscures que Ton ne pent trop s'occupcr de discerner ce que ces parties ont de constant et de variable, pour airiver a fixer leur essence ; et la classe des poissons presentaut a cet egard plus de variations qu'au- cune autre, c'est sur elle que Tatlenlion des auatomistcs doit naturellement se porter. Les observations de M. Breschet coufirment eii partie ce qui a ete vu le plus recemmeut par les aiiatomistes qui I'ont precede, et elles offrent plusieurs particularites nouvelles. Nous en avons verifie une grande partie, principalement celles qui concernent I'alosc, I'estur- geon, la carpe ct la raie. Nous nous sommesassez convaincus de I'exactitude scrupuleuse de I'auteur pour ne faire aucun doute que Ton ne verifie de la ineme maniere celles que nous n'avons pas eu I'occasion dc repeter. Nous pensons done que TAcademie doit accueiiiir favorablement ce travail, et en or- donner ri(npression dans les Menioires des savaus etraugcrs, si ranleiu- ne le fait pas paraitre auparavant par ((uelque autre voie. (A'pprouve. ) — -MM. Gay -Lussac et Serutlas font un rapport snr le Memoire de M. Lecanu, relalif a la maticre co- I' A 111 S. 781 ^otante du s.ing ou hematosine. >> En resumant ce qui precede, ditcn terminant Al. le rapporteur, on trouve que la inatiere co- lorante du sang ou heuuitosi-ie n'ei?t pas un principe imme- diat, mais une combinaison d'albumine et d'une substance colorante parliculicre que iM. Lecanu, a I'aide d'un pi-ocede facile et qu'il docrit avec soin, est parvenu a isoler. II propose de iiomnier celte substance glohiiline, en lui assignant les ca- racteres suivans : 1° d'etre d'un beau rouge ;'i I'ctat d'hydrate, «t d'un rouge brun a I'etat sec ; 2° de coutenir, ce qu'il est fa- cile de demontier par ['incineration, les 0,174 de son poids de fer; c'est-a-dire une quantite double de celle qu'on a trou- vee dans la matiere de M. Berzelius, et par consequent pro- portionneile i la quantite d'albumine qui en a ete separee; 5° d'etre tres-soluble dans les alcalis , el beaucoup plus que ne Test I'albuiiiine coagulee, car il sufiTit de deux ou Irois gonltes . d'eau de potasse ou /^''arainoniaque pour en dissoudre tres- promptement plusieurs grammes; 4" enGn, et c'est une de ses proprietes les plus romarquables , de former avec I'acide hj- drochlorique (m compose soluble dans I'alcool concentre. Ces fails, qui sont presentes avec clarte, et qui out exige beau- coup d'experiences pour les etablir, font des Memoires de M. Lecanu un travail qui nierile I'approbalion de I'Academie. (Approuve.) — MM. Gay-Lussac , Flourens et Naricr font un rapport sur le Memoire de M. de Chabrier, relalifau inoyen de voyager dans I'air, et a une theorie nouvelle des mouve- mens des animaux. En voici quelques fragmens :«II est aise de comparer la quantite d'aclion que rhonuiie est capable de produire avec celle qu'exige le vol. L'oiseau (|ui plane dans Pair depcnse dans chaque seconde la quantite d'action neces- saire pour elever sou poids a 8°" de hauteur, tandis que, dans le meme tems, I'bomme ne pent elever son propre poids a o°',o8fc) : de sorle que la quantite d'action n'est quo ~ I'l -5V partie de celle que l'oiseau depeuse pour se suutenir dans I'air. Si Ihomme etait le maitrc de depenser duns un tems aussi court qu'i! le voudrail la quanlile d'action qu'il de- peuse oi'dinairement en buil heures, ou tiouve qu'il pourrait chaque jour se soutenir dans I'air pendant 5 minutes; mais, eomme il est fort eloigne d'avoir cette faculte, il est evident (ju'll ne pourrait se soutenir que pendant un tems beaucoup moiudre, et qui ne serait qu'une tres-pelile fraction d'uuc mi- nute. Ces rapprochemeus montrent a quel point les lenta- lives failes dans la vue de rendre I'lioinnie capable de volcr elaienl chimeri((ues. L'homme et la plupart des quadrupedes etant dans I'impossibilite de se soutenir dans I'air, il reste a T. XlVil. SEPTEMBRE l85o. TlO examiner ce qu'il est possible de fnire, lorsqiie, par I'lisage dc capaciles rempiies d'lin gaz plus leger quel'air atmosphcrique, le poids de riiommc est siqjporte, et qii'il lie s'agit plus que de mouvoir et de diriger a volonte I'appareil. — L'usage des ailcs reniplios de gaz , pruposces par 31. Cbahrier, tic semble pas praticablc , parte que I'on iii; pounait leur imprimer la Vitesse necessaire pour se procuicr un mouvement continu par Teftct de battcmens alteinalil's. II parait qu'nn hommc suppcrle par un aerostat agirail jur I'air d'une maniere beau- coup plus avanlageuse, en t'aisant tourner rapidement des roues armees d'ailes obliques, disposees comme celles d'un moulina vent, comme I'avait iudique Meunier, de rAi.adtmie des Sciences. M. Navier, auleur du rapport que nous analy- sons, a soumis ce moteurau calcul. II est evident qu'cn sup- posant I'appareil place dans un air parlaitement caime, on n'aurait besoin que d'une force tres-petite ; mais la force ne- cessaire, qui est proportionnelle, au cube de la vitesse, aug- mentera Ires-rapidement avec le mouvement imprime. La question consiste done a rcchercher quel'e vitesse un appareil suspendu a un aerostat, et par un ccrlain nombre d'hommes, pourrait acquerir. Leresultat du calcul, dans lequel I'aerostat a ete suppose spheriquc, est que la vitesse limite dont il s'a- git augmente proporlionnellement a la puissance } du rayon de I'aerostat ; et si Ton atlribuc a ce rayon une valeur de lo", qui est double de celle qui a lieu pour les aerostats ordinaires, on trouve que la valeur de cette vilesse est environ a"' '^ par seconde. Par consequent, I'aerostat ne pourrait etre mainttnu immobile contre un vent dont la vilesse depasserait 2 " j- par seconde, vilesse tres-faible, puisque c'est a pen pees celle qui permet au moulin a vent de commencer a travaiiler. Comme on a neglige dans le calcul plusieurs elemens qui auraient augmente la valeur de la force necessaire , il parait que, mal- gre I'avantage que Ton trouverait a donner aux aerostats une forme pins propre a fendre I'air que la forme spherique, on peut conclure que, dans I'etat le plus ordinaire de I'almos- phere, I'appareil serail le jouet des vents. On ne trouverait d'ailleurs aucun avantage a lemplacer la force de rbomme par celle de la vapeur d'eau, ou d'un gaz fortement comprime d'avance dans un reservoir. L'homme est encore aujourd'hui I'agent mecanique qui, a poida egal, est capable de produire le plus grand travail continu qu'il soil possible. Nous pensons d'apres ccla, dit M. Navier, que la creation de I'art d'une na- vigation aerienne vraiment utile est subordonnee a la decou- verte d'un nouveau iroleur, dont raction comporlcrait un PAitlS. -85 apparcil beaucoup nioins pes.ml que les moteiirs coniuis..,. A I'egarddu travail deM. dcChabrier, nous nepensons pas que les vues presenlecs par I'autcur soient propres a atteindre le luit qu'il s'etait propose..) ( Approuve. ) — Le rapport sera im- priine dans le recueil de rAcademie. — Du i5 septemhrc. — iM. Arago lit une Icllre qu'il a recue de M. Mattenei, de Forli, et dans laquclle ce phjsiiien cite des experiences qui prouvent, suivant lui, qu'au moment dii contact de deux snl)stances dissemblahles, il y a develop- penient d'electricite, meme quand ce contact n'est accompa- gned'aucune action chimique. — Le resle de la seance est reni- pli par la lecture de plusieurs Wcmoires sur lesquels nous le- rons connaitre le jugement de rAcademie. — Da 20 seniembre. — lMi\L Latreille et Dnmcrlliont un rapport sur la monographie des insectes melilropbiles de M}il. Per- CHERON et Gaury. « Soue le rapport de la variele et de la ricbessc des couleurs, qui sont d'autant plus t'rappanles que la taille, generalement assez grande, et la figia'c ovale du corps, les fait mieux ressortir, on ne pouvait choisir un sujet plus digne du pinceau d'un artiste. Dans I'interet de I'entomologie, il eut ete a desirer que les frais de cette entreprise eussent recu une au- tre destination, celle par excmple do nous aider a roconnai- tre les espcccs de quelqucs autres families d'insectes, oil le secours des figures est plus necessaire, disons mieux, indis- pensable. Mais comme un ouvrage de cette nature ne pourrait plaire aux simples amateurs d'images, qu'il aurait par con- sequent pen de debit, il a bien fallu se soumetfreau gout do- minant. Nous nous plaisons cependant a rendrc cette justice anx auteurs de ce travail, que si la beaute des figures qui I'accompagnent, et qui ont ete executees par M. Gukrin, doit contribuer au succes du livre, la science y gagnera aussi, en ce qu'elles sont coordonnees par une bonne methode, appuyee snrun grand nombred'observationsnouvelles, el propre a sim- plifierbeaucoup I't'ludcdeces insectes » (Approuve.) — iU. Fre- deric CuviER lit un essai sur la classification nalurelle des vcs- ■ pertillions et la description de plusieurs especes de ce genre. — Du 27 septembre. — 1\LAI. Arago, Gay-Lussac et Savart, rapporteur, font un rapport sur une lampe liydraulique pre- sentee par la maison Tiiayot et C. « Les invenleurs de cette lampe ont entrepris de faire disparaitre des lampes de Girard tons les defauts qui les ont fait abandonner. et I'on peut dire qu'ils ont complelement atteinl le but qn'ils se proposaient. Conime il nous serait impossible, sans le secouis d'un dcs- sin, de donner une idee nelte de cette machine, nous nous -84 FRANCK. bornerons ;i dire qu'ellc sc compose, conime la foiiLuiU' ilc Heron, de Irois reservoirs : i" d'un reservoir soperii^iir qui eoiUieiit I'liiiile desliiiec a aliineiUer la coloiine corislaiite (jiii couiprime i'air; 2° d'un reservoir inrerieur, oeeiipo par iiii certain volume d'air, et qui communique avec le superieni par un tube renl'erniaut la colomic liquide comprimanlc; 5" enfiii , d'un reservoir intermediaire, conteiianlaussi de I'luiilc, ctqui communique, d'une part avec le reservoir inferieur. de I'autre avec le bee, par un tube, dans leqiiel s'eleve a une hau- teur constaute riiuilequi doit servir a la combustion. Lc ser- vice n'exige aucune precaution que tout le monde ne puisse prendre; 11 se fait avec promptitude. Lc seul reproch^; que Ton puisse faire a cette machine, d'ailleurs si simple et si in- genieusc, est de presenter piusieurs soudures qui demandent aetre faites avec beancoup de soin ; neanmoins comme elles sout presque toulessituecs a I'exterieur, on pcutdire que leur veri- fication etant tres-facile, cet inconvenient est en realite moins grand qu'il ne parait d'abord. En resume, la lampe de JM.Thayot et C'' est remarquable par la simplicite de sa construction, par la disposition .ingenieuse de ses diverses parties, paries pro- prietes dont elle jonit, de pouvoir etre chargee iacilemenl et transportee d'un lien dans nn autre sans deversemcnt d'huile; en consequence, nous pensons qu'elle merite I'ap- probation de I'Academie. » (Appprouve.) — MiM. Henri Cas- sini el Mirhel font un rapport sur les ob'^ervations d'anatomie et de physiologic vegelales que le D' Sciii'ltz avaieni presen- tees a rAcadeniie. 11 en resulle qn'il exists dans les vegelaux nne circulation comparable, aquelques egards, a celle desani- maux. En eifct, quandonconsiilcre les vaisscaux d'un lambeau de stipule, longd'un a deuxpouces, et large de trois a qnatrc lignes, on ne sauraitse refuser a I'idee qu'il exisle un sue vital, et ([uece sue passe piusieurs fois paries niemesroutes. Mais il y a cette difference notable entre la drculation des vegetatix et celle des aniniaux d'un ordre eleve, que dans ces derniers il exisle un point unique de depart oi'i aboutissent deux syste- mes vasculaires bien distiucls, I'un qui porle le sang jus- qu'aux extremiles du corps, I'autre qui le ramcnea sa soince; tandis que dans les v/'getaux on ne decouvre ni point special de depart, ni double systeme vasculaire. Des vaisseaux d'une meme nature formcnt un n'seau dont les mailles sont aulant d'apj>aicilscirculatoircs semblables , (pii conuiuniiquent tons entre eux; de sorte fpi'll y a unite de mouvement taut (|ue les parties viventen commun, el mouvement propre a chatpic part ie des qu'ellcs sont separecs. — La decouverle de M. Schultz I ruus. -85 Cijl du plusiliaiit iiiKrct pour runatouiio et la phy.-iologic ve- getales; elle cclairc cos rleux branches dc la srienco \\^^l•^ par rautre, ct ellc montre entie les vegelaux et les aiiiiiiaux des rapports qu'on ne soupconnait mOme pas. » La lettre de M. Schidtz, et les beaux dessins qui raccompagncnt , seront insures dans !e recueil des savans etrangers. A. iMichelot. T^legraplie perfectionne , de jour et de nuit , a I' usage du public. — L'art de !a telegraphic est moderne, et par con- sequent susceptible dc progres dont quelques-uns fixeront les cpoques de son histoire. Celui que I'on propose sera peut- elre du nonibrc de ces pert'ectionnemens rcmarquables. L'in- ventcur s'esf propose de simpliGer Ic mecainsme(|ui traiisract !es signaux, de donner a chaque signal une expression plus etendue. quoique tres-prccise , et d'obtenir, au moyen dc la machine plus simple qu'il a imaginee. nn nombre de signaux beaucoup plus grand que les appareils usites jusqu'a present ne peuvent en i'ournir ; ce qui enricliit la langue telegraphique, et rend son expression beaucoup plus rapide. De plus, afia de inettre tout Ic tems a profit, des signaux de nuit peuvent dou- bler les ressources que procurent les moyens de correspon- dance diurne. On estime que dix mots seront exprinies par douze signaux, et que cinq signaux au moins seront transmis par chaque minute; ainsi, chaque heure d'activite pent suflire a la transmission de 5o mots, ce qui, au moyen du laconisme qu'exige une depOche dont la rapidite est Ic |)iincipal merite , pcrmet d'expedier plus d'uu avis par heure, et par jour, un nombre ([ui exccdc cerlainenient les besoins probables patriotisme de son fondateur. Mais nous croyons, au coulraire, que le poete ne merile que des eloges pour avoir ainsi developpe son action dans un cadre oii il a pu faire entrer cette belle scene de place publiquc, oii lecorpssanglantde Lucrece expliqueet la proscription des Tar- quin, etla haine du peuplc contre les rois, et I'exasperation de Rome enti«'re contre les citoyens qui ont ose conspircr pour eux. Le role de Brutus est plein de nerf et d'encrgie, et les sce- nes du peuplc sont en general bien faites. (let ouvrage, enfin, ne pent qu'accroitrc la reputation d'lui auteur dont on applaudit depuis si long-tems les ingenieiises comedies, qui s'est place au rang de nos conteurs les plus spirituels, ct qui, sous tant d'autres rapports, enfin, est en possession de I'estime publi- quc. — La Corinne de M™" de Stael a fourni Ic sujet du drame donne an Theatre- Francais, et la piece, dcpouillee forcemeat de presqiietoutccqui a fait le succes du roman, ne pouvait es-^ perer une bienbrillante fortune. L'auleur, qui a imagine im de- uofmient nouveau. a snivi sun modcle danslc rcstc du drame, 790 FRANCE. iloiit I'action un pen froidc ii'a pii eUe lechauffee par un style elc'^aiit et des vers spiritucls. La piece n'a rencontre que des applaiidissemeiis, ce qui n'a pas empeche I'auteur do se ca- clier sous uu inodcsle anonynie. Le contingent de I'Odeon consiste, pour le mois de sep- tcmbre, en une petite coniedie dc circousfance, en un acle et en vers, par M. d'liPAGNY, inlitulee : Lcs Homines du Lende- inalii (ii seplenibre) ; ct un drame, en ciuq actes : Nobles et Bourgeois, ou ia Justice des Partis (20 septembre). Debar- rassons-nous tout de suite d'un repioclie que nous ayons a I'airc a 31. d'Epagny : sa piece est plutot une satire qu'une co- niedie, et, comme presque toutes les satires, elle ne montre le sujet que du cote du blame; nous croynns qu'en jugeant I'evenement qui fait le fond de sa pi^ce, avec le sentiment qu'elle inspire, on jugerait mal et sans beaucoup de justice. Nous convenons que dans le court espace d'un acte il etait difficile d'echapper a cet inconvenient , que le poete rachete d'ailleurspar despeintures vraics, de la verve et du bon co- mique. Les laches du lendemain sont justement fletris dans cetteesquisse, oii I'amertume d'Aristophane etait tout-a-fait a sa place ; les stygmates que leur a infligees M. d'Epagny out trouvede la sympathie dans I'assemblee, qui avivement ap- plaud! la piece. — Le succes de Nobles et Bourgeois a ete vive- uient contestee ; ce titre promettait ce que le drame n'a point donne : le contraste des ridicules, ou la lutte des inimities de deux classes rivales. Le drame ne roule que sur une aventure romanesque empruntee aax Fair iciensde VandcrVelde. Le pu- blic s'est pen interesse a cette action bizarre et compliquee, malgre des details bien peints, des situations bien imaginees, et le caractere d'une jeune fille qui oU're, dans sa bizarrerie, des traits ou se revele le talent des deux auteurs qui ont garde I'anonyme. Le Congreganlste ou les Trois Educations, comedie-vaude- ville en trois actes, par MM. Villeneuve et Andisson, mise a I'index il y a peu de mois par ia censure dechue, a paru, grace au regime nouveau, sur le theatre du Vaudeville, le i5 sep- tembre. Ce congreganiste est encore un tartufc, qui abuse de la pieuse confiance d'une noble dame pour escroquer sa fortune et s»';duire sa niece. Ses basses intrigues ont pour re- sultat de demontrer aux speclateurs, que I'cducation claus-^ trale nevaut pasmieuxque I'education mondaine , et qu'une jeune fdle, elevte par nne meie vertuense , a plus de sagesso et de raison que celles dont la jeunesse s'est formee au milieu des dis.'^ipations d'une salle de bal , ou dans les miuutieuscs I PARIS. rf)! pralKiues do hi vie; devote". Ricn duns tuiil cola do bien iiciif ni do reelleiniiil ( oiiiiqiie. La Foire aux Places, vaudeville enun acte, par M. Bavard (20 sepleiid)ie), est unc satire amere plutot que gaie de celte impiidente manie de solliciter dont le moment actnel oflVe (ant de doplorables exces, et de la mal- encontreiise t'aiblesse dcs pnissans du join-, qui parlagent sans examen el sans reflexion les I'aveursadininistratives dont la France leur a oonfie la n'partition. — Les A'arietes ont donne le Jesuite retoiirne, on la Demande en niariage,\nu(\v- ville en im acte, par M. Edoi'ard (i5 septembre), et Voltaire cliez /ei Crt/)i/f/?;5, eomcdie-anccdote en nn acte, melee de cou- plets, par MM Cimersan et Dupin (28 septembre). Le heros de la premiere de ces pieces, M. Noirville, est nn magistral municipal, et non j)as un jesuite, quoiqu'il apporte dans ses intrigues autant d'astnce ct de duplicite qu'on en sujipose ge- n^demcnt aux enfansde Loyola :niais, comme ses maitresen faTO de ruses, ilfiuit par etre la dupe do ses soiu'des menees , et se trouvc force de coder la maii\ de la riclie licritiere (|u'il convoitait-a Tarnant qu'elle prefere. On connait I'auecdote de Yoltaire chez les capucins, qui nc semble point de nature a fournir la matiere d'une comedie ; aussi les auteurs ont-ils mis sous la protection du grand homme une legere intiigue amoureuse, que son intervention, aupres des bons pores chez lesquels il a recu I'hospitalife. conduit a un denoument heu- reux. Ces deux ouvragos, le second surtout, ont obtenu un favorable accueil. — Jua- Noiireaide.^, on a vu, le 17 septem- bre, le Bourgeois de la rue Saint-Denis, comedie en trois actes, melee de chants, par MM. Brazier, ViLLENErvE et Emile, qui doit son succes an jeu plaisanl et gai de BoufTe, charge du •role d'un commis-marchand de la rue Saint-Denis. L'Ambigu-Comiqxe, ferme depuis quclques mois par suite des embarras ou s'etait trouvee I'ancienne administration, vient de rouvrir ses portes, le 25 septembre, pour la premiere representation de Hcnridte, ou Deux ans aprls, molodrame en trois actes el eu cinq tableaux, par M. A>celot, dont le me- rite n'a pas ote egalemenl approcie par les divers spectaleurs. ■ — A la Gaite, on a vu , le 4 septembre, le Jesuite, molo- drame en trois actes, par I\L Victor Ducange, qui n'est que la miso en aclion d'un des romans les plus connus de I'auleur [les Truis Filles dc la Veuve), et qui a obtenu un succes com- plet. On a donne, au meme theatre le Te I eum ct le Tocsin, taljleau patriolique en un acte, mole de couplets, par MM. Ho- NORK et SiMONNiN , ot le Marclmud de Bceufs, vaudeville en nu ado , par MM. Bra/ier et Carmovche (19 septembre), imi~ -92 FUA^'CE. lalion assez gaic du conte dc La Fontaine, la Clochelte. — An (Iirque-Olymimqce, on a tlonne Philippe oti la Gacrison mili- tnirr, piece en iin acle (28 seplenibrc). Beaux- Arts.' — M usie cosmopolite (1 iiede Provenee, n° 18, en iacc de la rneLej)eIlcti«r). — (Ic bean ninsee olTre nnc snite de lableanxdansle,genre du Diorama, d'lnie dimension moins e ten- due, niais oix lent est vivantct vrai : c'est la nature meme. On pai'court lesprincipaux sites leniaiqnablesquilixent I'altention du voyageur allant a Alexandrie en Egypte. — La vue d' Alger ct de tonle la C('ite, quia fourni le sujct deplusieurs tableanx, (his en partie a ftl. de Saint-Aulaike, merile surtout des eloges. On se croil transporte en Alrique, et snr les I races de notre armee. On admire ce pays a la t'ois si favorise de la natnre,si maitraite par les hommcs, et qui attend de nous les bienfaits de la civilisation. I'nissions-nous ne pas avoir oll'crt ties ^0- mcsses trompeuses d'amelioration et de liberte a la popula- tipn malheureuse et opprimee qui occupe ce rivage! — Lc Mime cosmopolite va reproduire incessamment les truis gran- des jonrnees de juillet, les scenes improvisees des barricades, la resistance lieroTqnedupeuple etle triomphede la liberte. O. ' — Mi'dnille du general Lafayette ( i ), deslinee d .tervir a riiis- toire de la revolution de 1800. — Cette medaille, du module dc •22 lignes , est la seconde que M. Caunois a gravee en I'hon- neur du plus grand citoyen de notre epoqiie. La presse perio- ilique , naguere perseculee avec tant d'acharnenient, put dn uioins denoncer les proccs que lui iulenlail le gouvernemenl ; mais I'opinion pnl)lique a ignore qu'il se soil alarmc d'nne medaille I'aile specinlement pour perpetuer dans I'Amerique du Nord la memoire d'un voyage trioinphal, et nouveau en- core pour I'histoire. J'en concus I'idee, au depart pour les Etats-Lnis, de V/idte de la nation, en 1824 •' d'tin cote, I'efligie tres-fidele de M. Lal'ayetle; sur le rovers, I'inscription en an- glais : Citoyen des Deuv-Mondes, et dans rexergne. la date de sa naissance et celiedeson embarquement. Que M. I'nyniaurin ait defendn de frapper a Paris cette uiedaille toute am('-ri- caine, on pent expliqiier cette repugnance et cet acte arbi- traire d'un agent dn parti contre -revolutioiinaire ; mais I'honorable capitaine Baudin, negociant an Havre, qui a la propriete dc ces matrices, vent les expedier pour I'Luion, 011 pins de 1 0,000 souscripleurs les attendenl ; leministere de I'inle- fi) Paris, Levtque, Palais-Royal, galeric ai.sil)lcnieiit iililo. elqnela iciioin- mee vinl chcrclicr, sans qu'il eul Tail uii pa;; an dcvant d'clle, loin de (.horclicr a I'aire pailcr dc liii apr(')= ■■... niort, dispariiit sans bruit, coinme il se plaisait a vivrf. i.o a Straubing, en 1787, Fraumiofer tut enlev*'; aiix sciences et aux arts, en 1S26. En niuins de quarante ans, 11 sutvaincre les plus grands obstacles qu'un honiuie puisse roncontrer dans la (-arriere de rinstruction: II devint nienibre de plusieiirs Academies, ct il executa des travaux qui furenl adniires, nieme par I'Angle- terre. Attaciie des renl'ance a uii travail nianuel, oiphciin a onze ans, mis en apprenlissage chez un niailrc tr^s-cxigeant, il nianquade tons les secours pour apprendre a lire et a ecrire, et pourtant il appril. Ketire conmie par miracle de dessous les ruinesde la maison qn'il habitait, et qui s'elait ecroulee subi- tenient, il devint I'objet de la curiosite, d'abord, et ensuite de I'interet de plusieurs lionimes de mnrite, au nombre des- quels on se plait a tiouverle roi Ma.ritnilicn Joseph. I.e jeune homme, on plus exactenient, I'enfant, n'usa qu'avec inie ex- treme reserve des secours qui lui furent offeits. Accoutume a tircr de lui-meme la force et les mojens necessaires pour snr- monter les difficultes qu'il rencontrait , passant la journee dans un atelier, ses oulils a la main, et la nuit dans un cabinet sans fenetres, oi'i il lui elait interdit d'avoir de la lumiere, il vint a bout d'apprendre les matliemaliques. A I'Agc de vingl ans, il fut recn dans le bel etablissenient cree par M)l. Reichen- bacli et Utzscltneider, pour la conl'cction d insli'uniens de ma- thematiques ct d'oplique, et il commenca la canierc qu'il a parcourue avec tant de succes. En 1820, il fut nomme con- servateurdu cabinet de physique de rx\cademie de Munich, dont il etail deja menibrc. L'lnslitution aalronomique d'Edim- bourg se I'etail aussi associe,ainsi que I'lJnivcrsite d'Erlangen, et plusieurs Societes savantes. U'autres distinctions auraicuL flatte son amour-propre, si son anie tout entiere n'eut point appartenu aux sciences, aux aits et aux Aantus sociales. Le roi de Baviere le nomma. chevalier de I'ordre du merite civil, et le 1*0! de Danemark lui envoya la decoration de I'ordre de Da- nebrog. Le celebre telescope de I'llniversite de Dorpat est I'ouvragedeFraunhofer : c'estassez ponr altacher a jamais son nomarhistoire des sciences ma thematiqueset physiques. F. TABLK DES ARTICLES CONTENUS DANS LE GAHIER DE SEPTEMBRE i85o. I. MKMOIRES, NOTICES ET Mf^.ANGES. Pages. 1. L'Avenir. . . ^ J. C. L. de Sismondi. Sufi 1. De la methode cl'observation, appliquee aux sciences mo- rales ct politiqucs Charles Cnmte. 55o 3. De Tabolition gratluclle de I'esclavage (2' article). P. A. D. 5-jq II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4- Abreg6 du cours d'instruction chiinique fait a la Faculte dc medecine de I'universite de Pensylvauie , par le D' Hare ("ouTrage anglais) Fcrrj. 618 5. Des sciences occultes, 011 Essai sur la magie , Ics prodiges el les miracles, par Eusebe Salverte L. j4m. S — t. 625 6. 1° Histoire d'Angleterre. par John Lingard; 2° la meine, traduite en francaisj par M. de noujoux . . P. A. Diifau. 644 7. Fssai sur I'histoire de la lilterature neerlandaise, par J. de Sgravenweert Marron. 656 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annoncesde 70 ouvrages, franfais et etrangers- Amerique septeistrionale. — Etats-Utiis, l\ 6^3 EcROPE. — Grande-Bretagne , 5 677 — Rassie, 2 689 — Allemagne, 5 694 — Suisse, 4, dent 2 ouvrages p6riodiques 699 — /fa/(e, 7, dent 5 ouvrages periodiques 7o4- — Grece, 2 709 — Pays-Bas , 9, dont 1 ouvrage periodique 710 Fraivce, 09, sayo'ir : Sciences pkysiqiies et nalurelles, 10. ... 716 — Sciences retigieuses, morales, politiques ei historiques, 10. . . 724 — Littdratiire. 12 74o — Mimoires et Rapports de sociitis savantes , 2 749 — Ouvrages piriodiques , a 761 79t» TABLE l»E,s AUTIOLES. IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. Amerique cEiNTnALE. — Guatemala : Suppression des oouvrns; Extinction des ordres religiciix yS/i ArsTiiAT.iE. — • Colonies anglaises .■ Fondatioa de deus nouvelles vilies sur les bords de la riviere du Cygne. — PulyiUsie. Arcliipel de laSocieid. Eimco : Etablissemenl d'une pressc; Joie des naturels ; leur ardeur pour le savoir ; leur roi ; leurs cliadts populaires 75 r> AsiE. — Ritssic asiallqiic; Gi'orgie : Instruction publique ; Kcoles. 7(50 EUROPE. GRAi\'DE-i?nETAGNE. — Lotidres : Ponipe £i incendie mue par la va»- peur 761 licssiE. — Pdtersbourg : Seances de I'Academie des sciences des rnoisde marsetd avril 1800. — Travaux publics : Canaux. — Voyage aux colonies americaiues-russes : Decouverte d une ile habit(f'e. — Instruction publicjue :\ Stalistique des uni- versilt^ de Petersbourg et de iMoscou. — Pliilologic oricn- talc : Grauimairc de la langue niongole, par Schmidt. — Arlcliangcl : Beaua^-^rts .• Sculpture; Monument en bronze a Lomonossov, par Marios. — Presse piriodiquc : Kombre ct indication des journaux publics en langue francaisc, pen- dant les annees 1829 et 1800 7(in Allemagne. — Autriche : Progres de I'industrie. — Brunswick : Nouvelle edition des oeuvres de Canipe 770 Suisse. — DcJcouverles d'anliquites dans les cantons de Zurich, de Bale, de Berne, de Thurgovie, de Fribourg et de Vaud. — Grtso/is ; Ilisloire naturelle 770 Grece. — Situation generale ; Ferme modele ; Orpliauolrophe; Code de commerce francais adopt(5 en Grece ; Etablissement d'uue monnaie ; Suppression du journal : I'Aurore 77G Belgique. — Statistiqae ; Population 778 France. • — Toulouse (llaute-Garonne) : Prix proposes par I'Aca- demie des sciences, rAcademie des jeux floraux, el la So- ciete d agriculture 7^9 Paris. — Institut : Academic des sciences : Seances du mois de septembre i85o. — T6k^graphe perfeclionne, h I'usage du [)ublic. — Projot dun Voyage aulour du monde. ■ — • He- clamation de M. Jomard. — Publiculion nouvelle. — Cliro- nique des theatres pendant le mois de sepleml)re 1800. — Beaux-Arts : Muscie cosmopolite ; iMedaille du general La- fayette , . . . 780 NjicROLOGIE. Crande-Dretugne : James llennel. — A llemagne ; Bavicre: Joseph Fraunlioler 7y5 TABLE ANALYTIQUE ET ALPH AliliXIQ UE DES MATIERES DU QUARANTE-SEPTIEME VOLUME DE LA REVUE £NCYCL0P1- DIQUE. JuiLLET, AocT, Septembre 1 83o (*). On a r6nni aux,quatre mots indicatifs des quatre gbakdes oivisiong dc cc Recueil : I. M^MOIRES, NOTICES ET MELANGES; II. ANALYSES ET EXTRAITS D'OUVRAGES CHOISIS; III. BULLETIN HIBLIOGRAPHIQUE; IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES; jc detail et le renvoi des articles qui s'y lappoitent ; puis on a caiactdiisi^ ces articles, i la suite du nom de leurs auteurs, par I'une des quatre abrivialions ci-apres : M. (memoires et notices) ; A. (analvses) ; B. (nuL- LETiN bibliookaphique) ; N.(nouvelles SCIENTIFIQUES et utteuaihes. ) La designation C. apres les nom^proprcs indique les collaborateurs de la Revue, lorsqu'il s'agit des articles qu'ils ont liiuniis. Au lieu de compiendre sous la denomination generale sciences et arts (coninie dans nos qnatre tables des maticres de I'annee 1819) rindication des diffeientes sciences dont tiaite ce volume, on a ciu devoir, pour lendre les iccberclies plus faciles, et pour mieux caracleriser le but philosophique de la Revue Encyclopcd'tque, ouviir un coinple particulier et special, en tettres capilales, non-seuleuient a chacune des branches des connaissances humaines : agiiiccltohe , anatouie , etc. ; 4 chacun des elemens essentiels de la civilisation et des moyens piinci|)aux de communicalion entre les bommes : academies et sociiiT^s savantes, dictionnaires, enseignemknt MDTUEL, instruction publique , jouRNAUx, THEATRES, 6(0. ; mais cncorc k cbacun des pays dont il est fait mention dans ce Recueil ; de manieie qu'on puisse rapprocber ct comparer tour i tour, soit I'clat des sciences et des elemens de la civilisalion dans cltaque pays, soit les nations elles-memes, sous les differens rapports sous lesqnels on a eu occasion de les considerer. A. A la jcune France, ode, par Victor I Abel, oh les Trois-Freres, par Ch. Hugo, 744- Pougens, 5ii. {') On souscrit pour ce Recueil scientifique et littkrAire , dont il parait no caliierde qualorze feuillesd'impression tous les mois, au Bureau central u'abon- rement , rue de I'Odeon , n" i8 ; cliez Arthus Bertiiand, rue Haute- fcuiUc, n" 28, ct cliez RenouARI) , rue de Tuurnon , n" 6. Prix dc la souscrip- tion : a Paris, q6 fr pour uu au ; dans les deparlemcns , 53 Ir. ; 60 fr. dans i'Elraiiger. T. XLVH. 35 ;'{)8 TADLE A Abel, dc Ghrisliania. Ij'Acadiiniie des Sciences de Paris liii decei rie le grand prix de malh^niatiqucs, Aben Iliimeya, on Ics Arabes sous Pliilippc II, melodranie de M. Martinez de la R()sa,25(). AcadiSmiks. toy. Soci^xiis savantf.s. Adrien-Lafasge (.1). C— B., 474- Aerollthcs du Tenessee ct . — Monuniens arabes, persans et Turcs, consideres et deciils par Reinaud {Jinanry- Diival), 92, 354. — Harmonics j)o6liquos et religieuscs, par A. dc Lamarliiie (//. Pati/i), i ?S. — Second recueil de tableaux, pu- blics par la commission gcnerale de stalistique des Pays-Bas (A. Qiielelct), 32S. — Histoire de la civiiisaliiiii en France, par Gui- zot [Albert Diilens), 536. — Des sciences occultes, ou Essai sur la magie, les prodiges et les mira- cles, parEusebeSalverte(t. Am. S..,i),G25. — Essai sur Tbistoire de la lilterature neerlaudaise , par J. de S'Gravenweert [Mar- ran), fi56. — d'ouvrages ^ccs : L'lliaded'Ho- mere, traduction nouvelleen vers fran^ais, j>ar A. Bignan [Scrvan dc Stigny), 119. — Comedies d'Arislo|iliane, trad, en fran^ais, par Artaud [A. Poirson) , 070. — d'ouvrages italicns : Onze bro- chures sur la reforme de la cons- tiltitions du Tessin [C. Monnard), 104. AlVATOMlE, .'ioi. Ancelot. Fny. Henrietle. Andisson. Foy. Congreganiste. Andre le chansonnier, dranie, par Fontan et Desnoyers, 5i5. Andricux. Foy. Junius Brutus. Angi.etekre. Foy. Ghande-Bbeta- GNE, Anicct. Foy. Barricade:.. Animauxapprivoises./^oy. Chassay. Anli-Draco : or Reasons for aboli- shing Ihc punishment ofdcatli, elc. 398. Antilles, 481. Antiquite grecque (Connaissance dc 1') sous le rappoi t du gouvcr- DES MATIERES. "90 nciiicnt, par Wilchelm Wachs- iiiulb, 420. Antiqiiites. Voy. AbchiSo'locik. — de Sayn, rccueillies en i6S4i par J. P. de Keiffenherg, iSy. — deeouverles en Suisse, 770. Applicaliun des globes k la Trigo- nonictrie splierique, etc., par J. Jump, I S I . A-propossur les evenemens de juil- let, par Massoii,»5i5. Aiago (Etienne). Les 27, 28 et 29 juillet, 5i5. Ahcheologie, ga, i5y, 354, 42o, 5o8, 770. AHCHiTECTiiRKde\itruve,suiviedes exercices de Jean Puleni, et coni- inentee par Simon Stratico,425. Arcs (Description d'un nouveau systeme d') pour les grandes charpentes, par A. R. Emy, 714. Aristophane (Fragniens d'), publics par Dindorf, 696. Arnould ( Nicolas-Fran(^ois). Voy. INtCHOLOCIE. Aht UILlTAiaE, 2l5, 709, 717. Artaud. Voy. Comedies d'Aristo- pliane. Arthur. Voy. Le^on de dessin. Arts industeiels, i58, 716. Arts (des), qui travaillcnt ^ la for- mation denos habitudes morales, 11, 267. AsiE. 219, 487? 760. ASTBONOMIE, 2^2. 244- A Thymo (Petri) Historia Braban- tun diplomatica, edidil F. A. Reif- finberg, 170. Jumcrie [J. F. d'). De Zechad in- rtgling to Scheveningcn, 427. AuSTBALASIE, 755. — (L'Ami de 1'), ou Plan pour ex- plorer I'intt'rieui- de la Nouvelle- Galle ineridionale, 682. AuTRICBE, 54o. Auzoux. Mudi'h's anatomiqucs en pale de carton, 5oi . Aveuir (L'), M. 525. B. liabbagc's Reflexions on the decline of Science in England, i43. Babinet. L'Academie des Sciences de Paris lui decerneune medaille d'or, 242. Bailly (A.). Histoire fiiiaDciire dc la France, 192. Bains (Les] denier iScheveningen, etc., par J. F. d'Aunierie, 427' Balance politique du globe, en 1828, par Adrien Balbi, Iraduite en russe par Einerling, 691. Balbi. Foy. Larenaudiere. — Foy. Balance. Banquet mensuel de la Revue Eacy- clopedique, 5i6. Barbier (J. B. G.). Fay. Matiere uiedicale. Barginet (A.). Foy. Grenadier. Barricade (La), i propos vaudeville, par Benjamin et Anicet, 5i6. Baithelemy. Foy. Insurrection. Bataille de Paris, en juillet i83o, par le general Allix, 753. Bayard. La Foire aux places, rgi. BkaCX-AbTS, 209, 222, 425, 47>) 697, 766,792. Bedouins. Foy. Burckardt. Becclicr (Mrs C. E.). Suggestions respecting improvements in educa- tion, 674. Belles- Lkttbes. Foy. Litt^ratube. Belloc (M-^eL. Sv^.), C.-B. 4o4, 689, et les articles signes L.Sw.B. Benjamin. Foy. Barricade. — Foy. Jeffries. Beiioit (P. M. N.). Foy. Guide du Meunier, Berr (Michel). Foy. Passe. Beiz6lius. Letlre a M. Dulongsur quelqnes resultats curieux obtc- nus au sujet d'un acide vegetal qui se trouve dans le tartre de vin, 5u2. Beucliol.QEuvres de Voltaire, 461. Bible deVence, pub liee par Draeli, 724. 8oo TABLE ANALYTIQir. BiBLior.RAPniii, i3-, 389, 426, G-7>. Hibliolheqiielatine-l'iaiK^aise : Col- lection ties classiqiics lalins, avcc la traduction en regard, pnblific par C. L. F. Panckoucke, 740, 742. — di: faniille, SgS. Ilichcno (J. E.). Ireland arid its economy, etc., 148. liigclow's Elements of technology , i58. Bignan (A.). Koy. llIiaded'Honii'ie. Bildcr far die Jiigend, hcraiisgege- bcn von Ernest ion Houwald, 419. Biur.RAPHiE, 145, 391, 595, 399, 75s, 740. Blasis. Voy. Danse. Boigne ^Gen^ral, comte de). Voy. IN^CBOLOGIB. Boisjoslin (V. de). Voy. Notices Lis- toriqucs. Bonnetier, Voy. Manuel. Bod sens (Le) national, par Maic- Antoiue Juliien, 198. Bory de Saint-Vincent, C.-B. 755. Boucher de Perthes. Voy. Roman- ces. Bourbonne (Notice sur) et ses eaux therniales, par F. Lemolt, 44". Bourdon (Isidore). Voy. Physiolo- gic comparie. Bourgeois (Le) de la rue Sainl-De- Denis, com6die melee de chants, par Brazier, Villeneuveet Emile, 79«- Boution-Charlard. Voy. Robiquet. Braithwaith. J^oy. Ponipe A incen- die. Bravi (Giuseppe). Teoria e Pratica del Probabile, etc. 161. — Ragionamento critico sulla Teoria del probabile, i6i. Brazier. l''oy. Bourgeois. — Voy. Marchand de boeui's. Brebisson (Alph. de). I'oy. Falaise. Bieschet. Memoire lelatifa I'orga- ne de I'audiliou dc quelques pois- sons, 780. Brevets d'invention. Voy. Viga- rosy. Bricno!) ( Louis de ). Voy. Trors jours. Brod/.inski (Casimir). Poesies, 4i3. Brown's Narrative of the Anti-maso- nic c.vcilcr}icnt in the TVestern part oftite state ofNevu-Y'orh, 676. Bryan's Thoiiglits on education in its connexion ivitli morals, 676. Buckingham. Voyage autour du nionde. 786. Bulletin BiBLioGBAPHiQCE (III) : Al- lemagne, i56,4i5,694- — Etats- Unis , 107 , 5S9 , 673. — France , 172, 43o, 713. — Grande-Breta- gne, 143, 092, 677. — Grrce, 709. — Guatemala, 142. — Ita- lic, 161, 422, 704. — Pays-Bas, 167,427, 710. — Pologne, i54, 4i2. — Uussie, 150,407,689. — Suisse, 421, 699. Burchardl (John). Noth on the Be- douins and PVahabys, i46. Byron (Lord). Gonimerages lillerai- res au su jet de ses Memoiies, 221. C. Calendrier russe. Reclamation y relative , 49i' Campe (J.-H.). CEuvres. Nouvelle edition publiee par Vieyveg, 770. Canada , 48o. Canaux (Construction de Irois nou- veanx) en Russie, 763. Carniouche. Voy. Marchand de boeufs. Carte topographique du cours du R bin, 418. — de I'Afrique septentrionalc, par Jerome Segato, 4-2. Cartes geographiques (Manuel 6le- mentaire pour la construction et le dessin des)fpar A. M. Perrot, 7.8. Censure (Abolition de la) de la presse, <» Malacca, 219. Chabrier (De). Meniuire rclalirais BES MATIERES. 801 nioyen de voyager Jans I'air , 78.. Charbon (M6nioiie sur le); son em- ploi dans I'assainissement des eaux , etc. , par A. Chevallier , 714. Charmoy (F.-B. ). Voy. Observa- tions. Charpente (Nouveau systeme de). Voy. Aics. Charte (De la) diun peuple libra, par A. D. Vergnaud, 459- Chassay. Notice sur quelques ani- Diaux 6lev6s et apprivoiscs, 179.. Chateaubriand. CSiuvres comple- tes, 745. Cbateauneuf (A.). Voy. Philippe I". Chazet. L'Acad^mie franQaise cou- ronne son trait6 sur les abus, les lois ct les mcBurs, 607. Cheniins de I'er construits en Autri- cbe, 770. Chevallier et Payen. Moyens i nieltre ea usage pour pr6venir les faux en ecriture, 2^1. Chevreul (E.). Voy. Chimie. Chevallier (A.). Voy. Charbon. Chimie, 212, 5o2, fjoS, 714. 7S0. — (Cours de) g6n6rale, par Lau- gier, 173. — (Cours de), par Gay-Lussac, 174- — (Lemons de) appliquee 4 la tein- ture, par E. Chevreul, 175. — (Cours de) elementaire et indus- trielle, par Payen, 176. — ("Abregii du cours de), fait A rUniversit6 de Pensilvanie , par le docteur Hare, A., 618. CniNE, 220. Chikurgie. Voy. Scieivces mj^dica- LES. Chodzko ( Alexandre ). Poesies , 412. Chorograprie, 474- Choron. Voy. M6thode d'harnio- nie. Ciuq-Novenibre (Le), ou la Con- spiiation des poudres, piece his- torigue attribute k Shakspeare , 688. Classe laborieuse (Moyens d'ani6- liorer I'etat moral et physique de la), par Henry M'Cormac, 147. Classiques latins. Voy. Bibiiothe- que. Claudon. Voy. Out et Non. Cloudesley , par William Godwin , traduit en fianc^ais par Jean Co- hen, 2u8. Code de Commerce fran^aisadopte en Grece, 777. Cohen (Jean). Voy. Cloudesley. Comberousse (Hyacinthede). Voy. Victoire. Comedies d'Arislophanc, traduites du grec par Artaud, A., 570. Cosimerce, 4^6, 45 1, 477' — (Tableau du) de I'ile de Cuba, 481. — ( Tableau bistorique du ] , des arts mecaniques, etc., par Gus- tave de Gulich, 4t5. Compagnie gineralc du Levant. Voy. Projet. Comte (Charles), C.-AL , 55o. Co'igreganiste ( Le ) ou les Irois Educations, com 6die- vaudeville, par Villcneuve et Andisson, 790. Considerations on the propriety and necessity of annexing the province ofTexastotlie VniledStaies, etc., i4o. CoNTEs. Voy. Romans. Contre-Leltre (La), vaudeville, par Pauliu et Edouard, 5iG. Courbebaisse. Memoirerelatif A un veau bicephale, 5o3. Corinne, drame en vers, 788. Coste (L. M. P.). Voy. Roues by- drauliqties. Cour (La) de Marie de Medicis. Memoire d'un cadet de Gasco- gne, 748. Cours d'histoire des Sciences natu- rellcs, par Cuvjer, M., 5. Ci'BA, 4S1. Culmann (F. J.). Voy. M6tallurgic du fcr. 8oa TABLE ANAMTIQVE CdLTE. Voy. SciKNCKS BEUGIEUSBS. Ciivier. A'oy. le mot Coins. — Memoire siir des ossemeiis qui paraissent appaitcnir a un oiseau doiit I'espece est detruite, 240. — Voy. Discours. D. Dandolo (T.) . Saggio di Lottere sulla Sulzzera, ^iTy. — La Stiizzera, etc., 423. DAKKMAnit, 540. Danse (Manuel coniplet de la), par Ulasis, traduit de I'anglais par Paul 'Vergnaud, 474. Dariagon. Voy. Institution auxi- liaiie. Davesne. Voy. Lec^on de dessin. Dt'couveiie d'une ile habilee par le naviteur russe Khromtch6nko, 760. De Gerando. Voy. Rapport. Delavigne (Casimir). Une semaine de Paris, messenienne, 744- Deshaies. M6moire relatil a I'ana- Ij'se du genre helix piitiis, 5o4. D'Esniond ( L. A. ). L'esprit dc riiomme de guerre, 011 Essai sur I'art mililaire, 717. Desnoyers. Voy. Andr6. — Voy. France. Desvergers. Voy. Petite Prude. Deux fous (Les), histoire du teins de Francois I", par P. L. Jacob, .4G7. Dictionnaire topographique, histo- rique et statistique de la Sarlhe, par J. R. Pesche, 445. Diiit/nyf. Arisloplmnis Fragmenla , Discours prononc^ par le comte Mostowsky , h I'oiiverture de la diete de Pologne, i5/(. — sur cetle question : Quelle a ete rinlluence du gouvernement rc- ))resentatil' en France sur noire Ijlleraturc ct nos uia-urs , par Edouard Ternaux, 196. Disciiins prononcis en public en dillereiitus occasions, par J. D. Godinan, 5go. — prononce par le procureur-gene- ral Moiroud, Ji Pondicli6ry , etc., 453. — sur les rcivolutions de la surface du globe , etc. , par le baron Cu- vier, 715. Dix joursapres, ou le Gentilliomme de la Cliambre, vaudeville, par Sauvage et (Jeorges, ."jiS. Domaines (Des) el de I'etat consti- tutionnel de la Lorraine , par Noel, 193. Dorvo. Voy. Envieux. Dovalle. Voy. Sylphe. Drach. Voy. Rible. DaoiT. Voy. Jurispbcdencb. NATURBL, 499- PEIVAI,, 24, 276, 598. Pl'BLlC, 193, Drouineau (Gustave). Le Soleil de la Liberte, 745. P'oy. Fran<;'oise de Rimini. Dubruufaut, C.-B., 176. — L'Agriculteur - Manufacturier, 212. Ducange (Victor), Voy. Jesuite. Duchesne. Voy. Peinturc. Dufau (P. A), C.-A., 644. Dul'our (Leon). L'Acadeniie des sciences de Paris lui d^cerne le prix dc physiologic experiuicn- tale , 243. Duges. Observations nouvelles sur les planaires, 241. Duniersan, G.-B., 211. — et Dupin. M. de la Jobardiere, vauderilie, 5i5. Voltaire chez les capucins, 79'- Dunoyer (Charles), G.-M., 257. Dupin. /^oy. Dnmersan. Dupourquet. Note conceinant nn eul'ant doidjle , du genre ichia- delphe, ne a Salies, 238. Dupuis-Delcourt. Essai snr la navi- gation dans I'air, 176. Dupiiytren preseutc a l'Acad6mie (Ics sc'cnces de Paris un enfant, f>ar iiii{ju6ri, qui avail perdu la majeure partie de sa fioiire , 208. Durivau. Instruction pratique et tlieorique, ou Guide des inaitres pour la lecture elementatre,etc., 447- Dutens (Albert), C.-A. , 336. Duval (Amaury), de I'lnstitut, C- A., 92, 354. Duvert. Les 27, j8 et 29 juillet, 5i5. — Foy. Petite Prude. EltlX THRRMALES, 44^ Ecoi.Ecantonnale deTroguen, chef- lieu d'Appenzcll, 497. — niilitaire d'Egine. Reglement sur son organisation, 709. — norniale de Nauplie, 776. EcONOMlE DOMESTIQIE, J05. — POLITIQUE, 14s, igS, 45o, 45i. — pi;elique ,701. bdrale, 4's5 476, 705, 776. 7s0. EcossE. f^oy. Gbande-Bretagivb. Edmond , roman polonais , par Etienne Witv\icki, 4i4- Edouard. 1'oy. Contre-Lettre. — yoy. Jesuite. EDucATioji , 190, 4'9 5 7>3 2 , 704, 77P- — (Memoire sur 1'), par J. Del V., .42. — (Vucs relatives au perlectionne- nient de 1'), par Calheiioe E. IJeeclier, 674 • — (Pensees sur 1') dans ses rap- ports avcc la morale, poeme, par Daniel Brj'an, 675. — physique (Manuel d'), gymnas- tique et morale, par le colonel Amoros, 457. — des femmes. Voy. Kiederer (M-). Egvptb ( L'anciennc)"; f'^oy. Sethos. DES MATIEIIES. 8o3 Einorling. ^'oy. Balance politique. Emile. i-'oy Bourgeois. Emy (A. B.). Voy. Arcs. Ekcyclopedie americaine, publiee par F. Licber, 137. Ekskioemeat mdtuel, 776. — pRiMAiHE (Etat de V) en Grece, 236. Entomologie, 689, 783. Entr6e (L') en vacances, comddie en prose, par Paulin, 5:3. Envieux (L'), comedie en vers, par Dorvo, 249. Epagny (D'). Les hommes du len- dcmain, 790. Epitre it la society d'agriculture , sciences et arts du departement de la Dordcgne , par de Gageac , 207. EscLAVAGE (Abolition de 1') dans la fille et le territoire de Malacca, 219. — (Dc I'abolition graduelle de 1') dans les Colonies europ7- Hnnunel (Arvid-David). Foy. Es- sais enlouiologiques. Hnot. I'oy. Larenaudiere. HYDRAtLIQtK, 182, 7.\(). TABLE ANAl.\Tiyl'E Irene Delphinn , cliKiiiiqnc ven!- lienne, par Kalconetti, Iraduile en (Vanrais, 20S. IrLAXUE. J'ny. GHA^DE-BRKTA^.IVE. — { De l')i et de son economic inlerieure, elc. , par J. E. lii- clieno , 1^8. IsLAMisME, 92, ii54. ItALIE, 161, 50G, 4221 542, 704. Ilineraire descriptiC de la France, etc., par Vayssede Villicrs, 44^- Ivrogne (L') , dranie niele de coih plets, par Sauvage, 5i5. IcHTYOLOGlE , 780. lliade (L') d'Homere , traduction nonvelle en vers fran^ais , par A. Bignan, A. , 119. Importation ( Aperc^u de 1' ) et de I'Exportatlon de la France de- puis i7i6jusqu'en i825,pag.4i7- Iniprinierie (Importation de 1'} dans les iles du GiandOcean , 756. Inde (Tableau geograpbique, bis- torique et descriptif de T) , i46. — (Souvenirs de 1') , 684. Industrie, 246, 477- Industrie (Progres dc 1') en Au- triclie, 770. Inondations (Details sur ies) qui eurcnt lieu au mois d'aoxit 1829 dans la province dc Moray, par Thomas Lauder, 092. Institution auxiliaire de rEcole de Droit deParis,dirigecparM. Dar- ragon, 24-5. Instruction ELEME^TArRE, 447- POPULAIRE, 449? 7'32, 70.5. PRIM AIRE, 236, 7-51' PUBLIQtJE. Foy, ECOLES, UnIVER- siTES, etc En Georgie, 760. — En Riissie, 764. — du People Jran<;ais, 449- Insurrection (L'), poeme dedie aux Parisiens, par Barthcleniy et Mery, ao4. Inventions, 196, 609, 761, 78^, 785. Jacob (P. L.). Foy. Deux Fous. Jacobi, de Kocnisgsberg. L'Acade- niie des Sciences de Paris lui decerne le grand prix de matht- matiques, 242. Jarihnage. Foy. Horticulture. Jauch ( Giov. ). Lcitera sul moJodl elcggcre i'jnembri del gran Consi- glin, io5. Jeanne la Folle, ou la Bretagne au xiii'' siccle, drame bistorique et covers, par Fontan, 5i3. Jeffries, ou le Grand-Juge, nie- lodranie, par Benjamin, 25 1. Jesuile (Le) retourne, ou la De- maode en mariagc, vaudeville, par Edouaid, 791. — ( Le ) , melodrauic , par Victor Ducange, 791. Jobn Bull, imitation d'une pii.ce aiiglaisr, par Theodore, 5 16. Jokeis (Les) anglais, ou ks Courses d'Epsom, 'vaudeville, 25o. Jomard. Foy. Reclamation. Jorg (J. On: G. ) Dor Menscii , II. s. w., 694- JOURNAUX ET ReCUEILS PEHIODIQUES. — publies en Alfcmagne : Kri- tiichc Zcitschrlft, k Heidelberg, 159. — publies en Angicterrc : le Re- presentant des Peuplcs, Journal hebdomadaiie fiaiif ais , h Lon- dies, 4o4- — publies''cii Canada : la Biblio- thfeque 'canadicnne , h Mont- Real , 480. — La Minerve , a Mont-R6al, 481. — publies en France : Recueil agronoiiiiqne , a Montauban , 212. ' — L'Agnculteur-Manuf'ac- lurier, & Paris, 212. — Journal des Sciences njilitaiies des ai- mees de teiic et de mer, i Pa- ris , 2i5. — Journal du Comite agiicole du dcparlenient de la Maine, 212. — ■ L'Abeilie, ou Recueil de connaissances agrtia- bles (en portugais), i Paris, 216. — Annales provenrales d'agri- cullure pratique et d'^couoniie iiirale, it Marseille, 47G. — Re- cueil industricl, manul'aclurier, agricole et commercial, a Paris, 477. — Bulletin des Sciences ge'ographiqiies , a Paris, 701. — Le Franc Parleur de \ aucluse , 732. — publies en Georgic : La Gazette de Tiflis, en trois langues : russe , georglenneet persane, 487, 760. — publies en Grece : L'Aurore ( Hw; ). Ce journal vient d'etre suj)priui6, 7-7. — publies en Jtalie : Annali iini- rersali dcSlatistica, a Milan, i65, 705. — Glornale arcadico , a Rome, 166. — Fuglio commcr- c'lale italiano; ■ — L'Eelcciico; — llibliograpliia itallana, 4 Parnie, 4^.6. — Annali universali di A grl- coUtira , ii Milan, 706. — Fjlc- meridi di Medicina omeopal ica, a Naples , 706. — Antologia , a Florence, 706. ^ — // Nuovo liico- glitore, a Milan, 708 — publies' dans lis Pays- Bos : Jour- nal d'Agriculli:re , d'Economie rurale et d »s Manufdclures, it Rruxelles , 4^8. — Coirespon- dance mallitmalique il pbysi- DES MATIERES. 807 que, i» Bruxelles, 45o. — La Re- vue des Revues, a Bruxelles, 711. — publies en Riissie, en langue fianraise, au nonibre de S, dont 4 a Petersbourg, 1 a Moscou et 5 il Odessa, 767. — publies en Suisse : Zcitschrxft fur I ulhsschut/elirer, a Bale, 705. — Journal d'Educatiun, ii Yver- dnn, 704. Julius ( N. II. ). Vorlcsungen itber die Gefiingnisshunde , A. , 55. Jullien (MarcAntoine) , fondateur- directeur de la Revue Encyclo- pedique, C.-M., 32o, et le's ar- ticles sign^s M. A. J. — Le Bon Sens national, 198. Jump (J.). Application des Globes a la Trigonometrie spherique , etc., 181. Junius Brutus, tragedie par An- drieux, 78S. JuBispp.iiDEscE, iSg, 169, 245. fo^'ea aussi LEGISLATION. Kaisten (C. J. B.). Voy. Metallur- gie du f'er. Khromtchenko. l^oy. Decouverte. Kresz. Voy. Pecbeur. Lair (P. J. G.) Voy. NiiCBOLOGiK. Lamartine ( Alphonse de ). Voy. Harmonies poefiques. Lanil'rancbi ( Louis - Reinier ). Voyage ii Paris , 199. Laiizi. Geschivlileder Aldkrei in Ila- lien tibcrselzt von PVagner , 697, Larenauditre , Balbi et lluot : Traite elementaire de Geogra ■ pliie, ou Abrege du precis de la f;eogiai)hie univcrsclle de Mallc- Brun, i$6. 8o8 TABLE ANA Lauder's .Iccottnt of the great floods of August, 392. Laiigier. Cours de Cliiniie gent- rale, ijS. Lavy. Etat general cles vegelaux oiiginaiie?, etc. , 4^0. Lawrence (Thomas) , peintre an- glais. Foy. Exposition. Leblanc. Foy. Manuel du Iicnne- tier. Le Biun (Isidore) , G. A. , 45. — 1?., .^29, 724,740. —N., 519, 795. — f^oy. Manuel du Ferblantier. Lecanu. Memoire sur la matieie colorante du sang ou htmalo- sine, -80. Le Chevalier. Note sur la calefac- tion de I'eau dans des vases por U's au rouge, SoS. Le^on (La) de dessin, coraedic, par Davesne et Arthur, 261. Leciare elementaire. Foy. Duri- vau. Lkrislation , 24, '•''9, 276, 598, 77"- Leuiercier (Nep.). Le Triomplie national, 5o8, "45. — & ses ConcitoyiMis, sur la grande semaine, 737. Ijcniolt (F.). Foy. Rourbonne. Les 27, 2S et 29 Juillet, vaudeville, par Arago et Duvert, 5i5. LettrcdeTutundjn-Oglu. Foy. Rt- ponse. — Foy. Observations. Libri (Guillaume). Foy. Malh6ina- tiques. Licbcr (Francis). EniyclopediaAme- ricana, 137. Lingurd's History of England from the first invasions of the Romans , A.,644- LinntBi ( Caroli ) , sued , Systcma Naturce, l\-j^. LisiVanc. Foy. Gondret. LlTHOTBITlK, .5oi. LiiT^BATcaE ancicnne - classique , 119. 370, 696, 697, 74<', 'i'i\- — anglaise , i64) 208, 4oz, 47'> j,y iiQiiE 688 ; — dcs filals-Unis, 676 ; — fran9aise, 119, 128,201,202, 2o4 , 207, 249, 25o, 520, /[6\, 4()a , 464 » 467, 47t>» 471? 507, 5 1 3 , 5 1 4 , 5 1 .5 , 5 1 6 , 710, 74 5 , 744,745,74.^. 779,7««'79<'. 791 ; — ilalienne, 166, 208, 426, 7o5, 706 , 708 ; — neerlandaisc , 656 , 711, — orient ale, i5o; — polonaise., 4'2, 4'5, 4'4; — poi tugaise , 216; — russe , 4 1 2. Lives of remarkable youths of botli sexes, 599. Livingston (Edouard). Foy. Peine de niort. Lonionossov. Foy. Monument. Loiraine. Foy. Domaines. Lucas (Charles). L'Acad6miefran- <^aise couronne s6n syslimc pcni- tcnliaire en Europe ct aux Elats- Vnis, 5o6. Lucenay (J. de), C. — B. ,4'8, 420. — N. , 770. Luvini - Persegliini e Franscliini. Hiposta all' opuscolodchig. Land. Quadri, \ q\. — Cotpo d'occliio, etc., io5. Machines (La Science des) , etc., par Zachariah Allen, 38g. M'Cormac (Henry). On the best means of improving the moral and physical condition of the working classes, 147. Malacca, 219. Malte-Rrun. Foy. Larenauditre. Manuel du Ferblantier el du Lam- piste, par Le Brun, 716. — dii Bonnetier et du Fabricant de bas, par V. Leblanc et Preaux- Caltot,7i6. Manlfactubes, 428. Marchand,(Le) de Bo-nls , vaude- ville, par Brazier el CarnioucUe, 79' • Mari (Le) de ma Finiino, roinedio en vers, par Rosier, v.jg. Marine anglaise (Etat de la) , 489. Marion, C. — A., G56. Martinez de la Rosa. Voy. Aben- Humeya. Massalski (Joseph). Po6sies, ^12. Massius (Baron). Foy. Questions. Masson. foy. Trois jours. — lay. A propos. Mathematiques, ^38, 161, 181, 18a , 238 , 259 , 242 , 243 , 43o , 5oi, 6-3, "i4' — (M«5niolri's de) et de physique, par Guillaiime Libri, 704. Maliere medicale (Traite elemen- tairede), par J. B. G. Barbier, 435. INIauvais Gar^ons (lies) , par Al- phonse Royer, 467. M. de la Jobardiere, ou la Revo- lution impromptu , vaudeville , par Dumersan et Dupin, 5i 5. M^CANIQOE , 182, 212,242, 244 5 389. M6daille du general Lafayette, destinee a servir i I'histoire de la revolution de Paris, 792. M^DKCINK. Voy. ScJEKCliS Ml^Dl- CALES." Melanges, ou Suite dcs promena- des d'un solitaire, par Charles d'Outrepont, 464- MeMOIRES, notices, IBTTKKS ET Hi- LA^GES (1.) : Cours d'histoire des sciences naturelles , jiar M. Gu- vier ( Gnndinel ) , 5. — Opinion de M. Edouard Livingston sur la peine de mort , 24* 276. — Des arts qui travaillent a ia for- mation de nos habitudes mo- rales (Ch. Dunoycr), 257. — No- tice n(jcrologiquo sur M. Jean Schv\eighaeuser, de Strasbourg (J. II. Sclinitzlcr) , 297. — Sou- venirs politiques : La revolii lion et I'enipire (M. A. Jullien), Sao. — L'Avenir ( J. G. L. de Si.imondi ) , SaG. — De la Me- thode d'obsurvation , appliqu^e DES MAT1ERE9. 8()g aux sciences morales et politi- ques ('C/inr/e.? Comie), 55o. — De I'abolition graduelle de I'escla- vage (P. //. D.). 2' article, 679. — ET Rappohts de societes savan- tes en France, 4/5, 74<)' — de I'Academie imp6riale des' Sciences de Saint-Pttersbourg, 4 10. . — presentesa cetle Academic par divers savans, 4' i. — sur I'histoire de laGueldre, etc., par J. A. Nyhoff, 171. — sur la Vie et le Ministere du re- verend John Summcrfield , par J. Holland, 591. — personnels, ou Reminiscences des homines et des mceurs en Angleterre , etc. , par Pryce Luckart Gordon, 4oo. Mcnioria sobrc la Educacion, \^i. Mere (La) de Famille, par Titus Tobler, 702. Mery. / oy. Insurrection. Mesuies prises - Ouizille (C. v.). Voy. Quintilien. Ontrepont (Charges d'). Voy. Me- langes. Owen's Lectures on an entire neiv state of society, G-y. Ozanani. Observations sur la trans- formation du virus variolique en virus vaccin, 5oo. 811 Paganel (Camille). Histoire de Fredericle-Grand), 702. Panckouke (C. L. F.). f^oy. Biblio- theque latine-frangaise. Paquis. Voy. Oui et Non. Paris, 198, 258, 5oo, 780. Perrot fils. Voy. Expedition. Passe (Du), du Present et I'Ave- nir, par Michel lierr, 737. Patin (H.), C. — A. 128. Paul C/i fjord, by the author ofPd- ham, 4o2. Paulin. Foy. Entrc^c en vacances. — f' ay. Contrc-Letlre, PauvHES, 729. Payen. Cours de chimie elenicn- taire et industrielle , 176. — Voy. Gbevallier. Pays-Bas, 167, 170, 427, 499) 537, 710,778. Pecbeur (Le) fran(;ais, etc., par Kresz, 184. Pei.ne de moet (Opinion de Living- ston sur la), M. 24, 276. — — ( Haisons d'abolir la ) pour crime de faux, 398. — — Voy. Questions. Pbintlhe, 222,697,792. — (Traile complet de la), par P. de Moutabert, 209. Peinture (Musee de) ct de sculptu- re, etc., par Revcil el Duchesne, 210. Pentland. Memoire de geographie nialbeniatique, 23g. Percberon et Gaury. Monographic des iusecles melitrojiliiles, 785. Perrelct. rAcadiniie des Sciences de Paris lui decerne une m6- daille d'or, 242. Perrot (A. M.). Voy. Cartes geo- grapbiqnes. Pesche (J. R.). Voy. Dictionnaire topogiapliiqiie. Petite (La) Piude. vaudeville, par Duvert , Desvergers et Varin , 25o. Petitions (Deux) a MM. de la cham- bre des deputes, par de Fran- clieu, 460. Petrarque (Poesies de) , publiees l)ar Angelo Sicca, 705. Pharmacie, Voy, Sciences m^di- CALES. Ph^nomeives, 3g2, 4So. Pherecrate. Voy. Kunkel. Philippe I"', roi des Fran9ais; pre- cis historique, par A. Chateau- neuf, 738. Voy. Notices historiques. Philippe, o.u la,Guerison militaire, Philologie, 119, 370, 696, _ 697, 740,742. Phh.osophie, 145, i47, 267, 525, 5So, 579, 625, G79, 726. — (Prospectus d'un plan dc), con- traire k tons les systenies moder- nes, par Florent Galli, 677. ,:s^Z- Physiologie, i5G, 243, 694. — comparee (Principe de)', etc., par Isidoie'Jiourdon, 452. VliGETALE, 5o3, 784. Physique, 212, 45o, 704. Picbat. Voy. Guillaume-Tell. Picture of India , etc.', i46- Pioda ( G. B. ). Osservazioni in- torno alia Ttiforma della consti- tuzione, io4- Piroux. Le\'ocabulairc des sonrds- 8l2 TABLE A Muets. Paitie iconograpliique , .91. PoSSIE, 119, 128,202, 2045207, 520, 4i2,4>5,4i4> 507, 675, 705, ;io, 745,744, 745. DHAMATIQIIK, 164, 201, 249, '^O, 462, 5i3, 5 1 4, 5i5, 5 1 6", 688, 788,790,791. Poezye Alexandra Chodzki, 412. — Jozcfa Massalszie/iO, 4 '2. — Kazimierza Brodzin.ihiego , 4i5. — bibltyne Stefana TFclwichtcgo , 4.4. . — sletxkic, 4 ' 4- Poirsoii (A.), C. — A., 370. PoLfiMiQUE, i5o, 178. Poleiii (Jean). Foy. Architecture tie Vilruve. PoLiTiQiB, io4) 14"? '541 '9'^? '9^, 404,453,456,458,459, 460,525, 682 , 707, 7.52. POLOONE, l54, 4'2. Poltoratzky (Serge), de Moscoii, C — B.,4.1 ,694. — N., 488, 491,765. POIYN^SIE, 766. Pompe k iiicendie nine par la va- peur, de rinvention de Si. Braith- wailli, 761. PONTS ET ChAUSSEES, 77O. Population (Acrroissement de la) a Rochester, Elat de New-York, 480. — des principales villes des Pays- Bas, 778. Portraits ( Sur les ) des auteurs d'horticulture anglais, etc., par S. Felton, 145. Pougens (Charles). Foy. Abel. Preaux -Caltot. Foy. Mauuel du Bonnetier. PrESSE PERIODIQUE. Foy. JotlRHAtJX. Priso.^s ( Le90ns siir la connais- S2nce des) , etc. , par N. H. Ju- lius, A., 55. — ( Discipliae des ) en Chine , 220. Prix DtcEHivEs par I'Academie des Sciences de Paiis, 24^; — par I'Academie fran^'aisc , 5o5 ; — ALYTIQUE par TAcadeniie des jeux lloraux de Toulouse, 779. — PROPOSES par I'Academie des Sciences de Paris , 243 ; — par I'Acadeniie royale des Sciences de JJeilin, 49'^; — parl'Inslilut royal des Pays-Bas , 499 > — P*'' rAcadeniic iVan^aise , 507; — par la Soci^te pour I'Enseigne- nieut (Memenlaire de Paris, 5i 1 ; • — par la Societe d'Agricullure , Sciences, Arts et BellesLeltrcs de Troyes,75o ; — par la Societe d'Emulation du departement dii Jura , 751 ; — par rAcadeniie royale des Sciences de Toulouse, 779; — par I'Academie des Jeux lloraux de Toulouse, 779; — par la Societe royale d'Agriculture du departement de la Haute- Garonne, 780. Prohabililis (Th^oiie et pratique du calcul des ) , par Joseph Bravi, 161. — (Dissertation critique snr la theorie des) , par le nienie, 161. Production nalionale (De la), con- siderec conime base du com- merce , etc. , par le baron de Moiogues, 45 1. Progres des moyens de conimuni- cation dans Jes Etats-Unis, 218. Projet d'une association indus- Irielle sous le nom de Compa- gnie generale du Levant, 246. PRiiSE, 235, 492, 538, 732. Puvis. L'Academie des Sciences de Paris lui decerne le piix de sta- tlstique, 243. Q- Quadri ( G. B. ). Osscrvazioni dell' iiulorc di un progeilo di Adrizzo da far a' delle communi , 104. Questions surla revolution de iS5o, par le baron Massias, 458. Questions sur ia Peine de mort, par le mCme, yii. Quetelet ( A. ), C. — A. , SaS. — B., 169. — Memoire coiicernant Ics degres successifs des forces qu'une ai- guille d'aciei re^oit pendant les fiictions qui seivent ii raiman- tcr, 209. — Coriespondance mathematique et physique, 43o. Quintilien. Institution oratoiie , traduite en fran^ais , par C. V. Ouizille, j^o. R. Rappoit fait au noni du ISureau de charife du ii"^ arrondisscment de la ville de Paris, par De Ge- rando, 729. Beali (Giov.]. Cenni apologctici , etc. , 104. Recherclies microscopiques sur la generation des monades , par C. Aug. Sigm. Schuiize, 106. BticLAMATiONS de 11. Chauvct au sujet des hauteurs respectives de TcBiboctou et du lac Tchad , 5i2 ; — de M. Jomard, a propos d'une assertion du Globe, 786. RiiceEiLS pSriodiqbes. yoy. JOUB- HAIIX. Reflexions sur le declin des scien- ces en Angleferre , etc. , par Charles Babbage, i45. Reiffenberg (Jean-Philippe) , y4nli- quitates Saynenaes, i5g. ReifiFenbei^ (F. A.), C.— B., 169, 170. — P'oy. Histoiredn Brabant. — Hisfoire de I'Ordre de la Toison d'Oi-. Reinand. Voy. Monnmens arabes. Religion. Very. Sciencbs reli- GIECSES. Rknnel (James). T'^oy. K^crolocie. Reponse ^ la lettre de Tutundju- Oglou, par M. de Hammer, i.So. DES MATIEBES. R6veil. To 8i3 Peinltiic. RSvulction de Paris des 27, 2S et 29 Juillet iSjo. ificiil.s divers y relatifs, 198, 2o4 , 22i,4.JG, 458, 488, 507, 5 1 5, 5i4, 5i5, 5 16, 753, 757, 758, 74o, 744, 745, 788, 791. 792. Ueynaud. Elemensd'Algcbre, f;lc., 181. Richesse ( De Ja ) , ou Essais de Ploutonomie, par Roberl-Guvard , 45o. Robert-Guyard. Foy. Richesse. Robiquet et Boutron -Charlard , Memoire relatif aux aniandes ameres et a I'huilc volatile qu'ol- les fourTiissent, 5o5. Romances, ballades ft li-gendes, par Boucher de Perthes, 74^. Romans, 208, 4i)2, 4i4» 467, 47'i, 47^748. Rosier. Le Mari de ii)a Femme, comedie, a49- Roiies hydrauliques ( Traite des ) et des Roues a vent , etc. , jiar L. M. p. Cosle, 1^2. Koyer (Alphonse). I'oy. Mauvais Gar^ons. Runhcl. Plierecrales et Etifiotidix Fragmenta, 697. RcssiE, i5o, 220, 407, 490, .540, 689, 762. ASIATIQIE, 484, 760. .Salverte (Eusebe). Voy. Sciences occultes. Sat. Rapport sur imc operation de lithotritie , que ce niedecin a praliquecavec le plus grand siir- ces, 5oi. Sauvage. Voy. Dix jours apii--^. — Voy. Ivrogne. Say (J. B.). L'Academie fran- faise couronne son Cours rou\- plel d' Economie polilir/iie, 5ii6. Schnilzler (J. H.), C — M., 297. 8i4 TABLE ANAIATiyUE Scliiiltz. Ohservations (I'niiatoniiu el de physiologic vigilale , 784. Schultzc (C. A.S.). Mihroskopische Unterxitchiingen, i56. Sehweigliatuser (Jean), rny. No- lice n^crologique. Science ( La ) dii honhomnie Hi- chard , par Benjamin Franklin , 449- Sciences ui^dicales, 178, 25S, ^c>5, 706. — MOHAr.ES ET POtlTIQUES , 55, Igo, 536, 447> 625, 724. — NATUHEI.LES ET PHVSIQUES, 5, 4-^5 172, 242, a45 , 528, 390, 6i8, 713. — occulles ( Des) , on Essai sur la Magie , les Prodiges et les Mi- racles, par Eusebe Salverte, A. , 625. RELICIECSES, 724. Scribe. Foy. Une Faute. SCCLPTDRE, 2 10, 766. Segato (Jeionif ). Carte de I'Afri- que seplenlriunale, 422. Seguin aine. Foy. Navigation a la vapenr. S.'-gui (Conite Louis- Philippe). Foy. Necroi.ooik. Servan de Sugny, C. — A., 1 19. Sethos , ou^ Une journee de I'an- cienne Egypte, poeme drama- tique, 201. Sewrin. Foy. Moreau. S'(jiaven>veerl (J. de). Essai sur I'Histoire de la Jjitteratnre neer- landaise, A., 656. Shahpcarc ( TFllllam ). The fifth Nofcmher , or the Gunpowder Plot, 688. — ( Tlieaue de), tiaduit en ita- lien par Virginias Soncini , i64. Sicca (Jngeto). lUmc do Pelrarca, 70 5. Simonnin. Foy. Te Deuni . Sismondi (J. C. L. de) , G.— M., 525. Six Icnillets de nics Tablellcs, par Eug. de Villeneuve, 710. Sociele (Lemons sur unitalde) lont- a-fait nouveati , elc. , par Robert Owen, 679. SoctiiTis SAVANTES el d'ulilite pu- bliquc. — dans Y Amcriquc scplenlrionalc : Sociele de Iilt6rature el d'his- tdire de Quebec, 480. — en Jiiissic : Academic iniperiale des Sciences de Saint- P6ters- bourg, 4<'7, 4'o, 4i ') 490- — en Allcmagne : Sociele de Geo- grapbie de Berlin , 233. — Aca- demic 'royale des Sciences de Berlin, "496. — en hulie : Academic des Scien- ces de Turin, 236. — dans les Pays - Bas :' Institul royal des Pays-Bas, 499- — en France { Dans les departe- niens ) : Society d'Agriculture , Sciences et Arts de Perigueux , 207. — Societe des Sciences , Agricnltuie et Belles-Letlres de Montauban, 212. — Sociele li- bre d'emulation de Rouen, 475. — Societ6 d'Agriculture, Scien- ces, Arts et Belles-Lettres dude- partement de I'Aube, 749. — Soci6t6 d'Emulation du deparle- ment du Jura, 750. — Academic royale des Sciences de Toulouse, 779. — Academic des Jeux llj- raux de Toulouse , 779. — So- ciett royale d'Agriculture de la Haule-Garonne, 780. — {k Paris) : Institut. Academic des Sciences, 238 , 5oo , 780. — Acad^niie frangaise, 5o5. — So- ciele philotechnique , 244- — Societe royale des Antiquaires de France, 5o8. — .Societe pour I'En seign ement die men taire, 5 i 1 . — Societe des J&tablissemens charitables, 729. — Society pour I'encouragcment de ri nstruction primaire parmi les Protestans de France, 731. Soleil (Lc) de la Liberie , par Gus- lave Drouinean, -45. DES MATIERES Soncini ( V iiginiiis ). ^oy. Shakes- peare. Soulfeveinenl aiitiniaooiiiiiqiic (De- tails sur le) , dans la paitie orci- (leiitale de I'^lal de New- York , par Henry Brown, 6-6. SuUBDS-MtlETS, I9I. Souscription ouvertc en Angle- terre en faveur des blesses i Pa- ris pendant les journees des 27, 28 et 2y juillel^22i. Souvenirs mililaires : Extraits d'un journal tenu pendant quarante ann^es de service dans les Indes- Orientales , par James Walsh , 684. — politiques. La Revolution et I'Empire, par M. A. JuUien, M. , 320. Statistiqdb , i65, 218, 24^5 244j 417, 445,480, 48i, 4S7, 489, 6gi, 705, 722, 778. — du royauuie des Pays-Bas. Foy. Tableaux. — morale (Docuinens relalifs k la) de la monarchie prussienne , 235, 492- Stratico (Simon ). Foy. Architec- ture de Vitruve. Sturm (Ch. ). R6sume d'unc nou- velle Theorie relative k une classe de fonctiuns transcen- dantes, 258. So^DE, 22S, 540. Suisse, 104, 42i,497» 699, 770. — (Essai de lettres sur la) , par T. Dandolo, 423. — ( La ) consider6e dans ses bean- ies piltoresques , etc. , par le meme, 423. Summerfield (John). Foy. Hol- land. Sylphe (Le) , Poesies de feu Do- valle , 202. Sympathie de I'Angleterre pour la derni^re revolution en France , 488. Systfeme de la nature, par Charles Linn6, public par A. L. A. F^e, 478. Tableaux (Second lecueil de) pu- blics par la commission gene- rale de statisfique , A., 3?S. Tables logaiithmiques et Irigono- metriqufs Ji Be))t decimales en petit format, par F. R. Hassler, 672. Technoi.ogik. Foy. Arts ijvdus- THIELS. — (Elemens de) , etc. , par Jacob Bigi'low, i58. Te Deuui ( Le ) et le Tocsin , ta- bleau patriulique mele de cou- plets, par Honore et Simonnin, 79>- Telegraphe pcrfectionne , de jour et de nuit , ii I'usage du public, invente par Ferrier, 785. Terence. Comedies , traduction I'ran^aise, revue par Amar, 742. Ternaux(Edouard). Foy. Discours. Tcssln (Canton du). Onze bn- chures Italiennes relatives a la . refoime de sa Constitution, A. , 104. Texas (Province de). Sur la con- venauce et la necessite de la reunir aux Etats-Unis, i4o. ThiSatbes de Paris, 249, 5 12, 788. Theodore. Foy. John Bull. ThSologie. Foy. Sciences reli- GIEDSES. Thilorier. L'Academie des Scien- ces de Paris lui decerne le prix de mecanique, 242, Tablet's Hausmulter, 702. TopoGBAPHiK, 167,418,423,445, 722. Topograpliisclie Carte des Hhcins- troms, 4 '8. Toulouzan et Feissat aine.Annales proven^ales d'agricnlture , etc., 476. TRAD0CTI0^S : — en allemand : de Titalic^n, 697. — en fronfais . del'alleuiand,42i, 8l() TABLE A 472; — do I'anglais, 1S2 , 208, 47 1 , 47 1 ' 644 ; ilii grec , 1 1 y , 570; — (le I'italien , 208; — dii lalin, yio, 742 ; — en lussc : du I'lanrais', 691 ; — en iialien : do I'allemaDd, 4*1 > — de I'auglais, i6\. 1 UAITE DES iVoiBS. ^'ov. EsCLAVAGE. Tiavaux publics executes en Suede par I'arui6e, 228. Trioiiiphe (Le) national, ode aux citoyens de Paris, par N. Le- nieicier, 745. Thois jof hs en unc heure, i propos patrlotiqiie, par Gabriel et Mas- son, 5 14. — (Les) , par Theodore Villenave, 745-. — csquisse en vers, par Louis de Biienon, 745. — d'un grand peuple, drame en prose, 788. TvpocRAPHiE, 756. Une Faute , drame, par Scribe, 5i5. Une Semaine de Paris, mess6- nicnne, par Casimir Delavigne , 744. Universites. — de New-York. 218; — de Pe- Icrsbourg, 765; — de Moscou , 765. Urville (Capitaine J. Dumont d' ). Foy. Voyage. V A(,ci.>E, 5oo. Varin. f^oy. Petite Prude. Vaysse de Villiers. Foy. Ilineraire descriplif. Vegetaux originaires. Voy. Lavy. \ erbd'ckhuven (Eugene), f^oy. Fa- bles de La Fontaine. ALvriyiE Vergnand(A. H.). I'oy. Cbarte. — (Paul), lay. Dansc. A icloire (La) du Peuple, natio- nale, par Hyacintbe de Combe- rousse, 745. A ics des Medecins anglaiii, SgS. — de jeunes gens reoiarquableB des deux seieiJ, Sgg. Vieweg. f'^oy. Carope. Vigarosy ( A. B. ). Considerations sur cett(; question : Gontiuuera- t-on de delivrer des brevets pour les inventions industrieiles, etc. , 195. Villenave (Theodore). Foy. Trois Jours. Villeneuve. Foy. Gongreganiste. — Foy. Bourgeois. Villeneuve ( Eug. de). Foy. Six Feuiilets. Virey, G.— B. , 435, Fttruvii PoUionis Architectura, 4a5. Vocabulaire des Sourds - Muets. Foy. Piroux. Voizou. Inventeur d'une machine pour resoudre sans calcul tous les problemes de trigonometrie sph6rique, 5o2. Voltaire chez les Gapucins, com6- die -anecdote, m616e de cou- plets, par Dumersan et Dupin, 79'- — Foy. Beuchot. VoYAr.B autour du moude , prujet^ par Buckingham, 786. — de la corvette TAstrolabc , exe- cute sous le commandement du capitaine J. Dumont d'Urville, A. , 45. — aux colonies am6ricaines russes, 763. — a I'Ararat, par Parrot fils, aaS. — k Paris, ou Esquisses des hom- mes et des choses dans cette ca- jiitale, par Louis Reinier Lan- franchi, 199. V OYAGES ( Histoirc generale des ) , etc., par G. A. Walknaer, 721. DES MATIERES. 817 w. TVachler (L.). Lehrhuch der Lite- rat ur geschicltte, 695. TVaiUsmidh (TV.). Hellenische Al- icrthumskunde, 420. Wao;ner. Voy. Lanzi. Walkenacr (G. A.). Foy. Voyages. TVallicr^s Elements of Geometry, 1 38. TT'arnkmnig (Leap. Aug.). Doc- trina Juris philosophica aphorismis dislincta, etc., 169. Wecha bites, ^oy. Burckardt. TJ'clsh's Military Reminiscences , 684. . , Wilwicki (Etienne). Poesies bi- bliques, 4'4' — Po6sies champetres, 4i4' — Edmond, ronian, 4i4- Y. Yenlss^isk, en Sib6ne. Position- geographique et population dc eette ville, 487. Zacharise. ^by. Mittermaier. Zschokke ( H. ). Histoire de la na- tion Suisse, traduite de I'aile- nianden fian^ais, parClj. Mon- nard, 421- — m6me ouvrage traduit en ita- lien , par Stefano Franscini , 431. FIN DE LA TABLE DD TOME XLVIll. ERRATA DV TOME XLVIl. Cakier de Juillet. Page 197, lig. 7, qui a, lisez : qui est. p. 25 1, lig. 21 de la nicROLOGiE : de la gloire et de la fortune, lisez : de gtoire et de fortune ; Cahier rf'AooT. Page 428, lig. 27, d'avoir exploits, ajoutez : la pre- miere ; 1. 42, nos especes, lisez : nos races ; p. 429, 1. aS, ajoutez : vn asso- lement raisonne ; p. 519, 1. 1, on peut, lisez : on put. Cahier de Septeubre. Pag. 720, lig. 29, geographique, lisez; graphi- que; p. 722, 1. 21, lisez : trop verses; p. 723, 1. 18, a fait imprimer, lisez: a publie; p. 739, 1. 3i, transportes, lisez : transporlees. 9 rPR q?;; \ SLPPLEMENT \ LA REVLE ENCYCLOPEDIQUE, 6EPTEMBRK l93o. ESQUISSE D'UN PLAN DE VOYAGE AUTOUR DU MONDE, PAR LA ROUTE DES INOES, DE LA CHm'E, DU JAPON ET DES ILES DE L'OCfiAN PACIFIQUE ; AYANT POUR BUT LES INTERETS COMBINES DES DECOUVERTES, DE LA CIVILISATION ET DU COMMERCE. SODS LA DIBECTION ET LB COMMAKDEHEKT DE J. S. BUCKINGHAM, Auteur des Voyages en Palestine , en Syrie , en Arable , en Mesopotamie et en Perse ; Membre des Socikes lllleraires de Bombay el de Madras, de la Sociele Asiatique du Bengale et desSocietes Geographiques de Londres et de Paris (ij. On se propose, dans le cours de ce voyage, de completer, ou tout au moins d'accroitre, autant qu'il sera possible, nos connaissaiices sur Its objets sui- vans , d'une si haute importance pour les peuples et pour les particuliers : 1". Former unc collection de documens re latifs aux conlrees de I'Orient ; s°. Bcpandrc les connaissanccs usucllcs dans tous les lietix que I'on visitera ; 5°. Ouurir denouveaux debouches auoc fabru/ues de /'Europe; 4°. Decouvrir de nouvelles maliircs dont les vaisseaux puisstnt se charger en retour. Jusqti'a present, les rivalites nationales ont cause tie trcs-g^rancls maux, sans les compenser par aucun bien. Si un petiple fait une entreprise , tous les autres s'empressent de lui susciter des obsta- cles : I'apparition d'une dccouverte, la creation d'un art, les pro- gres intellectiiels, les ameliorations politiques et morales, tout ce qui peut contribucr a la prosperite des uns est vu avec depit par ceux qui n'en profitent point. Des que Its homines sont divises en nations, ils oublient qu'ils sont adorateurs d'un meme Dieu, enfans d'un meme pere ; les liens de la gr Ics plus recules qu(> le commerce puisse utteindre , les premieres speculations dont ils fu- rent I'objet eurent les suites les plus facheuscs; les commercans , jaloux de profiler de la nouvcaute , s'eflbrcerent d'arrirer les pre- miers; leur cargaison i"ut mal assortie ; et, faute de connaitrc les besoins dcs peuples auxquels ils s'adressaient , ils n'eurent que peu de debit : les ecbangcs ne furent pas plus avantageux. Le nouvcau marche s'cncombra de marchandises non recherchees ; elles s'ava- I'icrent, les pertes s'accrurent, les entrepreneurs furent mines : le desespoir fit renoncer a des branches de commerce qui scraient de- vcnues tres-produclives si elles eussent etc mieux dirigees. Ces malheurs ne peuvent etre attribues qu'au defaut de connaissances exactes des lieux et des peuples, et le soul moyen d'acquerir ces connaissances est une exploration melhodique, soigneuse, qui ne se borne point a voir les objets en masse, et qui entre dans les de- tails si nccessaires pour le succes des operations commerciales. Afin de proceder a cctte nouvelle exploration, les associes qui se chargeront des premiers frais de rentrej)rise devront fairc I'acqui- sition d'un vaisseau de grandeur sufTisante, arme, equipe , pret a mettre en mer. II conviendrait peut-etre de lui procurer la res- source d'une machine a vapeur, afin qu'il ne soit point retenu par lescalmes, ni entraine par les courans : dans ce cas, on choisirait la machine la plus durable et la moins exposee aux accidens du feu et des explosions ; on profiterait de toutes les recherches failes rc- cemment sur I'architecture navale et les arts qui s'y rapportent. Comme I'achat et I'equipement dc ce vaisseau sont une forte de- pense, le nombre des souscripteurs doit etre tres-considerable. II est a dcsircr que Ics amis dcs decouvertes, de la civilisation, des progrcs du commerce et de I'induslrie, se joignent a cctte associa- tion pbilantropique, dans tons Ics pays on le gouvernement ne s'y opposera point. Dcs qii'un batiniciit tel que je Ic dcmande me sera confic , les souscripteurs serout dcchargcs dc tous les frais ulte- rieurs; aucun autre appel a Icur gcncrosite ne sera fait par la suite. L'entictien du navirc, dc rc(iuipag<' et dcs personncs embarquecs scront a moii compte jusqu'au rctour : j'y pourvoirai par Ic com- miTce. i 8oi Comnic ce voyage a specialement pour objcl de reconnaiUc les lieiix et de laire des essais de commerce, I'association des sous< rip- teiirs n'est point une compagnie, et ne sc reservcra point Ics litres de propriete que les societes commerciales s'attribuent ordinaire- inent. L'avance dii l)atiinent est uii don I'ait par des amis des con- uaissances utiles ct de I'humanite ; si ce don pent etre la source de quelques benefices, ils appartiendront a ceux qui auront exe- cute I'entrepiise. Quant au resultat des reclierches qu'on aura faites, il entie dans le domaine de tons les peuplcs; les vues des sousciipteurs se sont etendues sur I'univcrs entier, sans donncr line attention particuliere aux interets de leur nation. Voici les objets dont je m'occuperai constamment, durant tout le cours de I'expedition : I. Perfectionner la geographic et I'hydrographie des cotes et des lies qu'on visitera; ajouter de nouveaux laits a ce que Ton sail deja sur ces conlrees ; recueillir et meltre en ordre les materiaux de leur statistique ; faire connaitre leurs productions, les moeurset les usages des habitans, indiquer leurs besoins, etc. ; Ibnner des collections de leurs livres et manuscrits , et de toutes les parties de leur histoire uaturelle, et des produits de I'industrie locale. II. Repandre , niais avec economic , dans tous les ports qu'on visitera, des echanlillons des produits et des fabriques europeen- nes ( etoffes delaine, de sole el decoton, quincailleries, verre- ries el poteries, etc. ), afin de consulter le gout des acheteurs, de prendre le modele des I'ormes qn'ils preierent, de convenir des prix, en un mot, de preparer les voiesd'un commerce regulier, et sur loquel on puisse fonder des speculations, comme entre lespcu- ples civilises. III. Introduire, aulant qu'il sera possible, en meme terns que les marchandises curopeennes, quelques notions des arts et des usages de noire civilisation, des instrumens que les arts naissans puissent employer, quelques pratiques d'agriculture, d'economie domestique; des graines, des planles, desanimaux, des matiercs sur lesquelles les nouveaux ouvriers puissent laire leur apprentis- sage : essayer d'etablir des ecoles pour etendre ct perpetuer les bienfaits de I'instruction. IV. Emmener de tous les pays que Ton visitera un ou deux cu- fans de 12 a 16 ans, avec le consentement de ceux-ci , assez ages pour conserver le souvenir de leur pays, de leurs usages, de leur langue, etc., el assez jeunespours'habitucrade nouvellcs conlrees, a un nouveau langage , a de noavelles mceurs : afin de les pla- cer dans quelqu'uue des principales ecoles de I'Europe ; et lorsqne leur education sera teruiinee, USCI. 75 1. St. 75 • 75 75 . 60 68 . 5o So i 40 40 . 5o 3o J'Hat des Traitcmens des Officiers ou Employes maritimes , et dcs Artistes ouSaians^avec le prix du passage pour ics direrses sortes dfi passagcrs. Lcs deinandes d'emplois par des personncs qui desireiit faire partie de cette expedition sont dejasi nombreuses, et coiilinuent a s'accroitre si lapidement, que Ton a juge necessaire de publier I'etat suivaiit des traitemens annuels, en sus des rations ordinaires de vivres accordees, dans la marine royale, aux divers cmplois in- diqiies ; et de regler en outre que, independamment des qualiles et certificats lequis, chaque postulant devra procurer le nonibrc de souscriptions indique en regard de I'eniploi qu'il oo Zoologiste 100 100 Artistes lOo 100 Mineralogiste 100 100 I5ibliothecaire 100 100 Afin de conserver la discipline et Tensemble si necessaircs dans les evolutions navales, il est a desircr que tous les matelots soient de la meme nation et parlent la meme langiie, I'anglaispar exeni- ple; mais les officiers de marine et les savans peuvent etre de tous les pays qui auront fourni des souscriptions pour les I'rais de I'expcdition. Les noms et les travaux de chacun d'eux seront rela- tes avec soin dans Thistoire du voyage : de maniere que chacun en retire la portion d'honneur qui lui sera reellement due. Des aides surnumeraires de marine et de sciences seront rerus a bord comme volontaires, a condition qu'ils procureront la moitie du nombre dcs souscripteurs mis en regard du rang pour Icquel ils seront qualifies, et (ju'lls desireront occupcr. Ces surnumeraires ne recevront que les vivres, de la meme quaiite que les autres of- ficiers ou savans , et feront le service sans recevoir de trailement , jusqu'a ce qu'une vacance ait lieu dans la classe jiour laquelle ils seront inscrits; et lorsqu'une vacance aura lieu, ils auront droit au traitcment ct aux rations de cetemploi , sans etre tenus de rien debourser. L'avancement dans chaque dassc sera invariableinent regie par le sciil rang d'ancienncte, toutes les fois que le plus ancien pos- 8io sodera les taluns reqiiis pour remplir convenahlement I'emploi va- cant, soil que la Aacance ait lieu par la moiioii par retahlisSement (111 precedent litulaire dans qnelqucs-nns dcs lieux visiles pendant Ic voyajje : le rang- d'anciennele sera regie par la date de I'inscrip- tion comme surnumeraire, dans chaque classe. On compte ncanmoins que les personnes qui s'embarqueront en qualite de volontaires, avec I'expectative des emplois qui pour- ront vaquer, lerontleur service comme aides dcs officiers sous les ordres desqnels ils seront places, et qu'ils se conformeront a tons egards a la discipline et aux reglemens qui seront observes par tons les aulres membres de I'expedition, dont la sCirete el Ic succes de- pendronlen grande partie de i'unite du desseia et de I'ensemble d'cxecution. LaraisonpourlaqucUelessavansontdes appointemens inferieurs aceuxdesprincipaux officiers maritimes est facile a comprendre, si Ton considere que le service dc ceux-ci exige en lout tems I'em- ploi d'une grande vigilance, de I'activite, de la fatigue et de I'in- treplditc; tandis que le service des premiers sera des plus agrea- bles quand le vaisseau est au port, consislant alors principalement en excursions de recherches ou de plaisirs ; et comparativement bien facile pendant tout le tems que le vaisseau tiendra la mer, n'ayanl alors a s'occuper que de lenir leur journal, donner quel- ques seances d'un cours sur leur science respective, poiu'servir d'explication a leurs dessins et collections ; mais n'ayant point de devoir rigoureux a remplir, point de^Mrtrf a faire la nuit, objels qui exigent tons les soins et la presence continuelle des officiers et des marins employes sur le vaisseau. II doit gtrebien entendu que les travatix , les produits et col- lections de toutes les personnes jouissant d'appointeniens et rece- vant les vivres comme employes de I'expedition , apparliendront exclusivement au commandant, qui fera tons les frais dcs traile- mens et des approvisionnemens. Mais, afiu de satisfaire au desir d'hommes riches, y compris leurs epouses et leur-? cnfans, de sa- vans , d'etudians qui veulent completer leur education par des voyages, ou d'autres personnes qui voudraient accompagner I'ox- pedilion a leur frais et pour leur propre compte, dc sorte qu'elles fussent entiereuient maitrcsses de leur t(nns, et conscrvassent la propriele exclusive de leurs travaux et des profits de leurs avan- ces, on leur fournira les vivres pendant le voyage a la table du commandant, et des chambres particulieres pour leur usage ex- clusif, conformemenlaularif annuel suivant : Chambres " 18, les comptcs rendus de Icurs ti'avaux et les programmes dcs prix qu'elles proposent, afia que la Hevtic puisse Ics faire conoaltre lephis promptement possible i ses Iccleiirs. AVX EDITECRS d'0T3VRAGES ET AUX UBRAIRXS. MM. les uditeurs d'ouvrages periodiques , francais et etrangers, qni dcsireraieiil echangcr leurs rceneils ayec. le nCitrc, pen vent comp^ersu^ Ic bon accueil que nous ferons i leurs propositions d'ecLange, ct sur une prompte annonce, dans la Revue, des publications de ce genre et dc« autres ouvragos, nouvelleaient publics . qu'ils nous auront adress6s. AUX feDITEXRS DES RECVEILS PERIODIQUES, EM AXCLETERRE. MM. les Editeiu-s dcs Recueils periodiques publies en Anglcl«rre sont pries de faire remettrc leurs numcrosix M. Rolaivdi, k Londres , n» 20, Uerners-strcet , Oxford -street , qui leur transuiettra , cbaque mois, en ^change, les caliiers de l.t Revue D.^cyctopedique, powr laquelle on pent aus.si souscrire chez lui , soit pour rannee courante , soil pour sc [irocurer les collections des anncSes antferieures , de 1819 i iSagincluaivement. AvX LIBRAIRES ET AUX EDITErRS D'OtlTKAGSS, EN AJLLEMAilKE ET EN ITALIE. M. XiBcis, libralre k Leipzig, et M. 6. Piatti, libraire & Florence, sont charges de recevoir ct dc nous faire parvenir les ouvrages publics en Allemagne et en Italic , que MM. les libraircs , les ^diteurs et let autcnrs dtsircrout faire aunoncer dans la Revue Encyelop/di^ue. Tons les onviages annonces dans la Retue se li MUTent chez .StDiiLOT, LipRAiRE, rue de rOdeon. n' 3o CONDITIONS DE hk SOOSClilPTIOr-I. La Bevue Eae\clopidl/}uc \^^ta\i wvamtAlctneni, depiu!) Janvier 1819, par calucrs de la i i-i feuillcs d-impression, Tjols catucrs form.mt un vu- luine, terrjin^ par uite Tablo aiialylique et alphabeliqite dot mittteres, Chaque ann6e esUmtipcadante des nnnois prec6dentes, ct offrc une so!lVd'^nn«fl 55 ; A LA Galbbif db Bossahgb pcre , rue Richelieu , n"> 60 ; RoBBT, rue Hautefeuille, n" 12 ; J. Rbhooabd , rue de Tournon , n" 6. On Bonscrit aussi chez tous Irs Directeuis do* postes, et chcz Ics prin- cipaux Libraires, dans les dtpo-temeus, et dans les colonies. Libraires cliez lesquels on sousa-it dans les pats ethanger?. Amslerd'Mn, Delachaux. Anvers, Ancclle. Arau (Suisse), Sauerlander, Berlin, Schlesinger. Berne, Clias; — Bourgdorfer. Breslau, Keygel. Vruxelles , Dujardin - Sailly ; Demit ; — Horgnies'R6nt6 ; — , Librairie parisienne, IVangaisc et etrangfcro. Florence, Piatli; — TJeusseux. Franc for! - sur - Mein,' J«^oli Gand, Vandenkerckoven fiis. Geneve, Cherbuliez; — Barbezat et Delaruc. La Uaye, ks freres Langenhuysea. Ixjusanne, Fischer. Leipzig, Brockhaus; — G.Zirges. Liif^e, Desoer;— Colardiii. IJsbonne, Paul Martin. Lmdres, P. Uolaiidi; — Dulau et Marfrw/, Denn6e ; — Perfcs. Manheim , Artaiia et Fontaine. Milan, Giegler; Visnoaia ; Bocca. Mons, Le Roux. Moscou, Gautier;— Riss ptoect fils; — UrbainetC'". ; —Semen. Naples, Borel; — Majrotia ct Wanspandock. New-Yurh cfetals-Ums), Foreign and classical bookstore; — B6- raidetMondoD. Kouvclle - Orleans J Jourdan; — A. L. Boismare. Palermo (Sicile), Pedonnc et Mu- ratori; — B<)eur(Ch.). Pelersboiirg, F. Bellizaid et C" ;— Graeff;— Pluchart. Home, de Romanis ; — Merle. Siutlgarf ct Ttibi,ig:ie, Got'a. Turin, Bocca. Varsovie, Glucksberg. (;,e. _ Tronttel ct W'lutz; - \ Vtemc ( Ai-tricl.e) , G^rold , - Bossangr,Bart!.../.,L nvellctC". ,' Sdu.nm boiM-R ; - ScualbacU., . JMPBIMERIE DE PI\««AN ET C", RtE PE VAVClRiRP. i