REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE RECUEIL MENSUEL destiné a faciliter aux savants de tous les pays les MOYENS DF PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DK ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUEE A L’INDUSTRIE ET A L’AGRICULTURE, LEURS TRAVAUX DB PALÉONTOLOGIE , d’aNATOMIB ET DK PHYSIOLOGIE COMPARÉES , ET A LBS TENIR AU COURANT DES NOUVELLES DÉCOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA SCIENCE; M. F. E. GUÉRIN-MÉNEVILLE, impériale et centrale d’Agricullure , des Académies royales des Sciences de Madrid et de Turin, de l’Académie royale d’Agriculture de Turin, de la Société impériale des naturalistes de Moscou , d*nn grand nombre d’autres Sociétés nationales et étrangères , Secrétaire du Conseil de la Société impériale zoologique d’Accliniatation , etc., etc. PARIS, Al! BUREAU DE LA REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE, RUR DES BEAUX-ARTS, 1. REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE RECUEIL MENSUEL DESTINÉ A FACILITER AUX SAVANTS DE TOUS LES PAYS LES MOYENS DE PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUEE a l’industrie et a l’agriculture, LEURS TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE, D’ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE COMPARÉES, ET A LES TENIR AU COURANT DES NOUVELLES DECOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA SCIENCE; M. F. E. GUËRÏN-MÉNEVILLE, Membre de la Légion d’honneur, de l’ordre brésilien de la Rose, de la Sociéle impériale et centrale d’Agricullure , des Académies royales des Sciences de Madrid et de Turin, de l’Académie royale d’Agriculture de Turin, de la Société impériale des naturalistes de Moscou , d’un grand nombre d’autres Sociétés nationales et étrangères , Secrétaire du Conseil de la Société impériale zoologique d’ Acclimatation , etc., etc. 2e SÉRIE. — T. XIII. — 1861. PARIS, AU BUREAU DE EA REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE, RUE DBS BBAUX-ART9, 4. 2.l4-9<î(> OpÇ»r MX VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. - JANVIER 1861 I TRAVAUX INÉDITS. Note complémentaire sur quelques Mammifères du Mexique (1), par M. H. de Saussure. I. Diagnoses Glirium novorum duorum. 1. Arvicola ( Hemiotomys ) mexicanus. Médius, supra fuscus, subtus cinerascens, pilis cinereis, apice fuscis. Auriculæ sat magnae, fimbriatæ, antitrago magno. Vibris- sæ capite breviores, fuscæ. Pedes antici paulo longiores posteriorum dimidio; postici elongati, subtus basi pilosi, tuberculis 6 instructi, quorum posticus, magnus , penul- timus minutus. Ungues anteriores posterioribus haud ma¬ jores. Cauda brevissima, pedibus posticis paulo longior at capite brevior. Gorporis longitudo , 0,110; caudæ, 0,019; pcdis postici, 0,016. — Mexico. 2. Reithrodon Sumichrasti, R. mexicano affinissimus ; ejusdem staturæ. Supra fulvo-rufus, capite et dorso medio nigricantibus. Subtus cinereus, macula in pectore fulva et ano fulvo. Vibrissæ nigræ, brèves, capiti longitudine æquales. Pedes albidi. Auriculæ magnæ, extus margine antico fusco pilosæ; inlus postice rufo pilosæ. Cauda bi- color, longissima. Gorporis longt., 0,082; pedis postici, 0,018. — Mexicana tellus. fl) Voyez le volume de 1860. Errata de la note insérée dans le volume précédent. Page 8. Le üassaris Sumichrasti n’habite pas les greniers, comme il a été dit par suite d’uuc transposition de notes, mais bien les forêts des régions chaudes. Par contre, l’ Acanthylis scmicollaris, Sauss. (t. XI, 1 859, p. lit)), n’habite pas les forêts de la région chaude, mais les plaines du pla¬ teau. PI. 9, f. 2. Le coloriste a donné à cette ligure une teinte trop vive. PI. 20, f. 2, lisez Carollia. 4 ret. et mag. de zoologie. [Janvier \ 861 .) A. R. mexicano differt vibrissis brevibus, dorso fusco, pedibus albis; cnuda bicolore et auricularum pilis. II. Mumrnalia eliamnum in Mexico haud indicata. 1. Vulpes virginiana (Érxl.), Baird. In regione tota fréquenter occurrit. Cerlissime milii videtur species, una et eadem , pilo concolore et calvo simillimo illi quam Baird (Pacif. R. II. Report, tab.) depinxit. 2. Cercoleptes çaudivolvulus, Illig. In sylvis Cordil- leræ et regionum calidarum haud rarus, et a speciminibus Americæ meridionalis haud distinguendum. III. De Sciuris mexicanis. In continuatione operis partim jam editi (1) de mam- malibus mexicanis, notitias proferam de fauna illius re- gionis. Intérim hic de his animalibus breviter non nihil addo his quæ dixi in volumine præcedente (1860). Sciurorum specierum in Mexico multas indicavere Les- son, Bachman, Wagner et alii; sed tantum très species distincte mihi occurrerunt sunt. lu Sciurus carolinensis , Gmel., Baird. Speciminibus ex America boreali simillimus. Staturæ mediæ. Cauda corpore vix brevior. Supra fuscus, flavo dense tessellatus; dorso medio obscuriore, lateribus flavescentibus. In au- riculæ basi penicillus albidus. Cauda supra nigra, pilis apice albescentibus ; subtus in medio rufo flavescens; la¬ teribus nigris, albo submarginatis ; pilis ter cinnamomea annulatis. Variât lateribus et pedibus rufescentibus et pectore ful- vescenle, venter variât albido-cinereus seu aurantiacus. 2° Sc. variegatüs , Exd. [Albipes , varius , socialis, Wagn.) (2). Statura paulo majore. Cauda longe pilosa, deplanata, disticha, pilis longissimis hirsuta, corpore longior. — Subtus rufo-aurantiacus; supra nigro et niveo tessellatus; (ti Mémoires pour servir à l'histoire naturelle du Mexique , etc. In-4, Paris Victor Masson; Bâle, chez Georg. (2 Sed non hypopyrrhus, ut Wicgmau putat. TRAVAUX INÉDITS. 5 cruribus rufescentibus. Caput subtus albidum ; orbita, au- riculæ intus, et fascia inter oculum et auriculam, rufescen- tes. Auriculæ haud fimbriatæ, basi extus penicillo albido. Cauda supra atro et niveo varia, subtus nigra, niveo- niarginata, seu rufa, fascia utrinque nigra, maginibus albis. Pedes grisei , nigrescentes seu albescentes Variât lateribus, humeris et dorsi parte antica rufo- aurantiacis; occipiti et sacro rufo-tessellatis; dorso supra late niveo-marmorato ; cruribus posticis rufo et albo tes- sellatis. 3U Sc. hypopyrrhus, Wagl. Sat magnus. Cauda corpore longior, cylindrica, vix depressa. Corpus supra fusco- griseum, fulvo-griseo pallido tessellatum. Colli latera pal- lida: pedes et rostrum nigra; vibrissæ nigræ, capite lon- giorcs. Vertex, occiput et cervix nigra, flavo-tessellata. Subtus, rufo-ferrugineus, fréquenter pilis nigris inler- mixtis, mento nigrescente. Cauda nigra, lata; pilis elon- gatis, nigris, apice fusco-grisescentibus. Auriculæ nigro- pilosæ niargine fimbriato, subpenicillalo; postice basi cirro pilorum griseorum instructæ. Dorsi pili basi pallide grisei , ante apicem fusco-annulati et in apice subful- vescentes. Gastrei pili basi cinerei, apice rufo-ferruginei. Variât a.) Cauda tota nigra, fréquenter pilis basi ful- vescentibus. b. ) Corpore nigrescente; ventre griseo, fulvescente, seu nigrescente, pilis apice fulvo paliide tessellatis. c. ) Corpore loto nigro. 111e Sciurus a tempore Wagler auctoribus videtur igno- tus fuisse. Considérations sur les oeufs des oiseaux , par A. Moquin-Tandon. Voir le commencement de ce travail, vol. XI, 1859, p. 414 et 469, et vol. XII, 1860, p. 11, 57. § 4. Anomalies dans la coloration. — Les œufs co- 6 rev. et mag. de zoologie. {Janvier 18G1.) lorés varient plus ou moins , mais ces variations sont maintenues dans certaines limites, ainsi qu’on l’a vu plus haut. J’ai donné les principales nuances que présentent ceux de la Pie , du Geai, de la Perdrix rouye et de la Caille. Dans un petit nombre de cas, les œufs tachetés peuvent devenir unicolores. Ceux de la Draine , quand ils sont sans taches, ressemblent à ceux de Y Étourneau (Vincelot). Ce sont les derniers œufs pondus, principalement dans les secondes et les troisièmes couvées , et ceux des jeunes fe¬ melles, qui naissent quelquefois sans maculation. De leur côté, les œufs normalement colorés peuvent se présenter tout à fait blancs; j’en ai recueilli quelques exemples. Cela arrive surtout dans ceux à taches peu nom¬ breuses, petites et très-faibles. Ainsi, sur 8 œufs de Tro¬ glodyte qu’on vient de m’envoyer (1858) du département de la Nièvre, il y en a 5 avec les taches ordinaires, 2 d’à peine tachés et 1 de tout blanc. Je reviendrai bientôt sur les œufs albinos. Quand les maculations sont foncées , leur présence semble plus constante. Sur 22 œufs de Grive pris au ha¬ sard, appartenant à six nids, j’en ai remarqué 16 avec les taches habituelles, 2 plus fortement tachetés, 2 plus faiblement, 2 sans taches. 22 D’autres fois, au contraire, les œufs blancs peuvent naître colorés. Ces derniers cas sont extrêmement rares. Je n’en connais aucun exemple observé à l’état sauvage. On conserve, au muséum d’histoire naturelle, un œuf de Poule cochinchinoise offrant une teinte d’un brun rouge à peu près uniforme, analogue à celle des œufs de la Crécerelle. TRAVAUX INÉDITS. 7 J’ai signalé un œuf de Paon nain, coloré en roussfttre, comme celui de la Pintade. M. Bei ge a décrit et figure un œuf de Poule de taille normale, avec une large bande trèr-irréguiière d’un brun noir, et trois ou quatre grosses taches de la même cou¬ leur (1) ; on serait tenté de prendre cet œuf pour une va¬ riété produite par quelque Mouette. J’ai expliqué ailleurs pourquoi les taches des œufs sont généralement plus nombreuses vers le gros bout que vers le petit, et pourquoi elles forment quelquefois une cou¬ ronne ou une espèce do guirlande. Bans quelques cir¬ constances, cette couronne a été déposée, au contraire, au petit bout. On a vu, à l’article Pie, que, sur 187 œufs, il y en avait eu 27 avec une couronne très-marquée au gros bout et 4 avec une couronne au petit. Je me rappelle avoir donné à M. Bâillon, d’Abbeville, un œuf de Catharle dont les taches étaient plus nom¬ breuses et plus rapprochées au petit bout. Je possède, avec la même disposition, un œuf d ’Eper- vier, un de Hobereau, un de Buse , un de Pie-Grièche rousse, un d’ Ecorcheur, deux de Caille, et plusieurs de Becs fins, de Mouettes et d' Hirondelle de mer . Pourquoi cette accumulation inverse des taches? L’examen d’un œuf monstrueux ainsi moucheté me porte à supposer que ces œufs exceptionnels ont été pon¬ dus, par anomalie, le gros bout en avant. Enfin, dans d’autres cas, la couronne dont il s’agit ne se trouve ni au gros bout ni au petit, mais vers le milieu (Man esse). Dans les nids d°s Oiseaux à œufs colorés, on découvre quelquefois des œufs accidentcllemcift blancs ou albinos. J’ai communiqué, dans le lomps, à M. Schmlz (2j et à (t) Fortpfl. Vo§., t. II, p. 41, pi. ‘24, tig. 1. (2) Beschreib. und .débité., p. 94. 8 ev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1861.) P0lvdore Roux (1), des œufs de Moineau tout à fait blancs. J’ai vu un œuf albinos dans un nid de Loriot , et un autre dans un nid d’ Hirondelle de cheminée. J’ai cité, plus haut, un œuf semblable de Troglodyte. En général, les œufs accidentellement incolores sont rares chez les Oiseaux sauvages. Il n’en est pas de même chez les espèces de nos basses-cours. La domesticité influe puissamment sur la livrée des œufs; elle affaiblit leur teinte peu à peu et finit par déterminer leur albinisme. Les Canards domestiques, aux environs de Toulouse, pondent, le plus habituellement, des œufs tout à fait dé¬ colorés. On sait que ceux des Canards sauvages ont une teinte verdâtre plus ou moins prononcée. Les personnes qui élèvent des Pintades savent très-bien que, parmi les œufs piquetés de brun roux, particuliers à ces Gallinacés, on en trouve sans taches, lesquels sont tantôt roussàtres ou couleur nankin , tantôt tout à fait blancs. Les œufs 'de la Poule d’Inde sauvage ressemblent, pour la coloration , à ceux du Coq de bruyère. Ceux de la race domestique sont extrêmement pâles, avec de petites ta¬ ches plus ou moins effacées, quelquefois à peu près nulles. Tous cès faits donnent une grande probabilité à l’opi¬ nion des ornithologistes qui regardent , contrairement à l’idée de Buffon , les œufs de la Poule comme primitive¬ ment colorés et comme devenus blancs par l’effet de la domesticité. Ce qui confirme cette conclusion, c’est 1° que ces œufs sont d’un blanc pur dans les races les plus an¬ ciennes ( Poules ordinaires ) , ou dans les plus abâtardies ( Poules naines)', 2° que certaines races, introduites depuis peu ( brahmas-pootras , cochinchinoises), pondent encore des œufs roussàtres; 3° que les genres les plus voisins du genre Gallus {Gallophasis , Catreus, Phasianus) ont des œufs de cette couleur. On a vu , plus haut, que la lumière, au bout d’un cer- (1) Ornith. pruv., I, p. 133. TRAVAUX INÉDITS. 9 tain temps, pâlissait les œufs. Dans les collections un peu anciennes, dans celles surtout qui ont été exposées au grand jour, les œufs légèrement bleuâtres ( Autour , Mut - leux) deviennent blancs. § 5. La couleur des oeufs a-t-elle des rapports avec celle du plumage? — Quelques auteurs ont cru trouver une relation entre les couleurs des œufs et celles du plumage des Oiseaux ; Buffon est un des premiers na¬ turalistes qui ont signalé ce rapport, qu’il a considéré comme constant (1). Daudin a généralisé beaucoup moins cette proposi¬ tion (2) ; il l’a restreinte d’abord aux seuls Oiseaux de¬ meurés en liberté, et il a cru que ceux-là seulement dont le plumage est uniforme provenaient d’un œuf unicolore; il a admis, de plus, que les œufs tachetés pouvaient pro¬ duire des Oiseaux à plumage varié, et que plus leurs ta¬ ches étaient nombreuses, plus les couleurs du vêtement devaient être vives et tranchées. Cette relation n’existe, dans la nature, ni absolue ni restreinte. La couleur du plumage n’offre aucun rapport, en général , avec la couleur des œufs (Manesse , Thiene- mann). Tous les Canards d’Europe présentent, comme on sait, un plumage à teintes foncées et variées, et ils pon¬ dent des œufs unicolores remarquables surtout par la p⬠leur de leurs nuances. Le Flamant aux teintes de rose, le Rollier d’un beau bleu d’aigue-marine, le Guêpier et le Martin-Pêcheur aux couleurs si tranchées, si écla¬ tantes, naissent tous d’un œuf uniformément blanc, tout à fait matou très-légèrement lustré. Quelques ornithologistes ont borné ce rapport entre la couleur de l’œuf et celle du petit au moment de l’éclo- (t) Article Coq. — Bull'ou a conclu de cc rapport que la race pri¬ mitive des Poules a dû être une Poule blanche. Les Poules blanches sont des albinos, comme les Moineaux blancs, les Lapins blancs, les Souris blanches. (2) Ornith., I, p. 157. 10 rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1861.) sion. A la dernière exposition d’Angers, on a vu une belle collection oologiquc disposée de manière que , à côté de la plupart des œufs, on avait eu soin de placer le jeune poussin récemment éclos; le but des exposants était de montrer une sorte de relation entre le jeune animal et la coquille; mais ce rapport est bien loin d’étre général. Beaucoup d’Oiseaux, il est vrai, au moment de la nais¬ sance, sont recouverts d’un duvet roussâtrc, jaunâtre, grisâtre ou fout à fait blanc. Or il existe dans la nature un assez grand nombre d’œufs dont les coques présentent assez exactement ces mêmes caractères; mais il y a aussi des œufs azurés, des œufs bleus, des œufs verts, des œufs roses, des œufs brun rouge, des œufs lilas . , et, d’un autre côté, beaucoup d’Oiseaux viennent au monde sans plumes ni duvet. Si j’insiste sur la non-relation de la couleur des œufs et de la teinte du plumage aujourd’hui bien connue , c’est parce que, dans une occasion importante, il y a quelques années, un savant physiologiste, consulté sur la couleur des œufs de plusieurs Oiseaux du Nord, soutenait encore le rapport de leurs nuances avec celles du plumage des Oiseaux qui les avaient produits. Dans le croisement des espècçs, le sexe masculin n’in¬ flue pas plus sur la couleur des œufs que sur leur forme. L’abbé Manesse fait observer que la Poule ordinaire, fé¬ condée par le mâle du Faisan commun ou par celui de la Pintade , donne des œufs blancs semblables à ceux qu’elle auraitproduits avec son propre Coq, et que ceux do la Serine appariée avec le Chardonneret ou le Tarin sont toujours, à l’extérieur, ce qu’ils auraient été avec un mâle de son es¬ pèce (1). Les couleurs des œufs, dans la plupart des groupes d’Oiseaux, présentent une certaine ressemblance, une sorte d’air de famille plus ou moins prononcé. La- (1) Ooloqie, 1. 1, p. 41. TRAVAUX INÜDITS. il pierre (1) est un des premiers ornithologistes qui ont appelé l'attention sur l’importance des études oologiques dans la recherche des rapports naturels. M. de la Fres- naye et surtout M. des Murs ont marché heureusement dans cette voie. Les observations de ce dernier savant sur les œufs du Caurale ( Scolopax helias, Lath.) (2), du Courlan [Ardca scolopacea, Gmel.) (3) et de la Poule sultane ( Porphyrio hyacinthinus , Tcmm.) ont jeté le plus grand jour sur la place que doivent occuper ces Oiseaux parmi les familles naturelles . Moi-même, s’il est permis de me citer, j’ai aussi concouru, mais pour une très-faible part, à faire servir les connaissances oologiques au perfection¬ nement de la taxonomie. J’ai, plus d’une fois, donné au savant auteur du Conspectus Aviutn des indications pré¬ cises qui appuyaient ou infirmaient les coupes génériques (malheureusement trop nombreuses) de son important ouvrage (4). Tous les œufs des Alouettes sont finement pointillés ; ceux des Pies-Grièches ont des taches assez grandes, rela¬ tivement; ceux des Bruants se font remarquer par leurs zigzags. Chez les Saxicoles, la couleur se montre plus ou moins azurée et presque toujours unicolore; chez les Coraces, elle tire sur le vert foncé (5), avec des marbrures inégales dans leur forme et dans leur teinte (6); chez les (1) Observ. sur la ponte des Ois., extrait de VHist. nat. de BufTon, édit. Sonnini, p. 4. (2) Ardea helias , Gmel., Helias phalcnoides, Vicill., genre Eury- pyga d’Illiger. 1,3) Genre Aramea de Vieillot. (4) « Plût à Dieu que tous les ornithologistes pussent s’éclairer, comme lui, du flambeau de l’oologie! » Ch Bonaparte, Noies sur le genre Moquinus, dans la llev. et mag. de zool ., 1837. (5) Klein voudrait savoir pourquoi le Créateur a donné aux Oiseaux malpropres (sordidis), par exemple aux Corbeaux, des œufs élé¬ gamment colorés. l6) Les œufs du Corbeau, de la Corneille , de la Corneille man- telée, du Freux, du Choucas oftreut le type de oette coloration ; ceux 12 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1861 .) Plongeons, elle paraît d’un brun sombre avec des taches presque noires. Les Gallinacés ont des œufs roussâtres plus ou moins panachés de marron; les Mouettes et les Goélands en donnent d’olivâtres, largement maculés ou marbrés de brun foncé. De leur côté , les Hurles et les Canards en pondent de non tachetés , mais revêtus d’une livrée claire et uniforme. Il en est de même des Hérons et des Grèbes. Chez les Oiseaux de nuit, chez les Pics, chez les Pigeons, chez les Pétrels, les œufs sont tou¬ jours d’un blanc pur . Je n’en dirai pas davantage sur ces caractères généraux; ils sont aujourd’hui écrits par¬ tout, mais principalement et d’une manière à peu près complète dans le dernier ouvrage que vient de publier M. des Murs (1). Qu’on me permette, toutefois, d’ajouter deux faits dignes d’attention. Le Court-vite (Cursorius europœus , Lath.), Oiseau voisin de Y OEdicnème ( OEdicnemus crépi¬ tons, Temm.) (2), présente, sur son œuf, des mouchetures exactement semblables, pour la figure et la couleur, à celles qui caractérisent celui de ce dernier. La Perdrix huppée de Californie ( Lophorlyx californica, Bp.) pond des œufs qui ont la forme et la coloration de ceux de la Per¬ drix rouge de nos pays ; on dirait qu’on a devant les yeux une miniature de ces derniers. Description de Coléoptères nouveaux du genre Sphodrus, Clairville, par L. W. Schaufuss, naturaliste à Dresde. En établissant que les Sphodrus Schreibersi, Küst., et de la Pie , du Casse-noix, du Choquard et du Coracias commencent à s’en éloigner; ceux du Geai s’en écartent un peu plus. (1) Traité général d'Oologie ornithologique. Paris, 1860, 1 vol. grand in-8. (2) Tcmminck place le premier Oiseau à la fin de scs Coureurs [Cursores), et le second en tête de scs Gr ailes ( Grallatores ), de manière que les genres se trouvent côte à côte. TRAVAUX INEDITS. 13 Sphodrus Schmidti , Müll., sont différents, et que nous avons, en Allemagne, une troisième espèce de ce genre, je désire donner ici les diagnoses des Sphodrus (Dcjean) de ma col¬ lection. Sphodrus Ghilianii. — Aptcrus; piceo-ferrugineus ; thorace cordato, basi truncato, utrinque linea impressa, angulis subrectis; elytris subovatis, striatis; tibiis inicr- mediis gracilibus, rectis; unguiculis simplicibus; tarsis linea impressa instructis. — Long., 7 lignes; larg., 2 3/4 lignes. Thoracis long., 1 1/2 ligne. — Patria, Alp. mérid. Syn., Sphodrus Ghilianii , Schaum, Insect. Deutschlands, t. I, p. 383. Sphodrus glyptomer us, Chaudoir, Stettiner ent zeitung, 1859, p. 127. Sphodrus cavicola. — Apterus, subangulatus, piceus; thorace elongato, basi subemarginato, postice utrinque impresso, transversim depresso, angulis acutis; elytriselon- gatis, obovatis, punctato-striatis, punctis subtilissimis; li- biis intermediis rectis, validioribus; unguiculis simplicibus; tarsis pilosis. — Long., 1 1/2 ligne; larg., 2 1/2 lignes. Thoracis long., 6 1/3 lignes. — Patria, Styria, in caverno prope Stimberg, leg. F. D. Schmidt. Syn. Sphodrus cavicola, Schaum, Insect. Deutschlmds, t. I, p. 382. N. B. M. le professeur Schaum dit : capite juxta oculis parum prominulis utrinque bipunctnto. Cela n’est pas constant. Tous les Sphodrus ferrugineux, Dej., ont deux points sur le côté de la tête, avec un poil. Sphodrus Schreibersi. — Apterus, subangustatus, dilute ferrugineus, subpellucidus ; thorace elongato, basi trun¬ cato, utrinque linea impressa, linea intermedia ante ba¬ sin abbreviata, angulis acutis; elytris elliplicis, subcon- vexis, punctato-striatis, punctis subtilissimis, interstitiis planis; tibiis intermediis gracilibus, rectis; unguiculis simplicibus; tarsis selosis. — Long., C lig.; larg., 2 1/4 lig. 14 kf.v. et mag. de zoologie. ( Janvier 1SG1.) Thoracis long., 1 1/3 ligne. — Patria, Styria, in caverno prope Adelsberg. Syn., Küster, Kafer Europas , V, 24. ? Schautn. Inscct. Deutschlunds , t. I, p. 38*2. Sphodrus Schmidti. — Apterus, subangustatus, ferrii- gineus; thorace elongato, basi truncato, utrinque linea impressa, angulis subrectis ; elytris ellipticis, deplanatis, punctato-striatis, punctis subtilissimis , interstitiis con- vexiusculis; tibiis intermediis gracilibus, rectis; unguicu- lis simplicibus; tarsis setosis. — Long., 6 1/2 lignes; larg., 2 1/4. Thoracis long., 1 1/2. — Patria, Styria. Syn. : Sphodrus Schmidti, Müll., Verhandl. d. zool., botan. Vereins, 1834, p. 24. Sphodrus Schreibersi , in Schaum, Insect. Dcutschlands, t. I, p. 382. Sphodrus dissimilis, n. sp. — Apterus , subangustatus, testaceus , subpellucidus; thorace elongato, basi subsi- nuato, utrinque linea impressa, angulis valde acutis; ely¬ tris ellipticis, deplanatis, punctato-striatis; tibiis inter¬ mediis gracilibus, rectis; unguiculis simplicibus; tarsis setosis. — Long., 5-5 1/4 lignes; larg., 2 lignes. Thoracis long., 1 1/4 ligne. — Patria, Styria, in caverno Stu- denitz. Sphodrus peleus, n. sp. — Apterus, subangustatus, dilutn ferrugineus, subpellucidus; thorace elongato, basi si- nuato, utrinque linea impressa, angulis acutis; elytris obovalis, convcxiusculis, subtiliter slrialis ; tarsis inter¬ mediis rectis; unguiculis simplicibus; tarsis setosis. — Long. 5 1/4-6 1/2 lignes; larg., 1 3/4-2 1/4. Thoracis long., 1 1/4-1 1/2 ligne. — Patria, Hispan. occ. (monte Peleo, leg. auct.), in caverno N. N. Sphodrus peleus, var. obscur'atus, n. sp. — Apterus, sub¬ angustatus, piceo-ferrugineus ; thorace elongato, basi si- nuato, utrinque linea impressa, angulis acutis; elytris obovatis, convexiusculis, subtiliter striatis; tibiis inter¬ mediis rectis ; unguiculis simplicibus ; tarsis setosis. — SOCIÉTÉS SAVANTES. 15 Long., 0 lignes: larg., 2 lignes. Thoracis long., 1 1/2 li¬ gne. — Patria : Hispan. occ. (pieos de Europa, leg. auct.). Sphodrua Fairmairci, n. sp. — Apterus, angustatus, ter- rugineus ; thoracc elongato, subcordato, basi subsinuato, utrinque linea impressa, angulis posticis subrectis; ely tris elongato-obovatis, subtiliter slriatis; tibiis intermediis va- lidis, redis; ungniculis simplicibus; tarsis setosis. — Long., G 1/2 lignes ; larg., 2 lignes. Thoracis long., 1 1 /4 ligne. — Palria, Hispan. occ. (leg. auct.). Dédié au savant entomologiste Léon Faii maire, «i Paris. Sphodrus Reichenbaehi , n. sp. — Apteras, niger; tho- raco cordato, postice utrinque impresso, angulis redis ; elytris ovalibus, deplanatis, subcyaneis vel cærulescen- tibus, punctato-striatis; antennis pedibusque piceis; tibiis intermediis incurvis; tarsis subpubescentibus; ungniculis simplicibus. — Long., 6-6 1/2 lignes; larg., 2 1/3-2 3/4 li¬ gnes. Thoracis long., 1 1/2 ligne. — Patria, Hispan. occ. (prov. Alnba. — Huipuscoa, leg. auct ) Dédié au célèbre docteur Ludwig Reichenbach, direc¬ teur du musée d’histoire naturelle de Dresde. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences de Paris. Séance du 3 janvier 1861. — M Flourens fait hommage i\ l’Académie d’un exemplaire du livre qu’il vient de pu¬ blier sous ce litre : de lu Raison, du Génie et de la Folie. « Dans la première partie de ce livre, dit M. Flourens, je donne une analyse toute nouvelle do la raison. La raison se compose de trois ordres de facultés : les facultés in¬ stinctives , les facultés intellectuelles et les facultés ration¬ nelles. « Dans La deuxième partie, j’étudie le génie et je le rn 16 rev. et mag. de zoologle. ( Janvier 1861.) mène à sa vraie nature, qui est d’appartenir à la raison, dont il marque le degré suprême, et non à la folie, comme quelques-uns le prétendent en ce moment. « Dans la troisième partie, j’éclaire et j’explique la folie par la raison, et non la raison par la folie, comme le fait la nouvelle école psychologique , ce qui est l’ordre renversé du bon sens et de la logique. » Séance du 14 janvier 1861. — M. le docteur Eugène Robert présente un supplément aux recherches géologi¬ ques sur les matières, et principalement les pierres, tra¬ vaillées par les anciens Gaulois. Séance du 21 janvier 1861. — MM. N. Joly et Ch. Musset adressent un travail intitulé Nouvelles expériences sur l’hété¬ rogénéité. « Dans notre communication relative aux générations spontanées, nous nous sommes attachés à établir que la vie apparaît dans les décoctions de substances organiques mises en contact direct avec l’air emprisonné dans les ca¬ vités naturelles des végétaux (courge, potiron, piment annuel) et, par conséquent, aussi dépouillé que possible des germes nombreux que l’on dit flotter sans cesse au sein de l’atmosphère. Dans le présent Mémoire, nous ex¬ poserons les résultats que nous avons obtenus en répétant, avec des soins minutieux, les expériences de MM. Schult- ze, Schwann, Hoffmann et Pasteur ; nous donnons ensuite les détails d’une expérience nouvelle qui nous appartient et qui, jointe à toutes les observations que nous avons faites depuis bientôt un an, nous dispose singulièrement à croire à la réalité des générations spontanées, du moins en ce qui concerne les êtres les plus inférieurs des deux règnes organiques. « Qu’il nous suffise de dire que, malgré notre vif désir de ne pas prolonger inutilement le débat engagé entre les hétérogénistes cl les adversaires de Y hétérogénie, nous sommes forcés de déclarer que nos propres observations nous ont conduits à des résultats entièrement opposés à SOCIÉTÉS SAVANTES. 17 ceux qu’avaient annoncés les auteurs des expériences que nous avons répétées. Ainsi vainement nous avons soumis à une ébullition prolongée les substances organiques dont nous nous sommes servis; en vain nous avons fait subir une température très-élevée à l’air destiné à être introduit dans nos appareils; en vain nous lui avons fait traverser des tubes chauffés au rouge blanc ou remplis d’acide sulfurique concentré, nous avons constamment vu naître, dans nos matras, des productions organisées, très- simples, il est vrai, mais dont l’origine ne saurait, selon nous, être expliquée par les germes atmosphériques. « Du reste, M. Hoffmann lui-même déclare que, si, « en réalité, on ne peut faire des expériences sans que la pous¬ sière qui flotte dans l’air apporte dans le liquide quelques spores de champignons, l’ébullition suffît pour les faire périr. » « D’après l’un de nos plus habiles antagonistes, l’ébul¬ lition prolongée dans l’eau tuerait même tous les germes atmosphériques, y compris les spores des Mucédinées. Il est vrai que, trois mois plus tard, il annonce que des Vi¬ brions peuvent naître dans un liquide de la nature du lait (c’est-à-dire légèrement alcalin) qui a subi une ébul¬ lition de plusieurs minutes à la température de 100 de¬ grés, bien que cela n’arrive pas pour l’urine ni pour l’eau sucrée albumineuse. Nous ne nous chargeons pas de concilier ces assertions contradictoires ; aussi nous bor¬ nons-nous, en terminant cet extrait, à faire connaître l’ex¬ périence qui suit. Elle est basée sur la loi du mélange des gaz à travers les membranes humides. Or ces membranes sont considérées, par tous les savants, comme les filtres les plus fins dont on puisse se servir, et en effet leurs pores intermoléculaires sont d’une telle petitesse, qu’ils échappent à l’œil armé du meilleur microscope. « Nous faisons bouillir dans de l’eau ordinaire deux cæcums de mouton et de petits morceaux de viande. Après une heure d’ébullition, nous remplissons les cæcums de 2* sérib. t. xm. Année 1861. 2 18 rev. et mag. de zoqeogie . ( Janvier 1861.) notre décoction encore très-chaude, et nous y introdui¬ sons un des morceaux de viande. Alors, nous en servant comme d’éprouvette, nous y faisons arriver un courant d’hydrogène bien lavé, et nous lions fortement, quand le gaz remplit environ les trois quarts de la capacité des cæcums. Cela fait, nous les plaçons dans un vase plein d’eau, en ayant soin de constater l’intégrité des mem¬ branes. Que se passe-t-il alors? L’hydrogène, après quel¬ ques heures, se dégage, et l’air atmosphérique filtré le remplace ; les cæcums ont, pour ainsi dire, respiré. « Comme la température était froide, nous avons pris le soin de tenir le vase à expérience dans un coin de notre cheminée. Pendant douze jours, la température du bain a varié de 3 à 25 degrés. Cet intervalle de temps écoulé, nous avons ouvert les cæcums; alors nous avons constaté la présence d'une assez grande quantité de Bac¬ téries très-agiles. Quant au critérium, il nous a donné les mêmes microzoaires , mais en nombre beaucoup plus grand. Ajoutons que le critérium n’avait pas été chauffé, et que sa température ne s’est pas élevée au-dessus de 8 degrés pendant toute la durée de l’expérience. Toute¬ fois cettte différence dans les résultats, très-facile d’ail¬ leurs à concevoir, n’en infirme en rien la valeur proba- tive. » M. 31 Une- Edwards présente la première livraison de Y Iconographie générale des Ophidiens, par M. Jan, direc¬ teur du musée de Milan, et il appelle l’attention de l’Aca¬ démie sur le mérite de ce travail remarquable par l’exac¬ titude des détails. Séance du 28 janvier 1861. — M. Coste lit une Note sur le repeuplement du littoral par la création d'huitrières arti¬ ficielles. « j’ai l’honneur de communiquer à l’Académie le ré¬ sultat des opérations de repeuplement que, par ordre de l’Empereur, l’administration de la marine exécute ou di¬ rige sur le littoral de la France. Cette communication sera SOCIÉTÉS SAVANTES. 19 accueillie, j’espère, avec faveur, car le succès est le ré¬ sultat de l’application d’une donnée abstraite de la science. « Je n’insisterai pas sur les produits de la baie de Saint- Brieuc. Par la vue des branchages chargés d’ Huîtres déjà marchandes que je mets sous ses yeux, l’Académie pourra juger comment l’industrie a pu, à 15 ou 20 mètres de profondeur, accumuler la récolte là où, auparavant, il n’y avait pas de trace de coquillage. « Je veux surtout montrer aujourd’hui comment cette idée abstraite de la science, en pénétrant dans l’esprit de nos populations maritimes, les a conduites à fixer la mois¬ son sur les terrains émergents où, à mer basse, on peut donner des soins au coquillage comme, dans nos jardins, aux fruits des espaliers. Les appareils collecteurs de toute sorte, fascines, planches, tuiles, fragments de roche, tout s’y couvre d’Huîtres avec une telle profusion, que l’Océan se transforme en une véritable fabrique de sub¬ stance alimentaire. « Dans l’ile de lté, de la pointe de Rivedoux à la pointe de Loix, sur une longueur de 3 à 4 lieues, une immense vasière a été convertie en champ de production d’une richesse inouïe. Là où auparavant l’Huître ne pouvait se développer, les agents de l’administration en comptent, à l’heure qu’il est, en moyenne, GOOpar mètre carré ; ce qui donne, pour une superficie de 630,000 en exploitation, un total de 378,000,000 de sujets, la plupart ayant déjà une taille marchande, et représentant une valeur de 6,000,000 à 8,000,000 de francs. « Ce travail, commencé seulement depuis deux ans, se poursuit avec une infatigable énergie dans tout le reste du pourtour de l’île. Il e§t l’œuvre des efforts combinés de plusieurs milliers d’hommes venus de l’intérieur des terres pour prendre possession de ce nouveau domaine. Quinze cents parcs y sont, dès à présent, en pleine acti¬ vité, et deux mille autres sont en voie de construction. 20 rev. et mag. üe zoologie. ( Janvier 1861.) Los détenteurs de ces établissements, constitués en asso¬ ciation, ont nommé des délégués pour les représenter auprès de l’administration, et des gardes-jurés pour sur¬ veiller la récolte commune. Ils se réunissent en assem¬ blée générale pour délibérer sur les moyens de perfec¬ tionner leur industrie ; en sorte que, dans cette associa¬ tion, à côté de l’intérêt individuel se trouve représenté l’intérêt de la communauté. « Dans la baie d’Areachon, l’industrie huîtrière se dé¬ veloppe dans les mêmes proportions qu’à l’île de Ré. Le bassin tout entier se transforme en un champ de produc¬ tion. Ici cent douze capitalistes, associés à cent douze marins, exploitent 400 hectares de terrains émergents, et l’État, pour donner l’exemple, a organisé deux sortes de fermes-modèles destinées à l’expérimentation de toutes les méthodes propres à fixer la semence et à rendre la récolte facile. L’application de ces méthodes a déjà amené une telle reproduction , que ce bassin est sur le point de de¬ venir un des centres les plus actifs des approvisionne¬ ments de nos marchés. Les qualités de forme et de goût (pie le coquillage y acquiert permettent de le livrer direc¬ tement à la consommation, sans lui faire subir préalable¬ ment les traitements auxquels on le soumet dans les parcs de perfectionnement. Les dépenses que ces manipulations exigent partout ailleurs étant supprimées ici, il en résul¬ tera une économie qui tournera à la fois au bénéfice du producteur et du consommateur. « L’administration de la marine ne s’est pas bornée à créer des centres de production dans l’Océan; elle a voulu en former aussi sur nos côtes de la Méditerranée. Les premiers essais faits dans la rade de Toulon ont donné les résultats les plus satisfaisants : l’Académie peut en juger par le fragment de clayonnage que je mets sous ses yeux; la quantité d’Huîtres n’y est pas moins grande que sur les fragments de roche, sur les fascines, les plan¬ chers et lets tuiles pris à Saint-Brieuc, à l’île de Ré, au SOCIÉTÉS SAVANTES. 21 bassin d’Arcachon. C’est un fait qui ressort des divers échantillons déposés sur le bureau. » M. Ollier adresse un Mémoire de physiologie intitulé, de i Accroissement en longueur des os des membres et de la part proportionnelle qu'y prennent leurs deux extrémités. M. Pappenheim adresse des Notes, l’une sur les lym¬ phatiques du cœur chez les individus de sexe différent; la seconde, sur une vessie urinaire bicorne ; la dernière, sur un moyen auxiliaire pour l’exploration du larynx et des cavités nasales. M. Lereboullet adresse un mémoire ayant pour titre, du Mode de fixation des œufs aux fausses pattes abdominales dans les Ecrevisses. « Les naturalistes n’ont pas encore expliqué, du moins à ma connaissance, le mécanisme suivant lequel les œufs des Ecrevisses, et probablement aussi les œufs des autres Dé¬ capodes, se fixent aux appendices abdominaux. La des¬ cription de ce mécanisme fait le sujet du mémoire que j’ai l’honneur de présenter à l’Académie. « Quelques semaines avant la ponte, il se forme sous l’abdomen, en dedans de l’arceau inférieur de chaque anneau, un dépôt particulier de couleur blanche, com¬ posé de granules microscopiques, de noyaux et de glo¬ bules graisseux. Ce dépôt se voit à travers la membrane cornée qui unit les anneaux les uns auxautres,sousla forme d’un liséré blanc qui borde, en avant et en arrière, l’ar¬ ceau inférieur. Il devient de plus en plus considérable jusqu’au moment de la ponte, et remplit, en outre, les cavités épimériennes, l’intérieur des fausses pattes abdo¬ minales et les lames natatoires de la queue. La matière blanche qui constitue ce dépôt a une consistance cré¬ meuse; mais, quand on la délaye dans l’eau, elle devient filante et grumeleuse. « Au moment de la ponte, l’abdomen srê replie sur lui- même, de manière à former un sac dont les bords sont collés les uns aux autres par une matière visqueuse. L’in- 22 rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1861.) térieur de ce sac est rempli d’un liquide glaireux, au mi¬ lieu duquel sont plongés les œufs encore mous et libres de toute adhérence aux parties voisines. « A cette époque déjà le dépôt blanc a disparu. « L’examen microscopique de ce dépôt, fait un peu avant sa disparition, le montre composé, presque en to¬ talité, de vésicules microscopiques d’un aspect uniforme. Ces vésicules se dissolvent et produisent un liquide qui suinte à travers la membrane cornée des segments et rem¬ plit très-promptement la poche abdominale. Le liquide ainsi produit a la propriété de se coaguler dans l’eau et de se transformer en une membrane amorphe. L’Ecre¬ visse, par les mouvements qu’elle imprime à l’abdomen, fait entrer une certaine quantité d’eau dans l’intérieur de la poche qui recèle les œufs , le liquide visqueux se coagule autour de ces derniers et les fixe aux fausses pattes à l’aide d’un pédicule qui se solidifie et s’allonge peu à peu. « Quand tous les œufs sont suspendus, l’abdomen se déroule, et l’on ne trouve plus aucune trace du dépôt blanc qui avait précédé leur apparition. « Le mécanisme de la fixation des œufs aux fausses pattes de l’abdomen se compose donc de plusieurs actes : « 1° De la formation d’un dépôt celluleux et granuleux sous l’abdomen, en dedans des segments; « 2° La dissolution de ce dépôt et sa transformation en un liquide visqueux qui suinte à travers les segments ab¬ dominaux ; « 3° Le reploiement de l’abdoment en forme de sac dont les bords correspondants se collent les uns aux au¬ tres, par l’effet du liquide visqueux, à l’aide des soies qui les garnissent; « 4° La ponte des œufs qui arrivent dans le sac et plon¬ gent au milieu du liquide dont il est rempli; « 5° La solidification lente et progressive de ce liquide ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 23 et, par suite, la formation de l’enveloppe extérieure des œufs et des pédicules qui servent à les suspendre. « Ce travail de sécrétion temporaire, dont le résulta), est la formation d’une matière granuleuse qui se résout elle-même en un liquide, se fait sans la présence d’aucune glande. 11 est possible que les cellules de la membrane dermoïdale du lest tiennent ici lieu de la tunique épithé¬ liale des glandes sécrétoires et en remplissent les fonc¬ tions. « Je fais remarquer que la formation du liquide sé¬ crété est précédée de la résolution de la matière blanche déposée sous l’abdomen en une quantité innombrable de granules vésiculeux homogènes. Il est évident que c’est à la fonte de ces granules que le liquide doit son origine. « D’après cela, on est en droit de se demander si, dans les sécrétions ordinaires, le liquide sécrété, au lieu de provenir du sang, ne résulterait pas de la dissolution de granules élémentaires qu’auraient produits et élaborés les cellules épithéliales. En d’autres termes, ces dernières cellules, au lieu de se borner à extraire du sang, sous forme liquide, le produit de la sécrétion, n’auraient-elles pas pour mission de former des granules, et ne serait-ce pas dans cette formation granuleuse que consisterait le travail d’élaboration qui constitue la sécrétion? » III ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. Mémoires d’histoire naturelle du docteur 1). Pctblo de la Llavc , extraits du Registre) trimestre (1) publié à Mexico en 1832. Nous croyons être agréable à nos lecteurs en leur don¬ nant la traduction des Mémoires zoologiques contenus (1) Rcgistro trimestre, o coleccion de memorias de historia, lilera- tura, cienciasy artes por uua sociedad de literatos — Enero de 1832, t. I. Mexico, etc., 1832, in -8 (ou petit in-i espagnol'. Ce tome est formé de 4 cahiers d’environ 100 pages (total, 513 p. ■ 24 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1 861 .) dans une publication extrêmement rare, qui ne se trouve dans presque aucune bibliothèque de l’Europe. Nous de¬ vons la connaissance de ce livre à notre ami M. Auguste Sallé, naturaliste-voyageur très- instruit et très-bon ob¬ servateur, qui nous a adressé la lettre suivante en nous donnant son travail : « Ayant demandé à un de mes amis du Mexique le Re¬ gistre trimestre , o coleccion de memorias de historia, lite- ratura, ciencias y artes, por una sociedad de literatos, pu¬ blié à Mexico en 1832, il me répondit d’abord que cet ouvrage était épuisé. Cependant, au bout de quelque temps, il m’écrivit qu’il était parvenu , avec peine, à se procurer le premier volume de ce recueil , qu’il avait rencontré chez un bouquiniste de la ville de Mexico, et qu’il me l’enverrait à la prochaine occasion. Ce volume ne m’est parvenu que longtemps après, à cause de l’état déplorable dans lequel se trouve ce malheureux et beau pays, par suite de la guerre civile qui dure depuis plu¬ sieurs années, et qui ôte toute sécurité aux communica¬ tions. Parmi les intéressants articles relatifs à l’histoire naturelle qui se trouvent dans ce volume j’extrais, pour vos lecteurs, les suivants, qui ont trait à la zoologie et qui sont presque ignorés , ou du moins fort peu connus en Europe. « Vous voudrez bien excuser les mauvaises traductions d’un voyageur qui est plus habile à chasser qu’à manier la plume. ce Votre ami dévoué, A. Sallé, voyageur-naturaliste, rue Guy-de-la-Brosse, 13. » Mémoire sur le Quetzaltototl , genre nouveau d’Oiseau, par le docteur D. Pablo de la Llave. (Extrait du Registro trimestre, etc., p. 43.) Une des branches de la zoologie qui intéresse le plus est celle qui traite des Oiseaux. La variété de leurs formes et de leurs mœurs, celle de leurs plumes et couleurs, et le langage particulier que chaque espèce a pour sub- ANALYSES ^OUVRAGES NOUVEAUX. 25 venir à ses besoins, doivent intéresser les amateurs du grand spectacle que présente la nature. Cette étude ne peut pas être avancée parmi nous, car à peine connais¬ sons-nous les Oiseaux cpii attirent l’attention par leur chant et la richesse de leurs couleurs, ou ceux qui sont destinés à la consommation et aux plaisirs de la table. Nous ne savons rien des autres, parce qu’il n’y a ni in¬ térêt ni motif de les étudier. En effet, pourquoi commettre des hostilités sur des Oiseaux qui n’ont pas d’utilité, dans un pays où, dans la plus grande partie de son ter¬ ritoire, vivent, tranquilles et sans crainte de l’homme, les Lièvres, les Perdrix et les Lapins? Quand l’expédition d’histoire naturelle de la Nouvelle- Espagne, composée de MM. le directeur D. Martin Sesé, D. José Mariano Mocino, D. Juan del Castillo, D. José Longinos, fit ses envois d’objets en Espagne, en les adres¬ sant au directeur du cabinet de Madrid, on porta les caisses d’Oiseaux dans un magasin du palais del Ketiro; elles y restèrent environ quinze ans, et personne ne se rappelait plus de cela jusqu’à ce que les Français, étant entrés pour la seconde fois dans Madrid et occupant ledit palais, les soldats tombèrent sur les caisses et se distri¬ buèrent les Oiseaux. Averti par moi et ayant fait des dé¬ marches pour recouvrer ce trésor, l’Américain D. Fran¬ cisco Zea, qui était à la tête du département de l’instruc¬ tion. publique, au ministère du commerce, en fit ramasser ce qu’on put; on remit le tout à M. Mocino, et, à l’ou¬ verture des caisses (1), on trouva environ trois cents Oi¬ seaux. (1) Les Oiseaux étaient restés dans le magasin du Rotiro pendant quinze ans dans le meilleur état, et, quand on les sortit, ils sem blaieut fraîchement préparés. Ils étaient dans des caisses de cèdre ( cedrella odorata), et sans plus de précautions que quelques petites poupées de camphre; mais, peu de jours après avoir été extraits et rangés dans une salle, je commençai à remarquer que les Vers les attaquaient, et ils ne purent être conservés qu’à force de soins et parce que je les visitais et soignais journellement. Quaud je partis 26 rev. et mag. de zooeogie. ( Janvier 1861.) Dans cette collectionne commençai à étudier l’ornitho¬ logie, et, comme c’est une matière facile, en peu de temps je l’appris, et il me vint à l’esprit de reconnaître les Oi¬ seaux cpie l’on conservait dans ce cabinet d’histoire natu¬ relle. Il paraît étrange que, dans un établissement de cette espèce, les objets fussent restés si longtemps sans être dé¬ terminés, et que jamais il n’y ait été donné de leçons de zoologie. Le cabinet avait été fondé par un M. Davila, natif de Guayaquil, et M. Mocino, natif de Temascaltepec, dans l’État de Mexico. Longtemps après, ce fut le pre¬ mier qui y donna des cours de zoologie, ayant d’abord déterminé avec moi la collection d’Animaux de ce cabinet, excepté la plus grande partie des Insectes (1), parce que l’occasion manquait pour le faire. La collection que nous sortîmes des caisses, suivant ce que me dit M. Mocino, avait été formée dans le Guate¬ mala. Les Oiseaux étaient remarquables par la variété de couleurs; mais, entre tous, brillait le Quetzaltototl , dont il y avait environ douze mâles et quelques femelles. Alors j’avais déjà vu beaucoup d’Oiseaux, et cependant je ne me lassais pas de voir et d’admirer un Oiseau aussi beau. La magnificence de sa robe, la richesse et le brillant du coloris, son attitude élégante appellent l’attention de de Madrid, ou les mit au cabinet, et au bout de trois ans, quand je revins les voir, je les trouvai dévorés par les Vers, qui avaient con¬ sommé jusqu’à la côte des plumes les plus grosses. La même chose était arrivée auparavant à quantité d’Oiseaux de Mexico et d’autres pays qu’on avait envoyés au cabinet de Madrid, où se conservaient seulement les pièces qu’avait apportées de France M. Davila, et par¬ ticulièrement les aquatiques. M. Baradière, qui a été à Mexico et a monté une quantité d’Oiseaux qui sont venus orner notre cabinet, préparait les peaux avec de l’arsenic, et, nonobstant cette précaution, quelques Oiseaux furent attaqués par les Vers. i'I) Quoiqu’il y eût d’assez bons livres dans la bibliothèque du ca¬ binet, il n’y avait cependant pas les ouvrages modernes sur les In¬ sectes, et ou ne voulut pas nous les procurer. De plus, ayaut été per¬ sécuté à cette époque, M. Mocino ne put rien faire sur les Insectes, et iis restèrent ainsi sans déterminatiou. ANALYSES ü’ OUVRAGES NOUVEAUX. 27 celui qui l’observe. Les premiers Mexicains, habiles à donner des noms propres aux choses, lui donnèrent celui de Quetzallototl , mot composé de tototl, Oiseau, et quct- zalli, chose riche, resplendissante et précieuse (1 . M. Mocino croyait alors que cet Oiseau devait entrer dans le genre Bucco, et il m’assurait que .M. Sése l’avait pris pour un Paradisea , idée très-étrange, car l’un et l’autre se distinguent jusque dans la famille. M Mocino avait été séduit par le bec déprimé et les barbilles du Bucco, qui se trouvent aussi dans le Quetzaltololl; mais, pour moi, il offrait les caractères d’un autre genre, et les différences de cet Oiseau m’ont fait insister, dès le com¬ mencement, sur ce qu’il devait former un genre nouveau ; enfin M. Mocino convint aussi de cela. Ayant fait la des¬ cription et une dissertation étendue sur les raisons que j’avais pour le qualifier de genre nouveau, je dirigeai le tout par duplicata à M. Cuvier, professeur du muséum de Paris; mais il est probable que les papiers ne sont pas arrivés à leur destination, parce que jamais je n'ai eu de réponse. M. Geoffrov-Saint-Hilaire, professeur de zoologie dans le même musée, vint, à cette époque, à Madrid, et, à ce que je me rappelle, je lui parlai aussi de cet Oiseau très-précieux. Je me suis étendu sur la relation de tous ces antécédents, parce qu’ils ne sont pas du tout super¬ flus. Arrivons aux Quetzaltototls. Cet Oiseau a une grande affinité avec le genre Trogon ; ses couleurs et leur distribution, la forme de son bec et son port l’approchent tant de ce genre, que celui qui en a vu ne peut pas faire moins que de s’en rappeler en je¬ tant les yeux sur le Quetzaltototl. Cependant il y a deux dif- (1) Nous croyons que la parole mexicaine quctz illi est un abstrait équivalent à brillant, resplendissant, beau, délicat, et nous nous fondons sur ce que quetzalchalchinUI signili pierre précieuse bleue ou verte; quctzalitztli signifie émeraude, et quelzaluexolt équivaut à saule beau et délicat. Nous avons pris la valeur de ces mots dans le dictionnaire du père Molina, du xvi8 siècle, dont il reste très-peu d’exemplaires. 28 rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1861.) férences qui me paraissent balancer cette somme de rap¬ prochement ; ce sont le bec avec la marge du bord lisse, qui, dans le Trogon , est dentelé, et ensuite les cou¬ vertures de la queue, qui, par paire, vont s’allongeant jusqu’à dépasser une vara (0m,84), et aussi les couver¬ tures des ailes, qui tombent courbées en forme de cime¬ terre, et les couvrent toutes quand l’Animal les a pliées. Ainsi j’ai cru que ces deux caractères suffiraient pour faire un genre nouveau sans enfreindre la loi des affinités; et j’insiste d’autant plus là-dessus que la condition du bec lisse paraît induire qu’il doit y avoir quelques diffé¬ rences dans les mœurs de cet Oiseau. On m’a assuré que c’est dans les bois de la Verapaz qu’abonde le plus le Quetzaltototl; mais dernièrement il nous en est veuu de l’Etat des Chiapas, de la confédération mexicaine. Les anciens habitants de notre sol appréciaient beaucoup la plume de cet Oiseau doré, et les peuples de la juridiction dans laquelle il vit payaient à l’empereur un tribut de ces plumes, avec lesquelles on faisait des vêtements très- riches (1). Il me paraissait impossible qu’après tant d’années (car j’avais décrit l’Oiseau en 1810), et après que beaucoup de curieux et d’amateurs avaient vu l’Animal et les dessins qu’on en avait faits, il n’eût pas encore été décrit, et c’est pour cela que je n’avais pas encore osé publier sa descrip¬ tion ; mais le prince de Wurtemberg, très-amateur et ex¬ pert dans l’ornithologie, étant venu à Mexico, m’assura que le Quetzaltototl , qu’il vit dans notre cabinet, était bien réellement nouveau. Il m’assura qu’il n’avait aucune (1) J’ai entendu dire que, du temps des anciens Mexicains, il y avait une espèce de règlement pour chasser le Quetzaltototl sans le blesser. On lui prenait ses longues plumes et on le lâchait pour attendre que d’autres aient repoussé. M. Mocino me dit que l’expé- ditiou avait envoyé à Madrid une quantité suffisante de ces plumes pour orner un vêtement qu’on présenta à la reine Marie-Louise, et elle le conservait comme un bijou. La flexibilité de la côte de la plume fait qu’elle peut servir pour tous les ornements. 29 ANALYSES d’OUVRAGES NOUVEAUX. notion de cet Oiseau, et que, à son avis, pas un des ou¬ vrages ies plus récents d’histoire naturelle n’en faisait mention. D’après cela, il me semble que, sans être taxé de légèreté, je puis publier cet Oiseau comme genre nou¬ veau, en faisant connaître un objet que j’ai, le premier, observé au point de vue ornithologique. Je lui avais donné le nom générique de Pharomachre, qui, en grec, rappelle la longueur des plumes ou vêtement, et, quant au nom spécifique, je lui donnai celui de Mocino, pour conserver dans l’ornithologie la mémoire de ce célèbre et ma'heu- reux naturaliste (1). Le Quetzaltototl, qui, vulgairement et par abréviation s’appelle Quezale, est un peu plus gros que 1 eTrogoncuru- cui; il a le bec court, déprimé, large à la base, échancré à la pointe de la mandibule supérieure, sans dents, de couleur jaunâtre, et les narines sont garnies de barbilles ou moustaches courtes; il a une crête de plumes qui, se doublant, part des tempes et forme une espèce de casque. La queue compte douze pennes ; les six supérieures noires, et celles d’en bas en grande partie blanches. Cette queue est recouverte par une portion de plumes sortant deux par deux , s’allongeant graduellement jusqu'aux dernières, qui, dans quelques individus, ont une vara (0ra,84). Ces longues plumes n’ont seulement que deux doigts de large, et la côte est assez élastique et flexible. Les plumes de la tête, celles de la moitié supérieure de la poitrine, celles de tout le cou, le manteau ou épaules et les couvertures de la queue sont d’un vert-émeraude doré qui, suivant l’exposition de la lumière, change en violet et bleu saphir. Les rémiges des ailes sont noires, et les plumes qui les recouvrent du vert dont nous avons parlé; elles sont disposées en forme de cimeterre, la pointe tournant vers le bec, et elles couvrent toute l’aile quand l’Animal est posé. Le dessous, depuis la moitié inférieure de la poitrine jusqu’au croupion, est rouge au il' Voir la note A, à la fin de l’article. 30 rev - et mag. de zoologie. ( Janvier 1861.) commencement et d’un sanguin noitrâtre qui dégénère en ponceau, et va en s’éclaircissant jusqu’à ce que, entre les cuisses, il arrive à décliner parfois en rose. Les plumes qui couvrent les cuisses sont noirâtres et les pieds presque de la même couleur, bas sur jambes et ayant deux doigts en avant et deux en arrière , car il est de la famille ou ordre des Grimpeurs. La femelle est plus grosse, mais les couvertures des ailes et de la queue ne sont pas aussi grandes, à ce que je me rappelle (car il y a bien des an¬ nées que je la vis, et je n’en ai pas gardé la description); elle est entièrement d’un vert doré, et la partie inférieure manque de rouge; mais je répète que je ne suis pas bien sûr de cela, pour les raisons susdites. Maintenant voici la description de l’espèce. Comme nous avons des motifs de conjecturer qu’elle n’a pas été publiée, nous la mettrons en latin, afin qu’elle puisse s’insérer dans les ouvrages d’ornithologie qui s’impriment en cette langue. Pharomacrus, e famiiia Scansorum , Trogonibus perquam affiuis, ab bis tamen rostro edeututo tectricibusque lougis distiuctus. Pharomachrus'Mocino (1). Totus supra et usque ad pectoris me- (li Quoique le prince Ch. Bonaparte, dans son Conspectus Avium , assigne la date de 1820 au nom de Trogon paradiseus, Bp., comme il ne le décrit pas, c’est le nom de Mocinno , la Llave , qui doit avoir la priorité. Voici la synonymie de cet Oiseau : Quetzaltolotl , seu Ave plumarum divilum, Francisci Fernandez, cap. II, p. 13. Romæ, 1651. Trogon paradiseus. Bp., 1826.- (Mais où fut-il décrit?) Pharomochrus Mocinno, de la Llave, 1831. Trogon pavonius, Tem. (nec spix), pi. col. 372, 1835 ? — resplendens , Gould, Proceed. of lhe zoo l. Soc. of London, 1835. — Gould, Mon. Trog., t. XXI. Cülurus , Swains, 1837. Calurus resplendens , Swaiusou, Class. of Birds , II, p. 337, 1837. Sur les mœurs du Couroucou pavouin, par Delattre, Rev. zool., 1843, p. 163. MM. Sclater et Salviu, Ou lhe Ornühology of central America ’* lhe Ibie ” a Magazine of general ornühology, vol. I, p. 132. 1850. (A. Salle.) ANALYSES l/OUVRAGES NOUVEAUX. 31 dii'tatem inferiorem viridi-aureo micaos ; subtus, rubro pictus , lectricibus cauda quadruplo longioribus. Trogone curucui paulo major, rostro flavido, brevi, dopresso, basi lato, apice mandibula superiori emarginata. Caput plumulis cris- tatum, c temporibus provenientibus, sesc imbricantibus atq. iu galeam dispositis ac circumductis. Caudæ remiges 12, supcrio- res 6, aigri, inferiores majori ex parte caudidi. Tectrices caudæ per paria lougiores, postremæ aliquando uluam excedentes. Ala- rum remiges aigri, tectricibus subcurvis, plicatam alaui coope- rientibus. Pedes Scausorii, brèves, aigri, femoribus plumulis atris vestitis. Caput, collum, dorsum, superior pectoris mcdietas, ala- ruai caudæque tectrices, aureo smaragdiuo uitorc splcadeut in cæruleuui ac violaceum variauti. Subtus, ima pectoris medietate iuteuse sauguiaeus, de cætero, rubro dilution tmetus. Habitat uemoribus Guatimalæ , atq. umbrosis iutricatis saltibus chiapaueusis mexicaoæ ditiouis. Mexico, oovenibre le 10 de 1831, de la Llave. Note A. M. Mocino , natif, comme nous l’avons dit, de Ternascaltepec, se consacra d'abord aux études théologi¬ ques. Il abandonna cette carrière pour suivre celle de la médecine, dans laquelle il arriva à avoir une grande répu¬ tation, pouvant vivre, par ce moyen, dans l’aisance et l’abondance. Quand vint l’expédition d’histoire naturelle, il se livra à cette classe de connaissances et commença à voyager, étendant ses excursions jusqu’à Guatemala et ensuite jusqu’à Nootka, où il rendit des services impor¬ tants qui, certainement, comptent dans l’histoire naturelle de ce voyage, qui s’imprima à Madrid et parut, par frag¬ ments, dans le journal. Sur le territoire mexicain , il re¬ connut , par les ordres du comte de Kevillagigedo, le volcan de Tuxtla. Antérieurement, il avait été reconnaître celui de Jorullo, sur le cratère duquel il fit une magni¬ fique élégie en vers latins, de laquelle il doit être resté à Mexico un ou plusieurs exemplaires manuscrits. Quand l’expédition retourna en Espagne, M. Mocino, plus amou¬ reux de gloire que de revenus, renonça à tous ceux dont il jouissait dans son pays pour aller prendre sa part dans l’impression de ces travaux. Il arriva à Madrid; on lui fil 32 rev. et mag. de zoologie. ( Janvier 1861.) une pension mesquine et qu’il avait beaucoup de peine à toucher; mais, constant dans sa résolution, jamais il ne voulut abandonner ses dessins et ses descriptions. Il vi¬ vait comme un pensionnaire dans la maison de M. Sesé. Après la mort de cet ami et le départ de sa veuve pour Mexico, Mocino resta à Madrid souffrant et dans le be¬ soin, mais soutenu par l’espérance de voir à quelques jours le fruit de tant d’années d’assiduité et de sacri¬ fices imprimé. Le gouvernement français de Madrid lui continua sa pension. On parlait quelquefois d’imprimer la flore du Mexique, mais on n’avait pas de fonds. Pendant ce .temps, M. Mocino fut nommé directeur du cabinet, et il y donna des cours de zoologie. Quand l’armée française de Madrid se retira, au moment où on s’y attendait le moins, Mocino crut que son enseignement de l’histoire naturelle ne pouvait le compromettre, mais il se trompait; on le mena à la prison publique, où il fut conduit avec une chaîne de galérien ; spectacle digne de ces jours-là, de voir marcher à pied, et lié par le bras avec un autre, un vieillard infirme qui pouvait à peine faire un pas, et sans lui porter secours. Enfin, en entrant dans la vieille Castille, un générai mit cette chaîne illustre, composée entièrement de personnes distinguées, en liberté. Mocino revint au cabinet. Les Français se retirèrent une seconde fois; mais cette retraite fut faite avec précipitation et dans le plus grand désordre, eu sorte que les riches afrancisés (partisans des Français) étaient obligés de suivre la retraite à pied. On peut se figurer l’abattement et la détresse qu’éprouvait Mocino. il emporta sur une charrette les ob¬ jets les plus précieux du cabinet, ses manuscrits et des¬ sins, pour les sauver tous. La nuit il dormait sur cette charrette, le jour ii la suivait à pied. Enfin un général français s’empara de tout; il ne sauva que ses manuscrits et quelques dessins. 11 ne pouvait plus maintenant revenir en Espagne; il resta assez longtemps à Montpellier, pres¬ que aveugle et mangeant du pain sec, jusqu’à ce que quel- ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 33 ques savants français et allemands le secoururent. En 1820, la constitution ayant été rétablie en Espagne, M. D. Juan Jabet, ministre de la marine et intime ami de Mocino, le fit venir pour l’avoir dans sa maison, en atten¬ dant qu’il pût lui procurer d’autres secours. Il entreprit son voyage, débarqua à Barcelone, où le respectable M. D. Jacobo Villa-Urrutia le logea dans sa propre maison, et, peu après, il y mourut, nous laissant l’exemple d’un sa¬ vant qui sacrifia son bien-être par amour pour les sciences, et qui souffrit avec probité et dignité les maladies, les persécutions et la misère. Cette note a peut-être été un peu longue; mais, ayant vécu avec Mocino et sachant ce qu’il était dans l’ordre scientifique et moral, j’ai cru de mon devoir de profiter de l’occasion pour rappeler ses mérites. Mémoires pour servir à l’histoire naturelle du Mexique, des Antilles et des Etats-Unis. 2e mémoire. — Essai d’une faune des Myriapodes du Mexique, avec la des¬ cription de quelques espèces des autres parties de l’Amé¬ rique, par Henry de Saussure. — 1 vol. in-4, avec plan¬ ches. — Genève, 1860. Ainsi que le dit l’auteur dans sa préface, quoique ce mémoire porte le nom d’Essai d'une jaune des Myriapodes du Mexique, il est trèsMoin de réunir la totalité ou même la majorité des Animaux de cette classe qui habitent le Mexique. Il ne traite même pas de toutes les familles qui sont représentées dans ce pays, mais seulement de celles des Oniscodesmides, des Polydesmides, des Julides, des Sco- lopendrides et des Géophilides. Ce travail n’est qu’un pre¬ mier essai, comme l’indique son titre; il est surtout des¬ tiné à fournir des matériaux pour une faune plus com¬ plète du Mexique , et à faire connaître quelques espèces propres à d’autres parties du nouveau monde, matériaux qui serviront pour l’établissement de la faune de l’Amé- 28 série, t. xiii. Aunée 1861. 3 34 rev. et Mac,, or. ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) rique septentrionale en général, c’est-à-dire de cette partie de l’Amérique continentale et insulaire qui se trouve située au nord de l’isthme de Panama. Dans son introduction, M. de Saussure entre dans des détails intéressants sur les mœurs de ces Animaux, sur leur distribution géographique; il arrive ensuite à quel¬ ques observations relatives à la méthode, aux procédés de préparation de ces Animaux pour les conserver en col¬ lection, et enfin à la discussion des caractères des groupes et à la description des espèces. Nous ne saurions suivre l’auteur dans celte partie de son travail, qui nous a sem¬ blé traitée avec tout le soin et le talent si connus avec les¬ quels il a traité beaucoup d’autres ouvrages zoologiques. Ce mémoire est accompagné de 7 planches gravées, dont ies figures ont été dessinées par un de nos plus habiles peintres d’histoire naturelle, M. Nicolet, et dont plusieurs sont coloriées. Pour compléter sa série de Myriapodes recueillis au Mexique, à Cuba, etc., M. de Saussure a décrit un grand nombre d’espèces qui lui ont été procurées par M. Aug. Sallé, naturaliste-voyageur et excellent observateur, qui a séjourné longtemps au .Mexique et qui en a rapporté une foule d’Animaux admirablement bien conservés. Beaucoup d’espèces propres à l'île de Cuba lui ont été données par notre savant ami M. Felipe Poey, qui s’occupe avec tant de succès de l’histoire naturelle de cette île. (G. M.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Le Jardin zoologique de Marseille. Cet établissement a été fondé, il y a quinze ans, par actions, et sur l’initiative de M, Barthélemy Lapomeraye, auquel revient tout l’honneur de cette grande et si utile idée. Tous les actionnaires sont Marseillais et, par consé¬ quent, négociants. Homme de science avant fout, le pre- mélanges et nouvelles. 35 mier directeur du jardin avait l’unique mais grand dé¬ faut, pour le chef d’une société en commandite, de ne pas savoir compter. (Test assez dire que, le jardin ayant été établi sur des bases excessivement larges, son rendement a été faible, en sorte que la position du directeur est de¬ venue de plus en plus intenable , jusqu’au moment où, passant entre les mains énergiques de M. Noël Suquet, elle a reçu toutes les améliorations qu’on pouvait lui ap¬ porter auprès d’actionnaires découragés. Confiant dans l’avenir de son jardin, et sans se laisser rebuter par la mauvaise humeur de ses actionnaires, le peu d’intérêt du conseil municipal et l’apathie du public, M. N. Suquet, avec un dévouement qui l’honore d’autant plus qu’il n’est pas riche, n’a pas hésité à combler le déficit de sa caisse avec sa fortune particulière, qui s’y est engouffrée en totalité. Qu’il me pardonne celte indiscrétion échappée à mon admiration pour un dévouement à la science qui rappelle celui des Rüppel, des Desclieux , des Adanson, et de tant d’autres encore; il est d’autant plus remar¬ quable, qu’il serait toujours demeuré inconnu si nous ne l’avions signalé à la gratitude des amis de la science. A bout de ressources, M. Suquet voyait enfin arriver, avec l’année 1861, l’affreux moment où, ne pouvant plus suf¬ fire à ses dépenses, il devrait proposer la liquidation de son jardin. Chose incroyable, personne, dans le public marseillais, ne s’est ému de cette déplorable perspective et n’a cherché à éviter la catastrophe. M. Suquet espérait causer avec l’Empereur, lors de son voyage à Marseille, et l’intéresser à une fondation si utile, si indispensable à une aussi grande ville; mais il a été déçu dans son attente, S. M. n’ayant pas daigné honorer le jardin zoologique de sa visite. A bout de ressources , l’infortuné directeur s’était enfin résigné à la liquidation de la Société, lorsque M. de Maupas fut mis à la tête de l’administration dépar¬ tementale. Vite il accourt alors à lui , lui expose la situa¬ tion désespérée de son jardin. Homme d’énergie autant 36 rev. et mag. de zooeogie. (, Janvier 1861.) que de progrès, M. de Maupas n’hésita point à lui pro¬ mettre son appui, grâce auquel, peu de jours après, la position du jardin était devenue excellente et son avenir assuré. Cet habile administrateur a bien mérité de tous les amis de la science, et l’histoire dira un jour que c’est à lui que Marseille doit d’avoir conservé un de ses plus beaux ornements, une de ses gloires les plus solides. Placé au-dessus de la ville, au pied de la branche occi¬ dentale du canal de la Durance, le jardin zoologique oc¬ cupe tout le versant sud-est d’une colline qui est divisée en deux parties presque égales par la route impériale, au-dessus de laquelle on a jeté un beau pont qui les relie. L’exposition est magnifique, abritée, le sol excellent et l’eau abondante; mais les constructions laissent beau¬ coup à désirer, en sorte que la plupart des animaux sont peu ou point du tout protégés contre les intempéries des saisons. Les bêtes féroces sont exceptionnellement mal logées, parce que, faute de fonds, on a dû les laisser dans de simples cages de ménagerie où elles ont peine à se tourner. Grâce à M. de Maupas, ce déplorable état de choses va changer, et l’habile directeur du jardin n’aura plus, à 1’ «avenir, le chagrin de perdre presque régulière¬ ment les plus beaux et les plus rares sujets de sa remar¬ quable collection. Forcé d’utiliser tout ce qu’il avait, M. Suquet devait loger ses Animaux, jusqu’ici, là où se trouvait une cabane toute préparée , sans consulter le moins du monde ce qui convenait â leur santé; de là vient que les espèces se trouvent mélangées dans un désordre très-pittoresque, il est vrai , mais peu scienti¬ fique et nuisible au repos de beaucoup d’entre elles. C’est ainsi que les Chamois, les Moutons et les Cerfs se trouvent au-dessous des Tigres, des Loups, des Chacals et des Lions; les Mouflons, les Antilopes et les Daims près de la fosse aux Ours et aux Panthères; les Poules à côté des Hiboux et des Chouettes. Bien plus, cloîtrés dans l’ancien salon du directeur, les pauvres Singes, exposés en plein MÉLANGES ET NOUVELLES. 37 ouest, ne voient jamais le soleil, et il n’y a pas de volière pour les Perroquets, qu’on est forcé de laisser enfermés dans des cages étroites ou attachés sur des perchoirs. C’est encore au manque d’argent pour les acheter qu’on doit attribuer l’absence de familles entières dans ce beau jardin ; on y chercherait vainement un Buffle, un San¬ glier, un Kanguroo, une Martre, un Hérisson, un Tapir ou un Castor, et, parmi les Oiseaux, un Emou, un Faisan, un Plongeon, une Grèbe, un Touraco, un Goura, un Agami, un Merle, une Outarde ou un Guêpier. Il y a peu de Reptiles amphibies, pas un seul Serpent, pas un seul Poisson, pas un seul Insecte. Les espèces de plantes sont bien choisies, mais peu nombreuses, et on les a prises plutôt dans les familles ornementales que dans celles qui sont curieuses ou utiles , ce qui leur enlève leur plus grand intérêt. Voilà, certes, d’immenses lacunes; mais le zèle de M. Suquet les aura vite comblées, à présent qu'il a de quoi acheter des Animaux, des plantes, ainsi que des aliments, des engrais, et de quoi bâtir des loges, des écuries et des serres. Les Animaux qui peuplent le jardin lui ont été presque tous donnés par des amateurs ou des capitaines de na¬ vires; fort peu ont été achetés; mais parmi ces derniers brillent, au premier rang, la Girafe, le Rhinocéros, l’Elé¬ phant et les Lamas. Le Rhinocéros est énorme; il pro¬ vient d’une ménagerie ambulante qui, pendant onze ans, l’a promené dans toute l’Europe enfermé dans une cage étroite. A son arrivée au jardin, le pauvre Animal ne pouvait plus se mouvoir, en sorte qu’il lui a fallu plu¬ sieurs semaines pour réapprendre à marcher, et des mois entiers pour lui donner le courage de gagner l’étang, où il se tient plongé pendant toute la journée, en ne faisant d’autre mouvement que de relever la tête toutes les qua¬ rante secondes pour aspirer l’air, et l’enfoncer derechef pour la relever, et ainsi de suite pendant toute la jour¬ née. Ces mouvements rhythmiques se retrouvent, d ailleurs, 38 rev. et riag. de zoologie. (Janvier 1861.) chez beaucoup d’Animaux, et tout spécialement chez les féroces, où ils deviennent d’une monotonie étourdissante. Qui n’a, par exemple, été fatigué en voyant un Ours blanc se balancer de droite à gauche, toujours de la même ma¬ nière et à la même place, pendant des heures entières ? La Girafe est un fort bel exemplaire; mais l’Éléphant mâle, d’Asie, est certainement le plus beau qui existe en Europe; il est d’une douceur et d’une gaieté vraiment charmantes. Chaque jour, pendant deux semaines, nous avons passé des heures entières à observer cet intelligent Animal, dont la masse énorme possède une souplesse, une agilité vraiment incroyables. Non-seulement l’Éléphant ploie aisément toutes les articulations de ses jambes, mais il grimpe sans peine contre une palissade, faisant ainsi porter tout le poids de son corps sur ses jambes de der¬ rière. Rien de plus curieux que de le voir se baigner : d’abord il remplit sa trompe d’eau et se lave la bouche; puis il avance lentementtdans l’eau, qu’il bat avec vio¬ lence avec une des jambes de devant, et fouette avec sa trompe; enfin il s’y couche sur le flanc en poussant des cris rie joie aussi éclatants que le son du clairon. Son plus grand plaisir consiste à lancer aux passants de petits graviers qu’il ramasse autour de sa loge, ou à projeter sur eux un brouillard humide obtenu en chassant brusque¬ ment l’aii au travers de sa trompe préalablement remplie d’eau. Les Lamas sont magnifiques ; mais le mâle, qui est assez méchant, sc fait un malin plaisir d’asperger si souvent les visiteurs de sa bave fétide, que nous ne saurions trop les mettre en garde contre cette détestable bête. Les Cerfs sont beaux et nombreux, puisque leur collec¬ tion se compose des Cerfs communs, de Sardaigne, d Afri¬ que, Daims, Axis et Hippélaphe. Ce dernier est un vieux mâle de toute beauté ; il reste seul d’une paire venue de Calcutta il y a quelques années ; la femelle est morte après avoir mis bas, et son petit l’a suivie de près. Grand 39 MÉLANGES EL' NOUVELLES. comme un fort Cheval, d’un naturel aussi doux que pai sihle, robuste et facile à nourrir, le Cerf hippélaphe pour rait fournir, avec d’exeeljente viande de boucherie, un bon Animal de irait ou de selle; le fait est que celui de Marseille se laisse monter volontiers et a les allures aussi douces que sûres. Les Antilopes sont remarquablement belles et se mul¬ tiplient aisément. Le jardin possède une magnifique paire de Nilgauts, une autre de Bubales; puis des Cuibs, des Pourprées, des Kevels, des Dorcas, et enfin un Chamois femelle des Pyrénées. Les Nilgaults et les Bubales sont fort à redouter; car, dans leurs allures paisibles, ils ca¬ chent la plus brutale méchanceté. Les petites espèces, par contre, sont assez douces, mais très-farouches, sauf l’An¬ tilope guib , dont la gentillesse est à la hauteur de la beauté; c’est un Animai domestique déjà, et que nous ne saurions trop recommander aux amateurs. Les parcs de ces Animaux sont divisés en deux parties : l’une sèche, dans laquelle on les tient habituellement; l’autre couverte d’herbe, où on ne les lâche que deux fois par semaine, ce qui permet au pâturage de conserver toute sa fraî¬ cheur. Les Moutons ne sont représentés que par une belle paire de Mouflons à manchettes,, un troupeau de Mou¬ lons de l’Yémen , quelques brebis à laine grossière île la côte d’Afrique, des Moutons à large queue , et un gros Bélier de l’Inde à poil ras et bosse sur le garrot. Les Mouflons à manchettes sont très-doux , privés , et se re¬ produisent régulièrement. Les Moutons de l’Yémen sont à poil ras, noir devant et blanc derrière ; leur taille est moyenne, leurs oreilles pendantes; leur queue courte, mais garnie, de chaque côté, de deux loupes graisseuses de la grosseur du poing. Cette espèce, très-douce, est remarquable par la délicatesse de sa chair, l’abondance de son lait et sa fertilité, car elle fait deux portées par 40 kev. et Mac. de zoologie. ( Janvier 1861.) an, chacune de plusieurs petits; nous appelons vivement sur elle l’attention des agriculteurs. La race caprine n’a pas de membres sauvages ; elle est représentée , par contre , par une foule de belles espèces plus ou moins domestiques, en tête desquelles on re¬ marque les Chèvres de Géorgie, du Thibet, puis celles d’Angora, celles d’Égypte, et enfin la si gracieuse Chèvre naine de l’Inde. La Chèvre de Géorgie , importée pour la première fois en Europe, est couverte de longs poils gris foncé, à la base desquels se développe un duvet aussi fin, mais beau¬ coup plus abondant que celui de la Chèvre de Cache¬ mire. Comme cette espèce est robuste , bonne laitière et fait deux petits à la fois , il est possible qu’elle puisse fournir économiquement à nos manufactures le précieux duvet avec lequel on fabrique les châles de Cachemire. Les Angoras sont de toute beauté. Quant aux égyp¬ tiennes, elles constituent un assemblage déplorable de croisements tellement multiples, qu’on a peine à y re¬ connaître l’espèce pure, si précieuse pour l’abondance de son excellent lait. Nous en avons, en échange, re¬ marqué un fort bel exemplaire au parc de la Tête d’or, tenu par Gérard, à Lyon. Les Chèvres naines, de la taille des Gazelles, so-nt presque aussi légères qu’elles, très-robustes; elies se reproduisent aisément, et pour¬ raient bien fournir une fois à nos forêts un nouveau gi¬ bier aussi délicat et bien plus abondant que le farouche Chevreuil. Parmi les Rongeurs, on ne remarque, outre les légions d’affreux Surmulots qui pullulent dans les égouts, qu’un Paca, un Agouti et un Coëndou, condamnés à vivre dans de petites et obscures cages, où ils ont peine à se tourner. L’année dernière, on voyait souvent se promener, sur les pelouses de l’établissement, un être rachitique, grand comme un enfant de douze ans , à la démarche chance- MÉLANGES ET NOUVELLES. 41 lante, à l’expression douce et impassible; c’était un infor¬ tuné Orang-Outang dont l’intelligence était excessivement développée; il est mort pendant l’hiver. Le jardin a reçu, il y a quelques mois, une nouvelle espèce de Cynocéphale, de la côte occidentale d’Afrique; il est grand, hideux, fort et féroce, comme tous ses congénères. Dans la cage des Singes, où la Guenon grivet se reproduit très-régu¬ lièrement, on ne remarque, à côté des sales Papions, que quelques gracieux et gentils Sapajous. Dans une cage séparée se trouve une Guenon Diane, dont la douceur et la gaieté sont égales à la beauté; il est vraiment à re¬ gretter que cet Animal , qui est le plus beau et le plus gentil des Singes, soit tellement rare. Les Ouistitis sont nombreux et fort beaux; mais leur mauvaise odeur ainsi que leurs cris perçants ne nous permettent pas de nous y arrêter. Un pauvre Maki mococo languit dans une cage qui n’est guère plus longue que lui; on a peine à découvrir ses formes à la fois si délicates et si sveltes, tant il est obligé de se replier sur lui-même. Le Maki mococo ou gris, lorsqu’il est en liberté, est certainement un des plus beaux Animaux qui existent; nous en avons vu un, chez le fameux marchand d’Animaux Crémieux, aussi grand qu’un Chat, et dont ia queue touffue et garnie d’anneaux alternativement blancs et noirs venait se recourber gra¬ cieusement en panache derrière la tête de l’Animal, lors¬ qu’il était assis. Les Makis sont doux, gais, intelligents, aussi attachés que des Chiens, faciles à nourrir, excessi¬ vement propres, exempts de toute mauvaise odeur; que leur manque-t-il donc pour prendre place dans la fa¬ mille , à côté des Chiens et des Chats, sinon d’être connus ? De la nombreuse famille des bêtes féroces nous signa¬ lerons d’abord deux magnifiques paires de Panthères pro¬ venant, l’une de l’Algérie, l’autre de la côte Mozam¬ bique, admirablement logées dans une grotte bien ex- 42 rev. et mag. de zuologie. ( Janvier 1861.) posée, au devant de laquelle s’étend un vaste promenoir couvert de grilles. On les voit souvent s’étendre paresseu¬ sement au soleil, sur de grandes branches d’arbres ou sur les anfractuosités du rocher, ce qui permet d’admirer, dans leurs moindres détails, la beauté et la souplesse de leurs formes. La taille des deux paires est identique, mais la couleur très-différente, puisque la Panthère mozambique a les taches plus petites que celles de sa sœur algérienne, et le fond du pelage jaune brun, au lieu du blanc sale de celle-ci. Dans la rotonde grillée, placée à côté de celle des Pan¬ thères, s’ébattent trois paires d’Ours des Pyrénées, des Alpes et de Syrie. Cette dernière est très-différente des deux autres; elle est plus criarde, plus méchante; son pelage blanc sale et son museau très-allongé la rappro¬ chent un peu de l’Ours polaire. 11 y avait, dans la ménagerie proprement dite, une belle paire de Guépards d’Abyssinie, qui avait été amenée par un officier de marine, en compagnie duquel elle avait familièrement passé plusieurs années. Quoique enfermés dans des cages assez spacieuses, ces infortunés Guépards, habitués à la liberté, ne tardèrent pas à souffrir ; ils ne sortaient de leur langueur que pour caresser affectueu¬ sement la main qu’on passait au travers de leurs bar¬ reaux ; le mâle surtout était excessivement sensible aux caresses, et certes il en méritait de tous les visiteurs, car il est difficile d’imaginer un ensemble de formes plus sveltes, plus attrayantes que celles du Guépard; nous nous étions réellement attaché à cette admirable bête, dont nous avions souvent sollicité, mais en vain, la mise en liberté. Cette année, à peine descendu du chemin de fer, nous accourons vers notre ancien ami; il était couché le dos contre la grille; nous l’appelons ; il ne bouge pas; une caresse reçoit pour réponse un sourd grondement; l’Ani¬ mal était malade; son poil hérissé trahissait ses souffrances; le lendemain, quand nous revînmes, nous apprîmes avec mélanges et nouvelles. 43 joie que la mort l’avait enfin arraché à sa prison. Le Gué- pard n’est pas un Tigre affamé de sang; partout où il existe, on i’uLilise comme Chien de chasse ; c’est un Ani¬ mal domestique; pourquoi l’enfermer derrière des grilles; c’est une injustice autant qu’une barbarie. Poursuivons maintenant. Voici une paire de jeunes Lions rachitiques; un magnifique Jaguar; des Loups; des Chacals; un beau Fennec; un Raton; un farouche Serval; des Hyènes; une Genette ; une belle Civette; une superbe paire d’Ichueumons d’Égypte, et un robuste Tatou delà Guyane. Citons enfin , parmi les féroces très-rares, une paire de Kinkajous potos de toute beauté. Dans un pavillon place près de la ménagerie se trou¬ vent plusieurs belles espèces d’Aigles, un Condor et beau¬ coup de Vautours, tous plus laids et plus fétides les uns que les autres. Ailleurs se trouvent encore quelques beaux exemplaires de Grands-Ducs, d’Effraies, de Chouettes, de Faucons, de Crécerelles, et un gros Corbeau de roche qui salue ses visiteurs d’un canaille des plus nettement accentués. La collection de Perroquets est réellement belle par son éclat; elle est malheureusement très-incomplète. Riche en Aras, en Kakatoès, en Loris , elle est pauvre en Perruches, dont elle ne possède qu’une paire de Nymphi- ques, et une nombreuse famille d’Ondulées, qui cache ses timides amours dans la même maisonnette qu’une paire de Colombes lumachelles , et une autre d’Ocypaphs huppés. Ces derniers, qui, depuis leur arrivée au jardin, ont déjà eu trois couvées successives , promettent un nouveau et fructueux embellissement à nos volières, car ce magnifique Pigeon est aussi un de.' plus doux et îles plus fertiles. Gros comme un Biset, l’Ocypaphs a la tête ornée d’une longue huppe pointue; son plumage gris clair est admirablement relevé par les larges ocelles vert doré qui plaquent les grosses pennes des ailes , ainsi que par la couleur rouge de ses pieds et de ses yeux. 44 rev. et mag. ue zoologie. (Janvier 1 861 .) Les Gallinacés sont représentés par quelques Poules, puis par des Dindons , des Paons blancs et communs, de charmantes Pintades à joues bleues venues du Soudan, quelques Perdrix, des Francolins, des Colins, des Gan- gas, des Tourterelles, et par plusieurs belles paires de Hoccos et de Pénélopes. Ces derniers, réunis dans une seule et même volière, sont toujours en guerre, c’est-à-dire dans les plus mauvaises conditions pour se multiplier; il est indispensable de les isoler, et, plus encore, de leur fournir en abondance de la verdure, dont ces Oiseaux ont le plus grand besoin. Cette passion des légumes verts est commune, du reste, à tous les Oiseaux, tout spéciale¬ ment aux Perroquets , qui se délectent à manger une grosse laitue bien plus encore qu’à déchiqueter un mor¬ ceau de pain ou de biscuit. Les Echassiers sont très-nombreux; il y en a une es¬ pèce toute nouvelle et très-grande venue du Congo ; c’est une Grue dont la base du bec est couverte de caroncules rouges; elle est noire et blanche comme la Grue de Mantchourie. Citons, après elle, les Grues couronnée et demoiselle de Numidie; les Cigognes blanches, mara¬ bout et jabiru, puis les Flamants et les graves Ibis. Les Flamants viennent d’Egypte; tous sont roses, avec les ailes rouges; mais, tandis que les uns ont les jambes et le bec blancs, les autres les ont rouges. Est-ce une diffé¬ rence sexuelle ou d’âge? M. Suquet n’a pu nous le dire; mais il nous a affirmé que leurs couleurs se fanaient avec les années et revenaient au blanc presque pur. Cette al¬ tération du plumage pourrait bien être due autant au changement de nourriture qu’à celui du climat, car on nourrit, au jardin, les Flamants uniquement avec des graines, tandis que, à l’état sauvage, ils ne mangent que de la chair. Dans l’eau s’ébattent, à côté des lourds Pélicans, des Cygnes blancs et noirs, des Oies d’Egypte, de Si¬ bérie , du Canada ; des Canards musqués , communs , MÉLANGES ET NOUVELLES. 45 kasarka, tadorne et du Labrador ; des Mouettes criardes; de charmantes Sarcelles communes, de Chine et de la Caroline ; des Foulques, des Porphyrions et des Poules d’eau de plusieurs espèces. Ces nombreuses espèces , réunies dans un même local, ne vivent pas en bonne harmonie; les Tadornes et les Mouettes surtout menacent et harcèlent tout ce qui les approche; c’est assez dire que les pontes sont rares sur les bords des étangs; il y en a eu quelques-unes cependant; mais aucune n’a été menée à bonne fin, parce que les Rats et surtout les Mouettes enlevaient les œufs des nids. Pour multiplier les Oiseaux, il est donc indispensable d’en isoler les cou¬ ples, ce qui permet de les mieux soigner et de mettre leurs produits à l’abri de la terrible dent des Rats. Les Autruches viennent d’Afrique et ont été données par le maréchal Pélissier; elles sont magnifiques; ii y a un mâle et deux femelles; mais l’une n’a pas pondu, et, au moment où nous l’avons vue, elle était si fort mal¬ traitée par la seconde, qu’on avait dû les séparer. La femelle valide avait pondu, pendant les trois premiers mois d’été, 65 œufs de 1,500 grammes chacun, et, après s’être reposée durant quelques semaines, elle se remit à pondre à la fin d’août, de deux jours l’un, régulièrement à cinq heures du soir. Le mâle avait creusé un nid dans un coin du parc; mais la femelle n’y faisait pas attention; vers quatre heures, elle se mettait à courir avec inquié¬ tude; quelques minutes avant cinq heures, elle battait des ailes, s’accroupissait â terre et laissait aussitôt sortir l’œuf, qui avait la surface tout humide et gluante. Ces Oiseaux, quoique très-apprivoisés, sont brutaux et mé¬ chants; ils ne reconnaissent pas leur gardien, et frappent du bec et du genou les personnes qui entrent dans leur parc. Une charmante et spacieuse volière réunit une foule de brillants Oiseaux des tropiques, tels que Bengalis, Sénégalis , Veuves, Cardinaux, Jgnicolores , Papes et 46 rev. et Mac. de zoologie. ( Janvier 1861.) Tisserands. Ces derniers ont attaché sur plusieurs points du grillage leurs nids artistement tressés en forme de bouteille et y ont pondu. Tous ces splendides Oiseaux des pays chauds se repro¬ duiraient facilement à Marseille, s’ils pouvaient abriter leurs nids; mais, exposés de toutes parts aux regards et aux graviers qu’on ne fait pas faute de leur jeter, bien peu d’entre eux osent achever les nids et encore moins y pondre et y couver leurs œufs. Wesserling, IG décembre 1860. Sacc. Le ver a soie de l’ail ante. Dans un moment où l’attention publique est appelée sur la question cotonnière, sur cette grande industrie anglaise menacée dans sa source par les graves événements qui ont lieu en Amérique ; à une époque où l’industrie de la soie est presque aux abois dans tous les pays de production de cette riche matière textile, les agriculteurs et les industriels se préoccupent de la nouvelle production que je m’efforce de donner à la France et à l’Europe, de cette ailantine ou cynthiane, qui tient le milieu entre la soie et la laine, et qui peut être produite à très-bas prix dans nos plus mauvaises terres. C’est pour encourager les débuts de cette nouvelle industrie que le jury de l’exposition uni¬ verselle de Besançon m’a décerné une médaille de pre¬ mière classe, et c’est dans le même but que le comice agricole de Chinon vient d’honorer du même témoignage M. le comte de Lamote-Baracé, le premier propriétaire français qui ait entrepris cette culture sur une grande échelle. On lit, à ce sujet, dans la Patrie du 31 janvier 1861 : « La nouvelle branche d’agriculture à laquelle l’intro¬ duction de ce Ver à soie va donner lieu commence à se développer sérieusement, grâce au dévouement et à l’éner¬ gie de M. Guérin-Méneville, qui l’a acclimaté en France, MÉLANGES ET NOUVELLES. 47 et de M. ie comte do Lamote-Baracé, qui, le premier, s’est livré à des cultures sérieuses de l’ailante et de son Ver à soie , en y consacrant plusieurs hectares dans son beau domaine du Coudray-Montpensier, près Chinon. « Le comice de Chinon, dont tous les membres ont été té¬ moins du dévouement et des succès de IvL de Lamote, ayant compris toute l’importance de cette nouvelle culture et voulant donner un haut témoignage de gratitude à M. de Lamote, lui a décerné, dans sa dernière séance solen¬ nelle, une médaille d’or. « Aujourd’hui, après deux années d’essais agricoles faits sur une grande échelle, M. le comte de Lamote-Baracé, plus certain que jamais des avantages que cette nouvelle culture peut donner au pays, augmente considérablement ses plantations d’ailantes. » Une si flatteuse distinction, décernée spontanément et à si juste titre par des agriculteurs qui ont pu étudier la question de très-près et sans prévention ni jalousie, a une double portée; elle est un précieux encouragement pour les propriétaires qui veulent bien m’aider à donner cette richesse au pays, et elle montre que l’on apprécie les efforts que je ne cesse de faire, malgré une foide de con¬ trariétés, pour développer cette culture, en y consacrant toutes mes facultés et tout mon temps. Ainsi que me l’écrit un propriétaire hollandais qui a l’intention d’introduire ce nouveau Ver à soie dans les colonies néerlandaises, « i! est évident que cette soie ne « coûtera pas plus cher que le coton , puisque le terrain « ne coûte rien et que la main-d’œuvre n’est que de « 20 pour 100 de ce qu’on doit payer en France. » Il re¬ garde aussi cette industrie comme d’un avenir précieux, et il termine en disant : « Maintenant toute l’Europe est « tributaire de l’Angleterre pour le coton; il serait donc « d’une immense importance, si nous parvenions à faire « concurrence à l’industrie cotonnière. » (G. M.) 48 rev. et mag. de zooeogie. (Janvier 1861 .) Plusieurs de nos abonnés nous ayant demandé s’il était vrai que M. Sallé (1) se fûi défait de toutes les collections zoologiques récoltées par lui au Mexique, à la Louisiane, au Venezuela, à Saint-Domingue, etc., nous croyons de¬ voir leur répondre qu’il n’en est rien, et que ce natura¬ liste-voyageur possède des séries magnifiques d’ Animaux vertébrés, de Reptiles, de Mollusques et surtout d’in¬ sectes préparés et conservés avec la plus rare perfection. Ce qui rend surtout ses collections précieuses pour les naturalistes qui veulent étudier la faune des pays qu’il a explorés, c’est qu’il ne s’est pas borné à récolter les grandes et belles espèces, mais que ce voyageur instruit s’est aussi attaché à la recherche des objets négligés par le vulgaire des explorateurs, parce qu’ils sont moins ap¬ parents, moins brillants et qu’ils ne conviennent qu’à des savants sérieux. Dans ce moment même, il s’occupe à préparer une série merveilleuse d’insectes de petite taille dont il a rapporté des quantités considérables, et parmi lesquels nous avons remarqué les espèces les plus cu¬ rieuses et les plus neuves. On peut dire, sans exagération, qu’il serait impossible de trouver ailleurs une collection aussi intéressante et aussi réellement scientifique. (1) Rue Guy-de-Ia-Brosse, 13, à Paris. TABLE DES MATIÈRES. Pa ges . H. Saussure. — Note complémentaire sur quelques Mammifères du Mexique. . 3 A. Moquin-Tandon. — Considérations sur les œufs des Oi¬ seaux. 5 L. VV. Schaufuss. — Description de Coléoptères nouveaux du genre Sphodrus. 12 Académie desscieuces. 15 Analyses. 23 Mélanges et nouvelles. 34 PARIS.— IMP. DE Mme Ve BOIJCHARD-HUZARD, RUE DE U’EPERON, 5 —1801 . REVUE RT MAGASIN DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUEE. RECUEIL MENSUEL drstiné a faciliter aux savants de tous les pays les MOYENS DF PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DH ZOOLOGIE PURR ET APPLIQUÉE A i.’industrir et a l’agriculture, leurs travaux de PALÉONTOLOGIE, D’ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE COMPARÉES , ET A LES TENIR AU COURANT DES NOUVELLES DÉCOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA SCIENCE; M. F. E. GUÉRIN-MÉNEVILLE, Membre de Ja Légion d'honneur, de l’ordre brésilien de la Rose, de la Sociép impériale et centrale d 'Agriculture , des Académies royales des Science» de .Madrid et de Turin, de l’Académie royale d’Agriciilture de Turin, de la Société impériale des naturalistes de •Moscou, d’nn grand nombre d’autres Sociétés nationales et étrangères , Secrétaire du Conseil de la Société impériale zoologique d'Acclimaiation , etc., etc. PARIS, AU BUREAU DF LA REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE, RUB DES BEADX-ARTS, VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. - FÉVRIER 1K61 I. TRAVAUX INÉDITS. Oolügie ornithologique. — Lettre de J. Hardy, de Dieppe, à M. O. des Murs. Les œufs des Oiseaux, que l’on croyait retombés dans l’oubli, en sont enfin sortis pour gagner leur cause au grand jour de la publicité. Naguère encore, on pouvait impunément les assimiler à des chinoiseries, à ces mille articles dits de curiosité (1) qui garnissent les magasins de nos marchands de bric-à-brac. Le temps de ces humiliations est heureusement passé. Aujourd’hui chacun s’empresse à entourer ces curiosités de délicats égards. Les mathématiciens ne se contentent plus de les peser, de les mesurer; grâce à leur dévoue¬ ment, nous saurons bientôt l’étendue de leurs diverses maculatures, et jusqu’au chiffre exact des innombrables petits points dont certaines coquilles sont entièrement re¬ couvertes. La chimie nous livre le secret de leur colora¬ tion, et l’ornithologie méthodique, qui voit en elles une puissance avec laquelle il faudra décidément compter, dit à la science nouvelle : ma sœur, et déclare ne plus vouloir se passer de son appui. Plus que personne, vous devez me pardonner, mon¬ sieur, de me souvenir que mon chétif appel de 1857 (2) ait pu contribuer à ce mouvement de réveil, car il est, en grande partie, le fruit de vos persévérants efforts. 1) Il y a à peine deux ans qu’un de mes amis, demandant à visiter la collection d'œufs du muséum de Paris, fut introduit en ces termes auprès de M. Florent-Prévost, par un employé de 1 établissement a Monsieur est un amateur de curiosités. » (2) lier, et mag. de zoologie, 1857. 2° série, t. xiii. Année 1 86 1 . 4 50 rev. et mag. r>E zoologie. (Février 1861.) Dès lo lendemain de cet appel, « vous serez, m’écriviez- (( vous, probablement cause que j’en reviendrai à re- « prendre et publier mon ancien travail, dont je vous livre « les lambeaux (vos publications de 184*2 et années sui- « vantes, dont j’avais ignoré l’existence). » Presque en même temps, une décision non moins heu¬ reuse était prise par un des membres les plus distingués de l’Institut. M. Moquin-Tandon, rajeunissant d’anciens souvenirs , donnait les descriptions scrupuleusement exactes de ses OEufs et nids du midi de la France, aux¬ quelles succéda bientôt l’intéressante série de Considéra¬ tions, qui, depuis trois ans, enrichissent le présent recueil du célèbre M. Guérin-Méneville. M. Moquin-Tandon avait promis peu, il a livré beau¬ coup; sous sa plume facile et savante, de simples notes ne pouvaient que se transformer en leçons instructives et très-bien exposées, et, pour ma part, je leur suis très-re¬ connaissant des bonnes et excellentes choses qu’elles m’ont apprises et de la trop généreuse hospitalité dont elles m’ont honoré. Malheureusement les annales et les revues scientifiques, même les plus renommées, ne s’adressent qu’à des audi¬ toires d’élite; leurs enseignements ne descendent qu’à la longue dans le public. Le livre, au contraire, y entre de plain-pied et a bien vite obtenu droit de cité dans toutes les bibliothèques, s’il répond à un besoin généralement senti. Tel s’est présenté, monsieur, votre Traité général d’oo- logie ornithologique, dont l’apparition a été saluée partout comme une bonne fortune. MM. J. Verreaux et le docteur Cornay, dont la compé¬ tence est au-dessus de touie contestation, n’ont voulu céder à personne le plaisir d’être les premiers à vous offrir l’hommage public de leurs cordiales félicitations; de hauts et non moins précieux encouragements les avaient précédés dans votre retraite ; enfin de plus humbles, sinon aussi TRAVAUX INÉDITS. 51 flatteurs témoignages, ne vous ont pas fait défaut; ils avaient à vous remercier d’avoir mis à la portée de tous ce qui n’avait été, jusqu’à présent, que le privilège du très-petit nombre ; d’avoir joint les travaux de vos devan¬ ciers aux vôtres, qui en sont plus que le couronnement; car vous avez ouvert la voie dans laquelle il faudra mar¬ cher pour atteindre le but utile : le meilleur classement des Oiseaux par l’étude dejeur vie de reproduction. Mon idée de faire dépendre la forme de l’œuf de la pose de l’Oiseau, soit à l’état de repos, soit à l’état de l'action, c’est-à-dire de tout mouvement ou même de toute pose tendant à contracter les parois de l’abdomen, ne vous pa¬ raît pas malheureusement née viable; j’en suis peiné, car elle semblait avoir au moins l’avantage d’éclairer certains faits qui resteront encore dans l’ombre, même après vos brillantes publications et celles de M. Moquin-Tandon. Je voulais abandonner au temps le soin de détruire ou de consolider mon frêle édifice. Cependant une de vos notes supplémentaires (1), qui m’avait échappé, m’exprimant le désir de me voir donner plus de développement à ma pensée, me fait un devoir d’y déférer avec plaisir. Je m’étais déjà repenti d’avoir trop peu fait pour me rendre intelligible, et la première lecture de votre Traité aurait dù me faire prévenir votre désir; car j’y avais rencontré, presque à chaque page, un esprit de droiture et de loyale confraternité attentive à s’oublier soi-même pour ac¬ cueillir et mettre en relief la moindre idée pouvant servir la cause commune, et j’aurais dû comprendre que vous ne m’aviez pas suffisamment entendu. Je vais essayer de réparer mon tort; malheureusement je ne puis éviter le reproche de n’avoir qu’un petit nombre de faits à produire: veuillez les peser et non les compter. Je ne ferais pas une semblable prière, s’il m’était donné d’échanger vos richesses contre ma pauvreté. J’ai dit que certains Oiseaux pondaient, en captivité, lï Traité général d'oologie ornithologique, p. 629. 52 rev. et mag. de zoologie. ( Février 1861.) des œufs plus allongés que ceux pondus à l’état de liberté, tandis que rien de semblable ne s’observait chez d’autres. Cet allongement n’est point un fait accidentel; il se re¬ nouvelle tous les jours sous nos yeux et sous l’empire de9 mêmes circonstances. Il va jusqu’à défigurer complète¬ ment les œufs et les rendre méconnaissables. En voici quelques exemples tirés de ma collection particulière. Des œufs d’Oies rieuses, des moissons et à bec court se transforment en œufs de Flamant; il n’y manque que la couche de craie. Les Goélands, dont la forme est très-variable, ne con¬ naissent plus que celle qui leur était le moins habituelle à l’état de liberté, celle du Plongeon dans sa longue expres¬ sion. J’ai des Bourguemestres dont les diamètres sont de 0m,086 sur 0m,051, alors que la moyenne des sujets déni¬ chés à l’état de liberté est de 0m,076 sur 0m,055. J’ai com¬ paré la vie agitée du Goéland libre à sa monotone exis¬ tence dans nos jardins. L’œuf du fier Aigle royal, du grand Aigle, en captivité, est descendu jusqu’au niveau du dernier Echassier de sa race, le Serpentaire reptilivore! ové très-allongé, 0"“,082 sur 0m,055. Même allongement chez les Vautours fauve et arrian; l’un de ces derniers , qui fait partie de ma collection et a été pondu à la ménagerie du jardin des plantes, mesure 0"‘,101 sur 0m,067 : c’est un fort œuf de Grue cendrée, à la couleur près. L’auteur de ces produits déformés ne pouvait que se tenir forcément incliné sur le sol de sa cage. Les Grands-Ducs ont, dans cette même ménagerie, un domicile spécial, au haut duquel se trouve une espèce de cabinet noir, ménagé comme refuge contre la clarté du jour, mais sous condition de s’y tenir accroupis sur le plancher. Dans ce refuge, une femelle a pondu des œufs allongés comme ceux d’un Grèbe. Le dessin de l’un de ces œufs, conservé par l’administration, m’a été envoyé ; il TRAVAUX INÉDITS. 53 mesure 0“,066 de grand diamètre sur 0m,0i8 (1), au lieu de 0,n,060 sur 0'“,050, forme normale. Deux œufs de Grand-Duc du Cap, pondus aux mêmes lieux, sont encore plus allongés. Cependant je sais une autre femelle de notre Grand-Duc bien logée, au milieu d’un parc solitaire, dans un pavillon où elle peut conserver, tout à son aise, la dignité de son maintien ( perpendiculaire ), et elle y pond, chaque année, des œufs tout aussi arrondis que ceux dénichés dans nos montagnes. J’en dois un bel exemplaire à la bienveillante attention de son noble propriétaire (2). En même temps j’observe que la captivité n’exerce au¬ cune influence sur la forme des œufs de nos petits Oiseaux, qui jouissent, en effet, dans leurs volières, de l’entière li¬ berté de leurs mouvements et de leurs ébats, comme s’ils étaient encore dans nos vergers ou nos bois. Le simple rapprochement de ces faits m’a semblé en donner bien clairement la cause, et sans qu’il fût besoin d’appeler la science à son aide. Ce n’est donc pas la captivité en elle-même qui modifie la forme de l’œuf, mais bien la difficulté ou l’impossibilité, pour l’Oiseau, de conserver la liberté de ses allures et le choix de sa tenue habituelle. La pose de l’Oiseau déter¬ mine donc la forme de l’œuf; il s’est incliné, l’œuf s’est allongé. Cette explication nous donnerait l’intelligence d’un autre phénomène qui répond au premier. On trouve dans le même nid , et pondus par le même Oiseau, un œuf court et un autre allongé, soit deux œufs ayant le même volume sous deux formes très-différentes, et cela en dehors des petites variétés journalières dues, les (1) Telles soûl les proportions relatives des grand et petit diamètres chez le Grèbe, dont la forme elliptique laisse souvent apercevoir un bout moins aigu que l’autre, ce qu’on trouve aussi chez les œufs de Cormoran, plus étroits et plus allongés. (2) M. le comte de Greffulhe. 54 uev. et mag. ue zoulogie. ( Février 1861.) unes, à l’âge de la pondeuse, les autres attribuées, par quelques personnes, au sexe de l’œuf. Les Moineaux do¬ mestiques, les Freux, les Corneilles, les Goélands ne sont point avares de ces contrastes. J’ai trouvé, dans une couvée de Chouette Tengmalm , qu’un ami dévoué (1) m’avait déni¬ chée en Russie, avec les parents, deux œufs de forme or¬ dinaire, et les deux autres allongés, ovalo-elliptiques, et, sur dix couples d’œufs de Grue cendrée , dénichés par le même ami, deux exemplaires de forme courte et large, comme des œufs de Vautour, l’un mesurant O"1, 088 sur O"1, 067, l’autre 0m,084 sur 0m,066. Or, si l’on a le droit de conclure du connu à Y inconnu, puisqu’un Vautour, en se tenant baissé, produit des œufs allongés comme ceux d’une Grue cendrée, pourquoi celle-ci, en se redressant, ne pourrait-elle pas produire, à son tour, des œufs courts comme ceux du Vautour? Ou je me fais illusion, ou l’envahissement du bassin de l’Oiseau par un corps aussi volumineux que son œuf, alors (1) Mon concitoyen Édouard Martin, chasseur aussi habile et intré¬ pide qu’exact observateur. De la Russie, qu’il habite depuis longtemps, il m’a envoyé de curieuses et intéressantes notes, principalement sur les Oiseaux du gouvernement dePerin, aux monts Ourals, et, au mi¬ lieu d’une collection d’espèces portant le cachet de ces climats singu¬ liers, tous les états et les œufs d’une petite Buse à teinte de rouille, dont j’avais déjà procuré à M. Degland un exemplaire jeune, venant de Kalouga. Je communiquai notes et Oiseaux à cet ami ; la petite Buse ne répondait ni au texte ni à la figure de la B. Tachardus de le Vaillant, et l’excellent auteur de l'Ornithologie européenne s’em¬ pressa, par reconnaissance et sur mon invitation, d’euregistrer la race ou nouvelle espèce sous le nom de Buteo Martini, dans un supplé¬ ment qu’il allait terminer, quand une mort prématurée l’enleva, le l"r janvier 1856, à notre affection. Cette œuvre posthume, savamment complétée et transformée en deuxième édition par le dévouement tout filial de l’une de nos célébrités zoologiques, est attendue avec une impatience d’autant plus grande, que la première édition paraît épuisée depuis longtemps. L’année dernière, Édouard Martin m’envoyait de sa chasse deux additions à faire au catalogue européen, Ficus Félicite (Malherbe , Picoidcs crissoleucus? (Brandt). TRAVAUX INÉDITS. 55 que déjà l’oviducte a pris son prodigieux accroissement, doit être le signal d’une grande perturbation. L’envahis¬ seur ne peut ni avancer ni se développer dans son tor¬ tueux et flexible canal, sans trouver résistance de la part du premier occupant , le tube intestinal, qu’il lui faut, dans sa marche fatale, refouler et déplacer pour arriver à son but. La force de cette résistance, évidemment, sera proportionnée au volume de l’envahi, et, si nous voulons bien nous souvenir de ce qui précède, devra dépendre, quanta son influence sur la forme du liquide envahisseur, de la pose horizontale, perpendiculaire ou inclinée de l’Oiseau, selon que celui-ci se tiendra dans l’état du repos , qui dilate, ou de Y action , qui contracte l’abdomen, ou, pour mieux dire, écarte ou rapproche les barrières du champ clos où la lutte est engagée. Des diverses positions qu’a pu prendre l’Oiseau pendant cette lutte, une seule, la dernière, nous intéresse, celle qu’il a au moment où une nouvelle, peut-être même une première, émission de bouillie calcaire survenant enve¬ loppe l’œuf encore mou, le saisit et le maintient dans l’état où il l’a trouvé, puis se durcit plus ou moins vite, en raison de son épaisseur, comme le ferait une application de plâtre ou de ciment romain. Ainsi plus un Oiseau varierait dans ses poses , plus son œuf varierait dans ses formes, et vice versa. Le Moineau domestique vit au milieu de nous, la Per¬ drix grise tout près de nous ; qu’on les étudie un seul jour, à l’époque intéressante, et qu’on juge. L’Oiseau de proie se tient droit dans le repos; ses plu¬ mes, légèrement soulevées et pendantes, témoignent d’une détente générale du système musculaire; ses intestins manquent de volume et ne font point obstacle à la descente de l’œuf, qui s’affaisse sur lui-même en s’élargissant dans son tube, lequel cède doucement à la pression; l’œuf est court et arrondi. Que l’Oiseau vienne à s’agiter ou simplement à se re- 56 rev. et mag. de zoologie. (Février 1861.) plier sur lui-même , la perpendicularité de l’oviducte n’existe déjà plus; l’abdomen, resserré, agit sur l’intestin, qui presse, à son tour, le flanc de l’œuf; voilà le premier petit bout obtenu, et nous avons vu, plus haut, jusqu’à quel point il peut s’allonger. La science voudra-t-elle admettre que, dans une circon¬ stance donnée, l’œuf puisse se trouver engagé dans l’éche¬ veau des intestins de manière à ce que la partie déplacée, au lieu d’être précipitée, comme cela a presque toujours lieu, soit, au contraire, refoulée en haut? Dans ce cas, nous comprendrions l’exception, que j’avais jadis prise pour la règle, sur la foi d’autrui, le gros bout en bas et sortant le premier. Le Pic est le symbole de Y action dans la pose perpen¬ diculaire ; soit qu’il s’élance d’un point à un autre de son canton, qu’il escalade son tronc d’arbre ou qu’il s’y tienne cramponné, tout en lui dénote l’effort. Dans ces conditions, l’œuf doit être sanglé, sa forme ovée, avec un petit bout plus ou moins obtus; parfois, elle nous montre, chez le Pic noir et le Pic vert, une coupe elliptique, qui fait songer au sac récent de la fourmilière voisine. Il y a perpendicularité de l’oviducte chez la Pintade, au dos voûté, au ventre rentré, à la queue basse. Plongé dans cette espèce d’entonnoir évasé, déjà rempli par la grande masse fluide des intestins, l’œuf-type est court - ové ; le diamètre transversal, se prolongeant jusque vers son sommet, quelque peu déprimé, donne à cet œuf une forme à part, qui va toujours se dégradant, en passant par la Perdrix, le Faisan, le Corbeau, etc. Toutes ces formes sont cependant réunies sous la même dénomination arbitraire d 'ovée, de même que le mot ova¬ laire s’applique indifféremment au Larnellirostre et au Ra¬ pace, et pourtant les œufs de la Crécerelle, qui vous ont servi de type, ceux de l’ Aigle, du Milan, etc., ne ressemblent guère, en réalité, aux œufs du Cygne, de Y Oie, de la Sarcelle. Les premiers sont courts, ramassés, obtus vers TRAVAUX INÉDITS. 57 leurs pôles, tandis que ceux-ci sont toujours relativement plus allongés, plus amincis vers leurs extrémités. Au point de vue où je suis placé, ces différences, insi¬ gnifiantes en apparence, ont une importante significa¬ tion. Les œufs de Pintades et de Rapaces seraient portés de¬ bout, ceux de la majeure partie des Passereaux étendus sur une pente inégale aboutissant au plan horizontal, sur lequel Gangas , Engoulevents , Lamellirostres , Plon¬ geons, etc., seraient plus ou moins moelleusement couchés. J’avais mis en parallèle notre Engoulevent et le Mar¬ tinet, afin de prendre, pour ainsi dire, sur le fait l’état de repos et celui de l 'action dans la ligne horizontale, ces deux Oiseaux étant l’emblème l’un du repos, l’autre du mouve¬ ment perpétuel. L 'Engoulevent passe son temps accroupi le long d’une grosse branche, ou plutôt rasé comme un Lièvre au pied d’une cépée. Sur ce terrain dur et sans pente, la partie la plus fluide de l’albumen se répand, par portions égales, de chaque côté du noyau central ; l’œuf se fait ovalo-ellip- tique. Le Martinet est toujours sur l’aile ; de là compression permanente de l’œuf, dont le vitellus est refoulé vers l’un des bouts; la forme est ovée-allongée en fuseau. Cet Oiseau est long, fait observer M. Moquin-Tandon ; l’est-il assez pour justifier un grand diamètre de 0,u,034 à 0m,035 chez l’espèce des Alpes? D’ailleurs la forme est, ici, plus en cause que la longueur respective des coquilles. J’aurais pu me contenter de citer, comme je l’ai fait, le Plongeon, qui réunit dans ses œufs le double signe du repos et de X action dans la position horizontale, car l’Oi¬ seau n’en a pas d’autre ; mais tout le monde ne le sait pas, habitué qu’on est à le voir, derrière les vitrines de quel¬ ques musées, haut et droit, comme le Plantigrade Manchot ou le Guillemot de nos côtes. Les œufs elliptiques allongés à bouts égaux du Plongeon 58 rev. et ma(t. de zoologie. (Février 1861.) indiqueraient l’état de repos complet, et les autres formes, plus nombreuses, allant jusqu’à l’ovée, les divers degrés de Y action. Le Cormoran est pourvu de jambes énormes engagées dans l’abdomen, et au milieu desquelles l’œuf, étroitement resserré , ne peut prendre que la forme que chacun con¬ naît. Le Harle (1) n’a pas besoin de moteurs aussi puissants pour atteindre une proie qui ne fuit ni vite ni loin; son œuf a l’ampleur d’un œuf de Canard, quoique l’Oiseau se rapproche beaucoup du Cormoran dans ses formes et sa tenue. Je n’ai pas prétendu que la forme globulaire fût le signe exclusif de la perpendicularité de l’oviducle; j’avais sous les yeux l’œuf bien appelé ventru de la Bécasse, Oiseau à oviducte mou et flasque, formant le premier anneau de cette longue et curieuse chaîne d’habitants de nos mers et marais, dont les produits ovariens ne connaissent d’au¬ tres limites que celles de la cavité abdominale, qu’ils rem¬ plissent de leur incroyable volume, et ces œufs subissent pourtant encore l’influence inévitable qu’il est inutile de rappeler. Selon M. Moquin-Tandon (2), « l’oviducte est un canal tt épais, robuste, résistant, qui non -seulement est peu in¬ et fluencé par les pressions intérieures ou extérieures , « mais bien certainement, jouit lui-même d’une ac¬ te tion particulière en rapport avec son étendue et son (Westwood, Proceed. zooloy. Soc., London, dé¬ cembre 1850, p. 268, etc.). C’est grâce à une communication toute récente de l’auteur que j’ai pu connaître son excellent travail précité. Errata du n° 1. 1, au lieu de Müll., lisez Mill. 16 (chez Sph. cavicola), au lieu de sub- angulalus, lisez subanguslatus. 19, au lieu d’un point après punctato- striatus, une virgule. 21, au lieu de Long., 1 1/2 ligne, lisez 6 1/2 lignes. 22, au lieu de 6 1/3 lignes , lisez 11/2 ligne. 23, au lieu de F. D. Schmidt, lisez F. 1 Schmidt ; — au lieu de Stimberg, lisez Steimberg. 12, au lieu de Müll., lisez Mill. 2, au lieu de Picos, lisez Picus. 20, au lieu de Prou, lisez Prov. TABLE DES MATIÈRES. Pages. J. Hardy. — Lettre à M, O. des Murs. 49 G. Cotteau. — Échiuides nouveaux ou peu connus. 65 Académie des sciences. 80 Analyses. 88 Mélanges et nouvelles. 92 Page 13, lig. 13, 13, 13, 13, 13, 14, 15, 15, PARIS. — IMP. DE Mmü Ve BOUCHARD-HLIZARO, RUE DE L EPERON, 5.— 1861 . REVUE RT MAGASIN DE ZOOLOGIE RECUEIL MENSUEL UE8TINÉ A FACILITER AUX SAVANTS DR TOUS LES PATS LES MOYENS DF PUBLIRR LEURS OBSERVATIONS DK ZOOLOGIE PURE F.T APPLIQUEE a l’industrie et a l’agriculture, LEURS TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE, d’aNATOMIK ET DE PHYSIOLOGIE COMPARÉES , ET A LES TENIR AU COURANT DES NOUVELLES DÉCOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA SCIENCE; M. F. E. GUÉRIN-MÉNEVILLE, Membre (le la Légion d’bonneur, de l’ordre brésilien de la il ose , de la Société impériale et centrale d’AgricuIlurc , des Académies royales des Science» de Madrid et de Turin, de l’Académie royale d’Agriculture de Turin, île la Société impériale des naturalistes de Moscou , d’un grand nombre d’autres Sociétés nationales et étrangères , Secrétaire du Conseil de la Société impériale zoologiquc d’ Acclimatation , etc., etc. PARIS, AU BUREAU DE LA REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE, RUE DES BEAUX-ARTS, i. i t 0 / A i I. MlMfeMti : i Jîftïn • if, ■■■ '.' v i o v- • ■\{ ■■ ? iyt ■ 1 1 ’ ' ; ' ' . , («si (;■ ■■ ^ ***;S'S ’ , ..... • I-Î- > ■ ' l' ■ ‘ .. . : • ■ ' ' WÆ , ; • 1 «Â? *»•*.« ' • ‘ ï*. "M' i< i:. »,| I 'i- ■ >' ■ ... . • • ■ - v- . iv ’ ■ 1 • • • ■ ■ . . ... , . ./'••• .. • -, :♦,* * .1- s ;■ i \- • •• ■ * * ■.. >/..><• ■ • "••• <<: - * ’■ :. > ■■ : . S ■ • V i ‘ •• « i ir. , . • v. ï -• • ■ . • -, ' ' • : ■ ... : .-«i: ' ■•té' ■■ ''' •' ' 1 1 * K ' VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — MARS 1861. I. TRAVAUX INÉDITS. Diagnosis Cheiroptehæ mexicanæ e familia Vespertilio- nidarum, auctore H. de Saussure. Genus Atalapha, Rafin. Cauda longe involuta; patagium fémorale ut in Ves- pertilionibus. Dentes |, f , vel f. A. mexicana. Valida. Dentes molares Caput et gula fulvescentia, ore et mento fuscis. Auriculæ rotundatæ, ni- græ, extus basi fulvo-hirsutæ, intus margine antico et area in medio una fulvo-setosis. Dorsum castaneum, supra grisescens, infra rufescens, ubique albo-marmoratum. Tibiæ, pedes et patagium fémorale rufa, albo-marmorata. Venter fusco-griseus, pilis apice et in pectore albescen- tibus, in abdomine fulvescentibus. In humeris macula alba. Alæ nigræ; subtus brachia et dimidium superius alæ fulvo-hirsuta. Supra maculæ albidæ très in basi pollicis et quinti digiti, in angulo cubiti sitæ. — Antebrachii lon- gitudo, 0m,053. Considérations sur les oeufs des oiseaux , par A. Moquin-Tandon. Voir le commencement de ce travail, vol. XI, 1859, p. 414 et 469, et vol. XII, 1860, p. 11, 57, 110, 193, 339. § 6. Action de la nourriture sur la couleur des oeufs. — Buffon a signalé l’influence de la domesticité sur l’affaiblissement de la couleur dans les œufs, à l’oc¬ casion de ceux de la Pintade sauvage et de la Pintade do¬ mestique ; il en a tiré la conclusion que c’est à la nourri¬ ture que doit être attribuée cette action. L’abbé Manesse s’est prononcé pour cette théorie; M. Buhle l’a repro- 2“ skrir. t. xm. Année 1861. 7 98 rev. et mag. de zoologie. [Mars 1861.) duite : je l’ai adoptée moi-même dans un ancien mé¬ moire. Quand on examine les œufs d’un grand nombre de Poules ordinaires, on en trouve qui sont un peu moins blancs que les œufs habituels ; il y en a même de couleur nankin. J’en possède un qui est d’un roux légèrement olivâtre, comme un œuf de Perdrix grise. Ces colorations sont-elles des retours vers la teinte primitive? Résultent- elles d’un état pathologique des organes génitaux? Ces deux suppositions ne sont guère probables. Ces nuances ne sont-elles pas plutôt un effet de l’alimentation? Je suis très-disposé à le croire ; mais, s’il en est ainsi, ne pourrait- on pas arriver, si ce n’est à changer, du moins à modifier, dans certaines limites, les teintes ordinaires des coquilles? J’ai essayé une fois (1823). J’ai mêlé de la garance en poudre aux aliments d’une Poule; l’Oiseau a fini par pondre des œufs revêtus d’une teinte légèrement ro¬ sée (1). M. Joly a répété cette expérience : une Poule traitée de la même manière lui a donné aussi un œuf à coque rose (2). Voilà pour les œufs blancs. M. des Murs a soumis une Serine au régime de la ga¬ rance. Les œufs de cet Oiseau, qui sont ordinairement d’un blanc très-légèrement verdâtre, avecdes points ou des traits d’un brun rouge et d’un gris violacé, se sont repro¬ duits avec les mêmes caractères; seulement l’ensemble avait revêtu un ton laqué ou rosé. Voilà pour les œufs tachetés. Il est donc évident que la garance exerce une certaine action sur la couleur des œufs. Cette action n’est pas très- forte, mais elle est manifeste sur les œufs tachetés comme sur les œufs blancs. J’ai rappelé, plus haut, qu’il est pondu de temps à autre, dans nos basses-cours (les Oiseaux n’étant pas ma¬ lades), des œufs qui ont une teinte un peu différente de (1) Mèm. Soc. Linn. Paris, t. III, 1825, p. 61. (2) Mém. Acad. sc. Toulouse, 5" série, t. IV, p. 516. TRAVAUX INÉDITS. 99 la livrée habituelle. Ces œufs doivent évidemment leur nuance à quelque nourriture exceptionnelle. D’un autre côté, pourquoi les œufs des Oiseaux domestiques offrent- ils des couleurs plus pâles que les couleurs normales ; pourquoi tendent-ils à se décolorer? N’est-ce pas, en très- grande partie, par l’effet de l’alimentation? Une des causes de la diminution des couleurs, chez les Oiseaux élevés en domesticité, pourrait être attribuée à leur plus grande fécondité, qui épuise l’élément colorant, comme, dans les œufs hardés elle épuise l’élément cal¬ caire. Mais ce qui prouve que cette fécondité n’agit pas seule, c’est que plusieurs de ces Oiseaux, dont les pontes ne sont jamais nombreuses, les Canards par exemple, produisent, comme les Poules, des œufs décolorés. Je crois donc qu’il faut admettre l’influence de la ma¬ tière alimentaire. Si la nourriture n’agit pas d’une ma¬ nière absolue, elle y est, ce me semble, pour quelque chose, soit directement, soit indirectement. Il est bien en¬ tendu que je parle de la coloration générale et non pas de la grandeur des taches, de leur forme, et moins en¬ core de leur disposition. Les organes qui sécrètent les couleurs ne peuvent pas être indépendants de la matière nutritive; cette indépen¬ dance serait contraire aux lois de la physiologie. On sait que les aliments exercent une action plus ou moins mar¬ quée sur le système glandulaire ; ils peuvent modifier non. seulement la couleur de ses produits, mais encore leur odeur et leur saveur. On est même parvenu à donner cer¬ taines vertus médicamenteuses au lait des nourrices et des vaches à l’aide d’un régime approprié. M. Berge (1840) a singulièrement exagéré l’action dont il s’agit ; il a cru que la coloration des œufs est toujours une conséquence de la nourriture de l’Oiseau. Il explique ainsi non-seulement la teinte du fond, mais encore la formation des taches. Suivant ce naturaliste distingué, la matière de la couleur est produite par une action chi- 100 rev. et mag. de zoologie. [Mars 18G1.) mique. Comme il existe des œufs diversement colorés pondus par des Oiseaux qui ont un même genre de nour¬ riture, M. Berge imagine que cette différence tient uni¬ quement à des appareils chimiques différents; et, comme dans les contrées où séjournent les femelles ne se trou¬ vent pas toujours les mêmes Insectes ni les mêmes graines, il pense que c’est là l’origine de la grande diversité de coloration qn’on remarque dans les œufs d’une même espèce. Il résulterait de cette théorie que les couleurs se¬ raient produites, dans un cas, par la même nourriture, et, dans un autre, par des nourritures différentes. En d’au¬ tres termes, que les prétendus appareils chimiques tantôt agiraient sur la nourriture, tantôt seraient influencés par celle-ci. Suivant le même auteur, l’alimentation végétale déter¬ minerait, en général, le blanc, et l’alimentation animale le vert. On a vu, plus haut, que tous les Oiseaux de proie nocturnes pondent des œufs d’un blanc pur, et que les Gallinacés, qui sont des granivores par excellence, ont des œufs fauves ou brunâtres. Un des œufs les plus verts parmi ceux de France est celui de la Canepetière, et la Canepetière n’est pas un Oiseau carnassier!... § 7. Action de l’age sur la couleur des oeufs. — Steiler, Gunther et Buhle ont reconnu que la couleur des œufs variait selon l’àge des femelles. Toutes les pontes du dernier âge ont des teintes plus faibles. On a fait ob¬ server que les œufs des Faucons présentent alors moins de rouge ou de brun et tirent davantage sur le blanc, et que ceux de Y Écorcheur, au lieu d’offrir leur couronne de taches rougeâtres, les ont brunes ou grisâtres, quelque¬ fois même offrent-ils à peine quelques points de cette cou¬ leur. On a cité encore le Merle et le Pinson. Cette diffé¬ rence entre les œufs du vieil âge et ceux que les Oiseaux pondent dans tout le cours de leur existence 11e dépend que de la quantité de matière colorante, qui est beaucoup TRAVAUX INÉDITS. 101 moins abondante chez les vieux que chez les jeunes (des Murs). § 8. Action du climat sur la couleur des oeufs. — En comparant plusieurs œufs de ma collection apparte¬ nant à une môme espèce, recueillis les uns en France et en Espagne, les autres en Suisse et en Allemagne, j’avais cru pouvoir conclure que le coloris est plus vif dans ceux du Midi que dans ceux du Nord. M. des Murs (1844J a combattu cette conclusion et montré qu’elle n’avait aucun fondement solide. Il a montré que le climat n’influait en rien sur l’intensité de la coloration. Je viens de com¬ parer (1847) des œufs pondus en Algérie avec d’autres œufs récoltés en Hollande, et des œufs des environs de Montpellier avec d’autres œufs des environs de Lille, et j’ai reconnu que M. des Murs avait parfaitement raison. Mais si les aliments exercent quelque influence sur la livrée des œufs, comme ces aliments changent souvent avec le pays, quelquefois même avec la localité, on est forcé d’admettre que les œufs pondus dans deux contrées différentes pourront très-bien ne pas se trouver rigoureu¬ sement semblables. Seulement ceux du Midi ne devront pas être nécessairement plus colorés que ceux du Nord. C’est dans ce sens probablement qu’il faut interpréter ce que dit M. Temminck des œufs du Coucou. 11 croit que les couleurs varient d’une année à l’autre, suivant la lo¬ calité (?). § 9. Rapport des couleurs avec l’incubation. — Les corps colorés absorbent le calorique plus facilement que les corps blancs. On a remarqué que les Oiseaux produc¬ teurs de coquilles à teintes sombres (soit dans le fond, soit dans les taches) appartiennent, en très-grande partie, aux Echassiers et aux Palmés , c’est-à-dire à des familles qui vivent dans les marais, au milieu des prairies inondées, au bord des étangs et des rivières, et, par conséquent, dans des endroits où leurs œufs ont généralement à lutter 102 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1861.) contre le froid et l’humidité, et rarement contre la séche¬ resse et la chaleur. Cette observation est très-vraie, surtout pour les Oi¬ seaux Échassiers ou de marais, dont les œufs, roussâtres ou olivâtres, sont couverts de taches brunes plus ou moins nombreuses et plus ou moins foncées. Les Cigognes, qui pondent des œufs à peu près blancs, nichent, comme on sait, à de grandes élévations. Il en est de même de la plu¬ part des Hérons , dont les coquilles sont d’un bleuâtre ou d’un verdâtre plus ou moins pâle (1). Mais des exceptions nombreuses nous sont offertes par les Oiseaux Palmés ou aquatiques. On trouve des œufs blancs Cou très-faiblement colorés) chez les Flamants, les Cygnes , les Oies, les Canards, les Sarcelles, les Ilarles, les Cormorans, le Fou, les Pétrels... Parmi les Oiseaux terrestres, nous ne rencontrons pas beaucoup d’œufs à teintes sombres. Les coques parais¬ sent rarement foncées chez les Rapaces; elles sont tou¬ jours blanches dans les Oiseaux de proie nocturnes. Il en est de même des Pigeons et d’un grand nombre de Grim¬ peurs. La plupart des Passereaux ont des œufs à colora¬ tion faible. Chez le Rossignol, ils sont couleur de bronze, mais cet Oiseau place son nid au pied des haies et, par conséquent, dans un endroit humide. Chez les Sylvia tur- doides, arundinacca, palustris, aquatica, les teintes sont toujours plus ou moins foncées. Enfin les Gallinacés, qui pondent, presque tous, â plate terre, nous offrent géné¬ ralement des œufs colorés en roussâtre ou en brun. On pourrait objecter que les corps qui absorbent le calorique avec le plus de rapidité sont en même temps ceux qui le perdent le plus facilement, et qu’il y a com¬ pensation entre la chaleur acquise et la chaleur perdue. Mais il faut se rappeler que , pendant l’incubation, les œufs des Oiseaux s’échauffent par le contact des parents, (1) D’après ce qui précède, on pouvait décider, en quelque sorte, à priori , que l’œuf de la Glaréole ne pouvait pas être blanc. TRAVAUX INÉDITS. 103 et qu’ils ne peuvent se refroidir que par le rayonnement; par conséquent, ils doivent perdre leur chaleur dans un temps plus long que celui qu’ils ont mis à l’acquérir. J’ai cherché, en 1832, à constater, par expérience, l’influence de la coloration sur l’absorption de la chaleur; je n’ai obtenu aucun résultat concluant; on en verra bientôt la raison. Voici mon expérience : Je plaçai dans une couveuse 24 œufs de Poule récem¬ ment pondus; 8 de ces œufs étaient à l’état normal; les IG autres avaient été colorés, 4 en bleu (comme l’œuf du Mouchet), 4 en rougeâtre (comme celui de la Crécerelle), 4 en olivâtre (comme celui du Rossignol), et 4 en chocolat (comme ceux des Plongeons). Pour ne pas trop obstruer les pores de la coquille , j’avais employé le pastel comme matière colorante, et j’en avais déposé, sur chaque coque, une couche extrêmement légère. Enfin, pour que l’âge de l’œuf n’exerçât aucune influence sur l’incubation, j’avais choisi , pour les colorer, les 8 œufs les plus anciens et les 8 les plus récents. Voici l’ordre des éclosions : 3 œufs blancs, 1 rougeâtre, 2 chocolats, 2 rougeâtres, 2 blancs, 3 olivâtres, 1 chocolat, 1 bleu, 1 rougeâtre, 3 bleus, 1 blanc , 1 olivâtre, 1 chocolat, 2 blancs. 24 Cette expérience semble prouver que la couleur n’exerce 104 rev. et mag. de zoologie. ( Mars 1861.) aucune influence sur la durée de l’incubation. Je soup¬ çonnai que mes œufs, étant dans une couveuse fermée et, par conséquent, à l’abri de la lumière, n’avaient pas été soumis rigoureusement aux conditions normales de ceux qui sont exposés librement dans un nid et couvés par un Oiseau. Mon collègue M. le professeur Gavarret m’a fait observer que l’influence de la coloration sur 1 e pouvoir absorbant des corps varie avec les circonstances ambiantes. On doit à M. Melloni plusieurs expériences à ce sujet. Quand les corps ne reçoivent par rayonnement que de la chaleur obscure, la coloration est sans influence. Le noir de fumée et le carbonate de plomb, parfaitement blanc, ont le même pouvoir êmissif. D’où il résulte que, dans une couveuse fermée et, par conséquent, à l’abri de la lumière, des œufs colorés devaient se conduire comme des œufs blancs. Il en sera de même toutes les fois que les œufs seront placés dans un nid de manière à se trouver à l’abri des rayons solaires. On a vu, plus haut, que les œufs dé¬ posés dans des trous de muraille ou dans des creux de rocher, ou dans des troncs d’arbres, ou encore dans des nids couverts, sont presque tous d’un blanc pur. On con¬ çoit, d’après ce qui précède, que, si ces œufs avaient été colorés, il n’y aurait eu aucun avantage pour l’incuba¬ tion. Il faudrait répéter l’expérience que je viens de rap¬ porter, en laissant les œufs exposés à la lumière. Il conviendrait aussi d’examiner l’influence des divers rayons isolés, surtout celle des rayons calorifiques et chi¬ miques. On sait que des expériences de ce genre, tentées sur les germinations, ont donné des résultats d’un très- haut intérêt. Les découvertes récentes de M. Stokes (1) et de M. Ed. (1) On thc change of refrangibility of light. — Transactions philosophiques pour l’auuce 1852, p. 165. TRAVAUX INÉDITS. 105 Becquerel (1) montrent que les rayons lumineux les plus réfrangibles et ceux qui sont situés, dans le spectre, au delà du violet, donnent naissance à des rayons lumineux et calorifiques moins réfrangibles qu’eux-mêmes lorsqu’ils tombent sur certains corps, tels que le verre d’urane, le sulfate de quinine, l’esculine , le curcuma, la chloro¬ phylle . La plupart des substances organiques, tant d’origine végétale que d’origine animale , sont douées d’une pro¬ priété analogue à un degré plus ou moins prononcé. Ce phénomène a reçu le nom de phosphorescence ou de fluores¬ cence, suivant qu’il persiste ou qu’il cesse après qu’on a supprimé les rayons qui en déterminent la production. La couleur propre des corps exerce une influence évi¬ dente sur l’action dont il s’agit. D’où il suit que les œufs devront présenter le même phénomène, d’une manière plus ou moins intense, selon qu’ils seront blancs ou co¬ lorés, pourvus de teintes faibles ou foncées, et couverts de taches rares ou nombreuses. M. Guillemin a démontré , qu’on me permette de le dire en passant, que la fluorescence se produit non-seule¬ ment dans les couches superficielles, mais encore dans l’épaisseur même de la substance qui en est le siège (*2). On peut se demander si le travail physique que cette espèce de transmutation de mouvements vibratoires re¬ présente n’a aucune influence sur le développement des œufs. M. C. Gloger a étudié les teintes des œufs dans leur rapport avec la position, la forme et la nature de leur nid (3). Cette relation présente des combinaisons dont on ne saurait trop admirer la sagesse. Les œufs blancs sont ceux qui s’échauffent le moins (1) Annales de chimie et physique, t. LV, p. 5, 1859. (2) Comptes rendus de l’Academie des sciences, t. XLV, p. 773, 1859. (3) Ueber die Farben dcr Fier dcr Vcegcl — Verhandl. Gescllsch. nat. Frcund. Berl., I, 1829, p. 332. 106 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1861.) facilement, et en même temps ceux qui perdent la chaleur avec le moins de rapidité. Quand les corps reçoivent de la chaleur lumineuse par rayonnement, leur pouvoir absorbant est d’autant plus fort qu’ils sont plus foncés en couleur. Par la chaleur rayonnée au moyen d’une lampe, le pouvoir absorbant du noir de fumée étant 100, celui du carbonate de chaux n’est que 53. Ainsi des œufs colorés exposés aux rayons solaires doivent s’échauffer davantage que des œufs non colorés. Les œufs les plus foncés que l’on connaisse sont ceux des Plongeons, Oiseaux confinés dans le Nord. Les Colibris, les Perroquets, les Guêpiers, les Martins-Pêcheurs ont des œufs tout blancs (souvent lustrés) et appartiennent aux pays chauds. Du reste, il est très-difficile de déterminer avec rigueur cette influence de la couleur des œufs sur leur incuba¬ tion, parce qu’elle est tantôt favorisée, tantôt affaiblie par plusieurs autres circonstances organiques, telles que la grosseur de l’œuf, sa forme, l’épaisseur de la coque, sa densité, son poli, le nombre de ses pores . Chapitre VI. — Du poli des oeufs. g 1. Poli des oeufs. — La surface des œufs présente de légères inégalités, à peine visibles à l’œil nu, qui la rendent plus ou moins mate ( Cigogne , Héron)-, elle est un peu rude dans certains Oiseaux de proie (Jean- le- Blanc, Pygargue ). La* surface crayeuse qu’on observe sur les œufs des Foxis, des Cormorans, des Grèbes est déterminée, comme on le verra plus loin, par un enduit particulier dont la coque est recouverte. J’ai déjà parlé de l’œuf du Flamant , qui est mat et fria¬ ble à l’extérieur, comme un morceau de plâtre. Quelques œufs sont pourvus d’une enveloppe très-unie (Pics). Ce poli se montre avec une sorte d’éclat chez le Martin-Pêcheur et le Guêpier. En général, les œufs lustrés sont blancs et sans taches. TRAVAUX INÉDITS. 107 Plusieurs Tinamous pondent des œufs gris de fer ou gris lilas remarquables par leur brillant métallique; on dirait que leurs coques sont en porcelaine. § 2. Rapport du poli avec l’incubation. — J’ai parlé, dans un article précédent, de l’influence de la coloration sur l’absorption et sur la perte de la chaleur. M. des Murs a fixé l’attention des Oologistes sur le pouvoir réfléchissant de la coquille, déterminé par son état plus ou moins poli. Il divise les œufs en sept séries, relativement à leur pro¬ priété réfléchissante. Les physiciens nous apprennent que les corps à sur¬ face lisse et luisante renvoient le calorique beaucoup plus facilement que les corps à surface rude et mate, qu’ils s’échauffent avec moins de rapidité, mais que, lorsqu'on les a échauffés, ils se refroidissent avec plus de lenteur. Cela est vrai , mais pas toujours, ainsi qu’on le verra bientôt. M. des Murs a reconnu que la propriété réfléchissante ne se rencontre dans aucun Oiseau aquatique ou nageur; chez ces espèces, la coquille est mate sans exception. Ce caractère est très-exact pour les Oiseaux de marécage. Je n’en connais aucun (parmi les espèces d’Europe) qui ne présente un œuf plus ou moins mat; mais la proposition ne paraît pas tout à fait aussi absolue pour les Oiseaux pal¬ més ou les vrais aquatiques, car les œufs des Canards sont, en général, plus ou moins lisses, et ceux de certaines Oies parfaitement lustrés. Il est très-vrai que les œufs des Oiseaux terrestres sont presque toujours plus ou moins polis et plus ou moins lui¬ sants (des Murs). Ceux d’Europe n’offrent jamais d’enduit crétacé comme chez les Flamants, les Cormorans et les Fous (1). L’état mat de la coquille se rencontre dans les Echas- (1) On on trouve, mais par exception, chez quelques Oiseaux étran¬ gers; par exemple, chez les Anis des Murs). 108 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Man 1861.) tiers, avec la couleur sombre, et ces deux causes concou¬ rent à faciliter l’absorption du calorique. D’un autre côté, les œufs brillants des Oiseaux terres¬ tres sont généralement pourvus de teintes très-pâles, et plus souvent encore d’un blanc pur. Malheureusement cette coexistence n’est pas constante, bar exemple, l’œuf de la Canepetière est, en même temps, luisant et coloré, et celui du Fou à la fois mat et blanc. Quand la couche superficielle d’un corps est plus dense que ses couches profondes, en le dépolissant on augmente son pouvoir absorbant et son pouvoir émissif, parce que l’on met à découvert des parties moins denses (c’est ce qui arrive lorsqu’on dépolit des métaux travaillés au mar¬ teau). Mais, quand les couches profondes présentent la même densité que les couches superficielles, le poli de la surface n’exerce aucune influence ni sur le pouvoir absor¬ bant ni sur le pouvoir émissif. Les coquilles d’œufs lisses, polies, lustrées ont géné¬ ralement leur surface plus dense et plus dure que les co¬ quilles dont l’aspect est mat et grenu; par conséquent, les premières absorbent et perdent moins de chaleur que les secondes par voie de rayonnement. Mais, quand les coques sont recouvertes d’un enduit crayeux, c’est l’inverse qui doit arriver. Indépendamment de ces éléments d’absorption ou de perle calorifiques, combinés ou non combinés, il est d’au¬ tres causes qui viennent tantôt s’y ajouter, tantôt, au con¬ traire, les affaiblir, de telle sorte qu’il est bien difficile, au moins dans l’état actuel de la science , de décider nette¬ ment cette question, et de dire, par exemple, pourquoi tel œuf éclôt au bout de 11 jours, tandis que tel autre en demande 25. § 3. Action nu nid sur l’incubation. — On n’a pas assez fait attention , peut-être, à l’action du nid sur l’in¬ cubation. La situation et l’entourage des œufs influent TRAVAUX INÉDITS. 109 d’une manière plus ou moins efficace sur leur échauffe- meut. On sait qu’un corps abrité par un écran se refroidit moins par rayonnement qu’un corps abandonné à l’air libre. Un corps placé dans un lieu bas se refroidit moins par rayonnement que lorsqu’il est dans un endroit élevé. Un corps à l’abri des courants d’air se refroidit moins qu’un corps autour duquel l’air circule librement. Il résulte de ces propositions 1° Que les œufs placés dans les crevasses des murs ou des rochers, dans les creux des arbres, dans l’épaisseur des haies ou dans les hautes herbes se refroidissent moins, par rayonnement, que les œufs situés à la même hauteur et à l’air libre; 2° Que les œufs qui ne sont pas abrités se refroidissent d’autant plus qu’ils sont placés plus haut dans l’atmo¬ sphère ; 3° Que, dans un nid couvert ( Penduline ), toutes choses étant égales d’ailleurs, les œufs se refroidissent moins par le rayonnement que dans un nid ouvert en dessus (Draine) ; 4° Que, dans un nid en forme de cornet (profond et étroit) ( Rousserollc ), ils se refroidissent moins que dans un nid en forme de coupe ( Pinson ) ; 5° Que, dans un nid en forme de coupe (Merle), ils se refroidissent moins que dans un nid plat (Tour ter elle)) 6° Que, dans un nid composé de matières peu conduc¬ trices et bien feutrées (Chardonneret), les œufs se refroi¬ dissent moins que dans les nids formés de branchages grossièrement entrelacés (Autour). Chapitre VII. — Des rugosités et des rides des oeufs. § 1. Rugosités des oeufs. — Les œufs des Casoars ne sont pas lisses comme ceux de presque tous les Oiseaux, mais couverts d’une infinité de petits tubercules- dis- 110 rev. et mag. de zoologie. ( Mars 1861.) tribués uniformément sur toute leur surface. Ces tuber¬ cules sont très-rapprochés et presque confondus dans le Casoar Emeu (1); ils paraissent assez distincts dans le Dr ornée ou Casoar de la Nouvelle- Hollande (2). Chez la pre¬ mière espèce , ils sont d’un vert noir qui laisse à peine apercevoir le gris foncé des interstices, et, chez la se¬ conde, d’un vert olivâtre clair qui tranche beaucoup sur la teinte blanchâtre du fond. Ces protubérances sont unies par deux, trois, quatre, cinq et même en plus grand nombre, formant des lignes flexueuses ou des espèces de zigzags. Il est très-difficile de les compter. Dans un espace de 0m,036 carrés, Y Emeu peut en offrir 65, et le Casoar de la Nouvelle- Hollande seu¬ lement 38. Ces tubercules m’ont paru plus petits au petit bout; dans cet endroit, 0"\036 carrés en contiennent une cin¬ quantaine, tandis qu’au gros bout le même espace en embrasse seulement une trentaine. Chez les Hoccos, on voit aussi, à la surface de la coque, des saillies du même genre, mais elles ont moins de vo¬ lume et sont blanches comme le fond. J’en ai compté 171 dans 0m,036 carrés. Ces petites éminences donnent à l’œuf une rugosité du plus joli effet. Un de mes amis m’a communiqué, dans le temps, un œuf monstrueux de Pigeon dont la coque était couverte de petites éminences arrondies (3). Cet œuf avait été pondu par un Oiseau gros et robuste. Les tubercules dont il s’agit étaient arrondis, souvent soudés ensemble, mais toujours distincts ; ils ne composaient pas de lignes, mais de petits amas : 0m,036 carrés en renfermaient au plus une (1) Casuarius Emu, Lath. (Slruthio Casuarius, Linn.). — Linné décrit très-mal ces œufs, lorsqu’il les signale comme pourvus de points excavés ( ova punctis excavalis). (2) Casuarius Novœ-Hollandiœ , Lath. Casuarius ater, Gould, uou Vieill . ; Dromœus Novœ-Uollandiœ, Bp.). (3) Mém. Soc. Linn. de Paris, t. III, 1825, p. 69, pl. 2, fig. 2. TRAVAUX INÉDITS. 111 quinzaine. La nature avait fait ici, par monstruosité, ce qu’elle produit chez les Casoars par habitude. Dans les œufs des Oiseaux domestiques, on remarque souvent, sur la coquille, des dépôts terreux, formant des tubercules ou des granulations. J’ai observé plusieurs fois ces dépôts sur les coques des Poules , des Dindes et des Canards. La matière surabondante est tantôt finement granuleuse, à grains écartés ou rapprochés, tantôt déposée par plaques. Elle est de la couleur de l’œuf ou tout à fait blanche ; quelquefois elle présente une teinte plus ou moins brunâtre. Madame Passy a bien voulu me donner deux œufs de Poule cochinchinoise avec ce genre de dépôt. Dans l’un, le petit bout est entièrement couvert de granulations nom¬ breuses, serrées, très-petites, arénacées et de couleur fauve un peu rougeâtre; dans l’autre, la matière forme six taches épaisses, arrondies, inégales, d’un gris roux, dont la plus grande peut avoir environ 0m,009 de dia¬ mètre. J’ai vu, dans diverses collections, plusieurs anomalies analogues ou semblables. Le dépôt des granulations dont il s’agit a été fait tantôt dans l’oviducte, tantôt dans le cloaque. Voilà pourquoi, dans certains cas, la matière appliquée ne diffère pas de la substance même de l’œuf, tandis que , dans d’autres, elle varie suivant la nature des aliments pris par l’Oiseau. Ceci me rappelle une expérience que j’ai faite au com¬ mencement demes étu des sur l’Oologie (1823). Je fis avaler, à une pauvre Cane en train de pondre, une certaine quan¬ tité tantôt de chaux sulfatée en poudre, tantôt de sable de rivière. J’obtins un œuf à surface granuleuse et un autre avec un dépôt assez abondant et assez régulier, vers le petit bout, de sable à peine modifié, coloré en brun ver¬ dâtre. 11 ne faudrait pas conclure de cette expérience, comme je l’ai fait alors, que les œufs à surface normalement 112 rev. et mag. de zoologie. ( Mars 1861.) granuleuse ou tuberculeuse, comme ceux du Casoar, sont ainsi organisés à cause de la nourriture grossière de l’Oi¬ seau. M. des Murs a relevé, avec raison, cette déduction fort peu logique. Les œufs à surface tuberculeuse doivent ce caractère à la manière dont leur coque est sécrétée. Je reviendrai sur ce sujet en traitant de la constitution phy¬ sique de la coque. § 2. Rides des oeufs. — Je ne connais aucun œuf dont la coquille soit normalement et régulièrement ridée ; maison observe quelquefois au petit bout, dans les œufs des Oiseaux domestiques, des saillies allongées plus ou moins fortes, des espèces de plis sur lesquels M. Génis a appelé, tout récemment, l’attention de l’Institut. Dans un mé¬ moire spécial, cet observateur a fait remarquer que les rides dont il s’agit existent sur certains œufs et n’existent pas sur d’autres. Il croit pouvoir formuler, avec assu¬ rance, que les premiers contiennent des mâles et les se¬ conds des femelles. L’auteur est arrivé à ce résultat après trois ans d’études. Il annonce sérieusement qu’il a été mis sur la voie de cette découverte en partant de ce fait, que les os de la femme sont plus lisses et plus nets que ceux de l'homme. 11 n’est pas besoin de réfuter ce raisonnement et cette conclusion. Je me bornerai à faire remarquer que le petit bout des œufs ne porte les rides dont il s’agit que dans un petit nombre de cas et, pour ainsi dire, par ex¬ ception. On a vu, d’ailleurs, dans un autre chapitre, que tous les œufs ne sont pas organisés, comme ceux de la Poule, avec un gros et un petit bout; il en existe avec deux extrémités obtuses ( Gangas ) et d’autres avec deux ex¬ trémités pointues [Grèbe], enfin il y en a de globuleux ( Scops ). Chapitre VIII. — Des enduits des oeufs. § 1. Enduits crayeux. — Chez les Fous, les Cormorans et les Grèbes, la coque est revêtue d’une sorte d’enduit crétacé, très-mat et même rugueux, d’une teinte assez blanche. J’ai déjà dit quelques mots de cet enduit. TRAVAUX INÉDITS. 113 Dans les premiers genres, cette couche de matière tranche un peu avec la couleur verdâtre pâle qui se trouve par-dessous. Cette couche est moins dure que le tissu même de la coque; on peut la racler et mettre à nu cette dernière, qui se montre alors avec sa coloration. Un enduit crayeux analogue recouvre l’œuf de 1 ’Ani des Savanes (1), et cache la couleur bleu foncé caractéris¬ tique de cet œuf. M. des Murs a décrit et figuré cette sin¬ gulière organisation. Le même enduit existe dans un autre Oiseau du même genre qui m’a été apporté du Brésil. Dans l'œuf normal , cette couche blanche présente sou¬ vent des interruptions irrégulières qui laissent apercevoir la couleur foncée de la coque ; l’œuf paraît alors comme maculé de bleu. D’autres fois, la coque se trouve enve¬ loppée de toute part et ressemble à un œuf blanc un peu mat ; mais, en le raclant avec précaution, on a bientôt mis à nu la couleur bleue qui est dessous. En traitant de la nature chimique de l’enveloppe, je montrerai que l’enduit crétacé dont il s’agit n’est pas, comme on l’a cru , une couche d’urate d’ammoniaque déposée sur l’œuf pendant qu’il traverse le cloaque. § 2. Enduit graisseux. — Dans les Canards et les Harles, l’œuf est recouvert d’un enduit graisseux ou oléa¬ gineux (Thienemann). Cet enduit contribue à rendre la coque plus ou moins lustrée. On a cru qu’il empêchait les gouttelettes sanguines (c’est-à-dire la matière colorante) de s’imprimer sur la pâte calcaire et d’y produire des ta¬ ches, des lignes ou des points. On a vu, dans un chapitre précédent, que les maculations des œufs étaient dues à une sécrétion particulière ( chromine ) ; cette sécrétion est très-faible dans les œufs unicolores, et n’existe pas dans les œufs blancs. Je vais parler, dans ce paragraphe, d’une autre matière (,1) Crolophaga Ani, Gmel. 2° série, t. xui. Année 18C1. 8 114 îtEv. et mag. de zoologie. ( Mars 1861.) graisseuse qui se dépose sur la coque de certains œufs et qui donne une coloration plus ou moins vive. Ce dépôt a lieu après la ponte, par conséquent après la constitution de l’œuf; il est donc étranger à l’oviducte; il a une autre origine. Le phénomène dont il s’agit nous est offert par les Grèbes. Ces Oiseaux ont des œufs d’un blanc très-légèrement vert jaunâtre, mais revêtus, ainsi que je viens de le dire, d’un encroûtement crétacé plus ou moins mat et plus ou moins blanc. A mesure que l’incubation s’effectue, leur coque se colore d’abord en jaunâtre, puis en roussâtre, puis en jaune, puis en café au lait, en roux plus ou moins vif ou en brun plus ou moins foncé. L’œuf du Grèbe castagneux , figuré par M. Thiene- mann (1), ressemble, pour la coloration, à celui de notre Perdrix grise, mais il est plus nankin et plus obscur. Celui du Grèbe oreillard, publié par le même savant (2), est d’un rouge orangé asssez brillant. A quoi tiennent ces couleurs dans des œufs tout à fait blancs au moment delà ponte? On sait que tous les Oiseaux possèdent sur le croupion deux amas de cryptes qui sécrètent une humeur particu¬ lière graisseuse, destinée à lustrer leur plumage et à le garantir de l’action de l’eau. Ces glandes sont plus déve¬ loppées chez les espèces aquatiques que chez les Oiseaux terrestres ; elles se montrent volumineuses surtout chez les Grèbes, qui se tiennent presque constamment submergés. C’est l’humeur sécrétée par ces organes qui salit et co¬ lore leurs coquilles. L’enduit crétacé, mat et perméable dont ces œufs sont recouverts absorbe et retient facilement cette matière (ce qui n’arriverait pas, par exemple, dans un œuf lustré de Canard ). M. Florent Prévost a tracé plusieurs fois des caractères (1) Syst. Darst. Fortpflanz., t. XIX, fig. 4. (2) Loc. cit., fig. 3. TRAVAUX rNtfDITS. 115 au crayon sur des œufs de Grèbes en voie d’incubation ; au bout d'un certain temps, ces caractères étaient recou¬ verts et ne se voyaient plus. D’autres ornithologistes ont répété et varié cette expé¬ rience et obtenu le même résultat. Toutefois il ne faut pas croire, comme je l’ai entendu dire, que les caractères tracés soient cachés à la fois sous une couche de sub¬ stance crétacée et sous un dépôt de matière colorante. La croûte calcaire blanche est fournie par l’oviducte avant la sortie de l’œuf; dès que celui-ci a été pondu, il ne re¬ çoit plus que l’enduit graisseux et coloré. Description d’une nouvelle espèce d’Anodonte, par le F. Ogérien, directeur de l’école chrétienne de Lons-le- Saulnier, membre titulaire ou correspondant de plu¬ sieurs sociétés savantes. Anodonta Gougetana. Animal petit, proportionnellement à sa coquille, ovale- allongé, d’un gris clair un peu jaunâtre; manteau mince, d’un jaune d’ambre sur les bords, d’un gris clair près des branchies; papilles postérieures brunes; branchies exté¬ rieures d’un brun chocolat clair, offrant, à la surface, comme une espèce de tissage formé de fines lignes per¬ pendiculairement croisées; pied petit, d’un jaune orangé fortement coloré. Coquille moyenne, ovale, légèrement tétragone, très- ventrue, jamais comprimée, offrant presque toujours une gibbosité qui longe le côté postérieur, à sillons longitudi¬ naux presque concentriques, très-profonds, au nombre de six à huit, formant des zones d’inégale largeur, dont les trois premières, à partir des sommets ou crochets, éga¬ lent souvent presque les autres en largeur; très-épaisse, très-solide, peu luisante, pesante, ordinairement d’un brun noir, quelquefois mat chez les vieux, rarement d’un vert jaunâtre ou olivâtre, seulement chez les jeunes; côté 11C REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (MüTS 1861.) antérieur très-arrondi , comme tronqué, formant presque toujours un demi-cercle ; côté postérieur allongé, ellip¬ soïde, subcunéiforme de deux fois l’antérieur ; les deux bords presque parallèles; l’inférieur peu tranchant, pres¬ que droit, rarement un peu arqué, plus souvent creusé en rognon; le supérieur un peu arqué, surtout à partir de la terminaison du ligament ; crête postéro-dorsale ordi¬ nairement peu saillante, peu déprimée, quelquefois assez marquée chez les jeunes; sommets ou crochets très-voisins du bord antérieur, à l’extrémité postérieure du premier quart antérieur de la longueur totale, complètement plats, présentant ordinairement de six à huit rides très-sail¬ lantes, presque toujours usés et jamais profondément ex¬ coriés; ligament très-saillant, très-épais, brun, luisant; impressions musculaires antérieures très-marquées , pro¬ fondes, en secteur de cercle; les postérieures superfi¬ cielles réniformes; nacre brillante, souvent irisée, légère¬ ment azurée, quelquefois un peu carnéolée chez les vieux individus, très-rarement roussâtre, offrant souvent des indices perliformes et quelquefois de vraies perles au côté postérieur; valves égales, bâillantes au côté postérieur et très-îégèrement à l'antérieur. Dimensions , en millimètres , de sept individus choisis parmi un grand nombre. N° 1, vieux ; n° 2, moyen à test très-épais; n° 3, moyen ; n° 4, réniforme; n° 5, allongé réniforme ; n° 6, jeune; n° 7, plus jeune. N° t. N° 2. N° 3. N° 4. N° 5. N° 6. N° 7. Longueur. . 80 74 80 70 74 60 51 Hauteur. . 37 38 40 32 31 31 28 Epaisseur. . 30 21 25 20 21 20 15 D’après ce tableau, on aurait 1°, , en longueur, 0“ ,070 â 0m,075;2°, en hauteur, 0m,030 à0m,035 ; 3°, en épaisseur, 0m,020 à 0in,025. Variétés. — - 1° Var. n° 3, relativement peu épaisse, à TRAVAUX INÉDITS. 117 crête postéro-dorsale élevée, légèrement déprimée, cunéi¬ forme; test épais et épiderme noir. 2° Var. n° 4, creusée en rognon ; test noir ou châtain. 3° Var. n° 5, allongée postérieurement, cunéiforme, dé* primée, réniforme, à double côte saillante, formant deux zones transverses sur le côté postérieur. Cette nouvelle et magnifique espèce d’Anodonte se rap¬ proche, par ses formes générales et l’épaisseur de son test, de Y Anodonta ponderosa, Pfeiff. ; elle s’en distingue, au premier coup d’œil, par le rapport des bords anté¬ rieurs aux postérieurs; par son faciès plus ventru, subcy¬ lindrique; par la coloration plus sévère du test et l’apla¬ tissement des crochets. Elle semble combler l’hiatus entre les Anodontes et les Mulettes; elle a complètement l’extérieur de ces dernières, mais elle manque de dents à la charnière. Sa place, dans la série des Acéphales fluviatiles et lacustres de France, est donc entre Y Anodonta ponderosa et Unio margaritifer, Philipps. M. Terver, le savant conchyliologiste lyonnais, à qui cette espèce a été communiquée, écrivait à l’auteur : « Itien de ce qui se publie en France ne s’y rapporte : elle offre un caractère différent de tout ce que je con¬ nais. » Habitat. — On trouve abondamment Y Anodonta Gou- getana, Og., 1° dans les canaux de la saline de Mont- morat, dans le biez qui passe sous la roue des puits à sel ; 2° dans la petite rivière du Solvan, derrière l’hôpital de Lons-le-Saulnier , vers le bureau d’octroi et jusqu’au- dessous du cimetière. Les individus pêchés dans le Solvan sont bien plus beaux que ceux des canaux de la saline. Ce Mollusque aime les flasques profondes, vaseuses et solitaires; on est sur de le trouver abondamment près des cadavres des animaux jetés à la rivière. Dédiée à M. le docteur Gouget, chevalier de la Légion d’honneur, doyen des naturalistes du Jura, à Dole. 118 rev. et mag. de zoologie. ( Mars 1861.) Description de Coléoptères nouveaux d’Algérie, par A. Chevrolat (1). 71. Sciaphilus infusratvs, curlus.subuitidus, squamulisbrunneo-fus- cis, griseo-variegatus ; rostro brevi, antice emarginalo, capite valde convexo ; antennis tarsisque ferrugineis; oculis parvis, globosis, ni- gris; thoracefortiter punctato, antice rcflexo posticeque recto et leviter constricto; elytris obovalibus, punctato-striatis , interstitiis latis, dorsalibust. paululum costatis, setis albidis rétro inclinatis modice vestitis. — L., 3 3/4; 1., 1 1/2 ra. Cette espèce tient le milieu entre les S. muricatus et costulntus; elle en diffère par une taille plus petite, une forme plus ramassée et surtout par la ponctuation du cor¬ selet , qui est plus grande et espacée, et aussi par sa trompe, qui est très-courte. D’un brun fauve un peu luisant varié de gris. Trompe comprimée en avant sur les côtés, échancrée au sommet. Tête convexe. Antennes ferrugineuses. Yeux saillants , ronds, noirs. Prothorax aussi large que long, droit et fai¬ blement comprimé aux extrémités, relevé et aplani sur le bord antérieur, côtés arrondis grisâtres. Elytres réguliè¬ rement ovalaires, à stries ponctuées assez profondes; in¬ terstices larges, faiblement élevés en côtes vers la suture. Des séries de soies filiformes, blanches et brunes, assez rares en dessus, sont plus nombreuses vers l’extrémité. Corps en dessous et pattes finement et densément ponc¬ tués. Tarses ferrugineux. Cette espèce se rencontre, en été, aux environs d’Alger. Le seul exemplaire que je possède m’a été envoyé par M. Poupillier. 72. Sitones interruptus , punctatus, griseo-leucopbæus, capite rostro- quemurinis, notula frontali alba.sulco longitud inali et transversali; antennis ad basin et apicem fuscis, medio pallidis ; oculis nigris ; thorace antice constricto posticeque recto, liueis quatuor fuscis lineisque tribus albis ; scutello albo; elytris leucophæis, linea media e notulis elongatis, nigris alterneque albidis formata, siu- gula lineis duabus albidioribus : 1° suturæ ; 2* extus atque conti- (1) Voir la Hev. et Mag. rte zoologie, 1S59, p. 298 à 304 , 380 à 389 ; 1860, p. 73 à 82 , 128 a 137, 208 à 212, 269, 302, 409, 448, 509. TRAVAUX INÉDITS. 119 gua lineæ nigræ; corpore infra podibusquc rourinis, linea post oculos, fascia post marginem antcriorem thoracis, lincola latéral i in thorace et aunulo fcmorum subaureis. — L., 4, 5; 1., 1 5/6, 2 1/3 m. Densément ponctué, d’un gris cendré blanchâtre. Tête et trompe d’égale longueur, s’amincissant obliquement sur l’extrémité, marquées d’un sillon étroit assez profond et d’un autre léger placé entre les yeux; une petite tache dorée apparaît sur le front. Antennes brunes, à funi- cule ferrugineux. Yeux noirs. Prothorax convexe, arrondi régulièrement sur chaque côté, droit aux extrémités, res¬ serré en avant sur le bord latéral et inférieur, orné de quatre lignes brunes et de trois blanchâtres : celle mé¬ diane est la plus étroite. Ecusson ponctiforme, blanc. Ehjtres oblongues, convexes, marquées de faibles stries régulièrement pointillées; vers le centre se remarque une ligne qui est formée de petits traits noirs entremêlés de blanchâtres. Chaque étui offre en plus deux lignes d’un blanchâtre plus clair : première sur la suture ; deuxième entre les cinquième et sixième stries. La marge, à partir du dessous de l’épaule, est brunâtre. Tète , dessous du corps et pattes d’un gris verdâtre, ayant les parties sui¬ vantes d’un jaune doré : une ligne en arrière de l’œil, le bord antérieur du corselet, une ligne latérale sur la poi¬ trine et un anneau vers le sommet des cuisses. Un cT et une jP , pris aux environs d’Alger, m’ont été adressés par M. J. Poupillier. Cette espèce devra se placer près du S. tibia lis, St. 73. Anisorhynchus procerus, subovatiis, niger, ruge et erebre punc- tatus; rostro flexuose angustcque earinato, foveola frontale im- presso; prothorace fortiter punctato, rugoso, linea abbreviata, ma- culaque utrinque in mcdio lævibus notato; elytris globosis, subtiliter punctato-striatis et minute granulatis, singulatim costis decem alterne elevalioribus. — L., 17, 17 1/2 ; 1., 9, 11 m. Orau. D’un noir profond, un peu luisant, mais terne sur les étuis, couvert d’une ponctuation profonde, serrée et ru¬ gueuse sur la trompe, la tête, le corselet, le dessous du 120 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1861.) corps et les pattes. Rostre une fois aussi long que la tête , un peu aminci vers l’extrémité, muni d’une carène lisse, étroite et sinueuse, qui est terminée en avant à la hauteur de l’insertion des antennes, et en arrière par une fossette ponctiforme. Prothorax près de moitié plus large que long, atténué et resserré en avant, régulièrement arrondi sur le côté, légèrement convexe, marqué d’une ligne lon¬ gitudinale élevée, lisse, qui n’atteint pas les bords; sur le côté, vers le milieu, est un espace lisse; un autre plus petit est en dessous, proche la marge. Ecusson poncti¬ forme, rugueux. Elytres plus globuleuses que de cou¬ tume, offrant chacune dix côtes alternativement élevées, en outre des stries finement ponctuées près desquelles sont de petits tubercules. Reçu de MM. Prophette et Hornebeck. Cette espèce devra être placée en tête du genre. 74. Gronops lucluosus, vage et fortiter punctatus, nigerrimus, ca- pite rostroque simul conicis, longitudine caualiculatis, thorace trisulcato; ely tris fasciis duabus : la arcuata albido-rubida ; 2a nivea, apice brunueis; femoribus annulo albo-siguatis. — L., 2 1/2, 3 1/2; I., 0 3/4, 1 1/2 m. Grossièrement et espacément ponctué, d’un noir pro¬ fond. Tète et corselet de forme conique dans leur ensemble, marqué d’un profond sillon, qui est ponctué sur ses bords. Antennes brunes, à massue à demi blanchâtre. Corselet offrant trois sillons entiers. Elytres parallèles, avancées et coupées obliquement sur l’angle huméral, offrant chacune quatrecarènes, les deux dorsales et la suturale très-élevées, toutes renfermant deux séries de gros points; une bande arquée, d’un blanc roussâtre, est quelquefois interrompue sur la suture, une deuxième entière, d’un blanc de neige, transverse; l’une est située avant et l’autre au delà du milieu, quart apical brun. Le calus qui termine la troisième côte est très-aigu. Corps, en dessous, grossièrement ponc¬ tué. Pattes noires ; cuisses marquées, avant le sommet, d’un anneau blanc. TRAVAUX INÉDITS. 121 Des environs d’Alger, reçue de M. Poupillier. Cette espèce se distingue du G. lunalus par sa couleur noire; par sa tête et son corselet non cambrés, de forme conique, avec sillon plus profond et allongé ; par le pro¬ thorax, qui est marqué de trois sillons entiers, tandis que chez le G. lunatus le premier et le troisième ne présentent qu’une forte impression en avant. Enfin les carènes des élytres sont plus saillantes et la troncature humérale est plus avancée et plus oblique. 75. Perilelus gracilis elongatus, griseus, rude punctatus, anteuuis validis, clava parva ; thorace liuea lougitudinali lævi ; ely tris oblon- gis, punctato-striatis. — L., 3 ; 1., i 1/3 m. D’un gris clair uniforme; bords du corselet seuls blan¬ châtres. Trompe large, plus courte que la tète, relevée et arquée sur chaque côté. Tête aussi large que haute, con¬ vexe , déprimée en avant. Antennes épaisses , à scape arqué, atteignant le bord antérieur du corselet , couvert de soies épineuses; funicule à premier article un peu plus allongé que les suivants, suivants resserrés, inoniliformes, massue courte en bouton. Protliorax oblong , couvert d’assez gros points peu profonds; ligne longitudinale lisse et blanchâtre. Elytres allongées, oblongues, un peu élar¬ gies vers le milieu, amincies sur l’extrémité, offrant cha¬ cune neuf stries ponctuées ; interstices égaux, peu con¬ vexes, légèrement sétifères ; cuisses assez fortement ren¬ flées, jambes amincies à leur naissance, anguleuses au sommet; crochets courts, épais, réunis â leur sommet. Trouvé, en hiver, aux environs d’Alger, par M. J. Pou¬ pillier. Cette espèce diffère de la plupart des Péritèles d’Eu¬ rope en ce que l’antenne est plus épaisse, que le funicule n’a seulement que le premier article un peu plus long, bien que court, et les suivants resserrés et granuleux ; de plus, la massue est brièvement ovalaire. 76 . Baridius atrnnilens, affiuis B. picino G", nigerrimus.subuitidus, crebre fortitrrque puuctatus; rostro iufra thoracem basin atliu- 122 rev. et mag. de zoologie. ( Mars 1861.) gente, arcuato, crasso, basi constricto, crebre punctulato, lateri- bus rugato; capite couvexo, glabro, impuuctato; prothorace pla- niusculo, subquadrato, crebre et ruge punctato, medio paululum elevato et læve, antice cylindrice coustricto, dein semicircuiter impresso, basi paululum arcuato et marginato, lateribus infra ru- gas elongatus efficiente ; elytris thorace vix latioribus, usque ad apicem modice attenuatis, singulatim rotundatis, angulo hume- rali protenso acuto, striis tenuibus, inlerstitiis punctulatis; cor- pore infra pedibusque crassis crebre et fortiter punctatis. — L., 3; 1., 1 t/2 m. Voisin du B. picinus, Gr, un peu plus large et aplati, d’un noir mat un peu luisant, couvert d’une forte ponc¬ tuation serrée avec des rides allongées, surtout en dessous et en dessus du prothorax. Trompe atteignant presque la base du corselet, robuste, arquée, déprimée latéralement, comprimée sur sa base, à pointillé fin avec rides allon¬ gées, plus nombreuses sur les côtés. Tête convexe, lisse, imponctuée. Prothorax un peu plus long que large , presque carré, atténué cylindriquement en avant, mar¬ qué d’une impression cintrée peu après, base presque droite, cependant un peu arquée en dehors et sillonnée, côtés légèrement arrondis sur le milieu ; sa surface pré¬ sente une ponctuation serrée entremêlée de rides, le milieu longitudinal est élevé et un peu lisse. Ecusson triangulaire. Elytres à peine plus larges que le corselet, faiblement atténuées vers le bout, sommet arrondi de chaque côté, chaque étui offre dix stries simples, étroites et légères, à interstices pointillés. Poitrine, abdomen et pattes (robustes) chargés d’une forte ponctuation arrondie qui est blanchâtre pour le fond. Cette espèce provient d’un des premiers envois que j’ai reçus d’Algérie, et qui m’a été fait par M. Wagner. 77. Cceliodes cinetus, rufus, squamulis setisque albis iudutus; ocu- lis nigris ; rostro tenui, thoracem infra basin superauti ; thorace rude punctato, caualiculato, antice constricto, niargiue roflcxo; ely¬ tris puuctato-striatis, interstitiis albo-setosis, faseia media dcnu- data fusca, rétro arcuata; femoribus rnutieis, tibiis ad apicem au- gulatis. — L., 1 2/3; 1., 0 3/4 m. TRAVAUX INÉDITS. 123 Roux, couvert de petites écailles épineuses blanches. Trompe mince, arquée, logée dans un sillon qui s’étend jusqu’au milieu des pattes médianes. Tête convexe, rousse ou couverte d’ écailles blanches. Prothorax subconique, convexe en arrière, comprimé, relevé et étroitement re¬ bordé en avant, obtusément anguleux en avant du milieu, chargé d’une ponctuation rude, sillon longitudinal plus prononcé en avant, point scutellaire enfoncé. Elytres glo¬ buleuses, élargies au milieu, arrondies chacune sur chaque étui , marquées de stries ponctuées ; interstices revêtus d’écailles blanches, élevées et serrées, ornées d’une bande médiane transverse brune arquée en arrière. Cuisses ro¬ bustes, mutiques, sommet des jambes anguleux. Cette espèce, l’une des plus petites du genre, a été prise aux environs d’Alger} par MM. Poupillier et Rrondel, desquels je l’ai reçue. 78. Acalles costalus bisphæricus, piceus, terra iucrustatus, spiuu- lis erectis aigris vestitus; rostro latiusculo, piano, ruge punctato, piceo, thoracem basin attingente ; antennis obscure piceis, clava rufa ; prothorace convexo, lateribus anticis subangulato, dein recto, remote punctato et setuloso, sulco longitudinali angusto ; elytris breviter rotundatis, sulcatis, sulcis intus vix conspicue punctatis ; interst itiis æqualiter carinatis, supra grauulatis atque sérié spinu- losis, dorso postico plaga transversa commuai cretacea squamose ornatis ; femoribus raulicis. — L., 3 1/2; 1., 2 m. Alger. Court, d’un brun noirâtre terreux, recouvert de petites soies noires ; corselet et élytres arrondis. Trompe de la longueur du corselet, de couleur de poix, arquée, plane, presque d’égale largeur, chargée d’une ponctuation serrée et rugueuse. Antennes d’un brun obscur, avec la massue rousse. Prothorax court, convexe, coupé obliquement sur le côté antérieur, et droit depuis l’angle jusqu’à la base, étroitement sillonné au milieu, offrant une ponctuation régulière, espacée et sétifère ; son bord antérieur s’avance sur le milieu, est échancré, bidenté et présente une tache brune transverse. Elytres raccourcies, globuleuses, cou¬ pées droit sur la base, un peu plus larges que le corselet, 124 rev. et mag. de zoologie. [Mars 1861.) régulièrement élargies et arrondies vers le milieu, con¬ jointement amincies et arrondies sur l’extrémité, marquées de sillons profonds, à peine perceptiblement ponctués; interstices régulièrement relevés en carènes, ornés de pe¬ tits tubercules et de rangées de soies noires; vers le tiers postérieur trois petites taches blanchâtres presque réunies forment entre elles une sorte de bande transverse. Pattes fortes, aplaties, glabres, écailleuses. Cuisses mutiques. Cette espèce a été capturée, en hiver, aux environs d’Al¬ ger, par M. J. Poupillier; elle devra être placée avant les A. vnriegatus et ptinoides. 79. Acallcs lentisci oblongus, iuæqualis, fusco, lurido, brunneo albo-flavoque squamosus et variegatus ; setis nigris aliquot erectis vestitus; rostro piceo, forliter punctato; Ihorace basin vixsupe- rante; antennis ferrugineis; oculis nigris; thorace convexo, cou- fertim et rude punctato, antice late constricto, lurido, in capite emarginate produeto subbidentato, fascia trausversali media alba, lineis postice prolongatis, albis ; maculis quatuor basalibus obscu- ris ; ely tris elongatis, oblongis, griseo-fuscis, albo bruuneoque va- riegatis, macula autica commune fulva obscuro-limbata ; tertia parte apicali rectealba, deiu fulvo terminata, alterne sulcatis (sul- cis dorsalibus couspicue punctatis) et costatis ; pedibus leuco- phæis, fusco-maculatis. — L.,2 1/3; 1., 1 1/2 m. Oblong, inégal, revêtu d’une croûte écailleuse de diverses couleurs et de petites soies noires, roides, inclinées en ar¬ rière ; la ponctuation qui existe en dessous est rude et semblable à celle d’un Bagous. Trompe dépassant à peine la base du corselet, arquée, aplatie, de couleur de poix, distinctement ponctuée. Yeux noirs. Antennes ferrugi¬ neuses. T'été convexe, grise. Prothorax un peu plus long que large, largement resserré en avant, ayant son bord antérieur prolongé, échancré et comme bidenté ; les côtés sont régulièrement arrondis en arrière, la moitié anté¬ rieure est d’un gris jaunâtre ; une bande transverse d’un blanc jaunâtre est placée vers le milieu et se lie à trois lignes blanches qui s’étendent jusque sur le bord postérieur, quatre taches brunes basales en ressortent : les deux in- TRAVAUX INÉDITS. 125 ternes larges, faisceaux de poils partant du centre. Elytres oblongues , amincies au sommet , les deux tiers antérieurs sont d’un gris brun, veinés de blanc; une tache basale commune, jaunâtre, est entourée de brun noirâtre; le tiers apical est d’abord nettement coupé de blanc, et sa moitié postérieure est jaune ; elles sont assez largement sillonnées (les sillons dorsaux sont assez forte¬ ment ponctués); interstices relevés en côtes. Pattes d’un gris blanchâtre, maculées de fauve. Abdomen noir. Cette espèce, qui devra avoisiner Y A. misellus, S., a été trouvée par M. Poupillier, en juin, aux environs d’Alger, sur le lentisque. 80. Rhyncolus ? simus. R. submuricato similis, nigro-piceus; capite roslroque (brevissimo) simul conjuuctis, valde couvexis, turbina- tis, miuutc sed autice densius punctulatis, nigris; prothorace sub- cyliudrico, fere couico, punclis magnis impresso, autice (coustric- to) posticeque recto, angulis posticis obtuse ampliatis; ely tris thorace uua et sesqui longioribus, subparallelis, attamen versus apicem paululuiu latioribus, longitudiue couvexis, in summo apice rotuude margiuatis, fortiter puuctato-striatis; interstitiis au- gustis, paululum elevatis, punctulatis, iu dorso postico sub muri- catis; antennis pedibusque brevibus, ferrugineis, tibiis iu extremi- tate uncinatis. — L., 3, 4; 1., 0 5/6, 1 1/4 m. D’un brun foncé noirâtre luisant. Tête et trompe noires, très-convexes, finement ponctuées et plus densément en avant. Antennes courtes, ferrugineuses. Yeux arrondis, noirs. Prothorax allongé, subcylindrique, un peu élargi en arrière, avec les angles de ce côté obtusément avan¬ cés, droit aux extrémités, resserré près du bord antérieur, offrant, sur le disque, de gros points ronds, réguliers, un peu relevés sur leurs bords. Elytres presque cylindriques, une fois et demie aussi longues que le prothorax, arron¬ dies et rebordées sur le sommet inférieur, à stries formées de gros points presque ronds et égaux; interstices étroits, élevés, pointillés; la région dorsale postérieure, vue de profil, est légèrement velue et scabreuse. Corps, en dessous, couvert de points assez forts, plus ou moins espacés. Ab- 126 hev. f. t mag. de zooeogie. ( Mars 18G1.) domen composé de quatre segments, le premier à lui seul est plus grand que les trois autres réunis. Pattes courtes, ferrugineuses; cuisses assez épaisses, pointillées, à faible pubescence blonde; jambes terminées par un crochet aigu. Cet insecte, qui, avec l’espèce comparative, devra pro¬ bablement former un genre particulier, se rencontre à la fois en divers pays. M. Brondel l’a trouvé aux environs d’Alger, M. le cap. Coye me l’a donné comme propre à la Corse, et M. Gaubil l’aurait capturé près de Béziers. Nota. Mon collègue, M. Fairmaire, ayant employé avant moi le nom de Chœrorhimis pour désigner égale¬ ment un genre de Curculionide, l’insecte que j’ai décrit sous ce même nom [Rev. et Mag. de zoologie , oct. 1858, p. 451 et 452, n° 58) devra être changé en Chœroce- phalus. Le n° 40 [Rev. et Mag. de zool., mars 1840), Dryophtho- rus brevirostris, rentre dans le genre Chærorhinus. Fre. Le n° 4 [Rev. et Mag. de zool., sept. 1859, n° 4 bis), Xyletinus pellitus. Cet insecte rentre actuellement dans un nouveau genre établi par M. Aubé sur le nom de Thecla. [Notes de l’auteur. ) Orthoptera nova americana (Diagnoses præliminares), auctore H. de Saussure (1). (Sériés IIe). Familia Mantidæ. Mantis ( Cardioptera ) Sumichrasti. Magna, elongata , abdomine gracile, corpore ut in Thepidibus, at pronoto sat lato, in marginibus ubique denticulato, antrorsum paulum ovato-dilatato , supra carinato-cristato. Elytra brévia, quartum abdominis segmentum attingentia, apice attenuata et rotundata, nullo modo acuminata; stigmate opaco, elongato, albido ; area costali angusta. Color vi- ridis; elytrorum area postica et alæ postice cum macula (1) Voyez Rev. et May. de zooloyie. 1859. TRAVAUX INÉDITS. 127 magna nigro-cærulea. Pedes graciles. — Longit., 0,090 ; pronotum, 0,037; meso- et metanotum, 0,014. — (Mexico calida. Cordova). M. mexicana, cf . Gracillima, corpore filiformi. Pro- notum antice paulum coarctatum, plus quam duplo lon- gius meso- et metanoto. Elytra angusta, elongata, mem- branacea, fuscescentia, in basi postice maculata, fusco- cyanea; area marginali opaca, viridi stigmate nullo ; alæ fuscescentes, maculis 2 magnis fusco-cyaneis. — Longit., 0,068; pronoti, 0,023. — (Mexico calida). — An masculus præcedentis? Mantis ( Stagmatoptera ) tolteca, A M., feroce tantum coloribus differt. Viridis, corpore et elytris fusco-marmo- ratis; his cum stigmate fusco et area costali viridi, apice solum marmorata. Alæ rubræ, sanguineæ, apice cum ma¬ cula nigra; area postica fusca, flavo-zebrata. — (Mexico calida). Theoclytes mexicana. Gracilis, elongata, viridis, pe- dibus marmoratis. Caput sat parvum ; frontis cornua elon¬ gata. Pronotum gracile, perlongum, antice paulum dila¬ ta t u ni , plus quam ineso et metanoto duplo longius; mar- ginibus denticulatis, sed non membranaceis. Elytra opaca, apice excisa, area costali lata, area postica fusco-bimacu- lata ; alæ fuscescentes, apice subopacæ, costa opaca viridi. Pedes graciles haud perfoliati. — Longit., 0,067 ; pronoti, 0,032. — Mexico calida. (Cordova). Familia Phasmidæ. Genus Bacillus, Lat., subgenus Baculum (milii). Corpus gracile, elongatum, apice compressum. An- lennæ brevissimæ, circiter 20-articulatæ, deplanatæ, ar- ticulo primo vix longiore quam latiore, secundo angus- tiore, sequentibus longioribus quam latioribus, filifor- mibus. Mesothorax pronoto 5-6 longior. Pedes elongati, triquetri, valde carinati ; tarsorum articulus primus cæ- teris longior vel æqualis. Baculum ramosum, Viride, gracile. Antennæ fili- 128 rey. et mag. de zoologie. ( Mars 1861.) formes, eomplanatæ, capitis et pronoti dimidio longitu- dinis æquales. Pedes valde membranaceo-carinali ; tibiis 2, 3, supra acanthophyllis; femoribus anticis extus et intus spinosusculis. Pedes antici perlongi. Mesonotum, 0,034; metanotum, 0,029; femora antica, 0,043. — Brasilia. Bacteria cornuta. Magna, elongata, gracilis. Caput et thorax granulosa; mesonotum spinosusculum. Caput ova- tum, verticale, cum cornibus in summa fronte 2 brevibus, horizontalibus, ovatis, in apice dente minima terminatis. Abdominis segmentum postremum subbilobatum, cordato- emarginatum ; operculum abdominis apicem paulum su¬ perans, ovato-rotundalum. Pedes triquetri; valde cristato- carinati; femora 2, 3 apice bidentata; tibiæ supra nunc bipliyllæ nunc vix foliatæ, subtus basi cristatæ; tarsorum articulus primus cristatus, cæteris brevior. — Longit., 0,192; mesothorax, 0,045. Ilelatio mesothoracis cum me- tathorace = 3:2. — Mexico calida. Cladoxerus rurus, P, Cl. phyllino similis, at major. Caput ovatum vertice convexo , granuloso-spinosusculo; thorax ubique spinosusculus ; mesothorax et metathorax ubique dense spinosi, marginibus spinosissimis, etiam subtus spinosusculis. Pronotum ante dimidium spinis 2 majoribus. Pedes 1 supra 2, 3 ubique dense spinosi, mar¬ ginibus spinis elongatioribus; tibiis nunc supra foliolo in- structis, nunc vix foliatis. Tarsi haud dilatati. Abdominis segmentum 4um apice crista membranaceaemarginata; 6"m subtus membranis compressis duabus apice spinosis. Va- gina abdomen superans longitudine segmentorum 2 ulti- morum in lateribus lobulaia. — Larva spinosior. — Longit., 0,230; mesonotum, 0,048. — Brasilia. (Bahia.) A Cl. phyllino differt spinis magnis femorum 2, 3, sub- basilaribus nullis; 6° abdominis segmento sublus apice haud 3-spinoso; corpore spinoso, etc. Familia Locustidæ. Phylloptera Couloniana,^. Valida, Ph. azteca, paulo minor at thorace simillimo. Elytra fere ut in Ph. tolteca , TRAVAUX INÉDITS. 129 margine infero convexo, et latitudine maxima in medio elytro. Femora postica elytri dimidio sensim longiora. — Longit. elytri, 0,064; femoris, 0,035. — (Cuba.) Phylloptera ( Orophus ) tessellata. Media, viridis (seu post mortem fusco-testacea). Caput compressum ; verticis fastigium supra sulco profundo, antice primo antennarum articulo latitudine æquale. Pronotum valde compressum, area superna antice coarctata, marginibus acutis. Elytra magna, latissima, ovata, apice nullo modo coarctata, sed rotundata, margine supero et infero convexo in medio la- tiora, submembranacea, supra medium maculis duabus cor- neis et ab alis 7 mill. superatis. Pedes postici perlongi, gra¬ ciles; femora postica 2/3 elytri longitudine æquales. Fe¬ mora subtus et pronoti lobi latérales margine fusco-tes- sellata; antennæ nigro et albido annulatæ. Elytra, longit. 0,037; lat., 0,014 ; femora postica, 0,024. — (Mexico.) P n aneropter a mexicana. Ph. curvicaudœ simillima, at nervis transversis basis elytri minus densis, et pronoto antice paulo minus coarctato. — (Mexico). Genus Gnathoclita, Haan. Haan illud genus a specimine imperfecto descripsit et propterea diagnosim indiligentem prodidit. Generi Acanthodi elytris, alis , vagina et pedibus affi- nis, at femora ultra dimidium subtus 4-spinosa; tibiæ subtus bisseriatim spinulosæ , harum spinæ articulatæ; tibiæ primi paris supra bisseriatim 4-spinosæ, spinis in- fixis, subtruncatis; tertii paris supra bisseriatim spinosus- culæ. Mandibulæ maris maximæ ut in Anostostomis, sed basim versus lobo compresso auctæ. Palpi maxillares per¬ longi, articulo penultimo præcedenti et sequenti duplo breviore. Antennæ basi appropinquatæ. Frons in laminam compressam (supra rima partitam), et utrinque plica an¬ tennarum basim cingente suffultam producta. Prosternum, meso- et metasternum bispinosum ut in Listrocelibus et Cyrtophyllis. Maris squama subanalis truncata, appendi- cibus duobus elongatis villosisque instructa. Tarsi maris 2° série, t. xm. Année 1861. 9 130 rf,v. et mag. de zoologie. ( Mars 18G1.) 4-articulati, articulis2, 3, plantula biloba subtus instructis, Gn. vorax, Stoll. — Specimen e Surinam, elytris fusco- reticulatis, alis ubique fumatis ; tibiis anticis et ore nigris. Genus Acanthodis. — Subgenus Calamoptera (1). Pro- siernum submulicum. Acanthodis ( Calamoptera ) Imhoffiana. g parvula, gra- cilis. Prosternum submuticum ; pronotum supra cylindri- cum, granulatum ; verticis fastigium dente brevi acuminato instruction, plicis basim antennarum cingentibus supe- ratum. Elytra alis et femora postica elytris vix superata. Pedes graciles. Longit., 0,027; elytr., 0,021. — Mexico. Anostostoma tolteca. Fuscus pedibus testaceis. Sat mi- nutus pro genere. Corpus sat elongatum. Caput fastigia- tum, ovatum, nitidum, antice sub antennis punctatum, haud bicarinatum. Antennæ fere 0,003 distantes. Oculi minimi. Pronotum longitudine latitudine æquale, se- cundum marginem anteriorem transversim sulco pro- fundo et sulcis utrinque obliquis nonnunquam vix con- spicuis, instructum. Tibiæ posticæ 3.3 spin is infixis bisse- riatim spinosæ. Longit., 0,020 ; fémur posticum, 0,008. — Mexico. (Mons Orizaba.) Dom. Sallé. Familia Gryllidæ. Gryllotalpa chiliensis. Fulvescens; Gr. hexadacUjlæ , Perty, similis; at differt elytris in lateribus griseo variis; tibiis posticis intus spinis elongatis 4; tibiis anticis supra magis emarginatis et tarsorum dense superno in margine supero haud emarginato. Prothorax cum linea fulva. Longit., 0,02o; pronoti, 0,009. — Chili. il. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences de Paris. Séance du 4 mars 18G1. — M. Nordmann } de Symphé- (1) KiAst/zos-, flûte, tuyau ; Trrêçov, aile. SOCIÉTÉS SAVANTES. 131 ropol (Crimée), en remerciant de sa récente nomination comme correspondant dans la section d’anatomie et zoo¬ logie, adresse un Mémoire de M. le docteur Arendt, in¬ specteur du tribunal de médecine de la Tauride, sur l'hy- drophobie et sur les heureux résultats obtenus dans le traitement de cette terrible maladie par l’emploi interne et externe des préparations arsenicales. Le travail de M. Arendt, écrit en français, est renvoyé à une commis¬ sion composée de MM. Rayer, Cl. Bernard et J. Cloquet. M. Owjanikow lit un Mémoire sur la structure intime du système nerveux du Homard. Ce travail est renvoyé à l’examen de MM. de Quatre- foges, Bernard et Longet. M. L. Corvisart présente un Mémoire intitulé, de l’In¬ fluence de la digestion gastrique sur l’activité fonctionnelle du pancréas. Ce travail est renvoyé à la commission de physiologie expérimentale. Séance du 11 mars. — M. Valenciennes, l’un des commis¬ saires chargés de foire un Rapport à l’Académie sur les résultats relatifs à l’histoire naturelle, obtenus, pendant le cours d’une exploration de la mer Rouge, par M. Courbon, chirurgien de la marine, lit la Note suivante : « M. Courbon n’a pas pu rapporter un grand nombre d’animaux, mais il n’a pas cependant négligé de prendre ceux qu’il a pu se procurer avec des moyens très-res¬ treints. Le résultat que nous foisons connaître aujourd’hui à l’Académie prouve qu’il a été bien inspiré, et le succès a couronné son activité. « Il nous a montré deux espèces de Sauriens dans la classe des Reptiles. « L’un d’eux est I’Agama colonorum, bien connu des zoologistes, mais l’autre est une espèce nouvelle du genre Gymnodactylus, établi par notre célèbre confrère Dumé- ril. On peut donner à cette espèce des sables de l’Abyssi¬ nie le nom de Gymnocephalus crucifer, Val. Il est gris- 132 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [MüTS 1861.) verdâtre, avec une ligne blanchâtre médiane, croisée par de petits traits transversaux blanchâtres; une suite de gouttelettes blanches de chaque côté des flancs; et au-des¬ sous des points noirs on voit des traits noirâtres sur les branches de la mâchoire inférieure. « Parmi les animaux de la classe des Poissons, nous avons trouvé : « 1° Une espèce rare déjà signalée par Ruppell, le Can- tharus filamentosus ; « 2° Le Therapon servus, déjà entrevu par Forskal; « 3° Le Chorinemus moadelta, découvert par M. Eh¬ renberg à Massuah; « 4° Nous appellerons spécialement l’attention des natu¬ ralistes sur les deux espèces de Cyprinodon, Cyprin, luna- tus, Val., et Cypr. dispar, Val., pêchées dans un lac d’eau douce, près de Massuah, dont la température a été mesu¬ rée parM. Courbon, et qu’il a trouvée être de 44°. « Nous ne connaissions pas encore de Cyprinoïdes vi¬ vant dans des eaux aussi chaudes. M. Desfontaines est le premier naturaliste qui ait signalé la présence de Poissons dans des eaux chaudes. « L’espèce mentionnée par Desfontaines est un Chro- mis, que Lacépède avait nommé le Spare Desfontaines. « Enfin M. Courbon ajoute encore à l’ichthyologie un être inconnu ; il a rapporté d’un autre grand lac intérieur une espèce toute nouvelle d’un genre dont on ne connais¬ sait encore qu’une seule espèce des eaux douces de l’inté¬ rieur de Java. Le petit Poisson d’Abyssinie, long de0m,04 seulement, peut recevoir le nom de Balitora pusilla, Val. « Notre voyageur n’a pas été moins heureux pour les Articulés qu’il nous a montrés : « 1° Une grande espèce de Julus qui manquait aux col¬ lections du muséum ; « 2° Un petit Scorpionide du genre Euthus , remar- SOCIÉTÉS SAVANTES. 133 quable par la blancheur de son dernier article. Il sera notre Biithus leucodactylus, Val.; « 3° Enfin nous aurons à signaler, parmi les Insectes une jolie Cicindèle, voisine de la C. sypherina, un Gra- phiptère voisin du G. Senegalensis et du G. lincalus, un Cleonus voisin du C. retusus. « M. Courbon a rencontré, sur les contrées qu’il a par¬ courues, des faits analogues à ceux dont M. Lefèvre, ingé¬ nieur civil français, attaché au service du pacha d’Égypte, a enrichi le muséum en 1837. Sur tous les bords de la mer Rouge, et principalement à Gebel-Genieff et à Tat- joura, on trouve des fossiles récents d’espèces tout à fait semblables à celles qui vivent dans la mer Rouge. M. Cour- bon n’a pu rapporter avec lui que de petits fragments du Galaxea fascicularis, Milne-Edwards et J. Haime, Style- phora pistillata , Prionastrea gibbosissima , Turbinaria mesenterina , mêmes savants, et quelques autres échantil¬ lons. Il ne faut pas négliger de remarquer qu’au milieu de ces Polypiers récents on trouve à Tatjoura deux Echi- nodermes , le Clypeaster altus et le Conoclypus d’Agassiz , qui n’ont pas été encore recueillis dans la mer Rouge. Nous ne citons ces espèces que pour prouver à l’Académie le zèle que M. Courbon a mis dans ses observations, mal¬ gré le manque de moyens pour faire de plus grandes collections. » Séance du 18 mars. — M. Eudes Deslongchamps fait hommage à l’Académie d’un exemplaire de son « Mé¬ moire sur de nombreux ossements de Mammifères fossiles de la période géologique dite diluvienne , trouvés aux en¬ virons de Caen. » M. Valenciennes, qui avait été chargé de prendre con¬ naissance d’une deuxième Note de M. Coinde sur les Pois¬ sons fluviatiles de la France, déclare que cette Note, de même que la précédente qui avait été également renvoyée à son examen, ne parait pas de nature à devenir l’objet d’un Rapport. 134 rev. et mag. de zoolügie. (Mars 1861.) M. Coste présente la Note suivante sur l’élève du Ver à soie en Bretagne, que lui a adressée M. Hamon, vétéri¬ naire à Saint-Brieuc. « Par la moyenne de sa température, la Bretagne peut se prêter à des cultures que des pays paraissant tout d’abord plus favorisés qu’elle ne verraient réussir qu’avec assez de difficultés. Plus de froid fait moins de mal quand il succède à une température moins élevée; les grandes transitions sont les causes de maladie et de mort : or celles-là sont à peu près inconnues chez nous, et, d’ail¬ leurs, le mûrier peut-il geler en Bretagne, quand il sup¬ porte, en Prusse, 28° au-dessous de zéro sans éprouver d’altération ? « Avant mon expérimentation, quelques faits épars prouvaient la réussite possible et avantageuse du mûrier; depuis lors, les essais variés que j’ai faits sur des espèces généralement nouvelles et encore peu acclimatées ont démontré suffisamment que notre pays pouvait se prêter parfaitement à cette nouvelle culture. « L’élève du Ver à soie fait la seconde partie de l’indus¬ trie sérigène, qui peut, sous des conditions moyennes, non-seulement réussir, mais encore se régénérer. On con¬ naît l’influence des grandes chaleurs sur leVer à soie, in¬ fluence qui a conduit, dans ces derniers temps, les au¬ teurs les plus distingués dans la question à recommander l’abaissement de température dans les chambrées ; il est plus facile de chauffer que de refroidir, et les touffes du Midi ne viendront jamais exercer ieur fâcheuse influence dans nos départements de l’Ouest. « C’est dans ces idées que je commençai, en 1832, à planter des mûriers. Placés dans un sol de médiocre qua¬ lité, ils n’en ont pas moins vigoureusement végété. Ils n’auraient laissé rien à désirer si la variété plantée avait été bien choisie. Cédant aux conseils qui m’étaient don¬ nés alors, je plantai des moretli, espèce de semis se sub¬ divisant à l'infini et brindillant à l'excès. De nouvelles es- SOCIÉTÉS SAVANTES. 135 pèces ont été plantées depuis, et toutes, sans exception, greffées ou non, poussent franchement, vigoureusement, en produisant des feuilles d’un développement magni¬ fique. L’espèce nouvelle, appelée lou, me paraît parti¬ culièrement recommandable ; elle réunit les conditions de rusticité à la vigueur et à la beauté du feuillage. « Le multicaule, qui gèle dans le Midi et qui ne réussit en Chine qu’en le recepant avant l’hiver pour le butter ensuite, vient ici sans aucune de ces précautions et avec une vigueur qui surprend véritablement. « En rapport avec le développement de mes arbres, j’ai successivement fait de petites éducations de Vers à soie. « Elles commencèrent en 1858 à prendre un caractère industriel. Éclos du 5 au 8 juin, les Vers ont mis trente- trois à trente-cinq jours à accomplir les diverses phases de leur existence, qui s’est passée, comme les suivantes, avec beaucoup de régularité. « L’état sanitaire des Vers a été très-bon ; je ne connais que de nom la muscardine et la gattine ; quelques Vers gras seulement constituent la seule mortalité appré¬ ciable. «La beauté des cocons s’est toujours maintenue; la moyenne en poids a été, depuis le commencement, de 522 au kilogramme. Quant à la qualité de la soie, voici l’ex¬ trait d’une Lettre écrite par un filateur de Saint-Vallier (Drôme) qui m’avait acheté ma récolte de 1858 : « J’ai examiné et essayé avec attention les coconsjaunes « et blancs que vous m’avez vendus, provenant de votre « récolte de 1858. « Le résultat a parfaitement répondu à mon attente et « à la bonne opinion que j’avais eue de ces cocons à pre- « mière vue. L’échantillon de leur produit, que je vous « ai adressé, réunit les qualités désirables: belle couleur, « élasticité et netteté. « Pour ma fabrication, je n’en ferais pas de différence 136 rev. et mag. de zoologie. [Mars 1861.) « avec les bons cocons ordinaires que produisent nos dé- « parlements du Midi, et je les considère comme étant « bien supérieurs aux cocons du Levant et de Chine. » « En 1859, une personne qui parcourait la Touraine pour y faire des achats de graine de Vers à soie m’écri¬ vit pour m’en demander, en même temps que, de Lyon, on m’offrait le même écoulement de produits. « J’en fabriquai, à titre d’essai, 18 onces que j’expédiai au prix de 12 fr. l’once. « Enfin, en 1860, ma graine ayant réussi, on m’en a redemandé tout ce qu’il me serait possible de pro¬ duire. « Malheureusement, ne m’ayant pas informé, dès l’édu¬ cation dernière, de ne fabriquer qne de la graine jaune, alors que mon éducation était presque toute en sinas, je n’ai pu que produire une partie de ce qui m’était ré¬ clamé. « Lorsqu’un peu plus tard, ayant déclaré cette circon¬ stance, on a bien voulu accepter de la graine blanche, je venais d’étouffer mes sinas reproducteurs. « Jusqu’à ce jour, les résultats ont donc été favorables à l’industrie qui m’occupe. Les efforts que j’ai tentés ne sont pas restés sans écho, car d’autres plantations se sont produites et de nouvelles vont encore être effectuées cet hiver. « J’ai donc l’espoir que, dans l’avenir, notre départe¬ ment comptera parmi ceux qui produisent la soie; les dif¬ ficultés ne m’arrêteront pas pour rapprocher ce terme; heureux (s’il m’est donné d’y arriver) d’avoir apporté mon concours à la création d’une industrie dans un pays qui n’en a pas, et par là fourni du travail à une popu¬ lation intéressante, capable de s’y livrer avantageuse¬ ment. » M. G. de Bialopiotrowicz présente un Mémoire ayant pour titre : Cure de la rage d’après la méthode de M. C. Truskowski. SOCIÉTÉS SAVANTES. 137 L’auteur, dans un récent voyage en Pologne, a appris que cette méthode de traitement était, depuis vingt-sept ans, appliquée avec un grand succès en Lithuanie. Le re¬ mède est fourni par deux plantes bien connues : le Hiera- cium pilosella et le Lithrum salicaria. L’auteur indique la manière de l’administrer suivant les cas, à l’Homme, aux Ruminants, aux Cochons, aux Chiens. M. de Quatrefages communique l’extrait suivant d’une Lettre de M. Cornalia, de Milan, sur son Moyen de distin¬ guer la bonne de la mauvaise graine des Vers d soie. a La question a fait des progrès, en ce que je puis constater aujourd’hui la maladie dans des graines récem¬ ment pondues, et bien avant l’époque de l’incubation... « En novembre, et sans incubation, j’ai examiné les qualités des graines envoyées parM. Julien, de Bonnieux. Elles étaient seulement numérotées. J’ai répondu que le numéro 1 était très-mauvais, le numéro 4 médiocre, et les numéros 2 et 3 bons. Les renseignements communi¬ qués par M. Julien ont montré que les provenances de ces graines concordaient pleinement avec mon estima¬ tion... « Tout le produit d’un papillon est ou sain ou malade C’est ce qui résulte de l’examen de deux cents cellules Mi- tifiot. Ainsi un seul œuf malade en représente deux cents à trois cents atteints de maladie. » Société impériale zoologique d’acclimatation. Séance du 5 avril 1861. — En présentant 10,000 cocons de l’ailante, nous avons donné lecture de la note suivante : Quoique les fâcheuses circonstances atmosphériques de l’année dernière aient rendu les travaux des personnes qui s’adonnent à l’éducation du Ver à soie de l’ailante plus difficiles, les résultats obtenus n’en ont pas été moins com¬ plets , et sont réellement aussi remarquables que féconds 138 rev. et mag. de zoologie. ( Mars 1861.) en espérances pour # l'avenir. En effet, les éducations si bien réussies, dans l’Isère par M. Vagnon, dans l’Oise par M. Leclerc, dans la Touraine par MM, de Morgan, de la Tour du Pin , et surtout par M. le comte de Lamote- Baracé, montrent que ces vers à soie offrent une résistance invincible aux intempéries des saisons les plus excep¬ tionnelles, et surtout d’une constitution qui brave les plus mauvais temps. Pour donner à mes honorables confrères une preuve palpable de ce que j’avance, j’ai cru devoir mettre sous leurs yeux un petit échantillon de la récolte de M. de La- mote-Baracé, récolte qui est aujourd’hui la propriété de la compagnie l’ailantine, fondée parM. A. Marchand. Cet échantillon se compose de 10,000 cocons vivants pris sur 150,000 obtenus, cette année, au Coudray-Mont- pensier, près Chinon, malgré les fâcheuses circonstances atmosphériques de l’été de 1860. On peut se convaincre, en examinant ces gros et beaux cocons, destinés à la reproduction pour cette année, que la race n’a pas dégénéré et qu’elle semble plutôt s’être améliorée dans ces belles éducations en plein air. Ces cocons appartiennent tous à la race pure du Bombyx cyn- tkia vrai, car j’ai eu soin de ne laisser chez M. de Lamote aucun cocon de métis des Vers de l’ailante et du ricin. L’idée si naturelle et si féconde de l’acclimatation, pro¬ pagée avec tant de dévouement et de talent par notre il¬ lustre président, et mise si heureusement en pratique par lui et par notre honorable secrétaire général, cette invitation permanente à tous les peuples de se donner mutuellement les animaux et les végétaux utiles qu’ils possèdent, a reçu une éclatante consécration. En effet, il est tellement admis aujourd’hui que l’acclimatation est appelée à rendre de grands services, que l’esprit d’association vient lui prêter son puissant concours autrement que par la formation de nombreuses sociétés scientifiques, et qu’il fonde, pour SOCIÉTÉS SAVANTES. 139 réaliser le bien que ces sociétés préparent, des compa¬ gnies financières. La première de ces associations industrielles est la com¬ pagnie anonyme du jardin d’acclimatation du bois de Bou¬ logne. C’est un dépôt, une exposition permanente, une station pour les êtres que la Société d’acclimatation de¬ mande à certaines régions pour essayer de les donner à d’autres. C’est aussi une agence centrale, un marché dans lequel tous ceux qui veulent se procurer des animaux nou¬ vellement introduits, des œufs ou des graines, afin de se livrer à des études pratiques ou pour organiser des ex¬ ploitations agricoles ou industrielles , auront la certitude d’obtenir toujours les produits les meilleurs et les plus purs. Si l’acclimatation, en général, a inspiré au capital l’idée de la compagnie anonyme du bois de Boulogne , un fait spécial d’acclimatation vient aujourd’hui provoquer une manifestation semblable. Voici une seconde compagnie qui naît à la suite de l’acclimatation d’un insecte produc¬ teur de matière textile. Qui sait si quelques autres mem¬ bres de la Société ne viendront pas bientôt nous annoncer la formation de compagnies pour le développement de la pisciculture, de l’éducation des Huîtres, de la culture de quelque nouveau végétal récemment introduit, etc., etc.? lTn de nos confrères, M. André Marchand, rue des Petites- Incuries, 50, fonde une compagnie en commandite pour le développement de la culture de l’ailante et de l’éduca¬ tion de son Ver à soie. Frappé de cette question, adressée par les nombreux propriétaires qui font des plantations d’ailante : « Quand nous aurons élevé bien des Vers et « récolté bien des cocons, que ferons-nous de ce produit? « qui nous l’achètera? où en sera le débouché? » il s’est décidé à créer ce débouché en fondant une compagnie qui aura pour but principal 1° La culture de l’ailante et des autres végétaux pro¬ pres à la nourriture des Vers à soie; 140 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1861.) 2° L’éducation du Ver cynthia et autres espèces propres à donner des produits utiles; 3° L’achat, la vente et le filage des cocons produits par ces Vers. Les fondateurs de cette association ont bien voulu me demander mon concours, non à titre d’administrateur ni de membre de la compagnie, mais comme directeur des éducations, et ils ont immédiatement pris des mesures pour faire planter le terrain que S. M. l’Empereur vient de me faire concéder sur la ferme impériale de Vincennes, grâce à la bienveillante initiative de notre illustre et sa¬ vant confrère M. le maréchal Vaillant, qui n’a jamais né¬ gligé une occasion de venir généreusement en aide aux hommes d’étude dévoués aux progrès de l’agriculture. On va faire construire là un atelier modèle et central d’expé¬ rimentation; établissement dans lequel je ferai un ensei¬ gnement pratique susceptible de développer les notions que je donnerai dans mes conférences à la magnanerie du jardin d’acclimatation du bois de Boulogne. Comme il va paraître une notice de M. Marchand sur cette nouvelle compagnie, je me borne aujourd’hui à cette simple annonce. C’est un fait qui vient montrer, pour la seconde fois, l’influence salutaire de la Société impériale d’acclimatation sur les progrès de l’agriculture et de l’in¬ dustrie. Guérin-Méneville. III. ANALYSES IVOUVRAGES NOUVEAUX. Iconographie générale des Ophidiens , par M. le profes¬ seur Ian. lre liv. , Milan, 1860. In-4, pl. gravées. Le savant zoologiste italien commence la réalisation du Plan d'une iconographie descriptive des Ophidiens qu’il a publié dans cette Revue en 1858, et dans son Prodrome en 1859; et nous ne saurions trop le féliciter de sa persé¬ vérance et du talent avec lequel il a poursuivi celte œuvre jusqu’ici. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 141 Cette grande iconographie se composera de 300 plan¬ ches réparties dans 50 livraisons de 6 planches grand in-4, et d’un texte descriptif in-8; elle est destinée à faire connaître toutes les espèces renfermées dans les nom¬ breux musées dont les collections ont été généreusement mises à la disposition de M. Ian, à l’exception, cepen¬ dant, de ceux de Londres et de Berlin. Les espèces figu¬ rées sont, jusqu’à présent, au nombre de 953. Outre les nombreux détails qui accompagnent le dessin de l’Animal entier, on aura la représentation de 275 têtes osseuses. L’exécution des gravures est confiée à M. Lebrun , dont le burin reproduit avec élégance et exactitude le travail remarquable du jeune naturaliste et très-habile dessinateur M. Sordelli. Nous ne saurions trop recommander ce magnifique ou¬ vrage, qui sera un guide certain pour les savants qui veu¬ lent se livrer à la difficile étude des nombreux serpents qui figurent dans nos musées. C’est un livre qui devra surtout figurer dans les bibliothèques publiques de tous les pays. G. M. Coléoptères du Kansas et de l’est du nouveau Mexique , par John Le Conte. (In-4 publié par l’Institution Smithso- nienne. Washington, 1859.) C’est un beau et excellent travail, comme tous ceux que l’entomologie doit à cet éminent zoologiste, et l’on ne saurait trop remercier l’Institution Smithsonienne d’en avoir facilité la publication. M. Le Conte, après une introduction destinée à faire connaître la contrée dont il publie les productions ento- mologiques, donne la description d’un grand nombre de Coléoptères nouveaux, et il termine par le catalogue com¬ plet des espèces trouvées jusqu’à présent dans ces loca¬ lités. Deux belles planches, très-bien lithographiées, don- 142 rev. et mag. de zoologie. (Mar s 1861.) nent la figure de 33 des espèces les plus remarquables décrites par l’auteur. Insectes coléoptères longicornes décrits par M. le baron de Castello de Paiva. Nous trouvons dans la Gazeta medica de Lisboa, nu¬ méro du 1er janvier 1861, p. 10, la description de deux Insectes coléoptères nouveaux provenant des côtes de l’Océan indien. Quoique ces deux descriptions aient paru dans un recueil anglais ( Annals and magasine of nat. history, n° 33, novembre 1860, p. 360), nous croyons de¬ voir les reproduire ici telles qu’elles ont paru dans le journal portugais. Abrina régis Pétri, Paiva. — Nigra, albo-irrorata et picta ; prothorace transverso, ad latera versus angulos anticos bituberculato (vix spinoso); ely tris punctulis al- bidis undique irroratis, nec non fasciis duabus transversis albidis (una antemedia et altéra post media), in dorso interruptis fraclis, ornatis; tarsis magnis, latissimis. — Long, corp., lin. 12-13. — Hab. in Cambogia. Nipuona regis-Ferdinandi, Paiva. — Nigra squamulis demissis, ferrugineis plus minus tecta et irrorata, profunde et dense punctata; prothorace inæquali, longitudinaliter profunde subsulcato (sulcis interruptis irregularibus), ad latera versus angulos anticos bituberculato ; ely tris pos- tice paulatim acutiusculis, punctis squamosis, vix albidio- ribus, parce irroratis, ad apicem ipsum truncatis, pilosis et singulatim emarginatis ; tarsis latis. — Long, corp., lin. vix 10. — Hab. in Cambogia. M. A. Facvel, de Caen, jeune entomologiste plein d’avenir et de zèle pour la science, vient de publier, dans le Ve vol. du Bulletin de la Société Linnêenne de Normandie , 1861, les deux opuscules suivants : ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 143 1° Synopsis des espèces normandes du genre Micropcplus, Latr. L’auteur établit dans ce genre deux divisions et s’occupe avec soin de la synonymie des espèces, dont le nombre s’élève aujourd’hui à neuf pour l’Europe. 11 donne la description de deux nouvelles espèces propres au dé¬ partement du Calvados, ce sont les il/. Mathani et Du- valii. 2° Catalogue des Insectes recueillis à la Guyane française par M. E. Deplanche, chirurgien auxiliaire de la marine impériale pendant la campagne de l’aviso à vapeur le Rapide. M. Fauvel, dans ce catalogue, énumère 133 espèces rapportées de cette expédition, et décrit comme nou¬ velles les suivantes : 1° Selenophorus cayennensis ; 2° Camp- todes viridipennis, voisin du C. cyanipennis, Er.; 3° Gym- nelis hamata , qui se rapproche du G. Ocellalus , Cr; 4° Py- ropterus Candezii ; 5° Pyropterus (Eros New) auratocollis; 6° Telephorus dichromus. Le genre Deplanchesia, fam. des Hélopiens et de la tribu des Cnodalides; 7° D. metalles- cens ; 8° Plalyomus monachus ; 9° Ueilipus securiger; 10° Cryptorhynchus triocellatus; 11° Chlamys Chevrolati, dont la place doit venir entre le C. nodosa et obscura de Klug ; 12° Sphceroplacis sanguinea; 13° Sp. tricolor; 14° Diabrolica dorsonotata ; 15° JJ. biplagiata , et 16° My- cotretus? cuncolor. M. Fauvel m’a envoyé récemment une variété locale très-remarquable du Carabus auronitens , qu’il nomme cupreo-nxtens. Cet Insecte, qui est d’un noir métallique bronzé et brillant, a les antennes couleur de poix, avec le premier article, les cuisses et les jambes rouges; la forme et la taille sont comme dans le type. Une vingtaine ont été trouvés dans la forêt de Cerisy, et tous présentent la même constance. Ma collection renferme une autre variété du même Car. auronitens des environs de Bruxelles et de la forêt de Soignes; les élytres seules, d’une forme un peu plus courte 144 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1861.) et arrondie, sont d’un noir bronzé mélangé de vert obscur entre les côtes; la tête et le corselet sont d’un cuivreux doré très-brillant; le premier article des antennes et les pattes, moins les tarses, sont également rouges. Je l’ai reçue de M. Mers, et elle paraît être fort rare dans cette localité. A. Chevrolat. IV. MELANGES ET NOUVELLES. Nous trouvons, dans la Gazeta medica de Lisboa du 16 janvier 1861, un travail de M. José de Souza, adjoint du conservateur du musée du roi, sur les Oiseaux qui se trouvent en Portugal. Après avoir donné quelques consi¬ dérations générales sur l’ornithologie de ce pays, il pré¬ sente la liste de toutes les espèces portugaises qui font partie du musée national, en indiquant les principaux lieux où elles ont été trouvées et les noms en portugais que la plupart d’entre elles portent. C’est un travail qu’on est étonné de trouver dans une gazette médicale, et que les ornithologistes n’iraient pas chercher là si nous n’avions pas soin de le leur signaler. TABLE DES MATIÈRES. Pages. H. Saussure. — Diagüosis Cheiropleræ mexicauæ e familia Vespertilionidarum. 97 A. Moquin-Tandon. — Considérations sur les œufs des Oi¬ seaux. ib. F. Ogerien. — Description d’une nouvelle espèce d’Anodoute. 113 A. Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d’Algérie. 118 H. De Saussure. — Orlhoptera nova americana. 126 Académie des sciences. 130 Société d’acclimatation (l’Ailautine) . 137 Analyses. 141) Mélanges et nouvelles. 144 PARIS.— 1MP . DE Mm8 Ve BOUCI1 ARD-HUZARD, RUE DE L’EPERON, 3.— 1861. REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE RECUEIL MENSUEL DR8T1NÉ A FACILITER AUX SAVANTS DE TOUS LES PAYS LES MOYENS DE PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DK ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE a l’industrie et à l’agriculture, LEURS TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE, d’aNATOMIE ET DK PHYSIOLOGIE COMPARÉES , F.T A LES TENIR AU COURANT DRS NOUVELLES DÉCOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA SCIRNCE ; M. F. E. GUÉRI N-MÉNEVILLE Membre de la Légion d’honneur, de l’ordre brésilien de la Rose, de la Société impériale et centrale (l’Agriculture , des Académies royales des Science» de nladrid et de Turin, de l’Académie royale d’Agriculture de Turin, de la Société impériale des naturalistes de Moscou , d’nn grand nombre d’autres Sociétés nationales et étrangères , Secrétaire du Conseil de la Société impériale zoologique d’ Acclimatation , etc., etc. 1861. — N° 4. PARIS, AU BUREAU DF. LA REVUE ET MAGASIN DF ZOOLOGIE, RUE DES BEAUX-ARTS, 4. VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — AVRIL 1861. I. TRAVAUX INÉDITS. Sur la dentition de VHerpeton tentaculatum, par le pro¬ fesseur Émile Cornalia, de Milan. En parcourant le numéro de mars des Annals and Ma¬ gazine of natural History, j’ai été vivement frappé par la note que M. A. Gunther y a insérée page 195, sur la den¬ tition de VHerpeton tentaculatum de Lacépède. — Dans cette note, le savant herpétologiste du British muséum, reve¬ nant sur ses études déjà publiées à propos des dents de ce très-rare Serpent, soutient encore son ancienne opi¬ nion sur le nombre et la structure des dents maxillaires, et proclame que M. Jan est dans l’erreur parce qu’il a, sur ce sujet, une autre opinion. En effet, M. Gunther, dans les Proceed. of the zool. Soc. de février 18G0, a publié que l’Herpeton a toutes ses dents d’une grosseur égale et que pas une ne possède de gout¬ tière ” ail the seeth are of equal size , and not one is groo- ved. ” Le savant directeur du musée de Milan, au contraire, dans la première livraison de sa magnifique Iconographie , figure les dents des maxillaires de l’Herpeton comme de deux grandeurs différentes; c’est-à-dire que les deux dents postérieures sont plus grosses et séparées des autres, et qu’elles sont parcourues, en avant, par un canal très- reconnaissable. M. Gunther, après cette publication, renouvela ses ob¬ servations, éloignant, comme il dit, la muqueuse des dents sur les deux exemplaires du musée de Londres, et des deux côtés, ce qui lui prouva la justesse de sesobserva- : série, t. xui. Année 1861. 1U 14G rev. et macî. de zooLOPriE. (Avril 18G1.) lions primitives. Il en conclut que M. Jan s’était trompé, soit, dit-il, par une extrême déférence pour l’autorité de M. Duméril, soit parce qu’une juxtaposition accidentelle des deux dents lui a simulé une gouttière et l’a induit en erreur. — Pourtant M. Jan représente deux de ces dents creusées en avant. Moi qui ai le bonheur de suivre pas à pas tous les tra¬ vaux de M. Jan et de voir les immenses matériaux qu’il a recueillis et consultés pour son grand ouvrage, et avec quelle scrupuleuse conscience il fait ses observations, moi, dis-je, qui aime infiniment ces questions d’anatomie com¬ parée, je ne puis résister au désir de dire mon opinion sur cette question, opinion qui a pour base l’examen at¬ tentif des parties osseuses de l’Herpeton très-soigneuse¬ ment détachées. Pour cela je prends la liberté de vous envoyer un dessin des dents du même Herpeton figurées dans la planche de M. Jan, et conservées dans notre collection de Milan. Fig. 1 . Fig. 1, dents maxillaires de Y Herpeton tenlaculatum. Fig. 2, dents palatines et plérygoïdiennes du même. Comme vous le verrez, les deux figures ci-dessus confir¬ ment tout à fait les observations de M. Jan. En effet, les dents maxillaires (fig. 1) sont de différentes grandeurs, c’est-à-dire les 14 premières petites et toutes égales (3 sont tombées de leurs alvéoles), et les deux postérieures sont éloignées et plus grosses, présentant, chacune, la rainure longitudinale contestée par M. Gunther. Comme la présence de cette rainure a une signification pour la place des genres dans les systèmes herpétologi- TRAVAUX INÉDITS. 147 ques, la chose n’est pas si futile comme, au premier abord, elle pourrait le paraître. La tig. 2 représente les dents palatines et les ptérygoï- diennes; les premières au nombre de 11, les secondes au nombre de 18. Je suis bien heureux que le résultat de ces observations puisse prouver aux naturalistes que M. Jan n’émet aucune opinion sur l’autorité d’autrui, et que, lorsqu’il observe, il tâche de n’être pas induit en erreur. — Sur la cause de l’opinion de M. Gunther, je ne mettrai aucun dilemme; je crois qu’il n’a pas examiné les parties assez soigneuse¬ ment et assez libres pour les voir dans tous leurs détails nécessaires. Pardonnez-moi si j’ai compté sur votre bonté; l’amour de la vérité et l’espérance de ne pas invoquer vainement une place dans les cahiers de votre journal m’ont donné la hardiesse de vous envoyer cette petite observation. Milan, 25 mars 1801. Description de Coléoptères nouveaux d’Algérie, par A. Ciievrolat (1). 04. Julodis vermiculata, similis J. œquinoctiali , diflertab illolate- ribus prothoracis antice amplioribus et rotuudatis. Viridi-cuprea, pulvere albido induta præsertim in capite et in thorace ; eapiteru- galo imprimis in fronte, costa longitudinali violacea; prothorace punctis magnis foveatis atque reticulatis; ely tris nervosis, iuæ- qualiter punctatis vel punctulatis (singulo seriebus tribus macu- larum tlavarum, interna basali abbreviata), epipleuris, prothorace infra cum area, in angulo postico; pectore abdomineque lateribus cyaueo-violaceis. — L., 28,29; 1., 12, 13 m. Cette espèce, très-voisine du J. œquinoctialis, 01., s’en distinguera facilement par son prothorax élargi et arrondi antérieurement; par ses nervures très-saillantes sur les bords, arrondies, fovéolées et remplies d’une poussière (1) Voir la Rev. et Mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304 , 380 à 389 ; 1800, p. 75 à 82, 128 à 137, 208 à 212, 209, 302, 409, 448, 509; 1801, p. 118. 148 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Avril 18G1.) de couleur soufre; par les trois séries de taches arrondies de chaque étui, longeant l’une la suture, l’autre la marge; ces taches sont plus petites et plus nombreuses; enfin celle centrale et basale n’offre que trois taches; deux au¬ tres taches sont situées entre cette dernière série et la su¬ ture, et l’intervalle est violacé pour le fond. Tête inégale, front marqué de rides inégales. Côte médiane violacée, élargie au centre. Prothorax avancé anguleusement sur la région de l’écusson, ayant sur le côté antérieur, en des¬ sous, une plaque d’un beau violet ; l’angle postérieur est de même couleur. Elylres un peu plus parallèles, régu¬ lièrement convexes sur la longueur, d’un vert cuivreux, finement ponctuées , mais d’une manière forte proche l’écusson, couvertes de nervures presque en réseaux sur le milieu longitudinal. Poitrine bordée de blanc; les côtés sont bleus, avec une belle tache violette au-dessous. Ab¬ domen vert, raboteux, à coutures planes, inégalement ponctué; les bords inférieurs des segments sont d’un bleu mélangé de pourpre; les stigmates sont blancs; sur le dernier segment sont deux grandes taches blanches et allongées. J’ai reçu de M. Laurent Degousée deux exemplaires de cette espèce; on la rencontre dans le Sahara algérien oriental. Nota. — La description de cette espèce s’étant égarée lors de l’im¬ pression qui devait la précéder et la suivre, nous l’enregistrons seu¬ lement aujourd’hui pour qu’il n’y ait pas d’interruption daus la cen¬ turie. 81. Ilaliplus ruficeps , affinis H. lineatocolli, Marsm, sed minor et aliter punctatus et signatus ovalis, testaceus, nitidus; palpis , anteunis pedibusque pallidis; capite rubido, regulariter punctato ; oculis uigris; prothorace foveis basalibus subrotundatis duabus, strigam arcuatam et externam efficieutibus (iutus aliquot punctis rimosis); elytris seriatim puuctatis macula, communi fusca ultra medium et littera V notatis. — L., 2; 1., 3/4 m. D’un testacé brillant. Tête d’un blond d’écaille rou¬ geâtre, chargée d’une ponctuation régulière, moyenne, TRAVAUX INEDITS. U9 assez bien marquée. Parties de la bouche , antennes et pattes pâles. Prothorax transverse, cintré en avant, pro¬ longé angulcusement sur le milieu de la base, avec les côtés droits et étroitement rebordés; sa surface offre des [joints vagues, et la base est impressionnée, de chaque côté, d’une large fossette arrondie qui, sur son bord ex¬ terne, montre un trait arqué , quelques points crevassés sont situés vers le bord interne des fossettes; il est d’un blond pâle, et une sorte de bande rougeâtre transverse ressort près de la base. Eljire s ovalaires, convexes, sub- acuminées sur la suture, à séries longitudinales de points assez gros, réguliers; ceux de la suturale sont un peu plus serrés, et cette série est un peu sillonnée; une tache com¬ mune, obscure, en forme de V allongé, est placée au delà du milieu; la place du calus apical est elle-même obscure Corps , en dessous, tcstacé. Abdomen obscur. J’ai reçu cette espèce de M. L. Lethierry, qui l’a ren¬ contrée aux environs de Constantine. 82. Hydroporus bihamatus oblongus, angustus, planus, nigro-niti- dus ; antenuis basi, pedibus, margine prothoracis et elytrorum fas- ciis duabus (2» humata), iutus abbreviatis , flavis. — L., 1 2/3; 1., 3/4 m. Oblong, allongé, étroit, aplati, d’un noir brillant, mais un peu moins vif chez la P , qui est un peu plus courte. Tête arrondie en avant et marquée, près du bord, de deux fossettes assez senties. Palpes , antennes (brunes), sur les deux premiers articles, et pattes de couleur ferrugineuse. Prothorax transversal, avancé et arrondi sur l’écusson, avec les côtés étroitement jaunâtres. Elytres offrant deux bandes jaunes appuyées à la marge et qui n’atteignent pas à la suture : la première est comme formée de trois taches; l’externe remonte et s’étend, en dessous, sur le bord, la médiane est allongée des deux côtés et se lie à une plus petite, mais elles doivent, parfois, former un tout : la seconde bande est d’abord anguleuse et oblique ; elle se recourbe étroitement en dessous, le long de la 150 UEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Avril 1861.) marge, et simule ensuite une sorte d’hameçon. Corps de la couleur du dessus. Le d1 de cette espèce m’a été envoyé par M. Poupillier, comme se trouvant aux environs d’Alger. La p, que je dois à M. L. Lethierry, a été prise dans le département de l’Ardèche. On devra la placer entre les H. bilineatus et varius. 83. Trichodes sanguinosus, affinis T. leucopsideo , sed major et aliter fasciatus; cæruleus, crebre punctatus; capite nitido ; palpis antennisque ferrugineis , clava triarticulata nigra ; thorace usque ad sulcum anticum cyaneo, deiu nigro, granoso et punctato, linea longitudinali lævi, obsulcata basi, lateribus pube albida iudutis; scutello nigro ; elytris sauguiueis, recte truncatis, puncto humn- rali, sutura auguste fasciisque tribus uigris ; 3» fascia apicali serni- cyauea; subordiue punctatis, singulatim tricostatis; pedibusalbo- pilosis, tarsis anterioribus et articulo ultimo posticorum, rufes- ceutibus. — L., 13; 1., 4 1/2. Tête d’un beau bleu, à ponctuation irrégulière, assez forte; un sillon transverse et arqué en avant. Lèvre noire, carrée, évasée en cintre sur le devant, transversalement sillonnée et ponctuée. Mandibules noires. Antennes d’un jaune miel ; massue avec trois articles noirs. Prothorax un peu aplati, bien que convexe, droit aux extrémités, d’un bleu violacé jusqu’au sillon (qui est transverse et cintré), noir au delà jusqu’à la base; celle-ci est resserrée et re¬ levée sur son bord ; sa surface présente une ponctuation serrée, moyenne, assez profonde, qui est réticulée et presque granuleuse ; le milieu offre une ligne lisse, sil¬ lonnée en arrière. Ecusson semi-arrondi, ponctué, violacé. Elytres d’un rouge vif marquées d’un point huméral et de trois bandes noires ; première élargie sur le milieu de l’étui, anguleuse en arrière sur la suture; deuxième avancée anguleusement sur le milieu du bord antérieur; troisième terminale, bleue sur sa moitié postérieure; la suture est étroite, entière, noire, avec quelques reflets bleus; leur surface est couverte de points presque dis¬ posés en lignes; les points des bandes sont plus gros et TKAV.4UX INÉDITS. 151 relevés. Pattes à villosité blanche; cuisses renflées; jambes carénées, presque droites; les quatre tarses antérieurs et le dernier article des postérieurs d’un jaune miel. Poi¬ trine bleue, à pointillé très-serré; côtés revêtus d’une pubescence laineuse blanche. Abdomen à points épars, d’un bleu violacé, avec les deux derniers segments rouges; le pénultième présente, au milieu et en avant, une tache carrée. Des environs de Bogar; reçue de M. Prophétie. Cette espèce ressemble au T. leucopsideus, 01., mais elle est plus grande; ses élytres, d’un rouge de sang, sont plus allongées, plus largement tronquées; les bandes sont plus étroites et espacées; la suture, sur l’écusson, est linéaire et non triangulairement dessinée; le corselet est aussi plus allongé; les côtés seuls sont couverts d’un poil blanc, cotonneux, assez épais. Ces poils sont longs et plus régulièrement répartis sur la surface chez le T. leucopsi¬ deus . 84. Trichodes hypocrita , affiuisT. Icucopsideo et Zaharæ, elongatus, planiusculus, parallelus, puuclatus, cynneus, pilis lougis, erectis, albidis tectus ; capite thoraeeque præsertim, crebre puuclatis; palpis, antennis (clavata fusca), ano et larsis quatuor anticis luteis, tarsis ultirnis piceis ; scutello cyaueo ; ely tris plauis, pallide rufis, recte truucatis ; sutura, infra scutellum ad apicein, auguste cya- nella, puucto humerali fasciisque tribus nigro ænesceutibus, fas- cia ultima apicali iu dimidia parte postica cyanea. — L., 'J; 1., 4 ni . Voisin des T. Zaharæ et leucopsideus , allongé, étroit, aplani, ponctué, bleu, revêtu de longs poils droits, d’un blond jaunâtre. Tête d’un beau bleu, inégalement ponc¬ tuée. Lèvre carrée, échancrée anguleusement en avant, noire. Mandibules noirâtres. Palpes et antennes d’un jaune miel ; massues des dernières avec les trois derniers articles et les yeux brunâtres. Prothorax aplani, fortement sillonné en arrière du bord antérieur, également sillonné, puis relevé sur la base, marqué d’une côte longitudinale plane, qui est élargie entre le milieu et la base. Ecusson senu 152 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Avril 18G1.) arrondi, bleu. Elytrcs allongées, parallèles, peu convexes, abaissées sur les côtés, tronquées au sommet; angle su¬ turai assez avancé; d’un jaune rougeâtre orangé, offrant un point huméral oblong et trois bandes d’un noir bronzé, première et deuxième élargies sur le côté jusqu’au milieu de l’étui, amincies et anguleuses en arrivant sur la suture; troisième apicale, bleue dans sa dernière moitié ; suture étroitement bleuâtre, à partir du dessous de l’écusson jus¬ qu’à l'extrémité; couvertes d’une ponctuation assez forte (non en séries), qui est presque réticulée sur ses bords; deux nervures longitudinales droites. Pattes ponctuées, granuleuses, couvertes de longs poils blancs, plus courts et plus épais sur les jambes; cuisses postérieures un peu plus renflées; jambes carénées, postérieures arquées; les quatre tarses antérieurs d’un jaune miel, les postérieurs de couleur de poix. Poitrine bleue, à pointillé fin et serré; côtés postérieurs recouverts d’une pubescence blanche. Abdomen d’un bleu luisant, ponctué çà et là, pénultième segment sur les côtés et dernier (avec un trait longitu¬ dinal noir), d’un rouge sanguin. D’Algérie, acquis sans indication de provenance. 85. Trichodes Zaharœ. Cyaneo-obscurus, paululum nitidus, pilis erectis fulvis dense vestitus ; palpis, antennis, tibiis ad apicem tarsisque fulvis ; capite sat crebre et ruge sed thorace creberrirae punctatis ; seutello punctalo, cyanco; ely tris pallidc flavis, punclo humerali fasciisque tribus nigro-cyaneis : fascia la postice angu- lata iu medio, 3a apicale; abdomine segmeutis 2'>l,s ultimis rubris. — L., 10 1/2; 1., 4 m. Il est assez voisin du T. nobilis, Kl. ( Carcelii , nob.), mais celui-ci n’offre pas de point huméral, et les trois bandes des élytres, dans l’espèce présente, sont situées beaucoup plus en arrière. D’un bleu foncé, verdâtre par endroits, revêtu d’un poil droit jaunâtre. Tête couverte d’une ponctuation assez serrée, irrégulière, ruguleuse sur les interstices. Labre transverse, droit en avant, surmonté d’un sillon légèrement arqué. Mandibules noires. Palpes et antennes d’un jaune miel. Prothorax allongé, aplani, TRAVAUX INÉDITS. 1 53 droit aux extrémités, fortement resserré et sillonné en cintre au-dessous du bord antérieur, sillonné et relevé sur la base , avec un sillon longitudinal qui n’occupe que la moitié postérieure; sa surface ofFre une ponctuation très- serrée. Ecusson bleu, triangulaire, ponctué. Elytres con¬ vexes sur la base, aplanies au delà, d’un jaune pâle, marquées, sur chaque épaule, d’un gros point violacé et de trois bandes d’un bleu noirâtre violacé; la première est un peu en avant du milieu, s’amincit en dessus, sur la suture, et s’infléchit en arrière; la deuxième est assez large et située au delà du milieu; la dernière apicale est presque de même longueur que la précédente ; la suture est étroitement bleuâtre à partir du dessous de l’écusson jusqu’au sommet; leur surface présente des points assez gros presque disposés en séries, et deux nervures longi¬ tudinales étroites. Cuisses modérément renflées; jambes assez longuement velues, postérieurement arquées, les quatre premières ayant leur sommet et la totalité des tarses d’un jaune miel. Poitrine verdâtre, très-finement ponctuée, granuleuse, couverte de poils blancs; les deux derniers segments de l’abdomen d’un rouge sanguin. Du Sahara oriental algérien. 8f>. Hedobia succincta, oblouga, brunnea; capite et thorace dense canosis; antenuis ferrugiueis; oculis globosis, nigris; scutello albo ; el y tris subnitidis, punctato-striatis, in humcro et ad me¬ dium basis elevatis, fulvo-pilosis, fascia albida abbreviata, mar- gini adnexa, ultra medium sita ; pedibus piceis. — L., 2 1/3; 1., 3/4 m. Oblongue, d’un brun plus ou moins clair ou obscur, luisant sur les étuis. Tête et prothorax revêtus d’une courte villosité blanchâtre et soyeuse. Yeux saillants, ronds, noirs. Antennes ferrugineuses. Prothorax arrondi sur les côtés, aplani en dessus, lobé en arrière, élevé longitudi¬ nalement au milieu. Ecusson arrondi, blanc. Elytres or¬ nées de longs poils blonds dirigés en arrière, à stries formées de points allongés, profonds, d’un brun clair sur 15 V rev. et mag. de züologie. (Avril 1861.) la base (celle-ci avec pubescence blanche) et le sommet, et d’un brun foncé au centre, ornées d’une bande blanche située au delà du milieu, qui s’appuie à la marge et s’étend jusqu’au delà du milieu de chaque étui. Pattes de couleur de poix. L’unique femelle que je possède m’a été adressée par M. J. Poupillier. Alger. 87. Xyletinus pcregrinus, alatus, ovatus, obesus,riigulosus, albidus, pube cineroa, paululum scricante indutus ; capite lato, couvexo, autiee posliceque sulcato ; anteuuis serratis, fuscis articulo primo magno, arcuato 2oque breve ferrugiueis ; oculis fuscis ; prothorace transverso, longitudine sulcato, postice couvexo et cariuula utriu- que uotato; scutello elongato, rotundato; elytrorum striis an- gustis, iutus punctulatis, interstitiis alterne elevatis et albidiori- bus; pectore et abdomiue plumbeis; pedibus rubidis. — L., 3; 1., 1 1/2 ni. Ailé, trapu, ruguleux, d’un rougeâtre tant soit peu lui¬ sant, revêtu d’une courte pubescence cendrée, soyeuse par place. Tête arrondie, convexe, marquée d’un sillon qui est profond en avant, et qui ne reparaît que sur l’oc¬ ciput. Antennes fauves, avec les deux premiers articles fer¬ rugineux ; le premier est grand, arqué; le deuxième très- court; troisième allongé; suivants anguleux d’un côté. Yeux arrondis, d’un brun terne. Prothorax transverse, centré circulairement en avant, avec les côtés arrondis et formant un seul angle obtus au bord antérieur, qui est abaissé; leur base, vue en dessus, est presque droite et présente de chaque côté, au milieu, une dépression ; le dessus est relevé en bosse et présente une carène trans- verse; sillon longitudinal entier; sa surface est soyeuse, mais la bordure antérieure, moins le milieu, et la saillie postérieure, sont rousses. Ecusson allongé, arrondi. Elytres trois fois aussi longues que le prothorax dans sa plus grande étendue, à peine plus larges que ce dernier, ar¬ rondies sur chaque extrémité, marquées l’une et l’autre de douze stries disposées par deux ; la scutellaire courte. Ces stries sont étroites, distinctement ponctuées; inter- TRAVAUX INÉDITS. 155 stices alternativement élevés et blanchâtres. Corps d’un gris plombé. Pattes rougeâtres. Des environs d’Alger. Envoi de M. Poupillier. M. Ch. Aubé m’a communiqué un exemplaire qui provenait d’Es¬ pagne et qui n’en diffère nullement. M. le docteur Grenier l’a aussi rencontré dans le midi de la France. Cette espèce devra se placer dans le voisinage du X rufilhorax. 88. Erirhinus? nilidus, squamulis viridi-aureis tectns; rostro f te¬ nu i. arcuato strigoso), autennis pedibusque ferrugineis, femoribus obtuse subdentatis. — L., 3 1/2, 4; 1. 1 1/2 m. Recouvert d’écai lies planes, serrées, d’un beau vert doré brillant, presque nacré. Trompe ferrugineuse, mince, arquée, striée et ponctuée en dessus, de la longueur du prothorax. Antennes ferrugineuses, à scape renflé au som¬ met, atteignant le bord de l’œil, à funicule de sept arti¬ cles ; premier grand, deuxième moitié plus court, suivants moniliformes ; massue ovalaire, composée de trois articles égaux. Yeux noirs, déprimés, obliques. Prothorax coupé droit aux extrémités, fortement resserré en avant. Ecusson ponctiforme, brun. Elytres oblongues, coupées droit en avant, à peine plus larges que le prothorax, convexes, faiblement atténuées et arrondies au sommet, marquées de stries faiblement indiquées. Corps, en dessous, d’un vert blanchâtre nacré. Pattes â peine écailleuses, ferrugi¬ neuses; cuisses à dent très-obtuse; jambes anguleuses sur leur terminaison; tarses à premier et deuxième articles triangulaires, lamellés en dessous; troisième longuement bilobé; crochets petits, recourbés, simples. Je possède trois exemplaires de cette espèce ; le pre¬ mier a été trouvé â Stora par AT. le capitaine Gaubil : je dois le second â M. Lethierry, qui l'a découvert aux environs de Constantine. 156 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1861.) Orthoptera nova americana (Diagnoses præliminares), auctore H. de Saussure (1). (Sériés IIa). Familia Acrididæ. I. Mucronati. (Prosternum mucrone vel tuberculo vel corniculo instructum.) Opomala mexicana. Gracillima, linearis ; subtus flavo- testacea, supra vix obscurior, rosescens. Antennæ vix complanalæ, rotundatæ, nitidæ, basi mediocriter dila- tatæ. Verticis rostrum trigonum, latitudine et longitudine æquale. Pronotum rotundatum , nullo modo carinatum , dense punctatum, nec non in margine infero fascia flava. Elytra abdomine valde longiora, augusta, apice acumi- nata. Femora postica elytri dimidio longitudine æqualia, extus sulcis obtusangulis pennata (basi vix V-formibus). — Longit., 0,035; elytri, 0,030. — Mexico. Xiphicera pygmea. Parvula, fusca, valde compressa. Faciès declivis, quadricarinata, carinis intermediis paral- lelis, in medio coarctatis. Verticis rostrum subelongatum, apice rotundatum, subbicarinatum et carinato-margina- tum. Antennæ filiformes, prismaticæ , capitis et pronoti longitudine. Oculi i nflati, in vertice appropinquati. Pro¬ notum carinatum, marginibus parallelis, haud acutis, ru- gosis ; carina ter interrupta; margo posticus abbreviatus, rotundatus. Elytra abdomine longiora apice rotundata, fusco-ferruginea, punctata, in margine postico pallidiora ; alæ fuscescentes, basi flavescentes. Corpus fuscum , in lateribus fascia flava; femora postica fasciata, intus et ti- biæ sanguinea. — Longit. corporis, 0,016. — Mexico. Genus Oxyphyma (2). Caput conicum, horizontale, perlongum; facie lata, plana ; Costa mediana nulla : carinis distinctis elevatis , intermediis subcontiguis, laleralibus perdistantibus sum- (1) Hev. et Mag. de zoologie , 1860. (2) (3£vç, acutus; qv/xcf., muero. TRAVAUX INEDITS. 157 muin versus caput convergentibus. Verticis fastigium mul- ticarinatum. Pronotum capite vix longius, postice liaud dilatatum, maxime compressum, carinis nullis, sed volu- tiforme arcuatum, postice abbreviatum. Pedes postici gra¬ ciles, elongati. Elytra et alæ abbreviata. Abdomen elon- galum, carinatum. Antennæ in basi invicem appropin- quatæ. Spina præsternalis gracillima, elongata, acutis- sima. O. Jurinei. Fusco-fulvum, gracile, elongatum. Caput magnum, vertice conico, lato, ruguloso, carinato, apice in fastigio paulum ante oculos truncato, elevato-margi- nato ; carinæ faciales intermediæ supra in summo fronte arcuatim divergentes et unciforme ad ocella produclæ. Faciès perlata , foraminato-punctata. Oculi prominuli , ovati, supra acuminati, genarum dimidium longitudine obtegentes. Pronotum ubique densiter rugatum , margine postico truncato, rotundato, antico tuberculato. Elytra fusco-rosescentia, maculis 2 fuscis ante medium sitis; alæ sanguineæ. Femora postica abdominis longitudine, pone medium macilentia, extus fulva, supra fasciis fuscis, subtus nigra, intus basi rufa; tibiæ fuscæ spinis distan- tibus magnis nigris. Antennæ basi flavæ, apice nigræ, flavo-annulatæ. — Long, corp., 0,037; pronoti, 0,007. — America meridionalis? Genus Pedies (1). Prosternum corniculo compresso cunéiforme instruc- tum. Caput convexum ; faciès valde declivis et convexa ; Costa frontalis polita, compressa , subbicarinata ; gêna convexa ; caput summum conoideo-arcuatum ; vertex de¬ clivis, foveola nulla; oculi vix convexi, lati, brèves. Pro¬ notum supra tricarinatum postice et antice truncatum, emarginatum. Pedes brèves. Abdomen apice acuminatum; cerci arcuati, apice obtusi. Elytra rudimentaria. Hoc genus, subgenus generis Pœpedeti haberi potest. P. virescens. Obscure viridis. Tibiæ et femora 1,2 subtus [1) rite f/euç, planitiemhabitans. 158 rev. et mao. de zoologie. (Avril 1801.) flava. Abdomen J* subtus flavum. Femora postica extus viridia, subtus flava, intus sanguinea. AnuscT supra ettibiæ posticæ sanguinea. Carinæ faciales genarum distinctæ. Pronoti area postica punctata, lateribus et carinis nitidis; sulcus posticus tantum carinam dorsalem secans. Lamina d" infra anum posita acuminata; præcedens segmentum disco circulari nitido instructum; lamina supra-analis tri- gona, bicarinata. Elytra primo abdominis segmento bre- viora. — Longit., 0,025. — Mexico. Genus Poepedetes (1). Antennæ elongatæ, deplanatæ. Caput verticale, con- vexum, vertice haud rostrato, antice declive; faciès bica¬ rinata, sub oculis sulco verticali ; oculi distantes, convexi. Pronotum postice vix productum, sulcis transversis maxi- mis perprofundis, postico multum pone medium silo; pars poslica supra plana, carinata, antica supra cylindrica; appendices anales brèves, validi; cT lamina infra-analis infundibuliformis, acuminata ; femora postica compressa, brévia, marginibus cristato-carinatis. Elytra brevissima. Genere Ommatolampi affinis, at vertice haud rostrato, capite convexo et oculis vix convexis ab illo distincte dif- fert. O. corallinüs. Médius, sublepidus. Corpus nigrum. Vertex sulco transverso inter oculos vel punctis 2 impres- sis; pronoti pars postica densissime punctata, angulo postico perobtuso, in p subemarginato ; femora postica corporis dimidio longitudine, mediocriter dilatata, sed apice haud angustata, coccineo-bifasciata ; elytra brevis¬ sima, primum abdominis segmentum solum obtegentia, olivaceo-reticulata ; caput et pronotum supra fascia ar- cuaia coccinea et maculis coccineis variis. — Longit. cor¬ poris, 0,035. — Mexico temperata. Genus Pezotettix, Fisch. In America insectis admodum alatis hoc auctum est. Divisio I. Corpus brevius, sat robustum. Faciès pau- (1 ) Uoct, horba ; TtfJnTJK, saltator, ludius. TRAVAUX INÉDITS. 159 lum declivis. Oculi magni, sat brèves. Pronotum antice coarctatum, breve; carinis lateralibus et interdum etiam mediana antice plus minusve evanescentibus. Antennæ brèves. Marium abdomen sublus convexum ; cercis bre- vissimis. [Pezolettix proprie dicta.) 1. Alcc clytraque plus minusve oblilerata. (Pezotettix, Fisch.'j Pez. Zimmermanni. P Statura valida. Faciès lata, ver- ticalis, elevato-i-carinata; in sumnio fronte prominula. Yertex haud inflatus, antice foveola declive et paulum marginata ; oculi globosi, distantes. Pronotum compres- sum, latum, omnino carinatum, ante medium paulum gib- bosum; postice planum, lateribus acute carinatis den- siter punctatum; margo anticus arcuatus, in occipite pro- ductus, posticus truncatus, subarcuatus. Sulcus posticus pone medium situs est ut in P. alpina. Corniculum præ- sternale pyramidale, spinoforme acuminatum Elytra ru- dimentaria. Pedes gracillimi. — Longit., 0,025. — Caro- lina. Pez. longicornis . Statura parva P. alpinœ, Poli. Antennæ perlongæ, femoris postici longitudine. Vertex haud prominulus, carinatus, foveola angusta, elongata ; oculi magni, inflati, in verlice invicem maxime appro- pinquati. Pronotum compressum, supra planum , margi- nibus acutis (præcipue in parte anteriore) et parallelis; margine antico subemarginato ; postico vix angulato Sulcus posticus valde pone medium situs, at paulo minus quant in P. Zimmermanni; pronoli latera nitida; cin- gulum posticum punctatum. Elytra brévia; abdominis segmenta 1, 2 solum obtegentia. Præsterni corniculum pyramidale. Femora 1,2 inflata, postice abdomen vix superantia, mediocria. — Longit , 0,016. — Carolina. Pez. septentrion alis. Fusco-rulescens , sat tenuiter punctota; verticis foveola paulum declivis; oculi magni, elongati, supra et infra acuminati , margine antico trun- cato; pronotum carinatum, in mediosulco postremo inter- 1G0 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Avril 1861 .) ruptum , lateribus acute marginatis, margine postico ob¬ tuse angulato ; elytra abdomine breviora , basin versus marginis antici dilatata, apice atîenuata, fusco-rosescentia; alæ pellucidæ subrosescentes. Femora postica flavo-bi- fasciata, p abdomine breviora; tibiæ sanguineæ spinis nigris. — Longit., 0,028. — Labrador. 2. Alæ et ehjtra rite explicata , abdomine œqualia seu lon- giora. Pez. mexicana. Sat parva, fusco-grisea. Præsterni corniculum conoideo-acuminatum. Occiput convexum ; oculi magni, lati, margine antico recto; frontis foveola ovata, declivis, carinato-marginata. Pronctum velutinum, supra planum, omnino carinatum, carina solum sulco postico interrupta ; area dorsalis pronoti postice vix acute marginata ; latera postice punctata, antice polita, et cum macula fusca oculum versus producta. Elytra abdomen paulum superantia, fusco-grisea, in disco linea punctorum fuscorum; alæ fyyalinæ, basi cærulescentes. Corporis la¬ tera et femora postica fasciis 2 flavis ; femora postica sub¬ tus, tibiæ et tarsi sanguinea ; spinæ tibiales apice nigræ. Corporis longit., 0,02k. — 3 Pronoto antice minus dis¬ tincte carinato. — 3 p variant tibiis posticis cæruleis. — Mexico temperata. Ihvisio II. Corpus gracile, elongatum. Antennæ per- longæ. Pronoti carinæ latérales sat distinctæ, saitem in parte anteriore. Foveola verticis paulum declivis. Marium abdomen apice valde inflatum, ano recurvo et lamina ante anum sita latissima , maxime convexa. Cerci lamelli¬ formes. Elytra abdomen superantia. 1. Corpus compressum. Faciès declivis. Pronoti sulcus postremus pone medium situs. Pez. Sumicurasti. Staturæ mediæ et obscure olivacea. Costa facialis bicarinata; frontis foveola angusta, elevalo- marginata. Pronotum elongatum , compressum , margi- nibus acutis, omnino carinatum, punctatum , lateribus supra speculo lepido fusco ; carina sulcis 3 transversis TRAVAUX INÉDITS. 161 profundis interrupta; sulcus posticus pone medium pro- noti situs. Femora 1, Upercrassa, nntennœ perlongœ, flavæ, apice obscuræ. Elytra grisea; alæ basi virescentes. Fe¬ mora postica fascia horizontali flava; tibiæ infra medium sanguineæ, spinis nigris, supra medium nigræ annulo flavo. Tarsi obscuri, pulvinulo nigro. — Longit. corporis, 0,027; antennarum, 0,016. — Mexico. 2. Corpus elongatum, sed crassum, parallelipipedum; tho¬ rax subdepressus ; faciès paulum declivis. Pedes postici per- longi; femoribus abdomine multo longioribus. Foveola ver- ticis in p parum distincta. Sulcus postremus in medio pro- noto situs. Pez. edax. Médius, corpore elongato, crasso, sed haud alto; in p depressiore. Caput latum, costa plana, in medio fossula instructa, ocellum continens. Oculi magni, brèves, lati, parum convexi, subreniformes, supra acu- minati, subdistantes. Vertex subcarinatus, foveola in a* fere nulla ; pronotum supra planum, carinatum, subacute marginatum, marginibus rectis, margine postico obtuse angulato; sulcus postremus in medio pronoti situs, ca- rinam secans; pone ilium thorax dense et tenuiter punc- tatus est. Cornu præsternale magnum, acuminatum, in me- sosternum incumbens. Elytra fulvo-grisescentia, femorum -longitudine. Lamina infra-analis d apice tuberculiformis ; segmentum præanale disco punctato magno; cerci lamel¬ liformes apice solum curvati. Color corporis in siccis tes- tacea, roseo varia, fasciis supra 2 testaceis. (Etiam fusca, coloribus diversis varia?) — Longit., 0,033. — Carolina. Genus Platyphyma, Fisch. 1. Pronotum postice truncatum. Elytra abbreviata. — PI. Giornæ, Rossi. 2. Pronotum postice angulatum. Elytra rite explicata, abdomine longiora vel œqualia. Pl. aztecum. Pczotettici mexicanœ statura æquale et illi simillimum, at differt : præsterni corniculo apice in- crassato, transversim compresso, lamelliformi ; faciei Costa ‘2e sKuiK. t. xui. Aimée 18Ü1. 11 162 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1861.) plana, punctata, haud canaliculata ; verlicis foveola vix distincta , carinato-marginata , et occipite subearinato ; pronotum supra planius , ubique punctatum , lateribus sine speculo nitido magno; margine postico flavescente, punctis nigris; thoracis latera fasciis obliquis 2 lia vis ; tibiis cæruleis, basi flavescentibus , fusco-maculatis. — Longit., 0,018. Lamina analis inferior d haud emargi- nata. — Mexico temperata. Genus Caloptenus, Burin . Divisio I3. Corpus bruce, robustum. Faciès verticalis. Pronotum brève, postice angulatum. Femora postica in/lata. (G. italicus, Rossi.) Divisio IIa. Corpus gracilius , fréquenter compression. Faciès declivis ; foveola verlicis horizontalis. Pronotum pos¬ tice vix angulatum. Femora postica gracilia, valde elongata. — (G. robustus, C. alacris, S. — G. plorans. Charp.) G. vorax. Médius, gracilis, olivaceus; caput testaceum , costa antica haud canaliculata, punctata; oculi elongati, convexi, supra haud approximati (laterum capitis dimi- dio longiores); foveola verlicis magna, haud declivis, mar- ginibus postice convergescentibus; pronotum elongatum, postice haud dilatalum, lareribus acute marginatis; supra omnino carinatum, ubique punctatum, postice perobtu- sum ; sulco postico pone medium sito, antice paulum tec- tiforme declive. Vittæ flavæ 2 ab oculis emergescentibus pronotum supra et elytra postice marginalités. Femora postica supra fusco-trifasciata; tibiæ posticæ flavæ, basi fuscæ, et supra medium annulo fusco; tarsi fusci. Præ- sterni cornu rectum, gracile, obtusum. — Longit. corporis, 0,025; ely tri, 0,023 (^). — Brasilia. Genus Acridium, Geoff. Americana in divisiones duas distribuuntur. Divisio I. Corniculum pr osier ni rectum. Pars antica pro¬ no ti mariurn elevata, in cristam lobatam produc ta; pars postica plana, rugosa. (Statura magna.) — Acr. semirubrum , Serv. ( Olfersii , Burm.), etiam in campis mexicains occurril TRAVAUX INÉDITS. 1G3 et a Dom. Ap. Nieto, sub nomine A. Velasquezii (Ann. Soc eut. Fr., 1858), iterum descriptum fuit. Divisio 11. Cornicuium prosternale rectum vel obliquum. Pronutum in parte anteriorc voluti forme vel tectiforme; in parte poste riore supra plus minus deplanatum, in tola longi- tudine carinatum. Oculi elongati. 1. Pronotum ante medium paulum constriclum , pone me- diocriter dilatation , carina tenui. Elylra abdomine lon- giora. A. emortuaee. Statura fere A. tartarici , at pronoto bre- viore, vix carinato, postice dilatato et acute angulato. Corpus ferrugineum; caput et thorax lutea, crelacea ; oculi in vertice maxime appropinquati ; pronotum fora- minato-punctatum et rugatum, iu lateribus fascia in mar- gine ferruginea. Pedes albescentes ; tibiæ posticæ ferru- gineæ, spinis apice nigris. Elylra ferruginea immaculata; alæ hyalinæ nervis ferrugineis. Præsterni dens apice paulum incrassata, obtusa. — Longit., 0,051; elytri, 0,052. — Brasilia. (Ab À. flavo-fasciato , Serv., accurate distin- guitur pronoto brevissinio.) A. cubense. A . flavo-fasciato affinissimum, at paulo minus; præsterni cornu acuminatum, obliquum, versus mesono- tum incumbens. — Cuba. A. toltecum. Gracile, griseo-ferrugineum, in lateribus fascia obliqua pallidiore; antennis mediocribus, flavis , apice obscuris ; ely tris griseo-multi-maculatis; alis hya- linis, basi subvirescentibus ; femoribus posticis fuscis , extus fascia longitudinali flava, supra ferrugineis; tibiis posticis flavescentibus, spinis atris. Corpus yalde com- pressum; faciès cum vertice angulum efficiens ; oculi ovati, subelongati, in vertice fere contigui ; verticis fas- tigii foveola nulla , antice linea elevata , fracta, trans- versim marginata; pronotum capite multum angustius, tenuissime carinatum, punctatum, marginibus haud acu- tis; lateribus supra maculis 4 lepidis. Sulcus posticus in medio situs. Cornu præsternale spiniforme. Lamina infra 164 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Avril 1861.) anum posita basi canaliculata, segmentum præanale apice productum, haud emarginatum. — Longit., 0,023; an- tennæ, 0,0085. — Mexico temperata. 2. Pronoturn antice haud coarctatum, postice haud dila- tatum, fere omnino acute tecti forme. (Elytra abdomine haud longiora.) A. damnificüm. Ferrugineum, punctis griseis ubique conspersum. Corpus maxime compressum et elevatum, haud declive, ubique grosse punctatum ; oculi elongati, capitis laterum dimidio altitudine æquales; supra sub¬ distantes; foveola verticis distincta, lata, margiuibus ab oculis parum distantibus. Præsterni cornu obtusum ; pronoturn ubique grosse punctatum; acute omnino cari¬ natum, perfecte tectifonije, carinis lateralibus nullis; mar- gine antico in occipite producto, postico angulato, nigro tessellato; pronoti longitudo altitudinein vix superans. Elytra brévia, P abdominis longitudine, çf vix longiora, maculis griseis conspersis; alæ hyalinæ, basi vix flavi- dulæ, spinis tibialibus apice nigris. — Longit., 0,037. — Maris lamina sub ano posita, elongata, rimata; cerci lamelliformes, apice rotundati, nullo modo curvati. — America borealis (Tennessee). Notes pour servir à la faune du département de Seine-et- Marne, ou liste méthodique des animaux vivant à l’état sauvage qui se rencontrent, soit constamment, soit pé¬ riodiquement ou accidentellement, dans ce départe¬ ment, par M. le comte de Sinety, membre de la Société zoologique d’acclimatation, membre correspondant de la Société académique de l’Aube.- INSECTES. Ordre des OKÏ'IIOPTKKES. Les Orthoptères se divisent en un grand nombre de genres, dont quelques-uns seulement vivent dans notre pays; nous n’aurons donc à nous occuper que de certaines TRAVAUX INÉDITS. 165 espèces de Forficules, de Blattaires, de Mantides, de (« i il- loniens, de Locustaires et d’Acridites. Ces deux dernières familles sont confondues sous le nom de Sauterelles, que leur donnent indistinctement toutes les personnes qui n’ont pas étudié ces insectes. Les Grilloniens, sous le nom de Cricris, les Sauterelles et les Forficules, vulgairement appelés Perce-Oreilles, sont en assez grande quantité partout pour avoir été re¬ marqués par les habitants des campagnes, qui les con¬ naissent, savent qu’il y en a plusieurs espèces, mais ne les distinguent pas les unes des autres ou leur appliquent quelquefois de faux noms; c’est ainsi que nos paysans dé- signentlaSaulerelle verte, Locusta viridissima (Fabr.), sous le nom de Cigale, quoiqu’elle ne ressemble nullement à cet animal. I.es auteurs qui ont traité l’histoire naturelle des Or¬ thoptères nous apprennent que ces insectes sont tous ter¬ restres, même dans leurs deux premiers états; quelques- uns d’entre eux sont carnivores, comme les Mantides, ou omnivores, comme les Forficules et les Blattaires; mais, en général, ils se nourrissent de plantes vivantes; les Lo¬ custaires et les Acridites sont uniquement herbivores. Les Orthoptères déposent, vers la fin de l’été, leurs œufs en terre; à cet effet, les femelles, dans beaucoup d’espè¬ ces, sont pourvues d’une tarière (ou oviscapte) formée de deux lames et située à l’extrémité de l’abdomen. Les œufs passent l’hiver dans le lieu où ils ont été pondus; au prin¬ temps, les larves éclosent et augmentent de grosseur, à l’aide de plusieurs changements de peau. « Ces insectes « ne subissent qu’une demi-métamorphose, dont les mu¬ te tâtions, dit Audinet-Serviile, se réduisent à la croissance « et au développement des ély très, dont ils sont totale- « ment dépourvus dans leur jeune âge. Elles ne se mon¬ te trent d’abord qu’à l’état rudimentaire ou comme des « moignons, ce qui constitue l’état de nymphe; la larve « diffère par l’absence totale de ces parties. Du reste, 166 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1861.) « cette larve et la nymphe ressemblent à l’animal parfait, « sautent, marchent comme lui, et se nourrissent des « mêmes aliments. Plusieurs Orthoptères restent à l’état « de nymphe ou de larve toute leur vie, c’est-à-dire qu’ils « n’acquièrent ni ailes ni ély très, ou qu’ils n’en ont que de « rudimentaires, et n’en sont pourtant pas moins aptes à « s’accoupler et à se reproduire. » Comme exemple de ces faits, pris dans notre faune, on peut citer le Mirmecophila ncervorum , qui n’a jamais ni ailes ni ély très, et Y Epliippiger vitium, qui n’en a que de rudimentaires. Suivant M. Bruilé, l’entier développement des organes du vol, qui constitue l’état parfait, n’a lieu qu’au sixième changement de peau. M. Marcel de Serres compare les dentelures qui termi¬ nent les mandibules des Orthoptères aux dents des Mam¬ mifères. cc Ces dents, chez nos insectes, ne sont pas, dil- « il, implantées dans les mandibules ; elles font corps avec « elles, et n’en paraissent nullement distinctes à leur base « externe; cependant, à leur base interne, elles semblent « séparées de la mandibule par une lame coriacée. » On trouve, ajoute le même auteur, « dans l’estomac des Or- « thoptères herbivores, une complication de parties in¬ et ternes qui semblent analogues à celles des ruminants, « parmi les Mammifères, et on assure que plusieurs « d’entre eux font revenir leurs aliments à leur bouche a pour les triturer une seconde fois. Les Orthoptères, « essentiellement carnassiers comme les Mantides, n’ont « que des dents canines, plus longues et plus recourbées « que les autres genres de l’ordre. Les herbivores, tels « que les Locustaires et les Acridites, n’ont que des inci- « sives et des molaires. Enfin les omnivores (Forficulaires « et Blattaires), vivant de végétaux, de cadavres ou de « proies vivantes, ont des canines comme les carnassiers, « mais moins longues et moins recourbées, et des mo- « laires moins larges que celles des herbivores, mais à tu- « hercules plus saillants. » TRAVAUX INÉDITS. 167 La forme des pattes postérieures a fait naturellement diviser les Orthoptères en deux grandes sections : les cou l eurs et les sauteurs. La première de ces sections compte, dans notre pays, infiniment moins d’espèces que la se¬ conde, comme il est facile de s’en convaincre si on veut jeter les yeux sur la liste que j’ai essayé de dresser. La meilleure saison pour chasser les insectes qui nous occupent est la fin de l’été et le commencement de l’au¬ tomne, époque où ils sont arrivés à leur état parfait. Les Grillons et les Sauterelles (Loc.ustaires et Acridites) servent de nourriture à une quantité d’oiseaux omnivores ou insectivores, ainsi qu’à certains Gallinacés, tels que les Perdrix, les Outardes, les Dindons, et même à quelques rapaces : la Crécerelle, entre autres ( Falco tinnunculus) (Lin.), en détruit beaucoup. Souvent on rencontre dans les haies un grand nombre de Sauterelles enfourchées aux épines d’un buisson : ce sont les Pies-Grièches qui les y ont apportées pour les dé¬ vorer plus à leur aise. Les oiseaux ne sont pas les seuls à faire la chasse aux Sauterelles; sans parler de certains peuples qui en mangent, plusieurs espèces de poissons en sont très-friands ; aussi les pêcheurs s’en servent-ils quel¬ quefois pour les faire mordre à leurs hameçons. Les Lo- custaires, comme les Acridites, dégorgent, lorsqu’on les saisit, une liqueur brune et âcre, qui leur sert peut-être à éloigner quelques-uns de leurs ennemis. Si, à la suite de ces différents faits, on meniionne ces passages de Saute¬ relles connus dès la plus haute antiquité, qui viennent de temps en temps ravager toute une contrée dans les pays chauds, après avoir quelquefois même traversé des bras de mer en quantité tellement innombrable, qu’ils forment des nuages capables d’obscurcir le soleil ; en ajoutant que ces passages ont toujours lieu de l’est à l’ouest, on aura résumé en peu de mots les principaux traits de l’histoire naturelle de ces animaux, telle que les auteurs qui en ont traité nous l’ont apprise. Toutefois on ne peut passer sous 168 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1861.) silence les découvertes récentes faites par M. Charles Les- pés sur le mode d’accouplement des Grillons, dont il a rendu compte dans une note présentée à l’Académie des sciences en 1855. C’est à l’obligeance de M. de Quatre- fages que je dois la connaissance de ce curieux mémoire. Après avoir constaté ce que, du reste, on savait déjà, que, pour l’accouplement, la femelle du Grillon monte sur le dos du mâle, les observations de M. Lespés ont démon¬ tré que les Grillons mâles ont des spermatophores com¬ posés d’une vésicule remplie de sperme, et qu’elle se ter¬ mine par une lamelle servant à la fixer au vagin de la femelle; celle-ci, après l’accouplement, emporte le petit appareil, partie dans son vagin (la lamelle), partie au de¬ hors (la vésicule) ; puis elle s’en débarrasse plus tard, pour s’accoupler de nouveau. Quant au mâle, il a bientôt re¬ produit un nouveau spermatophore, et se trouve ainsi apte à un nouvel accouplement ( Annales des sciences natu¬ relles, tome III, 1855, page 366). On ne sait pas encore si les Grillons sont les seuls Orthoptères qui présentent ce singulier mode de reproduction; mais il est probable que les mœurs mieux connues d’autres insectes du même ordre dévoileraient des faits analogues, sinon identiques. Première section. — Les Coureurs. Famille des Forficulaires. Genre Forficule. 1. Forficule auriculaire ( Forficula auricularia, Lin.). — C’est le grand Perce-Oreille de Bullon, nom qui lui a été imposé parce qu’on croyait que cet animal pénétrait dans les oreilles et entrait dans le cerveau. Depuis longtemps les savants ont fait justice de cette croyance populaire. En réalité, comme ses congénères, la Forficule auriculaire aime l’obscurité et se tient sous les pierres, les écorces, dans les fruits gâtés, sous les bouses de Vache desséchées, dans les endroits chauds et humides, sur les couches à l’abri des paillassons. 2. Forficule naine ( Forficula minor , Lin.). — Le petit TRAVAUX INÉDITS. 169 Perce-Oreille de Geoffroy, facile à reconnaître à sa taille, qui n’atteint que 4 lignes ou 4 lignes 1/2, la pince com¬ prise, tandis que l’espèce précédente mesure en totalité de 10 lignes à 10 lignes 1/2; elle en diffère aussi par sa pince droite dans les deux sexes, et seulement un peu re¬ courbée à l’extrémité, tandis que dans la Forficule auricu¬ laire la pince du mâle a la base presque carrée avec une dent interne placée à la fin de cette base et des branches fortement arquées qui forment un cercle presque parfait. La Forficule naine est aussi d’une couleur moins foncée que l’auriculaire, dont la teinte a beaucoup de rapport avec celle de la poix commune. Vit sur les fumiers et dans les ordures. 3. Forficule pédestre [Forficula pedestris, Bonell.). — De la taille de la précédente, mais avec une pince plus longue de 2 lignes 1/2 dans le mâle (le mâle de la Forfi¬ cule naine n’a jamais de pince de plus de 1 ligne 1/2). Nous la rencontrons, à la fin de l’été et en automne, sur les col¬ lines des environs de Fontainebleau, où elle n’est pas rare dans certaines localités. Famille des blattaires. Genre Kakerlac. 4. Kakerlac orientale ( Kakerlac orientalis, Lalr.). — On ne la trouve pas dans nos campagnes, mais elle se ren¬ contre plutôt dans les villes, où elle a été importée par le commerce probablement. Comme les autres Kakerlacs, elle fuit le jour, se cache dans les trous, les endroits hu¬ mides ; la nuit elle sort de sa retraite pour manger le pain et la farine, pour lesquels elle a un goût tout particulier, ce qui fait qu’on la rencontre le plus souvent chez les bou¬ langers. C’est la Blatte des cuisines de Geoffroy. Ces Ani¬ maux courent très-vite, et les mâles, qui, seuls, ont des ailes, s’en servent très-rarement. Les femelles fécondées font sortir de leur abdomen une coque oblongue, de sub¬ stance coriace, fortement carénée sur l’un des côtés, et qui contient une quantité considérable d’œufs. Des 170 rf,v. et mag. de zoologie. [Avril 186] ) femelles piquées dans des boîtes m’en ont souvent pondu, et, si on les laisse auprès d’elles, elles les mangent, faute d’autre nourriture. SI est possible que la Kakerlac améri¬ caine [Kakerlac americana ), la grande Blatte de Geoffroy, se trouve chez nous, mais je n’ai jamais pu me la procu¬ rer, et ce n’est probablement que dans les villes qu’on au¬ rait des chances de la rencontrer. 5. Blatte germanique ( Jilalla germonica, Lin.). — Elle a 5 lignes de longueur de couleur jaune livide; les ailes sont assez fortement réticulées; elle n’est rare dans au¬ cune partie de notre département sur les arbres et sous les feuilles sèches. 6. Blatte livide ( B lutta pallida , Fabr.'j. — Entièrement d’un jaune pâle et luisant. Les réticulations et les ailes sont beaucoup moins fortes que dans l’espèce précédente; sa taille est aussi plus petite, puisqu’elle ne mesure que 5 lignes de long. On la dit très-commune aux environs de Paris, sur les chênes et sous les mousses; nous en trou¬ vons dans nos forêts, mais pas en aussi grand nombre qu’on pourrait le croire. 7. Blatte lapone (Hlath t laponica, Lin.). — Ce qui, au premier abord, la distingue le mieux de ses congénères, c’est le disque d’un brun noirâtre luisant de son protho¬ rax. Habite dans nos bois sur les chênes et dans les mousses; se trouve probablement dans toute l’Europe froide et tempérée, puisqu’elle vit en grand nombre en Laponie. 8. Blatte concolore ( Matin concolor, Hagenb.). — lan¬ gue de 3 lignes 1/2. Elle se trouve à Fontainebleau; son prothorax, semi-circulaire lisse, uni, est mélangé de points et de traits brunâtres; l’ensemble de sa couleur est plus grisâtre que celle des autres espèces, mais sa pcti te taille aidera surtout à la reconnaître. M. Guérin-Méneville a bien voulu me donner un individu de cette espèce, ve¬ nant aussi de Fontainebleau, mais sous le nom de B. eri- cetorum. TRAVAUX INÉDITS. 171 Description de Lépidoptères nouveaux (voy. PI. 5), par Napoléon Doumet. Cicuuxes Ameliæ, nobis. — Ch. antennis validis, nigris. Palpispro- minentibus, validis. supra nigris, infra griseo-albidis. Oculis ma- gnis, subuigris. Capite corporeque supra nigro-fuscis, infra fulvo- griseis et hispidis; super caput, aliquot puncliculis albis. Pedibus pilosis, griseolis. Alis primis triaugularibus; externo margiue distincte deuticulato, paululurn iutrorsum inciso; margine interuo fere recto; nervuris valde indicatis prope ligameu alæ. Alis secundis subrotundatis, super analem partem sericiter pilosis; anali margine fere recto ab anali angulo usque ad tertiam partem lougitudinis suæ ; externo margine distincte denticulato ; quarta sextaque deuticulationibus breviter caudatis. Alis totis supra atris, villosis, super analem regiouem fusco- griseis dilutius ad marginem ; serlo cærulearum macularum super primas alas, in fasciæ elatæ figura super secundas prolongato ; super secundas, serto altero punctorum oblongorum eodem colore sed splendeute minus, a margine externo paululurn distante; omnibus deuticulationibus limbo cæruleo elongatissimo notatis. Alis infra subviride-griseis, albido fasciatis et lunulalis; prope basim alæ primæ hierogly phicis nigris adumbrationibus ciuereo- cinctis; prope internum angulum ejusdem et ad cxtremum sertum ocellorum paululurn apparentium, oculis duobus magnis, mgro, exusto, ciuereo et saturato griseo-pictis. Prope basim alæsecundæ, hierogly phicis lioeis circum partes albidiores; prope exlernum marginem, serto ocellatorum adumbrationum, cujus ultimis cæru- lescentc violaceo colore notatis aut binotatis. Long., 70; — larg., 88 mill. Habitai: Gabon. (PI. 5, f. 1.) Antennes robustes, noires. Palpes saillants, robustes, noirs en dessus, {jris blanchâtre en dessous. Yeux gros, brun foncé. Tète et corps brun noir en dessus, gris fauve et très-velus en dessous; quelques points et traits de poils blancs sur la tête. Pattes couvertes d’un duvet court et grisâtre. Ailes supérieures triangulaires, échancrées vers le mi¬ lieu de leur bord externe, qui est dentelé assez distincte¬ ment ; bord interne presque droit; nervures très-pronon¬ cées vers l’attache de l’aile. Ailes inférieures subarrondies, ayant leur bord anal 172 rev. et mag. de zooeogie. (Avril 1861.) presque en droite ligne, depuis l’angle anal jusqu’aux deux tiers de sa longueur, où il dévie brusquement pour laisser passer l’abdomen; une zone de poils longs et soyeux, allant de l’attache de l’aile à l’angle anal , établit une sorte de ligne de démarcation entre ce bord et le reste de l’aile; bord externe dentelé distinctement; la quatrième et la sixième dentelure prolongées sous forme de petites queues. Dessus des ailes d’un noir foncé et velouté, s’éclaircis¬ sant un peu vers les bords, et remplacé, sur la partie anale des inférieures, par un gris brun plus clair sur le bord; une suite de taches ou points différents de forme et de grandeur, d’un bleu azuré, suivant à peu près la forme de l’aile supérieure et se prolongeant sur l’inférieure, eu s’élargissant jusqu’à la région anale, où elle se perd dans le fond; une seconde guirlande de points allongés, bleus, moins brillants, suit exactement la dentelure du bord ex¬ terne de l’aile supérieure; sur l’aile inférieure, cette guir¬ lande, beaucoup plus accusée, est accompagnée d’une série de gros points bleus, assez réguliers, placés en dedans. Dessous des ailes d’un gris verdâtre , chamarré de bandes et de dessins lunulaires blanchâtres. Ailes supérieures ornées, vers la base surtout, de des¬ sins hiéroglyphiques noirs, entourés de couleur cendrée; près de l’angle interne, deux gros yeux cerclés de noir, de jaune brûlé, de cendré et de gris foncé, terminant une guirlande de dessins ocellés peu apparents, qui suit le bord externe. Ailes inférieures ornées, près de la base, de dessins hiéroglyphiques noirs, complètement linéaires, limitant des parties plus blanchâtres; une guirlande de dessins ocellés suit, en diminuant de grandeur, le bord externe; les derniers ocelles marqués cl’un ou deux points violet bleuâtre. Cette belle espèce, que nous n’avons encore vue dans TRAVAUX INÉDITS. 173 aucune collection , offre , au premier aspect , quelques analogies avec le Nymphalis Mycerina, Weslw., figuré dans le magnifique Généra publié par cet auteur et M. Doubleday; mais, en examinant ces deux espèces, il est facile de se convaincre de leur distinction. Le Nym¬ phalis Mycerina, toujours beaucoup plus petit, est complè¬ tement dépourvu d’appendices caudaux et même de den¬ telures aux ailes: ses ailes antérieures, beaucoup plus échancrées à leur bord extérieur, sont aussi plus courbées à leur bord costal. Il ne reste donc plus que la coloration qui rapproche ces deux Papillons; or, si nous voyons, d’un coté, que les taches bleues des ailes antérieures sont disposées à peu près dans l’un comme dans l’autre, nous remarquons, d’un autre côté, que les ailes postérieures du N. Mycerina sont totalement privées d’une des deux élégantes guirlandes qui accompagnent le bord externe dans notre Charaxes. Nous ne parlerons du Charaxes Tiridales, Fabr., que pour montrer que nous avons pris soin de le confronter avec notre nouvelle espèce, car les différences qui existent entre elles deux sont trop considérables pour qu’on puisse les confondre, bien qu’elles viennent des mêmes contrées et appartiennent au même groupe. Un troisième, le Charaxes Thieste , Stoll , provenant aussi de pays très-voisins, nous a forcé à procéder à un examen très-sérieux, et ce n’est qu’après avoir longtemps examiné la figure donnée par cet auteur que nous avons considéré le nôtre comme une espèce distincte. Le Cha¬ raxes Thiesle diffère de celui que nous décrivons par l’ab¬ sence de taches bleues le long de la nervure costale des ailes supérieures, tandis qu’il en présente une suite placée transversalement sur ces mêmes ailes; par la présence de deux points blancs vers le sommet ; enfin par une guirlande de taches lunulaires jaunes, accompagnant le bord externe, et qui remplace la guirlande bleue de notre Charaxes. Les ailes postérieures diffèrent moins que les antérieures; 174 Eitv. et imac, ne zoologie. ( Avril 18G1.) pourtant la bande bleue du milieu est beaucoup plus large dans l'hieste, tandis que la double guirlande du bord ex¬ terne y est moins accentuée. Malgré ces différences, nous aurions eu du penchant à regarder notre Charaxes comme un sexe de Thieste , si nous n’avions cru reconnaître la femelle de ce dernier dans le Charaxes décrit, par Fabri- cius, sous le nom de Xi-phares , et figuré sous le même nom par Cramer, lequel, sauf la coloration, offre les plus grandes analogies de dessin avec Thieste ; de plus, l’un provient de la Cafrerie et l’autre du Cap, localités qui sont à peu près identiques en zoologie, tandis que le nôtre habite le Gabon. Notre Papillon ressemble aussi, quant au dessous, à celui que M. Hewitson a figuré dans la 31e livraison de ses Exotic Butterjlies , sous le nom de Nymphalis Numenes , mais il est impossible de confondre ces deux espèces, quant au dessus, qui, dans cette dernière, a la plus grande ressemblance avec Tiridates. Ces diverses comparaisons ont fait naître dans notre esprit l’idée que la plupart des Charaxes de ce groupe pourraient bien ne former qu'une seule et même espèce, variant suivant les localités; mais cette proposition exi¬ gerait, pour être résolue, un plus grand nombre de sujets de comparaison, et peut-être des études sur les Chenilles, chose fort difficile «à obtenir pour le moment. Si notre supposition venait à se trouver confirmée, nous serions des premiers à faire descendre notre nouvelle espèce au simple rang de variété Genre Idiomorpiius, nobis. (PI. 5, f. 2.) Larva . Caput parvum, villosuin. Oculi modici, globosi. Palpi distiueti, caput superantes, sinuosi, laleriter compressi , pilosi. Auteunæ modicæ, tenues, dava elougatissima, articulis paulnluin indicatis. Pedes .. Thorax modicus, villosus. Abdomen elongatum, paululum robustum. Alæ primai triangulares, secuudis minores; eostali uervura nulla vel paululum indicata; subcostali, media et baseo-media TRAVAUX INEDITS. 175 nervuris valide ad basini iullatis; discoidalibus duabns, mediis tribus nervulis ; discoidali cellula lata, duabus uorvuri-. recedentis auguli forraam efficientibus obstrucla. Alæ secuudæ subovales; costali uervura in subeostalein eodem loco qnani præcostali iusita; duabus subcostalibus, tribus mediis nervulis ; submedia, iutcrnaque nervuris ex eodem loco orientibus; discoidali cellula, lata et aperta; aperlura cellulæ simulata ner- vura videtur obstructa. Tôle petite, velue. Yeux moyens, ronds. Palpes très- allongés, dépassant la tête, sinueux, comprimés latérale¬ ment, velus. Antennes moyennes, filiformes, terminées par une massue très-allongée et peu renflée; articulations peu apparentes. Pattes . Corps moyen, velu. Abdomen allongé, assez grêle. Ailes antérieures triangulaires, petites, comparative¬ ment aux postérieures; nervure costale nulle ou très-peu apparente; nervuies sous-costa:e , médiane et baséo- médiane offrant un renflement très-prononcé à leur base ; nervuies discoïdales au nombre de deux; nervuies mé¬ dianes au nombre de trois; cellule discoïdale large, allant jusqu’au milieu de l’aile, et fermée par deux nervures formant un angle rentrant. Ailes postérieures subovales, plus longues que larges; nervure costale s’embranchant sur la nervure sous-costale, au même point que la précostale; deux nervuies subcos¬ tales; la nervure discoïdale se prolongeant en nervule et laissant la cellule discoïdale ouverte; trois nervuies mé¬ dianes; nervures submédiane et interne parlant du même point. L’ouverture de la cellule semblerait fermée par une fausse nervure. liMOMORi’iius Hewitsonii, Dübis. — Id. capite corporoquc villosis, supra f'uscis , dilutius infra. Oculis nigris. Auteunis supra satu- rate fulvis, dilutius infra atque in extrcma clava cujus media pars nigro est annulata. Alis pririiis triangularibus ; antice ad apicale angulum valide arcuatis; apicali margine sinuato; margine mtcrno fere recto, abrupte ad basim recedeute. 176 rev. et mag. de ZOOLOGIE. [Avril 1861.) Alis secinidis oblongis , antice roagis quam postice latis; apicali angulo satis itidicato ; anali aagulo rotundissimo ; anali margiue paululum sinuoso. Alis totis su|>ra fusco-nigrescentibus; ex medio antici margiais ad mtemum angulum alæ priraæ et irregulariter miuueute usque ad anale angulum alæ posticæ, fascia magna cinerco-violacea ver- sicolore, albido violaceoque bipartita super alam anteriorcm , su- perque initium posticæ; marginibus externis albido acupiclis; super secundam alam et prope mediam uervuram speculo antice scriciter piloso. Alis infra bipartitis ; circum corpus densiter fuscis cum liueis aliquot saturatioribus; externa parte griseo-roseo-violacea et mu¬ tante, fusco colorata in majore alæ posterioris parte; oculo minu- tissimo prope apicalem angulum super fasciam alæ primæ; oculis quatuor maguis, uigris, subflavo colore circumdatis, duabusque aliis minoribus super fasciam posterioris alæ. Alis omnibus ex ¬ terne fusco auguste bimargiuatis. Loug., 51 ; — larg., 56 mill. Habitat : Gabon. Tète et corps bruns, velus, plus clairs en dessous. Yeux noirs. Antennes fauve foncé en dessus, plus clair en dessous, ainsi qu’à l’extrémité de la massue, dont la partie médiane est marquée d’un anneau noir. Ailes antérieures triangulaires; bord antérieur forte¬ ment arqué vers l’angle apical ; bord extérieur sinueux. Angle interne presque droit; bord intérieur presque droit, rentrant brusquement près de la base. Ailes postérieures oblongues, plus larges en avant qu’en arrière; angle apical assez accusé; angle anal très-ar¬ rondi; bord anal légèrement sinueux. Fond général du dessus des ailes brun noir, un peu plus clair vers les bords; une large bande courbe, violet cendré changeant, s’étend du milieu du bord antérieur de l’aile supérieure à l’angle interne de cette même aile, etse continue, en diminuant irrégulièrement, jusqu’à l’angle anal de l’aile postérieure, dont elle suit presque exacte¬ ment le contour; sur l’aile supérieure, ainsi que sur le commencement de l’inférieure, celte bande semble divisée en deux parties, dont l’une blanchâtre et l’autre violette; TRAVAUX INÉDITS. 177 un liséré blanchâtre entoure extérieurement les ailes; sur l’aile inférieure, le long de la nervure médiane, une sorte de miroir ayant presque la forme d’un 8, dont la partie antérieure est occupée par un bouquet de poils longs et soyeux. Dessous des ailes divisé en deux zones distinctes; celle qui entoure le corps, jusqu’à la moitié des ailes, brun foncé, avec quelques traits plus marqués ; la seconde partie, formant la moitié extérieure des ailes, d’un gris violacé et rosâtre, recouvert de brun sur sa plus grande partie dans l’aile inférieure. Un œil très-petit se détachant sur cette bande, près de l’angle apical de l’aile supérieure ; quatre grands yeux noirs entourés de jaunâtre, et deux plus petits, placés l’un près de l’autre dans la même zone, sous l’aile inférieure. Les ailes sont ornées d’un double liséré brun foncé, très-étroit. Le papillon que nous décrivons, après avoir fait de nombreuses recherches dans les ouvrages et les collec¬ tions pour nous assurer de sa nouveauté, se fait surtout remarquer par sa forme originale. C’est, parmi les Lépi¬ doptères, un de ces types étranges , comme il s’en trouve quelques-uns de répandus dans toutes les classes ani¬ males; car non-seulement il n’est pas habituel que les ailes antérieures des papillons soient plus petites que les postérieures, mais dans notre espèce cette disposition n’est même pas harmonique, et nous dirons presque qu’elle choque l’œil. Aussi avons-nous été longtemps porté à regarder cet individu plutôt comme un avorton que comme une espèce nouvelle. Cependant plus nous l’exa¬ minons et plus nous sommes convaincu que toutes les parties en sont normales, et d’ailleurs toutes les recher¬ ches auxquelles nous nous sommes livré ne nous ont fait découvrir aucun type qui permette de l’y rapporter, même avec un peu de bonne volonté. Le genre Amnosia , qui semblerait offrir quelque ana¬ logie, en diffère considérablement par des antennes très- 2° si rie. t. xiii. Aimée 1801. 12 178 HEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Avril 1861.) allongées, et n’offre, d’ailleurs, nullement la disproportion des ailes dont nous avons déjà parlé. Les genres Zeuxidia et Kallirnci nous avaient paru aussi se rapprocher, en quelques points, du Papillon qui nous occupe; mais le prolongement caudiforme des ailes postérieures les en éloigne complètement, bien que les ailes antérieures, sauf leur grandeur proportionnelle, of¬ frent, par leur forme, quelque ressemblance, surtout dans le second de ces genres, avec celles de notre Lépidoptère. Le genre Discophora serait celui auquel on pourrait, le moins arbitrairement, rapporter ce singulier papillon, si nous n’y trouvions toujours l’énorme différence de la dis¬ proportion des ailes antérieures ; de plus, les postérieures, dans notre espèce, ont une forme plus allongée et plus arrondie vers le bas que dans les Discophora. Après un long examen comparatif, nous avons cru pou¬ voir regarder ce Papillon comme appartenant à un genre nouveau, pour lequel nous proposons le nom d ’ldio- morphe, de j JW, propre , particulier, et de y.oprpb, forme, en raison de sa forme particulière. Nous croyons que ce nouveau genre devra prendre place à la fin des Nymphalides ou tout au commencement des Morplio, dont il rappelle quelques traits, ainsi que des Satyres, auxquels il emprunte les yeux du dessous des ailes. La seule espèce que nous en connaissions jusqu’ici est celle que nous venons de décrire, et que nous dédions à M. Hewitson, le savant et zélé lépidoptériste anglais au¬ quel on doit la publication de tant de belles et nouvelles espèces exotiques. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences de Paris. Séance du 1er avril 1861. — M. Grimaud, de Caux, à l’occasion d’une communication récente concernant cer- SOCIÉTÉS SAVANTES. 179 taines espèces animales qui, vivant habituellement dans l’eau salée, se seraient habituées à vivre dans l’eau douce, cite un fait qui lui semble analogue, l’existence de Sar¬ dines dans le lac de Garde. M. Valenciennes fait remarquer que les prétendues Sar¬ dines du lac de Garde n’ont, avec les Sardines vraies, de commun que le nom et appartiennent réellement à un genre différent. Séance du 8 avril 1861. — M. Flourens lit un Mémoire ayant pour titre, Nouvelles expériences sur l'indépendance respective des fonctions cérébrales. Le titre de ce remar¬ quable travail en fait suffisamment connaître l’objet. Ce sont des expériences d’une haute importance pour la phy¬ siologie, et qui font suite à des travaux antérieurs dont M. Flourens rappelle d’abord les principaux résultats. « Je viens à mes nouvelles expériences, dit-il en termi¬ nant. Le cerveau ( lobes ou hémisphères cérébraux) ayant été retranché sur plusieurs Pigeons, j’ai opéré successivement (et sur autant de Pigeons différents, bien entendu) la sec¬ tion de chaque canal, et la section de chaque canal a pro¬ duit son effet ordinaire : celle des canaux horizontaux, des mouvements horizontaux; celle des canaux verticaux an¬ téro-postérieurs, des mouvements verticaux d’avant en ar¬ rière, et celle des canaux verticaux postèro-anlérieurs, des mouvements verticaux d’arrière en avant. « L’indépendance de chaque organe distinct de l'en¬ céphale par rapport au cerveau proprement dit ( lobes ou hémisphères cérébraux) est donc radicale, absolue, com¬ plète et complètement démontrée. « Reste la grande difficulté : l’explication de l’étonnant phénomène qui lie la direction des mouvements à la di¬ rection des canaux semi-circulaires. « Chacun de nous a, par rapport à soi, quatre mou¬ vements principaux : de droite à gauche, de gauche à droite, d’avant en arrière, d’arrière en avant; et, ce qui est bien digne de remarque, c’est que chacun de ces 180 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Avril \8()i .) mouvements correspond à la direction de chacun des ca¬ naux semi-circulaires. « Je donnerai à cet étonnant phénomène, dans un prochain mémoire, une explication ou qui sera la vraie, ou qui, du moins, en approchera beaucoup, je l’espère. » M. Flourens fait hommage à l’Académie d’un ouvrage qu’il vient de publier sous ce titre : Ontologie naturelle ou Etude philosophique des êtres. M. Liais présente un travail intitulé sur le Vol des Oi¬ seaux, sur la Quantité de travail qu’ils ont d produire dans l'opération du vol, et sur un Appareil pour vérifier les déduc¬ tions de la théorie relativement à la résistance de l’air. M. Àiph. Milne-Edwards présente une Monographie des Portuniens fossiles. « Jusqu’ici la famille des Portuniens ne comptait que peu de représentants fossiles. En 18*24, Desmafest en fît connaître trois espèces. En 1842, Alcide d’Orbigny, dans la paléontologie de son Voyage en Amérique, signala, sans le décrire, un autre Portunien. Enfin, en 1859, M. Th. Bell publia la description d’un nouveau Crustacé de ce groupe. « A ces cinq espèces connues j’ai pu en ajouter dix nouvelles, et, en outre, j’ai dû reprendre complètement l’étude de celles que l’on avait décrites, car le genre Por- tunus, tel qu’il avait été délimité par Fabricius et adopté par Desmarest, est maintenant devenu une famille subdi¬ visée en dix-huit genres. « Ainsi l’espèce que Desmarest a lait connaître sous le nom de Portunus leucodon doit rentrer dans le genre Scijlla de de Haan, et, de plus, par une étude rigoureuse de ce fossile comparé aux Crabes vivants, j’ai pu me con¬ vaincre qu’il ne devait pas, comme l’avaient cru d’abord Desmarest et, plus tard, M. Reuss, former une division spécifique particulière, mais qu’il présentait une identité parfaite avec la Scylla serrata (Forskal), qui, aujourd’hui, habite les mers de l’Inde et d’Asie, sur les iivages des- SOCIÉTÉS SAVANTES. 181 quelles se trouvent les individus fossilisés, dans un dépôt qui doit probablement s’étre formé à l’époque quater¬ naire. « Une autre espèce du même genre se rencontre dans les faluns miocènes de l’Anjou; je l’ai désignée sous le nom de Scylla Michelini. « Le genre Neptunus , très-abondant dans les mers ac¬ tuelles et que l’on n’avait pas encore signalé à l’état fos¬ sile, m’a fourni six espèces : quatre sont propres au terrain nummulitique, ce sont les Neptunus arcualus et incertus, trouvés à Salcedo et au Monte-Bolca, dans le'Vicentin, et les Neptunus Larteti et Vicentinus, également originaires du Véronais et du Vicentin. « Une autre espèce du même genre se rencontre dans les argiles bleues miocènes des environs de Montpellier ; je lui ai donné le nom de Neptunus monspelliensis. (( Enfin la sixième est propre aux terrains tertiaires su¬ périeurs ou pliocènes; elle a été trouvée en Sardaigne, dans les marnes subapennines, où elle est assez abon¬ dante. C’est le Neptunus (jrnnula tus. a Les couches nummuliliques de Salcedo, dans le Vi¬ centin, m’ont fourni une espèce du genre Achelous , Y A. oblusus. « Dans le même terrain, au Monte-Bolca, se rencontre une autre espèce très-remarquable et n’ayant pas d’ana¬ logue parmi les Portuniens de notre faune actuelle : j’ai cru devoir en former un genre nouveau, caractérisé par le développement énorme des cornes latérales de la cara¬ pace et le nombre des dents qui garnissent les bords la- téro-antérieurs de ce bouclier céphalo-thoracique; je l’ai désigné sous le nom d’ Enoplunolus annatus. « Le groupe des Thalamiliens se trouve aussi repré¬ senté dans le terrain nummulitique de Salcedo par le Goniosoma anliqua. « Enfin , ne pouvant faire rentrer dans aucun des genres actuellement connus le petit Portunien des sables 182 rev. et mag. de zooeogie. (Avril 1801 .) tertiaires supérieurs au calcaire grossier et décrit par Desmarest sous le nom de Portunus Hericarti, j’ai dû le prendre pour type d’une nouvelle division générique voi¬ sine des Platyonyques, mais s’en distinguant par l’existence des cornes épibranchiales qui arment latéralement la ca¬ rapace, et par d’autres caractères importants. J’ai donné à ce genre le nom de Psammocarcinus, qui rappelle à la fois et ses affinités zoologiques et la nature de la couche dans laquelle il se trouve. « Le Portunus Peruvianus d’Alcide d'Orbigny , que M. Mac-Coy avait rangé dans son genre Podopilumnus. doit se placer, au contraire, dans le genre C arc inus, à côté du C. Mœnas , actuellement vivant sur nos côtes, et qui, jusqu’ici, était le seul représentant de ce petit groupe. « Enfin la Reussia Buchii du terrain crétacé de Bohême, que jM. Reuss regardait comme faisant partie de la fa¬ mille des Portuniens, me semble s’en éloigner par un grand nombre de caractères importants, et doit être con¬ sidérée comme un Cancérien. a On voit donc que tous les Portuniens fossiles aujour¬ d’hui connus sont propres soit au terrain quaternaire, soit aux terrains tertiaires. On n’en a pas encore signalé dans des assises plus anciennes. De plus, les genres de cette famille, qui étaient assez abondants dans les mers tertiaires qui couvraient l’emplacement actuel de la France et des pays voisins, sont maintenant très-rares sur nos côtes et abondent, au contraire, dans la zone tor¬ ride. » M. le secrétaire perpétuel met sous les yeux de l’Aca¬ démie les ossements fossiles envoyés du Chili par M. Do- meyko, et annoncés dans la lettre de ce géologue com¬ muniquée le 11 février dernier ( Compte rendu n° G, p. 460). Ces ossements, provenant, ainsi qu’il a été dit, du bassin de l’ancien lac de Taguatagua, appartiennent à un Pachyderme, et, à la manière dont ils étaient rapprochés, SOCIÉTÉS SAVANTES. 183 il y a quelque raison de penser qu’ils pourraient avoir fait partie d’un seul squelette. Séance du 15 avril. — M. A. Gaudry continue la lecture de son travail intitulé Résultats des fouilles exécutées en Grèce sous les auspices de V Académie. L’examen des carnassiers de Pikermi a conduit l’auteur aux conclusions suivantes : 1° tous ces animaux différent des espèces aujourd’hui vivantes; 2° quelques-uns d’entre eux comblent des lacunes zoologiques en établissant des liens entre des genres qui sont bien distincts dans la na¬ ture actuelle; 3° ils étaient moins puissants que de nos jours, comparativement aux grands Herbivores. L’auteur présente d’abord les restes fossiles d’un nou¬ veau genre voisin des Moufettes, qu’il propose de nommer Promephites Lartetii D’autres ossements appartiennent au Thalassictis Orbignyi , aux ffyœna Chœretis et grœca, au Mustela Pentelici et à trois espèces de F élis. MM. Bérigny, Leduc , Douve , Maurice et Liebaut , qui avaient présenté, dans la précédente séance, un Mémoire sur un monstre double autositaire, né à Versailles le 21 mars dernier, adressent aujourd’hui, comme complé¬ ment à ce travail, l’autopsie du double sujet, un moulage en plâtre du corps entier et de quelques-unes de ses par¬ ties. M. Plagniol soumet au jugement de l’Académie une Note sur quelques expériences relatives à l’asphyxie des chrysalides des Vers à soie et leur application à l’étouffage des cocons. M. Jules Cloquet communique l’extrait d’une lettre de M. de la Gironnière, sur les heureux F/fels de l'action des alcooliques portée jusqu à l’ivresse dans le cas de morsure par certains Serpents. Séance du 22 avril. — M. de Quatrefages met sous les yeux de l’Académie deux bruyères chargées de très-beaux cocons obtenus par M. de Monval dans V établissement d’édu- 184 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Avril 1861.) cations précoces d’Avignon; il fait ressortir les avantages que présentent les établissements de cette nature. M. Jules Cloquct lit un Rapport sur un Mémoire de M. Bourgarel intitulé des Races de l'Océanie française et de celles de la Nouvelle-Calédonie en particulier. Après avoir donné de curieux détails sur cet intéres¬ sant travail, M. le rapporteur arrive à ces conclusions : a Tels sont, messieurs, les faits les plus remarquables contenus dans l’intéressant Mémoire dont vous nous avez chargé de vous rendre compte. « L’auteur a eu le grand mérite d’utiliser les rares loi¬ sirs que lui laissait un service pénible pour rassembler des documents importants sur un pays encore très-peu connu, mais que nous avons un grand intérêt à connaître depuis qu’une colonie y est fondée. « Il a accompli ce travail avec talent, a discuté avec sa¬ gacité le j matériaux qu’il avait amassés, et indiqué avec la plus grande bonne foi ce que l’on devait regarder comme certain, ce qui était douteux, ce qui lui était in¬ connu, qualité trop rare et d’un très-bon exemple. « Il est arrivé à mettre hors de doute ce fait nouveau et d’une grande importance, l’immigration incessante des îles diverses de la Polynésie dans la Nouvelle-Calédonie, immigration qui a pour effet de remplacer graduellement la race indigène par une race supérieure. « Nous pensons donc que l’auteur mérite d’être encou¬ ragé, et nous avons l’honneur de proposer à l’Académie de remercier M. Adolphe Bourgarel de son intéressante communication, de l’engager à persévérer dans la voie où il est entré, de déposer honorablement son Mémoire dans vos archives, et d’adresser une copie du présent Rapport à S. Exc. M. le ministre de la marine. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. M. A. Gaudry continue l’énumération des résultats des fouilles de Pikermi. Ce fragment est entièrement consacré au Camelopardalis allica, espèce nouvelle. SOCIÉTÉS SAVANTES. 185 Séance du 29 avril. — M. A. Milne-Edwards présente un travail ayant pour titre Monographie des Thalassiniens fossiles. Voici l’analyse qu’en a donnée l’auteur. « L’étude paléontologique de la famille des Thalas¬ siniens laissait beaucoup à désirer. Le nombre des es¬ pèces connues était peu considérable , et, de plus, on y avait rangé plusieurs genres qui devaient se rapporter à d’autres groupes J’ai cru devoir reprendre d’une manière complète cette étude, en me basant sur l’examen compa¬ ratif des espèces vivant aujourd’hui dans nos mers. « On avait rapporté au genre Callianassa des pinces de Crustacés propres au terrain crétacé supérieur de Maestricht, et décrits par Desmarest sous le nom de Pa- gurus Faujasi; mais, pour cette détermination, on s’était surtout appuyé sur l’aspect général du membre et sur les rapports de ses différents articles; comme on ne pou¬ vait jamais examiner le corps de ces animaux , les carac¬ tères n’avaient pas la précision nécessaire à une détermi¬ nation rigoureuse. Par l’examen des espèces actuelles, j’ai pu trouver dans la pince isolée des particularités de structure extrêmement remarquables et propres au genre Callianasse. La paroi interne du bras et du trochanter de la patte antérieure est formée par une pièce complémen¬ taire non soudée à la paroi externe; tandis que, chez les autres Crustacés, ces deux pièces ne sont pas distinctes, et le squelette tégumentaire de ces articles n’est formé que par un cylindre complet. Dans quelques genres voisins des Callianasses , on trouve encore les rudiments de ces sortes d’opercules, mais ils ne sont jamais distincts du reste de l’article. « En m’appuyant sur ce caractère et sur d’autres par¬ ticularités de structure qu’il serait trop long d’énumérer ici, j’ai pu ajouter dix espèces nouvelles aux deux espèces de Callianasse du terrain crétacé que l’on connaissait déjà. L’une, la C. cenomaniensis , se rencontre dans les couches des grès verts du Maine, où elle est assez abondante ; une 186 rev. et mag. de zoologie. ( Avril 1861.) autre, la C. Archiaci, a vécu en grand nombre pendant toute la période où se sont formées les puissantes assises de la craie marneuse. Elles peuvent, par leur constance, servir à caractériser cette époque. La Callianassa prisai et la C. affinis ont été trouvées dans le calcaire grossier du bassin parisien ; la C. Heberti et la C. macrodactijla sont, jusqu'à présent, propres aux sables moyens ou sa¬ bles de Beauchamp; elles s’y trouvent répandues à profu¬ sion et peuvent compter parmi les fossiles caractéristiques de cette couche. Deux espèces ont été trouvées dans les assises miocènes de la colline de Turin, ce sont les C. Mi- chelotti et Sismondai; le terrain tertiaire supérieur des environs de Montpellier m’en a fourni une espèce, la C. Desmaresliana ; enfin dans les dépôts probablement quaternaires qui se voient sur les rivages des mers d’Asie, et particulièrement de Chine et des îles Philippines, dé¬ pôts remarquables par l’abondance des Crustacés que l’on y rencontre associés à des Coquilles vivantes, il existe aussi une espèce de Callianasse, C. orientalis. « L’étude des autres genres de la famille des Thalassi- niens ne m’a fourni aucune espèce nouvelle; mais j’ai dû détacher de ce groupe beaucoup de celles que l’on avait considérées comme devant appartenir à la division qui nous occupe. Ainsi j’ai pu me convaincre qu’un fragment de Crustacé que Robineau-Desvoidy avait décrit comme étant une pince, et qu’il avait rapporté au genre Thnlassina, sous le nom de T. grandidaclylus, n’était autre chose qu’un tronçon de l’antenne d’un Àstacus; que, des trois espèces de Gébies du même auteur, aucune ne pouvait être conservée, et enfin que son Axia cylindrica devait entrer dans un groupe zoologique. » MAI. Philipeaux et Vulpian présentent une Note sur la Régénération des nerfs transplantés. Al. Terre.il adresse des Observations sur les générations dites spontanées. Al. de Castelnau adresse des Observations sur une pluie SOCIÉTÉS SAVANTES. 187 de Poissons qui a en lieu à Singapore pendant un tremble¬ ment de terre. Société impériale et centrale d’agriculture de France. Séance du 2 i avril 18G1. — M. Guérin- Méneville lit la Note suivante : J’ai déjà eu plusieurs fois l’honneur d’entretenir la Société des tentatives qui ont été faites pour introduire et acclimater le Ver à soie du chêne, nouvelle espèce que j’ai fait connaître depuis assez longtemps, en lui donnant le nom de Bombyx Pernyi, pour rappeler que c’est au zèle et au dévouement de Mgr. Perny, évêque de la grande et centrale province chinoise du Qui-Tcheou, que l’on doit l’initiative des premiers envois de cocons vivants de cette espèce. Jusqu’à présent les efforts de ce vénérable missionnaire, comme ceux de plusieurs autres, parmi lesquels on doit surtout citer les PP. Bertrand, Verroles, Furet, etc., sont demeurés infructueux, et les cocons qu’ils ont envoyés en France, à plusieurs reprises, sont arrivés éclos ou morts, ou bien n’ont donné que des sujets maladifs, incapables de se reproduire. Aujourd'hui une nouvelle tentative semble donner plus d’espoir de réussir; car, grâce à la rapidité avec laquelle les navires à vapeur font la traversée de l’extrême Orient en Europe, des œufs d’une espèce du Japon qui semble très analogue au Bombyx Pernyi du nord de la Chine ont pu arriver vivants à Paris, où ils sont éclos au com¬ mencement d’avril. Ces œufs, envoyés à la Société impériale zoologique d’acclimatation, ont été placés, par les soins de M. Geof- froy-Saint-Hilaire , dans la ménagerie des Reptiles du muséum, où l’on entretient constamment, pour les Rep¬ tiles, une température de 20 à 25 degrés centigrades. Quelques-uns (huit ou dix) ont été conservés chez moi, 188 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Avril 1861.) dans une pièce sans feu, où la température n’a jamais at¬ teint plus de 10 à 12 degrés. J’espérais ainsi retarder un peu leur éclosion, pour attendre que les chênes fussent en végétation; mais, chose fâcheuse et très-singulière, les œufs conservés dans la ménagerie des Reptiles et ceux qui étaient chez moi sont éclos à la même époque. Il est évident que leur incubation s’est faite pendant le voyage, car je m’étais assuré, en ouvrant un de ces œufs, qu’ils contenaient déjà le jeune Ver tout formé quand ils sont arrivés à Paris, et c’est cette connaissance qui m’a en¬ gagé à ne pas placer dans un lieu trop froid les quelques œufs que j’avais gardés pour mes observations, car une température trop basse aurait tué ces embryons. C’est le 2 avril que j’ai vu éclore quatre des œufs qui étaient chez moi, et c’est à la même époque aussi que ceux de la ménagerie des Reptiles ont commencé à donner leurs Chenilles. Beaucoup d’espèces de végétaux ont été offertes à ces jeunes Vers, mais ils n’y ont pas touché et mou¬ raient de faim au bout de trois ou quatre jours. Ils ont re¬ fusé la laitue, la scorsonère, le chardon à foulon, l’orme, le rosier, etc., etc. Malheureusement les chênes ne mon¬ traient pas encore le moindre signe extérieur de végéta¬ tion. Cependant, à force de recherches, on est parvenu à trouver, dans les serres du muséum, un sujet de Quercus d’une espèce étrangère et rare qui avait déjà quelques bourgeons; on a offert ces feuilles naissantes aux jeunes Vers survivants, et ils les ont de suite mangées, ce qui a donné le temps d’attendre des rameaux plus avancés, qui ont été envoyés de Toulon par MM. Aguillon, Turrel et Margollé, membres de la Société impériale zoologique d’acclimatation. Grâce à cet envoi de rameaux de chênes, les Vers éclos tardivement de ces œufs japonais prospèrent jusqu’à présent. Si toutes les phases île leur vie de larves se pas¬ sent sans accident; s’ils parviennent à donner des co¬ cons, on pourra espérer l'introduction de cette espèce et SOCIÉTÉS SAVANTES. 189 tenter ensuite son acclimatation et, par suite, son éduca¬ tion en plein air et en grande culture. Il est possible que ce Ver japonais soit le même que celui dont les Chinois font l’éducation sur le chêne; mais il se pourrait aussi qu’il appartînt à une autre espèce voi¬ sine. Déjà les œufs et la jeune Chenille m’ontsemblé différer un peu de ceux des Bombyx Pernyi et mylitta, mais il est impossible de se prononcer à cet égard dans ce moment. Ce n’est qu’après avoir pu comparer les Vers à soie de Chine qui vivent sur le chêne et ceux qui nous arrivent du Japon, étudiés sous leurs divers états jusqu’à celui de Papillon, que je pourrai savoir s’il y a là une espèce par¬ ticulière au Japon, ou si le Ver à soie du chêne des Chi¬ nois se trouve dans les deux pays. J’ai l’honneur de faire passer sous les yeux de mes ho¬ norables confrères des échantillons des deux espèces de Vers à soie que l’on nourrit avec les feuilles du chêne; des cocons de ces Vers et des fils et tissus fabriqués, en Chine et en France, avec ces fils. On remarquera que les cocons de ces deux espèces ( Bombyx Pernyi et mylitta ) sont entièrement fermés, comme ceux du Ver à soie du mûrier, ce qui permet de les dévider en soie grége, tandis que les cocons naturellement ouverts, comme ceux des diverses espèces plus ou moins en voie d’acclimatation ou déjà acclimatées, telles que les Bombyx aurota, ce - cropia , hesperus , Tarquinius , arrindia et cynthia ou de l’ailante, ne peuvent encore donner qu’une matière textile cardée que l’on file comme la laine et le coton. II y a déjà assez longtemps, j’ai montré, dans mes cours de la magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle et dans des leçons que j’ai faites au collège de France, dans la chaire de M. Duvernoy, que les chrysalides des espèces à cocon fermé offrent, à la partie antérieure, un réservoir rempli d’un liquide destiné à ramollir le cocon et à permettre au Papillon de s’ouvrir un passage. Dans les espèces à cocon naturellement ouvert, ce moyen chimique d’ouvrir le 190 rev. et mar. de zoologie. ( Avril 1861.) cocon étant inutile, on ne voit aucune trace du réservoir en question. Cette découverte permet de reconnaître avec certitude, et par l’examen seul des chrysalides, si elles ap¬ partiennent à des espèces qui filent des cocons fermés et dévidables par les procédés industriels employés jusqu’à ce jour, ou à des espèces construisant des cocons ouverts, que l’on ne peut que carder, et qu’il ne sera possible de dévider industriellement qu’après avoir cherché des pro¬ cédés nouveaux pour arriver à ce résultat. Du reste, toutes ces questions pourront être élucidées dans» un avenir prochain, car une Société séricicole se fonde dans ce but et surtout pour propager la culture de l’ailante et de son Ver à soie, dont l’acclimatation en France est aujourd’hui un fait accompli. Cette Société se rattachera à une association que va fonder un négociant de Paris, M. André Marchand (rue des Petites- Écuries, 50). Frappé de cette question, adressée par les nombreux pro¬ priétaires qui font des plantations d’ailante : «. Quand « nous aurons élevé bien des Vers à soie de l’ailante et « récolté bien des cocons, que ferons-nous de ce pro- « duit? qui l’achètera? où en sera le débouché? » M. Marchand s’est décidé à créer ce débouché en fondant une compagnie qui aura pour but principal 1° La culture de l’ailante et des autres végétaux pro¬ pres à la nourriture des Vers à soie; 2° L’éducation du Ver cynthia et des autres espèces pro¬ pres à donner des produits utiles; 3° L’achat, la vente et le filage des cocons produits par ces Vers. Les fondateurs de celte association ont bien voulu me demander mon concours, non à litre d’administrateur ni de membre de la compagnie, mais comme directeur des éducations, et ils ont immédiatement pris des mesures pour faire planter le terrain que S. M. l’Empereur vient de me faire concéder sur la ferme impériale de Vincennes, grâce à la bienveillante initiative de l’illustre et savant SOCIÉTÉS SAVANTES. 191 maréchal Vaillant, qui n’a jamais négligé une occasion de venir généreusement en aide aux hommes dévoués aux progrès de l’agriculture. On va faire construire là un ate¬ lier modèle et central d’expérimentation; établissement dans lequel je ferai un enseignement théorique et pratique destiné à initier les agriculteurs aux meilleures méthodes de culture de l’ailante et d’éducation en plein air de son Ver à soie. Si le Ver à soie du chêne ou quelques autres espèces étaient introduits et acclimatés, la nouvelle Société sé- ricicole et son établissement central de la ferme impé¬ riale de Vincennes, véritable haras de Vers à soie, s’oc¬ cuperaient également de leur propagation. Au moment de mettre sous presse, et à la suite de l’exa¬ men attentif d’un jeune Ver sauvage du Japon, comparé à des dessins très-exacts que j’ai faits, depuis quelques années, des divers âges du Ver à soie Tussah [B. mylitta ), je puis affirmer que le Ver à soie japonais forme une autre espèce du môme groupe, et, si ce n’est pas le Ver chinois du chêne que l’on élève jusqu’en Mantchourie [B. Pernyi, Guér.-Mén.), ce qui n’est guère probable, il doit former une espèce nouvelle à laquelle je donnerai le nom qu’il porte au Japon. Bombyx yama-maï , Guér.-Mén. — Premier état. — Chenille, au sortir de l’œuf, jaune, rayée longitudinale¬ ment de noir; tête et premier segment thoracique d’un brun roussàtre, sans tache. Les deux tubercules dorsaux du troisième segment, les mêmes de l’avant-dernier et tous les tubercules latéraux inférieurs d’un noir vif; ex¬ trémité postérieure du dernier segment et ses pattes mem¬ braneuses tachées de brun noirâtre. — Au sortir de la première mue, corps d’un vert tendre, plus pâle en des¬ sous, avec tous les tubercules jaunes, la tête et l'extré¬ mité anale brunes. — Au sortir de la seconde mue, mêmes couleurs, niais les tubercules de la ligne latérale et infé¬ rieure sont d'un beau bleu. 192 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( Avril 18G1.) Cette chenille diffère notablement, sous ces trois livrées, de celle du Bombyx mylitla, et il est évident qu’elle ap¬ partient bien à une autre espèce. — Habitat : le Japon, où cette espèce est connue sous le nom de Yama-maï ou Ver à soie sauvage. III ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. Monographie des Élatéridés, par M. E. Candèze — t. III, Liège. Nous avons déjà annoncé les deux premiers volumes de cet important ouvrage, que l’auteur poursuit avec une persévérance et un zèle dignes des plus grands éloges. Le troisième volume continue la série; il se compose de 512 pages et de 5 planches très-chargées de figures et de détails caractéristiques d’une exécution parfaite. G. M. TABLE DES MATIÈRES. Payes. Émile Cornalia. — Sur la deutition de YHerpelon Icntacu- lalum. 145 A. Chevroeat. — Coléoptères nouveaux d’Algérie. 147 H. de Saussure. — Orthoptera nova americana. 1 56 de Sinety. — Notes pour servir à la faune du département de Seine-et-Marne, ou liste méthodique des Aui- maux vivant à l’état sauvage qui s’y rencon¬ trent soit constamment, soit périodiquement ou accidentellement. Orthoptères. 164 Napoléon Doumet. — Description de Lépidoptères nouveaux. 171 Académie des sciences . 1 78 Société impériale et centrale d’agriculture de France. i S 7 Analyses. 192 PARIS.— IMP. DE Mmc V° BOUCH ARD-lIUZARD, RUE DE L EPERON, 5.— 1861. REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE RECUEIL MENSUEL DESTINÉ A FACILITER AUX SAVANTS DE TOUS LES PAYS LES MOYENS DI* PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DK ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE A L’INDUSTRIE ET A L’AGRICULTURE, LEURS TRAVAUX DF PALÉONTOLOGIE, D’ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE COMPARÉES , ET A LES TENIR AU COURANT DES NOUVELLES DÉCOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA 8CIENCK; M. F. E. GUÉRIN-MÉNEV1LLE Membre de la Légion d’honneur, de l’ordre brésilien de la Rose , de la Société impériale et centrale d’Agriculture , des Académies royales des Sciences de Madrid et de Turin, de l’Académie royale d'Agriculture de Turin, rie la Société impériale des naturalistes de Moscou , d’uu grand nombre d’autres Sociétés nationales et étrangères , Secrétaire du Conseil de la Société impériale zoologique d* Acclimatation , etc., etc. PARIS, A1J BUREAU DE LA REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE, RUE DES BEAUX-ARTS, 4. IfiiftXIfi . : or ii:*} v il i ' /, ' \ >.-i y i- *n . . ■‘v;'s'VM.)oÿjAf, j .\ -S * •: ■ ■ • ••:■■..••■ ’ . ■ « .i c, •:* W.f.t.rwo/ * „ féia a1 iy/J, ï H 'Il 1 V »; ii ù'fÀjt-t'i tctn ,'î*f VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — MAI 1861. I. TRAVAUX INÉDITS. Note sur les stations, en France, du Putorius lutreola , par M. Pucheran. Quoique constatée, depuis environ trente ans, dans les départements de la Vienne et des Deux-Sèvres, l’existence du Putorius lutreola en France ne paraît pas encore être admise, d’une manière définitive, dans les Traités deMam- malogie les plus récemment publiés. Ainsi M. Schinz, dans son Synopsis mammalium, réunissant, sous la dénomina¬ tion commune de Mustela lutreola, le type des Etats-Unis et celui Su nord de l’Europe, dit seulement que cette es¬ pèce habite l’Amérique septentrionale et l’Europe septen¬ trionale jusqu’aux monts Ourals (1). M. Giebel, à son tour, ne considérant pas non plus le Putorius lutreola comme différent du Vison des États-Unis, donne au Norek, comme limites d’habitat, la chaîne de l’Oural, à l’Est, et au Sud, la Silésie et la Gallicie (2). Ce silence de deux Zoologistes étrangers sur cette ques¬ tion de l’extension de cette espèce dans l’ouest de l’Eu¬ rope ne doit pas, au reste, nous étonner, car les faits les plus intéressants des faunes locales de nos départements de France sont à peu près inconnus aux Zoologistes fran¬ çais eux-mêmes, sans en excopter M. Pucheran. C’est un aveu d’ignorance qui, nous devons le dire, nous coûte fort peu, d’autant plus que, depuis une dizaine d’années, nous avons fait tous nos efforts pour obtenir, de ceux de nos confrères qui séjournent en province, des détails plus (1) Syslemalisches verzeichnis aller bis jezt bekannten Sauge- thiere, etc., vol. 1, p. 347. (2) Die Saugetliiere, p. 784. 2“ séma. t. mii. Année 1801. 13 194 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Mai 1861.) complets que ceux dont la science est en possession sur la zone d habitat de beaucoup de Mammifères indigènes. Le Carnassier auquel est consacrée cette note attira, l’un des premiers, notre attention , et il la méritait à tous égards, son habitat paraissant borné, jusqu’alors, en France, à deux de nos départements de l’ouest, et n’étant pas constaté, pas plus qu’il ne l’est maintenant, en An¬ gleterre, en Belgique, en Hollande et dans les terres alle¬ mandes des bords du Rhin (1). A l’époque où cette question commença à nous occuper, nous rédigions la livraison du Catalogue de la Collection des Mammifères du Musée de Paris, relative aux Carnas¬ siers, et nous étions fort contrarié de n’avoir à indiquer, comme lieux de séjour du Putorius lutreola, en France, que le Poitou et la partie de la Saintonge qui l’avoisine. Ce der¬ nier renseignement était du à M. Lesson, qui, dans le Ca¬ talogue d’une Faune du Département de la Charente-Infé¬ rieure, inséré dans les Actes de la Société Linnéenne de Bor¬ deaux (2), nous apprend que le Putorius lutreola est assez commun dans les grands bois de Schizé et de la lisière qui sé¬ pare la Saintonge et le Poitou. Aussi, demandâmes-nous à deux Zoologistes, auxquels leur séjour habituel dans les Départements de la Vienne et de la Vendée pouvait permettre de nous renseigner, si le Putorius lutreola habitait ce dernier département; nous désirions, surtout, savoir si cette espèce étend son habitat sur la rive droite de la Loire. Nous n’avons, à ce sujet, pu obtenir, par cette double voie, la plus minime indication; un résultat plutôt négatif nous fut même donné pourla seconde de ces questions. Nous avons, plus tard, en ce qui concerne cette dernière, été plus favorisé par les circonstances. Ainsi, il y a quelques (1) Voyez, pour les lieux de séjour du Putorius lutreola en Alle¬ magne, le dernier ouvrage de M. Blasius, Fauna der Wilbclthiete Deutschlands, etc., Erster Band, Saugetliiere , p. ‘235. (1) T. XII, p. 8. - 1841-43. TRAVAUX INÉDITS. 195 années, un de nos préparateurs du Muséum, M. Édmond Perrot, qui, depuis, a constamment cherché à nous donner, à ce sujet, les notions qu’il pouvait se procurer, nous montra un Putorius lutreola acheté sur le marché de Paris, et provenant des environs du Mans. Plus récemment (décembre 18G0), un honorable propriétaire de Morée- Tréteval (département de Loir-et-Cher), M. Chartier, a envoyé à la Ménagerie du Muséum un individu de cette espèce qui, malheureusement, n’a vécu que quelques semaines. Dans sa lettre d’envoi à M. le Directeur, M. Chartier annonçait que ce Carnassier se nourrit de Grenouilles et de Poissons. Nous avons appris, plus tard, ayant reçu, de notre côté, quelques indications, que ce Putois habitait également le Département de l’Orne, dont la partie la plus méridionale donne naissance à la Mayenne et à la Sarthe, les deux rivières qui, par leur réunion, forment le Maine, un des affluents de la Loire, sur sa rive droite. La localité du Département de Loir-et-Cher, que nous avons citée plus haut, est située dans la vallée du Loir, un des cours d’eau tributaires de la Sarthe. Il ré¬ sulte évidemment, de tous ces faits, que le Putorius lu- Ireola ne séjourne pas seulement en Poitou, et qu’il étend son habitat plus au nord, près des sources des affluents de la Loire. Nous avons appris, plus tard, que cette espèce se trouve également dans des localités situées plus à l’ouest. Ainsi sa présence a été constatée dans les environs de Nantes, et sur les deux rives de la Loire. Nous devons ce rensei¬ gnement à un de nos jeunes Zoologistes, M. A. de l’Ile du Dréneuf, qui s’occupe activement de l’histoire naturelle de la Bretagne, et dont les efforts et le zèle ont été récom¬ pensés par la découverte d’une Musaraigne, qu’il regarde comme ne différant pas spécifiquement du Sorex pyg- micus. Cet Observateur nous a indiqué, en outre, les en¬ virons de Bennes comme lieux de séjour du Norek. Nous voilà, dès lors, dans un bassin tout ù fait différent de 196 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mai 1861.) celui de la Loire, dans un Département dont les principaux cours d’eau se jettent dans l’Atlantique (la Vilaine) et dans la Manche (la Rance et le Couesnon). Tous ces détails nous semblent indiquer avec quel esprit de suite nous avons été, de tous côtés, depuis une dizaine d’années, à la recherche des diverses circon¬ stances, presque toutes fortuites, malheureusement, qui pouvaient nous fournir des documents sur les stations dans notre Patrie du Putorius lutreola. Aussi, notre satis¬ faction fut-elle grande, l’an dernier, lorsqu’un de nos plus zélés adeptes de la Zoologie, M. P. Bert, après s’être in¬ formé auprès de nous si le Musée de Paris possédait, dans ses Galeries, le Norek de France, nous dit en avoir vu, à Auxerre, une peau, pendant l’hiver de 1857-58, entre les mains d’un chamoiseur. Le marchand de pelleteries auprès duquel M. Bert prit des informations, pour connaître le lieu de provenance de la dépouille qu’il travaillait, lui ré¬ pondit qu’il l’avait achetée dans les environs de Saint- Sauveur-en-Ppisaye , assurant, en outre, que ce n’était pas la première fois qu’il lui en venait de cette localité. Il a été, malheureusement, impossible, depuis cette époque, à notre jeune confrère, quelles que soient les offres pécu¬ niaires qu’il ait pu faire aux amateurs de récompenses et d’encouragements positifs, de pouvoir s’en procurer un exemplaire. Nous devons ajouter que, de notre côté, ayant eu occasion de nous informer, auprès d’un de nos Conchy- liologistcs les plus distingués, M. Drouet, si le Putorius lu¬ treola se trouvait dans la vallée de l’Aube, il nous a répondu que cette espèce était tout a fait inconnue à M. J. Ray, qui, depuis une vingtaine d’années, s’occupe, ainsi que le sa¬ vent tous les Zoologistes, de la Faune de ce Département. La présence du Putorius lutreola dans le bassin de la Seine ne peut donc encore être admise d’une manière dé¬ finitive, quelque grandes que soient les probabilités en faveur de ce fait. D’après ce que nous apprend, en effet, M. Bert, dans une lettre qu’il a bien voulu nous écrire à TRAVAUX INÉDITS. 197 ce sujet, les bois de Saint-Sauvour-en-Puisaye, lieu d’ori¬ gine de l’exemplaire dont il a vu la peau, occupent la ligne de faîte qui sépare le bassin de la Loire de celui de la Seine : il est, dès lors, fort possible que les individus de ce type puissent se trouver dans l’un et l’autre bassin ; malheureusement, nous n’en connaissons ni dans la vallée de l’Ailier, ni dans celles du Cher et de l’Indre, qui sont, cependant, plus voisines du Poitou. Tels sont les renseignements que nous avons pu nous procurer sur le séjour, en France, du Carnassier auquel est consacrée cette note. De même que le Mus- tela putorius , avec lequel il n’est que trop souvent confondu, il fournit de nombreux échantillons au com¬ merce de la pelleterie ; mais, quelque insuffisants que soient ces détails, il nous a paru nécessaire de les publier, afin d’attirer sur la présence de cette espèce dans l’ouest de l’Europe, non-seulement l’attention des Zoologistes de France, mais encore celle de nos Confrères de Hollande et de Belgique, qui ne paraissent pas l’avoir encore ob¬ servée. Considérations sur les oeufs des oiseaux , par A. Moquin-Tandon. Voir le commencement de ce travail, vol. XI, 1859, p. 414 et 469; vol. XII, 1860, p. 11, 57, 110, 193, 339, et vol. XIII, 1861, p. 3, 97. Chapitre IX. — Des pores des oeufs. A la surface des œufs se trouvent des empreintes fort petites, ponctiformes, le plus souvent microscopiques. Zinnani a bien décrit celles de l’œuf du Paon (1). Ces em¬ preintes sont ordinairement plus marquées et plus appa¬ rentes, plus grandes et plus écartées dans les œufs des grands Oiseaux (Bulde) ; mais il y a beaucoup d'excep¬ tions à cette règle, ainsi qu’on le verra plus loin. (1) Geutilmeute traforato sulla superfizie. Délie Uova, p. 26. 198 REV. ET MAG. I)E ZOOLOGIE. {Mai 18G1.) On les aperçoit très-nettement sur ceux dont la coque est très-épaisse [Pintade)] on les compte encore assez bien dans ceux du Plongeon Imbrin, malgré la couleur très- foncée de la coquille. Chez les Canards, on les observe difficilement; chez YEider, surtout, elles sont d’une exiguïté extrême (2). Sur les œufs les plus brillants des Tinamous, on dis¬ tingue parfaitement les pores; malgré l’éclat métallique qui caractérise la coquille, on les aperçoit à l’œil nu. Zinnani et Klein ont singulièrement exagéré les ponc¬ tuations de la coque dans plusieurs de leurs figures (3). La disposition de ces empreintes est irrégulière; les unes sont écartées, les autres rapprochées; il y en a qui se touchent. La matière colorante s’y accumule quelquefois; par exemple, dans les œufs de la Pintade. Je l’ai déjà fait re¬ marquer. Les empreintes paraissent très-visibles dans les œufs du Nandou, soit parce qu’elles sont un peu colorées, soit parce que la poussière s’y dépose au bout de quelque temps. L'Autruche produit aussi des œufs pourvus de petits pores; mais il faut distinguer, dans ces œufs, deux races, ceux à ponctuations très-apparentes et ceux à coque lisse. Les derniers sont ponctués comme les autres, mais leurs pores sont tellement exigus, qu’il faut une loupe pour les voir. On prétend que les premiers œufs appartiennent aux Autruches du cap et les seconds aux Autruches algé¬ riennes (Bakhouse ; mais j'ai vu des échantillons ponctués et non ponctués envoyés de nos possessions d’Afrique. (2) M. Dumas a fait remarquer, il y a longtemps (1827), que la coque de l’œuf du Canard domestique est moins poreuse que celle de la Poule. (3) Voyez surtout, dans Dette Uova, les fig. 1, 2, 3, 4, 6, 73, 8ô et 89, et, dans Ova Avium , les pl . 1, 6, (ig. 1 ; pl. 7, 11g. 1, 2. TRAVAUX INÉDITS. 199 Un marchand m’a assuré, toutefois, que les seconds étaient les plus nombreux. Sur une surface de 0m,036 carrés il y a, dans les œufs De V Autruche. . . de 8 à 10 pores Du Nandou environ. . 16 Du Tinamou roussdtre. 18 De la Grue . 30 Du Héron cendré. . . 35 De la Pintade. . . . 38 De la Caille . 45 Du Paon . 50 Le nombre des pores n’est donc pas en rapport direct avec le volume de l’œuf, car celui du Nandou en offre moins que celui du Paon. D’un autre côté, il n’est pas en rapport inverse avec ce volume, car l’œuf de la Pintade n’en présente pas plus que celui de ce dernier Oiseau. Il m’a semblé que, en général, les œufs à coque épaisse sont plus poreux que ceux à coque mince. Les pores sont moins nombreux aux extrémités de la coque que sur les côtés; cela paraît assez évident sur les œufs du Nandou et de la Grue. Je crois qu’il s’en trouve un peu moins au gros bout qu’au petit bout; mais je n’ai pas observé un assez grand nombre d’échantillons pour être bien sur de cette diffé¬ rence. Dans le Tinamou dont je viens de parler, et dans plu¬ sieurs autres Oiseaux, les pores sont arrondis ou à peu près arrondis. Dans un grand nombre d’espèces, ils pa¬ raissent plus ou moins anguleux. Ceux du Nandou forment de petites taches allongées, dirigées dans le sens du grand axe de l’œuf. On dirait que, dans certains endroits, les pores sont rapprochés et unis par deux, même par trois. Cette apparence est due, je crois, à la compression éprouvée par l’œuf, dans le sens de son petit diamètre, au moment de la formation de la coquille. 200 ItEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 18G1.) Dans les œufs de la Grue, il existe aussi des pores al¬ longés. Dans ceux des grandes espèces de Mouettes, les pores sont allongés, tantôt droits, tantôt arqués. Chez la Cigogn°, ils sont extrêmement petits, très-nom¬ breux, très-serrés, et produisent, quand on les examine à la loupe, le plus joli effet. On a émis l’opinion que les pores de la coque sont les empreintes restées de la terminaison des vaisseaux que contenait cette dernière. Cette assertion, tout à fait en désaccord avec les idées généralement reçues sur l’organo¬ génie de la coquille, a été rejetée avec raison. J’expli¬ querai la formation des pores en traitant de la constitu¬ tion physique de la coque. Les pores des œufs sont nécessaires à l’incubation ; s’ils n’existaient pas, le développement de l’embryon ne pour rait pas avoir li<üu . Si on enduit un œuf d’un vernis ou d’un corps gras, on obstrue les pores de sa coque et on met obstacle à son incubation (Réaumur). Le germe se développe pendant quelques jours ; mais il succombe dès qu’ilX.consommé 'a petite quantité d’air mêlée avec ses aliments (Dareste). Cependant, chez les Grèbes , l’enduit graisseux qui se dé¬ pose pendant l’incubation n’est pas un obstacle à l’accom¬ plissement de cette dernière. MM. Baudrimont et Martin-Saint-Ange ont constaté que, toutes les fois que l’on vernit un œuf par moitié, si la partie vernie est placée par-dessus, les Poulets meurent ; mais, quand elle est mise en dessous, ils continuent à se développer. D’après M. Dareste, lorsqu’on vernit le gros bout seule¬ ment, le Poulet meurt, à moins que l’allantoïde aille s’ap¬ pliquer sur un autre endroit de la coquille. Chapitre X. De l’épaisseur de la coque. L’épaisseur de la coque se trouve, assez ordinairement, en rapport avec la grosseur de l’œuf. Pourtant il y a des TRAVAUX INÉDITS. 201 genres qui donnent des œufs à coquille très-épaisse, tandis que, chez d’autres, cette tunique paraît toujours mince. Parmi les premiers, il faut compter les Gallinacés, les Oies, les Fous, les Guillemots, les Pingouins, et, parmi les se¬ conds, les Corbeaux, les Pigeons, les Bécasses, les Barges, les Mouettes . Tout le monde sait que l’œuf de la Pin¬ tade présente une coque plus épaisse que celui de la Poule. Voici l’épaisseur de quelques coques : Epiornis . 3m"‘,00(1) Autruche . 2 ,00 (2) Casoar ordinaire, environ. . . 1 ,00 Pintade . 0 ,75 Paon . 0 ,50 Autour . 0 ,35 Poule . 0 ,33 Héron cendré . 0 ,25 Ganga . 0 ,25 Castagneux . 0 ,25 Tourterelle . 0 ,20 Pic vert . 0,18 Fauvette . 0 ,16 Grimpereau . 0 ,14 Troglodyte . 0 ,12 Roitelet . 0 ,10 L’épaisseur de la coque est-elle partout la même? L’ob¬ servation a démontré qu’il y a un peu plus d’épaisseur aux deux extrémités, et que, dans les œufs pourvus d’un gros et d’un petit bout, c’est généralement ce dernier (jui est le plus épais (1). L’état domestique paraît influer sur l’épaisseur de la (1) D’après M. I. Geoffroy-Saint-Itilaire. (2; L’épaisseur de cet œuf permet de le ciseler : ou eu compose aujourd'hui des vases et des coupes très-orués. (1) Ilia cxtrcmilas est durior, Albert Magn., Opéra, t. VI, p. 189. 202 REV. ET MAO. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) coque; celle-ci augmente au bout d’un certain temps, bien entendu , quand le nombre des pontes ou des œufs produits n’est pas très-considérable [Paon, Pintade). Au contraire, la coque s’amincit chez les Oiseaux qui donnent un grand nombre d’œufs, surtout accidentel¬ lement. J’ai cité ailleurs, d’après Mme Guérin-Méneville, un Moineau femelle élevé en domesticité qui avait produit, en 1857, dans la saison de la ponte, jusqu’à cinquante- trois œufs clairs. Cette fécondité avait épuisé les éléments calcaires de l’Oiseau. Plusieurs de ses œufs offrirent une coque très-mince et très-imparfaite. M. Guérin-Méneville étant un jour à déjeuner, la petite pondeuse se précipita sur les débris d’un œuf à la coque que son maître venait de manger et en avala des parcelles avec avidité On lui donna, dès lors, une provision de matière calcaire, et ses œufs ne furent plus incomplets. Lorsque deux œufs se soudent et se confondent, la coque unique qui les protège est plus mince que la coque nor¬ male, les éléments qui devaient servir à un œuf unique étant employés à en recouvrir deux. J’ai un œuf de Poule double, dans ma collection, dont l’enveloppe ne présente que 20/100 de millimètre d’épaisseur au lieu de 33. Toutefois le poids de cette coque est plus grand que celui rie la coque habituelle. 11 y a donc eu une plus grande quantité d’élément calcaire de sécrétée. Je possède deux autres œufs doubles, aussi de Poule, qui ont exactement l’épaisseur de l’œuf normal. Lorsque les œufs deviennent nains , très-souvent la coque augmente d’épaisseur. J’ai vu des œufs de Poule , réduits au volume de ceux des Pigeons, qui avaient 35, 38, 40 et même 45/100 de millimètre d’épaisseur. J’en ai un de la taille d’un œuf de Grive qui offre 0m,0005. J’en possède un autre, pas plus gros qu’un œuf d’ Alouette, qui a plus de 4/5 de millimètre. M. Thienemann fait observer que les œufs à coque TRAVAUX INÉDITS. 20 :i épaisse sont généralement unicolores ou blancs, tandis que ceux à coque mince se montrent plus ou moins ta¬ chetés (2); il pense que les œufs qui marchent lentement dans l’oviducte offrent une coque plus solide que les au¬ tres, et que ceux, au contraire, qui traversent rapidement cet organe doivent être revêtus d’une enveloppe moins chargée d’éléments calcaires. M. Marcel de Serres, de Montpellier, m’a montré, dans le temps, un œuf monstrueux retiré du corps d’une Poule , dont une maladie avait entravé la ponte. La coque de cet œuf a acquis une épaisseur de trois à quatre milli¬ mètres. Cette coque semble formée de plusieurs coques superposées. Je reviendrai sur la structure très-curieuse de cet œuf. Il est un moment, dans la formation de l’œuf, où la coque n’est pas encore produite. Si, par une cause acci¬ dentelle, la sécrétion de la matière calcaire se trouve en¬ rayée, il pourra naître un œuf sans coque. Si, lorsque la coque est commencée , ou lorsqu’elle est à moitié produite, une circonstance quelconque la fend ou la perce, le dépôt subséquent de l’élément calcaire pourra réparer le dégât. Je possède un œuf de Poule qui a été cassé dans l’ovi¬ ducte; on y remarque une grande fente transversale. Cette fente a été soudée. J’ai un autre œuf, également de Poule, qui présente un phénomène encore plus remarquable. Sur un côté se voit un trou de 0"\00G environ de diamètre, presque rond et un peu irrégulier. Des bords de ce trou partent deux petites fentes. Une certaine quantité de matière calcaire a fermé cet orifice et rempli les fentes. On dirait qu’on a placé adroitement dans l’ouverture une pièce rapportée ; mais cette pièce est un peu enfoncée; sa surface extérieure se trouve à 0m, 00025 environ au-dessous du niveau extérieur (1) Les œufs de la Pintade soûl très-èpais et tachetés. 20 V REV. ET MA G. DE ZOOLOGIE. [Mai 1861.) de la coquille. Je dois cet œuf, ainsi que le précédent, à la bonté de M"ie Passy. Chapitre XI. De la transparence de la coque. La coque de certains œufs est un peu transparente. On peut, en les plaçant devant le soleil ou devant une bougie, apercevoir la position du jaune ou de l’embryon, et s’assurer si l’œuf est ou n’est pas couvé; s’il a été fraî¬ chement pondu ou s’il est un peu ancien. Les œufs de la Poule et la plupart des œufs d’une taille peu différente et d’une coque également épaisse présen¬ tent cette transparence. Mais il n’en est plus de même dans ceux des gros Oi¬ seaux. Déjà les œufs du Paon sont à peu près opaques ; ceux des Cygnes, des Casoars, des Autruches ne laissent plus rien distinguer â travers leur enveloppe. Au contraire, chez les petits Oiseaux, la transparence devient de plus en plus grande. Dans les très-petites es¬ pèces, elle permet, habituellement , de reconnaître, jus¬ qu’à un certain point, l’état des parties intérieures, sans qu’on ait besoin de placer l’œuf devant un rayon lumi¬ neux. Elle influe souvent sur la coloration de la coquille. Les œufs des Sylvics et des Mésanges récemment pondus of¬ frent une teinte jaunâtre ou rosée produite par leur vite! lus, dont l’éclat arrive jusqu’à l’œil à travers les corps qui le recouvrent. Aussi , quand ces œufs sont vidés pour les collections, présentent-ils souvent une teinte pâle, moins jaunâtre ou plus blanche qu’avant cette opération. beaucoup d’œufs à coque mince et blanche, qui ont, au moment de la ponte, une teinte incarnadine assez bril¬ lante (1), perdent peu à peu cette nuance au fur et à me¬ sure que l’incubation s’effectue et que l’embryon grossit. L’œuf devient de plus en plus terne; quelquefois même li (1) Polydore Roux ; Ornith . provenç -, 1. 1, pl. 1, tig. *J) a exagéré cette teinte dans l’œuf du Parus pendulinus . Il a représenté cet œuf comme rose . TRAVAUX INÉDITS. 205 adopte une couleur un peu différente de celle qu’il avait dans le principe. M. Bulde fait observer que les œufs des Culs-Blancs, qui sont d’un verdâtre très-pâle quand ils sont frais, et ceux de Y Etourneau, qui sont alors d’un azuré très-clair, de¬ viennent, par l’effet de l’incubation, les premiers d’un verdâtre bleu, et les seconds d’un bleuâtre vert. Cette influence de l’incubation sur la couleur des co¬ ques a été constatée par un grand nombre d’ornitholo¬ gistes. On a été plus loin ; on a cru que, pendant cet acte im¬ portant, non-seulement les teintes générales devenaient plus ou moins ternes et changeaient de caractère, mais encore que les taches augmentaient d'intensité ou de di¬ mension. Manesse, Lapierre et, après eux, MM. Buhle et Berge ont soutenu cette opinion, qui a été repoussée et réfutée victorieusement par M. des Murs. Comme presque toujours, on a cherché à expliquer le fait avant que sa réalité fût constatée. Manesse et Lapierre ont attribué ce prétendu phénomène à l’action immédiate de la chaleur ou de la lumière. Si ces auteurs avaient examiné les choses de plus près, ils auraient vu que les taches des œufs couvés ne sont ni plus foncées ni plus grandes que celles des œufs fraîchement pondus; seulement, dans cer¬ taines circonstances, comme le fait très-bien observer M. des Murs, elles peuvent paraître plus saillantes, c’est- à-dire se mieux détacher du (ond ; mais, d’autres fois, il se produit un résultat exactement contraire. Description de Coléoptères nouveaux d’Algérie, par A. Chevrotât (1). SU. Acalles fuscus. A. variegalo consimilis , biglobosus, punctatus cincreo-fuscus, setisfulvis et crectis tectus; rostre piceo crcberrinac (1) Voir la Rev. et Mag. de zoologie, 1859, p. ‘298 à 304, 380 5 389 ; 1800, p. 75 à 8*2, 128 à 137, 208 à 212, 269, 302, 409, 448, 509; 1801, p. 118. 206 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) puiictato, piano, tboracim basin attingente; antennis ferrugineis ; prolhorace antice posticeque recto, lateribus rotuudato, grosse punctato; ely tris striato-punctatis, fasciis duabus undulatis al- bidis; pedibus fusco-piceis, crebre fortiterque puuctatis. — L.,3 1/3; 1., 1 2/3 m. Bisphérique, d’un cendré fauve, couvert de courtes soies roides, ferrugineuses. Tête arrondie, convexe. Trompe atteignant la base du corselet en dessous, plane, légère¬ ment arquée, chargée d’une ponctuation très-serrée. An¬ tennes ferrugineuses. Prothorax un peu rétréci en avant, droit, couvert de gros points réguliers, également espacés, assez profonds aux extrémités. Elylres ornées de deux bandes blanchâtres flexueuses, et dont la première, partant de la marge au-dessous de l’épaule, remonte vers la ré¬ gion de l’écusson, la deuxième au delà du milieu. Stries profondes, renfermant de gros points qui les dépassent de chaque côté; interstices larges, assez convexes. Pattes épaisses, écailleuses et ponctuées. Des environs d’Alger ; reçu de M. (j. Poupillier, de ses chasses faites au mois de février. 90. Xylotrogus glycyrrhizœ,X.brunneo,Sl. (impresso, Com,), si¬ milis, elongatus, brunneus, punctulatus, leuiter pubesceus, subni- tidus ; capite poslice in collo attenuato, autice transverse couvexo et profumle impresso; labro arcualo, truncato ; antennis fuscis, oculis globosis ; prothorace subquadrato, in lateribus (versus me¬ dium cmarginato ) posticeque reflexo, antice ampliato, planius- culo, attamen versus dorsum convexo, fovea lata brevi impresso ; el y tris punctulalo-striatis, siugulatim tricostatis. — L., 3, 4; I., 1, 1 1/2 m. Pointillé, légèrement puboscent, un peu brillant, al¬ longé, ailé, de couleur brune, plus foncée sur la tête et le prothorax. Tête large, transverse, fortement impression¬ née en avant, atténuée en col étroit en arrière. Labre large, à peine cintré. Antennes d’un brun terne. Yeux glo¬ buleux d’un brun clair. Protliorax en carré long, coupé droit en avant, vu en dessus, à angles abaissés, élargis antérieurement, les côtés échancrés au milieu sont rele¬ vés ainsi que la base ; celle-ci est faiblement arquée en TRAVAUX INÉDITS. 207 dehors; sa surface est plane, convexe vers la région dor¬ sale postérieure ; une large fossette médiane en carré long existe vers le centre, et quelquefois apparaît, en dessous, u n étroit et bref sillon. Ecusson ponctiforme noirâtre. Elytres d’un brun clair, parallèles, régulièrement arron¬ dies au sommet, offrant une élévation qui part de l’é¬ paule et est plus élevée près de la suture, l’espace entre elle et la base est déprimé; cette dernière, au milieu, est cintrée, et relevée, ainsi que la marge, au-dessous de l’épaule; elles sont marquées de séries de points rappro¬ chés, très-petits, et les deux ou trois côtes, dont l’externe est peu distincte, en sont bordées de chaque côté. Faites et corps , en dessous, un peu plus rougeâtres. Cet insecte vit dans les tiges desséchées de la glycyr- rhiza ylabra, Lin. Je l’ai élevé pendant plusieurs années en abondance, à Paris, en déposant de ce bois dans, des bocaux. M. J. Poupillier me l’a envoyé commese trouvant également aux environs d’Alger. Sa larve est blanche, courte, cylindrique et arquée. 91. Harpalus alacris (Laf.), platiiusculus, uiger, nitidus ; auteuna- rum articulo primo palpis, tar^isque ferrugiaeis ; prothorace sub- quadrato, marginibus anguste sulcato et refiexo, foveis duabus latis iutus crebre punctatis; ely tris viridibus, simpliciter striatis, ioterstitiis vit couspicue et vage punctatis. — L., 9 1/2; 1., 4 m. (51 d’un noir brillant. Tête allongée, lisse, marquée d’un faible sillon entre les yeux, sur chaque côté duquel se voit une légère fossette, quelques petits points en avant. Lèvre carrée, munie d’une petite dent sur le devant. Palpes fer¬ rugineux. Antennes d’un brun terne, premier article fer¬ rugineux. Prothorax presque carré, néanmoins un peu élargi et arrondi près des côtés antérieurs, sillonné et faiblement relevé sur les bords; ligne longitudinale étroite, sillon arqué, antérieur peu indiqué ; deux fossettes ba¬ sales larges chargées de points serrés et de quelques rides, points vagues au milieu de la base et en avant. Ecusson noir, subtriangulaire, arrondi par le bas. Elytres d’un beau vert foncé brillant, à peine plus larges que le 208 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Mai 1861.) prothorax, deux l'ois et demie aussi longues, parallèles, si¬ nueuses à l’extrémité et roussâtres sur la bordure, ayant chacune onze stries simples qui se rapprochent sur le som¬ met, la sculellaire courte ; intestirces avec quelques points à peine perceptibles, situés sur le centre. Corps et patlcs d’un noir luisant. Poitrine et abdomen sur le premier seg¬ ment, couverts de gros points. Tarses roux. On trouve cet insecte au printemps, aux environs d’Al¬ ger. Je l’ai reçu de M. G. Poupillier. Il devra avoisiner VH. siculus, dont il ne diffère réelle¬ ment que par sa surface un peu plus plane, et en ce qu’il a les épipleures et les cuisses noirs. N’en serait-ce qu’une variété? 92. Ochtliebius submersus, alatus, elongatus, modiee convcxus, ob- scuro-metallicus, uiger; capite trausversim et angulose sulcalo, tuberculo frontali cupreo extus excavato^ protborace cuprco ni- tente ad latera caualiculato , liuca longitudiuali tenui; eljtris oblongis, obscure æreis aliquando subviolaceis, seriatim sed obso¬ lète punctatis, stria suturali impressa; pedibus gracilibus æueo- nitidis, tibiis larsisque subpiceis. — L., 2; 1., 5/6 m. Ailé, allongé, d’un noir bronzé obscur. Tête longue, amincie en avant, traversée dans son milieu par un sillon anguleux en arrière ; front offrant un tubercule cuivreux avec une impression triangulaire de chaque côté. Protho¬ rax d’un cuivreux doré, présentant une large rainure la¬ térale, qui est étroitement relevée sur son bord interne ; les côtés sont arrondis, abaissés et à peine relevés, la base est finement sillonnée; ligne dorsale peu profonde, n’at¬ teignant pas le sommet. Elytres oblongues, d’un noir bronzé luisant , quelquefois presque violacées ; épaule relevée en bosse lisse et cuivreuse ; des séries de points mal déterminés et effacés, un léger sillon le long de la su¬ ture. Corps, en dessous, d’un noir terne, à pulvérulence cendrée. Pattes grêles, d’un cuivreux luisant ; jambes et tarses vus, à la transparence, de couleur de poix. Cette espèce, qui habite les environs d’Alger, a été TRAVAUX INEDITS. 209 prise, par M. Poupillier dans des flaques d’eau saumâtre, sur des rochers que recouvre souvent la mer. Notes pour servir à la faune du département de Seine-et Marne, ou liste méthodique des animaux vivant à l’état sauvage qui se rencontrent, soit constamment, soit pé¬ riodiquement ou accidentellement, dans ce départe¬ ment, parM. le comte de Sinetv, membre de la Société zoologique d’acclimatation, membre correspondant de la Société académique de l’Aube. INSECTES. Ordre des ORTHOPTÈRES. Famille des Mantides. Genre Mante. 9. Mante religieuse ( Mantis religiosa, Lin.). — La fe¬ melle de cet insecte fort extraordinaire atteint jusqu’à 2 pouces de long; le mâle ne mesure que 1 pouce 1/2. Par son aspect tout méridional, la Mante ne peut être confondue avec aucun autre Orthoptère de nos climats. Elle est aussi commune dans le midi de la France, qui en nourrit plusieurs espèces, qu’elle est rare chez nous. Il y a deux variétés de la Mante religieuse : l’une verte, l’autre brune. Toutes deux paraissent se rencontrer dans les en¬ virons de Fontainebleau, seule partie du département où j’ai pu me procurer cet Animal. Le 30 juillet 1859, on m’en a apporté une femelle en larve; elle avait été prise sur un blé. Notre jardinier, àBonrron, m’assura en avoir pris une pareille, une couple d’années auparavant, dans la cour du château : elle était sur un rosier. Au commen¬ cement d’octobre 1859, on m’apporta une autre femelle à l’état parfait; elle était de la variété verte, comme la larve dont j’ai parlé plus haut, et avait été prise, au milieu de mauvais bois, près de la butte Blanche. On m’a assuré en avoir vu un ou deux individus de la variété brune dans la partie de la forêt appelée les longs rochers. En¬ fin, le 17 septembre 1855, en chassant, dans le départe- 2e si ni k. t. xiii. Aimée 1861. 14 210 REV. ET MAO. DE ZOOLOGIE. [Mai 1861 .) nient du Loiret, à la Mivoie, près de Nogent-sur- Vernis- son, à k lieues au sud de Montargis, j’en avais moi- même pris un individu mâle de la variété brune, arrivé à son état parfait ; il était dans une glandée, près d’un étang et dans un pays fort humide. Ainsi cette Mante est donc parfaitement acquise à notre zone jusqu’à la forêt de Fon¬ tainebleau, qui semble faire de notre côté la limite bo¬ réale. M. Jules Ray, l’auteur de la faune de l’Aube et l’un de mes collègues à la Société académique de ce départe¬ ment, m’a affirmé que la Mante religieuse se trouve dans les environs de Troyes, où elle était tout à fait inconnue il y a une quinzaine d’années, tandis qu’en Provence les habitants appellent la Mante Prega-JJiou (Prie-Dieu), à cause des mouvements qu’elle exécute avec ses pattes. Nos paysans en ont peur et n’osent pas y toucher. Les Mantes cependant, malgré leurs appétits carnassiers, puisqu’elles ne vivent que d’insectes vivants, sont parfaitement inof¬ fensives pour l’homme. Seconde section. — Les Sauteurs. Famille des Grilloniens. Genre Courtilière. 10. Courtilière commune [Grgllotnlpa vulgaris). — Vé¬ ritable fléau pour les jardiniers, la Courtilière est connue de tout le monde; elle aime les terrains très-légers, où elle peut fouiller à son aise et tracer ses petites galeries, semblables à celles de la Taupe. Les sols plus compactes sont à l’abri de ses ravages. Ainsi nous n’en voyons jamais à Misy, même dans les couches, tandis que les environs de Fontainebleau en sont infestés. On essaye de plusieurs moyens pour les détruire; celui qui m’a paru réussir le mieux consiste à répandre quelques gouttes d’huile à l’en¬ trée de la galerie habitée par la Courtilière, puis à verser par-dessus un peu d’eau ; l’eau chasse l’huile dans la ga¬ lerie, et aussitôt l'Insecte paraît à l’orifice de son terrier : l’huile, en effet, en pénétrant dans l’appareil respira¬ toire de la Courtilière, l’étouffe en peu de temps, et c’est TRAVAUX INÉDITS. 211 pour trouver de l’air que, bravant tous les dangers, elle vient se faire tuer à l’entrée de sa demeure. J’en ai vu, par ce moyen , détruire quelquefois un cent en une demi-heure. Le sulfate de fer, que l’on avait donné comme détruisant ou éloignant la Courtilière , n’a nullement réussi dans les expériences que nous en avons faites. Genre Myrmecophile. 11. Myrmecophile sociale ( Myrmecophila acervorum, Latr.). — Cet Animal, long de 2 lignes et d’un brun fer¬ rugineux, n’a ni ailes ni élytres et ressemble, dit-on, pour la forme, à une larve de Blaltaire; on le trouve dans les fourmilières de France et d’Allemagne, assure M. Audinet- Serville, qui rapporte que le professeur Audouin l’a prise à Meudon en 1836. Il est certain que la Myrmecophile doit se rencontrer dans la forêt de Fontainebleau, où les fourmilières abondent, mais elle n’est certainement pas commune, car je ne l’ai jamais trouvée, quoique j’aie suivi les hommes qui fournissent les œufs de Fourmis pour les Faisans du parquet. Genre Grillon. 12. Grillon champêtre, Grxjllus campestris (Latr.). Connu de tous nos paysans sous le nom de Cricri, que lui a valu son chant, ce Grillon est très-commun partout, dans les champs, les gazons, où il fait entendre sa voix pendant la belle saison; l’hiver, il rentre dans les mai¬ sons, et s’établit quelquefois derrière les plaques de che¬ minées. Dans les champs, il se creuse un petit trou, dans lequel il se retire au moindre bruit; on l’eu fait, du reste, sortir assez facilement, en y introduisant une paille ou une herbe. Cet insecte s’apprivoise facilement. Pour faire entendre sa stridulation, il lui suffit de frotter l’une contre l’autre ses élytres, qu’il soulève légèrement. 13. Grillon domestique, Gryllus domesticui (Latr.). Au lieu d’être d’un beau noir luisant, comme son congénère des champs, celui-ci est d’un jaune sale. Il n’habite que 212 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mai 1861.) dans nos maisons, principalement près des fours des bou¬ langers, chez lesquels il se trouve en grande quantité. Genre Nemobie. 14. Nemobie forestier, Nemobius silvestris (Aud.-Serv.). Au lieu devivre isolées, les Nemobies se trouvent toujours en bandes assez nombreuses: on les voit sauter dans les feuilles mortes de tous nos bois, où elles sont également communes en larves au printemps, et à l’état parfait à la fin de l’été. Au premier aspect, les Nemobies sont de petits Grillons ressemblant beaucoup, pour la couleur, au Gryllus campestris, dont elles se distinguent facilement par le petit losange formé de lignes jaunâtres qu’elles portent sur le front, tandis que toute la tête, comme les beaux yeux du Gryllus campestris , sont tout noirs. Famille des Locustaires. Genre Phanèroptère. 15. Phanèroptère en faux, Phaneroptera falcata (Aud.- Serv.). Ce joli insecte, d’un beau vert d’herbe, a un port particulier avec une tête mince, un corps svelte; ses ailes dépassent ses élytres de 3 lignes: elles sont blanches, trans¬ parentes dans la partie recouverte par les élytres, opaques et de la même couleur que ces élytres dans la partie laissée à découvert, de sorte qu’elles se confondent avec elles. J’ai trouvé les Phanéroptères en grande quantité dans toutes nos vignes, à Misy, au milieu d’août 1859, et j’ai pu constater que ces élégants Orthoptères ne volent ja¬ mais loin, même lorsqu’ils sont favorisés par le vent. L’apparition des Phanéroptères n’a pas lieu pendant longtemps ; comme on n’en voit pas chez nous tous les ans, on est porté à croire qu’ils ne se multiplient que dans les années les plus chaudes, ce qui paraît d’autant plus probable que, comme les Mantes, les Phanéroptères vi¬ vent dans le midi de l’Europe et dans les pays chauds. Genre Ephippigère. 16. Ephippigère des vignes, Ephippiger vitiurn (Aud.- Serv.). 11 est impossible à confondre avec d’autres insectes TRAVAUX INÉDITS. 213 du même ordre, à cause des élytres avortées qui soulè¬ vent son prothorax, et laissent tout son abdomen à dé¬ couvert. Nous ne trouvons jamais les Ephippigères dans nos vignes, comme cela a lieu à Orléans ou à Troyes; c’est dans quelques parties des bords de la forêt de Fon¬ tainebleau qu’ils se sont établis chez nous, et notamment au bas de la montagne de Bourron, sur les bords mêmes de la route de Nemours, où ils grimpent dans les petits buissons. Les Ephippigères des vignes s’élèvent quelque¬ fois assez haut dans les montagnes; nous les avons trou¬ vés, en Auvergne, à 1,800 pieds au-dessus du niveau de la mer, sautant dans les bruyères, au milieu des bois. Genre liarbitiste. 17. Barbitiste très-ponctué , Barbitistes punctalissima (Aud.-Serv.). Très-rare, je n’en ai jamais pris qu’une fe¬ melle le 1er octobre 1859, en compagnie des Ephippigères, dans les bois de Bourron, le long de la grande route de Ne¬ mours; il était par terre. Le docteur Bambur dit qu’il se tient de préférence sur les arbres. Genre Dectique. 18. Dectique verrucivore, Decticus verrucivorus (Aud.- Serv.). Ressemble, au premier abord, à la Locusta viri- dissima, mais il s’en distingue très-facilement par ses ailes, qui ne dépassent que très-peu son abdomen, par ses cuisses et sa tête, infiniment plus grosses que dans la L. viridissima, puis par l’oviscapte de sa femelle, qui se re¬ lève légèrement vers le bout, tandis qu’il est un peu re¬ courbé en dessous. Dans la femelle de la Sauterelle verte, le chant, dit de Géer, est produit par le frottement des élytres, comme dans les Grillons. Ce Dectique est très- commun dans toutes les prairies des bords du Loing, de la Seine, partout enfin où il y a de l’humidité, mais ne vit point sur les gazons secs. Geoffroy l’appelle la Sauterelle à sabre. 19. Dectique gris, Decticus griseus (Aud.-Serv.). Cette espèce est excessivement commune ; sur les gazons, les 214 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) terres sèches, comme dans les prairies, on la voit sauter partout. Beaucoup plus petit que le verrucivore, le Dec- tique gris ne mesure que 8 à 10 lignes, tandis que l’es¬ pèce précédente, le mâle 1 pouce, la femelle 15 lignes de longueur. Le 6 août 1859, j’ai pris une belle variété du Dectique gris : son dos était brunâtre; côtés et dessous de l’abdo¬ men d’un joli vert d’herbe; face vert pâle, dessus et côtés du prothorax verts comme le reste du corps; pattesvertes ; ovisicapte long de 4 lignes, large à base de près d’une ligne, aplati, relevé en sabre, comme dans les Dectiques gris ordinaires, mais jaune pâle ou verdâtre, avec une ligne brune qui occupait toute la pointe. Cette variété pa¬ raît être rare, puisque nous ne l’avons jamais retrouvée. 20. Dectique marqueté, Decticus tcsscUalus (Aud.-Serv.). Un peu plus petit que le précédent; il est assez commun en août, sur les gazons secs, dans les chemins des vignes, dans les champs arides. 21. Dectique brevipenne, Decticus brevipennis (Aud.- Serv.). On le prend dans les prés humides du bord de la Seine; nous ajouterons à la description de Rambur que la femelle a, au-dessus de chaque œil, une raie noire par¬ tant de l’antenne pour rejoindre le prothorax; sur le des¬ sus et au milieu de la tête, une raie d’un brun clair tranche sur la couleur plus foncée de deux autres raies brunes qui l’accompagnent de chaque côté du corps, depuis la pre¬ mière jusqu’à la dernière paire de pattes, une sorte de raie jaune pâle, comme les marges du prothorax; elle est for¬ mée de taches marquées sur chaque anneau du corps de l’insecte, et accompagnée, en haut et en bas, d’une raie noire formée de même. Ce Dectique est encore une espece rare dans nos contrées. Genre Ptérolèpe. 22. Ptérolèpe aptère, Pterolepis aptera (Rambur). Se montre tous les ans, quoiqu’en petit nombre; le mois d’août est l’époque de l’année où l’on a chance de le ren- TRAVAUX INÉDITS. 215 contrer sur les feuilles des arbres, dans les parcs ou dans les massifs. Voir, pour la description, l’histoire des Or¬ thoptères, par Audinct-Serville, page 494, et ajouter pour le mâle : dessus du corps, de la tête à l’extrémité de l’ab¬ domen, une large raie brun clair au milieu, brun foncé de chaque côté, à partir du prothorax; côtés rabattus des élytres, à partir des raies foncées, d’un beau vert feuiiie piqueté de fines taches brunes, comme tous les côtés du corps et des cuisses, qui ont, en outre, la bande longitu¬ dinale dont parle Audinct-Serville; sur le prothorax, la raie brune supérieure, au lieu d’être bordée de brun plus foncé, l’est de chaque côté par une ligne jaunâtre clair bien visible, qui aboutit aux yeux; les pattes, à partir des cuisses, sont toutes d’un brun corné, comme les antennes; ces dernières coupées, de distance en distance, par des anneaux plus clairs qui les rendent fort élégantes. Genre Mécomène. 23. Mécomène varié, Mecomena varia (Aud.-Serv.). C’est encore une espèce peu commune, et tout au plus si, chaque année, on prend quelques couples de ce charmant insecte, que l’on rencontre sur les gazons, les arbustes des massifs, et même dans les habitations, où il entre quel¬ quefois. Je ne l’ai jamais trouvé sur l’orme, quoiqu’en ait dit de Géer. Genre Xiphidion. 24. Xiphidion brun, Xiphidion fuscurn (Aud.-Serv.). Ses longues antennes, sa couleur verte avec une raie brun foncé, et la finesse de sa taille, en font l’une de nos plus jolies Sauterelles. On le voit en grand nombre dans les prairies humides, qu’il habite exclusivement. Genre Conocéphale. 25. Conocéphale mandibulaire, Conocephalus tubercu- latus (llossi). Audinct-Serville, qui le donne sous le nom de Conocephalus mandibularis, dit qu’il ne connaît pas le mâle. Nous avons pris des quantiiés de Conocéphales dans toutes les prairies humides des bords de la Seine, à Bal- 216 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) loy, et du Loing, à Gray. Les mâles sont beaucoup plus rares que les femelles, auxquelles ils ressemblent parfaite¬ ment, sauf qu’ils mesurent 2 lignes de moins. Cette espèce, qu’Audinet-Serville indique comme venant de Grenoble, d’Italie, de Portugal et de Hongrie, est très-commune dans notre département dès la fin de juillet : tout nous porte à croire que nous ne sommes pas à son extrême li¬ mite septentrionale, et qu’on doit la trouver au nord de Paris. Genre Sauterelle. 26. Sauterelle verte, Locusta viridissima (Fabr.). La Sauterelle à coutelas, de Geoffroy, c’est celle que nos pay¬ sans appellent à tort la Cigale; elle atteint jusqu’à 2 pouces de long, ce qui en fait la plus grande des Sauterelles de nos contrées; aussi sa taille et sa belle couleur verte l’ont- elles fait remarquer des habitants des campagnes. La Sau¬ terelle verte se trouve quelquefois sur les gazons secs, mais elle préfère les prairies humides, où elle est com¬ mune. Famille des Acridites. Nous avons déjà dit que, confondues avec la famille précédente, les Acridites, comme les Locustaires, sont dé¬ signées vulgairement sous le nom de Sauterelles ; elles dif¬ fèrent pourtant beaucoup les unes des autres. Les Locus¬ taires, qui, en général, ont de fort grandes ailes, volent très-mal; leurs longues pattes ne leur servent qu’à faire des bonds irréguliers. Les Acridites, au contraire, qui ont des ailes beaucoup plus courtes , volent beaucoup mieux. Quelques espèces franchissent des espaces consi¬ dérables à travers les airs pour aller ravager des contrées où elles n’apparaissent jamais que comme des fléaux; car c’est dans cette famille que se trouvent les fameuses Sau¬ terelles de passage, si tristement célèbres depuis la plus haute antiquité. Leurs pattes, beaucoup plus petites que celles des Locustaires, ont une force qui leur permet de faire des sauts considérables. Les femelles des Acridites TRAVAUX INÉDITS. 217 n’ont pas, comme les Loeustaires, un oviscapte ordinai¬ rement si grand chez ees animaux comme chez les Gril- Ioniens. Enfin, tandis que les mâles des Acridites et des Grilloniens ont l’organe de la stridulation placé à la base des élytres, les Acridites qui en sont dépourvues ne stri- dulent (pie par le frottement alternatif des cuisses posté¬ rieures contre les élytres, ce qui ne les empêche pas de faire beaucoup de bruit. Genre Criquet. 27. Criquet pédestre ( Acridium pedestre, Oliv.). — Sui¬ vant les auteurs, ce Criquet habite la France, l’Allemagne et le nord de l’Europe : on doit donc le trouver dans nos limites géographiques; je ne l’ai point encore ren¬ contré. Genre Calliptame. 28. Calliptame itaY\q\ie[Calliptamus italiens, Aud.-Serv.). — Seul représentant de ce genre complètement méridio¬ nal, le Calliptame italique est très-commun dans tout l'arrondissement de Fontainebleau, aussi bien dans le canton de Montereau que dans les environs de la forêt, où il n’est pas confiné comme semblent l’être quelques insectes, tels que la Mante, l’QEdipode voyageuse, l’Asca- laphe italique, etc. Notre Calliptame, au contraire, se trouve en grand nombre, dès la fin de juillet, dans tous les champs pierreux ou arides, sur les hauteurs, comme dans les vignes, les sables ou les clairières des bois, et si dans quelques endroits il se montre cer¬ taines années, tandis qu’on ne le voit pas dans d’autres, on ne peut en dire autant chez nous, car nous l’avons très- régulièrement tous les ans. Parmi les Calliptames qui sont tous de l’Afrique ou du midi de l’Europe, le Calliptame italique est cité par Audinet-Servillc comme opérant des migrations considérables et faisant des ravages en Italie ou dans le Midi. Rien de semblable ne se produit dans nos cantons, quoiqu’ils nourrissent un grand nombre de ces animaux. 218 Rpv. et mag. de zoologie. (Mai 1861) Genre OEdipode. 29. OEdipode germanique ( OEdipoda gennanica, Aud.- Serv.). — C’est le Criquet à ailes rouges de Geoffroy. Il est, sans contredit, le plus brillant de nos Orthoptères et se trouve en assez grand nombre, tout à fait à la fin de l’été, dans les terrains les plus secs, dans les vignes comme dans les sables. 30. OEdipode bleuâtre ( OEdipoda cœrulesccns , Aud.- Serv.). — Moins belle que l’espèce précédente, celle-ci est encore bien plus commune; quand elle ne vole pas, on peut la confondre facilement avec la germanique, en compa¬ gnie de laquelle elle se tient très-souvent. Geoffroy l’a dé¬ cri te sous le nom de Criquet à ailes bleues et noires. 31. OEdipode azurée ( OEdipoda cœrulans, Aud.-Serv.). — Facile à confondre au repos avec les deux espèces pré¬ cédentes, quoique sa coloration soit moins jaunâtre et généralement plus grise ; elle diffère beaucoup de l’ÜEdi- pode bleuâtre par la couleur de ses ailes, dont le disque intérieur seul est très-légèrement lavé de bleu d’azur sans aucune raie noire â la partie extérieure, qui, au con¬ traire, est transparente. La cœrulans, qui n’est autre que le Criquet aux ailes bleues de Geoffroy, se trouve avec la cœrulesccns ; mais elle est plus rare et semble préférer les sables les plus arides aux terres sèches et rocailleuses; aussi, tandis qu’on en trouve assez souvent à Bourron, est-elle très-rare dans le reste du département. 3*2. OEdipode voyageuse ( OEdipoda mi gratoriu , Aud.- Serv.). — C’est, dit-on, celle qui, originaire de Tartarie, fait de si grands ravages en Orient et en Afrique (Ram- bur). Il dit aussi qu’on la trouve à l’île Maurice. Chez nous elle est toujours rare. Je ne l’ai jamais prise que sur les gazons du parc â Bourron, et aux Longs- Rochers, sur une pâture des plus sèches et des plus arides, où on est sur d’en trouver quelques individus tous les ans dès la fin de juillet. Les femelles prises dans le département de geine-et-Marne ne mesuraient pas plus de 1 V lignes; les TRAVAUX INEDITS. 219 mâles 2 ou 3 lignes de moins. Dans la vallée de la Loire, au contraire, quoiqu’elle ne soit pas loin de nos limites géographiques, 15 lieues à peine, on en trouve qui ont jusqu’à 2 pouces de long. Si ces fameuses Sauterelles de passage sont si petites chez nous, c’est que nous sommes probablement à leur dernière limite septentrionale, où l’espèce vit encore, mais où elle ne se propage pas en grand nombre et n’atteint même pas les proportions qu’elle acquiert dans les contrées qui lui conviennent mieux. 33. QEdipode ensanglantée [OEdipoda grossa, Aud.- Serv.). — Commune pendant le mois d’août dansles prairies humides de la Seine. Cette belle espèce, que Geoffroy nous a donnée sous le nom de Criquet ensanglanté, est, comme beaucoup de Locustaires, variée de couleur. On en trouve de presque toutes vertes , tandis que d’autres sont parées de couleurs jaunes, noires, rouges et violettes du plus bel effet. 34. Œdipode bimouchetée ( Æbipoda bigultula, Aud.- Serv.). — La plus commune de nos OEdipodes variant telle¬ ment de couleur, que l’on est tenté de croire qu’elles n’ap¬ partiennent pas toutes à la même espèce. Elle est tantôt verte, brune, rose noirâtre, ou tout à fait noire, avec le bout de l’abdomen rouge. Les prairies et les gazons sem¬ blent lui convenir également. 35. QEdipode parallèle (OEdipoda parallela, Aud.-Serv.). — De la même taille à peu près que la précédente ; 9 li¬ gnes les femelles, 6 lignes les mâles. Elle s’en distingue principalement par la longueur des élytres, qui sont plus courtes que l’abdomen dans les femelles, et tout au plus fie la longueur de l’abdomen chez les mâles ; tandis que la Bimouchetée a les élytres un peu plus longues que le corps. Moins commune que la bigullula , la parallela se trouve sur les gazons secs. Genre Gomphocèrc. 30. Gomphocèrc fauve ( Gowphoccrus rufus, Thunb.). 220 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) — Les Gomphocère* se distinguent facilement des autres Acridites par la forme de leurs antennes , filiformes dans leurs trois premiers quarts, et se dilatant ensuite pour former une petite massue comprimée, qui se termine en pointe obtuse ou aiguë. Ces antennes, observe avec rai¬ son Audinet-Serville, n’ont aucun rapport avec celles des autres Orthoptères; elles ressemblent plutôt à celles des Lépidoptères diurnes, tels que les Hespéries. Le Gompho- cère fauve est une jolie petite espèce de 7 à 8 lignes de long, qui vit sur nos gazons secs, où elle n’est pas très- répandue. 37. Gomphocère double signe ( Gomphocerus bigultatus, Aud.-Serv.). — Plus petit que le précédent, il ne me¬ sure que 4 lignes le mâle, cl 3 lignes environ la femelle. Les dernières plaques de son abdomen sont d’un jaune rougeâtre, qui devient quelquefois d’un rouge de cinabre qui peut le faire d’abord distinguer du Gomphocère fauve. On le dit commun dans les prairies. 11 n’est nulle part plus répandu que dans les bruyères élevées , les p⬠turages les plus secs et les bois clairs et arides de la forêt de Fontainebleau. Genre Tétrix. Tétrix subulée ( Tclrix subulata, Latr.). — Cette Tétrix, que Geoffroy a désignée sous le nom de Criquet à cor¬ selet allongé, varie beaucoup de couleur, du gris pâle au jaunâtre ou au brun foncé. Les uns ont de petits points ou des lignes blanches qu’on ne retrouve pas chez les autres; aussi M. Audinet-Serville en énumère-t-il 12 va¬ riétés principales mentionnées par M. Philippi. L’auteur des suites à Buffon affirme que la Tétrix subulée, très- commune en France, se trouve aux environs de Paris, au printemps , dans les endroits secs : j’en ai pris depuis le mois de mai jusqu’au mois d’août, et nous ne la trouvons jamais que dans les prairies les plus basses et les plus hu¬ mides des bords de la Seine et du Loing, où elle vit en grand nombre. TRAVAUX INÉDITS. 221 Tétrix biponctuée [Tétrix bipunctata, Latr.). — Cette Tétrix , que l’on a placée dans une division particulière ( les Batrachidées ), n’est autre que le Criquet à capuchon de Geoffroy. Comme l’espèce précédente, elle varie beau¬ coup et se trouve en grand nombre dans les bois secs, les remises élevées, les terrains arides dès le mois de mai, époque à laquelle elle nous a semblé plus commune qu’au mois d’août, quoiqu’on en rencontre jusqu’à la fin de ce mois. Les deux Tétrix sont, parmi les Orthoptères, des premières à se montrer à l’état parfait. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences de Paris. Séance du 6 mai 1 86 1 . — M. Flourcns fait hommage à l’Académie d’un exemplaire de la 4e édition de son livre intitulé, de V Instinct et de l Intelligence des Animaux, édi¬ tion qui vient de paraître. MM. Serres et Graliolel continuent leurs recherches d’anatomie comparée sur le groupe des Cétacés, et traitent, dans cette communication, de l’encéphale. Séance du 13 mai. — MM. Serres et Gratiolet continuent leurs communications sur l’encéphale d’un jeune Rorqual ; ils traitent des lobes olfactifs. M. Lavocat adresse de nouvelles Etudes sur le système vertébral , première partie. M. Colin présente un Mémoire sur les divers degrés de sensibilité des ganglions et des filets du grand sympathique. Nous avons adressé la note suivante sur les Vers à soie de l’ailante et du chêne. « Mes communications relatives aux Vers à soie en gé¬ néral, et surtout à l’acclimatation des espèces exotiques, ayant toujours obtenu l’assentiment de l’Académie, qui a vu là une utile application de la zoologie, j’espère qu’elle 222 erv. et mag. de zoologie. [Mai 1861.) accueillera avec la même bienveillance quelques observa¬ tions sommaires sur les Vers à soie de l’ailante et du chêne. (c La première espèce, introduite dans la grande culture dès l’année dernière, ainsi que l’Académie a pu le voir quand j’ai eu l’honneur de mettre sous ses yeux des mil¬ liers de cocons obtenus en pleins champs, va devenir, dès cette année, l’objet d’éducations assez importantes. Déjà les reproducteurs conservés cet hiver commencent à donner des œufs à la ferme impériale de Vincennes, où j’ai pu établir une culture sérieuse d’ailantes, grâce à une auguste bienveillance, si bien secondée par l’illustre ma¬ réchal Vaillant, que l’on trouve toujours au premier rang quand il s’agit du progrès des sciences et de l’agriculture. L’Académie peut s’assurer, par l’examen des reproduc¬ teurs vivants déposés sur son bureau, que, loin de dégé¬ nérer, celle espèce a gagné par l’éducation en plein air, et que son acclimatation est bien aujourd'hui un fait ac¬ compli. « La seconde espèce, celle du chêne, est loin d’être arrivée au mêmes point; cependant une nouvelle tentative faite par la Société impériale zoologique d’acclimatation semble de¬ voir donner de sérieuses espérances. 11 s’agit d’une espèce sauvage du Japon dont les œufs ont été envoyés par M. Duchène de Bellecour. Dans deux notes différentes, dont la première a été lue à la Société impériale et centrale d’agriculture de France le 24 avril dernier, et l’autre à la Société impériale zoolo¬ gique d’acclimatation le 3 mai courant, j’ai fait connaître les principales circonstances de cette nouvelle tentative. Il en résulte 1° que ce Ver à soie sauvage du Japon se nourrit avec les feuilles de chêne, et 2° que les caractères des premiers âges de sa chenille montrent qu’il appar¬ tient très-probablement à une espèce distincte du Ver à soie du chêne ( Bombyx Pernyi, Guér.-Mén.), élevé en Mant- chouric et dans le nord de la Chine, et certainement d i 1- SOCIÉTÉS SAVANTES. 223 1ère n te du Ver Tassah [Bombyx mylitta, Fabr.), qui vit au Bengale et dans beaucoup d’autres localités de l’Inde. « En conséquence, je propose pour cette nouvelle espèce le nom de Bombyx [antherœa, Hubn.) yama-maï, nom vulgaire qu’elle porte au Japon , en lui donnant pour caractère les premiers états de la Chenille, d’abord jaune avec la tète et le premier segment bruns, sans tache et cinq lignes noires longitudinales; puis, au second âge, d’un beau vert tendre avec les tubercules jaunes. « J’ai l'honneur, etc. » DI. le secrétaire perpétuel présente, au nom de l’auteur, 31. D. F. Eschricht, deux Rapports adressés à M. le mi¬ nistre des finances de Danemark sur la Culture des Huî¬ tres en France , et sur un Projet d’établissement d’huîtrières dans le Lum fiord. M. d’Ammon, de Dresde, en présentant au concours pour le prix de physiologie expérimentale la traduction française, nouvellement publiée, de son Histoire du déve¬ loppement de l'œil humain , y joint une analyse manuscrite de cet ouvrage, qui est, dit-il, le fruit de plus de trente années de recherches anatomiques et embryologiques. 31. V. Raulin adresse un mémoire ayant pour titre Tableau des corps organisés fossiles de la Crète, et description d'une nouvelle espèce de Pholadomye. L’auteur, qui avait déjà prié l’Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la chaire de géologie va¬ cante au muséum d’histoire naturelle, demande que son nouveau travail soit renvoyé à la commission chargée de préparer une liste de candidats. Séance du 20 mai. — M. Lavocal adresse la suite de ses nouvelles Etudes sur le système vertébral. AI. Vallée adresse un travail ayant pour titre Théorie de l'œil, vingt et unième mémoire, suite des développements relatifs aux idées exposées dans les précédents mémoires. DI. le secrétaire perpétuel présente, de la part de DI. E. de Plagnol , un opuscule ayant pour titre, de la Nature cl 224 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) del Origine des corpuscules vibrants, etc. Nous reviendrons sur cet intéressant travail. Séance du 27 mai. — M. Caste lit une Note ayant pour titre, Domestication des Poissons de la famille des Pleu- ronectes. « Dans une précédente communication, j'ai fait con¬ naître à l’Académie le résultat des expériences faites dans le laboratoire de Concarneau sur la domestication des Poissons de la famille des Pleuronectes. J”ai montré que les Turbots, Soles, Barbues, etc., étaient susceptibles d’être apprivoisés comme les Animaux de nos basses-cours. Je fais, en ce moment, des essais analogues, dans les aqua¬ riums du collège de France, sur les jeunes de ces mêmes espèces, et je trouve que, à cet âge, ces poissons sont encore bien plus faciles à élever; ils viennent manger à la main , suivent la pâtée qu’on leur présente vers tous les points de l’aquarium où on veut les diriger. A l’aide de cet appât, on les entraîne jusqu’aux parois du vase, et, quand ils arrivent, ils s’y appliquent et s’y maintiennent en formant ventouse avec la face de leur corps en con¬ tact. « Quand ils sont ainsi fixés, ils continuent à suivre la proie en rampant sur la paroi verticale du récipient, si lisse qu’elle soit, comme des lézards sur une muraille. Les rayons de leurs nageoires ou de leurs ailes leur servent d’ambulacres. Ce sont, en un mot, des espèces qui grim¬ pent et qui perchent. « Leurs nageoires ne font pas seulement office d’am- bulacre; ils s’en servent également comme de pelle pour soulever les nuages de sable dont ils poudrent leur corps, afin de dissimuler leur présence aux animaux qu’ils re¬ doutent et à ceux qu’ils veulent surprendre. « Après avoir étudié ces faits sur ces espèces en sta¬ bulation, j’ai voulu savoir si les choses se passent de la même manière dans la mer. J’étais hier à Saint-Vaast- Lahougue pour m’y livrer â cette étude. Je m’y suis placé SOCIÉTÉS SAVANTES. 225 sur la jetée, et j’ai vu ces espèces libres se livrer aux mêmes manèges (|ue dans mon laboratoire. Ces manèges sont donc les manifestations normales de leurs instincts naturels. « La portion du littoral sur laquelle je me livrais à cette étude forme, sur une longueur de 10 lieues, un vaste cantonnement où, au sortir de la frayère, les jeunes générations de Poissons plats prennent leurs quartiers d’été. Ils s’y rassemblent et y séjournent, d’avril en sep¬ tembre, en telle quantité, qu’on en détruit, en pêchant la Crevette grise, un nombre effrayant; c’est un véritable carnage. « Voulant calculer avec précision jusqu’où va cette des¬ truction , j’ai suivi la mer descendante, accompagné de AL le commissaire de l’inscription maritime, afin de con¬ stater ce que prenaient les pêcheurs; mais je ne me suis pas borné à cette épreuve. L’inspecteur des pêches de la localité s’est mis a l’eau devant moi, poussant devant lui son havenet et m’apportant, à chaque coup de fdet, sa récolte, dont nous faisions le dénombrement. « En l’espace de deux heures, il a pris douze cents su¬ jets; d’où il suit que, s’il avait continué à pêcher pendant toute une marée, il en aurait récolté plus de trois mille, même en perdant le temps que nous mettions à compter. Or, comme il y a sur cette plage 1,000 personnes qui se livrent à cette industrie , on peut affirmer, sans aucune exagération, qu’au moins 3 millions de jeunes Turbots, Soles, barbues, Plies, etc., périssent chaque marée, et 150 millions, par conséquent, pendant les 50 marées qui ont lieu durant le séjour de ces espèces précieuses sur ce seul cantonnement. Afin de ne pas les perdre complète¬ ment, on les donne en pâture aux animaux domesti¬ ques « Quelle richesse si ces troupeaux , au lieu d’être ra¬ vagés en germe sur le rivage, descendaient dans les val¬ lées sous-marines pour s’y engraisser !... La grande pêche 2* série, t. xui. Année 1861. 13 226 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) et l'alimentation publique y trouveraient des ressources inépuisables. « Je porte ces faits à la connaissance de l’Académie, afin que, par la publicité qu’elle leur donnera, l’opinion se forme et qu’on puisse un jour obtenir de la raison des hommes ce que la force aurait grand’peine à leur imposer. Là est la facile solution du grand problème du repeu¬ plement de la mer. Du moment où on protégera les frayères et les cantonnements, le but sera atteint. » M. M Une- Edwards présente la seconde partie du sixième volume de ses Leçons sur la physiologie et l'anatomie de i Homme et des Animaux. M. Beaupcrthuy adresse un mémoire sur une Variété de Jbrme de la pustule maligne due à la piqûre d’un Insecte de la famille des Acariens. « Cette affection, connue dans les llanos de la Vene¬ zuela sous le nom d ’empolla del ganado (ampoule des bes¬ tiaux), est fréquente dans ce pays, surtout à l’époque de la sécheresse; l’Insecte qui la produit a huit pattes à tarses articulés terminés par deux crochets, la tète angu¬ laire, l’abdomen ovale, tuberculé sur les bords, le corps plat, d’un blanc sale. Cet Insecte est nocturne et marche avec rapidité, habite les masures. Sa piqûre présente, au début, une petite tache rouge, lancinante à la pression. Après vingt-quatre heures, il s’y développe une petite phlyctène, semblable à la vésicule soulevée sur la peau par la présence du sarcopte de la gale, mais plus étendue et remplie d’une sérosité brunâtre ou violacée, qui de¬ vient le siège d’une vive démangeaison. Les parties sous- jacentes forment une tumeur arrondie, dure, proémi¬ nente, sans altération de la couleur de la peau, sem¬ blable à celles produites par les piqûres de guêpes. Cet Acarien pond de vingt à vingt quatre œufs sphériques, réunis en tas, de 1/3 de millimètre environ de diamètre , transparents au moment de la ponte, ces œufs ne tardent pas à prendre une teinte brune au contact de l’air. Ils SOCIÉTÉS SAVANTES. 2-27 contiennent un liquide albumineux , offrant, au micro¬ scope, des globules oblongs de 1/25 de millimètre dans leur plus grand diamètre, et des traces de la muqueuse intestinale, premier développement de la vie embryonnaire chez cet Acarien. « L’examen microscopique appliqué aux humeurs con¬ tenues dans la pustule maligne offre les globules du sang aplatis, déchiquetés, irréguliers, jaunâtres , pas un seul intact; puis des globulilles sphériques, beaucoup plus petits que ceux du sang et identiques à ceux que l’on ob¬ serve dans les fluides gangréneux. Ces observations ont été faites en employant le plus fort grossissement du mi¬ croscope achromatique de M. Vincent Chevalier. « Je me suis abstenu, dans ce Mémoire, d’entrer dans dus détails sur l'action qu’exercent les venins en général tlans l’économie animale, pour éviter de trop étendre ce travail et pour ne pas présenter, d’une manière incom¬ plète, des recherches entreprises sur les fluides venimeux de plusieurs espèces de Serpents , d’insectes et de Pois¬ sons épineux. J’accompagne cette Lettre de l’envoi d’une petite boite contenant, dans deux flacons séparément, plusieurs spécimens de l’Acarien de la pustule maligne correspondant aux différents âges, et quelques Ixodes rayés. » Société impériale zoologique d’acclimatation. Dans la séance du 17 mai Î8G1, M. A. Ihiméril, pro¬ fesseur de l’histoire naturelle des Reptiles et des Pois¬ sons, a lu un rapport sur les éducations de Vers à soie, dont la Société nous a confié la direction dès sa fonda¬ tion, et il a fait apporter, par le gardien de la ménagerie des Reptiles, quatre Vers à soie sauvages du Japon, que l’on nourrit avec les feuilles du chêne, espèce nouvelle que nous avons appelée Bombyx Yama-maï. 228 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (üfat‘1861.) Ces Vers, encore endormis ou sortant de leur quatrième mue, sont un peu plus avancés que celui que j’étudie de¬ puis sa naissance, et que M. Année a bien voulu soigner, presque en plein air, à l’entrée d’une serre froide, à Passy. A la suite de cette présentation, M. le président a re¬ mercié, avec effusion et à plusieurs reprises, le gardien des Reptiles, pour les soins qu’il a donnés à ces Vers, dont il restait alors quarante beaux individus, et il a in¬ sisté longuement sur le talent et le zèle avec lesquels il est parvenu à conserver cette précieuse espèce à la So¬ ciété et à l’Europe. M. Rufz de Lavison, directeur du jardin d’acclimata¬ tion, a annoncé la suite de la ponte du Lophophore, qui a déjà donné sept œufs. C’est aussi aux talents et au zèle d’un employé très-instruit, chargé de donner ses soins aux Oiseaux, de M. Deschamps, que ce résultat important est dû. C’est aussi par les soins de ce très-habile ornitho¬ logiste praticien que l’on a obtenu, dans le même établis¬ sement, des pontes d’Autruches et celles des nombreux Gallinacés dont les œufs sont vendus journellement par la Société du jardin. A la fin de la séance, M. le président nous a donné la parole pour lire la note suivante sur le Ver à soie du chêne. « Les questions relatives aux Vers à soie en général, et surtout à l’acclimatation des diverses espèces exotiques et sauvages, sont tellement importantes aujourd’hui, que plusieurs de mes savants confrères, quoique s’occupant d’autres spécialités, y ont vu une mine féconde pour exercer leur intelligence et leur zèle. Ils ont pensé que la direction des travaux relatifs à ce sujet, qui m’avait été confiée par la Société dès sa fondation, devait être plus ou moins partagée, et c’est sans doute pour me soulager dans la multiplicité de ces travaux que de savants et ex¬ cellents confrères se sont empressés de participer, autant SOCIÉTÉS SAVANTES. 229 qu’ils l’ont pu, aux tentatives qui sont faites, depuis que j’ai donné l'impulsion, pour l’amélioration des Vers à soie ordinaires, et surtout pour l’acclimatation de ceux du chêne, du ricin, de l’ailante, etc. « Je ne saurais trop les remercier de ce louable empres¬ sement, car il montre l’importance qu’ils attachent à mes travaux, qu’ils veulent bien aussi essayer de partager. C’est vraiment un touchant exemple de confraternité que je n’oublierai jamais , et, si je pouvais rendre à ces excel¬ lents confrères ce qu’ils font ainsi pour ma spécialité, en me livrant, à leur place, à l'acclimatation de quelques Mammifères, Oiseaux, Reptiles, etc., et quoique ces classes me soient aussi étrangères que les Vers à soie le sont à leur spécialité, je ne m’épargnerais certainement pas. « Cependant, tout en remerciant aujourd’hui le savant herpétologiste et très-dévoué confrère qui vient de vous donner de si bonnes nouvelles de nos Vers à soie du chêne, je tiens à vous dire que mon zèle n’a pas failli à l’hono¬ rable mission que m’a confiée la Société, et que j’ai tou¬ jours prodigué le plus pur de mon temps aux travaux de ma spécialité principale de zoologie appliquée, aux ten¬ tatives d’acclimatation ou d’amélioration des Insectes utiles, et plus particulièrement des Vers à soie. « C’est ainsi quej’ai eu l’honneurde vous entretenir, dans la dernière séance, il y a quinze jours, du Ver à soie du chêne, dont on vient de vous donner des nouvelles si fa¬ vorables et en tout conformes à ce que je vous en avais dit. De plus, je vous ai fait connaître alors les diverses livrées revêtues par cette espèce dans son premier et son second âge. « Comme il m’était impossible, à cause de l’éloignement de la ménagerie des Reptiles, d’y étudier ces précieux Vers soie, j’ai pu suivre «à Passy, ainsi que je vous l’ai dit dans la dernière séance, les phases de leur existence sur un individu obtenu des derniers œufs qui m’avaient été envoyés par notre illustre président, sujet soigné avec 230 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Mai 1801.) autant de sollicitude que d’habileté par notre confrère M. A nnée, qui habite les environs du bois de Boulogne. « Aujourd’hui ce Ver à soie est arrivé à son iroisiènie âge, et il a déjà subi les transformations suivantes : « Ainsi que je l’ai dit dans mon premier article (séance du 3 mai), le sujet de mes études est né le 13 avril et il ne s’est endormi pour la première fois que le 2G; ce premier sommeil a duré jusqu’au 30, jour où le Ver a opéré sa pre¬ mière mue. Pendant ce premier âge, ainsi qu’on peut le voir par le dessin que j’ai l’honneur de mettre sous les yeux de mes confrères, ce jeune Ver est demeuré d’un jaune assez pâle, avec la tète, le corselet et les pattes d’un brun roussâtre, marqué, dans toute sa longueur, de cinq lignes noires et de trois taches de la même couleur sur le der¬ nier segment. /ai 18G1.) effet, dans une foule de communications publiées, M. le président et M. A. Duméril ont placé, avec beaucoup d’af¬ fectation, le nom de cet employé à côté du nôtre, au moins à titre égal. Tout récemment encore, et c’est ce qui nous oblige à nous expliquer à ce sujet, M. le président, en présentant les cocons du Ver à soie du chêne à l’Insti¬ tut (séance du 10 juin 1861), a répété que les travaux sé- ricieoles qui s’exécutent à la ménagerie des Reptiles sont faits sous la direction de M. Duméril. Comme il y a là une grave erreur, nous sommes obligé de rétablir la vraie situation des choses, situation consignée dans plusieurs notes lues au conseil de la Société, et que nous publie¬ rions si on le jugeait nécessaire. Dans un but que nous n’avons pas à expliquer ici, on a cherché à attribuer au gardien des Reptiles du muséum tout ou partie du mérite d’avoir acclimaté les Vers à soie exotiques, dont une espèce, le Ver de l’Ailante, semble constituer aujourd’hui une véritable conquête agricole et industrielle. Ce coopérateur, pour ainsi dire prêté à la Société pour donner la nourriture et d’autres soins ma¬ nuels aux Vers à soie que nous expérimentons pour elle, prenant au sérieux des éloges qu’on ne lui prodiguait que pour tenter d’amoindrir l’intérêt de mes travaux, a fini par croire qu’il était réellement un savant, un très-habile sériciculteur. Imbu de ces idées et devenant un instru¬ ment aveugle, il a été poussé à nous manquer gravement, en refusant d’exécuter les prescriptions que nous lui don¬ nions au sujet des Vers à soie de la Société. Ses chefs, au lieu de le faire rentrer dans son devoir, ont semblé ap¬ prouver sa conduite, et l’un d’eux est allé jusqu’à écrire pour lui des articles et mémoires dans lesquels il lui fai¬ sait rendre compte à la Société et à l’Institut des résultats de nos expériences (1). (1) Eu approuvant ainsi le mépris de toute hiérarchie, disais-je, ir craignez-vous pas d’ouvrir la porte à une foule d’abus, et les savants, qui ne peuvent exécutrr par eux-mômes tous les travaux dont ils euri- SOCIÉTÉS SAVANTES. 237 On comprend que, dans cette situation, nous avons dû nous abstenir de tous rapports avec cet employé, qui ne nous appartenait pas, ce qui a laissé le champ libre pour s’emparer de la direction des expériences que la Société nous avait confiées. Le résultat ne s’est pas fait attendre ; il a été, d’après l’examen qui a été fait par une commis¬ sion de la 4e section (Insectes) : La dégénérescence des Vers à soie de l’Ailante pur sang et des métis de l’Ailante et du Ricin; Le mélange des pur sang et des métis ; La perte complète de l’espèce du Ricin; Celle du Ver à soie du chêne, puisque, sur quarante Chenilles (provenant de plusieurs centaines d'éclosions) arrivées à tout leur développement, on n’a obtenu que quatre cocons ; Lt enfin, l’impossibilité de distribuer, en temps utile, des œufs de Vers de l’Ailante, de métis et de Vers du Ricin, demandés par près de cent membres de la Société. La morale de tout cela est qu’il est mal de chercher è introduire la division parmi les membres d’une Société qui poursuit une grande et utile idée, et que, pour réus¬ sir à rendre les services qu’on attend de nous, il faut sur¬ tout que chacun reste dans sa spécialité et ne soit pas ja¬ loux des succès de ses confrères, ce qui montre toujours un pauvre petit esprit. Nous nous faisons un plaisir d’annoncer que, dans un ad¬ mirable rapport fait par M. Drouyn de Lhuys, sur le projet d’érection d’une statue à Daubenton, la Société d’accli¬ matation a ouvert une souscription pour rendre cet écla¬ tant hommage au Nestor des naturalistes, au législateur des bergers. Ceux de nos abonnés qui voudraient prendre part à chissent la science, ne donneront-ils pas à leurs subordonnés l’idée de S'attribuer les résultats de ces travaux, auxquels ils coopèrent tous les jours au même titre que M. Vallée a coopéré aux miens ? 238 REV. ET MAP,. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) celle honorable manifestation nationale peuvent adresser leur souscription au siège de la Société impériale zoolo- gique d’acclimatation, rue de Lille, 19. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Ver a soie de l’ail ante. Nous serons obligé de revenir quelquefois sur le Ver à soie de l’ailante, car il constitue aujourd’hui un des faits les plus intéressants d’acclimatation approchant de la réussite. En effet, il est bien près de réaliser les trois con ¬ ditions que nous avons formulées pour caractériser une véritable acclimatation, et qui consistent, ainsi que nous avions l'honneur de le dire à S. M. l’Empereur, à démon¬ trer 1° Que l’espèce peut vivre dans la nouvelle localité où elle est introduite comme dans son pays d’origine; 2° Que ses produits y sont utiles; 3" Que l’agriculture peut trouver de l’avantage à l’élever en grand. Pour faciliter l’intelligence de ce que nous avons déjà dit et de ce que nous dirons encore de cet intéressant In¬ secte, nous avons cru devoir donner les deux gravures, pl. 6 et 7, qui représentent l’ailante et les divers aspects sous lesquels ce Ver à soie se présente. Ainsi, sur la pl. G, est d’abord figuré l’œuf de grandeur naturelle et grossi (fig. 1, 1 a et 1 b). Les fig. 1 et 1 a, placées sous la feuille inférieure à gauche, représentent les pontes composées d’œufs groupés, et la fig. 1 b offre le même œuf grossi à la loupe et couvert des petites taches noires qui le distin¬ guent de celui du Ver à soie du ricin, qui est entièrement blanc. Les fig. 1 a, sur la feuille inférieure de droite, et 2 of¬ frent l’aspect du jeune Ver récemment sorti de son œuf. On voit, en bas et à gauche, fig. 2 à G, les différentes MÉLANSGE ET NOUVELLES. 230 grandeurs du Ver et de sa tête écailleuse au moment où il va entrer en mue. La fig. 7 montre un Ver occupé à ronger une feuille et sortant de sa troisième mue. La fig. 8 représente le Ver adulte et allongé, comme on l’observe quand il mange. Tous ses caractères sont mar¬ qués avec un peu d’exagération, pour qu’on les saisisse mieux, et les points noirs qui le distinguent du Ver à soie du ricin sont fortement accusés. Les fig. 9 et 10 montrent deux cocons dont l’un (9) est encore enveloppé, en partie, par la foliole dans laquelle il a été filé et fixé au pétiole de la feuille; l’autre (10) est isolé et porte le long ligament qui le fixait au pétiole. La fig. 11 montre la chrysalide que l’on trouve dans les cocons; 12 offre les divisions du micromètre partagé en centièmes de millimètre, pour faire apprécier le calibre de la soie du Ver du mûrier et de ceux de l’aifante et du ricin. En a, on voit un fil de soie de l’ailante, qui est juste du même calibre que celui du Ver du mûrier; ces fils ont un diamètre de deux centièmes de millimètre. En b on voit, comparativement, un brin ou fil du Ver du ricin, qui a trois centièmes de millimètre de diamètre, ainsi que nous l’avons dit dans notre petit traité intitulé, Education des Vers à soie de l’ailante cl du ricin, etc., p. 23. Nous avons donné une idée, fig. 13, de l’aspect d’une feuille de l’ailante ; c’est une feuille composée d’un long pétiole et de nombreuses folioles opposées. Enfin la fig. 14 offre l’aspect des graines ailées de l’ailante, graines disposées en grappes au sommet des ra¬ meaux de l’arbre et que l’on recueille, après la chute des feuilles, pendant les mois de décembre, janvier et février. La pl. 7 offre une figure, réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle, d’un mâle de Bombyx cynthia vrai, qui se distingue principalement du Papillon du Ver à soie du ricin parce qu’il a le ventre jaune avec de petits toupets blancs, tandis que ceiui du ricin est entièrement blanc. 240 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Mai 1861.) L’année dernière, des milliers de visiteurs ont pu voir ce Ver à soie de l’ailante, nourri en plein air et sur des rejetons de cet arbre, dans le milieu du bois de Boulogne, près d’Auteuil. Aujourd’hui on pourra le voir à la ferme impériale de Vincennes (station de Joinville-le-Pont, au moulin), où nous avons pu, grâce au généreux appui de Sa Majesté, de S. Exc. M. le maréchal Vaillant et de M. Tisserant, inspecteur des domaines agricoles de l’Em¬ pereur, faire des plantations sérieuses d’ailantes, sur plu¬ sieurs hectares de terrain, et instituer là une véritable culture. La justice et la reconnaissance nous font un de¬ voir d’ajouter M. Laudon, ingénieur et entrepreneur des travaux du chemin de fer de Vincennes, qui nous a se¬ condé avec la plus grande bienveillance, en nous four¬ nissant tous les moyens de nous établir provisoirement près des terres qui nous ont été concédées et de faire con¬ fectionner les œufs du nouveau Ver à soie qui sont dis¬ tribués journellement aux nombreux propriétaires désireux d’essayer celte culture. Ces œufs sont envoyés aux agriculteurs par M. André Marchand, directeur de la Société séricicole I’Ailantine, rue des Petites-Écuries, 50. TABLE DES MATIÈRES. Pages. Pucheran. — Note sur les stations, eu France, du Putorius lutrcola. 193 A. Moquin-Tandon. — Considérations sur les œufs des Oi¬ seaux. 197 A. Ciievrolat. — Coléoptères nouveaux d’Algérie. 21)5 ue Sinetv. — Notes pour servir à la faune du dépaitcment de Seine-et-Marne. Orthoptères. 1209 Académie des sciences. 221 Société impériale zoologique d’acclimatation. 227 Mélanges et nouvelles. 233 PARIS.— IMP. DE Slrac V" BOUUIARD-HUZARl), RUE 1)E L EPERON, 5.— 1301. REVUE RT MAGASIN DE ZOOLOGIE RECUEIL MENSUEL DESTIN R A FACILITER AUX SAVANTS DE TOUS LES PATS LES MOYENS PE PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUEE A L’INDUSTRIE ET A l’aGRICULTURE, LEURS TRAVAUX DR PALÉONTOLOGIE, d’aNÀTOMIE ET DE PHYSIOLOGIE COMPARÉES, ET A LES TENIR AU COURANT DES NOUVELLES DÉCOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA SCIENCE; PAS M. F. E. GUÉRIN-MÉNEV1LLE , Membre de la Légion d'honneur, de l'ordre brésilien de la Rose, de la Société impériale et centrale d’Agricullure , des Académies royales des Sciences de Madrid et de Turin, de l'Académie royale d’Agriculture de Turin, de la Société impériale des naturalistes de Moscou , d'un grand nombre d'autres Sociétés nationales et étrangères , Secrétaire du Conseil de la Société impériale zoologique d'Acclimatation , etc., etc. PARIS, AU BUREAU DE LA REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE, RUE DES BEAUX-ARTS, 4. VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — JUIN 1K6I. I. TRAVAUX INÉDITS. Mémoires d’histoire naturelle du docteur I). Pablo de la Llave , extraits du Registre trimestre (1) publié à Mexico en 1832. De la recherche des objets d’histoire naturelle dans les régions chaudes du Mexique. L’herborisation, en Europe, ne présente pas de graves difficultés; on marche toujours dans des terres ensemen¬ cées, des prairies, friches couvertes de peu de bruyères, et, si on entre dans quelques bois, ceux-bà sont générale¬ ment clairs et les arbres , peu serrés , montrent leurs formes bien visibles. Il n’en est pas ainsi dans les terres chaudes de notre territoire, qui embrassent une étendue de bien des lieues. Tout est couvert de bois épais et ob¬ strués, et la première chose qu’un naturaliste doive faire, c’est de se pourvoir d’un ou deux hommes habitués aux forêts vierges ou monteros, qui puissent lui ouvrir le chemin. Comme toutes les fleurs sont, là-bas, sur les ar¬ bres, il faut aller avec les plus grandes précautions pour distinguer celles qui tombent parmi la feuillée et les brou¬ tilles, et, quand il s’en trouve, on ne sait pas à quel arbre elles appartiennent, parce que non-seulement ils se tou¬ chent, mais sont entrelacés et entremêlés. Enfin on con¬ naît l’arbre qui fleurit; mais, comme il est mêlé à d’au¬ tres arbres, et couvert de nombreuses plantes para¬ sites (2) et de puissantes lianes, le seul moyen certain de • tl) Rev. et mag. de zoologie , 1861 , p. 23. (2) .l'ai vu des parasites de la grandeur de grands magueys , et des lianes aussi grosses que le corps d’un homme robuste. 2e skrik. t. xiii. Année 1861. 16 242 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Jui)l 1861.) prendre un échantillon est d’abattre l’arbre à coups de hache. Mais alors, si c’est dans le temps de la sécheresse, déjà le botaniste est couvert de Pinolillo et autres espèces de Tiques, et déjà il a été victime du Rodator , du Gegen et du Chaquistle [ 1) ; cela sans compter les périls auxquels on s’expose par la morsure d’une Palaucu, d’un Suchil (2) ou Serpenta sonnettes. Maintenant, si c’est la saison des pluies, quand on s’y attend le moins, vient une averse; les sols plats sont très-fangeux , les montueux glissants à l’extrême, et, en entrant seulement dans le bois, même à cheval, on s’expose à être atteint par la fièvre (3). A tout cela se joint le dégoût du mauvais état où se trouvent les échantillons qu’on recueille, car la dessiccation se fait dif ficilement, et l’on a beau prendre des précautions, les plantes se noircissent. Quelle différence entre celte situa¬ tion et celle d’un botaniste d’Europe, qui va, choisissant de ses mains les exemplaires qui lui conviennent, courant dans des endroits sains, des terrains ouverts où l’on ren¬ contre partout des maisons de campagne, sans crainte des insectes et avec l’idée d’avoir avant peu un bel her¬ bier! Parmi les plantes grimpantes qui se trouvent dans les bois de Cordova, celle qu’on nomme Parra silvestre est (1) Insectes dont la piqûre excite une démangeaison telle, qu elle oblige à se gratter avec excès, d’où résultent parfois des plaies de guérison difficile. (2) Reptiles corpulents et venimeux. Le Suchil , particulièrement, est si hardi, qu’il vient sur le passant et attaque ceux qui le pour¬ suivent, ainsi qu’on me l’a assuré et rapporté un grand nombre de fois. (3) Quelques personnes croiront que les terres chaudes et humides sont détestables ; mais je dois avertir que cela est le revers de la mé¬ daille, et qu’on parle de ceux qui, sans y être habitués, se voient obligés à voyager et séjourner dans ces bois. Pour tous les autres, ces pays sont un véritable paradis , et ce qu’il y a de certain, c’est que la majorité des gens nés ou acclimatés dans ces pays les regrettent quand ils se voient obligés de s’établir dans d’autres endroits. TRAVAUX INÉDITS. 243 Irès-remarquable par la grande quantité d’eau qu’elle contient. En examinant le bois de cette liane, on ne voit que des canaux disposés dans les intervalles des rayons médullaires, de manière qu’on peut les considérer comme un faisceau ou assemblage de tubes, structure qui déjà l’éloigne des dicotylédones. Pour ce qui a rapport à la quantité d’eau qu’elle contient, je dirai ce qui m’est ar¬ rivé. Me trouvant dans une des montagnes de Cordova couvertes de grands bois, dans le mois de mars, qui est des plus chauds et secs de l’année, l’eau que nous avions emportée étant épuisée et ne pouvant faire un pas à cause de la soif qui me dévorait, un des forestiers mon¬ teras m’offrit de Veau de parra et, en le disant, il le fit. Il coupa une liane grosse comme le bras, et qui, en forme de balançoire, avait passé d’un arbre à l’autre ; ensuite, prenant une calebasse vide, ajusta une feuille en forme d’entonnoir sur l’ouverture , en séparant de la partie coupée de la liane un morceau de 1 mètre de long; sur-le- champ une grande quantité d’eau commença à sortir, en faisant entendre une espèce de bourdonnement, et il ré¬ péta deux fois l’opération, jusqu’à avoir presque empli la calebasse. Mes yeux dévoraient le liquide ; mais prendre de l’eau sortie d’une liane qui m’était inconnue, et au mi¬ lieu d’une montagne couverte de bois très-épais, n’était pas une petite affaire. Sans doute le montcro s’aperçut de mon hésitation, car il me demanda la permission de boire le premier. Voyant qu’il n’hésitait pas, je pris ensuite la calebasse et j’étanchai ma soif avec une eau qui me parut délicieuse; elle était effectivement fraîche, transparente et n’ayant aucun mauvais goût; en sorte que, durant toute cette expédition, je continuai à user de la même eau. Je n’ai vu ni les feuilles ni les fruits de cette liane, car, dans les forêts vierges comme celle-là, la force de la végétation ne se manifeste que sur la partie supérieure des arbres, et toute la partie inférieure, jusqu'au soi, est nue et sombre. 2Ü REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) Dans ma jeunesse, je n’avais pas d’idée d’histoire na¬ turelle, mais une passion décidée pour la chasse. Me trouvant dans un parage du canton de Cordova nommé Puante chica, je trouvai un arbre d’une grosseur prodigieuse avec une troupe de Singes qui, effrayés par les coups de fusil, au lieu d’échapper par les arbres, comme ils en ont l’habitude, ne firent pas autre chose que de chercher l’extrémité de la cime de l’arbre sur lequel nous les trouvâmes. L’expédient leur réussit; car, étant couverts par les branches et semblant diminués de vo¬ lume par la hauteur, on ne pouvait plus les tirer, et ces animaux se croyaient tellement en sûreté, qu’ils se mirent à manger très-joyeux, nous jetant de temps en temps des fruits ou des noyaux, qui sont très-durs. Quoique je n’eusse alors aucune idée d’histoire naturelle, je ne laissai pas d’être sensible aux beautés de la nature, et, admirant le feuillage et l’élévation de l’arbre, je demandai son nom aux monteros qui m’accompagnaient; ils me dirent que c’était un cosagüico. Je touchai le fruit avec la langue, et il me parut aigre-doux. Leur ayant demandé s’il se mangeait, ils me répondirent que non, que c'était poison, expression qu’ils appliquent généralement aux fruits qu’on n’a pas habitude de manger. Observations sur les ressemblances, dans la forme du bec, entre des Genres de Passereaux d’une même Faune, appartenant à des sections différentes de cet Ordre d’Oiseaux, par M. Pucheran. Il y a une trentaine d’années environ , qu’appliquant déjà à la Classe des Oiseaux, comme il devait le faire plus lard à la Classe des Mammifères, l’idée de Cuvier sur la possibilité de classer les Marsupiaux sur une série paral¬ lèle à celle des Monodelphes, M. le professeur Geoflfroy- Saint-Hilaire fils signalait que, parmi les Oiseaux, sous le TRAVAUX INÉDITS. 2V5 point de vue de la forme. rostrale , la division des Passe¬ reaux syndactyles de Cuvier reproduit, dans ses divers types génériques, celle des Passereaux grimpeurs ou zygo- dactyles (1). Ce fait est de toute exactitude et conduit évidemment à justifier encore l’opinion émise par le même Zoolo¬ giste (2), que la direction en arrière du doigt externe, chez les Zygodactyles, ne constitue pas un caractère suffi¬ sant et d'importance assez supérieure pour élever au rang d’Ordre, ainsi que l’a fait Cuvier, l’ensemble de diverses Familles qui présentent cette disposition. Quelques-unes des formes rostrales présentées par cer¬ tains Genres de Grimpeurs s’observent également dans d’autres genres de Passereaux, dont l’habitat se trouve absolument le même que celui des Zygodactyles, qui nous offrent le premier ternie de comparaison. La constatation de ces ressemblances se rallie, dès lors, à la série de re¬ cherches que nous poursuivons, depuis une dizaine d’an¬ nées, pour la détermination des Caractères généraux de nos Faunes actuelles. Les premiers Passereaux que nous avons comparés entre eux, sous ce point de vue sont, d’une part, quelques Bucconidés, et, d’autre part, un certain nombre de Tham- nophilidés. Or, en mettant en présence quelques-uns de ces types, il est facile de constater qu’il existe, par la forme du bec, une grande analogie entre Bucco Sicainsonii, par exemple, et les Cymbilaimes, Cymbilaimus macula tus , prin¬ cipalement. Elle est très-grande encore entre Cymbi¬ laimus lineatus , d’une part, et Bucco tamatia , Bucco mêla- nolmcos, d’autre part. Nous arrivons, enfin, à unesemblable conclusion, en mettant en présence Bucco rnaculatus et Taraba major [Thamnophilus major, Vieill.), Capito mela- ( 1 ) Zoologie de V Expédition de Morée , p. 50, en note. 2) Essais de Zoologie generale, p.474. 246 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [J Mil 1861.) notis , Tem., et l’unique espèce du Genre pour lequel Lesson, dans son Traité d' Ornithologie, a réservé le nom de B a tara. Parmi les espèces à bec plus petit, se comprimant et s'effilant en avant, la même analogie se présente entre Monasa ruficapilla et Pithjs leucops, entre Bucco frisai* et les Grallaria , Tardas tardais surtout. Dans l’une et l’autre de ces Familles, appartenant l’une à la section des Zygodactytes, l’autre à celle des Denti- rostres, nous trouvons donc des ressemblances sous le point de vue de la forme du bec. D’autres ressemblances subsistent encore entre les Bucconidés et les Thamnophi- lidés, que nous avons cités en premier lieu, car les uns et les autres ont les plumes du croupion très-décomposées et les ailes courtes; mais des différences essentiellement liées aux caractères les plus généraux des deux sections séparent les BucconidésdesThamnopbilidés. Ainsi, les pre¬ miers, dont certaines espèces, connues des Zoologistes du xvme siècle, avaient été réunies, par eux, aux Alcedo , ont le bec plus allongé; leurs tarses, et, par cette particula¬ rité, se manifeste un des traits inhérents à la diagnose physiologique de l’Oiseau percheur, leurs tarses sont moins allongés, et, dès lors, plus forts et plus vigoureux; leurs narines, plus rapprochées de la base du bec, sont plus couvertes de poils rigides ; leur mandibule inférieure est moins forte; la supérieure, à son tour, est douée d’une arête plus émoussée et moins saillante. On voit, dès lors, dans les Thamnophiüdés, autrefois réunis aux Lanidês, la manifestation des diverses particularités qui avaient donné lieu à une semblable assimilation. La dissemblance fournie par l’allongement et la graci¬ lité des tarses est encore plus saillante et, à tous égards, plus remarquable dans les exemplaires que nous avons cités en second lieu. Nous avons ici, dans ceux de nos TRAVAUX INÉDITS. 247 Dentirostres avec lesquels nous établissons la compa¬ raison, non- seulement des tarses bien plus allongés, mais une queue encore plus courte. En portant notre attention sur une autre section de Passereaux déodactyles, sur les Corvidés, si nous exa¬ minons les types Américains que les Zoologistes modernes comprennent dans le genre Cyanocorax de Boié, il est im¬ possible de leur refuser, sous le point de vue de la forme du bec, une certaine ressemblance avec les Thamnophi- lidés de taille moyenne, tels que les Cymbilaimes. Les Pica peruviana , Pica luxuoso, Pica pileata , Pica cyano- pogon se trouvent sûrement dans ces conditions. Toutes ces espèces sont encore plus grandes; leur tarse est, par conséquent, plus allongé ; elles présentent un déve¬ loppement encore plus marqué des diverses parties sur les¬ quelles ont déjà porté, dans les types homologues, les in¬ dications que nous avons données. Ajoutons, en outre, que, dans les deux espèces le plus essentiellement nor¬ males du vrai Genre Pica (Genre Cleptes de certains Orni¬ thologistes modernes), la Pie d’Europe ( Pieu melanoleuca) et la Pie de Numidie ( Pica mauritnnica), la mandibule supérieure est, en quelque sorte, aplatie par la disposition horizontale des plumes qui couvrent les narines, disposi¬ tion constante chez les Corbeaux, aussi bien que chez les Freux, Choucas et Casse-noix. Bien de semblable ne s’ob¬ serve dans les Cyanocorax dont les noms sont plus haut cités. Dans ces divers types spécifiques, les plumes sur- nasales ont plutôt de la tendance à s’élever en huppe, le long de l’aréte médiane du bec: il en résulte que les na¬ rines sont moins couvertes qu’elles ne le sont chez les Corbeaux, Freux, Choucas, Casse-noix et Pies, et (pie les vrais Cyanocorax présentent une disposition de narines 52. 1758. — (Arion cmpiricorum de Férussac, Hist. Moll., p. IG, pl. 1, f. 3. 1819). (2) Arion ater (Michaud, Compl. Drap., p. 1. 1831.— (Umax ater, Linnœus.) 252 rev. et mag. de zoologie. ( Juin 1861.) Ainsi, dans les vallées, on ne trouve, comme à Ba- gnères-de-Luchon, par exemple, que les diverses variétés noires de Y Ar ion rufus. Sur l’Arion albus. Tous les conchyliologues regardent l’Arion albus de Férussac (1), Hist. Moll., p. 64, pl. 11, f. 3, comme une bonne espèce; — ces savants sont dans l’erreur. Nous croyons pouvoir affirmer que la teinte blanchâtre qui caractérise V Arion albus n’est due qu’aux égouts de certains arbres sous lesquels cette espèce habite. Cet Arion, en effet, se décolore complètement sous l’influence de l’acidité de ces égouts. Nous avons trouvé plusieurs fois, en Savoie et dans les Pyrénées, ce Limacien tantôt complètement, tantôt aux trois quarts décoloré. Cette espèce n’est pas la seule soumise à l’influence des égouts des arbres. Dans les mêmes localités, les coquilles se trouvaient ternes, incolores et presque rongées. Pres¬ que toujours la partie calcaire du test était dissoute. Limax cinereo-mger. Limax cinereo-niger , Wolf [ 2), in Sturm, Deulschl. fauna , Wiirmer, 1er fasc. 1803. Cette magnifique espece, l’une des plus intéressantes de notre pays, a presque toujours été confondue à tort, par les conchyliologues français (3), avec la Limax cinereus de Miiller (Verni. Hist., II, p. 5. 1774) (4). En revanche , les autres malacologistes lui ont at¬ tribué, également à tort, tantôt le nom de Lineatus (5), (t) Limax albus de Muller, Etfer swamp., p. 61. 1763. i,2) Wolf a publié, dans l’ouvrage de Sturm, les deux premiers fascicules; — Voigt, les deux suivants; — enfin Hartmann von Hart- mannruthi, les quatre derniers. (3) Férussac, Moquin-Tandon, etc. (4) Limax maximus de Linnœus, Syst. nat. (cd. X),p. 65*2. 1758. (5) Limax lineatus, Dumont et Mnrtillet , Moll. Sav. et du Léman, tu Aun. Soc. nat. Savoie, p. 192. 1852. TRAVAUX INÉDITS. 253 tantôt ceux de Bilobatus (1) et de Claravallensis (2). Cette Limace habite les parties boisées et montueuses de la Savoie, de la Suisse, de la France, etc., surtout dans le Dauphiné, les Vosges et la Champagne. Dernièrement M. Deshayes nous a communiqué une variété de cette espèce à carène noire, comme le restant du corps. — Le type, comme chacun le sait, offre toujours une carène blanche sur un fond noir. Cette variété a été recueillie en grande abondance, par M. Deshayes, aux environs de Plombières-les-Bains. Limax nubigenus. Voici une espèce du groupe de la Limax cinereo-niger , mais bien autrement curieuse et intéressante. Si la Limax cinereo-niger est grande et de belle taille (3), elle est proportionnée à sa longueur, en ce sens que son corps se trouve fort, trapu; tandis que cette nouvelle Li¬ mace, lorsqu’elle marche, est fine comme un Ver, déliée comme un Serpent, de la grosseur d’un tuyau de plume et longue de 0m,2i à 0U\25. — Toutes les fois que nous avons rencontré cette espèce, nous la prenions, première vue, pour un de ces Reptiles au corps fin et agile, si dange¬ reux dans les pays montueux. Cette Limace habite la partie haute des montagnes, à la région des sapins. — Ainsi elle se rencontre dans les bois de Superbagnères (1,700 mètres), au-dessus de Luchon, et sur la Maladetta (Espagne), à la base des neiges éternelles, près du torrent qui se perd dans le cirque de la Rencluze (2,000 mètres). — Cette espèce est peu commune. Voici les caractères de la Nubigenus: Limax tcnui, elongatissimo, cyliodrico-fusiformi, postice acute cari- nato; — carina albidula in dorso evanescente ; — dorso ac lateribus omnino nigris, ac rugis argute eleganterque reticulatis, adornatis ; — pede nigro, in medio, zonula albida, ornato ; tentaculis majo- (1) (Non Férussac), Ray et Drouet, olini, in Sched. (‘2) Drouet, in Litt. et Sched. (3, File atteint jusqu’à 0m,t7 et Um , 18 de longueur. *25k REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861 .) ribus elongatis, nigris, parvulis patlidioribus; — clypeo maximo, antice uou adhærente ae dilatato rotuudalo, postice acute rostrato, concentrice striatulo. Limace grêle, très-allongée, cylindrique comme un tuyau de plume, et ornée, à sa partie postérieure, d’une carène blanche très-saillante, très-aiguë, qui disparaît au tiers de la longueur totale. Corps entièrement noir. Pied noir également, avec une grande zone blanche médiane. Les rides du dos et des côtés sont élégantes et finement réticulées. Le bouclier est très-grand, très-dilaté à sa partie antérieure, qui n’est point adhérente au corps. Pos¬ térieurement, le bouclier se termine en un rostre aigu. De petites lignes concentriques ornent sa surface. — L’orihce pulmonaire est très-postérieur, grand et très-large. — Le col, qui est très-allongéj, d’une teinte jaune cendré, sil¬ lonné, au-dessus, par deux petites lignes noires interrom¬ pues, se termine par une tête noirâtre dont les deux grands tentacules sont noirs et assez allongés, tandis que les deux petits sont d’une nuance plus pâle. De chaque côté de l’orifice buccal se trouvent deux pe¬ tits appendices labiaux d’une teinte blanchâtre. La mâchoire est forte, très-large, non striée et à peine rostrée à sa partie médiane. La Limacelle est grande, subtétragone, pellucide, vi- tracée , transparente sans partie calcaire, et ornée de zonulesqui sont concentriques à l’angle droit du sommet. Limax callichroüs. Cette Limace est une des plus belles de l'Europe, et il n’y a guère que la Limax Valentianus de Férussac qui puisse lui être comparée pour la richesse du coloris et la distribution heureuse de ses zonules et de ses taches. Cette espèce habite dans les vallées fraîches de presque toute la chaîne des Alpes maritimes. Ainsi elle se ren¬ contre aux environs de Gênes, de Savone, d’Albenga, etc. — Nous ne l’avons point trouvée aux alentours de Nice et TRAVAUX INÉDITS. 255 de Menton, bien que nous soyons persuadé qu’elle doit y vivre. Limax cyliudrico, postice acute rubro-sanguineo carinato; — cariua in dorso evanescente iu zouula Inteola usque ad clypeum ; — dorso ac lateribus I uteulis, utrinque duobns zonis nigcri imis adornatis, ac utrinque ad pedis marginem maculis uigris inlerruptis, spar- sisque, præbeutibus ; — rugis dorsalibus productis, valide reticu- latis. Pede albido-luteolo, ad margines paululura fusco; — tenla- culis majoribus, nigris, — parvulis pallidioribus ; — clypeo magno, autice rotundato, postice rostrato, concentrice striatulo, aterriino ac maculis luteo-viuosis passim ornato. Limace de taille ordinaire, de forme cylindrique, pos¬ térieurement terminée par une carène très-aiguë, élevée, d’un beau rouge de sang. Cette carène s’évanouit à un tiers de la longueur totale, pour donner suite à une jolie bande jaune qui se continue jusqu’au bouclier. Le dos et les flancs sont jaunes et ornés, de chaque côté, de deux zones noires non interrompues; enfin, également de chaque côté, vers le pied, se trouve une série de petites taches noirâtres inégalement distantes les unes des autres, mais, malgré tout, laissant parfaitement deviner un sen¬ timent de zone avortée et à l’état rudimentaire. Rides dorsales et latérales saillantes et fortement réticulées. Pied d’un blanc jaunâtre passant à une teinte brune vers les bords, qui sont assez saillants. — Le col et les abords du bouclier sont jaunâtres. — Sur le sommet du col se trouvent deux petites lignes noires interrompues qui vien¬ nent aboutir â la base des deux grands tentacules, qui sont de taille médiocre, noirs et assez renflés à leur sommet; les petits tentacules sont d’une teinte plus pâle. — Bouclier grand, non adhérent à sa partie antérieure, qui est ar¬ rondie, et postérieurement rostré. Orifice pulmonaire peu postérieur, formant une forte échancrure. Bouclier d’un brun noir, orné de taches jaunes vineuses, surtout vers ses bords et sur le pourtour présumé de la limacelle. Rides concentriques peu sensibles» 256 rev. et mag. de zoologie. [Juin 1861.) Longueur de l’animal contracté, 45 mill. Longueur de l’animal en marche, 60 mill. Limax Doriæ. Cette espèce (voy. pl. 8, 1'. 1-11) est bien, sans contre¬ dit, la plus grande, la plus curieuse Limace que nous connaissions. Ce gigantesque animal, depuis l’extrémité du corps jus¬ qu’à la pointe du grand tentacule, mesure près de 36 cent, (voy. f. 6), — et pourtant cette taille n’a rien d’exagéré chez cette espèce, puisque nous connaissons un amateur qui en possède un individu de 0ni,45. Lorsque l’animal est contracté dans l’alcool, le corps a encore 12 à 13 cent, de longueur sur 9 cent, de pourtour. La Limax Doriæ vit dans les endroits humides et om¬ bragés, sous les pierres, au fond des vallées des Alpes maritimes. Ainsi elle se trouve à Menton (Alpes-Mari¬ times), — Finale, Savone (Piémont), ainsi qu’aux environs de Gênes, surtout proche de Pegli, dans une propriété du marquis Doria. Cette espèce, que nous dédions à notre estimable ami M. Jacques Doria, a encore été recueillie, par ce savant, dans les vallées du Montferrat (Piémont). Lima* cylindrico, gigauteo, postice maxime rubro-sanguineo carinato; — carina evanesceute in zonula rubro-sanguinea fere usque ad tlypeum; — sulcis dorsalibus validis, reticulatis; cæruleo-nigres- cente, vel sæpissime aterrimo; pede atro, zonula mediana obscure luteolo-albida , præbeute ; — clypeo maximo aterrimo, antice ro- timdato, paululum non adhærente. postice minime rostrato, — sub- granuloso. Limace de forme cylindrique, de taille gigantesque, par rapport aux autres espèces de ce genre. Corps posté¬ rieurement terminé en pointe aiguë et par une carène d’un rouge vif de sang, haute, quelquefois piissée (fig. 4). — La carène se termine ordinairement vers le tiers de la longueur totale , et est remplacée par une zone de même teinte qui se prolonge sur tout le dos jusqu’au bon- TKAVAUX INÉDITS. 257 clier (1). Ordinairement d’un beau noir foncé tirant sur le bleu, quelquefois cette espèce offre les nuances tantôt d’un brun roux ou cendré verdâtre, tantôt d’un marron foncé ou d’un cendré noirâtre, etc. (fig. 7, 8, 9, 10, 11); mais, malgré ces différences de tons, la carène rouge existe toujours, du moins dans les échantillons que nous avons récoltés ou que nous avons reçus. — llides sail¬ lantes, prononcées, à sillons profonds, et parfaitement réticulées. Pied noir, traversé par une large bande d’un blanc jaune un peu terne (fîg. 5). — bouclier très-grand, arrondi antérieurement et, postérieurement, un peu rostré; — non-adhérence médiocre à la partie antérieure. — Surface très-noire, subgranulée et non ornée de stries concentriques, comme chez les espèces qui lui sont voi¬ sines. Orifice respiratoire oval , médiocrement posté¬ rieur, formant une forte échancrure. Col et tête d’une teinte plus pâle ; grands tentacules pro¬ portionnellement médiocres, ainsi que les petits. Appen¬ dices labiaux près de l’orifice buccal. Limacelle de faible taille, peu épaisse (fig. 3), subob- longue, à lignes concentriques assez bien marquées. Mâchoire très-forte, aussi large à ses deux extrémités qu’à son milieu, épaisse, presque lisse. Rostre médian peu développé (fig. 1). Limax Dacampi (2). Limax Dacampi, Mtnegazzi , Malac. Véron., in Mém. Acad, di Verona, vol. XXXII, p. 63, pl. 1, f. 1-4. 1835. Ce Limacien, aussi intéressant que l’espèce précédente, habite dans toute l’Italie nord oriental, surtout aux alen¬ tours de Peschiera, de Vérone, etc. Nous en avons recueilli une variété charmante à Orbe- (1) Quelquefois cette zoue u’atteiut pas le bouclier connue dans l’échanti Ilou représenté à la lin de ce travail. (2) Voyez Spicil., pl. XIV. 2° suiuk. t. sim. Anuée 1 8(i 1 . 17 2o8 REV. ET MAPr. DE ZOOLOGIE. [Juin 1 8 G 1 . ) letlo (États romains), qui se distingue du type par l’ab¬ sence complète, sur les flancs, des deux zones blanchâtres (fig. 1, pl. XIV des Spicil.). — Les taches rouge de sang existent, du reste, comme dans le type, seulement elles se trouvent sur un fond d’un gris cendre. Voici les caractères que Menegazzi a attribués à cette espèce : « Limax corpore sordide albescente; — lateribus rufo-fnscis, fasciis dorsalibus quinque decrescentibus sanguineis ac nigris lougitudi- naliter alternatirn notalo; tuberculis oblongis, irregularibus ; — fiontc grisea; — teotaculis cinereis, granùlosis, basi iatis ; — clÿ peo carneo-cupreo-rufescente, concentrice erispato-sub alo , postiee euneato, raargiuibus auticis carueis ; — apertura respiratoria pos¬ tica, cinereo-marginata ; — disco sordide-albescente, fascia n trinque marginali lata, einereo nigrcscente prædito ; aliisque pedis cyaneo- nigrescentibus (Menegazzi). » Limax psauus. Limax eleganter cylindrieo , elongato, postiee acuto ac albidulo- eariaato; rugis elongatis, reticulatis; dorso cinereo-cærulescenle ad marginem pedis evanescente in einereo luteolo , ac maculis aterrimis rotundisque passim late sparsis, adoruato ; — pede al bi dulo-luteolo ; — clypeo magno, autice non adhærente ac rotundato. postiee et ta ni rotundato, irregulariter striatulo, einereo-cæruleo ac paucis maetilis aterrimis passim ornato. ' Limace cylindrique , de forme allongée et cylindrique, terminée par une queue aiguë, à carène blanchâtre. Rides du corps finement réticulées et très-allongées. Dos et flancs d’une belle couleur cendré bleuâtre, passant, aux abords du pied, en une nuance d’un blanc jaunâtre. Le tout mou¬ cheté çà et là de petites taches arrondies, d’un noir très- brillant. Pied d’un jaune blanc. Bouclier grand, anté¬ rieurement non adhérent et arrondi, ainsi qu’à sa partie postérieure; stries irrégulières, fines et non concentri¬ ques. Couleur du bouclier d’un beau bleu cendré, mou¬ cheté, comme le reste du corps, de quelques taches du plus beau noir possible. Orifice respiratoire presque médian, se montrant sous TRAVAUX INÉDITS. 259 la Corme d’une fente étroite, échancrant fortement le man¬ teau. Tête d’un blanc jaunâtre. Grands tentacules tins, al¬ longés, violacés. Petits tentacules d’un violacé jaune. Longueur de l’animal contracté dans l’alcool, k cent.; Longueur de l’animal en marche, 7 cent. Cette espèce habite en Lombardie, dans les endroits ombragés, sous les pierres, les morceaux de bois, aux en¬ virons de Brianza. Limax g agates. Umax gagates, Drap., Tabl. Moll., p. 100, 1801; — Hist. Moll., p. 122, pl. 9, f. 1. 1805. Cette espèce, indiquée, dans un grand nombre de ca¬ talogues de France, comme une Limace de l’intérieur des terres, est, au contraire, un animal du littoral. Ainsi, depuis le Finistère, elle suit les côtes du Mor¬ bihan, de la Charente-Inférieure, de la Gironde, etc., passe en Espagne, en Portugal, et se retrouve ensuite sur un grand nombre de points du littoral méditerranéen; en Italie, en Sicile, en Algérie, au Maroc, etc. Cette espèce est même acclimatée en Angleterre et en Irlande. La Limax gagates ainsi que la Sowerbgi servent de type à ce nouveau genre de Limacien, créé par Gray, en 1855, sous l’appellation de Milax, in Cat. of Pulmonata or air. — Breathing Moll., in the coll. of the Brith. Mus. (1). Limax Soweruyi. Limax Sowerbyi, Férussac, Hist. Moll., p.96, pl. VIII I), f. 7-8. 1823. M. Gassies (in Act. Soc. Linn. Bord., t. XXII, 3e série, p. 232, novembre 1856) a publié cette espèce sous l’ap- (1) Dans ce môme travail, M. Gray a encore établi, pour la Limai lombricoides de Morelel (Moll, du Portugal, 1815), le genre Malino. — D’après les caractères de ce. nouveau genre , nous ne serions pas éloigné de considérer ce genre comme une subdivision des Kryniokia de Kaleniczenko (Bull. Soc. imp. nat. de Moscou, n° I, p. 30. 183!»;. 260 riîv. et mag. de zoologie. ( Juin 1861.) pellation de Limax ai'gillaceus. — La description donnée par cet auteur est très-bonne ; nous la transcrivons ici, afin d’appeler de nouveau l’attention des conchyliologues sur cette Limace nouvelle pour la faune française. « Animal allongé, caréné. — Tentacules supérieurs noirâtres ou violâtres. Point oculiforme très-noir, peu visible. — Tentacules inférieurs courts, gris foncé, un peu noirs vers le sommet. — Cuirasse double, séparée en deux parties inégales par l’orifice respiratoire, qui se trouve placé très-en arrière. « Carène jaune de chrome, partant brusquement de la cuirasse et se terminant en arrière, en se relevant un peu. « Peau chagrinée assez fortement de noir, sur un fond brun bien obscur; bords du manteau et du pied jau¬ nâtres. Plan locomoteur légèrement zébré à sa marge, dessous jaune pâle; mucus jaune rouge épais, peu abon¬ dant. « Mâchoire cornée, à bec central, bombé et aigu. Langue spiriforme, garnie de spinules espacées en fer de lance recourbé à la pointe. « Osselet ovale inégal, un peu abattu à droite. Nucléus bombé, chagriné, sans apparence de spire. » Longueur de l’animal en marche, 09 cent.; Longueur de l’animal contracté, 25 cent. Cette espèce, recueillie par M. Gassies sur les terrains argileux des plateaux élevés de Loi mont (Gironde), se trouve également en très-grande abondance dans les jar¬ dins de Vannes (Morbihan) (1). Cette Limace est originaire d’Espagne, d’où nous l’avons reçue, seulement sans indication de localité; elle s’est propagée ensuite, sans aucun doute, le long des côtes de l’Océan, à l’instar de l’ llelix Quimperiana. — Il est très- présumable qu’elle sera, plus tard, constatée sur tout le (1) Voyez Bouryuignal, Malac. terr. et fluv. de la Bretagne, p. 43. 1860. TRAVAUX INÉDITS. 261 littoral français, lorsque les naturalistes voudront faire des recherches un peu plus sérieuses au sujet des Limaces de notre pays. Ce Limacien a même été acclimaté depuis un temps im¬ mémorial en Angleterre, aux environs de Benwell et de Londres, et en Irlande, aux alentours de Dublin et de Galway. C’est d’après un échantillon anglais que Férussac a établi cette espèce. Leach est le premier qui ait fait connaître ce Limacien sous le nom de Limax carinatus (1); seulement cette ap¬ pellation ne peut être adoptée , puisque l’ouvrage de Leach, qui date de 1820, n’a malheureusement été publié qu’en 1852, par les soins de Gray ; or ltisso , en 1826, a édité sous ce même nom de Carinatus une espèce toute différente (2). Quant à la Limax carenatus (3) de d’Orbigny (Moll . Canar. , p. 47, pl. III, f. 4-8, 1839), c’ est une espèce que nous avons éditée sous la dénomination de Umax polyptijelus, dans notre Noie sur les Limaces des îles Madère et TênérijJ'e (in Bouryuignat, Àtnén. malac., t. II, p. 143. 1859). Limax marginatus. Limax marginatus, Muller , Verni. Hist. Il, p. 10. 1774. — Draparnau'l, Hist. Moll., p. 124, pl. 9, f. 9. 1805. Cette espèce est spéciale au littoral de la Méditerranée, ainsi qu’à quelques contrées montueuses de la France et de l’Allemagne. Certains auteurs prétendent l’avoir trouvée dans toute la France; il est plus que probable qu’ils ne la connais¬ sent pas et qu’ils ne l’ont jamais vue. (1) Synops. Moll., p. 54, pl. 8, f. 3. 1852. (2) Voyez Limax carinatus, in Bourguignat, Moll. Alpes maritimes. (3) Errore pro carinatus. 262 HEV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) Cette Limace est parfaitement typique dans presque toutes les vallées des Alpes maritimes, surtout aux envi¬ rons de Gênes et de Savone. Limax Veranyanus (1). Cette nouvelle espèce ressemble, à première vue, par sa forme et sa coloration , à la Limax marginatus, mais elle en diffère surtout par son extrémité, qui est seulement fortement carénée, ce qui n’a pas lieu chez la Marginatus, dont la carène se prolonge jusqu’au bouclier. Cette Limace, que nous dédions à notre honorable ami le chevalier Verany, de Nice, se distingue par les carac¬ tères suivants : Limax gracili, cylindrico, postice acute carinato; — rugis elougatis, eleganter reticulatis; — dorso et lateribus cinereis, multitudine exigui fusci inaculi punctato; pede albidulo; — clypeo antice non adhærente, rotuudato, postice vix rostrato, fere rotundato, ci- nereo, fere uigro, multis inaeuhs atris sparsim undique adspersis. Limace cylindrique, assez grêle, postérieurement forte¬ ment carénée. Rides allongées, peu sensibles, très-fine¬ ment et très-élégamment réticulées. Corps cendré, orné d’une multitude de petits points noirs. Pied d’un blanc terne. Bouclier antérieurement arrondi et non adhérent, postérieurement arrondi et à peine rostré, d’une cou¬ leur cendrée plus prononcée , moucheté d’une grande quantité de petits points noirs irrégulièrement placés les uns par rapport aux autres. Orifice pulmonaire arrondi, postérieurement placé et formant une assez forte échancrure. Tête d’un blanc sale. Tentacules supérieurs allongés, d’un gris pâle. Tentacules inférieurs petits, transparents. Longueur de l’animal en marche, 5 cent.; Longueur de l’animal contracté, 2 cent. Cette espèce se trouve principalement dans les environs de Gênes (Piémont). — Elle habite dans les endroits om¬ it) Voyez Spicil. mal., pl. XIII, f. 9. TRAVAUX INÉDITS. 263 bragés des vallées de toute la chaîne des Alpes mari¬ times. LlMAX PYCN0ULENN1US. Lima x parvulo, postke carinalo ac Iruncato, omnino albo-laclesccnte; rugis paucis, argutissirue ret icu la Lis ; pede albido-lacAesccnU* ; . — clypoo maxituo, oblongo, antice non adhærentc, rotundalo, postice subbilobato. Animal petit, épais, ramassé. Corps postérieur caréné et se terminant brusquement en dos d’âne, entièrement d’un blauc de lait et se recouvrant subitement d’un mucus épais, lactescent, aussitôt qu’on le touche. Les rides sont très-espacées et très-finement réticulées les unes aux au¬ tres. Pied lactescent. — Bouclier oblong, très-grand, an¬ térieurement arrondi et non adhérent, postérieurement un peu bilobé; même couleur que le reste du corps. — Orifice respiratoire sous la forme d’une fente, et échan- crant fortement le manteau. Tète petite, pâle, transpa¬ rente, unicolore, à tentacules médiocres et transparents. Animal timide, lent, habitant sous les pierres dans les endroits très-humides des vallées des Pyrénées. Nous avons recueilli celle espèce dans la vallée du Pic du Cers, à \ kilom. environ des Eaux-Bonnes, ainsi que près de Luchon, dans la vallée du Lys, tout proche de la cascade de Cœur. Le mucus de ce Limacien lactescent est si épais et si abondant, qu’il suffit pour le dérober aux regards de ses ennemis. — Lorsqu’on a excité cette Limace et qu elle s’est deux fois enveloppée de son mucus, elle demeure épuisée et devient presque transparente. La longueur de celte espèce à l’état vivant est 3 cent. [La suite au prochain numéro.) 264 rev. et mag. UE zoologie. ( Juin 1861.) Description de Coléoptères nouveaux d’Algérie, par A. Ciieyrolat (1). 93. Xenostrongylus obsolelus, breviter ovatus, convexus, pube ci- nerea omnino deprcssa densissimc vestitus; elytris oblonga ma¬ cula commiini basi et fascia arcuata, ultra mediam posila, obso¬ lète fuscis; labro antennis pedibusque pallidis. — L., 2 12; 1., 1 1/2 m. Ovalaire, convexe, recouvert d’une courte pubescence uniforme, serrée, d’un blanc cendré verdâtre qui empêche d’apercevoir sa ponctuation dense. Tête transverse, con¬ vexe, marquée d’un sillon longitudinal, et d’un second arqué en avant. Labre , antennes ferrugineux; ces dernières sont recouvertes d’un duvet cendré. Yeux petits, noirs. Prothorax transverse, échancré en demi-cercle sur le de¬ vant , abaissé, aplani, déprimé, arrondi sur le côté, étroitement rebordé, si ce n’est sur la base, qui est tant soit peu flexueuse ; son disque est convexe en arrière. Ecusson triangulaire, incliné en devant. Elytres marquées d’une grande tache oblongue, commune, qui entoure l’écusson et s’étend jusqu’au milieu de la longueur; au delà est une bande arquée qui remonte jusqu’à l’épaule ; toutes deux sont d’un fauve pâle. Pattes ferrugineuses, légèrement tomenteuses. Des environs d’Alger ; envoi de M. Poupillier. Cette espèce devra se placer avant le X. arcuatus, Kies., plus large que ce dernier; son prothorax est déprimé et impressionné sur les côtés; la tache dorsale des étuis est plus étroite et plus allongée, la bande postérieure n’est pas interrompue. LeX. arcuatus, du reste, est d’un fauve verdâtre, plus étroit et régulièrement convexe. 94. Xenostrongylus lateralis, vicinus X. histrioni, Woll., sed iu humeris latior, ovalis, valde convexus, pube lanata fusco-obscura, albida et nigra variegata tectus ; capite obscuro; autenuis pedi- (,1) Voir la licv. et Mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304, 380 à 389; 1800, p. 75 à 82, 128 à 137, 208 à 212, 269, 302, 409, 448, 509 ; 1861, p. 118,205. TRAVAUX INÉDITS. 265 busqué ferrugiueis ; prothorace lateribus Iate cum fasciola dorsali (uigro-limbata) albis ; scutello ciuereo ; in elytris, fascia arcuala, puuctis quatuor posticis, albis, ad suturam punctis tribus con- junctis, fasciolisque dorsalibus duabus nigris et macula latc- rali fusco-brunnea ante punctos terminata. — L., 2; 1 , t 1/3 m. Voisin du X. histrio, Woll., un peu plus grand et surtout plus élargi sur les épaules, recouvert d’une pubescence cotonneuse, mélangée d’obscur, de brun, de fauve, de noir et de blanc. Tête luisante, d’un brun verdâtre. An¬ tennes et pattes ferrugineuses Prothorax ayant ses bords latéraux élargis, déprimés, aplatis, étroitement rebordés et largement blanchâtres ; sur le milieu du disque on voit une petite bande transverse, arquée, blanche, ayant ses bords maculés de noir; sa base est très-fluxueuse et les angles postérieurs sont anguleusement prolongés en ar¬ rière. Ecusson triangulaire, cendré. Elytres fauves, mé¬ langées de gris et présentant trois points •.* réunis entre eux et deux petits traits sur la suture ; immédiatement au- dessous du premier trait se voit un arceau blanc, et près de l’extrémité de chaque étui sont deux points blancs ; la marge est largement brune au-dessous de l’épaule, et se prolonge presque jusqu’à ces deux points. Cette espèce a été trouvée, par M. L. Lethierry, aux environs de Philippeville, et c’est de lui que je la tiens. Ma collection renferme quatre espèces de ce genre. 95. Cybocephalus diademalus, affinisC. pulchello , Er., ovatus, glo- bosus, glaber uigro-uitidus ; cupitc lato, thorace ample, cum mar- giue antico smaragdinis. — L., 2; 1., 1 m. Ovalaire globuleux, glabre, d’un noir profond, très- brillant. Tête large, arrondie, convexe, d’un beau vert- émeraude. Yeux noirs. Prothorax ample, transverse, cintré sur le milieu antérieur, avec l’angle abaissé, modé¬ rément avancé sur les yeux, arrondi obtusément et si¬ nueux en dedans; côtés régulièrement arrondis jusque sur la base, qui est droite ; il offre, sur son bord antérieur, une bande émeraude qui est étroite en dehors, mais qui 266 rf.v. et mag. de zoologie. [Juin 1861.) s'étend et s’avance presque jusqu’au centre. Ecusson nul. E ty 1res trois fois aussi longues que le prothorax, moins larges que ce dernier à leur base, allant faiblement en s’amincissant et arrondies, chacune, à l’extrémité. La marge est étroitement sillonnée. Pattes et corps, en des¬ sous, noirs. Elle se distingue du C. pulchcllus, Er., et de Yeœiguus , Sahl., par son prothorax un peu moins dilaté et par l'angle antérieur, qui est un peu moins avancé. Cette intéressante espèce a été trouvée, par M. Poupil- lier, aux environs d’Alger, sous des détritus provenant d’inondations Cet habile chasseur me dit que, vu vivant au soleil, on le prendrait pour une petite perle, tant la partie antérieure de son corps, qui est d’une jolie couleur verte, est éclatante. !>6. Ilhyssemus aspericeps, uiger, opacus; capite uigro, tubrrculis asperatis tecto, duobus Irontalibus obliquis et inajoribus; labro laie emarginato, rufo; prothoraee autice auguste luteo, margiuibus setosis, costis quinque transversis, costa quarta in medio iuterrupta, postice recurva; cl y tris rufis vel rufo obscuris, sulcos duplicatos et intus transverse crenutatos ferentibus, stria suturali et mar- ginali profundis; autennis pedibusque rufescentibus , tibiis anticis evtus 3-deutatis. — L., 3 1/2, 4; 1., 1 4/5, 2 m. D’un noir terne. Tête brillante, arrondie, oonvexe, cou¬ verte de petits tubercules aigus, dont deux obliques et plus grands sur le front; vertex abaissé, aplani et cendré. Labre largement éch ancré, avec les palpes et les antennes d’un roux ferrugineux. Prothorax marqué de cinq certes transversales, la quatrième, en partant du sommet, est interrompue et recourbée en dessous, vers le milieu; au centre, un court sillon; son bord antérieur est étroitement jaunâtre, et des soies roides et jaunes bordent les côtés et la base. Ecusson allongé, conique. Ebjlrcs rousses ou d’un roux obscur, à stries simples doubles, rapprochées, renfermant de petits tubercules transverses, étroits et serrés; celles suturale et marginale plus profondes. Pattes TRAVAUX INÉDITS. 267 ferrugineuses. Jambes antérieures munies de trois dents assez longues et arquées. Deux exemplaires, pris aux environs d’Alger, m’ont été adressés par M. Poupillier. Cette espèce devra prendre place avant le H. germa - nirus, Linn.; elle a certains rapports avec te H. algiricus, Luc., et en est distincte par son prothorax non pointillé, mais granuleux entre les cotes. 97. Cebrio ruftpes J, elongatiis, supra niger, nilidus, crcbre punc- tatus ; pcctore lanato, fnsco; palpis, arïtennarum articulo primo, abdomine pedibusquc rufis; capite forliter punctato, forea magna triaugulari ; prothorace trausverso, minute puoctato, angulis pos- licis ad apiccm externe productis, sulco basali brevi ; ely tris inæ- qualiter punctato-striatis , intervallis costulatis et puuctatis. — L., 21; 1., 6 in. D’un noir luisant en dessus. Tête large, arrondie, à ponctuation forte, offrant une large dépression triangu¬ laire en avant et un sillon longitudinal obsolète. Mandi¬ bules et yeux noirs. Palpes ferrugineux. Antennes de la longueur à peu près de la moitié du corps; à premier ar¬ ticle ferrugineux; deuxième et troisième courts, d’un brun clair terne ; suivants de même couleur, mais luisants ; le quatrième est le plus long de tous ; les suivants sont égaux et d’un tiers plus courts que le précédent. Prothorax plus transversal que de coutume, plus finement ponctué que la tête, couvert d’un poil mou, d’un roux doré; son bord antérieur s’avance circulairement vers le milieu et s’abaisse sur les côtés ; l’angle antérieur est arrondi; sa base est doublement cintrée; un court sillon en dessus, sur le mi¬ lieu ; angles postérieurs divergents, aigus ; le dessous est densément velu et d’un blond roussàtre. Ecusson ovalaire, ponctué. Elytres un pou plus larges que le prolhorax, trois fois et demie aussi longues, étroitement arrondies sur chaque extrémité, à stries ponctuées d’une manière ii régulière (ces points sont ou de forme carrée, fovéolcs , réticulés, ou petits); interstices légèrement eu côtes, 268 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Juin 1861.) ponctués. Poitrine couverte d’un poil blond épars Abdo¬ men et pattes ferrugineux. Jambes et tarses un peu rous- sàtres. Cette espèce m’a été envoyée par M. Prophette ; elle habite les environs d’Oran. Par la forme générale, elle se rapproche du C. numi- dicus, Lucas. 98. Malthinus signatus nigro-opaeus, subuitidus; protborace luteo macula oblonga nigra, versus lalera recte proteusa ; el y tris sub- metallicis rugulosis, ad apicem (lavis ; laleribus pectoris (lavis, abdomiue supra nigro, iufra (lavo puuctis nigris iu inedio notato, penultimo segmeuto rufo. — L., 6; 1 1/2. D’un noir terne, cependant un peu brillant par places. Tête allongée, arrondie, brillante sur le front. Yeux très- noirs. Antennes minces, de la longueur du corps. Prothorax aussi long que large, atténué dans sa moitié postérieure, relevé sur le bord en avant et en arrière, d’un jaune rou¬ geâtre, offrant sur son disque une grande tache oblongue noire qui avoisine chaque extrémité; un trait roide de même couleur s’en détache sur le côté; sillon transversal assez profond. Ec isson allongé, d’un noir grisâtre, tra¬ versé par un sillon. Elxjtres d’un noir métallique, rugu- leuses, ornées, sur le sommet, d’une tache d’un beau jaune, qui est coupée droit en dessus et arrondie en ar¬ rière. Côtés de la poitrine avec uneligne jaune arquée, cro¬ chue en arrière. Abdomen noir en dessus, jaune en des¬ sous, marqué de points noirs au milieu. Le pénultième segment est cylindrique et rougeâtre, sa base est obscure ; dernier petit, de couleur orangé. Reçu de M. J. Poupillier comme se trouvant aux envi¬ rons d’Alger. On devra le classer avant le M. sanguino- lentus , Fallen. 99. Phytonomus arnbigenus, affiuis P. signato , Bbn., sed ir.inor, planus, aliter coloratus pilisque nigris et fuscis iodutus, oblon- giiSjCinereo-rubidus, piliserectis rétro vestilus; rostro cyliudrico, arcuato, infuscalo ; capite parvo, ciuereo ; anteuuis pallide fcrru- TRAVAUX INÉDITS. 269 gineis; oculis nigris; prothorace planiusculo, lateribus rolunde ainpliatis, dorsalibus lineis tribus albidis signato; ely tris punctato- striatis, lincolis duabus basalibus, sutura angusta, maculisque plurimis in tergo postico arcuatiin dispositis , fuscis; tibiis tarsis- que pellidis. — L., 5; J., 2 1/3 m. Assez semblable au P. signalas, lîhn., plus petit, dé¬ primé eu dessus, d’un cendré rougeâtre, et s’en distingue particulièrement parles taches et dessins des élytres, dont la fourrure est formée de longs poils blonds inclinés , mélangés de noir vers l’extrémité, tandis que ces poils sont blancs chez l’espèce comparative. Trompe assez mince, cylindrique, arquée, obscure. Tète petite, cendrée. An¬ tennes pâles. Yeux noirs. Prothorax aplani, transverse, échancré cylindriquement en avant, avec les bords un peu plus avancés près des yeux, presque droit sur la base, cependant faiblement anguleux ; les côtés sont élargis et arrondis; sa surface est couverte d’un poil court, dense, et d’un pointillé irès-serré; elle offre trois lignes longitu¬ dinales plus pâles que le fond, qui est plutôt brunâtre. Ecusson ponctiforme , très-petit. Elytres convexes sur la déclivité dorsale postérieure, un peu plus larges que le prothorax dans sa plus grande étendue, un peu acu- minées sur le sommet de la suture; elles portent des stries ponctuées, minces près de la suture, mais, à partir de la quatrième , ces points deviennent de plus en plus gros et mieux accusés; sur la base, entre les deuxième et troi¬ sième stries, apparaît, de chaque côté, un petit trait brun; la suture est étroitement et inégalement biune, et des taches de même couleur forment, par leur ensemble, sur la partie déclive du dos, un cercle ayant sa courbe en ar¬ rière. Jambes et tarses pâles. Nous placerons cette espèce après le P. signatus. Elle a été découverte près Alger par M. J. Poupillier. 100. Pharus? selulosus, hemisphæricus, niger, nitidus, crcbre puuc- lulatus, pilis brevibus, cincreis crectis vestitus ; capite planiusculo , transverse quadrato, antice atteuuato et reflexo; labro luteo; pro- 270 rev. et mag. de zooi.ogie. [Juin 1861.) Ihorace traasverso, laleribus subroLuotlalo, obsolète sulcalo, pau- lulum refleso, aogulis antice obtuse protensis; elytris maculis oclo flavis 2, 4, 2; pedibus testaceis. — L., 1 1/2, 2 -, 1., 1 1/3 m. Hémisphérique, d’un noir légèrement brillant, couvert d’une ponctuation fine, serrée, et d’un poil cendré court et roide. Tête en carré transversal, à peine convexe, dis¬ tinctement pointillée, ayant, de chaque côté, en avant, une faible fossette. Labre étroit, transverse, jaunâtre. Yeux d’un brun noirâtre. Prothorax trois fois aussi large que haut, échancré en demi-cercle sur la tête, avec les angles antérieurs un peu avancés et arrondis; la base est cintrée en arrière ; les côtés sont abaissés, arrondis, apla¬ nis, à peine sillonnés et un peu relevés sur leurs bords. Ecusson étroit, subconique. Ehjtres circulaires, régulière¬ ment convexes, ornées, chacune, de quatre taches jaunes : première carrée, grande, située au-dessous de la base, rapprochée de la suture et étendue, extérieurement, jus¬ qu’au repli huméral; deuxième et troisième arrondies, rapprochées de la précédente, en regard l’une de l’autre et ayant leur sommet situé vers le milieu longitudinal ; quatrième étroite, transverse, en forme de virgule, ayant sa limite vers la hauteur de la deuxième tache, et arrivant, à l’opposé, jusqu’à la suture. Pattes testacées. Je possède cinq exemplaires de taille diverse, qui ne m’ont offert aucune différence de couleur sur la tête ; seulement les taches des ély très varient un peu de gran¬ deur et sont plus ou moins rapprochées ou séparées. Cette espèce habite les environs d’Alger pendant la saison d’hiver; je la dois à notre collègue M. Poupillier II. SOCIÉTÉS SAVAXTES. Académie des sciences de Paris. Séance (lu 'S juin 1861. — M. le ministre de la guerre SOCIÉTÉS SAVANTES. 27 1 adresse la Lettre suivante sur des Larves d Insectes de la famille des Hyménoptères attaquant des balles de plomb. « Mon prédécesseur a donné à l’Académie des sciences, le 7 septembre 1857, communication de plusieurs cartou¬ ches qui avaient été attaquées, dans des caisses en bois où elles se trouvaient en paquets, par des Insectes ron¬ deurs appartenant à l'ordre des Hyménoptères. « Un fait analogue vient de se produire à Grenoble, où l’on a trouvé, en procédant à la démolition de cartou¬ ches confectionnées en 185G, plusieurs de ces Insectes. « L’examen de ces singulières détériorations me paraît devoir intéresser d’autant plus l’Académie des sciences, que l’opinion émise sur la nature et le travail des Insectes dont il s’agit, par M. le directeur du muséum d’histoire naturelle à Grenoble, n’est pas en parfaite harmonie avec celle qui est consignée, à ce sujet, dans les Comptes rendus de l’Académie. « J’ai, en conséquence, l’honneur, monsieur le secrétaire perpétuel, de vous adresser, en vous priant de vouloir bien en donner communication à l’Académie des sciences, 1° une boite contenant plusieurs Insectes et des cartou¬ ches détériorées par eux; 2° uu Mémoire fait, à ce sujet, par M. le conservateur du muséum de Grenoble; 3° enfin nn Rapport de la direction d’artillerie de cette place sur la démolition des cartouches. » Les deux Notes et les pièces mentionnées dans la Lettre de M. le ministre sont renvoyées à l'examen d’une com¬ mission composée de MM. Milne-Edwards, deQuatrefages et maréchal Vaillant. M. Pasteur présente le résumé d’un travail sur les Cor¬ puscules organisés qui existent en suspension dans l’atmos¬ phère. Examen de la doctrine des générations spontanées. M. Wanner présente de nouvelles Recherches sur la cir¬ culation fœtale. M. Sauvageon fait connaître les résultats qu’il a obtenus, 27*2 REV. ET MVG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1 SOI .) celte année, en poursuivant ses recherches sur l’électri¬ sation appliquée aux Vers à soie. Ces expériences ont été faites à Valence-sur-Rhône et non pas à Valence Tarn), ainsi que l'indiquait, par er¬ reur , l'article relatif à sa précédente communication Comptez rendu*, t. XLIX. p. 1142). Séance du 10 juin. — M. Lavocat présente un travail d’anatomie comparée ayant pour titre, Détermination mé¬ thodique et positive des vertèbres de la tête chez les Vertébrés. — Ce mémoire est renvoyé à l’examen d’une commission composée de MM. Serres et Geoffroy-Saint-Hilaire. M. Ailland d' Esparron communique les bons résultats qu’il a obtenus de l'électrisation appliquée aux Vers à soie malades. Dans une expérience qu'il a faite à Beaucaire, des Vers qu’on jugeait perdus, soumis à l’influence de la pile, ont pris le bois et donné des cocons qui paraissent valoir ceux provenant de Vers bien portants. M. le président présente, au nom de l’auteur, J. Van der Hœven, un catalogue descriptif des crânes de diverses races humaines réunis, par ses soins, dans le musée de Leyde. M. Duméril fait présenter, par M. Geoffroy-Saint- Hilaire, une Note ayant pour litre , sur des Fers à soie du chêne élevés à la ménagerie des Reptiles du muséum d’his¬ toire naturelle. Ce nouveau Ver à soie a été l’objet d'un travail que nous avons eu l'honneur de présenter à l'Académie et aux Sociétés impériales d’agriculture et d'acclimatation long¬ temps avant la Note de M. le professeur d'erpétologie. Dans cette note, il y a de graves inexactitudes qu’il est utile de relever, dans l’intérêt de la vérité. S’il est vrai de dire que le gardien de la ménagerie des Reptiles a mis beaucoup de persévérance , beaucoup d’intelligence et une grande habileté à soigner les Vers à soie de la Société d'ac¬ climatation, c'est que cet employé recevait de nous une SOCIÉTÉS SAVANTES. 273 direction convenable et qu’il avait d’abord exécuté nos prescriptions avec exactitude et docilité. Depuis qu’il a été détourné de son devoir de coopérateur; depuis qu’une direction spéciale lui a manqué (voir cette Revue, 18G1, p. 235 et suiv.), tout a changé, et les très-heureux succès dont parle M. Duméril se sont convertis en échecs, qu’il était facile de prévoir et que nous avons énumérés dans le travail cité plus haut (p. 237). Pour le Ver à soie du chêne, ce succès consiste dans l’obtention de quatre co¬ cons sur quarante chenilles, qui ont presque toutes péri de maladies, par suite de l’obstination avec laquelle on a tenu à les laisser dans la ménagerie des Reptiles, quand nous proposions de les placer dans de meilleures condi¬ tions [id., p. 233). Ce qui prouve, du reste, que ce fâcheux échec est uni¬ quement dû à la direction qui a été donnée à cette pre¬ mière et délicate expérience, c’est que, sur un seul de ces Vers élevé par M. Année avec des feuilles du chêne blanc du bois de Boulogne, nous avons obtenu un cocon. Nous avons constaté, en suivant les diverses phases de l’exis¬ tence de cette chenille, qu’elle est très-rustique et peu dif¬ ficile à soigner, et il est certain aujourd’hui que, si notre proposition d’élever une partie des chenilles de la ména¬ gerie des Reptiles hors de cet établissement avait été adoptée (id., p. 234, note 1), on aurait possédé l’espèce dès cette année. Il est impossible d’y compter actuelle¬ ment, avec quatre cocons provenant de chenilles malades et dont les Papillons ne sauraient éclore assez simultané¬ ment pour que l’apparition de deux individus de sexes différents ait lieu presque en même temps. — En effet, on sait que ces papillons de Vers à soie sauvages refusent de se féconder quand l’un des sexes est éclos deux ou trois jours plus tôt que l’autre, et qu’on ne peut espérer une réussite si l’on ne possède pas assez de sujets pour qu’il puisse éclore un certain nombre de mâles et de femelles 2e skrib. t. xm. Année 1861. 18 274 REV. ET MAS. DE ZOOLOGIE. (Juin 18G1.) * »<« H r* t/f A a ■ i;ï..i¥h »? '•.< . «' {oUtv •trîbi'-n a > f«;Si, .siM* s* ««•*•» Mt, t • j- lY-i’iroi ri* 4 a v»> -fftttrn'ftM! : a ‘t l< ;.',<»?•« .Y: . : V' ; • >T O if U ' M v *:»«>•> 1 ? a •« 1 >A ' M S( 1.1,-K.J - 1 « H7 l À.t 4$ $iW»0X ! TW«àM-*/!ï.ai‘r:ja ;a .** .?« V. >.i II» ... . 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Dans les deux types, c’est toujours le même étalement du bec à sa base, la même compression de cet organe, en avant des narines. Nous n’avons pas besoin d’ajouter, car ce fait est familier aux Ornithologistes, que cette compression est plus forte dans le type Grimpeur, dont le même organe est égale¬ ment plus allongé, et plus tôt incurvé dès son origine. Il se manifeste, au reste, entre nos deux Passereaux, des diffé¬ rences tout à fait de même nature que celles que nous avons déjà signalées entre les Bucco, d’une part, et les T/imnnophilus, d’autre part. Ainsi, dans les Coccyzus , les tarses sont plus courts et les ailes plus allongées; c’est la disposition opposée qui existe dans les Mimus. Dans le Mimus cinereus, des Antilles, dont le tarse est moins al¬ longé, la ressemblance devient plus complète, lorsqu’on le compare aux Coccyzus des mêmes espaces insulaires. Les différences deviennent encore moins appréciables (1) Voir page 244. 2’ série. t. xm. Année 1861. 19 290 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Juillet 1861.) lorsqu’on prend, pour terme de comparaison avec cette dernière espèce, parmi les Zygodactyles, le Cuculus guira et même le Piaga cayana, espèces qui diffèrent moins entre elles, sous le point de vue de l’état de leurs tarses, qu’elles ne diffèrent des Coccyzus, des Étals-Unis. La ressemblance est, enfin, plus facile encore à saisir, lorsqu’on met en pré¬ sence le Coccyzus erythropygius et les Mimus, et même ceux-ci et le Coccyzus melanorhynchus du Brésil. Dans cette même section des Dentirostres, se trouve un genre à bec allongé, originaire des Antilles, c’est le Genre Cinclocerthia, de M. Gray. Or, comparez, sous le point de vue de la forme du bec, l’espèce qui lui sert de type avec le Saurothcravclula, de Vieillot (de Porto-Rico, par Maugé, Musée de Paris), et il vous sera facile de constater que, dans l’un et l’autre terme de comparaison, c’est absolu¬ ment le même mode de conformation. Sans nul doute, entre ces deux Passereaux, des différences subsistent, et, la taille étant plus grande dans le Saurothera veluta, son bec doit évidemment être plus allongé, ce qui n’empêche pas la manifestation de la plus grande similitude, dans la dis¬ position de l’organe rostral. Quant aux autres différences, tous les détails que nous avons déjà donnés et qui sont relatifs aux Bucco, Thamnophilus et Cyanocorax, détails que nous venons de reproduire à l’occasion des Coccyzus et Mimus, tous ces détails sont de nature à faire prévoir en quoi consistent ces différences, et quelle est leur na¬ ture. Aussi, en ce qui concerne les nouveaux Types de comparaison que nous venons de soumettre à notre exa¬ men, les prévisions que peut nous suggérer la constatation des faits déjà observés ne sont pas en défaut. Ainsi, dans le Type Grimpeur, à bec allongé, quoique la taille soit plus grande dans S mrothera, le tarse est cependant plus court, mais l’aile est également plus courte ; dans Cinclocerthia, au contraire, les rémiges sont plus allongées. Cette ex¬ ception, en opposition avec le fait général du rapport in¬ verse d’allongement des tarses et des ailes, s’explique TRAVAUX INEDITS. 291 peut-être par les états divers de longueur que nous pré¬ sente la queue dans ces deux types génériques : elle est, en effet, plus allongée dans Saurothera , dont les rémiges sont courtes, que dans Cinclocerlhta, qui en porte de plus développées. La queue est également plus longue dans Gcococcyx, comparé à Ramphocinclus : les becs se ressem¬ blent encore cependant, quoique le premier de ces Genres soit originaire du Mexique. Disons, en outre, que, dans le Type Zygodactyle, il se manifeste, entre autres carac¬ tères, un de ceux que nous avons déjà signalés, c’est celui de l’incurvation plus prompte de la mandibule supérieure : celui du plus grand allongement du bec, quand on le compare à celui de Ramphocinclus , se produit avec en¬ core plus d’évidence. Ajoutons enfin , pour terminer l’œuvre de détail relatif à ces Genres de Passereaux, d’ori¬ gine américaine, qu’il y a ressemblance, par la forme du bec, entre certaines espèces de Trogon, le Trogon collaris, par exemple, et le Phylotoma Bloxami. La com¬ paraison de ces deux Types donne encore occasion de constater que le Type Zygodactyle se distingue de son homologue par des tarses plus raccourcis. Si, maintenant, nous cherchons à établir des compa¬ raisons de même nature parmi les Genres faisant partie de la Faune ornithologique de l’Asie, nous pouvons citer une ressemblance semblable, dans la forme du bec, entre le Taccocua Leschcnaulli, parmi les Zygodactyles, et, parmi les Dentirostres, la Timalia liypcrylhra, Frankl., fai¬ sant partie du genre Dumetia, de M. Blyth. C’est tout à fait la même forme, surtout lorsque, mettant les deux Oiseaux l’un à côté de l’autre, on examine les deux becs par leur partie supérieure : mais, dans l’espèce typique de Taccocua, dont la taille est bien plus grande, cet or¬ gane est plus grand, plus tôt courbé dès la base, plus comprimé en avant; ce sont toujours, quoiqu’il soit vrai¬ ment fastidieux de le répéter, des différences de même nature que celles que nous avons déjà signalées. Ainsi que 292 rev. et mag. de zoologie. (, Juillet 1861.) nous l’avons encore dit, le tarse dn Taccocua est gros, par rapport à celui de Dumetia; mais, quand on fait at¬ tention à la taille des deux Genres, il est bien permis de conclure qu’il est plus grand dans le second que dans le premier. Ajoutons, enfin, que la longueur de la queue, par rapport ci celle du corps, est semblable dans ces deux Passereaux, ce qui nous rend compte, jusqu'à un certain point, des dispositions analogues que présentent les ré¬ miges. Tels sont les divets faits qui se sont présentés à notre observation, dans la série de recherches que nous avons entreprise depuis quelques années, dans le but d’étendre aux Oiseaux les résultats obtenus par nous, depuis une dizaine d’années, sur les caractères généraux des Faunes. Sous ce dernier point de vue, ils ont, dès lors, une certaine importance, importance que nous-même, cependant, sommes bien loin de nous exagérer; mais, en réfléchissant à l’un de ceux que nous avons signalés en premier lieu, celui des particularités offertes par les ou¬ vertures nasales, dans les Cyanocorax, on ne peut s’em¬ pêcher d’être frappé , comme nous l’avons été nous- même, de cette tendance que présentent certains or¬ ganes, dans les Types de la Faune américaine, à se trouver modifiés et doués de quelque particularité tout à fait spé¬ ciale, lorsqu’on les compare à leurs congénères d’Europe, d’Asie et d’Afrique. Aussi avons-nous rappelé les obser¬ vations de même nature relatives à la disposition des narines chez les Singes du Nouveau Monde, observations devenues vraiment classiques en Mammalogie. Nous ne pouvions omettre non plus celles plus récentes, faites, chez les Vulturidés américains, par le Prince Charles Bonaparte. Nous sommes, dès lors, conduit, par trois voies différentes, à admettre que, du côté des ouvertures nasales, trois des Types de la Faune américaine nous offrent des différences zoologiques lorsque nous les com¬ parons à leurs analogues de la Faune de l’ancien Conti- TRAVAUX INÉDITS. 293 nent. Nous ne devons pas omettre, non plus, celle circon¬ stance, qui est de nature à donner encore plus d’intérêt aux rapports que nous venons de signaler, c’est que les deux ordres de faits que l’Ornithologie a adonnés à l’obser¬ vation ont été constatés, sans qu’il y ait eu, dans l’esprit des deux Ornithologistes qui les ont, les premiers, signalés, la plus minime tendance à appliquer, soit aux Vulturidés, soit aux Cyanocorax, l’un des résultats obtenus par Buffon pour la caractéristique des Singes du Nouveau Monde. Je ne sache même pas que le Prince Charles Bonaparte se soit jamais aperçu de l’harmonie qui existait entre ses observations sur les Vulturidés, et celles de Bulïon sur les Singes. Ce qu’il y a de sûr, c’est que pas une ligne, dans les nombreux écrits sortis de sa plume depuis 1851, n’a trait à ce rapprochement ; je ne lui en ai jamais, pour ma part, entendu parler, quoique j’aie été, assidûment, son seul et unique collaborateur, depuis 1850 jusqu’aux der¬ niers mois de 1856. En ce qui concerne, d’autre part, les Cyanocorax, je dois avouer, «à mon tour, que ce n’est qu’après que toutes mes observations y relatives ont été terminées que je me suis aperçu, et avec une profonde satisfaction , qu’elles s’harmonisaient soit avec celles du Prince Charles Bonaparte sur les Vulturidés, soit avec celles de Buffon sur les Singes. Maintenant que signifie, ou plutôt que peut signifier, au point de vue physiologique, d’une part, dans les Singes, d’autre part dans les Vulturidés et dans les Cyanocorax, une semblable disposition des ouvertures nasales, ce ves¬ tibule de la chambre olfactive, dont les rapports sont im¬ médiats avec les organes respiratoires? Pourquoi, chez les Singes, cette position latérale des narines, entraînant à sa suite un large étalement de la cloison qui les sé¬ pare? Pourquoi, chez les Vulturidés, cette perforation, d’un côté à l’autre du bec, des mêmes ouvertures? Pour¬ quoi, chez les Cyanocorax, sont-elles moins couvertes que chez les Corvidés de l’Ancien Monde (Corvus, Colœus, Mo- 294 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1861.) nedula , Pica, Cyanopica )? Il est positif que, par suite de cette disposition , le fluide atmosphérique est susceptible d’entrer avec plus de facilité et d’abondance dans les poumons; mais il est impossible, dans l’état actuel de nos connaissances sur le Climat américain, de concevoir pour¬ quoi ce dernier fait se produit. Mais, nonobstant l’état d’imperfection de la science à cet égard , le rapport que nous avons signalé plus haut, emprunté à diverses sources, ne nous semble pas moins vraiment digne d’ex¬ citer un véritable intérêt. Les diverses observations que nous venons d’exposer ne doivent pas non plus être négligées sous le point de vue de la Classification ornithologique. Par elles, en effet, nous voyons les faits de parallélisme, dans les formes ros- trales, acquérir plus d’extension et, dès lors, plus d’im¬ portance. Nous avons déjà signalé, et, précisément, en commençant ce travail, que M. le professeur Geoffroy- Saint-Hilaire fils avait déjà, il y a une trentaine d’an¬ nées, attiré l’attention des Zoologistes sur les nombreuses analogies qui existent entre les deux sections de Passe¬ reaux, désignées sous le nom de Passereaux zygodactyles et de Passereaux syndaclyles. Les nouveaux exemples que nous venons de citer sont évidemment de nature, en ce qui concerne la ressemblance dans les formes rostrales, à étendre le champ des comparaisons dont le premier terme nous est fourni par les Passereaux zygodactyles; le second terme nous est, à son tour, fourni par des Passereaux dèo- daclyles, les uns, du Groupe des Dentirostres, les autres faisant partie de celui des Cullrirostres. Entre les uns et les autres, des différences existent, sans nul doute; il est évident, par exemple, que tous les Types de Zygodactyles que nous avons mis en présence de leurs congénères déodactyles, s’en distinguent par des tarses plus courts et plus forts, par des ailes plus allongées. Le premier de ces caractères peut être, dès à présent, considéré comme vraiment typique chez tous ccs Oiseaux ; il se lie évidem- TRAVAUX INÉDITS. 295 ment, chez eux, aux habitudes de préhension exercée sur les objets qui servent de soutien à leur corps. Le même organe est, il est vrai, plus allongé chez les Tac- rocua , Geococcyx , Saurothera ; mais, ainsi que nous l’avons déjà dit, quand on compare ces Passereaux aux Bumetia, liamphocinclus, Cinclocerthia , on est tout étonné de voir que ces derniers, malgré leur petite taille, res- semblent, sous ce point de vue, à leurs homologues, et n’en diffèrent que parce que cette partie du corps est, chez eux, douée de plus de gracilité. Elle est allongée en¬ core chez les Cultrides, Coua (chez le Coua Lalandii, sur¬ tout), Centropus; mais nous sommes persuadé que, si l’on trouve, dans la série des Passereaux déodactyles , des Types semblables à ces derniers, par la forme du bec, ils présenteront des différences de même nature. Il devient, dès lors, évident, que, dans la formation des séries à termes correspondants, la caractéristique d’en¬ semble du Groupe des Passereaux zygodactyles peut être fondée sur la force et la brièveté relatives de leurs tarses ; mais, pour nous, celle dernière expression n’est que tem¬ poraire, car nous avons l’intime conviction que cet ad¬ jectif disparaîtra plus tard. Un second caractère est évi¬ demment fourni, ainsi que le savent tous les Zoologistes, par la disposition des doigts. La soudure du doigt ex¬ terne au médius différencie, de son côté, les Passereaux syndactyles des Passereaux zygodactyles, car les uns et les autres offrent entre eux, ainsi qu’il est facile de s’en con- vraincre, une extrême ressemblance sous le point de vue de la brièveté et de la force de leur région tarsienne, quoique certains Pipra présentent des tarses grêles et al¬ longes. Aussi , devons-nous avouer, dussions-nous être taxé d’esprit rétrograde, que cette division des Passereaux syndactyles de notre illustre Cuvier a, suivant nous, plus d’importance que ne paraissent lui en avoir accordé les Ornithologistes modernes, trop préoccupés peut-être do celte circonstance, que le caractère de la soudure du doigt 296 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Juillet 1861.) externe au médius est très-prononcé chez certains Oi¬ seaux, que d’autres rapports éloignent de la section des Syndactyles. Nous pensons, au contraire, que, lorsqu’on examinera d’une manière plus large, tout en faisant at¬ tention à la particularité signalée par Cuvier, les divers Types qui font partie de ce groupe, on arrivera au même résultat auquel nons sommes, à ce sujet, arrivé nous- même. Si on était, en effet, aussi scrupuleux sur la carac¬ téristique des divers Groupes, nous dirons même des di¬ vers Ordres, il est positif qu’aucun d’entre eux ne serait rigoureusement admis ou accepté. Pour les accepter, pour les admettre, on est obligé de réfléchir que tous les indi¬ vidus de ces Groupes, de ces Ordres, offrent des traits communs dont la réunion leur est spéciale , les caracté¬ rise, et cette synthèse est suffisante, même lorsqu’il arrive que la distinction de deux groupes voisins repose presque en entier sur des caractères négatifs. Quoi qu’il en soit, et quel que soit l’avenir réservé à l’idée de notre illustre Cuvier, relative à la section des Syndactyles, faisons observer que, dans celle des Déodac- tyles, le groupe clés Pentirostres reproduit, dans ses formes rostrales, la plupart des Types qui nous sont offerts par les autres groupes de la section dont il fait partie. Ainsi aux Fissiroslres ressemblent les Muscicapidés , aux Ténui- roslrcs les Sylvidés , aux Conirostres les Tanagridés , dont un certain nombre d’Ornithologistes ne les séparent pas. Sans nul doute, les termes de ces diverses séries ne sont pas réciproquement aussi nombreux, mais les res¬ semblances d’ensemble existent, et ce fait est suffisant pour qu’on ne mette pas dans l’ombre un tel caractère, indice des analogies que présentent ces divers Oiseaux sous le point de vue de leurs habitudes alimentaires. Ajoutons, pour qu’on n’attache pas aux rapprochements que nous venons de signaler une importance exagérée, que nous serions nous-mème, par suite de la nécessité où nous nous trouvons de recourir encore à de nouvelles ob- TRAVAUX INÉDITS. 297 servations, dans un véritable embarras pour classer, con¬ formément aux vues que nous venons d’énoncer, les di- versGroupes de Passereaux déodactyles, difficultés dont on se rendra parfaitement compte en réfléchissant qu’il a été, jusqu’ici, impossible aux Ornithologistes de nettement ca¬ ractériser l’Ordre auquel appartiennent ces divers Oiseaux. La base initiale de distinction étant tout à fait absente, il en résulte que les rapports de série, soit avec l’Ordre qui doit précéder, soit avec celui qui doit suivre, ne peuvent être formulés d’une manière précise. Le premier de ces rapports est surtout indispensable à connaître, car, n’étant pas connu, il devient impossible de savoir par quel Groupe de Passereaux sera commencée la Classification de cet Ordre. On pourrait, il est vrai, pour faciliter la direction d’idées que nous venons d’énoncer, composer avec le Groupe seul des Déodactyles l’Ordre des Passereaux, don¬ nant, par cela même, une valeur ordinale non-seulement aux Zygodactyles, comme l’a fait Cuvier, à l’exemple de Linné, mais encore aux Syndactyles eux-mêmes. xOors le premier Ordre commençant la série serait formé par les Oiseaux de proie, le second serait composé de plusieurs séries, trois au moins, puisque nous serions obligé de mettre les uns vis-à-vis des autres les Types qui, parmi les Zygodactyles, Syndactyles et Déodactyles, se trouvent, par leurs formes rostrales, présenter des ressemblances.- Le difficile serait ensuite de lier les types de ces trois Or¬ dres à ceux des Gallinacés, surtout à ceux des Gallinacés grallipèdes, les Pigeons devant toujours être en tête, car il est impossible de leur refuser le caractère d’un Groupe de transition. Or, dans les Pigeons, nous n’avons que des Types granivores essentiellement voués à l’alimentation végétale, devant, par conséquent, être le plus rapprochés possible des Alouettes, dont le séjour est le plus ter¬ restre. 11 nous serait bien facile d’étendre encore les réflexions 298 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1861.) que viennent de nous suggérer les divers rapprochements (jue nous venons d’établir entre divers Types de la Classe des Oiseaux ; mais ces réflexions exigeraient , de notre part, une étude des variations de ces types encore plus complète que celle à laquelle a donné lieu, de notre part, la rédaction du travail actuel. Les Zoologistes, vraiment dignes de ce nom, comprendront, au reste, sans hésitation aucune, que l’examen de ces variations est seul de nature à nous donner des bases sûres, inébranlables , pour la Classification naturelle de cette Classe de Vertébrés. C’est vainement que, pour faire progresser cette partie de la Science, on s’adresse aux caractères ostéologiques ; ils ne peuvent, et c’est la seule importance qu’ils présentent sous le point de vue zoologique, que confirmer les carac¬ tères extérieurs. Or, ceux-ci présentant des variations multipliées, les différences anatomiques qui leur corres¬ pondent doivent varier également; s’il en était autrement, on ne concevrait pas que l’on pût attacher une semblable importance à une étude d’organes qui perdrait, dès ce moment, toute son utilité. Aussi, sommes-nous persuadé que, pour progresser dans cette voie, c’est à l’étude des variations de carac¬ tères (pie présentent les divers Types de la Classe des Oi¬ seaux, que doivent s’attacher, et s’attacher sans cesse, les Ornithologistes. Cette étude est, sans nul doute, longue, difficile; mais les divers faits qu’elle permettra de con¬ stater doivent être, comme tous les faits du monde orga¬ nique , soumis à des lois, à des principes; ces lois, ces principes une fois formulés, il sera facile aux Ornitholo¬ gistes d’établir sur des bases solides l’œuvre de la Classi¬ fication. En agissant ainsi, c’est en elle-même que cette branche de la Zoologie trouvera ses véritables éléments de détermination et de progrès, au lieu d’aller loe de¬ mander à une Science étrangère, uniquement occupée de l’étude de l’Organe et nullement, comme le fait la Zoo¬ logie, de celle de l’Animal. TRAVAUX INEDITS. 299 Des Limaces algériennes, parM. J. R. Rourguignat. Lorsqu’on examine les ouvrages malacologiques spé¬ ciaux à l’Algérie, l’on est bien embarrassé sur la classifi¬ cation , la distribution, enfin sur la dénomination desLi- maeiens de cette vaste contrée. Ces animaux, en effet, ont été, entre tous, les plus mal étudiés, ceux sur lesquels il existe le moins de documents. Voici le résultat que fournit l’examen des travaux qui ont trait aux Limacesal gériennes. Nous trouvons : I. Dans Forbes (I) (1838), les espèces suivantes : « 1» Limax cinereus, — gardens near Algiers. « 2U Limax — , with the body rounded, head and ten- « tacula purple-grey, the back with two dark longitudinal « stirpes. Shield Yellowish-grey, with two dark longitu- « dînai stirpes, not continuons, with those of the body. « — Length, an inch and a half. — At Bougia and on « the hill of Budjaria near Algiers. a 3" Limax — , with the back sharply carinate, grey ; w tentacula dusky; shield brownish - whito, with grey « markings. — Length, one nich. — At Bougia. — « Rare. — » II. Dans ïerver, en 1839 (2) : « 1° Limace agreste, — limax agrestis, Drap. — Se a trouve à Tlemcen, Ain-el-haout, Oran. « 2° Limace jaget, — Umax gagata, Drap. — Habile a Tlemcen, Ain-el-haout. « 3° Limace ( sans nom ni description), se trouve à Tlem- « cen, Ain-el-haout. « 4° Limace ( sans nom ni description), se trouve à Oran, « à Bougie. » (1) On the laud and Frcshw, Moll, of Algier and Bougia, in Ann. of nat. hist. of magaz. zool. Bot. and geol., p. 251. (2) Uatal. Moll. teir. et fluv., etc., du nord de l'Afrique, p. 9. 300 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1861.) III. Dans Rossmæssler, in Wagner, en 1841 (1), et dans Morelet, en 1853 (2), les mêmes espèces que celles déjà indiquées par Forbes et Terver, sans aucunes nou¬ velles indications de localité. IV. Enfin dans Debeaux, en 1857 (3), seulement la Li¬ max agrestis, des jardins de Boghar. Tels sont les seuls documents scientifiques fournis par les auteurs des faunes algériennes. 11 résulte des travaux que nous venons de citer que l’Algérie posséderait cinq espèces de Limaces, tout en fai¬ sant abstraction, bien entendu, des espèces n° 3 et n° 4 du catalogue de Terver, qui ne se trouvent ni nommées ni décrites. Ces mollusques seraient donc : 1° La Umax cinereus; 2° — agrestis; 3° — gagates; 4° — n° 2, de Forbes ; 5° — n° 3, de Forbes. Or, d’après l’examen attentif de nos espèces et après avoir mûrement réfléchi auxcaractères attribués par Forbes à ses Limaces n° 2 et n° 3, nous croyons que l’on peut éta¬ blir ainsi leurs synonymies : 1° La Umax cinereus peut être rapportée à notre Limax Deshayesi ; 2° La Limax agrestis peut être rapportée à notre Limax nyctelius ; 3° La Limax gagates peut être rapportée à la Limax gagates ; 4° La Limax n°2, de Forbes, peut être rapportée à notre Limax nyctelius ; (1) Reiseu iu der Regentschaft Algier, t. II, p. 2i9. (2) Cat. Moll. terr. et tluv. de l’Algérie, iu Journ. de Couch., t. IV, p. 280. (3) Cat. Moll. viv. de Boghar, iu Rev. Soc. agric., sciences et art d’Agen, t. VIII, p. 320. TRAVAUX INÉDITS. 301 o° La Limax n° 3, de Forbcs, peut être rapportée à notre Umax scaptobius. Le genre Limax, comme l’on peut le voir, a donc été bien imparfaitement étudié jusqu’à ce jour, puisque de toutes les espèces indiquées une seule aurait été bien nommée. Pour nous, si nous sommes en mesure de présenter un travail plus complet sur ces animaux, nous le devons à la générosité de plusieurs naturalistes, parmi lesquels nous aimons à citer nos amis Louis Raymond, Auguste Rrondel , officier d’administration de l’intendance militaire à Alger, et le savant M. Deshayes. C’est grâce, surtout, à l’obligeance de ce dernier que nous pouvons donner la représentation, dans les planches qui accompagnent ce travail, de la plupart des Limaces que nous décrivons. M. Deshayes a bien voulu, en effet, nous confier les magnifiques gravures exécutées en 1841 par M. Vaillant, célèbre peintre d’histoire naturelle, et qui étaient destinées au grand ouvrage malacologique sur l’Al¬ gérie, que ce savant avait entrepris sous les auspices du gouvernement français. Travail que de fâcheuses circon¬ stances ont fait interrompre, au grand déplaisir des amis de la science. Les Limaces algériennes que nous connaissons sont au nombre de huit, et peuvent être classées de la manière suivante : A. Cuirasse striée concentriquement . 1° Limax Deshayesi; 2° — Brondelianus ; ES. Cuirasse chagrinée. 3° — eremiophilus; 4° — Raymondianus ; 5° — gagates ; fi° — nyctelius ; 7° — subsaxanus; 8° — scaptobius. 302 hev. et mag. de zoologie. {Juillet 18G1 .) V oici les descriptions de ces espèces ; Limax Desiiayesi (1). Limax cinereus (2), Forbes, Moll, of Algiers, etc... in Ànn. List. Magaz. zool. Bot. andGeol. — p. 251 , décembre 1838. — — Morelet, Cat. moll. Algérie, in Journ. conch t. III, p. 280. 1853. L. corpore cy lindrico. postice brève carinato ; — dorso ac lateribus, luteis cinereo, ad pedis marginem evauescente, variegatis, ac rugis dorsalibus valide reticulatis, raunitis; — inargine pedis lævi, luteo; — subtus luteolo; — tentaculis majoribus cærulescentibus, par- vulis violaceis -, — clypeo maguo, luteo eiuereo maculalo, concen- trice granuloso-striato, postice rostrato, anticc paululum bilobato. Limace à corps cylindrique, terminée par une queue un peu obèse, et brièvement carénée. Dos et flancs d’une cou¬ leur jaune, mouchetés de larges taches cendrées, rides dorsales très-prononcées allant toujours en diminuant vers le bord du pied , qui est jaune. Dessous du pied d’un jaune plus pâle. — Grands tentacules assez développés , d’une teinte bleuâtre. Petits tentacules vioiacés. — Cuirasse grande, à stries concentriques assez distinctes, un peu rostrée postérieurement, bilobée antérieurement, et d’une couleur jaune ; ornée de larges taches cendrées. Longueur de l’animal . 100 mill. Longueur de l’animal contracté. . 55 — Cette espèce habite les environs de Cherchell (Des- hayes), — et les jardins qui avoisinent Alger (Forbes). LIMAX BROXDELIANUS (3). L. corpore elongato-cylindrico , parvulo, postice breviter carinato, aterrimo, subtus grisco-luteolo ; — dorso ac lateribus aterrimis, eleganter reticulatis; tentaculis majoribus nigrescentibus, rugoso- tuberculis nigris, ornatis, parvulis pallide nigrescentibus; — cly¬ peo mavimo, elongato, antice nou adhærente, dilatato, rotundato, postice rotundato, aterrimo ac concentrice striatulo. (1) Spicil., pl. 1, f. 1-2. (2) Non Limax cinereus, Müller , Verm. bist,, II, p. 5, 1774, qui est une espèce spéciale à l’Europe. (3) Spicil., pl. 2, f. 5-7. TRAVAUX INÉDITS. 303 Limace «Je taille assez exiguë, de forme cylindrique al¬ longée, d’une teinte générale très-noire au-dessus et d’un gris jaunâtre en dessous. Extrémité du corps brièvement carénée. Dos et flancs très-noirs. Bord du pied d’une nuance jaune obscure. Rides élégantes et finement réti¬ culées. Tentacules supérieurs allongés, noirâtres et recou¬ verts d’une série de petites éminences tuberculeuses, qui leur donnent un aspect rugueux (voy. pl. 2, fig. 7). — Pe¬ tits tentacules exigus, d’un noir moins foncé. Bouclier al¬ longé, très-grand, surtout très-dilaté à sa partie antérieure «jui n’est point adhérente; partie postérieure arrondie. Le tout d’un noir très-foncé, et strié concentriquement. Orifice pulmonaire très- postérieur, arrondi, et formant une profonde échancrure au manteau. Longueur de l’animal contracté . 25 mil] . Longueur — en marche. . . . 40-45 — - Environs d’Alger (Deshayes). Cette espèce est voisine du genre Krynickia par son ori¬ fice pulmonaire très-postérieur, et surtout par son man¬ teau, qui n’est adhérent qu’à sa partie postérieure. Toute la partie antérieure se relève jusqu’à l’orifice pulmo¬ naire, et sert, lorsque l’animal se contracte, de capuchon sous lequel la tète s’abrite et disparaît. UMAX EREMIOPHILUS (t). L. corpore gracili, elougafo, cylindrico, postice carinato, rubro, luteolo ac cîuereo-cærulescentc subtus pallide Iuteolo-ciuereo. Cauda elongata, carinata ; — dorso rubro-luteolo ; lateribus cinereo- cærulescenlibus; — sulcis longitudinalibus; teutaculis ciuereo- cærulescpnlibus ; — clypeo clongato, granuloso, postice subbilo- bato, autice rotundato, pallide cinereo-cænilescente ac vinoso- luteoio præsertim ad pulinonarein aperturam. Limace à corps grêle, allongé, cylindrique, terminé par une queue effilée, allongée et carénée. Dos orné d’une zone longitudinale d'un rouge jaunâtre. Flancs d’une teinte pâle d’un bleu cendré, passant d’une manière insensible, vers l’extrémité de la queue ou vers le bord du pied, en (1) Spicil. , pl. 1, f. 3-4. 304 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) diverses nuances beaucoup plus pâles, d’un cendré rou¬ geâtre ou d’un jaune bleuâtre. Pied d’un jaune cendré peu foncé. — Sillons longitudinaux peu profonds, d’une couleur un peu plus accentuée. Tentacules d’un cendré bleuâtre. Cuirasse allongée, granuleuse, postérieurement échancrée, antérieurement arrondie, d’un brun bleuâtre et d’un jaune vineux, surtout vers son extrémité posté¬ rieure et son orifice pulmonaire. Longueur de l’animal . 30 mill. Longueur de l’animal contracté. . 20 — Habite les environs de Cherchell (Deshayes). LIMAX RAYMONDIANÜS (1). L. corpore cylindrico , postice breviter cariuato; — cauda acuta; dorso, aterrimo paululuin viuoso , ad radicem pedis obscure eva- nescente; — subis longitudiualibus minutis, Ieviter reticulatis; pede pallide luteolo-ciuereo. — Clypeo lævi vel Ieviter subgranu- . loso, oblongo, anlice postieeque rotuudato. Limace déformé cylindrique, de taille ordinaire, briève¬ ment carénée à sa partie postérieure; queue aiguë. Dos et flancs très-noirs, passant un peu à la nuance lie de vin, et finissant par s’évanouir vers le pied en une teinte grise, jaunâtre, sale. Rides petites , allongées et finement réti¬ culées. Pied d’un jaune cendré, ainsi que le col, qui est pourtant d’un ton plus obscur. Tête et tentacules de même couleur que le dos. — Bouclier oblong, grand, antérieu¬ rement et postérieurement arrondi, lisse ou à peine fine¬ ment chagriné, et d’un brun noir lie de vin. Longueur de l’animal . 70-80 mill. Longueur de l’animal contracté. . 25-30 — Habite aux environs d’Alger (Deshayes). LIMAX GAGATES. Limax gagates, Draparnaud, Tabl. Moll., p. 100,1801, — et Hist. moll., p. 122, pl. 9, fig. 1. 1805. — — Terver, Cat. Moll. terr. etlluv. etc..., nord de l’Afrique, p. 9. (Janvier) 1839. U) Spicil., pl. 2, f. 1-2, et pl. 13, f. 8, représentant une monstruo- TRAVAUX INEDITS. 305 — — Rossmœssler , in Wagner, Reisen, — Al- gier, t. II, p. 249. 1841 . — — Morelet , Cat. Moll. Algérie, in Journ. conch., t. IV, p.280. 1853. Inutile de donner la description de cette espèce si bien caractérisée dans les travaux de Draparnaud et de Férus- sac, etc... — Tous les conchyliologistes, du reste, tant soit peu versés dans la science malacologique la reconnais¬ sent facilement à son corps entièrement caréné , et sur¬ tout à son bouclier divisé en deux, pour ainsi dire , par une petite zonule irrégulière. En Algérie, cette Limace habite aux environs de Con- stantine(L. Raymond, — Brondel), de Tlemcen (Morelet), — d’Ain-el-haout (Dupotet). LIMAX NYCTELIUS (1). Limax n° 2 , — Forbes, Land and Freshw. Moll, of Al- giers and Bougia, in Ann. nat. Hist. or. Mag., p. 251. (Décembre) 1838. Limax agrestis (2), Ter ver, Cat. Moll. terr. et fluv. du nord de l’Afrique, p. 9, 1839. — — Ro.ssmœssler , in Wagner, Reisen in Algier, t. 2, p. 249. 1841. — — Morelet, Cat. Moll. terr. et fluv. de l’Al¬ gérie, in Journ. conch., t. IV, p. 280. 1853. — — Dtbeaux, Cat. Moll. Boghar, in Rec. Soc. agric. Agen, t. 8, p. 320. 1857. L. corpore medioe.ri, gracili, elongato, cylindrico, — postice breviter cariuato; — dorso leviter reticulato, vinoso-fusco , ad radicem pedis pallidiore, ac in lateribus, duobus fasciis uigris, longitudi- nalibus, ornato; — pede obscure luteolo-fusco ; — clypeo ovali, antice posticeque rotundalo, viuoso, vel irregulariter pallide ru- bello, ac duabus fasciis nigrescenlibus, rauuito. Limace petite, grêle, allongée, cylindrique postérieure¬ ment, brièvement carénée. Corps à rides fines, légère- (1) Spicil., pi. 2, f.3-4. ^2) Non Limax agrestis de Linnæus et la plupart des auteurs. 2‘ s à r i k . t. xm. Année 18G1. 20 306 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Juillet 1861.) ment réticulées, d'une teinte brunâtre lie devin, passant, vers les abords du pied, en une nuance beaucoup moins foncée et plus pâle. Sur les flancs, de chaque coté, se trou¬ vent deux bandes noires longitudinales. Pied d’un brun jaunâtre sale. Bouclier ovale, antérieurement et postérieu¬ rement arrondi, lie de vin, ou très-souvent irrégulièrement nuancé de tons rougeâtre pâle, surchargé de deux fascies noires à la partie postérieure; col et tête liede vin. Grands tentacules allongés, très-épais, surmontés d’un point ocu- liforme très-foncé; — extrémité assez renflée. — Petits tentacules peu allongés, épais, d’un jaune cendré. Orifice respiratoire très-antérieur (ce qui est très-rare chez une Limace). Liinacelle petite, oblongue, pellucide. Longueur de l’animal en marche. . . 20-25 mill. — — contracté.. . . 10-12 — Habite aux environs de Bougie et d’Alger, sur la colline de Budjaria (Forbes), de Tlemcen , Ain-el-haout — et Oran (Dupotet, Morelet), — d’Alger (Deshayes), dé Con- stantine (L. Raymond, Brondel), de Boghar (Debeaux). [La suite prochainement.) Description de Coléoptères nouveaux d’Algérie, par A. Chevrotât (1). Fn livrant aujourd’hui au public entomologiste la première centurie de Coléoptères d’Algérie, qui a paru dans ce recueil, je ne saurais trop remercier MM. Brondel , Lejeune, Lethierry, Ott, Poupillier et Prophette, pour les envois qu’ils.m’ont faits et pour les encouragements qu’ils m’ont adressés dans mon entreprise de faire connaître les nouvelles espèces de ce pays. M. Poupillier, très-zélé et très-habile chasseur, avec qui je suis, depuis 1837, en correspondance suivie, me faisait part de tout ce qu’il découvrait, en y joignant par¬ ti) Voir la Rev. et Mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304, 380 à 389; 1860, p. 75 à 82, 128 à 137, 208 à 212, 269, 302, 409, 448, 509; 1861, p. 118,205, 264. TRAVAUX INÉDITS. 307 fois des notes, tant sur les époques d’apparition que sur les mœurs; il a donc droit ici à l’expression d’une recon¬ naissance toute particulière. Il me reste à décrire beaucoup de Coléoptères inté¬ ressants de cette contrée; comme ils appartiennent à des familles que j’ai moins étudiées, j’ai encore besoin de quelques recherches avant de procéder à ce travail. Ci-jointes sont deux listes se rapportant à la première centurie. La première est établie d’après l’ordre de publication (avec rectification de la seconde dizaine;. La seconde, d’après la classification du catalogue de Schaum. Il y aura lieu à opérer quelques changements nécessités par la création de genres nouvellement adoptés, savoir : Le A yletinus pellitus , n° 4 bis, 1859, page 389, fera partie du genre Techa, Aubé [Ann. Soc. ent. de, France , 1er trimestre, 1861). Le A yletinus longipennis, n° 22, 1860, page 75, doit rentrer parmi les Metholcus, J. Duv. ( Glanures , 2e cah., p. 142). Les Otiorhynchus intersetosus, aquilus et furinus , nos 18, 38, 39, 1860, pages 80, 134 et 135, ayant les ongles com¬ primés à la base, devront constituer une nouvelle coupe générique, d’après ce que m’a écrit M. le docteur Stierlin. Mon genre Chcerorhinus , n° 58, 1860, p. 452, dont le nom avait déjà été employé, prendra celui de Chœroce- phalus. Le Cionus phyllireœ , n° 20, 1860, page 388, est main¬ tenant un Stereonychus, Suff. Enfin le Dryophlhorus brevirostris, n°40, 1860, page 137, appartient au genre Chcerorhinus, Fr*. 308 hev. et mag. de ZOOLOGIE . (. Juillet 1861.) Première centurie d’après les numéros d’ordre de pu¬ blication. Nos. Années. Pat» es. 1. Polydrosus chrysocephalus, 1859, 298. 2. Liosomus substriatus. — 298. 3. Liosomus foveolatus, — 299. 4. Miccotrogus mouachus, — 300. 5. Miccotrogus nigricollis, — 300. 6. Miccotrogus signaticollis, — 301. 7. Tychius molitor, — 302. 8. — argentatus, — 302. 9. Tychius fuscipes , — 303. 10. Tychius melarhyuchus. — 304. 11. Ceuthorhyuchus niveus, — 304. 12 (1 bis). Lebia Poupillieri, — 380. 13 (2). Acmœodera scabiosæ, — 381. 14 (3). Acmœodera læsicollis, — 382. 15 (4). Xyletiuus pellitus, — 384. 16 (5). Xyletinus torquatus, — 384. 17 (6). Apiou alncirostre, — 385. 18 (7). Metallites anchoralifer, — 386. 19 (8). Cœliodes? Glaucii, — 387. 20 (9). Cionus phyllireæ, — 388. 21 (10). Gymnetron sanguinipes, — 389. 22. Xyletinus longipenuis. 1860, 75. 23. Xyletiuus sulcicollis, — 76. 24. Salpingus uitidulus, — 77. 25. Procas Lethierryi, — 77. 26. Cathormiocerus muricatus, — 78. 27. Peritelus siuuatus. — 79. 28. Otiorhynchus intersetosus. — 80. 29. Larinus basalis, — 80. 30. — subrotundatus, — 81. 31. Rhynchites cuprinus, — 128. 32. Auletes subplumbeus, — 129. 33. Sciaphilus sulcirostris, — 130. 34. Tanymechus brevis, — 131. 35. Tanymechus submaculosus. — 131. 36. Cleouus limbriatus, — 132. 37. Phytonoinus cariuirostris , — 133. 38. Otiorhynchus aquilus, — 134. 39. Otiorhynchus furinus, — 135, TRAVAUX INÉDITS. 309 N»\ Années. Pages. 40. Dryophthorus brevirostris, — 137. 41. Julodis chrysœsthes, — 208. 42. Julodis chalcostigma, — 209. 43. Authicus OEdipus, — 210. 44. Authonomus juniperi, — 210. 45. Æraphilus nasutus, — 211. 46. Phytœcia grisesceus. 1860, 269. 47. Phyiœcia cobaltina, — 270. 48. Phytœcia Eehii, — 302. 49. — chlorizans, — 303. 50. Apatophysis toxotoides. — 304. 51. Bembidium bis-biniaculatui». — 409. 52. Suuius rutilipeuuis, — 410. 53. Authobium ciucticolle, — 448. 54. Sitones alboviltatus, — 448. 55. Phytonomus scapularis, — 449. 56. Trachyphlæus uodipennis, — 450. 57. Holehoriuus pilosellus, — 450. 58. Chærorhiuus lauusimanus, — 452. 59. Ceuthorbyucbus subfasciatus , - 453. 60. Cryptocepbalus uigridorsum, — 453. 61. Acmœodera ramosa, — 454. 62. Silaria trifasciata, — 455. 63. Coniatus triaugulifer, — 455. 64. Julodis vermiculata, 1861, 147. 65. Gerauorhiuus rufirostris, 1860, 456. 66. Sibyues sublineatus. — 457. 67. Sibyues harmonicus, — 458. 68. Daridius malachiticus, — 460. 69. Bagous 7-costatus, — 508. 70. Ceuthorhynchus pratensis, — 510. 71. Sciaphilus iufuscatus, 1861, 118. 72. Sitones interruptus, — 118. 73. Anisorhynchus procerus, — 119. 74. Gronops luctuosus, — 120. 75. Peritelus gracilis, — 121. 76. fîaridius atrouitens, — 121. 77. Cæliodes cinctus, — 122. 78. Acalles costatus, — 123. 79. — leutisci. — 124. 80. Rhyncolus? simus. — 125. 81. Haliplus ruüceps, — 148. 31 0 kev. et mag. de zoologie. (Juillet 1861.) Nos . Années Pages. 82. Hydroporus bihamatas, — 149. 83. Trichodes sanguiuosus, — 150. 84. Trichodes hypocrita. — 151. 85. Trichodes Zaharaj, — 152. 86. Hedobia succinctà, — 153. 87. Xyletiuus peregrinus, — 154. 88. Erirhiuus tiitidus, — 155. 89. Acaleus fuscus, — 205. 90. Xylotrogus glycyrrhizæ, — 206. 91. Harpalus alacris, — 207. 92. Ochthebius submersus, — 208. 93. XeDostrongylus obsoletus, — 261. 94. Xenostrougylus lateralis, — 264. 95. Cybocephalus diadematus, — 265. 96. Rhyssemus aspericeps, — 266. 97. Cebrio ruiipes, — 267. 98. Malthinus signatus, — 267. 99. Phytouomus ambigeuus. — 268. 100. Pharus? setulosias, — 269. Asie des Coléoptères d’Algérie ( première < centurie) d’après l’ordre de classification actuelle , et rappel aux années , pages et numéros de publication du Magasin. Années. Pages. Nos. Lebia Poupillieri , 1859, 380, 12 (1 bis) . Harpalus alacris, 1861, 380, 91. Beribidium bis-bimaculat uni, 1860, 409, 51 . Haliplus ruficeps, 1861, 409, 81. Hydroporus bihamatus, — 409, 82. Ochthebius submarinus, — 409, 92. Sunius rutilipeunis, 1860, 410, 52. Anthobium cincticol le , — 448, 53. XeDostrougylus obsoletus, 1861, 264, 93. — lateralis, — 264, 94. Cybocephalus diadematus, — 295, 95. Aeraphilus uasutus, 1860, 211, 45. Rhyssemus aspericeps, 1861, 266, 96. Julodis chrysœsthes, 1860, 208, 41. — chysostigma, — 209, 42. — vermiculata, 1861, 209, 64. Acmceodcra scabiosœ, 1859, 381, 13 (2 bis). — læsicollis, — 382, 14 (3 bis;. TRAVAUX INÉDITS. 311 i \ n nées . Pages. No., rainosa. 1860, 454, 61. Cebrio rufipes, 1861, 267, 97. Malthinus signatus, — 268, 98. Trichodcs sanguinosus, — 454, 83. — bypocrita, — 454, 84. — Zaliaræ, — 454, 85. Hedobia subeincta, — 153, 86. Xyletinus pellitus, 1859, 381, 15 (4 bit). torquatus, — 384, 16 (5 bit). — Jougipennis, 1860, 75, 22. — sulcicollis, — 76, 23. peregrinus, 1861, 154, 87. Anthicus OËdipus, 1860, 210, 43. Silaria trifasciata, — 455, 62. Salpingus nitidas. — 77, 43. Rhynchites cuprinus. — 128, 31. Auletes subplumbcus, — 129, 32. Apioo lancirostre. 1859, 385, 17 (6 bis). Sia phi lus sulcirostris, 1860, 130, 33. — iiifuscatus. 1801, 118, 71. Tauyinechus brevis, 1860, 131, 34. — subraaculatus, — 131, 35. Sitoaes albovitlatus, — 448, 54. — seapularis, — 449, 55. — interruptns, 1861, 118, 72. Polydrosus chrysocephalus, 1859, 298, 1. Mêlai li tes anchoralifer, — 386, 18 ^ 7 bis), Cleonus firabriatus. 1860, 132, 36. Anisorhynchus procerus, 1861, 119, 73. Liosomus substriatus. 1859, 298, 2. — foveolatus, — 299, 3. Phytouomus carinirostris, 1860, 133, 37. — ambigenus, 1861, 268, 99. Coniatus triaugulifer, 1860, 455, 63. Grouops luctuosus, 1861, 120, 74. Procas Letbierryi, 1860, 77, 25. Trachyphlæus uodipennis, — 450, 56. Gathoriniocerus muricatus, — 78, 26. Peritelus sinuatus, — 79, 27. gracilis, 1861, 121, 75. Cliærorbinus lanusimanus , 1860, 452, 58. Holcorbinus pilosulus, — 450, 57. 312 rev. et mag. de zoologie. (Juillet 1861 .) Années. Pages. N°». Otiorhynchus intersetosus, — 80, 28. — aquilus, — 134, 38. — furinus. — 135, 39. Lariuus basalis, — 80, 29. — subrotuudatus, — 80, 30. Geranorhiuus rufirostris, — 456, 65. Erirhinus nitidus, 1861, 155, 88. Anlhonomus juuiperi, 1860, 2)0, 44. Tychius molitor, 1859, 302, 7. — argeutatus, — 302, 8. — fuscipes, — 303, 9. — melarhyuchus. — 304, 10. Miccotrogus mouaebus, — 300, 4. — uigricollis, — 300, 5. — signalicollis, — 301, 6. Sibynes subliuealus, 1860, 457, 66. — barmonicus, — 458, 67. Baridius malachiticus, — 459, 68. — atrouitens, 1861, 121, 76. Cœliodes? Glaucii, 1859, 386, 19 (8 bis). — ciuctus, 1861, 122, 77. Acalles costatus, — 123, 78. — leutisci, — 124, 79. — fuse u s. — 205, 89. Ceuthorhynchus uiveus, 1859, 301, 11. — subfasciatus , 1860, 453, 59. — pratensis, — 510, 70. Bagous septemcostatus, — 509, 69. Ciouus phyllireæ, — 388, 20 (9 bis). Gymnelrou sauguiuipes, 1859, 388, 21 (10 bis) Rhyucolus? sinius, 1861, 125, 80. Dryophthorus brevirostris. 1860, 137, 40. Phytœcia grisesceus, — 269, 46. — cobakiua, — 270, 47. — Ecbii, — 302, 48. — chlorizaus, — 303, 49. Apatophysis loxotoides, — 50, 50. Cryptocephalus nigridorsuni, — 453, 60. Pbarus? setulosus, 1861, 269, 100. \ylotrogus glycyrrhizæ, — 211, 90. TRAVAUX INÉDITS. 313 Orthoptera nova americana (Diagnoses præliminares), auctore H. de Saussure (1). (Sériés IIa). 2. Mutici. Prosternum muticum , margine antico haud elevato, os haud cingente. I. Truxali formes. Proscopia ( Astroma ) filiformis. d1 Parvulum, filiforme ; corpus cum capite perfecte lineare, baculiforme. Capul thorace haud latins, postice nullomodo incrassatum, pro- noti longitudine, rostro quadrato styliformi elorigato, apice obtuse truncato, dimidium capitis longitudinis fore effi¬ ciente. Antennæ roslri 3/4 longitudine. Pronotum meso-ct nietanoto fere duplo longius; antice dentibus 2 compres¬ sé, jiostice vix bidentatum. Meso- et metanotum supra ru- gulosa, obtuse carinata. Abdomen filiforme ; apice appen¬ dice anali superno quadrato prominulo. Pedes filiformes. — Longit., 0,039; fémur posticum, 0,014. — Chili. Genus ïruxalis, Fabr. Divisio Àchurum (2). — Caput satis horizontale; rostro nullo modo cxcavato. Oculi vix ultra medium caput inserti. Pronotum compressum, nullo modo in sellæ formam exca¬ vatum, postice rotundatum, antice vix coarctatum. Elytra longissima, alas superantia. Pedes brevissimi. Femora }>ostica elytrorum dimidio longitudinis æqualia, fernori- bus brevioribus. Tr. Sumichrasti. p Gracilis , compressa. Capitis ros- trum elongatum , in medio carinatum, apice rotundatum ; faciès valde quadricarinata; oculi paulum prominuli. Pro¬ notum tricai inatum , alutaceo - granosum. Elytra alas 4 1/2 mill. superantia. Femora postica valde compressa, fere lamelliformia, elytri vix dimidii longitudine, corporis dimidio longitudinis valde breviora, extus laminis V, — formibus imbricatis squamosis. Color fusco-lestaceus. — (1) Voir page 156. (2) AxvÇ»v, calamus. 31 i rev. et mao. de zoolodie. [Juillet \ 861.) Longit. corporis 0,038; elytri 0,034- ; femoris postici 0,0153. — Mexico temperata. Genus Oxycoryphus, Fisch. Divisiones novœ duæ in illo genere admittendæ sunt. I. Verticis rostrum subacutum. Fronotum haud con- slrictum, postice obtuse angulatum; sulco postremo pone dimidium sito ; cariais lateralibus acutis , ad niarginem posticum perductis. 1. Foveolœ rostri oblileratœ; rostrum supra convexum. (Ad Chrgsochraones transit.) Ox. toltecl’S. Statura O. mexicani et illi affinissimus, seddiffert: colore viridi ubique; pronoti parte plana dor- sali minus angusla, cariais lateralibus pone sulcum postre- mum haud arcuatis, vix divergentibus; facie decliviore; antennis brevissimis (pronoti longitudine), deplanatis, vai- de dilatatis, acuminatis; ely tris viridibus, campo discoi- dali angusto, pellucido, basi l'usco punctato. Alæutin O. mcxicano , campo antico nervo longitudinali partito et dense reticulato. Antennæ et viltæ in carinis lateralibus, ad oculum perductæ, fulvæ. — Mexico aliior. Ox. Burkhartianus. Testaceus, capite et pronoto in la- teribus supra cum fascia fusCa ; caput supra planum, vix convexum, in lateribus bicarinatum, rostro lotundato; faciès paulum declivis, haud concava, carinis intermediis subdistantibus. Antennæ elongatæ, deplanatæ; oculi piri- formes obliqui ; pronotum omnino compressum; area su- perna plana, acute marginata tricarinata, postice obtuse angulata. Eiytra corporis longitudine, area superna plana, elongata, apice oblique truncata; l'emora postica abdo¬ men valde superantia, compressa. Longit. corporis 0,027 ; elytri 0,026; femor. postic. 0,018. — ^minor. — Mexico. 2. Margo rostri acutus ad ocellum lateralem ramum re- curretitnn emitlit, utrinque foveolam trigonalem efficiens, quodam modo infra marginem verticis lateralem positam. Rostrum supra plus minusve excavatum. Ox. MExiCANüs. Sat parvus, O. compressicornis statura at TRAVAUX INÉDITS. 315 corpore maxime comprcsso, supra fascia pallida. Caput valde compressum, acute trigonale, vertici horizontali, eion- gato, facie perdeclivi, haud arcuata; vertex elongatus, angustus, supra cantho mediano subolevato convexo per- ducto, antice in rostrum trigonale acutum carinato-mar- ginatum productus, marginibus acutis et foveolis latera- libus nullis; carinæ faciales 4 conspicuæ : inedianæ in- vicem propinquæ, supra ocellum parallelæ, infra paulum divergentes. Pronoti carinæ très distantes, sulco postremo pone dimidium sectæ, latérales ante sulcum rectæ paral¬ lelæ, pone ilium divergentes arcuatæ, extus convcxæ. Elytra abdomen vix superantia: alæ subfuscescentes, basi subfulvescentes. Femore postica gracilia. Anlennæ P pla- natæ, dilatatæ, 6 suberassæ, acuminatæ, articulis conspi- cuis. — Longit. 0,02i. — Mexico. Ox. azteccs. Parvulus, fuscus; corpore fusco et badio vario. O. mexicano affinissimus ; statura et formis similli- mus, sed antennis elongatioribus, apice vix acuminatis; capite magis declivi. Pronoti carinæ latérales postici mi¬ nus divergentes, vix arcuatæ ; elytra Iongiora, nigra, mar- gine postico vitta viridi, alarum campus anticus haud vena longitudinali partitus, hyalinus, venulis transversis late parlitus. Corpus fuscescens , supra fascia viridi ornatum ; caput testaceum. — Mexico. Ox. ToroNACUS. Viridis, lineis 2 fulvis ab oculis in pro¬ noti carinas perductis. O. mexicano statura et formis a Mi - nissimus, at minus compressus. Antennæ filiformes, sat crassæ , capite et pronoto p breviorcs; verlicis rostrum excavatum sulco transverso impressum ; pronoti areador- salis latior, valde tricarinata; carinæ latérales sulcis 2, 3. vel 1, 2, 3, sejunctæ, postice paulum divergentes, intror- sum arcuatæ, ut in O. tolteco. Elytra abdomen valde su¬ perantia, submembranacea, fuscescentia, apice rotundata, areis marginalibus viridibus, opacis ; area anlica macu- lata, et sinu subbasilari griscscente; area discoidale ma- 316 rev. et mag. de zoologie. (Juillet 1861.) culis fuscis in sérié obsitis. Alæ apice fuscescentes. — Mexico. Ox. zapotecus. Parvulus, mediocriter compressus; ver- ticis rostrum planatum, subexcavatum, sulco basi angu- lato, transverso; marginibus vixelevatis. Antennæplanatæ. Faciès declivis sed haud arcuata, Costa frontali supra ocel- lum valde producta , haud canaliculata. Pronotum supra latiusculum, tricarinatum ; carinis lateralibus ter sulcis se- junctis. Elytra abdomen haud superantia, angusta, apice rotundata, in media basi fusco-punctata. Aiæ hyalinæ, dense reticulatæ. Femora poslica iatiuscula, apice haud gracilia. Oculi in vertice sat invicem propinqui. — Longit. 0,017. — Mexico. II. Corpus compressas et caput acutius; pronoti sulcus postremus fere in dimidio situs ; antennæ filiformes api- cem versus subacutæ. — (Transit ad Gotnphoceros.) Ox. Montezuma. Gracilis. maxime compressus, viridis, fascia dorsali fusca et in lateribus fascia vel maculis ejus- dem coloris. Caput pronoto fere longius, conicum, acute trigonale, rostro piano, elevato-marginato et carina par- tito, sed non foveolato ; faciès perdeclivis, carinis k rite explicatis; lateralibus rectis, medianis subparallelis, circa ocellum vix appropinquatis. Oculi angusti, elongati, obli¬ que positi. Antennæ elongatæ, filiformes, versus apicem incrassatæ. Pronoti carinæ très sulcis 2 sejunctis, invicem propinquæ, subparallelæ ; latérales ante dimidium parum sinuatæ, sulcum postremum vix pone dimidium pronoti situm. Elytra antice dilatata, elongato-ovata, fuscescente- pellucida, margine postico opaco, antico cum fascia fusca in prima parte ornata, et vitla basali submarginali viridi; area mediastina ultra medium marginem producta; areæ scapularis et discoidalis dilatatæ, venulis scalaribus par- titæ ; areæ externo- et interno- media angustæ, scalare re¬ ticulatæ. Alæ obscure fuscæ, dense reticulatæ. Femora postica gracillima ; tibiæ fuscæ. Abdomen gracillimum, TRAVAUX INÉDITS. 317 lamina infra-anali elongata, compressa, acuminata. — Longit. 0,023. — Mexico. Genus Stenobothrus, Fisch. I. Divisio. Antennæ filiformes aut subfiliformes — Rhum- matocerus , Fisch. (Omnes species sequentes cum hac di- visione concordant. ) 1 . Carinæ Internies pronoti rectce vcl fere reclœ. Stenobothrus mystecus. Médius statura St. melanopteri, viridis vel badio testaceus. Caput magnum, conicum, punc- tatum; vertex ante oculos maxime productus, rotunda- tus, foveolis destitutus, rostro supra convexo, nullomodo excavato. Faciès perdeclivis, sed vix arcuata, rugulosa, Costa mediocriter prominente, punctata, carinis parallelis marginata, his supra evanescentibus. Pronotum ubique punctatum, postice vix angulatum ; sulcus postremus valde pone dimidium situs; carinæ latérales rectæ, parallelæ , pone sulcum postremum obsolescentes, sulco penultimo vix ante dimidium sectæ, et antice per caput indistinctes ad oculos productæ. Pedes postici sat graciles. Elytra ab- domine paulo breviora. Antennæ filiformes. — Longit. 0,028; elytri 0,017. — Mexico. St. occidentalis. St. mystico affinissimus, at paulo mi- nor, corpore compressiore; verticis rostro breviore, sub- declivi; pronoti carinis acutioribus, mediana subcristæ- formi; femoribus posticis inflatis, apice tantum gracilibus et elytris abdomen superanlibus. — Longit. 0,020. — A- merica borealis. (Tennessee.) 2. Carinæ latérales pronoti arcuatæ vel fractœ ante di- midiurn plus minusve invicem appropinquatoo. a. Verticis rostro obluso, apice rotundato. St. viatorius. Magnus, viridis ( in siccis fuliginosus ), fusco varius ; corpore maxime compresso, supra fascia vi- ridi. Caput angustum ; vertex horizontalis, ante apicem cum foveola subcycloidea ; foveolislateraübus obliteratis ; faciès declivis, convexa et depicta, carinis intermediis nullis; costa valdearcuata, supra maxime prominula, subtus nulia, 318 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1861.) convexa, nullo modo sulcata, et etiam foveola ocelli nulla. Pronoti discus dorsalis fuscus, margine postico-angulato, carinis lateralibus tenuibus fascia viridi indicatis, ante dimidium angulatis, admodum invicem appropinquatis, et hic obsoletis. Femora postica basi valde inflata. Elytra eiongata, grisea; lituraad marginem posticum viridi; mar¬ gine antico prope basim aucto ; maculis et fasciis viridibus seu pellucidis in campo discoidaii maculas fuscas delinean- tibus; alæhyalinæ, virescentes, apice fusco venosæ, etsæ- pe nubecula apicali. ïibiæ posticæ aurantiacæ, apicecæ- ruleæ; femora intus modo cærulea modo fulva, fusco tri- fasciata. Antennæ longitudini capitis et pronoti æquales. — Longit. corporis 0,038. — In tota Mexico occurruntet gregibus copiosis campis damnum inferunt. St. gregarius. Affinis St. viqtorio atminor, corporecom- pressiore; caput angustum ; a latere aspectum trigonale ve! conicum videtur, facie valde declivi, vix arcuata; Costa frontalis maxime producta, punctata, haud canalicu- iata, supra angustata , infra obsoleta, sed ^ ad clypeum producta; genarum carinæ omnino explicatæ ; vertex ante oculos valde productus, angustus, apice trigonale foveo- latus; foveolæ latérales obsoletæ; oculi magni, clongati, subobliqui, supra acuininati; antennæ filiformes, planatæ; pronotum ut in St.-viatorio sed angustius; femora anlica minus inflata ; elytrorum vena externo -media retrorsum subarcuata ; colores ut in St. vicilorio ; tibiæ sanguineæ apicecæruleæet alæhyalinæ. — Longit. ( c^) 0,025; p0,031. — In Insula Antillarum St. Thomas mihi occurrit et P in Haïti. St. Cuilensis. Parvulus viridis vel griséus, femoribus posticisrubidis, genubusnigris. Corpus valde compressum. Faciès declivis, verticis foveola rotundata, foveolæ laté¬ rales quadratæ, invicem sat propinquæ; oculi permagni, supra acurainati. Pronotum antice in occipite productum, postice angulatum, supra valde tricarinatum, carinis late¬ ralibus fractis, angulatis, antice et postice divergentibus; TRAVAUX INÉDITS. 319 sulcus postremus in medio situs; elytra brévia, elongato- ovata, femoribus posticis in brevioribus, area scapulari lata, arcuata. — Longit. cum ely tris 0,015. — Chili. b. Verlicis rostro trigonali, angulato, distincte foveolnto. Sir. tepaneccs. Sat parvus, testaceus; fasciis 2 1 a te- ralibus fuscis; caput trigonale, facie valde declivi, haud arcuata, cingulo fronto-verticali acuto; Costa facialis an gusta, sulcata, carinis rectis, supra invicem propinquis, infra paulum divergentibus. Verticis rostrum trigonale, foveolatum, acute carinato-marginatum, antice distincte angulatum (ut in genere Tomonoto ) ; foveolæ latérales fere lineares, sub marginem rostri sitæ nullo modo ante ilium ; pronotum compressum, postice obtuse angulatum; carinæ latérales paulum arcuatæ, sat distantes ; sulci trans- versi sinuati ; postremus valde impressus, paulum pone dimidium situs; pronotum pone ilium leviter punctalum. Femora postica subinflata. Elytra abdomen valde supe- rantia. Alæ fuscæ. — Longit. cum elytris 0,023. — Mexico. II. OEdipodif ormes. Genus Pegasidion (1). Corpus gracile, compressum, elongatum. Caput paulum declive. Antennæ latæ, ensiformes ; oculi prominentes, elongato-ovati; vertex præ oculis paulum prominulus, fo- veolatus, subdeclivis, truncatus. Carinæ faciales elevatæ, subtus haud obsoletæ ; pronotum vix carinatum, antice truncatum ; prosternum cornu cylindrico armatum ; pedes postici graciles, perlongi , spinis tibiarum intus majori- bus ; elytra angusta perlonga. P. volitans. Caput angustum vertice brevi ; faciès sub- deciivis, subrogosa, valde i-carinata ; carinis intermediis subparallelis; costa supra ocellum haud excavata, grosse punctata ; pronotum compressum, ubique grosse puncta- tum, subscabrum, vix carinatum ; loborum lateralium an- gulo antico acuto, arcuato; sulcus postremus paulum ante dimidium situs ; elytra femora postica maxime superantia ; (1) rts') a ffiS'iov, de fleyatrix. 3*20 REV. et ma G. de zoologie. [Juillet \ 861 .) apice rotundata. (Color fulvo-albescens?) Longit. cum ely- tris 0,037. — Mexico orientalior. Genus Tomonotus (1). Corpus compressum. Antennæ dilatatæ vel filiformes. Caput verticale , vertice horizontale producto, antice tri- gono, fovea plana elevata, marginata, fréquenter trans- versim sulcata et antice elevata; faciès valde compressa, prismatica, carinis iateralibus antrorsum arcuatis, ad cly- peum perductis ; costa maxime prominens, ejus latera ver- ticalia, oblique truncata. Pronotum antice et postice an- gulatum, cristatum, carinis Iateralibus antice nullis, postice acutis. Elytra perfecte explicata. Femora postica com¬ pressa, dilatata. — Genere Tropeonoto (2) simillimus , at capite verticali, femoribus dilatatis, et prosterno inermi differt. — Pachytilis fere similior, sed angulo fronto-ver- ticali recto; verticis foveolis, faciei costa prominente supra angustata, aperte differt. (Cum illo genere OEdipoda sul- phurea , Burm., accurate quadrat.) I. Verticis fastigium haud declive , interdum subciscen- dens, angulo obtuse trigono-V -forme terminato , cujus mar- gines clevuto-acuti sunt. (Ad Tropeonotos capite transiunt.) a. ) Antennis gracilibus — T. sulphureus, Burm. b. ) Antennis deplanalis. Tom. Zimmermanni. Fusco et badio varius, subfasciatus. Vertex basi convexus, carinatus, in roslrum acute V-for- me productus, apice foveolatus et acutissime marginatus; faciès subdeclivis, valde compressa; costa maxime promi¬ nens, angusta, grosse punctata, cum vertice angulum sub¬ acutum efficiens (si a lalere aspicis). Antennæ filiformes, submoniiiformes, crassæ, deplanatæ, apicem versus haud angustatæ. Pronotum punctatum , compressum , carinis Iateralibus acutis, crista elevata integra in medio instruc- tum, antice et postice peracute angulatum. Femora pos- lica valde carinata, tibiæ fuscæ, basi fascia testacea. Ely- (1) X ojuLoÇy tranchant; vmtoç, dorsum. (2) Tropinolus, Serville. Nomen meadosunj. 321 TRAVAUX INÉDITS. tra grisescentia, sparsim punctata; alæ pellucidæ, basi flavescentes, dehinc nubecula fuscesceute. — Longit. ely- tri 0,022. — Carolina. A T. ( OEdipoda ) sulphurea, Burm. differt vertice minus acute trigono, foveola transversim valde sulcata; antennis gracilibus et longe a vertice inserlis. II. Verticis apex planatus, foveola plus minusve distincta instructus , subdeclivis vel truncalus. 1. Faciès valde elongata prismatica ; costa recta; verticis foveolæ latérales conspicuœ\ carina dorsalis in cristam valde elevatam producla. ( Antennœ dilatatœ.) (Ad Tropeonotos thorace transiunt). Tom. mexicanus. Fuscus vel badius, granuloso-scaber et punctato-pilosus. Verticis foveola, haud declivis, rugo- sa, carinato-marginata; o, latior subpiriformis , plana; <5 excavata, angustior, triloba, lobo medio elongato ad frontis costam producto; foveolæ latérales perdistinctæ ; faciès subdeclivis, prismatica, costa maxime prominente, grosse punctata, plana, sub ocellum paulum canaliculata. Pronotum compressum, antice et postice acute angulatum. Carina in cristam arcuatam maxime elevatam producta et paulo ante medium sulco subpartita. Antennæ deplanatæ, dilatatæ, acuminatæ. Elytra abdomine longiora, grisea, passim fusco punctata et fasciis 2 fuscis ornata, apice obli¬ que truncata et macula pellucida. Alæ suavissime roseæ, margine et area antica fuscescentibus, fascia subcostali rosea et apice macula pellucida. Femora postica valde iu- flata, subiuscrassa, supra solum cristata, crista abbreviata ; libiæ posticæ fusco ettestaceo fasciatæ. — Longit. corpo- ris 0,027. — Mexico temperata. 2. Caput sat rotundatum, facie arcuala, fastigio rotun- dato ; faciès parum compressa. Antennæ graciles. (Ad Pachg- Ujlos transiunt). Tom. NiETAXus.Fusco-griseus, vel fusco-ferrugineus ni- grescente tessellatus; corpore valde compresso. Vertex angustus, rugosus, per totam longitudinem carinatus; au- 2* sùniB. t. aiii. Anuée 1861. 21 322 rev. et mag. de zooeogie. [Juillet 1861 .) tice trigonale productus et foveoia vix declivi planatus ; ilia subpiriformis, marginibus elevatis, et sulco transverso profunde partita ; faciès perpendicularis, valde 4-carinata et valde punctata ; Costa elevala, subcanaliculata, supra angustata, tricarinata; foveolæ latérales conspicuæ, planæ quadralae, in medio carinatæ; oculi planati. Pronotum granulalum supra planum, subexcavatum etrugosius ; ca- rina in cristam ubique æqualem, ante medium paulum sulco postremo bipartitam, producta; carinæ latérales peracutæ. Elytra abdomen paulum superantia, sparsim punctata; alæ coccineæ, margine et fascia subcostali fuscis. Tibiæ dilute sanguineæ. — Longit. 0,030. — Mexico. III. Antennœ crassœ. CctpiU convexum, ut in Stenobothris nrcualum. Pronotum admodum longitudim carinatum. Tom.otomitus. d'.Parvulus, fuscusvel badius. Antennæ elongatæ, filiformes, crassæ, deplanatæ et apicem versus subincrassatæ. Caput convexum, facie declivi, arcuata, valde 4-carinata; vertice convexo, carinato, præ oculis in rostrum acutum producto, sed paulum declivi, cum foveoia profunda, angusta, carinato-marginata, apice acuminata: foveolæ latérales distinctæ, brèves, trigonæ. Antennæ e- longatæ, filiformes, crassæ, deplanatæ et apice subincras¬ satæ. Pronotum angustum supra planum , tricarinatum ; carina media subelevata, valde ante dimidium sulco pos¬ tremo sejuncta; lateralibus etiam sulco penultimo incisis ; femora postica satlata. pone dimidium haud gracilia. Ely¬ tra badia, apice pellucida, fuscotrifasciata ; alæpellucidæ, nervis nigris, venulis scalaribus transversis reticulatæ, margine antico stigmate elongato nigro. — Longit. 0,018. — Mexico orientalior. Genus Hippopedon (1). Eacies Stauronolorum , Fisch. Antennæ elongatæ, fili¬ formes. Caput in vertice elatum, occipite ascendente, antice descendente, foveoia canaliculata, valde declivi, in frontis costam detrusa, acute marginata; foveolæ late- (1) f'&'Hèç, equut; TTHtfttw, salto (equultis taltcUor)- TRAVAUX INÉDITS. 323 raies nullæ ; faciès verticalis, costa paruni prominente et carinis genarum maxime antrorsum sitis, supra angulatis. Pronotum subconstrictum supra carina mediana instruc- tum, antice tfuncatum, posticetrigonale,acutangulum ; an- gulis humeralibus obtusis, cum carinis anticis haud con- tinnis sed in pronoti latera oblique descendentibus et ibi carinas acutas efficienfibus, fere ad marginem anticum lo- borum lateralium perductas; carinæ dorsales anteriores distinctæ, invicem sat propinquæ postice convergentes, sed haud ultra sulcum postremum ductæ. Femora postica gracilia. Elytra abdomine longiora, angusta. (In pronoto crux albida.) H. Saltator. Yiridis, fusco varius. Costa frontalis ca- naliculata, infra obsoleta, supra inter antennas subpro- ducta. Antennæ capiti et pronoto æquales, graciles. Pro¬ notum pone sulcum postremum punctatum, supra cruce albida, et macuiis 2 fuscis sub carinas anticas dorsales, sitis; carina mediana sensim ante dimidium sulco sejuncta, pronoti lobi latérales postici acutanguli. Elytra angusta sub pellucida, areis marginalibus viridibus, opacis ; an- ticc sérié macularum fuscarum ornata ; alæ hyalinæ, in margine ultra dimidium linea nigra. — Long., U, 020. — Mexico. Genus Œdipoda, Lat.; subgenus QEdipoda proprie dicta. I. Sphingonotus, Fieb. ÜE. haitensis. OE. cœrulante affinissimus at minor, cor- pore rugosiore et pronoto aculiore. Mediocris, griseo-tes- taceus, supra subbreviusculus. Vertex inter oculos globo- sossublatus, excavatus, antice valde decli vis, infrontede- trusus, foveola in inedio carinata , marginibus lateralibus elevatis, cum frontis carinis omnino explicatis continuis ; foveolæ latérales nullæ. Antennæ annulatæ. Pronotum antice constrictum, sulco postremo longe ante dimidium sito; supra tenuiter carinatum, carina inter sulcos oblite- rata; margine postico producto, subacuto, punctato. Ely- 3*24 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet lS6i .) Ira abdomine admodum longiora, badia, bifasciata et ma- culata, apice vix pellucida; alæ suave cæruleæ, fascia lata fusca et apice hyalinæ. Tibiæ posticæ cæruleæ , basi fré¬ quenter testaceæ ( in siccis testaceæ ). — Longit. 0,023. — Haïti. QE. Sumichrasti. Sat validus, fuscus vel fusco-ferrugi- neus, griseo conspersus et antennis annulatis. Vertex an- gustus, foveola elongata, antrorsum angustata, margini- bus elevatis, cum frontis carinis continuis; his elevaiis, versus os obsoletis vel nullis. Oculi prominentes. Prono- tum latissimum, antice coarctatum, arcuatum at nullo modo constrictum , carinula haud elevata ; sulco postremo pau- Ium ante dimidium sito. Pars postica plana, latissima, brevis, obtuse angulata ; lobi latérales angulo postico denti- forme producto. Elytra abdomine longiora, punctis fuscis conspersis ornata, sed haud fasciata, apice subhyalina ; alæ basi coccineæ, in reliqua parte infuscatæ, vel nube- culafuscescente obductæ, nervis scalariis fusco reticulatæ. Femora postica intus testacea, nigro trifasciata; tibiæ pos¬ ticæ ante dimidium testaceæ, nigro bifasciatæ , dein coc¬ cineæ. — Longit. 0,028. — Mexico calida. II. OEdipoda, Fieb. O. pardalina. Valida, fulvescens vel castanea, fulvo marmorata, pronoto fulvo marginato; anlennæ elongatæ, apice acuminatæ et obscuræ; caput latum, plicato-rugo- sum,verticeperrugoso, subcarinulato, foveolis7 instructo, quarum præcipua lata et brevis. Thorax latus, corti- cato-scaberrimus, tuberculatus, carina media subelevata, bis incisa ; margine antico in occipite producto, fréquen¬ ter angulato ; postico acute trigone valde producto, carinis lateralibus peracutis, fore ad marginem antrorsum per- ductis. Elytra fulva, maculis numerosis griseis ocellata (sed non fasciata); alæ basi flavæ, apice dilucidæ; fascia media arcuata fusca; femora postica latissima, subtus la¬ melliforme cristata; fusco trifasciata, intus et tibiæ san- guineæ. — Longit. 0,026r; — 0,040. — Mexico. TRAVAUX INÉDITS. 325 Notice sur quelques espèces d’Échinides provenant de la Nouvelle-Calédonie (colonie française), par M. H. Michelin. Grâce aux soins de M. Saisset, capitaine de vaisseau, commandant les forces navales françaises sur les côtes de la Nouvelle-Calédonie, et aux recherches de M. De- planche, chirurgien de la marine impériale, tous deux membres de la commission scientifique instituée pour re¬ cueillir les objets d’histoire naturelle de la colonie, on a déjà lu avec intérêt, dans cette Revue (septembre 1860), un article d’ornithologie, rédigé par MM. J. Verreaux et O. des Murs, sur 80 espèces d’Oiseaux placés dans les vi¬ trines des produits coloniaux (palais de l’industrie) Notre travail sera moins important, mais n’en aura pas moins son intérêt ; car, sur quatre Échinides rapportés de cette colonie, et qui appartiennent à quatre genres diffé¬ rents, nous signalerons deux espèces nouvelles. 1. Cidaris Thounrsii , Valenciennes, Cat. rais, des Echinides, Agassiz et Desor, p. 22, — 1847, in Ann. des scien. nat., 3e série, t. VI, VII et VIII. Cette espèce, voisine du C. itnpcrialis , Lmck., mais plus petite, s’en distingue par ses aires ambulacraires étroites, composées de quatre rangées de granules dont les internes sont peu développées. La base des gros tu¬ bercules est large et elliptique. La partie granuleuse qui sépare les deux rangées de gros tubercules se compose do tubercules miliaires de deux grosseurs différentes. Les gros et longs radioles sont couverts de stries très- granuleuses et très-serrées, hors vers l’extrémité; là, les stries s’élargissent, s’arrêtent, et la pointe est granuleuse ; elles sont d’un blanc violacé. Dimensions maximum. — Haut.,40mill.; diam., 55 mil!.; long, des grands radioles, 60 à 70 mill. Habite, d’après Ncboux, les côtes de la Californie et les îles Gallopagos ; d’après Saisset et Deplanche, les mers de la Nouvelle-Calédonie. 326 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1861.) Mus. de Paris, des produits coloniaux; — collect. Michelin. 2. Laganum tonganense , Quoy et Gaimard, Monog. des Sculelles d’Agassiz, p. 114, pl. 26, f. 7 à 19. — 1841. Cette espèce a été très-bien décrite dans ledit ouvrage, et on y signale qu’elle appartient à la division ayant cinq pores génitaux. Elle est remarquable par sa couleur d’un jaune pâle et par son périprocte grand, elliptique, trans¬ verse et éloigné du bord. Haut., 8 ni i 1 1 ; long., 73 mil!.; larg., 60 à 63 mill. Habite les mers des Moluques, de Yanicoro, des Nou¬ velles Guinée et Calédonie, et de Tonga. Mus. de Paris, des produits coloniaux; — collect Michelin. 3. Lolophora Deplanchei, Michelin, pl. 9, fîg. 1. Forme générale irrégulière, subcirculaire, allongée et déformée, peu élevée ; à bord ondulé, très-plat, un peu plus large à l’arrière, près des deux lunules; très-com¬ primée à l’arrière, moins en avant. Partie inférieure ornée de sillons ambulacraires onduleux et ramifiés du péristome à la région marginale; lunules allongées, — irrégulières, fermées à environ 5 à 10 mill. du bord. Sommet sous le corps madréporiforme. Corps madréporique pentagonal, avec pores génitaux aux angles. Plaques ocellaires peu visibles. Aires ambulacraires formant une étoile iné¬ gale, subcentrale. Ambulacres petits, l’antérieur est le plus long et les deux postérieurs sont les plus courts. Zones porifères assez larges, presque fermées à la base, où l'on remarque quelques pores épars; sillons terminés par deux pores et séparés par des cloisons portant de nombreux tubercules entremêlés de gros ou de petits. Zones interporifères ne s’élevant pas au dessus des zones porifères. Aires ambulacraires couvertes de pores très- nombreux et très-petits. Tubercules miliaires plus gros et plus espacés en dessous qu’en dessus, entremêlés de très- petits microscopiques. Radioles des tubercules miliaires TRAVAUX INÉDITS. 327 plus longs en dessous qu’en dessus. Appareil buccal, — péristome très-petit, presque rond, entouré d’une rosette plus grande que celle du L. bifissa; mâchoires trcs-plates. Appareil anal à 10 mill. du bord. Périprocte oblique, assez grand. Test mince et fragile. Supports et or¬ ganes intérieurs nombreux et solides. Coloration violet foncé. Haut, max., 8 à 10 mill.; long., 130 mill.; larg., 125 mill. Diffère du L . b i fis sa par ses fissures fermées , et du L. bifora par sa partie antérieure, presque aussi large que la postérieure. Sur deux individus connus, un seul porte deux bandes imitant des fascioles sans tubercules spéciaux. Habite les côtes de la Nouvelle-Calédonie (Océanie). Musée des produits coloniaux;. — col!. Michelin. k. Clypeaster Saisseti, Michelin, pl. 9, f. 2. Forme générale en ellipse courte, large et tronquée à l’arrière; bord assez mince, surtout au-dessus du péri¬ procte, un peu ondulé. Partie supérieure surbaissée assez régulièrement du sommet au bord. Partie inférieure plate, peu profonde autour du péristome, avec cinq sillons am- bulacraires disparaissant vers le bord. Sommet sous le corps madréporiforme. Corps madréporiforme très-petit, pentagonal, formant un bouton bouclé. Cinq pores géni¬ taux assez grands. Plaques ocellaires peu visibles. Aires ambulacraires pétaliforrnes, très-comprimées et atteignant à peine moitié de la longueur du sommet au bord. Am- bulacres allongés, presque fermés, celui impair entr’ou- vert. Zones porifères élargies par le bas et se réunissant entre elles avant d’atteindre le sommet; les sillons sont terminés par de très-petits pores et séparés par des cloi¬ sons portant de très-petits tubercules serrés et entremêlés gros et petits. Zones interporifères largement ouvertes dans la partie supérieure qui entoure le corps madrépo¬ riforme. Aires anambulacraires s’élargissant rapidement 328 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1861.) en approchant du bord. Plaquettes un peu proéminentes, surtout à la partie inférieure, quelquefois séparées par une ligne brune. Tubercules miliaires nombreux, géné¬ ralement petits, cependant plus gros et plus espacés à la partie inférieure. Radioles des tubercules inférieurs vi¬ treux, d’un gris violacé, longs de 2 à 3 mill. Radioles des tubercules supérieurs vitreux, d’un gris violacé, longs de 1 à 2 mill. — Ces radioles sont plus nombreux en dessus qu’en dessous. — Appareil buccal, — péristome de forme arrondie, peu enfoncé. Dents très fortes. Appareil anal à 8 mill. du bord. Périprocte sous-triangulaire, à angles arrondis et le plus aigu tourné vers le péristome, fermé par une membrane ouverte au ceutre et couverte de tu¬ bercules miliaires portant de trcs-petits radioles. Texture du test, supports et organes intérieurs solides. Coloration d’un brun jaunâtre. Haut, max., 12 à 15 mill.; long., 110 mill.; larg. 100 mill. Les tubercules papillaires inférieurs sont de couleur jaune et trois fois plus gros que les supérieurs. Habite les côtes de la Nouvelle-Calédonie (Océanie). Musée des produits coloniaux; — coll. Michelin. Explication des figures. — PI. 9, fig. 1, Lobophora De- planchei, Michelin. a, partie supérieure ; b, partie inférieure; c, coupe lon¬ gitudinale; d, plaque madréporique; e, péristome; f f f", mâchoire; g , périprocte; h, portion d’ambulacre grossie ; j, tubercules supérieurs grossis ; k, tubercules in¬ férieurs grossis; l, radiole inférieur grandeur naturelle; m, radiole inférieur grossi; n, radiole supérieur grandeur naturelle; o, radiole supérieur grossi. PI. 9, fig. 2, Clypeaster Saisseti, Michelin. ay partie supérieure; A, partie inférieure; c, coupe lon¬ gitudinale; d, péristome et dents; e, périprocte; f, tuber¬ cules supérieurs grossis; g, tubercules inférieurs grossis; h, radiole supérieur grandeur naturelle; h', radiole supé- SOCIÉTÉS SAVANTES. 329 rieur grossi ; i, portion d’ambulacre grossie ; j, radiolc inférieur grandeur naturelle; j', radiolc inférieur grossi; k , plaque madréporique; k' , plaque madréporique grossie. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences de Paris. Séance du 1er juillet 1861. — M. Boussingault met sous les yeux de l’Académie un trophée d’indiens américains durioPasasa, un des affluents des Amazones; c’est la peau du crâne et de la face d’un ennemi, tannée par un procédé qui diminue l’étendue des surfaces sans en al¬ térer les proportions. M. le docteur Gui/on lit un très-intéressant Mémoire sur cette question ; Le venin des Serpents cxercc-t-il sur eux- mêmes l’action qu’il exerce sur d’autres animaux ? Après avoir rappelé les travaux publiés sur ce sujet, et après avoir rapporté toutes les expériences qui ont été faites par lui et par d’autres, l’auteur de ce savant travail arrive aux conditions suivantes : « Nous terminons là ce que nous avions à dire sur le sujet de notre communication. Ou nous nous trompons fort, ou il ressort des faits qui s’y trouvent énumérés, faits d’observations et faits d’expériences , qu’à cette loi établie par l’abbé Fontana, que le venin de la Vipère d’Europe n’en est point un pour son espèce, devrait ou pourrait être substituée celle-ci, plus générale, à savoir, que le venin des Serpents n’en est point un pour eux-mêmes ni pour l'indi¬ vidu qui le fournit, ni pour celui à qui il est transmis, dans aucune espece, soit dans la même espèce, soit d'une espèce à une autre. » M. Sauvagcot, qui avait, dans des précédentes séances, communiqué les résultats de ces expériences sur l’appli¬ cation de l’électricité aux Vers à soie malades, transmet, 330 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( Juillet 1861.) comme pièce justificative, une note de M. Lambert, qui lui avait fourni les larves malades, et qui a été témoin du succès obtenu dans ce cas, qui semblait laisser peu d’es¬ poir. M. Milne-Edwards présente une série d’ouvrages sur l’histoire naturelle des Vers intestinaux, par M. Moulin, professeur à l’université de Padouc; il appelle également l’attention des zoologistes sur les recherches du même au¬ teur relatives à la structure du cœur des Ophidiens. Les publications de M. Moulin sur les Vers intestinaux sont renvoyées au concours de médecine et de chirurgie. M. A. Laugel adresse une Note sur la découverte d’un Castor (Steneofiber viciacensis) à Auneux et sur le ter- ram falunien dans Eure-et-Loir. « J’ai trouvé dans une sablière, à Auneux, près Lu- meau (Eure-et-Loir), une mâchoire inférieure de Steneo¬ fiber viciacensis, P. Gervais, portant encore une partie de la dent incisive et deux des quatre molaires : celles-ci ont une île d’émail dans chacun des deux lobes. J’ai décou¬ vert, dans la même sablière, une arrière-molaire du Mas- todon lapiroides, une astragale de Rhinocéros, et des fos¬ siles d’eau douce, probablement du genre Unio, mais en débris nacrés à peu près indiscernables. Le sable forme des lits irréguliers dans une argile verte et jaune chamois très-compacte; il contient de petits galets quarizeux tout à fait identiques à ceux qu’on trouve dans les faluns de la Touraine. Le terrain falunien dépasse, on le voit, la forêt d’Orléans, où il est représenté par des sables et des gra¬ viers. J’en ai découvert plusieurs îlots isolés et circon¬ scrits dans le département d’Eure-et-Loir; les argiles con¬ tenant des lits de sables , à Auneux, occupent un assez grand espace sur les communes de Lumeau, Baigneux, Dambron et Poupry ; elles y forment une véritable petite Sologne, humide et marécageuse, au milieu du calcaire de la Beauce; je signalerai encore des îlots falunicns beau¬ coup plus petits à Sautilly-lc-Vieux, près du Puiset, près SOCIÉTÉS SAVANTES. 331 de Troncainville, du château de Saint-Germain, à Fres- nay-l’Évêque et à Terre-Noire, près de Terminiers. Le terrain est, en tous ces points, formé d’argile et de sable grossier, contenant quelquefois des boules et des rognons de sable endurci, renfermant, au centre, de la strontiane sulfatée calcarifère, fissurée, comme on en voit dans les rognons des marnes du gypse. » Séance du 8 juillet. — M. de Plagnol adresse une Note imprimée sur la nature et l’origine des corpuscules vi¬ brants signalés par M. Cornalia comme l’indice de la pè¬ lerine chez les œufs des Vers à soie. * Séance du IV juillet. — M. A. M Une- Edwards lit un Mémoire ayant pour titre, Observations sur l'existence de divers Mollusques et Zoophytes à de très-grandes profon¬ deurs dans la mer Méditerranée. « Les recherches bathymétriques de Forbes et de plu¬ sieurs autres observateurs sur les stations des animaux marins, ainsi que sur les relations qui semblent exister entre le mode de distribution de ces êtres et leur rôle géologique, ont soulevé beaucoup de questions impor¬ tantes à résoudre et donnent de l’intérêt à tons les faits qui peuvent nous éclairer sur les limites que la na¬ ture assigne à chaque espece dans les profondeurs de la nier. J’ai donc saisi avec empressement toutes les occa¬ sions qui me paraissent favorables pour la constatation de faits de cet ordre. » L’auteur, entrant dans l’étude des faits, cite les ani¬ maux marins qui ont été observés jusqu’ici par les auteurs et par lui-même à de grandes profondeurs, et il arrive à résumer ses observations ainsi : « En résumé, nous voyons donc qu’au fond d’une partie de la Méditerranée, où la profondeur de la mer varie entre 2,0Ü0 et 2,800 mètres, on trouve, à l’état vivant , un nombre considérable d’animaux dont les habitudes sont complètement sédentaires, et que presque tous ces êtres appartiennent à des espèces réputées très-rares ou qui 332 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1861.) avaient échappé jusqu’ici aux recherches des zoologistes; enfin que quelques-uns d’entre eux ne paraissent pas dif¬ férer spécifiquement de certaines espèces fossiles dont les dépouilles sont enfouies dans les terrains tertiaires supé¬ rieurs, sur les deux rives opposées du même bassin. Ces résultats ne me paraissent dépourvus d’intérêt ni pour la géologie ni pour l’histoire nalurelle des animaux inver¬ tébrés, et ils peuvent nous faire espérer qu’une explora¬ tion plus complète des profondeurs de la mer fera décou¬ vrir, dans la faune actuelle, d’autres espèces que l’on con¬ sidère commS éteintes, parce qu’on ne les connaît encore qu’à l’état fossile. Les physiologistes penseront peut-être aussi que l’existence d’êtres d’une organisation aussi par¬ faite que celle des Mollusques gastéropodes, sous une pression de plus de 200 atmosphères et dans un milieu où la lumière ne doit pas pénétrer en quantité notable, est un fait qui mérite d’être enregistré. » M. de Luca présente un Mémoire sur la Transformation en sucre de la peau des Vers à soie. Séance du 22 juillet. — M. Labalbarge présente une Note sur les Végétations dites syphilitiques. Séance du 29 juillet. — Nous avons adressé la lettre sui¬ vante à M. le président. « J’ai commencé les tournées que S. Exc. M. le mi¬ nistre de l’agriculture m’a chargé de faire, conformément au désir de Sa Majesté, pour préparer, par une sorte d’en¬ seignement nomade, le développement de la culture de l’ailante, et je viens de visiter quelques localités de l’ouest et du sud-ouest où cette culture paraît devoir réussir. Les landes de la Bretagne semblent surtout destinées à jouer un rôle important dans la production de la nou¬ velle matière textile que l’on obtient de mon Ver à soie de l’ailante, et l’examen que j’en ai fait, principalement dans le grand domaine de S. A. Madame la princesse Bac- eiocchi, m’a donné la certitude que, en y plantant de l’ai- lante, qui croit très-bien dans les terrains primitifs de ces SOCIÉTÉS SAVANTES. 333 vastes contrées, l’on obtiendrait probablement des résul¬ tats avantageux. Madame la princesse, qui a fécondé ces landes, en donnant là un exemple semblable à celui que l’empereur donne'dans la Sologne et dans leslandes de Bor¬ deaux, est disposée à faire des essais sérieux de ma nou¬ velle culture. Si le succès couronnait ses généreuses ten¬ tatives, le pays lui devrait une production qui pourrait donner de la valeur à de vastes portions de territoire jus¬ qu’à présent presque improductives. Je me suis rendu ensuite dans le domaine de M. le comte de Lamote-Baracé , au Coudray-Montpensier, près Chinon, où se trouve la première plantation d’ailantes qui ait été faite, en France, sur une grande échelle, et j’y ai trouvé, comme l’année dernière, une magnifique éducation de Vers à soie de l’ailante, parfaitement réussie en plein air, malgré les déplorables circonstances atmos¬ phériques qui ont encore transformé notre été en un triste hiver. Une commission de la Société d’agriculture de Tours est allée visiter ces éducations et a constaté encore leur belle réussite, et j’ai pu voir, les 26 et 27 juillet, les nombreux Vers à soie de l’ailante, qui couvrent des plan¬ tations de près de 4 hectares, occupés à filer leurs cocons malgré les pluies froides et les vents incessants de cette saison exceptionnelle. Quoique ces faits intéressants aient été constatés par la commission de la Société d’agriculture d’Indre-et-Loire, il serait à désirer qu’ils fussent vérifiés par l’Académie des sciences, qui a bien voulu accorder une bienveillante at¬ tention à mes tentatives de zoologie appliquée. M. le comte de Lamote-Baracé m’a autorisé à vous faire savoir, monsieur le président, qu’il s’empressera de montrer sa culture d’ailantes et les Vers à soie dont elle est garnie à MM. les membres de l’Institut qui voudraient bien se rendre à son château du Coudray-Montpensier, commune de Seuilly, par Chinon (Indre-et-Loire). Désirant et provoquant toutes les vérifications qui peu- 33 i rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1861.) vent jeter le plus grand jour possible sur l’importante question que je poursuis, je viens vous prier, monsieur le président, de vouloir bien engager la section d’économie rurale à visiter ou à faire visiter l’éducation de M. le comte Lamote-Baracé et à faire connaître à l’Académie le résultat de cet examen. Outre ces éducations sur une grande échelle, j’ai établi, cette année, près de Paris, à la ferme impériale de Vin- cennes, et grâce à la haute intervention de l’Empereur, une plantation d’ailantes occupant déjà plus de 2 hectares et sur laquelle j’ai pu mettre quelques centaines de ces Vers à soie, qui s’y développent et y font d’excellents co¬ cons, malgré les temps affreux qui n’ont cessé de régner jusqu'à présent. Je me mets à la disposition de MM. les membres de l’Académie pour leur montrer ces éducations et ces cultures naissantes, visitées journellement par un nombreux public. Ces plantations sont près de la station de Joinviile-le-Pont (chemin de fer de Vincennes). On m’y trouve surtout le dimanche; mais je m’arrangerais pour y être les jours et heures qui conviendraient le mieux à ceux de MM. les membres de l’Académie qui voudraient les visiter, afin de leur donner toutes les explications né¬ cessaires. Je dépose sur le bureau quelques-uns des cocons ob¬ tenus à Vincennes, afin de montrer que la série de temps froids et pluvieux pendant laquelle ces Vers à soie ont vécu n’a pas fait dégénérer leur race. J’ai l’honneur, etc. Guérin-Méneville. III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. Die Ateuciiiden ohua frefskrallen , Monographisch bear - beitet. Par H. Blrmeister, in-8°. Extr. du Berliner Entorn. Zeitschr.; 1861, p. 55 à 67, pl. 1. Dans ce petit travail, le savant entomologiste passe en revue le groupe entier des Ateuchides; il rappelle les tra- ANALYSES I)’OUVRAGES NOUVEAUX. 33-) vaux qui ont été faits à son sujet, et il donne la monogra¬ phie de deux genres qu’il admet sous les noms d 'Encra- nium, Dejean, et Glyphoderus, Burm. Le premier de ces genres avait été indiqué, sans être caractérisé, par Dejean, dans le catalogue de sa collection; mais comme on n’était pas obligé de deviner un genre sur un nom inscrit dans ce catalogue, d’autres auteurs, à la suite de travaux sérieux et de comparaisons susceptibles de bien fixer sa place, l’ont décrit et figuré sous les noms d'Anomiopsis, de Cyplodema , de Psammotrupes. Au lieu do montrer, par la date des publications des divers auteurs, quel est le nom générique qui doit rester à ces Insectes, M. Burmeister, bien à tort selon nous, ayant su, par tra¬ dition, que c’était à un de ces Insectes que Dejean a donné le nom d’ Eucranium, adopte ce nom et passe à la des¬ cription de dix espèces qu’il range dans deux sections. Il est probable que, lorsqu’on fera un travail d’ensemble sur les Insectes, en suivant la sage loi de l’antériorité de description pour l’adoption des noms des genres et des espèces, et lorsqu’on suivra généralement l’exemple que nous avons donné le premier, de classer les synonymies par ordre chronologique, en les faisant toutes suivre de la date de publication, tout cela sera rectifié. Quoiqu’il en soit, les dix espèces décrites parM. Bur¬ meister forment un groupe très-curieux appartenant à cette extrémité de l’Amérique méridionale qui comprend la Bolivie, le Tucumou, la république Argentine et la Pa¬ tagonie. Le genre Glyphoderus, que M. Burmeister s’attribue, parce qu’il a fait une légère correction à son orthographe, puisque M. Westwood l’avait établi et publié antérieure¬ ment sous le nom de Glyphiderus, n’était formé que d’une seule espèce, le Gl. sterquilinus de WestAvood, provenant de la province de Mendosa. M. Burmeister en a décrit une seconde espèce, le Gl. monticola, de la province de Catamarca. 336 rev. et mag. de zoologie. ( Juillet 1861.) Ces descriptions sont accompagnées d’excellentes li¬ gures des deux espèces de Glyphoderus et de la tête des Eucranium . (G. M.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Apiculture. Dans une des dernières séances de la Société d’apicul¬ ture, le secrétaire, M. Hamet, qui fait un cours d’apicul¬ ture très-suivi au jardin du Luxemboug, a montré à ses confrères une Abeille hermaphrodite. Cette Abeille anormale offrait une tête de femelle, c’est- à-dire des yeux distants et des antennes de ce sexe, mais l’abdomen n’offrait aucune trace des appareils destinés à façonner les lames de cire, et ii n’avait aucune trace d’ai¬ guillon et était bien évidemment terminé par les organes externes de la génération que l’on observe chez les mâles. TABLE DES MATIÈRES. Pages. Pucheran. — Observations sur tes ressemblances, dans la forme du bec, entre des genres de Passereaux d’une même faune, appartenant à des sections différentes de cet ordre d’Oiseaux. 289 J. R. Bourguignat. — Sur les Limaces algériennes. 299 A. Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d’Algérie. 30G II. de Saussure. — Orthoptera nova americana. 313 H. Michelin. — Notice sur quelques espèces d’Échinides pro¬ venant de la Nouvelle-Calédonie (colonie française'. 325 Académie des sciences. 329 Analyses. 334 Mélanges et nouvelles. 336 PARIS.— IM P. DE Mm“ Ve BOUCHARD- H UZARD, RUE DE L’EPERON, 5.— 1861. REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE RECUEIL MENSUEL DESTINÉ A FACILITER AUX SAVANTS DR TOUS LES PAYS LES MOYENS Mi PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DK ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUEE A I.’lNDUSTRlE ET A L’AGRICULTURE, LEURS TRAVAUX DH PALÉONTOLOGIE, D’ANATOMIE RT DE PHYSIOLOGIE COMPARÉES , ET A LES TENIR AU COURANT DRS NOUVELLES DÉCOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA SCIENCE; M. F. E. GUÉRIN-MÉNEVILLE, impériale et centrale (l'Agriculture , des Académies royales des Sciences de Madrid et de Turin, de l’Académie royale d' Agriculture de Turiu, de la Société impériale des naturalistes de Moscou , d'un grand nombre d'autres Sociétés nationales et étrangères , Secrétaire du Conseil de la Société impériale Toologique d' Acclimatation , etc., etc. PARIS, A1J BUREAU DE LA REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE, RUR DRS BEAUX-ARTS, VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — AOUT 1861. I. TRAVAUX INÉDITS. Observations rectificatives sur quelques Espèces d’Oiseaux, par M. Pucheran. 1° Alcedo cristata, L. — Sommes-nous vraiment autorisés à appliquer cette dénomination à une espèce africaine, comme le font les Zoologistes modernes? J’avoue que, de môme que M. Cassin (I), je suis vraiment dans le doute à cet égard. La coloration du bec, telle qu’elle est signa¬ lée par Linné, qui le dit noir, et en deux passages de la douzième édition du Sijstemn naturœ (2), me parait de nature à faire différer une assimilation de cette nature, quoique les jeunes de l’espèce africaine aient le bec ainsi coloré. Les diverses sources citées par Linné doivent également donner lieu de penser qu’il a eu en vue un type différent de celui des modernes. En mettant de côté la planche de Séba, l’une des premières qu’il cite, et qui représente un individu dont le bec est jaune, il est impos¬ sible de ne pas être frappé des détails circonstanciés que donnent, dans leurs descriptions, Edwards (3), d’une part, et Brisson (4), d’autre part. Le premier de ces Zoologistes, dont Linné cite la planche, donne de son Crested king- fisher une caractéristique si complète, que nous ne pou¬ vons nous dispenser de la transcrire eu entier. « Le bec est droit, dit-il; il a une pointe aigue et est « cannelé, tant par-dessus que par-dessous : la couleur en (1) Cal. des Aie. du Musce de Philadelphie . (2) Vol. I, p. 178 et 281 (en note). (3) Gleanings of nat. hist., vol. III,, p. 264, pi. 336. (4) Av., vol. IV, p. 483, tab. 37, f. 3. 2° 8ÉRIB. t. xiu. Année 1861. ta 338 REV. ET MAU. DE< ZOOLOGIE. [ÂOlU 1801.) « est noire. Des lignes de couleur orange passent de la « mandibule inférieure par-dessous les yeux. La gorge est « blanche, et cette blancheur passe presque autour du « cou, et forme une espèce de collier. Le sommet de la « tète est couvert de longues plumes d'un vert azuré « entremêlé de lignes noires: ces plumes, étant longues « et détachées, font une crête, laquelle je crois que l’Oi- ic seau peut élever et baisser à plaisir. Les plumes immé- .« diatement au-dessous des yeux sont bleues. Le derrière « du cou, le dos, le croupion, les ailes et la queue sont « d’un très-beau bleu d’outremer, qui est un peu plus K clair sur le croupion qu’ailleurs : les bouts de pennes u sont noirâtres ; les couvertures intérieures des ailes sont « couleur d’orange ; les pennes sont noirâtres en dedans, « et leurs bouts sont d’une couleur d’orange fort pâle. Le « dessous de la queue est obscur ou noirâtre. La poi- « trine, le ventre, les cuisses et les couvertures du dessous « de la queue sont d’une brillante couleur d’orange. Les « jambes et les pieds sont faits comme dans les autres « Martins-pêcheurs : ils sont rouges ou écarlates. » Edwards ajoute ensuite que cet Âlcedo ne diffère de notre Martin-pêcheur que parce qu’il est plus petit, qu'il n’a point de lignes noires tirées des angles de la bouche par-dessous les yeux, et qu’il n’a aucun vert dans les ailes. L’exemplaire qu’il décrit avait été tué, d’après ce qu’il nous apprend, dans l’île de Johanna, au nord de Madagascar, par le sieur Fégu, négociant de Londres. Ce dernier renseignement est d’une extrême impor¬ tance, car il nous donne une indication de localité qui ne doit pas être négligée, surtout lorsqu’on fait attention à un autre détail fourni plus tard par Brisson, et dont l’im¬ portance n’est pas moindre, par suite d’une concordance que nous signalerons ultérieurement. Observons déjà, ce¬ pendant, que c’est une espèce d’une île voisine de Mada¬ gascar que décrit Edwards, et dont il donne une figure. Ajoutons que rien n’indique, ni d’après la description, ni TRAVAUX INÉDITS. 339 d’après la ligure, que c’est un individu jeune qui a été soumis à son observation. Nous pouvons en dire autant de l’exemplaire décrit dans le travail de Brisson, et décrit avec cette scrupuleuso exactitude qui fait de cet ouvrage une œuvre unique en son genre, qui n’a été, depuis, ni surpassée, ni égalée. Aussi cet ouvrage, et l’on peut rendre la même justice à la partie ornithologique de celui de Buffon, dont la va¬ leur intrinsèque est encore rehaussée par les planches qui l’accompagnent, doit-il être considéré comme une des bases fondamentales de cette branche de la Zoologie. Malheureusement, les indications de Brisson, relatives à l’habitat de son lapida philippensis cristata, sont bien loin d’être aussi nettement formulées que celles d’Edwards; car il le dit originaire d’Amboine et des Philippines. La première assertion n’est-elle pas un peu le résultat de l’in¬ time persuasion où se trouvait Brisson, que Y lapida phi- lippensis cristata ne différait pas de YAlcedo arnboinensis cristata de Séba? Il n’y aurait nul motif d’en être étonné; ce qu’il y a d’étonnant, au contraire, c’est que ce Zoolo¬ giste, si soigneux dans ses admirables descriptions, puisse réunir deux espèces, dont l’une a le bec de couleur jaune (comme celle de Séba), et l’autre, le bec noir: c’est, en effet, ce dernier caractère que présentait l’exemplaire soumis à son observation. Nul motif, dès lors, de con¬ fondre le type d’Amboine et celui des Philippines. Quant à ce dernier, un seul motif peut donner à penser que l’in¬ dication d’habitat est inexacte; c’est ce nom de Vintsi, donné par les habitants des Philippines à l’individu en¬ voyé par Poivre à Réaumur. Ce nom-là est un nom ma- décasse, ainsi que le dit M. Sganzin, cité, à ce sujet, par notre illustre ami, M. le docteur Hartlaub, dans sa récente Monographie sur l’Ornithologie de Madagascar (1). Je ne sache pas qu’il ait été, depuis Brisson , indiqué par les Voyageurs, comme donné à aucune espèce de Martin- (1) Ornilhologischer Beytrag fur Fauna Madagascar’s, p. 31. 340 HEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1861.) pêcheur par les Tagalles. C’est ce qui nous fait penser que l’individu envoyé par Poivre à Réaumur venait de Madagascar, et nullement des Philippines : il est fort pro¬ bable que le même envoi renfermait des Oiseaux de ces deux îles, ou plutôt que le Corythornis en question se trouvait mêlé à d’autres venant des Philippines. Or la distinction d’origine ne pouvait, il faut en convenir, être faite par Brisson; heureusement que le nom de Vintsi, in¬ diqué comme dénomination locale des individus de cette espèce, se trouve signalé par lui, pour nous donner occa¬ sion de la conjecturer. En nous basant sur ces deux faits, d’une part, celui d’Edwards, sur le lieu de provenance de son Crested kingfisher ; d’autre part, celui de Brisson, sur le nom de pays de son Ispida philippensis cristata, nous sommes donc portés à croire que l’un et l’autre étaient originaires de Madagascar. Le nom d ’Âlcedo cristata, L., ne doit donc pas, ce nous semble, être donné, comme l’ont fait jusqu’ici les Ornithologistes modernes, à une espèce africaine, mais bien à l’espèce de Madagascar, que MM. Eydoux et Ger- vais ont décrite et figurée, en 1836, sous le nom d’ Alcedo rintsioides. Cette dernière dénomination doit, dès lors, constituer un synonyme, car les descriptions de Brisson et d’Edwards lui sont fort exactement applicables. J’en dirai autant de la figure donnée par ce dernier Zoologiste, figure citée même en synonymie par M. Hartlaub, à VAl- cedo vintsioides, dans le beau travail que nous avons cité plus haut. Des trois descriptions initiales citées par Linné pour son Alcedo cristata, une seule doit donc être mise de côté, c’est celle de Séba. Quand bien même ce serait l’espèce africaine que Séba aurait figurée et décrite, le nom d’ Al¬ cedo cristata, L., ne peut lui rester; car elle a le bec jaune, et Linné dit bien positivement que le bec est noir dans le Passereau qn’il décrit. 11 nous semble, dès lors, convenable de donner, pour TRAVAUX INÉDITS. 341 être exact, le nom de Corythornis cristata (L.) à YAlcedo vintsioides, et de laisser celui de Corythornis Cyanostigma (Rüpp.) à l’espèce africaine. Comme MM. Hartlaub et Reichenbach, je crois avoir observé que les jeunes ont le bec noir dans ce dernier syndactyle. 2° Alcedo tridactyla, L. — A laquelle des deux espèces distinguées plus tard par les Ornithologistes cette déno¬ mination de Linné doit-elle rester en synonyme? Pour ré¬ soudre cette question, nous allons, ainsi que nous venons de le faire pour YAlcedo cristata, remonter aux sources. C’est dans un des volumes de la Manlissa plantarum (1767-1771) que se trouve donnée, pour la première fois, la diagnose de ce Ceyx. Voici en quels termes elle l’est : A. Brachyura , supra caudaque ru fis , subtus fiava , pedi- bus tridactylis. Habitat in India orientait. Altéra avis supra tota rufa, etiam cauda ; ventre postico fiavo. Altéra dorso cœruleo , tota snbtus fiava gula alba ; genæ fiavœ. Remiges nigrœ. Linné, ne paraissant pas avoir vu ce Passereau, ne cite qu’un seul document, comme origine des renseignements qu’il donne. C’est un travail de Vosmaer, imprimé en hollandais, avec une planche, à Amsterdam, en 1768. Nous n’avons pu recourir à ce Mémoire ; mais nous allons trans¬ crire les détails qui sont contenus dans l’édition fran¬ çaise qui a été publiée, et qui luit partie de la collection des Monographies de ce Zoologiste. « Les plumes du dessus de la tête sont d’un brun-châ- « tain clair. Au devant du front se montre, des deux côtés, « près des narines, une petite tache d’un jaune clair ; les « temples (tempes, veut, sans nul doute, dire l’Auteur), la « poitrine et le ventre sont d’un beau jaune clair. Aux « côtés du cou, un peu en arrière, se fait voir une petite « touffe de plumes bleues, et, au-dessous, une autre un « peu plus grande, de pareilles touffes, mais blanches. 342 HEV. ET MAE . DE ZOOLOGIE. [Août 1861.} « Les plumes, sous le bec, sont aussi blanches. « Sur le dos, les plumes sont d’un beau bleu obscur ; « plus bas, vers la queue, un peu tirant sur le pourpre. « Les plumes de la queue, en dessus, sont, ainsi que la « tête, d’un brun-chàtain clair, en dessous, de couleur « cannelle. Les petites et les grosses plumes des ailes sont « d’un gris de souris clair. » Vosmaer ajoute ensuite que, comme il y a de la diffé¬ rence dans les couleurs des deux Oiseaux auxquels est con¬ sacrée sa Notice, il va donner la description de celui de petite taille, perché dans la Planche, sur la branche infé¬ rieure, et dont le bec est d’un jaune sale et brunâtre. Chez lui « les plumes sont, dit-il, au-dessus de la tête, « de couleur cannelle roux clair. Au devant du front, se « voient les mêmes petites taches de jaune clair, de chaque « côté, près des narines. Les tempes sont jaunes; les « plumes, sur le dos, sont aussi de couleur cannelle roux «. clair, de même que les plumes de la queue, et les petites « plumes du dessus des ailes. Les grandes plumes des ailes « sont d’un gris de souris clair, à bords roussâtres. « Les plumes, sous le bec, sont d’un gris cendré clair; k celles de la poitrine, d’un jaune roussâtre, entremêlées « de plumes un peu plus foncées. Sous le ventre et plus « loin, elles sont d’un jaune pâle, et, sous la queue, rous- « sâtres, etc. (I). » Ou je m’abuse fort, ou il est impossible de trouver une description plus semblable à celle de Linné ; il est évident, au reste, que celle du grand Zoologiste, auquel la Suède se glorifie d’avoir donné le jour, est simplement une repro¬ duction de celle de Vosmaer. L’un et l’autre ont évidem¬ ment décrit deux types; l’un à dos bleu, l’autre tout roux en dessus. Seulement, dans la description de ce dernier se trouve omise, et cette omission nous semble, au reste, fort concevable, les Zoologistes systématiques du xvme siècle (1) Description de deux Alcyons des Indes orientales, etc., p. 4, pl. IV. TRAVAUX INÉDITS. 343 désirant surtout la concision, se trouve omise l’indication des teintes violacées, sur les parties supérieures de l’indi¬ vidu, dont la région dorsale est dite de couleur rousse. Pallas, à son tour, a donné également une description d’un Alcedo tridaclyla, et, quoiqu’il le dise d’origine amé¬ ricaine, il résulte, des détails qu’il énonce, que ce Syn- dactyle ne diffère pas de celui de Linné. « Vertex ferrugineus, dit-il, violaceo miens ; frons ad la- « tera dilutior. Genœet tota subtus avise croceo lactei colo- « ris ; prœter gulam prorsus albam. Temporum macula la - « zurea, in [raque eam longitudinalis, alba. Interscapulium « lazurcum alares plutnœ tantum apicibus. Uropygium fer- « rugineo-violaceum. « Remiges ferrugineo nigricantes , interiorum quœdam « margine exteriore ferrugineœ. Cauda brevis, rotundala, « ferruginea. « Pedes albidi, ut rostrum, etc. Unguiculi albicantes. « Varietas, ut puto, fœminœ, supra tota jucunde ferru- « ginea , alaribus qiioque plumis ; remigumque , prœter ex- « timas , margine. Vertex, uropygium, exlremaque aliquot a plumarum dorsalium violaceo nitore perfusa. Pectus ma- « gis quam in altéra ferrugineum, abdomen albidius. Cœ- « rulea temporum areola defciens (1). » 11 est évident, d’après les nouveaux détails que nous ve¬ nons de faire connaître, que V Alcedo tridactyla de Pallas est bien le même que le Passereau de Linné, doué de la même dénomination spécifique. L’individu à dos bleu est aussi bien décrit par Pallas que par Linné, que par Vosmaer ; quant à celui à dos roux, Pallas ajoute que le vertex, le croupion et les parties terminales de quelques plumes dor¬ sales présentent, d’une manière diffuse, un éclat violacé. Nous voici, dès lors, en présence d’un des caractères si¬ gnalés par M. Strickland, qui s’exprime de la manière sui¬ vante, dans sa diagnose du Ceyx rufidorsa : capite, dorso , lectricibus, caudaque loto lœtc rufis, splendore lilacino va- '1) Spicilegia zonlogica, fasc. seilus, p. 10. 344 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1861.) riantibus, etc. (1). Présentement, la variété à dos roux, de Linné et Vosmaer, doit-elle être considérée comme une espèce différente? Nous ne le pensons pas; car un seul trait manque à son assimilation complète avec celle de Pailas et avec le Ceyx rufidorsa de M. Strickland, c’est l’indication de la teinte violacée de quelques-unes des parties supérieures de l’oiseau. Cette omission indique- t-elle l’absence de ce caractère? Cette absence de carac¬ tère est-elle due à une différence sexuelle, la femelle ne le présentant pas. L’une et l’autre de ces opinions peuvent être soutenues ; mais l’une et l’autre ont besoin d’être con¬ firmées par l’observation. Quoi qu’il en soit, il est impossible de nier, d’autre part, que la variété, ou plutôt la race à dos bleu dont ont parlé Linné, Vosmaer, Pailas lui -même, a déjà été signalée comme espèce particulière par Gmelin, qui lui a imposé le nom d' Alcedo purpurea, devenu, plus tard, le Ceyxpur- pureus de Cuvier. Cette assimilation nous paraît hors de toute contestation : il en résulte, pour nous, cette convic¬ tion, que, des deux types, l’un à dos bleu, l’autre à dos roux, confondus par Linné d’abord, puis par Pailas, sous la dénomination commune d'Àlcedo tridactyla, le premier ayant été séparé par Gmelin [Alcedo purpurea, Gm. ; Ceyx purpureus Cuv.), la dénomination d 'Alcedo tridaclyla , L., doit rester en propre au second et être donnée comme synonyme au Ceyx tridactyla de MM. Jardine et Selby, dont ne diffère pas, par conséquent, le Ceyx rufidorsa du si regrettable M. Strickland. Mais doit-on associer à l’une ou à l’autre de ces deux espèces le Martin-pêcheur à trois doigts, de l’île de Luçon, figuré et décrit parSonnerat? Je ne le pense pas, quoique ce soit, si mes souvenirs sont exacts, dans la description de Sonnerat que Gmelin a pris, pour les parties inférieures, la diagnose initiale de son Alcedo tridactyla. D’après la descri lion de Sonnerat, en effet, d’après sa figure, dont 1) Proceedings of the zoological Society of London, 1846, p. 99. TRAVAUX INÉDITS. 345 j’ai consulté l’original colorié, toutes les parties inférieures sont blanches dans ce Passereau. Il est bien loin d’en être de même, soit dans le Ceyx tridactyla, soit dans le Ce yx purpureus : aussi ces trois espèces doivent-elles être sé¬ parées. A plus forte raison , devons-nous isoler encore plus d'Alcedo tridactxjla, et il est même surprenant qu’une sem¬ blable assimilation ait pu être proposée, YAlcedo mada- gascariensis. Cette triste idée est due, d'après ce que nous apprend M. Strickland (1), à M. Jerdon. En observateur toujours sérieux et réfléchi, M. Strickland fait remarquer, avec juste raison, queBrisson, toujours si soigneux ( accu- rate) dans ses descriptions, indique quatre doigts pour YAl¬ cedo madagascariensis. Ce que Brisson a dit est la pure et exacte vérité. Nous ajouterons que le mode de coloration des parties inférieures isole, en outre, ce type de ceux auxquels on a voulu l’assimiler ; tout le dessous est blanc, en effet. M. Beichenbach n’avait donc pas besoin, pour justifier cette singulière assertion de M. Jerdon, de rap¬ peler que Brisson donne les Philippines et Amboine comme lieux de provenance de son Alcedo philippensis cristata. Brisson pouvait, à ce sujet, avoir tort pour le Corythornis, et être dans le vrai pour YIspidina. MM. Ca¬ banis et Heine (2) pouvaient, à leur tour, se dispenser de poser des points d’exclamation, pour les déterminations de Linné et de Buffon, relatives à la même espèce. Les deux grandes gloires de la Zoologie, au xvme siècle, ne méritent pas, à ce sujet, le plus minime reproche; l’erreur de leurs contradicteurs est, à notre époque, exempte, au contraire, de toute excuse. 3° Ceyx meninting , Less. — Ce Ceyx, que M. Lesson a décrit dans son Manuel d' Ornithologie (3), et plus tard, non- seulement dans le Texte zoologique du Voyage de la Co- (1) Proc ., etc., 1846, p. 100. (2) Muséum lleineanum , ZweitcTheil, p. 152. '3) Manuel d' Ornithologie, vol. II, p. 96. 346 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (4ow/1861.) quille , mais encore dans son Traité d’ Ornithologie (1), ne diffère pas du Ceyx solitaria de M. Temminck, col. 595, f. 2. M. Lesson a eu tort de l’assimiler à YAlcedo menin- ting de M. Horsfield, et à la planche coloriée 239, fig. 2, de M. Temminck. Dans son Traité d’ Ornithologie, il n’a cependant cité qu’avec doute cette dernière figure. 4° Ptilocolpa Batilda , Bp. — Cette espèce, décrite par le Prince Charles Bonaparte, et plus tard figurée par lui (2), a été ensuite rapportée par l’illustre Zoologiste, d’après les indications de M. Florent Prévost, il est vrai, à Ptilopus porphyreus. Je pense que c’est plutôt un jeune du Ram- phiculus oceipitalis dont les Philippines sont également le lieu de provenance. Notre type montre déjà, en effet, sur ses plumes thoraciques, la couleur jaune qui caracté¬ rise l’adulte. Quoique plus grand que certains de nos jeunes Col. porphyrea, il ne présente pas, le moins du monde, sur les plumes de celte région, la couleur rouge pourpre, déjà bien manifeste chez ces derniers. 5° Tinamus Weddelli, Bp. — Cette espèce, décrite égale¬ ment par le Prince Charles Bonaparte (3), me semble tout simplement constituer un synonyme du Crypturus Kleei , Tschudi (4). C’est également ainsi qu’en a, tout récem¬ ment, jugé M. Coulon, l’honorable Directeur du Musée de Neufchâtel, qui m’a seulement fait observer que les exem¬ plaires du Pérou présentaient des teintes plus sombres. Notice sur l’Alouette pispolette, Alauda pispoletta, Pall. et Bp., et sur l’Alouette calandrelle, Alauda brachydac- tyla , Temm. , Calandrella brachydactyla , Bp.; par M. J. Vian. Pallas, dans son ouvrage publié à Saint-Pétersbourg, (1) Traite d'Ornitlwlogie , p. 241. (2) Iconographie des Pigeons , pl. XV. (3) Tableaux parallcliques des Gallinacés , dans la séauce du 16 mai 1839 de l’Académie des Sciences, p. 16 du tirage à part. (41 Fanna Peruana , Ornithologia , p. 282, pl. XXX11. TRAVAUX mÉDITS. 347 en 1811, sous le titre de Zoographia rosso-asiatica, a dé¬ crit, sous le nom d ’ Àlauda pispolelta, une Alouette qui ha¬ biterait les steppes voisins de la mer Caspienne, et se ré¬ pandrait, dès le mois de février, jusque sur les bords du Volga inférieur, au-dessous de Saratow. Un demi-siècle s’est écoulé depuis la publication de Pallas, et le sort de cet Oiseau n’est pas encore définitivement fixé. Est-ce une espèce distincte de la Candrelle? Est-ce un Oiseau d’Eu¬ rope? Nous essayerons de résoudre ces deux questions, après avoir exposé les vicissitudes scientifiques dont il a été l’objet. Voici la description de Pallas : « Alauda capite brevi, rectrice cxtima fere tota, proxima margine et « apice, remigibusque mediis apice albis. « Dcscr. — Nostratium minima, plumarum colore obsoletiore, ma- « gisque ciuerascente, quam A. ccelipetæ. Rostrum crassius, palli- « dum. Supercilia gulaque immaculata, pallida. Jugulum sor- « dide ciuerasceas, lituris fuscis. Remiges præter 6 estimas et iu- « teriores 3 emarginatæ omnes; at in A. cœlipeta fere a quinta, nc- « que, ut in hac, iutermediæ remiges apice albæ; intimæ très huic « acuminatæ, ccelipetæ (an a diuturna volatu?). Cauda similliraa, « at evidentius bifurca, rcclrices extimæ albæ, tantum margine in- « teriore fusco, proximæ exteriore margine solo longitudinaliter « albæ. Mensura ulnæ alarum 3” 8 1/2”’; caudæ, 2” 3’”; tibiarum, « 91/2”’; digiti antici (cum ungue 2”’), 7’”; postici (cum ungue « 4’”), 61/2’”. »> Cette description, un peu confuse et sans points sail¬ lants, ne devait pas répandre la lumière dans une famille dont les espèces ont tant de rapports entre elles. Temminck, qui, dans son Manuel d’ornithologie euro¬ péenne, a si bien spécifié la Calandrelle par la dénomina¬ tion de hrachgdactyla et quelques mots bien frappés de diagnose, ne parle pas de la Pispolette. S’il avait connu le bec court et mignon de cet Oiseau, il n’aurait sans doute pas, dans cette diagnose, donné un bec court à la Calan¬ drelle, qui, sur ce point et relativement à sa taille, égale au moins l’Alouette des champs. Le comte de Kevserling et le professeur Blasius, ju- 348 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (JouM861.) géant sur la description de Pallas, ont pensé que la Pis¬ poletta n’était autre que la Brachydactyla de Temminck. Le prince Bonaparte, dans sa Liste comparative des Oi¬ seaux d’Europe et de l’Amérique du Nord, est le premier qui en ait fait une espèce distincte. Schlegel, en 1844, dans sa Revue critique des Oiseaux d’Europe, et Degland, en 1849, s’en sont rapportés au ju¬ gement de Iveyserling et Blasius. Dans sa revue crilique du Traité de Degland, en 1850, le prince Bonaparte a maintenu son opinion, mais d une manière un peu fugitive; « sans vouloir, dit-il, m’occuper « de YAlauda pispoletta, dont le bec mignon et arrondi « suffirait seul à la faire distinguer . » Dans le premier volume de son Conspectus, publié aussi en 1850, le prince Bonaparte a mentionné aussi la Pispo- lette : « A. pispoletta, Pall., excl. synon.; ex desertis « Gangi et Indi. Mar. Caspic. Rostro brevissimo et ro¬ ot tundo. » Ainsi le prince, en français comme en latin, a seulement décrit le bec; mais ce trait de plume, si carac¬ téristique, prouve qu’il avait vu l’Oiseau et ne s’était pas arrêté aux descriptions. Le catalogue Parzudaki, sur les Oiseaux d’Europe, parut en 1856, et la malheureuse Pispolette fut oubliée. Dans sa lettre du 24 février 1857 sur ce Catalogue, M. deSelys- Longchamps a réclamé contre cette omission, en déclarant qu’il y avait lieu, suivant lui, d’ajouter aux espèces euro¬ péennes nouvelles notamment « Calundrella pispoletta, qui est peut-être une race de Brachydactyla, Temin. » Et, plus loin, nombrant les espèces européennes, il a classé parmi les Oiseaux de passage régulier en Europe : Alauda pispoletta. Le prince Bonaparte a répondu à cette partie de la lettre : « Quant à la Calandrella jnspoletta, enre- « gistrée dans mon Conspectus, j’ai déjà réparé mon ou- « bli. » Et, plus bas, il a compris cet Oiseau dans celles des additions de M. Selys-Longchamps qu’il considérait comme justes. TRAVAUX INEDITS. 349 Enfin M. Oscar des Murs ne parle pas de la Pispolette dans le catalogue des Oiseaux d’Europe qui termine son admirable Traité d’oologie. Ainsi Temminck, Keyserling, Blasius, Schlegel, De- gland et M. Oscar des Murs ont méconnu l’Alouette pis¬ polette; M. de Selys-Longchamps l’admet, mais peut- être comme race; le prince Bonaparte reconnaît en elle une espèce, mais il hésite à l’éloigner de la mer Cas¬ pienne. 11 n’eût existé qu’un seul avis, nous en sommes con¬ vaincu, si l’Oiseau avait été connu de tous. Nous avons reçu six Alouettes pispolettes tuées en mai 1860, dans le gouvernement d’Astrakhan, rive droite du Volga, et les œufs de l’une d’elles dénichés, à la même époque, dans la même localité; le doute ne nous paraît plus possible, après l’examen de ces Oiseaux. L’Alouette pispolette est une espèce parfaitement distincte de la Calandrelle; c’est, de plus, un Oiseau d'Europe et qui niche en Europe. Voici la description des sujets que nous possédons. Magnitudo Alaudæ brachydactylæ, sed rostro brcVissimo et rotundo, remigiis intimis brevissimis et ad extremum latis. Color supra Al. arveosis, sed magis cinerasceus, subtus fulvo-albidus ; jugulura auteni et latera lituris fusais. Diag. Bec très-court, mignon et bombé en toussons; ailes sans penne bâtarde ; rémiges tertiaires courtes, larges et ne dépassant pas la sixième des primaires; poitrine et flancs striés de brun. Toutes les parties supérieures d’un cendré uniforme, avec des mèches brunes au centre des plumes, plus fon¬ cées sur la tête; raie sourcilière, gorge, côtés du cou, abdomen et sous-caudales d’un blanc un peu fauve; «ne longue tache brune sur les deux grandes sous-caudules ; poitrine d’un cendré pâle uniformément striée de brun; flancs d’un cendré fauve, avec des mèches brunes; ré¬ miges brunes, bordées extérieurement, la première, de blanc fauve, et, les autres, de cendré à reflets. Rémiges 350 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861 .) tertiaires courtes et larges dans toute leur étendue, la plus longue d’entre elles en retrait de 0'D,G21 à 0m,029 sur la plus longue des primaires, et ne dépassant pas la sixième. Queue échancrée, à rectrices brunes, les médianes plus pâles et les externes bordées de blanc pur, la première sur une grande partie de sa longueur, la seconde sur ses barbes externes seulement. Bec court, mignon, convexe en tous sens, d’un jaune livide, avec l’arête brune. Tarses roussâtres, avec les doigts lavés de brun , les ongles bruns et la plante du pied grise ; ongle du pouce un peu plus long que ce doigt. Longueur, 0m,!45. Tels sont trois individus mâles tués au mois de mai. Dans l’un d’eux, la mue ruptile est moins avancée que dans les autres; les barbes plus larges des plumes des parties supérieures ont une faible teinte rose qui paraît particulière à la livrée d’hiver. Les trois femelles ne diffèrent des mâles que par des dimensions un peu moindres, l’absence de mèches brunes sur les deux grandes sous-caudales, le blanc plus étendu sur la rectrice externe, et la poitrine striée sur une lar¬ geur moindre. La comparaison de ces Oiseaux avec les Calandrelles tuées en France et en Algérie donne les résultats sui¬ vants ; Alouette pispolelle. Bec très-court, mignon, cou- vexe eu tous sens, rappelant celui de la Mésange, de 0m,UÜ'J à 0“,010 de long. Rémiges tertiaires larges dans toute leur longueur, relativement plus courtes que celles de l’A¬ louette des cliamps, n’excédant pas la sixième des primaires, et en retrait de 0m,021 à 0“,0‘29 sur la plus longue. Tarses roussâtres, doigts lavés de brun , ongles brun foncé et plante du pied d’un gris terne; teinte générale des parties supé¬ rieures, cendrée. Alouette calandrelle. Bec long et comprimé de l’A¬ louette des champs, de O®, OU à 0“,012. Rémiges tertiaires longues et effilées des Fipits, dépassant tou¬ jours la quatrième des primaires et atteignant souvent la plus longue. Tarses, doigts et ongles uni¬ formément couleur de chair; plante du pied d’un jaune vif; teinte générale des parties supé¬ rieures, d’un cendré roussâtre. TRAVAUX INÉDITS. 351 Alouette pispolette. Vertes cendré comme le dos, et strié de brun foncé depuis le bec. Poitrine uniformément striée de brun. De longues mèches brunes aux flancs. Bordures des rectrices latérales d’un blanc pur. Toutes les sus-caudales de cou¬ leur cendrée, avec des mèches brunes. Sous-caudales blanches, mais avec des mèches brunes aux deux grandes chez les mâles. Alouette calandrelle. Vertex d'un roux plus vif que celui du dos, strié de brun seu¬ lement vers la nuque. Seulement quelques taches con- flueutes sur les côtés, au bas du cou. Flancs unicolores. Bordures des rectrices latérales d’un blanc fauve. Sus-caudales d’un roux assez vif, avec des mèches brunes aux deux plus grandes seulement. Toutes les sous-caudales blan¬ ches daus les deux sexes. Ainsi ces deux Oiseaux ne se ressemblent que par la taille, l’absence de penne bâtarde et la longueur relative des rémiges primaires, qui, d’ailleurs, diffèrent peu dans toutes les espèces du genre. Les rapports de la Pispolette sont plus grands avec l’Alouette des champs, dont elle ne diffère sensiblement que par la taille, le bec, l’absence de penne bâtarde et l’ongle du pouce. Si nous comparons nos œufs de Fispolette à ceux de la Calandrelle, nous trouvons, dans les premiers, une teinte sensiblement plus cendrée, moins rousse que dans les se¬ conds. La différence de nuance qui existe entre les deux Oiseaux se reproduirait dans leurs œufs, s’il est possible, toutefois, d’asseoir une règle sur l’examen d’une nichée. Sur les quatre œufs de Pispolette , trois sont ovoïdes, courts, et mesurent 0m,019 â 0“,020 sur 0'",01i à 0m,015; le quatrième , presque elliptique , porte 0m,0203 sur O"1, 01 3 ; tous sont lisses, presque mats et à grain très-fin. La coquille, peu diaphane, est d’un blanc sale semé de petites taches et de points très-nombreux, surtout au gros bout, et variant du cendré pur au cendré olivâtre. D’après les renseignements reçus avec les Oiseaux, la Pispolette est assez répandue dans le gouvernement d’As¬ trakhan, sans y être aussi commune que la Calandrelle. Toutes deux fréquentent les steppes arides et nichent à 352 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1861.) terre, dans les landes. Ces renseignements concordent avec les indications de Pallas. Suivant cet auteur, l’Alouette pispoletle, commune dans les déserts voisins de la mer Caspienne, arriverait par bandes, dès le mois de février, vers le Volga inférieur, et se répandrait, au prin¬ temps, dans les steppes, sans remonter au delà de Sa- ratow. Pourquoi la position scientifique de la Pispolette est- elle restée si longtemps incertaine? La cause en est peut- être dans la description de Pallas; je l’ai lue bien des fois les deux alouettes en main, et j’ai toujours hésité pour en faire une application exclusive à l’une ou à l’autre espèce. La diagnose et la moitié de la description sont communes à toutes les Alouettes et paraissent écrites dans le seul but de distinguer la Pispolette des Pipits., décrits, dans le même ouvrage, sous le nom générique d ' Alauda. Dans cette description, le magis cinercisccnte des plumes, le jugulum lituris fuscis, les rectrices extimœ albœ pei¬ gnent la Pispolette; mais lorsque Pallas, comparant son Oiseau à l’Alouette des champs, lui donne un bec crassius, retrouve-t-on dans cette qualification le bec mignon de la Pispolette de Bonaparte? Lorsqu’il ajoute très intimœ re- miges acuminatœ, par opposition aux remiges detritœ de l’Alouette des champs, ne voit-on pas le caractère le plus saillant de la Calandrelle, les rémiges tertiaires effilées qui la rapprochent des Pipits? Pour concilier les élé¬ ments de cette description, il faut reconnaître que Pallas a confondu les deux Oiseaux. Les conditions dans les¬ quelles il écrivait corroborent cette opinion. Pallas a pu¬ blié sa Zoographia seulement en 1811, trente ans après ses voyages, à Saint-Pétersbourg, séparé, pour ainsi dire, par la Russie, de ces Alouettes essentiellement méridio¬ nales. Il a travaillé non -seulement sur ses propres docu¬ ments, mais aussi sur ceux recueillis par d’autres natura¬ listes décédés lors de la publication. A cette époque, la confusion était très-grande encore dans la tribu des Ca- TRAVAUX INÉDITS. 353 landrelles; Pallas lui-même n’approfondissait passes su¬ jets ; il décrivait l’espèce sans entrer dans les différences résultant du sexe, de luge et des mues effective et ruptile; ses descriptions sont souvent bien frappées, mais elles reposent surtout sur les couleurs, et la couleur n’est pas un élément sûr pour distinguer les espèces chez les Alau- dinés ; enfin Pallas a exploré longtemps cette partie de la Russie méridionale où la Calandrelle et la Pispolette ar¬ rivent par bandes, gregatim, comme il le dit lui-même, et cependant il n’a décrit qu’une seule petite alouette ; l’autre ne serait-elle jamais tombée dans ses mains? Ce n’est pas supposable. En deux mots, voici notre conclusion : la Pispolette est une espèce distincte et un Oiseau d’Europe; à Pallas l’honneur d’avoir appelé sur elle les investigations des na¬ turalistes , au prince Bonaparte l’honneur de l’avoir trouvée. Description de quelques nouveaux fossiles du terrain miocène de la colline de Turin, par Jean Michelotti. Radiaires. Âllionia oblita (PI. 10, f. 1). J’ai trouvé, il y a quelque temps, un fossile voisin des Comatules, mais bien distinct de tout ce que nous offre la nature vivante; parmi les espèces éteintes, c’est avec le seul genre Salocrinus de M. Goldfuss qu’il paraît présenter certains rapports re¬ marquables. Ce fossilese composed’un calice convexe inférieurement, légèrement concave à la partie supérieure, dont la forme est celle d’un disque arrondi. Au centre de ce disque (f. la) se trouve un trou, occupé jadis par la bouche, et entouré de cinq sillons pétaliformes rayonnants qui représentent les sutures des cinq pièces basales. Excepté les sillons pétaliformes, le reste de la surface du disque est lisse. La partie basale, à partir de ses deux tiers jusqu’au bord du disque, est garnie de dépressions perforées (f. 1 et 16), 2e série, t. xm. Aunée 1861. 23 384 HEV. ET MAU . DE ZOOLOGIE. [Août \ 8t) 1 .) qui démontrent qu’il s’agit ici d’un crinoïde libre, qui, au moyen de petits bras inférieurs et verticillés, pouvait se cramponner aux polypiers et aux roches sous-marines. La hauteur du calice est de 4 millimètres ; le diamètre du disque est de 8 millimètres. Je propose, pour ce genre, le nom d ’Allionia, en mémoire de feu le professeur Allioni, le premier naturaliste qui, dans le siècle dernier, ait fait connaître quelques fossiles de notre terrain miocène moyen de la coliine de Turin, dans lequel nous avons rencontré trois crinoïdes, dont le premier connu est le Pentucrinus Gaslaldit (Michelotti) ; le deuxième est le Micropocrinus Gastaldii (Michelin, Revue et Maçjas. de zoolojie, de M. Guérin, 1851, n° 2) ; et le troisième est i Alltoniu üblila, dont un deuxième vient d’être trouvé par M. le chevalier Louis ltossenda del Melle, auquel je dois les dessins de cette espèce et des suivantes. Runa Detori (PI. 10, f. 2). J’ai trouvé aussi un fossile remarquable appartenant à un genre éteint, dans le cal¬ caire de Gassino, qui, d’après ies débris de la faune qu’il renferme, doit se rapporter au terrain miocène moyen, ainsi que les autres couches de la colline de Tu¬ rin qui y font suite. Ce fossile (f. 2 grossie) est une Runa dont les arcs am- bulacraires s’arrondissent a leurs extrémités en forme de pétales (f. 2a et 2ù grand, nat.). Cette Runa atteint 4 mil¬ limètres de hauteur ; le diamètre longitudinal du disque inférieur est de 12 millimètres ; le diamètre transversal est de 10 millimètres. La forme des arcs ambulacraires diffère de ce que l’on observe dans la Runa Comptoni, fossile du miocène su¬ périeur de l’île de Malte, où les arcs susdits s’élargissent sans se rapprocher, ce qui suffit pour séparer ces deux espèces ; ce même caractère et une taille double distinguent la Runa Desori de la Runa Jlenschei (de Mayer), fossile de l’éocène de Kleinkunhren. C’est au célèbre naturaliste suisse, M. Desor, que je TRAVAUX INÉDITS. 355 dédie cette espèce, qu’il avait aussi reconnue comme nou¬ velle. Poissons. Scarus miocenicus (PI. 10, f. 3, partie sup. de grandeur naturelle ; 3a id. grossie ; 3b, partie inf. grossie). D’après M. Oven, c’est à côté du genre Labrus que doit se placer le genre Scarus, Poisson qui vit dans la zone intertropi¬ cale, en se nourrissant exclusivement de Lithophytes qui croissent dans ces mers, et très-remarquable par sa bouche, dont la forme rappelle celle d’un bec de perro¬ quet. Comme on peut le voir d’après les figures (f. 3a et 3b), la portion que je possède appartient à la région pha¬ ryngienne inférieure; mais il est impossible de déterminer cette espèce avec certitude ; aussi n’est-ce que provisoire¬ ment que je propose, pour ce débris, le nom de Scarus miocenicus. Je crois qu’il est intéressant de faire connaître ce fossile, parce qu’il appartient à un genre qui n’a pas encore été signalé à l’état fossile, et qui, aujourd’hui, est propre à la zone intertropicale. Phyllodus incertus. M. le chevalier Roassenda, zélé chercheur de fossiles de notre terrain miocène, vient aussi de trouver, dans le calcaire de Gassino, une dent appar¬ tenant au genre Phyllodus, jusqu’ici inconnu dans nos collections, mais dont les différences spécifiques ne pour¬ raient être établies qu’après d’autres recherches sur ce genre. Aussi, pour le moment, je désignerai sous le nom de Phyllodus incertus le débris trouvé près de Gassino, qui, du reste, est tellement empâté dans une gangue cal¬ caire, que l’on risquerait de l’écraser en essayant de le dégager de cette gangue. Le diamètre longitudinal visible de cette dent est de 11 millimètres; le diamètre trans¬ versal, de 12 millimètres. On place généralement le genre Phyllodus près du genre Sphœrodus; mais je préfère l’opinion de M. Owen ( Odon - tography, pag. 139), qui le rapproche du genre Scarus, avec lequel il a effectivement bien plus d’analogie. 356 HF.V. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences de Paris. Séance du 5 août 1861. — M. le secrélaire perpétuel présente, au nom de M. Alphonse Edwards, un exem¬ plaire des Observations sur l’existence de divers Mollusques et Zoophytes à de très-grandes profondeurs dans la Médi¬ terranée. Séance du 12 août. — M. Valenciennes lit un Mémoire intitulé, d’une tête de grand fchllv/osaure trouvée dans l’ar¬ gile de Kimmeridge, par M. Lennier, au cap la [lève, près le Havre. Comme ce travail fait connaître un fossile nouveau que l’auteur dédie à la mémoire de notre célèbre maître Ceorges Cuvier, nous nous faisons un plaisir de le repro¬ duire en entier. « La tête d’Ichthyosaure que je mets sous les yeux de l’Académie a été trouvée au cap la Hève, près le Havre, par M. Lennier, conservateur du musée d’histoire natu¬ relle de cette ville. On sait que l’argile de Kimmeridge est l’une des premières assises des terrains jurassiques, et que, pour en avoir la couche assez mince en cet en¬ droit, il faut attendre les grandes marées équinoxiales. C’est à l’une d’elles que l’habile et zélé conservateur du musée a reconnu, dans un énorme bloc de la falaise, les deux gros fragments du museau conique et pointu de ce Saurien extraordinaire. Il fit apporter, dans le laboratoire du cabinet, les pièces éparses, mais voisines, ainsi que les vertèbres qu’il jugea appartenir à l’animal. « En visitant le musée, je vis tous les morceaux de ce gros fossile, et l’idée me vint de faire quelques recherches pour essayer de reconstruire, du moins en partie, un animal dont le muséum de Paris ne possède pas d’aussi grands échantillons. Il ne faut pas conclure de cette ob¬ servation que je veuille dire que les parties d’Ichthyo- SOCIÉTÉS SAVANTES. 357 saures décrites et figurées par Cuvier, et qu’il a dues à l’amitié des savants anglais MM. de la Bêche, Conydeare, ou aux acquisitions personnelles qu’il a saisi l’occasion de faire en Angleterre, ne soient pas des portions d’Ichthyo- saures très-complètes, très-intéressantes; je ne signale encore ici que la grandeur de l’animal. Pour donner suite à cette entreprise, il fallait d’abord envoyer à Paris tout le bloc. M. Lennier, voyant bien qu’il n'avait pas auprès de lui les livres, les collections et les hommes habitués à ce genre de travail, accepta ma proposition, et tout me fut adressé au commencement de l’hiver. « Je me mis aussitôt à l’œuvre; je dirigeai les recher¬ ches; je pressai les personnes que j’employais, et je suis parvenu, après des efforts persévérants, à faire remettre au jour et à rapprocher les os d’une tête remarquable par sa taille. « Pour faire comprendre ce que j’ai fait, je vais d’abord dire comment se présentait la masse contenant ces diffé¬ rents os. « L’Ichthyosaure qui a été enfoui dans la vase après le cataclysme dont les nombreuses espèces de Vertébrés et de Mollusques ont été victimes a été couché sur le côté gauche, et sa têto, écrasée par les matériaux, a été telle¬ ment disloquée, que les os formant la voûte du crâne ont été brisés et dispersés; l’œil gauche, en partie détruit, est revenu se placer sur l’œil droit, en arrière des narines, et en enlevant les lacrymaux, dont je n’ai pas retrouvé de traces. « La mâchoire inférieure, brisée à peu près par le mi¬ lieu, a été portée en avant, sous l’extrémité des branches, et l’os carré du côté gauche est entré dans la sclérotique osseuse du côté droit, de façon que la tubérosité de son condvle sortait au travers de l’ouverture de la cornée, comme une [lierre piriforme grosse de 0"‘,0‘J de long sur Um,0i de haut. On doit peut-être à ces déplacements, et surtout à celui de l’os carré, la conservation de l’œil 358 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Aotît 1861.) droit, qui s’est promptement rempli d’une vase soutenue par ce gros os. Enfin la moitié postérieure, ou plutôt su¬ périeure, de la face, brisée et aplatie, était réunie avec les yeux, car la sclérotique gauche était, en partie, atta¬ chée sur celle de droite, les deux lacrymaux ont été em¬ portés, et les os qui cernent l’orbite étaient cachés dans une vase argileuse devenue plus dure que le marbre et susceptible de prendre, comme lui, un assez beau poli. Telle était la nature de la masse osseuse dont j’ai essayé de tirer les os de la tête que je présente ici à l’Académie. « Après cet exposé et l’extraction des os de leur gangue, la description de la tête telle que je l’ai trouvée devient plus facile à faire. En rapprochant de la portion supérieure du museau la portion terminale, on voit que le museau était conique. La longueur de ce cône, mesuré depuis le bord antérieur de la narine, est de 0m,72. « Ce cône est formé, en dessus, parles intermaxillaires, étendus depuis les narines, qu’ils cernent en dessus, en avant et en dessous; ils atteignent l’extrémité du museau, en recouvrant le maxillaire le long de la fente de la bouche. — Le maxillaire va rejoindre le jugal. Près de l’orbite, ce maxillaire s’élargit une peu au-dessus de celui-ci ; je ne serais pas étonné que cette sorte de palette ne soit formée avec des portions du lacrymal. « Les deux intermaxillaires se rapprochent par une su¬ ture longue de 0m,40 au moins. Au delà, et entre les deux intermaxillaires, sont placés les deux os propres du nez. Ceux-ci, jusqu’à la narine, sont longs de 0m,32, et ils la dépassent au-dessus pour la recouvrir, pour atteindre le frontal antérieur et avoir une longueur totale de 0m,84. Les os propres du nez sont donc deux pièces osseuses longues, étroites, triangulaires et terminées, en avant, par une pointe très-aiguë. Ils ne recouvrent cependant pas une fosse nasale ou gouttière analogue à celle d>s Croco¬ diles, car ils n’ont pas d’ouverture à l’extrémité de leur long museau. Les narines sont courtes et droites et se di- SOCIÉTÉS SAVAIS T KS. 359 rigent en arrière, vers le trou pariétal. Les Iehthyosaures étaient probablement les Souffleurs de ces mers. « Je parlerai plus loin de la mâchoire inférieure, et je reviendrai sur les gouttières alvéolaires qui reçoivent les dents. « La pression exercée sur cette tète a fait chevaucher les deux naseaux l’un sur l’autre. « Il n’y a rien à dire du lacrymal, puisque ces os ont été enlevés. Au delà j’ai trouvé l’œil. Cuvier a démontré ce qu’était la sclérotique de ces Sauriens. Elle est ici comme à l’ordinaire, dans nos espèces de Sauriens vi¬ vants, composée de pièces osseuses plates, rapprochées par des sutures écailleuses, et pouvant jouer les unes sur les autres. Cet œil est énorme ; son diamètre horizontal a 0M,,22 de long, et le vertical en a O"1. 08 de haut. Le trou de la cornée en a 0ra,10 de long et 0m,08 de haut. Le nombre des pièces osseuses est de quatorze à quinze dans l’espèce que j’ai sous les yeux. Elles sont larges, assez épaisses, rudes, mais peu striées; elles sont rapprochées par des sutures écailleuses; elles sont donc un peu diffé¬ rentes des osselets de Y Ichthyosaurus communia de Cuvier; elles sont aussi moins nombreuses. En comparant l’œil de l’exemplaire que je décris, je crois que la sclérotique est plus grande que celle des espèces déjà décrites. « Au-dessus de l’œil était encore attaché le bord frontal antérieur et, peut-être, une portion déplacée et descendue du frontal principal. La première de ces deux détermina¬ tions ne me laisse aucun doute, et je crois que la seconde a également un degré satisfaisant de certitude. En arrière, une portion osseuse me paraît être du frontal postérieur, et les fragments osseux déplacés qui suivent ne peuvent être que des démembrements du pariétal et du temporal. J’avoue, toutefois, que je conserve beaucoup de doute sur ces déterminations. « J’ai aussi reconnu, et sans qu’il me reste aucun doute, un autre os attaché aux branches de la mâchoire infé- 360 REV. ET MAG. de zoologie. {Août 1861.) rieure. Cette pièce mince, recourbée et relevée en arrière, est l’extrémité du ptérygoïdien ; on voit encore l’adhé¬ rence de la suture de cet os au bord interne du maxil¬ laire. L’arrière du crAne a été plus endommagé, et cepen¬ dant j’ai pu remettre en place les osselets qui appartien¬ nent à l’occipital latéral, divisé lui-même en trois piliers, supérieur, moyen ou inférieur, lesquels prennent très-peu de part à l’articulation de la tête avec la colonne verté¬ brale. Le basilaire a tout à fait disparu. Celte perte est regrettable, à cause de la cavité conique si profonde de l’atlas retrouvé parmi les vertèbres. On peut se permettre d’en conclure que l’apophyse du basilaire était un cône très-saillants. Si d’autres hasards mettent les zoologistes à même de vérifier cette conjecture, ce caractère ajouterait une diagnose importante au caractère spécifique et zoolo¬ gique de cet animal. L’articulation condylienne de l’apo¬ physe basilaire de l’occipital se fait par une tête tout à fait ronde. Nous en avons, au muséum, plusieurs exemplaires. M. Cuvier l’a très-bien figurée ( Oss . foss., t. V, 2e partie, pl. XXIX, fig. 11), et cette tête est reçue dans une cavité cotyloïde arrondie de la première vertèbre. « J’ai dit que l’os carré avait été porté dans la cavité de la sclérotique. C’est un os tout à fait différent de l’os de même nom et exerçant une semblable fonction dans l’ Ichthyosaurus communis ou dans Y Ichthyosaurus pla- tyodon de Cuvier. « La tubérosité articulaire de cet os, mesurée à sa partie inférieure la plus large, fait à peu près les deux tiers de sa longueur. La ligne concave du bord supérieur est très-creuse , parce que l’extrémité antérieure se relève beaucoup pour former une apophyse grosse et rugueuse. Au devant se prolonge, en une crête mince et tranchante, la palette qui forme le corps de l’os. « Je montre l’os carré de Y Ichthyosaurus platyodon pour faire saisir les caractères différentiels des deux os. Celui-ci a une tubérosité articulaire plus étroite, surtout SOCIÉTÉS SAVANTES. 361 vers le bas ; son échancrure supérieure est plus ouverte ; c’est à peine si l’on voit une tubérosité apophysaire sail¬ lante. « La ligne inférieure est très-courbée et mince. L’épais¬ seur du condyle n’est que la moitié de la longueur. « L’os carré de Ylchthyosaurus communis , figuré pl. XXIX, fig. 12 et 13 des Oss. foss., t. Y, 2e partie, est encore plus différent; la tubérosité du condyle est plus étroite, la palette antérieure plus large, il n’y a pas trace de tubérosité apophysaire, et le bord est plus arrondi. « J’ai insisté sur les différences entre les os, parce que je donne une nouvelle preuve de la netteté, de la force des principes zoologiques de Cuvier. Notre grand et illustre maître ne cessait de soutenir que, par l’examen attentif d’un seul os, on pouvait reconnaître les caractères spéci¬ fiques distinctifs entre les espèces voisines de Vertébrés : il l’a appliqué avec bonheur à plusieurs Mammifères. Je suis heureux, de mon côté, d’en faire un usage très-cer¬ tain, et j’en pourrais dire autant pour la première ver¬ tèbre. « La mâchoire inférieure, cassée par le milieu, montre, de la manière la plus nette, la gouttière alvéolaire. La portion postérieure, ayant glissé sous l’antérieure, est très-éloignée de l’os carré. Les dents sont aussi grosses que celles du Platyodon, mais elles paraissent avoir été nombreuses. « On voit, d’ailleurs, sous le dentaire, les os qui la composent, savoir, l’operculaire , l’angulaire et le suran¬ gulaire. Le complémentaire a été détaché et perdu. « La mâchoire supérieure nous fait voir le maxillaire supérieur. J’ai pu faire dégager entièrement la gouttière alvéolaire sur la face palatine. Aussi, en redressant la m⬠choire supérieure , qui , dans ce mouvement, entraîne les os propres du nez, on voit, entre les deux gouttières al¬ véolaires rapprochées par la compression générale, et entre elles, les traces du vomer et des palatins. Je ne 362 REV. ET MAC. L)E ZOOLOGIE. [AüÜt 1861.) trouve aucune disposition semblable à celle-ci dans les pièces fossiles que Cuvier a eues à sa disposition. Je ne puis m’empêcher d’avoir un souvenir de regret en pen¬ sant que ce grand zoologiste n’a jamais eu le plaisir de nous peindre, dans son étude si profonde, cette disposi¬ tion caractéristique. « Le nom d’Ichthyosaure a été donné, par sir Everard Home, aux Sauriens qui nous occupent, par suite d’une idée anatomique erronée. L’anatomiste anglais a cru que l’œil de l’Ichthyosaure était conformé comme celui d’un Poisson, ce qui est tout à fait inexact. La sclérotique est celle d’un Lézard et même d’un Oiseau, et non pas celle d’un Ovipare de la classe des Poissons. C’est ce que M. Cuvier a démontré de la manière la plus positive dans ses admirables Mémoires sur ces Reptiles; il a conservé un nom dont il signalait les défauts, mais sans le changer, afin de ne pas faire du néologisme, ce grand ennemi des sciences naturelles. J’ajoute ici que, contrairement à ce que pensent des personnes qui ne connaissent pas assez bien les détails ostéologiques de ces Vertébrés, la forme biconcave des vertèbres n’est pas le caractère important des Ichthyosaures, attendu que toutes les vertèbres:des Ich- thyosaures ne sont pas biconcaves, à commencer par la première vertèbre; l’atlas a la face antérieure creuse et co¬ nique et la postérieure aplatie, et l’on pourrait citer plu¬ sieurs espèces de Poissons dont la face antérieure est une tête arrondie, comme une tête de fémur, et dont la face postérieure de la vertèbre n’est pas une cavité conique. « Ils avaient les dents implantées dans des gencives fibreuses et résistantes, sans que, dans l’espèce que je dé¬ cris , les maxillaires soient creusés d’alvéoles pour les recevoir; les os sont creusés de longues gouttières ; leurs quatre membres sont des nageoires adipeuses, membra¬ neuses, soutenues par des osselets de phalanges disposés en mosaïque, analogues à ceux de plusieurs de nos Dau¬ phins. SOCIÉTÉS SAVANTES. 363 « En cela ils diffèrent beaucoup de leurs contempo¬ rains les Plésiosaures, dont la face ressemble davantage à celle des Crocodiles, dont les osselets de leurs nageoires sont disposés en cinq séries longitudinales, n’étant pas sans analogie avec les doigts de nos baleines. « Les Plésiosaures ont existé dans l’oolithe ferrugineux de la Haute-Marne, près Arcques ; de grands exemplaires y ont été découverts par M. Séjournant, qui s’occupe avec passion de la géologie de cette contrée ; il a envoyé à notre confrère M. Passy les beaux et grands ossements des membres que j’ai le plaisir de mettre sous les yeux de l’Aca¬ démie; ils vivaient avec les Mégalosaures , grands Sau¬ riens qui y étaient plus abondants, à en juger par les nombreux débris d’ossements mêlés avec ceux-ci. « En Angleterre, il en existe, dans le lias de Lyme- Kegis, plusieurs espèces très-bien conservées, et il y a lieu de croire que 1 ’lchthyosaurus platyodon y devenait peut- être plus grand que ceux de nos falaises du Havre; mais les couches de la Hève ne sont pas moins riches, et celui- ci, que la ville du Havre va conserver dans son musée, est, après cet Ichthyosaurus plcityodon, le plus grand que nous ayons encore vu, la longueur totale de la tète étant de 1"‘,55. « Je présente encore la demi-mâchoire trouvée , en 1852, au Havre par M. Michaud, professeur de physique au collège du Havre. Cet ancien élève de l’école normale s’est empressé de l’envoyer au cabinet dans lequel il avait reçu les premières leçons de physique. Elle est de l’espèce de Y Ichthyosaurus commuais de M. de la Bêche. On lui compte les quarante-cinq dents indiquées par sir Everard Home. Elle porte les marques des alvéoles telles que les indique Cuvier, et dont on ne peut voir la moindre trace dans notre espèce. « Je crois avoir prouvé , par les détails descriptifs que je viens de donner, que l’Ichthyosaure présenté dans cette 364 REV. ET MAG. de zoologie. ( Août 1861.) enceinte est d’une espèce distincte. Je la nommerai du nom de Cuvier, Ichlhgosaurus Cuvieri. « La ville du Havre conservera, dans son musée, un de ces animaux extraordinaires trouvé dans les falaises bai¬ gnées parla mer, où le grand anatomiste a fait ses pre¬ mières et durables découvertes , à la fin du siècle der¬ nier, sous la protection d’un riche citoyen de la ville, au¬ quel M. Cuvier a témoigné sa gratitude en lui dédiant une de ses belles anatomies, celle du Tritonia Hom- bergii. « Je ne puis résister au plaisir de dire que, en faisant la restitution de ce crâne d’Ichthyosaure, je consultais les mêmes fragments que je présentais à cet excellent maître, qui m’a honoré du nom de son ami et m’a fait jouir, pen¬ dant vingt ans, de cette vie intellectuelle qu’il animait par son génie, et qu’il rendait aussi douce qu’agréable par l’aménité de son commerce. « A cette époque, il y a trente-six ans, M. Merlieux, sculpteur de mérite, prêtait déjà à M. Cuvier son ciseau habile, pour rendre plus instructifs les morceaux dégagés et retirés de l’argile dure comme le marbre qui les mas¬ quait. » L’Académie procède à la nomination d’un correspon¬ dant pour la section d’Anatomie et zoologie, en rempla¬ cement de M. Dujardin. M. Gervais est nommé au pre¬ mier tour de scrutin. M. Ch. Robin lit un Mémoire sur les Spermatophores de quelques Hirudinées. « Le but du travail que j’ai l’honneur de présenter à l’Académie, dit l’auteur, est de faire connaître certaines particularités nouvelles ou peu étudiées relatives à la ma¬ nière dont s’accomplit la fécondation chez quelques Hiru¬ dinées. Eiles viennent éclairer un point intéressant de physiologie comparée; mais leur connaissance est surtout nécessaire pour l'intelligence de plusieurs ordres de faits SOCIÉTÉS SAVANTES. 3Ü5 d’une importance plus générale qui concernent l’évolu¬ tion embryogénique des éléments anatomiques et des tissus, et dont je demanderai permission à l’Académie d’exposer le résumé dans quelqu’une de ses prochaines réunions. On sait, en effet, que les premiers actes du dé¬ veloppement sont dignes d’attention jusque dans leurs moindres détails, non par un sentiment de pure curiosité, mais parce que , mieux que tous les autres phénomènes, ils démontrent l’individualité des éléments anatomiques de nos tissus et l’indépendance des uns par rapport aux autres. Rien de plus saisissant, en effet, que de suivre ces derniers depuis l’époque de leur apparition embryonnaire jusqu’à celle de leur décroissance sénile, en notant cha¬ cune des modifications qu’ils subissent et dont les divers âges de l’organisme ne sont que la résultante. Rien de plus important, d’autre part, que ces notions, lorsqu’il s’agit de corps en voie incessante de changements et dont, par conséquent, l’origine seule nous dévoile la na¬ ture. Mais, avant d’aborder ces questions, il importe d’en résoudre quelques-unes d’un ordre moins élevé qui peu¬ vent servir à éclairer les premières. « On sait que, chez quelques insectes orthoptères, cer¬ tains Crustacés et chez les Céphalopodes, la substance fé¬ condante du mâle est portée dans les organes femelles par des corps libres ayant une structure particulière et appelés spermatophores. Ils se composent essentiellement d’une matière blanche demi-liquide formée presque exclu¬ sivement de spermatozoïdes, et celle-ci est protégée par une enveloppe extérieure qui offre des dispositions très- variées d’une espèce à l’autre. Elle est un produit de sé¬ crétion solide ou demi-solide d’une des parties les plus ex¬ térieures de l’appareil mâle. « Aux groupes d’animaux précédemment indiqués, chez lesquels la fécondité s’opère à l’aide de spermato¬ phores, il faut joindre certains Vers , tels que la Clepsine complanala, Savigny ( Gtossiplionia sexoculata, Moquin- 366 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Aottf 1861 .) Tandon ) et la Planaria torva. Fr., Mueller et Max. Schultze ont signalé, chez ces animaux, l’existence de corps fécondateurs analogues aux précédents. « J’ai pu, sur la première de ces espèces, étudier les spermatophores plus complètement qu’on ne l’a fait jus¬ qu’à présent. « Je les ai découverts chez les Nephelis, où ils offrent des particularités fort remarquables au point de vue du rôle physiologique qu’ils remplissent. Chez ces dernières, ils passent en entier du réservoir où ils se produisent dans l’appareil femelle, alors que celui-ci ne renferme encore aucune trace d’ovules; de telle sorte que chez ces ani¬ maux, contrairement à ce qui a lieu chez les autres, le liquide fécondant arrive dans les organes femelles avant qu’il s’y trouve des œufs. Ce n’est qu’après la pénétration des spermatophores que les œufs apparaissent dans l’épaisseur de ces corps, dont les dimensions augmentent proportionnellement à l’accroissement de nombre et de volume des ovules. De spermatophores qu’ils étaient dans les organes mâles , ils deviennent ovo-spermatophores dans les tubes ovariens. « A l’époque de l’accouplement, chacune des poches ovoïdes qui terminent l’appareil mâle des Glossiphonies est remplie par un spermatophore qui en reproduit à peu près exactement la forme , et tous deux se réunissent aussi, par une extrémité commune, dans la portion simple du canal qui aboutit au pore génital mâle. « Lorsqu’on détache ces Annelés l’un de l’autre pen¬ dant qu’ils s’accouplent, on voit sortir du pore génital mâle les deux spermatophores; tantôt ils ne sont que partiellement sortis, tantôt ils le sont tout à fait et restent adhérents au corps de l’un des deux animaux. Ils ont une couleur d’un blanc argentin brillant et une forme des plus élégantes. Leur longueur est de O'-'*, 003, et ils sont larges, chacun, de 1/3 de millimètre. Ils sont en forme de massue, à grosse extrémité tournée en arrière et prolongée par une SOCIÉTÉS SAVANTES. 367 fine pointe un peu courbée, dont la longueur égale ou dépasse la plus grande largeur du spermatophore; ils se terminent, en avant, par une portion effilée à peu près aussi longue que leur partie renflée; leur cavité devient commune, en avant, dans le quart environ de leur lon¬ gueur totale. « Chaque spermatophore remplit la cavité de la poche qui termine l’appareil génital mâle et se moule sur elle. La pointe qui prolonge leur partie renflée s’enfonce dans le conduit génital flexueux ; leur partie commune corres¬ pond au conduit unique qui aboutit au pore génital, au niveau duquel l’extrémité libre des spermatophores est un peu élargie et plus pâle que le reste de ces corps. « La paroi des spermatophores est épaisse de 4/100 à 6/100 de millimètre et formée d’un mucus tenace, dense, qui réfracte la lumière en lui donnant une teinte jaunâtre en arrière, où elle est plus épaisse. Ce mucus est plus pâle dans la partie antérieure rétrécie des spermatophores; au niveau de la partie commune et de l’extrémité libre, il se dissocie par un contact prolongé avec l’eau, en prenant un aspect très-pâle finement strié. Le prolongement en forme de pointe aiguë qui s’enfonce dans le canal flexueux et jaunâtre, comme la partie la plus épaisse de la paroi, est formé, comme elle, de couches concentriques du même mucus dense et tenace. La partie antérieure amincie des spermatophores est plus longue que la partie corres¬ pondante des poches qui les renferment, ce qui tient à ce que les contractions de ces dernières les allongent et les rétrécissent notablement pendant leur expulsion. « Dès que ce spermatophore géminé se trouve au con¬ tact de l’eau, on en voit s’échapper d’une manière con¬ tinue, sous forme de filament, une substance d’un blanc nacré qui se dissocie peu à peu dans le liquide. On re¬ connaît, à un fort giossissement, que ce contenu est formé exclusivement de spermatozoïdes avec un certain nombre de fines granulations moléculaires, qui abondent 368 REV. ET MAC. 1)E ZOOLOGIE. (i4otfM86l.) surtout dans les dernières portions de la matière qui s’écoule. « Chez les Nephelis, on peut constater la présence d’un spermatophore de même genre dans chacune des poches qui terminent les organes males; ils sont blancs, ovoïdes, un peu aplatis, longs de 0m,00l environ sur une largeur trois fois moindre; mais chacun d’eux est indépendant de l’autre et clos de toutes parts. Leur contenu est ana¬ logue à celui des mêmes corps chez les Glossiphonies, mais leur enveloppe est incolore, beaucoup plus molle et plus mince. « Ici se présente un fait des plus remarquables et qui n’a encore été observé chez aucun autre Annélide. Il consiste en ce que ces spermatophores se trouvent au nombre de deux ou quatre superposés et contigus au fond de la portion effilée de chacun des ovariens ; ils sont semblables à ce qu’ils étaient dans les poches spéciales de l’organe mâle; leur volume est devenu un peu plus considérable, toutefois, et leur enveloppe un peu plus épaisse. « En outre, dans la partie élargie et descendante des mêmes organes femelles, il existe de deux à quatre corps analogues mais vermiformes, longs de 0m,002 à 0m,003, un peu rentrés au milieu, amincis aux deux bouts, qui doivent leur volume aux œufs développés dans leur épais¬ seur. Ces spermatophores ont une enveloppe incolore, striée en long, à peine grenue, plus épaisse et plus résis¬ tante encore que celle des précédents ; mais ils s’en dis¬ tinguent par les ovules en voie d’évolution qu’ils renfer¬ ment au milieu des spermatozoïdes. Ils constituent ainsi de véritables ovo-spermatophores. C’est au sein même de ces amas de matière fécondante, entourés, chacun, d’une tunique spéciale et glissant facilement dans l’ovaire que naissent et se développent ces ovules. Ces derniers sont d’autant plus nombreux et plus avancés dans leur évolu¬ tion, qu’ils siègent dans des spermatophores plus voisins SOCIÉTÉS SAVANTES. 369 de l’orifice génital, et, par suite, ces corps sont là plus vo¬ lumineux aussi que vers le fond des tubes ovariens. Ils présentent, comme les spermatophores, plusieurs particu¬ larités remarquables de structure, dont les détails minu¬ tieux ne peuvent être donnés dans un extrait du genre de celui-ci, mais dont la description fait partie de ce tra¬ vail. « Les ovules achèvent toute leur évolution jusqu’à l’époque de la fécondation, dans les ovo-spermatophores, au contact immédiat des corpuscules fécondateurs. Dans chaque spermatophore on en voit à toutes les périodes de eur accroissement, depuis les plus petits, ne faisant qu’ap¬ paraître, larges à peine de 1/100 de millimètre, jusqu’à ceux dont la vésicule germinative a disparu, qui, en un mot, sont devenus aptes à la fécondation. Les plus déve¬ loppés se voient toujours dans la partie moyenne la plus large des ovo-spermatophores, dont ils s’échappent à me¬ sure qu’ils sont fécondés. Ils en sortent par déhiscence, suite d’un amincissement graduel de l’enveloppe pendant la production des capsules cornées protectrices des em¬ bryons, peu de temps avant la ponte. On les trouve alors libres dans les oviductes, au nombre de quatre à douze environ de chaque côté, portant, entre la membrane vitelline et le vitellus, un assez grand nombre de spermatozoïdes immobiles déjà. Si, au contraire, on prend, dans les ovo-spermatophores, des ovules mûrs, c’est-à-dire dont la vésicule germinative a disparu, on peut suivre la pénétration du spermatozoïde dans l’ovule au travers de certains points de la membrane vitelline ; on les voit s’agiter, pendant une heure ou deux, autour du vitellus, avant la ponte , puis une partie d’entre eux se liquéfient pour s’unir à la substance du vitellus après être devenus immobiles et avant que débutent les phénomènes de l’évolution embryonnaire proprement dite. « Mais je me trouve conduit involontairement à aborder l’examen d’un ordre de faits trop distincts des disposi- '2* série, t. xiii. Année 1861. 24 370 HEV. ET MAfr. DE ZOOLOGIE. ( Août 1861.) lions organiques que je viens . 21, fig. 25. Lipsiæ, 1830, in-4. 2e siïiub. t. xui. Année 1861. 25 386 rev. et mag. de zoologie. ( Septembre 1861.) MM. Baudrimontet Saint-Ange font observer que, lors¬ que l’évaporation de l’œuf fait des progrès, les deux mem¬ branes adossées s’écartent et laissent entre elles un es¬ pace dans lequel s’accumule l’air qui traverse l’enveloppe testacée ; c’est cet espace qui a été nommé chambre à air. Chez les petits Oiseaux, la membrane intérieure paraît demi-transparente, un peu laiteuse, et souvent comme nacrée. Elle présente toujours beaucoup de résistance. 2° Membrane externe (1). La plupart des auteurs qui ont étudié l’anatomie de l’œuf (Malpighi, Réaumur, Vicq- d’Azyr...) ou qui ont fait son analyse (Vauquelin, Scherer, Pelouze et Frémy...) n’y ont trouvé qu’une seule mem¬ brane, placée en dedans ou au-dessous de la coque, celle qui vient d’être décrite. Cependant il en existe une seconde à l’extérieur. MM. Baudrimontet Martin-Saint-Ange sont les premiers, à ma connaissance , qui ont signalé cette autre tunique membraneuse. M. Dareste a cru la reconnaître dans l’œuf de V Autruche. M. Auguste Morin, chimiste distingué de Genève, a constaté son existence sur ce même œuf. Suivant MM. Baudrimont et Martin-Saint-Ange, quand on plonge un œuf de Poule dans de l’eau contenant le huitième de son poids d’azotate ou de qhlorure hydrique, après quelques heures, on trouve qu’il est recouvert d’une membrane que l’on peut détacher de la coque calcaire, et qui y adhère encore par des espèces de brides qui la pé¬ nètrent en plusieurs endroits. C’est ainsi que les savants physiologistes qui viennent d’être nommés ont réussi à isoler complètement la membrane extérieure sur des œufs de Poule, (Y Autruche et de Pintade. M. Leconte est parvenu au même résultat en employant l’acide acétique concentré. Il a opéré sur des coques de Poule, de Casoar et de Pigeon. 11 m’a remis un fragment d’œuf de ce dernier Oiseau avec une portion de mem¬ brane entièrement détachée. (1) Membrane épidermoïde. TRAVAUX INEDITS. 387 L’élément solide de la coque est donc enfermé entre deux tuniques ou deux peaux, une interne et une externe, comme dans un sac. La première est formée avant la coque; la seconde est produite après son organisation. La membrane extérieure existe dans un grand nombre d’espèces, particulièrement dans les œufs polis et lustrés. Cette seçonde tunique est beaucoup plus mince que l’in¬ terne, et plus fortement adhérente à la coquille; elle fait corps, pour ainsi dire, avec cette dernière. Elle n’est pas fibreuse. Examinée avec soin au microscope, la membrane exté¬ rieure ne paraît pas percée de trous. A l’endroit des pores, elle est déprimée et quelquefois légèrement enfoncée. La matière organique graisseuse qui enduit comme d’un vernis les œufs de plusieurs Oiseaux aquatiques se confond avec la lame membraneuse dont il vient d’être question. L'œuf du Guillemot ne m’a pas offert de peau extérieure. J’ai cherché aussi, vainement, cette tunique dans plusieurs autres coques à surface crayeuse. Il semblerait que les en¬ veloppes très-mates n’en possèdent pas. 2° Coque (1). — La structure de la coque, dans les œufs des oiseaux, est encore mal connue, malgré les travaux importants de plusieurs bons observateurs. MM. Purkinje et Charles Robin ont commencé à jeter quelque lumière sur la constitution physique de cette curieuse enveloppe: leur examen a porté sur l’œuf de la Poule (2) et sur celui de V Autruche (3). J’ai étudié ce dernier œuf et aussi ceux du Nandou , du Casoar, du Dromée et de Y Epia rnis. J’ai confirmé £t complété les observations de ces savants mi¬ crographes sur quelques points ; je les ai légèrement modi¬ fiées sur plusieurs autres. On admet, assez généralement, que la matière calcaire (t) Putamen, testa. (2) Symbolæ ad ovi avium liisloriam ante incubationem. Lip- siæ, 1830, in-4. (51) Voyez sa note dans le mémoire du docteur Gosse sur V Accli¬ matation de l’Autruche, Paris, 1857, p. 43. 388 rev. et mag. de zoologie. ( Septembre 1861.) de la coque, dans les œufs des oiseaux , s’est formée par voie de cristallisation (Purkinje, Carus...). D’un autre côté, on regarde les pores de sa surface comme les orifices d’au¬ tant de canalicules qui traversent la tunique calcaire de part en part. C’est au moyen de ces petits canaux que s’opère l’évaporation de l’albumen et du vitellus quand les œufs vieillissent, et l’arrivée de l’air atmosphérique ou la sortie de la transpiration quand l’embryon se dé¬ veloppe. Comment concilier la présence simultanée des cristaux et des canalicules? Avant de chercher une explication quelconque, essayons d’abord de déterminer exactement la constitution physique de la partie solide de la coque. 1° Si l’on examine la tranche d’un fragment d’œuf à' Au¬ truche cassé brusquement, on remarque du côté interne, c’est-à-dire dans la partie la plus rapprochée de la mem¬ brane intérieure, un grand nombre de petits cristaux cal¬ caires serrés les uns contre les autres. Cette couche forme à peu près le quart ou le tiers de l’épaisseur. Le reste pré¬ sente une masse compacte et homogène, sans apparence de cristallisation. La couche interne dont je viens de par¬ ler offre, au premier abord, comme une texture perpen¬ diculairement fibreuse. On peut distinguer à l’œil nu, et mieux encore avec une loupe, les facettes et les angles des cristaux (1). Ce sont de petits rhomboèdres, le plus grand nombre du moins, car on verra bientôt qu’il y en a d’une autre forme. M. Charles Robin a étudié ces cristaux en observant la coque par sa surface intérieure et en faisant des coupes minces parallèles à cette surface. Il a vu une couche de petits grains calcaires arrondis, larges de 3 à 5 centièmes de millimètre, formés de courtes aiguilles cristallines jux¬ taposées, s’irradiant autour d’un centre clair et circu- (1) « Ces cristaux sont comme fibrillaires et ressemblent à ceux du sucre de lait soumis à l’action de l’acide azotique. » Gosse. TRAVAUX INÉDITS. 389 laire. Ces grains sont tantôt écartés les uns des autres, tantôt contigus; ils deviennent serrés à mesure qu’on avance vers la partie non cristallisée. Ils sont bientôt po¬ lyédriques par pression réciproque et se confondent en une substance compacte, celle du reste de la coquille, la¬ quelle paraît, au microscope, finement granuleuse. J’ai vérifié l’exactitude de cette description, non-seule¬ ment sur plusieurs coquilles d’ Autruche normalement orga¬ nisées, mais aussi sur un œuf de cet oiseau, pondu avant terme (août 1851), à la ménagerie du jardin des Plantes de Paris. J’ai trouvé, cependant, les grains calcaires un peu plus grands; leur diamètre, du reste, varie suivant la manière dont ils sont mesurés. Dans le sens de la surface, ils dé¬ passent rarement 5 centièmes de millimètre; mais dans le sens de la fracture ils présentent un chiffre beaucoup plus élevé; ce qui explique pourquoi ils peuvent contenir des cristaux qui atteignent jusqu’à 15 ou 20 centièmes de mil¬ limètre, c’est-à-dire qui sont trois ou quatre fois plus longs que larges. C’est la pression réciproque des granules qui a modifié leur caractère globuleux. Je dois ajouter que M. Bourgogne, habile préparateur d’objets microscopiques, a réussi à prendre, sur des œufs d’ Autruche, des tranches minces des plus intéressantes, qui montrent très-clairement l’organisation décrite par M. Robin. Les grains calcaires des œufs du Nandou et du Dromée sont à peine plus petits que ceux de V Autruche. Il en est de même de ceux du Casoar. Ces derniers m’ont semblé un peu moins réguliers. Leur partie cristallisée est blanchâtre; elle constitue le tiers de l’épaisseur; le tiers moyen est verdâtre, et le tiers supérieur d’un beau vert. La limite du vert et du verdâtre paraît assez tranchée ; celle du verdâtre et du blanchâtre ne l’est (pie faiblement Dans l’œuf de YEpiornis, les granulations mesurent de 8 à 15 centièmes de millimètre de diamètre. Leur ensemble 390 rev. et mag. de zoologie. ( Septembre 1 861 .) représente comme une sorte de mosaïque, quand on re¬ garde à la loupe la face intérieure de la coque. Ces grains sont, les uns pressés et polyédriques, les autres simplement rapprochés et laissant entre eux de petits intervalles plus ou moins irréguliers. Presque tous offrent, à leur centre, une dépression circulaire qu’on est tenté de prendre pour un orifice. Cette dépression n’existe pas dans les plus petits. M. des Cloiseaux a bien voulu, à ma prière, examiner les cristaux des œufs à' Autruche, de Casoar et à'Epiornis. !1 a trouvé, dans la partie intérieure ou fibreuse, des cris¬ taux de spath et des cristaux d'aragonite, et, dans la partie extérieure ou compacte, des cristaux de spath seulement. Voici le résumé de ses observations : « L’œuf d’ Autruche offre une masse de spath calcaire à structure très serrée et à très-petits grains, dont les cli¬ vages sont reconnaissables dans la cassure. La plus grande dimension des cristaux est de 1 à 2 dixièmes de millimètre. « La partie fibreuse paraît être un mélange de spath rhomboédrique et d’aragonite. Les axes des rhomboèdres et les axes verticaux des prismes d’aragonite sont très- sensiblement parallèles entre eux, et perpendiculaires à la surface de l’œuf. L’aragonite est moins abondante que le spath. ce La partie compacte, comprenant un peu plus de la moitié de l’épaisseur, semble exclusivement composée de spath. « Dans l’œuf du Casoar, la couche fibreuse est blanche : on y voit des lamelles très-petites de spath rhomboédrique. La lumière polarisée indique, comme dans l’œuf à'Àu- truche, un mélange de spath et d’aragonite. Les axes des cristaux sont encore mieux alignés perpendiculairement à la surface, car on voit en plusieurs points les anneaux et la croix noire très-nets. Le spath paraît aussi beaucoup plus abondant que l’aragonite. « La couche compacte est verte; elle a un tissu assez serré. TRAVAUX INÉDITS. 391 « Enfin , dans YEpiornis, la partie fibreuse présente des grains fins, qui semblent encore être un mélange de spath calcaire et d’un peu d’aragonite. « La partie compacte est exclusivement composée de grandes lames de spath rhomboédrique donnant des an¬ neaux très- distincts et une belle croix noire, ce qui indique qu’ils sont bien perpendiculaires à la surface. « D’après les expériences de i\l. G. Rose, c’est vers le 40e degré que commence, dans une dissolution étendue de carbonate de chaux , le dépôt des prismes d’aragonite, au milieu des rhomboèdres de calcaire. » 2° Si l’on polit la tranche d’un fragment d’œuf d’.lu- truchc, on distingue, sur cette tranche, des canaux extrê¬ mement fins, perpendiculaires, partant des pores et des¬ cendant dans la substance de la coque, offrant, les uns le cinquième, les autres le quart de l’épaisseur de cette der¬ nière. Je n’en ai observé qu’un très-petit nombre la tra¬ versant en entier, lesquels ne m’ont jamais paru en ligne droite, mais plus ou moins fiexueux. La tranche présente encore d'autres canaux disposés dans le sens transversal; ces derniers communiquent les uns avec les autres. Tous ces canaux sont plus ou moins irréguliers. M. Robin a reconnu l’existence des divers canalicules dont je viens de parler sans avoir poli la tranche de la coquille, ce qui est plus difficile. Il les indique comme cylindriques et comme traversant la coque plus ou moins directement de part en part, et s’élargissant notablement vers sa face extérieure. Il ajoute que les acides, en dissol¬ vant les sels calcaires de la coque, laissent une substance transparente, homogène, gélatiniforme qui permet de voir encore ces conduits. 3° Il existe donc à. la fois, dans l’enve!oppe calcaire des œufs, et des cristaux et des canalicules! Comment s’est établie cette coexistence? Comment les canalicules se sont-ils formés au milieu de la cristallisa- 392 rev. et mag. de zoologie. ( Septembre 1861.) tion, ou bien comment les cristaux se sont-ils organisés entre les canalicules? Un savant anatomiste a regardé les petits canaux dont il est question comme les restes (les vaisseaux de la coquille; mais dans un œuf d’Oiseau en voie de formation il n’y a ni veines, ni artères, ni vaisseaux lymphatiques; pas plus dans l’enveloppe solide que dans les parties intérieures. Suivant M. Robin, les canalicules sont les cavités des granules, ces petits centres clairs et circulaires autour des¬ quels s’irradient les aiguilles cristallisées. D’après cette ma¬ nière de voir, les grains calcaires seraient des espèces de géodes à cavité étroite et tubuleuse. Je ferai remarquer d’abord que les grains dont il s’agit ne sont pas perforés: ils offrent, il est vrai, une dépression centrale, un ombilic plus ou moins profond; mais cet om¬ bilic, qui arrive quelquefois jusque vers le milieu du glo¬ bule (du moins dans Y Epiornis), ne communique pas avec l’intérieur de ce dernier. Celte organisation, déjà visible à la loupe, est de toute évidence quand on emploie le mi¬ croscope. D’un autre côté, les géodes, à proprement parler, ne sont pas vides, mais remplies d’une matière amorphe un peu grisâtre, sans double réfraction. Enfin la structure fibreuse n’existe bien caractérisée que dans le quart infé¬ rieur de la coquille. Or les canalicules se trouvent dans toute l’épaisseur de cette enveloppe. 4° Voici une explication qui me semble plus en rapport avec les faits : J^a substance de la coque est déposée à l’extérieur de la membrane qui entoure l’albumen sous forme de goutte¬ lettes demi-liquides (1). Tous ies ornithologistes sont d’ac¬ cord sur ce point. Immédiatement après le dépôt des premières goutte- (1) Uum lesta formatur, repcris membranam ejus primxim mi- nutissimis calcareis fere œqualibus polygonis aspersam (fig. 26, 27), quœ dein cumulantur et concrescunt , Purkiuje, Symb. ad ovi av., p. 22. TRAVAUX INÉDITS. 393 lettes, l’intérieur de celles-ci se cristallise, et il se forme alors une multitude de géodes microscopiques, chacune avec une cavité étroite à peine sensible, remplie de ma¬ tière amorphe (1); e même temps le centre de la partie extérieure des gouttelettes de la première rangée se dé¬ prime, s’enfonce et devient ombiliqué. Les gouttelettes sont serrées et plus ou moins polyé¬ driques, ne laissant entre elles aucun intervalle, ou bien simplement rapprochées, conservant plus ou moins leur caractère globuleux (2) et formant, dans les endroits où elles se touchent par trois ou quatre, des lacunes irrégu¬ lières. Voilà les canalicules. Ces petits canaux sont donc produits non pas par la cavité des granules, mais par les espaces laissés entre eux. Ce sont des méats inter globulaires. Il résulte de là que les conduits dont il s’agit ne peuvent pas être cylindriques, comme le dit M. Robin, mais plus ou moins anguleux. M. Purkinje avait déjà remarqué que les interstices laissés entre les granules servaient à la transpiration (3). Des méats analogues ont lieu, dans le sens horizontal, entre les gouttelettes des diverses rangées, et donnent naissance aux canalicules transversaux. J’ai hâte de dire que M. Robin a très-bien vu le mode de formation de ces derniers conduits. « On peut consta¬ ter, dit-il, vers la face interne de la coquille, que les la¬ cunes transversales sont dues à ce que les grains calcaires, (1) Dans l’œuf du Limaçon , les cristaux sont disposés contre la membrane, du côté intérieur (Turpin). C’est aussi une espèce de géode. Il se passe dans cet œuf à peu près ce qui a lieu dans chaque gouttelette d’un œuf d’Oiseau; mais, si l’on compare l’œuf du Li¬ maçon h l’œuf entier de l’Oiseau, on trouvera alors que, dans le premier, la matière solidifiante est appliquée en dedans de la mem¬ brane, taudis que, dans le second, elle est déposée eu dehors. 2 La surface interne de la coque, dans l’œuf de YEpiornis, repré¬ sente comme une mosaïque qui rappelle la physionomie du Lichen connu sous le nom de Perlusuria commuais. (3) Interstitiis inconspicuis relielis , guœ transpiralioni inser- viant. Symb. ad ovi av., p. 22. 364 rev. et mag. de zoologie. [Septembre 1861.) en se soudant, ont laissé de petits espaces par lesquels ils ne se sont pas touchés. » En lisant ces détails si exacts, on s’étonne que ce savant naturaliste ait eu recours à un autre mode de formation quand il a recherché l’origine des canaux perpendiculaires. Quant aux canalicules trans¬ versaux, M. Robin a parfaitement reconnu leur nature non tubuleuse; il fait observer que leur coupe est peu ré¬ gulière (1). Cette organogénie explique naturellement, non-seule¬ ment la présence des canalicules au milieu des cristaux, mais encore la formation des pores communiquant avec les canalicules. Elle rappelle ce qui a lieu dans la peau des plantes où les intervalles des cellules produisent aussi des canaux [méats in 1er cellulaires) perpendiculaires et trans¬ versaux, et où les pores ( stomates ) sont placés de manière à répondre à la terminaison des canalicules. MM. Baudrimont et Martin-Saint-Ange sont parvenus, quelquefois, à faire pénétrer une injection dans le tissu de la coque, mais à une faible profondeur. En chauffant un morceau de coquille d’œuf d 'Autruche dans du suif coloré par de l’orcanète, ou bien encore en faisant bouillir un autre fragment dans une solution ammoniacale de carmin, M. Leconte a rendu très-visibles les canalicules qui mettent en communication les deux sur¬ faces de l’œuf. Dans ces expériences, la matière colorante s’introduit dans les méats interglobulaires, mais ne pénètre pas entre les cristaux. Suivant MM. Baudrimont et Martin-Sainl-Ange, quand on introduit un œuf sous une cloche remplie d’eau et qu’on la place dans un petit vase contenant du mercure, si l’on met cet appareil sous le récipient d’une machine pneumatique et si l’on raréfie l’air qu’elle renferme, on voit à l’instant une multitude de bulles d’air qui s’échap¬ pent de la coquille et qui se rassemblent dans la partie (1) Ils sont souvent plus dilatés vers le centre et paraissent comme fusiformes (Robim. TRAVAUX INÉDITS. 395 supérieure de la cloche qui recouvre immédiatement l’œuf. Cette expérience avait été déjà faite de diverses ma¬ nières, mais jamais avec autant de soin et de bonheur. Parmi tous les points par où s’échappent les bulles de gaz, on en remarque de plus forts que les autres qui sont toujours réunis deux à deux (Baudrimont et Saint-Ange). Ces pores géminés sont très-apparents sur les œufs de forte taille ; je les ai déjà décrits. Les premières gouttelettes ininéro-animales déposées, quand la coquille s’organise, sont les plus grosses; elles deviennent de plus en plus petites au fur et à mesure que s’épuisent les organes sécréteurs. Dans les plus rapprochées de la peau intérieure, la matière calcaire prédomine; voilà pourquoi eile se cristallise immédiatement; dans les autres, la matière animale augmente en quantité, circonstance qui, jointe à leur volume plus petit, doit donner à cette partie de la coquille une texture de plus en plus compacte. Il est probable que les proportions de matière calcaire et de matière animale influent aussi sur la nature de la ciistal- lisation. Il faudrait examiner expérimentalement si c’est réellement cette proportion qui donne, dans un cas, des cristaux ds spath et d’aragonite, et, dans un autre, des cristaux de spath seulement. Enfin, au moment où l’enve¬ loppe solide a acquis toute son épaisseur, la sécrétion cal¬ caire est arrêtée; la matière animale, qui exsude encore, se condense en pellicule et produit la peau extérieure. On comprend maintenant pourquoi cette peau se trouve si adhérente à la coquille. La peau extérieure est, en réalité, la vraie peau de la caque; tandis que la peau intérieure, appelée par quelques naturalistes membrane caquillière, est une dépendance du contenu de l’œuf. Elle est produite par la transformation de la périphérie de l'albumen. Elle existait, comme on l’a vu, avant la formation de l’enveloppe testacée. Dans certaines coques, la matière calcaire est sécrétée 396 REV. ET MAG. de zoologie. ( Septembre 1861.) jusqu’à la limite extérieure, en quantité suffisante pour empêcher le dernier dépôt de s’organiser en membrane; voilà pourquoi la surface de ces œufs est toujours plus ou moins rude et plus ou moins crayeuse. La nature et le nombredesdernièresgouttelettesminéro- animales doivent influer nécessairement sur les rugosités que présentent certains œufs. J’ai parlé, dans un chapitre précédent, des petites saillies tuberculiformes qui carac¬ térisent plusieurs coques; ces éminences sont souvent ar¬ rondies et conservent assez exactement, quoique toujours plus ou moins aplaties, la forme des gouttelettes dépo¬ sées. D’autres fois, l’œuf ayant marché dans l’oviducte, pendant ce dépôt, les gouttelettes se sont soudées bout à bout. Enfin, chez certains Oiseaux, le mouvement de l’œuf, en voie de formation, ayant été plus lent que la sécrétion de l’élément calcaire, chaque gouttelette a empiété sur la précédente et s’est en partie fondue avec elle; et, comme d’un autre côté, la progression s’est opérée sinueusement, il en est résulté des saillies plus ou moins flexueuses, offrant d’espace en espace comme des étranglements plus ou moins prononcés. Ce dernier mode de dépôt est très-apparent, à l’œil nu, dans l’œuf du Dromée, où les gouttelettes présentent jus¬ qu’à un millimètre de diamètre, et où elles forment, sur un fond pâle, des zigzags verts, élégamment anastomosés. On le distingue encore assez bien, mais avec la loupe, dans la coquille du Goéland à manteau noir, quoique les éminences soient plus petites, plus déprimées, et que leur nuance ne diffère presque pas de la couleur du fond. On ne l’aperçoit qu’avec beaucoup de peine, même avec la loupe, dans l’œuf du Vautour fauve; les granules n'offrant plus qu’un sixième de diamètre transversal. Du reste, c’est toujours un assemblage plus ou moins régulier de vermi- culations sinueuses, déprimées, étranglées d’espace en espace, laissant entre elles des espaces irréguliers au mi¬ lieu desquels se trouvent les pores. TRAVAUX INEDITS. 397 Orthoptera nova americana (Diagnoses præliminares), auctore H. de Saussure (1). (Sériés IIa.) (JE. mexicana. Mediocris, grisea, terrosa. Oculi haud pro- minentes, magni ; vertex latus, foveola latiore quam Ion- giore, antice truncata , et fossulis 3 contiguis. Pronotum valde compressum, planiusculum, terrosum, supra elon- gato-tuberculatum, tricarinatum , antice angustiusat nullo modo constrictum, carina media sulco postremo longe ante medium valde incisa, pone sulcum fossulis duabus, antice truncatum, postice acute trigonum; lateribus gra- nulosis, angulo postico subrotundato. Elytra abdomine longiora, grisea, punctis nigrescentibus sparsis et fréquen¬ ter lineis 2 obscuris obliquis ; apice macula pellucida. Ely tra rosea vel coccinea; margine lato et fascia subcostali fusca, apice macula hyalina. Femora valde dilatata, sub¬ tus carina post dimidium subexcisa; intus fia vida vel cæ- rulea, nigro trifasciata. Tibiæ cæruleæ, testaceæve, nigro trifasciatæ. — Longit. 0,026. — Mexico. QE. tolteca. O. pallidipenni, Burm. , simillima, at anten næ elongatiores ; verticis foveola inter oculos latior, po- lygoniformis, antice a foveola frontali truncata. Faciès vei tica lis carinis omnino explicatis. Pronotum supra plé¬ num, carinatum, antice coarctatum sed haud constrictum, ubique tuberculis confertissimis scabrum, angulo postico acutius producto et fovea transversa vix conspicua. Carina antice bilobata, fréquenter trilobata, canthis humeralibus acutis. Elytra maculata, haud fasciata, apice vix pelluci¬ da ; alæ ultra discum flavum usque ad apicem fuscescentes. — Longit. ely tri 0,027. — Mexico. (JE. azteca. Parvula. O. Sumichrasli formis simillima, at corporecompressiore et rugosiore; vertice angustiore, fo¬ veola angusta , canaliculata, marginibus cum carinis fron- talibus continuis ; antice haud truncata, forain i ne fronto- verticali nullo. Foveolæ latérales conspicuæ. Pronotum (1) Voir pagrs 126, 166, 313 398 rev. et mag. de zoologie. ( Septembre 1861.) postice acutius. Elytra vix fasciata, apice vix hyalinata. Aiæ flavæ, fusco-cinctæ, et fascia subcostali fusca, apice nube- cula subinfuscata. Tibiæ posticæ cæruleæ. — Longit. ely tri 0,016. — Mexico. Subgenus Leprus (1). Corpus percrassum; caput maximum. Vertex latissimus verticaliter in frontem desinens. Faciès verticalis, planata et convexa. Pronotum haud coarctatum , supra planum et rugosum. Femora postica maxime diialata. Antennæ gra¬ ciles et filiformes. (Ad Thrinchos femoribus posticis tran¬ sit.) GE. (Leprus) elephas. Badio-griseus, corporepercrasso. Caput crassum, convexum, facie perpendiculari, arcuata, carinis intermediis os versus obi iteralis : costa supra ocel- lum verrucosa; vertice latissimo, fove’olis lateralibus con- spicuis ; mediana obsoletissima, subverticalis et jam in planum frontis decidens. Pronotum percrassum, in parte postica valde productum, elevato-verrucosum , supra pla¬ num , acute trigonum, carina media tenui; pars anterior dorsi fovea profunda a posteriore sejuncta, haud constric- la, nec in lateribus carinata. Elytra abdomine paulo lon- giora, nec non maculis magnis griseis; alæ flavæ, fascia lata fusca et apice subpeliucidæ. — Longit. 0,040. — Mexico. Subgenus Hippiscus (2). Corpus robustum , crassum, sed valde compressum. Ca¬ put maxime compressum, subverticale, facie arcuata, costa maxime prominente. Antennarum foveolæ maximæ secun- dum costam descendentes. Antennæ graciles, planaiæ. Pronotum nullo modo constrictum, supra planum margi- nibus acute carinatis, intus arcuatis. (Ad Stauronotos tho- race transit et ad Stenobothros capite). Œ. (Hippiscus) ocelote. Sal validus, corpore crasso, at compresso, fulvo, fusco marmorato. Antennæ planatæ. (1) As Tjpoi, leprosus (2) i rr'TsrKcç, equus parvus. TRAVAUX INÉDITS. 399 Caput valde compressum, facie valde areu ata, vix declivi ; Costa facialis perproducta, lævis, marginibus acutis sed nullomodo elevatis; foveæ antennarnm maximæ, perpro- fundæ fere usque ad clypeum descendentes. Vertex antice arcuatus, compressas foveolis vix conspieuis ; basi sulco arcuato. Pronotum compressum , supra planum, paulum excavatum, tnberculis fere cariniformibus confertis sca- brum, angulo postico paulum acutum ; carina mediana li- neari sat elevata in dimidio , sulco transverso bipartita; carinis lateralibus peracutis , intus arcuatis , invicem in tertia parte antica propinquis, deiude antrorsum diver- gentibus et ad marginem anticum productis. Femora postica gracilia pro genere , cristato-carinata. Elytra bré¬ via griseo-ocellata ; alæ basisanguineæ, dein fuscescentes, fascia arcuata et subcostali fusca. — Longit. ely tri, 0,026. — Mexico. III. Tettici!. Prosternum muticum sed margine an- tico eievato collaris vincuii ampli instar, os cingente. I. Terrestres (Tibiæ poslicae biseriatim spinosæ). Genus Tettix, Charp. 1 Pronoti processus elongatus, rectus vel subascendeus. Alæ elou- gatæ , omuino explieatæ prouoli processui æquales aut longiores fTettix;. À. Pronolum antice truncatum (vertex in bis speciebus oculo angustior). T. catjdata. Gracillima, fusco-marmorala, supra griseo- fulva, fusco bimaculata antice obscura. Oculi valde pro- minentes, verlice clatiores; vertex elevatus, oculo latior ; præ oculis haud productus, carinatus; frontis costa s ib angulo recto a vertice descendons, carinis inter antennas conlijjuis, ad ocellum medium divergentibus; pronotum postice spiniforme, longissime productum, lemoribus posticis ter longius, antice truncatum, valde constrictum, terrosum ; lateribus P rugosis, cristulis longitudinaübus scabrum : granulalum ; dein supra granulosum ; carinis 400 hev. et mag. de zoologie. ( Septembre 1861.) per«picuis; carina media tenui, antice inter sulcos ele- vata, arcuata; femora intermedia subdilatata, lobulata ; postice mediocriter inflata, carina superna ante genu sub¬ incisa; alæ pronoto longitudine æquales. — Longitudo 0,015. — Guyana. T. mexicana. Grisea vel flava, fusco-tessellata, macula- rum sérié in pronoti carina et maculis 2 pone humeros marmoratis; pedibus annulalis. Caput breve, oculismaxi- mis vertice angusto, acuto, truncato, subbilobo ; frontis carinæ cristiformes. Pronotum desuper planum granoso- punctatum, lateribus terrosis; carina media tenuis, linea- ris, antice solum in cristulam arcuatam subeievata ; pro¬ cessus angustus, postice iinearis, genicula postica superans, arcis lateralibus deflexis, angustis; prima brevi, secunda usque ad apicem parallela, vert icali ; alæ pronoti proces- sum valde superantes, margine nubecula fusca, basi colo- ribus micantibus ; femora 12 cristata, postica ante genu emarginata et dente minuto instructa. Valvæ anales P denticulatæ, pilosæ. — Longit. 0,012. cT Minor gracilior minus scaber, minus carinatus. — Long. 0,010. — Mexico calida. T. azteca. Præcedenti similis. Differt corpore paulo angustiore et brevi, tantum sabuloso-granulato, haudsca- bro (præcipue in lateribus hæc differentia perspicua est); vertice oculo angustiore et distincte carinato; pronotum haud constrictum, sulcis parum conspicuis, carina minus elevata; femoribus 1-2 haud dilatatis nec lobatis; colore nigrescente; fréquenter margine infero laterum pronoti fulvo. — Ejusdem patriæ. B. Pronotum antice paulum in occipite angulose pro- duclum. T. ciiiciii mec a. Fusco-badia: T. aztecœ formis similis, at paulo major angustior; pronoto sublævi, dense punctu- lato sed haud granuloso, supra venulis subelevatis longi- tudinalibus rugulato ; antice haud constricto, carinis hu- meralibus antrorsum productis, cum carinis anticis fere IRA VAUX INÉDITS. 401 continuis; carina media perspicua, haud interrupta, antice vix aucta, sulcis perspicuis ; femora 1-2, haud dilatata. — Longit. pronoti 0,012. — Mexico calida. 2. Corpus robustius. Pronoti processus abdomine æqualis vel sub- æqualis. Alæsub illo abscouditæ ' Ualracliidea, Serv.). T. tolteca. Parva, robusta, fusco-grisea, pedibus an- nulatis; vertice angusto truncato, carinato; pronotum terrosum, sabuiosum, antice subconstrictum, sulcis valde conspicuis; margine antico truncato; processu ad abdo- minis longitudinem producto vel ultra. Pronotum in P subarcuatum, in planum, carina media subcristata, œquali; ’0UVRAGES NOUVEAUX. 423 leur rendaient tous les bons offices qu’ils en avaient reçus dans leur bas âge! Nous ne songions certes pas à vérifier cette réputation de vertu et encore moins à la contester, lorsque le hasard s’est plu à nous fournir l’étude de mœurs que voici : Une Huppe, avec ses petits, avait été portée au jardin zoologique de Marseille; on la mit dans une grande volière, espérant qu’elle continuerait, peut- être, à élever sa famille... Tout parut bien se passer d’abord; mais on ne tarda pas à remarquer que, chaque jour, les petits disparaissaient : on voulut en connaître la cause, et voici de quelle atrocité il fallut être témoin : tous les matins, à l’heure du déjeuner, après avoir pris soin de ses petits, après leur avoir donné, avec une appa¬ rente sollicitude, une copieuse alimentation, la mère re¬ venait au bord du nid et là prenait une de ces poses in¬ souciantes et contemplatives qui, dans aucun cas, ne pouvait faire songer à mal; puis, au bout d’un instant, saisissant, avec précaution, par le cou un des siens, elle le tirait hors du nid, l’envisageait alors avec attention, on eût dit presque avec amour... Que se passait- il dans ce cœur de mère? c’est ce que nous ignorons! tant est-il qu’après ce minutieux examen, prompt comme l’éclair, son bec, en guise d'épée, traversait le corps de la victime. Le meurtre une fois accompli, toute hésitation cessait; coupé en deux ou trois morceaux, le corps était prompte¬ ment englouti par la tendre mère, qui ne tarda pas à faire ainsi de ses entrailles une tombe à toute sa progéniture... Les Égyptiens ont-ils rien vu de pareil à ce touchant exemple d’amour maternel? » En parlant de l’Hirondelle des fenêtres, MM. Jaubert et Barthélemy ajoutent les observations suivantes, faites chaque année par eux dans le midi de la France : « Elle aime, c’est évident, le voisinage de l’homme et se tient, de préférence, dans les petites villes, dans les bourgs, mais rarement dans les grands centres de populations. Partout où elle se montre elle est respectée, non-seulement 424 rev. et mar. de zoologie. ( Septembre 1861.) comme une amie du foyer, mais aussi comme une bien¬ faitrice, à cause de la guerre incessante qu’elle livre à tous les petits insectes, ces ennemis invisibles de l’homme et de tout ce qu’il possède. Les vallées humides, les lieux ombragés sont ordinairement, pendant l’été, infestés de moustiques, de cousins grands et petits; les environs des bains deGréoulx n’échappent pas à ceite règle! et cepen¬ dant il n’est personne qui ne fasse, chaque année, la re¬ marque de l’impunité avec laquelle on peut rester dehors le soir autour de l’établissement, ou bien ouvrir les fenê¬ tres des chambres, tandis qu’on serait littéralement dévoré à quelques pas de là. La première pensée, la mauvaise, est que la vapeur des eaux ou les émanations thermales éloignent, sans doute, ces incommodes voisins, et per¬ sonne ne songe à remercier d’un pareil bienfait les nuées d’Hirondelles qui, de temps immémorial, se sont appro¬ prié l’édifice, sur toutes les façades, comme centre «l’opération contre ces brigands ailés... Que de fois, sous le prétexte spécieux qu’elles dégradent les murs ou rom¬ pent Y harmonie des lignes, hélas! ne les a-t-on pas pour¬ chassées, en détruisant leurs nids, au fur et à mesure qu’elles les construisaient? Mais que de fois, lassé de la lutte, touché peut-être, l’homme n’a-t-il pas abandonné aux Hirondelles cette part du foyer conquise sur son cœur? Voyageuses, elles aussi, pourquoi les expulser? N’ont-elles pas leurs droits à l'assistance ; ne payent-elles pas large¬ ment une hospitalité de quelques jours par leurs grâces et leur babil, sinon par de plus éclatants services? » Plus loin ils ajoutent: a La loi, en n’autorisant la chasse aux Hirondelles qu’à partir du milieu de septembre, pro¬ tège l’émigration qui, à cette époque, est en partie effec¬ tuée; mais de là à une immunité complète il y a loin, puis¬ qu’on en détruit encore des milliers, tant à l’aide du plomb meurtrier qu’au moyen de divers genres de filets: c’est même un revenu pour quelques localités, l’Italie et les bords du Rhône. Cependant leur chair est médiocre; ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 425 elle est à peine mangeable quand l’oiseau est jeune et vient d’ètre tué, ce qui n’excuse nullement ces horribles héca¬ tombes, à une époque où tant d’autres espèces viennent se livrer aux coups du chasseur. » Nous aurions beaucoup d’autres citations à faire si l’es¬ pace nous le permettait, mais nous devons nous en abste¬ nir et renvoyer à l’ouvrage lui-même, dans lequel on trouvera, presque à chaque page, des choses très-intéres¬ santes à lire. Dès que les fascicules 6e et suivants nous seront parve¬ nus, nous en avertirons nos abonnés. G. M. Sur trois espèces nouvelles du genre Tetrao, par M. de LA LLAVE. Extrait du Registro trimestre o collcccion de memorias de historia, literatura, ciencias y artes por una sociedad de literatos. Mexico, julio de 1832, n° 3, p. 141. Le genre des Perdrix est très-abondant dans notre pays; seulement des environs de Mexico j’en connais cinq es¬ pèces, mais je ne parlerai que de trois, que j’ai eu l’occa¬ sion d’observer, en ayant nourri dans ma maison beaucoup d’individus, quelques-uns plus d’un an, et les visitant fréquemment. La première espèce est de la taille d’une grande Pou¬ lette ; elle a le bec petit et très-robuste, de couleur corail, de même que les pieds, qui manquent d’éperons; le con¬ tour des yeux est nu et de la même couleur rouge; la queue est grande, un peu élevée sur la ligne horizontale, plane, avec les rectriees égales. Cette circonstance me fait penser que je pourrais la séparer du genre Tetrao; une autre fois nous disserterons sur elle, maintenant nous la rapporterons au genre Tetrao. Le menton est noir ; les plumes de la tète un peu hérissées; celles de la poitrine cendrées, avec le centre chocolat; le dos, la queue et les rémiges marbrés de blanchâtre et de noir. 426 hev. et MAU. de zoolodie. (. Septembre 1861.) Le ramage de ces Oiseaux est très-varié et agréable. Il faut en excepter cependant une intonation particulière au mâle et que j’ai entendue souvent, le matin, au mo¬ ment où j’ouvrais la fenêtre de leur volière ; c’est un bat¬ tement ou hurlement rauque et désagréable, qui va mon¬ tant par ton et, en arrivant à certain point, va baissant de la même manière. L’aliment avec lequel cette espèce et les autres ont été nourries est le petit maïs, qu’on appelle maïs des Pigeons, et la laitue, que toutes mangent avec plaisir. Une seule fois j’ai vu qu’une femelle se mît en travers du mâle, se couchant comme pour l’exciter à la couvrir, action que celui-là fit avec la plus grande indif¬ férence; mais tous les matins, au moment de leur jeter le grain, il manifestait la galanterie propre au sexe en les appelant pour qu’elles viennent manger, et le mouve¬ ment avec lequel il le faisait n’était pas le plus gracieux, car c’est en se haussant, ouvrant les ailes et gonflant toutes ses plumes, mais sa voix était douce et gracieuse. La deuxième espèce est incomparablement plus petite que celle-ci; elle a, sur la tête, une huppe de plumes très- dressée et mince, le bec noir, la queue moyenne, le corps allongé, très-élevé, les pieds robustes et petits, d’une cou¬ leur grise ou noirâtre. Au lieu d’avoir l’aspect d’un Te- trao , elle a plutôt l’air d’un Alondras ou Terreras (espèce d’Alouette qui se tient dans les terres labourées). Elle est presque toute d’un gris plombé, avec les plumes de la poitrine bordées de noir et celles des flancs avec des ta¬ ches longitudinales blanches. Son ramage est très-varié ; le mâle a un claquement fort en élevant et baissant la tête. Je no lui ai remarqué aucune galanterie; c’est un animal très-méfiant, tous ses mouvements sont brusques, et, malgré les nombreuses fois que je lui ai donné à manger, chaque jour il était plus brut et farouche. La troisième espèce m’a été apportée, il y a peu de jours; elle est un peu plus petite que la première, et son port est entièrement distinct. Ces Oiseaux mettent leur ANALYSES D’oUVltAGES NOUVEAUX. 427 petite tète dans les épaules, et ils sont presque ronds, avec la queue très-petite et tombante; ils annoncent une dou¬ ceur ou, pour ainsi dire, une bonté de caractère qui, pro¬ bablement, ne se rencontre dans aucune espèce de ce genre. Ils sont naturellement doux et domestiques, au point de se laisser prendre avec la main ; ils sont toujours assemblés, formant un petit groupe, et, quand quelques- uns se séparent, les autres les suivent; ils n’aiment pas, comme les autres, à dormir perchés; ils se tiennent sur le sol et très-rapprochés pour s’abriter, et leur ramage, qui ne laisse pas d’être varié, est très-bas et doux. Jamais je n’ai entendu d’expression forte au mâle. Dans les deux autres espèces, on distingue la femelle seulement par la taille, la couleur et le dessin étant les mêmes; mais, dans cette dernière espèce, le mâle a, sur la tête et les côtés, des raies blanches qui se croisent et paraissent une petite toque (1). Quoiqu’ils montrent beaucoup de légèreté et de vélocité quand ils s’effayent, en général leur démarche et leurs mouvements sont lents et posés, et ils portent les plumes comme gonflées; ils ont leur petit bec noir très-ramassé, avec sa base bleue; les pieds sont un peu azurés, petits, sans éperons, mais avec de grands ongles courbés. Leur coloration ne laisse pas que d’être riche; le centre de la partie inférieure est d’un châtain foncé et le reste noir avec des gouttes blanches, qui forment quel¬ quefois des bandes; le ventre et les cuisses sont noirs, et sur le dos il y a des plumes longues, avec une raie blan¬ châtre ou couleur chocolat dans la plus grande partie du centre de la plume, et le reste traversé alternativement par de petites raies noires et baies ou chocolat. En cela toutes s’accordent, car, pour le reste, j’ai remarqué des différences, spécialement dans la partie inférieure. Par (1) Cette espèce a besoin de nouvelles observations, car nous avons vu que, dans quelques individus que nous regardions comme des femelles, ont paru, plus tard, les raies et taches blanches ou la toque. 428 rev. et mag. de zooeogie. [Septembre 1861 .) les description suivantes, on se formera une idée plus complète de ces Oiseaux. Telrao marmorata, p. 144 (1). Cristata, variis pica coloribus, rostro pedibusque coralliois. Rosir uni breve, robustum intense corallinum, mandibulis lævibus, paululum undulatis, superiore adunca, la teribus compressa. Caput plumis cristatum suberectis, nigrescentibus, apice testaceis; barba, collo genisque nigris, hiuc lineolis albidis quatuor iuter- sectis, oculorum ambitu nudo etiam corallino, iride pallide vi- rescenti. Col lu ni, pectus, totaque subtus variegata plumulis, cinereis centro rurescentibus. Remiges primores, fusco-nigrcscentes, reliqui fasciis ex albido ni- groque marmorati. Cauda rectricibus 12 apice latioribus ; centrales omni ex parte uti remiges marmorato-fasciati, latérales altéra tanlum medietate, de cætero nigrescentes, pedibus ecalcaratis rostro concoloribus. Corpus ab uropygio ad rostri basim 12 pollicare. Cauda 6 pollicos longa, plana, horizontalis. Habitat : regionibus callidis ad Mexici meridiem. Vidi individuum captum uivoso l’opocatepec, totum cinereum. T. crislala, p. 144 (2), plus minusve cinerea, pectoris plumulis nigro marginatis, crista erecta. Rostrum breve nigrum, naribus tuberculatis, supra cinerea aut ci- nereo-fusca, crista froutali concolori erecta, apice quasi penicil- lala et albida. Subtus collo pectorcque plumis vestita cinereis, inargine nigris, abdomine et crisso rufescentibus margine fusco, hypocondriis maculis albis longitudinalibus notatis. Reclrices 14 cinereo-fuscæ remigibus concoloribus. Pedes fusco-virescentes au grisei, ecalcarati. Magnitudo corporis 8 pollicaris. Habitat : ad Mezquital septentrionali Mexici plaga. Subtus in pectore præsertim , plumarum centro macula triaugularis animadvertitur rufidula. T. gutlata (3). Subtus, albo nigroque variegata, supra plumis ves- (1) C’est le Dendrorlyx macroura, Jardine (noevia? Gm.). (2) Callipepla, Wag., Isis, 1832, p. 277. — Ortyx squamata, Vig., zool. Journ., V, p. 275. 1830. — Calipepla strenua, Wag., Isis , XXV, p. 278. 1832. (3) Cyrtonyx, Gould, Monog. of Oodonlophoridœ, p. 14. London, 1830. — Orlyx .1/ assena, Less., Cent, zool., p. 189. Paris, 1830. — ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 429 tita longis, rachide rufescenti, de cætero albido rufescenti-nigroque transversiin fasciatis. Rostro robusto, brevi, nigro, basi cærulescenti, mandibula superiori adunca. Caput rufo et nigro variegatum, nucca rufa, subcristata. Barba nigra, collari albo-cincta, oculorum regione coucolori ves- tita mandibula iuferiori ad latera macula etiam alba notala. Supra, variegata plumulis rachide rufescentibus, de cætero nigro et rufo fasciatis et marmoratis. Subtus, ceutro inteuse castaneo, lateribus nigris albo-guttatis, abdomine , crisso femoribusque Digris. Re- miges fusci rufo-fasciati, tectricibus nigro-guttatis. Pedes cærules- centesunguibusmagnisarcuatis. Cauda brevissima, deflexa. Corpus 5. . .6 pollicare. Habitat : regione callida meridionali, Mexicum versus. Fœmina mari æqualis, collari excepto maculisque albis oculo¬ rum. Description of two, etc. Description de deux nouvelles espèces du genre Batissa, avec des notes sur ce genre, par M. Temple Prime. — In-8°. Extr. des Armais of the Lyceurn of nalur. history in New-York, vol. Vil. April, 1860. Le genre Batissa, fondé par M. Gray avec la Cyclas violacea de Lamarck, a été adopté par les conchyliolo- gistes, et se compose aujourd’hui de 27 espèces. M. Prime décrit deux de ces espèces dans cet opuscule, les Batissa gigantca et similis, et il fait suivre cette descrip¬ tions du catalogue synonymique des autres. Ortyx Monlezumœ ,Vig., zonl. Journ.,\, p. 275. 1830. — Odonlo- phorus meleagris, Wag., Isis, XXV, p. 277. 1832.— Per dix pers- picillata, Licht., in Mus. Il y a probablement plusieurs espèces confondues, car notre ami M. Jules Verreaux, avec son œil exercé et sa profonde connaissance des Oiseaux, a distingué une espèce prise d’abord pour le Massena; il l’a publiée, sous le nom de Cyrtony x Sallei, dans le magnifique ouvrage de de Thomson, intitulé Arcana naluræ, gr. in-f., 1839, pl. iv ; malheureusement c’est le seul Oiseau qui soit publié là. 430 rev. et mag. de zoologie. [Septembre 1861 .) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. L’introduction, en France, du Poisson d'eau douce nommé Gouramià l’île Maurice vient d’être effectuée par M. Liénard, riche habitant de cette île, à qui la science et l’acclimatation doivent de nombreux et importants ser¬ vices. Le 10 juillet, il a annoncé à la Société d’acclima¬ tation l’arrivée, à Marseille, de cinq Gouramis, seuls sur¬ vivants de cinquante qui avaient été confiés aux soins de M. le docteur Perrot, venu par la voie de Suez. A cette occasion, nous croyons devoir rapporter des observations faites sur ces Poissons par M. Ernest de Saulcy, officier de marine des plus distingués, aujourd’hui en retraite, et très-habile zoologiste. M. de Saulcy a appris, à la Martinique, en 1827, qu’on avait mis des Gouramis dans les bassins du jardin botanique de Saint-Pierre; mais les personnes qui s’intéressaient à cette tentative pensaient que, si ces Poissons ont frayé pendant un espace de douze à quinze ans qu’a duré l’expérience, il est à peu près certain (pie ce frai a été dévoré par les nombreux Crustacés (grands Palémons, Pal. carcinus) qui remplis¬ sent ces eaux. M. de Saulcy pense que, si ces Poissons avaient été élevés, dans leurs premiers âges, dans des bassins où l’on aurait pu les soustraire aux attaques des Palémons, on les aurait peut-être sauvés. 11 pense qu’il est très- possible d’acclimater ces Poissons dans nos colonies des Antilles, de Cayenne et peut-être de l’Algérie, si on confie ce soin à des personnes compétentes, qui commenceront par les protéger dans leurs premiers âges. Dans la séance du 17 mai 1861 de la Société d’accli¬ matation, M. ltufz de Lavisson, après avoir annoncé la ponte de 7 œufs de Lophophore, 3 œufs d’Autruche et 9 œufs de Tétras huppecol (aucun n’a réussi après l’éclo¬ sion), a donné quelques détails sur les essais infructueux d’acclimatation du Gourami faits à la Martinique, et il a MÉLANGES ET NOUVELLES. 431 conclu que ces Poissons auraient pu s’acclimater dans ce pays et qu’ils y auraient vécu plus longtemps s’ils n’avaient pas été mangés par les expérimentateurs eux -mêmes. (Sensation.) Un des gigantesques Serpents du muséum, nourris et étudiés dans la ménagerie des Reptiles avec beaucoup de persévérance, beaucoup d’intelligence et une grande ha¬ bileté par le gardien Vallée, qui est aussi, dit-on, un très- habile sériciculteur, a avalé, dans la soirée du 20 août 1861, une couverture de laine de 2 mètres 20 centimètres de lon¬ gueur et de 1 mètre 50 centimètres de largeur. L’augmen¬ tation de volume de son corps mettait en évidence la pré¬ sence, dans son œsophage, de cette énorme masse de laine roulée sur elle-même. Un mois après, le 20 septembre, M. Vallée, l’habile erpétologiste qui s’occupe constam¬ ment de l’étude de ces Animaux, en leur donnant les soins les plus assidus de propreté, voyant que le Boa faisait de grands efforts pour vomir, le mit dans une position con¬ venable, et le monstrueux Serpent réussit enfin à rejeter la couverture, qui s’était moulée sur les parois du tube di¬ gestif. Ce fait a été porté à la connaissance de l’Académie des sciences, par M. A. Duméril, professeur d’erpétologie, qui étudie aussi, mais d’une manière moins assidue que M. Vallée, les mœurs des Reptiles de la ménagerie; seule¬ ment il a omis, cette fois, de citer le nom de celui qui l’a réellement observé. On voit, dans la ménagerie des Reptiles, cette couver¬ ture roulée telle que le gigantesque Serpent l’a rendue; elle est conservée dans une grande caisse doublée de fer- blanc et remplie d'esprit-de-vin. Cette remarquable observation scientifique, et les Vers à soie de la Société d’acclimatation, attirent dans la mé¬ nagerie des Reptiles un grand nombre de visiteurs, qui 432 rev. et mag. de zoologie. ( Septembre 1861.) ne manquent pas de donner au très-habile sériciculteur et erpétologiste de nombreux encouragements. On lit dans YAkhbar d’Alger, du mercredi 15 août 1861 : « Les sciences naturelles viennent de faire une véritable perte. M. Henri de la Perraudière, botaniste et entomo¬ logiste distingué, a succombé, à l’àge de trente-deux ans seulement, dans le cours d’un voyage d’exploration de la Kabylie, le 31 juillet dernier, à Bougie, à la suite d’accès d’une fièvre pernicieuse dont il avait contracté les pre¬ miers germes au Djebel-Tababor. Il avait secondé avec autant de zèle que de succès M. Cosson , l’un des auteurs de la Flore d’Algérie, dans trois autres de ces voyages. Il avait visité avec lui, en 1853, Biskra et la chaîne des monts Aurès, et, en 1854, une grande partie des montagnes de la haute Kabylie et le Djebel-Ouarensenis ; en 1858, l’Oued- Rir, l’Oued-Souf, Ouargla et leMzab. 11 n’avait pas moins bien mérité de la science par un voyage de près de deux ans dans les îles Canaries. La mort de ce jeune naturaliste, qui consacrait ses loisirs et sa fortune à des voyages scienti¬ fiques, excitera les regrets unanimes de tous ceux qui ont pu apprécier ses nobles qualités et son dévouement à la science. » TAIÎLE DES MATIÈBES. Pages. A. Moquin-Tandon. — Considérations sur les œufs des Oi¬ seaux. .385 H. de Saussure. — Orthoptera nova americana 397 Guérin-Meneville.— Ver à soie du chêne ( Bombyx Yama-viaï ) provenant du Japon. 402 Académie desscieuces. 411 Analyses. 417 Mélanges et nouvelles. (Le Boa et MM. Vallée et Duméril.) 430 PARIS. — IUP. DE Mme Ve ROUCH ARD-UUZARD, RUE DE L’EPERON, 5. REVUE F.T MACASIN DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE. RECUEIL MENSUEL OBSTINÉ A FACILITER AUX SAVANT8 DB TOÜS LES PAYS LES MOYENS DF PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DK ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUER a l’industrie et a l’agriculture, leurs TRAVAUX DK PALÉONTOLOGIB , d’aNATOMIK ET DE PHYSIOLOGIE COMPARÉES , ET A LES TENIR AU COURANT DES NOUVELLES DECOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA SCIENCE; PAR M. F. E. GUÉRIN-MÉNEVILLE, Membre de la Légion d’honneur, de l’ordre brésilien de la Rose , de la Socirti impériale el centrale d’Agricullure , des Académies royales des Sciences de Madrid et de Turin, de l'Académie royale d’Agriculture de Turin, w »:< x-.-s iaw *i; s \t « •••<0 c y c <•*, ?.y» ?'J<\ -i ïTS.nÿvJ a /srite.i •■ ■ ,;!•■ •• V ' • • I • Hrt > fil If Iff -!,N J". « ,7;t IT »'Ç$Y« '.V ' *. ?>J * ■ "M uî > .. >■ ; ’itn i \ y • . .. ) ; «éj ..j • l r • t-U «V • i • V-.i-Vt-. !' **• :• ••:••; « • :> ;* * . *»4 ’* • ’ >'!• .a-- . >.* ■ v.» tdo'.'jif'- ■ s. ■ n:v*. 4 • »•, • 1“;; 'J. . ■:i. ‘.J» I v> .. î*»»•'* .« 'C'»-' • y. ■ :!ao.KHW ;»i a i xn •<»•«»'» .? ,^i‘j»A-aiU5ïR ti;> VI2IGT-QUATB.IÈMS ASTNix. — OCTOBRE 1861. I. TRAVAUX INEDITS. Théorie sur la formation de la coquille dans l’œuf des Oiseaux, par O. des Murs. Nous venons tout récemment (20 octobre) de faire la découverte dans un œuf de Poule, de dimension ordi¬ naire, que l’on cassait pour les besoins du ménage, d’un autre petit œuf nageant dans le blanc. Cet œuf, de la gros¬ seur d’un œuf de Moineau, ne se compose que d’une peau membraneuse, moile, et ne renferme que de l’albumine. Il est flasque comme son contenu, dont il subit toutes les lois de la pesanteur. Suspendu dans le sens de son axe le plus long, il a la forme normale ovée; placé sur un sup¬ port et abandonné à lui-même, il s’aplatit en dessous, se gonfle et s’arrondit en dessus. Cette découverte, indifférente à première vue, nous pa¬ raît avoir son importance et pourrait bien mener à la ré¬ vélation du phénomène de la formation de la coquille, problème dont, malgré tout ce que nous en avons dit a vec tant d'auteurs, ia solution est encore à trouver. Plus nous éludions, en effet, cette enveloppe et son ori- rigine probable, plus nous tendons à nous rapprocher de la savante théorie du docteur Cornay. On connaît cette théorie, dont la communication bienveillante qu’en a faite à l’Institut l’illustre secrétaire perpétuel, M. Flourens, au¬ rait dû attirer l’attention et l’examen des membres de la docte compagnie. « La membrane ovarienne, dit le docteur Cornay, qui « retient l’œuf attaché à l’ovaire pendant sa genèse, sécréle « elle-même la pâte calcaire, le gluten de cette pûte, quel- « quefois coloré, et le gluten plus ou moins coloré etta- 2S série. t. xiii. Année 1861. 28 434 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [OclobtC 1861.) rc cheté de la couche externe de la coquille lorsque cette « couche existe . » En présence de la découverte dont nous parlons, et la rattachant à cette théorie nouvelle, nous ne voyons qu’une explication que voici, et c’est celle à laquelle nous nous fixons. La vésicule, au moment où elle se détache de la grappe, renfermant le germe de tous les éléments nécessaires au développement entier de l’œuf, y compris ses téguments mous et solides, il faut admettre forcément que la pelli¬ cule double qui contient le blanc et le jaune, au lieu de recevoir passivement sur sa portion interne le dépôt cal¬ caire par voie de sédiment et de cristallisation, transsude et sécrète elle-même cette matière, et ne la produit qu’en raison de l’emplacement qu’y occupent les pores néces¬ saires à la vitalité des parties animales de l’œuf. Ainsi se trouverait expliqué le fait des œufs, avec leur coquille, renfermés dans un autre œuf, fait dont la cause a fait éclore tant de systèmes, tous moins satisfaisants les uns que les autres. Il est bien clair, ici, que la vésicule qui a donné lieu «à l’existence du petit œuf retrouvé dans l’intérieur du gros était déjà primordialement comprise et englobée dans la vésicule primaire de celui-ci et s’est détachée simultané¬ ment de la grappe avec lui. C’est une anomalie de germe, et rien de plus; vouloir y voir autre chose, c’est s’ingé¬ nier à obscurcir la question d’un phénomène, on le com¬ prend, fort simple. Lors donc que la vésicule absorbée trouve assez d’es¬ pace, et que celle qui la contient prend un développement plus grand que d’habitude, la première sécrète à son aise la matière calcaire qui lui est afférente et finit par se re¬ vêtir d’une coquille complète; car plus nous y réfléchis¬ sons, plus nous regardons comme impossible d’admettre rationnellement, ainsi qu’on l’a fait jusqu’à ce jour, l’en¬ traînement fortuit d’un œuf déjà muni de sa coquille dans TRAVAUX INÉDITS. 435 le mouvement de rotation et de formation d’un autre œuf qui n’a pas encore la sienne. Lorsqu’au contraire son espace d’action est trop restreint, et c’est ici le cas, ou lorsque l’œuf qui la contient s’accroît rapidement, cette vésicule, n’ayant pas le temps d’opérer sa transsudation, reste simplement avec sa pellicule molle et privée de son soutien minéral ou de sa croûte calcaire. Telle est la phase nouvelle dans laquelle nous paraît devoir entrer l’étude de la formation de la coquille, et que nous nous empressons de soumettre aux ornithologistes soucieux des progrès de la science de l’oologie. Nous nous bornons, quant à présent, à ce simple aperçu, nous réservant d’en développer plus longuement et ailleurs toutes les conséquences. Description d’un nouveau Ver à soie du chêne [Bombyx Yama-maï) provenant du Japon (pl. 11, 12, 13), par M. F. E. Glérin-Méneville. (Suite, voyez p. 402.) État d’oelf. L’œuf du B. Yama-maï est rond, de forme un peu aplatie, d’un brun plus ou moins foncé et couvert de gra¬ nules noirs (pl. Il, f. 1). Son plus grand diamètre est de 0m,003 juste, mais son épaisseur varie suivant l’état d’incubation où il se trouve, ce qui le rend plus ou moins aplati. Quand il n’est pas fécondé, comme dans les cinq œufs que j’ai eus de la femelle obtenue de la chenille élevée à Passy, il se déprime de chaque côté, de manière à présenter deux enfoncements et devient une sorte de disque à flancs creusés en salière. Lorsque ces œufs sont réunis en grand nombre et ob¬ servés sans grossissement, ils paraissent noirs. Cependant j’en ai trouvé de bruns plus ou moins pâles, mais c’est, en général, l’exception. La coque de ces œufs est de consistance parcheminée et très-résistante. Leur surface, vue à la loupe, est fine¬ ment ponctuée. 43G rev. et mag. de zoologie. [Octobre 1861 .) Ils ont une grande ressemblance avec ceux des deux espèces voisines, B. mylitta et B. Pernyi pour la forme arrondie et pour la consistance, mais ils ressemblent plus, pour la couleur, à ceux du B. Pernyi. En effet, ces der¬ niers (pl. 11, f. 2) sont d’un brun uniforme assez foncé, mais ils n’offrent ni les taches plus brunes, ni les granules noirs de ceux du B. Yama-maï , et ils semblent un peu plus petits, car leur plus grand diamètre atteint à peine 0'n,003. Ils se distinguent bien plus nettement de ceux du B. mylitta, qui sont un peu plus gros(pl. 11, f. 3), puis¬ qu’ils ont un peu plus de 0"‘,003 de diamètre, parce que ces derniers sont d’un jaune brunâtre assez pâle et qu’ils sont entourés, sur leur plus grand diamètre, de deux bandes brunes bien marquées. Dans ces trois espèces, la paroi interne des œufs est nacrée, mais d’un fond plus obscur dans l’œuf du B. Yama-maï. On le voit, les œufs de ces trois espèces, ou, si l’on veut, de ces trois races diffèrent autant entre eux que ceux des B. cynlhia et arrindia , et leur examen suffit pour faire déjà distinguer à un œil exercé l’espèce à laquelle ils appartiennent. Comme cela a lieu dans tous les œufs de Bombyx, ils s’aplatissent de plus en plus quand leur incubation avance, et le jeune Ver qu’ils renferment, rongeant sa coque «à l’endroit où l’on observe le pore ou micropvle, fait son premier repas de cette portion de coque, et quelquefois même de la coque entière, comme je l’ai observé souvent chez le B. mylilta. Ainsi que je l’ai dit plus haut, l’œuf qui a donné lieu à l’éducation dont il est question dans ce travail est éclos le 15 avril et à la température extérieure qui était, à six heures du matin, de 12 degrés centigrades, mais qui a monté à plus de 20 degrés dans la journée. C’est le 2 avril que les premiers œufs ont éclos dans mon cabinet. Etat de Chenille. Dès que le jeune Ver est sorti, il acquiert rapidement, TRAVAUX INÉDITS. 437 par sou contact avec l’air, un volume supérieur à celui qu’il avait dans l’œuf. Les poils épineux dont il est plus ou moins couvert, d’aboi d couchés et dirigés en avant sur la tête, et en arrière sur les autres segments du corps, se relèvent. Les tubercules, d’abord invisibles, sortent, pour ainsi dire, de la peau, qui est d’abord uniformément jau¬ nâtre livide et pâle, et les couleurs diverses qui le carac¬ térisent se montrent au bout de quelques minutes. Premier âge. — Peu de temps après sa sortie de l’œuf, la jeune Chenille est déjà longue de 0m,007 (pl. 11, f. 4); sa tête, le premier segment thoracique et les pattes écail¬ leuses sont d’un roux couleur d’acajou, sans tache, et le reste du corps est d’un jaune doré couleur de gomme- gutte, mais plus pâle en dessous, à partir du dernier rang de tubercules. Tous ces segments, à partir du deuxième jusqu’au onzième, sont parcourus par cinq lignes longi¬ tudinales noires en dessus, par une autre ligne brune si¬ tuée au-dessous des tubercules latéraux et inférieurs, et il y a encore trois lignes brunes plus pâles sur les quatre paires de pattes membraneuses, en sorte que cette jeune Chenille, vue d’ensemble, est jaune rayé longitudinale¬ ment de noir. Le dernier segment, terminé par les pattes anales membraneuses, offre trois grandes taches noires, une médiane et supérieure et une de chaque côté, mais ces taches n’atteignent pas la base de ce douzième seg¬ ment. Les douze anneaux qui composent, indépendamment de la tête, le corps de celte Chenille portent des tuber¬ cules saillants, différemment colorés et ainsi disposés : le premier anneau thoracique en montre seulement quatre, terminés par de longs cils pâles. Lessupérieurs sont jaunes, et les inférieurs, plus forts et plus saillants, sont noirs. Le deuxième segment, comme les dix suivants, porte six tubercules, dont les quatre supérieurs sont jaunes et les inférieurs noirs. Le troisième segment diffère parce que les deux luber- 438 iiF.v. et mag. ue zoologie. ( Octobre 18(31.) cules supérieurs sont noirs, niais tous les autres, à partir du quatrième (pl. 11, f. 4a) jusqu’au dixième, ressemblent au deuxième. Le onzième a les deux tubercules supérieurs soudés ensemble par la base et noirs; enfin le douzième n’a que quatre tubercules jaunes, plus deux petits tuber¬ cules également jaunes à l’extrémité supérieure. 11 résulte de cette coloration des tubercules de chaque segment que tous ceux du rang inférieur, de chaque côté, sent noirs; de plus, tous les cils de ces tubercules sont noirs, avec leur base seulement plus ou moins pâle. A cet âge, cette Chenille diffère notablement de celle du B. mylitta (pl. 11, f. 5). En effet, celle-ci a le premier segme nt thoracique jaune, comme tous les autres, avec une grande tache transversale noire en dessus. Les tuber¬ cules du rang inférieur sont tous jaunes, comme les au¬ tres; tout le corps est d’un jaune vif presque orangé, au moins à la partie supérieure, et ses segments, au lieu de porter des lignes longitudinales, ont, chacun, six petits traits noirs, courts et transversaux, alignés l’un au milieu, en dessus, et un autre de chaque côté, ce qui produit trois bandes longitudinales de petites taches noires. Les pattes membraneuses, au lieu d’être marquées de trois petites bandes brunes, sont d’un jaune un peu sale, avec une forte tache noire au côté externe, et, comme dans l’es¬ pèce à laquelle je la compare, cette Chenille a les deux tubercules médians des troisième et onzième segments noirs, ainsi que les taches de l’extrémité et des deux pattes anales. A l’approche de sa mue, la Chenille, qui a presque doublé, se fixe comme toutes les larves de Bombyx; sa nouvelle tête, repoussant en avant l’ancienne, qui doit tomber, produit en avant, par la tension de la vieille peau, une espèce de triangle qui caractérise si bien les Vers à soie endormis, et que j’ai représenté, pl. 12, (ig. 2, eu dessinant la partie antérieure du même Ver endormi de son quatrième sommeil. TRAVAUX INÉDITS. 43. Labium superius postice tantum duplex. Pinna dor- salis basi squamosa. 492 rev. et mag. de zoologie. ( Novembre 1861.) a. Dentes maxillis anteriores distincte oblongæ imbri- catæ. Pinna dorsalis basi squamosa. Callyodon Gron. Cuv. b. Dentes inframaxillares adnatæ in sériés obliquas dispositæ. Spinæ dorsales crassæ pungentes. Callyodontichthys Blkr. II. Squamæ suborbitales bi- ad quadriseriatæ. Lamina masticatoria pharyngealis inferior longior quam lata. A. Labium superius postice tantum duplex. a. Dentes maxillis adnatæ aggregatæ. Spinæ dorsales flexiles, non pungentes. Pseudoscarus, Blkr. M. Bleeker, arrivant aux espèces, offre un tableau sem¬ blable pour le genre Pseudoscarus , dans lequel il com¬ prend 41 espèces sur lesquelles 13 seulement avaient été décrites avant lui dans le genre Scarus. Il donne un travail semblable sur le genre Callyodon, composé de cinq espèces, dont une est nouvelle. Atlas icirrn yologique des Indes orientales néerlandaises, publié sous les auspices du gouvernement colonial néer¬ landais, par M. P. Bleeker, docteur ès sciences et en médecine, lieutenant-colonel, médecin inspecteur, com¬ mandeur et chevalier des ordres de la Couronne de chêne et du Lion néerlandais, commandeur de l’ordre royal de Frédéric de Wurtemberg, chevalier 3e classe de l’ordre royal de l’Aigle rouge de Prusse et de l’ordre impérial de la Couronne de fer d’Autriche, président honoraire de la Société royale des sciences aux Indes néerlan¬ daises, membre de l’Académie royale des sciences à Amsterdam, etc., etc. Le savant illustre qui entreprend cette grande publica¬ tion va couronner ainsi une œuvre qu’il poursuit depuis longtemps avec une persévérance au-dessus de (ont éloge. Déjà, bien souvent, nous avons entretenu nos lecteurs des excellents ouvrages et mémoires que M. Bleeker a publiés ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. '*93 sur les poissons, ouvrages qui l’ont placé au premier rang des ichthyologistes; nous nous bornerons donc aujourd’hui à cette indication, [tour arriver à l’annonce du monument ichthyologique dont il va doter la science. L’Archipel indien offre sur une grande échelle tout ce que la nature a produit de grandiose et de magnifique. Il n’y a pas une autre contrée au monde où la nature ait créé, tant dans la faune que dans la flore, une telle richesse do formes et de couleurs. Aussi plusieurs naturalistes distin¬ gués se sont voués à l’étude de la nature de ces régions lointaines, et les résultats précieux de leurs recherches se trouvent déjà déposés dans de nombreux ouvrages d’une haute valeur scientifique et d’une grande magnificence d’exécution. Parmi ces ouvrages on chercherait en vain un travail spécial illustré, embrassant la faune ichthyologique de l’Inde archipélagique. Cependant il n’y a pas une classe du règne animal , tant des vertébrés que des animaux sans vertèbres, qui présente tant de formes remarquables et bizarres que celle des Poissons. Les Squales - tigres , les Squales - marteau , les Raies- chauves-souris et les Raies électriques n’y figurent que comme une partie seulement de plus de soixante espèces de Requins et autres Plagiostomes. Les Poissons-coffre, les Poissons-porcs, les Poissons- couteau, et les espèces de Poissons ordinairement veni¬ meux de l’ordre des Plectognathes, intéressent au plus haut degré, tant par leurs formes fantastiques que par leur riche coloration. Les quatre-vingt-dix espèces et plus de Murènes qui peuplent les mers et les eaux douces de l’Inde archipéla¬ gique n’étonnent pas moins par la vivacité des couleurs que les Serpents les plus brillants. Les Chétodonoïdes, les Labroïdes et les Poissons-perroquets égalent les oiseaux et les papillons les plus jolis quant aux bigarrures brillantes et les surpassent par rapport aux formes extraordinaires. 41)4 rev. et mag. de zoologie. ( Novembre 1861.) L’auteur a fait figurer sous ses yeux toutes les espèces de Poissons archipélagiques de son cabinet, et nous pou¬ vons assurer que la valeur de ces figures surpasse celle de la plupart des ouvrages du même genre, tant par la pré¬ cision avec laquelle la physionomie et les caractères des espèces y sont rendus, que par le grand avantage qu’il a eu de faire prendre les couleurs d’après des individus pos¬ sédant encore tout l’éclat de leur vivant. Par cet Atlas, il atteindra non-seulement un but pure¬ ment scientifique, mais il va produire un ouvrage qui sera en droit d’être placé dans les salons, pour y prendre rang parmi les albumsd’histoire naturelle les plus remarquables. Les figures seront accompagnées des descriptions des es¬ pèces, qui elles-mêmes seront augmentées de notes con¬ cernant leur pêche et leur commerce, ou expliquant leurs mœurs et leurs qualités nutritives, médicinales ou veni¬ meuses, et parmi les espèces figurées il y en aura plus de 1,100 qui ont été découvertes par l’auteur. L’Atlas sera publié dans le format grand in-folio et sur papier vélin très-fort. Les figures seront exécutées chromo- lithographiquement. Il ne sera tiré que 200 exemplaires, dont près de 100 sont déjà retenus, aux Indes orientales néerlandaises, par des personnages éclairés, protecteurs et amis des sciences, qui ont bien voulu honorer cette entreprise de leur sou¬ scription. La publication aura lieu par livraisons bimen¬ suelles de 12 planches et de 4 feuilles de texte. Nous avons vu tous les dessins qui vont composer ce magnifique ouvrage, et nous avons été frappé de leur beauté. Quant à leur exactitude, elle est garantie par M. Bleeker, qui les a fait exécuter tous sous ses yeux et d’après le vivant. Les chromo-lithographies que nous a communiquées M. Bleeker rendent ces beaux dessins avec la plus grande exactitude, en reproduisant, comme les meilleures peintures, les couleurs admirables et si variées de ces Poissons. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 495 Nous annoncerons bientôt l’apparition des premières livraisons; pour le moment nous devons faire des vœux pour que l’auteur puisse suivre l’exécution de son œuvre jusqu’à sa fin et jouir de la satisfaction de la terminer lui- même. (G. M.) Annexion à la faune malacologique de France, par Gabriel de Mortillet; broch. in-8 de 22 pages, composée d’ex¬ traits de la Revue savoisienne. Décembre 1860 et février 1861. Dans cet opuscule, M. de Mortillet donne l’énumération des espèces de Mollusques non encore signalées en France, et qui font aujourd’hui partie de sa faune. L’auteur se montre fort au courant de la science, et son travail est rempli d’ob¬ servations qui le témoignent d’une manière incontestable. Descriptions of new , etc. — Descriptions de Coquilles nouvelles de la collection de Hugh Cuming, par Temple Prime, de New-York. — In-8, extrait des Procès-ver¬ baux de la Société zoologique de Londres, 12 juin 1860. Dans ce petit travail, on trouve les diagnoses de 20 es¬ pèces réparties dans les genres Ratissa (8 espèces), Cgrena (3), Corbicula (5), Sphœrium (2), et Pisidium (2). Toutes ces espèces sont exotiques, mais il y en a plu¬ sieurs dont l’habitation est inconnue. Synonymy of the, etc. — Synonymie des Cyclades de la famille des Mollusques acéphales, par M. Temple Prime, 2e part.; — ln-8, extrait des Procès-verbaux de l’Académie des sciences naturelles de Philadelphie, février 1861. Ce travail est peu susceptible d’analyse, car c’est, comme la première partie que nous avons annoncée p. 282, un simple catalogue synonymique des nombreuses espèces qui composent les quelques genres de ce groupe. Dans le genre Galatea , Brug., M. Prime énumère 13 espèces; 496 kev. et mag. de zoologie. ( Novembre 1861.) Le genre Fischeria, Bernardi, n’en contient qu’une ; Le genre Glauconomc, Gray, en a 13 ; Et le genre Cyprina, Lam., 94. Les ouvrages dans lesquels ces espèces sont décrites et figurées sont cités sous chacune d’elles, et l’auteur a adopté la méthode que nous avons inaugurée le premier, il y a fort longtemps, en indiquant à chaque citation la date de la publication, ce qui permet de connaître avec certitude le véritable auteur de chaque espèce. (G. M.) Catalogue des Insectes rapportés des environs du fleuve Amour, depuis la Schilka jusqu’à Nicolaewsk, examinés et énumérés par V. Motschulsky. Extrait des Bulletins de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 1860. C’est une simple liste parsemée de diagnoses des nom¬ breuses espèces nouvelles, et qui comprend les Insectes de tous les ordres. Écrits entomologiques de Thaddeus William Harris, édités par M. W. Sharswood; 1 vol. in- 8 de 450 pages, illustré du portrait de ce savant , de planches et de figures sur bois. Philadelphie, J. B. Lippincott et cornp.; Paris, Hector Bossange. M. Sharswood a entrepris cette publication pour rendre plus accessibles aux entomologistes les excellents travaux que la science doit à T. W. Harris, lesquels sont dispersés dans le Boston Journal of Natural Hislory, les Proceedings of the Boston Society of Natural History, le Journal of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia, les Transac¬ tions of the Hartford Natural Hislory Society, Y American Journal of Science and Arts, Y Encyclopedia Americana , le New England Farmer, Boston, et Agassiz’s Lake Superior, numerous other works and manuscripts. Cet ouvrage sera conforme, au point de vue typogra¬ phique, au Traité des Insectes de la Nouvelle- Angleterre analyses u’ouvrages nouveaux. 497 nuisibles à la végétation, qui a été réimprimé avec des planches sous les auspices de la législature du Massa¬ chussets, et il sera joint à ce volume une table des des¬ criptions génériques et spécifiques, ainsi que des syno¬ nymes avec renvoi aux ouvrages cités. (G. M.) Histoire des métamorphoses de quelques Coléoptères exotiques, par M. E. Candèze. — ln-8 de 8G pages, ac¬ compagné de 6 pl. lith. — Liège, Dessain, 1861. Cet excellent travail forme uno importante addition à l’ouvrage que MM. Candèze et Chapuis ont publié, en 1853, sur les larves des Coléoptères connues jusqu’à pré¬ sent. Ainsi que le dit M. Candèze, l’étude des larves a porté presque exclusivement sur des espèces appartenant à l’Europe. Ceci s’explique facilement. Les naturalistes voyageurs, dans leurs pérégrinations à travers les forêts des pays tropicaux, se bornent à récolter le plus possible d’objets de collection généralement recherchés, et négli¬ gent les observations purement scientifiques, qu’ils ne pourraient faire du reste, on doit le reconnaître, qu’à grande peine, en y employant beaucoup de temps et aux dépens du but principal qu’ils poursuivent. Il faut ajouter que ce genre d’étude nécessite un bagage spécial et fort incommode. Le nombre des larves de Coléoptères provenant des pays intertropicaux actuellement décrites ne s’élève pas à soixante. Quels vastes et riches champs restent .à ex¬ ploiter dans ces régions favorisées, si nous en jugeons par les faits curieux que la faune européenne nous a déjà ré¬ vélés! Combien il serait à désirer qu’un observateur, établi sur les lieux et armé de l’esprit des Kéaumur, des de Geer, des Ratzeburg, des Perris, etc., dirigeât ses éludes dans cette voie presque inexplorée et pourtant si intéres¬ sante. M. Candèze se plaît à déclarer qu i 1 doit les matériaux 2* série, t. xiu Aunce I8G1. 32 498 rev. et MAG. de zoologie. ( Novembre 1861.) de ce travail à MM. Aug. Salle, qui a voyagé en observa¬ teur dans plusieurs contrées des deux Amériques , et Nietner, lixé dans l’îie de Ceylan, où il profite des mo¬ ments que lui laissent ses occupations de planteur pour se livrer à l’étude de la nature. Ces deux zélés et savants ex¬ plorateurs, non contents de lui procurer les matériaux qu’il met si habilement en œuvre, lui ont fourni des notes précieuses sur les mœurs des larves et des Insectes par¬ faits qu’ils lui ont remis. M. Sallé, dit-il, a bien voulu ré¬ diger pour moi les observations qu’il a faites sur la ma¬ nière de vivre et l’époque de la transformation de la plu¬ part d’entre elles. Tout le mérite des remarques qui ac¬ compagnent les descriptions appartient donc à ce zélé naturaliste. Voici la liste des espèces dont M. Candèze fait connaître les métamorphoses par de bonnes descriptions et des figures exactes. 1. Galerita nigra, Chevr., Mexique, Sallé. 2. — simplex, Chaud., Mexique, Sallé. 3. Pœderuslempcstivus, Erichs., Mexique, Sallé. 4. Osorius intermedius, Frichs, Mexique, Sallé. 5. Lcptochirus scoriaccus, Germ., Mexique, Sallé. 6. — mandibularis, Krantz, Ceylan, Nietner. 7. Platysoma Marseulii , Candèze, Ceylan, Nietner. 8. Amphicrossus discolor, Erichs., Ceylan, Nietner. 9. Lorditcs glabricula, Candèze, Ceylan, Nietner. 10. Broutes serricolis, Candèze, Ceylan, Nietner. 11. Passalus interruptus, mucronatus, Leachii, d’Amé¬ rique, et bicolor de Ceylan. 12. Canthonvolvens, Fab., Am. bor., Sallé. 13. Ancylonychafusca, Frolich, Am. bor., Sallé. 14. Serica nitida, Candèze, Ceylan, Nietner. 15. Camsosternus ? Templetonii , Nietner, Ceylan, Nietner. 16. Lycus cinnabarinus, Candèze, Ceylan, Nietner. 17. Calopteroncorrugatum, Candèze, Mexique, Sallé. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 499 18. Photuris congrua, Chev., Mexique, Salle. 19. — trilineata, Say, Mexique, Sallé. "20. — pensylvanica , de Geer, Am. bor., Sallé. 21. Catorama palmarum, Candèze, Haïti, Sallé. 22. Ptcrogenius Nietneri , Candèze, Ceylan, Nietner. 23. Bolithotherus cornutus, Fabr., Ceylan, Nietner. 24. — quadridenlatus, Candèze, Ceylan, Nietner. 25. Ceropria subocellata, Castel n., Ceylan, Nietner. 26. Ànchonus cristutus, Candèze, Venezuela, Sallé. 27. Baridius vcstitus, Sch., Mexique, Sallé. 28. Rhynchophorus Zimmermanni , Sch., Louisiane, Sallé. 29. Tomicus ferrugineus, Fab., Amérique, Sallé. 30. Trichoderes pini , Chevr., Mexique, Sallé. 31. Acrocinus longimanus , Fab., Cordova, Sallé. 32. Àstynomus Sallei, Candèze, Caracos, Sallé. 33. Crioceris viridis , Chevr., Mexique, Sallé. 34. Dolichotoma lanuginosa, Bohem., Caracos, Sallé. 35. Porphyraspis palmarum, Bohem., Saint-Domingue, Sallé. 36. Leptinolarsa cacica, Stal, Mexique, Sallé. 37. — vittata , Baly., Mexique, Sallé. 38. Dacnc fasciata, Fab., Nouvelle-Orléans, Sallé. 39. Ischyrus flavitarsis , Lacord. , Saint-Domingue , Sallé. 40. Episcapha quadrimaculatu, Wied., Ceylan, Nietner. 41. Amblyopus cinctipennis, Lacord., Ceylan, Nietner 42. OEgithus quadrinotatus, Chevr., Mexique, Sallé. 43. Daulis sanguinea. Lin., Nouvelle-Orléans, Sallé. 44. Epilaclina protms, Muls., Caracas, Sallé. 45. Chilucorus circumdatus, Gyl., Ceylan, Nietner. 46. Alaus speciosus ? Lin., Ceylan, Nietner. Voilà donc quarante-six Coléoptères exotiques dont le> métamorphoses sont connues, grâce aux voyageurs in¬ struits qui les ont observés et aux excellentes descriptions que vient d’en donner M. Candèze. Espérons que cesexem- 500 rev. et mag. de zoologie. [Novembre 1 86 1 .) pies seront suivis, et que l’entomologie s’enrichira ainss de documents certains et plus utiles à ses véritables inté¬ rêts que de simples descriptions d’espèces nouvelles ou de filets nerveux. (G. M.) Genus familiæ Apidarum Heriades, quod synopsi mono- graphica exponit ; W. Nylander M. 1). Broch. in-8 de 8 pages, extr. des mém. de la Soc. imp. des sc. nat. de Cherbourg, t. IV. 1856. Dans ce petit travail , le savant entomologiste à qui l’on doit d’excellents travaux sur les Hyménoptères passe en revue les neuf espèces d’Hériades à lui connues. Sur ce nombre il en décrit six pour la première fois. Sur quelques Hyménoptères nouveaux ou peu connus de la collection du musée de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg; par M. Octave Radochkoffsky, colonel d’artillerie. In-8, Moscou, 1860. Extr. des bull, de la Soc. imp. des natural. de Moscou , 1860. Lecolonel,s’étantoccupé, depuis quelques années, d’ar¬ ranger la collection des Hyménoptères de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, a eu l’occasion de déter¬ miner des espèces qui , jusqu’à ce jour, n’ont pas encore été classées. Dans ce petit opuscule, il donne de bonnes descriptions de ces espèces qui appartiennent toutes au genre Bombus, et font partie de la faune russe. L’auteur a joint à ces descriptions de bonnes figures coloriées. Catalogua of the, etc. — Catalogue des Lépidoptères de l’Amérique du Nord, rédigé pour l’Institution Smithso- nienne, par M. John G. Morris. — Brochure in-8 de 68 pages. — Washington Smithsonian Institution, may 1860. Ce catalogue est une excellente acquisition pour l’ento¬ mologie, et c’est le résultat d’un travail pénible dont on doit savoir beaucoup de gré à M. Morris. Ce savant enlo- ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. 501 biologiste mentionne comme appartenant aux Etats-Unis, au Mexique, à l’ile de Cuba et à la Californie, plus de 2,000 espèces de Lépidoptères. Après unf> i £tùfuUi / _ 2 O/p/wsotna dfactaim, Coûtait. /o_/2 Stsmondia oraci/is, Coûtait 3 _ à Scute/la CouCàaudi , Coûtait . /s_ 7â. J' _ MicAdint, Cottiau 6-g.I'cAàwcya77ius (ampfwioists, C / 6-78 . S. _ Cailüazidi, Coûtait JUoitc et May de Zoo ton te. /Sût. 7 / 4 J '6 6 •> Jhvuc it Àfag. de djoolcyie. . 7 £6/. 7-4. StirccTumis 7/nno?', Cotùau. /z./â. Jc7vjoeftis concùmaj/erieui. S- 6. Cidarùs cal/ovûsisù , Cctfeew . //_ zo. Jieeidocùduùma Jbro/ti, (ot/eau j- 77. Jfemûidcuis AizéecÀc/uis^Fories. z/_ zs l’cÂinoirissiij tria/igufaris, C. _Z. Cloz,, dtl. Jrryt.JJtcautt, Taris. JTumitrt lit/c . dnodo/iùi ûcuqc/ana , O aerien . yc û v Jùviu, eô- May. Zoolcyu, . 7$0/. / -L C/ot , eieZ. lmp. Buçutt, Jhs-u . M. 4. 2 7 //urn&trt litA Anodcnta Cror/U JAPON Bombyx ( atlaeus ) cijntliin , .Drury Envoyé de Chine à Turin par le Père Fantoni, en 18.V7, ei introduit en France par M. Guérin-Méneville en 1858. Depuis cette, époque, ce nouveau Ver à soie n’a cessé d’être l’objet de travaux persévérants et son acclimatation n’a pas tardé à devenir définitive, car il est démontré aujourd’hui qu’il peut vivre en Europe comme dans son pays natal ; Due ses produits y sont utiles ; Et que l’agriculture peut trouver de l’avantage à l’élever en grand , comme elle commence à le faire depuis 1860. Les figures de la pl. 6 représentent la feuille et la semence de l’Ailante, l’œuf et le Ver à soie à ses divers âges, son cocon, la chrysalide qu’il contient et le calibre de la soie mesuré au micromètre. Celle de la pl. 7 représente le Papillon mâle réduit aux deux tiers de sa grandeur naturelle. 71* vue U 7/aff. i/e Zoologie . /SI/. d JPL S. ■ Il 1 _ Il . Limax Doriæ . mSiïpzZMij. ÎÊSjMM fgSIÉst i®®®®# HmÉ Wèkw^0 mSpiM lU ,.W MmÊÈm yco 1 Fl. D. planchei , Michelin. ./ rnp. Ëicyiut, Jkris . Biunia-t dd et lith. 2. Cljpeaster Saissfti , Michelin. 1 . Lotophora Deplancliei , Michelin lmp. Htctjiut, Taris . S'C6 /6 ffooue e/ Ma_xf.de Zoologies, /$6Z. / a PI. 10 7.1) . Jûimèert iM 3 b fmp. /Secdjuet .Paru / Allionia oblita a Runa Desori MicKeloui J. 8 car u s miocenicius , Miciielotii . B O m I) vx Ya ma - ni aï , or,,-, .v,„ Co/n//(ts't' ifff /f. J/t////S,f . 2V. /îo‘m ond //y*. (îftrr' Jfrrt . de •/ £rf>run i 4*o / v Jirts// r et . a /'t: /ru /i . Æt/ A// . Zv. Zi rm c*n et trrtf érrit*/'. A/t/f tZeZ . Z f/trun sc Bombyx (Antherœa ) Yama-maï . Guer-men srj'fc /5 £11 J tgpi ’9j(>ojoo2 vp -Gvjqv vntntf n /le L'ut et Maur. F Zoologie. 7S67. Fl. /Z. HuuU'trt iit/i Jeune Autruche âêée de 45 jours ( % iegr.nat) J L 0 JS' /o // /3 K .LtvA&stur /it/i . / _ J . Pt/ryu/a 6 _ //>/ . F/. 17. (;'/ Dicranop sel a pli 11 s . {ht /■/■. Aft'/l . Jlevue et Æity. a 1 1 1 s t ri s , (rtmiar . N. /{t‘/m>rn/ imf> . /’.irrs . HJ '-K-. . ' f!î» ,V4 vv K* » «* -i jl* j&.-f • •»: fcvÿjra <>i; f • : tfil-jp, •' u> >Ji '! 'i: S, ■ >f.: «r ■•i'Ji » i • » ri ?4r> -ii-tti s«1 iosK^ • > • ; ; • • -,i .ti, V «;• ; • yîJ • F-1.: ;:-JU • “ 1 • : •■ 'lî'/JÇ) V': ', *i)ÿrï,î ' -V Z. H ' , • - *V5üi JÏ . ; . . )j /'i-: ' W -tj i ' ' t> ; . ;■ . l -I . I ; ■ ; fait#* ■ ; è^+hri0i: ..s* 'ïtâ**emmWh ■ ' • ÏH -■ : .’.V' ■ i , I I fl I ^ '< *,*; $•»« . * u* itV j • • • ^fli !::. \ y fit' ■ Vvr É CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Chaque année se compose d’environ soixante feuilles d’impres¬ sion ; quand des figures sont nécessaires , une planche coloriée remplace une feuille et demie, et une planche en noir remplace une feuille. Prix de fi’a bonnement auiiwel. Pour Paris, 20 francs. — Départements, 21 francs. Tarif des tirages h part. Pour une feuille in-8° tirée à 100 exemplaires, remaniement, ti¬ rage et papier . 10 à 12 f. Pour une demi-feuille ou un quart de feuille, les mêmes frais, moins de papier . 9 à 11 f. Pour une planche noire tirée à 100 exemplaires . 3 f. 50 Pour une planche en couleur, le prix varie de . 10 à 15 f. Les titres et autres additions ne peuvent être taxés à l’avance. A partir de 1849 , la Revue zoologique et le Magasin de zoo¬ logie ont été confondus en un seul recueil sous le titre de Revue et Magasin de zoologie , formant la deuxième série de la Revue zoologique et comprenant les années 1849 à 1860, soit 12 années à 20 fr. chaque. OUVRAGES TERMINÉS. Revue zoologique, première série, il années (1838 à 1848). — Prix réduit (au lieu de 198 fr.). 132 fr. Magasin de Zoologie. Première série ( 1 83 1 à 1838 ). 8 vol., 635 planches et leur texte. 259 f. Deuxième série (1839 à 1845). 7 vol., 450 pl., à 36 fr. le vol. 252 f. Iconographie du Règne animal de Cuvier. Figures coloriées ( il ne reste que trois exemplaires). Chaque exemplaire . 500 f. Texte des insectes. 1 fort volume contenant la description de 800 espèces nouvelles . 20 f. Les vertébrés ( 226 pl. et texte ), fig. noires, sont livrés en prime aux abonnés de la Revue zool. et de YUnion , pour. ... 50 f. Species et Iconographie générique des ani¬ maux articulés. 36 monographies ( Coléoptères). Col ^ié, 28 f. 80 c.; noir, 21 f. 60 c. Monographie des A~«thieus. 16 pl. noires. 8 f. pl. col. 12 f. Écrire (franco) à M. Guérin-Méneville, rue des Beaux- Arts, n° 4, à Paris. Paris. — Imprimerie de Mme Ve BorcnARD-HozAnD, rue de l'Éperon, 5.