S . 'IL) D C 5* REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE; RECUEIL MENSUEL DESTINÉ A FACILITER AUX SAVANTS DE TOUS LES PAYS LES MOYENS DE PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE A L’INDUSTRIE ET A L’AGRICULTURE, LEURS TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE, D’ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE COMPARÉES, ET A LES TENIR AU COURANT DES NOUVELLES DÉCOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA SCIENCE. PAH M. F. E. GUÉRIN-MÉNEVILLE, Membre de la Légion-d’Honneur, des Sociétés nationale et centrale d’ A gri culture, Entomologique de France, impériale des naturalistes de Moscou , et d’un grand nombre d’autres Sociétés scientifiques nationales et étrangères. ET AVEC LA COLLABORATION SCIENTIFIQUE DS M, Ad, FOCILLON , Licencié ès-sciences naturelles , Préparateur au Collège de France, Professeur d’histoire naturelle fau lycée Louis-le-Grand. AU BUREAU DE LA REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE RUE DES BEAUX-ARTS , 4. À TREIZIÈME AMUSE. — JANVIER 1850. I. TRAVAUX INÉDITS. Etudes sur les types peu connus du Musée de Paris , par M. le Docteur Pucheran. — Troisième article ( Rapaces diurnes ). La collection ornithologique du Musée de Paris a fourni aux observateurs un grand nombre de types de Rapaces diur¬ nes; mais beaucoup d’entr’eux ont été déjà figurés. M. Tem- minck, dans les deux premiers volumes de ses planches co¬ loriées, a déjà fait connaître quelques-uns de ceux indi¬ qués et dénommés par M. Cuvier; et M. Vieillot, dans le premier volume de la Galerie des Oiseaux, en a fait de même pour quelques-uns de ceux qui lui sont propres. Plus récemment, notre modeste collègue, M. 0. Des Murs, dans V Iconographie ornithologique , a publié ceux de M. Lesson, qui constituent soit des espèces nouvelles, soit des espèces douteuses. Enfin, M. G. -R. Gray, mieux ins¬ piré dans les dernières livraisons du Généra of Birds, et dans VAppendix faisant suite à son travail , a rectifié beau¬ coup de double emplois antécédemment commis par lui. M. Gray a été, sans nul doute, fort heureusement guidé, dans ses rectifications, par le beau travail que M. Kaup a publié dans les fascicules du journal VIsis ( année 1847). Mais, nonobstant les observations si fréquemment exactes deM. Kaup et deM. G.-R. Gray, il nous a paru convenable de publier celles que nous avons faites nous-mêmes sur le même sujet. Mieux que personne, soit par notre position, soit par l’habitude que nous avons acquise des recherches de cette nature, nous pouvons soit confirmer, soit infirmer les résultats énoncés. Nous espérons même, si il nous est . 4 rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1850.) donné de terminer ce travail pour toute la série des Oiseaux, publier d’ensemble, et à part, tous nos divers articles à ce sujet. Pour le moment, nous nous bornerons à donner les détails qui vont suivre, en commençant par les types de M. Cuvier. A. Types de M. Cuvier. Les espèces dénommées par M. Cuvier, et que M. Tem- minck a figurées dans les deux premiers volumes de son Recueil de planches coloriées , nous paraissant bien con¬ nues, nous n’avons à nous occuper que des trois suivantes : Falco senegallus , nœvioïdes, etc. 1° Falco senegallus , Cuv. — Cette espèce, décrite en quelques mots dans le premier volume du Règne animal (1), a été établie d’après deux individus 5 l’un obtenu par la voie du commerce, en 1820, et qui fut indiqué Comme origi¬ naire du Sénégal; l’autre, acheté au Havre et ayant vécu, en 1827, à la ménagerie du Muséum. Ce dernier, qui est le plus adulte, est un peu inférieur en taille à l’Aigle Bo- nelli. 11 est d’un brun terreux sur toutes les parties su¬ périeures, et cette teinte , qui reparaît sur les plumes du tarse, est nuancée de jaunâtre sur le reste des parties inférieures, ainsi que sur les grandes couvertures des ai¬ les. Les rémiges atteignent l’extrémité des pennes cau¬ dales; parmi elles, les primaires sont uniformément d’un beau noir, qui va s’effaçant et se convertissant en noi¬ râtre sur les secondaires, dont les extrémités offrent une teinte brun-jaunâtre fort semblable à la nuance de co¬ loration des parties du dessous. En dessous, ces mêmes pennes sont d’un gris blanchâtre. Les couvertures alaires inférieures, aussi bien que les couvertures inférieures de la queue, sont colorées comme l’abdomen. Les rectrices, (1) Page 326, en note. Voici la diagnose : Semblable au petit Aigle d’Europe • les narines moins rondes , beaucoup de petites bandes grises sous la queue du jeune . TRAVAUX inédits. 5 de longueur à peu près égale, d’un brun grisâtre en dessus, avec leurs extrémités jaunâtres, sont d’un gris jaunâtre en dessous. Enfin, la cire et les doigts sont jaunâtres; le bec et les ongles noirs. Notre plus jeune individu offre le même système de coloration ; mais les teintes sont , chez lui, plus foncées et plus brunes. Les rectrices présentent, en dessus aussi bien qu’en dessous, ces petites bandes grises dont a parlé M. Cuvier. Les dimensions du plus grand de nos individus sont les suivantes : Longueur du bout du bec à l’extrémité de la queue ( le lien passant sur le dos ), 695 m. m. ; de la queue , 185 m. m.; du bec, en suivant la courbure, 6 c. m. ; du tarse, 75 m. m. ; du médius , sans l’ongle , 55 m. m. En comparant à notre individu la planche de la femelle du Falco rapax, donnée par M. Temminck (col. 455), il nous est impossible de ne pas voir une grande ressem¬ blance entre les deux types. La ressemblance , la simili¬ tude sont bien plus intimes encore, lorsqu’il s’agit du mâle. Tous les traits signalés par M. Temminck, dans sa descrip¬ tion, se retrouvent dans le sujet de notre observation ,, auxquels sont applicables également tous les caractères don¬ nés par M. Temminck pour distinguer Aquila rapax d’^4- quila Bonelli et à' Aquila nœvia. Par conséquent, ainsi que l’ont fait M. Kaup (1) et M. G. -R. Gray, dans son Appendix , Falco senegallus , Cuv. , doit être considéré comme étant le mâle adulte de Falco rapax. 2° Falco nœvioides , Guv. — Cette espèce a été signa¬ lée par le même zoologiste (2), d’après un individu envoyé, en 1820, du Cap de Bonne-Espérance, par Delalande, le même dont M. Temminck a donné, dans son texte accom¬ pagnant la planche 455, la description suivante : « Un individu en plumage de mue a la tête, le cou et la nuque couverts de plumes rousses, blanchâtres et brunes; (1) Isis, 1847, page 247. (2) Règne animal, 2e édit., vol. I, 526, en note. Voici la diagnose : Varié de brun, de fauve et de noirâtre. 6 rev. et mag. de zoologie. {Janvier 1850.) celles du manteau portent des stries blanches, longitudi¬ nales, et elles sont terminées de roux vif; toutes les cou¬ vertures des ailes ont des taches irrégulières brunes et rousses, et le bord des plumes blanchâtre; les pennes de la queue, au lieu de bandes distinctes, portent des ondes transversales; la gorge est d’un blanchâtre isabelle, et tout le dessous du corps est marqué de longues mèches rousses sur un front brun et isabelle. Cet individu fait partie du Musée de Paris. » Nous avons vu nous-mêmes l’étiquette de Falco nœvioi - des , Cuv., suspendue à l’individu dont il vient d’être ques¬ tion. Il s’ensuit que M. Cuvier a décrit le mâle adulte du F. rapax sous le nom de F. senegallus ; le jeune, sous le nom de F. nœvioides. Cette espèce, au reste, est une de celles dont l’histoire présente le plus de double emplois. M. Ruppel lui a récemment rapporté son Aquila albi- cans (1), et si ce rapprochement est exact, nous n’hésitons pas à lui rapporter également Falco Belisarius , Levaillant, figuré (2) il n’y a pas longtemps dans V Atlas zoologique de l’exploration scientifique de l’Algérie. 3° Falco thoracicus , Cuv. — C'est un Circaète ( C. pec~ ioralis , Sm.), comme l’ont admis les auteurs: les types sont les individus envoyés du Cap par Delalande. 4° Nisus variatus , Cuv. — Je ne sache pas que la des¬ cription de cet Epervier, ni même le nom qu’elle porte, ait été simplement indiqué dans aucun des travaux du créa¬ teur de la paléontologie moderne. Tout ce qu’ont pu en savoir les ornithologistes étrangers à notre collection se réduit aux quelques lignes de M. Lesson, dans son Traité d’ Ornithologie (3). Mais M. Lesson, copiant l’étiquette, ajoutait, après la dénomination française d’ Epervier va - riê (4), l’indication du travail d’Azara, où cette espèce est (1) Cat. sysl. des Ois. du nord-est de l’Afrique , page 10. (2) Ois. de l’Algérie , pl. 2. (3) Page 61. (4) ïl y avait bien sur l’étiquette Epervier moucheté. TRAVAUX INÉDITS. 7 décrite. Ce dernier renseignement a servi évidemment à M. G. -R. Gray pour rapprocher, dans son Appendix, no¬ tre type des Sparvius guttatus et Sparvius major de Vieillot , et les regarder tous les trois comme ne différant pas du Falco Cooperi décrit par le prince de Canino. Dans une lettre que je recevais de lui au mois de mai 1849, M. de Lafresnayele regardait, au contraire, comme va¬ riété d’âge du Falco pileatus du prince Maximilien de Neuwied. Quant à M. Kaup, comme dans son travail il a laissé dans l’ombre les types de M. Lesson, il n’y a rien d’étonnant qu’il ait omis le Nisus variatus connu unique¬ ment par cette voie. Quoi qu’il en soit, ce nom de Nisus variatus s’applique à deux individus de notre collection nationale, l’un apporté de Cayenne, par Leblond, l’autre originaire du Musée de Lisbonne , c’est-à-dire provenant des échanges que M. Geof¬ froy Saint-Hilaire père avait faits, en 1808, dans son voyage en Portugal, avec le Musée de cette capitale: Tout indique dans ce dernier une origine brésilienne, mais nous n’ose¬ rions l’assurer : ce qu’il y a de plus sûr, c’est qu’il provient de l’Amérique méridionale. Le premier de ces individus est noirâtre sur le dos, mais d’un vrai noir sur la tête et le des¬ sus du cou. Entre la partie inférieure du cou et la partie supérieure du dos, se trouve un collier blanc, commençant à noircir sur sa partie médiane -, les couvertures alaires su¬ périeures sont colorées comme le dos, mais quelques-unes des plus inférieures offrent un petit liseré d’un blanc un peu jaunâtre, à peu près effacé chez celles qui leur sont su¬ périeures, et offrant, chez d’autres, une teinte rousse. Tou¬ tes les parties inférieures, à partir du menton, sont d’un blanc jaunâtre, le jaunâtre devenant plus sensible sur le thorax, l’intervalle des jambes et les flancs. Mais, sur le thorax , on aperçoit quelques lignes brunes le long du rachis des plumes; le nombre en est extrêmement réduit. Elles sont un peu plus fréquentes sur les plumes des flancs avoi¬ sinant le fouet de l’aile ; mais, sur ces dernières, se trouvent 8 rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1 850. ) également des bandes transversales de la même couleur. La couleur des cuisses est d’un blanc lavé de jaunâtre , avec des bandes transversales d’un brun roux à droite et en dehors; à gauche, où elles occupent la même région, elles sont simplement brunes et moins sensibles. Les ailes sont colorées comme le dos ; leur partie interne offre supé¬ rieurement des bandes assez larges de brun noirâtre et de gris brun; dans la moitié supérieure de leur trajet, une tache blanche termine en dedans la bande grise, et cette tache descend vers leur bord inférieur, à mesure que l’on se rapproche des secondaires. En dessous, les couver¬ tures inférieures sont blanches, mais d’un blanc jaunâtre près du bord. Quant aux rémiges, leur surface interne est également coupée par des bandes ; mais ici elles sont alter¬ nativement noirâtres et blanches. Mais le blanc devient gri¬ sonnant, à mesure qu’on se rapproche de la pointe des pennes , soit sur les primaires , soit sur les secondaires. La queue, qui est très-allongée et composée de pennes à peu près égales, offre un noir comparable à celui du dessus de la tête. Ce fond noir est coupé, immédiate¬ ment au-dessous des couvertures supérieures, par trois bandes transversales d’un gris brun , à peu près pur, sur la face externe de la rectrice, mélangé de blanc jaunâtre sur sa face interne. En dessous, la teinte générale est beau¬ coup moins foncée, et sur ce fond se dessinent trois bandes d’un blanc jaunâtre à peu près uniforme. En liseré de la même teinte termine toutes les rectrices. Les couvertures caudales supérieures sont colorées comme le dessus du dos ; coupées de taches et de bandes blanches, elles offrent à leurs extrémités de petits liserés blancs ; les inférieures of¬ frent la couleur de la région abdominale. Les tarses et les doigts sont d’un brun corné ; les ongles noirs. La mandi¬ bule supérieure , noirâtre dans la majeure partie de son étendue, est un peu plus claire sur les bords, et présente du jaunâtre sur la dent et celui de ses bords qui se trouve TRAVAUX INÉDITS. 9 immédiatement en arrière. L’inférieure, jaunâtre à sa base et sur ses bords, est noirâtre au milieu. Les dimensions de cet individu sont les suivantes : Lon¬ gueur du bout du bec à l’extrémité de la queue ( le lien pas¬ sant sur le dos), 43 c. m. ; de la queue, mesurée en dessus, 205 m. m. ; du tarse, 55 m. m. -, du médius, sans l’ongle, 45 m. m. ; du bec, en suivant la courbure et à parti de la cire, 2 m. m. Quant au second de nos individus, sa taille est moindre. Le fond de coloration des parties supérieures est à peu près le même, mais plus nuancé de roux. En examinant chaque plume, on aperçoit, à l’extrémité, des liserés roux et des taches transversales blanches sur chaque face, tandis qu’q n’en existe que des vestiges sur notre autre exemplaire. Les liserés roux s’aperçoivent également sur les couvertures alaires, où ils occupent plus d’espace ; il en existe également sur les rémiges secondaires, L’arrière de la tête et la ré¬ gion cervicale supérieure sont longitudinalement tachetés de bandes blanches et noirâtres. En dessous , les bandes longitudinales , de cette dernière teinte, sont plus multi¬ pliées, et sur quelques plumes du thorax , il en existe de transversales. Les tarses offrent enfin des bandes rousses, douées de la même direction ; elles y sont plus nombreu¬ ses; de sorte que le plumage de cette partie est presque uniformément roux. Rien de particulier dans le mode de coloration de l’aile, si ce n’est que les couvertures infé¬ rieures sont franchement rousses, avec quelques mouche¬ tures longitudinales noirâtres. Sur les rectrices, les bandes noires occupent , en dessus comme en dessous, beaucoup moins d’espace; les bandes gris brun, en dessus, sont en¬ fin moins nuancées de blanc Quant aux couvertures cau¬ dales supérieures, elles offrent, avec des taches blanches transversales, des liserés roux à leurs extrémités. Maintenant , il s’agit de savoir si le Nisus variatus de Cu¬ vier et de M. Lesson doit être considéré comme une espèce, ou comme un jeune d’une espèce déjà connue ou inédite : longtemps nous avons penché pour la première decesopi- 10 rev. et mag. de zoologîe. ( Janvier 1850. ) nions; mais ultérieurement, en examinant nos types déplus près, nous avons dû la délaisser. Maintenant, nous devons dire que nous ne pensons point que le TSisus variatus soit un jeune ni du Falco pileatus, prince Max., ni du F. Coo¬ peri, Bon., que M. Kaup regarde comme en étant la fe¬ melle. Sous un seul point de vue, on pourrait comparer le type brésilien à nos exemplaires, c’est en ce qui con¬ cerne la coloration rousse du tarse : or, dans notre indivi¬ du, qui est le plus grand, cette coloration, plus intense chez le plus petit, va en s’effaçant. J’ajouterai que la queue est sûrement plus allongée dans nos Eperviers mouchetés. La ressemblance existe mieux relativement à l’allonge¬ ment et à la gracilité des doigts. Quant à ce qui concerne le Falco Cooperi, Ch. Bonap., ce dernier rapport subsiste en¬ core ; mais il suffit de jeter les yeux sur la figure 1 de la planche 10 de V American Ornithologij , pourvoir les autres rapports s’évanouir. Par tout son plumage, c’est évidem¬ ment un jeune oiseau , et, dans son texte, le prince de Ca- nino dit que cependant ce jeune oiseau mesure, dans le sexe mâle, 18 pouces de longueur, deux pouces de plus, ou autrement dit, 20 pouces dans le sexe femelle. Or, dans notre individu, dont la mue est sûrement plus avan¬ cée, je n’obtiens que 15 pouces de longueur, du bout du bec à l’extrémité de la queue. D’autres différences nous sont fournies par la longueur respective des rémiges pri¬ maires : d’après la description (1), la seconde est égale à la sixième, la troisième à la cinquième, et toutes les deux sont plus courtes que la quatrième, qui est la plus longue. Dans notre plus grand Epervier, c’est la cinquième penne, au contraire, qui se trouve jouir de ce dernier privilège, la quatrième l’égalant presque 5 c’est à la septième que corres¬ pond la seconde ; à la troisième, la sixième. Sur les rectrices, d’autres différences se manifestent : sur le F. Cooperi, tou¬ jours d’après l’auteur de l’espèce (2), elles sont disposées de (1) American Ornithology, etc., l)y Charles Lucien Bonaparte, vol. II, page 10. (*2) Idem, page 9. TRAVAUX INÉDITS. 11 façon que les extérieures sont, presque d’un pouce, plus courtes que les médianes. Rien de semblable chez notre Eper- vier, où la queue, fort peu arrondie, se rapproche étrange¬ ment de laforme carrée. Le mode de coloration de cet organe est également inverse : sur le F. Cooperi , quatre bandes noirâtres traversent un fond gris cendré : sur le Nisus varia - tus, au contraire, ce sont quatre bandes d’un gris cendré qui traversent un fond noirâtre. Ces divers rapprochements, établis par M. de Lafresnaye et par M. G.-R. Gray, ne nous semblent donc pas légitimés par la comparaison des types. Le rapprochement serait plus fondé avec le Falco brachyp - terus de M. Temminck, car, sous le point de vue de la co¬ loration des parties supérieures et inférieures, les ressem¬ blances sont extrêmes -, mais, comme la queue est étagée, dans l’espèce de M. Temminck , les tarses élevés et les doigts courts, les dissemblances ne tardent point à rem¬ porter sur les analogies; de sorte que tout nous porte à penser que le Nisus variatus , tel que nous en avons donné les caractères en décrivant notre plus grand individu, doit être considéré comme un jeune, très-avancé en mue, d’une espèce dont nous ne connaissons pas encore l’adulte. Nous verrons plus bas que le même exemplaire a été décrit par Vieillot sous un autre nom. Présentement, notre plus jeune individu appartient-il à la même espèce? Longtemps nous l’avons cru, et c’est dans ce sens que nous en avons fait l’étiquette. Mais une obser¬ vation plus persistante a annihilé les opinions que nous nous étions formées à ce sujet. Au premier abord, on s’a¬ perçoit bien vite, en effet, que les tarses sont plus grêles, et s’harmonisent par cela même avec la gracilité des doigts. Ce caractère du tarse avait , de prime-abord, frappé autre¬ fois M. O. Des Murs, lorsque nous lui fîmes part de nos réflexions, et depuis d'autres points de vue sous lesquels nous l’avons envisagé ont de plus en plus confirmé nos conclusions plus récentes. C’est ainsi que, dans ce plus pe¬ tit, nous nous sommes aperçus que l’aile éf ait construite 12 rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1850.) sur un plan différent, la quatrième rémige étant la plus longue , la troisième et la cinquième s’égalant presque ; dans notre plus grand, c’est la cinquième qui est la plus longue. En second lieu , dans notre petit, les couvertures alaires inférieures sont rousses, mouchetées longitudinale¬ ment de noir; elles sont blanches dans notre plus grand. Nous ne sommes pas encore fixés sur l’importance et la valeur offertes par cette dernière circonstance, les sujets que nous avons vus étant en trop petite quantité ; mais , quelle que soit sa nature, elle ne doit pas être omise (1). Présentement, il nous est impossible de ne point voir dans ce petit individu, venant probablement du Brésil, un de ces Eperviers qu’Azara (2) a décrit sous le nom d ’Eper- vier moucheté. Voici la description d’Azara : « Formes : 23 pennes aux ailes, la quatrième plus lon¬ gue que les autres ; 12 pennes étagées à la queue, l’exté¬ rieure étant plus courte de 12 lignes que les autres. Ee tarse revêtu d’écailles aplaties; les ouvertures des narines pla¬ cées au bord de la membrane du bec. « Dimensions. Longueur, 16 pouces ; de la queue, 7 1/4; du vol, 28 1/2; de la jambe, 42 lignes; du tarse, 34; du doigt du milieu, 20 ; et de l’ongle, 7 ; du bec, 11. « Couleurs . La tête marbrée de blanc et de brun noir⬠tre. Tout le dessus de l’oiseau, jusqu’à la queue, brun et rayé de franges d’une nuance plus claire et de roussâtre sur les couvertures supérieures des ailes et de la queue. II y a encore une tache blanche triangulaire à quelque distance de l’extrémité de toutes les plumes du cou et des scapu¬ laires. Des bandes noirâtres et d’un brun clair occupent toute la queue. La gorge, le devant du cou et la poitrine, blancs et mouchetés de noirâtre. Le ventre d’un blanc pur. (1) Nous avons vu un individu du Falco pïleatus chez lequel les couvertures alaires inférieures sont également rousses en dessous. Ce ne peut être un carac¬ tère sexuel, car M. Temminck dit, dans son texte, que les deux sexes se ressem¬ blent. C’est une différence sur laquelle il ne me semble pas hors de propos d’ap¬ peler l’attention des ornithologistes. (2) Vol. 5, page 74, n8 XXIV. I TRAVAUX INÉDITS. 13 Les couvertures inférieures des ailes et les plumes des jambes ont également des mouchetures noirâtres sur un fond d’un roux clair. En dessous, les pennes de la queue et des ailes ont des bandes blanchâtres et brunes. L’iris, le bord des paupières et le tarse sont jaunes; le bec est d’un bleu foncé. » Que l’on compare la description d’Azara avec celle que nous avons donnée plus haut , et l’on ne tardera pas à se convaincre de leur concordance extrême. Notre individu est cependant inférieur en taille, et ne comporte pas les dimen¬ sions données par l’observateur espagnol. Sauf cette cir¬ constance, sous le point de vue des caractères essentiels, les analogies ne peuvent être contestées. Dans Lun et dans l’autre, l’aile est construite sur un type semblable ; dans l’un et dans l’autre, cette partie, ses couvertures, surtout les in¬ férieures aussi bien que les pennes caudales et les tarses, sont colorées de même. Or, tous les ornithologistes savent que c’est d’après cet Epervier moucheté d’Azara que Vieil¬ lot (1) a établi son espèce du Sparvius guttatus , rattachée avec le Nisus variatus , par M. G. -R. Gray, au Falco Cooperi du prince de Canino. Ce qu’il y a de sûr, c’est que la res¬ semblance est plus grande avec le type de M. Charles Bonaparte que ne l’est celle du Nisus variatus . L’aile est, en effet, constituée en partie de même, car la quatrième penne est la plus longue ; mais là s’arrêtent les analogies, car la seconde penne est plus courte que la sixième, au lieu de l’égaler, comme dans le Falco Cooperi. Du côté du mode de coloration de la queue, enfin, il existe entre ce dernier et le Sparvius guttatus des différences de même nature que celles que nous avons signalées entre cette espèce et le Nisus variatus. 11 nous semble résulter de tous les détails dans lesquels nous venons d’entrer, que M. Cuvier, en imposant le même nom à nos deux individus, a réellement confondu deux es- (1) Encyclopédie, page 1266, 34 rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1850.) pèces sûrement bien distinctes. C’est la meme erreur qu’a commise M. Lesson. Personnellement, nous pensons que le Nisus variatus et le Sparvius guttatus sont des jeu¬ nes, très-avancés en âge, de deux types dont les adultes ne nous sont point encore connus. 5° Falco œquipar. Cuvier. — Cette espèce, à laquelle M. Lesson (1) a imposé plus tard le nom de Circus albes- cens , traduisant ainsi d’une manière plus correcte le nom de Busard blanchâtre qu’elle portait , a été rattachée, avec juste raison, par M. G.-R. Gray, au Circus palïidus de M. Sykes ( Circus Swainsonii , Smith). Nous n’insiste¬ rons donc pas sur les détails qui la concernent -, nous di¬ rons seulement que le mâle seul a été dénommé ainsi, et que les deux types sont un individu envoyé du Sénégal , sans nom de donateur, ni sans date d’entrée, et un autre envoyé du Bengale par Duvaucel , en novembre 1822. Cela étant, il nous semble juste de préférer le nom de Circus œquipar à ceux qui ultérieurement ont été donnés au même type. 6° Elanus torquatus , Cuv. — C’est à un individu ac¬ quis par échange à M. Dufresne, en septembre 1820, que ce nom a été initialement donné. On a rattaché l’espèce, et fort exactement, au Gampsonyx Swainsonii , de M. Vi- gors. Nous ajouterons seulement que la dénomination spé¬ cifique de M. Cuvier nous semble, comme plus ancienne, devoir être préférée. Il doit en être de même, selon nous, de tous les types de Vieillot, dont il va être question, par rapport aux espèces de M. Temminck. (t) Loc. cit., page 85. ( La suite prochainement. ) TRAVAUX INÉDITS. 15 De la Charnière , ou plutôt Recherches sur ce qu’on doit entendre par charnière dans les coquilles bivalves -, par C. A. Récluz , pharmacien à Vaugirard ( Seine ). Les bivalves portent , sur le bord de la circonférence des valves le plus voisin des sommets , des caractères qui ont paru tellement importants aux premiers auteurs systéma¬ tiques, dans la classification des coquilles bivalves , qu’ils les ont adoptés de préférence à d’autres pour grouper les races particulières ou espèces en d’autres plus générales appe¬ lées genres. Mais l’opinion qu’ils se sont faite des diverses parties qui occupent ce même bord, et la préférence qu’ils ont ac¬ cordée aux unes plutôt qu’aux autres , ont donné naissance à des définitions toutes différentes. Selon les uns , le Bord sous-apicial constituerait à lui seul la charnière ; selon d’autres, il faudrait comprendre avec celui-ci l’un ou l’autre ligament , et dans certains cas y faire concourir encore les excroissances testacées qu’on y rencontre assez souvent. Enfin, un autre auteur, rejetant toutes ces opinions , n’ad¬ met comme base de la charnière que les excroissances tes¬ tacées ou dents , et ajoute qu’elle n’existe plus alors qu’elles ont disparu de ce bord 5 tandis que , selon d’autres , il faut encore qu’il 11e s’y montre plus aucune trace de ligament. Ce défaut d’unité dans le but que s’étaient proposé ces auteurs jette tant d’incertitude dans la détermination des parties qui doivent concourir à former la charnière propre¬ ment dite , qu’on est étonné qu’aucun des conchyiiologues qui se sont successivement placés , par leurs écrits, à la tête de la science, n’ait jugé convenable de s’emparer de cette question et de la traiter ex-prof esso. 11 leur appartenait plus spécialement qu’à d’autres d’en donner une solution satis¬ faisante , et telle que toute discussion à cet égard devînt tout-à-fait superflue. Après avoir recherché inutilement, dans les grands dic¬ tionnaires d’histoire naturelle, quelques documents propres 16 REV. ET MAG, DE ZOOLOGIE. ( JaUVU 1 1850.) à nous guider, et n’en trouvant aucun , nous avons persisté à traiter cette question , malgré toutes les difficultés dont elle est hérissée , plutôt dans le but d’attirer sur elle l’at¬ tention des hommes spéciaux, que dans l’idée arrêtée de la résoudre complètement. Avant d’entrer en matière, nous avons dû, pour justi¬ fier ce que nous disons des opinions de chaque auteur, don¬ ner une analyse des travaux de ceux qui se sont le plus oc¬ cupés de cette question dans des chapitres spéciaux , ou qui en ont parlé indirectement dans des ouvrages dont le mé¬ rite scientifique est généralement reconnu. En poursuivant notre travail sur les écrits de nos devan¬ ciers, nous avons été amené directement ou indirectement à déterminer quelques points encore obscurs sur des parties qui occupent le bord cardinal \ ces parties sont : 1° les deux ligaments qu’on y remarque 5 2° la différence qu’on a faite entre les dents de ce même bord. Relativement aux deux ligaments, nous en avons dé¬ montré brièvement, autrement dit en passant (car on con¬ çoit que nous ne pouvions nous étendre longuement sur un sujet qui n’avait pas trait à la question en litige ) , leur na¬ ture différente, ainsi que leur usage distinct l’un de l’autre, et enfin que leur point d’attache n’est pas le même. Nous avons dû dès-lors, pour éviter dorénavant toute confusion, leur donner un nom distinctif, ainsi qu’à leur support. On n’avait différencié, jusqu’aujourd’hui, les dents dites latérales des autres nommées cardinales , qu’en raison de leur situation respective sur le bord appelé cardinal , c’est- à-dire sur l’un ou les deux côtés ou le milieu de ce même bord. Nous avons essayé de donner à cet égard quelques règles qui, nous osons l’espérer, les feront mieux distin¬ guer, alors surtout qu’elles semblent se confondre par leur rapprochement réciproque. Enfin , nous avons encore cherché à déterminer d’une manière plus précise les divers modes de jonction des dents de la charnière des deux valves. TRAVAUX INÉDITS. 17 Si , dans les efforts constants que nous avons faits pour éclairer cette question, il en résulte quelque avantage pour la conchyliologie , nous serons satisfaits d’en avoir fait le sujet de nos études. Quand on fait des recherches , dans les auteurs, pour savoir ce qu’on doit entendre par la Charnière {Car do, iniSj Gond, Pivot), dans les coquilles bivalves, on trouve une telle divergence d’opinions, qu’il est difficile en vérité de déterminer laquelle il convient d’adopter de préférence à l’autre , à moins d’en faire une étude approfondie. On est donc obligé, pour arriver à une solution satisfaisante , d’a¬ nalyser et de discuter avec soin les définitions qu’ils en donnent. De toutes les définitions proposées , nous en avons dis¬ tingué deux principales : l’une, et la plus ancienne, pro¬ posée par Adanson, dans son Histoire du Sénégal, vol. I, Coquilles, Paris, 1757, page xliv, l’autre par Linné, qua¬ torze ans plus tard, dans la Thèse de Murray ( Ad. Murray, Fundamenta Testaceologiœ , Présidé Carol. à Linné, Up- sal, 1771 ). Quoique Fopinion de Linné ait prévalu exclusi¬ vement, nous suivrons ici l’ordre chronologique. A l’article Charnière du Traité des coquilles du Séné~ gal , Adanson s’exprime ainsi : « La charnière des conques se trouve toujours placée près des sommets, et même au- dessous d’eux. Les dents qui la forment sont quelquefois en petit nombre , comme dans les Tellines ( Donaces ) ; quel¬ quefois elles sont fort nombreuses , comme dans le Fagan , Moussole (Arche et Pétoncle ). Elles servent à affermir les battants ( valves ) et à les contenir dans la même place. » Après ce passage fort clair et décisif, Adanson paraît, de prime-abord, se contredire lui-même un peu plus bas, en parlant du Ligament : « Il est différent , dit-il , dans diverses espèces de coquillages. Ceux dont la charnière n’est point dentée l’ont en dedans, ou dans l’épaisseur du talon , comme l’Huître, ou du bord de la coquille, comme dans les Jam¬ bonneaux ) Moules , Modioles , Pinnes ) *, il est , au contraire, 2e série, t. il. Année ISoO. 2 18 rev. et mag. de zoologie ( Janvier 1850.) plaGcen dehors des coquilles dont la charnière est dentée, etc. comme dans les Cames et les Pétoncles ( Vénus, Lu¬ tines, Cythérées, Cardites, Mactres, Lavignons, Diplo- dontes (Félan) Arthémis (Clonisse et Catan ), Poronies, Bucardes , Arches , Pétoncles , Mulettes , etc ). ». 11 faut tou¬ tefois faire remarquer ici que cette expression de charnière non dentée est une locution vicieuse et non technique, parce que à l’article Huître de son ouvrage, p. 196 et 197, Adanson dit positivement : « On ne voit, dans l’un et l’autre battant, aucune dent qui puisse f aire l’ office de charnière; » et à l’article Guron, il ajoute : « Ce qui distingue principa¬ lement la coquille du Spondyle ( Guron ) de celle des Huîtres, c'est que celle-ci n'a point de charnière , au lieu que le Spondyle en a une , et même beaucoup plus grosse que dans aucun autre coquillage connu. » Pour nous renseigner sur tout ce que cet auteur a observé relativement à la charnière des Mollusques , nous ajoute¬ rons ici ce que l’on trouve dans le Tableau des rapports des espèces entf elles. Dans ce tableau, l’auteur divise la coquille des conques en sept parties principales , dont la charnière, après les valves et les sommets, tient le troi¬ sième rang. Voici ce qu’il en dit : a Comme la charnière se trouve placée, pour l’ordinaire, de la même manière que les sommets , étant distribuée éga¬ lement sur les côtés , nous ne parlerons pas de sa situation, mais seulement du nombre et de la figure de ses dents et de ses cavités, » Il en établit cinq sections de la manière suivante : « Conques dont la charnière 1. Est presque insensible, ou sans dents, quelquefois avec une cavité. Ex : Huîtres proprement dites , Modioles ( Lulat, Ropau) , Moules ( Aber, Dotel, Fonet. ) Jambon¬ neau (Apan), Iridine ( Mutel). 2. A deux ou trois dents arrondies , assez égales et autant de cavités dans chaque battant. Ex : Spondyles ( Guron , Latal ) , Came ( Jataron ) , Arthémis ( Clonisse et Cotan ) , TRAVAUX INÉDITS. 19 Cythérées ( Dosin , Pitar ), Vénus ( Gordet et Dosar ), Pul- ïastres ( Lunat , Pégon , Jouret ) , Mactres ( Lisor et Fatan ) , Poronie ( Poron ) , Amphidesme ( Sunet ) , Lavignon ( Cal- cineile, Tellinê (Vagal et Gatan) , Donace (Pamet, Gafet, Nusar, Tivel), Peigne (Essan), Cardite (Ajar), Lucine Codok), Diplodonte (Félan). 3. A deux jusqu’à six dents inégales, dans chaque bat¬ tant, et qui sont, les unes comme de longs filets, les autres arrondies, avec autant de cavités semblables placées en- tr’elles. Ex: Avicule (Chanon), Cardite (Jeson), Bu- cardes (Mofat, Kaman), Lucine (Jagon (Lucina Pecten, Lk ., Certè). 4. A plus de dix dents parfaitement semblables , dans chaque battant , et autant de cavités propres à les recevoir. Ex. : Arches (Fagan, Robet, Anadora ), Byssoarchcs (Jabet, Mussole ) Pétoncle ( Vovan). 5. A une ou deux dents, fort rapprochées, en forme de languettes assez longues, ou encuillerons , et sans cavités entr1 elles. Ex. : Solens (Tagal, Molan), Solécurtes (Go- lar ) , Pholade ( Julan ) , Tugonie ( Tugon ) , Taret. Plusieurs observations sont à faire sur cette classification parla charnière :1a première, c’est que l’on voit, par les sections, que la science était encore dans l’enfance , et que, malgré le soin pris par Adanson pour établir de l’ordre dans la distribution de ses conques , au moyen du nombre et de la forme des dents de la charnière, il n’a pas réussi à en fonder une exempte de reproches, comme nous allons le voir. Dans la première section , il y a des espèces 1° sans charnière, telles que l’Huître, le Jambonneau Âpan, les Modioles Lulat et Ropan ; 2° avec une charnière rudimen¬ taire , comme les Moules Aber, Dotel et Fonet ; 3° en ayant une très-longue , et qui , par l’étendue des dents du bord cardinal, serait mieux placée dans la quatrième section que dans la première. On ne comprend guère le classement du Ropan ( Modiolecaudigère, Lk. ) dans une division appelée 20 rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1850.) inullivalve , parce que le Ropan ne présente rien qui puisse faire soupçonner d’autres valves que les deux qu’on y voit, à moins qu’Adanson ait pris pour valves accessoires les ap¬ pendices du bord postérieur, qui ne sont qu’un prolonge¬ ment des valves rendu nécessaire par les habitudes perfo¬ rantes de l’animal. Dans la deuxieme section , Adanson classe, parmi les es¬ pèces à charnière, une sorte de peigne qui n’a pas de dents, à moins qu’il prenne pour telles les stries divergentes et latérales situées près de la fossette du ligament ; mais, dans ce cas encore, cette coquille appartiendrait à la première section, entre les Huîtres et les Moules. Dans la troisième , nous ferons observer que l’Avicule chanon n’a qu’une seule dent, et non deux , quoiqu’en dise Adanson j que les Bucardes n’ont que quatre dents, et non pas six. La quatrième section est exempte de reproches. La cinquième se trouve composée de coquilles à char¬ nières ( Solens et Solécurtes), avec d’autres qui en sont privées (Pholade , Taret ) , ou qui est rudimentaire ( Tugon ), et dont par conséquent la place était dans la première sec¬ tion. Une autre remarque à faire consiste en ce que Adanson confond , sous le même nom, les dents véritables de la charnière avec les appendices intérieurs des valves qui jouent un tout autre rôle. On sait, que les véritables dents de la charnière sont ces proéminences du bord cardinal d’une valve qui alternent avec celles de la valve opposée d’une même coquille, et qui, lorsqu’elles sont nombreuses, s’ar¬ ticulent avec les cavités auxquelles elles font face \ et quand, au contraire , elles sont solitaires sur chaque valve , se re¬ couvrent ou se joignent côte à côte. Adanson assimile à ces protubérences bien caractérisées les appendices des Pho- lades, des Tarets et du T ugon. En effet , il dit, en décrivant : 1°. La Piiolade Julan , que sa «. charnière consiste dans une longue dent un peu courbe CG (c’est GG sur la plan- TRAVAUX INÉDITS. 2î che ) qui part de la cavité que forme le sommet au-dessous de chaque valve. » 2°. LeTARET, que « les dents sont assez longues C.C., recourbées en demi-cercle, et semblables à celles de la Pho- lade, dans laquelle elles font fonction de la charnière , quoiqu'elles ne se touchent jamais. » 3. LeTuGON, «la dent&z la charnière est grosse, ronde, assez courte et creusée en cuilleron. » Comment concilier cette opinion, que les prétendues dents des Pholades et des Tarets fassent fonction de char¬ nière alors qu’elles ne se touchent pas, avec ce que Fauteur rapporte plus haut : « que les dents qui la forment servent à affermir les battants ( entr’eux) et à les contenir dans la même place?» Pour cela faire, il suffit de concevoir qu’Adanson, après avoir décrit les organes de ces Mollus¬ ques, n’a point observé la situation des appendices tcsta- cés et intérieurs des deux valves de la coquille, plongeant dans les flancs de ces animaux jusque sous leurs viscères, parce qu’il n’aurait certainement pas avancé une opinion telle qu’elle ne peut soutenir la discussion. Quant au Tu- gon, non-seulement il a négligé de mentionner la véritable dent cardinale avoisinant ce qu’il appelle une dent en cuille¬ ron , mais encore il applique ce nom de dent à ces supports qui se joignent face-à-face, et dont la fonction consiste à servir de point d’appui ou d’attache au ligament cartilagi¬ neux interne. La phrase qui est en tête de la table des rapports prouve, par son contenu , qu’il n’a pas jugé convenable de faire une attention suffisante à la situation des charnières de ses con¬ ques, par suite, peut-être, du petit nombre d’exemples différents qu’il avait remarqués. Tout en reconnaissant dans la charnière des formes particulières et variées, comme quand elle est droite ou courbe ( dans les Pétoncles ) , courte ou longue, simple ou compliquée ( dans les Cames et Tel- lines), il n’en a pas profité davantage. Enfin, s’il eût voulu étudier avec soin la position du ligament, selon qu’il 22 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1850.) est situé dans des fossettes intérieures , comme dans les Spondyles, Huîtres, Mactres, Lavignons, Peignes et Tu- gon , ou porté sur des lames transversales , et qui en lais¬ sent voir une plus ou moins grande partie au-dehors, comme dans les Moules, Cames, Cardites, Vénus, etc., il eût pu en tirer un parti avantageux pour instituer de bons genres , dont il avait entrevu quelques-uns ( Palourdes et Lavignons), plutôt qu’en les indiquant d’après la forme générale des coquilles. Par rapport aux dents qui constituent la charnière , il n’a fait aucune différence entre celles qui occupent le centre et celles qui sont situées sur les extrémités du bord cardinal , bien qu’il ait aperçu que dans le Mofat « la charnière soit composée de cinq dents sur chaque battant , dont quatre sont rassemblées par paires et fort écartées les unes des autres. » Le Lisor, « les dents de la charnière sont au nom¬ bre de trois sur chaque battant, toutes en lames fort minces, dont deux latérales sont fort éloignées et laissent entre elles une grande cavité remplie par le ligament. » Dans ce dernier exemple, Adanson prononce bien le nom de Dents latérales; mais comme il ne s’explique point ici, ni dans la partie méthodique de son ouvrage, sur leurs caractères différentiels , et que c’est le seul en¬ droit descriptif où il prononce ce nom , on peut dire en toute certitude qu’il n’établissait aucune distinction entre les dents centrales et les dents latérales, comme on l’a fait après lui. En parcourant les descriptions des bivalves de son His¬ toire du Sénégal , on ne tarde pas à s’apercevoir qu’il ne reconnaît qu’un seul mode de jonction des dents des deux valves d’une même coquille, et que, pour cet auteur, toutes s’engrainent réciproquement dans les interstices qui les séparent. C’est ce qui résulte des citations suivantes : 1 . ( Bucarde ) Mofat. « Toutes les dents s'engrainent par¬ faitement, etc., etc. » 2. ( Arche ) Fagan. « Ces dents s’engrainent les unes dans les autres, etc, » TRAVAUX INÉDITS. 23 3. (Came) Jataron. «Le battant supérieur est creusé d’un troucanelé et sillonné comme la dent du battant in¬ férieur, et s’y engraine exactement. » 4. (Ayicule) Chanon. « La charnière montre dans le battant inférieur une petite dent longue , avec un long sillon qui règne au-dessous du ligament. Dans l’autre, on voit une cavité qui reçoit la dent, et un petit filet qui s "engraine dans la rainure du premier. Nous croyons inutile de nous appesantir sur cette autre charnière qu’il accorde aux Nérites, et principalement à la Nérite dunar , dont les deux dents de l’opercule s’ engrainent, dit-il , avec deux dents pareilles de la lèvre inférieure de la coquille ; parce que , si Adanson avait fait attention à la manière dont l’opercule est attaché au pied de l’animal , il n’aurait pas exprimé une opinion qui est tout-à-fait con- trouvée. Il eût vu que ce qu’il appelle des dents ne sont que des appendices de l’opercule qui s’implantent au-dessus de la partie postérieure du pied de l’animal, et qu’ils y sont retenus par l’adhérence des faisceaux qu’y envoie le muscle columellaire , et dont ils portent l’empreinte bien marquée sur la face inférieure ; et que dès-lors, puisque ces appen¬ dices sont fixés dans le pied , ils ne peuvent , par conséquent, s'engrainer avec les dents du bord interne de l’ouverture des Nérites. Et d’ailleurs avec quoi s’engraineraient les dents de l’opercule de la Nérite fluviatile, cornée, douteuse et autres, dont le bord interne manque de dents et même de crénelures ? Brugnière, l’un des traducteurs de la Thèse de Murray, rapporte en ces termes la définiton adoptée par Linné : « La charnière est la partie la plus solide et la plus épaisse de la circonférence des valves , qui en constitue leur base, laquelle est presque toujours armée à l’intérieur de dents de proportions différentes qui servent à fixer les valves les unes aux autres. » Cette définition signifie que le bord cardinal constitue la charnière proprement dite, et que les dents dont elle est 24 rev. et mag. RE zoologîe. ( Janvier 1850.) armée le plus souvent n’en sont que des parties accessoires; d’autant plus que Linné confond, comme Adanson, avec les véritables dents, des appendices testacés qui n’en ont pas les caractères et les usages. C’est aussi l’opinion de M. de Blainville, comme nous le verrons plus loin. Tous les auteurs de la même école n’ont pas adopté une définition uniforme, et plusieurs se sont écartés de celle rapportée par Brugnière, C’est ainsi qu’il y en a qui disent que la charnière est « la partie articulaire des bords supé¬ rieurs d’une coquille bivalve dentée ou non , » c’est-à-dire, qu’elle peut exister sans dents; d’où il suit qu’elle ne sau¬ rait être alors une partie articulaire. Nous ferons observer, au sujet de cette définition, que son auteur place la coquille, pour la décrire , dans sa position normale, contrairement à Linné, qui la renverse sur sa région dorsale. D’autres la dé¬ crivent, en la mettant dans cette même position : « La partie supérieure des valves par laquelle elles sont unies, » sans annoncer comment on entend que cette union s’opère, si c’est au moyen d’un ligament ou par l’engrenage des éminences et des cavités; ce qui fait supposer que l’auteur prend le bord supérieur des valves pour la charnière pro¬ prement dite. En résumé, l’on voit par ce qui précède que la charnière, qui, pour Linné et Brugnière, est le bord cardinal le plus souvent armé de dents , devient , chez d’autres, le même bord privé de dents et de ligament; de sorte que de sim¬ plification en simplification on en est arrivé à ce point de modifier tellement les caractères qui servaient à la faire reconnaître, qu’elle n’en conserve plus que le nom, et qu’une coquille appelée Acarde par les uns devient une co¬ quille cardinifère pour les autres. En présence d’une pa¬ reille confusion, nous croyons qu’il ne sera pas superflu de rechercher par quelles circonstances on est arrivé à ce ré¬ sultat. Ne serait-on pas fondé à penser que la raison en est dans ce que Linné a voulu voir une charnière là ou ses élé¬ ments constitutifs , la présence des dents et des cavités , TRAVAUX INÉDITS. 25 n’existaient plus , ou peut-être de ce qu’il a attribué les propriétés des dents aux supports du cartilage élastique , quoiqu’ils ne s’engrainent point en charnière? Quoi qu’il en soit, ces définitions si différentes ne surprendront point alors qu’on se sera assuré que Linné lui-même n’avait pas sur la charnière une opinion tellement arrêtée qu’il ne la fît varier selon les accidents du bord cardinal. Il se pour¬ rait bien que ce fût par suite des changements qu’elle a éprouvés dans ses ouvrages que les naturalistes, incertains sur son opinion définitive, aient été conduits à s’en faire une autre, en cherchant à fixer les limites de la charnière d’une façon invariable, et telle qu’elle pût être adaptée à tous les genres de bivalves indistinctement. De cette voie est sorti le résultat que nous avons signalé plus haut. Mais comme il ne serait pas juste d’émettre une opinion de cette nature sans en donner la preuve, on nous permettra de rap¬ porter ici quelques exemples pris dans le Muséum S. œ R. æ M. Us Ludovicœ reginœ Utricœ, Carol. a Linné \ Holmiæ 1764, et dans le naturœ , ed. 12 reformata ; Hol¬ miæ 1767. Linné dit dans la diagnose de La Pholas candida. Cardo reflexus, îævis, appressus; at vero intus dente lineari incurvo, subnatibus posito. L ’Ostrea edulis. Cardo est cavitas ad extremitatem acu- tiorem ; et cardo edentulus distinctus linea excavata longi¬ tudinal^. VOstrea folium. Cardo in extremitate seu hasi simpli- cissima absque dentibus, cavitate conica. — Cardo lacuna est, unde diversa a Mytilis parasiticis. VOstrea malleus (Malleus vulgaris , Lk. ). Cardo vix manifeste prominet angulo acuto, utrinque sulco transverso ad marginem ex sculptus. — Cardo hians lacuna, in cujus medio fossula transversa. VOstrea ephippium ( Perna eph., Lk. ). Cardo sulcis octo transversis obsoletis. VOstrea isognomon (Perna isog., Lk.). Cardo ex pluri- 26 f.ev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1850.) bus iineis parallelis transversis ex sculptis, non arterna- tis, sed appositis adeoque diversissima ab area. La Mya vulsella ( Yulsella lingulata, Lk. ). Cardo termi- nalis constat squamula crassa versus exteriore flexa, con- cava, rotundata. Le Gen. Mya. Cardo dente solido, crasso, patulo, vacuo (nec inserto testæ oppositæ). La Mya arenaria. Cardo constat lobo rotundato cum denticulo laterali, alterius ex cavitate subtus elevata cardi- nis dens in altéra tantum testa prominens cum denticulo parallelo versus vulvam. Le Solen anatinus (Anatina subrostrata, Lk.)* Cardo dente unico, obtuso in utraque valvula. Le Mytilus margaritiferus (Meleagrina margaritifera, Lk. ). Cardo rectissimus longitudinæ testæ. — Cardo cavitas utrinque oblonga cum margine. Le Mytilus modiolus (Modiola papuana, Lk. ). Cardo cartilagineus ante nates, post vero nullus. — Cardo fossula intra apicem et marginem anticum, qua itaque non termi- nalis est. Le Mytilus lithophagus (Lithodomus lithophagus, Cuv.). Cardo juxta basin linearis dimidiam longitudinem occu- pans. Le Mytilus rugosus (Saxicava rugosa, Lk. ). Cardo abs- que dente, sed margine ejus gibbosiore. Le Mytilus ungulatus . Cardo apicis dentibus 2, 3, seu 4 notatus. La Pinna lobata. Cardo edentulus, sed nervus in linea. Gen. Anomia. Cardo edentulus cicatricula lineari intror- sum dente laterali-, valvulæ vero planioris in ipso mar¬ gine. V 'Anomia caput serpentis ( Terebratula cap. serp., Lk.). Cardo dente utriusque testæ ad latus promineus. V Anomia placenta (Placuna sella, Lk.). Cardinum cal- lis linearibus binis testæ interne adnatis. Murray et Brugnière ont résumé la plupart de ces diffé- TP, AVAUX INÉDITS. 27 rent§ exemples de charnières en plusieurs sections. C’est ainsi qu’ils distinguent la charnière en : Comprimée ( Cardo compressas ), lorsqu’elle est formée par une dent comprimée, presque orbiculaire, comme dans YOstrea vulsella. Echancrëe ( Cardo excisas ), quand elle est fendue près du sommet par une échancrure sinueuse, comme dans VA- nomia ephyppium. Tronquée ( Cardo truncatus ), lorsque la base de la co¬ quille finit transversalement et brusquement, comme l’effet d’une troncature, et que les dents qui composent cette char¬ nière sont placées dans cette partie comme dans les Ostreci perna et isognomon. Latérale ( Cardo lateralis ), lorsqu’elle est placée sur un des côtés de la coquille, comme dans le genre Pinna. Terminale ( Cardo terminalis ), quand elle est située à l’extrémité inférieure de la coquille, comme dans les genres Peçten, Lima. Oblongüe ( Oblongus seu longitudinalis ), lorsqu’elle oc¬ cupe toute la hase de la coquille, et que les dents dont elle est composée sont rangées sur une ligne droite, comme dans les Arches, et particulièrement VArca modiolus ( Car - do elongatus , longitudinaliter crenatus S. denticula,tus\ cité comme exemple. Repliée ( Reflexus ), quand ses bords sont repliés à l’ex¬ térieur vers la convexité des valves, comme dans les Pho- lades. îl est évident que toutes ces divisions de la charnière ne s’appliquent qu’au bord cardinal et aux supports du liga¬ ment intérieur, mais nullement aux dents véritables, non plus qu’à leur mode de jonction; en un mot, ce ne sont pas là de véritables charnières. En effet : 1. Les Pholcides n’ont pas de charnière ; ce sont des co¬ quilles acardes dans le sens le plus étendu de la définition de ce mot par M. de Blainville, puisqu’elles manquent de dents articulantes et de ligament. Elles ont bien une lame 23 rëv. et mag. de zoologie. {Janvier 1850.) sous-apiciale qui , au lieu de se déployer dans une direction verticale, c’est-à-dire dans le sens normal des autres co¬ quilles bivalves, se trouve au contraire renversée de bas en haut, de façon à recouvrir les sommets et à ne plus mon¬ trer de cette lame que son verso. S’il existait des dents sur le recto , elles ne serviraient par conséquent à rien. D’un autre côté, l’apophyse interne de chaque valve, située en dessous des crochets, ne peut être assimilée à une vérita¬ ble dent, parce qu’elle n’occupe pas le recto de la lame, et qu’au lieu de recevoir un ligament ou de s’articuler en arrière elle s’enfonce dans l’intérieur des flancs du Mollus¬ que et embrasse une partie de ses viscères. On ne peut non plus prendre pour des dents les cloisons testacées qui unis¬ sent le recto de cette lame avec le bord dorsal antérieur aux crochets, et qui laissent entre elles des espaces ou cellules dont on ne connaît pas l’usage, mais qui, dans tous les cas, ne font aucunement l’office de dents véritables. Ces cloi¬ sons, qui se montrent sur les Pholas orientalis Ch. , Ph. dactytus Linn., Ph. parva Penn. {Ph. dactifioides Lk. ), etc. , manquent à la Ph. candida et autres. Enfin , il n’existe aucune sorte de ligament, ce que nous prouverons bientôt. Les Tarets se trouvent dans le même cas que les Pholades. 2 Les Huîtres sont pourvues d’une cavité ligamenti- fère, sans trace de dents engrainantes sur la lame sous- apiciale, de même que les Marteaux , Avicules et Méléa- grines. Dans les premières, cette cavité est transversale au plan, sous-apiciale et longitudinale dans les autres. Mais ces cavités, destinées à fixer le ligament élastique de ces coquilles, ne sont pas des dents, partant point de charnière. 11 existe bien des rudiments granuleux de chaque côté des valves et en dessous du ligament dans quelques espèces ROstrea, comme dans VOstrea edulis ( inœqualiler utrin- que ad cardinem denticulata, dit Lister, in Synopsis sive historia, t. 193, f. 20)*, mais nous ferons observer que ces dents ne sont [point situées sur le bord sous-apicial, et TRAVAUX INÉDITS. 29 qu’elles sont très-inconstantes : voilà pourquoi les auteurs n’y ont fait aucune attention. Ce n’est pas sans raison, parce qu’elles forment une série de granulations interrom¬ pues sur le limbe de chaque côté des valves. 3. Les Vulselles , Analines , Mijes et Anomies ont aussi le plan cardinal privé de dents, et à leur place un cuille- ron, tantôt semblable sur chaque valve, tantôt tout-à fait différemment conformé et situé, selon le genre, et toujours destiné à recevoir le cartilage élastique. Ces cuillerons ne s’articulent pas en charnière, ainsi que Linné le reconnaît dans la caractéristique des Myes 5 ces genres manquent par conséquent de charnière. 4. Dans la Placune, il en reconnaît encore une dans les callosités linéaires de l’intérieur des valves; mais à tort, parce qu’elles servent de point d’appui au cartilage élas¬ tique. 5. Dans les Pernes, il prend les rebords en saillie des cuillerons pour les dents de la charnière, tout en recon¬ naissant qu’ils s’appliquent face-à-face, dans les deux val¬ ves, au lieu d’alterner comme les véritables dents, et sans faire attention ici aux fossettes ligamentifères. Ce qu’il y a de remarquable, c’est que tous les auteurs ont suivi les er¬ rements de Linné. 6. Dans les Myiilus, Linné distingue deux sortes de char¬ nières : l’une qu’il décrit édentée et formée par une ligne excavée sur chaque valve, ligne qui n’est autre qu’une nymphe enfoncée , crétaceo-spongieuse, sur laquelle repose le cartilage élastique ; l’autre est attribuée aux petites dents situées à l’extrémité des sommets, bien qu’il existe aussi des supports du cartilage, comme dans les autres espèces, mais dont il ne tient plus aucun compte. 7. Enfin, Linné en reconnaît une dans les extrémités du bord postérieur et échancré des valves de quelques Téré- bratules. On voit, par ces exemples, combien l’opinion de Linné sur la charnière était peu arrêtée, puisque tantôt il en ac- 30 uev. et mag. de zoologie. {Janvier 1850.) corde les caractères aux nymphes seulement; tantôt, et lorsqu’il y a présence de dents, il laisse de côté ces sup¬ ports, et transporte le nom de charnière au bord denté, de même qu’à des appendices qui jouent un tout autre rôle. D’après cela, n’est-on pas autorisé à penser que le bord cardinal, le cartilage ou ligament, étaient les principales conditions constitutives de ce qu’il entendait par charnière, mais qu’il reconnaissait aussi que les saillies dentiformes, quand elles se manifestaient sur ce bord, devaient en faire également partie intégrante? Toutefois, quand on laisse de côté les genres que nous venons d’énumérer, et qui, selon • nous, manquent de véritable charnière, à l’exception de quelques Mytilus et Térébratules, où elle commence à poin¬ dre, pour aborder les suivants, on se fait alors une opinion plus claire et mieux déterminée de la charnière, parce que c’est dans ces genres qu’elle se manifeste évidemment, par la présence de dents presque toujours articulantes, intran- tes ou engrainantes, s’appuyant entre elles, ou se recou¬ vrant l’une par l’autre, ou s’insinuant dans une fossette de la valve opposée. Mylilus hirundo ( Avicula hirundo ). Cardinis dens prope extremitatem anteriorem excipitur a sinu obsoleto alterius testæ. Gen. Solen. Gardo dens subulatus, reflexus, sæpe duplex, non insertus testæ oppositæ ; margo lateralis obsoletior. Solen siliqua. Cardo ad angulum posticum dente unico subulatcf, in altéra testa; in altéra vero dentibus duobus su- bulatis, parallelis, approximatis qui inter se excipiunt op- positum dentem. Gen. Tellina. Cardo dentes très; latérales plani, alterius testæ. Tellina inæquivalvis ( Pandora flexuosa). Cardo deuti- bus duobus, absque lateralibus. Gen. Donax. Cardo dentibus duobus, marginaliqüe éoli- tario subremoto, subano. TRAVAUX INÉDITS. 31 Donax meroê ( Venus meroë ). Cardinis dentes primores 2, latérales divaricati. Gen. Venus. Cardo dentibus tribus, omnibus approxima- tis ; lateralibus apice divergentibus. Venus rotundata ( Pullastra rotundata ). Cardinis den¬ tes utrinque très, medio bifido ; marginales nulli. Gen. Chama. Cardo callo gibbo, oblique inserto, fossulæ obliquæ. Mya margaritifera ( Unio margaritiferus ). Cardinis dens conicus, obtusus, porrectus; lateralis unus; sed in mino- ribus longitudinalibns erenatus. Gen. Cardium. Cardo dentibus mediis binis allernatis; lateralibus remotis insertis. Gen. Spondylus. Cardo dentibus duobus reeurvalis, cum foraminulo intermedio. Sp. plicatus. Cardo dentibus duobus recurvatis, cum ca- vitatibus tribus; intermedia vacua pro tendine. Chama lazarus. Cardo constans callo obtuso, crenato in- tra fossam, qui inseritur fossulæ obliquæ. — Chama semi- orbiculata. Cardinis dentes duo quorum primarius brevis- simus; alter longitudine nympharum. Chama cordiformis ( Isocardia cor, Lk.). Cardinis den¬ tes utrinque 2 compressi, callosi, obliqui, cum raargine fere paralleli. Dens lateralis ante nymphas longitudinalis sulco distinetus. Chama gigas ( Tridacna gigas, Lk. ). Cardo intra nym¬ phas ex dentibus duobus latis obtusis, qui se insinuant intra sinus alternus, exteriore duplicato longiore. Gen. Mactra. Cardo dente medio complicato eum adjecta foveola; lateralibus remotis insertis. Gen. arca. Cardo dentibus numerosis acutis altérais in¬ sertis. Arca granosa. Cardo dentes minuüssimi vix masticantes. Arca sknilis. Cardo dentibus 30 eompressis, membrana- ceis, altis et profunde immersis, 32 rev. et 3i ag. de zoologie. ( Janvier 1850. ) Arca ( Byssoarca ) Noê. Cardo rectus, serratus, lamellis numerosissimis, minutissimis æqualibus. Arca pegtunculüs ( Pectunculus pilosus , Lk. ). Cardo dentibus in arcum digestis utrinque 10 ad 12 transversis; exterioribus majoribus. Arca decussata ( Pect . decussatus). Cardo dentibus utrin¬ que 8,seu 10, subtransversis interstinctis totidem sinubus. Arca nucléus ( Nucula nucléus (margaritaca, Lk. ). Car¬ do dentibus numerosis subulatis, acutissimis, imprimis sub- vulva \ inter nates rima triangularis erecta. Plusieurs remarques sont à faire sur les parties com¬ prises par Linné dans la charnière. La 'première porte sur cette partie qu’il y fait entrer quand elle est intérieure aux valves, ou qu’elle repose sur le bord cardinal , ou qu’elle est située à la marge extérieure, toutes les fois qu'elle est destinée à servir de point d'appui à ce que Linné nomme Cartilage, Nerf ou Tendon, et qu’il en exclut alors que ce même cartilage repose sur des lames saillantes appelées Nymphes, et qu’il désigne, dans ce cas, par le mot Ligament ou Hymen. De prime-abord, on ne sait comment expliquer cette dis¬ tinction , parce que des auteurs tels que Brugnière et M. de Blainville, dont les écrits sont destinés à éclairer les prin¬ cipes conchyologiques, n’y ont fait aucune attention. Cela paraît, en effet, si peu susceptible d’explication, que ce que Linné nomme dans un cas Nymphes , et désigne dans un autre sous les nombreuses dénominations de Dens va - cuus (dans les Myes), Dens obtusus (Anatines), Dens ter - minalis (Vulselles), Squamula (Myes et Vulselles), La - cuna (Huîtres), Dossula (Huîtres, Marteaux, Modioles), Daveola (Mactres), Doraminulus (Spondyles), Cavitas vacua (Huîtres, Spondyles), Cicatricula (Anomies), Sul - eus transver sus (Marteaux, Melcagrines), Sulei transversi (Pernes), Linea excavata (Moules, Pinnes), Cal li linea- res (Placunes), Rima triangularis (Nucules), et enfin Area (Arches), ne sont autre chose que des supports du TRAVAUX INÉDITS. 33 cartilage, nerf ou tendon, ainsi désignés par Linné. Cepen¬ dant, en réfléchissant que la situation de ces supports est différente, on a de suite le motif de cette distinction. Effec~ tivement, les supports appelés Nijmphes, par leur circons¬ cription dans l’écusson ( vulva ), faisaient partie de ce sys¬ tème de noms donnés à cet appareil , qu’il comparait à l’or¬ gane de la génération chez la femme. Les autres, au con¬ traire, en étaient exclus par leur position, qui s’en écartait beaucoup. Leur forme, si variée d’ailleurs, ne permettait pas non plus qu’on les rattachât aux parties constitutives de l’écusson. Une seconde remarque non moins importante à faire encore, et sur laquelle les auteurs ont passé sans émettre une seule réflexion, c’est la distinction du cartilage d’avec le ligament proprement dit, bien que ce soit deux corps parfaitement distincts par leurs caractères et leurs usages. Adanson, qui le premier a fait attention à la propriété élastique du ligament des Conques, et qui le compare à un corps spongieux , le regarde comme un tout homogène ou sui (jeneris. « Le ligament ( des Conques) les affermit et les fait ouvrir par son ressort, qui a quelque chose de spon¬ gieux. Il est différent ( par sa position) dans diverses es¬ pèces de coquillages. Ceux dont la charnière n’est pas dentée, l’ont en dedans... -, il est, au contraire, placé en de¬ hors des coquilles dont la charnière est dentée, parce que , dit-il , sil était situé en dedans, il couvrirait les dents de la charnière et rendrait leur usage inutile. » Ceci est dé¬ menti par ce qui se voit dans la charnière du Lisor, du Fa- tan, des Calcinelle, Tugon et Guron, qui ont des dents et un ligament intérieur. Linné semble avoir fort bien distingué deux sortes de ligaments dans les coquilles bivalves, sans s’être toutefois expliqué, que nous sachions, sur le rôle que chacun d’eux joue quand l’animal ouvre sa coquille, savoir : celui du cartilage , qui fait ouvrir comme un ressort les valves , quand l’animal relâche la tension de ses muscles adduc- 2e série, t. n. Année 18ê>0. 5 34 Rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1850.) leurs, parce qu’il est élastique et compressible ; et celui du véritable ligament, servant à les joindre l’une à l’autre et à la retenir en place. On pourrait dire que Linné a voulu différencier ces deux ligaments, en donnant au premier le nom de Cartilage ( Cardo cartilagineus , dans les Mytilus ; Nymphœ carti- iaginœ, dans la Venus dione ) ; de INerf ( Nervus in Linea, dans la Pinna ) 5 de Tëndox ( Cavitas mediæ vacuci pro- tendine, dans les Spondylus ); et au second, le nom d’H\- men , en traitant des genres véritablement cardinifères, tels queJVénus, Cardium, Tellines, etc. Toutefois, après s’être expliqué catégoriquement au sujet de la Venus dione , en disant , dans la description généràle de cette coquille, description qui a été faite dans le but de servir de règle générale à toutes les espèces des genres car¬ dinifères : « Rima lanceolata . clausa Hymene Nym¬ phœ cartilaginœ , retractiores longitudine Rimœ, » on est surpris qu’il ait laissé passer, dans la Thèse de Murray, une opinion qui ne cadre plus avec la netteté du passage qui précède, et d’autres erreurs encore qui ont lieu de sur¬ prendre, d’après ce que l’on trouve dans ses écrits. Voici ce que rapporte le traducteur de la Thèse de Mur¬ ray : a Le Ligament (Hymen) est une substance un peu flexi¬ ble, de la nature de la corne, qui joint les deux valves près de leur base, et qui, dans presque toutes les coquilles bi¬ valves, est placé au bas de leur face antérieure. La partie inférieure ou hymen est proprement ce que nous venons de décrire -, la partie supérieure ou nymphe (!) est un prolon¬ gement membraneux qui , étant très-adhérent aux lèvres , le termine à son extrémité supérieure, et sert à fixer ce lé¬ ger bâillement qu’on aperçoit entre les valves, au-dessous du ligament, et dont nous parlerons à l’article Suture. » Brugnière. Cette définition est fort obscure, et renferme des erreurs que nous allons faire ressortir Et d’abord nous dirons que TRAVAUX INÉDITS- 35 Linné, par un véritable retour sur ce qu’il avait annoncé précédemment, prend ici l’hymen et le cartilage pour des parties de ce que Brugnière ou lui-même appelle simple¬ ment le ligament! Il ne fallait rien moins que cette citation pour éclairer ce que Linné avait rapporté dans sa descrip¬ tion de sa Venus dione. S’il l’avait entendu comme Murray le raconte dans sa Thèse, il n’aurait pas reconnu alors toute la différence qu’il y avait entre l’un et l’autre de ces liga¬ ments, dont les caractères et le point d’appui sont si dis¬ tincts qu’on ne saurait les confondre après examen. En effet, le Ligament proprement dit , ou Desme ( Desmos , en grec), est un corps lamelliforme, mince, fibreux, formé de fibres droites, et transverses entrecroisées, comme tis¬ sées et enduites d’un vernis luisant. Il se déchire comme de la toile quand il est sec, et laisse séparer ses fibres dans certains cas , comme lorsqu’il est très-mince et humide. Cependant, dans les grandes bivalves, et alors que le car¬ tilage repose sur des lames nymphales enfoncées, le liga¬ ment devient plus épais et cassant que fibreux. 11 approche alors un peu du cartilage par sa consistance , mais s’en différencie dans ces coquilles par sa couleur bien tranchée. Le Cartilage ou Chondre ( Kondros , en grec) est un autre corps ramassé, épais, un peu spongieux à l’intérieur, ce qui le rend compressible et élastique dans l’état humide; il est, au contraire, sec et cassant, en fragments couchoïdes, étant desséché. Il parait formé ordinairement de couches horizontales écailleuses; mais, examiné de plus près, on s’aperçoit qu’il se compose également de fibres entrecroi¬ sées, agglutinées entre elles. Sa coloration , tantôt moins, tantôt plus pâle que celle du ligament, en est toujours fa¬ cile à distinguer , surtout quand on le coupe en parties. Le ligament est noir ou d’un brun très-foncé dans les Unios et autres bivalves, orangé ou fauve dans les Bénitiers, au lieu que le cartilage élastique en diffère par une coloration blanchâtre dans ces deux genres de coquilles, les Arthémis, Cythérées, etc., et noirâtre dans les Myes, Mesodesmes, 3G rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1 850. ) Mactres, etc., mais avec la cassure blanchâtre, brillante et nacrée. Le ligament n’est formé que par une matière de la nature de la corne et des poils ; le cartilage contient en plus de la matière calcaire. Nous avons dit que le point d’attache de ces deux corps n’est pas le même-, en effet, le ligament fibreux adhère, par ses extrémités dans une rainure linéaire et longitudi¬ nale, dans le sens de l’étendue de l’animal dans sa coquille, et marginale du bord dorsal des valves, mais dans le rayon de leur circonférence dans les Myes, Lutraires, Mactres, Mesodesmes, Syndosmyes, Lavignons, Arthémis, Vénus, et la plupart des bivalves. Il est, au contraire, situé en de¬ hors de ce rayon et à la base extérieure des nymphes, dans les coquilles où celles-ci existent et sont très-prononcées, comme dans les Fanopées, Glycimères, Cyrènes, Galatées, Gyclades, Psammobies, Solécurtes, Solens, Tellines, Do- naces et semblables (1). Le cartilage adhère fortement, par toute sa face intérieure , sur la lame des nymphes et sur les surfaces plus ou moins intérieures de la lame cardinale, surfaces qui, dans les ouvrages de Linné et de ses suc¬ cesseurs, changent de nom selon la forme qu’elles affec¬ tent ou l’idée des auteurs, ainsi que nous l’avons vu plus haut, mais que l’on doit réunir sous un même nom col- (1) La présence seule du point d’insertion sert à démontrer l’existence d’un li¬ gament extérieur dans les bivalves. Ceci vient à l’appui de ce que nous avons dit plus haut, sur l’absence de ce lien dans les Pholades, contrairement à -l’opinion de M. Bonchard-Chantereau, qui en admet un dans ces coquilles. Cet auteur dit qu’elles ont un ligament « brun, placé au centre de la callosité sous-apiciale, qni s’étend en suivant les bords de la coquille en une membrane brunâtre qui protège les tubes dans les deux tiers de leur longueur, etc. (Moll. Boulonnais, p, 6, art. Pholade).» Cette matière ne peut être assimilée à un véritable ligament des valves, du moins dans le sens qu’on attache à cette matière dont la persistance est telle, sur les valves, qu’on en trouve pendant longtemps des restes après la mort de l’habitant. Ce n’est, pour nous, qu’une continuation de l’épiderme ou de la peau de l’animal qui enveloppe les siphons, desséchée et raccornie vers sou extrémité antérieure, parce qu’elle ne s’appuie ou s’attache sur aucune sorte de nymphes ou cuillerous et les mophoses, et que les valves des Pholades n’en montrent aucune trace pour l’insertion du ligament véritable. TRAVAUX INÉDITS. 37 lcctif , exprimant la nature du ligament qu’elles sont des¬ tinées à porter. Aux dénominations de Cartilage , Nerf et Tendon données par Linné au ligament cartilagineux et élastique, nous proposons le nom de Chondre ( Chondrus ) ; et à cette profusion de noms : Nympha, Fossula , Fovea , Lobus, Sulcus , Foraminulus , cicatricula , sulcus , Dens vel cavitas vacua , callus linearis, radii ossei, Dens termina» lis , lacuna , etc. , etc., celui plus restreint et mieux appro¬ prié de Chondrophore ( Chondrophorus ). Au terme à' Hy¬ men, qui n’a plus la même signification dès qu’on aban¬ donne le système des noms imposés au corselet des bivalves par Linné, nous substituerons le nom de Desme ( Desmus ), et nous donnerons à son support celui de Desmopiiore ( Desmophorus ). Enfin, si l’on veut continuer à se servir du mot Ligament ( Ligamentum ), dans ce dernier cas^ il ne faudra plus y attacher la même signification que Linné , Brugnière, Lamarck, Blainville et les autres auteurs. 11 nous paraît même préférable’ de n’en user que comme un terme collectif servant à désigner à la fois les Desmes et Chon- dres des coquilles qui sont pourvues de ces deux liens cor¬ nés des valves. Il y a encore, dans le passage que nous avons extrait de Linné, une confusion de termes fort extraordinaire, parce que Linné, dans ses ouvrages, les a fort bien différenciés, et qu’il les confond ici en une seule et même chose, sans en faire connaître le motif; nous voulons parler des lèvres et des nymphes de l’écusson. Nous voyons ces bords, dé¬ signés sous le titre de lèvres, être toujours à découvert et formant, sur chaque valve, l’extrémité intérieure de l’é¬ cusson ( vulva ), tantôt à peine distincts du reste de l’é¬ cusson , tantôt, au contraire, bien circonscrits, comme dans la Venus diohe, où ces lèvres sont en relief. Les nym¬ phes ( Chondrophores laminiformes) sont des lames éle¬ vées au-dessus de la circonférence des valves, comme dans lesSolens, Solécurtes, Tellines, Psammobies, Sanguino- laires, Donaces, Cyclades, Cvrènes, Panopées, etc., ou en- 38 rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1 850. ) foncées dans le bord cardinal, comme dans les Vénus, Lucines, Cythérées, Arthémis, Ongulines, Tellinci edentu - lata ( Spengler), Tridacnes, Cyprines, Astartés, etc. Dans toutes, ces lames sont recouvertes par le chondre , ou liga¬ ment élastique. Elles ne sont donc pas des cartilages, comme disent Murray et Brugnière, parce que, s’il en était ainsi, Linné ne qualifierait pas ces lames ou chondro- phores du titre de dentif ormes, dans la description de la Donax denticulata ; d’ aiguës, dans celle de la Venus pe¬ inte a ; de béantes, dans la Venus ( cyprina) islandica ; de noires, dans la Venus ( sanguinolaria) deflorata, etc. , selon la forme et la couleur qu’elles affectent. Mais lorsque ces lames sont enfoncées dans l’épaisseur du bord cardinal, et recouvertes par une couche épaisse de chondre, comme dans les Unios, Tridacnes, Arthémis et semblables, Linné, mais seulement alors, prenant la partie pour le tout , ap¬ pelle nymphes cartilagineuses cette même couche de chon¬ dre adhérente aux nymphes très-enfoncées, parce que la saillie de celle-ci sur les nymphes de chaque valve jait alors r office de ces lames. On concevra dès-lors facilement que ces lames ne méritent plus le nom de nymphes, à cause delà profondeur qu’elles occupent, et qui est telle, qu’elles ne cadrent plus avec le . système de comparaison qu’il avait établi entre les parties constitutives de l’écusson ( vulva ) des coquilles et l’organe de la génération chez la femme. Ceci explique encore cette portion de la caractéristique du genre Chama, de Linné : vulva clausa, absque nymphis, parce que les lèvres de l’écusson sont si rapprochées, que le ligament se montre à peine à l’œil nu. S’il nous a été possible de justifier Linné au sujet du mot Nymphe appliqué au cartilage élastique dans la série des bivalves à chondrophores enfoncés dans le bord cardinal, nous n’en voyons plus la possibilité lorsque, dans la Thèse de Murray, il nomme Nymphœ nudee les parties antérieures des lèvres (ou bords antéro-dorsaux de la région ligamen¬ taire’) de la Chama ( isocardia) cor , et les lèvres de l’écus- son de la Donax pubescens! TRAVAUX INÉDITS. 39 Une troisième remarque porte sur la qualification qu’il donne aux véritables dents de la charnière , de celles qui s’articulent par engrenage ou en croix avec des cavités qui les séparent, et dont la disposition est telle, qu’en face de la dent d’une valve on voit sur l’autre une cavité correspon¬ dante, et vice-versà , ou qui se recouvrent, ou qui viennent s’appuyer côte à côte, quand elles sont solitaires sur chaque valve, ou qui vont s’immerger dans l’espace ou fos¬ sette existant entre les lobes bâillants d’une autre dent bi- lobée , etc. Ce qui distingue d’ailleurs les véritables dents de la charnière, c’est que celles-ci alternent toujours avec celles de la valve opposée , au lieu que les fausses dents ( chondrophores en cuillerons) sont toujours situées face-à- face, parce qu’elles servent d’insersion au chondre ou li¬ gament élastique, selon l’expression usitée par Lamarck. Linné différencie les dents qui occupent le centre du bord cardinal de celles qui sont placées sur ses côtés. Il nomme les premières Dents médianes ( Cctrdo dentibus me - diis in Cardium et Mactra ) ou Premières ( Dentes pri¬ mores, in Venus (Donax) Meroë). Ces termes impliquent l’assistance d’autres dents , et ne peuvent s’appliquer aux charnières qui n’ont qu’une sorte de dents, comme dans les Pullastra, Vénérupes, Pétricoles , Ongulines, Diplo- dontes, Saxidomus, Spondyles et semblables. Dans ce cas, Linné ne se sert plus que de l’expression Dentes cardinis. Trouvant, sans doute, les deux premières qualifications trop spéciales , Linné , dans la Thèse de Murray , ayant senti cet inconvénient , a voulu y remédier en donnant à celles-ci le nom de Dents cardinales, c’est-à-dire principales (car- ^ma/^-principal ). Ce dernier nom mériterait d’être adopté, comme il l’a été ^ en effet , généralement, s’il n’avait l’in¬ convénient d’exprimer en même temps qu’elles sont des dents de la charnière ( Cardinalis , qui concerne la char¬ nière ) , et c’est là la vraie signification de ce mot. Dès-lors cette nouvelle dénomination ne les différencie nullement des autres, parce qu’elles appartiennent à cette même char- 40 rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1850.) nière et servent comme elles à affermir les valves de la co¬ quille. 11 nous semble qu’il aurait mieux réussi s’il avait substitué à ce terme celui de Dents principales ( prinei- palis, premier, principal, primordial), parce qu’elles sont celles qui se montrent les premières dans les bivalves, et qui en sont les plus importantes. Ayant remarqué l’emploi def- fectueux de ces qualifications , et en outre que les dents dites cardinales étaient toujours situées sur les sommets, nous nous sommes déjà servi , et nous proposons de les désigner plus spécialement par la dénomination de Dents sous-apiciales ( Dentes subapiciales ) , qui nous paraît plus expressive et plus précise. Nous proposons encore de rete¬ nir le nom de dents cardinales pour l’appliquer générale¬ ment à toute les dents de la charnière, afin de les distin¬ guer ainsi des chondrophores en cuillerons , en lames et autres saillies dentiformes des charnières de Myes, Tugo- nies, Anatines, Vulselles, Pernes, etc., etc. Lorsque les dents cardinales sont au nombre de trois , Linné désigne la centrale par le nom de dent intermédiaire , et les deux autres sous le titre de dents latérales : a Cardo sinistræ tridentatus : Dentibus approximatis , scrobiculo distinclis ; denticulo intermedio compresso , augustiore : lateralibus divergentibus , crassiusculis , obtusis; in Venus dione. » Les expressions antérieure zi postérieure rempla¬ ceraient beaucoup mieux , ce nous semble, celle de dents la¬ térales. Au sujet des autres dents de la charnière, qui diffèrent des sous-apiciales parce qu’elles sont écartées du centre de la lame cardinale ou de la ligne qui descend perpendicu¬ lairement des sommets pour aboutir au point opposé corres¬ pondant du bord ventral , Linné leur a donné successive¬ ment deux noms : il les appelle Dents marginales ( Dentes marginales ), dans le Muséum Lud. Ulricœ , et Dents la¬ térales ( Dentes latérales ) , dans la 12e édition du Systema naturœ; nom qui, ayant prévalu, leur a resté définitive¬ ment. Il lésa différenciées les unes des autres, en disant, TRAVAUX INÉDITS. 41 dans la description de la Venus ûmbriata : « Dentes mar¬ ginales unus quorum alter ad apicem ani ; alter ad apicem rimæ. » ou comme dans celle de la Tellina remies : » Mar- ginis ad utranquem suturam dens , quorum posticus vix re- motus a cardinale -, anticus vero ad finem nympharum. » Mais il faut faire observer ici que Linné prend le côté anté¬ rieur pour le côté postérieur, et celui-ci pour l’antérieur, c’est-à-dire l’inverse de ce qui est dans la nature, puisque l’anus aboutit à ce qu’il appelle le côté antérieur, et la tête à son côté postérieure, à cause de la position forcée, ou extra-naturelle , qu’il a donné à la coquille bivalve pour la décrire et pouvoir mieux la comparer à la portion inférieure du tronc de la femme. Quelques auteurs, pour esquiver la difficulté, en conservant la position linnéenne, les diffé¬ rencient d’une autre manière, en nommant la postérieure de Linné Dent lunulaire ( Dens lunularis ) , et l’antérieure Dent nvmphale ( Dens nymphalis ) , quand l’une est voi¬ sine de la lunule ( anus , Linné ) , et l’autre située sous les nymphes ( nymphœ , Linné). Avant de passer à un autre ordre d’observations, nous ferons remarquer cette expression de Linné relative à la des¬ cription de la Tellina remies : « Remotus a cardine, » parce qu’elle semble faire supposer que, pour cet auteur, les dents cardinales seules constitueraient la charnière, et que les latérales ne seraient pas nécessaires, mais simple¬ ment accessoires. Voilà sans doute pourquoi il a donné ce nom de Dents cardinales \e\prim arii (Dents principales) aux dents sous-apiciales. Murray et Brugnière ne signalent que trois formes de dents et trois modes de jonction de celles-ci, qu’ils définis¬ sent de la manière suivante, savoir : 1. Dent bifide ( Dens duplicatas seu bifidus ) , celle dont l’extrémité est fendue, et qui, pour cette raison, paraît fourchue ou divisée en deux parties , comme le sont deux des trois de la Venus papilionacea et celles de la Venus lit - terata , decussata, rotundata , Tellina planata. 42 rev. et mag. ré zoologie. ( Janvier 1850. ) 2. Dent composée ( Dens compositus seu complicatus) , celle qui étant mince et presque papyracée est pliée en deux ou de manière à former un angle ou une cavité entre les deux branches , comme la dent cardinale des Mactres et Lutraires. 3. Dent longitudinale ( Dens longitudinale ), celle qui se prolonge, comme une côte, sur la base des valves, comme dans le genre Mulelte. ( C’est la dent latérale de ce genre : on la nomme quelquefois dent rampante ( dens reptans ) , comme celle des Tridacnes ). Il y a encore d’autres définitions relatives à la forme gé¬ nérale des dents , telles que Dent droite ( Dens rectus , erec- tus), comprimée (D. depressus ); mais comme ces noms ne s’appliquent qu’aux euillerons des Myes , Anatincs et Vulselles, et que nous en avons Iraité plus haut au sujet des Chondropliores , nous n’y reviendrons pas; ce serait superflu. 4. Dents alternes ( D. alterni ), lorsqu’elles sont rangées sur une même ligne parallèle aux bords de la charnière , et que celles d’une valve sont reçues dans les interstices des dents de la valve opposée , comme dans le genre Arche. 5. Dents articulées ( D. inserti ) , celles dont chacune est reçue et pénètre dans une cavité proportionnée de la valve opposée, comme dans les Vénus. Les dents des Mulettes , Solens et des Myes ne sont pas articulées, et c’est ce que Linné a voulu exprimer, en di¬ sant : Dens vacuus seu non insertus. 6. Engrainées ( D. mastic ante s ) , celles qui étant très- nombreuses, comme dans le genre Arche, s’engrainent réciproquement dans les interstices des dents de la valve opposée. Nous dirons, relativement à la forme des dents delà charnière et à leurs autres caractères distinctifs, que Linné en donne de nombreux exemples dans ses ouvrages; ainsi : 1. Par rapport à leur formé générale , il en cite de Té- TRANAUX INÉDITS. 43 tragones ( tetragoni ), dans le Cardium cardissa; d’OBLON- gues ( oblongi ), les latérales de la Tellina rostrata ; d’ Allon¬ gées ( élongati ), la dent card. entière de la Tellina foliacea; Demi-ovales ( semi-ovati ), Solen vagina , ensis ; Cordiforme (cordatus) , l’une delà Tellina fragilis (Petricoîa ochra- lenca, Lk. ); Conique ( conicus ) Mya, (Unio)margaritifera; Lamelleuses ( laminati , lamellosi ) , Arches , Donax Scripta, Chama ( Isocardia ) cor; Membraneuses ( membranacei ), area senilis, mactra plicataria , l’antérieure de la Venus chione ; Sulciformes ( sulci formes ), Chama rugosa; Angu¬ leuses ( angulciti ), Venus (Lucina) incrustata (L. Punctata) ; Lancéolées ( lanceolati) , l’antérieure de la Vénus chione ; Subulées ( subulati) Arca-pella , Solen siliqua; Canaliculées ( canaliculciti ), Venus decussata, virginea ; Aigues ( acuti ) , Cardium costatum ; Obtuses ( obtusi), les Cames ; Calleuses (callosi) , celles des Cames; mais Linné ne dit nulle part charnière calleuse , comme on le lui a attribué. Sous le rapport de leur étendue elles sont Petites ( parvi ), Donax muricata, scripta, Tellina gargadica, Cardium serra- tum, fragum ; Grosses ( validi ) , Chama gigas, Hippopus , Spondyles, Unios; Etroites (angusti) , Venus décussata, Chama rugosa ; Comprimées ( compressa ) , Venus scripta, (Lucina) divaricata, Area senilis et autres; Très-compri- mées { compressissimi ) , Chama (Isocardia) cor; Larges ( lati) , Chama (Tridacna ) gigas, hippopus; Courtes {brèves), Chama antiquata; Très-courtes {brevissimi) Chama, semi-orbiculata; Saillantes {exserti), Salen strigilatus, etc. 3. Sous le rapport de leur sculpture, elles sont : Simples ( simplices ), Mya ( Glauconome ) virens; Echancrëes {emar- ginati ) Venus macuîosa , Tellina ( Psammobia ) Gari; Striées ( striati ) , la postérieure ou nymphale de la Venus meretrix; Crénelées ( crenulati ), Mya (Unio) pictorum ; Incisées ( multifidi , sulcati), Chama gryphina, Arcinella; Bilobées ( bilobali , duplicati), Chama cordata, les latérales des Chama gigas, hippopus, des Unies; Didymes (âidymi Venus (Lucina) Tigerina, Donax rugosa, Trunculus; 44 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1850.) Bordées ( marginati ) , les latérales de la Tellina lævigata; Egales (squales ), Cardium serratum; Inégales ( inæ- quales ), Venus dione, chione, Card. echinatum, murica- tum. 4. Selon leur direction, elles sont : Droites ( recti ), Card. costatum; Courbes ( arcuati ), Area pectunculus, gly- cimuris; Dressées (erecti ), Card. medium, Solenradiatus, siliqua -, Recourbées ( recurvati ), Solen strigilatus, Cardium echinatum , fragum, les Spondyles ; Parallèles ( paralleli ), Arches ; Obliques ( obliqui ) , Venus castrensis, Chama ru- gosa; Obliqués en arrière ( retroversi, retrorsum obliqui ), Chama cordata; Divergentes ( divaricati ), Venus mere- trix; Réfléchies (reflexi), Chama antiquata; Retombantes en arc ( reclinati , deflexi ) , Chama rugosa ; Longitudinales ( Longitudinales ), Chama (Isocardia) Cor, Chama (Tri- daena ) gigas; Transverses et perpendiculaires ( transversi). Pétoncles, Arches 5 Ecartées (remoti), Tellina remies; Rapprochées (proximi, conferti , approximati ) , Solen vi- rens, Venus ziczac, chione, castrensis; Presque contiguës (subcontigui ), Cardium cardissa ; Soudées (coadunati, connati ), Tellina alba. 5. Relativement au nombre, elles sont : Uniques ( solita- rii ), Card. bullatum, flavum, muricatum, Solens yagina ; Deux ( duobus ) les Spondyles; Trois (tribus). Venus ro- tundata, decussata, virginea; Quatre ( quaterni ), Venus dione, chione, meretris, prostrata ; Nombreuses ( numerosi ), Arches, Pétoncles, Nucules (arcapella, nucléus). En observant la manière dont les dents de la charnière opèrent leur jonction d’une valve à l’autre, quand on rap¬ proche ces dernières , on s’aperçoit bientôt qu’il en existe plusieurs. Murray et Brugnière n’en rapportent que trois , dont une doit être exclue , et en négligent une autre si¬ gnalée par Linné. De celles citées par ces auteurs , nous dirons que le mode de jonction qui a rapport aux dents dites Engrainées ou Engrainantes n’est pas un mode par¬ ticulier, mais simplement une variété d’articulations , con- TRAVAUX INÉDITS. 45 sistant dans un plus grand nombre de jonctions ou dans une série plus longue de dents articulées. En effet , on ne peut arguer que cette longue suite d’engrenages diffère des autres plus courts parce que les dents sont toutes régu¬ lières et également espacées, car il y a d'autres charnières à dents également régulières et parallèles , comme dans le Solen ( Glauconome ) virens , à charnière bien conservée, ayant alors trois dents sur chaque valve, et dans les Venus decussata et virginea , dont le mode de jonction est dite simplement articulée. Nous ferons remarquer que la définition relative aux dents alternes ne peut s’appliquer à un mode de jonction , mais plutôt à une disposition réciproque et inverse des dents de chaque valve, qui caractérise ces sortes d’appendices par¬ ticuliers des bords cardinaux. Ainsi, que les dents des charnières des deux valves soient solitaires ou nombreuses; quelles s’articulent en petit ou grand nombre; qu’elles s’ap¬ puient l’une sur l’autre ou se joignent côte à côte , elles al¬ ternent toujours les unes par rapport aux autres de la valve opposée. Ce que nous sommes étonnés de ne pas trouver dans la Thèse de Murray, c’est la définition de ce que Linné nomme Dents alternées ( D. alternati ), dans la caractéristique du G. Cardium ( Cardo dentibus mediis binis alternatis ), et qui s’applique seulement aux dents qui en croisent d’autres obliquement; d’où résulte que, s’il s’en trouve d’eux sur chaque valve, chacune vient former alternativement une rangée distincte avec une autre de la valve opposée, en s’appuyant entre elles. Ce ne sont pas là, toutefois, les seules manières dont les dents opèrent leur jonction, parce qu’il y en a d’autres que nous allons énumérer bientôt. Mais , avant de le faire , nous pensons devoir présenter quelques observations sur les genres dont Linné a dit que les dents de la charnière étaient inarticulantes. Et d’abord nous concevons très-bien que Linné s’exprime ainsi par rapport aux dents de la char- 46 rey. et mag. de zooLOdE. ( Janvier 1 850. ) nière de son genre Mya « Dente crasso vacuo,patulo , nec inserto testœ appositœ , » quant aux Chondrophores des Mya arenaria , Truncata et Vulsella\ mais cette phrase n’est pas applicable à la Mya (Mytilus) Perna et aux Unios, en général, parce qu’il y en a, comme le Littoralis et margaritifera , etc., dont la dent antérieure de la valve gauche est profondément fendue, ainsi que la postérieure, pour recevoir les dents simples de la valve droite. Il y a donc ici une véritable articulation. Dans son genre Solen, la phrase générique porte : « Carda dens subulatus re- flexus , sœpe duplex , non insertus , testœ appositœ. » Qu'il en soit ainsi pour les Solens vagina, vaginoïdes , corneus , etc., qui n’ont qu'une seule dent sur chaque valve , d'ac¬ cord-, toutefois il ne peut en être de même alors qu’il y a deux dents parallèles, rapprochées sur une valve et une ou deux sur l’autre, parce que l’une d’elles s’articule néces¬ sairement entre deux autres. Linné nous semble se con¬ tredire lui-même , en décrivant le Solen siliqua dans le Mu¬ séum XJlricœ : « Cardoad angulum posticum dente unico su- bulato in altéra testa ; in altéra vero dentibus duobus subu- latis, parallelis, approximatis qui inter seexcipiunt oppo- situm dentem , » parce que , recevoir entre deux dents une autre de la valve opposée, n’est pas autre chose, en petit, qae ce qui a lieu avec les deux dents de chaque valve des Tellines , les trois des Venus virginea et decussata ; les quatre des Venus meretrix, prostrata- , etc. Si pour celles-ci il y a deux ou trois articulations, ne peut-il y en avoir une seulement? La négative ne serait pas logique; et dés-lors l’expression non insertus ne peut s’appliquer à la généralité des Myes et des Solens de Linné. En effet, les Solens sili¬ qua, legumen, cultellus , radiatus et strigilatus, qui ont deux dents sur une valve, et une ou deux sur l’autre, comme beaucoup de Tellines ( T. fragilis, Gari, pisif orrais) , ont les dents de la charnière articulantes comme le Solen virons ( Glauconome virens ) qui , de même que les Venus virginea , decussata , rotundata, en possède trois sur chacune. TRAVAUX INÉDITS. 47 Lamarck partage l’opinion de Linné en disant , dans les généralités du genre Solen : « Ces dents ( cardinales ) se joignent latéralement]. orsque les valves sont fermées, et ne s'enfoncent point dans les cavités préparées pour les rece¬ voir. » Quand nous rapprochons les valves des Solens (/«- vanicus à trois dents sur une valve, et à deux sur l’autre; Legumen , strigilatus coarctatus à deux dents sur chaque valve-, Carybœus, etc. , à deux dents sur une valve, et à une seule et bifide sur l’autre ; à charnières bien entendu par¬ faitement entières ), nous voyons que les dents, pénétrant dans l’espace qui sépare deux autres de la valve opposée, opèrent une ou deux articulations semblables à ce qui a heu dans le rapprochement des valves des Tellines, Psam- mobies et autres genres à charnières conformées de même. Cependant, ce que Lamarck refuse aux Solens, en général, il l’accorde aux Psammobies, ainsi qu’il résulte de la ca¬ ractéristique de ce genre : « Charnière ayant deux dents sur la valve gauche, et une seule dent mirante (insertus) sur la valve opposée ! » Y a-t-il entre les dents des Psammobies un espace difiérent de celui renfermé entre celles des So¬ lens? Nous avons beau scruter à l’œil nu, et armé d’une bonne loupe, les charnières des deux genres, les faire jouer à plusieurs reprises, nous n’y voyons d’autres particularités qu’un avortement fréquent d’une ou plusieurs dents; mais, quant à l’espace intermédiaire , nous n’avons rien appris d’extraordinaire. Elles ne se joignent donc latéralement qu'alors qu’il n’en existe qu’une sur chaque valve. De ce qui précède il résulte que c’est l’exception , dans le genre Solen, qui fait la règle, et que c’est le contraire dans le genre Telline, où, quoiqu’en dise Linné, la Tellina pisiformis a deux dents sur chaque valve, l’une petite, étroite, linéaire, aiguë, l’autre large, mince, tronquée et échanerée plus ou moins; au lieu que sa Tellina inœqui- valvis (Pandora fluxuosa), à laquelle il en accorde deux, n’en a réellement qu’une, antérieure et un chondrophore linéaire, calleux, postérieur et divergent, par sa base, avec la dent sous-apiciale. 48 rev. et mag, de zoolocie. {Janvier 1850.) Ainsi que nous l’avons annoncé plus haut , Linné se borne à dire, pour certaines dents, qu’elles ne s’articulent pas, et ne compte que deux véritables modes de jonction entre les dents de la charnière, celui qui résulte des dents articulantes et des dents alternantes. Pour nous, nous dis¬ tinguons encore les modes suivants, et nous appelons dents : 1. Appuyées ( conjuncti ), quand étant solitaires et pro¬ jetées en avant elles viennent se joindre parallèlement l’une contre l’autre dans le rapprochement des valves, comme dans les Solens vagina , vaginoides , corneus , etc. 2. Recouvrantes ( tegentes ), quand étant également so¬ litaires, et disposées presque face-à-face, il s’en trouve une un peu plus élevée qui vient se juxtaposer sur la plus basse ou la recouvrir, en joignant les deux valves, comme cela se pratique entre les dents cardinales pliées des Mac- tres et Lutraires, une des latérales des Gnatodons, et les la¬ térales de beaucoup de Tellines. 3. Immergées ( immersi ), quand une dent, isolée d’une ou deux valves, vient s’enfoncer ou se loger dans le creux du plan opposé à cette dent, comme dans quelques Cames et autres bivalves. C’est encore ce qui a lieu pour la dent lunulaire de quelques Cythérées. Le creux ou fossette de celles-ci n’est autre qu’une dent bilobée qui, dans certains cas, a ses bords tellement avortés, qu’ils ne font plus au¬ cune saillie, et que cette dent ne représente plus alors qu’un simple trou. La jonction qui s’opère entre une dent latérale simple et la cavité qui sépare les deux lobes d’une dent séparée en deux parties, comme chez les Mactres, Bucardes, Lucines, etc. , n’est qu’une articulation longitudinale et ne diffère que par là des articulations transversales des Vénus, Arches, etc. Il n’y a donc pas lieu de réserver, pour les premières, le nom de dents intrantes qu’on paraît avoir voulu leur donner, non plus que celui d’ engrainantes pour celles des Arches, Pétoncles, Nucules, Malleties, etc. S’il fallait faire ces dis¬ tinctions, le titre d 'articulantes reviendrait exclusivement TRAVAUX INÉDITS. 49 aux dents inégalement disposées des Cythérées , Arthé- mis, etc. ; c’est ce qui ne doit pas être. Une autre observation est relative à ce que Linné désigne tantôt par le nom de Sinus ( Area, Chama gigas ), Fossula ( Chama lazarus ), tantôt sous le titre de Cavitas ( Chama Arcinella ), de Foraminblus et de Scrobiculus ( Cardium, Venus), c’est-à-dire l’espace qui sépare les dents de la charnière, et dans chacun desquels les dents vont se ni¬ cher. Lorsque ces termes ne désignent rien qui ressemble à un s fossette, trou ou sinuosité , il y aurait, ce nous sem¬ ble, de l’avantage à remplacer ces termes par un mot mieux approprié, surtout quand ces cavités sont des espaces entre les véritables dents, ouverts en haut et en bas. Pline le na¬ turaliste appelait Crena, dans les coquilles bivalves, ce que les mécaniciens désignent encore aujourd’hui par le mot crans d’une roue d'engrenage, et dont ce mot n’est qu’une traduction du précédent. Ce terme paraissant parfaitement approprié à l’objet qui nous occupe, on ferait bien de le réintégrer dans la science à laquelle il a appartenu primi¬ tivement. Il y a d’ailleurs toujours de l’avantage à rappro¬ cher la langue scientifique du langage vulgaire, toutes les fois qu’on peut le faire sans inconvénient et que l’expres¬ sion qu’on veut adopter a un sens clair et précis. On pour¬ rait réserver le mot Fossette ( fossula ) pour ces enfonce¬ ments ou creux du plan cardinal destinés à recevoir les dents solitaires des valves, ainsi qu’on le voit dans les Tri- gonies, Cames, etc. Enfin, pour terminer tout ce que Linné a dit sur la char¬ nière, nous ajouterons que, contrairement à Adanson, il fait attention à sa position dans certains cas. Ainsi, il nomme Cardo terminalis celle qui est située à l’extrémité dorsale de la coquille. Ex. : Mytilus ; Cardo laleralis, quand elle est en avant ou en arrière des sommets. Ex. : Cames-, et il appelle Cardo longitudinale la charnière qui occupe toute l’étendue du hord dorsal. Ex. : Arches. ( La suite 'prochainement. 2e série, t. h. Année 1850. 4 yiv 50 rev. et mag. de zoologie. ( janvier 1850.) Essai sur les Coléoptères de la Polynésie , par M. Léon Fairmaire. ( Suite. ) Xylophages. 117. Apate religiosœ. — Long. 6, 7 mill. Brunneo-picea nitida, prothorace parte antica scabrosa, Ialeri- bus anticis denticulatis, angulis anticis breviter hamatis, parte postica Iævi; capite antice dense flavo-piloso, summo glabrato, dense ac tenuiter, fere strigose, punctato; elytris dense punctatis, punctis ferè seriatim dispositis, antice subtilius , apice truncatis, truncatura margine snbtridentata ; subtùs dilutior, abdomine pu- bescente, femoribus palliclis. Cet insecte, indiqué dans le Catalogue Dejean sous les noms de religiosa Dejean, macrocera Latr. , dominieana Esch. , a été décrit très-brièvement sous la première de ces dénominations par M. Boisduval, Yoy. Astrol., Ins. II, 4-60. Il aurait fallu écrire religiosœ , nom qui lui avait été donné parce qu'il avait été trouvé à riie-de-France, par Desjardins , sur un Ficus religiosa . On rencontre cette es¬ pèce en Afrique , aux Indes-Orientales , aux îles Philip¬ pines, à la Nouvelle-Guinée. Elle est commune à Taïti, sur les troncs de VEy biscus tiliacea et de V Artocarpus , ou arbre à pain, dont le tissu spongieux est analogue à celai des Ficus. 118. A. castanoptéra. — Long. 3 mill. Bt’unneo-nigra, paulô nitida, prothorace rugoso, elytris læviga- tis, castaneis, apice muticis, parte postica declivi rugosa. Forme de VA. seæ dent ata. D’un brun noir, un peu lui¬ sant. Corselet rugueux, surtout en avant, presque lisse vers les élytres. Elytres lisses, d’un brun marron , enfu¬ mées dans la moitié postérieure, inermes, la partie tronquée en arrière oblique, rugueuse, presque marginée au bord inférieur. Pattes d’un brun noir. — Taïti. Rare sur VHybis- cus tiliacea. M. Yesco. 119. A. pusilla. — Sinodendron pusillum, Fab. , Eut. Syst, , Suppl. 156, 5. Long, presque 3 mill. U -s & •; . TRAVAUX INÉDITS. 51 Obscure ferruginea, immaculata, elongata, ferè cylindrica, pro- thorace rugoso, antice scabroso et transversim leviter impresso; elytris apice valde declivibus, rotundatis, non truncatis, punctis valde impressîs substriatis. — Taïti , M. Pradier. Cette espèce se rapporte à la description de Fabricius, qui donne pour patrie les Indes-Orientales. J’ai vu, dans la collection de M. Reiche, un individu de la Nouvelle- Hollande et un autre de l’Amérique du Nord , identiques avec le mien. 120. Platypus externedentatus. — Long. 4 mill. Piceo-brunneus, nitidus, capite puneiato, postice subtiiiter ca- rinato; prothorace ferè lævi, tenuissime punctulato, utrinque si- nuato, lateribus excavatis ; elytris antice lævibus, postice profonde sulcatis, obscurioribus, apice truncato, margine externo in dentem producto. D’un brun rougeâtre assez brillant. Tête déclive poilue, fortement ponctuée ; deux très-petites protubérances sur la face, à peine visibles, et une très-faible carène longitudi¬ nale sur le sommet. Corselet presque lisse -, au milieu , une ligne à peine sensible ; échancré de chaque côté pour rece¬ voir les pattes antérieures. Elytres à peine plus longues que le corselet et la tête; la grande moitié antérieure est lisse, sauf deux ou trois vestiges de stries au bord antérieur; mais en arrière elles sont fortement sillonnées et poilues-, extré¬ mité tronquée; les bords externes se prolongent en une dent assez forte, pointue, un peu tombante. - — Rare : sur les troncs équarris de Spondias et dCInocarpus. — - Taïti , M. Vesco. — Voisin du P. apicalis White, Erebiïs and Ter- ror , Ins. Nouv.-Zél. , qui diffère par les élytres entièrement striées, et par la derit postérieure située seulement plus près du bord externe que de la suture. 121. Temnorhopalon scabrosum. — Long. 3, 4 mill. Brunneus, obscurus, opacus, capite thoraceque rugosis, hispi- dis, hoc lateribus denticulatis, elytris biseriatun tuberculatis, his- pidis, interstitiis punctatis. Corps étroit, parallèle, convexe ; d’un brun terreux, 52 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1850.) mat. Tête rugueuse, un peu hispide , rougeâtre au bord an¬ térieur. Corselet à bords latéraux droits, denticulés -, angles et bord postérieur arrondis ; surface tuberculeuse et hispide. Ecusson enfoncé, triangulaire. Elytres deux fois aussi lon¬ gues que le corselet et la tête réunis, arrondies à l’extré¬ mité; alignes longitudinales planes, étroites; intervalles remplis par une double rangée de petits tubercules qui se touchent transversalement ; toute la surface est hispide ; quelquefois des nébulosités grisâtres sur le corselet et les élytres. Dessous un peu rougeâtre ; thorax rugueux; abdo¬ men fortement ponctué; pattes courtes, brunes; tibias plus clairs. — Taïti, M. Pradier. Tonga-Tabou, MM. Ar - noux et Latour. — Muséum. 122. Cicones amænus , — » Long, un peu plus de 2 mill. Oblongus, brunneus , margme thoracis elytrorumque testaceo, prothorace antice leviter angustato, disco ruguloso, atomis seri- ceis sparso , lateribus marginatis ; elytris lateribus fere rectis, paulo marginatis, apice conjunctim rotundatis, costulatis, inters- titiis crenatis; testaceo maculatis. Oblong, d’un brun foncé, avec les bords latéraux du cor¬ selet et des élytres d’un jaune testacé. Tête et corselet fi¬ nement rugueux; ce dernier., parsemé de points soyeux, jaunâtres, est légèrement rétréci en avant et relevé sur les côtés. Elytres droites sur les côtés, avec l’extrémité arron¬ die, finement relevées sur les bords, ayant des carènes lon¬ gitudinales très-fines, séparées par des intervalles crénelés transversalement, et portant de petits points soyeux, comme dorés, assez serrés; les élytres sont marquées chacune de quatre taches testacées peu régulières, disposées en long. Dessous d’un brun rougeâtre; milieu de l’abdomen et bords du corselet et des élytres testacés. — Taïti. Rare; sous les écorces de Y Inocarpus edulis. — MM. Vesco et Pradier. Cette espèce est très-voisine du C. variegatus d’Europe. 123. Ditoma terrulenta. — Long. 3 mill. Brunneus, obscurus, opacus, capite granulato, antice ferelævi, prothorace punctnlato, utrinque bicarinato, elytris tricarinatis, interstitiis biseriatim crenatis, sutura utrinque carinata. TiîAVAUX INÉDITS. 53 D’un brun terreux foncé, opaque; tête allongée, arron¬ die antérieurement, légèrement rebordée, granuleuse, mais très-finement vers le bord antérieur, qui est un peu rou¬ geâtre. Corselet granuleux , rebordé, ayant de chaque côté deux carènes à peu près parallèles, et à l’extrémité de la carène interne, sur le bord antérieur, en dedans, un ves¬ tige de carène très-courte. Elytres ayant chacune trois ca¬ rènes, plus une quatrième qui suit la suture; dans les intervalles, deux rangées de points enfoncés, presque trans¬ versaux , séparées par une ligne élevée, plus ou moins marquée; la base des élytres est parfois étroitement rou¬ geâtre. — Taïti, MM. Vesco et P radier. Voisin du Bitama insularis YVhite, de la Nouvelle-Zé¬ lande, qui en diffère par les deux lignes élevées au milieu du corselet et la couleur des élytres, qui sont d’un brun pâle avec une tache scutellaire brune, triangulaire. 124. Cerylon testaceum. — Long, un peu plus de 1 mil. Testaceum, elongatum, depressum , capite prothoraeeque dense punctatis, hoc postice paulo angustato, elytris postice attenuatis, striis dense et valde punctatis. Ressemble beaucoup, en petit, au C. deplanatum; mais il est proportionnellement plus allongé et plus aplati; les antennes sont plus longues et la massue plus allongée; le corselet offre en arrière, de chaque côté, une petite fos¬ sette; les élytres ont des stries bien plus fortement ponc¬ tuées ; il est entièrement d’un testacé assez foncé et luisant. — Taïti, M. P radier. 125. Silvanus frumentarius Fab., sexdentatus Fab. , surinamentis L. — ; Sous les écorces d’arbres. — Taïti. Se trouve dans toutes les parties du monde. 126. S. latus. — Long. 3 mill. 1/2. Obscure brunneus, planatus, laïus, sat nitidus, dense punctu- latus, capite biimpresso, prothorace utrinque 6 dentato, postice foveola impressa semicirculari; elytris lateribus et sutura rufes- centibus, crebre punctato-lineatis. Large, déprimé, d’un brun plus ou moins foncé, assez bl rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1850.) luisant , couvert d’une pubescence soyeuse très-courte et peu serrée. Tête finement et densément ponctuée comme le corselet, ayant deux fortes impressions allongées près des yeux. Antennes très-courtes, claviformes, n’atteignant pas en arrière le bord postérieur du corselet. Corselet à peine rétréci en arrière , ayant de chaque côté 6 dents mousses, et en arrière une fossette bien marquée en forme de fer à cheval. Elytres allongées, parallèles, arrondies à l’extrémité, un peu rougeâtres sur les côtés et sur la su¬ ture , à stries très-fines , très-serrées et très- densément ponctuées, ainsi que les côtés. Pattes quelquefois rouge⬠tres. — Sur VHybiscus tiliacea. Rare. — Taïti, M. Vesco. 127. Rkizophagus capito . — Long. 1 mill. 1/2. Depressus, rufus, nitidus, prothorace longiore, obscuro, punc- tato, elytris pmicîato-striatis, brunneis, basi testaceo-rufis, capite maris magno , prothorace latiore , inter antennas arcuatim im- presso. Déprimé, rougeâtre, obscur sur le corselet ; corselet plus long que large, un peu rétréci en arrière -, angles postérieurs arrondis , à ponctuation plus serrée au milieu, et surtout en arrière, imperceptiblement crénelé vers les angles pos¬ térieurs, étroitement marginé de chaque côté. Elytres plus larges que la base du corselet, coupées droit à leur base; épaules à angle droit; bords presque droits, faiblement arqués; stries ponctuées, peu enfoncées, les intervalles planes; d’un brun foncé, avec le tiers antérieur d’un roux testacé. Dernier segment abdominal assez fortement ponc¬ tué , poilu sur les bords. Pattes testacées. — • Mâle : tête grosse, se dilatant vers les yeux, plus large que le corse¬ let, une forte impression arquée entre les antennes. — Femelle : plus petite, plus étroite ; tête pas plus large que le corselet, ayant à la base des antennes une impression oblique; dernier segment abdominal un peu plus étroit. — Sous les écorces et sur les troncs d’arbres fraîchement coupés ou équarris. — Taïti, MM. Vesco èï Pradier. — Se place à côté des R. nitidulus Fab. , et disp ai' Gy 11., chez lesquels les mâles ont la tête grosse. TRAVAUX INÉDITS. 55 128. R. humeralis. — Long. 2, 2 mi 11. 1/2. Niger, nitidus, depressus, elongatus, fere parallelus, prothorace postice vix sensim atigustiore, cum capite densè punctulato, ely- tris elongatis, abdomine haud brevioribus, lineato-punctatis, ma¬ cula humerali rufa. D’un brun noir brillant, allongé, déprimé, presque pa¬ rallèle. Tête pas plus large que le corselet, finement et densément ponctuée, comme le corselet. Corselet se rétré¬ cissant à peine vers la base; bord antérieur arrondi; an¬ gles antérieurs marqués; près des angles postérieurs, une petite impression peu profonde. Elytres presque parallè¬ les, arrondies à l’extrémité, aussi longues que l’abdomen, à lignes de points petits, mais serrés ; intervalles planes ; une tache humérale rouge, de dimension un peu variable. Dessous du corps d’un brun noir, plus fortement ponctué que le dessus; pattes et antennes d’un brun rougeâtre. — Taïti,MM. Vesco et Pradier. 129. Trogosita carahoides Fab. — Cet insecte se trouve maintenant répandu sur toute la terre. Il a été pris à Taïti, avec les deux espèces suivantes, sous les écorces et dans le bois pourri de VErythrina et du Spondias . 130. T. parcillela. — Long. 7, 9 mill. ; îarg. 2, 2 mill. 1/2. Nigro-picea, convexiuscula, elongata, îateribus ferè parallelis, capite punctulato, prothorace fortiùs punctato, postice paulo cons- tricto, angulis posticis prominulis, elvtris punctato-striatis, in- terstitiis subtilissime punctatis et transversim rugulosis. D’un brun de poix foncé, allongé, peu déprimé, paral¬ lèle ; tête ponctuée’, les points peu serrés. Corselet à peine plus large que long, un peu plus large que la tête ; bords latéraux droits, faiblement rétrécis en arrière; angles pos¬ térieurs un peu aigus ; ponctuation plus forte que celle de la tête, mais un peu moins serrée; quelquefois au milieu une ligne lisse, longitudinale, peu sensible. Elytres à bords droits, rapidement arrondies à l’extrémité; épaules angu¬ leuses; à stries crénelées, les intervalles très-finement ponc- 56 rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1850.) tués et finement ridés transversalement , surtout à la su¬ ture. Dessous du corps et pattes plus rougeâtres. — Se distingue facilement du T, caraboides par sa forme paral¬ lèle, sa dépression moins forte, et ses stries bien mar¬ quées. — Trouvé aussi à Nouka-Hiva, par M. Le Guillou, 131. T, punctato- lineata. — Long. 10 mill. Piceo-nigra, depressa, capite prothoraceque punctatis, prothora- ce angulis anticis prominulis, postice angustato, elytris elongatis, punctato substriatis, interstitiis subtilissime punctatis, vage trans- versim rugosis. Forme du caraboides , un peu moins déprimé. Tête ponc¬ tuée assez fortement. Corselet notablement rétréci en ar¬ rière 5. angles antérieurs saillants et un peu arqués en de¬ dans, rétréci en arrière, assez fortement ponctué; au mi¬ lieu, une ligne lisse, à peine visible. Elytres à stries à peine enfoncées , formées par des lignes de points, quelquefois doubles; intervalles finement ponctués, mais peu densé¬ ment, presque en ligne, légèrement ridés transversalement. Dessous du corps et pattes plus clairs que le dessus. Ressemble beaucoup au caraboides : le corselet a la même forme; mais la tête est un peu plus fortement ponc¬ tuée, lesélytres sont un peu moins déprimées, et les stries sont bien différentes. Le T. affinis White ( Erebus and Terror , Zool., Ins., p. 17), de la Nouvelle-Zelande, doit en être bien voisin , mais il a une impression sur le vertex, et fépistôme n’est pas bidenté. 132. Lœmophlœus brevis. — Long. 1 mill. 1/2. Omninô testaceus, depressus, lateribus fere parallelis, protho- race capiteque subtilissime punctulatis, prothorace postice vix an¬ gustato ; elytris subtiliter punctato stiiatis , sutura elevata. Entièrement testacé, assez large, déprimé 5 côtés presque parallèles. Tête et corselet très -finement et densément ponctués-, antennes assez longues, atteignant les 2/3 du corps, d’égale grosseur. Corselet presque carré, très-faible¬ ment rétréci en arrière, ayant au milieu un vestige à peine visible d’une ligne élevée. Elytres largement arrondies à TRAVAUX INÉDITS. 57 l’extrémité, presque tronquées 5 à stries fines, ponctuées , peu sensibles; sur chacune, on remarque’ trois intervalles plus relevés que les autres. — Taïti , M. Pradier. 133. Dendrophagus suturalis White ( E rebus and Ter- ror , New-Zeal , Ins., p. 18). — Long. 4 mill. Pallide testaceus, aut testaceo brunneus, capite punctulato, utrin- que ad oculos striato , et postice transversim sulcato, prothorace punctulato, postice leviter angustato, elytris striato punctatis, macula scutellari et macula posticà, transversa, nigris, interdùm per suturam conjunctis. Déprimé; d’un testacé brunâtre variant au testacé pâle. Tête finement ponctuée comme le corselet, ayant de chaque côté une strie longitudinale et un sillon transverse derrière les yeux ; antennes fortes, ne dépassant pas en arrière la deuxième paire de pattes, enfumées vers l’extrémité, avec le dernier article testacé. Corselet se rétrécissant légère¬ ment en arrière, avec quelques poils aux angles antérieurs, qui sont arrondis. Elytres ayant un peu plus d’une fois et demie la longueur du corselet et de la tête réunis; plus larges que le corselet; épaules arrondies, à stries peu en¬ foncées, mais très-p@nctuées ; une tache scutellaire, et, aux deux tiers postérieurs, une tache transverse, commune, noires, plus ou moins prolongées l’une vers l’autre, et quel¬ quefois réunies par la suture. — Assez commune sur les feuilles tombées d’un Freycinetia , dans les hautes vallées humides. — Taïti, M. Vesco. C’est une des deux ou trois espèces qu’on retrouve à Taïti et à la Nouvelle-Zélande : le climat de ce dernier pays explique pourquoi ce Dendrophagus se trouve dans les localités montagneuses de Taïti. Ses couleurs varient beau¬ coup d’intensité; mais la description de M. White me sem¬ ble lui convenir parfaitement : comme elle est cependant un peu vague, je l’ai refaite. Longicornes. 134. Mallodon insularis . — Long. 52 mill. 58 kev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1850.) Castaneo-brunneus , ferè opacus, pube sericea flavescenti-gri- sea indutus. Capite rugoso-punctato , antennis apice eastaneis; prothorace utrinque denticuîato, angulis posticis dente validiore armatis, punctato-rugoso, disco bi-subgibboso; elytris elongatis, apice fere truncatis, sutura apice dente minuto armata. D’un brun rougeâtre peu brillant , plus foncé sur la tète et le corselet. Tête rugueusement ponctuée, très-fortement en avant , mais faiblement sur le sommet -, un fort sillon très-enfoncé entre les yeux 5 une touffe de poils jaunes soyeux au-dessus de la bouche; antennes plus longues que la moitié du corps, le premier article très-gros, rugueuse¬ ment ponctué, un peu aplati, aussi long que le deuxième, troisième, et la moitié du quatrième réunis, presque noir, ainsi que le deuxième, troisième et quatrième; extrémité de^ce dernier et le reste de l’antenne rougeâtres, les der¬ niers striés longitudinalement. Corselet et élytres couverts d’une pubescence soyeuse, d’un jaune grisâtre, peu ser¬ rée; corselet rugueux, offrant sur le disque, entre le mi¬ lieu et le bord antérieur, deux faibles élévations planes, presque arrondies , deux fois aussi large que long ; côtés denticulés ; angles antérieurs saillants, mousses; angles postérieurs pointus et saillants; bord postérieur bisinué de chaque côté, bord antérieur garni de poils soyeux d’un beau jaune. Ecusson em demi-cercle, ponctué; une bande lisse au milieu, couvert de poils soyeux très-serrés à sa base. Elytres un peu plus larges que le corselet à leur base, s’élargissant un peu en arrière, et s’arrondissant assez brus¬ quement à l’extrémité ; une petite épine à la suture; bords relevés; surface vermiculée, plus fortement à la base et le long de la suture : on voit sur chaque élytre les vestiges de trois ou quatre lignes élevées, peu sensibles; la deuxième est celle qui se voit le mieux. Dessous du corps luisant; tout le sternum couvert d’une pubescence très-serrée, sem¬ blable à celle du dessus du corps; abdomen lisse, d’un brun foncé avec l’extrémité des segments rougeâtre. Pattes TRAVAUX INÉDITS. 59 robustes, d’un brun noirâtre, fémurs rugueusement ponc¬ tués. — Hamoa. — J’en ai vu deux individus, l'un appar¬ tenant au Muséum, l’autre à M. Le Guillou. 135. Obrium gynanclropsidis — 'Long. 9 mill. Ferrugineus, brunneo-variegatus, prothorace capite angustiore, medio crassiore et utrinque brunneo maculato, elytris basi pro- thorace duplo latioribus, postice paulo dilatatis, ferrugineis, ad basim brunneis, medio utrinque linea obliqua brunnea, postice ad suturam utrinque macula oculari pallida , dimidia basali parte punctis impressis seriatim dispositis. Etroit, un peu plus large en arrière 5 yeux gros, forte¬ ment échancrés; au milieu de la tête, une ligne enfoncée, longitudinale , courte : antennes dépassant probablement l’extrémité du corps, mais les quatre derniers articles man¬ quent ; ciliées intérieurement. Corselet allongé, moins large que la tête au milieu, rétréci en avant, et un peu plus en arrière, avec une impression transverse à chaque rétrécis¬ sement-, d’un testacé rougeâtre, avec les bords bruns. Ely- tres ayant à la base deux fois la largeur du milieu du cor¬ selet; angles huméraux presque droits, mais arrondis, ayant en longueur deux fois à peine celle du prothorax et de la tête réunis, un peu dilatées latéralement dans la moitié postérieure , arrondies à l’extrémité ; moitié antérieure ayant des lignes de points enfoncés qui s’arrêtent à une ligne oblique, légèrement arquée, laquelle part de la su¬ ture et rejoint le bord externe en s’oblitérant ; la couleur des élytres est d’un testacé un peu rougeâtre, la base bru¬ nâtre 5 la moitié postérieure est couverte d’une pubescence soyeuse très-courte et traversée par quelques lignes un peu plus foncées qui se croisent et sont peu marquées; de chaque côté, en arrière, près la suture, une petite tache pâle, obsolète, entourée d’un cercle brunâtre. Dessous d’un testacé grisâtre, avec un duvet court, soyeux, d’un gris presque argenté, très-serré sur les côtés du prothorax et sur le métathorax; pattes pâles. — Taïti. Très-rare; pris deux fois sur les fleurs du Gyno.ndropsis pentaphylla. 60 iïev. et ri AG. de zoologie. ( Janvier 1850. j Cette jolie espèce a beaucoup de rapports avec une es¬ pèce inédite de l’Ile-de-France, que j’ai vue dans la collec¬ tion de M. Chevrotât (0. obsoletum , Chevr., inéd. ), et aussi avec Y O. Fabricianum de la Nouvelle-Zélande, mais il est bien plus allongé, et n’offre pas la grande tache jaune au milieu des élytres. 136. Stromatium strepens Fab. — Se trouve en Barba¬ rie, en Sibérie, dans le midi de l’Europe, au Brésil, au Cap de Bonne-Espérance. M. F radier l’a pris un soir à Taïti, volant autour d’une lampe. 137. S. hirtum. — Long. 14 mill. Caslaneo-brunneus, pilosus, antennis corpore brevioribus, pi- losis ; prothorace lateribùs rotundatis, antice et præsertim postice constricto, rugoso; scutello lævi, pallidiore, griseo-pubescente, elytris fortiter punctatis, subcostatis, apice truncatis, sutura spino- sula ; subtus cum pedibus pallidius. D’un brun marron; couvert en dessus d’une pubescence d’un gris jaunâtre, peu serrée; parsemé de poils de même couleur plus longs et hérissés. Tête rugueusement et den¬ sément ponctuée ; antennes moins longues que le corps, pubescentes et poilues. Corselet pas plus long que large, fortement arrondi sur les côtés, notablement rétréci en avant , et plus encore en arrière; très-rugueux; au milieu, une ligne lisse, à peine sensible, excepté en arrière, où elle se termine sur une dépression bien faiblement mar¬ quée; de chaque côté, une autre ligne lisse très-courte en¬ core moins sensible. Ecusson presque lisse, garni d’un du¬ vet grisâtre. Elytres deux fois et demie aussi longues que le corselet, plus larges que la base du corselet, mais non que le milieu; épaules à peine arrondies; bords presque droits; extrémité presque tronquée, une petite épine sutu- rale; surface très-ponctuée, plus fortement à la base; su¬ ture un peu relevée : on voit les vestiges de deux côtes à peine sensibles n’allant pas jusqu’à l’extrémité. Dessous du corps d’un brun rougeâtre assez clair, pubescent ; de cha¬ que côté des segments de l’abdomen une impression arron- TRAVAUX IAÉD1TS. 61 (lie. — Apporté à bord avec des bûches de Psidium ou Goyavier. — Taïti , M. Vesco. 138. Steirastoma stellio Chevr. Cette espèce se rencon¬ tre communément dans toute l’Amérique méridionale ; L’unique individu polynésien que j’ai sous les yeux n’en diffère pas spécifiquement; il a surtout une grande analo¬ gie avec une variété à couleurs plus claires, venant de Ba- hia, que j’ai vue dans la collection de M. Chevrolat. Ce Steirastoma a été pris par M. Pradier à Pile Laharpe, Ar¬ chipel Dangereux, sur un tronc de Pandanus fraîchement coupé. 139. Ptychodes insularis. — Ce Ptychodes diffère du Pt. trilineatus Linné, Mantis. 352 ( Vittatus Fah. ) par un caractère toujours constant dans une douzaine d’individus que j’ai vus ; la bande blanche suturale ne dépasse jamais le milieu des élytres. Dans le trilineatus , au contraire, elle va jusqu’au bout; cette différence, je le répète, est constante; je n’ai trouvé ni variété ni passage : mais, hors ce carac¬ tère, je ne puis préciser aucune différence dans la forme ni dans la coloration. Si ce n’est pas une espèce distincte, c’est au moins une variété géographique très-intéressante. Le Ptychodes trilineatus se trouve dans l’Amérique Bo¬ réale, au Mexique, à la Havane, en Colombie : le nôtre est commun à Taïti; sa larve habite les troncs de Spondias dulcis et d 'Inocarpus edulis. — De décembre en mai. M. Vesco. 140. Layocheirus araneiformis Fab. — Très-commun à Taïti. Habite avec sa larve les troncs de Spondias dulcis. M. Vesco. 141. Clytus erythrocephalus Fab. — Pris une seule fois sur un oranger, en décembre, par M. Vesco. Cette espèce, originaire de l’Amérique Boréale, a été sans aucun doute introduite à Taïti dans le bois qu’on apporte fréquemment d’Amérique. 142. C. glaucinus Boisd. , Voy. Astrol. Ent II, 483, pl. 9, fig. 2. 62 hev. êt mag. de zoologie, ( Janvier 1850.) Glauco-virescens, thoraee cylindrico-rotundato, asperulo; eiy- tris macula humerali , fasciis duabus margineque exteriori nigris , pedibus piceis, femoribus ferrugineis. Iles de l’Océan-Paciiique. Je n’ai point vu cet insecte. 143. Hesperophanes simplex Sch., Syn. Ins. app. — ambiguus Newm., — Æmone phüippinensis Newm., — Nyctipeta luzonica Esch. , Dej. , Cat. — Long. 12, 16 mill. Pallide castaneus, parum nitidus, flavo-griseo sat dense pubes- cens, prothorace fonder sed sparsim punctato, medio linea lævi , lateribus "dense griseis; scutello flavo; elvtris punctatis, basi fere rugosis ; subtus thoraee abdomineque griseo pubescentibus, an- tennis pedibusque pallidis. . Allongé, cylindrique, d’un marron clair, peu brillant. Tête rugueuse et sillonnée entre les yeux, avec une pubes¬ cence d’un gris jaunâtre assez serrée. Corselet plus long que large, à peine rétréci en avant et en arrière ; sur cha¬ que côté, en avant, un petit tubercule arrondi peu marqué; surface un peu inégale, parsemée de gros points enfoncés laissant quelques places lisses, notamment au milieu une ligne longitudinale; couvert d’une pubescence gris-jau¬ nâtre assez serrée, surtout aux côtés. Ecusson couvert de poils d’un gris-jaunâtre très-serrés. Elytres à épaules, angu¬ leuses, mais arrondies, une fois et demie aussi larges que la base du corselet ; bords droits jusqu’aux 4/5e postérieurs, où elles s’atténuent; extrémité tronquée, presque arrondie; couvertes de points enfoncés, qui diminuent vers l’extré¬ mité, mais qui rendent la base presque rugueuse, et d’une pubescence gris-jaunâtre, pas très-serrée, mais très- visible. Dessous du corps de même couleur, quelquefois un peu plus foncé, couvert d’une pubescence grise, serrée, sur¬ tout au thorax. Pattes et antennes d’un marron jaunâtre, clair, avec une pubescence grise très-courte. Cette espèce, prise à Luçon par Eschschollz, se retrouve à Taïti, où elle est commune sur VArtocarpus ou arbre à pain. M. Vesco . TRAVAUX INÉDITS. 63 144. H. guttaticollis. — Long. 17 milJ. Castaneus, sat nitidus, griseo parce pubescens, prothorace for- ti ter sed sparsim punctato, medio linea lævi , lateribus pube gri- sea dense vestitis, utrinque flavo triguttato, scutello flavo, ely- tris punetatis, basi fere rugosis ; subtus thorace pube densa grisea vestito, abdomine brunneo, nitido, vix piloso, pedibus cum an- tennis griseo-castaneis. Allongé , d’un marron peu foncé , assez brillant. Tête avec quelques points épars et des poils jaunes serrés contre les yeux ; au milieu , un sillon assez profond. Corselet plus long que large, très-légèrement rétréci en avant et en ar¬ rière, ayant sur le côté trois tubercules aplatis, peu sensi¬ bles ; surface un peu inégale, parsemée de gros points en¬ foncés , laissant quelques endroits irréguliers, lisses; au milieu , quelques poils grisâtres très-écartés ; de chaque côté, deux taches ohlongues formées par des poils jaunes très-serrés et en arrière ; contre le bord postérieur, une troisième tache de même couleur, mais un peu plus pâle, plus petite, se confondant presque avec le duvet gris, serré, qui couvre les côtés du corselet. Ecusson revêtu de poils jaunes très-serrés. Elytres semblables à celles du précé¬ dent, un peu plus larges, tronquées à l’extrémité, couvertes d’une pubescence grise pas très-serrée, mais très-visible. En dessous, thorax couvert d’une pubescence grise assez serrée; abdomen d'un marron noirâtre, luisant, avec une pubescence très-clairsemée. Pattes et antennes d’un mar¬ ron grisâtre , ces dernières glabres. — Rare. Habite sur YHijbiscus tüiacea ; vole le soir dans les cases. — Taïti, M. Vesco. Cette espèce est très-voisine de la précédente ; elle en diffère par les taches et les tubercules du corselet, la cou¬ leur plus foncée, la pubescence moins serrée, moins lon¬ gue, et les cuisses moins renflées. 145. H. olidus . — Long. 8, 9 mill. Omnino rufo-testaceus, prothoracis disco interdum obscuriore, ubescens, capite thoraceque tenuiter punctadssimis, scutello fere 64 i’.ev. et ftiAG. de zooi.ogie. ( Janvier 1850. ) lævi,elytris elongaiis, parallelis, apice rotundatis, rugnlosis, an- tennis pedibusque pallidioribus. D’un testacé parfois un peu rougeâtre, couvert d’une pu¬ bescence soyeuse, dorée, peu serrée ; tête et corselet den¬ sément , mais finement ponctués. Corselet arrondi sur les côtés, aplani en dessus, ayant quelquefois une teinte obs¬ cure au milieu et sur les côtés. Ecusson presque lisse. Ely- tres allongées, parallèles, arrondies à l’extrémité, couvertes de fines aspérités semblables à celles d’une râpe. Dessous du corps très-finement ponctué, de même couleur. Pattes, antennes, palpes et labre d’un testacé pâle. — Assez rare. Habite les feuilles d 'Hybiscus tiliacea : il répand , quand on le prend, une odeur très-forte et désagréable. — Taïti, M. Vesco . — Répand une forte odeur de musc extraordi¬ naire pour un si petit insecte ; se trouve sur l’arbre appelé Mapé par les indigènes. M. Pradier. Eschscholtz avait séparé VH. luzonicus pour en faire le genre Nyctipeta. Je ne crois pas qu’il en ait publié les ca¬ ractères ; au reste, je n’ai pu me décider à suivre son exem¬ ple, ne trouvant pas de modifications importantes dans l’ensemble des caractères. Application de l’Electricité à l’étude des animaux micros¬ copiques, par MM. Masson et Ad. Focillon, professeurs au Lycée Louis-le-Grand. Depuis longtemps M. Masson, professeur de physique au Lycée Louis-le-Grand , avait pensé que l’étude des animaux microscopiques pouvait trouver quelque utile secours dans l’emploi des diverses propriétés électriques. Au commence¬ ment de novembre 1849, il me communiqua ses idées à ce sujet, et, d’après ses vues , nous entreprîmes , dans les trop courts instants que nous laissent les soins de l’enseignement, quelques expériences sur l’éclairage du microscope par la lumière électrique dans des conditions nouvelles et dans un but spécial. Ces expériences nous avaient déjà donné quel- TRAVAUX INÉDITS. 65 ques résultats que nous poursuivrons, quand je songeai que l’une des grandes difficultés que nous cherchions à combattre, cette mobilité prodigieuse de certains animaux ou de certaines parties sous le microscope, pourrait sans doute être anéantie instantanément par une espèce de coup de tonnerre qui, à un moment donné et à la volonté de l’ob¬ servateur, foudroieraient ces êtres fugitifs et les clouerait immobiles sous l’œil du micrographe. Mon idée fut à l’ins¬ tant comprise et exécutée par mon habile collaborateur. Nous disposâmes sur une lame de verre deux feuilles d’étain taillées en pointes. Ces deux pointes , placées vis-à-vis l’une de l’autre , ne laissaient entr’ elles qu’un léger intervalle sur lequel nous déposâmes la goutte d’infusion. Une lame de verre mince placée sur la goutte acheva la disposition de notre objet. Il fut placé sous le microscope ; l’une des feuilles d’étain fut mise en communication avec un conducteur de la machine électrique , et l’autre avec le sol. Tout ainsi pré¬ paré , l’un de nous se mit au microscope , l’autre fit mar¬ cher la machine. L’œil placé sur l’oculaire, je tenais de la main droite le conducteur de la machine, et ainsi j’établis¬ sais une communication qui empêchait l’étincelle dépasser par les feuilles d’étain. Au moment ou j’aperçus un animal passant entre les deux pointes, je lâchai le conducteur; l’étincelle prit le chemin des feuilles d’étain , et instantané¬ ment l’animal foudroyé resta sur la place. Il nous fut loisible alors d’en étudier toutes les parties , sans que ses mouvements nous fissent aucune illusion ; nous pûmes aussi fixer un animal dans une position choisie; enfin il fut impossible à aucun de ces êtres microscopiques de nous échapper par la fuite. L’électricité, aussi prompte que le regard , l’arrêtait instantanément et le livrait immobile à nos investigations. Pour compléter l’idée qu’on peut se faire des services qu’on doit attendre de ce nouveau pro¬ cédé, il faut ajouter les remarques suivantes : Certains ani¬ maux, tels que les Monadaires, sont toujours froudroyés sans déformation aucune; d’autres, mous et contractiles, 2e série, t. ii. Année 1830. S 66 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1850.) se déforment quand l’étincelle, trop faible , leur laisse une sorte d’agonie. Il y a là quelques tâtonnements à faire pour arriver à proportionner la force de l’étincelle avec celle des animaux qu’on veut observer. Quand on a ainsi obtenu le cadavre d7un de ces êtres infiniment petits , on peut faci¬ lement le dessiner à la chambre claire : toutes ses parties immobilisées, y compris les cils vibratiles, offrent alors des contours nets et précis. De plus, par de légères oscillations imprimées à la lame du verre mince , on fait tourner le ca¬ davre de manière à l’apercevoir tour à tour sous tous les as¬ pects. C’est ainsique nous avons pu en peu de temps cons¬ tater divers points de l’anatomie des Infusoires, tels que : la disposition en un boyau coudé et terminé en cul-de-sac, sans aucune dilatation ni aucun appendice du canal di¬ gestif de plusieurs Vorticellina\ l’existence d’une cavité viscérale assez complète chez ces mêmes animaux; l’exis¬ tence aussi d’une véritable organisation polygastrique dif¬ férente, dans ses détails , de celle donnée par Ehremberg, mais très-analogue, pour son plan général , dans le Spiros- tomum virens ; enfin l’analogie complète de l’organisation des Vibrions de la colle de pâte avec les Ascaridiens , par l’étude de tous les appareils , et surtout du système ner¬ veux et des organes générateurs. Ces vagues indications feront comprendre que nous avons assez expérimenté pour être sûrs de l’efficacité de notre procédé , sans avoir eu le loisir d’en obtenir encore des résultats assez contrôlés en- tr’eux pour les formuler autrement qu’en termes géné¬ raux. Il est encore un autre point de vue sous lequel ou doit en¬ visager nos expériences, et que je ne puis me dispenser d’in¬ diquer; c’est le point de vue physiologique. Il est curieux de voir l’électricité agir sur ces êtres si ténus et si petits, comme elle agit sur les animaux les plus élevés , et avec une rapidité qui ne laisse aucun doute sur l’analogie com¬ plète de la force nerveuse , quelque soit son siège chez les Infusoires, avec celle des autres animaux. Mais ce n’est pas ' » SOCIÉTÉS SAVANTES. 67 tout , la conséquence naturelle de ces faits était que ceux des Infusoires qui ne sont pas véritablement des animaux devaient offrir d’autres propriétés , et l’expérience nous l’a démontré. Dans la grande famille des Bacillaria d’Ehrem- berg, il existe un certain nombre d’êtres qui, privés de mouvements partiels , offrent cependant des mouvements de translation générale bien constatables. Dans les Navi¬ cules, on finit par apercevoir les organes très-ténus de cette locomotion , mais dans les vrais Bacillaires on n’a pu les voir, et les formes de l’être , bien différentes de celles des Navicules, annoncent une toute autre organisation. Nous avons en effet éprouvé que l’étincelle électrique n’a aucune action sur les mouvements des vrais Bacillaires , tandis qu’elle arrête instantanément ceux des Navicules. Il y a donc là pour nous un moyen nouveau de poser une limite plus précise entre les animaux inférieurs et les végé¬ taux ; car je crois que l’on peut décider, par cela seul , que les Navicules appartiennent encore au règne animal, tandis que les Bacillaires entrent dans le règne végétal. Tels sont les premiers résultats d’expériences toutes ré¬ centes , dont une étude plus longue et plus approfondie ti¬ rera certes bien meilleur parti, mais que nous n’avons pas voulu tarder davantage de faire connaître aux zoologistes micrographes. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des Sciences de Paris. Séance du 7 Janvier 1850. — M. Hollard lit un travail ayant pour titre : Note sur le cloisonnement de la cavité viscérale des Actinies , et sur ses relations avec la dispo¬ sition des tentacules. « J’ai eu l’honneur de communiquer, il y a deux ans, à l’Académie, un fait contesté ou plutôt méconnu jusqu’alors, savoir, la régularité de l’arrangement des tentacules des 68 rev. et mag. de ZOOLOGIE. {Janvier 1850.) Actinies, et la fixité, pour chaque espèce, du nombre de ces appendices dans ranimai adulte. L’intérêt avec lequel ce fait a été accueilli m’encourage à soumettre aujourd’hui aux zoologistes un second résultat de mes études sur l’organi¬ sation des Polypes actiniens, résultat qui se lie intimement au premier, car il en donne la raison, et qui , de plus, in¬ téresse de très-près la théorie de la formation des Polypiers madréporiques, en ce qui concerne leurs systèmes de lames rayonnantes. « Il s’agit du cloisonnement de la cavité viscérale de ces anthozoaires. « On sait que cette cavité, comprise entre l’enveloppe ex¬ terne et le canal alimentaire, est partagée dans tous ces Polypes par des cloisons placées verticalement et se ren¬ dant du plafond au plancher, de la paroi murale à la paroi intestinale de cette grande lacune, qu’elles partagent ainsi en un très-grand nombre de loges. Ces loges débouchent en bas dans l’espace indivis qui résulte de la cessation du canal alimentaire, et qui semble continuer le vide de ce dernier, au point qu’on a pu le croire terminé en fond de sac ; supérieurement , chaque loge se prolonge dans un ten¬ tacule, et très-certainement dans un seul , ce qu’il importe de noter. « On savait aussi que les cloisons étaient , en grande par¬ tie, charnues, et M. Rapp leur avait même déjà reconnu deux plans de fibres; mais on ne voyait en elles' que des murs de partage, indépendants les uns des autres. M. Dana avait bien signalé des différences entre les cloisons, et une sorte d’appariation, qui offrait alternativement deux cloi¬ sons épaisses et complètes et deux cloisons minces, s’arrê¬ tant à une certaine distance de l’intestin ; mais il n’avait pas dépassé cette simple indication. J’avais déjà remarqué précédemment que, de distance en distance, une loge plus large alternait avec des séries de loges plus étroites; qu’à la première correspondait un tentacule du premier ou du se¬ cond rang; aux autres, des tentacules successivement éche- SOCIÉTÉS SAVANTES. 69 lonnés sur les rangées périphériques, à commencer par les loges intermédiaires. Or, en poussant mes investigations plus loin, en étudiant de plus près la structure des cloisons, voici d’abord ce que j’ai constaté : Chaque cloison est un petit système musculaire, composé de quatre faisceaux distincts. Deux de ceux-ci occupent chacune des faces. Sur celle que j’appellerai interne , je trouve, de dehors en de¬ dans : 1° un faisceau qui monte obliquement de la base du corps vers les parois, où il s’épuise peu à peu ; 2° un fais¬ ceau transverse qui, du précédent, dirige ses fibres vers l’axe du corps. Sur l’autre face, je vois : 1° un muscle obli¬ que qui, croisant le premier, descend du plafond tentacu- lifère, où il a toute sa largeur, et se dirige vers le plancher inférieur en perdant successivement ses fibres sur la paroi murale du corps -, 2° un gros faisceau vertical qui , de la base du tentacule correspondant , descend et s’élargit en atteignant le plancher. C’est sur ce faisceau, qui déborde le plan externe, que s’attache le muscle transverse de celui-ci. Au-delà, la cloison n’est plus formée que par le prolonge¬ ment mésentériforme de l’épithélium des deux faces, lequel n’a un peu de développement que sur la ligne d’attache des organes génitaux et des fils hépatiques. a Les cloisons ainsi composées se trouvent disposées par paires pour former les loges, et celles de chaque paire se regardent par la face à laquelle appartient spécialement le muscle du tentacule 5 ce qui justifie le titre d eface interne que nous lui donnons. La première conséquence de cette appariation toute spéciale, c’est que les loges de la cavité viscérale ne sont pas. de simples intervalles, mais des es¬ pèces de conduits ou de couloirs déterminés, ayant dans leurs parois tous les moyens de modifier leurs formes, d’a¬ gir sur les liquides qui les remplissent; dans leur constitu¬ tion est compris le tentacule qui les prolonge, puisque ce tentacule est représenté par un muscle abaisseur. La se¬ conde conséquence, c’est que l’espace laissé entre deux loges successives et limité par leur face externe, représente 70 rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1850. ) seul, à vrai dire, la cavité générale primitive qui sépare le canal alimentaire de l’enveloppe générale, et que ce sera dans cet espace que se constitueront successivement les lo¬ ges qui viendront s’ajouter aux premières formées. Or, toute loge nouvelle apparaît au milieu de l’espace jusqu'alors inoccupé, le divise et laisse sur ses côtés deux subdivisions de la cavité primitive , qui pourront être partagées à leur tour : il semblerait presque que ce partage soit précédé de l’apparition du tentacule qui doit dominer la loge nouvelle, caries dernières subdivisions de la cavité primitive, quoique ne portant pas le cachet de spécialisation qui appartient aux loges, se couronnent néanmoins de tentacules comme ces dernières, et c’est à elles qu’appartient la rangée péri¬ phérique de ces appendices. « Les premières loges formées sont les plus larges et les plus prolongées ; elles s’avancent jusqu’au canal alimen¬ taire, et, au-dessous de celui-ci, leurs cloisons gagnent le point central de la base du corps. Les secondes, à peu près aussi larges, atteignent à peine ce dernier point ; les sui¬ vantes, sensiblement plus étroites, s’en écartent progressi¬ vement , et gardent une position de plus en plus périphé¬ rique. « Le décroissement des loges et leur retraite vers. la cir¬ conférence coïncident avec l’augmentation de leur nombre, puisque les loges nouvelles se forment dans les intervalles laissés, et qu’à chaque fois ces intervalles se partagent. « Il est facile de voir, dans les 'faits qui précèdent : 1° pourquoi les tentacules s’échelonnent, comme je l’ai mon¬ tré, sur plusieurs cycles du centre à la périphérie: 2° pour¬ quoi ceux de chaque cycle se placent toujours à égale dis¬ tance de ceux qui les ont précédés à droite et à gauche; 3° pourquoi , enfin, leur nombre se double de verticille en ver- ticille à partir du second, qui est nécessairement égal au premier sous ce rapport. En un mot, la constitution, les proportions et la disposition des cloisons , nous rendent parfaitement compte de la disposition des tentacules des SOCIÉTÉS SAVANTES. 71 Polypes actiniens, en plusieurs rangées circulaires, et d’une régularité désormais incontestable. « Je me bornerai aujourd’hui à ce peu de mots, réser¬ vant pour une monographie, que je prépare sur l’organisa¬ tion de ces Polypes, et que j’aurai l’honneur de soumettre à l’Académie, les développements que réclame la question abordée dans cette Note. Qu’il me soit seulement permis de répéter que cette question se lie évidemment à la mor¬ phologie des Polypiers madréporiques. MM. Haime et Ed¬ wards ont publié dans ces derniers temps, sur les Polypiers en général, un Mémoire dans lequel ils ont cherché avec raison un point de départ dans l’anatomie des loges. Je ne puis ici, ni ne prétends discuter autrement cette partie de leur travail, qu’en appelant leur attention sur les résultats qui précèdent. » Séance du 14 Janvier. — M. Rocket d’ Uéricourt lit un Mémoire sur l'état constant de soulèvement du golfe Ara¬ bique et de V Abyssinie, et sur les résultats scientifiques de son voyage . Le savant et zélé voyageur a parcouru cette portion de l’Abyssinie qui s’étend depuis Massouah, sur la mer Rouge, jusqu’au point où le Nil traverse le lac de Tsa- na. Il a fait de nombreuses et intéressantes observations de géographie, de topographie et de géologie qu’il n’entre pas dans notre cadre de mentionner ici 5 mais, ce qui pourra intéresser les zoologistes, c’est la découverte de poissons d’une espèce nouvelle qui vivent dans des sources thermales dont la température et de 44 degrés. M. Rochet d’Héricourt a remis ces poissons à M. Duvernoy, qui va les étudier ; nous ferons connaître le travail du savant professeur dès qu’il sera terminé. Seance du 21 Janvier. — M. E. Robin adresse une Note concernant V action physiologique de l’éther, du chloro¬ forme et des agents anesthëtiques analogues. L’auteur admet , avec plusieurs des physiologistes qui se sont occu¬ pés de cette question, que l’action anesthétique de ces subs¬ tances est le résultat d’un état d’asphyxie plus ou moins 72 rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1 850. ) complète. Or cette asphyxie est produite, suivant lui, parce que les vapeurs d’éther ou de chloroforme qui pénètrent dans les poumons s’opposent à ce que l’oygène de l’air qui y pénètre avec elles exerce sur le sang l’action qui est le résultat principal, le but de l’acte de la respiration; parce que ces vapeurs protègent le sang contenu dans les vais¬ seaux capillaires contre l’action de l’oxygène, comme l’é¬ ther ou le chloroforme liquide protègent contre le même agent un morceau de chair musculaire ou toute autre subs¬ tance animale pulpeuse qu’on y a plongée. — M. Pappenheim transmet les résultats de quelques observations qu’il a faites sur deux points des côtes de France, relativement aux changements de séjour des ani¬ maux marins, Mollusques, Crustacés, Annélides, etc. Il a vu une même localité habitée successivement , selon les sai¬ sons, par des animaux appartenant à l’un ou l’autre de ces groupes. L’auteur croit trouver dans ces faits de quoi ap¬ puyer une objection contre l’exactitude des idées émises relativement à la localisation des espèces par un naturaliste bien connu qui, du reste, n’attache pas probablement à ce mot localisation le sens absolu que suppose l’auteur de la lettre. M. Pappenheim s’occupe, en outre, du gisement des co¬ quilles fossiles des environs de Paris, et dit avoir trouvé les indications de ces gisements fautives en plusieurs points que, d’ailleurs, il ne précise pas. Séance du 28 Janvier. — M. E. Blanchard lit un Mé¬ moire ayant pour titre : De l’appareil circulatoire et des organes de la respiration dans les Arachnides. Dans ce travail , l’auteur s’est proposé d’examiner les re- ations de l’appareil circulatoire avec les organes de la res¬ piration et les coïncidences qui existent dans la dégradation de ces deux appareils. Après avoir examiné comment les sacs pulmonaires des Aranéides se modifient et deviennent des trachées chez les Arachnides trachéennes, après avoir réussi à injecter tout SOCIÉTÉS SAVANTES. 73 le système circulatoire en introduisant un liquide coloré soit par le cœur, soit par les lacunes, ce qui a montré, dans tous les cas, dit l’auteur, que l’espace intermembranulaire des trachées s’est rempli aussi bien que l’épaisseur des feuillets pulmonaires, dans les espèces dont les organes de la respiration sont localisés , M. Blanchard ajoute : « Les résultats fournis par l’observation de ces faits sont évidents. Si les organes respiratoires sont localisés, le système vas¬ culaire atteint un haut degré de complication. Si les or¬ ganes respiratoires sont en partie localisés, en partie diffus, le système vasculaire offre encore un certain degré de com¬ plication, mais à un degré inférieur. Si les organes respi¬ ratoires sont entièrement diffus, le système vasculaire de¬ vient extrêmement simple. Dans ce cas. l’espace intermem¬ branulaire des tubes respiratoires remplit l’office de vais¬ seaux nourriciers. C’est en réalité une dégradation d’une nature assez ordinaire dans le règne animal. Quand les ins¬ truments spéciaux manquent pour une fonction physiolo¬ gique, la fonction s’exécute à l’aide d’instruments d’em¬ prunt. » M. Blanchard termine son travail par les conclusions suivantes : « De toutes mes observations faites précédem¬ ment sur les Insectes, et de mes observations actuelles sur les Arachnides, je crois plus que jamais pouvoir conclure : que le sang vient toujours s’infiltrer dans l’épaisseur des organes respiratoires; qu’il s’y infiltre, tantôt contenu dans de véritables vaisseaux , tantôt en partie contenu dans des vaisseaux, et en partie répandu dans des lacunes, tantôt complètement répandu dans une lacune générale, c’est-à- dire dans la périphérie des organes delà respiration. Plus que jamais, après avoir étudié sérieusement les Arachnides, je puis dire : l’appareil circulatoire et l’appareil respira¬ toire sont intimement unis l’un à l’autre , sont complète¬ ment dépendants l’un de l’autre, et il n’y a pas d’excep¬ tion , comme on l’avait supposé. Dans tous les animaux règne, sous ce rapport, la plus admirable uniformité. » 74 rev. et mag. de zoologie. (Janvier \ 850.) * — M. Duvernoy lit un extrait d’une lettre de M. Vrolick, secrétaire perpétuel de la première classe de l’Institut royal des Pays-Bas,, relative aux recherches qu’il vient de faire, conjointement avec M. Schrœder-van-der-Kock , sur l’ana¬ tomie du cerveau du Chimpansé. . « Nous avons suivi la belle méthode de votre compatriote M. Foville, qui, d’après moi, a fait un travail fort remar¬ quable sur le cerveau. « Les résultats que nous avons obtenus sont assez impor¬ tants; ils apprennent que, pour l’encéphale, V Orang-Ou¬ tang vst supérieur au Chimpansé; tandis que, pour le sque¬ lette et même par rapport à l’os intermédiaire du carpe, comme j’ai été le premier à le montrer dans mon Mémoire sur le Chimpansé , il lui est inférieur (1). Je vous avoue que je ne m’attendais pas , à priori , à voir que le cerveau du Chimpansé est moins parfait que celui de Y Orang-Ou¬ tang. Mais il suffit de comparer les figures, pour s’assurer que cela n’en est pas moins vrai. Aussi m’a-t-il paru que l’intelligence du Chimpansé qui a vécu quelques mois ici était moindre que celle des Orangs que nous avons eus au¬ paravant. « Tout cela me paraît d’autant plus intéressant , que , pour le système osseux aussi, il n’y a pas l’ombre d’un doute que le Siamang ( Hylobates syndactylus ) ne soit plus parfait que YOrang , et même que le Chimpansé , ainsi que je l’ai fait voir dans mon article Quadrumanes de Y Encyclo¬ pédie de Todd . (1) Ce Mémoire est intitulé : Recherches d’anatomie comparée sur le Chim¬ pansé, publiées en français, à Amsterdam, en 1841, sous le format grand in-folio, avec sept belles planches, représentant le squelette, la myologie et quelques vis¬ cères. M. Cuvier, ainsi que le rappelle l’auteur, avait reconnu que le carpe des Singes a un os de plus que celui de l’homme. M. de Blainville l’a nommé intermédiaire, parce qu’il est , en effet, entre les deux rangées du carpe, au devant du scaphoïde et derrière le trapézoïde et le grand os. Cet os manque dans le Chimpansé, et se trouve, au contraire, dans Y Orang-Outang et les Gibbons, comme dans tous les autres Singes. ANALYSES I)’0UVRAGES NOUVEAUX. 75 « Par conséquent, il me parait que ces trois Singes* YOrang , le Chimpanzé, les Gibbons , et , parmi ceux-ci , surtout le Siamang , forment un groupe séparé, dans le¬ quel l’un d’eux peut être supérieur à l’homme dans une cer¬ taine partie de l’organisation , et inférieur dans une autre; tandis que , dans l’ensemble de l’organisation du groupe entier, ils se rapprochent de lui. « Je ne sais pas si je m’explique bien , mais c’est l’effet que ces anthropomorphes ont fait sur moi. Je crois que cela se rapproche assez de vos vues, et que vous aussi, vous n’ad¬ mettez pas d’échelle, mais plutôt un réseau. » III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. Sur la circulation dans les insectes; Par M. Léon Dufour. •—Brochure in-8° de 40 pages. — Bordeaux, 1849. Dans ce travail remarquable, le célèbre anatomiste de Saint-Sever donne le texte complet d’un Mémoire lu à l’Aca¬ démie des Sciences au commencement de février 1849, et dont un extrait à été inséré dans les comptes rendus. Si M. Léon Dufour se décide a rétablir le texte primitif de son travail , en l’accompagnant de quelques nouvelles réflexions inspirées par une réplique insérée dans ces mêmes comptes rendus, c’est que, pour résoudre une question aussi sérieuse, aussi grave , il lui a paru essentiel de n’omettre aucune circonstance, aucun détail propre à l’éclairer. Comme nous l’avons dit au commencement de 1849 ( page 37), la Revue zoologique ne peut jouer que le rôle de spectateur impartial dans cet important débat ; nous nous bornons donc à enregistrer les travaux qui se publient sur ce sujet, laissant au temps de former l’opinion générale sur leur valeur. C’est pour remplir notre mission, que nous an¬ nonçons la publication du travail de M. Léon Dufour, et que nous nous bornons à en reproduire les conclusions sui¬ vantes : 76 rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1850.) « Tous les faits , tous les raisonnements exposés dans cet écrit, me ramènent avec une sincère conviction à cette idée inscrite dans mes précédentes publications que la na¬ ture, qu’on ne surprend jamais en défaut, a pu , a voulu maintenir l’existence des insectes sans le secours d’un ap¬ pareil de vaisseaux sanguins , comme elle a voulu que dans le Puceron, la digestion s’opérât sans vaisseaux hépatiques, comme elle a décidé qu’une seule fécondation suffisait pour plusieurs générations de ce dernier insecte. Je le répète donc, l’organe appelé vaisseau dorsal estlecœur des Arach¬ nides, déchu d’une véritable fonction circulatoire, un ves¬ tige de cœur. Est-il besoin de dire que les organes vesti - glaires se rencontrent de toutes parts dans la chaîne zoolo- gîque? Leur seule nomenclature remplirait de nombreuses pages. Ils sont les représentants rudimentaires ou fragmen¬ taires plus ou moins infonctionnels d’organes qui, dans les embranchements supérieurs ou simplement dans la diffé¬ rence des sexes, ou même dans certaines phases d’un même organisme, jouissent d’attributions physiologiques impor¬ tantes. La nature semble les avoir conservés, maintenus comme des jallons dans l’immensité des successions orga¬ niques pour nous mettre sur la voie des analogies ou des transitions. « Si je ne me nourris pas d’une illusion, et jai fait de bonne foi tous mes efforts pour l’éviter, je crois avoir ré¬ futé, le scalpel à la main et le microscope à l’œil, les argu¬ ments et les objections relatifs à la circulation vasculaire dans les insectes. Si c’est un parti pris de répéter impertur¬ bablement que cette circulation ne saurait être révoquée en doute et que je suis le seul à la nier, quoique j’aie fait con¬ naître mes nombreux complices, je ne sais plus à quelles armes recourir, à quels raisonnements me livrer. J’ai con¬ fiance dans un avenir moins préoccupé. « Que l’appareil circulatoire proposé par M. Blanchard se prête à l’exercice rationnel de sa fonction , et il pourra ébranler ma foi dans mes propres observations , je cesserai ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 77 d’être un mécréant, mais jusqu’alors ma conscience me dit de ne pas croire , et je proteste. » A la suite de ce Mémoire, on trouve plusieurs notes ad¬ ditionnelles dans lesquelles M. Léon Dufour discute les ré¬ sultats des travaux publiés sur le même sujet par MM. Ni- collet, Félix Dujardin, BlanchardetJoly.il serait difficile d’analyser ces notes, et nous craindrions de leur faire perdre ainsi tout leur caractère -, nous nous bornerons donc à donner une portion de la dernière , qui termine cet opus¬ cule. « M. Joly a étudié la composition intime des trachées sur un grand nombre d’espèces d’insectes, et surtout dans la larve de V Hydrophilus piceus , où ces canaux sont énormes. Il a confirmé l’opinion généralement accréditée qu’il n’y existe que deux membranes, mais celles-ci sont contiguës et organiquement adhérentes. — Il n’existe pas d’espace inter- membranulaire. — - Et quand bien même ce dernier exis¬ terait, la grosseur proportionnelle des globules sanguins ne leur permettrait pas d’y circuler. — Dans des injections bleues pratiquées sur des espèces vivantes ou mortes, il a positivement constaté, dans l’intérieur des trachées, la pré¬ sence du liquide bleu , et par une pression modérée il l’en a vu sortir. — Ce liquide s’arrête lorsque l’air inclus lui fait obstacle. — Après la sortie du liquide par la pression , la trachée demeure ou incolore ou avec une légère teinte bleue. Dans ce dernier cas , les lois de la capillarité déterminent l’insinuation , l’infiltration du liquide dans les fines rainures des tours du fil spiral. Dans de semblables injections l’en¬ dosmose et la capillarité jouent un grand rôle. — Cet ingé¬ nieux expérimentateur a plongé une Nèpe cendrée vivante dans le liquide bleu de manière à y faire immerger son tube respiratoire caudal \ il a obtenu un système trachéen in¬ jecté. — 11 est aussi parvenu à ce dernier résultat dans la Sauterelle verte , en déposant une gouttelette du liquide bleu sur les stigmates. — J’explique le succès de ces in¬ jections par l’expiration préalable de l’air contenu dans les 78 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1850.) trachées. — M. Joly a plongé dans le liquide bleu une larve vivante d 'Aeshna en laissant émergée l'ouverture de la bran- chie rectale. A l’àutopsie, il n’a trouvé aucune trace d’in¬ jection trachéenne. Cette expérience confirme mes obser- vationssur l’absence de stigmates en activité de service dans ces larves. — Ce professeur est parvenu à injecter complè¬ tement les trachées d’une cuisse postérieure de la Saute¬ relle verte , en tenant simplement la base de ce membre plongée dans la solution du prussiate. « Ainsi, de toutes parts , vous le voyez , la circulation intermembranulaire de M. Blanchard éprouve des répul¬ sions, reçoit de formelles dénégations. » Nouveau Manuel d’ Anatomie comparée, par MM. C. Th. de Siebold et H. Stannius , traduit de l’allemand par MM. A. Spring et Th. Lacordaire. Paris, Roret. (3 vol. in-12. — Prix 10 fr. 50 ). On doit des remerciements à MM. Spring et Lacordaire , qui ont mis à la portée d’un grand nombre de lecteurs l’ex¬ cellent traité de Siebold et Stannius, et M. Roret, en plaçant cet ouvrage dans son utile collection de Manuels, vient de concourir puissamment à sa vulgarisation. Il serait trop long de présenter ici une analyse de ce Ma¬ nuel d’anatomie comparée, qui sera bientôt dans la biblio¬ thèque de tous les naturalistes, nous ne pouvons que l’an¬ noncer à nos lecteurs en reproduisant la préface des traduc¬ teurs, qui fait comprendre mieux que nous ne saurions le faire nous-même, tout le mérite de ce livre. « L’ouvrage de MM. Siebold et Stannius est du nombre de ceux à propos desquels l’éloge est superflu. Les per¬ sonnes versées dans les matières dont îl traite, ainsi que celles qui désirent s’y initier, reconnaîtront du premier coup-d’œil que c?est ici un de ces résumés comme les maîtres de la science peuvent seuls en faire. Parmi les nombreux mérites de ce travail, celui qui ne sera pas le moins vive- ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX . 79 ment senti , et qui le distingue de tous les traités élémen¬ taires d’anatomie comparée publiés jusqu’ici , c’est le soin avec lequel les auteurs ont cité les travaux de leurs devan¬ ciers. En un mot, ce livre à la main , l'anatomiste qui dé¬ sire entreprendre des recherches sur un animal quelconque, peut voir à l’instant où en est la question spéciale dont il veut s’occuper, et connaître le point sur le quel il doit par¬ ticulièrement porter son attention. aEn présence d’une œuvre aussi complète, il y eût eu quelque témérité de la part des traducteurs à y ajouter des notes. Leur tâche a par conséquent dû se borner à rendre fi¬ dèlement la pensée des auteurs , l’avoir fait est le seul mérite auquel ils aspirent. «Le format choisi par l’éditeur trouvera sa justification dans le désir de populariser l’ouvrage, en le rendant à la fois moins coûteux et d’un port facile en voyage et dans les amphithéâtres. » Note sur le Calymus abdominalis (Callidium abdominale, 01 vi. ) , par E. Mulsaxt. — Lue à l’Académie des Sciences, Belles-Lettres-et-Arts de Lyon, le 10 juillet 1849. Tel est le titre d’un petit travail en 4 pages in-8°, pro¬ bablement un tirage à part des Mémoires de l’Académie de Lyon, que nous avons reçu tout récemment , et dans le¬ quel nous trouvons la description complète d’une belle es¬ pèce de Longicorne dont on ne connaissait qu’un exem¬ plaire typique provenant de la collection d’Olivier, apparte¬ nant actuellement à M. Chevrotât. Cet insecte rare vient d’être retrouvé en France, à la Sainte-Baume ( Bouches-du-Rhône ) , par M. Wachanru , entomologiste zélé de Marseille, à qui la Faune entomolo- gique française doit déjà d’importantes acquisitions. Cette espèce avait aussi été trouvée en Sardaigne par M. Géné, qui lui avait donné, à tort , le nom de Stenopterus decorus (deQuibusd., Insect. in Mém. Acad6 Torino, t. 1, p. 78, pl. 1, fig. 23 ). 80 rev. et mag. de zoologîe. ( Janvier 1850.) IV. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Tableau méthodique et descriptif des Mollusques terrestres et d'eau douce de l'Agenais , par J. -B. Gassies. 1 vol. in-S de 13 feuilles 1/2, avec 4 planches coloriées. Observations , etc Observations sur l’ostéologie de l’Igua¬ nodon et de l’Hylæosaurus, par M. G.-A. Mantell. In-4, 1849. (Extr. des Trans. philos, de 1849. ) The Zoology , etc . Zoologie du voyage du vaisseau de S. M. B. le Samarang , voyage fait sous le commandement du capitaine Belcher, dans les années 1843-46; publiée par M. Adams, numé¬ ros 4 et 5. — Vertébrés, et seconde partie des Crustacés. Conspectus Crustaceorum in orbis terrærum circumnaviga- tione Car. Wilkes collectorum, auctore Jam.Dana. — Cantabrigæ, 1847”, in-8. Das perispherische , etc. — Recherches anatomiques et phy¬ siologiques sur le système nerveux périphérique des Poissons, par M. Stannius. In -4. — Rostock, 1849. Cenni supra , etc. — Essai sur le terrain de sédiment supérieur des provinces vénitiennes, et description de quelques espèces de Polypiers qui s’y trouvent, par T.- A. Catullo. In-4. — Venise, 1847. (Extr. du 4e vol. des Mém. de l’Institut royal vénitien des Sciences, etc. ) On the , etc . Sur la structure des organes maxillaires et den¬ taires de l’Iguanodon, par M. G.-A. Mantell. In-4, 1848. ( Extr. des Trans. philo s oph. de 1848.) Histoire du Dacus de l’olivier qui ravage l’olive, avec l’indica¬ tion des moyens que l’on doit employer pour s’en préserver; sui¬ vie des preuves de l’existence de Dieu puisées dans la géologie, la zoologie et la botanique, par César Blaud. In-8 de 3 feuilles. — Chez Martin, à Mais. Notice sur le Musée conchyliologique de M. Benjamin Deles- sert, par le Docteur Chenu , conservateur de ce Musée. In-8 de 2 feuilles 1/2. — Prix : 2 fr. TREIZIÈME ANNÉE. — FÉVRIER 1850. I. TRAVAUX INÉDITS. Etudes sur les types peu connus du Musée de Paris, par M. le Docteur -Pucheran. — Troisième article ( Rapaces diurnes ). — Suite. B. Types de Vieillot. Dans la Galerie des Oiseaux , publiée par lui-même, Vieillot a figuré quelques-uns des types qu’il avait décrits dans le Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle. Par cela même , la science possède sur eux les documents les plus indispensables. D’autres, sans avoir été connus par une voie aussi sûre, le sont cependant assez pour que leur sy¬ nonymie ne donne lieu à aucune hésitation. Il en est ainsi de Y Haliœtus fulviventer, donné comme synonyme de YHa- liœtus Macei , mais qui n’en est que le jeune, décrit sur un in¬ dividu rapporté de Java, par M. Labillardière, individu qui a servi à la planche de M.Temminck. Il en est ainsi encore de YAquila albirostris, rapporté à VAquila fucosa , (Falco fucosus, Cuv. ). En parlant de ces diverses espèces, nous ne ferions donc que dire des choses déjà connues : aussi nous n’insisterons que sur celles à l’occasion desquelles ont pu s’élever des doutes dans l’esprit des ornithologistes. Dans cet exposé , plus incomplet que le précédent , puisque nous n’avons encore pu retrouver deux des types de Vieillot, nous suivrons l’ordre que Vieillot a suivi lui-même dans le troisième volume de la partie ornithologique de l’Encyclo¬ pédie. 1° Circus ater . — « A Fexception de la queue, qui est d’un gris bleuâtre, tout le reste du plumage de cet oiseau 2e série, t. ii. Année 1830. § 82 rev. et mag. de zoologie. ( Février 1850.) est noir; taille de Yoiseau Saint-Martin. Est-ce une espèce particulière ou une variété accidentelle? Cêt individu est au Muséum d’histoire naturelle.» ( Nouveau dictionnaire d’ histoire naturelle , 2° éd., loin. IV, p. 459), La descrip¬ tion de l’Encyclopédie (1) n’est pas plus complète : la diagnose latine (2) y est seulement ajoutée, et l’auteur ajoute que le pays de cette espèce lui est inconnu. Nous regardons, comme étant l’individu décrit si briève¬ ment par Vieillot, un Busard envoyé, en 1810, à notre collection nationale, par M. Marchand, et provenant des environs de Chartres. Sa teinte générale est bien loin d’être uniformément aussi noire que le dit l’auteur. Dans les par¬ ties supérieures , la couleur brune règne en effet çà et là : elle est sans mélange sur le dessus des rectrices. Ce que dit Vieillot du gris bleuâtre de ces dernières pennes n’est donc applicable qu’à leur face inférieure. Il en est de même des parties inférieures des rémiges , qui offrent sur un fond semblablement coloré des maculatures brunes : la rectrice la plus externe en présente de semblables. Suivant nous , le Circus ater n’est qu’une variété méla- nienne du Busard Montagu : mais, quoique très-étendue, la couleur noire n’a point encore envahi le dessous des ailes et de la queue. La taille indique une femelle; le mode de coloration des parties dorsales, dans les individus de ce sexe, l’indique également. C’est donc à tort que M. Kaup (3) l’a rattaché au Circus maurus (Falco maurus-, Tem- ), opinion que semblerait vouloir partager M. G. -R. Gray, dans VAppendix au Généra of birds , tout en ajoutant que beaucoup d’ornithologistes regardent le Circus ater comme une variété noire du Circus Montagui . 2° Circus leucoplirys. — « Le Busard à sourcils blancs , Circus leucophrys , Vieill., est de trois couleurs : il a la tête, la gorge, le dessus du corps et des ailes noirs; cette (1) Vol. III. p. 1215. (2) C. ater ; caudâ cinereo cœrulescente. (3) Loc. C’t. page 377. 83 TRAVAUX INÉDITS. teinte forme de petits traits sur les plumes du menton, qui est, ainsi que toutes les parties posttÿieures , les sourcils, le bord du front , le dessous des ailes et la queue , d’un blanc éclatant ; cette couleur est traversée par des raies noires sur les pennes et sur les grandes couvertures des ailes , et par quatre grandes pareilles sur les pennes caudales; le bord extérieur des grandes rémiges est cendré ; le bec et les ongles sont noirs; la cire et les pieds jaunes. «Chez le jeune ou la femelle, toutes les parties supé¬ rieures sont brunes ; l’occiput est tacheté de blanc ; la colle¬ rette noire et blanche ; les plumes des parties inférieures sont de la dernière couleur, et ont leur tige brune. Cette es¬ pèce se trouve dans l’Inde. » Dans l’Encyclopédie (1), une erreur s'est malheureuse¬ ment glissée dans le texte ; car, suivant l’auteur, le menton , les parties postérieures , les sourcils , le bord du front, le dessous des ailes et de la queue , sont d'un bleu éclatant. Ici, il y a eu sans nul doute faute d’impression : il suffit de relire, pour s’en convaincre , la phrase latine (2) , et l’expli¬ cation française , qui vient ensuite : dans les deux phrases que nous venons de citer, la couleur blanche est bien exactement attribuée aux sourcils, au-dessous du corps et au-dessous de la queue. Ce que dit l’auteur de la couleur blanche des grandes couvertures des ailes et des pennes , qui sont traversées par des raies noires, doit être attribué au des¬ sous des rémiges et à leurs couvertures inférieures. Notre type est monté de façon que Vieillot a pu facilement décrire ces parties. Cette espèce, que M. Kaup (3) conseille d’examiner de nou¬ veau, opinion à laquelle, dans son Appendix , se rallie M. Gray, ne diffère pas du Falco palustris (4) du prince (1) Page 1215. (2) C. capile , gulâ, corpore supra , alis 'aigris; superciliis, corpore subtus al - lis; remigibus primoribus cinereo extus marginatis; caudd subiùs alba, fasciis qua¬ tuor nigris; rosir o nigro; pedibus (lavis, (3) Loc. cit. , page 381. (4) Col. 22. 84 Rev, et mag. de zoologie. ( Février 1850.) Maximilien de Neuwied. Ce que dit Vieillot de l’habitation indienne de ce typfc doit tout simplement être attribué à un renseignement erroné, mis sur l’étiquette, car on a longtemps cru , dans le Musée de Paris , que l’individu type de l’espèce avait été envoyé du Bengale , par le voya¬ geur Macé. Pour en convaincre les ornithologistes, il nous suffira de citer l’extrait suivant du texte de M. Temminck, dans la description du F. palustris : « Induit en erreur, dit M. Temminck , par une étiquette du Muséum de Paris, nous avons donné cette espèce comme venant du Bengale, et nous l’avons nommée, sur l’enve¬ loppe de la quatrième livraison, Falco gularis ; mieux ins¬ truit depuis sur la patrie de l’oiseau mentionné, nous savons qu’il habite au Brésil, et que le prince de Neuwied en fait mention, dans ses Voyages , sous le nom de Falco palustris, dénomination que nous conservons à cette nou¬ velle espèce. » 3° Buteo cristatus (1). — Cette espèce, non décrite dans le Dictionnaire , est généralement considérée comme formant un double emploi avec le Falco lophotes , de M. Cuvier. Vieillot lui-même a pris soin de nous faire savoir que, dans notre collection nationale , une étiquette conçue de cette façon était appliquée à l’individu qu’il décrit. Nous n’en parlerions donc pas , si nous ne trouvions une occasion de montrer combien il est impossible de trouver, pour établir une synonymie, une description absolument exacte. Vieillot ne dit-il pas, dans la diagnose du B. cristatus , que le bec de ce prétendu Hobereau n'est ni denté , ni échancré ? Evi¬ demment, si nous nous guidions d’après cette assertion, nous n’admettrions pas le rapprochement cité ci-dessus , et cependant nulle synonymie ne nous semble mieux éta¬ blie. 4Ü Buteo melanolus. — « Tête , dessus du cou et toutes les parties inférieures d’un beau blanc ; ailes et dos noir, (1) Encycl., page 1221. TRAVAUX INEDITS. 85 avec des taches blanches ; queue noire, et terminée par une large bande blanche; pieds jaunes. Taille de la Buse chan¬ geante. Se trouve à Cayenne. » Nouveau diction, d’hist. nat.,ZQé d., vol. 4, p. 472. Dans l’Encyclopédie (1), avec la diagnose latine (2), se trouve ajouté le renseignement que cette Buse de Cayenne se voit dans la collection du Muséum d’histoire naturelle. c C’est, en effet, Bateo pœcinolotus ( Falco pæcinolotus 3 Cuv. ). Le type , le seul individu qui existe , a été envoyé de Cayenne, par Leblond . M. Kaup (3) a récemment rattaché à cette espèce un individu, étiqueté, dans le British Muséum, Buteo polionotus , G.-R. Gray; mais, s’il est exact, comme le dit M. Kaup , que le dos et les ailes sont sans taches ex¬ térieures, ce rapprochement nous semble un peu prématuré. 5 ° Buteo nigricollis. — « La B. à gorge noire a les plumes de la tête brunes , avec un trait roussâtre le long de la tige, le menton de la même teinte; la gorge noire; les parties postérieures et le dessus du corps roux, avec des taches lon¬ gitudinales brunes sur le milieu de chaque plume; des taches de la même couleur sont transversales sur les cuisses, sur les moyennes et les grandes couvertures des ailes, dont les pennes sont noires; la queue pareille aux pennes en dessus, blanche au-dessous, avec quatorze raies trans¬ versales brunes et terminées par une large bande de cette teinte; la cire bleue, le bec et les ongles noirs; les pieds jaunes, et la taille du Busard. Je ne connais pas son pays natal. » ( Nouv. dict.: 2e édit., vol. IV, p. 473. ) Vieillot, dans l’Encyclopédie (4), n’ajoute à sa descrip¬ tion que la diagnose latine (5) et le renseignement relatif à l’existence de son type dans notre Musée. Je crois que c’est (1) Page 1221, (2) B. capite, collo supra, corpore subtùs albis; dorso alisque nigris, albo ma- culatis; caudâ nigrâ, apice albâ; rostro nigro ; pedibus (lavis. (3) Loc. cit. , page 212. (4) Page 1221. (3) B. eapife, mentoque fuscis; guldmgrü; corporê rufo, fusco longiludinaliter 88 rev. et mag. de zoologie. ( Février 1850.) Falco busarellus; mais, à ce sujet, mes convictions sont moins arrêtées que pour beaucoup d’autres espèces. 6° Buteo brachyurus. — « Elle a toutes les parties supé¬ rieures , les ailes et le dessus de la queue , noirâtres *, toutes les parties inférieures blanches; le dessous de la queue, avec des bandes transversales grises et blanches 5 le bec et les ongles noirs, la cire et les pieds jaunes. Je ne connais pas son pays natal. Du Muséum d’histoire naturelle. « ( 2° éd. du Dict . d’hist. nal ., vol. IV, p. 477. ) Rien de nouveau au sujet de ce type, dans l’Encyclopé- die (1). Ainsi que l’indique le nom spécifique qu’elle porte , cette Buse est remarquable par la brièveté de la queue et , par suite, par rallongement des ailes, qui dépassent d’un pouce les rectrices. Quant à la description, quoique concise, elle renferme les documents caractéristiques les plus essen¬ tiels. Nous y ajouterons que les rémiges ont des teintes plus noires que le reste du plumage. Elles portent sur leurs deux tiers supérieurs, à leur face interne, des bandes transver¬ sales brunes et blanches; mais, dès la cinquième penne, les bandes blanches disparaissent , et sont remplacées par d’autres , alternativement grises et noires , dont on constate également la présence sur les secondaires en dessus et sur leur face interne. Les première, deuxième et troisième ré¬ miges portent une échancrure sur leur face interne immé¬ diatement au-dessous de la dernière bande transversale ; au - dessous de cette échancrure , le plan interne de la plume , uniformément noir, est beaucoup moins large. En dessous, les rémiges présentent une face noire sur leur tiers inférieur, dans le reste des bandes gris-brun sur un fond blanc; sur les secondaires, les bandes sont gris-brun et noirâtres. Les échancrures des trois premières rémiges sont , sur cette face, parfaitement visibles. Les couvertures siriato ; caudd supra nigrâ, subtus albâ , f usons quatuordocim fuscis ; ccrâ cœru- leâ ; rostro nigro; pedibus / lavis . (1) Page 1223. Voici la diagnose latine : B. supra nigricàns, subtils albus ; rostro nigro ; pedibus ftavis . TRAVAUX INÉDITS. 87 alaires inférieures sont bianclies , et offrent , sur leurs plu¬ mes les plus inférieures et les plus externes, quelques taches noires, déformé triangulaire. Les rectrices , remarquablement courtes, offrent en des¬ sus des bandes gris-brun et noirâtres-, un liseré blanc les termine. En dessous, elles offrent , sur un fond blanchâtre, des bandes brun-noirâtre ; la dernière et celle qui la précède sont surtout remarquablement saillantes. Les couvertures inférieures sont d’un blanc lavé de jaunâtre, comme, au reste, l’intervalle de séparation des jambes ; les supérieures sont colorées, comme la queue, en dessus. Quant aux tarses, ils sont assez courts, gros et forts, emplumés de blanc jusqu’à leur tiers supérieur. Les doigts sont également gros et courts; le pouce présente cependant assez de longueur. Nous ne dirons rien des ongles et du bec, dont l’intégrité se trouve vivement endommagée. Les dimensions de cette espèce , envoyée de Cayenne par Leblond , sont les suivantes : Longueur du bout du bec ( cassé ) à l’extrémité de la queue ( le lien passant sur le dos), 415 m. m.; de la queue (mesurée en dessous), 14 c. m.; de l’aile (le lien pas¬ sant pardessus ) , 30 c. m.; du tarse, 55 m. m.; du médius ( sans l’ongle ) , 4 m. , du doigt interne ( sans l’ongle ) , 23 m. m.; du doigt externe ( sans l’ongle), 23 m. m.; du pouce ( sans l’ongle ) , 2 c. m. Nous regardons cette espèce commebien réelle : la brièveté de sa queue la met surtout à part. Son mode de coloration (blanc en dessous, brun en dessus) l’isole d’une manière tout aussi nette. C’est vainement que nous l’avons cherchée dans les auteurs, et nous ne voyons pas que MM. Kaup et Gray aient été plus heureux que nous , puisqu’ils recomman¬ dent de l’examiner de nouveau. 7° Buteo albicaudatus . — Cette espèce « a le front d’un blanc sale , la tête et le dessus du cou variés de noirâtre et de brun; le dessus du corps brun, avec des lignes feston¬ nées et transversales ; le menton noirâtre ; toutes les parties 88 rev. et mag. de züologie. ( Février 1850. ) postérieures d’un beau blanc, avec quelques festons étroits et noirâtres sur les flancs et les couvertures inférieures des ailes , à l’exception des petites , dont les festons sont roux ; la queue blanche, à peine rayée de noirâtre en dessus, et barrée en dessous, vers le bout, par une bande noire assez large, que suit une autre bande cendrée de la même lar¬ geur; les grandes couvertures et les pennes des ailes noi¬ râtres, le bec bleuâtre et noir à la pointe 5 la cire et le tarse jaunes; l’iris brun. — - Long, totale, 18 à 20 pouces. Les ailes en repos dépassent la queue d’un pouce environ. On trouve cette Buse dans l’Amérique Méridionale. » (2e édit, du Nouv. dict. d’hist. nat., vol. IV, p. 477.) Cette Buse , décrite dans les mêmes termes dans l’Ency¬ clopédie (1), a, sans nul doute, été décrite dans le Musée de Paris, quoique Vieillot 11e le dise pas. Malgré cette omis¬ sion, et quoique je sois persuadé que le type en question n'existe plus dans notre collection , je regarde la Buse albi- caude comme ne différant pas de la Buse à ailes longues {Falco pteroc le s, Tem. ). Cette opinion a, du reste, déjà été émise par M. Kaup (2), et M. Gray, dans la livraison de juin 1849, du Généra of birds, a suivi cette heureuse in¬ dication. 8° Buteo cristatus. — Cette espèce, telle qu’elle est dé¬ crite dans l’Encyclopédie , n’est autre que Pernis cristata , de M. Cuvier. Vieillot lui-même (3) a donné cette syno¬ nymie. Il en résulte que ce nom de Buteo cristatus a été donné par Vieillot a deux espèces fort dissemblables , puis¬ qu’elles font partie de deux genres différents, savoir, au Falco lophotes et au Pernis cristata , et , ce qu’il y a de tout aussi surprenant , c’est que ce sont les deux seuls de ses types pour lesquels le même observateur nous fait con- (1) Page 1225. Voici la diagnose latine : B. capite , colloque supra nigricanîe et fusco variis ; corpore supra fusco , sublus albo ; rostro cærulescente , apice ni- gro; pedibus (lavis. (2) Loc. cit. , p. 528. (5) Page 1225. B. cristatus; capite cinereo ; corpore fusco; caudâ nigrâ, albo transver sim striata ; rostro nigro; pedibus (lavis. TRAVAUX INEDITS. 89 naître les noms spécifiques donnés par M. Cuvier, ce qui, évidemment, lève tous les doutes qu’on aurait pu conce¬ voir relativement à la synonymie. Mais ces conclusions peuvent-elles s’appliquer à la des¬ cription de la même espèce telle qu’elle est donnée dans le Dictionnaire ? J’avoue que la’comparaison des deux diag¬ noses m’a laissé des doutes que beaucoup d’ornithologistes partageront probablement, après avoir lu les phrases sui¬ vantes : «La Buse bondrée huppée a la tête blanche et brune-, une huppe pendante et partant de l’occiput-, toutes les plumes du dessus du corps brunes et bordées de roux-, le dessous blanc , avec des taches brunes sur le devant du cou , mais effacées sur la poitrine ; les pennes primaires des ailes noires ; celles de la queue brunes en dessus et blanchâtres en dessous -, une bande noire à travers l’œil , et descendant sur les côtés de la gorge ; le bec et les ongles noirs ; la cire et les pieds jaunes -, la taille un peu plus forte que celle de notre Balbusard. On la trouve à la Nouvelle-Hollande. (1). » Evidemment, les traits principaux caractéristiques de cette Buse ne se trouvent point reproduits dans l’Encyclopédie 5 dans cet ouvrage , la huppe et le reste du plumage sont dits bruns. Ajoutons que Vieillot n’y a point cité, comme il le fait d’habitude, l’article du Dictionnaire , relatif aux Buses. C’est ce qui nous fait conjecturer qu’il s’était aperçu qu’il avait décrit, sous un même nom, deux types différents. Aussi, pensons-nous que la Bondrée huppée décrite dans le Dictionnaire n’est pas autre chose que le Balbusard même de la Nouvelle-Hollande, rapporté par Péron et Lesueur, lors de leur mémorable expédition aux terres australes. Et, ce qui nous confirme dans notre opinion , c’est le silence que garde Vieillot, dans l’Encyclopédie, sur cet individu , lorsqu’il traite du genre Balbusard. Présentement, il res- (2) Deuxième édition du Souveau dictionnaire d’histoire naturelle, voi. IV , page 481. 90 Rev. et mag, de zoologie. ( Février 1850.) tera toujours à expliquer comment cet ornithologiste si ha¬ bile a pu commettre une telle erreur 5 mais si , à l’époque où il a écrit , le type en question se trouvait mêlé aux espèces du genre Buse , nous concevons qu’il ait pu adopter une opinion si erronée. 9° Falco arclosiaceus. — Ce Faucon , dont il n’est point question dans le Dictionnaire , est décrit, de la manière suivante , dans l’Encyclopédie (1) : « F. carulescens, rostro nigro , pedibus flavis. — Cette espèce, que l’on a dernièrement rapportée du Sénégal, est totalement d’un bleu ardoisé. » On l’a rapprochée du F con- color, de M. Temminck , assimilation qui nous parait exacte. Si il a été décrit, dans notre collection, ce que Vieillot ne dit pas, le type serait l’individu apporté du Sé¬ négal et donné en 1823 par M. Roger, gouverneur de notre colonie. C’est le même qui a servi à M. Temminck, pour sa planche coloriée (343) : dans ce cas , Vieillot aurait omis l’existence des bandes transversales blanches qui existent sur les rectrices. 10° Sparvius ctBrulescens. — « II a la tête et le corps couleur d’ardoise; les ailes et la queue noires, avec de grandes taches blanches sous les pennes alaires, et deux larges bandes de la même couleur sur les pennes cau¬ dales; le bec est noir 5 les pieds sont très-longs , très-grêles et jaunes. On le trouve dans l’Amérique méridionale. » (Nouv. édit. àxxDict tomeX, p. 318. ) Dans l’Encyclopédie (2) , Vieillot nous apprend, en outre, que l’on en voit un individu au Muséum d’histoire natu¬ relle. C’est Falco hemidactylus , Tem. , comme l’a dit M. Gray, en juin 1849 (3), comme l’a admis M. Kaup (4). (1) Page 1235. (2) Page 1262. Sp. capite colloque cœrulescentibus ; remigibus rectricibusquc nigris; alis subtus albo maculatis ; caudâ fasciis luteis et albo slriatis; rostro ni¬ gro; pedibus longissimis, (lavis. (3) Liv. XLIX. (4) Loc. cit. , page 578. TRAVAUX INÉDITS. $1 Le type est l’individu rapporté de Lisbonne par M. Geof¬ froy Saint-Hilaire père, eli 1808. 11° Sparvius rvficollis. — - «Cet oiseau, de la taille de notre Epervier, est d’un roux ardent sur la gorge , le de¬ vant du cou et sur le haut de la poitrine -, rayé en travers de blanc et de noir sur les parties postérieures; d’un roux obscur sur la tête , sur le dessus du cou et du corps ; la queue est grise en dessous, avec quelques taches isolées, étroites et blanches; les pieds sont d’un rouge orangé ; la mandi¬ bule supérieure est noire; l’inférieure est jaune. Il se trouve dans 1* Amérique méridionale. » ( Nouv. édit., du Dict tom. X, p. 322. ) Rien de neuf dans l’Encyclopédie (1). Cette espèce n’est autre que Falco xanthothorax , Tem., comme l’avait dit M. Gray, dans sa livraison d’octobre 1844. Plus récemment, cet ornithologiste, suivant l’exemple de M. Kaup (2), a rattaché cette espèce a Falco leucauchen . Nous regardons cette assimilation comme une erreur; le type est un indi¬ vidu de même origine que le précédent, le seul que possé¬ dait le Musée de Paris , lorsque Vieillot a fait son travail. 12° Sparvius gilvicollis. — « L’Epervier à gorge cen¬ drée est d’un gris bleuâtre sur toutes les parties supérieures; cendré sur la gorge; rayé en travers de brun et de blanc sur le devant du cou et sur toutes les parties postérieures ; quatre lignes blanches , étroites , se font remarquer sur le dessous des pennes caudales; le bec est brun; les pieds sont jaunes; la queue est d’une longueur médiocre. Taille de notre Epervier. » (Nouv. édit, du Dïct.< t. X, p. 323). Dans l’Encyclopédie (3) , l’auteur ajoute qu’il ne connaît pas le pays natal de cet oiseau, qu’il a vu au Muséum (1) Page 1263. Sp. guld, jugulo, pectoreque superiori rutilis ; ventre albo ni- (jroque transversim striato ; capite cor pore suprâ obscure rufis; pedibus aurantiis ; rostro suprâ nigro, subtüs jlavo. (2) Page 380. M. Kaup rattache ce type à Circaëlus brachypterus (Tem.). (5) Page 1264. Sp. supra cœrulescente grisous; guld cinereâ; corpore subtus fusco alboque transversim striato ; rostro fuscà; pedibus f lavis . 92 rev. et mag. de zoologie. ( Février 1850.) d’histoire naturelle. Cette espèce n’est autre que Falco concentrions, Illig., type non encore figuré, quoique cité partout. Notre individu est indiqué seulement comme venant d’Amérique. 13° Sparvius bicolor. — L’Epervier bicolore se trouve à Cayenne : le brun et le blanc sont les seules couleurs qui régnent sur son plumage ; la première domine sur toutes les parties supérieures-, l’autre sur les inférieures, et est encore indiquée par des taches sur les côtés et sur le dessus du cou; les pennes des ailes ont en dessous une multitude de bandes transversales alternatives de ces deux couleurs; sept se font remarquer sur la queue , dont trois sont blan¬ ches et quatre brunes. Le bec est noir; les pieds sont jau¬ nes. Taille de l’Epervier d’Europe. » Nouv. édit, du Dict ., tom. X, p. 325. ) Dans l’Encyclopédie (1) , l’auteur donne sur l’habitat, et la collection qui renferme son type les mêmes renseignements que pour le Sparvius yilvicollis. Cette espèce a été fondée d’après celui de nos individus qui , doué d’une plus grande taille , a servi à M. Cuvier pour établir son Nisus variatus . Originaire de Cayenne, comme nous l’avons déjà dit plus haut, il a été donné par Leblond à notre collection. Il ne faut pas s’étonner que l’auteur donne des détails exacts sur le mode de coloration du dessous des rémiges, car notre oiseau a les ailes étalées. 14° Sparvius subniger . — « Espèce fort rare à la Guyane, et en même temps fort remarquable par sa petite taille, qui ne surpasse pas celle de l’Emérillon. Un brun noirâtre le revêt en dessus, et un gris blanc rayé de brun en dessous; une teinte grisâtre , mais sans raies , s’étend sur les joues et sur les côtés du haut du cou; le dessous de la queue est blanchâtre, avec deux bandes noires sur les deux pennes du milieu; les pieds sont d’un jaune pâle; le bec est noir à sa (A) Page 1265. Sp. supra fusais, subtils allais ; alis caudàque transversim s triât is ; rosir o nigro ; pedibus (lavis. TRAVAUX INÉDITS, 93 pointe et blanchâtre dans le reste. Je soupçonne que cet oi¬ seau est de l’espèce de l’Epervier Malfini. » ( 2e édit, du Nouv. dict ., tom. X, p. 31t. ) Dans l’Encyclopédie (1) , Vieillot dit avoir vu un individu de cette espèce au Muséum : on dit, ajoute-t-il, qu’il se trouve à la Guyane, et qu’il est fort rare. Malgré toutes les imper¬ fections de description commises par l’auteur, qui , voyant les rectrices externes de couleur presque uniforme , croit que les deux bandes noires n’existent que sur les deux pennes du milieu -, malgré l’erreur qu’il commet en décri¬ vant le bec, je rattache le Sparvius subniger au Falco tinus de Latham. M. Kaup (2) a admis récemment cette analogie, qui n’a fait que me confirmer dans mes opinions anté¬ rieures. On ne peut, ce me semble, en séparer non plus, ainsi que le pense, au reste , le même zoologiste. 15° Sparvius minutus. — a II se trouve à Cayenne. Il est brun sur toutes les parties supérieures, sur les ailes et la queue; blanchâtre sur la gorge et le devant du cou: rayé de brun en travers, sur toutes les parties postérieures; ta¬ cheté de cette même teinte en dessous des pennes caudales , où les taches forment des bandes transversales et inter¬ rompues; son bec est noir; les pieds sont jaunes. Sa lon¬ gueur est de sept pouces environ.» (2e édit, du Nouv. Dict., tome X, p. 328. ) Dans l’Encyclopédie (3) , l’auteur donne sur cette espèce , relativement à la collection où elle se trouve, les mêmes détails que pour la précédente. 11 ajoute qu’elle se trouve à Cayenne. Il est évident, si nous nous guidons d’après la (1) Page 1563. Sp. supra nigricante fuscus; subtüs allô ciner eus, fusco radia* lus, caudâ subtüs allidâ ; rectricibus mediis fasciis du abus nigris ; rostro albes- cenle, apice nigro ; pedibus flavis. (2) Loc. cit., page 378. (5) Page 1267. Sp. supra fuscus ; gulâ juguloque albis ; corpore subtus, fusco transversim striato ; caudâ subtus fusco maculatâ ; rostro nigro; pedibus flavis. Nous ne possédons plus cet individu ; mais nos convictions sur sa synonymie n’en sont pas moins celles que nous exposons, d4 hev. et >iag. de zoologie ( Février 1850.) taille , que le Sparvius minutus est le mâle du Sparvius mbniger. 16° Sparvius tricolor. — ■ •< Cet Epervier se trouve dans l’Amérique méridionale. Il est brun en dessus et sur les ailes , blanc sur toutes les parties inférieures. Cette couleur y est coupée en travers par des raies rousses ; les pennes de la queue ont en dessous quatorze raies transversales brunes et blanches ; le bec est noirâtre ; les pieds sont jaunes. Taille de l’Epervier minulle. » (Nouv. édit, du Dict., tom. X, p. 328. ) Dans l’Encyclopédie (1), Vieillot nous annonce que le Muséum possède un individu de celte espèce , qui se trouve dans l’Amérique méridionale. Cet Epervier, queM. Kaup(2), imité par M. Gray, dans son Appendix , rapproche du Nisus torquatus , nous paraît être tout simplement un jeune du Nisus striatus, rattaché récemment par les auteurs au Falco fuscus , de Gmelin. En comparant notre individu à celui figuré par Vieillot , dans les oiseaux de l’Amérique septentrionale (3), je trouve tant de rapports réciproques, que je considère le Sparvius tricolor , quoique venant de Cayenne, comme étant un jeune du Sparvius striatus. Comme le Malfini, le Sp. tricolor présente en dessous des teintes rousses , et présente sur les côtés du cou des lignes longitudinales noires. En deuxième lieu, le nombre des bandes caudales est bien le même \ seulement , en dessous, les quatorze bandes admises par Vieillot n’existent vraiment que sur les rectrices les plus externes. La seule différence essentielle nous est fournie par les taches blanches du des¬ sus du corps, taches dont Vieillot ne parle pas dans sa des¬ cription, et dont une seule existe, dans sa planche, sur le dessus du cou (4). (1) Page 1267. Sp. suprà fuscus , sublùs albits , rufo transversim striatus; caudâ gubtùs fasciis 14 fuscis albisque ; rostro nigricante, pedibus flavi-s. (2) Loc. cit., page 57S. (3) Vieillot, Ois, de V Amer, sept., page 42, pl. 14. (4) Parmi les types de Vieillot, il en est deux que nous n’avons encore pu TRAVAUX INÉDITS. 95 Essai d’une monographie du genre Picucule (Buffon), Dendrocolaptes (Hermann, Illiger), devenu aujourd’hui la sous-famille Dendrocolaptinæ (Gray, Généra of bircls), de la famille Certhiadæ de Swains. ; par F. de Lafresxaye. Après avoir indiqué dans la Revue Zoologique , 1847, p. 209, et 1849, p. 328, les deux principales sections que nous adoptions dans cette sous-famille, comme les plus retrouver. Nous ne croyons pas que, sous ce point de vue, M. Kaup et M. Gray aient été plus habiles. En attendant , et pour aider aux recherches, nous allons transcrire en note les détails donnés par l’auteur. 1° Buse à poitrine rousse, Buteo pectoralis (Encyclopédie, page 1223. — 2* édit, du N ouv. dict. d’hist. nat., tome IV, page 477). B. capite, nuchâ, colloque anterioré rufo , nigro, albo varïis ; pectore rufo ; ven¬ tre nigro et albo ; rostro nigro ; pedibus / lavis . Cette Buse des Indes-Orientales, que l’on conserve au Muséum d’histoire natu¬ relle, a la tête, la nuque, la gorge ou le devant du cou, variés de roux, de noir et d’un peu de blanc; la poitrine d’un roux foncé; les plumes du ventre noires, et terminées de blanc; les couvertures inférieures de la queue et les jambes rayées en travers de noir et de blanc; les pennes caudales traversées par des bandes noires et blanchâtres. Dans le Dictionnaire, un seul changement a eu lieu; il est relatif à la dénomi¬ nation générique de l’espèce, qui y est appelée Circus pectoralis , 2° Spizaëte brun et roussâtre, Spizaetus fuscus (Encyclopédie, page 1238. — * 2"' édit, du N ouv. dict. d’hist. nat., tome XXXII, page 60 ). Sp. corpore , alis, caudâque suprà fuscis ; vertice fuscescenie rufo ; corpore subtùs albo rufescente, fusco lineato ; caudà subtüs albo rufescente, fuscescente transversim striata ; rostro cœrulescente ; digitis / lavis . Cet oiseau, qu’on voit au Muséum d’histoire naturelle, se trouve, suivant son étiquette, dans le nord de l’Europe, et porte dans cette collection le nom de Morphnus fuscus. Il a le manteau, le dessus des ailes et de la queue brun ; le des¬ sus de la tête d’un roussâtre rembruni; les côtés de cette partie et le dessus du cou d’un roussâtre clair, avec un trait longitudinal brun sur le milieu de chaque plume; ce même trait se fait remarquer sur le fond blanc, teinté de roux, des parties inférieures jusqu’au bas ventre, qui est blanc, de même que les cuisses^ les jambes et les plumes des tarses; les grandes pennes alaires sont noires; la queue est brune en dessus, d’un blanc roussâtre en dessous, avec huit à dix lignes transversales d’une nuance brune effacée. Dans I» Dictionnaire, Vieillot donne à son Spizaetus fuscus la taille de l’Aigle moucheté. ( La fin au numéro 4. 96 rrv. et mag. de zoologie. ( Février 1850. ) naturelles, puisqu’elles sont basées sur deux différentes mo¬ difications dans le genre et le mode d’alimentation, et les avoir désignées sous les noms de Dendrocolaptinœ corn - pressirostres et Dend. depressirostres , nous devons con¬ venir qu’une des plus grandes difficultés qui se soit of¬ ferte à nos recherches pour la distinction exacte des espèces est la non-connaissance des différences positives qui exis¬ tent entre le mâle et la femelle, entre les différents âges et l’état adulte dans chacune de ces espèces. Dans les planches enluminées de Buffon , la description et la figure de son Pic grimpereau, qu’il nomme le Pieu - cule de Cayenne, enl. 621, où il est représenté comme ayant toute la partie supérieure d’un roux foncé, l’infé¬ rieure d’un roux jaunâtre clair, rayés transversalement de noirâtre, peut servir d’indication générale sur la diffé¬ rence de coloration, suivant l’âge, au moins pour cette espèce, qui est le Dend. Cayennensis des auteurs, car il a été reconnu par Levaillant, dans ses Promerops et Guê¬ piers, à l’article de son Grimpar picucule, qu’il dit être le même que le Picucule de Cayenne, enl. 621, que cette figure de Buffon et sa description ne représentaient que le jeune de l’espèce, tandis que lui donne, pl. 4 de ses Grim- pars, la figure et la description de l’adulte, qui présentent, au lieu de bandes ou festons transversaux sur la tête, le cou et la poitrine, des rayures ou stries longitudinales sur toutes ces parties. Nous avons été à même de reconnaître par nous-même l’exactitude de cette observation du meilleur ornithologiste de son époque, sur plusieurs individus de cette espèce en notre possession. Nous l’avons reconnue encore en partie sur un jeune individu du Dend. albicollis de Vieillot, — De- cumanus d’Uliger, qui nous a présenté des bandes ou fes¬ tons transverses sur le devant du cou et sur la poitrine, tan¬ dis que chez l’adulte de cette espèce il n’existe de bandes transverses noires ou noirâtres que sur la partie moyenne de l’abdomen et sur les sous-caudales. Levaillant, dans son TRAVAUX INÉDITS. 97 ouvrage précité, et à l’article de son grand Grimpar, pl. 25, après la description, ajoute : « Quelques individus sont plus petits, et d’autres ont tout le dessous du corps rayé transversalement en forme d’écailles brunes sur fond roux clair. » Il est très-probable que les premiers individus, ne différant que par une taille plus petite, étaient des fe¬ melles, et les seconds, à festons transversaux, des jeunes. Vieillot, dans son Nouveau dictionnaire d’histoire natu¬ relle , vol. 26, p. 115, à l’article Picucule proprement dit, après sa description, ajoute : « La femelle a des couleurs moins foncées, et les taches, qui dans le mâle sont longi¬ tudinales et transversales, sont oblongues sur son plumage.» Il est difficile, nous l’avouons, de tirer quelqu’induction de cette observation si peu claire. On pourrait donc déduire, de ces observations de Levail- lant sur les jeunes individus du Picucule de Cayenne , comme sur ceux de son grand Grimpar , comme aussi de celles qui nous sont propres, tant sur \q Picucule de Cayenne que sur VAlbicollis dans leur jeune âge, que chez les jeunes Picucules dans leur première livrée, les taches oblongues ou stries longitudinales de couleur claire, qui se remarquent sur la tête, le cou et la poitrine des adultes, n’offrent chez eux, le plus souvent, que des taches arrondies claires, bor¬ dées de noirâtre, comme écailleuses, ou même des festons ou bandes onduleuses transverses. Mais cette observation , que nous avons pu faire sur deux espèces, et que Levaillant a indiquée sur une troisième, s’étend-elle à toutes les espèces qui présentent , chez l’a¬ dulte, une coloration analogue? C’est ce que nous ignorons. Ce qui est positif, c’est qu’au milieu de toutes ces espèces de Picucules à tête, cou et poitrine marqués de traits lon¬ gitudinaux de couleur claire, et qui se rencontrent en assez grand nombre dans les collections américaines, à peine se trouve-t-il quelques individus différant de coloration des adultes de son espèce , ce qui semblerait indiquer que, contre l’usage, il se tue beaucoup plus d’adultes que de 2® série, t. u. Année 1850. 7 98 rev. et mag. de zoologie. ( Février 1850.) jeunes. Quant à la distinction des sexes, quelques auteurs se sont accordés, en avançant que les femelles différaient par une taille plus petite, Familia CERTHIADÆ (Swainson). Subfamilia Dendrocolaptinæ (G.-R. Gray, Généra of birds ). Section L Dendrocolaptinœ eompressirostres. « Species validæ et maximæ; rostro a naribus ad apicem valde compresso, illius lateribus de supra visis, arcum intùs utrinque curvatum formantibus ; alis pro mole brevioribus, pedibusque for- tioribus quam in speciebus secundæ sectionis ( Dendrocolaptinæ depressirostres ).» Genus Dexdrocolaptes, Illig., Cuv. a Swainsonio modificatum. « Rostro robusto, satis alto, médiocre elongato et arcuato, cul¬ mine gradatim ad apicem curvato ; tarsis brevibus sed fortioribus, digitisque elongatis et robustissimis ; digitis duobus externis tarso iongioribus, pollice vero paulobreviore; alis caudàque mediocri- bus aut brevibus hâc illis paulo tantum breviore; habitûs vali¬ das picorum robustorum. » 1° Dendrocolaptes albïcollis, Vieillot, TSouv. dict., vol. 26, p. 117. — D. decumanus , Illig., Licht., Berl. Trans., 1820, tab. 1, f. 1, doubles du Mus. de Berlin, nu 147. — Spix et Martius . Voy. pl. 87 (1). (1) Quoique Lichtenstein, dans sa monographie des Dendrocolaptes et dans ses doubles du Mus. de Berlin, et G. -R. Gray, d’après lui, dans son Généra of birds, aient donné pour synonyme à cette espèce le grand Pic grimpereau Azara, 241, nous ne pouvons partager ici leur opinion. Il ne faut que lire attentivement la des¬ cription d’ Azara, pour reconnaître qu’elle ne peut lui convenir, mais bien plutôt m grand Grimpar deLevaillant, ou Falciroslris de Spix, et à notre Rubiginosus, etc. Vieillot en avait bien reconnu la différence, puisque, tout en décrivant l’espèce d’ Azara sous le nom de Dendrocopus major, grand Picucule du Paraguay, Azara, il décrivait en outre, sous celui d 'Albicollis, l’espèce nommée depuis Decumanus par Illiger. Nous sommes également étonné que M. G .-R, Gray ait ajouté à cette synonymie celle du Dend. falcirostris de Spix, pl. 87, qui diffère évidemment, et dont il est facile de se convaincre, en comparant les deux descriptions et les deux figures, pl. 87 et 88, du Decumanus et du Falcirostris dans Spix. Du reste, TRAVAUX JXÉDITS. 99 «D. Dend. supra rufescente olivaceus, remigum barba interna, apiee excepto, uropvgio, caudàque rufo-einnamomeis; pileo nigro, nuchà colloque laterali maculis parvis pallidis oblongis lacrymifor- mibusnotatis; vittà superciliarigenisquepallidioribus illarum itaut vittæ mystacalis plumis fere albis nigro fîmbriads; subtùs oiivaceo griseus, gutture striisque juguli, et pectoris elongatis, apice acu- minatis, albidis ; abdomine medio, ano, subcaudalibus et subala- ribus distincte nigro vittatis ; rostro valido, nigro, supra médiocre arcuato, falciformi, subtùs fere recto. — Long. tôt. 29c.;caudæ, 12 c. ; alæ plicatæ, 12 c. 1/2; rostri a fronte, 4 c. 5/4. Habit, in Bra¬ silia, in San-Paulo.» ( Ilæc est adultæ avis descriptio. ) In juniore specimine Musei nostri, rostro recdore, parum bre- viore, obtusiore, apice pallescente, pileo non nigro sed brunnes- cente, lineis oblongis pectoris minus albis et minus conspicuis in fundo, vitdsque transversis medii abdominis non ni gris sed fus- cis et super pectus et collum obscure sparsim apparentibus. Hoc specimen fere adultum ante ultimam ptilosis mutationem spectamus. Il est faeile de reconnaître, au premier abord, V AlbicoU lis, à sa grande taille, au blanc presque pur de sa gorge et du devant de son cou, aux longues stries de cette couleur terminées en pointes, qui couvrent sa poitrine et les côtés de son cou , et enfin aux bandes noires rapprochées trans¬ verses qui ne se remarquent que sur le milieu de l’abdo¬ men, les sous-caudales et les sous-alaires. 2° Dend , prorneropirhynchus , Lesson, Rev. Zoolog., 1840, p. 270. — D . lineaio-cephalus , G. -R. Gray, Gen. ofbirds , pl. 43, et ibid., Monogr. des Dendrocolaptinœ (1). « D. supra rufescens alis caudàque rufo-cinnamomeis , pileo brunnescente, hoc, nuchà colloque supero et laterali maculis linea- M. Gray, tout en citant le Falcirostris , indique la figure 87 du Decumnnus, ce qui n’est peut-être qu’une légère étourderie; cependant il ne cite pas le Falcirostris ailleurs comme espèce distincte. (1) En comparant la description du i Dend. prorneropirhynchus de Lesson, Rev., 1840, p. 270, avec la figure d’ailleurs très-exacte du Lïneato-cephalus de Gray, il est impossible de ne pas reconnaître qu’elles appartiennent incontestablement à la même espèce; et comme le nom de Promeropirhyuchus de Lesson date de 1840, et est antérieur, c’est évidemment celui qui doit être conservé à l’espèce comme ! plus ancien. 100 rev. êt mag. de zoologie. ( Février 1850. ) ribus strictissimis rufo-albesceutibus notatis ; subîùs totus intense olivaceo-rufescens, plumis totis in medio a basi ad apicem stria longiori, pallide rufescente, fusco marginatâ; illis striis medio ab- domine punctis lateralibus nigris notatis; loris, vittâ postoculari, aliaque majore suboculari gulàque totà pallide ochraceis ; vittâ mvstacali gulam cingente fusco pallidoque intermixtà; rostrum huic Dend. albicollis affine, non longius sed validius, nigro-cor- neum, paruin curvatum; pedes robustissimi. — Long. tôt. 51-52 cent.; alæ plicatæ, 14 c. 1/2; rostri a fronte, 4 c. 1/2; caudæ, 12 c. 1/2. Habitat in Colombia, satis frequens. » Quoique cette espèce présente au premier abord beau¬ coup d’analogie , dans l’ensemble de ses formes , avec le Dend. albicollis , elle en diffère visiblement par une taille supérieure, par un bec et surtout des pattes plus robustes et des ailes plus longues, et encore plus par sa coloration, plus rousse en dessus, parsemée de taches oblongues plus étroites, linéaires, tandis qu’elle est d’un roux olivâtre foncé en dessous, où elle est couverte de longues taches en forme de stries longitudinales d’un ochreux pâle ressortant vive¬ ment sur le fond du plumage, et par l’absence des bandes noires abdominales remplacées ici par des points de cette couleur. 3° Dend. simpliciceps , Pucheran et Lafresnaye, in Mus. Parisiense. « D. supra brunneo-olivaceus, immaculatus, capite colloque uni- coloribus; alis, uropygio caudàque cinnamomeis, caudâ vero in- tensius; subtùs dorso concolor sed pallidior, gulâ totâ vittâ super- ciliari, alià infra oculos, maculisque oblongis strictissimis, super capids latera et pectus albidis, parum ochraceis; medio abdomine anoque pallescentibus nigro punctatis, quasi vittatis; alarum lec- tricibus inferis ochraceo-lutescentibus nigro distante striatis ; remi- gibus brunneis aut castaneis, apice nigris. Habit. Yungas a Dom. d’Orbigny allatus. » Cette espèce, très-voisine de Y Albicollis, est remarquable par sa taille supérieure à la sienne, et même à celle du D. promeropirhynchus ; il diffère du premier par l’absence de maculatures sur la tête et le cou, par les bandes du milieu TRAVAUX INÉDITS. 101 de l’abdomen et de l’anus, qui sont formées de gros points rapprochés sur un fond ochreux, et non de bandes unies sur un fond blanc ; par des ailes bien plus longues, des pat¬ tes et un bec plus robustes. Il est, sous le rapport du bec et des pattes, et sous celui de la coloration inférieure, très- voisin du Dend. promeropirchynchus, mais il en diffère non-seulement par l’absence de maculatures sur la tête, le cou et le haut du dos, mais aussi par la couleur du fond de ces parties. Les deux localités d’où ils ont été apportés, l’un de Yungas, en Bolivie, l’autre de Colombie, ne sont guère éloignées l’une de l’autre que de cent lieues ; mais la chaîne des Cordilières qui les sépare suffit pour en rendre la communication très-difficile à des oiseaux uniquement forestiers et mauvais voiliers, comme les Picucules. 4° Dend . Perrotii , Nob. Picucule de Perrot, Rev. Zool.7 1844, p. 80, et Mag. de Zoo/., 1844, pl. 54. «Dend. rostro huic præcedentium specierum multo breviore. basi latiore, minus compresse, huic oriolorum parum affine, rubi- ginoso ; supra totus olivascente-brunneus unicolor, striis aut ma» culis nullis, uropygio, alis caudàque cinnamomeis, gulà vittàque lata a naribus ad oculos, deinde infra aures descendente sordide albis; hàc vittà infra aures aliquot pennis niveis terminatâ; sub¬ tus dorso concolor, abdomine anoque pallidioribus, fusco trans¬ verse striatis. Gulæ albido punctis parvis fuscis notatur. — Long, tôt. 25 cent. ; rostri a fronte, 5 c. 1/2; a rictu, 5 c. ; alæ plica- tæ, 15 c. ; caudæ, 11 c. 1/2. Habit, in Colombia. » Cette espèce, dont nous possédons peut-être le seul indi¬ vidu en France , est non-seulement remarquable par scs teintes uniformes, relevées seulement par une bande sous- oculaire et une plaque gutturale blanches et par le rouge de son bec, elle l’est encore par tout l’ensemble de ses formes. Son corps trapu, ses ailes courtes, ses pattes énormes, vu sa taille et son bec plus court, plus large à sa base et moins comprimé que celui de ses congénères, tout annonce la vi¬ gueur chez cette espèce, et elle doit ne le céder en rien , quant à la station verticale et aux investigations corticales, 102 rev. et mag. de zoologie. ( Février 1850.) aux Pics les plus vigoureux. On pourrait la regarder, d'a¬ près ces caractères, comme l’espèce type du genre Dendro- colaptes , de Swainson, dont les espèces sont à nos yeux les représentants des Pics, tandis que les espèces à bec grêle et prolongé le sont des Grimpereaux. Nous ignorons de quelle partie de la Colombie elle a été rapportée. 5° Demi. Devillei , Picucule de Deville (Des Murs). « Dend. fere unicolor ut præcedens species cique formà affinis ; supra sordide griseo-brunneus, alis, uropygio caudàque brunneo- rufis ; hoc colore supra alas non vivido, sed parum olivaceo tincto ; subtùs pallidior, fere unicolor, gutture etcollo antico pallideru- fescentibus, pectore ventreque magis fuscescentibus; pectore tan- tummodo striis aliquot strictissimis, linearibus, albis, nigro mar- ginatis striato ; alis brevissimis; rostro robusto, pro mole breviore, elevato, parum compresso, cærulescenti-corneo, apice parum in- cumbente, pedibus satis fortibus, nigro-cæruleis. — -Long. tôt. 26 cent. ; alæ plicatæ, 11 c. Habit. Loco Sayaracu dicto ad Amazo- num fluminis ripas. « Cette nouvelle espèce, dont il n’y avait qu’un seul indi¬ vidu dans la collection rapportée par les voyageurs Cas¬ telnau et Deville , est fort remarquable par sa coloration presque uniforme, excepté sur la poitrine et le bas du cou, où l’on remarque des stries blanches bordées de noir, de forme linéaire et plus étroites que chez aucune autre es¬ pèce. Le bec, robuste, est élevé à sa base, peu allongé, et rappelle, ainsi que tout l’ensemble de l’oiseau, lë Picucule de Perrot qui le précède. Cette espèce a été dédiée au jeune Deville, naturaliste du Muséum , qui l’a rapportée des bords de l’Amazone, ainsi que beaucoup d’autres espèces nouvelles ou rares qui sont venues enrichir de nouveau la science, depuis le retour du voyage Castelnau et Deville , voyage qui a procuré beau¬ coup de nouveautés en ornithologie à une époque où la Colombie et le Pérou avaient été récemment explorés par nombre de voyageurs. Nous y trouvons pour notre mono¬ graphie cinq ou six espèces nouvelles et deux Sittines, ce TRAVAUX INÉDITS. 103 qui double le nombre des espèces connues de ce petit genre Xenops. 6° Dend. major, Nob. — Dendrocopus major, grand Picucule du Paraguay, Vieillot, Nouv. dict., vol, 26, pag. 118. — Trepadore grande, Azara, n° 241. — Le grand Grimpar , Vaill., Promerops et Guêpiers, pl. 25. — Dend. cyanotis, Such. Berlin, 1822. — Dendrocolaptes falciros- \ tris, Spix et Martius. Voy. p. 86, pl. 88. — • Dend. rubigi - nosus , Nob*, Mag . de Zool., pl. 16. «Dend. supra totus intense cinnamomeo-rufus unicolor, pileo tantummodo sordide grisescente, nuchâque pallescente, illis collo¬ que supero lineis quibusdam pallidis strictissimis vix conspicuis, in medio plumarum notatis; subtùs totus pallide ferrugineus gut- ture striisque oblongis colli antici strictissimis, pectoris abdomi- nisque latioribus, sordide albescentibus ; illis simplicibus his vero punctis fuscis distantibus utrinque marginatis ; rostro alto, satis arcuato, falciformi, valido, in exuvià ave albescente, in vivo pallide cærulescente secundum Âzaram ; pedibus validissimis , alis præ- longis; caudà mediocri. — Long. tôt. 30 cent. ; alæ plicatæ, 16 c. ; caudæ, 12 c. ; rostri a fronte, 6 c. Habitat in Paraguayo secund. Azaram; noster specimen ex Buenosayre. Sunt in Museo parisiensi duo specimina unum ex Yungas in Boliviâ a domino d’Orbignv, alterum a domino Deville, ex Rio Mandigo allata. « Cette espèce est tout - à - fait remarquable entre les plus grandes, par sa teinte générale, d’un roux ferru¬ gineux, dont Puniformité n’est faiblement variée antérieu¬ rement que par des lignes plus pâles bordées de points noirâtres sur l’abdomen , mais le tout d’une manière peu sensible. On est étonné, en lisant la description du grand Pic grimpereau d’ Azara, qui convient si bien à cette es¬ pèce , que Lichtenstein et autres auteurs en aient fait le synonyme du Decumanus, Illig. , ou Albicollis de Vieillot. «Tout le plumage, dit l’auteur espagnol, a la couleur du tabac d’Espagne très-rouge, moins vive, et mêlée d’un peu de jaune sur les parties inférieures, etc. » Et quant aux di¬ mensions, il lui donne de longueur totale 12 pouces 1/2; de la queue. 3 pouces 5/6 ; et du bec, 24 lignes , toutes pro- 104 rev. et mag. de zoologie. ( Février 1850.) portions et couleurs qui conviennent, tant au grand Grim- par de. Gevaillant qu’au Falcirostris de Spix et qu’à notre Rubiginosus ; ce qui nous a décidé à regarder comme sy¬ nonymes toutes ces descriptions et figures qui s’accordent toutes sur la coloration rousse ferrugineuse, presque uni¬ forme en dessus, et sans ces taches claires qui couvrent la tête, le cou et le haut du dos de VAlbicollis , du Promero- pirhynchus, etc., et sur sa grande dimension. On sera peut- être étonné que nous n’ayons pas décrit cette espèce im¬ médiatement après les deux ou trois premières espèces dont elle a la forme et la longueur du bec falciforme, mais sous de plus fortes proportions. Ce qui nous a déterminé à la placer ainsi à la fin du genre Dendrocolaptes proprement dit de Swainson, que nous adoptons, c’est qu’elle nous a présenté des ailes beaucoup plus longues, à proportion de son ensemble et de sa queue, que toutes les espèces qui la précèdent, et que parla elle devient en quelque sorte es¬ pèce de transition de ce genre Dendrocolaptes proprement dit au genre suivant. Sur le genre Vanga , note suivie de la description du Vanga xenopirostris et de V Anabates nigfo - pectus ; par M. F. de Lafresnaye. (PI. 1.) Vieillot, après avoir formé, en 1816, le genre Vanga , dans son Ornithologie élémentaire , le retrancha plus tard, en 1819, dans le Nouveau dictionnaire d’histoire natu¬ relle de Déterville, en disant que, depuis la formation de ce genre, il s’était convaincu que les oiseaux qui en faisaient partie ne différaient pas assez des Balaras pour exiger une pareille division-, puis, à l’article Vanga, il décrit sous ce nom , et sous le nom latin de Tamnophilus, adopté pour les Bataras, les trois espèces qu’il en avait d’abord sépa¬ rées, et qui sont : 1° son Vanga gris ; 2° son Vanga roux, qui ne sont autres que le mâle et la femelle du Tamno¬ philus Vigorsii ( Such., ZooL jour n.), ou Tarn, striatus 7, Z- ■O 3 . Vanga xenopirostris . Anabates niôropectus . Z ü/c. ZcZ/za/fiut J?(rzs . * TRAVAUX INÉDITS. 105 (Quoy et Gaim., Voy. de VUranie, pl. 18, 19), et enfin Tara, gigas, de Swainson , espèce qui en effet est la géante dans le groupe des vrais Bataras d’Amérique. La troisième espèce qu’il décrit est son Tarn, leucocephalus , Lanius curvirostris (Latham, Lin.), Piegrièche de Madagascar (Buffon, Enl. 528), l’Ecorcheur de Madagascar, Brisson. Si Vieillot a eu grandement raison de retirer de son genre Vanga, pour les remettre dans son genre Batara ( Tam¬ nophilus ), ses deux Vangas cinereus et Rufus , oiseaux qui toutefois ne faisaient qu’une espèce, mâle et femelle, il n’eût pas dû en retirer également son Vanga à tête blan¬ che , oiseau d’Afrique et de Madagascar, qui au contraire offre des caractères et un habitat particuliers bien suffi¬ sants pour constituer un genre africain, tandis que le genre Batara ( Tamnophilus ) ne renferme que des espèces amé¬ ricaines. Nous adoptons donc, comme M. G. -R. Gray, le genre Vanga de Vieillot, ayant pour type Y Ecorcheur de Mada¬ gascar, de Brisson ; mais, au lieu de borner le genre à cette seule espèce, ne devrait-on pas lui adjoindre le Lanius oli- vaceus ou Blanchot de Levaillant (Vieill. , Gai., pl. 139 (1)? M. Gray les place dans le genre Laniarius de Vieillot \ mais il nous semble que Vieillot ayant formé ce dernier genre pour des espèces de Piegrièches à bec de Merle, c’est- à-dire peu ou point crochu à son extrémité, il est difficile d’y faire figurer le Blanchot, qui présente,, au contraire, ce caractère de bec crochu de la manière la plus prononcée, ce qui avait engagé Vieillot à l’éloigner de ses Laniarius et à le mettre dans ses Tamnophilus . Nous l’avouons qu’ici, comme dans mille autres cas, la science, et surtout la science méthodique, semble ne pas être entièrement d’accord avec ce que nous présente la na¬ ture: car, si d’une part le Blanchot offre dans toutes ses parties, et surtout dans son bec et ses pattes, une confor- (1) Elle Vanga écorché ( Vanga cruenta )Lesson, Centurie, pl, 65. 106 rev. et mag. de zoologie. ( Février 1850.) mité entière avec le Vanga de Madagascar, de l’autre son plumage gris et olive en dessus, jaune en dessous, est tout- à-fait semblable à celui de trois ou quatre Laniarius afri¬ cains comme lui. Ce qui a sans doute engagé M. Gray à le grouper avec eux, c'est, il n’y a pas de doute, une Piegriè- che à bec de Vanga , mais colorée comme une partie des Laniarius de Vieillot, une de ces espèces de transition qui se rencontrent à chaque pas dans la série, et s’accom¬ modent difficilement de nos coupes génériques. L’espèce que nous allons décrire, tout en ayant, dans l'ensemble de ses formes et même dans sa coloration, les plus grands rapports avec le Vanga de Madagascar, présente dans la forme toute particulière de son bec une anomalie des plus étranges. Ce bec, en effet , très-élevé, mais en même temps très-comprimé, a sa mandibule inférieure recourbée dans toute sa longueur, comme celle d’une Sittine ( Xenops ), ce qui nous a engagé à le nommer Vanga xenopirostris. Un des caractères marquants de l’espèce type du genre Vanga (l’Ecorcheur de Madagascar), consistant dans la compres¬ sion de son bec, a été un motif de plus pour nous de lui adjoindre notre Vanga à bec de Sittine, africain comme lui. Quoique cet oiseau d’Afrique méritât peut-être de for¬ mer un genre nouveau, d’après la forme toute anomale de son bec, il a dans ses autres parties, comme dans sa colo¬ ration et dans sa communauté de patrie, les rapports les plus marquants avec les Vangas d’Afrique, et particulière¬ ment avec celui de Madagascar, Lanius curvirostris , de Gmelin , Tamnophilus leucocephalus de Vieillot; ainsi, tout en le plaçant dans le genre Vanga, nous pensons qu'il y devient le type d’une section d’espèces à bec retroussé. Comme ce dernier, en effet , il présente des ailes très-ob¬ tuses, dont les premières pennes sont étagées jusqu’à la cinquième, qui est égale à la sixième et à la septième ; des tarses courts, quoique robustes ; des doigts de pareille con¬ formation , et dont l’externe est sensiblement plus long que l’interne, et soudé à sa base au doigt du milieu. Mais là se TRAVAUX INÉDITS. 107 bornent les caractères de similitude, et dans la forme du bec comme dans celle de la queue nous trouvons des différences frappantes. Ainsi, chez notre Vanga à bec de Sittine, qui est à peu près de la taille du Vanga à tête blanche ou de Madagascar, le bec est comprimé comme un bec de Sittine effectivement, et en même temps très-élevé à sa base. Il diffère de celui des Sittines cependant, en ce que le dessus de la mandibule supérieure est légèrement arqué, comme chez les Vangas , et non rectiligne; mais il s’en rapproche entièrement par le bord inférieur de cette mandibule, qui est arqué dans le sens inverse ou retroussé depuis sa base jusqu’au point où se forme une sorte de pointe très-peu cro¬ chue qui le termine, et par les bords interne et externe de la mandibule, fortement retroussés l’un et l’autre. Par sa partie supérieure , ce bec rappelle celui des Falconelles ; mais pour l’inférieure, c’est tout-à-fait un bec de Sit¬ tine. Vanga xenopirostris ( pl. 1, f. 1 et 2 ).— « V. supra cinereus, alæ remigibus primariis totis nigris, secundariis cinereo margina- tis, capite nuchâque intense atris, nitentibus ; semi collare supero albo. Subtùs totus albus, mento genisque totis atris; rostro cor- neo albicante, basi cærulescente ; pedes plumbei, » Cet oiseau a de longueur totale, en peau non montée, 25 cent. ; du bec, 23 à 24 mill. ; depuis l’origine des plumes frontales — de hauteur à sa base, 15 mill. ; de l’aile pliée, 15 cent.; delà queue, 9 cent. 1/2; du tarse, 24 mill. Le bec a d’épaisseur, à sa base, 7 mill. Il vient de Madagascar. Anabates nigro-pectus , Nob. (pl. 1, f. 5). — «An. crista- tus, supra olivaceo-brunneus, alis obscure caudâ vivide rufis; pi- leo cristato toto, nuchâque nigris; hàc pallide-rufo semi collare postice marginatâ. Subtùs dorso concolor, sed pallidior, collo antico pectoreque toto atris, gulà capitisque lateribus albis; flexu- râ alæ interna niveâ, nigrolimbatâ ; rosfcrum corneum ; pedes plumbei. — Longit. tota exuviæavis 19 cent. ; alæ plicatæ; 7 cent, i H. Habit, in America méridional!, » 108 rev. et mag. de zoologie. ( Février 1850.) Cette nouvelle espèce iïAnabate est tout-à-fait intéres¬ sante par sa coloration ; elle est huppée, et ses yeux sont surmontés d’un sourcil blanc qu’on n’aperçoit guère que lorsque les plumes de la huppe sont relevées. Ses ongles sont très-comprimés, obtus et striés latéralement. Elle vient de l’Amérique méridionale , mais nous ignorons de quelle partie. Note sur quelques espèces nouvelles de Bryozoaires fossiles des terrains crétacés de la France, par M. Alcide d Oa- BIGXY (1). Espèces de V étage cénomanien ou de la craie chloritée. Genre Vincularia, Defrance, 1828. V. cenomana , d'Orb., 1849. Petite espèce, à rameaux très-grêles, ornés de huit rangées de eellules. — France, Le Mans (Sarthe). V. Lorieri , d’Orb., 1849. Charmante espèce, dont les cellules sont par lignes transverses, très-prononcées, et toutes mi-closes. — - France, Le Mans (Sarthe). Genre Membranipora , Blainville, 1834. M. Cenomana , d’Orb., 1849. Cellules presque rondes, aussi larges que longues, anguleuses. — France, Le Mans ( Sarthe). M. vindinnensis , d’Orb., 1849. Cellules allongées, hexa¬ gones, beaucoup plus longues que larges. — France, Le Mans (Sarthe), le Havre (Seine-Inférieure). M. megapora , d’Orb., 1849. Espèce dont les cellules sont d’un tiers plus grandes que chez les deux précédentes. — France, Le Mans (Sarthe). Genre Escharina, Edwards, 1836. E. Michaudiana , d’Orb., 1849. Espèce plane, à cellules non saillantes, bordées tout autour. — ■ France, le Havre. Genre Cellulipora , d’Orb., 1849. Cellules déprimées, distinctes, par couches concentriques, les unes sur les au- (1) Nous avons reçu ce manuscrit le 15 décembre 1849. TRAVAUX INÉDITS. 109 très, mais formant toujours des compartiments plus ou moins réguliers, séparés par des dépressions profondes, comme des routes entre les groupes de cellules. C. ornatciy d’Orb , 1849. Charmante espèce, à cellules oblongues séparées par des bordures ponctuées. — France, le Havre. Genre Idmonea, Lamouroux, 1821. /. divergens , d’Orb., 1849. Espèce à cellules peu nom¬ breuses, irrégulièrement placées sur les branches. — West- phalie, Essen. — France, le Havre. Genre Diastopora, Edwards, 1839. D. spongiosa, d’Orb., 1849. Ceriopor a spongiosa, Rœ- mer, 1840, Ool. , pl. 17, f. 10. Jolie espèce, formant des plaques arrondies, à cellules saillantes irrégulières. — Fran¬ ce, le Havre. — Westphalie, Essen. D. Oceani , d’Orb., 1849. Espèce dont les cellules sont le double plus grosses que chez le D. normaniana. — France, le Havre. D. glomerata , d’Orb., 1849. Espèce formée de plusieurs couches de petites cellules en plaques circulaires plus épais¬ ses au centre. — • France, le Havre. Genre Entalophora, Lamouroux, 1821. E. compressa , d’Orb., 1849. Espèce comprimée, à tiges grêles et dichotomes. — ■ France, Le Mans. E. ramosissima , d’Orb., 1849. Espèce en gros buisson, à cellules peu saillantes, éparses sans ordre. — France, le Havre, Villers. Genre Spiropora, Lamouroux, 1821. S, glomerata , d’Orb., 1849. Espèce dont les cellules sont sur trois de front en lignes obliques. — France, Le Mans. Genre Radiopora, d’Orb., 1849. R. pustulosa , d’Orb., 1849. Espèce en grosse plaque étalée, en surfaces presque planes. — France, le Havre. R. luberculata , d’Orb., 1847. Espèce boursouflée, an 110 rev. et màg. de zoologie. ( Février 1850.) gros tubercules irréguliers à la surface d’une masse in¬ forme. — France, le Havre. Genre Domopora , d’Orb., 1849. Ce sont des Defrancici, qui, par le grand nombre de couches qui se succèdent, forment un dôme ou même une massue. D. clavula, d’Orb. , 1849. Espèce formant une massue. — France, Le Mans. Genre Osculipora, d’Orb., 1849. Cellules à ouvertures rondes, réunies par groupes ou par faisceaux saillants, dis¬ posées latéralement, et d’un seul côté, sur des branches rameuses. O. aculeata , d’Orb., 1849. Idmonea aculeata, Miche¬ lin, 1845, p. 203, pl. 52, f. 10. Idmonea tetragona , Mi¬ chelin , p. 219, pi. 53, f. 9. Echantillon roulé, usé. — France, Le Mans. O. lateralis, d’Orb., 1849. Jolie espèce, dont la surface est lisse entre les faisceaux de pores. ■ — France, le Havre. Genre Fasciculipora , d’Orb., 1839, Voy. dans VAm. mé- rid. — Genre Corymbosa , Michelin, 1845. F. Menardi^ d’Orb., 1849. Corymbosa , id., Michelin, 1845, Icon . zoop. , p. 213, pl. 53, f. 10. — France, Le Mans. Espèces de l'étage sênonien ou craie blanche. Genre Vincularia, Defrance, 1828. V. normaniana , d’Orb., 1849. Espèce voisine du V. rhom- bifera, mais à cellules hexagones. — France , Fécamp (Seine-Inférieure), Meudon, près Paris. V. gracilis , d’Orb. , 1849. Espèce à longues cellules ex¬ cavées, à ouverture centrale, placées sur six faces. — Fran¬ ce, Fécamp. V. cretacea, d’Orb., 1849. Espèce à loges demi-sail¬ lantes, à ouverture oblongue supérieure. — France, Fé¬ camp. F. regularis , d’Orb., 1849. Espèce hexagone, à cellules TRAVAUX JXÉDITS. 111 longues , percées à la partie supérieure d’une ouverture ronde. — France, Fécamp, Meudon, près Paris. V. suie ata, d’Orb., 184-9. Espèce dont les cellules for¬ ment un sillon interrompu par la saillie des ouvertures. — France, Meudon. V. macropora, d’Orb., f 849. Espèce à larges cellules in- fundibuliforme, à ouverture subcentrale. — France, Meu¬ don. F. grandis , d’Orb., 1849. Espèce très-grosse, à cellules très-nombreuses , par lignes en quinconce. — France , Royan. V. dubia, d’Orb. , 1849. Grosse espèce, à larges cellules ouvertes sur toute leur surface. — France, Fécamp. Genre Membranipora , Blainville, 1834. 31. normaniana , d’Orb., 1849. Espèce voisine du 31. bi- punctata , mais avec des cellules bordées et des pores inter¬ médiaires. — France, Fécamp, Tours. 31. ligeriensis , d’Orb., 1849. Espèce dont les loges sont par lignes longitudinales, séparées par des bourrelets aux extrémités. — France, Tours. Genre Marginaria, Rœmer, 1841. 31. parisiensis, d’Orb., 1849. Espèce Voisine du 31. hip - pocrepis , mais à cellules plus allongées et anguleuses. — France, Meudon, Tours. 31. sautonensis, d’Orb., 1849. Espèce à cellules bien plus petites que chez la précédente, à ouverture plus large. — - France, Saintes. Genre Escharixa, Edwards, 1836. E. micropora, d’Orb., 1849. Espèce dont les cellules, simples, sont percées de deux petites ouvertures presque centrales. — France, Fécamp. E. simplex , d’Orb., 1849. Espèce lisse, à cellules peu saillantes, sans aucun ornement. — France, Tours. E . ligeriensis , d’Orb., 1849. Espèce dont les cellules ne sont distinctes que par une ouverture triangulaire anté¬ rieure. — France, Tours. 112 rev. f.t mag, de zoologie. ( Février 1850.) E. Neptuni, d’Orb., 1849. Cellules le double plus grandes que chez VE. simplex , peu saillantes. — France, Tours, Meudon. E. Oceani , d’Orb., 1849. Espèce dont les cellules sont entourées d’un canal qui leur donne une saillie. — France,, Tours. Genre Eschara , Lamarck, 1816. E. ligeriensisy d’Orb., 1849. Espèce en branches com¬ primées, formées de grandes cellules analogues, mais le double plus grandes que chez VE. royana. — France , Tours, Roy an. E. girondine i, d’Orb., 1849. Espèce en grandes lames, dont les cellules hexagones sont circonscrites d’un sillon. — France, Royan. E. Royana , d’Orb., 1849. Espèce en branches assez étroi¬ tes, dont les cellules hexagonales sont circonscrites d’un bourrelet. — France, Royan. E. Oceani , d'Orb., 1849. Espèce en grandes lames, dont les cellules en quinconces sont légèrement excavées. — France, Royan, Saintes. E. Neptuni , d’Orb., 1849. Espèce lamelleuse, dont les cellules oblongues sont convexes, avec l’ouverture termi¬ nale. — France, Tours. E. Nerei , d’Orb., 1849. Espèce lamelleuse, dont les cel¬ lules, analogues aux cellules de la précédente, sont la moi¬ tié plus petites. — - France, Tours. E. parisiensis, d’Orb., 1849. Espèce rameuse, à cellules très-excavées, très-régulières. — France, Meudon. E. horrida, d’Orb., 1849. Espèce dont l’ouverture des cellules est très-saillante, l’intervalle ponctué. — France, Meudon. Genre Reteporoidea , d’Orb., 1849. Cellules nombreuses, placées par lignes transverses latéralement sur des branches longitudinales dichotomes. R. Royana } d’Orb., 1849. Belle espèce en éventail, dont les cellules sont très-nombreuses. — France, Royan. TRAVAUX JNËDITS. 113 R. normaniana, d’Orb., 1849. Espèce dont les rameaux sont grêles et peu anastomosés. — France, Fécamp. Genre Reticulipora , d’Orb., 1849. Cellules latérales par lignes, sur des lames verticales anastomosées, comme celles des retepores. R . ligeriensis, d’Orb., 1849. Espèce en coupe, dont les réseaux sont irréguliers comme ceux de la Morelle. — France, Tours, Royan, Saintes. R. ramosa , d’Orbr, 1849. Espèce dont les rameaux di-= chotomes ne s’anastomosent pas, mais portent la lame cel- lulée. — France, Royan. R. obliqua , d’Orb., 1849. Espèce dont les rameaux droits jettent latéralement des branches qui s’anastomosent obli¬ quement. — France, Royan, Tours. Saint-Christophe ( In¬ dre-et-Loire), Fécamp. R. girondina , d’Orb., 1849. Espèce dont les rameaux, presque droits, sont pourvus de branches transverses. France, Royan. Genre Alecto, Lamouroux, 1821. A. Calypso , d’Orb., 1849. Espèce à cellules épaissies, larges et courtes. — France, Fécamp, Saintes. Genre Idmonea, Lamouroux, 1821. /. elegans, d’Orb., 1849. Espèce formée de branches dichotomes régulières d’autant plus larges qu’elles s’éloi¬ gnent de leur point de départ. — France, Fécamp. I. Toucasiana , d’Orb., 1849. Espèce dichotome , mais à cellules très-petites. — France, Le Beausset ( Var ). Genre Crisisina, d’Orb., 1849. Espèce à tige très-grêle, à cellules très-saillantes latéralement. — France, Fécamp. C . subgracilis, d’Orb., 1849. Espèce à tige très-grêle, à cellules très-saillantes latéralement. — France, Fécamp. H.C. unipora, d’Orb., 1849. Espèce plus grêle encore, pourvue d’une seule cellule de chaque côté. — France, Fécamp. C. Royana, d’Orb., 1849. Grande espèce à grosse tige 2e série, t. u. Année 1850. 8 114 rev. et mag. de zoologie. ( Février 1850.) dicliotome, pourvue de lignes très-saillantes, de cellules. — France, Roy an. Genre Defrancia , Rœmer, 1841. D. simplex , d’Orb., 1849. Espèce dont les cellules sont éparses à la surface du disque. — France, Fécamp. Genre Diastopora, Edwards, 1839. D. Oceanica, d’Orb., 1849. Espèce plane, formant des surfaces encroûtantes circulaires. — France, Tours, Fé¬ camp. Genre Bidiastopora, d’Orb., 1847. B. lamellosa, d’Orb., 1849. Espèce en grandes lames formant des groupes ondulés et labyrinthiforme. — France, Tours, Saintes. . B. ramosa , d’Orb., 1849. Espèce à rameaux compri¬ més, dichotomies, très-divisés. — France, Meudon 5 Cha- vot (Marne). Genre Ektalopliora, Lamouroux, 1821. E. raripora, d’Orb., 1849. Espèce grêle, à cellules éloi¬ gnées les unes des autres. — France, Fécamp. E. subgracilis , d’Orb., 1849. Espèce à tige fdiforme, à cellules très-rares et très-saillantes. — France., Fécamp. E. clavata , d’Orb., 1849. Espèce dont la tige, étroite en bas et grosse au sommet, ressemble à une massue. — France, Fécamp. E. horrida, d’Orb., 1849. Espèce à cellules éparses, très-irrégulières et très-saillantes. — France, Fécamp. E. regularis , d’Orb., 1849. Espèce à tige étroite, à cel¬ lules régulièrement disposées en quinconce et peu sail¬ lantes. — France, Fécamp. E. Royana , d’Orb., 1849. Grosse espèce rameuse, à cel¬ lules très-qpetites , inégales, et irrégulièrement placées. — ■ France, Royan. E. irregularis, d’Orb., 1849. Espèce à grosse tige, dont les cellules sont irrégulièrement placées presque par ban¬ des. — France, Royan. Genre Radiopora, d’Orb., 1849. TRAVAUX INÉDITS. 115 R. gregaria , dOrb., 1849. Espèce dont les étoiles for¬ ment des groupes réunis. — France, Royan. — Hollande, Maestricht. Genre Zoaopora, d’Orb., 1849. Z. elegcins, d’Orb., 1849. Espèce dont les cellules sont en groupes, disposées en spirale, très-allongée, tournée du côté opposé du Z. spiralis. — France, Royan. Z. rugosa, d’Orb., 1849. Espèce dont l’intervalle des faisceaux de pores est ridé en long. — France, Fécamp. Genre Fasciculipora , d’Orb., 1839. F. clavata , d’Orb., 1849. Espèce en massue parasite sur les autres Polypiers. — France, Fécamp. F. crelacea, d’Orb., 1849. Espèce rameuse, à branches grêles. — France, Fécamp. F. urnula, d'Orb., 1849. Espèce ayant la forme d’une urne antique. — Fécamp. Paris, ce lb décembre 1S49. Essai sur les Coléoptères de la Polynésie , par M. Léon Fairmaire. ( Suite. ) Suite des Loxgicornes. Oopsis , n. g. — Corps oblong, épais ; élytres très-dé¬ clives en arrière, leur extrémité formant ensemble un angle rentrant dont le sommet est à la suture. Corselet court, plus étroit que les élytres , un peu plus large en arrière qu’en avant, légèrement arrondi sur les côtés. Yeux forte¬ ment échancrés, presque séparés en deux lobes, dont le supérieur est le plus petit, à reflets métalliques. Dernier article des palpes plus long que le précédent , en ovoïde très-allongé, tronqué à l’extrémité. Antennes atteignant les trois quarts de la longueur du corps; premier article épais, le plus gros de tous 5 le troisième grêle à la base, légère¬ ment arqué, plus épais à l’extrémité qui forme nne faible saillie en dedans; avec le deuxième, il est deux fois aussi long que le premier ; le quatrième à peine plus court que 116 rev. et mag. de zoologie. ( Février 1850.) le troisième, de même forme ; les quatre premiers articles forment un peu plus de la demie de l’antenne; les sept der¬ niers diminuent peu à peu de longueur et d’épaisseur, ils sont cylindriques-, le dernier, un peu plus long que l’avant- dernier, est légèrement acuminé. Pattes courtes, les posté¬ rieures plus longues que les autres; fémurs fortement cla- viformes-, tibias mutiques-, tarses garnis en dessous de poils serrés, assez longs , troisième article fortement cordiforme. Ce genre de Lamiaire , indiqué par M. Blanchard dans la collection du Muséum, vient se placer entre les Hatklia et les Xylotoles ; il renferme des insectes d’une couleur brune, avec des points ou des fascies jaunâtres assez ternes. 146. O. nutator. . — Lamia id. Fab., S. El., II, 304. — 01. , Ins., 67, t. 14, f. 102. — Long. 9; Il mil. ; larg.4 mil. Convexus, castaneo-brunneus, pube grisea vestitus, prothora- ce utrinque flavo vittatus, elytris utrinque flavo biguttatis, postice flavo subfasciatis, aut punctatis. Corps très-épais et assez convexe, d’un brun rougeâtre foncé, couvert' d'une pubescence grisâtre, effacée vers la suture des ély très ^ parsemé de gros points enfoncés peu serrés. Tête avec une pubescence serrée, jaunâtre ; anten¬ nes d’un brun rougeâtre, couvertes d’une pubescence grise très-serrée, et portant en dessous une rangée de poils peu serrés. Corselet marqué au milieu d’une ligne faiblement élevée, et en arrière, d’un petit sillon transversal ; orné de chaque côté d’une bande de poils jaunes très-serrés. Ecus¬ son en demi-cercle , avec quelques poils gris. Elytres à stries peu enfoncées, ponctuées, les points disparaissant à l’extrémité, mais très-gros, serrés à la base, où les stries disparaissent aussi; intervalles peu convexes; striqp laté¬ rales ponctuées plus uniformément et jusqu’au bout. Sur chaque élytre, un gros point jaune à la base près l’écusson, un autre au quart antérieur ; et vers les deux tiers une fas- cie nébuleuse, oblique, formée par des points jaunâtres peu distincts, se réunissant quelquefois. Dessous du corps brun, avec des poils jaunâtres, peu distincts, se réunissant quel- TRAVAUX INÉDITS. 117 quefois. Dessous du corps brun, avec des poils jaunâtres; pattes brunes, à pubescence grise. — * Commun de septem¬ bre en mars, sur les troncs et les jeunes pousses de VAr- tocarpus. - — Taïti, M. Vesco. Cet insecte se retrouve dans la Nouvelle-Hollande, la Tasmanie, et aux îles Tonga. Je rapporte à cette espèce, comme mâle, un petit indi¬ vidu de 6 mill. de longueur, d’un brun foncé, à stries plus marquées, ayant les taches du corselet et des élytres d’un blanc grisâtre. Son faciès est un peu différent; mais, ne possédant qu’un seul individu, je ne puis en faire une es¬ pèce distincte. 11 a été trouvé aussi sur un Artocarpus par M. Vesco . 147. O. dorsivarius. — Long. 8 mill. ; larg. 2 mill. 1/2. Oblongus, convexus , brunneus, pube grisea dense vestitus, prothorace acupunctato brunneo , gnseo-fasciato , scutello brun- neo, utrinque griseo strigato ; elytris dorso et lateribus brunneo fasciatis. i Allongé, épais, convexe, brun rougeâtre, couvert d’une pubescence d’un brunâtre clair, mélangé de gris sale. Tête ayant un court sillon entre les antennes; celles-ci presque aussi longues que le corps, rougeâtres, annelées par une pubescence grise. Corselet faiblement rétréci en avant, à ponctuation fine, peu serrée ; d’un brun rougeâtre, ayant sur les côtés des fascies de poils grisâtres peu marqués. Ecusson demi-circulaire, d’un brun velouté, ayant de cha¬ que côté une ligne grise. Elytres à épaules marquées, mais arrondies; bords droits dans la première moitié, puis se ré¬ trécissant peu à peu jusqu’à l’extrémité dont la troncature oblique est légèrement sinuée ; partie dorsale brunâtre , formant au milieu de l’élytre une bande courte assez fon¬ cée; cette partie est bordée par une bande d’un gris assez clair; près du bord externe, une bande brune touchant presque à l’extrémité de l’élytre, se joignant en arrière à une autre bande brune, courte, qui n’arrive pas à la moitié del’élytre; la ponctuation disparaît sous la pubescence, et ne se voit qu’à la base et sur les côtés. Abdomen couvert de 118 rev. et mag. de zoologie. (Février 1850.) poils serrés, d’un gris brunâtre. Pattes rougeâtres, tachetées de brun, sur une pubescence d’un gris brunâtre, très- courte. — Tonga-Tabou. — Coll. deM. Doüé. 148. O. oblongipennis. — Long. 10 mill. ; larg. 3 mill. 1/2. Convexiusculus, dorso piano, oblongus, brunneus, pube densa griseo-brunnea, uniformi, omninô vestitus. Allongé, assez épais, le dos aplani ; brun, mais entière¬ ment recouvert d’une pubescence d’un brun gris, uniforme ; de chaque côté du corselet une bande jaunâtre, mais vague et peu sensible. Tête marquée de quelques points enfoncés, très-écartés ; entre les yeux, une ligne lisse très-étroite; palpes et antennes d’un brun ferrugineux, ces dernières avec une pubescence très-clairsemée et des poils très-écar¬ tés. Corselet plus long que chez le précédent, une fois et demie aussi large que long, avec des points peu serrés. Ecusson couvert de poils gris comme tout le corps. Elytres à épaules anguleuses, mais arrondies, très-faiblement ar¬ quées sur les côtés, atténuées à l’extrémité, dont la tronca¬ ture forme à la suture un angle droit, avec les pointes assez aiguës; stries ponctuées, plus fortement à la base, mais régulières ; intervalles subconvexes. Dessous du corps de même couleur, très-finement ponctué, avec la même pu¬ bescence. Pattes d’un brun ferrugineux , l’extrémité des fémurs plus foncée, avec une pubescence grise,, pas très- serrée. — Rare; n’habite que le bourgeon terminal du Co¬ cotier. — Taïti, M. Vesco. Se retrouve àVavao. 149. O. Duboisi. — Long. 5, 6milL; larg. 1 1/2, 2 m. Oblongus, dorso planato, pallide brunneus, pube grisea indu- tus, elytris posticè obscurè brunneis, fascia obliqua, pallida, apiee vix oblique truncatis; scutello nigro, sericante. Allongé, peu épais, le dos aplani, d’unroussâtre peu foncé, couvert d’une pubescence grise, peu serrée; partie anté¬ rieure de la tête formant une plaque de poils d’un jaune sale, soyeux, très-serrés; sommet de^la tête garni de poils peu serrés. Antennes annelées de grisâtre. Corselet pas plus TRAVAUX IXÉD1TS. 119 large en arrière qu’en avant, sensiblement arrondi snrles côtés, le disque brunâtre , marqué de fascies formées par des poils gris. Ecusson d’un brun noir, velouté, ayant de chaque côté un petit trait d’un jaune pâle. Elytres à épaules anguleuses, mais arrondies, presque droites sur les côtés pendant les deux premiers tiers, puis s’atténuant jusqu’à l’extrémité, qui est tronquée, mais à peine obliquement; à lignes de points, souvent cachées par la pubescence grise, plus visibles sur les côtés , vers les épaules ; sur chaque élytre, une tache brune, allongée, atteignant en arrière la suture, où elle est plus foncée, interrompue au-delà de la demie de l’élytre par une fascie de poils gris, oblique ou arquée ; le reste de l’élytre est marqué de petites taches grises, obsolètes. Dessous et pattes d’un roux très-clair; ab¬ domen à pubescence grise au bord des segments; pattes maculées de brun clair. — Le mâle est plus petit que la femelle, plus étroit; la bande brune des élytres s’arrête à la fascie oblique grise; le reste de l’élytre est d’un jaune gri¬ sâtre. — Rare; vit sur YHybiscus iiliacea. — Taïti, M. Ves- co. — Trouvé aussi à Toubouai, par M. Pradier, sur l’arbre appelé Mapé par les indigènes ( Hybiscus tiliacea). 150. Saperda unicolor Fab., Eut ., Syst. , II, 309, 11. Antennæ testaceæ thorax punctatus, in quibusdam linea cinerea laterali, scutellum griseum, Elytra uti et pedes testacea. Tonga-Tabou. Chrysomèlines. 151. Promecotheca cœruleipennis . — Tête, thorax et pattes testacées; élytres bleues à reflets violacés. — Vavao. — Je n’ai pas vu cette espèce en nature; elle est figurée pl. 18, fig. 6, dans le Voyage au Pôle Sud , dont le texte n’a pas encore été imprimé. 151. Galleruca (Rhaphidopalpa) foveicollis. Fab. * — Long. 7 mill. Supra flava, capite prothoraceque transversim suleatis, tenuiter punctatis, el y tris fortius punctatis; subtils, metasterno nigro, ab- 120 kev. et mag. de zoologie. ( Février 1850.) domine nigro, apice flavo ; pedibus anticis flavis, tibiis apice fus- cescente, pedibus posticis nigris, femoribus basi testaceis. Cette espèce est répandue dans la zone centrale de l’an¬ cien continent , Sicile, Sénégal, Inde, Nouvelle-Guinée; sa patrie la plus orientale semble être les iles Wallis. 153. G. ( Aulacophora) cinalis Fab., S. El. 1, 482,22. — 01. , VI, 642, n° 93, 46, pl. 3. fîg. 48. — Long. 6 mill. Flava, elv tris tenuiter punctatis, utrinque nigro-violaceo bima- culatis , antica basali , ferè quadrata, altéra ante apicem etiam quadrata; subtùs flava, pectore et abdomine nigris, hoc basi et îateribus flavo. Iles Wallis. — Muséum. Cette espèce se rapporte parfaitement à la description de Fabricius faite sur un insecte de Sumatra; seulement il existe, chez le mien, une petite tache noire au-dessus des yeux, et le noir envahit une grande partie de l’abdomen. Olivier dit dans sa description : tibiis tcirsisque nigris; ce qui me laisse un peu de doute sur l’identité spécifique. 154. G. ( Aulacophora ) notulata. — ‘Long. 6 mill. « Flava, angustata, elv tris tenuiter punctatis, utrinque humeris nigro-punctatis, postice nigro-fasciatis ; subtus metasterno nigro, abdomine nigro, primo segmento flavo. Jaune, étroite; un point noir au-dessus de chaque œil; sillon du corselet placé au milieu; corselet plus large que les yeux, étroitement rebordé. Elytres pas beaucoup plus larges à la base que le corselet; finement ponctuées; un point noir à l'épaule; avant l’extrémité, trois ou quatre taches noires irrégulières. Dessous du corps soyeux; mé- tasternum et abdomen noirs ; le premier segment et les bords latéraux des deuxième et troisième jaunes. — Vavao, M. Le Guillou. M. Reiche m’a obligeamment communiqué un individu de cette espèce , provenant de la Nouvelle-Hollande, chez lequel on remarque trois ou quatre petits points noirs en¬ tre le point huméral et les taches postérieures. TRAVAUX INÉDITS. 121 155. Cryptocephalus nigroplagiatus. — Long. 2 mill. 1/3. Flavus, nitidissimus, capite summo medio impresso, punctato, antennis dimidia parte apicali fuscis, elytris striato punctatis, ntrinque macula magna oblonga nigra a basi usque ad medium, alteraque transversali postica; scutello nigro; abdomine nigro, ano pedibusque flavis. Convexe, jaune, très-luisant. Tête offrant au sommet une petite dépression brunâtre ponctuée , aVec une ligne en¬ foncée au milieu-, antennes aussi longues que la moitié du corps, grêles, avec les cinq derniers articles noirâtres. Cor¬ selet très-convexe, d’un jaune un peu testacé, comme ver¬ nissé, étroitement rebordé de chaque côté. Ecusson trian¬ gulaire noir. Elytres à stries ponctuées; les premières sont obliques, de sorte que la première, près sa suture, est très- courte, presque rudimentaire; la seconde se termine vers le milieu de la suture; sur chacune, deux grandes taches noires; l’antérieure, touchant presque la suture, s’étend de la base jusqu’au milieu, occupant en largeur un peu plus de la moitié de Télytre; la postérieure, transversale, légè¬ rement oblique, en forme de carré long ; un point brun sur chaque épaule. Dessous du corps noir, à l’exception du prosternum, de l’anus et des pattes, qui sont jaunes. — Taïtî , Coll, de M. Buquet. 156. Coccinella reticulata Fab. , S. El., I, 362, 36. Media ; caput album immaculatum. Thorax albus, linea dor- sali, punctisque duobus parvis, basi connexis, nigris. Coleoptra flava, nigro-reticulata. Corpus ferrugineum. In maris Pacifici in- sulis. Je n’ai pas vu cet insecte. 157. C. Tongataboœ Boisd. , Voy. Astr., 11,595, pl. 8, fig. 24. — Long. 6 mill. Nigra, prothorace vitta antica testacea, utrinque dilatata, elytris rufo-testaceis, vitta suturali nigra antice et postice dilatata, utrin¬ que nigro trimaculatis, duabus primis majoribus, prima medio anticè producta, postica minore, marginem exteriorem tangente. 122 REV, ET MAG. DE ZOOLOGIE, f F GWICT 1850. ) Tonga-Tabou, îles Wallis, MM. Arnoux et Latour. — Muséum. 158. C. tricolor Fab., Eut. Syst , I, 283, 78. — Long. 7 mill. 1/2. Flava, marginata, prothorace lateribus nigro marginatis, medio nigro bivittato ; sutura nigra, nigro bimaculata ; elvtrorum late¬ ribus utrinque nigro bimaculatis, antice lineola humerali nigra; subtus pectore nigro. Var. Elytris immaculatis . D’un beau jaune clair. Tête sans tache. Corselet bordé de noir en arrière et sur les côtés, deux lignes noires, lon¬ gitudinales, au milieu. Ecusson noir. Elytres rebordées; suture noire avec deux taches noires; sur les bords, deux taches noires se prolongeant vers les taches suturâtes ; Pan- térieure se joint à la suturale par une tache intermédiaire située à l’extrémité d’une ligne formant le prolongement de la bande latérale du corselet. Entre ces taches, l’espace est occupé par des taches d’un jaune orangé. Dessous et pattes d’un jaune pâle, poitrine noire, ainsi que le premier seg¬ ment de Pabdomen et la base des deux suivants» Var. Elytres entièrement d’un jaune un peu rougeâtre; poitrine et milieu de l’abdomen noirs. — lies Wallis, MM. Arnoux et Latour. — Muséum. La description de Fabricius me semble convenir parfai¬ tement à cette espèce. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des Sciences de Paris. Séance du 4 Février 1850. — M. F. Dujardin présente un Mémoire sur des Acariens sans bouche dont on a fait le yenre Hypopus, et qui sont le premier âge des Gamases. L’auteur résume ainsi ce travail, renvoyé à l’examen de MM. Duméril et Milne Edwards. SOCIÉTÉS S AV AMES. 123 « Les Hypopus sont des Acariens à huit pieds , sans bouche, sans intestin, qui, privés de tout moyen d’alimen¬ tation , se fixent à volonté pour subir une dernière méta¬ morphose, et ils deviennent des Gamases ou des Uropodes, dont ils diffèrent autant pour le moins que les Hydrachnes ou Acariens nageurs diffèrent de leurs larves; mais celles- ci se fixent par leur bouche et sucent, pour s’accroître, le fluide nourricier des insectes dont elles sont parasites. Les Hypopus doivent-ils donc être nommés des larves, quand sous cette dénomination on a compris, jusqu’à ce jour, des animaux capables de se nourrir par une alimentation prise du dehors, afin d’amasser les matériaux nécessaires pour leurs transformations ultérieures, si bien que pour tous les insectes à métamorphose complète la nymphe ne prend plus aucune nourriture, et l'insecte parfait est quelquefois dans le même cas, comme les Bombyx, par exemple? ici, au contraire, nous ayons un Hypopus pourvu de membres comme une larve active , mais ne prenant aucune nourri¬ ture, et c’est le Gamase, à l’état parfait, qui seul peut man¬ ger et s’accroître. » — M. de Paravey appelle l’attention sur une substance célèbre dans la matière médicale des Chinois, et qui est dé¬ signée dans leurs livres sous le nom de ou-poey-lse ou ou-pey-tse. Il réunit les divers renseignements donnés par les écrivains européens sur cette substance, qui paraît être une sorte de galle douée d’un pouvoir astringent très-no¬ table, et il y joint quelques-uns de ceux que fournissent les ouvrages chinois. L’arbre sur lequel se développe cette ex¬ croissance, qui sert de nid à des insectes , paraît être une sorte de frêne, et cet arbre, comme un de nos frênes d’Eu¬ rope, produit une sécrétion qui , du reste, au lieu d’être sucrée comme la manne, semble, d’après le nom donné à l’arbre, avoir un goût salin. Le ou-pey-tse est, dit-on, em¬ ployé avec succès contre la diarrhée ; et M. de Paravey pense qu'il eût été à désirer qu’on en pût faire l’essai dans les cas de choléra. Cette Note est renvoyée à l’examen d’une com- xJ 124 rev. et mag. de zoologie. ( Février 1850.) mission composée de MM. Duméril et Milne Edwards. Séance du 11 Février. — M. Ch. -Lucien Bonaparte adresse un travail intitulé : Nouvelles espèces ornitholo¬ giques. «M. Charles-Lucien Bonaparte profite de son séjour à Leyde pour passer en revue, en même temps que la riche collection de ce Musée, toute la classe des oiseaux. Rédi¬ geant pour sa propre instruction une espèce de Catalogue, il y intercale toutes les notes recueillies par lui, dans l’es¬ pace de plus de vingt ans, dans les différents Musées d’Eu¬ rope et d’Amérique. En attendant que ce travail , précur¬ seur de sa grande Ornithologie générale et particulière , annoncée depuis si longtemps, puisse être entre les mains de tous les savants, il se fait un véritable plaisir de pouvoir donner à la France et à l’Académie les prémices des re¬ cherches d’un de ses fils les plus dévoués, d’un de ses mem¬ bres les plus fiers du titre qu’elle a bien voulu lui accorder. « Comme on a pu le voir par le Conspectus dont il a fait hommage à l’Académie et à chacun de ses membres de la section de Zoologie, c’est par les Perroquets, ces singes des oiseaux, queM. Ch. Bonaparte commence la grande série des Oiseaux, parce que, avec Illiger et notre célèbre de Blainville, il les regarde comme les mieux organisés de ces animaux (1). « Les deux cent soixante-quinze espèces par lui admises parmi ces oiseaux préhenseurs sont réparties en deux gran¬ des familles, Psittacidœ et Strygopidœ. M. Bonaparte a cru reconnaître, dans le singulier Perroquet nocturne de la Nouvelle-Zélande, un type assez distinct de la masse des (1) Malgré le sujet spécial de cette première communication à l’Académie, nous croyons ne pas devoir différer la publication d’une des plus magnifiques espèces que l’on ait depuis longtemps découvertes. Il s’agit d’un oiseau voisin du Paradis superbe des auteurs, Lophorina superba , Vieillot. Cette nouvelle espèce, Loph. respublica, est ainsi caractérisée : Chla/mjde ex plutnis elongatis nuchce rubrâ . Voici, par opposition, la phrase caractéristique du Lopli. superba: Chlamide ex plumis elongatis nuchce flavci. SOCIÉTÉS SAVANTES. ' 1 25 autres espèces de l’ordre, pour lui mériter cet isolement, quoique en même temps il admette son affinité, déjà pro¬ clamée à Paris, par M. Pucheran, avec les Nestors , qui forment aussi une sous-famille intermédiaire. « Quoi qu’il en soit , les Psittacidés contiennent la grande masse des Perroquets (tous moins quatre), répartie dans les six familles Macrocercinœ , Pezoporinœ, Platycercinœ , Trichoglossinœ , Lorinœ, Psittacinœ et Plectolophinœ , tandis que des quatre espèces anormales, trois constituent la septième sous-famille, celle des Nestorinœ , et une, à elle seule, la sous-famille fasStrygopinœ. Quarante-trois genres composent la première de ces grandes familles, et trois seulement la seconde. Ce nombre semblera exorbitant, et plusieurs zoologistes se refuseront à admettre, même comme sous-genres, ces coupes nombreuses; mais alors ils n’au¬ ront qu’à admettre comme genres les sous-familles, et tout sera dit. Quant à l'auteur, ennemi déclaré de ce système b⬠tard que l’on a en vain cherché à ennoblir par la dénomina¬ tion d z juste-milieu, il proteste plus que jamais contre la réunion deux à deux ou trois à trois, et dans le seul but d’en restreindre le nombre, de groupes d’espèces aussi na¬ turels par eux-mêmes, qu’ils deviennent artificiels lorsqu’on les force, pour les faire cadrer avec les idées préconçues. » ï. Macrocercinæ. — 1. G. Macrocercus. 2. G. Conurus „ Kuhl (avec une espèce nouvelle que l’auteur décrit sous le nom de C . xanthogenius ). 3. G. Enicognathus ( type uni¬ que, le En. leptorhynchus du Chili). II. Pezoporinæ. — 4. G. Pozoporus ( type unique, Pez . formosus , Nouv.-Holî. ). III. Platycercinæ. — 5. G. Nymphieus, Wagl. (1 seule esp. ). 6. G. Barrabandius, Bonap. (2 esp.). 7. G. Palœ- ornis (14 esp., de l’Inde). 8. G. Melopsittacus, Gould. (1 esp., Nouv.-Holl. ). 9. G. Euphema , Wagl. ( 8 esp., de l’Aus¬ tralie). 10. G. Psephotus , Gould. ^10 esp., plus une esp. nouv., Ps . xanthorrhoa ). 11. G. Plcdycercus, Vig. (15 esp. de l’Océanie, plus une espèce nouvelle, PI. amathu ^ 126 rev. rt mag. de zgôlogie. ( février 1850.) sia). 12. G. Aprosmictus , Gould. (8 esp. de l’Australie). IV. Trichoglossixæ. — Trente-cinq espèces réparties en six genres composent cette sous-famille, qui, par son pre¬ mier genr q Lathamus Less. (comp. d’une seule esp.), se rattache aux Platycerciens, comme son dernier, Eos, Wagl., marque le passage aux Loriens. La transition vers les Tri - choglossiis est admirablement indiquée par les genres Char- mosma de la Nouvelle-Guinée (une seule espèce), et Cari - philus, Wagl., formé de dix délicieuses petites espèces de la Polynésie. Espèces nouvelles : Trichoglossus Forsteni, de Sumbava. — Dans le genre Chalcopsitta, Bonap. (3 esp. , dont une nouv., Ch. ruhiginosa , Bonap., des îles Barabay et Guèbe). 18. G. Eos , Wagl., (7 esp., dont deux nouvelles, Eos cya- nogenia et semilarvata , Bonap. ) V. Lorinæ. — (4 genr. et 15 esp.). 19. G. Lorius, Bo¬ nap. (5 esp., de Bornéo et Nouv. -Guinée). 20. G. Eclec- tus, Wagl. (3 esp., des Moluques, dont t nouv., VE . Cor- nelici , Bonap.). 21. G. Stavorinius , Bonap. (basé sur le Ps. paragua). 22. G. Psittacodis , Wagl. (5 esp.. dont 2 nouv., Ps. intermedius et Westemanni , Bonap.). VI. Psittacinæ. — Suivent les véritables Psittacins , avec leurs 13 genres, comprenant 72 espèces. Parmi ces genres, il y en a un que M. Bonaparte désigne sous le nom de Geof¬ froy us, composé de 2 espèces, dont 1 nouvelle, nommée G. cyanicollis, Bonap. Vil. Plyctolophinæ. — La dernière sous -famille des PsiUacides est celle des Cacatoès, dans laquelle on entre par le pygmée de l’ordre entier, mais qui en contient aussi des géants. Elle compte 8 genres et 32 espèces. C’est par une singulière coïncidence que le petit Nasiterna a été tué, sans le vouloir, tant par les voyageurs hollandais que français, tout étonnés d’en voir tomber des individus à leurs pieds, avec les feuilles détachées par un coup de fusil qu’ils en¬ voyaient à un plus gros animal. L’énumération des groupes ou genres de cette sous-fa- SOCIÉTÉS SAVANTES. 127 mille est terminée par celle des 13 espèces de Cacatoès que l’on voit presque tous vivants dans le jardin zoologique d’Amsterdam. — M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire présente, au nom de l’anteur, M. /. Verreaux, une Note qui fait suite à une précédente communication sur les Mammifères et les oi¬ seaux de l’Afrique australe et delà Tasmanie, qu’on pour¬ rait tenter de rendre domestiques et d’acclimater en France. Ce Mémoire renferme en outre l’indication de quelques es¬ pèces végétales, dont l’introduction en France et dans nos colonies semble promettre un bon résultat. Séance du 18 Février. — M. F . Dujardin présente un premier Mémoire sur V étude microscopique de la cire , ap¬ pliquée à la recherche de cette substance chez les ani¬ maux et les végétaux. — Après avoir exposé les caractères qu’offre !a structure de cette substance , examinée fondue sur une plaque de verre, l’auteur termine ainsi : « Après avoir indiqué en passant le mode de sécrétion de cette lamelle de cire par la membrane à mailles hexagones que Huber avait vue, mais sur le rôle de laquelle il s’était mépris, M. Dujardin démontre, d’après les propriétés mi¬ croscopiques de la cire , que c’est cette substance qui forme le vêtement épais et concret des Dorthesia, ainsi que le duvet blanc du Puceron lanigère et celui du Kermès ou gallinsecte de la vigne. C’est encore la cire qui revêt com¬ plètement l’Aleyrode de l’éclaire (A. chelidonii ). La cire en bien moindre proportion forme, sur les élytres de cer¬ taines Cicadelles ( las sus prasinus ), sur celles du Noto¬ necte, un enduit imperméable, qui ne se laisse pas mouiller par l’eau ; de même aussi la face ventrale de la Gerris la- custris présente un enduit de cire. Enfin, les Libellules mâles, dont l’abdomen est bleuâtre ( Libellula depressa et L. cœrulescens ), doivent aussi cet aspect à une épaisse cou¬ che de cire pulvérulente. Ces derniers faits prouvent donc que des animaux carnassiers peuvent aussi sécréter de la cire. » 128 rev. et mag. de zoologie. (Février 1850.) Séance du 25 Février. — M. Arthur Morelet lit un Mé¬ moire dans lequel il rend compte d'un voyage qu’il a fait dans différentes parties du continent américain, voyage pour lequel des instructions spéciales avaient été rédigées par l’Académie. Société nationale et centrale d’ Agriculture. Séance du 19 Décembre 1849. — M. Amyot lit un troi¬ sième Mémoire qui est relatif à la législation en matière d’échenillage. Cette législation se compose de la loi du 26 ventôse an IV, qui prescrit l'échenillage avant le 22 février de chaque année, et de l’article 471, n° 8, du Code pénal, qui punit d’une amende de 1 fr. à 50 fr. ceux qui négligent de se conformer aux réglements sur ce point, à quoi l’on peut ajouter, dit M. Amyot, l’article 3, titre XI, de la loi des 16- 24 août 1790, qui confie à l’autorité municipale le soin de prévenir, par des précautions convenables, les fléaux ca¬ lamiteux , tels que les épizooties, etc. , de laquelle loi paraît résulter le droit , pour l’autorité municipale, d’étendre, par des réglements, la mesure de l'échenillage proprement dit aux insectes nuisibles à l’agriculture dont la destruction ne peut recevoir que par métaphore le nom d’échenillage, telle que celle des Hannetons, par exemple, ou telle que se¬ rait la destruction de la Mouche-de-Hesse, si elle apparais¬ sait parmi nous. En admettant l’interprétation de cette dernière loi dans le sens qui vient d’être indiqué, on pourrait donc dire que la législation française relative aux animaux et insectes nuisibles à l’agriculture est complète: il n’y aurait plus qu’à en solliciter l’application de la part des autorités com¬ pétentes. Une simple circulaire du ministre de l’agriculture et du commerce aux préfets suffirait pour leur rappeler leurs droits et leurs devoirs à ce sujet. Mais ici une première difficulté se présente. Une circu¬ laire du ministre des finances, en date du 11 avril 1821, SOCIÉTÉS SAVANTES. 129 décide que les lois sur l’échenillage ne s’appliquent point aux forêts, mais seulement aux arbres épars ( Armand Dal¬ loz , verbo Forêts, n» 723 ), en se fondant sur ce que l’opé¬ ration de l’échenillage , quand même on la bornerait aux lisières des bois, coûterait des sommes si considérables à l’E¬ tat , que le gouvernement ne peut songer sérieusement à l’entreprendre. Qu’est-ce donc alors, se demande M. Amyot, qu’une législation de ce genre, qui s’applique seulement aux propriétaires d’un petit nombre d’arbres, et non aux propriétaires d’un nombre d’arbres plus grand? Et à quoi peut servir l’échenillage pratiqué sur les arbres épars ou dans les vergers près des forêts, si elle ne doit pas avoir lieu même sur la lisière de ces forêts? M. Amyot examine ensuite la question de l’échenillage en elle-même, et sous le point de vue scientifique. 11 ne s’agit pas, dit-il, de l’utilité qu’il peut y avoir pour le pro¬ priétaire d’un arbre à l’écheniller, en vue de le défendre du ravage des chenilles pour conserver ses feuilles ou ses fruits, îl est bien clair que son intérêt lui commande une telle mesure. On punit le défaut d’échenillage, non parce qu’il nuit au propriétaire qui n’échenille pas, mais parce qu’on suppose qu’après avoir dévoré les arbres d’une propriété non écheniilée, les chenilles iront dévorer ceux des proprié¬ tés voisines, ou que, devenues insectes parfaits, elles pon¬ dront des œufs destinés à leur multiplication dans toute la contrée, en augmentant de plus en plus le fléau. Or, se de¬ mande M. Amyot, est-il démontré que le défaut d’éche¬ nillage ait ce résultat? Il est certain, ajoute-t-il, qu’en gé¬ néral, et sauf des exceptions qui n’infirment en rien la règle ordinaire, les chenilles ne quittent point les arbres d’un verger pour passer dans un autre, mais qu’elles meu¬ rent sur l’arbre où elles sont nées. Quant au fait de la mul¬ tiplication des chenilles dans la saison suivante, par suite du défaut d’échenillage, tous ceux qui s’occupent le plus de l’observation des chenilles avouent, suivant lui, qu’ils sont très en doute à ce sujet. Le fléau des chenilles dans 2e série. T. ii. Année 1830. 9 130 rev. et mag. de ZOOLOGIE. ( Février 1850.) les forêts notamment, où l'échenillage ne s’opère jamais, disparaît toujours subitement d'une année à l’autre : l’éche¬ nillage était donc inutile pour 1e faire cesser. La cause de la destruction subite du fléau des chenilles paraît due prin¬ cipalement à l’action des animaux qui leur font la guerre, tels que les oiseaux, et surtout les lebneumons. Dans quelle proportion les Ichneumons participent— ils à cette destrue^ tion? On ne peut la préciser; mais elle est certainement considérable. Or, en admettant qu’il y ait seulement 2 che¬ nilles ichneumonées sur 3, l’échenillage a pour résultat de détruire deux auxiliaires pour un ennemi 5 c’est-à-dire que si la nature a besoin de 2 chenilles ichneumonées pour dé¬ truire la génération de la chenille saine, comme on a deux chances contre une pour détruire, par l’échenillage, une chenille ichneumonée plutôt que la chenille saine, et qu’il n’y a point de compensation possible pour la troisième chance, puisque la destruction de la chenille saine par l'é¬ chenillage n’a pas d’autre résultat que la conservation des 3 chenilles par le défaut d’échenillage, à savoir, l’anéantis¬ sement de la race de la chenille saine, qui a lieu aussi bien par l’action des Ichneumons sortis des 2 autres chenilles que par la destruction de la chenille saine elle-même, on obtient la formule algébrique suivante : la génération de la chenille saine étant représentée par æ, et la totalité de celle génération détruite par les Ichneumons sortis des 2 autres chenilles, aussi par#, on a, en cas de non échenillage, x — #=0, et, en cas d’échenillage, x — : ce qui fait qu’au lieu d’empêcher la multiplication des chenilles l’éche¬ nillage l’augmente; et le mal est doublé, triplé, quintuplé, si , au lieu du double, les chenilles ichneumonées sont dans une proportion correspondante plus considérable que la chenille saine. O11 a fait à ce sujet le syllogisme suivant : Plus il y a d’Ichneumons, moins il y a de chenilles; plus il y a de chenilles, plus il y a d’Ichneumons : donc, plus il y a de chenilles, moins il y a de chenilles. De sorte que si ce raisonnement était admis, il faudrait reconnaître que la SOCIÉTÉS SAVANTES. 131 législation sur l’échenillage va directement contre le but qu’elle se propose, à savoir, de punir le propriétaire qui favorise la multiplication des chenilles, et que, pour attein¬ dre ce but, au lieu de punir celui qui n’échenille pas, il faudrait au contraire punir celui qui échenille, punition qui, du reste, ajoute M. Àmyot , serait fort injuste; car si l’é¬ chenillage nuit au voisin, en lui procurant un peu plus de chenilles l’année suivante, ce voisin peut très-bien se mettre à l’abri du dommage, en échenillant lui-même, au grand profit des arbres de tous les deux. M. Amyot, cherchant ensuite les exemples que nous donnent les autres peuples sous ce rapport , fait remarquer que l’Angleterre, les Etats-Unis d’Amérique, ainsi que la Belgique et l’Allemagne, c’est-à-dire les pays les plus avan¬ cés en Agriculture, n’ont point de législation sur l’échenil¬ lage. Enfin, il se demande quelle est l’origine de la nôtre, et il voit que la loi de l’an IV n’est que la reproduction d’un arrêt du Parlement de Paris de 1738, rendu sur un ré¬ quisitoire qui contient les erreurs les plus grossières en his¬ toire naturelle, arrêt qui ne fait lui-même que reproduire d’autres prescriptions analogues des temps les plus reculés, et empreintes des terreurs populaires du moyen âge. M. Amvot conclut qu’au lieu de demander la révision de celte législation il faut, sinon se hâter de la faire disparaître de nos codes, comme un monument de l’ignorance des hommes et un reste de barbarie, du moins mettre provisoi¬ rement la question à l'écart, en se bornant à stimuler la destruction des insectes nuisibles sous le point de vue de l'intérêt privé. M. Guérin-Méneville et quelques autres membres s’élè¬ vent contre ces conclusions si inattendues; mais comme ce travail est renvoyé à l’examen d’une commission dont plusieurs de ces personnes font partie, on n’ouvre pas de discussion à ce sujet, pour ne pas anticiper sur le rapport que cette commission doit faire à la Société. 132 Rev. et mag. de zoolûgie. ( Février 1850. ) III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. Journal de Conchyliologie, comprenant l’étude des ani¬ maux, des coquilles vivantes et des coquilles fossiles; publié sous la direction de M. Petit de la Saussaye. Personne, à Paris, n’est mieux placé que M. Petit de la Saussaye pour mener à bien une pareille publication , si une position indépendante, la possession d’une riche col¬ lection qui attire chez lui tous "les conchiologistes , et des connaissances positives et étendues sur la mélacologie, suf¬ fisent pour soutenir un recueil sur un sujet aussi restreint. Entrepris uniquement dans un intérêt scientifique, par un savant assez favorisé pour pouvoir supporter, aussi long¬ temps qu’il sera nécessaire , le déficit qui se produit tou¬ jours, comme nous ne le savons que trop, pendant les pre¬ mières années de publications si spéciales, ce journal ne rentre pas dans la catégorie des publications ordinaires. Son importance, dit le prospectus, dépendra moins de nous que du nombre des souscripteurs, et chacun de ceux-ci se trou¬ vera ainsi personnellement intéressé à étendre l’associa¬ tion. Nous faisons des vœux pour que cet appel au concours de tous soit mieux entendu que celui , tout-à-fait semblable, que nous avions fait aux zoologisies en fondant la Revue Zoologique et la Société Cuviérienne. Peut-être les con- chyliologistes montreront-ils plus d’esprit d’association, en souscrivant en grand nombre, autant pour être utiles au journal que pour leur intérêt personnel. La seule chose qui nous inquiète pour l’avenir de ce Journal , c’est qu’il ne paraîtra que tous les trois mois. Pendant ce long intervalle, il y a bien des nouvelles qui ne seront pas très-fraîches, bien des descriptions d’espèces nouvelles qui paraîtront tardivement et perdront peut-être leurs droits de priorité dans cet intervalle. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 133 Le prix du Journal , expédié par la poste, est fixé à 15 fr. pour les départements et 18 fr. pour l’étranger. Nous tiendrons avec soin nos lecteurs au courant des publications de cet utile recueil. Histoire naturelle générale et particulière des Mollusques, tant des espèces qu’on trouve aujourd’hui vivantes que des dépouilles fossiles de celles qui n’existent plus, clas¬ sés d’après les caractères essentiels que présentent ces animaux et leurs coquilles; par M. De Férussac, conti¬ nué, depuis la 29e livraison, par G. -P. Deshayes. (Paris, Baillière, i'ue Hautefeuille, 19. ) Depuis la mort du savant qui a créé ce bel et important ouvrage, les conchyliologistes déploraient son interruption et faisaient des vœux pour qu’il fût continué et terminé. Nous apprenons avec plaisir que ces désirs vont se réaliser, grâce au zèle d’un savant bien connu des malacologistes, M. Deshayes, et au concours du libraire, M. Baillière, qui vient d’acquérir le petit nombre d’exemplaires restant de ce magnifique ouvrage, et va le faire terminer rapidement. (( Nous avons entrepris cette publication, dit l’éditeur, avec le concours de M. Deshayes, après avoir bien calculé ce qu’il y avait possibilité de faire pour la mener à bonne fin. Nous avons pensé que la haute position scientifique de M. Deshayes, dont les travaux font justement autorité en conchyliologie, était la meilleure garantie que nous pus¬ sions offrir au public. — Après l’examen le plus rigoureux , nous pouvons annoncer pouvoir compléter l’ouvrage de Fé¬ russac avec huit livraisons, ce qui portera l’ouvrage com¬ plet à 42 livraisons. » Aujourd’hui, l’ouvrage se compose de 34 livraisons in¬ fol., figures coloriées, du prix de 1020 fr. L’éditeur a ré- duit ce prix à 250 fr. Le prix de chacune des 8 livraisons à paraître ( 48 pl. et le texte nécessaire à la terminaison de l’ouvrage) est fixé à 30 francs. 134 rev. et mâg. de zoologie. ( Février 1850.) Deutschlands Fauka* etc. Faune d’Allemagne , avec des des¬ criptions et des figures coloriées, par J.-W. Sturm. — 20e liv. , in-12. — Prix 10 fr. 75. Nuremberg, 1849. La perte que la botanique et l’entomologie viennent de faire par la mort du Docteur Jacob Sturm , quoique très-dou¬ loureuse, n’est cependant pas irréparable, car ce natura¬ liste a laissé deux fils dignes de lui, et qui ont pris la pieuse résolution de continuer les ouvrages de leur père. C’est pour remplir ce devoir, que l’un d’eux, M. J.-W. Sturm, vient de publier la suite delà Faune d\ Allemagne. La 20° livrai¬ son renferme la description des 15 genres suivants et des espèces qui s’y rapportent : Sarrotrium , 3 espèces; Dio- desma, 2; Ditoma , 1 ; Colobicus , 1; Synchita , 2; Cico - nés, 2; Aulonium, 2; Colydium, 2; Teredus , 1; Oxylœ- mus, 2; Aglenus, 1; Cerylon , 4; Bothrideres, 1 ; Pycno- merus, 1 ; Leptodirus, 1 . L’ouvrage est écrit tout entier en allemand; les descrip¬ tions sont exactes et assez étendues pour bien distinguer les espèces décrites, et les figures en sont très-bonnes. Deux espèces seulement y sont décrites pour la première fois: Tune est le Diodesma picea , Sturm, cab, très-voi¬ sin du Subterranea, dont voici la diagnose : Ovale étroit, brun de poix, couvert de petites soies blanchâtres; tête et corselet fortement et densément granulés ; élytres profon¬ dément ponctuées, striées, garnies de petites soies droites et allignées. — Long. 1 ligne. L’autre espèce est un des Coléoptères les plus singuliers, qui constitue un genre particulier sous le nom de Leptodirus Hohenwarthi. Schmidt l’a dédié au comte de Hohenwarth, qui l’a trouvé dans une grotte à stalactites, et a publié cette découverte dans une feuille hebdomadaire d’Illyrie, en 1832 ; mais l'unique exemplaire qu’il possédait s’étant per¬ du, l’espèce est restée inconnue jusqu’à ce jour. Ce Coléop¬ tère a les plus grands rapports avec les Scydmœnus et les Mastiyus; il se rapproche aussi beaucoup des Gibbium et MÉLANGES ET NOUVELLES. 135 des Pt inus. il établit le passage des Scydménites aux P ti¬ morés. Voici ses caractères : Tête et corselet étroits, brun de poix, polis et très-luisants, ce dernier cylindrique, un peu étranglé après le milieu; élytres grandes, en ovale élargi, renflées, brun marron foncé, transparentes, polies, moins luisantes que la tête et le corselet; antennes et pattes lon¬ gues et menues, brun marron foncé, luisantes comme les palpes, couvertes d’une villosité jaune rougeâtre. — Long. 3 lig. 1/2; larg. 1 lig. 3/4. Cet insecte nous fournit un fait des plus importants à en¬ registrer. Le mâle a cinq articles à tous les tarses, tandis que la femelle n’en a que quatre aux tarses antérieurs. C’est une nouvelle atteinte, et des plus graves, portée au système de Geoffroy. Ainsi ce système ne se borne pas à contrarier l’ordre naturel, comme on en trouve de fréquents exemples dans les Stapbylins, les Térédiles, les Xylopha¬ ges, etc. , où deux genres, deux espèces voisines n’ont pas toujours le même nombre d’articles, mais encore, en cer¬ tains cas, il éloignerait les deux sexes d’une même espèce. Ce fait, d’ailleurs, n’est pas isolé. ïlliger ( Mag. 4, 214 ). et après lui Gyllenhall (Fn. suec. 1, 168), a constaté une dif¬ férence analogue dans les tarses postérieurs de plusieurs espèces de Cryptophagus. Quand un nouveau Geoffroy nous apportera-t-il un nouveau système que nos coléoptéristes veuillent bien adopter, et qui rende à la science autant de services qu’en a rendu pendant plus d’un demi-siècle celui de l’immortel entomologiste parisien. (S. M. ) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Notice nécrologique sur Jacob Sturm. L’Allemagne a perdu , il y a peu de temps, un natura¬ liste dont les travaux ont donné une forte impulsion à l’é¬ tude de ses productions naturelles. Le Docteur Jacob Sturm est mort à Nuremberg, le 28 février 1848, à l’âge de 136 rev. et imac, de zoologie. ( Février 1850. ) soixante-dix-sept ans. Dès sa seizième année, une circons¬ tance fortuite révéla son aptitude : ayant présenté à Schre- ber une planche gravée par son père pour une édition de Pallas, le savant, peu satisfait du travail qu’on lui appor¬ tait, envoya le jeune homme chez Panzer, qui lui commu¬ niqua les insectes en nature, et lui en fit faire le dessin et la gravure. L’essai réussit si bien, que Schreber et Panzer, émerveillés de ses dispositions, l’utilisèrent , l’un pour la botanique, l’autre pour l’entomologie. Dès-lors notre jeune naturaliste se livra avec zèle à cette étude, qui devait faire sa gloire : obligé de travailler le jour au métier de son père, il dérobait au sommeil une partie de la nuit. Il forma d’abord une petite collection, et entra en relations avec plusieurs naturalistes qu’il avait connus à Erlangen. En 1791, il publia son Cabinet d’insectes dessinés et gravés d’après nature , en quatre livraisons de 25 planches cha¬ cune, ouvrage sans descriptions, qui donna à Panzer l’idée du Faunœ insectorum Europæ initia , dont le dessin et la gravure lui sont dus* Après la mort de son père, vers 1796, il joignit au talent de graveur la qualité d’écrivain , et publia successivement quatre catalogues de sa collection d’insectes , qui devint l’une des plus riches de l’Europe. En même temps il com¬ mença les deux grands ouvrages qui constituent son prin¬ cipal titre : la Flore et la Faune d’ Allemagne^ avec des descriptions et des figures coloriées , qui forment déjà, quoiqu’inachevés , l’un 151 livraisons avec environ 2,000 planches, l’autre 19, avec plus de 500 planches; Cette utile et consciencieuse publication , qui le fit connaître dans toute l’Europe, le mit en communication avec les hommes les plus distingués, et lui ouvrit les portes d’un grand nombre d’ Académies et de Sociétés savantes, ne lui obtint pas l’at¬ tention de ses compatriotes ; et il était si peu connu à Nu¬ remberg même, qu’il ne fut pas invité à la vingt-troisième réunion des médecins et des naturalistes allemands qui se tint, en 1845, dans les murs de cette ville. Ce n’est qu’après MELANGES EE NOUVELLES. 137 sa mort que la Société d’ histoire naturelle de Nuremberg , qu’il avait fondée, et dont il était directeur, publia à ses frais le portrait de son fondateur et l’éloge prononcé sur sa tombe par le pasteur Hilpert; tardif hommage rendu à cet homme modeste et instruit! ( S. M. ) Œufs de Lépidoptère éclos quoique leur mère n’ait pas été fécondée. Déjà plusieurs observateurs ont eu l’occasion de voir éclore des œufs de Lépidoptères qui n’avaient pas été fé¬ condés, et nous avons publié, dans la Revue Zoologique, 1847, pag. 266, 267 et 288, des Notes de M. Bourcier, et un Rapport de M. Duméril, sur ce sujet curieux. Voici un nouvel exemple de ce fait, observé par un homme digne de foi et publié par M. le comte Mannerheim, dans une Note de son travail sur queLques Coléoptères nouveaux de la Sibérie, Bulletin de la Société Impériale des naturalistes de Moscou, etc., 22, 1849, n° 1, p. 223. a M. Popoff s’occupe également avec succès des Lépi¬ doptères. Il élève des chenilles et les apprête en perfection, en leur conservant une fraîcheur que nous ne sommes pas habitués à trouver chez les Lépidoptères que l’on envoie de la Sibérie. En même temps il étudie attentivement leurs métamorphoses, et je crois ne pas devoir passer ici sous silence un fait très-curieux qu’il vient de me rapporter au sujet de YEuprepia hololeuca . Depuis 1830 ou 1831, il avait déjà fait l’observation que cet insecte pourrait propa¬ ger la race sans accouplement 5 mais, en 1846, il en trouva une chenille dans le bois voisin de la ville qu’il habite. Cette chenille, ayant été isolée, se métamorphosa le lende¬ main en chrysalide, et resta dans cet état 12 à 13 jours, lesquels passés, il en sortit un individu femelle, queM. Po¬ poff retint enfermé à part. Bientôt il la vit pondre des œufs^ et 8 à 10 jours après il eut une quantité de petites chenilles écloses de ces œufs, qui par conséquent n’avaient point été 138 rev. et 31 ag. de zoologie. ( Février 1850. ) fécondés par le mâle, parce que, 1° l’insecte avait été pris dans l’état de chenille ; 2° cette chenille avait été rigoureu¬ sement isolée; 3° les boîtes de M. Popoff n’ont contenu, dans cette époque, aucun mâle vivant ni de YEuprepia ho- loleuca, ni de quelqu’autre Lépidoptère. C’est ainsi une nouvelle observation qui confirme ce que M. Speyer a pu¬ blié sur la Talœporia lichenella ( Stettiner Entomol. Zei- tung , 1847, p. 18 ), et qui a été vérifié sur quelques autres espèces de Psychides, ainsi qu’antérieurement on l’a re¬ marqué sur la Liparis dispar (Lacord., Introd. à VEnt ., 2, 283 ), que l’on prétend pouvoir donner trois générations sans accouplement. A ce dernier sujet, M. Popoff m’écrit qu’il a souvent fait la remarque que les chenilles de Liparis dispar se rencontrent presque toujours par paires, en se tenant très-près l’une de l’autre, et que ceci lui a suggéré l’idée que c’étaient des chenilles mâles et femelles qui s’ac¬ couplaient déjà pendant cet état avant d’arriver à celui d’in¬ secte parfait. » Le fait signalé par M. Popoff est très-important, et res¬ tera dans l’histoire de la reproduction des insectes ; mais sa dernière idée est, suivant nous, tout-à-fait inadmissible, car tout ce qu’on sait jusqu’ici de l’anatomie des larves des Lépidoptères montre que, dans cet état , ces insectes n’ont que des rudiments à peine marqués des organes généra¬ teurs. . (G.M. ) Action du froid sur les Poissons. Dans la séance du 21 janvier 1850 de l’Académie des Sciences de Montpellier, M. Marès a communiqué quélques observations curieuses à ce sujet. Les froids de la dernière semaine de 1849, et les quinze premiers jours de 1850 ont été assez vifs et assez soutenus pour exercer sur les poissons des étangs salés du littoral méditerranéen une désastreuse influence. Dès la première semaine de janvier, le froid avait atteint le poisson, qui remontait engourdi à la surface de l’eau. On en a pris ainsi des quantités considérables dans MÉLANGES Et NOUVELLES. 139 l’étang deThau. Les Daurades ( Chrysophris aurata) ont été saisies par les premiers froids, et celles des étangs ont disparu. Les Loups ( Labrax lupus ) ont aussi péri en grande quantité, ainsi que les Muges. Au contraire, les Anguilles, cachées dans la vase, ont résisté au froid. Des effets semblables s’étaient produits en 1829, et le froid dépeupla alors ces étangs. Une observation thermo¬ métrique faite dans la première semaine de janvier, à huit heures du matin , sur une des hauteurs qui bordent l’étang., avait donné 6 degrés centigrades. Il est certain que ce n’est pas le minimum de température pendant la période dont il est ici question. Note sur la prétendue poussière cryptogamique qui recouvre le corps de certains insectes, par M. Charles CoQUEREL. MM. Laboulbène et Follin ont présenté dernièrement à la Société Entomologique de France un travail sur la ma¬ tière pulvérulente qui couvre le corps des Coléoptères du genr e Lixus. (Voy. Ann. Soc. Ent. de Fr., 1838, p. 301.) Us ont soumis cette substance à l’examen microscopique , et ont cru reconnaître qu’elle était formée de cryptogames analogues à ceux que l’on trouve dans les farus de la Teigne. La poussière qui recouvre le corps de VEuchroma gigan- tea de Cayenne, et certaines chrysalides de Noctuelles, leur a paru être de même nature. Nous avons repris les expériences de ces observateurs , et nous avons retrouvé cette singulière substance non-seu¬ lement dans les différentes espèces de Lixus et de Larinus , mais encore chez plusieurs Buprestides{S£mzs/ns squamosa , Psiloptera atténuai a , Chalcophora mariana , Lampetis bioculata ) , et chez quelques Cétonides ( Oxythyrea stic- tica , O. Petitii, O. arnabilïs , Gametis versicolor , etc.). Chez tous ces insectes, cette matière se compose de fila- J 40 rëv. et mag. de zoologie, ( Février i 850. ) ments ou bâtonnets entremêlés , presque droits chez les Buprestides, plus ou moins contournés chez les Cétoines, et réunis par une substance d’aspect résineux. Nous n’avons rien à ajouter à l’excellente description que MM. Laboulbène et Follin ont faite de cette matière , mais nous ne pouvons pas partager leur opinion sur sa na¬ ture. La matière pulvérulente qui recouvre le corps des Lixus et de quelques autres Coléoptères n’est pas une réunion de cryptogames. 1° Ce serait le seul cas connu d’un champignon normal, existant toujours sur l’insecte, le recouvrant souvent en¬ tièrement, et comme nécessaire à son existence. Les cryp¬ togames qui se développent sur le corps des insectes finis¬ sent toujours par déterminer leur mort, quand ils ont pris une certaine extension. ( Muscardine ). 2° La disposition de cette matière, chez des Cétoines, sur les élytres desquelles elle forme des dessins parfaitement réguliers, Oxyïhyrea stictica, O. amabilis , éloigne l’idée de la possibilité d’un champignon. 3° Cette matière se reproduit plusieurs fois chez l’insecte vivant, lorsqu’on l’a enlevée, et non chez l’insecte mort, l’organe qui la sécrète ne fonctionnant plus. 4° Les filaments qui la composent^ et qui ont une certaine analogie avec quelques mycélium de cryptogames, ne sont cependant jamais articulés et ne présentent pas de spores. Or, la présence de ces derniers corps est indispensable pour pouvoir décider qu’on a affaire à un cryptogame. Ce que MM. Laboulbène et Follin ont pris pour des spores ne sont que des fragments isolés de filaments. 5° La matière pulvérulente des Lixus ne présente pas les changements si remarquables qu’on observe dans les véri¬ tables cryptogames. Elle n’offre pas de fructification, et nous venons d’observer tout récemment, sur un Lixus vivant , qu’elle présente le même aspect que sur les insectes qui sont depuis 8 ou 10 ans dans notre collection. MÉLANGES ET NOUVELLES. 141 Ajoutons que nous avons fait voir nous-même cette ma¬ tière dans ces différents insectes , à M. le docteur Mon¬ tagne, dont l’autorité est d’un si grand poids quand il s’agit de végétaux inférieurs, et que ce savant observateur nous a déclaré qu’il croyait pouvoir affirmer que ces corps n’avaient aucun rapport avec de véritables champignons. M. le docteur Robin, qui a publié un travail si intéres¬ sant sur les végétaux qui croissent accidentellement sur l’homme et les animaux , et qui par conséquent pouvait mieux que personne donner son opinion sur la question , a été du même avis. Si ce n’est pas un champignon , quelle est donc la nature de cette substance singulière? Nous pensons que c’est un produit de sécrétion; mais, pour décider la question, il faudrait l’observer chez des Coléoptères au moment de leur transformation de larve en nymphe. Il est probable que c’est à cette époque qa’elle se produit , et la mollesse des élytres des insectes, à ce moment de leur existence, permet¬ trait probablement de retrouver les organes qui sécrètent cette matière. Il serait important de la soumettre à l’action des réactifs ; nous avons expérimenté , avec le concours de M. Robin, l’action de l’alcool concentré ; il l’a pâli et fini¬ rait peut-être par la dissoudre. On sait que l’alcool n’a au¬ cune action sur les cryptogames. Nous appelons l’attention des observateurs sur Fétude cu¬ rieuse de cette matière, dont l’existence était d’ailleurs complètement inconnue avant le travail intéressant de MM. Laboulbène et Follin. Réponse à la Note de M. Ch. Coquerel sur la prétendue poussière cryptogamique qui recouvre le corps de certains insectes, par M. Alex. Laboulbène. Mon cher Coquerel , Je viens de prendre connaissance de la Note que vous adressez à la Société Entomologique, au sujet de la matière 142 rev. et mag. de zoologie. ( Février 1850. ) pulvérulente des Lixus, etc., et je vous transmets les ré¬ flexions que sa lecture m’a suggérées. Je suis heureux et très-lieureux de voir vos observations confirmer celles de M. Follin et les miennes \ mais , après y avoir encore bien réfléchi, je ne puis partager votre opinion sur la nature..ftOft cryptogamique de cette substance sin¬ gulière. Vous savez cependant que le premier jour où je cherchais à la connaître je m’attendais à la trouver cons¬ tituée par un produit de sécrétion , une exsudation , si vous l’aimez mieux , et ce n’est qu’après avoir vu et revu des préparations variées , comparé à différentes reprises tous les résultats obtenus , que je me suis laissé convaincre. J’ai cru alors à une nature cryptogamique , à la production d’un végétal rudimentaire et placé aux derniers degrés de la série botanique. Il faut vous le dire , vos arguments ne me paraissent pas, à eux tous , établir une preuve -, je vais les combattre un à un. 1° Il est certain que nous annonçons le premier cas de champignon normal; mais croyez-vous donc que nous eus¬ sions insisté sur un végétal parasite d’un insecte mort, comme sur un fait nouveau? Si le fait existe tel quel, ne faut-il pas le signaler une première fois? 2° Votre argument de la disposition régulière des taches me semble porter à faux. Vous avez bien reconnu nos b⬠tonnets dans la poussière de Buprestides autres que le B. gi- ganteci , mais n’avez-vous pas reconnu une disposition su- turale pour ainsi dire de la poussière jaune ou blanchâtre, une large bande sur les côtés du thorax ou de l’abdomen à la réunion de leurs diverses pièces? Vos fdaments courbes de Cetonia ne sont plus la même substance , car ils sont formés par des poils longs et contournés. Rappelez-vous bien que sur les Lixus et surtout les Larinus , il y a non-seu¬ lement des poils arrangés par plaques et formant des taches, mais encore la matière jaunâtre saupoudrant sans ordre les intervalles, abondante le long du bec et sur les côtés du corps. MÉLANGES ET NOUVELLES. 143 3ü La reproduction plusieurs fois répétée, s’explique par végétation comme par sécrétion. L’animal mort, le végétal meurt à son tour. Quoi de plus simple ? J’ai attentivement recherché si les spores que nous avons représentées ne seraient point , non des fragments de b⬠tonnets , comme vous le dites , ils sont trop réguliers pour cela; mais ces mêmes bâtonnets, vus de champ par un de leurs b; >uts , je reste convaincu que ce sont des spores , et on en observe souvent un grand nombre dans le champ du microscope. Et puis, 4° n’avons nous pas constaté, dans le B. giganm teci , des filaments articulés? (Voy. notre dessin.) Ce qui ébranlerait ma conviction , c’est l’opinion de MM. les docteurs Montagne et Ch. Robin; mais j’attends , avant de me rendre , d’avoir des preuves matérielles , et non une imposante négation du fait avancé. Enfin , je puis vous annoncer, sur le témoignage de M. Pi¬ late , qui a étudié sur les lieux les premiers états des gros Euchroma , que ces Buprestides, en quittant leur dépouille de nymphe, sont entièrement dépourvus de poussière jaune ou blanche; celle-ci apparaît, végète, passez-moi le mot, après leur développement, alors que ces élytres sont deve¬ nues d’une consistance très-forte. Je vous rappellerai en terminant, mon cher ami, votre indécision quand vous étudiiez l’enveloppe pulvérulente de nos insectes. Vous avez plusieurs fois modifié votre juge¬ ment; je crois, comme vous, que de nouvelles recherches sont encore utiles pour élucider tout-à-fait cette difficile question. Soyez assuré que de mon côté je chercherai au plus tôt , dans les élytres des Lixus vivants , s’il n’y a pas quelque glandule cachée, quelque follicule inaperçu. Sans intervenir dans le débat, nous devons signaler aux zoologistes le travail de M. Dujardin, mentionné plus haut, p. i27 , dans lequel il est établi que beaucoup d’insectes sé i 44- rev. et mac. de zoologie. ( Février 1850. ) crètent de la cire. Ne serait-ce pas une sécrétion semblable qui formerait la poussière dont il est question? (G. M.) W. BU&SÆTIItf BIBIiIOCHAPHIQUE:. Miscellanèes malacologiques , par À. de Saint-Simon. Pre¬ mière décade, in-8 (2 feuilles). — Toulouse, chez Labouisse Ro- chefort. La Chenille du saule et le Ver-à-Soie considérés comme deux merveilles de la création ; ou Abrégé du Traité anatomique de la Chenille de Lyonet, par Die. 1 vol. in-12 de 9 feuilles 1/2. — Chez Lamort, à Metz. Ouvrage accompagné de notes et d’obser¬ vations, d’un avertissement et d’une notice sur Lyonet, par A. P s ; orne d’un bel atlas de planches gravées. On Platygonus ... Sur le Platygonus compressas , nouvelle espèce fossile de Pachyderme; par M. J.-L> Le Conte. In-8. Additîonal . Observations additionnelles sur une nouvelle espèce vivante d' Hippopotame de l'Afrique occidentale ( Hippo - potamus lïberiensis ), par AL S. -G. Morton. — Philadelphie, 1849. In-4. Delle . Recherches microseopiques sur les altérations que présentent les globules rouges du sang par suite de l’action des substances médicamenteuses, par M. R. Bellini. (Extr. delà Ga¬ zette toscane des sciences médicales, 5e année. ) De Alcuni . Expériences concernant quelques changements que subit le sang sous l’action des substances médicamenteuses , par M. R. Bellini. — Florence, 1847, in-8. Recherches microscopiques sur la circulation du sang et le système sanguin dans le canal digestif, le foie et les reins, par M. L.-C. Boulland. — Thèse in-4, 1849. Ornithologie européenne , ou Catalogue analy tique et raisonne de tous les oiseaux observés en Europe; parC.-D. Degland. 2 vol. in-8. — • Lille, 1849. — Prix : 18 fr. Recherches chimiques sur la respiration des animaux des di¬ verses classes, par MM. V. Régnault ci J. Reiset. ( In S, extr. des Ann. de chimie et de physique , 5e sérié, t. 26, 1849.) - . TREIZIÈME ASTMÈE. MAES 1850. I. TRAVAUX INÉDITS. Essai d'une monographie du genre Picucule (Bufïon), Dendrocolaptes (Hermann, Illiger), devenu aujourd’hui la sous-famille Dekdrocolaptinæ (Gray, Généra ofbirds ), de la famille Certiuadæ de Swains. 5 par F. de Lafresxaye. — Suite, voy. p. 95. Avant de commencer la description des espèces du se¬ cond groupe ( les Picolaptes de Lesson et de G. -R. Gray , Xiphorhynchus de Swainson), toutes ces espèces oflrant entr’ elles les plus grands rapports de coloration , et par con¬ séquent la plus grande difficulté pour établir leurs distinc¬ tions spécifiques, nous avons cru devoir indiquer préala¬ blement les diverses modifications que nous avons remar¬ quées dans cette coloration. Tous les ornithologistes ont sans doute remarqué, comme nous, que chez toutes les espèces les pennes des ailes et celles de la queue étant de couleur brun-roux ou brun-ca- nelle , ces deux parties ne pouvaient guère être employées comme moyen de comparaison quant à la couleur; mais presque toutes ont. sur la tête et le cou , et même le dos. quant aux parties supérieures, sur la gorge, la poitrine et l’abdomen, quant aux inférieures, des taches soit blanches ou d’un blanc ochrcux ou roussâtre , de forme soit écailleu¬ se, soit ovalaire soit rétrécie en forme de stries, presque toujours bordées latéralement d’une ligne noire ou noirâtre. Ges taches occupent toujours le centre de chaque plume dans le sens de sa longueur tout le long de sa tige, qu’elles enveloppent jusqu’à son extrémité. Lorsque la nuance claire s’étend en largeur à peu près sur toute la plume, et série. T. 11. Armée 1830. 10 146 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( McifS 1850.) que ses bords latéraux seulement sont d’une nuance foncée presque jusqu’à la pointe, il en résulte qu’elles font alors ‘ l’effet d’écailles, leur coloration ne se composant que de- deux nuances, celle claire de la plume et celle foncée de ses bords presque jusqu’à la pointe. C’est ce que l’on remarque sur toutes les parties inférieures du Picolaptes leucogaster, Xiphorhynchus leucogaster , Swainson, Synops . of the birds of Mexico , du Picolaptes Wagleri , Dendrocolaptes Wagleri , Spix; ou Maculiv enter , Lesson, Suppl, à Buffon, p- 283. Quelquefois ces taches écailleuses n'existent que sur la partie antérieure du cou et sur la poitrine, et, se ré¬ trécissant insensiblement sur le ventre et l’abdomen, n’y présentent plus que des maculatures étroites allongées, semées sur un fond brun-roussàtre ou brun-olive. C’est ce que l’on peut observer chez le Nasican , chez le Talapiot . Souvent ces taches, quoiqu’occupant toute la largeur de la plume , n’y sont bordées de noirâtre que sur une partie de leurs côtés ; elles ne représentent plus alors que très-impar¬ faitement des écailles, mais de simples maculatures longi¬ tudinales bordées légèrement et imparfaitement d’une nuance foncée. C’est ce que l’on voit chez le Picol. tenui- rostris, Dend. tenuirostris de Lichtenstein, ou Grimpic à goutelettes de Lesson , chez le Picolaptes angustirostris, Dend. angustirostris , Vieillot, Nouv. dict. dMiist. naiur . — Chez le Xiphorynchus flavigaster de Sxvainson. • D’autres fois ces taches, plus étroites et n’occupant en largeur que la partie moyenne de la plume , n‘en sont pas moins bordées latéralement, quelquefois jusque près de leur pointe, par une ligne noire ou noirâtre, et le bord latéral de la plume au-delà de cette ligne est souvent d’une teinte brun-olive ou grisâtre, d’où il résulte que ces taches blanches ou ochreuses , bordées de noirâtre, sont comme des goutelettes ou Larmes isolées, se détachant nettement sur un fond unicoîor, comme chez les Dend. lacrymiger , Nob., affinis , Nob., albolineatus , Nob., et parmi les es¬ pèces déjà décrites de notre premier groupe, chez le Dm- TR ANAUX INÉDITS. 1 47 drocolaples promeropirhynchus , Lesson , chez le Vend, major, Vieillot. D'autres fois encore ces taches, ne formant plus que de simples stries longitudinales de couleur claire et non bor¬ dées, sont éparses sur un fonds unicolor, comme sur la poitrine des Dendrocolaples albicollis de Vieillot, et platij- rostris de Spix, et sur toutes les parties inférieures de toutes les espèces de Xiphorkynchus ou becs en faucille. Jusqu’ici toutes ces diverses maculatures nous ont pré¬ senté des taches plus larges à leur base , c’est-à-dire vers la naissance de la plume, qu’à son extrémité, soit qu’elles se terminassent d’une manière aiguë ou arrondie. Chez quel¬ ques espèces, au contraire, nous remarquons une forme opposée, c’est-à-dire rétrécie en haut et s’élargissant en bas vers l’extrémité delà plume. Ces cas sont les plus rares : nous les remarquons chez le Dend. triangularis , Nob., et chez le Dend. mauperthuisii/Vuchercm et Lafresnaye. Ces taches sont réellement alors ou larmiformes ou flabelli- formes. Quelquefois , mais chez les grandes espèces seulement , aux maculatures longitudinales de la poitrine viennent se joindre sur l’abdomen des bandes en festons transversaux , comme chez V Albicollis de Vieillot, le Cayennensis de Gmelin , le Platyrostris de Spix. Chez toutes les espèces dont nous venons de décrire les diverses modifications de maculatures pectorales et abdo¬ minales, les parties supérieures, c’est-à-dire le dessus de la tête et du cou , ainsi que le haut du dos, sont toujours mar¬ quées de taches claires, soit en forme de mouchetures, ou de goutelettes, ou de stries étroites bordées ou non de noirâtre, suivant les espèces, mais toujours plus petites que celles des parties inférieures. Chez quelques espèces enfin il y a absence totale ou presque totale de maculatures en dessus comme en dessous, ou sur l’une de ces deux parties seulement, comme chez les diverses espèces du genre Sittasomus de Swainson , ou 14S liiiv. Et mais, dè zooloce. ( Mars taAO ) P icucules fauvettes , chez celles du genre Dend roc incla de G. -R. Gray, telles que les Dend. turdinus , Licht., jumi- gatus, Vaill., Merula , Licht., et chez quelques-unes de nos espèces déjà décrites ( les Dend. simpticiceps , Perrotii et Devillei, Nob. ) On manque de renseignements suffisants sur les livrées du jeune âge de la plupart des espèces; mais, d’après la connaissance que nous avons des jeunes Dcndrocolaptes Cayennensis et Albicollis, nous sommes très-portés à croire que chez un certain nombre d’espèces , et particulièrement des plus grandes, les jeunes auraient des bandes ou festons en travers avant d'avoir ces stries ou taches longitudinales qu’elles nous présentent dans l7état adulte. Un fait constant et fort remarquable , c’est que presque tous les individus que nous avons vus rapportés d’Amérique étaient dans l’état adulte, excepté quelques Dend. Cayennensis , dont le plu¬ mage de jeune âge a été décrit et figuré par Buffon et la plu¬ part des auteurs comme étant celui de l'adulte qu’ils ne connaissaient pas. 2e groupe Picolaptes (Grimpic), Lesson, Tr. d'ornit ., 1831, p. 313. — G. -K. Gray, Gen. ofbirds, — Xiphorhyn * chus.9 Swainson (Pars.). (Char. Gen.). « Rostrum clongatmn, capite longius , gracile, valde compressum et per totam longitudinem modice curvatum, gonvde valde elongato et curvato ; alæ magis elongatap et pedes de- biliores quam in præcedente généré , ptilosis in fere totis speciebus supra et subtus inaculis pallidis, ovaiibus, squamæformibus, aut striæ formibus insigne sîatura mediocris. » Ce groupe se distingue du précédent par une taille beau¬ coup moindre, par un bec plus allongé , plus grêle et beau¬ coup plus comprimé, par des ailes plus longues et plus pointues et par des pattes plus minces et beaucoup moins robustes. A. Espèces a taches squamiformes en dessous, occupant toute la largeur des plumes, sauf une étroite bordure latérale. 1° Picolaptes sqmmotvs , Dend. squomafus, Lichtcns- TRAVAUX INÉDITS. 149 tein . Mon. de VAcad. de Berlin, 1 818, 19, *20 e tel; Monog. hujus generis cl Calai, du double du Mus. de Berlin , n° 1 52. — J) end . Wagleri , Spix, Voy. au Brésil, p. 88, pl. 90, n° 2. — Xiphorhy nchus maculiventer , ( Xiphor. à ventre tacheté ) , Besson,, Supp. à Buffon, p. 283, 1847. « P. supra olivaceo-rufus, eapite obscuriore, uropygio caudàque vivide rulis, capitis nuchæque plumis rufo-pallido vix conspicue striatis; subtùs albicans, plumis totis nigro-fusco fimbriatis; gula alba; rostrum valdecompressum subarcuatum, pallidfum. — Long, tof. 19 cent lh2; alæ plicalæ, 10 cent. Ih2; caudæ, 8 cent. ; ros- tri a fronte, 5 cent. Habit, in Brasilia, in provincià San-Paulo. » Cette espèce , de la taille à peu près de la Piegrièche rousse , est facile à reconnaître parmi les autres espèces par sa coloration d’un roux uniforme assez vif sur toutes ies parties supérieures, nuance qui devient plus vive et plus claire sur le croupion et la queue, tandis que chez les autres espèces le brun du dos est mêlé d'olivâtre et les ailes ainsi que la queue sont d’un brun-canelle foncé. Le dessus de la tête, d’une teinte plus rembrunie que le dos, ne pré¬ sente jusqu’à la nuque que de petites taches étroites , ferru¬ gineuses, en forme de stries peu apparentes sur le milieu des plumes, au lieu de ces taches claires et très-nettes que l’on remarque chez les autres espèces; elles s’arrêtent à la nuque, et le dos est unicolor. Les parties inférieures four¬ nissent encore un caractère distinctif très-prononcé dans la couleur blanche de toutes les plumes formant des taches ovalaires bordées latéralement de noirâtre et contiguës les unes aux autres, de manière à imiter des écailles oblongues qui couvrent le haut et les côtés du cou, la poitrine, l’ab- domen et l’anus. Le bec, de couleur pâle , offre sur la man- dibule supérieure une nuance un peu moins claire qui sem¬ blerait indiquer qu’elle était rougeâtre sur l’oiseau vivant. N’ayant trouvé, dans la description et la figure du Den- droeolaptes Wagleri , de Spix, d’autre différence avec cette espèce qu’une taille plus petite, nous avons pensé que ces deux prétendues espèces n’en formaient qu'une, d’autant 150 ÏIEV . ET 31 AG. DE ZOOLOGIE. ( MüVS 1850.) plus que les caractères de coloration qu’elles présentent sont particulières à l’espèce et ne se retrouvent chez aucune autre. Il en est de même pour le Xiphorhynchus maculi - venter de Lesson. 2° Picolaptes leucoyaster, Xiphorynchus leucoyaster, Swainson, Synops. of birds of Mexico , p. 440. « P. supra rufo-olivaceus, pileo nuehâque fusco-nigris, pluma- rum omnium, macula média ovali ad nucham addorsumsupremum striæformi, vittâque superciliari albis ; alis olivaceo-rufis ; caudà innamomeà; subtus albicans, gulà colloque antico albis; colli la- teribus, pectore abdomine et ano fusco squamatis; rostrum huic. Dendrocolaptis squamati affine, valde compressum, elongatum rao- dice curvatum, paltidium, supra brunneum. — Long. tôt. 21-22 cent.; alæ plicatæ, 12 cent.; caudæ, 10 cent.; rostri a fronte 5 cent. 112. Habit, in Mexico, Table land , Swainson. » Cette jolie espèce , qui offre les plus grands rapports de coloration avec la précédente, quand on ne l’examine qu’en face, en diffère totalement quant à leurs parties supé¬ rieures. Effectivement , tandis que le Squamatus est en dessus, et notamment sur le dos et la queue, d’un roux uniforme clair, n’ayant sur la tête et la nuque, que de petites taches ferru¬ gineuses , peu tranchées , le Pic. leucoyaster , au contraire, a le dos d'un roux olivâtre, la queue brun-canelle , la tête, la nuque, le haut du dos noirâtres, parsemés de goute- lettes blanches bien prononcées, et déplus une bande post¬ oculaire de la même couleur. Et quant à la maculature des parties inférieures, celle du Leucoyaster diffère par ses taches blanches beaucoup plus larges et plus squamiformes que celles du Squamatus ; sa taille est visiblement plus forte. Il est du Mexique , le Squamatus est du Brésil. M. G. -R. Gray, dans son Généra of birds , les a indiqués comme synonymes avec un point d’interrogation, toute¬ fois ; mais on ne peut avoir le moindre doute sur leur dis¬ tinction spécifique, comme nous venons de le faire ob¬ server. V TRAVAUX INEDITS. 151 3°. Picolaptes tenuirostris, Dend. temiroslris , Lich¬ tenstein, Monog. et Cat . des doubles de Berlin., n° 153, Spix, Voy. au Brésil, p 91, f. 2. Grimpic à goutelettes, Picolaples guttata , Lesson , Centurie, p. 93, pl. 32, Gr im¬ pie de Spix, Picolaptes SpixiiAà., Tr. d’ornit., p. 314. «P. rostro subarcuato, compresso, atfenuato , maxillà piceâ , mandibulà albà ; gulà maculisque guttatis densis capitis, colli, dorsi et abdominis ex albo flavescentibus. Habit, in Brasilia ( San- Francisco ). » Cette espèce, beaucoup moins grande que les précé¬ dentes, en diffère surtout en ce que sa maculature infé¬ rieure offre plutôt des taches en formes de gouttes rappro¬ chées et se confondant parfois, que squamiformes; la gorge et le devant du cou sont d’un blanc jaunâtre sans taches ; la tête et le dessus du cou sont d’un brun sombre , et cou¬ verts, ainsi que le haut du dos, de petites taches roussâtres qui s’élargissent et s’allongent sur cette dernière partie. Les ailes sont d’un brun-olivâtre; le croupion d’un roux vif, et la queue d’un brun-canelle. Le bec , très-légèrement arqué, est grêle , très-comprimé , brunâtre en dessus , jaunâtre en dessous-, une bande post- oculaire d’un ochreux pâle se pro¬ longe jusque vers la nuque , et les côtés de la tête et du cou sont couverts de petites taches squamiformes de la même couleur. Taille à peu près de la Sylvia Hortensis. — Long, tôt., 17 cent.; de l’aile ployée, 7 cent. 1/2; du bec, depuis le front, 2 cent. 1/2. ÏL se trouve au Brésil. 4°. Picolaptes angustirostris , Dendrocopus angusti - rostris , Vieillot, Nouv. dict ., vol. 26, p. 116 ( Pic grim¬ pereau commun, Azara, n° 242. ) « P. supra rufo-olivaceus, uropygio caudàque cinnamoineis, ca- pite nuchàque nigris, pallido-rufescente striatis, vitra latà super- ciliari a naribus ad nucham ductà rufescente-albidà; subtùs, gut- ture, collo antico et latéral! pectorcque rufescente-albidis; pectoris, abdominis anique plumis lateraliter fusco limbatis; rostrum gra¬ cile elongatum, compressum, pallidum parum arcuatum. — Long, tôt. 20 cent.; alæ pîicatæ, 10 cent. 1/5; rostri a fronte, 5 cent. 1/2. Habit, in Brasilia, in Paraguay» (Azara). » 152 HEV. ET 51 AG. HE ZOOLOGIE. ( MüTS 1850.) Cette espèce se distingue facilement au premier abord par sa large bande sourcilière d’un blanc ochreux allant depuis les narines jusqu’à l'occiput, bordée en dessous par une autre bande noire , enveloppant l’œil et se prolongeant laté¬ ralement jusqu’au bas du cou , par le dessus de sa tête noire ù flammèches roussâtres peu prononcées, et surtout par le blanc légèrement ochreux qui recouvre entièrement la gorge, îe devant du cou, la poitrine et l’abdomen, dont les plumes, comme celles des côtés de la poitrine, sont fai¬ blement bordées latéralement de noirâtre. Le bec , allongé , grêle, et légèrement arqué , est en dessus d’un brun rou¬ geâtre , et blanc en dessous , selon Azara. C’est bien à cette espèce , comme l’a pensé Spix , et non au Demi, guttatus de Lichtenstein , Catal. des doubles du Mus . de Berlin. n° 149, et Mono g ., nü 6, qu’appartient réellement la synonymie du Pic grimpereau commun d'Â- sara , n° 242, quoique Lichtenstein l’ait appliquée à tort à son Guttatus. Il ne faut que comparer ces diverses descrip¬ tions pour s’en convaincre et reconnaître l’erreur du doc¬ teur Lichtenstein. 5° Pic. bivittatus , LichL, Monog pi. 2, f. 2, id., Catal. des doubles du Muséum de Berlin , n° 15 4. — Spix, Voy. au Brésil , pl. 90, f. 1. — Pic-grimpertau à. bec court , Azara, n° 243 ? « P. rostro subarcuato, compresso, debili, acuto, pallido, vitià utrinquea rostro ad occiput guitureque albis; abdomine cineras- cente albo. — Long. S poliices. Habit. San-Paulo( Lichtenstein ).» Cette espèce offre tant de rapports avec la précédente, que l’on serait tenté de la regarder comme une simple va¬ riété; cependant elle en diffère, 1° par une taille moindre et un bec plus court; par l’absence totale de maculatures sur ses parties inférieures, qui sont d’un blanc grisâtre uni¬ forme, n’offrant que quelques traces de stries plus pâles sur les sous-caudales. On peut ajouter, comme caractères diffé¬ rentiels, que le Bivittatus est constamment plus petit; son bec, légèrement arqué, de couleur pâle, comme chez Y An- TRAVAUX INEDITS 153 gustirostris , est néanmoins plus court, et ses pu tics sont évidemment plus faibles. Sa coloration supérieure est en outre d’un roux plus vif et moins rembruni. Sonnini, dans sa Traduction des Oiseaux du Paraguay d’Àzara , après la description du Pic grimpereau à bec court , n° 243, dit qu’il doute que les légères différences reconnues par Àzara entre cette espèce et la précédente, qui est le Pic grimpereau commun de ce dernier, soient suffisantes pour les regarder comme espèces distinctes. Vieillot, se fondant sans doute sur l’opinion de Sonnini, ne parle du Pic grimpereau à bec court qu’à la suite de sa description du Pic grimpereau commun, et sans en faire une espèce distincte. Nous avons pensé, au contraire, que ce Picucule d’Azara, si voisin du précédent, et n’en diffé¬ rant que par les mêmes caractères que nous retrouvons entre YÀn gustirostris et le Bivittatus , en était distinct, ce qui nous a décidé à le présenter comme tel , quoique aucun auteur, jusqu’à ce moment, n’ait émis cette opinion. Nous ajouterons que si nous l'avons réuni aux espèces à taches inférieures écailleuses, quoique toutes ses parties inférieures soient de teintes uniformes-, c’est à cause de son extrême ressemblance avec l’espèce précédente , et pour en faciliter la distinction par ce rapprochement. P>. Espèces à taches plus ou moins allongées , n'occupant en dessous que la partie moyenne des plumes et se détachant sur un fonds rembruni d’une manière tranchée. Chez les espèces de cette seconde sectionnes taches de couleur claire des parties inférieures comme des supé¬ rieures sont plus étroites, moins contiguës que chez celles de la première, et au lieu d’occuper toute la largeur de la plu¬ me, sauf ses bords latéraux, elles n’en occupent que la partie médiane. Elles n’en sont pas moins bordées d’une ligne noire ou noirâtre très-distincte ; mais au-delà de cette ligne la plume est elle-même bordée d'une nuance brun-roux ou brun-olive, formant le fonds de la coloration sur lequel 154 LEVE ET JUAG. 1)E ZOOLOGIE. ( MciTS 1850.) ressortent ces taches, qui présentent plutôt alors l’effet de gouielettes ou de larmes isolées que d’écailles conti¬ guës. 0 ° PicoL lacnjmiger, Fend. lacrymiger, Nob., Iconogra¬ phie de M. O. Des Murs, pl. 71. « P. supra olivaceo-rufus, pileo obscuriore; uropvgio, alis caif- daque cinnamomeis; pileo toto usque ad nucham maculis minimis triangularibus pallide rufis notato ; subtùs olivaceus; gutture, collo antico, capitisque lateribus albis, pennis totis utrinque nigro limbatis, squamæ-formibus; pectoris abdominisque plumis oliva¬ ceis, in medio macula oblongâ albà apice rotundatà nigro margi- natà , quasi Jacrymiforme, notatis ; rostrum médiocre, tenue parum aduncum, pallidium. — - Long. tôt. 19 cent.; alæ plicatæ, 11 cent. ; caudæ, 9 cent. ; rostri, 2 3/4. Habit, in Colombia, Sanfa-Fe de Bogota. >. Description de quelques espèces de Picinées ; ( Genus Ficus , Linn ) , par M. Alfred Malherbe. Chloropicos ( Picus , L. ). Isidori ( Malh. ) . — « Mas rostro fusco, mandibulà flavidà subtus in medio, capite toto suprà, vit- taque utrinque à mandibulà coccineis; capite ad latera, nuchâ, flavido-olivacers; vittà flavà utrinque à maxillâ ad occipitum, tergo, uropvgio, caudæ tectricibus superioribus, alarumque tec- tricibus olivascenti-viridibus; remigibus primariis fuscis, sed a basi ad medium rufis; remigibus secundariis ad apicem olivaceis, extùs ad latera olivaceis, in medio et intus rufis. Gulà albà, collo antico pectore fusco-olivaceis cùm striis longitudinalibus albis, ant flavido-albis; abdomine, hypochondriis, crissoque transver sim fusco alboque-olivaceo lineatis; caudà fuscâ et versus basim oli- vaceo marginata. » J’ai trouvé, en 1847, deux mâles de cette jolie espèce nouvelle dans les collections en peaux du Muséum de Pa¬ ris ; ils avaient été rapportés de Santa-Cruz, en 1834, par d’Orbigny. En les plaçant sous le patronage de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, je désire offrir à ce savant distin¬ gué un témoignage, quelque faible qu'il soit, de ma plus TRAVAUX INEDITS. 1 55 vive gratitude pour les facilités qu’il m’a procurées dans mes recherches scientifiques au Muséum de Paris. Voici la description du nouveau Grimpeur de l'Amérique méri¬ dionale : Le mâle : bec brun et le milieu de la mandibule infé¬ rieure jaune de corne en dessous; sillons latéraux sur la mandibule supérieure très-marqués et rapprochés du som¬ met du bec. Tout le dessus de la tête et une bande par¬ tant de l’angle de la mandibule inférieure rouges ; sur un sujet moins adulte peut-être ou en mue, ce rouge était mêlé de quelques mèches d’un brun olivâtre, la base des plumes étant de cette dernière couleur. Côtés de la tête olive-jaunâtre ; une bande d’un jaune vif part de l’angle de la mandibule supérieure et s’étendant le long de la bande rouge, qu’elle excède de beaucoup, va se fondre vers la nuque dans la couleur olive-jaunâtre qui teint cette partie. Dos, croupion, couvertures -supérieures delà queue, tec¬ trices alaires, d’un vert-olive . plus jaunâtre sur le dos. Ré¬ miges primaires brunes; mais vers la moitié, jusqu’à la base, ces pennes sont d’un roux fauve vif. Rémiges secon¬ daires frangées d'olive du côté externe ainsi qu’à l’extré¬ mité, et d’un roux vif le long de la tige; le côté interne est d’un roux vif, et l’extrémité, sur une étendue d’environ douze rnill., est d'un brun olivâtre. La 3e, la 4e et la 5e rémige sont presque égales entr’elles. Menton et gorge d’un blanc plus ou moins pur; devant du cou et poitrine d’un brun-olive , avec des mèches longitudinales blanches et d'un blanc jaunâtre. Abdomen et flancs rayés transversalement de brun foncé et de blanc olivâtre; chaque plume portant deux bandes brunes sur un fond blanc jaunâtre et étant ter¬ minée de blanc olivâtre. Queue brune bordée d’olivâtre vers la partie supérieure ; ongles jaunâtres. Dimensions. — Long, totale 21 c. 7 mill.; du bec, delà commissure à la pointe , 2 c. 5 mill.; du bec. du front , 2 c. 2 mill.; du bec, des narines, 1 c. 9 rnill.; de l’aile ployée, 12 c. 4 à 6 mill.; de la queue. 6 c. 5 à 7 mill.; du tarse. 156 HEV » ET MAG. DE ZOOLOGJE. ( Mar S 1850.) 1 c. 7 mill.; du doigt antérieur externe , sans ongle, 1 e. 7 mill.; de son ongle, 1 c. 2 mill.; du doigt postérieur in¬ terne, sans ongle, 1 c. 6 mil!.; de son ongle, 1 c.; du doigt antérieur interne sans ongle, 1 c. 2 mill.; de son ongle, 1 mill.; du doigt postérieur interne, sans l’ongle, 5 mill. Chrysopicos ( Ficus , Linn. ) atricollis. (Malh.) — « Mas , fronte et vertice cæruleo-griseis, coccineo punetatis; vitta stricta utrinque à fronte supra oculos ad occipitum ducta et alia utrinque ad oris rictum ortâ coccirieis; occipe nuehàque coccineis; capite ad latera albo flavido ; gulâ totà, collo antico et macula larga cingente nigerrimis; tergo, tectrieibus, alisque viridi-olivaceis nigro trans¬ versal) striatis ; alarum scapis infra et supra aureo-flavis; uropygio caudæque tectrieibus albo olivaceis nigro transversim striatis; rec- tricibus utrinque lateralibus rufo-flavidis, nigro-striatis ; cæteris nigris , transversim pallidè rnfo-strialis ; scapis aureis infra et supra, nigro-rufo terminatis; pectore hvpochondriis, crissoque albo-oli- vaceis, transversim nigro striatis; abdomine medio albo-olivaceo- flavo parvulum nigro striolato. » Le mâle a le front et le vertex d’un gris bleuâtre avec l’extrémité de quelques plumes rouge et peut-être toutes les plumes de ces mêmes parties ont-elles leur extrémité rouge dans des sujets adultes et non en mue; une ligne rouge étroite part du front, et passant au-dessus des yeux, vient couvrir, en s’élargissant, tout l'occiput et la. nuque; les plumes de ces dernières parties sont plus allongées et d’un beau rouge sanguin. Côtés delà tête, depuis la mandibule supérieure jusqu’au cou et un peu au-dessus de l’œil, d’un blanc jaunâtre. Les touffes de plumes raides et effilées qui recouvrent les narines, le menton, la gorge et un large plastron couvrant le devant du cou et le haut de la poi¬ trine, d’un noir profond; une large bande rouge partant de la mandibule inférieure sépare en partie le jaunâtre des côtés de la tête du noir du devant du cou. Le dos et les tectrices alaires sont d’un vert olive, chaque plume ayant deux ou trois bandes tranvcrsales noires ; ré¬ miges primaires et partie des rémiges secondaires du même vert olive . rav é de noir du côté externe . et d’un brun foncé TRAVAUX I AT . 1 ,1 T S . 157 vers l’extrémité. Ces rémiges sont brun foncé et frangées de blanc sur leur cùté interne. Les dernières rémiges secon¬ daires sont d’un vert olive ravé de noir des deux côtés. Les rémiges les plus longues sont la quatrième , la cinquième et la troisième, lesquelles sont égales ou presque égales. Toutes les tiges des rémiges sont d’uu jaune d’or en dessus et en dessous. Le croupion et les couvertures supérieures de la queue d’un blanc olivâtre, chaque plume ayant de nombreuses bandes noires transversales; les rectrices latérales rayées de bandes noires et de bandes d'un roux jaunâtre* les autres rectrices noires et portant, dans les deux tiers de leur lon¬ gueur, des bandes transversales peu apparentes d’un brun roussâtre. Toutes les tiges des rectrices sont jaunes d’or en dessus et en dessous, si ce n'est vers l’extrémité des ba¬ guettes, la tige devenant alors d’un noir roussâtre. Poitrine, flancs et couvertures inférieures de la queue d’un blanc oli¬ vâtre, avec des bandes noires transversales. Le milieu de l'abdomen est d'un blanc jaunâtre lavé d’olivâtre et l'on y voit à peine quelques vestiges de bandes noires. Bec d’un brun foncé, aigu et très-renflé vers le milieu de la mandibule inférieure, sillons latéraux très-rapprochés du sommet de la mandibule supérieure. Long, totale, *27 à 28 c.; du bec depuis la commissure, 3 c. 3 mill.; du front, 2 c. 9 mill.; des narines, 2 c. 4 mill.; de l'aile ployée, 12 c. 3 mill.*, delà queue, 9 c. 4 mill. 5 du tarse, 2 c. 5 mill.-, du doigt antérieur externe, sans l’ongle, 2 c.-, de son ongle , 1 c. 5 mill.: du doigt postérieur externe, sans l’ongle, 1 c. 8 mill. 5 de son ongle, 1 c. 4 mill.; du doigt antérieur interne, sans l’ongle, 1 c. 2 m.*, de son ongle, 1 c. 2 m.; du doigt postérieur interne , sans l’ongle, 7 mill.; de son ongle, 7 mill. Le seul exemplaire de cette belle espèce que j’aie encore vu en Europe est un mâle qui se trouve dans la collection du Muséum de Paris, et qui a été rapporté du Pérou , en 1838, lors du voyage de fa Bonite. Ce Grimpeur paraît rare, et 158 HEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Müt'S 1850. ) ne figure pas dans la Fairna Pernana publiée récemment parle docteur Tschudi. Description d’une nouvelle espèce de Tiirdus de Venezuela, par M. îIartlaub. 1. Turdus aurantiirostris , Nol>. — Supra dilute olivaceus, uiiicolor; cauda et alis extus ejusdem coloris; remigum pogoniis internis nigricaiiîibus ; subtus albidus, pectore hvpochondriis col- lique lateribus cinerascentibus, subcaudalibus albis, gula nonnihil cinerascente variegata; rostro, pedibus et annulo periophthal- mico nudo lacté aurantiacis. — Long. tôt. 6 ” 7’” ; rostr. a rictu, 7”’; rostr. a frante, 6”’; ala; 3”; tarsus, 1” 1’” 5/4. Je ne connais qu’un seul exemplaire de cette intéres¬ sante petite espèce de Merle. On le voit dans le Musée zoo¬ logique de Hambourg. 2. Conurus erythrochlorus, Nob., Rev . et Mag. de Zool. , 1849, p. 274. — Un individu très-adulte de cette espèce de Perroquet, que nous avons vu depuis peu à Hambourg, offrait quelques particularités de coloris. La plaque frontale rouge avait une plus grande étendue en arrière, et sur le cou antérieur on observait un assez grand plastron roux qui se perdait, sur les côtés du cou, en taches irrégulières. Une espèce bien voisine semble être le Commis Wagleri de Gray, Généra of birds , part. 19. De la Charnière, ou plutôt Recherches sur ce qu’on doit entendre par charnière dans les coquilles bivalves; par C. A. Recluz , pharmacien à Vaugirard (Seine). — Suite, voy. p. 15. Lamarck ne s’est guère attaché à réformer que les genres linnéens, lorsqu'il ne les a pas trouvés suffisamment purs de tout mélange de races étrangères. 11 n’a apporté à la mé¬ thode aucunes modifications dans les principes conehyliolo- giques promulgués par Linné, soit dans son Histoire des TRAVAUX INEDITS. \ 59 An. sans vertèbres , soit dans ses articles Coxcii\ologie, Coxchifères ( reproduit dans les an. sans vertèbres) et Co¬ quillages, du Dict. de Déteryille, où il n’est nullement question de ces mêmes principes. Pour nous renseigner à cet égard , il n’y a qu’à glaner dans le premier de ces ou¬ vrages. A l’article Conchifères , t. V, p. 418, nous trouvons : « La coquille des Conchifères est également bivalve. Elle se compose de deux pièces opposées, presque toujours jointes ensemble près de leur base par un ligament coriace, un peu corné , qui, par son élasticité, tend sans cesse à faire ouvrir leurs valves. Le point d’union des deux valves a lieu sur une partie de leur bord , représente une charnière , et le plus souvent se trouve en outre affermie par les dents et protubérances testacées qui sont à cette charnière. » Ainsi, pour Lamarck, le bord cardinal et tout ce qu’il comporte, c’est-à-dire les supports internes et externes du cartilage élastique qui établissent Punion intime des deux valves, et les dents qui sont destinées seulement à les af¬ fermir dans une position respective , constituent la char¬ nière. Ceci explique parfaitement ce que dit Lamarck à la fin de cet article , p. 422 : « Les Conchifères sont les seuls qui offrent généralement une coquille bivalve presque tou¬ jours articulée en charnière ; car, sur 89 genres qu’il a décrits, 37, c’est-à-dire, près de la moitié, manquent de véritables dents sur la lame cardinale. Il faut donc, pour entendre cet auteur, dans ces deux passages , prendre les supports du ligament pour des articulations. Comme Linné, Lamarck leur donne des noms différents; c’est ainsi qu’il appelle Dents en cuilleron les chondrophores des Ana- tines, Solémyes, Gueules dent cardinale , le support sail¬ lant des Myes; sinus , celui des Ethérées; gouttière , le ré¬ ceptacle du cartilage des Moules, Modioles; crénelures , les chondrophores des Crénatules; fossette cardinale, ceux desMactres, Corbules, Crassatelles , Houlettes, Plagios- tomes, Limes, Plicatules, Spondyles, Gryphées, Huîtres, 160 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( Mai' S 1850.) Yulselles, etc.; côtes et impressions, les supports des Pln- cunes; facettes, ceux des Cucullées, Arches, Pétoncles, Marteaux, Avicules, Pintadines, et réserve, à l’instar de Linné, le nom de nymphes ou callosités nymphales , aux chondrophores en lames plus ou moins saillantes des Glyci- mères, Tellines, Psammobies, Solens , Cyclades, Cyrènes, Castalies , etc. Si dans la plus grande partie des genres (pue nous venons de citer, et autres également dépourvus de dents sur la lame cardinale, les chondrophores en font la charnière , Lamarck n’est pas toujours fidèle au principe qu'il a adopté comme point do départ, puisqu’il donne tantôt ce nom de char¬ nière à la lame cardinale, dans les Anodonles; aux dents , ‘dans les Térébratules et Solens, et tantôt aux interstices saillants qui séparent les chondrophores en sillon des Pernes. C’est ce qui est démontré par les descriptions sui¬ vantes : G. ànodonte, « Ici la dent cardinale et la dent latérale des ÏJnios ont tout-à-fait disparu, et la charnière ri offre plusqriun bord intérieur uni, qu une sorte de lame adnée ou appliquée sous les nymphes , etc. » G. Tërébratule. « La charnière est formée par deux dents qui tiennent à la plus grande valve et entrent dans des fossettes plus petites. » G. Solex. « Ces coquilles singulières sont composées de deux valves égales, réunies par une charnière plutôt laté¬ rale que située au milieu du bord antérieur (postérieur, Blainv. ) ; souvent même cette charnière se trouve très-près de l’une des extrémités. Les crochets sont très-petits, peu renflés, quelquefois à peine apparents. Enfin le ligament est extérieur et situé près de la charnière. » G. Perne. «Charnière linéaire, marginale, composée de dents sulcif ormes, transverses, parallèles, non intrantes , entre lesquelles s’insère le ligament ! D’après l’opinion de Lamarck, le nom de charnière donné h la lame cardinale des Anodonles semble être justifié, TRAVAUX IXËDITS. 161 parce que celle lame ne représente, dans ce genre, qu'une longue endosité nymphale sur le bord dorsal de laquelle s’attache, d’une extrémité à l’autre, le cartilage élastique ou chondre que recouvre le ligament extérieur. Dans les Solens, Lamarck s’explique plus clairement sur la charnière, en la séparant nettement du ligament; aà lieu que dans lesMycs il prend les çhondrophores pour la charnière, bien qu’il reconnaisse que « le ligament des valves est intérieur,* court et épais; qu’il s’attache d\me part à la dent saillante , et de l'autre part dans la fossette de la valve droite. » Relativement à celle des Per nés, elle se trouve en dehors de toutes les définitions proposées par les auteurs. Nous aurions pu croire que les çhondrophores seuls, d’après la définition de Lamarc-k, auraient constitué la charnière, et c’était la seule supposition propable; cependant il n’en est pas ainsi, quant à ce genre. Lamarck , toutefois , vient lui- même contredire , par un argument péremptoire, le carac¬ tère dont il se sert pour caractériser cette charnière extra¬ ordinaire, dans le passage suivant : « Si la charnière des Pernes serftble avoir de l’analogie avec celles des Arches, ce n’est qu’une apparence , et ce seul rapport est très-impar¬ fait. Dans les Pernes , effectivement, les dents transverses d'une valve ne sont point alternes avec celles de l’autre , et toutes ces dents s’appliquent les unes sur les autres dans le rapprochement des valves ; » or, comme elles ne se logent point entre les interstices des dents de la valve opposée, ni dans les fossettes creusées à cet effet , ce ne sont donc pas là de véritables dents, mais tout simplement les rebords saillants des çhondrophores en sillon Pourquoi dès-lors les confondre avee les dents des véritables charnières. ? Lamarck conserve les noms de dents cardinales et laté¬ rales imposés par Linné, et fait pareillement attention à la place qu’occupent ces dernières sur le bord cardinal , en leur donnant les noms de postérieure et d’ antérieure ; mais pomme Linné, dans un sens opposé à l’état normal, si ce 2e série, t. h. Aimée li 16*2 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( AI (If S 1850. J n'est dans les genres Tridacne et Hippope, où il les appelle dents anticales, ce qui se trouve vrai , par rapport à la po¬ sition inverse de l’animal dans sa coquille, il nomme dents sériales « celles qui sont nombreuses, mirantes, et disposées sur le bord cardinal en une ligne soit droite , soit arquée , soit brisée. » Enfin, Lamarck ne reconnaît que trois modes de jonction des dents de la charnière, et qui ne sont que trois variétés d’articulations. Il appelle dents : 1. Entrantes ( intr antes ) , particulièrement les dents laté¬ rales simples qui se logent entre les lobes d’une dent bi- lobée, comme dans les Bucardes et Tridacnes. 11 y associe aussi les dents dites masticantes des Arches , Pétoncles, Cu- cullées et Nucules, qui n’appartient point à cette catégorie. ( G. Arche. Ch. en ligne droite . et garnie de dents nom¬ breuses , sériales et intr antes ) 2. Articulées ( inserti ), celles qui s’articulent avec les espaces opposés de l’autre valve, comme dans les Mu- lettes, Cames ( G. Mulette ( Unio ) observations, p. 69, ligne 16. Ces deux dents de chaque valve, s’articulent en - tr elles , lorsque la coquille est fermée. ( G. Came. Ch. à une seule dent épaisse , oblique, subcrénelée, s'articulant dans une fossette de la valve opposée). 3. Croisées ( cruciati ) , celles dont les dents, rappro¬ chées et obliques, s’articulent en croix, comme dans les Bucardes (G. Cardium. Ch. ayant quatre dents sur chaque valve , dont deux cardinales rapprochées et obliques , s'arti¬ culant en croix avec leurs correspondantes ; et deux laté¬ rales écartées , intrantes. ) Lamarck, non plus que Linné, ne s’est pas occupé de donner des caractères propres à différencier entr’elles les dents cardinales des latérales, si ce n’est en déterminant la position respective des unes et des autres sur le bord car¬ dinal , situation qui ne suffit pas pour les faire reconnaître quand elles sont rapprochées entr’elles ou que les latérales, isolées sur la lame, avoisinent de plus en plus le centre de TRAVAUX INÉDITS. 163 celle-ci, comme dans les Trigonies et les Cames. Toutefois, l’appréciation qu'il fait de la dent lunulaire des Cythérées est parfaitement juste , puisqu’il regarde celle-ci» comme une dégénérescence de dent latérale, parce quelle est pa¬ rallèle à la lame cardinale et qu elle se loge dans une fos¬ sette quine ressemble plus aux espaces qui servent à loger les dents cardinales . » Il eût été à souhaiter quun esprit aussi sagace eût poussé plus loin ses investigations sur toutes les dents de la char¬ nière, parce qu’il se serait aperçu que la dent postérieure de ses Cythérées et de plusieurs de ses Vénus sont encore des dents latérales, et que ces genres, de même que les Cypri- nes et Arthémis n’ont que deux dents cardinales pro¬ prement dites ; que les Unios, Tridacnes, Hippopes, ïso- cardes, Cames, n’ont que des dents latérales , de même que les Arches, Pétoncles, Nucules , Trigonies et ïrïdines, quelquefois bizarrement situées. Voici, à cet égard, ce que l’étude de la charnière nous a fait reconnaître 5 les dents latérales sont généralement : 1. Plus souvent longitudinales que transversales (c’est le contraire pour les dents sous-apiciales) , et quand leur situation est transversale, ces dents sont pliées en guille¬ mets , comme dans les Arcacés. 2. Plus lameileuscs que robustes , et lorsque leur volume est considérable , on remarque qu’elles sont striées, allon¬ gées , crénelées ( Cames, Unios, Trigonies ), ou fendues en deux (Bucardes, etc. ), ou longitudinales ( Tridacnes ) , ce que ne présentent jamais les dents sous-apiciales. 3. Dans leur mode de jonction, elles sont engrainées , recouvrantes et immergées , soit dans une fossette (Trigo¬ nies), soit dans le bâillement des lobes de la dentbilobée opposée , ce que aucune dent sous-apiciale ne présente à l’observation 5 celles-ci, se croisant obliquement, s'articu¬ lant en petit nombre avec les crans opposés, en s’appuyant l’une contre l’autre. Il y a- cependant la dent sous-apiciale des Mactres et Uutraires qui est également recouvrante; 1&4 RSV. ET MAC. ù£ ZOOLOGIS ( Mü/'S 1S5Û. biais eelle*ci est pliée eu toit, forme qu'on ne trouve que dans la dent latérale antérieure du Gnatodon. » Ce que nous allons dire de ces dents suppléera à ce que ees règles ont de trop concis. O11 compte dans les Cythérées quatre dents cardinales sur une valve, et trois sur l’autre avec une fossette cardinale an¬ térieure. Au sujet de celle-ci , Lamarck dit avec beaucoup de raison : « La fossette isolée de la valve gauche ( droite , Bl. ) , et qui correspond à la dent isolée de la valve droite ( gauche Bl. ), est ovale, parallèle au bord postérieur ( an¬ térieur, Bl. ) de la coquille, et ne se confond nullement avec les cavités qui reçoivent les trois dents cardinales , ces cavités étant différemment dirigées. Cette fossette n’est autre chose qu’une dent bilobée, bien caractérisée dans les Cyth. meretrix, impudica, etc., dont les lobes, le supérieur en- tr’autres , sont souvent confondus avec le reste des bords, dans les Cyth.. dione et autres. Lamarck ajoute : « Quant à la dent isolée, placée sous la lunule , on reconnaît qu'elle n’est qu’une dégénérescence de dent latérale. Parmi les dents cardinales, deux sont souvent rapprochées entr’elles; et la troisième, plus divergente, est placée du côté an¬ térieur ( postérieur, Bl. ), sous la nymphe. Celle-ci est tantôt simple est tantôt canaliculée, avec des stries dans son canal (Lamarck, Généralités du genre Cythérée ). »> Nous ne recon¬ naissons comme dents cardinales, principales, médianes ou sous-apiciales, que les deux dents rapprochées et situées $pus les sommets ; la dent canaliculée delà valve gauche ( Lk. - — droite, Blainv. ) porte des stries dans son canal dans la première section des Cythérées de Lamarck, ainsi que celle de Pautre valve, sur un de ses côtés, le supérieur ordinairement, comme dans les dents latérales de plusieurs Mactres, Cyrènes, Gnatodons, Gastalies, Mésodesmes, etc.; et de plus, l’une d’elles, la simple, est reçue entre les lobes de la dent bipartite de l’autre. Cette troisième n’est donc qu’une dent latérale. Ainsi il n’y a que deux dents sous- apiciales dans les Cythérées, TRAVAUX INEDITS. Dans les Cyprincs et Arthémis, il y a pareillement deux dents cardinales et deux latérales , dont une, l’antérieure ou lunulaire, est plus ou moins rudimentaire , allongée ou tu- bcrculiforme, et dans la conjonction des valves, elle est reçue dans la fente de la dent bilobée et courte de la valve droite. Celle-ci représente la dent latérale dégénérée des Cythérées. Des dents postérieures delà charnière, celle de la valve droite est large et canaliculée ; elle est reçue dans l’écartement de deux autres parallèles et obliques de la valve gauche, représentant une dent bilobée , à lobes écartés à cause du volume de son antagoniste. * Par rapport à sa position præpiciale et à son mode d’in¬ sertion dans une fossette correspondante de l’autre valve, la dent delà charnière des avicules n’est autre chose qu’une dent latérale. La charnière des Trigonies paraît, de prime-abord, formée par des dents cardinales, et les auteurs s’accordent à les qualifier ainsi 5 eh bien! nous les croyons latérales , et voici ce qui nous conduit à cette conclusion : 1° Elles ne sont point sous la verticale des sommets ou transverses au plan cardinal, l'une étant oblique à la postérieure longitudinale ou dirigée dans le sens de l’étendue de ce même plan ; 2° celles de la valve droite sont simples, sillonnées et cré¬ nelées, et les dents de la valve gauche sont creusées en vallon et gravées de sillons correspondants à ceux des dents opposées; de sorte que les premières immergent dans les dernières, comme dans les Cyrènes, Castalies, Mactres, etc. Ces caractères étant ceux des dents latérales, la char¬ nière des Trigonies ne saurait être composée d’autres sortes de dents. Les dents de la charnière des Opis appartient encore à cette même catégorie, malgré l’apparence qu’elle a d’être formée d’une dent cardinale , parce qu’en réalité cette dent est postérieure, crénelée, et reçue dans une autre bilobée. La charnière des Tridacnes, des Isocardes et Hippopqs, ne sc compose que de dents latérales, dans une situatio* 166 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( Mars 1850.) exceptionnelle , quant à celles qui se rapprochent du centre de la lame cardinale, parce que, dans les Tridacncset Iso- cardes, elles sont postérieures aux sommets, et antérieures dans lesliippopes. Dans lesTridacnes et Hippopes, la char¬ nière est remarquable parce qu’il y a sur une valve une dent centrale simple suivie d’une dent bifide, ce qui est le contraire sur l’autre. Dans les Isocardes, la valve droite aune dentbilobée et horizontale en arrière des crochets, et une autre bilohée en arrière du ligament; dans la gauche, deux dents simples, situées à la môme place, viennent se loger dans la profondeur du bâillement des autres. Ainsi leur forme et leur situation ne permettent pas qu’on en mette aucune au rang des cardinales. ' Les Unios ne nous paraissent avoir également que des dents latérales, quoiqu’elles affectent des formes diffé¬ rentes. Pour bien juger la question, il convient d’examiner les charnières qui ont des rapports avec celles de ce genre. Il y a, dans les Castalies, des dents centrales verticales un peu obliques et de longues dents latérales sillonnées sur les deux faces , comme celle des Cyrènes , et crénelées sur leur tranchant; ce sont des dents latérales incontestablement. Dans les Unios, la dent en crête est antérieure aux sommets, et de plus elle va se loger entre les lobes crénelés de la dent correspondante (Mul. ridée, littorale), comme dans les Castalies, Cyrènes, Mésodesmes, etc., et non dans les interstices, ou crans des dents cardinales, comme dans les autres bivalves. Lorsqu’elles sont simples et plus ou moins irrégulières sur l’une et l’autre valves , l’une recouvre l’autre à peu près comme cela se pratique avec les dents latérales desTellines, ou se place à côté, dans la fossette qui ac¬ compagne celte dent dans l’une et l’autre valve , comme dans les Cames de Lamarck. A ces caractères peut-on re¬ fuser de reconnaître des dents latérales d’une forme irré¬ gulière, quoiqu’elles soient suivis postérieurement d’autres dents latérales allongées, Tune simple, l’autre bipartite sur la môme coquille? TRAVAUX INÉDITS. 167 D’autres dents latérales anomales sont celles des Cames de Lamarck. Nous les considérons comme latérales, con¬ trairement à l’opinion reçue , parce qu’elles nous présentent tous les caractères des dents de cette sorte : c’est-à-dire parleur situation postérieure aux sommets, et en dessous du ligament et par leur mode de jonction quand les valves sont rapprochées l’une contre Vautre, Ces dents, quoique fort grosses et irrégulières, sont généralement comprimées sur les côtés supérieur et inférieur, le plus souvent crenelées sur leur tranchant, et plus ou moins ridées, bouillonnées ou granuleuses sur leurs faces, comme les dents des Unios. Dans ces coquilles, on. voit sur la valve droite ou concave des espèces Dextres une dent antérieure et une fossette pos¬ térieure , et sur la valve gauche ou operculaire , une dent postérieure et une fossette antérieure : c’est le contraire dans les espèces Sénestres. Dès-lors leur mode de jonction se fait alternativement par immersion des dents dans les fos¬ settes. Mais quand la dent d’une valve est plus amincie en arrière qu’en avant, cette partie plus mince vient recouvrir la dent opposée de l’autre valve. Enfin , il nous reste à apprécier les noms qu’on doit don¬ ner aux dents de la charnière des Arcacées, dents que La- marck nomme seriales, et Fabius Colomna polyleptogin - glymi . L’auteur français, non plus que Linné et M. de Blainville , ne s’expliquent sur la qualification à donner à ces dents. On ne sait en effet s’il les regardent comme car¬ dinales ou latérales ; de sorte que nous avons encore sur celles-ci le champ tout-à-fait libre pour notre appréciation. Toutefois , nous croyons pouvoir nous guider, dans cette circonstance, de l’opinion émise par M. Ch. Desmoulins pour la charnière d’une coquille qui sert de type au genre Malletia de cet auteur, décrite dans le t. V, p. 88, des Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux. Ce savant dit, au sujet du classement qu’ii propose de ce nouveau genre, entre les sanguinolaires et les solécurtes : « Il ne fera ano¬ malie dans ce groupe que par r absence de dents cardi- 168 UEV. ET SI AG. DE ZOOLOGIE. ( 31 CW S 1850.) uales. » En effet , dans le genre Mallétie , la série dentaire est interrompue sous les sommets , pour recommencer après eux, comme dans les Nucules des trois sections ( Nucales proprement dites ou trigones ; Limbules ou Nucules na- viculaires, et Yoldies ou Nucules tellinaires), où la série se trouve interrompue sous les crochets par un chondrophore en cuilîeron ou support du cartilage. Dans des Pétoncles , où les chondrophores sont tou t-à-fait en dehors de la char¬ nière, nous voyons, dans la section des Limopsides, la facette chondrophorique descendre sur le milieu du bord car¬ dinal et partager la série dentaire en deux portions égales et latérales; dans les Pétoncles proprement dits, la série est interrompue, chez les uns,, par un espace uni sous les cro¬ chets ( Pect. pectiniformis), et chez d’autres les dents s’at¬ ténuent ou s’attrophient en dessous de la verticale des cro¬ chets ( Pect. pilosus , etc. ). Cette interruption, dont la dé¬ gradation est de plus en plus marquée, en remontant jusqu’aux Limopsides, indique évidemment que les dents de la charnière des Pétoncles appartiennent à la catégorie des dents latérales. Dans les Arches, cette dégradation n’est pas aussi tranchée dans certaines espèces; néanmoins leur charnière présente une grande affinité avec celle des Pé¬ toncles. Dans les Arches proprement dites, c’est-à-dire plus ou moins inéquivalvès et toujours closes au bord ventral, nous voyons la série un peu recourbée latéralement, com¬ mencer de chaque côté par des dents assez grandes qui vont en s’atténuant vers le centre du bord dorsal. En regar¬ dant à cet endroit avec attention , on remarque sous les cro¬ chets une sorte d’interruption des séries par deux dents qui, au lieu d'être verticales comme les autres, sont divergentes en haut; et quand on rapproche les deux valves, ces dénis laissent un petit vide arrondi. Mais c’est dans VArcapexala, de M. Gouîd, que cet espace est encore mieux marqué : la série postérieure aux crochets , située sous le ligament ana¬ logue à celui des Arthémis, et formée par des dents obli¬ quant d’arrière en avant . finit, en avançant et montant vers TRAVAUX. IXtDlTS. 169 les crocheis, par obliquer en sens contraire, pour s'inter¬ rompre complètement près de ceux-ci . où il existe une forte dépression. Sous ces crochets, le bord, séparé par un sillon horizontal de la marge supérieure, est calleux et porte trois à quatre petites dents antérieures et convergeant en- tr’elles. Cet exemple prouve que les dents postérieures sont bien latérales , et que les antérieures sont un commencement de dents cardinales, car la pointe des sommets tombe sur le centre de cette callosité dentée. Cette espèce, en forme de cœur, à crochets antérieurs, enroulés extérieurement en avant, portant une lunule cordiforme,- est d’ailleurs as¬ sez particulière dans ce genre pour mériter de former une section à part. Dans la charnière des Byssoarches, espèces à bord ventral , équivalve et béant pour le passage d’un byssus fort, corné et chauve, la série des dents vient s’amaigrir sous les crochets, et d'autant plus qu’elle approche d 'un sinus bien marqué sur le tranchant perpendiculaire au bord ventral et situé sous ces mêmes crochets ( Area barbota , iVoé?, etc. ). Cette marque est le signe distinctif vers lequel s’arrête la diminution du volume des dents, et l'on y voit quelquefois un espace plus grand que celui qui reçoit ces dernières. Cette séparation nous vient en aide pour détermi¬ ner la nature des dents de leur charnière et prouver encore qu'elles sont latérales. Les dents des Arcacés ont d’ailleurs une forme particulière qu’on ne voit pas dans les cardinales des autres genres. En appliquant les mêmes règles à la charnièredes Iridines, dont la série laisse un espace libre et assez grand sous les crochets, nous reconnaîtrons que ses dents sont latérales. Telles sont les observations qu’il nous a été possible de faire dans notre propre cabinet , bien que peu riche en bi¬ valves; elles nous paraissent néanmoins suffire au but que nous nous sommes proposé. ( La suite prochainement, j 170 HEV. et mag. le zoologie. ( Mars 1850.) Catalogue des espèces fossiles de Mollusques Bryozoaires , de Polypiers et d’Amorphozoaires de l’étage néocomien, ■ parM. Alcide ü’Orbigny. MOLLUSQUES BRYOZOAIRES. Genre Heaiicellaria, d’Orbigny. H. ramosa, d’Orb. Jolie espèce en buisson, dont les branches sont diehotomes, les cellules en quinconce. — France, Saint-Dizier (Haute-Marne). Genre Alecto, Lamouroux, 1821. A. incrcissata, d’Orb. Jolie espèce à cellules larges, épa¬ tées, en rameaux diehotomes. •— France, Wassy ( Haute- Marne). A. granulata , Edwards., Ann. des Sc. nat ., 7, pi. 16, f. 3. — - France, Wassy, Les Saints en Puysay. Genre Idmonea, Lamouroux, 1821. I. divaricata, d’Orb., Aulopora divaricata , Rœmer, 1840 , Nord Kreid., p. 18; Oolith ., pl. 17, f. 3. — * Alle¬ magne, Schaudelahe. I. ziczac , d’Orb. Espèce à cellules peu distinctes, sur trois ou quatre de front, formant des branches en zigzag. — France, Wassy (Haute-Marne). I. crassa, d’Orb., Aulopora crassa , Rœmer, 1840, Kreid ., p. 18; Oolith., pl. 17, f. 5. — Allemagne, Schôp- penstedt. Genre Defrancia, Rœmer, 1840. D. stellata , Rœmer, 1840 , Kreid., p. 20; Ceriopora stellata, Koch, 1837, Beitr., p. 55, pl. 6, f. 12. — Alle¬ magne, Elligser-Brinke. Genre Diastopora, Lamouroux, 1821. D. flabelliformis, d’Orh., Rosacella flabelliformis , Rœ¬ mer, 1840, Kreid., p. 19, n° 4; Oolith., pl. 17, f. 4. — Hanovre, Schôppenstedt. D. polystoma , d’Orb., Aulopora polysloma , Rœmer, 1840, Kreid., p. 19, n° 3; Oolith., pl. 17, f. 6. — • Hanovre, Schôppenstedt. TRAVAUX IX EDITS. 171 D. gracilis, Edwards, 1838, Ann. des Sc. nat ., 2e sé¬ rie, pl. f. 2. Espèce à cellules très-petites, saillantes, formant des plaques arrondies encroûtantes. — France, Wassy; Fontenoy (Yonne). D. tubulosa, d’Orb.-, 1849. Espèce encroûtante, à cel¬ lules saillantes, dont l’ensemble s’élève souvent en tubes saillants. — France, Fontenov. j «y • D. megapora , d’Orb., 1849. Espèce encroûtante, à cel¬ lules trois fois plus grandes que chez les espèces précé¬ dentes. — Fontenoy (sur une Synastrea ). Genre Tubulipora, Lamarck, 1816. T. fascicularis, d’Orb. Cellules par groupes,, saillantes à la surface, d’un ensemble encroûtant. — France, Wassv. Genre Aspendesia, Lamouroux, 1821. A. neocomiensis , d’Orb., 1349. Espèce dont les crêtes forment des méandres irréguliers. — France, Fontenoy. Genre Ektalophora, Lamouroux, 1821. E. neocomiensis, d’Orb., 1849. Espèce à grosses tiges dichotomes égales. — France, Fontenoy. E. icaunensis , d’Orb., 1849. Espèce à tige très-grêle, pourvue d’un petit nombre de cellules. — France, Fon¬ tenov. Genre Chrysaora, Lamouroux, 1821. C. irregularis , d’Orb. Espèce pourvue de pointes irré¬ gulières, mais dont les saillies sont à peine lisses. — France, Saint-Dizier, Fontenoy. Genre Zonopora, d’Orb. Voyez Revue et Mag. de Zoolo¬ gie , 1849. Z. ramosa , d’Orb. , Heteropora rcimosa , Rœmer, 1840. Nordd. Kreid., p. 24, n° 4; Oolith. > pl. 17, f. 17. — France, Saint-Sauveur, Fontenoy. — Hanovre, Schôppens- tedt. Z. Cottaldina, d’Orb., 1849. Espèce à rameaux grêles, dichotomes, d’un tiers plus étroit que chez la précédente, à zone perforée, saillante. — France, Fontenoy. Z, irregularis , d’Orb., 1849. Espèce à liges ânastomo- 17 2 REV, El MAC, bE ZOOLOGIE. ( Mül'S 1850.) sées, à zones très-peu régulières. — France, Fontenoy. Genre Acaatuopora , d’Orb. Voyez Revue et Magasin de Zoologie , 1819. I. neocomiensis , d’Orb. Espèce à pores peu visibles, for¬ mant des encroûtements tuberculés. — France, Wassv. A. icaunensis , d’Orb., 1849. Espèce rameuse, à branches irrégulièrement diebotomes. — France. Fontenoy. Genre Polytrema, Risso, 1826. P. taberosa, d’Orb., Ceriopora tuberosa, Rœmer, 1840, p. 23, nn 5; Ool., pl. 17, f. 9. — France, Saint-Dizier (Haute-Marne). — Hanovre, Schôppenstedt. P. subtuberosa , d’Orb., Heteropora tuberosa, Rœmer, 1840, Kreid.y p. 23, nû 2 \.Ool., pl. 17, f. 8. — France, Geovressiat, près de Nantua (Ain ). — Allemagne, Schau- delabe. Genre Ceriopora, Goldfuss, 1826. C. arborea, d’Orb., Heretopora arborea, Koch, 1837, Reitr., p. 56, pl. 6,f 14. — France, Saint-Dizier, Wassv, Morleau (Doubs). — Allemagne, Elligser-Brink. C. subnodulosa , Rœmer, 1840, p. 23, n° 10; OoL, pl. 17, f. 19. — Allemagne, Schôppenstedt. C. biformis , d’Orb., Pustulopora biformis, Rœmer, 1840, Nord. Krcid ., p. 22, n° 7 ; OoL, pl. 17, f. 20. — Hanovre, Schôppenstedt. C . clavula, Koch,. 1837, Beür., p. 55, pl. 6, f. 13. — Allemagne. Genre Monticulipora, d'Orb. Voyez Revue et Mag. de Zoologie , 1849. M . verrucosa, d’Orb., Heteropora verrucosa, -Rœmer, 1840, Nordd. Kreid ., p. 23, n° 3, pl. 5, f. 26 — Alle¬ magne, Goslar. M. neocomiensis , d’Orb., 1849. Espèce tubéreuse, à monticules très-réguliers. — France, Fontenoy , Chenay (Yonne). POLYPIERS. Genre Bkaci^cyathcs, Edwars et H aime, 1848. TRAVAUX m'ËDlTS. 173 B. Orbignyanas , Edwards et Haime, 1848, Ann. des Se. nat.y p. 298, pl. 9, f. 6. — France, Saint-Julien-Beau- chon (Hautes- Alpes). Genre Montlivaltia , Lamouroux, 1821. iU. icaunensis, d’Orb., 1849. Espèce déprimée, peu éle¬ vée, presque horizontale. — France, Chenay (Yonne). Genre Polyphyllia , d’Orb. C’est un Thecophyllia à cloi¬ sons très-serrées, très-nombreuses, non débordantes; ca¬ lice intundibuliforme. P. explcinata , d Orb. , Autophillum explanalum , Rœ- mer, 1840, KreicL, p. 26, n° 1; Oo/., pl. 17, f. 21. ■ — France, Saint-Dizier. — - Hanovre, Schaudelahe, Schoppens- tedt. Genre Fukgixella, d’Orb. Voyez Berne et May. de Zoo~ logie , 1849. F. ncocomiensis, d’Orb., 1849. Espèce très-déprimée, à cloisons très-inégales, dans leurs systèmes. — Fontenoy, Chenay. Genre Barysmilïa, Edwards et Haime , 1848. B . gregaria, d’Orb., 1849. Espèce à groupes nombreux, a cellule terminale irrégulière, excavée en entonnoir, pla¬ cée sur une seule tige. —France, Saint-Dizier. Genre Amblocy.vthcs, d’Orb., 1849. Ce sont des Cyathina à calice et à columelle circulaires. Voyez Revue et Magas. de Zoologie, 1849. A. conicus , d’Orb., 1849, Autophyllium conicum , Rœ- mer, 1840, Nordd. Kreid p. 26, n° 2; Ool., pl. 1, f. 2. — Allemagne, Schôppenstcdt. A. neocomiensis , d’Orb., 1849. Espèce voisine de VA. conicus , mais à fortes côtes extérieures sur la racine. — France, Saint-Dizier. Genre Lasmosmilia, d’Orb., 1849. L. icaunensis , d’Orb., 1849. Espèce à rameaux dis¬ tincts, séparés, fortement costulée extérieurement. — Fran¬ ce, Chcnav. Genre Oculixa . Ramarck. 1816. j f * 174 rev. et mag. de zoologie. {Mars 1850.) O. Meyeri , d’Orb., 1847, Madrepora Meyeri , Koch, Beitr., p. 55, pl. 6, f. li * Lithodendron . ici., Rœmer. — Allemagne, Elligser-Brinke. Genre Exalliielia, d’Orb., 1S49. Voyez Revue et Mag. de Zoologie , 1849. E. Rathieri, d'Orb., 1849. Espèce à gros rameaux, à calices rapprochés, striés en dehors. — France, Fyé, Che- nay (Yonne). E. gr avilis, d’Orb., 1849. Espèce à rameaux grêles, à calices espacés. — France, Chenay. Genre Stylosmilia, Edwards et Haime, 1848. S. organisons, d’Orb., 1849. Espèce dont les tiges nom¬ breuses sont grêles, costulées en long sous l’épithèque ri¬ dée, et terminée par une cellule infundibuliforme, à cloi¬ sons nombreuses. — France, Saint-Sauveur, Venay. S. Cottaldina, d’Orb., 1849. Espèce dont les rameaux sont d’un tiers plus grêles que chez l’espèce précédente. — France, Saint-Sauveur (Yonne). S. brevis, d’Orb., 1849. Espèce dont les rameaux, plus petits encore, sont courts, dichotomes de suite. — France, Saint-Sauveur. Leugny. Genre Calamophyllia, Rlainville, 1834. C. compressa, d’Orb., 1849. Belle espèce à grosses ti¬ ges généralement comprimées, pourvue de fortes côtes ex¬ ternes. — France, Leusnv. Genre Piiyllocæma, Edwards et îlaime, 1848. P. Cottaldina , d’Orb., 1847. Espèce dont les cellules, larges de 4 millim., sont infundibuiiformes, à cloisons très- nombreuses et peu saillantes ; les côtes externes très-mar¬ quées. — France, Leugny, Fontenoy, Chenay, Ligneroltes ( Yonne). P. neocomiensis , d’Orb., 1849. Espèce voisine de la pré¬ cédente, mais à lames irrégulières ; à calices plus ovales ; à côtes plus petites. — France, Fontenoy. P. icaunensis , d’Orb., 1849. Espèce voisine du P. neo - TRAVAUX INÉDITS. 175 comiensis, mais à calices quatre fois plus grands. — F rance, Chenay. Genre àcanthocoenia , d’Orb., 1849. C'est un Stytina à cinq systèmes, à calice saillant, comme chez les Phyllocœ- nia. A. Rathieri , d’Orb., 1849. Belle espèce à calices sail¬ lants, à trois cycles. — France, Chenay. Genre Ellipsocoenia , d'Orb., 1849. C’est un Phyllocœnia à reproduction par fissiparité, -à calices ovales. E. regularis , d’Orb-, 1849. Espèce dont les jeunes sont trochiformes, ondulés en dehors; calices très-irréguliers. • — France, Fontenoy. E. inœqualis , d’Orb., 1849. Espèce à calices inégale¬ ment saillants, les uns bien plus élevés que les autres. — France, Fontenoy. Genre Cryptocoenia , d’Orb. Voyez Revue et May. de Zoo¬ logie , 1849. C. neocomiensis , d’Orb., 1847. Espèce à cellules bien sé¬ parées, entourées extérieurement de sillons confluents. — France, Saint-Dizier. C. icaunensis, d’Orb., 1849. Espèce à calices plus grands ( 3 mill. ), et à murailles presque communes. — France, Chenay, Fontenoy, Lignerolles. C. antigua , d’Orb., 1849. Espèce dont les calices sont d’un quart plus petits (2 mill. ). France, Fontenoy, Che¬ nay, Venay. C. excavata , d’Orb. Espèce dont les calices sont un peu plus larges que chez le C. icaunensis , mais séparés par des côtes confluentes prononcées. — France, Chenay. Genre Pentacoenia, d’Orb., 1849. C’est un Cryptocoenia , à cinq systèmes au lieu de six. P. elegantula, d'Orb., 1849. Espèce dont les calices ont 2 millimètres de diamètre. — France, Fontenov. P. pulchella, d’Orb., 1849. Espèce dont les calices ont 11/2 millimètre de diamètre. •— France, Fontenoy. 176 h F. Y . ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( MciVS 1850.) P. microtrema , d’Orb., 1849. Espèce dont les calices ont 1 millimètre de diamètre. — France, Fontenoy. Genre Aplosastrea., d’Orb., 1849. Ce sont des Astrea à columelle sytiforme. A. Neptuni , d’Orb., 1849. Espèce à petits calices espa¬ cés. — France, Saint-Dizier. A. elegans , d’Orb., 1849. Espèce à calices la moitié plus petits encore que chez l’espèce précédente. — Fyé. Fontenoy. Genre Astrocoekia , Edwards et H ai me, 1848. A. Cornueliana , d’Orb., 1849. Espèce à cellules de deux millimètres de diamètre. — France, Saint-Dizier (Haute- Marne), Venaÿ, Chenay, Fontenoy, St. -Sauveur (Yonne). Genre Stepiiaxocoekia, Edwards et liaime, 1848. S. subornata , d’Orb., 1849. Espèce dont les calices ont 3 1/2 millimètres de diamètre. — France, Leugny. S. Cottaldina , d’Orb., 1849. Espèce à calices d’un tiers plus petits que chez l’espèce précédente. — France, Leu¬ gny. S. icaunensis , d’Orb. , 1849. Espèce dont les calices sont d’un tiers plus petits encore. - France, Fontenoy. Genre Thalamocoenia, d’Orb., 1849. C’est un Stephano- cœnia sans columelle styliforme, celle-ci spongieuse. S. ornata , d’Orb. , 1849. Espèce à calices larges de 5 millimètres. — France, Fontenoy. Genre Prionastrea, Edwards et Haime, 18 58. P. Tombeckiana , d’Orb., 1849. Espèce à cellules de i à 5 millimètres de diamètre, à cloisons épaissies près du centre. — France, Saint-Dizier. P. grcicilis , d’Orb., 1849. Espèce dont les cellules iné¬ gales, de la même taille que chez la précédente espèce, mais dont les cloisons minces ne sont pas épaissies au centre. — France, Fontenoy. P. icaunensis , d’Orb., 1849 Espèce à calices larges de 8 millimètres peu excavés, à cloisons distinctes. — France, Chenay, TRAVAUX JM* IRIS. UT P. i tijuHiUbuluin , d’Orb., 1849. Es ème largeur, mais très-profonds et à 177 pèse à calices de la cloisons plus étroi¬ tes. — France, Chenav. P. mutabUi. d'Orb., 1 849. Espèce dont les calices, ir¬ réguliers de taille et de forme, ont jusqu’à 15 millim. de diamètre. — France, Chenav. Genre Cextrastrea , d’Orb. Vovez Revue et Ma a as . de 1 U |7 Zoologie , 1859. C. microphylla , d'Orb., 1847. Espèce à cellules super¬ ficielles très-petites, peut-être les plus petites du genre. — France, Vcnay, Saint-Dizier. C. excavata , d’Orb., 1847. Espèce voisine, par le dia¬ mètre des calices, de l’espèce précédente, mais dont les ca¬ lices sont excavés an centre; ensemble en surface planes, amorphes. — France, Saint-Dizier (Haute-Marne), Leu- gny, Fontenoy, Saint-Sauveur, Chenav (Yonne). C. collinaria , d’Orb. , 1849. Espèce voisine de la précé¬ dente, mais dont l’ensemble forme des monticules isolés sur toute la surface. — France, Fontenoy, Chenav, Leu- anv, Venav. Genre Dimorphastrea , d’Orb. C’est un Synastrea dont les calices sont inégaux; le calice primaire, au centre, étant bien plus grand que les autres, qui forment des cercles au¬ tour, et ont la columelle allongée, non papilleuse. L’ensem¬ ble des côtes est rayonnant du calice primaire vers le bord D. grandiflora, d'Orb., 1849. Espèce dont le centre mé¬ dian a jusqu’à 23 millimètres de diamètre, les cloisons étroites. — France, Saint-Dizier. D. crassisepta , d’Orb., 1849. Espèce à calices de 25 millimètres de diamètre, à cloisons bien plus grosses que chez le J), grandiflora . — France, Saint-Dizier, Fontenoy, Chenav, Venav. D. alternat a , d'Orb., 1849. Espèce voisine de la précé¬ dente, mais avec des cloisons alternes, une grosse et une petite, et avec des calices plus petits. — France, Fontenoy, Chenay, Leugny. 2e sème. t. u. Année 4839. 12 178 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( ÈlciTS 1 850. ) D. bellula , d’Orb., 1849. Espèce voisine du I). grandi- flora , mais à cellules d’un tiers plus petites. — France, Leu- gny, Saint-Dizier. I). excavata , d’Orb., 1849. Espèce dont les calices sont petits, les cloisons très-étroites; l’ensemble est en enton¬ noir, l’endothèque fortement striée. — France, Fontenoy Genre Syxastrea, Edwards et Haime, 1848. S. Leunisii , d’Orb., 1849. Probablement YAstrea Leu - nisii, Rœmer, 1841, Kreid ., p. 113, n° 1, pl. 16, f. 26. — France, Saint-Dizier. — Allemagne, Berklingen. S. Tombeckiana, 'd’Orb., 1849. Espèce dont les cellules sont intermédiaires en diamètre, et d’un tiers plus petites que le S. Leunisii , mais plus grandes que chez le S. mi - erantha. — France, Saint-Dizier. * S. micraniha , d'Orb., 1849, Astrea micrantha , Rœmer, 1841, p. 113, n° 1, pl. 16, f. 27. — Hanovre, Berklingen. S. undulata , d’Orb., 1849. Espèce en coupe ovale, ondu¬ lée sur les bords ; à surface supérieure plane. Calices exca¬ vés, larges de 7 millim., à cloisons très-étroites. — France, Fontenoy. S. neocomiensis , d’Orb., 1849. Espèce dont l’ensemble est en coupe régulière, convexe en dessus 5 calices voisins de la précédente, mais avec des cloisons un peu plus gros¬ ses. — France, Fontenoy, Leugny, Chenay, Lignerolles. S. bellula , d’Orb., 1849. Magnifique espèce en toupie, plane en dessus; à calices de 8 millim. de diamètre, sail¬ lants tout autour, à cloisons alternes inégales. — France, Fontenoy. S. icaunensis , d’Orb., 1849. Espèce en toupie, convexe en dessus-, à calices de 9 à 10 millim. superficiels, à cloi¬ sons grosses fortement creusées. — France, Fontenoy. S. fronde scens, d’Orb., 1849. Espèce en grandes frondes, dont les calices sont très-irréguliers et peu distincts au mi¬ lieu de nombreuses cloisons irrégulières. — France, Fon tenoy, Saint-Sauveur, Les Saints. S. meandra , d’Orb:, 1849. Espèce voisine du S. hennis - TRAVAUX INÉDITS. 179 sii, mais avec des calices plus petits, les lamelles plus min¬ ces, et surtout bien plus contournées. — France, Leugnv, Fontenoy, Chenay. Genre Polvphili.astr.ea, d’Orb., 1849. Voyez Revue et Mag. de Zoologie, 1849. P. convexa , d’Orb., 1849. Espèce en gros mamelons, dont les calices, espacés, sont convexes et en dômes. — France, Fontenoy, Chenay. P. icaunensis , d’Orb., 1849. Espèce en grandes frondes, dont les calices sont superficiels et irréguliers. — France, Fontenoy. Genre Meandrina , Lamarck, 1816. M. weocomiensis , d’Orb., 1847. Espèce à cellules très- étroites, très-allongées et peu contournées. —France, Leu- gny, Chenay, Venay, Fontenoy. M. Cottaldina , d’Orb., 1849. Espèce dont les sillons sont d’un tiers plus grandes que dans l’espèce précédente. — France, Fontenoy. Genre Agaricia, Lamarck, 1816. A. neocomiensis ? d’Orb. , 1849. Belle espèce à larges frondes, dont les lignes des calices sont régulières. — Fran¬ ce, Fontenoy, Chenay, Les Saints, Saint-Sauveur, Leugny. AMORPHOZOAIRES. Genre Cribrospôngia , d’Orb., 1847. Voyez Revue et Mag. de Zoologie, 1849. C. alpina, d’Orb., 1847. Jolie espèce conique, à sillons irréguliers externes. — France, Château neuf de Chabre (Hautes-Alpes). Genre Tiialamospongia, d’Orb., 1849. Ensemble poly¬ morphe, quelquefois digité , formé d’un réseau de lames verticales, irrégulières, entre lesquelles sont d’autres lames transverses formant des chambres irrégulières. T. cottaldina, d’Orb., 1849. Belle espèce, très-variée dans sa forme, ayant d’une jusqu’à cinq digitations irrégu¬ lières. — France, Chenay, Leugnv, Fontenov. 1»# P,* Y. ET MAC DE ZdüUXUÊ. ( Müi'S 1 $50. Genre Yertkulutes, Defrance, 1828. C'est un Hyppali- ïtus dont l’intérieur est divisé par des cloisons transverses horizontales. V. truncata , d'Orb., 1847. Branches isolées tronquées, terminées par une partie régulièrement poreuse. — France, Saint-Dizier. Genre Chnemidium, Goldfuss, 1830. C. Rouyanum , d’Orb., 1847. Petite espèce ficoïde, irré¬ gulièrement bosselée à l’extérieur, à oscule très-large. — France, Château neuf de Ghabre. C. alpinum, d’Orb., 1847. Espèce déprimée, cupuli- forme, à rayons irréguliers en dessus. — France, Château neuf de Chabrei Genre Hyppalimus, Lamouroux , 1821. H. monili férus, d’Orb.. 1849, Scyphia monilifera , R ce¬ rner, 1840. Nordd. Kreid ., p. 6, n° 2, Ool., pl. 17, f. 29. — Allemagne, Schôppenstedt. //. cottaldinus , d’Orb., 1849. Espèce très-grêle, à tiges rameuses de 3 millim. de diamètre. — France, Fontenov. H, neocomiensis , d’Orb., 1849. Espèce non tronquée en dessus, généralement isolée. — France, Saint-Dizier, Vassy (Haute-Marne), Morteau (Doubs), Fontenov, Chenay, Ve* nay (Yonne). H . icaunensis , d’Orb., 1849. Espèce voisine de VH. Tom - beckianus , mais en tiges plus grosses, plus courtes, plus obtuses à leur extrémité. — France, Chenav. H. Tombeckianus , d’Orb., 1847. Magnifique espèce, for¬ mant des branches nombreuses dichotomes réunies en buis¬ son, et terminées par une surface tronquée, très-irréguliè¬ rement percée. — France, Saint-Dizier, Fontenov, Chenay, Venay. H. Ricordeanus , d’Orb., 1819. Espèce à tiges courtes, agglomérées ensemble par groupes. — France, Saint-Di¬ zier. H, flabellatus , d’Orb., 1849. Branches nombreuses réu- TRAVAUX INEDITS. 181 nies en éventail et terminées par une surface criblée irré¬ gulièrement. — France, Saint-Dizier. Genre Porospongia , cTOrb. Voyez Revue ei Ma g. de Zoo¬ logie ?, 1849. P. neocomiensis, d’Orb., 1849. Espèce à pores saillants en protubérances sur une surface encroûtante. — France, Chenav. Genre Hemispoxgia, d’Orb. , 1847. Ce sont des Hippdli- nus , dont chaque oscule est incomplet et ne forme que la moitié d’un tube couché sur le côté, et en groupes réunis. H. Rouyana , d’Orb., 1847. Jolie espèce, formant groupe régulier, en buisson. — France, Château neuf de Chabre. Genre Cupulospongia, d’Orb. , 1849. Voyez Revue et May. de Zoologie , 1849. C. cupuliformis , d’Orb., 1847. Belle espèce large, cu- puliforme, souvent irrégulière, réticulée des deux côtés, — - France, Wassy, Saint-Dizier (Haute-Marne), Saint-Julien, Beauchène (Hautes-Alpes), Fontenov (Yonne). C. nummularis , d’Orb, 1849, Spongia nummularis , Rœmer, espèce lenticulaire très-déprimée. — Hanovre. C. neocomiensis , d’Orb., 1847. Espèce à très-grandes expansions épaisses, irrégulières. — France, Fontenoy. Paris, ce 15 décembre 1849. Essai sur les Coléoptères de la Polynésie , par M. Léon Fairmaire. ( Suite et fin. ) ADDENDA. 159. Harpalus Clamorgani Le Guillou, Journal l’ Ins¬ titut, t. IX, 1841, p. 280. — Long. 12 millim.; larg. 5 mill. Noir,, assez allongé ; tète large, avec une profonde im¬ pression en avant, de chaque côté. Corselet beaucoup plus large que long, arrondi sur les côtés, fortement rétréci en arrière, avec une impression transvbrse près du bord an- 182 REV. ET MAG. I)E ZOOLOGIE. ( Mars 1850.) térieur, un faible sillon longitudinal au milieu, et une fos¬ sette de chaque côté en arrière. Elvtres plus larges à leur base que le corselet, presque parallèles, assez convexes, ar¬ rondies en arrière, avec de fortes stries lisses. Antennes, palpes et pattes fauves. — Hamoa. 160. Zirophorus Freminvillei Le Guillou, Journal V Institut , t. IX, 1841, p. 280. — Long. 17 mill. -, larg. 3 mill. 1/2. Noir, très-luisant; tète lisse, fortement excavée au mi¬ lieu, avec des angles antérieurs saillants, terminés par deux espèces de tubercules bifides. Corselet presque deux fois plus large que long, lisse, à cotés faiblement arrondis, et un peu plus étroits en avant ; il a un profond sillon longi¬ tudinal au milieu. Elytres un peu plus longues que larges, très-lisses, un peu rétrécies en arrière, avec une petite fos¬ sette allongée près des angles postérieurs externes, et un sillon parallèle à la surface. Abdomen beaucoup plus étroit, à segments un peu étranglés au milieu , tarses bruns. — Hamoa. 161. Agrilus humerosus. ~ Long. 7 mill. Supra viridi-cærulescens. Capite punctato antice breviter seri- cante, summo integro; medio vix sensim lineato : prothorace pos- tice angustato, margine postico ad scuîellum et utrinque fortiter sinuato, angulis acutis, transversim rugosulo; eîytris rugosulis, humeris ferè carinatis ; subtùs viridi-æneus, punctatus, parce pu= bescens, nitidior. Dessus d’un vert bleuâtre peu brillant. Tête ponctuée; face couverte d’une pubescence soyeuse, courte, ayant au milieu une ligne longitudinale élevée, peu sensible; som¬ met entier, ayant au milieu une ligne faiblement enfoncée, plus brillant que la face. Corselet un peu plus large que la tête, se rétrécissant d’avant en arrière; angles postérieurs pointus ; bord postérieur fortement sinué à l’écusson et de chaque côté, avec une bordure très-étroite d’un métallique brillant; sa surface est ridée transversalement; au milieu, une dépression longitudinale très-faiblement indiquée, n’at- TRAVAUX UXËDITS. 183 feignant pas le bord antérieur-, de chaque côté, une forte impression, n’allant pas jusqu’à l’angle antérieur, plus large et plus profonde à l’angle postérieur, où elle est mar¬ quée d’une carène courte, mais bien visible. Elytres fine ¬ ment rugueuses, arrondies à l’extrémité , offrant chacune une ligne élevée peu sensible, à la base une impression as¬ sez bien marquée, qui rend l’épaule plus saillante. Dessous du corps ponctué, d’un vert métallique brun brillant, cou¬ vert d’une pubescence courte et rare. — - Taïti, M. Pradier , Coll, de M. Chevrolat. Cette espèce est bien différente de VA. indignus ; les ély- tres ont beaucoup de ressemblance, mais les épaules sont plus saillantes : la tête est entière, et le bord postérieur du corselet est trisinué. 162. Anthrenus pacifiais. — Long. 3 mili. Brunneo-niger, opacus , ferrugineo albidoque varius , breviter ovalis, postice fere truncatus, prothorace lateribus ferrugineo squa- moso, albido sparsuto, ely tris ad basim rufescentibus, postea vitta arcuata, transversa, gracili, ad marginem dilatata, albida, rursùs ferrugineo squamosis , albido-punctatis ; ferrugineo terminatis cum puncto albido; subtus dense albido squamosus, segmentis la¬ teribus nigro-maculatis. D’un brun noir opaque, d’une forme oblongue; tête courte , presque tronquée en arrière, parsemée d’écailles ferrugineuses et blanches, formant des taches. Corselet par¬ semé d’écailles ferrugineuses plus serrées latéralement , avec quelques écailles blanches sur les côtés. Elytres ferru¬ gineuses à la base et le long de la suture; une ligne arquée, transversale, commençant à l’écusson et se dilatant au bord externe; ensuite une fascie vague ferrugineuse, se dilatant au milieu vers la bande blanche , avec quelques points blancs à la suture et au bord externe 5 se terminant par une fascie ferrugineuse avec un gros point blanc. Dessous du corps couvert d’écailles blanchâtres, serrées, presque mé¬ talliques; segments de l’abdomen marqués chacun au bord d’une tache noire; le dernier a de plus une grande tache au 181 ti FA. ET MAC- DK ZOOLOGIE. ( jldl'S 1 850. ) milieu. Pattes couvertes de poils squammeux blanchâtres. — Taiti, M. P radier , Coll, de M. Chevrotât. Cette espèce et la suivante ont un faciès tout européen . rt sont très-voisines de l’/L scrophulariœ. 163. A . spcirsutus. — Long. 2 mill. 1/2. Brunneo-niger, opacus, ferrugineo albidoque varia?, brevis, subrotundatus, prothorace ferrugineo variegato, angulis poslicis albidis ; elvtris sutura ferruginea, disco ferrugineo sparsuto, utrin- que ad suturam tribus punctis albidis, ad marginem duobus; subtus dense flavo griseo-squamosus , perfore albido variegato; abdomine segmentis lateribus, ultimoque medio, vage brumieo maculatis, 1° segmenfo immaculato. Très- voisin du précédent, mais plus petit, d'une forme plus courte, avec l’extrémité moins tronquée; d’un brun noir, avec des écailles ferrugineuses et blanchâtres. Corselet tacheté de ferrugineux, ayant les angles postérieurs large¬ ment blancs. Elytres ayant la suture ferrugineuse, parse¬ mées d’écailles ferrugineuses ne formant pas de bandes; le long de la suture trois points blancs, deux le long du bord externe, plus gros , les deux antérieurs rappellent la posi¬ tion de la bande arquée chez l’espèce précédente. Dessous du corps couvert d’écailles serrées d’un jaune un peu gri¬ sâtre; les côtés de l’abdomen ont chacun une tache noirâtre peu arrêtée, mais le premier segment ne La pas; le dernier offre aussi une tache noire au milieu. — Taïti, M. Pra - (lier. 164. Tillus balteatus. — Long. 4 mill. Itufus; nitidus, pilosus, capite prothoraceque punctatis, hoc medio canaliculato, antice brunneo; elytris nigro-brunneis, basi rufis, vitta media transversali albida, punctato-lineatis, apice ferc lævibus; abdomine nigro-bnmneo. Rougeâtre, assez brillant , avec des poils gris assez longs, peu serrés; tête densément ponctuée, brunâtre au sommet; antennes d’un roux ferrugineux, les trois derniers articles un peu plus gros, allongés; yeux gros, assez saillants. Cor¬ selet légèrement rétréci avant le milieu, renflé en arrière au ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 185 milieu, puis rétréci; au milieu, une impression longitudi¬ nale assez large, peu profonde; ponctuation plus forte et moins serrée que celle de la tête; moitié antérieure d’un brun noirâtre. Elytres fortement ponctuées en lignes, le dernier tiers presque lisse, d’un brun noirâtre, le quart an¬ térieur rougeâtre; au milieu une bande étroite, un peu oblique, blanchâtre. Abdomen d’un brun noirâtre luisant; pattes antérieures rougeâtres, extrémité des tibias brune; pattes postérieures d’un brun noirâtre; base des cuisses rougeâtre. — Tonga-Tabou, MM. Arnoux et Latour. — Muséum. Explication de la planche 11 de 1849. 4. Bol iîophagus costatus. —2. Antenne. — • 5. Bhizophagus ca- pito. — 4. Obrium gynandropsidis. — 5. Selenopalpus laîeri- tins. — 6. Alcimus ddatatus. — 7. Antenne. — 8. Menton. — 9. Diphyrhynchus chalceus.. — 10. Patte antérieure. — 11. Patte postérieure. — 12. Emmaglæus nosodermoides, — 15. Antennes. — 14. Mallodon insularis. — 15. Leichenum impictum. — 16. Àcalles amplicollis. — 17. Dinema filicornis. II. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. Description of teeth and — Description de dents et de por¬ tions de mâchoires de deux quadrupèdes anthracothé- rioïdcs éteints ( Hyopotamus veclianus et H. bovi- nus), découvertes par la marquise d’Hastings dans les dépôts éocènes de la côte nord-ouest de l’île de Wight; avec un essai de développement de l’idée de Cuvier de classer les Pachydermes d’après le nombre de leurs doigts. — Par le professeur R. Owen ( Journal hebdo¬ madaire delà Société géologique de Londres ; procès- verbaux, 3 novembre 1847). Comme son titre l'indique, ce travail se divise en deux parties. La première, purement descriptive, est une longue 186 HEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( MciVS 1850. ) et savante dissertation sur les Pachydermes, dont les frag¬ ments font le sujet du Mémoire, et sur leurs rapports avec les Anlhracothéricns. Ces Pachydermes se rapprochent de cet Anthracotherium du Puy-en-Velay, dont Cuvier avait vu et décrit des dents, et que, d’après M. de Meyer, M. de Biainville nomme Anthracothère du Velay, A. velaunum de Blainville. Déjà Cuvier avait dit, d’après ce qu’il en con¬ naissait, que cette espèce présentait des molaires supé¬ rieures plus larges que longues, et se rapprochait de celles des Anoplothères. Des découvertes ultérieures avaient fait connaître les proportions plus petites des canines, leur po¬ sition différente relativement à la première fausse molaire, et les modifications des' molaires inférieures en rapport avec celles de la mâchoire supérieure. Dès-lors cet Anthra¬ cothère différait assez de P Anthracothère typique, A. mag¬ num, pour former sinon un nouveau genre, au moins une section distincte dans le genre Anthracotherium. Les dé¬ bris découverts par lady Hastings, dit M. R. Owen, appar¬ tiennent à cette section par les caractères des dents molai¬ res; mais en même temps la séparation en un genre dis¬ tinct des Anthracothères propres est plus clairement éta¬ blie par la plus grande complication des fausses molaires. Il propose, pour ce nouveau genre, 1er nom de Hyopotamus ; à cause de la provenance l’une des espèces, de la taille du Tapir, serait VH. vectianus ; l’autre, plus grande, dont les dents annoncent une taille comparable à celle du bœuf, se¬ rait VH. hovinus. Deux belles planches retracent les ca¬ ractères génériques tirés nécessairement des- dents que l’auteur décrit d’ailleurs avec tous les détails que la science peut désirer, et en les comparant à celles de tous les autres Mammifères avec lesquelles elles ont quelque analogie : les Chœropotames , les Anthracothères , les Dichodons , les Hyracothères , pour les vraies et les fausses molaires, et les Cochons pour les incisives. Sans entrer dans ces dé¬ tails qu’une analyse ne peut qu’indiquer, nous ne manque¬ rons pas de dire que la formule dentaire donnée par axamsus i/ouvrages nouveaux. 187 M. Owen est : in . -f-f -, c. -Hr f. m. ~ ; v. m. 4-7 = 44. Les caractères de la dentition indiquent aussi au savant professeur que les liyopotames devaient avoir les doigts en nombre pair, comme les Cochons et les Hippopotames. Cette première partie se termine par une discussion des idées de M. de Biainville sur la classification générique de certains Pachydermes fossiles, et entr’autres du Chœropo- tamus de Cuvier. Puis jetant un coup-d’oeil général sur quelques points de cette longue série des Pachydermes fos¬ siles; montrant la liaison que bon observe entre les carac¬ tères tirés du nombre des doigts et l’ensemble des autres caractères, M. Owen arrive à cette idée de Cuvier, de clas¬ ser cet ordre de la série des Ongulés d’après le nombre pair ou impair des doigts. Après un savant examen des ca¬ ractères à l’aide desquels on peut subdiviser méthodique¬ ment les Ongulés, et des diverses idées que les zoologistes ont professées à cet égard, le zoologiste anglais développe une nouvelle classification des Ongulés, déjà indiquée dans son Odontographie , p. 523, mais avec d’autres noms. Nous donnerons seulement les caractères de ses groupes et leur circonscription. La section des Mammifères Ongu¬ lés se diviserait en trois groupes : 1° Artiodactyles. — Quadrupèdes ongulés avec des doigts en nombre pair, deux ou quatre ; et qui ont un es¬ tomac subdivisé ou compliqué, et un cæcum simple modé¬ rément développé. Exemple : Bœuf, Cochon , Pécari , Hip¬ popotame. 2° Périssodactyles. — Quadrupèdes ongulés avec des doigts fonctionnant dans la marche en nombre impair, un ou trois; et qui ont un estomac simple, et un cæcum énorme ou compliqué. Exemple : Cheval ’, Tapir , Rhino¬ céros, Daman. 3° Proboscidiexs. • — Ressemblant aux précédents par leurs doigts en nombre impair, cinq ; par leur estomac comparativement simple et leur énorme cæcum , mais unissant à une longue trompe, tant d’autres particularités 188 kev. et mag. de zoologie. (Mars 1850.) de structure qu’ils dans les Ongulés. méritent de former un groupe distinct La première de ces divisions se partage en deux groupes subordonnés, les Artiodactyles ruminants . et les Artio¬ dactyles non ruminants. Les genres vivants ou fossiles sont ainsi partagés entre ces diverses subdivisions: Artiodactyles ruminants. — Anoplotherium , Chalico- therium , Dichobune , Cainotherium , Xiphodon , Moschus , Antilope , Oms, Z?os, Cervus , Camelopardalis , Came lus, Merycotherium , Merycopotamus. Artiodactyles non ruminants. — Hippopotamus , Dicko- don , Hyracotherium , Hyopotcimus , Anthracotherium , Hippohyus , Chœropotamus, Aclapis ( ?), Dicotyles , PÆm- cochœrus , Sms. La seconde division, celle des Peiussodactyi.es, comprend les genres : Palœotherium , Paloplotherium , Lophiodon , Coryphodon. Tapiras , Macrauchenia , Nesodon , Hippo- Iherium , Equus , Elasmotherium , Hyrax , Rhinocéros , Acerotherium. Enfin la troisième, celle des Proroscïdiens, les genres : Elephas , Mastodon. Nous ne croyons pas devoir terminer cette analyse sans revenir sur une autre classification proposée en France par M. Pomel, et dont une analyse a été publiée dans la Revue zoologique de 1818, page 181. Cette classification offre, avec celle de M. R. Owen, de nombreux points de res¬ semblance et une communauté de principe et de dénomi¬ nations qui rendent cette comparaison indispensable. Le Mémoire de M. Pomel a été lu à l’Académie des sciences de Paris le 19 juin 1848, c’est-à-dire sept mois après l’apparition du travail de .M. Owen, qui fut commu¬ niqué à la Société géologique de Londres le 3 novembre 1847. Nous n’en prétendons rien conclure quant à l’origi¬ nalité du Mémoire de M. Pomel, c’est une simple constata¬ tion de dates. En ictant les veux sur ce dernier travail , en AXAL’iSKS b'ot YttÀOKS XOKVEAfX. 189 est frappé d’y retrouver les trois noms de la classification du zoologiste anglais, et on serait tenté naturellement de regarder les groupes qu’ils désignent comme synonymes de ceux que nous venons d’analyser-, ce serait une erreur. L’ordre des Ongulés de M. Pomel se divise en quatre fa¬ milles : Proboscidiens , Pèrissodactyles , Artiodactyles , Collodactyles. La première de ces familles correspond exactement à celle que M. Owen désigne sous le même nom, sauf que le savant anglais n’y a pas inscrit le genre Dinothérium. La seconde , dans son ensemble , offre la même identité, mais avec quelques différences dans les détails. Les genres y sont rapprochés à peu près de la même manière ; cependant les genres Palœotherium , Pa- loplotherium , placés par M. Owen à la fin du groupe après les Tapirus, Lophiodon, etc., sont rapprochés par M. Po¬ mel des genres Equus et Hippotherium ; le genre Hyra- cotherium , placé dans ce groupe par ce dernier, est rejeté par M. Owen dans les Artiodactyles non ruminants. Enfin quelques noms de genres dans ce groupe sont, inscrits par Lun seulement des deux auteurs 5 ce sont pour M. Pomel, Pla- giolophus , Anchitherinm , Tapirotherinm ; pour M. Owen, Nesodon. Quant à la troisième famille, elle donne lieu à une profonde divergence entre les deux auteurs; divergence que dissimule malheureusement la communauté de nom. Tandis que les Artiodactyles de M. Owen embrassent tous les Ongulés paridigités, ruminants ou non, M. Pomel, tout en conservant ce nom, n’y comprend plus que les Pachy¬ dermes paridigités à peu près tels que Cuvier l’avait établi, et forme des ruminants, sous le nom de Collodactyles, une quatrième famille indépendante, qui rentre comme sous- division dans les Artiodactyles de M. Owen. Cette confusion des termes donne à cette comparaison des choses une réelle importance. La distribution des genres offre d’ailleurs plus d’un point à signaler. M. Pomel, dans ses Artiodactyles ( Pachydermes à doigts pairs ) , qui répondent imparfaite¬ ment aux Artiodactyles non ruminants, rapproche des£?/s le 190 rev. et mag. de zoologie. ( Mars 1850.) genre Hippopotamus , et le genre voisin Heraprotodon que ne cite pas M. Owen. Il sépare du genre Sus le genre Ba- birussa ; il place à côté de ces genres le Palœochærus que n’indique pas non plus Fauteur anglais. Les genres Amo¬ dies, Brachy y natus ( Ântlirac . Geryovianum ) , et Chœro - meryx ( Anthrac. Silislrense ), ne se retrouvent que chez M. Pomel, de même que M Owen cite seul les Hippohyus et Hyopotamus . Mais les différences capitales portent sur les six genres Meryçopotamus , Xiphodon , Anisodon ou Chalicotherium , Anoplotherium , Dichobune , Cainothe- rium, que M. Pomel range parmi ses Artiodactyles , tandis que M. Owen les met parmi ses Artiodactyles ruminants , ou les Collodactyles du paléontologiste français. La circonscription des groupes de ces deux classifica¬ tions ne présente pas seule des différences; leur caractéris¬ tique est loin aussi d’être identique, et M. Pomel ne se sert que des caractères tirés du squelette et des dents , sans doute au point de vue des fossiles ; tandis que M. Owen y joint les considérations que nous avons indiquées sur le développement relatif de l’appareil stomacal et du cæcum. àd. Focillox. Notes pour servir à l’histoire du Cyr tonus rotundaius , suivies de la description de cet insecte et d’une espèce voisine, par MM. E. Mulsant et A. Waciiaxru. — Lues à l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, le 17 juillet 1849. Ce travail, qui occupe quinze pages in-8°, et paraît ex¬ trait des Mémoires de l'Académie de Lyon, renferme des observations très-intéressantes sur un Coléoptère subpenta¬ mère phytophage que Ton ne rencontre que dans les parties les plus chaudes du midi de la France. Les auteurs présentent d’abord des détails circonstanciés sur les mœurs et habitudes de cet insecte, qu’ils ont élevé ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 191 à Marseille et à Lyon en captivité, pour mieux connaître sa manière de vivre. Ils décrivent l’œuf, la larve, la nymphe et l’insecte parfait, en indiquant les diverses époques des transformations que cet animal subit pour arriver à cet état, et ils terminent par la description d’une seconde es¬ pèce, leur Cyrtonus coarctatus , découverte dans le dépar¬ tement de la Lozère. U y a déjà trois ans que nous avions pris quelques notes et dessiné l’œuf et la larve du Cyrtonus rotundatus, élevé à Marseille par M. Baraysse, entomologiste plein de zèle et d’ardeur, qui était parvenu à faire des éducations complètes de ce Coléoptère, comme on fait des éducations de vers-à- soie. D’autres occupations nous ont empêché de mettre la dernière main à ce travail, dont nous devions tous les élé¬ ments à M. Baraysse, mais nous sommes heureux de voir qu’il a été très-bien fait par MM. Mulsant et Wachanru. ( Guër. Mén. ) Description d’un Coléoptère nouveau de la tribu des Lon- gicornes, par E. Mulsant. — Lue à l’Académie des Scien¬ ces, Belles-Lettres et Arts de Lyon , le 14 août 1849. Cette description occupe quatre pages in-8°, est fort complète et fort étendue, et fait connaître une espèce nou¬ velle très-remarquable de l’élégant genre Clytus. Voici la caractéristique donnée par M. Mulsant : Clytus Imna. Corps subcylindrique. Prothorax subglo¬ buleux, noir, paré d'une bordure d’un duvet jaune au bord antérieur et à la base; la première entière, la basilaire in¬ terrompue dans sa moitié médiaire. Elytres revêtues d’un duvet noir velouté, ornées chacune d’une ligne subhumé¬ rale, obliquement subtransversale, courte, et de trois ban¬ des d’un duvet jaune; la première courbée des deux cin¬ quièmes externes vers le cinquième de la suture; la deuxiè¬ me, vers les deux tiers, un peu arquée, recourbée en devant, 19*2 HEV. ET MAC. DE ZOÛLOÇ'E. ( J/cO'.v 1850.) près du bord externe ; la troisième, terminale. Aucune tache jaune près des hanches de devant. — Long. 0,0101 à 0,0135 (4 1/2 à 6 1. ); larg. 0,0033 à 0,0039 ( 1 l/*2â 1 3/4 1.). Cette espèce a été prise sur le mont Pila, par M. Poudras, et par M. Gacogne dans les environs de Chamouni. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. M. de Sély s-Long champs a communiqué à la classe des sciences de l’Académie royale des Sciences de Bruxelles, dans sa séance du 15 décembre 1849, une Note dont l’ob¬ jet principal est de constater que l’on rencontre en Belgi¬ que, plus souvent que certains entomologistes ne paraissent l’avoir cru, l’insecte connu vulgairement sous le nom de Sauterelle voyageuse, et qui fait parfois tant de ravage en Afrique et dans quelques contrées de l’Europe méridio¬ nale. NOTE DE LA RÉDACTION. Ce numéro ne contient ni les comptes rendus de l'Aca¬ démie ni planche, parce qu’il a été imprimé à l'avance à cause du déménagement de l’imprimeur. Le numéro 4 contiendra les travaux de mars et avril de l’Académie des Sciences, des Sociétés d’Agriculture et En- tomologique, ainsi que les planches nécessaires pour re¬ mettre le journal au courant. Nous avons reçu du prince Charles-Lucien Bonaparte, si connu comme l’un de nos plus savants ornithologistes, un travail accompagné d’une belle planche. Nous l’insére¬ rons dans l’un de nos plus prochains numéros. TREIZIÈME ANÏÏfÉS. — AVRIL 1850. I. TRAVAUX INÉDITS. Remarques faites sur plusieurs espèces d’animaux et de végétaux qu’il serait utile d’introduire en France, par M. J. -P. Verreaux. M, le professeur Isidore Geoffroy Saint-Hilaire vient de publier sous ce titre : Rapport général sur les questions relatives à la domestication et à la naturalisation des ani¬ maux utiles , un Mémoire qui a été transmis à M. le mi¬ nistre de l’agriculture et du commerce. Le savant professeur a bien voulu citer une lettre que je lui avais adressée à ce sujet ; mais comme les notes qu’elle contenait n’étaient que succinctes, je viens les compléter aujourd’hui. Depuis trente-un ans que je fais de nombreux voyages dans des contrées lointaines où diverses productions sont usitées soit par les naturels, soit par les colons eux-mêmes, j’ai toujours eu le soin de me livrer non-seulement à des recherches utiles à la science, mais encore de faire des études sur tout ce qui pouvait offrir à mon pays des res¬ sources nouvelles. Lorsque l’on considère les nombreuses espèces d’ani¬ maux et de végétaux que possèdent l’Afrique australe, l’Australie et la Tasmanie, on reste surpris que le gouver¬ nement n’ait pas encore cherché à introduire en France celles qui seraient susceptibles de s’y acclimater avec suc¬ cès, car la température du midi de la France offre beau¬ coup d’analogie avec divers points de ces pays. Dès 3 826, j’étais parvenu à réunir au Cap de Bonne- Espérance, où j’avais fixé ma résidence, plusieurs espèces c2e série, t. ii. Année ISoO. 43 194 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1850.) d’animaux. Cette ménagerie naissante, que j’avais d’abord formée dans le but de faire quelques observations scien¬ tifiques sur les modifications que l’âge apporte dans les caractères extérieurs, me permit de tenter de nombreuses expériences de domestication au moyen de changements graduels dans la nourriture. En 1830, l’arrivée de deux de mes frères, Alexis et Edouard Verreaux , m’ayant permis de construire un éta¬ blissement plus vaste et parfaitement approprié à mes études, nos travaux prirent une extension considérable. Nous pûmes alors entrer en relation avec une société amé¬ ricaine qui chaque année venait chercher dans notre mé¬ nagerie les animaux dont elle avait besoin , ce qui nous donnait la possibilité de renouveler et de multiplier nos expériences. Nous vîmes ainsi passer successivement sous nos yeux une multitude d’animaux , depuis l’Eléphant jusqu’à la plus petite Musaraigne ; depuis l’Autruche jusqu’au plus petit des oiseaux. Parmi les espèces dont la France pourrait tirer le plus grand avantage, au nombre de celles qui se trouvent citées par le savant professeur, il faut mettre en première ligne la belle espèce de Gnu bleu , ou Caioblepas taurina , dont la taille surpasse de beaucoup celle du Gnu ordinaire. Nous en avons possédé et conservé plusieurs pendant trois années consécutives. Pris sauvages, ils étaient arri¬ vés peu à peu à la douceur du bœuf. Leur nourriture ne nous donnait aucune peine : nous les laissions pâturer dans des enclos, comme cela se pratique pour les bœufs. C’est, du reste, ce que font tous les colons du Cap qui possèdent de ces animaux. Plus forts que le Zèbre, ils pourraient servir avec avan¬ tage à Pagricüiture et à l’alimentation. Leur poids ordi¬ naire varie de 500 à 600 livres, et leur chair est d’une excellente qualité. Ces animaux, vivant par troupeaux nombreux dans les TRAVAUX INÉDITS. 195 plaines du sud de l’Afrique, où la végétation est parfois assez rare, s’acclimateraient facilement dans le midi de la France. Chaque portée n’est que d’un petit , mais au bout de trois ans le jeune a atteint tout son développement, et se trouve en état de reproduire. Fvien ne serait plus facile que d’acclimater cette espèce par toute la France, une fois que l’on aurait obtenu la deuxième ou troisième génération dans l’établissement principal du midi. Elle s’associerait très-volontiers aux Zèbres déjà acclimatés, puisqu’ils peuplent en Hollande et en Angleterre, dont le climat est loin de valoir le nôtre. Sans compter les services que les Gnus pourraient ren¬ dre, contentons-nous d’ajouter que leur viande se ven¬ drait à la boucherie comme celle du bœuf, et à un prix plus élevé, en raison de sa qualité supérieure. Les peaux serviraient aussi à diverses* branches de l’industrie, et on tirerait parti des cornes. Ces animaux, qui, on le sait, appartiennent à la classe des ruminants, ne se nourrissent que d’herbes et sont peut-être encore plus sobres que le bœuf. Le lait des femelles est d’un goût délicieux, et surpasse en qualité le lait de la vache européenne ; les colons lui prêtent même des propriétés favorables aux poitrines faibles. Enfin, avec des soins, on perpétuerait la race, qui pourrait peut-être s’améliorer au moyen de croisement, soit avec les petites races de vaches, soit avec les Zèbres eux-mêmes. Ainsi que le mentionne le savant professeur que j’ai déjà cité, parmi les grandes espèces d’antilopes, il en est uns surtout qui servirait avec avantage comme bête de somme, nous voulons parler du Canna ( Boselaphus oreas ). Sa taille surpasse en hauteur celle do. bœuf, et sa force est pour le moins aussi grande. Son poids ordinaire peut être d’environ 700 à 800 livres. La chair, d'un goût ex- 4 96 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Avril 1850.) quis, fournirait de l’excellente viande de boucherie. Les tanneurs rechercheraient sa peau. Le mâle est plus fort que la femelle ; celle-ci ne produit qu’un jeune chaque portée. Au bout de trois ans, ce jeune peut reproduire. L’honorable lord Derby possède encore en ce moment plusieurs Cannas qui ont peuplé chez lui. Un de ces ani¬ maux avait été obtenu par le Muséum il y a quelques an¬ nées. Les Cannas s’habitueraient facilement à notre climat et y vivraient en troupeau. Diverses espèces de Zèbres, Quaggas et Dauws, se repro¬ duisent parfaitement, à l’état de domesticité, dans un grand nombre de fermes du Cap. Comme le mentionne M. Geoffroy Saint-Hilaire, plusieurs d’entr’eux sont venus à diverses époques en Europe, où ils ont également pro¬ duit. Pendant mon séjour dans le sud de l’Afrique, j’ai eu en ma possession un grand nombre de ces animaux; je les avais réduits à un tel état de domestication , que huit Zè¬ bres furent dressés à l’attelage d’un chariot; ils pouvaient également servir de monture. A la seconde ou troisième génération , ces animaux remplaceraient avec avantage certaines races de chevaux qu’ils égalent en force. Tout le monde connaît la beauté du Zèbre et celle des deux autres espèces; d’une taille égale, elles seraient fort appréciées parles amateurs de la race chevaline grâce à la beauté de leur pelage. Ils offriraient une nouveauté d’un prix inappréciable, et il serait même possible d’apporter dans leurs formes des modifications marquées, comme cela s’est vu en certaines occasions. Ces trois espèces ne donnent généralement qu’un petit chaque année, et ce n’est qu’à l’âge de quatre ans que les jeunes se trouvent en état de reproduire. Le midi de la France, qui, d’après l'idée émise par le savant professeur auteur du rapport, doit être en quelque TRAVAUX INÉDITS. 497 sorte le lien intermédiaire consacré aux espèces exotiques, conviendrait on ne peut mieux à priori aux Zèbres comme à la majeure partie des espèces dont nous faisons rénu¬ mération. Les Damans du Cap retrouveraient naturellement une patrie dans les Pyrénées, dont les rochers leur offriraient l’abri qu’ils recherchent. Le changement de nourriture donnerait sans doute à leur chair un goût plus agréable. Cet animal, qui se nourrit principalement de plantes aro¬ matisées, en conserve l’odeur même après sa mort. Les colons lui font une chasse continuelle et le vendent comme gibier. Ils ne tarderaient pas à se multiplier en abondance : chaque portée est de trois petits et plus; leur développe¬ ment se fait si promptement, que l’année qui suit la nais¬ sance chaque jeune est en état de reproduire. J’en ai pos¬ sédé à plusieurs reprises en domesticité, et bien des fois ils se sont reproduits sous mes yeux. Le Daman ne surpasse pas le lièvre en grosseur ; sa chair est d’une qualité au moins aussi exquise. Les Damans vivent par troupes nombreuses dans les cavités des rochers. Le Mouton du Cap ne surpasse guère en taille l’espèce de notre pays, et il lui faut le même temps pour se repro¬ duire ; mais la graisse de la queue offrirait au commerce un avantage d’autant plus grand que cette queue pèse d’ordinaire de sept à huit livres. Au Cap, on se sert de sa graisse en guise d’huile à manger. Sa peau est très-esti- mée dans le commerce de la ganterie. Au lieu de laine, cet animal possède un poil qui est employé, au Cap, à la fabrication de matelas. Nous ne saurions trop insister sur l’introduction de cette espèce, dont la chair est exquise et qui devient de plus en plus rare, à cause du profit que tirent les colons de la laine des Mérinos, qu’ils ont introduits il y a envi¬ ron quinze ans. 198 rev. et mag. de zoologie. ( Avril 1850.) Parmi les productions africaines, citons certains oi¬ seaux. M. le professeur Geoffroy Saint-Hilaire s’est occupé depuis nombre d’années d’acclimater en France l’Oie d’E¬ gypte. Nous devons encore signaler une espèce de Canard connue sous le nom de Casarca ; elle égaie presque la Bernacbe en grosseur, et est aussi commune. J’en ai eu en domesticité, et ils ont peuplé. Chaque femelle pond généralement de cinq à sept œufs. Un an après, les jeunes ont atteint tout leur développe¬ ment. On pourrait en former des troupeaux comme on le fait pour les Oies, car elles se nourrissent d’une manière analogue. La classe des Gallinacés compte encore , au Cap de Bonne-Espérance, plusieurs espèces qui pourraient venir prendre place dans les montagnes, les bois et les plaines du midi de la France. Nous signalerons plus particulièrement le Francolin criard, le Francolin à gorge nue, et l’Ourikina; on arrive¬ rait facilement à s’en procurer un assez grand nombre pour les rendre, en France, à l’état de liberté; ils aug¬ menteraient bientôt le nombre des gibiers les plus estimés. Ces oiseaux pondent généralement de 7 à J 2 œufs chaque fois. Les jeunes reproduisent au bout d’un an. La première espèce égale en grosseur la poule faisane de notre pays ; la seconde est un peu plus petite; et enfin la troisième a la taille de la perdrix rouge. La chair de toutes ces espèces est d’un goût exquis. Citons aussi la Pintade à casque, qui surpasse en gros¬ seur l’espèce que nous possédons, et dont la chair est ex¬ cellente. Elle peuplerait merveilleusement dans le midi, et après quelques générations elle se reproduirait par toute la France; on l’y élèverait en domesticité, comme on le fait pour l’espèce ordinaire. La femelle pond de 5 à 8 œufs, et chaque jeune peut produire après un an. J’en ai eu chez moi un assez grand nombre ; elles ont peuplé presque sans soins. TRAVAUX INÉDITS. m Dans le règne végétal, on peut citer le Prothea, connu sous le nom de Cripple-Boom par les colons du Cap. Cet arbuste atteint de 6 à 7 pieds de hauteur sur 25 à 50 pouces de circonférence : il croît en très-grande abondance dans beaucoup de localités ; le sol âpre des terrains sa¬ blonneux du midi se couvrirait en peu de temps de cet arbuste, qui non-seulement procurerait un bois de chauf¬ fage très- estimé et très-économique, mais encore fourni¬ rait aux tanneries des écorces d’une valeur supérieure à beaucoup d’autres que cette industrie emploie. La fleur du Prothea renferme une liqueur que l’on transforme en sirop pectoral , et que les colons regardent comme très-salutaire pour les personnes attaquées de la poitrine. Pendant mon séjour dans cette colonie, cette nouvelie industrie a pris un tel développement, que des navires venaient prendre des chargements d’écorces de Prothea pour les transporter sur les marchés de la métropole, où ils les vendaient à un prix très-élevé. Le Prothea avgentea, qui s’élève à 2o ou 40 pieds, donne un excellent bois de chauffage. Sa circonférence atteint 5 pieds ; il croîtrait sans difficulté dans les terrains monta¬ gneux du midi de la France, où il se multiplierait sans plus de soin que l’espèce précédente. La plante connue par les colons du Gap sous le nom de Vass-bosch, dontles graines produisent une cire abondante, se multiplieraient également dans les mêmes terrains. Sa hauteur est d’ordinaire de 5 à 4 pieds, et elle forme un buisson assez touffu. Les colons qui habitent les localités où elle se trouve m’ont dit qu’ils en tiraient un profit de cinq à six mille francs chaque année. Rien n’est plus facile à exploiter que cette cire, une fois la récolte des graines terminée ; il ne s’agit plus que de la faire bouillir avec de l’eau et d’en écumer la cire qui nage à la surface. 200 rev. et mag. de zoologie. ( Avril 1850.) Le Gap produit encore beaucoup d’espèces de plantes usitées par les pharmaciens et par les colons : la médecine en tire un grand parti; elles fournissent un thé excellent que nous avons employé pendant nos longs voyages. Espérons que MM. les botanistes offriront leur concours à M. le ministre pour lui donner les moyens d’introduire en Fi ance d’autres espèces utiles que je pourrais leur indi¬ quer. En donnant à M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire des notes sur diverses espèces de Kauguroos, au point de vue de leur utilité alimentaire et industrielle, j'avais dû passer sous silence beaucoup de faits utiles à l’élucidation de la ques¬ tion si savamment traitée par l’honorable académicien. Mes études dans ce pays n’ont pu d’ailleurs être aussi complètes que celles que j’avais faites au Cap. Les exi¬ gences de ma nouvelle position de voyageur du Muséum d’histoire naturelle m’empêchèrent de me livrer avec suite aux études de domestication que j’avais commencées dans le sud de l’Afrique. Malheureusement, ainsi que je l’ai déjà dit dans les notes précitées, les instructions que j’a¬ vais reçues étaient tellement précises, que je m’étais trouvé dans la nécessité, après avoir fait les plus grands sacri¬ fices pour obtenir des animaux vivants, de les tuer, afin de leur donner place dans mes diverses collections. De là encore l’impossibilité où je fus de suivre les bons conseils de celui des professeurs de l’administration qui déjà, à l’époque de mon départ , s’occupait de la question d’accli¬ matation. Parmi les Mammifères qui se trouvent en Australie et en Tasmanie, les Eanguroos, par leur multiplicité et par leur nature, sont appelés à rendre le plus de services au commerce et à l’industrie européenne. Ils offrent égale¬ ment les chances les plus favorables à des essais d’acclima¬ tation. TRAVAUX INÉDITS. 201 Dans cette famille si nombreuse, plusieurs espèces doi¬ vent fixer l’attention des naturalistes : Le Kanguroo Waîleby ( Halmaturus Billardieru). Le Kanguroo géant ( Macropus major). Le Kanguroo de Bennett ( Halmaturus Bennellïi). Le Kanguroo à cou roux (Halmaturus ruficollis). Le Kanguroo connu sous le nom de Walleby , qui est le plus commun , est le plus facile à acclimater dans les fo¬ rêts du midi de la France. La qualité exquise de sa chair, qui se vend 60 à 75 cen¬ times le demi-kilogramme, sur les marchés de la Tasma¬ nie ; sa peau , qui sert à la fabrication de la chaussure, et sa laine, employée pour fabriquer le feutre, en feraient une acquisition d’une valeur inappréciable. Il pèse environ 25 à 50 livres. 11 suffira de rappeler ici, comme fa fait M. Geoffroy Saint-Hilaire, que pendant quinze mois de séjour en Tasmanie j'ai vu amener plus de 1 50,000 peaux sur les marchés pour être transportées en Angleterre. La portée de cet animal n’est que d’un petit ; mais son développement très-prompt en procurerait en peu d’années un grand nombre. Le jeune, dès sa seconde année, se trouve en état de reproduire. Habitué à des régions froides et analogues à notre tem¬ pérature, cette espèce se nourrit principalement d’herbes, comme le font ses congénères ; elle présenterait l’avantage de ne pas détruire les bourgeons des arbres, ainsi que le font les Cervidæ. Le Kanguroo géant (Macropus major ), également com¬ mun en Tasmanie et dans le sud de l’Australie, trou- ve, dans les régions qu’il habite, une température par¬ fois plus rude que celle du midi de la France, et cepen¬ dant il paraît en quelque sorte plus robuste que sous le . soleil brûlant des autres contrées, où on ne Ses rencontre d’ailleurs que rarement. Comme l’espèce précédente, celle-ci se nourrit d’herbes, 202 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1850.) et surtout d’une plante nommée kanguroo-grass, qu’il se¬ rait facile de naturaliser dans le midi. Du reste, l’expé¬ rience m’a démontré que le Kanguroo géant s’accommo¬ derait de nos plantes indigènes. La taiile de cette espèce atteint surtout 7 à 8 pieds de hauteur, et son poids dépasse 160 à 1 80 livres. Sa chair se vend, comme viande de boucherie, 60 à 75 centimes le demi-kilogramme dans les deux colonies. Cette chair m’a paru supérieure à celle de notre chevreuil; la queue sur¬ tout est recherchée par les gourmets, qui s’en servent pour préparer ce qu’ils nomnsent kanguroo-soape. La femelle du Kanguroo géant ne fait qu’un jeune par portée. La seconde année, le jeune se trouve en état de reproduire. Quoiqu’ils ne vivent pas en troupe, il n’est pas rare néanmoins de trouver réunis un certain nombre de ces animaux. Pendant les fortes chaleurs, j’ai observé qu’ils s’élevaient de plus en plus sur le penchant des montagnes, où la température se trouvait plus froide; enfin, on sait que déjà plusieurs de ces animaux ont produit dans les diverses ménageries de l’Europe. L’industrie pourrait tirer un grand parti de leur peau et de leur laine. Le Kanguroo de Bennett , ou Hatmciiurus Bennetiii , possède une chair d’une saveur encore plus délicate que l’espèce précédente. Sa taille atteint plus de 4 pieds, et son poids est de 80 à 100 livres. Sa viande a la même valeur que celle des espèces dont je viens de parler. On rencontre le Kanguroo de Bennett dans les lieux montagneux peuplés de buissons, sur la lisière des bois, et quelquefois même sur le sommet des montagnes, où la température est froide. Le Kanguroo de Bennett se nourrit d’herbes de diverses . espèces. Il s’habituerait très-vite, après une ou deux géné¬ rations, aux diverses températures de la France, là où les forêts ne sont pas formées par de hautes futaies. TRAVAUX INÉDITS. 205 Chaque femelle fait d’ordinaire un petit, qui la seconde année se trouve en état de reproduire. On rencontre ces animaux par petites troupes ; ils sont très-abondants en Tasmanie, et sans nul doute leur peau et leur laine pourraient servir à l’industrie- Vient ensuite le Kanguroo à cou roux , ou Halmaturus ruficoUis, qui atteint à peu près la même taille et le même poids que le Kanguroo de Bennett. Sa chair, excellente, est fort recherchée sur les marchés de l’Australie. Sa laine est fort belle. Ses mœurs ressemblent beaucoup à celles de l’espèce précédente; seulement il habite des contrées plus chau¬ des, quoique j’en aie observés sur les hauteurs, où l’air était plus vif. Je pourrais encore citer d’autres espèces de cette famille si nombreuse dans l’hémisphère austral, et qu’il serait possible d’introduire et d’acclimater chez nous; mais je pense qu’il importerait avant tout aujourd’hui d’avoir un grand nombre de sujets de peu d’espèces, afin de les ré¬ pandre plus promptement dans le commerce. L ' Haimaturus thetis et Y Hypsiprymnus murinus , exces¬ sivement communs, l’un en Australie et l’autre en Tasma¬ nie, augmenteraient encore notre gibier. Le Thetis pèse d’ordinaire de 12 à 15 livres, et sa viande se vend sur les marchés à raison de 60 à 70 centimes le demi-kilogramme. Elle est d’une très-bonne qualité. Chaque portée du Thetis n’est généralement que d’un petit, qui produit la seconde année. La chair de T Hypsiprymnus murinus , connu sous le nom de Kanguroo-rat par les colons, et dont la grandeur est analogue à celle du lapin, est blanche, et rappelle le fu¬ met de ce dernier. On vend ces petits animaux sur les mar¬ chés d’Hohart-town, à raison de 2 francs 50 centimes à 5 francs; il est probable que la fourrure pourrait servir à l’industrie pour la fabrication du feutre. Après les diverses espèces de Kanguroos, on peut appe- 204 rev* et mag. de zoologie. ( Avril 1850.) 1er l’attention sur le Phascolome Wombat, également dé¬ crit dans une lettre à M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Les Alpes et les Pyrénées serviraient de pairie à cet ani¬ mal, dont la chair est d’un bon goût et qui fournirait d’excellentes salaisons à la navigation, si on la mélan¬ geait à celle du porc, qui est parfois si grasse que les ma¬ rins la rejettent. On a fait, pendant mon séjour en Tas¬ manie, des essais de ces salaisons, qui ont parfaitement réussi. Le Phascolome adulte pèse de 60 à 80 livres; il ne donne qu’un petit par portée, qui reproduit dès ia seconde an¬ née. Ces animaux vivent dans les cavités des rochers, et se nourrissent d’herbes et de racines ; ils sont généralement nombreux dans les localités qu’ils habitent. En Tasmanie, leur viande se vend sur les marchés à raison de 50 à 60 centimes le demi-kilogramme. Aucun animal n’est plus facile à apprivoiser, et il est probable qu’on pourrait en avoir un grand nombre dans les fermes qui avoisinent les ports de mer. Ils y peuple¬ raient aussi bien que les Cabiais ; on les nourrirait facile¬ ment : comme ces derniers, ils mangent de tout, une fois qu’ils sont réduits à l’état de domesticité. Les diverses espèces de Phalangers, tels que le Vulpïna et le Fuliginosa, trouveraient une nourriture abondante dans nos forêts du midi , sans pour cela y causer de dégât. Elles se nourrissent de feuilles d’ Eucalyptus dans leur pays natal ; mais elles se contenteraient d’autres plantes, comme elles le font en domesticité. Elles surpassent le lièvre en grosseur, et pèsent d’ordinaire de 8 à 10 livres; non-seulement leur chair est bonne, mais encore, dans les deux colonies, leurs fourrures servent à la fabrication de manteaux qui se vendent fort cher, et dont notre commerce tirerait un grand parti. Comme toutes leurs congénères, elles ne font qu’un petit par portée, qui reproduit l’année suivante. TRAVAUX INÉDITS. 205 J’ai possédé, pendant mon séjour en Tasmanie, un grand nombre de ces animaux ; j’ai pu suivre ainsi leur dévelop¬ pement, et certainement ils peupleraient dans le midi de la France, qui offre tant d’analogie de climat avec les con¬ trées qu’ils habitent. Parmi les oiseaux des mêmes contrées, nous citerons en première ligne l’Emu, plus vulgairement connu sous le nom de Casoar de la Nouvelle-Hollande. La position géographique qu’occupe cette espèce, dont les troupeaux couvrent les plaines froides de la Tasmanie et du sud de l’Australie, promet à l’avance un succès d’ac¬ climatation complet; après une ou deux générations, on conserverait ces oiseaux dans les fermes de toutes les par¬ ties de la France, car nous ne devons pas perdre de vue que les premiers sujets doivent d’abord s’acclimater et se multiplier dans les fermes modèles dont on a l’intention de doter le midi de la France. Cette heureuse idée, émise par M. Geoffroy Saint-Hilaire, est, suivant ma con¬ viction, le plus sûr moyen d'une réussite complète pour toutes les espèces destinées un jour à devenir indigènes. Les jeunes de l’Einu croissent avec une telle rapidité, que l’année suivante leur taille égale presque celle de l'a¬ dulte. Le nombre des œufs varie de 4 à 6 ; ils sont d’un goût bien supérieur aux œufs de l’Autruche. On connaît la taille du Casoar, qui pèse de 100 à 120 livres ; la chair en est très estimée, lorsque l’oiseau n’a pas atteint un âge trop avancé; ses plumes jouissent dans le commerce d’une valeur analogue aux plumes de l’Ai^ t ruche. Nous le répétons, nos fermiers pourraient en avoir des troupeaux qui ne demanderaient aucun soin et aucune dépense de nourriture. Les Casoars trouveraient dans les champs tout ce qui est nécessaire à leur subsistance; j’en ai vu un assez grand nombre dans les fermes des colons qui habitent la Tasmanie et l’Australie. Ces oiseaux étaient tellement privés, qu’ils suivaient les troupeaux de bœufs 206 rev. et mag. de zoologie. ( Avril 1850.) et de moutons. Jamais ils ne cherchaient d’abri même contre la rigueur des grands froids. j’insisterai donc fortement sur l’introduction de cette espèce, que je regarde comme très-utile. La Bernache, connue sous le nom de Céréops cendré, ou Cereopsis Novœ-Hollandiœ, égale, pour la taille, l’Oie ordinaire, et se voit dans beaucoup de fermes, où elle vit parfaitement avec les oies. Déjà, depuis longtemps, elle peuple en Angleterre. Comme dans l’oie ordinaire, chaque femelle pond un nombre assez considérable d’œufs, et les jeunes, l’année suivante, sont en état de reproduire, La chair en est ex¬ cellente. Le Talegalle de Latham , ou Talegalla Lathami , se voit aussi dans certaines basse-cours de l’Australie. 11 égale la taille d’un fort coq; sa chair paraît préférable à la chair du dinde. Le Talegalle ramasse, dans les basse-cours, tous les dé¬ bris de végétaux qui les encombrent. Lorsque la saison de la ponte arrive, toute la troupe se réunit pour former une meule qui acquiert souvent plus de J 2 à 15 pieds de hau¬ teur sur plus de 50 à 40 de circonférence. Chaque femelle, après avoir creusé un trou de 20 à 50 pouces sur la partie supérieure de cette meule, y dépose ses œufs, qu’elle a le soin de placer perpendiculairement, le gros bout en haut. La chaleur, dégagée de cette masse de végétaux, produit l’incubation : à l’époque où les petits sont prêts à sortir, jfcaqu e femelle revient chercher ses poussins. J’ai vu sou¬ vent un grand nombre de ces oiseaux qui vivaient en par¬ faite inlelligence avec d’autres oiseaux de basse-cour ; ils se contentaient de la même nourriture. On pourrait encore indiquer plusieurs espèces, telles que la Leucosarcia picaln , Perislera chalcoptera , Geoplicips scripla et Ocyphcips lop hôtes. Les deux premières de ces Colombes égalent en grosseur le Ramier d’Europe : la première, qu’estiment surtout les TRAVAUX INÉDITS. 207 colons de l’Australie, se vend fort cher ; la seconde, égale¬ ment bonne à manger, possède un plumage des plus bril¬ lants, et serait facile à domestiquer, et même à mélanger avec nos races communes. J’ai vu de ces espèces dans des volières où elles se reproduisaient périodiquement; elles se nourrissaient de toutes espèces de semences. Le climat du midi conviendrait à toutes ces espèces, dont beaucoup d’individus se retrouvent dans les diverses ménageries de l’Europe. Quant aux végétaux de la Tasmanie, je fixerai surtout l’attention de M. le ministre de l’agriculture sur un tu¬ bercule assez abondant dans certaines localités, et que l’on connaît sous le nom de nalive-bread. Ce tubercule, qui semble croître d’une manière ana¬ logue à la truffe, peut peser en moyenne de 6 à 8 livres. On le trouve le plus ordinairement dans les terrains stériles ou graveleux , à \ 8 pouces ou à deux pieds de profondeur. Il est tellement abondant, que dans une localité voisine du Brown-Rivière, dans l’espace d’environ 200 pieds car¬ rés j’en ai recueilli de quoi charger quatre hommes. Généralement d’une forme irrégulière , et recouvert d’une enveloppe noirâtre assez épaisse, lorsqu’il a subi une - cuisson, il ressemble à du riz bouilli et tassé; il en offre même le goût ; aussi beaucoup de fermiers laissent-ils à leurs bergers le soin de les chercher, afin de s’en servir en guise de pain. Sans doute, en analysant la substance de cette plante, on lui trouverait des qualités suffisantes pour la substituer à la pomme de terre, qui semble dégénérer depuis quel¬ ques années en Europe. Les échantillons que j’ai adressés au Muséum de Paris viendraient en aide à MM. les botanistes et les éclairci¬ raient sur la marche à suivre pour acclimater cette espèce, peut-être destinée un jour à apporter de grands soulage¬ ments aux classes pauvres. Tel est le résumé d’une partie des observations faites 208 REV. ET MAG. LE ZOOLOGIE. ( Avril 1850. ) pendant le cours de mes divers voyages. Puisse ce faible travail venir en aide aux vues que se proposent M. le mi¬ nistre de l’Agriculture et M. le professeur Geoffroy Saint- Hilaire, chargé par lui du plan d’un établissement d’accli¬ matation ! Paris, ce 15 janvier 1850. Etudes sur les types peu connus du Musée de Paris, par M. le docteur Pucheran. — Troisième article ( Rapaces diurnes). — Suite et fin. C. Types de M. Les son. M. Lesson a décrit fort peu d’espèces nouvelles de Ra¬ paces diurnes, dans son Traïlê d' Ornithologie : presque toutes sent même déjà figurées. Mais il a décrit, sous des noms nouveaux, beaucoup d’oiseaux déjà connus; et co¬ piant, en outre, toutes les étiquettes qu’il trouvait, sans contrôler leur exactitude par son propre examen, il lui est fréquemment arrivé de faire mainte confusion. La re¬ vue que nous allons faire nous semble, par ceia môme, devoir mériter un certain intérêt. 1° Vullur galericulaïus , Tem. ( Traité d’Om., p. 25). — Ce nom , emprunté à M. Temminck, qui l’a supprimé de¬ puis, s’applique au Vultnr occipitalis. M. Lesson , dans ses additions et corrections (pag. 615), a indiqué ce dernier nom en synonymie. Le type est le même individu qui, donné à la Ménagerie par M. le duc de Luxembourg, a servi à la planche 15 de M. Temminck. 2° Aigle impérial ( Traité d’Orn., p. 57). — Ce que dit l’auteur relativement à la provenance de l’individu du Muséum qui serait originaire du Sénégal s’applique tout simplement à l’un de nos deux types de YAquila SencgaÜu , qu il décrit plus bas (1), d'après M. Cuvier. ( I ) Page 59. TRAVAUX INÉDITS. 209 5° Panclion fluvialis (variété de la Nouvelle-Hollande , page 46). — dette prétendue variété, que Fauteur décrit en ces termes : les tarses jaunes, le devant du corps flammé de roux sur un fond blanc; le dessus du corps brun , ou cha¬ que plume brune bordée de blanc , la queue terminée par une raie blanche; cette variété ne diffère pas du Panclion leu- coceplialus récemment décrit par M. Gould [Aust. Birds , liv. XIIIe). 4° Circaetus thoracinus (page 48). — - C’est la même es¬ pèce que M. Smith a décrite plus tard sous le nom de Cir¬ caetus pectorcilis, par conséquent le Falco thoracicus de M. Cuvier. 5 0 Plis us polyzonos (page 58), Falco polyzonus , Tem. — Cette espèce a récemment été figurée par M. O. Des Murs ( Iconogr ., pi 61). Nous n’avons, par cela même, rien à ajouter à la description qui en a été faite ; ce nom de Fal- copo!i)zonus Simple [simplex), ou celle qui ne se compose que d’une seule catégorie de dents, comme les Solens, Solé¬ curtes, Pullastres, Saxicaves, Diplodontes, Pétricoîes, Ru- pellaires, Vénérupes, etc. Il nous paraît encore que, relativement à sa forme, on pourrait la distinguer en longue (Arches), courte (Solens, Psammobies), continue (Arches, Pétoncles), divisée (Bu¬ cardes, Lucines, Tellines, etc.), ramassée (Vénus, Cythé¬ rées, etc.) Enfin , il énumère quatre modes de jonction des dents TRAVAUX INÉDITS. 227 de la charnière qui établissent ce qu’on doit entendre par dent : i° Intrante {intram) , ou celle qui pénètre entre deux autres ; 2° Alterne (alternas), ou celle qui en croise une autre obliquement; 5° Articulée ( inserius ), lorsque la charnière qui en résulte est produite par une disposition réciproque et in¬ verse dans chaque valve. 4° Engrainantes (: masticantes ), ou multi-articulées (multi inserii), quand cette même disposition est produite par des dents nombreuses, sériales, similaires et égale¬ ment espacées. De ces quatre divisions, qui ne sont que des variétés d’articulations, la première, relative à ce que l’auteur nomme dent mirante , nous paraît inutile, parce qu’elle ne fait qu’indiquer le mode le plus simple d’articulation des charnières, et qui devient de plus en plus compliqué en passant de la charnière des Solens aux Diplodontes, Saxi- caves, Cythérées, Gratelupies, Pétoncles, Arches et Bys- soarches , c’est-à-dire des charnières paucidentées aux charnières de plus en plus multidentées. Après avoir analysé avec soin les travaux des princi¬ paux auteurs sur la charnière, et avoir reconnu une grande divergence d’opinions, il convient de rechercher mainte¬ nant laquelle des définitions est la meilleure, et par con¬ séquent la seule qu’il importe d’adopter à l’exclusion des autres. Il nous paraît que, pour bien juger la question , il ne serait pas indifférent de consulter à cet égard ce qui a lieu dans les arts de la serrurerie, tabletterie et bijouterie, par exemple, arts dans lesquels on fabrique des objets à char¬ nières. Les serruriers appellent charnière l'assemblage des nœuds de deux plaques de fer nommées fiches , qu’ils re¬ tiennent en place au moyen d’une broche ou tige de fer. 228 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Avril 1850.) Les tableltiers et bijoutiers appellent charnière la jonction des charrions qu'ils assujettissent ensemble avec une tige métallique qu’ils nomment goupille . ïls s’accordent à dire que les fiches et boîtes privées de nœuds ou charnons manquent de charnière, et que chaque fiche, boîte ou son couvercle, garnis de nœuds ou charnons, a également une charnière , quoiqu’en réalité chaque partie séparée ne forme que la moitié d’une charnière. Enfin , nous ajoute¬ rons ici, et pour cause, qu’on ne dit jamais, dans ces di¬ vers arts, qu’une boîte qui se ferme avec un couvercle à rebord , et par emboîtement, ait une charnière sans char¬ nons, ni nœuds. En suivant ces notions, nous dirons, pour les bivalves, que l’extrémité subdorsaîe des valves correspond à l’ex¬ trémité des fiches et bords de chaque pièce de la boîte; les dents aux nœuds et charnons; le ligament et le cartilage élastique, ou tous les deux en même temps, à la broche ou goupille, parce que, s’ils ne servent point à affermir les dents de la charnière entr’eîles de la même manière que la broche ou goupiïle, ils concourent à cet etîet dans un autre sens. De celte explication il s’ensuivrait, ce nous semble, que le bord dit cardinal et les ligaments ne seraient point des parties essentielles de la charnière ; qu’elle ne résulterait que de l’assemblage des dents dans les cavités des deux valves réunies; mais que l’on peut dire, en prenant la partie pour le tout, qu’il y a une charnière sur chaque valve toutes les fois que leur bord est pourvu de dents. La preuve de ce que nous avançons ici, c’est que la char¬ nière la plus parfaite est celle dont la forme des dents et des cavités de chaque valve est telle qu’elles s’emboîtent de façon à ce qu’elles ne se disjoignent jamais quand on fait jouer les valves de la coquille, alors même que le li¬ gament est rompu. C’est ce que l’on voit dans la charnière des Spondyîes, dont le mécanisme a paru tellement per¬ fectionné à un tablettier de Paris, qu’il a pris cette char- TRAVAUX. INÉDITS. 229 nière pour modèle. Cet exemple vient à l’appui de ce que nous disions plus haut, que le bord cardinal et le liga¬ ment ne sont pas des parties essentielles de la charnière. De toutes les définitions de la charnière que nous ve¬ nons de rapporter résulte la preuve la plus claire qu’A- danson et M. de Blain ville sont, de tous les auteurs, ceux qui en ont le mieux déterminé les principes; car, de même qu’il n’existe plus de charnière en l’absence des nœuds ou des charnons, de même il n’y a plus de charnière quand les dents viennent à manquer au bord cardinal. Adoptant ces conclusions, nous dirons que La ckanùere est une disposition particulière de dents car¬ dinales sur le bord sous-apicial des valves. Le bord cardinal est la partie la plus solide de la cir¬ conférence des valves située dans la région sous-apiciale, se prolongeant quelquefois sur tout le bord dorsal, lequel prend le nom de lame cardinale quand il est étendu en un feuillet du côté opposé aux sommets. Quand la lame cardinale se prolonge beaucoup à l’intérieur des valves, sous la forme d’une demi-cloison, on l’a dite septiforme , comme dans les Septifères et Congéries. Quand la lame est armée d’une ou plusieurs dents, on dit qu’elle est dentée , articulée ou cardinifère : dans le cas contraire, elle est dite inarticulée ou Acarde ( Acardo ). Ces qualifications s’ap¬ pliquent également à la coquille entière comme à ses valves. Les dents sont des excroissances de forme variée, nais¬ sant sur le bord cardinal , alternant avec celles de la valve opposée, par rapport à leur disposition réciproque et in¬ verse sur chaque valve, se logeant alternativement dans les interstices qui les séparent, soit dans une fossette destinée à les recevoir, soit enfin lorsqu’elles sont isolées sur un ou les deux bords, venant se joindre par un de leurs côtés ou se recouvrir, quand on réunit les deux pièces d’une coquille. Nous les distinguerons par le nom de dents cardinales ou de la charnière, pour ne pas les 250 REV. ÈT MAG. DE ZOOLOGIE, ( ÀVTll 1850.) confondre avec les excroissances en forme de cuillerons qui reçoivent le chondre, ni avec les languettes des valves de Pholades et Tarets, et encore moins les assimiler avec les sailiies du bord sous-apicial des Pernes, parce qu’elies ne s’articulent point, mais se joignent face à face avec leurs correspondantes. Les saillies de ces dernières ne sont en réalité que les rebords saillants des chondrophores nombreux et en sillons de ces coquilles. Il y a deux sortes de dents : les unes centrales, toujours perpendiculaires aux sommets, sont celles que nous qua¬ lifions dents SOUS-APICIALES (clentes subapiciales, — - (len¬ tes cardinalis , Linné ) . Quand il y en a plusieurs sur un môme bord, nous les désignons en centrales , postérieures et antérieures , selon la position qu'elles occupent. Les au¬ tres, plus ou moins écartées de celles-ci et de la région sous-apiciale , ont reçu de Linné le nom général de dents latérales (c lentes lateralis), que nous adoptons, Comme elles occupent un ou les deux côtés du bord cardinal, nous les distinguerons en désignant l’antérieure par le nom de præapiciale ( prœapiaialis , Rlainv, ; D. posticus , Linné; D. lunularis , Quorundain), et la postérieure par celui de postapiciale (postapicialis , Blainv. ; D. anii- cus , Linné; D. mjmphalis , Quorundam). On pourrait en¬ core qualifier la première dent supérorale (dens supero- ralis) et la seconde dent superanale ( dens superanalis ), par rapport à leur position au-dessus des organes de leur mollusque , si les autres dénominations n’étaient déjà suffisantes. La forme des dents cardinales est variée ; celle des dents sous-apiciales l’est beaucoup : il y en a de longues, de courtes; de minces, lameîleuses et d’épaisses; de droites, courbes, et de pliées en toit ou en gouttière, selon qu'on les étudie dans leur position normale de la coquille, ou en sens contraire , d’après le système de Linné ; c'est la dens complicatus de cet auteur. On en connaît d’entières, d’é- chancrées et de bifides, etc., selon la direction qu’elles TRAVAUX INÉDITS. 251 occupent sur le plan cardinal : on en trouve de verticales et d’obliques ; de convergentes et de divergentes, soit par la base ou le sommet. — Les dents latérales sont simples, dans les Tellines; simples sur une valve, et profondément fendues en deux lobes ou bilobées ( bipartite ); dans les Bucardes, Mactres, Lucines , Tridacnes, ïsocardes, etc. ; Muïtipastitites ( multipastili ), c’est-à-dire divisées en plu¬ sieurs parties dans quelques Unies ; canaliculées, dans les Cythérées, Arthémis, Cyprines , etc.; de pleines et de creuses, dans les Trigonies, etc.; d’anguleuses, dans les Arcacées; de striées, dans les Cyrènes, Castalies, etc.; de crénelées, dans les Unies, Cames, etc. Selon leur direc¬ tion , il y en a de longitudinales (ïsocardes, etc.), d’obli¬ ques (Cythérées, etc., etc.), et de verticales (Arcacées), d’écartées (Bucardes, etc., etc.), de convergentes (Trigo- nies). D’après leur mode de jonction , les dents sous-apiciales sont : \° Appuyées ( conjuncti ), quand étant solitaires et éten¬ dues en avant, elles viennent se joindre côte à côte et parallèlement dans la réunion des valves, comme dans les Solen vagina, vaginoides, corneus, etc. 2o Articulées ( inserti , mirantes, pénétrantes ), lors¬ qu’elles sont reçues dans des cavités proportionnées à leur volume de la valve opposée, comme dans les Vénus, Âstartés et semblables. Quand les dents sous-apiciales des deux valves se croisent obliquement dans leur jonction, comme dans les Bucardes, on les dit croisées ( cruciati , alternantes). Sous ce même rapport, les dents latérales sont : Engrainées ( masticantes ), quand étant très-nom¬ breuses, régulières et sériales, celles d’une valve se logent dans les interstices de l’autre valve, absolument comme la suite d’une roue d’engrenage dans les crans d’une autre. Ex. .-Pétoncles, Arches, Nucules, Malléties, etc. 2. Recouvrantes ( tegenies ), quand étant solitaires et 252 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Avril 1850.) situées presque face à face, celle d’une valve un peu plus élevée que la dent de l’autre valve, et que la plus haute vient se juxtà-poser sur la plus basse et la recouvrir, comme cela se pratique avec les dents latérales simples des Tëllines et la dent compliquée des Mactres. 5. Immergées ( immer si ), quand les dents latérales sim¬ ples d’une valve pénètrent entre les lobes des dents dou¬ bles ou bilobées, ou dans une fossette de l’autre valve , comme dans les Bucardes, Cythérées, Ârlhémis, Cy rênes, Castalées, Mactres, Àmpliidesmes , Isocardes Tridacnes, Poronies, Erycines, Cames, Unios et semblables. Les crans ( crenœ , Pline) sont les vides ou espaces qui séparent les dents les unes des autres. Ordinairement ils ont la môme profondeur que la saillie des dents; mais quelquefois aussi iis en ont une plus grande, comme dans certains Pétoncles, Arches, etc., où la lame cardinale est creusée au-dessous de la racine des dents. Les fossettes ( fossulœ ), qu’il ne faut pas confondre avec certains chondrophores creusés dans le plan cardinal, sont des enfoncements du même bord destinés à être rem¬ plis par une dent sous-apiciale ou latérale dans le rap¬ prochement et la fermeture des valves. Lorsque la dent qu’ils doivent loger est unie, sillonnée ou striée, ils en ont le même dessin en creux. La charnière, considérée sous le rapport de sa régu¬ larité ou de son irrégularité, quant aux deux valves d’une même coquille, est dite : 1 . Similaire ou isomérïque ( similaris , isomericus ) , quand elle est semblable sur les deux valves, comme dans les Arcacés, Soîens à une dent. 2. Presque semblable [su b similaris , subisomerïcus ), quand la disposition des dents est presque la même , comme dans les Pullastres, Diplodontes, Astartés et sem¬ blables. 5. Dissimilaire ou anisomérique ( dissimilaris vel anisomericus ), quand il y a disparité évidente entre le TRAVAUX IXÉDITS. 255 nombre des dents des deux valves, ou que l’une est dentée et non l’autre, comme dans les TelJines, Psammobies , Cames, etc. Sous le rapport de sa situation sur le bord dorsal, M. de Blainville la divise en : Orale ( oralis ), lorsqu’elle est située à l’extrémité an¬ térieure de la coquille , vers laquelle se trouve la bouche du mollusque, comme dans les Mononyaires, et quelques Dimvaires (Moules, Pinnes, Solen ensis, siliqua, etc.). Dorsale ( dorsalis ), lorsqu’elle est située sur le dos de l’animal; mais alors sa position, par rapport au sommet de la coquille, la fera distinguer en præapiciale ( Car do præapiciatis ) et en postapiciale ( postapicialis ) , selon qu’elle sera plus avancée vers le côté antérieur ou vers le côté postérieur. C’est ce que Linné appelle, dans ce cas, Cardo lateralis. Les Soiécurtes, Vénus, Lucines, Bucardes, ont la charnière dorso-centrale ; les Unies, Avicules, dorso- præapiciale, et les Cames, Tridacnes, dorso-postapiciale. Cependant , si nous joignons à sa situation sur le bord car¬ dinal la considération de la position de l’animal dans sa coquille, ces divisions n’auront à subir aucun change¬ ment, parce qu’elles correspondent à ce qui est; toutefois il faudra transporter les Tridacnes à la section des præ- apiciaies, parce que la bouche de l’animal se trouve située sous le ligament, contrairement aux autres bivalves. Anale (analis), quand elle est à l’extrémité postérieure de la coquille, comme dans les Pailiobranclies (Térébra- tuîes, Thécidées, Podopsides, Caîcéoîes), Par rapport à sa forme générale et considérée en tota¬ lité, elle peut être : Courte ( brevh ), quand elle occupe un espace resserré, comme dans les Solcr-s, Soiécurtes, Psammobies, I)iplo- dontes, Onguiines, Vénus, Opis, etc. Longue (elongatus) ou Longitudinale (longitudinalis) , quand elle occupe toute l’étendue de la lame cardinale, comme dans les Arches, Pétoncles, Moules, les Malléties. 254 rev. et mag. de zoologie. ( Avril 1850.) Continue ( conlinuus ), quand îa série des dents qui la forment se continue sans interruption d’un bord à l’autre de la lame cardinale, comme dans les Cucullées, l’Arche blstournée et autres Arches. Brisée ou interrompue ( interruptus), quand cette sé¬ rie de dents, commençant à chaque extrémité du bord cardinal, s’arrête avant d’avoir atteint le centre, où elle laisse un espace lisse, comme dans le Pétoncle velu , etc., ou est interrompue par un chondrophore, comme dans les Nueuîes. On peut encore, sous un autre point de vue, la considérer comme interrompue, quand commençant une série avec des dents régulières elle s’arrête brusque¬ ment vers un point de. la lame pour en commencer une autre avec des dents dissemblables ou différentes des pre¬ mières, comme dans les Grateiupies. Elle est subinter* rompue ( sabinterrupîus ), dans les Mailéties et autres Pé¬ toncles, parce que les séries de droite et de gauche vont en mourant vers le point central de la lame. Droite ( reclus ) , quand elle forme une seule ligne droite, comme dans les CucuSlées et Byssoarches. Courbe (incurvas), quand la ligne est disposée en arc, comme dans les Pétoncles. Incliné ( indinatus ), quand la ligne qu’elle forme change de direction en avant et en arrière, pour incliner en dedans des valves par ses côtés, comme dans plusieurs Arches non byssifères ( Pectem pecùniformis , etc.). Anguleuse ( angulatus ), quand elle se compose de deux longues dents convergentes au sommet, ou d’une série dentaire formant; deux lignes convergentes eh un angle sous les sommets , comme dans les Mailéties , Trigo- nies, etc. Sous le rapport de sa composition , elle peut être : Simple {simplex), quand elle ne se compose que de dents sous-apiciales ou seulement de dents latérales. Dans ce cas, on peut la diviser en principale (primarius), quand elle ne se compose que de dents sous-apiciales, TRAVAUX INÉDITS. 255 comme dans îes Psammobies, Pollastres, Saxieaves, Saxi- domes, Mytiîus, Diplodontes, Ongaîines , etc.; et secon¬ daire ( secundarius }, quand au contraire elle n’est formée que de dents latérales, comme dans îes Arcacés, Malléties, Unios, TrigonieSÿ et îes Erycina franciscana, caroburcjen- sist etc. ; composée ou complexe ( composites , complexus ), quand elle réunit îes deux sortes de dents. Sous ce rap¬ port, elle peut être complète (complètes), quand les dents latérales existent sur Se côté antérieur et postérieur des valves, comme dans les Lucines, Maetres, Bucar- des, etc.; ou incomplète (incomplcius), quand il n’y en a que sur un des côtés, comme dans les Car-dites, Tri- dacnes. etc. Enfin , sous le rapport du nombre des dents qui la composent, elle peut être dite : Paücidentée ( paucidentaius ), quand le nombre des dents est réduit à un petit nombre qui généralement est de i à 4. En comptant les dents de chaque valve, elle sera t° unidentée ( unidcntatus ), quand il n’y en aura qu’une sur chaque valve. Ex. : Soîen siliqua , cor- neus, etc.; et subunidentée ( subunideniatus) , quand une valve en aura une et que sa correspondante en man¬ quera, comme dans les Myoconques (Sow) et les Ga- mostrées(de Roissy) (1) ; 2° bidentée ( bidentatus ), lors¬ qu’il y en a deux. Ex. : les Ongulines, Diplodontes, etc. ; et subbidentée (subbidenlatus) , quand une des deux dents de la valve opposée n’existe pas, soit naturellement ou accidentellement. Ex. : les Sclécurtes, plusieurs Psammo¬ bies, Sanguinolaires, Pétricoles, etc. ; 5° tridentéé (tri- dentatus ), quand il y en a trois sur chaque valve. Ex. :Puî- îastres, Saxidomes, Glaucoiiomes, etc. ; et subtridentée (I) C’est le Cardo calloscs de Linné , quand ïa lame cardi¬ nale ne porte qu’une seule protubérance ou dent informe, ou allongée et irrégulière , comme dans îes Cames et les Glvci- mères 256 HEV. et mag. de zoologie. ( Avril 1850.) ( subtridentatus ), quand une des trois manque sur une des valves, comme dans les Vénérupes; 4° quadridentée (quadrldentalus) , quand il en existe quatre sur chaque valve. Ex. : plusieurs Arthémis, Cythérées, Cyprines, etc. Mültidentée (multïclentatiis), quand il y en a un grand nombre, comme dans les Arches, Pétoncles, Nucules, Malléties, Gratelupies, etc. Dans ce cas, c’est la char¬ nière a dents sériales de Lamarck , et le Cardo poly- leptoginglymus de Fabius Columna, Lister, etc., et le Cardo polyginglymus de Sloane. Catalogue desCarabiques recueillis par M. Bocandé dans la Guinée portugaise, avec la description sommaire des espèces nouvelles ; par M, de Laferté-Sénectère (Suite. Voy, 1849, p. 545). Aplimis Senegalensis (Dej., 1, 508, et 5, 408). Braeliimis (Plieropsophus) Jürinei (Dej., 1, 298). — Cette espèce varie beaucoup pour la taille. Nous avons vu, dans les récoltes de M. Bocandé, des individus ayant 25 mil. de longueur et d’autres qui en ont à peine 14. Lorsque l’ab¬ domen est distendu et allongé, ce qui arrive indifférem¬ ment dans les deux sexes, la longueur totale peut attein¬ dre 50 millim. Cette espèce se distingue, à la première vue, des cinq suivantes par la forme constamment arron¬ die de la tache jaune du milieu des élytres, tache qui , dans les espèces qui suivent, forme une bande transver¬ sale fortement sinuée. Br. (Pli.) cinciicolUs( Chevr. inédit?). — J’ai sous les yeux trois individus exactement semblables de cette grande et belle espèce. La tête est jaune, et présente au milieu du front une tache noire oblongue; formant un angle ouvert antérieurement. Les antennes, entièrement jaunes, se distinguent de toutes les espèces suivantes par la longueur et la ténuité relative de leurs articles. Le corselet n’est TRAVAUX INÉDITS. 257 pas moins remarquable par îa profondeur de la ligne mé¬ diane et par sa coloration bizarre. Il est jaune, entière¬ ment entouré d’un encadrement noir, étroit sur les côtés, très-large à la base, de plus partagé en deux longitudina¬ lement par une ligne noire qui réunit la base au bord antérieur le long de la ligne médiane. Les bords antérieurs et pos (érieurs sont coupés carrément ; les bords latéraux , légèrement arrondis jusqu’à l’endroit où commence la bande noire de la base, tombent ensuite carrément sur la base. La longueur excède environ d’un dixième la plus grande largeur. Les ély très sont subrectangulaires, pres¬ que parallèles, très-faiblement dilatées postérieurement, noires, avec une tache humérale subtriangulaire jaune, et une bande très-sinuée de même couleur, qui les traverse juste par le milieu. Ces deux taches, dans les trois indivi¬ dus observés, se réunissent presque le long du bord exté¬ rieur ; mais la tache du milieu ne s’épanouit pas postérieu¬ rement le long de ce bord, et il n’existe pas de frange jaune à l’extrémité. En dessous, la poitrine est jaune, et l’abdomen noirâtre. Les pattes sont entièrement jaunes, avec un point noir de chaque côté des cuisses, près de leur articulation avec le tibia. — Long. 17 mill. ; larg. 7, 5. Les espèces suivantes se ressemblant toutes entre elles par la coloration générale et par les taches des ély très, qui sont les mêmes que dans l’espèce précédente, nous nous bornerons, pour éviter les répétitions, à faire ressortir les différences spécifiques à l’aide desquelles nous sommes parvenu très-péniblement à les distinguer les unes des autres. Br. (Ph.) liticjiosus (Dej., 5, 415).— Cette espèce,' décrite assez succinctement par M. Dejean , est très-voisine de la précédente, dont elle atteint presque la taille. A ne tenir compte que de la coloration, on l’en distingue facilement par la couleur constamment rouge de la tête et du corse¬ let, et par l’absence de bande noire au milieu du corselet. Mais, comparée de plus près, et abstraction faite de la co- 258 rev. et mag. de zoologie. ( Avril 1850.) loration , on voit que toute la différence se réduit à ce que la ligne médiane du corselet est beaucoup moins sen¬ sible, les antennes plus épaisses, à articles moins allongés, et les ély très moins larges et plus convexes. Cette espèce varie beaucoup. Nous classerons ses prin¬ cipales variétés de la manière suivante : A. Type de la description deM. Dejean : corselet rouge, le plus souvent bordé antérieurement et postérieurement d’une teinte jaunâtre ; bande jaune des élytres atteignant le bord latéral, sans bordure jaune ni latéralement ni à l’extrémité. B. Corselet comme dans A; élytres ayant une bordure jaune latéralement et à l’extrémité. G. Corselet finement encadré de noir tout autour ; ély¬ tres comme dans B. D. Corselet comme celui de C; élytres comme dans  , si ce n’est que la bande jaune des élytres n’atteint pas le bord latéral. E. Corselet plus fortement encadré de noir que dans C et B; bande réduite à deux petites taches jaunes sur chaque élytre. La couleur rouge de la tête et du corselet, qui distingue à la première vue cette espèce de la précédente, sert aussi à la distinguer des trois suivantes, chez lesquelles ces par¬ ties du corps sont jaunes. — Long, de 15 à 4 8 mill. ; larg. de 5 t/2 à 7 mill. ( La suite prochainement. ) Description d’une nouvelle espèce de Caryophyliie , par M. fiardouin Michelin ( Planche 2 ). Cqryophyliia deshaycsiana , Nob. — Hauteur 6 centi¬ mètres; grand axe du calice, 9; petit axe, 7; profon¬ deur de la fossette çalicinale, 5; les cloisons débordent de 2. Polypier fixé par un pédoncule étroit, subturbiné, court, JffiP. et Æa y. e/e Zoologue.. /Soo Tl. 2 DtlaJwi/c , del. Bith, d^B^aetJrères. Caryophyllia DesAayzsûmœ. tYMn. * * TRAVAUX IXÉDITS. 259 légèrement renflé par les côtés; à muraiiie nue, présen¬ tant des côtes épineuses un peu espacées et alternative¬ ment inégales; les principales sont formées par une série simple d’épines ascendantes et d’autant plus grandes qu’elles sont plus rapprochées du calice; les épines des petites côtes sont beaucoup moins saillantes et plus ser¬ rées. Le calice est ovalaire. La columelle spongieuse, très- déveioppée, oblongue, et formée par des trabiculiris la¬ mellaires très-serrés et penchés les uns sur les autres. Les systèmes cloisonnâmes paraissent être au nombre de -12, par suite de la grande ressemblance des cloisons primaires et des secondaires; les tertiaires en diffèrent même très- peu. Il y a cinq cycles complets, et par conséquent on compte -15 cloisons dérivées entre deux primaires, ce qui donne le nombre total de 96. Toutes ces cloisons sont fort débordantes en haut et en dehors, et ont leur bord libre profondément divisé. Les principales, c’est-à-dire celles des trois premiers ordres , sont fort élevées , épaisses en dehors, et elles présentent en haut cinq ou six épines très- fortes, mais peu aiguës; les dents du bord interne sont beaucoup plus faibles. Les petites cloisons sont fort min¬ ces et ont des dents plus nombreuses et plus petites; celles du dernier cycle se courbent un peu en dedans vers celle du pénultième. Les faces latérales des cloisons sont cou¬ vertes de grains fins et serrés. On voit, par le haut du ca¬ lice, que les loges intercloisonnaires sont fermées en de¬ hors par des traverses probablement vésiculaires et forte¬ ment convexes. Cette espèce se rapporte au genre Caryophyllia , tel que l’ont caractérisé MM. Milne Edwards et Jules Haime (Arm. des sciences naî 5e série, t. XI, p. 256). Elle est très- remarquable par la grande élévation de ses cloisons au- dessus du bord supérieur de la muraille ; et ce caractère la distingue très-bien de ses congénères. Nous ignorons la patrie de ce beau zoophyte, qui nous a été donné par M. Deshayes. 240 rev. et mag. de zoologie. ( Avril 1850.) Notice sur deux espèces d’Echinides fossiles, par M. Hardouin Michelin. Clypeaster meridanensis, Michelin. — C. complanatus ellipti- cus; dorso convexiusculo, pulvinato ; lateribus depressis, non si- nuosis ; ambulacris ovato-oblongis, apertis ; ore centrali , concavo ; ano intrà os et marginem, magno, rotundo. — Long. 11 cent. ; latit. 10 cent. Cette espèce, dont je dois la connaissance à M. Deshayes, lui a été communiquée comme ayant été rencontrée dans des dépôts tertiaires des environs de Mérida (Yucatan ). Elle a quelque analogie avec le Clypeaster placunarias de Lamarck, niais elle en diffère par scs bords non sinueux et son anus plus éloigné du bord. L’ambulacre antérieur est plus long que les autres et un peu plus ouvert. Quel¬ ques pores ambulacraires sont irrégulièrement disposés entre le bord et l’extrémité des ambulacres. Ce Clypeastre, que j’ai fait mouler, porte la marque V 44 des moules de M. Agassiz. Pygorhynchus Mortonis , Michelin. — P. subpentagonalis de— valus, coniformis, subtùsaubconcavus; ambulacris petaliformibus, æquaübus, striatis , acutis ; ore subcentrali , profundo, pentago- nali, quinque prominentiis crassis circumvallato, et quinque pe- talis foraminiferis ornato; ano superiori , intrâ apicem et margi¬ nem, in sulcum latum excurrente. — Diamètre, 5 centimètres; hauteur, 5 centimètres. Ce bel Echinide a été rapporté des Etats-Unis par M. Edouard de Yerneuil comme provenant des terrains tertiaires des environs de Pohtotock, état du Mississipi. 11 est moins allongé que scs congénères, et il s’en distingue surtout par les pétales de sa rosette bucale, dont deux sont très-pointus et les trois autres arrondis. Entre les pores qui dessinent la forme des pétales, on en dis¬ tingue quelques-uns épars entre les proéminences. Cette espèce, que nous avons fait mouler, portera la marque V 45, et nous l’avons dédiée à M. Morton, natu- SOCIÉTÉS SAVANTES. 244 raliste américain, qui s’est occupé des Oursins de son pays. ïï. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des Sciences de Paris. Avant de rendre compte des travaux de la savante com¬ pagnie pendant les mois de mars et d’avril, nous devons, sur la demande d’un de ses membres, M. Duvernoy, recti¬ fier une erreur commise par nous, en parlant de sa com¬ munication du 5 décembre dernier sur les roches trouées du calcaire jurassique supérieur et sur les animaux qui les ont habités. Ces perforations, avons-nous dit, sont dues à des Nérinées dont les débris se retrouvent dans les trous à la partie supérieure du banc. Il fallait ajouter que ces Nérinées n’ont pas troué cette pierre à la manière des Pho- lades, Pétricoles, etc. , mais ont vécu dans la vase calcaire qui a formé ces roches et ont été prises dans cette vase à mesure que sa solidification s’opérait. Séance du 4 Mars 4 850. — Le 4 mars a eu lieu la séance publique présidée par M. Pouillet. La distribution des prix des concours de 4 846, 47 et 48, et la lecture des sujets de concours pour les divers prix dont dispose l’Académie ont été suivies de considérations sur l’éthérisation par M. A. Velpeau, et de Féloge historique de M. Benjamin Dcles- sert , par M. Flourens , secrétaire perpétuel pour les sciences physiques. Séance du 4 1 Mars. — M. C.-L Bonaparte adresse une suite à ses nouvelles espèces ornithologiques. Le premier fragment, communiqué le 4 ! février dernier, traite du premier ordre, les Prehensores, et nous devons même rec¬ tifier ici une erreur signalée dans la nouvelle communica¬ tion. La remarquable espèce de Paradisier, indiquée et ca¬ ractérisée dans une note de ce premier travail, se rapproche non pas du superbe, mais du magnifique ; au lieu de Le- 2e série, t. u. Année 4850. 16 242 rev. et mag. de zoologie. ( Avril 1850.) phorina respubLica, il faut donc lire Diphyllodes respublica. Le nouveau fragment passe en revue le deuxième ordre, Accipitres ; l’auteur discute la convenance qu’il peut y avoir à placer à la suite des Perroquets , ou les Rapaces , reliés ensuite par les Caprimulgidés aux Passereaux, ou les Pas¬ sereaux, qui peuvent se rattacher aux Perroquets par leurs familles zygodactyles ; les Accipitres, formant le quatrième ordre, se rattacheraient aux Columbœ par les Dodos et pas¬ seraient par les Cathartes aux Gallinacés. Les trois cent quatre-vingt-dix espèces d’Oiseaux de proie que connaît M. Bonaparte, formant quatre-vingts genres, sont distri¬ bués par lui en six grandes familles. Le Secrétaire , les Gy¬ paètes et le Gypohierax, que ses pieds d’aigle éloignent des Vautours, sont les trois types de trois nouvelles fa¬ milles qui, si elles n’ont pas l’importance des anciennes, les Vulturidés, les Falconidés et les Stryyidés, évitent du moins le subterfuge des genres anormaux et autres sem¬ blables. I. VüLTüRiDÆ. 2 sous-familles; Cathartiens d’Amérique contenant 1 G. Sarcoramphus Dumér., ne comprenant que le Roi des Vautours ; 2 G. Gryplius Is. Geof., ne compre¬ nant que le Condor ; 5 G. Cathrartes , comprenant cinq es¬ pèces toutes jusqu’à présent confondues. L’inspection des animaux vivants, au jardin zoologique d’Amsterdam, a éclairé l’auteur sur leurs différences. IJ propose donc les Cath. californianus , Cath. atratus Bonaparte, de l’Amé¬ rique du Nord, Cath. iota, Cath. aura des Etats-Unis, Cath. brasiliensis Bonaparte, de l’Amérique du Sud. Vulturiens , contenant : \ G. Gyps Sav,, comprenant 6 espèces mal définies jusqu’ici; G. fulvus , G. occidentalis , G. vulgaris , G. Kolbï , G. indiens , G. bengalensis. 2 G. Vul- lur ( Agypius Sav.), 5 espèces : V. monaclius Linn., V. oc - cipilalis Burchell, V. calvus Scopoli, V. auricularis Daudin, V. nubiens , Smith. 5 G. Neophron ou Percnopterus Cuv. , comprenant les deux espèces si connues. IL Gypaetidæ, 5 espèces, la grande des Alpes suisses SOCIÉTÉS SAVANTES. 243 et du Caucase, G. occidentalis Schlegel, et G. miclipes Brehm ; peut-être faudra-t-il y joindre G. Altaicus Gebler. III. Gypohieracidæ. \ G. Gijpolüerax, \ espèce, G. cm- golensis. IV. Gypogeranidæ. Ne comprenant que le Secrétaire. Séance du \ 8 Mars. — M. Corne adresse une Note sur la diminution de la fibrine du sançj sous l'influence du mouve¬ ment. M. Marchai de Calvi avait, dans une récente com¬ munication, établi que la fibrine du sang augmente sous l’influence de la chaleur et diminue sous celle du mouve¬ ment. M. Corne, dans dix expériences, a constamment ob¬ tenu le second de ces résultats. Il en conclut que l’accélé¬ ration du cours du sang dans les fièvres ou dans les phleg- masies doit tendre à défibriner le sang, abstraction faite des autres causes agissant en divers sens. Il termine par les chiffres obtenus dans ces expériences relativement à la quantité de fibrine. Séance du 25 Mars. — M. E. du Bois-Reymond commu¬ nique une Note sur la loi du courant musculaire , et sur la modification gu éprouve cette loi par l'effet de la contraction . Cette Note, beaucoup plus physique que physiologique, rend compte de plusieurs expériences, pose des lois géné¬ rales, et promet une nouvelle communication sur le même sujet. Séance du 4er Avril . — M. cl' Nombres Firmas commu¬ nique de nouvelles observations d’achromatopsie. L’auteur rapporte deux nouveaux cas d’achromatopsie complète et incomplète, et insiste sur l’hérédité de cette infirmité. — M. C.-L. Bonaparte communique une Note sur les Trochilidés. Cette famille, qui, selon l’auteur, n’a de véri table affinité qu’avec les Cypseliclés, lui paraît éminem¬ ment naturelle. Mais les trois groupes dans lesquels on a distribué les 260 espèces qu’on y décrit, et qui sont basés sur la courbure et la longueur du bec, sont tellement arti¬ ficiels qu’il les abolit jusqu’à nouvel ordre. Sans pouvoir donner encore de résultat définitif, il pense que l’on pourra 24 h rev. et mag. de zoologîe. ( Avril 1850.) y établir quatre ou cinq. coupes naturelles, d’après la con¬ sidération de la forme et du développement comparatif des pieds et des ailes, et surtout des couleurs et ornements de ces oiseaux. J\iais comme le premier pas à faire dans cette voie est la bonne ordination des espèces, M. C.-L. Bonaparte apporte son contingent à cette œuvre impor¬ tante. 11 arrive, dans ses travaux, à distinguer 58 genres de Trochilidés, dont 4 9 sont nouveaux, et plusieurs ont reçu des noms destinés à perpétuer le souvenir des plus célèbres ornithologistes. Le Trochilus Lafresnayi , avec deux autres espèces , forme le genre Lafresnaya. Tout auprès du genre Helïo- doxa Gould, dont le type est Tr. Leadbeaieri , se place le nouveau genre Delattria , ayant pour type YOrnysmia Hen- ricci Lesson. Le genre Bonrcierïa comprendra, avec deux espèces anormales provisoirement placées dans ce genre, le Troch. PruneUiie t T . torquatns. Un genre voisin à'Âma- zilius , ne contenant encore que six espèces, portera le nom de Saucerottia , et a pour types le Troch. Sancerotti et T. erythronotus. Le Troch. mirabilis Loddiges s’appellera dé¬ sormais Loddigiornis mirabilis Gould. Enfin un dernier genre, le genre Goiddia, contiendra les Troch. Langsdorffii, Popelairi et Conversi. Les autres genres nouveaux non patronymiques sont : I. Colibri , démembré du genre Pe- tasopiioray qui ne comprendrait plus que le P. serrirostris Vieillot et le P. Gouldi Bonap. Il y aurait ainsi sept es¬ pèces du genre nouveau, et entr’autres le Tr -, Anaïs Les¬ son. Ce genre est suivi de YHeliolhrix Boie, qui a pour type la Jacobine (T. aurilus Gm. ), dont YOrn. nigrotis Lesson n’est que la femelle. 2. Heliomaster , avec cinq espèces dont le type est YOrn. angeL 5. Cœligena , type Orn. cœligena Lesson, et une nou¬ velle espèce de Bolivie que Gould fera bientôt connaître. 4. Leucïppus , comprenant Tr. fallax et Tr. Turneri . 5. flo- risuga , le Tr. mellivorus L,, avec deux autres espèces. 6. Avocettinus , qui est le groupe des Avocettes de Lesson. 7. SOCIÉTÉS SAVANTES. 245 Chrysiirus , Chrysures de Lesson. 8. Amazilicus, la plupart des Amazilis de Lesson. L’auteur laisse à M. Saucerotte, occupé en ce moment d'un travail sur les Trochilidés, le soin de débrouiller les Amazilis à bec plus ou moins rouge. 9. Thaumalias a pour type le Tr. Thaumatias L., et ne compte pas moins de neuf espèces. 4 0. Ramphomicron, basé sur YOrn. microrhyncha Boiss., avec quelques es¬ pèces difficiles à classer. 44. Discosura , les Platures de Lesson, ne comprenant que Tr. longicaudus Grn., et Tr. ligonicaudus Gouid. 42. Thaumatura, Orn. Cora Lesson, O. vesper et O. Fanng Lesson. — M. Trèmaux , dans une lettre communiquée par M. 1s. Geoffroy Sciint-Hilaire , donne des renseignements sur les différentes races d'hommes et d’animaux qui se suc¬ cèdent dans le Sennar et dans le Bertha. Les observations de M. Trémaux ont porté, comme l'indique ce titre, sur l’homme et sur les animaux , mais spécialement les ani¬ maux domestiques, moutons, bœufs, etc. Du reste, pour donner une idée de la communication de M. Trémaux , nous ne pouvons mieux faire que de rapporter les ré¬ flexions dont M. 1s, Geoffroy Saint-Hilaire l’a fait suivre. Il a fait remarquer qu’il en résulte une confirmation d’un fait général déjà plusieurs fois signalé, savoir, que le de¬ gré de domestication des animaux est proportionnel au degré de civilisation des peuples qui les possèdent. Ainsi, chez les peuples sauvages, les Chiens sont fort sembla¬ bles eutr’eux, et fort voisins encore du Loup et du Cha¬ cal ; chez les peuples très-civilisés, il existe un nombre infini de races et variétés, dont la plupart s’éloignent considérablement du type primitif. M. 1s. Geoffroy Saint- Hilaire, en développant ces considérations à l’égard du Chien (4), les avait étendues aux autres espèces domes¬ tiques, mais en reconnaissant combien les faits observés (î) Histoire générale des Anomalies, tome I, page 219; Essais de zoologie générale , page 506, etc. 246 rev. et mag. de zoologie. ( Avril 1850.) sont encore insuffisants à l'égard de celles-ci. L’existence de Moutons à poils ras chez les nègres de Fa-Zoglo, tan¬ dis que les Moutons sont laineux chez leurs voisins à formes caucasiques et ayant déjà quelque civilisation , fournit une confirmation d’autant plus intéressante, qu’elle n’était nullement cherchée par M. Trémaux. Si ce voya¬ geur a donné une sérieuse attention au fait qu’il avait sous les yeux , c’est surtout parce qu’il était vivement frappé du contraste de ces deux peuples, l’un, à cheveux lisses, chez lequel les Moutons sont laineux, l’autre, à che¬ veux laineux, chez lesquels les Moutons ont le poil ras et lisse. Séance du 8 Avril. M. de Gasparin lit une Note sur le ré¬ gime alimentaire des mineurs belges. Le savant académicien a observé, parmi les ouvriers des environs de Charîeroi , un régime alimentaire qui, au lieu delà quantité ordi¬ naire d’azote, 20 à 26 grammes par jour, ne renfermerait que 14 grammes 820. Ces ouvriers, cependant, sont forts, bien développés et bien portants. Leur nourriture se com¬ pose, par jour, de \ kilogramme de pain, 60 grammes en¬ viron de beurre, 50 grammes 59 de café, et autant de chicorée , et enfin 750 grammes au plus de pommes de terre et légumes cuits ensemble. Le café est la seule bois¬ son ; le dimanche seulement ils mangent de la viande et boivent environ deux litres de bière. Dans de savantes réflexions sur ce fait intéressant pour l’économie sociale, M. de Gasparin arrive à conclure que peut-être le café agit ici en arrêtant le mouvement de décomposition, et, selon l’expression de l’auteur, il ne nourrirait pas, mais empê¬ cherait de se dénourrir. 11 appelle donc de tous ses vœux des recherches ayant pour but la constatation du mode d’action du café, et des propriétés analogues que d’autres substances pourraient posséder. — - M. Magendie fait suivre cette communication de quel¬ ques remarques sur les propriétés des matières azotées au point de vue de la nutrition. SOCIÉTÉS SAVANTES. 247 — M. Em. du Bois-Reymond lit une Note sur la loi qui préside à l'irritation électrique des nerfs , et sur la modifica¬ tion du courant musculaire par l'effet de la contraction. Séance du \ 5 Avril. — M. Valenciennes lit un Rapport sur lès travaux et les recherches d'histoire naturelle faits par M. Morelet pendant son voyage dans l'Amérique centrale. La collection zoologique qu’il rapporte renferme un grand nombre de nouvelles espèces de Mammifères, de Reptiles, de Poissons, de Mollusques, d’Articulés et de Zoophjtes. — M. Carbonnel présente une Note sur l'Huître du bas¬ sin d'Arcaclion, sa disparition de ce bassin , la possibilité et la nécessité de l'en repeupler. L'auteur résume ainsi ses ob¬ servations : 4°. Que la petite Huître gravette du bassin d’Arcachon est la même que l’Huître comestible de Granville consom¬ mée à Paris, et qu’elle ne constitue pas une espèce parti¬ culière ; 2°. Que l’état de petitesse dans lequel on la trouve à Àrcachon n’est que la conséquence des conditions du mi¬ lieu où elle vit; 5°. Qu’il serait facile, en la mettant dans de meilleures conditions de bien-être, d’en faire des Huîtres de Marennes ou de Granville ; 4°. Qu’enfin il est plus que probable que les Huîtres des côtes de France, si dissemblables qu’elles puissent pa¬ raître, ne sont toutes qu’une seule et même espèce plus ou moins dégénérée. Séance du 22 Avril. — M. Coste lit des expériences sur les moyens de transport de la montée ou des jeunes anguilles. — M. Mateucci adresse une réclamation de priorité à l’occasion des communications récentes de M. du Bois- Reymond. Séance du 29 Avril. — M. Em. du Bois-Reymond répond à la réclamation de priorité de M. Matteucci. — M .de Quatrefages lit un Mémoire sur le système ner¬ veux des Annélides. 248 rev. et mag. de zoologie. ( Avril 1850.) Ce Mémoire est annoncé par l’auteur comme un perfec¬ tionnement de la Note publiée par lui sur ce sujet , en 1844. Ses recherches aujourd’hui ont porté sur vingt-trois genres des principales familles de cette classe. 11 distingue dans les Annélides un système nerveux gé¬ néral composé du cerveau, de ses connectifs et de deux chaînes ganglionnaires abdominales, puis un système ner¬ veux viscéral. Il expose les curieuses transformations que subit le premier de ces systèmes, et quant au second, on ne peut, au milieu de l’extrême variabilité qui le caracté¬ rise, énoncer qu’un fait général. Le plus ou le moins de développement de ce système est toujours en rapport di¬ rect avec l’importance de la trompe et l’étendue de ses mouvements. 11 termine en concluant ainsi : « La sépara¬ tion de plus en plus marquée des deux chaînes ganglion¬ naires abdominales conduit, par des nuances presque in¬ sensibles, à leur séparation complète. Entre les Annelés ordinaires et les Annelés pleuronères, nous avons aujour¬ d’hui presque tous les intermédiaires possibles, li me semble donc nécessaire, ne fût-ce qu’au point de vue de la netteté des caractères anatomiques, de chercher ailleurs que dans le système nerveux un moyen d’apprécier les rapports existants entre les divisions primordiales du sous-embranchement des Vers. Si je ne me trompe, il y a là une confirmation des idées que j’ai exposées ailleurs , et qui consistent à voir l’expression de ces rapports fonda¬ mentaux dans la réunion ou la séparation des sexes sur un même individu. » Société entomologique de France. Séance du 9 Janvier 4 850. — M. Reiclie communique une Note sur le genre Psalidognatlius , qui, d’après lui , se compose aujourd’hui de quatre espèces , les P. Friendii Gray, Anim. kingd (superbus Fries, Vetensk. Akad. Handl., 4 850), modestus Fries, id ., ery throcer us Reiche, Rev. zool., SOCIÉTÉS SAVANTES. 249 4 840, tous trois de la Colombie, et le P. cacicus White, An. and Magaz. ofnat. Iiistory , 4 845, du Mexique. M. Rei- che s’occupe plus spécialement du P. cacicus, dont M. White fait le type d’un nouveau genre, celui des Prio- nocalus , mais qu’il regarde comme devant rentrer dans le genre Psalulognailius proprement dit, et sur lequel il donne des détails de mœurs intéressants. — Le même membre donne la description suivante d’une nouvelle espèce de Chiasognathus. C. Jousselinii : Mas. brunneus æneo submicans, pube griseo vestitus. Caput latum crebre punctatum ; epistomæ undulato medio sub emargi- nato, angulis anticis utrinque subacutis; mandibulis crebre punc- tatis, thorace vix longioribus, perpendiculariter acuatis , apice incurvatis intus denticulatis ; antennis thorace vix longioribus, articulo primo reliquis longitudine. Thorax convexus capite plus duplo latius, latitudine plus duplo brevior; disco crebre punc- tato, late canalieulato ; canaliculi lateribus elevatis sub lævigatis nitentibus utrinque carinula mediana transversali emittentibus ; lateribus rotundatis crenulatis postice elevatis bispinosis, ulrin- que infra medium cava rotundata poiita cupreo micante ; margine antico medio rotundato sub producto, margine postico undulato, medio rotundato sub emarginato. Scutellum semi-clrculum, vi- ridi æneum nitidum lateribus punctatis. Elytra convexiuscula, thorace vix latiora transversaliter sub-rugosa ; squamulis lan- ceolatis griseis sparsim vestita. Corpus subtus pilis longioribus griseo lrirtus ; femoribus anticis haud incrassalis ; tibiis anticis elon- gatis supra convexis infra vix eoncavis biseriatim spinosis, apice subdilatatis bidentatis; intermediis posticisque quinque vel sex extus spinosis intus muticis. — Long, mandibulis exclusis, 15 mill. ; laî. 8 miil. — Habitat Chili. M. Reiche se demande si son insecte est un Chiasogna- thus ou bien un Sphenognathus. Les mandibules sont cour¬ bées de haut en bas, tandis qu’elles le sont horizontale¬ ment dans les Sphenognathus connus; les jambes anté¬ rieures sont allongées dans le mâle, et, ainsi que les inter¬ médiaires et postérieures, elles sont de la même épaisseur dans toute leur longueur, tandis que dans les Sphenogna- 250 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1850.) thus elles vont en grossissant légèrement de la base à l’ex¬ trémité. Toutefois le faciès de cette espèce est celui d’un Chiasognatlius peu développé, et c’est sous ce nom que notre collègue le décrit, tout en concluant, ce qui nous semble parfaitement juste, que les deux genres Splienog - natlius et Chiasognatlius doivent être réunis en un seul , qui garderait ce dernier nom. — M. Jacqudin-Duval donne lecture d’un Mémoire con¬ tenant la description d’un nouveau genre et d’espèces nouvelles de Coléoptères propres à la Faune française. La description de ce genre et de ces espèces, qui ont reçu les noms de Chevrolatia insignis, Euœshetus Lespesii. et Stenus Guijnemeri devant être publiée (Ann. Soc. Ent.fr. , 1er tri¬ mestre de 1850) très-incessamment, nous n’en donne¬ rons pas ici les phases caractéristiques. — M. H. Lucas communique la description d’une nou¬ velle espèce de Morica (M. Jevini) qui vient d’être décou¬ verte en Algérie, aux environs de Djemmââ Gazouat, par M. le major d’Aumont. Cette espèce est remarquable par la forme de son thorax , dont les expansions latérales sont bien moins grandes que dans la Morica octocostala Solier, et par les angles de chaque côté de la base de ces expan¬ sions, qui au lieu d’être aigus et subépineux, sont au con¬ traire mousses et arrondis. M. H. Lucas indique les autres caractères qui seront donnés dans le Bulletin de la Société Entomologique. Séance du 25 Janvier. — M. H. Lucas lit la description d’une nouvelle espèce d 'Eurycliora 7 qu’il nomme E. Le- vaillantn) et qui a été découverte sous des pierres, dans les parties élevées du Djebel-Amour (Algérie), par M. le général Levaillant. Cette espèce se rapproche principale¬ ment de VE. crenata Solier, qui habite le Cap de Bonne- Espérance. — M. Guenée annonce que M. Dardouin, de Marseille, a découvert et envoyé à M. Pierret la femelle de YHeliopho- bus hirta) dont les collections ne renfermaient jusqu’ici SOCIÉTÉS SAVANTES. 25-1 que des mâles. Chez cette femelle, les quatre ailes sont réduites à des rudiments aussi courts que chez YExapciie salicella : le thorax est très-rétréci , et les ptérygodes et le collier sont à peine développés ; les palpes, encore plus courts que ceux du mâle, sont tout-à-fait incombans, et les pattes, presque glabres, ont les éperons à peine sen¬ sibles. En un mot, toutes les parties antérieures sont comme atrophiées au profit de l’abdomen , qui joue , comme chez toutes les femelles aptères, le principal rôle. — M. Robineau- Desvoidy expose que le genre Trixa , parmi les Myodaires, doit être placé parmi les Entomobies ou Mouches parasites. 11 annonce que les insectes de ce genre sont vivipares, et qu’il a observé la femelle dépo¬ sant ses larves sur des matières fécales de l’homme au mois d’octobre. Ce genre Trixa devra donc être reporté dans la tribu des Dexiaires, sa véritable place. Séance du \ 5 Février. — M. Amyot donne communica¬ tion d’un travail ayant pour titre : Entomologie française. Gnathotes Coléoptères. Pentamères sextipalpes (Carabes); méthode mononymique. Nous ne croyons pas devoir analy¬ ser ce Mémoire, dans lequel l’auteur n’admet aucun des genres fondés par les entomologistes et crée pour chaque espèce un nom particulier et distinct. — M. îi. Lucas donne la description d’une nouvelle es¬ pèce d'Adesmia (A. Coucyi ), découverte par M. le major d’Aumont dans la plaine de Sebdou (province d’Oran), en Algérie, et qui se distingue de VA. microcephala Solier, principalement par la gracilité de ses organes de la loco¬ motion. — M. F. Signoret fait passer sons les yeux de la Société plusieurs espèces se rapportant à un nouveau genre d’Hé- miptères du groupe des Teiligonia, qu’il nomme Dilobop- terus . Ce travail paraîtra, avec des figures, dans un de nos prochains numéros. Séance du 27 Février. — M. le général Feisthamel adresse 252 rëv. et mâg. de zoologie. (Avril 1850.) la description de vingt Lépidoptères rhopalocères nou¬ veaux, provenant de la Cazamance (Afrique). Séance du 15 Mars. — M. L. Fairmaire présente:!0 quelques espèces nouvelles de Coléoptères d’Europe qu’il se propose de décrire prochainement; ce sont les Zabrus in fiat ouïes , Purpuricenus ferruginens, Cassidci melanocepha- la , trouvées en Espagne parM. Mieg, et YOmias T ^achau- rui rencontré auprès de Marseille par l’entomologiste dont cet insecte porte le nom ; 2° une jolie variété de la Cicin- dela hybrida, chez laquelle la lunule humérale est réunie par une ligne longitudinale à la lunule transverse du mi¬ lieu , et qui a été prise à Fontainebleau par M. Berce. — Le même membre fait remarquer qu’en étudiant le G. Cymindis il a reconnu que la C. Faminii devait en être séparée : le faciès de cette espèce est en effet très-différent de celui des autres Cymindis ; la forme de la tête, la briè¬ veté des antennes, la forme du corselet, et surtout l’ab¬ sence de dentelures aux crochets des tarses, se réunissent pour en faire le type d’une coupe distincte, qui doit com¬ prendre quelques espèces d’Afrique et du midi de l’Espa¬ gne, et à laquelle il propose de donner le nom de Platy- tarus. — M. Guenée dit que dans la Polia felicina, jolie Noc¬ tuelle qu’il vient d’être à même d’étudier, le front n’est pas lunulé; qu’il est déprimé et présente une espèce de cuvette d’où sort une petite corne semblable à celle que l’on remarque dans plusieurs Coléoptères. Notre collègue n’a pu se procurer la Polia felicina femelle, et il aurait voulu pouvoir en faire une étude comparative avec le mâle. Séance du 27 Mars. — M. Guenée lit un Mémoire inti¬ tulé : Note sur la composition du front dans plusieurs es¬ pèces de Xijl inides, et sur les divisions du genre Cleophana. Dans ce travail, le savant entomologiste de Chateaudun partage le groupe des Cleophana en cinq genres distincts : le premier a déjà été séparé antérieurement, par M. Gué- SOCIÉTÉS SAVANTES. 255 née, sous le nom d 'Epimenïa, et adopté par Duponchel ; le second, comprenant la Cymbalariœ et la Cyclopœa, gar¬ dera le nom d 'Omia7 qu’Hubner a donné, dans son Ver - zeichnis, à tout le genre Cleophana; le troisième, qui reste encore un peu mélangé, conservera la dénomination de Cleophana ; le quatrième, parfaitement homogène, com¬ prend la Linariæ , VOlbiena, le Platysterci et i ’Opalina, et a reçu le nom de Cleophasia de M. Stéphens; enfin le cin¬ quième, qui ne renferme que la Laacleti, s’éloigne encore davantage des autres, et a été nommé Rhodoptera par M. Guenée, dans le travail que nous venons d’analyser succinctement ici, et dont le but principal est l’étude du front des anciennes Cleophana. — M. Macquart communique une nouvelle suite à son grand travail sur les Tachinaires d'Europe, et il s’occupe plus particulièrement des espèces qui doivent rentrer dans le genre Tachina. — M. L. Fairmaire fait passer sous les yeux de la So¬ ciété la larve et la nymphe du Dasytes cœruleus, qu’il a découvert récemment dans une chasse qu’il vient de faire à Saint-Germain avec M. Frey. E. Desmarest. III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. Histoire naturelle des Mollusques terrestres et d’eau douce qui vivent en France, par l'abbé I). Dupuy, pro¬ fesseur d’histoire naturelle, avec planches lithographiées par M. J. Delarue. — Paris, chez Victor Masson ; in-4°, Ur et 2e fascicules. — Àuch, chez Brun. — 1847 et \ 848. Le premier fascicule contient -18 feuilles de texte et 4 planches. Après la préface, dans laquelle il donne un aperçu du plan de son ouvrage et des matériaux dont il a 254 rev. et mag. de zoologie. ( Avril 1850.) pu disposer pour le remplir, l’auteur donne une note sur sa manière d’envisager les espèces et les variétés. Puis vient l’énumération raisonnée des classes, ordres, familles et genres dont il sera traité dans l’ouvrage. Enfin l’abbé Dupuy commence la description des genres et des espèces, et donne pour chaque genre , outre les caractéristiques, un aperçu historique, critique et géographique du genre. Quant à la description des espèces; pour chacune d’elles, il décrit l’animal avec le même soin que la coquille. Si l’on en excepte les ouvrages de Nilson pour la Suède, et C. Pfeiffer pour l’Allemagne, qui ont essayé cette mé¬ thode, M. Dupuy est le premier qui publie des diagnoses soignées de l’animal, précédant toujours la diagnose de la coquille. Comme ouvrage français, la priorité est incon¬ testable, et l’étendue ainsi que l’exactitude de ces diag¬ noses, écrites en latin et suivies de descriptions et d’ob¬ servations en français, donnent à cet ouvrage une perfec¬ tion remarquable , que la beauté des planches complète dignement. Enfin , la synonymie y est soignée plus com¬ plètement et plus exactement que dans aucun autre ou¬ vrage. Les Limaces ont été renvoyées à la fin , et la partie des¬ criptive commence par le genre Testacella , qui renferme trois espèces : la T. haïwtidœa , Drap, la T. bisülcata , Risso» espèce non encore indiquée en France et très-peu con¬ nue. Enfin , la troisième, entièrement nouvelle, et la plus grande des espèces connues, est nommée par l’auteur T . Compcmyonii ; elle est des Pyrénées Orientales. Le genre Vitrinu contient la description de cinq espèces , dont quatre données par Drapanaud et Michaud, et iacînquième mentionnée par Férussac. Le genre Succinea compte aussi cinq espèces : S. arenarïa Bouchard-Chantereaux, 5. oblon- ga Drap. , 5. Pfeifferi Rossm., S. longiscata Morellet, 5. puiris Blainv. L’auteur s’est attaché à une exacte distinc¬ tion de ces espèces, encore mal séparées jusqu’à ce jour. Le genre Hélix a été divisé en groupes naturels, dont le ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 255 premier, H. inflalœ, se partage en apertœ , comprenant Yff. aperta Bom, et pomatiœ , renfermant H. melanostoma Drap., H. cincta Müil., H. pomalia Linn. Là se termine le premier fascicule. Le second continue l’histoire de ce genre , et en décrit 59 espèces. Ce sont d’abord les H. aspersa Müll., H . reti- rugis Menke, espèce d’Italie trouvée aux environs de Poi¬ tiers : ces deux espèces représentent le second groupe , les H . aspersce ; et le troisième, celui des splendidœ, se divise en vermiculatœ : H. vermiculata Müll. , H. laclea Müll. ; et en splendidœ verœ : H. Company onii Aleron, espèce rare des Pyrénées Orientales, H. muralis Müll., H. serpentina Fer., H. niceensis Fer., H. splendida Drap. Vient ensuite le quatrième groupe, celui des H. nemorales , comprenant la description de 5 espèces : H. sylvatica Drap., H. Vin - dobonensis Pfeif. , espèce d’Autriche, dont une variété ha¬ bile les hautes vallées des Alpes ( alpicola , Rossmassler ), H. nemoralis Linn., H. hortensis Müll., H. arbustorum Linn., H. Quimperiana Fer., H. cornea Drap. Le cinquième groupe, ou H. candidissimœ, nous offre, dans l’ouvrage de M. l’abbé Dupuy, une seule espèce, H. candulissima Drap. Dans le groupe suivant, H. alpinœ , nous trouvons Y H. al - pina F. Biguet, H. Fontenilii Mich., H. Carascalensis Fer. Les H. zonata Stud., H. Pyrenaïca Drap., H. Desmolinsii Fer., H. lapicida Linn., représentent les planospirœ verœ , première division du septième groupe , celui des planos¬ pirœ : la seconde division de ce septième groupe, celie des pulchellœ , compte YH. pulchella Müll., et H. costata Müll.; la troisième division de ce même groupe, celle des tricjo- nostomœ , YH. obvolula Müll., H. holosericea Stud., très- rare en France. Les personatœ forment le huitième groupe naturel de ce grand genre, et une seule espèce se rencontre en France, c’est Y H. per sonata Lam. Le neuvième groupe, fulvœ , est plus nombreux, et se divise en dentatœ ; H. bi - dentata Grue!., H, Cobresiana Alt., H. depilata Drap. ; et en fulvœ proprie diclœ7 H. julva Müll. . Les rufœ ou le dixième 256 rev. et mag. de zoologie. ( Avril 1850.) groupe sont : H. Telonensis Mittre, H. Moutonii Mittre , H. f’asca Mont. Les H. sericea Müll. H. plebeïa Drap., H. continua Jeff., II. Iiispida Linn., H. ponentina Morel., II. viilosa Drap., sont les types du onzième groupe, les hïs- piclœ. Le douzième , celui des carthusianœ , comprend trois divisions; carthusianœ verœ : H. rufescens Penn., H. strigella Drap., H. fruticum Müll., H. cantiana Mont., H. cariliusiana Müll., H. rnfilabris JelTr. ; limbatœ : H. incar - nata Müll., H. limbata Drap., H. cinctella Drap.; ciliaiœ : II. ciliata Venetz. Le treizième groupe, les Lameltaiœ , se divisent en aculeatœ , H. aculeata Müll.; rupestres , H. ru- pestris Drap. Les nitentes constituent le quatorzième grou¬ pe, et les descriptions de leurs premières espèces terminent ce second fascicule. Nous ne pouvons quitter cette analyse sans rendre hommage à l’expérience et au soin consciencieux dont cet 4 ouvrage porte le cachet. M. l’abbé Dupuy s’y montre non- seulement un malacologiste habile, mais encore un collec¬ teur infatigable rempli de sagacité dans la distinction des espèces, et singulièrement soucieux de faciliter aux au¬ tres zoologistes i’accès de ses descriptions. Nous signale¬ rons surtout un tableau dichotomique placé en tête de l’énumération des genres, et qui permet d’arriver très-fa¬ cilement au nom d’un genre donné; maintenant, en tête de ce genre, un nouveau tableau dichotomique vous con¬ duit à la distinction des espèces de ce genre décrites dans l’ouvrage. A tous ces avantages s’ajoutent des planches déjà au nombre de dix, et qui représentent non-seule¬ ment les coquilles de chaque espèce, mais un ou plusieurs animaux par genre. Elles sont d’une exécution parfaite, et , ce qui est rare dans ce genre de travaux , d’une exac¬ titude frappante dans les plus petits détails. Ad. Focillon. TREIZIÈME ÂNKÉE. — MAI 1850. I. TRAVAUX INÉDITS. Cours d’histoire naturelle des corps organisés, pro¬ fessé au Collège de France par M. Duvernoy. (Voir les années 1 846 à \ 849 de cette Revue. ) De la méthode naturelle appliquée à la classe des Mammifères . Pour terminer les extraits des leçons de M. Duvernoy sur les classifications du règne animal, nous avons à faire connaître celles de son dernier cours, dans lesquelles il a traité de la méthode naturelle appliquée à la classe des Mammifères (1 ) . Persuadé que le haut enseignement du Collège de France doit être à la fois historique, critique et dogmatique , le professeur a envisagé son sujet sous ce triple point de vue. JNous nous efforcerons de donner une idée exacte de ses leçons, quoique pâle et incomplète, à cause des limites resserrées qui doivent comprendre cet extrait. PREMIÈRE PARTIE. Esquisse historique depuis J. Rai jusqu’à G. Cuvier. On ne pourra disconvenir de l’intérêt qu’il y avait à suivre, dans les travaux modernes, les progrès des idées sur les limites assignées successivement à la classe des Mammifères, et sur les rapports naturels qui doivent cons- (1) Cette classe a été le sujet de trente leçons du cours de 1848 à 1849, y compris huit leçons d’anthropologie. ‘2e série, t. il. Annee 1830. 47 25S REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1850.) tituer et caractériser les groupes des différents degrés dans lesquels on peut diviser cette classe, jusqu’au genre, à l’espèce et à ses variétés. La marche et les principes suivis dans cette analyse de la classe la plus élevée peuvent servir de modèle, sinon de mesure absolue, pour l’analyse des autres classes du Règne animal. Il y a plus d’un siècle et demi que Jean Rai publiait un curieux tableau analytique de la classe des Mammifères , qu’il définissait: Animalia vivipara , pilosa, quaclrupeda. Il les séparait, en premier lieu, en deux grands groupes : celui des Ongulés, ou des Vivipares pilifères à sabots ; et celui des Onguiculés, ou des Mammifères qui ont des ongles (1). Les Quadrupèdes à sabots y sont séparés, à leur tour, en trois groupes subordonnés, ce sont ceux : J° qui n’ont qu’un sabot (Solidipeda) ; 2° ceux qui en ont deux (Bisul- ca) ; 5° et ceux qui en ont quatre (Quadrifulca). Les Bisulca sont ruminants ou non ruminants. Parmi les Ruminants , les uns ont des cornes perma¬ nentes (les genres Bœuf, Brebis ou Chèvre) ; les autres ont des cornes caduques (le genre Cerf). Les Bisulca non ruminanlia forment le genre Porcinum. La grande division des Onguiculés se partage elle-même en ceux dont le pied est bifide , et en ceux dont le pied est multifide. Le genre Chameau fait partie du premier groupe. Les Mammifères onguiculés à pieds multifides se divi¬ sent de nouveau en ceux qui ont les doigts réunis, tel est le genre Eléphant ; et en ceux qui les ont plus ou moins séparés. Ceux-ci formenttous les autres sous-groupes de la Classe. Les uns ont les ongles plats (les Singes ); les autres * (1) Synopsis melhodica Quadrupedum et serpenlini gener ist enclore Joanne Raio. S. R. S. Londini. 1695. TRAVAUX INÉDITS. 259 ont les ongles aigus, et des dents incisives aux deux m⬠choires. Quand il y en a plus de deux, ces dents caractérisent ou des animaux Carnivores , ou seulement Insectivores, ou se nourrissant à la fois d 'Insectes ou de Végétaux. Ceux qui n’ont que deux incisives plus grandes à cha¬ que mâchoire [incisoribus binis insignioribus), sont tou¬ jours phytivores. Parmi les Quadrupèdes vivipares, à pieds multifides, il y en a d' Anormaux ; tels sont les Echinus terrestris , Tatou sive armadiUa, Talpa , Musaraneus, Tamandua , Vesperlilio et Ai sive Ignavus. On remarquera, dans cet aperçu, un premier essai de classification analytique, très imparfait sans doute, auquel il y avait beaucoup de rectifications à faire et d’améliora¬ tions à introduire. 11 se composait cependant des premiers fondements de l’édifice consacré à la méthode naturelle. Les divisions graduellement moins générales avaient conduit l’auteur jusqu’aux Genres, qui ont ici l’acception de Familles , ou des grands genres de Linné. Leurs espèces, décrites dans tous les détails de leur or¬ ganisation, connus à cette époque, et exposés avec beau¬ coup de soin, sont devenues souvent les espèces types des genres actuels. L’auteur avait bien compris le Lamantin, et conséquem¬ ment les Cétacés herbivores, parmi les Quadrupèdes vivi¬ pares ; mais il avait omis d’y joindre les Cétacés ordi¬ naires. La forme des ongles, dans les Chameaux, mal appréciée, et l’absence des cornes, l’avaient induit en erreur sur les rapports naturels de ce genre de Ruminants. 11 y aurait beaucoup d’autres observations de principes à faire sur cette classification, qui est devenue l'origine, il faut le reconnaître, de celles qui sont le plus généralement adoptées aujourd’hui. Environ quarante années après J. Rai, le génie nais- 260 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Mai 1850. j sant de Linné traçait le plan d’un catalogue méthodique de tous les corps de la nature, dans la première édition du Systema naturce, publiée à Leyde en 1756 (1). La dénomination et les caractères de la classe des Mam¬ mifères n’y sont en progrès que dans le dernier terme de la définition de cette classe. Quadrupedia. — Corpus hirsutum. Pecles quatuor. Fœ- mince vivipares , lactiferæ. Mais ce dernier caractère était une pierre d’attente pour une amélioration fondamentale. Les limites de la classe des Quadrupèdes y sont encore plus restreintes que celles posées par J. Rai. Non-seule¬ ment les Cétacés ordinaires n’y sont pas compris, mais en¬ core le Lamantin , qui représente les Cétacés herbivores, attendu qu’il n’a pas quatre pieds. C’est à la tête de la classe des Poissonsy dont ils forment le premier Ordre, sous le nom de Plagiuri , que sent grou¬ pés les genres Trichecus , Catodon , Monodon , Balœna et Delphinus. Plusieurs des groupes d’une bonne méthode naturelle y sont mieux tracés que dans le Synopsis de J. Rai. 11 y en a cinq principaux qui répondent , du moins pour la valeur, aux Ordres de nos classifications actuelles ; ce sont les I. Anthropomorpha , qui comprennent l’homme , les Singes et les Paresseux, IL Fcrœ; ce sont les Carnassiers, y compris les Pho¬ ques ; les Insectivores et les Chauve-souris. III. Glires, ou les Rongeurs, auxquels les Musaraignes sont réunies. IV. Jumenta , qui sont les Pachydermes actuels. V. Pecora , ou les Ruminants. Les caractères de ces premiers groupes sont tirés de l’existence ou de l’absence, du nombre, des proportions ou ( !) Linné avait alors vingt-neuf ans. TRAVAUX INÉDITS. 261 de la forme des incisives ; de la présence et des proportions des canines; du nombre des doigts armés d’ongles ou en¬ veloppés de sabots. Les premières divisions des Ordres sont des grands gen¬ res, ou des familles ; ou de petits genres, dont la plupart ont été conservés avec l’une ou l’autre de ces acceptions. Dans la douzième édition du Systema naturœ , celle de 1766, les limites de la Classe des Mammifères sont celles universellement adoptées par la science actuelle, grâce au caractère de lactifères , pour les femelles du moins, que Linné avait introduit, dès ^ 756, dans la définition de la Classe. L’aperçu de ce caractère, et l’appréciation de sa valeur, le conduisirent à substituer la dénomination de Mammalia à celle de Quadrupeda , et lui donnèrent la clé des vérita¬ bles rapports des Cétacés. Dans la dernière édition dont nous parlons, et dans la treizième, publiée par Gmelin en 1788, la Classe des Mam¬ mifères est divisée en sept Ordres, au lieu de cinq, par suite de la réunion des Cétacés à la Classe et de l’adoption d® l’Ordre des Bruta. Les numéros des Ordres anciens et leur dénomination sont aussi changés, du moins en partie. I. Les Anthropomorpha y sont appelés Primates. Ils ne comprennent plus les Paresseux , qui sont remplacés par jes Chauve-souris. Ce changement n’était pas heureux. II. Les Bruta répondent aux Jumenta de la première édition , moins les genres Egnus et Sus. Mais on y trouve réunis à Y Eléphant et au Rhinocéros , les genres Trychecus , Bradypus , Myrmecophaga , Manis , Dasypus. III. Les Feræ sont, comme dans la première édition , les Carnassiers, moins le genre Vespestilio ; mais y compris le genre Sorex. IY. Les dires sont mieux limités, par suite de ce der¬ nier changement. 262 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( 31di 1850.) V. Les Pecora comprennent toujours et exclusivement les Ruminants. VI. Les Belluæ réunissent les Pachydermes du Règne animal, moins les genres Eléphant et Rhinocéros, classés parmi les Bruta. VIL Enfin les Cete ne comprennent que les Cétacés proprement dits du Règne animal, les Lamantins et les Dugongs étant classés dans le deuxième Ordre. Les caractères de ces Ordres sont tirés de l’existence des ongles ou des sabots; de l’existence, du nombre et de la forme des dents incisives et des canines; de la position des mamelles, etc., etc. Dans cette esquisse rapide et bien incomplète , sans doute, que nous traçons de cette partie historique des le¬ çons de M. Duvernoy, nous passerons de Linné à Cuvier, et au Tableaii élémentaire de /’ histoire naturelle des ani¬ maux, publié par ce dernier en l’an 6 ( 1797 à 1798 ). Mais avant d’entrer dans les détails des classifications de cet ouvrage remarquable, concernant les Mammifères , nous rappellerons ce que la bonne foi et l’extrême modes¬ tie de l’auteur ( alors âgé de vingt-huit ans ) lui fit dire à ce sujet, dans sa préface (p. vi) : « La division des Mammifères a de grands rapports (1) avec celle que M. Storr a proposée en 1786, dans son Prodromus methodi mammalium. Les changements et les subdivisions des genres sont le résultat d’un travail qui m’est commun avec le citoyen Geoffroy. » Ce dernier travail (2), ainsi que son titre l’annonce, était (t) De grands rapports , c’était trop accorder. Il fallait dire seulement quelques rapports. J’en appelle à ceux qui voudront comparer, comme je l’ai fait , les deux classifications. (2) Il a pour titre : Mémoire sur une nouvelle distribution des Mammifères et sur les principes qui doivent servir de base dans celte sorte de travail, lu à la Société d’Histoire naturelle, le Ier floréal de l’an 5, par les citoyens Geoffroy et Cuvier. Il a paru TRAVAUX INÉDITS. 265 à la fois dogmatique et pratique. Nos jeunes législateurs, dont le premier avait vingt-quatre ans et l’autre vingt-six, avaient cherché à y poser les bases d’une bonne classifica¬ tion naturelle. Les bornes de cet article nous forcent à regret de les passer sous silence; seulement nous remarquerons, qu’en voulant faire comprendre l’importance des caractères ti¬ rés de la perfection ou de l’imperfection du toucher, par la division des doigts, protégés par des ongles, ou envelop¬ pés de sabots, le rédacteur s’exprime au singulier : « Chacun sent que je veux parler du toucher. Quelle idée aurions-nous, sans lui, de tout ce qui nous envi¬ ronne? Je renvoie , sur cela, aux auteurs de psychologie (p. -17-1 ). » Et plus loin : « Ses divers degrés de perfection dépen¬ dent surtout de la division plus ou moins prononcée des doigts et de leur revêtement plus ou moins délicat. Qu’on prenne bien garde que je ne parle pas de leur nombre ! Le nombre des parties ne fournit, en histoire naturelle, que des caractères de très-peu de valeur (Ibid., p. 172). » Celui des deux législateurs qui s’était le plus occupé de psychologie et de métaphysique, dans les études qu’il avait faites en Allemagne, et parce que ses goûts l’y portaient , prend ici pour lui seul la responsabilité des principes qui s’y rapportent plus particulièrement. Mais on pourrait peut-être lui objecter qu’il considérait trop exclusivement le pied comme n’étant qu’un organe du toucher, et qu’il négligeait, dans son exposé de prin¬ cipes, quoiqu’il ne le fît pas dans l’application , ces usages comme organe de mouvement, ou comme arme offensive ou défensive. Après avoir établi, d’après le principe de la gradation des caractères, dont la juste application, dans ce cas, pour- dans le T. 2 du Magasin encyclopédique , publié par Milliro, Noël et Warins. Paris, an 5 (1795.) 264 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( Mai 1850.) rail être contestée, que les téguments des doigts sont avant les dents , les auteurs divisent d’abord la classe des Mam¬ mifères en trois groupes ou Embranchements primaires (ce sont les termes dont ils se servent), fondés sur ce même principe. 1°. Les animaux marins , qui ont leurs doigts réunis en nageoires, de manière à ne pouvoir presque en faire usage pour la marche (-1). 2°. Les Mammifères à sabots. 5° Les Mammifères à ongles. Les divisions de ces divers embranchements sont secon¬ daires, , et fondées sur des caractères de la valeur du se¬ cond degré. Dans les détails de leur exposé, elles sont appelées Familles; mais, dans le tableau qui termine ce Mémoire, ce sont des Ordres. Il y en a deux pour la première division : 4°. Les Mammifères marins*. Ce sont (XIII) les Amphi¬ bies (1), les Phoques, le Morse, le Lamantin et le Dugong; et (XIV) les Cétacés , qui comprennent les genres Baleine, Cachalot, Narval et Dauphin. 2°. L’embranchement des Mammifères à sabots réunit les trois Ordres (X) des Pachydermes, qui ont plus de deux doigts ; (XI) des Ruminants, qui en ont deux; et (XII) des Solipècles, qui n’en ont qu’un. 5°. Enfin le troisième embranchement, celui des Mam¬ mifères ongulés, se compose de neuf Ordres : (I) les Qua¬ drumanes , (II) les Chiroptères , (III) les Plantigrades , (IV) les Péclimanes, (V) les Vermi formes, (VI) les Bêtes féroces, (VII) les Rongeurs, (VIII) les Edentés, et (IX) les Tardigracles. On voit que plusieurs de ces Ordres ne sont que des Fa- (1) Voilà bien la considération du pied, comme organe de tou¬ cher, abandonnée pour celle de sa modification principale, comme organe de mouvement. (2) Les chiffres romains que nous ajoutons indiquent les nu¬ méros d’ordre, tels qu’ils sont exprimés dans le tableau. (5) Expression des auteurs. TRAVAUX INÉDITS. 265 milles ou des Groupes tertiaires (les Vermiformes, les Plantigrades ). Celui des Pèdimanes est un acheminement à la sépara¬ tion des Didelplies , de tous les autres Mammifères. Le Kanguroo cependant est classé parmi les Rongeurs, ainsi que le Daman. Les détails précédents nous dispenseront d’entrer dans les développements des classifications du Tableau élémen¬ taire du Règne animal , lorsqu’elles seront conformes à celles du Mémoire que nous venons d’analyser. 11 nous suffira d’indiquer les ressemblances ou les différences principales entre ces deux publications, faites à un peu plus de deux années d’intervalle. Remarquons d’abord que, dans l’une ou dans l’autre, l’homme n’est pas classé. Il n’en est pas question dans le Mémoire précédent. Dans le Tableau élémentaire, il sert de point de départ, de point de comparaison, pour les carac¬ tères organiques, comme dans Y Histoire des animaux d’A¬ ristote. En général, les caractères des Groupes y sont mieux gradués, et les Familles y forment les premières divisions des Ordres. I. L’Ordre des Quadrumanes s’y trouve déjà partagé en deux grandes Familles, les Singes et les Makis. IL Celui des Mammifères Carnassiers est divisé en quatre groupes principaux, qui sont proprement des Sous-Ordres, et qui comprennent chacun un certain nombre de Fa¬ milles et de Genres. Ce sont ceux : A. Des Carnassiers volants, ou Chéiroptères , comprenant les Chauve-souris et les Galéopithèques. B. Des Carnassiers plantigrades, qui réunissent les Hé¬ rissons, les Musaraignes, les Taupes et les Ours. C. Des Carnassiers qui ne marchent que sur le bout des doigts , ou Carnivores , qui sont les Martes, les Chats, les Chiens et les Civettes. 266 rev. et mag. de zoologie. ( Mai 1850.) D. Des Pédimanes ou des Didelphes ■, auxquels l’auteur réunit les Kanguroos, malgré leur régime végétal et les caractères d’une partie de leurs doigts des pieds de der¬ rière. III. L’Ordre des Rongeurs comprend encore les Du- mans et VAge-aye. IV. Les Edentés, ou les Mammifères qui n’ont point de dents incisives, se composent, entr’autres, des Paresseux, qui en forment la quatrième Famille. V. Par contre, les Eléphants forment un Ordre distinct. VI. Les Pachydermes ne se composent plus que des Co¬ chons, du Tapir, des Rhinocéros et de Y Hippopotame. Viennent ensuite : VIL Les Ruminants. VIII. Les Solipèdes. Ceux des Mammifères Amphibies (IX) et des Cétacés (X) sont limités comme dans le Mémoire précédent. « 11 en résulte que, dans cette nouvelle classification , il n’y a plus que dix Ordres, au lieu de quatorze ; que les trois divisions primaires de la classification du Mémoire n’y sont plus conservées, implicitement du moins. Mais il y a, dans les détails des groupes secondaires, des genres et des sous-genres, une foule d’aperçus qui décèlent un grand progrès dans la connaissance des véritables rapports des espèces. Ici se montre le naturaliste expérimenté, qui essaie de bâtir un édifice solide sur la connaissance et la juste ap¬ préciation des détails. Si nous passons de la publication du Tableau élémen¬ taire du Règne animal à celle du Règne animal distribué d'après son organisation , ou de 1797 à 1815 et 1816 (1), (1) Nous prenons ces deux dates, et non celle de 1817, que porte cette édition , parce que la préface, qui est en tête du pre¬ mier volume, est du mois d'octobre 4816, et que ce volume, ainsi que les suivants, étaient imprimés lorsqu'elle a été écrite à cette TRAVAUX INÉDITS. 267 nous trouverons dans la préface de ce dernier ouvrage , qui a pour date le mois d’octobre 1816, l'indication ra¬ pide des principaux changements introduits par M. Cuvier dans la classification des Mammifères : « J’ai ramené, dit-il, les Solipèdes aux Paclnjdermes; j’ai divisé ceux-ci en Familles, d’après de nouvelles vues; j’ai rejeté les Ruminants à la fin des Quadrupèdes; j’ai placé le Lamantin près des Cétacés ; j’ai distribué un peu autre¬ ment l’Ordre des Carnassiers ; j’ai séparé les Ouistitis de tout le genre des Singes ; j’ai indiqué une sorte de parallé¬ lisme des animaux à bourse avec les autres Mammifères di- gités, le tout d'après mes propres études anatomiques . « Les travaux récents et approfondis de mon ami et col¬ lègue, M. Geoffroy Saint-Hilaire, ont servi de base à tout ce que je donne sur les Quadrumanes et les Chauve- souris. Les recherches de mon frère, M, Frédéric Cdvier, sur les dents des Carnassiers et des Rongeurs , m’ont été d’une grande utilité pour les sous-genres de ces deux Ordres. » Il nous restera peu de détails à ajouter à ces indications principales de l’illustre auteur. Dans cette nouvelle distri¬ bution, l’homme se trouve classé parmi les Mammifères, comme l’avait fait depuis longtemps le religieux Linné. Mais il y forme un Ordre à part , le premier, sous la dé¬ nomination de Bimane. L'Ordre (III) des Carnassiers comprend les Phoques et le Morse , comme une petite Tribu de la Famille des Carni¬ vores. Enfin les Marsupiaux , ou les animaux à bourses, y sont rangés à la fin des Carnassiers, comme une quatrième Famille de ce grand Ordre ; ils pourraient presque, ajoute l’auteur (p. 165), former un Ordre à part , tant ils offrent de singularités dans leur économie. date. Les cinq volumes ont paru à la fois à la fin de 1816 avec la date de 1817, ainsi que c’est l’habitude en librairie, quoiqu’au détriment des auteurs. 268 rev. et mag. de zoologïe. (Mai 1850.) Après avoir parié de leur caractère, tiré des os marsu¬ piaux, dont les mâles sont pourvus comme les femelles, et des singularités de leurs organes et de leur fonction de génération , l’auteur continue (p. 170): « Une autre particularité des Marsupiaux , c’est que, malgré une ressemblance générale de leurs espèces entre elles , tellement frappante, qu’on n’en a fait longtemps qu'un genre, elles diffèrent si fort par les dents, par les organes de la digestion et par les pieds, que, si l’on s’en tenait rigoureusement à ces caractères, il faudrait les ré¬ partir entre divers Ordres ; iis nous font passer par nuan¬ ces insensibles, des Carnassiers aux Rongeurs, et même, si l’on n’avait égard qu’aux os propres de la bourse, et que l’on regardât comme des Marsupiaux tous les animaux qui les possèdent, il s’en trouverait qu’il faudrait placer avec les Edentés : nous les v laisserons en effet sous le nom de O Monolrêmes. « On dirait , en un mot , que les Marsupiaux forment une classe distincte, parallèle à celle des Quadrupèdes ordi¬ naires , et divisible en Ordres semblables ; en sorte que, si l’on plaçait ces deux classes sur deux colonnes, les Sari¬ gues, Dasyures et Péramèles seraient, vis-à-vis des Carnas¬ siers insectivores, à longues canines, tels que les Tenrecs, les Taupes; les Phalangers et Kanguroos-rats vis-à-visdes Hérissons et des Musaraignes. Les Kanguroos proprement dits ne se laisseraient comparer à rien ; mais les Phasco- lornes devraient aller vis-à-vis des Rongeurs (1). » Il est à regretter que des idées aussi nettes sur les ca¬ ractères qui distinguent les Marsupiaux, n’aient pas déter¬ miné M. Cuvier à les réaliser immédiatement, dans sa classification des Mammifères. (1) Ces idées lumineuses, imprimées aux pages 169 à 171 d’un livre de 540 pages, qui était terminé en octobre 1816, date de la préface , me semblent démontrer qu’elles n’ont été suggérées à l’auteur, que par ses propres réflexions, ainsi qu’on doit le con¬ clure de la note de la page xxvm de ce volume. TRAVAUX INÉDITS. * 269 A IV. Les Rongeurs comprennent toujours l’Aye - aye (Cheiromys, Cuv.). V. Les Edentés se composent de trois tribus, celles des Tardigrades , des Edentés ordinaires, et des Monotrêmes , qui sont conséquemment séparés des autres Marsupiaux. VI. Les Pachydermes commencent la série des Mammi¬ fères ongulés ou à sabots; ils se divisent en plusieurs Fa¬ milles : celles des Proboscidiens, des Pachydermes ordinaires et des Solipèdes, qui n’ont qu’un doigt apparent à chaque pied. VIL Les Ranimants ont toujours la même acception et les mêmes limites naturelles. Dans le VIIIe Ordre , celui des Cétacés , Fauteur réunit les Mammifères qui n’ont plus que les extrémités antérieures réduites à de véritables nageoires. Ils forment deux Fa¬ milles : celle des Cétacés herbivores , qui comprend les genres Lamantin et Dugong , et la Famille des Cétacés or¬ dinaires. Après cet exposé rapide, nous passerons immédiatement à la seconde édition du même ouvrage. Cette seconde édition, publiée parM. Cuvier, comprend ses dernières vues sur la classification des Mammifères, celles du moins qu’il a cru pouvoir réaliser dans cet ou¬ vrage, terminé au mois d’octobre 1 828, précisément douze années après la première édition. Les Marsupiaux , ou les animaux à bourse, y sont érigés en un Ordre particulier, placé entre les Carnassiers et les Rongeurs. Mais Fauteur persiste à en séparer les Mono¬ trêmes, qui restent avec les Edentés. Les autres Ordres et leurs principales divisions n’ont éprouvé d’ailleurs aucun changement important. Le soin particulier que M. Cuvier a pris de déterminer les genres ou les espèces décrites par plusieurs auteurs avec des noms différents, a donné à cette édition un nouveau degré d’importance pour la synonymie. Il y a dans cette nouvelle édition, comme dans la pre- 270 RE’f. et mag. de zoologie. ( Mai 1850.) mière, un perfectionnement dans les caractères généri¬ ques que nous ne devons pas passer sous silence, à cause de la facilité qu’il a donnée pour apprécier les groupes naturels, particulièrement ceux du troisième Ordre, ou les genres ; je veux parler des dents molaires et des carac¬ tères importants qu’elles fournissent. Linné, en portant presque exclusivement son attention sur les’incisives et les canines, avait à peu près négligé cet infaillible caractère indicateur du régime, et conséquem¬ ment des principales habitudes de l’animal. Si l’on passe en revue les caractères génériques du Ta¬ bleau élémentaire du Règne animal , on y verra que l’au¬ teur s’y trouve encore sous l’influence de Linné et de la prédominance qu’il donnait aux caractères des incisives et des canines. Les caractères tirés des molaires y sont généralement négligés, sauf celui de leur présence. Il est dit, cependant, dans les généralités, que les Carnassiers ont des canines très-longues et des molaires tranchantes et armées de poin¬ tes. Ces dernières sont plates dans les herbivores , etc. (p. 92). Dans les détails, nous lisons encore que les Pioimeltes, classées parmi les Mammifères carnassiers volants, ont les molaires mousses', Que les Chats ont trois ou quatre molaires à trois poin¬ tes très-tranchantes ; qu’elles sont plus nombreuses chez les Chiens ; que les Civettes en ont quatre ou cinq de cha¬ que côté. 11 y a encore plus de détails sur leur forme pour les genres de Rongeurs. Elles sont à couronne plate dans les Porcs-épic ; composées de lames verticales soudées ensem¬ ble, dans les Lièvres , etc. La description des dents des Mammifères, qui parut en -1805 dans le tome IIIe des Leçons d'anatomie compa¬ rée , description qui comprend pour chaque genre, l’in¬ dication des espèces de dents dont il est pourvu, de TRAVAUX INÉDITS. 271 leurs formes, de leur position relative, de leur structure et de leur succession, ne pouvait manquer de fournir des caractères plus nombreux et plus précis au zoologiste , pour la distinction des groupes génériques, et même des groupes supérieurs. Les différences que présentent les molaires, suivant les régimes, y sont indiquées avec un soin particulier. Voici , entr’autres , un paragraphe qui a conduit à re¬ chercher les principaux caractères que fournissent celles des Carnassiers suivant les genres : « Les molaires des Carnassiers, y est-il dit (p. *55 du tome III ), se divisent en coniques, en tranchantes à plusieurs pointes, et en plates à plusieurs tubercules- Celles-ci sont toujours situées en arrière des autres; moins il y en a, et plus l’animal est exclusivement carnivore (J). » Un travail que M. Cuvier avait proposé à son frère et à M. Duvernoy (2), le Catalogue raisonné des collections d'a¬ natomie comparée du Muséum d’histoire naturelle, travail dans lequel M. Frédéric Cuvier avait eu en partage les squelettes des Carnassiers et des Rongeurs, lui fournit l’occasion d’étudier leurs dents et de comparer leurs diffé¬ rences avec les genres établis. Telle a été l’origine des beaux Mémoires que ce savant a publiés successivement en 1807, *808 et 1812 (5), sur les dents des Mammifères de ces deux Ordres, et de la pu¬ blication complète sur les dents des Mammifères considérées comme caractères zoologiques, qui parut en 1825. Nous avons vu que , déjà en 1816, lorsque G. Cuvier publia la première édition du Règne animal , les Mémoires (1) Dans son Essai sur de nouveaux caractères pour les genres de Mammifères , M. F. Cuvier cite ce texte en note, et ajoute : « Notre Mémoire n’est autre chose que le développement de ce texte.» ( Annales du Muséum , t. X, p. 1 16. — - 1807.) (2) Voir la page viii de l’ouvrage cité dans la précédente note. (5) Dans les Annales du Muséum d’histoire naturelle, tomes X, XII et XIX. 272 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mai 1850.) de son frère, que nous venons de citer, avaient eu une in¬ fluence sensible sur la détermination des genres de ces deux Ordres (1). En parlant des molaires des Carnivores, M, Cuvier s'ex¬ prime ainsi : « Les molaires antérieures sont les plus tranchantes; en¬ suite vient une molaire plus grosse que les autres, qui a d’ordinaire un talon plus ou moins large, tubercu¬ leux, et derrière elle on trouve une ou deux petites dents entièrement plates . Nous appellerons, avec M. F. Cu¬ vier, cette grosse molaire d’en haut, et celle qui lui ré¬ pond en bas, Carnassière; les antérieures pointues, fausses molaires, et les postérieures mousses, tuberculeuses (2). » 11 faut lire, dans l’avertissement de l’ouvrage fondamen¬ tal de F. Cuvier, sur les dents des Mammifères (5), com¬ ment il arriva à l’idée lumineuse de l’importance des mo¬ laires pour les caractères zoologiques, ce C’est en voyant la ressemblance parfaite qui existe entre le nombre, la forme et les relations des mâchelières du genre des Chats , admis avec raison comme Un de ceux dont les espèces présen¬ tent l’organisation la plus identique, que je conçus l’idée d’appliquer cette observation aux autres Mammifères . Cette recherche me fit reconnaître que tous les genres manifestement naturels, et admis comme tels par tous les naturalistes, étaient formés d’espèces pourvues de mâche¬ lières absolument semblables; que ceux qui comprenaient des espèces dont les mâchelières différaient, n’offraient point ce caractère d’unité qui était le partage des premiè¬ res ; et enfin, qu’en réunissant les espèces à mâchelières semblables, on reformait des groupes parfaitement ana- (1) Voir la préface de la première édition du Règne animai, page xxii. (2) Règne animal , tome 1, pages 155 et 140, première édition de 1816. (5) Pages vm et ix. TRAVAUX INÉDITS. 275 logues à ceux que l’on pouvait considérer comme les plus parfaits. » Après l’idée lumineuse de G. Cuvier fl), du parallélisme des Marsupiaux, formant une série distincte, composée d’Ordres correspondants à plusieurs de ceux des Mammi¬ fères ordinaires, lapins féconde, sans doute, pour recon¬ naître les groupes naturels de Mammifères, a été celle de la méthode imaginée par F. Cuvier, pour la description des dents, et l’exacte détermination de la formule den¬ taire de tous les genres de Mammifères, publiée pour la première fois dans cet ouvrage, devenu classique. Depuis cette remarquable publication, aucun genre de Mammifère n’a été établi, sans l’emploi de cette méthode et de cette formule. Malheureusement il arrive toujours aux inventeurs d’une idée féconde d’en exagérer l’application. Aussi, dans l’exposé fort intéressant de sa classification des Mammi¬ fères qui a paru dans le Dictionnaire des sciences naturel - les (2), M. F. Cuvier se sert-il exclusivement des caractères tirés des dents, pour distribuer les Marsupiaux , en plus grande partie dans l’Ordre des Insectivores ; et pour une petite partie dans celui des Carnivores. Il réunit ensuite les autres dans un Ordre particulier, sous le nom de Mar¬ supiaux frugivores. On ne comprend pas que ces deux mots, ainsi rappro¬ chés, ne l’aient pas conduit à reconnaître la prééminence du premier caractère et la nécessité de réunir tous les Marsupiaux, au moins en un seul Ordre. Quant aux Marsupiaux Monotrêmés , ils forment un Ordre à part, le VIIIe, placé entre les Edentés et les Pachy¬ dermes, sous le dernier nom seulement de Monotrêmés. Ainsi leurs rapports essentiels avec les autres Marsu™ (1) Si clairement exprimée dans la préface de la première édi¬ tion du Règne animal. (2) Tome L1X, p. 517 à 519. Paris, 1829. 2e série, t. il. Année 1850. 18 274 rev. et mag. de zoologie. ( Mai 1850.) piaux, sont encore méconnus dans cette classification. Par suite de la même préoccupation, sur la nécessité, arrêtée dans son esprit, de la ressemblance complète dans la forme des molaires pour toutes les espèces d’un même genre na¬ turel, M. F. Cuvier avait d’abord conclu que l’Eléphant d’Afrique devait former un genre distinct de celui d’Asie, sous le nom de Loxodonte. C’était en 1825 (I); mais en 1829, dans Y Essai de Mammalogie que nous venons de ci¬ ter (2), des principes plus larges, et ses connaissances pra¬ tiques, avaient ramené l’auteur à l’idée plus juste, que les deux espèces vivantes d’Eléphants ne forment qu’un seul genre. Avait-il compris, à cette époque, le principe soutenu et développé par M. Duvernoy, dans ses leçons et dans ses publications, que les différences de forme ou de compo¬ sition des molaires, qui ne modifient en rien le régime, et ne correspondent pas à des différences sensibles dans le reste de l’appareil d’alimentation, ne peuvent fournir que des caractères spécifiques? Quoi qu’il en soit, la manière rationnelle employée par M. F. Cuyier pour apprécier le système dentaire de chaque Mammifère et tous ses rapports avec le régime, et la mé¬ thode descriptive qu’il adopta dans ses divers Mémoires et dans son ouvrage classique, sont devenus, nous ne sau¬ rions assez le dire, la source féconde des grands progrès que la Mammalogie a faits, depuis environ trente années, dans la détermination des genres naturels, dont un assez grand nombre a été reconnu et établi par ce naturaliste célèbre (5). (1) Voir Y Histoire naturelle des Mammifères, par MM. Geof¬ froy Saint-Hilaire et F. Cuvier, article Eléphant dJ Afrique. — Novembre 1825. (2) Dictionnaire des sciences naturelles , tome LIX. (5) Voir l’article Zoologie , — Mammalogie , déjà cité plusieurs fois, du Dictionnaire des sciences naturelles. F*** TRAVAUX INÉDITS. 275 Essai d’une monographie du genre Picucule (Buffon), Dendrocolaptes (Hermann, Illiger), devenu aujourd’hui la sous-famille Dendrocolaptixæ (Gray, Généra ofbirds ), de la famille Certhiadæ de Swains. ; par F. de Lafresnaye. — Suite, voy. p. 95 et 145. Ses macuîatures supérieures ne sont bien apparentes que sur la coiffe , où encore elles sont petites , presque triangulaires, d’un roussâtre pâle, ne descendant pas plus bas que la nuque, où elles sont beaucoup moindres et à peine visibles ; les côtés de la tête, la gorge, le haut du cou en avant , et ses côtés, sont blancs, mais chaque plume est visiblement bordée de noir, ce qui rend ces parties comme écailleuses ; ces taches prennent une forme élip- soïde ou lacrymale sur la poitrine et l’abdomen, et se dé¬ tachent nettement par leur blancheur cerclée de noir sur le fond du plumage olive. Elles ont cela de particulier que sur tout l’abdomen, comme sur la poitrine, elles ne chan¬ gent point de forme et ne s’allongent point en se rétrécis¬ sant insensiblement vers les parties postérieures, comme chez la plupart des espèces. Le bec est grêle, comprimé, légèrement arqué, et de longueur médiocre ; il est de cou¬ leur pâle, légèrement brunâtre en dessus; les pattes sont de grandeur médiocre. Elle vient du Mexique et peut-être de la Colombie. 7°. Picolantes affinis, Dendrocolaptes af finis, Nob., Rev. zool. , 1859, p. 100. fl ' « P. supra rufo olivaceus, uropygio, alis caudaque cinnamo- meis, pilei fuscescentis maculis rufo-albidis parvis, punctiformi- bus, super nueham et dorsum supremum striæformibus, clare distinctis ; vittâ post-oculari, colii capitisque lateribus maculis parvis fîavo-albidis fusco limbatis variegatis ; gulà totâ albido- rufescente, immaculatâ; pectoris et abdominis maculis pallide stramineis ad pectus supremum quasi squamatis, ad ventrem et abdomen angustioribus, nigro marginatis in fundo olivaceo brun- neo sparsis ; rostrum médiocre parum arcuatum compressum , pallidum, huic Picolaptis lacrymigeri simile. — Longit. tota, 20 276 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Mal 1850.) cent.; alæ plicatæ, 11 cent.; caudæ, 9 cent. U2; rostri a honte, 3 cent. Habitat in Mexico. » Quoique cette espèce offre, avec notre P. lacrymïger, les plus grands rapports de proportions et de coloration supérieure dont les taches du dessus de la tête sont égale¬ ment petites et en gouttelettes triangulaires, elle en diffère néanmoins en ce que ces taches continuent à être très- nettes et très-marquées sur la nuque, et même sur le haut du dos, où elles s’allongent en forme de stries, et princi¬ palement en ce que la nuance de sa gorge et du haut du cou, ainsi que de toutes les taches pectorales et abdomi¬ nales, sont d’un blanc jaunâtre ou couleur de paiile, au lieu d’être blanches , et que la gorge et le haut du cou sont d’une nuance claire uniforme et non écailleuse. 8°. Picolaptes Souleyetii , Dendrocolaptes Souleyelii, Nob., leGrimpic de Souleyet, Iconographie ornithol^ par M. O. Des Murs, pî. 70. « P. supra brunneo-rufus, alis, caudâ et uropygio vivide brun- oeo-rufis; capite colloque supero brunneo-fuscis ; illorum plumis totis in medio flam mulis elongatis, angustis ochraceis fusco lim- bâtis; superciliis post-ocularibas gulâque totâ unicolore ochra¬ ceis; thoracis et abdominis plumis totis subcaudalibusque ejus- dem coloris sed fusco fimbriatis ; rostrnm valde compressurn et clongatum, arcuatum, albidum. — Longit. tota, 19 cent.; alæ plicatæ, 10 cent. Habitat in Peruviâ. (Souleyet), Payta (Né- boux. ) Cette espèce, dont nous ne connaissons que les deux Individus qui sont au Muséum de Paris, offre beaucoup de rapports de coloration avec l’espèce précédente ; elle en diffère surtout par la forme de son bec, plus long, plus arqué et tout blanc. Ses tarses sont courts et ses doigts •assez grêles; nous lui avons donné le nom de Souleyet parce qu’il a été rapporté du Pérou par M. Souleyet, chi¬ rurgien de la marine et savant naturaliste. Un second individu a été également rapporté de Payta par M. Né- bonx, chirurgien de la marine. TRAVAUX INÉDITS. 277 9 ». Picolantes lineaticeps , Nob. « P. supra rufo-olivaeeus, pileo nuchâque obscurioribus striis angustis rufo-albidis distincte maculatis ; vittà superciliari et post- oculari ejusdem coloris ; subtùs gulâ totâ maculisque capitis, peC’ toris et abdominis elongatis, pallide ochraceis. apice non termi- natis, lateribus tantummodo fusco-limbatis, plumarum margini- bus griseo-olivaceis ; rostrum médiocre, compressum , parum arcuatum, pallidum, supra brunneum. » Cette espèce semble intermédiaire , pour la taille, au P. tenuirostris et à notre P. Soaleyetii. Mais tout en étant plus forte que le premier, et ayant surtout les ailes beau¬ coup plus longues, son bec est de même longueur, tandis qu’il est plus faible que celui du P . Souleyeiïi. Elle diffère de tous deux et de la plupart des espèces de ce groupe par les taches claires du dessus de la tête, de la nuque et du cou, ainsi que de leurs côtés, qui sont allongées, très- étroites, presque linéaires, nettement bordées latéralement de noir. Une bande sourcillière et post-oculaire presque blanche est assez large, et les côtés de la tête et du cou présentent de petites stries claires, bordées finement de noirâtre ; la gorge et le haut du cou sont d’un blanc rous- sâtre ou ochreux pâle qui, vers le bas du cou, présente une sorte d’écaillure peu marquée ; mais, sur la poitrine, les taches claires s’allongent, commencent à s’isoler sur le fond gris-olivâtre du dessous, et sur l’abdomen elles sont comme rubanées longitudinalement, étant à peine rétrécies à leur extrémité et n’étant bordées de noir que sur leurs côtés, d’une manière presque parallèle. Les sous- caudales et les plumes du bas de l’abdomen sont blan¬ châtres dans leur milieu, et, au lieu de bordures noir⬠tres, n’ont que quelques points de cette couleur vers leurs bords. — Longueur totale de l’oiseau monté, -19 cent.; de l’aile pliée, 10 cent. ; de la queue, 8 cent. 1/5; du bec, depuis le front, 2 cent. 1/2. Nous ignorons de quelle par¬ tie de l’Amérique provient cette espèce, que nous avons achetée d’un marchand. 278 REV. ET M AG , DE ZOOLOGIE. ( Mül 1850.^ •10°. Picolaptes albolineatus , Dendrocolaptes albolinea- tus , Nob., Revue zoologiquc, 1846, p. 208. « P. supra olivaceo-brunneus, tectricibus alæ ejusdem coloris, remigibus autera ut rite rufo-brunneis, uropygio caudàque in¬ tense cinnamomeis ; capite colloque brunneo-fuscis, maculis pal- lidis, minutissimis, punetiformibus, ad nucham vix conspicuis, notatis ; subtùs griseo-olivsscens, gutture pallide rufescente-al- bido, unicolore, utrinque fusco marginato, qui color ad latera capitis circum maculas minutas striæforraes videtur ; collo infero, pectore abdomineque maculis sordide albidis, angustissimis, li- nearibus , lateribus nigro-marginatis in fundo griseo-olivaceo sparsis, indutis; rostro tenui, mediocri, compresso, parum ar- cuato, supra brunneo, infra pallido. — Longit. tota, 1 6 cent ; alæ a flexurâ, 8 cent, 3/4 ; rostri a fronte, 2 cent. 2 millim. ; caudæ, 7 cent. 1/2. Habitat in Colombia aut in Mexico. » Cette petite espèce, qui est à peu près de la taille du Pic . tenuirostris, a néanmoins les ailes visiblement plus longues et le bec plus court, quoique de même forme. Elle offre des rapports ne coloration avec notre lacrgmi- ger , dans la petitesse des taches du dessus de sa tête et de son cou, qui ne sont que punctiformes, dans la couleur blanche de celles de la poitrine et de l’abdomen, mais elle en diffère dans la forme même de ces taches en stries fili¬ formes, tandis quelles sont larmiformes chez le lacry- miger. — Nous ignorons sa patrie. H°. Picolaptes f uscus , Picucule brun. Vieillot , Nou¬ veau diction ., t. 26, p. 117. — Encycl. meth ., p. 624. Nous avions toujours regardé cette espèce brésilienne, décrite par Vieillot, comme synonyme du Picolaptes te¬ nuirostris de Leichtenstein, et c’est par inadvertance que nous ne l’avons pas indiquée comme telle à son article. Cependant il est si difficile, d'après même les meilleures descriptions, de constater l’identité ou la distinction en- tr’elîes de la plupart des espèces de Picucules qu’en défi¬ nitif nous avons cru devoir présenter cette espèce comme distincte, ne la connaissant pas, mais copiant fidèlement la description de Vieillot. TRAVAUX INÉDITS. 279 « Le Picucule brun ( Dendrocopus fusais , Vieillot) a six pouces et demi de longueur totale; le bec, brun en des¬ sous; le dessus de îa tête et du cou moucheté de blanc roussâtre ; le dessus du corps, les ailes et la queue bruns; les parties inférieures d’un blanc terne, avec des taches brunes sur un seul côté de chaque plume ; la gorge d’un blanc terne uniforme; les plumes des sourcils et des côtés de la tête du même blanc et finement bordées d’une bande brune ; les pieds de cette couleur ; les pennes de la queue étagées, à tige forte, nue et très-aiguë à son extrémité Ce Picucule se trouve au Brésil, d’où M. de Lalande fils l’a rapporté. » Les naturalistes qui, comme nous, possèdent le Généra ofbircls de M. G. R. Gray seront sans doute étonnés de ce qu’ayant adopté la sous-familîe Denclrocolaptinoe , et la plu¬ part de ses genres, qui sont ceux de Swainson, dans cette sous-famille, nous n’ayons pas placé dans chacun d’eux autant d’espèces que ce savant, et que, dans quelques- uns, au contraire, nous en ayons placé qu’il classe dans d’autres. Pour pouvoir fournir des explications suffisantes de ces différences, nous avons cru indispensable de citer ici , après chaque genre, toutes les espèces que M. Gray y a rangées, en indiquant à chacune de celles que nous n’y avons pas mises les raisons qui nous en ont empêché. U y a d’ailleurs certains genres nouveaux que nous avons adop¬ tés, et qui ne l’ont pas été par M. Gray. Nous sommes loin de vouloir présenter ici une revue critique des travaux de M. Gray sur cette sous-famille : nous reconnaissons, au contraire, la grande utilité de ce travail, comme de tous ceux de son Généra, et nous en avons profité et en profi¬ tons chaque jour pour les nôtres propres ; mais nous re¬ connaissons en même temps qu’embrassant tous les genres innombrables de la grande série ornithologique ils ne pouvaient comporter pour chacun une synonymie et un classement parfaits des espèces. C’est aux naturalistes qui entreprennent , comme nous le faisons ici, la monogra- 280 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mai 1850.) phie d’un seul grand genre ou d’une sous-famille à étu¬ dier, de la manière la plus rigoureuse et la plus scrupu¬ leuse, cette synonymie et ces classements génériques. Nous allons donc commencer par citer les espèces que M. Gray a placées dans le genre Denclrocolaptes propre¬ ment dit, en suivant le même ordre que lui : 1°. Dend. Cayennensis (Lin.), Licht. pl. enl, 621. — Nous ne l’y plaçons pas, parce qu’il fait partie du genre Dendrocops de Swainson, que nous avons adopté, et de notre seconde section ( Dendrocolaptinœ depressirostres). 2°. Dend. albicollis (Vieillot). — Nous l’y avons éga¬ lement placé; mais nous n’adoptons pas, pour synonymes de cette espèce comme l’a fait M. Gray, le grand Pic grim¬ pereau (Àzara, n° 241 ), ou Dendrocopus ?najor (Vieillot), ni le Dend. fatcirostris de Spix, qui, selon nous, consti¬ tuent une espèce différente dont nous avons donné ci-des¬ sus la synonymie. 5°. Dend. cyanotis, Licht. Berlin, Trans., 4 818, page 201. — Levaiüant, Promerops, pl. 25. — Nous ne le ci¬ tons pas comme espèce, le regardant comme»synonyme du Dendrocopus major de Vieillot, ou fatcirostris de Spix. 4°. Dend. major, Vieillot, Nouv. dict. d'hist. nat., t. 26, p. 118. — Dend. rubiginosus , Lafresn. , Mag. de Zool. , 1855, Ois., pl. 16. — Nous avons indiqué cette es¬ pèce et cette synonymie, mais après lui avoir donné d’a¬ bord celle du grand Pic grimpereau Azara, n° 241, sur laquelle il ne peut y avoir de doute, puisque Vieillot la lui donne lui-même, et que sa description n’est autre que la traduction en français de celle espagnole d’Azara. Elles ne peuvent donc constituer deux espèces differentes. 5o. Dend. crassirostris, Such., Zool. Journ., 11, p. 115. — Nous l’avons omis, le croyant synonyme du Dend. platgrostris ou du Cayennensis? 6°. Dend. platyrostris, Spix, Av. bras., pl. 89. — Nous l’avons omis ici, cet oiseau étant le type du genre TRAVAUX. INÉDITS. 284 Dendrocops de Swainson, que nous admettons, et faisant partie de notre seconde section. 7°. Dend. FORTIROSTIS, Such., Zool. Journ ., 2, p. 115. — D’après la description de cette espèce à gros bec et à pieds grêles, il nous paraît devoir plutôt figurer dans notre seconde section, où nous le plaçons. 8°. Dend. lineato-cephalüs, G. -R. Gray. — Il est im¬ possible de ne pas reconnaître, dans la description du Dend. meropirostris de Lesson, Revue Zool., 4 840, p. 270, le synonyme de cette espèce ; et comme ce dernier nom est de beaucoup antérieur, Demi, lineato-cephalus doit être rayé. C’est pourquoi nous ne l’avons indiqué que comme synonyme, et non comme espèce. 9°. Dend. güttatus, Licht. — Dend. pardalolus , Vieil¬ lot. — Levaiîlant, Promerops , pi. 50: — Azara, n° 242? — Cette dernière synonymie n’est pas exacte, car ce numéro 242 est le Pic grimpereau commun, Azara ; le Dend. angus - iirostris de Vieillot, un Pïcolapies enfin que nous avons décrit plus haut, et non un Dendrocolaptes proprement dit. Quant au vrai guttatus, nous le plaçons, vu son bec droit, dans le genre Nasïca, Nasican de Lesson , que nous adop¬ tons. 4 0°. Dend. melanoceps, Lesson, Revue Zool., 4 840, p. 269 ; et Suppl, à Buffon , p. 285. — Nous avons reconnu que cet oiseau était synonyme du Dend. platyrostris de Spix, plus anciennement connu. 11 doit donc être rayé comme publié postérieurement. C’est le type du genre Dendrocops de Swainson que nous adoptons, et que nous traiterons plus tard. 41°. Dend. CHüNCHOTAMBO,Tschudi. Faun. peruv., 22, fig. 4 . — C’est pour nous une espèce du genre Nasican, et peut-être le synonyme d’une espèce connue antérieure¬ ment. 4 2°. Dend. validüs, Tschudi, Faun. peruv., pi. 24, f, 2. — Nous regardons cette espèce comme synonyme du Dend. Cayennensis adulte tel que Levaiîlant l’a décrit et figuré 282 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Mai 1850.) dans ses Promerops , pl. 26. C’est pour nous un Denclro - cops de Swainson. 4 5°. Dend. picüs, Gmel., etc. — C’est le type du genre Dendroptex de Swainson, que nous adoptons. \ 4°. Dend. longirostris, lllig., Licht. — Levailiant, Pi ' omerops , pl. 24. — C’est le type du genre Nasica de Les- son, que nous adoptons. 15°. Dend. grisei-capillüs, Vieillot, Nouv. dïct. d’hist. nat.y 26, p. -H9. — Azara, n° 244. — D’après la colora¬ tion de cet oiseau, qu’Azara décrit comme ayant la tête, le cou et tout le dessous du corps d’un gris pâle, et le reste du plumage d’un roux de tabac d’Espagne, avec une grande tache noirâtre sur l’aile, il est difficile de reconnaître un Picucule , mais bien plutôt un Sijnnalaxe , ou même un Anabate. Sa taille de six pouces et demi , et son bec pres¬ que droit, auraient pu faire supposer que c’était peut-être le Picucule à bec de fauvette; mais cette coloration gris- pâle ne peut convenir à cette espèce. Du reste, le docteur Lichtenstein, dans son Catalogue des doubles du Musée de Berlin, p. 42, fait de cet oiseau le synonyme du Certhia cinnamomea des auteurs, qui est un Sgnnalaxe. Nous ne partageons pas sa manière de voir en cela, car les deux descriptions ne coïncident nullement. 4 6°. Dend. maculatüs, Vieillot, Nouv. dict.y t. 26, p. 117, et Encigc. meth ., p. 625. — C’est encore un oiseau qui, d’après la description qu’en a donné Vieillot, ne pa¬ raît pas devoir figurer dans les Dendrocolaptinœ . Vieillot, en effet, le décrit comme étant de couleur roussâtre ma¬ culé de brun sur la tête, le dessus du cou, la poitrine et tout le dessous du corps, et ayant la gorge et le devant du cou blancs. Ce genre de maculature brune, sur un fond roux, ne se rencontrant jamais chez les Picucules, on peut supposer, surtout d’après sa petite taille, que cet oiseau appartient plutôt aux Anabates qu’aux Dendrocolapnnœ. Cette petite taille, d’ailleurs, l’exclut du genre Dendroco- lapies. TRAVAUX IXÉD1TS. 285 +7°. Dend. rufus, Vieillot, Nouv . dict ., t. 26, p. 4 49. — Il est impossible de ne pas reconnaître, dans la des¬ cription de cet oiseau, l’Anabate désignée par Lichtenstein sous le nom de Sphenura polïocephala ( Catal. des doubles du Musée de Berlin , n° 458 ), et le Dendroma caniceps de Swainson, Brazil birds , pl. 80, et Class. of birds, t. 2, p. 516. L’identité bien positive des deux derniers noms avec le prétendu Dendrocolaptes rufus de Vieillot, qui par consé¬ quent n’en est point un, mais bien un Anabate , nous a autorisé à regarder comme erreur de classification géné¬ rique quelques autres espèces que nous avons indiquées comme placées à tort dans le genre Picucule par cet au¬ teur. 4 8° Dend. fuscüs, Vieillot, Nouv . dict. , t. 26, p, HT. « — Encyc. met., p. 624. — Nous croyons reconnaître, dans la description de Vieillot (Encyc. met., p. 624), le Grimpic a gouttelettes ( Picolaptes guttata) de Lesson, Demi , tenui- rostris de Lichtenstein , un Picolaptes, par conséquent, et non un Dendrocolaptes, ce qui est encore indiqué par la petite taille (6 pouces 4/2) que lui assigne Vieillot. Description d’un genre nouveau et de quelques espèces du groupe des Tettigonides , par M. V. Signoret. (Planche 4.) Depuis longtemps j’avais remarqué dans Stoll (fig. 4 62) un insecte du groupe des Tettigonides, que je désirais vi¬ vement trouver, d’autant plus qu’il était décrit par Bur- meister ( 2e vol. de son Entomologie , page 418), sous le nom de Hexapiera, Klug, dénomination qui est assez vraie, car cet insecte a l’air d’avoir six ailes, et malgré toutes mes recherches je n’avais pu jusqu’à ce jour en trouver dans aucune collection. Le hasard vint mettre un terme à mes recherches, en offrant à ma vue un insecte mutilé, ne possédant plus que le caractère essentiel (fig. 2), et par analogie j’en décou- 284 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Mai 1850.) vris bientôt d’autres espèces dans ma collection même, et allant consulter la riche collection du Muséum , j’en trou¬ vai deux autres espèces qui ont été mises à ma disposition avec une bienveillance dont je suis heureux de remercier ici ces messieurs. Je me trouvais donc à même de former un groupe des plus intéressants, et dont le caractère principal, je dirai même unique, est l’accroissement d’un des lobes de l’aile inférieure, accroissement tellement considérable, qu’il si¬ mule une aile. Cet appendice est grand dans la plupart de mes espèces; mais pour la dernière (fig. 8)f il est moins grand, et si je n’avais possédé que cette espèce, il m’eût été impossible de la séparer des Tettigones véritables; elle forme le passage de l’un à l’autre de ces genres, mais 1 analogie me la fait placer dans la division que je forme, et que je nommerai Dilobopterus (de deux, Xoêo;, lobe, et wrepo;, aile). Genre Dilobopterus. — Comme je l’ai dit plus haut, le seul caractère de ce genre repose sur la forme de l’aile inférieure. Cependant les insectes composant ce genre ont un faciès qui fait qu’à première Yue on les découvre parmi les Tettigones véritables. Ainsi la tête est arrondie et grosse, les yeux proéminents, caractères que nous trou¬ vons aussi parmi les Tettigones; mais il y a un aspect particulier qu’on ne peut décrire, qui leur est propre, et qui les fait apercevoir facilement. Tête grosse, transversale, arrondie en avant. Yeux généralement très-gros. Ocelles également distants de la ligne médiane et des yeux. Prothorax transversal, circulaire, et un peu échancré au bord postérieur. Ecusson assez grand, triangulaire. Elytres plus longues que l’abdomen, lisses, à nervures fines. Ailes inférieures (f. 2 c et 8 c) présentant un appendice considérable dû à l’accroissement de la cellule suturale ou TRAVAUX INÉDITS. 285 interne [Area suturalis , Kolenati), C. de la fig. I, la ner¬ vure a de cette cellule ( Clavulus , Kolen. ) change alors de direction et va vivifier l’appendice. C’est cet accroissement qui est le seul caractère bien apparent de ce genre; tous les autres se rapprochent de ceux des Tettigones. Ainsi qu’on peut le remarquer par les figures, l'aile a souffert de cet accroissement; elle est plus étroite que les autres. Les nervures des ailes sont absolument les mêmes, ont toutes la même direction, si ce n’est le clavulus , qui se dirige dans la cellule suturaîe, cellule qui, dans toutes les espèces de ce genre, est d’une couleur foncée dans la plus grande partie de son étendue. D. decoratus -, Mihi, f. 5. — Jaune, mélangé de noir. Elytres à disque hyalin bordé de brun. Cette espèce, une des plus petites de ce genre, ressemble beaucoup, pour la forme, à la fig. 5, mais en diffère par la taille et la disposition des couleurs. Tête dont la partie postérieure est brune, avec des des¬ sins jaunes, comme celle de la fig. 9 ; la partie antérieure est jaune, avec des lignes circulaires noires. On observe un V renversé jaune au milieu; dessous jaune, avec des lignes circulaires noires, et dont la grandeur diminue à mesure qu’on se rapproche du chaperon, qui est noir, ainsi que le rostre. Prothorax noir bleuâtre, et ressemblant à celui de la figure 5. On observe, vers son bord antérieur, quelques petites taches jaunes qui rappellent celles de la figure 9. Dessous noir au milieu, jaune de chaque côté. Ecusson noir, bordé de jaune. Elytres présentant deux portions, l’une hyaline et l’au¬ tre brune; la portion hyaline bordée de brun, comme dans la figure 5. Dans la portion hyaline, on ne voit que la suture radiale qui est brune ; les nervures sont à peine visibles. Ailes transparentes, excepté l’appendice, qui est d’un 286 rev. êt mag. de zoologie, ( Mai 1850.) brun noir dans toute son étendue; le point d’insertion avec l’aile est d’un jaune orangé qui s’étend le long du clavulus et près du bord interne ; l’aile est bordée, dans toute son étendue, d’une portion plus ou moins enfu¬ mée. L’abdomen manque dans mon spécimen; mais tout me porte à croire qu’il est jaune en dessus et en dessous. Pattes entièrement jaunes. Patrie, Brésil. — De ma collection. 2. D. bimaculatus, Mihi, f. 4. — Jaune, un peu plus allongée que la précédente. Elytres plus allongées, plus claires; la portion hyaline bordée de brun. Tête jaune en dessus comme en dessous, avec les ocelles bordées de brun et quelques lignes noires très-fines. Prothorax jaune, avec deux petites taches sur son dis¬ que, le bord antérieur et la moitié supérieure des laté¬ raux noirs. Ecusson noir, avec une grande macule noire se prolon¬ geant sous le prothorax. Elytres un peu plus longues que dans l’espèce précé¬ dente, d’un jaune très-clair, mélangé d’orange dans sa portion cubitale. Ailes plus allongées, et l’appendice plus arrondi ; la por¬ tion orange plus grande, la partie enfumée de l’aile plus foncée ; le limbe et les cellules radiales enfumées. Abdomen jaune en dessous, brun bordé de jaune en dessus. Pattes jaunes. Mâle. Rio-Janeiro. — De ma collection. 5. D. Burmeïsterï , Mihi, f. 5. — Ressemble beaucoup à la decoratus. La tête est brune, bordée de jaunâtre vers son bord postérieur. Le prothorax est entièrement d’un noir bleuâtre. L’écusson est tout entier d’un beau jaune orange. La bordure brune de la portion cubitale des ély- tres est plus grande; les cellules radiales de l’aile infé¬ rieure sont les plus enfumées, et la tache du bord anté¬ rieur beaucoup plus brune. TRAVAUX INÉDITS. 287 Abdomen brun en dessous et en dessus, et bordé de jaune. Pattes nuancées de brun et de jaune. Femelle. De ma collection et de celle du Muséum. 4. D. Klugi, Mihi, f. 6. — Jaune, variée de brun. Ely- tres avec une fascie jaune sur la portion brune. Plus grande que les précédentes; ressemble beaucoup, pour la disposition des couleurs de la tête, à celle de la fig. 9, ainsi que le prothorax, qui en outre des petites ta¬ ches du bord antérieur, en présente quatre très-grandes sur son disque, d’un jaune orange. Ecusson brun, avec le sommet jaune. Elytres dont la portion brune présente une fascie jaune touchant le bord supérieur (f. 6). Ailes dont l’appendice est très-grand, allongé, et d’une forme ovalaire. Abdomen jaune en dessous, rouge en dessus. Pattes entièrement jaunes. Le milieu de la tête en dessous, le chaperon, le rostre, le milieu de la poitrine et l’oviducte noirs. Mâle. Cayenne — De la collection du Muséum. 5. D. Stolli , f. 7. — Jaune, nuancé de brun, avec deux fascies hyalines sur la portion brune des élytres. Tête jaune en dessous, brunâtre en dessus, avec des lignes circulaires noires à sà partie antérieure. Chaperon noir, rostre jaune. Prothorax d’un brun jaunâtre bordé de noir, et présen¬ tant sur son disque une bande transverse d’un brun noi¬ râtre. Ecusson noir. Elytres présentant dans la portion brune du sommet deux fascies hyalines. La portion cubitale est rouge bor¬ dé de brun. Ailes plus larges proportionnellement; l’appendice très- développé, arrondi et largement rouge à sa base, ainsi que la portion de l’aile d’où il prend naissance. Les portions 288 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mai 1850.) enfumées le sont beaucoup plus généralement que dans les autres espèces. Abdomen manque. Pattes toutes jaunes. Colombie. — Collection du Muséum. 6. D. hexcipîer'iis, Burm., Ent. II, p. 118, n° 5; Stoll, f. 162, tal. 27. — N’ayant pas vu cette espèce en nature, je renvoie à la description de Burmeister et la figure de Stoll. Elle me paraît, du reste, se rapprocher beaucoup de l’espèce précédente. Le lobe de l’aile inférieure paraît plus allongé et terminé en pointe, d’après la figure de Stoll, qui lui donne pour patrie Surinam; et Burmeister, Para. 7. D. trifasciatus , Mihi, f. 9 et 8. — C’est la plus grande espèce de ce genre, brune, variée de jaune, avec trois fascies jaunes. Tête brune, avec des taches jaunes consistant en lignes circulaires vers le bord antérieur, séparées par deux lignes jaunes dans le milieu; vers le bord postérieur, on voit deux taches circulaires jaunes, formant un C, et de cha- que côté trois petites macules. Le tour des yeux est jaun⬠tre ; le dessous de la tête est noir, avec deux taches d’un jaune blanchâtre de chaque côté. Antennes jaunes, avec la soie noire. Prothorax d’un noir violet, à reflet cuivré, présentant plusieurs petites taches vers son bord supérieur. Ecusson noir à sa base et jaune au sommet. Elytres brunes, avec une tache axillaire et deux bandes jaunes. La tache axillaire forme, avec la tache de l’écus¬ son, une des fascies; la seconde, large, coupe les ély très en deux , et la troisième, plus étroite et près du sommet, touche le bord externe et se dirige obliquement vers le bord externe. Sommet hyalin. Ailes. L’appendice, ici, est développé, mais non déta¬ ché (f. 8 a), et cette espèce formerait le passage de ce genre au Tettigone, et seule je pense qu’elle ne suffirait pas pour créer un groupe. Quoi qu’il en soit, comme elle ” ■ _ /{eu. etJ/ezrj. e/e Zoo/eu/ee. 1SB0 . />/ 4. 20. A. Fie/. 2 à Ç . Diloboplerus . >. Crvphocricos . 20 . SionoreL S/qnoref eie/. ] Rem on 2 ùni> . Lebrun se ■ TRAVAUX INÉDITS. 289 ne peut se réunir aux Tettigones, car tous ses caractères la rapprochent de mon genre Dilobopterus, je crois qu’il convient de la placer ici* La portion formant l’appendice est, de même que dans les espèces précédentes, d’un brun noirâtre, avec toute la portion axillaire d’un jaune orange; l’aile est largement enfumée dans son pourtour. Abdomen fascié; le bord supérieur des segments noir, et l’inférieur d’un jaune clair. Pattes brunes et jaunes ; la partie supérieure des cuisses et la partie supérieure des tibias largement jaunes. Tarses noirs. Femelle. De ma collection. Brésil. Explication de la planche 4. Fig. I. Aile de la Tettigonia viridis. — 2. ld. du Dilo¬ bopterus bimaculatus. — 5. Elytres et aile du decoratus. — 4. ld. du bimaculatus. — 5. ld. du Burmeisteri. — 6. ld, du Klugi. — 7. ld. du Stolli. — 8. Aile du Dilobop¬ terus trifasciatus. — 9. Le même. Description d’un genre nouveau de l’ordre des Hémip¬ tères hétéroptères, et de la section des Hydrocoryses; par M. Y. Signoret. (Planche 4, f. 4 0.) Ce genre se rapproche un peu du Cheîrochela assamen - sis de Hope, et pourrait, à première vue, se mettre avec les Galgulides ; mais il s’en éloigne beaucoup et par la tête horizontale et par l’absence des ocelles ; il ne peut pas plus se mettre dans les Népides, à cause du nombre des articles des antennes, qui est ici de quatre (f. 10 c), tandis que dans les Népides il y en a trois ; de plus, il s’en éloigne par l’absence des filets abdominaux. On ne peut donc le placer que dans les Naucorides, à côté des Diplo- nyclius , en formant, pour faire suite au tableau synop¬ tique de MM. Amyotet Serville, une division qui reposera 2e série, t. ii. Année 1830. 19 290 rev. et mag. de zoologie. (Mai 1850.) sur l’absence des membranes aux élytres. Voici les prin¬ cipaux caractères de ce genre, que je nommerai: Crijplwcricos, de Kpufo-M, cacher, et anneau. — In¬ secte déprimé. Tête horizontale; bec de trois articles (f. 1 0 é), s’insérant dans une échancrure profonde du front , et dont les côtés s’avancent en formant deux pointes. Antennes de quatre articles (f. 10 c), placées de chaque côté des yeux, les premier et quatrième articles plus grands que les autres. Yeux forts et saillants. Ocelles nuis. Prothorax arrondi postérieurement, fortement échan- cré en avant pour l’insertion de la tête; bord postérieur presque droit; bords latéraux marginés ; dessous strié de chaque côté (f. 10 a), caréné au milieu et lisse. Ecusson assez grand et triangulaire. Elytres sans membrane, n’atteignant pas le milieu de l’abdomen, et marginés; bord postérieur droit. Ailes à l’état rudimentaire. Abdomen d’une structure toute particulière, et nous of¬ frant le seul caractère distinctif de ce genre. En effet, l’on remarque ici une disposition très-rare dans les segments. Les élytres, très-courts, laissent apercevoir tout l’abdo¬ men, et Pon remarque alors que le troisième segment re¬ couvre entièrement les derniers au moyen d’une lame qui continue son bord postérieur et ne laisse passer que l’ex¬ trémité des segments anaux. Vu en dessous (f. 10 a), les trois premiers sont à peu près de même forme et gran¬ deur ; seulement le troisième est fortement échancré, pour loger tous les autres, qui sont extrêmement . petits et d’une forme circulaire ; le dernier est très-petit , et ne forme qu’un rebord triangulaire. Plaque anale un peu grande et légèrement bombée dans le mâle. Pattes, les antérieures ravisseuses, et tarse d’un seul ar¬ ticle; insérées à l’angle antérieur du mésothorax, très- près des yeux , les moyennes courtes et les postérieures SOCIÉTÉS SAVANTES. 294 longues, et insérées postérieurement près l’une de l’autre. C. Barozzii , Mihi. — Brun généralement. Dessous un peu plus clair. Chaperon et bec jaunâtre, ainsi que les antennes et les pattes. Tête et prothorax granuleux, très-plats, et bords laté¬ raux du dernier en scie. Elytres aplatis, finement granulés, et débordant le corps en dessous. Cuisses antérieures granuleuses et plus brunes que l’in¬ secte ; les poslérieures jaunâtres, ainsi que les tibias. — Long. 0, 0L1 ; larg. 4, 006. Mâle. Patrie, Brésil. II. SOCIÉTÉS SAUVANTES. Académie des Sciences de Paris. Avant de rendre compte des travaux zoologiques, assez peu nombreux d’ailleurs, qui ont été pendant ce mois soumis à la savante assemblée, qu’il nous soit permis de consacrer quelques lignes à l’illustre membre que vient de perdre la section de zoologie. Nous ne nous permet¬ trons pas de rendre dès à présent un jugement sur les tra¬ vaux et les doctrines d’un homme dont le génie hardi s’est consacré aux plus hautes questions de la science des animaux; nous laisserons refroidir sa cendre et fructifier sa parole, et nous rappellerons seulement ici les princi¬ pales phases de cette vie qui vient de s’éteindre sans dé¬ clin, dans toute l’intégrité de son éclat. Marie-Henri Pucrotay de Blainville naquit à \rques le 12 septembre 4 778, d’une famille noble, dont il était le cadet. Destiné, en conséquence, à la carrière des armes, il était, en 4792, élève à l’école militaire de Beaumont, quand, par un motif inconnu, il sortit violemment de cette école, et chercha, au péril de sa vie, un refuge sur un b⬠timent, abord duquel il combattit quelques mois. Rentré en France, et tour à tour musicien au Conservatoire de 292 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mai 1850.) Paris, élève du fameux peintre David, il laissa, pendant plusieurs années, s’agiter la mâle vigueur de son esprit et la fougue indomptable de ses sentiments entre l’étude des philosophes, des écrivains et des artistes, et l’enivrement des plaisirs et des folies de la jeunesse. Sa famille l’avait oublié, comme un aventurier sans avenir; lui-même, ignorant un génie que rien n’avait encore su éveiller, ar¬ rivait à vingt-sept ans sans trop savoir ce qu’il serait un jour. Tout-à-coup, la parole grandiose et puissante d'un homme de génie électrise cette âme qui s’égare, et fait sortir de ce chaos d’incertitude toute une vie de travaux persévérants voués à l’étude de la création dans son ex¬ pression la plus haute, l’organisme animal. C’est une leçon de Cuvier, recueillie fortuitement au Collège de France par son futur élève et rival, qui créa M. de Blainville. Désor¬ mais tout est décidé pour lui ; avec son inflexible volonté, il jette là toutes ses habitudes : trois ans plus tard, il en¬ seigne l’anatomie humaine, et en -1808 il est docteur en médecine. Bientôt il supplée son maître dans cette même chaire du Collège de France d’où huit années avant était descendue sur lui l’inspiration; il le supplée au Muséum, dans cette chaire que Cuvier avait faite la première de tou¬ tes; enfin, en 1812, M. Davernoy laissant vacante, par son départ, la chaire d’Ànatomie, de Physiologie et de Zoolo¬ gie de la Faculté des Sciences de Paris, M. de Blainville Tobtient au concours, et commence une série de leçons auxquelles son esprit indépendant et original, sa parole surtout, énergique et véhémente, ses travaux enfin, con¬ sacrés sans relâche aux principes sur lesquels il voulait as¬ seoir la zoologie et i’anatomie comparée, ont imprimé le cachet irrécusable du génie. Ce n'est pour nous ni le lieu ni le moment encore de juger son hostilité scientifique avec Cuvier, son maître, son protecteur, et presque son père; mais on peut dire, dès à présent, qu’en face de cette gloire étincelante qui rayonnait autour du génie de Cuvier; que suris terrain même que ce génie avait éclairé, Blainville osa se poser son rivai, et se montra digne d’une telle ri- SOCIÉTÉS SAVANTES. 293 valité. Aussi quand, en 1852, s’éteignit tout-à-coup la brillante intelligence qui avait évoqué celle de de Blain- Ville; malgré la concurrence redoutable d’un des savants que Cuvier lui-même avait jugés dignes d’être associés à la création de son anatomie comparée, l’audacieux disciple succéda à son maître dans la chaire du Muséum , et sans lui conserver tout l’éclat dont il l’avait trouvée pourvue, il sut du moins la maintenir au niveau scientifique où elle était élevée, et la faire retentir encore de conceptions nouvelles, dont un bon nombre, peut-être, ne sont pas destinées à rester dans la science, mais qui lui ont certai¬ nement apporté leur part de vérités, dans l’ordre des prin¬ cipes comme dans celui des faits. Sa parole résonnait encore vive et entraînante, le 50 avril, dans sa chaire de la Faculté des Sciences, et le 1er mai, à dix heures du soir, il était mort. La postérité venait de commencer pour lui; avec le temps, elle rendra son arrêt loin des sympathies et des haines. Sa mémoire a peut-être le droit de l’atiendre sans crainte; mais la tâche que nous nous étions imposée est terminée, et nous nous contenterons de rappeler à nos lecteurs les principaux ou¬ vrages de l’éminent zoologiste dont la science pleure la perte et cite le nom avec fierté. Thèse inaug. Fac. de méd. de Paris, 50 août 1808, Influence de la 8e paire de nerfs sur la respiration. — Dissert, sur la place des Ornithorinques et des Echnidés dans les séries naturelles. 1812- — Sur la nature du produit femelle de la gén. de l’Orni- thorinque (Ann. du Mus., t. 2, 5e sér.). — Prodrome d’une nouv. distrib. systém. du règne animal ( Bull. soc. philom.) 1816. Sur les Ichthyoiites. 1818. — Nouv. suites à Buffon, Mollus¬ ques. — De l’Organis. des anim., ou princ. d’anat. comp. (ouvr. inachevé). 1822. — Manuel de Malacologie et de Conchyliologie. 1825. — De la nutrition dans la série des anim 1826. — Hist. des sciences naturelles. — Monog. des Hirudinées. 1827. — - Sur les Béîemnites. 18^7. — Manuel d’Actinologie et de Zoophytolo- gie. 1834-37. — Anat. des Coqu. polythalames siphonées (Nouv. Ann. du Mus., t. 3). 1834. — Descr. de quelques esp. de Rep¬ tiles de la Californie, précéd. de l’anal, du syst. génér. d’Erperto- logie et d’Amphibiologie (Nouv. Ann. du Mus., t. 4), 1833. — 294 rev. et mag. de zoologie. ( Mai 1850.) Ostéographie ou descr. iconogr. comp. du squel. et du syst. dent, des 5 classes de vertébrés récents et fossiles (ouvrage inachevé). 1839 40. — Consid. gén. sur les anim. et leur classification ( Dicl • des sciences nat ., supplément). 1840. Séance des 6. 15 et 20 Mai 1850. — Aucune communi¬ cation zoologique. Séance du 27 Mai . — M. Coste lit des Recherches sur la segmentation de la cicatricule chez les Oiseaux , les Reptiles écailleux et les Poissons cartilagineux. Ce travail curieux et original tend, comme on va le voir, à changer complète¬ ment les idées reçues en embryologie sur la signification des parties de l’œuf. L’auteur y montre, en effet, que dans les trois groupes qu’il a étudiés, le siège du sillonne- ment est dans la cicatricule; qu’il y a lieu, pendant que l’œuf se couvre dans l’oviducte de la membrane de la co¬ que, et de la coque elle-même; qu’il présente tous les ca¬ ractères du sillonnement du vitellus chez les Mammifères, les Amphibies et les Invertébrés en général, et organise définitivement la cicatricule en un blastoderme. De là, il croit devoir conclure que, dans les trois groupes indi¬ qués par lui, le vitellus comparable à celui des Mammi¬ fères, Amphibies, etc., est la cicatricule, et non le jaune ; celui-ci dès lors devient un corps accessoire pouvant exister ou manquer dans la composition de l’œuf. Pour faire une comparaison exacte, ii faut donc considérer, d’une part, l’œuf mûr d’un Mammifère, et d'une autre part l’œuf d’un oiseau avant la formation du jaune ; il ne renferme alors que sa cicatricule, comme celui des autres animaux son vitellus granuleux. La formation du jaune vient plus tard tout compliquer et tout obscurcir. — M. Em. Blanchard présente un travail sur l'organisa¬ tion et les rapports naturels des Lin g natale s. Après avoir confirmé l’existence, chez les jeunes Linguatules, des pattes articulées signalées par M. Van-Reneden , il décrit l’orga¬ nisation. Un fait curieux est offert par le système nerveux: celui d’un double collier periœsophagien naissant , il est vrai, de la même racine du centre médullaire inférieur. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAüX. 295 L’appareil circulatoire lui a montré un système veineux lacunaire et un vaisseau grêle régnant au-dessus de l’in¬ testin. Ses études d'ailleurs n’ont pu être complètes sur ce point. L’ensemble de l’organisation détermine M. Blanchard à placer les Linguatules parmi les Annelés, dans le sous-em¬ branchement des Articulés, à côté des Crustacés Lernéens, soit comme un nouvel ordre de cette classe, soit même comme une nouvelle classe. Il ne peut maintenant décider la question ; mais, quoi qu’il en soit , les Linguatules font, dit-il , le passage des Articulés aux Vers. III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. Ornithologie européenne, ou Catalogue analytique et raisonné des Oiseaux observés en Europe, par M. le doc¬ teur C.-D. Degland, administrateur du Musée d’histoire naturelle de Lille. — Paris , librairie encyclopédique de Roret, rue Hautefeuiîle, 4 0. — A Lille, chez L. Da¬ niel, imprimeur, Grande Place. Nous venons, tardivement peut-être, entretenir nos lec¬ teurs de V Ornithologie européenne de M. le docteur De- gland : ce retard nous sera facilement pardonné, en raison de l’importance de l’ouvrage. C’est en 4 815 que parut le premier traité sur les oi¬ seaux européens, et c’est à l’illustre M. Temminck qu’en est due l’idée, ainsi que la réalisation, sous le titre bien modeste de Manuel des Oiseaux d’Europe. En 4 820 parut la seconde édition de cet ouvrage, qui, depuis ce moment? est resté, avec ses deux suppléments de 4 855 et de 1840, le seul et unique guide de ceux qui, en France surtout, se sont livrés jusqu’à ce jour à l’aride étude des oiseaux de notre Europe ; c'est-à-dire pendant une période de près de quarante années. Nous ne parlons ni de l’ouvrage de Thienemann, oublié par l’auteur dans ses citations, ni de celui de Schinz, ni enfin de celui de MM. le comte Keis- 296 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mal 1850.) serling et îe docteur Blasius, qui, malgré son mérite, ne date que de 1840, et sert plus à l’étranger qu’en France. On serait tenté de se demander comment un semblable ouvrage a pu si longtemps rester sans imitateur; mais, lorsqu’on réfléchit à la sécheresse et à la difficulté du tra¬ vail et des recherches qu’il comporte, on comprend bien vite que ce ne soit qu’à de longs intervalles qu’un lutteur se présente pour affronter cette épreuve. C’est qu’en effet d’abord, de toutes les contrées du globe, l’Europe est celle dont la Faune ornithologique est le plus anciennement et la mieux connue. C’est qu’ensuite le nombre des espèces d’oiseaux qu’elle renferme est tel¬ lement limité, que l’intérêt d’un pareil livre, refait à nou¬ veau, à part le plus ou moins de perfection du système ou de la méthode appliqués, ne pourrait naître que de l’accession de nouvelles espèces. Or, ces espèces nouvelles, ou soi-disant telles, ne consistent, en grande partie, qu’en espèces reconnues exotiques, déjà inscrites dans les an¬ nales de la science, mais dont l’arrivée ou le passage dans nos climats, ou même à nos frontières géographiques, se trouvent constatés à la suite d’observations de loin en loin répétées ; d’où la nécessité de procéder avec lenteur et à des intervalles reculés. C’est qu’enfin il est si naturel à l’homme de trouver plus d’attraits à étudier ou à se pro¬ curer ce qui vient de loin que ce qui se trouve à sa portée et sous ses yeux, et qu’il se figure connaître, par cela même qu’il le voit tous les jours, que l’on doit savoir gré à celui qui s’écarte de cette voie vulgaire, et dont l’esprit a assez de force pour croire qu’il y a toujours à apprendre et à découvrir autour de lui, ou au moins à perfectionner ce qui est la loi de notre nature. Il est donc juste, et nous nous empressons, sous tous les rapports, de féliciter l’honorable administrateur du Musée d’histoire naturelle de Lille de n’avoir pas reculé devant une tâche, nous le répétons, ingrate, et qui, outre les difficultés inhérentes à un pareil labeur, se compliquait encore de l’autorité du nom du savant directeur du Mu- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 297 séum de Leyde, M. Temminck, lequel, ainsi que le dit si bien notre studieux et obligeant collègue M. Alfred Mal¬ herbe, « a rendu l’ornithologie européenne presque popu¬ laire, et qui a continué d’une manière si supérieure l’œu¬ vre de Bufïon et de Daubenton. » Quoique l’ Ornithologie européenne rappelle, par sa forme, celle du Manuel , on n’en saurait rien induire contre le mérite de l’œuvre de M. Degland , car il n’y a point deux manières de présenter une ornithologie locale , quanta la distribution des matières. Et puis ce n’est pas par un mot que l’on peut avoir la prétention de faire la critique d’un ouvrage aussi considérable et aussi consciencieux. La meilleure manière, à notre avis, de prouver le cas que l’on fait d’un livre consiste dans les développements donnés à la critique et à l’examen auxquels entraîne son appréciation. L’auteur nous pardonnera, sans doute, si nous semblons quelquefois entrer dans trop de détails. Nous le ferons autant pour lui que pour ses nombreux souscripteurs. Notre rôle de critique, si délicat qu’il soit, et pour la forme et pour le fond, peut à bon droit paraître plus facile que le sien, car nous l’abordons avec infini¬ ment moins de science pratique et d’érudition qu’il n’en a fallu à M. Degland, et qu’il n’en a déployé dans tout le cours de son long et pénible travail. Nous dirons peu de chose du plan et de l’ordre métho¬ dique appliqués à Y Ornithologie européenne. L’auteur n’a¬ vait qu’à marier ensemble les systèmes suivis par G. Cuvier, Vieillot et MM. Temminck, Ch. Bonaparte et G. -R. Gray ; et c’est ce qu’il a fait. 11 est seulement à regretter qu’il se soit trop exclusivement attaché aux trois premiers, et qu’il n’ait point plus souvent pris occasion de citer ce dernier, malgré l’abus qu’il a fait de la multiplication des genres. Un reproche que nous paraissent mériter en général, sous le rapport méthodique, les Faunes d’Europe, c’est de procéder toujours à un point de vue trop exclusif, comme si l’ornithologie ne se composait que des éléments propres à la région qu’on observe. A force de vouloir diminuer et 298 rev. et mag. de zoologie. ( Mai 1850.) restreindre le nombre des séries ou coupes génériques, on en arrive à circonscrire la science dans des limites si étroites qu’on y étouffe; et de cet oubli calculé, ou de ce dédain pour la science générale en faveur de la science partielle ou locale, il sort une classification abâtardie. Non sans doute que ces sentiments soient ceux que nous prêtions à l’auteur î Nous rendons., au contraire, justice à la pureté de ses intentions et à la constance de ses efforts. M. Degland n’a vu qu’une chose dans son Ornithologie : simplifier! sans penser qu’en agissant de la sorte, et en exagérant ce principe, il risquait plus Je retarder qu’il ne favorisait le progrès de la science. Pour mieux faire saisir notre idée, nous nous expli¬ quons. Nous comprenons peu, pour notre part, ce qu’un certain nombre de naturalistes, en France surtout, admet sous le nom Coupes , Sections ou Sous-Genres. Nous n’admettons pas d'autre dénomination que celle de Genre (quelle que soit la détermination philosophique que l’on fasse de ce mot), quand on veut désigner et catégoriser un certain nombre d’espèces ayant les mêmes affinités de ca¬ ractères et se rattachant par conséquent à un même type générique. Ainsi , lorsque pour nous une espèce, par ses caractères ou ses nuances différentes, si légères quelles soient, a cessé d’appartenir à un genre, nous croyons sage de la reporter au genre dont ses caractères la rapprochent le plus ou l’éloignent le moins. Toute autre manière de faire nous paraît blâmable. Si vous croyez , en effet, dans un genre devoir établir une section, vous êtes obligé de donner une dénomina¬ tion à cette section : ou c’est un nom nouveau, ou c'est un des noms génériques existant déjà, mais que vous rejetez comme surabondants. Or, que signifie une section avec la dénomination générique latine, dont cette dénomination ne précède pas le nom de chacune des espèces qui la com¬ posent? sinon une superfétation qui, ioin d’être un allé¬ gement, devient, au contraire, une charge et un embar¬ ras pour la mémoire ; car il est bien moins facile de retenir ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 299 un nom de section ainsi employé et isolé des noms de toutes les espèces dont elle est formée, qu’un nom de genre qui se trouve répété autant de fois que ce genre renferme d’espèces. Ainsi, pour M. Degîand, le genre Faucon, Falco, est di¬ visé en deux sections : Hierofalco et Falco , dont toutes les espèces portent le nom générique Falco. Le genre Bouvreuil, Pyrrhula , est divisé en quatre sec¬ tions : Corythus, Pyrrhula , Erythrospiza et Serinas , dont toutes les espèces portent le prénom générique Pyrrhula, depuis l’ Enucleator jusqu’au Serinus. Le genre Bruant, Emberiza, est divisé en deux sec¬ tions : Emberiza et Plectrophanes, dont toutes les espèces sont rangées sous la rubrique générique d 'Emberiza. 11 en est de même de presque tous les autres genres. Nous sommes convaincu que cette condradiction ou le peu de rapport existant entre le nom générique constitu¬ tif de l’une des sections et le nom générique qui précède celui de chacune des espèces de l’autre section, va évi¬ demment contre le but de l’auteur, qui doit être de mar¬ cher avec la science et d’aider à une classification uni¬ forme, et qu’il suffit de la lui signaler, ou du moins de lui en indiquer les inconvénients, pour qu’il la fasse dis¬ paraître bientôt. Tout en étant opposé à l’abus de la multiplication des genres et des espèces, on ne peut s’empêcher de recon¬ naître, contrairement à l’avis de l’auteur, une certaine importance au caractère différentiel (dont il ne paraît faire aucun cas), tiré du bas des jambes, nu ou emplumé, sur lequel se sont souvent fondés Vieillot et d’autres na¬ turalistes éminents, pour distinguer les espèces de cer¬ tains genres; et à celui tiré soit du nombre des pennes de la queue, soit de sa forme. Nous regrettons que, partant de cette doctrine peut-être trop exclusive, M. Degland ait cru devoir réduire à l’état d’espèces nominales : Vultur (aluns occidentalis de Schle- 500 rev. et mag. re zoologie. {Mai 1850.) gel, Aquila leucorijpha de Keysserling et Blasius, ainsi que les Scolopax Brehmii et Delamottii. Du reste, les considérations générales et un grand nombre de la partie historique sont fort bien traitées : telles sont, entr’autres, celles sur les deux prétendues races de Casse- noix, Nucifraga , sur les espèces du genre Cormoran, Pha- lacrocorax , et sur la Sula melanura. En toute science, il faut pouvoir discuter ; et ici les éléments de discussion sont nettement exposés. De telles notes rendraient un livre complet, si l’auteur y faisait plus souvent intervenir son opinion personnelle, dont il prive trop ses lecteurs. C’est une fausse modestie que nous nous permettrons de lui reprocher, et qui l’a détourné, dans sa préface, d'in¬ diquer le plan de son ouvrage. Les explications de détail, à ce sujet, ne manquent cependant pas, et reviennent même assez fréquemment dans le cours du livre. Mais, outre un tableau de l’état actuel de la science, en ce qui concerne l’étude de l’ornithologie d’Europe, il y avait une exposition générale à faire de sa méthode, et du point de vue de ses critiques et de ses observations une sorte d’i¬ nitiative à prendre. Nous avouons même qu’un pareil ex¬ posé de principes eût de beaucoup simplifié notre rôle de critique. Et si nous nous plaignons d’en avoir été privé, c’est uniquement dans l’intérêt du livre, qui n’aurait eu qu’à y gagner, mais que nous aurions peut-être eu moins de plaisir à parcourir. M Degland porte, dans son Ornithologie , le nombre des espèces qu’il admet comme européennes, à titre séden¬ taire, de passage ou d’apparition plus ou moins acciden¬ telle, à 507. « - Dans ce chiffre, le plus élevé en moyenne que l’on ait fixé jusqu’à ce jour, il en est, nous devons le dire, quel¬ ques-unes toutes nouvelles et spéciales à l’Europe, les unes douteuses, les autres contestées. Telles sont : Astur major, Pyrrhula coceïaea, Anthus im- mutabUis et Erythacus Cairii. Il en est d’autres exotiques qui nous paraissent admises 501 ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. positivement, en ce sens que leur constatation en Europe ne repose que sur un ou deux faits d’apparution plus ou moins authentiques. Telles sont : Vultur aurïcularis , Haiiœlus leucocephalus, Elanus fuscus , Emberizà striolala, Parus bicolor , Hirundo purpurea , Alcedo alcyon, Pluvianus melanocephalus , Cha- radrius Asiaticus, Ch. pyrrhothorax, Balearïca pavonina, Arclea lentiginosa , Ibis religiosa , Pimosa Meyerii , Scolopax griseus , Tringa Dominicensis, Parus Bompartii , Parus Bos¬ su, Dionieclcea exulcms , D. chlororhynchos, Puffinus fuligi - nosusy Thalassidroma Wilsonïi et T/i. Bulweriï , admises déjà, par M. Temminck, à l’exception de huit, qui sont: Charadrius Asiaticus , Balearïca pavonina, Parus Bonapar- tii et Rossii, Diomedœa exulans et chlororhynchos , Puffinus fuliginosus et Thalassidroma Bulverii. Mais nous ne voyons pas sur quels motifs sérieux Fau¬ teur, après avoir admis toutes ces espèces souvent sur la simple assertion d’un unique observateur, a pu rejeter les suivantes, dont quelques-unes avaient cependant été ad¬ mises provisoirement déjà par MM. Temminck etSchlegel. Valtur fulvus occulenialis (Schlegel), qui pourrait bien être V. albicollis (Lindermayer, Isis, \ 845, p. 524), dont ne parle pas l'auteur; Acjuila leucorypha (Keyss. et Blas.), Falco vocifer (Lath.), F. arcadicus ( Lindermayer), Astur gabar, Emberizà rutila (Pallas), E. oryzivora, E. melano - dera , E. Bonaparlei , E. cinerea , E . granutina et 2?. caspia (Ménétriés), Hirundo rustica orientalis ( Schlegel), ou J5ois- sonneautii (Temm.), Lanius castaneus (Risso), P. major (Keysserl. et Basius), Alauda Kollyi (Temm.), AL picta (Hermann), Al. mongolia (Pallas), AL cantarella, AL pis - poletta , melanocephala et bimaculata (Ménétriés), Philere- mos scriba (Gould), AL moreotica ( Yan-der-Mühle), Tur - dus ruficollis { Pallas), T. Kamschatkensis (Lath.), T. sguani- matus (Temm.), T. auroreus (Pallas), T. minor (Lath.), T. rufus (Briss.), T. barbaricus (Lin.), Sylvia icterops (Mé¬ nétriés), S. mystacea( ld.), S. ochrogenion ( Lindermayer), S. Schuchiî (Ch.Bonap.). 502 rev. et mag. de zoologie. ( Mai 1850.) Il pouvait, ce nous semble, en raison même du témoi¬ gnage des auteurs, à l’égard surtout de l’apparition en Europe de celles de ces espèces considérées comme exoti¬ ques, faire ce qu'il a fait et si judicieusement exprimé au ' sujet de certaines autres, notamment du Parus bicolor : « Les admettre provisoirement , en attendant que des faits irrécusables vinssent infirmer ou affirmer leur admission comme espèces européennes. » Ce qu’il a fait également pour les Motacilla Yarellii , flaveola , cinereo-capilla et mela- nocephala, qu’il a déclaré considérer, quoique proposées pour nouvelles, comme des races ou variétés locales des Motacilla alba et flava , et auxquelles il n’a pas moins con¬ sacré un article à part, de même que pour toutes les es¬ pèces universellement admises, sauf l’adjonction en tête du nom spécifique, d'une lettre alphabétique qui remplace le numéro d’ordre des autres espèces. Nous n’apercevons pas non plus la raison pour laquelle M. Degland n’a pas admis la Frégate ( Tachijpetes ) aussi bien que l’Albatros, que nous serons toujours étonné de voir figurer dans la Faune européenne. Quoi qu’il en soit, c’était, avec la description de cha¬ cune de ces espèces, le seul moyen de mettre à même ceux qui prendront Y Ornithologie européenne pour guide de leurs études, de contrôler, par leurs observations, la valeur réelle de ces espèces ou prétendues telles, soit comme nou¬ velles et aborigènes en Europe, soit comme s’y montrant de passage régulier ou accidentel. L’auteur a eu le bon esprit de conserver presque entier l’excellent travail de notre honorable ami M. Z. Gerbe, sur les Fauvettes. Ce travail, que tout le monde connaît au¬ jourd’hui, est sans contredit, sur cette famille, le meilleur et le plus complet qui ait encore été fait au point de vue exclusif de l’ornithologie d’Europe. Peut-être serait-il sus¬ ceptible de quelques modifications pour être mis en har¬ monie avec tout le système ornithologique, ainsi qu’avec les coupes et les dénominations génériques et spécifiques le plus habituellement reçues. Ce qui est presque juste ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 505 pour la limite étroite et restreinte de la série des oiseaux d’Europe peut devenir une erreur dans le cercle plus large de l’ornithologie générale. M. Deglandn’a pas oublié non plus, dans Y habitai, d’in¬ diquer en général celles des espèces dites d’Europe qui se rencontrent également dans l’Amérique septentrionale , soit comme sédentaires, soit comme de passage. Nous avons cru, toutefois, remarquer que, dans le nombre, il a omis de mentionner des espèces échappées aussi, pour la plupart, à l’attention de M. Schlegel, espèces minutieu¬ sement indiquées dans la Fauna boralis Americana de Ri¬ chard et Swainson , et par M James de Kay, dans l’ou¬ vrage intitulé : llîslory of New-Yorck , 1845. Ajoutons que Lanius collurio , Erythacus jjhœnicurus et Certhia familiaris , que l’auteur dit avoir reçus de New- Yorck, ne sont mentionnés à aucun titre par Richard et Swainson, comme appartenant à l’Amérique septentrio¬ nale. D’autres espèces seraient susceptibles d’observations que ne comporte pas le cadre de cet article. Telle serait l’espèce de Teircio rupestris de Richard et Swainson, cités d’une manière incomplète par M. Schlegel, que l’auteur, sur l’avis peu explicite de ce dernier, considère comme synonyme de Lagopus alpius. Telle serait encore l’espèce du Cyenus Bewichii, dont l’auteur, sur la foi de M. Ch. Bo¬ naparte, nie l’existence dans l’Amérique septentrionale : ce qui est une erreur. Swainson non-seulement cite cette espèce comme appartenant à la Faune de cette région , mais lui consacre un article tout spécial. Son existence y est parfaiiemènt constatée, et c’est sur la rivière de la Colombie qu’il aurait été observé par Lewis et Clarke, dans cette portion de l'Amérique septentrionale. Des additions et quelques corrections seraient à faire dans la partie synonymique de l’ouvrage, pour le complé¬ ter et le régulariser. Enfin nous désirerions que M. Degiand fît suivre cha¬ cun des noms d’espèces qui forment ie titre des articles 5o4 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mai 1850/; consacrés à chacune d’elles du nom de l’auteur, afin qu’on ne soit pas obligé de le rechercher dans la synonymie, où quelquefois on ne le trouve pas, surtout lorsqu’il s’agit d’espèces établies par M. Degland lui-même. Dans ce cas, nous l’engageons fermement non pas à mettre le mihi d’une humilité devenue triviale, mais son nom en toutes lettres : cela évite les confusions, et est plus clair. L’ouvrage se termine par une fort bonne table, qui à elle seule vaut un tableau synoptique. Elle n’a qu'un dé¬ faut, c’est de ne porter que les noms français, ce qui res¬ treint considérablement l’utilité de l’ouvrage, qui a l’air ainsi de ne s’adresser qu’aux ornithologistes français, tan¬ dis que par son mérite et sa valeur il devrait s’adresser, comme semble l’annoncer son titre, à tous les ornitholo¬ gistes d’Europe. C’est ce que ne manquent jamais de faire les auteurs étrangers pour les ouvrages d’histoire natu¬ relle qu’ils publient dans la langue de leur pays. Ce vide, nous espérons le voir combler par M. Degland, à qui nous demanderons, par des motifs semblables, d’ac¬ compagner les excellentes diagnoses françaises qui précè¬ dent toutes ses descriptions d’une diagnose latine. Son ouvrage, tout en étant fait en France, doit viser à un suc¬ cès européen qu’il ne peut manquer d’obtenir; et, pour cela, il faut que, dans la seconde édition que nous sou¬ haitons voir prochainement paraître, il prenne pour in¬ termédiaire la langue latine, si habilement appliquée par Linné à l’histoire naturelle, et dont l’usage, pour l’étude de cette science, est en ce moment généralement adopté. On voit par ce qui précède, et d’après ce faible exposé, où le critique fait trop souvent ombre à l’auteur, que l’O- niiliologie européenne est un livre appelé à prendre place désormais à la suite et à côté du Manuel des Oiseaux d’Eu¬ rope de M. Temminck, dans toutes les bibliothèques des ornithologistes, auxquels il devient indispensable. O. Des Murs. TREIZIÈME A23KÉ2. JUIN 1850. I. TRAVAUX INÉDITS. Cocrs d’histoire naturelle des corps organisés, pro- fessé au Collège de France par M. Duvernoy. — Suite. Voyez page 237. DEUXIÈME PARTIE. Classification adoptée par 31. Duvernoif des -1828. Ce professeur venait de reprendre la carrière des scien¬ ces naturelles ? après une longue interruption (1). C’est dans son premier cours, commencé le 22 décembre 1827, et terminé le 30 juillet \ 828, qu’il exposa en détail sa nou¬ velle méthode de classification des Mammifères. On pourra en prendre une idée exacte dans le discours de clôture qu’il prononça ce dernier jour, en présence de son intime ami , M. F. Cuvier, arrivé de Paris à Stras¬ bourg pour une mission spéciale de l’Université. Ce dis¬ cours (2) est un résumé clair et précis des principes qui avaient dirigé M. Duvernoy dans sa classification nouvelle, fl) Plus de dix- sept années consécutives. C’est à cette longue interruption que M. Duvernoy fait allusion, lorsqu’il a dit, dans son introduction à cette classification : «Il serait même possible que celui qui aurait perdu de vue l’histoire naturelle pendant quelques années, et qui, libre des entraves de l’habitude, repren¬ drait ensuite l’étude de cette belle science, serait plus propre à juger des améliorations dont elle est susceptible. » (2) 11 a paru, avec le discours d’ouverture, dans le Journal de la Société des sciences, agriculture et arts du département du Bas-Rhin pour 1828. Ce dernier discours comprend une histoire succincte des progrès des sciences naturelles dans les vingt-sept premières années du siècle actuel. 2e serje. T. il. Annee 1830. •20 506 rev. et mag. de zoologîe. ( Juin 1850.) et un exposé détaillé des caractères des principales divi¬ sions qu'il avait adoptées (I). Les principes d’une bonne méthode de classification , de cette méthode dite naturelle, sembleraient, au premier aperçu , aussi simples que faciles à comprendre et à pra¬ tiquer. Ils consistent à considérer les êtres vivants comme des composés d’organes qui sont les instrumeuts de leur vie , à rapporter exactement ces organes aux fonctions aux¬ quelles ils appartiennent ; à les classer suivant leur degré d’importance sur la vie, qu’ils entretiennent essentielle¬ ment, ou dont ils modifient seulement, plus ou moins, les phénomènes. « Telle est la mine féconde d’où le naturaliste doit tirer les caractères de ses classifications. Il n’a que ce moyen de bien connaître la nature des êtres vivants. Par lui seul il peut s’élever à des idées générales sur leurs rapports (2). » Mais ce trésor de nos découvertes dans la connaissance des êtres vivants, des animaux en particulier, a dit en¬ core M. Duvernoy, dans les leçons sur le même sujet, dont nous rendons compte, ne sera peut-être jamais complè¬ tement épuisé. Il faudrait non-seulement avoir découvert et déterminé toutes les espèces et toutes les variétés actuellement vi¬ vantes ; mais encore les restes assez complets de toutes celles qui ont vécu aux différentes époques marquées par les révolutions de notre g!obi\ Il faudrait connaître, avoir été à même d’apprécier tou- (ü) Ceux des familles et des genres types de ces familles, que M. Duvernoy avait expliqués en détail dans ses leçons, n’ont été publiés qu’en 1857 ( tome II des Mémoires de la Société d'histoire 'naturelle de Strasbourg), clans des tableaux dressés sous les yeux de M. Duvernoy par M. Lereboullet et présentés, le *20 mai 1854, à cette Société, avec une introduction rédigée par M. Duvernoy. (2) Discours de clôture déjà cité, pages 290 à 291 . TRAVAUX INÉDITS. 507 tes les conditions de leur vie, dans les caractères exté¬ rieurs de leur organisation, aussi bien que dans sa struc¬ ture la plus intime Ce qui sera désormais impossible pour certaines espèces détruites. On pourra répondre à la vérité, et avec fondement, que toutes les parties de l’organisme sont tellement dépen¬ dantes, pour faire de l’ensemble un tout harmonique, nécessaire à la durée de l’existence ; que Ton peut juger de ce tout, par quelques organes dominateurs. Cependant , il restera toujours des doutes sur plusieurs points impor¬ tants, nécessaires à connaître pour déterminer avec sûreté les rapports incontestables, et conséquemment naturels, de certaines espèces perdues. Les Ptérodactyles ont sans doute les caractères ostéolo- giques des Reptiles, et non des Mammifères. Mais comment concilier la faculté de voler, que leur donnait évidemment l’organisation de leurs extrémités antérieures, avec la res¬ piration restreinte des animaux de cette classe, qui en fait généralement des animaux rampants, à mouvements lents, ou peu soutenus quand ils sont rapides. Il devait y avoir dans le cœur, ou dans les poumons de ces Reptiles ailés, quelque modification qui les rapprochait des oiseaux. L’organisation variant beaucoup aux divers âges de la vie ; la comparaison des différences qu’elle présente aux principales époques de l’existence, et des modifications correspondantes dans les phénomènes de la vie, est de¬ venue un nouveau sujet d’études, indispensable pour bien connaître et bien classer les animaux dans les cadres de la méthode naturelle. Toutes ces exigences pour atteindre la perfection à la¬ quelle le naturaliste doit toujours tendre, sans se flatter d’y arriver jamais, sont encore soumises à trois circons¬ tances, ou conditions, qui mettent plus ou moins d’imper¬ fection ou d’arbitraire dans ses classifications, ainsi qu’on aura pu en juger par la lecture de la première partie de cet extrait. 508 rev. et mag. de zoologie. ( Juin 1850.) La circonstance prédominante est l’état de la science contemporaine, que le génie seul peut devancer, mais au¬ quel il est soumis jusqu’à un certain point. Les conditions qui introduisent de l’arbitraire dans les classifications sont les connaissances actuelles de celui qui les conçoit, et son jugement plus ou moins propre à dé¬ mêler le vrai du faux. Ce peu de mots suffira pour faire comprendre toutes les difficultés qui peuvent s’opposer à ce que nos méthodes atteignent jamais la perfection de la méthode naturelle, dont le tableau fidèle supposerait la connaissance parfaite de tous les êtres de la nature, de toutes les conditions d’existence qui ont été réalisées par le Créateur. Après ces préliminaires dont le professeur a cru devoir faire précéder l’exposé de sa méthode de classification des Mammifères, il est entré dans cet exposé. La première division de la Classe des Mammifères en deux séries, ou en deux Sous-Classes, adoptée par M. Du- Yernoy dès 1828, nous insistons sur cette date, celles des Monodelphes et des Marsupiaux , est fondée sur les deux principales modifications qu’ils ont subies dans leur mode de propagation. L’absence des os marsupiaux dans ceux de la première série, et la présence de ces os dans ceux de la seconde, fournit un très-bon caractère indicateur des autres diffé¬ rences organiques, ou fonctionnelles, qui distinguent ces deux séries. « Ainsi que je l’ai déjà exprimé, a dit M. Duvernoy, j’en avais trouvé la première idée dans le Règne animal de G. Cuvier (t. I, p. 471 de la première édition). Les Marsupiaux se distinguent par un mode de dévelop- pement et de nutrition du fœtus, qui les rapproche des ovipares, ce qui a fait dire à M. Richard Owen (4) que les (1) Sur la génération des Marsupiaux, etc. ( Transact . philos ., 2e part., 4854), on peut donc faire remonter à cette année la TRAVAUX INÉDITS. 509 Didelphes étaient ovo-vivipares. En effet, on a constaté que leur fœtus manque de placenta. Les principaux caractères des Ordres de chacune de ces deux séries sont tirés des modifications les plus essen¬ tielles dans les organes du mouvement et dans ceux d’a¬ limentation. En donnant trop d’importance à l’une de ces grandes fonctions relativement à l’autre, on a séparé ce qui ne de¬ vait pas l’être, et réuni ce qui était disparate. Les Chéiroptères et les Phoques ont été mis avec les Carnassiers terrestres , à cause de leur régime. Les Cétacés herbivores et les Cétacés piscivores ont été rapprochés dans un seul Ordre, à cause de leurs organes de mouvement. Lorsque les modifications de ceux-ci astreignent l’ani¬ mal à vivre dans tel ou tel milieu ; à s’élever dans l’air, comme les Chéiroptères ; à séjourner dans les eaux, sous peine de la vie, comme les Cétacés ordinaires ; ou à ramper sur les rivages maritimes, comme les Amphibies quadri - rêmes; à grimper sur les arbres, comme les Quadrumanes et les Tardigrades ; quelle influence n’ont-elles pas sur la nature des animaux, par les modifications qu’elles entraî¬ nent dans leur forme, dans leurs téguments, dans leurs organes des sens, et conséquemment dans toutes les fonc¬ tions extérieures de l’animalité? EFles devaient servir à caractériser les divisions pri¬ maires et secondaires de chaque Série. A ces mêmes modifications correspondent des différences de divers degrés, dans les instruments d’alimentation. Il faut donc considérer aussi ces dernières comme de¬ vant fournir des caractères essentiels pour distinguer les considération qu’ils sont aplacentaires, ou l’expression d’ovovivi¬ pares, substituée en 1838 à celle de Marsupiaux adoptée dix an¬ nées auparavant par M. Duvernoy. (Voir cette Revue pour 1858, page 210. ) 510 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Jlliïl 1850.) premiers groupes, et même ceux des degrés moins élevés, suivant la mesure de leur influence sur la vie. Ces modifications font que tel Mammifère est exclusive¬ ment un animal de proie ; ou qu’il ne peut se nourrir que d’herbes tendres, de feuilles, de bourgeons ou de fruits; ou qu’il recherche de préférence les écorces et les racines ; qu’il est insectivore ou piscivore; ou bien qu’il est omni¬ vore, et peut s’accommoder de toute espèce d’aliment. Au moyen de ces deux importantes considérations, celle de son séjour et de l’espèce de mouvement qu’il y exerce, et celle du régime auquel il est astreint, que démontrent ses caractères organiques, on peut être certain de le placer dans l’un des cadres de la méthode naturelle conforme à ses véritables rapports. C’est la réunion de ces deux sortes de caractères, et leur degré d’importance sur la vie, ou la mesure de leur in¬ fluence physiologique, qui ont servi à fonder les quinze Ordres de la première Sous Classe et les six Ordres de la seconde Sous-Classe, dans la méthode de classification de M. Duvernoy. En voici la simple énumération , avec leur numéro de série, qui indique leurs rapports les plus prochains: Les Ordres de la première Sous-Classe, celle des Mono - deiphes , sont : I. Les Bimanes IL Les Quadrumanes. 111. Les Chéiroptères. IV. Les Plantigrades ou Digiti¬ grades Insectivores. V. Les Plantigrades ou Digitigrades Carnivores. VI. Les Rongeurs. Vil. Les Proboscidiens. VIH. Les Pachydermes. IX. Les Solipèdes. X. Les Rumi- nants. XI. Les Tardigrades. XII. Les Edentés. X1IL Les Amphibies qüadrirêmes. XIV. Les Amphibies trirèmes. XV. Les Cétacés. La seconde Sous-Classe, celle des Marsupiaux, est d’abord séparée en deux Divisions principales , celles des Didelphes et des Monotrémes. Les premiers forment quatre Ordres, qui sont ceux : I. des Pédimanes frugivores; IL des Carnassiers in- TRAVAUX INÉDITS. 5ll sectîvores ou CARNIVORES; III. des Rongeurs; et IV* des Halmopodes. Les Monotrêmes se composent de deux Ordres : Y. Ce¬ lui des Digitigrades édentés; et VI. celui des Amphi¬ bies. Les Ordres III , IV et V de la première série ; les Ordres I, 11, III et IV de la seconde, forment seulement quatre Familles d’un même Ordre, celui des Carnassiers, dans la première édition du Règne animal (1816 et -1817). Ces quatre Familles sont celles des insectivores , des Carnivores , des Amphibies et des Diclelplies. Cet exemple, ainsi que celui de la réunion des Probosci- diens et des Solipèdes aux Pachydermes ordinaires ; et le rapprochement des Cétacés herbivores et des Cétacés carni¬ vores dans un seul Ordre, montrent que M. Cuvier était dominé, dans ses derniers travaux de classification, par des vues synthétiques , que ses études ostéologiques et paléontologiques lui avaient sans doute inspirées, en lui faisant saisir, dans le squelette, des rapports d’organisa¬ tion qu’il n’avait pas suffisamment appréciés auparavant ; et parce que ces mêmes études lui avaient fait connaître des espèces fossiles, qui venaient remplir des lacunes et diminuer la valeur de différences organiques, qu’il avait regardées d’abord comme plus importantes. Ces réunions sont établies sur des vues dont le na¬ turaliste très-instruit et très-pénétrant peut seul avoir l’intelligence (1). « Dès mes premières leçons de 1828, a dit M Duvernoy, j’ai compris combien il était difficile de dire quelque chose de général, qui fût applicable à tous les animaux de cer¬ tains groupes adoptés dans le Règne animal , et de leur assigner des caractères communs. La méthode analytique m’a conduit à une classification (1) Ce livre est fait pour être étudié plus que pour être lu. (Préface du Règne animal , Ire édit., page xvij. ) 5 i 2 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Juin 1850.) également analytique, aussi facile à enseigner par ses ca¬ ractères positifs, qu’à comprendre. Elle est fondée sur le principe qu’il faut multiplier les cadres, subdiviser chaque Série et chaque Ordre , autant que cela est nécessaire pour parvenir à des réunions de Familles et de Genres tellement naturels, que les caractères qui les distinguent soient, autant que possible, sans exception. C’est d’après ce principe que j’ai séparé les Chéiroptères des Carnassiers ; les Proboscidiens et les Solipèdes, des Pa¬ chydermes, ainsi que l’avait fait M. Cuvier dans son Ta¬ bleau élémentaire. Je suis encore revenu à la classification de ce livre, en séparant les Tardigrades , qui sont phytophages et pourvus de plusieurs estomacs propres à une sorte de rumination ; des Edentés , qui sont zoophages, et dont le système ali¬ mentaire est très-différent. L’Ordre des Tardigrades , dans ma méthode, vient im¬ médiatement après celui des Ruminants et avant celui des Edentés. Les trois Ordres suivants, ceux des Amphibies quadri- « rentes , des Amphibies trirèmes et des Cétacés , comprennent des Mammifères graduellement plus aquatiques, ayant une organisation déplus en plus modifiée pour ce séjour. Les Amphibies quadrirêmesr qui sont -les Phoques et le Morse , ont encore quatre extrémités arrangées comme au¬ tant de rames; de là la dénomination de l’Ordre. M. Du- vernoy a fait voir dans tous les détails des muscles et des leviers de ces extrémités; les modifications organiques qui font de ces extrémités d’excellentes rames, et qui les rendent très-peu propres à la progression sur le sol. Celle- ci s’effectue par une sorte de ramper, au moyen des flexions de la colonne vertébrale et du bassin, et du plus grand développement des muscles qui agissent sur ces parties (j). (1) Voir son Mémoire sur les organes de mouvement des Pho¬ ques parmi ceux du Muséum , tome XIX. TRAVAUX INÉDITS 313 Les Amphibies trirèmes, ou les Cétacés herbivores, se distinguent essentiellement par le régime, par les organes d’alimentation, par l’absence de véritables évents et par leurs mamelles pectorales, des Cétacés proprement dits. Ils s’en rapprochent, à la vérité, par l’absence des ex¬ trémités postérieures et par le développement de leur queue , terminée par une nageoire horizontale. On dirait, a dit M. Duvernoy, que les deux pieds de derrière se seraient détachés du bassin et auraient glissé jusqu’à l’ex¬ trémité de la colonne épinière pour former une na¬ geoire (1). Combien il serait important d’étudier, sous ce point de vue surtout, les fœtus de divers âges des La¬ mantins et des Dugongs; mais aussi ceux des Cétacés pro¬ prement dits. La seconde Sous-Classe des Mammifères, celle des il fur- supiaux , comprend tous les Mammifères pourvus d’os marsupiaux. Ce caractère indicateur d’un groupe naturel n’avait pas échappé à M. Cuvier, ainsi que nous l’avons vu. Cependant on en séparait jusqu’à nous, a dit M. Du- vernoy, les Ornithorhgnques et YEchidné (2). Conformément au principe de la méthode naturelle, qui est essentiellement analytique, et décompose les groupes principaux en autant de groupes secondaires, gra¬ duellement moins généraux, j’ai fait deux divisions pri¬ maires des Marsupiaux , qui ne sont pas tous des Didet- (1) Même introduction déjà citée. (2) Excepté M. de Blainville, qui, dès le mois de juin 1816, avait publié le tableau suivant, sans y joindre toutefois des carac¬ tères distinctifs. Sous-Classe lre. Monodelphes. Sous-Classe IIe. Didelphes Normaux Anormaux j Carnassiers. ( Rongeurs. Pour fouir — l’Echidné. Pour nager — - l’Ornithorhinque 514 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( Juin 1850.) plies, et auxquels conséquemment cette dénomination ne convenait pas. La première de ces divisions est celle des Didelphes , et la seconde celle des Monotrêmes. Les Didelphes se sous-di visent en quatre Ordres. Le premier, celui des Pédimanes frugivores, a beaucoup de rapports soit avec une partie des Quadrumanes de la seconde Famille des Singes ou des Lémuriens, soit avec les Chéiroptères anomaux ou les Galéopithèques. L’Ordre deuxième répond à la fois aux Insectivores et aux Carnivores de la première Sous-Classe. 11 faudra peut- être le séparer encore en deux autres (1). Le troisième Ordre, celui des Didelphes rongeurs, ne se compose que d’un seul genre, le Pliascolome. Le quatrième Ordre, celui des Halmapodes , a des rap¬ ports évidents avec certains Pachydermes. Des sabots, du moins aux pieds de derrière; des dents molaires à tuber¬ cules mousses, précédées, dans plusieurs genres, d une dent tranchante ; des incisives inférieures couchées en avant ; un estomac commençant à se compliquer ; un gros intestin boursoufflé, telles sont les ressemblances princi¬ pales que cet Ordre montre avec les Pachydermes (2). La seconde division de la Sous-Classe des Marsupiaux , celle des Monotrêmes, ne comprend que deux types gé¬ nériques ; mais tellement distincts, qu’on ne peut s’empê¬ cher d’en former deux Ordres. Déjà M. de Blainville avait séparé les Didelphes anormaux en deux groupes. Le premier groupe, qui comprend les Echidnês, forme le cinquième Ordre des Marsupiaux de M. Duvernoy, celui des Digitigrades édentés, qui a beaucoup de rapports avec certains Edentés de la première Sous-C!asse; et le sixième Ordre, celui des Marsupiaux amphibies, dont les extrémL tés ont été modifiées, pour la natation, §u.’lîie modèle des Amphibies quadrirêmes de la première Sous-Classe. F***. (P Introduction de 1834 déjà citée, p. 8. (2) Ibid. N ■ Jiéyrtoru/^ àn/> Hev . et J fa g. de Zoologie. /Zoo if. 0. \ Nid de la Cardinaline. f\r. Tïemo ni/ cmf) , \ TRAVAUX INÉDITS. 515 Sur la nidification de quelques espèces d’Oiseaux de la famille ou sous-famille des Tisserins ( Ploceinœ ), par M. de Lafresnaye ( planches 5 et 6). Si l’étude et la comparaison des œufs des oiseaux peu¬ vent être souvent d'un grand secours aux ornithologistes, quant au rapprochement ou groupement de certaines es¬ pèces embarrassantes; celles de leur genre de nidification, c’est-à-dire de la forme extérieure du nid, des matériaux qui le composent et de l’emplacement où il est construit (observations trop souvent négligées), pourraient cepen¬ dant, dans certains cas, leur devenir non moins utiles et donner lieu à des rapprochements naturels. C’est ainsi que, d’après leur genre de nidification, les Moineaux nous ont toujours paru devoir être rapprochés des Tisserins et faire partie de la sous-famille Ploceinœ. Ce qu’il y a effectivement de plus remarquable dans la ni¬ dification des Tisserins, c’est que leur nid, au lieu d’avoir, comme chez les autres Fringillidées, la forme d’une coupe ou demi-sphère concave en dessus, présente, au contraire, celle d’un sphéroïde plus ou moins allongé, concave inté¬ rieurement avec l’entrée latérale, ou même en dessous ; c’est que les matériaux employés à ces nids sont toujours d’une seule et même espèce sur chaque nid, quelles que soient les différentes espèces de Tisserins; c’est-à-dire des tiges de graminées sèches, .ou, dans quelques cas, des fibres de grandes feuilles entrelacées et comme tissées en¬ semble. C’est que, contre l’usage de presque tous les au¬ tres Fringillidées, qui isolent leurs nids de ceux de leurs semblables, les Tisserins, au contraire, les construisent en grand nombre sur le même arbre, les y rapprochent plus ou moins les uns des autres, ou même se réunissent en société nombreuse pour en composer un énorme, où cha¬ que couple a toutefois son entrée et sa demeure particu¬ lières , comme chez l’espèce appelée le Républicain. Eh bien ! en France, nos Moineaux sont les seules espèces de 516 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( JuiYL 1850.) la nombreuse famille des Fringillidées, qui, comme les Tisserins, composent des nids très-gros et de forme sphé- roïdaîe avec l’entrée latérale, qui les construisent de gra¬ minées sèches, c’est-à-dire de foin ou de paille, et qui les rapprochent ou même les accolent plusieurs ensemble, soit entre les jalousies fermées d’une fenêtre, soit autour du tronc feuillu d’un gros arbre. Toutes nos autres es¬ pèces de Fringillidées, tels que Pinsons , Bruants , Gros- Becs , Bouvreuils , Verdiers , Chardonnerets et Linotes, font tous, sans exception aucune, de petits nids en forme de coupe, découverts en dessus et composés, en général, de diverses espèces de matériaux mélangés. Si ensuite on compare nos deux espèces de Moineaux avec certaines espèces de Tisserins à plumage sombre , tels que le Ploce - 'passer 7naliali de Smith, ou Leucoplinjs pileatus de Swain- son, avec le Ploceus superciliosus de Ruppell, avec le Tis¬ serin républicain (Loxia soda de Latham), avec le Plo¬ ceus flavicolle de Sykes, de l’Inde, on trouve entr’eux tant de rapports de coloration que, si on ne savait que ces der¬ niers sont Tisserins par leur nidification , on serait disposé au premier abord à les ranger parmi les Moineaux. Ces rapports de plumage se retrouvent même chez les espèces à couleurs vives, jaunes ou rouges, dont les ailes et la queue sont néanmoins semblables à celles de nos Moineaux, et dont les femelles, ou même les mâles en plumage d’hi¬ ver, ont une livrée sombre, analogue à celle de nos Moi¬ neaux. Quant aux formes, elles offrent les plus grands rapports dans les pattes surtout , et dans le bec. Pour s’en convaincre, il suffît de les comparer avec le 1 \orabêe, le Diochrose , YOryx et le Foudi , et tant d’autres en plumage d’hiver. Du reste, le savant voyageur Smith, qui a exploré si avantageusement pour les sciences naturelles l’Afrique méridionale, n’a donné ce nom générique de Ploce-passer cité plus haut, composé, comme l’on voit, de Ploceus (Tisserin), et de Passer ( Moineau ) , à son Plocepasser ma - TRAVAUX INÉDITS. 317 hali, que, parce que, lorsqu’il le vit pour la première fois perché sur un arbre, il lui trouva tant de rapports de plumage et de manières avec les Moineaux , qu’il fut tenté de le ranger avec eux; mais il en fut détourné par son mode de nidification, conforme à celle de certains Tisse¬ rins ; c’est-à-dire que, vivant en société de 20 à 50 cou¬ ples, ils rapprochent , sur la même branche d’un grand arbre, leurs nids en forme de grosses poires concaves ou¬ verts par le petit bout, et fixés par le gros sur la branche, l’entrée se trouvant alors dirigée obliquement vers le sol. Il résulte donc des observations de ce voyageur, et de l’application que nous croyons pouvoir en faire, que ses Plocepasser mahali et supercilïosus de Ruppell forment le chaînon des Tisserins aux Moineaux, et que nos Moineaux, d’après leurs gros nids sphériques, à entrée latérale sou¬ vent en forme de canal prolongé, et composés de grami¬ nées sèches, réunis souvent plusieurs ensemble sur la même tête de sapin ou derrière la même persienne, d’a¬ près même la couleur de leur plumage, analogue à celui de certains Tisserins, la forme de leurs pattes et de leur bec, ainsi que sa couleur, doivent, selon nous, faire partie de la sous-famille Ploceinœ , et suivre immédiatement le genre Plocepasser du docteur Smith, renfermant des espèces de transition du genre Ploceus à celui de Pyrcfita Cuv. Il y a longtemps que de semblables rapports de nidifi¬ cation nous avaient fait penser que ces beaux Fringillidées d’Afrique, connus sous les noms d 'Oryx, d 'Igmcolor, de Jaunoiv , de Worabée , etc., à plumage vivement coloré de rouge, de jaune et de noir chez le mâle, dans la saison des amours; à plumage analogue à celui des Moineaux, dans toute autre saison et chez la femelle, devaient être rap¬ prochés du groupe des Veuves arundinicoles du même continent, connues sous les noms de Veuves à épaulettes , chrysoptère , laticaude, parée, etc., qui, comme eux, ha¬ bitantes des lieux marécageux sur différents points de l’Afrique, rapprochent leurs nids les uns des autres sur 348 rev. et mag. de zoologie. {Juin 1850.) les mêmes touffes de joncs et de grands roseaux, le com¬ posent des mêmes matériaux, lui donnent la même forme. Mais, lorsque nous eûmes reconnu qu’ils avaient encore pour caractères communs ce beau plumage velouté et coloré du mâle dans la saison des amours, couleur de Moineau dans toute autre saison ; ce bec fort, conique, le plus souvent noir ; ces tarses , ces doigts et ces ongles allongés et grêles d’oiseaux arundinicoles , nous nous dîmes : ces prétendus Fringillidées Oryx, Jaunoir , lgnico- lor , etc., ne sont eux-mêmes que de véritables Veuves de roseaux, comme ces Veuves à épaulettes, chrysoptère , etc., dont ils ne diffèrent que par l’absence de ces longues rec- trices qui forment un surcroît de parure de noces chez ces dernières. Lorsqu’ensuite nous avons comparé les instincts sociaux de nidification des différentes Veuves africaines, dont on peut former deux sections, leurs changements de livrées, la forme et les matériaux de leurs nids, avec ce que nous remarquons chez la plupart des Tisserins , nous avons encore pensé que tous devaient être groupés ensemble dans la même sous-famille. D’après ces rapports multi¬ pliés, et surtout d’après ceux de leur sociabilité et de leur nidification, nous avons vu avec plaisir que M. G. -R. Gray partageait notre opinion, et que, dans son Généra , il réu¬ nissait tous ces oiseaux, sauf les Moineaux , cependant, dans la sous-famille Ploceinœ. Le docteur Ruppell ne pa¬ raît pas la partager; car, dans son dernier ouvrage sur les oiseaux d’Abyssinie (son System. Uebersicht ), il place les Veuves dans les Coccoihrausiinœ , tandis qu’il place les Oryx dans les Ploceinœ. Ce n’est pas sans intention qu’en proposant la réunion des Oryx avec les Veuves nous avons dit avec les Veuves arundinicoles ; il est certain que d’autres oiseaux africains que l’on réunit à celles-ci sous le nom commun de Veuve ( Vidua ), et qui ont de commun avec elles un grand déve¬ loppement de leurs rectrices, en diffèrent essentiellement, TRAVAUX INÉDITS. 5t 9 sous beaucoup d’autres points de vue, comme l’a judicieu¬ sement observé le docteur Smith, dans son Voijacje au Cap , et devraient former, dans ce genre, une section distincte, si môme ils ne devraient pas plutôt en être séparés. « Ainsi , tandis qu’au Cap, dit-il , la Veuve a épauleiies, la Veuve parée (Lesson), la Vilua axillaris (Smith), ont un plumage d’été doux et velouté chez le mâle; qu’elles fré¬ quentent les terrains marécageux, se nourrissent et ni¬ chent au milieu des roseaux et des grands joncs, les Veu¬ ves au collier cl'or à deux brins et dominicaine ne prennent point de plumage velouté au temps des amours; elles fréquentent particulièrement le voisinage des habitations ou des terrains arides plantés de peu d’arbres; et, lors¬ qu’elles s’élèvent du sol, où d’après cela il leur est facile de chercher leur nourriture, elles se perchent , en général, sur les arbres et les buissons. Les espèces du premier groupe ont en outre le bec plus grand, à proportion, et plus allongé que celles du second. » Nous admettons d’autant plus volontiers l’opinion du docteur Smith, que nous avons remarqué, en outre, de¬ puis longtemps que le seul point de contact qui existe entre ces deux groupes ( le grand développement de la queue dans l’été) ne se présente pas chez tous deux avec les mêmes caractères. Ainsi, chez les espèces du groupe arundinicole et à plumage velouté, la queue tout entière éprouve un grand développement , soit que toutes les rec- trices prennent à peu près la même longueur, ou une forme étagée, ou même une forme très-échancrée. Chez les espèces de l’autre groupe, au contraire, la queue reste courte, carrée, et il n’y a que les deux ou les quatre rec- trices médianes qui acquièrent une grande prolongation. Ces dernières espèces, à bec beaucoup plus petit et plus court proportionnellement que celles du premier groupe, en diffèrent sous tant d’autres rapports, qu’elles devraient, selon nous, être retirées du genre Vidua, tandis que les Onjx de Lesson , faisant partie du genre Euplectes de 520 r,EV. et mag. de zoologie. ( Juin 1850.) Swainson, qui ont absolument les mêmes mœurs, le même habitat et la même nidification qu’elles, devraient, dans l’ordre naturel, leur être réunis comme congénères. Un fait vient encore à l’appui de notre opinion. Le doc¬ teur Smith n’ayant pu se procurer qu’un seul individu de sa Vïdua axïllaris , dont la queue était en mue, n’en attribuait la brièveté qu’à ce qu’elle ne faisait que com¬ mencer à repousser ; mais, étant parvenu à nous procurer deux individus de cette nouvelle espèce, bien caractérisée, en beau plumage velouté ou de noce, nous nous sommes convaincus que chez elle la queue est toujours courte, lé¬ gèrement arrondie, absolument semblable à celle de l'O- ryx jaunoir . Cette Yeuve, que le docteur Smith a décou¬ verte sur la côte Est d’Afrique, à sept cent milles du Cap, offre, du reste, la plus grande analogie dans sa coloration avec la Veuve à épaulettes. Toute noire comme elle, elle a, de même, les petites couvertures alaires d’un beau rouge; mais les moyennes sont fauves, au lieu d’être blanches. Elle en diffère par une taille inférieure, et surtout, comme nous l’avons déjà dit, en ce que, dans son plumage de noce, sa queue n'a aucun développement, et que ses ailes n’en ont qu’un peu sensible, mais suffisant pour faire re¬ connaître, d’après la largeur et la forme de ses rémiges, ses rapports intimes avec elle, comme avec toutes les autres Veuves arundinicoles. Cependant , si on n’avait égard qu’à la forme de la queue, cette Vidua axillaris du doc¬ teur Smith deviendrait un Oryx de Lesson ou un Euplec- tes de Swainson . puisqu’au temps des amours cette partie de son plumage ne prend aucun développement analogue à celui des Veuves arundinicoles. Ce n’en est pas moins à nos yeux une véritable Veuve, comme tous les Oryx arun¬ dinicoles à plumage velouté cités ci-dessus. On nous demandera peut-être maintenant quelles espè¬ ces nous laisserons dans le genre Oryx de Lesson , ou Euplectes de Swainson, après en avoir retiré les espèces citées ci-dessus, pour les réunir comme congénères avec TRAVAUX [AUDITS. 521 les Veuves arundinicoles? Nous répondrons à cela qu'une fois cette soustraction opérée, il nous paraît très-difficile de reconnaître, chez les espèces restantes du genre Eu¬ plectes , et indiquées par Swainson, des caractères suffi¬ samment distincts pour les séparer du genre Tisserin ; car ceux indiqués par Swainson , et qui convenaient bien aux Oryx qui en faisaient partie, et que nous en retirons, ne conviennent plus de même à celles qu’il y admettait en¬ core, telles que son Euplectes sanguiniroslris, ou le Divik ois. chant., pl. 22; — son Eupl. rubra , ou le Foudi de Madagascar; — son Eupl. lepidus , ou le Républicain, Loxia socia; — son Eupl. philippensis , ou Loxia philip- pina ; — son Eupl. flaviceps ; — son Eupl. eryilirocepha - lus, cités dans sa Classification of birds , part. 2 et 5.. A propos de ce dernier, il dit, part. 5 de sa Classifica¬ tion, n° 90 : « Je ne sais si je dois faire de cet oiseau un Ploceus ou un Euplectes. En ne considérant que la forme du bec, des ailes et des pattes, il va décidément mieux avec les Ploceus; mais, sous le rapport de la taille, des habitudes et du mode de coloration, il ressemble au Foudi, son compatriote,, qui est un véritable Euplectes. » Ces deux oiseaux, habitants l'un et l’autre, comme on sait, de l’île Maurice, et qui ont même été souvent confon¬ dus par divers auteurs en une seule espèce, sous le nom de Foudi, nous paraissent ne devoir réellement être dis¬ tingués que comme espèces et non comme genres, comme le faisait Swainson; car nous trouvons chez eux même taille, même coloration rouge et olive, même genre de plumage et même nidification arundinicole, comme on peut le voir par les figures que nous donnons ci-jointes de leurs nids. La seule différence entr’eux existe donc dans la forme du bec, conique chez le Foudi (Ploceus Madagas- cariensis), longicône chez le Ploceus erythrocephalus. Cette seule différence nous paraît d’autant moins importante ici, que Swainson, décrivant, dans sa Classification of birds , part, o, n° 89, sous le nom (['Euplectes lepidus , le 2e série, t. ii. Année 18o0. 21 522 rev. et mag. de zoologie. ( Juin 1850.) Tisserin républicain, aujourd’hui Plnletœrus tepidus , met en note : «Je ne vois rien dans la construction de cet oi¬ seau qui s’oppose à ce qu’on doive le considérer comme espèce typique dans le genre Euplecies , qui n’est lui-même qu’un sous-genre, et dont presque toutes les espèces con- nues varient plus ou moins dans la dimension et la forme du bec, mais jamais dans celles des ailes et des pattes. Ici, nous ne partageons pas l’opinion de ce savant, et nous trouvons que, si toutes les espèces qu’il plaçait dans son genr e Euplectes. une fois que les Oryx en sont retirés, ne présentent pas toujours un bec plus court que la lête, comme il l’indiquait d’abord dans sa caractéristique, et comme il l’a reconnu depuis, il en est de même pour les caractères qu’il tirait de la longueur relative des premières rémiges entr’elles, et qui varient de même d'une espèce à une autre.;’ et je ne vois pas sur quoi il se fondait pour retirer du genre Ploceus , et le mettre dans celui d'Euplec - tes , le Tisserin loucnam courvi ( Loxia philippine), qui, à nos yeux, réunit tous les caractères d’un vrai Tisserin, et dont la nidification arboréale, si particulière et bien con¬ nue, n’offre pas de rapports avec ces Oryx arundinicoles près desquels il le plaçait. Il en est de même de son Eu- plectes ficiviceps , espèce également indienne et voisine de la précédente, mais à bec plus fort et plus allongé. Il nous semble donc qu’après avoir retiré du genre Eu¬ plecies de Swainson les espèces qui formaient celui d 'Oryx de Lesson pour les réunir aux Veuves arundinicoles, dont elles ne sont qu’une section à queue de longueur ordi¬ naire, ce genre Euplectes ne peut plus être conservé, pas plus que celui d 'Oryx. Nous sommes donc loin d’admettre toutes les subdivi¬ sions de la sous-famille Ploceinœ , du Généra de M. G. -R. Gray, qui, après le genre Textor de Temminck, ayant pour type son Texior al cio, pl. color., substitue à celui de Ploceus (Cuvier) celui d'Hyphantornis , se fondant sur ce que ce premier nom a été appliqué par son auteur TRAVAUX INÉDITS. 525 ( Cuvier) à d’autres espèces de la même sous-famille, aux¬ quelles il le rend plus loin, toutefois, en en faisant un genre particulier. Mais ce prétendu motif, indiqué par M. Gray, est basé sur une erreur; car Cuvier, après avoir formé son genre Ploceus (Tisserin), y range indifférem¬ ment les Tisserins connus des divers continents d’Asie et d’Afrique, les Malimbes de Vieillot, et entr’autres cet Oriolus textor de Gmelin , ou Cap-more de Buffon , dont M. Gray fait le type de son genre Hypliantornis, ce qui est en contradiction avec ce qu’il dit de son motif de la créa¬ tion d 'Hyphantornis. 11 admet ensuite le genre Sycobiits ou Malimbus de Vieillot ; mais ce dernier auteur avait re¬ noncé depuis longtemps à ce prétendu genre, et annon¬ çait, en 1817, dans le Nouv. dict. d’hist. nat., art. Ma - limbe , qu’ayant reconnu que les caractères qu’il avait précédemment assignés à ce genre ne pouvaient s’appli¬ quer qu’à quelques-unes des espèces qu’il y avait rangées, il le remplaçait alors par celui de Ploceus (Tisserin). Les espèces pour lesquelles M. Gray réserve le nom gé¬ nérique de Ploceus (Guy.) sont, selon lui , les mêmes que celles que M. Lesson désignait par te nomd’0/ÿ.r; le prince de Canino , par celui de Pyromenala ; et M. Swainson, par celui d'Euplectes. Mais cette application du genre de Cu¬ vier à ces espèces seulement, n’était nullement dans ses intentions, puisqu’il y plaçait le Ploceus textor , véritable Tisserin , et autres. M. Gray admet le genre Philetœrus de M, Smith pour le Tisserin républicain (Loxia socia), tandis que Swainson le mettait dans ses Eujdecies. Il admet encore le genre Ni- grita Strickland, fondé sur une espèce de l’Afrique occi¬ dentale, à laquelle M. Fraser en a réuni une seconde. Il admet le genre Plocepasser de Smith , fondé sur deux espèces voisines des Moineaux par leur coloration. Quant au genre Vidua , qu’il place dans cette sous-fa¬ mille Ploceinœ , nous sommes entièrement d’accord avec lui en cela, car nous avons toujours pensé que, parmi les 524 rev. et mag. de zoologie. {Juin 1850.) espèces désignées sous ce nom de V'ulua, celles que nous appelons arundinicoles , d’après leurs mœurs sociables, leur nidification en communauté dans les roseaux, de¬ vaient être groupées avec les Tisserins ; mais nous pensons, comme le docteur Smith , qu’il est indispensable d’établir dans ce genre deux subdivisions : la première, que nous proposons de nommer Veuves de roseaux ou arundinicoles ( Yiduæ arundinicolæ), renfermant les Oryx de Lesson ; la seconde, que nous appellerons Veuves arboricoles (Viduæ arboricolæ), dont les mœurs sont si différentes des pre¬ mières qu’on pourrait les regarder plutôt comme des es¬ pèces d 'Astrildes à queue prolongée que comme des Veuves avec lesquelles elles n’ont de commun que des rémiges assez développées, des secondaires ainsi que des sus-cau¬ dales prolongées, et quelques rectrices très-développées. On pourrait les désigner par le nom de Videsirelda. Quant au genre Cliera, que M. Gray admet pour la Veuve à épaulettes seulement , basé seulement sur la grande longueur des ailes de cet oiseau, nous pensons que ce seul caractère est insuffisant comme caractère générique , la plupart des autres Veuves, d’ailleurs, ayant sinon ce grand développement, mais y montrant au moins une disposi¬ tion, soit dans la largeur de leurs rémiges primaires et la longueur et largeur des secondaires. D’après nos observations sur les genres à adopter ou à retrancher dans cette sous-famille Ploceinæ, nous la com¬ poserions de la manière suivante : 4°. Genre Textor (Tem.). T . alecto, col. 446. — T. ery- throrhynclius (Smith). — T. dinemelli Horsf. Ruppel, Syst, uebers, pl. 50. 2°. G. Ploceüs (Cuv.). P. textor Gmel. — P. aurifrons, col, 175.— -P. pliilippinus V. Die., 54, p. 131. — P. mêla - notis Lafr., Mag. zool.,1859, p!. 7. — P. crïstatus Vieillot, Ois. chant., pl. 42. — P. MadacjascariensU Gmel. — P. erylliroceplialus Lat. — P. quelea V. Dict., 12, p. 254, etc. . 5°. G. Plocepasser (Smith). P. mahali Smith, ill. S. TRAVAUX INÉDITS. 525 Afr. zool., pl. 65. — P. superciliosus Rupp., Zool. att.,pl. -15. — P. socius. 4°. G. Passer (Brisson. — Pyrgita Cuv.). P. domesii - eus L. — P. montanus Gmel, — P. italicus. — P. hispa~ niolensis. — - P. flavicollis Franklin. Espèces à longue queue. 5°. G. Vidua (Cuv.). F. longicauda L. enl., 655. — V. macroura Gmel. — F. macrocerca Licht. — F. lenocinia Lesson. — F. lalicauda Licht. Espèces à courte queue. F. orijx Gmel. — F. axillaris Smith. — F. capensis Gmel. — F. ignicolor Vieillot, Ois chant., 59. — F. flam - miceps Swainson. 6°. G. Videstrelda (Lafr.). F. paradisea L. — F. sere- na L. — F. superciliosa L. — F, régi a L. Parmi les Tisserins à plumage coloré de rouge dans la saison des amours, mais non velouté, comme celui des Veuves, il existe deux espèces habitantes de Pîle Maurice, et qui offrent assez de rapports de taille et de coloration entr’elles pour avoir été souvent confondues. L’une est connue sous le nom de Foudi , Ploceus Madagascariensis ; l’autre, sous celui de la Cardelïne , Ploceus erythrocephalus. La première, dans son plumage de noce, est presque entièrement rouge , sauf les ailes et la queue , dont les plumes sont noirâtres, bordées d’olive et de jaunâtre. Une tache noire enveloppe l’œil de chaque côté, et des flam- mettes de même couleur se détachent sur le rouge du haut du dos. Son bec, qui est de la grosseur et de la forme de celui de notre Moineau, est également noir, mais plus ré¬ gulièrement conique. Il habite et niche à l’île Maurice , comme l’indique la planche ci-jointe, gravée d’après le nid même rapporté de Maurice. Ce nid est de forme sphé- roïdale ovalaire, avec l’entrée latérale, et paraît unique¬ ment composé de tiges de graminées très-déliées ( voyez 326 rev. et mag. de zoologie. {Juin 1850.) pi. 5)s Celui qui a été communiqué à M. Guérin-Méneville était construit dans un rameau de canellier. La seconde espèce, laCardcline Vieillot, P/oceus erythro- cephalus Gmel, est de la taille de l’espèce précédé te. Elle est, en dessus, d’un olive un peu rembruni sur le dos par des flammèches noirâtres peu prononcées ; le dessous, plus clair, est d’un olive jaunâtre. La tête et le cou en en¬ tier, ainsi que la poitrine et les couvertures supérieures de la queue, sont d’un rouge éclatant. Le bec, qui est noir comme celui du Foudi , est de forme plus grêle, plus al¬ longée, longicône enfin, au lieu d’être régulièrement conique. Ses pattes paraissent avoir été rougeâtres. Son nid semble avoir de grands rapports avec celui du Foudi, quant à sa forme et aux matériaux dont il est construit; il en diffère toutefois en ce que l’entrée latérale est à une des extrémités du spéroïde ovale, et est protégée par une sorte de saillie supérieure. (Voyez pl. 6. ) M. Marchai, qui avait rapporté de Maurice ces nids, ainsi qu’une collection d’oiseaux particuliers à cette île, comptait en faire quelques publications dans la Picvue zooiogique ; sa mort inattendue l'en a empêché. Il n'a iaissé, en mourant , aucun manuscrit, et ses nids ont été vendus avec les oiseaux. Mais M. Guérin-Méneville, qui avait déjà dessiné ces nids du vivant de M. Marchai, en a fait faire des gravures pour la Revue; dè mon côté j’ai retrouvé, chez un marchand, quelques-uns de ces oiseaux, et en- tr’autres les deux oiseaux fabricateurs de ces nids, ce qui m’a engagé à publier cet article. Catalogue des Carabiques recueillis par M. Bocandé dans la Guinée portugaise, avec la description sommaire des espèces nouvelles ; par M. de Laferté-Sénectère (Suite. Voy, 4 850, p. 236). Pheropsophus tenuicoslis. — Cette espèce est nouvelle, au moins pour la collection Dejean. La couleur jaune du TRAVAUX INÉDITS. 527 corselet et de la tôte la distingue assez facilement de la pré¬ cédente; mais, en outre, unecomparaison attentive fait dé¬ couvrir une différence constante dans la longueur du corse¬ let. Toujours celui du tenuicostis se reconnaît à une forme plus allongée, plus parallèle, moins sinuée en approchant de la base. Sans cette différence, il serait impossible de classer les individus de ces espèces, qui ont séjourné dans l’alcool , cette liqueur ayant pour effet d’altérer la couleur rouge ou jaune des corselets, et de les confondre tous dans une teinte uniforme d’un brun sale. Les élytres offrent aussi quelques différences, mais peu constantes. Dans la plupart des individus, elles sont moins parallèles et sensi¬ blement rétrécies antérieurement; dans la plupart aussi elles se distinguent par la finesse des côtes, qui sont en même temps plus lisses et plus en relief; mais, je le ré¬ pète, ces caractères ne sont pas assez constants pour diffé¬ rencier avec certitude deux espèces aussi voisines. Le tenuicostis ne varie pas moins que le Liiigiosus. Voici comment on peut classer ses nombreuses variétés: A. Corselet jaune, ayant une petite tache au milieu du bord antérieur ; à la base un triangle noir très surbaissé, dont la base s’appuie sur celle du corselet ; les élytres plus ou moins frangées de jaune à l’extrémité, surtout sur les côtés. B . Corselet comme dans A; les élytres entièrement noires à l’extrémité. G. Corselet ayant antérieurement et postérieurement une bordure noire. Elytres ayant à l’extrémité une bor¬ dure jaune qui remonte même un peu le long de la su¬ ture. D. Corselet comme C. Elytres presque entièrement noires à l’extrémité. E. Semblable à D , mais la bande du milieu des élytres très-étroite et n’atteignant pas le bord latéral, qui reste néanmoins jaune. Nous signalerons une anomalie particulière à cette es- 528 rey. et mag. de zoologie. ( Juin 1850. ; pèce : c’est que le plus grand nombre des individus nous ayant paru aptères, il y en a néanmoins trois dont les élytres, légèrement déhiscentes, nous ont laissé apercevoir très-distinctement des ailes blanches. De ces trois individus deux sont des mâles, le troisième est une femelle, ce qui exclut toute considération de sexe. On chercherait vaine¬ ment à distinguer spécifiquement ces trois individus des autres. La comparaison la plus minutieuse ne permet pas de les en séparer. — Taille très-variable : Long, de \ 2 à 1 8 mill. ; larg. de 4 \ 12 à 6 mill. \ 12. Nous devons ajouter qu’il n’est pas facile de distinguer certains individus de notre espèce de certains individus du Brachinus parallelus Dej., espèce du Sénégal qui ne figure pas dans les récoltes de M. Bocandé. Généralement le B.pa - validas est plus parallèle, plus petit de taille; les côtes de ses élytres sont moins fixes; la bande jaune du milieu est plus large et forme quelquefois une tache arrondie ; enfin les élytres sont constamment terminées par une bande jaune assez large; mais la différence la plus sérieuse est dans la forme du corselet, qui est, chez le B. parallelus , plus court, plus convexe, visiblement bisinué sur les cô¬ tés, et nullement taché de noir. Pli. marcfinatus (Dej., 4, 509). — En n’ayant égard qu’à la coloration , nous avions considéré comme espèce nou¬ velle certains individus remarquables par la largeur des côtes des élytres, largeur telle, que la côte est ordinaire¬ ment aussi large que la strie, et nous avions appelé cette espèce lalicosiis, nom sous lequel elle a été répandue dans quelques collections; arrivés à la décrire, nous avons re¬ connu qu’elle n’était qu’une variété du Bracliimis marçjï- naïus Dej. La largeur des côles des élytres, caractère que l’auteur du Specics a passé sous silence, suffit pour faire reconnaîlre cette espèce. Nous nous bornerons donc à en indiquer ici les principales variétés. A. Type de la description du SpecAes : Corselet jaune, bordé de noir antérieurement et postérieurement; élytres TRAVAUX INÉDITS. 529 entièrement bordées d’un jaune testacé; la bordure re¬ montant un peu à l’extrémité le long de la suture. B. Les bordures noires du corselet s’élargissent en forme de triangles opposés au sommet, et les sommets, prolongés en pointe le long de la ligne médiane, ont une tendance à se réunir. La bordure jaune de l’extrémité ne remonte pas le long de la suture. Cette variété et la pré¬ cédente n’ont pas été récoltées par M. Bocandé. C. Les bordures noires du corselet, réunies le long de la ligne médiane; l’extrémité des ély très simplement fran¬ gée de jaune, c’est-à-dire que les côtes seules sont jaunes et les intervalles noirâtres. TJ. Corselet comme dans C ; ély très faiblement frangées et n'ayant, au lieu de bande, que deux petites taches oblongues, l’une sur la cinquième, l’autre sur la huitième côte. E. Corselet comme dans C ; élytres sans vestige de bande au milieu; la tache humérale et la bordure laté¬ rale s’aperçoivent encore, bien que le séjour dans l’alcool ait fait tourner au brun foncé toutes les parties jaunes de notre exemplaire. — Long. \o à 4 8 mill. ; larg. 5 1/2 à 7 mill.. » Pli. impressicollis. — Nous établissons cette espèce sur trois individus de taille moyenne et identiquement sem¬ blables. Les élytres n’offrent rien de remarquable : elles ont la forme antérieurement atténuée du tenuicostis; elles présentent, outre la tache humérale et la bande du mi¬ lieu, une bordure jaune complète, comme le marcjïnciius. La tête, les antennes, le corselet et les pattes sont d’un jaune testacé peu foncé, sans apparence de tache noire. Le corselet seul offre des caractères spécifiques importants. Il est fortement oblong, fortement bisinué sur les côtés, sensiblement rétréci a un mill. environ de la base. La ligne médiane n’est pas très-profonde; mais on aperçoit distinctement de chaque côté une impression longitudinale rendue plus sensible par l’exhaussement du bord latéral. 550 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Juin 1850.) Cette forme de corselet, qui n’existe dans aucune des es¬ pèces que nous venons de passer en revue, donne un moyen assez certain de reconnaître celle que nous décrivons. — Long. 16 mill. ; larg. 6 mill. Brachinus conneetus (Dej., 5, 417). Brachinus cjuadrimaculalus (Dej., 5, 421). Brachinus ciulicus (Dej., 5, 422). Ces trois espèces n’offrent aucune différence avec les types que nous possédons dans la collection Dejean. Brachinus exilis. — Cette très-petite espèce, que nous croyons nouvelle, est entièrement d’un jaune pâle, à l’ex¬ ception des élytres, qui sont probablement bleues à l’état normal, mais qui sont d'un gris pâle et sale dans les deux exemplaires que nous possédons. La forme de cet insecte est courte et trapue, comme celle du B. aulicus, seule es¬ pèce dont on puisse le rapprocher. Les antennes ont le premier article jaune et le reste noirâtre. La tête n’offre rien de remarquable. Le corselet est fortement cordi- forme , très-diiaté antérieurement, très-resserré vers sa base, et sa longueur n’excède pas sa plus grande largeur. Les élytres sont peu allongées, une fois et demie seule¬ ment aussi longues que larges, légèrement arrondies sur les côtés, coupées carrément à l’extrémité, ornées de deux taches jaunâtres, l’une oblongue derrière l'épaule, l’autre arrondie près de l’angle postérieur externe. Le dessous du corps et les pattes sont entièrement d’un jaune très-pâle, sans apparence de tache noire. — Long. 4, 7 à 5 1/2 mill. ; larg. 2, 5 à 2, 6 mill. Catascopns Westermanni (Dej., Cat., p. 15. — Cette belle espèce, que M. Dejean n’a reçu de M. Westermann que postérieurement à l’impression du Species , est d’un quart environ plus grande que le C. Senegalensis. La tête n’offre pas de différence sensible. Le corselet est un peu plus long et plus convexe; le sillon antérieur et la ligne médiane plus profonds; la sinuosité des côtés plus arron¬ die et nullement anguleuse. (Dans le C. Senegalensis , les TRAVAUX INÉDITS. 551 côtés présentent, aux deux tiers de la longueur, à partir de la base, un angle assez marqué, au sommet duquel se trouve constamment implanté un long poil. Ce caractère, qui est invariable, n’a pas été observé par M. Dejean, et mérite d’être signalé.) Les élj très diffèrent plus encore. Elles se font remarquer par l’élévation et le relief de toutes les côtes; la ponctuation des stries, très-profonde à partir de la quatrième, est peu sensible dans la partie antérieure des trois premières, et s’oblitère entièrement vers leur ex¬ trémité. On distingue trois points enfoncés sur la troisième côte, un en avant, un au milieu , et le troisième vers l’ex¬ trémité La coloration des ély très varie du vert au bleu comme dans le Senegalensis , mais paraît plus ordinaire¬ ment verte, tandis que celle du Senegalensis est plus ordi¬ nairement bleue. En dessous, le corselet et la poitrine sont d’un vert foncé et l’abdomen noir. Les cuisses sont ferrugineuses, avec les jambes et les tarses noirâtres comme les antennes. — Long. 15 mill.; larg. 4 mill. t/2. Caiascopus rufipes (Gory, Ann. Soc. Ent. de France, t. 11, p. 201. — C. affinis Dej., Cat, p. 15). — La descrip¬ tion de M. Gory convient très bien à l’espèce que M. De¬ jean avait appelée affinis, et que M. Bocandé a recueillie en abondance à la Guinée portugaise ; seulement nous ne remarquons pas à l’extrémité de l’abdomen la teinte rouge dont parle la description. Dans les individus que nous pos¬ sédons, l’abdomen est entièrement noir. Anlhia nemrod (Fab, Syst. El, 1 , p. 222, n° 9. — Dej., 1, 245). Anthia sulcata (Fab., Syst. EL, 1, p. 222. n° 6. — Dej., 1, 545). Siagona brunnipes (Dej., 1, 560). Siagona Senegalensis (Dej., 5, 476 ). Scan tes Feisthamelii ( Buquet, inédit). “Ce Scarite, extrêmement remarquable, appartient, par la forme des jambes intermédiaires, à la seconde division du Species , et par sa taille et son faciès, à la première. Il est donc im- 552 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Juïll 1850.) possible de le confondre ni avec les uns ni avec les autres. Son faciès le rapproche de certaines grandes espèces à ély- tres parallèles, telles que le Senegalensis Dej., VE urytus Fisch et Y lmpressicollis Zoubkoff (ces deux derniers non décrits dans le Species) ; mais il s’en distingue non-seule¬ ment par la forme des jambes intermédiaires, qui n’ont qu’une épine, mais encore par la forme courte et semi- circulaire du corselet, qui rappelle celui du Sc. pyracmon. Les mandibules, peu arquées, varient beaucoup de lon¬ gueur, et offrent, à leur côté interne, trois à quatre den¬ telures peu distinctes. La tête est très-large, très-plate, et présente antérieurement deux impressions obliques qui divergent en se dirigeant vers la base des mandibules Les yeux, très- saillants, sont protégés postérieurement par une forte protubérance terminée en pointe. Le corselet, très-court et très-plat , en forme de demi-lune, est coupé presque carrément à la base, et se fait remarquer par la forme très-arrondie des angles antérieurs. Les élytres sont relativement un peu moins longues que celles du Senega - lensis , subparallèles, subovalaires postérieurement, re¬ marquablement plates, avec le bord latéral fortement di¬ laté. Des deux individus que je possède, l’un a des stries distinctement gravées, et même un peu pointillées; dans l’autre, les stries ne s’aperçoivent qu’à la loupe. Ce dernier présente, sur la troisième strie, trois points enfoncés très- apparents et régulièrement disposés ; ces points, sur l’autre individu, sont placés irrégulièrement et n’occupent pas sur une élytre la même position que sur l’autre. — Long, (y compris les mandibules) de 54 à 40 milf. ; larg. de 9 à 41 mill. Cette belle espèce a été abondamment récoltée par M. Bocandé. ScarUes Senegalensis (Dej., 1, 586). — Les individus de M, Bocandé sont beaucoup moins grands que ceux de la collection Dejean; ils n’ont pas plus de 50 mill. de lon¬ gueur, tandis que le type décrit en a près de 40. ( La suite prochainement. ) SOCIÉTÉS SAVANTES. P9 00 o II. SOCIÉTÉS SAVANTES. % Académie des Sciences de Paris. Stance clu 5 Juin -1850. — M. Serres lit un Rapport sur les races nègres de l'Afrique orientale au sud de i Equateur, observées par M. de Froberville. (Voir Rev. et Mag. de \ 849, page 87.) Après un exposé de principes généraux d’an¬ thropologie, destiné surtout à faire ressortir l’unité de l’es¬ pèce humaine, queM. de Froberville déduit de ses observa¬ tions, le savant rapporteur termine en faisant remarquer : «4° Que la gradation ou la dégradation des caractères physiques des Oslro-Nègres justifie en tous points les cou¬ pes que l’auteur a établies; 2° que parmi ces caractères le prognatisme de la face, l’épaisseur et la saillie des lèvres, la disposition laineuse ou crépue des cheveux, les nuances de la coloration de la peau, sont ceux qui l’ont particu¬ lièrement et heureusement dirigé dans ses divisions; 5° qu’en ce qui concerne le prognatisme des maxillaires et la disposition des lèvres en forme de boudin, on les voit gra¬ duellement diminuer des Congo-Giïméens aux Nègres Océa¬ niens , de ceux-ci aux Cafres Béchuanes , et enfin rentrer, chez les métis sémitiques, dans les conditions physiques où on les observe dans certains rameaux de la race cauca- sique ; 4° que le balancement de ces caractères, si impor tants dans l’étude des races humaines, se détache nette¬ ment de la comparaison des bustes exécutés par M. de Froberville, et mieux encore des figures qui en ont été prises au daguerréotype par M. le docteur Jacquart; 5° que la présence d’un type uniformément disséminé parmi les tribus nègres, répandues du sud de l’équateur au golfe de Mozambique, ayant de très-grands rapports avec le type sémitique, est un fait anthropologique du plus haut inté¬ rêt; 6° que cet intérêt est indépendant de l’origine phéni¬ cienne que lui attribue M. de Froberville : nous ajoutons même que, malgré les raisons puisées par l’auteur dans 334 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Juin 1850.) l’ethnologie, la géographie et l’histoire ancienne, cette opinion n’est encore, selon nous, qu’une hypothèse; 7° que la répétition d’un type nègre océanien par un des groupes de l’Afrique orientale est également un résultat des plus curieux pour la filiation des races, malgré le dés¬ accord qui existe à ce sujet entre l’ethnologie et l’anthro¬ pologie; 8° enfin, que de l’analyse et de la comparaison des caractères physiques des groupes des Ostro-Nègres se détache nettement la conclusion principale de l’auteur; savoir : que plus on étudie sous le point de vue d’ensemble « les races Congo-Guhiéeiwes , Cafro-Béchuanes et Ostro - « Nègres , plus l’unité d’origine de l’homme se dégage et « se constitue scientifiquement. » — M. Coste communique un travail sur la détermina¬ tion précise du lieu où s opère la fécondation chez les Verté¬ brés supérieurs. L’auteur rappelle d’abord l’opinion géné¬ ralement admise sur cette question, et en vertu de la¬ quelle la fécondation pourrait s’opérer partout où le fluide séminal rencontrerait l’œuf dans son trajet le long de l’o- viducte, et jusque dans la matrice Cette vérité est incon¬ testable, si l’œuf reste pur de toute altération pendant cette période. Mais M. Coste , en ouvrant de nombreuses femelles d’Oiseaux et de Mammifères, maintenues loin du mâle et tuées dix ou douze heures après la chute sponta¬ née de leurs œufs dans le pavillon, s’est assuré qu’à cette époque la décomposition organique de la.cicatricule ou du vitellus était évidente et incompatible avec toute idée de fécondation. 11 en conclut que, chez ces animaux, la fécon¬ dation ne peut avoir lieu qu’au-dessus du point où il observe les ovules à cet état; c’est-à-dire dans l'ovaire, le pavillon et peut être aussi le tiers supérieur de l’ovi- ducte. Cette conclusion paraît une très-légitime consé¬ quence de ces importantes observations. — Le même professeur lit une autre Note sur Y origine de la cicatricule ou du germe chez les Poissons osseux. La ci- catricule, chez les Poissons osseux , se forme, selon l’au- SOCIÉTÉS SAVANTES. 535 leur, par un mécanisme particulier à ce groupe. Cette partie de l’œuf qui, avant la fécondation, est, chez les Oiseaux et les Reptiles écailleux, toute formée et distincte du vitellus, qui, chez les Mammifères et la plupart des In¬ vertébrés , est représentée par le vitellus tout entier , n’existe pas, à cette époque, chez les Poissons osseux. Ses éléments, épars dans le vitellus jusqu’à la fécondation, se réunissent alors vers une région de la surface, en un disque granuleux où doit s’opérer la segmentation. Alors seule¬ ment aussi l’œuf des Poissons osseux est comparable à ce¬ lui des Oiseaux, et présente une cicatricule et une matière tenant de l’huile en suspension, analogue au jauue de ces Vertébrés. Avant la fécondation, au contraire, ce même œuf ressemble à l’ovule des Mammifères. C’est donc une sorte de type intermédiaire entre ces deux classes. — M. Ci. Bernard communique une Note sur une nou¬ velle espèce d'anastomoses vasculaires. Il s’agit de vaisseaux anastomotiques ayant pour usage de faire communiquer directement le système veineux abdominal de la veine- porte avec le système veineux général. Iis naissent de la veine-porte, et se subdivisent en se dirigeant vers la veine- cave inférieure. Arrivés sur la paroi de ce vaisseau, ils semblent former un réseau de vasa vasorum , mais réelle¬ ment beaucoup de ces rameaux s’enfoncent brusquement pour communiquer avec la cavité de la veine-cave infé¬ rieure. L’auteur en donne une description soignée dans le cheval, et essaie de fournir une explication physiologique de ce fait anatomique. Il annonce d'ailleurs que ces vais¬ seaux existent chez l'homme et chez d’autres Mammifères. L’appareil pulmonaire lui a présenté une disposition ana¬ logue qu’il fera connaître plus tard. Séance du 10 Juin. — M. de Gasparin lit une Réponse à des remarques faites par M. Magendie sur une Note con¬ cernant le régime alimentaire des mineurs belges , lue dans la seance du 8 Avril 1 850. L’Académie a procédé à la nomination d’un candidat 536 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Juiïl 1850.) ' pour la^chaire d’Anatomie comparée, vacante par suite du décès de M. de Blainville, au Muséum d’Histoire naturelle. La section présentait M. Duvernoy et M. Slrauss-Durkeim. M. Duvernoy , dont le nom est à jamais attaché à la grande œuvre de G. Cuvier, Y Anatomie comparée, M. Duvernoy , nommé à l’unanimité comme candidat à cette même chaire par les professeurs du Muséum, a été désigné pour candi¬ dat de l’Académie par 59 suffrages sur 40 votes exprimés et 4t votants. — M. A. d'Abbadie adresse une Note explicative sur l'usage du café en Arabie et en Abyssinie. Cette Note est relative à une communication récente de M. de Gasparïn (Voir Rev. et Mag*de zool., \ 850, page 246), et donne des détails sur des faits invoqués par le savant académicien au sujet du rôle que joue le café dans l’alimentation des Arabes. — M. G. Mortillet adresse de Genève une Note sur les modifications gu a subies la Faune de ce pays , en ce gui con¬ cerne les Mollusgues terrestres , depuis l’époque où s’est dé¬ posé un tuf qui, dans la commune d’Etrembière, au pied du petit Salève, repose immédiatement sur la formation diluvienne. Dans ce tuf ancien, l’auteur a trouvé 27 es¬ pèces encore vivantes dans le pays. L 'Hélix frulicum, rare dans ce tuf, est devenu depuis très-commun, tandis que YH. arbustorum a subi une modification inverse. Des es¬ pèces actuelles du pays ne se trouvent pas dans ce même tuf; ainsi Y H. pomalia et YH. nemoralis. Séance du 1 7 Juin. — M. Coste communique des expé¬ riences sur le nombre de pontes fécondes chez les femelles d'oiseaux gue Y on sépare du mâle après l'accouplement. L’o¬ pinion généralement reçue, mise en avant jadis par Fabri- cius d’Aquapendente, et adoptée, après lui, par les plus illustres physiologistes, c’est que la poule peut, après un ou plusieurs accouplements, être séparée du mâle sans cesser d’être féconde pendant un temps très-considérable. Des expériences précises, entreprises depuis quelques an- * ♦ SOCIÉTÉS SAVANTES. 557 nées sur la Poule et !a Canne , ont donné à M. Caste un résultat bien différent. La fécondation ne s’exécute que sur les œufs Ses plus développés de l’ovaire, et il n’y en a que 5, (5 ou 7 qui se trouvent en meme temps dans cet état ; de sorte que pour les pondeuses régulières, dans nos pays, là stérilité arrive au bout de 1 4 jours au plus, après la séparation du mâle. Voici d’ailleurs les conclusions don¬ nées par l’auteur : « -1°. Les poules ou les femelles de ca¬ nard que l’on sépare du mâle après l’accouplement ne pondent, le plus ordinairement, que 5 œufs féconds, ra¬ rement 6, et plus rarement 7. 2°. A l’époque où les pontes ont lieu régulièrement tous les deux jours, ou deux fois en trois jours, tous les œufs féconds, dont le nombre ne dépasse jamais le chiffre que je viens d’indiquer, sont pondus dans un laps de temps qui varie du dixième au quinzième jour, et très-exceptionnellement au dix-sep¬ tième. Au-delà de ce terme, l’action du mâle est complè¬ tement effacée. 5°. Quelque fréquent que soit l’accouple¬ ment, le nombre d’œufs féconds qui en résulte n’en est jamais augmenté, et j’ai vu une poule, séparée du mâle après un seul rapprochement, recevoir une influence aussi durable qu’une autre poule qui avait été cochée onze fois dans la même journée. 4°. L’influence du mâle ne s’exerce que sur les œufs ovariens déjà colorés en jaune intense, et dont le volume peut varier de 15 à 55 millimètres ; colo¬ ration et volume qui sont des signes appréciables de la maturation, c’est-à-dire de leur aptitude à la fécondation. D’où il suit que, s’il n’y a jamais qu’un certain nombre d’œufs fécondés à la fois, cela ne tient pas à ce que l’ac¬ tion de la semence est limitée, mais à ce qu’il n’y a de préparés à la recevoir que ceux qui se trouvent dans les conditions que je viens d’indiquer. Ces propositions con¬ duisent à une dernière conséquence, qui me paraît avoir une certaine importance pour i’économie agricole; car, à une époque où l’on veut appliquer l’incubation artificielle à l’éclosion des œufs, et en faire une branche d’industrie, 2e série, t. h. Année 1850. 22 558 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( J MU 1850.) il est nécessaire de savoir quel est le nombre de poules qu’un seul coq peut entretenir à l’état de fécondation con¬ tinue, afin d’éviter toutes les chances de pertes. » Séance du 24 Juin. — M. M 'due- Edwards présente, au nom de M. le prince de Canino, la première partie d’un ouvrage ayant pour titre : Conspectus generum aviüm. — M. Al. d’Orbigny lit des Recherches zoologiques sur la marche successive de C animalisation à la surface du globe, depuis les temps zoologiques les plus anciens jusqu à l'époque actuelle. L’auteur s’est proposé de dresser un état des ani¬ maux fossiles aujourd’hui connus, c’est-à-dire de 24,000 espèces se rapportant à 1,600 genres. Dans une première notice, il traite de Y instant d' apparition des ordres d'ani¬ maux, comparés à leur nombre respectif dans les âges du monde, et arrive à conclure que « les ordres sont d’autant plus nombreux à mesure qu’on s’approche de notre épo¬ que. » Une seconde Notice a pour titre : Périodes crois- santes et décroissantes, dans les âges du monde , des ordres cl'animaux, comparés à l'embranchement auquel ils appar¬ tiennent. Ici, après un assez long exposé des faits, M. Al. d'Orbigny arrive à conclure que, « suivant le nombre des ordres, la majorité serait encore dans la voie croissante, tandis que, suivant la valeur des caractères physiologiques comparés à l’âge, tous ces résultats numériques disparais¬ sent pour faire place à la démonstration la plus certaine du non-perfectionnement succëssif des êtres. » M. A. de Quatrefages lit des Recherches expérimen¬ tales sur les spermatozoïdes et les œufs des Herm lies et des Tarets. L’auteur s’est proposé de reprendre sur des ani¬ maux marins, en précisant la limite d’action des agents employés, et en multipliant ces agents, les expériences de Spalianzani, Prévost, Dumas et quelques autres, sur les fécondations artificielles et sur l’action des diverses sub¬ stances relativement aux spermatozoïdes et aux œufs. Après de nombreuses expériences dont M. de Quatrefages SOCIÉTÉS SAVANTES. 359 signale les résultats, il a pu établir les propositions sui¬ vantes : « 1°. Les spermatozoïdes des Hermelles supportent beau¬ coup mieux, et dans des limites beaucoup plus étendues, une variation en moins qu’une variation en plus des prin¬ cipes salins dissous dans de beau de mer. 2°. En général, l’action des bases sur les spermatozoïdes des Hermelles et des Tarets est de beaucoup plus faible que celle des aci¬ des. 5°. L’acétate de morphine, et probablement tous les poisons purement organiques, agissent sur les sperma¬ tozoïdes des Hermelles avec infiniment moins d’énergie que les poisons minéraux. Cette conclusion s’applique éga¬ lement à un grand nombre d'invertébrés de mer ou d’eau douce parvenus à l’état adulte. 4°. Parmi les poisons mi¬ néraux les plus violents, les uns, comme le nitrate de cuivre et l’acétate de plomb, agissent avec une intensité égale sur les spermatozoïdes des Hermelles et sur ceux des Tarets; d’autres, comme le sublimé, paraissent agir avec plus d’énergie sur les spermatozoïdes des Tarets que sur ceux des Hermelles. 5°. Chez les Hermelles, chez les Ta¬ rets comme chez les Batraciens, et probablement chez tous les animaux aquatiques à fécondation extérieure, une certaine dilution est nécessaire pour que le liquide fécondant acquière son maximum de pouvoir. 6°. Chez les Hermelles comme chez les Batraciens, au-dessous d’une certaine limite, le nombre des œufs fécondés décroît en même temps que le nombre des spermatozoïdes. 7°. Chez les Hermelles, le nombre des œufs fécondés décroît moins rapidement que celui des spermatozoïdes; au moins jus¬ qu’à des limites que je n’ai pas atteintes. 8°. Chez les Her¬ melles comme chez les Batraciens, le nombre des œufs fécondés est toujours de beaucoup moindre que celui des spermatozoïdes employés. 9°. Chez les Hermelles, chez les Tarets comme chez les Batraciens, le contact immédiat de l’œuf et des spermatozoïdes est nécessaire pour que ia fé¬ condation ait lieu. 4 0°. Chez les Hermelles, chez les Tarets 540 rev. et mag. de zoologie. {Juin 1850.) comme chez les Batraciens, les spermatozoïdes tués, c'est- à-dire rendus immobiles par l’action d’un agent quelcon¬ que, perdent leur pouvoir fécondant. 11°. Contrairement à ce qui a été constaté pour les Batraciens, la fécondation réussit avec les œufs de Hermelle et de Taret qui ont long¬ temps séjourné dans de l’eau non spermatisée. 11 est pro¬ bable que ce fait se reproduira chez tous les animaux à fécondation extérieure qui pondent dans l’eau douce ou salée des œufs entièrement à nu. 12°. Une faible augmen¬ tation dans la proportion des principes salins de l’eau de mer s’oppose au développement des œufs des Hermelles et des Tarets. 4 5°. Le sel marin, employé seul, agit sur les œufs et les spermatozoïdes comme l’ensemble des sels dissous dans l’eau de mer. 4 4°. Au contraire, l’addition d’une certaine quantité d’eau douce facilite la fécondation et hâte le développement des larves. 4 5°. Les diverses substances toxiques agissent de la même manière sur les spermatozoïdes des œufs et les larves des Hermelles et des Tarets. 4 6°. L’intensité d’action est sensiblement moindre sur les larves que sur les œufs, et surtout que sur les spermatozoïdes. 4 7°. Lorsque des œufs et des sper¬ matozoïdes de Hermelle ou de Taret sont placés simulta¬ nément en contact avec un poison trop faible, la féconda¬ tion a lieu malgré la présence de ce poison. 4 8°. Le déve¬ loppement ultérieur de l’œuf peut être arrêté, ou bien se continuer, selon l’énergie du poison. » — M. Laurent adresse une Note sur la production expé¬ rimentale de L’œuf de L’Hydre verte et sur une Hydre mons¬ trueuse à deux têtes. L’auteur décrit l’œuf de l’Hydre verte, qu’il croit avoir vu le premier, et la manière dont il se développe. Il promet même de faire connaître un moyen de le produire expérimentalement. Enfin, il présente une Hydre monstrueuse qu’il appelle à deux têtes, et qui est le résultat de la fusion incomplète de deux bourgeons en un seul individu. — M. Souleyet adresse des documents relatifs à la ques- SOCIÉTÉS SAVANTES. 541 tion du phlébentérisme , et s’appuie de l’opinion de MM. de Blainville, Almann, Aider, Hancock, Embleton, Nordmann, Siebold, qu’il cite comme étant arrivés aux mêmes résul¬ tats que lui, et quant aux faits et quant à la théorie. — M. Flourens met sous les yeux de l’Académie plu¬ sieurs opuscules adressés par M. Retzius , de Stockholm. Le premier a pour titre : Sur Lu vraie signification des 'pro¬ cessus transverses des vertèbres dorsales ; le second : Histoire d’une glande cutanée spéciale de quelques espèces du genre Canis ( Vulpes , Lagopus , Lupus , etc.)- Les titres des autres sont : Sur le ligament pelvio-prostatique (en allemand); Sur la structure du foie (suédois et allemand ) ; Sur la forme du crâne chez les Bretons, et sur la forme du crâne des Guaranis. — M. Charpentier , dans une lettre à M. Magendie , recti¬ fie les faits avancés par M. de Gasparin dans la séance du 8 avril dernier, relativement à l’alimentation des mineurs de Charleroy, et établit que ces ouvriers prennent plus de viande qu’il n'a été dit, et sont loin de posséder la santé robuste qu’on leur a supposée. — M. le docteur Brown-Séquard adresse une communi¬ cation sur la conservation de la vie sans trouble apparent des fonctions organiques, apres la destruction d'une portion con¬ sidérable de la moelle épinière, chez des animaux à sang chaud. D’après les expériences de l’auteur, des pigeons auxquels on a enlevé la moitié de la longueur de la moelle épinière peuvent survivre, sans trouble apparent, pen¬ dant un temps indéfini , mais dépassant trois mois. Ce ré¬ sultat tend à faire rejeter l’influence de la moelle épinière sur le cœur, l’estomac, les poumons, la sécrétion urinaire, la chaleur animale. D’autres oiseaux survivent également à la même opération. Quant aux Mammifères, lorsque l’hémorrhagie ne les tue pas, ils meurent de myélite; les cobayes qui résistent le mieux ne dépassent pas sept jours. 542 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( JlllYl 1850.) III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. « Journal de Conchyliologie, comprenant l'étude des Animaux, des Coquilles vivantes et des Coquilles fos¬ siles ; publié sous la direction de M. Petit de la Saus- saye. — IN° \ . Février 1850, avec 4 planches. Un nouveau journal zoologique a fait son apparition dans le monde le 15 février dernier. Fondé par M. P. de la Saussaye , il doit livrer au public, tous les trois mois, un cahier exclusivement consacré à la Conchyliologie; nous nous engageons à tenir nos lecteurs au courant de cette nouvelle publication périodique, et nous aurons soin que notre compte rendu soit aussi peu en retard que possible, sur chaque numéro de ce nouveau journal. Ayant-propos. M. P. de la Saussaye y expose le plan de son journal, qui doit comprendre des travaux origi¬ naux sur l’anatomie et la zoologie conehyliologiques, re¬ produire les articles intéressants épars dans les divers re¬ cueils français et étrangers, et analyser les ouvrages de conchyliologie, les voyages scientifiques et les découvertes des collecteurs. Mémoire sur le G. Actéon d’Oken, par M. Souleyet, — Ce travail important, dont la première partie seulement a paru dans ce premier numéro, est une monographie ana¬ tomique et zoologique sur le G. Actéon. Après un histo¬ rique de ce genre, M. Souleyet en donne la description extérieure, en ayant soin de signaler les caractères qui séparent surtout les Actéons des Aplysies, dont ils sont si voisins ; savoir : l’absence des tentacules postérieurs, la forme déprimée du corps, l’absence de l’opercule bran¬ chial, et d’autres traits de l’extérieur des Actéons, que l’auteur décrit comparativement avec les descriptions don¬ nées avant lui. Vient ensuite la partie anatomique. Ce sont d’abord les organes de respiration, sur lesquels Fauteur regarde comme erronées toutes les opinions émises jus- ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 543 qu’ici, Suivant lui, l’Actéon est un mollusque pulmoné, et l’on doit voir l'organe pulmonaire dans une poche com¬ muniquant librement au-d< hors, située entre la base du cou et le corps, à la face dorsale de 1 animal. Ii figure, en effet, un réseau vasculaire qui tapisse cette poche, rap¬ pelle suffisamment celui du poumon des hélices, et se trouve en rapport avec l’oreillette du cœur, placé en avant de cette cavité, contre sa paroi supérieure. La seule diffi¬ culté réside dans un système irradiant de canaux saillants à la face dorsale, et qui vont de cette poche respiratrice se ramifier dans les expansions latérales du corps. Réduit aux hypothèses sur l’usage de ces canaux, sans doute aériens, M. Souleyet fait appel à de nouvelles observations sur les mœurs de l’Actéon. L’appareil circulatoire n’a guère été mieux connu que le précédent; nié par M. de Quatrefag s, qui voyait dans l’Actéon un mollusque phlé- bentéré, il n’a été que vaguement et incomplètement dé¬ crit par les autres historiographes de ce singulier mollus¬ que. M. Souleyet y reconnaît un appareil de vaisseaux pneumo-cardiaques, un cœur composé d’une oreillette et d’un ventricule, et muni d’un péricarde et une aorte qui va se perdre dans la masse buccale, après avoir donné une branche viscérale. Quant à l’appareil digestif, M. Souleyet ne reconnaît pour exacte que la description donnée par M. Almann, de Dublin. La bouche, en avant et en dessous, tient à une masse buccale musculaire, entourée de glan- dules salivaires, munie d’une langue cornée, et suivie d’un œsophage grêle se dilatant après avoir traversé l’anneau nerveux, en un double estomac , dont le second, beaucoup plus considérable, situé au niveau du cœur, en avant de la poche pulmonaire, se continue antérieurement en un court intestin qui s’ouvre à droite dans un tubercule sail¬ lant un peu en avant de l’organe pulmonaire. Le foie, qui s’abouche des deux côtés dans ce second estomac, offre la curieuse disposition d’un arbre immense de cæcums rami¬ fiés, enveloppant tous les autres organes, et réduit, pour 544 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Juifl 1850.) ainsi dire, à la forme la plus élémentaire d’un organe glan¬ duleux. Quelques observations au sujet de la perforation des pierres par les Mollusques, par M. Deshayes. — L’auteur démontre victorieusement, il nous semble, qu’un examen sérieux ne peut laisser subsister l’opinion de la perfora¬ tion des corps durs par les Mollusques, à l’aide d’un moyen mécanique. 11 fait voir qu’en parcourant tous les genres qui présentent ce mode d’habitation on n’a trouvé ni la force nécessaire, ni le mouvement indispensable pour fo¬ rer, ni une dureté dans la coquille capable d’entamer les substances qu’ils percent ; car presque tous ces Mollusques sont, au contraire, remarquables par la ténuité de leurs coquilles. Un agent chimique lui paraît seul capable d’at¬ teindre ce résultat, et il regarde le pied de l’animal comme sécrétant un acide qu’il applique par frottement à la sur¬ face des cavités qu’habitent ces animaux. Une opinion analogue, quant à la nature de l’agent, avait déjà été émise et soutenue, entr’autres, par M. Duvernoy , à propos des éponges perforantes et des observations qu’il avait faites sur les Patelles, et il n’avait pas hésité à étendre cette explication à tous les animaux qui jouissent de la faculté perforante. (Comptes rendus de l’ Académie des Sciences, année -1 840, p. 685 et 1 021 . ) Note sur la position de Y organe de /’ odorat chez les Mol¬ lusques gastéropodes, par M. LEiDY(Journ del’Acad. des Sciences nat. de Philadelphie, 2e série, t. p. 69. — Analyse par M. Deshayes). Le savant Américain place cet organe dans une petite cavité tapissée d’une membrane qu’il a découverte à l’extrémité inférieure du pied. Cette cavité reçoit deux grosses branches nerveuses qui partent de la partie inférieure et antérieure de l’anneau œsopha¬ gien , et des vaisseaux nés de l’aorte céphalique. Notice sur le G. Cyclostoma, et Catalogue des espèces appartenant à ce genre, par M - P. de La Saussaye. Après un court historique du genre, l’auteur en for- 545 ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. mule ainsi la caractéristique : Testa dextra, polymorpha ; anfractibus plerumque rotundaiis ; aperturâ circinata, vel fere circulari, plus minus-ve posticè angulatâ; marginibus orbicuiatim connexis, ætate reflexis. — Operculum vel calcareum, vel corneum, semper spirale. — Molluscum terrestre gosteropodum, pulmoniferum, sexibus separa- tis; tentaculis duobus , basi oculatis; capite proboscidi- formi. 11 examine ensuite les classifications de ce genre proposées soit parM. Troschel, soit par M. Pfeiffer , dans le Zeitschrift fur malacozoologie, 4 847. Enfin, il donne un Catalogue des espèces de Cyclosiômes , en les groupant d’après leurs affinités naturelles, et en indiquant leur ha¬ bitat, les bonnes figures qu’on en a données et les auteurs qui les ont décrites. Ce Catalogue renferme 529 noms, dont 15 rangés dans le sous-genre Pomatias. Parmi ces espèces, M. P. de la Saussaye a pu constater l’identité de 5 ou 4 espèces décrites par divers auteurs sous des noms différents; enfin, on y trouve 8 espèces que l’auteur croit nouvelles, et dont il donne les caractéristiques ; ce sont les C. speclabile, zonatum , modestum, Souleyetianum , Guil- laini, gratum , zanguebaricum , niveum. Il termine par un Catalogue des Cyciostomes fossiles, où l’on trouve encore 22 espèces. Description d'une nouvelle espèce d'Anodonte ( décou¬ verte par M. Guillain ), par M. Récluz. — Elle reçoit le nom de A. Giiillaini , et montre ses plus grands rapports avec Y A. rubens. Elle vient de Brava, côte N. E. de l’A¬ frique. Description de coquilles nouvelles, par M. P. de la Saussaye. — Bulimus Cleryi 9 B . însignis, Colombella Ha~ neii. Des Néritines, section des Crépidi formes ; par M. Ré- cluz. — Cette monographie établit une section nouvelle dans les Néritines, la section des Crépidi formes, voisine des PiléoleSj des Nériptères et des Vêlâtes de Montfort. Voici la diagnose de ce nouveau genre : «T. solida, crépi- 546 rev. et mag. DE zoologie. ( Juin 1850.) diformis, subtus plana, dorso convexa ; spira brevissima, laterafis, ad marginem posticam oblique incurva, eique arcte depressa; peristomate continuo soluto. » M. Récluz y place 6 espèces, dont la détermination est faite avec grand soin, et dont une N. pïleosus Récluz est Yiniermedia de Deshayes, et a reçu de l’auteur un nouveau nom, parc^ que M. Sowerby avait déjà décrit une autre espèce sous celui d 'intermedia — N. exaltata Récluz, N. pileolus Ré¬ cluz, N. violacea Gmelin, N. crepididaria Lamarck, N. me - ianostoma Troschel, N. touranensis Souleyet. Observations sur le ligament du Gnaihrodon cuneatum Conrad, Rangia cyrenordes Desm. (lettre de M. de Saulcy). — Il s’agit du prolongement extérieur à travers le test, du ligament, qui, dans ce genre, est intérieur. Notice sur les coquilles rapportées par M. Guillain , com¬ mandant du Du Couédic. — Elles proviennent de la côte N. E. de l’Afrique, et M. P. de la Saussaye y décrit une nouvelle espèce, le Bulimus Guillaini , et en signale une du genre MargineUa. Les autres représentent environ 22 es¬ pèces de Gastéropodes. Col cm el le (article de terminologie, parM. Récluz). Bibliographie. — Natüral history of New-York. Palœonlology of New-York, by J. Hall (vol. l). Analyse par M. Deshayes. — Bulletin de la Soc. imp. des Sc. nat. de Moscou,- 1. 2-1, an. 1848, n° 4 (partie co.nchyüo'ogique). On y trouve comme nouvelles espèces : Limax lïvonicus Schrenk; Bellerophon mepcrosiomus Fischer (fossile), Cy - prina piaiïgorskensïs Fischer. Enfin, M. Fischer a établi, pour un Bulime terrestre, le nouveau genre ChUonopsis ; l’espèce type est le Ch. sulcata. — Testacea novissima insulæ Cubanæ et Americæ centralis, auctore Art. Morel- l'A. Fasc. in-8°, 4 849 (anal, de M. P. de la S. ). 83 espèces ap¬ partenant à 15 genres. — Die Land und Süssvasseu mol- lusken, Mollusques terrestres et d’eau douce de Java, décrits par Alb. Mousson. Zurich, 4 849, 4 vol. in-8°, avec 22 pl. coloriées (anal de M. P. de la S. ). — Zeitschrift, ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 547 journal de malacozoologie, publié par MM. Menke et L. Pfeiffer ( Casse! ), fondé en 4 845 ( anal, de M. P. de la S. ). On y trouve le nouveau genre Gundlachia ancylifonnis Pfeiffer, voisin de YAncylus lacusiris d'Europe; l’établisse¬ ment du nouveau genre Boysia Bensoni pour YAnostoma Boysii Benson; enfin, un grand nombre de nouvelles es¬ pèces décrites dans les 7 premiers numéros de 4 849, par MM. Philippi et Pfeiffer. Ad. Focillqn. Cours d’Anatomie, de Physiologie et de Zoologie, de la Faculté des Sciences de Paris ; par M. Hollard. — 4 rc leçon. — 28 mai 4 850. — - Paris, chez Labé. » Le coup fatal et imprévu qui a frappé M. de Blainville avait laissé son cours interrompu et ses auditeurs privés de ce qu’ils avaient espéré. Une pensée pieuse d’utilité scien¬ tifique et de dévouement à la mémoire d’un maître vénéré engagea un de ses disciples à terminer ce cours, que M. de Blainville lui voulait confier tout entier s’il en avait été le maître. On sent toutes les difficultés d’une telle œuvre; on sent qu’ri faut avoir fait à la mémoire de son maître le sacrifice momentané de son originalité personnelle, de son amour-propre de savant, pour enfermer sa pensée dans le plan tracé par un autre, pour se faire l'écho fidèle de ses idées et de ses conceptions. C’est cependant cette tâche de pieux dévouement que M. Hollard,. suppléant de M. de Blainville l’année précédente, a sollicité de la Fa¬ culté, et qu’il remplit en ce moment. Nous avons voulu en parler à nos lecteurs, surtout pour leur signaler la pre¬ mière leçon de cette reprise du cours, leçon que l’auteur a fait imprimer, et qui contient une appréciation savante et consciencieuse des doctrines de M. de Blainville, et de son rôle dans la marche progressive des sciences naturelles. Pour M. Hollard, l’enseignement de M. de Blainville a été dominé par deux conceptions, l’une anatomique, l’au¬ tre zoologique. 11 s’attache d’abord à faire comprendre la 548 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, ( Juitl 1850.) première. Parcourant d’un œil rapide l’antiquité et le moyen âge, il nous montre le génie d’Aristote traçant la première ébauche d’une science qui ne devait être réelle¬ ment comprise et cultivée que vingt siècles après. Haller, Daubenton et Buffon, Camper, Pallas, Yicq-d’Azyr, Blu- menbach, font enfin naître au dix-huitième siècle l’anato¬ mie comparée, en lui imprimant son double caractère physiologique et philosophique. Mais l’importance pratique des différences constatées par la comparaison des orga¬ nes, pour en comprendre les conditions fondamentales et les usages, entraîne tous les esprits et inspire au génie de Cuvier une doctrine anatomique basée sur la corrélation des organes et sur la subordination de ces mêmes organes, en raison de leur rôle physiologique. Les conséquences de cette doctrine, appuyée sur une immense étude des modi¬ fications organiques, furent que toutes les combinaisons d’organes ne sont pas possibles, et que les combinaisons définies qui ont pu être réalisées laissent entr elles des in¬ tervalles nécessaires. Cependant, là où les différences avaient si vivement préoccupé les esprits, quelques hommes avaient aperçu une sorte d’unité, une vague indication d’un type primitif, masqué par des modifications de toutes sortes. Vicq-d’A- zyr avait poursuivi l’identité des deux paires de membres chez l’homme. Il avait signalé l’existence d’organes rudi¬ mentaires, témoins, pour ainsi dire, du développement de ces mêmes parties dans d’autres organismes et de la liai¬ son avec le plan commun. Cette étude des ressemblances passionna d’autres savants, et fit éclore, en face de l’école physiologique de Cuvier, une école philosophique illustrée par les noms de Goethe, Burdin, Duméril, Oken, Geoffroy Saint-Hilaire. Chacun d’eux poursuivit l’identité des orga¬ nismes, selon l’inspiration de son esprit. Goethe et Oken en tirèrent un système panthéistique. Geoffroy, recher¬ chant l’unité absolue, expliqua, par le principe du balan¬ cement des organes, les modifications des organismes. Le ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 3-;i9 résultat de cette haute tendance des intelligences scienti¬ fiques fut une sorte de contradiction entre les faits qui servaient de base aux doctrines de Cuvier, montrant cha¬ que organisme spécialisé pour un but déterminé, et ceux sur lesquels s’appuyaient les doctrines de l’autre école, montrant, au-dessus de la finalité, une inflexible disposi¬ tion première des parties qui semble la négation de cette même finalité. Alors, selon M. Hollard, M. de Blainville intervient pour résoudre cette contradiction apparente, en faisant surgir le principe de la finalité physiologique ou des conditions d’existence. Sur un plan fondamental, qui est celui de tout organisme animal, et quiest défini par le but même de l’animalité, un Dieuintelligent et libre crée, dans la limite de ces conditions, des spécialisations de plus en plus va¬ riées. Ainsi se trouvent conciliées les deux écoles ; ainsi se trouve expliquée la contradiction qu’elles avaient posée. La seconde conception, la conception zoologique, est une suite de la première. Cuvier n’avait voulu que former des groupes naturels, et, avec un rare génie, il avait tiré le règne animal du chaos. Mais il n’entendit point décider de leur place relativement les uns aux autres. M. de Blain¬ ville aborda cette question, devant laquelle Cuvier s’était arrêté, et voulut coordiner les animaux et systématiser tout le règne. Partant du principe de la subordination des caractères rigoureusement appliqué; d’une définition pré¬ cise de l’espèce, M. de Blainville conçoit et démontre une série animale qui n’est ni l’échelle des êtres de Bonnet, ni une succession des espèces par voie de transformation. C’est, d’un animal très-simple, jusqu’à l’homme une suite de types généraux en progrès les uns sur les autres; dans chaque type, une série de classes disposées suivant la même loi, et ainsi de suite. Pour apprécier dans des groupes moins généraux cet ordre sérial, il fallut distinguer en zoologie deux ordres de caractères ; les uns qui peuvent se comparer entr’eux, et forment la série; les autres qui, 550 REV. ET MAG, DE ZOOLOGIE. ( Juin 1850.) sans rompre la chaîne des premiers, n’ont pour raison d’être que des circonstances biologiques et se montrent comme accidentels et, pour ainsi dire, anormaux. M. Hollard se résume, après cet exposé des principales doctrines de son maître, en concluant que M de Blainville, loin de se jeter hors de la route de ses devanciers, a été un hardi continuateur de leur marche scientifique; que, loin d’être en opposition avec son maître Cuvier, il a. au milieu d’une hostilité apparente et regrettable, poursuivi réellement la suite des idees de ce grand homme, et en a été véritablement le développement rationnel et progres¬ sif. Après cette leçon, dont nous ne donnons qu’une idée trop succincte, M. Hollard a repris fidèlement l’œuvre in¬ terrompue, et, sans s’interdire la production de toute idée qui lui fût propre, il se conforme cependant au plan géné¬ ral du grand maître qu’il remplace, suit religieusement, avant tout, les principes qu’il a posés, et s’efforce de mon ¬ trer, par l’histoire des groupes de la série zoologique, l’in¬ fluence que doivent avoir ces principes dans la question des classifications. Ad. Focillon. Fauna AUSTRiACAi Die kâfer nach der analytischen mé¬ thode beacbeiter von Ludwig Redtenbacher , etc. — Les Coléoptères traités d’après une méthode analytique , par Louis Redtenbacher, docteur en médecine, etc. — Vienne, 1849, chez Ch. Gerold. \ vol. grand in-8°. Prix : 25 francs. Sous ce titre, vient de paraître une nouvelle Faune des Coléoptères d’Autriche ; ouvrage consciencieux, et qui contribuera aux progrès de la science. On ne saurait trop engager les entomologistes à produire de pareils travaux, qui jettent un grand joursur la géographie des insectes, par ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 55-1 l’indication précise des localités, et qui, par des descrip¬ tions exactes et différentielles, débarrassent l’étude de ces noms de catalogue et de collection qui l’auraient bientôt réduite à une pure nomenclature de tradition. La France devrait bien entrer dans une pareille voie ; car, tandis que la Suède, l’Angleterre, l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse et presque toutes les contrées de l’Europe possèdent de remarquables productions en ce genre, elle n’a encore que des lambeaux de sa Faune , elle qui compte tant d’illus¬ trations entomologiques. Cet ouvrage , en un seul volume compacte , donne la diagnose de plus de 4000 espèces, réparties en 771 genres et en 65 familles. Elle ne comprend que les espèces indi¬ gènes de l’archiduché d’Autriche ; mais un supplément y ajoute celles de 1’AUemagne septentrionale, qui ne se ren¬ contrent pas en Autriche, il est à regretter que l’auteur n’ait pas intercalé ces espèces dans le corps de l’ouvrage, et n’ait pas tout d’abord embrassé l’Allemagne entière. La classification est celle du Manuel of british Coleoptera de Stephens. Il rejette le système tarsien , tout en se ser¬ vant du nombre des articles des tarses pour répartir le reste des familles, après en avoir retranché les Stapînjliens et les Psélaphes. Le système de Geoffroy présente , je l’a¬ voue, d'assez nombreuses anomalies ; il est violemment attaqué parles princes de la science; mais, malgré ses imperfections, rien jusqu’ici n’a pu rempiacer son admi¬ rable simplicité. Celui de Stephens, adopté par M. Redten- bacher, est-il préférable? M. Gaubii l’a suivi, dans son Catalogue des Coléoptères d’Europe. Ce n’est pas ici le lieu de trancher une pareille question ; cependant, j’oserai le dire, ce n’est ni à l’auteur d’une Faune locale, ni à celui d’un simple catalogue, de prendre l’initiative d’un rema¬ niement d’une si haute portée. Trois ordres de tableaux, par une suite de caractères tranchés et parfaitement visibles, conduisent le lecteur à la connaissance de la famille, du genre ou de l’espèce. 552 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Juin 1850.) C’est la méthode de Lamarck, importée en entomologie, méthode qui mène aisément à la distinction des choses, mais qui n’a pas l’avantage, comme un tableau synopti¬ que, de présenter d’un coup-d’œil l’ensemble des rapports et des différences. Le premier ordre sert à la distribution des 65 familles ; le deuxième n’est qu’une série de tableaax où chaque famille est successivement passée en revue et distribuée en genres ; enfin, le troisième conduit du genre à l’espèce. En tête de chaque division sont reproduits les caractères du genre, avec le nom de l’auteur et la page de la première publication qui en a été faite. Chaque espèce est décrite d’une manière très-abrégée , mais suffisante pour la distinguer de ses congénères; et à la suite de la description se trouvent indiqués la taille, l'habitat, la meilleure description et la figure la plus exacte. En cata¬ logue systématique des genres et des espèces est annexé à l’ouvrage, et supplée à ce qui manque pour la synonymie et la disposition des groupes. Quoique l’auteur reconnaisse, avec raison, aux seuls auteurs des monographies le droit de créer de nouveaux genres, il a été conduit à former 16 nouvelles coupes : Ccilyplomerus, Microsphœra, Phlœostichus. Symbiotes, Try- popithys, O U g orner us , Diclyœlotus, Entypus , Orophiu. s, Litkoclactylus, Nemonyx , Lcxoderes, Nothorhina , Gry phi- nus, Platynaspis , Tlünobius. C’était une conséquence né¬ cessaire de la méthode qu’il adoptait : Stephens n’ayant eu à classer que les espèces d’Angleterre, des espèces qui lui étaient inconnues sont venues établir le passage d’un genre à un autre, sans se rapporter exactement à aucun d’eux , et l’auteur de la Fauna austriaca s’est vu forcé d’en faire de nouveaux genres, pour ne pas changer ceux delà nomenclature qu’il adoptait. En somme, sauf de légères imperfections de détail qu’il serait inutile de relever, l’ou¬ vrage de M. Redtenbacher est un travail de premier ordre, et l’entomologiste sérieux ne saurait s’en passer. TREIZIÈME ANNEE. — JUILLET 1850. I. TRAVAUX INÉDITS. Cours d’histoire naturelle des corps organisés, pro¬ fessé au Collège de France par M. Düvernoy. — Suite. Voyez page 5D5. TROISIÈME PARTIE. Classifications des Mammifères proposées depuis 1829 jusqu’à ^ 849» Elles concernent : •1°. Les limites de la Classe et ses premières divisions en Séries ou en Sous-Classes. 2°. Le nombre d’Ordres qui composent chacune de ces premières divisions, leurs dénominations et leurs numé¬ ros dans chaque Série ou chaque Sous-Classe. 5°. Enfin, les Familles qui composent ces Ordres et les genres principaux qui ont servi à les former. M. Ruvernoy a traité ces divers sujets dans l’ordre que nous venons d’indiquer. Nous ne pouvons donner, dès à présent, que quelques esquisses de ces leçons, en suivant le même plan. I. Le caractère principal de la Classe et ses limites n’ont pas changé depuis la douzième édition du Systemà na - turœ de Linné. La découverte importante des glandes mammaires dans la femelle de l'Ornithorhynque, faite par le célèbre Meckel, en ISIS, a permis d’y placer, sans plus d’hésitation, les Marsupiaux monotrêmes, dont on était tenté de faire une classe à part, et qui semblaient en effet, par certains ca- 2e série. T. u. Année 1830. 23 554 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) ractères de leur squelette (la double clavicule), leurs or¬ ganes et leur mode de génération, indiquer un passage entre les Mammifères et les Ovipares. Une nouvelle division des Mammifères en deux Groupes principaux, après les publications précédentes, date de 1850. Elle a paru dans l’excellent Manuel du Règne animal de M. Yan-der-Hœwen. Afin d’indiquer les grandes différences qui existent entre les Mammifères ordinaires et les Marsupiaux Monotrêmes , ce savant zoologiste a constitué , avec les premiers , y compris les Didelphes, sa section des Mammifères nor¬ maux, et avec les derniers, sa section des Monotrêmes. On peut reprocher à cette classification de séparer, dans ces deux divisions primaires de la Classe, tous les Marsu¬ piaux, dont les os marsupiaux sont un si frappant carac¬ tère indicateur de nombreux rapports naturels. La possibilité de diviser les Mammifères en deux Sous- Classes avait été indiquée clairement, ainsi que nous l’a¬ vons vu, par M. Cuvier, et mise en tableau par M. de Blainville ; mais en les nommant seulement, et sans ajou¬ ter de caractères. M. Duvernoy, dès 1828, avait montré les caractères de ces deux Sous-Classes ; il avait appelé les Mammifères de l’une, avec M. de Blainville, Monodelphes , et ceux de l’autre, Marsupiaux. Cette dernière dénomina¬ tion était une amélioration incontestable sur celle de Di- delphes que leur avait donnée M. de Blainville. Une se¬ conde amélioration était de sous-diviser encore ces Mar¬ supiaux en deux Groupes, ceux des Didelphes et des Monotrêmes , avant d’en venir à la désignation et au classe¬ ment des Ordres de cette Sous-Classe. Dans des travaux postérieurs de neuf à dix années, nous trouvons la classe des Mammifères divisée en trois Séries. L’une est celle des Mammifères qui ont des os marsu¬ piaux. A cette dénomination et à ce caractère précédem¬ ment adoptés, est joint celui d’avoir un bassin développé. Les deux autres Séries comprennent les Monodelphes TRAVAUX INÉDITS. 555 de MM. de Bîainville et Duvernoy ; mais les Siréniens, les Cétacés de Cuvier, qui n’ont qu’un bassin rudimentaire, et qui manquent d’extrémités paires postérieures, forment une série distincte, séparée des Mammifères ordinaires. Cette division de la Classe, proposée par M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (1), rappelle celle adoptée par MM. Geoffroy et Cuvier en 4 795, qui distribuaient les Mammifères dans trois Embranchements, dont le premier comprenait les animaux marins qui ont leurs doigts réunis aux nageoires, etc. A la vérité, ceux-ci comprenaient les Phoques , qui restent avec les Mammifères à bassin déve¬ loppé, dans la méthode de M. Isidore Geoffroy Saint-Hi¬ laire, malgré toutes les modifications organiques qui en font aussi des animaux essentiellement aquatiques et pis¬ civores. Siorr avait déjà donné cet exempfe, dès -1 780, dans sa distribution des Mammifères en trois Phalanges, des Peda- torum, Piinvpedum et Pinnatorum, et en divisant la pre¬ mière Phalange en deux Cohortes, celles des Onguiculés et des Ongulés (2). Hâtons- nous d’ajouter que, dans ces divisions primaires de la classe des Mammifères en trois Groupes, il n’y a guère que le nombre qui soit le même, et que les groupes dif¬ féraient plus ou moins. Un bassin développé, opposé au bassin rudimentaire, et, dans ce dernier cas, l’absence des extrémités postérieures paires . sont, à n’en pas douter, des caractères différentiels très-importants, dont la va¬ leur cependant, élevée au degré de Sous-Classe, et consé¬ quemment égale à celle de la présence ou de l’absence des os marsupiaux, est peut-être contestable. Le même article de cette Revue de ^ 85S (p. 208), donne (1) Voir cette Revue, année 1838, p. 218, et le tableau publié par M. Payer en 1845. (2) Prodromus, Methodi mammalium. Tubingæ, 1780. 556 rev. et mag de ZOOLOGIE. ( Juillet 1850.) un exposé assez détaillé de ia méthode de classification des Mammifères du prince C.-L. Bonaparte. [.es deux Séries y sont adoptées sous la dénomination de Placenlaria et de Ovovivipara. Ces Séries sont ensuite sous-divisées en trois Sous-Clas¬ se s, et celles-ci en Sections. Les trois Sous-Classes répondent aux trois Séries de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire ; ce sont celles des Qua- drupedia, des Cete et des DideLphia. Mais l’adoption des Séries comme divisions primaires, et celles des Sous-Classes comme divisions secondaires, appartient au prince C.-L. Bonaparte, qui a pu conser¬ ver ainsi tous les Monodelphes dans une seule et même Série. La seule Sous-Classe des Quadrupedia est encore divi¬ sée en deux Sections, celles des Unguiculata et des Ungu- lata , dénominations qui appartiennent déjà à J. Rai. Dans la nécessité où nous sommes d’abréger le plus possible ce compte rendu, nous le terminerons par l’ex¬ posé d’un essai de classification des Mammifères fondé sur quelques circonstances concernant les enveloppes de leur fœtus et leur mode de nutrition. Nous avons déjà vu que 1a Classe des Mammifères se divisait en ceux qui ont un placenta et en ceux qui en manquent (les Marsupiaux ), et nous avons suffisamment insisté sur l’origine et ies premiers auteurs de cette classi¬ fication. En étudiant ensuite les différences ou les ressemblances que les anatomistes, entr’autres Dutrochet et Cuvier, ont découvertes, dans la forme du placenta de certains grou¬ pes, on a pu se servir des unes et des autres pour contrô¬ ler la bonté des divisions généralement adoptées. C’est ainsi qu’on a reconnu, dans la sous- classe des Mo¬ nodelphes ou des Mammifères à placenta, trois grandes divisions : celles des Mammifères à placenta discoïde , à placenta zonaire , à placenta diffus. TRAVAUX IXÉDITS. 557 La première de ces grandes divisions comprend les Bi - mânes , dont le placenta est simple, et les Quadrumanes, dont le placenta est double, du moins dans quelques Sin¬ ges de l’ancien et du nouveau continent, où on a pu l’ob¬ server. il est remarquable que les Chéiroptères , les Insectivores et les Rongeurs ont aussi un placenta discoïde; mais ils se distinguent encore par la persistance de la vésicule om¬ bilicale, ainsi que l’a observée. Cuvier. Les Carnivores et les Amphibies ont un placenta disposé comme une zone autour du cylindre que forme leur cho- rion. Les nombreux Mammifères à placenta diffus compren¬ nent les Pachydermes, les Solipèdes et les Ruminants , les Cétacés de G. Cuvier et les Edentés. On le voit, ces considérations nouvelles ne doivent pas être négligées par le zoologiste qui cherche à saisir tous les rapports des Mammifères ; elles montrent certaines affinités dans les circonstances accessoires de leur dévelop¬ pement, qui rapprocheraient des groupes que nos métho¬ des séparent (les Rongeurs avec les Chéiroptères et les Insectivores) ; ou qui sépareraient les Ordres que nos méthodes rapprochent ( ces deux derniers Ordres de celui des Carnivores). Cependant, on ne peut se dissimuler l’in¬ térêt que présentent ces vues ingénieuses qui saisissent des affinités incontestables dans le mode et les organes de nutrition du fœtus de certains Mammifères (I). Quant aux progrès que la science a faits relativement aux Ordres, à leur nombre et à leur arrangement, ou mieux aux changements qu’elle a éprouvés dans certaines classifications proposées, nous nous bornerons à rapporter ce qu’a dit M. Duvernoy de la réunion en un seul Ordre (1) Voir les Annales des sciences naturelles , 5e série, t. I, p. 65, 4844, et le Dictionnaire universel d’histoire naturelle de CU. d’Orbigny, article Mammifères , p. 717 et suiv. 558 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) de tous Jes Mammifères à sabots. L’idée de ce groupe est bien ancienne; mais celle de le faire descendre à celui d’un simple Ordre est venue à deux naturalistes qui se sont particulièrement occupés des Mammifères fossiles, et qui ont vu, comme G. Cuvier, que les espèces perdues venaient remplir bien des lacunes que laissaient entre elles les espèces vivantes. M. R. Owen, si connu du monde savant par ses beaux travaux d’anatomie et de paléontologie* a proposé le pre¬ mier de diviser les Ongulés en trois Groupes, suivant qu’ils ont des doigts pairs, les Artiodactyles ; des doigts impairs au nombre de un, ou de trois, les Périssodactyles ; et des doigts impairs, au nombre de cinq, les Proboscidiens. Di¬ sons d’abord que l’adoption de ce dernier groupe justifie M. Duvernoy de l’avoir conservé dans sa c’assification, et de ne pas l’avoir confondu avec les autres Pachydermes. Les Artiodactyles sont Ruminants ou non Ruminants. Ces derniers se composent d’une partie des Pachydermes, tels que les genres Cochon, Pécari, qui n’ont cependant que trois doigts aux pieds de derrière, et le genre Hippo¬ potame ; tandis que les autres Pachydermes forment les Périssodactyles : ce sont le Rhinocéros, le Daman, le Ta¬ pir, le Cheval. Cette classification a l’inconvénient de confondre les Ruminants avec une partie des Pachydermes, et de sépa¬ rer ceux-ci, sans que l’on puisse justifier cette réunion, ni cette séparation, par des caractères assez importants. Le célèbre zoologiste a tenté de déterminer ceux des Pa¬ chydermes fossiles qui peuvent être considérés comme appartenant au groupe des Ruminants. Les caractères ostéologiques sur lesquels il fonde cette classification har¬ die sont-ils suffisants? M. Pomel a communiqué à l’Académie des Sciences, sept mois après la publication de M. Owen, une classification des Ongulés qui a beaucoup de rapports avec celle de ce dernier savant. Ses études nombreuses des ossements fos- 7?eo. et Æaç. de Zoolet/ie, 1800 . M> '0X11 S ZJryets . Zcbrun sc. A Zie/nonZ cmp TRAVAUX INÉDITS. 559 siles de Mammifères paraissent l’avoir conduit à des con¬ clusions analogues. L’Ordre des Ongulés se composerait, suivant ce jeune savant, de quatre Familles, celles des Proboscidiens, des Périssodactyles , des Artiodactyles et des Collodactyles. La principale différence entre ces deux classifications, c’est que cette dernière Famille ne comprend que des Ru¬ minants, et que les Artiodactyles ne réunissent que les Pachydermes à doigts pairs. Mais ces deux classifications comprennent tous les genres fossiles qui se rapportent à L'une ou l’autre de ces Familles, déjà indiquées par G. Cu¬ vier. Nous terminerons ici le court extrait des leçons de M. Duvernoy sur la méthode naturelle appliquée à la Classe des Mammifères. 11 nous reste à dire quelque chose des huit leçons de ce cours dans lesquelles M. Duvernoy a traité de l’espèce hu¬ maine. F***. Notice sur le Myoxus Dry as, reconnu comme espèce euro¬ péenne, suivie de quelques observations sur les Loirs d’Europe à l’état de domestication, par M. le comte Tyzenhauz, de Vilna. (Planche 7.) Jusqu’à présent le Myoxus Dryas n’était point compris dans la Faune européenne , car on le supposait habiter ex¬ clusivement l’Asie-Mineure. Pallas, qui l’a très-bien signalé sous le nom de Myoxus nitedula ( Zoogr. R. A., tome I, page J 79), lui assigne pour habitat le Caucase et la Géor¬ gie ; mais il faut en exclure les synonymes qui appartien¬ nent tous au Lérot , M. nitela. C’est ce qui me fait sup¬ poser que Pallas ne connaissait point ce dernier; tandis que Gmelin, tombant dans une erreur contraire, inscrit le M. nitedula de Pallas parmi les synonymes du Lérot. Cuvier même, d’après la planche 225 B de Schreber, ne voyait en lui qu’une variété du Loir, M. ylis (J). (1) Si l’auteur du Règne animal a méconnu le M. dryas , certes 560 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) Afin d’éviter la répétition du nom latin M. dryas, le nom français n’étant point encore établi, je propose pro¬ visoirement celui de Lérotin comme diminutif de Lérot, auquel il ressemble le plus, avec une taille bien inférieure. J’ai découvert le Lérotin, pour la première fois, en Li¬ thuanie, vers la fin du printemps de 1 848. A en juger par le nombre d’individus (25) de tout âge et de tout sexe, capturés dans le courant de l'été, cette espèce devrait être regardée comme la plus commune pour le nord, vu que les trois autres espèces européennes y sont plus ou moins rares, notamment le Loir proprement dit, que je n’ai ren¬ contré que trois fois depuis bien des années. 11 est vrai que ces petits Mammifères, éminemmeut noctivagues, ne peuvent être que très-rarement aperçus pendant le court intervalle de leur vie active, qui, pour notre climat, ne doit être compté guère plus que depuis le 15 mai jusqu’au 15 septembre; c’est-à-dire depuis la parfaite végétation des feuilles jusqu’à leur chute, et que pendant les huit mois d’hibernation, ne quittant point leur retraite, ils y restent blottis dans un état de somno¬ lence, ou, pour mieux dire, d’engourdissement presque continuel. Ajoutons encore que, d’une part, totalement inoffensifs, et de l’autre, ne pouvant offrir aucun profit, les Loirs ne présentent de l’intérêt qu’au naturaliste, qui n’est pas toujours à portée de leur domicile, et alors on ne s’étonnera plus de ce que l’existence du Lérotin ait été si longtemps ignorée en Europe. Quoique le Lérotin ait été décrit et figuré par Schreber, son dessin, fait d’après une peau desséchée, est si au- dessous de la nature vivante, que je crois devoir repro¬ duire l’une et l’autre avec la plus stricte exactitude (pi. 7). Taille moyenne entre le Lérot et le Muscardin ; tête il n’a pas pu le confondre avec le Loir proprement dit; aussi je n'attribue cette erreur qu a une faute d’impression : Loir pour Lérot. TRAVAUX INEDITS. 561 obiongue, et museau plus acuminé que chez les congé¬ nères. Les dents incisives supérieures jaunes ; les inférieu¬ res blanches. Pelage mou et flexible, gris-noirâtre à la base et jaunâtre à l'extrémité, entremêlé de poils plus longs noi; âtres; chanfrein gris cendré; dessus de la tête et toutes les parties supérieures d’un gris brun cendré lavé de jau¬ nâtre. Lèvres supérieures, joues, toutes les parties infé¬ rieures du corps et des membres, d’un blanc faiblement teint de jaunâtre ; cette dernière couleur plus intense à la jonction des couleurs du pelage des parties supérieures avec les inférieures; les moustaches plus longues que la tête, noires à leur base, terminées de gris entremêlé par¬ fois de poils blanchâtres, Une tache noire, qui prend nais¬ sance à l’origine des moustaches, s’élargit en entourant l’œil , et vient aboutir à la base de l’oreille. Les yeux grands, proéminents, d’un noir brillant. Les oreilles cour¬ tes. demi-circulaires et presque nues, d’une couleur rem¬ brunie sur les bords. Queue distique, plate, cendrée, distinctement zonée de noirâtre, avec l’extrémité des poils latéraux etterminaux blancs ; de même ceux qui couvrent la pâge inférieure de la queue. Les parties nues, comme le nez, l’intérieur des oreilles, la paume des mains et la plante des pieds, ont une couleur de chair livide. Ongles blancs, entièrement cachés dans les poils qui recouvrent les doigts. En hiver, les teintes jaunâtres sont beaucoup plus faibles, et alors le pelage supérieur est d’un gris presque pur ; les zones foncées sur la queue sont à peine perceptibles. Longueur totale, depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue, 5 pouces \ 0 lignes ; de la tête, \ p. \ 1. ; de la main jusqu’à l’extrémité des ongles, 5 lign. 1/4; du pied, 6 lign. ; de la queue, sans les poils, 5 p. \ lign.; des poils de l’extrémité de la queue, 9 lign. Les jeunes de l’année grandissent promptement et attei¬ gnent presque les dimensions des adultes avant l’hiberna- 562 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) tion, la queue exceptée, qui est constamment d’un demi- pouce plus courte. Les nouveau-nés âgés de six à dix jours ont le pelage ras, d’un gris jaunâtre pâle, comme satiné sur les parties supérieures; les parties inférieures et les pattes sont pres¬ que nues ; la tache noire superoculaire très-distinctement prononcée; les moustaches sont blanches. — Longueur totale, 2 lignes; de la tête, 8 lignes ; de la queue, \ pouce 7 lignes. Le Lérotin habite les forêts de pins et de sapins, préfé¬ rant même ces derniers lorsqu’ils croissent sur un terrain sec et élevé ; on ne l’a pas encore aperçu dans les bois de bouleaux, de chênes, ni dans les coudriers, résidence fa¬ vorite du Muscardin. Je n’ai pas beaucoup à dire sur les mœurs du Lérotin à l’état sauvage, n’ayant pu les étudier jusqu’à présent qu'en domesticité, en les comparant à celle des trois autres es¬ pèces européennes que je tiens dans des cases afin d’ob¬ server leurs allures et habitudes journalières. Je ne suis pas non plus bien sûr du terme où le Lérotin quitte sa retraite d’hiver ; le fait est que l’on trouve déjà, vers la fin de mai, son nid, qui lui sert de demeure pendant la belle saison. Il le construit en forme de boule, avec une ouverture latérale; il l’établit commu¬ nément dans l’enfourchure d’une branche de sapin vers son extrémité, à dix-huit ou vingt pieds de hauteur au- dessus du sol, ayant toujours soin de l’exposer au soleil du midi. Ce nid est construit avec de menues branches sèches, des brins d’écorce, de mousse verte, des bouts de rameaux verts de sapins, le tout assez négligemment lié avec des fibres végétales et quelques crins de cheval. Son diamètre est de six à sept pouces. Parfois il arrive qu’il le place aussi dans des ruches vides suspendues aux arbres des forêts dans l’intention d’y attirer les essaims d’abeilles sau¬ vages. TRAVAUX INÉDITS. 565 Pour l’ordinaire, une famille composée de cinq à six individus occupe le nid; le père et la mère, avec leur pro¬ géniture de l’année révolue; il y a toute apparence que les jeunes quittent le nid vers la fin de juin pour faire ménage à part; car on ne trouve, passé ce terme, que la femelle avec les petits nouveau-nés. Si l’on vient à toucher, même en plein jour, à la bran¬ che qui porte le nid, toute la famille décampe avec promp¬ titude et va se cacher entre les branches du sommet de l’arbre. Or, ce n’est que par une pluie battante qu’on réussit à les capturer; car, craignant de se mouiller, ils n’osent sortir, et l’ouverture du nid une fois bouchée, on l’enveloppe d’un sac pour le détacher de la branche. C’est de cette manière que je me suis procuré une femelle pleine, qui au bout de quelques jours mit bas deux pe¬ tits ; mais, soit négligence du surveillant, qui peut-être n’avait pas fourni assez de nourriture, soit amour instinc¬ tif de la liberté, si fortement sentie par tous les animaux que l’esclavage de la domesticité n’a point encore avilis, le lendemain matin je ne trouvai plus que les têtes de ces petits ; la mère les avait dévorés. Quels sont les aliments dont se nourrit le Lérotin à l’état de liberté, surtout pendant les premiers jours de son réveil? Fait-il des provisions pour l’hiver? quels sont les endroits où il les cache? C’est à quoi je ne saurais en¬ core répondre positivement; mais je reprendrai ce sujet en parlant de mes observations sur les Loirs en capti¬ vité. L’analogie du système de coloration dans les animaux du même genre se raccorde très-souvent avec celle de leurs habitudes et de leurs mœurs. Or, les plus rapprochés sous ce double aspect sont sans contredit le Lérotin et le Lérot : tous deux habitent de préférence les forêts com¬ posées d’arbres résineux; ils sortent volontiers en plein jour de leur retraite, ce que ne font jamais ni le Loir ni le Muscardin, qui attendent l’heure des ténèbres pour vaquer 564 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) à leurs besoins. Us sont plus éveillés et plus lestes dans leurs mouvements, franchissent, en sautant avec plus de légèreté, les petits espaces entre les branches des arbres, et courent plus franchement à terre. Le Lérotin se rap¬ proche encore du Lérot par le port (habitus); il est moins épais que le Loir, porte, en marchant, la queue plus haute que la tête; au repos, sur une branche, il la tient pen¬ dante et non recourbée , contournée en spirale vers le bout, presque prenante, car parfois le Loir s’en sert pour maintenir son équilibre lorsqu’il dort étant perché. Cependant le Lérot est beaucoup plus sensible au froid que le Lérotin. Les premières gelées qui le matin se font sentir aux approches de l’automne suffisent pour l’engour¬ dir, et ce n’est que dans l’après-midi, lorsque le soleil a réchauffé l’atmosphère, qu’il sort de son état de torpeur, tandis que le Lérotin supporte gaillardement jusqu’à huit degrés de froid; et s’il ne quitte pas son trou, c’est plutôt par un temps humide, ou lant que dure la pluie. Voilà ce qui me fait présumer que le nord est sa vraie patrie. Je ne puis pourtant pas affirmer qu’on ait aperçu en hiver ses traces sur la neige. Les Loirs d'Europe observés à iélat de domestication. II s’en faut de beaucoup que les mœurs des animaux observés en captivité puissent offrir à la science !e même intérêt que lorsqu’elles ont été étudiées en pleine liberté. Quand même serions-nous en état de leur procurer toutes les conditions dont ils jouissent dans les forêts, le libre choix de leur domicile et l’espace leur manqueront tou¬ jours, tandis que la présence importune de l’homme, en les intimidant, les tiendra dans une contrainte incessante. L’homme aura beau faire, leurs sens, si grandement dé¬ veloppés, le dénonceront infailliblement, malgré ses vaines précautions. Nos Loirs, par exemple, qui, sans exception d’espèces, construisent des nids pour y demeurer en fa¬ mille pendant la saison chaude, une fois captifs, ne veulent TRAVAUX IKÉD1TS. 565 plus s en donner la peine, aimant mieux se blottir dans quelque coin de leur prison au lieu de se servir des maté¬ riaux convenables mis à leur portée. Si toutefois on leur rend leur propre nid, ils ne manqueront pas de s’y établir, sans pourtant se soucier du dégradement qui survient avec le temps; lorsqu’il est entièrement détruit, ils l’abandon¬ nent et vont se loger dans une boîte remplie d’étoupes qu’on a eu soin de leur préparer d’avance. Pour les rapprocher le plus que possible de l’état de na¬ ture, je tiens mes Loirs captifs, chaque espèce séparément, dans des cases vitrées, hautes de cinq pieds, sur trois pieds et demi de large. L’intérieur de ces cases est garni de branches prises aux arbres que chaque espèce affectionne le mieux. Le fond de la case est recouvert d’une couche de sable de trois pouces d’épaisseur ; les aliments à leur choix et l’eau sont renouvelés tous les jours ; enfin des boîtes à étoupes et un thermomètre se trouvent placés dans des endroits convenables. Ces dispositions prises, je suis à même de visiter mes petits prisonniers sans trop les alarmer. Les Loirs sauvages, introduits dans le nouveau domicile, parcourent avec inquiétude et célérité tous les recoins, et finissent par se cacher dans la boîte à étoupes sans avoir touché aux aliments. La nuit venue, leur agitation aug¬ mente; mais cependant ils finissent par prendre un peu de nourriture, et rentrent avant le jour dans leur cachette pour ne plus en sortir que vers les dix heures du soir. Or, c’est en toute saison leur heure normale, le Lérotin ex¬ cepté, qui, comme je l’ai dit plus haut, sort maintes fois, dans le courant de la journée, plus souvent dans l’après- midi, et tous les jours régulièrement vers le crépuscule, pour ne plus rentrer, qu’au lever du soleil. Les jeunes de l'année, nécessités par une prompte croissance, viennent à toute heure prendre leur nourriture. Ce besoin de sommeil diurne est si impérieux chez le Loir proprement dit et chez le Museardin, que, lorsqu’on 566 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) le réveille bien avant l'heure accoutumée, il s'élance sur la première branche qui se trouve à sa portée, et s’y cram¬ ponne quelquefois la tête en bas, pour continuer son somme jusqu’au terme normal. Par les fortes chaleurs de l’été, ou quand le temps est à la pluie, ce sommeil tient même de l’engourdissement; les Loirs sont alors difficiles à réveiller, et la température de leur corps est un peu au-dessous de celle de l’air am¬ biant. Mais un fait bien remarquable, c’est qu’en hiver les Loirs peuvent augmenter à volonté le degré de leur propre chaleur par une accélération de respiration énergiquement soutenue. Ayant voulu, par un froid assez vif, faire geler un Muscardin, je le retirai de sa boîte dans un état de parfaite torpeur. La température ambiante était de — 7° Réaumur. Celle de l’animal marquait + 1° Réaumur. Sa respiration n’était pas perceptible. Je le mis couché à nu sur son dos, et le laissai ainsi exposé au froid. Au bout d’une demi-heure, je revins; mais grande fut ma sur¬ prise, de ne plus le retrouver à la place où je l’avais laissé , il était rentré dans la boîte. J’en pris un autre également engourdi ; je le couchai de la même façon , et ne le quittai plus. Quelque temps après, mon Muscardin commença à respirer laborieusement avec une vitesse et une force crois¬ sante, entr’ouvrit les yeux, se remit sur ses pattes, et cou¬ rut droit à la boîte pour se rendormir de rechef. Le tout s’est passé en moins d’une demi-heure, et la chaleur de l’animal parvint alors jusqu’à -|- 15° Réaumur. Plus d’une fois j’ai observé qu’en plongeant la boule d’un thermomètre entre plusieurs Loirs blottis ensemble dans la même boîte, la chaleur monta progressivement à mesure que je parvenais à les réveiller. On peut également s’en convaincre par le sentiment du toucher. La saison, tout au moins autant que le froid, semble influer sur le terme de l’engourdissement et du réveil de ces animaux. J’ai vu le Loir et le Muscardin cesser entiè- TRAVAUX INÉDITS. 567 rement de prendre de la nourriture, et tomber en léthar¬ gie dès le 20 septembre, par une température de + 12 à 15o Réaumur, quoique celle du mois d’août eût éié sou¬ vent bien inférieure, et reprendre leurs allures accoutu¬ mées pour quelques jours, au mois de novembre, et même au cœur de l’hiver (1). C’est encore à cette époque (20 septembre) que le Loir et le Lérotin fouillent le sable de leur case avec une obs¬ tination particulière; ceci me ferait supposer que leur re¬ traite d’hibernation est en terre; car le Muscardin, qui se loge pour l’hiver dans les arbres creux, ne fouille ja¬ mais* Après le sommeil, le besoin le plus impérieux des Loirs captifs est le manger ; ces petits Mammifères semblent n’être créés que pour satisfaire à ces deux fonctions. La quantité d’aliments que consomme un Loir dans les vingt- quatre heures surpasse son propre poids ; aussi engraisse- t-il promptement, et ne perd-il, à son réveil au printemps, qu’une portion minime du poids qu’il avait à l’époque de son engourdissement hibernal. Quant au choix des aliments, il est presque le même pour toutes les espèces ; tous aiment également les fruits à noyaux et à pépins, ainsi que les noisettes, dont cepen¬ dant le Lérotin et le Muscardin ne peuvent entamer la coquille; ils n'aiment pas, en général, les baies, et refu¬ sent constamment les glands. Ils sont très-friands d'œufs d’oiseaux, et probablement dévorent leurs petits ; mais le Muscardin fait exception; quoique privé à dessein de nour¬ riture pendant deux jours de suite, il n’a pas voulu tou- (1) Ceux qui cherchent à expliquer, par des causes finales , les phénomènes de la vie des animaux hibernants seront tout aussi embarrassés de ce fait que sont désappointés ceux qui s’imaginent pouvoir élever les Yers à soie dans les pays du nord, lorsque l’é¬ closion des chenilles prévient le terme de la végétation des feuilles du mûrier, malgré le soin qu’ils se donnent de tenir les œufs à une température très-basse dans des caves. 568 rev. èt mag. de zoologie. (Juillet 1850.) cher aux œufs et aux petits oiseaux placés dans sa man¬ geoire. Il est donc plus que probable que, comme les fruits et les noisettes ne sont mûrs que dans une saison plus avan¬ cée, les trois espèces de Loirs ont recours à une nourriture toute animale dès le printemps, d’autant plus qu’ils n’ont pas l’habitude de l’Ecureuil, qui, à cette époque, mange les bourgeons des arbres fruitiers et autres, notamment ceux du sapin (J). En domesticité, le pain de froment, toute pâtisserie, fruits secs , viande crue ou cuite, sont fort de leur goût. S’ils viennent à manquer de nourriture, ils se font une guerre à mort, et les plus faibles sont les victimes de la voracité des plus forts. Sur dix Lérotins enfermés dans la même case, et sup¬ posés engourdis, faute d’avoir reçu leur ration dans les vingt-quatre heures, trois ont été mangés par les sept restants, qui n’ont rongé que les chairs ; les dépouilles sont restées intactes, chaque peau retournée les poils en dedans, comme l’eût fait un habile préparateur, et le sque¬ lette presque complet. Plus tard, j’en vis un en plein jour qui me semblait malade ; il fut assailli par les siens, et dé¬ voré vivant en moins de quelques minutes. Il est à remar¬ quer que ce dernier acte de voracité n’a pas été suscité par la faim. Les Loirs, n’en déplaise à ceux qui soutiennent le con¬ traire, boivent souvent et beaucoup; iis ne se baignent point dans l’eau, mais se lavent à la manière des Souris, avec leurs pattes de devant; ils sont très-p;ropres et très- soigneux de leur pelage. (1) Je viens de m’assurer tout récemment que toutes les espèces de Loirs se nourrissent très-volontiers d'insectes dont l’appari¬ tion, précédant la ponte des oiseaux, leur off e une alimentation précoce. C’est aux Hannetons (Sc. melolmlhe ) qu’ils chassent de préférence. TRAVAUX INÉDITS. 569 Le Muscardin et le Loir ont la singulière habitude de déposer leur crottin dans l’abreuvoir, tandis que le Léro- tin en garnit le pourtour de son gîte. Une opinion populaire généralement établie dans nos contrées prétend que non-seulement la morsure des Loirs est mortelle, mais que le seul contact de leurs déjections fait entier les parties qui en auraient été souillées, en pro¬ duisant par la suite des ulcères inguérissables ; que si par hasard un Loir venait à passer sur le dos d’un Bœuf ou d’un Cheval au pâturage, ces animaux devaient infaillible¬ ment périr dans les vingt quatre heures ; ainsi que beau¬ coup d’absurdités de la même valeur. Il en est donc, au sujet des Loirs chez nous, comme de la Musaraigne en France, dont cependant les prétendues qualités délétères ne sont point accréditées parmi les habitants du nord. P. S. M. le docteur Blasiers, dans son Voyage en Russie méridionale , t. 1, p. 514, n° 285, signale le Mgoxus dry as comme une espèce qui ne serait rien moins que rare en üki 'aine. Toutefois un de mes correspondants, M. Be'kc, naturaliste distingué, et auteur d’une Masiologie publiée en 4 8î7, ouvrage très-recommandable, m’assura n’avoir jamais rencontré le Lérotin en Ukraine, ni dans les pro¬ vinces adjacentes ; également le professeur Zacoadzki n’en fait aucune mention dans sa Faune de la Gallicie ( F aima der Galizisch-Bukouinischen. Wirbelthiere, 4 840). Essai d’une monographie du genre Picucule (Buffon), Dendrocolaptes (Hermann, Illiger), devenu aujourd'hui la sous-famille Dendrocolaptinæ (Gray, Généra ofbirds ), de la famille Certhiadæ de Swains. ; par F. de Lafresxaye. — Suite, voy. p. 95, 145 et 275. Les motifs qui nous ont engagé à énumérer ici les es¬ pèces que M. G.-R. Gray a placées dans son genre Dendro¬ colaptes se retrouvant les mêmes pour celles qu’il a pla- 2e série, t. il. Année 1850. 24 370 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Juillet 1850.) cées dans le genre Picolaptes , que nous avons également déjà traité, nous allons de même les passer en revue dans le même ordre que ce savant l’a fait lui même. 1°. P. angüstirostris, Vieillot, Azara, no 242. — Nous le plaçons aussi, comme M. Gray, dans ce genre Picolap¬ tes; mais nous ne lui donnons pas, comme lui, pour syno¬ nymes le Dend. bivitiatus de Lichtenstein et de Spix, qui, comme nous l’avons fait connaître plus haut, constitue une espèce distincte, quoique très-voisine. 2°. P. squamatus, Licht. Berlin, Trans., 4 820, t. 2, f. 4 . — Nous l'y plaçons également, lui donnant pour syno¬ nyme le Dend. Wagleri de Spix, qui nous paraît entière¬ ment le même oiseau. M. Gray ne le lui donne pas. 5°. P. TENUIROSTRIS, Licht., Spix. — Picolaptes Spixii , Lesson, etc. — Nous Fy avons également placé, mais en lui donnant, outre les synonymies de M. Gray, celle du Grimpic à gouttelettes (Picolaptes guttata, Lesson, Cent, zool., pi. 52, et Dendrocopus fuscns (Picucule brun), Vieil¬ lot, Nouv. clict ., t. 26, p. 4 4 7. 4°. P. SUPERCILIOSUS, Licht., Azara, n° 245. — Dendro¬ copus pyrrliophius , Vieillot. — La petite taille de cet oiseau ( 5 pouces 4/2), son plumage à teintes uniformes sansma- culatures, sauf des taches noires sur le front; les couver¬ tures des ailes, couleur de tabac d’Espagne, ainsi que la queue, excepté les deux rectrices intermédiaires, qui ne sont de cette couleur qu’à leur extrémité, le reste étant d’un brun noirâtre ; tous ces divers caractères de colora¬ tion qui, à notre connaissance; ne se rencontrent chez au¬ cune espèce de Picucule, nous font penser que cet oiseau n’appartient nullement au grand genre Dendrocolaptes , mais bien plutôt à quelqu 'Anabate grimpeur ou quelque Synnalaxe , comme quelques autres espèces classées à tort par Azara dans ses Pics grimpereaux. 5°.? P. MINIATUS (lllig.), Licht., Azara, n° 246. — D. rubricaudatus , Vieillot, Nouv. dict., t. 26, p. 44 5. — Cet oiseau, qu’Azara ne place lui-même qu’avec incertitude TRAVAUX INÉDITS. 571 dans ses Pics grimpereaux , ne nous paraît pas, d’après la description qu’il donne de sa coloration et de sa taille (5 pouces de longueur totale), devoir y figurer, mais bien plutôt dans les Anabates ou les Synnalaxes ; aussi ne l’y avons-nous pas placé. 6°. P. obsoletüS (Illig.), Licht. Berlin, Trans 1818, p. 205. — Xiphorhynchus flavigaster , Swainson ? — M. Gray donne à cette espèce brésilienne (du Para), pour syno¬ nyme le Xipho. flavigaster de Swainson, espèce mexicaine, à la vérité. Quoique la description que Lichtenstein a donné du plumage, du bec de son obsoletus aillent assez au flavï- gaster , la grande différence de taille (6 pouces 5/4 au lieu de 9 pouces 1 U anglais ) ; sa queue, qu’il dit être sensible¬ ment courte (elle est longue chez le flavigaster ), et enfin la différence de localité, le Para au lieu du Mexique, tous ces divers motifs nous font fortement douter de l’exacti- tude de cette synonymie. Dans tous les cas, la forme du bec du Dencl. obsoletus ( Illig.), Licht., telle que Lichtens¬ tein le décrit lui-même, rostro recto , cultrato , etc., suffit pour éloigner cette espèce à bec droit du genre Picolaptes , composé d’espèces à bec arqué dans toute leur longueur. C’est pourquoi nous le plaçons dans le genre Nasïca de Les son. 7°. P. Wagleri, Spix, pi. 90, f. 2. — Xipho. leucogas- ter, Swainson? — - Nous sommes encore étonné que M. Gray ait donné à cette espèce brésilienne pour synonyme, avec doute, à la vérité, le Xipho. leucogaster de Swainson, es¬ pèce mexicaine, dont la coloration supérieure diffère en¬ tièrement ; et nous sommes bien plutôt porté à croire que le D. Wagleri a pour synonyme le D squamatus , Licht., Monog.j pi. 2, f. 1, et Cat. des doubles du Mas. de Berlin , n° 152. 8°. P. ocellatus, Spix, Av. bras ., t. 91, f. 1, — D’après la description comme d’après la figure qu’a donné Spix de cette espèce à bec droit, elle ne peut figurer dans les 572 rev. et mag. de zoologie. {Juillet 1850.) Picolaptes, mais plutôt dans les Nasicans ou même les Dendroplex de Swainson, où nous la placerons. 9°. P.? güttata, Lesson, Cent. zool. , t. 52. — C’est pour nous le synonyme de P. lenuirostris de Lichtenstein et de Spix, pl. 91, f. 2. — Picolaptes Spixii, Less., Traité d'orn p. 514. \ 0°. P. affinis, Lafr., Rev. zool., 1859, p. 100. — C’est effectivement dans les Picolaptes que nous l’avons placé ci-dessus. 11°. P. PROMEROP1RHYNCHÜS (Lafr.), Rev. zool, , 1 840. p. 270. — Ce n’est pas de nous que vient ce nom, mais bien de M. Lesson, comme l’a reconnu toutefois M. Gray dans son Appendix. Du reste, cette très-grande espèce, de 12 pouces de longueur, pourvue d’un bec et de pattes des plus vigoureux, ne peut figurer dans ce genre Picolaptes , et va très-bien, au contraire, dans le genre Dendrocolaptes, près de Yalbicollis, du D. major , etc. 12°. P. ALBOGULARIS, King., Proced. zool., soc., 1 850, p. 50. — Il est impossible de ne pas reconnaître, dans la description de ce prétendu Dendrocolaptes présenté comme tel par le capitaine King, qui l’avait recueilli sur les terres magellaniques, et surtout dans celle de son bec ( rostro sursum corvo ), l’oiseau décrit onze ans plus tard, en 1 841 , sous le nom de Dendrodramus leucosternus (Gould), Bea- gl’s voy. p. 82, pl. 27, qui effectivement a le bec légère¬ ment retroussé comme une Sittine, qui en a le plumage, et qui joint à cela des pattes de Sittelle. 11 n’a du genre Picucule que la forme de la queue, à rectrices terminées en pointes dénudées. Je profiterai de cette circonstance pour indiquer que le Dendrodramus leucosternus de Gould doit prendre le nom de Dendrodramus aibogularis , King, puisque ce nom spéci¬ fique lui avait été donné onze ans plus tôt par le capitaine King. 15e. P .? — Grimpar grimpereau, Levailiant, Promerops , t. 29, f . -I . — Cet oiseau n’est point un Picucule, mais un TRAVAUX INEDITS. *■* y* O l O Synnalaxe ou un Oxyurus , comme on peut s’en convaincre par la figure citée de Levaillant. Nous allons décrire maintenant les espèces du troisième genre, le genre Xiphorhynchüs , Swainson ( Falcirostre Les- son ). Genus Xiphorhynchüs, Swainson, in Zooi. journ ., n° 40. — Xiphorhynchüs , id . , in Class ofhirds , vol. 2, p. 515. — Xiphorhynchüs (falcirostre), Lesson, Trcrilé d’orn ., p. 545. — Xiphorhynchüs, G. -R. Gray, Gen. of. bircls. « Char. gen. rostrum tenuissime, maxime elongatum et curva- tum, basi satis latum sed abrupte a naribus ad apicem compres- sissimum, laminæforme, non dentatum ; alæ médiocres; caudâ satis elongatâ; pedibus fortioribus. » Tout en conservant, comme l’a faitM. G. -R. Gray, dans son Généra of birds , le genre Xiphorhynchüs de Swainson (. Falcirostre de Lesson ), nous avons cru devoir le restrein¬ dre, comme ces deux derniers auteurs, aux espèces qui semblent réunir les caractères du genre précédent, mais poussés à leur maximum, surtout dans la forme du bec, qui chez elles est arqué, pour ainsi dire, en quart de cer¬ cle, et comprimé, dès sa base, en lame de couteau. Elles se distinguent encore des précédentes par des ailes moins allongées, plus obtuses, la quatrième rémige étant la plus longue, et non la troisième, et par des pattes et des doigts plus robustes, tous caractères indiquant une destination particulière à la station verticale; c’est effectivement à l’aide de ce bec si prolongé, si grêle et si courbé, qu’elles peuvent extraire du fond de leurs trous, creusés en tubes arqués, et probablement très-étroits, les larves de certains insectes qui les creusent dans les pétioles courbes d’une espèce de palmier sur le tronc duquel ils restent comme implantés après la chute de ses feuilles. Cet arbre ne croît que sur les montagnes ; et là où il croît, là aussi seule¬ ment se trouvent les Xiphorhynchüs tels que le Xiphor , 574 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) falcularius de Vieillot, qui ne se rencontre que sur la mon» tagne des Orgues près de Rio-Janeiro. Quant à la coloration, les espèces de ce genre sont toutes remarquables par l’étroitesse et la forme linéaire, et non squamifonne, des taches claires de leur cou, de leur poi¬ trine et de leur abdomen. 1°. Xiphorhynchüs TROCHïLiROSTRis , Licht. Berlin, Trans. febru., 1820, p. 207, t. 5. — Dendrocopus falcula¬ rius , Vieillot, Encijc. melh p. 626, et Gai. des Ois., pl. -175. — Falcirostre des Orgues, Lesson, Traité d'orn., p. 5 i 5. «Xi rufo-olivaceus, alis brunneo-rufis, caudâ cinnamomeâ pileo nigro, nuchâ fuscâ colloque supero et latéral! maculis albi- dis striaiis; guiâ late albida ; collo antico imo pectoreque oliva- ceo-rufescenübus, maculis angustis striæformibussparsis notatis; ventre abcîomineque unicoloribus ; rostro basi valde arcuato, deinde usque ad extremum rectiore, maxilla nigra maud-bulâ castaneâ. — Lcnglt. tota, 25 cent.; aiæ pücatæ, 10 cent. Mo; caudæ, 10 cent. ; rostri a fronte, 8 cent — Habit, in Brasilia, in montibus (montagne des Orgues) dietis. » Divers auteurs, et nous-même, avons confondu assez longtemps cette espèce avec le Dend. procurvus de Tem- minck, et ce n’est que lorsque nous avons possédé les deux espèces, que nous avons pu reconnaître leur différence spécifique, après toutefois de scrupuleuses comparaisons. Le D. falcularius de Vieillot est. remarquable, quant à sa coloration, par la teinte noire du dessus de la tête, sur la¬ que! :e se détachent d’une manière assez nette les taches étroites, oblongues, blanchâtres, qui les couvrent, ainsi que le dessus du cou ; i! l’est surtout par la couleur som¬ bre de son bec, noir ou noirâtre en dessus, d’un brun marron en dessous, et surtout par la forme de ce bec, qui est beaucoup plus arqué depuis sa base jusqu’à la pre¬ mière moitié de sa longueur que dans la seconde moitié, qui est presque droite, et qui, dès sa base, est si brusque¬ ment et si fortement comprimé jusqu’à son extrémité, TRAVAUX INÉDITS. 575 qu’il n’a dans toute sa longueur, excepté à son ouverture, que deux millimètres d’épaisseur (celle à peu près du dos d’une lame de couteau ordinaire), tandis qu’il a huit cen¬ timètres de longueur depuis le front, il résulte de cette disposition particulière qu’il a l’air plus relevé, à son dé¬ part de la tête, que chez aucune autre espèce, et qu’en dessous les deux branches maxillaires forment entr’elles, en se bifurquant, un angle presque droit ou moins aigu que chez les autres espèces du même genre. Ce bec, vu sa grande compression, n’a d’épaisseur transversale dès sa base, après les narines, que deux millimètres. Les plumes des côtés de la tête et du dessous des yeux sont, comme celles du dessus, d’un blanc sale dans leur milieu, et bor¬ dées de noirâtre. La gorge et toute la partie gulaire est de ce même blanc sale, ainsi que des taches longitudinales étroites, presque linéaires, assez espacées, qui se remar¬ quent sur le roussâtre un peu ochreux du bas du cou et de la poitrine. Ces taches disparaissent sur la teinte uni¬ forme de Labdomen. Il habite au Brésil, près de Rio-Ja- neiro, sur les montagnes boisées, et entr’autres sur la montagne des Orgues. C’est au moins de cette localité que provient l’individu qui figurait aux galeries du Musée, lorsque Vieillot l’a décrit et nommé Dencirocopus falcula- rius, et le docteur Lichtenstein, Dendrocolaptes trocliiliros - tris. Il y avait été tué par M. Quoy lors de l’expédition autour du monde du capitaine Freycinet. 2°. X. procürvus (Grimpar promerops), Temminck, col. 28, f» 4. «Xi. supra brunneo-olivaceus, pileo fuscescente, nuchâ collo¬ que supero maculis strictissimis rufo-albiiis striatis ; subtùsdorso concolor, gulà sordide albâ ; collo antico et laterali pectoreque maculis prælongis angnsîis notatis; rostrum valde elongatum, tenue, compressum, rubescens, æque per totam longitudinem curvatum ; alis caudâque ut rite cinnamomeis. — Longit. tota, 25 cent, t/2; alæ plicatæ, 11 cent.; rostri a fronte, 6 cent, f/2; caudæ, 9 cent. 1/2; rostri crassitudo, 5 mili. » 576 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) Quoique cette espèce diffère de la précédente par sa co¬ loration, n’ayant pas, comme elle, le dessus de la tête noir, parsemé de taches blanches, mais brun-olivâtre, avec stries roussâtres, c’est surtout à la forme, à la dimension et à la coloration de son bec, qu’il est facile de la distin¬ guer. Ce bec, en effet, outre qu’il est moins long d'un quart à peu près que chez l’espèce précédente, de couleur rougeâtre et non noirâtre en dessus, présente une cour¬ bure régulière dans toute son étendue, tandis que chez le falcularius cette courbure est beaucoup plus prononcée dans sa première moitié que dans la seconde; il est moins fortement comprimé, ayant trois millimètres d’épaisseur au lieu de deux. Un second individu que nous possédons diffère de celui- ci en ce que le fond de sa coloration est plus foncé sur le dos, et principalement sur la tête, où il devient presque noirâtre, avec des taches plus jaunâtres qui se continuent plus loin sur le dos; car, chez le premier, elles ne dépas¬ sent guère la nuque. La coloration des parties inférieures est également plus foncée et plus teintée d’olivâtre avec la gorge, ainsi que les taches obiongues du cou, de la poi¬ trine et du ventre, plus roussâtres et se détachant plus nettement du fond. Le bec est un peu moins long, moins courbé, et d'une nuance moins rougeâire et plus terne. Nous pensons que ces différences de coloration et de lon¬ gueur du bec indiquent, chez ce second individu, un âge moins avancé, et non une autre espèce. 5°. X. procurvoides, Nob. « Xi. supra brunneo-olivaceus, uropvgio, alis, caudâque cin- namomeis; pileo pauio fuscescente, colloque supero guitis mini- mis et brevissimis albis aut rufescente-albidis, stnotali-; subtùs dorso conrelor, gutture, col io antico et laterali, pectore ventre- que maculis albis aut rufescente-albidis no atis; bis maculis su¬ pra guttur et collum squamæformibus, supra pectus triangulari- bus et super ventrem liliformibus; rostruin huic præcedentis speciei persimiie, salis forte, regulariter arcualum, lubicundum. — Longit, tota, 25 cent. M2, 25 cent. ; alæ plicatæ, 9 cent. M2 , TRAVAUX INÉDITS. 577 10; caudæ, 8 cent. 1/2; rostri a fronte, 6 cent. — Habitat in Cay- nna ce rte. » Cette nouvelle espèce, que nous avons nommée procur- voïdes, parce qu’elle rappelle le Dend. procurvus de Tem- minck par la couleur de son bec et celle de son plumage, en diffère cependant évidemment par une taille plus pe¬ tite, par la brièveté et la netteté des petites taches blanc sale ou blanc roussâtre qui se détachent clairement sur le tond brun-olive foncé qui couvre toutes ces parties; par la couleur de la gorge, qui n’est jamais uniformément blan¬ che, mais variée de taches blanches et de traits brunâtres depuis le menton, et enfin par la teinte de son bec non rougeâtre, mais paraissant rubicond. Tous les individus de cette nouvelle espèce que nous avons été à même d’obser¬ ver venaient de Cayenne, et non du Brésil, comme les deux précédentes. 4°. X. Lafresnayanüs , d’Orbigny ( Gray ; Généra of birds , Appendix, p. 6 ). — Dend. procurvus ( Stirps pecu- liaris^, Nob., Olim insyn. av. Amer., 2, p. 12, et d’Orbi¬ gny, Vou., pl. 55, f. 2. «Xi. supra totus unirufiis, dorso non olivaceo tincto , pileo brunnescente-griseo, illius, celtique superi etdorsi maeulis rufes- cente aîbidis, anguslissimis, linearibus, non vivide Claris; subtus dorm concolor sed pallidior, gutture, collo arsiico et laierali pec- tore abdonûneque maeulis aîbidis notatis; bis gutturis squamæ- formii us, colii vero, pecîoris et abdominis slriæformibus ; ros- trum vaide elongalum, modice curvatuni, pallide rubescens — Longit. tota, 28 cent. ; alæ, 1 1 cent. ; caudæ, 9 cent. ; rostri a fronte, 7 cent. — Habitat Chiquitos in Republicâ Bolivianâ. » Cette espèce péruvienne, d’une dimension un peu plus forte que le Dend. procurvus de Temminck, est remarqua¬ ble par sa teinte générale, d’un roux vif sans mélange d’olivâtre, comme chez toutes les espèces précédentes. Eile l’est encore par la teinte brun-grisâtre, et non noire ou noirâtre du dessus de sa tête, et par sa maculature en forme de stries linéaires blanchâtres. Elle diffère encore 578 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) des deux premières espèces par la couleur de sa gorge, non d’un blanc uniforme, mais blanche, avec des traits bruns ovalaires squamiformes ; son bec est moins brus¬ quement et moins fortement comprimé que celui du Xi- pho. falcularius , et forme une portion d’arc très-régulière et moins courbée que chez les précédents. 5°. X. PüCHERAim ( folcirostre de Pucheran ), Nob., Icon. omit, de O. Des Murs, 12e iivr , pî. 68. « Xi. supra rufo-brunneus, uropygio, ails et caudâ cinnamo- meis; capite brunneo-nigrescente, fulvo striât o ; fasciolâ posl" oculari, colloque latéral! vivide fulvis; geois inferis albo sericeo splendentibus ; subtùs rufo-brunneus plumarum medio dilutiore ; abdomine fulvo strictè striato.» Cette espèce de Falcirostre est, sans contredit, la plus marquante de toutes celles connues jusqu’ici par sa taille et par sa coloration. Elle est, en dessus, d’un brun roux assez vif, plus foncé sur le cou et la tête, où il passe au brun noirâtre depuis le vertex jusqu’au front. Toutes les plumes de la tête, du dessus et des côtés du cou, ont dans leur milieu et tout le long de leur tige une tache allon¬ gée, étroite, et finissant en pointe ; d’un roux clair, quoi¬ que vif, non circonscrite dans son pourtour, et se fondant par ses côtés dans la nuance plus foncée du fond. Une bande post-oculaire, en forme de sourcil, est de la même teinte; elle est bordée en dessous par une autre bande noirâtre et brune partant de dessous l’œil, laquelle surmonte elle-même une tache ovalaire d’un blanc nacré, soyeux, recouvrant une partie du méat auditif. Le croupion, les ailes , la queue et les sous-caudales sont d’un brun-canelle, nuance qui est uniforme sur les ailes, où les six premières rectrices seulement ont leur extrémité interne d’un gris noirâtre très-peu prononcé. Tout le dessous est du même brun-roux que le dessus, et toutes les plumes du cou et de la poitrine ont leur milieu plus clair, et se fondant insensiblement avec la nuance du fond. Cependant, sur l’abdomen, les taches deviennent TRAVAUX IXËDITS. 579 plus nettes, plus claires, et prennent une forme allongée et étroite. Quoique d’une dimension beaucoup plus forte que le Procurvus de Temminek, celte espèce a le bec moins long; il dépasse à peine celui de notre Xipho. procurvoïdes de Cayenne ; mais il est moins grêle et notablement plus large et plus haut à sa base, et d’une couleur blanc jaunâtre. Les pattes sont lout-à-fait remarquables par la longueur et la gracilité des doigts et des ongles. — Longueur totale, 26 cent. ; de l’aile ployée, 4 5 cent. 5/4 ; de la queue, 4 4 cent. ; du bec, depuis l’ouverture, 7 cent. ; du doigt mé¬ dian et du latéral externe, y compris les ongles, 5 cent. Cette espèce vient de Santa-Fé de Bogota, et a été ac¬ quise par le Muséum de Paris en 4 840. Nous la dédions à M. le docteur Pucheran, comme un hommage de notre re¬ connaissance pour l’obligeance avec laquelle il nous a fourni les moyens d’observer et comparer toutes les espè¬ ces de Picucules du Muséum, pour notre monographie de ce genre, et aussi comme souvenir de ses travaux conscien¬ cieux pour débrouiller les véritables noms de certaines es¬ pèces douteuses du Muséum de Paris. Nota. C’est en décembre 4 848 que nous avons publié cette description, accompagnée d’une figure, dans Y Icono¬ graphie ornithologique de M. O. Des Murs, pi. 68. M. Gray, qui a adopté, comme nous, le genre Xiplior- kynchus de Swainson, et avec la même modification, y place dans son Généra: 4°. X. TROCHILIROSTRIS (Licht.). Berlin, Trans ., 4 8 i 8 , p. 207, t. 5. — Dend. procurvus , Tenu, col. 28. Nous observerons d’abord que M. Gray a commis une petite erreur de date, quant à la publication du Trochili- rosiris par Lichtenstein ; car ce dernier auteur, après avoir publié en 4 820, dans le 4 7e volume des Mémoires de l'Aca¬ démie de Berlin, sa monographie des Dendrocolaptes. qu’il avait lue devant l’Académie dès le 4 5 janvier 1 84 8, ajoute (comme supplément en 4 820) la description de son Dencl. 580 rev. et 3i ag. de zoologîe. ( Juillet 1850.) trochilirostris, et celle de son Demi . merula , q ui par consé¬ quent ne peuvent prendre date que de 1820. Maintenant cette date est-elle plus ancienne que celle du Demi, falcu- larius de Vieillot, publié dans Y Encyclopédie méthodique , p. 626? Nous répondrons affirmativement sur ce point, celle-ci étant de 1825; et ce fait nous intéressait d’autant plus à éclaircir, que c’est le Falcularius de Vieillot que nous regardons comme synonyme du Trochiliroslris , et non le Procurvus de Temminck, comme l’a pensé et publié M. G.*R. Gray. Ce qui nous a confirmé dans cette opinion, c’est que le Demlrocolaptes du Musée de Paris, d’après le¬ quel Vieillot a décrit et figuré son Falcularius , y était alors unique de son espèce. C’était celui rapporté par M. Quoy, en 1818, de l’expédition Freycinet. Lichtenstein annonce, à l’article de son Trochiliroslris , qu’il a vu un individu de cette espèce dans le Musée de Paris. Nous avons été nous-même à portée d’observer cet individu du Musée, et nous avons reconnu à n’en pouvoir douter qu’il avait bien les caractères distincts de forme et de coloration du bec que nous avons signalés à son article, et qui n’ap¬ partiennent point au Dend. procurvus de Temminck, pu¬ blié bien plus tard. Voilà les motifs puissants qui nous ont déterminé à donner pour synonyme au Trochiliroslris le Falcularius de Vieillot, et non le Procurvus de Temminck, et à regarder ce nom de Trochilirostris comme le plus an¬ cien des trois. Du reste. M. Gray, dans YÂppenclix qui a paru avec la dernière livraison de son Généra, cite quelques indications que lui a transmises le docteur Hartlaub au sujet de ses Dendrocolapiinœ , et entr’autres celle-ci: « Xiphorlnjnchus falcularius may be synonymous with. — Dend. trochili¬ rostris, prince Maxim. — Xipho. Wiedii, Behn. « Or, le prince de Neuwied, après une description très-succincte de cet oiseau, renvoie au Dend. trochilirostris du Musée de Berlin. TRAVAUX INEDITS. 584 3*. X. falcularius (Vieillot, Encyc. méth., p. 626), Guides Ois. , pl. 4 75. M. Gray ne lui donne pas, comme nous, pour synonyme le Trochiliroslris , et le maintient par conséquent comme espèce, tandis qu’à notre avis il doit être effacé et remplacé par le Trochiliroslris , et le Procurvus , conservé au con¬ traire comme espèce distincte, et non synonyme du Tro- chilirostris. 5o. X.?Lafresnayanus Dendrocolaptes procurvus, d’Or- bigny et Lafresnaye, Synops Avium Amer., p. 4 2. C’est positivement au sujet de cette espèce que M. G.-R0 Gray, dans son Appendix , dit que c’est le Xiphor. Lafres- nayanus , d'Orbigny. Nous acceptons avec reconnaissance ce nom et cette dédicace, d’autant que l’espèce se trouve ainsi publiée dans l’appendix du Généra de M. Gray, et que nous comptions sans cela la publier nous-même de nou¬ veau sous un nom quelconque, ayant reconnu, depuis l’apparition de notre Synopsis Av. Amer., qu’elle constituait bien positivement une espèce nouvelle et distincte du Fal¬ cularius de Vieillot, comme du Procurvus de Temminck. M. Gray n’ayant indiqué, dans son Généra, que ces trois espèces de Xiphor hynchus, nous nous trouvons en faire connaître deux de plus dans notre monographie, le Pro - curvoïdes et le Pucheranii. Jusqu’ici les divers groupes des Dendrocolaptinées coin- pressirostres, dont nous nous sommes occupés étaient re¬ marquables par un bec plus ou moins arqué dans toute sa longueur ; ceux qu’il nous reste encore à étudier dans la même section le sont, au contraire, par un bec ou en¬ tièrement droit ou presque droit, n’ayant alors un peu de courbure que vers sa pointe. Ce sont les genres Nasica (Lesson), Sittasomus (Swainson), Glyphorhynchus (prince Maximilien), et Dendroplex (Swainson). Mais, nous le répéterons encore ici, si l’on nous voit 582 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) adopter ainsi, presque sans exception, dans cette sous-fa¬ mille tous ces genres nouveaux, qui ne sont que des dé¬ membrements du seul bon genre Dendrocolaptes , et ne sont fondés que sur des modifications de la forme du bec, c’est parce que, ne trouvant en eux aucun autre carac¬ tère de quelque valeur, nous avons pensé qu’il fallait ou les rejeter ou les adopter tous. Mais comme dans cette monographie nombreuse, et d’une étude difficile et obs¬ cure, nous n’eussions pas manqué de les employer comme sections ou sous-sections, il nous a paru naturel en nous en servant, de leur laisser les noms génériques qu'ils avaient déjà reçus des divers auteurs leurs fondateurs. Le genre Nasica de Lesson, par lequel nous allons com¬ mencer, n’a point été adopté parM. Gray dans son Généra , non plus que ceux du Dendroplex et Dendrocopus de Swain • son. Nous ne voyons pas trop pourquoi les rejeter, quand on adopte d’ailleurs, comme l’a fait cet auteur, ceux de Pieolaptes , Sittasomus , Glyphorhynchus , Dendrocincla et Xiphorhynchus , qui, comme les premiers, ne sont guère fondés que sur les modifications du bec. 11 nous semble que la forme toute particulière et presque rectiligne de celui du Picucule nasican de Levaillant, du Picucule tala- piot de Buffon, présente autant d’anomalie lorsqu’on les compare à celui d'un Picucule à bec ordinaire, comme YAlbicGllis, par exemple, que ceux d’un Pieolaptes , d’un Sittasomus et autres. En adoptant le genre Nasica de Lesson, au lieu de nous restreindre, comme semblait le faire ce savant, à la seule espèce type, le Grimpart nasican de Levaillant, Dend. lon- cjirostris (lllig., Licbt.), nous avons cru devoir lui réunir toutes les autres espèces qui, comme lui, nous ont offert un bec presque droit, légèrement courbé seulement vers la pointe, et souvent blanc ou de couleur pâle, des ailes de longueur médiocre, une queue longue et des pattes assez fortes. TRAVAUX INÉDITS. 585 4e groupe. Cen. Nasica Nasican (Lesson, Traité d'or n., 4 850 ). Char. gen. «Roslrum plus minusve elongatum, fere rectum, apice tantummodo curvatum, aut paulo uncinatum, colore sæ- pius corneo-pallidum aut albidum, alæ médiocres, magis quam in genere Dendrocolapte sed minus quam in genere Picolapte elongatæ, tribus remigibus primariis externis gradatis, tertiâ, quartâ et quintâ longissimis, fere æqualibus ; cauda satis elongata; pedes fortes, digitis elongatis.)) 4°. N. LONGIROSTRIS. — Pend. longirostris , Illig., Licht. Berlin, Ti ’ ans ., 1818, p. 200. — Le Grimpar nasican, Le- vaillant, Promerops , pl. 24. — Nasica nasalis , Lesson , Traité d'orn., p. 54 4 . — Nasica albicollis , Lesson, Suppl, à Buffon, p. 280. « Nas. supra vivide cinnamomeo rufus, capite colloque supero- brunneo-fuscis, maculis angustis elongatis albis aut albo-rufes- cenlibus striatis ; gula tota, collo antico et laterali, viltâ superci- liari maculisque peetoris et abdominis squamæformibus pure albis; cauda valde gradata; rosirum cylindraceum, longissimum, fere rectum albidum ; aut flavidum, post uares parum compres- simi ; pedes satis validi, unguibus fortibus et vaîde curvatis. — ■ Longit tota, 55 cent, ; alæ, 4 4 cent ; rostri a bonté, 7 cent. Mo; caudæ, 12 1P2. — Habit, in Brasilia. » Cette espèce, tout-à-fait remarquable par la longueur et la rectitude de son bec, ressemblant à celui d’une Bé¬ casse, l’est encore par la coloration de son plumage. Elle est du petit nombre de celles qui, au lieu d’avoir le des¬ sus du corps d'un roux olivâtre, l’ont d’un roux ferrugi¬ neux, avec les maculatures antérieures élargies, squami- formes, et d’un blanc pur. Le Nasican albicol (Nasica albicollis ), Lesson, Suppl, à Buffon , dont cet auteur semble vouloir faire une espèce distincte à\i Nasican de Levaiilant, lui est au contraire en¬ tièrement conforme, d’après la comparaison des deux des¬ criptions. Il l’indique seulement comme de Cayenne, au lieu du Brésil. 2°. N. FLAVIGASTER, Nob. — Xiphorlujnchus flavi - 584 REV. ET MAG. de zoologie. ( Juillet 1850.) gaster (Swainson, Syn. of bhds of Mex ., p. 440). — Dryocopus ebiirneirosiris (Lesson, Echo du monde savant , 18i5). — O. Des Murs, Icon. orn., pl. 52. « Nas. supra olivaceo-brunnens, capite colloque fusco-nigris, his dorsoque guttulis pallide ochraceis, nigro circumcinctis, su¬ pra dorsum flammulatis, supra alæ lectrices striæformîbus, nota- tis; alis caudâque rufo-cinnamomeis ; gulâ flavo-albidà ; strigà m\ stacalifonni ab uiroque latere fuscà, strictissiuaâ ; subtils brun- neo olivaceus, maculis albo-flavescentibus fusco marg naiis tlam- mulalus; rostro albido ; pedibus plumheis. — Longit. tota, 26 cent. 1/2; alæ, 12 cent. 1/2; caudæ, 10-11; rostri a fronte, 4 cent. — Habit, in Mexico. » Cette espèce mexicaine, décrite pour la première fois par Swainson, dans son Syn. of the birds , of Mexico, Phi¬ los. magaz, 1827, sous le nom de Xiphor. flcivigaster , l’a encore été longtemps après par M. Lesson, en 1845, sous celui de Dryocopus eburneirosiris. C’est bien évidemment la même espèce, comme il est facile de s’en convaincre par la comparaison des deux descriptions accompagnées d’une bonne figure, dans Y Iconographie de M. O. Des Murs. Elle estassez remarquable par son bec allongé, droit et robuste, arqué seulement à son extrémité, et paraissant blanc ou blanc jaunâtre chez l’adulte, grisâtre à sa base supérieure chez le jeune. Chez cette espèce, les taches descendant de la nuque sur le dos s’y continuent sous forme de longues flammettes bordées très-distinctement de noir, plus loin vers le croupion, que chez la plupart des espèces. Elles se remarquent même, mais plus étroites et en forme de stries, sur les grandes et les moyennes couvertures des ailes, ca¬ ractère presque particulier à cette espèce. Un trait brun- noirâtre, descendant du coin de la mandibule inférieure, en forme de moustache, encadre de chaque côté le blan¬ châtre fauve du menton et de la gorge ; chez un individu que nous croyons plus jeune, la mandibule supérieure est couleur de corne à sa base. La teinte de la gorge et des taches inférieures est plus blanchâtre, et celles-ci se déta- TRAVAUX INÉDITS. 585 chent moins nettement sur le fond moins foncé des parties inférieures. Nous n’avons pas cru devoir adopter pour cette espèce, comme l’a fait M. Lesson, le nom générique de Dryocopus , employé primitivement par le prince de Neuwied pour un autre groupe des Dendrocolapiïnées , pour deux motifs: d’abord, parce que le prince de Neuwied l'avait formé pour des espèces appartenant à un autre groupe (les Dendro- cops de Swainson ou Dendrocincla de Gray) ; secondement, parce qu’adoptant le genre Nasica de Lesson, il nous a semblé que cette espèce, comme toutes celles à bec droit légèrement courbé seulement à l’extrémité, devaient figu¬ rer dans ce groupe à côté du Nasican. 5°. N. guttatds, Dencl. guitatus (Licht.), Mon. Berlin, Ti 'ans., -181 8, p. 201 (exclusâ synouymiâ Dencl. flnmmei (Licht.), le flambé , Levaill., pl. 59, quœ ad aliam specicm perimel). — D. cjutiatus , Licht., Cal. des doubles du Mus. de Berlin, n° 1-59. «Nas. supra olivaceo-brunneus, capife nuchâque nigro-fuscis, his, gultis parvis, dorso autem maculis oblongis paîiiiie oclira- ceis, nigro niarginatis, nolalis; sublus dorso concolor, gu à totâ macu!isi{ue colli, pectoris et abdominis oblongis albido-ochracds, fusco niarginatis*, rostro rectiusculo,- valido, cullrato, supra ni- grescente, sub'.ùs flavescente. — Longit. tota, 26-27 cent. ; alæ, 15 cent. ; caudæ, 11; rostri a fronte, 4. — Habit, in Brasilia. » Cette espèce brésilienne offre de grands rapports dans sa taille et sa coloration avec l'espèce précédente (le Fla- vigasler de Swainson ), avant, comme lui, des petites taches ochreuses pâles qui se détachent sur le fond noirâtre de la tête et du cou, mais qui s’allongent et se rétrécissent en se bordant de noirâtre, à mesure qu’elles s’étendent vers le point où commence le roux du croupion, et où elles cessent entièrement. Toute la partie gulaire, ainsi que les taches pectorales et abdominales, de forme ovalaire allon¬ gée, sont également d’un blanc ochreux, latéralement bor- 2e série, t. ii. Annee 1850. 25 586 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) dées de brun noirâtre et se détachant sur un fond brun olive. Maintenant il est facile de la distinguer de ce Nascia flavigaster, en ce qu’elle n’a pas, comme lui, une strie brun-noirâtre descendant en forme de moustache de cha¬ que côté de la gorge, et que les couvertures alaires supé¬ rieures sont unicolores, et ne présentent pas la moindre apparence de stries médianes jaunes et noires que l’on re¬ marque chez lui. Son bec est plus gros, plus large à sa base, et moins comprimé dans sa longueur. La mandibule supérieure est noirâtre, l’inférieure jaunâtre. Elles sont toutes deux blanchâtres chez le Flavigaster. L’espèce est brésilienne, le Flavigaster est mexicain. 4°. N. pardalotüs, Fend, pardalotas ( Pic. flambé, Vieillot, Nouv. dict., t. 26, p. UT ). — Le flambé , Levaill., Promerops, pi. 50. — D. flammeus , Licht., Mon. Berlin, Trans ., 4 818. — D. ckunchotambo? Tschudi, Faim, pe - ruana. « Nas. præcedenti simillimus caloribus et forma, sed multo minor, rostro vero quo ad corporis staturam minorem majore, pedibusque gracilioribus. — Longit. tota, 25 cent. ; alæ, 10 cent. 1/2; caudæ, 9 cent. ; rostri a fronte, 3 cent. 1/2. — Habit, in Cayennà, Panama. )) Le docteur Lichtenstein , qui avait distingué d’abord cette espèce sous le nom de Flammeus , de son Guttatus , qui précède, finit par les regarder comme synonymes et ne constituant plus qu’une espèce. Il est certain qu’elles of¬ frent tant de rapports de coloration et de forme de bec, que nous étions tentés de les regarder nous-même comme formant deux races de la même espèce, ne différant que par la taille. Mais, en les comparant plus attentivement, nous avons cru reconnaître qu’outre la grande différence dans les proportions, la petite espèce, qui est le Flammeus ou Flambé de Levaillant, ne présente pas la même diminu¬ tion proportionnelle dans son bec que dans ses autres par¬ ties, et surtout dans ses pattes. Ainsi, tandis que sa Ion- TRAVAUX INÉDITS. 587 gueur totale ne présente que 25 centimètres au lieu de 27 ; son aile ployée, que ^0 t/2 au lieu de \o ; sa queue, que 9 au lieu de \ 1 ; son bec, mesuré depuis les plumes frontales, est encore long de 5 centimètres 1/2 au lieu de quatre qu’il a chez le Guttatus. Dans la coloration du plumage, la seule différence nous paraît exister dans la teinte bîanc-roussâtre de la gorge, moins uniforme, et variée de quelques traits bruns chez le Flammeus. Un des motifs qui nous fait regarder le Flammeus comme différant spécifiquement du Guttatus , et comme ne pou¬ vant être regardé comme sa femelle, c’est la grande diffé¬ rence dans leurs proportions, différence que nous n’avons remarquée aussi grande entre les individus d’aucune autre espèce jusqu’ici. 5°. N. G OTTATOIDES, Nob. « Nas. rostro subrecto, brevi, nigro ; supra olivaceo-brunneus, pileo nuchâque nigris; lus guttis parvis, dorso auîem tlammuîis angulis pallide ochraceis, nigro cinctis, notatis; mento albido, gulâ pallide ochraceâ, collo imo fusco squamato; subiùs intente olivaceo-brunneus maculis ovalibus rufescentibus fusco margina- tis flammulalus; medii abdominis maculis magis rufis, punctis- que aliquos fuscis laîeraliter notatis. — Longit. tota, 25 cent t/2; alæ plicatæ, 12 cent. ; caudæ, 50 cent. ; rostri a fronte, 3 cent. » Un peu moins grande que le Guttatus , cette espèce sem¬ ble tenir le milieu entr’elle et le Flammeus ; mais elle dif¬ fère de toutes deux par son bec, beaucoup plus court et tout noir; par la teinte, d’on ochreux plus pâle sur la gorge, blanchissant même sur le menton, et se terminant au cou par des traits déliés, régulièrement squamiformes; par le fond de la coloration inférieure, d’une nuance plus foncée; par toute la maculature inférieure, plus circons¬ crite et plus arrondie, prenant, contre l’ordinaire, une teinte rousse plus vive vers l’abdomen, au milieu duquel les flammettes sont bordées de quelques points noirâtres, comme chez le Promeropirhynchiis. Cette espèce a été rap- 388 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) portée de Lorette, au Musée, par l’expédition Castelnaud; mais nous la possédions déjà dans notre collection, l’ayant achetée d’un marchand avec quelques oiseaux de Colom¬ bie. On sera peut-être surpris que cet oiseau, ayant un bec plutôt court qu’allongé, nous ne l’ayons pas placé dans le genre Dendrocolaptes plutôt que dans celui de Nasica , et près des Dendrocolaptes Perrotii et Deviliei. Nous convien¬ drons que nous avons été fort embarrassé quand nous avons cherché à reconnaître le groupe où il devait figurer le pius naturellement, et si on n’avait égard qu'à la forme de son bec, ce serait avec les Dendrocolaptes qu’il faudrait peut-être le placer. Mais ses pattes n’offrent plus cette grande vigueur qu’on remarque chez les espèces du pre¬ mier groupe, et sa coloration est entièrement celle des Nasica yuilalus et fiammeus. Son bec même a entièrement la forme du leur en raccourci. Nous laissons, du reste, aux ornithologistes qui, comme nous, posséderont cette espèce, à trancher la difficulté; car on peut réellement la placer indistinctement dans l’un ou l’autre de ces deux groupes. ( La suite 'prochainement. ) Catalogue des Carabiques recueillis par M. Bocandé dans la Guinée portugaise, avec la description sommaire des espèces nouvelles; par M. de Laferté-Sénectère (Suite. Voy. p. 526). Séantes tenebricosus (Dej., 3, 488). Scariles quadratus (Fab., Syst. El., 4, p. 4 24, n° 7. — Dej., 1 , 590, et 5, 485). Scariles qnadripunclatns, \ (Dej., 4, 592, et 5, 485). Scarites subcylindncus. — Tête médiocrement large, for¬ tement accidentée antérieurement, avec uneélévation très- marquée au milieu du chaperon, dont les ailes, réguliè- ment arrondies, sont séparées de cette élévation par une TRAVAUX INEDITS. 589 impression oblique profonde; le bord antérieur couvert de rides longitudinales très-sensibles. Mandibules ordi¬ naires, semblables à celles du Senegalensis. Corselet très- remarquable par sa forme rectangulaire, à peine plus large que longue, fortement convexe, les côtés aussi paral¬ lèles que possible, les angles postérieurs modérément ar¬ rondis, et les antérieurs droits, à peine arrondis au som¬ met; les sillons antérieur et médial peu marqués. Les élytres deux fois et demie environ aussi longues et un peu moins larges à la base que le corselet, parallèles jusqu’aux deux tiers, puis terminées en ovale un tant soit peu acu- miné, très-convexes et subcybndriques, très-lisses et très- brillantes, laissant à peine apercevoir à la longue des stries très-fines, formées par une succession de petits points allongés, également rebordées tout autour. Cette espèce, parfaitement tranchée, ne peut être con¬ fondue avec aucune de celles qui lui ressemblent par la taille, la forme et le poli des éiytres. Aucune de ces espè¬ ces, telles que les Sc. paralLelus , scixicola , hespericus , n’ont le corselet aussi long ni les élytres aussi cylindriques. Une seule espèce à ma connaissance aurait un corselet aussi long et même plus long, c’est le Sc. elongatus Klug ( Bois- duvalii Dej., Cat. ), espèce du Cap de Bonne-Espérance, dont M. Dejean ignorait la patrie ; aussi je crois devoir en rapprocher notre espèce, qui s'en distingue surabondam¬ ment par la convexité du corseiet et des élytres, et aussi par l’infériorité de sa taille. La forme des pattes intermé¬ diaires ne s’oppose pas a ce rapprochement; car, bien que l’épine supérieure de la jambe soit très-courte dans le subrylinclricus , elle existe néanmoins d’une manière distincte. — Long. 25 mill. ; larg. 7 mill. Cette espèce paraît avoir été récoltée non moins abon¬ damment que le Sc. Fcisthanieiïi. Scariles gagatinus (Dej., 5, 492). Scarites picicornis (Megerle et Dej., 5, 495). — La dé¬ couverte que M. Bocandé a fait de cette espèce, la plus 390 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) petite du genre, et qu’on prendrait pour une Clivine, fixe la patrie de cet insecte, qu’il ne connaissait pas lorsqu’il l’a décrit. Clivina grandis (Dej., 2, 478.) — Recueillie en très-petit nombre : l’exemplaire que j’ai reçu n’a pas plus de 8 mil¬ limètres de longueur. Clivina curvidens. — Cette magnifique espèce , qu’on prendrait à la première vue pour un Camptodontus ou un Oxignathus, doit être maintenue provisoirement dans le genre Clivina , puisque M. Putzeys, dans sa Monographie, n’a pas cru devoir en retirer la CL angustata Dej., qui, avec une taille infiniment plus petite, présente exactement les mêmes caractères, c’est-à'dire des mandibules extrême¬ ment longues, arquées et aiguës, se croisant absolument comme celles des genres mentionnés ci-dessus, des ailes de chaperon très-développées et dépasssant le labre, et enfin des élytres extrêmement longues, étroites et cylin¬ driques. Aussi, au lieu de la décrire en détail, nous ren¬ verrons à l’excellente description latine que M. Putzeys a donnée de la Cl. angustata , en observant seulement que notre espèce est deux fois aussi longue et trois fois aussi large que l’ angustata; qu’elle est noire au lieu d’être fer¬ rugineuse, et que les ailes du chaperon sont encore plus dilatées et dépassent le labre d’une manière plus sensible. A cela près, les formes générales sont les mêmes; le cor¬ selet est tout aussi long et aussi convexe, les élytres tout aussi allongées, avec des côtes tout aussi marquées, et quatre points enfoncés aussi apparents sur la troisième strie. — - Long, de 12 4/2 à 46 mill. ; larg. de 5 à 4 mill. (4). Mono Senegalensis (Dej., Cat., p. 4 9). — M. Dejean, (I) Il est très-prob’able que M. Putzeys a éprouvé la tentation de créer un genre avec le Cl. angustata, et, s’il ne l’a pas fait, c’est que le genre ne lui a pas paru suffisamment établi par une seule espèce. Cela expliquerait pourquoi il a fait une description en latin qui ressemble plus à une diagnose générique qu’à une description d’espèce. TRAVAUX INÉDITS. 391 dans le cinquième volume du Specïes, p. 511, confond cette espèce avec le 3Iorio Orientalis , et déclare que les individus rapportés du Sénégal par M. Dumoulin sont ab¬ solument semblables à ceux venant de Java. Un examen plus attentif le fit revenir ensuite sur ce jugement, un peu précipité, et, dans son Catalogue, le Morio Senegalensis est séparé de V Orientalis. Il en diffère, en effet, par plus d’un caractère ; par la forme du corselet, qui est plus court et plus fortement bisinué sur les côtés, et par celle des ély- tres, qui sont au moins d’un sixième plus courtes. Si l’on compare, en outre, les côtes des élytres, on remarque que, dans l’espèce du Sénégal, elles sont toutes également éle¬ vées, tandis que dans l’espèce de Java les quatre premières sont complètement aplaties, et ne sont indiquées que par des stries très-fines, qui s’oblitèrent vers l’extrémité. — ■ Long, de 1 3 à J 6 mill. ; larg. de 4 \ 12 à 6 mill. La forme courte et trapue des élytres sert aussi à dis¬ tinguer cette espèce du M. paratlelus Ivlug, espèce voisine, qui habite Madagascar. Te f [lus iïlegerlei (Fabr., Syst. el., J, p. J 69, n° 5. — Dej., 2, 21). M. Deyrolle nous a vendu une variété de cette espèce, tellement différente du type, par la ponctuation des élytres, que nous avons été sur le point de la décrire comme une espèce nouvelle. Nous n’y avons renoncé que sur l’assurance que nous a donnée M. Deyrolle qu’il avait eu sous les yeux des individus établissant le passage entre cette variété et le type. Ce qui caractérise cette variété, c’est l’existence d’une petite côte intermédiaire, presque continue vers la base, et interrompue, vers le milieu des élytres, par des points enfoncés de plus en plus rappro¬ chés, de manière que, dans la seconde moitié, il n’y a plus de côte, mais une succession de points élevés, plus allon¬ gés que dans le type de l’espèce. Calosom a Senegalense (Dej., 5, 562). Panagœus regalis (Gory, Ann. Soc. Ent. de France, t. 2, p. 215).— Ce magnifique insecte, qui atteint près de 27 mill. 592 Rev. et mag. de ZOOLOGIE. ( Juillet 1850.) de longueur, existe aussi, dans les collections de Paris, sous le nom de Grandis Buq. et de Coryphœus Chev. PanaçjceiLs eximius. — dette belle espèce, nouvelle pour notre collection, est très-voisine du Recjalis , dont elle at¬ teint presque la taille; mais elle est facile à en distinguer. Premièrement, le corselet n’est nullement pédonculé, au¬ trement dit, nullement prolongé à la base, caractère très- important, et qui suffirait, à défaut d’autre, pour distin¬ guer ces deux espèces. Le corselet, en outre , est plus régulièrement arrondi ; sa plus grande largeur correspond exactement au milieu de sa iongueur, tandis que dans le Rcgalis la plus grande largeur est un peu au-delà du mi¬ lieu ; la ponctuation en est aussi plus fine. Les élytres ont la même forme, mais les cotes sont moins élevées, et au lieu d'être couvertes de gros points, elles ne présentent qu’une ponctuation extrêmement fine. Les taches diffèrent aussi quelque peu ; la bande antérieure, au lieu d’être en forme de rectangle, diminue de largeur en approchant de la suture, et ne dépasse pas la seconde côte (la côte suiu- rale non comprise); la tache postérieure occupe la même place, mais eile est un peu ovalaire, et ne dépasse pas la troisième côte du côté de la suture. Le dessous du corps et les pattes, entièrement noires, n’offrent rien de remar¬ quable. — Long. 26 mill. ; larg. 10 mill. Panagœus sinuaticollis . — Voisin des précédents, mais un peu moins grand. La sête estcanaliculée de chaque côté, mais peu profondément. Le corselet approche beaucoup de la forme de celui du Reçjcilis , mais il n’est pas plus pé¬ donculé que celui de Y Eximius. Sa plus grande largeur est un peu au-delà du milieu ; les côtés, régulièrement arron¬ dis jusque vers le milieu, se rétrécissent assez brusque¬ ment, en même temps qu'ils se relèvent d’une manière très-prononcée, ce qui complique leur sinuosité. Les ély¬ tres sont très-convexes et peu allongées ; les côtes sont très-marquées, peu abondamment couvertes d’une ponc¬ tuation fine, et les stries présentent une série de points TRAVAUX INEDITS. 595 médiocrement gros) et non confluents. Les taches sont Lune et l’autre en forme de bandes; l’antérieure, placée au premier quart, n'atteint pas le bord extérieur, et vient mourir sur la première côte, qu’elle colore un peu. La postérieure commerce sur la septième côte, et s’arrête à la première, qu’elle n’entame pas. Ces bandes varient de largeur suivant les individus. Les pattes et le dessous du corps entièrement noirs. — Long, de 20 à 22 mill. ; larg. de 8, 2 à 9 mill. Panagæus parvicoliis. — Cette nouvelle espèce a la taille et le faciès du P. nobiiis Ivlug, espèce de Natal assez ré¬ pandue dans les collections. La tête est peu profondément eanaliculée entre les yeux. Le corselet a peu de largeur; il est à peine deux fois aussi large que la tête, coupé car¬ rément antérieurement, presque régulièrement arrondi sur les côtés, la plus grande largeur au-delà de la moitié, les côtés faiblement relevés vers la base, qui est dbtincîe- ment pédonculée. Les angles postérieurs, coupés carré¬ ment, sont précédés d’une toute petite échancrure; le disque est grossièrement ponctué, oupîulôt chagriné. Les élytres sont allongées, peu convexes, sensiblement paral¬ lèles, avec les épaules médiocrement arrondies. Les côtes, très-peu élevées, sont faiblement ponctuées, et les stries laissent voir une ponctuation peu profonde et très-rappro- chée. Les taches sont en forme de bandes, l’antérieure, au tiers de la longueur, couvrant les troisième, quatrième, cinquième, sixième et septième côtes; ia postérieure, très- étroite et sinuée, couvre seulement les quatrième, cin¬ quième, sixième et septième côtes. Dessous du corps et pattes noires. — Long. 18 mill. ; larg. 7 mill. Panagæus Leprieurü (Buq., collection). — Tête courte, peu convexe, sans sillons latéraux distincts, grossièrement chagrinée sur le disque. Corselet transversal fortement échancré antérieurement , très-arrondi sur les côtes, jus¬ qu’au rétrécissement, qui a lieu aux 4/5cs de la longueur les côtés se dirigeant ensuite presque carrément sur la 394 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) base, qui est très-large, par la raison qu’eüe n’est nulle¬ ment pédonculée, les bords faiblement relevés tout autour, ce qui rend le disque assez plat; ponctuation grosse, pro¬ fonde, pas trop confluente. Les élytres, larges à la base, augmentent très-peu de largeur vers le milieu ; elles sont peu allongées et peu convexes ; les côtes sont très-peu éle¬ vées, surtout vers la suture, et imperceptiblement poin- tillées ; les stries, nullement profondes, résultent d’une succession de points peu enfoncés et presque confluents. La tache antérieure a un peu la forme d’une lunule qui se rétrécit en approchant de la suture , commençant sur la septième côte, elle se termine sur la seconde ; la tache pos¬ térieure est placée obliquement , et couvre les mêmes côtes, moins la seconde, qu’elle envahit pourtant un tant soit peu dans un des deux individus que je possède. — Long, de \ 8, 5 à 20 mill, ; larg. de 6, 5 à T mill. Panagœus microcephalus (Dej, 5, 600 ). — Cette espèce, très-voisine du Brevicollis , commence la série des espèces sénégaliennes à corselet sémicirculaire. La ponctuation n’est pas constante dans cette espèce. L’exemplaire typi¬ que de la collection Bejean et un de ceux qui me vien¬ nent de M. Bocandé ont les côtes semées de points dis¬ tincts et peu serrés. Deux autres individus , provenant également de M. Bocandé, ont les côtes semées de points sans nombre beaucoup plus petits. Toutes choses étant égales d’ailleurs, je n’ai pas cru devoir établir une espèce nouvelle sur une différence aussi légère, et qui n’est ap¬ préciable qu’à la loupe. Panagœus brevicollis (Dej., 5, 299). Panagœus selenoderus. — Espèce nouvelle, beaucoup plus petite que les deux précédentes. La tête est courte, et pré¬ sente sur le chaperon deux sillons longitudinaux assez dis¬ tincts Le corselet est conformé à peu près comme celui du Brevicollis, c’est-à-dire qu’il est un tant soit peupédonculé et très-sémicirculaire, faiblement relevé vers les bords; mais ce qui le rend fort extraordinaire, c’est que les côtés, qu'on TRAVAUX INÉDITS. 595 pourrait appeler les joues, se prolongent en arrière un tant soit peu au-delà de la base, de telle manière que leur bord postérieur, au lieu d’être perpendiculaire à Taxe du corselet, comme dans les Panagæus Leprieurii , microce- phalus et brevicoliis, se dirige en arrière obliquement et parallèlement au contour antérieur desélytres; la ponc¬ tuation, très-grosse au milieu du disque, s’oblitère vers les bords. Les ély très, à la taille près, ont exactement la même forme' que dans le P. Leprieurii ; elles sont plates, et au lieu de côtes il n’y a réellement que des intervalles plats entre les stries. La ponctuation de ces intervalles est très-fine, ainsi que celle des stries, qu’on aperçoit diffici¬ lement. La tache antérieure est oblique et plus courte que dans les autres espèces. Elle ne s’approche pas, vers la su¬ ture, au-delà du troisième intervalle, ne couvrant ainsi que cinq intervalles au lieu de six. Il en est de même de la tache postérieure, qui est subovaîaire. Les pattes et le dessous du corps sont entièrement noirs. — Long. 12 milî. ; larg. 5 mill. Panagæus lœtns (Dej., 5, 600). Panagæus ob s curie omis. — Cette petite espèce , que nous croyons nouvelle , est voisine , mais très-distincte du P. lœtus ; le premier et le second article des anten¬ nes sont seuls ferrugineux, les autres sont noirs. Le cor¬ selet, beaucoup plus étroit, forme antérieurement une portion de cercle parfaitement régulière , sans échan¬ crure pour l’insertion de la tête. La plus grande largeur correspond exactement au milieu de la longueur ; les cô¬ tés, à partir du milieu, se rétrécissent, suivant une courbe légèrement rentrante, jusqu’à l’angle postérieur, qui est presque droit. La base est rectiligne, et nullement pro¬ longée; les bords, comme dans le Lœtus , ont une teinte ferrugineuse. Les élytres ont à peu près la même forme que dans cette espèce ; seulement les angles antérieurs sont plus arrondis. La tache antérieure, placée oblique¬ ment, couvre toute Lépaule, et se joint extérieurement au 596 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) bord latéral, qui est lui-même ferrugineux dans presque toute sa longueur. La tache postérieure est plus petite que dans le Lœlus, et placée plus près de la suture. Les stries présentent une succession de gros points profonds et très-distincts, et les intervalles sont lisses et parsemés de très-petits points. Le bord inférieur des ély très est en¬ tièrement ferrugineux, ainsi que les pattes en totalité. Le dessous du corselet, la poitrine et l’abdomen sont entiè¬ rement noirs. — Long. 6 mill. ; larg. 2, 8 mill. Des dix espèces que nous venons de décrire ou de men¬ tionner, une seule, le P. brevicollis, a été récolté en grand nombre par M. Bocandé ; deux autres, les P. regalis et Leprieurn , ont été recueillis en nombre suffisant pour se répandre dans quelques collections. Tous les autres, et particulièrement les P. eximïus , parvicollis et obscuricornis. n’ont été recueillis qu’en très petit nombre. Nous croyons intéresser nos lecteurs, en groupant ici méthodiquement toutes les espèces de Panagées du Séné¬ gal et de la Guinée qui font partie de notre collection. Première division , Antennes plus longues que la moitié du corps, dimi¬ nuant de grosseur de la base au sommet ; le troisième ar¬ ticle plus que du double du deuxième. Grande taille. A. Gorselet suborbiculaire. . B. A base prolongée. — Regalis, Gray. — Parvicollis , Nobis, BB. A base non prolongée. — Eximïus , Nobis. — Si- nualicollis, Nobis. — Westermanni, I)ej . , Coll. AA. Gorselet sémicirculaire. C. A base non prolongée. — Microcephalus, Dej. CC. A base prolongée. — Brevicollis. Dej. — Selevo- derus, Nobis. Deuxième division. Antennes atteignant à peine la longueur de la moitié du TRAVAUX INÉDITS. 597 corps, de même grosseur dans toute ieur longueur; le troisièmearticle une fois etdemiepluslongque ledeuxième. Petite taille. D. Antennes entièrement rouges. — Cruciatus, Dej. — Lee tus, ej. DJ), Les deux premiers articles rouges, le reste noir. — Pallipes , Nobis. DDD. Antennes entièrement noires. ™ Amabilis , Dej. Toutes ces espèces, à l’exception du P. Weslermanni , ont été trouvées au Sénégal ou dans la Sénégambie, qui comprend les localités explorées par M Bocandé. Quant au P. Weslermanni , il est indiqué dans la collection de M. Dejean, comme originaire de la Guinée proprement dite; et comme cet insecte n’a pas été publié par M. De- jean, nous en donnerons ici une courte description. P. Wesltrmanni. — Il est très-voisin du P. sinuulicollis , dont il a exactement la taille. Son corselet a presque la même forme, à cela près que les côtés sont moins sinués et moins relevés vers la base. On a vu, dans le tableau ci- dessus, qu’il n’était nullement prolongé à la base. Les taches des élytres sont beaucoup plus petites et presque arrondies ; l’antérieure ne couvre que les quatrième, cin¬ quième. sixième, septième côtes, et le bord de la hui¬ tième. La tache postérieure repose sur les troisième, qua¬ trième, cinquième, sixième et septième côtes; elle se dé¬ compose en cinq taches de longueur inégale, celles de rang impair étant beaucoup plus courtes que celles de rang pair. La ponctuation des élytres n’offre pas de diffé¬ rences sensibles ; mais elles paraissent plus lisses et plus brillantes, ce qui lient à ce qu’elles sont moins pubes- centes; elles sont sensiblement moins larges, et comme elles sont tout aussi longues, il en résulte qu'elles parais¬ sent beaucoup plus allongées. {La suite prochainement. ) 598 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des Sciences de Paris. Séance du 1er Juillet 1850. — M. Duméril présente, au nom de l’auteur, M. Charles-Lucien Bonaparte , un exem¬ plaire d'un tableau systématique des Reptiles et des Am¬ phibies. Séance du \ 5 Juillet. — M. de Gasparin présente des Observations sur une lettre de M. Charpentier relative à l’a¬ limentation des mineurs belges de Charleroi. — M. Pouillet lit un rapport fort long et fort détaillé sur les travaux électro-physiologiques deM. du Bois-Reymond. Ce travail important se rapportant plus encore à la phy¬ sique qu’à la physiologie, et la commission ayant, avec une sage prudence, appelé de nouvelles études sur tous les points de la question physiologique pure, nous nous contenterons de signaler ce savant rapport sans l’analyser. — M. Clément ( d’Alfort) adresse des Recherches sur les modifications qu éprouve le sançj dans sa composition chimi¬ que, lorsque les hommes ou les animaux , d'ailleurs en santé , sont soumis a des souffrances vives et capables d'user rapi¬ dement l'organisme. L’auteur a constaté que, dans ces cir¬ constances, le sang perd partie de sa fibrine, partie de son albumine, sans perdre de globules. — - M. Laurent lit des Observations des moeurs des animaux nuisibles aux grands approvisionnements de bois de marine. Ces observations ont été faites à Toulon, Rochefort, Lo¬ rient, Brest et le Havre, sur le Taret naval , fe T. bipalmulé , le T. d'Àdanson, et le Teredo marina de Sellius. il en ré¬ sulte que, sauf le T. d'Adanson , que l’auteur n’a pu suffi¬ samment observer, les autres sont ovovivipares et herma¬ phrodites. Leur embryologie est conforme à ce que nous savons déjà des acéphales. 11 donne ensuite de curieux détails sur les mœurs des larves, et surtout sur leur ma¬ nière d’attaquer le bois, et arrive à conclure, d’après SOCIÉTÉS SAVANTES. 599 l’étude de ces mœurs, que les agents naturels (eau, sol, air) sont les meilleurs conservateurs des bois de marine. — M. du Bois- Reymond adresse une troisième réponse à M. Matteucci. Les autres séances ne contiennent aucune communica¬ tion zoologique. Société entomologique de France. Séance du 10 Avril 1850. —M. Chevrotât annonce que le Stenus asplialùnus Erichson, désigné comme propre au Ty- roî, et qui avait été pris également auprès de Turin, vient d’être rencontré, en grande quantité, aux environs de Rouen. Séance du 24 Avril. — M. le docteur Aube dit qu’il a reconnu dans un Coléoptère récolté à Batoum par M. Mon- tandon, le Trigomerus iïlelhji de M. Mulsant, et que ce der¬ nier a trouvé à la Grande-Chartreuse. Cet insecte appar¬ tient à la famille des Staphyliniens, et M. Mulsant le classe dans le groupe des Omalides; mais M. Aubé pense qu’il appartient plutôt au groupe des Protéinides, car il n’a pas d’ocelles. — M. Becker fait passer sous les yeux de ses collègues plusieurs boîtes contenant des insectes d’ordres différents et des Arachnides, dont les formes, ainsi que les couleurs, sont parfaitement conservées par un procédé particulier, découvert par M. Constant Bar, et que ce dernier se pro¬ pose de mettre en usage, dans un voyage qu’il va faire à Cayenne et Surinam. — - Il est donné lecture d’une Notice de M. de Laferté- Sénecière, contenant la description d’un genre nouveau dans le groupe des Panagœus. Séance du 8 Mai. — M. Gaubil adresse, au nom de M. Schaum , une révision des espèces européennes du genre Hydroporus.. — M. Javet annonce que le Thalimalicus ciliatus a été 400 P.EV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( JuilleL 1850. ) pris en Irlande par M. Haliday, et que cet entomologiste croit que son Helerocerus sabulosus est identique a*. ec le Femoralïs Kies. Notre collègue ajoute qu’il a trouvé en Angleterre le Micralymma brevipenne sur des rochers im¬ mergés à la marée haute. Ces insectes se logent dans les fentes de ces rochers, qui sont feuilletés, et on les trouve en faisant sauter ces feuillets, qui offrent peu de résis¬ tance. — M. Aubé dit qu’il a trouvé, avec M. L. Fairmaire, dans une excursion récente à Fontainebleau, le genre Symbiotes Redtenbaker. — M. J acqueiin-Duval communique quelques observa¬ tions entomologiques qu’il a recueillies dans un récent voyage à Prades. 11 cite, comme apparition prématurée au mois de mars , les Carabus rutilans et meicincho- lïcas , le RlujzoLrogus thoracicus , ainsi que YAteuclws laiicoilis , qu'ii a pris, il est vrai, sous une pierre ; comme espèces peu répandues , le Dapsa trïmaculata , YAgabus mêlas; comme habitat remarquable, les Ochtlienomus si- nuatus et anguslatus Laferté, qu’il a rencontrés assez fré¬ quemment sous les pierres placées au bord des champs, le plus souvent parmi de petites fourmis. Rechercheraient- ils ces dernières? il ne le pense pas. Leur habitat, même, n’est peut être pas aussi singulier qu'on pourrait le croire au premier abord. En effet, il croit pouvoir l'expliquer, en disant que le pays s’arrose ati moyen d’un grand ruis¬ seau provenant de la Test. Par conséquent, les Oclukeno- mus auraient été apportés par l’eau et se seraient répandus ensuite ; il en a, du reste, pris au bord de la Test, à peu près dans les conditions normales. 11 mentionne aussi une fe¬ melle de Dytiscus pisanus à élytres totalement lisses et re¬ produisant la variété cor.formis du D. maryinaiis , la variété dubius du D. circumcincius , et confirmant que ce ne sont en effet que des variétés. Il dit encore que YHeliopcUes hy- bridus, qui se trouve très-communément sous les pierres, dans les lieux secs, produit un petit bruit très-distinct par SOCIÉTÉS SAVANTES. 401 le frottement de l’extrémité de l’abdomen contre les ély- tres, et le mâle seul produit ce bruit, comme il a pu s’en convaincre par l’examen d’un très-grand nombre d’indivi¬ dus. Il ajoute qu'il a trouvé une Lamia texlor , dont le corselet est armé, sur un de ses côtés, d’une épine bifur- quée. Enfin, il ajoute que la découverte la plus intéres¬ sante qu’il ait faite est celle du Selenophorus scarhides Zie- gler, espèce peu répandue dans les collections, indiquée comme exclusivement propre à l’Autriche, et qu’il a trou¬ vée aux environs de Toulouse. — Le même membre lit une Note sur le Vesperus Lcilartïi, dont il fait connaître le mâle, qui n’avait pas encore été décrit. — M. Becker dit qu’il vient d’être trouvé, dans les fo¬ rêts de l’Escurial, une nouvelle espèce de Chelonia, voi¬ sine de la Villicci, avec laquelle elle était confondue. Séance du 22 Mai. — M. Bellierde la Chavignerie lit des observations qui prouvent d’une manière incontestable que la Numeria Donzelaria n’est point une espèce typique, comme l’avaient cru les auteurs, mais n’est qu’une va¬ riété, fort remarquable du reste, de la Numeria Capreota ria femelle. — M. Guènée adresse, de Chateaudun, une Note conte¬ nant de nombreux détails sur les recherches auxquelles il vient de se livrer relativement au décalquage des Lé/Adop- tères, et indiquant les procédés qui lui ont réussi pour cette opération. — M. le docteur Aubé présente la description de soixante espèces nouvelles de Coléoptères d'Europe et d'Algérie. Ces descriptions devant être publiées incessamment dans le troisième numéro des Annales de la Société , nous ne croyons pas devoir en donner ici les diagnoses. Séance du 12 Juin. — On annonce la triste nouvelle de la mort de M. Al. Pierret , secrétaire-adjoint, décédé à Pa¬ ris, le 26 mai 1850. M. Amyot a prononcé quelques mots d’adieu sur sa tombe, et la Société charge M. Doué de don- 2e série, t. il. Année 4850. 26 402 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) ner, pour les Annales , une Notice sur la vie et les travaux de M. AI. Pierret. — M. Reiche signale une monographie des Pséliphiens propres aux Etats-Unis, qui vient d’être publiée en Amé¬ rique par M. Lecomte. — M. Amyot donne quelques détails sur YAlucite qui, en ce moment, fait des dégâts aux environs de Paris. — M. Fairmaire annonce qu’il a trouvé récemment, à Saint-Germain, la larve de Y Ægœsoma scabricorne. Séance du 26 Juin. — M. Doué annonce que M. Pierret offre à la Société la magnifique collection de Lépidoptères d’Europe que son fils avait mis près de vingt ans à recueil¬ lir, ainsi qu’une cinquantaine d’ouvrages, pour la plu¬ part relatifs à l’entomologie, et il ajoute que M. Pierret , ne voulant pas occasionner de dépenses nouvelles pour loger cette collection, se propose de donner annuellement à la Société une somme de deux cents francs. La Société accepte avec une vive reconnaissance l’offre de M. Pierret, et décide qu’une lettre de remercîments lui sera adressée par les membres de son bureau, — M. Bellier de la Cliavignerie dit qu’il se procure an¬ nuellement des Gracilia pygmæa dans un vieux panier en osier, bois dont les larves doivent se nourrir. M. Laboid- b'ene ajoute que M. Perris a trouvé, à peu près dans les mêmes conditions, la Gracilia brevipennis dontM. Mulsant a fait le genre Leptidia; cet insecte sortait en grand nom¬ bre de paniers d’osier qui renfermaient des cocons de Vers à soie. — M. Chevrolat dit que, dans une excursion qu’il vient de faire avec M. Mellié, dans la forêt de Compiègne, il a trouvé un individu de la Saperda plioca , qui n’avait encore été signalée qu’une seule fois en France. — M. Laboulbène lit un Mémoire de M. L. Dufour , inti¬ tulé Mélanges entomologiqnes. L’auteur, après avoir donné quelques considérations sur l’étude de l’entomologie, s’oc- analyses d’ouvrages nouveaux. 405 cupe plus spécialement de l’habitat du Serenthia Iceta , de la détermination de Y Issus grylloides Fabricius. — Un autre Mémoire, également de M. L. Dufour, est présenté ; il porte pour titre : Sur une nouvelle espèce de Célonites ( C . dispar), et Réflexions sur la famille des Ma- sarides. — M. Leprieur adresse une Note sur les mœurs du Sper - cheus emarginatus. Séance du 24 Juillet. — M. H. Lucas , de retour de son excursion en Algérie, donne des détails sur ses recherches entomologiques , et annonce qu’il a remarqué que les mêmes espèces habitaient les plaines et les pays de mon¬ tagnes. — M. Brisout de BarnevUle dit que VAcridium parapleu - rum Costa vient d’être trouvé en France, sur les bords de la Durance. — M. Macquart adresse la description d’une chenille de Coccyx , probablement nouvelle, trouvée sur la tige d’un jeune cèdre du Liban, à Lestrem (nord). E. Desmarest. III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. Journal de Conchyliologie de M. P. de la Saussaye. Année 4 850. — N° 2. Mémoire sur le G. Actéon d’Oken, par M. Souleyet. (Suite.) — Continuant, dans cette seconde partie, l’exa¬ men anatomique commencé dans la première, M. Souleyet décrit l’appareil générateur. Cet appareil offre les deux sexes réunis, mais avec une disposition particulière à l’Ac- téon. 11 y occupe presque toute l’étendue du corps de l’a¬ nimal où les ramifications hépatiques le recouvrent. L’o¬ vaire forme de chaque côté de la ligne médiane une grappe de vésicules rondes, réunies par des canaux branchus qui 404 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) vont tous aboutir dans un seul oviducte. Ce canal se joint à celui du côté opposé, puis traverse un corps ovoïde ou réniforme, et se renfle pour constituer une matrice renflée en un peloton placé à la portion cervicale du corps avec le tube digestif. Enfin, après s’être rétréci, il reçoit le ca¬ nal de la vésicule copulatrice, et s’ouvre presque aussitôt au côté droit du cou de l’animal, tout près du commence¬ ment de l’expansion latérale droite du corps. Cet appareil a été entrevu par M. Almann, mais incomplètement, et il a déterminé la matrice comme le testicule. Cet organe a été reconnu par M - Souleyet dans un appareil pair, comme l’ovaire, étendu comme lui dans la totalité du corps, et constitué de chaque côté par une arborisation de cæcums qui vont en définitive se réunir à un seul canal déférent. Ce conduit s’unit en avant à son congénère, à la même hauteur où les deux oviductes se joignent; puis le canal qui en résulte donne une branche de communication à l’oviducte au point où commence la matrice, et se porte ensuite en avant et à droite, pour se terminer dans la verge que l’on trouve en avant, à côté du tentacule droit, sous la forme d’un cône creux recourbé. A toutes ces parties il faut joindre un troisième appareil qui suit toutes les ra¬ mifications de l’organe mâle, sous la forme d’une double grappe à branches très-grêles. C’est, pour M. Souleyet , un organe sécréteur d’un usage inconnu. M. Almann avait vu la verge, le canal déférent et sa communication avec l’ovi- ducte ; quant au reste, il l’avait méconnu et confondu. Vient ensuite l’appareil musculaire. 11 n’oflrechez l’Actéon, outre les muscles de la masse buccale et de la verge, que quelques faisceaux dirigés d’avant en arrière dans toute la longueur de l’animal, et qui sont les derniers vestiges du disque musculaire ou pied des Gastéropodes, et une mince couche de fibres transverses qui doublent l’enveloppe ex¬ térieure. Quant aux organes des sens, voici ce qu’indique l’auteur : Pour le toucher, deux tentacules en avant de la tête, non rétractiles, mais très-mobiles; pour la vue, deux ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 405 yeux derrière les tentacules, composés d’un nerf optique pénétrant dans une petite masse de pigment noir, et d’un cristallin sphérique enchâssé dans cette masse et contenu avec le reste dans une capsule oculaire transparente ; pour l’audition, un organe analogue à ceux indiqués par MM. Ey * doux et Souleyet, et décrits par M. Siebold chez les Mol¬ lusques gastéropodes, c’est une petite capsule transparente qui reçoit un nerf des ganglions cérébraux et contient un nucléus transparent et solide. Enfin, le système ner¬ veux se compose : 4° d’une paire de ganglions cérébraux susœsophagiens, accolés sur la ligne médiane; ils don¬ nent les nerfs des organes des sens, et les nerfs buccaux terminés par deux petits ganglions qui, après avoir donné des nerfs à la langue et à la bouche, vont se joindre par une branche récurrante de chaque côte de l’oesophage à deux autres petits ganglions semblables fournissant à l’es¬ tomac; 2° d’une seconde paire de ganglions sous-œsopha¬ giens réunis par de courtes commissures, soit entr’eux, soit avec ceux de la première paire ; leurs nerfs vont aux muscles du pied et des téguments correspondants ; 5° de trois ganglions plus petits, deux pairs et un médian im¬ pair, situés en arrière et en dessus de la paire précédente et collés sur elle ; ils donnent des nerfs aux organes de res¬ piration, de génération, et aux viscères. M. Souleyet poursuit cet intéressant travail par une his¬ toire naturelle des Actéons. 11 y fait connaître le séjour et les mœurs de ces animaux d’après ce qu’en ont vu tous les naturalistes jusqu’à ce jour. L’époque où on les trouve va¬ rie suivant le climat, et est d’autant plus reculée dans l’an¬ née que celui-ci est plus septentrional. Ils sont d’habitude réunis en famille, et se nourrissent de végétaux marins. 'auteur ajoute des détails sur leur accouplement et leurs œufs, et termine par un aperçu de leur distribution géo¬ graphique. Vient ensuite la question de la classification; après avoir rappelé les opinions des divers naturalistes à ce sujet, M. Souleyet , d’après la comparaison de l’orga- 406 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) nisme des Actéons avec ceux des autres groupes de Mol¬ lusques, les considère comme devant constituer une famille intermédiaire entre les Pulmonés fluviatiles et marins et les INudibranches. Dans cette famille entrerait le genre Piacobranche de Van-Hasselt, qui devrait peut être se con¬ fondre avec le genre Actéon lui-même. Enfin, arrive la discussion des espèces dont le caractère spécifique est em¬ prunté à la forme du corps. L’auteur en admet quatre : la première, qui a été l’objet des observations de M. Sou- leyet, est de forme lancéolée, et appartient à la Méditerra¬ née; une seconde, disposée en losange tronquée, Elysie timide de Risso, qui appartient à l'Océan et à la Méditerra¬ née; puis YAplysie verte de Bosc, ou Actéon aplysi forme de Férussac, à forme ovale allongée, un peu acuminée en arrière, de l’Amérique septentrionale. Enfin, Y Actéon aus¬ tral de MM. Quoy et Gaimard, trouvé à Port-Jackson. Observations sur les zoospermes des Hélices, par M. P. Gratiolet. — Dans un premier paragraphe, l’auteur expose les doutes qu’ont fait naître en lui de longues re¬ cherches relativement à cette opinion de M. Meckel, qui a vu dans l’organe en grappe des Gastéropodes hermaphro¬ dites une invagination d’un cæcum spermagène dans un cæcum ovigène. 11 n’a pu, quant à lui, découvrir, soit dans les Hélices, soit dans les Limaces, les faits avancés par M. Meckel. D’aiileurs, cette opinion de l’observateur alle¬ mand avait pour but la solution de cette question : Com¬ ment des œufs demeurent-ils inféconds en présence des zoospermes? Elle ne résout nullement la difficulté, puisque ce contact, qu’il croit impossible dans l’organe en grappe, a lieu dans l’utérus, toujours incomplètement séparé du canal déférent. Rappelant ensuite la forme et les dimen¬ sions des filaments zoospermiques des Hélices, il insiste sur leur état d’immobilité pour en faire surgir cette question : Cet état ne serait-il pas l’état primitif d’un zoosperme ap¬ pelé à se perfectionner ailleurs? Pour résoudre ce doute, l’auteur s’est posé deux questions secondaires ; \°. Dans ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 407 quelle partie de ïappaj'eil générateur femelle le sperme est-il déposé pendant l’ accouplement F Le raisonnement comme l’expérience ont répondu à l’auteur : le sperme est déposé, pendant l’accouplement, dans une vésicule copulatrice. 2°. Que devient le sperme déposé dans la vésicule copulatrice? Les zoospermes y subissent une véritable métamorphose ; leur queue se raccourcit; leur tête croit notablement; en¬ fin, ils offrent un mouvement très-évident. Enfin, à un der¬ nier état, la queue disparaît tout-à-fait, et un prolonge¬ ment flagelliforme situé à l’autre extrémité s’est développé et constitue la queue du zoosperme parfait. Les mouve¬ ments sont alors extrêmement vifs. M. Gratiolet a porté ses investigations sur d’autres genres hermaphrodites, mais sans avoir encore obtenu de résultats dignes d’être publiés. Enfin, il cherche à expliquer, par les nouveaux faits qu’il a fait connaître, l’existence simultanée de deux espèces de zoospermes dans le sperme de la Paîudine vi¬ vipare. Notice sur le genre Cypricarde, par M. H. Mittre , chirurgien-major de la marine, — Après une courte revue des diverses opinions relatives à la place de ce genre, l’au¬ teur annonce que l’étude de la C. datte et de la C. angulata l’a conduit à une classification plus exacte. Il le place dans la famille des Litliopliages, à côté des Pétricoles et des Vé- nérupes. Donnant ensuite pour preuve la description ca¬ ractéristique de la C. coralliopliage, il expose les carac¬ tères qui éloignent les Cypricardes des Cardites et des Bucardes, et qui les rapprochent, au contraire, des genres ci dessus nommés. C’est au manteau et au pied qu’ils sont empruntés en général. D’ailleurs, presque toutes les es¬ pèces creusent les calcaires. L’auteur supprimerait donc le genre Coralliopkaga de de Blainville pour le réunir au G. Cyjpricardia, Notice sur le G. Nerita et sur le S. -G. Neritina, avec le Catalogue synonymique des espèces, par M. C.-A. Ré- cluz. — Ce travail contient d’abord l’histoire du G. Ne- 408 HEV. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) rita, depuis Lister, son fondateur, et en même temps celle du S. -G. Neritina , et arrive enfin à résumer l’état de nos connaissances sur ces. groupes et les raisons qui leur as¬ signe leur valeur actuelle, et sur les coupes secondaires qu’on y peut reconnaître. L’auteur donne ensuite la carac¬ téristique du G. Nerila et celle du S. -G. Neritina , et ter¬ mine par un Catalogue des Néritines, divisées en 8 tribus : 1° les Vêlâtes de Montfort, comprenant 5 espèces; 2° les Piléoles de Sowerby, 5 espèces ; 5° les Mitrules de Menke, 4 6 esp. ; 4° les Clypéoles de Récluz, 2) esp. ; 5° les Nérip- tères de Lesson, et d’autres à coquille navicelliforme, 57 esp. ; 6° les Corona de Chem., et une partie des Ciblions de Monsfort, 76 esp.; 7° les TheodGXus de Menke, 75 esp.; 8° la plus grande partie des Clitlions, de Montfort, 105 esp. Il faut y ajouter 54 espèces fossiles. Dans ce Catalogue se trouvent les espèces nouvelles suivantes, que M. Récluz décrit à part : Neritina Bakiensis , N. Troscheiii , N. Moqui- niana , N. Jaijana , N. cincta , N. unideniata , N. Cocliinsi- nœ. N. Bougainvillei , N. Florida. N. Wallisiarum, N. Des- moulinsiana , N. turrita, N. Cumingiana. Monographie d’un nouveau genre de coquilles bival¬ ves, G. Eucharis, par M. C. Iiécluz. — Malgré toute la sévérité qu’on doit apporter dans l’établissement des coupes génériques, l’auteur a cru avoir des motifs suffi¬ sants pour fonder ce nouveau genre, en prenant pour type la Corbula quadrata publiée par M. Hinds ( Proced. de la Soc. zool. de Londres, 1845 ). L’absence d’épiderme, de rostre, de l’inégalité des valves, la position extérieure du ligament, sont pour M. Récluz des caractères qui éloignent cette espèce du genr eCorbule; et, après un examen atten¬ tif, il propose son nouveau genre Eucharis ainsi caracté¬ risé : Testa œquivalis^ inœquilateralis, ovataseu subqlobulosa , hians, apicibus antrorsiim flexis : cardo , in utraque valvula , dentem mnlico lalere jimctos ferens ; liganientum exlernum supra nymphas infixum ; impressiones musculares duœ orbi- culalœ , approximative, impressione musculari simplici con- ANALYSES DDUVRAGES NOUVEAUX. 409 junclœ. Animal ignolum . M. Réclaz range dans ce genre deux espèces : E. quadrata [Corbula quadrata, Hinds) et E, ellipiica. * Description de Coquilles nouvelles, par M. P. de la Saussayc. — Hélix Guiilaini de Sainte-Marie de Madagas¬ car, voisine de VH. labrella, Lin., et H. xyslera , Pfeiffer. Partula Recluziana , voisin de la P. inflata deReeve. Rue- cinum Guillaini, voisine du P. Jyratum de Lamarck. De la perforation des pierres par les Mollusques. — L’article de M. Deshayes, inséré dans le premier numéro de ce journal, a donné lieu aux communications suivantes: Une lettre de M. Thorent , dans laquelle cet observateur reconnaît, avec M. Deshayes, qu’aucun Mollusque ne per¬ fore la pierre à Laide d’un moyen mécanique. 11 a recher¬ ché ensuite, avec l’aide d’un chimiste, M. Rivet, quel était l’agent de cette perforation, et ils ont constaté, dans la Pholas crispata , Lexistcnce d’un acide libre sécrété dans les parties intestinales. Sans avoir pu déterminer la nature de cet acide, ils pensent que c’est de l’acide chlorydrique, provenant des chlorures de l’eau de mer. Quant à la co¬ quille, le drap marin, ou épiphose, la protège suffisam¬ ment. En second lieu, c'est une note de M. Lovell-Reeve , qui parle d’une opinion de M. Buckland, qui attribuerait à une râpe siliceuse les dégâts du Teredo navalis. L’au¬ teur, quant à lui, paraît adopter complètement l’idée des agents chimiques. Observations sur quelques Mollusques du G. Hélix, composant le groupe des espèces luisantes de France, d’a¬ près l’abbé Dupuy, par M. Terver , de Lyon. — L’auteur discute la détermination et la synonymie de 1 2 espèces, ou donne des indications sur leurs mœurs et leur habitat. Notice sur un nouveau genre de Mollusques terrestres, nommé Stoastoma, par M. C.-B. Adams. — En 4 849, M. Adams a publié à Amherst (Massachussett ) ce nouveau genre et 11 espèces toutes de la Jamaïque. En voici la ca¬ ractéristique: Testa, aperlura accurate semi-circulari, ora 410 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) crassa ; labro producto , regulariler curvato , haucl reflexo; labïo vix curvato; operculo calcareo , perconcavo, exili et irregulanter lameLlifero. Pfeiffer (Zeitschrift für malako- zoologie. — \ 849, pag. \ \ 3) rapporte à ce genre le Cyc'os- toma succineum Sowerby, de l’île d’Opara. Voici, en outre, les espèces décrites par M. Adams : St. Gouldianum, Blan- dianum , Faclyanianum , Pfeifferianum , Cumingianum , Chitlianum , pisum , Lyndsleyanum , Redfieldianum , Jaya- num, Leanum. Articles extraits du Magasin de Jardine (1849). — Notice sur les espèces appartenant au G. Placenta de Ret- zius ; Placuna de Lamarck, par M. /. E. Gray. L'auteur propose de caractériser ce genre non par la forme exté¬ rieure, qui varie beaucoup, mais par la charnière, qui est fixe et offre d’ailleurs les moyens d’établir deux sections dans les espèces, et de les distinguer entr’elîes. — Descrip¬ tion de quatre espèces de Pupa, par M. H. Benson Esq. Elles proviennent de la Chine et de l’Inde, et sont nommées P. regia , P. Huttonia , P. plicidens , P. brevicoslis. — Ca¬ ractères du G. Diplommatina, genre nouveau de Mollusques terrestres appartenant à la famille des Carychidés, par TE. H. Benson Esq. M. Benson établit ce genre pour une coquille décrite par M. Pfeiffer sous le nom de Bulimus fol- liculus (Symb. 3, n°570, p. 83). Il en donne la caractéris¬ tique suivante, et en décrit deux espèces originaires de l’Hymalaya : Dipt. follicnlus Pfeiffer, et D. costulatum. Testa vixrimata , tenui, subovala ; spira elongata; anfracti- bus convexis , costatis , ultimo subascendente , apertura eden- tula , suborbiculari , pemtomate duplicato , expanso ; margi- nibus callo parietali appresso junctis. Operculo nullo. Il termine en décrivant le Carychium indicum , nouvelle espèce des mêmes localités. — Notice sur le périoste velouté de certaines Cythérées, S. -G. Trigona de Megerle, par M. J.-E. Gray. Cet auteur a, dans sa monographie du S. -G. Tri¬ gona, considéré cette espèce de drap velouté, formé de spiculés perpendiculaires au périoste, comme une produc- ANALYSES d’OUVRAGES NOUVEAUX. 444 tion dépendant de cette parfie. M. le docteur Fleming et M. le docteur G. Johnson regardent les spiculés, qui sont siliceux, comme provenant d’un spongiaire parasite, d’une Halechonclria. Après un nouvel examen, M. Gray persiste dans sa première pensée, et en expose les raisons. — Ob¬ servations sur l’animal vivant d’une ISanina vitrinoidess par H.-E. Strickland. Ces observations ont rapport aux mœurs et à l’accroissement. Note sur quelques nouvelles espèces d’AMMONiTES des étages Néocomien et Aptien de France, par Alcide d’Orbi- gmj. Après avoir brièvement rappelé l’importance zoolo¬ gique du genre, l’auteur décrit les espèces : Amm. camelï- miSj du Néocomien supérieur ; A. Ricordeanus , de l’étage Aptien ; A. Jauberiianus, du même étage. Natural History of New-Yorck, palæontology, by Hall. — - Analyse par M. Deshayes, 2e article. Note sur le moyen de conserver les Mollusques. — Il s’agit de la liqueur conservatrice suivante : Sel commun, 4 25 grammes; alun, 65; sublimé corrosif, 0,4 2; eau, 4 litre. Il faut ensuite filtrer. Description of . Description de sept espèces nouvelles de Marginellæ et de deux Cyproea, par J. -S. Gaskoin. ( Proced . zool. Soc. London , 27 février 4 849, page 47.) Marginella quadniïneata. — Marg. testa oblongo-ovatâ, pailidè virescente, nitidâ, lineis rufis quatuor, equidistan- tibus, transversis; basi rotundatâ, lævi; aperturâ lata an- ticè præcipuè; canali latissimo; labio lato, marginato, ultra apicem extenso ; columellâ anticè quadriplicatâ, pli- cis duabus anticis concurrentibus canalem intermediam formantibus; apice oblito. — L. ^ of an inch; wide nft of an inch. — Hab.? M. pudica. — Marg. testa oblongo-ovatâ, albidâ, fasciis sex vel septem, transversis, continuis, pallidissimè viridi- 412 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) fulvis; maculis distinctis pallidissimè brunneis interrup- tis; basi rotundatâ ; aperturâ latiusculâ ; labio crasso, marginato, ultra apicem extenso ; columellâ quinque pii- catâ; canali lato et profundo; margine interno labii minuté denticulato; apice lato, obtuso. — L. ^ — Hab. Amérique centrale. M. triplicata. — Marg. testâ ovatâ, ventricosâ fulves- cente, lævi, nitidâque, aperturâ angustâ ; labio tenui, in- flexo, marginato; columellâ anticè triplicatâ; canali nullo; spirâ subelata, anfractibus distinctis, apice acutiusculo. — L- — Hab. les Philippines. M. serrata . — Marg. testâ elongatâ, subcylindricâ pal- lidâ; aperturâ angustâ; columellâ anticè quadriplicata ; labio tenui, inflexo, valdè serrato dentibus sex vel octo- decim; margine crasso; spirâ subelatâ, anfractis distinctis, apice obtusiusculo. — L. 73^; ■fâ. — Hab. l’île Maurice. M. contamxnata. — Marg. testâ oblongo-ovatâ, pallide flavis lacteo colore; extus tenuissimè striatâ, aperturâ latâ, labio crasso, columellâ sex plicatâ, plicis tribus anticis prominentioribus; margine lata, planulatoque; apice pro- minente obtusissimo. — L. 1 inch. ; w. — Hab. ? M. lineaio-labrum. — Marg. testâ ovatâ lævi, anfracti¬ bus posticè rotundatis, pallide flavescente, nigro lineato punctatâ; spirâ prominente; basi rotundatâ; aperturâ la- tissimâ; columellâ quadriplicatâ; labio crassiusculo, mar¬ ginato, lineis octo vel novem transversis, supra labrum et marginem continuis. — L. ; \v. -fâ. — Hab.? M. pu Le lier rima. — Marg testâ oviformi, fulvescente fasciis albis quinque, angustis, transversis, maculis linea- ribus nigris, in centres fasciarum conspicuis; interstitiis fasciâ primâ ad secundam fasciam, tertiaque ad quartam, lineis plurimis tenuissimis fulvescentibus longitudinalibus notatis; aperturâ albâ, latiusculâ; columellâ quinque-pli- cata; labio tenui; apice distincto. — L. n>o ; w. f!^. — Hab. Ïndes-Occidentales. Cyprœa cribdium. — Cypr. testâ subcylindricâ, lævi , ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. A] O albâ, bruneo omnino obtectâ, præter maculis numerosis, testa concoloribus. ferè circularibus, inæqualibus et irre- guiariter dispensatis; marginibus bruneo-rufescente punc- tatis, basi subplanatâ, albâ; aperlurâ latâ, præcipicè an- ticè columellâ ventricosiusculâ ; dentibus labii prominen- tibus, æqualibus, circa quindecim ; dentibus columellari- bus subobsoletis (præter dente primo) circa duodecim; dente primo majus prominente deinde anticè est incisura profunda ; sulco columellari nullo; extremitatibus anticis leviter productis, externè valdè convergente; canali lato et profundo; extremitatibus posticis obtusis; canali postico lato, aperturâ recte continuo ; margine externa incrassa- to; spirâ latè umbilicatâ. — L. ; w. — Hab. mer Méditerranée. Cijprœa pulicis varietas . — ■ Cyp. testa longiore, dentibus numerosioribus minutioribusque, supra labrum circa vi= genti-tribus; canali postico denticulato. — Hab. ? Description of two, etc . Description de deux espèces de Cyclostoma nouvellement découvertes, par G. -B. So- werby. ( Proced . zool. Soc. Lonclon , 4 5 février, p. ^15.) Cycl. formosum. — Testa suborbiculari, subdepressa, spiraliter striata, tricarinata, fulvo rufescente ; spira brevi, acuminata, anfractibus quinis rapide crescentibus, rotun- datis, carinis duabus validis albicantibus, castaneo-articu- latis; antice striis subobsoletis, gradatim majusculis, ca- rinaque tertia umbilicum circumferente ; sutura valida, lævi, apertum magna, fere circulari , postice paululum acuminata, peritremate latiusculo reflexo, incisuris parvis tribus, ad carinas extcrnas idoneis ; umbilico magno, pro¬ fundo, spiraliter striato, striis exterioribus majusculis. — Hab. Madagascar. 444 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) Cette magnifique espèce est voisine du Cycl. Cuviena- num. Eile est représentée Mollusca, pl. II, f. 8, 9. Cijcl. aplusire. — Testa suborbiculari, teniuscula, lævi, albicante, fasciis nonnullis posticis , angustis, castaneis, subinterruptis, striisque tenuissirnis spiralibus, ornata ; spira levatuiscula, subacuminata, apice obtuso; anfracti- busquinis rotundatis,creberrimètransversim striatis, striis posticis fortioribus, anticis fere obsoletis; umbilico magno, intùs spiraliter striato, striis tenuissirnis ; apertura fere cir- culari, postice paululum acuminata, peritremate tenui, acuto, supra umbilicum paululum reflexo. — Hab. Mada¬ gascar (f. 4, 5). A la page 14 du même recueil, M. Sowerby donne la description suivante d’une espèce du curieux genre Tomi- gerus : Tomigerus principalis. — « Testa rotundato-trigonalis, compressiuscula, tenui, lævigata, pallescente, lineis brun- neis nonnullis, perparia dispositis, cincta; spira ^ubelata, anfractibus quinque, quorum duobus primis nigricanti- bus, tertio quartoque pallidis, brunneo unifasciatis, ulti- mo magno, postice gibbo, infra planulato; apertura axi parallela, auriformi ; peristomate late expanso, albo, mar- gine dextro producto, rotundato subangulato; apertura intus lamellis senis instructa duabus in pariete aperturali, quarum postica composita, tribus in margine basali, una composita postice furcata antice bifida in margine dextro. — Ilab. Fernambuco. » (Pl. II, f. 6, 7.) Monograph. of. etc. — Monographie de quelques grandes espèces de Lépidoptères nocturnes africains apparte¬ nant au genre Saturnia, ou voisins de ce groupe; par J. O. Westwood. (Proceed. zool. Soc. London, 4 849, 27 mars, p. 55 à 64, Annulosa, pl. VII, VIII, IX, X.) Ce beau Mémoire est précédé de considérations géné- ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 4t 5 raies très-inféressantes sur les Bombycites. M. Weswood donne un petit tableau de la distribution des Saturniœ d’après les formes des ailes, proposée par M. Duncan (W. jardine’s naturalist’s library, vol. VII, 4 841 ); et, avant de décrire ses espèces africaines, il les range dans quelques divisions artificielles au moyen d’un tableau organisé comme ceux que nous donnons au commencement des monographies de notre species des Coléoptères. Voici les noms des 55 espèces qu’il fait connaître : Saturnia vacnna W. (pl. 8, f. -\). Hab. Ashantée. 2. S. mythimnia W. (pl. 8, f. 5). Port-Natal. 5. S. avala W. (pl. 7, f. 2). Ashantée, Sierra -Leone, Port-Natal. 4. S. belina W. (pl. 8, f. 2). Port-Natal et Zoola. 5. S. Hersilict W. (pl. 9, f . 4 ) . Congo. 6. S. Menippe W. (pl. 9, f. 2). Port-Natal. 7. S. tyrrheu Cram., Fab. — Le Cap. 8. S. Cytherea Fab. — Le Cap. 9. S. dione Fab. Phalœna Guineensis, etc. Petiver (pl. 29, f. 5, c. 478). Congo. La S. Wahlbergii Boisd. Voy. Delegorgue, t. 2, p. 600, paraît distincte ; mais elle est très-voisine de cette ancienne espèce. 4 0. S. apoilonia Cram. — Le Cap. W. Mimosœ Boisd. Voy. Deleg., t. 2, p. 600. De Port- Natal. — M. Reiche a représenté cette belle espèce dans le Voyage en Abyssinie de MM. Ferret et Galinier (pl. 55, f. 5, 6, 7), et nous avons donné quelques détails sur la construc¬ tion très-curieuse de ses cocons et sur sa chenille, dans la partie zoologique d’un autre Voyage en Abyssinie publié par M. Lefèvre, officier de marine chargé d’une mission dans ce pays. *12. S. argus Fab., etc. — Des îles de Banana. \t>. S. epimethea Drury. — De Guinée. 14. 5. alcinoe Cram. Syn. sat Caffra Boisd. Voy. Deleg., t. 2. p. 604 . — De Caffrerie. 416 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1850.) 15. S. Ai'inda Drury. — De Sierra-Leone. 16. phædusa Drury. Syn. Bomb. Salurnus Fab. — De Sierra-Leone. 17. S. îyrrhena W. (pl. 8, f. 1). De Port-Natal. 18. S . forda W. — De Port-Natal. 19. S . angascma W. — De Port-Natal. 20. S. aceies W. — Le Cap, Paimas. 21. S. isis W. Syn. S. maia KL Neue schmet, t. 5 (f. 1). 22. S. nictitans Fab. — Afr. tropicale. 23. S. Alopia W. — H . 24. S. Elhra'N . (pl. 10, f. 1). H . 25. S. Lucina Drury. — - De Sierra-Leone. 26. S. N eràa W. (pl. 9, f. 5). Le Cap, Palmas. 27. S. Hcrilla W. (pl. 10, f. 5). Sierra Leone. 28. S. Agathylla W. — Du Congo. 29. S. ( Henucha J Grimmia Hubn. Afrique méridionale. 50. S. (id.) Delegorguei Boisd. (pl. 10, f. 4). Yoy. Deleg., t. 2, p. 601 . — Port-Natal. M. Angas a figuré la femelle dans ses Amazoolu Lepïdoptera f. 15. 51. S. {id.) Sniilax W. — Port-Natal. 52. S. (Groin) Sinope W. (pl. 10, f. 2). Port-Natal. 55. S. ( Apheiia ) apottinaris Boisd. Yoy. Delog., t. 2, p. 601. — Port-Natal. Nous avons représenté cette curieuse espèce dans le Voyage en Abyssinie de M. Lefebvre (pl. 12, f. 5, 4). Notre planche a été publiée longtemps avant le texte, et surtout longtemps avant le Voyage de Delegorgue , et, comme nous ne savions pas que M. Boisduval décrirait cette espèce et beaucoup d’autres, nous lui avions donné le nom de Bom¬ byx balamoal, que nous abandonnons dans notre texte pour ne pas établir une synonymie inutile. (G. M.) TREIZIÈME ANNEE. — AOUT 1850. I. TRAVAUX INÉDITS. Essai d’une monographie du genre Picucule (Buffon), Dendrocolaptes (Hermann, Illiger), devenu aujourd’hui la sous-famille Dekdrocolaptinæ (Gray, Généra of Birds ), de la famille Certhiadæ de Swains. -, par F. de Lafresnaye. — Suite, voy. p. 95, 4 45, 275 et 569. 6°. Nasica multigultatus, Deville et 0. Des Murs. a Nas. supra olivaceo brunneus, pileo vix fuscescente, maculis strictis lacrymiformibus albidis notato, dorso iisclem sed majori- bus, elongatis, pallide ocliraceis, nigro marginatis æque macu- lato ; uropygio, alis, caudâque saturate cinnamomeis ; subtils sor¬ dide olivaceo grisescens gulà guttisque minimis et numerosbsi- mis regionis ophthalmicæ collique lateralis, maculisque pectoris et abdominis elongatis fusco lateraliter marginatis, pall de ochra- ceis. — Longit. tota, 20 cent. ; alæ plicatæ, 40 cent. ; caudæ, 8 cent.; rostri a fronte, 2 cent. 1/2. — Habitat ad flummis Ama- zonum Ripas. » Cette petite espèce, rapportée des bords de l’Amazone par les voyageurs Castelnaud et Deville, offre encore de grands rapports de maculatures supérieure et inférieure avec les Nasicas guttatus et flammeus, ou pardalolus. Elle en diffère néanmoins par les nuances moins foncées du dessus de la tête et des parties inférieures ; elle en diffère surtout par une taille plus petite, par un bec plus faihle, mais plus droit, et ressemblant presque à celui du Tala- piot, près duquel on serait tenté de la placer, si, en l’ob¬ servant avec attention, on ne s’apercevait que sa mandi¬ bule supérieure est très-légèrement arquée à sa pointe, tandis que chez le Talapiot et les espèces qui forment avec lui le genre Dendroplex de Swainson, elle est parfai- 2e série. T. il. Année 1850. 27 418 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1850.) tement rectiligne en dessous, jusqu’à la pointe. Le bec paraît avoir été d’un blanc jaunâtre. Cette espèce est re¬ marquable par les taches en forme de gouttelettes qui couvrent tout le dessus du corps jusqu’au croupion. — De Fontiboa, Haut-Amazone, et du Brésil. 7°. N. triangülaris, Nob., Rev. zool., 184 2, p. 154, et Macj. de zool., 1845, Oiseaux, pl. 52 (Picucule à taches triangulaires). « Nas. rostro médiocre, fere recto, apice subito inflexo ; supra obscure olivaceus, uivpygio remigibusque secundariis apice tan- tummodo rufescentibns ; caudâ cinnamomeà; subtùs, æque oliva¬ ceus, gutture, collo antico et laterali, pectoreque maculis trian- gularibus, tîabelliformibus, pallide stramineis, infrâ nigrolimbatis et eversis, crebre tectis ; abdominis crissique maculis subconfor- mibus sed obscurioribus, capitis vero et nuehæ ut demore angus- tissimis et striæformibus. — Long, tota, 23 cent. ; rostri a rictu, 5 cent. 112. — Habitat in Boliviâ. » Au milieu des nombreuses espèces du genre Picucule répandues sur les deux Amériques, et si remarquables par le même système de coloration, c’est une bonne fortune d’en rencontrer une nouvelle qui puisse offrir, dans cette coloration même, des caractères assez particuliers et assez distincts pour être facilement reconnue entre toutes les autres. Le Picucule à taches triangulaires, d’après la forme de son bec, presque droit, subitement fléchi à son extrémité, doit évidemment faire partie du genre Nasica. Tout le fond de son plumage est d’une teinte olive beaucoup plus franche et moins nuancée de roux que chez toutes les au¬ tres espèces, et, ce qui l’en distingue éminemment, c’est la forme des taches, écailleuses, d’un blanc roussâtre pâle, qui recouvrent la gorge, le cou antérieurement, la poi¬ trine et le milieu de la poitrine, et qui, au lieu d’êlre plus ou moins ovalaires ou elliptiques, sont triangulaires ou en éventail, la pointe en haut; elles sont, en outre, bor¬ dées de noirâtre inférieurement, mais non latéralement; TRAVAUX INÉDITS. 41 9 sur le dessus de la tête et du cou, elles son, , au contraire, réduites à des stries très-étroites, ne colorant pour ainsi dire que la tige des plumes; la queue est couleur brun- canelle, comme chez toutes les espèces, et les pointes des rectrices sont allongées, et assez fortement en spirales ; les rémiges ont leurs barbes externes d'un olive légèrement brunâtre, et les internes couleur canelle, sauf les cinq primaires extérieures, qui sont noirâtres intérieurement à leur extrémité. Le bec paraît couleur de plomb à sa base et en dessus, et plus pâle dans le reste de sa longueur. Les pattes sont de grosseur médiocre, et couleur de plomb. — Longueur totale, 25 cent. ; du bec, depuis l’ouverture, 5 cent. 1/2. — Il vient de Santa-Fé-de-Bogota, en Colom¬ bie. A l’époque où nous découvrions cette espèce, c’était la seule, sur vingt que nous possédions, qui offrît ainsi des taches triangulaires ou en éventail renversé, ce qui nous avait décidé à la nommer triangularis. Depuis lors, une seconde espèce nouvelle nous a offert à peu près ce même caractère; c’est la suivante : 8°. N. Beauperthuysii, Pucheran et Lafresnaye. Mu¬ sée de Paris. «Nas. supra olivaceo-brunneus, pileo nuchâque fuscescentibus, maculis minutissimis flavidis notatis, dorso immaculato ; subtùs brunneo-olivaceus, gutà maculisque eolli, pectoris et abdominis flavo oclnaceis; bis eolli nigro Iimbatis, contiguis et squamæfor- mibus, pectoris vero immarginatss, aoguslis et distantibus, abdo- minis autem strictissimis, vix eonspicuis; abdomine imo anoque unicoloribus; rostrum valde elongatnm, rectissimum, compres- siusculum, corneum, mandibulâ inféra basi pallescente. — Lon- git. tota, 24 cent. ; alæ plicatæ, \\ cent. ; rostri a fronte, 3 cent. 1/2 — Habitat in Peruviâ unde. a Dom. Beauperthuys olim in Musæo Parisiense allatus et ad fluminis Amazonuin Ripas, nuper ex Pominoruai Castelnaud et Deville perigrinatione. » Cette espèce offre beaucoup d’analogie, dans ses formes et son genre de maculation, avec notre Nasicci triangula¬ ris; mais elle a le bec plus long, plus droit et plus tendu- 420 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1850.) Il est presque rectiligne en dessus, et n’a un peu de cour¬ bure très-peu sensible qu’à son extrémité; il est couleur de plomb, et pâle à sa base. Le fond de son plumage est brun-olivâtre foncé en dessus, avec de très-petites taches punctiformes sur la tète et le cou seulement, n’étant plus visibles au-delà sur le dos, comme chez le irianguiaris. Ses maculatures inférieures offrent aussi un peu la même forme triangulaire ou flabelliforme ; mais ces taches se ré¬ trécissent subitement sur la poitrine, et à tel point sur l’abdomen, qu’on ne les y aperçoit qu’à peine, ce qui n’a pas lieu chez le triangularis. 11 a été rapporté du Pérou par le voyageur Beauperthuys, et de Pepas, Sancta-Maria (Haut-Amazone), par les voyageurs Castelnaud et Deville. 9°. N. Dorbignyanüs, Pucheran et Lafresnaye. In Mu- sæo Parisiense. «Nas. supra fumigato-brunneus, pileo, nuchâ colloque fuscis, flammulis pallide ochraceis, super pileum ovalibus, super nucham et collum linearibus, maculatis; dorso unicolore; uropygio, alis candâque cinnamomeis ; rostro forti, elongato fere recto, albido aut albido-flavescente ; subtùs dorsi concoior sed paüidior; gulâ unicolore, flammulisque colli antici et pectoris pallide ochraceis, abdomine anoque unicoloribus. — Longit. tota, ave arte non fracti, 26 cent.; alæ plicatæ, 10 cent. 3/4; caudæ, 10 cent. — Habitat Guarayos, Cliiquitos, a Dom. d’Orbigny altatus.» Cette espèce est, par sa coloration, assez voisine du Na- sica guttatus ( Dend. gutiatus , Lichtenstein ) ; mais ses flam- mettes ne sont nullement circonscrites de noir ou de noi¬ râtre sur les parties antérieures et sur le dos, et en général l’ensemble de sa coloration est plus pâle. Il s’en rapproche encore par la forme droite de son bec ; mais ce bec est moins fort et presque droit ; à son extrémité, il est légère¬ ment crochu chez le guttatus , avec la mandibule supérieure brune, l’inférieure jaunâtre. Toutes deux sont blanchâtres chez le Dorbignyanüs. Il offre également des rapports avec le flavoventris de Swainson, mais il nous paraît constituer une espèce distincte de toutes deux, dont l’une est brési- TRAVAUX INÉDITS. m lienne et l’autre mexicaine. Le Dorbignyanus est du Pérou. \ 0°. N. Chunchotambo , Tschcudi, Fanna Peruana , aves, p. 241, pl. 22, f. 4. — Id., Consp. avium , n° J 96. « Nas. supra olivaceo-fuscus pileo nuchâque nigris, hâc albi— cante striata, illo guttato; crisso rufo, caudâ intense ferrugineâ; subtùs olivaceus, gulâ albicante, jugulo testaceo ; pectore strio- lalo. » Telle est la diagnose latine qui, dans la Fauna Peruana , précède la description allemande de Tschudi , et dont voici la traduction : « Les plumes de la coiffe sont, dans leur milieu, d’un jaune pâle bordé de noir; celles de la nuque, d’un brun- olive, avec la tache médiane de la tige d’un fauve clair; le manteau est d’un olive brunâtre, et le croupion cou¬ leur de rouille très-vive; les pennes des ailes sont, vers l’extrémité, d’un brun verdâtre ; les secondaires d’un brun rouge, bordées de fauve en dedans; les plumes de la queue sont couleur de rouille très-intense; celles du go¬ sier sont d’un blanc jaunâtre très-pâle, bordées de noir⬠tre ; vers la poitrine, ce bord devient plus large, et au-delà on aperçoit le fond brun-olive du plumage, de sorte qu’il n’y a plus de noirâtre qu’une bordure contiguë à la tache claire de la tige; la poitrine et le ventre sont d’un olive pâle, avec quelques stries claires. L’anus et les couver¬ tures inférieures de la queue sont d’une teinte un peu plus foncée; le bec est d’un brun clair et d’un jaune pâle sur la mandibule inférieure ; les tarses sont d’un brun violet, les ongles noirâtres, et l’iris est brun. » L’auteur ajoute ; « Nous avons donné à cette espèce co nom de Chunchotambo comme souvenir de notre long sé¬ jour, aussi pénible que dangereux, dans le pays de la tribu des Chunchos. » D’après la figure et la description du Chunchotambo , nous serions tenté de le regarder comme le même oiseau que le Nasica pardalolus de Vieillot, le Flambé de Levail- lant, Flammeus de Lichtenstein ; car il nous présente les 422 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( ÂOUt 1850.) mêmes proportions, la même macuîature à peu près, la même forme et couleur de bec. Nous dirons, de plus, que ce Pardalolus avait déjà été rapporté de Bolivie ancienne¬ ment par M. d’Orbigny, et qu’il l’a été dernièrement de Panama par M. Delâtre et le docteur Tschudi; n'indiquant dans sa Faune du Pérou que deux espèces de Dendrocolap- tinées, il serait possible qu’il n’eût pas reconnu, dans son Chunchotambo, le Pardalolus de Vieillot; de même que nous pensons que son Dendrocolaptes validüs n’est autre que le Cayemnensis adulte tel que Levaillant l’a figuré et décrit dans ses Promerops et Guêpiers , et que nous savons se trouver également au Pérou. Mais nous sommes loin de vouloir trancher ici la question, les descriptions et les figures même étant parfois insuffisantes pour résoudre cer¬ taines difficultés dans cette inextricable famille des Den- drocolaptinées. Nous avons seulement reconnu avec certi- - . ? p * - . tucle, d'après la forme du bec sur la figure, que, comme le Pardalolus (si toutefois ce n’est pas lui-même), cette es- pece appartenait au genre jS'asica, tel que nous le conce¬ vons et que nous en avons indiqué les caractères. 11°. N. OCELLATüs — Pend, ocellatus , Spix, -1, p. 88, pl. 91, f. -i (cjuttaius à tort sur la planche). «Nas. subminor, olivaceo castaneus; rostro fere recto, non ad unco, parum compresso; gulà ochracea, jugulo maculis orhra- cèis ocellato, fuscdque fimb 'ato; capite, nuchâ pectoreque fulvo strigilatis, bïâculâ aüriculaii crispa fulvostrigiiatà ; collo aniico ochtàceo guttato. « Corpus D. gulialo ac pico minus, dorsum immaculatum, corpusque stibius olivaceo-ferrugineum ; alæ subtùs fulvæ, remi- ges caudaque castaneæ rectricibus intermediis ad apibem aeutis; rostrum olivaceo fuscum, subarcuatum ; pedes fusco-albidi. — Long. 7 pollices ; caudà, 3 p. 1/15; rostri, I p. 1/5. — Habitat in sylvis campestribus Piauliy. « Differt a D. gullato corpore minore, rostro non adunco, ju¬ gulo non squamoso, a D. pico corpore non late albo, sed fulvo.» ( Spix, Voyage au Brésil. ) *- 4 - - ' f Cette espèce, à bec presque droit, à gorge rousse, à dos TRAVAUX INÉDITS. 425 non maculé, offre de grands rapports avec notre Nasica Beauperthuyii , sauf sa taille, qui est moindre; mais, ne connaissant VOcellalus que par la description et la figure de Spix, nous ne pouvons affirmer cette synom mie, que nous soupçonnons toutefois assez fortement, quoique l’O- cellatus soit du Brésil et le Beaupertliuysii du Pérou. 4 2°. N. obsoletus, Dend. obsoletus , Illig., Licht. Berl., Trcins., 4 818, n° 40, p. 205, et monog. du G. Dmdroco - laptes , n° 4 0. « Nas. rostro recto, valde compresso, cultrato, albicante, gulâ msculisque guttatis capitis, colli, dorsi et pectoris sordide a!bo- flavescentibus ; digitis pro mole tenerrimis; gonyde porrectâ, culminis apice sensim deflexo. — Longit. tota, 8 pollices. — Ha¬ bitat in Brasiliâ, Para. » La description et la dimension de cette espèce offrent des rapports avec le Multigiiitatus Deville et O. Des Murs rapporté des bords de l’Amazone par l'expédition Castel- naud, et rien n’empêcherait que la même espèce n’habi¬ tât ces deux régions, le Brésil et le Pérou. Mais 1 absence de figure du Nasica obsoletus , et la presque uniformité de coloration chez la plupart des espèces, nous empêche de nous prononcer a cet égard. Nous nous contentons de pla¬ cer cette espèce dans les Nasicàs , d’après la description du bec : « Rostro recto, valde compresso, cultrato, albicante, gonyde porrectâ culminis apice sensim deflexo. » 4 5°. N. susurrans, Dend. susurrans , Jard., Ann. of hat. hist., 19, p. 81 « Nas. rostro fere recto, apice tantum parum curvato, mandi- bnlâ umbrinâ, maxillâ paliidiore; capite nuchâque umbrinis , plumis totis in medio macula ovali ochraceâ notatis ; collo postico dorsoque flavescente-brunneis; illorum plumarum maculis mediis ochraceis angusle umbrino-marginatis, eiongatis et super dor- sum sensim angustioribus, et evanescentibus; uropygio, alis cau- dâque intense rubro-ferrugineis ; gutture flavescente-albido ; sub¬ tus flavescente-brunneus, gutture pectorisque plumis lotis maculâ ovali flavido-albescente fusco marginatâ in medio notatis ; his maculis ad pectus irnum sensim minus Claris et evanescentibus. 424 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1850 ) — Longit. tota, 9 pollices 8/12; rostri, I p. 6/i 2; ake, 4 p. 5/!2. — Speciminis cujusdam, 8 pollices; alæ, 3 p. 5/12. — Habitat in insulâ Tobago. » IN'ayant point vu cette espèce en nature, nous nous bor¬ nerons à traduire sa description anglaise par Jardine, tirée des Ann. ofnat. history , 4 9, p. 81 : « Le bec est presque droit, légèrement courbé vers la pointe; la mandibule inférieure est couleur de terre d’ombre, et la supérieure est plus pâle; le dessus de la tête, ses côtés et sa partie postérieure sont de couleur de terre d’ombre, et chaque plume est marquée dans son mi¬ lieu d’une tache ovale couleur d’ochre ; la nuque et le dos sont d’un brun jaunâtre ; les plumes de la nuque et du haut du dos ont leur tache médiane ochracée, de forme allongée, et se rétrécissant à mesure qu’elles s’avancent sur le dos, où elles finissent par disparaître. Chacune d’elles est bordée d’une ligne étroite couleur d’ombre; le crou¬ pion, les ailes et la queue, sont d’un orangé rougeâtre vif ; la gorge est d’un blanc jaunâtre ; tout le reste des parties inférieures est brun jaunâtre; chaque plume de la gorge et de la poitrine ayant une tache médiane ovalaire d’un blanc jaunâtre, entourée d’une ligne plus foncée; ces ta¬ ches deviennent de moins en moins apparentes vers le bas de la poitrine, où elles disparaissent. — Longueur totale, depuis 8 pouces anglais 8/12 jusqu’à 9 p. 8/12; du bec, environ 1 p. 6/12 ; de l’aile, dans tous les individus, 4 p. 5/12. Un individu n’avait que 8 p. de longueur, et ses ailes 5 p. 5/12. » L’auteur ajoute : « L’espèce est sédentaire dans Tobago. Les yeux sont d’un brun foncé; cette espèce escalade ra¬ rement les troncs d’arbres jusqu’à certaine hauteur, se contentant de voler d’un arbre à l’autre, après en avoir parcouru une partie de la surface, au moyen de dix à douze élans, pour en visiter les crevasses, faisant entendre de temps en temps un petit cri aigu et prolongé particu¬ lier à cette espèce, et plus aisé à reconnaître qu’à décrire. TRAVAUX INÉDITS. 425 Je trouvai, dans l'estomac de l’un d’eux, quelques débris de gros insectes ressemblant à des ailes de Criquets. » Nous répéterons encore ici ce que nous avons d é j a dit à propos de quelques autres espèces que nous n’avions pas vues , que ce n’est que par conjectures que nous hasardons quelques synonymies. Ainsi, nous trouvons bien, dans les dimensions générales, dans celle du bec, sa forme, sa co¬ loration et celle du plumage, de grands rapports avec les Dendrocolaptcs gutlatuse t flamme us , habitants de Cayenne, et qui auraient pu remonter par la côte Est jusqu’à To¬ bago ; mais nous ne pouvons rien décider à se sujet. D’a¬ près la forme du bec seulement, nous croyons devoir faire figurer cette espèce dans notre groupe des Nasicans. J 4°. N. Bridgesii, Eyton, Contributions to ornithology, by sir Will., Jardine, 1 849, part. 6 et 7. « Nas. dorso caudàque ferrugineis, fronte verticeque brunneis lineâ lata superciliari, gulà et singuîis pennis pectoris, abdominis, crissique mediis partibus late albis, his marginibus atris et brun¬ neis fimbriatis; rostro, mandibulâ superiore atrâ inferiore car- neâ, tarsis pedibusque atris. — Long, corporis, 13 p. ; tarsi, 151.; rostri a fronte, 2 p. 2 1. » Après cette diagnose latine, l’auteur ajoute, en anglais, ce dont voici la traduction : « Cette espèce peut se distinguer facilement du Nasica longirostris par son bec plus grêle et plus courbé, ce qui le rapprocherait du genre Xiphorhynehus. La couleur des plumes de son dos et de sa queue sont loin d’être d’une nuance ferrugineuse aussi intense. Le premier individu que j’aye vu était dans le Musée de lord Derby, et avait été recueilli par M. Bridges dans l’intérieur de la Bolivie. Depuis lors, j’en ai obtenu un venant de la même source, et acheté un autre à Liverpool; un de mes individus a quelques taches blanches au milieu des plumes du derrière du cou. § D’après ce que dit M. Eyton du bec de cet oiseau de Bolivie, qu’il est plus grêle et plus courbé que celui du 426 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1850.) Nasica longirostris, sa place serait peut-être plus naturelle dans les Xiphorhynchus ; et au premier abord nous avons cru reconnaître en lui le Xiphorhynchus Pucheranii , Nob., de Colombie ; mais une comparaison attentive nous a fait reconnaître que c’est une espèce différente, et que nous plaçons la dernière de nos Nasicans comme espèce de tran¬ sition, par son bec un peu arqué. Outre les différences que M. E} ton signale comme existant entre cette espèce et le Longirostris , nous ferons remarquer qu’il en diffère en¬ core en ce qu’il n’a pas, comme lui, tout le dessus de la tête et du cou marqué de stries fauves claires, et que son bec est beaucoup plus court à proportion de la longueur du corps. Enumération des Insectes qui consomment les tabacs, par M. Guèrin-Méneville (planche 8). Il y a près de deux ans l'honorable M. Plauche, alors inspecteur des tabacs, attaché, en 1847, à la grande ma¬ nufacture de Paris, actuellement directeur de celle de Mar¬ seille, et l’un des agriculteurs les plus distingués du midi de la France, voulut bien appeler notre attention sur ce sujet. Nous avons appris ainsi que plusieurs insectes cau¬ saient des dommages réels aux tabacs enmagasinés, et surtout aux cigares, et qu’ils occasionnaient un déchet assez considérable pour appeler l’attention et engager à chercher s’il ne serait pas possible de trouver un moyen d’affranchir l’administration des pertes que Ges insectes lui font éprouver chaque année. Ayant reçu de M. Planche un petit paquet de cigares rongés et avariés, avec un certain nombre des insectes trouvés dans ces cigares et dans d’autres tabacs, nous en avions fait un examen sommaire il y a deux ans, et nous les avions placés dans une boîte, après avoir noté ce qui nous avait paru susceptible d’être observé alors, et nous TRAVAUX INÉDITS. 427 avions promis de nous rendre dans les magasins de l’ad¬ ministration pour y étudier ces faits d’une manière plus générale. Les missions dont nous avons été chargé pour observer, dans le centre et dans le midi de la France, des insectes qui font un tort bien plus réel en menaçant sé¬ rieusement les céréales qui nous donnent le pain, les prai¬ ries qui nous donnent la viande, et plusieurs autres pro¬ duits non moins nécessaires aux populations, nous ont détourné des recherches que nous nous proposions de faire sur les insectes des tabacs, que l’on peut regarder comme les ennemis de la classe si nomhreuse et si inté¬ ressante des fumeurs, de cette classe composée des meil¬ leurs citoyens, car ils payent largement un impôt très-jus¬ tement assis et très-utile à leur pays (1). Il y a quelque temps, cependant, ayant retrouvé cette boîte, les cigares rongés par les insectes, et les notes que nous avions prises antérieurement, nous nous sommes décidé, en attendant qu’il nous soit possible de visiter les magasins de l’administration, à donner la présente no¬ tice, qui ne peut être considérée que comme une introduc¬ tion à des recherches ultérieures. A l’époque où M. Plauche nous remit ces cigares et leurs ennemis, un seul insecte fut trouvé vivant dans l'in¬ térieur d’un cigare; tous les autres étaient morts, mais plusieurs se trouvaient aussi dans l’intérieur du tabac. Ces cigares étaient percés de trous nombreux et de ga~ leries en partie remplies d’une substance grenue, formée par les excréments des insectes, qui avaient percé ces ca¬ vités pour se nourrir et pour déposer leurs œufs. Ces trous, quand ils n’étaient pas assez nombreux pour défor¬ mer les cigares , en les rendant tout-à-fait vermoulus, avaient toujours pour effet de laisser passer l’air et d’em- (1) M. de Montalembert, dans son discours du 15 décembre 1849, a démontré, à la Chambre des représentants, que le mono¬ pole des tabacs rapporte au moins 117 millions à l’Etat. 428 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1850.) pêcher le tirage de la fumée, ce qui rendait ces cigares impropres à la consommation sous cette forme. Quant au tabac à fumer, il était rongé d’une manière plus ou moins complète, et l’on avait recueilli dans ces dé¬ bris plusieurs insectes de divers ordres et de différentes tail¬ les, dont quelques-uns se sont répandus partout, en suivant l’homme dans ses périgrinations commerciales, quoique originaires de l'Orient et de l’Amérique, et dont quelques autres appartiennent à des localités limitées, ce qui nous a fait connaître positivement la provenance des tabacs sou¬ mis à notre examen. Ce cachet, cette étiquette mise par la nature sous les yeux de qui sait la lire, n’est pas un des faits les moins intéressants de l’étude des insectes, de la connaissance approfondie des espèces, et non des généra¬ lités seules de leur organisation. Dans beaucoup de cas, cette connaissance des espèces, si longue et si difficile à acquérir, peut donner à celui qui la possède le moyen de reconnaître des substances déformées par la dessication, ou mieux, par le travail de l’homme, et devenues tout-à- fait méconnaissables pour quiconque ne possède pas cette clé. C’est ce qui est arrivé à des entomologistes qui cher¬ chaient des insectes aux environs de Paris. Ayant été abordés par quelques promeneurs de leur connaissance, ces derniers leur témoignèrent leur étonnement de voir des hommes graves employer leur temps et user leur vue à l’étude d’êtres aussi petits et aussi inutiles, à de telles minuties. Tout en cheminant et en discutant avec l’un des interlocuteurs, qui était architecte, les zoologistes cher¬ chaient à lui faire comprendre toute l’utilité de l’étude des insectes. Apercevant, contre une maison, une pièce de bois équarrie, noircie par son séjour à l’air, et sur quel¬ ques points de laquelle ils avaient vu de vagues traces des insectes qui avaient vécu sous son écorce, l’un de ces na¬ turalistes saisit avec empressement cette occasion inatten¬ due de frapper l’esprit de ces incrédules, et il défia l’ar¬ chitecte, très-versé d’ailleurs dans la connaissance des TRAVAUX INEDITS. 429 bois, de dire le nom de l’arbre dont cette pièce provenait, promettant, en même temps, de nommer immédiatement ce bois, sans en couper la moindre parcelle pour voir sa couleur ou sa contexture, sans y toucher, enfin. Le con¬ naisseur en bois ne voulut pas même chercher à nommer cette pièce, ne trouvant, à l’examen extérieur, aucun in¬ dice qui pût le guider. Mais l’entomologiste soutint que le nom de l’arbre était écrit sur cette pièce même par un de ces petits insectes si méprisés, et que cet insecte lui indi¬ quait que c’était un frêne. Vérification faite auprès du pro¬ priétaire de la pièce de bois, on apprit quelle provenait bien réellement d’un frêne, et les rieurs se mirent du côté des observateurs d’insectes, qu’ils auraient volontiers re¬ gardés comme sorciers. L’entomologiste leur expliqua alors le miracle, en leur apprenant que la femelle de 1 ’Hy- lesinus du frêne, en perçant ses galeries entre l’écorce et le bois, pour déposer ses œufs, s’arrangeait invariablement de manière à ce que les galeries des vers qui en provien¬ draient fussent percées dans le sens des fibres du bois, tan¬ dis qu’il en est tout autrement pour les galeries percées sur les scolytes des ormes, sur ceux du pommier, de l’a¬ mandier, etc. Il avait trouvé là une de ces étiquettes qui ne sont pas lisibles pour tous ; il avait montré à des hom¬ mes du monde, trop souvent portés à regarder en pitié les travaux des savants qui ne s’occupent pas spécialement de l’étude des grands animaux, une des nombreuses cir¬ constances où cette connaissance des infiniment petits de¬ vient utile; il avait converti ceux qui étaient d’abord dis¬ posés à se moquer de lui, de ses compagnons et des savants en général. Un fait analogue s’est produit pour les cigares avariés qui nous ont été confiés. Déformés par les attaques des in¬ sectes, il aurait été impossible au fumenr le plus consommé de dire leur provenance précise ; mais là aussi des insectes nous l’ont apprise d’une manière certaine, et nous avons distingué de suite, ce qui a été reconnu exact, les tabacs 450 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1850. ) provenant de l’Amérique du Nord de ceux qui venaient de Cuba, parce que, dans les uns, il y avait le Xyletine serri- corne (Xyletinus serricornis, Fab.), petit coléoptère com¬ mun à la Louisiane et dans toute l’Amérique septentrio¬ nale, tandis que dans les autres nous avons trouvé ie ca¬ davre d'un Longicorne, l’Elaphidion arrosé ( Elaplndion irroratunij Fab.) qui est spécialement particulier à Cuba, et quelques Blattes ou Ivakerlacs, ainsi qu’un Scorpion, également originaires de cette île. Dans ces derniers cigares de la Havane vivait aussi un autre insecte coléoptère, qui a été pour nous le sujet d’une étude toute particulière, parce qu’il constitue une espèce nouvelle pour le grand Catalogue des êtres, une espèce qui n’a pas encore été décrite dans les ouvrages sur l’Ento¬ mologie, et qui forme même le type d’un petit groupe par¬ ticulier, d’un genre nouveau. Si cet insecte se répand un jour en abondance dans les magasins et dépôts de cigares, il fera certainement beaucoup de mal, en les perforant en tous sens; il agira bien plus rapidement que le Xyletine serricorne, coupable de percer les petits trous que les fu¬ meurs se plaignent de trouver à beaucoup de cigares, car son corps est au moins trois fois plus épais, et ses galeries sont par conséquent trois fois plus grandes. Ce coléoptère nouveau appartient, comme le Xyletine, à la famille des Térédites de La treille, réunion d’insectes qui ont tous l’habitude de percer le bois et les substances végétales pour s’en nourrir, lia, comme le Xyletine, un air en dessous, un corps court et trapu, un dos bombé et une tête tellement penchée en bas, que ses yeux ne peu¬ vent voir qu’en dessous, et non en avant. C’est de cette particularité que nous avons tiré son nom de Catorama , formé, comme c’est l'habitude, de deux mots grecs qui si¬ gnifient voir dessous. Nous donnerons les caractères distinc¬ tifs ou le signalement du Catorama du tabac dans l’énumé¬ ration suivante des espèces qui ont été trouvées dans les tabacs avariés. Fev et May. de Zool. i85o . Fl 8 . Catorama taôaci . (mer. Lebrun se. j: Ré nionJ imp TRAVAUX INÉDITS. 454 Coléoptères. Plinus fur , Lin., Fabr. — Ce petit insecte n’attaque pas exclusivement le tabac, et il est probable qu’il s'est trouvé dans les magasins comme il se trouve dans toutes les mai¬ sons de Paris, où sa larve se nourrit de bois, de plantes et d’animaux desséchés. Nous n’en parlons donc que parce qu’il se trouvait parmi les insectes qui nous ont été sou¬ mis. Xyletinus serricornis, Fabr., Entom. syst., tom. I, pag. 241, etc. — La synonymie de cette espèce, et de presque toutes ceiles du même genre, a été tellement embrouillée par les auteurs, qu’il faudrait faire un travail très-long, une espèce de monographie, pour l’épurer. Tous les Xyle- tines vivent dans les matières végétales desséchées. Celui qui nous occupe est l’auteur de ces petits trous que l’on remarque quelquefois aux cigares qui ne vont pas. 11 est originaire de l’Amérique du Nord, et pourrait bien avoir été introduit en Europe, où on le trouve actuellement as¬ sez souvent, par le commerce des tabacs. Du reste, cet insecte ne ronge pas seulement les tabacs, il vit aussi de divers autres végétaux desséchés. Calomnia tabaci , Guér. — Cet insecte ressemble tout-à“ fait à un Xylelinus , pour la forme et la couleur, mais il est au moins quatre fois plus grand, et ses antennes, ainsi que les parties de sa bouche, sont toutes différentes des mêmes organes dans les Xylelinus. Voici les caractères essentiels de ce nouveau genre. G. Catorama (xo.to, dessous , opajxà, vue). Corps court, ovalaire, épais et convexe en dessus (pi. 8, f.4,2). Têle presque entièrement cachée sous le prothorax, avec le front assez bombé et les mandibules peu saillantes (pi. 8, f. 2, 5). Antennes (f. 4) de dix articles, insérées en avant des 452 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1850.) yeux et au-dessus de la base des mandibules, composées d’articles fort inégaux : le premier, très-grand, triangu¬ laire, de la consistance et de la couleur de la tête, et sem¬ blant faire corps avec elle, quand l’insecte a replié ses an¬ tennes, en occupant exactement l’espace compris entre son insertion et l’œil ; le deuxième, inséré sous l’angle externe du premier, beaucoup plus court, jaune comme tous les autres, obconique ; le troisième, de même forme, mais moitié plus court; les quatre suivants très-petits, étant chacun de moitié plus courts que le troisième, et les trois derniers très-grands, étant, à eux trois, plus de deux fois plus longs que les six précédents, égaux entr’eux, les deux avant-derniers fortement élargis à leur extrémité, et pro¬ duisant au côté interne l’effet de deux grosses dents de scie, et le dernier en ovale allongé. Yeux de forme trian¬ gulaire, vus en dessus, occupant un espace plus étendu en dessous, à fleur de tête. Lèvre supérieure très-petite, transversale. 31anclibules entièrement découvertes, gran¬ des, aplaties et courtes, un peu dilatées au côté externe, arrondies en avant, avec leur angle interne terminé par deux dents aiguës, 31âchoires (f. 5) terminées par deux lobes membraneux inégaux, ciliés, l’externe plus long, fortement élargi à son extrémité et arrondi au sommet. Palpes maxillaires (f. 5 a) deux fois plus longs que le lobe externe de la mâchoire, insérés à sa base , de quatre ar¬ ticles inégaux, obconiques, avec le dernier aussi long que les trois premiers, fortement élargi à son extrémité, et en hache, avec le bord antérieur échancré. Lèvre inférieure (f. 6) transversale, plus étroite en avant, portant une lan¬ gue avancée, bifurquée ou terminée par deux lobes étroits et divergents, et portant deux palpes de trois articles, dont le dernier, plus long que les deux précédents, est forte¬ ment sécuriforme, avec le bord supérieur profondément échancré et comme fourchu (f. 6 a a). Proihorax convexe, grand, infléchi en avant et sur les côtés, et recouvrant la tête quand on observe l’insecte en TRAVAUX INÉDITS. 455 * dessus. Ecusson très-petit, arrondi. Elytres très convexes, infléchies de chaque côté, et enveloppant les côtés de l’ab¬ domen. Pattes simples, courtes. Tarses de cinq articles courts et assez larges, terminés par deux petits crochets simples. Abdomen aplati, composé de cinq segments. Ce nouveau genre est très-voisin de celui que Herbst a nommé Dorcaioma ; mais il s’en distingue par le nombre d’articles de ses antennes, par la forme de ses palpes et par celle des lobes membraneux de ses mâchoires et de sa langue. Le travail qu’il nous a fallu faire pour nous assurer que notre insecte n’est pas un Dorcatoma a été des plus péni¬ bles et des plus rebutants, et il nous a montré dans quelle confusion se trouve encore l’étude de ce genre. En effet, quand nous avons eu disséqué avec soin notre mangeur de cigares; quand nous sommes parvenu à lui arracher, sous le microscope, les mandibules, les mâchoires et la langue, pour les dessiner isolément; après avoir pris une vue de l’ensemble de ces organes essentiels, aussi essentiels à cet insecte et aussi caractéristiques que les mâchoires et les dents des chevaux et des bœufs, mais immensément plus difficiles à bien voir, nous avons voulu les comparer avec ceux du genre Dorcatome, qui nous paraissait, au premier abord, se rapprocher le plus de notre insecte. Nous avons d’abord ouvert un ouvrage moderne, la Faune d’ Allemagne (1), deSturm, remplie de figures que l’on s’accorde à regarder comme excellentes, et nous avons trouvé que cet auteur représente et décrit les antennes de ce genre comme ayant onze articles, et que les mâchoires, les palpes et la langue semblent être de formes très-diffé¬ rentes. Nous allions nous borner à la constatation de ces différences, nous fiant entièrement à cet auteur très - esti- (1) Deutschland fauna, parSturm, XII vol. Nuremberg, 1857, p. 1, pl. 244. 2e série. T. il. Année 1850. 28 454 REV. ÊT MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1850.) • mé, et nous étions dans notre droit, car il serait déplorable d’être toujours forcé de recourir à l’observation de la na¬ ture, de ne pouvoir se fier aux traités publiés, d’être obligé de considérer ces traités comme non avenus, lorsque nous avons ouvert quelques autres livres publiés à diverses épo¬ ques. Nous avons été alors tout-à- fait dérouté, en voyant que les auteurs n’étaient pas d’accord sur le nombre des articles des antennes des Dorcatomes, du Dorcatoma cires - dense , le type du genre. Les uns leur donnaient huit arti¬ cles seulement (1); d’autres leur en comptent neuf (2); un autre dix (5); mais le plus grand nombre leur en donne onze (4). En présence de ces assertions si diverses, de ces nom¬ bres 8, 9, 10 et 1 1 , vus et dessinés par plusieurs de ces au¬ teurs, nous avons été forcé, bien malgré nous, en présence d’occupations nombreuses qui ne nous avaient permis de donner qu’un temps limité à cette notice, de nous résigner à donner beaucoup de temps à la dissection de plusieurs j Dorcaioma dresdense , insectes assez rares, dont nous ne pos¬ sédions que trois individus. Le premier qui soit tombé sous notre scalpel, ou mieux sous nos aiguilles à pointe aiguisée et tranchante, nous a offert des antennes manifestement composées de neuf ar¬ ticles (pl. 8, f. 9), avec les deux avant derniers fortement dilatés à l’extrémité et formant scie, comme ceux de notre Catorama. Nous nous trouvions donc d’accord avec La- treille, et en contradiction avec tous les autres auieurs ; mais alors notre insecte du tabac différait, par l’antenne, des Dorcatoma. (1) Paykull, Fauna succica fasc. 1, p. 518 (1798). (2) Latreille, Considér. générales sur les Crust., Arach. et Ins,, p. 185, genre 105 (1810). — Laporte, Hist. nat. des animaux ar¬ ticulés, édit, de Durnesnil, t. I, p. 234 (1840). (5) Redtembacher, Die gattungen der deutschen Kafer fau¬ na, etc., p. 94, pl. 1, f. 24 (1845). (4) Gyllenhall, Zettersteds, Sahlberg, Stephens, etc., etc. TRAVAUX INEDITS. 435 Ayant eu le malheur de respirer au moment où nous dessinions cette antenne à la chambre claire du micros¬ cope, notre souffle a fait disparaître toutes les pièces dis¬ séquées, et invisibles à l’œil nu, et, comme il nous restait quelques autres parties à dessiner, nous nous sommes ré¬ signé à ramollir un second Dorcaioma dresdense, pour mieux voir ces parties, pour voir deux fois, afin de ne dé¬ clarer les erreurs de savants aussi justement estimés des naturalistes qu’après avoir vu et revu les objets en litige, et après les avoir montrés à d’autres yeux. Cette fois, à notre grand étonnement, nous avons trouvé, à l’antenne de notre second Dotcatoma dresdense, dix arti¬ cles bien comptés (f. 8); nous l’avons retournée dans tous les sens, nous l’avons dessinée sous divers grossissements, nous avons arraché l’autre antenne, toujours nous avons trouvé ces dix articles. 11 était évident, pour nous, que Gyllenhall, Sahlberg, Stephens, Zettersteds, Sturm et tous les auteurs qui ont donné onze articles aux antennes du Dorcatoma dresdense s’étaient trompés; qu’iis avaient tous copié la plus an¬ cienne erreur, celle de Gyllenhall. Il est probable que ce¬ lui-ci, mal servi par sa loupe, et ne voyant pas bien les petits articles de cette antenne, lui aura donné U articles en s’en rapportant à l’analogie, pensant qu’un genre aussi voisin des Anobium et des Xyielinus, qui ont les antennes composées de \ \ articles, devait avoir ces organes compo¬ sés de même. Quant à Paykull, qui en accuse seulement 8, il s’est aussi trompé en sens contraire, et il n’y a que Latreille et Redtembacher, ayant vu, l'un 9 articles, et l’autre tO, qui ne soient pas dans l’erreur, quoique diffé¬ rant cependant entr’eux. Cette différence entre les deux auteurs nous a été ex¬ pliquée par les formes diverses des deux avant-derniers articles des antennes, chez les deux individus que nous avons disséqués. Dans le premier, celui aux antennes com¬ posées de neuf articles, les deux avant-derniers sont trian- 456 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Aoîil 1850.) gulaires, fortement élargis au sommet, et ils forment de vraies dents de scie. Dans ie second, ces mêmes articles sont rétrécis au sommet, mais leur base interne offre une grande dilatation en forme de rameau, dirigée en dedans, et de la longueur de l’article lui- même. Il est évident que nous avions observé les deux sexes du Dorcatoma dres - dense ; celui dont les deux avant-derniers articles de l’an¬ tenne sont fortement dilatés à leur base interne est certai¬ nement le mâle, il a dix articles à l’antenne ; et c’est aussi un individu de ce sexe que M. Redtembacher a étudié ; c’est l’antenne d’un mâle qu’il a figurée, tandis que l’autre individu est une femelle, et que c’est l’antenne de ce sexe, composée seulement de neuf articles, que Latreille a ob¬ servée. Ce fait de la différence du nombre d’articles des antennes dans les deux sexes n’est pas commun parmi les Coléop¬ tères; il n’avait jamais été signalé dans les Dorcatoma , et il n’a pas lieu dans les genres voisins, tels que Anobium, Xyletinus, Ptinus , etc. La découverte de ces différences dans le nombre d’articulations des antennes dans les sexes d’une même espèce ne pourrait-elle pas faire penser que quelques-uns des genres fondés récemment par M. Mellié avec certains Cisà antennes diverses pourraient bien n’être formés qu’avec des femelles? On sait que ce genre Cis est très-voisin des Dorcatomes ; aussi pensons-nous que cette idée mérite d’être examinée. Quoi qu’il en soit, il résulte de cet examen minutieux que notre genre Catorama ne peut être confondu avec les Dorcatoma , quoique leur forme générale, celle de la tête (pl. 8, f. 7), et l’insertion de leurs antennes soient à peu près semblables. Les Dorcatoma diffèrent par la langue (f. Ll), par les mâchoires (f. 10), par les palpes, et même parles antennes; car, bien que ces dernières soient com¬ posées de dix articles dans notre Catorama , comme celles des mâles de Dorcatomes, il est probable que ce nombre sera de 4 0 et 14 , quand on connaîtra les mâles, tandis qu’il TRAVAUX INÉDITS. 437 est de 9 et 40 dans les Dorcatomes. En effet, l’antenne de notre genre ressemble entièrement, quant à ses derniers • j'. articles, à celle de la femelle du Dorcaioma dresdense; il est certain que nous n’avons disséqué qu’une femelle, que nous n’avons pas vu de mâle. Or, comme il y a différence de nombres entre les deux sexes du genre Dorcatome, il doit aussi y avoir différence entre les mêmes sexes d’un genre aussi voisin ; d’où il est permis de conclure qu’on trouvera probablement onze articles à l’antenne du mâle de notre genre Catorama , et que, très-probablement aussi, les deux avant-derniers différeront de même de l’antenne des fe¬ melles, soit par une dilatation semblable à celle des Dor¬ catomes mâles, soit par quelque autre caractère. De plus, notre genre Catorama se distingue encore ex¬ térieurement des Dorcatomes parce qu’il ne montre pas, sur le côté externe de ses élytres, ces deux ou trois stries qui se voient chez toutes les espèces de Dorcatomes que nous avons pu étudier (8 espèces). Catorama tabaci. — Nigro-piceum, tomento pallido tec¬ tum , convexo-ovalc ; thorace gibbo , deflexo; antennis tes- taceis primo articalo nigro. — - L. 0,005; 1. 0,002 5/4. 11 ressemble beaucoup plus au Xylelinus serricornis ( Piinus serricornis , Fabr., Ent. syst., 4, 241, 9 ) qu’à au¬ cune des espèces connues de Dorcatoma , et si on se bor¬ nait à un examen extérieur, on ne pourrait pas le séparer du premier de ces genres. Son corps est court, ovalaire, bombé en dessus, assez plat en dessous, d’une couleur de poix foncée ou de marron presque noir; mais, quand l’in¬ secte n’a pas subi de frottement, il est couvert d’un fin duvet gris jaunâtre, ce qui donne cette couleur générale à tout son corps, en lui communiquant un aspect luisant et soyeux. La tête est grande, fortement inclinée sous le cor¬ selet, manifestement ponctuée en dessus; mais elle offre de chaque côté, et contre les yeux, une fossette dans la¬ quelle les points sont beaucoup plus forts, ce qui lui donne un aspect rugueux. Les antennes sont d’une couleur jaune 438 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1850.) un peu fauve, et il n’y a que le premier article, qui fait corps avec la tête quand ces antennes sont repliées en des¬ sous, qui soit de la couleur de cette tête. Le corselet et les ély très, lisses et très luisants, offrent cependant, vus à une forte loupe, une grande quantité de très-petits points en¬ foncés qui semblent être les points d’insertion du duvet qui les couvre, et l’on ne peut voir ces petits points qu’aux endroits où le frottement a enlevé ce duvet. L’écusson est ponctué. Le dessous du corps et les pattes sont d’une cou¬ leur marron un peu moins foncée que le dessus. Nous ne connaissons que deux individus de cet insecte, trouvés dans des cigares de la Havane, à la manufacture centrale des tabacs à Paris. Elaphidion irroratum, Lin. Ce Longicorne, publié pour la première fois par Linnée, Syst. nal., t. IL p. 655), sous le nom de Cerambyx irro- ratus , a été décrit par cet auteur comme ayant le corps ferrugineux, mais avec la tête, le corselet et les élytres noirs, semés de taches et points blancs. 11 l’a indiqué comme venant d’Amérique. Olivier, ayant mal interprété les mots corpus ferrugi- neum de la description Linnéenne, a rapporté à cette des¬ cription un insecte qui nous semble appartenir à une toute autre espèce (Ins., n° 67, p. 45, pi. 21, f. 4 63), ayant le corps brun marron dessus et dessous, marqueté de blanc, et venant d’Amérique. Il a cependant cité, comme se rap¬ portant à son espèce, la description et l’excellente figure de Drury (t. I, pi. 51, f. 5), qui représente une espèce à tête, corselet et élytres noirs , semés de taches et points blancs, allant tout-à-fait à la description de Linnée, que Drury cite, et provenant de la Jamaïque, où elle vit dans les arbres d’acajou ( mahogony ). Depuis, Fabricius a introduit cette espèce dans son genre Stenocorus, sous le nom de Stenocorus irrora'us ( Eut . syst., 2, p. 293), et il cite Linnée, Olivier et Drury, adoptant ainsi le rapproch ment qu’Oiivier a fait de deux TRAVAUX INÉDITS. 439 figures aussi différentes que celle donnée par Drury et celle qu’il donne lui-même. On ne pourrait admettre l’identité des deux insectes qui ont servi à ces deux figures que dans le cas où Olivier, qui écrivait après Drury, aurait déclaré qu’il n’avait vu qu’un individu avorté, piqué au moment de son éclosion, et n’ayant pas encore pris la couleur noire sur la tête, le corselet et les élylres , couleur si bien représentée par Dru¬ ry, et antérieurement si positivement décrite par Linnée. îl est à remarquer qu’il y a une erreur de citation d’O¬ livier, dans Fabricius. En effet, il renvoie au genre 6T, pl. 19, f. 145, pour la figure du Cerambyx irrorcitus décrit par Olivier; mais, si l’on cherche cette figure, on trouve la représentation d’un tout autre insecte, du Cerambyx unideniatus d’Olivier, espèce appartenant au genre Lissom - tus de Dalman (Cer. e'questris , Lin., Liss. equestris , Dup., Monogr. des Trach p. Fl, pl. 144, f J), espèce propre à Cayenne. Quant à l’insecte qu’Olivier a rapporté, à tort, suivant nous, au Cerambyx irroratus de Linnée et de Dru¬ ry, il est figuré, par cet auteur, à la planche 21, f. 163, Ajoutons encore que, dans Y Histoire naturelle des In¬ sectes de l’édition deBuffon, publiée par Dumesnil (t. II, p. 425), on trouve ce même insecte vaguement décrit sous le nom d'Elapliidion irroratum , avec la même syno¬ nymie de Linnée, Drury, Fabricius et Olivier. Ce qu’il y a de plus malheureux , c’est qu’il est indiqué par erreur comme provenant du Brésil. Orthoptères. Forficesila maritime, , Bonelli, Serville, Hist. natur. des Orthop ., p. 27, n« 9. — M. Serville décrit cette espèce comme propre aux côtes de la Méditerranée. Ce Forficesile a été trouvé mort dans les tabacs prove¬ nant de l’Amérique du Nord. N’aurait-il pas pu s’intro¬ duire dans les ballots arrivés en France? Blatta Amerieana , Linn., etc. — Cette espèce, qui est 440 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1850.) originaire de l’Amérique méridionale, a suivi l’homme dans tous les pays où le commerce l’oblige à aller. Au¬ jourd’hui, elle infeste plusieurs de nos villes maritimes, et presque tous nos vaisseaux. Ces insectes, connus plus particulièrement en France sous le nom de Kakerlacs , et à la Havane sous celui de Coucarachas , sont d’une vora¬ cité telle, que dans les vaisseaux ils rongent la peau des pieds des hommes pendant leur sommeil, ce qui leur pro¬ cure un réveil très-désagréable quand la dent de ces in¬ sectes est arrivée au vif. Blatta Orientalis , Linn., etc. — Celle-ci est originaire de l’Orient, et actuellement très-commune dans toute l’Eu¬ rope. Cette espèce est bien plus anciennement intro¬ duite que la précédente, qui ne nous est venue que de¬ puis la découverte de l’Amérique. La Blatte orientale in¬ fecte nos maisons, même à Paris, où elle est connue sous le nom de Caffard. Blatta inüica , Fab., Serv., Hïst. natur. des Orih., p. 97. — Originaire de l’Amérique et des Antilles, elle est devenue cosmopolite, quoiqu’elle ne soit pas encore aussi répandue que les deux précédentes. Blatta cinerea, Oliv., Serv., ibid., p. 89. — Elle a la même origine, et est aussi cosmopolite que la précédente. Arachnides. Scorpio biaculeatus, Lucas, Voyage de Webb et Berthelot aux Canaries. Cette espèce est commune aux Antilles et aux Canaries. Comme les Scorpions sont carnassiers, il est probable que celui-ci ne s’est trouvé dans les tabacs que pour y venir faire la chasse aux autres insectes. Jusqu’ici les fumeurs ne se sont pas trop plaints du tort que ces insectes font aux tabacs, et, s’ils ont parfois fumé dans leurs cigares quelques cadavres de Xyletines et de Catorama , ou de leurs larves ou nymphes, le feu a sans doute purifié tout cela, et ils n’en ont éprouvé aucun in- TRAVAUX INÉDITS. 441 convénient. Si le tabac était consommé autrement qu’en fumée, la présence de ces insectes pourrait peut-être avoir quelque gravité, parce que l’on sait que beaucoup de Co¬ léoptères, et même des insectes d’ordres différents, tels que l’Alucite des blés, entr autres, possèdent des proprié¬ tés plus ou moins semblables à celles des Cantharides. Il aurait été nécessaire alors de faire des recherches chimi¬ ques pour savoir si les Xyletinus et les Calorama sont vési- cants, à quel degré ils le sont, et quelle proportion de cantharidine entre dans leurs principes constitutifs. Mais, nous le répétons, l’incinération détruirait certainement ou modifierait ces principes, et il n’arrivera probablement jamais aux fumeurs l’accident singulier dont le directeur de la ferme-école de Vaucluse et quelques-uns de ses amis ont été victimes, accident raconté, avec tous les ménage¬ ments que comporte un pareil sujet, par un de nos plus illustres agronomes, ainsi qu’il suit: « Cette année (1 849 ), les Cantharides étaient à peine parvenues à leur état par¬ fait, lorsqu’elles furent privées de leur nourriture habi¬ tuelle par les gelées du 15 au 19 avril, qui flétrirent les feuilles des lilas et des frênes. Pressées par la nécessité, elles se jetèrent sur les asperges, qui sortaient de terre. M. Fabre, directeur de la ferme-école de Vaucluse, en ayant consommé avec ses amis, sans se tenir pour avertis par l'odeur bien prononcée qu’exhalaient ces plantes, éprouvèrent les divers accidents des voies urinaires que produit l’ingestion de ces insectes. » ( Journ . cïAgr. pra¬ tique et de jardinage, 2e série, t. VI, p. 290. Juillet, 1849.) Foin de nous d’apporter la moindre inquiétude dans l’esprit des fumeurs, en leur faisant craindre quelque chose de semblable de la présence des insectes dans les cigares et tabacs qu’ils consument avec tant de patriotisme et de dévouement à la chose publique. En effet, il est presque certain que, même en admettant la présence de la cantharidine dans quelques-uns de ces insectes, et en al¬ lant encore plus loin, en admettant que la combustion ne 442 P.EV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1850.) détruirait pas tout-à-fait les propriétés de ce principe aphrodisiaque, il serait en si petite dose, que l’effet pro¬ duit alors ne présenterait pas d’inconvénients trop graves, et pourrait équivaloir tout au plus à celui que les Chinois recherchent en consommant des nids d’hirondelles. Du reste, tous les tabacs avariés par les insectes, ou autre¬ ment, sont soigneusement éliminés, et nous savons, par l’honorable inspecteur qui nous avait consulté, qu’il n’est livré à la consommation que des produits intacts et d’ex¬ cellente qualité. Ce n’est pas seulement à l’état sec, et dans les magasins, que le tabac est attaqué par des insectes; il a des ennemis autrement dangereux pendant sa vie. Nous ne possédons pas encore assez de renseignements sur les parasites de la plante pour être en mesure de traiter ce sujet convena¬ blement; mais nous réunissons des matériaux fort inté¬ ressants, et, entr’autres, nous attendons qu’il nous soit possible d’étudier une larve qui nous a été signalée par M. le docteur Pucheran, laquelle ronge la partie médul¬ laire des tiges, quand la plante a dépassé un mètre de hauteur, et en fait mourir un grand nombre dans nos plantations du midi de la France. Pathologie des Vers à soie ( Bombyx mon , L.). — Etudes sur le sang, par M. A. Focillon (-1). Je n’ennuierai pas mes lecteurs de longues et menteuses excuses sur la singularité du sujet de cet article dans un journal médical. La pauvre petite chenille dont je vais les entretenir est bien éloignée sans doute de l’être si compli¬ qué, si magnifique et si noble auquel sont voués tous leurs travaux. Mais ce chétif animal a reçu de son créateur un talent précieux pour nous et bien funeste pour lui ; talent (!) Nous insérons cet article, qui a paru dans la Gazette des hôpitaux, parce qu’il se rattache directement à la Notice lue à l’Académie des Sciences. (Voy. p. 452.) TRAVAUX IAEDITS. 445 qui lui a valu l’exil sur des bords étrangers, l’esclavage do¬ mestique et toutes les maladies qu'il engendre ; talent qui moissonne l’immense majorité de chacune de ses généra- tionsplongée viveavecsa prison desoiedansl’eau bouillante qui doit en désagréger les fils merveilleux ; talent qui jette dans notre industrie bien des millions chaque année, et couvre d’étoffes splendides nos enfants, nos femmes, et jus¬ qu’à nos lambris. A tous ces titres, ne mérite-t-il pas quelque attention des hommes qui, chaque jour, sans scrupule, héritent ainsi de ceux quils assassinent , après les avoir, il est vrai, entourés des soins les plus pénibles? . Mais l'héritage est à ce prix. Transplantés d’Orient dans le midi de notre France, éle- vés en nombre immense dans nos magnaneries, les Vers à soie, sous l’influence d’un ciel étranger et d’une accu¬ mulation d’individus aussi considérable, ont développé bien des maladies. Elles prélèvent chaque année une dîme exorbitante sur les richesses qu’ils promettent, et, le plus souvent même, en ne frappant l'animal qu’asseztard dans sa carrière, et lorsqu'il a déjà dévoré bien des feuilles de mûrier, emportent avec lui et l’argent qu’il aurait pu pro¬ duire et celui qu’il a déjà coûté Aussi dès longtemps le gouvernement a-t-il demandé à la science des remèdes à ces fléaux, et dans ces trois dernières années il a, dans ce but, confié chaque été une mission spéciale à l’un de nos plus habiles entomologistes, M. Guérin-Méneville. Cet ob¬ servateur a dirigé ses travaux vers la plus terrible des ma¬ ladies qui attaquent le Ver à soie, celle que nos magna- niers désignent sous le nom de muscardine, et qui chaque année fait perdre à l’industrie au moins trente millions. Cette maladie est due à un végétal microscopique du groupe des Botrytis , qui se développe dans le ver encore vivant et le fait périr au moment où il va filer ce cocon précieux qui doit payer tous les soins et toutes les dépenses dont l’animal a été l’objet. M. Guérin-Méneville a, pendant ces trois années, étudié A AA REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1850. ) les moyens de combattre ce fléau, et la question a fait entre ses mains des progrès réels par un contrôle conscien¬ cieux des procédés proposés avant lui et par lui-même, et par la découverte de faits nouveaux de la plus grande utilité. Ce n’est cependant pas cette partie de ses études que je désire surtout faire connaître à mes lecteurs ; il a en même temps porté, cette année, ses investigations sur un autre terrain où il a eu le bonheur d’ouvrir, je le crois, toute une voie de recherches neuves et originales, et c’est afin de susciter ces recherches, c’est afin de poser les questions quelles doivent résoudre, que j’ai voulu m’a¬ dresser au public médical. M. Guérin-Méneville a eu l’heureuse idée d’étudier la composition anatomique du sang dans l’état de santé et de maladie, et les faits les plus curieux se sont révélés à ses yeux. Je vais les faire connaître succinctement, et j’es¬ saierai d’en apprécier ensuite l’importance au point de vue scientifique, agricole, et surtout médical. Le sang d’un Ver à soie en santé, étudié à sa sortie du corps, offre, au microscope, des globules analogues aux globules du sang humain; mais ces globules se dévelop¬ pent et se reproduisent les uns des autres pendant tous les moments de la vie de l’animal, et passent par les phases suivantes, que l’on peut observer dans la même goutte de sang. Ce sont d’abord de petits globules n’offrant à leur centre qu’un seul point opaque; puis le globule plus gros montre un nucléus composé de plusieurs granules égaux. Dansune troisième période, ces granules se désagrègent et se portent vers la circonférence du globule ; enfin, ils pous¬ sent en dehors les divers points de son enveloppe externe sur lesquels ils portent; il en résulte, au pourtour du glo¬ bule, des saillies comparables à des bourgeons, qui ne tardent pas à s’ouvrir, et donnent passage aux granules qui les ont produites, lesquels, une fois libres dans le sé¬ rum , s’enveloppent d’une membrane transparente, et constituent de nouveaux globules à la première phase de TRAVAUX INÉDITS. 445 leur développement. Ces faits curieux, que M. Guérin n’a admis qu’après bien des observations et après les avoir vérifiées sur plusieurs autres espèces d’insectes, sont moins étonnants encore que ceux qui caractérisent l’état patho¬ logique de ce même sang. Des saignées faites sur des vers affectés d’autres mala¬ dies que la muscardine donnent un sang d’autant plus pauvre en globules que l’animal est plus près de mourir. Mais l’aspect de ce sang explique la disparition des glo¬ bules. D’abord, ceux qu’on y trouve en petit nombre sont tous adultes, ou même ont déjà émis leurs granules au- dehors. Quant aux globules en voie de développement, ils manquent complètement. Mais, à leur place, on observe des corpuscules en tout semblables aux granules du nu¬ cléus des globules adultes. Ces corpuscules, tous identi¬ ques, s’agitent avec rapidité, sans que rien puisse expli¬ quer leur mouvement, qui d’ailleurs a tous les caractères du mouvement volontaire. M. Guérin, par des observations multipliées vérifiées par d’autres personnes, a acquis la conviction que ces corpuscules sont les granules échappés du nucléus des globules existants dans le sang. Ces gra¬ nules, sous l’influence de l'état morbide, n’ont pu former de nouveaux globules, et entrent alors dans une sorte de vitalité indépendante qui commence la désorganisation de l’individu malade par celle de son fluide nourricier. On comprend alors l’absence des globules aux premières pé¬ riodes de leur développement, la diminution toujours plus grande des globules à mesure que l’animal approche de sa fin ; c’est une source qui s’écoule sans se renouveler. M. Guérin-Méneville donne à ces êtres animés, développés ainsi dans le sang malade, le nom d 'hœmatozoïdes. Il les a revus dans d’autres insectes; et, ce qu’il y a de plus cu¬ rieux, c’est qu’il est parvenu à les produire à volonté chez des insectes à l’état sain, en leur faisant endurer la faim pendant quelques jours; de telle sorte que, chez les in¬ sectes au moins, l’appauvrissement du sang sous l’action 446 REV. ET MAG , DE ZOOLOGIE. ( ÂOÜt 1850.) des causes débilitantes, quelles qu’elles soient, a pour cause l’inaptitude des granules nucléolaires des globules existants à en constituer de nouveaux. C’est là, sans con¬ tredit, un résultat qui mérite de fixer l’attention. Mais la muscardine devait offrir à M. Guérin des faits plus singuliers encore. Là, soit que le ver ait contracté na¬ turellement la maladie, soit qu'à l’aide d’une pointe d’ai¬ guille on ait déposé sur son corps quelques sporules du Botrijiis bassicina, qui produit la muscardine, avant même qu’aucun signe extérieur annonce l’état maladif, le sang commence à montrer des hæmatozoïdes; ils augmentent d heure en heure, et bientôt on remarque au milieu d'eux des corps naviculaires très-courts, mais qui bientôt se dé¬ veloppent, même sous l’influence seule de l’humidité, en thallus ou racine du Botrytis muscardinique. A ce mo¬ ment de la maladie, M. Guérin a vu l’un des phénomènes les plus curieux de la nature organisée, phénomène qui touche à bien des questions depuis longtemps débattues; il a vu les hæmatozoïdes, ces corpuscules animés nés des granules nucléolaires, incapables d’engendrerde nouveaux globules, se transformant peu à peu en thallus du Botry¬ tis. Leur forme s’allonge, le mouvement existe encore ; puis à un état d’allongement plus avancé le mouvement s’est éteint, et la matière animée s’est métamorphosée en matière végétale, qui désormais va croître de plus en plus, de telle sorte qu'après la mort du ver muscardin le sang est rempli de thallus à tous tes degrés de développement. A ces thallus se mêlent aussi, dans ce dernier cas, des cristaux d’une forme bien définie, produits de quelque réaction chimique, et auxquels sans doute le cadavre des muscardins doit sa rigidité. Tels sont les faits constatés parM. Guérin, avec une dé¬ fiance de lui-même, une sobriété de conclusions, une mo¬ destie dans l’exposition des faits, qui inspireraient grande confiance dans ses observations, quand même ses travaux antérieurs et une longue carrière d’études consciencieuses TRAVAUX INÉDITS. 447 et sages ne leur donneraient pas d’ailleurs la plus haute autorité dans la science. Or, si nous envisageons ces cu¬ rieux résuitats à divers points de vue, nous pourrons, je crois, en tirer des conclusions qui, pour être purement hypothétiques, n’en méritent pas moins le contrôle d’une expérimentation sérieuse. A un point de vue de science pure, M. Guérin me paraît avoir touché la question si célèbre de la génération spon¬ tanée ; et si les faits qu’il apporte ne la tranchent pas, ils prouvent au moins une singulière hésitation de la matière à s’organiser à une certaine époque et sous l’influence de certains agents, soit sous la forme végétale, soit sous la forme animale, et ils sont peut-être difficiles à concilier avec ce vieil adage, « que tout être organisé naît d’un pa¬ rent semblable à lui. » Mais laissons de côté ces questions théoriques, qui ne sontpointle but immédiat de lascience, et qu’elle n’est certainement destinée à résoudre qu’après bien d’autres plus pratiques et plus prochainement utiles. Jetons un rapide coup-d’œil sur les applications agrono¬ miques de cette curieuse découverte. A l’aide de saignées très-simples à pratiquer, M. Guérin peut s’assurer de l’état de santé des Vers à soie, ou pré¬ dire au magnanier l’invasion de telles ou telles maladies; et ceci est utile, surtout pour la muscardine, que l’état du sang fait prévoir assez longtemps d’avance pour que le magnanier, en cessant la nourriture de ces vers, voués à une mort inévitable, économise une quantité énorme de feuilles de mûrier, et diminue considérablement la perte pécuniaire qu’entraîne un tel accident. Enfin, j’arrive à la question physiologique et patholo¬ gique. La reproduction des globules sanguins me semble un fait tout nouveau et de la plus grande importance pour la physiologie. Elle explique très-simplement ces diamè¬ tres inégaux des globules dans le sang des invertébrés, et provoque à la fois et des recherches chez d’autres espèces de ce grand groupe, dans le but d’y constater les mêmes 448 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1850.) faits, et des recherches chez les vertébrés eux-mêmes pour en trouver les analogues. Là, l'égalité parfaite des globules sanguins peut à priori indiquer une dissemblance; mais d’abord il faut, si elle est réelle, la préciser: si elle n'est qu’apparente, découvrir la vérité encore inconnue. D’ail¬ leurs, songeons bien que, chez les vertébrés, le fluide nourricier se présente à différents états : le chyle, la lym¬ phe, le sang. Le sang en est l’expression dernière, la forme terminée, complète; ce n’est donc peut-être pas là qu’il faut chercher ces phénomènes de génération des globules. Ceux de la lymphe, incolores et plus petits, en sont de¬ puis longtemps regardés comme un premier âge. Par une coïncidence au moins remarquable chez les grenouilles, les tritons, les tortues, où les observations sur la lymphe ont pu être faites, les auteurs indiquent pour volume des globules lymphatiques précisément celui des nucléus des globules sanguins du même animal ; la forme, il est vrai, diffère, mais le rapport de grandeur est constant. Enfin, un dernier fait assez curieux dans cette question : Schultz, qui a observé la formation du sang dans Yarea vasculosa de l’embryon des oiseaux, affirme que le nucléus est la première partie qui apparaît ; la vésicule se forme ensuite autour de lui. Si maintenant des recherches inspirées par ces idéeo théoriques, et que les médecins et les élèves des hôpitaux sont si bien placés pour entreprendre, venaient jeter un jour nouveau sur ce point capital de l’histoire de la nutri¬ tion ; si l’on précisait cette fonction régénératrice du sang • confiée au système lymphatique; si l’on établissait défini¬ tivement ce rôle reproducteur des nucléus des globules sanguins, quels progrès ne pourraient pas faire et la théo¬ rie et la thérapeutique des maladies scrofuleuses, des af¬ fections anémiques , des fièvres elles-mêmes peut-être, surtout celles dites de mauvais caractère ! Peut-être même, et toute conjecture est permise quand on appelle les hom¬ mes de la science sur le terrain de l’observation, peut-être, 449 SOCrÉTÉS SAVANTES- dis-je, la théorie si obscure des fièvres périodiques y pren¬ drait-elle quelque clarté. Quelle utile science à éclairer, que cette pathologie du globule sanguin, qui renferme peut-être le secret des plus terribles maladies de l’espèce humaine! Ce sont des hypothèses ; mais quelles espéran¬ ces ne font-elles pas concevoir! Revenons cependant au positif : aujourd’hui, ce sont les faits curieux établis par M. Guérin-Méneville, et les conséquences qu’on en peut déduire. Quant aux recherches dont nous avons esquissé le but, les naturalistes peuvent les comprendre et les rê¬ ver; mais les médecins, les internes de nos hôpitaux peu¬ vent surtout les réaliser avec toutes les facilités, avec toutes les connaissances qui doivent en assurer le succès ; et, si la vérité n’est pas, ce qui est très-possible, telle que nous l’avons indiquée, elle ne peut manquer du moins de couronner les efforts dirigés dans le sens où je les appelle, et je crois avoir la certitude d’être entendu de quelqu’une de ces intelligences d’élite qui font à divers titres l’hon¬ neur de nos sciences médicales. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des Sciences de Paris. Séance du 5 Août 4850. — Aucune communication zoo= logique. Séance du 4 2 Août. M. Alcide d’Orbigng présente un Second Mémoire sur V instant d'apparition, dans les âges du monde , des ordres d'animaux , comparés au degré de perfec¬ tion de l'ensemble de leurs organes. Le tableau de réparti¬ tion donné par l’auteur montre qu’à la première époque, celle des terrains paléozoïques, il existait 54 ordres d’ani¬ maux sur TT. On y compte, parmi les Rayonnés, 8 ordres ; parmi les Mollusques, 9 ; parmi les Annelés, 44; et parmi les Vertébrés, 5. Or, dans les trois premiers embranche¬ ments, ce ne sont pas les ordres les plus inférieurs, mais 2e série, t. il. Année 4850. 29 450 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1850.) bien les plus élevés du groupe ; les Vertébrés seuls don¬ nent des résultats insignifiants pour décider la question dans un sens ou dans l’autre. L’examen successif de l’ap¬ parition des autres ordres dans les terrains suivants amène l’auteur aux conclusions suivantes, bien contraires à l’idée généralement admise du perfectionnement successif des Faunes géologiques:!0. Les quatre embranchements des animaux, dans l’ordre chronologique des âges du monde, n’ont pas marché suivant le degré comparatif de la perfec¬ tion de leurs organes, mais bien sur quatre lignes paral¬ lèles tout-à-fait indépendantes les unes des autres. 2°. Les classes d’animaux, comme le démontre le tableau joint à mon Mémoire, sont, à l’exception de deux sur dix-neuf, absolument comme les embranchements; elles ont mar¬ ché parallèlement et non successivement dans les âges du mondé. 5°. Cette marche particulière parallèle et non suc¬ cessive dans l’ordre chronologique, pour chaque embran¬ chement et pour chaque classe, est tout-à-fait contraire au perfectionnement général des organes, en allant du pre¬ mier âge du monde vers l’époque actuelle. 4°. L’accord du degré croissant de perfection des organes, en marchant des premiers âges du monde jusqu’à l’époque actuelle, loin d’être la règle constante, comme on avait pu le croire en étudiant les Mammifères, n’est, au contraire, qu’une faible exception à la marche parallèle générale, et qui n’a pour base que l’arrivée tardive, sur la terre, de l’ordre des Mammifères; cet accord, même sous ce rapport, n’existe¬ rait que pour un dix-neuvième de l'ensemble des classes. 5°. 11 résulterait encore, de ce qui précède, que les ani¬ maux, loin de perfectionner successivement leurs organes et de passer par tous les degrés de perfection, dans les âges du monde, ont souvent moins gagné que perdu de leur perfection dans quelques embranchements, ou sont au moins restés stationnaires, ce qui exclut tout-à-fait pour eux, dans les périodes géologiques, la marche croissante générale du simple au composé. SOCIÉTÉS SAVANTES. 451 — M. L. A. Falou communique une Etude sur quelques points de La physiologie du cœur. L’auteur expose ainsi lui-même les résultats auxquels il est arrivé. Plusieurs d’entr’eux ne sont pas nouveaux; mais l’auteur, qui l’a¬ voue tout d’abord, croit qu’ils avaient besoin de confirma¬ tion. Voici ses propositions : « Le volume total du système vasculaire contenu dans la poitrine reste sensiblement le même pendant toute la du¬ rée d’un battement complet du cœur; la contraction des différentes parties du cœur change peu le volume total de cet organe, « Les changements de capacité des oreillettes et des ven¬ tricules résultent principalement du déplacement de la cloison auriculo-ventriculaire, qui subit, par le fait des mouvements propres du cœur, des déplacements plus étendus que ceux que subit toute autre paroi du cœur : la dilatation des cavités du cœur résulte principalement de l’antagonisme de fibres musculaires qui s’insèrent de cha¬ que côté de cette cloison, de la tendance des poumons au resserrement et de l'afflux du sang à l’intérieur des cavités du cœur. « La forme des ventricules est importante pour le jeu du cœur : de cette forme résulte que les ventricules, en se contractant et perdant de leur volume un volume égal à celui du sang qu’ils chassent, ne tendent à laisser sensible¬ ment de vide que du côté de leur base, et qu’ils ne dépla¬ cent pas notablement les parties des poumons et des pa¬ rois pectorales dont ils sont séparés par le péricarde. « Le cœur aspire le sang veineux, et contribue ainsi directement à son mouvement, et indirectement à celui de la lymphe; cette aspiration doit être en partie la cause de l’absorption qu’exercent les veines et les lymphatiques. « L’inipulsion précoidiale de la pointe du cœur est due, en grande partie, à la poussée qui s'exerce sur la paroi opposée aux orifices d’écoulement des ventricules au mo¬ ment de leur contraction. / -452 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Aoîll 1850.) « Le premier bruit du cœur est dû, en partie, à la ten¬ sion brusque des cordages tendineux qui s’insèrent aux valvules auriculo- ventriculaires. « Le cœur et les vaisseaux de la poitrine augmentent un peu de volume pendant l’inspiration, et diminuent pen¬ dant l’expiration : les mouvements respiratoires contri¬ buent à produire la circulation du sang, et leur grande énergie augmente sensiblemeut la vitesse de la circulation et la force d’aspiration du cœur; la vitesse de la circula¬ tion n’est pas en rapport exact avec la fréquence du pouls. « Le sang veineux, quand le cœur est exempt de toute lésion, continue à affluer dans le cœur pendant la con¬ traction des oreillettes ; l’expiration ne produit pas de reflux, de cours rétrograde, du sang veineux. » Séance du 19 Août. — Aucune cammunication zoolo¬ gique. Séance du 26 Août. — M. Guérin- Ménevi lie lit un tra¬ vail ayant pour titre : Extrait des matériaux recueillis à la magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle , près iWanosque ( Basses-Alpes ), pendant la campagne séricico'e de -I85i», sur les maladies des Vers à soie et sur la recherche des moyens d'améliorer leurs races , « Parmi les nombreuses observations que j’ai pu faire de¬ puis quatre ans sur les maladies des Vers à soie, il est quelques faits si singuliers, si inattendus, qu’en les an¬ nonçant j’ai dû dire que de nouvelles observations étaient nécessaires pour qu’on pût les admettre dans le domaine de la science. J’ai donc éprouvé une vive inquiétude, quand j’ai pu penser, par le silence obstiné que M. le mi¬ nistre de l’agriculture gardait vis à vis des sériciculteurs, qui lui demandaient avec instances la continuation de ma mission, que son budget ne lui permettait pas de se ren¬ dre à leurs désirs, et j’ai été au comble de mes vœux, quand j’ai su que la Société nationale et centrale d’\- gricullure, la Société Séricicoîe et son vénérable vice-pré¬ sident, ainsi que plusieurs sériciculteurs du midi de la SOCIÉTÉS SAVANTES. 453 France, témoins de mes travaux et comprenant toute leur portée, voulaient bien m’aider à les continuer. « Je n’entrerai pas dans le détail des recherches que j’ai encore pu faire, quoique arrivé beaucoup trop tard à Sainte-Tulle, car ce détail appartient aux corps savants et aux agriculteurs dévoués qui m’ont mis si généreusement à môme de continuer mes observations séricicoles. Je di¬ rai seulement que j’ai fixé les caractères de plusieurs ma¬ ladies des Vers à soie, étudiées d’une manière insuffisante l’année dernière, faute de temps; que j’ai pu reconnaître que ces mêmes maladies sévissent aussi sur les papillons destinés à faire la graine, et que j’ai tellement profité du peu de temps qui me restait, puisque je suis arrivé la veille de la montée des Vers à soie, que j'ai pu encore re¬ cueillir des observations qui forment un manuscrit de près de cinquante } âges in-4°, accompagné de quarante-deux dessins faits au moyen de la chambre claire adaptée au microscope. « Dans la séance de l’Académie des Sciences de Paris du 3 novembre 18 *9 (1), j’aieu l’honneur de lire une Notice sur la composition intime du sang des Vers à soie en santé et en maladie, et j’ai établi que ce fluide éprouvait des mo- d fications considérables et de natures diverses, suivant l’espèce de maladie dont les Vers étaient atteints. J’ai revu, cette année, les mêmes phénomènes; ils se sont reproduits sous mes yeux de la meme manière et dans les mêmes cir¬ constances. Tout ce que j’avais vu, je l’ai revu un grand nombre de fois, autant que la saison m’a permis d’avoir des Vers, et je ne doute pas que si quelques naturalistes ont eu l’idée de faire, sur d’autres points, des recherches analogues, ils ne soient arrivés aux mêmes résultats. «J’avaisdit, entr’autres, que le sang des Vers à soie mala¬ des contenait une quantité immense de petits corpuscules animés, auxquels j’ai donné le nom d 'liœmatozuïdes (2). (1) Notice publiée dans cette Revue, 1849, p. 563, pl. 13. (2) M. Gros ( Bulletin delà Soc. imp, de Moscou, 1849, p. 369, 454 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Aoîlt 1850.) J’ai retrouvé ces corps dans un grand nombre de saignées faites à ces insectes, et je les ai montrés, comme l’année dernière, à beaucoup d’éducateurs qui sont venus me vi¬ siter chez M. E. Robert, à Sainte-Tulie et à Manosque. Ces nouvelles observations m’ont permis de mieux limiter les caractères de diverses maladies qui ont pour terminai¬ son commune la pourriture des cadavres des Vers à soie. « J'avais dit que les hæmatozoïdes du sang des Vers in¬ fectés de muscardine s'allongent, perdent leurs mouve¬ ments, et deviennent peu à peu les rudiments du Boiry- tis. J’ai revu ce singulier phénomène un grand nombre de fois, cette année, et ma chambre claire l’a dessiné avec son intlexibilité ordinaire. Des Vers infectés de muscardine ont été saignés à plusieurs reprises, depuis ce moment jusqu’à leur mort, et j’ai pu constater, encore un grand nombre de fois, les changements successifs qui s’opèrent dans les hæmatozoïdes (I). « Ainsi, pendant les premières heures, après l’infection, le sang est encore riche en globules normaux, et l’on n’y voit pas un seul hæmatozoïde. « Quelques heures plus tard, ces corpuscules animés ap¬ paraissent de plus en plus nombreux. pl. 6 F, fi g. 4 ) a vu les vésicules de la rate des poissons se dé¬ veloppant pour former les vésicules sanguines. Nous considérons, dit-il, la rate comme un organe de reproduction des vésicules, qui meurent ou se renouvel ent dans les capillaires du foie, en jetant leur tunique externe et en laissant circuler leur noyau. Dans les vésicules du sang des insectes, y aurait-il p u sieurs noyaux analogues à celui ci? (1) Peut-on considérer ces modifications comme une généra¬ tion spontanée? Je ne le crois pas, et je serais plutôt porté à pen¬ ser, comme Balsao, que les sporules introduites dans le corps, quand on pratique des infections artificielles, ont produit une altération morbide qui modifie quelques conditions du travail dansce laboratoire vivant. Cette sorte u’infection pourrait amener des phénomènes analogues à ceux du ferment, phénomènes qui, comme on le sait, déterminent la transformation de beaucoup de corps organiques. SOCIÉTÉS SAVANTES. 455 « Plus tard encore, on commence à voir des inégalités dans leur volume; ces inégalités deviennent de plus en plus grandes, et l’on arrive ainsi à une époque où les plus grands de ces corpuscules sont de véritables lhallus mus- cardiniques. J’ai trouvé dans îa Galerie de Zoologie : M. loncjicaudata , 1 exemplaire adulte monté , indiqué comme originaire d’Afrique, donné par M. Kéraudren. — M. trulentata , \ exemplaire monté, très-mal conservé, et 1 peau sèche un peu plus petite, mais en très-bon état; les deux objets originaires de Mozambique , et récemment acquis de M. Guy : tous deux, sans doute, non complètement adul¬ tes, ainsi que je l’ai expliqué. — M. Guy , l’exemplaire type conservé dans l’alcool, et tout récemment acheté à M. Guy; cet animal n’est pas adulte non plus. — M . javanica , \ exemplaire adulte en mauvais état, dont l’origine m’est inconnue; 1 jeune imparfaitement monté, venant du ca¬ binet du stathouder; \ jeune, conservé dans l’alcool, que M. Guy affirme lui être venu d’Afrique : peut-être y a-t-il là quelqu’une de ces erreurs si fréquentes sur l’origine des animaux étrangers. — M. aspera, l’exemplaire unique, type ele la description de Sundevail, monté, rapporté de Sumatra par M. Duvaucei. — M. Dalmanni, \ peau fort endommagée d’un individu adulte envoyée par M. Hodg¬ son; -1 jeune très-beau, monté, rapporté de Chine par MM. Eydoux et Soulevet. — M. laticaudata , 5 exemplaires adultes, montés, dont 5 sans désignation d'origine, le 4e de l’Inde, par M, Leschenault, le 5e aussi de l’Inde, par M. Belîanger ; 1 très-jeune, monté, sans origine. — M. Temmincku , -1 très-jeune, monté, originaire de l’Afrique australe, par M. Yerreaux. Dans la Collection d’Anatomie comparée : M. longicctu- dnta, \ squelette adulte probablement de cette espèce, type de la description de Cuvier. — M. trulentata, 1 sque¬ lette encore jeune, longd’environ 470 millim., dont îa tête mesure 46 millim., et le corps 170; originaire d’Afrique, et portant même l’indication plus ou moins exacte de la Guinée; il a été acquis en octobre 1847; 1 individu jeune, vidé et conservé dans l’alcool. — M. javanica, \ squelette adulte, provenant de M. Diard, type de îa description de Cuvier ; 1 très-jeune individu conservé dans l’alcool, donné 554 rev. et mag, de zoologie. ( Octobre 1850.) parM. Bosc. — M. Dalmanni , \ individu non adulte, con¬ servé dans la liqueur. — M, laticaudata, ^ très-jeune, con¬ servé dans l’alcool, provenant du cabinet de M. Richard. — M. Temminckïi , \ exemplaire non complètement adulte, acquis de M. Guy ; le squelette est dans la Collection d’A- natomie, et la peau est destinée à celle de Zoologie. Explication des planches 10 et 11. Planche 10. — Le Pangolin de Guy, Manis Guy, repré¬ senté d’après un individu en chair, 1/5 de grandeur natu¬ relle. a. — Une écaille dorsale avec ses soies, représentée de grandeur naturelle et indiquée par une lettre de renvoi sur la figure de l’animal. b. — Une écaille carénée des flancs représentée et indi¬ quée de même. ^ Planche 11. — Le Pangolin tridenté, Manis tridentata, représenté d’après une peau montée, 1/4 de grandeur na¬ turelle. a. — Une écaille dorsale, représentée de grandeur na¬ turelle et indiquée sur la figure de l’animal par la même lettre de renvoi. b. — Une écaille carénée des flancs, représentée et in¬ diquée de même. c. — Une écaille de la rangée médiane sus-caudale, re¬ présentée et indiquée de même. Etudes sur les types peu connus du Musée de Paris, par M. le Docteur Pucheran. — Quatrième article. ( Palmi¬ pèdes. ) Quoique l’ornithologie ait été jusqu’ici privée d’un tra¬ vail d’ensemble sur les Palmipèdes, les types dont il va être question dans cette partie de nos études sont cepen¬ dant mieux connus, en général, que beaucoup d’autres ''»/’<>/ »<>x ■>/' v>;y/' /'> ’<*•>}/ NI s: A/ Zbcê//oti t/e/. t/t/ /tii/ 7?ev e/ '<’*« 'WM . ■ j?p uotfupojf TRAVAUX INÉDITS. 555 appartenant à des classes différentes de la série ornitholo¬ gique. Cette observation est principalement applicable aux espèces décrites par Vieillot, dont presque toutes sont par¬ faitement déterminées; il n'en est pas, au contraire, tout- à-fait de même de celles de MM. Cuvier et Lesson. Mais, avant de nous en occuper, nous sommes obligé de dire quelques mots d’un Gorfou décrit, en 4 844, par M. Lich¬ tenstein, et auquel ce zoologiste n’a point, à cette époque, imposé de nom spécifique. A. Espèce de Gorfou décrite par M. Lichtenstein. Dans le travail si utile qu’il a consacré à la description des animaux de Forster, M. Lichtenstein, après une courte notice consacrée aux oiseaux du genre Aptenodytes , M. Lichtenstein s’exprime en ces termes (1) : «Ultimam commemorare mihi liceat novam speeiem supe- riore anno in Museo Parisiensi visam, nuperrime tune ibi alla- tain, quæ inter majores, sed reetricibus est abbreviatis, numerosis, gastræo toto candido , vertice nigro anrum subresplendente , fascia occipitali semi lunata et regione infra orbitali flavo-aureis, alis supra undique albo-limbatis, subtus albis. Quo nomine exi- mia hæc avis postea ab amicis ornithologis sit vocata, nundum comperi. » Cet individu a reçu de MM. Hombron et Jacquinot (2) le nom de Catarhactes antipoda. En signalant ce fait, nous annihilons d’avance toute innovation nominale qui aurait pu être faite après la simple lecture de la description de M. Lichtenstein. B. Types de M . Cuvier. Nous ne sachions pas qu’aucune des espèces dénommées par M. Cuvier se trouve seulement indiquée dans les deux éditions du Règne animal . Pour compléter les renseigne- (1) J. -R. Forsteri, Descriptiones animalium, etc., page 556. (2) Annales des Sciences naturelles, 2e série, vol. XVI, p. 512. 556 rev. et mag. de zoologie. ( Octobre 1850.) ments qui leur sont applicables, nous sommes donc obli¬ gé de nous guider, et d’après les étiquettes que portent les individus types, et d’après les notions fournies par M. Lesson, dans son Traité (l'Ornithologie. Nous suivrons, dans cette description, l’ordre adopté par ce dernier ob¬ servateur, quoiqu’il ne soit point semblable à celui adopté présentement dans les Galeries du Musée de Paris; mais c’est simplement un moyen d’éviter toute confusion. 1°. Carbo leucotis. — Les types de cette espèce sont deux individus apportés des Maîouines par MM. Quoy et Gaimard, en 1820, et un troisième, originaire du même archipel, et rapporté par MM. Garnot et Lesson. Chez tous, un noir violacé couvre la tête, le cou et le thorax, jusque dans l’intervalle de séparation des deux fouets alaires. Cette même teinte règne sur le milieu du dos, le croupion et la face externe des cuisses, les ailes étant d’un noirâtre fuligineux en dessus comme en dessous ; il en est de même de la queue. L'abdomen est blanc, ainsi qu'un faisceau de plumes qui se trouve en arrière des cuisses, et une petite tache existant sur la région auriculaire. La partie médiane du menton est blanche chez deux de nos individus, mais dans un espace qui varie en étendue; chez le troisième, qui n’offre qu’un vestige de la tache au¬ riculaire, et encore sur un seul côté, cette même région ne diffère point, par sa couleur, du reste du dessous du cou. Il est évident qu’il s’agit ici d*une différence d’âge, sans influence sur Pidcntité spécifique de nos trois exem¬ plaires, dont le plus grand mesure environ 61 centimètres depuis le bout du bec jusqu’à l’extrémité des rectrices. Cette espèce, que M. G. -H. Gray (1) a rapporté, mais à tort, au Carbo cirrhatus ( Pelecamis cirrhatus , de Gmelin), ne nous paraît pas différer du Carbo magellamcus (Peleca- nus magellanicus, Gmelin). Le mode de coloration de la région thoracique et du dessous du cou ne nous laisse pas { 1 ) Généra of Birds. livr. de janvier 1845. TRAVAUX L\ EDITS. 007 le moindre doute à cet égard. Ces parties sont indiquées comme blanches dans le P. cïrrhatus. L’absence de blanc sur les ailes confirme également notre détermination. 2°. Carbo climidiatus. — C’est avec juste raison que cette espèce, que M. Gould avait décrite, en \ 837, sous le nom de Phcdacrocorax flavirynchus (I), a été rapportée à YHi/drocorax melcinoleucus de Vieillot. Le type des deux observateurs français est un individu apporté de la Nou¬ velle-Hollande par Péron et Lesueur. 5°. Carbo macrorynclios. — Cette espèce a été établie d’après un individu envoyé de Terre-Neuve au Musée de Paris, par M. de Lapylave, dans l’année \ 820. Je ne trouve de différence entre cet individu et le grand Cormoran d’Europe que dans la taille, beaucoup plus considérable chez le premier. Mesuré depuis le bout du bec jusqu’à l’extrémité des rectrices médianes, il offre (le lien suivant la courbure du dos et du cou) une étendue longitudinale de -1,095. On conçoit, dès-lors, attendu l’absence bien tranchée de caractères différentiels, que nous nous abste¬ nions d’émettre une opinion sur la réalité spécifique de ce type, que M. G. -R. Gray rattache, avec doute, au Carbo albigula de M. Brandt. De nouvelles observations peuvent seules déterminer définitivement si c’est une espèce réelle, ou seulement une variété locale. 4°. Carbo melanogasler. — Le type du Carbo ruelancgasler est un individu acquis, par échange, à M. Leadbeater, en mars 1818. Il est noirâtre, avec quelques reflets sur le des¬ sus de la tête et du cou; quelques lignes rousses sillon¬ nent longitudinalement toute cette région. La partie infé¬ rieure du dessus du cou, le milieu de l’espace interscapu¬ laire sont d’un noir vert très-foncé, ainsi que le croupion et les couvertures caudales supérieures. Les plumes des autres parties du dos, ainsi que les couvertures alaires supérieures, sont bordées, sur leur pourtour, d’un liseré (1) ProC: of the Zooh Soc. of London, 1857, p. 157. 558 rev. et mag. de zoologie. ( Octobre 1850. ) de la même teinte ; dans le reste de leur étendue, elles sont de couleur bronzée. Les rémiges, noirâtres en des¬ sous, sont, en dessus, d’un noir à reflets verts très -effa¬ cés. Un blanc lavé de fauve part de l’arrière de l’œil, oc¬ cupe les côtés et le dessous du cou, s’étendant, sur les parties inférieures, jusqu’à quelques pouces en arrière de l’intervalle de séparation des deux fouets de l’aile. Le mi¬ lieu de ce dernier espace est occupé par des taches noires, indice de la couleur noire, à reflets verts, qui occupe le reste du thorax, de l’abdomen et les couvertures infé¬ rieures. Sur les bords de ces couvertures, et çà et là sur l’abdomen, on aperçoit quelques espaces blancs. Quant aux rectrices, d’un noirâtre terne en dessous, elles pré¬ sentent, en dessus, un reflet vert très-peu saillant; leur rachis s’y trouve être d’un blanc bleuâtre. Le bec est de couleur de corne sur ses côtés , plus foncé et plus brun sur la partie médiane de la mandibule supérieure. Les tarses, les doigts et les membranes interdigitales sont noirs ; il en est de même des ongles dans la presque to¬ talité de leur étendue. Les dimensions de cet individu sont les suivantes : Longueur du bout du bec à l’extrémité des rectrices mé¬ dianes (le lien directement étendu, sans suivre le dessus du dos), 64 c. m. — Ici. du bec ( depuis l’angle antérieur de l’œil), 74 rn. m. — Ici. du tarse, 55 m. m. — Ici. du doigt externe (avec l’ongle), 9 c. m. — Ici. du doigt mé¬ dian (avec l’ongle), 75 m. m. — Ici. des rectrices médianes (mesurées en dessus, depuis les couvertures), \\ c. m. Cette espèce était bien nouvelle, lorsque M. Cuvier lui a imposé le nom qu’elle porte ; depuis, et tout récemment, elle a été décrite et figurée par M. Ruppell (1) sous le nom de Phnlacrocorax lugubris. Il est dès-lors impossible de conserver le fnoindre doute, soit sur la réalité spécifique, (1) Systematische uebersicht der Yogel nord-osl Afrika’s, page 154, pl. 50. — 1845. TRAVAUX INÉDITS. 559 soit sur l’exactitude de l’indication, qui jusqu’ici, dans le Musée de Paris, lui avait donné le continent africain pour localité d’origine. 5°. Carbo biloplius. — 11 n’est point question de ce type dans le Traité T Ornithologie de M. Lesson. Des deux in¬ dividus auxquels M. Cuvier a imposé ce nom, le seul dont le lieu de provenance soit bien authentique, a été envoyé de New-York, par M. Hilbert, en 18-18. Je ne vois point de différence entre cette espèce et celle qui, figurée par M. Audubon (1), a reçu de MM. Richardson et Swain- son (2), le nom de Carbo dilophus. Comme les deux déno¬ minations sont assez semblables, et appuyées sur l’exis¬ tence du même caractère, je crois pouvoir me dispenser d’en donner une description. Quant à Y Hydrocorax dilo¬ phus de Vieillot (5), je crois, comme M. G. -R. Gray, que l’individu figuré appartient à cette espèce; mais tout ce qui concerne la caractéristique, la description et la syno¬ nymie, doit être évidemment élagué. 6°. Sterna hirundinacca. — Par ses caractères d’ensem¬ ble, le Sterne hirondinacé a infiniment de rapports avec le Sterne Pierre Garin. Le dessus du dos est d’un gris cen¬ dré, ainsi que les couvertures alaires. Les rémiges ont le rachis blanc en dessus comme en dessous : la première a son bord externe totalement noir, excepté à quelques cen¬ timètres de sa pointe, où elle devient cendrée ; la presque totalité de sa face interne est blanchâtre, sauf la portion qui avoisine la partie centrale, et qui est noirâtre, devenant de plus en plus clair, à mesure que l’on se rapproche de l’extrémité qu’elle occupe en entier. Toutes les autres sont également, sur cette même face, bordées de noirâtre, avec un très- minime liseré blanchâtre ; dans le reste de leur étendue, elles sont grises, mais toujours terminées de (1) Planche CCLVII. (*2) Fauna boreali Americana, part. II, p. 475. (5) Galerie des Oiseaux, vol. II, pi. CCLXXV. 540 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Octobre 1850.) blanchâtre en dedans. Le liseré blanchâtre terminal est plus saillant sur les secondaires; on l’aperçoit également sur les plus inférieures des couvertures alaires supérieu¬ res, où il est assez bien dessiné pour former une bande blanche transversale. En dessous, la première rémige est blanche en dehors, grise dans le reste de son étendue, ainsi que toutes les autres, toujours, au reste , bordées en dedans de blanc. Les couvertures inférieures sont blanches. La queue est très-échancrée, et ses deux plumes les plus externes dépassent les ailes pliées. Les trois plus ex¬ ternes sont d’un gris un peu noirâtre en dehors, d’un gris clair en dedans. Les médianes sont blanches, ainsi que les couvertures supérieures. Les rectrices sont uniformément, en dessous, d'un gris très-clair ; les couvertures y sont blanches. Cette meme teinte grise, très-albescente, règne sur toutes les parties inférieures jusqu’au menton, ainsi que sur les côtés du cou. Le dessus de la tête, à partir de la base de la mandibule supérieure, ainsi que la moitié su¬ périeure du dessus du cou, sont de couleur noire. Une ligne blanche, formée de plumes veloutées jusqu’au des¬ sous de l’œil, commence à quelques lignes en arrière du bord postérieur des narines, et, suivant le bord inférieur de la plaque noire céphalo-cervicale, la sépare du gris des parties latérales du cou, avec lequel elle se confond insen¬ siblement. Le menton est blanc. Le bec a la même forme que celui du Sterna hirundo , mais il est plus fort et plus élevé, quoique encore grêle et effilé. Il est couleur de corne, et offre en dessus, près de sa pointe et sur les bords de ses mandibules (à droite, mais non pas à gauche), une teinte rouge de corail. Le tarse, les doigts, les membranes interdigitales sont jaunes, les ongles bruns. Les dimensions de l’individu que nous venons de dé¬ crire sont les suivantes : Longueur du bout du bec à l’ex¬ trémité des rectrices externes (mesurée directement), TRAVAUX INÉDITS. 5 41 59 c. m. — lcL du bec ( à partir de la commissure), 6 c. m. — ld. du tarse, 23 m. m. — ld. du doigt médius ( l’ongle y compris), 24 m. m. ~ ld. de la rectrice externe (mesu¬ rée en dessus ), 4 95 m. m. Cet exemplaire a été rapporté du Brésil ( province de Sainte-Catherine), par M. Auguste de Saint-Hilaire. Nous en devons deux autres au voyage de Delalande dans le même pays. L’un de ces derniers est un jeune, et a le bec noir. M. Gray pense (1), avec doute cependant, que cette espèce est synonyme de Sierna erylhroryncha (prince Max. de Nemv. ). Comme nous ne connaissons pas cette dernière description, nous avons cru convenable de donner plus de détails sur l’individu de M. Cuvier; en agissant ainsi, nous fournissons aux zoologistes le moyen de se prononcer d’une manière plus positive. 7°. Sierna antarcüca. — Quatre individus ont, dans le Musée de Paris, reçu de M. Cuvier ce nom spécifique; l’un venant de Calcutta (Duvaucel); le second, de l’Ile-de- France (acquis, par échange, à M. d’Allard, en 1819) ; le troisième, de la baie des Chiens-Marins (Nouvelle-Hol¬ lande, Peron et Lesueur) ; le quatrième, enfin, qui est un jeune, est originaire des mers de l’Inde (M. le capitaine Houssard ). Les trois plus adultes sont noirâtres sur le dos, le croupion et le dessus de la queue, dont les pennes ex¬ térieures dépassent les ailes pliées. Les rémiges sont de la même couleur, mais elles offrent du gris blanchâtre sur le milieu de leur face interne. Les côtés du cou et toutes les parties inférieures sont blanches, ainsi que les couver¬ tures alaires inférieures; sur le thorax et l’abdomen règne une teinte bleuissante. Sur tous f une bande encore blanche occupe le front, et forme un trait au-dessus de l’œil, en arrière duquel elle se termine. De l’arrière des narines part une seconde bande, tantôt uniformément noire, tantôt mouchetée de blanc, qui s’arrête en avant (1) Généra ofBirds, livr. de janvier 1846. 542 rev. et mag. RE zoologie. ( Octobre 1850. ) de l’orbite. Une grande plaque noire, quelquefois uni¬ forme, d’autres fois tachetée de blanc sur le vertex, oc¬ cupe toute la tête, l’occiput et le dessus du cou. Chez celui envoyé parDuvaucel, une bande d’un blanc bleuâtre, pas¬ sant au-dessous et en arrière du noir de l’arrière du cou, unit l’un à l’autre les deux côtés de la gorge. Quant à notre jeune exemplaire, son front est blanc, avec la tête simplement brune, à bordures des plumes plus claires; sur le dos et les couvertures alaires, presque toutes les plumes sont bordées de blanchâtre. Chez tous, les tarses, les doigts, les membranes interdigitales et les ongles, sont de couleur noire. Il en est de même du bec, moins grêle et à mandibule supérieure moins courbée que dans Sierna hïnindo et ses congénères : c’est par suite de cette dernière circonstance que, délaissant un instant l’ordre suivi par M. Lesson , nous décrivons cette espèce avant Sterna ben- galensis. Les détails dans lesquels nous venons d’entrer nous semblent mettre hors de doute que Sterna antarclica est fondé sur des individus revêtus de plumages de diverses saisons, mais ne différant pas de Sterna panayensis, Gme- lin (I). Nous avons comparé à notre plus jeune individu la planche originale de Sonnerat, et cette comparaison nous a confirmé dans notre opinion. Présentement, cette espèce peut être considérée comme une des mieux con¬ nues, car M. Gould vient, dans son beau travail sur l’orni- thologie australienne , d’en donner une excellente figure sous le nom d ’ Onychoprion panayanus. 8°. Sterna bencjalensis. — Les deux types ont été envoyés de l’Inde par Leschenault, en 4 818. Leur nom de pays est Katel Kaka. De taille presque égale à celle du Sierna ma - gnirostris des auteurs , ils ont le front blanc, le vertex blanc aussi, mais tacheté de noir, les plumes de l’occiput noires aussi, et formant un simulacre de huppe; mais ces plumes offrent , chez l’un d’entr’eux , quelques points (1) Sysf. nat., 45e édit., vol. I, p. 607. TRAVAUX INÉDITS. 545 blancs à l’extrémité. Un collier, ici totalement blanc, là un peu grisonnant, unit, au dessus et au bas du cou, les deux côtés de la gorge. Le dos, les couvertures alaires supé¬ rieures, le croupion et la queue (en dessus), sont d’un gris cendré. Toutes les parties inférieures, ainsi que les couvertures alaires en dessous, sont de couleur blanche. Le rachis des rémiges est blanc, en dessus comme en des¬ sous : leur face externe est presque uniformément noire; mais, en dedans, il n’y a que la partie voisine du rachis et le tiers terminal qui aient cette teinte; le reste est blanc. Les secondaires sont de la couleur du dos, mais iiserées de blanchâtre en dedans. En dessous , la première rémige est blanche sur sa face externe ; sur l’interne, elle est d’un gris clair le long du rachis, blanche dans le reste de son étendue. Il en est de même sur la face interne des autres; mais leur face externe est grise. Les rectrices, peu four¬ chues et dépassées par les ailes pliées, sont uniformément blanches en dessous; nous avons vu qu’en dessus elles étaient de la couleur du dos. Le bec est de couleur jau¬ nâtre, allongé, et de force intermédiaire. Les tarses, les doigts, les membranes interdigitales, sont noirs; les on¬ gles sont bruns, à bords plus jaunâtres. Les dimensions du plus grand de nos types sont les sui¬ vantes : Longueur du bout du bec à l’extrémité des rec¬ trices externes (la mesure est prise, le lien étendu directe¬ ment le long des côtés du cou), 555 m. m. — Ici. du bec (à partir de la commissure), 75 m. m. — Id . du tarse, 25 m. m. — ld. du doigt médius ( sans l’ongle ), 25 m. m. — îd. de la rectriee externe (mesurée en dessus), 102 m. m. Je crois cette espèce totalement inédite. Elle se distingue du Sterna aurantia , figuré dans les Illustrations de zoologie indienne de M. J.-E. Gray et du général Hardwicke, et au¬ quel on a voulu l’assimiler : 1°. Par son bec plus long et moins élevé, de même que par ses ongles moins longs et moins crochus ; 54 4 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( Oclobre 1850.) 2°. Par le noir de ses rémiges; 5°. Par la couleur noire de son tarse et de ses pieds : tous ces organes sont jaunes dans Sterna auranlici. Au reste , c’est à l’espèce abyssinienne décrite par M. Ruppell sous le nom de Siema affinis, que ressemble le plus l’Hirondelle de mer du Bengale. Elle en diffère par plus de noir dans les rémiges et par son bec moins courbé, et par cela même plus droit. 9°. Sterna speculifera. — Cette espèce , dont M. Les- son (i) attribue ia distinction àM. Temminck, est remar¬ quable par son bec gros et fort, sa tête noire, la couleur plombée de ses parties supérieures, le miroir blanc de ses ailes, dont les rémiges sont noires, et dépassent la queue quand elles sont pliées. 11 est évident que ce type ne dif¬ fère pas du Sterna magnirostris figuré par Spix. 10°. Siema albifrons. — Sous ce nom, qui, pour la pre¬ mière fois, voit la lumière, M. Cuvier avait déterminé un individu très- semblable au précédent, mais en différant par son bec, plus gros, plus fort, sa tête gris de plomb, et la tache noire longitudinale qu’il porte en arrière de l’œil. Les pieds paraissent avoir été verdâtres; sous ce point de vue, cette espèce brésilienne se rapproche du Sterna chloripoda de Vieillot (2), et s’éloigne du Sterna sim¬ plex de Gmelin (5), dont nous allons emprunter la des¬ cription à Latham (4) : « Taille du Noddy : Longueur, 15 pouces. Bec ayant à peu près 5 pouces de longueur, fort, et de couleur rou¬ geâtre ; sommet de la tête presque blanc; dessus du cou et du dos de couleur de plomb pâle; dessous blanc; en arrière de chaque œil, une tache de noir; les petites cou¬ vertures des ailes, les scapulaires et la queue, de la cou- fl) Traité d’Ornith., p. 622. (2) Dict. ct’hist. nat., vol. XXXII, p. 171. {'■ (5) Syst. nat. vol. I, p. 606. (4) Latli. Syn., III, 2, p. 555, n° 7. TRAVAUX INÉDITS. 545 leur du dos; les moyennes et les grandes couvertures blanches, mais certaines de ces dernières ont leurs bords extérieurs bruns ; rémiges noires; queue peu fourchue, très-dépassée en longueur par les ailes ; les pieds sont rouges, » Cette diagnose de Latham a évidemment trait à un in¬ dividu revêtu de son plumage d’hiver, tandis que le nôtre est un plumage d’été. La couleur des pieds les isole bien plus nettement, il est vrai; aussi est-ce au Sterna chlore - pocla de Vieillot, confondu avec l’espèce précédente, que nous pensons devoir provisoirement associer le Sterna al- bifrons. 11°. Sterna Novœ-Hollandiœ. — Je trouve étiqueté, sous ce nom, dans le Musée de Paris, un individu apporté de la Nouvelle-Hollande par Pérou et Lesueur, et dont M. Lesson n’a point parlé. Elle ne diffère du Sterna polio- cerca , récemment décrit et figuré par M. Gould, que par le noir de ses rémiges primaires, bordées de blanc sur leur face interne, sauf à leur tiers terminal, noir comme la face externe. J’insiste sur cette base différentielle, carie mode spécial de coloration des rémiges primaires m’a été d’un grand secours dans la détermination que j’ai récemment faite des espèces de Sternidés que possède notre collec¬ tion nationale, Présentement , est-ce une espèce semblable que M. Sté¬ phens, cité par M. G. -R. Gray (4), a désignée sous le nom de Sterna Novœ-Hollandiœ? C’est ce que je ne puis assu¬ rer, ne connaissant point la source originale : les ornitho¬ logistes plus favorisés voudront bien dissiper nos doutes à ce sujet. 4 2°. Anser pohjcomos. — Cette Oie, indiquée comme envoyée de Cayenne par Martin, ne diffère pas d’Anserjn- batus , Spix, ainsi que l’a conjecturé M. G. -R. Gray. 13°. Anas capensis. — Le mâle de cette espèce, dont (1) Généra of Birds, livr. de janvier 1846, n° 16. 2° série, t. il. Année 1850. ûb 546 rev. et mag. de zoologie. ( Octobre 1850.) notre plus grand individu égale presque en taille Anas fe¬ rma, est noirâtre sur le dos, le croupion et les couvertures alaires supérieures. Des petits points, d’un fauve très-clair, sont éparpillés sur tout le fond du plumage; ils sont sur¬ tout multipliés sur les scapulaires les plus internes. Les rémiges sont d’un brun noirâtre uniforme. L’aile offre deux miroirs, l’un supérieur blanc ( lavé de fauve sur le côté droit), dont la direction est transversale ; l’autre in¬ férieur, à trajet longitudinal, d’un brun terreux, blanch⬠tre à sa partie médiane; ces deux miroirs sont séparés par un troisième, transversal comme le premier, et de cou¬ leur noirâtre. La tête est d’un noir bleuâtre à son centre ; ses côtés sont occupés par une bande d’un roux un peu terne, fortement teint de noirâtre entre l’œil et l’arrière du bec, et qui, partant de ce dernier point, s’étend sur les côtés du cou, dont elle occupe tout le côté. En arrière, elle est séparée de sa congénère par une bande longitudi¬ nale de même couleur que la tache médio -céphalique , dont elle est une prolongation ; en avant, le collier, qu'elle a tendance à former, est de même interrompu par une large bande noire qui, partant du menton, va rejoindre la teinte, d’un terreux foncé, du thorax, et le noir violacé de la partie inférieure du dessus du cou. Des reflets vio¬ lacés s'observent sur le thorax, et on peut les suivre jus¬ qu’à la partie supérieure de l’abdomen. L’abdomen est d’un brun terreux, à teinte foncée sur la partie médiane, à teintes rousses sur les hypochondres. Sur les plumes de cette dernière région existent en assez grand nombre les petits points roux qui varient la couleur si uniforme des parties supérieures. Les couvertures inférieures de l’aile sont noirâtres, et l’aile, en dessous, est d’un gris brun, offrant sur cette face la reproduction des deux miroirs de sa face supérieure. Les rectrices, de forme carrée, sont d’un brun terreux, et ont leurs couvertures supérieures d'un noirâtre un peu pointillé de roux ; les inférieures offrent seulement une teinte plus sombre que celle des parties TRAVAUX INÉDITS. 547 voisines de la région abdominale. Le bec est d’un noir bleuâtre, avec son onglet noir, que sépare des premières lamelles un bord de couleur cornée. Les tarses sont bruns, ainsi que les doigts; les palmatures noires. L’iris est rougeâtre dans le mâle, jaune dans la femelle. ( Note de M. J. Yerreaux. ) La femelle, plus petite de taille que le mâle, est d’un brun terreux sombre en dessus, avec un pointillé fauve très'peu marqué, et la zone libre des plumes seulement plus claire ; cette teinte du dessus est plus nuancée de roux sur la partie supérieure de la région cervicale. En dessous, sur les régions cervicale, thoracique, et jusqu’à la partie médiane de l’abdomen, chaque plume a seulement les bords inférieurs plus clairs; dans la région abdominale, ils sont presque partout blanchâtres. Dans le reste des par¬ ties inférieures, on observe, mais avec des teintes plus effacées, les mêmes couleurs que chez le mâle. Les cou¬ vertures caudales inférieures offrent, en outre, du blanc à leur extrémité. Ajoutons que, sur l’aile, le miroir inférieur offre peu de blanc. Sur la tête, enfin, se manifestent les principales différences : de l’arrière du bec part une tache blanche qui, descendant sur le menton, forme un collier cervical, et, remontant en arrière sur les côtés du cou, va se terminer en arrière de l’œil. L’espace intercepté entre les deux branches de cette bande blanche, l’une descen¬ dant sur le devant du cou, l’autre remontant sur les côtés, est occupé par une grande tache brune. Notre Musée possède quatre individus de cette espèce : deux mâles et deux femelles; l’une de ces paires est plus petite que l’autre. Nous ne pensons pas cependant qu’il y ait lieu à établir soit une espèce, soit une variété. Voici les dimensions du mâle que nous avons décrit : Longueur depuis le bout du bec jusqu’à l’extrémité des rectrices médianes (le lien suivant le corps en dessus, la tête tournée à gauche), 495 m. m. — Id. du bec (depuis la commissure), 55 m. m. — Id. du tarse, 52 m. m. — 548 rev. et mag. de zoologie. ( Octobre 1850.) Ici. du doigt médius (sans l’ongle), 52 m. m. — Ici. des rectrices médianes ( mesurées en dessus, et depuis le crou¬ pion), 9 c. m. Ce Milouin, sur lequel M. G. -R. Gray a complètement gardé le silence, était inédit lorsque lui a été donnée la dénomination que nous lui avons conservée. Par son bec, il se rapproche d'Anas ferma, et doit, par conséquent, por¬ ter le nom de Nyroca capensis. Le mode de coloration de sa tête et de son cou rapproche beaucoup le mâle d 'Anas VaUsiniera ; mais, par l’étendue du roux de ces régions, on peut, avec plus de raison, l’assimiler au Milouin. Les couleurs de son dos l’isolent totalement, au contraire, des deux espèces nommées ci-dessus. Pour trouver quelque type un peu analogue, sous ce point de vue, au Milouin du Cap, il faut aller chercher, dans les Anatidés américains, le Peposaca d’Azara ( Anas peposaca , Vieillot); mais, une fois ces deux espèces mises en présence, les différences sont si ra¬ dicales, qu’il est impossible de continuer la comparaison. D’après les renseignements que je dois à l’obligeance d’un des explorateurs les plus distingués de l’Afrique aus¬ trale, M. Jules Verreaux, cette espèce est très-commune dans toute la colonie, et principalement sur les lacs et les étangs des alentours du Cap. Elle paraît pius abondante sur la côte Est que partout ailleurs, et fréquente rare¬ ment les rivières. Son nom de pays est Swart-ind , ce qui veut dire Canard noir. C’est surtout pendant l’hiver que les colons en font une chasse abondante pour les vendre sur les marchés, où leur chair est très-estimée. Le plus ordinairement, ils vont par troupes de trente à quarante individus; mais il arrive quelquefois d’en voir ensemble des centaines, très-souvent mélangés aux Foulques à crête. Ils se nourrissent d’herbes aquatiques, d’insectes, de pe- tites coquilles, et principalement d’une espèce de petit Maillot que mange aussi le Flammant. C’est en août, dans une touffe de roseaux, toujours assez loin du bord, que TRAVAUX INÉDITS. 5 13 l’on trouve le nid de ces Palmipèdes. La femelle y dépose de sept à huit œufs. 14°. Anas punctata. — Cette espèce a été établie d’après un mâle envoyé de Java par Leschenault. M. Gould a ré¬ cemment figuré les deux sexes (1). \ 5°. Anas arcuata. — Ce type est trop bien connu { our que j’insiste sur les détails qui le concernent. Je n'en fais mention que pour être complet. J 6°. Anas larvaia. — Cet Ànatidé a la tête, le dessus et les côtés du cou de couleur blanchâtre, et; ponctués de noir; sur le menton et sur la moyenne partie du devant du cou n’existent pas ces points noirs qui sont plus grands sur la tête qu’ailieurs. Les plumes du dos et les scapulaires sont noir-Yert, rayées de fauve roux sur leurs deux faces, et bordées inférieurement d’un liseré de la même couleur. Les couvertures alaires supérieures sont gris de fer, et ter¬ minées par une fine bande grise. Le miroir alaire est vert, cerclé de blanc et de noir sur ses quatre faces, le cercle noir étant concentrique au blanc. Les rémiges primaires sont de la même couleur que leurs couvertures supérieu¬ res ; et celles des secondaires qui ne contribuent point à la formation du miroir, douées de la forme lancéolée, sont, les plus externes, d’un brun plus clair que les pri¬ maires, les plus internes noires. Les unes et les autres offrent un liseré sur leurs deux faces et à leur pointe, à peu près toujours fauve roux sur celles-ci, quelquefois blanchâtre sur celles-là. Le fouet de l’aile présente quel¬ ques petites taches fauve roux et de forme transversale. En dessous, à partir du bas du cou, toutes les plumes offrent, sur un fond blanc, à droite et à gauche de la ligne médiane, des bandes transversales noirâtres, plus grandes sur les flancs et les hypochondres qu’au centre ; leur extré¬ mité est blanche, et les barbes en sont très-décomposées : (I) The Birds of Australia, liv. XIX, pl. 14 (juin 1845). 550 rev. et mag. de zoologie. ( Octobre 18Ô0. ) cette disposition des plumes donne aux parties inférieures un aspect écaillé. Le dessous de l'aile est seulement coloré plus faiblement que le dessus ; les rémiges secondaires médianes sont blanches à leurs pointes, et les petites cou¬ vertures inférieures sont noirâtres. Les rectrices, de forme acuminée, sont d’un gris noirâtre, liserées de blanc sur leurs deux faces et à leur extrémité. Leurs couvertures su¬ périeures, qui sont très-allongées, offrent, sur leurs deux faces, des taches transversales blanches. Une disposition inverse à cette dernière est offerte par les couvertures caudales inférieures : ici, le fond de couleur est blanchâtre, les bandes transversales sont brunes et noirâtres. Le bec est de couleur cornée, plus foncée sur l’onglet. Une tache noire occupe, à la base du bec, l’intervalle et le pourtour des narines; de son bord le plus postérieur s’en détache une seconde qui, glissant à droite et à gauche sur les deux plans inclinés de la mandibule supérieure, adopte la forme triangulaire. La mandibule inférieure, noire sur les bords, offre à sa base une tache de même couleur, finissant en pointe émoussée en avant, et présentant la forme d’un V renversé. Près de sa pointe, à droite et à gauche de la ligne médiane, s’aperçoivent deux autres taches de forme oblique et de couleur également noire. Les tarses et les doigts sont colorés comme le bec ; les membranes inter¬ digitales et les ongles noirs. Deux autres individus sont totalement semblables à celui que nous venons de dé¬ crire : la taille est seulement moindre , l’espace en avant des jambes dépourvu de jaunâtre, et les taches transver¬ sales plus multipliées, surtout chez l’un d’entr eux. Voici les dimensions du premier de nos exemplaires : Longueur, depuis le bout du bec jusqu’à l’extrémité des rectrices médianes (le lien suivant le corps, et la tête tour¬ née à gauche), 44 c. m. — îcl. du bec (depuis la commis¬ sure), 55 m. m. — Id. du tarse, 56 m. m. — ld, du doigt médius (sans l’ongle), 45 m. m. — ld. des rectrices mé- TRAVAUX INÉDITS. 551 dianes (mesurées en dessus et depuis le croupion), 95 m. m. Cet Anatidé a les plus grands rapports, par la forme de son bec et les couleurs de toutes ses parties, avec YAnas erythroryncha des auteurs; mais il en diffère par le ponc¬ tué de sa région céphalique et la couleur de son miroir. J’ai longtemps pensé, par suite de toutes ces analogies, que ces différences étaient des différences sexuelles; mais M. Jules Yerreaux m’a assuré que, dans cette espèce, la femelle était semblable au mâle. Enfin, nous avons com¬ paré nos individus aux descriptions de YAnas capensis et de YAnas assimilisy Forster (1). Aucune de ces descriptions ne nous a totalement satisfait. Cette espèce, d’après ce que nous apprend M. Jules Yer- reaux, porte, au Cap de Bonne-Espérance, le nom de Te- leen-jee; le nom de pays de Y Anas erythroryncha , au con¬ traire, est Smeen-jee . Le Teleen-jee est plus commun, et ré¬ side plus longtemps aux environs du Cap. Il est aussi très- abondant du côté d’Orange-River, et toujours au milieu des roseaux, comme son congénère, dont il offre les habi¬ tudes et les mœurs. Disons enfin, quant à ce qui concerne leur nourriture, que M. Yerreaux a trouvé quelquefois des petites coquilles et des insectes dans leur estomac. 17°. Mergus lopkoies. — Sous cette désignation spéci ¬ fique se trouve étiqueté, dans le Musée de Paris, le même Harle auquel Yieillot a donné successivement les deux noms de Mergus octosetœlus et de Mergus brasilianus , et dont il a publié une figure dans le deuxième volume de la Galerie des Oiseaux (2). La description donnée par M. Lich¬ tenstein (5) du mâle du Mergus fuscus de Latham (4) con¬ vient tellement à ce double type, paraissant cependant de taille moindre, que je suis surpris que les ornithologistes fl) Voy. Licht. Forsteri, Descript. auim., p. 46. (2) PI. 285. (5) Verzeichniss der Doubletten der Zoulogischen Muséums, p. 85 (1823). (4) Index Ornithologicus, p. 852, n° 9. 552 LEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( ÜCtobi'6 1850. ) modernes n’aient point songé à cette synonymie. Par suite de la comparaison que j’ai faite, je suis vivement persuadé que les noms de Vieillot et de Cuvier constituent deux doubles emplois. Mais ce problème ne pourra être défini¬ tivement résolu que lorsqu’aura été prouvée l’erreur de Latham relative au lieu de provenance du Mergus fuscus. Deuxième fragment sur les organes de génération DE DIVERS ANIMAUX. Des organes extérieurs de fécondation dans les Crustacés Décapodes , par M. Duvernoy. Nous avons extrait du Mémoire de M. Duvernoy les pas¬ sages suivants, qui nous ont paru avoir un intérêt parti¬ culier pour cette Revue. I Les organes de copulation des Crustacés Décapodes sont organisés sur deux plans différents, suivant qu’ils appar¬ tiennent aux Macrogastres ou aux Brachygastres. Chez les premiers, les verges, qui ont leur issue dans la hanche de la dernière paire de pieds thoraciques, n’en sor¬ tent qu’au moment de l'érection : dans l’état de repos, c’est un fourreau dermo-musculaire, replié dans lui-même comme un doigt de gant, depuis son sommet jusqu’au niveau de l’attache du derme qui le recouvre, au pourtour de l’orifice calcaire par lequel cette verge peut se dérouler au-dehors. Plusieurs Macrogastres (les Langoustes et les Scy Uares) n’ont pas d’organes accessoires qui faciliteraient l’accès de la liqueur fécondante sur les œufs delà femelle. Les P (dénions, de la famille des Scdicoques , sont dans le même cas. Dans le Homard ( Homarus vulgaris, Milne-Edwards) , de la famille des Astaciens , il y a de plus, attachée sous le TRAVAUX IMiDITS. 355 premier segment abdominal, une paire d’appendices résis¬ tants et très-calcaires, sorte de fausses pattes abdominales, dont la forme et la disposition ont évidemment pour usage de saisir et d’emboîter les verges, lors de leur déroule¬ ment, et de les diriger vers les œufs ou les orifices des oviductes de la femelle. Les Ecrevisses et les Gcdathées ont seuls deux paires d’appendices plus ou moins calcaires, attachés aux deux premiers anneaux de l’abdomen, dont les deux du même côté se complètent pour engainer la verge correspondante et la porter vers l’orifice de l’oviducte. Voilà donc, dans ce groupe des Macrogastres, des diffé¬ rences importantes, même dans des genres très-rappro- chés d’une même famille; différences qui pourront aider à l’énoncé des caractères extérieurs, faciles à saisir, pro¬ pres à distinguer, entr’autres les genres Aslacus et Ho~ marus. On sait que, dans ces deux genres, les formes sont tellement semblables jusque dans les plus petits détails, qu’on en a confondu les espèces dans un seul genre, jus¬ qu’à la découverte, par M. Milne-Edwards, des grandes différences que présentent les branchies. A ce plan variable, très-simple, ou graduellement plus compliqué des organes mâles fécondateurs externes des Macrogastres , se rapporte, pour les femelles, un plan très- uniforme dans les organes extérieurs de la même fonc¬ tion. Les orifices des oviductes y sont constamment placés dans les hanches de la troisième paire de pattes. Dans l’autre plan d’organisation, celui des Brachy- gastres, les verges restent constamment hors du corps, attachées par le derme et l’épiderme, qui en forment la partie extérieure, au pourtour testacé de l’issue du canal déférent quelles renferment. Mais ici le derme est recou¬ vert et protégé par un épiderme plus épais, qui peut même être plus ou moins velu. Cette issue du canal déférent, au pourtour de laquelle 554 rev. et mag. de zoologie. ( Octobre 1850.) la verge est suspendue, est percée de même dans le côté interne et inférieur de la hanche de la dernière paire de pieds thoraciques, et très-rarement dans une partie cor¬ respondante du sternum (1). Celte verge est en rapport avec une armure fécondatrice, sinon copulatrice, très-com¬ pliquée. Cette armure est composée constamment de deux paires d’appendices, pius ou moins testacés et résistants, attachés, par une articulation mobile, sous les deux pre¬ miers anneaux de l’abdomen. La première paire, toujours plus forte, et généralement plus longue que la seconde, est élargie à sa base, pour son point d’appui articulaire et ses attaches musculaires, ettrès-amincie, le plus souvent, à son extrémité libre. Elle est composée généralement d’une seule pièce, moins sou¬ vent de plusieurs , interceptant un canal plus ou moins long, qui a son entrée vers sa base, dans laquelle la verge s’introduit, et son issue vers son extrémité. L’existence du canal dont cet appendice est pourvu, jointe à la position relative de la verge, montre qu’il sert évidemment à con¬ duire la liqueur spermatique dans ou vers l’orifice de l’o- viducte correspondant de la femelle. Quant à la seconde paire d’appendices, elle est généra¬ lement plus petite que la première ; élargie de même à sa base, pour avoir une surface articulaire plus solide, très- effilée dans le reste de son étendue, elle montre à son ex¬ trémité une pointe mousse, non percée, souvent garnie de quelques poils à son pourtour, ou portant, dans quelques cas, une courte pièce qui la bifurque. On trouve presque toujours ce second appendice engainé dans le premier, qui lui correspond. On dirait qu’il en est l’arc-boutant, et qu’il sert à le maintenir dans la position verticale au mo¬ ment de son activité, ou peut-être à fixer la verge dans le canal accessoire de la première paire d’appendices fé¬ condateurs. (1) Les Gélasimes, les Ocypodes. TRAVAUX INÉDITS. 555 §• 2. L’abdomen et le thorax ont, dans ce groupe de Déca¬ podes , uue conformation qui est en rapport avec les prin¬ cipales dispositions que je viens d’indiquer dans les organes extérieurs de génération. Les Décapodes Brachygasires ne devant plus se servir de leur abdomen comme organe puissant de natation, ainsi que les Macrogastres , l’ont très-raccourci, et habituelle¬ ment replié sous le thorax, où il est reçu dans une rai¬ nure de même forme et de même capacité que son volume ; sans doute afin que, dans la progression, il ne fasse au¬ cune saillie qui pourrait le gêner et le refouler en arrière. Les anneaux de cet abdomen, ainsi rapetissé, sont au nombre de sept. Quand on en a compté un moindre nombre, c’est que plusieurs sont soudés ensemble, de ma¬ nière à faire méconnaître à l’observateur, qui n’y met pas beaucoup d’attention, la trace de leur soudure. Dans îe cas le plus ordinaire, le premier anneau est très- court et large, et très- peu mobile sur le thorax. Le second, à peu près de même forme, est très-peu mo¬ bile sur le premier. Les trois suivants sont fréquemment soudés ensemble, et les principaux mouvements de flexion ou d’extension se font dans l’articulation du troisième avec le second. Le sixième anneau se meut sur le cinquième, et le sep¬ tième sur le sixième. 11 y a, pour ces divers mouvements de flexion par les¬ quels l’abdomen rudimentaire des Brackygastres se replie sous le thorax, ou d’extension, qui servent à le détacher et à l’éloigner plus ou moins de la rainure sternale dans laquelle il est engainé, des muscles fléchisseurs et exten¬ seurs beaucoup moins puissants et moins nombreux que chez les Macrogastres. C’est une conséquence du plus grand développement de 55G REV. ET MAG. DE ZOOLOGÎE. ( Octobre 1850- ) la queue chez ces derniers; de la mobilité les uns sur les autres de tous les anneaux qui la composent, et de l’exis¬ tence des fausses pattes natatrices plus ou moins fortes, qui sont autant de leviers ayant leurs organes moteurs proportionnés à leur étendue, et à l’effet qu’ils doivent produire. L’animal tient habituellement son abdomen dans la flexion, et n’a besoin de le déployer et de l’étendre que pour la défécation, l’anus étant sous le dernier segment; ou pour la fécondation, la verge et ses appendices étant recouverts et protégés par les premiers anneaux de cette même région. Mais, pour que cette position de repos soit maintenue sans effort, sans dépense de force musculaire, il y a un mécanisme fort simple, dont je ne trouve, à mon grand étonnement, aucune trace dans les auteurs. A l’endroit des pièces sternales qui répond à la seconde paire de pieds thoraciques, et un peu en dedans de la rai¬ nure qui reçoit l’abdomen, il y a, de chaque côté, une pointe plus ou moins inclinée en avant, en forme de cro¬ chet. Lorsque l’abdomen est fléchi dans la rainure du tho¬ rax, ce crochet est reçu dans une gouttière qui est creusée de chaque côté du sixième segment, près de son bord pos¬ térieur à sa face inférieure, qui devient supérieure dans la flexion. La direction de cette fossette, dont le fond est en avant, et forme une petite bosselure à la face externe de cet anneau; celle de la pointe du sternum, qu’elle re¬ çoit, fait que l’abdomen s’y trouve réellement accroché dans la flexion, et qu’il peut ainsi rester dans cette posi¬ tion , sans effort musculaire. Lorsque l’animal veut le décrocher, il lui suffit de mettre en action les deux muscles extenseurs des deux derniers anneaux de l’abdomen. L’un a ses faisceaux musculaires épanouis en éventail sous la partie médiane del’antépinul- tième anneau, et son tendon attaché au bord supérieur et à la ligne médiane de l’avant-dernier anneau; l’autre va de cet anneau au bord moyen du dernier. TRAVAUX INÉDITS. OD7 Les figures de notre planche montrent tous les détails de ce mécanisme dans le Crabe tourteau et dans le Pomme étrille. On trouve au bord postérieur du pénultième anneau des espèces de gonds ou condyles sur lesquels se meut le dernier, qui les reçoit dans des fossettes correspondantes de son bord antérieur. Les muscles fléchisseurs vont d’un segment abdominal d’un anneau à l’autre. Ces segments sont des cerceaux étroits, qui laissent entre eux un intervalle assez grand pour donner à chaque muscle une étendue de contrac¬ tion suffisante, et pour ne pas empêcher la flexion par leur rapprochement ou leur contact. Les muscles, vus par leur face supérieure, ne sont sé¬ parés que par une ligne étroite qui est formée par un repli de la peau, sorte d’apodême très-peu encroûté. Les différences qui existent entre l’abdomen des femelles et celui des mâles, dans ce groupe des Décapodes Bracluj- gastres , sont trop connues pour que je m’y arrête. Je dirai seulement que les anneaux de l’abdomen, qui sont géné¬ ralement plus larges, et qui supportent quatre paires d’ap¬ pendices ovifères à deux branches, sont beaucoup plus mobiles les uns sur les autres, et qu’aucun n’est soudé au précédent ou au faisceau. Les crochets que je viens de décrire existent aussi dans quelques femelles; d’autres en manquent. C'est que, du¬ rant la gestation, lorsque l’abdomen est tout garni d’œufs, ces crochets deviennent inutiles, par l’impossibilité où l’animai serait d’appliquer son abdomen au sternum. Nous connaissons, à la vérité, dans les Orbicutaires de Latreiile , ou les Leucosïens , un autre mécanisme au moyen duquel ces deux circonstances peuvent se concilier. L’abdomen, dans Y Ilia nucléus Leach, a ses trois pre¬ miers anneaux fort étroits dans le sens de la longueur ; les trois suivants forment un large couvercle très-concave, 558 rev. et mag. de zoologie. ( Octobre 1850.) qui a conséquemment beaucoup de capacité, et vient s’ap¬ pliquer exactement au large pourtour du sternum. Le dernier anneau n’est plus qu’une languette qui est reçue dans une échancrure de même forme du sternum, da ns laquelle elle est engrenée comme un coin en réserve durant la flexion. Nous avons d’abord constaté l’existence des crochets sternaux et des fossettes abdominales de ce singulier mé¬ canisme (1) dans \es Portuniens (2), dans les Cancériens (5), dans le Sténorhynque faucheur , dans Ylnachus dorynchus, parmi les Macropodiens ; dans le Mdia squïnado et le Pisa tetraodon , parmi les Maiens ; parmi les Grapsoïdiens , dans le Grapse peint , dont les épines sternales sont très-pronon¬ cées ; parmi les Cory siens , dans ie Thia polita. Mais les épines sternales et les fossettes sous-abdomi¬ nales correspondantes manquent dans le Gélasime platy- paciyle. Nous verrons que cette même espèce a, par ex¬ ception, les verges suspendues au sternum. Le mécanisme qui aurait appliqué l’abdomen contre le sternum ne con¬ venait pas, sans doute, à cette position exceptionnelle des verges. §. 5. La position des orifices des oviductes est toute particu¬ lière dans les Brachygastres et les Macrogaslres. Au lieu d’être percés, comme ceux-ci, dans les hanches de la troi¬ sième paire de pattes, ils sont situés dans le segment cor¬ respondant du sternum. C’était une nécessité harmonique, suite de la plus grande largeur du corps chez les Brachygastres , et de l’écartement (1 ) Le même mécanisme existe dans la Lucosia urania et YEba- lie de Cranch , Règne animal, pl. xxv, fig. 1, 16, et pl. xxxiv, fig. 19 e. (2) Particulièrement dans le Carcin menade , la Polybiede Hens- low, la Lupée sanguinolente. (3) Le Crabe tourteau , le Xanthe floride , le Pilumne hérissé . TRAVAUX INÉDITS. 559 des pieds qu’elle produit. Les premiers anneaux de l’abdo¬ men qui supportent les deux paires d’appendices filamen¬ teux, et dont la première reçoit les verges, n’ayant pas pris des dimensions analogues, il fallait déplacer les ori¬ fices des oviductes pour conserver leurs rapports néces¬ saires avec les appendices fécondateurs, surtout dans les cas (que nous croyons rares, à la vérité) où ces orifices deviennent des vulves, et permettent la copulation. Les deux plans de composition de l’appareil externe de génération que je viens de distinguer et de décrire, et auxquels se rapportent les deux groupes de Décapodes Brachygastres ou Macrogastres , donnent, avec beaucoup d’autres caractères, une telle importance à ces deux divi¬ sions, que l’on ne peut s’empêcher de les considérer au moins comme des Sous-Ordres. Quelques Décapodes , à la vérité, ont offert certaines combinaisons de caractères plus ou moins anomales, se rattachant cependant à l’un ou à l’autre de ces plans par la prédominance des modifications organiques qui les dis¬ tinguent. L’importance que j’ai cru devoir donner aux caractères tirés des organes de la génération me fait préférer la clas¬ sification qui laisserait, avec les Brachygastres ou avec les Macrogastres, comme des Familles anomales de l’un ou l’autre de ces Sous-Ordres, les genres qui présentent ces combinaisons singulières. Au reste, j’ai eu soin d'énumérer, de discuter la valeur de ces rapports dans les observations particulières que j’ai faites sur les Notopodes de Latreille et ses Macroures anor¬ maux. îl y aurait encore une Famille qui me paraîtrait s’écar¬ ter de ces deux plans et se rapprocher, sous le rapport des organes de génération, comme M. Milne-Edwards l’a observé pour les organes de respiration, des Sguilles , qui appartiennent à l’Ordre suivant, celui des Stomapodes ; c’est celle des Macroures fouisseurs, qui comprend, entr’au» 5G0 r.fiv. et mag. de zoologie. ( Octobre 1850.) très, les Callianasses , où il y a deux verges testacées, con¬ tenant le canal déférent, dont l’orifice est à leur extré¬ mité. A la vérité, nous avons besoin de répéter et de mul¬ tiplier cette observation importante sur plusieurs espèces et sur plusieurs genres. F***. Explication de la planche 12. Fig. 1 . — Rainure thoracique du Portune étrille (P. pu- ber) : a a , crochets thoraciques. Fig. 2. — Face inférieure de la dernière partie de l’ab¬ domen de la même espèce : f f, fossettes qui reçoivent les crochets tnoraciques ; me, me, muscles extenseurs. Fig. 5. — Rainure thoracique du Crabe tourteau ( Can¬ cer pagurus) : a a , crochets thoraciques. Fig. 4. — Face inférieure de la dernière partie de l’ab¬ domen de la même espèce : ff, fossettes qui reçoivent les crochets; me, me, muscles extenseurs. ÏT. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des Sciences de Paris. Séance du 7 Octobre 1 S 5 0 . — M. Buvernog lit un troi¬ sième fragment faisant suite à ses deux précédents sur les organes de génération de divers animaux; celui-ci traite des organes de génération dans la famille des Scorpions. Ce frag¬ ment, dans une première partie, expose le résultat des observations de l’auteur sur les organes femelles des Scor¬ pions; une seconde expose les mêmes résultats relative¬ ment aux organes mâles ; dans la troisième, le savant ana¬ tomiste trace l’historique des travaux qui ont précédé ses recherches ; enfin, la quatrième est relative aux applica¬ tions que l’on pourrait faire des différences que Fauteur fait connaître, à la détermination des espèces et des genres de cette famille. 11 résulte de ce travail la distinction de Crustacés . Foct-ffon del . Jl . /{/cnccciF i//yi . -Leiricn so \ SOCIÉTÉS SAVANTES? 561 deux types spéciaux d’organisation de l’appareil femelle dans les Scorpionides; l’un, appartenant aux Buthas , montre un ovaire en treillis, mais dont les ovules se déve¬ loppent dans la capsule ovarienne; l’autre, appartenant aux Scorpms , Androctonus et Telegonus, montre le même ovaire en treillis, mais les ovules* après la fécondation, rentrent dans le tube ovarien et y parcourent leur déve¬ loppement. Quant aux organes mâles, organisés sur un plan analogue à celui des organes femelles, l’exactitude de leur description a beaucoup gagné aux recherches de M. Duvernoy. — M. P. Gervais lit des Recherches sur les Cétacés du genre Ziphius , de Cuvier . et plus particulièrement sur le Z. cavirostris. Dans cette note curieuse, l’auteur établit que, dans des débris d’un cétacé échoué sur les côtes de l’Hérault, i! y a reconnu le Ziphius cavirostris, décrit comme une espèce perdue par Cuvier, d’après un crâne trouvé à Fos-lès Martigues ( Bouches-du-Rhône). L’auteur conclut donc que le Ziphius cavirostris est une espèce mo¬ derne, et doit disparaître des Faunes antérieures a l’épo¬ que actuelle. L’auteur ajoute que cette espèce se rappro¬ che de YHgpcrhoodon , du Dclphinus Sowerbensis et du D. densirostris. Cette dernière espèce, avec le D. Sowerbensis , ou micropierus, est, pour M. Gervais , le type du nouveau genre Dioplodon. Deux autres Ziphius de Cuvier, le pla- nirostris et le longirostrh , ne peuvent être classés quant à présent, faute de connaître leur mâchoire inférieure. Mais tous les animaux dont s’occupe cette Notice forment une famille distincte de Cétacés, intermédiaire aux vrais Delphinorhynques ( Stenodelphis , Inia et Plalanïsta), et aux Cachalots, la famille des C. ziphioïdes. LeNarwhaî etl’A- narnack, plus voisins des D. rissoi et griseus , forment une tribu dans la grande catégorie des Cétacés Delphinoïdes. — M. Gros présente une Note sur le mode de génération et les transformations successives d’un animalcule que l’on rencontre chez la Grenouille. Cette Note nous transporte un 2e série, t. ii. Annee 1850. 56 562 rev. et mag. be zoologie. ( Octobre 1810.) peu dans le monde de la féerie; seulement le théâtre de cette féerie est, au premier acte, la vessie; au second, le rectum, et au troisième l’intestin ! S'il faut en croire l’au¬ teur, vous n’avez qu’à prendre avec précaution un lam¬ beau de la muqueuse vésicale dune Grenouille; vous le placez rapidement sous le microscope, et vous voyez se former, aux dépens des cellules épithéliales, un animal¬ cule de 0,05 à 0,06 de millimètres, et que M. Gros nomme Torquatina. L'histoire des transformations de cet être est moins invraisemblable; mais nous avouons avoir besoin de nombreuses vérifications pour introduire dans la science cette génération spontanée par la substance des membranes pendant leur vie. La Torquatina se change en une Opalina très-commune dans le rectum des Grenouilles; enfin Y Opalina se métamorphose en un Nématoïcle ascari- dien. Nous attendons le rapport de MM. Milne-Edwards, Rayer et Valenciennes. — MM. Natalis Guillot et Félix Leblanc adressent une Note sur la présence de la caséine en dissolution dans le sang de la femme pendant Y allaitement. Séance du \k Octobre. — M. Cl. Bernard lit des Re¬ cherches sur le Curare, par lui et M. Pelouze. Le Gurare est un poison violent, préparé par quelques-unes des peu¬ plades des forêts voisines du Haut-Orénoque, du Rio-Ne- gro et de l’Amazone. Suivant M. de Humboldt, c’est un extrait aqueux d’une liane de la famille des Strychnées. M. Goudot ajoute qu’avant la dessiccation complète de l’ex¬ trait, les Indiens de Messaya y laissent tomber quelques gouttes du venin des serpents les plus venimeux; au^i le Gurare agit-il à la façon du venin des serpents. Son activité passe toute idée : introduit dans les vais¬ seaux sanguins, il foudroie l’animal sans cri, sans dou¬ leur ; la vie s’évanouit aussi vite que l'éclair. Sous la peau, il agit plus lentement, mais toujours de la même manière, subitement et sans aucun malaise apparent. L’autopsie indique un anéantissement complet de la vie. Les nerfs, SOCIÉTÉS SAVANTES. 563 les muscles, immédiatement après la mort, ont perdu toute espèce d’excitabilité. Le sang est noir, se coagule difficilement, et ne devient plus rutilant au contact de l’air. Ce poison, si redoutable quand il est absorbé par les vaisseaux, est d’une innocuité complète quand il est ingéré dans l’estomac, ou en général mis en contact avec les mu¬ queuses, excepté celles des voies aériennes. MM. Bernard et Pelouze ont voulu savoir si cette innocuité complète tenait à ce que le Curare était décomposé par le suc gas¬ trique, ou bien à ce qu’il n’était pas absorbé. Leurs expé¬ riences les ont amenés aux conclusions suivantes : 1° le Curare agit à la manière des venins ; 2° son innocuité, quand il est ingéré dans le canal intestinal, ne peut pas être expliquée par une altération ou une digestion que le principe toxique subirait, mais bien par une propriété spé¬ ciale de la membrane muqueuse gastro-intestinale, qui se refuse à son absorption. — M. P. Gervais présente une Note zoologique et. paléon¬ tologie] ue sur les Mammifères ongulés de France. Il résulte de cette Note qu’aux époques géologiques la France a pos¬ sédé 8 espèces de Probosciàïens , toutes éteintes; 50 envi- ron de Pachydermes herbivores , dont 2 seulement survi¬ vent ; 55 parmi les Pach. omnivores , dont 2 seulement sur¬ vivent; 50 parmi les Ruminants, dont 14 habitent encore la France. Ainsi, sur 4 45 à 4 48 Ongulés de l’ancienne Faune française, la Faune actuelle n’en compte plus que 4 8 ou 20. L’auteur termine par des remarques sur l’ordre dans lequel les espèces se sont succédé à mesure que le temps de l’homme approchait. — M. ls. Geoffroy-Saint- Hilaire fait remarquer qu’en tenant compte de l’origine probablement étrangère de beaucoup de nos Ongulés on a un résultat bien plus sail¬ lant, puisque l’on arrive à un chiffre de 5 représentants indigènes d’une Faune d’environ 450 espèces. — M. Ch.-L, Bonaparte lit une Note sur plusieurs fa¬ milles naturelles d' Oiseaux , et descriptions d'espèces nou~ 564 REV. ET MAG DE ZOOLOGIE. ( Octobre 1850.) vcllcs. Il donne comme résultat de ses travaux, depuis la publication du Tableau cl' Ornithologie, l’établissement ou l’admission de 1 2 nouvelles familles et de 4 8 sous-familles ; la classe contiendrait 4 400 genres. L’auteur donne la liste de ces changements, et termine en indiquant deux nou¬ velles espèces voisines des Pies-grièches : Rectes diclirous et R. ferrugineus, toutes deux guinéennes ; et une autre nouvelle espèce parmi les Garruliens bleus d’Amérique, le Cyanocorax Geoffroiji , de la Californie. — M. Hollard lit un travail intitulé : Coup-d’œil sur l'ordre des Ganoides, et recherches sur les caractères des Lo- pliobranclies, pour déterminer leurs véritables affinités zoolo- giffiies. En étudiant surtout l’appareil operculaire et l'é- caillure, l’auteur divise les Ganoides de M. Agassiz en deux catégories : les Ganoides proprement dits et les Echinoïdes. C’est au premier de ces groupes que se rattachent les Lo- phobranches, et ils y prennent place entre les Siluriens et les Sturioniens. — M. F. Dujardin lit un Mémoire sur le système nerveux des Insectes. Dans ce curieux travail, l’auteur, par des dis¬ sections minutieuses faites avec le concours de l’essence de térébenthine, est arrivé à découvrir dans le cerveau des insectes des circonvolutions pourvues d’une substance pulpeuse ou corticale, et formées de lamelles de substance blanche appartenant à ce que l’auteur appelle les corps pé- donculés. Ces corps se terminent en haut par cette espèce d’ombelle lamelleuse, radiée, et en bas par deux tuber¬ cules. Des différences dans la conformation du cerveau sont en rapport avec les différences dans les mœurs, les actes et les aptitudes ; mais le volume des corps pédoncu- lés augmente en même temps que l’intelligence, dit l’au¬ teur, prédomine sur l’instinct. En résumé, M. Dujardin conclut de ses délicates et singulières observations : 4° que chez certains animaux articulés il existe un véritable cer¬ veau dont la structure et le volume sont en rapport avec le développement des facultés intellectuelles ; 2° que ce SOCIÉTÉS SAVANTES. 5Gj cerveau contient des corps symétriques de forme com¬ plexe, bien déterminés, les corps pédonculés, lesquels sont entourés d’une substance corticale pulpeuse d’autant plus abondante que l’instinct tend à prédominer sur l'in¬ telligence ; 5° enfin, la meme substance pulpeuse, qui existe seule chez ies insectes qui paraissent n’avoir d’autres facultés que l’instinct, constitue aussi les ganglions du thorax et de l’abdomen , lesquels doivent régir et coordon¬ ner des actes purement instinctifs. — M. Cl. Bernard lit une Note sur une nouvelle fonction du [oie. 11 y établit : 1° que, pendant la période de la di¬ gestion, le sang, qui sort du foie par les veines sus-hépa¬ tiques, est invariablement sucré chez l’homme et les ani¬ maux, quelle que soif la nature de leur alimentation ; 2° le sucre se produit dans le foie indépendamment de la na¬ ture de l’alimentation; 5° cette fonction du foie est sous l’influence du système nerveux par le moyen des nerfs pneumo-gastriques. Cet important travail , où l’on re¬ trouve toute l’expérimentation sévère, ingénieuse et sa¬ gace de M. CL Bernard, enrichit la physiologie de la dé¬ couverte d’une fonction toute nouvelle de cet énorme et mystérieux viscère, auquel on est forcé d’attribuer un rôle si important dans l’économie animale. — M. Co te lit des Recherches sur la Gestation dans l'es¬ pèce humaine. Dans ce travail, à l’aide des circonstances particulières où il a su se placer, et des nombreuses ob¬ servations qu’il a recueillies, le savant embryogéniste est parvenu à tracer l’histoire physiologique de la membrane caduque et de ses rapports avec l’ovule. Il démontre que toutes les fois qu’un ovule mûrit dans l’ovaire de la femme, ou qu’il s’en détache, la muqueuse utérine subit une évo¬ lution qui la prépare à le recevoir ; les trompes restent toujours ouvertes, et par conséquent l’ovule peut tomber dans la cavité utérine, et il y tombe réellement, puisque rien ne s’oppose à son passage. Cet ovule s’enfouit dans l’épaisseur de la muqueuse, comme les œufs du Pipa 566 rev. et mag. de zoologie. {Octobre 1850.) dans la peau dorsale de sa femelle, et s’enferme complè¬ tement dans une loge de cette muqueuse hypertrophiée ; cette loge grandit avec lui, fait saillie dans la matrice, et sa partie saillante, formée primitivement par la réunion des bords de la loge au-dessus de l’ovule, devient la ca¬ duque réfléchie des auteurs, tandis que le fond de la loge est la caduque sérotine ou placentaire , et le reste de la muqueuse, la caduque pariétale ou utérine. Cette mu¬ queuse, dans ses trois parties, s’exfolie et tombe après l’accouchement, laissant la couche musculaire presque à nu, et bientôt une nouvelle muqueuse se reproduit à sa surface. M. Coste met sous les yeux de l’Académie de nombreuses pièces de sa riche collection qui confirment les faits qu’il avance dans son travail. — MM. Natalis Guillot et F. Leblanc adressent une se¬ conde Note sur la présence de la caséine et les variations de ses proportions clans le sang de l'homme et des animaux. Séance du 28 Octobre. — M. Diwernoy lit un quatrième fragment sur les organes de génération de divers animaux : Des spermaphores dans la Sépiolecle Rondelet et dans le Cal¬ mar subulé, et des organes qui les produisent dans ces deux espèces et dans plusieurs autres Céphalopodes ; de leur com¬ position par ces organes et de leur décomposition dans l'eau et dans les organes sexuels des femelles. Ce travail, fruit de plusieurs années de recherches patientes, comprend un trop grand nombre de détails intéressants pour que nous puissions l’analyser dans les limites étroites qui nous sont prescrites. Nous indiquerons seulement les résultats nou¬ veaux les plus saillants. D’abord, la description détaillée des spermaphores, encore incomplètement connus, delà Sépiole de Rondelet, et la découverte des singuliers corps étoilés qu’ils renferment toujours dans leur partie effilée; la description des spermaphores du Calmar subulé; la cons¬ tatation des trois types différents d’organisation de l’appa¬ reil mâle, offerts, le premier, par le Poulpe commun et la Seiche officinale , le troisième par le petit Calmar , le Ca/- ANALYSES D7OUVRAGES NOUVEAUX. 567 mar subulé et celui de Duvaucel , et le deuxième, intermé¬ diaire, par la Sépiole de Rondelet. Le premier est déjà con¬ nu ; le troisième offre un testicule à trois lobes, déversant ses spermatozoïdes par deux canaux déférents nés des lobes extrêmes, l’un simple, l’autre compliqué de l’appa¬ reil producteur des spermaphores ; tous deux arrivent dans le réservoir aux spermaphores, y apporter, l’un ces ma¬ chines éjaculatrices , l’autre des spermatozoïdes libres , que l’on trouve d’ailleurs toujours dans ce réservoir. Le second plan ne diffère de celui-ci qu’en ce que les deux canaux nés du testicule se réunissent dans la prostate, d’où un seul canal se rend au réservoir. Enfin, M. Durer- noy a cherché à déterminer le rôle des diverses parties de l’appareil génital et le mécanisme par lequel éclatent les spermaphores. Nous renvoyons, pour plus de détails, au travail même du savant académicien , et aux figures qui accompagnent son Mémoire. — M. de Quatrefages lit un Mémoire sur la phosphores¬ cence du port de Boulogne et sur les animaux qui la produi¬ sent , dont il avait, dans une lettre à l’Académie, fait con¬ naître les résultats les plus saillants. 11 rend compte des expériences physiques et chimiques auxquelles il s’est livré; ces expériences, fort nombreuses et fort intéres¬ santes, ne se prêtent à aucune analyse, et y perdraient leur valeur et leur intérêt, car elles ne peuvent guère se rattacher à une loi générale, énonçable en peu de mots. III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. Eléments de morphologie humaine, par le docteur J.'E. Corna y (de Rochefort). Sous ce titre, le docteur Cornay vient de publier un ou¬ vrage d’un haut intérêt ; c’est une œuvre philosophique et physiologique, dans laquelle l’esprit investigateur de l’au- 568 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1850.) teur discute avec logique les questions les plus embrouil¬ lées de la Genèse et de la vie. Lavater a cherché, par l’inspection de tout l’extérieur du corps, et spécialement de la face, à présager les apti¬ tudes morales et intellectuelles. Gall, dans ses beaux travaux sur le système nerveux du cerveau, conclut non-seulement à la pluralité des organes cérébraux correspondant à chacune de nos facultés pri¬ mitives, c’est la partie anatomique; mais à leur traduction sur le crâne par des proéminences, c’est la partie physio- gnomonique. L’auteur complète les systèmes de ses de¬ vanciers, en leur donnant plus de précision et en expli¬ quant les réactions des fluides appropriés à la vie. Gall, suivant le docteur Cornay, admettait mai à propos une liaison de cause à effet entre les phénomènes céré¬ braux et les saillies du crâne. 11 y a, en effet, des bosses, des saillies naturelles du crâne et de la face; mais, loin qu’elles dépendent du jeu des circonvolutions cérébrales, elles ne sont que le résultat de la coïncidence de la forme du crâne avec la forme du cerveau, comme celle des parois thoraciques avec celle des poumons, etc. Pour lui, le jeu cérébral n’a d’influence que sur le système musculo-cutané de la face, qui produit la physionomie de relation ; les mouvements des muscles faciaux et les rides qu’ils déve¬ loppent résultent des impulsions cérébrales. Les saillies du crâne, comme celles de tout le corps, sont, pour le doc¬ teur Cornay, les indices du caractère naturel de l’indi¬ vidu, et non point, comme les plis mobiles, les indices du caractère politique nécessité par les relations sociales. Pour exposer son étude avec clarté, l’auteur divise les physionomies en trois groupes : -1°. Les physionomies naturelles ou des races, consti¬ tuées par les saillies naturelles dans les différentes races. 2°. Les physionomies de relations constituées par tous les plis mobiles qui se forment par les mouvements mus¬ culaires, et principalement à la face. 569 ANALYSES ü’OUYRAGES NOUVEAUX. 5°. Les physionomies anormales ou accidentelles pro¬ duites par les accidents et les maladies qui se développent chez l’ovule, l’embryon, le fœtus et l’être parfait. Le docteur Cornay a examiné, comparé un grand nom¬ bre de sujets, et il est arrivé à faire connaître avec préci¬ sion ces trois groupes de physionomies. Il termine la première partie par un tableau dans le¬ quel il divise la face en huit régions. 11 montre tel muscle plissant la peau dans telle impression ; ainsi, la sévérité fait naître dans la région frontale, au-dessus du nez, un pli vertical, etc. Tous les plis de la face ont été décrits par lui d’ une manière anatomique, et dénommés. Dans la seconde partie , l’auteur traite de la physio¬ nomie naturelle; il constitue la morphologie à l’état de science, en lui faisant embrasser l’étude des contours de la forme, l’étude des dimensions delà forme, et enfin celle de la cause productrice de la forme immuable dans l’es¬ pèce; car, suivant lui, la déformation de l’espèce produit des formes anormales accidentelles en rapport avec les circonstances productives. Le docteur Cornay indique l’ordre et l’harmonie qui président à la production et à la destruction des espèces matériales, végétales et animales. Toute la création est soumise à une loi, qu’il nomme loi d'ordre universel, et qu’il formule ainsi : 1°. Loi de polarisation et de dépolarisation, ou de cen¬ tralisation et de décentralisation des éléments consti¬ tuants. 2°. Loi de progression et de proporlion, ou de réparti¬ tion des éléments constituants. 5°. Loi de coexistence et de coïncidence, ou d’existences simultanées et de rapports parfaits de qualités des élé¬ ments constituants. Un être quelconque est une centralisation d’éléments fluides et solides constituants, en rapport parfait et en quantités et de qualités convenables. 570 rev. et mag. de zoologie. ( Octobre 1850.) Il rattache à trois périodes tout ce qui a été dit sur l’être et la Genèse. La première est la période théoîogique, ou de contem¬ plation et de croyance. La deuxième est la période philosophique, ou de per¬ ception, de réflexion et de discussion. La troisième est la période scientifique, ou d’observa¬ tion, d’expérimentation ou de positivisme. Une question importante d’anthropologie, la question des races humaines, est discutée par l’auteur, qui admet la pluralité des races humaines, et qui s’appuie sur la pluralité des races animales analogues qui ne sortent point d’une même origine. « La généagnosie, dit-il, la science des races, des lignées des descendances humaines, prend son point capital dans le nombre. Y a-t-il une seule race et des variétés? Y a-t-il plusieurs races et quelques races métisses et déformées? S’il n’y a qu’une seule race muable, c’est-à-dire pouvant avoir des variétés, il n’y a eu, à la Genèse primitive, qu’un seul père et qu’une seule mère d’une même espèce ; s’il y a plusieurs races immutables, il y a eu à la Genèse primi¬ tive plusieurs espèces de pères et de mères. « Toute la question est donc renfermée dans la mutabilité ou dans l’immutabilité des races, pour arriver à la con¬ naissance du nombre des espèces primitives. a Si les espèces avaient été muables, c’est-à-dire pouvant produire des variétés, la répartition se serait faite forcé¬ ment d’après une loi d’ordre universel où il y aurait eu désordre. Eii bien ! pourquoi admettre la production delà variété des espèces après la création primitive, plutôt que pendant la création? Cela est une plaisanterie que l’on n’admet point pour les singes, les ruminants, les oiseaux, les poissons, les plantes, etc. C’est bien dans la création que se sont produites les espèces en progression : l’homme blanc ne sera jamais l’albinos de l’homme noir, et le noir le mélanos de l’homme blanc. » ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 571 La troisième partie de l’ouvrage du docteur Cornay est consacrée à la forme anormale. La forme anormale, dans les espèces matériales, végé¬ tales et animales, résulte d’une cause accidentelle, et il ad¬ met la théorie de la perturbation ovulaire, embryonnaire et fœtale; il appuie ses idées sur huit cas de vices de con¬ formation, dont il donne avec soin la description anato¬ mique; cinq cas d’extrophie de la vessie, un cas de mop- sie, un cas de kyllosie et un cas de monocéphalie. Nous terminons ici cette analyse, en recommandant la lecture de l’ouvrage consciencieux du docteur Cornay aux physiologistes, qui apprécieront les travaux qu’il a faits pour porter la lumière sur des points obscurs. Le docteur Menestrel. Nous nous faisons un devoir de faire connaître à nos lecteurs un magnifique ouvrage que publie en ce moment M. P. Gervais, professeur de Zoologie et d’Anatomie com¬ parée à la Faculté des Sciences de Montpellier. Il a pour titre : Zoologie et Palæontologie françaises {ani¬ maux vertébrés ), ou Nouvelles recherches sur les Animaux vivants et fossiles de la France , ouvrage accompagné de plan - cres lithographiées par M. Delahaye, peintre d’histoire na¬ turelle. Ce titre suffit pour indiquer le but de l’ouvrage et en faire comprendre l’intérêt; l’exécution supérieure des planches lui donne une valeur artistique considérable, et le nom de son auteur garantit sa valeur scientifique. Com¬ mencé en janvier 1 848, il a traversé des temps difficiles et a pu leur résister. L’ouvrage contient 20 livraisons in-4° de 4 planches et 2 feuilles 1/2 de texte, et sera terminé fin de décembre 1851. — Prix de la livraison : 5 fr. pour Paris; pour les départements, 5 fr. 25 c. ; pour l’étran¬ ger, 5 fr. 50 c. — Arthus Bertrand, éditeur, rue Haute- feuille, 21 , à Paris. REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Octobre 1850.) 572 IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Le Congrès scientifique de France a tenu ses séan¬ ces,. cette année, dans la ville de Nancy, et il a été aussi brillant que les années précédentes. Beaucoup de savants français et étrangers s’y étaient rendus, et des questions de la plus haute importance y ont été traitées. L’un de nos zoologistes les plus éminents, le prince Charles-Lucien Bonaparte, à qui la science doit tant d’ex¬ cellents travaux sur la véritable zoologie , sur cette branche de la science qui nécessite des études incessantes, la con¬ naissance profonde des espèces, de leur organisation, de leurs mœurs, de leurs rapports entr’ elles et avec les êtres divers qui couvrent notre globe, et cette autre connais¬ sance non moins difficile à acquérir, qui consiste à se tenir au courant de tout ce qui a été écrit, de tout ce qui se publie journellement sur ce vaste sujet, M. le prince Bo¬ naparte, disons-nous, nommé président de la section des sciences naturelles, a fait plusieurs communications qui ontcaptivé l’intérêt du Congrès. Nous croyons être agréable à nos lecteurs, en leur donnant quelques passages des pro¬ cès-verbaux du Congrès relatifs à celles de ces communi¬ cations qui appartiennent à la zoologie. « Le Congrès a entendu, avec un vif intérêt, les détails donnés sur la fécondation artificielle des Truites dans les Vosges..... Il remercie M. le ministre de l’agriculture d’a¬ voir pris l’initiative, en envoyant M. Milne-Edwards pour constater les résultats obtenus par les pêcheurs Gehain et Remv. 11 recommande cette ingénieuse invention à sa bien¬ veillance. « Le prince Ch. Bonaparte demande la parole pour dé¬ velopper cette proposition. « Dans une improvisation qui captive l’attention de l’as¬ semblée, l’illustre naturaliste expose d’une manière som maire l’histoire de cette belle découverte, et saisit cette mélanges et nouvelles. 575 occasion pour payer un juste tribut délogés à M. Dumas, ministre de l’agriculture, pour l’initiative qu’il a su pren¬ dre dans les encouragements accordés aux auteurs de cette invention toute française, dont personne, au reste, n’était à même, plus que lui, d’apprécier le mérite et la portée... Une somme de 2000 francs a été accordée aux inventeurs par le gouvernement : ce n’est pas assez; et d’ailleurs, il faut le déclarer ici à l’honneur de ces pauvres enfants du peuple, une récompense honorifique leur eût parue pré¬ férable à une rémunération pécuniaire. « Après quelques considérations d’histoire naturelle sur la famille des Saumons, dont les Truites sont un démem brement, et après avoir indiqué les erreurs qui se sont glissées sur ce point dans la classification admise par les naturalistes, l’auteur termine en faisant la motion de ne pas laisser à la postérité l’honneur d’accorder une récom¬ pense posthume aux auteurs de cette grande découverte. « M. le docteur Bonnet entretient la section d’histoire naturelle des procédés de fécondation des Truites, et rap- pelie les particularités connues de leurs mœurs, relative¬ ment à leur reproduction. M. le prince Bonaparte dit, quant à la spécification de ces poissons, que tous les au¬ teurs qui s'en sont occupé ont méconnu les caractères des espèces, et que les erreurs n’ont fait que s’accumuler à chaque publication nouvelle. M. Valenciennes lui-même, dans son grand ouvrage, n’est pas exempt de ce reproche, surtout pour ses appréciations génériques. M. Bonaparte insiste pour bien faire connaître que ce sont de simples pêcheurs qui, sans avoir aucune notion des travaux pu¬ bliés par les savants sur cette question, par Spallanzani entr’autres, ont imaginé le procédé pratique qui leur ap¬ partient, par conséquent, en propre. « Répondant à l’observation de M. Bonnet sur le trans¬ port des œufs fécondés, il fait remarquer que la possibi¬ lité de ce transport n’est point douteuse ; qu’on sait fort bien que les oiseaux aquatiques avalent souvent des œufs 574 rev. et mag. de zoologie. ( Octobre 1850. ) de poissons, sans que la vitalité de ceux-ci soit détruite par les sucs gastriques, et que ces œufs sont rejetés et vont éclore ainsi loin des lieux de leur premier dépôt, et quel¬ quefois dans les lacs situés sur les plus hautes montagnes. « Dans la séance du 12 septembre, le prince Ch. Bona¬ parte s’exprime ainsi: « Messieurs, sans abuser de vos moments, d’autant plus précieux que le Congrès est à la veille de se séparer, et puisque je n’ai pu développer hier en séance publique, comme je l’aurais désiré, le thème que je m’étais proposé, je me bornerai à vous indiquer pourquoi j’ai dit et je soutiens que mon savant ami était dans le vrai , quant à la question de la fixité des espèces. « Avant de remplir l’engagement que j’ai pris, il me pa¬ raît utile de répéter que le professeur Isidore Geoffroy- Saint-Hiîaire ne m’a donné aucun droit d’être ici son in¬ terprète ; je ne parle que d’après les impressions que j’ai ressenties à la lecture de ses ouvrages, de sa correspon¬ dance et de ses conversations. « Le professeur Geoffroy-Saint-Hiîaire a, plus que tout autre, l’habitude de consulter la valeur des caractères . Il la pèse, pour ainsi dire, et ne compte pas, à ce point de vue, comme élément, le nombre des espèces qui représen¬ tent le type, et c’est d’après ce principe qu’il réduit consi¬ dérablement le nombre des familles et des ordres, tout en admettant quelques groupes formés de très-peu d’es¬ pèces, et même d’une seule. Ses coupes, en un mot, re¬ présentent la valeur des différences , abstraction faite du nombre des espèces. « Ce principe n’est pas étranger à la définition de l’es¬ pèce que M. le professeur Geoffroy-Saint-Hilaire me semble considérer comme un groupe d’individus caractérisé par un ensemble de traits distinctifs, régulièrement, naturel¬ lement et indéfiniment transmissible dans l'ordre actuel des choses, ou comme des races naturellement permanentes dans l’ordre actuel. « Cette définition concilie l’idée de la permanence, sans MÉLANGES ET NOUVELLES. 575 laquelle il n’y a pas d’espèce , et, sans fixilc , pas de science; avec ce grand fait, que nul ne saurait mettre en doute, de la variabilité des êtres sous des milieux divers (1). Ce ne serait donc que parce que plusieurs de nos prétendues es¬ pèces ne sont en réalité que de simples races climatolo¬ giques, que l’on a admis la possibilité d’espèces formées sous rinffuence du climat et issues de la sorte par des dif¬ férences acquises d’un type et d’une souche commune. » « Après cette communication, M. Ch. Bonaparte ajoute : « En disant qu’il était remarquable que presque chaque auteur qui s’est occupé des Salmonidés a cru devoir tou¬ jours blâmer ses prédécesseurs, quoique, par une fatalité singulière, il les embrouille plus que lui, j’ai spécialement eu en vue les excellents travaux de Nilson, critiqués par d’autres auteurs Scandinaves. « On doit reconnaître que le Salmo ocla de Nilson est tout»à-fait distinct de VEriox de Linné, retrouvé finale¬ ment par Nilson, et dont les ichthyologistes ont fait un si grand abus, jusqu’à décrire, sous ce nom, une espèce, tout en en figurant une autre. « Pour justifier mon blâme de quelques coupes récentes, je me suis efforcé de démontrer combien était peu naturel un genre qui réunissait le Salmo salvelimts au Salmo salar , tandis que l’on séparait de celui-ci le Salmo traita et le Salmo farïo ; et cependant mes Saumons et mes Truites, qui en diffèrent à peine, frayent dans les eaux courantes quand même elles émigrent dans les eaux donnantes, tan¬ dis que mes Salvelines ne quittent jamais ces dernières (les eaux dormantes). » (1) Cette variabilité semble d’autant plus grande qve les êtres sont plus simples. Des observations que je poursuis depuis quel¬ ques années sur les cryptogames qui se développent dans les êtres vivants tendraient à me faire admettre cette proposition comme une véritable loi naturelle. ( G. M. ) 576 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Octobre 1850. ) Note sur la Mésange lugubre ( Parus lugubris ), par M. Edmond Fairmaire. Dans son récent ouvrage critique sur les oiseaux d’Eu¬ rope, M. le docteur Degland, à propos de l’espèce qui nous occupe, émettait, sous forme dubitative et sur la foi de renseignements donnés par MAE Linder et de Sélys-Long- champs, qu’on croyait avoir rencontré cet oiseau vers les abords du llhône. Nous venons confirmer aujourd’hui cette donnée, encore vague, de la manière la plus positive : nous avons reçu plusieurs fois de Savoie cette espèce de Mésange, qui s’y trouve assez communément dans les bois de hêtres et d’arbres résineux qui couvrent les montagnes les plus froides. La personne qui nous a envoyé les exemplaires de la Parus lugubris dont nous sommes en possession nous as¬ sure qu’on la rencontre aussi dans le Tessin, le Valais, aux environs de Genève, et dans le Dauphiné. Cet oiseau niche, en juin, dans les petites cavités des vieux arbres, et y fait un nid en mousse, brins d’herbe et plumes, où la femelle pond sept à huit œufs blancs oblongs, de la grosseur de ceux de la Pi rus palusiris, ma¬ culés de petits points rougeâtres. Les couvées terminées, les vieux continuent à vivre par paires; les jeunes restent solitaires, ou se réunissent en pe¬ tites bandes de six à huit individus. Le cri ordinaire de cette Mésange diffère beaucoup de ceiui de ses congénères ; il est allongé, traîné et un peu chevrotant : au temps des amours, elle pousse encore un autre cri un peu plus aigu, et qui se répète continuellement à intervalles de quelques secondes. En hiver, elle descend des montagnes dans les bois d’arbres verts des vallées inférieures et des plaines. TREIZIÈME ASSISTÉE. — ^OVEUBR^ 1850. I. TRAVAUX INÉDITS. Cours d’histoire naturelle des corps organisés, pro¬ fessé au Collège de France par M. Düvernoy. — Suite. Voyez pages 505 et 355. En terminant le dernier article que nous avons publié sur ce Cours (1), nous annoncions le projet de rendre compte des huit leçons d’anthropologie qui en ont fait partie. L’article actuel est destiné à remplir notre pro¬ messe. Le peu d’étendue que doit avoir cette analyse nous obligera de la restreindre à quelques-unes des questions principales concernant l’histoire naturelle de l’homme, dont le professeur a cru devoir traiter. V anthropologie est une science difficile , conjecturale dans plusieurs de ses parties, qui sont plus ou moins su¬ jettes à discussion, et sur lesquelles les naturalistes sont loin d’être unanimes. Elle se compose de questions auxquelles cette science, bien comprise, peut faire des réponses positives. Il y en a d’autres au sujet desquelles les données sont insuffisantes pour les résoudre incontestablement. En traitant successivement et avec ordre de ces diverses questions, suivant leur importance, le professeur a eu le plus grand soin d’indiquer celles que la science a résolues définitivement, et celles pour lesquelles il n’y a pas de données ou de documents suffisants pour en déduire des notions que l’on puisse considérer comme l’expression in¬ contestable de la vérité. (1) Voir p. 359. 2e série, t. ii. Année 1850. 57 578 rev. et mag. de zoologie. ( Novembre 1850.) Mais au sujet de ces dernières, on peut être entraîné, en raisonnant par voie d’analogie, à des conclusions, à des convictions qui s’en approchent plus ou moins. lre question. — Le genre humain se compose-t-il d’une seule ou de plusieurs espèces ? Autrement, les différences physiques que présentent les nations de la terre dans la taille, dans les proportions de la tête, du tronc et des membres; dans la forme de la tête ; dans les proportions du crâne et de la face ; dans les traits du visage; dans la couleur de la peau, des yeux, des cheveux ; dans la nature de ceux-ci, qui sont lisses, crépus, laineux ; dans l’abondance ou la rareté de la barbe ; ces différences sont-elles spécifiques, ou de simples carac¬ tères de variétés ou de races? Peut-on s’aider, pour résoudre ces questions, des diffé¬ rences ou des ressemblances que montrent les populations de la terre dans les divers degrés de développement de leurs facultés intellectuelles et morales? La facilité avec laquelle les sexes se mêlent et produi¬ sent des individus féconds, sans que cette puissance de fé¬ condité s’affaiblisse et se détruise dans la suite des géné¬ rations, quelque différente que soit la race à laquelle cha¬ cun des deux sexes appartient, fournit une réponse pé¬ remptoire à cette question. Pour qui se fait une idée juste de l’espèce, dans le règne animal, et de ses caractères essentiels, il n’est pas dou¬ teux que le genre humain ne se compose que d’une seule espèce. Cette conclusion est une conséquence nécessaire de la notion de l’espèce. Il y a plus de vingt ans que M. Duvernoy professe cette doctrine dans ses Cours, et qu’il s’appuie non-seulement sur le principe que nous venons d’énoncer, mais encore par la discussion des différences physiques ou organiques que présentent les variétés de l’espèce humaine, compa¬ rées à celles des animaux domestiques. La conclusion de cette comparaison est que les variétés des animaux do- TRAVAUX INÉDITS. 579 mestiques provenant d’une seule et même espèce, que Ses races de chiens , par exemple, sont bien plus différentes entre elles que celles de l’espèce humaine. Le professeur a été flatté de trouver cette argumenta¬ tion dans un livre justement célèbre (1). La doctrine de l’unité de l’espèce humaine a été défen¬ due par de grandes autorités, entr’autres par Linné, Buf- fon, Blumenbach, Cuvier, et en dernier lieu parM. Pri- chard . Combien ceux qui soutiennent la multiplicité des espè¬ ces du genre humain ne sont-ils pas embarrassés pour les caractériser nettement? Quelle idée fausse ne se forment- ils pas de l’espèce? Pour s’être écartés de la voie de la vé¬ rité scientifique, ils sont forcés de se jeter dans un dédale d’incertitudes et de difficultés inextricables, et de suppo¬ sitions insoutenables (2). Aussi M. Flourens, en expo- sant, avec la lucidité et la logique sévère qui caractérisent ses écrits, la doctrine de Buffon sur Funité de l’espèce humaine, n’a-t-il pas même rappelé les opinions contraires, ni cité leurs auteurs (5). IIe question. — L’espèce unique qui compose le genre hu¬ main peut-elle être classée dans le règne animal ? Les opinions ont varié sur cette question parmi les na¬ turalistes qui s’en sont occupé. Daubenton en 1792, Cuvier et Geoffroy en 1795, G. Cu¬ vier en 1797, Lacépède en 1798, de Blainviile, F. Cuvier, ont pensé que l’homme était hors de rang, et ne devait pas être classé parmi les animaux. (1) Histoire naturelle de V homme, par J.-C. Prichard ; traduit en allemand par R. Wagner. 0 vol. in-8°. — 1840. —48. (2) Voir l’article Homme du Dictionnaire classique d'histoire naturelle , par Bory-de-Saint- Vincent, qui admet quatorze es¬ pèces d’hommes , et le Mémoire de M. Desmoulin, qui en dis¬ tingue douze espèces. (5) Buffon, Histoire de ses travaux et de ses idées , par P. Flou¬ rens. Paris, 1844, p. 164 et suiv. 580 rev. et mag. de zoologie. ( Novembre 1850.) Cependant Linné, le religieux Linné, entraîné par sa fa¬ culté extraordinaire de distinguer les êtres de la nature au moyen de quelques caractères extérieurs, dont son génie saisissait souvent avec bonheur toute l’importance, avait réuni, dans le premier Ordre de la Classe des Mammifères , l’Homme, les Singes, les Lémuriens et les Chauve-souris, qu’il appelait Primates . Malgré cette classification fautive, ce rapprochement on ne peut plus disparate et choquant pour celui qui a com¬ pris les principes de la méthode naturelle ; la description que le grand Linné a faite de l’homme, de son Homo sa¬ piens, restera toujours un modèle, non-seulement pour l’énoncé des caractères distinctifs, mais encore pour l’élé¬ vation des pensées, l’éloquence et le laconisme des expres¬ sions. Dès ^ 800, MM. Cuvier et Duméril, dans les Tableaux de classification du règne animal (1), adoptent l’Ordre des Bi¬ manes dans la Classe des Mammifères, pour l’espèce hu¬ maine seulement, et le caractérisent par cette circonstance que le pouce est opposable aux autres doigts , aux extrémités supérieures seulement. M. Duvernoy admet cette classification, avec cette dif¬ férence seulement que l’Ordre des Bimanes est le premier de sa Sous-Classe des Mammifères Monodelphes. En effet, en ne considérant que les caractères physiques de l’espèce humaine, on ne peut se dissimuler que toute son organisation est conforme au plan général des Verté¬ brés , et plus particulièrement à celui de la Classe des Mammifères. C’est surtout en comparant cette organisation avec celle des animaux de cette Classe les plus rapprochés de l’hom¬ me, sous ce rapport, que l’on s’éclaire sur l’usage de ses parties, qu’est basée la connaissance de ses fonctions. La station verticale de l’homme sur les deux extrémités (1 ) Publiés avec le tome Ier des Leçons d’anatomie comparée. TRAVAUX INÉDITS. 581 postérieures, devenues inférieures comparativement à celles des Mammifères, tandis que les deux antérieures, deve¬ nues supérieures, sont réservées pour exercer le toucher le plus délicat et la préhension la plus facile des objets, au moyen du pouce, opposable aux quatre autres doigts, forment une partie des caractères organiques et fonction¬ nels qui distinguent Y Ordre des Bimanes. Le professeur a montré ensuite en détail, dans les carac¬ tères du squelette et des muscles, entr’autres dans la posi¬ tion des condyles et l’articulation de la tête avec la pre¬ mière vertèbre ; dans les trois courbures de la colonne vertébrale, dans la largeur du bassin, dans l’écartement des fémurs qui en est la suite, lequel est encore augmenté par la courbure de leur col; dans la saillie des calca- néums, etc., etc., toutes les circonstances organiques qui favorisent et déterminent la station verticale et la progres¬ sion de l'homme sur deux pieds. Après ces premiers caractères organiques, bien connus et suffisamment développés dans les auteurs, M. Duvernoy a considéré sous un nouveau point de vue les sens externes comparés à l’organe du sens interne. L’homme devait être dirigé, éclairé par les impressions qu’il reçoit des sens externes, et non dominé par elles. De là, l’infériorité relative de plusieurs de ces derniers, et le développement remarquable de l’organe du sens interne, duquel partent les ordres de la volonté. Il les surmonte d’autant plus qu’il a lui-même plus de développement. Aussi l’étude comparative du cerveau de l’homme et de la boîte osseuse qui le renferme, est-elle, pour son histoire naturelle comparée, de la plus grande importance. Relativement aux sens externes, la main de l’homme a une perfection d’organisation qui en fait l’instrument le plus propre à exercer un toucher actif. Au contraire, son organe d’audition, dont la conque est à peu près immo¬ bile, est loin de la perfection de ceiui de beaucoup de Mammifères pour la perception des sons les plus faibles. 582 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1850. ) Mais, par Fexerccice de ce sens, l’homme peut acquérir une facilité extraordinaire pour la distinction des tons. La direction uniforme des deux yeux donne de i’unité à sa vision. Cependant sa vue a généralement moins de portée que celle de beaucoup de Mammifères ou d’oiseaux. L’organe de l’olfaction est beaucoup moins compliqué que celui des Carnassiers , et du chien en particulier, chez le¬ quel la perfection de ce sens est portée à un degré incom¬ préhensible. Le goût et l’odorat, qui font distinguer et rejeter, par l’animal herbivore (1), la plante venimeuse de ses pâtu¬ rages, ont même chez cet animal une puissance qui dé¬ passe souvent celle de ces mêmes sens chez l’homme. En un mot, à ne considérer que les sens externes sépa¬ rément, l’homme serait, sous ce rapport, placé à un degré inférieur à beaucoup d’animaux. Mais si l’on fait attention à l’harmonie qui doit résulter, chez l’homme, du développement proportionnel des sens externes avec l’organe du sens interne , on ne pourra qu’ad¬ mirer cette organisation, qui donne à l’homme tous les moyens de s’éclairer parles sens externes, sans être dominé, comme les animaux, parles impressions qu’il en reçoit. Seulement, il faut que Fédueaiion et l’expérience donnent à l’organe de l’intelligence l’activité, et, par elle, la puis¬ sance relative que sa volonté et son principe sont suscep¬ tibles d’acquérir par ces deux moyens incontestables. L’homme s’élève encore bien au-dessus de l’animal le plus parfait par son intelligence, distinguée éminemment de celle qu’on ne peut refuser aux animaux supérieurs, par un caractère particulier, celui que lui donne la faculté de réfléchir. (D À. ce sujet, le célèbre Jacobson, de Copenhague, a décou¬ vert dans les narines des herbivores xm organe particulier auquel G. Cuvier attribuait cette fonction sensitive. ( Annales du Mu¬ séum d’histoire naturelle, lom. XVIH, et la thèse ue M. Gratio- iet. Paris, 1845. TRAVAUX IAËDITS. 5S-> Cette pensée qui se considère elle-même ; cette intelli¬ gence qui se voit et qui s’étudie ; cette connaissance qui se connaît, forment évidemment un ordre de phénomènes déterminés d’une nature tranchée, auquel nul animal ne saurait atteindre. C est là le monde intellectuel, et ce monde n’appartient qu’à l’homme. L’homme est le seul être de la nature qui recherche le vrai dans l’étude des sciences, le beau dans l’étude des arts et des lettres, l’utile dans les travaux de l’agriculture, dans les admirables productions de l’industrie. L’homme a, de plus que les animaux, la faculté de trans¬ mettre ses idées à ses semblables, non simplement par quelques sons de voix, mais par des sons articulés. A cet effet il a non-seulement un organe commun, à la vérité, à tous les Mammifères, le larynx ; mais qui est dis¬ posé, chez lui, particulièrement pour émettre ces sons. L’arrangement de ses cavités buccale et nasale , et de toutes les parties qui en dépendent; le voile du palais, ses piliers, les amygdales, la langue, les dents, et surtout les lèvres et leur mobilité, concourent à l’émission claire et nette de ces sons articulés qui constituent la parole, et à leur perfection. C’est par la parole que l’homme seul rend sensible sa pensée, attribut précieux au moyen duquel il devient con¬ temporain de tous les temps, citoyen de tous les lieux, et, par ces caractères éminemment remarquables, démontre que son principe est une émanation de la Divinité. Au moyen delà parole et de l’écriture, l’homme trans¬ met ses idées de génération en génération ; de là, la per¬ fection indéünie dont l’espèce humaine est susceptible, sous le rapport de Y utile et de la connaissance du vrai et du beau , par le moyen de l’expérience. L’expérience a pour 'première condition le temps ; pour moyen , la faculté de réfléchir; pour résultat, le jugement, suite de la comparaison des sensations actuelles ou pas- 584 rev. et mag. de zoologie. ( Novembre 1850.) sées. et des idées dont elles ont été la cause première ; elle a pour siège, l’intelligence, dont l’activité continuelle maintient son développement proportionnel dans un de¬ gré élevé. Au contraire, dans l’animal le plus rapproché de l’hom¬ me, YOrang , le Chimpansé , faute d’exercice, faute de vie intellectuelle, de parole, de réflexion, caractères sensi¬ bles ou intimes de cette vie intellectuelle, l’organe de l’in¬ telligence perd, avec l’âge, son développement proportion¬ nel; et la brutalité ne tarde pas à remplacer cette lueur passagère de facultés intellectuelles que montre, entr’au- tres, le jeune Orang-Oetan. Si donc Y homme est un animai vertébré , un 31ammifère ; s’il forme à lui seul un Ordre particulier dans cette classe, en ne considérant que son organisation , il se distingue de tous les autres animaux, même les plus parfaits, ainsi que nous venons de le voir, par ses facultés intellectuelles et par tous les moyens qu’elles lui donnent de perfectionner son espèce, en transmettant aux générations qui se succè¬ dent les connaissances acquises par les générations précé¬ dentes; avantage immense, qu’aucune autre espèce vivante ne possède. L’homme s’élève encore au-dessus des animaux par son libre arbitre, par la faculté qu’il a de distinguer ce qui peut lui devenir nuisible, ou à ses semblables, de ce qui lui sera utile, ou à son prochain, et d’une manière plus abstraite, le bien du mal. L'homme est, par son libre ar¬ bitre , un être moral , qui devient responsable de ses ac¬ tions, de ses déterminations. Cet être intellectuel et moral s’élève, par ces nobles fa¬ cultés, jusqu’à la contemplation de la Divinité, jusqu’à l'idée de son Créateur ; il devient un être religieux. L’homme étant essentiellement un être intelligent et libre, a peu d’instincts, de ces principes des actions contin¬ gentes et nésessaires qui s'exercent toujours de la même manière chez les générations qui se succèdent. TRAVAUX INÉDITS. 585 L’homme, cependant, a l’instinct de la sociabilité, qui le porte à vivre en société. Son éducation prolongée est la source des attachements de famille. La famille est le fondement des liaisons sociales. Elles se conservent dans les tribus, et, par les institutions, dans les nations. IIIe QUESTION. — Quel est le nombre des variétés ou races de l'espèce humaine , et quels sont leurs caractères physiques ou organiques ? Afin de répondre à cette question compliquée, le pro¬ fesseur a cru devoir rappeler ce qu’on doit entendre par variété de l’espèce ou race. 11 fallait d’abord mettre en regard sa définition de l’es¬ pèce, et en déduire celle de ses variétés. Les espèces , a-t-il dit, dont les caractères essentiels sont indélébiles, forment des groupes naturels d1 individus qui se ressemblent autant entfeux qu eux-mêmes ressemblent à leurs parents, aux âges correspondants de la vie ; dont les sexes s’unissent quand ils sont distincts , et produisent une suite in¬ définie de générations fécondes. Les Variétés ou Races sont des modifications acciden¬ telles et nullement indélébiles qu’on remarque dans un certain nombre d’individus de la même espèce, et qui peu¬ vent se continuer dans une suite de générations, même lorsque les influences qui ont produit ce changement ont cessé d’agir; pourvu que des influences contraires ne ten¬ dent pas à les détruire. La domesticité a fait disparaître, dans le Cochon, ou le Sanglier domestique, la couleur brune du pelage et les barres d’une nuance plus claire qui distinguent le Marcas- sin. M. Roulin a fait l’observation remarquable qu’elies ont reparu chez les Cochons transportés dans la Colombie lors de sa conquête par les Espagnols, et redevenus sau¬ vages. 586 rev. et mag. de zoologie. ( Novembre 1850.) Voilà donc un exemple frappant et de la cessation des caractères variables, par des influences contraires à celles qui les avaient produites, et des caractères indélébiles de l’espèce, qui reparaissent lorsque cette espèce est libre de les développer. Blumenbach a distingué cinq Races ou variétés de l’es¬ pèce humaine. Les Races : \ . Caucasique, 2. Mongole, 5. Æthiopienne, 4. Malaise, 5. Américaine. M. Cuvier n’admettait que les trois premières. 11 regar¬ dait les variétés malaise et américaine de Blumenbach comme des variétés hybrides, qui ne pouvaient pas être bien distinguées de l’une ou de l’autre de ces variétés prin¬ cipales. Afin de mettre ses auditeurs à même de juger par eux- mêmes des différences physiques que présente l’espèce hu¬ maine, indépendamment des dénominations de races ou de variétés, le professeur a passé successivement en revue les diverses nations de la terre, et les caractères physiques qu’elles présentent. Il a cherché, en même temps, à apprécier les circons¬ tances climatériques auxquelles elles sont soumises, et les degrés de civilisation qui modèrent ces influences, ou les laissent agir avec toute leur énergie. Cette revue, dont Buffon a donné l’exemple dans son Histoire naturelle de l'homme, première esquisse de l'An¬ thropologie, a fait le sujet de cinq leçons de M. Duvernoy. Elles ont eu pour résultat de démontrer que les variétés de l’espèce humaine sont très-nombreuses, si l’on s’at¬ tache aux différences que présentent les populations de la terre dans la couleur de la peau, dans celle des cheveux et de la barbe ; dans l’abondance ou la rareté de celle-ci et des poils du corps; dans les proportions du tronc et des membres; dans celles du crâne et de la face; dans le dé¬ veloppement proportionnel des mâchoires et des trois ver¬ tèbres crâniennes ; dans les traits du visage; dans la forme TRAVAUX INÉDITS. 587 et les proportions du nez; dans le développement des lè¬ vres ; dans la saillie des joues et des os de la pommette. De toutes ces circonstances, ce sont celles qui tiennent à îa forme de la tête et au développement proportionnel du crâne et de la face, qui sont les plus permanentes ; aussi ont-elles fourni les caractères les plus essentiels des Races, telles qu’on les a admises depuis Blumenbach dans les ouvrages d’anthropologie. A ce sujet, M. Duvernoy a donné un exposé détaillé des divers moyens qui ont été proposés pour apprécier les formes de la tête, les proportions du crâne et de îa face, parmi lesquels le système conçu dernièrement par M. le professeur A. Retzius, de Stockholm, lui a paru le plus juste et de l’application la plus facile. Nous en donnerons un exemple à la fin de ces extraits. L’énoncé successif des nombreuses et diverses variétés physiques ou organiques qui distinguent les nations dis¬ persées à la surface du globe, présente un intérêt scienti¬ fique tout particulier, lorsqu’on cherche, comme l’a fait M. Duvernoy, îa cause physiologique de ces différences dans les circonstances climatériques, et les divers degrés de civilisation (t). La comparaison de toutes les différences que nous ve¬ nons d’énoncer, et que présente chaque nation, ne peut être juste pour caractériser les races anciennes, que l’on (!) Ainsi, la couleur cuivrée des peuples chasseurs de l’Amé¬ rique du Nord est à la fois le résultat de leur tempérament san¬ guin, de leur nourriture animale, de Faction de l’air sur leur pesu, et de la réaction sanguine capillaire de celle-ci. M. Duvernoy a vu les Osages au mois de septembre 1827, au moment où ils venaient d’arriver à Paris et au Jardin des Plan¬ tes ; leur couleur cuivrée avoir encore son caractère le plus pro¬ noncé. Après plus de deux années de séjour en Europe, cette couleur avait disparu; leur peau n’était plus que basanée, ainsi qu’il s’en est convaincu lors de leur passage à Strasbourg en 1829? 588 rev. et mag, de zoologie. ( Novembre 1850.) pouvait appeler jusqu’à un certain point primitives , que lorsque l’on compare les populations dans l’enfance de la civilisation, vivant sous un même climat et soumises à toutes ses influences par un genre de vie uniforme. Mais si l’on cherche des caractères distinctifs dans les nations civilisées, où les états se multiplient, où les uns vivent dans l’abondance et les autres dans la misère; où les arts varient à l’infini les occupations , le genre de vie ; où ces occupations variées, ce genre de vie si différent sui¬ vant les états, la nourriture, influent simultanément sur le physique, sur l’intelligence et sur le moral de l’homme , il devient très-difficile de généraliser les caractères phy¬ siques d’une telle nation. En un mot, les variétés physiques des diverses popula¬ tions du globe se fondent les unes dans les autres par des nuances peu sensibles, et elles se combinent souvent de manière qu’il devient très-difficile d’y reconnaître les ca¬ ractères des variétés principales , distinguées et décrites dans les ouvrages d’anthropologie. F***. Essai d’une monographie du genre Picucule (Buffon), Dmdrmdaptes (Hermann, Illiger), devenu aujourd’hui la sous-famille Dendrocolaptinæ (Gray, Généra of Birds), de la famille Certhiadæ de Swains. ; par F. de Lafresxaye. — Suite, voy. p. 95, t45, 275, 569 et 4-17. Dans la nombreuse section des Dendrocolaptinées com- pressirostres , et avant de passer aux Dendrocolaptinées dé- pressirostres , il nous reste encore deux genres à décrire : ceux de Sittasomus et de DendropLex de Swainson. Le premier (le genre Sittasomus) a pour caractères, d’après Swainson : « Bec court, faible, ressemblant à celui d’une Fauvette, un peu élargi à sa base, au-delà de laquelle le bord de la mandibule supérieure est rentrant; l’ongle du pouce est TRAVAUX INÉDITS. 589 plus long que ce doigt, et presque droit. C’est le type tenui- rostre dans cette sous-famille. » Gray ajoute, dans son Généra : « Ailes de longueur mé¬ diocre et pointues, avec la troisième pennela plus longue ; queue longue et large, avec les tiges des rectrices prolon¬ gées à leur extrémité, courbées en dehors, et pointues. » L’espèce type est : 1°. Sittasomus erithacüs (1), Lichtenstein. Berlin, Trans.y -1820, p. 266, n° -1 7, pl. H , f 2. — Id., Catalog. des doubl. du Mus* de Berlin, n° -155. — Dend. sylvieilus , Tem., pl. col. 72, f. A (Grimpart Fauvette?). — Sittasomus Temminckii , Less., Trait, d’orn., 514. « S. supra olivaceus dorso parum rufesçente tincto; uropygio vivide rufo ; scapulariis caudâque rufo-cinnamomeis ; remigibus nigris, secundariis basi apieeque rufis. » Cette espèce brésilienne, bien connue et très-bien figu¬ rée sur la planche 72 de Temminck, est, en dessus, d’un olive uniforme, se teignant un peu de roussâtre au bas du dos, vers le croupion, qui est d’un roux vif. Les scapu¬ laires et la queue sont d’un brun roux, mais les rémiges sont noires. A partir de la quatrième, les primaires ont, sur leurs bandes internes, une tache ovalaire d’un blanc roussâtre ; les secondaires ont leur base de cette couleur, avec leur bord externe et leur extrémité roussâtres, ce qui forme sur l’aile de larges bandes transverses ; les scapu¬ laires sont entièrement d’un brun roux comme la queue; les côtés de la tête, la gorge, le devant du cou et tout le (1 ) Quoique la publication de la Monographie des Bendroco - laptes du docteur Lichtenstein, dans les Annales de l’Académie des Sciences de Berlin, ne date que de 1820, et que celle des planches coloriées de Temminck date aussi de la même année, nous n’hésitons pas à adopter le nom d’Erithacus comme anté¬ rieur, parce que, dès l’année 1818, ie docteur Lichtenstein avait lu son Mémoire dans une séance de l’Académie des Sciences, lec¬ ture qui est regardée comme date de publication, lorsqu’elle est faite devant un corps savant. 590 rev. et mag. de zoologîe. ( Novembre 1850. ) dessous, sont d’un olive jaunâtre plus clair que la teinte supérieure, avec les sous-caudales rousses. — Longueur totale, monté, 15 cent.; de l’aile, 7 1/2; de la queue, 7 1/5. — !1 se trouve au Brésil. 2°. Sittasomüs sylvioides, Nob., Revue et Dîagas. de Zool. , 1849, p. 551. §gj« S. supra fusco-cinereus, dorso, rufo, uropygio, scapulariis caudâque rufo-cinnamomeis ; remigibus nigris, rufo-fuscescente marginatis ; secundariis basi et apice anoque rufis. — Habitat in Mexico. » Quoique cette espèce présente, au premier abord, beau¬ coup d’analogie avec VErithacus , elle en diffère néanmoins essentiellement, non-seulement par le fond de sa colora¬ tion, mais encore par les proportions de ses différentes parties entre elles. Ainsi, chez elle, la tête, le dessus du cou et les parties inférieures, sont d’un gris à peine teinté d’o¬ live, un peu plus foncé sur la tête, au lieu d’être olive roussâtre en dessus, olive jaunâtre en dessous, comme chez YErilhacus ; le roux canelle des parties supérieures com¬ mence dès le haut du dos, et est déjà très-intense vers son milieu, tandis que, chez VErithacus , l’olive, teintée de roussâtre, s’étend jusqu’au croupion, qui seul est roux canelle; les sous-caudales sont rousses. Quant aux formes, le Sylvioïdes est plus grand ; car il a de longueur totale 16 cent, au lieu de 15; son aile pliée a 8 cent. 1/2 au lieu de 7 5/4, et sa queue 8 1/2 au lieu de 7 1/5. Ses pattes sont aussi un peu plus grandes; mais son bec est plus petit et plus court. C’est, comme on voit, dans la longueur respective de la queue, que la différence est la plus marquée, puisqu’elle est de plus d’un centimètre , quoique les épines terminales de cette queue soient plus courtes chez notre nouvelle espèce, qui a encore les doigts un peu plus longs. — Elle est du Mexique ; VErithacus est du Brésil. 5°. Sittasomüs Amazonus, Deville et O. Des Murs, in Musæo Pcirisiense. TRAVAUX IA'ÉDITS. 591 « S. supra fusco-cinereus dorso imo uropygioque rufis, scapu- îariis caudâque rufo-cinnaraomeis ; subtus totus griseus, anorufo. — Habitat ad summum Amazonum. » Cette espèce , presqu’entièrement semblable de colora¬ tion à la précédente, en diffère néanmoins par des propor¬ tions plus faibles et par un bec beaucoup plus fort. Elle a le dessus de la tête et du cou d’un gris sombre, le dos roussâtre, et le croupion, ainsi que les scapulaires, d’un brun canelle; tout le dessous est d’un gris souris uni¬ forme, avec l’anus roux, et la macuîature des rémiges est la même que dans notre Sylvioïdes. Mais elle en diffère par ses proportions : ainsi, elle n’a de longueur totale que 14 cent, au lieu de 16; son aile pliée n’a que 7 cent. 1/5 au lieu de 8 1/2, et sa queue n’a que 7 cent, au lieu de 8 1/2. Cette queue est terminée par des pointes moins allongées, beaucoup plus courtes par conséquent, et moins en spi¬ rale que chez le Sijlviellus de Temminck. — Elle vient du voyage Castelnaud, et a été rapportée du Haut-Amazone. 4°. SittasomüS griseus, Jardine, Ann. ofnat. hisl ., 16, p. 82 ; Birds of Tabcicjo Island. Sous ce nom de Sittasomus griseus, M. Jardine décrit de la manière suivante cette espèce, de Tabago. Nous la tra¬ duisons en français. L’espèce est résidante à Tabago, et cependant elle passe pour y avoir été inconnue jusqu’ici, ce qui fait qu’elle n’y a point reçu de nom de pays ; mais, trouvant qu’elle offre des rapports exacts, quant aux mœurs, avec le Brown Creeper de Wilson, je me suis décidé à lui donner ce nom. « Il est, en dessus, d’un vert olive grisâtre ; les scapu¬ laires, le croupion et la queue, sont d’un brunâtre oran¬ gé ; en dessous, il est d’un vert olive grisâtre, avec les couvertures inférieures de l’aile, la base des rémiges se¬ condaires, et une partie des barbes internes de ces der¬ nières, d’un blanc jaunâtre. — Longueur de trois indivi¬ dus, 7 pouces, 6 6/12, 5 9/12 — Id ., de l’aile pliée des deux premiers, 5 5/12; du dernier, 5 1/12,» 592 rev. et mag. de zoologie. ( Novembre 1850.) D’après cette description, et le nom de griseus donn par M. Jardine à cette espèce, on pourrait supposer qu’elle répond à notre sylvioïdes ou à YAmazonus de MM. Deville et O. Des Murs. Cependant, la nuance du fond du plumage indiquée comme vert olive grisâtre ne va pas à YAmazo¬ nus, qui est d’un gris souris prononcé, ni au sylvioïdes , qui, quoique d’un gris un peu moins franc, n’est cepen¬ dant pas nuancé de vert olive. Nous pensons donc que celte espèce, particulière à l’île de Tabago, et qui y est ré¬ sidente, diffère des trois précédentes, et constitue la qua¬ trième du genre Sittasomus, M. Gray, qui a adopté le genre Sittasomus , dans son Généra of birds, indique comme espèces : J° le Sittasomus erithacus , lui donnant, comme nous, pour synonyme seu¬ lement le Dend. sytviellus (Grimpart Fauvette ) de Tem- minck. H lui donne encore pour synonyme le Neops spiru- rus (Sittine à queue en spirale ) de Vieillot; mais ici il a commis une erreur, car cet oiseau n’est autre que le Dend. cuneatus de Lichtenstein, type du genre Glypliorliynchns , dont il va être question tout à l’heure. Il cite comme seconde espèce, avec un point d’interro¬ gation toutefois, le Sittasomus flammulatus de Lesson ( Trait, d'orn ., p. 5J5) ; mais c’est encore une erreur, car cette dernière espèce est évidemment synonyme du Ghj- phorhynclius cuneatus de Lichtenstein. L’avant-dernier des genres appartenant encore à notre section des Compressirostres est le genre Glypliorhynchus, dont les caractères sont ainsi qu’il suit : Gen. Glyphorhynchus, prince Max. de Neuwied, \ 85J . — Zenophasia, Swainson, \ 85t. « Char. gen. rostrum médiocre, rectum, basi satis altum, cu- neatum, mandibulâ superâa medio sensim deorsum inflexâ inferâ vero æque sursum ascendente ; tarsis digitisque debilioribus ; caudâ prælongâ, rectricum apice uti in genere sittasomo in spinis elongatis subtùs arcuatis desinente. » TRAVAUX INÉDITS. 595 Glyph. cüneatus, Licht., Berlin, Trcins., 4 848, p. 204, pl. 5, f. 4. — Neops spirurus, Vieillot, Nouv. dict voî. 54, p. 558, 4 819, — Grimpart sittelle , Levaill., Promer ., pl. 54 , f. 4 . — Guérin, Magas. de Zoologie , Ois., pl. 4 7. — Glyphorliynchus ruficaudas , prince Max. de Neuwied. — Zenophasia platyrhyncha , Swainson, part. 5, p. 554. « Glypho. supra fusco-rufescens, pileo obscuriore, uropygio vivide rufo, remigibus ni gris, olivaceo-rufo marginatis, intùs ma¬ cula albâ flavescente notatis; scapulariis sordide brunneis; csudâ rufo-cinnamomeâ ; subtùs rufescente-olivaceus, vittâ superciliari et post-oculari, maculisque oblongîs genarum, gutturis, colli an- tici et lateralis, pectorisque rufescente-albidis; ano rufo tincto. » Cette petite espèce est tout- à-fait remarquable par la forme cunéiforme de son bec, élevé à sa base, droit jus¬ qu’à moitié de sa longueur, puis s’inclinant légèrement jusqu’à la pointe, qui est déprimée, obtuse et arrondie, avec Sa mandibule inférieure se retroussant légèrement au point où la supérieure commence à s’abaisser ; il en résulte que, vu de profil, ce bec paraît cunéiforme et conique. Quant à la coloration du plumage, elle est d’une teinte uniforme rousse olivâtre en dessus, plus foncée sur la tête, et d’un roux vif sur le croupion. Les rémiges sont noires, bordées de brun olivâtre, avec une tache d’un blanc jau¬ nâtre sur les barbes internes, à partir de la quatrième, et les scapulaires sont d’un brun un peu teinté d’olivâtre. Une bande sourcillière et post-oculaire, les côtés de la tête et du cou, la partie antérieure de celui-ci, la gorge et la poitrine, sont couverts de flammettes d’un blanc roussâ* tre, se rétrécissant et disparaissant insensiblement sur l’abdomen. Les sous-caudales sont légèrement roussâtres. Les tarses et les doigts sont grêles. La queue, qui est lon¬ gue relativement à la petitesse de l’oiseau, est terminée par des pointes allongées en spirale, absolument comme chez le Sittasomus erythacus (Grimpart Fauvette). Cette petite espèce, d’après la forme toute particulière 2e série, t. ii. Année 1850. 58 594 rev. et mag. de zoologie. ( Novembre 1850.) de son bec, fait évidemment le passage des Dendrocolaptes aux Sittines américaines (les Xenops d'illiger). Nous ne connaissons pas d’autre espèce que celle-ci ap¬ partenant au genre Glyphorhynchus. M. Gray, qui a adopté ce genre dans son Généra , ne cite également que cette espèce type. En l’observant attentivement, on reconnaît de suite en elle une de ces curieuses espèces de transition qui four¬ millent dans la série des oiseaux et forment, entre toutes les espèces, comme un vaste réseau dont les mailles, quoi¬ que différentes de forme et de taille, seraient réunies entre elles par d’autres mailles mixtes et moyennes. Ainsi, le genre Gtyphorhynchus , par la forme de son bec et même ses maculatures, tient évidemment aux Sittines, ses com¬ patriotes, tandis que, par ses pattes, ses ailes et sa queue, terminée en spirale, c’est un vrai Picucule, et surtout ud Sittasomus. Le dernier genre de la section des Dendrocolaptinées compressirostres est le genre Dendroptex de Swainson, éta¬ bli par cet auteur en 4 857, dans son ouvrage intitulé: Class. ofbirds , vol. 2, p. 54 4, et auquel il donne les ca¬ ractères suivants : Gen. Dendroplex, Swainson. — Le Talapiot , Buff., enl. 605. — Dendrocolaptes auctorum. « Rostrum médiocre, rectissimum ( a latere viso ), perfectè co- nicum, valde compressum; linguâ longissimâ, vermiformi. bis ultra rostri longitudinem extensâ, cum exéritur, apice duro, acuto.» Nous ajouterons, à cette caractéristique de Swainson, que, comme dans le genre précédent, le bec, parfaitement droit jusqu’à moitié de sa longueur, s’incline légèrement ensuite en dessus, et se relève également en dessous; de sorte que, vu de profil, il paraît longicône; mais les pointes des deux mandibules, au lieu d’être déprimées comme dans le genre Glyphorhynque , sont parfaitement droites, très-comprimées et très-pointues, ce en quoi il TRAVAUX 1XÊDITS. 595 diffère de tous les autres genres de cette sous-famille. Les pieds sont robustes, et la queue est très-rigide. Le caractère de langue, trè -allongée t vermiforme et très-extensible, signalé par Swainson, est très-important, surtout s'il ne se rencontre pas dans les autres genres de la sous-famille. Nous pensons que, d’après la forme vigoureuse des pattes et du bec, et la rigidité de la queue, les espèces (le ce genre doivent avoir une grande aptitude à la station verticale, tandis qu’au moyen de leur langue extensible elles peuvent aller chercher au fond de leurs trous les lar¬ ves de tous les insectes xilophages. L’espèce type est le Dendroplex picus, Gmel., Lichtenst. — Le Talapiot , Buff. , enl. 605. — Bendrocopus rectiros- tris, Yieiilot, Nouv. Dict ., vol. 26, p. 429. •1°. « Dend. supra olivaceo-rufus, pileo, colloque supero obs- « curioribus et fere fuscis, dorso imo et uropvgio vivide cirmarno- meis; aiis caudàque brunneo-cinnamomeis ; pileo colloque supero maculis minutissimis rufescenti-albidis , super nucham p=u!o majoribus, notatis; subtùs rufescente-ouvaceus, vittâ superciliar i et post oculari naaculisque minuiL genarum et colli iateralis, gu laque totà albidis ; maculis colli inferi et peetoris albidis, fusco marginatis, squamæformibus. » Cette espèce, bien connue sous le nom de Talapiot de Cayenne , est, en dessus, d’un roux olivâtre, avec le dessus de la tête et du cou un peu plus obscurs; le croupion, le dessus des ailes et la queue d’un roux canelle ; le dessus de la tète et du cou sont parsemés de petites taches d’un blanc roussâtre, finement bordées de noir, et en forme de larmes étroites, un peuplas grandes sur la nuque, et dis¬ paraissant sur le haut du dos ; toute la partie guîaire est blanche, mais chaque plume est finement bordée de noi¬ râtre, ce qui leur donne l’air d'écaiiles ; une bande sour- cillière étroite est également d’apparence écailleuse, ainsi que les côtés de la tête; de la base inférieure du bec part, de chaque côté, une bande étroite noirâtre, descendant 596 rev. et mag. de zoologie. ( Novembre 1850.) le long de la gorge en forme de moustache peu apparente. Sur le bas du cou par-devant et sur la poitrine, les ta¬ ches écailleuses prennent une forme plus triangulaire, sont plus largement bordées de noirâtre, et ressortent beaucoup plus sur le fond olive roussâtrequi couvre toutes les parties inférieures; ces taches se rétrécissent fortement au-dessous de la poitrine, et deviennent linéaires et très- peu apparentes sur l’abdomen et les sous-caudales. — Longueur totale de l’oiseau monté, 20 cent. ; de l’aile pliée, 9 cent. 1/2 à 10 cent. 1/2; de la queue, 8 cent. 1/2. — Il habite Cayenne, le Brésil et la plupart des contrées de l’Amérique du Sud. 2°. Dendroplex picirostris, Picucule pïcirostre , Nob., Rev. Zool ., mars, 1847, p. 76. — Id., lcon. omit, de O. Des Murs, pl. 51. « Dend. supra cinnamomeo-rufus, pileo colloque supero nigro- fuscis; undique maculis parvis pallide rufis, sparsis; his supra nucham et collum valde latioribus, nigro marginatis, squamæ- formibus, dein super dorsum supremum abrupte coarctatis linea- ribus; subtùs, mento, gutture, collo antico et laterali, vittâ latâ superciliari, capitis ïateribus, pectoreque snpremo unicoloribus, albidis, rufescente-lavatis ; pectore imo, ventre etabdomine fus- co-olivaceo-brunneis ; pectoris albidine deorsùm maculis latis triangularibus albidis, nigro limbatis terminato ; posteaque ventre supremo aliis angustis et sensim evanescentibus notato ; subcau- dalibus æque aliquot striis pallide rufescentibus, notatis ; abdo- mine immaculato ; rostrum albidum, rectum, huic Dendrocolap- tis pici persimile sed paulo pallidior; pedibus plumbeis. » Malgré la grande analogie qui existe entre cette espèce et le Deyidroplex picus , ou Talapiot de Cayenne, Buffon, elle est généralement plus forte, et sa coloration diffère essentiellement. Ainsi, toutes les parties supérieures, de¬ puis le bas du cou, sont d’un roux canelle plus vif, et les taches qui se remarquent en cette partie sont beaucoup plus larges, bordées de noir, squamiformes, et terminées au haut du dos par une rangée d’autres taches très-étroites et allongées; tout le devant et les côtés du cou et de la TRAVAUX IXËDITS. 597 tête, ainsi qu’un large sourcil post-oculaire, et le haut de la poitrine, sont d’un blanc uniforme, mais légèrement ochreux; cqs mêmes parties sont blanches chez le Talapiot, mais chaque plume étant finement bordée de noirâtre, même sur la gorge et le devant du cou, toutes ces parties sont comme écailleuses, au lieu d’être d’une teinte claire uniforme. Chez notre nouvelle espèce, cette teinte claire se termine au bas de la poitrine par des taches largement écailleuses, angulaires, de la même teinte, bordées de noi¬ râtre des deux côtés. Chez le Talapiot, ces taches sont plus petites, plus nombreuses, plus séparées entre elles, et ar¬ rondies à leur extrémité comme celles du devant du cou. Le bec paraît constamment blanc ou jaunâtre ; il est plus obscur en dessus, chez le Talapiot. La nouvelle espèce ha¬ bite sur la côte Ouest de l’Amérique du Sud ; à la Nouvelle- Grenade, le Talapiot se trouve à la côte Est, à Cayenne, au Brésil, etc. Sa longueur totale est de 4 9 cent. 4/2; de l’aile pliée, 10 cent. 4/2; du bec, à partir de son ouver¬ ture, 5 cent. 4/2. La planche 55 de Y Iconographie O mil ho logique de M. O. Des Murs est exacte, sauf que les taches du dessus de la tête y sont trop grandes. Ce genre Denclroplex termine tous ceux qui appartien¬ nent à notre première section des Dendrocolaptinées com- pressirostres , au nombre de sept, qui sont : 1° Dendrocolap - tes, llliger, proprement dit ; 2° Picolaptes , Lesson ; 5° Xi - phorhynchus, Swainson ; 4° Nasica , Lesson; 5° Sittasomus , Swainson ; 6° Gly phorhynchus, prince Max. ; 7° Dendroplex , Swainson. M. Gray n’a pas adopté le genre Dendroplex dans son Généra , et il y place l’espèce type ( le Dendroplex picus) dans le genre Dendrocolaptes proprement dit. Nous en sommes étonné ; car dans cette sous-famille, où les genres n’ont été généralement établis que sur les diverses modi¬ fications dans la forme du bec, celui des DendropLx, par sa forme entièrement droite et cunéiforme , et à pointe 598 rev. et mag. de zoologie. ( Novembre 1850. J parfaitement rectiligne, nous parait offrir des caractères différentiels bien plus prononcés que ceux qui séparent, par exemple, les Picolaptes des Dendrocolaptes proprement dits, que M. Gray a cependant admis. Si l’on y ajoute le caractère de langue vermiforme, extensible hors du bec, à plus de deux fois sa longueur que lui a assigné M. Swain- son, ce genre serait peut-être un des plus fondés de cette sous-famille. Description d’une nouvelle espèce de Palœornis , par M Jules Verreaüx, Palæornis Lücianæ. — P. capite viridi-cinerascente; mi- cbâ colloque postremo cinereo-cinaherims; dorso supremo, colli lateribus ac pectore viridi pallidè aibescentibus, plurnis liarum partium apicaliter dilaté albesccndbus; genis et loro saturninis ; fronte anguloque oculari interno nîgro-cæruleis ; torque ju7uzZos , 3 . ÛzsôcZtiozuIlI' FatV/ern/ 2e/ . JV '.lieinond tmf>. J. ebrun sc. TRAVAUX INÉDITS. 639 verse; le péristome est épais, arrondi et réfléchi en de¬ hors ; il est un peu dilaté à sa naissance vers l’ombilic, qu’il recouvre et ferme complètement. La couleur de cette espèce est d’un brun marron ; elle est un peu plus foncée du côté de la spire que du côté opposé ; vers l’angle spiral externe du dernier tour, il existe une fascie noirâtre étroite que l’on aperçoit encore un peu sur le pénultième, mais qui est invisible sur les autres tours ; les bords de l’ouver¬ ture sont blancs ou légèrement teintés de fauve. Cette espèce ressemble beaucoup à notre Hélix clarom- phale; mais elle s’en distingue parce qu’elle manque d’ombilic, ou plutôt parce que celui-ci est recouvert par une callosité du péristome. Elle a été trouvée dans les Cor- dillières, aux environs de Huancavelica. H. Castelneaüdii Nobis. — H. testa discoideâ, orbiculato- convexâ, tenui, umbilicatâ; fulvâ, punctis aut lineolis fuscis se- riatis, subtùs ornatâ, infra uni seriatâ ; spirà obtusâ, anfractibus convexis; apertura serai lunulatâ ; labro flexuoso, subreflexo. (PI. 44, f. 3.) Coquille discoïde, convexe, orbicuîaire, très-mince et fragile; la spire est obtuse, aplatie, et même un peu en¬ foncée ; elle est formée de cinq tours légèrement convexes, à suture bien marquée. Toute la coquille est fauve; elle est ornée, en dessus, de petites linéoles ou flammules lon¬ gitudinales brunes, interrompues par deux séries décur- rentes ou petits points de la même couleur; toute la face opposée est fauve, elle porte seulement, vers le côté, une série de petits points bruns. L’ouverture est assez grande; elle est sémi-lunaire ; les bords sont minces, sinueux, et très-légèrement réfléchis en dehors. L’ombilic est médio¬ crement ouvert; son contour est légèrement entouré par le péristome. Cette jolie petite espèce a beaucoup d’analogie avec Y Hélix monilis Brod. Sa forme et son système de colora¬ tion rappellent jusqu’à un certain point Y Hélix pellis-ser- pentis; mais elle en est très-distincte. Nous dédions cette 640 rev. et mag. de zoologie. ( Décembre 1850.) espèce à M. Castelnau, chef de l’expédition à laquelle la science est redevable de cette série d’espèces nou¬ velles. Elle provient de la Mission de Saravacu (Pé¬ rou); on la trouve sous les feuilles, dans les endroits hu¬ mides. Bülimus LYNCicuLüs Nob. — H testa oblongâ, subventricosâ, tenui, fuivo-roseâ, guitis vel lineis longitudinalibus fuscis ornatâ; spirâ conicà, obtusâ, anfractibus quinque , ultimo magno; aper- turâ supernè coarctatâ, co'.umellà contortâ, labro retlexo, roseo tincto. (PI 15, f. 1 .) Cette coquille est oblongue, un peu ventrue, composée de cinq tours légèrement convexes; le dernier est assez grand, il forme environ les deux tiers de la longueur to¬ tale. La coloration consiste en une teinte rosée plus vive- sur les premiers tours, et un peu rembrunie sur le der nier ; toute la surface est parsemée de petits points blancs se réunissant en de certains endroits pour former des flam- mules langitudinales étroites et comme articulées. L’ou¬ verture est grande, resserrée vers sa partie supérieure, dilatée inférieurement; la columeîle est légèrement tor¬ due vers le milieu; le péristome est épaissi, arrondi, un peu réfléchi en dehors, et vivement coloré en rose. L’inté¬ rieur de l’ouverture est rosé; on y aperçoit, par transpa¬ rence, les points et les flammules de l’extérieur. Cette belle et rare espèce est voisine du Bulimus onca d’Orb. Elle en a l’aspect général et à peu près le même système de coloration; mais elle s’en distingue par sa forme moins allongée, ainsi que par les flammules longitu¬ dinales dont elle est ornée. Elle a été trouvée sous h s feuilles, dans des lieux humides, à la Mission de Sarayacu, sur les bords de la rivière de l’Ucayali ( Pérou). Cette espèce et les deux suivantes appartiennent au genre Bulime de Lamarck; bien que cette coupe générique ne nous paraisse pas devoir être conservée dans une mé¬ thode rationelle, comme elie est encore aujourd'hui adop¬ tée nar la plupart des conchyliologistes, et que d’ailleurs Buhmus . y. £i//iûici/lus, 2. Zodosfomtts , 3. ZJeinl/ût , 4- AmvuZZzria, /î u/a/u e/i A /iernond- cm/y . r.r //// ,2e/ . T.eôrun sc ' ■ -■ , ' ' TRAVAUX INÉDITS. elle est commode pour se reconnaître au milieu des nom¬ breuses espèces du grand genre Hélice, nous croyons de¬ voir nous en servir jusqu'à ce que des divisions plus ra¬ tionnelles soient définitivement établies. B. iodostom us Nob. — H testâ elongato-ventricosâ , tenui, longitudinaliter striata; albâ, flammulis iongitudinalibus fusco- purpnreis ornatâ; spirà conicâ, anfractibus convexis ; aperturâ ovatâ violaceo-purpureâ, labro latissimo, interne dilatatoque re- flexo ; columellà inllatâ contortâ; umbilico minimo. (Pi. 15, f. 2.) Coquille ovale, allongée, ventrue, mince, composée d’environ sept tours de spire légèrement convexes; le der¬ nier est très-grand; la surface est striée longitudinale¬ ment; les stries, peu ou point marquées sur les premiers tours, deviennent très-apparentes sur le dernier, où ils forment des sortes de rides; la spire est légèrement coni¬ que. La coloration consiste en un fond blanchâtre sur le¬ quel se détachent des flammuîes longitudinales d’un vio¬ let foncé; ces flammuîes , assez distantes les unes des autres, sont irrégulières, et semblent provenir de la réu¬ nion de taches que l’on retrouve isolées sur l’avant der¬ nier tour, où elles sont disposées par séries longitudinales; les premiers tours sont simplement teintés de rose. L’ou¬ verture est grande, ovale, oblique, évasée, principalement vers sa partie inférieure, où les bords sont largement di¬ latés, réfléchis en dehors, et vivement colorés en violet foncé ; la partie tranchante de ces bords est comme liserée de blanc, le bord columellaire est un peu convexe, il li¬ mite, en dessous, une fente ombilicale médiocrement pro¬ noncée et colorée de violet. Cette belle espèce a été trouvée au village de Pébas, sur la rivière des Amazones ; elle est remarquable par la di¬ latation extrême des bords de son ouverture. B. Devillei Nob. — H. testa ovato conicâ, umbilicata, tenui; albâ; spirâ elatâ , fusiformi, anfractibus octo, ultiino convexe, subinflato; aperturâ subrotundatâ ; labro acuto, extùs expanso, ore fusco. (Pi 15, f. 5.) 2e série, t. ii. Année 1850. 41 642 hev. et mag. de zoologie. ( Décembre 1850. J Coquille ovale, conique, mince, pourvue d’un ombilic assez large; la spire est élevée, légèrement renflée; elle est composée de huit tours; le dernier est très-convexe à sa partie inférieure. Toute la coquille est blanchâtre ou légèrement cendrée, à l’exception de l’extrémité de la spire, qni est rosée. L’ouverture est à peu près ronde; les bords forment un cercle presque complet; ils sont minces, tranchants et renversés en dehors. L’intérieur de l’ouver¬ ture est teinté de brun. C’est avec le Bulimus cora d’Orbigny que cette espèce a le plus d’analogie. Elle en diffère, cependant, par sa cou- ■ leur toute unie, et surtout par la forme de son ouverture, dont les bords forment un cercle presque complet; enfin, la couleur de l’ouverture n’est pas aussi foncée que dans l’espèce que nous venons de citer. Nous dédions cette espèce à notre collègue et ami , M. Emile Deville, naturaliste de l’expédition scientifi¬ que dans l’Amérique du Sud. Elle provient de la Mission de Sarayacu (Pérou). Ampullaria Allamehi Nob. — A. testâ ventricosâ, crassâ; fusco-viridescente, fasciis angustis numerosis cinctâ ; spirâ brevi cosiicà; anfractibus quinque, convexis, ultimo subangulato, aper- turâ ovato-eiongalâ, ad basim attenuatâ, labro acuto, intus tæ- niato ; umbilicomagno, exlùs angulato. Opercule corneo. (PI. 15, f. 4.) Coquille ventrue, assez épaisse, à spire très-surbaissée, conique, formée de quatre à cinq tours croissant rapide¬ ment; les premiers sont convexes; le dernier, aplati en dessus, est pourvu, à ses parties supérieures, d’un angle obtus devenant de plus en plus marqué; la partie infé¬ rieure de ce dernier tour est sensiblement atténuée; elle est limitée par une carène arrondie et oblique, formée par l’ombilic; celui-ci est grand, évasé en un entonnoir spi¬ ral. L’ouverture est ovale, allongée, atténuée inférieure¬ ment en une sorte de canal qui correspond à la carène > /ter us et May c/e Zoo/ /Sa o f/ié\ /. Un ] O O J '/> icy/tyi . 2. A no do ni a So/ic/u/a Vaîllaut (tel. J3 uns tinp . Buielca.iL TRAVAUX INÉDITS. 645 ombilicale ; les bords sont minces, tranchants, et marqués de taches violettes. i Cette coquille est brunâtre ou verdâtre, avec des fascies transverses droites, noirâtres, assez nombreuses; l’oper¬ cule est corné. Elle est remarquable par son large om¬ bilic, évasé en entonnoir, limité antérieurement par une carène obtuse qui vient fournir à la base de l’ouver¬ ture une sorte de canal; son dernier tour, légèrement aplati en dessus, lui donne quelque ressemblance avec V Anipultaria spirata d’Orbigny ; mais, dans cette dernière espèce, ce caractère est beaucoup plus prononcé. Nous dédions cette espèce àM. l’abbé Aulanier, amateur distingué d’histoire naturelle, qui la possède dans sa col¬ lection ; nous le prions d’accepter cette dédicace comme un faible témoignage de notre attachement. Elle provient du lac de Cruz Playa, sur la rivière de l’Ucayali ( Pérou). Unio Orbignyi Nob. — U. testâ ovato-quadratâ, crassâ, pon- derosâ, anticè rotimdatâ, compressa, posticè truncatâ obliqua, sulco profundo appresso ; margine inferiore sinuato ; intùs albâ, extùs epidermi fusco indutâ ; cardine subincrassato, valdè ar- cuato, dente anteriore triangulare, acuto, posteriore elongato. (PI. -16, f. E) Coquille irrégulièrement quadrangulaire, assez épaisse, généralement comprimée, ayant son côté antérieur ar¬ rondi et tranchant, le postérieur tronqué obliquement et creusé par un sillon partant des crochets et aboutissant un peu au-dessus du bord inférieur; celui-ci est un peu sinueux vers sa partie moyenne. Toute la surface externe est recouverte par un épiderme d’un brun jaunâtre; l’in¬ térieur est d’un blanc nacré, avec quelques taches brunes, arrondies, tenant probablement à un état morbide. La charnière est très-arquée; elle présente, à sa partie anté¬ rieure, une dent sur une valve, et deux sur l’autre, avec des fossettes correspondantes : ces dents sont assez fortes, mais peu élevées ; celle de la valve gauche est allongée, 644 uev. et mag. de zoologie. ( Décembre 1850.) tranchante et large à sa base; sur le côté postérieur, il existe une dent latérale allongée et striée. Cette espèce présente, sous le rapport de sa forme, une certaine analogie avec YUnio psammoïca d’Orbigny; mais elle en diffère par l’absence des rides et chevrons qui or¬ nent la surface externe de cette dernière espèce, et aussi par la forme de la charnière et ia disposition des dents. Elle provient du Haut-Amazone. Anodonta solidula Mob. — A. testa ovato-oblongà, cylin- dricâ, transversâ, vatdè inæquilaterâ; solidula, subtumidà, anticè rotundâ, postée obliqua ; margine inferiore parallelo superiore ; apicedilato; epidermide fuseo, interiore carneo-viridescente mar- garitaeeo.; (PI. 16. f. 2.) Coquille ovale, oblongue, cylindrique, transverse, très- inéquilatérale, à crochets peu saillants, situés vers l’ex¬ trémité antérieure ; celle-ci est arrondie; le côté postérieur est tronqué obliquement des crochets vers le bord infé¬ rieur, où il forme une sorte de rostre faiblement indiqué ; les bords supérieurs et inférieurs sont à peu près paral¬ lèles. Cette coquille est assez épaisse; elle est marquée extérieurement par des stries d’accroissement assez sail¬ lantes, et est recouverte par un épiderme d’un brun foncé. L’intérieur est rougeâtre, avec des reflets irisés verdâtres, disposés par zones transverses. Cette espèce provient également du Haut-Amazone. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des Sciences de Paris. Séance du 2 Décembre 4 850. — M. Duvernoy lit une Noie additionnelle an quatrième fragment sur les organes de géné¬ ration de divers animaux. Ce fragment avait trait aux or¬ ganes de génération des Céphalopodes, et M. Duvernoy n’avait pu y décrire, parmi les Calmars, que le C. sr.hidé, SOCIÉTÉS SAVANTES. 645 le C. de Duvaucel et le petit Calmar. Cette Note a pour but de compléter et de rectifier ces études précédentes par celle du Calmar commun. Les résultats de ces recherches sont exprimés dans les conclusions suivantes: l’appareil mâle des Caimars a plus de ressemblance avec celui des Poulpes et des Seiches que l’auteur ne l’avait cru ; dans toutes ces espèces; le canal déférent ne se rend que dans la vésicule séminale, et est accolé, dans son origine, aux parois du sac aux spermaphores, de manière à faire illu¬ sion sur sa véritable direction ; la glande spermagène étant isolée au milieu d’une grande cellule péritonéale, a pu être méconnue dans quelques espèces. C’est ainsi que M. Peters a méconnu celle de la Sépiole ; et. à sa suite, M. Duvernoy a quelque temps commis une erreur du même genre. Enfin, malgré la grande analogie des organes générateurs chez les Céphalopodes, on observe des diffé¬ rences caractéristiques des genres et des espèces. — M. Ch. Bonaparte présente la figure d’un oiseau, le Notornis d’Oxven , que, jusqu’à présent, on n’avait cru n’exister qu’à l’état fossile, ou, du moins, avoir été détruit depuis longtemps, comme le Doc/o, les Dinormis , etc. Au¬ jourd’hui qu’il a été trouvé vivant à la Nouvelle-Zélande, il doit être rangé dans la catégorie du Sirigops , du Nestor hypopolius et de ces diverses espèces d’oiseaux dont la race est en voie d’extinction. Le Notornis a des affinités avec les Uallides, et, parmi ceux-ci, il se rapproche des Tribu- nyx plus que des Brachyptenyx , auxquels Owen le compa¬ rait. Malheureusement, on ne connaît pas son sternum ; mais on peut hardiment supposer qu’il est caréné comme celui des Poules d’eau. — M. .4. de Quatrefages lit un nouvel extrait faisant suite aux précédents, d’un Mém ire sur le système nerveux des Annêlides proprement dites. I! s’agit des genres Néréïde, Nephtys, Phyllodocé et Glycère. De leur étude, l'auteur conclut que le système nerveux viscéral des Annêlides est bien certainement l’analogue anatomique de l’appareil 646 rev. et mag. de zoologie. ( Décembre 1850.) stomato -gastrique décrit chez les Insectes, les Crustacés, les Arachnides; mais, par son extrême variabilité, par la nature complexe de ses fonctions, il présente des carac¬ tères spéciaux et qu’on n’avait encore rencontrés dans au¬ cun groupe zoologique De plus, ce système est essentiel¬ lement proboscidien. il se complique ,ou se simplifie en même temps que la trompe seule. Jusqu’à ce jour, il lui a été impossible de saisir un rapport quelconque entre les modifications qu’il subit et les dispositions organiques des autres parties du corps. Séance du 9 Décembre . — M. Milne-Edwards présente à l’Académie la première livraison du Catalogue de la collec¬ tion entomologique du Muséum d’histoire naturelle. Elle comprend les Coléoptères des tribus des Cétonines, des Glaphyrines et des Mélolonthines, et compte plus de 500 espèces nouvelles. — M. Ch. Bonaparte fait hommage à l’Académie d’un ouvrage qu’il vient de publier conjointement avec M. H. Schlegel , et qui a pour titre : 3îonographie des Loxiens. — M. Cl. Bernard lit un 31émoire sur le rôle de l’appareil chylifère dans /’ absorption des substances alimentaires. Dans ce travail, d’une haute portée physiologique, l’auteur a cherché à préciser le sens du mot chyle, et à déterminer s’il existe réellement des substances alimentaires qui échappent d’une manière absolue à l’absorption veineuse, et évitent, conséquemment, de passer par le foie avant d’arriver au poumon. \ Par des expériences directes, il établit : 4° que les ma¬ tières sucrées sont exclusivement absorbées par le système de la veine-porte, et traversent nécessairement le foie, condition indispensable de leur assimilation ; 2° l’albu¬ mine est exactement dans le même cas ; 5° les substances grasses sont absorbées par les vaisseaux chylifères, et n’ont pas besoin de passer par le foie et d’arriver au pou¬ mon ; mais cependant une certaine partie se retrouve aussi dans la veine-porte, et passe nécessairement par le foie; SOCIÉTÉS SAVANTES. 647 et enfin cette dernière voie est la seule que l’on reconnaisse chez un grand nombre d’animaux qui digèrent et absor¬ bent très-bien les substances grasses= L’auteur conclut donc de ces faits cette vérité physiologique, fort impor¬ tante assurément : « Le chyle ne peut être considéré comme un liquide qui résumerait en lui tous les principes nutri¬ tifs des aliments. » Séance du Décembre. — Séance publique; distribu¬ tion des prix. — Prix de Physiologie expérimentale pour les années 1849 et 1850 : Il n’y a pas lieu de décerner le prix. — Mentions honorabïes à M. Stannius pour ses Re¬ cherches anatomiques et physiologiques sur le système ner¬ veux périphérique des 'poissons ; et à M. Hollard , pour sa Monographie anatomique du genre Actinia. Séance du 25 Décembre 1850. — M. de Gaumont écrit pour annoncer qu’il va faire quelques expériences sur la fécondation artificielle et la multiplication du poisson dans les rivières du Calvados. Déjà ses observations le portent à croire que, dans ce département, la Truite fraye plus tard. Ainsi, d’après le rapport de M. Milne-Edwards , M. Remy a constaté que les Truites frayent dans la seconde quinzaine de novembre et en décembre, à la Bresse, près de Remiremont, tandis que, dans la petite rivière du Lai- son, qui arrose le parc de M. de Caumont, dans le Calva¬ dos, la ponte n’a lieu qu’en janvier et février. Séance du 50 Décembre 1850. — M. ls. Geoffroy-Saint- Hilaire lit une Note sur plusieurs espèces nouvelles de Mam¬ mifères de l'ordre des Primates. En rédigeant, il y a quinze ans, le Catalogue des Mammifères du Muséum d’histoire naturelle, M. Geoffroy-Saint-Hilaire avait déterminé un grand nombre d’espèces nouvelles de Primates qu’il a suc¬ cessivement publiées dans divers recueils scientifiques. Il vient de refondre ce travail, ce qui lui a donné l’occasion de reconnaître un certain nombre d’espèces inédites. Outre les espèces qui ornent la collection empaillée, M. Geoffroy en faitconnaître une très-précieuse, un Gibbon 618 rev. et mag. de zoologie. ( Décembre 1850.) intermédiaire entre le Gibbon cendré et ie Gibbon de Mul- ler, qui vient d'être ramené de Solo par le docteur Leclan- cher. Nous donnerons la description de ces espèces, au nombre de dix, dans un prochain numéro. — MM. Martin Saint-Ange et Baudrimont font hom¬ mage à l’Académie d’un exemplaire du beau Mémoire qu’ils ont publié dans les actes de l’Académie, sous ce titre : Du développement du fœtus , Mémoire couronné par i Institut. Nous reviendrons sur cet important travail dans un prochain numéro. On sait que M. Martin Saint-Ange se porte candidat, et à juste titre, pour la place vacante dans la section de Zoo¬ logie et d’Ànatomie. La Notice de ses travaux est remar¬ quable par la modestie avec laquelle ses titres sont expo¬ sés; ce qui produit un heureux contraste, quand on con¬ sidère la valeur de ses travaux. En effet, depuis 1829, c’est-à-dire dans un espace de vingt années, M. Martin Saint-Ange a été couronné cinq fois; il a obtenu une men¬ tion très honorable, et vu deux autres de ses Mémoires insérés dans le recueil des savants étrangers. Comme on le voit, c’est un bagage de bon aloi , car il se compose de travaux originaux qui ont fait faire des progrès réels à la science, et qui ont été sanctionnés, depuis longtemps, par l’approbation de l’Académie. III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. The proceedings of the, etc. — Procès-verbaux de la So¬ ciété zoologique de Londres, avec figures. — Année -1849, parties \ et 2. — Prix : J8 schcll. — Londres, Longman et Ce. Ces deux parties, composées de 96 pages de texte et de 17 planches, dont plusieurs sont coloriées, contiennent une foule de documents intéressants qu i! serait trop long d’é umércr ici. Nous avons extrait les plus importants, 649 ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. qui paraîtront successivement dans notre recueil; mais nous engageons les zoologistes à consulter ces Proceedings avant de publier des objets nouveaux, car ils contiennent surtout beaucoup de descriptions d’animaux de toutes les classes. Description of, etc. — Description d’une nouvelle espèce de Bulime de la collection de M. A.-L. Gubba, esq. au Havre, par M. Lowel Reeve ( Procecd . zool. Soc. Lond 4 849, 4 5 février, p. 4 6 ). Bulïmus broratus. — Testa acuminato-oblonga, medio ventricosa, anfractibus sex, subrotundatis, striis tumidis elevatis interruptis oblique exculptis, infra suturas pecu- liariter concentrice crenulatis, columella stricte uniplicata, rufescente-purpurea, epidermide tenui cinerascente, fulvo hic illic punctata, induta. columella cærulescente alba, labro incarnato-roseo. Hab . ? — Moll., pl. II, f. 4 0. Caractères de trois nouveaux genres de Lépidoptères, par M. W. Wing (Procecd. zool. Soc. Lond., 4849, p. 404, pl. 49 ). Fam. Noctuidæ. 4. Caligatüs, n. g. — Palpes courts, remontants, cou¬ verts d’écaiües serrées; pénultième article long; antennes bipectinées à la base ; tête petite, arrondie, presque en¬ foncée ; thorax ayant en avant une crête grande et tran¬ chante ; abdomen long, muni de deux touffes anales ; ailes antérieures aiguës à l’extrémité, larges, dentelées, faible¬ ment tombantes ; ailes postérieures courtes. Caligatüs Angnsii, nouv. esp. — Corps et base des ailes antérieures d’une brillante couleur brun fauve, avec une tache triangulaire diaphane sur la côte ; une autre ovale entre la côte et le bord postérieur, et une tache presque carrée au milieu du bord externe. Couleur générale de 650 rev. ét mag. de zoologie. ( Décembre 1850.) la moitié apicale couleur d’œillet, variée de jaune et de fauve; ailes postérieures diaphanes, avec une large bor¬ dure d’un brun cendré, marquée d’une tache jaune trian¬ gulaire et une tache couleur d’œillet en forme de lunule à l’angle interne ; cils de toutes les ailes blancs. Chez le mâle, les tarses et les tibias sont couverts d’écail les pilifor- mes très-serrées, ce qui les fait paraître très-larges. J’ai dédié cette espèce à M. Angas, qui vient d’explorer le Cap de Bonne-Espérance, d’où provient cet insecte. 2. Trichomoplata, n. g. — Palpes courts, remontants; pénultième article un peu sécuriforme ; antennes longues, bipectinées à la base ; thorax avec une très-petite crête en avant; plaques scapulaires garnies de longs pinceaux de poils; corps long, velu à l’extrémité ; ailes antérieures tombantes, lancéolées, entières. T. viltata. — Tête et thorax d’un gris cendré; abdomen ferrugineux; ailes antérieures d’un rouge blanchâtre, avec une tache d’un ferrugineux foncé sur le bord antérieur, près la côte, et une grande bande ferrugineuse s'étendant des épaules à l’angle postérieur du bord externe ; ailes pos¬ térieures subdiaphanes, avec le bord interne fauve. — Brésil. Fam. Hyponomexjtidæ. 5. Palparia, n. g. — Palpes grands; pénultième ar¬ ticle avec une grande tache triangulaire d’écailles qui s’é¬ tendent horizontalement ; dernier article recourbé ; tho¬ rax large, faiblement déprimé; ailes antérieures ovales; sommet aigu; ailes postérieures larges, ciliées, et sommet en ovale aigu; tibias postérieurs larges. P. Lambertella. — Thorax et ailes antérieures d’une cou¬ leur rose-rouge, avec deux lignes longitudinales s’éten¬ dant de 1 épaule au sommet et à l’angle postérieur du bord externe ; ailes postérieures jaunes, devenant orangées vers l’extrémité; abdomen jaune. Chenille déprimée, à seize pattes, d'un vert blanchâtre, faiblement poilues, vit soli¬ taire. — Australie. AVIS DIVERS. 654 ANNÉE 4 850. Texte . 44 feuilles. 4 0 planches coloriées ; valeur. . 4 5 6 planches noires ; valeur. ... 6 Total . 62 feuilles. L’importance des travaux publiés cette année nous a engagé à dépasser le nombre de feuilles promises. Dans un recueil de ce genre, il est difficile de compter juste ; il peut se faire qu’une autre fois nous ne puissions pas arri¬ ver exactement au nombre de 60 feuilies. Sur la demande de plusieurs souscripteurs, nous nous sommes décidé à donner, à partir de 4 854 , à la fin de chaque numéro, une table des Mémoires composant la li¬ vraison. Avis essentiel. Pour la régularité du service, il est essentiel que les personnes qui ne désireraient pas continuer de souscrire à la Revue de Zoologie nous en avertissent ( franco ) avant le 4 0 février. Les Abonnés qui n’écriront pas seront considé¬ rés comme continuant de souscrire, et recevront, avec le premier numéro de 1854, une traite de 24 francs (25 fr. pour les départements, et 4 frî pour la traite). TABLES ALPHABÉTIQUES POUR L’ANNÉE 4850. I. TABLE DES MATIÈRES. Académie des Sciences de Paris 67, 122, 241 . 291 , 333, 398, 449, 507, 560, 599, 644. Acariens sans bouche. Dujardin. 122. Accipitres, ois. Bonaparte. 476. Actinia, anat. Iiollard. 67. — Zoo- log. 610, 647 Agents anesthétiques. Robin. 71. Ages zoologiques. D’Orbignv. 599. Agrilus, ins. Fairmaire. 182. Aigle impérial , ois. Pucheran. 208. Alcedo Verreauxii. DeLa Berge. 621. Ampullaria Aulanieri. Deville. 642. Anabates, ois. Lat'resnaye. 104. Anastomoses vasculaires. Bernard. 335. Anatomie comparée. Siebold. 78. Animalisation. D’Orbigny. 338, 449. Animaux à introduire, etc. J. Ter¬ reaux. 195. Animaux marins (séjour). Pappen- heim. 72. Animaux nuisibles aux bois. Lau¬ rent. 398. Annélides (syst. nerv.). Quatrefages. 247, 645. Anodonta solidula. Deville. 644. Anser et Anas, ois., 5 esp. Puche¬ ran. 545. Anthrenus, ins., 2 esp. L. Fairmaire. 185. Arachnides (circulation). E. Blan¬ chard. 72. Barbacou. ois., 2 esp. Lafresn. 215. Brachinus, 5 esp. Lafcrté. 256, 526. Bryozoaires fossiles, zooph. D’Orbi¬ gny. 108, 170. Bulimus, moll., 5 esp. Deville. 640. ■ — 1 esp. Reeve. 649. Buteo, 6 esp. Pucheran. 84. — 4 esp. 213. Caligatus, ins. Wing. 649. Calymus abdominalis. Mulsant. 79. Carabiques de Bocandé, ins. Laferté. 256, 326, 388. _ Carabus Aumontii, insectes. Lucas. 504. Carabus d’Afrique, ins. Lucas. 499. Caractères de 5 nouvelles espèces de Lépidoptères. W. Wing. 649. Carbo, ois., 5 esp. Pucheran. 556. — 7 esp. 626. Catorama tabaci. Guérin-Mén. 457. Caryophyllia Deshayesiana , zooph. Michelin. 258. Chaleur animale. Wanner. 620. Charnière, moll. Récluz. 15, 158, 217. Chenille ( tissu produit par une ) . 622. Chiasognathus Joussehnii, ins. Rei- che. 249. Chimpansé (cerveau). Vrolick. 74. Chrysoméiines, ins., 8 esp. L. Fair¬ maire. il9. Cicatricule ( segmentation ). Coste. 294, 354. Circaetus thoracinus. Pucheran 208. Circulation, ins Léon Dufour. 75. Circus, ois., 3 esp. Pucheran. 81, 214. Cleophana (front des), ins. Guénée. 252 Clypeaster meridanensis, zooph. Mi¬ chelin. 240. Clytus Lama, ins. Mulsant. 191. Cœur (physiolog. du). Fatou. 451. Coléoptères d’Autriche. Redtenba- cher. 350. TABLE DES Coléoptères de la Polynésie. L. Fair- maire. 50, 145, 481. Congrès scientifique de France. Bo¬ naparte. 572. Conurus erythrochlorus Hartlaub. 458. Corps organisé (histoire natur. des). Duvernoy, 257, 505, 355, 577. Coquilles nouvelles. Deville et Huppé. 658. Courant musculaire. Du Bois-Ray- rnond. 245. Cours d’anatomie. Hollard. 547. Crustacés, Génération (fragm.). Du¬ vernoy. 552. Cu rare, physiol. Bernard. 562. Crvphocricos Barozzii, ins. Signoret. 290. Cyclostoma, 2 esp. Sowerby. 445. Cyrtonus rotundatus, ins. Mulsant. 190. Dendrocolaptes, ois. Lafresnaye. 98, 145, 275, 569, 417, 588. Dendroplex, ois. Lafresnaye. 594. Dilobopterus, ms. Signoret. 284. Diptères (bouche), ins. Blanchard. 508. Dædalion pictus , oiseaux. Pucheran. 214. Echenillage, ins. Amyot. 128. Elanus torquatus, cuv., ois. Puche¬ ran. 14, 212. Elaphidion irroratum , ins. Guérin- Mén. 438. Electricité ( application ). Masson et Ad. Focillon. 64. Entomologie en Ecosse. Lowe. 621. Etude microcosp . de la cire. Dujardin. 127. Eurvchora Levaillantii , ins. Lucas. 250. Falco. Pucheran. 4, 14, 90, 214. Faune d’ Aliéna., ins. Sturm. 154. Fécondation (vertébrés). Coste. 534. Foie (fonct. nouv. ). Bernard. 564. Ganoïdes, poiss. Hollard. 564. Génération. Duvernoy. 566, 644. Gestation. Coste. 565. Glyphorhvnchus. Lafresnaye. 592. Gorfou, ois. Pucheran. 555. Harpalus, ins. L. Fairmaire. 181. Hélix, mol!., 5 esp. 658. MATIÈRES. 655 Hermelles et Tarets. Quatrefages. 558. Huîtres, moll. Carbonnel. 247. Hydres., zoop. Laurent. 540. Hydrocorax fuscescens. Pucheran. 625. Hyopotamus, mammif. foss. Owen. 185. Hyponomeute. Guérin -Mén. 624. Insectes (poussière cryptogJ). Co- querel, Laboulbène. 127, 159, 141. Insectes des tabacs. Guér-Mén. 426. J-ournal de conchyliolog. Petit. 152, 542, 405. Larus, ois.. 3 esp. ^Pucheran. 634. Lépidopt. (œufs éclos sans féconda¬ tion ). 137. Linguutules, zoop. Blanchard. 294. Longicornes, ins., 17 esp. L. Fair¬ maire. 57, 115. Macagua melanops. Pucheran. 211. Macreuse (petite). Pucheran. 655. Mal de mer. Curie. 510. Mamm. ongulés. Gervais. 563. Marginelles, 7 esp. Gaskoin. 411. Mergus lophotes, ois. Pucheran. 551 Microscopique (électricité). Masson et Ad. Focillon. 64. Milouin, ois., 3 esp. Pucheran. 636. Moelle épinière (impress, sensitives). Brown-Sequard. 610. Moelle épinière (vertébrés). Brown- Sequard. 341. Mollusques de France. Dupuy. 253. Mollusques (hist. nat. des). Deshayes. 155. Monasa, ois., 2 esp. Lafresnaye. 215. Morica Jevini, ins. Lucas. 250. Morphologie hum. Cornav. 567. Muscardine. Guérin-Mén. 452. Myoxus dryas, mam. Tyzenhauz. 358. Nasica, ois. Lafresnaye. 585, 417. Nisus, ois., 6 esp. Pucheran. 6, 209. Noctiluques (phosph. ). Quatrefages. 509. Nosencéphale (enfant monstre). Joiy et Guitard. 607. Nouv. esp. ornithol., ois. Bonaparte. 124, 241. Observations entoinol. Jacquelin Du- val. 400. TABLE DES MATIÈRES. 654 Oedipoda migratoria. Genin et Bon- jean. 509. Œnfs de Lépidoptères. Popoff. 137. Oiseaux (rev. gén.). Bonaparte. 474. Oiseaux. Bonaparte. 563. Opuscules, anat. Retzius. 341. Ornithologie ( contributions ). Jar¬ dine. 612. Ornithologie européenne. Degland. 295. Ossements hum. foss. Dezoos. 610. Ou-peey-tse, ins. Paravey. 123. Ouvr. zool. de Ch.-L. Bonap. 614. Palæornis Lucianæ. Yerreaux. 598. Palparia, ins. YVing. 650. Pandion fluvialis, ois. Pucher. 208. Pangolin, 2 esp. n. Focillon. 465, 513. Parus lugubris. Fairmaire. 576. Pasimachus monog., ins. Le Conte. 511. Peau dans les Ànnelés. Focillon. 601 . Perodicticus, main. Bennet. 620. Pernis, ois., 2 esp. Pucheran. 212. Phaeton, ois. Pucheran. 635. Phlébentérisme. Souleyet. 340. Platyturus Faminii, ins. L. Fairmair. 2o2. Picucules monogr.), ois. ^Lafresnaye. 95, 145, 275, 369, 417. 588. Picinées, ois., quelques espèces. Alf. Malherbe. 154. Poissons (action du froid sur les). 138. Pontes fécondes, ois. Coste. 536. Procellaria brevirostris. Pucheran. 635. Primates. Geoffroy-St-Hilaire. 647. Psalidognathus, ins. Reiche. 248. Psittaci, ois. Bonaparte. 475. Psittacidæ, ois. Bonaparte. 124. Puffinus chlororhynchus. Pucheran. 655. Pvgorhynchus mortonis, zooph. Mi¬ chelin. 240. Races d’hommes et d’animaux, etc. Tremaux. 245. Races nègres. Froberville. 533. Rectrices de la Vidua. Strickland. 621 . Régime alim. de l’homme. Gasparin. 246. Salticus formicæformis. Lucas. 492. Sang ( fibrine du , etc.). Corne. 243. Sang, mam. Clément. 598. Sang des vers à soie. Focillon. 442. Sangsues, syst. vasculaire. Gratiolet. 608. Sarcelle rouge. Pucheran. 657. Saturnia, ins. YVestwood. 414. Scorpions, organes de génér. Duver- noy. 560. Sirex gigas. Doubleday. 622. Sittasomus, ois. Lafresnaye. 588. Société d'Asrriculture. 128. Société Entomologique de France. 248, 599. Société de Harlem. Prix. 619. Sparvius, ois., 7 esp. Pucheran. 90. Spermatophore des moll. Duvernoy. 566. Starique, ois. Pucheran. 637. Sterna, ois., 6 esp. Pucheran. 559. — 4 esp. 655. Sula, ois., 2 esp. Pucheran. 626. Syst. nerv. des ins. Dujardin. 564. Tettigonides, ins. Signoret. 283. Tillus, ins. L. Fairmaire. 484. Tisserins (nidification des). Lafres¬ naye. 515. Tissu d’une chenille. Denistoun. 622. Tomigerus, moll. Sowerby. 414. Torqùatina microscop. Gros. 561. Transformations. Gros. 561. Triehomoplata, ins. YVing. 650. Trochilidées, ois. Bonaparte. 243. Types peu connus, etc., ois. Puche¬ ran. 3, 81,208,534, 625. Turdus aurantiirostris. Hartl. 158. Unio Orbignyi. Deville. 645. Vanga, ois. Lafresnaye. 104. Yeau monstrueux. Is. Geoffroy-St- Hilaire. 601. Vers, 2 esp. Scortegagna. 461. Vers à soie. Guérin-Mén. 452. Yidua paradisiaca. Strickland. 621. Yultur galericulatus. Pucheran. 208. Xylophages, ins., 17 esp. L. Fair¬ maire. 50. Xyphorhynchus. Lafresnaye. 575. Zool. et paléont. françaises. Gervais. 571. Zirophorus, ins. L. Fairmaire. 182. Ziphius, eétacé. Gervais. 561. TABLE DES NOMS D’ AUTEURS. 655 IL TABLE DES NOMS D’AUTEURS. Amyot. Echenillage. 128. Bennet. Perodicticus, raam. 620. Bernard. Anastomoses vasculaires. 555. — Curare. 562. — Nouvelle fonction du foie. 564, 646. Blainville (de). Nécrologie. 291. Blanchard (E.). Arachnides (circula¬ tion). 72. — Diptères (bouche), ins. 508. — Linguatules , zoop. 294. Bonaparte. Âccipitres, ois. 476. — • Congrès scient, de France. 572. — Nouv. esp. ornitholog. 124, 241. — Oiseaux nouv. 565. — Oiseaux, rev. gén. 474. — Ses Ouvrages zool. 6l4. — Psittaci, ois. 475. — Trochilidées. 245. — Notornis. 645 Brown-Sequard. Impress, sensitive de la moelle épinière. 541, 610. Carbonnel. Huîtres. 247. Caumont (de), poissons. 647. Clément. Sang verlébr. 598. Conte (J. Le). Pasimachus. 511. Çoquerel. Poussière cryptogam. des insectes. 159. Cornay. Morphologie humaine. 567. Corne. Fibrine du sang. 245. Coste. Cicatricule , ovol. 294, 554. — Fécondation des Vertébrés 534. — Gestation. 565. — Pontes fé¬ condes, ois. 556. Curie. Mal de mer. 510. Degland. Ornithologie européenne. 295. De La Berge. Alcedo Verreauxii. 621. Denistoun. Tissu d’une chenille. 622. Deshayes, moll. de Férussac. 153. Deville. Coquilles nouvelles. 638. Dezons. Oss. hum. fossiles. 610. D’Orbigny. Ages zoologiques. 599. — Animalisation. 558 , 449. — Bryozoaires fossiles, zooph. 108, 170. Doubleday. Sirex gigas. 622. Du Bois-Raymond. Courant muscu¬ laire. 245. Dujardin. Acariens sans bouche, Arach. 122. — Etude micr. de la . cire. 127. — Syst. nerv. ins. 564. Dupuy. Moll, de France. 255. Duval (Jacquelin). Obs. entom. 400. Duvernoy. Corps organis. (histoire nat. des). 257, 505, 553, 577. — Génér. spermatoph. 566. — Org. de générât., crust. 552. — Organ. génér. des Scorpions. 560. Fairmaire. Àgrilus. 182. — Anthre- nus, 2 esp. 185. — Coléoptères de la Polynésie. 50, 115, 181. — Harpalus, ins. 181 . — Parus lugu- bris. 576. — Platyturus Faminii. 252. — Tillus, ins. 184. — Ziro- phosus, ins. 182. Fatou. Phvsiol. du cœur. 451. Focillon (Ad.). Electricité (applica¬ tion de F). 64. — Pangolins, 2 esp. 465, 513. — Peau des Anne- lés. 601. — Sang des vers à soie. 442. Froberville. Races nègres. 333. Gascoin. Marginelles. 411. Gasparin. Régime aliment, de l’hom¬ me. 246. Génin et Bonjean. Oedipoda migra- toria, ins. 509. Geoffroy Saint-Hilaire. Veau mons¬ trueux. 601. — Primates. 647. Gervais. Mamm. ongulés. 563. — Zool. et paléont. françaises. 571. — Ziphius, cétacé. 561. Gratiolet, syst. vascul. des sangsues. 608. Gros. Transformations. 561. Guénée. Front des Cleophana. 252. Guérin-Méneville , ’ins. des tabacs. 426. — Hyponomeute. 624. — - Vers à soie. 452. Guitard. Enfant nosencéphale. 607. Hartlaub. Turdus et Conurus, ois. 158. Hollard. Actinies anat. 67. — Zool. 610. — Cours d’anatomie. 547. — - Ganoïdes, poiss. 564. — Prix. 647. Huppé. Coquilles nouvelles. 658. TABLE DES NOMS d’ AUTEURS. 656 Jardine. Contrib. pour l’ornitholog. 612. Joly. Enfant nosencéphale. 607. Laboulbène. Poussière cryptogami- que des ins. 141. Laferté. Carabiques de Bocandé. 256, 326, 588. Lafresnaye. Barbacou , 2 esp. 215. — Monogr. des Pieucules. 95, 145, 275, 569, 417, 588. — Tisserins, nidification. 315. — Vanga, ana- bates, ois. 104. Larget. Veau monstrueux. 601. Laurent. Anim. nuis, aux bois. 598. — Hydres, zoop. 540. Léon Dufour. Circulation , ins. 75. Lowe. Entom. en Ecosse. 621. Lucas. Carabus Aumontii, ins. 504. — Carabus d’Afrique, ins. 499. — Eurychora Levaillantii. 250. — Morica Jevini, ins. 250. — Salticus formicæformis, arachnide. 492. Malherbe (Alfred). Picinées, oiseaux, quelques espèces. 154. Masson. Electricité ^application). 64. Michelin. Caryophyllia. 258. — Echi- nides fossiles. 240. Mulsant. Calynius abdominalis. 79. Clytus lama, ins. 191. — Cyrto- nus rotundatus, ins. 190. Owen. Hyopotamus, mamm. fossiles. 185. Pappenheim. Animaux marins (sé¬ jour). 72. Paravey. Ou-poey-tse, ins. 125. Petit. Journal de conchyliologie. 152, 542, 405. Popoff, Œufs de Lépidoptères. 157. Pucheran. Types peu connus, ois. 5, 81, 208, 554, 626. Quatrefages (deb Hermelle etTarets. 558. — Noctiluques phosph. 509. — Syst. nerv. des Annelés. 247, 645. Récluz. De la Charnière, moll. 15, 158, 217. Reeve. Bulimus. 649. Reiche. Chiasognathus, ins. 249. — Psalidognathus. 248. Redtenbacher. Coléoptères d’Autri¬ che. 550. Retzius. Opuscules anat. 541. Robin. Agents anesthétiques, phv- siol. 71. Scortegagna. Vers, 2 esp. 461. Siébold. Anatomie comparée. 78. Signoret. Cryphocricos Barozzii, inc. 290. — Dilobopterus , ins. 284. — Tettigonides, ins. 283. Souleyet. Phlébentérisme. 540. Sowerby. Cyclostoma et Tomigeru-'. 413. Strickland. Rectrices de Yidua. 62 : . Sturm. Faune d’Allemagne, ins. 134. — Notice nécrologique. 135. Trémaux. Races d’hommes et d’ani¬ maux, etc. 245. Tyzenhauz. Myoxus Dryas. 358. Verreaux (J.). Animaux à introdui¬ re , etc. 193. — Palæornis. 598. Yrolick. Chimpansé (cerveau du) 74. Wanner. Chaleur animale. 620. Westw.ood. Saturnia. 414. YVing (AV.). Lépidoptères, 5 nouv. genres. 649. FIN DU 2e VOLUME DE LA 2e SÉRIE. \