RD &W 1999 : ra. LA] REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE. RECUEIL MENSUEL DESTINÉ À FACILITER AUX SAVANTS DE TOUS LES PAYS LES MOYENS DE PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DK ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE A L'INDUSTRIE ET À L'AGRICULTURE, LEURS TRAVAUX DR PALÉONTOLOGIE, D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIF COMPARÉES, RT À LES TENIR AU COURANT DES NOUVELLES DÉCOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA SCIENCE; M. F. E. GUÉRIN-MÉNEVILLE, Membre de la Légion d'honneur, de l'ordre brésilien de la Rose, de la Société impériale et centrale d'Agriculture, des Académies royales: des Sciences de Madrid et de Turin, de l'Académie royale d'Agriculture de Turin, de la Société impériale des naturalistes de Moscou, d'un grand nombre d'autres Sociétés nationales et étrangères , Secrétaire du Conseil de la Societé impériale zoologique d'Acclimatation , etc., etc. = 2e SÉRIE. — T, XIII. — 1861. PARIS, AU BUREAU DE LA REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE, RUE DES si F Met Ar qui 438 , ' s == VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — JANVIER 1861 I. TRAVAUX INÉDITS. Nore complémentaire sur quelques Mamairères pu MexiQue (1), par M. H. DE Saussure. I. Diagnoses Glirium novorum duorum. 1. ArvicoLA (Hemiotomys) mExicANUS. Medius, supra fuscus, subtus cinerascens, pilis cinereis, apice fuscis. Auriculæ sat magnæ, fimbriatæ, antitrago magno. Vibris- sæ capite breviores, fuscæ. Pedes antici paulo longiores posteriorum dimidio; postici elongati, subtus basi pilosi, tuberculis 6 instructi, quorum posticus, magnus, penul- timus minutus. Ungues anteriores posterioribus haud ma- jores. Cauda brevissima, pedibus posticis paulo longior at capite brevior. Corporis longitudo, 0,110: caudæ, 0,019; pedis postici, 0,016. — Mexico. 2, REITHRODON SumICHRASTI, À. mexicano affinissimus ; ejusdem staturæ. Supra fulvo-rufus, capite et dorso medio nigricantibus. Subtus cinereus, macula in pectore fulva et ano fulvo. Vibrissæ nigræ, breves, capiti longitudine æquales. Pedes albidi. Auriculæ magnæ, exlus margine antico fusco pilosæ; intus postice rufo pilosæ. Cauda bi- color, longissima. Corporis longt., 0,082; pedis postici, 0,018. — Mexicana tellus. (1) Voyez le volume de 1860. Errata de la note insérée dans le volume précédent. Page 8. Le Bassaris Sumichrasti n’habite pas les greniers, comme il a été dit par suite d'une transposition de notes, mais bien les forêts des régions chaudes. Par contre, l'Acanthylis semicollaris, Sauss. (1. XI, 1859, p. 119), n’habite pas les forêts de la région chaude, mais les plaines du pla- teau. PI. 9, £. 2. Le coloriste a donné à cette figure une teinte trop vive. PI. 20, f. 2, lisez Carollia. 4 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) A. R. mexicano differt vibrissis brevibus, dorso fusco, pedibus albis; cauda bicolore et auricularum pilis. IL. Maminalia etiamnum in Mexico haud indicata. 1. VULPES viRGINIANA (Erxl.), Baird. In regione tola frequenter occurrit. Certissime mihi videtur species, una et eadem, pilo concolore et calvo simillimo illi quam Baird (Pacif. R. R. Report, tab.) depinxit. 2. CErcozuPTEes cAuDivOLYULUS, Illig. In sylvis Cordil- leræ et regionum calidarum haud rarus, et a speciminibus Americæ meridionalis haud distinguendum. II. De Sciuris mexicanis. In continuatione operis parlim jam editi ({) de mam- malibus mexicanis, notitias proferam de fauna illius re- gionis. Interim hic de his animalibus breviter non nihil addo his quæ dixi in volumine præcedente (1860). Sciurorum specierum in Mexico multas indicavere Les- son, Bachman, Wagner et ali: sed tantum tres species distincte mihi occurrerunt sunt. 1° Sciunus caroLINENSIS, Gmel., Baird. Speciminibus ex America boreali simillimus. Staturæ mediæ. Cauda corpore vix brevior. Supra fuscus, flavo dense tessellatus; dorso medio obscuriore, lateribus flavescentibus. In au- riculæ basi penicillus albidus. Cauda supra nigra, pilis apice albescentibus ; subtus in medio rufo flavescens; la- teribus nigris, albo submarginatis; pilis ter cinnamomea annulatis. Variat lateribus et pedibus rufescentibus et pectore ful- vescente, venter variat albido-cinereus seu aurantiacus. 2% Sc. VARIEGATUS, Excel. (Albipes, varius, socialis, Wagn.) (2). Statura paulo majore. Cauda longe pilosa, deplanata, disticha, pilis longissimis hirsuta, corpore longior. — Subtus rufo-aurantiacus; supra nigro et niveo tessellatus ; (1) Mémoires pour servir à l'histoire naturelle du Mexique, etc. In-4, Paris, Victor Masson; Bâle, chez Gcorg. (2) Sed non kypopyrrhus, ut Wiegman putat. TRAVAUX INÉDITS. 5 cruribus rufescentibus. Caput subtus albidum; orbita, au- riculæ intus, et fascia inter oculum et auriculam, rufescen- tes. Auriculæ haud fimbriatæ, basi extus penicillo albido. Cauda supra atro et niveo varia, subtus nigra, niveo- marginata, seu rufa, fascia utrinque nigra, maginibus albis. Pedes grisei, nigrescentes seu albescentes Variat lateribus, humeris et dorsi parte antica rufo- aurantiacis; occipiti et sacro rufo-tessellatis; dorso supra late niveo-marmorato; cruribus posticis rufo et albo tes- sellatis. 3° Sc. aypopyrraus, Wagl. Sat magnus. Cauda corpore longior, cylindrica, vix depressa. Corpus supra fusco- griseum, fulvo-griseo pallide tessellatum. Colli latera pal- lida : pedes et rostrum nigra; vibrissæ nigræ, capite lon- riores. Vertex, occiput et cervix nigra, flavo-tessellata. Subtus, rufo-ferrugineus, frequenter pilis nigris inter- mixtis, mento nigrescente. Cauda nigra, lata; pilis elon- galis, nigris, apice fusco-grisescentibus. Auriculæ nigro- pilosæ margine fimbriato, subpenicillato; postice basi cirro pilorum griseorum instructæ. Dorsi pili basi pallide grisei, ante apicem fusco-annulati et in apice subful- vescentes. Gastrei pili basi cinerei, apice rufo-ferruginei. Variat a.) Cauda tota nigra, frequenter pilis basi ful- vescentibus. b.) Corpore nigrescente; ventre griseo, fulvescente, seu nigrescente, pilis apice fulvo pallide tessellatis. c.) Corpore toto nigro. Ille Sciurus a tempore Wagler auctoribus videtur igno- tus fuisse. CONSIDÉRATIONS SUR LES OEUFS DES OISEAUX, par A. Moquin-Tanpon. Voir le commencement de ce travail, vol. XI, 1859, p. #14 et #69, et vol. XIT, 1860, p. 11, 57. $ 4. ANOMALIES DANS LA COLORATION. — Les œufs co- 6 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) lorés varient plus où moins, mais ces variations sont maintenues dans certaines limites, ainsi qu’on l’a vu plus haut. J'ai donné les principales nuances que présentent ceux de la Pie, du Geai, de la Perdrix rouge et de la Caille. Dans un petit nombre de cas, les œufs tachetés peuvent devenir unicolores. Ceux de la Draine, quand ils sont sans taches, ressemblent à ceux del’ Étourneau (Vincelot). Ce sont les derniers œufs pondus, principalement dans les secondes et les troisièmes couvées , et ceux des jeunes fe- melles, qui naissent quelquefois sans maculation. De leur côté, les œufs normalement colorés peuvent se présenter tout à fait blancs; j'en ai recueilli quelques exemples. Cela arrive surtout dans ceux à taches peu nom- breuses, petites et très-faibles. Ainsi, sur 8 œufs de Tro- glodyte qu’on vient de m'envoyer (1858) du département de la Nièvre, il y en a 5 avec les taches ordinaires, 2 d'à peine tachés et 1 de tout blanc. Je reviendrai bientôt sur les œufs albinos. Quand les maculations sont foncées, leur présence semble plus constante. Sur 22 œufs de Grive pris au ha- sard, appartenant à six nids, j'en ai remarqué 16 avec les taches habituelles, 2 plus fortement tachetés, 2 plus faiblement, 2 sans taches. 22 D'autres fois, au contraire, les œufs blancs peuvent naître colorés. Ces derniers cas sont extrêmement rares. Je n’en connais aucun exemple observé à l’état sauvage. On conserve, au muséum d'histoire naturelle, un œuf de Poule cochinchinoïse offrant unc teinte d’un brun rouge à peu près uniforme, analogue à celle des œufs de la Crécerelle. TRAVAUX INÉDITS. 7 J'ai sisnalé un œuf de Puon nain, sloré en roussâtre, comme celui de la Pintade. M. Borge à décrit et figuré un œuf de Poule de taille normale, avec une large bande trèsrréguñière d'un brun noir, el trois où quatre grosses taches de la même cou- leur (4); on scrait tenté de prendre cet œuf pour une va- riété produite par quelque Hourtte. J'ai expliqué ailleurs pourquoi les taches des œufs sont généralement plus nombreuses vers le gros bout que vers le petit, et pourquoi elles forment quelquefois une cou- ronne où une espèce de guirlande. Dans quelques cir- constances, cette couronne à été déposée, au contraire, au petit bout. On a vu, à l'article Pie, que, sur 187 œufs, il y en avait eu 27 avec une couronne très-marquée au gros bout et & avec une couronne au petit. Je me rappelle avoir donné à M. Baillon, d’Abberville, un œuf de Catharte dont les taches étaient plus nom- breuses et plus rapprochées au petit bout. Je possède, avec la même disposition, un œuf d'Eper- vier, un de Hobereau, un de Buse, ua de Pie-Grièche rousse, un d'Écorcheur, deux de Caille, et plusieurs de Bees-fins, de Mouettes ct d'Hirondelle de mer... Pourquoi celte accumulation inverse des taches? L'examen d’un œuf monstrueux ainsi moucheté me porte à supposer que ces œufs exceptionnels ont élé pon- dus, par anomalie, le gros-bout en avant. Enfin, dans d’autres cas, la couronne dont il s’agit ne se trouve ni au gros bout ni au petit, mais vers le milieu {[Manesse). Dans les nids des Oiseaux à œufs colorés, on découvre quelquefois des œufs accidentellemex blancs où albinos. J'ai communiqué, dans le temps, à M. Schintz (2 et à (0 Fortpft. Vog., te, p. 41, pl. 24, fig. 1. 2) Leschreib. und Jbvitd., p 91. 8 EV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) Polydore Roux (1), des œufs de Moineau tout à fait blancs. J'ai vu un œuf albinos dans un nid de Loriot, et un autre dans un nid d’AHirondelle de cheminée. J'ai cité, plus haut, un œuf semblable de Troglodyte. En général, les œufs accidentellement incolores sont rares chez les Oiseaux sauvages. Il n’en est pas de même chez les espèces de nos basses-cours. La domesticité influe puissamment sur la livrée des œufs; elle affaiblit leur teinte peu à peu et finit par déterminer leur albinisme. Les Canards domestiques, aux environs de Toulouse, pondent, le plus habituellement, des œufs tout à fait dé- colorés. On sait que ceux des Canards sauvages ont une teinte verdâtre plus ou moins prononcée. Les personnes qui élèvent des Pintades savent très-bien que, parmi les œufs piquetés de brun roux, particuliers à ces Gallinacés, on en trouve sans taches, lesquels sont tantôt roussâtres ou couleur nankin, tantôt tout à fait blancs. Les œufs de la Poule d'Inde sauvage ressemblent, pour la coloration , à ceux du Coq de bruyère. Ceux de la race domestique sont extrêmement pâles, avec de petites ta- ches plus ou moins effacées, quelquefois à peu près nulles. Tous ces faits donnent une grande probabilité à l’opi- nion des ornithologistes qui regardent, contrairement à l'idée de Buffon, les œufs de la Poule comme primitive- ment colorés et comme devenus blancs par l'effet de la domesticité. Ce qui confirme cette conclusion, c’est 1° que ces œufs sont d’un blanc pur dans les races les plus an- ciennes ( Poules ordinaires), ou dans les plus abâtardies (Poules naïnes); 2 que certaines races, introduites depuis peu (brahmas-pootras, cochinchinoises), pondent encore des œufs roussâtres; 3° que les genres les plus voisins du senre Gallus (Gallophasis, Catreus, Phasianus) ont des œufs de cette couleur. On a vu, plus haut, que la lumière, au bout d’un cer- (1) Ornitk. prov., I, p.133. TRAVAUX INÉDITS. 9 tain temps, pâlissait les œufs. Dans les collections un peu anciennes, dans celles surtout qui ont été exposées au grand jour, les œufs légèrement bleuâtres (Autour, Mot- teux) deviennent blancs. | $ 5. La COULEUR DES OEUFS A-T-ELLE DES RAPPORTS AVEC CELLE DU PLUMAGE ? — Quelques auteurs ont cru trouver une relation entre les couleurs des œufs et celles du plumage des Oiseaux; Buffon est un des premiers na- turalistes qui ont signalé ce rapport, qu'il a considéré comme constant (1). Daudin a généralisé beaucoup moins cette proposi- tion (2); il l’a restreinte d'abord aux seuls Oiseaux de- meurés en liberté, et il a cru que ceux-là seulement dont le plumage est uniforme provenaient d’un œuf unicolore; il a admis, de plus, que les œufs tachetés pouvaient pro- duire des Oiseaux à plumage varié, et que plus leurs ta- ches étaient nombreuses, plus les couleurs du vêtement devaient être vives et tranchées. Cette relation n’existe, dans la nature, ni absolue ni restreinte. La couleur du plumage n’offre aucun rapport, en général , avec la couleur des œufs (Manesse, Thiene- manon). Tous les Canards d'Europe présentent, comme on sait, un plumage à teintes foncées et variées, et ils pon- dent des œufs unicolores remarquables surtout par la pà- leur de leurs nuances. Le Flamant aux teintes de rose, le Rollier d'un beau bleu d’aigue-marine, le Guépier et le Martin-Pécheur aux couleurs si tranchées, si écla- tantes, naissent tous d’un œuf uniformément blanc, tout à fait mat ou très-légérement lustré. Quelques ornithologistes ont borné ce rapport entre la couleur de l'œuf et celle du petit au moment de l’éclo- (1) Article Cog. — Buffon a conclu de ce rapport que la race pri- mitive des Poules a dû être une Poule blanche. Les Poules blanches sont des albinos, comme les Moineaux blancs, les Lapins blancs, les Souris blanches. (2) Ornith., 1, p. 157. 10 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) sion. À la dernière exposition d'Angers, on à vu une belle collection oologique disposée de manière que, à côté de la plupart des œufs, on avait eu soin de placer le jeune poussin récemment éclos; le but des exposants était de montrer une sorte de relation entre le jeune animal et la coquille; mais ce rapport est bien loin d'être général. Beaucoup d'Oiseaux, il est vrai, au moment de la nais- sance, sont recouverts d’un duvet roussâtre, jaunàtre, grisâtre ou tout à fait blanc. Or il existe dans la nature un assez grand nombre d'œufs dont les coques présentent assez exactement ces mêmes caractères; mais il y a aussi des œufs azurés, des œufs bleus, des œufs verts, des œufs roses, des œufs brun rouge, des œufs lilas..…..., et, d'un autre côté, beaucoup d'Oiscaux viennent au monde sans plumes ni duvet. Si j'insiste sur la non-relation de la couleur des œufs et de la teinte du plumage aujourd’hui bien connue, c'est parce que, dans une occasion importante, il y a quelques années, un savant physiologiste, consulté sur la couleur des œufs de plusieurs Oiseaux du Nord, soutenait encore le rapport de leurs nuances avec celles du plumage des Oiseaux qui les avaient produits. Dans le croisement des espèces, le sexe masculin n’in- flue pas plus sur la couleur des œufs que sur leur forme. L'abbé Manesse fait observer que la Poule ordinaire, fé- condée par le mâle du Faisan commun ou par celui de la Pintade, donne des œufs blancs semblables à ceux qu’elle aurait produits avec son propre Cog, et que ceux de la Serine appariée avec le Chardonneret ou le Tarin sont toujours, à l'extérieur, ce qu'ils auraient été avec un mâle de son es- pèce (1). Les couleurs des œufs, dans la plupart des groupes d'Oiseaux, présentent une certaine ressemblance, une sorte d'air de famille plus ou moins prononcé. La- (1) Oologie, 1. 1, p. 41. TRAVAUX INÉDITS. 11 pierre (4) est un des premicrs ornithologistes qui ont appelé l'attention sur l'importance des études oologiques dans la recherche des rapports naturels. M. de la Fres- naye et surtout M. des Murs ont marché heureusement dans cette voie. Les observations de ce dernier savant sur les œufs du Caurale (Scolopaæ helias, Lath.} (2), du Courlan (Ardea scolopacea, Gmel.) (3) et de la Poule sultane (Porphyrio hyacinthinus, Temm.) ont jeté le plus grand jour sur la place que doivent occuper ces Oiseaux parmi les familles naturelles... Moi-même, s’il est permis Ge me citer, j'ai aussi concouru, mais pour une {rès-faible part, à faire servir les connaissances oologiques au perfection- nement de la taxonomie. J'ai, plus d’une fois, donné au savant auteur du Conspectus Avium des indications pré- cises qui appuyaient ou infirmaient les coupes génériques ( malheureusement trop nombreuses) de son important ouvrage (4). Tous les œufs des Alouettes sont finement pointillés ; ceux des Pies-Grièches ont des taches assez grandes, rela- tivement ; ceux des Bruants se font remarquer par leurs zigzags. Chez les Suxicoles, la couleur se montre plus ou moins azurée ct presque toujours unicolore; chez les Coraces, elle tire sur le vert foncé (5), avec des marbrures inégales dans leur forme et dans leur teinte {6);. chez les (1) Observ. sur la ponte des Ois., extrait de l'Hist. nat. de Buffon, édit. Sonnini, p. 4. (2) Ardea helias, Gmel.. Helias phalenoides, Vicill., genre Eury- vyga d'Iliger. (3 Genre Aramea de Vicillot. (4) « Plàt à Dieu que tous les ornithologistes pusseut s'éclairer, comme lui, du flambeau de loologie! » Ch: Bonaparte, Notes sur le genre Moquinus, dans la Rev. ef mag. de zual., 1857. (5) Klein voudrait savoir pourquoi le Créateur à douné aux Oiseaux malpropres (sordidis), par exemple aux Corbeaur, des œufs élé- gamment colorés. {6} Les œufs du Corbeau, de la Corneille, de la Corncille man- telée, du Freux, du Choucas offrent le type de cette coloration; ceux 12 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) Plongeons, elle paraît d’un brun sombre avec des taches: presque noires. Les Gallinacés ont des œufs roussâtres plus où moins panachés de marron; les Mouettes et les: Goëlands en donnent d’olivâtres, largement maculés ou marbrés de brun foncé. De leur côté, les Harles et les Canards en pondent de non tachetés, mais revêtus d’une livrée claire et uniforme. Il en est de même des Hérons et des (rrèbes. Chez les Oiseaux de nuit, chez les Pics, chez les Pigeons, chez les Pétrels, les œufs sont tou- jours d’un blanc pur... Je n’en dirai pas davantage sur ces caractères généraux; ils sont aujourd’hui écrits par- tout, mais principalement et d’une manière à peu près complète dans le dernier ouvrage que vient de publier M. des Murs (1). Qu'on me permette, toutefois, d'ajouter deux faits dignes d'attention. Le ŒCourt-vite (Cursorius europæus, Lath.), Oiseau voisin de l'OEdicnème (OEdicnemus crepi- tans, Temm.) (2), présente, sur son œuf, des mouchetures exactement semblables, pour la figure et la couleur, à celles qui caractérisent celui de ce dernier. La Perdrix huppée de Californie (Lophortyx californica, Bp.) pond des œufs qui ont la forme et la coloration de ceux de la Per- drix rouge de nos pays; on dirait qu'on a devant les yeux une miniature de ces derniers. Descriprion de Coléoptères nouveaux du genre Sphodrus, Clairville, par L. W. Scaauruss, naturaliste à Dresde. En établissant que les Sphodrus Schreibersi, Küst., et de la Pie, du Casse-noix, du Choquard et du Coracias commencent à s’en éloigner; ceux du Geai s’en écarteut un peu plus. (1) Traité général d'Oologie ornithologique. Paris, 1860, 1 vol. grand in-8. : (2) Temminck place le premier Oiseau à la fin de ses Coureurs ({Gursores), et le second en tête de ses Gralles (Grallatores), de manière que les genres se trouvent côte à côte. TRAVAUX INÉDITS. 13 Sphodrus Schmidti, Müll., sont différents,etquenousavons, en Allemagne, une troisième espèce de ce genre, je désire donner ici les diagnoses des Sphodrus (Dejean) de ma col- ection. Sphodrus Ghilianii. — Apterus; piceo-ferrugineus ; thorace cordato, basi truncato, utrinque linea impressa, angulis subrectis; elytris subovatis, strialis; tibiis inter- mediis gracilibus, rectis; unguiculis simplicibus; larsis linea impressa instructis. — Long., 7 lignes; larg., 2 3/4 lignes. Thoracis long., 1 1/2 ligne. — Patria, Alp. mérid. . Syn., Sphodrus Ghilianii, Schaum, /nsect. Deutschlands, t. 1, p. 383. Sphodrus glyptomerus, Chaudoir, Stettiner ent zeilung, 1859, p. 127. Sphodrus cavicola. — Apterus, subangulatus, piceus ; thorace elongato, basi subemarginato, postice utrinque impresso, transversim depresso, angulisacutis; elytriselon- gatis, obovatis, punctato-striatis, punctis sublilissimis; ti- biis intermediis rectis, validioribus; unguiculis simplicibus; tarsis pilosis. — Long., 1 1/2 ligne; larg., 2 1/2 ligues. Thoracis long., 6 1/3 lignes. — Patria, Styria, in caverno prope Stimberg, leg. F. D. Schmidt. Syn. Sphodrus cavicola, Schaum, Insect. Deutschlands, t. 1, p. 382. N. B. M. le professeur Schaum dit : capite juxta oculis parum prominulis utrinque bipunctato. Cela n'est pas constant. Tous les Sphodrus ferrugineux, Dej., ont deux points sur le côté de la tête, avec un poil. Sphodrus Schreibersi. — Apterus, subangustatus, dilute ferrugineus, subpellucidus ; thorace elongato, basi trun- cato, utrinque linea impressa, linea intermedia ante ba- sin abbreviata, angulis acutis; elytris ellipticis, subcon- vexis, punctato-striatis, punctis subtilissimis, interslitiis planis; tibiis intermediis gracilibus, rectis; unguitulis simplicibus; tarsis setosis.— Long, 6 lig.; larg., 2 1/4 lig. Î4 REV. ET MAG. DE Z00LOG1&. (Janvier 1861.) Thoracis long., 4 1/3 ligne. — Patria, Styria, in caverno prope Adelsberg. Syn., Küster, Æafer Europas, V, 24. ? Schaum. Insect. Deutschlands, t. 1, p. 382. Sphodrus Schmidti: — Apterus, subangustatus, ferru- gineus: thorace elongato, basi truncato, utrinque linea impressa, angulis subrectis ; elytris ellipticis, deplanatis, punctato-striatis, punctis subtilissimis, interstitiis con- vexiusculis ; tibiis intermediis gracilibus, rectis; unguicu- lis simplicibus; tarsis setosis. —Long., 61/2 lignes; larg., 1/4. Thoracis long., 1 1/2. — Patria, Styria. Syn. : Sphodrus Schmidti, Müll., Verhandl. d. xool., botan. Vereins, 185%, p. 24. Sphodrus Schreibersi, in Schaum, Ansect. Deutschlands, t. I, p. 382. Sphodrus dissimilis, n. sp. — Apterus, subangustatus, testaceus, subpellucidus; thorace elongato, basi subsi- nuato, utrinque linea impressa, angulis valde acutis; ely- tris ellipticis, deplanatis, punctato-striatis; tibtis inter- mediis gracilibus, rectis; unguiculis simplicibus; tarsis setosis. — Long., 5-5 1/4 lignes; larg., 2 lignes. Thoracis long., 4 1/4 ligne. — Patria, Styria, in caverno Stu- denitz. Sphodrus peleus, n.sp.— Apterus, subängustatus, dilutu ferrugineus, subpellucidus; thorace elongato, basi si- nuaio, utrinque linea impressa, angulis acutis; elytris obovatis, convexiusculis, subtiliter siriatis; tarsis inter- mediis rectis; unguiculis simplicibus; tarsis selosis. — Long. 5 1/4-6 1/2 lignes; larg., 1 3/4-2 1/4. Thoracis long., 1 1/4 1 1/2 ligne. — Patria, Hispan. occ. (monte Pelco, leg. auct.), in caverno N. N. Sphodrus peleus, var. obscuratus, n. sp.— Apterus, sub- angustatus, piceo-ferrugineus ; thorace elongato, basi si- nualo, utrinque linea impressa; angulis acutis; elytris obovatis, convexiusculis, subtiliter striatis; tibiis inter- mediis rectis; unguiculis simplicibus ; tarsis setosis. — SOCIÉTÉS SAVANTES. 15 Long., 6 lignes: larg., 2 lignes. Thoracis long., À 1/2 li- sne. — Patria : .Hispan. oce. (picos de Europa, leg. auci.). Sphodrus Fairmairei, n. sp. — Apterus, angustatus, fer- rugineus ; thorace elongato, subcordato, basi subsinuato, utrinque linea impressa, angalis posticis subrectis: elytris elongato-obovatis, subtiliter striatis; tibiis intermediis va- lidis, reclis; unguiculis simplicibus; tarsis setosis.—Long., 6 1/2 lignes ; larg, 2 lignes. Thoracis long., 1 1/4 ligne. — Patria, Hispan. occ. (leg. auct.). Dédié au savant entomologiste Léon Faimaire, à Paris. Sphodrus Reichenbachi, n. sp. — Apterus, niger ; tho- race cordato, postice utrinque impresso, angulis rectis : elytris ovalibus, deplanatis, subcyaneis vel cærulescen- tibus, punctato-siriatis; antennis pedibasque piceis; tibiis intermediis incurvis; tarsis subpubescentibus; unguiculis simplicibus. — Long., 6-6 1/2 lignes; larg., 2 1/5-2 3/% li- gnes. Thoracis long., 4 1/2 ligne. — Patria, Hispan. occ. (pro. Alaba. — Guipuscoa, leg. auct ) Dédié au célèbre docteur Ludwig Reichenbach, diroc- teur du musée d'histoire naturelie de Dreide. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séince du 3 janvier 1864. — M Flourens fait hommare à l'Académie d'un exemplaire du livre qu'il vient de pu. blier sous ce litre : de la Raison, du Génie et de la Fo'ie. « Dans la première partie de ce livre, dit M. Flourens, je donne une analyse toute nouvelle de la raison. La raison se compose de trois ordres de facultés : les facultés txe- stinclives, les facultés intellectuelles et les facultés ration nelles. « Dans la deuxième partie, j'étudie le génie et je lesra 46 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) mène à sa vraie nature, qui est d’appartenir à la raison, dont il marque le degré suprême, et non à la folie, comme quelques-uns le prétendent en ce moment. « Dans la troisième partie, j'éclaire et j'explique la folie par la raison, et non la raison par la folie, comme le fait la nouvelle école psychologique , ce qui est l’ordre renversé du bon sens et de la logique. » Séance du 14 janvier 1861. — M. le docteur Eugëne Robert présente un supplément aux recherches géologi- ques sur les matières, et principalement les pierres, tra- vaillées par les anciens Gaulois. Séance du 21 janvier 1861.— MM. N. Joly et Ch. Musset adressent un travail intitulé Nouvelles expériences sur l’'hété- rogénéilé. « Dans notre communication relative aux générations spontanées, nous nous sommes attachés à établir que la vie apparaît dans les décoctions de substances organiques mises en contact direct avec l’air emprisonné dans les ca- vités naturelles des végétaux (courge, potiron, piment annuel) et, par conséquent , aussi dépouillé que possible des germes nombreux que l’on dit flotter sans cesse au sein de l’atmosphère. Dans le présent Mémoire, nous ex- poserons les résultats que nous avons obtenus en répétant, avec des soins minutieux, les expériences de MM. Schult- ze, Schwann, Hoffmann et Pasteur ; nous donnons ensuite les détails d’une expérience nouvelle qui nous appartient et qui, jointe à toutes les observations que rous avons faites depuis bientôt un an, nous dispose singulièrement à croire à la réalité des générations spontanées, du moins en ce qui concerne les êtres les plus inférieurs des deux règnes organiques. « Qu'il nous suffise de dire que, malgré notre vif désir de ne pas prolonger inutilement le débat engagé entre les hétérogénistes et les adversaires de l’hétérogénie, nous sommes forcés de déclarer que nos propres observations nous ont conduits à des résultats entièrement opposés à SOCIÉTÉS SAVANTES. 17 ceux qu’avaient annoncés les auteurs des expériences que nous avons répétées. Ainsi vainement nous avons. soumis à une ébullition prolongée les substances organiques dont nous nous sommes servis; en vain nous ayons fait subir une température très-élevée à l’air destiné à être introduit dans nos appareils; en vain nous lui avons fait traverser des tubes chauffés au rouge blanc ou remplis d'acide sulfurique concentré, nous avons constamment vu naître, dans nos matras, des productions organisées, très- simples, il est yrai, mais dont l’origine ne saurait, selon nous, être expliquée par les germes atmosphériques. « Du reste; M. Hoffmann lui-même déciare que, si, «en réalité, on ne peut faire des expériences sans que la pous- sière qui flotte dans l’air apporte dans le liquide quelques spores de champignons, l’ébullition suffit pour les faire périr. » « D'après l’un de nos plus habiles antagonistes, l’ébul- lion prolongée dans l’eau tuerait même tous les germes atmosphériques, y compris les spores des Mucédinées. 11 est vrai que, trois mois plus tard, il annonce que des Vi- brions peuvent naître dans un liquide de la nature du lait (c'est-à-dire légèrement alcalin) qui a subi une ébul- lition de plusieurs minutes à la température de 100 de- grés, bien que cela n'arrive pas pour l'urine ni pour l'eau sucrée albumineuse. Nous ne nous chargeons pas de concilier ces assertions contradictoires; aussi nous bor- nons-nous, en terminant cet extrait, à faire connaître l'ex- périence qui suit. Elle est basée sur la loi du mélange des gaz à travers les membranes humides. Or ces membranes sont considérées, par tous les savants, comme les filtres les plus fins dont on puisse se servir, et en effet leurs ‘pores intermoléculaires sont d’une telle petitesse, qu'ils échappent à l'œil armé du meilleur microscope. « Nous faisons bouillir dans de l’eau ordinaire deux cœcums de mouton et de petits morceaux de viande. Après une heure d’ébullition, nous remplissons les cœcums de 2° s&mix. r. xu. Année 1861. 2 18 REV. ET MAG. DE ZOO01L0GIE. (Janvier 1861.) notre décoction encore très-chaude, et nous y introdui- sons un des morceaux de viande. Alors, nous en servant comme d’éprouvette, nous y faisons arriver un courant d'hydrogène bien lavé, et nous lions fortement, quand le gaz remplit environ les trois quarts de la capacité des cœcums. Cela fait, nous les plaçons dans un vase plein d’eau, en ayant soin de constater l'intégrité des mem- branes. Que se passe-t-il alors? L'hydrogène, après quel- ques heures, se dégage, et l'air atmosphérique filtré le remplace ; les cœcums ont, pour ainsi dire, respiré. « Comme la température était froide, nous avons pris le soin de tenir le vase à expérience dans un coin de notre cheminée. Pendant douze jours, la température du bain a varié de 3 à 25 degrés. Cet intervalle de temps écoulé, nous avons ouvert les cœcums; alors nous avons constaté la présence d’une assez grande quantité de Bac- téries très-agiles. Quant au criterium, il nous a donné les mêmes microzoaires, mais en nombre beaucoup plus grand. Ajoutons que le criterium n’avait pas été chauffé, et que sa température ne s'est pas élevée au-dessus de 8 degrés pendant toute la durée de l’expérience. Toute- fois cettte différence dans les résultats, très-facile d’ail- leurs à concevoir, n’en infirme en rien la valeur proba- tive. » M. Milne-Edwards présente la première livraison de l'Iconographie générale des Ophidiens, par M. Jan, direc- teur du musée de Milan, et il appelle l'attention de l’Aca- démie sur le mérite de ce travail remarquable par l’exac- titude des détails. Séance du 28 janvier 1861. — M. Coste lit une Note sur le repeuplement du littoral par la création d'huitrières arli- ficielles. l « J'ai l'honneur de communiquer à l’Académie le ré- sultat des opérations de repeuplement que, par ordre de l'Empereur, l'administration de la marine exécute ou di- rige sur le littoral dé la France. Cette communication sera SOCIÉTÉS SAVANTES. 19 accueillie, j'espère, avec faveur, car le succès est le ré- sultat de l'application d’une donnée abstraite de la science. « Je n’insisterai pas sur les produits de la baie de Saint- Brieuc. Par la vue des branchages chargés d'Huîtres déjà marchandes que je mets sous ses yeux, l’Académie pourra juger comment l’industrie a pu, à 15 ou 20 mètres de profondeur, accumuler la récolte là où, auparavant, il n’y avait pas de trace de coquillage. « Je veux surtout montrer aujourd'hui comment cette idée abstraite de la science, en pénétrant dans l'esprit de nos populations maritimes, les a conduites à fixer la mois- son sur les terrains émergents où, à mer basse, on peut donner des soins au coquillage comme, dans nos jardins, aux fruits des espaliers. Les appareils collecteurs de toute sorte, fascines, planches, tuiles, fragments de roche, tout s'y couvre d'Huïitres ävec une telle profusion, que l'Océan se transforme en une véritable fabrique de sub- stance alimentaire. « Dans l'ile de Ré, de la pointe de Rivedoux à la pointe de Loix, sur une longueur de 3 à 4 lieues, une immense vasière a été convertie en champ de production d’une richesse inouïe. Là où auparavant l’Huître ne pouvait se développer, les agents de l'administration en comptent, à l'heure qu'il est, en moyenne, 600 par mètre carré; ce qui donne, pour une superficie de 630,000 en exploitation, un Lotal de 378,000,000 de sujets, la plupart ayant déjà une taille marchande, et représentant une valeur de 6,000,000 à 8,000,000 de francs. « Ce travail, commencé seulement depuis deux ans, se poursuit avec une infatigable énergie dans tout le reste du pourtour de l’île. Il est l'œuvre des efforts combinés de plusieurs milliers d'hemmes venus de l’intérieur des terres pour prendre possession de ce nouveau domaine, Quinze cents parcs y sont, dès à présent, en pleine acti- vité, et deux mille autres sont en voie de construction. 20 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) Les détenteurs de ces établissements, constitués en asso- ciation, ont nommé des délégués pour les représenter auprès de l'administration, et des gardes-jurés pour sur- veiller la récolte commune. Ils se réunissent en assem- blée générale pour délibérer sur les moyens de perfec- tionner leur industrie; en sorte que, dans cette associa- tion, à côté de l'intérêt individuel se trouve représenté l'intérêt de la communauté. € Dans la baie d’Areachon, l’industrie huîtrière se dé- veloppe dans les mêmes proportions qu'à l’île de Ré. Le bassin tout entier se transforme en un champ de produc- tion. Ici cent douze capitalistes, associés à cent douze marins, exploitent 400 hectares de terrains émergents, et l'État, pour donner l'exemple, a organisé deux sortes de fermes-modèles destinées à l’expérimentation de toutes les méthodes propres à fixer la semence et à rendre la récolte facile. L'application de ces méthodes a déjà amené une telle reproduction, que ce bassin est sur le point de de- venir un des centres les plus actifs des approvisipnne- ments de nos marchés. Les qualités de forme et de goût que le coquillage y acquiert permettent de le-livrer direc- tement à la consommation, sans lui faire subir préalable- ment les traitements auxquels on le soumet dans les parcs de perfectionnement. Les dépenses que ces manipulations exigent partout ailleurs étant supprimées ici, il en résul- tera une économie qui tournera à la fois au bénéfice du producteur et du consommateur. « L'administration de la marine ne s’est pas bornée à créer des centres de production dans l'Océan; elle à voulu en former aussi sur nos côtes de la Méditerranée. Les premiers essais faits dans la rade de Toulon ont donné les résultats les plus satisfaisants : l’Académie peut en juger par le fragment de clayonnage que je mets sous ses yeux; la quantité d'Huîtres n’y est pas moins grande que sur les fragments de roche, sur les fascines, les plan- chers et les tuiles pris à Saint-Brieuc, à l’île de Ré, au SOCIÉTÉS SAVANTES. 21 bassin d'Arcachon. C’est un fait qui ressort des divers échantillons déposés sur le bureau. » M. Ollier adresse un Mémoire de physiologie intitulé, de l'Accroissement en longueur des os des membres et de la part proportionnelle qu'y prennent leurs deux extrémités. M. Pappenheim adresse des Notes, l'une sur les lym- phatiques du cœur chez les individus de sexe différent; la seconde, sur une vessie urinaire bicorne ; la dernière, sur un moyen auxiliaire pour l'eploration du larynx et des cavités nasales. M. Lereboullet adresse un mémoire ayant pour titre, du Mode de fixation des œufs aux fausses pattes abdominales dans les Ecrevisses. « Les naturalistes n’ont pas encore expliqué, du moins à ma connaissance, le mécanisme suivant lequelles œufs des Ecrevisses, et probablement aussi les œufs des autres Dé- capodes, se fixent aux appendices abdominaux. La des- cription de ce mécanisme fait le sujet du mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie. « Quelques semaines avant la ponte, il se forme sous l'abdomen, en dedans de l’arceau inférieur de chaque anneau, un dépôt particulier de couleur blanche, com- posé de granules microscopiques, de noyaux et de glo- bules graisseux. Ce dépôt se voit à travers la membrane cornée qui unit les anneaux les uns aux autres, sous la forme d’un liséré blanc qui borde, en avant et en arrière, l'ar- ceau inférieur. Il devient de plus en plus considérable jusqu'au moment de la ponte, et remplit, en outre, les cavités épimériennes, l’intérieur des fausses pattes abdo- minales et les lames natatoires de la quewe. La matière blanche qui constitue ce dépôt a une consistance cré- meuse; mais, quand on la délaye dans l’eau, elle devient filante et grumeleuse. « Au moment de la ponte, l'abdomen s replie sur lui- même, de manière à former un sac dont les bords sont collés les uns aux autres par une matière visqueuse. L’in- 22 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) térieur de ce sac est rempli d’un liquide glaireux, au mi- lieu duquel sont plongés les œufs encore mous et libres de toute adhérence aux parties voisines. « À cette époque déjà le dépôt blanc a disparu. « L'examen microscopique de ce dépôt, fait un peu avant sa disparition, le montre composé, presque en to- talité, de vésicules microscopiques d’un aspect uniforme. Ces vésicules se dissolvent et produisent un liquide qui suinte à travers la membrane cornée des segments et rem- plit très-promptement la poche abdominale. Le liquide ainsi produit a la propriété de se coaguler dans l’eau et de se transformer en une membrane amorphe. L'Ecre- visse, par les mouvements qu’elle imprime à l'abdomen, fait entrer une certaine quantité d’eau dans l’intérieur de la poche qui recèle les œufs, le liquide visqueux se coagule autour de ces derniers et les fixe aux fausses pattes à l’aide d’un pédicule qui se solidifie et s’allonge peu à peu. « Quand tous les œufs sont suspendus, l'abdomen se déroule, et l'on ne trouve plus aucune trace du dépôt blanc qui avait précédé leur apparition. « Le mécanisme de la fixation des œufs aux fausses patiés de l'abdomen se compose donc de plusieurs actes : « 14° De la formation d’un dépôt celluleux et granuleux sous l'abdomen, en dedans des segments ; « 2% La dissolution de ce dépôt et sa transformation en un liquide visqueux qui suinte à travers les segments ab- dominaux ; ‘ « 3 Le reploiement de l’'abdoment en forme de sac dont les bords correspondants se collent les uns aux au- tres, par l'effet du liquide visqueux, à l’aide des soies qui les garnissent; « 4° La ponte des œufs qui arrivent dans le sac et plon- gent au milieu du liquide dont il est rempli; « 5° La solidification lente et progressive de ce liquide ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 23 et, par suile, la formation de l'enveloppe extérieure des œufs et des pédicules qui servent à les suspendre. « Ce trayail de sécrétion temporaire, dont le résultat est la formation d'une matière granuleuse qui se résout elle-même en un liquide, se fait sans la présence d'aucune glande. 11 est possible que les cellules de la membrane dermoïdale du lest tiennent ici lieu de la tunique épithé- liale des glandes sécrétoires et en remplissent les fonc- tions. « Je fais remarquer que la formation du liquide sé- crété est précédée de la résolution de la matière blanche * déposée sous l'abdomen en une quantité innombrable de granules vésiculeux homogènes. 11 est évident que c’est à la fonte de ces granules que le liquide doit son origine. « D'après cela, on est en droit de se demander si, dans les sécrétions ordinaires, le liquide sécrété, au lieu de provenir du sang, ne résulterait pas de la dissolution de granules élémentaires qu'auraient produits et élaborés les cellules épithéliales. En d’autres termes, ces dernières cellules, au lieu de se borner à extraire du sang, sous forme liquide, le produit de la sécrétion, n’auraient-elles pas pour mission de former des granules, et ne serait-ce pas dans cette formation granuleuse que consisterait le travail d'élaboration qui constitue la sécrétion ? » III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Mémoires D'HISTOIRE NATURELLE du docteur D. Pablo de la Llave, extraits du Registro trimestre (1) publié à Mexico en 1832. Nous croyons être agréable à nos lecteurs en leur don- nant la traduction des Mémoires zoologiques contenus (1) Registro trimestre, o culeccion de memorias de historia, litera- tura, ciencias y artes por upa socicdad de literatos.— Enero de (832, t. 1, Mexico, etc., 4832, in-8 (ou petit in-4 espagnol). Ce tome est fermé de 4 cahiers d’environ 100 pages (total, 515 p.). 24 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) dans une publication extrêmement rare, qui ne se trouve dans presque aucune bibliothèque de l'Europe. Nous de- vons la connaissance de ce livre à notre ami M. Auguste Sallé, naturaliste-voyageur très-instruit et très-bon ob- servateur, qui nous a adressé la lettre suivante en nous donnant son travail : « Ayant demandé à un de mes amis du Mexique le Re- gistro trimestre, o coleccion de memorias de historia, lite- ratura, ciencias y ares, por una sociedad de literatos, pu- blié à Mexico en 1832, il me répondit d’abord que cet ouvrage élait épuisé. Cependant, au bout de quelque temps, il m'écrivit qu'il était parvenu, avec peine, à se procurer le premier volume de ce recueil, qu'il avait rencontré chez un bouquiniste de la ville de Mexico, et qu'il me l’enverrait à la prochaine occasion. Ce volume ne m'est parvenu que longtemps après, à cause de l’état déplorable dans lequel se trouve ce malheureux et beau pays, par suite de la guerre civile qui dure depuis plu- sieurs années, et qui Ôte toute sécurité aux communica- tions. Parmi les intéressants articles relatifs à l’histoire naturelle qui se trouvent dans ce volume j'extrais, pour vos lecteurs, les suivants, qui ont trait à la zoologie et qui sont presque ignorés, ou du moins fort peu connus en Europe. « Vous voudrez bien excuser les mauvaises traductions d'un voyageur qui est plus habile à chasser qu’à manier la plume. « Votre ami dévoué, A. SALLÉ, voyageur-naturaliste, rue Guy-de-la-Brosse, 13. » Mémoire sur le Quetzaltototl, genre nouveau d’Oiseau, par le docteur 2. Pablo de la Llave. (Extrait du Registro trimestre, etc., p. 43.) Une des branches de la zoologie qui intéresse le plus est celle qui traite des Oiseaux. La variété de leurs formes et de leurs mœurs, celle de leurs plumes et couleurs, et le langage particulier que chaque espèce a pour sub- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 25 venir à ses besoins, doivent intéresser les amateurs du grand spectacle que présente la nature. Cette étude ne peut pas être avancée parmi nous, car à peine connais- sons-nous les Oiseaux qui attirent l'attention par leur chant et la richesse de leurs couleurs, ou ceux qui sont destinés à la consommation et aux plaisirs de la table. Nous ne savons rien des autres, parce qu'il n’y a ni in- térêt ni motif de les étudier. En effet, pourquoi commettre des hostilités sur des Oiseaux qui n’ont pas d'utilité, dans un pays où, dans la plus grande partie de son ter- ritoire, vivent, tranquilles et sans crainte de l’homme, les Lièvres, les Perdrix et les Lapins? Quand l'expédition d'histoire naturelle de la Nouvelle- Espagne, composée de MM. le directeur D. Martin Sesé, D. Jose Mariano Mocino, D. Juan del Castillo, D. Jose Longinos, fit ses envois d'objets en Espagne, en les adres- sant au directeur du cabinet de Madrid, on porta les caisses d'Oiseaux dans un ‘magasin du palais del Retiro; elles y restèrent environ quinze ans, et personne ne se rappelait plus de cela jusqu’à ce que les Français, étant entrés pour la seconde fois dans Madrid et occupant ledit palais, les soldats tombèrent sur les caisses et se distri- buèrent les Oiseaux. Averti par moi et ayant fait des dé- marches pour recouvrer ce trésor, l'Américain D. Fran- cisco Zea, qui était à la tête du département de l’instruc- tion publique, au ministère du commerce, en fit ramasser ce qu’on put: on remit le tout à M. Mocino, et, à l’ou- verture des caisses (1), on trouva environ trois cents Oi- seaux. (1) Les Oiseaux étaient restés dans le magasin du Retiro pendant quinze ans dans le meilleur état, et, quand on les sortit, ils sem- blaient fraîchement préparés. Ils étaient dans des caisses de cèdre (cedrella odorata), et sans plus de précautions que quelques petites poupées de camphre ; mais, peu de jours après avoir été extraits et rangés dans une salle, je commençai à remarquer que les Vers les attaquaient, et ils ne purent être conservés qu'à force de soins et parce que je les visitais et soignais journellement. Quand je partis 26 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) Dans cette collection, je commençai à étudier l’ornitho- logie, et, comme c’est une matière facile, en peu de temps je l’appris, et il me vint à l'esprit de reconnaître les Oi- seaux que l’on conservait dans ce cabinet d'histoire natu- relle. Il paraît étrange que, dans un établissement de cette espèce, les objets fussent restés si longtemps sans être dé- terminés, et que jamais il n’y ait été donné de leçons de zoologie. Le cabinet avait été fondé par un M. Davila, natif de Guayaquil, et M. Mocino, natif de Temascaltepec, dans l’État de Mexico. Longtemps après, ce fut le pre- mier qui y donna des cours de zoologie, ayant d’abord déterminé avec moi la collection d’Animaux de ce cabinet, excepté la plus grande partie des Insectes (1), parce que l'occasion manquait pour le faire. La collection que nous sortimes des caisses, suivant ce que me dit M. Mocino, avait été formée dans le Guate- mala. Les Oiseaux étaient remarquables par la variété de couleurs; mais, entre tous, brillait le Quetzaltototl, dont il y avait environ douze mâles et quelques femelles. Alors j'avais déjà vu beaucoup d'Oiseaux, et cependant je ne me lassais pas de voir et d'admirer un Oiseau aussi beau. La magnificence de sa robe, la richesse et le brillant du coloris, son attitude élégante appellent l'attention de de Madrid, on les mit au cabinet, et au bout de trois ans, quand je revins les voir, je les trouvai dévorés par les Vers, qui avaient con- sommé jusqu’à la côte des plumes les plus grosses. La même chose était arrivée auparavant à quautité d'Oiseaux de Mexico et d’autres pays qu'on avait envoyés au cabinet de Madrid, où se conservaient seulement les pièces qu'avait apportées de France M. Davila, et par- ticulièrement les aquatiques. M. Baradière, qui a été à Mexico et a monté une quantité d'Oiseaux qui sont venus orner notre cabinet, préparait les peaux avec de l’arsenic, et, nonobstant cétte précaution, quelques Oiseaux furent attaqués par les Vers. (1) Quoiqu'il y eût d’assez bons livres dans la bibliothèque du ca- binet, il n’y avait cependant pas les ouvrages modernes sur les In- sectes, et on ne voulut pas nous les procurer. De plus, ayant été per- sécuté à cette époque, M. Mocino ne put rien faire sur les Insectes, et ils restèrent ainsi saus détermination. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 27 A celui qui l’observe. Les premiers Mexicains, habiles à donner des noms propres aux choses, lui donnèrent celui de Quetzaltototl, mot composé de totot!, Oiseau, et quet- zalli, chose riche, resplendissante et précieuse (1). M. Mocino croyait alors que cet Oiseau devait entrer dans le genre Bucco, et il m’assurait que M. Sése l'avait pris pour un Paradisea, idée très-étrange, car l'un et l'autre se distinguent jusque dans la famille. M. Mocino avait été séduit par le bec déprimé et les barbilles du Bucco, qui se trouvent aussi dans le Quetzaltototl; mais, pour moi, il offrait les caractères d’un autre genre, et les différences de cet Oiseau m'ont fait insister, dès le com- mencement, sur ce qu'il devait former un genre nouveau ; enfin M. Mocino cenvint aussi de cela. Ayant fait la des- cription et une dissertation étendue sur les raisons que j'avais pour le qualifier de genre nouveau, je dirigeai le tout par duplicata à M. Cuvier, professeur du muséum de Paris; mais il est probable que les papiers ne sont pas arrivés à leur destination, parce que jamais je n’ai eu de réponse. M. Geoffroy-Saint-Hilaire, professeur de zoologie dans le même musée, vint, à cette époque, à Madrid, et, à ce que je me rappelle, je lui parlai aussi de cet Oiseau très-précieux. Je me suis étendu sur la relation de tous ces antécédents, parce qu'ils ne sont pas du tout super- flus. Arrivons aux Quelzaltototls. Cet Oiseau a une grande affinité avec le genre Trogon ; ses couleurs et leur distribution, la forme de son bec et son port l’approchent tant de ce genre, que celui qui en a vu ne peut pas faire moins que de s’en rappeler en je- tant les yeux sur le Quetzaltotot!. Cependant il y a deux dif- (1) Nous croyons que la parole mexicaine quetzalli est un abstrait équivalent à brillant, resplendissant, beau, délicat, et nous nous fondons sur ce que quetzalchalchinill signifie pierre précieuse bleue ou verte; quetzalilztli signifie émeraude, et pustiaiteroh équivaut à saule beau et délicat. Nous avons pris la valeur de ces mots daos le FR du père Molina, du xvr° siècle, dont il reste très-peu d'exemplaires. 28 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) férences qui me paraissent balancer cette somme de rap- prochement ; ce sont le bec avec la marge du bord lisse, qui, dans le Trogon, est dentelé, et ensuite les cou- vertures de la queue, qui, par paire, vont s'allongeant jusqu'à dépasser une vara (0",84), et aussi les couver- tures des ailes, qui tombent courbées en forme de cime- terre, et les couvrent toutes quand l’Animal les a pliées. Ainsi j'ai cru que ces deux caractères suffiraient pour faire un genre nouveau sans enfreindre la loi des affinités: et j'insiste d'autant plus là-dessus que la condition du bec lisse paraît induire qu’il doit y avoir quelques diffé- rences dans les mœurs de cet Oiseau. On m’a assuré que c'est dans les bois de la Verapaz qu'abonde le plus le Quetzaltototl; mais dernièrement il nous en-est veuu de Etat des Chiapas, de la confédération mexicaine: Les anciens habitants de notre sol appréciaient beaucoup la plume de cet Oiseau doré, et les peuples de la juridiction dans laquelle il vit payaient à l’empereur un tribut de ces plumes, avec lesquelles on faisait des vêtements très- riches (1). Il me paraissait impossible qu'après tant d'années (car j'avais décrit Oiseau en 1810), et après que beaucoup de curieux et d'amateurs avaient vu l’Animal et les dessins qu’on en avait faits, il n’eût pas encore été décrit, et c’est pour cela que je n’avais pas encore osé publier sa descrip- tion ; mais le prince de Wurtemberg, très-amateur et ex- pert dans l’ornithologie, étant venu à Mexico, m'assura que le Quetzaltototl, qu'il vit dans notre cabinet, était bien réellement nouveau. Il m’assura qu'il n'avait aucune (1) J'ai entendu dire que, du temps des anciens Mexicains, il y avait une espèce de règlement pour chasser le Quetzaltototl sans le blesser. On lui prenait ses longues plumes et on le lächait pour attendre que d’autres aient repoussé. M. Mocino me dit que l’expé- dition avait envoyé à Madrid une quantité suffisante de ces plumes pour orner un vêtement qu’on présenta à la reine Marie-Louise, et elle le conservait comme un bijou. La flexibilité de la côte de la plume fait qu’elle peut servir pour tous les ornements. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 29 notion de cet Oiseau. et que, à son avis, pas un des ou- vrages les plus récents d'histoire naturelle n’en faisait mention. D’après cela, il me semble que, sans être taxé de légèreté, je puis publier cet Oiseau comme genre nou- yeau, en faisant connaître un objet que j'ai, le premier, observé au point de vue ornithologique. Je lui avais donné le nom générique de Pharomachre, qui, en grec, rappelle la longueur des plumes ou vêtement, et, quant au nom spécifique, je lui donnai celui de Mocino, pour conserver dans l’ornithologie la mémoire de ce célèbre et malheu- reux naturaliste (1). Le Quetzallototl, qui, vulgairement et par abréviation s'appelle Quezale, est un peu plus gros que le Trogon curu- eur : il a le bec court, déprimé, large à la base, échancré à la pointe de la mandibule supérieure, sans dents, de couleur jaunâtre, et les narines sont garnies de barbilles. ou moustaches courtes; il a une crête de plumes qui, se doublant, part des tempes et forme une espèce de casque. La queue compte douze pennes; les six supérieures noires, et celles d’en bas en grande partie blanches. Cette queue est recouverte par une portion de plumes sortant deux par deux, s’allongeant graduellement jusqu'aux dernières, qui, dans quelques individus, ont une vara (0,84). Ces longues plumes n’ont seulement que deux doigts de large, et la côte est assez élastique et flexible. Les piumes de la tête, celles de la moitié supérieure de la poitrine, celles de tout le cou, le manteau ou épaules et les couvertures de la queue sont d’un vert-émeraude doré qui, suivant l'exposition de la lumière, change ‘en violet et bleu saphir. Les rémiges des ailes sont noires, et les plumes qui les recouvrent du vert dont nous ayons parlé; elles sont disposées en forme de cimeterre, la pointe tournant vers le bec, et elles couvrent toute l'aile quand l’Animal est posé. Le dessous, depuis la moitié inférieure de la poitrine jusqu’au croupion, est rouge au (1) Voir la note A, à la fin de l’article. 30 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) commencement et d’un sanguin noitrâtre qui dégénère en ponceau, et va en s’éclaircissant jusqu’à ce que, entre les cuisses, il arrive à décliner parfois en rose. Les plumes qui couvrent les cuisses sont noirâtres et les pieds presque de la même couleur, bas sur jambes et ayant deux doigts en avant et deux en arrière, car il est de la famille ou ordre des Grimpeurs. La femelle est plus grosse, mais les couvertures des.ailes et de la queue ne sont pas aussi grandes, à ce que je me rappelle (car il y a bien des an- nées que je la vis, et je n’en ai pas gardé la description); elle est entièrement.d’un vert doré, et la partie inférieure manque de rouge; mais je répète que je ne suis pas bien sûr de cela, pour les raisons susdites. Maintenant voici la description de l’espèce. Comme nous avons des motifs de conjecturer qu’elle n’a pas été .publiée, nous la mettrons en latin, afin qu’elle puisse s’insérer dans les ouvrages d’ornithologie qui s apginant en cette langue. Puaromacrus , e familia Scansorum, Trogonibus perquam affnis, ab his tamen rostro edentulo tectricibusque longis distinctus. Pharomachrus Mocino (1). Totus supra et usque ad pectoris me- (1) Quoique le prince Ch. Bonaparte, dans son Conspectus Avium, assigne la date de 1826 au nom de Trogon paradiseus, Bp., comme il ne le décrit pas, c’est le nom de Mocinno, la Llave , qui doit avoir la priorité. Voici la synonymie de cet Oiseau : Quetzallototl, seu Ave plumarum divitum, Francisci Fernandez, cap. Il, p. 13. Romæ, 1651. Trogon paradiseus, Bp., 1826. (Mais où fut-il décrit?) Pharomochrus Mocinno, de la Llave, 1831. Trogon pavonius, Tem. (nec spix), pl. col. 372, 1835? — resplendens, Gould, Proceed. of the zool. Soc. of London, 1835. — Gould, Mon. Trog., t. XXI. Catlurus, Swains , 1837. Calurus resplendens, Swaiuson, Class. of Birds, II, p.337, 1837. Sur les mœurs du Couroucou payonin, par Delattre, Rev. zool., 1843, p. 163. MM, Sclater et Salvin, Ou (he Ornithology of central America ” {he Ibie ” a Magazine of general ornithology, vol. I, p. 132. 1850. (A. SALLE.) ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 31 diétatem inferiorem viridi-aureo micans ; subtus, rubro pictus, tectricibus cauda quadruplo longioribus. Trogone curucui paulo major, rostro flavido, brevi, depresso, basi lato, apice mandibula superiori emarginata. Caput plumulis cris- tatum, e temporibus provenientibus, sese imbricantibus atq. in galeam dispositis ac circumductis. Caudæ remiges 12, superio- res 6, nigri, infériores majori ex parte caudidi. Tectrices caudæ per paria Jougiores,: postremæ aliquando ulnam excedentes. Ala- rum remiges nigri, tectricibus subeurvis, plicatam alam coope- rientibus. Pedes Scansorü, breyes, nigri, femoribus plumulis atris vestitis. Caput, collum, dorsum, superior pectoris medietas, ala- rum caudæque tectrices, aurco smaragdino nitore splendent in cæruleum ac violaceum varianti. Sublus, ima pectoris medietate intense sauguineus, de cætero, rubro dilutiori tinctus. Habitat nemoribus Guatimalæ , atq. umbrosis intricatis saltibus chiapanensis mexicanæ ditionis. Mexico, novembre le 10 Ge 1831, DE LA LLAVE. Note A. M. Mocino , natif, comme nous l'avons dit, de Témascaltepec, se consacra d’abord aux études théologi- ques. Il abandonna cette carrière pour suivre celle de Ja médecine, dans laquelle il arriva à avoir une grande répu- tation, pouvant vivre, par ce moyen, dans l’aisance et l'abondance. Quand vint l'expédition d'histoire naturelle, il selivra à cette classe de connaissances et commença à voyager, étendant ses excursions jusqu'à Guatemala et ensuite jusqu'à Noofka, où il rendit des services impor- tants qui, certainement, comptent dans l’histoire naturelle de ce voyage, qui s’imprima à Madrid et parut, par frag- ments, dans le journal. Sur le territoire mexicain, il re- connut, par les ordres du comte de Revillagigedo, le volcan de Tuxtla. Antérieurement, il avait été reconnaître celui de Joruilo, sur le cratère duquel il fit une magni- fique élégie en vers latins, de laquelle il doit être resté à Mexico un ou plusieurs exemplaires manuscrits. Quand l'expédition retourna en Espagne, M. Mocino, plus amou- reux de gloire que de revenus, renonça à tous céux dont il jouissait dans son pays pour aller prendre sa part dans l'impression de ces travaux. Il arriva à Madrid; on lui fit 32 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) une pension mesquine et qu'il avait beaucoup de peine à toucher: mais, constant dans sa résolution, jamais il ne voulut abandonner ses dessins et ses descriptions. Il vi- vait comme un pensionnaire dans la maison de M. Sesé. Après la mort de cet ami et le départ de sa veuve pour Mexico, Mocino resta à Madrid souffrant et dans le be- soin, mais soutenu par l’espérance de voir à quelques jours le fruit de tant d’années d’assiduité et de sacri- fices imprimé. Le gouvernement français de Madrid lui continua sa pension. On parlait quelquefois d'imprimer la flore du Mexique, mais on n’avait pas de fonds. Pendant ce temps, M. Mocino fut nommé directeur du cabinet, et il y donna des cours de zoologie. Quand l’armée française de Madrid se retira, au moment où on s’y attendait le moins, Mocino crut que son enseignement de l’histoire naturelle ne pouvait le compromettre, mais il se trompait ; on le mena à la prison publique, où il fut conduit avec une chaine de galérien ; spectacle digne de ces jours-là, de voir marcher à pied, et lié par le bras avec un autre, un vieillard infirme qui pouvait à peine faire un pas, et sans lui porter secours. Enfin, en entrant dans la vieille Castille, un général mit cette chaîne illustre, composée entièrement de personnes distinguées, en liberté. Mocino revint au cabinet. Les Français se retirèrent une seconde fois; mais cette retraite fut faite avec précipitation et dans le plus grand désordre, en sorte que les riches afrancisés (partisans des Français) étaient obligés de suivre la retraite à pied. On peut se figurer l'abattement et la détresse qu'éprouvait Mocino. Il emporta sur une charrette les ob- jets les plus précieux du cabinet, ses manuscrits et des- sins, pour les sauver tous. La nuit il dormait sur cette charrette, le jour il la suivait à pied. Enfin un général français s'empara de tout; il ne sauva que ses manuscrits et quelques dessins. 1] ne pouvait plus maintenant revenir en Espagne; il resta assez longtemps à Montpellier, pres- que aveugle et mangeant du pain sec, jusqu'à ce que quel- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 33 ques savants français et allemands le secoururent. En 1820, la constitution ayant été rétablie en Espagne, M. D. Juan Jabet, ministre de la marine et intime ami de Mocino, le fit venir pour l'avoir dans sa maison, en atten- dant qu’il püt lui procurer d’autres secours. Il entreprit son voyage, débarqua à Barcelone, où le respectable M. D. Jacobo Villa-Urrutia le logea dans sa propre maison, et, peu après, il y mourut, nous laissant l'exemple d’un sa- yant qui sacrifia son bien-être par amour pour les sciences, et qui souffrit avec probité et dignité les maladies, les persécutions et la misère. Cette note a peut-être été un peu longue; mais, ayant vécu avec Mocino et sachant ce qu'il était dans l’ordre scientifique et moral, j'ai cru de mon devoir de profiter de l’occasion pour rappeler ses mérites. Mémores pour servir à l’histoire naturelle du Mexique, des Antilles et des Etats-Unis. 2° mémoire. — Essai d'une faune des MyriapopEs pu MEXIQUE, avec la des- cription de quelques espèces des autres parties de l'Amé- rique, par Henry pe SaussuRE.— 1 vol. in-4, avec plan- ches. — Genève, 1860. Ainsi que le dit l’auteur dans sa préface, quoique ce mémoire porte le nom d’Essai d'une faune des Myriapodes du Mexique, il est très-loin de réunir la totalité ou même la majorité des Animaux de cette classe qui habitent le Mexique. Il ne traite même pas de toutes les familles qui sont représentées dans ce pays, mais seulement de celles des Oniscodesmides, des Polydesmides, des Julides, des Sco- lopendrides et des Géophilides. Ce travail n’est qu’un pre- mier essai, comme l'indique son titre; il est surtout des- tiné à fournir des matériaux pour une faune plus com- plète du Mexique, et à faire connaître quelques espèces propres à d’autres parties du nouveau monde, matériaux qui serviront pour l'établissement de la faune de l'Amé- 2° sknie, Tr. x. Aunée 1861. 3 3% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) rique septentrionale.en général, c'est-à-dire de cette partie de l'Amérique continentale et insulaire qui se trouve située au nord de l’isthme de Panama. Dans son introduction, M. de Saussure entre dans des détails intéressants sur les mœurs de ces Animaux, sur leur distribution géographique; il arrive ensuite à quel- ques observations relatives à la méthode, aux procédés de préparation de ces Animaux pour les conserver en col- jection, et enfin à la discussion des caractères des groupes et à la description des espèces. Nous ne saurions suivre l’auteur dans cette partie de son travail, qui nous a sem- blé traitée avec tout le soin et le talent si connus avec les- quels il a traité beaucoup d’autres ouvrages zoologiques. Ce mémoire est accompagné de 7 planches gravées, dont les figures ont été dessinées par un de nos plus habiles peintres d'histoire naturelle, M. Nicolet, et dont plusieurs sont coloriées. Pour compléter sa série de Myriapodes recueillis au Mexique, à Cuba, etc., M. de Saussure a décrit un grand nombre d'espèces qui lui ont été procurées par M. Aug. Sallé, naturaliste-voyageur et excellent observateur, qui a séjourné longtemps au Mexique et qui en a rapporté une foule d’Animaux admirablement bien conservés. Beaucoup d'espèces propres à l'ile de Cuba lui ont été données par notre savant ami M. Felipe Poey, qui s'occupe avec tant de succès de l’histoire naturelle de cette île. (G.M.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. LE JARDIN ZOOLOGIQUE DE MARSEILLE. Cet établissement à été fondé, il y a quinze ans, par actions, et sur l'initiative de M. Barthélemy Lapomeraye, auquel revient tout l'honneur de cette grande et si utile idée. Tous les actionnaires sont Marseillais et, par consé- quent, négociants. Homme de science avant tout, le pre- MÉLANGES ET NOUVELLES. 35 mier directeur du jardin avait l'unique mais grand dé- faut, pour le chef d’une société en commandite, de ne pas savoir compter. C'est assez dire que, le jardin ayant été établi sur des bases excessivement larges, son rendement a été faible, en sorte que la position du directeur est de- venue de plus en plus intenable, jusqu'au moment où, passant entre les mains énergiques de M. Noël Suquet, elle a reçu toutes les améliorations qu'on pouvait lui ap- porter auprès d'actionnaires découragés. Confiant dans l'avenir de son jardin, et sans se laisser rebuter par la mauvaise humeur de ses actionnaires, le peu d'intérêt du conseil municipal et l’apathie du publie, M. N. Suquet, avec un dévouement qui l’honore d'autant plus qu'il n’est pas riche, n’a pas hésité à combler le déficit de sa caisse avec sa fortune particulière, qui s’y est engouffrée en totalité. Qu'il me pardonne cette indiscrétion échappée à mon admiration pour un dévouement à la science qui rappelle celui des Rüppel, des Desciieux, des Adanson, et de tant d’autres encore; il est d’autant plus remar- quable, qu’il serait toujours demeuré inconnu si nous ne l’avions signalé à la gratitude des amis de la science. A bout de ressources, M. Suquet voyait enfin arriver, avec l'année 1861, l’affreux moment où, ne pouvant plus suf- fire à ses dépenses, il devrait proposer la liquidation de son jardin. Chose incroyable, personne, dans le public marseillais, ne s’est ému de cette déplorable perspective et n’a cherché à éviter la catastrophe. M. Suquet espérait causer avec l'Empereur, lors de son voyage à Marseille, et l'intéresser à une fondation si utile, si indispensable à une aussi grande ville; mais il a été déçu dans son attente, S. M. n'ayant pas daigné honorer le jardin zoologique de sa visite. A bout de ressources, l’infortuné directeur s'était enfin résigné à la liquidation de la Société, lorsque M. de Maupas fut mis à la tête de l'administration dépar- tementale. Vite il accourt alors à lui, lui expose la situa- tion désespérée de son jardin. Homme d'énergie autant 36 REV. ET MAG. DE ZO0LOGIE. (Janvier 1861.) que de progrès, M. de Maupas n'hésita point à lui pro- mettre son appui, grâce auquel, peu de jours après, la position du jardin était devenue excellente et son avenir assuré. Cet habile administrateur a bien mérité de tous les amis de la science, et l’histoire dira un jour que c’est à lui que Marseille doit d’avoir conservé un de ses plus beaux ornements, une de ses gloires les plus solides. Placé au-dessus de la ville, au pied de la branche occi- dentale du canal de la Durance, le jardin zoologique oc- cupe tout le versant sud-est d’une colline qui est divisée en deux parties presque égales par la route impériale, au-dessus de laquelle on a jeté un beau pont qui les relie. L'exposition est magnifique, abritée, le sol excellent et l’eau abondante; mais les constructions laissent beau- coup à désirer, en sorte que la plupart des animaux sont peu ou point du tout protégés contre les intempéries des saisons. Les bêtes féroces sont exceptionnellement mal logées, parce que, faute de fonds, on a dù les laisser dans de simples cages de ménagerie où elles ont peine à se tourner. Grâce à M. de Maupas, ce déplorable état de choses va changer, et l’habile directeur du jardin n’aura plus, à l'avenir, le chagrin de perdre presque régulière- ment les plus beaux et les plus rares sujets de sa remar- quable collection. Forcé d'utiliser tout ce qu'il avait, M. Suquet devait loger ses Animaux, jusqu'ici, là où se trouvait une cabane toute préparée, sans consulter le moins du monde ce qui convenait à leur santé; de là vient que les espèces se trouvent mélangées dans un désordre très-pittoresque , il est vrai, mais peu scienti- fique et nuisible au repos de beaucoup d’entre elles. C’est ainsi que les Chamois, les Moutons et les Cerfs se trouvent au-dessous des Tigres, des Loups, des Chacals et des Lions; les Mouflons, les Antilopes et les Daims près de la fosse aux Ours et aux Panthères; les Poules à côté des Hiboux et des Chouettes. Bien plus, cloîtrés dans l’ancien salon du directeur, les pauvres Singes, exposés en plein MÉLANGES ET NOUVELLES. 37 ouest, ne voient jamais le soleil, et il n’y a pas de volière pour les Perroquets, qu'on est forcé de laisser enfermés dans des cages étroites ou attachés sur des perchoirs. C’est encore au manque d'argent pour les acheter qu'on doit attribuer l'absence de familles entières dans ce beau jardin; on y chercherait vainement un Buffle, un San- glier, un Kanguroo, une Martre, un Hérisson, un Tapir ou un Castor, et, parmi les Oiseaux, un Emou, un Faisan, un Plongeon, une Grèbe, un Touraco, un Goura, un Agami, un Merle, une Outarde ou un Guëpier. Il y a peu de Reptiles amphibies, pas un seul Serpent, pas un seul Poisson, pas un seul Insecte. Les espèces de plantes sont bien choisies, mais peu nombreuses, et on les a prises plutôt dans les familles ornementales que dans celles qui sont curieuses ou utiles, ce qui leur enlève leur plus grand intérêt. Voilà, certes, d'immenses lacunes; mais le zèle de M. Suquet les aura vite comblées, à présent qu'il a de quoi acheter des Animaux, des plantes, ainsi que des aliments, des engrais, et de quoi bâtir des loges, des écuries et des serres. Les Animaux qui peuplent le jardin lui ont été presque tous donnés par des amateurs ou des capitaines de na- vires; fort peu ont été achetés; mais parmi ces derniers brillent, au premier rang, la Girafe, le Rhinocéros, l'Élé- phant et les Lamas. Le Rhinocéros est énorme; il pro- vient d’une ménagerie ambulante qui, pendant onze ans, l'a promené dans toute l'Europe enfermé dans une cage étroite. À son arrivée au jardin, le pauvre Animal ne pouvait plus se mouvoir, en sorte qu'il lui a fallu plu- sieurs semaines pour réapprendre à marcher, et des mois entiers pour lui donner le courage de gagner l'étang, où il se tient plongé pendant toute la journée, en ne faisant d'autre mouvement que de relever la tête toutes les qua- rante secondes pour aspirer l'air, et l’enfoncer derechef pour la relever, et ainsi de suite pendant toute la jour- née. Ces mouvements rhythmiques seretrouvent, d'ailleurs, 38 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) chez beaucoup d’Animaux, et tout spécialement chez les féroces, où ils deviennent d’une monotonie étourdissante. Qui n’a, par exemple, été fatigué en voyant un Ours blanc se balancer de droite à gauche, toujours de la même ma- nière et à la même place, pendant des heures entières ? La Girafe est un fort bel exemplaire; mais l'Éléphant mâle, d'Asie, est certainement le plus beau qui existe en Europe; il est d’une douceur et d'une gaieté vraiment charmantes. Chaque jour, pendant deux semaines, nous avons passé des heures entières à observer cet intelligent Animal, dont la masse énorme possède une souplesse, une agilité vraiment incroyables. Non-seulementl'Éléphant ploie aisément toutes les articulations de ses jambes, mais il grimpe sans peine contre une palissade, faisant ainsi porter tout le poids de son corps sur ses jambes de der- rière. Rien de plus curieux que de le voir se baigner : d'abord il remplit sa trompe d’eau et se lave la bouche; puis il avance lentement dans l’eau, qu’il bat avec vio- lence avec une des jambes de devant, et fouette avec sa trompe; enfin il s’y couche sur le flanc en poussant des cris de joie aussi éclatants que le son du clairon. Son plus grand plaisir consiste à lancer aux passants de petits graviers qu'il ramasse autour de sa loge, ou à projeter sur eux un brouillard humide obtenu en chassant brusque- ment l'air au travers de sa trompe préalablement remplie d'eau. Les Lamas sont magnifiques ; mais le mâle, qui est assez méchant, se fait un malin plaisir d’asperger si souvent les visiteurs de sa bave fétide, que nous ne saurions trop les mettre en garde contre cette détestable bête. Les Cerfs sont beaux et nombreux, puisque leur collec- tion se compose des Cerfs communs, de Sardaigne, d'Afri- que, Daims, Axis et Hippélaphe. Ce dernier est un vieux mâle de toute beauté ; il reste seul d’une paire venue de Calcutta il y a quelques années; la femelle est morte après avoir mis bas, et son petit l’a suivie de près. Grand MÉLANGES ET NOUVELLES, 39 comme un fort Cheval, d’un naturel aussi doux que pai- sible, robuste et facile à nourrir, le Cerf hippélaphe pour- rait fournir, avec d'excellente viande de boucherie, un bon Animal de trait ou de selle; le fait est que celui de Marseille se laisse monter volontiers et a les allures aussi douces que süres. Les Antilopes sont remarquablement belles et se mul- tiplient aisément. Le jardin possède une magnifique paire de Nilgauts, une autre de Bubales ; puis des Guibs, des Pourprées, des Kevels, des Dorcas, et enfin un Chamois femelle des Pyrénées. Les Nilgaults et les Bubales sont fort à redouter; car, dans leurs allures paisibles, ils ca- chent la plus brutale méchanceté. Les petites espèces, par contre, sont assez douces, mais très-farouches, sauf l’An- tilope guib, dont la gentillesse est à la hauteur de la beauté; c’est un Animal domestique déjà, et que nous ne saurions trop recommander aux amateurs. Les parcs de ces Animaux sont divisés en deux parties : l’une sèche, dans laquelle on les tient habituellement ; l’autre couverte d'herbe, où on ne les lâche que deux fois par semaine, ce qui permet au pâturage de conserver toute sa frai- cheur. Les Moutons ne sont représentés que par une belle paire de Mouflons à manchettes, un troupeau de Mou- tons de l’'Yémen, quelques brebis à laine grossière de la côte d'Afrique, des Moutons à large queue, et un gros Bélier de l'Inde à poil ras et bosse sur le garrot. Les Mouflons à manchettes sont très-doux , privés, et se re- produisent régulièrement. Les Moutons de l’Yémen sont à poil ras, noir devant et blanc derrière; leur taille est moyenne, leurs oreilles pendantes; leur queue courte, mais garnie, de chaque côté, de deux loupes graisseuses de la grosseur du poing. Cette espèce, très-douce, est remarquable par la délicatesse de sa chair, l'abondance de son lait et sa fertilité, car elle fait deux portées par 40 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) an, chacune de plusieurs petits; nous appelons vivement sur elle l'attention des agriculteurs. La race caprine n’a pas de membres sauvages ; elle est représentée , par contre , par une foule de belles espèces plus ou moins domestiques, en tête desquelles on re- marque les Chèvres de Géorgie, du Thibet, puis celles d’Angora, celles d'Égypte, et enfin la si gracieuse Chèvre naine de l'Inde. La Chèvre de Géorgie, importée pour la première fois en Europe, est couverte de longs poils gris foncé, à la base desquels se développe an duvet aussi fin, mais beau- coup plus abondant que celui de la Chèvre de Cache- mire. Comme cette espèce est robuste, bonne laitière et fait deux petits à la fois, il est possible qu’elle puisse fournir économiquement à nos manufactures le précieux duvet avec lequel on fabrique les châles de Cachemire. Les Angoras sont de toute beauté. Quant aux égyp- tiennes, elles constituent un assemblage déplorable de croisements tellement multiples, qu'on a peine à y re- connaître l'espèce pure, si précieuse pour l'abondance de son excellent lait. Nous en avons, en échange, re- marqué un fort bel exemplaire au parc de la Tête d'or, tenu par Gérard, à Lyon. Les Chèvres naines, de la taille des Gazelles, sont presque aussi légères qu’elles, très-robustes ; elles se reproduisent aisément, et pour- raient bien fournir une fois à nos forêts un nouveau gi- bier aussi délicat et bien plus abondant que le farouche Chevreuil. Parmi les Rongeurs, on ne remarque, outre les légions d’affreux Surmulots qui pullulent dans les égouts, qu’un Paca, un Agouti et un Coëndou, condamnés à vivre dans de petites et obscures cages, où ils ont peine à se tourner. L'année dernière, on voyait souvent se promener, sur les pelouses de l'établissement, un être rachitique, grand comme un enfant de douze ans, à la démarche chance- MÉLANGES ET NOUVELLES. k1 lante, à l'expression douce et impassible; c'était un infor- tuné Orang-Outang dont l'intelligence était excessivement développée : il est mort pendant l'hiver. Le jardin a reçu, il y a quelques mois, une nouvelle espèce de Cynocéphale, de la côte occidentale d'Afrique; il est grand, hideux, fort et féroce, comme tous ses congénères. Dans la cage des Singes, où la Guenon grivet se reproduit très-régu- lièrement, on ne remarque, à côté des sales Papions, que quelques gracieux et gentils Sapajous. Dans une cage séparée se trouve une Guenon Diane, dont la douceur et la gaieté sont égales à la beauté; il est vraiment à re- gretter que cet Animal, qui est le plus beau et le plus gentil des Singes, soit tellement rare. Les Ouistilis sont nombreux et fort beaux; mais leur mauvaise odeur ainsi que leurs cris perçants ne nous permettent pas de nous y arrêter. Un pauvre Maki mococo languit dans une cage qui n'est guère plus longue que lui; on a peine à découvrir ses formes à la fois si délicates et si sveltes, tant il est obligé de se replier sur lui-même. Le Maki mococo ou gris, lorsqu'il est en liberté, est certainement un des plus beaux Animaux qui existent; nous en avons vu uu, chez le fameux marchand d’Animaux Crémieux, aussi grand qu'un Chat, et dont ia queue touffue et garnie d’anneaux alternativement blancs et noirs venait se recourber gra- cieusement en panache derrière la tête de l’Animal, lors- qu'il était assis. Les Makis sont doux, gais, intelligents, aussi attachés que des Chiens, faciles à nourrir, excessi- vement propres, exempts de loute mauvaise odeur; que leur manque-t-il donc pour prendre place dans la fa- mille, à côté des Chiens et des Chats, sinon d’être connus ? ; L De la nombreuse famille des bêtes féroces nous signa- lerons d'abord deux magnifiques paires de Panthères pro- venant, l’une de l'Algérie, l’autre de la côte Mozam- bique, admirablement logées dans une grotte bien ex- 42 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) posée, au devant de laquelle s'étend un vaste promenoir couvert de grilles. On les voit souvent s'étendre paresseu- sement au soleil, sur de grandes branches d’arbres ou sur, les anfractuosités du rocher, ce qui permet d'admirer, dans leurs moindres détails, la beauté et la souplesse de leurs formes. La taille des deux paires est identique, mais la couleur très-différente, puisque la Panthère mozambique a les taches plus petites que ceiles de sa sœur algérienne, et le fond du pelage jaune brun, au lieu du blanc sale de celle-ci. Dans la rotonde grillée, placée à côté de celle des Pan- thères, s'ébattent trois paires d'Ours des Pyrénées, des Alpes et de Syrie. Cette dernière est très-différente des deux autres; elle est plus criarde, plus méchante; son pelage blanc sale et son museau très-allongé la rappro- chent un peu de l'Ours polaire. I y avait, dans la ménagerie proprement dite, une belle paire de Guépards d’Abyssinie, qui avait été amenée par un officier de marine, en compagnie duquel elle avait familièrement passé plusieurs années. Quoique enfermés dans des cages assez spacieuses, ces infortunés Guépards, habitués à la liberté, ne tardèrent pas à souffrir; ils ne sorlaient de leur langueur que pour caresser affectueu- sement la main qu'on passait au travers de leurs bar- reaux ; le mâle surtout était excessivement sensible aux caresses, et certes il en méritait de tous les visiteurs, car il est difficile d'imaginer un ensemble de formes plus sveltes, plus attrayantes que celles du Guépard; nous nous étions réellement attaché à cette admirable bête, dont nous avions souvent sollicité, mais en vain, la mise en liberté. Cette année, à peine descendu du chemin de fer, nous accourons vers notre ancien ami; il était couché le dos contre la grille; nous l’appelons ; il ne bouge pas; une caresse reçoit pour réponse un sourd grondement; l’Ani- mal était malade; son poil hérissé trahissait ses souffrances; le lendemain, quand nous revinmes, nous apprîimes avec MÉLANGES ET NOUVELLES. L3 joie que la mort l'avait enfin arraché à sa prison. Le Gué- pard n’est pas un Tigre affamé de sang; partout où il existe, on l'utilise comme Chien de chasse ; c’est un Aui- mal domestique; pourquoi l’enfermer derrière des grilles; c'est une injustice autant qu'une barbarie. Poursuivons maintenant. Voici une paire de jeunes Lions rachitiques ; un magnifique Jaguar; des Loups; des Chacals; un beau Fennec ; un Raton ; un farouche Serval: des Hyènes; une Genette ; une belle Civette ; une superbe paire d’Ichneumons d'Égypte, et un robuste Tatou de Ja Guyane. Citons enfin, parmi les féroces très-rares, une paire de Kinkajous potos de toute beauté. Dans un pavillon placé près de la ménagerie se trou- vent plusieurs belles espèces d’Aigles, un Condor et beau- coup de Vautours, tous plus laids et plus fétides les uns que les autres. Ailleurs se trouvent encore quelques beaux exemplaires de Grands-Ducs, d'Effraies, de Chouettes, de Faucons, de Crécerelles, et un gros Corbeau de roche qui salue ses visiteurs d’un canaille des plus nettement accentués. La collection de Perroquets est réellement belle par son éclat: elle est malheureusement très-incomplète. Riche en Aras, en Kakaloës, en Loris, elle est pauvre en Perruches, dont elle ne possède qu'une paire de Nymphi- ques, et une nombreuse famille d'Ondulées, qui cache ses timides amours dans la même maisonnette qu'une paire de Colombes lumachelles, et une autre d'Ocypaphs huppés. Ces derniers, qui, depuis leur arrivée au jardin, ont déjà eu trois couvées successives, promettent un nouveau et fructueux embellissement à nos volières, car ce magnifique Pigeon est aussi un des plus doux et des plus fertiles. Gros comme un Biset, l'Ocypaphs a la tête ornée d’une longue huppe pointue; son plumage gris clair est admirablement relevé par les larges oceiles vert doré.qui plaquent les grosses pennes des ailes, ainsi que par la couleur rouge de ses pieds et de ses yeux. kh REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) Les Gallinacés sont représentés par quelques Poules, puis.par des Dindons , des Paons blancs et communs, de charmantes Pintades à joues bleues venues du Soudan, quelques Perdrix, des Francolins, des Colins, des Gan- gas, des Tourterelles, et par plusieurs belles paires de Hoccos et de Pénélopes. Ces derniers, réunis dans une seule et même volière, sont toujours en guerre, c'est-à-dire dans les plus mauvaises conditions pour se multiplier; il est indispensable de les isoler, et, plus encore, de leur fournir en abondance de la verdure, dont ces Oiseaux ont le plus grand besoin. Cette passion des légumes verts est commune, du reste, à tous les Oiseaux, tout spéciale- ment aux Perroquets, qui se délectent à manger une grosse laitue bien plus encore qu’à déchiqueter un mor- ceau de pain ou de biscuit. Les Echassiers sont très-nombreux: il y en a une es- pèce toute nouvelle et très-vrande venue du Congo ; c’est une Grue dont la base du bec est couverte de caroncules rouges; elle est noire et blanche comme la Grue de Mantchourie. Citons, après elle, les Grues couronnée et demoiselle de Numidie; les Cigognes blanches, mara- bout et jabiru, puis les Flamants et les graves Ibis. Les Flamants viennent d'Egypte; tous sont roses, avec les ailes rouges ; mais, tandis que les uns ont les jambes et le bec: blancs, les autres les ont rouges. Est-ce une diffé- rence sexuelle ou d'âge? M. Suquet n’a pu nous le dire; mais il nous a affirmé que leurs couleurs se fanaient avec les années et revenaient au blanc presque pur. Cette al- tération du plumage pourrait bien être due autant au changement de nourriture qu’à celui du climat, car on nourrit, au jardin, les Flamants uniquement avec des graines, tandis que, à l’état sauvage, ils ne mangent que de la chair. Dans l’eau s’ébattent, à côté des lourds Pélicans, des Cygnes blancs et noirs, des Oies d'Egÿpte, de Si- bérie, du Canada ; des Canards musqués, communs, MÉLANGES ET NOUVELLES. 45 kasarka, tadorne et du Labrador; des Mouettes criardes; de charmantes Sarcelles communes, de Chine et de la Caroline ; des Foulques, des Porphyrions et des Poules d’eau de plusieurs espèces. Ces nombreuses espêces , réunies dans un même local, ne vivent pas en bonne harmonie; les Tadornes et les Mouettes surtout menacent et harcèlent tout ce qui les approche; c’est assez dire que les pontes sont rares sur les bords des étangs; il y en a eu quelques-unes cependant; mais aucune n’a été menée à bonne fin, parce que les. Rats et surtout les Mouettes enlevaient les œufs des nids. Pour multiplier les Oiseaux, il est donc indispensable d’en isoler les cou- ples, ce qui permet de les mieux soigner et de mettre leurs produits à l'abri de la terrible dent des Rats. Les Autruches viennent d'Afrique et ont été données par le maréchal Pélissier ; elles sont magnifiques; il y a un mâle et deux femelles ; mais l’une n’a pas pondu, et, au moment où nous l'avons vue, elle était si fort mal- traitée par la seconde, qu'on avait dû les séparer. La femelle valide avait pondu, pendant les trois premiers mois d'été, 65 œufs de 1,500 grammes chacun, et, après s'être reposée durant quelques semaines, elle se remit à pondre à la fin d'août, de deux jours l’un, régulièrement à cinq heures du soir. Le mâle avait creusé un nid dans un coin du parc; mais la femelle n'y faisait pas attention; vers quatre heures, elle se mettait à courir avec inquié- tude; quelques minutes avant cinq heures, elle battait des ailes, s'accroupissait à terre et laissait aussitôt sortir l'œuf, qui avait la surface tout humide et gluante. Ces Oiseaux, quoique très-apprivoisés, sont brutaux et mé- chants; ils ne reconnaissent pas leur gardien, et frappent du bec et du genou les personnes qui entrent dans leur parc. Une charmante et spacieuse volière réunit une foule de brillants Oiseaux des tropiques, tels que Bengalis, Sénégalis, Veuves, Cardinaux, fgnicolores, Papes et HG REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) Tisserands. Ces derniers ont attaché sur plusieurs points du grillage leurs nids artistement tressés en forme de bouteille et y ont pondu. Tous ces splendides Oiseaux des pays chauds se repro- duiraient facilement à Marseille, s’ils pouvaient abriter leurs nids; mais, exposés de toutes parts aux regards et aux graviers qu'on ne fait pas faute de leur jeter, bien peu d’entre eux osent achever les nids et encore moins y pondre et y couver leurs œufs. Wesserling, 16 décembre 1860. SAcc. LE VER A SOIE DE L'AILANTE. Dans un moment où l'attention publique est appelée sur la question cotonnière, sur cette grande industrie anglaise menacée dans sa source par les graves événements qui ont lieu en Amérique ; à une époque où l’industrie de la soie est presque aux abois dans tous les pays de production de cette riche matière textile, les agriculteurs et les industriels se préoccupent de la nouvelle production que je m’efforce de donner à la France et à l'Europe, de cette ailantine ou cynthiane, qui tient le milieu entre la soie et la laine, et qui peut être produite à très-bas prix dans nos plus mauvaises terres. C'est pour encourager les débuts de cette nouvelle industrie que le jury de l'exposition uni- verselle de Besançon m'a décerné une médaille de pre- mière classe, et c’est dans le même but que le comice agricole de Chinon vient d'honorer du même témoignage M. le comte de Lamote-Baracé, le premier propriétaire français qui ait entrepris cette culture sur une grande échelle. On lit, à ce sujet, dans la Patrie du 31 janvier 18641 : « La nouvelle branche d'agriculture à laquelle l’intro- duction de ce Ver à soie va donner lieu commence à se développer sérieusement, grâce au dévouement et à l’éner- gie de M. Guérin-Méneville, qui l'a acclimaté en France, MÉLANGES ET NOUVELLES. AT et de M. le comte de Lamote-Baracé, qui, le premier, s’est livré à des cultures sérieuses de l’ailante et de son Ver à soie, en y consacrant plusieurs hectares dans son beau domaine du Coudray-Montpensier, près Chinon. «Le comice de Chinon, dont tous les membres ont été té- moins du dévouement et des succès de M. de Lamote, ayant compris toute l'importance de cette nouvelle culture et voulant donner un haut témoignage de gratitude à M. de Lamote, lui a décerné, dans sa dernière séance solen- nelle, une médaille d’or. « Aujourd’hui, après deux années d’essais agricoles faits sur une grande échelle, M. le comte de Lamote-Baracé, plus certain que jamais des avantages que cette nouvelle culture peut donner au pays, augmente considér ablement ses plantations d’ailantes. » Une si flatteuse distinction, décernée spontanément et à si juste titre par des agriculteurs qui ont pu étudier la question de très-près et sans prévention ni jalousie, a une double portée ; elle est un précieux encouragement pour les propriétaires qui veulent-bien m'aider à donner cette richesse au pays, et elle montre que l'on apprécie les efforts que je ne cesse de faire, malsré une foule de con- trariétés, pour développer celte culture, en y consacrant toutes mes facultés et tout mon temps. Ainsi que me l'écrit un propriétaire hollandais qui a l'intention d'introduire ce nouveau Ver à soie dans les colonies néerlandaises, «il est évident que cette soie ne « coûtera pas plus cher que le coton, puisque le terrain « ne coûte rien et que la main-d'œuvre n’est que de « 20 pour 100 de ce qu’on doit payer en France. » Il re- garde aussi cette industrie comme d’un avenir précieux, et il termine en disant : « Maintenant toute l'Europe est « tributaire de l'Angleterre pour le coton; il serait donc « d’une immense importance, si nous parvenions à faire « concurrence à l'industrie colonnière. » (G. M.) hS REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1861.) Plusieurs de nos abonnés nous ayant demandé s’il était vrai que M. Sallé (1) se füt défait de toutes les collections zoologiques récoltées par lui au Mexique, à la Louisiane, au Venezuela, à Saint-Domingue, etc., nous croyons de- voir leur répondre qu’il n’en est rien, et que ce natura- liste-voyageur possède des séries magnifiques d’Animaux vertébrés, de Reptiles, de Mollusques et surtout d'In- sectes préparés et conservés avec la plus rare perfection. Ce qui rend surtout ses collections précieuses pour les naturalistes qui veulent étudier la faune des pays qu’il a explorés, c’est qu'il ne s’est pas borné à récolter les grandes et belles espèces, mais que ce voyageur instruit s’est aussi attaché à la recherche des objets négligés par le vulgaire des explorateurs, parce qu'ils sont moins ap- parents, moins brillants et qu’ils ne conviennent qu’à des savants sérieux. Dans ce moment même, il s'occupe à préparer une série merveilleuse d’Insectes de petite taille dont il a rapporté des quantités considérables, et parmi lesquels nous avons remarqué les espèces les plus cu- rieuses et les plus neuves. On peut dire, sans exagération, qu'il serait impossible de trouver ailleurs une collection aussi intéressante et aussi réellement scientifique. (1) Rue Guy-de-la-Brosse, 13, à Paris. TABLE DES MATIÈRES. Pace H. SaussurE.—Note complémentaire sur quelques Mammifères du Mexique. 3 A. MoqQuiN-TanroN. — Considérations sur les œufs des Oi- seaux. 5 L. W. ScHauFuss. — Description de Coléoptères nouveaux du genre Sphodrus. 12 Académie des sciences. 15 Analyses. 23 Mélanges et nouvelles. 34 PARIS.— IMP. DE M"° V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5.—1861. VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — FÉVRIER 161. I. TRAVAUX INÉDITS. » OoL0GIE ORNITHOLOGIQUE. — Lettre de J. Harpy, de Dieppe, à M. O. pes Murs. Les œufs des Oiseaux, que l’on croyait retombés dans l'oubli, en sont enfin sortis pour gagner leur cause au grand jour de la publicité. Naguère encore, on pouvait impunément les assimiler à des chinoïseries, à ces mille articles dits de curiosité (1) qui garnissent les magasins de nos marchands de bric-à-brac. Le temps de ces humiliations est heureusement passé. Aujourd’hui chacun s'empresse à entourer ces curiosités de délicats égards. Les mathématiciens ne se contentent plus de les peser, de les mesurer; grâce à leur dévoue- ment, nous saurons bientôt l’étendue de leurs diverses maculatures, et jusqu’au chiffre exact des innombrables petits points dont certaines coquilles sont entièrement re. couvertes. La chimie nous livre le secret de leur colora- tion, et l'ornithologie méthodique, qui voit en elles une puissance avec laquelle il faudra décidément compter, dit à la science nouvelle : ma sœur, et déclare ne plus vouloir se passer de son appui. Plus que personne, vous devez me pardonner, mon- sieur, de me souvenir que mon chétif appel de 1857 (2) ait pu contribuer à ce mouvement de réveil, car il est, en grande partie, le fruit de vos persévérants efforts. (1) H y a à peine deux ans qu'un de mes amis, demandant à visiter la vollection d'œufs du muséum de Paris, fut introduit eu ces termes auprès de M. Florent-Prévost, par un employé de l'établissement « Monsieur est un amateur de curiosités. » (2) Rev. et mag. de zoologie, 1857. 2° sénie. T. x, Année 1861. 4 30 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) Dès le lendemain de cet appel, « vous serez, m'écriviez- « vous, probablement cause que j'en reviendrai à re- « prendre et publier mon ancien travail, dontje vous livre « les lambeaux (vos publications de 1842 et années sui- « vantes, dont j'avais ignoré l'existence). » Presque en même temps, une décision non moins heu- reuse était prise paf un des membres les plus distingués de l’Institut. M. Moquin-Tandon, rajeunissant d'anciens souvenirs, donnait les descriptions scrupuleusement exactes de ses OEufs et nids du midi de la France, aux- quelles succéda bientôt l’intéressante série de Considéra- tions, qui, depuis trois ans, enrichissent le présent recueil du célèbre M. Guérin-Méneville. M. Moquin-Tandon avait promis peu, il a livré beau- coup; sous sa plume facile et savante , de simples notes ne pouvaient que se transformer en leçons instructives et très-bien exposées, et, pour ma part, je leur suis très-re- connaissant des bonnes et excellentes choses qu'elles m'ont apprises et de la trop généreuse hospitalité dont elles m'ont honoré. Malheureusement les annales et les revues scientifiques, même les plus renommées, ne s'adressent qu'à des audi- toires d'élite ; leurs enseisnements ne descendent qu’à la longue dans le public. Le livre, au contraire, y entre de plain-pied et a bien vite obtenu droit de cité dans toutes les bibliothèques, s’il répond à un besoin généralement senti. Tel s’est présenté, monsieur, votre Traité général d'oo- logie ornithologique, dont l'apparition a été saluée partout comme une bonne fortune. MM. J. Verreaux et le docteur Cornay, dont la compé- tence est au-dessus de toute contestation, n’ont voulu céder à personne le plaisir d'être les premiers à vous offrir l'hommage publie de leurs cordiales félicitations ; de hauts etnon moins précieux encouragements les avaient précédés dans votre retraite; enfin de plus humbles, sinon aussi TRAVAUX INÉDITS. 51 flatteurs témoignages, ne vous ont pas fait défaut; ils avaient à vous remercier d’avoir mis à la portée de tous ce qui n'avait été, jusqu'à présent, que le privilége du très-petit nombre; d’avoir joint les travaux de vos devan- ciers aux vôtres, qui en sont plus que le couronnement ; car vous avez ouvert la voie dans laquelle il faudra mar- cher pour atteindre le but utile : le meilleur classement des Oiseaux par l'étude de leur vie de reproduction. Mon idée de faire dépendre la forme de l'œuf de la pose de l’Oiseau, soit à l’état de repos, soit à l’état de l'action, c'est-à-dire de tout mouvement ou même de toute pose tendant à contracter les parois de l'abdomen, ne vous pa- raît pas malheureusement née viable; j'en suis peiné, car elle semblait avoir au moins l'avantage d'éclairer certains faits qui resteront encore dans l'ombre, même après vos brillantes publications et celles de M. Moquin-Tandon. Je voulais abandonner au temps le soin de détruire ou de consolider mon frèle édifice. Cependant une de vos notes supplémentaires (1), qui m'avait échappé, m'exprimant le désir de me voir donner plus de développement à ma pensée, me fait un devoir d'y déférer avec plaisir. Je m'étais déjà repenti d’avoir trop peu fait pour me rendre intelligible, et la première lecture de votre Traité aurait dû me faire prévenir votre désir; car j'y avais rencontré, presque à chaque page, un esprit de droiture et de loyale confraternité attentive à s’oublier soi-même pour ac- eueillir et mettre en relief la moindre idée pouvant servir la cause commune, et j'aurais dû comprendre que vous ne m'aviez pas suffisamment entendu. | Je vais essayer de réparer mon tort; malheureusement je ne puis éviter le reproche de n’avoir qu’un petit nombre de faits à produire : veuillez les peser et non les compter. Je ne ferais pas une semblable prière, s’il m'était donné d'échanger vos richesses contre ma pauvreté. J'ai dit que certains Oiseaux pondaient , en captivité, (4) Trailé général d'oologie ornithologique, p. 629. 52 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) des œufs plus allongés que ceux pondus à l’état de liberté, tandis que rien de semblable ne s’observait chez d’autres. Cet allongement n'est point un fait accidentel; il se re- nouvelle tous les jours sous nos yeux et sous l’empire des mêmes circonstances. Il va jusqu'à défigurer compléte- ment les œufs et les rendre méconnaissables. En voici quelques exemples tirés de ma collection particulière. Des œufs d’Oies rieuses, des moissons et à bec court se transforment en œufs de Flamant; il n’y manque que la couche de craie. Les (Goëlands, dont la forme est très-variable, ne con- naissent plus que celle qui leur était le moins habituelle à l’état de liberté, celle du Plongeon dans sa longue expres- sion. J'ai des Bourguemestres dont les diamètres sont de 0,086 sur 0®,051, alors que la moyenne des sujets déni- chés à l’état de liberté est de 0",076 sur 0",055. J'ai com- paré la vie agitée du Goëland libre à sa monotone exis- tence dans nos jardins. L’œuf du fier Aigle royal, du grand Aigle, en captivité, est descendu jusqu’au niveau du dernier Echassier de sa race, le Serpentaire repllivore! ové très-allongé, 0,082 sur 0,055. Même allongement chez les Vautours fauve et arrian; l’un de ces derniers , qui fait partie de ma collection et a été pondu à la ménagerie du jardin des plantes, mesure 0%,101 sur 0,067 : c'est un fort œuf de Grue cendrée, à la couleur près. L'auteur de ces produits déformés ne pouvait que se tenir forcément incliné sur le sol de sa cage. Les Grands-Ducs ont, dans cette même ménagerie, un domicile spécial, au haut duquel se trouve une espèce de cabinet noir, ménagé comme refuge contre la clarté du jour, mais sous condition de s’y tenir accroupis sur le plancher. Dans ce refuge, une femelle a pondu des œufs allongés comme ceux d’un Grèbe. Le dessin de l’un de ces œufs, conservé par l’administration, m’a été envoyé ; il TRAVAUX INÉDITS. 53 mesure 0,066 de grand diamètre sur 0,048 (1), au lieu de 0,060 sur 0,050, forme normale. Deux œufs de Grand-Duc du Cap, pondus aux mêmes lieux, sont encore plus allongés. Cependant je sais une autre femelle de notre Grand-Duc bien logée, au milieu d’un parc solitaire, dans un pavillon où elle peut conserver, tout à son aise, la dignité de son maintien (perpendiculaire), et elle y pond, chaque année, des œufs tout aussi arrondis que ceux dénichés dans nos montagnes. J'en dois un bel exemplaire à la bienveillante attention de son noble propriétaire (2). En même temps j'observe que la captivité n’exerce au- cune influence sur la forme des œufs de nos petits Oiseaux, qui jouissent, en effet, dans leurs volières, de l'entière li- berté de leurs mouvements et de leurs ébats, comme s'ils étaient encore dans nos vergers ou nos bois. Le simple rapprochement de ces faits m'a semblé en donner bien clairement la cause, et sans qu’il fût besoin d'appeler la science à son aide. Ce n’est donc pas la captivité en elle-même qui modifie la forme de l'œuf, mais bien la difficulté ou l'impossibilité, pour l'Oiseau, de conserver la liberté de ses allures et le choix de sa tenue habituelle. La pose de l'Oiseau déter- mine donc la forme de l’œuf; il s'est incliné, l'œuf s’est allongé. Cette explication nous donnerait l'intelligence d’un autre phénomène qui répond au premier. On trouve dans le même nid, et pondus par le même Oiseau, un œuf court et un autre allongé, soit deux œufs ayant le même volume sous deux formes très-différentes, et cela en dehors des petites variétés journalières dues, les (1) Telles sont les proportions relatives des grand et petit diamètres chez le Grèbe, dont la forme elliptique laisse souvent apercevoir un bout moins aigu que l’autre, ce qu’on trouve aussi chez les œufs de Cormoran, plus étroits et plus allongés. (2) M. le comte de Greffulhe. Fe 54 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) unes, à l’âge de la pondeuse, les autres attribuées, par quelques personnes, au sexe de l'œuf. Les Moineaux do- mestiques, les Freux, les Corneilles, les Goëlands ne sont point avares de ces contrastes. J'ai trouvé, dans une couvée de Chouette Tengmalm, qu'un ami dévoué (4) m'avait déni- chée en Russie, avec les parents, deux œufs de forme or- dinaire, et les deux autres allongés, ovalo-elliptiques, et, sur dix couples d'œufs de Grue cendrée, dénichés par le même ami, deux exemplaires de forme courte et large, comme des œufs de Vautour, l’un mesurant 0",088 sur 0",067, l’autre 0",084 sur 0,066. Or, si l’on a le droit de conclure du connu à l'inconnu, puisqu'un Vautour, en se tenant baissé, produit des œufs al/longés comme ceux d’une Grue cendrée, pourquoi celle-ci, en se redressant, ne pourrait-elle pas produire, à son tour, des œufs courts comme ceux du Vautour? Ou je me fais illusion, ou l’envahissement du bassin de l'Oiseau par un corps aussi volumineux que son œuf, alors (1) Mon concitoyen Édouard Martin, chasseur aussi habile et intré- pide qu'exact observateur. De la Russie, qu’il habite depuis longtemps, il m'a envoyé de curieuses et intéressantes notes, principalement sur les Oiseaux du gouvernement de Perm, aux mouts Ourals, et, au mi- lieu d’une collection d'espèces portant le cachet de ces climats singu- liers, tous les états et les œufs d’une petite Buse à teinte de rouille, dont j'avais déjà procuré à M. Degland un exemplaire jeune, venant de Kalouga. Je communiquai notes et Oiseaux à cet ami; la petite Buse ne répondait ni au texte ni à la figure de la B. Tachardus de le Vaillant, et l'excellent auteur de l’Ornithologie européenne s'em- pressa, par reconnaissance et sur mon invitation, d'enregistrer la race ou nuuyelle espèce sous le nom de Buteo Martini, dans un supplé- ment qu’il allait terminer, quand une mort prématurée l'enleva, le 1°" janvier 1856, à notre affection. Cette œuvre posthume, savamment complétée et transformée en deuxième édition par le dévouement tout filial de l’une de nos célébrités zoologiques, est attendue avec une impatience d’autant plus grande, que la première édition paraît épuisée depuis longtemps. L'année dernière, Édouard Martin m'envoyait de sa chasse deux additions à faire au catalogue européen, Picus Feliciæ (Malherbe), Picoides crissoleucus? (Brandt). TRAVAUX INÉDITS. 55 que déjà l’oviducte a pris son prodigieux accroissement, doit être le signal d’une grande perturbation. L'envahis- seur ne peut ni avancer ni se développer dans son tor- tueux et flexible canal, sans trouver résistance de la part du premier occupant, le tube intestinal, qu’il lui faut, dans sa marche fatale, refouler et déplacer pour arriver à son but. La force de cette résistance, évidemment, sera proportionnée au volume de l’envahi, et, si nous voulons bien nous souvenir de ce qui précède, devra dépendre, quant à son influence sur la forme du liquide envahisseur, de la pose horizontale, perpendiculaire ou inclinée de l'Oiseau, selon que celui-ci se tiendra dans l’état du repos, qui dilate, ou de l’action, qui contracte l'abdomen, ou, pour mieux dire, écarte ou rapproche les barrières du champ clos où la lutte est engagée. Des diverses positions qu’a pu prendre l'Oiseau pendant cette lutte, une seule, la dernière, nous intéresse, celle qu'il a au moment où une nouvelle, peut-être même une première, émission de bouillie calcaire survenant enve- loppe l’œuf encore mou, le saisit et le maintient dans l'état où il l’a trouvé, puis se durcit plus ou moins vite, en raison de son épaisseur, comme le ferait une application de plâtre ou de ciment romain. * Ainsi plus un Oiseau varierait dans ses poses , plus son œuf varierait dans ses formes, et vice versä. Le Moineau domestique vit au milieu de nous, la Per- drix grise tout près de nous ; qu’on les étudie un seul jour, à l’époque intéressante, et qu’on juge. L'Oiseau de proie se tient droit dans le repos; ses plu- mes, légèrement soulevées et pendantes, témoignent d’une détente générale du système musculaire; ses intestins manquent de volume et ne font point obstacle à la descente de l'œuf, qui s’affaisse sur lui-même en s’élargissant dans son tube, lequel cède doucement à la pression; l'œuf est court et arrondi. Que l'Oiseau vienne à s’agiter ou simplement à se re- 56 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) plier sur lui-même, la perpendicularité de l’oviducte n'existe déjà plus; l'abdomen, resserré, agit sur l'intestin, qui presse, à son tour, le flanc de l’œuf; voilà le premier petit bout obtenu, et nous avons vu, plus haut, jusqu’à quel point il peut s’allonger. La science voudra-t-elle admettre que, dans une circon- stance donnée, l'œuf puisse se trouver engagé dans l’éche- veau des intestins de manière à ce que la partie déplacée, au lieu d’être précipitée, comme cela a presque toujours lieu, soit, au contraire, refoulée en haut? Dans ce cas, nous comprendrions l'exception, que j'avais jadis prise pour la règle, sur la foi d'autrui, le gros bout en bas et sortant le premier. Le Pic est le symbole de l’action dans la pose perpen- diculaire ; soit qu’il s'élance d’un point à un autre de son canton, qu’il escalade son tronc d’arbre ou qu'il s’y tienne cramponné, tout en lui dénote l’effort. Dans ces conditions, l'œuf doit être sanglé, sa forme ovée, avec un petit bout plus ou moins obtus; parfois, elle nous montre, chez le Pic noir et le Pic vert, une coupe elliptique, qui fait songer au sac récent de la fourmilière voisine. Il y a perpendicularité de l’oviducte chez la Pintade, au dos voûté, au ventre rentré, à la queue basse. Plongé dans cette espèce d’entonnoir évasé, déjà rempli par la grande masse fluide des intestins, l’œuf-type est court- ové; le diamètre transversal, se prolongeant jusque vers son sommet, quelque peu déprimé, donne à cet œuf une forme à part, qui va toujours se dégradant, en passant par la Perdrix, le Faisan, le Corbeau, etc. Toutes ces formes sont cependant réunies sous la même dénomination arbitraire d’ovée, de même que le mot ova- laire s'applique indifféremment au Lamellirostre et au Ra- pace, et pourtant les œufs de la Crécerelle, qui vous ont servi de type, ceux de l’Aigle, du Milan, etc., ne ressemblent guère, en réalité, aux œufs du Cygne, de l'O, de Ja Sarcelle. Les premiers sont courts, ramassés, obtus vers TRAVAUX INÉDITS. 57 leurs pôles, tandis que ceux-ci sont toujours relativement plus allongés, plus amincis vers leurs extrémités. Au point de vue où je suis placé, ces différences, insi- gnifiantes en apparence, ont une importante significa- tion. Les œufs de Pintades et de Rapaces seraient portés de- bout, ceux de la majeure partie des Passereaux étendus sur une pente inégale aboutissant au plan horizontal, sur lequel Gangas, Engoulevents, Lamellirostres, Plon- geons, etc., seraient plus ou moins moelleusement couchés. J'avais mis en parallèle notre ÆEngoulevent et le Mar- tinet, afin de prendre, pour ainsi dire, sur le fait l’état de repos et celui de l'action dans la ligne horizontale, ces deux Oiseaux étant l'emblème l’un du repos, l’autre du mouve- ment perpétuel. L'Engoulevent passe son temps accroupi le long d’une grosse branche, ou plutôt rasé comme un Lièvre au pied d'une cépée. Sur ce terrain dur et sans pente, la partie la plus fluide de l'albumen se répand, par portions égales, de chaque côté du noyau central ; l'œuf se fait ovalo-ellip- tique. Le Martinet est toujours sur l'aile ; de là compression permanente de l'œuf, dont le vitellus est refoulé vers l’un des bouts; la forme est ovée-allongée en fuseau. Cet Oiseau est long, fait observer M. Moquin-Tandon ; l'est-il assez pour justifier un grand diamètre de 0",034 à 02,035 chez l'espèce des Alpes? D'ailleurs la forme est, ici, plus en cause que la longueur respective des coquilles. J'aurais pu me contenter de citer, comme je l'ai fait, le Plongeon, qui réunit dans ses œufs le double signe du repos et de l’action dans la position horizontale, car l'Oi- seau n’en a pas d'autre ; mais tout le monde ne le sait pas, habitué qu'on est à le voir, derrière les vitrines de quel- ques musées, haut et droit, comme le Plantigrade Wanchot ou le Guillemot de nos côtes. Les œufs elliptiques allongés à bouts égaux du Plongeon 58 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) indiqueraient l’état de repos complet, et les autres formes, plus nombreuses, allant jusqu’à l’ovée, les divers degrés de l’action. Le Cormoran est pourvu de jambes énormes engagées dans l'abdomen, et au milieu desquelles l'œuf, étroitement resserré, ne peut prendre que la forme que chacun con- naît. Le Harle (1) n’a pas besoin de moteurs aussi puissants pour atteindre une proie qui ne fuit ni vite ni loin; son œuf à l'ampleur d’un œuf de Canard, quoique l'Oiseau se rapproche beaucoup du Cormoran dans ses formes et sa tenue. Je n'ai pas prétendu que la forme globulaire fût le signe exclusif de la perpendicularité de l’oviducte; j'avais sous les yeux l’œuf bien appelé ventru de la Bécasse, Oiseau à oviducte mou et flasque, formant le premier anneau de cette longue et curieuse chaîne d'habitants de nos mers et marais, dont les produits ovariens ne connaissent d’au- tres limites que celles de la cavité abdominale, qu’ils rem- plissent de leur incroyable volume, et ces œufs subissent pourtant encore l'influence inévitable qu'il est inutile de rappeler. Selon M. Moquin-Tandon (2), « l’oviducte est un canal « épais, robuste, résistant, qui non-seulement est peu in- « fluencé par les pressions intérieures ou extérieures, « mais bien certainement, jouit lui-même d’une ac- « tion particulière en rapport avec son étendue et son « organisation, » et, pour mieux préciser, le savant pro- fesseur ajoute, un peu plus loin, « que la forme des œufs « doit varier suivant le diamètre, la longueur et la pres- « sion de l’oviducte, » d'où il suit que le même oviducte peut être flasque, large et court aujourd’hui, et, demain, dur, étroit et long, puisqu'on trouve dans le même nid (1) J'entends parler ici du Harle huppé, le seul dont je connaisse bien les œufs, pour en avoir reçu des couvées entières. (2) Rev. et mag. de zoologie, janvier 1860. TRAVAUX INÉDITS. 59 un œuf gros et court, et un autre étroit et allongé, pondus par le même Oiseau. Je suis trop étranger aux études anatomiques pour juger de la possibilité de métamorphoses aussi rapides: je crois seulement comprendre que M. Moquin-Tandon n’est pas lui-même très-convaineu de cette possibilité, car il n’au- rait pas avoué (1) que « ces œufs allongés et courts, pondus « par le même Oiseau, annoncent que d’autres causes « plus où moins puissantes agissent sur la conformation « de la coque. » Vous indiquez ces autres causes, monsieur, « en annon- « çant que la coquille, restée molle, ne se durcit qu’au « contact de l'air extérieur, et par l'effet d’un refroidisse- « ment presque instantané; que les variations de formes « dépendent ainsi de la difficulté plus ou moins grande « qu'a éprouvée l'œuf à sa sortie du corps de l'Oiseau (2).» La meilleure preuve que l’on puisse donner d’une co- quille restée molle jusqu'à son contact avec l'air extérieur serait, sans contredit, la présence d’un corps étranger in- crusté dans son épaisseur. Le fait est cependant tellement rare, que vous en fournissez seulement deux exemples, l’un cité par le P. Aubert, de Caen, l’autre par M. Moquin- Tandon, tandis que vous devriez les compter par milliers, en faisant figurer en première ligne nos grosses canes do- mestiques, si goulues qu’elles ne se gênent pas, à l’occa- sion, pour expulser leur œuf comme une déjection ordi- naire, quand elles sont prêtes, et sans plier le jarret ni perdre un coup de bec. Nos œufs de Poule et de Canard n'ont pas tous les jours, j'en conviens, la chance de tomber sur la tête d'un Coléoptère et d’en faire leur prisonnier; mais, tous les jours, ils tombent sur la terre, le gravier, des plumes, des brins d'herbe ou de racines, sans en re- tenir la moindre parcelle. C'est donc l'exception qui se sera présentée sous votre (1) Rev. el mag. de z00l., 1860. (2) Trailé général d'oologie ornithologique, p. 80. 60 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) main, et j'en éprouve d'autant plus de regret que cette petite méprise ne vous permettait pas de voir, dans mon idée, autre chose qu'un échafaudage suspendu en l’air et trop facile à détruire. L'œuf est pondu mouillé, sans doute afin qu'il puisse glisser plus facilement; mais cette humidité, tout exté- rieure et qui disparaît même avant le refroidissement, ne pénètre pas la surface de la coquille, qui est dure dans l’oviducte avant d’avoir acquis son entière épaisseur, dès la veille pour les espèces qui mettent deux jours d’inter- valle, vers la dernière heure pour les petits Oiseaux. Permettez-moi d’exposer le résultat de la seule petite excursion que j'aie pu faire, l'an dernier, à la cam- pagne. Quatre nids achevés, mais encore vides, me sont mon- trés. Je me présente, au petit jour, à celui d’un Rossignol de muraille; il est inoccupé. Je me cache et j'attends. Enfin la femelle y arrive, je ne sais d’où ; elle est prise et étouf- fée. Je retire aussitôt de l’oviducte l'œuf tout chaud; il est aussi dur que s’il eût été pondu de la veille : sa forme est ovée. Je passe au nid d’une jeune femelle de Bruant jaune ; elle tenait comme si elle eût couvé; son œuf est plus haut dans l’oviducte et encore sans coquille. Me voici maintenant devant un nid de Pinson; la se- cousse du coup de feu, tiré de trop près, a cassé l'œuf, dont la coquille est déjà résistante quoique imparfaite, car elle est aussi mince qu'une pelure d’oignon, rugueuse et d’un vert bleuâtre clair unicolore. L'Oiseau est encore une jeune femelle. Enfin, vers 7 heures 1/2, j'arrive à un second nid de Rossignol de muraille ; la femelle y était de- puis longtemps; je croyais être trop en retard; je trouve l'œuf encore dans l’oviducte et parfaitement dur; il est ellipsoïde. Cette petite course, qui confirme d'anciens souvenirs, donnerait à penser, si elle était confirmée à son tour, ce TRAVAUX INÉDITS. 61 qu'il est très-facile de faire, que les jeunes femelles tien- nent le nid de bonne heure, avant la consolidation de la coque, tandis que les vieilles, qui ont de l'expérience, n’y arrivent qu'aux derniers moments, ou au moins plus tar- divement; ensuite qu'il y a dans l'attitude de couveuse, en apparence toujours la même, des dissemblances cepen- dant réelles, résultant de la forme du nid, plat ou pro- fond, étroit ou ouvert, et que là encore, comme partout, règne la même influence directe sur la forme de l'œuf. Le nid du Rossignol de muraille est en coupe évasée et de peu de profondeur; il m'explique la forme ellipsoïde de la coquille, qui venait probablement de s’y former sur une litière horizontale; la forme ovée du premier œuf sor- tait d’un Oiseau perché. Un Faucon pélerin m'est apporté; on l'avait tué vers midi, perché dans un pommier, où il se tenait immobile depuis quelque temps, attendant patiemment la sortie d'un Pigeon de volière qu’il avait manqué le matin. C'était une femelle ayant l'œuf; la coquille, d’un blanc uniforme sur lequel perlaient déjà quelques petites gouttelettes de sang vif, était dure, quoiqu'elle n’eût pas atteint la moitié de son épaisseur. Des deux formes qu’offrent les œufs de cette espèce, elle a la plus ordinaire, l'ovalaire à bouts obtus, signe du repos dans la pose perpendiculaire. J'avais dit que, dans l'intervalle qui sépare le jet de la sécrétion calcaire et son durcissement, il y a un moment donné où la pâte molle n’est plus assez liquide pour obéir, et cependant pas assez solide pour résister à une forte commotion sans se fendre ou plier; cette considération m'avait donné l’explication, dans laquelle je demande la permission de persister, de la déchirure transversale de mon œuf de Grue cendrée, et des plis et bourrelets circu- laires de certains œufs d’Eider. La rareté (1) de ces acci- (1) On m'a apporté, l'été dernier, un œuf de Pintade déchiré de la même manière, par son travers, 62 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) dents donne la mesure de la rapidité avec laquelle s'opère le durcissement de la coquille; c’est pourquoi j'ai pris la liberté de revenir sur ce sujet. Il est constaté que, dans les croisements, ni la couleur ni la forme des œufs ne sont modifiées; que le mâle n'exerce sur elles aucune action. MM. l'abbé Manesse et Moquin-Tandon en font foi. Il est probable que le récent croisement d'un Paon avec une Pintade aura montré le même résultat. Les œufs d’une petite Poule pattue fécondés par un Coq ordinaire ne changent, pour cela, ni de forme ni de vo- lume; seulement les produits sont plus gros. Nos Poules de Caux, fécondées par un petit Cog pattu, continuent à pondre des œufs gros, d'où sortent des produits plus petits; aussi nos fermières, jalouses de conserver leurs belles races, ont-elles grand soin d’éloigner de leurs basses-cours les petits Coqs pattus. Maintenant, si l’on me demandait pourquoi l'influence du mâle et de la femelle est commune quand il s'agit du fœtus à naître de la coquille, et pourquoi elle ne l’est plus quand il ne s’agit que de cette coquille, vous savez à l'avance ma réponse : La Poule, la Pintade, le Paon sont de la même famille, mais n’ont pas le même port. La forme de l'œuf dépen- dant de la position de la pondeuse, le mâle ne pouvait qu'y rester étranger; c’est l'affaire personnelle de la fe- melle. Votre réponse, monsieur, serait celle-ci : « La forme « de l'œuf chez les Oiseaux est presque toujours en rap- « port avec l’ensemble général de l'individu dont il pro- « vient. » Certes CELUI qui, dans la plénitude de sa toute-puis- sance, a créé le monde et donné ce grand commande- ment : Croissez et et multipliez, a réglé en même temps les rapports nécessaires entre le moyen et la fin, et nous ne saurions ouvrir les yeux sur cette merveilleuse har- TRAVAUX INÉDITS. 63 monie, sans nous sentir saisis d’une pieuse et indicible admiration. L'Oiseau naissant d’une coquille devait donc trouver, sous cette enveloppe protectrice, le moyen de s’y déve- lopper convenablement jusqu’à ce qu’il füt en mesure de la briser pour faire son entrée dans la vie. Mais, pour remplir sa mission, la coquille est-elle obli- gée de se modeler sur des proportions de forme qui n’exis- teront qu'après l’éclosion, ou bien sur la place qui lui sera donnée dans le milieu où elle s’élabore, ou bien enfin le soin avec lequel le jaune est suspendu, par les chalazes, au centre d’une première zone d’albumen plus épaisse et plus visqueuse, voudrait-il indiquer qu'il n'y a qu’une chose indispensable, la conservation de la forme sphérique du vitellus, telle que le doigt de Dieu l'a fa- connée à l'ovaire ? Hautes questions sur lesquelles je devais prudemment laisser aux représentants de la science le droit d'interroger la pensée providentielle. Quant à moi, je me suis heurté à un fait qui se trouvait sur ma route ; j'essaye de m'en rendre compte, et je de- mande de la lumière pour savoir s’il est tel que je crois l'avoir entrevu; voilà mon lot. Mais l’incompétence n’est pas de l’indifférence ; je vous ai suivi, monsieur, avec un grand intérêt dans l’exposé de votre très-philosophique théorie, et il me paraît bien difficile de lui marchander son adhésion, si vous enten- diez l'appliquer à l’état du fœtus jusqu'à l’éclosion. Je crois donc que vous rencontreriez bien peu de contradic- teurs, n'étaient le mètre et le compas de notre grand or- nithologiste M. de la Fresnaye, voulant donner à ses ar- guments l’inflexibilité rigoureuse d’une démonstration géo- métrique Ses démonstrations vous ont conduit inévitablement à déclarer que « jamais le fœtus d'un Oiseau de proie, dont « le caractère distinctif est d’avoir la tête et l’ensemble 64 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) « cervical d’un volume considérable et de forme globu- « laire, l'appareil sternal, dans les mêmes proportions, « n'aurait pu se développer dans l’espace étroit ét res- « serré d’une coquille elliptique comme celle du Grèbe. » Et la force de la logique est telle, que M. Moquin- Tandon lui-même, trop expérimenté pour n'être pas cir- ‘ conspect, a déclaré aussi que « jamais le Grèbe ne pro- « duira un œuf globuleux comme le Hibou, et que le « Hibou n’en donnera pas d’allongés comme le Grèbe (1). » Cependant né semble-t-il pas, monsieur, que les Hiboux se soient émus de l’impérieux ultimatum? N'avons-nous pas vu leurs délégués de France et d'Afrique venir à Paris déposer aux pieds de nos princes de la science offi- cielle leurs protestations collectives sous la forme d'œufs allongés de Grèbe? L'un d’eux a même osé faire éclore de ces œufs des Grands-Ducs, qui n’avaient point du tout l'air d’avoir dégénéré, et je crois que l’un de ceux-ci habitait encore, l'été dernier, la cage paternelle, témoignage vivant de la protestation des siens. Ce fait, d’ailleurs, n’est pas insolite; il se relie intime- ment à tout un ordre de faits analogues que ‘je viens de passer en revue. Nos Corbeaux, nos Moineaux, etc., etc., protestent aussi à leur manière, au même titre, chaque printemps, et nos Poules toute l’année. | Les Grébes et les Plongeons ne les imitent pas, il est vrai; mais ils ont, pour cela, leurs raisons, et la première est l'obstacle local que j'ai signalé chez le Cormoran ; sans cet obstacle, il ne leur serait pas plus impossible de pondre des œufs arrondis, qu'aux Grues cendrées de faire des œufs de Vautour quand l’occasion s’en présente. Ces variétés, qui entraient pour un dixième dans la récolte de mon ami, ne doivent pas être plus stériles que celles que nous voyons réussir sous nos yeux, et, s’il en est ainsi, que de- viendrait l'obligation d’une forme ovoïconique ou ovée . (1) Rev. et iag. de zoologie, i860. TRAVAUX INÉDITS. 65 allongée pour le développement des membres inférieurs? En résumé, monsieur, si votre solide théorie sur la forme de l’œuf des Oiseaux considérée dans sa cause n’a pas à souffrir de ce qui précède, peut-être conclura-t-on qu’il y a cependant à côté, sinon au-dessus d'elle, une autre loi générale, la mienne ou toute autre, n'importe, et que leur union ne serait pas un mal. EcæiNipEs NOUVEAUX Ou peu connus, par M. G. CoTTEau. (Quatrième article.) 23. Cyphosoma Atacicum, Cott., 1861. — Haut., 19 mill.; diam., 45 mill. Espèce de grande taille, circulaire, renflée en dessus, presque plane en dessous. Aires interambulacraires gar- nies de deux rangées de tubercules principaux, au nombre de quinze à seize par série; saillants, imperforés et mar- qués de crénelures très-prononcées. Sur la face inférieure et vers l’ambitus, ces tubercules sont serrés et se touchent par la base ; au fur à mesure qu’ils s’approchent du som- met ils s’espacent, et les scrobicules qui les entourent sont séparés par ün cercle de granules. Tubercules secondaires un peu moins développés, formant, au milieu des tuber- cules principaux, deux rangées très-régulières qui s'élèvent au-dessus de l’ambitus, mais disparaissent avant d'arriver au sommet; indépendamment de ces tubercules secon- daires, il s'en trouve d’autres sur le bord externe des in- terambulacres et au milieu de la zone miliaire; ils sont encore visiblement mamelonnés et crénelés, mais beau- coup plus petits, plus espacés, et moins régulièrement disposés. Granules intermédiaires abondants, inégaux, quelquefois mamelonnés, se confondant souvent avec les petits tubercules secondaires qui les accompagnent, d’au- tant plus fins et plus homogènes qu'ils se rapprochent du sommet. Ambulacres relativement assez étroits, garnis de deux rangées de tubercules principaux, au nombre de 2° sémie. Tr. xur. Année 1861. 5 66 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) vingt-trois à vingt-quatre par série, moins gros et plus serrés que les tubercules interambulacraires, imperforés et crénelés comme eux, placés sur le bord des zones po- rifères. Tubercules secondaires nuls. Granules intermé- diaires abondants et inégaux , identiques à ceux qui rem- plissent les aires interambulacraires. Pores simples, ovales, entourés d’un léger bourrelet, descendant en ligne droite du sommet au péristome, disposés à la face supérieure par paires horizontales, un peu obliques dans la région infra-marginale. Péristome décagonal , médiocrement en- taillé, s’ouvrant dans une dépression profonde de la face inférieure. Rapports et différences. — Le Cyphosoma Atacicum, re- marquable par sa grande taille, la disposition de ses tu- bercules principaux et secondaires et des granules qui les accompagnent, la profondeur de son péristome, ne saurait être confondu avec aucun de ses congénères. — M. Desor, dans le Synopsis des Echinides fossiles, a réuni sous le nom générique de Coptosoma tous les Cyphosomes des terrains nummulitiques, leur donnant pour caractères distinctifs des tubercules saillants et serrés, marqués de faibles crénelures; une granulation intermédiaire, gros- sière et peu abondante; des zones porifères onduleuses ; des plaques ambulacraires dont les sutures forment de petites incisions qui semblent rayonner à la base des tu- bercules ambulacraires, et un péristome largement déve- loppé. Dans l'espèce que nous venons de décrire, la plu- part de ces caractères ne se retrouvent point: les tubercules présentent des crénelures très-apparentes ; les granules qui garnissent le test sont abondants et parfois. très-délicats ; les pores forment, dans toute leur étendue, des zones parfaitement droites; les tubercules n’offrent à leur base aucune trace de suture ou d’incision, et le péristome est médiocrement développé; aussi voyons-nous dans cette espèce, malgré son origine nummulitique, un véritable Cyphosoma. TRAVAUX INÉDITS. 67 Reste à examiner si ce genre Coptosoma, qui perd ainsi une grande partie de sa valeur stratigraphique, doit être maintenu dans la méthode, ou s’il n’est pas plus naturel de le réunir au genre Cyphosoma. Nous inclinons vers cette dernière opinion : les deux genres, suivant M. Desor, dif- fèrent surtout par la disposition de leurs pores dédoublés près du sommet chez les Cÿphosoma, simples chez les Cop- tosoma. Ce premier caractère n’a pour nous qu'une impor- lance secondaire, depuis que nous avons reconnu, en étudiant les Cyphosoma du terrain crétacé, que chez plu- sieurs espèces les pores étaient simples dans toute leur étendue (1). Quant à l’ondulation des zones porifères, aux incisions qui marquent la base des tubercules ambula- craires, nous retrouvons également, chez quelques-uns de nos Cyphosomes crétacés, ces mêmes caractères; ils sont subordonnés au développement plus ou moins grand des tubercules et ne peuvent avoir de valeur que pour la dis- linction des espèces (2). Loc. — Aude. Très-rare. Terrain nummulitique. Coll. Noguès. — PI. 1, fig. 1, Cyphosoma Atacicum vu de côté; fig. 2, le même vu sur la face sup. 24. Scutella Caillaudi, Cott., 1861.—Haut., 6 mill.; diam. transv., 45 mill.; diam. antéro-post., 44 mill. Espèce de petite taille relativement à la grandeur ordi- naire des Scutelles, presque aussi large que longue; ambi- tus subcirculaire, légèrement onduleux, arrondi en avant, anguleux et subtronqué en arrière; face supérieure renflée au milieu, déprimée sur les bords; face inférieure plane, (1) Nous citerons notamment le C. tenuistriatum, de l'étage turo- nien de Bousse (Sarthe), et le C. costulatum, de la craie de Ville- dieu (Loir-et-Cher ). Voyez Échin. de la Sarthe, pl. 36, fig. 4-8, et pl. 44, fig. 1-4. (2) Chez les ©: perfectum, Delaunayi et Bourgeoisi de la craie blanche, les zones porifères sont aussi onduleuses que daus les Cop- Losoma les mieux caractérisés, et les plaques ambulacraires présen- tent souvent, comme chez ces derniers, des sutures rayoauantes très- prononcées. Voyez loc. cit., pl. 42, fig. 13-16, et pl. 43, fig. 6-12. 68 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) Sommet un peu excentrique en avant. Étoile ambulacraire assez développée, composée de pétales égaux, largement ouverts à leur extrémité, et occupant à peu près les trois quarts de l’espace situé entre le sommet et les bords. Ambu- lacres s’élargissant au fur et à mesure qu'ils se rapprochent de l’ambitus, et donnant aux aires interambulacraires, sur la face supérieure, une forme pétaloïde très-remarquable et beaucoup plus prononcée qu’elle ne l’est chez les autres espèces de Scutelle. Périprocte petit, arrondi, s’ouvrant à peu de distance du bord postérieur. Dans un des exemplaires que nous a communiqués M. Cailliaud, le pétale ambulacraire antérieur offre, à moitié de son étendue, un étranglement très-marqué. C'est un cas pathologique tout à fait accidentel, que nous avons déjà remarqué chez plusieurs espèces de Clypéas- troïdes, et qui ne paraît avoir apporté aucun obstacle au développement régulier de l'animal. Rapports et différences. — Le Scutella Cailliaudi se dis- tingue nettement de ses congénères par sa petite taille, sa forme subcirculaire aussi large que haute, sa face supé- rieure légèrement saillante, et surtout par la disposition pétaloïde de ses plaques interambulacraires. Sa taille le rapproche du Scutella subtetragona du terrain nummuli- tique de Biarritz; cependant cette dernière espèce sera toujours reconnaissable, d’après la figure que nous à donnée M. de Grateloup, à ses contours plus sinueux, à sa forme plus large que longue, à son étoile ambulacraire petite et étroite. Loc.— Machecoul (Loire-Inférieure). Rare. Terrain ter- tiaire éocène. Musée de Nantes. Pendant longtemps on a considéré le genre Scutella comme spécial au terrain tertiaire miocène; il est aujour- d’hui constant que ce genre a commencé à se montrer avec les couches éocènes; nous en connaissons deux espèces remontant à cette époque : celle que nous venons de dé- crire et le Scutella subtelragona que nous avons recueilli TRAVAUX INÉDITS. 69 nous-même dans les falaises de Biarritz, associé à l’Eupa- tagus ornatus et au Schizaster rimosus. Ces deux espèces, les plus anciennes du genre, sont l’une et l’autre remar- quables par la petitesse de leur taille. — PI. 1, fig. 3, Scu- tella Cailliaudi va de côté; fig. 4, le même vu sur la face sup.; fig. 5, périprocte. 25. Echinocyamus Campbonensis, Cott., 1861. — Haut., 2 mill.; diam. transv., 4 mill.; diam. antéro-post., 5 mill. Espèce de très-petite taille, plus longue que large; am- bitus ovale, arrondi en avant, plus dilaté et subtronqué en arrière; face supérieure subdéprimée; face inférieure plane, subconcave au milieu. Sommet un peu excentrique en avant. Ambulacres subpétaloïdes, imparfaitement bor- nés, largement ouverts à leur extrémité. Zones porifères formées de pores espacés, arrondis, peu nombreux. Tu- bercules petits, strobiculés, homogènes, épars. Péristome subcentral, pentagonal, un peu allongé dans le sens du diamètre antéro-postérieur, s’ouvrant dans une dépression du test. Périprocte arrondi, beaucoup moins grand que le péristome, placé très-près du bord postérieur. Appa- reil apicial presque carré, granuleux, marqué de quatre pores génitaux très-apparents et également espacés les uns des autres. Rapports et différences. — Cette petite espèce nous a paru nouvelle. Voisine de l’Echinocyamus piriformis, elle s’en distingue par sa taille moins forte et relativement plus épaisse, son ambitus moins anguleux en avant, son péri- stome plus sensiblement pentagonal, son périprocte plus apparent et beaucoup plus rapproché du bord postérieur. Elle offre également quelque ressemblance, par sa taille et la position de son périprocte, avec l'Echinocyamus inflatus du calcaire grossier de Grignon, mais elle s’en éloigne par son sommet ambulacraire plus central, sa face inférieure moins pulvinée et son périprocte plus apparent. Loc.— Campbon (Loire-Inférieure). Très-rare. Terrain 70 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) tert. éocène. Musée de Nantes. — PI. 1, fig. 6, Echino- cyamus Campbonensis vu de côté; fig. 7, le même vu sur la face sup.; fig. 8, le même vu sur la face inf.; fig. 9, face inf. grossie, 26. Sismondia gracilis, Cott., 1861. — Haut., 2 mill. 1/2; diam. transv., 2 mill.; diam. antéro-post., 22 mil]. 1/2. Espèce de petite taille, très-peu épaisse, subcirculaire, le plus souvent un peu plus longue que large; ambitus arrondi en avant, anguleux et subtronqué en arrière; face supérieure à peine bombée au milieu, très-amincie sur les bords; face inférieure plane, légèrement déprimée aux approches du péristome. Sommet un peu excentrique en avant. Étoile ambulacraire composée de pétales égaux, allongés, très-ouverts à leur extrémité: zones porifères formées d’une rangée interne et presque droite de pores circulaires, et d’une rangée externe de pores obliques, allongés, mais à peine conjugués ; à la face inférieure, le milieu des ambulacres est marqué de sillons qui convergent en ligne droite au péristome. Tubercules très-petits, abon- dants, serrés, finement scrobiculés, peut-être un peu plus apparents en dessous qu’à la face supérieure. Péristome central, pentagonal, dépourvu de bourrelets. Périprocte petit, circulaire, à fleur du test, s’ouvrant très-loin du pé- ristome, à 2 ou 3 millimètres du bord postérieur. Rapports et différences. — Cette espèce ne saurait être confondue avec aucun des Sismondia que M. Desor men- tionne dans le Synopsis des Échinides fossiles. Sa forme allongée, sa face supérieure très-amincie sur les bords, ses pores ambulacraires à peine conjugués en font un type tout particulier, voisin, au premier aspect, des Scutellina, et que nous n’aurions pas hésité à réunir à ce dernier genre sans la position tout à fait infra-marginale de son périprocte. L'espèce de Sismondia dont il se rapproche le plus est le S. incisa du calcaire grossier de Hauteville, mais il s’en distingue d'une manière positive par son am- bitus moins régulièrement circulaire, son étoile ambula- D tt mt TRAVAUX INÉDITS. 71 craire moins développée, sa face supérieure plus déprimée et plus amincie sur les bords, sa face inférieure plus con- cave et son périprocte plus éloigné du bord postérieur. Loc. — Machecoul (Loire-Inférieure). Assez rare. Ter- rain tertiaire éocène. Musée de Nantes. — PI. 1, fig. 10, Sismondia gracilis vu de côté; fig. 11, le même vu sur la face sup.; fig. 12, le même vu sur la face inf. 27. Sismondiu Michelini, Cott., 1861. — Haut., 4 mill.; diam. fransv., 12 mill.; diam. antéro-post., 13 mill. Espèce de petite taille, un peu plus longue que large; ambitus subcirculaire, vaguement pentagonal, un peu anguleux en avant, légèrement tronqué en arrière; face supérieure médiocrement renflée, assez régulièrement convexe: face inférieure presque plane, subconcave au milieu. Sommet central. Etoile ambulacraire composée de pétales égaux, très-ouverts à leur extrémité; zones po- rifères formées de pores espacés, peu abondants, non con- jugués ; seulement les pores de la rangée externe sont un peu plus allongés que les autres; sur la face inférieure le milieu des ambulacres est marqué d’un sillon droit et très-atténué. Tubercules petits, abondants, homogènes, scrobiculés, serrés et épars sur toute la surface du test. Péristome central, subpentagonal, sans trace de bourre- lets. Périprocte circulaire, s'ouvrant à fleur du test, infra- marginal, très-rapproché du bord postérieur. Appareil apicial assez développé, arrondi, granuleux, marqué de quatre pores génitaux. Rapports et différences. — Plus encore que la précédente, cette espèce est très-voisine des Scutellina, et, malgré la position infra-marginale de son périprocte, ce n’est pas sans quelque doute que nous la rangeons parmi les Sis- mondia: Par sa taille et son aspect général, elle se rap- proche beaucoup du Scutellina nummularia du calcaire grossier de Grignon; mais, quand on compare avec soin les deux espèces, on reconnaît qu’elles sont bien distinctes : 12 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE: (Fevrier 1861.) le Sismondia Michelini est toujours plus épais, sa face su- périeure est plus concave, sa face inférieure marquée de sillons ambulacraires plns atténués; ses tubercules sont relativement plus gros, et enfin son périprocte, bien que placé très-près du bord, est infra-marginal au lieu d’être marginal. Loc. — Le plateau du Four (Loire-Inférieure). Assez abondant. Terrain tertiaire éocène. Musée de Nantes. — PI. 1, fig. 13, Sismondia Michelini vu de côté; fig. 14, le même vu sur la face sup.; fig. 15, le même vu sur la face infér. 28 Sismondia Cailhaudi, Cott., 1861. — Haut. 4 mill.; diam. transv., 18 mill.; diam. antéro-post., 19 mill. Espèce de petite taille, un peu plus longue que large; ambitus subpentagonal, anguleux en avant, subtronqué en arrière; face supérieure déprimée, légèrement renflée sur les bords; face inférieure plane, subconcave au milieu. - Sommet central. Étoile ambulacraire largement dévelop- pée, composée de pétales égaux, allongés, très-ouverts à leur extrémité ; zones porifères formées d’une rangée in- terne et presque droite de pores arrondis, et d’une rangée de pores obliques, allongés, conjugués par un sillon. Tu- bercules petits, abondants, scrobiculés, épars. Péristome central, décagonal, dépourvu de bourrelets. Périprocte petit, circulaire, très-éloigné du péristome, s’ouvrant à 1 ou 2 millimètres au plus du bord postérieur. Rapports et différences. — Cette espèce, remarquable par sa forme subpentagonale, sa face supérieure déprimée et légèrement renflée sur le bord, présente au premier aspect quelque ressemblance avec le Sismondia occitana, si fré- quent dans le calcaire grossier de Pouillac et de Saint- Estephe; il s’en distingue cependant par sa forme géné- rale moins épaisse et moins renflée, par sa face inférieure plus sensiblement concave, et surtout par la position de son périprocte très-rapproché du bord postérieur, tandis TRAVAUX INÉDITS. 73 que dans le Sismondia occitana il occupe, à la face infé- rieure, à peu près le milieu de l'aire interambulacraire impaire. Loc.— Campbon (Loire-Inférieure). Assez rare. Terrain tertiaire éocène. Musée de Nantes. — PI. 1, fig. 16, Sis- mondia Cailhiaudi vu de côté; fig. 17, le même vu sur la face sup.; fig. 48, le même vu sur la face inf. 99. Stirechinus minor, Cott., 1861. — Haut., 12 mill.; diam., 16 mill. de de petite taille, circulaire, haute et renflée en dessus, presque plane en dessous. Aires interambula- craires garnies dé deux rangées de tubercules principaux médiocrement développés, imperforés et non crénelés, au nombre de treize à quatorze par série; la base des tuber- cules est saillante, arrondie et se détache nettement de chacune des plaques, qui elles-mêmes sont légèrement bombées au milieu. Tubercules secondaires beaucoup plus petits, se confondant souvent avec les granules qui les accompagnent, formant cependant à la face inférieure six rangées assez distinctes qui disparaissent au-dessus de l'ambitus; quatre de ces rangées sont placées au milieu des tubercules principaux, et une de chaque côté des aires interambulacraires. Granules intermédiaires abondants, inégaux, quelquefois mamelonnés, se groupant de pré- férence autour des tubercules et laissant presque lisse le pourtour du test, et notamment la zone miliaire qui par- tage les interambulacres. Ambulacres garnis de deux ran- gées de tubercules principaux, au nombre de quinze à seize par série, de même nature, mais un peu plus petits et plus serrés qne les tubercules interambulacraires, ac- compagnés, comme eux, de tubercules secondaires très-peu développés et de granules inégaux qui laissent le milieu de l’ambulacre presque nu; les deux rangées de tubercules principaux sont placées très-près des zones porifères, et les plaques qui les supportent sont bombées comme les autres, ce qui donne à l'ensemble du test cet aspect sub- 74 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) caréné caractéristique du genre. Sur toute la surface des aires ambulacraires et interambulacraires l’espace inter- médiaire entre les tubercules et les granules est occupé par d’autres granules inégaux, épars, très-atténués et visibles seulement à un fort grossissement. Pores rangés par triples paires à peine obliques, superposées presque directement et formant une zone subonduleuse qui s’ar- rondit à la base de chaque tubercule. Les paires de pores s'ouvrent dans de petites plaques distinctes qui se soudent trois par trois pour former des plaques plus grandes, presque aussi hautes que larges, et contenant chacune un tubercule. Péristome de petite taille, subcirculaire, mé- diocrement entaillé, situé presque à fleur du test. Rapports et différences. — Le genre Stirechinus établi par M. Desor dans le Synopsis des Echinides fossiles ne renfer- mait qu’une seule espèce, le Stirechinus Siciliæ, provenant du terrain tertiaire supérieur de la Sicile. Celle que nous faisons connaître aujourd’hui s’en rapproche beaucoup par l’ensemble de ses caractères ; elle nous a paru cepen- dant s’en distinguer par sa taille infinimenteplus petite, sa surface plus granuleuse, ses tubercules ambulacraires moins serrés à la face inférieure et plus rapprochés des zones porifères. Loc. — Env. de Tours (Indre-et-Loire)? Très-rare. Étage falunien. Ma collection. — PI. 2, fig. 1, Stirechinus minor vu de côté; fig. 2, le même vu sur la face sup.; fig. 3, le même vu sur la face inf.; fig. k, plaques ambu- lacraires et interambulacraires grossies. 30. Cidaris Calloviensis, Cott., 1861. Radiole très-épais, trapu, glandiforme, étroit à la base, fortement évasé et irrégulièrement renflé au sommet, garni de stries longitudinales fines, régulières, inégales, appa- rentes surtout vers le sommet, où quelques-unes d’entre elles sont remplacées par de petites côtes plus saillantes et subgranuleuses. Collerette parfaitement distincte, mais peu développée, striée longitudinalement. Bouton court et re- TRAVAUX INÉDITS. 75 lativement très-petit; anneau saillant, garni de fortes cré- nelures ; facette articulaire crénelée. Rapports et différences. — En raison même de l'irrégu- larité du sommet de la tige, ce radiole varie beaucoup dans sa forme et rappelle certaines variétés du Cidaris ovifera du coral-rag de la Rochelle, mais il s’en distingue bien nettement par sa tige plus trapue et garnie de stries moins granuleuses, par sa collerette plus étroite, son bou- ton beaucoup moins développé et surmonté cependant d’un anneau très-visible. La structure du bouton le rap- proche du Cidaris Guirandi que nous avons décrit dans un de nos précédents articles. Cette dernière espèce ce- pendant sera toujours reconnaissable à sa taille plus petite, à sa collerette presque nulle, et aux stries égales et plus apparentes qui couvrent la tige. Loc. — Vaucluse (Jura). Assez commun. Étage callovien. Coll. Guirand. — PI. 2, fig. 5, radiole du Cidaris Callo- viensis; fig. 6, portion grossie. 31. Hemicidaris Purbeckensis, Forbes, 1850. L’Hermicidaris Purbeckensis a été signalé pour la première fois en Angleterre par M. Forbes, qui en a donné d’excel- lentes figures et une description détaillée. Nous avons nous-même décrit et figuré cette espèce dans nos Etudes sur les Echinides de l'Yonne, d’après des échantillons fort rares recueillis dans l'Yonne et la Haute-Marne. Depuis celte époque l’'Hemicidaris Purbeckensis a été rencontré en assez grande abondance dans les couches portlandiennes de Gray (Haute-Saône). Nous ne voulons pas revenir sur les descriptions qui ont été publiées, mais seulement faire connaître les radioles de cette espèce, ou du moins ceux qu'on rencontre à Gray associés à l'A. Purbeckensis, em- pâtés dans la même roche, et qu’on a tout lieu de penser lui appartenir. Forbes avait déjà figuré un de ces petits radioles, mais il est très-incomplet, et sa taille presque mi- croscopique indique qu'il provient d'un granule bien plu- tôt que d’un tubercule. Ceux que nous décrivons et qui 16 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) uous ont été en grande partie communiqués par M. Perron sont plus développés et appartiennent certainement aux tubercules interambulacraires. Radiole allongé, grêle, cylindrique, parfaitement lisse dans toute son étendue, tantôt simple et aciculé à son extrémité, tantôt s’élargissant et se divisant en branches inégales, plus ou moins nombreuses. La tige grossit un peu en se rapprochant de la collerette, qui est distincte, courte, finement striée et marquée, le plus souvent, d’un petit bourrelet à sa partie supérieure. Bouton peu déve- loppé; anneau saillant, fortement crénelé; facette articu- laire crénelée. Rapports et différences. — Cette espèce s'éloigne de tous les Radioles que nous connaissons par sa tige grêle, al- longée, lisse, divisée à son extrémité en branches inégales. Loc.—Gray (carrière de Gray-la-Ville), Mentoche (Haute- Saône). Abondant. Étage portlandien. Coll. Perron, Étal- lon, ma collection. — PI. 2, fig. 7, 8, 9, 10et11, radioles de l’'Hemicidaris Purbeckensis légèrement grossis. 32. Acropeltis concinna, Mérian, 1856. M. Guirand, dont la riche collection a été déjà bien: des fois mise à contribution par nous, a recueilli dans les couches coralliennes des environs de Valfin (Jura) un oursin microscopique qu'il a bien voulu nous communi- quer. Après l'avoir soumis à un très-fort grossissement, nous l'avons considéré, malgré les différences qui l’en sé- parent, comme étant le très-jeune âge de l’Acropeltis con- cinna (1) qu’on rencontre dans les mêmes couches. Nous avons pensé qu’il ne serait pas sans intérêt d'appeler l'at- tention sur ce petit individu, qui nous fournit un exemple des modifications profondes que l’âge apporte chez une () Nous conservons provisoirement à cette espèce le nom de Con- cinna, que lui a donné M. Mérian et que M. Desor a adopté dans le Synopsis des Échinides fossiles (voyez p. 86). Nous sommes cepen- dant porté à croire qu’elle n’est qu’une variété de l’Acropellis æqui- tuberculata du coral-rag de la Rochelle. TRAVAUX INÉDITS. jh même espèce dans le développement de certains carac- tères. Sa hauteur est tout au plus de 1 millimètre et sa largeur de 2. Malgré cette petitesse extrême, notre échantillon a tous ses organes parfaitement distincts; sa face supé- rieure est régulièrement convexe et sa base presque plane; ses tubercules interambulacraires, au nombre de quatre à cinq par rangée, sont saillants, surtout vers l’ambitus, et dépourvus de crénelures et de perforation; les tuber- cules ambulacraires, un peu moins gros et plus serrés, ne présentent, comme les autres, presque aucune trace de gra- nules intermédiaires. Les pores sont simples, peu abon- dants; le péristome est largement développé, subcircu- laire, marqué de faibles entailles; le périprocte, un peu excentrique en avant, est arrondi et subtriangulaire; l’ap- pareil apicial, très-grand, lisse, convexe, occupe presque toute la face supérieure et se compose de cinq plaques génitales allongées, anguleuses, distinctement perforées, et de cinq plaques ocellaires également perforées, plus petites et infercalées à l’angle externe des plaques géni- tales; la plaque génitale antérieure de droite présente une texture madréporique très-prononcée. L'ensemble de ces caractères donne à cet individu, ab- straction faite de la taille, une physionomie qui certaine- ment au premier aspect ne rappelle que bien peu les Acropeltis. La nature et la disposition de ses tubercules ambulacraires et interambulacraires le rapprochent seules de ce genre, dont il s'éloigne d’une manière si évidente par son appareil apicial lisse et très-étendu , tandis qu’il se réduit, chez les Acropeltis adultes, à une petite étoile tuberculeuse placée au sommet de la face supérieure. Si nous n'avions pas déjà constaté chez d’autres Échinides, et notamment chez plusieurs espèces de Salénidées, les modifications que l'appareil apicial éprouve au fur et à mesure que l'animal grandit, loin de réunir cet individu aux Acropellis, nous y aurions vu assurément un type nou- 78 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) veau. — PI. 2, fig. 12, Acropeltis concinna (individu très- jeune) vu de côté; fig. 13, le même vu sur la face sup.; fig. 14, le même vu sur la face inf.; fig. 15, le même vu de côté et grossi; fig. 16, face sup. grossie. 33. Pseudodiadema Thirriai, Et., 1861, figuré sous le nom de P, Perroni. — Haut., 4 mill.; diam., 41 mill. Espèce de petite taille, circulaire, également déprimée en dessus et en dessous. Aires interambulacraires garnies de quatre rangées de tubercules crénelés, perforés, sail- lants, se touchant le plus souvent par la base; les deux rangées externes comptent neuf à dix tubercules, les deux autres rangées, un peu moins développées, disparaissent au-dessus de l’ambitus. Granules intermédiaires épars, inégaux, peu abondants, laissant à la face supérieure la zone miliaire presque lisse. Ambulacres garnis de deux rangées de tubercules identiques, par le nombre etla taille, à ceux qui occupent les interambulacres, accompagnés, comme eux, de quelques granules inégaux et épars. Pores simples et directement superposés, se multipliant un peu aux approches de la bouche. Péristome assez grand, sub- circulaire, décagonal, marqué d’entailles apparentes. Ap- pareil apicial pentagonal très-développé, à en juger par l'empreinte qu'il a laissée à la face supérieure. Rapports et différences. — Voisine, par sa petite taille et sa forme très-déprimée, du Pseudodiadema complanatum et subcomplanatum, cette espèce s’en distingue nettement par ses tubercules plus gros et plus saillants, par la gran- deur de son appareil apicial, et surtout par la présence, sur les aires interambulacraires, de quatre rangées de tu- bercules au lieu de deux. Loc.— Gray (carrière de Gray-la-Ville), Fresne-Saint- Martin (Haute-Saône). Rare. Étage portlandien. Collec- tion Perron. — PI. 2, fig. 17, Pseudodiadema Thirriai vu de côté; fig. 18, le même vu sur la face sup; fig. 19, le même vu sur la face inf.; fig. 20, plaques ambul. et in- terambul. grossies. TRAVAUX INÉDITS. 79 34. Echinobrissus triangularis, Cott., 1861. — Haut., 15 mill.; diam. trans., 28 mill.; diam. antéro-post., 30 mill. Espèce de taille moyenne, un peu plus longue que large, arrondie en ayant, tronquée carrément en arrière; face supérieure renflée, épaisse sur les bords, ayant sa plus grande hauteur dans la région postérieure, assez réguliè- rement convexe en avant, brusquement déclive et pro- fondément échancrée en arrière ; face inférieure subpul- vinée, concave aux approches du péristome. Sommet un peu excentrique en avant. Ambulacres pétaloïdes, légè- rement renflés, à peu près égaux entre eux, les postérieurs sont cependant un peu plus longs que les autres et placés sur le bord de la dépression anale; zones porifères for- mées de pores inégaux, les internes arrondis, les externes étroits et allongés. Tubercules crénelés, perforés, scrobi- culés, très-petits en dessus, un peu plus gros à la face inférieure, partout abondants et serrés. Granules fins, homogènes, remplissant tout l’espace intermédiaire. Pé- ristome pentagonal, dépourvu de bourrelets, très-excen- trique en avant. Périprocte allongé, s’ouvrant au sommet d'un sillon longitudinal qui lui-même est placé dansunedé- pression profonde, triangulaire, largement évasée, angu- leuse et subcarénée sur les bords. Appareil apicial allongé, granuleux, subcompacte ; la plaque madréporiforme est médiocrement développée; les deux plaques génitales pos- térieures sont en contact par le milieu; la plaque impaire paraît remplacée par deux petites plaques complémen- laires intercalées entre les deux plaques ocellaires posté- rieures. Rapports et différences. Par sa forme générale, cet Echi- nobrissus rappelle les Æ. clunicularis, scutatus, Goldfussii et {caunensis, et se distingue très-nettement de ces diverses espèces par sa taille plus forte, sa face supérieure plus épaisse el plus régulièrement convexe, sa face postérieure fortement tronquée et marquée d'une dépression énorme 80 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) et triangulaire. Ce dernier caractère suffirait seul pour faire de notre espèce un type particulier et toujours re- connaissable. Loc. — Champlitte (tranchée du chemin de fer), Haute- Saône; Selongey (Côte-d'Or). Rare. Étage bathonien. Musée de Dijon, collection Babeau, Perron. — PI. 2, fig. 21, Echinobrissus triangularis vu de côté ; fig. 22, le même vu sur la face sup.; fig. 23, appareils apicial et ambul. antérieur grossis. IL SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE Paris. Séance du 4 février 1861.— M. I. Geoffroy-Saint-Hilaire présente la quatrième édition de son ouvrage intitulé, Acclimatation et domestication des Animaux domestiques. Le savant académicien rappelle la présentation qu’il a faite de ses Essais de zoologie générale et du premier yvo- lume de son Histoire naturelle des règnes organiques, et, après s'être élevé, dans ces ouvrages, aux considérations de la théorie la plus abstraite, il a voulu se conformer aux tendances de notre époque, en dirigeant aussi ses travaux vers les applications utiles. Il à donc repris les ouvrages qu'il a déjà publiés sur ce sujet, les a coordonnés et aug- mentés, et de là est sorti le nouveau livre qu'il publie, et dans lequel on trouvera les questions de l’acclimatation et de la domestication des Animaux poussées jusqu’à leurs limites actuelles. La note qu'il a lue à l'Académie est une sorte d'analyse étendue de son nouveau livre, car elle occupe onze pages des Comptes rendus. L'auteur y reproduit une grande partie de son introduction et cherche à mieux faire comprendre l'utilité des recherches de ceux qui vou- draient augmenter le nombre des Animaux qui sont utiles à l'homme. Il revient, avec une persévérance qui l’honore, SOCIÉTÉS SAVANTES. 81 sur la question de l'emploi alimentaire de la viande de cheval, et fait de nouveau l’histoire de l’acclimatation de- puis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours. Nous nous bornerons à cette courte indication d’un livre dont aucune analyse, même celle faite par son au- teur, ne pourrait remplacer la lecture. S'il existe quelques erreurs, quelques inexactitudes historiques dans la partie qui traite des Insectes, cela n’ôte rien à ce traité de son mérite général, et l’on peut dire, en toute certitude, que c’est un ouvrage qui fait beaucoup d'honneur à son au- teur, et qui rendra un grand service à la question de l’ac- climatation en général. M. Flourens lit une Note sur le développement des os en longueur. L'illustre académicien rappelle un Mémoire du même titre, qu’il a lu à l’Académie le 7 novembre 1842, et dans lequel il démontrait que les os ne s’allongent que par leurs extrémités, et qu'ils ne croissent en longueur que par couches terminales et juxtaposées. Les expériences dont il présente les résultats aujourd’hui viennent confirmer complétement cette vérité. MM. Lallemand et Sirodot présentent une Note sur l'ob- servalion microscopique des œufs de Vers à soie avant et pendant l'incubation. Ces savants ont voulu vérifier les observations publiées récemment par M. Cornalia, de Milan, qui a si heureuse- ment étendu à l'appréciation de l’état maladif des œufs l'étude microscopique du sang des Vers à soie, que nous avons publiée en novembre 1849 (Rev. et Mag. de zoologie, 1849, p.565, pl.15). A cette époque, nous avions montré que le fluide nourricier ou sang des Vers à soie malades était rempli de petits corps réniformes, de corpuscules oscil- lants, que nous avions nommés kæmatozoïdes. M. Cornalia, faisant les mêmes observations sur des Vers à soie très- jeunes, en voie de formation dans l'œuf, a trouvé ce même caractère chez des œufs qui ont donné des Vers 2° sème. Tr. x. Année 1861. 6 82, REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Fevrier 1861.) malades. Quand il. ne l’a pas observé dans les œufs de certaines provenances, les Vers qui en sont sortis ont été sains et ont donné une bonne récolte. Les études de MM. Lallemand et Sirodot ne vont pas siloin, car ils n’ont pas encore fait d'éducations avec des œufs présentant ou ne présentant pas ce caractère de la présence ou de l'absence des hæmatozoïdes; mais ils ont parfaitement reconnu ces corps dans les graines prove- nant de pays où l'épidémie sévit depuis longtemps avec intensité, et ils ont constaté leur absence dans celles des pays où la maladie n’est pas encore arrivée. M. Flourens signale, parmi les pièces imprimées de la correspondance, un exemplaire du discours prononcé par M. Van-Beneden, à la séance publique de l’Académie royale de Belgique, le 16 décembre 1860. Dans cette dissertation, intitulée les Grands et les Petits dans le temps et dans l’espace, le savant naturaliste, consi- dérant le rôle des plus grandes et des plus petites espèces du règne animal à l’époque actuelle et aux époques géo- logiques, y a trouvé matière à d’intéressants et importants rapprochements. M. Chauvau adresse un travail sur les Convulsions des muscles de la vie animale et sur les signes de sensibilité pro- duits chez le cheval par l'excitation mécanique localisée de la surface de la moelle épinière. M. Tigri, dans une lettre adressée à M. Flourens, à l’oc- casion de ses communications sur da coloration en rouge des os d'un fœtus par l'effet de la garance mêlée aux aliments de la mère pendant la gestation, discute la question des voies qu'a dù suivre la matière colorante pour passer de la mère au petit qu’elle portait. Suivant lui, la coloration aurait lieu par l'intermédiaire des eaux de l’amnios, qui pé- nétreraient, à une certaine époque, dans le canal digestif du fœtus. Ce fait d’une déglutition des eaux de l'amnios aurait lieu régulièrement pour le fœtus humain entre le seplième et le huitième mois. SOCIÉTÉS SAVANTES. 83 M. Coinde, qui avait précédemment adressé à l’Aca- démie une Note intitulée, Recherches sur les phénomènes chromatiques dans toute l'échelle zoologique, présente, comme se rattachant à cette première communication, des renseignements sur un cas singulier de production d'albinisme dans l'espèce humaine. Il s’agit d'un homme qui a eu successivement, de deux femmes différentes, trois enfants albinos. L'auteur de la note a vu un de ces en- fants, et il a vu également le père, qui n’avait rien d’un albinos, mais qui était abruti et, dit M. Coinde, en quelque sorte crétinisé par l'usage immodéré de l’eau-de-vie. Séance du 11 février 1861. — M. le maréchal Vaillant écrit au président dé l’Académie : & Si j'ai commis une indiscrétion, votre bienveillance obtiendra mon pardon de l’Académie. « J'ai parlé à l'Empereur de la proposition faite par notre honorable et savant secrétaire perpétuel, M. Flou- rens, de mettre au concours la grande et belle question dé la régénération des os brisés par accidents, coups de feu, etc., etc. L'Empereur ne pouvait être indifférent à ce rémarquable progrès de la science chirurgicale, intéres- sant à un si haut degré l'humanité tout entière, et dont nos soldats blessés ont déjà commencé à recueillir de si précieux avantages. Sa Majesté, s’associant aux intentions philanthropiques de l’Académie des sciences, m’autorise à vous dire qu’elle ajoutera 10,000 francs au prix qui sera fixé par nos confrères. » M. Baudement lit des Observ= ions sur les rapports qui existent entre le développement de la poitrine, la conforma- tion et Les aptitudes des races bovines (1°° partie). M. Aibert Gaudry fait connaître les résultats des fouilles . entreprises en Grèce sous les auspices de l’Académie. Ce travail fait suite aux notices que le même savant a communiquées précédemment. Dans celui-ci il montre que les Antilopes ont laissé à Pikermi de très-mombreux débris, car les seules pièces recueillies en 1855 et en 1860 84 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) attestent la présence de plus de 150 de ces Ruminants. Il est probable, ajoute-t-il, qu’autrefois quelques-unes de leurs espèces vivaient en grandes troupes, ainsi que de nos jours. Entrant dans le détail des espèces dont les cränes sont exposés sur le bureau, M. Gaudry montre que l’une d'elles ne peut demeurer dans le genre Antilope et doit former une coupe générique à laquelle il donne le nom de Palæo- tragus. Une autre espèce de grande taille a présenté des carac- tères suffisants pour qu'il soit nécessaire d’en former le type d’un sous-genre que M. Gaudry nomme Palæoryæ. Les caractères de ces deux coupes sont exposés avec détail, et l’auteur s’est attaché à faire ressortir les rap- ports et les différences qu’elles présentent par leur com- paraison avec les autres genres voisins. M. Martens adresse une Note ayant pour titre Remar- ques entomologiques durant une excursion dans les Alpes. Dans une ascension sur le Monte-Moro, l’habile photo- graphe, se trouvant empêché, par l’état du ciel, de faire les opérations qui l’amenaient sur ce sommet, a profité de ses loisirs forcés pour observer les allures de certains Lépidoptères, et il a noté spécialement une émigration de Papillons d’une même espèce (Vanessa cardui) qui sem- blait, à l'approche de la froide saison, traverser les Alpes pour gagner l'Italie. Séance du 18 février 1861. — M. Babinet lit un Mémoire intitulé sur les Variations séculaires dans le degré de salure des mers et sur les acclimatations de la nature. Le savant académicien établit d'abord qu’il est probable que tous les lacs et mers intérieurs, étant des portions iso- lées de l'Océan, avaient le même degré de salure que l'Océan en général. Ces amas d’eau ont dû se dessaler peu à peu, et beaucoup, comme les grands lacs de l'Amérique septentrionale, ceux de la Suisse et de l'Italie, le lac de SOCIÉTÉS SAVANTES. 85 Baïkal, au sud de la Sibérie, contiennent aujourd’hui des eaux aussi pures que l’eau distillée. « La nature de ces vastes et profondes masses d’eau douce, poursuit M. Babinet, a opéré des acclimatations que j'ai signalées à plusieurs reprises, et que je mets au- jourd’hui sous les yeux de l’Académie, pour leur donner un degré de notoriété qui puisse engager à profiter de l'œuvre des siècles. « Entre autres productions marines devenues produc- tions d’eau douce, je me contenterai d'en mentiomer quatre : 1° des peuplades de Harengs dits omouls, que l’on dessèche et que l’on sale comme ceux des mers euro- péennes de l'océan Atlantique, et qui sont l’objet d’un commerce important; 2° des Phoques d’eau douce tout à fait de la même espèce que ceux des mers scandinaves et des parages du Groënland et de la mer Glaciale; 3° des éponges, qui sont ordinairement le produit des eaux chaudes et salées de la Méditerranée; 4° enfin du corail de bonne qualité qu’on ne s’attendrait guère à trouver dans des eaux froides et complétement exemptes de sel. « L'introduction des Harengs dans les lacs d’eau douce de l’Europe et de l’Amérique ne serait-elle pas une chose utile et qui ne présenterait aucune chance de non-réus- site? « Mais c’est surtout le Phoque, animal haut placé dans l'échelle organique et très-intelligent, que je voudrais voir amener dans les lacs artificiels des bois de Boulogne et de Vincennes, aussi bien que dans les lacs de Suisse et d'Italie. « Les frais de transport de cet amphibie d’eau douce, qui ne craint ni le froid ni la fatigue du voyage, ne se- raient pas très-considérables par la voie des traîneaux, qui apportent de la Chine, par Irkoutsk, le thé, le sucre de mauvaise qualité, le tabac et la voie à la foire de Nijnei-Novogorod. De là à Saint-Pétersbourg et en France le trajet est facile. 86 REV. ET MAG. DE Z00L0G1E, (Février 1861.) « Le but de cette Note est donc'de mettre notre impor- tante Société impériale d’acclimatation en demeure de se procurer ces curieux et éducables Amphibies que, de temps en temps, on montre, par curiosité, à Paris. Il en est fort question dans Homère et dans Virgile, ainsi que de leur fameux berger mythologique, le vieux Protée. Leur instinct est très-développé et rivalise avec celui du Chien. Leur chair est la nourriture exclusive des pauvres peuplades des Esquimaux et des Samoyèdes, si bien étu- diées par le prince Napoléon dans son mémorable voyage aux mers du Groënland. L'étude des mœurs des Phoques et de leur organisation serait fort intéressante à faire à Paris et dans le voisinage. Enfin leur vie et leur repro- duction sont complétement assurées. & Conclusion. — 11 nous faut en France, et le plus tôt possible, DES PROQUES D'EAU pouce. » M. Albert Gaudry présente la suite de ses Résultats des fouilles entreprises en Grèce sous les auspices de l'Académie. Dans ce travail, l’auteur continue sa revue des Mammi- fères du groupe des Antilopes. Il établit un nouveau sous- genre sous le nom de Tragocerus (nom déjà employé en entomologie), qu'il fonde avec la Chèvre Amalthée. Au- jourd’hui cette espèce prend le nom de Tragocerus Amal- thœus. Avec l'Antilope Lindermayeri de Wagner, M. Gaudry fait le sous-genre Palæoreas. Avec un autre crâne, il fait une espèce nouvelle de son genre Tragocerus, qu'il ap- pelle T, Valencirnnesi. M. de Paravey adresse un travail intitulé, sur les Idées auxquelles se rattache l'éloignement que manifestent certains peuples pour la chair de divers Animaux d’ailleurs suscep- tibles de figurer dans la diète alimentaire. M. I. Geoffroy-Saint-Hiluire présente, de la part de M. le baron Larrey, un dessin figurant, de grandeur na- turelle, une anomalie fort rare dans les membres pelviens chez l'Homme. SOCIÉTÉS SAVANTES. 87 M. Kuhne adresse une Note sur un nouvel Organe du système nerveux. M. Sénéchal adresse une Note sur la composition de la symphyse mentonnière et la position des fanons des Ba- leines. Un jeune Rorqual, récemment apporté au muséum, a fourni l’occasion de dissiper les doutes qui pouvaient rester à cet égard en montrant, d’une part, qu'il n'existe pas d’écartement antérieur entre les mâchoires inférieures des Baleines, et, de l’autre, que les fanons se placent réelle- ment à l’intérieur de la mâchoire inférieure. Séance du 25 février 1861. — M. Pasteur présente un Mémoire ayant pour titre, Animalcules infusoires vivant sans gaz oxygène libre et déterminant des fermentations. M. P. Gervais adresse un travail intitulé, Présence du yenre éteint des Thécodontosaures en France. Après avoir énuméré les Reptiles antédiluviens que l’on a observés en France, M. Gervais fait connaître des frag- ments d’ossements et de dents recueillis dans des marnes blanchâtres du Chappon, près Saint-Rambert [Ain). Ces dents se rapportent parfaitement aux descriptions données par MM. Riley et Stutschbury (Transactions de la Société géologique de Londres, 2 série, t. V, p. 359, pl. 29), dans leur Mémoire sur le Thecodontosaurus antiquus, genre qui n'avait pas encore été signalé en France. SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Séance du 8 mars 1861. — M. le docteur Vavasseur lit une Notice sur les Tatous de Buenos-Ayres. Il résulte de ce travail intéressant que les Tatous ne se nourrissent pas de chairs corrompues, comme on la dit, mais qu'ils vivent uniquement de Vers de terre, de larves et d'Insectes. M. Vavasseur a élevé de jeunes Tatous, et il est par- 88 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) venu à les conserver en leur permettant de chercher des Insectes dans les champs où il les tenait attachés. Ceux qu'il avait voulu nourrir en captivité, avec de la viande, du lait, des œufs, etc., sont morts après avoir dépéri et s'être amaigris. je Il pense que ces Animaux, qui sont un excellent gibier et que l’on vend jusqu'à 3 francs pièce sur les marchés de Buenos-Ayres, pourraient être introduits dans le midi de la France et en Algérie, où ils rendraient des services autant à titre d’excellent gibier que comme destructeurs d'Insectes nuisibles à l’agriculture. IIT. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Journal de l'Académie des sciences naturelles de Philadel- phie, new series, vol. IV, part. 2. Grand in-4, fig. — Philad., 1859. Ce cahier contient deux grands mémoires; 4° un Sy- nopsis des Sphingides de l'Amérique du Nord, par M. Brac- kenridge Clemens, occupant près de 100 pages, et dans lequel l’auteur, après avoir passé en revue l’organisation et les mœurs de ces Insectes, donne un tableau synop- tique des genres et décrit avec soin et détail toutes les espèces. 6 2° Le second mémoire est dû à l’infatigable et savant Isaac Lea, et il donne la description et la figure d'un grand nombre de nouveaux Unionides des États-Unis. Nouveaux mémoires de la Société impériale des natura- listes de Moscou, dédiés à S. M. l’empereur Alexan- dre IE, t. XI, XII et XIII. Grand in-4, fig. Moscou, 1859 et 1860. Cette grande et utile collection des travaux de l'illustre Société est continuée avec le plus grand zèle et le plus grand succès; elle est toujours digne des savants qui com- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 89 posent cette utile compagnie, à qui la Russie doit une grande illustration. Dans le XI° volume (qui forme le tome XVII de la col- lection), il y a deux grands mémoires de botanique et un beau travail zoologique intitulé, Genera et Species Tri- chopterorum, auctore Frid. Ant. KoLENATI (accedunt tabulæ chromolithographicæ 5). Ce grand travail, écrit entièrement en latin, occupe 155 pages in-4 ; il est accompagné de 5 belles planches co- loriées représentant 62 espèces. Le XII° volume est entièrement occupé par un voyage botanique en Perse, accompagné de belles planches litho- graphiées, etc. Quant au XIII: volume, il paräîtra par livraisons, el nous n’ayons encore reçu que la première, composée d’un travail géologique sur le centre de la Russie, dû à MM. Auberbach et Trautschold. G. M. Note sur deux nouvelles grottes ossifères découvertes en Sicile, en 1859, par M. Anca. (In-8, fig. Extrait des Bull. de la Soc. géol. de France, 18 juin 1860.) Les grottes que les savants ont explorées et étudiées en Sicile jusqu’à ce jour sont au nombre de six; M. le baron Anca vient d’en découvrir deux nouvelles, dans lesquelles il a pu faire les observations intéressantes qui font l’objet dé son mémoire. Dans l’une, située à l'extrémité du Monte-Gallo, qui porte le nom de Grotta perciata, parce qu’elle est trouée des deux côtés, M. Anca a trouvé des restes fossiles d’Ani- maux herbivores mêlés avec des silex et des agates ayant la forme d'armes, qu’on peut supposer avoir appartenu à l'industrie humaine. Dans la seconde, au nord de la Sicile, entre Palermeet Messine, au pied du monte San-Fratello, il a découvertun riche dépôt d’ossements fossiles d'animaux herbivores et 90 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Février 1861.) carnivores, et il y a trouvé aussi une grande quantité d'armes en pierre. Aprèsavoir donné de bonnes descriptions de ces grottes, M. le baron Anca présente la liste des restes d'Animaux, Mammifères et Mollusques, qu'il y a trouvés, etil accom- pagne cette énumération d'excellents détails géologiques et zoologiques, et d’une grande planche lithographiée re- présentant des portions bien caractérisées de mâchoires de l'Ayæna crocata, d'un Ursus, de l'Elephas africanus, et de deux autres espèces douteuses du même genre. G.M. REVUE DU MONDE COLONIAL, organe des intérêts agricoles, industriels, commerciaux, maritimes, scientifiques et littéraires des deux mondes, publiée par M. A. Normor. Cet utile recueil, qui forme la deuxième série de l’A/- yérie agricole, elc., ne peut manquer d'attirer l'attention de tous nos nationaux qui ont des relations d'intérêt plus ou moins rapprochées avec les colonies françaises et étran- gères, et même des étrangers qui se trouvent dans la même situation. Déjà M. Noirot a fait ses preuves depuis deux ans, en publiant, avec autant de talent que de succès, l'Algérie agricole. Aujourd'hui il agrandit son cadre en embrassant toutes les colonies et en traitant, soit par lui-même, soit par des collaborateurs dont les noms font autorité dans les diverses branches des connaissances humaines, tous les sujets qui intéressent le nombreux public auquel son recueil s'adresse. Comme les questions scientifiques font partie du pro- gramme de M. Noirot, nous aurons quelquefois à signaler à nos lecteurs des travaux relatifs à notre spécialité. En effet, il est certain que les productions naturelles des co- lonies donneront lieu à des observations intéressantes, et que la zoologie pure et appliquée y jouera un rôle impor- tant. Déjà, dans le prenner numéro daté du 10 janvier ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX, 91 1861, nous remarquons un article d’un grand intérêt sur l'acclimatement en Algérie. Ce travail, écrit par M. le doc- teur de Pietra-Santa, a pour objet de montrer que l’accli- matement de l'espèce humaine en Algérie est non-seule- ment possible, mais réel. En admettant, dit l’auteur, que l'incurie des Arabes ait multiplié les marais et, avec eux, les parties insalubres ; en admettant que les reboisements aient modifié les conditions atmosphériques du climat, il s'ensuivra encore que de sages mesures hygiéniques, que d’intelligents travaux hydrauliques et agricoles pourront remettre la colonisation moderne dans des conditions aussi favorables que celles où se trouvait autrefois la race conquérante. La Revue du monde colonial paraît, par cahiers de # à 5 feuilles in-8, les 10 et 25 de chaque mois. Le prix d'abonnement est de 25 francs pour un an et13 francs pour six mois, pris à Paris. A la fin de chaque livraison, on pu- blie un bulletin bibliographique. On s’abonne, à Paris, rue Christine, 3. (G. M.) CarazoGue pes OrraoprÈres de la collection du british museum, part. 1, Phasmidæ, par J. O. Wesrwoop. — Gr. in-4, avec planches, Londres, 1859. Sous ce titre modeste, l’'éminent entomologiste a publié une magnifique monographie de ce singulier groupe, com- posée de toutes les espèces qui se trouvent non-seulement dans le musée britannique, mais encore dans les autres collections de l'Angleterre. Toutes les espèces sont décrites par une diagnose la- line et avec des développements en anglais, et leur syno- nymie est relevée avec le soin et le talent de sage critique apportés par M. Westwood dans les excellents travaux dont il a enrichi l’entomologie. Le nombre des espèces décrites dans ce travail est de #71, dont la plupart sont figurées dans 40 belles planches 92 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) dessinées et lithosraphiées par l’auteur, auxquelles on a joint les 8 planches gravées qui accompagnent la WMono- graphie des Phasmides de l'Australie de G. R. Gray, pu- bliée en 1833. A la suite de la description des espèces qu'il a pu étu- dier, M. Westwood reproduit celle de 13 espèces décrites plus ou moins imparfaitement par divers auteurs, et qu’il n'a pu classer dans les genres qu’il admet. L'ouvrage est complété par une explication des planches et une bonne table alphabétique des genres et des espèces, ce qui en fait un travail complet sur ce sujet. (G. M.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. M. J. P. Comp nous adresse la lettre suivante : Monsieur le directeur, je m'empresse de vous signaler un fait qui vient justifier mes prévisions sur l’existence des phénomènes chromatiques dans toutes les parties de l'échelle zoologique (1). Je les avais déja constatés chez les Hexapodes et différents autres invertébrés; mais il ne m'avait pas encore été permis de les observer chez des Lépidoptères, l’ordre d’Insectes qui cependant en pré- sente le plus souvent des cas. Rien n’est plus simple à ex- pliquer, vu leurs riches colorations et l’admirable variété de leurs dessins. Depuis longtemps j'avais cru distinguer, chez les grosses et les plus vulgaires de nos espèces de Lépidoptères, des traces plus ou moins complètes d’albi- nisme et de mélanisme, ou au moins des tendances à ces deux genres de phénomènes, telles que celles que j'ai nommées rubrinisme et chlorisme ; mais, détourné alors de ces études par d’autres observations, je n’y prêtais qu’une médiocre attention. Ce n’est que depuis peu, dans une (1) Voir les Comptes rendus de l'Académie, 1860 et 1861; la Revue zoologique, 1860; la Science pour tous, 1860, l'Apiculleur, 1860 ; le Bulletin de Moscou, 1859; la France litléraire, 1857, etc. MÉLANGES ET NOUVELLES, 93 visite que je fis à M. Millière, que je pus observer à mon aise, chez des Micros, ces phénomènes répandus dans beaucoup d'espèces. Le savant microlépidoptériste de notre ville avait, depuis de longues années, élevé avec amour la plupart des chenilles de ses magnifiques collections; il en avait suivi toutes les phases de développements et de métamorphoses avec une patience admirable, une rare sagacité et un véritable ta- lent d’observateur. Cette étude si complète l'avait amené à réunir ensemble plusieurs espèces ou prétendues telles par d’autres auteurs, qui lui étaient fournies par la même che- nille. Il m'en montra six, entre autres, excessivement diffé- rentes les unes des autres, et qui cependant n’en formaient qu’une seule, mais d’une différence vraiment frappante. Cependant, en les observant bien, on remarquait aisé- ment que les taches qui, chez un des exemplaires, ressor- taient extrêmement foncées, noires ou noir rougeàtre, chez un autre étaient, au contraire, très-claires, blanches ou d’un jaune blanchâtre : celui-ci semblait recouvert d’une teinte blanche, sorte de voile sous lequel on aper- cevait facilement la livrée naturelle ; celui-là ne possédait qu'une teinte noire plus ou moins foncée. Comme on levoit, ce sontbien là les caractèresou, toutau moins, lestraces qui nous font reconnaître des phénomènes chromatiques et les distinguer parfaitementdelalivrée ordi- paire de l'espèce. Si d'autres entomologistes poursuiyaient, dans les différentes classes d’Hexapodes, les études des métamorphoses que les Lépidoptéristes accomplissent sur une si grande échelle, on diminuerait, sans doute, passa- blement le nombre de ces espèces, qui ne diffèrent qu’au point de vue de la coloration ou de quelques dérivations physiologiques. Bien qu'ils ne jouissent, en quelque sorte, que d’une vie presque éphémère, les Insectes, comparaisons faites des différentes organisations, accomplissent, en des espaces de temps si courts, tous les travaux des Animaux supé- 94 REV. ET MAG. DE Z001061E. (Février 1861.) rieurs; ils traversent, autant qu'eux, des périodes di- verses : phases de joies et de souffrances, de douleurs et de plaisirs, d'amours et de haines, de douces quiétudes et de sanglants combats. La petite période accordée à leur si frêle existance (füt-elle d’une heure, d’une minute, d’une seconde) s’échelonne, pour eux, comme les années pour nous, comme les siècles pour d’autres (1). Eux aussi peu- vent donc naître avec leur livrée naturelle et voir cette livrée s’altérer progressivement, ou quelquefois apparaître avec les signes certains des phénomènes chromatiques qui tendront peut-être à disparaître entièrement ou en partie sous la livrée de l'espèce. Cependant c'est ici plus difficile à expliquer que chez les vertébrés, et la minime importance des sujets nous les fait quelquefois, toujours à tort, dédaigner, ou du moins échapper à nos premières observations. Recevez, etc. J. P. Coinpe. CANDIDATURE A L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Quoique nous n’ayons pas à nous occuper ici de bota- nique, nous dirons un mot de la séance du #4 janvier 1861, parce qu'il s’est produit un fait analogue à celui qui a eu lieu le 17 décembre 1860, relativement à la sec- tion d'anatomie et zoologie. En effet, à la suite de la liste de candidats présentée par la section de botanique, quelques membres ont voulu faire ajouter le nom de M. Pasteur. Cette tentative n’a pas réussi par une raison fort simple, parce que, cette fois, la section a été juste en plaçant en tête de sa liste un véri- table botaniste, reconnu, par l'opinion publique des hommes de science, comme digne d’être ainsi placé en tête de la spécialité dont il s'occupe depuis longtemps avec succès. (1) J'entends parler de ces géants des deux règnes organiques (vé- gétal et même auimal) qui, mettant beaucoup de temps à prendre leur développement, vivent aussi uu, deux siècles ou plus. MÉLANGES ET NOUVELLES. 95 Depuis quelques années, à la suite de présentations et même de nominations de candidats très-savants, mais dont les travaux n'appartiennent généralement pas aux spé- cialités des sections dans lesquelles ils ont été nommés, on entend dire que l’Académie des sciences devrait sup- primer les sections; on ajoute que les savants qui la com- posent sauraient bien choisir les plus dignes d’entrer dans l’Académie et les plus capables d'y représenter toutes les branches des sciences. Nous ne partageons pas cette con- fiance, parce que nous avons l'expérience de la faiblesse humaine, et nous croyons que la division de l’Académie des sciences en sections est une garantie précieuse qu'il importe, plus que jamais, de lui conserver. Peut-être, en raison des progrès de quelques branches des sciences, se- rait-il nécessaire de modifier un peu quelques sections, soit en augmentant leur personnel, soit en délimitant mieux les spécialités qui doivent être représentées par leurs membres; mais il est évident que les sections sont plus nécessaires que jamais aujourd’hui, où la division du travail est la garantie de sa perfection, à une époque où les tendances nouvelles conduisent forcément à mettre les intérêts matériels et personnels à la place de ce noble in- térêt de la science, dont on parle d'autant plus qu'on le respecte moins. Nous n'avons ni le temps ni la volonté de traiter au- jourd’hui cette grave question, car cela nous entraînerait trop loin; mais nous croyons que l’organisation actuelle de l’Institut et de ses Académies a besoin de réformes, dans ses détails du moins, et que l’une de ces réformes devra conduire à mieux fixer les sections, car il est évi- dent aujourd'hui que, si elles étaient supprimées à l’Académie des sciences, il ne pourrait plus entrer dans cet illustre corps que des chimistes, des savants sortis de école polytechnique et des médecins. (G. M.) M. Bigot nous adresse la lettre suivante : 96 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1861.) Monsieur, ne dit-on pas que péché confessé est à moitié pardonné?.….… C’est en vertu de cet axiome que je saisis la première occasion qui se présente de rectifier, un peu tardivement direz-vous, une de mes erreurs. Je déclare donc que l’Insecte par moi décrit sous le nom de Péychoproctus compleæus (Rev: et Mag. de zool., 1859, n° 7) n’est autre que le sexe male de la Stylomyia leonum £ (Westwood, Proceed. zoolog. Sve., London, dé- cembre 1850, p. 268, etc.). C'est grâce à une communication toute récente de l’auteur que j'ai pu connaître son excellent travail précité. ERRATA DU N° 1. Page 13, lig. 1, au lieu de Müll., lisez Mill. 13, 16 (chez Sph. cavicola), au lieu de sub- angulatus, lisez subangustatus. 13, 19, au lieu d’un point après punctato- striatus, une virgule. 13, 21, au lieu de Long., 1 1/2 ligne, lisez 6 1/2 lignes. 15: 22, au lieu de 6 1/3 lignes, lisez 1 1/2 ligne. 12: 23, au lieu de F. D. Schmidt, lisez F. 1 Schmidt; — au lieu de Stimberg, lisez Steimberg. 14, 12, au lieu de Müll., lisez Mill. 15, 2, au lieu de Picos, lisez Picus. 45, 20, au lieu de Prou, lisez Prov. TABLE DES MATIÈRES. Pages. J. HarDy. — Lettre à M. O. des Murs. 49 G. CorTeau. — Échinides nouyeaux ou peu connus. 65 Académie des sciences. 80 Analyses. 88 Mélanges et nouvelles. 92 PARIS.— IMP. DE M°° V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'EPERON, 0.—1861. VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — MARS 1861. I. TRAVAUX INÉDITS. Diagnosis CHEIROPTERÆ MEXICANÆ e familia Vespertilio- nidarum, auctore H. DE SAUSSURE. Genus ArTALAPHA, Rafin. Cauda longe involuta; patagium femorale ut in Ves- pertilionibus. Dentes +, +, #, vel &. A. mexicana. Valida. Dentes molares #. Caput et gula fulvescentia, ore et mento fuscis. Auriculæ rotundatæ, ni- græ, extus basi fulvo-hirsutæ, intus margine antico et area in medio una fulvo-setosis. Dorsum castaneum, supra grisescens, infra rufescens, ubique albo-marmoratum. Tibiæ, pedes et patagium femorale rufa, albo-marmorata. Venter fusco-griseus, pilis apice et in pectore albescen- tibus, in abdomine fulvescentibus. In humeris macula alba. Alæ nigræ; subtus brachia et dimidium-superius alæ fulvo-hirsuta. Supra maculæ albidæ tres in basi pollicis et quinti digiti, in angulo cubiti sitæ. — Antebrachii lon- gitudo, 0”,053. CONSIDÉRATIONS SUR LES OLUFS DES OISEAUX, par A. Moquin-Fanpow. Voir le commencement de ce travail, vol. XI, 1859, p. #14 et #69, et vol. XIT, 1860, p. 11, 57, 110, 193, 339. $ 6. ACTION DE LA NOURRITURE SUR LA COULEUR DES ours. — Buffon a signalé l'influence de la domesticité sur l’affaiblissement de la couleur dans les œufs, à l’oc- casion de ceux de la Pintade sauvage et de la Pintade do- mestique; il en a Liré la conclusion que c’est à la nourri- ture que doit être attribuée cette action. L'abbé Manesse s'est prononcé pour cette théorie; M. Buble l'a repro- 2° sémim, T. xu, Année 1861, 7 98 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) duite : je l’ai adoptée moi-même dans un ancien mé- moire. Quand on examine les œufs d’un grand nombre de Poules ordinaires, on en trouve qui sont un peu moins blancs que les œufs habituels ; il y en a mème de couleur nankin. J'en possède un qui est d'un roux légèrement olivâtre, comme un œuf de Perdrix grise. Ces colorations sont-elles des retours vers la teinte primitive? Résultent- elles d’un état pathologique des organes génitaux? Ces deux suppositions ne sont guère probables. Ces nuances ne sont-elles pas plutôt un effet de l'alimentation? Je suis très-disposé à le croire ; mais, s’il en est ainsi, ne pourrait- on pas arriver, si ce n’est à changer, du moins à modifier, dans certaines limites, les teintes ordinaires des coquilles ? J'ai essayé une fois (1823). J'ai mêlé de la garance en poudre aux aliments d’une Poule; l'Oiseau a fini par pondre des œufs revêtus d’une teinte légèrement ro- sée (1). M. Joly a répété cette expérience : une Poule traitée de la même manière lui a donné aussi un œuf à coque rose (2). Voilà pour les œufs blancs. M. des Murs a soumis une Serine au régime de la ga- rance. Les œufs de cet Oiseau, qui sont ordinairement d’un blanc très-légèrement verdâtre, avec des points ou des traits d’un brun rouge et d’un gris violacé, se sont repro- duits avec les mêmes caractères; seulement l’ensemble avait revêtu un ton laqué ou rosé. Voilà pour les œufs tachetés. 4 Il est donc évident que la garance exerce une certaine action sur la couleur des œufs. Cette action n’est pas très- forte, mais elle est manifeste sur les œufs tachetés comme sur les œufs blancs. J'ai rappelé, plus haut, qu'il est pondu de temps à autre, dans nos basses-cours {les Oiseaux n'étant pas ma- lades), des œufs qui ont une teinte un peu différente de (1) Mém. Soc. Linn. Paris, t. II, 1825, p. 61. (2) Mém. Acad. sc. Toulouse, 5° série, 1, IV, p. 516. TRAVAUX INÉDITS. 99 la livrée habituelle. Ces œufs doivent évidemment leur nuance à quelque nourriture exceptionnelle. D'un autre côté, pourquoi les œufs des Oiseaux domestiques offrent- ils des couleurs plus pâles que les couleurs normales ; pourquoi tendent-ils à se décolorer ? N'est-ce pas, en très- grande partie, par l'effet de l’alimentation ? Une des causes de la diminution des couleurs, chez les Oiseaux élevés en domesticité, pourrait être attribuée à leur plus grande fécondité, qui épuise l'élément colorant, comme, dans les œufs hardés elle épuise l'élément cal- caire. Mais ce qui prouve que cette fécondité n’agit pas seule, c’est que plusieurs de ces Oiseaux, dont les pontes ne sont jamais nombreuses, les Canards par exemple, produisent, comme les Poules, des œufs décolorés. Je crois donc qu’il faut admettre l'influence de la ma- tière alimentaire. Si la nourriture n’agit pas d’une ma- nière absolue, elle y est, ce me semble, pour quelque chose, soit directement, soit indirectement. Il est bien en- tendu que je parle de la coloration générale et non pas de la grandeur des taches, de leur forme, et moins en- core de leur disposition. Les organes qui sécrètent les couleurs ne peuvent pas être indépendants de la matière nutritive; cette indépen- dance serait contraire aux lois de la physiologie. On sait que les aliments exercent une action plus ou moins mar- quée sur le système glandulaire ; ils peuvent modifier non. seulement la couleur de ses produits, mais encore leur odeur et leur saveur. On est même parvenu à donner cer- taines vertus médicamenteuses au lait des nourrices et des vaches à l’aide d’un régime approprié. M. Berge (1840) a singulièrement exagéré l’action dont il s’agit ; il a cru que la coloration des œufs est toujours une conséquence de la nourriture de l'Oiseau. Il explique ainsi non-seulement la teinte du fond, mais encore la formation des taches. Suivant ce naturaliste distingué, la matière de la couleur est produite par une action chi- 100 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) mique. Comme il existe des œufs diversement colorés pondus par des Oiseaux qui ont un même genre de nour- riture, M. Berge imagine que cette différence tient uni- quement à des appareils chimiques différents; et, comme dans les contrées où séjournent les femelles ne se trou- vent pas toujours les mêmes Insectes ni les mêmes graines, il pense que c’est là l’origine de la grande diversité de coloration qn’on remarque dans les œufs d’une même espèce. Il résulterait de cette théorie que les couleurs se- raient produites, dans un cas, par la même nourriture, et, dans un autre, par des nourritures différentes. En d’au- tres termes, que les prétendus appareils chimiques tantôt agiraient sur la nourriture, tantôt seraient influencés par celle-ci. Suivant le même auteur, l'alimentation végétale déter- minerait, en général, le blanc, et l'alimentation animale le vert. On a vu, plus haut, que tous les Oiseaux de proie nocturnes pondent des œufs d’un blanc pur, et que les Gallinacés, qui sont des granivores par excellence, ont des œufs fauves ou brunâtres. Un des œufs les plus verts parmi ceux de France est celui de la Canepetière, et la Canepetière n’est pas un Oiseau carnassier !.… $ 7. ACTION DE L'AGE SUR LA COULEUR DES OEUFS. — Steller, Gunther et Buhle ont reconnu que la couleur des œufs variait selon l’âge des femelles. Toutes les pontes du dernier âge ont des teintes plus faibles. On a fait ob- server que les œufs des Faucons présentent alors moins de rouge ou de brun et tirent davantage sur le blanc, et que ceux de l’Écorcheur, au lieu d'offrir leur couronne de taches rougeûtres, les ont brunes ou grisâtres, quelque- fois même offrent-ils à peine quelques points de cette cou- leur. On a cité encore le Merle et le Pinson. Cette diffé- rence entre les œufs du vieil âge et ceux que les Oiseaux pondent dans tout le cours de leur existence ne dépend que de la quantité de matière colorante, qui est beaucoup TRAVAUX INÉDITS. 101 moins abondante chez les vieux que chez les jeunes | des Murs). $ 8. ACTION DU CLIMAT SUR LA COULEUR DES OEUFS. — En comparant plusieurs œufs de ma collection apparte- nant à une même espèce, recueillis les uns en France et en Espagne, les autres en Suisse et en Allemagne, j'avais cru pouvoir conclure que le coloris est plus vif dans ceux du Midi que dans ceux du Nord. M. des Murs (1844) a combattu cette conclusion et montré qu’elle n’avait aucun fondement solide. Il a montré que le climat n’influait en rien sur l'intensité de la coloration. Je viens de com- parer (1847) des œufs pondus en Algérie avec d’autres œufs récoltés en Hollande, et des œufs des environs de Montpellier avec d’autres œufs des environs de Lille, et j'ai reconnu que M. des Murs avait parfaitement raison: Mais si les aliments exercent quelque influence sur la livrée des œufs, comme ces aliments changent souvent avec le pays, quelquefois même avec la localité, on est forcé d'admettre que les œufs pondus dans deux contrées différentes pourront très-bien ne pas se trouver rigoureu- sement semblables. Seulement ceux du Midi ne devront pas être nécessairement plus colorés que ceux du Nord. C'est dans ce sens probablement qu’il faut interpréter ce que dit M. Temminck des œufs du Coucou. Il croit que les couleurs varient d’une année à l’autre, suivant la lo- calité (?). $ 9. RAPPORT DES COULEURS AVEC L'INCUBATION. — Les corps colorés absorbent le calorique plus facilement que les corps blancs. On a remarqué que les Oiseaux produc- teurs de coquilles à teintes sombres (soit dans le fond, soit dans les taches) appartiennent, en très-grande partie, aux Echassiers et aux Palmés, c’est-à-dire à des familles qui vivent dans les marais, au milieu des prairies inondées, au bord des étangs et des rivières, et, par conséquent, dans des endroits où leurs œufs ont généralement à lutter 102 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) contre le froid et l'humidité, et rarement contre la séche- resse et la chaleur. Cette observation est très-vraie, surtout pour les Oi- seaux Échassiers ou de marais, dont les œufs, roussâtres ou olivàtres, sont couverts de taches brunes plus ou moins nombreuses ct plus ou moins foncées. Les Cigognes, qui pondent des œufs à peu près blancs, nichent, comme on sait, à de grandes élévations. Il en est de même de la plu- part des Hérons, dont les coquilles sont d’un bleuâtre ou d'un verdâtre plus ou moins pâle (1). Mais des exceptions nombreuses nous sont offertes par les Oiseaux Palmés ou aquatiques. On trouve des œufs blancs (ou très-faiblement colorés) chez les Flamants, les Cygnes, les Oies, les Canards, les Sarcelles, les Harles, les Cormorans, le Fou, les Pétrels… Parmi les Oiseaux terrestres, nous ne rencontrons pas beaucoup d'œufs à teintes sombres. Les coques parais- sent rarement foncées chez les Rapaces ; elles sont tou- jours blanches dans les Oiseaux de proie nocturnes. Il en est de même des Pigeons et d’un grand nombre de Grim- peurs. La plupart des Passereaux ont des œufs à colora- tion faible. Chez le Rossignol, ils sont couleur de bronze, mais cet Oiseau place son nid au pied des haies et, par conséquent, dans un endroit humide. Chez les Sylvia tur- doides, arundinacea, palustris, aquatica, les teintes sont toujours plus ou moins foncées. Enfin les Gallinacés, qui pondent, presque tous, à plate terre, nous offrent géné- ralement des œufs colorés en roussâtre ou en brun. On pourrait objecter que les corps qui absorbent le calorique avec le plus de rapidité sont en même temps ceux qui le perdent le plus facilement, et qu’il y a com- pensation entre la chaleur acquise et la chaleur perdue. Mais il faut se rappeler que, pendant l’incubation, les œufs des Oiseaux s’échauffent par le contact des parents, (1) D’après ce qui précède, on pouvait décider , en quelque sorte, à priori, que l'œuf de la Glaréole ne pouvait pas être blanc. TRAYAUX INÉDITS. 103 et qu'ils ne peuvent se refroidir que par le rayonnement; par conséquent, ils doivent perdre leur chaleur dans un temps plus long que celui qu’ils ont mis à l’acquérir. J'ai cherché, en 1832, à constater, par expérience, l'influence de la coloration sur l’absorption de la chaleur; je n’ai obtenu aucun résultat concluant; on en verra bientôt la raison. Voici mon expérience : Je plaçai dans une couveuse 24 œufs de Poule récem- ment pondus; 8 de ces œufs étaient à l’état normal; les 16 autres avaient été colorés, # en bleu (comme l’œuf du Mouchet), # en rougeâtre (comme celui de la Crécerelle), 4 en olivâtre (comme celui du Rossignol), et # en chocolat (comme ceux des Plongeons). Pour ne pas trop obstruer les pores de la coquille, j'avais employé le pastel comme matière colorante, et j'en avais déposé, sur chaque coque, une couche extrêmement légère. Enfin, pour que l’âge de l'œuf n'exerçât aucune influence sur l'incubation, j'avais choisi, pour les colorer, les 8 œufs les plus anciens et les 8 les plus récents. Voici l’ordre des éclosions : 3 œufs blancs, 1 rougeûtre, 2 chocolats, 2 rougeâtres, 2 blancs, 3 olivâtres, 1 chocolat, 1 bleu, 1 rougeûtre, 3 bleus, 1 blanc, 1 olivâtre, 1 chocolat, 2 blancs. 2% Cette expérience semble prouver que la couleur n’exerce 104 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE: (Mars 1861.) aucune influence sur la durée de l’incubation. Je soup- çonnai que mes œufs, étant dans une couveuse fermée et, par conséquent, à l'abri de la lumière, n'avaient pas été soumis rigoureusement aux conditions normales de ceux qui sont exposés librement dans un nid et couvés par un Oiseau. Mon collègue M. le professeur Gavarret m’a fait observer que l'influence de la coloration sur le pouvoir absorbant des corps varie avec les circonstances ambiantes. On doit. à M. Melloni plusieurs expériences à ce sujet. Quand les corps ne reçoivent par rayonnement que de la chaleur obscure, la coloration est sans influence. Le noir de fumée et le carbonate de plomb, parfaitement blanc, ont le méme pouvoir émissif. D'où il résulte que, dans une couveuse fermée et, par conséquent, à l'abri de la lumière, des œufs colorés devaient se conduire comme des œufs blancs. Ilen sera de même toutes les fois que les œufs seront placés dans un nid de manière à se trouver à l'abri des rayons solaires. On a vu, plus haut, que les œufs dé- posés dans des trous de muraille ou dans des creux de rocher, ou dans des troncs d'arbres, ou encore dans des nids couverts, sont presque tous d’un blanc pur. On con- çoit, d’après ce qui précède, que, si ces œufs avaient été colorés, il n'y aurait eu aucun avantage pour l’incuba- tion. Il faudrait répéter l'expérience que je viens de rap- porter, en laissant les œufs exposés à la lumière. Il conviendrait aussi d'examiner l'influence des divers rayons isolés, surtout celle des rayons calorifiques et chi- miques. On sait que des expériences de ce genre, tentées sur les germinations, ont donné des résultats d’un très- haut intérêt. Les découvertes récentes de M. Stokes (1) et de M. Ed. (1) On the change of refrangibility of light. — Transactions philosophiques pour l’année 1852, p. 465. TRAVAUX INÉDITS. 105 Becquerel (1) montrent que les rayons lumineux les plus réfrangibles et ceux qui sont situés, dans le spectre, au delà du violet, donnent naissance à des rayons lumineux et calorifiques moins réfrangibles qu'eux-mêmes lorsqu'ils tombent sur certains corps, tels que le verre d’urane, le sulfate de quinine, l’esculine, le curcuma, la chloro- phylle..…… La plupart des substances organiques, tant d’origine yégétale que d’origine animale, sont douées d’une pro- priété analogue à un degré plus ou moins prononcé. Ce phénomène a reçu le nom de phosphorescence ou de fluores- cence, suivant qu'il persiste ou qu'il cesse après qu'on a supprimé les rayons qui en déterminent la production. La couleur propre des corps exerce une influence évi- dente sur l’action dont il s’agit. D'où il suit que les œufs devront présenter le même phénomène, d'une manière plus ou moins intense, selon qu’ils seront blancs ou co- lorés, pourvus de teintes faibles ou foncées, et couverts de taches rares ou nombreuses. M. Guillemin a démontré, qu'on me permette de le dire en passant, que la fluorescence se produit non-seule- ment dans les couches superficielles, mais encore dans l’épaisseur même de la substance qui en est le siége (2). On peut se demander si le travail physique que cette espèce de transmutation de mouvements vibratoires re- présente n’a aucune influence sur le développement des œufs. M. C. Gloger a étudié les teintes des œufs dans leur rapport avec la position, la forme et la nature de leur nid (3). Cette relation présente des combinaisons dont on ne saurait trop admirer la sagesse. Les œufs blancs sont ceux qui s'échauffent le moins (1) Annales de chimie et physique, t. LV, p. 5, 1859. (2) Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. XLV, p. 773, 1859. (3) Ueber die Farben der Eer der Vœgel — Verhandl. Gesellsch. nat. Freund. BerL., 1, 1829, p. 332. 106 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) facilement, et en même temps ceux qui perdent la chaleur avec le moins de rapidité. Quand les corps reçoivent de la chaleur lumineuse par rayonnement, leur pouvoir absorbant est d'autant plus fort qu’ils sont plus foncés en couleur. Par la chaleur rayonnée au moyen d'une lampe, le pouvoir absorbant du noir de fumée étant 100, celui du carbonate de chaux n'est que 53. Ainsi des œufs colorés exposés aux rayons solaires doivent s’échauffer davantage que des œufs non colorés. Les œufs les plus foncés que l’on connaisse sont ceux des Plongeons, Oiseaux confinés dans le Nord. Les Colibris, les Perroquets, les Guépiers, les Martins-Pécheurs ont des œufs tout blancs (souvent lustrés) et appartiennent aux pays chauds. Du reste, il est très-difficile de déterminer avec rigueur cette influence de la couleur des œufs sur leur incuba- tion, parce qu'elle est tantôt favorisée, tantôt affaiblie par plusieurs autres circonstances organiques, telles que la grosseur de l'œuf, sa forme, l'épaisseur de la coque, sa densité, son poli, le nombre de ses pores... CnapitRE VI. — Du POLI DES OEUFS. $ 1. Pori pes oeurs. — La surface des œufs présente de légères inégalités, à peine visibles à l’œil nu, qui la rendent plus ou moins mate (Cigogne, Héron); elle est un peu rude dans certains Oiseaux de proïe (Jean-le-Blanc, Pygarque). La surface crayeuse qu’on observe sur les œufs des Fous, des Cormorans, des Grébes est déterminée, comme on le verra plus loin, par un enduit particulier dont la coque est recouverte. J'ai déjà parlé de l’œuf du Flamant, qui est mat et fria- ble à l'extérieur, comme un morceau de plâtre. Quelques œufs sont pourvus d'une enveloppe très-unie (Pics). Ce poli se montre avec une sorte d'éclat chez le Martin-Pécheur et le Guépier. En général, les œufs lustrés sont blancs et sans taches. TRAVAUX INÉDIIS. 107 Plusieurs Tinamous pondent des œufs gris de fer ou gris lilas remarquables par leur brillant métallique; on dirait que leurs coques sont en porcelaine. $ 2. RaPPORT DU POLI AVEC L'INCUBATION. — J'ai parlé, dans un article précédent, de l'influence de la coloration sur l'absorption et sur la perte de la chaleur. M. des Murs a fixé l’attention des Oologistes sur le pouvoir réfléchissant de la coquille, déterminé par son état plus ou moins poli. Il divise les œufs en sept séries, relativement à leur pro- priété réfléchissante. Les physiciens nous apprennent que les corps à sur- face lisse et luisante renvoient le calorique beaucoup plus facilement que les corps à surface rude et mate, qu'ils s'échauffent avec moins de rapidité, mais que, lorsqu'on les a échauffés, ils se refroidissent avec plus de lenteur. Cela est vrai, mais pas toujours, ainsi qu’on le verra bientôt. M. des Murs a reconnu que la propriété réfléchissante ne se rencontre dans aucun Oiseau aquatique ou nageur; chez ces espèces, la coquille est mate sans exception. Ce caractère est très-exact pour les Oiseaux de marécage. Je n’en connais aucun (parmi les espèces d'Europe) qui ne présente un œuf plus ou moins mat; mais la proposition ne paraît pas tout à fait aussi absolue pour les Oiseaux pal- més ou les vrais aquatiques, car les œufs des Canards sont, en général, plus ou moins lisses, et ceux de certaines Oies parfaitement lustrés. Il est très-vrai que les œufs des Oiseaux terrestres sont presque toujours plus ou moins polis et plus ou moins lui- sants (des Murs). Ceux d'Europe n’offrent jamais d’enduit crétacé comme chez les Flamants, les Cormorans et les Fous (1). L'état mat de la coquille se rencontre dans les Echas- (1) On entrouve, mais par exception, chez quelques Oiseaux étran- gers ; par exemple, chez les Anis des Murs). 108 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) siers, avec la couleur sombre, et ces deux causes concou- rent à faciliter l’absorption du calorique. D'un autre côté, les œufs brillants des Oiseaux terres- tres sont généralement pourvus de teintes très-pâles, et plus souvent encore d’un blanc pur. Malheureusement cette coexistence n’est pas constante. Par exemple, l'œuf de la Canepetière est, en même temps, luisant et coloré, et celui du Fou à la fois mat et blanc. Quand la couche superficielle d’un corps est plus dense que ses couches profondes, en le dépolissant on augmente son pouvoir absorbant et son pouvoir émissif, parce que l’on met à découvert des parties moins denses (c’est ce qui arrive lorsqu'on dépolit des métaux travaillés au mar- teau). Mais, quand les couches profondes présentent la même densité que les couches superficielles, le poli de la surface n’exerce aucune influence ni sur le pouvoir absor- bant ni sur le pouvoir émissif. Les coquilles d'œufs lisses, polies, lustrées ont géné- ralement leur surface plus dense et plus dure que les co- quilles dont l'aspect est mat et grenu; par conséquent, les premières absorbent et perdent moins de chaleur que les secondes par voie de rayonnement. Mais, quand les coques sont recouvertes d’un enduit crayeux, @est l'inverse qui doit arriver. Indépendamment de ces éléments d'absorption ou de perte calorifiques, combinés ou non combinés, il est d’au- tres causes qui viennent tantôt s’y ajouter, tantôt, au con- traire, les affaiblir, de telle sorte qu’il est bien difficile, au moins dans l’état actuel de la science, de décider nette- ment cette question, et de dire, par exemple, pourquoi tel œuf éclôt au bout de 11 jours, tandis que tel autre en demande 25. J $ 3. ACTION DU NID SUR L'INCUBATION. — On n’a pas assez fait attention, peut-être, à l’action du nid sur l’in- cubation. La situation et l'entourage des œufs influent TRAVAUX INÉDITS. 109 d’une manière plus ou moins efficace sur leur échauffe- ment. On sait qu'un corps abrité par un écran se refroidit moins par rayonnement qu'un corps abandonné à l'air libre. Un corps placé dans un lieu bas se refroidit moins par rayonnement que lorsqu'il est dans un endroit élevé. Un corps à l'abri des courants d'air se refroidit moins qu'un corps autour duquel l'air circule librement. Il résulte de ces propositions 1° Que les œufs placés dans les crevasses des murs ou des rochers, dans les creux des arbres, dans l'épaisseur des haies ou dans les hautes herbes se refroidissent moins, par rayonnement, que les œufs situés à la même hauteur et à l'air libre; 2 Que les œufs qui ne sont pas abrités se refroidissent d'autant plus qu’ils sont placés plus haut dans l’atmo- sphère ; 3° Que, dans un nid couvert (Penduline), toutes choses étant égales d’ailleurs, les œufs se refroidissent moins par le rayonnement que dans un nid ouvert en dessus (Draine); 4° Que, dans un nid en forme de cornet (profond et étroit) (Rousserolle), ils se refroidissent moins que dans un nid en forme de coupe (Pinson) ; 5° Que, dans un nid en forme de coupe (Merle), ils se refroidissent moins que dans un nid plat (Tourterelle); 6° Que, dans un nid composé de matières peu conduc- trices et bien feutrées (Chardonneret), les œufs se refroi- dissent moins que dans les nids formés de branchages grossièrement entrelacés (Autour). Cuapirre VII. — Des RUGOSITÉS ET DES RIDES DES OEUFS. $ 1. RucositÉs pes ours. — Les œufs des Casoars ne sont pas lisses comme ceux de presque tous les Oiseaux, mais couverts d’une infinité de petits tubercules dis- 1140 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Mars 1861.) tribués uniformément sur toute leur surface. Ces tuber- cules sont très-rapprochés et presque confondus dans le Casoar Emeu (1); ils paraissent assez distincts dans le Dromée ou Casoar de la Nouvelle-Hollande (2). Chez la pre- mière espèce, ils sont d’un vert noir qui laisse à peine apercevoir le gris foncé des interstices, et, chez la se- conde, d’un vert olivâtre clair qui tranche beaucoup sur la teinte blanchâtre du fond. Ces protubérances sont unies par deux, trois, quatre, cinq et même en plus grand nombre, formant des lignes flexueuses ou des espèces de zigzags. Il est très-difficile de les compter. Dans un espace de 0",036 carrés, l'Emeu peut en offrir 65, et le Casoar de la Nouvelle- Hollande seu- lement 38. Ces tubercules m'ont paru plus petits au petit bout; dans cet endroit, 0",036 carrés en contiennent une cin- quantaine, tandis qu’au gros bout le même espace en embrasse seulement une trentaine. Chez les Hoccos, on voit aussi, à la surface de la coque, des saillies du même genre, mais elles ont moins de vo- lume et sont blanches comme le fond. J'en ai compté 171 dans 0,036 carrés. Ces petites éminences donnent à l'œuf une rugosité du plus joli effet. Un de mes amis m'a communiqué, dans le temps, un œuf monstrueux de Pigeon dont la coque était couverte de petites éminences arrondies (3). Cet œuf avait été pondu par un Oiseau gros et robuste. Les tubercules dont il s’agit étaient arrondis, souvent soudés ensemble, mais toujours distincts; ils ne composaient pas de lignes, mais de petits amas : 0",036 carrés en renfermaient au plus une (1) Casuarius Emu, Lath. (Struthio Casuarius, Linn.).— Linné décrit très-mal ces œufs, lorsqu'il les signale comme pourvus de points excavés (ova punclis excavalis). (2) Casuarius Novæ-Hollandiæ, Lath. Casuarius ater, Gould, non Vieill.; Dromœus Novæ-Hollandiæ, Bp.). (3) Mém. Soc. Linn. de Paris, t. IL, 1825, p. 69, pl. 2, fig. 2, TRAVAUX INÉDITS. 111 quinzaine. La nature avait fait ici, par monstruosité, ce qu’elle produit chez les Casoars par habitude. Dans les œufs des Oiseaux domestiques, on remarque souvent, sur la coquille, des dépôts terreux, formant des tubercules ou des granulations. J'ai observé plusieurs fois ces dépôts sur les coques des Poules, des Dindes et des Canards. La matière surabondante est tantôt finement granuleuse, à grains écartés ou rapprochés, tantôt déposée par plaques. Elle est de la couleur de l’œuf ou tout à fait blanche ; quelquefois elle présente une teinte plus ou moins brunâtre. Madame Passy a bien voulu me donner deux œufs de Poule cochinchinoïise avec ce genre de dépôt. Dans l’un, le petit bout est entièrement couvert de granulations nom- breuses, serrées, très-petites, arénacées et de couleur fauve un peu rougeâtre; dans l’autre, la matière forme six taches épaisses, arrondies, inégales, d’un gris roux, dont la plus grande peut avoir environ 0,009 de dia- mètre. | k J'ai vu, dans diverses collections, plusieurs anomalies analogues ou semblables. Le dépôt des granulations dont il s’agit a été fait tantôt dans l’oviducte, tantôt dans le cloaque. Voilà pourquoi, dans certains cas, la matière appliquée ne diffère pas de la substance même de l'œuf, tandis que, dans d’autres, elle varie suivant la nature des aliments pris par l’Oiseau. Ceci me rappelle une expérience que j'ai faite au com- mencement demes étu des sur l’Oologie (1823). Je fis avaler, à une pauvre Cane en train de pondre, une certaine quan- tité tantôt de chaux sulfatée en poudre, tantôt de sable de rivière. J'obtins un œuf à surface granuleuse et un autre avec un dépôt assez abondant et assez régulier, vers le petit bout, de sable à peine modifié, coloré en brun ver- dâtre. Il ne faudrait pas conclure de cette expérience, comme je l'ai fait alors, que les œufs à surface normalement 112 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) granuleuse ou tuberculeuse, comme ceux du Casoar, sont ainsi organisés à cause de la nourriture grossière de l’Oi- seau. M. des Murs a relevé, avec raison, cette déduction fort peu logique. Les œufs à surface tuberculeuse doivent ce caractère à la manière dont leur coque est sécrétée. Je reviendrai sur ce sujet en traitant de la constitution phy- sique de la coque. $ 2. Rings DES OEUFS. — Je ne connais aucun œuf dont la coquille soit normalement et régulièrement ridée ; mais on observe quelquefois au petit bout, dans les œufs des Oiseaux domestiques, des saillies allongées plus ou moins fortes, des espèces de plis sur lesquels M. Génis a appelé, tout récemment, l'attention de l’Institut. Dans un mé- moire spécial, cet observateur à fait remarquer que les rides dont il s’agit existent sur certains œufs et n'existent pas sur d’autres. Il croit pouvoir formuler, avec assu- rance, que les premiers contiennent des mâles et les se- conds des femelles. L'auteur est arrivé à ce résultat après trois ans d’études. Il annonce sérieusement qu’il a été mis sur la voie de cette découverte en partant de ce fait, que les os de la femme sont plus lisses et plus nels que ceux de l'homme. Il n’est pas besoin de réfuter ce raisonnement et cette conclusion. Je me bornerai à faire remarquer que le petit bout des œufs ne porte les rides dont il s’agit que dans un petit nombre de cas et, pour ainsi dire, par ex- ception. On a vu, d’ailleurs, dans un autre chapitre, que tous les œufs ne sont pas organisés, comme ceux de la Poule, avec un gros et un petit bout; il en existe avec deux extrémités obtuses (Gangas) et d’autres avec deux ex- trémités pointues (Grébe), enfin il y en a de globuleux (Scops). Cuapirre VIII. — Des ENDUITS DES OEUFS. $ 1. Expurrs crayeux. — Chez les Fous, les Cormorans etles Grèbes, la coque est revêtue d’une sorte d’enduit crétacé, très-mat et même rugueux, d'une teinte assez blanche. J'ai déjà dit quelques mots de cet enduit. TRAVAUX INÉDITS. 113 Dans les premiers genres, cette couche de matière tranche un peu avec la couleur verdâtre pâle qui se trouve par-dessous. Cette couche est moins dure que le tissu même de la coque; on peut la racler et mettre à nu cette dernière, qui se montre alors avec sa coloration. Un enduit crayeux analogue recouvre l’œuf de l’Ani des Savanes (1), et cache la couleur bleu foncé caractéris- tique de cet œuf. M. des Murs a décrit et figuré cette sin- gulière organisation. Le même enduit existe dans un autre Oiseau du même genre qui m'a été apporté du Brésil. Dans l'œuf normal, cette couche blanche présente sou- vent des interruptions irrégulières qui laissent apercevoir la couleur foncée de la coque ; l’œuf paraît alors comme maculé de bleu. D'autres fois, la coque se trouve enve- loppée de toute part et ressemble à un œuf blanc un peu mat; mais, en le raclant avec précaution, on a bientôt mis à nu la couleur bleue qui est dessous. En traitant de la nature chimique de EAU je montrerai que l’enduit crétacé dont il s’agit n’est pas, comme on l’a cru, une couche d’urate d’ammoniaque déposée sur l'œuf pendant qu’il traverse le cloaque. $ 2. Expuir Graisseux. — Dans les Canards et les Harles, l'œuf est recouvert d’un enduit graisseux ou oléa- gineux (Thienemann). Cet enduit contribue à rendre la coque plus ou moins lustrée. On a cru qu'il empêchait les gouttelettes sanguines (c’est-à-dire la matière colorante) de s’imprimer sur la pâte calcaire et d'y produire des ta- ches, des lignes ou des points. On a vu, dans un chapitre précédent, que les maculations des œufs étaient dues à une sécrétion particulière (chromine); cette sécrétion est très-faible dans les œufs unicolores, et n’existe pas dans les œufs blancs. Je vais parler, dans ce paragraphe, d’une autre matière (1) Grotophaga Ahni, Gmel, 2° sénie. Tr. x, Aunée 1861, 8 11% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) graisseuse qui se dépose sur la coque de certains œufs et qui donne une coïoration plus ou moins vive. Ce dépôt a lieu après la ponte, par conséquent après la constitution de l’œuf; il est donc étranger à l’oviducte; il a une autre origine. | Le phénomène dont il s’agit nous est offert par les Grèbes. Ces Oiseaux ont des œufs d'un blanc très-légèrement vert jaunâtre, mais revêtus, ainsi que je viens de le dire, d’un encroütement crétacé plus ou moins mat et plus ou moins blanc. À mesure que l’incubation s'effectue, leur coque se colore d’abord en jaunâtre, puis en roussâtre, puis en jaune, puis en café au lait, en roux plus ou moins vif ou en brun plus ou moins foncé. L'œuf du Grèbe castagneux, figuré par M. Thiene- mann (1), ressemble, pour la coloration, à celui de notre Perdriæ grise, mais il est plus nankin et plus obscur. Celui du Grèbe oreillard, publié par le même sayant (2), est d’un rouge orangé asssez brillant. A quoi tiennent ces couleurs dans des œufs tout à fait blancs au moment de la ponte? On sait que tous les Oiseaux possèdent sur le croupion deux amas de cryptes qui sécrètent une humeur particu- lière graisseuse, destinée à lustrer leur plumage et à le garantir de l’action de l’eau. Ces glandes sont plus déve- loppées chez les espèces aquatiques que chez les Oiseaux terrestres ; elles se montrent volumineuses surtout chez les Grèbes, qui se tiennent presque constamment submergés. C’est l'humeur sécrétée par ces organes qui salit et co- lore leurs coquilles. L’enduit crétacé, mat et perméable dont ces œufs sont recouverts absorbe et retient facilement cette matière (ce qui n’arriverait pas, par exemple, dans un œuf lustré de Canard). M. Florent Prévost a tracé plusieurs fois des caractères (1) Syst. Darst. Fortpflanz., 1. XIX, fig. 4. (2) Loc. cît., fig. 3. TRAVAUX INÉDITS. 115 au crayon sur des œufs de Grébes en voie d’incubation; au bout d'un certain temps, ces caractères étaient recou- verts et ne se voyaient plus. D’autres ornithologistes ont répété et varié cette expé- rience et obtenu le même résultat. Toutefois il ne faut pas croire, comme je l'ai entendu dire, que les caractères tracés soient cachés à la fois sous une couche de sub- stance crétacée et sous un dépôt de matière colorante. La croûte calcaire blanche est fournie par l’oviducte avant la sortie de l’œuf; dès que celui-ci a été pondu, il ne re- çoit plus que l’enduit graisseux et coloré. DescripTion d’une nouvelle espèce d'Anodonte, par le FE. OGÉRIEN, directeur de l’école chrétienne de Lons-le- Saulnier, membre titulaire ou correspondant de plu- sieurs sociétés savantes. ANODONTA GOUGETANA. Animal petit, proportionnellement à sa coquille, ovale- allongé, d'un gris clair un peu jaunâtre; manteau mince, d'un jaune d’ambre sur les bords, d’un gris clair près des branchies; papilles postérieures brunes; branchies exté- rieures d’un brun chocolat clair, offrant, à la surface, comme une espèce de tissage formé de fines lignes per- pendiculairement croisées; pied petit, d’un jaune orangé fortement coloré. Coquille moyenne, ovale, légèrement tétragone, très- ventrue, jamais comprimée, offrant presque toujours une gibbosité qui longe le côté postérieur, à sillons longitudi- naux presque concentriques, très-profonds, au nombre de six à huit, formant des zones d’inégale largeur, dont lestrois premières, à partir des sommets ou crochets, éga- lent souvent presque les autres en largeur; très-épaisse, très-solide, peu luisante, pesante, ordinairement d’un brun noir, quelquefois mat chez les vieux, rarement d’un vert jaunâtre ou olivätre, seulement chez les jeunes; côté 146 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) antérieur très-arrondi, comme tronqué, formant presque toujours un demi-cercle ; côté postérieur allongé, ellip- soïde, subcunéiforme de deux fois l’antérieur ; les deux bords presque parallèles ; l’inférieur peu tranchant, pres- que droit, rarement un peu arqué, plus souvent creusé en rognon; le supérieur un peu arqué, surtout à partir de la terminaison du ligament ; crête postéro-dorsale ordi- nairement peu saillante, peu déprimée, quelquefois assez marquée chez les jeunes; sommets ou crochets très-voisins du bord antérieur, à l'extrémité postérieure du premier quart antérieur de la longueur totale, complétement plats, présentant ordinairement de six à huit rides très-sail- lantes, presque toujours usés et jamais profondément ex- coriés; ligament très-saillant, très-épais, brun, luisant; impressions musculaires antérieures très-marquées, pro- fondes, en secteur de cercle; les postérieures superfi- cielles réniformes; nacre brillante, souvent irisée, légère- ment azurée, quelquefois un peu carnéolée chez les vieux individus, très-rarement roussâtre, offrant souvent des indices perliformes et quelquefois de vraies perles au côté postérieur; valves égales, bâillantes au côté postérieur et très-légèrement à l’antérieur. Dimensions, en millimètres, de sept individus choisis parma | un grand nombre. N° 1, vieux; n° 2, moyen à test très-épais; n° 3, moyen; n° 4, réniforme; n° 5, allongé réniforme; n° 6, jeune; n° 7, plus jeune. N° 4. N°92. N° 3. N° 4. N° 5. N° 6. N°7. Longueur... 80 74 80 70 #74 60 51 Hauteur. . 37 38 40 32 31 31 98 Epaisseur. . 30 #21 25 20 921 20 15 D'après ce tableau, on aurait 1°, en longueur, 0®,070 à 0®,075 ; 2, en hauteur, 0°,030 à 0",035 ; 3°, en épaisseur, 0®,020 à 0,025. Variétés. — 1° Var. n° 3, relativement peu épaisse, à TRAVAUX INÉDITS. 117 crête postéro-dorsale élevée, légèrement déprimée, cunéi- forme ; test épais et épiderme noir. 2 Var. n° 4, creusée en rognon; test noir ou châtain. 3 Var. n° 5, allongée postérieurement, cunéiforme, dé- primée, réniforme, à double côte saillante, formant deux zones transverses sur le côté postérieur. Cette nouvelle et magnifique espèce d’Anodonte se rap- proche, par ses formes générales et l’épaisseur de son test, de l’Anodonta ponderosa, Pfeiff.; elle s’en distingue, au premier coup d'œil, par le rapport des bords anté- rieurs aux postérieurs; par son facies plus ventru, subcy- lindrique; par la coloration plus sévère du test et l’apla- tissement des crochets. Elle semble combler l’hiatus entre les Anodontes et les Mulettes; elle a complétement l'extérieur de ces dernières, mais elle manque de dents à {a charnière. Sa place, dans la série des Acéphales fluviatiles et lacustres de France, est donc entre l’Anodonta ponderosa et Unio margaritifer, Philipps. M. Terver, le savant conchyliologiste lyonnais, à qui cette espèce a été communiquée, écrivait à l’auteur : « Rien de ce qui se publie en France ne s’y rapporte : elle offre un caractère différent de tout ce que je con- nais. » Habitat. — On trouve abondamment l’Anodonta Gou- getana, Og., 1° dans les canaux de la saline de Mont- morat, dans le biez qui passe sous la roue des puits à sel ; 2° dans la petite rivière du Solvan, derrière l'hôpital de Lons-le-Saulnier, vers le bureau d'octroi et jusqu’au- dessous du cimetière. Les individus pêchés dans le Solvan sont bien plus beaux que ceux des canaux de la saline. Ce Mollusque aime les flasques profondes, vaseuses et solitaires; on est sûr de le trouver abondamment près des cadavres des animaux jetés à la rivière. Dédiée à M. le docteur Gouget, chevalier de la Légion d'honneur, doyen des naturalistes du Jura, à Dole. 118 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) DescriPrion de Coléoptères nouveaux d'Algérie, par À. CHEVROLAT (1). 71.Sciaphilus infuscatus, curtus, subnitidus, squamulis brunneo-fus- cis, griseo-variegatus ; rostro brevi, antice emarginato, capite valde convexo ; antennis tarsisque ferrugineis; oculis parvis, globosis, ni- gris;thoracefortiter punctato, antice reflexo posticequerecto et leviter constricto; elytris obovalibus, punctato-striatis, interstitiis latis, dorsalibus paululum costatis, setis albidis retro inclinatis modice vestitis. — L., 3 3/4; 1., 1 1/2 m. Cette espèce tient le milieu entre les S. muricatus et costulatus; elle en diffère par une taille plus petite, une forme plus ramassée et surtout par la ponctuation du cor- selet, qui est plus grande et espacée, et aussi par sa trompe, qui est très-courte. D'un brun fauve un peu luisant varié de gris. Trompe comprimée en avant sur les côtés, échancrée au sommet. Téte convexe. Antennes ferrugineuses. Yeux saillants, ronds, noirs. Prothorax aussi large que long, droit et fai- blement comprimé aux extrémités, relevé et aplani sur le bord antérieur, côtés arrondis grisâtres. Elytres réguliè- rement ovalaires, à stries ponctuées assez profondes; in- terstices larges, faiblement élevés en côtes vers la suture. Des séries de soies filiformes, blanches et brunes, assez rares en dessus, sont plus nombreuses vers l'extrémité. Corps en dessous et pattes finement et densément ponc- tués. Tarses ferrugineux. Cette espèce se rencontre, en été, aux environs d'Alger. Le seul exemplaire que je possède m'a été envoyé par M. Poupillier. 72. Silones interruptus, punctatus, griseo-leucophæus, capite rostro- quemurinis, notula frontali alba, sulco longitudinali et transversali; antennis ad basin et apicem fuscis, medio pallidis ; oculis nigris ; thorace antice constricto posticeque recto, lineis quatuor fuscis lineisque tribus albis; scutello albo; elytris leucophæis, linea media e notulis elongatis, nigris alterneque albidis formata, sin- gula lineis duabus albidioribus : 1* suturæ ; 2* extus atque conti- (1) Voir la Rev. et Mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304, 380 à 389 ; 1860, p. 75 à 82, 128 à 137, 208 à 212, 269, 302, 409, 448, 509. TRAVAUX INÉDITS. 119 gua lineæ nigræ; corpore infra pedibusque murinis, linea post oculos, fascia post marginem anteriorem thoracis, lineola laterali in thorace et annulo femorum subaureis. — L., 4, 5; 1., 1 5/6, 2 1/3 m. . Densément ponctué, d’un gris cendré blanchâtre. Téte et trompe d’égale longueur, s’amincissant obliquement sur l'extrémité, marquées d’un sillon étroit assez profond et d'un autre léger placé entre les yeux; une petite tache dorée apparaît sur le front. Antennes brunes, à funi- cule ferrugineux. Yeux noirs. Prothorax convexe, arrondi régulièrement sur chaque côté, droit aux extrémités, res- serré en avant sur le bord latéral et inférieur, orné de quatre lignes brunes et de trois blanchâtres : celle mé- diane est la plus étroite. Ecusson ponctiforme, blanc. Elytres oblongues, convexes, marquées de faibles stries régulièrement poinlillées; vers le centre se remarque une ligne qui est formée de petits traits noirs entremélés de blanchâtres. Chaque étui offre en plus deux lignes d’un blanchâtre plus clair : première sur la suture ; deuxième entre les cinquième et sixième stries. La marge, à partir du dessous de l'épaule, est brunâtre. Tête, dessous du corps et patles d'un gris verdâtre, ayant les parties sui- vantes d’un jaune doré : une ligne en arrière de l'œil, le bord antérieur du corselet, une ligne latérale sur la poi- trine et un anneau vers le sommet des cuisses. Un & et une 2, pris aux environs d’Alger, m'ont été adressés par M. J. Poupillier. Cette espèce devra se placer près du S. tibialis, St. 73. Anisorhynchus procerus, subovatus, niger, ruge et crebre punc- tatus; rostro flexuose angusteque carinato, foyeola frontale im- presso; prothorace fortiter punctato, rugoso, linea abbreviata, ma- culaque utrinque in medio lævibus notato; elytris globosis, subtiliter punctato-striatis et minute granulatis, singulatim costis decem alterne elevatioribus. — L., 17, 17 1/2 ; 1., 9, 11 m. Oran. D'un noir profond, un peu luisant, mais terne sur les étuis, couvert d'une ponctuation profonde, serrée et ru- gueuse sur la trompe, la tête, le corselet, le dessous du 120 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) corps et les pattes. Rostre une fois aussi long que la tête, un peu aminci vers l'extrémité, muni d’une carène lisse, étroite et sinueuse, qui est terminée en avant à la hauteur de l'insertion des antennes, et en arrière par une fossette ponctiforme. Prothorax près de moitié plus large que long, atténué et resserré en avant, régulièrement arrondi sur le côté, légèrement convexe, marqué d’une ligne lon- gitudinale élevée, lisse, qui n’atteint pas les bords; sur le côté, vers le milieu, est un espace lisse; un autre plus petit est en dessous, proche la marge. Ecusson poncti- forme, rugueux. Elytres plus globuleuses que de cou- tume, offrant chacune dix côtes alternativement élevées, en outre des stries finement ponctuées près desquelles sont de petits tubercules. Reçu de MM. Prophette et Hornebeck. Cette espèce devra être placée en tête du genre. 74. Gronops lucluosus, vage et fortiter punctatus, nigerrimus, ca- pite rostroque simul conicis, longitudine canaliculatis, thorace trisulcato; elytris fasciis duabus : 1a arcuatä albido-rubida; 2 nivea, apice brunueis ; femoribus annulo albo-signatis. — L., 2 1/2, 3 1/2; 1., 0 3/4, 1 1/2 m. Grossièrement et espacément ponctué, d’un noir pro- fond. Téte et corselet de forme conique dans leur ensemble, marqué d’un profond sillon, qui est ponctué sur ses bords. Antennes brunes, à massue à demi blanchâtre. Corselet offrant trois sillons entiers. Elytres parallèles, avancées et coupées obliquement sur l’angle huméral, offrant chacune quatrecarènes, les deux dorsales et la suturale très-élevées, toutes renfermant deux séries de gros points; une bande arquée, d'un blanc roussâtre, est quelquefois interrompue sur la suture, une deuxième entière, d’un blanc de neige, transverse; l’une est située avant et l’autre au delà du milieu, quart apical brun. Le calus qui termine la troisième côte est très-aigu. Corps, en dessous, grossièrement ponc- tué. Pattes noires ; cuisses marquées, avant le sommet, d'un anneau blanc. TRAVAUX INÉDITS. 121 Des environs d’Alger, reçue de M. Poupillier. Cette espèce se distingue du G. lunatus par sa couleur noire; par sa tête et son corselet non cambrés, de forme conique, avec sillon plus profond et allongé ; par le pro- thorax, qui est marqué de trois sillons entiers, tandis que chez le G. lunatus le premier et le troisième ne présentent qu'une forte impression en avant. Enfin les carènes des élytres sont plus saillantes et la troncature humérale est plus avancée et plus oblique. 75. Perilelus gracilis elongatus, griseus, rude punctatus, antennis validis, clava parva ; thorace linea longitudinali lævi ; elytris oblon- gis, punctato-striatis. — L., 3; 1., 1 1/3 m. D'un gris clair uniforme; bords du corselet seuls blan- châtres. Trompe large, plus courte que la tête, relevée et arquée sur chaque côté. Tête aussi large que haute, con- vexe, déprimée en avant. Anfennes épaisses, à ‘scape arqué, atteignant le bord antérieur du corselet, couvert de soïes épineuses ; funicule à premier article un peu plus allongé que les suivants, suivants resserrés, moniliformes, massue courte en bouton. Prothorax oblong, couvert d’assez gros points peu profonds; ligne longitudinale lisse et blanchâtre. Elytres allongées, oblongues, un peu élar- gies vers le milieu, amincies sur l'extrémité, offrant cha- cune neuf stries ponctuées ; interstices égaux, peu con- vexes, légèrement sétifères ; cuisses assez fortement ren- fées, jambes amincies à leur naissance, anguleuses au sommet; crochets courts, épais, réunis à leur sommet. Trouvé, en hiver, aux environs d’Alser, par M. J. Pou- pillier. ; Cette espèce diffère de la plupart des Péritèles d'Eu- rope en ce que l'antenne est plus épaisse, que le funicule n’a seulement que le premier article un peu plus long, bien que court, et les suivants resserrés et granuleux ; de plus, la massue est brièvement ovalaire. 76. Baridius atronitens, affinis B. picino G‘, nigerrimus, subnitidus, crebre fortiterque punctatus; rostro infra thoracem basin attin- 122 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) gente, arcuato, crasso, basi constricto, crebre punctulato, lateri- bus rugato; capite convexo, glabro, impunctato; prothorace pla- niusculo, subquadrato, crebre et ruge punctato, medio paululum elevato et læve, antice cylindrice constricto, dein semicireuiter impresso, basi paululum arcuato et marginato, lateribusinfra ru- gas elongatus efficiente ; elytris thorace vix latioribus, usque ad apicem modice attenuatis, singulatim rotundatis, angulo hume- rali protenso acuto, striis tenuibus, iuterstitiis punctulatis; cor- pore infra pedibusque crassis crebre et fortiter punctatis. — L., 3; L.,11/2m. Voisin du B. picinus, G', un peu plus large et aplati, d’un noir mat un peu luisant, couvert d’une forte ponc- tuation serrée avec des rides allongées, surtout en dessous et en dessus du prothorax. Trompe atteignant presque la base du corselet, robuste, arquée, déprimée latéralement, comprimée sur sa base, à pointillé fin avec rides allon- gées, plus nombreuses sur les côtés. Tête convexe, lisse, imponctuée. Prothorar un peu plus long que large, presque carré, atténué cylindriquement en avant, mar- qué d'une impression cintrée peu après, base presque droite, cependant un peu arquée en dehors et sillonnée, côtés légèrement arrondis sur le milieu : sa surface pré- sente une ponctuation serrée entremêlée de rides, le milieu longitudinal est élevé et un peu lisse. ÆEcusson triangulaire. Elytres à peine plus larges que le corselet, faiblement atténuées vers le bout, sommet arrondi de chaque côté, chaque étui offre dix stries simples, étroites et légères, à interstices pointillés. Poitrine, abdomen et pattes (robustes) chargés d’une forte ponctuation arrondie qui est blanchâtre pour le fond. Cette espèce provient d'un des premiers envois que j'ai reçus d'Algérie, et qui m'a été fait par M. Wagner. 77. Cœliodes cinctus, rufas, squamulis setisque albis indutus ; ocu- lis nigris ; rostro tenui, thoracem infra basin superanti; thorace rude punctato, canaliculato, antice constricto, margine reflexo; ely- tris punctato-striatis, interstitiis albo-setosis, fascia media denu- data fusca, retro arcuata; femoribus muticis, tibiis ad apicem an- gulatis, — L., 1 2/3; 1., 0 3/4 m. TRAVAUX INÉDITS. 123 Roux, couvert de petites écailles épineuses blanches. Trompe mince, arquée, logée dans un sillon qui s'étend jusqu’au milieu des pattes médianes. Tête convexe, rousse ou couverte d'écailles blanches. Prothorax subconique, convexe en arrière, comprimé, relevé et étroitement re- bordé en avant, obtusément anguleux en avant du milieu, chargé d'une ponctuation rude, sillon longitudinal plus prononcé en avant, point scutellaire enfoncé. Elytres glo- buleuses, élargies au milieu, arrondies chacune sur chaque étui, marquées de stries ponctuées ; interstices revêtus d’écailles blanches, élevées et serrées, ornées d’une bande médiane transverse brune arquée en arrière. Cuisses ro- bustes, mutiques, sommet des jambes anguleux. Cette espèce, l’une des plus petites du genre, a été prise aux environs d'Alger, par MM. Poupillier et Brondel, desquels je l'ai reçue. 78. Acalles costalus bisphæricus, piceus, terra incrustatus, spinu- lis erectis nigris vestitus; rostro latiusculo, plano, ruge punctato, piceo, thoracem basin attiogente; antennis obscure piceis, clava rufa ; prothorace conyexo, lateribus anticis subangulato, dein recto, remote punctato et setuloso, sulco longitudinali angusto; elytris breviter rotundatis, sulcatis, sulcis intus vix conspicue punctatis ; interstitiis æqualiter carinatis, supra granulatis atque serie spinu- losis, dorso postico plaga transversa communi cretacca squamose ornatis ; femoribus muticis. — L., 3 1/2; 1., 2 m. Alger. Court, d'un brun noirâtre terreux, recouvert de petites soies noires ; corselet et élytres arrondis. Trompe de la longueur du corselet, de couleur de poix, arquée, plane, presque d'égale largeur, chargée d’une ponctuation serrée et rugueuse. Antennes d’un brun obscur, avec la massue rousse. Prothorax court, convexe, coupé obliquement sur le côté antérieur, et droit depuis l’angle jusqu’à la base, étroitement sillonné au milieu, offrant une ponctuation régulière, espacée et sétifère; son bord antérieur s’avance sur le milieu, est échancré, bidenté et présente une tache brune transverse. Elytres raccourcies, globuleuses, cou- pées droit sur la base, un peu plus larges que le corselet, 124 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) régulièrement élargies et arrondies vers le milieu, con- jointement amincies et arrondies sur l'extrémité, marquées de sillons profonds, à peine perceptiblement ponctués; interstices régulièrement relevés en carènes, ornés de pe- tits tubercules et de rangées de soies noires; vers le tiers postérieur trois petites taches blanchâtres presque réunies forment entre elles une sorte de bande transverse. Pattes fortes, aplaties, glabres, écailleuses. Cuisses mutiques. Cette espèce a été capturée, en hiver, aux environs d’Al- ger, par M. J. Poupillier; elle devra être placée avant les A. variegatus et plinoides. 79. Acalles lentisci oblongus, inæqualis, fusco, lurido, brunneo albo-flavoque squamosus et variegatus ; setis nigris aliquot erectis vestitus; rostro piceo, fortiter punctato; thorace basin vix supe- rante; antennis ferrugineis ; oculis nigris; thorace convexo, con- fertim et rude punctato, antice late constricto, lurido, in capite emarginate producto subbidentato, fascia transversali media alba, lineis postice prolongatis, albis; maculis quatuor basalibus obscu- ris; elytris elongatis, oblongis, griseo-fuscis, albo brunneoque va- riegatis, macula antica commune fulva obscuro-limbata ; tertia parte apicali recte alba, dein fulvo terminata, alterne sulcatis (sul- cis dorsalibus conspicue punctatis) et costatis ; pedibus leuco- phæis, fusco-maculatis. — L., 2 1/3; 1., 1 1/2m. Oblong, inégal, revêtu d’une croûte écailleuse de diverses . couleurs et de petites soies noires, roides, inclinées en ar- rière; la ponctuation qui existe en dessous est rude et semblable à celle d’un Bagous. Trompe dépassant à peine la base du corselet, arquée, aplatie, de couleur de poix, distinctement ponctuée. Yeux noirs. Antennes ferrugi- neuses. Tête convexe, grise. Prothoraz un peu plus long que large, largement resserré en avant, ayant son bord antérieur prolongé, échancré et comme bidenté ; les côtés sont régulièrement arrondis en arrière, la moitié anté- rieure est d'un gris jaunâtre; une bande transverse d’un blanc jaunâtre est placée vers le milieu et se lie à trois lignes blanches qui s'étendent jusque sur le bord postérieur, quatre taches brunes basales en ressortent : les deux in- TRAVAUX INÉDITS. 125 ternes larges, faisceaux de poils partant du centre. Elytres oblongues , amincies au sommet, les deux tiers antérieurs sont d’un gris brun, veinés de blanc; une tache basale commune, jaunâtre, est entourée de brun noirâtre; le tiers apical est d’abord nettement coupé de blanc, et sa moitié postérieure est jaune ; elles sont assez largement sillonnées {les sillons dorsaux sont assez forte- ment ponctués); interstices relevés en côtes. Pattes d'un gris blanchâtre, maculées de fauve. Abdomen noir. Cette espèce, qui devra avoisiner l'A. misellus, S., a été trouvée par M. Poupillier, en juin, aux environs d'Alger, sur le lentisque. 80. Rhyncolus ? simus. R. submuricato similis, nigro-piceus; capite rostroque (brevissimo) simul conjunctis, valde convexis, turbina- tis, minute sed antice densius punctulatis, nigris; prothorace sub- cylindrico, fere conico, punctis magnis impresso, antice (constric- 10) posticeque recto, angulis posticis obtuse ampliatis; elytris thorace una et sesqui longioribus, subparallelis, attamen versus apicem paululum latioribus, longitudine convexis, in summo apice rotunde marginatis, fortiter punctato-striatis; interstitiis an- gustis, paululum elevatis, punctulatis, in dorso postico sub muri- catis; antennis pedibusque brevibus, ferrugineis, tibiis in extremi- tate uncinatis. — L., 3, 4; 1., 0 5/6, 1 1/4 m. D'un brun foncé noirâtre luisant. Téte et trompe noires, très-convexes, finement ponctuées et plus densément en avant, Antennes courtes, ferrugineuses. Yeux arrondis, noirs. Prothorax allongé, subeylindrique, un peu élargi en arrière, avec les angles de ce côté obtusément avan- cés, droit aux extrémités, resserré près du bord antérieur, offrant, sur le disque, de gros points ronds, réguliers, un peu relevés sur leurs bords. Elytres presque cylindriques, une fois et demie aussi longues que le prothorax, arron- dies et rebordées sur le sommet inférieur, à stries formées de gros points presque ronds et égaux; interstices étroits, élevés, pointillés ; la région dorsale postérieure, vue de profil, est légèrement velue et scabreuse. Corps, en dessous, couvert de points assez forts, plus ou moins espacés. 4b- 126 REV. ET MAG. DE ZO0LOGIE. (Mars 1861.) domen composé de quatre segments, le premier à lui seul est plus grand que les trois autres réunis. Pattes courtes, ferrugineuses; cuisses assez épaisses, pointillées, à faible pubescence blonde; jambes terminées par un crochet aigu. : Cet insecte, qui, avec l’espèce comparative, devra pro- bablement former un genre particulier, se rencontre à la fois en divers pays. M. Brondel l’a trouvé aux environs d'Alger, M. le cap. Coye me l’a donné comme propre à la Corse, et M. Gaubil l'aurait capturé près de Béziers. Nora. Mon collègue, M. Fairmaire, ayant employé avant moi le nom de Chærorhinus pour désigner égale- ment un genre de Curculionide, l’insecte que j'ai décrit sous ce même nom (Rev. et Mag. de zoologie, oct. 1858, p-. 451 et 452, n° 58) devra être changé en Chæroce- phalus. Le n° 40 (Rev. et Mag. de zool., mars 1840), Dryophtho- rus brevirostris, rentre dans le genre Chærorhinus. F'e. Le n° 4 (Rev. et Mag. de zool., sept. 1859, n° 4 bis), Xyletinus pellitus. Cet insecte rentre actuellement dans un nouveau genre établi par M. Aubé sur le nom de Thecla. (Notes de l'auteur.) ORTHOPTERA NOVA AMERICANA (Diagnoses præliminares), auctore H. pe SAUSSURE (1). (Series II‘). Familia Manrinz. Mawris (Cardioptera) Sumicarasri. Magna, elongata, abdomine gracile, corpore ut in Thepidibus, at pronoto sat lato, in marginibus ubique denticulato, antrorsum paulum ovato-dilatato, supra carinato-cristato. Elytra brevia, quartum abdominis segmentum attingentia, apice attenuata et rotundata, nullo modo acuminata; stigmate opaco, elongato, albido; area costali angusta. Color vi- ridis; elytrorum area postica et alæ postice cum macula (1) Voyez Rev. et Mag. de zoologie. 1859. TRAVAUX INÉDITS. 127 magna nigro-cærulea. Pedes graciles. — Longit., 0,090 ; pronotum, 0,037; meso- et metanotum, 0,014. — (Mexico calida. Cordova). M. mexicana, @. Gracillima, corpore filiformi. Pro- notum antice paulum coarctatum, plus quam duplo lon- gius meso- et metanoto. Elytra angusta, elongata, mem- branacea, fuscescentia, in basi postice maculata, fusco- cyanea; area marginali opaca, viridi stigmate nullo, alæ fuscescentes, maculis 2 magnis fusco-cyaneis. — Longit., 0,068; pronoti, 0,023. — (Mexico calida).— An masculus præcedentis ? Mans (Stagmatoptera) roureca, À M., feroce tantum coloribus differt. Viridis, corpore et elytris fusco-marmo- ralis; his cum stigmate fusco et area costali viridi, apice solum marmorata. Alæ rubræ, sanguineæ, apice cum ma- cula nigra; area postica fusca, flavo-zebrata. — (Mexico calida). Ta£ocLyTres MExICANA. Gracilis, elongata, viridis, pe- dibus marmoratis. Caput sat parvum ; frontis cornua elon- gata. Pronotum gracile, perlongum, antice paulum dila- tatum, plus quam meso et metanoto duplo longius ; mar- ginibus denticulatis, sed non membranaceis. Elytra opaca, apice excisa, area costali Jata, area postica fusco-bimacu- lata ; alæ fuscescentes, apice sabopacæ, costa opaca viridi. Pedes graciles haud perfoliati. — Longit., 0,067; pronoti, 0,032. — Mexico calida. (Cordova). Familia Paasmizx. Genus Baczzus, Lat., subgenus Baculum (mihi). Corpus gracile, elongatum, apice compressum. An- teunæ brevissimæ, circiter 20-articulatæ, deplanatæ, ar- ticulo primo vix longiore quam latiore, secundo angus- tiore, sequentibus longioribus quam latioribus, filifors mibus. Mesothorax pronoto 5-6 longior. Pedes elongati, triquetri, valde carinati ; tarsorum articulus primus cæ- teris longior vel æqualis. BacuLum ramosum, ©. Viride, gracile. Antennæ fili- 128 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) formes, complanatæ, capitis et pronoti dimidio longitu- dinis æquales. Pedes valde membranaceo-carinati; tibiis 9, 3, supra acanthophyllis; femoribus anticis extus etintus spinosusculis. Pedes antici perlongi. Mesonotum, 0,034 ; metanotum, 0,029 ; femora antica, 0,043. — Brasilia. BacrerIA coRNuTA. Magna, elongata, gracilis. Caput et thorax granulosa; mesonotum spinosusculum. Caput ova- tum, verticale, cum cornibus in summa fronte 2 brevibus, horizontalibus, ovatis, in apice dente minima terminatis. Abdominis sezmentum postremum subbilobatum, cordato- emarginatum; operculum abdominis apicem paulum su- perans, ovato-rotundalum. Pedes triquetri ; valde cristato- carinati; femora 2, 3 apice bidentata; tibiæ supra nunc biphyllæ nunc vix foliatæ, subtus basi cristatæ;:tarsorum articulus primus cristatus, cæteris brevior. — Longit., 0,192; mesothorax, 0,045. Relatio mesothoracis cum me- tathorace = 3 : 2. — Mexico calida. CLapoxerus RuBUus, 2, Cl. phyllino similis, at major. Caput ovatum vertice convexo, granuloso-spinosusculo; thorax ubique spinosusculus; mesothorax et metathorax ubique dense spinosi, marginibus spinosissimis, etiam subtus spinosusculis. Pronotum ante dimidium spinis 2 majoribus. Pedes 1 supra 2, 3 ubique dense spinosi, mar- ginibus spinis elongatioribus; tibiis nunc supra foliolo in- structis, nune vix foliatis. Tarsi haud dilatati. Abdominis segmentum 4 apice crista membranacea emarginata ; 6°" subtus membranis compressis duabus apice spinosis. Va- gina abdomen superans longitudine segmentorum 2 ulti- morum in lateribus lobulata.— Larva spinosior.—Longit., 0,230 ; mesonotum, 0,048.— Brasilia. (Bahia.) A CL. phyllino differt spinis magnis femorum 2, 3, sub- basilaribus nullis; 6° abdominis segmento subtus apice haud 3-spinoso; corpore spinoso, etc. Familia Locusrinæ. PHyLLoprera CouLONIAN4,0,. Valida, Ph. azteca, paulo minor at thorace simillimo. Elytra fere ut in Ph. tolteca, TRAVAUX INÉDITS. 129 margine infero convexo, et latitudine maxima in medio elytro. Femora postica elytri dimidio sensim longiora. — Longit. elytri, 0,064 ; femoris, 0,035. — (Cuba.) PuayzLoprera (Orophus) TEssELLATA. Media, viridis (seu post mortem fusco-testacea). Caput compressum; verticis fastigium supra sulco profundo, antice primo antennarum articulo latitudine æquale. Pronotum valde compressum, area superna antice coarctata, marginibus acutis. Elytra magna, latissima, ovata, apice nullo modo coarctata, sed rotundata, margine supero et infero convexo in medio la- tiora, submembranacea, supra medium maculis duabus cor- neis et ab alis 7 mill. superatis. Pedes postici perlongi, gra- ciles; femora postica 2/3 elytri longitudine æquales. Fe- mora subtus et pronoti lobi laterales margine fusco-tes- sellata; antennæ nigro et albido annulatæ. Elytra, longit. 0,037; lat., 0,014 ; femora postica, 0,024. — (Mexico.) PHANEROPTERA MEXICANA. Ph. curvicaudæ simillima, at nervis transversis basis elytri minus densis, et pronoto antice paulo minus coarctato. — (Mexico). Genus GNATHOcLITA, Haan. Haan illud genus a specimine imperfecto descripsit et propterea diagnosim indiligentem prodidit. Generi Acanthodi elytris, alis, vagina et pedibus affi- nis, at femora ultra dimidium subtus 4-spinosa; tibiæ subtus bisseriatim spinulosæ , harum spinæ articulatæ ; tibiæ primi paris supra bisseriatim 4-spinosæ, spinis in- fixis, subtrancatis; tertii paris supra bisseriatim spinosus- culæ. Mandibulæ maris maximæ ut in Anostostomis, sed basim versus lobo compresso auctæ. Palpi maxillares per- longi, articulo penultimo præcedenti et sequenti duplo breviore. Antennæ basi appropinquatæ. Frons in laminam compressam (supra rima partitam), et utrinque plica an- tennarum basim cingente suffultam producta. Prosternum, meso- et metasternum bispinosum ut in Listrocelibus et Cyrtophyllis. Maris squama subanalis truncata, appendi- cibus duobus elongatis villosisque instructa. Tarsi maris 2° sue. Tr. xur. Année 1861. 9 130 REV. ET MAG. DE ZO0LOGIe. (Mars 1861.) 4-articulati, articulis 2, 3, plantula biloba subtus instructis, Gn. vorax, Stoll. — Specimen e Surinam, elytris fusco- reticulatis, alis ubique fumatis ; tibiis anticis et ore nigris. Genus Acanrmopis. — Subgenus Calamoptera (1). Pro- sternum submuticum. AcanTHopis (Calamoptera) Imnorriana. parvula, gra- cilis. Prosternum submuticum ; pronotum supra cylindri- cum, granulatum ; verticis fastigium dente brevi acuminato instructum, plicis basim antennarum cingentibus supe- ratum. Elytra alis et femora postica elytris vix superata. Pedes graciles. Longit., 0,027; elytr., 0,021. — Mexico. ANOSTOSTOMA TOLTECA. Fuscus pedibus testaceis. Sat mi- nutus pro genere. Corpus sat elongatum. Caput fastigia- tum, ovatum, nitidum, antice sub antennis punctatum, baud bicarinatum. Antennæ fere 0,003 distantes. Oculi minimi. Pronotum longitudine latitudine æquale, se- cundum marginem anteriorem transversim -sulco pro- fundo et sulcis utrinque obliquis nonnunquam vix con- spicuis, instructum. Tibiæ posticæ 3.3 spinis infixis bisse- riatim spinosæ. Longit., 0,026; femur posticum, 0,008. — Mexico. (Mons Orizaba.) Dom. Sallé. Familia GRyLuIDEÆ. GRYLLOTALPA CHILIENSIS. Fulvescens ; Gr. hexadactyle, Perty, similis, at differt elytris in lateribus griseo variis; tibiis posticis intus spinis elongatis #; tibiis anticis supra magis emarginatis et tarsorum dense superno in margine supero haud emarginato. Prothorax cum linea fulva. Longit., 0,025 ; pronoti, 0,009. — Chili. IL SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE Panis. Séance du & mars 1861. — M. Nordmann, de Symphé- (1) Kramer, Mûte, tuyau; 7régoy, aile. eo mt it À mr RE te ©" nm à SOCIÉTÉS SAVANTES. 131 ropol (Crimée), en remerciant de sa récente nomination comme correspondant dans la section d'anatomie et z00- logie, adresse un Mémoire de M. le docteur Arendt, in- specteur du tribunal de médecine de la Tauride, sur l'hy- drophobie et sur les heureux résultats obtenus dans le traitement de cette terrible maladie par l'emploi interne et externe des préparations arsenicales. Le travail de M. Arendit, écrit en français, est renvoyé à une commis- sion composée de MM. Rayer, CI. Bernard et J. Cloquet. M. Oujanikow lit un Mémoire sur la structure intime du système nerveux du Homard. Ce travail est renvoyé à l'examen de MM. de Quatre- fages, Bernard et Longet. M. L. Corvisart présente un Mémoire intitulé, de l’In- fluence de la digestion gastrique sur l'activité fonctionnelle du pancréas. Ce travail est renvoyé à la commission de physiologie expérimentale. Séance du 11 mars.— M. Valenciennes, l'un des commis- saires chargés de faire un Rapport à l’Académie sur les résullats relatifs à l'histoire naturelle, obtenus, pendant le cours d'une exploration de la mer Rouge, par M. Courbon, chirurgien de la marine, lit la Note suivante : « M. Courbon n’a pas pu rapporter un grand nombre d'animaux, mais il n’a pas cependant négligé de prendre ceux qu'il a pu se procurer avec des moyens très-res- treints. Le résultat que nous faisons connaître aujourd'hui à l'Académie prouve qu'il a été bien inspiré, et le succès a couronné son activité. « Il nous a montré deux espèces de Sauriens dans la classe des Reptiles. } « L'un d’eux est l’AGamA colonorum, bien connu des zoologisies, mais l’autre est une espèce nouvelle du genre Gymxopacryzus, établi par notre célèbre confrère Dumé- ril. On peut donner à cette espèce des sables de l’Abyssi- nie le nom de GymnocepHaLus crucifer, Val. Il est gris- 132 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Mars 1861.) verdâtre, avec une ligne blanchâtre médiane, croisée par de petits traits transversaux blanchâtres; une suite de gouttelettes blanches de chaque côté des flancs; et au-des- sous des points noirs on voit des traits noirâtres sur les branches de la mâchoire inférieure. « Parmi les animaux de la classe des Poissons, nous avons trouvé : « 1° Une espèce rare déjà signalée par Ruppell, le Can- THARUS filamen{osus ; « 2° Le THeRAPoN servus, déjà entrevu par Forskal; « 3° Le CaoriNEmus moadelta, découvert par M. Eh- renberg à Massuah; «4° Nous appellerons spécialement l'attention des natu- ralistes sur les deux espèces de CyPriNopon, Cyprin. luna- tus, Val., et Cypr. dispar, Val., pêchées dans un lac d’eau douce, près de Massuah, dont la température a été mesu- rée par M. Courbon, et qu’il a trouvée être de 44°. « Nous ne connaissions pas encore de Cyprinoïdes vi- vant dans des eaux aussi chaudes. M. Desfontaines est le premier naturaliste qui ait signalé la présence de Poissons dans des eaux chaudes. «.L’espèce mentionnée par Desfontaines est un Caro- mis, que Lacépède avait nommé le SparE Desfontaines. « Enfin M. Courbon ajoute encore à l’ichthyologie un être inconnu ; il a rapporté d’un autre grand lac intérieur une espèce toute nouvelle d’un genre dont on ne connaïis- sait encore qu’une seule espèce des eaux douces de l’inté- rieur de Java. Le petit Poisson d’Abyssinie, long de 0",04 seulement, peut recevoir le nom de BaLitTora pusilla, Val. « Notre voyageur n’a pas été moins heureux pour les Articulés qu'il nous a montrés : « 1° Une grande espèce de Julus qui manquait aux col- lections du muséum ; «2° Un petit Scorpionide du genre Buraus, remar- SOCIÉTÉS SAVANTES. 133 quable par la blancheur de son dernier article. Il sera notre Buraus leucodactylus, Val.; « 3 Enfin nous aurons à signaler, parmi les Insectes une jolie CiciNpÈLE, voisine de la C. sypherina, un Gra- PHIPTÈRE voisin du G. Senegalensis et du G. lineatus, un Czeonus voisin du C. retusus. « M. Courbon a rencontré, sur les contrées qu'il a par- courues, des faits analogues à ceux dont M. Lefèvre, ingé- nieur civil français, attaché au service du pacha d'Éeypte, a enrichi le muséum en 1837. Sur tous les bords de la mer Rouge, et principalement à Gebel-Genieff et à Tat- joura, on trouve des fossiles récents d'espèces tout à fait semblables à celles qui vivent dans la mer Rouge. M. Cour- bon n’a pu rapporter avec lui que de petits fragments du Galaxea fascicularis, Milne-Edwards et J. Haime, Style- phora pistillata, Prionastrea gibbosissima , Turbinaria mesenterina, mêmes savants, et quelques autres échantil- lons. Il ne faut pas négliger de remarquer qu’au milieu de ces Polypiers récents on trouve à Tatjoura deux Echi- nodermes , le Clypeaster altus et le Conoclypus d’Agassiz, qui n’ont pas été encore recueillis dans la mer Rouge. Nous ne citons ces espèces que pour prouver à l’Académie le zèle que M. Courbon a mis dans ses observations, mal- gré le manque de moyens pour faire de plus grandes collections. » Séance du 18 mars. — M. Eudes Deslongchamps fait hommage à l’Académie d’un exemplaire de son « Mé- moire sur de nombreux ossements de Mammifères fossiles de la période géologique dite diluvienne, trouvés aux en- virons de Caen. » s M. Valenciennes, qui avait été chargé de prendre con- naissance d’une deuxième Note de M. Coinde sur les Pois- sons fluviatiles de la France, déclare que cette Note, de même que la précédente qui avait été également renvoyée à son examen, ne paraît pas de nature à devenir l’objet d'un Rapport. 134 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) M. Coste présente la Note suivante sur l'élève du Ver à soie en Bretagne, que lui a adressée M. Hamon, vétéri- naire à Saint-Brieuc. « Par la moyenne de sa température, la Bretagne peut se prêter à des cultures que des pays paraissant tout d’abord plus favorisés qu'elle ne verraient réussir qu'avec assez de difficultés. Plus de froid fait moins de mal quand il succède à une température moins élevée; les grandes transitions sont les causes de maladie et de mort : or celles-là sont à peu près inconnues chez nous, et, d'ail- leurs, le müûrier peut-il geler en Bretagne, quand il sup- porte, en Prusse, 28° au-dessous de zéro sans éprouver d’altération ? « Avant mon expérimentation, quelques faits épars prouvaient la réussite possible et avantageuse du mürier; depuis lors, les essais variés que j'ai faits sur des espèces généralement nouvelles et encore peu acclimatées ont démontré suffisamment que notre pays pouvait se prêter parfaitement à cette nouvelle culture. « L'élève du Ver à soie fait la seconde partie de l’indus- trie sérigène, qui peut, sous des conditions moyennes, non-seulement réussir, mais encore se régénérer. On con- naît l'influence des grandes chaleurs sur le Ver à soie, in- fluence qui a conduit, dans ces derniers temps, les au- teurs les plus distingués dans la question à recommander l’abaissement de température dans les chambrées ; il est plus facile de chauffer que de refroidir, et les touffes du Midi ne viendront jamais exercer leur fâcheuse influence dans nos départements de l'Ouest. « C’est dans ces idées que je commençai, en 1852, à planter des mûriers. Placés dans un sol de médiocre qua- lité, ils n’en ont pas moins vigoureusement végété. Ils n'auraient laissé rien à désirer si la variété plantée avait été bien choisie. Cédant aux conseils qui m’étaient don- nés alors, je plantai des moretti, espèce de semis se sub- divisant à l'infini et brindillant à l'excès. De nouvelles.es- SOCIÉTÉS SAVANTES. 135 pèces ont été plantées depuis, et toutes, sans exception, greffées ou non, poussent franchement, vigoureusement, en produisant des feuilles d'un développement magni- fique. L'espèce nouvelle, appelée lou, me paraît parti- culièrement recommandable; elle réunit les conditions de rusticité à la vigueur et à la beauté du feuillage. « Le multicaule, qui gèle dans le Midi et qui ne réussit en Chine qu’en le recepant avant l'hiver pour le butter ensuite, vient ici sans aucune de ces précautions et avec une vigueur qui surprend véritablement. « En rapport avec le développement de mes arbres, j'ai successivement fait de petites éducations de Vers à soie. « Elles commencèrent en 1858 à prendre un caractère industriel. Éclos du 3 au 8 juin, les Vers ont mis trente- trois à trente-cinq jours à accomplir les diverses phases de leur existence, qui s’est passée, comme les suivantes, avec beaucoup de régularité. « L'état sanitaire des Vers a été très-bon ; je ne connais que de nom la muscardine et la gattine ; quelques Vers gras seulement constituent la seule mortalité appré- ciable. « La beauté des cocons s’est toujours maintenue; la moyenne en poids a été, depuis le commencement, de 522 au kilogramme. Quant à la qualité de la soie, voici l’ex- trait d’une Lettre écrite par un filateur de Saint-Vallier (Drôme) qui m'avait acheté ma récolte de 1858 : « J'ai examiné et essayé avec attention les cocons jaunes « et blancs que vous m'avez vendus, provenant de votre « récolte de 1858. « Le résultat à parfaitement répondu à mon attente et à la bonne opinion que j'avais eue de ces cocons à pre- mière vue. L'échantillon de leur produit, que je vous ai adressé, réunit les qualités désirables : belle couleur, élasticité et netteté. « Pour ma fabrication, je n’en ferais pas de différence RAR REA 136 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) « avec les bons cocons ordinaires que produisent nos dé- « partements du Midi, et je les considère comme étant « bien supérieurs aux cocons du Levant et de Chine. » «En 1859, une personne qui parcourait la Touraine pour y faire des achats de graine de Vers à soie m'écri- vit pour m'en demander, en même temps que, de Lyon, on m'offrait le même écoulement de produits. « J'en fabriquai, à titre d’essai, 18 onces que j'expédiai au prix de 12 fr. l’once. « Enfin, en 1860, ma graine ayant réussi, on m'en a redemandé tout ce qu’il me serait possible de pro- duire. « Malheureusement, ne m’ayant pas informé, dès l’édu- cation dernière, de ne fabriquer qne de la graine jaune, alors que mon éducation était presque toute en sinas, je n'ai pu que produire une partie de ce qui m'était ré- clamé. « Lorsqu'un peu plus tard, ayant déclaré cette circon- stance, on a bien voulu accepter de la graine blanche, je venais d’étouffer mes sinas reproducteurs. « Jusqu'à ce jour, les résultats ont donc été favorables à l'industrie qui m'occupe. Les efforts que j'ai tentés ne sont pas restés sans écho, car d’autres plantations se sont produites et de nouvelles vont encore être effectuées cet hiver. « J'ai donc l’espoir que, dans l'avenir, notre départe- ment comptera parmi ceux qui produisent la soie; les dif- ficultés ne m'arrêleront pas pour rapprocher ce terme; heureux (s’il m'est donné d'y arriver) d’avoir apporté mon concours à la création d’une industrie dans un pays qui n’en a pas, et par là fourni du travail à une popu- lation intéressante, capable de s’y livrer avantageuse- ment. » M. G. de Bialopiotrowicz présente un Mémoire ayant pour titre : Cure de la rage d'après la méthode de M. C. Truskowski. mn ui SOCIÉTÉS SAVANTES. 137 L'auteur, dans un récent voyage en Pologne, a appris que cette méthode de traitement était, depuis vingt-sept ans, appliquée avec un grand succès en Lithuanie. Le re- mède est fourni par deux plantes bien connues : le Hiera- cium pilosella et le Lithrum salicaria. L'auteur indique la manière de l’administrer suivant les cas, à l'Homme, aux Ruminants, aux Cochons, aux Chiens. M. de Quatrefages communique l'extrait suivant d’une Lettre de M. Cornalia, de Milan, sur son Moyen de distin- quer la bonne de la mauvaise graine des Vers à soie. « La question a fait des progrès, en ce que je puis constater aujourd’hui la maladie dans des graines récem- ment pondues, et bien avant l’époque de l’incubation… « En novembre, et sans incubation, j'ai examiné les qualités des graines envoyées par M. Julien, de Bonnieux. Elles étaient seulement numérotées. J'ai répondu que le numéro { était très-mauvais, le numéro # médiocre, et les numéros 2 et 3 bons. Les renseignements communi- qués par M. Julien ont montré que les provenances de ces graine$ concordaient pleinement avec mon estima- tion. « Tout le produit d’un papillon est ou sain ou malade. C'est ce qui résulte de l’examen de deux cents cellules Mi- tifiot. Ainsi un seul œuf malade en représente deux cents à trois cents atteints de maladie. » SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. Séance du 5 avril 1861.— En présentant 10,000 cocons de l’ailante, nous avons donné lecture de la note suivante : Quoique les fâcheuses circonstances atmosphériques de l'année dernière aient rendu les travaux des personnes qui s'adonnent à l'éducation du Ver à soie de l’ailante plus difficiles, les résultats obtenus n’en ont pas été moins com- plets , et sont réellement aussi remarquables que féconds 138 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Mars 1861.) en espérances pour l'avenir. En effet, les éducations si bien réussies, dans l'Isère par M. Vagnon, dans l'Oise par M. Leclerc, dans la Touraine par MM. de Morgan, de la Tour du Pin, et surtout par M. le comte de Lamote- Baracé, montrent que ces vers à soie offrent une résistance invincible aux intempéries des saisons les plus excep- tionnelles, et surtout d’une constitution qui brave les plus mauvais temps. Pour donner à mes honorables confrères une preuve palpable de ce que j'avance, j'ai cru devoir mettre sous leurs yeux un petit échantillon de la récolte de M. de La- mote-Baracé, récolte qui est aujourd’hui la propriété de la compagnie L’AILANTINE, fondée par M. A. Marchand. Cet échantillon se compose de 10,000 cocons vivants pris sur 150,000 obtenus, cette année, au Coudray-Mont- pensier, près Chinon, malgré les fâcheuses circonstances atmosphériques de l'été de 1860. On peut se convaincre, en examinant ces gros et beaux cocons, destinés à la reproduction pour cette année, que la race n’apas dégénéré et qu’elle semble plutôt s'être améliorée dans ces belles éducations en plein air. Ces cocons appartiennent tous à la race pure du Bombyx cyn- thia vrai, car j'ai eu soin de ne laisser chez M. de Lamote aucun cocon de métis des Vers de l’ailante et du ricin. ® L'idée si naturelle et si féconde de l’acclimatation, pro- pagée avec tant de dévouement et de talent par notre il- lustre président, et mise si heureusement en pratique par lui et par notre honorable secrétaire général, ‘cette invitation permanente à tous les peuples de se donner mutuellement les animaux et les végétaux utiles qu’ils possèdent, a reçu une éclatante consécration. En effet, il est tellement admis aujourd’hui que l’acclimatation est: appelée à rendre de grands services, que l’esprit d'association vient lui prêter son puissant concours autrement que par la formation de nombreuses sociétés scientifiques, et qu’il fonde, pour SOCIÉTÉS SAVANTES. 139 réaliser le bien que ces sociétés préparent, des compa- gnies financières. La première de ces associations industrielles est la com- pagnie anonyme du jardin d’acclimatation du bois de Bou- logne. C'est un dépôt, une exposition permanente, une station pour les êtres que la Société. d’acclimatation de- mande à certaines régions pour essayer de les donner à d’autres. C’est aussi une agence centrale, un marché dans lequel tous ceux qui veulent se procurer des animaux nou- vellement introduits, des œufs ou des graines , afin de se livrer à des études pratiques ou pour organiser des ex- ploitations agricoles ou industrielles, auront la certitude d'obtenir toujours les produits les meilleurs et les plus purs. Si l’acclimatation, en général, a inspiré au capital l’idée de la compagnie anonyme du bois de Boulogne, un fait spécial d’acclimatation vient aujourd'hui provoquer une manifestation semblable. Voici une seconde compagnie qui naît à la suite de l’acclimatation d’un insecte produc- teur de matière textile. Qui sait si quelques autres mem- bres de la Société ne viendront pas bientôt nous annoncer la formation de compagnies pour le développement de la pisciculture, de l'éducation des Huîtres, de la culture de quelque nouveau végétal récemment introduit, etc., etc.? Un de nos confrères, M. André Marchand, rue des Petites- Écuries, 50, fonde une compagnie en commandite pour le développement de la culture de l’ailante et de l’éduca- tion de son Ver à soie. Frappé de cette question, adressée par les nombreux propriétaires qui font des plantations d’ailante : &« Quand nous aurons élevé bien des Vers et « récolté bien des cocons, que ferons-nous de ce produit ? « qui nous l’achètera? où en sera le débouché? » il s’est décidé à créer ce débouché en fondant une compagnie qui aura pour but principal 1° La culture de lailante et des autres végétaux pro- pres à la nourriture des Vers à soie; 140 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1861.) ‘2 L'éducation du Ver cynthia et autres espèces propres à donner des produits utiles; 3 L'achat, la vente et le filage des cocons produits par ces Vers. Les fondateurs de cette association ont bien voulu me demander mon concours, non à titre d'administrateur ni de membre de la compagnie, mais comme directeur des éducations, et ils ont immédiatement pris des mesures pour faire planter le terrain que S. M. l'Empereur vient de me faire concéder sur la ferme impériale de Vincennes, grâce à la bienveillante initiative de notre illustre et sa- vant confrère M. le maréchal Vaillant, qui n’a jamais né- gligé une occasion de venir généreusement en aide aux hommes d'étude dévoués aux progrès de l’agriculture. On va faire construire là un atelier modèle et central d’expé- rimentation, établissement dans lequel je ferai un ensei- gnement pratique susceptible de développer les notions que je donnerai dans mes conférences à la magnanerie du jardin d’acclimatation du bois de Boulogne. Comme il va paraître une notice de M. Marchand sur cette nouvelle compagnie, je me borne aujourd’hui à cette simple annonce. C’est un fait qui vient montrer, pour la seconde fois, l'influence salutaire de la Société impériale d'acclimatation sur les progrès de l’agriculture et de l’in- dustrie. GuÉRIN-MÉNEVILLE. III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. IconoGRAPHIE générale des Opens, par M. le profes- seur Jan. 1" liv., Milan, 1860. In-4, pl. gravées. Le savant zoologiste italien commence la réalisation du Plan d'une iconographie descriptive des Ophidiens qu'il a publié dans cette Revue en 1858, et dans son Prodrome en 1859; et nous ne saurions trop le féliciter de sa persé- vérance et du talent avec lequel il a poursuivi celte œuvre jusqu'ici. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 141 Cette grande iconographie se composera de 300 plan- ches réparties dans 50 livraisons de 6 planches grand in-#4, et d’un texte descriptif in-8; elle est destinée à faire connaître toutes les espèces renfermées dans les nom- breux musées dont les collections ont été généreusement mises à la disposition de M. Ian, à l'exception, cepen- dant, de ceux de Londres et de Berlin. Les espèces figu- rées sont, jusqu’à présent, au nombre de 953. Outre les nombreux détails qui accompagnent le dessin de l’Animal entier, on aura la représentation de 275 têtes osseuses. L’exécution des gravures est confiée à M. Lebrun, dont le burin reproduit avec élégance et exactitude le travail remarquable du jeune naturaliste et très-habile dessinateur M. Sordelli. Nous ne saurions trop recommander ce magnifique ou- vrage, qui sera un guide certain pour les savants qui veu- lent se livrer à la difficile étude des nombreux serpents qui figurent dans nos musées. C’est un livre qui devra surtout figurer dans les bibliothèques publiques de tous les pays. G. M. Coléoptères du Kansas et de l'est du nouveau Mexique, par John Le Conte. (In-4 publié par l’Institution Smithso- nienne. Washington, 1859.) C’est un beau et excellent travail, comme tous ceux que l'entomologie doit à cet éminent zoologiste, et l’on ne saurait trop remercier l’Institution Smithsonienne d'en avoir facilité la publication. M. Le Conte, après une introduction destinée à faire connaître la contrée dont il publie les productions ento- mologiques, donne la description d’un grand nombre de Coléoptères nouveaux, et il termine par le catalogue com- plet des espèces trouvées jusqu’à présent dans ces loca- lités. Deux belles planches, très-bien lithographiées, don- 142 REV. ET MAG. DE 200L0GIE. (Mars 1861.) nent la figure de 33 des espèces les plus remarquables décrites par l’auteur. Insecres coléoptères longicornes décrits par M. le baron DE CASTELLO DE PAIVA. Nous trouvons dans la Gazeta medica de Lisboa, nu- méro du {1% janvier 1861, p. 10, la description de deux Insectes coléoptères nouveaux provenant des côtes de l'Océan indien. Quoique ces deux descriptions aient paru dans un recueil anglais (Annals and magasine of nat. history, n° 35, novembre 1860, p. 360), nous croyons de- voir les reproduire ici telles qu’elles ont paru dans le journal portugais. ABRINA REGIS PETRI, Paiva. — Nigra, albo-irrorata et picta; prothorace transverso, ad latera versus angulos anticos bituberculato (vix spinoso); elytris punctulis al- bidis undique irroratis, nec non fasciis duabus transversis albidis (una antemedia et altera post media), in dorso interruptis fraclis, ornatis; tarsis magnis, latissimis. — Long. corp., lin. 12-13. — Hab. in Cambogia. NiPHONA REGIS-FERDINANDI, Paiva. — Nigra squamulis demissis, ferrugineis plus minus tecta et irrorata, profunde et dense punctata; prothorace inæquali, longitudinaliter profunde subsulcato (sulcis interruptis irregularibus), ad latera versus angulos anticos bituberculato ; elytris pos- tice paulatim acutiusculis, punctis squamosis, vix albidio- ribus, parce irroratis, ad apicem ipsum truncatis, pilosis et singulatim emarginatis ; tarsis latis. — Long. corp., lin. vix 10. — Hab. in Cambogia. M. A. Fauvez, de Caen, jeune entomologiste plein d'avenir et de zèle pour la science, vient de publier, dans le V' vol. du Bulletin de La Société Linnéenne de Normandie, 1861, les deux opuscules suivants : ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 143 1° Synopsis des espèces normandes du genre Micropeplus, Latr. L'auteur établit dans ce genre deux divisions et s'occupe avec soin de la synonymie des espèces, dont le nombre s'élève aujourd'hui à neuf pour l’Europe. Il donne la description de deux nouvelles espèces propres au dé- partement du Calvados, ce sont les M. Mathani et Du- valii. 2° Cataloque des Insectes recueillis à la Guyane française par M. E. Deplanche, chirurgien auxiliaire de la marine impériale pendant la campagne de l’aviso à vapeur le Rapide. M. Fauvel, dans ce catalogue, énumère 133 espèces rapportées de cette expédition, et décrit comme nou- velles les suivantes : 1° Selenophorus cayennensis; 2 Camp- todes viridipennis, voisin du C. cyanipennis, Er.; 3° Gym- nelis hamata, qui se rapproche du G. Ocellatus, Gr; k° Py- roplerus Candezii; 5° Pyropterus (Eros New) auratocollis; 6° Telephorus dichromus. Le genre DEPLANCHESIA, fam. des Hélopiens et de la tribu des Cnodalides ; 7° D. metalles- cens; 8 Platyomus monachus; 9° Heilipus securiger; 10° Cryptorhynchus triocellatus; 11° Chlamys Chevrolati, dont la place doit venir entre le C. nodosa et obscura de Klug; 12 Sphæroplacis sanguinea;. 13° Sp. tricolor; 14° Diabrotica dorsonotata ; 15° D. biplagiata, et 16° My- cotretus? concolor. M. Fauvel m'a envoyé récemment une variété locale très-remarquable du Carabus auronitens, qu’il nomme cupreo-nitens. Cet Insecte, qui est d'un noir métallique bronzé et brillant, a les antennes couleur de poix, avec le premier article, les cuisses et les jambes rouges; la forme et la taille sont comme dans le type. Une vingtaine ont été trouvés dans la forêt de Cerisy, et tous présentent la même constance. Ma collection renferme une autre variété du même Car. auronitens des environs de Bruxelles et de la forêt de Soignes; les élytres seules, d’une forme un peu plus courte Ahk REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Wars 1861.) et arrondie, sont d’un noir bronzé mélangé de vert obscur entre les côtes; la tête et le corselet sont d’un cuivreux doré très-brillant; le premier article des antennes et les pattes, moins les tarses, sont également rouges. Je l'ai reçue de M. Mers, et elle paraît être fort rare dans cette localité. A. CHEYROLAT. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Nous trouvons, dans la Gazeta medica de Lisboa du 16 janvier 1861, un travail de M. Josè de Souza, adjoint du conservateur du musée du roi, sur les Oiseaux qui se trouvent en Portugal. Après avoir donné quelques consi- dérations générales sur l’ornithologie de ce pays, il pré- sente la liste de toutes les espèces portugaises qui font partie du musée national, en indiquant les principaux lieux où elles ont été trouvées et les noms en portugais que la plupart d’entre elles portent. C’est un travail qu'on est étonné de trouver dans une gazette médicale, et que les ornithologistes n’iraient pas chercher là si nous n'avions pas soin de le leur signaler. TABLE DES MATIÈRES. Pages. H. SaussurE. — Diagnosis Cheiropteræ mexicanæ e familia Yespertilionidarum. 97 A. Moquin-TanDoON. — Considérations sur les œufs des Oi- seaux. db. F. OGERIEN. — Description d’une nouvelle espèce d’Anodonte. 115 A. CHEVROLAT. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 118 H. DE SAUSSURE. — Orthoptera nova americana, 126 Académie des sciences. 130 Société d’acclimatation (l’Ailantine). 137 Analyses, 140 Mélauges et nouvelles. 154 PARIS.— IMP. DE M" V® BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5.—1861, VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — AVRIL 1861. I. TRAVAUX INÉDITS. Sur la dentition de l’Herpeton tentaculatum, par le pro- fesseur Émile CornaLtA, de Milan. En parcourant le numéro de mars des Annals and Ma- gazine of natural History, j'ai été vivement frappé par la note que M. A. Gunther y a insérée page 195, sur la den- tition de l’Æerpeton tentaculatum de Lacépède.—Dans cette note, le savant herpétologiste du British museum, reve- nant sur ses études dejà publiées à propos des dents de ce très-rare Serpent, soutient encore son ancienne opi- nion sur le nombre et la structure des dents maxillaires, et proclame que M. Jan est dans l'erreur parce qu'il a, sur ce sujet, une autre opinion. En effet, M. Gunther, dans les Proceed. of the zool. Soc. de février 1860, a publié que l'Herpeton a toutes ses dents d’une grosseur égale et que pas une ne possède de gout- tière ” all the seeth are of equal size, and not one is groo- ved.” Le savant directeur du musée de Milan, au contraire, dans la première livraison de sa magnifique Zconographie, figure les dents des maxillaires de l'Herpeton comme de deux grandeurs différentes; c'est-à-dire que les deux dents postérieures sont plus grosses et séparées des autres, et qu'elles sont parcourues, en avant, par un canal très- reconnaissable. M. Gunther, après cette publication, renouvela ses ob- servations, éloignant, comme il dit, la muqueuse des dents sur les deux exemplaires du musée de Londres, et des deux côtés, ce qui lui prouva la justesse de ses observa- 2 sëRie. Tr. xin. Année 1861. 10 146 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1861.) tions primitives. Il en conclut que M. Jan s’était trompé, soit, dit-il, par une extrême déférence pour l'autorité de M. Duméril, soit parce qu'une juxtaposition accidentelle des deux dents lui a simulé une gouttière et l’a induit en erreur. — Pourtant M. Jan représente deux de ces dents creusées en avant. Moi qui ai le bonheur de suivre pas à pas tous les tra- vaux de M. Jan et de voir les immenses matériaux qu'il a recueillis et consultés pour son grand ouvrage, et avec quelle scrupuleuse conscience il fait ses observations, moi, dis-je, qui aime infiniment ces questions d'anatomie com- parée, je ne puis résister au désir de dire mon opinion sur cette question, opinion qui a pour base l’examen at- tentif des parties osseuses de l’Herpeton très-soigneuse- ment détachées. Pour cela je prends la liberté de vous envoyer un dessin des dents du même Herpeton figurées dans la planche de M. Jan, et conservées dans notre collection de Milan. Fig. 1, dents maxillaires de lHerpeton tentaculatum. Fig. 2, dents palatines et ptérygoïdiennes du même. Comme vous le verrez, les deux figures ci-dessus confir- ment tout à fait les observations le M. Jan. En effet, les dents maxillaires (fig. 1) sont de différentes grandeurs, c'est-à-dire les 14 premières petites et toutes égales (3 sont tombées de leurs alvéoles), et les deux postérieures sont éloignées et plus grosses, présentant, chacune, la rainure longitudinale contestée par M. Gunther. Comme la présence de cette rainure a une signification pour la place des genres dans les systèmes herpétologi- TRAVAUX INÉDITS. 147 ques, la chose n’est pas si futile comme, au premier abord, elle pourrait le paraître. La fig. 2 représente les dents palatines et les ptérygoï- diennes; les premièresau nombre de 11, les secondes au nombre de 18. Je suis bien heureux que le résultat de ces observations puisse prouver aux naturalistes que M. Jan n’émet aucune opinion sur l’autorité d'autrui, et que, lorsqu'il observe, il tâche de n'être pas induit en erreur. — Sur la cause de l'opinion de M. Gunther, je ne mettrai aucun dilemme; je crois qu’il n’a pas examiné les parties assez soigneuse- ment et assez libres pour les voir dans tous leurs détails nécessaires. Pardonnez-moi si j'ai compté sur votre bonté; l'amour de la vérité et l'espérance de ne pas invoquer vainement une place dans les cahiers de votre journal m'ont donné la hardiesse de vous envoyer cette petite observation. Milan, 25 mars 1861. Descriprion de Coléoptères nouveaux d'Algérie, par À. CHEYROLAT (1). 64. Julodis vermiculata, similis J. æquinoctiali, differt ab illo late- ribus prothoracis antice amplioribus et rotundatis. Viridi-cuprea, pulvere albido induta præsertim in capite et in thorace ; capite ru- galo imprimis in fronte, costa longitudinali violacea; prothorace punctis magnis foveatis atque reticulatis; elytris nervosis, inæ- qualiter punctatis vel panctulatis (singulo seriebus tribus macu- larum flavarum, interna basali abbreviata), epipleuris, prothorace infra cum area, in angulo postico; pectore abdomineque lateribus cyaneo-yiolaceis. — L., 28,29; 1., 12, 13 m. Cette espèce, très-voisine du J. æquinoctialis, OI., s’en distinguera facilement par son prothorax élargi et arrondi antérieurement, par ses nervures très:saillantes sur les bords, arrondies, fovéolées et remplies d’une poussière (1) Voir la Rev. et Mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304, 380 à 389 ; 1860, p. 75 à 82, 128 à 137, 208 à 212, 269, 302, 409, 448, 509; 1861, p. 118. 148 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1861.) de couleur soufre; par les trois séries de taches arrondies de chaque étui, longeant l’une la suture, l’autre la marge; ces taches sont plus petites et plus nombreuses; enfin celle centrale et basale n'offre que trois taches; deux au- tres taches sont situées entre cette dernière série et la su- ture, et l'intervalle est violacé pour le fond. Téte inégale, front marqué de rides inégales. Côte médiane violacée, élargie au centre. Prothorax avancé anguleusement sur la région de l’écusson, ayant sur le côté antérieur, en des- sous, une plaque d’un beau violet; l'angle postérieur est de même couleur. Elytres un peu plus parallèles, régu- lièrement convexes sur la longueur, d'un vert cuivreux, finement ponctuées, mais d’une manière forte proche l’écusson, couvertes de nervures presque en réseaux sur le milieu longitudinal. Poitrine bordée de blanc; les côtés sont bleus, avec une belle tache violette au-dessous. 44- domen vert, raboteux, à coutures planes, inégalement ponctué; les bords inférieurs des segments sont d’un bleu mélangé de pourpre; les stigmates sont, blancs ; sur le dernier segment sont deux grandes taches blanches et allongées. J'ai reçu de M. Laurent Degousée deux exemplaires de cette espèce, on la rencontre dans le Sahara algérien oriental. Nota.— La description de cette espèce s'étant égarée lors de l’im- pression qui devait la précéder et la suivre, nous l’enregistrons seu- lement aujourd'hui pour qu'il n’y ait pas d'interruption dans la cen- turie. 81. Haliplus ruficeps, affinis H. lineatocolli, Marsm, sed minor et aliter punctatus et signatus ovalis, testaceus, nitidus; palpis, antennis pedibusque pallidis; capite rubido, regulariter punctato ; oculis nigris; prothorace foveis basalibus subrotundatis duabus, strigam arcuatam et externam efficientibus (intus aliquot punctis rimosis); elytris seriatim punctatis macula, communi fusca ultra medium et littera V notatis. — L., 2; 1., 3/4 m. D'un testacé brillant, Téte d’un blond d'écaille rou- geûtre, chargée d’une ponctuation régulière, moyenne, TRAVAUX INÉDITS. 149 assez bien marquée. Parties de la bouche, antennes et pattes pâles. Prothorax transverse, cintré en avant, pro- longé anguleusement sur le milieu de la base, avec les côtés droits et étroitement rebordés; sa surface offre des points vagues, et la base est impressionnée, de chaque côté, d’une large fossette arrondie qui, sur son bord ex- terne, montre un trait arqué ; quelques points crevassés sont situés vers le bord interne des fossettes; il est d'un blond pâle, et une sorte de bande rougeûtre transverse ressort près de la base. Elytres ovalaires, convexes, sub- acuminées sur la suture, à séries longitudinales de points assez gros, réguliers; ceux de la suturale sont un peu plus serrés, et cette série est un peu sillonnée; une tache com- mune, obscure, en forme de V allongé, est placée au delà du milieu; la place du calus apical est elle-même obscure Corps, en dessous, testacé. Abdomen obscur. J'ai reçu cette espèce de M. L. Lethierry, qui l’a ren- contrée aux environs de Constantine. 82. Hydroporus bihamatus oblongus, angustus, planus, nigro-niti- dus ; antennis basi, pedibus, margine prothoracis et elytrorum fas- ciis duabus (2a humata), iotus abbreviatis, flavis. — L., 1 2/3; 1., 3/4 m. Oblong, allongé, étroit, aplati, d’un noir brillant, mais un peu moins vif chez la ©, qui est un peu plus courte. Téle arrondie en avant et marquée, près du bord, de deux fossettes assez senties. Palpes, antennes (brunes), sur les deux premiersarticles, et pattes de couleur ferrugineuse. Prothorax transversal, avancé et arrondi sur l’écusson, avec les côtés étroitement jaunâtres. Elytres offrant deux bandes jaunes appuyées à la marge et qui n’atteignent pas à la suture : la première est comme formée de trois taches; l’externe remonte et s'étend, en dessous, sur le bord, la médiane est allongée des deux côtés et se lie à une plus petite, mais elles doivent, parfois, former un tout : la seconde bande est d’abord anguleuse et oblique ; elle se recourbe étroitement en dessous, le long de la 450 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Auril 1861.) marge, et simule ensuite une sorte d’hameçon. Corps de la couleur du dessus. Le & de cette espèce m'a été envoyé par M. Poupillier, comme se trouvant aux environs d'Alger. La 9, que je dois à M. L. Lethierry, a été. prise dans le département de l'Ardèche. On devra la placer entre les À. bilineatus et varius. 83. Trichodes sanguinosus, affinis T. leucopsideo, sed major et aliter fasciatus ; cæruleus, crebre punctatus; capite nitido ; palpis antennisque ferrugineis, clava triarticulata nigra ; thorace usque ad sulcum anticum cyaneo, deiu nigro, granoso et punctato, linea longitudinali lævi, obsulcata basi, lateribus pube albida indutis; seutello nigro; elytris sanguineis, recte truncatis, puncto hume- rali, sutura anguste fasciisque tribus nigris ; 3a fascia apicali semi- cyauea ; subordine punctatis, singulatim tricostatis; pedibus albo- pilosis, tarsis 40 anterioribus et articulo ultimo posticorum, rufes- centibus. — L., 13; 1., 4 1/2. Tête d'un beau bleu, à ponctuation irrégulière, assez forte; un sillon transverse et arqué en avant. Lèvre noire, carrée, évasée en cintre sur le devant, transversalement sillonnée et ponctuée, Mandibules noires. Antennes d'un jaune miel; massue avec trois articles noirs. Prothorax un peu aplati, bien que convexe, droit aux extrémités, d’un bleu violacé jusqu'au sillon (qui est transverse et cintré), noir au delà jusqu'à la base; celle-ci est resserrée et re- levée sur son bord ; sa surface présente une ponctuation serrée, moyenne, assez profonde, qui est réticulée et presque granuleuse ; le milieu offre une ligne lisse, sil- lonnée en arrière. Ecusson semi-arrondi, ponctué, violacé. Elytres d'un rouge vif marquées d’un point huméral et de trois bandes noires : première élargie sur le milieu de l'étui, anguleuse en arrière sur la suture; deuxième avancée anguleusement sur le milieu du bord antérieur; troisième terminale, bleue sur sa moitié postérieure ; la suture est étroite, entière, noire, avec quelques reflets bleus; leur surface est couverte de points presque dis- posés en lignes; les points des bandes sont plus gros et TRAVAUX INÉDITS. 151 relevés. Pattes à villosité blanche; cuisses renflées ; jambes carénées, presque droites; les quatre (arses antérieurs et le dernier article des postérieurs d’un jaune miel. Poi- trine bleue, à pointillé très-serré; côtés revêtus d’une pubescence laineuse blanche. Abdomen à points épars, d’un bleu violacé, avec les deux derniers segments rouges; le pénultième présente, au milieu et en avant, une tache carrée. Des environs de Bogar; reçue de M. Prophette. Cette espèce ressemble au T. leucopsideus, O|., mais elle est plus grande; ses élytres, d'un rouge de sang, sont plus allongées, plus largement tronquées; les bandes sont plus étroites et espacées, la suture, sur l’écusson, est linéaire et non triangulairement dessinée; le corselet est aussi plus allongé; les côtés seuls sont couverts d’un poil blanc, cotonneux, assez épais. Ces poils sont longs et plus régulièrement répartis sur la surface chez le T. leucopsi- deus. 84. Trichodes hypocrita, affinisT. leucopsideo et Zahare, elongatus, plauiusculus, parallelus, punctatus, cyaneus, pilis longis, erectis, albidis tectus; capite thoraceque præsertim, crebre punctatis; palpis, antennis (clavata fusca), ano et tarsis quatuor anticis luteis, tarsis ultimis piceis ; scutello cyaneo ; elytris planis, pallide rufis, recte truncatis ; sutura, infra scutellum ad apicem, anguste cya- nella, puucto humerali fasciisque tribus nigro-ænescentibus, fas- cia ultima apicali in dimidia parte postica cyanea. — L., 9; L, £ m. Voisin des T. Zaharæ et leucopsideus, allongé, étroit, aplani, ponctué, bleu, revêtu de longs poils droits, d’un blond jaunâtre. Téte d’un beau bleu, inégalement ponc- tuée. Lèvre carrée, échancrée anguleusement en avant, noire. Mandibules noirâtres. Palpes et antennes d’un jaune miel; massues des dernières avec les trois derniers articles et les yeux brunâtres. Prothoraæ aplani, fortement sillonné en arrière du bord antérieur, également sillonné, puis relevé sur la base, marqué d’une côte longitudinale plane, qui est élargie entre le milieu et la base. Ecusson semi- 152 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1861.) arrondi, bleu. Elytres allongées, parallèles, peu convexes, abaissées sur les côtés, tronquées au sommet; angle su- tural assez avancé; d’un jaune rougeâtre orangé, offrant un point huméral oblong et trois bandes d’un noir bronzé, première et deuxième élargies sur le côté jusqu’au milieu de l’étui, amincies et anguleuses en arrivant sur la suture; troisième apicale, bleue dans sa dernière moitié; suture étroitement bleuâtre, à partir du dessous de l’écusson jus- qu’à l'extrémité; couvertes d’une ponctuation assez forte (non en séries), qui est presque réticulée sur ses bords; deux nervures longitudinales droites. Pattes ponctuées, granuleuses, couvertes de longs poils blancs, plus courts et plus épais sur les jambes; cuisses postérieures un peu plus renflées; jambes carénées, postérieures arquées; les quatre tarses antérieurs d’un jaune miel, les postérieurs de couleur de poix. Poitrine bleue, à pointillé fin et serré; côtés postérieurs recouverts d’une pubescence blanche. Abdomen d’un bleu luisant, ponctué çà et là, pénultième segment sur les côtés et dernier {avec un trait longitu- dinal noir), d’un rouge sanguin. D'Algérie, acquis sans. indication de provenance. 85. Trichodes Zaharæ. Cyaneo-obscurus, paululum nitidus, pilis erectis fulvis dense vestitus ; palpis, antennis, tibiis ad apicem tarsisque fulvis ; capite sat crebre et ruge sed thorace creberrime puoctatis ; scutello punctato, cyanco; elytris pallide flayis, puncto humerali fasciisque tribus nigro-cyaneis : fascia 1° postice angu- lata in medio, 3° apicale; abdomine segmentis 2bus ultimis rubris. — L., 10 1/2; 1., 4 m. Il est assez voisin du T. nobilis, KI. (Carcelii, nob.), mais celui-ci n'offre pas de point huméral, et les trois bandes des élytres, dans l’espèce présente, sont situées beaucoup plus en arrière. D'un bleu foncé, verdâtre par endroits, revêtu d'un poil droit jaunâtre. Tête couverte d’une ponctuation assez serrée, irrégulière, ruguleuse sur les interstices. Labre transverse, droit en avant, surmonté d’un sillon légèrement arqué. Mandibules noires. Palpes et antennes d’un jaune miel. Prothorax allongé, aplani, TRAVAUX INÉDITS. 153 droit aux extrémités, fortement resserré et sillonné en cintre au-dessous du bord antérieur, sillonné et relevé sur la base, avec un sillon longitudinal qui n’occupe que la moitié postérieure; sa surface offre une ponctuation très- serrée. Ecusson bleu, triangulaire, ponctué. Elytres con- vexes sur la base, aplanies au delà, d’un jaune pâle, marquées, sur chaque épaule, d’un gros point violacé et de trois bandes d’un bleu noirâtre violacé ; la première est un peu en avant du milieu, s’amincit en dessus, sur la suture, et s'infléchit en arrière; la deuxième est assez large et située au delà du milieu; la dernière apicale est presque de même longueur que la précédente ; la suture est étroitement bleuâtre à partir du dessous de l’écusson jusqu’au sommet; leur surface présente des points assez gros presque disposés en séries, et deux nervures longi- tudinales étroites. Cuisses modérément renflées; jambes assez longuement velues, postérieurement arquées, les quatre premières ayant leur sommet et la totalité des tarses d’un jaune miel. Poitrine verdâtre, très-finement ponctuée, granuleuse, couverte de poils blancs; les deux derniers segments de l'abdomen d’un rouge sanguin. Du Sahara oriental algérien. 86. Hedobia succincta, oblonga, brunuea; capite et thorace dense canosis; antennis ferrugineis; oculis globosis, nigris; scutello albu ; elytris subnitidis, punctato-striatis, in humero et ad me- dium basis elevatis, fulvo-pilosis, fascia albida abbreviata, mar- gini adnexa, ultra medium sita; pedibus piceis. — L., 2 1/3; 1., 3/4 m. Oblongue, d'un brun plus ou moins clair ou obscur, luisant sur les étuis. Téte et prothorax revêtus d’une courte villosité blanchâtre et soyeuse. Yeux saillants, ronds, noirs. Antennes ferrugineuses. Prothorax arrondi sur les côtés, aplani en dessus, lobé en arrière, élevé longitudi- nalement au milieu. Ecusson arrondi, blanc. Elytres or- nées de longs poils blonds dirigés en arrière, à stries formées de points allongés, profonds, d’un brun clair sur 154% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1861.) la base (celle-ci avec pubescence blanche) et le sommet, et d'un brun foncé au centre, ornées d’une bande blanche située au delà du milieu, qui s'appuie à la marge et s'étend jusqu’au delà du milieu de chaque étui. Pattes de couleur de poix. L’unique femelle que je possède m'a été adressée par M. J. Poupillier. Alger. 87. Xyletinus peregrinus, alatus, ovatus, obesus, rugulosus, albidus, pube cinerca, paululum sericante indutus ; capite lato, convexo, antice posticeque sulcato ; antennis serratis, fuscis articulo primo magno, arcuato 2oque breve ferrugineis ; oculis fuscis ; prothorace transverso, longitudine sulcato, postice convexo et carinula utrin- que notato; seutello elongato, rotundato; elytrorum striis an- gustis, intus punctulatis, interstitiis alterne elevatis et albidiori- bus ; pectore et abdomine plumbeis; pedibus rubidis. — L., 3; 1., 1 1/2 m. Ailé, trapu, ruguleux, d'un rougeâtre tant soit peu lui- sant, revêtu d'une courte pubescence cendrée, soyeuse par place. Téte arrondie, convexe, marquée d'un sillon qui est profond en avant, et qui ne reparaît que sur l’oc- ciput. Antennes fauves, avec les deux premiers articles fer- rugineux ; le premier est grand, arqué; le deuxième très- court; troisième allongé; suivants anguleux d’un côté. Yeux arrondis, d'un brun terne. Prothorax transverse, centré circulairement en avant, avec les côtés arrondis et formant un seul angle obtus au bord antérieur, qui est abaissé; leur base, vue en dessus, est presque droite et présente de chaque côté, au milieu, une dépression ; le dessus est relevé en bosse et présente une carène trans- verse; sillon longitudinal entier; sa surface est soyeuse, mais la bordure antérieure, moins le milieu, et la saillie postérieure, sontrousses. Ecusson allongé, arrondi. Elytres trois fois aussi longues que le prothorax dans sa plus grande étendue, à peine plus larges que ce dernier, ar- rondies sur chaque extrémité, marquées l’une et l’autre de douze stries disposées par deux ; la scutellaire courte. Ces stries sont étroites, distinctement ponctuées; inter- TRAVAUX INÉDITS. 155 stices alternativement élevés et blanchâtres. Corps d’un gris plombé. Pattes rougeàtres. Des environs d'Alger. Envoi de M. Poupillier. M. Ch. Aubé m'a communiqué un exemplaire qui provenait d'Es- pagne et qui n’en diffère nullement. M. le docteur Grenier l’a aussi rencontré dans le midi de la France. Cette espèce devra se placer dans le voisinage du X. rufithorax. 88. Erirhinus? nilidus, squamulis viridi-aureis tectus; rostro (te- nui, arcuato strigoso), antennis pedibusque ferrugineis, femoribus obtuse subdentatis. — L., 3 1/2, 4; 1. 1 1/2 m. Recouvert d’écailles planes, serrées, d’un beau vert doré brillant, presque nacré. Trompe ferrugineuse, mince, arquée, striée et ponctuée en dessus, de la longueur du prothorax. Antennes ferrugineuses, à scape renflé au som- met, atteignant le bord de l'œil, à funicule de sept arti- cles ; premier grand, deuxième moitié plus court, suivants moniliformes; massue ovalaire, composée de trois articles égaux. Yeux noirs, déprimés, obliques. Prothorax coupé droit aux extrémités, fortement resserré en avant. Æcusson ponctiforme, brun. Elytres oblongues, coupées droit en avant, à peine plus larges que le prothorax, convexes, faiblement atténuées et arrondies au sommet, marquées de stries faiblement indiquées. Corps, en dessous, d’un vert blanchâtre nacré. Pattes à peine écailleuses, ferrugi- neuses ; cuisses à dent très-obtuse; jambes anguleuses sur leur terminaison; tarses à premier et deuxième articles triangulaires, lamellés en dessous; troisième longuement bilobé ; crochets petits, recourbés, simples. Je possède trois exemplaires de cette espèce; le pre- mier a été trouvé à Stora par M. le capitaine Gaubil : je dois le second à M. Lethierry, qui l’a découvert aux environs de Coustantine. 156 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1861.) ORTHOPTERA NOVA AMERICANA (Diagnoses præliminares), auctore H. pe SAUSSURE (1). (Series IF). Familia Acripinæ. EL Mucronati. (Prosternum mucrone vel tuberculo vel corniculo instructum.) OPOMALA MExICANA. Gracillima, linearis; subtus flavo- testacea, supra vix obscurior, rosescens. Antennæ vix complanalæ, rotundatæ, nitidæ, basi mediocriter dila- tatæ. Verticis rostrum trigonum, latitudine et longitudine æquale. Pronotum rotundatum, nullo modo carinatum, dense punctatum, nec non in margine infero fascia flava. Elytra abdomine valde lonpiora, augusta, apice acumi- nata. Femora postica elytri dimidio longitudine æqualia, extus sulcis obtusanoulis pennata (basi vix V-formibus). — Longit., 0,035; elytri, 0,030. — Mexico. X1PHICERA PYGMEA. Parvula, fusca, valde compressa. Facies declivis, quadricarinata, carinis intermediis paral- lelis, in medio coarctatis. Verticis rostrum subelongatum, apice rotundatum, subbicarinatum et carinato-margina- tum, Antennæ filiformes, prismaticæ, capitis et pronoti longitudine. Oculi inflati, in vertice appropinquati. Pro- notum carinatum, marginibus parallelis, haud acutis, ru- gosis ; Carina ter interrupta; margo posticus abbreviatus, rotundatus. Elytra abdomine longiora apice rotundata, fusco-ferruginea, punctata, in margine postico pallidiora ; alæ fuscescentes, basi flavescentes. Corpus fuscum , in lateribus fascia flaya ; femora postica fasciata, intus et ti- biæ sanguinea. — Longit. corporis, 0,016. — Mexico. Genus OxyPHYMaA (2). Caput conicum, horizontale, perlongum; facie lata, plana ; costa mediana nulla: carinis distinctis elevatis, intermediis subcontiguis, lateralibus perdistantibus sum- (1) Rev. et Mag. de zoologie, 1860. (2) Ofbe, acutus; qÜue, mucro. TRAVAUX INÉDITS. 457 mum versus caput convergentibus. Verticis fastigium mul- ticarinatum. Pronotum capite vix longius, postice haud dilatatam, maxime compressum, carinis nullis, sed volu- tiforme arcuatum, postice abbreviatum. Pedes postici gra- ciles, elongati. Elytra et alæ abbreviata. Abdomen elon- gatum, carinatum. Antennæ in basi invicem appropin- quatæ. Spina præsternalis gracillima, elongata, acutis- sima. O. Juriner. Fusco-fulvum, gracile, elongatum. Caput magnum, vertice conico, lato, ruguloso, carinato, apice in fastigio paulum ante oculos truncato, elevato-marpi- nato ; carinæ faciales intermediæ supra in summo fronte arcuatim divergentes et unciforme ad ocella productæ. Facies perlata, foraminato-punctata. Oculi prominuli , ovati, supra acuminati, genarum dimidium longitudine obtegentes. Pronotum ubique densiter rugatum, margine postico truncato, rotundato, antico tuberculato. Elytra fusco-rosescentia, maculis 2 fuscis ante medium sitis ; alæ sanguineæ. Femora postica abdominis longitudine, ; pone medium macilentia, extus fulva, supra fasciis fuscis, subtus nigra, intus basi rufa; tibiæ fuscæ spinis distan- tibus magnis nigris. Antennæ basi flavæ, apice nigræ, flavo-annulatæ. — Long. corp., 0,037 ; pronoti, 0,007.— America meridionalis ? Genus PEDIES (1). Prosternum corniculo compresso cuneiforme instruc- tum. Caput convexum; facies valde declivis et convexa ; costa frontalis polita, compressa, subbicarinata ; gena convexa; caput summum conoideo-arcuatum ; vertex de- clivis, foveola nulla ; oculi vix convexi, lati, breves. Pro- notum supra tricarinatum postice et antice truncatum, emarginatum. Pedes breves. Abdomen apice acuminatum; d cerci arcuati, apice obtusi. Elytra rudimentaria. Hoc genus, subgenus generis Pœpedeti haberi potest. P. vinescens. Obseure viridis. Tibiæ et femora 1,2 subtus (1) niedrebe, planitiem habitans. 158 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Avril 1861.) flava. Abdomen 7 subtus flavum. Femora postica extus viridia, subtus flava, intus sanguinea. Anus 4 supra et tibiæ posticæ sanguinea. Carinæ faciales genarum distinctæ. Pronoti area postica punctata, lateribus et carinis nitidis ; sulcus posticus tantum carinam dorsalem secans. Lamina &' infra anum posita acuminata; præcedens segmentum disco circulari nitido instructum; lamina supra-analis tri- gona, bicarinata. Elytra primo abdominis segmento bre- viora. — Longit., 0,025. — Mexico. Genus POEPEDETES ({). Antennæ elongatæ, deplanatæ. Caput verticale, con- vexum, vertice haud rostrato, antice declive: facies bica- rinata, sub oculis sulco verticali ; oculi distantes, convexi. Pronotum postice vix productum, sulcis transversis maxi- mis perprofundis, postico multum pone medium sito; pars postica supra plana, carinata, antica supra cylindrica; appendices anales £ breves, validi; 4 lamina infra-analis infundibuliformis, acuminata ; femora postica compressa, Dbrevia, marginibus cristato-carinatis. Elytra brevissima. Genere Ommatolampi affinis, at vertice haud rostrato, capite convexo et oculis vix convexis ab illo distincte dif- fert. O. corazunus. Medius, sublepidus. Corpus nigrum. Vertex sulco transverso inter oculos vel punctis 2 impres- sis, pronoti pars postica densissime punctata, angulo postico perobtuso, in £ subemarginato; femora postica corporis dimidio longitudine, mediocriter dilatata, sed apice haud angustata, coccineo-bifasciata ; elytra brevis- sima, primum abdominis segmentum solum obtegentia, olivaceo-reticulata; caput et pronotum supra fascià ar- cuata coccinea et maculis coccineis variis. — Lonpgit. cor- poris, 0,035. — Mexico temperata. Genus Pezorerrix, Fisch. In America insectis admodum alatis hoc auctum est. Divisio I. Corpus brevius, sat robustum. Facies pau- (1) Ilc4, herba; zudnrns, Saltator, ludius, TRAVAUX INÉDITS. 159 lum declivis. Oculi magni, sat breves. Pronotum antice coarctatum, breve; carinis lateralibus et interdum etiam mediana antice plus minusve evanescentibus. Antennæ breves. Marium abdomen subtus convexum; cercis bre- vissimis. (Pezotettix proprie dicta.) 1. Alæ elytraque plus minusve obliterata. (Pezotettix, Fisch.) Pez. ZimMERMaNNI. © Statura valida. Facies lata, ver- ticalis, elevato-4-carinata; in summo fronte prominula. Vertex haud inflatus, antice foveola declive et paulam marginata ; oculi globosi, distantes. Pronotum compres- sum, latum, omnino carinatum, ante medium paulum gib- bosum; postice planum, lateribus acute carinatis den- siter punctatum ; margo anticus arcuatus, in occipite pro- ductus, posticus truncatus, subarcuatus. Sulcus posticus pone medium situs est ut in P. alpina. Corniculum præ- sternale pyramidale, spinoforme acuminatum. Elytra ru- dimentaria. Pedes gracillimi. — Longit., 0,025. — Caro- lina. Pez. LONGicoRniS G. Statura parva P. alpine, Boh. Antennæ perlongæ, femoris postici longitudine. Vertex haud prominulus, carinatus, foveola angusta, elongata; oculi magni, inflati, in vertice invicem maxime :appro- pinquati. Pronotum compressum, supra planum, margi- nibus acutis (præcipue in parte anteriore) et parallelis; margine antico subemarginato ; postico vix angulato. Sulcus posticus valde pone medium situs, at paulo minus quam in P. Zimmermanni; pronoti latera nitida; cin- gulum posticum punctatum. Elytra brevia; abdominis segmenta 4, 2 solum obtegentia. Præsterni corniculum pyramidale. Femora 1, 2 inflata, postice abdomen vix superantia, mediocria. — Longit., 0,016. — Carolina. PEz. SEPTENTRIONALIS. Fusco-rufescens, sat tenuiter punctata; verticis foveola paulum declivis; oculi magni, elongati, supra et infra acuminati, margine antico trun- cato; pronotum carinatum, in medio sulco postremo inter- 160 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1861.) ruptum, lateribus acute marginatis, margine postico ob- tuse angulato: elytra abdomine breviora, basin versus marginis antici dilatata, apice attenuata, fusco-rosescentia; alæ pellucidæ subrosescentes. Femora postica flavo-bi- fasciata, © abdomine breviora; tibiæ sanguineæ spinis nigris. — Longit., 0,028. — Labrador. 2. Ale et elytra rite explicata, abdomine æqualia seu lon- giora. PEZ. MEXICANA. Sat parva, fusco-grisea. Præsterni corniculum conoideo-acuminatum. Occiput convexum ; oculi magni, lati, margine antico recto; frontis foveola ovata, declivis, carinato-marginata. Pronctum velutinum, supra planum, omnino carinatum, carina solum sulco postico interrupta ; area dorsalis pronoti postice vix acute marginata; latera postice punctata, antice polita, et cum macula fusca oculum versus producta. Elytra abdomen paulum superantia, fusco-grisea, in disco linea punctorum fascorum ; alæ hyalinæ, basi cærulescentes. Corporis la- tera et femora postica fasciis 2 flavis; femora postica sub- tus, tibiæ et tarsi sanguinea ; spinæ tibiales apice nigræ. Corporis longit., 0,024. — & Pronoto antice minus dis- tincte carinato. — & © variant tibiis posticis cæruleis. — Mexico temperata. Drusio Il. Corpus gracile, elongatum. Antennæ per- longæ. Pronoti carinæ laterales sat distinctæ, saltem in parte anteriore. Foveola verticis paulum declivis. Marium abdomen apice valde inflatum, ano recurvo et lamina ante anum sita latissima, maxime convexa. Cerci lamelli- formes. Elytra abdomen superantia. 4. Corpus compressum. Facies declivis. Pronoti sulcus postremus pone medium situs. Pez. Sumicarasit. Staturæ mediæ et obscure olivacea. Costa facialis bicarinata; frontis foveola angusta, elevato- marginata. Pronotum elongatum, compressum, margi- nibus acutis, omnino carinatum, punctatum, lateribus supra speculo lepido fusco; carina suleis 3 transversis TRAVAUX INÉDITS. 161 profundis interrupta, sulcus posticus pone medium pro- noti situs. Femora 4, 2 percrassa, antennæ perlongæ, flavæ, apice obscuræ. Elytra grisea; alæ basi virescentes. Fe- mora postica fascia horizontali flava; tibiæ infra medium sanguineæ, spinis nigris, supra medium nigræ annulo flavo. Tarsi obscuri, pulvinulo nigro. — Longit. corporis, 0,027; antennarum, 0,016. — Mexico. 2. Corpus elongatum, sed crassum, parallehipipedum; tho- raz subdepressus ; facies paulum declivis. Pedes postici per- longi; femoribus abdomine multo longioribus. Foveola ver- ticis in {© parum distincta. Sulcus postremus in medio pro- nolo silus. } Pez. Epax. Medius, corpore elongato, crasso, sed haud alto; in © depressiore. Caput latum , costa plana, in medio fossula instructa, ocellum continens. Oculi magni, breves, lati, parum convexi, subreniformes, supra acu- minati, subdistantes. Vertex subcarinatus, foveola in à, fere nulla ; pronotum supra planum, carinatum, subacute marginatum, marginibus rectis, margine postico obtuse angulato; sulcus postremus in medio pronoti situs, ca- rinam secans; pone illum thorax dense et tenuiter punc- tatus est. Cornu præsternale magnum, acuminatum, in me- sosternum incumbens. Elytra fulvo-grisescentia, femorum longitudine., Lamina infra-analis & apice tuberculiformis ; segmentum præanale disco punctato magno; cerci lamel- liformes apice solum curvati. Color corporis in siccis tes- tacea, roseo varia , fasciis supra 2 testaceis. (Etiam fusca, coloribus diversis varia?) — Longit., 0,033. — Carolina. Genus PLarypayMaA, Fisch. 1. Pronotum postice truncatum. Elytra abbreviata. — PI. Giornæ, Rossi. 2. Pronotum postice angulatum. Elytra rite explicata, abdomine longiora vel æqualia. PL. Azrecum. Pezoteltici meæicanæ statura æquale et ii simillimum, at differt : præsterni corniculo apice in- crassato, transversim compresso, lamelliformi ; faciei costa 2° séme. Tr. xut. Année 1861. 11 162 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1861.) plana, punctata, haud canaliculata ; verticis foveola vix distincta, carinato-marginata , et occipite subcarinato: pronotum supra planius, ubique punctatum, lateribus sine speculo nitido magno; margine postico flavescente, punctis nigris; thoracis latera fasciis obliquis 2 flavis; tibiis cæruleis, basi flavescentibus, fusco-maculatis., — Longit., 0,018. Lamina analis inferior & haud emargi- nata. — Mexico temperata. Genus CazoPTENUSs, Burm. Divisio LE. Corpus breve, robustum. Facies verticalis. Pronotum breve, postice angulatum. Femora postica inflata. (C. italicus, Rossi.) Divisio If. Corpus gracilius, frequenter compressum. Facies declivis; foveola verticis horizontalis. Pronotum pos- tice vix angulatum. Femora postica gracilia, valde elongata. —(C. robustus, C. alacris, S. — GC. plorans. Charp.) C. vorax. Medius, gracilis, olivaceus; caput testaceum, costa antica haud canaliculata, punctata; oculi elongati, convexi, supra haud approximati (laterum capitis dimi- dio longiores); foveola verticis magna, haud declivis, mar- ginibus postice convergescentibus; pronotum elongatum, postice haud dilatatum, lareribus acute marginatis; supra omuino carinatum, ubique punctatum, postice perobtu- sum; sulco postico pone medium sito, antice paulum tec- tiforme declive. Vittæ flavæ 2 ab oculis emergescentibus pronotum supra et elytra postice marginantes. Femora postica supra fusco-trifasciata; tibiæ posticæ flavæ, basi fuscæ, et supra medium annulo fusco; tarsi fusci. Præ- sterni cornu rectum, gracile, obtusum.—Longit. corporis, 0,095; elytri, 0,023 (Z ). — Brasilia. Genus Acripium, Geoff. Americana in divisiones duas distribuuntur. Divisio I. Corniculum prosterni rectum. Pars antica pro- noi marium elevata, in cristam lobatam producta; pars postica plana, rugosa.(Statura magna.) —Acr. semirubrum, Serv. (Olfersii, Burm.), etiam in campis mexicanis oceurrit TRAVAUX INÉDITS. 163 et a Dom. Ap. Nielo, sub nomine A. Velasquezii (Ann. Soc ent. Fr., 1858), iterum descriptum fuit. Drvisio Il. Corniculum prosternale rectum vel obliquum: Pronotum in parte anteriore volutiforme vel tectiforme; in parle posteriore supra plus minus deplanatum, in tota longi- tudine carinatum. Oculi elongati. 1: Pronotum ante medium paulum constrictum, pone me- diocriter dilatatum, carina tenui. Elytra abdomine lon- giora. A. EMORTUALE. Statura fere À. tartaricr, at pronoto bre- viore, vix carinato, postice dilatato et acute angulato. Corpus ferrugineum; caput et thorax lutea, cretacea; oculi in vertice maxime appropinquali; pronotum fora- minato-punctatum et rugatum, in lateribus fascia in mar: gine ferruginea. Pedes albescentes ; tibiæ posticæ ferru- gineæ, spinis apice nigris. Elytra ferruginea immaculata ; alæ hyalinæ nervis ferrugineis. Præsterni dens apice paulum incrassata, obtusa.—Longit., 0,051; elytri, 0,052. — Brasilia. (Ab 4. flavo-fasciato, Serv., accurate distin- guitur pronoto brevissimo.) A.CuBENSE. À. flavo-fascialo affinissimum, at paulo minus; præsterni cornu acuminatum, obliquum, versus mesono- tum incumbens. — Cuba. A. TourEcuM. Gracile, griseo-ferrugineum, in lateribus fascia obliqua pallidiore; antennis mediocribus, flavis, apice obscuris; elytris griseo-multi-maculatis; alis hya- linis, basi subvirescentibus; femoribus posticis fusois, extus fascia longitudinali flava, supra ferrugineis; tibiis posticis flavescentibus, spinis atris. Corpus valde com- pressum; facies cum vertice angulum efficiens; oculi ovati, subelongati, in vertice fere contigui; verticis fas- tigii foveola nulla, antice linea elevata, fracta, trans- versim marginata; pronotum capite mullum angustius, tenuissime carinatum, punctatum, marginibus haud acu- tis: lateribus supra maculis 4 lepidis. Suleus posticus in medio situs, Cornu præsternale spiniforme. Lamina infra 164 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE: (Avril 1861.) anum posita basi canaliculata, segmentum præanale apice productum, haud emarginatum. — Lonoit., 0,023; an- tennæ, 0,0085. — Mexico temperata. 2. Pronotum antice haud coarctatum, postice haud dila- tatum, fere omnino acute tectiforme. (Elytra abdomine haud longiora.) A. DAMNIFICUM. Ferrugineum, punctis griseis ubique conspersum. Corpus maxime :compressum. et elevatum, haud declive, ubique grosse punctatum; oculi elongati, capitis laterum dimidio altitudine æquales; supra sub- distantes; foveola verticis distincta, lata, margiuibus ab oculis parum distantibus. Præsterni cornu obtusum ; pronotum ubique grosse punctatum; acute omnino cari- natum, perfecte tectiforme, carinis lateralibus nullis; mar- gine antico in occipite producto, postico angulato, nigro tessellato; pronoti longitudo altitudinem vix superans. Elytra brevia, © abdominis longitudine, Z vix longiora, maculis griseis conspersis; alæ hyalinæ, basi vix flavi- dulæ, spinis tibialibus apice nigris. — Longit., 0,037. — Maris lamina sub ano posita, elongata, rimata; cerci lamelliformes, apice rotundati, nullo modo curvati. — America borealis (Tennessee). Notes pour servir à la faune du département de Seine-et- Marne, ou liste méthodique des animaux vivant à l’état sauvage qui se rencontrent, soit constamment, soit pé- riodiquement ou accidentellement, dans ce départe- ment, par M. le comte px Sinery, membre dela Société zoologique d’acclimatation, membre correspondant de la Société académique de l’Aube. l INSECTES. Ordre des OKTHOPTÈRES. Les Orthoptères se divisent en un grand nombre de genres, dont quelques-uns seulement vivent dans notre pays; nous n’aurons donc à nous occuper que de certaines TRAVAUX INÉDITS. 165 espèces de Forficules, de Blattaires, de Mantides, de Gril- loniens, de Locustaires et d’Acridites. Ces deux dernières familles sont confondues sous le nom de Sauterelles, que leur donnent indistinctement toutes les personnes qui n'ont pas étudié ces insectes. Les Grilloniens, sous le nom de Cricris, les Sauterelles et les Forfcules, vulgairement appelés Perce-Oreilles, sont en assez grande quantité partout pour avoir été re- marqués par les habitants des campagnes, qui les con- naissent, savent qu'il y en a plusieurs espèces, mais ne les distinguent pas les unes des autres ou leur appliquent quelquefois de faux noms; c’est ainsi que nos paysans dé- signentla Sauterelle verte, Locusta viridissima(Fabr.), sous le nom de Cigale, quoiqu’elle ne ressemble nullement à cet animal. Les auteurs qui ont traité l'histoire naturelle des Or- thoptères nous apprennent que ces insectes sont tous ter- restres, même dans leurs deux premiers états; quelques- uns d’entre eux sont carnivores, comme les Mantides, ou ovmnivores, éomme les Forficules et les Blattaires: mais, en général, ils se nourrissent de plantes vivantes; les Lo- custaires et les Acridites sont uniquement herbivores. Les Orthoptères déposent, vers la fin de l'été, leurs œufs en terre; à cet effet, les femelles, dans beaucoup d’espè- ces, sont pourvues d’une tarière (ou oviscapte) formée de deux lames et située à l'extrémité de l'abdomen. Les œufs passent l'hiver dans le lieu où ils ont été pondus; au prin- temps, les larves éclosent et augmentent de grosseur, à l'aide de plusieurs changements de peau. « Ces insectes « ne subissent qu'une demi-métamorphose, dont les mu- tations, dit Audinet-Serville, se réduisent à la croissance « et au développement des élytres, dont ils sont totale- « ment dépourvus dans leur jeune âge. Elles ne se mon- trent d'abord qu'à l’état rudimentaire ou comme des « moignons, ce qui constitue l’état de nymphe; la larve « diffère par l'absence totale de ces parties. Du reste, 2 À A 166 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Avril 1861.) « cette larveet la nymphe ressemblent à l'animal parfait, « sautent, marchent comme lui, et se, nourrissent, des « mêmes aliments. Plusieurs Orthoptères restent à l'état «de nymphe ou de larve toute leur vie, c'est-à-dire qu'ils « n’acquièrent ni ailes niélytres, ou qu’ils n’en ont que de « rudimentaires, et n’en sont pourtant pas moins aptes à « s'accoupler et à se reproduire. » Comme exemple de ces faits, pris dans notre faune, on peut citer le Mirmecophila acervorum, qui n’a jamais ni ailes ni élytres, et l'ÆEphippiger vilium, qui n’en a que de rudimentaires. Suivant M. Brullé, l’entier développement des organes du vol, qui constitue l'état parfait, n'a lieu qu’au sixième changement de peau. M. Marcel de Serres compare les dentelures qui termi- nent les mandibules des Orthoptères aux dents des Mam- mifères. « Ces dents, chez nos insectes, ne sont pas, dit- il, implantées dans les mandibules ; elles fout corps avec «_elles, et n’en paraissent nullement distinctes à leur base « externe; cependant, à leur base interne, elles semblent « séparées de la mandibule par une lame coriacée. » On trouve, ajoute le même auteur, « dans l'estomac des Or- « thoptères herbivores, une complication de parties in: « ternes qui semblent analogues à celles des ruminants, « parmi les Mammifères, et on assure que plusieurs « d’entre eux font revenir leurs aliments à leur bouche « pour les triturer une seconde fois. Les Orthoptères, « essentiellement carnassiers comme les Mantides, n’ont « que des dents canines, plus longues et plus recourbées « que les autres genres de l’ordre. Les herbivores, tels « que les Locustaires et les Acridites, n'ont que des inci- « sives et des molaires. Enfin les omnivores (Forficulaires « et Blattaires), vivant de végétaux, de cadavres ou de « proies vivantes, ont des canines comme les carnassiers, « mais moins longues et moins recourbées, et des mo- « laires moins larges que celles des herbivores, mais à tu- « bercules plus saillants. » _ A TRAVAUX INÉDITS. 167 La forme des pattes postérieures a fait naturellement diviser les Orthoptères en deux grandes sections : les cou reurs et les sauteurs. La première de ces sections compte, dans notre pays, infiniment moins d'espèces que la se- conde, comme il est facile de s’en convaincre si on veut jeter les yeux sur la liste que j'ai essayé de dresser. La meilleure saison pour chasser les insectes qui nous oceupent est la fin de l'été et le commencement de l’au- tomne, époque où ils sont arrivés à leur état parfait. Les Grillons et les Sauterelles (Locustaires et Acridites) servent de nourriture à une quantité d'oiseaux omnivores ou insectivores, ainsi qu'à certains Gallinacés, tels que les Perdrix, les Outardes, les Dindons, et même à quelques rapaces : la Crécerelle, entre autres (Falco tinnunculus) (Lin), en détruit beaucoup. + Souvent on rencontre dans les baies un grand nombre de Sauterelles enfourchées aux épines d'un buisson : ce sont les Pies-Grièches qui les y ont apportées pour les dé- vorer plus à leur aise. Les oiseaux ne sont pas les seuls à faire la chasse aux Sauterelles; sans parler de certains peuples qui en mangent, plusieurs espèces de poissons en sont très-friands ; aussi les pêcheurs s’en servent-ils quel- quefois pour les faire mordre à leurs hameçons. Les Lo- custaires, comme les Acridites, dégorgent, lorsqu'on les saisit, une liqueur brune et âcre, qui leur sert peut-être à éloigner quelques-uns de leurs ennemis. Si, à la suite de ces différents faits, on mentionne ces passages de Saute- relles connus dès la plus haute antiquité, qui viennent de temps en temps ravager toute une contrée dans les pays chauds, après avoir quelquefois même traversé des bras de mer en quantité tellement innombrable, qu'ils forment des nuages capables d'obscurcir le soleil ; en ajoutant que ces passages ont toujours lieu de l’est à l’ouest, on aura résumé en peu de mots les principaux traits de l'histoire naturelle de ces animaux, telle que les auteurs qui en ont traité nous l’ont apprise. Toutefois on ne peut passer sous 168 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE: (Avri! 1861.) silence les découvertes récentes faites par M. Charles Les- pés sur le mode d'accouplement des Grillons, dont il a rendu compte dans une note présentée à l’Académie des sciences en 1855. C’est à l’obligeance de M. de Quatre- fages que je dois la connaissance de ce curieux mémoire. Après avoir constaté ce que, dureste, on savait déjà, que, pour l’accouplement, la femelle du Grillon monte:sur le dos du mâle, les observations de M. Lespés ont démon- tré que les Grillons mâles ont des spermatophores com- posés d'une vésicule remplie de sperme, et qu’elle se ter- mine par une lamelle servant à la fixer au vagin de la femelle; celle-ci, après l’accouplement, emporte le petit appareil, partie dans son vagin (la lamelle), partie au de- hors (la vésicule) ; puis elle s'en débarrasse plus tard, pour s'acconpler de nouveau. Quant au mâle, il à bientôttre- produit un nouveau spermatophore, et se trouve ‘ainsi apte à un nouvel accouplement (Annales des sciences natu- relles, tome III, 1855, page 366). On ne sait pas encore si les Grillons sont les seuls Orthoptères qui présentent ce singulier mode de reproduction; mais il est probable que les mœurs mieux connues d'autres insectes du même ordre dévoileraient des faits analogues, sinon identiques. Première section. — Les CourEurs. Famille des FoRFICULAIRES. Genre Forficule. 1. Forficule auriculaire (Forficula auricularia, Lin.).— C'est le grand Perce-Oreille de Buffon, nom qui lui a été imposé parce qu'on croyait que cet animal pénétrait dans les oreilles et entrait dans le cerveau. Depuis longtemps les savants ont fait justice de cette croyance populaire, En réalité, comme ses congénères, la Forficule auriculaire aime l'obscurité et se tient sous les pierres, les écorces, dans les fruits gâtés, sous les bouses de Vache desséchées, dans les endroits chauds et humides, sur les couches à l'abri des paillassons. 2. Forficule naine (Forficula minor, Lin.). — Le petit TRAVAUX INÉDITS. 169 Perce-Oreille de Geoffroy, facile à reconnaître à sa taille, qui n’alteint que 4 lignes ou 4 lignes 1/2, la pince com- prise, tandis que l'espèce précédente mesure en totalité de 10 lignes à 10 lignes 1/2; elle en diffère aussi par sa pince droite dans les deux sexes, et seulement un peu re- courbée à l'extrémité, tandis que dansla Forficule auricu- laire la pince du mâle a la base presque carrée avec une dent interne placée à la fin de cette base et des branches fortement arquées qui forment un cercle presque parfait. La Forficule naine est aussi d’une couleur moins foncée que l’auriculaire, dont la teinte a beaucoup de rapport avec celle de la poix commune. Vit sur les fumiers et dans les ordures. 3. Forficule pédestre (Forficula pedestris, Bonell.). — De la taille de la précédente, mais avec une pince plus longue de 2 lignes 1/2 dans le mâle (le mâle de la Forfi- cule naine n'a jamais de pince de plus de { ligne 1/2). Nous la rencontrons, à la fin de l'été et en automne, sur les col- lines des environs de Fontainebleau, où elle n’est pas rare dans certaines localités. Famille des BLATTAIRES. Genre Kakerlac. k. Kakerlac orientale (Xakerlac orientalis, Latr.).— On ne la trouve pas dans nos campagnes, mais elle se ren- contre plutôt dans les villes, où elle a été importée par le commerce probablement. Comme les autres Kakerlacs, elle fuit le jour, se cache dans les trous, les endroits hu- mides ; la nuit elle sort de sa retraite pour manger le pain et la farine, pour lesquels elle a un goût tout particulier, ce qui fait qu'on la rencontre le plus souvent chez les bou- langers. C'est la Blatte des cuisines de Geoffroy. Ces Ani- maux courent très-vite, et les mâles, qui, seuls, ont des ailes, s’en servent très-rarement. Les femelles fécondées font sortir de leur abdomen une coque oblongue, de sub- slance coriace, fortement carénée sur l’un des côtés, et qui contient une quantité considérable d'œufs. Des 170 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Aurel 1861 ) femelles piquées dans des boîtes m'en ont souvent pondu, et, si on les laisse auprès d'elles, clles les mangent, faute d'autre nourriture. Il est possible que la Kakerlac améri- caine (Kakerlac americana), la grande Blatte de Geoffroy, se trouve chez nous, mais je n’ai jamais pu me la procu- rer, et ce n'est probablement que dans les villes qu’on au- rait des chances de la rencontrer. 5. Blatte germanique (Blatta germanica, Lin.). — Elle a 5 lignes de longueur de couleur jaune livide; les ailes sont assez fortement réticulées; elle n’est rare dans au- cune partie de notre département sur les arbres et sous les feuilles sèches. 6. Blatte livide (Blatta pallida, Fabr.). — Entièrement d'un jaune pâle et luisant. Les réticulations et les ailes sont beaucoup moins fortes que dans l'espèce précédente; sa taille est aussi plus petite, puisqu'elle ne mesuré que 5 lignes de long. On la dit très-commune aux environs de Paris, sur les chênes et sous les mousses; nous en trou- vons dans nos forêts, mais pas en aussi grand nombre qu'on pourrait le croire. 7. Blatte lapone (Blatta luponica, Lin.). — Ce qui, au premier abord, la distingue le mieux de ses congénères, c’est le disque d’un brun noirâtre luisant de son protho- rax. Habite dans nos bois sur les chênes et dans les mousses; se trouve probablement dans toute l'Europe froide et tempérée, puisqu'elle vit en grand nombre en Laponie. 8. Blatte concolore { Blatta concolor, Hagenb.). — Lon- gue de 3 lignes 1/2. Elle se trouve à Fontainebleau; son prothorax, semi-circulaire lisse, uni, est mélangé de points et de traits brunâtres; l'ensemble de sa couleur est plus grisâtre que celle des autres espèces, mais sa petite taille aidera surtout à la reconnaître. M. Guérin-Méneville a bien voulu me donner un individu de cette espèce, ve- nant aussi de Fontainebleau, mais sous le nom de B: er1- celorum. TRAVAUX INÉDITS. 171 Descriprion de Lépidoptères nouveaux {voy. PI. 5), par Napoléon Doumer. CHARAXES AMELLÆ, nobis. — Ch. antennis validis, nigris. Palpis pro- minentibus, validis, supra nigris, infra griseo-albidis. Oculis ma- gnis, suboigris. Capite corporeque supra nigro-fuscis, infra fulvo- griseis et hispidis; super caput, aliquot puncticulis albis. Pedibus pilosis, griseolis. Alis primis triangularibus; externo margine distincte denticulato, paululum iotrorsum iociso; margine interuo fere recto; nervuris valde indicatis prope ligamen alæ. Alis secundis subrotuudatis, super analem partem sericiter pilosis; anali margine fere recto ab apali angulo usque ad tertiam partem longitudinis snæ:; externo margine distincte denticulato ; quarta sextaque denticulationibus breviter caudatis. Alis totis supra atris, villosis, super analem regionem fusco- griseis dilutius ad marginem; serto cærulearum macularam super primas alas, in fasciæ elatæ figura super secundas prolongato ; super secundas, serto altero punctorum oblongorum eodem colore sed splendeute minus, a margine externo paululum distante; omnibus denticulationibus limbo cæruleo elongatissimo notatis. Alis infra subviride-griseis, albido fasciatis et luoulatis; prope basim alæ primæ hieroglyphicis nigris adumbratiouibus cinereo- cinctis; prope interoum angulum ejusdem et ad extremum sertum ocellorum paululum apparentium, oculis duobus magnis, mgro, exusto, cinereo et saturato griseo-pictis. Prope basim alæ secundæ, hieroglyphicis lineis circum partes albidiores; prope exteraum marginem, serto ocellatorum adumbrationum, cujus ultimis cæru- lescente violaceo colore notatis aut binotatis. Long., 70; — larg., 88 mill. Habitat: Gabon. (PI. 5, f. 1.) Antennes robustes, noires. Palpes saillants, robustes, noirs en dessus, gris blanchâtre en dessous. Yeux gros, brun foncé. Tête et corps brun noir en dessus, gris fauve et très-velus en dessous; quelques points et traits de poils blanes sur la tête. Pattes couvertes d’un duvet court et grisâtre. Ailes supérieures triangulaires, échancrées vers le mi- lieu de leur bord externe, qui est dentelé assez distincte- ment ; bord interne presque droit; nervures très-pronon- cées vers l’altache de l'aile. Ailes inférieures subarrondies, ayant leur bord anal 172 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avrel 1861.) presque en droite ligne, depuis l'angle anal jusqu'aux deux Liers de sa longueur, où il dévie brusquement pour laisser passer l'abdomen; une zone de poils longs et soyeux, allant de l’attache de l’aile à l’angle anal, établit une sorte de ligne de démarcation entre ce bord et le reste de l’aile; bord externe dentelé distinctement; la quatrième et la sixième dentelure prolongées sous forme de petites queues. Dessus des ailes d’un noir foncé et velouté, s’éclaircis- sant un peu vers les bords, et remplacé, sur la partie anale des inférieures, par un gris brun plus clair sur le bord; une suite de taches ou points différents de forme et de grandeur, d’un bleu azuré, suivant à peu près la forme de l'aile supérieure et se prolongeant sur l’inférieure, en s’élargissant jusqu’à la région anale, où elle se perd dans le fond; une seconde guirlande de points allongés, bleus, moins brillants, suit exactement la dentelure du bord ex- terne de l'aile supérieure; sur l'aile inférieure, cette guir- lande, beaucoup plus accusée, est accompagnée d’une série de gros points bleus, assez réguliers, placés en dedans. Dessous des aïles d’un gris verdâtre, chamarré de bandes et de dessins lunulaires blanchâtres. Ailes supérieures ornées, vers la base surtout, de des- sins hiéroglyphiques noirs, entourés de couleur cendrée; près de l'angle interne, deux gros yeux cerclés de noir, de jaune brülé, de cendré et de gris foncé, terminant une guirlande de dessins ocellés peu apparents, qui suit le bord externe. i Ailes inférieures ornées, près de la base, de dessins hiéroglyphiques noirs, complétement linéaires, limitant des parties plus blanchâtres; une guirlande de dessins ocellés suit, en diminuant de grandeur, le bord externe; les derniers ocelles marqués d'un ou deux points violet bleuûtre. Cette belle espèce, que nous n'avons encore vue: dans TRAVAUX. INÉDITS. 173 aucune collection, offre, au premier aspect, quelques analogies avec le Nymphalis Mycerina, Westw., figuré dans le magnifique Genera publié par cet auteur et M. Doubieday; mais, en examinant ces deux espèces, il est facile de se convaincre de leur distinction. Le Nym- phalis Mycerina, toujours beaucoup plus petit, est complé- tement dépourvu d'appendices caudaux et même de den- telures aux ailes: ses ailes antérieures, beaucoup plus échancrées à leur bord extérieur, sont aussi plus courbées à leur bord costal. Il ne reste donc plus que la coloration qui rapproche ces deux Papillons; or, si nous voyons, d'un côté, que les taches bleues des ailes antérieures sont disposées à peu près dans l’un comme dans l’autre, nous remarquons, d’un autre côté, que les ailes postérieures du N. Mycerina sont totalement privées d’une des deux élégantes guirlandes qui accompagnent le bord externe dans notre Charaxes. Nous ne parlerons du Charaxes Tiridates, Fabr., que pour montrer que nous avons pris soin de le confronter avec notre nouvelle espèce, car les différences qui existent entre elles deux sont trop considérables pour qu’on puisse les confondre, bien qu’elles viennent des mêmes contrées et appartiennent au même groupe. l Un troisième, le Charaxes Thieste, Stoll, provenant aussi de pays très-voisins, nous a forcé à procéder à un examen très-sérieux, et ce n’est qu'après avoir longtemps examiné la figure donnée par cet auteur que nous avons considéré le nôtre comme une espèce distincte. Le Cha- raæes Thieste diffère de celui que nous décrivons par l’ab- sence de taches bleues le long de la nervure costale des ailes supérieures, tandis qu’il en présente une suite placée transversalement sur ces mêmes ailes; par la présence de deux points blancs vers le sommet; enfin par une guirlande de taches lunulaires jaunes, accompagnant le bord externe, et qui remplace la guirlande bleue de notre Charaxes. Les ailes postérieures diffèrent moins que les antérieures; 174 ERV. ET MAG: DE ZOOLOGIE. (Avril 1861.) pourtant la bande bleue du milieu est beaucoup plus large dans T'hivste, tandis que la double guirlande du bord ex- terne y est moins accentuée. Malsré ces différences, nous aurions eu du penchant à regarder notre Charaxes comme un sexe de Thieste, si nous n'avions cru reconnaître la femelle de ce dernier dans le Charaæes décrit, par Fabri- eius, sous le nom de X'iphures, et figuré sous le même nom par Cramer, lequel, sauf la coloration, offre les plus grandes analogies de dessin avec Thieste; de plus, l’un provient de la Cafrerie et l’autre du Cap, localités qui sont à peu près identiques en zoologie, tandis que le nôtre habite le Gabon. Notre Papillon ressemble aussi, quant au dessous, à celui que M. Hewitson a figuré dans la 31° livraison de ses Exotic Butterflies, sous le nom de Nymphalis Numenes, mais il est impossible de confondre ces deux espèces, quant au dessus, qui, dans cette dernière, à la plus grande ressemblance avec Tiridates. Ces diverses comparaisons ont fait naître dans notre esprit l'idée que la plupart des Charaxes de ce groupe pourraient bien ne former qu'une seule et même espèce, variant suivant les localités; mais cette proposition exi- serait, pour être résolue, un plus grand nombre de sujets de comparaison, et peut-être des études sur les Chenilles, chose fort difficile à obtenir pour le moment. Si notre supposition venait à se trouver confirmée, nous serions des premiers à faire descendre notre nouvelle espèce au simple rang de variété Genre Ipiomorpaus, nobis. (PI. 5, f. 2.) Caput parvum, villosum, Oculi modici, globosi. Palpi distincti, caput superautes, sinuosi, lateriter compressi, pilosi. Antenuæ modicæ, tenues, clava elongatissima, articulis paululum indicatis. Pedes … Thorax modicus, villosus. Abdomen elongatum, paululum robustum. Alæ primæ triangulares, secundis minores; costali nervurä nulla vel paululum indicata; subcostali, media et baséo-media TRAVAUX INÉDITS. 175 nervuris valide ad basim inflatis; discoidalibus duabus, mediis tribus neryulis ; discoidali cellula lata, duabus nervuri: recedentis auguli formam efficientibus obstructa. Alæ secundæ subovales; costali nervura in subcostalem eodem loco quam præcostali insila; duabus subcostalibus, tribus mediis nervulis ; submedia, internaque nervuris ex eodem loco orientibus; discoidali cellula, lata et aperta; apertura cellulæ simulata ner- vura videtur obstructa. Tête petite, velue. Yeux moyens, ronds. Palpes très- allongés, dépassant la tête, sinueux, comprimés latérale- ment, velus. Antennes moyennes, filiformes, terminées par une massue frès-allongée et peu renflée : articulations peu apparentes. Pattes... Corps moyen, velu. Abdomen allongé, assez grêle. Ailes antérieures triangulaires , petites, comparative- ment aux postérieures; nervure costale nulle ou très-peu apparente; nervures sous-costaie, médiane et baséo- médiane offrant un renflement très-prononcé à leur base; nervules discoïdales au nombre de deux; nervules mé- dianes au nombre de trois ; cellule discoïdale large, allant jusqu'au milieu de l'aile, et fermée par deux nervures formant un angle rentrant. Ailes postérieures subovales, plus longues que larges; nervure costale s’'embranchant sur la nervure sous-costale, au même point que la précostale; deux nervules subcos- tales; la nervure discoïdale se prolongeant en nervule et laissant la cellule discoïdale ouverte; trois nervules mé- dianes; nervures submédiane et interne partant du même point. L'ouverture de la cellule semblerait fermée par une fausse nervure. Iniomorpaus HewiTsoni1, nobis, — Ip. capite corporeque villosis, supra fuscis, dilutius infra. Oculis nigris. Antennis supra satu- rate fulvis, dilutius infra atque in extrema clava cujus media pars nigro est annulata. Alis primis triangularibus ; antice ad apicale angulum valide arcuatis; apicali margine siouato; margine interno fere recto, abrupte ad basim recedeute, 176 REV. ET MAG. DE ZO0OLOGIE. (Avril 1861.) Alis secundis oblongis , antice magis quam postice latis; apicali angulo satis indicato; anali angulo rotundissimo; anali margine paululum sinuoso. Alis totis supra fusco-nigrescentibus; ex medio antici marginis ad interaum angulum alæ primæ et irregulariter miaueute usque ad anale angulum alæ posticæ, fascia magna cinereo-violacea ver- sicolore, albido violaccoque bipartita super alam anteriorem, su- perque initium posticæ; marginibus externis albido acupictis; super secundam alam et prope mediam neryuram speculo antice sericiter piloso. Alis infra bipartitis; circum corpus densiter fuscis cum lineis aliquot saturatioribus ; externa parte grisco-roseo-violacea et mu- tante, fusco colorata in majore alæ posterioris parte ; oculo minu- tissimo prope apicalem angulum super fasciam alæ primæ; oculis quatuor magnis, nigris, subflavo colore circumdatis, duabusque aliis minoribus super fasciam posterioris alæ: Alis omnibus ex- terne fusco anguste bimarginatis. Long., 51; — larg., 56 mill. Habitat : Gabon. Tête et corps bruns, velus, plus clairs en dessous. Yeux noirs. Antennes fauve foncé en dessus, plus clair en dessous, ainsi qu’à l’extrémité de la massue, dont la partie médiane est marquée d’un anneau noir. Ailes antérieures triangulaires; bord antérieur forte- ment arqué vers l'angle apical; bord extérieur sinueux. Angle interne presque droit; bord intérieur presque droit, rentrant brusquement près de la base. Ailes postérieures oblongues, plus larges en avant qu'en arrière; angle apical assez accusé; angle anal très-ar- rondi; bord anal légèrement sinueux. Fond général du dessus des ailes brun noir, un peu plus clair vers les bords; une large bande courbe, violet cendré changeant, s'étend du milieu du bord antérieur de l'aile supérieure à l’angle interne de cette même aile, etsecontinue, en diminuantirrégulièrement, jusqu’à l'angle anal de l’aile postérieure, dont elle suit presque exacte- ment le contour; sur l’aile supérieure, ainsi que sur le commencement de l’inférieure, cette bande semble divisée en deux parties, dont l’une blanchâtre et l’autre violette ; TRAVAUX INÉDITS. sKrlyl un liséré blanchâtre entoure extérieurement les ailes; sur l'aile inférieure, le long de la nervure médiane, une sorte de miroir ayant presque la forme d’un 8, dont la partie antérieure est occupée par un bouquet de poils longs et soyeux. Dessous des ailes divisé en deux zones distinctes ; celle qui entoure le corps, jusqu’à la moitié des ailes, brun foncé, avec quelques traits plus marqués; la seconde partie, formant la moitié extérieure des ailes, d’un gris violacé et rosâtre, recouvert de brun sur sa plus grande partie dans l’aile inférieure. Un œil très-petit se détachant sur cette bande, près de l'angle apical de l'aile supérieure; quatre grands yeux noirs entourés de jaunâtre, et deux plus petits, placés l’un près de l’autre dans la même zone, sous l’aile inférieure. Les ailes sont ornées d’un double liséré brun foncé, très-étroit. Le papillon que nous décrivons, après avoir fait de nombreuses recherches dans les ouvrages et les collec- tions pour nous assurer de sa nouveauté, se fait surtout remarquer par sa forme originale. C’est, parmi les Lépi- doptères, un de ces types étranges, comme il s’en trouve quelques-uns de répandus dans toutes les classes ani- males; car non-seulement il n’est pas habituel que les ailes antérieures des papillons soient plus petites que les postérieures, mais dans notre espèce cette disposition n'est même pas harmonique, et nous dirons presque qu'elle choque l'œil. Aussi avons-nous été longtemps porté à regarder cet individu plutôt comme un avorton que comme une espèce nouvelle. Cependant plus nous l’exa- minons et plus nous sommes convaincu que toutes les parties en sont normales, et d’ailleurs toutes les recher- ches auxquelles nous nous sommes livré ne nous ont fait découvrir aucun type qui permette de l'y rapporter, même avec un peu de bonne volonté. Le genre Amnosia, qui semblerait offrir quelque ana- logie, en diffère considérablement par des antennes très- 2° sénie. Tr. xu. Aunée 1861, 12 178 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1861.) allongées, et n'offre, d’ailleurs, nullement la disproportion des ailes dont nous avons déjà parlé. Les genres Zeuxidia et Kallima nous avaient paru aussi se rapprocher, en quelques points, du Papillon qui nous occupe; mais le prolongement caudiforme des ailes postérieures les en éloigne complétement, bien que les ailes antérieures, sauf leur grandeur proportionnelle, of- frent, par leur forme, quelque ressemblance, surtout dans le second de ces genres, avec celles de notre Lépidoptère. Le genre Discophora serait celui auquel on pourrait, le moins arbitrairement, rapporter ce singulier papillon, si nous n’y trouvions toujours l'énorme différence de la dis- proportion des ailes antérieures; de plus, les postérieures, dans notre espèce, ont une forme plus allongée et plus arrondie vers le bas que dans les Discophora. Après un long examen comparatif, nous avons cru pou- voir regarder ce Papillon comme appartenant à un genre nouveau, pour lequel nous proposons le nom d’Idio- morphe, de id, propre, particulier, et de y0p9#, forme, en raison de sa forme particulière. Nous croyons que ce nouveau genre devra prendre place à la fin des Nymphalides ou tout au commencement des Morpho, dont il rappelle quelques traits, ainsi que des Satyres, auxquels il emprunte les yeux du dessous des ailes. La seule espèce que nous en connaissions jusqu'ici est celle que nous venons de décrire, et que nous dédions à M. Hewitson, le savant et zélé lépidoptériste anglais au- quel on doit la publication de tant de belles el nouvelles espèces exotiques. IL SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 1° avril 1861. — M. Grimaud, de Caux, à l'occasion d’une communication récente concernant cer- SOCIÉTÉS SAVANTES. 179 taines espèces animales qui, vivant habituellement dans l’eau salée, se seraient habituées à vivre dans l’eau douce, cite un fait qui lui semble analogue, l’existence de Sar- dines dans le lac de Garde. M. Valenciennes fait remarquer que les prétendues Sar- dines du lac de Garde n’ont, avec les Sardines vraies, de commun que le nom et appartiennent réellement à un genre différent. Séance du 8 avril 1861. — M. Flourens lit un Mémoire ayant pour titre, Nouvelles expériences sur l'indépendance respective des fonctions cérébrales. Le titre de ce remar- quable travail en fait suffisamment connaître l’objet. Ce sont des expériences d'une haute importance pour la phy- siologie, et qui font suite à des travaux antérieurs dont M. Flourens rappelle d’abord les principaux résultats. « Je viens à mes nouvelles expériences, dit-il en termi- nant. Le cerveau (lobes où hémisphères cérébraux) ayant été retranché sur plusieurs Pigeons, j'ai opéré successivement (et sur autant de Pigeons différents, bien entendu) la sec- tion de chaque canal, et la section de chaque canal a pro- duit son effet ordinaire : celle des canaux horizontaux, des mouvements horizontaux; celle des canaux verticaux an- téro-postérieurs, des mouvements verticaux d'avant en ar- rière, et celle des canaux verticaux postéro-antérieurs, des mouyements verticaux d’arrière en avant. « L'indépendance de chaque organe distinct de l’en- céphale par rapport au cerveau proprement dit (lobes ou hémisphères cérébraux) est donc radicale, absolue, com- plète et complétement démontrée. « Reste la grande difficulté : l'explication de l’étonnant phénomène qui lie la direction des mouvements à la di- reclion des canaux semi-circulaires. « Chacun de nous a, par rapport à soi, quatre mou- vements principaux : de droite à gauche, de gauche à droite, d'avant en arrière, d’arrière en avant; et, ce qui est bien digne de remarque, c'est que chacun de ces 180 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Avril 1861.) mouvements correspond à la direction de chacun des ca- naux semi-Circulaires. « Je donnerai à cet étonnant phénomène, dans un prochain mémoire, une explication ou qui sera la vraie, ou qui, du moins, en approchera beaucoup, je l'espère. » M. Flourens fait hommage à l’Académie d’un ouvrage qu’il vient de publier sous ce titre : Ontologie naturelle ou Étude philosophique des êtres. M. Liais présente un travail intitulé sur le Vol des Oi- seaux, sur la Quantité de travail qu'ils ont à produire dans l'opération du vol, et sur un Appareil pour vérifier les déduc- tions de la théorie relativement à la résistance de l'air. M. Alph. Milne-Edwards présente une Monographie des Portuniens fossiles. « Jusqu'ici la famille des Portuniens ne comptait que peu de représentants fossiles. En 1824, Desmarest en fit connaître trois espèces. En 1842, Alcide d'Orbigny, dans la paléontologie de son Voyage en Amérique, signala, sans le décrire, un autre Portunien. Enfin, en 1859, M. Th. Bell publia la description d'un nouveau Crustacé de ce groupe. « À ces cinq espèces connues j'ai pu en ajouter dix nouvelles, et, en outre, j'ai dû reprendre complétement l'étude de celles que l'on avait décrites, car le genre Por- tunus, tel qu'il avait été délimité par Fabricius et adopté par Desmarest, est maintenant devenu une famille subdi- visée en dix-huit genres. « Ainsi l'espèce que Desmarest a fait connaître sous le nom de Portunus leucodon doit rentrer dans le genre Scylla de de Haan, et, de plus, par une étude rigoureuse de ce fossile comparé aux Crabes vivants, j'ai pu me con- vaincre qu'il ne devait pas, comme l’avaient cru d’abord Desmarest et, plus tard, M. Reuss, former une division spécifique particulière, mais qu’il présentait une identité parfaite avec la Scylla serrata (Forskal}, qui, aujourd’hui, habite les mers de l'Inde et d’Asie, sur les rivages des- SOCIÉTÉS SAVANTES. 181 quelles se trouvent les individus fossilisés, dans un dépôt qui doit probablement s'être formé à l'époque quater- naire. « Une autre espèce du même genre se rencontre dans les faluns miocènes de l'Anjou; je l’ai désignée sous le nom de Scylla Michelini. « Le genre Neptunus, très-abondant dans les mers ac- tuelles et que l'on n'avait pas encore signalé à l’état fos- sile, m'a fourni six espèces : quatre sont propres au terrain nummulitique, ce sont les Neptunus arcuatus et incertus, trouvés à Salcedo et au Monte-Bolca, dans le Vicentin, etles Veptunus Larteti et Vicentinus, également originaires du Véronais et du Vicentin. « Une autre espèce du même genre se rencontre dans les argiles bleues miocènes des environs de Montpellier ; je lui ai douné le nom de Neptunus monspelliensis. « Enfin la sixième est propre aux terrains tertiaires su- périeurs ou pliocènes; elle a été trouvée en Sardaigne, dans les marnes subapennines, où elle est assez abon- dante. C’est le Neptunus granulatus. « Les couches nummulitiques de Salcedo, dans le Vi- centin, m'ont fourni une espèce du genre Achelous, l'A. obtusus. « Dans le même terrain, au Monte-Bolca, se rencontre une autre espèce très-remarquable et n'ayant pas d’ana- logue parmi les Portuniens de notre faune actuelle : j'ai cru devoir en former un genre nouveau, caractérisé par le développement énorme des cornes latérales de la cara- pace et le nombre des dents qui garnissent les bords la- téro-antérieurs de ce bouclier céphalo-thoracique; je l'ai désigné sous le nom d’ÆEnoplonotus armatus. « Le groupe des Thalamitiens se trouve aussi repré- senté dans le terrain nummulitique de Salcedo par le Goniosoma antiqua. « Enfin, ne pouvant faire rentrer dans aucun des genres actuellement connus le petit Portunien des sables 182 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1861.) tertiaires supérieurs au calcaire grossier et décrit par Desmarest sous le nom de Portunus Hericarti, j'ai dû le prendre pour type d’une nouvelle division générique voi- sine des Platyonyques, mais s’en distinguant par l’existence des cornes épibranchiales qui arment latéralement la ca- rapace, et par d'autres caractères importants. J'ai donné à ce genre le nom de Psammocarcinus, qui rappelle à la fois et ses affinités zoologiques et la nature de la couche dans laquelle il se trouve. « Le Portunus Peruvianus d'Alcide d'Orbigny, que M. Mac-Coy avait rangé dans son genre Podopilumnus. doit se placer, au contraire, dans le genre Carcinus, à côté du C. Mænas, actuellement vivant sur nos côtes, et qui, jusqu'ici, était le seul représentant de ce petit groupe. « Enfin la Reussia Buchii du terrain crétacé de Bohême, que M. Reuss regardait comme faisant partie de la fa- mille des Portuniens, me semble s’en éloigner par un grand nombre de caractères importants, et doit être con- sidérée comme un Cancérien. &« On voit donc que tous les Portuniens fossiles aujour- d'hui connus sont propres soit au terrain quaternaire, soit aux terrains tertiaires. On n’en a pas encore signalé dans des assises plus anciennes. De plus, les genres de cette famille, qui étaient assez abondants dans les mers terliaires qui couvraient l'emplacement actuel de la France et des pays voisins, sont maintenant très-rares sur nos côtes et abondent, au contraire, dans la zone tor- ride. » M. le secrétaire perpétuel met sous les yeux de l’Aca- démie les ossements fossiles envoyés du Chili par M. Do- meyko, et annoncés dans la lettre de ce géologue com- muniquée le 11 février dernier { Compte rendu n° 6,. p. 460). Ces ossements, provenant, ainsi qu'il a été dit, du bassin de l’ancien lac de Taguatagua, appartiennent à un Pachyderme, et, à la manière dontils étaient rapprochés, SOCIÉTÉS SAVANTES. 183 il y a quelque raison de penser qu'ils pourraient avoir fait partie d’un seul squelette. Séance du 15 avril. — M. A. Gaudry continue la lecture de son travail intitulé Résultats des fouilles exécutées en Grèce sous les auspices de l’Académie. L'examen des carnassiers de Pikermi a conduit l’auteur aux conclusions suivantes : {° tous ces animaux diffèrent des espèces aujourd’hui vivantes; 2° quelques-uns d’entre eux comblent des lacunes zoologiques en établissant des liens entre des genres qui sont bien distincts dans la na- ture actuelle; 3° ils étaient moins puissants que de nos jours, comparativement aux grands Herbivores. L'auteur présente d’abord les restes fossiles d’un nou- veau genre voisin des Moufettes, qu'il propose de nommer Promephites Lartetii. D'autres ossements appartiennent au Thalassictis Orbignyi, aux Hyœna Chæretis et græca, au Mustela Pentelici et à trois espèces de Felis. MM. Bérigny, Leduc, Dauve, Maurice et Liebaut, qui avaient présenté, dans la précédente séance, un Mémoire sur un monstre double autositaire, né à Versailles le 21 mars dernier, adressent aujourd’hui, comme complé- ment à ce iravail, l’'autopsie du double sujet, un moulage en plâtre du corps entier et de quelques-unes de ses par- ties. M. Plagniol soumet au jugement de l’Académie une Note sur quelques expériences relatives à l’asphyxie des chrysalides des Vers à soie et leur application à l’étouffage des cocons. M. Jules Cloquet communique l'extrait d’une lettre de M. de la Grironnière, sur les heureux Effets de l'action des alcooliques portée jusqu'à l'ivresse dans le cas de morsure par certains Serpents. Séance du 22 avril.— M. de Quatrefages met sous les yeux de l'Académie deux bruyères chargées de très-beaux cocons obtenus par M. de Monval dans l'établissement d'édu- 184 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (A{vri/ 1861.) cations précoces d'Avignon; il fait ressortir les avantages que présentent les établissements de cette nature. M. Jules Cloquet lit un Rapport sur un Mémoire de M. Bourgarel intitulé des Races de l'Océanie française et de celles de la Nouvelle-Calédonie en particulier. Après avoir donné de curieux détails sur cet intéres- sant travail, M. le rapporteur arrive à ces conclusions : « Tels sont, messieurs, les faits les plus remarquables contenus dans l’intéressant Mémoire dont vous nous avez chargé de vous rendre compte. « L’auteur a eu le grand mérite d'utiliser les rares loi- sirs que lui laissait un service pénible pour rassembler des documents importants sur un pays encore très-peu connu, mais que nous avons un grand intérêt à connaître depuis qu’une colonie y est fondée. € Il a accompli ce travail avec talent, a discuté avec sa- gacité les matériaux qu’il avait amassés, et indiqué avec la plus grande bonne foi ce que l’on devait regarder comme certain, ce qui était douteux, ce qui lui était in- connu, qualité trop rare et d’un très-bon exemple. € Il est arrivé à mettre hors de doute ce fait nouveau et d’une grande importance, l'immigration incessante des îles diverses de la Polynésie dans la Nouvelle-Calédonie, immigration qui a pour effet de remplacer graduellement la race indigène par une race supérieure. « Nous pensons donc que l’auteur mérite d’être encou- ragé, et nous avons l'honneur de proposer à l’Académie de remercier M. Adolphe Bourgarel de son intéressante communication, de l’engager à persévérer dans la voie où il est entré, de déposer honorablement son Mémoire dans vos archives, et d'adresser une copie du présent Rapport à S. Exc. M. le ministre de la marine. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. M. À. Gaudry continue l’énumération des résultats des fouilles de Pikermi. Ce fragment est entièrement consacré au Camelopardalis attica, espèce nouvelle. SOCIÉTÉS SAVANTES. 185 Séance du 29 avril. — M. À. Milne-Edwards présente un travail ayant pour titre Monographie des Thalassiniens fossiles. Voici l'analyse qu’en a donnée l'auteur. « L'étude paléontologique de la famille des Thalas- siniens laissait beaucoup à désirer. Le nombre des es- pèces connues était peu considérable, et, de plus, on y avait rangé plusieurs genres qui devaient se rapporter à d’autres groupes. J'ai cru devoir reprendre d’une manière complète cette étude, en me basant sur l'examen compa- ratif des espèces vivant aujourd’hui dans nos mers. « On avait rapporté au genre Callianassa des pinces de Crustacés propres au terrain Crétacé supérieur de Maestricht, et décrits par Desmarest sous le nom de Pa- gurus Fauÿjasi; mais, pour cette détermination, on s'était surtout appuyé sur l'aspect général du membre et sur les rapports de ses différents articles; comme on ne pou- vait jamais examiner le corps de ces animaux , les carac- tères n'avaient pas la précision nécessaire à une détermi- nation rigoureuse. Par l'examen des espèces actuelles, j'ai pu trouver dans la pince isolée des particularités de structure extrêmement remarquables et propres au genre Callianasse. La paroi interne du bras et du trochanter de la patte antérieure est formée par une pièce complémen- taire non soudée à la paroi externe; tandis que, chez les autres Crustacés, ces deux pièces ne sont pas distinctes, et le squelette tégumentaire de ces articles n’est formé que par un cylindre complet. Dans quelques genres voisins des Callianasses, on trouve encore les rudiments de ces sortes d’opercules, mais ils ne sont jamais distincts du reste de l’article. « En m’appuyant sur ce caractère et sur d’autres par- ticularités de structure qu'il serait trop long d’énumérer ici, j'ai pu ajouter dix espèces nouvelles aux deux espèces de Callianasse du terrain crétacé que l’on connaissait déjà. L'une, la C. cenomantiensis, se rencontre dans les couches des grès verts du Maine, où elle est assez abondante ; une 186 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1861.) autre, la C. Archiaci, a vécu en grand nombre pendant toute la période où se sont formées les puissantes assises de la craie marneuse. Elles peuvent, par leur constance, servir à caractériser cette époque. La Callianassa priscu et la €. affinis ont été trouvées dans le calcaire grossier du bassin parisien; la C. Heberti et la C. macrodactyla sont, jusqu'à présent, propres aux sables moyens ou si- bles de Beauchamp; elles s’y trouvent répandues à profu- sion et peuvent compter parmi les fossiles caractéristiques de cette couche. Deux espèces ont été trouvées dans les assises miocènes de la colline de Turin, ce sont les €. Mi- chelotti et Sismondai; le terrain tertiaire supérieur des environs de Montpellier m'en a fourni une espèce, la C. Desmarestiana; enfin dans les dépôts probablement quaternaires qui se voient sur les rivages des mers d'Asie, et particulièrement de Chine et des îles Philippines, dé- pôts remarquables par l'abondance des Crustacés que l’on y rencontre associés à des Coquilles vivantes, il existe aussi une espèce de Callianasse, C. orientalis. « L'étude des autres genres de la famille des Thalassi- niens ne m'a fourni aucune espèce nouvelle; mais j'ai dû détacher de ce groupe beaucoup de celles qué l’on avait considérées comme devant appartenir à la division qui nous occupe. Ainsi j'ai pu me convaincre qu’un fragment de Crustacé que Robineau-Desvoidy avait décrit comme étant une pince, et qu’il avait rapporté au genre Thalassina, sous le nom de T. grandidactylus, n'était äutre chose qu'un tronçon de l'antenne d’un Astacus; que, des trois espèces de Gébies du même auteur, aucune ne pouvait être conservée, et enfin que son Azxia cylindrica devait entrer dans un groupe zoologique. » MM. Philipeaux et Vulpian présentent une Note sur la Régénération des nerfs transplantés. M. Terreil adresse des Observations sur les générations diles spontanées. M. de Castelnau adresse des Observations sur une pluie SOCIÉTÉS SAVANTES. 187 de Poissons qui a eu lieu à Singapore pendant un tremble- ment de terre. SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ET CENTRALE D'AGRICULTURE DE FRANCE. Séance du 24 avril 1861. — M. Guérin-Méneville lit la Note suivante : J'ai déjà eu plusieurs fois l'honneur d'entretenir Ja Société des tentatives qui ont été faites pour introduire et acclimater le Ver à soie du chêne, nouvelle espèce que j'ai fait connaître depuis assez longtemps, en Ini donnant le nom de Bombyx Pernyi, pour rappeler que c'est au zèle et au dévouement de Mgr. Perny, évêque de la grande et centrale province chinoise du Qui-Tcheou, que l'on dait l'initiative des premiers envois de cocons vivants de cette espèce. Jusqu'à présent les efforts de ce vénérable missionnaire, comme ceux de plusieurs autres, parmi lesquels on doit surtout citer les PP. Bertrand, Verroles, Furet, etc., sont demeurés infructueux, et les cocons qu’ils ont envoyés en France, à plusieurs reprises, sont arrivés éclos ou morts, ou bien n'ont donné que des sujets maladifs, incapables de se reproduire. Aujourd'hui une nouvelle tentative semble donner plus d'espoir de réussir: car, grâce à la rapidité avec laquelle les navires à vapeur font la traversée de l'extrême Orient en Europe, des œufs d’une espèce du Japon qui sembie très-analogue au Bombyx Pernyi du nord de la Chine ont pu arriver vivants à Paris, où ils sont éclos au com- mencement d'avril. Ces œufs, envoyés à la Société impériale zoologique d'acclimatation, ont été placés, par les soins de M. Geof- froy-Saint-Hilaire, dans la ménagerie des Reptiles du muséum, où l’on entretient constamment, pour les Rep- tiles, une température de 20 à 25 degrés centigrades. Quelques-uns (huit ou dix) ont été conservés chez moi, 188 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Avril 1861.) dans une pièce sans feu, où la température n’a jamais at- teint plus de 10 à 12 degrés. J'espérais ainsi retarder un peu leur éclosion, pour attendre que les chênes fussent en végétation, mais, chose fàcheuse et très-singulière , les œufs conservés dans la ménagerie des Reptiles et ceux qui étaient chez moi sont éclos à la même époque. Il est évident que leur incubation s’est faite pendant le voyage, car je m'étais assuré, en ouvrant un de ces œufs, qu'ils contenaient déjà le jeune Ver tout formé quand ils sont arrivés à Paris, et c’est cette connaissance qui m'a en- gagé à ne pas placer dans un lieu trop froid les quelques œufs que j'avais gardés pour mes observations, car une température trop basse aurait tué ces embryons. C'est le 2 avril que j'ai vu éclore quatre des œufs qui étaient chez moi, et c’est à la même époque aussi que ceux de la ménagerie des Reptiles ont commencé à donner leurs Chenilles. Beaucoup d'espèces de végétaux ont été offertes à ces jeunes Vers, mais ils n’y ont pas touché etmou- raient de faim au bout de trois ou quatre jours. Ils ont re- fusé la laitue, la scorsonère, le chardon à foulon, l’orme, le rosier, etc., etc. Malheureusement les chênes ne mon- traient pas encore le moindre signe extérieur de végéta- tion. Cependant, à force de recherches, on est parvenu à trouver, dans les serres du muséum, un sujet de Quercus d’une espèce étrangère et rare qui avait déjà quelques bourgeons; on a offert ces feuilles naissantes aux jeunes Vers survivants, et ils les ont de suite mangées, ce qui a donné le temps d'attendre des rameaux plus avancés, qui ont été envoyés de Toulon par MM. Aguillon, Turrel et Margollé, membres de la Société impériale zoologique d’acclimatation. Grâce à cet envoi de rameaux de chênes, les Vers éclos tardivement de ces œufs japonais prospèrent jusqu’à présent. Si toutes les phases de leur vie de larves se pas- sent sans accident; s'ils parviennent à donner des co- cons, on pourra espérer l'introduction de cette espèce et SOCIÉTÉS SAVANTES. 189 tenter ensuite son acclimatation et, par suite, son éduca- tion en plein air et en grande culture. Il est possible que ce Ver japonais soit le même que celui dont les Chinois font l'éducation sur le chêne; mais il se pourrait aussi qu'il appartint à une autre espèce voi- sine. Déjà les œufs et la jeune Chenille m'ont semblé différer un peu de ceux des Bombyx Pernyi et mylitta, mais il est impossible de se prononcer à cet égard dans ce moment. Ce n’est qu'après avoir pu comparer les Vers à soie de Chine qui vivent sur le chène et ceux qui nous arrivent du Japon, étudiés sous leurs divers états jusqu’à celui de Papillon, que je pourrai savoir s’il y a là une espèce par- ticulière au Japon, ou si le Ver à soie du chêne des Chi- nois se trouve dans les deux pays. J'ai l'honneur de faire passer sous les yeux de mes ho- norables confrères des échantillons des deux espèces de Vers à soie que l’on nourrit avec les feuilles du chêne; des cocons de ces Vers et des fils et tissus fabriqués, en Chine et en France, avec ces fils. On remarquera que les cocons de ces deux espèces (Bombyx Pernyi et mylitta) sont entièrement fermés, comme ceux du Ver à soie du mürier, ce qui permet de les dévider en soie grége, tandis que les cocons naturellement ouverts, comme ceux des diverses espèces plus ou moins en voie d’acclimatation ou déjà acclimatées, telles que les Bombyx aurota, ce- cropia, hesperus, Tarquinius, arrindia et cynthia ou de l’ailante, ne peuvent encore donner qu'une matière textile cardée que l’on file comme la laine et le coton. Il y a déjà assez longtemps, j'ai montré, dans mes cours de la magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle et dans des leçons que j'ai faites au collége de France, dans la chaire de M. Duvernoy, que les chrysalides des espèces à cocon fermé offrent, à la partie antérieure, un réservoir rempli d'un liquide destiné à ramollir le cocon et à permettre au Papillon de s'ouvrir un passage. Dans les espèces à cocon naturellement ouvert, ce moyen chimique d'ouvrir le 190 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1861.) cocon étant inutile, on ne voit aucune trace du réservoir en question. Cette découverte permet de reconnaître avec certitude, et par l'examen seul des chrysalides, si elles ap- partiennent à des espèces qui filent des cocons fermés et dévidables par les procédés industriels employés jusqu'à ce jour, ou à des espèces construisant des cocons ouverts, que l’on ne peut que carder, et qu'il ne sera possible de dévider industriellement qu'après avoir cherché des pro- cédés nouveaux pour arriver à ce résultat. Du reste, toutes ces questions pourront être élucidées dans un avenir prochain, car une Société séricicole se fonde dans ce but et surtout pour propager la culture de l'ailante et de son Ver à soie, dont l’acclimatation en France est aujourd’hui un fait accompli. Celte Société se rattachera à une association que va fonder un négociant de Paris, M. André Marchand (rue des Petites-Écuries, 30). Frappé de cette question, adressée par les nombreux pro- priétaires qui font des plantations d’ailante : « Quand « nous aurons élevé bien des Vers à soie de l’ailante et « récolté bien des cocons, que ferons-nous de ce pro- « duit? qui l'achètera? où en sera le débouché? » M. Marchand s’est décidé à créer ce débouché en fondant une compagnie qui aura pour but principal 4° La culture de l’ailante et des autres végétaux pro- pres à la nourriture des Vers à soie; 2 L'éducation du Ver cynthia et des autres espèces pro- pres à donner des produits utiles ; 3 L'achat, la vente et le filage des cocons produits par ces Vers. Les fondateurs de cette associalion ont bien voulu me demander mon concours, non à titre d'administrateur ni de membre de la compagnie, mais comme directeur des éducations, et ils ont immédiatement pris des mesures pour faire planter le terrain que S. M. l'Empereur vient de me faire concéder sur la ferme impériale de Vincennes, grâce à la bienveillante initiative de l'illustre et savant SOCIÉTÉS SAVANTES. 191 maréchal Vaillant, qui n’a jamais négligé une occasion de venir généreusement en aide aux hommes dévoués aux progrès de l’agriculture. On va faire construire là un ate- lier modèle et central d’expérimentation; établissement dans lequel je ferai un enseignement théorique et pratique destiné à initier les agriculteurs aux meilleures méthodes de culture de l’ailante et d'éducation en plein air de son Ver à soie. Si le Ver à soie du chêne ou quelques autres espèces étaient introduits et acclimatés, la nouvelle Société sé- ricicole et son établissement central de la ferme impé- riale de Vincennes, véritable haras de Vers à soie, s’oc- cuperaient également de leur propagation. Au moment de mettre sous presse, et à la suite de l’exa- men attentif d’un jeune Ver sauvage du Japon, comparé à des dessins très-exacts que j'ai faits, depuis quelques années, des divers âges du Ver à soie Tussah (8. mylitta), je puis affirmer que le Ver à soie japonais forme une autre espèce du même groupe. el, si ce n’est pas le Ver chinois du chêne que l’on élève jusqu'en Mantchourie (8. Pernyi, Guér.-Mén.), ce qui n’est guère probable, il doit former une espèce nouvelle à laquelle je donnerai le nom qu'il porte au Japon. Bombyx yama-maï, Guér.-Mén. — Premier état. — Chenille, au sortir de l’œuf, jaune, rayée longitudinale- ment de noir; tête et premier segment thoracique d’un brun roussâtre, sans tache. Les deux tubercules dorsaux du troisième segment, les mêmes de l’avant-dernier et tous les tubercules latéraux inférieurs d’un noir vif; ex- trémité postérieure du dernier sesment et ses pattes mem- braneuses tachées de brun noirâtre. — Au sortir de la première mue, corps d’un vert tendre, plus pâle en des- sous, avec tous les tubercules jaunes, la tête et l'extré- mité anale brunes. — Au sortir de la seconde mue, mêmes couleurs, mais les tubercules de la ligne latérale et infé- rieure sont d’un beau bleu. 192 REV. ET MAG. DE ZOOLOG1E. (Auril 1861.) Cette chenille diffère notablement, sous ces trois livrées, de celle du Bombyx mylitta, et il est évident qu’elle ap- partient bien à une autre espèce. — Habitat : le Japon, où cette espèce est connue sous le nom de Yama-maï ou Ver à soie sauvage. III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. MONOGRAPHIE DES ÉLATÉRIDES, par M. E. CANDÈzE. — t. I, Liége. Nous avons déjà annoncé les deux premiers volumes de cet important ouvrage, que l’auteur poursuit avec une persévérance et un zèle dignes des plus grands éloges. Le troisième volume continue la série; il se compose de 512 pages et de 5 planches très-chargées de figures et de détails caractéristiques d’une exécution parfaite. G. M. TABLE DES MATIÈRES. Pages. Émile CorNaLta. — Sur la dentition de l'Herpelon tentacu- latum. 145 A. CHEVROLAT. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 147 H. DE SAUSSURE*#— Orthoptera nova americana. 156 ve SINETY. — Notes pour servir à la faune du département de Seine-et-Marne, ou liste méthodique des Ani- maux vivant à l'état sauvage qui s’y rencon- trent soit consfamment, soit périodiquement ou accidentellement. Orthoptères. 164 Napoléon Doumet. — Description de Lépidoptères nouveaux. 171 Académie des sciences. 178 Société impériale et centrale d'agriculture de France. 187 Analyses. 192 PARIS.— IMP. DE M°° V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'EPERON, 5.—1801, VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — MAI 1861. I. TRAVAUX INÉDITS. Nore sur les stations, en France, du Putorius lutreola, par M. Pucxera. Quoïque constatée, depuis environ trente ans, dans les départements de la Vienne et des Deux-Sèvres, l'existence du Putorius lutreola en France ne paraît pas encore être admise, d'une manière définitive, dans les Traités de Mam- malogie les plus récemment publiés. Ainsi M. Schinz, dans son Synopsis mammalium, réunissant, sous la dénomina- tion commune de Mustela lutreola, le type des Etats-Unis et celui du nord de l’Europe, dit seulement que cette es- pèce habite l'Amérique septentrionale et l’Europe septen- trionale jusqu'aux monts Ourals (1). M. Giebel, à son tour, ne considérant pas non plus le Putorius lutreola comme différent du Vison des États-Unis, donne au Norek, comme limites d'habitat, la chaîne de l’Oural, à l'Est, et au Sud, la Silésie et la Gallicie (2). Ce silence de deux Zoologistes étrangers sur cette ques- tion de l'extension de cette espèce dans l’ouest de l'Eu- rope ne doit pas, au reste, nous étonner, car les faits les plus intéressants des faunes locales de nos départements de France sont à peu près inconnus aux Zoologistes fran- çais eux-mêmes, sans en excepter M. Pucheran. C’est un aveu d’ignorance qui, nous devons le dire, nous coûte fort peu, d'autant plus que, depuis une dizaine d'années, nous avons fait tous nos efforts pour obtenir, de ceux de nos confrères qui séjournent en province, des détails plus (1) Systematisches verzeichnis aller bis jezt bekannten Sauge- thiere, etc., vol. 1, p. 347. (2) Die Saugethiere, p. 784. 2° sémium. +. xu. Année 1861. 13 19% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) complets que ceux dont la science est en possession sur la zone d'habitat de beaucoup de Mammifères indigènes. Le Carnassier auquel est consacrée celte note attira, l’un des premiers, notre attention, et il la méritait à tous égards, son habitat paraissant borné, jusqu'alors, en France, à deux de nos départements:de l’ouest, et n'étant pas constaté, pas plus qu'il ne l’est maintenant, en An- gleterre, en Belgique, en Hollande et dans les terres alle- mandes des bords du Rhin (1). A l’époque où cette question commença à nous occuper, nous rédigions la livraison du Catalogue de la Collection des Mammifères du Musée de Paris, relative aux Carnas- siers, et nous étions fort contrarié de n’avoir à indiquer, comme lieux deséjour du Putorius lutreola, en France, que le Poitou.et la partie de la Saintonge qui l'avoisine. Ce der- nier renseignement était dû à M. Lesson, qui, dans le Ca- talogue d’une Faune du Département de la Charente-Infé- rieure, inséré dans les Actes de la Société Linnéenne de Bor- deaux (2), nous apprend que le Putorius lutreola est assez commun dans les grands bois de Schizé et de la lisière qui sé- pare la Saintonge et le Poilou. Aussi, demandàmes-nous à deux Zoologistes, auxquels leur séjour habituel dans les Départements de la Vienne et de la Vendée pouvait permettre de nous renseigner, si le Putorius lutreola habitait ce dernier département ; nous désirions, surtout, savoir si cette espèce étend son habitat sur la rive droite de la Loire. Nous n'avons, à ce sujet, pu obtenir, par cette double voie, la plus minime indication ; un résultat plutôt négatif nous futmême donné pourlaseconde de ces questions. Nous avons, plus tard, en ce qui concerne cette dernière, élé plus favorisé par les circonstances. Ainsi, il y a quelques (4) Voyez, pour les lieux de séjour da Pulorius lutreola en Alle: magne, le dernier ouvrage de M. Blasius, Fauna der Wilbelthiere Deutschlands, etc., Erster Band, Saugethiere, p. 235. (A) T. XII, p. 8. — 1841-43. TRAVAUX INÉDITS. 195 années, un de nos préparateurs du Mnséum, M. Édmond Perrot, qui, depuis, a constamment cherché à nous donner, à ce sujet, les notions qu'il pouvait se procurer, nous montra un Putorius lutreola acheté sur le-:marché de Paris, et provenant des environs du Mans. Plus récemment (décembre 1860), un honorable propriétaire de Morée- Tréteval (département de Loir-et-Cher), M. Chartier, a envoyé à la Ménagerie du Muséum un individu de cette espèce qui, malheureusement, n’a vécu que quelques semaines. Dans sa lettre d'envoi à M. le Directeur, M. Chartier annonçait que ce Carnassier se nourrit de Grenouilles et de Poissons. Nous avons appris, plus tard, ayant reçu, de notre côté, quelques indications, que ce Putois habitait également le Département de l'Orne, dont la partie la plus méridionale donne naissance à la Mayenne et à la Sarthe, les deux rivières qui, par leur réunion, forment le Maine, un des affluents de la Loire, sur sa rive droite. La localité du Département de Loir-et-Cher, que nous avons citée plus haut, est située dans la vallée du Loir, un des cours d'eau tributaires de la Sarthe. Il ré- sulte évidemment, de tous ces faits, que le Putorius lu- treola ne séjourne pas seulement en Poitou, et qu'il étend son habitat plus au nord, près des sources des affluents de la Loire. Nous avons appris, plus tard, que cette espèce se trouve également dans des localités situées plus à l’ouest. Ainsi sa présence a élé constatée dans les environs de Nantes, et sur les deux rives de la Loire. Nous devons ce rensei- gnement à un de nos jeunes Zoologistes, M. A. de l'Ile du Dréneuf, qui s'occupe activement de l'histoire naturelle de la Bretagne, et dont les efforts et le zèle ont été récom- pensés par la découverte d'une Musaraigne, qu'il regarde comme ne différant pas spécifiquement du Sorez pyg- mæus. Cet Observateur nous a indiqué, en outre, les en- virons de Rennes comme lieux de séjour du Norek. Nous voilà, dès lors, dans un bassin tout à fait différent de 196 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mar 1861.) celui de la Loire, dans un Département dont les principaux cours d'eau se jettent dans l'Atlantique (la Vilaine) et dans la Manche (la Rance et le Couesnon). Tous ces détails nous semblent indiquer avec quel esprit de suite nous avons été, de tous côtés, depuis une dizaine d'années, à la recherche des diverses circon- stances, presque toutes fortuites, malheureusement, qui pouvaient nous fournir des documents sur,les stations dans notre Patrie du Putorius lutreola. Aussi, notre salis- faction fut-elle grande, l'an dernier, lorsqu'un de nos plus zélés adeptes de la Zoologie, M. P. Bert, après s'être in- formé auprès de nous si le Musée de Paris possédait, dans ses Galeries, le Norek de France, nous dit en avoir vu, à Auxerre, une peau, pendant l'hiver de 1857-58, entre les . mains d’un chamoiseur. Le marchand de pelleteries auprès duquel M. Bert prit des informations, pour connaître le lieu de provenance de la dépouille qu’il travaillait, lui ré- pondit qu'il l’avait achetée dans les environs de Saint- Sauveur-en-Puisaye, assurant, en outre, que ce n'était ‘ pas la première fois qu’il lui en venait de cette localité. 11 a été, malheureusement, impossible, depuis cette époque, à notre jeune confrère, quelles que soient les offres pécu- niaires qu’il ait pu faire aux amateurs de récompenses ct d’encouragements positifs, de pouvoir s'en procurer un exemplaire. Nous devons ajouter que, de notre côté, ayant eu occasion de nous informer, auprès d’un de nos Conchy- liologistes les plus distingués, M. Drouet, si le Putorius lu- treola se trouvait dans la vallée del’Aube, il nous a répondu que cette espèce était tout à fait inconnue à M. J. Ray, qui, depuis une vingtaine d'années, s'occupe, ainsi que le sa- vent tous les Zoologistes, de la Faune de ce Département. La présence du Putorius lutreola dans le bassin de la Seine ne peut donc encore être admise d'une manière dé- finitive, quelque grandes que soient les probabilités en faveur de ce fait. D’après ce que nous apprend, en effet, M. Bert, dans une lettre qu’il a bien voulu nous écrire à TRAVAUX INÉDITS. 197 ce sujet, les bois de Saint-Sauveur-en-Puisaye, lieu d'ori- gine de l'exemplaire dont il a vu la peau, occupent la ligne de faîte qui sépare le bassin de la Loire de celui de la Seine : il est, dès lors, fort possible que les individus de ce type puissent se trouver dans l’un et l’autre bassin ; malheureusement, nous n’en connaissons ni dans la vallée de l'Allier, ni dans celles du Cher et de l'Indre, qui sont, cependant, plus voisines du Poitou. Tels sont les renseignements que nous avons pu nous procurer sur le séjour, en France, du Carnassier auquel est consacrée cette note. De même que le Hus- tela putorius, avec lequel il n’est que trop souvent confondu, il fournit de nombreux échantillons au com- merce de la pelleterie; mais, quelque insuffisants que soient ces détails, il nous a paru nécessaire de les publier, afin d'attirer sur la présence de cette espèce dans l’ouest de l’Europe, non-seulement l'attention des Zoologistes de France, mais encore celle de nos Confrères de Hollande et de Belgique, qui ne paraissent pas lavoir encore ob- seryée. CONSIDÉRATIONS SUR LES OEUFS DES OISEAUX , par A. Moquin-Tanpox. Voir le commencement de ce travail, vol. XI, 1859, p. #14 et 469; vol. XII, 1860, p. 11, 57, 110, 193, 339, et vol. XIII, 1861, p. 3, 97. CuapitrE IX. — DES PORES DES OEUFS. A la surface des œufs se trouvent des empreintes fort petites, ponctiformes, le plus souyent microscopiques. Zinnani a bien décrit celles de l'œuf du Paon (1). Ces em- preintes sont ordinairement plus marquées et plus appa- rentes, plus grandes et plus écartées dans les œufs des grands Oiseaux (Buhle) ; mais il y a beaucoup d’excep- tions à cette règle, ainsi qu'on le verra plus loin. (1) Gentilmente traforato sulla superfizie. Delle Uova, p. 26. , 1498 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Mai 1861.) On les aperçoit très-nettement sur ceux dont la coque est très-épaisse (Pintade); on les compte encore assez bien dans ceux du Plongeon Imbrin, malgré la couleur très- foncée de la coquille. Chez les Canards, on les observe difficilement; chez l'Eider, surtout, elles sont d’une exiguïlé extrème (2). Sur les œufs les plus brillants des Tinamous, on dis- tingue parfaitement les pores; malgré l'éclat métallique qui caractérise la coquille, on les aperçoit à l'œil nu. Zinnani et Klein ont singulièrement exagéré les ponc- tuations de Ja coque dans plusieurs de leurs figures (3). La disposition de ces empreintes est. irrégulière; les unes sont écartées, les autres rapprochées; il y en a qui se touchent. La matière colorante s'y accumule quelquefois; par exemple, dans les œufs de la Pintade. Je l’ai déjà fait re- marquer. Les empreintes paraissent très-visibles dans les œufs du Nandou, soit parce qu’elles sont un peu colorées, soit parce que la poussière s’y dépose au bout de quelque temps. L’Autruche produit aussi des œufs pourvus de petits pores ; mais il faut distinguer, dans ces œufs, deux races, ceux à ponctuations très-apparentes et ceux à coque lisse. Les derniers sont ponctués comme les autres, mais leurs pores sont tellement exigus, qu’il faut une loupe pour les voir. On prétend que les premiers œufs appartiennent aux Autruches du cap et les seconds aux Autruches algé- riennes (Bakhouse ; mais j'ai vu des échantillons ponctués et non ponctués envoyés de nos possessions d'Afrique. (2) M. Dumas a fait remarquer, il y a longtemps (1827), que la coque de l'œuf du Canard domestique est moins poreuse que celle de la Poule. (3) Voyez surtout, dans Delle Uova, les fig. 1, 2, 3, 4, 6, 73, 85 et 89, et, dans Ova Avium, les pl. 1, 6, fig. 1; pl. 7, fig. 1, 2. TRAVAUX INÉDITS. 199 Un marchand m'a assuré, {outefois, que les seconds étaient les plus nombreux. Sur une surface de 0",036 carrés il y a, dans les œufs De l'Autruche. . . . . de8à 10 pores. Du Nandou environ. . 290046 Du Tinamou roussâtre. . . . . 18 Della Grue. some ue taf94lol 4nla 30 Du Héron cendré. . .: . . . . 35 Deda Pintadesv-ouimus) al.2b201e0188 PDellmCailléisses eue) 14h 00045 Du Paon. . . à esibienLosx50) Le nombre des pores n’est donc pas en rapport direct avec le volume de l'œuf, car celui du Nandou en offre moins que celui du Paon. D'un autre côté, il n’est pas en rapport inverse avec ce volume, car l'œuf de la Pintade n'en présente pas plus que celui de ce dernier Oiseau. Il m'a semblé que, en général, les œufs à coque épaisse sont plus poreux que ceux à coque mince. Les pores sont moins nombreux aux extrémités de la coque que sur les côtés ; cela paraît assez évident sur les œufs du Nandou et de la Grue. Je crois qu'il s'en trouve un peu moins au gros bout qu'au petit bout; mais je n'ai pas observé un assez grand nombre d'échantillons pour être bien sûr de cette diffé- rence. Dans le Tinamou dont je viens de parler, et dans plu- sieurs autres Oiseaux, les pores sont arrondis ou à peu près arrondis. Dans un grand nombre. d'espèces, ils pa- raissent plus ou moins anguleux. Ceux du Nandou forment de petites taches allongées, dirigées dans le sens du grand axe de l'œuf, On dirait que, dans certains endroits, les pores sont rapprochés et unis par deux, même par trois. Cette apparence est due, je crois, à la compression éprouvée par: l'œuf, dans le sens de son petit diamètre, au moment de la formation de Ja coquille. 200 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mar 1861.) Dans les œufs de la Grue, il existe aussi des pores al- longés. Dans ceux des grandes espèces de Mouettes, les pores sont allongés, tantôt droits, tantôt arqués. Chez la Cigogn», ils sont extrêmement petits, très-nom- breux, très-serrés, et produisent, quand on les examine à la loupe, le plus joli effet. On a émis l'opinion que les pores de la coque sont les empreintes restées de la terminaison des vaisseaux que contenait cette dernière. Cette assertion, tout à fait en désaccord avec les idées généralement reçues sur l’organo- génie de la coquille, a été rejetée avec raison. J'expli- querai.la formation des pores en traitant dela constitu- tion physique de la coque. Les pores des œufs sont nécessaires à l’incubation; s'ils n’existaient pas, le développement de l'embryon ne pour rait pas avoir lieu. Si on enduit un œuf d’un vernis ou d’un corps gras, on obstrue les pores de sa coque et on met obstacle à son incubation (Réaumur). Le germe se développe pendant quelques jours; mais il succombe dès qu’il'aconsommé la petite quantité d'air mêlée avec ses aliments (Dareste). Cependant, chez les Grébes, l'enduit graisseux qui se dé- pose pendant l'incubation n’est pas un obstacle à l’accom- plissement de cette dernière. MM. Baudrimont et Martin-Saint-Ange ont constaté que, toutes les fois que l’on vernit un œuf par moitié, si la partie vernie est placée par-dessus, les Poulets meurent ; mais, quand elle est mise en dessous, ils continuent à se développer. D’après M. Dareste, lorsqu'on vernit le gros bout seule- ment, le Poulet meurt, à moins que l’allantoïde aille s'ap- pliquer sur un autre endroit de la coquille. CHAPITRE X. DE L'ÉPAISSEUR DE LA COQUE. L'épaisseur de la coque se trouve, assez ordinairement, en rapport avec la grosseur de l’œuf. Pourtant il y a des TRAVAUX INÉDITS. 201 genres qui donnent des œufs à coquille très-épaisse, tandis que, chez d'autres, cette tunique paraît toujours mince. Parmi les premiers, il faut compter les Gallinacés, les Oies, les Fous, les Guillemots, les Pingouins, et, parmi les se- conds, les Corbeauæ, les Pigeons, les Bécasses, les Barges, les Mouettes.…… Tout le monde sait que l'œuf de la Pin- tade présente une coque plus épaisse que celui de la Poule. Voici l'épaisseur de quelques coques : Epiornis. 3,00 (1) Autruche. gUL 2 ,00 (2) Casoar ordinaire, environ. . 1 ,00 Pintade. . . 0 ,75 Paon. 0 ,50 Aülour 128, 22,991 0 ,35 Poule. 0 ,33 Héron cendré. . 0 ,25 Ganga. 0 ,25 Castagneux. 0 ,25 Tourterelle. . 0 ,20 Pic'verti Li. 41390 AE 0 ,18 Fauvette. . 0 ,16 Grimpereau. ue 0 ,14 Mroÿlodyteils 5,041 0, 0 ,12 Roitelet. . . . 0 ,10 L'épaisseur de la coque est-elle partout la même? L'ob- servation a démontré qu'il y a un peu plus d'épaisseur aux deux extrémités, et que, dans les œufs pourvus d’un gros et d’un petit bout, c'est généralement cé dernier qui est le plus épais (1). L'état domestique paraît influer sur l'épaisseur de la (1) D'après M. I. Geoffroy-Saint-Hilaire. (2; L'épaisseur de cet œuf permet de le ciseler : on en compose aujourd'hui des vases et des coupes très-ornés. (1) 1lla extremilas est durior, Albert Magn,, Opera, L. VI, p 189. 902 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE: (Mai 1861.) coque; celle-ci augmente au bout d’un certain temps, bien entendu , quand le nombre des pontes ou des œufs produits:n’est pas très-considérable (Paon, Pintade). Au contraire, la coque s'amincit chez les Oiseaux qui donnent un grand nombre d'œufs, surtout accidentel- lement. J'ai cité ailleurs, d’après M®° Guérin-Méneville, un Moineau femelle élevé en domesticité qui avait produit, en 1857, dans la saison de la ponte, jusqu'à cinquante- trois œufs clairs. Cette fécondité avait épuisé les éléments calcaires de l'Oiseau. Plusieurs de ses œufs offrirent une coque très-mince et très-imparfaite. M. Guérin-Méneville étant un jour à déjeuner, la petite pondeuse se précipita sur les débris d'un œuf à la coque que son maître venait de manger et en avala des parcelles avec avidité. On lui donna, dès lors, une provision de matière calcaire, et ses œufs ne furent plus incomplets. Lorsque deux œufs se soudent et se confondent, la coque unique qui les protége est plus mince que la coque nor- male, les éléments qui devaient servir à un œuf unique élant employés à en recouvrir deux. J'ai un œuf de Poule double, dans ma collection, dont l'enveloppe ne présente que 20/100 de millimètre d'épaisseur au lieu, de 33. Toutefois le poids de cette coque est plus grand que celui de la coque habituelle. 11 y a donc eu une plus grande quantité d'élément calcaire de sécrétée. Je possède deux autres œufs doubles, aussi de Poule, qui ont exactement l'épaisseur de l'œuf normal. Lorsque les œufs deviennent nains, très-souvent la coque augmente d'épaisseur. J'ai va des œufs de Poule, réduits au volume de ceux des Pigeons, qui avaient 35, 38, 40 et même 45/100 de millimètre d'épaisseur. J'en ai un de la taille d’un œuf de Grive qui offre 0",0005. J'en possède un autre, pas plus gros qu'un œuf d’Alouette, qui a plus de 4/5 de millimètre. M. Thienemann fait observer que les œufs à coque TRAVAUX INÉDITS. 203 épaisse sont généralement unicolores ou blancs, tandis que ceux à coque mince se montrent plus ou moins ta- chetés (2); il pense que les œufs qui marchent lentement dans l’oviducte offrent une coque plus solide que les au- tres, et que ceux, au contraire, qui traversent rapidement cet organe doivent être revêtus d’une enveloppe moins chargée d'éléments calcaires. M. Marcel de Serres, de Montpellier, m'a montré, dans le temps, un œuf monstrueux retiré du corps d’une Poule, dont une maladie avait entravé la ponte. La coque de cet œuf a acquis une épaisseur de trois à quatre milli- mètres. Cette coque semble formée de plusieurs coques superposées. Je reviendrai sur la structure {rès-curieuse de cet œuf. Il est un moment, dans la formation de l’œuf, où la coque n’est pas encore produite. Si, par une cause acci- dentelle, la sécrétion de la matière calcaire se trouve en- rayée, il pourra naître un œuf sans coque. Si, lorsque la coque est commencée, ou lorsqu'elle est à moilié produite, une circonstance quelconque la fend ou la perce, le dépôt subséquent de l'élément calcaire pourra réparer le dégât. Je possède un œuf de Poule qui a été cassé dans l’ovi- ducte; on y remarque une grande fente transversale. Cette fente a été soudée. J'ai un autre œuf, également de Poule, qui présente un phénomène encore plus remarquable. Sur un côté se voit un trou de 0,006 environ de diamètre, presque rondetun peu irrégulier. Des bords de ce trou partent deux petites fentes. Une certaine quantité de matière calcaire a fermé cet orifice et rempli les fentes. On dirait qu'on a placé adroitement dans l'ouverture une pièce rapportée; mais celle pièce est un peu enfoncée; sa surface extérieure se trouve à 0,00025 environ au-dessous du niveau extérieur (1) Les œufs de la Pintade sont très-épais et tachetés. 20% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mai 1861.) de la coquille. Je dois cet œuf, ainsi que le précédent, à la bonté de M"° Passy. Caapirre XI. DE LA TRANSPARENCE DE LA COQUE. La coque de certains œufs est un peu transparente. On peut, en les plaçant devant le soleil ou devant une bougie, apercevoir la position du jaune ou de l'embryon, et s'assurer si l'œuf est ou n’est pas couvé; s’il a été frai- chement pondu ou s’il est un peu ancien. Les œufs de la Poule et la plupart des œufs d’une taille peu différente et d’une coque également épaisse présen- tent cette transparence. Mais il n’en est plus de même dans ceux des gros Oi- seaux. Déjà les œufs du Paon sont à peu près opaques: ceux des Cygnes, des Casoars, des Autruches ne laissent plus rien distinguer à travers leur enveloppe. Au contraire, chez les petits Oiseaux, la transparence devient de plus en plus grande. Dans les très-petites es- pèces, elle permet, habituellement , de reconnaître, jus- qu’à un certain point, l’état des parties intérieures, sans qu'on ait besoin de placer l’œuf devant un rayon lumi- neux. Elle influe souvent sur la coloration de la coquille. Les œufs des Sylvies et des Mésanges récemment pondus of- frent une teinte jaunâtre ou rosée produite par leur vitellus, dont l'éclat arrive jusqu’à l’œil à travers les corps qui le recouvrent. Aussi, quand ces œufs sont vidés pour les collections, présentent-ils souvent une teinte pâle, moins jaunâtre ou plus blanche qu'avant cette opération. Beaucoup d'œufs à coque mince et blanche, qui ont, au moment de la ponte, une teinte incarnadine assez bril- lante (4), perdent peu à peu cette nuance au fur et à me- sure que l’incubation s’effectuc et que l'embryon grossit. L'œuf devient de plus en plus terne; quelquefois même li (1) Polydore Roux (Ornith. provenç., 1.1, pl. 1, fig. 9) a exagéré cette teinte dans l'œuf du Parus pendulinus. Il a représenté cet œuf comme rose, TRAVAUX INÉDITS. 205 adopte une couleur un peu différente de celle qu’il avait dans le principe. M. Buble fait observer que les œufs des Culs-Blanes, qui sont d'un verdâtre très-pâle quand ils sont frais, et ceux de l'Etourneau, qui sont alors d’un azuré très-clair, de- viennent, par l'effet de l’incubation, les premiers d’un verdàtre bleu, et les seconds d’un bleutre vert. Cette influence de l’incubation sur la couleur des co- ques a été constatée par un grand nombre d'ornitholo- gistes. On a été plus loin ; on a cru que, pendant cet acte im- portant, non-seulement les teintes générales deyenaient plus ou moins ternes et changeaient de caractère, mais encore que les taches augmentaient d'intensité ou de di- mension. Manesse, Lapierre et, après eux, MM. Buhle et Berge ont soutenu cette opinion, qui a été repoussée et réfutée victorieusement par M. des Murs, Comme presque toujours, on a cherché à expliquer le fait avant que sa réalité fût constatée. Manesse et Lapierre ont attribué ce prétendu phénomène à l’action immédiate de la chaleur ou de la lumière. Si ces auteurs avaient examiné les choses de plus près, ils auraient vu que les taches des œufs couvés ne sont ni plus foncées ni plus grandes que celles des œufs fraichement pondus; seulement, dans cer- laines circonstances, comme le fait très-bien observer M. des Murs, elles peuvent paraître plus saillantes, c’est- à-dire se mieux détacher du fond; mais, d’autres fois, il se produit un résultat exactement contraire. Description de Coléoptères nouveaux d'Algérie, par A. CREYROLAT (1). 89. Acalles fuscus. A. variegato consimilis, biglobosus, punctatus cinereo-fuscus, setis fulvis et erectis tectus; rostro piceo creberrime (1) Voir la Rev. el Mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304, 380 à 389 ; 1860, p. 75 à 82, 128 à 137, 208 à 212, 269, 302, 409, 448, 509; 1861, p. 118. 906 REV. ET MAG: DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) puuctato, plano, thoracim basin attingente; antennis ferrugineis ; prothorace antice posticeque recto, lateribus rotundato,! grosse punctato; elytris striato-punctatis, fasciis duabus undulatis al- bidis; pedibus fusco-piceis, crebre fortiterque punctatis.—L., 3 1/3; 1.,12%3m. Bisphérique, d’un cendré fauve, couvert de courtes soies roides, ferrugineuses. Téte arrondie, convexe. Trompe atteignant la base du corselet en dessous, plane, légère- ment arquée, chargée d’une ponctuation très-serrée. An- tennes ferrugineuses. Prothorux un peu rétréci en avant, droit, couvert de gros points réguliers, également espacés, assez profonds aux extrémités. Elytres ornées de deux bandes blanchâtres flexueuses, et dont la première, partant de la marge au-dessous de l'épaule, remonte vers la ré- gion de l’écusson, la deuxième au delà du milieu. Stries profondes, renfermant de gros points qui les dépassent de chaque côté; interstices larges, assez Convexes. Pattes épaisses, écailleuses et ponctuées. Des environs d'Alger ; reçu de M. G. Poupillier, de ses chasses faites au mois de février. 90. Xylotrogus glycyrrhisæ,X.brunneo, Step. (impresso, Com), si- milis, elongatus, brunneus, punctulatus, leniter pubescens, subni- tidus; capite postice in collo attenuato, antice transverse couvexo et profunde impresso; labro arcuato, truncato; antennis fuscis, oculis globosis ; prothorace subquadrato, in lateribus (versus me- dium emarginato) posticeque reflexo, antice ampliato, planius- culo, attamen versus dorsum convexo, fovea lata brevi impresso ; élytris punctulato-striatis, singulatim tricostatis. — L., 3, 4; 1., 1, 1 1/2 m. Pointillé, légèrement pubescent, un peu brillant, al- longé, ailé, de couleur brune, plus foncée sur la tête et le prothorax. Tête large, transverse, fortement impression- née en avant, atténuée en col. étroit en arrière. Labre large, à peine cintré. Antennes d’un brun terne. Yeux plo- buleux d'un brun clair. Prothorax en carré long, coupé droit en avant, vu en dessus, à angles abaissés, élargis antérieurement, les côtés échancrés au milieu sont rele- vés ainsi que la base; celle-ci est faiblement arquée en TRAVAUX INÉDITS. 207 dehors; sa surface est plane, convexe vers la région dor- sale postérieure ; une large fossette médiane en carré long existe vers le centre, et quelquefois apparaît, en dessous, un étroit et bref sillon. Ecusson ponctiforme noirâtre. Elytres d'un brun clair, parallèles, régulièrement arron- dies au sommet, offrant une élévation qui part de l'é- paule et est plus élevée près de la suture, l'espace entre elle et la base est déprimé; cette dernière, au milieu, est cintrée, et relevée, ainsi que la marge, au-dessous de l'épaule ; ellés sont marquées de séries de points rappro- chés, très-petits, et les deux ou trois côtes, dont l’externe est peu distincte, en sont bordées de chaque côté. Pattes et corps, en dessous, un peu plus rougeûtres. Cet insecte vit dans les tiges desséchées de la glycyr- rhiza glabra, Lin. Je l'ai élevé pendant plusieurs années en abondance, à Paris, en déposant de ce bois dans, des bocaux. M. 3. Poupiliier me l’a envoyé commese trouvant également aux environs d'Alger. Sa larve est blanche, courte, cylindrique et arquée. 91. Harpalus alacris (Laf.), planiusculus, niger, nitidus; anténna- rum articulo primo palpis, tarsisque ferrugineis ; prothorace sub- quadrato, marginibus anguste sulcato et reflexo, foyeis duabus latis intus crebre punctatis ; elytris viridibus, simpliciter striatis, interstitiis vix conspicue et vage punCtatis. — L., 9 1/2; 1., 4 m. Œ d'un noir brillant. Téte allongée, lisse, marquée d’un faible sillon entre les yeux, sur chaque côté duquel se voit une légère fossette, quelques petits points en avant. Lêvre carrée, munie d'une petite dent sur le devant. Palpes fer- rugineux. Antennes d’un brun terne, premier article fer- rügineux. Prothoraz presque carré, néanmoins un peu élargi et arrondi près des côtés antérieurs, sillonné et faiblement relevé sur les bords; ligne longitudinale étroite, sillon arqué, antérieur peu indiqué; deux fossettes ba- sales larges chargées de points serrés ot de quelques rides, points vagues au milieu de la base et en avant. Ecusson noir, subtriangolaire, arrondi par le bas. Elytres d'un beau vert foncé brillant, à peine plus larges que le 208 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) prothorax, deux fois et demie aussi longues, parallèles; si- nueuses à l’extrémité et roussâtres sur la bordure, ayant chacune onze stries simples qui se rapprochent sur le som- met, lascutellaire courte; intestirces avec quelques points à peine perceptibles, situés sur le centre. Corps et paltes d’unenoirluisant. Poitrine et abdomen sur le premier seg- ment, couverts de gros points. Tarses roux. On trouve cet insecte au printemps, aux environs d’Al- ger. Je lai reçu de M. G. Poupillier. 11 devra avoisiner l'A. siculus, dont il ne diffère réelle- ment que par sa surface un peu plus plane, et en ce qu'il a les épipleures et les cuisses noirs. N’en serait-ce qu'une variété ? 92. Ochthebius submersus, alatus, elongatus, modice convexus, ob- scuro-metallicus, niger; capite transyersim et angulose sulcato, tuberculo frontali cupreo extus excavato; prothorace cupreo ni- tente ad latera canaliculato, linea longitudinali tenui; elytris oblongis, obscure æreis aliquando subviolaceis, seriatim séd obso- lete punctatis, stria suturali impressa; pedibus gracilibus æneo- nitidis, tibiis (arsisque subpiccis. — L., 2; L., 5/6 m. Ailé, allongé, d’un noir bronzé obscur. Téte longue, amincie en avant, traversée dans son milieu par un sillon anguleux en arrière ; front offrant un tubercule cuivreux avec une impression triangulaire de chaque côté, Protho- rax d'un cuivreux doré, présentant une large rainure la- térale, qui est étroitement relevée sur son bord interne ; les côtés sont arrondis, abaissés et à peine relevés, la base est finement sillonnée; ligne dorsale peu profonde, n’at- teignant pas le sommet. ÆElytres oblongues, d’un noir bronzé luisant, quelquefois presque violacées ; épaule relevée en bosse lisse et cuivreuse; des séries de points mal déterminés et effacés, un léger sillon le long de la su- ture. Corps, en dessous, d’un noir terne, à pulvérulence cendrée. Pattes grêles, d’un cuivreux luisant ; jambes et tarses vus, à la transparence, de couleur de poix. Cette espèce, qui habite les environs d'Alger, a été TRAVAUX INÉDITS. 209 prise, par M. Poupillier dans des flaques d’eau saumâtre, sur des rochers que recouvre souvent la mer. Norss pour servir à la faune du département de Seine-ct Marne, ou liste méthodique des animaux vivant à l’état sauvage qui se rencontrent, soit constamment, soit pé- riodiquement ou accidentellement, dans ce départe- ment, par M. le comte pe Siery, membre de la Société zoologique d’acclimatation, membre correspondant de la Sociélé académique de l’Aube. 3 INSECTES. Ordre des ORTHOPTÈRES. Famille des MaNTiDEs. Genre Mante. 9. Mante religieuse (Mantis religiosa, Lin.). — La fe- melle de cet insecte fort extraordinaire atteint jusqu’à 2 pouces de long; le mâle ne mesure que { pouce 1/2. Par son aspect tout méridional, la Mante ne peut être confondue avec aucun autre Orthoptère de nos climats. Elle est aussi commune dans le midi de la France, qui en nourrit plusieurs espèces, qu'elle est rare chez nous. Il y a deux variétés de la Mante religieuse : l’une verte, l’autre brune. Toutes deux paraissent se rencontrer dans les en- virons de Fontainebleau, seule partie du département où j'ai pu me procurer cet Animal. Le 30 juillet 1859, on m'en a apporté une femelle en larve; elle avait été prise sur un blé. Notre jardinier, à Bourron, m'assura en avoir pris une pareille, une couple d'années auparavant, dans la cour du château : elle était sur un rosier. Au commen- cement d'octobre 1859, on m'apporta une autre femelle à l'état parfait; elle était de la variété verte, commela larve dont j'ai parlé plus haut, et avait été prise, au milieu de mauvais bois, près de la butte Blanche. On m'a assuré en avoir vu un ou deux individus de la variété brune dans la partie de la forêt appelée les longs rochers. En- fin, le 17 septembre 1855, en chassant, dans le départe- 2° séue. r,. xu. Année 1861, 14 210 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) ment du Loiret, à la Mivoie, près de Nogent-sur-Vernis- son, à 4 lieues au sud de Montargis, j'en avais moi- même pris un individu mâle de la variété brune, arrivé à son état parfait ; il était dans une glandée, près d’un étang et dans un pays fort humide. Ainsi cette Mante est donc parfaitement acquise à notre zone jusqu’à la forêt de Fon- ‘ tainebleau, qui semble faire de notre côté la limite bo- réale. M. Jules Ray, l'auteur de la faune de l’Aube et l’un de mes collègues à la Société académique de ce départe- ment, m'a affirmé que la Mante religieuse se trouve dans les environs de Troyes, où elle était tout à fait inconnue il y a une quinzaine d'années, tandis qu'en Provence les habitants appellent la Mante Prega-Diou (Prie-Dieu), à cause des mouvements qu’elle exécute avec ses pattes. Nos paysans en ont peur et n'osent pas y toucher. Les Mantes cependant, malsré leurs appétits carnassiers, puisqu'elles ne vivent que d’Insectes vivants, sont parfaitement inof- fensives pour l’homme. Seconde section. — Les SAUTEURS. Famille des GRILLONIENS. Genre Courtilière. 10. Courtilière commune {Gryllotalpa vulgaris). — Vé- ritable fléau pour les jardiniers, la Courtilière est connue de tout le monde; elle aime les terrains très-légers, où elle peut fouiller à son aise et racer ses petites galeries, semblables à celles de la Taupe. Les sols plus compactes sont à l'abri de ses ravages. Ainsi nous n’en voyons jamais à Misy, même dans les couches, tandis que les environs de Fontainebleau en sont infestés. On essaye de plusieurs moyens pour les détruire; celui qui m'a paru réussir le mieux consiste à répandre quelques gouttes d'huile à l’en- trée de la galerie habitée par la Courtilière, puis à verser par-dessus un peu d’eau; l’eau chasse l'huile dans la ga- lerie, et aussitôt l'Insecte paraît à l'orifice de son terrier : l'huile, en effet, en pénétrant dans l'appareil respira- toire de la Courtilière, l’étouffe en peu de temps, et c'est TRAVAUX INÉDITS. 211 pour trouver de l'air que, bravant tous les dangers, elle vient se faire tuer à l'entrée de sa demeure. J'en ai vu, par ce moyen, détruire quelquefois un cent en une demi-heure. Le sulfate de fer, que l’on avâit donné comme détruisant ou éloignant la Courtilière, n'a nullement réussi dans les expériences que nous en avons faites. Genre Myrmecophile. 11. Myrmecophile sociale ( Myrmecophila acervorum, Lätr.). — Cet Animal, long de 2 lignes et d’un brun fer- rugineux, n'a ni ailes ni élytres et ressemble, dit-on, pour là forme, à ane larve de Blattaire ; on le trouve dans les fourmilières de France et d'Allemagne, assure M. Audinet- Sérville, qui rapporte que le professeur Audouin l’a prise à Meudon en 1836. 11 est certain que la Myrmecophile doit se rencontrer dans la forêt de Fontainebleau, où les fourmilières abondent, mais elle n'est certainement pas commune, Car je ne lai jamais trouvée, quoique j'aie suivi les hommes qui fournissent les œufs de Fourmis pour les Faisans du parquet. Genre Grillon. 12. Grillon champêtre, Gryllus campestris (Latr.). Connu de tous nos paysans sous le nom de Cricri, que lui a valu son chant, ce Grillon est très-commun partout, dans les champs, les gazons, où il fait entendre sa voix pendant la belle saison; l'hiver, il rentre dans les mai- sons, et s'établit quelquefois derrière les plaques de che- minées. Dans les champs, il se creuse un petit trou, dans lequel il se retire au moindre bruit; on l’en fait, du reëte, sortir assez facilement, en y introduisant une paille ou une herbe. Cet insecte s’apprivoise facilement. Pour faire entendre sa stridulation, il lui suffit de frotter l’une contre V'autre ses élytres, qu’il soulève légèrement. 13. Grillon domestique, Gryllus domesticus (Latr.). Au lieu d'être d'un beau noir luisant, comme son congénère des champs, celui-ci est d'un jaune sale. Il n'habite que 212 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) dans nos maisons, principalement près des fours des bou- langers, chez lesquels il se trouve en grande quantité. Genre Nemobie. 14. Nemobie forestier, Nemobius silvestris (Aud.-Serv.). Au lieu devivre isolées, les Nemobies se trouvent toujours en bandes assez nombreuses: on les voit sauter dans les feuilles mortes de tous nos bois, où elles sont également communes en larves au printemps, et à l’état parfait à la fin de l'été. Au premier aspect, les Nemobies sont de petits Grillons ressemblant beaucoup, pour la couleur, au Gryllus campestris, dont elles se distinguent facilement par le petit losange formé de lignes jaunâtres qu’elles portent sur le front, tandis que toute la tête, comme les beaux yeux du Gryllus campestris, sont tout noirs. Famille des Locusraimes. Genre Phanéroptère. 15. Phanéroptère en faux, Phaneroptera falcata (Aud.- Serv.). Ce joli insecte, d’un beau vert d'herbe, a un port particulier avec une tête mince, un corps svelte; ses ailes dépassent ses élytres de 3 lignes: elles sont blanches, trans- parentes dans la partie recouverte par les élytres, opaques et de la même couleur que ces élytres dans la partie laissée à découvert, de sorte qu’elles se confondent avec elles. J'ai trouvé les Phanéroptères en grande quantité dans toutes nos vignes, à Misy, au milieu d'août 1859, et j'ai pu constater que ces élégants Orthoptères ne volent ja- mais loin, même lorsqu'ils sont favorisés par le vent. L'apparition des Phanéroptères n’a pas lieu pendant longtemps ; comme on n’en voit pas chez nous tous les ans, on est porté à croire qu'ils ne se multiplient que dans les années les plus chaudes, ce qui paraît d'autant plus probable que, comme les Mantes, les Phanéroptères vi- vent dans le midi de l'Europe et dans les pays chauds. Genre Ephippigère. 16. Ephippigère des vignes, Ephippiger vitium (Aud.- Serv.). Il est impossible à confondre avec d’autres insectes TRAVAUX INÉDITS. 213 du même ordre, à cause des élytres avortées qui soulè- vent son prothorax, et laissent tout son abdomen à dé- couvert. Nous ne trouvons jamais les Ephippigères dans nos vignes, comme cela a lieu à Orléans ou à Troyes; c'est dans quelques parties des bords de la forêt de Fon- tainebleau qu'ils se sont établis chez nous, et notamment au bas de la montagne de Bourron, sur les bords mêmes de la route de Nemours, où ils grimpent dans les petits buissons. Les Ephippigères des vignes s'élèvent quelque- fois assez haut dans les montagnes; nous les avons trou- vés, en Auvergne, à 1,800 pieds au-dessus du niveau de la mer, sautant dans les bruyères, au milieu des bois. Genre Barbitiste. 47. Barbitiste très-ponctué, Barbitistes punctatissima (Aud.-Serv.). Très-rare, je n’en ai jamais pris qu'une fe- melle le 1% octobre 1859, en compagnie des Ephippigères, dans les bois de Bourron, le long dela grande route de Ne- mours; il était par terre. Le docteur Rambur dit qu'il se tient de préférence sur les arbres. Genre Dectique. 18. Dectique verrucivore, Decticus verrucivorus (Aud.- Serv.). Ressemble, au premier abord, à la Locusta viri- dissima, mais ils’en distingue très-facilement par ses ailes, qui ne dépassent que très-peu son abdomen, par ses cuisses et sa tête, infiniment plus grosses que dans la Z. viridissima, puis par l’oviscapte de sa femelle, qui se re- lève légèrement vers le bout, tandis qu’il est un peu re- courbé en dessous. Dans la femelle de la Sauterelle verte, le chant, dit de Géer, est produit par le frottement des élytres, comme dans les Grillons. Ce Dectique ‘est très- commun dans toutes les prairies des bords du Loing, de la Seine, partout enfin où il y a de l'humidité, mais ne vit point sur les gazons secs. Geoffroy l'appelle la Sauterelle à sabre. 19. Dectique gris, Decticus griseus (Aud.-Serv.). Cette espèce est excessivement commune; sur les gazons, les 914 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) terres sèches, comme dans les prairies, on la voit sauter partout. Beaucoup plus petit que le verrucivore, le Dec- tique gris ne mesure que 8 à 10 lignes, tandis que l'es- pèce précédente, le mâle 1 pouce, la femelle 15 lignes de longueur. Le 6 août 1859, j'ai pris une belle variété du Dectique gris : son dos était brunâtre; côtés et dessous de l’abdo- men d’un joli vert d'herbe; face vert pâle, dessus et côtés du prothorax verts comme le reste du corps; pattesvertes ; oviscapte long de 4 lignes, large à base de près d'une ligne, aplati, relevé en sabre, comme dans les Dectiques gris ordinaires, mais jaune pâle ou verdâtre, avec une ligne brune qui occupait toute la pointe. Cette variété pa- rait être rare, puisque nous ne l’ayons jamais retrouvée. 20. Dectique marqueté, Decticus tessellatus (Aud.-Serw.). Un peu plus petit que le précédent; il est assez commun en août, sur les gazons secs, dans les chemins des vignes, dans les champs arides. 21. Dectique brevipenne, Decticus brevipennis ([Aud.- Serv.). On le prend dans les prés humides du bord de la Seine; nous ajouterons à la description de Rambur que la femelle a, au-dessus de chaque æil, une raie noire par- tant de l'antenne pour rejoindre le prothorax; sur le des- sus et au milieu de la tête, une raie d’un brun clair tranche sur la couleur plus foncée de deux autres raies brunes qui J'accompagnent de chaque côté du corps, depuis la pre- mière jusqu'à la dernière paire de pattes, une sorte de raie jeune pâle, comme les marges du prothorax; elle est for- mée de taches marquées sur chaque anneau du corps de l'insecte, et accompagnée, en haut et en bas, d’une raie noire formée de même. Ce Dectique est encore une espèce rare dans nos contrées. Genre Ptérolèpe. 22. Ptérolèpe aptère, Pterolepis aptera (Rambur). Se montre tous les ans, quoiqu'en petit nombre; le mois d’août est l’époque de l’année où l'on a chance de le ren- TRAVAUX INÉDITS. 215 contrer sur les feuilles des arbres, dans les parcs ou dans les massifs. Voir, pour la description, l'histoire des Or- thoptères, par Audinel-Serville, page 494, et ajouter pour le mâle : dessus du corps, de la tête à l'extrémité de l'ab- domen, une large raie brun clair au milieu, brun foncé de chaque côté, à partir du prothorax; côtés rabattus des élytres, à partir des raies foncées, d’un beau vert feuille piqueté de fines taches brunes, comme tous les côtés du corps et des cuisses, qui ont, en outre, la bande longitu- dinale dont parle Audinet-Serville; sur le prothorax, la raie brune supérieure, au lieu d’être bordée de brun plus foncé, l’est de chaque côté par une ligne jaunâtre clair bien visible, qui aboutit aux yeux; les pattes, à partir des cuisses, sont toutes d'un brun corné, comme les antennes; ces dernières coupées, de distance en distance, par des anneaux plus clairs qui les rendent fort élégantes. Genre Mécoméne. 23. Mécomène varié, Mecomena varia (Aud.-Serv.). C’est encore une espèce peu commune, et tout au plus si, chaque année, on prend quelques couples de ce charmant insecte, que l’on rencontre sur les gazons, les arbustes des massifs, et même dans les habitations, où il entre quel- quefois. Je ne l'ai jamais. trouvé sur l’orme, quoiqu'en ait dit de Géer. t Genre Xiphidion. 2%. Xiphidion brun, Xiphidion fuscum (Aud.-Serv.). Ses longues antennes, sa couleur verte avec une raie brun foncé, et la finesse de sa taille, en font l'une de nos plus jolies Sauterelles. On le voit en grand nombre dans les prairies humides, qu'il habite exclusivement. Genre Conocéphale. 25, Conocéphale mandibulaire, Conocephalus tubercu- latus (Rossi). Audinet-Serville, qui le donne sous le nom de Conocephalus mandibularis, dit qu'il ne connait pas le mâle. Nous avons pris des quantités de Conocéphales dans toutes les prairies humides des bords de la Seine, à Bal- 216 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Ma 1861.) loy, et du Loing, à Gray. Les mâles sont beaucoup plus rares que les femelles, auxquelles ils ressemblent parfaite- ment, sauf qu'ils mesurent 2 lignes de moins. Cette espèce, qu'Audinet-Serville indique comme venant de Grenoble, d'Italie, de Portugal et de Hongrie, est très-commune dans notre département dès la fin de juillet : tout nous porte à croire que nous ne sommes pas à son extrême li- mite septentrionale, et qu'on doit la trouver au nord de Paris. Genre Sauterelle. 26. Sauterelle verte, Locusta viridissima (Fabr.). La Sauterelle à coutelas, de Geoffroy, c’est celle que nos pay- sans appellent à tort la Cigale; elle atteint jusqu’à 2 pouces de long, ce qui en fait la plus grande des Sauterelles de nos contrées; aussi sa taille et sa belle couleur verte l’ont- elles fait remarquer des habitants des campagnes. La Sau- terelle verte se trouve quelquefois sur les gazons secs, mais elle préfère les prairies humides, où elle est com- mune. Famille des AcRiDiTEs. Nous avons déjà dit que, confondues avec la famille précédente, les Acridites, comme les Locustaires, sont dé- signées vulgairement sous le nom de Sauterelles ;elles dif- fèrent pourtant beaucoup les unes des autres. Les Locus- taires, qui, en général, ont de fort grandes ailes, volent très-mal; leurs longues pattes ne leur servent qu’à faire des bonds irréguliers. Les Acridites, au contraire, qui ont des ailes beaucoup plus courtes, volent beaucoup mieux. Quelques espèces franchissent des espaces consi- . dérables à travers les airs pour aller ravager des contrées, où elles n'apparaissent jamais que comme des fléaux; car c'est dans cette famille que se trouvent les fameuses Sau- terelles de passage, si tristement célèbres depuis la plus haute antiquité. Leurs pattes, beaucoup plus petites que celles des Locustaires, ont une force qui leur permet de faire des sauts considérables. Les femelles des Acridites TRAVAUX INÉDIIS, 217 n'ont pas, comme les Locustaires, un oviscapte ordinai- rement si grand chez ces animaux comme chez les Gril- loniens. Enfin, {andis que les mâles des Acridites et des Grilloniens ont l'organe de la stridulation placé à la base des élytres, les Acridites qui en sont dépourvues ne stri- dulent que par le frottement alternatif des cuisses posté- rieures contre les élytres, ce qui ne les empêche pas de faire beaucoup de bruit. Genre Criquet. 27. Criquet pédestre ( Acridium pedestre, Oliv.). — Sui- vant les auteurs, ce Criquet habite la France, l'Allemagne et le nord de l’Europe : on doit donc le trouver dans nos limites géographiques; je ne l'ai point encore ren- contré. Genre Calliptame. 28. Calliptame italique(Calliptamus italicus, Aud.-Serv.). — Seul représentant de ce genre complétement méridio- nal, le Calliptame italique est très-commun dans tout l'arrondissement de Fontainebleau, aussi bien dans le canton de Montereau que dans les environs de la forêt, où il n'est pas confiné comme semblent l’être quelques insectes, tels que la Mante, l'OEdipode voyageuse, l'Asca- laphe italique, etc. Notre Calliptame, au contraire, se trouve en grand nombre, dès la fin de juillet, dans tous les champs pierreux ou arides, sur les hauteurs, comme dans les vignes, les sables ou les clairières des bois, et si dans quelques endroits il se montre cer- taines années, tandis qu'on ne le voit pas dans d’autres, on ne peut en dire autant chez nous, car nous l'avons très- régulièrement tous les ans. Parmi les Calliptames qui sont tous de l'Afrique ou du midi de l’Europe, le Calliptame italique est cité par Audinet-Serville comme opérant des migrations considérables et faisant des ravages en Italie ou dans le Midi. Rien de semblable ne se produit dans nos cantons, quoiqu'ils nourrissent un grand nombre de ces animaux. 218 REV. ET MAG. DE ZO0OLOGIE. (Mar 1861.) Genre OEdipode. 29. OEdipode germanique (OEdipoda germanica, Aud.- Serv.). — C’est le Criquet à ailes rouges de Geoffroy. Il est, sans contredit, le plus brillant de nos Orthoptères et se trouve en assez grand nombre, tout à fait à la fin de l'été, dans les terrains les plus secs, dans les vignes comme dans les sables. 30. Œdipode bleuâtre ( OEdipoda cærulescens, Aud.- Serv.). — Moins belle que l'espèce précédente, celle-ci est encore bien plus commune; quand elle ne vole pas, on peut la confondre facilement avec la germanique, en compa- gnie de laquelle elle se lient très-souvent. Geoffroy l’a dé- crite sous le nom de Criquet à ailes bleues et noires. 31. CŒEdipode azurée (OEdipoda cœærulans, Aud.-Serv.). — Facile à confondre au repos avec les deux espèces pré- cédentes, quoique sa coloration soit moins jaunâtre et généralement plus grise ; elle diffère beaucoup de l'OŒEdi- pode bleuâtre par la couleur de ses ailes, dont le disque intérieur seul est très-légèrement lavé de bleu d'azur sans aucune raie noire à la partie extérieure, qui, au con- traire, est transparente. La cærulans, qui n’est autre que le Criquet aux ailes bleues de Geoffroy, se trouve avec la cœærulescens; mais elle est plus rare et semble préférer les sables les plus arides aux terres sèches et rocailleuses; aussi, tandis qu’on en trouve assez souvent à Bourron, est-elle très-rare dans le reste du département. 32. OEdipode voyageuse (OEdipoda migratoria, Aud.- Serv.). — C'est, dit-on, celle qui, originaire de Tartarie, fait de si grands ravages en Orient et en Afrique (Ram- bur). 11 dit aussi qu'on la trouve à Pile Maurice. Chez nous elle est toujours rare. Je ne l’ai jamais prise que sur les gazons du pare à Bourron, et aux Longs-Rochers, sur une pâture des plus sèches et des plus arides, où on est sûr d’en trouver quelques individus tous les ans dès la fin de juillet. Les femelles prises dans le département de Seine-et-Marne ne mesuraient pas plus de 14 lignes; les TRAVAUX INÉDITS. 219 mâles 2 ou 3 lignes de moins. Dans la vallée de la Loire, au contraire, quoiqu'elle ne soit pas loin de nos limites géographiques, 15 lieues à peine, on en trouve qui ont jusqu’à 2 pouces de long. Si ces fameuses Sauterelles de passage sont si petites chez nous, c’est que nous sommes probablement à leur dernière limite septentrionale, où l'espèce vit encore, mais où elle ne se propage pas en grand nombre et n'’atteint même pas les proportions qu’elle acquiert dans les contrées qui lui conviennent mieux, 33. OEdipode ensanglantée (OEdipoda grossa, Aud.- Serv.).—Commune pendant le mois d'août danslesprairies humides de la Seine. Cette belle espèce, que Geoffroy nous a donnée sous le nom de Criquet ensanglanté, est, comme beaucoup de Locustaires, variée de couleur. On en trouve de presque toutes vertes, tandis que d’autres sont parées de couleurs jaunes, noires, rouges et violettes du plus bel effet. 34. OEdipode bimouchetée (Æbipoda biguttula, Aud.- Serv.).—La plus commune de nos OŒEdipodes variant telle- ment de couleur, que l’on est tenté de croire qu'elles n’ap- partiennent pas toutes à la même espèce. Elle est tantôt verte, brune, rose noirâtre, ou tout à fait noire, avec le bout de l'abdomen rouge. Les prairies et les gazons sem- blent lui convenir également. 35. OEdipode parallèle (OEdipoda parallela, Aud.-Serv.). — De la même taille à peu près que la précédente ; 9 li- gnes les femelles, 6 lignes les mâles. Elle s'en distingue principalement par la longueur des élytres, qui sont plus courtes que l'abdomen dans les femelles, et tout au plus de la longueur de l'abdomen chez les mâles ; tandis que la Bimouchetée a les élytres un peu plus longues que le corps. Moins commune que Ja biguttula, la parallela se {rouve sur les gazons secs. Genre Gomphocére. 36. Gomphocère fauve (Gomphocerus rufus, Thunb.). 220 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) — Les Gomphocères se distinguent facilement des autres Acridites par la forme de leurs antennes, filiformes dans leurs trois premiers quarts, et se dilatant ensuite pour former une petite massue comprimée, qui se termine en pointe obtuse ou aiguë. Ces antennes, observe avec rai- son Audinet-Serville, n'ont aucun rapport avec celles des autres Orthoptères; elles ressemblent plutôt à celles des Lépidoptères diurnes, tels que les Hespéries. Le Gompho- cère fauve est une jolie petite espèce de 7 à 8 lignes de long, qui vit sur nos gazons secs, où elle n’est pas très- répandue. 37. Gomphocère double signe (Gomphocerus bigultatus, Aud.-Serv.). — Plus petit que le précédent, il ne me- sure que 4 lignes le mâle, et 5 lignes environ la femelle. Les dernières plaques de son abdomen sont d’un jaune rougeâtre, qui devient quelquefois d’un rouge de cinabre qui peut le faire d’abord distinguer du Gomphocère fauve. On le dit commun dans les prairies. Il n’est nulle part plus répandu que dans les bruyères élevées, les pà- turages les plus secs et les bois clairs et arides de la forêt de Fontainebleau. Genre Tétrir. Tétrix subulée (Tetrix subulata, Latr.). — Cette Tétrix, que Geoffroy a désignée sous le nom de Criquet à cor- selet allongé, varie beaucoup de couleur, du gris pâle au jaunâtre ou au brun foncé. Les uns ont de petits points ou des lignes blanches qu’on ne retrouve pas chez les autres; aussi M. Audinet-Serville en énumère-t-il 12 va- riétés principales mentionnées par M. Philippi. L'auteur des suites à Buffon affirme que la Tétrix subulée, très- commune en France, se trouve aux environs de Paris, au printemps , dans les endroits secs : j'en ai pris depuis le mois de mai jusqu’au mois d'août, et nous ne la trouvons jamais que dans les prairies les plus basses et les plus hü- mides des bords de la Seine et du Loing, où elle vit en grand nombre. TRAVAUX INÉDITS. 221 Tétrix biponctuée (Zetriæ bipunctata, Latr.). — Cette Tétrix, que l'on a placée dans une division particulière (les Batrachidées ), n’est autre que le Criquet à capuchon de Geoffroy. Comme l'espèce précédente, elle varie beau- coup et se trouve en grand nombre dans les bois secs, les remises élevées, les terrains arides dès le mois de mai, époque à laquelle elle nous a semblé plus commune qu’au mois d'août, quoiqu’on en rencontre jusqu’à la fin de ce mois. Les deux Tétrix sont, parmi les Orthoptères, des premières à se montrer à l’état parfait. Il. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 6 mai 1861. — M. Flourens fait hommage à l'Académie d’un exemplaire de la 4° édition de son livre intitulé, de L'Instinct et de l'Intelligence des Animaux, édi- tion qui vient de paraître. MM. Serres et Graliolet continuent leurs recherches d'anatomie comparée sur le groupe des Cétacés, et traitent, dans celte communication, de l’encéphale, Séance du 13 mai.— MM. Serres et Gratiolet continuent leurs communications sur l’encéphale d'un jeune Rorqual; ils traitent des lobes olfactifs. M. Lavocat adresse de nouvelles Etudes sur le système vertébral, première partie. M. Colin présente un Mémoire sur les divers degrés de sensibilité des ganglions et des filets du grand sympathique. Nous avons adressé la note suivante sur les Vers à soie de l'ailante et du chéne. « Mes communications relatives aux Vers à soie en gé- néral, et surtout à l’acclimatation des espèces exotiques, ayant toujours obtenu l’assentiment de l'Académie, qui a vu là une utile application de la zoologie, j'espère qu’elle 222 ERV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) accueillera avec la même bienveillance quelques observa- tions sommaires sur les Vers à soie de l’ailante et du chène. « La première espèce, introduite dans la grande culture dès l’année dernière, ainsi que l’Académie a pu le voir quand j'ai eu l'honneur de mettre sous ses yeux des mil- liers de cocons obtenus en pleins champs, va devenir, dès cette année, l’objet d’éducations assez importantes. Déjà les reproducteurs conservés cet hiver commencent à donner des œufs à la ferme impériale de Vincennes, où j'ai pu établir une culture sérieuse d'ailantes, grâce à une auguste bienveillance, si bien secondée par l’illustre ma- réchal Vaillant, que l’on trouve toujours au premier rang quand il s’agit du progrès des sciences et de l’agriculture. L'Académie peut s'assurer, par l'examen des reproduc- teurs vivants déposés sur son bureau, que, loin de dégé- nérer, cetle espèce a gagné par l'éducation en plein air, et que son acclimatation est bien aujourd'hui un fait ac- compli. «Laseconde espèce, celle du chêne, est loin d’être arrivée au mêmes point; cependantune nouvelle tentative faite par la Société impériale zoologique d’acclimatation semble de- voir donner de sérieuses espérances. 1l s’agit d’une espèce sauvage du Japon dont les œufs ont élé envoyés par M. Duchène de Bellecour. Dans deux notes différentes, dont la première a été lue à la Société impériale et centrale ‘d'agriculture de France le 24 avril dernier, et l’autre à la Société impériale zoolo- gique d'acclimatation le 3 mai courant, j'ai fait connaître les principales circonstances de cette nouvelle tentative. Il en résulte 1° que ce Ver à soie sauvage du Japon se nourrit avec les feuilles de chène, et 2° que les caractères des premiers âges de sa chenille montrent qu'il appar- tient très-probablement à une espèce distincte du Ver à soie du chêne (Bombyx Pernyi, Guér.-Mén.), élevé en Mant- chourie et dans le nord de la Chine, et certainement dif- SOCIÉTÉS SAVANTES. 293 férente du Ver Tussah {Bombyz mylitta, Fabr.), qui vit au Bengale et dans beaucoup d’autres localités de l'Inde. « En conséquence, je propose pour celle nouvelle espèce le nom de Bombyx (antheræa, Hubn.) yama-maï, nom vulgaire qu'elle porte au Japon, en lui donnant pour caractère les premiers états de la Chenille, d’abord jaune avec la tête et le premier segment bruns, sans tache et cinq lignes noires longitudinales; puis, au second âge, . d'un beau vert tendre avec les tubercules jaunes. « J'ai l'honneur, etc. » M. le secrétaire perpétuel présente, au nom de l’auteur, M. D. F. Eschricht, deux Rapports adressés à M. le mi- nistre des finances de Danemark sur la Culture des Hui- tres en France, et sur un Projet d'établissement d'huitrières dans le Lumfiord. M. d'Ammon, de Dresde, en présentant au concours pour le prix de physiologie expérimentale la traduction française, nouvellement publiée, de son Histoire du déve- loppement de l'œil humain, y joint une analyse manuscrite de cet ouvrage, qui est, dit-il, le fruit de plus de trente années de recherches anatomiques et em bryologiques. M. V. Raulin adresse un mémoire ayant pour titre Tableau des corps organisés fossiles de la Crète, et description d'une nouvelle espèce de Pholadomye. L'auteur, qui avait déjà prié l'Académie de vouloir bien le comprendre dans lé nombre des candidats pour la chaire de géologie va- cante au muséum d'histoire naturelle, demande que son nouveau travail soit renvoyé à la commission chargée de préparer une liste de candidats. Séance du 20 mai. — M. Lavocat adresse la suite de ses nouvelles Etudes sur le système vertébral. M. Vallée adresse un travail ayant pour titre Théorie de l'œil, vingt et unième mémoire, suite des développements relatifs aux idées exposées dans les précédents mémoires. M. le secrétaire perpétuel présente, de la part de M. E. de Plagnol, un opuscule ayant pour titre, de la Nature et 22% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mar 1861.) del’Origine des corpuscules vibrants, etc. Nous reviendrons sur cet intéressant travail. Séauce du 27 mai. — M. Coste lit une Note ayant pour titre, Domestication des Poissons de la famille des Pleu- ronecles. « Dans une précédente communication, j'ai fait con- naître à l’Académie le résultat des expériences faites dans le laboratoire de Concarneau sur la domestication des Poissons de la famille des Pleuronectes. J'ai montré que les Turbots, Soles, Barbues, etc., étaient susceptibles d'être apprivoisés comme les Animaux de nos basses-cours. Je fais, en ce moment, des essais analogues, dans les aqua- riums du collége de France, sur les jeunes de ces mêmes espèces, et je trouve que, à cet âge, ces poissons sont encore bien plus faciles à élever ; ils viennent manger à la main, suivent la pâtée qu'on leur présente vers tous les points de l'aquarium où on veut les diriger. A l’aide de cet appt, on les entraîne jusqu'aux parois du vase, et, quand ils arrivent, ils s’y appliquent et s’y maintiennent en formant ventouse avec la face de leur corps en con- tact. « Quand ils sont ainsi fixés, ils continuent à suivre la proie en rampant sur la paroi verticale du récipient, si lisse qu’elle soit, comme des lézards sur une muraille. Les rayons de leurs nageoires ou de leurs ailes leur servent d’ambulacres. Ce sont, en un mot, des espèces qui grim- pent et qui perchent. « Leurs nageoires ne font pas seulement office d'am- bulacre ; ils s’en servent également comme de pelle pour soulever les nuages de sable dont ils poudrent leur corps, afin de dissimuler leur présence aux animaux qu'ils re- doutent et à ceux qu'ils veulent surprendre. « Après avoir étudié ces faits sur ces espèces en sta- bulation, j'ai voulu savoir si les choses se passent de la même manière dans la mer. J'élais hier à Saint-Vaast- Lahougue pour m'y livrer à cette étude. Je m'y suis placé SOCIÉTÉS SAVANTES. 295 sur la jetée, et j'ai vu ces espèces libres se livrer aux mêmes manéges que dans mon laboratoire. Ces manéges sont donc les manifestations normales de leurs instincts naturels. « La portion du littoral sur laquelle je me livrais à cette étude forme, sur une longueur de 10 lieues, un vaste cantonnement où, au sortir de la frayère, les jeunes générations de Poissons plats prennent leurs quartiers d'été. Ils s'y rassemblent et y séjournent, d'avril en sep- tembre, en telle quantité, qu'on en détruit, en pêchant la Crevette grise, un nombre effrayant; c’est un véritable carnage. « Voulant calculer avec précision jusqu'où va cette des- truction, j'ai suivi la mer descendante, accompagné de M. le commissaire de l'inscription maritime, afin de con- stater ce que prenaient les pêcheurs; mais je ne me suis pas borné à celte épreuve. L'inspecteur des pêches de Ja localité s’est mis à l'eau devant moi, poussant devant lui son havenet et m’apportant, à chaque coup de filet, sa récolte, dont nous faisions le dénombrement. « En l'espace de deux heures, il a pris douze cents su- jets; d’où il suit que, s’il avait continué à pêcher pendant toute une marée, il en aurait récolté plus de trois mille, même en perdant le temps que nous mettions à compter. Or, comme il y a sur cette plage 1,000 personnes qui se livrent à cette industrie, on peut affirmer, sans aucune exagéralion, qu'au moins 3 millions de jeunes Turbots, Soles, Barbues, Plies, etc., périssent chaque marée, et 150 millions, par conséquent, pendant les 50 marées qui ont lieu durant le séjour de ces espèces précieuses sur ce seul cantonnement. Afin de ne pas les perdre compléte- ment, on les donne en pâture aux animaux domesti- ques « Quelle richesse si ces troupeaux, au lieu d’être ra- vagés en germe sur le rivage, descendaient dans les val- lées sous-marines pour s'y engraisser !... La grande pêche 2° sénie. Tr. xui. Année 1861, 15 926 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Wai 1861.) et l'alimentation publique y trouveraient des ressources inépuisables. « Je porte ces faits à la connaissance de l'Académie, afin que, par la publicité qu’elle leur donnera, l'opinion se forme et qu'on puisse un jour obtenir de la raison des hommes ce que la force aurait grand'peine à leur imposer. Là est la facile solution du grand problème du repeu- plement de la mer. Du moment où on protégera les frayères et les cantonnements, le but sera atteint. » M. Milne-Edwards présente la seconde partie du sixième volume de ses Leçons sur la physiologie et l'anatomie de l'Homme et des Animaux. M. Beauperthuy adresse un mémoire sur une Variété de forme de la pustule maligne due à la piqûre d’un Insecte de la famille des Acariens. « Cette affection, connue dans les Ilanos de la Vene- zuela sous le nom d’empolla del ganado (ampoule des bes- liaux), est fréquente dans ce pays, surtout à l'époque de la sécheresse; l'Insecte qui la produit a huit pattes à tarses articulés terminés par deux crochets, la tête angu- laire, l'abdomen ovale, tuberculé sur les bords, le corps plat, d'un blanc sale. Cet Insecte est nocturne et marche avec rapidité, habite les masures. Sa piqüre présente, au débat, une petite tache rouge, lancinante à la pression. Après vingt-quatre heures, il s’y développe une petite phlyctène, semblable à la vésicule soulevée sur la peau par la présence du sarcopte de la gale, mais plus étendue et remplie d’une sérosité brunâtre ou violacée, qui de- vient le siège d’une vive démangeaison. Les parties sous- jacentes forment une tumeur arrondie, dure, proémi- nente, sans altération de la couleur de la peau, sem- blable à celles produites par les piqûres de guêpes. Cet Acarien pond de vingt à vingt-quatre œufs sphériques, réunis en tas, de 1/3 de millimètre environ de diamètre , transparents au moment de la ponte, ces œufs ne tardent pas à prendre une teinte brune au contact de l'air. Hs SOCIÉTÉS SAVANTES. 227 contiennent un liquide albumineux, offrant, au micro- scope, des globules oblonys de 1/25 de millimètre dans leur plus grand diamètre, et des traces de la muqueuse intestinale, premier développement de la vie embryonnaire chez cet Acarien. « L'examen microscopique appliqué aux humeurs con- tenues dans la pustule maligne offre les globules du sang aplatis, déchiquetés, irréguliers, jaunâtres, pas un seul intact; puis des globulilles sphériques, beaucoup plus petits que ceux du sang et identiques à ceux que l’on ob- serve dans les fluides gangréneux. Ces observations ont été faites en employant le plus fort grossissement du mi- croscope achromatique de M. Vincent Chevalier. « Je me suis abstenu, dans ce Mémoire, d’entrer dans des détails sur l’action qu’exercent les venins en général dans l’économie animale, pour éviter de trop étendre ce travail et pour ne pas présenter, d'une manière incom- plète, des recherches entreprises sur les fluides venimeux de plusieurs espèces de Serpents, d’Insectes el-de Pois- sons épineux. J'accompagne cette Lettre de l'envoi d’une petite boite contenant, dans deux flacons séparément, plusieurs spécimens de l'Acarien de la pustule maligne correspondant aux différents âges, et quelques Ixodes rayés. » SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D’ACCLIMATATION. Dans la séance du 17 mai 1861, M. A. Duméril, pro- fesseur de l'histoire naturelle des Reptiles et des Pois- sons, à lu un rapport sur les éducations de Vers à soie, dont la Société nous a confié la direction dès sa fonda- tion, eLil a fait apporter, par le gardien de la ménagerie des Reptiles, quatre Vers à soie sauvages du Japon, que l'on nourrit avec les feuilles du chêne, espèce nouvelle que nous avons appelée Bomlyx Yama-maï. 928 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) Ces Vers, encore endormis ou sortant de leur quatrième mue, sont un peu plus avancés que celui que j'étudie de- puis sa naissance, et que M. Année à bien voulu soigner, presque en plein air, à l'entrée d'une serre froide, à Passy. A Ja suite de cette présentation, M. le président a re- mercié, avec effusion et à plusieurs reprises, le gardien des Reptiles, pour les soins qu'il à donnés à ces Vers, dont il restait alors quarante beaux individus, et il a in- sisté longuement sur le talent et le zèle avec lesquels il est parvenu à conserver cette précieuse espèce à la So- ciété et à l'Europe. M. Rufz de Lavison, directeur du jardin d’acclimata- tion, a annoncé la suite de la ponte du Lophophore, qui a déjà donné sept œufs. C'est aussi aux talents et au zèle d'un employé très-instruit, chargé de donner ses soins aux Oiseaux, de M. Deschamps, que ce résultat important est dû. C’est aussi par les soins de ce très-habile orintho- logiste praticien que l’on a obtenu, dans le même établis- sement, des pontes d'Autruches et celles des nombreux Gallinacés dont les œufs sont CR par la Société du jardin. A la fin de la séance, M. le président nous a donné la parole pour lire la note suivante sur le Ver à soie du chêne. « Les questions relatives aux Vers à soie en général, et surtout à l’acclimatation des diverses espèces exotiques et sauvages, sont tellement importantes aujourd’hui, que plusieurs de mes savants confrères, quoique s'occupant d’autres spécialités, y ont vu une mine féconde pour exercer leur intelligence et leur zèle. Ils ont pensé que la direction des travaux relatifs à ce sujet, qui m'avait été confiée par la Société dès sa fondalion, devait être plus ou moins partagée, et c’est sans doute pour me soulager dans la multiplicité de ces travaux que de savants et ex- cellents confrères se sont empressés de participer, autant SOCIÉTÉS SAVANTES. 229 qu'ils l'ont pu, aux tentatives qui sont faites, depuis que j'ai donné l'impulsion, pour l'amélioration des Vers à soie ordinaires, et surtout pour l’acclimatation de ceux du chêne, du ricin, de l’ailante, etc. « Je ne saurais trop les remercier de ce louable empres- sement, car il montre l'importance qu'ils attachent à mes travaux, qu'ils veulent bien aussi essayer de partager. C'est vraiment un Louchant exemple de confraternité que je n'oublierai jamais, ct, si je pouvais rendre à ces excel- lents confrères ce qu'ils font ainsi pour ma spécialité, en me livrant, à leur place, à l’acclimatation de quelques Mammifères, Oiseaux, Reptiles, elc., et quoique ces classes me soient aussi étrangères que les Vers à soie le sont à leur spécialité, je ne m'épargnerais certainement pas. « Cependant, tout en remerciant aujourd’hui le savant herpétologiste et très-dévoué confrère qui vient de vous donner de si bonnes nouvelles de nos Vers à soie du chêne, je tiens à vous dire que mon zèle n’a pas failli à l'hono- rable mission que m'a confiée la Société, et que j'ai tou- jours prodigué le plus pur de mon temps aux travaux de ma spécialité principale de zoologie appliquée, aux ten- tatives d’acclimatation ou d'amélioration des Insectes utiles, et plus particulièrement des Vers à soie. « C’est ainsi que j'ai eu l'honneur de vous entretenir, dans la dernière séance, il y a quinze jours, du Ver à soie du chêne, dont on vient de vous donner des nouvelles si fa- vorables et en tout conformes à ce que je vous en avais dit. De plus, je vous ai fait connaître alors les ‘diverses livrées revêtues par cette espèce dans son premier et son second âge. « Comme il m'était impossible, à cause de l'éloignement de la ménagerie des Reptiles, d'y étudier ces précieux Vers à soie, j'ai pu suivre à Passy, ainsi que je vous l'ai dit dans la dernière séance, les phases de leur existence sur un individu obtenu des derniers œufs qui n'avaient été envoyés par notre illustre président, sujet soigné avec 230 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Hai 1861.) autant de sollicitude que d'habileté par notre confrère M. Année, qui habite les environs du bois de Boulogne. «Aujourd'hui ce Ver à soic est arrivé à son troisième âge, et il a déjà subi les transformations suivantes : «Ainsi que je l'ai dit dans mon premier article (séancedu 3 mai), le sujet de mes études est né le 15 avril etil ne s’est endormi pour la première fois que le 26; ce premier sommeil a duré jusqu'au 30, jour où le Ver a opéré sa pre- mière mue. Pendant ce premier âge, ainsi qu'on peut le voir par le dessin que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de mes confrères, ce jeune Ver est demeuré d'un jaune assez pâle, avec la tête, le corselet et les pattes d'un brun roussâtre, marqué, dans toute sa longueur, de cinq lignes noires et de trois taches de la même couleur sur le der- nier segment. « En comparant cette figure avec celle du Bombyx my- litta au même âge, on voit qu'il y a une grande différence entre ces deux espèces. Ainsi, pendant que le jeune Ver du mylittu est d'un jaune presque orangé, celui-ci est d’un jaune pâle. Chez le mylitta, il y a une grande tache noire sur le premier segment: chez la nouvelle es- pèce, ce premier segment est entièrement d'un brun rous- sâtre. Dans le premier, il y a de petits traits courts et transversaux sur le milieu et les côtés des segments; dans mon espèce, il y a cinq lignes longitudinales noires, con- tinues et étroites. © «Ces différences notables, et d’autres moins importantes que le dessin fait beaucoup mieux ressortir qu'on ne pour- rait le faire par une minutieuse description, suffiraient pour autoriser à regarder ces deux Bombyx comme ap- partenant à deux espèces différentes, et les autres âges déjà observés confirment entièrement ces vues. Ainsi, après avoir parcouru son premier âge du 15 au 30 avril, ce Ver à soie s’est éveillé, et il a mangé jusqu'an 10 mai. Pendant ce second âge, il est demeuré d'un beau vert tendre, et tous ses tubercules ont conservé une couleur — SOCIÉTÉS SAVANTES. 231 jaune pâle. Comme dans l’âge précédent, les trois lobes qui terminent son corps présentaient, chacun, une grande tache noire; mais le premier segment était devenu vert comme les autres, et il ne portait pas les quatre taches noires qui s'observent chez le deuxième âge du mylitta. Tous ses tubercules étaient jaunes, sans aucune tache, tandis que chez le mylitta ceux des quatre rangées supé- rieures ont leur extrémité noire. Enfin les pattes mem- braneuses ne portaient, à l'extérieur, que des lignes brunes , tandis que dans le mylitta il y a une grande tache noire. « Ce deuxième âge s’est prolongé jusqu'au 14 mai, car la Chenille a mangé du 1° au 10, et elle a effectué son se- cond sommeil du 10 au 14. Cependant, à l'approche du second sommeil, les tubercules inférieurs ont commencé à prendre une teinte bleue. Le 14 mai, elle a fait sa se- conde mue etelle est apparue d’un beau vert frais, en tout semblable à celui des feuilles de chène dont elle se nourrit, avec tous les tubercules jaunes, à l'exception de ceux du rang inférieur, qui sont d’un beau bleu. « A celte époque, qui est le commencement du troisième âge, la Chenille a pris le vrai caractère qui semble dis- tinguer le groupe (Antherœa, Hubaer) dont le Bombyx mylitta est le Lype, c’est-à-dire que son dernier segment montre, de chaque côté, un grand triangle brun dont la pointe tend à se continuer avec une bande latérale plus pâle et jaunâtre située au-dessus des stigmates. « Aujourd'hui cette Chenille diffère encore notablement de celle du mylitta arrivée au même âge, car tous ses tu- bercules des quatre rangs supérieurs aux stigmales sont jaunes; tandis que, dans l'autre, les deux tubercules mé- dians des troisième et quatrième segments sont terminés de noir. Dans notre espèce nouvelle, le rang de tubercules inférieur aux stigmates est d'un beau bleu, tandis qu’il reste encore jaune dans le mylitta. Enfin, quand celui-ci offre, à la partie externe des pattes membraneuses, plu- 232 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Wai 1861.) sieurs points noirs, les mêmes parties sont simplement bordées de brun. « Il reste encore à observer les quatrième el cinquième âges de notre Chenille japonaise, mais l'on reconnaît déjà que les taches métalliques des flancs vont paraître, car on voit un très-pelit point argenté au-dessus du stigmate du quatrième segment. Il est donc évident que les caractères qui la distinguent déjà de celle du Bombyæ mylitta suffi- sent pour faire penser qu'elle appartient à une espèce nouvelle à laquelle j'ai donné le nom de Bombyx Yama- mai, qui rappellera la dénomination sous laquelle ce Ver à soie sauvage est connu au Japon. « Jusqu'à présent, cette Chenille, tenue à l'entrée de la serre tempérée de M. Année, près de la porte d'entrée, qui demeure presque constamment ouverte, s’est montrée vigoureuse et très-facile à élever; elle n’est pas craintive et sauvage comme celle du mylitta, mange avec avidité les feuilles des chênes blancs du bois de Boulogne, même quand on la regarde de très-près, en tenant à la main le rameau sur lequel elle est posée ; enfin elle paraît appar- tenir à une espèce presque domestique. « Ilest probable que c’est une espèce annuelle, car sa vie semble devoir se prolonger assez pour ne pas permettre une seconde éducation, surtout lorsqu'on opérera en plein air. Comme les œufs envoyés du Japon par M. Du- chêne de Bellecourt n'ont éclos qu’au commencement du printemps, il est certain que l'espèce a des mœurs très- différentes de celles du mylitta, qui passe l'hiver dans le cocon, comme notre grand Paon, en donnant ses œufs au printemps. Si les œufs de la nouvelle espèce se compor- tent comme ceux du Ver à soie ordinaire, ainsi qu’on peut le supposer, ce sera une acquisition précieuse pour l’Eu- rope et pour toutes les régions où la végétation reste en- dormie pendant un temps plus ou moins prolongé. « Les nouvelles que notre savant confrère vient de nous donner de ces Vers à soie du Japon élevés à la ménagerie SOCIÉTÉS SAVANTES. 233 des Reptiles sont d'autant plus intéressantes, qu'elles montrent combien j'ai eu la main heureuse quand j'ai initié le gardien Vallée aux pratiques de l'éducation des Vers à soie, presque au début de la Société et alors qu’elle n'avait aucun autre lieu convenablement chauffé pour faire des éducations d'espèces exotiques. Depuis eelte époque, il a suivi mes instructions avec zèle et intelli- gence, ainsi que je l'ai dit le premier en demandant à la Société des récompenses pour lui, et comme j'en deman- derai toujours pour les coopérateurs qui montreront un zèle semblable dans l'exécution de la partie matérielle des travaux de nos confrères. « Comme la Société possède actuellement une magna- nerie dans le jardin du bois de Boulogre, il est urgent d'y placer une grande partie de ces Vers, afin de les mettre dans des conditions d'aération plus favorables que celles qu'on peut leur donner dans la ménagerie des Reptiles. En effet, cet établissement est loin d'être dans une bonne condition hygiénique pour des Vers à soie, et surtout pour des espèces sauvages que l’on élève en plein air. « Au jardin du bois de Boulogne, on pourra bien plus facilement les mettre dans des conditions bien plus rap- prochées de l'état sauvage; on pourra même en placer quelques-uns en plein air ou plus ou moins abrités sous des châssis, el il est évident que nous aurons là moins de chances de dégénérescence et de maladies. « Néanmoins je crois qu'il convient de laisser une partie de ces Vers dans le lieu où ils ont été élevés jusqu’à pré- sent, afin de mieux connaître les conditions diverses dans lesquelles ils peuvent vivre, et de multiplier ainsi des essais destinés à nous apprendre ce qu'il convient de faire pour les mener à bien. « Notre illustre président, qui a toujours montré tant de sollicitude pour les Vers à soie que nous cherchons à acclimater, doit s'applaudir de m'avoir envoyé quelques 234 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (War 1861.) œufs de cetle précieuse espèce, en voyant l'utile usage que j'ai pu en faire. En effet, sans cet envoi, sans cet unique sujet si bien soigné par M. Année et sur lequel j'ai pu me livrer, sans entraves, à des études complètes, les matériaux que j'ai l'honneur de présenter à mes con- frères n'auraient pas été obtenus, et, si le malheur avait voulu que celle tentative avorlât encore, il n'en serait rien resté pour nous guider ullérieurement (4). « Ces études, comme celles que j'avais faites précédem- ment sur le Ver de Chine provenant du Bengale, servi- ront aussi de point de comparaison pour celles que nous aurons à faire plus tard, ii faut l'espérer, quand nous re- (1) M. A. Duméril s'est énergiquement opposé ma prudente propo- sition d'élever une partie de ces Vers au jardin d’acclimatation. Dieu veuille qu'il w’arrive pas là ce qui nous est arrivé pour les Alpacas, que j'avais proposé, comme tant d’autres, d'envoyer immédiatement dans les montagnes. Il est évident que W. le professeur d'herpétologie assumeune grande responsabilité en risquant de voir périr ces pré- cieuses Chenilles daas l'atmosphère lourde et ctouffée de sa ména- gerie des Reptiles. Ce qui augmente mes craintes, c’est l’impossi- bilité où il s'est trouvé, depuis plus d'un an, de faire des distribu- uons d'œufs du Ver à soie du ricin et de l'ailaute (pur sang), et même des métis de ces deux espèces, qui ont toutes rapidement dé- généré dans cette ménagerie, Ce que je crains a eu lieu, en 1855, lorsque j'ai été chargé, par la Société d'acclimatation, des travaux relatifs à l'introduction du Ver chinois que l'on élève sur le chêne, travaux exécutés chez notre con- frère M. Jacquemart, qui s'était empressé, comme toujours, d'offrir ses bisnveillants services en cette occasion. Ce zélé confrère, qui ne fait malheureusement pas sa spécialité de l’Ctude des Vers à soie, ayant enfin obtenu uue poute quelques jours après mon départ pour Sainte-Tulle, fit douner aux Vers nai:sants des feuilles de chène trop dures, choisies au bois de Vincennes par son jardinier, ce qui les fit périr. A cette époque, M. Jacquemart n’a pas peusé qu'il fût utile de faire la description ct le dessin du premier âge de ces Cheuilles (comme je me suis empressé de le faire pour le Bombyæ mylitta), ce qui est très-regrettable aujourd'hui, car ces documents auraient été précieux pour nous faire savoix si le Ver à soie du Japon est le mème que celui de la Chine ou s'il forme réellement une autre espècr, ainsi que j'ai tout lieu de le penser. SOCIÉTÉS SAVANTES. 235 cevrons des producteurs sains de l'espèce chinoise que l'on élève sur les chènes en Mandchourie et dans le nord de la Chine. On peut dire aujourd’hui que ces nouvelles études sont dues à notre savant et dévoué président, qui m'a remis les moyens de les faire, et qui a bien voulu de- mander au muséum et dans le Midi les feuilles de chène destinées à nourrir les Vers que nous élevons dans la mé- nagerie des Reptiles. Je remplis done un devoir qui m'est bien cher en indiquant, le premier et dès le début, la belle part qu'il aura, avec M. Vallée, dans l'histoire de l'acclimatation du Ver à soie du chêne (1). » Dans notre rapport à S. M. l'Empereur sur le Ver à soie de l'ailante, nous avons établi (p. 24, note D, parla citation de passages imprimés aux Bulletins de la Société d'acclimatation ou conservés dans ses procès: verbaux, que nous avions été chargé spécialement par la Société, et dès sa fondation, de toutes ses expériences d'éducation de Vers à soie. Cependant, depuis plus de deux ans, il semble exister un parti pris d'établir que nous n'avons pas la di- rection des travaux séricicoles de la Société et de poser le gardien de la ménagerie des Reptiles comme l'expéri- mentateur scientifique à qui ils sont uniquement dus. En (1) Quelques personnes, peu au courant de ce qui a eu lieu, ont pensé que le nom de M. Vallée, associé à celui de M. I. Geoffroy- Saïat-Hilaire, semblait une chose blessante pour M. le président, et un de ses collégurs du muséum, devenant un imprudent ami, à in- sisté sur cette idée et s'est plaint pour son confrère, qui avait eu l’es- prit et le bon goût de comprendre qu'il ne pouvait se fâächer d’une chose dont 1] a donné l'exemple dans tous ses ouvrages. J'ai dû répondre que je n'avais fait, eu cela, que suivre M. le pré sident, qui a toujours associé le nom de M. Vallée à celui d'un membre du bureau. J'ai ajouté que, pour suivre cet exemple, j'agirais de même à l'égard de tous les coopérateurs qui ren- dront des services semblables à la Société. De plus, ai-ajouté, je désire que l'on se souvienne que c'est toujours sur mes propositions que des récompenses out été données au gardien de la méuagerie des Reptiles, à raison du zèle et de l'intelligence avec lesquels il a soigné les Vers à soie de la Société. 236 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (War 1861.) effet, dans une foule de communications publiées, M. le président et M. A. Duméril ont placé, avec beaucoup d’af- fectation, le nom de cet employé à côté du nôtre, au moins à titre égal. Tout récemment encore, et c’est ce qui nous oblige à nous expliquer à ce sujet, M. le président, en présentant les cocons du Ver à soie du chêne à l'Insti- tut (séance du {0 juin 1861), a répété que les travaux sé- ricicoles qui s'exécutent à la ménagerie des Reptiles sont faits sous la direction de M. Duméril. Comme il y a là une grave erreur, nous sommes obligé de rétablir la vraie situation des choses, situation consignée dans plusieurs notes lues au conseil de la Société, et que nous publie- rions si on le jugeait nécessaire. Dans un but que nous n’avons pas à expliquer ici, on a cherché à attribuer au gardien des Reptiles du muséum tout ou partie du mérite d’avoir acclimaté les Vers à soie exotiques, dont une espèce, le Ver de l’Ailante, semble constituer aujourd’hui une véritable conquête agricole et industrielle. Ce coopérateur, pour ainsi dire prêté à la Société pour donner la nourriture et d’autres soins ma- nuels aux Vers à soie que nous expérimentons pour elle, prenant au sérieux des éloges qu'on ne lui prodiguait que pour ténter d’amoindrir l'intérêt de mes travaux, à fini par croire qu'il était réellement un savant, un três-habrle …sériciculteur. Imbu de ces idées et devenant un instru- ment aveugle, il a été poussé à nous manquer gravement, en refusant d'exécuter les prescriptions que nous lui don- nions au sujet des Vers à soie de la Société. Ses chefs, au lieu de le faire rentrer dans son devoir, ont semblé ap- prouver sa conduite, et l'un d’eux est allé jusqu'à écrire pour lui des articles et mémoires dans lesquels il lui Fai- sait rendre compte à la Société et à l’Institut des résultats de nos expériences (1). (1) Eu approuvant ainsi le mépris de toute hiérarchie, disais-je, n° craignez-vous pas d'ouvrir la porte à une foule d'abus, et les savants, qui ne peuvent exécuter par eux-mêmes tous les travaux dont ils enri- Hu) Cod SOCIÉTÉS SAVANTES, 287 On comprend que, dans celte situation, nous avons dû nous abstenir de tous rapports avec cel employé, qui ne _nous appartenait pas, Ce qui a laissé le champ libre pour s'emparer de la direction des expériences que la Société nous avait confiées. Le résultat ne s’est pas fait attendre ; il a été, d’après l'examen qui a été fait par une commis- sion de la 4° section (Insectes) : La dégénérescence des Vers à soie de l'Ailante pur sang et des métis de l’Aïlante et du Ricin; Le mélange des pur sang et des métis; La perte complète de l'espèce du Ricin; Celle du Ver à soie du chêne, puisque, sur quarante Chenilles (provenant de plusieurs centaines d'éclosions) arrivées à tout leur développement, on n’a obtenu que quatre cocons; Et enfin, l'impossibilité de distribuer, en temps utile, des œufs de Vers de l'Ailante, de métis et de Vers du Ricin, demandés par près de cent membres de la Société. La morale de tout cela est qu'il est mal de chercher à introduire la division parmi les membres d’une Société qui poursuit une grande et utile idée, et que, pour réus- sir à rendre les services qu’on attend de nous, il faut sur- tout que chacun reste dans sa spécialité et ne soit pas ja- loux des succès de ses confrères, ce qui montre toujours un pauvre petit esprit. + Nous nous faisons un plaisir d'annoncer que, dans un ad- mirable rapport fait par M. Drouyn de Lhuys, sur le projet d'érection d'une statue à Daubenton, la Société d’aceli- matation a ouvert une souscriplion pour rendre cet écla- tant hommage au Nestor des naturalistes, au législateur des bergers. Ceux de nos abonnés qui voudraient prendre part à chissent la science, ne donneront-ils pas à leurs subordonnés l'idée de s'attribuer les résultats de ces travaux, auxquels ils coopèrent tous les jours au même titre que M, Vallée a coopéré aux miens? 238 REY. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1861.) celte honorable manifestation nationale peuvent adresser leur souscription au siége de la Société impériale zoolo- sique d'acclimatalion, rue de Lille, 19. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. VER A SOIE DE L'AILANTE. Nous serons obligé de revenir quelquefois sur le Ver à soie ‘de l’ailante, car il constitue aujourd'hui un des faits les plus intéressants d’acclimatation approchant de la réussite. En effet, il est bien près de réaliser les trois con- ditions que nous avons formulées pour caractériser une véritable acclimatation, et qui consistent, ainsi que nous avions l'honneur de le dire à S. M. l'Empereur, à démon- trer 1° Que l'espèce peut vivre dans la nouvelle localité où elle est introduite comme dans son pays d’origine; 9° Que ses produits y sont utiles; 3" Que l’agriculture peut trouver de l'avantage à l’élever en grand. Pour faciliter l'intelligence de ce que nous avons déjà dit et de ce que nous dirons encore de cet intéressant In- secte, nous avons cru devoir donner les deux gravures, pl. 6 et 7, qui représentent l’ailante et les divers aspects sous lesquels ce Ver à soie se présente. Ainsi, sur la pl. 6, est d'abord figuré l'œuf de grandeur naturelle et grossi (fig. 1, 1 aet 1 b). Les fig. 1 et 1 a, placées sous la feuille inférieure à gauche, représentent les pontes composées d'œufs groupés, et la fig. 1 b offre le même œuf grossi à la loupe et couvert des petites taches noires qui le distin- guent de celui du Ver à soie du ricin, qui est entièrement blanc. Les fig. 4 «, sur la feuille inférieure de droite, et 2 of- frent l'aspect du jeune Ver récemment sorti de son œuf. On voit, en bas et à gauche, fig. 2 à 6, les différentes MÉLANSGE ET NOUVELLES. 239 grandeurs du Ver ®t de sa tête écailleuse au moment où il va entrer en mue. La fig. 7 montre un Ver occupé à ronger une feuille et sortant de sa troisième mue. La fig. 8 représente le Ver adulte et allongé, comme on l'observe quand il mange. Tous ses caractères sont mar- qués avec un peu d’exagération, pour qu'on les saisisse mieux, et les points noirs qui le distinguent du Ver à soie du ricin sont fortement accusés. Les fig. 9 et 10 montrent deux cocons dont l’un (9) est encore enveloppé, en partie, par la foliole dans laquelle il a été filé et fixé au pétiole de la feuille; l'autre (10) est isolé et porte le long ligament qui le fixait au péliole. La fig. 11 montre la chrysalide que l’on trouve dans les cocons ; 12 offre les divisions du micromètre partagé en centièmes de millimètre, pour faire apprécier le calibre de la soie du Ver du mürier et de ceux de l’ailante et du ricin. En a, on voit un fil de soie de l’ailante, qui est juste du même calibre que celui du Ver du mürier; ces filsont un diamètre de deux centièmes de millimètre. En b on voit, comparativement, un brin ou fil du Ver du ricin, qui a trois centièmes de millimètre de diamètre, ainsi que nous l'avons dit dans notre petit traité intitulé, Education des Vers à soie de l’ailante et du ricin, ete., p. 23. Nous avons donné une idée, fig. 13, de l’aspect d’une feuille de l’ailante; c'est une feuille composée d’un long pétiole et de nombreuses folioles opposées. Enfin la fig. 14 offre l'aspect des graines ailées de l'ailante, graines disposées en grappes au sommet des ra- meaux de l'arbre et que l’on recucille, après la chute des feuilles, pendant les mois de décembre, janvier et février. La pl. 7 offre une figure, réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle, d’un mâle de Bombyæ cynthia vrai, qui se distingue principalement du Papillon du Ver à soie du ricin parce qu'il a le ventre jaune avec de petits toupets blancs, tandis que celui du ricin est entièrement blanc. 240 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Wat 1861.) L'année dernière, des milliers de visileurs ont pu voir ce Ver à soie de l’ailante, nourri en plein air et sur des rejetons de cet arbre, dans le milieu du bois de Boulogne, près d'Auteuil. Aujourd’hui on pourra le voir à la ferme impériale de Vincennes {station de Joinville-le-Pont, au moulin), où nous avons pu, grâce au généreux appui de Sa Majesté, de S. Exc. M. le maréchal Vaillant et de M. Tisserant, inspecteur des domaines agricoles de l’Em- pereur, faire des plantations sérieuses d’ailantes, sur plu- sieurs hectares de terrain, et instituer là une véritable culture. La justice et la reconnaissance nous font un de- voir d'ajouter M. Laudon, ingénieur et entrepreneur des travaux du chemin de fer de Vincennes, qui nous a se- condé avec la plus grande bienveillance, en nous four- nissant tous les moyens de nous établir provisoirement près des Lerres qui nous ont été concédées et de faire con- fectionner les œufs du nouveau Ver à soie qui sont dis- tribués journellement aux nombreux propriétaires désireux d'essayer cette culture. Ces œufs sont envoyés aux agriculteurs par M. André Marchand, directeur de la Société séricicole l'AILANTINE, rue des Petites-Écuries, 50. TABLE DES MATIÈRES. Pages, PucneraN. — Note sur les stations, en France, du Putorius lutreola. 193 A. MoQuiN-TanDON. — Cousidérations sur les œufs des Oi- seaux, 197 A. CuevROLAT. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 205 LE SINETY, — Notes pour servir à la faune du département de Seine-et-Marne. Orthoplères. 209 Académie des sciences. 221 Société impériale zoologique d’acelimatation. 227 Mélanges et nouvelles. 238 PARIS.— IMP. DE M°* V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, d.—1801, VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — JUIN 1861. I. TRAVAUX INÉDITS. MÉMOIRES D'HISTOIRE NATURELLE du docteur D. Pablo de la Llave, extraits du Registro trimestre (1) publié à Mexico en 1832. De la recherche des objets d'histoire naturelle dans les régions - chaudes du Mexique. L'herborisation, en Europe, ne présente pas de graves difficultés; on marche toujours dans des terres ensemen- cées, des prairies, friches couvertes de peu de bruyères, et, si on entre dans quelques bois, ceux-là sont générale- ment clairs et les arbres, peu serrés, montrent leurs formes bien visibles. 11 n’en est pas ainsi dans les terres chaudes de notre territoire, qui embrassent une étendue de bien des lieues. Tout est couvert de bois épais et ob- strués, et la première chose qu'un naturaliste doive faire, c’est de se pourvoir d'un ou deux hommes habitués aux forêts vierges ou monteros, qui puissent lui ouvrir le chemin. Comme toutes les fleurs sont, là-bas, sur les ar- bres, il faut aller avec les plus grandes précautions pour distinguer celles qui tombent parmi la feuillée et les brou- tilles, et, quand il s’en trouve, on ne sait pas à quel arbre elles appartiennent, parce que non-seulement ils se tou- chent, mais sont entrelacés et entremélés. Enfin on con- naît l’arbre qui fleurit; mais, comme il est mêlé à d’au- tres arbres, et couvert de nombreuses plantes para- sites (2) et de puissantes lianes, le seul moyen certain de (1) Rev. el mag. de zoologie, 1861, p. 23. {2) J'ai vu des parasites de la graudeur de grands magueys, et des lianes aussi grosses que le corps d'un homme robuste, 2° sénie. r, xiu. Année 1861, 16 242 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) prendre un échantillon est d’abattre l'arbre à coups de hache. Mais alors, si c'est dans le temps de la sécheresse, déjà le botaniste est couvert de Pinolillo et autres espèces de Tiques, et déjà il a été victime du ÆRodator, du Gegen et du Chaquistle (4); cela sans compter les périls auxquels on s'expose par la morsure d’une Palaucu, d’un Suchil (2) ou Serpent à sonnettes. Maintenant, si c’est la saison des pluies, quand on s’y attend le moins, vient une averse; les sols plats sont très-fangeux, les montueux glissants à l'extrême, et, en entrant seulement dans le bois, même à cheval, on s'expose à être atteint par la fièvre (3). A tout cela se joint le dégoût du mauvais état où se trouvent les échantillons qu'on recueille, car la dessiccation se fait dif ficilement, et l’on a beau prendre des précautions, les plantes se noircissent. Quelle différence entre cette situa- tion et celle d’un botaniste d'Europe, qui va, choisissant de ses mains les exemplaires qui lui conviennent, courant dans des endroits sains, des lerrains ouverts où l’on ren- contre partout des maisons de campagne, sans crainte des insectes et avec l’idée d’avoir avant peu un bel her- bier ! Parmi les plantes grimpantes qui se trouvent dans les bois de Cordoya, celle qu'on nomme Parra silvestre est (1) Iusectes dont la piqüre excite une démangeaison telle, qu'elle oblige à se gratter avec excès, d’où résultent parfois des plaies de guérison difficile. (2) Reptiles corpulents et venimeux. Le Suchil, particulièrement, est si hardi, qu'il vient sur le passant et attaque ceux qui le pour- suivent, ainsi qu'on me l’a assuré et rapporté un grand nombre de fois. (3) Quelques personnes croiront que les terres chaudes et humides sont détestables ; mais je dois avertir que cela est le revers de la mé- daille, et qu'on parle de ceux qui, sans y être habitués, se voient obligés à voyager et séjourner dans ces bois. Pour tous les autres, ces pays sont ua véritable paradis , et ce qu'il y a de certain, c’est que la majorité des gens nés ou acclimatés dans ces pays les regrettent quand ils se voient obligés de s'établir dans d’autres endroits. TRAVAUX INÉDITS. 243 très-remarquable par Ja grande quantité d’eau qu’elle contient. En examinant le bois de cette liane, on ne voit que des canaux disposés dans les intervalles des rayons médullaires, de manière qu’on peut les considérer comme un faisceau ou assemblage de tubes, structure qui déjà léloigne des dicotylédones. Pour ce qui a rapport à la quantité d’eau qu’elle contient, je dirai ce qui m'est ar- rivé. Me trouvant dans une des montagnes de Cordova couvertes de grands bois, dans le mois de mars, qui est des plus chauds et secs de l’année, l’eau que nous avions emportée étant épuisée et ne pouvant faire un pas à cause de la soif qui me dévorait, un des forestiers mon- teros m'offrit de l’eau de parra et, en le disant, il le fit. 11 coupa une liane grosse comme le bras, et qui, en forme de balançoire, avait passé d’un arbre à l’autre ; ensuite, prenant une calebasse vide, ajusta une feuille en forme d’entonnoir sur l'ouverture, en séparant de la partie coupée de la liane un morceau de { mètre de long ; sur-le- champ une grande quantité d’eau commença à sortir, en faisant entendre une espèce de bourdonnement, et il ré- péta deux fois l’opération, jusqu'à avoir presque empli la calebasse. Mes yeux dévoraient le liquide; mais prendre de l’eau sortie d’une liane qui m'était inconnue, et au mi- lieu d’une montagne couverte de bois très-épais, n’était pas une petite affaire. Sans doute le montero s’aperçut de mon hésitation, car il me demanda la permission de boire le premier. Voyant qu'il n’hésitait pas, je pris ensuite la calebasse et j'étanchai ma soif avec une eau qui me parut délicieuse : elle était effectivement fraîche, transparente et n'ayant aucun mauvais goût; en sorte que, durant toute cette expédition, je continuai à user de la même eau. Je n'ai vu ni les feuilles ni les fruits de cette liane, car, dans les forêts vierges comme celle-là, la force de la végétation ne se manifeste que sur la partie supérieure des arbres, et toute la partie inférieure, jusqu'au sol, est nue et sombre, 244 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) Dans ma jeunesse, je n'avais pas d'idée d'histoire na- turelle, mais une passion décidée pour la chasse. Me trouvant dans un parage du canton de, Cordova nommé Puente chica, je trouvai un arbre d’une grosseur prodigieuse avec une troupe de Singes qui, effrayés par les coups de fusil, au lieu d'échapper par les arbres, comme ils en ont l'habitude, ne firent pas autre chose que de chercher l'extrémité de la cime de l'arbre sur lequel nous les trouvâämes. L’expédient leur réussit; car, étant couverts par les branches et semblant diminués de vo- lume par la hauteur, on ne pouvait plus les tirer, et ces animaux se croyaient tellement en süreté, qu’ils se mirent à manger très-joyeux, nous jetant de temps en temps des fruits ou des noyaux, qui sont très-durs. Quoique je n’eusse alors aucune idée d'histoire naturelle, je ne laissai pas d'être sensible aux beautés de la nature, et, admirant le feuillage et l'élévation de l’arbre, je demandai son nom aux monteros qui m'accompagnaient; ils me dirent que c'était un cosagüico. Je touchai le fruit avec la langue, et il me parut aigre-doux. Leur ayant demandé s’il se mangeait, ils me répondirent que non, que c'élait poison, expression qu'ils appliquent généralement aux fruits qu’on n’a pas habitude de manger. O8sERVATIONS sur les ressemblances, dans la forme du bec, entre des Genres de Passereaux d’une même Faune, appartenant à des sections différentes de cet Ordre d'Oiseaux, par M. PucHErAN. Il y a une trentaine d'années environ, qu'appliquant déjà à la Classe des Oiseaux, comme il devait le faire plus tard à la Classe des Mammifères, l’idée de Cuvier sur la possibilité de classer les Marsupiaux sur une série paral- lèle à celle des Monodelphes, M. le professeur Geoffroy- Saint-Hilaire fils signalait que, parmi les Oiseaux, sous le TRAVAUX INÉDITS. 245 point de vue de la forme rostrale, la division des Passe- reaux syndactyles de Cuvier reproduit, dans ses divers types génériques, celle des Passereaux grimpeurs ou zygo- dactyles (1). Ce fait est de toute exactitude et conduit évidemment à justifier encore l'opinion émise par le même Zoolo- giste (2), que la direction en arrière du doigt externe, chez les Zygodactyles, ne constitue pas un caractère suffi- sant et d'importance assez supérieure pour élever au rang d'Ordre, ainsi que l’a fait Cuvier, l'ensemble de diverses Familles qui présentent cette disposition. Quelques-unes des formes rostrales présentées par cer- tains Genres de Grimpeurs s’observent également dans d’autres genres de Passereaux, dont l'habitat se trouve absolument le même que celui des Zygodactylés, qui nous offrent le premier terme de comparaison. La constatation de ces ressemblances se rallie, dès lors, à la série de re- cherches que nous poursuivons, depuis une dizaine d’an- nées, pour la détermination des Caractères généraux do nos Faunes actuelles. Les premiers Passereaux que nous avons comparés entre eux, sous ce point de vue sont, d’une part, quelques Bucconidés, et, d'autre part, un certain nombre de Tham- nophilidés. Or, en mettant en présence quelques-uns de ces types, il est facile de constater qu'il existe, par la forme du bec, une grande analogie entre Bucco Swainsoni, par exemple, et les Cymbilaimes, Cymbilaimus maculatus, prin- cipalement. Elle est très-grande encore entre Cymbi- laimus lineatus, d'une part, et Bucco tamatia, Bucco mela- noleucos, d'autre part. Nous arrivons, enfin, à unesemblable conclusion, en mettant en présence Bucco maculitus et Taraba major (Thamnophilus major, Vieill.), Capito mela- (1) Zoologie de l'Expédilion de Morée, p. 50, en note, 2)Ëssais de Zoologie générale, p.474. 246 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Juin 1861.) notis, Tem., et l’unique espèce du Genre pour lequel Lesson, dans son Traité d'Ornithologie, a réservé le nom de Batara. Parmi les espèces à bec plus pelit, se comprimant et s'effilant en avant, la même analogie se présente entre Monasa ruficapilla et Pithys leucops, entre Bucco fuscus et les Grallaria, Turdus turciens surtout. Dans l’une et l’autre de ces Familles, appartenant l’une à la section des Zygodactyles, l'autre à celle des Denti- rostres, nous trouvons done des ressemblances sous le point de vue de la forme du bec, D'autres ressemblances subsistent encore entre les Bucconidés et les Thamnophi- lidés, que nous avons cités en premier lieu, car les uns et les autres ont les plumes du croupion très-décomposées et les ailes courtes; mais des différences essentiellement liées aux caractères les plus généraux des deux sections séparent les Bucconidés des Thamnophilidés. Ainsi, les pre- miers, dont ceïtaines espèces, connues des Zoologistes du xyin! siècle, avaient été réunies, par eux, aux A/cedo, ont le bec plus allongé; leurs tarses, et, par cette particula- rité, se manifeste un des traits inhérents à la diagnose physiologique de l'Oiseau percheur, leurs tarses sont moins allongés, et, dès lors, plus forts et plus vigoureux; leurs narines, plus rapprochées de la base du bec, sont plus couvertes de poils rigides; leur mandibule inférieure est moins forte; la supérieure, à son tour, est douée d'une arête plus émoussée et moins saillante. On voit, dès lors, dans les Thamnophilidés, autrefois réunis aux Lanidés, la manifestation des diverses particularités qui avaient donné lieu à une semblable assimilation. La dissemblance fournie par l'allongement et la graci- lité des tarses est encore plus saillante et, à tous égards, plus remarquable dans les exemplaires que nous avons cités en second lieu. Nous avons ici, dans ceux de nos TRAVAUX INÉDITS. 9247 Dentirostres avec lesquels nous établissons la compa- raison, non-seulement des tarses bien plus allongés, mais une queue encore plus courte. En portant notre attention sur une autre section de Passereaux déodactyles, sur les Corvidés, si nous exa- minons les types Américains que les Zoologistes modernes comprennent dans le genre Cyanocorax de Boié, il est im- possible de leur refuser, sous le point de vue de la forme du bec, une certaine ressemblance avec les Thamnophi- lidés de taille moyenne, tels que les Cymbilaimes. Les Pica peruviana, Pica luxuosa, Pica pileata, Pica cyano- pogon se trouvent sûrement dans ces condilions. Toutes ces espèces sont encore plus grandes; leur tarse est, par conséquent, plus allongé; elles présentent un déve- loppément encore plus marqué des diverses parties sur les- quelles ont déjà porté, dans les types homologues, les in- dicâtions que nous avons données. Ajoutons, en outre, que, dans les deux espèces le plus essentiellement nor- males du vrai Genre Pica (Genre Cleptes de certains Orni- thologistes modernes), la Pie d'Europe {Pica melanoleuca) et la- Pie de Numidie (Pica mauritanica), la mandibule supérieure est, en quelque sorte, aplatie par la disposition horizontale des plames qui couvrent les narines, disposi- tion constante chez les Corbeaux, aussi bién que chez les Freux, Choucas et Casse-noix. Rien de semblable ne s’ob- serve dans les Cyanocoraæ dont les nôms sont plus haut cités. Dans ces divers types spécifiques, les plumes sur- nasales ont plutôt de la tendance à s'élever en huppe, le long de l'arête médiane du bec: il en résulte que les na- rines sont moins couvertes qu’elles ne le sont chez les Corbeaux, Freux, Choucas, Casse-noix et Pies, et que les vrais Cyanocoraz présentent une disposttion de narines qui est plus semblable à celle qui caractérise le genre Psi- lorhinus, le plus anormal, sous ce point de vue, de toute la famille des Corvidés, et dont l'origine est Américaine, 248 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) comme l'est celle des diverses espèces auxquelles nous venons de le comparer. Par ce caractère différentiel se trouve donc, encore, con - firmée la séparation entre les Pica et les Cyanocorax, déjà établie par les Zoologistes modernes. Aucun de ces der- niers ne nous à présenté, au moins parmi ceux qui ont été soumis à notre examen, cette disposition en alèêne qui, dans Pica mauritanica et Pica melanoleuca, carac- térise la première rémige. Il est évident, en outre, que ces dernières espèces se rattachent plus au type des Corbeaux, Freux et Choucas, dont elles se rapprochent par leur habitat. Dans le Garrulus cristatus des États-Unis, nous re- trouvons également une forme de bec plus semblable à celle de certains Cyanocoraxæ qu’elle ne l’est à celle de notre Geai. Ce dernier, par l'aplatissement de la partie postérieure de son bec, ressemble, au contraire, à Pica melanoleuva. Les Aphelocomu, à leur tour, sont essentielle- ment comparables, sous le même point de vue, au type le plus classique du genre Cyanurus, et la ressemblance est encore très- grande entre cette dernière espèce et celles qui, douées d’une couleur bleue à peu près uniforme, ha- bitent la Nouvelle-Grenade, le Pérou et la Bolivie. Quant aux Pica Beccheyi et San Blasiana, dont l'habitat est si voisin du Pica morio, leurs narines ont, autant que ce dernier type, de la tendance à être tout à fait décou- vertes; elles lui ressemblent également par les change- ments de couleur que présente le bec, qui, dans la pre- mière de ces espèces, au moins, est tantôt blanc et tantôt noir, variation de coloration qui, quoique rattachée à des différences sexuelles, n'en est pas moins très-digne d'in- térêt, n'ayant encore été observée ni dans les Cyanocoraæ de la Guyane, ni dans ceux du Brésil. Si, maintenant, nous nous adressons aux termes les plus inférieurs, par la taille, bien entendu, de cette double _ TRAVAUX INÉDITS. 249 série, l’une, celle des Pica, dans l’ancien Continent, l’autre, celle des Cyanocoraz, dans le nouveau, nous trouvons, dans la première, les Cyanopica, dans la seconde, le Cya- nocoraæ nanus, de M. Dubus. Or, ce dernier a un bec très- semblable, par sa forme, aux espèces les plus typiques du genre Thamnophilus proprement dit; nous citerons, sous ce point de vue, d’une manière spéciale, le Thamnophilus doliatus. Ajoutons, enfin, que, parmi les Geais, le Garrulus infaustus et le Garrulus canadensis appartiennent, l'un et l’autre, à la série des types dont les narines sont cou- vertes de poils, ou, si l’on préfère une autre expression, de plumes rigides étendues sur la mandibule supérieure. Or, par les Geais, ainsi que l’a déjà dit M. le professeur Geoffroy-Saint-Hilaire fils, nous nous trouvons en con- tact avec les Lanius, avec cette différence, cependant, que, chez les Lanius, le bec est plus comprimé. De cette Esquisse, dont les Zoologistes voudront bien nous pardonner la concision, il nous semble possible de tirer les conclusions suivantes. Il nous paraît évident, en effet, 1° Que, dans le nouveau Continent, dont les parties mé- ridionales n’ont point présenté aux Ornithologistes de vrais Corvus, le type correspondant aux Pica s’en différencie par la disposition des plumes de la base du bec, dispo- sition qui, laissant de plus en plus à nu les ouvertures nasales, éloigne, sous ce point de vue, les espèces qui sont semblables à ce Lype de celles qui appartiennent à la Fa- mille des Corvidés. Rappelons, en outre, à ce sujet, que, il y a quelques années, en s'appuyant sur la disposition éga- lement différente des ouvertures nasales dans les Vultu- riens des deux Continents, le prince Charles Bonaparte a précisément signalé le parallélisme des Vultur et Gyps aux Gryphus et Sarcoramphus, celui des Meophron au Coragyps. Dans les divers cours d'Ornithologie qu'il a faits au Muséum de Paris depuis celte époque, M. le professeur 250 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) Geoffroy-Saint-Hilaire fils a toujours établi, d'après ces données, le tableau des Genres de cette Famille de Rapaces. Nous pouvons encore rappeler, en empruntant notre cita- tion à l'Histoire naturelle des Mammifères, qu’un des ca- ractères signalés par notre immortel Buffon pour la dis- tinction des Singes des deux Continents est également fourni par la disposition de la cloison internasale, celle-ci étant large dans les Singes du nouveau Monde, étroite dans ceux de l’ancien. Nous pouvons encore ciler, quoi- qu'elle n'ait point, malheureusement, été, jusqu'ici du moins, couronnée de succès, la tentative faite par l’ho- norable Gendre de l’illustre Zoologiste que nous avons cité plus haut, par M. le Comte Primoli, pour la division, en deux séries, de la famille des Perroquets. Ce fut, en effet, sur la disposition des narines que M. le Comte Primoli porta son attention. Mais, quoique cette tentative n'ait pas été entièrement confirmée par les faits, nous ne devions pas la passer sous silence ; car, en la rapprochant de celle à laquelle nous venons de nous livrer nous-même à l'égard des Cyanocorax comparés aux Pica, en la rapprochant des résultats signalés par le prince Charles Bonaparte pour les Vulturidés, et par Buffon pour les Simiadés, ces der- niers admis et acceptés dans la science, elle acquiert une véritable importance, en donnant à penser que les divers états de l'organe olfactif sont de nature à fournir quel- ques indications pour la caractéristique des Types de la Faune Américaine. C’est, on le conçoit, une pure asser- tion de notre part; mais il nous a paru convenable de signaler tous ces rapports, sur lesquels l'attention des Zoologistes ne paraît pas s'être encore portée d'une ma- nière assez suivie. 2% Que, dans le nouveau Continent, les espèces du genre Cyanocoraæ offrent la plus grande ressemblance, par la forme de leur bec, avec les Thamnophilus, con- fondus autrefois avec les Lunius par tous les auteurs sys- TRAVAUX INEDITS. 251 tématiques d'Ornithologie. La différence principale entre les deux types est fournie de prime abord par le degré différent d’allongement des tarses; ils le sont évidemment moins dans les Thamnophilus que dans les Cyanocorax. Nous dirons plus tard quelques mots des premières res- semblances que nous avons signalées entre les Bucco et les Thamnophilus; mais nous devons d’abord en signaler quelques autres entre d’autres Genres de Passereaux ap- partenant également à des sections différentes de cet Ordre, mais originaires des mêmes régions. (La suite au prochain numéro.) Nore sur divers Limaciens nouveaux ou peu connus, par M. J. R. BourGuIGNaAT. SUR LES ARIONS ATER ET RUFUS. L'Ariox rurus de Michaud [1) varie, comme chacun le sait, depuis le rouge le plus vif jusqu’à la teinte noire la plus foncée. — Seulement nous croyons utile de faire observer que l’on a tort de confondre, comme on le fait habituellement, l’Arion noir des montagnes des Alpes et des Pyrénées, qui est une espèce toute spéciale, avec une variété noire de l’Arion rufus, qui est si commune en France. Le véritable Arion ater (2) diffère de l'Arion rufus par la disposition différente de ses rugosités, par son orifice pulmonaire plus médiane, par sa mâchoire ornée de stries plus accentuées, par sa taille trois fois plus considérable. L’Arion ater, du reste, n'habite jamais que les parties hautes et froides des montagnes, et ne se rencontre point dans les vallées ni dans les plaines. (1) Compl. Drap., p. 3. 1831.—(Limax rufus, Linnœus, Syst nat. téd. X), p. 652. 1758. — (Arion empiricorum de Z'érussac, Hist. Moll., p. 16, pl. 1, f. 3. 1819), (2) Arion ater (Michaud, Compl. Drap., p. {. 1831. — (Limax ater, Linnœus.) 252 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) Ainsi, dans les vallées, on ne trouve, comme à Ba- gnères-de-Luchon, par exemple, que les diverses variétés noires de l’Arion rufus. SUR L'ARION ALBUS. Tous les conchyliologues regardent l’Arion albus de Férussac (1), Hist. Moll., p. 64, pl. 11, f. 3, comme une bonne espèce ; — ces savants sont dans l'erreur. Nous croyons pouvoir affirmer que la teinte blanchâtre qui caractérise l'Arion albus n’est due qu'aux égouts de certains arbres sous lesquels cette espèce habite. Cet Arion, en effet, se décolore complétement sous l'influence de l'acidité de ces égouts. Nous avons trouvé plusieurs fois, en Savoie et dans les Pyrénées, ce Limacien tantôt complétement, tantôt aux trois quarts décoloré. Cette espèce n’est pas la seule soumise à l'influence des égouts des arbres. Dans les mêmes localités, les coquilles se trouvaient ternes, incolores et presque rongées. Pres- que toujours la partie calcaire du test était dissoute. LIMAX CINEREO-NIGER. Limax cinereo-niger, Wolf (2), in Sturm, Deutschl. fauna, Würmer, 1°" fasc. 1803. Cette magnifique espèce, l’une des plus intéressantes de notre pays, a presque toujours été confondue à tort, par les conchyliologues français (3), avec la Limax cinereus de Müller (Verm. Hist., IE, p. 5. 1774) (4). En revanche, les autres malacologistes lui ont at- tribué, également à tort, Lantôt le nom de ZLineatus (5), (1) Limax albus de Müller, Etfer swamp., p. 61. 1763. (2) Wolf a publié, dans l'ouvrage de Sturm, les deux premiers fascicules ; — Voigt, les deux suivants; — enfin Hartmann von Hart- manorutii, les quatre derniers. (3) Férussac, Moquin-Tandon, etc. (4) Limax maximus de Linnœus, Syst. nat. (éd. X), p. 652. 1798. (5) Limax lineatus, Dumont et Mortillet, Moll. Sav. et du Leman, in Aun. Soc. nat. Savoie, p. 192. 1852. TRAVAUX INÉDITS. 253 tantôt ceux de Bilobatus (1) et de Claravallensis (2). Cette Limace habite les parties boisées et montueuses de la Savoie, de la Suisse, de la France, etc., surtout dans le Dauphiné, les Vosges et la Champagne. Dernièrement M. Deshayes nous a communiqué une variété de cette espèce à carène noire, comme le restant du corps. — Le type, comme chacun le sait, offre toujours une carène blanche sur un fond noir. Cette variété a été recueillie en grande abondance, par M. Deshayes, aux environs de Plombières-les-Bains. Limax NUBIGENUS. Voici une espèce du groupe de la Limaæx cinereo-niger, mais bien autrement curieuse et intéressante. Si la Limaz cinereo-niger est grande et de belle taille (3), elle est proportionnée à sa longueur, en ce sens que son corps se trouve fort, trapu; tandis que cette nouvelle Li- mace, lorsqu'elle marche, est fine comme un Ver, déliée comme un Serpent, de la grosseur d’un tuyau de plume et longue de 0®,24 à 0,25. — Toutes les fois que nous avons rencontré celte espèce, nous la prenions, à première vue, pour un de ces Reptiles au corps fin et agile, si dange- reux dans les pays montueux. Cette Limace habite la partie haute des montagnes, à la région des sapins. — Ainsi elle se rencontre dans les bois de Superbagnères (1,700 mètres), au-dessus de Luchon, et sur la Maladetta (Espagne), à la base des neiges éternelles, près du torrent qui se perd dans le cirque de la Rencluze (2,000 mètres). — Cette espèce est peu commune. Voici les caractères de la Nubigenus : Limax tenui, elongatissimo, cylindrico-fusiformi, postice acute cari- mato; — carina albidula in dorso evanescente ; — dorso ac lateribus omnino nigris, ac rugis argute eleganterque reticulatis, adornatis ; — pede nigro, in medio, zonula albida, ornato; tentaculis majo- (1) (Non Férussac), Ray et Drouet, olim, in Sched, (2) Drouet, in Litt. et Sched. (3 Elle atteint jusqu’à 0®,17 et 0,18 de longueur. 98% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) ribus elongatis, nigris, parvulis pallidioribus ; — clypeo maximo, antice non adhærente ac dilatato-rotundato, postice acute rostrato, concentrice striatulo. Limace grêle, très-allongée, cylindrique comme un tuyau de plume, et ornée, à sa partie postérieure, d’une carène blanche très-saillante, très-aiguë, qui disparait au tiers de la longueur totale. Corps entièrement noir, Pied noir également, avec une grande zone blanche médiane. Les rides du dos et des côtés sont élégantes et finement réticulées. Le bouclier est très-grand, très-dilaté à sa partie antérieure, qui n’est point adhérente au corps. Pos- térieurement, le bouclier se termine en un rostre aigu. De petites lignes concentriques ornent sa surface. — L'orifice pulmonaire est très-postérieur, grand et très-large. — Le col, qui est très-allongé;, d’une teinte jaune cendré, sil- Jonné, au-dessus, par deux petites lignes noires interrom- pues, se termine par une tête noirâtre dont les deux grands tentacules sont noirs et assez allongés, tandis que les deux petits sont d'une nuance plus pâle. De chaque côté de l’orifice buccal se trouvent deux pe- tits appendices labiaux d'une teinte blanchâtre. La mâchoire est forte, très-large, non striée et à peine rostrée à sa partie médiane. La Limacelle est grande, subtétragone, pellucide, vi- tracée, transparente sans partie calcaire , et ornée de zonules qui sont concentriques à l'angle droit du sommet. Limax CALLICHROUS. Cette Limace est une des plus belles de l'Europe, et il n'y à guère que la Limax Valentianus de Férussac qui puisse lui être comparée pour la richesse du coloris et la distribution heureuse de ses zonules et de ses taches. Cette espèce habite dans les vallées fraîches de presque toute la chaîne des Alpes maritimes. Ainsi, elle se ren- conire aux environs de Gênes, de Savone, d’Albenga, etc. — Nous ne l'avons point trouvée aux alentours de Nice et TRAVAUX INÉDITS. 255 de Menton, bien que nous soyons persuadé qu’elle doit y vivre. Lisax cylindrico, postice acute rubro-sanguineo carinato; — carina in dorso evanescenté in zonula luteola usque ad clypeum ; — dorso ac lateribus luteulis, utrinque duobus zonis nigerrimis adornatis, ac utrinque ad pedis marginem maculis nigris interruptis, spar- sisque, præbentibus ; — rugis dorsalibus productis, valide reticu Jatis. Pede albido-lutcolo, ad margines paululum fusco; — tenta- culis majoribus, nigris, — parvulis pallidioribus; — clypeo magno, antice rotundato, postice rostrato, concentrice striatulo, aterrimo ac maculis luteo-vinosis passim ornato. Limace de taille ordinaire, de forme cylindrique, pos- térieurement terminée par une carène très-aiguë, élevée, d'un beau rouge de sang, Cette carène s’évanouit à un tiers de la longueur totale, pour donner suite à une jolie bande jaune qui se continue jusqu'au bouclier. Le dos et les flanes sont jaunes et ornés, de chaque côté, de deux zones noires non interrompues; enfin, également de chaque côté, vers le pied, se trouve une série de petites taches noirâtres inégalement distantes les unes des autres, mais, malgré tout, laissant parfaitement deviner un sen- timent de zone avortée et à l’état rudimentaire. Rides dorsales et latérales saillantes et fortement réticulées. Pied d’un blanc jaunâtre passant à une teinte brune vers les bords, qui sont assez saillants. — Le col et les abords du bouclier sont jaunâtres. — Sur le sommet du col se trouvent deux petites lignes noires interrompues qui vien- nent aboutir à la base des deux grands tentacules, qui sont de taille médiocre, noirs el assez renflés à leur sommet; les petits tentacules sont d’une teinte plus pâle.— Bouclier grand, non adhérent à sa partie antérieure, qui est ar- rondie, et postérieurement rostré. Orifice pulmonaire peu postérieur, formant une forte échancrure. Bouclier d’un brun noir, orné de taches jaunes vineuses, surtout vers ses bords et sur le pourtour présumé de la limacelle, Rides concentriques peu sensibles. 256 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) Longueur de l’animal contracté, 45 mill. Longueur de l’animal en marche, 60 mill. Limax Doriz. Cette espèce (voy. pl. 8, f. 1:11) est bien, sans contre- dit, la plus grande, la plus curieuse Limace que nous connaissions. Ce gigantesque animal, depuis l'extrémité du corps jus- qu’à la pointe du grand tentacule, mesure près de 36 cent. (voy. F. 6), — et pourtant cette taille n’a rien d’exagéré chez cette espèce, puisque nous connaissons un amateur qui en possède un individu de 0",45. Lorsque l’animal est contracté dans l'alcool, le corps a encore 12 à 13 cent. de longueur sur 9 cent. de pourtour. La Limax Doriæ vit dans les endroits humides et om- bragés, sous les pierres, au fond des vallées des Alpes maritimes. Ainsi elle se trouve à Menton (Alpes-Mari- times), — Finale, Savone (Piémont), ainsi qu'aux environs de Gênes, surtout proche de Pegli, dans une propriété du marquis Doria. j Cette espèce, que nous dédions à notre estimable ami M. Jacques Doria, a encore été recueillie, par ce savant, dans les vallées du Montferrat (Piémont). Limax cylindrico, giganteo, postice maxime rubro-sanguineo carinato ; — carina evanescente in zonula rubro-sanguinea fere usque ad clypeum; — sulcis dorsalibus validis, reticulatis; cæruleo-nigres- cente, vel sæpissime aterrimo; pede atro, zonula mediana obscure luteolo-albida, præbente ; — clypeo maximo aterrimo, antice ro- tundato, paululum non adhærente, postice minime rostrato,— sub- granuloso. Limace de forme cylindrique, de taille gigantesque, par rapport aux autres espèces de ce genre. Corps posté- rieurement terminé en pointe aiguë et par une carène d'un rouge vif de sang, haute, quelquefois plissée (fig. 4). — La carène se termine ordinairement vers le tiers de la longueur totale , et est remplacée par une zone de même teinte qui se prolonge sur tout le dos jusqu'au bou- TRAVAUX INÉDITS. 257 clier (1). Ordinairement d'un beau noir foncé tirant sur le bleu, quelquefois cette espèce offre les nuances tantôt d’un brun roux ou cendré verdâtre, tantôt d’un marron foncé ou d’un cendré noirâtre, etc. (fig. 7, 8, 9, 10, 11); mais, malgré ces différences de tons, la carène rouge existe toujours, du moins dans les échantillons que nous avons récoltés ou que nous avons reçus. — Rides sail- lantes, prononcées, à sillons profonds, et parfaitement réticulées. Pied noir, traversé par une large bande d’un blanc jaune un peu terne (fig. 5). — Bouclier très-grand, arrondi antérieurement et, postérieurement, un peu rostré ; — non-adhérence médiocre à la partie antérieure. — Surface très-noire, subgranulée et non ornée de stries concentriques, comme chez les espèces qui lui sont voi- sines. Orifice respiratoire oval, médiocrement posté- rieur, formant une forte échancrure. k Col et tête d’une teinte plus pâle; grands tentacules pro- portionnellement médiocres, ainsi que les petits. Appen- dices labiaux près de l’orifice buccal. Limacelle de faible taille, peu épaisse (fig. 3), subob- longue, à lignes concentriques assez bien marquées. Mächoire très-forte, aussi large à ses deux extrémités qu’à son milieu, épaisse, presque lisse. — Rostre médian peu développé (fig. 1). Limax Dacampi (2). Limax Dacampi, Menegazzi, Malac. Véron., in Mém. Acad. di Verona, vol. XXXII, p. 63, pl. 1, f. 1-4. 1855. Ce Limacien, aussi intéressant que l'espèce précédente, habite dans toute l'Italie nord oriental, surtout aux alen- tours de Peschiera, de Vérone, etc. Nous en ayons recueilli une variété charmante à Orbe- (1) Quelquefois cette zone n'atteiut pas le bouclier comme dans l'échantillon représenté à Ja fin de ce travail. (2) Voyez Spicil., pl. XIV. 2° sénie. r. xi1. Année 1861, 17 9258 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE: (Juin 1861.) letto (États romains), qui sé distingue du typé par Fab: sence complète, sur les flancs, des deux zones blanchätres (fig. 4, pl. XIV des Spicil.}. — Les taches rouge de sang existent, du reste, comme dans le type, seulement elles se trouvent sur un fond d’un gris cendré. Voici les caractères que Menegazzi a attribués à cette espèce : « Limax corporc sordide albescente; — lateribus rufo-fuscis, fasciis dorsalibus quinque decrescentibus sanguiueis ac nigris, lougitudi- naliter alternätim notato; tuberculis oblongis, irregularibus ; — frônte grisea ; — tentaculis cinereis, grânulosis, basi latis ; — clÿ peo Cafneo-cupreo-rufescente, concentrice ctispiaté-sulcaté, postiée cuneatô, margidibus anticis carneis ; — apertura respiratoria pos- tica, cinereo-marginata; — disco sordide-albescente, faseia utrinque marginali lata, cinereo nigrescente prædito ; aliisque pedis cyaneo- nigrescentibus (Menegazzi). » LIMAX PSARUS. Limax eleganter cylindrico, elongato, postice acuto ac albidalo- carinäto; rugis elongatis, reticulatis; dôrso cinereo-cærulescente ad marginem pedis evanescente in cinereo luteolo, ac macuhs aterrimis rotundisque passim late sparsis, adornäto ; — pede albi dulo-luteolo; — clypeo magno, antice non adhærénté âc rôtündato, postice étiäm foftandaté, irregulatitér Striatulo, cineteo-c&ruleo dé pâacis maculis aterrimis passim ornato. Limace cylindrique, dé forme allongée et eylindrique, terminée par une queue aiguë, à carène blanchâtre, Rides du corps finement réticülées ét très-allôngées. Dos et flancs d’une belle couleur cendré bleuâtre, passant, aux abords du pied, en üne nuance d'un blané jaunâtre. Le tout mou- cheté çà et là de petites taches arrondies, d’un noir très- brillant. Pied d'un jauné blanc. Bouclier grand, anté- rieurement fon adhérent ef arrondi, ainsi qu'à sa partie postérieure; stries irrégulières, fines et non concentri- ques. Couleur du bouclier d'un beau bleü cendré, mou- cheté, comme le reste du corps, de quelques taches du plus beau noir possible. Orifice respiratoire presque médian, se montrant sous TRAVAUX INÉDITIS. 259 la forme d'une fente étroite, échancrant fortement le man- léau. Tête d’un blanc jaunâtre. Grands tentacules fins, al- longés, violacés. Petits tentacules d’un violacé jaune. Longueur de l’animal contracté dans l’alcool, 4 cent. ; Longueur de l'animal en marche, 7 cent. Cette éspèce habite en Lombardie, dans les endroits ombragés, sous les pierres, les morceaux de bois, aux en- virons de Brianza. LiMAX GAGATES. Limax gagates, Drap., Tabl. Moll., p. 100, 1801 ; — Hist. Moll., p. 122, pl. 9, f. 1. 1805. Cette espèce, indiquée, dans uu grand nombre de ca- talogues de France, comme une Limace de l'intérieur des terres, est, au contraire, un animal du littoral. Ainsi, depuis le Finistère, elle suit les côtes du Mor- bihan, de la Charente-Inférieure, de la Gironde, etc., passe en Espagne, en Portugal, et se retrouve ensuite sur un grand nombre de points du littoral méditerranéen; en Italie, en Sicile, en Algérie, au Maroc, etc. Cette espèce est même acclimatée en Angleterre et en Irlande. La Limaz gagates ainsi que la Sowerbyi servent de type à ce nouveau genre de Limacien, créé par Gray, en 1855, sous l'appellation de Milax, in Cat. of Pulmonata or air. — Breathiog Moll., in the coll. of the Brith. Mus. {{). Limax SowERBy1, Limax Sowerbyi, Férussac, Hist. Moll., p.96, pl. VII D, f. 7-8. 1823. M. Gassies (in Act. Soc. Linn. Bord., t. XXII, 3° série, p- 232, novembre 1856) a publié cette espèce sous l’ap- (1) Dans ce même travail, M, Gray a encore établi, pour la Limax lombricoides de Morelet (Moll. du Portugal, 1845), le genre MaLiNo. — D'après les caractères de ce nouveau genre , nous ne serions pas éloigné de considérer ce genre comme une subdivision des Krynickia de Kaleniczenko (Bull. Soc, imp. nat. de Moscou, n° 1, p. 30, 1839). 9260 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) pellation de Limax argillaceus. — La description donnée par cet auteur est très-bonne; nous la transerivons ici, afin d'appeler de nouveau l'attention des conchyliologues sur cette Limace nouvelle pour la faune française. « Animal allongé, caréné. — Tentacules supérieurs noirâtres ou violâtres. Point oculiforme très-noir, peu visible. — Tentacules inférieurs courts, gris foncé, un peu noirs vers lé sommet. — Cuirasse double, séparée en deux parties inégales par l'orifice respiratoire, qui se trouve placé très-en arrière. k « Carène jaune de chrome, partant brusquement de la cuirasse et se terminant en arrière, en se relevant un peu. « Peau chagrinée assez fortement de noir, sur un fond brun bien obscur; bords du manteau et du pied jau- nâtres. Plan locomoteur légèrement zébré à sa marge, dessous jaune pâle; mucus jaune rouge épais, peu abon- dant. « Mâchoire cornée, à bec central, bombé et aigu. Langue spiriforme, garnie de spinules espacées en fer de lance recourbé à la pointe. « Osselet ovale inégal, un peu abattu à droite. Nucléus bombé, chagriné, sans apparence de spire. » Longueur de l'animal en marche, 09 cent. ; Longueur de l’animal contracté, 25 cent. Cette espèce, recueillie par M. Gassies sur les terrains argileux des plateaux élevés de Lormont (Gironde), se trouve également en très-grande abondance dans les jar- dins de Vannes (Morbihan) (1). Cette Limace est originaire d'Espagne, d’où nous l’avons reçue, seulement sans indication de localité; elle s’est propagée ensuite, sans aucun doute, le long des côtes de l'Océan, à l'instar de l'Helix Quimperiana. — Il est très- présumable qu'elle sera, plus tard, constatée sur tout le (1) Voyez Bourguignat, Malac. terr. et fluv. de la Bretagne, p. 43. 1860. TRAVAUX INÉDITS. 261 littoral français, lorsque les naturalistes voudront faire des recherches un peu plus sérieuses au sujet des Limaces de notre pays. Ce Limacien a même été acclimaté depuis un temps im- mémorial en Angleterre, aux environs de Benvwell et de Londres, et en Irlande, aux alentours de Dublin et de Galway. C'est d’après un échantillon anglais que Férussac a établi cette espèce. Leach est le premier qui ait fait connaître ce Limacien sous le nom de Limazx carinatus (1); seulement cette ap- pellation ne peut être adoptée, puisque l'ouvrage de Leach, qui date de 1820, n’a malheureusement été publié qu’en 1852, par les soins de Gray ; or Risso , en 1826, a édité sous ce même nom de Carinatus une espèce toute différente (2). Quant à la Limax carenatus (3) de d'Orbigny(Moll. Canar., p. #7, pl. III, f. 4-8, 1839), c’est une espèce que nous avons éditée sous la dénomination de Lima polyptyelus, dans notre Note sur les Limaces des îles Madère et Ténériffe (in Bourguignat, Amén. malac., t. II, p. 143. 1859). LIMAX MARGINATUS. Limax marginatus, Müller, Verm. Hist. IN, p. 10. 1774. — Draparnaud, Hist. Moll., p. 124, pl. 9, F. 9. 1805. Cette espèce est spéciale au littoral de la Méditerranée, ainsi qu'à quelques contrées montueuses de la France et de l'Allemagne. Certains auteurs prétendent l'avoir trouvée dans toute la France; il est plus que probable qu'ils ne la connais- sent pas et qu'ils ne l'ont jamais vue. (1) Synops. Moll., p. 54, pl. 8, f. 3. 1852. (2) Voyez Limax carinatus, in Bourguignal, Moll. Alpes maritimes. 1861. (3) Errore pro carinatus. 262 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) Cette Limace est parfaitement typique dans presque toutes les vallées des Alpes maritimes, surtout aux envi- rons de Gènes et de Savone. Limax VERANYANUS (1). Cette nouvelle espèce ressemble, à première vue, par sa forme et sa coloration, à la Zimax marginatus, mais elle en diffère surtout par son extrémité, qui est seulement fortement carénée, ce qui n’a pas lieu chez la Marginatus, dont la carène se prolonge jusqu'au bouclier. Cette Limace, que nous dédions à notre honorable ami le chevalier Verany, de Nice, se distingue par les carac- tères suivants : Limax gracili, cylindrico, postice acute carinato; — rugis elongatis, eleganter reticulatis; — dorso et lateribus cinereis, multitudine exigui fusci maculi punctato; pede albidulo; — clypeo antice non adbærente, rotundato, postice vix rostrato, fere rotundato, ci- nereo, fere nigro, multis macuhs atris sparsim undique adspersis. Limace cylindrique, assez grêle, postérieurement forte- ment carénée. Rides allongées, peu sensibles, très-fine- ment et très-élégamment réticulées. Corps cendré, orné d'une multitude de petits points noirs. Pied d’un blanc terne. Bouclier antérieurement arrondi et non adhérent, postérieurement arrondi et à peine rostré, d'une cou- leur cendrée plus prononcée, moucheté d’une grande quantité de petits points noirs inrégulièrement placés les ups par rapport aux autres. Orifice pulmonaire arrondi, postérieurement placé et formant une assez forte échancrure. Tête d’un blanc sale. Tentacules supérieurs allongés, d’un gris pâle. Tentacules inférieurs petits, transparents. Longueur de l'animal en marche, 5 cent.; Longueur de l'animal contracté, 2 cent. Cette espèce se trouve principalement dans les environs de Gènes (Piémont). — Elle habite dans les endroits om- (1) Voyez Spicil. mal., pl. XI, £, 9. TRAVAUX INÉDITS. 263 bragés des vallées de toute la chaîne des Alpes mari- times. LiMax PYCNOBLENNIUS. Limax parvulo, postice carinato ac truncato, omnino albo-lactescente ; rugis paucis, argutissime reticulatis ; pede albido-lactescente ; — clypeo maximo, oblongo, antice non adhærente, rotuadato, postice subbilobato. Avimal petit, épais, ramassé. Corps postérieur caréné et se terminant brusquement en dos d'âne, entièrement d’un bjane de lait et se recouvrant subitement d’un mucus épais, lactescent, aussitôt qu’on le touche. Les rides sont très-espacées et très-finement réticulées les unes aux au- tres. Pied lactescent. — Bouclier oblong, très-grand, an- térieurement arrondi et non adhérent, postérieurement un peu bilobé; même couleur que le reste du corps. — Orifice respiratoire sous la forme d'une fente, et échan- crant fortement le manteau. Tête petite, päle, transpa- rente, unicolore, à tentacules médiocres et transparents. Animal timide, lent, habitant sous les pierres dans les endroits très-humides des vallées des Pyrénées. Nous avons recueilli cette espèce dans la vallée du Pie du Gers, à 4 kilom. environ des Eaux-Bonnes, ainsi que près de Luchon, dans la vallée du Lys, tout proche de la cascade de Cœur. Le mueus de ce Limacien laetescent est si épais et si abondant, qu'il suffit pour le dérober aux regards de ses ennemis. — Lorsqu'on a excité cette Limace et qu'elle s'est deux fois enveloppée de son mucus, elle demeure épuisée et devient presque transparente. La longueur de cette espèce à l’état vivant est 3 cent. {La suite au prochain numéro.) 264 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) DescripTion de Coléoptères nouveaux d'Algérie, par A. CHEVROLAT (1). 93. Xenostrongylus obsolelus, breviter ovatus, convexus, pube ci- nerea omnino depressa densissime vestitus; elytris oblunga ma- cula communi basi et fascia arcuata, ultra mediam posita, obso- lete fuscis; labro antennis pedibusque pallidis. — L., 2 1/2; L., 11/2m. Ovalaire, convexe, recouvert d’une courte pubescence uniforme, serrée, d’un blanc cendré verdâtre qui empêche d’apercevoir sa ponctuation dense. Tête transverse, con- vexe, marquée d’un sillon longitudinal, et d’un second arqué en avant. Labre, antennes ferrugineux; ces dernières sont recouvertes d’un duvet cendré. Yeux petits, noirs. Prothorax transverse, échancré en demi-cercle sur le de- vant, abaissé, aplani, déprimé, arrondi sur le côté, étroitement rebordé, si ce n’est sur la base, qui est tant soit peu flexueuse ; son disque est convexe en arrière. Ecusson triangulaire, incliné en devant. Elytres marquées d'une grande tache oblongue, commune, qui entoure l'écusson et s'étend jusqu'au milieu de la longueur; au delà est une bande arquée qui remonte jusqu’à l’épaule ; toutes deux sont d’un fauve pâle. Pattes ferrugineuses, légèrement tomenteuses. Des environs d'Alger ; envoi de M. Poupillier. Cette espèce devra se placer avant le X, arcuatus, Kies., plus large que ce dernier; son prothorax est déprimé et impressionné sur les côtés ; la tache dorsale des étuis est plus étroite et plus allongée, la bande postérieure n’est pas interrompue. Le X. arcuatus, du reste, est d’un fauve verdâtre, plus étroit et régulièrement convexe. 94. Xenostrongylus lateralis, vicinus X. histrioni, Woll., sed in humeris latior, ovalis, valde convexus, pube lanata fusco-obscura, albida et nigra variegata tectus; capite obscuro; autennis pedi- (1) Voir la Rev. et Mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304, 380 à 389 ; 1860, p. 75 à 82, 128 à 137, 208 à 212, 269, 302, 409, 448, 509 ; 1861, p. 118, 205. TRAVAUX INÉDITS. 265 busque ferrugineis ; prothorace lateribus late cum fasciola dorsali (nigro-limbata) albis ; scutello cinereo ; in elytris, fascia arcuata, puuctis quatuor posticis, albis, ad suturam punctis tribus con- junetis, fasciolisque dorsalibus duabus nigris et macula late- rali fusco-brunnea ante punctos terminata. — L., 2; 1., 1 1/3 m. Voisin du X. histrio, Woll., un peu plus grand et surtout plus élargi sur les épaules, recouvert d’une pubescence cotonneuse, mélangée d’obscur, de brun, de fauve, de noir et de blanc. Téte luisante, d'un brun verdâtre. An- tennes et pattes ferrugineuses. Prothorax ayant ses bords latéraux élargis, déprimés, aplatis, étroitement rebordés et largement blanchâtres ; sur le milieu du disque on voit une petite bande transverse, arquée, blanche, ayant ses bords maculés de noir; sa base est très-fluxueuse et les angles postérieurs sont anguleusement prolongés en ar- rière. Ecusson triangulaire, cendré. Elytres fauves, mé- langées de gris et présentant trois points *.: réunis entre eux et deux petits traits sur la suture ; immédiatement au- dessous du premier trait se voit un arceau blanc, et près de l’extrémité de chaque étui sont deux points blancs ; la marge est largement brune au-dessous de l'épaule, et se prolonge presque jusqu’à ces deux points. Cette espèce a été trouvée, par M. L. Lethierry, aux environs de Philippeville, et c’est de lui que je latiens. Ma collection renferme quatre espèces de ce genre. 95. Cybocephalus diadematus, affinis C. pulchello, Er., ovatus, glo- bosus, glaber nigro-uitidus ; capite lato, thorace amplo, cum mar- gine antico smaragdinis. — L., 2; L., 1 m. Ovalaire globuleux, glabre, d'un noir profond, très- brillant. Téte large, arrondie, convexe, d’un beau vert- émeraude. Yeux noirs. Prothorax ample, transverse, cintré sur le milieu antérieur, avec l'angle abaissé, modé- rément avancé sur les yeux, arrondi obtusément et si- nueux en dedans; côlés régulièrement arrondis jusque sur la base, qui est droite ; il offre, sur son bord antérieur, une bande émeraude qui est étroite en dehors, mais qui 266 RFV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) s'étend et s’avance presque jusqu’au centre. Ecusson nul. Elytres trois fois aussi longues que le prothorax, moins larges que ce dernier à leur base, allant faiblement en s’amincissant et arrondies, chacune, à l'extrémité. La marge est étroitement sillonnée. Pattes et corps, en des- sous, noirs. Elle se distingue du C. pulchellus, Er., et de l'exiguus , Sahl., par son prothorax un peu moins dilaté et par l'angle antérieur, qui est un peu moins ayancé. Cette intéressante espèce a été trouvée, par M. Poupil- lier, aux environs d’Alger, sous des détritus provenant d’inondations Cet habile chasseur me dit que, vu vivant au soleil, on le prendrait pour une petite perle, tant la partie antérieure de son corps, qui est d’une jolie couleur verte, est éclatante. 96. Rhyssemus aspericeps, niger, opacus; capite nigro, tuberculis asperatis tecto, duobus frontalibus obliquis et majoribus; labro Jate emarginato, rufo; prothorace antice anguste luteo, marginibus setosis, costis quinque transversis, costa quarta in mediointerrupta, postice recurva; elytris rufis vel rufo obscuris, sulcos duplicatos et intns transverse crenulatos ferentibus, stria suturgli et mar- ginali profundis ; antennis pedibusque rufesceutibus , fibiis auticis extus 3-dentatis. — L., 3 1/2, 4; 1, 1 4/5, ? m. D'un noir terne. Téte brillante, arrondie, convexe, cou- verte de petits tubercules aigus, dont deux obliques et plus grands sur le front ; vertex abaissé, aplani et ceudré,. Labre largement échancré, avec les palpes et les antennes d’un roux ferrugineux. Prothorax marqué de cinq côtes transversales, la quatrième, en partant du sommet, est interrompue et recourbée en dessous, vers le milieu; au centre, un court sillon: son bord antérieur est étroitement jaunâtre, et des soies roides et jaunes bordent les côtés et la base. Ecusson allongé, conique. Elytres rousses ou d'un roux obscur, à stries simples doubles, rapprochées, renfermant de petits tubercules transverses, étroits et serrés; celles suturale et marginale plus profondes. Pattes | TRAVAUX INÉDITS. 267 ferrugineuses. Jambes antérieures munies de trois dents assez longues et arquées. Deux exemplaires, pris aux environs d'Alger, m'ont été adressés par M. Poupillier. Cette espèce devra prendre place avant le À. germa- nieus, Linn.; elle a certains rapports avec le R. algiricus, Luc., et en est distincte par son prothorax non pointillé, mais #ranuleux entre les côtes. 97. Cebrio rufipes €, clongatus, supra niger, nitidus, crebre punc- tatus ; pectore Jlauato, fusco; palpis, anteanarum articulo primo, abdomine pedibusque rufis ; capite fortiter punctato, fovea magna triangulari ; prothorace transverso, minute puuctato, angulis pos- ticis ad apicem externe productis, sulco basali brevi; elytris inæ- qualiter punctato-striatis, intervallis costulatis et punctatis, — L., 21; 1., 6 m. D'un noir luisant en dessus. Téte large, arrondie, à ponctuation forte, offrant une large dépression triangu- laire en avant et un sillon longitudinal obsolète. Mandi- bules et yeux noirs.-Palpes ferrugineux. Antennes de la longueur à peu près de la moitié du corps; à premier ar- ticle ferrugineux; deuxième et troisième courts, d’un brun clair terne ; suivants de même couleur, mais luisants : le quatrième est le plus long de tous ; les suivants sont égaux et d'un tiers plus courts que le précédent. Prothorax plus transversal que de coutume, plus finement ponctué que la tête, couvert d'un poil mou, d’un roux doré ; son bord antérieur s'avance circulairement vers le milieu et s’abaisse sur les côtés; l'angle antérieur est arrondi; sa base est doublement cintrée; un court sillon en dessus, sur le mi- lieu ; angles postérieurs divergents, aigus; le dessous est densément velu et d'un blond roussâtre. Ecusson ovalaire. ponctué. Elytres un peu plus larges que le prothorax, trois fois et demie aussi longues, étroitement arrondies sur Chaque extrémité, à stries ponctuées d’une manière irrégulière (ces points sont ou de forme carrée, fovéolés, réticulés, ou pelits); interstices légèrement en côtes, 268 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) ponctués. Poitrine couverte d'un poil blond épars. 4bdo- men et pattes ferrugineux. Jambes et tarses un peu rous- sâtres. Cette espèce m'a été envoyée par M. Prophette; elle habite les environs d'Oran. Par la forme générale, elle se rapproche du C. numi- dicus, Lucas. 98. Malthinus signatus nigro-opacus, subnitidus ; prothorace luteo macula oblonga nigra, versus latera recte protensa ; elytris sub- metallicis rugulosis, ad apicem flavis; lateribus pectoris flavis, abdomine supra nigro, infra flayo punctis nigris in medio notato, penultimo segmento rufo.— I.., 6; 1., 1 1/2. D'un noir terne, cependant un peu brillant par places. Tête allongée, arrondie, brillante sur le front. Yeux très- noirs. Antennes minces, de la longueur du corps. Prothorax aussi long que large, atténué dans sa moitié postérieure, relevé sur le bord en avant et en arrière, d'un jaune rou- geâtre, offrant sur son disque une grande tache oblongue noire qui avoisine chaque extrémité; un trait roide de même couleur s'en détache sur le côté; sillon transversal assez profond. Ec1sson allongé, d'un noir grisâtre, tra- versé par un sillon. Elytres d'un noir métallique, rugu- leuses, ornées, sur le sommet, d’une tache d’un beau jaune, qui est coupée droit en dessus et arrondie en ar- rière. Côtés de la poitrine avec uneligne jaune arquée, cro- chue en arrière. Abdomen noir en dessus, jaune en des- sous, marqué de points noirs au milieu. Le pénultième segment est cylindrique et rougeâtre, sa base est obscure ; dernier petit, de couleur orangé. Reçu de M. J. Poupillier comme se trouvant aux envi- rons d'Alger. On devra le classer avant le AZ. sanguino- lentus, Fallen. 99. Phytonomus ambigenus, affinis P. signato, Bhn., sed minor, plauus, aliter coloratus pilisque nigris et fuscis indutus, oblon- gus, cinereo-rubidus, pilis erectis retro vestitus; rostro cylindrico, areuato, infuscalo ; capite parvo, cinereo ; anteunis pallide ferru- TRAVAUX INÉDITS. 269 gineis; oculis nigris; prothorace planiuseulo, lateribus rotunde ampliatis, dorsalibus lineis tribus albidis signato; elytris punctato- striatis, lineolis duabus basalibus, sutura angusta, maculisque plurimis in tergo postico arcuatim dispositis, fuscis ; tibiis tarsis- que pallidis. — L., 5; 1., 21/3 m. Assez semblable au P. signatus, Bhn., plus petit, dé- primé en dessus, d’un cendré rougeâtre, et s’en distingue particulièrement par les taches et dessins des élytres, dont la fourrure est formée de longs poils blonds inclinés, mélangés de noir vers l'extrémité, tandis que ces poils sont blancs chez l'espèce comparative. Trompe assez mince, cylindrique, arquée, obscure. Tête petite, cendrée. An- tennes pâles. Yeux noirs. Prothorax aplani, transverse, échancré cylindriquement en avant, avec les bords un peu plus avancés près des yeux, presque droit sur la base, cependant faiblement anguleux ; les côtés sont élargis et arrondis ; sa surface est couverte d'un poil court, dense, et d'un pointillé très-serré; elle offre trois lignes longitu- dinales plus pâles que le fond, qui est plutôt brunâtre. Ecusson ponctiforme, très-petit. Elytres convexes sur la déclivité dorsale postérieure, un peu plus larges que le prothorax dans sa plus grande étendue, un peu acu- minées sur le sommet de la suture; elles portent des stries ponctuées, minces près de la suture, mais, à partir de la quatrième , ces points deviennent de plus en plus gros et mieux accusés ; sur la base, entre les deuxième et troi- sième stries, apparaît, de chaque côté, un petit trait brun; la suture est étroitement et inégalement brune, et des taches de même couleur forment, par leur ensemble, sur la partie déclive du dos, un cercle ayant sa courbe en ar- rière. Jambes et tarses pâles. Nous placerons cette espèce après le P. signatus. Elle a été découverte près Alger par M. J. Poupillier. 100. Pharus ? selulosus, hemisphæricus, niger, nitidus, crebre punc- tulatus, pilis brevibus, cinereis erectis vestitus ; capite planiusculo, transverse quadrato, antice atteouato et reflexo; labro luteo ; pro 270 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE: (Juin 1861.) thorace transverso, lateribus subrotundato, obsoleté sulcato, pau- lulum reflexo, angulis antice obtuse protensis ; elytris maculis octo flavis 2, 4, 2; pedibus testaceis. = L., 1 1/2, 2; 1., 1 1/3 m. Hémisphérique, d’un noir légèrement brillant, couvert d'une ponctuation fine, serrée, et d’un poil cendré court et roide. Téle en carré transversal, à peine convexe, dis- tinctement pointillée, ayant, de chaque côté, en avant, uné faible fossette. Labre étroit, transverse, jaunâtre. Yeux d'an brun noirâtre. Prothorazx trois fois aussi large que haut, échancré en demi-cercle sur la tête, avec les angles antérieurs un peu avancés et arrondis; la base est cintrée én arrière ; les côtés sont abaissés, arrondis, apla- nis, à peine sillonnés et un peu relevés sur leurs bords. Ecusson étroit, subconique. Elytrès circulaires, régulière- ment convexes, ornées, chacune, de quatre tachés jaunes : première carrée, grande, située au-dessous de la base, rapprochée de la suture et étendue, extérieurement, jas- qu'au repli huméral; deuxième et troisième arrondies, rapprochées de la précédente, en regard l’une de lautré et ayant leur sommet situé vers le milieu longitudinat ; quatrième étroite, transverse, en forme de virgule, ayant sa limite vers la hauteur de la deuxième tache, et arrivant, à l'opposé, jusqu’à la suture. Paftes testacées. Je possède cinq eéxémplairés de taille diverse, qui ne m'ont offert aucune différence de couleur sur la tête; seulement les taches dés élytres variént un peu de gran- deur et sont plus ou moins rapprochées ou séparées. Cette espèce habite les environs d’Alger pendant la saison d'hiver ; je la dois à notre collègue M. Poupillier IL SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 3 juin 1861. — M. le ministre de la guerre SOCIÉTÉS SAVANTES. 271 adresse la Lettre suivante sur des Larves d'Insectes de la famille des Hyménoptères attaquant des balles de plomb. « Mon prédécesseur a donné à l’Académie des sciences, le 7 septembre 1857, communication de plusieurs cartou- ches qui avaient été attaquées, dans des caisses en bois où elles se trouvaient en paquets, par des Insectes ron- geurs appartenant à l’ordre des Hyménoptères. « Un fait analogue vient de se produire à Grenoble, où l’on a trouvé, en procédant à la démolition de cartou- ches confectionnées en 1856, plusieurs de ces Insectes. « L'examen de ces singulières détériorations me paraît devoir intéresser d'autant plus l'Académie des sciences, que l'opinion émise sur la nature et le travail des Insectes dont il s’agit, par M. le directeur du muséum d'histoire naturelle à Grenoble, n’est pas en parfaite harmonie avec celle qui est consignée, à ce sujet, dans les Comptes rendus de l’Académie. . « J'ai, en conséquence, l'honneur, monsieur le secrétaire perpétuel, de vous adresser, en vous priant de vouloir bien en donner communication à l’Académie des sciences, 1° une boîte contenant plusieurs Insectes et des cartou- ches détériorées par eux; 2° un Mémoire fait, à ce sujet, par M. le conservateur du muséum de Grenoble; 3° enfin un Rapport de la direction d'artillerie de cette place sur la démolition des cartouches. » Les deux Notes et les pièces mentionnées dans la Lettre de M. le ministre sont renvoyées à l'examen d’une com- mission composée de MM. Milne-Edwards, de Quatrefages et maréchal Vaillant. M. Pasteur présente le résumé d’un travail sur les Cor- puscules organisés qui existent en suspension dans l’atmos- phère. Examen de la doctrine des générations spontanées. M. Wunner présente de nouvelles Recherches sur la cir- culation fœtale. M. Sauvageon fait connaître les résultats qu’il a obtenus, 272 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Juin 1861.) cette année, en poursuivant ses recherches sur l’électri- sation appliquée aux Vers à soie. Ces expériences ont été faites à Valence-sur-Rhône et non pas à Valence (Tarn), ainsi que l’indiquait, par er- reur , l’article relatif à sa précédente communication (Comptes rendus, t. XLIX, p. 1142). Séance du 10 juin. — M. Lavocat présente un travail d'anatomie comparée ayant pour titre, Détermination mé- thodique et positive des vertèbres de la tête chez les Vertébrés. — Ce mémoire est renvoyé à l'examen d’une commission composée de MM. Serres et Geoffroy-Saint-Hilaire. M. Ailland d’'Esparron communique les bons résultats qu'il a obtenus de l’électrisation appliquée aux Vers à soie malades. Dans une expérience qu'il a faite à Beaucaire, des Vers qu’on jugeait perdus, soumis à l'influence de la pile, ont pris le bois et donné des cocons qui paraissent valoir ceux provenant de Vers bien portants. M. le président présente, au nom de l’auteur, J. Van der Hœven, un catalogue descriptif des crânes de diverses races humaines réunis, par ses soins, dans le musée de Leyde. M. Duméril fait présenter, par M. Geoffroy-Saint- Hilaire, une Note ayant pour litre , sur des Vers à soie du chéne élevés à la ménagerie des Reptiles du muséum d'his- toire naturelle. Ce nouveau Ver à soie a été l’objet d’un travail que nous avons eu l'honneur de présenter à l’Académie et aux Sociétés impériales d'agriculture et d’acclimatation long- temps avant la Note de M. le professeur d’erpétologie. Dans cette note, il y a de graves inexactitudes qu'il est utile de relever, dans l'intérêt de la vérité. S'il est vrai de dire que le gardien de la ménagerie des Reptiles a mis beaucoup de persévérance, beaucoup d'intelligence et une grande habileté à soigner les Vers à soie de la Société d’ac- climatation, c'est que cet employé recevait de nous une SOCIÉTÉS SAVANTES. 273 direction convenable et qu'il avait d’abord exécuté nos prescriptions avec exactitude et docilité. Depuis qu'il a été détourné de son devoir de coopérateur ; depuis qu’une direction spéciale lui a manqué (voir cette Revue, 1861, p- 235 et suiv.), tout a changé, et les très-heureux succès dont parle M. Duméril se sont convertis en échecs, qu'il était facile de prévoir et que nous avons énumérés dans le travail cité plus haut (p. 237). Pour le Ver à soie du chêne, ce succès consiste dans l'obtention de quatre co- cons sur quarante chenilles, qui ont presque toutes péri de maladies, par suite de l'obstination avec laquelle on a tenu à les laisser dans la ménagerie des Reptiles, quand nous proposions de les placer dans de meilleures condi- tions (id., p. 233). Ce qui prouve, du reste, que ce fàächeux échec est uni- quement dû à la direction qui a été donnée à cette pre- mière et délicate expérience, c’est que, sur un seul de ces Vers élevé par M. Année avec des feuilles du chêne blanc du bois de Boulogne, nous avons obtenu ux cocon. Nous avons constaté, en suivant les diverses phases de l’exis- tence de cette chenille, qu’elle est très-rustique et peu dif- ficile à soigner, et il est certain aujourd’hui que, si notre proposition d'élever une partie des chenilles de la ména- gerie des Reptiles hors de cet établissement avait été adoptée (id., p. 234, note 1), on aurait possédé l'espèce dès cette année. Il est impossible d'y compter actuelle- ment, avec quatre cocons provenant de chenilles malades et dont les Papillons ne sauraient éclore assez simultané- ment pour que l’apparition de deux individus de sexes différents ait lieu presque en même temps. — En effet, on sait que ces papillons de Vers à soie sauvages refusent de se féconder quand l'un des sexes est éclos deux ou trois jours plus tôt que l’autre, et qu'on ne peut espérer une réussite si l’on ne possède pas assez de sujets pour qu'il puisse éclore un certain nombre de mâles et de femelles 2° sénie, T, xur. Année 1861. 18 27% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) dans la même matinée ou du jour au lendemain. Il fau- drait un bien heureux hasard pour que quatre cocons provenant d'une éducation ravagée par la maladie pus- sent donner presque en même temps deux Papillons de sexes différents susceptibles de se féconder. Séance du 17 juin.— M. Coste fait hommage d’un exem- plaire de la seconde édition de son Voyage d'exploration sur le littoral de la France et de l'Italie. M. Denis, de Commerey, lit un travail sur a Plasmine, substance albuminoïde qui donne au sang la faculté de se coaguler spontanément. M. Merlin fait connaître les résultats d'expériences qu'il a faites avec un enduit destiné à préserver de l'at- taque des Tarets les bois immergés dans l’eau de mer. M. Sauvageon et M. Ailland d'Esparron envoient, chacun, de nouvelles observations concernant l'application de l'électricité aux Vers à soie malades. M. Coinde adresse de Sfax (régence de Tunis) les indi- cations qui lui ont élé fournies par un médecin arabe, concernant l'emploi, dans un remède contre l'hydro- phobie, d'un Insecte doué, à un haut degré, de pro- priétés vésicantes, d’une espèce de Mylabre. Séance du 24 juin 1861. — M. Valenciennes lit un Rap- port sur les collections des espèces de Mammifères détermi- nées par leurs nombreux ossements fossiles recueillis par M. Albert Gaudry, près d'Athènes, pendant son voyage en Attique. Dans ce travail, M. Valenciennes récapitule les services que M, A. Gaudry a rendus à la paléontologie en explo- rant la riche localité de Pikermi. Comme nous avons donné une idée de ces objets en rendant compte des diverses notices que M. A. Gaudry a publiées dans les Comptes rendus, nous nous bornerons à reproduire les conclusions favorables de ce rapport, lesquelles consis- tent SOCIÉTÉS SAVANTES. 275 « 1° À engager M. Gaudry à publier avec détails la description des espèces des genres rares et nouveaux dus à ses recherches; « 2° A témoigner à M. Gaudry la satisfaction de l’Aca- démie pour le zèle, l’activité et l'intelligence qu'il a mis à remplir la mission qui lui avait été confiée. » M. Collin présente un Mémoire ayant pour titre, sur la présence d'une Linguatule dans les ganglions mésentériques du Mouton, et sur sa transformation, dans le nez du Chien, en pentastome ténioïde. « I vit, dans les ganglions mésentériques du Mouton et du Dromadaire, une Linguatule qui devient sexuée en changeant d'habitation. « Cette Linguatule se creuse des cellules ou des nids, sans parois propres, dans la substance des ganglions, et chaque cellule en renferme plusieurs individus. « Les nids, en se multipliant, déterminent la désorga- nisation du tissu ganglionnaire, qui se réduit en pulpe diffluente composée , en grande partie, de globules poin- tillés analogues à ceux du chyle ou de la lymphe. « Le Ver des glandes mésentériques paraît provenir des œufs pondus, dans les cayités nasales du Chien, par la Linguatule ténioïde, et rejetés sur l'herbe dont se nour- rissent les bêtes ovines. « Il ne séjourne qu'un temps limité chez son premier hôte, perfore le ganglion pour en sortir, et y laisse des lacunes que ferment bientôt des dépôts plastiques ou tu- berculeux. « Si les entrailles du Mouton viennent à être dévorées par le Chien ou par le Loup, le Ver peut s'attacher aux ailes du nez, au voile du palais, et pénétrer dans les ca- vilés nasales, où il prend son complet développement. « En effet, si on place à l'entrée des narines du Chien des Linguatules prises dans les glandes mésentériques, elles s'engagent bien vite dans les cavités nasales, et vont ou 276 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Juin 1861.) se fixer, à l’aide de leurs crochets, sur la membrane des volutes ethmoïdales, d'où l’éternument le plus violent ne peut les expulser. « Ces Vers, qui ont ainsi brusquement changé d'habi- talion, s’accroissent avec lenteur; d'agames qu'ils étaient d'abord, ils deviennent sexués, et, en moins de deux mois, l'appareil de la reproduction est entièrement formé ; mais ils doivent séjourner près d’une année dans les ca- vités aériennes des Carnassiers pour arriver au terme de leur évolution. « On ne saurait guère douter que la Linguatule des ganglions chylifères du Mouton appartienne à l'espèce de celle trouvée dans les kystes du poumon du Lapin, et dont M. Leukart a déjà obtenu la transformation chez le Chien. « Dans une prochaine communication, je décrirai le développement de la Linguatule, et je mettrai sous les yeux de l’Académie les dessins qui en représentent les principales phases. » M. Hamel présente des observations sur la Régénération osseuse. M. 4. Milne-Edwards présente un travail intitulé, Expé- riences sur la nutrition des os. « Depuis les belles expériences de Chossat, on sait que les animaux ont besoin, pour continuer de vivre, d’ingérer tous les jours, dans leur estomac, une certaine quantité de matières calcaires; que, si cette quantité vient à leur manquer, leurs os deviennent minces et fragiles, et enfin qu'ils meurent au bout d’un temps plus ou moins long. Mais Chossat n’avait pas cherché, à l’aide de l'analyse chi- mique, à expliquer de quelle manière se détruisait le tissu osseux; si c'était par une simple résorption que le sang enlevait à l'os les matières calcaires, ou si ce tissu disparaissait de toutes pièces, la matière cartilagineuse aussi bien que la matière minérale. SOCIÉTÉS SAVANTES. 277 « Pour résoudre cette question, il suffisait de priver, peudant quelque temps, un animal de sels calcaires, puis de rechercher, par l'analyse chimique, si, sous l'influence de ce mode de nutrition, los s'était appauvri en substance inorganique, ou si, le rapport des éléments n'ayant pas changé, son volume seul avait diminué. « J'ai fait cette expérience sur des Pigeons. Ils ont été nourris de blé, de riz, de maïs et de millet décortiqué : le blé employé donnait, par incinération, 2,58 pour 100 de cendres, dont 0,05 de chaux ; le maïs, 1 à 1,30 de cen- dres, dont 0,15 de chaux, le riz, 0,5 à 0,8 de cendres; le millet décortiqué, { pour 100 de cendres, dont 0,02 à 0,03 de chaux. Alimenté de cette façon, un Pigeon, man- geant, en moyenne, #0 grammes de grains par jour, ne faisait entrer dans son organisme qu'environ 0,008 de chaux, quantité insuffisante pour l’entretien du tissu os- seux. Trois jeunes Pigeons, n'ayant pas encore atteint toute leur croissance, ont été soumis à ce régime; un autre, pris pour terme de comparaison, recevait une nourriture normale. « L'expérience dura trois mois et demi. Au bout de trois mois, les Pigeons furent pris de diarrhée et com- mencèrent à dépérir,; je les sacrifiai alors, ainsi que celui qui était resté dans les conditions normales d’alimenta- tion. « Les os des Oiseaux mis en expérience présentaient un volume beaucoup moindre que d'ordinaire; ils pe- saient près d’un tiers moins que ceux du Pigeon pris pour terme de comparaison. L'analyse des os longs m'a donné les résultats suivants : 278 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) Pigeons privés de sels calcaires. N°21, No 2. No 3. Pigeon ordin, Phosphate de chaux... 60,87 59,39 62,53 61,15 Carbonate de chaux... 4,30 5,87 3,75 4,13 Graisse, ......... vite 0,97 1,22 1,13 1,24 Matière cartilagineuse. 34,66 33,52 32,60 33,48 100,00 100,00 100,00 100,00 Matière organique..... 39,63 34,74 33,73 31,172 Matière inorganique... 64,37 55,26 66,27 65,28 « D’après ces résultats, on voit que la composition du tissu osseux n’a pas changé malgré la privation de sels calcaires; le volume seul de l'os a diminué; donc ce tissu se résorbe de toutes pièces, et ce n’est pas seulement la matière terreuse qui est enlevée. Ces observations vien- nent confirmer l'opinion qui fait regarder le tissu osseux comme le résultat d’une combinaison chimique entre la matière organique et le phosphate de chaux. En effet, lorsque ce tissu se forme chez le fœtus, il présente la même composition que dans los d’un adulte, et, quand il se détruit, comme dans l'expérience que j'ai faite, il dis- paraît de toutes pièces. &« J'ai également cherché à reconnaître si, lorsqu'un animal est privé de sels calcaires, il pourrait les rem- placer, dans la constitution de ses os, par des composés analogues, par exemple par ceux de fer, de manganèse et de magnésie. Dans la coquille de l'œuf, cette substitution peut avoir lieu. Depuis fort longtemps dejà, on sait qu'il est possible de faire entrer dans la composition de cette enveloppe certains sels minéraux, tels que ceux de cuivre. Plus récemment, M. Roussin est parvenu à déterminer la formation d'œufs dont la coquille contenait une propor- tion considérable de baryte, de strontiane, de magnésie, de manganèse, de fer et de plomb. Dans les os, la même substitution peut-elle avoir lieu? C’est ce que j'ai cherché à réaliser avec des carbonates de fer, de manganèse et de SOCIÉTÉS SAVANTES. 279 magnésie, qui ne pouvaient pas influer d’une manière no- table sur l'économie. Je n’ai pas employé de carbonate de baryte, parce que cette substance, comme on le sait, est très-vénéneuse. « Trois Pigeons ont été soumis à une privation aussi complète que possible d'aliments calcaires, et, tous les jours, on faisait ingérer, au n° 1, des pilules de 05,1 de carbonate de fer; au n° 2, un même poids de carbonate de manganèse; au n° 3, un même poids de magnésie. Au bout de quatre mois de cette alimentation, cés Oiseaux dépérissaient ; le n° 3, soumis au régime du carbonate de magnésie, se supportait à peine. J'ai alors mis fin à l'ex- périence et soumis les os à l'analyse. Ceux-ci étaient très- minces et très-fragiles; les n°* { et 3 ont donné des traces de magnésie, de fer, mais ne dépassant les quantités qui s'y rencontrent toujours; quant aux os du n° 2, ils ne présentaient aucune trace de manganèse. Ces différents sels ne peuvent done pas entrer dans la constitution du Lissu osseux en renplacement dés sels de chaux. Ce serait là un argameut de plus à l'appui de la théorie que j'avais proposée sur le mode de nutrition des os, et qui tendait à faire considérer le tissu osseux comme n'étant que le ré- saltat de l'union de deux substances primordiales, l’os- séine et le phosphate de chaux, le carbonate de chaux n'y existant que comme produit de la décomposition du phosphate de chaux par l'acide carbonique du sang. D'après cetle manière de voir, il faut que la chaux, pour pouvoir se fixer dans les os, y arrive à l’état de phosphate et passe ensuite à l'état de corbonate : or, comme les phosphates de fer, de manganèse et de magnésie ne sont pas isomorphes avec le phosphate basique de chaux, ils ne penvent se substituer à ce dernier. Dans la coquille de l'œuf, au contraire, qui est formée exclusivement de car- bonate de chaux, les carbonates isomorphes peuvent s’y retrouver. De plus, cette coquille doit être considérée 280 REV. El MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) comme un produit excrémentitiel destiné à être éliminé, et non comme un tissu apte à vivre et à se développer au sein de l'organisme; elle peut donc se charger, sans in- convénient, de substances étrangères et même nuisi- bles, etc. Sa sécrétion est une voie ouverte pour l’expul- sion des matières dont l’économie ne peut supporter la présence. » III ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. PLANCHES coLoriées des Oiseaux de la Belgique et de leurs œufs. Dédié à S. M. Léopold I“, roi des Belges, par Cu. F. Dugois. — Gr. in-8, fig. colorites. Bruxelles, 1860. Ce bel ouvrage, qui forme une véritable faune ornitho- logique d'Europe, est continué avec la plus louable acti- vité par son auteur, et mérite toujours l'accueil empressé que lui ont fait les naturalistes. Comme nous avons déjà parlé plusieurs fois des livrai- sons qui se succèdent sans interruption, nous nous bor- perons à annoncer aujourd'hui que l’auteur, au lieu de négliger l'exécution de son livre, comme cela arrive quel- quefois dans les publications faites seulement dans un but purement commercial, a apporté des améliorations constantes dans le dessin, la lithographie et le coloris de ses planches, qui forment, le plus souvent, de jolis petits paysages toujours appropriés aux mœurs des espèces re- présentées. L'examen des livraisons 116 à 130, que nous avons sous les yeux, nous fait constater des progrès constants et nous encourage, plus que jamais, à recommander cet ouvrage. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 281 Specimina zoologica mosambicana, cura J. Josephi Bran- con, fase. 14. — Bononiæ, 1859. — Reptiles et Pois- sons. Les Reptiles décrits ou mentionnés appartiennent au groupe des Serpents. Outre les espèces déjà décrites, et sur lesquelles M. Bianconi donne quelques observations, il faut reconnaître deux espèces nouvelles, qui sont 4° le Deutrophis foveola, Bianc., pl. 13, et 2° le Dipsas Medici, Bianc., pl. 14. Parmi les Poissons, il décrit et figure (pl. 10) le Spiro- branchus Smithii, Bianc. Specimina zoologica mosambicana, cura J. Josephi Brax- con1, fasc. 12. — Bononiæ, 1857. — De Piscibus. Dans ce fascicule, le savant M. Bianconi continue dé faire l’'énumération des Poissons qui ont été rapportés des côtes de Mosambique par M. Fornasini. Il donne des observations très-intéressantes sur les espèces déjà con- nues, et il décrit avec soin et détail celles qui lui parais- sent nouvelles , soit spécifiquement, soit génériquement. A la page 246, il fait connaître un nouveau genre près des Labrax, auquel il donne le nom de MEGaLeris, avec ces caractères : Operculo unispinoso. Præoperculo, suboperculo et inter- operculo inermibus. Linguæ postrema parte denticulis his- pida, antice rugosa, apice levi, naribus remotis. Pinms dorsalibus disjunctis. Capitis latera squamis tecta, suboper- culo excepto. Linea laterali ramulosa dorso parallela squa- meæ corporis magne. L'espèce unique, lype de ce genre, est appelée, par M. Bianconi, Megalepis Alessandrini et représentée à la pl. #. 282 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) M. Bianconi décrit et figure comme nouveaux le Cheilio bicolor et deux Scarus, qu'il laisse sans noms spécifiques. Synonymy or THE. — Synonymie des espèces de Cyre- nella, genre de Mollusque de la famille des Eucinides, par M. Tewpce-Prime. — In-8. (Extrait des Procès- verbaux de la Société d'histoire naturelle de Boston, sep- tembre 1860.) C'est un catalogue synonymique complet de ce genre, qui est composé aujourd'hui de 14 espèces. A la suite de ce petit travail, M. Prime donne le cata- logue synonymique du genre Rangia, de la famille des Mactracées, genre qui se compose de huit espèces vivantes et fossiles, dont sept sont propres à l'Amérique du Nord et une à la Nouvelle-Hollande. Syxonvmy or THE... — Synonymie des Cyclades, famille de Mollusques acéphales, f'° partie, par M. TEMPLE- Prime.— In-8. (Extrait des Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, juin 1860.) C'est un catalogue synonymique complet, précédé de l'énumération des genres qui composent cette famille. Commençant au genre Velorita de Gray, M. Temple y énumère une espèce, le type, qui est propre aux Philip- pines. Le genre Corbicula de Megerle comprend 9% espèces de tous les pays; Le genre Cyrena de Lamarck, 176 espèces; Le genre Sphærium de Scopoli, 93 espèces. Outre ce travail général, qui a dù coûter beaucoup de recherches et qui établit l’état de nos connaissances suL MÉLANGES ET NOUVELLES. 283 ces Mollusques, M. Prime a publié, sur une feuille in-k, une liste des Cyclades de l'Amérique du Nord, comprenant aussi les espèces de Cuba, de l'Amérique centrale, de Honduras, de la Jamaïque, du Mexique, de Panama et du Yucatan. Le genre Pisidium a 14 espèces: Le genre Sphærium en a 34; Le genre Cyrena en a 18: Le genre Corbicula 3; Ce qui fait un total de 69 espèces. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Dans notre dernier numéro, à la note de la page 234, nous avons dit que M. Jacquemart avait fait donner à de jeunes Vers à soie du chêne des feuilles trop dures, et qu'il eût été à désirer qu'il püt faire la description et la figure de ces jeunes Vers. M. Jacquemart vient de nous affirmer que, à cette époque, il avait parfaitement reconnu que les feuilles ap- portées par son jardinier ne valaient rien, et qu'il s'était donné la peine d'en aller choisir lui-même de plus ten- dres. H nous à assuré aussi qu’il avait noté la couleur des jeunes Vers, et qu'ils étaient noirâtres au moment de leur naissance. Nous nous faisons un devoir de publier de suite cette rectification, et nous avons lieu d'être satisfait de l'avoir provoquée, puisque nous ayons obtenu ainsi un précieux renseignement dont nous regrettions l'absence, et qui montre que notre Bombyx Yama-maï doit bien être une espèce aussi distincte du B. Pernyi que du B. mylitta. G. M. 984 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) Nous croyons devoir publier l'observation suivante, faite avec beaucoup de soin et de précision par M. Gan- dolphe , entomologiste plein de zèle pour les progrès de cette branche de la zoologie. Dans une lettre qu'il nous adresse de Bone le 4 mai 1861, nous trouvons ce passage intéressant : « Le 11 mai 1861, vers les 9 heures du soir, j'étais des- cendu dans mon petit jardin pour respirer l'air purifié et rafraichi par une pluie bénie tombée abondamment Ja veille et le jour même, après quatre mois d’un hiver in- croyablement beau et sec. La lune était nouvelle et il fai- sait très-noir. Quelques lueurs éparses dans les massifs et jusque dans l'allée semblant révéler la présence de Lam- pyris ©, je voulus m’en emparer; mais, tandis que mes doigts fouillaient en vain sans rencontrer le corps du co- léoptère présumé, quelle fut ma surprise de voir toute la place que j'avais tätonnée, l'étendue d’un douro environ, éclairée d’une vive phosphorescence, au milieu de laquelle se débattait, non pas une Lampyris, mais un véritable ver, une espèce de lombric mince, très-délié, de # à 5 centi- mètres de longueur ! Ce n’est pas tout, le fluide lumineux s'était aussi attaché à mes doigts, et chacun d’eux avait son étincelle. Essuyés à mon pantalon, la laine s’éclaire de même. Puis je vis que tout autour de moi le sol piétiné s'illuminait aussi; jugez combien j'étais ébahi! J'appelle ma femme et mes fils, j'envoie chercher mon voisin M. Hue, pharmacien, homme instruit et intelligent, dont la surprise égale la mienne. Le spectacle était réellement féerique. Des milliers de vers restés obscurs s'allumaient sous nos pieds. De tous ceux que nos chaussures frois- saient ou écrasaient, elles emportaient et éclaboussaient tout autour des flots de phosphore; nos mains, nos vête- ments étaient en feu. Mon plus jeune fils s’en était bar- bouillé la figure qui ressemblait à ces écorces de pastèques découpées par les Jaouled et dans lesquelles ils renfer- MÉLANGES ET NOUVELLES. 285 ment un falot. Enfin, figurez-vous une illumination gé- nérale. « Le lendemain, M. Jacquot, pharmacien en chef de l'hôpital militaire de Bone, à qui, dans la journée, j'avais parlé de ces faits singuliers, vint avec M. Hue. Comme l’apôtre Thomas, il voulait voir pour croire. Sa curiosité fut pleinement satisfaite; les mêmes phénomènes se re- produisirent, et M. Jacquot emporta même quelques Lom- brics pour les examiner à son aise. « Les jours suivants, le nombre des Vers lumineux di- mioua, faute de pluie, et ils devinrent rares jusqu'au 29. Ce jour-là, il plut assez sérieusement, et les Vers repa- rurent le soir en nombre considérable. MM. Arnould et Dehousse, médecins aides-majors, et Guery, médecin en chef de l'hôpital militaire, M. Clayeux, sous-intendant miliaire, et bon nombre d’autres personnes, sont venus examiner ces phénomènes étranges. Le 29, MM. Arnould et Hue furent témoins, avec moi, d’un détail bien curieux, d'une lumière qui luisait dans un massif; nous vimes se détacher une autre lumière, qui se mit à courir en tournoyant avec une rapidité excessive, s'éloignant et se rapprochant tour à tour de son foyer. M. Hue ramassa à la fois, dans une poignée de terre, l'astre et son satellite, qui n’était autre chose qu’un petit Carabique, que j'ai re- cueilli et étiqueté, et qui me paraît être une Nebria plus ou moins voisine de la Brevicollis. Elle a la poitrine Tous- sâtre entre les six pattes ; tout le reste est noir. La seule explication qui nous parut plausible de ce que nous ve- nions de voir fut que le petit carnassier avait voulu goù- ter du Lombric, et se serait allumé à son contact. « La faculté phosphorescente aurait donc alors été don- née à l'animal pour sa défense. « C’est aussi, bien probablement, un moyen d'appel et de reconnaissance entre les mâles et les femelles, car, parmi un grand nombre de ces Vers que j'ai ramassés, 9286 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) les uns sur le fait, les autres en tout semblables, le lende- main, de grand matin, il y en a beaucoup qui sont lumineux et d’autres qui ne le sont pas. Je présume que ceux-ci sont les mâles. « Je ne pense pas que ce Lombric possède, comme le Ver luisant ordinaire, la faculté d’éteindre sa lumière à sa volonté, car il ferait comme lui et s’obseurcirait lors- qu’on cherche à le prendre. Celui-ci, au contraire, répand à flots son phosphore pour se défendre. La Lampyris morte, tout éclat disparaît; le Lombric écrasé, la lumière persiste quatre ou cinq minutes. « M. Hue et les autres personnes que je vous ai citées, à qui l’odeur du phosphore est bien familière, ont en vain cherché, après avoir écrasé et frotté plusieurs Lombrics dans la paume de leur main, à reconnaître la plus légère émanation phosphorique. « Si je n'avais pour témoin de tout ce que je viens de vous raconter les personnes les plus honorables et les plus dignes de foi, qui toutes ont vu, de leurs yeux vu, vu et palpé mon Lombrie lumineux, qui se sont imprégné les doigts deleur phosphorescencecommunicative; si MM. Hue et le docteur Arnould n'avaient pas vu et touché ma Me- bria incendiée par sa proie, j'aurais à peine osé vous par- ler de toutes ces étrangetés. Soyez convaincu qu'il n'y a pas un mot qui ne soit parfaitement vrai dans tout ce que je vous ai dit. « D'ailleurs, je vous envoie par la poste, dans un fla- con, quelques-uns de ces Lombrics. Comme j'en ai con- servé un s#rand nombre, du 11 au 29, vivants et lumi- neux, il n’y a pas de raison pour que ceux-ci, qui ont été ramassés le {°° mai, ne vous parviennent pas sains et saufs après une captivité de sept à huit jours. Dans ce cas, et si les causes extérieures de température, de climat ne s’y opposent pas, vous pourrez apprécier vous-même la vé- rité de mon récit. MÉLANGES ET NOUVELLES. 287 « Peut-être bien aussi, mon cher monsieur, tout cela est-il depuis longtemps bien connu de tous les entomo- logistes, les Bonois exceptés. Dans ce cas, je compte sur votre bonne et bien ancienne amitié pour me par- donner de vous avoir distrait de vos sérieuses études d'entomologie pratique, et ne pas trop rire de mon igno- rance, en considérant que je suis un adepte novice, isolé dans ce coin du monde sans guide ni conseil, n'ayant pour tout moyen d'étude que ma chétive bibliothèque. » Samedi 20 juin 1861, les membres du bureau et une nombreuse députation de la Société impériale zoologique d’acelimatation se sont rendus chez M. de Montigny pour lui offrir la médaille que cette Société a fait frapper en son honneur, en témoignage de sa reconnaissance pour les nombreux services qu’il a rendus à l'acclimatation. Après des paroles remarquables et profondément sen- ties de MM. I. Geoffroy-Saint-Hilaire et Drouyn de Lhuys, nous avons adressé l’allocution suivante au savant et zélé voyageur. « Monsieur de Montigny, permettez-moi de vous remer- cier aussi pour les nombreux producteurs et travailleurs de la soie, pour ces intéressants ouvriers des champs et des villes du midi de la France, qui vivent de cette grande in+ dustrie, de ce produit d’un faible Insecte, humble ouvrier aussi, mais ouvrier bien utile, puisqu'il produit cette riche matière que l’on regarde, à juste titre, comme étant le pain industriel de la ville de Lyon. « Les agriculteurs qui élèvent le Ver à soie, les ouvriers qui travaillent son merveilleux fil savent avec quelle con- stante et généreuse sollicitude vous avez cherché, depuis longtemps, à leur procurer les races les plus productives et les plus belles que l’on élève en Chine, antique berceau de la sériciculture. Depuis qu'une affreuse épidémie sévit sur 288 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1861.) ces précieux Insectes, depuis que ce fléau a porté la ruine et la désolation dans nos campagnes, dans les industrieuses cités qui fabriquent les plus belles soieries du monde, vous n'avez cessé de faire des efforts pour procurer à la France et à l’Europe des races nouvelles et saines, seul moyen de combattre avec quelques chances de succès un si terrible fléau. « Les sériciculteurs françaissavent tout cela, monsieur de Montigny, etils vous en sont profondément reconnaissants. Quand ils apprendront que ma faible voix s’est jointe à celle des plus illustres chefs de la Société impériale z00- logique d’acclimatation qui vient de vous remercier, d’une manière si éclatante et si digne de vous, de tout ce que vous avez fait pour la grande et belle œuvre qu’elle pour- suit, ils pourront regretter de n’avoir pas eu près de vous un organe plus éloquent, mais ils m’approuveront de m'être rendu leur interprète, car ils ont tous au fond du cœur les sentiments de vive gratitude que j'essaye de vous exprimer ici. » GuÉRIN-MÉNEVILLE. TABLE DES MATIÈRES. Pages. A. SALLE, — Mémoires d'histoire naturelle du docteur D. Pablo de la Llave. 241 PucHERAN. — Observations sur les ressemblances, dans la forme du bec, entre des genres de Passereaux d’une même faune, appartenant à des sections différentes de cet ordre d’Oiseaux. 244 J. R. BouRGUIGNAT. — Note sur divers Limacieus nouveaux ou peu connus. 251 A. CHEVROLAT. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 264 Académie des sciences. 270 Analyses. 280 Mélanges et nouvelles. 233 RTL 2e TS IU ir RL CURE RUE RE ne nr PARIS.— IMP, DE M€ V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'EPERON, 5.—1801. VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — JUILLET 1861. I. TRAVAUX INÉDITS. OgsERYATIONS sur les ressemblances, dans la forme du bec, entre des Genres de Passereaux d’une même Faune, appartenant à des sections différentes de cet Ordre d'Oiseaux, par M. Pucneran (1). Nous trouvons, en effet, une semblable similitude, dans la forme rostrale, entre les Coccyzus, parmi les Zygodac- tyles, et les Mimus parmi les Passereaux déodactyles, dentirostres. On la constate, en comparant le Coccyzus erythrophthalmus des États-Unis, et les Mimus gilous et polyglottus : celte comparaison est surtout satisfaisante avec cette dernière espèce. Dans les deux types, c’est toujours le même étalement du bec à sa base, la même compression de cet organe, en avant des narines. Nous n’ayons pas besoin d'ajouter, car ce fait est familier aux Ornithologistes, que cette compression est plus forte dans le type Grimpeur, dont le même organe est égale- ment plus allongé, et plus tôt incurvé dès son origine. Il se manifeste, au reste, entre nos deux Passereaux, des diffé- rences tout à fait de même nature que celles que nous avons déjà signalées entre les Bucco, d'une part, et les Thamnophilus, d'autre part. Ainsi, dans les Coccyzus, les tarses sont plus courts et les ailes plus allongées ; c’est la disposition opposée qui existe dans les Mimus. Dans le Mimus cinereus, des Antilles, dont le tarse est moins al- longé, la ressemblance devient plus complète, lorsqu'on le compare aux Coccyzus des mêmes espaces insulaires. Les différences deviennent encore moins appréciables (1) Voir page 244. 2° sénie, T. xut. Année 1861. 19 990 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Jutllet 1861.) lorsqu'on prend, pour terme de comparaison avec cette dernière espèce, parmi les Zygodactyles, le Cuculus guira et même Île Piaya cayana, espèces qui diffèrent moins entre elles, sous le point de vue de l’état de leurs tarses, qu’elles ” ne diffèrent des Coccyzus, des États-Unis. La ressemblance est, enfin, plus facile encore à saisir, lorsqu'on met en pré- sence le Coccyzus erythropygius et les Mimus, et même ceux-ci et le Coccyzus melanorhynchus du Brésil. Dans cette même section des Dentirostres, se trouve un genre à bec allongé, originaire des Antilles, c’est le Genre Cinclocerthia, de M. Gray. Or, comparez, sous le point de vue de la forme du bec, l’espèce qui lui sert de type avec le Saurothera vetula, de Vieillot (de Porto-Rico, par Maugé, Musée de Paris), et il vous sera facile de constater que, dans l’un et l’autre terme de comparaison, c’est absolu- mént le même mode de conformation. Sans nul doute, entre ces deux Passereaux, des différences subsistent, et, la taille étant plus grande dans le Saurothera veluta, son bec doit évidemment être plus allongé, ce qui n'empêche pas la manifestation de la plus grande similitude, dans la dis- position de l'organe rostral. Quant aux autres différences, tous les détails que nous avons déjà donnés et qui sont relatifs aux Bucco, Thamnophilus et Cyanocorax, détails que nous venons de reproduire à l’occasion des Coccyzus et Mimus, tous ces détails sont de nature à faire prévoir en quoi consistent ces différences, et quelle est leur na- ture. Aussi, en ce qui concerne les nouveaux Types de comparaison que nous venons de soumettre à notre exa- men, les prévisions que peut nous suggérer la constatation des faits déjà observés ne sont pas en défaut. Ainsi, dans le Type Grimpeur, à bec allongé, quoique la taille soît plus grande dans Saurothera, le tarse est cependant plus court, mais l’aile est également plus courte ; dans Cinclocerthia, au contraire, les rémiges sont plus allongées. Cette ex- ception, en opposition avec le fait général du rapport in- verse d’allongement des tarses et des ailes, s'explique TRAVAUX TNÉDITS. 291 peut-être par les états divers de longueur que nous pré- sente la queue dans ces deux types génériques : «elle est, en effet, plus allongée dans Saurothera, dont les rémiges sont courtes, que dans Cinelocerthia, quien porte de plus développées. La queue est également plus longue dans Geococcyx, comparé à Ramphocinolus : les becs ‘se ressem- blent encore cependant, quoique le premier de ces Genres soit originaire du Mexique. Disons, en outre, que, dans le Type Zygodactyle, il se manifeste, entre autres Carac- tères, un de ceux que nous avons déjà signalés, c’est celui de l’incurvation plus prompte de la mandibule supérieure : celui du plus grand allongement du bec, quand on le compare à celui de Ramphocinclus, se produit avec en- core plus d'évidence. Ajoutons enfin, pour terminer l'œuvre de détail relatif à ces Genres de Passereaux, d'ori- gine américaine, qu'il y a ressemblance, par la forme du bec, entre certaines espèces de Trogon, le Trogon collaris, par exemple, et le Phytotoma Bloxami. La com- paraison de ces deux Types donne encore occasion de constater que le Type Zygodactyle se distingue dé son homologue par des tarses plus raccourcis. Si, maintenant, nous cherchons à établir des compa- raisons de mème nature parmi les Genres faisant partie de laFaune ornithologique de l'Asie, nous pouvons citer une ressemblance semblable, dans la forme du bec, entre le Taccocua Leschenaulti, parmi les Zygodactyles, et, parmi les Dentirostres, la Timalia hyperythra, Frankl., fai- sant partie du genre Dumetia, de M. Blyth. C’est tout à fait la même forme, surtout lorsque, mettant les deux Oiseaux l'un à côté de l’autre, on examine Îes deux becs par leur partie supérieure : maïs, dans l’espèce typique de Taccocua, dont la taille est bien plus grande, cet or- gane est plus grand, plus tôt courbé dès la base, plus comprimé en avant; ce sont toujours, quoiqu'il soit Yrai- ment fastidieux de le répéter, des différences de même nature que celles que nous avons déjà signalées. Ainsi que 292 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) nous l'avons encore dit, le tarse du Taccocua est gros, par rapport à celui de Dumetia; mais, quand on fait at- tention à la taille des deux Genres, il est bien permis de conclure qu'il est plus grand dans le second que dans le premier. Ajoutons, enfin, que la longueur de la queue, par rapport à celle du corps, est semblable dans ces deux Passereaux, ce qui nous rend compte, jusqu'à un certain point, des dispositions analogues que présentent les ré- miges. Tels sont les divers faits qui se sont présentés à notre observation, dans la série de recherches que nous avons entreprise depuis quelques années, dans le but d'étendre aux Oiseaux les résultats obtenus par nous, depuis une dizaine d'années, sur les caractères généraux des Faunes. Sous ce dernier point de vue, ils ont, dés lors, une certaine importance, importance que nous-même, cependant, sommes bien loin de nous exagérer; mais, en réfléchissant à l’un de ceux que nous avons signalés en premier lieu, celui des particularités offertes par les ou- vertures nasales, dans les Cyanocoraæ, on ne peut s’em- pêcher d'être frappé, comme nous l'avons été nous- même, de cette tendance que présentent certains or- ganes, dans les Types de la Faune américaine, à se trouver modifiés et doués de quelque particularité tout à fait spé- ciale, lorsqu'on les compare à leurs congénères d'Europe, d’Asie et d'Afrique. Aussi avons-nous rappelé les obser- vations de même nature relatives à la disposition des narines chez les Singes du Nouveau Monde, observations devenues vraiment classiques en Mammalogie. Nous ne pouvions omettre non plus celles plus récentes, faites, chez les Vulturidés américains, par le Prince Charles Bonaparte. Nous sommes, dès lors, conduit, par trois voies différentes, à admettre que, du côté des ouvertures nasales, trois des Types de la Faune américaine nous offrent des différences zoologiques lorsque nous les com- parons à leurs analogues de la Faune de l’ancien Conti- TRAVAUX INÉDITS. 293 nent. Nous ne devons pas omettre, non plus, cette circon- stance, qui est de nature à donner encore plus d'intérêt aux rapports que nous venons de signaler, c'est que les deux ordres de faits que l'Ornithologie a adonnés à l’obser- vation ont été constatés, sans qu'il y ait eu, dans l’esprit des deux Ornithologistes qui les ont, les premiers, signalés, la plus minime tendance à appliquer, soit aux Vulturidés, soit aux Cyanocorax, l'un des résultats obtenus par Buffon pour la caractéristique des Singes du Nouveau Monde. Je ne sache même pas que le Prince Charles Bonaparte se soit jamais aperçu de l'harmonie qui existait entre ses observations sur les Vulturidés, et celles de Buffon sur les. Singes. Ce qu’il y a de sûr, c’est que pas une ligne, dans les nombreux écrits sortis de sa plume depuis 1851, n’a trait à ce rapprochement ; je ne lui en ai jamais, pour ma part, entendu parler, quoique j'aie été, assidüment, son seul et unique collaborateur, depuis 1850 jusqu'aux der- niers mois de 1856. En ce qui concerne, d'autre part, - les Cyanocorax, je dois avouer, à mon tour, que ce n’est qu'après que toutes mes observations y relatives ont été terminées que je me suis aperçu, et avec une profonde satisfaction , qu’elles s’harmonisaient soit avec celles du Prince Charles Bonaparte sur les Vulturidés, soit avec celles de Buffon sur les Singes. Maintenant que signifie, ou plutôt que peut signifier, au point de vue physiologique, d’une part, dans les Singes, d'autre part dans les Vulturidés et dans les Cyanocorar, une semblable disposition des ouvertures nasales, ce ves- tibule de la chambre olfactive, dont les rapports sont im- médiats avec les organes respiratoires? Pourquoi, chez les Singes, cette position latérale des narines, entraînant à sa suite un large étalement de la cloison qui les sé- pare? Pourquoi, chez les Vulturidés, cette perforation, d’un côté à l’autre du bec, des mêmes ouvertures ? Pour- quoi, chez les Cyanocorax, sont-elles moins couvertes que chez les Corvidés de l'Ancien Monde (Corvus, Colœus, Mo- 294 REV. ET MAG. DE Z00LQGIE. (Juillet 1861.) nedula, Pica, Cyanopica)? Il est positif que, par Suite de cette disposition, le fluide atmosphérique est susceptible d'entrer avec plus de facilité et d’abondance dans les poumons; mais il est impossible, dans l’état actuel de nos connaissances sur le Climat américain, de concevoir pour- quoi ce dernier fait se produit. Mais, nonobstant l’état d'imperfection de la science à cet égard, le rapport que: nous avons signalé plus haut, emprunté à diverses sources, ne nous semble pas moins vraiment digne d’ex- citer un véritable intérêt, Les diverses observations que nous venons d'exposer ne doivent pas non plus être négligées sous le point de vue de la Classification ornithologique. Par elles, en effet, nous voyons les faits de parallélisme, dans les formes ros- trales, acquérir plus d'extension et, dès lors, plus d’im- portance. Nous, avons déjà signalé, et, précisément, en commençant ce travail, que M. le professeur Geoffroy- Saint-Hilaire fils avait déjà, il y a une trentaine d’an- nées, attiré l'attention des Zoologistes sur les nombreuses analogies qui existent entre les deux sections de Passe- reaux, désignées sous le nom de Pussereaux zygodactyles et de Passereaux syndactyles. Les nouveaux exemples que nous venons de citer sont évidemment de nature, én ce qui concerne la ressemblance dans les formes rostrales, à étendre le champ des comparaisons dont le premier terme nous.est fourni par les Passereauæ zygodactyles ; le second terme nous:est, à son tour, fourni par des Passereaux déo- dactyles, les uns, du Groupe des Dentirostres, les autres faisant partie de celui des Cultrirostres. Entre les uns et les autres, des différences existent, sans nul doute; il est évident, par exemple, que tous les Types de Zygodactyles que nous avons mis en présence de leurs congénères déodactyles, s’en distinguent par des tarses plus courts et plus forts, par des ailes plus allongées. Le premier de ces caractères peut être, dès à présent, considéré comme vraiment typique chez-tous ces Oiseaux ; il se lie évidem- TRAVAUX INÉDIS. 293 ment, chez eux, aux habitudes de préhension exercée sur les objets qui servent de soutien à leur corps. Le mème organe est, il est vrai, plus allongé chez les Tac- cocua, Geococeyæ, Saurothera; mais, ainsi que nous l'avons déjà dit, quand on compare ces Passereaux aux Humetia, Ramphocincelus, Cinclocerthia, on est tout étonné de vôir que ces derniers, malgré leur petite taille, res- semblent, sous ce point de vue, à leurs homologues, et n’en diffèrent que parce que cette partie du corps est, chez eux, douée de plus de gracilité. Elle est allongée en- core chez les Cultrides, Coua (chez le Coua Lalundii, sur- tout), Centropus; mais nous sommes persuadé que, si l’on trouve, dans la série des Passereaux déodactyles, des Types semblables à ces derniers, par la forme du bec, ils présenteront des différences de même nature. J1 devient, dès lors, évident, que, dans la formation des séries à termes correspondants, là caractéristique d’en- semble du Groupe des Passereaux zygodactyles peut être fondée sur la force et la brièveté relatives de leurs tarses ; mais, pour nous, celte dernière expression n'est que tem- poraire, Car nous avons l’intime conviction que cet ad- jectif disparaîtra plus tard. Un second caractère est évi- demment fourni, ainsi que le. savent tous les Zoolopistes, par la disposition des doigts. La soudure du doigt ex- terne au médius différencie, de son côté, les Passereaux syndactyles des Passereaux zygodactyles, car les uns et les autres offrent entre eux, ainsi qu'il est facile de s’en con- vraincre, une extrême ressemblance sous le point de vue de la brièveté et de la force de leur région tarsienne, quoique certains Pipra présentent des tarses grêles et al- longés. Aussi, devons-nous avouer, dussions-nous être taxé d'esprit rétrograde, que cette division des Passereaux syndactyles de notre illustre Cuvier a, suivant nous, plus d'importance que ne paraissent, lui en avoir accordé les Ornithologistes modernes, trop préoccupés peut-être de celte circonstance, que le caractère de la soudure du doigt 296 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) externe au médius est très-prononcé chez certains Oi- seaux, que d’autres rapports éloignent de la section des Syndactyles. Nous pensons, au contraire, que, lorsqu'on examinera d'une manière plus large, tout en faisant at- tention à la particularité signalée par Cuvier, les divers Types qui font partie de ce groupe, on arrivera au même résultat auquel nons sommes , à ce sujet, arrivé nous- même. Si on était, en effet, aussi scrupuleux sur la carac- téristique des divers Groupes, nous dirons même des di- vers Ordres, il est positif qu'aucun d’entre eux ne serait rigoureusement admis ou accepté. Pour les accepter, pour les admettre, on est obligé de réfléchir que tous les indi- vidus de ces Groupes, de ces Ordres, offrent des traits communs dont la réunion leur est spéciale, les caracté- rise, et cette synthèse est suffisante, même lorsqu'il arrive que la distinction de deux groupes voisins repose presque en entier sur des caractères négatifs. Quoi qu'il en soit, et quel que soit l'avenir réservé à l'idée de notre illustre Cuvier, relative à la section des Syndactyles, faisons observer que, dans celle des Déodac- tyles, le groupe des Dentirostres reproduit, dans ses formes rostrales, la plupart des Types qui nous sont offerts par les autres groupes de la section dont il fait partie. Ainsi aux Fissirostres ressemblent les Muscicapidés, aux Ténui- rostres les Sylvidés, aux Conirostres les Tanagridés, dont un certain nombre d'Ornithologistes ne les séparent pas. Sans nul doute, les termes de ces diverses séries ne sont pas réciproquement aussi nombreux, mais les res- semblances d'ensemble existent, et ce fait est suffisant pour qu’on ne mette pas dans l'ombre un tel caractère, indice des analogies que présentent ces divers Oiseaux sous le point de vue de leurs habitudes alimentaires. Ajoutons, pour qu'on n’attache pas aux rapprochements que nous venons de signaler une importance exagérée, que nous serions nous-même, par suite de la nécessité où nous nous trouvons de recourir encore à de nouvelles ob- TRAVAUX INÉDITS. 297 servations, dans un véritable embarras pour classer, con- formément aux vues que nous venons d’énoncer, les di- vers Groupes de Passereaux déodactyles, difficultés dont on se rendra parfaitement compte en réfléchissant qu'il a été, jusqu'ici, impossible aux Ornithologistes de nettement ca- raclériser l'Ordre auquel appartiennent ces divers Oiseaux. La base initiale de distinction étant tout à fait absente, il en résulte que les rapports de série, soit avec l'Ordre qui doit précéder, soit avec celui qui doit suivre, ne peuvent être formulés d'une manière précise. Le premier de ces rapports est surtout indispensable à connaître, car, n'étant pas Connu, il devient impossible de savoir par quel Groupe de Passereaux sera commencée la Classification de cet Ordre. On pourrait, il est vrai, pour faciliter la direction d'idées que nous venons d’énoncer, composer avec le Groupe seul des Déodactyles l'Ordre des Passereaux, don- nant, par cela même, une valeur ordinale non-seulement aux Zygodactyles, comme l’a fait Cuvier, à l'exemple de Linné, mais encore aux Syndactyles eux-mêmes. Alors le premier Ordre commençant la série serait formé par les Oiseaux de proie, le second serait composé de plusieurs séries, trois au moins, puisque nous serions obligé de mettre les uns vis-à-vis des autres les Types qui, parmi les Zygodactyles, Syndactyles et Déodactyles, se trouvent, par leurs formes rostrales, présenter des ressemblances. Le difficile serait ensuite de lier les types de ces trois Or- dres à ceux des Gallinacés, surtout à ceux des Gallinacés grallipèdes, les Pigeons devant toujours être en tête, car il est impossible de leur refuser le caractère d’un Groupe de transition. Or, dans les Pigeons, nous n'avons que des Types granivores essentiellement voués à l'alimentation végétale, devant, par conséquent, être le plus rapprochés possible des Alouettes, dont le séjour est le plus ter- restre. « Il nôus serait bien facile d'étendre encore les réflexions 298 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) que viennent de nous suggérer les divers rapprochements que nous venons d'établir entre divers Types de la Classe des Oiseaux; mais ces réflexions exigeraient, de notre part, une étude des variations de ces types encore plus complète que celle à laquelle à donné lieu, de notre part, la rédaction du travail actuel. Les Zoologistes, vraiment dignes de ce nom, comprendront, au reste, sans hésitation aucune, que l’examen de ces variations est seul de nature à nous donner des bases sûres, inébranlables , pour la Classification naturelle de cette Classe de Vertébrés. Cest vainement que, pour faire progresser cette partie de la Science, on s'adresse aux caractères ostéologiques: ils ne peuvent, et c’est la seule importance qu'ils présentent sous le point de vue zoologique, que confirmer les carac- tères extérieurs. Or, ceux-ci présentant des variations multipliées, les différences anatomiques qui leur corres- pondent doivent varier également ; s’il en était autrement, on ne concevrait pas que l’on püt attacher une semblable importance à une étude d'organes qui perdrait, dès ce moment, toute son utilité. Aussi, sommes-nous persuadé que, pour progresser dans cette voie, c'est à l'étude des variations de carac- tères que présentent les divers Types de la Classe des Oi- seaux, que doivent s'attacher, et s'attacher sans cesse, les Ornithologistes. Cette étude est, sans nul doute, longue, difficile; mais les divers faits qu’elle permettra de con- stater doivent être, comme tous les faits du mondé orga- nique, soumis à des lois, à des principes; ces lois, ces principes une fois formulés, il sera facile aux Ornitholo- gistes d'établir sur des bases solides l'œuvre de la Classi- fication. En agissant ainsi, c'est en elle-même que cette branche de la Zoologie trouvera ses véritables éléments de détermination et de progrès, au lieu d'aller les de- mander à une Science étrangère, uniquement occupée de l'étude de l’Organe et nullement, comme le fait la Zoo- logie, de celle de FAnimal, TRAVAUX INÉDITS. 299 Des LiMACES ALGÉRIENNES, par M. J. R. BourGuiGxar. Lorsqu'on examine les ouvrages malacologiques spé- ciaux à l'Algérie, l’on est bien embarrassé sur la elassifi- cation, la distribution , enfin sur la dénomination des Li- maciens dé celte vaste contrée. Ces animaux, en effet, ont été, entre tous, les plus mal étudiés, ceux sur lesquels il existe le moins de documents. Voici le résultat que fournit l'examen des travaux qui ont trait aux Limacesal gériennes. A 7: « Nous trouvons : I. Dans Forbes (1) (1838), les espèces suivantes : « 1° Limax cinereus, — gardens near Alpiers. « 2% Limax —, with the body rounded, head and ten- tacula purple-grey, the back with two dark longitudinal stirpes. Shield Yellowish-grey, with two dark longitu- dinal stirpes, not continuous, with those of the body. — Length, an inch and a half. — At Bougia and on the hill of Budjaria near Algiers, « 3 Limaz—, with the back sharply carinate, grey; tentacula dusky; shield brownish- white, with grey markings. — Length, one nich. — At Bougia. — Rare. —» II. Dans Terver, en 1839 (2) : « 1° Limace agreste, — limax agrestis, Drap. — Se trouve à Tlemcen, Ain-el-haout, Oran. « 2 Limace jayet, — limax gagata, Drap. — Habite Tlemcen, Ain-el-haout. « 3° Limace (sans nom ni description), se trouve à Tlem- cer, Ain-el-haout. « 4° Limace (sans nom ni description), se trouve à Oran, à Bougie. » {1) On the land and Freshw, Moll. of Algier and Bougia, in Ann. of nat. hist, of magaz. 700]. Bot. and geol., p. 251. (2) Catal. Moll. ter. et fluv., etc., du nord de l'Afrique, p. 9. 300 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) IN. Dans Rossmæssler, in Wagner, en 1841 (1), et dans Morelet, en 1853 (2), les mêmes espèces que celles déjà indiquées par Forbes et Terver, sans aucunes nou- velles indications de localité. IV. Enfin dans Debeaux, en 1857 (3), seulement la Li- max agrestis, des jardins de Boghar. Tels sont les seuls documents scientifiques fournis par les auteurs des faunes algériennes. Il résulte des travaux que nous venons de citer que l'Algérie posséderait cinq espèces de Limaces, tout en fai- sant abstraction, bien entendu, des espèces n° 3 et n° # du catalogue de Terver, qui ne se trouvent ni nommées ni décrites. Ces mollusques seraient donc : 4° La Limax cinereus ; 29 — agrestis; 3° — gagates; Lo —" n°2, de Forbes; Se — n° 3, de Forbes. Or, d’après l'examen attentif de nos espèces et après avoir mürementréfléchi aux caractères attribués par Forbes à ses Limaces n° 2et n°3, nous croyons que l’on peut éla- blir ainsi leurs synonymies : 1° La Limax cinereus peut être rapportée à notre Limax Deshayesi ; 2° La Limax agrestis peut être rapportée à notre Limax nyctelius ; 3° La Limax gagates peut être rapportée à la Limax gagates ; &° La Limax n°2, de Forbes, peut être rapportée à notre Limax nyctelius ; (1) Reisen in der Regentschaft Algier, t. II, p. 249. (2) Cat. Moll. terr. et fluv. de l'Algérie, in Journ. de Conch., t. IV, p. 280. (3) Cat. Moll. viv, de Boghar, in Rev. Soc, agric., sciences et art d'Agen, t. VILI, p. 320. TRAVAUX INÉDITS. 301 5° La Limax n°3, de Forbes, peut être rapportée à notre Limax scaptobius. Le genre Limax, comme l’on peut le voir, a donc été bien imparfaitement étudié jusqu'à ce jour, puisque de toutes les espèces indiquées une seule aurait été bien nommée. Pour nous, si nous sommes en mesure de présenter un travail plus complet sur ces animaux, nous le devons à la générosité de plusieurs naturalistes, parmi lesquels nous aimons à citer nos amis Louis Raymond, Auguste Brondel, officier d'administration de l’intendance militaire à se et le savant M. Deshayes. C'est grâce, surtout, à l’obligeance de ce dernier que nous pouvons donner la représentation, dans les planches qui accompagnent ce travail, de la plupart des Limaces que nous décrivons. M. Deshayes a bien voulu, en effet, nous confier les magnifiques gravures exécutées en 1841 par M. Vaillant, célèbre peintre d'histoire naturelle, et qui étaient destinées au grand ouvrage malacologique sur l’AI- gérie, que ce savant avait entrepris sous les auspices du gouvernement français. Travail que de fâcheuses circon- stances ont fait interrompre, au grand déplaisir des amis de la science. Les Limaces algériennes que nous connaissons sont au nombre de huit, et peuvent être classées de la manière suivante : 4. Cuirasse striée concentriquement. 1° Limax Deshayesi; 2 — Brondelianus; BB. Cuirasse chagrinée. 3 — eremiophilus; 4° — Raymondianus ; 5 — gagates; 6 — nyctelius; 7° — . subsaxanus; 8 — scaptobius. 302 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) Voici les descriptions de ces.espèces ; Limax Desnayesi (1). Limax cinereus (2), Forbes, Moll. of Algiers, etc... in Aon. hist. Magaz, z0ol. Bot. and Geol. — p. 251, décembre 1838. — — Morelet, Cat. moll. Algérie, in Journ. conch,, t. III, p. 280. 1853. L. corpore cyliadrico, postice breye carinato; — dorso ac lateribus, lutcis cinereo, ad pedis marginem cvauesceute, variegatis, ac rugis dorsalibus valide reticulatis, munitis ; — margine pedis lævi, luteo; — subtus Juteolo; — tentaculis majoribus cærulescentibus, par- vulis violaceis ; —clypeo magno, luteo cinereo maculato, concen- trice granuloso-striato, postice rostrato, antice paululum bilebato. Limace à corps cylindrique, terminée par une queueun peu obèse, et brièvement carénée. Dos et flancs d’unecou- leur jaune, mouchetés de larges taches cendrées, rides dorsales très-prononcées allant toujours en diminuant vers le bord du pied, qui est jaune. Dessous du pied d’un jaune plus pâle. — Grands tentacules assez développés, d’une teinte bleuâtre. Petits tentacules violacés. — Cuirasse grande, à stries concentriques assez distinctes, un peu rostrée postérieurement, bilobée antérieurement, et d’une couleur jaune; ornée de larges taches cendrées. Longueur de l'animal. . . . . .. 100 mill. Longueur de l'animal contracté. . 55 — Cette espèce habite les environs de Cherchell {Des- hayes), — et les jardins qui avoisinent Alger (Forbes). LIMAX BRONDELIANUS (3). . L. corpore elongato-cylindrico, parvulo, postice brevitér carinato, aterrimo, subtus griseo-luteolo ; — dorso ac lateribus aterrimis, eleganter reticulatis ; tentaculis majoribus nigrescentibus , rugoso- tuberculis nigris, ornatis, parvulis pallide nigrescentibus; — cly- peo maximo, elongato, antice non adhærente, dilatato, rotundato, postice rotundato, aterrimo ac concentrice striatulo. (4) Spicil., pl. 1, f. 1-2. (2) Non Limax cinereus, Müller, Verm, hist., II, p. 5, 1774, qui est une espèce spéciale à l'Europe. (3) Spicil., pl. 2, . 5-7. TRAVAUX INÉDITS. 308 Limace de taille assez exiguë, de forme cylindrique al- longée, d’une teinte générale très-noire au-dessus et d’un gris jaunâtre en dessous. Extrémité du corps brièvement carénée. Dos et flancs très-noirs. Bord du pied d'une nuance jaune obscure. Rides élégantes et finement réti- culées. Tentacules supérieurs allongés, noirâtres etrecou- verts d’une série de petites éminences tuberculeuses, qui leur donnent un aspect rugueux (voy. pl. 2, fig. 7).—Pe- tits tentacules exigus, d’un noir moins foncé. Bouclier al- longé, très-grand, surtout très-dilaté à sa partie antérieure qui n’est point adhérente; partie postérieure arrondie. Le tout d’un noir très-foncé, et strié concentriquement. Orifice pulmonaire très-postérieur, arrondi, et formant une profonde échancrure au manteau. Longueur de l'animal contracté. . . . . 25 mill. Longueur — en marche. . . . 40-45 — Environs d'Alger (Deshayes). Cette espèce est voisine du genre Ærynickia par son ori- fice pulmonaire très-postérieur, et surtout par son man- teau, qui n’est adhérent qu’à sa partie postérieure. Toute la partie antérieure se relève jusqu’à l’orifice pulmo- naire, etsert, lorsque l'animal se contracte, de capuchon sous lequel la tête s’abrite et disparaît. LIMAX EREMIOPHILUS ({). L. corpore gracili, elongato, cylindrico, postice carinato, rubro, luteolo ac cinereo-cærulesceute subtus pallide luteolo-cinereo. Cauda elongata, carinata ; — dorso rubro-luteolo ; lateribus cinereo- cærulescentibus; — sulcis longitudinalibus; tentaculis cinereo- cærulescentibus ; — clypeo elongato, granuloso, postice subbilo- bato, antice rotundato, pallide cinereo-cærulescente ac vinoso- luteolo præsertim ad pulmonarem aperturam. Limace à corps grêle, allongé, cylindrique, terminé par une queue cffilée, allongée et carénée. Dos orné d’une zone longitudinale d’un rouge jaunâtre. Flancs d’une teinte pâle d’un bleu cendré, passant d'une manière insensible, vers l'extrémité de Ja queue ou vers le bord du pied, en (1) Spicil,, pl. 1, f. 3-4. 30# REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Jutllef 1861.) diverses nuances beaucoup plus pâles, d’un cendré rou- geâtre ou d'un jaune bleuâtre. Pied d’un jaune cendré peu foncé. —Sillons longitudinaux peu profonds, d'une couleur un peu plus accentuée. Tentacules d’un cendré bleuâtre. Cuirasse allongée, granuleuse, postérieurement échancrée, antérieurement arrondie, d’un brun bleuâtre et d'un jaune vineux, surtout vers son extrémité posté- rieure et son orifice pulmonaire. Longueur de l'animal. . . . . .. 50 mill. Longueur de l'animal contracté. . 20 — Habite les environs de Cherchell (Deshayes). LIMAX RAYMONDIANUS (1). L. corpore cylindrico, postice breviter carinato; — cauda acuta; dorso, aterrimo paululum vinoso , ad radicem pedis obscure eva- nescente; — sulcis longitudinalibus minutis, leviter reticulatis ; pede pallide luteolo-cinereo. — Clypeo lævi vel leviter subgranu- loso, oblougo, antice posticeque rotundato. Limace de forme cylindrique, de taille ordinaire, briève- ment carénée à sa partie postérieure; queue aiguë. Dos et flancs très-noirs, passant un peu à la nuance lie de vin, et finissant par s'évanouir vers le pied en une teinte grise, jaunâtre, sale. Rides petites, allongées et finement réti- culées. Pied d'un jaune cendré, ainsi que le col, qui est pourtant d’un ton plus obscur. Tête et tentacules de même couleur que le dos. — Bouclier oblong, grand, antérieu- rement et postérieurement arrondi, lisse ou à peine fine- ment chagriné, et d’un brun noir lie de vin. Longueur de l'animal. . . . . .. 70-80 mill. Longueur de l'animal contracté. . 25-30 — Habite aux environs d'Alger (Deshayes). LIMAX GAGATES. Limax gagates, Draparnaud, Tabl. Moll., p.100, 1801, — et Hist. moll., p. 122, pl. 9, fig. 1. 1805. _ — Terver, Cat. Moll. terr. et fluv. etc..., nord de l'Afrique, p. 9. (Janvier) 1839. Ÿ Spicil., pl. 2, f. 1-2, et pl. 13, f. 8, représentant une monstruo- te, TRAVAUX INÉDITS. 305 _— — Rossmessler, in Wagner, Reisen, — Al- gier, t. II, p. 249. 1841. — _ Morelet, Cat. Moll. Algérie, in Journ. conch., t. IV, p.280. 1853. Inutile de donner la description de cette espèce si bien caractérisée dans les travaux de Draparnaud et de Férus- sac, etc... — Tous les conchyliologistes, du reste, tant soit peu versés dans la science malacologique la reconnais- sent facilement à son corps entièrement caréné, et sur- tout à son bouclier divisé en deux, pour ainsi dire, par une petite zonule irrégulière. En Alsérie, cette Limace habite aux environs de Con- stantine(L. Raymond ,—Brondel), de Tlemcen (Morelet), — d’Ain-el-haout (Dupotet). LIMAX NYCTELIUS ({). Limax n° 2, — Forbes, Land and Freshw. Moll. of AI- giers and Bougia, in Ann. nat. Hist. or. Mag., p. 251. (Décembre) 1838. Limax agrestis (2), Terver, Cat. Moll. terr. et fluv. du nord de l'Afrique, p. 9, 1839. — — Rossmeæssler, in Wagner, Reisen in Algier, €. 2, p. 249. 1841. — — Morelet, Cat. Moll. terr. et fluv. de l’AI- gérie, in Journ. conch., t. IV, p. 280. 1853. _ — Debeaux, Cat. Moll. Boghar, in Rec. Soc. agric. Agen, t. 8, p. 320. 1857. L, corpore mediocri, gracili, elongato, cylindrico, — postice breviter carioato; — dorso leviter reticulato, vinoso-fusco, ad radicem pedis pallidiore, ac in lateribus, duobus fasciis nigris, longitudi- ualibus, ornato; — pede obscure luteolo-fusco ; — clypeo ovali, autice posticeque rotundato, vinoso, vel irregulariter pallide ru- bello, ac duabus fasciis nigrescentibus, munito. Limace petite, grêle, allongée, cylindrique postérieure- ment, brièvement carénée. Corps à rides fines, légère- (1) Spicil., pl. 2, . 3-4. {2) Non Limax agrestis de Linnœus et la plupart des auteurs. 2° séaie. Tr. x. Année 1861. 20 306 REV. ET MAG. DE Z0O0LOGIE. (Juillet 1861.) ment réticulées, d’une teinte brunâtre lie de vin, passant, vers les abords du pied, en une nuance beaucoup moins foncée et plus pâle. Sur les flanés, de chaque côté, se trou- vent deux bandes noires longitudinales. Pied d’un brun jaudâtre sale. Bouclier ovale, antérieurement et postérieu- rement arrondi, lie de vin, outrès-souvent irrépulièrément nuarncé de tons rougeâtre pâle, surchargé de deux fascies noires à la partie postérieure; col et tête lie de vin. Grands tentacules allongés, très-épais, surmontés d’un point ocü- liforme très-foncé ; — extrémité assez renfléé, — Petits tentacules peu allongés, épais, d’un jaune cendré. Orificé respiratoire très-anlérieur (ce qui est très-rare chez une Limace). Limacelle petite, oblongue, pellucide. Longueur de l'animal en marche. . . 20-25 mill. — — contracté... . . 10-12 — Habite aux environs de Bougie et d'Alger, sur la colline de Budjaria (Forbes), de Tlemcen, Ain-el-haout — et Oran (Dupotet, Morelet), — d'Alger (Deshayes), de Con- Stantine (L. Raymond, Brondel), de Boghar (Debeaux). (La suite prochainement.) DescrrPrIoN de Coléoptères nouveaux d'Algérie, par À. CuevrôLar (1). En livrant aujourd'hui au public entomologiste la première centurie de Coléoptères d’Alyérie, qui a paru dans ce recueil, je ne saurais trop remercier MM. Brondel, Lejeune, Lethierry, Ott, Poupillier et Prophette, pour les envois qu'ils m'ont faits et pour les eñcouragements qu'ils m'ont adressés dans mon entreprise de faire connaître les nouvelles espèces de ce pays. M. Poupillier, très-zélé et très-habile chasseur, avec qui je suis, depuis 4857, en correspondance suivié, me faisait part de tout ce qu'il découvrait, en y joignant par- (1) Voir la Rev. et Mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304, 380 à 389 ; 1860, p. 75 à 82, 128 à 137, 208 à 212, 269, 302, 409, 448, 509; 1861, p. 118, 205, 264. TRAVAUX INÉDIIS. 307 fois des notes, tant sur les époques d'apparition que sur les mœurs; il a donc droit ici à l'expression d’une recon- naissance toute particulière. Il me reste à décrire beaucoup de Coléoptères inté- ressants de cette contrée; comme ils appartiennent à des familles que j'ai moins étudiées, j'ai encore besoin de quelques recherches avant de procéder à ce travail. Ci-jointes sont deux listes se rapportant à la première centurie. La première est établie d’après l'ordre de publication {avec rectification de la seconde dizaine). La seconde, d’après la classification du catalogue de Schaum. Il y aura lieu à opérer quelques changements nécessités par la création de genres nouvellement adoptés, savoir : Le Xyietinus pellitus, n° 4 bis, 1859, page 389, fera partie du genre Techa, Aubé (Ann. Soc. ent. de France, 1" trimestre, 1861). Le Xyletinus longipennis, n° 22, 1860, page 75, doit rentrer parmi les Metholcus, J. Duv. (Glanures, 2° cah., p- 142). Les Otiorhynchus intersetosus, aquilus et furinus, n°° 18, 38, 39, 1860, pages 80, 134 et 135, ayant les ongles com- primés à la base, devront constituer une nouvelle coupe générique, d’après ce que m'a écrit M. le docteur Stierlin. Mon genre Chærorhinus, n° 58, 1860, p. #52, dont le nom avait déjà été employé, prendra celui de Chæroce- phalus. Le Cionus phyllireæe, n° 20, 1860, page 388, est main- tenant un Sfereonychus, Suff. Enfin le Dryophthorus brevirostris, n° 40, 1860, page 137, appartient au genre Chærorhinus, F°°. 308 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Jurllet 1861.) Première centurie d'après les numéros d'ordre de pu- blication. Nos. Années. Pages. 1. Polydrosus chrysocephalus, 1859, 298. 2. Liosomus substriatus, — 298. 3. Liosomus foveolatus, — 299. 4. Miccotrogus monachus, — 300. 5. Miccotrogus nigricollis, —_ 300. 6. Miccotrogus signaticollis, — 301. 7. Tychius molitor, — 302. 8. — argentatus, — 302. 9. Tychius fuscipes , — 303. 10. Tychius melarhyochus, — 304. 11. Ceuthorhynchus niveus, — 304. 12 (1 bis). Lebia Poupillieri, — 380. 13 (2). Acmæodera scabiosæ, — 381. 14 (3). Acmæodera læsicollis, — 382. 15 (4). Xyletious pellitus, — 384. 16 (5). Xyletious torquatus, — 384. 17 (6). Apion alncirostre, — 385. 18 (7). Metallites anchoralifer, — 386. 19 (8). Cæœliodes? Glaucii, — 387. 20 (9). Cionus phyllireæ, — 388. 21 (10). Gymnetron sanguinipes, — 389. 22. Xyletinus longipennis, 1860, 75. 23. Xyletinus sulcicollis, — 76. 24. Salpingus nitidulus, — te 25. Procas Lethierryi, — Kirk, 26. Cathormiocerus muricatus, _ 78. 27. Péritelus sinuatus, — 79. 28. Otiorhynchus intersetosus, — 80. 29. Larious basalis, _ 80. 30. — subrotundatus, = 81. 31. Rhynchites cupriaus, — 128. 32. Auletes subplumbeus, — 129. 33. Sciaphilus sulcirostris, — 130. 34. Tanymechus brevis, — 131. 35. Tauymechus submaculosus, — 131. 36. Cleonus fimbriatus, — 132. 37. Phytonomus carinirostris , — 133. 38. Otiorhyachus aquilus, = 134. 39. Otiorhynchus furinus, — 135, TRAVAUX INÉDITS. Aunées. . Dryophthorus brevirostris, — . Julodis chrysæsthes, — . Julodis chalcostigma, — . Anthicus Œdipus, == . Anthonomus juniperi, _ . Æraphilus nasutus, — . Phytœcia grisescens, 1860, . Phytæcia ccbaltina, — . Phytæcia Echii, — — chlorizans, — . Apatophysis toxotoides, — . Bembidium bis-bimaculatum — , . Sunius rutilipennis, — . Anthobium cincticolle, — . Sitones albovittatus, —_ . Phytonomus scapularis, — - Trachyphlæus nodipennis, — . Holchorinus pilosellus, — . Chærorhious lanusimanus, — . Ceuthorhynchus subfasciatus , _ . Cryptocephalus nigridorsum, — . Acmæodera ramosa, — . Silaria trifasciata, — . Coniatus triangulifer, — . Juludis vermiculata, 1861, Gerauorhious rufirostris, 1860, . Sibynes sublineatus, — . Sibynes harmonicus, _ . Baridius malachiticus, * — . Bagous 7-costatus, = . Ceuthorbynchus pratensis, — . Sciaphilus infuscatus, 1861, . Sitones interruptus, — . Anisorhynchus procerus, — . Gronops luctuosus, — . Peritelus gracilis, — 76. Baridius atronitens, — 77. Cæliodes cinctus, — 78. Acalles costatus, — 79. — lentisci, — 80. Rhyncolus ? simus, — 81. Haliplus ruficeps, — 309 310 REV. ET MAG. DE 200LOGIE. (Janllet 1861.) Nos ; Années, Pages. 82. Hydroporus bihamatus, — 149. 83. Trichodes sanguinosus, — 150. 84. Trichodes bypocrita, — 151. 85. Trichodes Zaharæ, j — 152. 86. Hedobia succincta, _ 153. 87. Xyletinus peregrinus, — 154. 88. Erirhious nitidus, — 155. 89. Acaleus fuscus, — 205. 90. Xylotrogus glycyrrhizæ, — 206. 91. Harpalus alacris, _— 207. 92. Ochthebius submersus, — 208. 93. Xenostrongylus obsoletus, — 264. 94. Xenostrongylus lateralis, —_ 264. 95. Cybocephalus diadematus, = 265. 96 Rhyssemus aspericeps, — 266. 97. Cebrio rufipes, — 267. 98. Malthinus signatus, — 267. 99. Phytonomus ambigenus, — 268. 100. Pharus? setulosus, _ 269. Liste des Coléoptères d'Algérie (première centurie) d'après l'ordre de classification actuelle, et rappel aux années, pages et numéros de publication du Magasin. Années. Pages. Nos. Lebia Poupillicri, 1859, 380, 12 (1 bis). Harpalus alacris, 1861, 380, 91, Benbidium bis-bimaculatum,1860, 409, 51, Haliplus ruficeps, . 1861, 409, 81. Hydroporus bihamatus, — 409, 82. Ochthebius submarinus, — 409, 92. Sunius rutilipennis, 1860, 410, 52, Anthobium cincticolle, _ 448, 53. Xenostrongylus obsoletus, 1861, 264, 93. — lateralis, — 264, 94. Cybocephalus diadematus, — 295, 95. Aeraphilus nasutus, 1860, 211, 45. Rhyssemus aspericeps, 1861, 266, 96. Julodis chrysæsthes, 1860, 208, 41. — chysostigma, _ 209, 42. — vermiculata, 1861, 209, 64. Acmæodera scabiosæ, 1859, 381, 18 (2 bis). —— læsicollis, — 382, 14 (8 bis). TRAVAUX INÉDITS. Années. — ramosa, 1860, Cebrio rufipes, 1861, Malthinus sigoatus, — Trichodes sanguinosus, —_ — hbypocrita, — — Zaharæ, _ Hedobia subcincta, _— Xyletious pellitus, 1859, — torquatus, — — Jongipenuis, 1860, — sulcicollis, — — peregrinus, 1861, Anthicus Œdipus, 1860, Silaria trifasciata, = Salpingus nitidus, —_ Rhynchites cuprinus, _ Auletes subplumbeus, _ Apion lancirostre, 1859, Siaphilus sulcirostris, 1860, _— infuscatus, 1861, Tauymechus brevis, 1860, _ submaculatus, — Sitones albovittatus, — — scapularis, — — interruptus, 1861, Polydrosus chrysocephalus, 1859, Metallites anchoralifer, — Cleonus fmbriatus, 1860, Auisorbynchus procerus, 1861, Liosomus substriatus, 1839, — foveolatus, Phytouomus carinirostris, 1860, — ambigenus, 1861, Coniatus triangulifer, 1860, Grouops luctuosus, 1861, Procas Lethierryi, 1860, Trachyphlæus nodipennis, — Cathormiocerus muricatus, — Peritelus siquatus, rs _— gracilis, 1861, Chærorhinus lanusimauus, 1860, Holcorhinus pilosulus, _ Pages. 454, 267, 268, 454, 454, 454, 153, 384, 384, 75, Nos, 61. 97. 98. 83, 81. 85. 86. 15 (4 bis). 16 (5 bis). 22; 23. 87,. 43. 62. 43. 31. 32. 17 (6 bis). 33. 311 312 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) Années. Pages. , Nos. Otiorhynchus intersetosus, — 80, 28. _— aquilus, — 134, 38. — furinus, — 135, 39. Larious basalis, — 80, 29. — subrotundatus, — 80, 30. Geranorhinus rufirostris, — 456, 65. Erirhious nitidus, 1861, 155, 68. Anthonomus juniperi, 1860, 210, 44. Tychius molitor, 1859, 302, 7. — argentalus, — 302, 8. — fuscipes, — 303, LE — melarhyochus, — 304, 10, Miccotrogus monachus, — 300, 4. — nigricollis, — 300, 5. _ signaticollis, _ 301, 6. Sibynes sublineatus, 1860, 457, 66. — harmonicus, — 458, 67. Baridius malachiticus, _ 459, 68. — atronitens, 1861, 121, 76. Cæliodes? Glaucii, 1859, 386, 19 (8 bis). — ciuctus, 1861, 122, 77. Acalles costatus, _— 123, 78. — lentisci, — 124, 79. — fuscus, — 205, 89. Ceuthorhynchus niveus, 1859, 30f, 11. — subfasciatus, 1860, 453, 59. — pratensis, _ 510, 70. Bagous septemcostatus, — 509, 69. Cionus phyllireæ, — 388, 20 (9 bis). Gymaetron sanguinipes, 1859, 388, 21 (10 bis). Rhyncolus? simus, 1861, 125, 80. Dryophthorus brevirostris, 1860, 137, 40. Phytœcia grisescens, — 269, 46. — cobaltina, —_ 270, 47. — Echi, = 302, 48. _— chlorizans, — 303, 49. Apatophysis toxotoides, — 30, 50. Cryptocephalus nigridorsuim, — 453, 60. Pharus? setulosus, 1861, 269, 100. Xylotrogus glycyrrhizæ, — 211, 90. | TRAVAUX INÉDITS. 313 ORTHOPTERA NOVA AMERICANA (Diagnoses præliminares), auctore H. pe SAUSSURE (1). (Series IF). 9, Muricr. Prosternum muticum, margine antico haud elevato, os haud cingente. . I. Truxaliformes. Proscopra (4stroma) riLirormis. g Parvulum, filiforme ; corpus cum capite perfecte lineare, baculiforme. Caput thorace haud latius, postice nullo modo incrassatum, pro- noti longitudine, rostro quadrato styliformi elongato, apice obtuse truncato, dimidium capitis longitudinis fere eff- ciente. Antennæ rostri 3/4 longitudine. Pronotum meso-et metanoto fere duplo longius; antice dentibus 2 compres- sis, postice vix bidentatum. Meso- et metanotum supra ru- gulosa, obtuse carinata. Abdomen filiforme ; apice appen- dice anali superno quadrato prominulo. Pedes filiformes. — Longit., 0,039; femur posticum, 0,014. — Chili. Genus Truxazis, Fabr. Divisio Achurum (2). — Caput satis horizontale; rostro nullo modo excavato. Oculi vix ultra medium caput inserti. Pronotum compressum, nullo modo in sellæ formam exca- vatum, postice rotundatum, antice vix coarctatum. Elytra longissima, alas superantia. Pedes brevissimi. Femora postica elytrorum dimidio longitudinis æqualia, femori- bus brevioribus. Tr. Sumicurasti. © Gracilis, compressa. Capitis ros- trum elongatum , in medio carinatum, apice rotundatum ; facies valde quadricarinata; oculi paulum prominuli. Pro- notum tricarinatum, alutaceo-granosum. Elytra alas & 1/2 mill. superantia. Femora postica valde compressa, fere lamelliformia, elytri vix dimidii longitudine, corporis dimidio longitudinis valde breviora, extus laminis V,— formibus imbricatis squamosis. Color fusco-lestaceus. — (1) Voir page 156. (2) Axcupor, calamus. 314 RAV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) Longit. corporis 0,038; elytri 0,034; femoris postici 0,0155. — Mexico temperata. Genus OxycoryPaus, Fisch. Divisiones novæ duæ in illo genere admittendæ sunt. I. Verticis rostrum subacutum. Pronotum haud con- strictum, postice obtuse angulatum; sulco postremo pone dimidium sito; carinis lateralibus acutis, ad marginem posticum perductis. 1. Foveolæ rostri obliteraltæ; rostrum supra convezum. (Ad Chrysochraones transit.) Ox. rozrecus. Slatura O. mexicani et illi affinissimus, sed differt: colore viridi ubique ; pronoti parte plana dor- sali minus angusta, carinis lateralibus pone sulcum postre- mum haud arcuatis, vix divergentibus; facie decliviore; antennis brevissimis (pronoti longitudine), deplanatis, val- de dilatatis, acuminatis; elytris viridibus, campo discoi- dali angusto, pellucido, basi fusco punctato. Alæ ut in ©. mexicano, Campo antico nervo longitudinali partito et dense reticulato. Antennæ et vittæ in carinis lateralibus, ad oculum perduelæ, fulvæ. — Mexico altior. Ox. BurkHartrianus. Testaceus, capite et pronoto in la+ teribus supra cum fascia fusca; caput supra planum, vix convexum, in lateribus bicarinatum, rostro rotundato ; facies paulum declivis, haud concava, carinis intermediis subdistantibus. Antennæ elongatæ, deplanatæ; oculi piri- formes obliqui ; pronotum omnino compressum; area su- perna plana, acute marginala {ricarinata, postice obtuse angulata. Elytra corporis longitudine, area superna plana, elongata, apice oblique truncata; femora postica abdo- men valde superantia, compressa. Longit. corporis 0,027 ; elytri 0,026; femor. postic. 0,018.— 4 minor. — Mexico. 2, Margo rostri acutus ad ocellum lateralem ramum re- currentem emillit, utrinque foveolaæm trigonalem efficiens, quodum modo infra marginem verticis lateralem positam. Rostrum supra plus minusve excavatum. Ox. MExICANUS, Sat parvus, 0. compressicornis slalura at TRAVAUX INÉDITS. 315 corpore maæime compresso, supra fascia pallida. Caput valde compressum, acute trigonale, vertici horizontali, elon- gato, facie perdeclivi, haud arcuata; vertex elongatus, angustus, supra cantho mediano subelevato convexo per- dueto, antice in rostrum trigonale aculum carinato-mar- ginatum productus, marginibus acutis et foveolis latera- libus nullis: carinæ faciales 4 conspicuæ: medianæ in- vicem propinquæ, supra ocellum parallelæ, infra paulum divergentes. Pronoti carinæ tres distantes, sulco postremo pone dimidium sectæ, laterales ante sulcum rectæ paral- lelæ, pone illum divergentes arcuatæ, extus convexæ. Elytra abdomen vix superantia: alæ subfuscescentes, basi subfulvescentes. Femore postica gracilia. Antennæ © pla- natæ, dilatatæ, & subcrassæ, acuminatæ, articulis conspi- cuis. — Longit. 0,021. — Mexico. Ox. azrecus. Parvulus, fuscus; corpore fusco et badio vario. O. mexicano affinissimus ; statura et formis similli- mus, sed antennis elongatioribus, apice vix acuminatis ; capite magis declivi. Pronoti carinæ laterales postici mi- nus divergentes, vix arcuatæ ; elytra longiora, nigra, mar- gine postico vitta viridi, alarum campus anticus haud vena longitudinali partitus, hyalinus, venulis transversis late partitus. Corpus fascescens , supra fascia viridi ornatum ; caput testaceum. — Mexico. Ox. roroxacus. Viridis, lineis 2 fulvis ab oculis in pro- noi carinas perductis. ©. meæicano statura et formis affi- nissimus, at minus compressus. Antennæ filiformes, sat crassæ , capite et pronoto 9 breviores ; verticis rostrum éxcavatum sulco transverso impressum ; pronoti area dor- salis latior, valde tricarinata; carinæ laterales sulcis 2, 3, vel 1, 2, 3, sejunctæ, postice paulum divergentes, intror- sum arcuatæ, ut in O. tolteco. Elytra abdomen valde su- perantia, sabmembranacea, fuscescentia, apice rotundata, areis marginalibus viridibus, opacis; area antica macu- Jata, et sinu subbasilari grisescente; arca discoidale ma- 346 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) culis fuscis in serie obsitis. Alæ apice fuscescentes. — Mexico. Ox. zapotEcus. Parvulus, mediocriter compressus; ver- ticis rostrum planatum, subexcavatum, sulco basi angu- lato, transverso; marginibus vix elevatis. Antennæ planatæ. Facies declivis sed haud arcuata, costa frontali supra ocel- lum valde producta, haud canaliculata. Pronotum supra latiusculum, tricarinatum ; carinis lateralibus ter sulcis se- junctis. Elytra abdomen haud superantia, angusta, apice rotundata, in media basi fusco-punctata. Alæ hyalinæ, dense reticulatæ. Femora postica latiuscula, apice haud gracilia. Oculi in vertice sat invicem propinqui.—Longit. 0,017. — Mexico. IL. Corpus compressius et caput acutius; pronoti sulcus postremus fere in dimidio situs ; antennæ filiformes api- cem versus subacutæ. — (Transit ad Gomphoceros.) Ox. Mowrezuma. Gracilis, maxime compressus, viridis, fascia dorsali fusca et in lateribus fascia vel maculis ejus- dem coloris. Caput pronoto fere longius, conicum, acute trigonale, rostro plano, elevato-marginato et carina par- tito, sed non foveolato ; facies perdeclivis, carinis 4 rite explicatis ; lateralibus rectis, medianis subparallelis, circa ocellum vix appropinquatis. Oculi angusti, elongati, obli- que positi. Antennæ elongatæ, filiformes, versus apicem incrassatæ. Pronoti carinæ tres sulcis 2 sejunctis, invicem propinquæ, subparallelæ ; laterales ante dimidium parum sinuatæ, suleum postremum vix pone dimidium pronoti situm. Elytra antice dilatata, elongato-ovata, fuscescente- pellucida, margine postico opaco, antico cum fascia fusca in prima parte ornata, et vitla basali submarginali viridi; area mediastina ultra medium marginem producta; areæ scapularis et discoidalis dilatatæ, venulis scalaribus par- titæ; areæ externo- et interno- media angustæ, scalare re- ticulatæ. Alæ obscure fuscæ, dense reticulatæ. Femora postica gracillima ; tibiæ fuscæ. Abdomen G gracillimum, TRAVAUX INÉDITS. 317 lamina infra-anali elongata, compressa, acuminata. — Longit. 0,023. — Mexico. Genus STENOBOTHRUS, Fisch. L. Divisio. Antennæ filiformes aut subfiliformes —Rham- matocerus, Fisch. (Omnes species sequentes cum hac di- visione concordant.) 1. Carine laterales pronoti rectæ vel fere rectæ. STENOBOTHRUS MysTECUS. Medius statura St. melanopteri, viridis vel badio testaceus. Caput magnum, conicum, punc- tatum; vertex ante oculos maxime productus, rotunda- tus, foveolis destitutus, rostro supra convexo, nullo modo excavato. Facies perdeclivis, sed vix arcuata, rugulosa, costa mediocriter prominente, punctata, carinis parallelis marginata, his supra evanescentibus. Pronotum ubique punctatum, postice vix angulatum ; sulcus postremus valde pone dimidium situs; carinæ laterales rectæ, parallelæ , pone sulcum postremum obsolescentes, sulco penultimo vix ante dimidium sectæ, et antice per caput indistinctius ad oculos productæ. Pedes postici sat graciles. Elytra ab- domine paulo breviora. Antennæ filiformes. — Longit. 0,028; elytri 0,017. — Mexico. Sr. occipenraLIs. St. mystico affinissimus, at paulo mi- nor, Corpore compressiore; verticis rostro breviore, sub- declivi; pronoti carinis acutioribus, mediana subcristæ- formi; femoribus posticis inflatis, apice tantum gracilibus et elytris abdomen superantibus. — Longit. 0,020. — A- merica borealis. (Tennessee.) 2. Carine laterales pronoti arcuatæ vel fractæ ante di- midium plus minusve invicem appropinquate. a. Verlicis rostro obluso, apice rotundato. Sr. viarorius. Magnus, viridis (in siccis fuliginosus }, fusco varius ; corpore maxime compresso, supra fascia vi- ridi. Caputangustum; vertex horizontalis, ante apicem cum foveola subcycloidea; foveolislateralibus obliteratis ; facies declivis, convexa et depicta, carinis intermediis nullis; costa valdearcuata, supra maxime prominula, subtus nulla, 348 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) convexa, nullo modo sulcata, et etiam foveola ocelli nulla: Pronoti discus dorsalis fuscus, margine postico-angulato, carinis lateralibus tenuibus fascia viridi indicatis, ante dimidium angulatis, admodum invicem appropinquatis, et hic obsoletis. Femora postica basi valde inflata. Elytra elongata, grisea; litura ad marginem posticum viridi; mar- gine antico prope basim aucto; maculis et fasciis viridibus seu pellucidis in campo discoidali maculas fuscas delinean- tibus; alæ hyalinæ, virescentes, apice fusco venosæ, etsæ- pe nubecula apicali. Tibiæ posticæ aurantiacæ, apice cæ- ruleæ; femora intus modo cærulea modo fulva, fusco tri- fastiata. Aniennæ longitudini capitis et pronoti æquales. — Longit. corporis 0,038. — In tota Mexico occurrunt et gregibus copiosis campis damnum inferunt. Sr. GREGARIUS. Affinis S£. viatorio atminor, corporecom- pressiore ; caput angustum ; a latere aspectum trigonale vel conicum videtur, facie valde declivi, vix arcuata; costa frontalis maxime producta, punctata, haud canalicu- lata, supra angustala, infra obsoleta, sed ad clypeum producta; genarum carinæ omnino explicatæ ; vertex ante oculos valde productus, angustus, apice trigonale foveo- latus; foveolæ laterales obsoletæ; oculi magni, elongati, subobliqui, supra acuminati; antennæ filiformes, planatæ; pronotum ut in St. viatorio sed angustius; femora antica mious inflata ; elytrorum vena externo-media retrorsum subarcuata : colores ut in St. vialorio; tibiæ sanguineæ apicecæruleæet alæhyalinæ.—Longit. (4)0,025; 9 0,031. — Ja Insula Antillarum St. Thomas & mihi occurrit et 2 in Haïti. Sr. Caicensis. Parvulus viridis vel griseus, femoribus posticisrubidis, genubus nigris. Corpus valde compressum. Facies declivis, verticis foveola rotundata, foveolæ late- rales quadratæ, invicem sat propinquæ; oculi permagni, supra acuminati. Pronotumantice in occipite productum, postice angulatum, supra valde tricarinatum, carinis late- ralibus fractis, angulatis, antice et postice divergentibus; TRAVAUX INÉDITS. 319 sulcus postrémus in medio situs; elylra brevia, elongato- ovata, femoribus posticis in æ brevioribus, arca scapulari lata, arcuata. — Longit. cum elytris 0,015. — Chili. b. Verticis rostro trigonali, angulalo, distincte foveolato. Srr. TEPANECUS. Sat parvus, testaceus; fasciis 2 late- ralibus fuscis; caput trigonale, facie valde declivi, haud arcuata, cingulo fronto-verticali acuto; costa facialis an- gusta, sulcata, carinis rectis, supra invicem propinquis, infra paulum divergentibus. Verticis rostrum trigonale, foveolatum, acute carinato-marginatum, antice distincte angulatum (ut in genere Tomonoto ); foveolæ laterales fere lineares, sab marginem rostri sitæ nullo modo ante illum ; pronotum compressum, postice obtuse angulatum; carinæ laterales paulum arcuatæ, sat distantes ; sulci trans- versi sinuati ; postremus valde impressus, paulum pone dimidium situs; pronotum pone illum leviter punctalum. Femora postica subinflata. Elytra abdomen valde supe- rantia. Alæ fuscæ.—Longit. cum elytris 0,023.— Mexico. II. OEdipodiformes. Genus PEGasiDioN (1). Corpus gracile, compressum, elongatum. Caput paulum declive. Antennæ latæ, ensiformes ; oculi prominentes, elongato-ovati; vertex præ oculis paulum prominulus, fo- veolatus, subdeclivis, truncatus. Carinæ faciales elevatæ, subtus haud obsoletæ; pronolum vix carinatum, antice truncatum ; prosternum cornu Cylindrico armatum ; pedes postici graciles, perlongi, spinis tibiarum intus majori- bus ; elytra angusta pérlonga. P. vozrrans. Caput angustum vertice brevi; facies sub- declivis, subrugosa, valde 4-carinata ; carinis intermediis subparallelis; eosta supra ocellum haud excavata, #rosse punclata ; pronotum compressum, ubique grosse puncta- tum, subscabrum, vix Carinatum ; loboram lateralium an- gulo antico acuto, arcuato; sulcus postremus paulum ante dimidium situs ; elytra femora postica maxime superantia ; (1) Heyacidioy, de feyacix. 320 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) apice rotundata. (Color fulvo-albescens ?) Longit. cum ely- tris 0,037. — Mexico orientalior. Genus Tomoxorus (1). Corpus compressum. Antennæ dilatatæ vel filiformes. Caput verticale, vertice horizontale producto, antice tri- gono, fovea plana elevata, marginata, frequenter+trans- versim sulcata et antice elevata; facies valde compressa, prismatica, carinis lateralibus antrorsum arcuatis, ad cly- peum perductis ; costa maxime prominens, ejus latera ver- ticalia, oblique truncata. Pronotum antice et postice an- gulatum, cristatum, carinis lateralibus antice nullis, postice acutis. Elytra perfecte explicata. Femora postica com- pressa, dilatata. — Genere Tropeonoto (2) simillimus , at capite verticali, femoribus dilatatis, et prosterno inermi differt. — Pachytilis fere similior, sed angulo fronto-ver- ticali recto; verticis foveolis, faciei costa prominente supra angustata, aperte differt. (Cum illo genere OEdipoda sul- phurea, Burm., accurate quadrat.) I. Verticis fastigium haud declive, interdum subascen- dens, angulo obtuse trigono-V-forme terminato, cujus mar- gines elevato-acuti sunt. (Ad Tropeonotos capite transiunt.) a.) Antennis gracilibus — T. sulphureus, Burm. b.) Antennis deplanatis. Tow. ZimmermaNwi. Fusco et badio varius, subfasciatus. Vertex basi convexus, carinatus, in rostrum acute V-for- me productus, apice foveolatus et acutissime marginatus; facies subdeclivis, valde compressa ; costa maxime promi- nens, angusta, grosse punctata, cum vertice angulum sub- acutum efficiens (si a latere aspicis). Antennæ filiformes, submoniliformes, crassæ, deplanatæ, apicem versus haud angustatæ. Pronotum punctatum, compressum, carinis lateralibus acutis, crista elevata integra in medio instruc- tum, antice et postice peracute angulatum. Femora pos- tica valde carinata, tibiæ fuscæ, basi fascia testacea. Ely- (1) Tous, tranchant; vorTos, dorsum. {2) Tropinolus, Serville. Nomen mendosum, TRAVAUX INÉDITS. 321 tra grisescentia, sparsim punclata; alæ pellucidæ, basi flavescentes, dehinc nubecula fuscescente. — Longit. ely- - tri 0,022. — Carolina. A T. (OEdipoda) sulphurea, Burm. differt vertice minus acute trigono, foveola transversim valde sulcata ; antennis gracilibus et longe a vertice insertis. IL. Verticis apex planatus, foveola plus minusve distincta instructus, subdeclivis vel truncatus. 1. Facies valde elongata prismatica ; costa recta ; verticis foveolæ laterales conspicuæ; carina dorsalis in cristam valde elevatam producta. (Antennæ dilatatæ.) {Ad Tropeonotos thorace transiunt). Tom. mexicanus. Fuscus vel badius, granuloso-scaber et punctato-pilosus. Verticis foveola, haud declivis, rugo- sa, Carinato-marginata; ©, latior subpiriformis, plana; & excavata, angustior, triloba, lobo medio elongato ad frontis costam producto; foveolæ laterales perdistinctæ ; facies subdeclivis, prismatica, costa maxime prominente, grosse punctata, plana, sub ocellum paulum canaliculata. Pronotum compressum, antice et postice acute angulatum. Carina in cristam arcuatam maxime elevatam producta et paulo ante medium sulco subpartita. Antennæ deplanatæ, dilatatæ, acuminatæ. Elytra abdomine longiora, grisea, passim fusco punctata et fasciis 2 fuscis ornata, apice obli- que truncata et macula pellucida. Alæ suavissime roseæ, wargine et arca antica fuscescentibus, fascia subcostali rosea et apice macula pellucida. Femora postica valde in- flata, subtus crassa, supra solum cristata, crista abbreviata ; tibiæ posticæ fusco et testaceo fasciatæ. — Longit. corpo- ris 0,027. — Mexico temperata. 2. Caput sat rotundatum, facie arcuata, fastigio rotun- dato; facies parum compressa. Antennæ graciles. (Ad Pachy- tylos transiunt). Tow. Nieranus. Fusco-griseus, vel fusco-ferrugineus ni- grescente lessellatus; corpore valde compresso. Vertex angustus, rugosus, per totam longitudinem carinatus; an- 2 shnie. r. xur. Année 1861. 21 322 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) tice trigonale productus et foveola vix declivi planatus ; illa subpiriformis, marginibus elevatis, et sulco transverso profunde partita; facies perpendicularis, valde 4-Cärinata et valde punctata; costa elevata, subcanaliculata, supra angustata, tricarinata ; foveolæ latérales conspicuæ, planæ quadratæ, in medio carinatæ; oculi planati. Pronotum granulatum supra planum, subexcayatum et rugosius ; ca- rina in cristam ubique æqualem, ante medium paulum sulco postremo bipartitam, producta; carinæ laterales péracutæ. Elytra abdomen paulum superantia, sparsim punctata; alæ coccineæ, margine et fascia subcostali fuscis. Tibiæ dilute sanguineæ, — Longit. 0,030. — Mexico. ; III. Antenne crassæ. Caput convexum, ut in Stenohothris arcualum. Pronotum admodum longitudine carinatum, To. oromiTus. &'. Parvulus, fuscus vel badius. Antennæ elongatæ, filiformes, érassæ, deplanatæ et apicem versus subincrassatæ. Caput convexum, facie declivi, arcuata, valde 4-carinata; vertice convexo, carinato, præ oculis in rostrum acutum producto, sed paulum declivi, cum foveola profunda, angusta, carinato-marginata, apice acuminata: foveolæ laterales distinctæ, breves, trigonæ. Antennæ é: longatæ, filiformes, crassæ, deplanatæ et apice subincras- satæ, Pronotum angustum supra planum, tricarinatum ; carina media subelevata, valde ante dimidium sulco pos- tremo sejuncta; lateralibus etiam sulco penultimo incisis; femora postica satlata. pone dimidium haud gracilia. Ely- tra badia, apice pellucida, fuscotrifasciata ; alæ pellucidæ, nervis nigris, venulis scalaribus transyersis reticulatæ, margine anlico stigmate elongato nigro, — Longit. 0,048. — Mexico orientalior. Genus HippoPEDon (1). Facies Stauronotorum, Fisch. Antennæ elongatæ, fili- formes. Caput in vertice elatum, occipite ascendente, antice descendente, foveola canaliculata, valde declivi, in frontis costam detrusa, acute marginata ; foveolæ late- (1) J'me, equus; ændbo, salto (equulus sallator). TRAVAUX INÉDITS. 323 rales nullæ; facies verticalis, costa parum prominente et carinis genarum maxime antrorsum sitis, supra angulatis. Pronotum subconstrictum supra carina mediana instruc- tum, antice truncatura, postice trigonale, acutangulum ; an- gulis humeralibus obtusis, cum carinis anticis haud con- tinuis sed in pronoti latera oblique descendentibus et ibi carinas acutas efficientibus, fere ad marginem anticum lo- borum lateralium perductas; carinæ dorsales anteriores distinctæ, inyicem sat propinquæ postice convergentes, sed haud ultra sulcum postremum ductæ. Femora postica gracilia. Elytra abdomine longiora, angusta. (In pronoto crux albida.) H. Sarraror. Viridis, fusco varius. Costa frontalis ca- naliculata, infra obsoleta, supra inter antennas subpro- ducta. Antennæ capili et pronoto æquales, graciles. Pro- notum pone sulcum postremum punctatum, supra Ccruce albida, et maculis 2 fuscis sub carinas anticas dorsales, sitis, Carina mediana sensim ante dimidium sulco sejuncta, pronoti lobi laterales postici acutanguli. Elytra angusta sub pellucida, areis marginalibus viridibus, opacis; an- tice serie macularum fuscarum ornata; alæ hyalinæ, in margine ultra dimidium linea nigra. — Long., 0,026. — Mexico. Genus OEniropa, Lat.; subgenus OEpipopa proprie dicta. LE. Sphingonotus, Fieb. OË. Hairensis. OE. cœrulante affinissimus at minor, cor- pore rugosiore et pronoto acutiore. Mediocris, griseo-tes- taceus, supra subbreviusculus. Vertex inter oculos #lobo- sos sublatus, excavatus, antice valde declivis, in fronte de- trusus, foveola in medio carinata , marginibus lateralibus elevatis, cum frontis carinis omnino explicatis continuis ; foveolæ laterales nullæ. Antennæ annulatæ. Pronotum antice constrictum, sulco postremo longe ante dimidium sito; supra lenuiter carinatum, Carina inter sulcos oblite- rala; margine postico producto, subaculo, punctato. Ely- 324 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) tra abdomine admodum longiora, badia, bifasciata etma- culata, apice vix pellucida; alæ suave cæruleæ, fascia lata fusca et apice hyalinæ. Tibiæ posticæ cæruleæ, basi fre- quenter testaceæ (in siccis testaceæ ). — Longit. 0,023. — Haïti. Œ. Sumicarasri. Sat validus, fuscus vel fusco-ferrugi- neus, griseo conspersus et antennis annulatis. Vertex an- gustus, foveola elongata, antrorsum angustata, margini- bus elevatis, cum frontis carinis continuis; his elevatis, versus os obsoletis vel nullis. Oculi prominentes. Prono- tum latissimum, antice coarctatum, arcuatum atnullo modo constrictum, carinula haud elevata ; sulco postremo pau- lum ante dimidium sito. Pars postica plana, latissima, brevis, obtuse angulata; lobi laterales angulo postico denti- forme producto. Elytra abdomine longiora, punctis fuscis conspersis ornata, sed haud fasciala, apice subhyalina ; alæ basi coccineæ, in reliqua parte infuscatæ, vel nube- cula fuscescente obductæ, nervis scalariis fusco reticulatæ. Femora postica intus testacea, nigro trifasciata ; tibiæ pos- ticæ ante dimidium testaceæ, nigro bifasciatæ, dein coc- cineæ. — Longit. 0,028. — Mexico calida. II. OEdipoda, Fieb. O. parDazina. Valida, fulvescens vel castanea, fulvo marmorata, pronoto fulvo marginato ; antenttæ elongatæ, apice acuminatæ et obscuræ; caput latum, plicato-rugo- sum, vertice perrugoso, subcarinulato, foveolis 7 instructo, quarum præcipua lata et brevis. Thorax latus, corti- cato-scaberrimus, tuberculatus, carina media subelevata, bis incisa ; margine antico in occipite producto, frequen- ter angulato ; postico acute trigone valde producto, carinis lateralibus peracutis, fere ad marginem antrorsum per- ductis. Elytra fulva, maculis numerosis griseis ocellata (sed non fasciata); alæ basi flavæ, apice dilucidæ ; fascia media arcuata fusca; femora postica latissima, subtus la- melliforme cristata; fusco trifasciata, intus et tibiæ san- guineæ. — Longit. 0,026; — 0,040. — Mexico. TRAVAUX INÉDITS. 325 Norice sur quelques espèces d'Échinides provenant de la Nouvelle-Calédonie (colonie française), par M. H. MIicBELIN. Grâce aux soins de M. Saisset, capitaine de vaisseau, commandant les forces navales françaises sur les côtes de la Nouvelle-Calédonie, et aux recherches de M. De- planche, chirurgien de la marine impériale, tous deux membres de la commission scientifique instituée pour re- cueillir les objets d'histoire naturelle de la colonie, on a déjà lu avec intérêt, dans cette Revue (septembre 1860), un article d'ornithologie, rédigé par MM. J. Verreaux et O. des Murs, sur 80 espèces d'Oiseaux placés dans les vi- trines des produits coloniaux (palais de l’industrie) Notre travail sera moins important, mais n’en aura pas moins son intérêt ; car, sur quatre Échinides rapportés de cette colonie, et qui appartiennent à quatre genres diffé- rents, nous signalerons deux espèces nouvelles. 1. Cidaris Thouarsii, Valenciennes, Cat. rais. des Échinides, Agassiz et Desor, p. 22, — 1847, in Ann. des scien. nat., 3° série, t. VI, VII et VIII. Cette espèce, voisine du C. imperialis, Lmck., mais plus petile, s’en distingue par ses aires ambulacraires étroites, composées de quatre rangées de granules dont les internes sont peu développées. La base des gros tu- bercules est large et elliptique. La partie granuleuse qui sépare les deux rangées de gros tubercules se compose de tubercules miliaires de deux grosseurs différentes. Les gros et longs radioles sont couverts de stries très- granuleuses et très-serrées, hors vers l’extrémité; là, les stries s'élargissent, s'arrêtent, et la pointe est granuleuse ; elles sont d’un blanc violacé. Dimensionsmazimum.—Haut., 40 mill.; diam., 55 mill.: long. des grands radioles, 60 à 70 mill. Habite, d’après Neboux, les côtes de la Californie et les Îles Gallopagos ; d'après Saisset et Deplanche, les mers de la Nouvelle-Calédonie. 326 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) Mus. de Paris, des produits coloniaux; — colleet. Michelin. 2. Laganum tonganense, Quoy et Gaimard, Monog. des Seutelles d'Agassiz, p. 114, pl. 26, f. 7 à 19. — 1841. Cette espèce a été très-bien décrite dans ledit ouvrage, ét on y signale qu’elle appartient à la division ayant cinq pores génitaux. Elle est remarquable par sa couleur d'un jaune pâle et par son périprocte grand, elliptique, trans- verse et éloigné du bord. Haut., 8 mill.; long., 73 mill.; larg, 60 à 65 mill. Habite les mers des Moluques, de Vanicoro, des Nou- velles Guinée et Calédonie, et de Tonga. Mus. de Paris, des produits coloniaux; — collect. Michelin. 3. Lobophora Deplanchei, Michelin, pl. 9, fig. 1. Forme générale irrégulière, subcirculaire, allongée et déformée, peu élevée; à bord ondulé, très-plat, un peu plus large à l'arrière, près des deux lunules; très-com- primée à l'arrière, moins en avant. Partie inférieure ornée de sillons ambulacraires onduleux et ramifiés du péristome à la région marginale; lunules allongées, — irrégulières, fermées à environ 5 à 10 mill. du bord. Sommet sous le corps madréporiforme. Corps madréporique pentagonal, avec pores génitaux aux angles. Plaques ocellaires peu visibles. Aires ambulacraires formant une étoile iné- gale, subcentrale. Ambalacres petits, l’antérieur est le plus long et les deux postérieurs sont les plus courts. Zones porifères assez larges, presque fermées à la base, où l'on remarque quelques pores épars; sillons terminés par deux pores et séparés par des cloisons portant de nombreux tubercules entremêlés de gros ou de pelits. Zones interporifères ne s'élevant pas au-dessus des zones porifères. Aires ambulacraires couvertes de pores très- nombreux et très-petits. Tubercules miliaires plus gros et plus espacés en dessous qu’en dessus, entremêlés de très- petits microscopiques. Radioles des tubereules miliaires TRAVAUX INÉDITS. 327 plus longs en dessous qu'en dessus. Appareil buccal, — péristome très-petit, presque rond, entouré d’une rosette plus grande que celle du £. bifissa; mâchoires très-plates. Appareil anal à 16 mill. du bord. Périprocte oblique, assez grand. Test mince et fragile. Supports et or- ganes intérieurs nombreux et solides. Coloration violet foncé. Haut. max., 8 à 10 mill.; long., 430 mill.; larg., 195 mill. Diffère du L. bifissa par ses fissures fermées, et du L. bifora par sa partie antérieure, presque aussi large que la postérieure. Sur deux individus connus, un seul porte deux bandes imitant des fascioles sans tubercules spéciaux. Habite les côtes de la Nouvelle-Calédonie (Océanie). Musée des produits coloniaux; — coll. Michelin. à. Clypeaster Saisseti, Michelin, pl. 9, F2 Forme générale en ellipse courte, large et tronquée à l'arrière; bord assez mince, surtout au-dessus du péri- procte, un peu ondulé. Partie supérieure surbaissée assez régulièrement du sommet au bord. Partie inférieure plate, peu profonde autour du péristome, avec cinq sillons am- bulacraires disparaissant vers le bord. Sommet sous le corps madréporiforme. Corps madréporiforme très-petit, pentagonal, formant un bouton bouclé. Cinq pores géni- taux assez grands. Plaques ocellaires peu visibles. Aires ambulacraires pétaliformes, très-comprimées et atteignant à peine moitié de la longueur du sommet au bord. Am- bulacres allongés, presque fermés, celui impair entr'ou- vert, Zones porifères élargies par le bas et se réunissant entre elles avant d'atteindre le sommet; les sillons sont terminés par de très-petits pores et séparés par des cloi- sons portant de très-petits tubercules serrés et entremêlés gros et petits. Zones interporifères largement ouvertes dans la partie supérieure qui entoure le corps madrépo- riforme. Aires anambulacraires s'élargissant rapidement 328 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) en approchant du bord. Plaquettes un peu proéminentes, surtout à la partie inférieure, quelquefois séparées par une ligne brune. Tubercules miliaires nombreux, géné- ralement petits, cependant plus gros et plus espacés à la partie inférieure. Radioles des tubercules inférieurs vi- treux, d’un gris violacé, longs de 2 à 3 mill. Radioles des tubercules supérieurs vitreux, d'un gris violacé, longs de 1 à 2 mill. — Ces radioles sont plus nombreux en dessus qu’en dessous. — Appareil buccal, — péristome de forme arrondie, peu enfoncé. Dents très-fortes. Appareil anal à 8 mill. du bord. Périprocte sous-triangulaire, à angles arrondis et le plus aigu tourné vers le péristome, fermé par une membrane ouverte au centre et couverte de tu- bercules miliaires portant de très-petits radioles. Texture du test, supports et organes intérieurs solides. Coloration d’un brun jaunûtre. Haut. max., 12 à 15 mill.; long., 110 mill.; larg. 100 mill. Les tubercules papillaires inférieurs sont de couleur jaune et trois fois plus gros que les supérieurs. Habite les côtes de la Nouvelle-Calédonie (Océanie). Musée des produits coloniaux; — coll. Michelin. Explication des figures. — PI]. 9, fig. 1, Lobophora De- planchei, Michelin. a, partie supérieure ; b, partie inférieure; e, coupe lon- giludinale; d, plaque madréporique; e, péristome: f f' f”, mâchoire; g, périprocte; k, portion d’ambulacre grossie ; j, tubercules supérieurs grossis ; #, tubercules in- férieurs grossis; L, radiole inférieur grandeur naturelle; m, radiole inférieur grossi ; n, radiole supérieur grandeur naturelle ; o, radiole supérieur grossi. PI. 9, fig. 2, Clypeaster Saisseti, Michelin. a, partie supérieure; b, partie inférieure; c, coupe lon- gitudina’e; d, péristome et dents; e, périprocte; f, tuber- cules supérieurs grossis; g, tubercules inférieurs grossis ; h, radiole supérieur grandeur naturelle; h', radiole supé- SOCIÉTÉS SAVANTES. 329 rieur grossi ; , portion d’ambulacre grossie; 7, radiole inférieur grandeur naturelle; j', radiole inférieur grossi; k, plaque madréporique: #k', plaque madréporique grossie. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE Paris. Séance du 1° juillet 1861. — M. Boussingault met sous les yeux de l’Académie un trophée d'Indiens américains du rio Pasasa, un des affluents des Amazones; c’est la peau du crâne et de la face d'un ennemi, tannée par un procédé qui diminue l'étendue des surfaces sans en al- térer les proportions. M. le docteur Guyon lit un très-intéressant Mémoire sur cette question : Le venin des Serpents exerce-t-il sur eux- mêmes l'action qu'il exerce sur d’autres animaux ? Après avoir rappelé les travaux publiés sur ce sujet, et après avoir rapporté toutes les expériences qui ont été faites par lui et par d’autres, l’auteur de ce savant travail arrive aux conditions suivantes : : « Nous terminons là ce que nous avions à dire sur le sujet de notre communication. Ou nous nous trompons fort, ou il ressort des faits qui s’y trouvent énumérés, faits d'observations et faits d'expéricnces, qu'à cette loi établie par l'abbé Fontana, que le venin de la Vipère d'Europe n'en est point un pour son espèce, devrait ou pourrait être substituée celle-ci, plus générale, à savoir, que le venin des Serpents n'en est point un pour eux-mêmes ni pour l'indi- vidu qui le fournit, ni pour celui à qui il est transmis, dans aucune espèce, soit dans la même espèce , soit d'une espèce à une autre. » M. Sauvageot, qui avait, dans des précédentes séances, communiqué les résultats de ces expériences sur l'appli- cation de l'électricité aux Vers à soie malades, transmet, 230 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) comme pièce justificative, une note de M. Lambert, qui lui avait fourni les larves malades, et qui a été témoin du succès obtenu dans ce cas, qui semblait laisser peu d'es- poir. M. Milne-Edwards présente une série d'ouvrages sur l'histoire naturelle des Vers intestinaux, par M. Moulin, professeur à l’université de Padoue; il appelle également l'attention des zoologistes sur les recherches du même au- teur relatives à la structure du cœur des Ophidiens. Les publications de M. Moulin sur les Vers intestinaux sont renvoyées au concours de médecine et de chirurgie. M. A. Laugel adresse une Note sur la découverte d'un Castor (Steneofiber viciacensis) à Auneux ot sur le ter- rain falunien dans Ewre-et-Loir. « J'ai trouvé dans une sablière, à Auneux, près Lu- meau (Eure-et-Loir), une mâchoire inférieure de Stenco- fiber viciacensis, P. Gervais, portant encore une parie de la dent incisive et deux des quatre molaires : celles-ci ont une île d'émail dans chacun des deux lobes. J'ai décou- vert, dans la même sablière, une arrière-molaire du Mas- todon tapiroides, une astragale de Rhinocéros, et des fos- siies d’eau douce, probablement du genre Unio, mais en débris nacrés à peu près indiscernables. Le sable forme des lits irréguliers dans une argile verte et jaune chamoiïs très-compacte; il contient de petits galets quarizeux tout à fait identiques à ceux qu’on trouve dans les faluns de la Touraine. Le terrain falunien dépasse, on le voit, la forêt d'Orléans, où il est représenté par des sables et des gra- viers. J'en ai découvert plusieurs lots isolés et circon- scrits dans le département d'Eure-et-Loir; les argiles con- tenant des lits de sables, à Auneux, occupent un assez grand espace sur les communes de Lumeau, Baigneux, Dambron et Poupry ; elles y forment une véritable petite Sologne, humide et marécageuse, au milieu du calcaire de la Beauce; je signalerai encore des flots faluniens beau- coup plus petits à Sautilly-le-Vieux, près du Puiset, près SOCIÉTÉS SAVANTES. 331 de Troncainville, du château de Saint-Germain, à Fres- nay-l'Évèque et à Terre-Noire, près de Terminiers. Le terrain est, en tous ces points, formé d'argile et de sable grossier, contenant quelquefois des boules et des rognons de sable endurci, renfermant, au centre, de la strontiane sulfatée calearifère, fissurée, comme on en voit dans Îles rognons des marnes du gypse. » Séance du 8 juillet. — M. de Plagnol adresse une Note imprimée sur Ja nature et l’origine des corpuscules vi- brants signalés par M. Cornalia comme l'indice de la pé- brine chez les œufs des Vers à soie. Séance du 14 juillet. — M. 4. Malne-Edwards lit un Mémoire ayant pour titre, Observations sur l'existence de divers Mollusques et Zoophytes à de très-grandes profon- deurs dans la mer Méditerranée. « Les recherches bathymétriques de Forbes et de plu- sieurs autres obseryateurs sur les stations des animaux marins, ainsi que sur les relations qui semblent exister entre le mode de distribution de ces êtres et leur rôle géologique, ont soulevé beaucoup de questions impor- tantes à résoudre et donnent de l'intérêt à tous les faits qui peuvent nous éclairer sur les limites que }a na- ture assigne à chaque espèce dans les profondeurs de la mer. J'ai donc saisi avec empressement toutes les occa- sions qui me paraissent favorables pour la constatation de faits de cet ordre, » L'auteur, entrant dans l’étude des faits, cite les ani- maux marins qui ont été observés jusqu'ici par les auteurs et par lui-même à de grandes profondeurs, et il arrive à résumer ses observations ainsi : : « En résumé, nous voyons donc qu'au fond d'une partie de la Méditerranée, où la profondeur de la mer varie entre 2,000 et 2,800 mètres, on trouye, à l’état vivant, un nombre considérable d'animaux dont les habitudes sont complétement sédentaires, et que presque tous ces êtres appartiennent à des espèces néputées très-rares où qui 332 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) avaient échappé jusqu'ici aux recherches des zoologistes; enfin que quelques-uns d’entre eux ne paraissent pas dif- férer spécifiquement de certaines espèces fossiles dont les dépouilles sont enfouies dans les terrains tertiaires supé- rieurs, sur les deux rives opposées du même bassin. Ces résultats ne m2 paraissent dépourvus d'intérêt ni pour la géologie ni pour l’histoire naturelle des animaux inver- tébrés, et ils peuvent nous faire espérer qu’une explora- tion plus complète des profondeurs de la mer fera décou- vrir, dans la faune actuelle, d’autres espèces que l’on con- sidère comme éteintes, parce qu’on ne les connaît encore qu’à l’état fossile. Les physiologistes penseront peut-être aussi que l'existence d'êtres d'une organisation aussi par- faite que celle des Mollusques gastéropodes, sous une pression de plus de 200 atmosphères et dans un milieu où la lumière ne doit pas pénétrer en quantité notable, est un fait qui mérite d’être enregistré. » M. de Luca présente un Mémoire sur la Transformation en sucre de la peau des Vers à soie. Séance du 22 juillet. — M. Labalbarge présente une Note sur les Végétations dites syphilitiques. Séance du 29 juillet. — Nous avons adressé la lettre sui- vante à M. le président. « J'ai commencé les tournées que S. Exc. M. le mi- nistre de l’agriculture m'a chargé de faire, conformément au désir de Sa Majesté, pour préparer, par une sorte d’en- seignement nomade, le développement de la culture de l’ailante, et je viens de visiter quelques localités de l’ouest et du sud-ouest où cette culture paraît devoir réussir. Les landes de la Bretagne semblent surtout destinées à jouer un rôle important dans la production de la nou- velle matière textile que l’on obtient de mon Ver à soie de l’ailante, et l'examen que j'en ai fait, principalement dans le grand domaine de S. A. Madame la princesse Bac- ciocchi, m'a donné la certitude que, en y plantant de l’ai- lante, qui croit très-bien dans les terrains primitifs de ces SOCIÉTÉS SAVANTES. 333 vastes contrées, l’on obtiendrait probablement des résul- tats avantageux. Madame la princesse, qui a fécondé ces landes, en donnant là un exemple semblable à celui que l’empereur donne dans la Sologne et dans leslandes de Bor- deaux, est disposée à faire des essais sérieux de ma nou- velle culture. Si le succès couronnait ses généreuses ten- tatives, le pays lui devrait une production qui pourrait donner de la valeur à de vastes portions de territoire jus- qu'à présent presque improductives. Je me suis rendu ensuite dans le domaine de M. le comte de Lamote-Baracé, au Coudray-Montpensier, près Chinon, où se trouve la première plantation d'’ailantes qui ait été faite, en France, sur une grande échelle, et j'y ai trouvé, comme l’année dernière, une magnifique éducation de Vers à soie de l’ailante, parfaitement réussie en plein air, malgré les déplorables circonstances atmos- phériques qui ont encore transformé notre été en un triste hiver. Une commission de la Société d’agriculture de Tours est allée visiter ces éducations et a constaté encore leur belle réussite, et j'ai pu voir, les 26 et 27 juillet, les nombreux Vers à soie de l’ailante, qui couvrent des plan- tations de près de # hectares, occupés à filer leurs cocons malgré les pluies froides et les vents incessants de cette saison exceptionnelle. Quoique ces faits intéressants aient été constatés par la commission de la Société d'agriculture d’Indre-et-Loire, il serait à désirer qu'ils fussent vérifiés par l’Académie des sciences, qui a bien voulu accorder une bienveillante at- tention à mes tentatives de zoologie appliquée. M. le comte de Lamote-Baracé m'a autorisé à vous faire savoir, monsieur le président, qu'il s’empressera de montrer sa culture d'ailantes et les Vers à soie dont elle est garnie à MM. les membres de l'Institut qui voudraient bien se rendre à son chäteau-du Coudray-Montpensier, commune de Seuïlly, par Chinon (Indre-et-Loire). Désirant et provoquant toutes les vérifications qui peu- 33% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Jinllet 1861.) vent jeter le plus grand jour possible sur l'importante question qué je poursuis, je viens vous prier, monsieur le président, de vouloir bien engager la section d'économie rurale à visiter où à faire visiter l'éducation de M. le comte Lamote-Baracé et à faire connaître à l’Académie le résultat de cet examen. Outre ces éducations sur une grande échelle, j'ai établi, cette année, près de Paris, à la ferme impériale de Vin- cennes, et grâce à la haute intervention de l'Empereur, une plantation d’ailantes occupant déjà plus de 2 hectares et sur laquelle j'ai pu mettre quelques centainés de ces Vers à soie, qui s’y développent et y font d'excellents co- cons, malgré les temps affreux qui n’ont cessé de régner jusqu'à présent. Je me mets à la disposition de MM. les membres de l’Académie pour leur montrer ces éducations et ces cultures naissantes, visitées journellement par un nombreux publie. Ces plantations sont près de la station de Joinvillé-le-Pont (chemin de fer de Vincennes). On m'y trouve surtout le dimanche; mais je m’arrangerais pour y être les jours et heures qui conviendraient le mieux à ceux de MM. les membres de l’Académie qui voudraient les visiter, afin de leur donner toutes les explications né- céssaires. Je dépose sur le bureau quelques-uns des cocons ob- tenus à Vincennes, afin de montrer que la série de temps froids et pluvieux pendant laquelle ces Vers à soie ont vécu n'a pas fait dégénérer leur race. J'ai l'honneur, etc. GuériN-MÉNEYILLE. IIL. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Due AEUCWiIDEN ohne frefskrallen, Monographisch beur- beitet. Par H. Bunmeisrer, in-&. Extr. du Berliner Entom. Zeitschr.; 1861, p. 55 à 67, pl. 1. Dans ce petit travail, le savant entomologiste passe en revue le groupe entier des Ateuchides; il rappelle les tra- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 335 vaux qui ont été faits à son sujet, et il donne la monopra- phie de deux genres qu’il admet sous les noms d'Eucra- nium, Dejean, et Glyphoderus, Burm. Le premier de ces genres avait été indiqué, sans être caractérisé, par Dejean, dans le catalogue de sa collection; mais comme on n'était pas obligé de deviner un genre sur un nom inscrit dans ce catalogue, d’autres auteurs, à la suile de travaux sérieux et de comparaisons susceptibles de bien fixer sa place, l'ont décrit et figuré sous les noms d’Anofmiopsis, de Cyclodema, de Psammotrupes. Au lieu de montrer, par la date des publications des divers auteurs, quel est le nom générique qui doit rester à ces Insectes, M. Burmeister, bien à tort selon nous, ayant su, par tra- dition, que c'était à un de ces Insectes que Dejean a donné le nom d'Eucranium, adopte ce nom et passe à la des- cription de dix espèces qu’il range dans deux sections. Il est probable que, lorsqu'on fera un travail d'ensemble sur les Insectes, en suivant la sage loi de l'antériorité de description pour l'adoption des noms des genres et des espèces, et lorsqu'on suivra généralement l'exemple que nous avons donné le premier, de classer les synonymies par ordre chronologique, en les faisant toutes suivre de la date de publication, tout cela sera rectifié. Quoi qu'il en soit, les dix espèces décrites par M. Bur- meister forment un groupe frès-Curieux appartenant à cette extrémité de l'Amérique méridionale qui comprend la Bolivie, le Tucumou, la république Argentine et la Pa- tagonie. Le genre Glyphoderus, que M. Burmeister s’attribue, parce qu'il a fait une légère correction à son orthographe, puisque M. Westwood l'avait établi et publié antérieure- ment sous le nom de Glyphiderus, n’était formé que d'une seule espèce, le GL. sterquilinus de Westwood, provenant de la province de Mendosa. M. Burmeister en a décrit une seconde espèce, le GL. monticola, de la province de Catamarca. 336 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1861.) Ces descriptions sont accompagnées d'excellentes: fi- gures des deux espèces de Glyphoderus et de la tête des Eucranium. (G. M.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. APICULTURE. Dans une des dernières séances de la Société d’apicul- ture, le secrétaire, M. Hamet, qui fait un cours d’apicul- ture très-suivi au jardin du Luxemboug, a montré à ses confrères une Abeille hermaphrodite. Cette Abeille anormale offrait une tête de femelle, c’est- à-dire des yeux distants et des antennes de ce sexe, mais l'abdomen n'offrait aucune trace des appareils destinés à façonner les lames de cire, et il n’avait aucune trace d'ai- guillon et était bien évidemment terminé par les organes externes de la génération que l’on observe chez les mâles. TABLE DES MATIÈRES. PuocnERAN. — Observations sur les ressemblances, dans la forme du bec, entre des genres de Passereaux d’une même faune, appartenant à des sections différentes de cet ordre d’Oiseaux. 289 J. R. BOURGUIGNAT. — Sur les Limaces algériennes. 299 A. CHEVROLAT. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 306 H. DE SAUSSURE. — Orthoptera nova americana. 313 H. Micæezin. — Notice sur quelques espèces d'Échinides pro- venaut de la Nouvelle-Calédonie (colonie frauçaise). 329 Académie des sciences. 329 Analyses. 334 Mélanges et nouvelles. 336 PARIS, — IMP. DE M°° Y® BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5.—1861, LA VINGT=-QUATRIÈME ANNÉE. — AOUT 1861. I. TRAVAUX INÉDITS. OsservarTionsrectificatives sur quelques Espèces d’Oiseaux, par M. PucHeran. 4° Alcedo cristata, L.—Sommes-nous vraiment autorisés à appliquer cette dénomination à une espèce africaine, comme le font les Zoologistes modernes ? J'avoue que, de même que M. Cassin (1), je suis vraiment dans le doute à cet égard. La coloration du bec, telle qu’elle est signa- lée par Linné, qui le dit noir, et en deux passages de la douzième édition du Systema naturæ (2), me paraît de nature à faire différer une assimilation de cette nature, quoique les jeunes de l’espèce africaine aient le bec ainsi coloré. Les diverses sources citées par Linné doivent également donner lieu de penser qu'il a eu en vue un type différent de celui des modernes. En mettant de côté la planche de Séba, l’une des premières qu’il cite, et qui représente un individu dont le bec est jaune, il est impos- sible de ne pas être frappé des détails circonstanciés que donnent, dansleurs descriplions, Edwards (3), d’une part, et Brisson (4), d'autre part. Le premier de ces Zoologistes, dont Linné cite la planche, donne de son Crested king- fisher une caractéristique si complète, que nous ne pou- vons nous dispenser de la transcrire en entier. « Le bec est droit, dit-il; il a une pointe aiguë et est « cannelé, tant par-dessus que par-dessous : la couleur en (1) Cat. des Alc. du Musée de Philadelphie. (2) Vol. I, p. 178 et 281 (en note). (3) Gleanings of nat. hist., vol. IIL,, p. 264, pl. 336. (4) 4v., vol. IV, p. 483, tab. 37, f.3. 2° sénie,. T. xx, Année 1861. » 338 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) « est noire. Des lignes de couleur orange passent de la « mandibule inférieure par-dessous les yeux. La gorge est « blanche, et cette blancheur passe presque autour du « cou, et forme une espèce de collier. Le sommet de la « tête est couvert de longues plumes d'un vert azuré « entremêlé de lignes noires : ces plumes, étant longues « et détachées, font une crête, laquelle je crois que lOi- « seau peut élever et baisser à plaisir. Les plumes immé- « diatement au-dessous des yeux sont bleues. Le derrière « du cou, le dos, le croupion, les ailes et la queue sont « d’un très-beau bleu d'outremer, qui est un peu plus « clair sur le croupion qu'ailleurs : les bouts de pennes « sont noirâtres ; les couvertures intérieures des ailes sont « couleur d'orange ; les pennes sont noirâtres en dedans, «et leurs bouts sont d'une couleur d'orange fort pâle. Le « dessous de la queue est obscur ou noirâtre. La poi- «trine, le ventre, les cuisses et les couvertures du dessous « de la queue sont d'une brillante couleur d'orange. Les «jambes et les pieds sont faits comme dans les autres « Martins-pêcheurs : ils sont rouges ou écarlates. » Edwards ajoute ensuite que cet Alcedo ne diffère de notre Martin-pècheur que parce qu'il est plus petit, qu'il n’a point de lignes noires tirées des angles de la bouche par-dessous les yeux, et qu'il n’a aucun vert dans les ailes. L'exemplaire qu'il décrit avait été tué, d'après ce qu'il nous apprend, dans l'île de Johanna, au nord de Madagascar, par le sieur Pégu, négociant de Londres. Ce dernier renseignement est d’une extrême impor- tance, car il nous donne une indication de localité qui ne doit pas être négligée, surtout lorsqu'on fait attention à un eutre détail fourni plus tard par Brisson, et dont l'im- portance n'est pas moindre, par suite d’une concordance que nous signalerons ultérieurement. Observons déjà, ce- pendant, que c’est une espèce d’une ile voisine de Mada- gascar que décrit Edwards, et dont il donne une figure. Ajoutons que rien n'indique, ni d’après Ja description, ni TRAVAUX INÉDITS. 339 d’après la figure, que c’est un individu jeune qui a été soumis à son observation. Nous pouvons en dire autant de l’exemplaire décrit dans le travail de Brisson, et décrit avec cette scrupuleuse exactitude qui fait de cet ouvrage une œuvre unique en son genre, qui n'a été, depuis, ni surpassée, ni égalée. Aussi cet ouvrage, et l’on peut rendre la même justice à la partie ornithologique de celui de Buffon, dont la va- leur intrinsèque est encore rehaussée par les planches qui l'accompagnent, doit-il être considéré comme une des bases fondamentales de cette branche de la Zoologie. Malheureusement, les indications de Brisson, relatives à l'habitat de son Zspida philippensis cristata, sont bien loin d’être aussi nettement formulées que celles d'Edwards; car il le dit originaire d’Amboine et des Philippines. La première assertion n'est-elle pas un peu le résultat de l'in- time persuasion où se trouvait Brisson, que l’Ispida phi- lippensis cristata ne différait pas de l’A/cedo amboinensis cristata de Séba? Il n’y aurait nul motif d’en être étonné; ce qu'il y a d'étonnant, au contraire, c’est que ce Zoolo- giste, si soigneux dans ses admirables descriptions, puisse réunir deux espèces, dont l’une a le bec de couleur jaune (comme celle de Séba), et l’autre, le bec noir : c’est, en effet, ce dernier caractère que présentait l’exemplaire soumis à son observation. Nul motif, dès lors, de con- fondre le type d'Amboine et celui des Philippines. Quant à ce dernier, un seul motif peut donner à penser que l’in- dication d'habitat est inexacte; c'est ce nom de Vintsi, donné par les habitants des Philippines à l'individu en- yoyé par Poivre à Réaumur. Ce nom-là est un nom ma- décasse, ainsi que le dit M. Sganzin, cité, à ce sujet, par notre illustre ami, M. le docteur Hartlaub, dans sa récente Monographie sur l'Ornithologie de Madagascar (1). Je ne sache pas qu'il ait été, depuis Brisson, indiqué par les Voyageurs, comme donné à aucune espèce de Martin: (1) Ornithologischer Beytrag fur Fauna Madagascar's, p. 31. 340 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) pêcheur par les Tagalles. C’est ce qui nous fait penser que l'individu envoyé par Poivre à Réanmur venait de Madagascar, et nullement des Philippines : il est fort pro- bable que le même envoi renfermait des Oiseaux de ces deux îles, ou plutôt que le Corythornis en question se trouvait mêlé à d’autres venant des Philippines. Or la distinction d’origine ne pouvait, il faut en convenir, être faite par Brisson ; heureusement que le nom de Vintsi, in- diqué comme dénomination locale des individus de cette espèce, se trouve signalé par lui, pour nous donner occa- sion de la conjecturer. En nous basant sur ces deux faits, d’une part, celui d'Edwards, sur le lieu de provenance de son Crested kingfisher; d'autre part, celui de Brisson, sur le nom de pays de son Zspida philippensis cristata, nous sommes donc portés à croire que l’un et l’autre étaient originaires de Madagascar. Le nom d’Alcedo cristata, L., ne doit donc pas, ce noussemble, être donné, comme l'ont fait jusqu'ici les Ornithologistes modernes, à une espèce africaine, mais bien à l’espèce de Madagascar, que MM. Eydoux et Ger- vais ont décrite et figurée, en 1836, sous le nom d’Alcedo vintsioides. Cette dernière dénomination doit, dès lors, constituer un synonyme, car les descriptions de Brisson et d'Edwards lui sont fort exactement applicables. J'en dirai autant de la figure donnée par ce dernier Zoologiste, figure citée même en synonymie par M. Hartlaub, à l’A!- cedo vintsioides, dans le beau travail que nous avons cité plus haut. Des trois descriptions initiales citées par Linné pour son Alcedo cristata, une seule doit donc être mise de côté, c'est celle de Séba. Quand bien même ce serait l'espèce africaine que Séba aurait figurée et décrite, le nom d’AI- cedo cristata, L., ne peut lui rester; car elle a le bec jaune, et Linné dit bien positivement que le bec est noir dans le Passereau qn'il décrit. 1l nous semble, dès lors, convenable de donner, pour TRAVAUX INÉDITS. 341 être exact, le nom de Corythornis cristata (L.) à l'Alcedo vintsioides, et de laisser celui de Corythornis Cyanostigma (Rüpp. ) à l’espèce africaine. Comme MM. Hartlaub et Reichenbacbh, je crois avoir observé que les jeunes ont le bec noir dans ce dernier syndactyle. 2° Alcedo tridactyla, L. — A laquelle des deux espèces distinguées plus tard par les Ornithologistes cette déno- mination de Linné doit-elle rester en synonyme? Pour ré- soudre cette question, nous allons, ainsi que nous venons de le faire pour l’Alcedo cristata, remonter aux sources. C'est dans un des volumes de la Mantissa plantarum (1767-1771) que se trouve donnée, pour la première fois, la diagnose de ce Ceyx. Voici en quels termes elle l’est : A. Brachyura , supra caudaque rufis, subtus flava, pedi- bus tridactylis. Habitat in India oriental. Altera avis supra tota rufa, etiam cauda ; ventre postico flavo. Altera dorso cæruleo, tota subtus flava qula alba; genæ flavæ. Remiges nigre. Linné, ne paraissant pas avoir vu ce Passereau, ne cite qu'un seul document, comme origine des renseignements qu'il donne. C'est un travail de Vosmaer, imprimé en hollandais, avec une planche, à Amsterdam, en 1768. Nous n'avons pu recourir à ce Mémoire ; mais nous allons trans- crire les détails qui sont contenus dans l'édition fran- çaise qui a été publiée, et qui fait partie de la collection des Monographies de ce Zoologiste. « Les plumes du dessus de la tête sont d’un brun-chà- « fain clair. Au devant du front se montre, des deux côtés, « près des narines, une petite tache d’un jaune clair ; les « lemples (tempes, veut, sans nul doute, dire l’Auteur), la « poitrine et le ventre sont d’un beau jaune clair. Aux « côtés du cou, un peu en arrière, se fait voir une petite « touffe de plumes bleues, et, au-dessous, une autre un « peu plus grande, de pareilles touffes, mais blanches. 342, REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) « Les plumes, sous le bec, sont aussi blanches. «Sur le dos, les plumes sont d’un beau bleu obscur; « plus bas, vers la queue, un peu tirant sur le pourpre. « Les plumes de la queue, en dessus, sont, ainsi que la «tête, d’un brun-châtain clair, en dessous, de couleur «cannelle. Les petites et les grosses plumes des ailes sont « d’un gris de souris clair. » Vosmaer ajoute ensuite que, comme il y a de la diffé- rence dans les couleurs des deux Oiseaux auxquels est con- sacrée sa Notice, il va donner la description de celui de petite taille, perché dans la Planche, sur la branche infé- rieure, et dont le bec est d’un jaune sale et brunâtre. Chez lui « les plumes sont, dit-il, au-dessus de la tête, « de couleur cannelle roux clair. Au devant du front, se « voient les mêmes petites taches de jaune clair, de chaque « côté, près des narines. Les tempes sont jaunes; les « plumes, sur le dos, sont aussi de couleur cannelle roux « clair, de même que les plumes de la queue, et les petites « plumes du dessus des ailes. Les grandes plumes des ailes « sont d’un gris de souris clair, à bords roussâtres. « Les plumes, sous le bec, sont d’un gris cendré clair; « celles de la poitrine, d’un jaune roussâtre, entremêlées «de plumes un peu plus foncées. Sous le ventre et plus « loin, elles sont d’un jaune pâle, et, sous la queue, rous- « sâtres, etc. (1). » Ou je m’abuse fort, ou il est impossible de trouver une description plus semblable à celle de Linné ; il est évident, au reste, que celle du grand Zoologiste, auquel la Suède se glorifie d’avoir donné le jour, est simplement une repro- duction de celle de Vosmaer. L'un et l’autre ont évidem- ment décrit deux types; l’un à dos bleu, l'autre tout roux en dessus. Seulement, dans la description de ce dernier se trouve omise, et cette omission nous semble, au reste, fort concevable, les Zoologistes systématiques du xvini° siècle ({) Description de deux Alcyons des Indes orientales, etc., p. 4, pl. IV. TRAVAUX INÉDITS. 343 désirant surtout la concision, se trouve omise l'indication des teintes violacées, sur les parties supérieures de l'indi- vidu, dont la région dorsale est dite de couleur rousse. Pallas, à son tour, a donné également une description d’un Alcedo tridactyla, et, quoiqu'il le dise d’origine amé- ricaine, il résulte, «des détails qu’il énonce, que ce Syn- dactyle ne diffère pas de celui de Linné. « Vertex ferrugineus, dit-il, violaceo nitens ; frons ad la- «tera dilutior. Genæ et tota subtus avis e croceo lactei colo- «ris; præler qulam prorsus albam. Temporum macula la- « zurea, infraque eam longitudinalis, alba. Interscapulium « lazureum alares plumæ tantum apicibus. Uropygium fer- « rugineo-violaceum. « Remiges ferrugineo nigricantes, interiorum quædam « margine exteriore ferrugineæ. Cauda brevis, rotundala, « ferruginea. « Pedes albidi, ut rostrum, etc. Unguiculi albicantes. « Varielas, ut pulo, fæœminæ, supra lota jucunde ferru- « ginea, alaribus quoque plumis ; remigumque, præter ex- « timas, margine. Vertex, uropyqium, extremaque aliquot « plumarum dorsalium violaceo nitore perfusa. Pectus ma- «gis quam an altera ferrugineum, abdomen albidius. Cæ- « rulea temporum areola deficiens (1). » 1l est évident, d’après les nouveaux détails que nous ve- nons de faire connaître, que l’Alcedo tridactyla de Pallas est bien le même que le Passereau de Linné, doué de la même dénomination spécifique. L'individu à dos bleu est aussi bien décrit par Pallas que par Linné, que par Vosmaer ; quant à celui à dos roux, Pallas ajoute que le vertex, le croupion et les parties terminales de quelques plumes dor- sales présentent, d'une manière diffuse, un éclat violacé. Nous voici, dès lors, en présence d’un des caractères si- gnalés par M. Strickland, qui s'exprime de la manière sui- vante, dans sa diagnose du Ceyx rufidorsa : capite, dorso , tectricibus, caudaque toto læte rufis, splendore lilacino va- 4) Spicilegia zoologica, fasc. sextus, p. 10. 344 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) riantibus, etc. (1). Présentement, la variété à dos roux, de Linné et Vosmaer, doit-elle être considérée comme une espèce différente? Nous ne le pensons pas; car un seul trait manque à son assimilation complète avec celle de Pallas et avec le Ceyx rufidorsa de M. Strickland, c’est l'indication de la teinte violacée de quelques-unes des parties supérieures de l’oiseau. Cette omission indique- t-elle l'absence de ce caractère ? Cette absence de carac- tère est-elle due à une différence sexuelle, la femelle ne le présentant pas. L'une et l’autre de ces opinions peuvent être soutenues; mais l’une et l’autre ont besoin d’être con- firmées par l'observation. Quoi qu'il en soit, il est impossible de nier, d’autre part, que la variété, ou plutôt la race à dos bleu dont ont parlé Linné, Vosmaer, Pallas lui-même, a déjà été signalée comme espèce particulière par Gmelin, qui lui a imposé le nom d’'Alcedo purpurea, devenu, plus tard, le Ceyx pur- pureus de Cuvier. Cette assimilation nous paraît hors de toute contestation : il en résulte, pour nous, cette convic- tion, que, des deux types, l’un à dos bleu, l’autre à dos roux, confondus par Linné d’abord, puis par Pallas, sous la dénomination commune d’Alcedo tridactyla, le premier ayant été séparé par Gmelin (Alcedo purpurea, Gm. ; Ceyx purpureus Cuv.), la dénomination d’Aicedo tridactyla, L., doit rester en propre au second et être donnée comme synonyme au Ceyx tridactyla de MM. Jardine et Selby, dont ne diffère pas, par conséquent, le Ceyx rufidorsa du si regrettable M. Strickland. Mais doit-on associer à l’une ou à l’autre de ces deux espèces le Martin-pêcheur à trois doigts, de l’île de Luçon, figuré et décrit par Sonnerat ? Je ne le pense pas, quoique ce soit, si mes souvenirs sont exacts, dans la description de Sonnerat que Gmelin a pris, pour les parties inférieures, la diagnose initiale de son Alcedo tridactyla. D'après la descri tion de Sonnerat, en effet, d’après sa figure, dont (1) Proceedings of the zoological Society of London, 1846, p. 99. » TRAVAUX INÉDITS. 345 j'ai consulté l'original colorié, toutes les parties inférieures sont blanches dans ce Passereau. Il est bien loin d’en être de même, soit dans le Ceyx tridactyla, soit dans le Ceyx purpureus : aussi ces trois espèces doivent-elles être sé- parées. A plus forte raison, devons-nous isoler encore plus d’Alcedo tridactyla, et il est même surprenant qu’une sem- blable assimilation ait pu être proposée, l’Alcedo mada- gascariensis. Cette triste idée est due, d'après ce que nous apprend M. Strickland (1), à M. Jerdon. En observateur toujours sérieux et réfléchi, M. Strickland fait remarquer, avec juste raison, que Brisson, toujours si soigneux (accu- rate) dans ses descriptions, indique quatre doigts pour l’Al- cedo madagascariensis. Ce que Brisson a dit est la pure et exacte vérité. Nous ajouterons que le mode de coloration des parties inférieures isole, en outre, ce type de ceux auxquels on a voulu l’assimiler ; tout le dessous est blanc, en effet. M. Reichenbach n'avait donc pas besoin, pour justifier cette singulière assertion de M. Jerdon, de rap- peler que Brisson donne les Philippines et Amboine comme lieux de provenance de son Alcedo philippensis cristata. Brisson pouvait, à ce sujet, avoir tort pour le Corythornis, et être dans le vrai pour l’spidina. MM. Ca- banis et Heine (2) pouvaient, à leur tour, se dispenser de poser des points d'exclamation, pour les déterminations de Linné et de Buffon, relatives à la même espèce. Les deux grandes gloires de la Zoologie, au xvui' siècle, ne méritent pas, à ce sujet, le plus minime reproche; l’erreur de leurs contradicteurs est, à notre époque, exempte, au contraire, de toute excuse. 3° Ceyx meninting, Less. — Ce Ceyx, que M. Lesson a décrit dans son Manuel d'Ornithologie(3), et plus tard, non- seulement dans le Texte zoologique du Voyage de la Co- (1) Proc., etc., 1846, p. 100. (2) Museum Heineanum, Zweile Theil, p. 152. (3) Manuel d'Ornithologie, vol. 1, p. 96. 346 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Aoû 1861.) quille, mais encore dans son Traité d'Ornithologie (1), ne diffère pas du Ceyx solitaria de M. Temminck, col. 595, f. 2. M. Lesson a eu tort de l’assimiler à l’Alcedo menin- ting de M. Horsfeld, et à la planche coloriée 239, fig. 9, de M. Temminck. Dans son Traité d'Ornithologie, il n’a cependant cité qu'avec doute cette dernière figure. 4° Ptilocolpa Batilda, Bp.— Cette espèce, décrite par le Prince Charles Bonaparte, et plus tard figurée par lui (2), a été ensuite rapportée par l’illustre Zoologiste, d’après les indications de M. Florent Prévost, il est vrai, à Ptlopus porphyreus. Je pense que c’est plutôt un jeune du Ram- phiculus occipitalis dont les Philippines sont également le lieu de provenance. Notre type montre déjà, en effet, sur ses plumes thoraciques, la couleur jaune qui caracté- rise l’adulte. Quoique plus grand que certains de nos jeunes Col. porphyrea, il ne présente pas, le moins du monde, sur les plumes de cette région, la couleur rouge pourpre, déjà bien manifeste chez ces derniers. 5° Tinamus Weddelli, Bp.— Cette espèce, décrite égale- ment par le Prince Charles Bonaparte (3), me semble tout simplement constituer un synonyme du Crypturus Kleei, Tschudi (4). C'est également ainsi qu’en a, tout récem- ment, jugé M. Coulon, l'honorable Directeur du Musée de Neufchâtel, qui m’a seulement fait observer que les exem- plaires du Pérou présentaient des teintes plus sombres. Norice sur l’Alouette pispolette, Alauda pispoletta, Pall. et Bp., et sur l’Alouette calandrelle, Alauda brachydac- tyla, Temm., Calandrella brachydactyla, Bp.; par M. J. Vian. Pallas, dans son ouvrage publié à Saint-Pétersbourg, (1) Trailé d'Ornithologie, p.241. (2) Iconographie des Pigeons, pl. XV. (3) Tableaux paralléliques des Gallinacés, dans la séance du 16 mai 1859 de l'Académie des Sciences, p. 16 du tirage à part. (4) Fauna Peruana, Ornithologia, p. 282, pl. XXXII. TRAVAUX INÉDITS. 347 en 1811, sous le titre de Zoographia rosso-asiatica, a dé- crit, sous le nom d’4lauda pispoletta, une Alouette qui ha- biterait les steppes voisins de la mer Caspienne, et se ré- pandrait, dès le mois de février, jusque sur les bords du Volga inférieur, au-dessous de Saratow. Un demi-siècle s'est écoulé depuis la publication de Pallas, et le sort de cet Oiseau n’est pas encore définitivement fixé. Est-ce une espèce distincte de la Candrelle? Est-ce un Oiseau d’'Eu- rope? Nous essayerons de résoudre ces deux questions, après avoir exposé les vicissitudes scientifiques dont il a été l’objet. Voici la description de Pallas : « Alauda capite brevi, rectrice extima fere tota, proxima margine et « apice, remigibusque mediis apice albis. « Deser. — Nostratium minima, plumarum colore obsoletiore, ma- « gisque cinerascente, quam À. cœælipetæ. Rostrum crassius, palli- « dum. Supercilia gulaque immaculata, pallida. Jugulum sor- « dide cinerascens, lituris fuscis. Remiges præter 6 extimas et in- « teriores 3 emarginatæ omnes ; at in A. cœlipeta fere a quinta, nc- « que, ut in hac, intermediæ remiges apice albæ; intimæ tres huic « acuminatæ, cœlipetæ (an a diuturna volatu?). Cauda simillima, « at evidentius bifurca, rectrices extimæ albæ, tantum margine iu- «“ teriore fusco, proximæ exteriore margine solo longitudinaliter « albæ. Mensura ulnæ alarum 4” 8 1/2”; caudæ, 2” 3°”; tibiarum, « 91/2”; digiti antici (cum ungue 2°”), 7’; postici (cum ungue « 4), 61/2”. » Cette description, un peu confuse et sans points sail- lants, ne devait pas répandre la lumière dans une famille dont les espèces ont tant de rapports entre elles. Temminck, qui, dans son Manuel d’ornithologie euro- péenne, a si bien spécifié la Calandrelle par la dénomina- tion de brachydactyla et quelques mots bien frappés de diagnose, ne parle pas de la Pispolette. S'il avait connu le bec court et mignon de cet Oiseau, il n'aurait sans doute pas, dans cette diagnose, donné un bec court à la Calan- drelle, qui, sur ce point et relativement à sa taille, égale au moins l’Alouette des champs. Le comte de Keyserling et le professeur Blasius, ju- 348 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Aoû! 1861.) geant sur la description de Pallas, ont pensé que la Pis- polelta n’était autre que la Brachydactyla de Temminck: Le prince Bonaparte, dans sa Liste comparative des Oi- seaux d'Europe et de l'Amérique du Nord, est le premier qui en ait fait une espèce distincte. Schlegel, en 1844, dans sa Revue critique des Oiseaux d'Europe, et Degland, en 1849, s’en sont rapportés au ju- gement de Keyserling et Blasius. Dans sa revue critique du Traité de Degland, en 1850, le prince Bonaparte a maintenu son opinion, mais d'une manière un peu fugitive; « sans vouloir, dit-il, m'occuper « de l’Alauda pispoletta, dont le bec mignon et arrondi « suffirait seul à la faire distinguer... » Dans le premier volume de son-Conspectus, publié aussi en 1850, le prince Bonaparte a mentionné aussi la Pispo- lette : « À. pispoletta, Pall., excl. synon.; ex desertis « Gangi et Indi. Mar. Caspic. Rostro brevissimo et ro- « tundo. » Ainsi le prince, en français comme en latin, a seulement décrit le bec; mais ce trait de plume, si carac- téristique, prouve qu'il avait vu l'Oiseau et ne s'était pas arrêté aux descriptions. Le catalogue Parzudaki, sur les Oiseaux d'Europe, parut en 1856, et la malheureuse Pispolette fut oubliée. Dans sa lettre du 24 février 1857 sur ce Catalogue, M. de Selys- Longchamps a réclamé contre cette omission, en déclarant qu'il y avait lieu, suivant lui, d'ajouter aux espèces euro- péennes nouvelles notamment « Calandrella pispoletta, qui est peut-être une race de Brachydactyla, Temm. » Et, plus loin, nombrant les espèces européennes, il a classé parmi les Oiseaux de passage régulier en Europe : Alauda pispoletta. Le prince Bonaparte a répondu à cette partie de Ja lettre : « Quant à la Calandrella pispoletta, enre- « gistrée dans mon Conspectus, j'ai déjà réparé mon ou- « bli. » Et, plus bas, il a compris cet Oiseau dans celles des additions de M. Selys-Longchamps qu'il considérait comme justes. TRAVAUX INÉDITS. 349 Enfin M. Oscar des Murs ne parle pas de la Pispolette dans le catalogue des Oiseaux d'Europe qui termine son admirable Traité d’oologie. Ainsi Temminck, Keyserling, Blasius, Schlegel, De- gland et M. Oscar des Murs ont méconnu l’Alouette pis- polette; M. de Selys-Longchamps l’admet, mais peut- être comme race; le prince Bonaparte reconnaît en elle une espèce, mais il hésite à l’éloigner de la mer Cas- -pienne. Il n’eût existé qu'un seul avis, nous en sommes con- vaincu, si l'Oiseau avait été connu de tous. Nous avons reçu six Alouettes pispolettes tuées en mai 1860, dans le gouvernement d'Astrakhan, rive droite du Volga, et les œufs de l’une d'elles dénichés, à la même époque, dans la même localité ; le doute ne nous paraît plus possible, après l’examen de ces Oiseaux. L’Alouette pispolette est une espèce parfaitement distincte de la Calandrelle; c’est, de plus, un Oiseau d'Europe et qui niche en Europe. Voici la description des sujets que nous possédons. Magnitudo Alaudæ brachydactylæ, sed rostro brevissimo et rotundo, remigiis intimis brevissimis et ad extremum latis. Color supra Al. arvensis, sed magis cinerasceos, subtus fulvo-albidus ; jugulum autem et latera lituris fuscis. Diag. Bec très-court, mignon et bombé en tous sens; ailes sans penne bâtarde ; rémiges tertiaires courtes, larges et ne dépassant pas la sixième des primaires; poitrine et flancs striés de brun. Toutes les parties supérieures d’un cendré uniforme, avec des mèches brunes au centre des plumes, plus fon- cées sur la tête; raie sourcilière, gorge, côtés du cou, abdomen et sous-caudales d’un blanc un peu fauve; une longue tache brune sur les deux grandes sous-caudules ; poitrine d'un cendré pâle uniformément striée de brun; flancs d’un cendré fauve, avec des mèches brunes; ré- miges brunes, bordées extérieurement, la première, de blanc fauve, et, les autres, de cendré à reflets. Rémiges 350 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Aoû/ 1861.) tertiaires courtes et larges dans toute leur étendue, la plus longue d’entre elles en retrait de 0,021 à 0,029 sur la plus longue des primaires, et ne dépassant pas la sixième. Queue échancrée, à rectrices brunes, les médianes plus pâles et les externes bordées de blanc pur, la première sur une grande partie de sa longueur, la seconde sur ses barbes externes seulement. Bec court, mignon, convexe en tous sens, d’un jaune livide, avec l’arête brune. Tarses roussâtres, avec les doigts lavés de brun, les ongles bruns et la plante du pied grise ; ongle du pouce un peu plus long que ce doigt. Longueur, 0",145. ! Tels sont trois individus mâles tués au mois de mai. Dans l’un d’eux, la mue ruptile est moins avancée que dans les autres; les barbes plus larges des plumes des parties supérieures ont une faible teinte rose qui paraît particulière à la livrée d'hiver. Les trois femelles ne diffèrent des mâles que par des dimensions un peu moindres, l'absence de mèches brunes sur les deux grandes sous-caudales, le blanc plus étendu sur la rectrice externe, et la poitrine striée sur une lar- geur moindre. La comparaison de ces Oiseaux avec les Calandrelles tuées en France et en Algérie donne les résultats sui- vants : Alouette pispolette. Alouette calandrelle. Bec très-court, mignon, con- vexe eu tous sens, rappelant celui de la Mésange, de 0,009 à 0,010 de long. Rémiges tertiaires larges dans toute leur longueur, relativement lus courtes que celles de l'A- ouette des champs, n’excédant pas la sixième des primaires, et en retrait de 0®,021 à 0,029 sur Ja plus longue. Tarses roussâtres, doigts lavés de brun, ongles brun foncé et plante du picd d'un gris terne ; teinte générale des parties supé- rieures, cendrée. Bec long et comprimé de l’A- louette des champs, de 0,011 à 0%,012. Rémiges tertiaires lougues et effilées des Pipits, dépassant tou- jours la quatrième des primaires et atteignant souvent la plus longue. Tarses, doigts et ongles uni- formément couleur de chair; plante du pied d'un jaune vif; teinte générale des parties supé- rieures, d’un cendré roussâtre. TRAVAUX Alouette pispolette. Yertex cendré comme le dos, et strié de brun foncé depuis le bec. Poitrine uniformément striée de brun. De longues mèches brunes aux ancs. Bordures des rectrices latérales d’un blanc pur. Toutes les sus-caudales de cou- leur cendrée, avec des mèches brunes. Sous-caudales blanches, mais ayec des mèches brunes aux deux INÉDITS. 391 Alouette calandrelle. Vertex d'un roux plus vif que celui du dos, strié de brun seu- lement vers la nuque. Seulement quelques taches con- fluentes sur les côtés, au bas du cou. Flancs unicolores. Bordures des rectrices latérales d’un blanc fauve. Sus-caudales d’un roux assez vif, avec des mèches brunes aux deux plus grandes seulement. Toutes les sous-caudales blan- ches dans les deux sexes. grandes chez les mâles. Ainsi ces deux Oiseaux ne se ressemblent que par la taille, l'absence de penne bâtarde et la longueur relative des rémiges primaires, qui, d'ailleurs, diffèrent peu dans toutes les espèces du genre. Les rapports de la Pispolette sont plus grands avec l’Alouette des champs, dont elle ne diffère sensiblement que par la taille, le bec, l'absence de penne bâtarde et l’ongle du pouce. Si nous comparons nos œufs de Pispolette à ceux de la Calandrelle, nous trouvons, dans les premiers, une teinte sensiblement plus cendrée, moins rousse que dans les se- conds. La différence de nuance qui existe entre les deux Oiseaux se reproduirait daos leurs œufs, s’il est possible, toutefois, d'asseoir une règle sur l'examen d’une nichée. Sur les quatre œufs de Pispolette, trois sont ovoïdes, courts, et mesurent 0,019 à 02,020 sur 0,014 à 0",015; le quatrième, presque elliptique, porte 0",0205 sur 0,013; tous sont lisses, presque mats et à grain très-fin. La coquille, peu diaphane, est d'un blanc sale semé de petites taches et de points très-nombreux, surtout au gros bout, et variant du cendré pur au cendré olivâtre. D’après les renseignements reçus avec les Oiseaux, la Pispolette est assez répandue dans le gouvernement d’As- trakhan, sans y être aussi commune que la Calandrelle. Toutes deux fréquentent les steppes arides et nichent à 352 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) terre, dans les landes. Ces renseignements concordent avec les indications de Pallas. Suivant cet auteur, l’Alouette pispolette, commune dans les déserts voisins de la mer Caspienne, arriverait par bandes, dès le mois de février, vers le Volga inférieur, et se répandrait, au prin- temps, dans les steppes, sans remonter au delà de Sa- ratow. Pourquoi la position scientifique de la Pispolette est- elle restée si longtemps incertaine? La cause en est peut- être dans la description de Pallas; je l’ai lue bien des fois les deux alouettes en main, et j'ai toujours hésité pour en faire une application exclusive à l’une ou à l’autre espèce. La diagnose et la moitié de la description sont communes à toutes les Alouettes et paraissent écrites dans le seul but de distinguer la Pispolette des Pipits, décrits, dans le même ouvrage, sous le nom générique d'Alauda. Dans cette description, le magis cinerascente des plumes, le jugulum lituris fuscis, les rectrices extimæ albæ pei- gnent la Pispolette; mais lorsque Pallas, comparant son Oiseau à l’Alouette des champs, lui donne un bec crassius, retrouve-t-on dans cette qualification le bec mignon de la Pispolette de Bonaparte? Lorsqu'il ajoute tres intimæ re- miges acuminatæ, par opposition aux remiges detrilæ de l’Alouette des champs, ne voit-on pas le caractère le plus saillant de la Calandrelle, les rémiges tertiaires effilées qui la rapprochent des Pipits? Pour concilier les élé- ments de cette description, il faut reconnaître que Pallas a confondu les deux Oiseaux. Les conditions dans les- quelles il écrivait corroborent cette opinion. Pallas a pu- blié sa Zoographia seulement en 1811, trente ans après ses voyages, à Saint-Pétersbourg, séparé, pour ainsi dire, par la Russie, de ces Alouettes essentiellement méridio- nales. Il a travaillé non-seulement sur ses propres docu- ments, mais aussi sur ceux recueillis par d'autres natura- listes décédés lors de la publication. A cette époque, la confusion était très-grande encore dans la tribu des Ca- TRAVAUX INÉDITS. 353 landrelles ; Pallas lui-même n’approfondissait pas ses su- jets ; il décrivait l'espèce sans entrer dans les différences résultant du sexe, de l’âge et des mues effective et ruptile; ses descriptions sont souvent bien frappées, mais elles reposent surtout sur les couleurs, et la couleur n’est pas un élément sûr pour distinguer les espèces chez les Alau- dinés ; enfin Pallas a exploré longtemps cette partie de la Russie méridionale où la Calandrelle et la Pispolette ar- rivent par bandes, gregatim, comme il le dit lui-même, et cependant il n’a décrit qu'une seule petite alouette ; l’autre ne serait-elle jamais tombée dans ses mains? Ce n'est pas supposable. En deux mots, voici notre conclusion : la Pispolette est une espèce distincte et un Oiseau d'Europe; à Pallas l'honneur d’avoir appelé sur elle les investigations des na- turalistes, au prince Bonaparte l'honneur de l'avoir trouvée. Descriprion de quelques nouveaux fossiles du terrain miocène de la colline de Turin, par Jean MicHELOTT1. Radiaires. Allionia oblita (PI. 10, f. 1). J'ai trouvé, il y a quelque temps, un fossile voisin des Comatules, mais bien distinct de tout ce que nous offre la nature vivante; parmi les espèces éteintes, c’est avec le seul genre Salocrinus de M. Goldfuss qu'il paraît présenter certains rapports re- marquables. Ce fossilese compose d’un calice convexe inférieurement, légèrement concave à la partie supérieure, dont la forme est celle d’un disque arrondi. Au centre de ce disque (f. 14) se trouve un trou, occupé jadis par la bouche, et entouré de cinq sillons pétahformes rayonnants qui représentent les sutures des cinq pièces basales. Excepté les sillons pélaliformes, le reste de la surface du disque est lisse. La partie basale, à partir de ses deux tiers jusqu'au bord du disque, est garnie de dépressions perforées (f. 1 et 16), 2° skmie, r. xur. Aunée 1861, 23 35% REV. ET MAG. DE ZO0LOGIE. (Aout 1861.) qui démôntrent qu'il s’agit ici d’un crinoïde libre, qui, au noyén de petits bras inférieurs et verticillés, pouvait se crätiponnér aux polypiers et aux roches sous-marines. La hâuteur du calice est de 4 millimètres ; le diamètre du disque est de 8 millimètres. Je propose, pour ce genre, le nom d’Allionia, en mémoire de feu le professeur Allioni, le premier nâturaliste qui, dans le siècle dérnier, ait fait connaître quelques fossiles de notre térrain miocène moyen de la colline de Turin, dans lequel nous avons rencontré trois crinoïdes, dont le premier connu est le Pehtcrinüs Gastaldii (Michelotti}; le deuxième est le Micropocrinus Gastaldii (Michelin, Revue et Magas. de zoblôyie, de M. Guérin, 1851, n° 2); et le troisième est l'Allionia oblit, dont un deuxième vient d'être trouvé par M. lé chevalier Louis Rossenda del Melle, auquel je dois les dessins detcette espèce et des suivantes. Runa Desori (PI. 10, f. 2). J'ai trouvé aussi un fossile remarquable appartenant à un genre éteint, dans le cal- câiré de Gassino, qui, d'après les débris de la faune qu'il fenférme, doit se rapporter au terrain miocène moyen, ainsi que les autres couches de la colline de Tu- rin qui y font suite. Ce fossile (F. 2 grossie) est une Runa dont les arcs am- bulacraires s'arrondissent à leurs extrémités en forme de pétales (f. 2a et 2h grand. nat.). Cette Runa atteint 4 mil- limètres de hauteur; le diamètre longitudinal du disque inférieur est de 12 millimètres ; le diamètre transversal est de 10 millimètres. La forme des arcs ambulacraires diffère de ce que l’on observé dans la Runa Comptoni, fossile du miocène :su- périear de l'île de Malte, où les arcs susditss'élargissent stins se rapprocher, ce qui suffit pour séparer ces deux espèces; ce'rhème caractere et ane taille double distinguent la Runu Desori de la Runa Henschei (de Mayer), fossile de l'éocène de Kleinkunhren. C'est au eélèbre naturaliste suisse, M. Desor, que je L TRAVAUX INÉDITS. 355 dédie cette espèce, qu'il avait aussi reconnue comme nou- velle. Poissons. Scarus miocenicus (PI. 10, f. 3, partie sup. de grandeur vaturelle ; 3a id. grossie ; 3b, partie inf. grossie). D'après M. Oven, c’est à côté du genre Labrus que doit se placer le genre Scarus, Poisson qui vit dans la zone intertropi- cale, en se nourrissant exclusivement de Lithophytes qui croissent dans ces mers, et très-remarquable par sa bouche, dont la forme rappelle celle d’un bec de perro- quet. Comme on peut le voir d’après les figures (f. 3a et 3b), la portion que je possède appartient à la région pha- ryngienne inférieure; mais il est impossible de déterminer cette espèce avec certitude ; aussi n'est-ce que provisoire- ment que je propose, pour ce débris, le nom de Scarus miocenicus. Je crois qu'il est intéressant de faire connaître ce fossile, parce qu'il appartient à un genre qui n'a pas encore été signalé à l’état fossile, et qui, aujourd'hui, est propre à la zone intertropicale. Phyllodus incertus. M. le chevalier Roassenda, zélé chercheur de fossiles de notre terrain miocène, vient aussi de trouver, dans le calcaire de Gassino, une dent appar- tenant au genre Phyllodus, jusqu'ici inconnu dans nos collections, mais dont les différences spécifiques ne pour- raient être établies qu'après d’autres recherches sur ce genre. Aussi, pour le moment, je désignerai sous le nom de Phyllodus incertus le débris trouvé près de Gassino, qui, du reste, est tellement empäté dans une gangue cal- caire, que l'on risquerait de l’écraser en essayant de le dégager de cette gangue. Le diamètre longitudinal visible de cette dent est de 11 millimètres ; le diamètre trans- versal, de 12 millimètres. On place généralement le genre Phyllodus près du genre Sphærodus; mais je préfère l'opinion de M. Owen (Odon- tography, pag. 139), qui le rapproche du genre Scarus, avec lequel il a effectivement bien plus d’analogie. 356 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) II SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 5 avüt 1861. — M. le secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Alphonse Edwards, un exem- plaire des Observations sur l'existence de divers Mollusques et Zoophytes à de très-grandes profondeurs dans la Médi- terranée. Séance du 12 août. — M. Valenciennes lit un Mémoire intitulé, d’une tête de grand Ichthyosaure trouvée dans l'ar- gile de Kimmeridge, par M. Lennier, au cap la Hève, près le Havre. Comme ce travail fait connaître un fossile nouveau que l'auteur dédie à la mémoire de notre célèbre maître Georges Cuvier, nous nous faisons un plaisir de le repro- duire en entier. « La tête d'Ichthyosaure que je mets sous les yeux de l'Académie a été trouvée au cap la Hève, près le Havre, par M. Lennier, conservateur du musée d'histoire natu- relle de cette ville. On sait que l'argile de Kimmeridge est l'une des premières assises des terrains jurassiques, et que, pour en avoir la couche assez mince en cet en- droit, il faut attendre les grandes marées équinoxiales. C’est à l'une d'elles que l’habile et zélé conservateur du musée a reconnu, dans un énorme bloc de la falaise, les deux gros fragments du museau conique et pointu de ce Saurien extraordinaire. Il fit apporter, dans le laboratoire du cabinet, les pièces éparses, mais voisines, ainsi que les vertèbres qu'il jugea appartenir à l'animal. « En visitant le musée, je vis tous les morceaux de ce gros fossile, et l’idée me vint de faire quelques recherches pour essayer de reconstruire, du moins en partie, un animal dont le muséum de Paris ne possède pas d’aussi grands échantillons. Il ne faut pas conclure de cette ob- servation que je veuille dire que les parties d'Ichthyo- SOCIÉTÉS SAVANTES. 357 saures décrites et figurées par Cuvier, et qu'il a dues à l'amitié des savants anglais MM. de la Bèche, Conydeare, ou aux acquisitions personnelles qu'il a saisi l’occasion de faire en Angleterre, ne soient pas des portions d'Ichthyo- saures très-complètes, très-intéressantes; je ne signale encore ici que la grandeur de l'animal. Pour donner suite à cette entreprise, il fallait d'abord envoyer à Paris tout le bloc. M. Lennier, voyant bien qu'il n’avait pas auprès de lui les livres, les collections et les hommes habitués à ce genre de travail, accepta ma proposition, et tout me fut adressé au commencement de l'hiver. « Je me mis aussitôt à l’œuvre; je dirigeai les recher- ches; je pressai les personnes que j'employais, et je suis parvenu, après des efforts persévérants, à faire remettre au jour et à rapprocher les os d’une tête remarquable par sa taille. « Pour faire comprendre ce que j'ai fait, je vais d’abord dire comment se présentait la masse contenant ces diffé- rents os. « L’Ichthyosaure qui a été enfoui dans la vase après le cataclysme dont les nombreuses espèces de Vertébrés et de Mollusques ont été victimes a été couché sur le côté gauche, et sa tête, écrasée par les matériaux, a été telle- ment disloquée, que les os formant la voûte du crâne ont été brisés et dispersés; l'œil gauche, en partie détruit, est revenu se placer sur l'œil droit, en arrière des narines, et en enlevant les lacrymaux, dont je n’ai pas retrouvé de traces. « La mâchoire inférieure, brisée à peu près par le mi- lieu, a été portée en avant, sous l'extrémité des branches, et l'os carré du côté gauche est entré dans la sclérotique osseuse du côté droit, de façon que la tubérosité de son condyle sortait au travers de l'ouverture de la cornée, comme une pierre piriforme grosse de 0",09 de long sur 0®,0% de haut. On doit peut-être à ces déplacements, et surtout à celui de l'os carré, la conservation de l'œil 358 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) droit, qui s’est promptement rempli d’une vase soutenue par ce gros os. Enfin la moitié postérieure, ou plutôt su- périeure, de la face, brisée et aplatie, était réunie avec les yeux, car la sclérotique gauche était, en partie, atta- chée sur celle de droite, les deux lacrymaux ont été em- portés, et les os qui cernent l'orbite étaient cachés dans une vase argileuse devenue plus dure que le marbre et susceptible de prendre, comme lui, un assez beau poli. Telle était la nature de la masse osseuse dont j'ai essayé de tirer les os de la tête que je présente ici à l'Académie, « Après cet exposé et l'extraction des os de leur ganpue, la description de la tête telle que je l'ai trouvée devient plus facile à faire. En rapprochant de la portion supérieure du museau la portion terminale, on voit que le museau était conique. La longueur de ce cône, mesuré depuis le bord antérieur de la narine, est de 0®,72. « Ce cône est formé, en dessus, par les intermaxillaires, étendus depuis les narines, qu'ils cernent en dessus, en avant et en dessous; ils atteignent l'extrémité du museau, en recouvrant le maxillaire le long de la fente de la bouche. — Le maxillaire va rejoindre le jugal. Près de l'orbite, ce maxillaire s’élargit une peu au-dessus de celui-ci; je ne serais pas étonné que cette sorte de palette ne soit formée avec des portions du lacrymal. « Les deux intermaxillaires se rapprochent par une su- ture longue de 0",40 au moins. Au delà, et entre les deux intermaxillaires, sont placés les deux os propres du nez. Ceux-ci, jusqu'à la narine, sont longs de 0,32, et ils Ja dépassent au-dessus pour la recouvrir, pour atteindre le frontal antérieur et avoir une longueur totale de 0,84. Les os propres du nez sont donc deux pièces osseuses longues, étroites, triangulaires et terminées, en avant, par une pointe très-aiguë. Ils ne recouvrent cependant pas une fosse nasale ou gouttière analogue à celle d:s Croco- diles, car ils n’ont pas d'ouverture à l'extrémité de leur long museau. Les narines sont courtes et droites et se di- SOCIÉTÉS SAVANTES. 359 rigent en arrière, vers le trou pariétal. Les Ichthyosaures étaient probablement les Souffleurs de ces mers. « Je parlerai plus loin de la mâchoire inférieure, et je reviendrai sur les gouttières alvéolaires qui reçoivent les dents. « La pression exercée sur cette têle a fait chevaucher les deux naseaux l’un sur l’autre, « Il n’y a rien à dire du lacrymal, puisque ces os ont été enlevés. Au delà j'ai trouvé l'œil, Cuvier a démontré ce qu'était la sclérotique de ces Sauriens. Elle est ici comme à l'ordinaire, dans nos espèces de Sauriens vi- yants, composée de pièces osseuses plates, rapprochées par des sutures écailleuses, et pouvant jouer Jes unes sur les autres. Cet œil est énorme ; son diamètre horizontal a 0%,22 de long, et le vertical en a 0,08 de haut. Le trou de la cornée en a 0,10 de long et 0,08 de haut. Le nombre des pièces osseuses est de quatorze à quinze dans l'espèce que j'ai sous les yeux. Elles sont larges, assez épaisses, rudes, mais peu striées ; elles sont rapprochées par des sutures écailleuses; elles sont donc un peu diffé- rentes des osselets de l’Zchthyosaurus communs de Cuvier ; elles sont aussi moins nombreuses. En comparant l'œil de l’exemplaire que je décris, je erois que la sclérotique est plus grande que celle des espèces déjà décrites. « Au-dessus de l'œil était encore attaché le bord frontal antérieur et, peut-être, une portion déplacée et descendue du frontal principal. La première de ces deux détermina- tions ne me laisse aucun doute, et je crois que la seconde a également un degré satisfaisant de certitude. En arrière, une portion osseuse me paraît être du frontal postérieur, et les fragments osseux déplacés qui suivent ne peuyent être que des démembrements du pariétal et du temporal. J'avoue, toutefois, que je conserve beaucoup de doute sur ces déterminations. « J'ai aussi reconnu, et sans qu'il me reste aucun doute, un autre os attaché aux branches de Ja mâchoire infé- 360 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) rieure. Cette pièce mince, recourbée et relevée en arrière, est l'extrémité du ptérygoïdien ; on voit encore l’adhé- rence de la suture de cet os au bord interne du maxil- laire. L’arrière du crâne a été plus endommagé, et cepen- dant j'ai pu remettre en place les osselets qui appartien- nent à l’occipital latéral, divisé lui-même en trois piliers, supérieur, moyen ou inférieur, lesquels prennent très-peu de part à l'articulation de la tête avec la colonne verté- brale. Le basilaire a tout à fait disparu. Cette perte est regrettable, à cause de la cavité conique si profonde de l'atlas retrouvé parmi les vertèbres. On peut se permettre d'en conclure que l’apophyse du basilaire était un cône très-saillants. Si d’autres hasards mettent les zoologistes à même de vérifier cette conjecture, ce caractère ajouterait une diagnose importante au caractère spécifique et zoolo- gique de cet animal. L’articulation condylienne de l’apo- physe basilaire de l’occipital se fait par une tête tout à fait ronde. Nous en avons, au muséum, plusieurs exemplaires. M. Cuvier l’a très-bien figurée (Oss. foss., t. V, 2° partie, pl. XXIX, fig. 11), et cette tête est reçue dans une cavité cotyloïde arrondie de la première vertèbre. € J'ai dit que l'os carré avait été porté dans la cavité de la sclérotique. C’est un os tout à fait différent de l'os de même nom et exerçant une semblable fonction dans l’Ichthyosaurus communis ou dans l’Ichthyosaurus pla- tyodon de Cuvier. « La tubérosité articulaire de cet os, mesurée à sa partie inférieure la plus large, fait à peu près les deux tiers de sa longueur. La ligne concave du bord supérieur est très-creuse , parce que l’extrémité antérieure se relève beaucoup pour former une apophyse grosse et rugueuse. Au devant se prolonge, en une crête mince et tranchante, la palette qui forme le corps de l'os. « Je montre l'os carré de l’Ichthyosaurus platyodon pour faire saisir les caractères différentiels des deux os. Celui-ci a une tubérosité articulaire plus étroite, surtout SOCIÉTÉS SAVANTES. 361 vers le bas; son échancrure supérieure est plus ouverte ; c'est à peine si l’on voit une tubérosité apophysaire sail- Jante. « La ligne inférieure est très-courbée et mince. L’épais- seur du condyle n’est que la moitié de la longueur. « L'os carré de l'Ichthyosaurus commums, figuré pl. XXIX, fig. 12 et 13 des Oss. foss., t. V, 2° partie, est encore plus différent; la tubérosité du condyle est plus étroite, la palette antérieure plus large, il n’y a pas trace de tubérosité apophysaire, et le bord est plus arrondi. « J'ai insisté sur les différences entre les os, parce que je donne une nouvelle preuve de la netteté, de la force des principes zoologiques de Cuvier. Notre grand et illustre maître ne cessait de soutenir que, par l'examen attentif d'un seul os, on pouvait reconnaitre les caractères spéci- fiques distinctifs entre les espèces voisines de Vertébrés : il l’a appliqué avec bonheur à plusieurs Mammifères. Je suis heureux, de mon côté, d'en faire un usage très-cer- tain, et j'en pourrais dire autant pour la première ver- tèbre. « La mâchoire inférieure, cassée par le milieu, montre, de la manière la plus nette, la gouttière alvéolaire. La portion postérieure, ayant glissé sous l’antérieure, est très-éloignée de l'os carré. Les dents sont aussi grosses que celles du Platyodon, mais elles paraissent avoir été nombreuses. « On voit, d’ailleurs, sous le dentaire, les os qui la composent, savoir, l'operculaire, l’angulaire et le suran- gulaire. Le complémentaire a été détaché et perdu. « La mâchoire supérieure nous fait voir le maxillaire supérieur. J'ai pu faire dégager entièrement la gouttière alvéolaire sur la face palatine. Aussi, en redressant la mà- choire supérieure , qui, dans ce mouvement, entraîne les os propres du nez, on voit, entre les deux goutlières al- véolaires rapprochées par la compression générale, et entre elles, les traces du vomer et des palatins. Je ne 362 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Aoû 1861.) 1 trouve aucune disposition semblable à celle-ci dans les pièces fossiles que Cuvier a eues à sa disposition. Je ne puis m'empêcher d’avoir un souvenir de regret en pen- sant que ce grand zoologiste n'a jamais eu le plaisir de nous peindre, dans son étude si profonde, cette disposi- tion caractéristique. « Le nom d'Ichthyosaure a été donné, par sir Everard Home, aux Sauriens qui nous occupent, par suite d’une idée anatomique erronée. L'anatomiste anglais a cru que l'œil de l’Ichthyosaure était conformé comme celui d’un Poisson, ce qui est tout à fait inexact. La sclérotique est celle d’un Lézard et même d'un Oiseau, et non pas celle d'un Ovipare de la classe des Poissons. C’est ce que M. Cuvier a démontré de la manière la plus positive dans ses admirables Mémoires sur ces Reptiles; il a conservé un nom dont il signalait les défauts, mais sans Je changer, afin de ne pas faire du néologisme, ce grand ennemi des sciences naturelles. J'ajoute ici que, contrairement à ce que pensent des personnes qui ne connaissent pas assez bien les détails ostéologiques de ces Vertébrés, la forme biconcave des vertèbres n’est pas le caractère important des Ichthyosaures, attendu que toutes les vertèbres:des Ich- thyosaures ne sont pas biconcaves, à commencer par la première vertèbre; l’atlas a la face antérieure creuse et co- nique et la postérieure aplatie, et l'on pourrait citer plu- sieurs espèces de Poissons dont la face antérieure est une tête arrondie, comme une tête de fémur, et dont la face postérieure de la vertèbre n'est pas une cavité conique. « Ils avaient les dents implantées dans des gencives fibreuses et résistantes, sans que, dans l'espèce que je dé- cris, les maxillaires soient creusés d’alvéoles pour les recevoir ; les os sont creusés de longues gouttières ; leurs quatre membres sont des nageoires adipeuses, membra- neuses, soutenues par des osselets de phalanges disposés en mosaïque, analogues à ceux de plusieurs de nos Dau- phins. SOCIÉTÉS SAYANTES. 363 « En cela ils diffèrent beaucoup de leurs contempo- rains les Plésiosaures, dont la face ressemble davantage à celle des Crocodiles, dont les osselets de leurs nageoires sont disposés en cinq séries longitudinales, n'étant pas sans analogie avec les doigts de nos baleines. « Les Plésiosaures ont existé dans l’oolithe ferrugineux de la Haute-Marne, près Arcques ; de grands exemplaires y ont été découverts par M. Séjournant, qui s'occupe avec passion de ja géologie de cette contrée; il a envoyé à notre confrère M. Passy les beaux et grands ossements des membres que j'ai le plaisir de mettre sous les yeux de l’Aca- démie; ils vivaient avec les Mégalosaures, grands Sau- riens qui y étaient plus abondants, à en juger par les: nombreux débris d’ossements mêlés avec ceux-ci. « En Angleterre, il en existe, dans le lias de Lyme- Regis, plusieurs espèces très-bien conservées, et il y a lieu de croire que l’Ichthyosaurus platyodon y devenait peut- être plus grand que ceux de nos falaises du Havre; mais les couches de la Hève ne sont pas moins riches, et celui- ci, que la ville du Havre va conserver dans son musée, est, après cet Zchthyosaurus platyodon, le plus grand que nous ayons encore vu, la longueur totale de la tête étant de 1,55. « Je présente encore la demi-mächoire trouvée, en 1852, au Havre par M. Michaud, professeur de physique au collége du Havre. Cet ancien élève de l’école normale s’est empressé de l'envoyer au cabinet dans lequel il avait reçu les premières leçons de physique. Elle est de l'espèce de l'Ichthyosaurus communis de M. de la Bèche. On lui compte les quarante-cinq dents indiquées par sir Everard Home. Elle porte les marques des alvéoles telles que les indique Cuvier, et dont on ne peut voir la moindre trace dans notre espèce. « Je crois avoir prouvé, par les détails descriptifs que je viens de donner, que l’Ichthyosaure présenté dans cette 364 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) enceinte est d’une espèce distincte. Je la nommerai du nom de Cuvier, Zchthyosaurus Cuviert. « La ville du Havre conservera, dans son musée, un de ces animaux extraordinaires trouvé dans les falaises bai- gnées par la mer, où le grand anatomiste a fait ses pre- mières et durables découvertes, à la fin du siècle der- nier, sous la protection d’un riche citoyen de la ville, au- quel M. Cuvier a témoigné sa gratitude en lui dédiant une de ses belles anatomies, celle du Tritonia Hom- bergii. € Je ne puis résister au plaisir de dire que, en faisant la restitution de ce crâne d'Ichthyosaure, je consultais les mêmes fragments que je présentais à cet excellent maître, qui m'a honoré du nom de son ami et m'a fait jouir, pen- dant vingt ans, de cette vie intellectuelle qu'il animait par son génie, et qu'il rendait aussi douce qu'agréable par l’aménité de son commerce. « A cette époque, il y a trente-six ans, M. Merlieux, sculpteur de mérite, prêtait déjà à M. Cuvier son ciseau habile, pour rendre plus instructifs les morceaux dégagés et retirés de l'argile dure comme le marbre qui les mas- quait. » L'Académie procède à la nomination d’un correspon- dant pour la section d'Anatomie et zoologie, en rempla- cement de M. Dujardin. M. Gervais est nommé au pre- mier tour de scrulin. M. Ch. Robin lit un Mémoire sur les Spermatophores de quelques Hirudinées. « Le but du travail que j'ai l'honneur de présenter à l’Académie, dit l’auteur, est de faire connaître certaines particularités nouvelles ou peu étudiées relatives à la ma- nière dont s'accomplit la fécondation chez quelques Hiru- dinées. Elles viennent éclairer un point intéressant de physiologie comparée; mais leur connaissance est surtout nécessaire pour l'intelligence de plusieurs ordres de faits SOCIÉTÉS SAVANTES. 365 d’une importance plus générale qui concernent l’évolu- tion embryogénique des éléments anatomiques et des tissus, et dont je demanderai permission à l’Académie d'exposer le résumé dans quelqu'une de ses prochaines réunions. On sait, en effet, que les premiers actes du dé- veloppement sont dignes d'attention jusque dans leurs moindres détails, non par un sentiment de pure curiosité, mais parce que, mieux que tous les autres phénomènes, ils démontrent l'individualité des éléments anatomiques de nos tissus et l'indépendance des uns par rapport aux autres. Rien de plus saisissant, en effet, que de suivre ces derniers depuis l’époque de leur apparition embryonnaire jusqu’à celle de leur décroissance sénile, en notant cha- cune des modifications qu'ils subissent et dont les divers âges de l'organisme ne sont que la résultante. Rien de plus important, d'autre part, que ces notions, lorsqu'il s'agit de corps en voie incessante de changements et dont, par conséquent, l’origine seule nous dévoile la na- ture. Mais, avant d'aborder ces questions, il importe d’en résoudre quelques-unes d’un ordre moins élevé qui peu- vent servir à éclairer les premières. « On sait que, chez quelques insectes orthoptères, cer- tains Crustacés et chez les Céphalopodes, la substance fé- condante du mâle est portée dans les organes femelles par des corps libres ayant une structure particulière et appelés spermatophores. Ils se composent essentiellement d’une matière blanche demi-liquide formée presque exclu- sivement de spermatozoïdes, et celle-ci est protégée par une enveloppe extérieure qui offre des dispositions très- variées d’une espèce à l’autre. Elle est un produit de sé- crétion solide ou demi-solide d’une des parties les plus ex- térieures de l'appareil mâle. « Aux groupes d'animaux précédemment indiqués, chez lesquels la fécondité s'opère à l’aide de spermato- phores, il faut joindre certains Vers, tels que la Clepsine complanata, Savigny ( Glossiphonia sexoculata, Moquin- 366 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) Tandon) et la Planaria torva. Fr., Mueller et Max. Schultze ont signalé, chez ces animaux, l'existence de corps fécondateurs analogues aux précédents. « J'ai pu, sur la première de ces espèces, étudier les spermatophores plus complétement qu’on ne l’a fait jus- qu’à présent. « Je les ai découverts chez les Mephelis, où ils offrent des particularités fort remarquables au point de vue du rôle physiologique qu'ils remplissent. Chez ces dernières, ils passent en entier du réservoir où ils se produisent dans l'appareil femelle, alors que celui-ci ne renferme encore aucune trace d'ovules; de telle sorte que chez ces ani- maux, contrairement à ce qui a lieu chez les autres, le liquide fécondant arrive dans les organes femelles avant qu'il s'y trouve des œufs. Ce n’est qu'après la pénétration des spermatophores que les œufs apparaissent dans l'épaisseur de ces corps, dont les dimensions augmentent proportionnellement à l'accroissement de nombre et de volume des ovules. De spermatophores qu'ils étaient dans les organes mâles, ils deviennent ovo-spermatophores dans les tubes ovariens. ñ « À l'époque de l’accouplement, chacune des poches ovoïdes qui terminent l'appareil mâle des Glossiphonies est remplie par un spermatophore qui en reproduit à peu près exactement la forme, et tous deux se réunissent aussi, par une extrémité commune, dans la portion simple du canal qui aboutit au pore génital mâle. « Lorsqu'on détache ces Annelés l’un de l’autre pen- dant qu’ils s’'accouplent, on voit sortir du pore génital mâle les deux spermatophores; tantôt ils ne sont que partiellement sortis, tantôt ils le sont tout à fait et restent adhérents au corps de l’un des deux animaux. Ils ont une couleur d'un blanc argentin brillant et une forme des plus élégantes. Leur longueur est de 0,003, et ils sont larges, chacun, de 4/3 de millimètre. Ils sont en forme de massue, à grosse extrémité tournée en arrière et prolongée par une SOCIÉTÉS SAVANTES. 367 fine pointe un peu courbée, dont la longueur égale ou dépasse la plus grande largeur du spermatophore; ils se terminent, en avant, par une portion effilée à peu près aussi longue que leur partie renflée; leur cavité devient commune, en avant, dans le quart environ de leur lon- gueur totale. « Chaque spermatophore remplit la cavité de la poche qui termine l'appareil génital mâle et se moule sur elle. La pointe qui prolonge leur partie renflée s'enfonce dans le conduit génital flexueux ; leur partie commune corres- pond au conduit unique qui aboutit au pore génital, au niveau duquel l'extrémité libre des spermatophores est un peu élargie et plus pâle que le reste de ces corps. « La paroi des spermatophores est épaisse de 4/100 à 6/100 de millimètre et formée d’un mucus tenace, dense, qui réfracte la lumière en lui donnant une teinte jaunâtre en arrière, où elle est plus épaisse. Ce mucus est plus pâle dans la partie antérieure rétrécie des spermatophores;; au niveau de la partie commune et de l'extrémité libre, il se dissocie par un contact prolongé avec l’eau, en prenant un aspect très-pàle finement strié. Le prolongement en forme de pointe aiguë qui s'enfonce dans le canal flexueux et jaunâtre, comme la partie la plus épaisse de la paroi, est formé, comme elle, de couches concentriques du même mucus dense et tenace. La partie antérieure amincie des spermatophores est plus longue que la partie corres- pondante des poches qui les renferment, ce qui tient à ce que les contractions de ces dernières les allongent et les rétrécissent notablement pendant leur expulsion. « Dès que ce spermatophore géminé se trouve au ;con- tact de l’eau, on en voit s'échapper d'une manière con- tinue, sous forme de filament , une substance d’un blanc nacré qui se dissocie peu à peu dans le liquide. On re- connait, à un fort grossissement, que ce contenu est formé exclusivement de spermatozoïdes avec un certain nombre de fines granulations moléculaires, qui abondent 368 RFV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Aoû 1861.) surtout dans les dernières portions de la matière qui s'écoule. « Chez les Nephelis, on peut constater la présence d’un spermatophore de même genre dans chacune des poches qui terminent les organes mâles; ils sont blancs, ovoïdes, un peu aplatis, longs de 0",001 environ sur une largeur trois fois moindre; mais chacun d’eux est indépendant de l’autre et clos de toutes parts. Leur contenu est ana- logue à celui des mêmes corps chez les Glossiphonies, mais leur enveloppe est incolore, beaucoup plus molle et plus mince. « Ici se présente un fait des plus remarquables et qui n’a encore été observé chez aucun autre Annélide. Il consiste en ce que ces spermatophores se trouvent au nombre de deux ou quatre superposés et contigus au fond de la portion effilée de chacun des ovariens; ils sont semblables à ce qu’ils étaient dans les poches spéciales de l'organe mâle; leur volume est devenu un peu plus considérable, toutefois, et leur enveloppe un peu plus épaisse. « En outre, dans la partie élargie et descendante des mêmes organes femelles, il existe de deux à quatre corps analogues mais vermiformes, longs de 0,002 à 0,003, un peu rentrés au milieu, amincis aux deux bouts, qui doivent leur volume aux œufs développés dans leur épais- seur. Ces spermatophores ont une enveloppe incolore, striée en long, à peine grenue, plus épaisse et plus résis- tante encore que celle des précédents; maisils s’en dis- tinguent par les ovules en voie d'évolution qu’ils renfer- ment au milieu des spermatozoïdes. Ils constituent ainsi de véritables ovo-spermatophores. C’est au sein même de ces amas de matière fécondante, entourés, chacun, d’une tunique spéciale et glissant facilement dans l'ovaire que naissent et se développent ces ovules. Ces derniers sont d'autant plus nombreux et plus avancés dans leur évolu- tion, qu'ils siégent dans des spermatophores plus voisins SOCIÉTÉS SAVANTES. 369 de l’orifice génital, et, par suite, ces corps sont là plus vo- lumineux aussi que vers le fond des tubes ovariens. Ils présentent, comme les spermatophores, plusieurs particu- larités remarquables de structure, dont les détails minu- tieux ne peuvent être donnés dans un extrait du genre de celui-ci, mais dont la description fait partie de ce tra- vail. « Les ovules achèvent toute leur évolution jusqu'à l'époque de la fécondation, dans les ovo-spermatophores, au contact immédiat des corpuscules fécondateurs. Dans chaque spermatophore on en voit à toutes les périodes de eur accroissement, depuis les plus petits, ne faisant qu’ap- paraitre, larges à peine de 1/100 de millimètre, jusqu'à ceux dont la vésicule germinative a disparu, qui, en un mot, sont devenus aptes à la fécondation. Les plus déve- loppés se voient toujours dans la partie moyenne la plus large des ovo-spermatophores, dont ils s’échappent à me- sure qu'ils sont fécondés. Ils en sortent par débiscence, suite d’un amincissement graduel de l'enveloppe pendant la production des capsules cornées protectrices des em- bryons, peu de temps avant la ponte. On les trouve alors libres dansles oviductes, au nombre de quatre à douze environ de chaque côté, portant, entre la membrane vitelline et le vitellus, un assez grand nombre de spermatozoïdes immobiles déjà. Si, au contraire, on prend, dans les ovo-spermatophores, des ovules mûrs, c'est-à-dire dont la vésicule germinative a disparu, on peut suivre la pénétration du spermatozoïde dans l’ovule au travers de certains points de la membrane vitelline ; on les voit s’agiter, pendant une heure ou deux, autour du vitellus, avant la ponte, puis une partie d’entre eux se liquéfient pour s'unir à la substance du vitellus après être devenus immobiles et avant que débutent les phénomènes de l'évolution embryonnaire proprement dite. « Mais je me trouve conduit involontairement à aborder l'examen d’un ordre de faits trop distincts des disposi- 2° sénim. r. xu11. Année 1861, 24 370 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) tions organiques que je viens de résumer pour que je puisse les développer aujourd'hui sans confusion et sur- tout sans abuser des instants de l’Académie. Je lui de- manderai donc la permission d'en faire le sujet d'une prochaine communication. » M. Noël Suquet, directeur du jardin zoologique de Marseille, adresse une Note sur l’éclosion de onze jeunes Autruches à Marseille. « Depuis plusieurs années, dans le jardin zoologique de Marseille, nous obtenions de-nos Autruches des pontes régulières et nombreuses. Quoique parfaitement assurés de la fécondation des œufs, nous n'avions jamais pu ob- tenir d'heureux résultats de nos essais d'éclosion. Il était difficile, en effet, dans un jardin public, malheureusement trop restreint, de trouver les conditions de solitude et d'isolement nécessaires. L'année dernière même, malgré le soin que je pris d'établir, pour nos Autruches, à côté de leur parc, un réduit passablement isolé du public, mes tentatives furent sans succès. « Intimement persuadé de la réussite si je pouvais fournir à mes élèves les conditions désirables, je dus me préoccuper de trouver un emplacement favorable; mais je crus devoir le chercher hors de l'établissement. Je l'ai trouvé enfin où je désirais le trouver, sur le territoire de Montredon, large plage de sable comprise entre la mer et les montagnes qui forment, au sud-est, le golfe de Mar- seille. MM. Pastré, qui y possèdent une vaste propriété, ont bien voulu la mettre à ma disposition avec la plus grande bienveillance. « Je choisis dans cette propriété un vaste vallon soli- taire, assez boisé pour masquer la vue, sans cependant intercepter les rayons solaires, et dont le sol, formé de sable fin à une grande profondeur, semblait avoir été ar- tificiellement aplani pour assurer les bonnes conditions de l'établissement que je projetais. « Après avoir clos, pa; une palissade, un espace de SOCIÉTÉS SAVANTES. 371 500 à 600 mètres carrés, j'amenai les Autruches le 2 mars de cette année. Après une interruption dans les pontes, qui avaient déjà commencé au jardin zoologique, et après dix jours durant lesquels les Autruches s'étaient montrées inquiètes et parcouraient à grands pas leur enclos, je les vis, avec plaisir, creuser pour préparer leur nid. Ce fut d'abord une simple excavation dans le sable, en forme de cône tronqué; les bords furent ensuite relevés par l’ap- port de sable que les Autruches amoncelaient par un mou vement de rotation du col. Le mâle et la femelle travail- laient alternativement. « Quelques heures après l'achèvement du nid, un œuf était pondu. A partir de ce jour, régulièrement à inter- valles égaux de deux jours, sauf un repos, la ponte s’effec- tuait dans les conditions normales, et, le 20 avril, nous comptions quinze œufs dans le nid. « Jusqu'à ce moment, la femelle gardait le nid plusieurs heures avant et après l’incubation, et quelquefois la journée entière; mais, à partir du 20 avril, les rôles fu- rent intervertis : le mâle vint prendre, sur les œufs, la place de la femelle, qui ne gardait plus le nid que pen- dant les rares absences du mâle. Durant tout le temps de l'incubation, les mêmes habitudes se sont conservées. « Tout marchait à souhait, je n'avais plus qu’à attendre le moment de l'éclosion. D’après les observations faites à Alger, par M. Hardy, l'incubation devait durer de cinquante-six à soixante jours; je devais donc attendre l'éclosion vers le 15 juin ; je fus donc surpris quand, le 3 juin, on vint m'annoncer qu'on croyait avoir vu une jeune Autruche dans le nid. On ne s'était pas trompé, et, dès le lendemain, eurent lieu d’autres éclosions, onze sur treize œufs; car, la veille, deux œufs avaient été enlevés du nid par les Autruches. « Ainsi donc, en calculant du jour où le mâle a pris le nid, l'incubation aurait duré quarante-cinq jours. « Dès le lendemain, la famille, abandonnant les deux 372 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) œufs restés dans le nid, se mit à parcourir le parc ; le père et la mère conduisaient alternativement. On pouvait re- marquer qu'un des jeunes restait toujours en arrière; ses chutes étaient nombreuses, ce qui dénotait une grande faiblesse. Aussi la convée fut-elle bien bientôt réduite à dix. « Après un mois, la taille des jeunes avait atteint celle d'une Outarde femelle; leur col s'était largement déve- loppé; les zébrures, qui forment ia livrée du jeune âge, restaient visibles, mais tendaient à perdre leur nuance. « Aujourd'hui (8 août) la taille des jeunes Autruches est celle de beaux Dindons: le duvet frisé fait place aux canons des plumes, et même les grandes plumes des ailes et de la queue sont très-apparentes; les barbes se déve- loppent; la coloration du col et des ailes persiste, comme sur le dessin que j'ai joint à mon travail et qui représente l’Autruche à l’âge de quarante-cinq jours. » M. Geoffroy-Saint-Hilaire, après avoir présenté la Note qui précède, rappelle qu'il a déjà eu l'honneur de faire à l’Académie, en 1858, sur le désir de M. le maréchal Vail- lant, et, en 1860, au nom du prince A. Demidoff, deux communications relatives à des faits analogues : l'incuba- tion et l'éducation d’Autruches à Alger en 1857, et à San Donato, près Florence, en 1859. « Jusqu’alors on avait considéré comme à peu près im- possibles la reproduction en captivité et la domestication de l’Autruche. M. Hardy a, le premier, montré, par le succès de ses expériences faites à la pépinière d'Hamma, à Alger, que celte reproduction et cette domestication sont possibles et même peu difficiles à obtenir. « C’est en suivant l'exemple de M. Hardy, et en met- tant à profit les résultats de l'expérience acquise, que M. Desmeure a, bientôt après, obtenu de semblables ré- sultats à San Donato, dans le beau jardin zoologique du prince Demidoff, où ont ainsi été obtenues et où vivent encore les premières Autruches européennes. SOCIÉTÉS SAVANTES. 373 « Depuis, l’Autruche s'est reproduite sur un second point de l'Europe, en Espagne, dans un des parcs de la reine, au Buen-Retiro. On a été, il est vrai, moins heu- reux qu'à Alser et à Florence; un seul est né. « La reproduction que vient d'obtenir M. Suquet, à Marseille, était facile à prévoir après ces résultats et en présence des habiles et persévérants efforts que faisait M. Suquet depuis quelques années, sous un climat presque aussi favorable que celui de Florence et plus que celui de Madrid; mais ce qui était peu présumable, c’est un succès si complet dès la première reproduction : onze éclosions observées et dix jeunes élevés sur treize œufs conservés par la mère, c’est ce qu’on n'avait encore vu nulle part. € Il y a lieu d'espérer que les éducations ne seront pas moins heureusement poursuivies à Marseille qu'à San Donato et à Alger, où on a déjà pu faire reproduire, à leur tour, les Autruches nées en captivité. On en est main- tenant, en Algérie, à la troisième génération. » M. Dareste adresse des Recherches sur la production ar- tificielle des monstruosités. Séance du 17 août. — M. Milne-Edwards lit, au nom d'une commission, un Rapport sur diverses pièces relatives à des balles de plomb rongées par des Insectes, adressées à l’Académie par M. le ministre de la guerre. Ces pièces consistent dans deux rapports faits par M. le capitaine d'artillerie Henriot et par M. Bouteille, conservateur du Musée d'histoire naturelle de Grenoble. M. Milne-Edwards a reconnu, comme l'avait fait précé- demment Duméril, dans la séance du 14 septembre 1857, que ces perforations sont faites par le Sirex gigas. I] rap- pelle les observations de Duméril, qui résumaient toutes celles qui avaient été faites sur le même sujet. Il approuve M. Bouteille, qui a fait remarquer avec beaucoup de raison, ainsi que nous l'avons établi en 1857 (Revue et Magasin de zoologie, 2° série, t, IX, p. 18), que l’explica- tion du phénomène donnée par Duméril n’est pas admis- 374 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) sible. Il est évident que la véritable explication cherchée est celle que nous avons donnée dans l’article que nous venons de citer, laquelle a été répétée, en juin 1858, par M. Motschoulski, en 1861 par M. Bouteille, et admise aujourd’hui par le savant rapporteur. M. le docteur Lamare-Picquot adresse un Mémoire sur la régénération des os. Il s'agit d’un enfant de quatorze ans chez lequel un fragment du tibia, long de 0",08, a été remplacé par un nouvel os en moins de quatre mois. Séance du 26 août. — M. Serres lit des Observations sur le développement centripète de la colonne vertébrale. — Dualité initiale de l'élément vertébral du squelette. IIL. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Sur l’Axin, espèce nouvelle de Coccus, et sur la graisse qu'on en extrait, par M. pe LA LLAYE (1). Extrait du Registro trimestre o colleccion de memorins de historia, literatura, ciencias y artes por una sociedad de literatos. Mexeco, julio de 1832, n° 3, p. 147. Don Antonio Cal, professeur de pharmacie et de bota- nique dans la capitale de l’Etat de Puebla, fut le premier qui, dans le temps, me parla de l'Ain. Depuis lors il a fait diligence pour me procurer cet animal, et dernière- ment enfin il l'obtint, et m'en envoya une quantité d'indi- vidus vivants, avec un petit morceau de la graisse qu'il produit. Azxin est le nom mexicain d’une substance onctueuse et jaunâtre qu’on extrait de l’insecte par ébullition. On donne aussi le même nom à l’insecte lui-même; aussi nous con- tinuerons de désigner par ce nom et l’insecte et la sub- (1) De la Llave n'a pas cité et paraît n'avoir pas connu l'ouvrage de HERNANDEZ, dans lequel il est question de cet Insecte sous ce titre : DE AXIN, seu Vermium quorumdam pinguedine, cap. V, p. 317, au traité rédigé par Nardi-Antoni Recchi, Liber nonus animalia ex- hibet. Il en est encore question dans l’appendice de HERNANDEZ, à la päge 71, où l’auteur renvoie au fol. 317, sans rien ajouter. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 375 stance graisseuse qu'il produit ; nous allons d’abord clas- ser l'animal. Celui-ci, suivant son genre de vie et d’autres caractères, appartient au genre Coccus des entomologistes, et même il a assez d'affinités avec le Coccus Adonidum de Fabricius ; mais il présente quelques différences notables, et pour cela même je pensai qu'on pouvait en former un genre nouveau, d'autant plus que ceux qui sont versés en ento- mologie ne pourront pas, en se tenant aux caractères qu'il offre, trouver la section dans laquelle on doit le mettre. En effet, dans la définition du genre Coccus du Systema naturæ de Linné, et dans la Zoologie analytique de Du- méril, on donne comme caractère au genre Coccus d'a- voir les antennes filiformes et deux soies à l’anus. L’axin manquant de l’un et de l’autre, on voit que seulement à force de pratique, ou par hasard, on vient à la connais- sance du genre auquel on doit le rapporter. Mais enfin, pour ne pas multiplier ces groupes ou sections, nous le laisserons maintenant dans les Coccus, avec le nom spéci- fique d'Axin, sans nous arrêter à ce que ce soit un nom pris de la langue mexicaine, car déjà on a adopté quel- ques-uns de ses termes dans l'histoire naturelle. L'Axin est un Coccus de forme elliptique ; sa longueur est d'environ 1 pouce (23 millimètres), quoiqu'il y ait des individus d’une plus grande dimension. La peau est rosée ou d’une couleur fortement écarlate, mais revêtue, en tout ou partie, d’un duvet blanc ou poussière fine de la même couleur. L'animal, sur la partie supérieure, est plein de rides transversales, et, vers le contour, il y a une espèce de creux qui forme un rebord marginal. En des- sous, il est de la même couleur, avec le même duvet et poussière, et il est également ridé. Dans cette partie, on observe les deux antennes très-courtes, mais articulées, et sensiblement plus grosses à la base, et aux côtés, très-près des antennes mais à la partie externe, se montrent les yeux comme des points très-pelits. Les pattes sont au 376 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) nombre de six, d’un gris rougeàtre; elles paraissent pe- tites relativement à la grandeur de l’insecte, et sont ter- minées par un onglet courbé. Au milieu de la première paire de pattes, on remarque une partie froncée , par où sort parfois un petit tube ou cylindre, et, quoique nous ayons désiré inspecter les organes engaïnés dans cette espèce d'étui, cela n'a pas été possible, parce que, à la plus légère égratignure ou lacération, la matière onctueuse commence à se répandre et le couvre entièrement sans qu'on puisse l’observer. Cette description et aussi la remarque de ce que l’ani- mal forme une bourre dans laquelle il dépose des œufs jaunes montrent la grande affinité de l’Axin avec le Coccus Adonidum duquel on fait mention dans le Systema naturæ de Linné, et dont la description se trouve à la fin de cette phrase : « Senior folliculum struit sexies majorem, in quo se suaque ova flava condit. » Par ces affinités on pourrait penser que ce que nous nommons Axin est le même Coccus Adonidum ; mais les caractères qui résultent du manque de soies caudales, et, par-dessus tout, les antennes articulées nous détournent de cette idée, et l’un des deux insectes, ou le Coccus Ado- nidum, n'ayant pas ces caractères, l’Axin en diffère, ou le Coccus Adonidum n’est pas décrit avec l’exactitude et la ponctualité voulues, et, dans ce cas, je suis autorisé, comme n'importe qui, à le publier comme espèce nou- velle. Il n’y a presque pas d'individus, parmi tous ceux qui m'ont élé envoyés, qui ne soient marquetés de petits points noirs, sans ordre, et quelques-uns ont de grandes taches de la même couleur. Je n'ai pu distinguer l’anus, quoi- que j'aie observé ces insectes assez longtemps vivants; la boîte dans laquelle ils sont venus et où ils ont été nourris environ quinze jours ne contenait rien qui parüt être des excréments. Cet insecte m'a été apporté de la ville de Tlacotalpan de ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 371 l'Etat de Veracruz, et M. le docteur Schiede, médecin al- lemand, m'a assuré qu'il en a vu aussi à Papantla. Cet animal vit et se nourrit sur l'écorce de ce qu'on appelle en terre chaude Pinon (Jatropha curcas), et sur celle du Jobo (Spondias myrobolanus). Nous donnons maintenant la description latine de l’in- secte. Coccus axin, p. 149. Corpus ellipticum , pollicare, ro- seum, aut intense purpureum, tomento et pulvere albo indutum, zonis transversalibus corrugatum, marginibus prominentibus. Antennæ breves, teretes, articulatæ, basi crassiores, oculis minutissimis, pedibus 6 rubro-fuscescen- tibus, extremitate unguiculatis. Inter par primum pedum, corrugatio animadvertitur, in qua haustellum sive tubus observatur minutvus. Plurima individua punctis maculis- que nigris sine ordine conspersis notat inveniuntur. Ha- bitat Tlacotalpan et Papantla, in cortice Jatrophæ curcas, et spondias myrobolani. Passons maintenant à l’objet pour lequel on élève cet animal, le produit qu'on en retire et les applications qu’on en fait; et comme en cela la note que nous avons reçue de M. Cal satisfait complétement, nous la transcrivons ici. Axi ou Axin. « Sous ce nom on connaît une substance graisseuse, jaune, souple, d'une odeur semblable à celle de la graisse rance, extraite, au moyen de la décoction dans l’eau, d’une espèce d'insectes qui se produit sur divers arbres de terre chaude. Cette substance est employée à différents usages par les indigènes, et elle se recommande pour mi- tiger les douleurs qui affligent n'importe quelle partie du corps, pour relâcher les nerfs rigides et les adoucir, ré- soudre les tumeurs ou les mürir quand elles ont une pro- pension à la suppuration. Elle est employée utilement à la fin des érysipèles, et dans les ulcères, dans les convul- sions, el, en la mêlant avec de la résine, dans la descente 318 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Aot 1861.) nommée entérocèle. Aujourd’hui les indisènes usent beau- coup de cette substance dans les spermatocèles, et, y ajou- tant de la térébenthine, caoutchouc, poudre de consoude et myrle, en font un cataplasme que les femmes s’'ap- pliquent sur la hanche, dans le but de la fortifier et de contenir les flux de sang. « Nous savons que ces insectes s’exploitent à Tlacotal- pan, et l'on nous a communiqué quelques notices rela- tives à la conservation, propagation et extraction de l’Aæi. La première se pratique en arrangeant les insectes quand ils sont arrivés à tout leur accroissement (ce qui a lieu en octobre ou novembre) dans des feuilles de l'épi de maïs, qui contiennent intérieurement les filaments ou-poils (1) auxquels seuls les insectes doivent toucher. Ces paquets se posent dans un endroitsecethorsdela portée des fourmiset autres insectes qui pourraient leur nuire, et dans le mois de mai ou de juin, quand commencent les tempêtes, on ouvre les paquets seulement par la tête, et on voit dedans une poche blanche comme une toile d’araignée; on les at- tache aux arbres destinés à leur propagation, et en peu de temps on les voit couverts de nouveaux insectes. Les arbres où on les pose sont connus sous les noms vulgaires de Jobo et Pinon, et dès qu’ils occupent un endroit sur l'écorce, ils y adhèrent jusqu'à ce qu’on les en arrache pour en extraire de l’Axi. Cette opération se fait en la- vant premièrement les insectes pour ôter la poussière ou petit duvet qui les couvre. Ensuite on les met cuire dans l’eau commune jusqu’à ce que la graisse fonde et surnage. On les met alors dans une bourse de toile dans le but de les presser pour en extraire tout le reste de la graisse qui pourrait être restée. Celle-ci est versée dans de petits vases proportionnés, et on la laisse reposer pendant vingt heures au plus, au bout desquelles on la trouve un peu figée ; alors on la remue jusqu’à ce qu’elle forme des boulettes qu’on lave de nouveau et qu'on met à un feu doux, pour (4) Fils de l’épi, ce sont les styles ou femelles du maïs, MÉLANGES ET NOUVELLES. 379 en enlever l'humidité, et dans cet état on passe la graisse à laquelle, après son refroidissement, on donne la forme la plus commode pour l'usage. « En outre des usages déjà indiqués, nous savons que les indigènes de Tlacotalpan emploient cette graisse pour vernir certaines pièces de poteries, et qu’en lui donnant certain degré de chaleur de plus elle forme une espèce de gelée, laquelle, en la frottant quelque temps avec la main sur des peintures en détrempe, donne un vernis très-bril- lant. » Pour conclure ce mémoire, nous devons nous arrêter et appeler l'attention sur le talent d'observer l'industrie et la sagagité de nos indigènes primitifs. Il y a en Espagne, et aussi dans le midi de la France, un Coccus (je crois que c’est le C. ilicis) qui donne une belle teinture rouge; ce- pendant jamais il n’est venu à l'esprit de domestiquer cet animal, et on se contente de ramasser ce qui se produit naturellement, malgré qu'il se vende à un prix très-élevé. Combien n’a pas été plus grande l'habileté des primitifs Mexicains, qui sont arrivés à domestiquer la cochenille du Cactus, créant un article de commerce si lucratif! L'élève de l’Axin est aussi un fait qui rehausse et confirme la bonne opinion qu'on doit avoir des anciens peuples de notre territoire, car la domestication des animaux et des végétaux sera toujours une preuve de civilisation. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Nous publions avec plaisir la lettre suivante sur la question du rôle que les Oiseaux jouent dans notre agri- culture. « Permettez-moi quelques réflexions sur l’article de M. Aurrel, Protection aux Oiseaux, et sur la pétition du comice agricole de Toulon, qu'on lit aussi dans le bulletin du 6 juin de la Société d’acclimatation. « I serait à désirer que tous les comices agricoles de 380 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Aow/ 1861.) France joignissent leur voix à celle du comice de Toulon, et ils répondraient, j'en suis persuadé, à l'appel que leur ferait votre Société. « Les hommes de science, Michelet, Toussenel, et tant d’autres, ont signalé le mal ; aux hommes pratiques, aux agriculteurs, de demander l'application du remède, le ré- tablissement d’un équilibre rompu, d’une harmonie dé- truite pour le plus grand dommage de nos récoltes. € n’y a pas de contradicteurs ; la routine, l'amour de la destruction combattent seuls contre une vérité de toute évidence. , « La loi seule, et une bonne loi, arrêtera une destruc- tion qui serait complète dans quelques années. € Il n’y aura plus qu’à assurer l'exécution de cette loi, pour qu’elle ne soit pas une lettre morte. «€ L'embrigadement des gardes champêtres, demandé par tous les bons esprits, serait un grand pas dans la voie de la répression et, par conséquent, de la prévention. « Pour la plupart, ils ne reçoivent des communes qu'une faible rétribution, et ils ne pourraient vivre sans la sub- vention que leur font les propriétaires. Comment veut-on qu'ils dressent des procès-verbaux quand les délinquants sont ou les propriétaires qui les payent, ou les serviteurs de ceux-ci ? «€ Embrigadés, ils n'auraient d’égards pour personne ; ils feraient exécuter la loi contre tous. & A l'appel de votre Société, les curés de campagne, les instituteurs primaires enseigneraient aux enfants le respect des petits Oiseaux, de leurs nids, de leurs couvées, et la destruction s’arrêterait. « Que les conseils généraux, que MM. les préfets cessent d’assimiler certains petits Qiseaux, comme l'Alouette, aux animaux nuisibles et malfaisants, pour en permettre la chasse à l’aide de collets, même en temps de neige. « Que la chasse aux gluaux, à la marette, à la pipée, que tous les modes de chasse, en un mot, autres que le fusil, MÉLANGES ET NOUVELLES. 381 soient prohibés, et, malgré les Oiseaux de proie, nos bois, nos bosquets auront bientôt retrouvé leur petite popula- tion ailée. « J'ai longtemps habité la campagne; j'ai été chasseur, j'ai étudié les mœurs et les habitudes de quelques espèces dont il est parlé dans la pétition du comice agricole de Toulon. « Les Buses et les Bondrées, qu'il ne veut pas envelopper dans la proscription en masse des Oiseaux de proie, font pourtant, tout aussi bien que l'Epervier,, quoique moius dangereux, la guerre aux petits Oiseaux. J'ai vu même la grande Buse s'attaquer aux Canards sauvages. La lutte, que je suivais avec intérêt, se prolongea pendant près d’une demi-heure : évolutions dans l’air, évolutions dans l'eau ; un plongeon faisait échapper le premier à la serre du second ; mais l'Oiseau de proie ne perdait pas de vue sa victime, et il se trouvait prêt à la saisir lorsqu'elle re- paraissait à la surface. Enfin le palmipède perdit la tête, il prit son vol; mais mal lui en advint, £ar il fut atteint et saisi par son ennemi à quelques centaines de mètres de son point de départ. Je regrettai bien mon fusil absent. « Je n'ai cité ce fait que pour prouver que tous les Oi- seaux de proie, sans exception, font la guerre au gibier, aux Oiseaux. Je n'irai pourtant pas jusqu'à demander leur destruction complète, je crois que ce serait aller au delà du but; il pourrait se faire qu'après l'extinction radicale des Oiseaux de proie nous vinssions à reconnaître que nous avons détruit un équilibre que la nature, plus sage, avait créé, mais dont, jusqu'ici, nous n'avons pas pu dé- couvrir la loi. « Il est encore un point où mon opinion, fondée sur l'ob- servation, diffère de celle du comice agricole de Toulon. « Ce comice demande la destruction des Geais, Pies, Pies-Grièches et autres ovivores. « Ce serait, selon moi, un malheur que de détruire com- plétement les Pies; j'ai suivi ces Oiseaux à l’époque des 382 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) labourages; j'en ai vu jusqu’à trois ou-quatre à la fois, derrière chaque laboureur, expurgeant de larves et d’in- sectes le sillon que la charrue venait d'ouvrir; puis, lors- qu'ils avaient fait une abondante récolte, s’en aller à quel- que distance, dégorger, dans de petits trous qu'ils recou- vraient de terre, lanourriture qu'ils avaient prise en trop, et revenir aussitôt se remettre en chasse. « La Pie est donc l’auxiliaire du laboureur ; elle ne fait réellemeut du mal qu'aux vergers et aux champs de mais; mais je considère qu'elle fait plus de bien que de mal, et qu'il serait très-malheureux de voir disparaître cette race, ou du moins doit-on, avant de mettre sa tête à prix, s’as- surer si les services que cet Oiseau peut rendre ne ra- chètent pas, et au delà, le mal qu’il peut faire. « J'en dirai autant de la Pie-Grièche, surtout de l'espèce qu’on appelle, dans le Midi, le Justicier. Ce nom lui vient de ce que, lorsqu'elle à apaisé sa faim à l’aide des insectes qu’elle chasse, elle ne s’arrête pas, et accroche, à des buis- sons où elle les retrouvera plus tard, les insectes qu'elle continue à pourchasser. « Voilà, mon cher Monsieur, les diverses observations que je voulais vous soumettre à l’occasion de l’article de M. Aurrel, que j'approuve, du reste , sous tous les autres rapports. « Veuillez faire, et de ces observations et de ma lettre, tel usage que vous jugerez convenable. « Recevez, etc. Odilon Raxc, ancien juge de paix. » VER A SOIE DU CHÈNE PROVENANT DU JAPON. J'ai annoncé, en rendant compte d'une communication faite à l’Académie des sciences par M. Duméril (voir plus haut, p. 273), que, grâce au dévoué concours de M. An- née, nous avions obtenu un magnifique cocon de ce nou- veau Ver à soie du Chêne. Aujourd'hui je connais l’état parfait de cette espèce, qui est réellement nouvelle, ainsi que je l'avais reconnu en étudiant son œuf et sa chenille, car mon unique cocon a donné son Papillon (une femelle) le 25 août dernier. MÉLANGES ET NOUVELLES. 383 Je suis d'autant plus heureux de ce succès que j'ai eu à lutter contre MM. Vallée, gardien de la ménagerie des Reptiles du muséum, et A. Duméril, professeur d'erpélo- logie et d'ichthyologie, qui sont réellement de rudes ad- versaires. En effet, ces deux habiles sériciculteurs et savants erpétologistes ont opéré sur plusieurs centaines (1) de jeunes Vers dont ils ont amené quarante individus à tout leur développement, et ils ont obtenu enfin QUATRE co- cons, ce que M. A. Duméril regarde comme un trés-heu- reux succès ( Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. LIL, p. 1205). Ce qu'il y a de fâcheux, c'est que ces quatre cocons semblent renfermer des chrysalides mortes, car ils ont été faits plus d'un moins avant le mien, et les savants qui les ont obtenus n'ont pas encore annoncé leur éclosion dans une des séances de l’Académie des sciences. J'avais, il est vrai, annoncé ou prophétisé ce qui arrive dans la séance de la Société d’acclimatation du 17 mai 1861 (on n'a pas inséré ma communication au Bulletin), mais j'avoue que j'eusse préféré avoir moins raison et voir une aussi excellente espèce acquise au pays dès cette année. ) Devant donner, dans cette Revue, la description et des figures coloriées de ce remarquable et utile Ver à soie, je (1) IL y a eu là une petite irrégularité qu'il est utile de signaler. Les œufs de ce Ver du chène n’out été reuvoyés ni à la quatrième sec- tion, ni à la commission de sériciculture, ni à moi-même, directeur des travaux séricicoles de la Société ( procès-verbal du couseil, 6 mai 1859 ; ils ont tous été portés au gardien de la ménagerie des Reptiles du muséum, sauf cinq ou six qui me furent remis par le garçon de bureau de la Société d'acclimatation, avec ordre de me de- mander à quelle espèce ils appartenaient. Ces quelques œufs sont restes chez moi etils ont commencé à éclore vers le commencement d'avril (le 15 mars dans la ménagerie trop chauffée des Reptiles). Ces premiers nés ont péri, ne voulant accepter aucun des végétaux que je leur présentais. Ua dernier œuf retardataire est éclos le 15 avril; il a pu être placé sur un bourgeon naissant de chène trouvé enfin au bois de Boulogne par M. Année, et, soigné avec sollicitude par cet ami dévoué, il est arrivé à bien et m'a douné le Papillon que je vais décrire ici. On voit qu’il était très-facile d'acquérir cette espèce dès cette année, et qu'ilsuflisait, pour cela, de suivre les bonnes habitudes de la Société, en renvoyant ces œufs à la section ou à la commission compéteute, qui aurait pu retarder leur éclosion en les plaçant dans un milieu moins chaud. Une direction compétente ne se serait pas obstunée à les laisser tous dans la ménagerie des Reptiles ; elle aurait fait élever ces Vers dans diverses conditions, et surtout en aurait placé quel- ques-uns en pleia air, et elle aurait certainement évité aiusi les ma- ladies qui, il faut bien le reconnaître aujourd'hui, ont détruit ceute précieuse espèce, 384 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1861.) me bornerai aujourd’hui à publier une description com- parative et sommaire de l’Insecte parfait, afin de prendre date seulement. J'ai fait connaître le magnifique cocon de ce Ver à soie du chêne dans une note publiée au Bulletin de la Société d'acclimatation (juillet 1861, p. 326), à la suite d'un tra- vail dont on n’a inséré qu’un extrait. Ce cocon, dont j'avais reçu un échantillon de MM. Robinet et Duseigneur, qui ne savaient pas qu’il appartenait au Ver du chêne, ressemble beaucoup à celui du Ver à soie du mürier, mais il est d’un jaune verdâtre plus ou moins vif; comme ce dernier, il est entièrement fermé et peut, par conséquent, être dévidé en soie grége. Bomeyx {antheræn) YaAma-maï. Il est très-voisin des Z. mylitta et Pernyi, mais il ressemble plus au second par la petitesse des yeux transparents qui ornent ses ailes, par la couleur noirâtre de leurs lignes obliques (ces lignes sont rouges dans le B. mylitta), et par la position de ces lignes, qui sont, comme dans le B. Pernyi, plus éloignées du bord que des yeux transparents. Il tient encore du B. Pernyi par la coupe de ses ailes supérieures, qui of- frent une sorte de pointe assez aiguë à leur angle anté- rieur. La femelle que nous avons obtenue est entièrement d’un beau jaune, comme certaines variétés femelles du B. mylitta, mais il est probable que ce Papillon offrira tout autant de variétés de coloration. + Ainsi que nous l’avons observé M. Année et moi, l’édu- cation de cette espèce est trop prolongée pour qu'elle puisse donner deux générations dans la même saison. Elle est donc annuelle, ce qui est une condition excellente pour notre climat. En effet, le sujet dont il est ici question est né le 15 avril; il n’a fait son cocon que le 5 juillet, et c’est seulement le 25 août que le Papillon en est sorti. TABLE DES MATIÈRES. Pages. PucneraN. — Observations rectificatives sur quelques espèces d'Oiseaux. J. Vian. — Notice sur les Alonettes pispolette et calandrelle. 346 J. MicuoceTri. — Fossiles de la colline de Turin. 353 Acadeie des sciences. 396 Aualyses. 374 Mélanges et aouvelles (Ver à soie du chène). 379 PARIS.— MP. DE M®* V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5, VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — SEPTEMBRE 1861 I. TRAVAUX INÉDITS. CONSIDÉRATIONS SUR LES OEUFS DES OISEAUX , par A. Moquin-Tanpox. Voir le commencement de ce travail, vol. XI, 1859, p. #14 et #69; vol. XIT, 1860, p. 11, 57, 110, 193, 339, et vol. XIII, 1861, p. 3, 97, 197. CHapiTREe XII. DE La CONSTITUTION PHYSIQUE DE LA COQUE. 1° MEMBRANES. — 1° Membrane interne (1). Dans tous les œufs, la coque repose sur une membrane qui entoure l’al- bumen. Cette membrane est formée avant la partie solide de l'enveloppe ; cette dernière vient la recouvrir et adhère avec elle d’une manière plus ou moins intime. Chez l Autruche, la membrane dont il s’agit est épaisse, blanche et très-résistante. Suivant M. Charles Robin, elle offre des fibres larges, à coutours très-nets, roides, fermes, élastiques, ramifées, entre-croisées et anastomosées entre elles. Ce savant observateur fait remarquer que, lorsqu'on détache cette membrane de la coquille, il en reste une couche fixée à la substance propre de cette dernière. J'ai reconnu, de plus, qu’elle peut souvent se dédoubler en deux feuillets; j'ai mème réussi une fois à la diviser en trois. Dans l'œuf de la Poule, cette tunique est plus mince et à fibres plus déliées. M. Purkinje la regarde comme com- posée de deux parties, une intérieure fibreuse et une exté- rieure n’offrant pas de texture particulière (2). (1)Membrana putaminis, membrana lestæ,membrane coquillière, pellicule du blanc. (2) Membrana teslæ duplex paralur, inlerior fibris micro- scopicis rectis contexta est, exterior texlturam peculiarem non offert. Symbole ad ovi avium historiam ante incubationem, p. 21, fig. 25. Lipsiæ, 1830, in4. 2° sénat. T. xiu, Aunée 1861. 25 386 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1861.) MM. Baudrimont et Saint-Ange font observer que, lors- que l’évaporation de l'œuf fait des progrès, les deux mem- branes adossées s’écartent et laissent entre elles un es- pace dans lequel s’accumule l'air qui traverse l'enveloppe testacée : c’est cet espace qui a été nommé chambre à air. Chez les petits Oiseaux, la membrane intérieure paraît demi-transparente, un peu laiteuse, et souvent comme nacrée. Elle présente toujours beaucoup de résistance. 2° Membrane externe (1). La plupart des auteurs qui ont étudié l'anatomie de l'œuf (Malpighi, Réaumur, Vicq- d’Azyr…) ou qui ont fait son analyse (Vauquelin, Scherer, Pelouze et Frémy...) n’y ont trouvé qu'une seule mem- brane, placée en dedans ou au-dessous de la coque, celle qui vient d'être décrite. Cependant il en existe une seconde à l'extérieur. MM. Baudrimont et Martin-Saint-Ange sont les premiers, à ma connaissance, qui ont signalé cette autre tunique membraneuse. M. Dareste a cru la reconnaître dans l'œuf de l’Autruche. M. Auguste Morin, chimiste distingué de Genève, a constaté son existence sur ce même œuf. Suivant MM. Baudrimont et Martin-Saint-Ange, quand on plonge un œuf de Poule dans de l'eau contenant le huitième de son poids d’azotate ou de chlorure hydrique, après quelques heures, on trouve qu’il est recouvert d’une membrane que l’on peut détacher de la coque calcaire, et qui y adhère encore par des espèces de brides qui la pé- nètrent en plusieurs endroits. C'est ainsi que les savants physiologistes qui viennent d’être nommés ont réussi à isoler complétement la membrane extérieure sur des œufs de Poule, d'Autruche et de Pintade. M. Leconte est parvenu au même résultat en employant l'acide acétique concentré. Il a opéré sur des coques de Poule, de Casoar et de Pigeon, 11 m'a remis un fragment d'œuf de ce dernier Oiseau avec une portion de mem- brane entièrement détachée. (1) Membrane épidermoïde. TRAVAUX INÉDITS. 387 L'élément solide de la coque est donc enfermé entre deux tuniques où deux peaux, une interne et une externe, comme dausun sac. La première est formée avant la coque; la seconde est produite après son organisation. La membrane extérieure existe dans un grand nombre d'espèces, particulièrement dans les œufs polis et lustrés. Cette seconde tunique est beaucoup plus mince que l'in- terne, et plus fortement adhérente à la coquille; elle fait corps, pour ainsi dire, avec cette dernière. Elle n’est pas fibreuse, Examinée avec soin au microscope, la membrane exté- rieure ne paraît pas percée de trous. A l'endroit des pores, elle est déprimée et quelquefois légèrement enfoncée. La matière organique graisseuse qui enduit comme d’un vernis les œufs de plusieurs Oiseaux aquatiques se confond avec la lame membraneuse dont il vient d’être question. L'œuf du Guillemot ne m'a pas offert de peau extérieure. J'ai cherché aussi, vainement, cette tunique dans plusieurs autres coques à surface crayeuse. Il semblerait que les en- veloppes très-mates n’en possèdent pas. 2° Coque (1). — La structure de la coque, dans les œufs des oiseaux, est encore mal connue, malgré les travaux importants de plusieurs bons observateurs. MM. Purkinje et Charles Robin ont commencé à jeter quelque lumière sur Ja constitution physique de cette curieuse enveloppe: leur examen a porté sur l'œuf de la Poule (2) et sur celui de l’Autruche (3). J'ai étudié ce dernier œuf et aussi ceux du Nandou, du Casoar, du Dromée et de l'Epiornis. J'ai confirmé et complété les observations de ces savants mi- crographes sur quelques points; je les ai légèrement modi- fiées sur plusieurs autres. On admet, assez généralement, que la matière calcaire (1) Putamen, lesta. (2) Symbole ad ovi avium historiam ante incubationem. Lip- siæ, 1830, in-4. (3) Voyez sa note daus le mémoire du docteur Gosse sur l'Accli- matation de l'Autrurhe, Paris, 1857, p. 43. 388 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Sep{embre 1861.) de la coque, dans les œufs des oiseaux, s’est formée par voie de cristallisation (Purkinje, Carus...). D'un autre côté, on regarde les pores de sa surface comme les orifices d’au- tant de canalicules qui traversent la tunique calcaire de part en part. C’est au moyen de ces petits canaux que s'opère l’évaporation de l’albumen et du vitellus quand les œufs vieillissent, et l’arrivée de l'air atmosphérique ou la sortie de la transpiration quand l'embryon se dé- veloppe. Comment concilier la présence simultanée des cristaux et des canalicules? Avant de chercher une explication quelconque, essayons d’abord de déterminer exactement la constitution physique de la partie solide de la coque. 1° Si l’on examine la tranche d’un fragment d'œuf d’Au- truche cassé brusquement, on remarque du côté interne, c’est-à-dire dans la partie la plus rapprochée de la mem- brane intérieure, un grand nombre de petits cristaux cal- caires serrés les uns contre les autres. Cette couche forme à peu près le quart ou le tiers de l'épaisseur. Le reste pré- sente une masse compacte et homogène, sans apparence de cristallisation. La couche interne dont je viens de par- ler offre, au premier abord, comme une texture perpen- diculairement fibreuse. On peut distinguer à l'œil nu, et mieux encore avec une loupe, les facettes et les angles des cristaux (1). Ce sont de petits rhomboèdres, le plus grand nombre du moins, car on verra bientôt qu'il y en a d'une autre forme. M. Charles Robin a étudié ces cristaux en observant la coque par sa surface intérieure et en faisant des coupes minces parallèles à cette surface. Il a vu une couche de petits grains calcaires arrondis, larges de 3 à 5 centièmes de millimètre, formés de courtes aiguilles cristallines jux- taposées, s’irradiant autour d'un centre clair et circu- (1) « Ces cristaux sont comme fibrillaires et ressemblent à ceux du sucre de lait soumis à l’action de l’acide azotique. » Gosse. TRAVAUX INÉDITS. 389 laire. Ces grains sont tantôt écartés les uns des autres, tantôt contigus; ils deviennent serrés à mesure qu'on avance vers la partie non cristallisée. Ils sont bientôt po- lyédriques par pression réciproque et se confondent en une substance compacte, celle du reste de la coquille, la- quelle paraît, au microscope, finement granuleuse. J'ai vérifié l'exactitude de cette description, non-seule- ment sur plusieurs coquilles d’Autruche normalement orga- nisées, mais aussi sur un œuf de cet oiseau, pondu avant terme (août 1851), à la ménagerie du jardin des Plantes de Paris. J'ai trouvé, cependant, les grains calcaires un peu plus grands; leur diamètre, du reste, varie suivant la manière dont ils sont mesurés. Dans le sens dè la surface, ils dé- passent rarement 5 centièmes de millimètre; mais dans le sens de la fracture ils présentent un chiffre beaucoup plus élevé ; ce qui explique pourquoi ils peuvent contenir des cristaux qui atteignent jusqu’à 15 ou 20 centièmes de mil- limètre, c’est-à-dire qui sont trois ou quatre fois plus longs que larges. C’est la pression réciproque des granules qui a modifié leur caractère globuleux. Je dois ajouter que M. Bourgogne, habile préparateur d'objets microscopiques, a réussi à prendre, sur des œufs d'Autruche, des tranches minces des plus intéressantes, qui montrent très-clairement l’organisation décrite par M. Robin. Les grains calcaires des œufs du Nandou et du Dromée sont à peine plus petits que ceux de l’Autruche. Il en est de même de ceux du Casoar. Ces derniers m'ont semblé un peu moins réguliers. Leur partie cristallisée est blanchâtre ; elle constitue le tiers de l'épaisseur; le tiers moyen est verdâtre, et le tiers supérieur d'un beau vert. La limite du vert et du verdâtre paraît assez tranchée ; celle du verdâtre et du blanchâtre ne l’est que faiblement. Dans l'œuf de l'Epiornis, les granulations mesurent de 8 à 15 centièmes de millimètre de diamètre. Leur ensemble 390 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1861.) représente comme une sorte de mosaïque, quand on re- garde à la loupe la face intérieure de la coque. Ces grains sont, les uns pressés et polyédriques, les autres simplement rapprochés et laissant entre eux de petits intervalles plus ou moins irréguliers. Presque tous offrent, à leur centre, une dépression circulaire qu’on est tenté de prendre pour un orifice. Cette dépression n’existe pas dans les plus petits. M. des Cloiseaux a bien voulu, à ma prière, examiner les cristaux des œufs d’Autruche, de Casvar et d'Epiornis. Il a trouvé, dans la partie intérieure ou fibreuse, des cris- taux de spath et des cristaux d'aragonite, et, dans la partie extérieure ou compacte, des cristaux de spath seulement. Voici le résumé de ses observations : « L'œuf d’Autruche offre une masse de spath calcaire à structure très-serrée et à très-petits grains, dont les cli- vages sont reconnaissables dans la cassure. La plus grande dimension des cristaux est de { à 2 dixièmes de millimètre. « La partie fibreuse paraît être un mélange de spath rhomboédrique et d'aragonite. Les axes des rhomboëèdres et les axes verticaux des prismes d’aragonite sont très- sensiblement parallèles entre eux, et perpendiculaires à la surface de l'œuf. L'aragonite est moins abondante que le spath. « La partie compacte, comprenant un peu plus de la moitié de l'épaisseur, semble exclusivement composée de spath. « Dans l'œuf du Casoar, la couche fibreuse est blanche: on y voit des lamelles très-petites de spath rhomboédrique. La lumière polarisée indique, comme dans l'œuf d'Au- truche, un mélange de spath et d'aragonite. Les axes des cristaux sont encore mieux alignés perpendiculairement à la surface, car on voit en plusieurs points les anneaux et la croix noire très-nets. Le spath paraît aussi beaucoup plus abondant que l’aragonite. « La couche compacte est verte; elle a un tissu assez serré. TRAVAUX INÉDITS. 391 « Enfin, dans l’Epiornis, la partie fibreuse présente des grains fins, qui semblent encore être un mélange de spath calcaire et d’un peu d'aragonite. « La partiè compacte est exclusivement composée de grandes lames de spath rhomboédrique donnant des an- neaux très-distincts etune belle croix noire, ce qui indique qu'ils sont bien perpendiculaires à la surface. « D'après les expériences de M. G. Rose, c’est vers le 40° degré que commence, dans une dissolution étendue de carbonate de chaux, le dépôt des prismes d’aragonite, au milieu des rhomboèdres de calcaire. » 2 Si l’on polit la tranche d’un fragment d'œuf d’Au- truche, on distingue, sur cette tranche, des canaux extrè- mement fins, perpendiculaires, partant des pores et des- cendant dans la substance de la coque, offrant, les uns le cinquième, les autres le quart de l’épaisseur de cette der- nière, Je n'en ai observé qu'un très-petit nombre la tra- versant en entier, lesquels ne m'ont jamais paru en ligne droite, mais plus ou moins flexueux. La tranche présente encore d'autres canaux disposés dans le sens transversal ; ces derniers communiquent les uns avec les autres. Tous ces canaux sont plus ou moins irréguliers. M. Robin a reconnu l'existence des divers canalicules dont je viens de parler sans avoir poli la tranche de la coquille, ce qui est plus difficile. Il les indique comme cylindriques et comme traversant la coque plus ou moins directement de part en part, et s’élargissant notablement vers sa face extérieure. Il ajoute que les acides, en dissol- yant les sels calcaires de la coque, laissent une substance transparente, homogène, gélatiniforme qui permet de voir encore ces conduits. 3° Il existe donc à la fois, dans l'enveloppe calcaire des œufs, et des cristaux et des canalicules! Comment s'est établie cette coexistence ? Comment les canalicules se sont-ils formés au milieu de la cristallisa- 392 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1861.) tion, ou bien comment les cristaux se sont-ils organisés entre les canalicules ? Un savant anatomiste a regardé les petits canaux dont il est question comme Les restes des vaisseaux de la coquille; mais dans un œuf d'Oiseau en voie de formation il n’y a ni veines, ni artères, ni vaisseaux lymphatiques ; pas plus dans l’enveloppe solide que dans les parties intérieures. Suivant M. Robin, les canalicules sont les cavités des granules, ces petits centres clairs et circulaires autour des- quels s’irradient les aiguilles cristallisées. D'après cette ma- nière de voir, les grains calcaires seraient des espèces de géodes à cavité étroite et tubuleuse. Je ferai remarquer d’abord que les grains dont il s’agit ne sont pas perforés: ils offrent, il est vrai, une dépression centrale, un ombilic plus ou moins profond; mais cet om- bilic, qui arrive quelquefois jusque vers le milieu du glo- bule (du moins dans l’Epiornis), ne communique pas avec l'intérieur de ce dernier. Cette organisation, déjà visible à la loupe, est de toute évidence quand on emploie le mi- croscope. D'un autre côté, les géodes, à proprement parler, ne sont pas vides, mais remplies d’une matière amorphe un peu grisâtre, sans double réfraction. Enfin la structure fibreuse n’existe bien caractérisée que dans le quart infé- rieur de la coquille. Or les canalicules se trouvent dans toute l’épaisseur de cette enveloppe. 4° Voici une explication qui me semble plus en rapport avec les faits : La substance de la coque est déposée à l'extérieur de la membrane qui entoure l’albumen sous forme de goutte- lettes demi-liquides (1). Tous les ornithoiogistes sont d’ac- cord sur ce point. Immédiatement après le dépôt des premières goutte- (1) Dum testa formatur, reperis membranam ejus primum mi- nutissimis calcareis fere æqualibus polygonis aspersam (fig. 26, 27), que dein cumulantur et concrescunt, Purkioje, Symb. ad on av., p. 22. TRAVAUX INÉDITS. 393 lettes, l'intérieur de celles-ci se cristallise, et il se forme alors une multitude de géodes microscopiques, chacune avec une cavité étroite à peine sensible, remplie de ma- tière amorphe (1); e même temps le centre de la partie extérieure des gouttelettes de la preinière rangée se dé- prime, s'enfonce et devient ombiliqué. Les pouttelettes sont serrées et plus ou moins polyé- driques, ne laissant entre elles aucun intervalle, ou bien simplement rapprochées, conservant plus ou moins leur caractère globuleux (2) et formant, dans les endroits où elles se touchent par trois ou quatre, des lacunes irréqu- lières. Voilà les canalicules. Ces petits canaux sont donc produits non pas par la cavité des granules, mais par les espaces laissés entre eux. Ce sont des méats interglobulaires. Il résulte de là que les conduits dont il s’agit ne peuvent pas être cylindriques, comme le dit M. Robin, mais plus ou moins anguleux. M. Purkinje avait déjà remarqué que les interstices laissés entre les granules servaient à la transpiration (3). Des méats analogues ont lieu, dans le sens horizontal, entre les gouttelettes des diverses rangées, et donnent naissance aux canalicules transversaux. J'ai hâte de dire que M. Robin a très-bien vu le mode de formation de ces derniers conduits. « On peut consta- ter, dit-il, vers la face interne de la coquille, que les la- cunes transversales sont dues à ce que les grains calcaires, (1) Daous l'œuf du Limaçon, les cristaux sont disposés contre la membrane, du côté intérieur (Turpin). C’est aussi une espèce de géode. Il se passe dans cet œuf à peu près ce qui a lieu dans chaque gouttelette d'un œuf d'Oiseau; mais, si l'on compare l'œuf du Zi- maçon à l'œuf cutier de l'Oiseau , on trouvera alors que, dans le premier, la matière solidifiante est appliquée en dedans de la mem- brane, tandis que, dans le second, elle est déposée en dehors. {21 La surface interne de la coque, dans l'œuf de l'Epiornis, repré- sente comme une mosaïque qui rappelle la physionomie du Lichen connu sous le nom de Pertusaria communis. (3) Interstiltis inconspicuis reliclis, que transpiralioni inser- viant. Symb. ad ovi av., p. 22. 394 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1861.) en se soudant, ont laissé de petits espaces par lesquels ils ne se sont pas touchés. » En lisant ces détails si exacts, on s'étonne que ce savant naturaliste ait eu recours à un autre mode de formation quand il a recherché l’origine des canaux perpendiculaires. Quant aux canalicules trans- versaux, M. Robin a parfaitement reconnu leur nature non tubuleuse; il fait observer que leur coupe est peu ré- gulière (1). Cette organogénie explique naturellement, non-seule- ment la présence des canalicules au milieu des cristaux, mais encore la formation des pores communiquant avec les canalicules. Elle rappelle ce qui a lieu dans la peau des plantes où les intervalles des cellules produisent aussi des canaux (méats intercellulaires) perpendiculaires et trans- versaux, et où les pores (stomates) sont placés de manière à répondre à la terminaison des canalicules. MM. Baudrimont et Martin-Saint-Ange sont parvenus, quelquefois, à faire pénétrer une injection dans le tissu de la coque, mais à une faible profondeur. En chauffant un morceau de coquille d'œuf d'Autruche dans du suif coloré par de l’orcanète, ou bien encore en faisant bouillir un autre fragment dans une solution ammoniacale de carmin, M. Leconte a rendu très-visibles les canalicules qui mettent en communication les deux sur- faces de l'œuf. Dans ces expériences, la matière colorante s'introduit dans les méats interglobulaires, mais ne pénètre pas entre les cristaux. Suivant MM. Baudrimont et Martin-Saint-Ange, quand on introduit un œuf sous une cloche remplie d’eau et qu'on la place dans un petit vase contenant du mercure, si l'on met cet appareil sous le récipient d'une machine pneumatique et si l'on raréfe l'air qu'elle renferme, on voit à l'instant une multitude de bulles d'air qui s'échap- pent de la coquille et qui se rassemblent dans la partie (1) Is sont souvent plus dilatés vers le ceutre et paraissent comme fusiformes (Robin). TRAVAUX INÉDITS. 395 supérieure de la cloche qui recouvre immédiatement l'œuf, Cette expérience avait été déjà faite de diverses ma- nières, mais jamais avec autant de soin et de bonheur. Parmi tous les points par où s'échappent les bulles de gaz, on en remarque de plus forts que les autres qui sont toujours réunis deux à deux (Baudrimont et Saint-Ange). Ces pores géminés sont très-apparents sur les œufs de forte taille : je les ai déjà décrits. Les premières gouttelettes minéro-animales déposées, quand la coquille s'organise, sont les plus grosses; elles deviennent de plus en plus petites au far et à mesure que s'épuisent les organes sécréteurs. Dans les plus rapprochées de la peau intérieure, la matière calcaire prédomine ; voilà pourquoi elle se cristallise immédiatement; dans les autres, la matière animale augmente en quantité, circonstance qui, jointe à leur volume plus petit, doit donner à cette partie de la coquille une texture de plus en plus compacte. Il est probable que les proportions de matière calcaire et de matière animale influent aussi sur la nature de la cristal- lisation. Il faudrait examiner expérimentalement si c'est réellement cette proportion qui donne, dans un cas, des cristaux ds spath et d'aragonite, et, dans un autre, des cristaux de spath seulement. Enfin, au moment où l’enve- loppe solide a acquis toute son épaisseur, la sécrétion cal- caire est arrêtée; la matière animale, qui exsude encore, se condense en pellicule et produit la peau extérieure. On comprend maintenant pourquoi cette peau se trouve si adhérente à la coquille. La peau extérieure est, en réalité, la vraie peau de la coque; tandis que la peau intérieure, appelée par quelques naturalistes membrane coquillière, est une dépendance du contenu de l'œuf. Elle est produite par la transformation de la périphérie de l'albumen. Elle existait, comme on l'a vu, avant la formation de l'enveloppe testacée. Dans certaines coques, la matière calcaire est sécrétée 396 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1861.) jusqu’à la limite extérieure, en quantité suffisante pour empêcher le dernier dépôt de s'organiser en membrane; voilà pourquoi la surface de ces œufs est toujours plus ou moins rude et plus ou moins crayeuse. La nature etle nombre des dernières gouttelettes minéro- animales doivent influer nécessairement sur les rugosités que présentent certains œufs. J'ai parlé, dans un chapitre précédent, des petites saillies tuberculiformes qui carac- térisent plusieurs coques; ces éminences sont souvent ar- rondies et conservent assez exactement, quoique toujours plus ou moins aplaties, la forme des gouttelettes dépo- sées. D’autres fois, l'œuf ayant marché dans l’oviducte, pendant ce dépôt, les gouttelettes se sont soudées bout à bout. Enfin, chez certains Oiseaux, le mouvement de l'œuf, en voie de formation, ayant été plus lent que la sécrétion de l’élément calcaire, chaque gouttelette à empiété sur la précédente et s’est en partie fondue avec elle; et, comme d’un autre côté, la progression s’est opérée sinueusement, il en est résulté des saillies plus ou moins flexueuses, offrant d’espace en espace comme des étranglements plus ou moins prononcés. Ce dernier mode de dépôt est très-apparent, à l'œil nu, dans l’œuf du Dromée, où les gouttelettes présentent jus- qu'à un millimètre de diamètre, et où elles forment, sur un fond pâle, des zigzags verts, élégamment anastomosés. On le distingue encore assez bien, mais avec la loupe, dans la coquille du Goëland à manteau noir, quoique les éminences soient plus petites, plus déprimées, et que leur nuance ne diffère presque pas de la couleur du fond. On ne l’aperçoit qu'avec beaucoup de peine, même avec la loupe, dans l'œuf du Vautour fauve ; les granules n’offrant plus qu'un sixième de diamètre transversal. Du reste, c'est toujours un assemblage plus ou moins régulier de vermi- culations sinueuses, déprimées, étranglées d’espace en espace, laissant entre elles des espaces irréguliers au mi- lieu desquels se trouvent les pores. TRAVAUX INEDITS. 397 ORTHOPTERA NOVA AMERICANA (Diagnoses præliminares), auctore H. DE SAUSSURE ({). (Series IF.) CE. mexicaxa. Mediocris, grisea, terrosa.Oculi haud pro- minentes, magni; vertex latus, foveola latiore quam lon- giore, antice truncata, et fossulis 3 contiguis. Pronotum valde compressum, planiusculum, terrosum, supra elon- gato-tuberculatum, tricarinatum , antice angustius at nullo modo constrictum, carina media sulco postremo longe ante medium valde incisa, pone sulcum fossulis duabus, antice truncatum, postice acute trigonum; lateribus gra- nulosis, angulo postico subrotundato. Elytra abdomine longiora, grisea, punctis nigrescentibus sparsis et frequen- ter lineis 2 obscuris obliquis ; apice macula pellucida. Ely tra rosea vel coccinea; margine lato et fascia subcostali fusca, apice macula hyalina. Femora valde dilatata, sub- tus carina post dimidium subexcisa ; intus flavida vel cæ- rulea, nigro trifasciata. Tibiæ cæruleæ, testaceæve, nigro trifasciatæ. — Longit. 0,026. — Mexico. CE. rozreca. O. pallidipenni, Burm. ,simillima, at anten- næ elongatiores; verticis foyeola inter oculos latior, po- lygoniformis, antice a foveola frontali truncata. Facies verticalis carinis omnino explicatis. Pronotum supra pla- num, carinatum, antice coarctatum sed haud constrictum, ubique tuberculis confertissimis scabrum, angulo postico acutius producto et fovea transversa vix conspicua. Carina antice bilobata, frequenter trilobata, canthis humeralibus acutis. Elytra maculata, haud fasciata, apice vix pelluci- da; alæ ultra discum flavum usque ad apicem fuscescentes. — Longit. elytri 0,027. — Mexico. OE. azreca. Parvula. O. Sumichrasli formis simillima, at corporecompressiore et rugosiore; vertice angustiore, fo- veola angusta , canaliculata, marginibus cum carinis fron- talibus continuis ; antice haud truncata, foramine fronto- verticali nullo. Foveolæ laterales conspicuæ. Pronotum (1) Voir pages 126, 156, 313. 398 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1861.) postice acutius. Elytra vix fasciata, apice vix hyalinata. Alæ flavæ, fusco-cinctæ, et fascia subcostali fusca, apice nube- cula subinfuscata. Tibiæ posticæ cæruleæ.—Longit. elytri 0,016. — Mexico. Subgenus LEPrus (1). Corpus percrassum; caput maximum. Vertex latissimus verticaliter in frontem desinens. Facies verticalis, planata et convexa. Pronotum haud coarctatum , supra planum et rugosum. Femora postica maxime dilatata. Antennæ gra- ciles et filiformes. ( Ad Thrinchos femoribus poslicis tran- sit.) CE. (Leprus) ecermas. Badio-griseus, corpore percrasso. Caput crassum, convexum, facie perpendiculari, arcuata, carinis intermediis os versus obliteratis: costa supra ocel- lum verrucosa ; vertice latissimo, foveolis lateralibus con- spicuis; mediana obsoletissima, subverticalis et jam in planum frontis decidens. Pronotum percrassum, in parte postica valde productum, elevato-verrucosum, supra pla- num, acute trigonum, carina media tenui; pars anterior dorsi fovea profunda a posteriore sejuncta, haud constric- - ta, nec in lateribus carinata. Elytra abdomine paulo lon- giora, nec non maculis magnis priseis; alæ flavæ, fascia lata fusca et apice subpellucidæ. — Longit. 0,040. — Mexico. Subgenus Hrppiscus (2). Corpus robustum, crassum, sed valde compressum. Ca- put maxime compressum, subverticale, facie arcuata, costa maxime prominente. Antennarum foveolæ maximæ sécun- dum costam descendentes. Antennæ graciles, planatæ. Pronotum nullo modo constrictum, supra planum marpi- nibus acute carinatis, intus arcuatis. (Ad Stauronotos tho- race transit et ad Séenobothros capite). CE, (Hippiscus) ocELOTE. Sat validus, corpore crasso, at compresso, fulvo, fusco marmorato. Antennæ planatæ. (1) Aewpôs, leprosus (2) L'arickos, equus parvus. TRAVAUX INÉDITS. 399 Caput valde compressum, facie valde arcuata, vix declivi ; costa facialis perproducta, lævis, marginibus acutis sed nullomodo elevatis; foveæ antennarum maximæ, perpro- fundæ fere usque ad clypeum descendentes. Vertex antice arcuatus, compressus foveolis vix conspicuis; basi sulco arcuato. Pronotum compressum , supra planum, paulum excavatum, tuberculis fere cariniformibus confertis sca- brum, angulo postico paulum acutum ; carina mediana li- neari sat elevata in dimidio, sulco transverso bipartita; carinis lateralibus peracutis, intus arcuatis, invicem in tertia parte antica propinquis, deinde antrorsum diver- gentibus et ad marginem anticum productis. Femora postica gracilia pro genere , cristato-carinata. Elytra bre- via griseo-ocellata ; alæ basi sanguineæ, dein fuscescentes, fascia arcuata et subcostali fusca. — Longit. elytri, 0,026. — Mexico. HI. Ternicu. Prosternum muticum sed margine an- tico elevato collaris vinculi ampli instar, os cingente. L. Terrestres (Tibiæ posticæ biseriatim spinosæ). Genus TETTIx, Charp. 1. Pronoti processus elongatus, rectus vel subascendens. Alæ elon- gatæ, omniuo explicatæ prouoti processui æquales aut longiores {Tettix). A. Pronotum antice truncatum (vertex in his speciebus oculo angustior). T. caupara. Gracillima, fusco-marmorata, supra griseo- fulva, fusco bimaculata antice obseura. Oculi valde pro- minentes, verlice elatiores ; vertex elevatus, oculo latior ; præ oculis haud productus, carinatus; frontis costa sub angulo recto a vertice descendens, carinis inter antennas contiguis, ad ocellum medium divergentibus; pronotum postice spiniforme, longissime productum, femoribus posticis ter longius, antice truncatum, valde constrictum, terrosum ; lateribus © rugosis, cristulis longitudinalibus scabrum ; & granulatum ; dein supra granulosum ; carinis 400 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1861.) perspicuis; carina media tenui, antice inter sulcos ele- vata, arcuata; femora intermedia subdilatata, lobulata ; postice mediocriter inflata, carina superna ante genu sub- incisa; alæ pronoto longitudine æquales. — Longitudo 0,015. — Guyana. T. mExICcaANA. Grisea vel flava, fusco-tessellata, macula- rum serie in pronoti Carina et maculis 2 pone humeros marmoratis; pedibus annulatis. Caput breve, oculis maxi- mis vertice angusto, acuto, truncato, subbilobo; frontis carinæ cristiformes. Pronotum desuper planum granoso- punctatum, lateribus terrosis; carina media tenuis, linea- ris, antice solum in cristulam arcuatam subelevata ; pro- cessus angustus, postice linearis, genicula postica superans, arcis lateralibus deflexis, angustis; prima brevi, secunda usque ad apicem parallela, verticali; alæ pronoti proces- sum valde superantes, margine nubecula fusca, basi colo- ribus micantibus; femora 1-2 cristata, postica ante genu emarginata et dente minuto instructa. Valvæ anales 2 denticulalæ, pilosæ. — Longit. 0,012. & Minor gracilior minus scaber, minus carinatus. — Long. 0,010. — Mexico calida. T. azreca. Præcedenti similis. Differt corpore paulo angustiore et brevi, tantum sabuloso-granulato, haud sca- bro (præcipue in lateribus hæc differentia perspicua est); vertice oculo angustiore et distincte carinato; pronotum haud constrictum, sulcis parum conspicuis, carina minus elevata ; femoribus 1-2 haud dilatatis nec lobatis; colore nigrescente; frequenter margine infero laterum pronoti fulvo. — Ejusdem patriæ. B. Pronotum antice paulum in occipite angulose pro- ductum. T. caicaimeca. Fusco-badia; T. aztecæ formis similis, at paulo major angustior; pronoto sublævi, dense punctu- lato sed haud granuloso, supra venulis subelevatis longi- tudinalibus rugulato ; antice haud constricto, carinis hu- meralibus antrorsum productis, cum carinis anticis fere TRAVAUX INÉDITS. 401 continuis; carina media perspicua, haud interrupta, antice vix aucta, sulcis perspicuis; femora 1-2, haud dilatata. — Longit. pronoti 0,012. — Mexico calida. 2. Corpus robustius. Pronoti processus abdomine æqualis vel sub- æqualis. Alæ sub illo absconditæ {Batrachidea, Serv.). T. rozteca. Parva, robusta, fusco-grisea, pedibus an- nulatis; vertice angusto truncato, Carinato; pronotum terrosum, sabulosum, antice subconstrictum, sulcis valde conspicuis; margine antico truncato ; processu ad abdo- minis longitudinem producto vel ultra. Pronotum in # subarcuatum, in planum, Carina media subcristata, æquali; parum elevata, lineari sed antice inter sulcos arçuala; processuum marpgines deflexi, angusti, in at à ‘#3 LU > 9 ? - # ‘ ® “ c ‘ leoue et Mag. de Zoologie. 1861 AENLE Bombyx Yama-maï, Ge en lompar é au À My lila suoy'rmbog day -uuI-don9 * LRUL- PURE (LHJOUUY) XÉQUIOG 1gf4 PÉopooz ep évjy » one SE! ZL. 14. Humbert Lt Jeune Autruche ägee de 45 jours. 4 (1 de # nat ) // 1 5. Pyrqula annulata ET TTL CT 7e 71car. i S sf Levue et Mag de Toologie. 1861 7. (6. 4 4 2 Fr) 6 ad 4 Du ? d / TR \ K T4 # 17 78 20 27 | } { | | 7 \ / È 3 NA Æ Lœasseur luth lire Bicquat Prris 1-4 Jéstaccla episcix. 10-13 Testacella drymonta. T7 Le Aischertana. #16 TL Prondek ». Limax Raymondans. 1718 27 bésulcata (type) FT 7 Cranyanus. 20 22, 1 Lecchiolt. ssl. LA Levue el Hay. de Zoologte. 1861. 9 > GT Dicranopselaphus Guer. Mon Pevue et Mag de Zoologie zS6Z PIE" Eu br a palustris, Crau