REVUE KT .MVC.AHIN DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE. RECUEIL MENSUEL DBST5TC.'', A FACII.ITKIt A\\ SAVANTS DR TOTS M!S l'AVS I.FS MOVI'NS l>H PCRLIHR LKCRS (inSFRVATlONS DK ZOOI.OGIK l'IIKK l'.T AP PI.lQli|';ii A LINDl'STHIR KT A L'ACIlUft.TrRR , I.Kt'RS TRAVAUX I»tî PAI.KONTOLOr.lK , d'aNATOMIF KT DK l'Il VSIOI.OCIH COMIARKES, lîT A LES TKSIR AU COURANT I)i;S NOrvTîl.LF.S Di'xOUVERTFS f:T i»rs PROr.RKS I>Iî I.A scikncr; M. F. E. (iUÉlUN-MÉNEVILLE, Minière de la Légion il'lioiiHcur, ilu l'oitlre brésilien Je la Ko.ic, oilitier de l'odi liollanilais de la Couronne de cliêne, de la SociiiL' impériale el centrale d'Ajri- cuUure, tics Académies royale» des Sciences de .Madrid, de Lisbonne et de Turin, de l'Académie royale d'Agriculture de Turin, lic ji Société imjiérirtle des naturalistes de Sloscou, d'un jraud non lire d'antres Sociétés nationales et etran-^ires, etc., elr., etc. 2^ SEiuK. —T. XVI. — 18()4, PARIS, AU liUUEAU DE LA REVUE ET MAGASIN Dlï ZoOLOGlf-:, ET CE LA REVUE DE SÉRICICULTURE COMPARÉE, UUH Iil S Ullii;\-All I », f- TINGT-SEFTIÈMi: ANI^ÉX. — JANVIER 1864. ï. TRAVAUX IXÉDITS. Catalogue des Oiseaux observes dans le département d'Eure-et-Loir, par M. Armand Marchand. (Suit.';.— Voir 1863, p. 3C1.) 63. Corbeac choucas (Corvus munedula). Ils habitent en grand nombre les aqueducs de Mainte- non ainsi que les clochers de la cathédrale de Chartres. Ils se répandent tous les jours autour de la ville et font de grands dégâts dans les cliamps; ils dévastent les arbres fruitiers, même ceux en espalier. Tous les soirs, au coucher du soleil, ils se rassemblent sur l'église, partent tous en même temps, comme à un signal donné, et vont passer la nuit dans les futaies des environs de la ville. J'ai une variété blanche. 64. Pie ordinaire {Pica cnudata). Très-commune toute l'année, et ne quitte point la con- trée qui l'a vue naître. Elle détruit particulièrement beaucoup d'œufs de tonte espèce d'oiseaux. Elle vient prendre les poulets et canards jusque dans les basses-cours. Elle recherche les couvées de cailles et de perdrix; aussi sa tète est mise à prix dans les chasses gardées. On m voit de blanches, d'autres dont les parties noire.s sont htunûtres. 4 RKV. ET MAP,. DE ZOOLOGIE. [Janvier 18G4.) 65. Geai ordinaire [Graculus glandarius). Reste toute l'année; un certain nombre passe à l'au- tomne, au moment des vendanges. 66. Casse-noix vulgaire (Nucifroga caryocatactes). De passage très -accidentel En 1844 et 1830, il en fut tué beaucoup dans le déparlement, et même, à ce qu'il paraît, dans toute la France. 67. Étourneau vulgaire {Slumus vulgarix). Reste toute l'année. Il niche dans les colombiers, dans les clochers, et même dans des trous d'arbres dont il chasse les pics-verts. Il se réunit l'hiver en grandes bandes qui s'abattent au milieu des troupeaux de moutons; ils se posent sur leur dos et les débarrassent des insectes qui les tourmentent. Ils ne s'effrayent point du voisinage des bergers. 68. Hirondelle de cheminée [IJirundo rustico). Arrive vers le 12 avril et repart à la fin de septembre. On voit des variétés toutes blanches, d'autres isabelles, d'autres gris clair. Il y a une dizaine d'années, un grand propriétaire du département d'Eure-et-Loir, faisant curer, pendant l'hiver, des fossés remplis de roseaux, m'a assuré que ses ouvriers avaient trouvé, dans la vase, des Hirondelles pelotonnées et paraissant ne plus donner signe de vie, mais que, exposées à la chaleur, elles reprirent leurs sens. .\e l'ai prié, si jamais pareil fait se renouvelait, de m'en- voyer de suite les oiseaux avant de les faire revenir. J'at- tends toujours. 69. Hirondelle de flnétre [flirundo urhica). Arrive les premiers jours de mai et repart au commen- cement de septembre. On rencontre quelquefois des variétés blanches. (La sitiie prochainement.) TRAVAUX INKUITS. 5 Note pour servir à l'hisloiie des oiseaux inseclivore^ . par •M. J. L. Coi.NDE. L'élude des mœurs des animaux a toujours été consi- dérée, à juste titre, con)mc la partie la plus utile des sciences zoolojjiques, tant appliquées que pures. La nour- riture des animaux n(His intéressait particulièrement, car les uns pouvaient s'attaquer à nos récoltes, les autres à nos animaux domesticpi'js. Seuls les insectivores nous semblaient plus utiles que nuisibles. Un savant laborieux et patient, M. Florent- Prévost, a consulté, pendant de longues années, les estomacs de tous les sujets qu'il pou- vait se procurer, et il est arrivé aux beaux résultats que nous connaissons aujourd'hui. Je n'ai pas la prétention de présenter un travail com- plet sur la nourriture particulière des inseciivores, je viens seulement ajouter quehjues observations, qu'il m'a été permis de faire en Afrique et qui prouvent que, le plus souvent, les insectivores rcclierchent, ^elon leuis espèces, des insectes qu'ils préfèrent et qu'ils manf]ent exclusi- vement quand ils ne sont [jas trop affamés; ils les re- cherchent avec le plus grand soin et en absorbent de grandes quantités, malgré les diiticuités qu'ils doivent surmonter pour se les procurer. Souvent, en chassant sur les bords de la mer, et de Doue à mi chemin de la Calle, je trouvais de nombreux excréments d'oiseaux insectivores, longs de 5 centi- mètres, légèrement ovoïdes, et répandant une assez forte odeur de musc. Ces excréments étaient répandus sur les hautes dunes qui se succèdent dans ces parages. Leur éclat et leur grosseur me frappaient, et très-souvent je les brisai pour en constater le contenu. Jamais je n'y ai trouvé d'autres insectes que des Hclops, appartenant tous à la même espèce. Liés ensemble par la pression et une matière gélatineuse et vernissée, ils formaient à eux seuls l'excrément. Quelques-uns étaient entiers , il ne 6 UKV. ET îiAn. u\i ZOOLOGIE. {Janvier 18G4.) restait des autres que l'abdomen, les élylres, la tête ou le corselet; en les séparant, les reconstituant et les conip- iant, ce qu'on peut faire avec de la patience, on arrive à en estimer le nombre à plus de cinq mille. îii cependant les différentes espèces d'helops que l'on trouve sur les dunes se cachent à d'assez (grandes pro- fondeurs dans les racines du Tapsia polygama en con;- y)agnie des Isocerus fcrruginciis, des Pimelia barbara, des Pacltychile Gerniari, dos Tenlyria, des Erodius, des Cepftn- toclœufi scandivoides , de nombreux Curculionitcs et de charmants Sternoxes à la splendide livrée. Parmi tous ces insectes recherciiés et des centaines d'autres que ren- ferment ces dunes de sables, si riches au point de vue enlomoiogique, \eshelops (j'en ai trouvé iroisespècesdans ce milieu) sont certainement classés parmi les plus rares et les plr.s difficiles à se procurer.' Que de travail ne faul- il pas à l'oiseau qui en fait sa nourriture pour les déterrei' et les chercher de touffes en toufl'es, sous l'épaisse couche de sable qui les recouvre et dans le fouillis de racines qiâ s'entrelacent mutuellement. Les nombreuses traces de pattes qui se croisaient sur ces dunes, le besoin d'un long bec que devait avoir loiseau pour se procurer ce {}enre de nourriture me prouvaient suffisamment que cet insectivore appartenait a la famille des échassiers riverains du genre chevalier. il m'est bien souvent arrivé de trouver des excréments formés d'isne seule espèce d'insectes, entre auires â' Iules, iV Isocerus, de Copris, etc., etc., tant cela me persuade que chaque espèce d'insectivore a, presque toujours, une espèce (mets de prédilection) qu'elle recherche avec acti- vité et persévérance, malgré les difficultés que lui pré- sente souvent cette chasse. Quel admirable instinct vient dire à cet oiseau que, sons une épaisse couche de sable dans les profondeurs de l'humus ou d'un excrément infect efsans que l'odeur ni le mouvement pr.issont trahir la proie, que l'insecte qu'il recherche, ({u'il préfère h tous, se TRAVAUX INI-.niT!:. trouve caché là où le naturaliste, avec ses instruments et malgré sa persévérance, ne parvient souvent pas à le dé- couvrir. Je suis persuadé que, si beaucoup d'insectes sont rares pour les entomologistes, cela ne peut être attribué qu'aux ravages des insectivores. Note sur les genres Dromica, Tricondyla et Collyris, par M. DE Chaudoir. On connaît assez les caractères génériques de ce groupe pour qu'il ne soit nécessaire de revenir là-dessus. Dans mes Matériaux pour servir à l'élude des Cicindélctes et des Carabiques, V^ i)art., p. 36 et 37, je me suis occupé des genres Myrmccoptera et Dromica, que je distinguais encore, en réunissant aux premiers la Dromica clathrntn, Klug. Je me suis convaincu, depuis, que le premier de ces deux genres ne saurait cire conservé et qu'il ne doit former qu'une division de celui de Dromica; j'ai fait alors l'énu- mération des espèces qui le composent et qui ne se sont pas augmentées depuis. 11 n'en est pas de même des autres sectiojis, qui se sont enrichies de plusieurs espèces nou- velles assez remarquables pour me décider à en faire le sujet d'un nouveau travail. 11 y a lieu à établir quatre divisions, dont chacune com- prendra un certain nombre d'espèces que les recherches futures dans l'Afrique australe augmenteront sans doute encore considérablement. 1. Corselet plus ou moins carkû i:t tubercule. a. Antennes à articles extérieurs dilatée. 1. Dr. gigantea de Brème, Ànn. Soc enl. de. France, 2«sér.,ll. p.289, pl.vii,f. 3. Long.22 2ï mill. — Labrum porrectum, fornicalum, medin produclum, maris obtuse, fœminœ acute Iridentatum, ni;;rum, vitta média tlava ; palpi flavi, apice nigri ; antennaî elongatœ, basi nigro- 8 HEV. KT MAG. i)K zooF.OfUE. {Janvier 186i.) violaceae, extus nigrae opacae, articulis tertio et quario supra carinatis, quinto, sexto septimoque cœteris paulo latioribus, elonjialo-quadratis. Caput magnum, basi craN- sum, juxla oculos longiludinaliter, postice transverso, rugato-striatum, fronte antice elevata, arcuatim rugata, medio subexcavata et inœquali, oculi modice prominiiii. Prothorax capiti cum oeulis subœqualis, latitndine haud brevior, posterius subaftenuatus, ante basin et apiceui constrictus, et iraiisversim profunde impressus, lateribus antice subrecte, anie basin obtusissime angulatis, inter angulos rectis, supra transverse grosse plicatus, ad latora subdepressus, medio longitudinaliter impressus, et utriii- que pulvinatus, ibique grosse rugosus, basi Dbsoiete bi- sinuatus. Elylra maiis thorace parism latiore, subparallela, posterius vix ampbata, apice sensim altenuata, ibique ad suturam in spinam longiusculam reflexam terrninaia, et anguste deliisceiitia; l'œminœ latioia, medio sat ampliala, lateribus rotundata, ante apicem obsoletissime sinuaîa, brevius attenuata, apice conjunclim rotundata, dente su- turali minutissimo subobluso, supia disco convoxa, sin- gulo quinque costato, costis lœvibus, ante a[)icem abbre- vialis, seconda et icrtia cœteris brevioribus, sutura ele- vata, interstitiis inter se œqualibus, l'ossulalis, vel potius alveolatis, apice pone costas acute rugoso. ('olor paginœ superioris obscure œneus, macula laterali subapicali al- bida, ovata, in mare (plerumque?) déficiente. Corpus subtus iaeve, niiidum, liinc inde parce albido pilosuni, nigro-vio- laceum, anterius plagatim cuprasceus. Pedes nigro-viola- cei, femoribus antice cupreis piloso-[)unctatis. Cette espèce habite près du Port-Natal et ne semble pas y être fort raie. Elle a été méconnue par Boheman, qui l'a confondue avec \a dathrala, Klug, espèce bien distincte et beaucoup plus petite que je vais décrire. 2. Dr. clathrata, K\ug. Jnhrb. d. Ins. kund., p.kO , n° 0. Long. 18 millim. — A la pî en)ière vue, ou la pren- TIIAVAUX lî^ÉDITS. 9 drait pour un petit individu do la (jiganlea, mais elle on diffère, outre sa taille, par sa tèle [dus étroite jjostérieu- renient, ses yeux plus saillants, son front plus dé[)iirno, ses antennes plus courtes et dont les articles intermédiaires sont également élargis, mais moins allongés, son corselet plus étroit, plus rétréci vers la hase, avec le rebord latéral plus relevé. Les élytres sont plus étroites vers la base et vont en s'élargissant peu à peu jusqu'au delà du milieu; elles sont terminées par une épine plus courte, mais tout aussi pointue et moins relevée ; les côtes, p'us élevées, sont au nombre de quatre, elles commencent non loin de la base et s'effacent après le deuxième tiers; un tronçon d'une cinquième côte s aperçoit vers le milieu de leur longueur en dehors de la quatrième; d'une côte à l'autre vont de nombreuses lignes tiansversales irrégulières, formant des fossettes non divisées en alvéoles, con)me dans la gif/antea, excepté sur les bords latéraux; les intervalles des côtes sont égaux, l'extrémité est couverte d'une forte rugosité en forme de râpe. La couleur du dessus et du dessous est à peu près la même; la (aclie lalérale, près de l'extrémité, se voit dans les deux sexes et affecte une forme ovalaire. Il y a un peu de jaune ferrugineux aux genoux et à la base des jambes de la première paire des pattes; le reste est d'un noir violet. L'exemplaire que je possède vient de la baie de Lagoa. C'est évidemment à celte espèce que se rapporte la des- cription de Klug. « D. coarctata phis duplo major. Caput magnum, postice transversim undulatorugosum , inter oculos longitudinaliter, medio arcuatim striatum. Labrum magnum, fornicatum, quinque dentatun). Iseve, lateribus cupreuni, medio nigrum, macula oblonga flava. Mandi- bulae nigrœ, basi flavae. Palpi lulei, arliculo ultimo nigro. Thorax capitis fere lalitudiiie, parum elongalus, margina- tus, dorso rugosus, utrinque lon;;itudirialili'r elevadis. Elytia subdepressa. lineis longitudinalibus subabbreviatis lineolisque transversis elevatis usque fere ad apicem reti- 10 REv. ET MAO. DK ZOOLOGIE. [Janvier 186 j.) culata, apice acuminatn, ante apicem ad margineni albo- imipuiicfata. » J'en ai coniparé un second individu appaitcnanl à M. le comte Mniszecli, qui l'avait reçu de M. de Castelnau comme venant du lac N'j^ami; les bosses du corselet sont pins éle- vées que dans le mien, l'angle postérieur des côtés est plus elTacé, la tache subapicale est plus grande et plus jaunâtre, les deux côtes intermédiaires des élytres sont réunies à l'extrémité et un peu plus courtes. b. Antennes nullement dilatées, fiUfarmes. ?}. Dr. bis BiCARiNATA. Long.20- 23 miilim. — Les deux sexes. Plus petite que la gigantca. Tèle semblable; labre entièrement blanc, étroitement bordé de noir, un peu plus court; le bord antérieur, dans les deux sexes, comme dans ceux de la gigantea ; antennes plus raccourcies, les articles intermédiaires nullement dilatés. Corselet semblable, ce- pendant dans le mâle un peu plus étroit, et dans la femelle, au contraire, un peu plus large et proportionnellement plus court que dans le sexe correspondant de la gigantea. Elytres plus courtes, celles du mâle ne différant, quant à la forme, que par leur longueur moindre et parla brièveté de l'épine du bout de la suture qui est subobtuse et moins relevée; celles de la femelle plus élargies derrière le mi- lieu, puis très-légèrement sinuées avant l'extrémité, de sorte que la partie amincie est pins prolongée, terminées de même, l'épaule un peu plus sentie, cinq côtes sur cha- cune, la première assez rapprochée de la suture, peu sail- lante, presque régulière; les deux suivantes, plus éloignées de leurs voisines qu'entre elles, se confondant près de la base ainsi que versiedernier quart de la longueur, qu'elles ne dépassent pas; dans la femelle elles sont un peu plus saillantes et moins rapprochées l'une de l'autre; les deux extérieures sont aussi plus voisines l'une de l'autre que de la troisième, elles se rapprochent davantage encore dans leur partie antérieure et se confondent derrière les épaules, SOCIÉTÉS SAVANTES. H ainsi que vers l'extrémilô, (ju'elles n'aitei|;neiit |)oint; la quatrième est aussi plus éievée clans la lV;nielle; la suture est un peu relevée, les alvéoles des intervalles sont bien moins profonds et plus petits ; la tache mar{;inale est placée comme dans la yirjantea et se retrouve dans les deux sexes, mais elle est plus allongée et se termine en pointe aux deux bouts, surtout dans la femelle. Couleur du dessous et des pattes pareille, celles-ci unicolores. Du territoire des Zoulous. Elle doit être voisine delasculpturala, Boheman ; mais, comme dans celle-ci, d'après la description de cet au- tcMir, les genoux et en partie les jambes sont d'un jaune testacé, je ne me suis pas décidé à l'y rapporter. (La suite procliaincmc'ttl.j II. SOCIETES SAVAiXTES. ACADÉ.MIE DES SCIENCES. Séance du 4 janvier 1864. — M. L. Pasteur lit la note suivante : « Dans le mémoire que j'ai publié au sujet de la doc- trine des générations dites spontanées, j'ai annoncé, sur la foi de nombreuses expériences, « qu'il est toujours pos- « sible de prélever en un lieu déterminé un volume notable, « mais limité, d'air ordinaire, n'ayant subi aucune modi- c< fication physique ou chimi(pie, et tout à fait impropre « néannioinsà provoquer une altération quelconque dans H une liqueur éminemment putrescible. » « IMM. Pouchel et Joly affirment (|ue ce résultat est erroné. « Je leur ai porté le défi d'en donner la preuve expé- rimentale. 12 WEV. ET MAPr. i)K zoor,OGiE. {Janvier 186i.) « Ce défi a été accepté par MM. Joly et Musset dans les termes suivants : « Si un seul de nos mntras demeure vnal- « téré, nous avouerons loyalement notre défaite. » [Comptes rendus, 16 novembre, p. 845.) « M. Pouchet, de son côté, a accepté le défi dans ces termes : « J'allesle que sur quelque lieu du globe où je a prendrai un décimètre cube d'air, dès que je mettrai ce- ci lui-ci en contact avec une liqueur putrescible renfermée « dans des vialras lier met iquemen t clos , constamment ceux-ci « se rempliront d'orcjanismes vivants. » [Comptes rendus, 30 novembre, p. 903.) « Voilà un débat nettement défini. « Quels en seront les juges? En ce qui me concerne, je ferais injure à l'Académie d'en accepter d'autres qu'elle- même. Telle est aussi, fort heureusement, l'opinion de mes honorables adversaires, comme on peut le voir au numéro des Comptes rendus du 16 novembre dernier, p. 845. « II y aurait un moyen bien simple, ont-ils écrit à l'Aca- « demie, de terminer ce débat : ce serait que l'Académie « voulût bien nommer une commission devant laquelle « M. Pasteur et nous répéterions les principales expé- « liences sur lesquelles s'appuient de part et d'autre « des conclusions contradictoires. Nous serions heu- « reux de voir l'illustre compagnie prendre en sérieuse « considération le vœu que nous osons l'ormuier devant a elle. » « En résumé, j'ai porté un défi à MM. Pouchet, Joly et Musset. Mes savants antagonistes ne le déclinent pas. La compétence des juges est incontestable et incontestée. Je prie donc l'Académie de vouloir bien nommer une commission. » Conformément à la demande de MM. Pouchet, Joly et Musset, et à l'acceptation de M. Pasteur, l'Académie charge une commission composée de MM. Flourens, Du- mas, Brongniart, Milne-Edwards et Balard de faire répé- SOCIÉTÉS SAVANTES. 13 1er, en sa présence, les expériences dont les résultats sont invoqués comme favorables ou comme contraires à la doctrine des {{énérations spontanées. M. P. Gervais présente un travail intitulé : Liste des Vertébrés fossiles recueillis dans ht molasse coquillière de Castries [Hérault). « II existe à Castries (Hérault), et dans les environs de cette localité, dos dépôts marins se rattachant au système de nos molasses miocènes du Midi, qui fournissent un assez grand nombre de restes fossiles d'êtres organisés. J'ai pu en examiner à diverses reprises une collection faite avec beaucoup de soin par M. le docteur Delmas, de Castries, et en dresser la liste suivante, qu'il ne sera peut être pas sans intérêt de publier. J'y distingue les fossiles des cal- caires (molasse coquillière ou calcaire moellon) de ceux des marnes bleues. « Les Vertébrés fossiles des calcaires miocènes de Cas- tries appartiennent aux genres et espèces dont voici les noms : 1° MAMMIFÈUES. « Phoca? HaJit/ierium ; Squalodon ; Delphinus [Glyphi- delphis) sulcaliis, P. G.). '1° REPTILES. « Crocodilm. 3" POISSONS. « Chrysoplinjs; Sargusincisivus, P. G.; Phtjllodus; Mij- liobates micropleurus ; Myliobates arcuatus; Pristis; Squa- tina; Carcharodon merjalodon\ ÏJcmipri M. Ancelon adresse "une noie ayant pour titre : Valeur de la statistique appliquée aux mariages consanguins. Après avoir exposé des faits observés avec soin, M. An- celon termine ainsi : « D'après ce qui précède, et jusqu'à ce qu'on se soit livré avec soin à la double statistique dont nous venons de présenter le spécimen, nous nous croyons en droit de conclure qu'il faut chercher ailleurs les causes de dégé- nérescence dont on s'ingénie à charger les mariages consanguins. » Séance du 2^ janvier. — M. Pouchet adresse des Obser- vations sur la neige de la cime du mont Blanc et de quelques autres points culminants des Alpes. MM. Pouchet, Jolij et 3Iasset remercient l'Académie d'avoir nommé une commission devant laquelle seront répétées leurs principales expériences sur l'hctérogénie. M. Schnepp lit un mémoire intitulé : De la jiroduction, de la conservation et du commerce de viandes de la Plala, au point de vue de l'amélioration du régime alimentaire en Europe. «J'ai l'honneur desoumettreau jugement de l'Académie les résultats d'observations relatives à l'hygiène alimen- 2' SÉRIE. T. XVI. Année 18G4. 2 IS REV. ET MAP,. DE ZOOLOGIE. [Janvier 1804.) taire qu'il m'a été donné de faire sur les rives mêmes de la Plata. Ce bassin d'alluvion, si bien étudié par d'Oibigny, renferme dans sa couche la plus récente, dans le terrain pampéen de ce savant, des ossements fossiles en grand nombre dont j'ai admiré plusieurs pièces au musée de fîuenos-Ayres. Le directeur, M. /?wrme«s/er, m'a fait re- marquer principalement deux énormes bassins à dia- mètre transverse extrêmement élroit, qui paraissent ap- partenir à une espèce nouvelle do Mégathérium plus grande encore que celles connues, de grosses têtes de Cheval ayant des dents incurvées, des fragments de co- lonnes vertébrales, etc. ; mais ce qui mérite le plus d'at- tention, c'est un squelette entier du Glyptodon, édenté géant de 3 mètres de longueur sur l^jôO de hauteur La description complète que M, ^urmeisier donnera de son édenté rectifiera probablement bien des jugements portés sur le Glyptodon clavipes rétabli par M. Owen et sur le Glyptodon clnstoplcurum reconstruit par M. Nodot pour le musée de Dijon. Mais la science tirerait ses meil- leurs éclaircissements de la riche collection d'ossements fossiles que notre compatriote, le malheureux Bravard, ens'jvfli sous les ruines de Mendoza, a formée sur ce même terrain pampéen, et qui se perd entre des mains étrangères. c( Le petit nombre d'observations météorologiques pré- cises que j'ai trouvées sur celte partie de l'Amérique mé- ridionale, et celles que j'ai pu vérifier, tendent à établir (i'ie le climat du littoral est égal, constant, tempéré, hu- mide en hiver et sous l'influence des vents chauds du nord ; que les vents du sud, qui sont prédominants et plus froids, sont aussi les plus secs. Ces faits paraissent diamétralement opposés à ceux qu'on semble générale- ment observer dans la zone symétrique de notre hémi- sphère. En pénétrant dans l'intérieur, le climat devient moins égal, inconstant, plus extrême, continental en un mot; les pluies diminuent à mesure qu'on pénètre sous SOCIÉTÉS SAVANTES. 19 les 31% 30^ et 29* degrés de latitude sud, mais moiiH (jne dans notre hémisphère et à une plus grande distance de l'équateur; et, autre circonstance particulière, elles ne tombent jamais en hiver, de mai en septembre! Dans la zone tropicale du Paraguay les pluies ne sont plus ex- clusives. « Dans ces contrées du nouveau monde, la flore et la faune se lient nettement à la nature du sol et i\ la diver- sité des climats. L;^s rè{;ions basses du littoral forment dos plaines nues, sans arbres, mais couvertes d'épais pâtu- rages ; la culture y est à peu près nulle; les parties plus élevées de l'intérieur fournissent une végétation pins puissante, des forêts presque impénétrables doù l'indus- trie et la construction navale peuvent tirer des bois incor- ruptibles. Au Paraguay seulement on défriche quelques parcelles de terre, pour y cultiver le maiV, le tabac, le manioc et la canne à sucre. Mais la population de ces pays est beaucoup trop peu dense pour qu'une industrie autre que celle de l'élève du bétail puisse y prospérer. Un petit troupeau de neuf animaux de l'espèce bovine, trans- porté dans la Plata en looo, s'est multiplié dans une pro- portion telle, qu'il est représenté aujourd'hui par 15 mil- lions d'animaux! La nature a tout fait, à peu près, dans cette [)rospérité. Le bétail vit en [)leine liberté dans des pâturages naturels, arrosés ou voisins d'un cours d'eau, ouverts de tous côtés, n'ayant d'autre habitation (ju'une cabane ou deux pour les gardiens et s'étendant à 2 ou plusieurs lieues ; c'est ce qu'on appelle une estancia ou estance. On estime qu'une propriété de 1 lieue nour- rit 1,000 animaux, mais celle (le 2 lieues en peut en- tretenir 3, OUO, et celle de 3 lieues de 6,000 à 7,00(5; il y en a de 10, de 20 et même de 30 lieues, et plus encore. (( Cette race bovine est de j)etite taille, surtout dans rintério'.ir, au Paraguay et dans les pampas; elle est plus robuste sur le littoral, et notamment dans la républii|ue 20 RKV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Janvier 1864.) de l'Uruguay ; elle est vive, agile et court très-bien. Les troupeaux s'y multiplient avec une telle rapidité, que tous les trois ans ils se trouvent doublés, et cela sans soins aucuns. On les châtre, on les marque, el, à l'âge de trois à quatre ans, on les livre aux abattoirs. Les animaux ne sont sujets ni an cowpox, ni à aucune espèce de maladie épidémique. (( Le mouton d'Espagne, introduit dans la Plata en même temps que l'espèce bovine, a été plus néf^ligé en- core, comme n'ayant que sa peau pour toute valeur; il est de petite taille ; sa laine est frisée, courte et grosse, mais élastique et assez propre. Les troupeaux de moutons vivent également en plein air, et, malgré des pertes con- sidérables, ils se doublent tous les deux ans. Ils sont par- qués dans certains districts des grandes estances, ou bien on crée pour eux des estances particulières qui sont ordi- nairement de 1 lieue. Sur cette étendue on élève de 8,000 à 10,000 moutons. Des croisements se font aujour- d'hui avec le mérinos de Saxe et avec le mérinos fran- çais, notre rambouillet. Le métis de ce dernier paraît l'emporter déjà par la qualité et la quantité de sa laine. « Le cheval, également d'origine espagnole, est l'auxi- liaire indispensable du personnel des estances ; il est assez petit; sa tête est un peu forte, ses membres sont fins, les sabots tendres, le corps est assez court; il est vif et plein d'ardeur, quoique doux et obéissant. Les poulains sont châtrés vers l'âge de quatorze ou quinze mois et marqués; ils sont domptés à trois ans. « On élève aussi dans les estances des mules qui sont exportées surtout au Brésil, à Bourbon et au Cap. » M. le secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces im- primées de la correspondance, la O*' livraison de l'ouvrage publié par M. Alb. Gaudry, sous le titre de : « Animaux fossiles et géologie de l'Altique, d'après les recherches faites en 1855-1856, et en 1860, sous les auspices de l'A- cadémie des sciences.» SOCIÉTÉS SAVANTES. 21 Et un opuscule de M. Eiig. Robert, ayant pour litre : « Age présumable des monuments celtiques, établi d'a- près des monuments de même nature dont il est [)rinci- palement fait mention dans la Bible...» M. Guérin-Méneville adresse la lettre et les pièces sui- vantes : Monsieur le président, l'illustre M. de Gasparin, en me chargemt de la rédaction de la partie de son Cours d'agri- culture qui devait comprendre l'histoire des animaux utiles et nuisibles, me semble avoir marqué ma place, [)Our un avenir plus ou moins prochain, dans la section d'écono- mie rurale. Je crois donc obéir aux intentions de ce grand agronome en continuant d'offrir le concours de mes tra- vaux zoologiques de quarante ans, travaux reconnus utiles à l'agriculture, qui tend de plus en plus à demander à toutes les branches des sciences des lumières indispen- sables à ses progrès. Je présente, à l'appui de ma demande, un autographe de M. de Gasparin (1) donnant la [)reuve de ce que j'a- vance, et j'ai l'honneur de vous adresser une courte notice rappelant les nombreux titres qui m'ont valu l'honneur de (1) En marge du plan du 5° volume du Cours d'agriculture àe iM. deGa&pariD,plau qu'il m'avait prié de rcdigcr et de lui sounicttre- ce savant illustre, voulant se réserver de traiter la branche qu'il a ap, pelée Zootechnie, éducation des animaux domestiques [p. 15 de son introduction, t. I" du cours"), a écrit : « II faudrait borner l'ouvrage aux animaux nuisibles à l'agriculture « Une autre division de mou plan, la Zootechnie, comprend les aui- « maux utiles et leur éducation. Il y aurait peut être un autre titre à « choisir que celui de Zonlogie, pour n'embrasser que les animaux « qui (ont la guerre i l'agriculture. » C'est cet autographe que j'ai produit comme preuve du choix que M. de Gasparin avait fuit de moi pour être son colloborateur. Cet im- posant témoignage, joint à mes nombreux travaux, ( st considéré au- jourd'hui, par l'opinion pnblique, comme devant m'ouvrir les portes de l'Académie, soit dans la section de zoologie, soit dans la seilio" d'économie rurale. 22 UEV, ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Jalicier 1864.) figurer, à plusieurs reprises, sur les listes do candidature de l'Académie. J'ai l'honneur, etc. ji Messieurs les Membres de V Académie des sciences de V Institut impérial de France. Monsieur, J'ai l'honneiir de vous rappeler que, le 9 février 1863. 'ai adressé à M. le prétiident de l'Académie des sciences la lettre suivante : « Mes travaux de zooio(;ie appliquée à l'agriculture m'ayant déjà valu l'honneur de figurer, à plusieurs reprises, sur les listes de candidature dans la section d'économie rurale, je pense (juo ceux que j'ai faits depuis ne peuvent qu'avoir augmenté mes litres à cette haute faveur. En conséquence, j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien renvoyer ma demande à la section d'économie rurale. » Comme vous prenez très-sérieusement les intérêts de i'ilhislre compagnie à laquelle vous appartenez, je suis certain que vous saurez dérober cjuelques instants à vos importantes occupations, pour étudier l'exposé sommaire des titres que je fais valoir et vous fixer sur le choix à faire dans cette grave circonstance. J'aurais voulu avoir le temps d'être plus court, mais j'espère que vous excuserez l'étendue de cette lettre en considération de l'importance du sujet qu'elle traite. En effet, il ne s'agit pas seulement de mon individua- lité dans cette circonstance, mais, avant tout, des intérêts de l'agriiculture et de l'Académie des sciences. En me présentant pour la cinquième fois à vos suf- frages, en ambitionnant l'honneur insigne d'occuper le fauteuil laissé vacant par l'illustre M. de Gasparin, je sais bien que personne ne pourra jamais remplacer un tel sa- vant. Si j'ose donc vous demander de concourir aux SOCIÉTIÎS SAVANTES. 23 services que rAcadémic des sciences rend à raf^ricuUure, en mettant à sa disposition mes quarante ans de travaux de zoolocjic appliquée à l'économie rurale, c'est que j'y ai été, en quelque sorte, invité parM. de Gasparin lui-même, qui a marqué ainsi ma place parmi les a{]ronomes. En eiïet, c'est à ceg^rand agriculteur, qui l'ut à la fois mon confrère et mon maître, et qui m'honorait aussi de son amitié, c'est à ses bienveillants conseils que je dois d'a- voir dirigé mes travaux zoolo|;iques vers les applications agricoles, et plus sfjécialement sur ces innombrables ani- maux inférieurs (|ui jouent un si grand rôle dans l'écono- mie rurale. 11 voulait faire entrer ces travaux dans son Cours d\i(jvicuUure (1) dont les volumes parus resteront comme un monument impérissable et un titre de gloire pour l'Académie, et, si vos suffrages m'étaient favorables, je serais mieux à même de reni[)lir un pieux devoir en pu- bliant les nombreux matériaux que j'ai réunis à cet effet. Je pourrais ainsi rendre k la mémoire de ce grand agro- nome l'hommage le plus juste et le plus mérité. Dans cette circonstance, l'Académie n'a pas à choisir le plus capable parmi plusieurs savants s'orcupant de la même science; elle a seulement à déterminer si la section d'économie rurale a actuellement besoin d'un chimiste, d'un botaniste, d'un zoologiste, etc. Aujourd'hui donc, les savants qui ne seront pas élus ne pourront être blessés de la préférence qui aura été donnée à l'un des concur- rents, car ils seront égaux, au point de vue scientifique, dans les diverses branches des sciences appliquées qu'ils représentent. Les vaincus pourront donc féliciter le vain- queur cordialement et sans arrière-pensée, puisque cclui- ^1) Voir le l. I", p. 28 dfi son Cours d'agriculture. La preuve de ce désir est (^crite, de la main de M. de Caspariu, sur le manuscrit du titre et du plaa du 5« volume de son cours, aulo^'ra- phe precicuv que j'ai mis sous les yeux de la section d'Otononiie ru- rale avec beaucoup d'autres documents (pii ne peuvent entrer dans cette lettre, déjà trop longue. 24 REv. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Janvier 1864.) ci n'aura été appelé que parce que sa spécialité aura été jugée plus immédiatement utile, en ce moment, à la section d'économie rurale. Des personnes qui connaissent mal la constitution de l'Académie prétendent bien que cette compagnie, possé- dant des représentants de toutes les sciences qui s'appli- quent à l'agriculture, n'a pas besoin que la chimie, la bo- tanique, la zoologie, etc., soient encore représentées dans la section d'économie rurale; mais il est impossible d'ad- mettre une semblable théorie, car ce serait déclarer que cette section est complètement inutile. Pour tous les agriculteurs sérieux , la section d'écono- mie rurale est considérée comme la personnification d'un traité scientifique et pratique complet ; c'est, pour ainsi dire, le cours de M. de Gasparin en six volumes. En effet, la chimie agricole y est représentée par trois savants illustres, dont l'un, s'occupant, comme M. de Gas- parin, d'expériences scientifiques faites dans la grande culture, est en même temps un grand propriétaire diri- geant son exploitation. L'étude des végétaux utiles est re- présentée par un botaniste non moins illustre, et l'art vé- térinaire, la zootechnie, la physiologie des animaux do- mestiques par un éminent médecin. La zoologie agri- cole proprement dite, ce cinquième volume que M. de Gasparin m'avait chargé de faire, en m'appelant ainsi à l'honneur d'être son collaborateur dans ce monument de science agricole, manque à la section depuis qu'elle a perdu Audouin. Tous les agriculteurs de progrès pensent, avec moi, que l'histoire naturelle des animaux utiles et nuisibles à l'agri- culture est une étude de première nécessité dans la théo- rie et la pratique agricoles, et l'Académie s'est montrée de cet avis en plaçant Audouin dans sa section d'économie rurale. Ce choix, qui est un puissant précédenten ma faveur, est encore corroboré par l'opinion du doyen des entomo- logistes de l'Académie, par l'illustre M. Léon Dufour, qui SOCIÉTÉS SAVANTES. 25 engageait son savant confrère et ami Duméril à appuyer ma candidature, il y a dix-sept ans (11. A cette époque , mes travaux étaient approuvés par l'Académie et m'avaient déjà donné des titres sérieux à sa bienveillance. Ces titres se sont considérablement aug- mentés depuis, car je n'ai cessé de travailler dans cette utile direction, approuvée universellement par l'opinion publique. Je ne vous donnerai pas ici une analyse des nombreux travaux originaux que j'ai publiés sur la zoologie pure et appliquée, car cette énumération adéjà été mise plusieurs fois sous vos yeux ; je me bornerai donc au son)maire sui- vant qui résume ma longue carrière scientifique et pra- tique de zoologiste. Quarante ans de travaux, de services scientifiques : j'ai (1) Voici l'opiDion de M. Léon Dufour sur les applications de Tcn- lomologie à l'agriculture. Ce passagp est extrait d'une lettre adres- sée par ce savant, le 2:5 février 18i7, à son ami M. Duméril, qui a bien voulu eu donner connaissance à l'Académie ( i\ Tous les natu- ralistes savent que M. Léon Dufour est regardé par l'Institut et le Muséum comme uu savant éminent, et tellement éminent que la sec- tion de zoologie et d'anatomie ainsi que le Muséîira lui ont offert, à deux reprises, de le nommer à l'Institut et au Muséum (après la mort de Latreille et ensuite d'Audouin , s'il voulait venir habiter Paris. « Depuis Audouin, si prématurément enlevé, ieutomologie agri- cole n'a point siégé à l'Académie. Il serait bon, il serait utile qu'un homme versé dans la ciassilication des insectes, habitué à étudier les mœurs de ces animaux, à les poursuivre dans les diverses phases de leur existence, dans leur triple vie, vînt apporter à l'agriculture le tribut d'une semblable solidité d'instruction. Mieux que tout autre vous savez, mon ami, combien les larves sont plus souvent nuisibles aux champs et aux forêts que les insectes parfaits dont elles ne sont que le premier Age. L'entomologie, considérée sous ce point de vue, devient une science applicable aux intérêts matériels de la société; elle a rendu et elle rendra de grands services à l'agriculture. (1) M. Léon Dufour a »fcnt dans le même sens à son célèbre ami M. Lalleniaiid. 26 PiEV. ET MAfr. DE ZOOLOGIE. [Janvier 180'*.) publié mon premier mémoire en 1823 à l'â^e de vingt- trois ans. Admis quatre fois comme candidat à l'Académie des sciences en 18i1, 1844, 1847 et 1852. Autorisé, sur la demande de la faculté des sciences et par décision ministérielle du 21 février 18o5, à passer ma thèse du doctorat es sciences sans justifier des grades an- térieurs, en considération de l'importance incontestable et du nombre de mes travaux. Douze missions scientifiques et agricoles données par les ministères de l'agriculture et de la guerre, par l'Aca- démie des sciences, la Société centrale d'agriculture, etc., de 1845 à 1851 et de 1859 et 1863 (l). « M. Giicriu-Méncvillc, dès longtemps conuu par de uombreuses, d'importantes publiralions sur les insectes, et récemment par des re- cherches spéciales et bien comprises sur ceux qui sont nuisibles aux céréales et aux arbres utiles, me semble l'homme appelé à bien re- présenter dans la section d'économie rurale l'entomologie agricole. C'est à vous, doyen des entomologistes français, qu'il apparlii'nt de donner à cette élection une convenable et utile direction. Je vous serai reconnaissant de ce que vous ffrez en faveur de M. Gui'rin-Mé- ueville, et je crois sincèrement que ce sera agir dans l'intérêt de la science.» Léon Dufour. (t) Parmi les résultats pratiques obtenus à la suitede mes travaux, j'en citerai un seul qui montre ce que l'agriculture peut attendre des études zoologiques bien dirigées. Ce fait est exposé dans la lettre sui- vante dont j'ai mis l'original sous lesyeux de la secliou : « Un des plus habiles agronomes praticiens des Bouches-di: -Rhône, M. Masson.de Calissane, propriétaire, au bas de la vallée de l'Arc, d'un beau domaine de 750 hectares renfermant 300 hectares eu vergers d'o- liviers et d'amandiers, avait sa récolte de 1850 envahie par le Ver destructeur. Suivaut l'avis judicieux que vous avez fait publier, il a devancé de plus d'un mois l'époque di' la récolte, et il a recueilli une proportion de produit plus forte que ses voisins. L'huile de .M . Mas- son était incomparablement meilleure que celle du reste de la con- trée. Ainsi, en se conformant à vos préci'ptes, il a obtenu la double supériorité de la qualité et de la quantité dans l'huile récoltée. « Je faisdes vœux pour que ce fait reçoive la plus grande publicité. SOCIÉTÉS SAVANTES. 27 Publication d'un nombre considérable de grands ou- vrages tels que voyages scientifiques rédigés gratuile- ment pour le gouvernement, traités et surtout mémoires ex professo, formant un total de 320 ouvrages (plus de 4,000 pages et 800 planches), nombre dépassant considéra- blement celui des œuvres des zoologistes les plus célèbres de nos jours [Biblïogr. de Hagen, t. I, page 309 à 323). Membre de près de cent académies et sociétés savantes et agricoles de France et de l'étranger. Tous ces travaux di^ science pure et appli(piée, couioii- nés par la création d'une nouvelle branche d'agriculture (analogue à l'introduction de la pomme de terre, de la ga- rance, delà pisciculture), par l'introduction, danslagrande culture, en France et à l'étranger, de nouveaux Vers à soie, regardée par l'Empereur lui-même comme pouvant devenir tine source de richesse pour la France et l'Algérie. [Moniteur du 24 mars 1859 (1;). C.Qiie introduction aété honorée parplusdequarante mé- daillos décernées par lesjuiysdcs expositions universelles de Londres et de Paris, par la Société d'encouragement, la Société d'acclimatation et par de nombreuses sociétés scientifi ;ues et agricoles de tous les pays. Elle est l'objet et que l'exemple de M. Massouaitde nombreux imitateurs; ce sera uu moypn d'atténuer un fléau qui, de deux en deux ans, ddruil ordinai- rement la moitié du fruit des oliviers, et détériore complètement les produits obtenus dans cette périodique invasion entoniologique. " Signé comte "df VrLi.ENKUVE, <( ingénieur des mines, inspecteur général d'agriculture. « Aix, 17 septembre 1851. » il) La grande presse a dit à ce sujet : Une telle conquête due à la science est un de ces grands faits montrant que ("histoire naturelle conduit aussi à des applications utiles. He tels faits contribuent puissamment à la gloire de la science et du siècle qui les voit se réaliser, cl ils doivent compter comme une halaille gagnée, dans les états de services d'un savant. 28 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. { Janvier 18G^.] de la sollicitude universelle, surtout aujourd'hui, en pré- sence de la pénurie du coton, et elle m'a valu les félicita- tions de la reine d'Angleterre et du président de la ré- publique du Paraguay, et les décorations de chevalier de l'ordre brésilien de la Rose et d'officier de l'ordre hol- landais de la Couronne de chêne. Je désire que mes quarante ans de services scientifi- ques et mon zèle soutenu pour les véritables progrès de la science pure et appliquée (1) me gagnent vos sympathies, et, dans tous les cas, j'ai l'espoir d'être entendu en faisant appel à votre dévouement aux intérêts de la section à la- quelle j'offre mes services, à votre loyauté et à votre jus- tice. Veuillez agréer l'assurance de mes sentiments de res- pectueuse et très-haute considération. G UÉRIN - Méneville . Paris, le 15 janvier 1864. P. S. Qu'il me soit permis de citer ici deux des rap- ports qui ont été faits à l'Académie sur mes travaux, parce qu'ils ont plus particulièrement irait à l'économie rurale. 1842. Rapport sur un mémoire de MM. Guérin-Méne- viLLE et Perbottkt relatif aux ravages que font, dans les caféieries des Antilles, une race d'insectes lépidop- tères et une espèce de champignon. (Commissaires, MM. Milne-Edwards, de Gasparin, DuMÉRiL, rupporteur.) « Conclusions. — Nous pensons, en effet, qu'il en doit être (1) BoRY DE Saint-Vincent, daus une lecture faite à l'Académie et insérée au Moniteur du 1 1 juin 1815, disait de mes travaux : « Tous les ouvrages qui lui sonl propres ont évidemment été composés dans l'unique but d'être utile aux progrès de la jcience. H négligea de courir après les places et n'en a d''aucune sorte. » BoRY DE Saint-Vincent, de l'Institut. SOCIÉTÉS SAVANTES. 29 delà pathologie des végétaux comme de celle des ani- maux. Lorsqu'on a pu reconnaître l'origine ou la véritable cause d'un mal qui est constamment le même, dont on a ob- servé la marche, les effets et la terminaison, s'il n'est [)as tou- jours au pouvoir de l'homme de le guérir, on peut an moins, dans quelques cas, en arrêter les progrés et sou- vent employer avec succès une médecine préseivative. (( Nous croyons (|ue les observations de MM. (iuérin et Perrottet méritent quelque intérêt de la part de l'Aca- démie, et nous vous proposerions de les Caire publier avec les dessins qui sont déjà gravés, si ces messieurs ne nous avaient fait connaître l'intention où ils étaient de les déposer dans un recueil spécial.» 1851. Rapports sur deux mémoires de M. Guérin-Mûne- viLLE, l'un sur la muscardine, l'autre sur les vers ron- geurs des olives. (Commissaires, MM. Payen, Serres, Geoffroy-Saint- HiLAiRE, DuMÉRiL, rapporteur.) « Conclusions : Voilà donc trois sujets de recherches à faire pour l'avancement de la science, de l'agriculture et de l'industrie, mais elles ne peuventêtre fructueusement entre- prises que par un naturaliste, observateur patient et dessi- nateur habile. Il a paru à la commission chargée de vous présenter un rapport sur le mémoire précédent que les mêmes conclusions pourraient vous être présentées pour vous demander, comme nous avons l'honneur de le faire, que M. Guérin-Méneville soit chargé de cette importante mission, qu'il pourrait remplir en même temps que la pre- mière, puisque ces études peuvent avoir lieu dans les mêmes contrées. » 30 REV. ET MAC. DK ZOOLOGIE. [Janvier 1864.) III. ANALYSES 1> OUVRAGES NOUVEAUX. Journal de Conchyliologie, etc., par MM. Crosse et Fischer, t. IV, n" 1, 18G4. Nous avons déjà plusieurs fois annoncé l'apparition des livraisons de cet utile journal, et nous avons applaudi au zèle de ses auteurs et à leur dévouement aux intérêts de cette branche de la zoolo[;ie. Aujourd'hui nous recevons la première livraison de 1864, et nous consiaions, avec une {grande satisfaction, qu'elle n'est pas moins riche en excellents travaux et en bonnes figures que celles qui l'ont précédée. iNous y avons remarqué, entre autres bonnes choses, des observations de M. Fischer sur la rapidité de l'ac- croissement des moules, et des descriptions et figures de mollusques nudibranches de la Nouvelle-Hollande, que nous reproduirons par extrait dans un de nos prochains numéros. G. M. Les Lépidoptères du Calvados, manuel descriptif contenant des tableaux dichotomiques de toutes les divisions, la synonymie d'engramelles et des remarques sur les es- pèces nuisibles, par M, A. Fauvel. 1"^^ partie, Diurne et crépusculaires. Le titre seul de cet ouvrage suffirait pour en faire com- prendre le plan et l'importance. Toutes les espèces y se- ront décrites d'une manière claire, précise et abrégée, au moyen de tableaux habilement combinés par l'auteur et de notes indiquant les caractères saillants des groupes et des espèces, les végétaux sur lesquels vivent les che- nilles, l'époque d'apparition des insectes parfaits, etc. MELANGES ET NOUVELLES, 31 Espérons que ]M, Fauvel pourra continuer cet utile tra- vail en traitant de la même manière les autres familles des Lépidoptères. 11 rendra ainsi un véritable service aux personnes qui consacrent leurs] loisirs à l'étude, si at- trayante, d'un groupe intéressant de ces innombrables insectes dont l'histoire est pleine de faits aussi curieux qu'utiles à connaître. G. M. IV. MÉLAAGES ET XOllVELLES. ACCLIMATATION. Les grands froids sont favorables à l'acclimatation des animaux des pays chauds. Ce fait, qui semblerait, au premier ahord, tout à fait anormal, ressort d'un article inséré au Moniteur universel (du 19 janvier 18G4) et que voici « Monsieur le directeur, « L'annonce que la température froide de ces jours der- niers avait occasionné des pertes regrettables au Jardin d'acclimatation, faite par plusieurs journaux et répétée dans le Moniteur du 17 courant, résulte de renseigne- ments inexacts. C'est le contraire de ce qui a été constaté, ainsi que le dit le Sport du 13 janvier. Grâce à des soins qui ne dépassent pas ceux qui sont donnés aux ani- maux domestiques de quelque valeur, les animaux, même des contrées les plus chaudes, ont, au Jardin d'ac- climatation, très-bien supporté cet hiver rigoureux. « Je vousserais reconnaissant si vous vouliez bien rec- tifier cette erreur qui pourrait décourager les personnes disposées à se livrer à des tentatives d'acclimatation. « Agréez, monsieur, l'expression de mes sentiments les plus distingués. » Le directeur, Rlf5 de Lavison. Il est fâcheux que les utia [Capromys Furnieri] mammi- 32 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Janvier 1804.) fères de Cuba qui remplacent le Lièvre et le Lapin dans ces pays, et dont M Simoni a généreusement fait don à la Société d'acclimatation, soient arrivés au milieu de l'été. S'ils avaient pu profiter des grands froids, ils ne se- raient peut-être pas tous morts, et les sérieuses dépenses que M. Simoni a faites pour les amener vivants et en bonne santé en France, en les soignant lui-même pendant le voyage, auraient mieux profité à l'acclimatation. M. CoiNDE, naturaliste-voyageur, qui a longtemps sé- journé dans l'Algérie et le;Maroc foù il a recueilli beau- coup de Mollusques et d'Insectes, peut procurer des col- lections de ces deux ordres d'animaux à des prix très - modérés; il offre aussi aux naturalistes de leur procurer des sujets indigènes et exotiques en très-bon état de con- servation. Lui écrire (franco) à Marseille, boulevard Chave, n» 63. TABLE DES MATIERES. Marcdand. Catalogue des Oiseaux observés dans le département d'Eure-et-Loir. 3 CoiNDE. Oiseaux insectivores. 5 De Chaudoir. Dromica, Tricondyla et Collyris. 7 Sociétés savantes. 11 Analyses. 30 Mélanges et nouvelles. 31 PARIS. — IMP. DE M"" V' BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5. VINGT-SEPTIEME ANNÉE. — FÉVRIEIL 1864. I. TRAVAUX IIVÉDITS. Catalogue des Oiseaux observés dans le département d'Eure-et-Loir, par W. Armand Marchand. ('5u/fe. — Voir 1863, et 186i, p. 3.) 70. Hirondelle de rivage [Eirundo riparia). Quelques individus isolés traversent nos plaines dans le courant de septembre; ce sont évidemment des oiseaux égarés. 71. Martinet noir {Cypselus apus). Arrive vers le 20 mai et repart à la fin d'août. Niche en grand nombre dans les vieux édifices. 72. Engoulevent ouD)îfxmE [C a primulgnseuropœus). Commun l'été , particulièrement dans les bruyères plantées de bouleaux. Niche à terre ; il arrive au prin- temps et repari à l'automne. 73. Gobe-mouche gbis {Muscicapa griseola). Niche sur les branches moyennes des arbres fruitiers, souvent dans les espaliers; il arrive au printemps et dis- paraît à l'automne. 74. GoBE-MOUCHE NOIR [3Iuscicapa luctuosa). Commun lors de ses deux passages au printemps et j l'automne. Ne niche pas dans notre département. 75. GoBE-MOUCHE A COLLIER [Muscicapa albicollis). Très-rare à son double passage, j'ai des œufs qui oui été trouvés autour de Chartreg. 2* SERIE. T. XVI. Anuee 1861. 3 34. REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Février 1864.) 76. PiE-GBiÈCHE GRISE [Lanius excuhitor). On la rencontre surtout l'hiver et isolément. Elle fré- quente particulièrement les arbres le long des routes. Elle niche quelquefois. 77. PiE-GRiÈCHE d'Italie [Lanius minor). Niche communément, dans notre pays, vers le sommet des sapins, peupliers et autres grands arbres. Elle ne reste pas l'hiver. On l'a confondue longtemps avec la pré- cédente. Le mâle et la femelle font grand bruit quand on prend leur nid. Il n'en est pas de même de la Pie-grièche grise. 78. Pie-grièche rousse (Lanius riifus). Commune pendant l'été, niche particulièrement sur les arbres fruitiers. 79. Pie-grièche écorcheur [Lanius collurio). Fait son nid dans les buissons à 1 ou 2 mètres de terre. Elle nous quitte après avoir élevé ses petits. Elle a la singulière habitude de piquer à des épines les insectes qu'elle ne peut consommer, dans l'intention probable de les retrouver au besoin. 80. Alouette des champs (Alauda arvensis). Elle arrive au commencement d'octobre; c'est à cette époque, jusqu'à la fin de novembre, que les habitants de nos campagnes en prennent le plus pendant les nuits les plus obscures. Ils se servent d'un filet qu'on nomme traîneau. J'en ai vu, chez un marchand de gibier, jusqu'à deux cents douzaines. Cette année (1863), vers le 15 novembre, ce même marchand m'a dit en avoir reçu deux cent soixante-quinze douzaines en un seul jour. Pendant les grands froids, ces oiseaux se réunissent en très-grandes bandes. Beaucoup nichent dans le pays. J'ai remarqué que celles TRAVAUX INÉDITS. 35 qui restent l'été sont d'une taille plus forte que les voya- geuses. Il y a des variétés blanches, noires, blondes, d'autres tapirées de blanc. Les blondes sont les plus communes. 81. Alouette cochevis {Alauda crislata). Elle reste toute l'année, et vit ordinairement par paire, près des habitations, à proximité des routes sur lesquelles on la voit piétiner continuellement; elle perche quelque- fois sur les arbres, surtout au printemps. 82. Alouette lulu [Alauda arborea). On la trouve l'hiver en petites troupes de quinze ou vingt, dans les terrains arides. Une fois qu'elle a choisi une contrée, elle ne la quitte plus jusqu'à son départ qui a lieu dès les premiers beaux jours. 83. Alouette calandrelle [Alauda brachydaciyla]. De passage irrégulier. Il en niche quelques paires dans les terrains secs et arides. On la distingue facilement à la vivacité de sa course sur les guérets qu'elle fréquente, le plus ordinairement, dans les premiers jours de l'automne. 84. PiPiT ROUSSEL iJiE{Atithus rufescens). Niche quelquefois, mais très-rarement. 85. PiPiT FARLOUSE [Authus pmtensis). De passage assez régulier au printemps. Il niche à terre dans les prairies. 86. PiPiT DES ARBRES [Anthus ai-boreus). Commun dans toutes les saisons. Il fréquente les terrains couverts de bruyères , dans lesquels il niche souvent. 87. PipiT RoussELiNE [Anihus spinoletla). Je n'ai jamais rcnconiré que des jeunes lors de leur passage à l'automne. 36 REV. KT MAC. DE zooi-OGiE. {Février 1864.) 88. Bergeronnette grise [Motacilla alba). ïrès-commune en toutes saisons. Elle voyage par petites bandes, dans le mois d'octobre ; elle fréquente alors les parcs de moutons. J'ai trouvé un nid de cet oiseau dans une meule de paille, au milieu d'une cour de ferme. 89. Bergeronnette Yarrel [Motacilla Yarrellii). Passe en septembre et octobre presque toujours en com- pagnie de la précédente, et fréquente les mêmes lieux. Elle ne se reproduit pas dans notre pays. 90. Bergeronnette boarule [Motacilla boarula). Se voit l'hiver presque toujours isolément. Elle vient jusque dans les rues des villes et fréquente les éviers. J'ai une variété blanche. 91. BERGERONNKrrE PRiNTANiÈRE [MotacUla flava). Elle arrive au printemps et niche dans les prairies à erre. 92. Bergeronnette de Ray [Motacilla Rayi). Au printemps de 1839, pendant quatre ou cinq jours, j'ai tiré plusieurs de ces oiseaux, je n'en ai jamais revu depuis. 93. Loriot jaune [Oriolus galbulus). Il arrive au mois de mai et repart à la fin d'août. J'ai vu plusieurs fois des Loriots se baigner à la manière des Hirondelles. Ils choisissent une branche, de laquelle ils se précipitent à la surface de l'eau, y entrent assez pour s'en couvrir entièrement et en ressortent en secouant les ailes. Ils retournent alors sur leur branche et recom- mencent ce manège à plusieurs reprises, si rien ne les dérange. [La suite prochainement.) TRAVAUX INÉDITS. 37 Note sur les genres Dromica, Tricondyla et Collvris, par M. DE Chaudoir. — [Suite, voir p. 7.) 4. Dromica sculpturata. Long. , 20 mill. Femelle. Oblonga , nigro-aenea, antennis brevioribus, extrorsum minus incrassatis ; labro, mandibulis bas! palpisque flavis, illisapicenigris; prothoracerugoso-plicato,dorsoutrinqne elevato; elytrisconfertimpunctatis, reticulatis, dorso sub- planis, quinque-costatis, coslis duabus dorsalibus pone modium desinentibus, interiore et duabus exterioribus ante apicem connexis, linea apicali albida ; geniculis ti- biisque basi (fere ad apicem) testaceis. Boheman, Ins. Cafrar.,1, p. 17, n" 20. Habite l'intérieur de la Cafrerie. 5. Dr. QUADRicoLLis. — Long., 17-21 mill., Les deux sexes. — Le labre du mâle est comme celui de la bis-hica- rinala ; celui de la femelle est rembruni sur les côtés dans l'individu que j'ai sous les yeux. Elle diffère de cette es- pèce par les taches de la tête, les bords latéraux du cor- selet et une bande médiane sur celui-ci d'une couleur bronzée métallique brillante, ainsi que par la teinte bron- zée plus claire des. élytres. Le corselet est sensiblement plus large, surtout dans la femelle, où il est presque trans- versal ; ses côtés sont très-parallèles, et forment en se bri- sant, avant les angles postérieurs, un angle suboblus bien marqué, légèrement arrondi au sommet; le dessus est moins fortement réticulé, les bords latéraux un peu plus déprimés et plus relevés. Les élytres sont, dans le mâle, un peu plus étroites et un peu plus parallèles, avec les épaules plus marquées, l'épine terminale intermédiaire entre celle de la précédente et de la gignntea; dans la femelle, elles ne diffèrent de celles de la précédente, même sexe, que par la rondeurde l'extrémité, qui n'offre point de sinuosité sur les côtés, ce qui leur donne un aspect plus raccourci, et par le hiatus assez grand formé par la divergence de la suture, en sorte que chaque élytre paraît arrondie isole- 38 KEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Février 1864.) ment avec l'angle suturai subobtus; les côtes, élevées, sont disposées comme dans la précédente; cependant, dans l'un de mes deux mâles, la distance entre les côtes est presque uniforme; la tache marginale, placée de même, est un peu plus petite, et également plus étroite et plus al- longée dans la femelle; troisième et quatrième articles des antennes d'un vert brillant, ainsi que le devant des cuisses, genoux et jambes antérieures comme dans la claîhratn. L'un de mes deux individus mâles vient du pays des Zoulous, l'autre de Natal ; la femelle, qui appartient au comte Mniszech, lui a été donnée, par le comte de Cas- lelnau. comme prise au cap de Bonne-Espérance. 6. Dr. octocostaïa. Long., 16-18 mill. — Deux fe- melles. Tête et corselet presque comme dans la tubercu- lata. Labre noir (dans la femelle), avec une bande mé- diane blanchâtre comme dans la gigantea ; partie anté- térieure du tubercule frontal lisse ; angles postérieurs des côtés du corselet encore plus droits, légèrement arrondis au sommet, ce qui fait paraître la partie du corselet com- prise entre les impressions transversales plus large; bords latéraux plus déprimés et relevés; tubercule antérieur du dessus effacé, dessus plus rugueux. Contour des élytres presque semblable, dent de l'extrémité de la sutu re (femelle) petite et peu aiguë; sur chacune, quatre côtes longitudi- nales aiguës, régulières, et presque également distancées, effacées près de l'extrémité ; la quatrième encore assez éloignée du bord ; le dessus entre les côtes, ainsi que le long des bords, fortement ponctué et commealvéolé. Des- sus du corps d'un bronzé brillant, rembruni par places sur la tête et sur les parties élevées du corselet, d'un cui- vreux rougeâtre sur les élytres, avec une petite tache à l'épaule, et une plus grande ovale près du bord, un peu au delà du milieu, lisses, ainsi qu'une ligne assez allongée, médiocrement étroite, longeant le bord postérieur presque j'isqu'à la sutare, faibicinenî f»oi»ct',i'> r- d'un blanc un peu TRAVAUX INÉDITS. 39 jaunâtre. Antennes, dessous du corps et pattes colorés comme dans la précédente. Mes deux individus femelles proviennent de la baie de Lagoa, côte sud-est d'Afrique. Je neconnais point le mâle. 7. Dr. tuberculata. Long., IGmill. Mâle, Dejean, Spec, V, p. 270, 3. — K\ug,Jahrb., p. 39, 3. — GrilJith anim. Kingd. Insecta, I, pi. 29, fig. 6. — Dr. coarctata major. Fusco-aenea. Caput inter oculos lateribuslongitudinaliter, medio transversim arcuato-striatum. Labrum magnum, porrectum,fornicatum,flavum,fusco-marginatum,septem- dentatum (in fœmina quinquedentatum, nigrum, medio flavum) punctis quatuor ad marginem impressis. Mandi- bulae basi flavœ. Palpi flavi, articulis ullimis nigris. Tho- rax quadratus, dorso rugosus, quadrituberculatus, tuber- culis posticis elevatioribus, anticis fere obsoletis. Elytra punctis magnis impressis lineisque transversis elevalis sca- bra, apice acuminata, dorso tuberculata, tuberculis linea- ribus obliquis, ad marginem externum carinata, carina ad apicem subinlerrupta puncto medio laterali albo. Klug., 1. c. Je n'ajouterai rien aux descriptions des deux auteurs cités, j'observerai seulement, comme l'a déjà fait Bohe- man {Ins. Cafr., I, p. 19, observ.), que Klug a négligé de faire mention d'une ligne blanche très-mince, plus ou moins distincte, qui longe une partie du bord postérieur à quelque distance de l'extrémité: celle-ci est plus arrondie en dehorsde l'épine terminale que dans les deux suivantes. La Dr. tuberculata habite près du cap de Bonne-Espé- rance et au Natal. 8. Dr. carinulata. Long., 16 1/2-17 m. Tuherculatœ affinis, difiFert primo intuitu elytris ad latera trimaculatis, maculis majusculis, humcrali minore média majore, sub- obliqua, ovata, tertia longa, anterius dilataia, ad apicem producta, laevigatis, albis, subconvexis, carina exteriore longius a margine remota, internis quatuor suturœ niagis parallelis, acutioribus, lateribus minus rotundatis, dente npicali longiore et aculiore, fronio thoraceque fortins re- 40 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Février 1864.) ticiilatis, illo magis excavato. Chaudoir, Bull, de Mos- cou, 1861. Matériaux pour servir à l'élude des Cicind. et dea Carab.^ p. 38. Je ne connaissais alors que le mâle. La femelle a, comme celle de la tuberculata, le labre noir, avec une bande blan- che au milieu, des élytres bien plus élarçies au milieu, ova- les, faiblement dentées à l'extrémité. La tache humérale manque dans les deux femelles que j 'ai sous les yeux. Sa patrie est le Natal. 9. Dr. ACUMiNATA. Loug., 14-15 ni. Mâle. Encore très- voisine de la tuberculata, mais suffisamment différente par le milieu du front plus creux, le corselet plus long et plus étroit, avec les quatre angles de la partie comprise entre les impressions transversales plus obtus et plus arrondis, ce qui lui donne un aspect moins carré, le tubercule pos- térieur du disque plus élevé et plus lisse. Élytres plus ré- trécies vers l'extrémité, beaucoup moins arrondies près de l'épine terminale qui est bien plus longue, les lignes éle- vées et la suture très-élevée, l'extrémité de la côte exté- rieure plus repliée vers la suture; en dehors de celle-là on aperçoit postérieurement une petite ligne élevée parallèle au bord; les lignes du disque tantôt séparées, tantôt plus ou moins réunies. Couleur générale plus obscure, presque noire; taches latérales placées comme dans la tuberculata, celle postérieure plus marquée et plus longue. La forme du corselet et de l'extrémité des élytres diffère assez de celle de ces mêmes parties dans la tuberculata pour qu'on ne puisse hésiter à la considérer comme espèce dis- tincte. Elle habite le Natal, et j'en ai reçu deux individus par- faitement identiques. 2. Corselet plus ou moins cylindrique. a. Antennes dilatées et comprimées vers le milieu. (Myrmecoptera, Germar.) Je n'ai connaissance que de quatre espèces faisant par- TRAVAUX INIÎDITS. 41 tiède cette division remarquable par l'aplatissement et la dilatation des cinquième, sixièmo, septième et huitième articles des antennes qui sont très-allongèes. Je les ai onu- mérées dans mes Matériaux pour servir à l'étude des Ci- cindélètes et des Carabiques, 1861, p. 36 et 37. Ce sont : 10, Dr. {Myrmecoptera) egrecjiu, Gcriiiar, Mog. de zool. de Guérin, 1843, pi. 124, av. texte, du Fasogl.; — 11, Dr. (Myrmecoptera) lœna, Tatum.,Jnn. and Mag. of nat. hid., 2" sér., VIII, p. 51, d'Abyssinie; — 12, Dr. [Myrinecoptera] limbata, Bertoloni, Chaudoir, Matériaux, etc., p. 36, n°3. (Bull. Mosc, 1861.) 13. Dr. [Myrmecoptera) Jiertolonii, Thomson, Rcv. et Mag. de zool. y 1856, p. 482 du même pays. b. Antennes filiformes, minces. (CosMEMA, Boheman.) 14. Dr. citreoguttata. Long., 16 m. Les deux sexes. Un peu plus grande et plus robuste surtout que la seœmacu- lata, à laquelle elle ressemble par la disposition des ta- ches des élytres, qui sont beaucoup plus grandes et d'une couleur jaune-citron. La tête et le corselet diffèrent peu, sinon qu'ils sont un peu plus larges, que les côtés de celui- ci sont plus arrondis, et que le petit tubercule placé près des angles postérieurs est assez élevé; le dessus est plus rugueux et moins régulièrement strié en travers. Les ély- tres du mâle ont la largeur de celles de la femelle de la sexmaculata, et celles de la femelle sont sensiblement plus élargies vers le milieu et plus arrondies sur les côtés; les épaules sont plus carrées dans les deux sexes, et l'extré- mité est terminée en épine dans le mâle, en dent aiguë dans la femelle ; l'angle rentrant qui sépare les épines est plus ouvert, et celles-ci plus divergentes et plus relevées ; le dessus est plus convexe, ponctué à peu près de même ; la couleur du dessus et du dessous est la même, les taches. 4-2 REv. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Février 18G4.) comme nous l'avons dit, sont très-grandes et d'un jaune citron; la première, à l'épaule, estplus longue dans le mâle, la seconde est très-grande, ovale, un peu oblique, lisse et comme convexe; la troisième, tout aussi large que la se- conde, se rapproche plus du bord latéral et forme une pointe à l'extrémité des élytres, elle est, de même que l'humérale, plus lisse que le reste des élytres; la base des antennes et les cuisses sont plus métalliques et plus vertes. J'ai sous les yeux trois individus provenant du pays des Zoulous. 15. Dr. sexmaculata. Long., 14-15 m. Les deux sexes. « Vittatœ, Klug, habitu affinis, robustior, elytris adlatera Irimaculatis.Labro maris albicante,antice fererecte trun- cato, utrinque intra angulos exciso, fœminae latius nigro- marginato, niedio producto, acule tridentato, dente inter- medio longiore, fronte fortius et crebrc reticulato, inter oculos biimpresso, antice convexo, subtuberculato, oculis in utroque sexu magnis, valde prominentibus, capitepos- tice subangustato, thorace latitudine longiore, maris an- gustiore et minus ad latera rotundato, poslerius subangus- tato, antice pone marginem anteriorem profunde con- stricto, ante basin profunde transversim impresso, supra transverse rugato, medio longitudinaliter evidenter im- presso; elytris maris angustioribus, fœminae latioribus, medio magis ampliatis, lateribus magis rotundalis, hume- ris fere obsoletis, apice maris in dentem acutissimum sin- gulatim longius producto, fœminae dente obtusiore bre- vioreque; supra in mare modice convexis, in fœmina con- vexioribus, crebre punctatis, punctis antice grossioribus, interslitiisaculissimis. Nigro-subaenea, supra subtusquead latera cyaneo-virescens ; antennis brunneis, basi subcu- preo-virescente, pedibus nigro-subviolaceis, femoribusme- tallico-viridibus, geniculis rufescenlibus; maculis elytro- rnm humerali subapicalique angustis, elongatis, posterius altenuatis, média ovata, mediocri, sublaterali, albidis.Ha- SOCIÉTÉS SAVANTKS. 43 bitat in Africa australi ad Dela{]oabay, Chauduir. Ma- tériaux, I. c, p. 38. (Bull. Mosc, 1861.) {La suite prochainement.) II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences. Séance du \" février 1864. — M. Paul Gervais présente des remarques sur l'avcientictc de l'homme, tirées de l'obser- vation des cavernes à ossements du bas Languedoc. « En ce qui concerne notre pays, ce sont des explora- tions entreprises dans les cavernes du bas Languedoc qui ont conduit récemment quelques naturalistes à soutenir l'opinion, déjà proposée par d'autres auteurs, que l'homme a été, en Europe, le contemporain des grandes es()èces de Mammifères qui vivaient dans les premiers temps de la pé- riode quaternaire. « Les premiers documents recueillis à cet égard dans le midi de la France sont dus à M. Tournai, qui, dès 1827, signala l'association des ossements de l'homme avec ceux des animaux d'espèces éteintes, dans les cavernes de Bize près Narbonne (Aude). Deux ans après, M. Jules de Chris- tol publiait sa notice sur les ossements humains fossiles du Gard, d'après des recherches faites [)ar lui et par M. Emi- lien Dumas dans la caverne de Pondres. « Cuvier n'a pas ignoré les principaux faits signalés par MM. Tournai et Jules de Christol; mais il ne leur a pas re- connu assez de certitude pour le déterminer à changer d'o- pinion. Voici en quels termes il y a fait allusion dans la sixième édition de son Discours sur les réoolutioux dn fflohe, publiée en 1830 : « On a Init ;;iand bruit, il \ a queliiu.'s 44 uiiv. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Février 1864.) « mois, de certains fragments humains trouvés dans les ca- « vernes à ossements de nos provinces méridionales, mais « il suffit qu'ils aient été trouvés dans les cavernes pour ce qu'ils rentrent dans la règle. ))0r, la règle, telle queCu- vier l'avait posée, c'est qu'on ne rencontre pas d'os hu- mains dans les couches régulières, même dans celles qui renferment les Eléphants, les Rhinocéros, les grands Ours, les grands Félis et les Hyènes. La raison sur laquelle s'ap- puie Cuvier est sans doute que les eaux opèrent incessam- ment, dans lesol terreux des cavernes, des filtrationsou des remaniements, et que des objets peuvent y occuper des positions contiguës, bien qu'apportés à des dates très-dif- férentes. « Il cherche évidemment à prémunir les savants contre le danger de conclusions trop hâtives, et veut probable- ment que l'on joigne aux indications, ici douteuses, de la stratigraphie, d'autres preuves, avant de trancher la ques- tion. « Voyons donc ce que de plus amples renseignements et documents nous ont appris au sujet des cavernes de Bize et de Poudres ; nous exposerons ensuite quelques faits nou- veaux tirés des cavernes de la Roque et du Pontil, qui sont situées dans la même région. » L'auteur mentionne les observations qui ont été faites dans les cavernes qu'il a citées, indique les espèces dont on a trouvé des ossements, les produits de l'industrie hu- maine qui y étaient associés, et il termine ainsi : « Il ressort des données exposées dans ce mémoire que, tout en assignant à la première apparition de l'homme dans la région à laquelle appartiennent les cavernes de Bize, de Saint-Pons, de Poudres, de la Roque, etc., une ancienneté antérieure aux récits de l'histoire, on ne sau- rait encore admettre qu'il a été, dans cette région du moins, le contemporain des animaux d'espèces anéanties auxquels Cuvier faisait allusion lorsqu'il repoussait l'as- sertion émise, il y a trente-cinq ans déjà, par MM. Tour- SOCIÉTÉS SAVANTES. 45 nal, deChristol et Marcel de Serres, au sujet de l'enfouip' sèment simultané de l'homme et de ces grands Mammi. fèresdans les cavernes qu'ils ont décrites. « C'est qu'il importe de bien distinguer les espèces dis- parues dès les premiers temps de la période quaternaire d'avec celles qui n'ont été anéanties que plus tard, ou qui ontsurvécu dans quelques autres parties de l'Europe après avoir été détruites chez nous. La chronologie de ces ex- tinctions, ou de ces éloignements successifs, est difficile à établir; mais elle a une grande importance, aussi bien pour l'histoire proprement dite que pour l'histoire natu- relle, et les naturalistes ont déjà réuni de nombreux do- cuments relatifs aux questions qu'elle soulève. « Le Bosprimigeniiis est mêlé, comme les autres espèces encore existantes, aux grands animaux éteints que Cuvier regarde comme antérieurs à la présence de l'homme en Europe; mais il n'a pas disparu avec ces grands animaux. Semblable à l'Aurochs, il était autrefois commun dans les parties méridionales de la France. Aujourd'hui on ne le retrouve plus nulle part, et sa race a fini, ou bien elle s'est confondue avec celle des Bœufs ordinaires, tandis que l'Aurochs a survécu dans quelques forêts de la Russie, de la Lithuanie et du Caucase. (( Le Renne, de même que l'Aurochs et le Bos primige- nius, manque depuis longtemps à nos régions, et l'ilian est aussi dans ce cas. Ce dernier se retrouve pourtant dans le Nord; quant aux Rennes, on a dit que ceux dont se ser- vent les Lapons, et ceux, fort peu différents, dont les os- sements sont enfouis dans les cavernes et dans les brèches étaient des espèces distinctes. Quoi qu'il en soit de cette opinion, il n'en est pas moins certain que des Rennes ont vécu en même temps que l'homme en France, en Angle- terre et en Allemagne. «N'csl-il pas curieux de voir la paléontologie démontrer que les trois grands Ruminants cités par César dans la fo- rêt Hercynienne ont habité presque sur les bords de la Mé- 46 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Février 1864.) diterranée, et cela à une époque où l'homme s'y trouvait lui-même, mais dans un état encore très-peu avancé de ci- vilisation? Ces trois espèces sont en effet: l't/rus, qui, d'a- près Cuvier, ne serait autre que le Bos primigenius, mais que d'autres auteurs regardent comme le véritable Aurochs, animal qui a d'ailleurs vécu dans le midi de l'Europe à l'époque dont nous parlons; VAlces ou l'Élan (1), et le Bos Cervi figura, c'est-à-dire le Renne. » M. Pagliari fait présenter par M. Pasteur une note sur un nouveau procédé facile et économique pour conserver les substances animales à l'air libre. « J'ai l'honneur de faire connaître à l'Académie un moyen nouveau fortsimple de conserver les substances ani- males. La liqueur que j'emploie pour cet usage est un com- posé d'alun, de benjoin et d'eau, qui diffère peu de celle de mon eau hémostatique. Une simple couche de la liqueur conservatrice en question, appliquée sur la substance ani- male que l'on abandonne ensuite à l'air libre, suffit pour l'empêcher de s'altérer. Voici comment j'explique ce fait. « La liqueur conservatrice, qui a été mise en contact avec la substance animale à conserver, déposerait surcelle- ci une sorte de trame invisible à l'œil nu, laquelle agirait à la manière d'un filtre antiseptique, ne donnant accès qu'à l'air pur; cette trame constituerait une sorte d'enveloppe qui, suivant les belles et savantes recherches de M. Pas- teur, s'opposerait au développement des ferments animaux et végétaux, tout en laissant l'évaporation s'effectuer libre- ment. Quant aux substances animales immergées dans la liqueur conservatrice, elles se conserveraient indéfiniment. Il est facile de prévoir, d'après ces faits intéressants, (î) Le fragiueiil de bois (ossilc de Cerf trouvé à Bizo, et dont M. Marcel de Serres a donné la figure dans sa planche III sous le n" I, pourrait bien avoir appartenu à un jeune Élan. C'est le Cervus Tournalii de M. de Serres. SOCIÉTÉS SAVANTES. 47 toutes les applications utiles que l'on pourrait faire de la liqueur conservatrice de Pagliari. « Séance du 8 fcvrier. — MM. Milne-Edwards et Lartet présentent des remarques sur quelques résultats des fouilles faites récemment par M. de Laslic dans la caverne de Bruniquel. « Notre savant ami, M. de Quatrefages, a déjà eu l'occasion d'entretenir l'Académie de la découverte d'osse- ments humains dans le sol d'une caverne située sur les bords de l'Aveyron, près des ruines de l'ancien château de Bruniquel. Le propriétaire de cette caverne, M. le vicomte de Lastic, y a poursuivi ses fouilles avec beaucoup d'acti- vité et a obtenu de la sorte un très-grand nombre d'objets intéressants, qu'il a bien voulu soumettre à notre examen lors d'une visite que nous avons faite dernièrement au château de Saleth, dans le département de Tarn-et- Garonne.Il serait j)rématuré de parler, en ce moment, de la plupart de ces pièces; mais il en est une dont nous croyons devoir dire quelques mots, parce qu'elle fournit un nouvel élément pour l'étude des questions relatives à l'histoire naturelle de l'homme. « D'après l'inspection des lieux et les résultats des fouilles faites en notre présence dans la caverne de Bruni- quel, il nous paraît évident que pendant fort longtemps celte grotte naturelle a servi d'habitation à des hommes qui ne connaissaient ni le fer ni le bronze, maisqui étaient fort habiles dans l'art de travailler l'os avec des outils en pierre. Le sol de cette caverne recèle une quantité énorme de fragments d'os de Rennes, de Bœufs et de Chevaux, mêlés à une multitude de produits d'une in- dustrie primitive et à des débris de plusieurs squelettes humains. Mais là, comme dans les autres localités ana- logues, 011 des faits du même ordre avaient été constatés précédemment, le mélange de ces objets dans une même couche de terrain ne suffirait pas pour prouver que l'homme avait été le contemporain de tous ces animaux, 48 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE, {Février 1864.) car on pourrait supposer que l'enfouissement des armes, des outils et des os humains était dû à un remaniement du sol où les ossements des animaux en question existaient déjà depuis fort longtemps. Un pareil mélange pouvait donc avoir été effectué à une époque postérieure à celle où le Renne a cessé d'habiter l'Europe tempérée et avoir rassemblé pêle-mêle dans un même dépôt des objets d'âges très-différents. Pour prouver que l'homme y avait été contemporain du Renne, il fallait donc des faits d'un autre ordre. Or nous avons remarqué, dans la collection formée à Bruniquel par M. de Lastic, une pièce qui nous semble décisive et qui nous paraît mériter de fixer l'atten- tion de l'Académie. « En effet, parmi les os sculptés trouvés à une pro- fondeur considérable dans le sol de la caverne, il en est un qui porte gravée au trait, à côté d'une tête de Cheval parfaitement reconnaissable,unetêtede Renne non moins bien caractérisée et facile à reconnaître par la forme des bois dont le front est armé. « Celte sculpture, quelle qu'en soit la date, ne peut avoir été faite qu'à une époque où les habitants de Bruni- quel connaissaient l'animal dont l'un d'eux a fait le por- trait, et ils ne pouvaient le connaître que si le Renne vivait avec eux dans la région tempérée de l'Europe; car il nous paraîtrait impossible de supposer qu'à une période si peu avancée de la civilisation les peuplades sauvages des rives de l'Aveyron eussent connu et pris pour modèle de leurs ornements grossiers un animal exotique relégué dans les régions circompolaires. « Nous voyons donc dans cette sculpture une preuve de l'existence de l'homme dans les Gaules avant que le Renne eût disparu de nos contrées. « Or tous les zoologistes considèrent comme démontré que la disparition de ce quadrupède des forêts de la Gaule et sa retraite vers les régions circompolaires datent d'une époque qui est antérieure aux temps historiques. SOCIÉTÉS SAVANTES. 49 « Par conséquent, c'est aussi à une époque antérieure à toutes celles dont l'histoire ou les traditions ont conser- vé le souvenir, que la caverne de Bruniquel était habitée par les hommes dont le travail manuel a donné les résul- tats dont nous venons d'entretenir l'Académie. « Nous nous abstenons de toute conjecture relative au laps de temps écoulé depuis la disparition du Renne dans les Gaules jusqu'au moment où Jules César vint explorer et conquérir ce pays. En effet, les supputations de ce genre reposent rarement sur des bases assez solides pour nous satisfaire. Mais la zoologie comparative peut nous fournir d'utiles lumières, et c'est pour cette raison qu'il nous a semblé bon d'enregistrer le fait dont nous venons de rendre compte, fait dont les conséquences nous pa- raissent indiscutables. » M. G. d'Àuvray adresse un résumé de ses Expériences sur les générations spontanées, et demande à les répéter devant la commission nommée récemment. Ce travail est renvoyé à la commission. Séance du 15 février. — L'Académie procède à la nomi- nation d'un membre dans la section d'économie rurale. Au second tour de scrutin, M. Thenard ayant réuni la majorité des suffrages est proclamé élu. M. Barrai, dans le Journal d'agriculture pratique, 1864, t. I, p. 171, n° 4, février, annonce ainsi cette élection dans sa chronique. « Outre les candidats présentés par la section, s'étaient mis sur les rangs : MM. Baudoment, Guérin-Ménéville, Hervé Mangon, Isid. Pierre, Renault et nous-mêmo. « Fait bien rare dans l'histoire académique, la pince est restée vacante près de dix-huit mois. Dans l'intervalle, MM. Renault et Baudement sont morts ; puis la section a décide que, cette fois, elle proposerait do porter son choix exclusivement SUT de grands propriétaires. )> M. le président présente, au nom de l'auteur, M. Tigri, professeur d'anatomie à Sienne, uno note sur un nouveau "2" 8KKIE. T. XVI. Auuce I8(i4. 4 50 UEV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Février 1864.) cas de Bactéries trouvées dans le sunfj d'un homme mort à la suite d'une fièvre txjpltotde. L'observateur avait vaine- ment cherché ces infusoires dans le sanjj des principaux vaisseaux des membres supérieurs ; mais ayant porté son investijïation sur les parties centrales du système circula- toire, il y trouva des Bactéries nombreuses, et particulière- ment dans les veines pulmonaires et dans les cavités gauches du cœur où le sang en contenait une abondance vraiment extraordinaire. Séance du 22 février. — M. E. Blanchard lit un rapport sur un travail de M. Salvatore Trinchese, intitulé : Becher- ches sur la structure du système nerveux des Mollusques gastéropodes pulmonés. « Le travail dont nous allons rendre compte à l'Aca- démie a pour but essentiel la détermination précise des éléments qui entrent dans la constitution du système ner- veux de certains Mollusques. « La structure des centres nerveux de l'homme et d'ani- maux vertébrés appartenant à différents types a occupé un grand nombre d'anatomistes qui ont publié, sur ce su- jet, des travaux d'une haute importance. 11 y a eu jusqu'ici, au contraire, peu de recherches bien approfondies sur la structure des centres médullaires, soit des animaux anne- lés, soit des Mollusques. On le comprend aisément. Les ganglions, souvent d'une extrême mollesse et toujours irès-petits chez ces animaux dont la taille n'est jamais fort considérable, se brisent ou s'écrasent bien facilement lors- qu'on y porte l'instrument tranchant destiné à faire des coupes minces et régulières, oîi les éléments nerveux ap- paraîtront nettement avec leurs formes et leur dispo- sition. Aussi, dans ce genre d'étude, est-il nécessaire d'apporter des soins infinis et une patience qui ne doit point se lasser. Disons tout de suite que le jeune auteur du mémoire dont nous nous occupons en ce moment a com- pris comment on arrivait à surmonter les difficultés. « Dans les centres nerveux des animaux vertébrés on a SOCIKTi'S SAVANTES. 51 bientôt reconnu l'existence de plusieurs sortes de cellules, et un certain jour s'est manifesté lorsqu'un habile histolo- {jiste, dont le travail a été couronné par l'Académie il y a peu d'années, M. Jacubowitcli, annonça que tout le sys- tème nerveux cérébro-spinal est comjjosé essentiellement de trois genres de cellules, c'est-à-dire de cellules grandes et arrondies d'où proviennent principalement les fibres qui constituent les racines antérieures ou motrices, de cellules plus petites d'où proviennent surtout les fibres formant les racines postérieures ou sensibles, et enfin de cellules dites ganglionnaires, dont les prolongements con- courent avec les autres en plus ou moins forte proportion à constituer les nerfs. « A l'égard des animaux invertébrés, où les expériences de vivisection n'ont pu répandre encore une vive lumière sur les fondions des différentes parties du système ner- veux, c'est l'étude de la structure et la considération des analogies constatées avec les parties correspondantes des animaux vertébrés qui ont conduit à reconnaître, dans la constitution des nerfs, des fibres de plusieurs sortes, fibres motrices et fibres sensibles, suivant toute apparence. « Chez les animaux articulés, les deux sortes princi- pales de fibres peuvent être observées avec une certaine facilité, et une étude histologique des centres médullaires thoraciques du Homard a permis assez récemment à M. Owsjannikow de montrer que les cellules d'où elles provenaient étaient bien distinctes. « Pour les Mollusques, les fibres nerveuses n'ayant, jus- qu'à présent, fourni aux observateurs aucun caractère propre à en faire distinguer de plusieurs genres, il y avait un intérêt manifeste à s'assurer si l'on rencontrerait, dans la constitution des centres médullaires de ces animaux, des éléments aussi distincts les uns des autres quo chez les vertébrés ou que chez les articulé-. Les recherclies do MM. Hannover, Will et Leidyg ne le faisaient pas sup- poser. 52 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Février 1864.) n M. ïrinchese, au contraire, s'étant appliqué à faire des préparations d'une grande netteté, a réussi à mettre en évidence la structure très -complexe des principaux ganglions chez plusieurs Gastéropodes de l'ordre des Pul- monés. Il a constaté bien sûrement, pour la première fois, dans les centres médullaires de ces Mollusques, la pré- sence de cellules de trois sortes parfaitement reconnais- sablés : des cellules de grande dimension, de forme ar- rondie, entourées d'une gaîne épaisse, occupant la portion périphérique et surtout la région supérieure des gan- glions; des cellules à peu près piriformes, plus petites que les précédentes; et enfin des cellules sans paroi dis- tincte, toujours très-petites. « M. Trinchese n'a pas rencontré de cellules apolaires ou unipolaires; il s'est assuré que toutes sont pourvues de plusieurs prolongements dont le nombre est généralement en rapport avec la dimension des cellules. Les prolonge- ments centraux, étant d'une extrême délicatesse, se brisent facilement lorsque l'on cherche à isoler les cellules, tandis que le prolongement périphérique, pourvu d'une gaîne, résiste seul ; de là l'erreur de quelques observateurs. (( Nous ne pouvons suivre ici l'auteur dans la descrip- tion des éléments qui entrent dans la constitution de cha- cun des noyaux médullaires des Gastéropodes pulmonés; il nous suffira de dire que ces descriptions sont très-pré- cises, que les figures qui les accompagnent ont été exé- cutées avec un très-grand soin et représentent fidèlement les formes et les groupements des cellules, tels qu'ils se montrent dans les préparations. « Les résultats certains des recherches de M. Trinchese se réduisent actuellement à une connaissance acquise de faits anatomiques, mais cette connaissance ayant aujour- d'hui un caractère de précision qui a manqué jusqu'à pré- sent, elle sera un point de départ précieux pour les in- vestigations uliérieures. « Déjà elle conduit à entrevoir que des comparaisons SOCIÉTÉS SAVANTES. 53 multipliées entre les cîéments du système nerveux des divers types du règne animal, et la poursuite de plusieurs particularités de structure, permettront d'arriver plus sûrement à la détermination du rôle des différentes sortes d'éléments. En considérant que les grandes cellules rondes occupent surtout la région supérieure des ganglions, et les autres un plan inférieur, on est porté à croire que les grandes cellules sont motrices et les petites semibles, car chez les articulés les faisceaux supérieurs, suivant les plus grandes probabilités, sont formés de fibres motrices et les inférieurs de fibres sensibles. Cette présomption est singulièrement fortifiée par les observations antérieures de M. Jacubowitch sur les éléments nerveux des animaux vertébrés. « D'un autre côté, les recherches de M. Trinchese ont montré la présence, dans la masse médullaire abdominale des Hélices, de ganglions qui sont tout à fait isolés chez d'autres Mollusques dont le système nerveux est moins centralisé; or, plusieurs de ces ganglions étant composés exclusivement, les uns de petites cellules, les autres de très-grandes, il est à espérer qu'on parviendra, si l'on observe rigoureusement la nature des faisceaux de fibres qui proviennent de ces différentes cellules, grandes et petites, à reconnaître les fonctions de ces éléments ner- veux. En effet, doit-on se demander, les filets nerveux qui se distribuent à l'appareil circulatoire et à l'organe de la respiration ne tirent-ils pas leur origine de cellules distinctes de celles d'oîi proviennent les nerfs moteurs et sensibles ramifiés dans les muscles et sous les téguments? (]'est là ce qui mériterait d'être recherché. « En résumé, le travail soumis au jugement de l'Aca- démie par M. Trinchese met en lumière plusieurs faits nouveaux et intéressants qui fournissent des indices propres, suivant toute apparence, à conduire à des décou- vertes dans le domaine de la physiologie comparée du système nerveux. 54 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( Février 1864.) « Le jeune autour, dans ses i-i^cherches longues, diffi- ciles et d'une extrême délicatesse, a montré les qualités d'un bon observateur, et nous devons l'engager à pour- suivre les recherches qu'il a si bien commencées et qui nous semblent mériter l'approbation de l'Académie. » Les conclusions de ce rapport sont adpptées. M. 0. de Thoron, qui avait précédemment adressé à l'Académie une note « sur des sons musicaux produits par des Poissons complètement immergés » (voir le Compte rendu de la séance du 9 décembre ISfil), lui transmet au- jourd'hui, sur un animal marin qu'il a observé dans le golfe d'Ancon dcSardinas (État de l'équateur), quelques détails dus, les uns à ses propres observations, les autres aux renseignements fournis par un homme du pays qui lui servait de pilote. L'animal, qui ne montrait qu'une partie de son corps à la surface de l'eau, lui fut désigné sous le nom de Manta (1). La partie qu'on en apercevait était (1^ Le nom àe Manta est bien connu, non-seulement sur les côtes d'Amérique, mais dans presque tous les endroits où se trouvent des pêcheurs et surtout des plongeurs parlant espagnol; ils l'appliquent à divers Céphaloplères, et même à de grandes Raies sans appendices en avant de la tête. A tort ou à raison ils redoutent beaucoup cet animal, prétendent que, lorsqu'il est arrivé au-dessus du plongeur qui travaille au fond de l'eau, il se laisse tomber sur lui, le recouvre comme un vaste manteau, et l'étouffé pour s'en repaître ensuite à loisir. Cotte habitude malfaisante était attribuée, dès les trmps an- ciens, aux grands Céphaloplères qui, à cause des appendices formant croissant, avaient reçu le nom de Bos sous lequel en parle Oppien. Incola Bos cœni qui vasta mole wovetur Corporis, el latos sese diffundit in armos. Pline connaît bien le nom de Uo* comme celui d'une grande Raie, o Un autre genre de Poissons plats, dit-il (liv. IX. chap. -^0 , a des « cartilages au lieu d'arêtes : la Raie, la l'astenague, l'Ange, la « Torpille et ceux qu'on appelle, avec des noms grecs, Bœufs, « Lamies... » 11 semble ignorer que ce Bœuf avait un nom latin, nom qu'il mentionne, nicnie livre, chap. 70, h loccasion de la pêche des éponges. « La quanlilé des r.hiens de mer qui se (ituuei.f dans SOCIIharles Martins en France, ont étudié les facultés germinatives de graines ayant séjourné plus ou moins longtemps dans les eaux marines. On doit dire que les expériences faites n'ont rien de bien concluant encore. Néanmoins le docteur Darwin croit pouvoir conclure qu'un vsV* des plantes d'un centra quelconque peut être entraîné pendant vingt-huit heures par des courants marins, sans pour cela perdre ses facultés germinatives (t). Les essais plus récents de M. le professeur Charles Mar- tins n'ont rien de beaucoup plus affirmalif, bien que faits dans de meilleures conditions expérimentales que celles du docteur Darwin. Le savant professeur de la Faculté de JVIontpellier a obtenu les résultats suivants : un ---'' de ses graines était susceptible de germer après qunrauie- deux jours de flottaison. Quelque prématuré qu'il puisse être encore de se pro- noncer sur des expériences de cette nature, elles n'en sont pas moins très-intéressantes, et, à tous égards, elles niè- (1) D' Ch. Darwio, De l'origine des espèces, traduction frainaiac, |)af;c>5()7. 132 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Mai 18G4.) ritent d'être suivies et multipUces avec une tn's-grande attention, en tenant toutefois compte des nombreux inci- dents qui se produisent journellement dans la nature et peuvent arrêter ou développer, suivant les circonstances, les moyens de dispersion des espèces. Les animaux supérieurs ne se prêtent guère, — on le conçoit facilement, — à des expériences de ce genre, tant en raison de leurs facultés de locomotion que de leurs conditions d'existence, il est acquis, d'ailleurs, que plus les êtres sont parfaits, plus ils augmentent leurs facultés d'acclimatation. Les arguments qu'il serait possible de tirer de leur dispersion ne présenteraient donc pas le même intérêt au point de vue spécial de la répartition originaire des espèces (1). C'est donc sur les animaux inférieurs qu'il est possible de tenter des ex|)ériences analogues à celles faites pour les végétaux : les mollusques terrestres de la classe des Gastéropodes, renfermant nombre de petites espèces au test fragile et délicat, nous ont semblé présenter les meil- leuies conditions pour renouveler les expériences do MM. Darwin et Martins. C'est «à M. Darwin que revient l'idée première de cette tentative sur les mollusques terrestres. Ce savant ingé- nieux a constaté que plusieurs espèces pouvaient résister à une in)mersion de sept jours dans l'eau de mer sans éprouver aucun phénomène pathologique. Il a notamment expérimenté sur VHclix pomatia, L., pourvue d'un dia- phragme très-épais et qui est un véritable opercule, puis sur la môme espèce, n'ayant plus qu'une pellicule papy- (I) Des rssais pourraient néaDmoins être fentes sur les reptiles moins acciinialablesquc beaucoup d'espèces quileur sont inférieures ou supérieures, et qui, géïK'ralcnie.it, ont pour pairie des c^rcou- scriptious géographiques nettement déterminées. Nous reconunau- dons aux observateurs d'étudier, dans cet ordre d'idées, les pre- miers âges des Datracieus, TRAVAUX INÉDITS. 133 racée; elle a, — môme dans ce dernier cas, — survécu à quatorze jours d'immersion (1). Curieux de reproduire une expérience qui peut fournir un document utile pour la solution d'une des questions les plus intéressantes de la philosophie zoologique, j'ai re- cueilli les échantillons des espèces suivantes : Espèces à dinphragmcs ( Hélix naliro'id es , Dorn 0 individus. solides. 1 Cycloslomacle(jans,L[i 12 — 1 — ventricosus, Drai>d. 12 — Espèces I Clausilia riigosa, Lk 6 — à diaphragmes vitreux' Pupa cinerea, Dr.ipd fi — du \ .Uhatina foll'cula, Lk... 4 — papyracés. ï llelix nspeisa, ik 12 — f — P(sana, Millier 24 — ' — variabilis 12 — Total 100 individus. Le 20 janvier (18G3), je fis placer ces échantillons avec de nombreux morceaux de branchages brisés dans un e caisse de sapin percée de petits trous sur la face supé- rieure. Après l'avoir préalablement remplie d'eau de mer, je la fis maintenir flottante au gré de la vague par une corde qui la retenait au-dessous des eaux. Je m'assurai que l'immersion était tics-complète. La boîte, placée à 3 mè- tres en mer, à l'ouest de la pointe Saint-François (au- près de Calvi, côte occidentale de la Corse), fut constam- ment agitée par la houle, toujours assez forte sur ce point. Le 3 février, après quatorze jours d'immersion (2), je re- (1) Darwin, ouvrage cité, page 5.'ï8. (2; « D'apr(''s l'atlas physique de Johaston, la vitesse moyenne des « courants atlantiques est de 33 milles par jour, et quelques-uns at- « teignent la vitsse de fiO milles; il en résulterait que les graines « du ^ des plantes d'une contrée quelconque pourraient être « transportées en 924 milles, en moyenne, dans une autre contrée « où, venant ii aborder, elles pourraient encore germer si un vent de «c mer les prenait sur le rivage et les transportait daas un lieu fa- « vorable a leur développement. » (Darwin.) Les quatorze jours pendant lesquels nos mollusques ?out restés 134 RKV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Mai 18C4.) lirai les mollusques que je plaçai immédiatement sur un terrain sec, puis, le soir, et selon les espèces, sur d'autre terre légèrement humide. Au bout de quarante-huit heures j'observai les résul- tats suivants : Clausilia rugnsa 1 j Pulimus decollatus 1 | — vcntricosus 3 ) 13 individus donnent signe de vie. Pupa cinerea 5 1 Achalina follicula 3 | Le troisième jour : Bulimus decollatus 1 \ — venlricusus 2 | 6 id. id. Cyclosloma elegans 3 ) Le quatrième jour : Cyclosloma elegans 7 1 7 id, id, Le cinquième jour : Cyclosloma elegans l | 1 id. id. Tous les échantillons du genre Hélix étaient morts. La plupart (notamment les H. aspcrsa) paraissent avoir es- sayé d'adhérer aux menus branchages placés dans la caisse. L'H. naticoides, malgré la solidité de son épiphragme, qui est un véritable opercule, avait également suc- combé (1), tandis que les Cyclosloma elegans, également bien clos, survivaient presque tous. On voit, d'après le tableau suivant, que vingt-sept échantillons sur cent ont survécu à cette immersion pro- longée de quatorze jours. plongés dans l'eau de mer peuvent approximativement représenter un peu plus de la moitié du temps qui leur aurait été nécessaire pour être transportés d'un littoral à l'autre de l'Atlantique! (1) Singulière contradiction avec les résultats obtenus par le D' Darwin, qui a trouvé persistance de vie dans des H. pomalia. TRAVAUX INÉDITS. 135 Hélix nalicoidcs G Cyrlnsloma elegans 12 j i H Clausilia rugnsa 6 | \ 1 Dulimus decollatus fi — ventricosus. . .. 12 \ Ont surv(^cu Ptipa rinerea 6 / à l'immersion. Àchatina foUicula 4 Hélix aspersa 12 — Pisana 24 — variabilis 12 100 27 Ce résultat me semble fort remarquable, car il indique une persistance sin^julière de la vie dans ces animaux, malgré les conditions dans lesquelles ils étaient placés. Cela prouve-t-il que ces espèces de mollusques ont pu originairement être transportées par les courants et sur- monter la salure de la mer?... Je ne le pense pas, car de ce fait isolé à conclure que les -~ des espèces terrestres peuvent être dispersés par les courants marins, ou à gé- néraliser quoi que ce soit, il y aurait au moins précipita- tion, sinon absurdité. Je me propose de multiplier ces essais tant en changeant les espèces qu'en modifiant les conditions d'ex[)ériences. Je ne saurais trop les recommander aux naturalistes; il serait surtout à désirer que ces expériences portassent sur les œufs des mollusques terrestres ou d'eau douce. Si des recherches de ce genre ne peuvent, — quant à présent, — contribuer à donner une solution satisfaisante des problèmes qu'offre la répartition première des êtres sur le globe, elles fouri\iront au moins des indications in- téressantes et toujours curieuses sur l'aire possible d'ex- pansion de certains groupes spécifiques. 136 IIEV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( Mai 1864.) II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences. Séance du 25 avril 1864. — M. Coste donne lecture de la note suivante intitulée, Produclion des sexes. « Quelles sont les causes de la production des sexes? Tel est le problème dont la solution préoccupe en ce mo- ment les physiologistes et intéresse au plus haut degré les agriculteurs. (( M. Thury pense que le produit est toujours du sexe mâle quand !a fécondation porte sur des œufs à complète maturité, et qu'il est toujours femelle quand elle porte sur des œufs à maturité moins avancée. « Il y a un moyen bien simple de résoudre ce problème, c'est de choisir pour sujet d'expérience les espèces à ma- turation successive et chez lesquelles cependant une seule imprégnation féconde toute la série d'œufs qui se déta- chent de l'ovaire durant la période de huit, dix, douze, quinze et même dix-huit jours. Nous savons, en effet, que, chez la poule, un seul accouplement suffit à féconder les 5, 6 ou 7 œufs qu'elle va pondre et qui sont échelonnés dans son ovaire, suivant l'ordre de leur maturation. Or, en pareil cas, si la théorie est exacte, les premiers œufs tombés devront toujours produire des mâles et les autres des femelles, sans que cet ordre puisse être interverti. Mais, pour bien analyser le phénomène, il ne faut pas oublier que, chez les vertébrés à fécondation interne, sans en excepter l'espèce humaine, l'imprégnation s'opère toujours dans l'ovaire ou dans le pavillon, et jamais dans l'oviducte, comme je l'ai démontré par des preuves di- rectes dans mon grand ouvrage sur le développement des corps organisés. L'oubli de ce fait fondamental donnerait prise à des divergences d'opinion qui ne seront plus possibles quand la question sera circonscrite dans ses vé- ritables limites. SOCIÉTÉS SAVANTES. 137 « Ceci posé, nous avons, de concert avec M. Gerbe, l'habile naturaliste attaché à ma chaire d'embryogénie comparée, formulé un programme d'expériences que M. Gerbe exécute, et dont les résultats seront communi- qués à l'Académie. « En attendant, je me bornerai à signaler un premier fait. « Une poule, séparée du coq au moment de sa première ponte de celte année, a donné 6 œufs fécondés en l'espace de huit jours. « L'œuf pondu le 15 mars a produit un mâle. « L'œuf pondu le 17 mars a produit un mâle. « L'œuf pondu le 18 mars a produit une femelle. « L'œuf pondu le 20 mars a produit un mâle. « L'œuf pondu le 22 mars a produit une femelle. « Le trait caractéristique de celte expérience, c'est la naissance d'un produit mâle après un produit femelle, ce qui ne devrait pas avoir lieu suivant la théorie. Mais n'est-ce là qu'une simple exception? ou bien faut-il con- sidérer le fait comme une objection radicale? Nous ver- rons un peu plus tard ce que, sur ce point, nous appren- dront les recherches auxquelles M. Gerbe se livre. « M. Flourens rappelle, à cette occasion, une expérience qu'il a faite il y a une trentaine d'années. « Aristote avait observé que l'espèce du IMgeon pond ordinairement deux œufs, et que, de ces deux œufs, l'un donne ordinairement un mâle et l'autre une femelle. Il voulut savoir quel était l'œuf qui donnait le mâle, et quel était l'œuf qui donnait la femelle. Il trouva que le premier œuf donnait toujours le mâle, et le second œuf toujours la femelle. « J'ai répété cette expérience jusqu'à onze fois de suite, et onze fois de suite le premier œuf a donné le mâle et le second œuf la femelle. « J'ai revu ce qu'avait vu Aristole. » M. Gucrin-Mmer^ille lit une note sur V introduction d'une 138 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( 31a{ 1864.) quatrième espèce de Vers à soie du chêne {Bombyx Roijlei). « Depuis plusieurs années, l'Académie des sciences a bien voulu accueillir avec intérêt les communications que J'ai eu l'honneur de lui faire sur l'une des plus importantes applications de la zoologie, l'introduction et l'acclimata- tion de nouvelles espèces de Vers à soie, dont les produits habillent des populations entières, dans l'Inde, en Chine et au Japon. « Mes tentatives, à cet effet, ont été approuvées, et j'ai été encourage à les poursuivre, car l'on comprend partout l'immense bien qui résulterait de l'introduction de ces producteurs de matière textile, en présence de la pénurie presque irréparable du coton, amenée par la déplorable guerre d'Amérique. « Tout le monde comprend aujourd'hui que les Vers à soie qui vivent sur le ricin, sur l'ailante el sur le chêne peuvent devenir des auxiliaires susceptibles de suppléer plus ou moins à cette pénurie du coton. « Jusqu'à présent j'ai tenté l'introduction de trois espèces de Vers à soie asiatiques vivant sur le chêne : le Bombi/x mylitta de Fabricius, du Bengale, mon Bombyx Pernyi^ du nord de la Chine, et mon Bombyx Yatna-maï du Japon. Aujourd'hui j'ai l'honneur de présenter à l'A- cadémie les premiers sujets, parvenus en Europe, d'un quatrième Ver à soie du chêne, le Bombyx (Àntherœa) Royiei de Moore. « Vingt cocons vivants de cette espèce remarquable m'ont été envoyés par le capitaine Hutton, et proviennent des hauts plateaux de l'Himalaya, sur les frontières du Cachemire. La Chenille vit sur un chêne à feuilles épaisses, le Quercus incana, qui a beaucoup d'analogie avec nos chênes-liége et yeuse, et il est évident qu'elle pourra, comme les trois autres espèces, être alimentée avec les chênes de nos forêts. c( Son cocon diffère de ceux des trois autres espèces (ainsi qu'on peut le voir dans la collection comparative SOCIÉTÉS SAVANTES. 139 que je dépose sur le bureau ) par un plus grand volume et surtout parce qu'il est entouré d'une enveloppe, également composée de soie, d'un joli gris clair. « Il est évident que ce nouveau Ver du chêne sera facile à acclimater dans le centre et le nord de la France, car le climat des parties élevées de l'Himalaya ne doit pas diffé- rer notablement du nôtre, puisque beaucoup de végétaux de celle chaîne centrale de l'Asie, la plus élevée connue, prospèrent très-bien chez nous. « Les vingt cocons que j'ai reçus le 23 mai m'ont d'a- bord donné trois mâles à partir du 7 avril, et je commen- çais à craindre de les voir tous éclore et périr avant l'ap- parition des femelles. Enfin, le 19 avril, il est éclos en même temps un mâle et une femelle. Ces deux papillons se sont unis dans la nuit du 20 au 21, à une heure du ma- tin, et j'ai déjà obtenu 108 œufs, nombre suffisant pour introduire l'espèce et me permettre de la donner bientôt à la Société d'acclimatation d'abord, et aux agriculteurs de tous les pays où prospèrent diverses espèces de chênes. « Les instructions que j'ai publiées dans ma Revue de sériciculture comparée (1863, p. 33), sur les soins à donner à mon Fama-wKjï du Japon, s'appliquent tout à fait à cette nouvelle esf)èce, dont j ai l'honneur de présenter les pre- miers reproducteurs à l'Académie, comme je lui ai pré- senté, en 1858, ceux qui m'ont permis d'introduire le Ver à soie de l'alante, qui commence à s'acclimater dans toutes les régions de l'Europe, de l'Afrique, de l'Amérique, et jusqu'en Australie. » M. de Qunirefages présente de la part de MM. Garrigou et L. Martin une note intitulée, l Age du Renne dans les Basses- Pyrénées [caverne d'Espalungue). Après avoir fait connaître le terrain dans lequel se trouve la caverne et en avoir donné une description dé- taillée, les auteurs énumèrent les ossements et les silex taillés qu'ils y ont trouvés, et terminent ainsi : 140 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (3/ail86i.) « Les faits que nous venons d'énumérer rapidement nous conduisent à assigner à la brèche osseuse d'Espa- lungue une antiquité plus grande que celle des brèches de Bruniquel cl de la Dordogne, bien qu'elles appartiennent toutes à l'âge du Renne. Les objets travaillés de la grotte d'Espalungue se rapprochent beaucoup plus, par leurs formes et la grossièreté de la façon, des objets trouves dans les cavernes de l'âge de l'Ours que de ceux recueillis jusqu'ici dans les gisements de l'âge du Renne. Si l'on se rappelle que l'étude des progrès de la civilisation a joué un grand rôle dans le choix des divisions admises pour la période quaternaire, et si l'on remarque, en outre, le faible développement relatif du Renne, on admettra sans doute avec nous que la station d'Espalungue représente une sorte de passage des premières époques quaternaires de l'âge du Renne, ou, en d'autres termes, l'origine de ce der- nier. » Les auteurs présentent ensuite des considérations sur les oscillations du sol pendant l'époque quaternaire dans le bassin du Gave d'Oisau, et ajoutent : « Il résulte de ces considérations qu'à l'origine de la période quaternaire les seules grottes qui aient pu servir de refuge à l'homme ou aux animaux étaient situées au- dessus du niveau de la terrasse qui porte le château d'Espalungue. Nous sommes convaincus que, si l'on veut retrouver dans les environs d'Arudy les restes de VUrsus spetœus ou de VElephas primigenius, il suffira d'explorer des cavernes placées plus haut que le niveau que nous venons de définir. » Le même académicien a présenté, de la part de M. Ca- zalis de Fondouce, une autre note intitulée. Sur une ca- verne de l'âge de pierre située près de Saint-Jean-d' Alcos [Aveyron). Une description géologique de la caverne est également donnée; les ossements et objets travaillés par l'homme sont indiqués et l'auteur ajoute en finissant : SOCIÉTÉS SAVANTES. 141 « Pour revenir à la caverne de Saint-Jean d'Alcos, les seules espèces animalesque j'aipuydélerminersontle cerf, le blaireau et le lapin. Je n'ai pu y découvrir, soit à l'exlé- rieur, soit à l'intérieur, aucune trace de charbon, ni aucun indice du repas des funérailles signalé à la caverne sépul- crale d'Aurignac; mais, comme pour celle-ci, les parents et les amis des morts avaient, sinon fermé complètement, du moins considérablement rétréci l'ouverture de la ca- vité. Pour cela on avait disposé au devant de l'entrée deux grandes dalles posées en croix, qui ne laissaient qu'une ouverture triangulaire n'ayant qu'un mètre à la base. De ces dalles, l'une était dolomitique comme la roche de la colline, l'autre était calcaire et avait dû être portée d'assez loin; celle dernière, équarrie pour servir de seuil au four du propriétaire de la grotte, a encore, après avoir été ainsi réduite, 1"',75 de long sur 1 mètre de large, et 0'" 20 d'épaisseur. Quant à la cavité elle- même, elle a 5 mètres de profondeur sur 6 mètres de lar- geur et 3 mètres de hauteur maa^ima. « Il me paraît intéressant de faire observer combien les populations primitives ont légué à celles qui leur ont suc- cédé le souvenir et le culte, devenus inconscients, des lieux qu'elles ont habités. Au-dessus de la caverne de l'âge de la pierre, le monticule dans lequel elle se trouve se termine par un tertre gazonné dont le sol renferme des sépultures gallo-romaines. A 300 mètres au-dessus, le château dé- mantelé de Saint- Jean-d'Alcos témoigne des luttes du moyen âge, et d'humbles chaumières qui s'appuient contre ses vieux remparts abritent aujourd'hui les familles des paysans qui cultivent le sol rocailleux et aride du Causse, qu'ont foulé dans les siècles passés les populations même les plus anciennes de nos pays. « J'ajouterai même, en terminant, que les populations primitives ont laissé de nombieuses traces de leur séjoui' dans cette partie du département de l'Avcyron qui avoisine le Larzac et sur le Larzac lui-même. On y trouve 142 REV. ET MAG. DK ZOOLOGIE. [Mai 1864.) de nombreux dolmens se rapportant tous ou presque tous à l'âge de la pierre, des menhirs et d'autres monuments de cette époque que je me propose de décrire plus tard en détail, ainsi que tout ce qui se rapporte à l'enfance de l'humanité dans ce pays peu connu. » « M. Élie de Beaumont rend hommage à ce qu'offrent de curieux les faits consignés dans les deux notes présen- tées par M. de Qualrefages, et ajoute la remarque suivante : Ces deux notes, et plusieurs autres présentées depuis quelque temps à l'Académie, me paraissent d'autant plus intéressantes qu'en prouvant avec évidence que l'Homme et le Renne ont coexisté autrefois en France comme ils coexistent aujourd'hui en Laponie, elles font ressortir, par voie de contraste, l'insuffisance des preuves supposées de l'ancienne coexistence sur notre sol de l'Homme et de l'Éléphant fossile ordinaire (Elephas primigenius). » Séance du 2 mai. — M. Husson présente une nouvelle note sur les cavernes à ossements des environs de Toul. « L'Homme, ainsi que je crois l'avoir démontré dans mes notes des 18 octobre, 22 novembre 1863 et 8 février 1864 [Comptes rendus, t. LVIII, p. 36, 51 et 274), a habité, dès la plus haute antiquité (mais postérieurement au dilu- vium alpin) et durant une longue série de siècles, le pla- teau de la Treiche. Néanmoins il ne m'avait pas été pos- sible, jusqu'il y a trois mois, de trouver des traces de son existence primitive dans les cavernes situées en face du trou des Celtes : et cependant il était peu probable qu'il n'eût point fréquenté ces grottes, ou tout au moins celle du Portique. Aussi je résolus d'entreprendre de nouvelles recherches dont voici le résultat. » L'auteur énumérant les objets trouvés dans diverses cavernes, passe en revue les suivantes : « 1° Trou de Saixte- Reine. — Trou du Portique, dans lequel il a trouvé des ossements d'Hyène, d'Ours, de Rhi- nocéros, de Cerf, de Renne, de Bœuf, de Cheval, de Mar- SOCIÉTÉS SAVANTES. 143 motte, etc. ; ces os paraissant appoinlis, fendus en long, en esquilles, rongés, etc. « 2° Grotte du Géant. — J'y trouvai plusieurs os tra- vaillés dont deux en forme de pointe de flèche; une dent canine non déterminée ; une portion de mâchoire avec une molaire irès-curieuse, également indéterminée ; plusieurs autres ossements et des tessons de poteiie plus ou moins ancienne. Dans une des encoignures, à 30 centimètres au-dessous de la surface de ces décombres, se trouvait un foyer renfermant de la cendre, des cailloux cassés et de la poterie grossière de l'époque celtique. Un autre petit coin, mais plus central, contenait aussi beaucoup de cendres. « 3° Trou de la Grosse-Roche (en aval de Toul, rive droite de la Moselle, à environ 3 kilomètres au-dessous d'Aingeray). — Cette cavité n'a rien offert de curieux: un caillou, par suite de fractures dont quelques-unes émanent de l'Homme, rappelle une tête de bête. « 4" Trou des Fées (rive gauche de la Moselle, en face du précédent). — Objets trouvés : débris de charbon, ossements divers dont quelques-uns sciés, débris de pote- rie celtique ancienne, etc. Conclusions. « 1° Non -seulement ces nouvelles recherches corro- borent mes notes précédentes, mais elles sont une autre preuve de toute la part qui doit revenir à la géologie dans la solution de la question relative à l'homme fossile ; « ^^ Dans les environs de Toul, c'est sur le territoire de Pierre et en particulier au plateau de la Treiche que l'homme primitif a laissé les plus nombreux souvenirs, mais il ne l'a, pas exclusivement habité, car on en trouve des traces sur plusieurs autres points du cours de la Moselle, à tra- vers l'arrondissement. En est-il de même jusqu'à l'endjou- chure de celte rivière., ainsi que dans la vallée de la Meuse avec laquelle nous communiquons par lu val de l'Ane, et, dès lors, existerait-il une corrélation, quant au fai'. et à 14-4 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Mai 1864.) l'époque de l'habitation par l'Homme, entre les cavernes de la Belgique et les nôtres? Tel est un autre et beau sujet d'étude, mais que ma position ne me permet pas d'entre- prendre. » MM. Garrigou et Martin adressent un travail ayant pour titre : Âge de l'Aurochs et Age du Renne dans la grotte de Lourdes (Hautes-Pyrénées). « La grotte dite des Espélugues, à Lourdes, a été le sujet d'une description intéressante et fort détaillée, don- née, il y a deux ans, par M. Alphonse Milne-Edwards, dans les Annales des sciences naturelles. MM. Ed. Lartet et Alph. Milne-Edwards, qui ont visité ensemble ce gise- ment paléontologique quaternaire, l'ont, après une étude minutieuse, rapporté à l'âge de l'Aurochs. Ces savants naturalistes ont aussi prouvé d'une manière certaine que l'Homme avait habité la grotte pendant cette époque paléontologique. « Nous venons nous-mêmes aussi de visiter ce gisement. De gros blocs calcaires, rapprochés les uns des autres vers l'entrée de la grande salle, reposent sur la couche de cail- loux roulés. Entre ces blocs, à la base surtout, étaient des masses de cendres et de charbon dont on retrouvait aussi des indices dans différents points du dépôt général de la caverne. « Des ossements, des mâchoires, des dents de divers Mammifères ont été retrouvés surtout dans la partie pro- fonde du dépôt. La surface du sol déjà bouleversée ne nous a présenté que de très-rares débris, qui, à partir du second jour de nos recherches, ont été mis de côté avec soin, et que nous avons étudiés à part. « Des quantités de silex taillés, des ossements et des bois de divers Cerfs travaillés et taillés en forme d'instru- ments et d'armes, quelques os sculptés gisaient pêle-mêle avec les cendres et le charbon. Quelques-uns ont été recueillis vers le niveau supérieur déjà remanié. « Nous décrirons séparément ce qui revient au niveau SOCIÉTÉS SAVANTES. iko supérieur exploré avant nous par M, Alph.Milne-Edwards, et ce qui revient au niveau inférieur de ce gisement exa- miné par nous. « Après une longue description de tous les objets, les auteurs terminent ainsi : « Cet ensemble d'objets nous rappelle d'uae manière à peu près complète ce que nous avons déjà signalé dans la grotte d'Izeste (Basses-Pyrénées). 11 nous paraît évident que les habitants de la grotte de Lourdes, contemporains des couches inférieures, et ceux de la grotte d'Izeste, avaient une civilisation d'un degré à peu près égal, mais d'un degré inférieur à celle des habitants des cavernes du Périgord, de Bruniquel, etc. c( Si l'on revient maintenant sur les faits que nous venons de décrire, il sera facile de voir que l'âge de la partie supérieure du sol de la caverne de Lourdes n'est pas le même que celui de la partie inféiieure. « L'examen que nous avons pu faire des quelques ossements recueillis dans les couches déjà explorées de la partie supérieure nous donne un résultat identique à celui que M. Alph. Milne-Edwards a déjà fait connaître et auquel il est arrivé en compagnie de M. Lartet. Pour nous, par la présence de l'Aurochs, l'existence d'animaux domestiques, et la vue d'ossements rongés par un Chien, la conservation de la presque totalité de la gélatine dans les os, leur coloration peu foncée, la découverte d'un os très-finement sculpté, nous sommes amenés à reconnaître là un âge plus récent que celui des couches inférieurse. Ce serait pour nous, comme pour MM, Lartet et Alph. Milne- Edwards, Vdge de l'Aurochs dont l'Homme aurait été le contemporain. « Quant aux couches inférieures, il est évident pour nous, d'après la présence du Renne en abondance, ainsi que de la grande quantité de ses bois, d'après la grossiè- reté des objets travaillés, des silex taillés, du travail de sculpture, d'après la coloration rouge brun des os et 2' sktiiE. T. xri. Aauce 1854, 10 146 RKV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Mai 1864.) d'après la disparition de leur gélatine et leur happement à la langue ; il est évident, disons- nous, que nous avons affaire sur ce point à une époque plus ancienne que la précédente. Ce serait là Vâge du Renne, pareil à celui que nous avons décrit dans la grotte d'Izeste. « La grotte de Lourdes aurait donc fourni le premier exemple de la superposition directe de deux âges paléon- tologiques consécutifs de l'époque quaternaire, tels que notre savant et vénéré maître M. Lartet les a décrits. » M. B el homme , qui avait précédemment entretenu l'Académie de ses recherches sur le nœud vital, adresse aujourd'hui, à l'appui des assertions contenues dans sa lettre du 11 avril dernier, quatre mémoires imprimés, publiés en 1836, 1840, 1845 et 1848. Dans la nouvelle lettre qui accompagne ces publications, l'auteur s'attache à faire ressortir ce que chacune renfermait de neuf au moment où elle a paru. La lettre, avec les quatre mémoires, est renvoyée à l'exa- men des commissaires précédemment désignés, MM. Coste, Bernard et Longet. « M. le minutre de l'instruction publique transme l'ampliation d'un nouveau décret impérial en date du 20 avril dernier, par lequel l'Académie est autorisée à accepter le legs de 20,000 francs fait par feu mademoiselle Letellier, pour la fondation d'un prix en faveur des jeunes zoologistes voyageurs. » Séance du 9 mai. — M. Guérin-Méneville donne lecture d'une note accompagnant la présentation d'individus vivants de deux espèces de Vers à soie du chêne. « Plusieurs membres de l'Académie des sciences qui désirent voir les Vers à soie du Chêne, n'ayant pas le temps de se rendre à mon laboratoire séricicole de la ferme impériale de Vincennes, je crois leur être agréable en mettant sous leurs yeux quelques sujets des deux espèces actuellement en cours d'acclimatation. « L'une de ces espèces, que j'ai l'ait connaître, en 1855, SOCIÉTÉS SAVANTES. 147 SOUS le nom de Bombyx Pcrnxji, est élev(!''e dans plusieurs provinces montagneuses et froides dii nord de la Chine. Dans une lettre écrite de Pékin le 18 novembre 1862, M. Eugène Simon disait de ce ver à soie : « Il est cultivé « en Chine dans les provinces du Chang-Tong et du Ho- « Nan, et surtout dans celle du Kouy-Tcheou qui produit « plus de 40,000 balles (2,400,000 kilogrammes) de soie « de cette espèce de Bombyx. « « L'autre espèce, également nouvelle pour nos classifi- cations, et que j'ai publiée en 1861 sous le nom de Bom- byx Yama-maï , est élevée au Japon où l'exportation de ses œufs est défendue sous peine de mort. Cette sévérité montre suffisamment que ce Ver à soie est trés-estimé dans ce pays. En effet, il en est question dans l'Encyclopédie ja- ponaise, où il est dit que les soieries qu'on en obtient font partie des revenus du gouvernement [Revue de sériciculture comparée, 1863, p. 68). « Les sujets que je présente sont l'objet d'une expérience très-intéressante. Ils sont nés longtemps avant l'apparition des feuilles des chênes (le 7 mars), et j'ai [)u les alimenter avec des rameaux de Photinia glabra, arbuste de Chine, qui, en pleine terre, donne ses feuilles dès le commence- ment de mars. « L'ensemble de mes éducations, à la ferme impériale de Vincennes et dans les départements, se fait avec les feuilles de nos chênes ordinaires. » M. Béranyer-Féraud adresse des considérations sur un cas de diabète sucré développé spontanément chez un Sinye. M. Bernard, de l'île Maurice, adresse des Becherches expérimentales sur Ihétérogénie. Voici la fin de sa note : « Qu'il me soit permis, en terminant, d'indiquer une théorie qui est neuve pour moi, quoiqu'elle ait pu être déjà émise en Europe. Notre éloignement ne nous per- mettant pas de nous tenir parfaitement au courant des travaux de la scierice, il nous arrive parfois de refaire ici des découvertei déjà faites. 148 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Mai 1864.) c( Ne pourrait-on pas admettre que, parmi les substances provenant du règne végétal et du règne minéral, il y en a chez lesquelles la vie organique n'existe point? Ces substances, parmi lesquelles je rangerai le sucre, présen- tent cela de commun avec le règne minéral, qu'elles sont emprisonnées dans une forme cristalline. Si quelques- unes de ces substances sont liquides ou gazeuses, on peut admettre qu'en se solidifiant elles prendraient la forme cristalline, et, si elles n'ont point encore été obtenues sous cet état, il faut l'attribuer à l'imperfection de nos moyens. Ces substances, de même que les substances minérales, seraient impuissantes à produire des êtres organisés, quoiqu'elles puissent leur servir d'aliments et quoiqu'elles puissentconstituer un milieu au sein duquel ces êtres peu- vent se développer et se reproduire lorsqu'on les y sème. On peut dire de ces substances qu'elles n'ont jamais vécu et qu'elles sont tout simplement un produit minéral éla- boré par des agents organiques, (( D'autres substances qui prendraient pour type les matières dites albuminoïdes, et qui sont complètement amorphes, ou plutôt qui sont susceptibles d'affecter toutes les formes non cristallines, portent en elles le principe de la vie organique. Quoique privées de vie apparente, ne pourrait-on pas supposer que leurs molécules en renfer- ment le germe à l'état latent? Ces molécules posséderaient la propriété, sous l'empire de lois encore inconnues, de se grouper de manière à produire des organismes divers, chez lesquels la vie deviendrait apparente; et ce que nous appelons la mort ne serait autre chose que la dissolution de cette association, après laquelle les molécules vivantes pourraient en former de nouvelles, tant qu'elles ne sont pas retournées à l'état minéral par la séparation de leurs éléments constitutifs, qui serait dans cette hypothèse la mort définitive. « D'après cette théorie, la vie ne pourrait, en aucun cas, éclore au sein de la matière inerte, et ce que Ton dé- SOCIÉTÉS SAVANTES. 149 Signe sons le nom de génération spontanée ou hétérogénie ne serait nutre chose que divers groupements dont seraient susceptibles des molécules vivantes, w M. Thomine-Dcsmnzures, évoque de Sinopolis, adresse à M. Élie de Bcaumont une note sur quelques coquilles fossiles du Thibet. « Si quelques pétrifications que j'ai apportées du Thibet peuvent intéresser la science, je suis heureux de vous les offrir. « Elles ont été recueillies dans le lieu appelé en thibé- tain Gou-choiic ou Gu'eu-cheu, suivant les diflerentes pro- nonciations, et en chinois Koù-chou, silué sur un plateau de montagne assez élevé, à 10 lieues de Guia-mkar, en chinois Kiang-kâ, à quelque distance duquel prend nais- sance dans les montagnes une rivière qui va se jeter au- dessous de Tsong-ngo, dans le grand fleuve Bleu ou Kin- cha-kiang. Cette localité est située entre ce fleuve et le Lan-tsanfj-kiang, qui traverse la Cochinchine et se dé- charge dans la mer près de Saigon. Ces pétrifications se trouvent à Gouchou en grand nombre, la plupart incrustées dans des pierres (calcaires autant que je puis me le rappe- ler), d'autres roulées par l'eau dans le lit de la rivière. Les naturels en font grand cas comme remède contre certains maux d'estomac, en les faisant rougir au feu et les plon- geant dans l'eau fraîche qu'ils donnent à boire aux malades. « Il ne m'a pas été possible de calculer la longitude et la latitude de Gouchou. Il me semble qu'on peut estimer cette localité comme étant à 20 et quelques lieues en ligne directe à l'ouest-sud-ouest de la ville de Patang, dont la position a été diversement évaluée sur les cartes. )> Fossiles du Thibet {de Gou-chouc). Note de M. Guverdet. Terebratula cuboïdes (Sowerby) (16 adultes) (1 jeune) du terrain carbonifère et du terrain dévonien, décrite et figurée dans la Description des animaux fossiles de la Bel- gique, par M. de Koninck, 1824-1844, p. 285, pL XIX, fig. 3, a, b, c, d, e. 150 HEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, [Mai 1804.) Terebratula reticularis (Linné) (4 adultes) (1 jeune) du terrain dévonien, décrite et figurée dans Russia and the Vrai mountains, par MM. Murchison, Keyserling et de Verneuii, II, p. 90, /j/. X, fig. 12, a, b, c. Terebralnla jmgmis? (Martin) (4 adultes un peu défor- més) du terrain dévonien, déente et figurée dans la Con- chyliologij, par M. Sowerby, pi. CCCCXCVII. Elle est généralement regardée comme une variété de la Terebra- tula acuminala. « Des observations de M. Thomine Desmazures et des déterminations de M. Guyerdet, il paraîtrait résulter, ajoute M. Elle de Beaumont, que le terrain dévonien, déjà signalé dans un grand nombre de régions du globe, existe- rait aussi au Thibet. » Séance du \6 mai. — M. IJusson adresse de nouvelles recherches sur l'homme fossile dans les environs de Toul. (c L'homme existait- il déjà à l'époque où s'est effectué le dépôt généralement connu sous le nom de diluvium alpin? La question vient de faire un grand pas, en ce qui concerne Toul, par suite, surtout, de celle circonstance qu'avec les os travaillés de nos cavernes se trouvent, en mélange, des instruments en silex ayant leurs analogues sur le diluvium même du plateau situé en face de ces grottes. Ce fait a, sans contredit, une très-grande impor- tance, et, par ce motif, je demande la permission d'ajou- ter quelques lignes à celles publiées sur le trou de la Fon- taine, dans le Compte rendu de la séance du 2 mai der- nier (l. LVIII, p. 814). « 1° Depuis l'envoi de ma note, j'ai vu les objets dont j'avais seulement un dessin, et cet examen m'a tout à fait confirmé dans mes appréciations sur la ressemblance de la plupart desdits instruments, soit avec certains numéros des photographies que j'ai eu l'honneur d'adresser à l'A- cadémie, soit avec des silex non reproduits, mais ayant la même origine que ces derniers. Il m'a révélé un autre l'ait : c'est l'identité du travail qui existe entre le manche SOCIIÎTÉS SAVANTES. 151 de la pointe en corne de cerf barbelée et le n° 43 de mes photographies. En outre de ces diverses pièces les plus essentielles, j'ai eu entre les mains (mais à peine une demi-minute, c'est-à-dire trop peu de temps pour pou- voir mo prononcer autrement que sous forme de proba- bilité] trois pointes ou haches, dont l'une, cassée et en si- lex du pays, est identique à mon n» 46 ; les deux autres, également de haute antiquité, mais d'une forme que je n'ai point encore rencontrée sur le plateau de la Treiche, annoncent déjà une certaine perfection relative dans l'art de tailler le silex. « 2° A la suite decette précédente découverte, mes deux collaborateurs (mon fils et mon frère), aidés de quelques ouvriers, ont fouillé, pendantcinq ou six jours, le couloir en question, et voici ce qu'ils ont trouvé de plus intéres- sant : tibia et autres ossements de Rhinocéros, nombreux débris de l'Ours des cavernes, coprolithes d'Hyène, quel- ques vestiges de Chevreuil, de Loup, etc.; os fendus en long dont plusieurs portent la trace évidente de la main de l'homrne; une aiguille à chas (en os); une dent canine d'Ours avec strie transversale à la racine; mêmes insectes qu'au trou du Portique. Je m'arrête un instant sur ces deux dernières circonstances. 1" La strie observée sur la dent d'Ours est ancienne, car on y voit des taches de li- monite, et peut-être décèle-t-elle une intention humaine. Il est très-probable que l'homme primitif, qui prenait tant de peine à appoiiilir des os, recherchait ceux qui af- fectent naturellement la forme de la pointe, et, par consé- quent, les canines d'Ours; aussi, celle en question, très- aigué et encore résistante, semblait-elle avoir été cachée avec trois autres de même espèce, mais d'inégale gros- seur. 2° La présence de produits stercoraux d'insectivore est remarquable en ce sens que, jusqu'alors, je les ai trou- vés seulement sur les trois points où se rencontre, eu o\ilre, la trace de l'Homme ; mais peut-être existent-ils ailleurs. Ces petits amas, bien qu'enfouis à 20 ou 30 centi- 152 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Mai 1864-.) mètres, n'en sont pas moins postdiluviens (voir Comptes rendus., t. LVII, p. 329), et M. Mathieu, professeur à l'é- cole forestière et entomologiste distingué, qui a eu l'o- bligeance de les examiner, y a reconnu les Geotrupes ver- nalis, stercornrius et sylvaticus, le Carabus monilis, un Feronia, et autres espèces modernes. « Conclusion. — Donc tout concourt à prouver, de plus en plus, que dans les environs de Toul l'Homme n'a pas précédé le diluvium alpin. » MM. Garrigou et Fil/iol adressent un travail intitulé : Contemporanéité de l'Homme et de /'Ursus spelaeus établie par l'étude des os cassés des cavernes. « La contemporanéité de l'Homme et du Renne dans le centre et dans le midi de la France, pendant l'époque di- luvienne, est aujourd'hui irrévocablement admise par tous les naturalistes. Or des faits nombreux et observés avec soin nous permettent aujourd'hui de dire que, une fois la contemporanéité de l'Homme et du Renne admise pen- dant l'époque diluvienne, il faut aussi admettre nécessai- rement la coexistence de l'Homme et de VUrsus spelœus. « Nous pensons qu'il est suffisant de démontrer que les ossements de VUrsus spelœus ont été cassés à l'état frais par la main de l'Homme, pour prouver que l'Homme et VUrsus spelœus ont vécu à la même époque. Pour cela, nous allons examiner ce qui se passe de nos jours chez les peuples qui cassent, pour les utiliser, les os d'animaux dont ils se nourrissent. « Les voyageurs et les missionnaires qui ont donné le récit de leurs voyages dans les régions polaires s'ac- cordent tous à dire que les habitants de ces contrées, La- pons, Esquimaux, Samoyèdes, Kamtchakales, etc., ont l'habitude de casser les os longs de Renne pour se nour- rir de la moelle, ou bien pour faire, avec la moelle et la cervelle, un mélange destiné à la préparation des peaux. Nous nous contenterons de rappeler que les diaphyses des os longs de ce ruminant sont ouvertes par ces habitants SOCIÉTÉS SAVANTES. 153 des régions polaires au moyen d'un instrument tranchant, ou cassées à coups d'instruments contondants ; souvent même les os sont complètement broyés. Ces os longs sont travaillés en cuillers, en marteaux, en poinçons, etc. Les cassures, faites le plus souvent avec soin, permettent ainsi à ces peuples d'utiliser, pour en faire des armes, des in- struments et des outils, les parties de l'animal qui sem- blent le moins utiles. « Cet usage s'est maintenu, sans doute depuis bien des siècles, chez des peuples jouissant d'une civilisation à peu près la même, puisque nous retrouvons dans les popula- tions antéhisloriques du Danemark, de la Suisse, etc., les preuves d'une industrie semblable. « Dans les kjoekkenmœddings, en effet, dans les habita- tions lacustres de la Suisse, dans les cavernes de l'Ariége, apparlenantà l'âge de la pierre polie, etc., nous retrouvons des os longs de ruminants cassés d'une manière uniforme, portant, avec des stries profondes, l'empreinte des dents des carnassiers qui les ont rongés, souvent même sur le point 011 une cassure avait déjà été produite par la main de l'Homme. Ces mêmes ossements ainsi fendus et cassés, on les a fréquemment vus appointis en forme de poin- çons, de ciseaux et de divers autres instruments. « A part les ossements de Renne cassés par les Lapons actuels dont il ne nous a pas été possible de nous procu- rer des échantillons, nous avons pu comparer entre eux les ossements cassés des époques diverses que nous avons énumérées. C'est dans les musées de la Suisse que l'un de nous afaiisesobservations, etc'estgrâce à la bienveillance des savants professeurs de ce centre scientifique que nous avons [)u nous procurer les documents nécessaires pour mûrir les résultats de nos recherches. « Notre examen nous a prouvé que les os cassés par la main de l'Homme présentent des caractères uniques et fiu'il c-l inii)t)bsible de méconnaître une fois qu'on les a bien vus. » 154 RKV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Mai ISGi.) Les anteurs décrivent ensuite avec soin les caractères auxquels on peut reconnaître les os cassés par la main de l'Homme, et ils ajoutent en terminant : « Ces faits une fois établis, nous ne croyons pas aller trop loin en disant que toutes les fois qu'on retrouvera en quantité des ossements présentant le caractère de ceux que nous venons de décrire, c'est-à-dire cassures des dia- physes et conservation des têtes, pointes et angles aigus et tranchants, empreintes de dents de carnassiers ayant entamé les cassures antérieures, absence de traces d'usure y)ar frottement, il sera possible de dire avec certitude que l'Homme a produit ces cassures sur les os frais, et a été le contemporain des animaux auxquels appartiennent ces débris. « Nous rappellerons maintenant que nous avons eu déjà l'occasion, il y a deux ans, dans notre première bro- chure sur l'homme fossile, de concert avec notre ami M. J. B. Rames, et l'année dernière à la Société géolo- gique de France, de présenter des ossements d'Urms spe- tœus, de Felis spelœa, de Rhinocéros tichorhinus, que nous croyons taillés de main d'homme. C'étaient des mâchoires inférieures de grand Ours et de grand Chat des cavernes, dont la partie [)Ostérieure très-régulièrement enlevée, sans doute pour être plus facilement tenue à la main, for- mait, avec leur canine menaçante, une arme redoutable ou un instrument utile pour gratter la terre. C'étaient des os longs de ;;rands Ours taillés en forme de couteaux ; une phalange du même animal percée de part en part aux deux têtes articulaires, et portant une série de traits sur chaque côté de la diaphyse. C'était un côté gauche de mâchoire inférieure du même Ours complètement traversé par un coup d'instrument piquant, et montrant des pro- ductions pathologiques d'une ostéite déclarée après la blessure. C'étaient encore des tibias et des humérus de liliinoceros tichorhinns cassés dans leur diaphyse comme ceux que nous avons décrits de Renues et d'Aurochs, do MÉLANGES ET NOUVELLES. 155 Moutons et de Chèvres. Les cassures faites sur ces os avaient souvent été entamées par la dent de gros carnas- siers. « A ces pièces, dont nous avons aujourd'hui augmenté le nombre, il faut joindre une série d'ossements de grands Ours et de grands Chats des cavernes, cassés comme ceux de l'âge du Renne, de l'âge de l'Aurochs et de l'âge delà pierre polie. « Les fails précédents et les pièces dont nous venons de parler confirment d'une manière certaine la contem- poranéité de l'Homme et du grand Ours des cavernes, au- jourd'hui admise par la pluf)art des naturalistes comme vérité acquise à la science. Ces faits permettront de plus, pensons-nous, d'arriver à la détermination de la contem- porancilé de l'Homme et des espèces éteintes par des ob- servations faciles à faire et au moyen de données nou- velles et sûres. » M. le secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Alb. Gaudnj , la VIH'' livraison de son ouvrage sur les animaux fossiles et géologie de l'Atticpie ; Et, au nom de M. Rambosson, un volume intitulé, La science populaire. M. Namias adresse une note intitulée : Sur les liens entre la tératologie, l'embrijoloyie, l'anatomie pathologique et lanntomie comparée. m MÉLANGES ET \OUVELLES. L'OsTRÉicLLTURE prcsseulie il y a plus de cent ans. — On trouve, sur ce sujet important, des observations très- curieuses |)our l'époque, et dont on lira des extraits avec intérêt, dans un livre publié en 1760 par Tiphaigne, doc- teur en médecine (1), et ayant pour titre : Essai sur l'im- (11 Tiphaignc do la Roche, n ■ à Montcbour, diocèse de Coutances, 156 REV, ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Mai 1864. ) toire économique des mers occidentales de France. (1 vol. in-8 de 300 pages.) Cet ouvrage, complètement oublié aujourd'hui, a une véritable valeur; car, ayant été soumis à l'examen du célè- bre de Jussieu, celui-ci en avait autorisé l'impression en ces termes, dans son procès-verbal d'approbation en date du 5 août 17G0 : « Cet ouvrage, que je juge mériter d'êlre « imprimé, m'a paru intéressant par les observations cu- « rieuses et utiles que l'auteur a placées à la suite des « objets dont il traite. » Ces objets ne sont pas moins importants aujourd'hui qu'alors, ainsi qu'on le verra dans la préface de Tiphai- gne, que nous croyons devoir reproduire ici. « Jeter un coup d'oeil sur les nombreuses familles qui habitent nos mers, et décrire les travaux singuliers qui, du fond des eaux, apportent ce qu'elles produisent d'utile, ce serait sans doute assez pour intéresser le lecteur. « Mais cet ouvrage touche le public de plus près : il tend à rétablir l'abondance des aliments, que la mer ne semble plus fournir qu'à regret. « Dès le quinzième siècle, on s'aperçut de la déca- dence des pêches. Dès lors, et dans les siècles suivants, on s'efforça de les rétablir. On ne réussit point, et leur tribut diminua de plus en plus. « Il n'y a pas cinquante ans qu'on fit de nouvelles ten- tatives; ce fut encore infructueusement. Les règlements, bons et mauvais, se multiplièrent; la police des pêches en demeura offusquée, et les choses s'embrouillèrent plus qu'auparavant. (c Depuis on a perdu cet objet de vue : peu à peu on docteur-médecin de la Faculté de Roueu et membre de l'Académie de la même ville. Ce document nous a été fourni par un amateur de bibliographie quo nous avons rencontré à la bibliothèque du Muséum et qui n'a pas voulu nous faire connaître son nom. MÉLANGES ET NOUVELLES. 157 s'est accoutumé à la disette, jusqu'au souvenir de l'an- cienne fécondité de nos mers s'est oublié. « Une telle négligeiice ne peut se pardonner à un siècle qui s'annonce pour ne s'occuper que de l'utile. Cet ouvrage a pour but de renouveler, à cet égard, l'attention du public. Nous ouvrons la carrière, nous essayons d'y faire quelques progrès, et nous invitons à faire de nou- veaux efforts. » De nosjours, un savant illustre par ses beaux travaux et sa louable persévérance a réalisé ce programme. M. Coste s'est occupé de ces graves questions, les a déve- loppées, leur a gagné, à juste titre, les sympathies du sou- verain éclairé qui se préoccupe également de la gloire et du bien-être du pays, et il est parvenu ainsi aux beaux résultats que tout le monde connaît et admire aujour- d'hui. Mais revenons à l'objet de cet article, à l'Ostréiculture, et extrayons de l'ouvrage de Tiphaigne les passages sui- vants : Page 219, chapitre vin : Des Testacés. « Je ne vois pas qu'on ait aucune certitude sur la ma- nière dont les Huîtres se nourrissent. On n'en a pas davantage sur la manière dont elles se multiplient; tout ce que la nature opère sous les eaux, et surtout sous les eaux de la mer, est difficile à suivre avec exactitude; sans doute cette branche de l'économie des corps organiques restera encore longtemps inconnue. On sait que, dès que les premières chaleurs de la belle saison se font sentir, les Huîtres deviennent laiteuses, s'amaigrissent et perdent leur goût. L'usage qu'on en ferait alors pourrait être dan- gereux; la nature obvie à cet inconvénient en leur ôtant la saveur qui les fait rechercher. Le lait ou cette espèce de frai que l'Huître répand est la semence de ce coquil- lage. La plus petite goutie de celte liqueur, vue au micro- scope, présente des millions d'Huîtres toutes formées. Plus pesant qu'un égal volume d'eau, ce frai tombe où le flot 158 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Mai 1864.) le disperse, et se colle sur les roches, plus souvent sur les Huîtres mêmes des environs. « On voit par là que ces coquillages doivent s'entasser les uns sur les autres et former sous l'eau de vastes bancs qui végètent et vont toujours en croissant. Ce sont, en quelque sorte, des mines d'Huîtres; on les appelle huî- trières. Leur largeur est, pour l'ordinaire, de plusieurs toises, et leur longueur se mesure par des demi-lieues et des lieues entières. » Suivent des détails sur la pèche des Huîtres et sur ses abus, sur les parcs dans lesquels on les engraisse, oii on les rend vertes, etc., etc. ; mais c'est à la page 262, cha- pitre xin, ayant pour titre : Essais à faire sur la propaga- tion des Huîtres, que l'idée de l'Ostréiculture se montre d'une manière évidente. Voici ce chapitre : « La nature répand avec profusion les productions de la mer sur tous les lieux du rivage oii les eaux peuvent atteindre. Elle en sème dans les sables, elle en attache îî la surface des rochers, elle en enferme dans l'intérieur des pierres ; souvent même elle les entasse les unes sur les autres. Sur un coquillage elle fixera des plantes, sur ces plantes d'autres coquillages, sur ceux-ci d'autres plantes encore, elle accumule, comme si elle craignait que l'espace ne vînt à lui manquer. « Malgré cette attention à peupler tout, il se rencontre pourtant, sur le bord de la mer, des endroits absolument stériles, soit que les eaux y soient trop agitées, soit que leur situation concentre les rayons du soleil et y fasse naître une chaleur trop considérable, soit qu'il s'y élève des vapeurs souterraines contraires au progrès de la germina- tion tant végétale qu'animale. Ce n'est point de ces sortes de lieux que nous voulons parler, l'économie la plus in- telligente n'en saurait tirer d'autre parti, leur stérilité est irrémédiable. « Il en est d'autres oii la population a lieu, mais une population qui ne donne que des productions de nul MÉLANGES ET NOUVELLES. 159 usage; ils sont féconds sans être utiles. Ceux-ci me sem- blent mériter un examen particulier; ne pourrait-on pas les comparer à ces terrains fertiles, mais incultes, qui ne donnent que des plantes sauvages et qui n'attendent que la main du laboureur pour donner les grains les plus re- cherchés? Si ce rocher couvert de cent sortes de coquil- lages inutiles ne nous donne point d'Huîtres, ne serait-ce point parce que la semonce dHuîires ne se trouve pas à sa portée? Aidez la nature, allez dans le temps de la fécon- dation sur une huîtrière, péchez des Huîtres fécondes et prêles à donner leur semence, répandez ces Huîtres sur les rochers que vous voulez peupler, peut-être la nature n'altend-elle que ce secours pour les revêtir de cet excel- lent coquillage. Tel étang qui ne donnait pas de poisson en fourmille depuis qu'on y a jeié quelques couples. Telle rivière abonde en écrevisses et n'en donnerait aucune si l'on n'avait pris la précaution d'y en apporter d'ailleurs. « Je n'ignore pas que tout parage n'est pas propre à toute production marine, et que chacune de ces produc- tions demande certain fond, certaine température, cer- taine profondeur des eaux. Mais que penser d'un locher fertile en coquillages de nulle valeur et dépourvu de toute autre chose? Pourquoi dira-t-on que les coquillages utiles ne peuvent s'y nourrir? Pourquoi ne dira-i-on pas que la semence de ces coquillages n'a pu y parvenir? La pre- mière raison peut avoir lieu, et la seconde aussi ; c'est à l'expérience à décider. Peut-être, à l'égard de certains endroits, ne réussirait-on pas; mais il est plus que pro- bable qu'à l'égard de beaucoup d'autres on réussirait pleinement, « J'ai vu des rochers couverts de Turbinites et de Pa- telles, je n'y voyais pas une seule Huître. J'ai vu, sur la même côte et à (luelques lieues de là, d'autres rochers couverts de Turbinites, de Patelles et d'Huîtres. Je disais quelquefois, puisque les l'atelles se trouvent si abondam- ment avec les Huîtres, c'est qu'elles s'accommodent du 160 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Mai 1864.) même fond et de la même exposition, et, si elles se trouvent sans Huîtres dans certains endroits, c'est que la semence d'Huîtres n'y a pu parvenir, il n'y a point d'huîtrières aux environs : il faudrait donc y pourvoir et semer pour recueillir. « Que de peines et de soins ne se donne-t-on pas pour ensemencer la terre? Sans cela, quelque féconde qu'elle soit, pourrait-elle fournir à la moindre partie de nos besoins? Dans la mer nous avons des semences de coquil- lages, nous avons des fonds incultes, mais fertiles, et nous restons dans l'inaction. » Si Tiphaigne revenait, combien il serait heureux de voir ses vœux philanthropiques si bien réalisés, après plus de cent ans, par les efforts persévérants de M. Coste et, par suite, d'une foule d'autres. Avec quelle satisfaction il visi- terait les belles cultures d'Huîtres qui ont été établies, sous cette inspiration, à Arcachon, à la Rochelle, Noir- moutier, etc., etc., cultures qui commencent à donner le bien-être à de nombreux travailleurs en contribuant à répandre l'usage d'une nourriture aussi saine qu'agréable. G. M. TABLE DES MATIERES. Page»- LÉOTAUD. Tachyphonus albispecularis, 129 AucAPiTAiNc Persistance de la vie daus quelques mollusques terrestres, etc. 130 SOCIETES SAVANTES. 136 Mélanges et Douvelles. (Ostréiculture il y a cent ans.) 155 PARIS. — IMP. DE M"" V' BOCCHARD-UUZARD, RUE DE l'ePKRON, 5. VINGT-SEPTIÈME ANNEE. — JUIN 1864. ï. TRAVAUX IIVÉDITS. MoLLusQUESNOuvEAux, LITIGIEUX OU PEU CONNUS (4'décade); par M. J. R. Bourguignat (1). Hélix Ehrenbergi^ var. chilembia. L'Ehrenbergi est une espèce égyptienne peu connue et assez rare dans les collections. Elle a été établie en 1839, par M. Roth, dans ses MoUuscorum species (p. 12, pi. I, f. 15), d'après un échantillon unique, trouvé sur les bords du lac Maréotis. Depuis, elle a été décrite et figurée par L. Pfeiffer, dans !a seconde édition de Chemnitz et Martini [Conch. cab., g. Hélix, n° 708, pi. cxiii, f. 4-5) et dans le tome III (p. 197, 1853) de sa Monographia Heliceorum viventium. L'hiver dernier, le sénateur F. de Saulcy, à son retour de Palestine, a recueilli, lors de son passage à Alexandrie, une variété singulière de cette espèce. Cette variété, que nous désignons sous l'appellation de chilembia, est tellement caractérisée, que nous n'avons pas craint de consacrer à sa représentation une des planches qui accompagnent cette décade. Les divers échantillons rapportés par M. de Saulcy ont été récoltés dans le sable des jardins qui avoisinent la colonne de Pompée. Comme tous les individus ont été (1) Les planches qui accompagiiout cet article porteront les n" 11 à 18, et seront réparties dans divers numéros. 2" SERIE. T. XVI. Année 1864. 11 162 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [JuiH 1864.) trouvés morts, il est à présumer que cette singulière variété habite les déserts environnants d'où elle aura été importée avec les sables dans lesquels elle se trouve. Cette variété chilembia diffère de l'Ehrenbergi type, tel qu'ail a été figuré dans le travail de Roth, par son péristome, excessivement épaissi, projeté en avant sous la forme de nombreuses lamelles rugueuses, souvent irré- gulières, qui, en se juxtaposant les unes à la suite des autres, finissent par rétrécir l'ouverture. Ces lamelles pé- ristomales encadrent et enserrent parfaitement la bouche depuis l'insertion du bord externe jusqu'au bord columel- laire. Quant aux autres caractères, ils sont, à peu de chose près, identiques. Le péristome de cette espèce rappelle, par sa singula- rité, la bizarrerie du bord apertural du Zonites Boissieri. Helix Kurbistana. Testa imperforata, depressa, solida, subtrauslucida, sat niteote, cinereo-cornea ac 4 zoaulis castaueis sœpe iuterruptis, circumoruata, supra (in aiifractibus uliiiuis) subcostulato-striata, ac spiraliter ar- gute sulcata, iufra leviore et passim paululum submalleata; — spira convexa; — apice corneo, obtuso, levigato , ad suturani profundam radiatuio; — anfractibus 5 couvexiusculis, celeriter cresceutibus, sutura (in prioribus profunda, in ulliniis parum inipressa) separa- lis; — ultiino naaxirao, compresso-rotuudato, ad aperturam valde perdeflexo-desceudente ; — apertura perobliqua, parum Juuata, trausverse oblonga ; peristoiuate uadique expanso ac reflexiusculo; margine columellari iocum umbilicalem, callo valido crassoque, late obtegentej margiuibus convcrgentibus, approxiniatis, callo teuui juuctis. Coquille de grande taille, imperforée, déprimée, solide, légèrement transparente, assez brillante, cendrée-cornée, entourée de quatre bandes d'une teinte marron, souvent interrompues. Test élégamment sillonné en dessus, sur- tout sur les deux derniers tours, de côtes régulières, que viennent couper à angle droit une quantité de petits sil- lons d'une grande délicatesse, tandis qu'en dessous la TRAVAUX INÉDITS. 163 surface est moins striée, plus lisse et ordinairement malléée par quelques légers méplats plus ou moins prononcés. Spire convexe. Sommet obtus, corné, lisse, excepté vers la suture, oii le test paraît finement radié. Cinq tours assez convexes, à croissance rapide, séparés par une suture profonde, surtout vers les premiers tours. Dernier tour très-grand, comprimé dans le sens de la hauteur, arrondi et offrant vers l'ouverture une direction descendante des plus prononcées. Ouverture très-oblique, peu échancrée, transversalement oblongue. Péristome évasé et réfléchi. Bord columellaire très-réfléchi et recouvrant la partie ombilicale d'un vaste callus épais et blanchâtre. Bords marginaux convergents, très-rapprochés, réunis par une légère callosité. Hauteur .... 22 millimètres. Diamètre. ... 41 — Cette magnifique espèce, répandue dans les collections sous le nom de Kurdistana (Parreyss), paraît être assez abondante dans la partie montueuse du Kurdistan. Hélix Miciioniana. Testa impeiforata , depressa, solidula, sublranslucida , sordide striata,cornco-lutescente (epidennis fugaxjac duabus zouulis irregu- iariter iiiterruptis, caslaucis, circumcincla ;— spira convexa, sat elala ; — apice obtubissimo, corueo, levigato, sicut mamillato ; — anfracti- bus 5 couvexis, celeriter cresccutibus, sutura impressa separatis ; ul- limo raaximo , rotundato, autice valde descondente ; — apertura obli- qua, parum luuata, late transverse oblonga; peristomate albido-iu- crassatulo, expaiiso j niargiue coluinellari fcre plauo aut pauiuium curvato, late reflexo, locum uiubilicaleni, callo crasso validoque, oblegeote; marginibus convergeutibus, approximatis, callo valido junctis. Coquille imperforée, globuleuse, déprimée, solide, un peu transparente, grossièrement striée, recouverte d'un épiderme très-fugace , d'une teinte cornée-jaunâtre et entourée de deux larges bandes d'une nuance marron, 16^1. REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( Juin 1864.) irrégulièrement interrompues. Spire convexe assez élevée, terminée par un sommet corné, lisse, très-obtus et comme mamelonné. Cinq tours très-convexes (les supérieurs sont très-saillants), à croissance rapide, séparés par une suture bien prononcée. Dernier tour très-grand, arrondi, présen- tant vers l'ouverture une direction descendante très-pro- noncée. Ouverture oblique, peu échancrée, transversale- ment oblongue. Péristome blanchâtre, épaissi, évasé. Bord columellaire presque droit ou un peu courbe, lar- gement réfléchi et appliqué sur la partie ombilicale. Bords marginaux convergents, rapprochés, réunis par une forte callosité. Hauteur .... 21 millimètres. Diamètre. ... 35 — Habite les parties montueuses du Kurdistan et du Diarbekir. Cette espèce, que nous dédions à M. l'abbé Michon, se trouve répandue dans les collections sous les noms de Baskira ou de Baskirensis. L'Hélix Michoniana ne peut être confondue qu'avec la véritable gutlata d'Olivier. Elle s'en distingue notamment par sa taille plus forte; par son test plus grossièrement strié; par son sommet lisse, plus fort, plus obtus, comme mamelonné, tandis que celui de la guttala, plus petit, moins saillant, paraît, à la loupe, finement chagriné ; par ses tours de spire plus saillants , plus étages les uns au-dessus des autres; par son dernier tour plus déve- loppé et offrant vers l'ouverture une direction descen- dante moins brusque; enfin par son bord columellaire droit ou un peu courbe, tandis que celui de la guitata offre vers sa partie médiane un léger renflement tubercu- leux. travaux inédits. 165 Hélix guttata. Hélix guttata, O^mer, Voy. emp. ottom., tome IV, p. 208, et atlas, pi. xxxi, f. 8, 1804. Cette hélice, bien qu'établie en 1804, est une espèce pour ainsi dire inconnue et d'une grande rareté. Presque tous les auteurs, à l'exception de quelques-uns, ont pris pour celle-ci la Cœsareana ou la spiriplana. L. PfeifFer lui-même, dans le dernier supplément à sa Monogra- phia Heliceorum viventiiim (t. IV, p. 227, 1859), a décrit sous le nom de guttata l'Hélix Dschulfensis et la Bellardii de Mousson, qui sont deux fort bonnes espèces, trés- distinctes l'une de l'autre. Les échantillons que nous faisons figurer et sur lesquels nous basons nos caractères proviennent des mêmes con- trées où elle a été autrefois recueillie par Olivier et Bru- guière. c( Le château d'Orfa, raconte Olivier, construit à la t( cime d'un rocher calcaire, excita notre curiosité. Nous « y montâmes par un chemin très-rude, taillé, on quelques « endroits, dans le roc... Nous prîmes, au bas de ce châ- (( teau, une Hélice inconnue, que l'on nous a dite être « trouvée fort bonne à manger par les Arméniens d'Orfa; « elle est d'un gris roussâtre strié transversalement; elle « a deux zones plus obscures, marquées de quelques « taches jaunes, et sa bouche est très-blanche et recour» « bée (I). » C'est cette même Hélice que nous décrivons de nou- veau : (1) Olivier (vol. IV, p. 223 et 228). Eu note, se trouve ensuite cette diagnose latine: « Hélix guttata, depressa, utriuque modice « convcxa, tenuiter plicala, guttatim rufo-bizouata ; labio candido, u recurvo, umbilicum demum obturante. » 166 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Juin 1864.) Testa obtecte umbilicata, depressa, solida, leviter subtranslucida, plicatula priEsertim supra; epidermide fugaci (1), griseo-rufoet pas- sim lulescente, ac duabus zonulis castaiaeis, albo vcl lutco irregula- riter guttatis, oruato; — spira convexa, parum elata; — apice ob- tuso, rufo, sub leute argutissime crispulato ; — anfractibus 5 con- vexis, regulariter celeriterque cresccntibus, sutura impressa sepa- ratis ; ultimo rotundato, antice sat subito perdeflexo-descendeute; — apertura obliqua, parum lunata, transverse oblonga; peristomate candido , patulo ac reflexo; margiuc columellari recto, paululuia subtubcrculifero ac late reflexo, supra regiouem umbilicaleni ad- nato ; margiuibus approximatis, cooniventibus, callo lenui diapha- noque junctis. Coquille déprimée, solide, faiblement transparente, for- tement sillonnée, surtout en dessus, par des stries assez saillantes, régulières et légèrement ondulées. Épiderme très-fugace, d'une nuance grise-roussâtre, çà et là un peu jaunacée et ornée de deux bandes (2) d'une teinte marron plus ou moins prononcée, peu interrompues et ordinaire- ment mouchetées par de petites taches blanches ou jaunâ- tres. Perforation ombilicale recouverte par le callus colu- mellaire. Spire convexe, peu élevée. Sommet obtus, d'une nuance roussâtre et laissant apercevoir au foyer d'une loupe une surface élégamment et très-finement chagrinée. Cinq tours convexes, à croissance régulière et assez ra- pide, séparés par une suture bien prononcée. Dernier tour grand, arrondi, offrant vers l'ouverture une direction des- cendante assez subite et très-marquée. Ouverture oblique, peu échancrée , transversalement oblongue. Péristome blanc, épaissi, évasé et réfléchi. Bord columellaire très- réfléchi et recouvrant la partie ombilicale, rectiligne et présentant, en outre, vers sa partie médiane, un léger renflement Bords marginaux convergents, rapprochés, réunis par une faible callosité transparente. (1) Postincolae obituna, testa albida. (2) Chez certains échantillons se trouve, en dessous, une troisième bande étroite et peu marquéi'. TRAVAUX INÉDITS. 167 Hauteur .... 19 millimètres. Diamètre. ... 33 — Habite, dans le Diarbekir, les contrées monlueusos et calcaires, notamment à Orfa. Hélix c^sareana. Cette Hélice, si abondante en Syrie, a été méconnue jusque dans ces derniers temps. Cette coquille était restée confondue tantôt avec la guttata ou la spiriplana, tantôt avec quelques Hélices du groupe de laCodringtoni, lorsque M. Mousson, en 1854, et Roth, de Munich, en 1855, l'ont réhabilitée au rang d'espèce. Les principales synonymies de ce mollusque sont les suivantes : Hélix guttata (1), L. Pfeijfer, Monogr.»Hel., I, p. 284 (exclus, synon.), 1847. — Caesarea, Boissier, mss. (teste Charpentier, 1847). — guttata, Charpentier, in Zeitschr. furMalak.,p. 135, 1847. — — L. Pfeiffer, in Martini und Ckemnitz, Conch.cab. (éd. 2), Hélix, HI, p. 386, pi. 142, f. 11-12. — — JÇour^ttf^na^ Cat. rais. Moll.de Saulcy, p. 19, 1853. — Caesareana, Parrexjsi^ mss., in Mousson, Coq. orient. Bellardi, p. 34 et 44, 1854. — — Roth, in Malak. Bl'àtt., p. 33, 1855, et Spicil. orient., p. 17, 1855. — — L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., IV, p. 228, 1859. — — Mousson, Coq. terr. fluv. Roth, Pales- tine, p. 34, 1861. (1) Non Hélix guttata d'Olivier, 180i, qui est une espèce difTcrentc, — nec Helu guttata le Giiillou, ISi'i, qui est (également «ne autre 168 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. { JuÙl 1864.) Testa obtecte umbilicata, subdepressa , solidula, valide rugoso- striata, ac stiiis spiralibus, praesertim in ullimo aafractu circa suturam sulcata, lutescenti-grisea, ac zonis 5 fuscis fulguratim albo-interruptis, saepe evanescentibus, ornata; — spira convexa, obtusa; — apice /iisco, sat parvulo, sub lente argutissime subslrio- ato ; — aafractibiis 5 supra subplanulatis aut leviter convexiusculis, sat celeriter crescentibus ; supremis carinatis (carina suturam se- quens); ultimo rotuudato, antice ad aperturam subito valde per- deflexo; — apertura obliqua, vix lunata, transverse ovali; peristo- mate albo-labiato, expansé, ac reflexo prœsertim ad basin; margiue columellari reflexo, supra regiouem umbilicalem perdilatato, ad- nato; inarginibus conniventibus, callo crasse junctis. Coquille subdéprimée, solide, peu brillante, profondé- ment sillonnée par de fortes striations assez régulières, qui deviennent, sur le dernier tour, plus grossières, et quelque- fois qui finissent par s'émousser et par s'effacer. Ces stries sont interrompues par quelques sillons spiraux qui suivent la suture et qui sont surtout sensibles sur le dernier tour. Test d'un gris jaunacé, entouré de cinq bandes brunes ou fauves, élégamment interrompues par des taches ful- gurantes d'un blanc plus ou moins éclatant. Spire con- vexe, obtuse, terminée par un sommet assez petit, brun, laissant apercevoir au foyer d'une forte loupe une quan- tité de petites stries d'une extrême délicatesse. Cinq tours presque plans en dessus, à croissance assez rapide; les tours supérieurs sont fortement carénés. La carène suit la suture et s'évanouit ordinairement sur l'avant-dernier tour. Dernier tour grand, arrondi, présentant vers l'ouverture une direction descendante des plus prononcées et assez brusque. Ouverture très-oblique, peu échancrée, trans- versalement ovale. Péristome blanc, épaissi, évasé, réflé- chi surtout au bord basai. Bord columellaire largement réfléchi, sous la forme d'un callus épais, appliqué sur la région ombilicale qu'il i^ecouvre entièrement. Bords mar- ginaux convergents, rapprochés, réunis par une callosité épaisse. TRAVAUX IISÉDITS. 169 Hauteur 20 millim. Diamètre 38 — Cette Hélice varie beaucoup. Ses variétés les plus inté- ressantes sont les suivantes : Var. B maxima. — Coquille semblable au type, seule- ment beaucoup plus grande. — Haut.22, diam. 45 millim. — R. — Jérusalem. Var. C nana. (Hélix Cœsareana, var. nana de Mousson, Coq.terr. fluv. Roth, p. 36, 1861). Testa subtiliore; apice nitido; maculis pallidis. — Coquille plus délicate, se dis- tinguant du type par un sommet brillant et par la déco- loration des taches. — Haut. 16-17, diam. 30 millim. — Mar-Saba, près de la mer Morte; Jéricho ; Jérusalem. — Variété assez commune. Var. D carinata. — Coquille moins déprimée, plus trapue. Carène se poursuivant jusque sur le dernier tour. — Jérusalem ; environs de la mer Morte. Var. E albidula. — Coquille moins déprimée, crétacée, entièrement blanche. — R. — Mar-Saba, près de la mer Morte. Var. F globulosa. — Magnifique variété offrant un test plus bombé, plus solide, plus crétacé, orné de taches ful- gurantes beaucoup plus vives et plus éclatantes. Tours de spire passablement convexes, tout en étant carénés. — Haut. 38, diam. 42 millim. — Cette belle variété a été recueillie, par M. de Saulcy, dans les montagnes au delà du Jourdain (ammonitide); à Ouad-M'ktetir et à Aâraq- el-Emir. Var. g convexa. — Coquille ordinairement de petite taille, se distinguant du type par son dernier tour l'orte- ment renflé et convexe vers la région ombilicale. — Jéru- salem. Etc., etc. L'Hélix Caesareana habite dans toute la Syrie ; elle a été récoltée depuis Alep jusqu'au sud de Jérusalem. Elle se 170 REV. ET MAG. DK ZOOLOGIE. [Juiu 186'+.) trouve également en grande abondance dans les contrées montueuses, à l'orient du Jourdain et de la mer Morte. Lorsqu'elle est jeune, cette Hélice est onibiliquée et fortement carénée. Lorsqu'elle est adulte, la carène s'ef- face et la perforation ombilicale est toujours recouverte par le callus du bord columellaire. L'Hélix Cœsareana diffère de la guttata d'Olivier, avec laquelle elle a été presque toujours confondue, par sa taille plus considérable; par son test plus épais, plus crétacé, plus fortement rugueux ; par sa coloration et la disposition toute différente de ses taches; par son bord columellaire parfaitement arqué et non recliligne, et offrant, comme celui de la giitlata, une légère éminence tuberculeuse à sa partie médiane; par ses bords marginaux, toujours réunis par une épaisse callosité ; enfin , surtout par ses tours de spire carénés, presque plans, séparés par une suture li- néaire, tandis que ceux de la guttata sont convexes, non carénés et séparés par une suture assez profonde. Hélix spiriplana. Hélix spiriplana, 0/iî)«er, Voy. Emp. ottom., t. II, p.353 pi. XVII, f. 7, 1801. -_ — Roth, MoUusc. species, p. 12, pi. I, f. 10-12, 1839. — — RossmâisUr, Iconogr., XI, p. 1, f. 682, 1842. _ _ X. />/-ayfer, Symb.Hist.Hel.,III,n''904, 1846. — — Charpentier, in Zeitschr. fur Malah., p. 136, 1847. — — L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., t. I , p. 366, 1848, et Supplém., t. HI , p. 236, 1853, et in Martini und Chemnitz, Conch. cab. (éd. 2), Hélix. I, p. 145, n" 112, pi. XIX, f. 12'13l TRAVAUX INÉDITS. 171 Hélix lithophaga, Conrad, in Lynch, Offic. rep., p. 228, pi. XXII, f. 133, 1852. — — Leidtj, in Lynch, Offic. rep., p. 207, 1852. — spiriplana, J5oMr(7Uij>m^ Cat. rais. Moll.de Saulcy, p. 19, 1853. — — Mousson, Coq. terr. fluv. Bellardi, p. 23, 1854. _ _ i?om. — M. Pouchet lit des Observations sur la prétendue fissiparité de quelques microzouires. M. Jremawa: continue la lecture de son travail intitulé: Tramforinalion de l'homme à notre époque, et conditions qui amènent cette transformation. M. le ministre de l'instruction publique autorise l'Aca- démie à prélever, sur les fonds restés disponibles, une somme de 1,500 francs destinée à la continuation des re- cherches de M. Gervais sur les cavernes ossifères du midi de la France. MM. July et 31usset adressent un travail ayant pour titre : Nouvelles expériences tendant à infirmer l'hypothèse de la panspermie localisée. M. Dareste adresse une lettre concernant sa dernière communication sur les origines de la monstruosité double chez les oiseaux. III. MÉLAIVGES ET NOUVELLES. Note sur la rapidité de l'accroissement des Mytilus, par P. Fischer. En annonçant le n» 1" de 1864 du Journal de Conchy- liologie de MM. Crosse et Fischer (n" 1, p. 30), nous avons promis de reproduire cet intéressant article. Nous remplissons aujourd'hui cei engagement. G M. « 11 est irès-diftici!e d'assigner une (hirée exacte au dévelo|)pement des co(iuilIes. Si nous connaissons à peu près le temps employé par une Hélice [)Our acquérir les attributs de l'état adulte, nous sommes réduits à des hypo- MÉLANGES ET NOUVELLES, 191 thèses au sujet des évolutions des mollusques marins. « Du reste, l'influence des milieux est considérable sur la taille des mollusques. Des individus de iMijtilus logés dans les anfractuosités de rochers atteignent à peine 2 centimètres en un an, et ne dépassent guère cette taille; néanmoins ils sont parfaitement adultes et aptes à la reproduction. Si d'autres individus de la même espèce s'accroissent plus librement, leur taille deviendra triple ou quadruple dans le même espace de temps. « M. Petit de la Saussaye a présenté, à ce sujet, des observations intéressantes insérées dans le tome IV du Journal de Conchyliologie, p. 424 (1853). Il rapportait le (ait suivant : « Un navire caréné et doublé à neuf en zinc partit de Marseille pour la côte ouest d'Afrique, employa 48 jours ù sa traversée, séjourna 68 jours dans la rivière de Gam- bie et mit 86 jours à effectuer son retour. Le voyage avait donc duré 200 jours. « Arrivé à Marseille, le navire eut sa carène nettoyée, et l'on en retira plusieurs mollusques, entre autres un Myliliis afer. un Avicula atlantica de 78 millimètres de longueur, et un Ostrea denticulata de 95 millimètres de longueur. Ces troisespèces, appartenante la faune du 8.0. de l'Afrique, avaient donc au plus 154 jours d'existence à l'état adhé- rent ; or on sait que les Mijtilus et Ostrea qui ne s'at- tachent pas dans les premiers jours qui suivent l'éclosion périssent inévitablement. « La taille adulte aurait été atteinte par ces Acéphales en 5 mois environ. « J'ai observé récemment des faits du même genre dans le bassin d'Arcachon (Gironde). Tous les ans on retire les balises de la passe pour les nettoyer complète- ment, les enduire de goudron et les replacer. « Kii 1862 je me rendis dans les passes et je recueillis sur une balise une énorme quantité de Moules {Mytilus edulin) d'une taille exceptionnelle (longueur 100 milli- 192 KEV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( JuiH 1864.) mètres, largeur 48). La balise, nettoyée, goudronnée et remise en place, a été retirée de nouveau en 1863, un an après. Elle était chargée de milliers de Moules ayant les mêmes dimensions. « Moins d'un an a donc suffi à cette espèce dont la taille moyenne sur nos bancs ne dépasse guère 5 à 6 cen- timètres pour acquérir une longueur double. « Faut-il attribuer la grande taille de nos individus à leurs conditions d'existence? Je le suppose. Atta- chés, par un long byssus, à la balise et à son amarre, ballottés sans cesse par le flot, éloignés de toute cause de compression et de déformation, leur accroissement devient régulier et atteint ses limites extrêmes. Dans les bancs au contraire, les Moules adhèrent toutes au fond, sont pressées les unes contre les autres, émergent en partie à basse mer, circonstances défavorables à leur développement. « Quant aux Moules qu'on trouve dans les anfractuo- sités de rochers, leur taille doit s'accommoder à la forme du trou qui les a reçues après l'éclosion; il leur est impossible de dépasser certaines limites, et leur faciès change tellement, qu'on a pu prendre pour des espèces distinctes des individus rabougris et déformés. » P. F. TABLE DES MATIERES. BouRGUiGNAT. Mollusques litigieux ou peu connus. 161 Chevrolat. Insectes coléoptères de Cuba. 179 Guérin-Mkneville, Variabilité du Bombyx Yawa-maï. 1^2 SOCIETES SAVANTES. 185 Mélau^'cs et nouvelles. ( Ostréiculture il y a cent ans.) 190 PARIS. — IMP. DE M"' V° BOUCHARU-HUZAUD, RUE DE L'ePERON, 5. VI9JGT-S£FTI£ME ANNÉE. — JUILLET 1864. I. TRAVAUX IXÉDITS. MoLLUsQUESNOuvEAux, LITIGIEUX OU PEU CONNUS (4'décade); par M. J. R. Bourguignat (1). Ferussacia Rotoi. FerussaciaRolhi,5oMr^»?(ywaf,Malac. Alg., t. II, p. 31. (Janvier 1864.) Testa rylindraceo-ob!on?a, fragillimn, nitidissima, levigata, dia- phano-vitracea ; — spira acumiuatooblonfra; apicc obtiisiusculo ; — aufractibiis 8 fcre plaiiulalis, lente refrularitcrquo crcscenlibus, su- tura snperticiali dupiicalaque separafis; ultimo majore, levitcr coa- vexiusculo, dimidiam altitudinis uoq a;quaute ; — apertura coarclato- oblonga, superiic angustissima, lamollifera; lamella una parielali, valida, albida, compressa elataqiie iu medio ventre ptnullimi; la- mella una palataii,\a\\àa ( in specimiuibus adiillissimis duabus lamcUis^ quariim supcrior valde immersa , fire scmper inconspi- cua s coIun)clla incurvata, ionieHa valida, larlvcsa trrminata ; perislomatc recto, acuto, intus levitcr vix crassiusculo; margiue dextro autrorsum regulariter arcuato; marginibus calio diaphane junctis. Coquille oblon{]ue-cylindriquo, très-fragile, lisse, bril- lante, polie, viiracée et transparente. Spire allongée, diminuant peu à peu et terminée par un sommet assez obtus. Huit tours presque plans, à croissance lente et (1) Les planches qui accompazp.ent cet article porteront les n" 11 à 18, et seront réparties dans divers numéros. 2' SERIE. T. XVI. AcDée 1804. 13 194 REv. ET MAC. uE ZOOLOGIE. [Juillet 18G4.) régulière, séparés par une suture superficielle, d'une teinte plus pâle, ceinle infériourement [lar une seconde iijjne imitant une rainure suturale. Dernier tour plus grand, faiblement convexe, n'atteij^nant pas la moitié de la hauteur. Ouverture oblongue réirécie, très-aiguë à sa partie supérieure, plus élargie à sa base et ornée de plu- sieurs plis ainsi placés: un pli pariétal lamelliforme fort, très-saillant, comprimé, situé sur le milieu de la con- vexité de l'avant-dernier tour; un pli palatal saillant et très-prononcé venant s'épanouir au péristome (chez les échantillons très-adultes, l'on remarque deux plis pala- taux au lieu d'un; dans ce cas, le [)li supérieur est plus faible, fortement immergé et la plupart du temps invi- sible). Columelle courbe, terminée par une forte lamelle tortueuse s'enroulant à son extrémité. Péristome droit, aigu, légèrement épaissi à l'intérieur par un faible encras- sement. Bord droit, offrant vers sa partie inférieure une projection en avant assez régulière. Bords marginaux réunis par une callosité transparente, à peine sensible. Hauteur 7 millimètres. Diamètre. ... 21/4 — Cette magnifique espèce a été recueillie par M. Roth, de Munich, aux alentours de Jérusalem. Cette Férussacie diffère de la Ferussacia Hierosolyma- rum (1), par son test plus élancé, moins ventru; par ses tours à croissance plus régulière ; par sa spire un peu plus allongée (chez la Hierosolymarum, la spire est courte en comparaison du développement du dernier tour); par sa la- melle pariétale beaucoup plus comprimée, plus saillante et moins épaisse ; par sa columelle terminée par une lamelle qui s'enroule presque à plal à la base, ce qui n'existe pas (Ij Toruatellina Hierosolymarum, Hoth, in Malah. hl., p. 39, 185j. TRAVAUX INKDITS. J95 chez VHierosohjmanim, où la columelle est simplement tordue par un pli lamelliforme (jui. par uv.e direction oblique et descendante, vient aboutira sa base; enfin par sa paroi externe ornée, intérieurement, d'un à deux plis palataux, etc. Ferussacia Moussomana. FerussaciaMoussoniana. flourguignat, Malac. Alg., t. II, p. 31. (Janv. Î8G4.) Testa cylindracco-oblonga, fragili, uitida, Icvigala, vitracta sœpe subof)Jca ; — spira acumiiialo-oblonga ; apicc oblusiu^culo ; — auCraclibus 8-9 siibplanulatis vel fere subcoiivcxiusculis, regiilaiiter leutcque crcsccntibus, siitiiia supcriiciali. pailuiiore dupiicataquc separatis; — ultimo couvpxiiisculo, paiiiulurn majore, If) altiludi- nis œquante vel supcranlc ; — apcrtiira obloiiga, superne a!lglî^fis- sima, iiiferne dilatata, tril;iiiiellala ; lamella iina parictali valida, compressa, oiata, in medio ventre penuitimi; lamella uoa iiiiuiiia sœpc immersa ad partem superiorein tolumellie, ac ad basin colu- mellaelamella uiia valida, lortiiosa,columeIlam terminaute;— peristu- mate recto, acuto; margiue eïteruo antrorsuni arcuato; niarginibus callo sat valido junctis. Coquille oblon{][ue-cylindrique, fraf^ile, brillante, ïisse, vitracée, quelquefois peu transparente. Spire oblongue, diminuant peu à peu et terminée par un sommet assez obtus. Huit à neuf tours presque plans ou à peine con- vexes, à croissance lente et ré;;ulière, séparés par une su- turcplus pâle, superficielle, ceinte, inférieurement, [)ar une seconde li^jne imitant une rainure suturale. Dernier (our légèrement convexe, égalant ou dépassant faibleuient les 2/5 de la hauteur. Ouverture oblongue, très-rétrécie à sa partie supérieure, assez large à sa partie inférieure, et ornée de trois plis lamelliformes; savoir, un pli fort, élevé, comprimé sur le milieu de la convexité de l'avant- dernier tour; un second pli beaucoup plus petit et assez enfoncé, au sommet de la columelle ; eniin un troisième pli 19G REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Juillet 1864.) fort, saillant, contourné à la base de la coliimelle. Péri- stome droit, aigu. Bord externe arqué en avant. Bords marginaux réunis par une callosité assez prononcée. Hauteur 7 millimètres. Diamètre 2 — Environs de Jérusalem, de Bethléem, etc.; assez abon- dante sous les pierres et les rochers ou au pied des ar- bustes. La Ferussacia Moussoniana se distingue de la Fer. Roihi par son test moins élancé, un peu plus globuleux à sa partie basale ; par son ouverture plus dilatée à sa par- lie inlx^rieure; par sa columelle armée de deux plis lamel- liformes, un supérieur et un inférieur, tandis que chez la Rotin il n'existe qu'un seul pli columellaire à la colu- melle. Ferussacia Saulcyi Ferussacia Saulcyi, Bourguignat, Malac. Alg., t. II, p. 31. (Janv. 1864.) Testa acuminalo-oblonga, fragili, levigata, diaphana, vitracca ; — spira acurninata ; apice obtusiusculo ; — aiifraitibiis 8 subplanula- lis vel vix coave\iiiS(:ulis, regularilcr lonteque crescciitibiis, sutura pallidiore superficiali duplicataque separalis ; ulliiiio dimidiam alti- tiidiuis œquante ; — apertura elongata, coarctata, aiigustissima, bila- niellata; laiiiclla palatali (iu spociiiiinibus adullissimis) parvula,ac larnella una valida tortuosa, coliimellam tcrminaule ; margiiie cx- teruo antrorsum valide arcuato ; marginibus callo junclis. Coquille oblongue, acuminée, fragile, lisse, diaphane, vitracée. Spire diminuant peu à peu, terminée par un sommet obtus. Huit tours presque plans ou à peine con- vexes, à croissance lente et régulière, séparés par une suture plus pâle, superficielle, ceinte, inférieurement, par une seconde ligne imitant une rainure suturale. Dernier tour égalant la moitié de la hauteur. Ouverture irès-allon- TRAVAUX INl'DITS. 197 gée, excessivement étroite, rétrécie et ornée de deux plis lamelliformes, ainsi placés : un pli palatal, très-enfoncé, visible seulement par transparence et {]éncraiementp!us prononcé que chez les éclianlillons très adultes, et un autre pli columellaire, tortueux, terminant l'extrémité de la co- lumelle. Bord externe fortement arqué en avant, surtout à sa partie inférieure. Bords marginaux réunis par une callosité. Hauteur. . .6 1/2 millimètres. Diamètre. . 2 — Environs de Sayda. — Très-rare. — Cette coquille se distingue de toutes les autres espèces par son ouverture excessivement rétrécie, comme réduite à une simple fente, et par sa columelle nulle ou presque nulle terminée par une forte lamelle tortueuse. Ferussacia MICHOMANAï Testa minuta, oblonga, fragili, nitida, diapliana, vitracca, levigatai — spira brtvi, attciiualo-acuminafa; apice obtiisiusculo ; — aufrac- tibus 0 cotivexiusculis, irrcgulariler cresccntibus (prioribus niiun- lis, iiltimis maxiniis\ sutura sat iniprcisa duplicalaqiie scparatis; ullimo sat couvexo, maximo dimidiam aliitudinis superantei — apertura oblonga, supcnic acute an^ulata, infcrue sat dilalata ; co- lumella recta, ad basiii sicut Iruurata ; margiuc cxtcruo autrorsum valide' arcuato ; inarginibus callo juactis. Coquille petite, fragile, oblongue, brillante, transpa- rente, lisse et vitracée. Spire courte, atténuce-acuminée, terminée un peu en forme de cône. So.iimet obtus. Six tours assez convexes (à l'exception des premiers), s'accrois- sant irrégulièrement (les tours supérieurs sont petits et irréguliers entre eux, les deux derniers sont très-dévelop- pés], et séparés par une suture assez prononcée, ceinte, inférieuremenl, par une seconde ligne imitant une rainure suturalc. Dernier tour très-grand, assez convexe, dépas- 198 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Jllilkf l8Gi.) sant la moitié de la hauteur. Ouverture oblongue très-ai- p[uë à sa partie supérieure, passablement dilatée à sa partie inférieure. Columelle droite, paraissant tronquée à sa base. Bord externe Fortement arqué en avant. Bords marginaux réunis par une callosité. Hauteur. ... 5 1/2 millimètres. Diamètre. ... 2 — Alentours de Jérasalem, sous les pierres et les rochers. — Rare. Les Férussacies syriennes sont si peu connues, sont (l'une telle rareté dans les collections, que nous croyons utile d'appeler l'attention sur ces intéressantes et curieuses coquilles. La première espèce signalée en Syrie a été décrite par Roth en 1855, sous le nom de Tornatcllina Hierosolyma- rum. Mousson, depuis cet auteur, est le seul qui en ait men- tionné d'autres. Seulement ce conchyliologue n'a pas su, selon nous, discerner les espèces, ou, par de faux rappro- chements, a rendu la connaissance de ces espèces d'une extrême difliculté. Ainsi ses dandina acicula et aciculoides, var. torta (Cat. coq. Hellardi, p.48, 1854), et sesïornatellina Hiero- solymarum, var. discre[)ans, Glandina lumulorum, var. Judaïca, et Glandina Liesvillci ( Cat. coq. Ilotli, p. 51 et suiv., 18G1), sont évidemment des espèces mal déter- minées. Les vraies acicula, aciculoides, Liesvillei et tumulorum sont des Cœcilianella spéciales à la France, à l'Italie, au centre de l'Allemagne, h la Grèce, et n'ont jamais été trouvées en Syrie. Il est de toute probabilité que les divers échantillons que l'honorable Mousson a considérés comme identiques on du moins analofjues à ces Cœcilianella ne sont, au cou- TRAVAUX mÉDlTS. 109 traire, que de véritables Ferussacia du groupe des Hohen- wartiana. C'est, du reste, ce que nous avons reconnu après un examen attentif de toutes nos espèces et do celles de la collection de feu notre ami Rolli, que M. Mousson a bien voulu nous confier à notre passage à Zurich, en 1861. Les Férussacies syriennes sont au nombre de 8. Sur ces espèces, 5 appartiennent au groupe des Proccruliann et les trois autres à celui des flohcnwarlinna. Les Ferussacia du groupe des Proceruliana sont les Ferussacia Hierosolymarum, Ferussacia Saulcyi, — Rothi, — Syriaca(l). — Moussoniana, Celles du groupe des Hohenwartiana sont les Ferussacia Michoniana, Ferussacia Judaica. — Berytensis, Toutes ces espèces, pour la plupart d'une excessive ra- reté, vivent sous terre, sous les pierres et les rochers, dans les endroits humides et ombragés. Il est rare de les trouver vivantes. M. Félicien de Sauky les a rencontrées mortes notamment dans les fourmilières le long dos sentiers. Les contrées qu'elles paraissent affectionner sont les vallons du plateau de Jérusalem, de Kethléem, de Jéricho, etc.; enfin les vallées du Liban. Pour compléter cet aperçu mono;]raphique des Férus- sacies syriennes, nous croyons utile de donner quelques (t)Nous regrettons de ne pouvoir donner, dans cette décade, la description et la figure de cctlc espè(e, ainsi que celles des Ferus- sacia Dcrjtensis cl Judaica. Le cadre que nous nous sommes imposé pour chaque livraison des MoLLtSQUFS nouveaux ne nous permet pas di) doiuier plus de dix descriptions d'espèces nouvelles, liii- gicuses ou peu connues. — Plus tard, dans une autre décade, nous complétTons l('sdiaj;uosi's des Férussacies syriennes. 200 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Juillet 18G4.) notions scientifiques sur le genre, la distribution des espèces et les appellations des diverses coquilles qui le composent. Les Ferussacia sont des animaux herbivores, quadriten- taculés, ovovivipares, munis d'une mâchoire (1) cornée, légèrement arquée, et ne possédant à leur appareil génital ni dard ni glandes vaginales (2). Les petites coquilles qui les recouvrent, brillantes, polies, transparentes, lisses, offrent une ouverture dentée ou non dentée, et une colu- melle presque toujours calleuse, contournée, souvent pour- vue d'une lamelle inférieure, mais, en tous cas, jamais nettement tronquée, comme celle des Cœcilianella ou des Glandina. Les Férussacies (Ferussacia (3), Risso, Hist. nat. Europ. mérid., t. IV, p. 80, 1826. — Bourguirjnat , in Amén. matac, t. I, p. 197, 1856, et 3Ialac. Alg., t. II, p. 23 (janv. 1864), constituent un genre essentiellement euro- péen, voisin des Achatina, Azeca et Tornatellina. Toutes les espèces de ce genre, à l'exception de deux ou trois au plus (4), sont spéciales aux contrées du système européen. Les Férussacies se divisent en deux grandes sections, en Zua et en Euferussacia, c'est-à-dire en Férussacies vé- ritables ou proprement dites. Les espèces de la section des Zua (Zua, Leach, Brit. Moll., p. 114, 1820, teste Turton., Man. Brit., 1831, qui a pour type l'ancienne lubrica des auteurs) sont les Ferussacia subcylindrica, Ferussacia Maderensis, — azorica, — exigua (5). (t) Raymond, in Journ. Conch., t. IV, p. 14, 1853.— Moquin- Tandon.in Journ. Conrh.,t. IV, p. 346, 3:)2, etc., 1853. (2) Vésicules multifides de certains auteurs. (3)NonFe)'MSsada, Leufroy, 1828, necFerusA?Ha,Grateloup,1827. (4) Comme, par exemple, la Ferussacia liuddi, Doiirguignat; Bulimus lubricus, Saij^ Gould, Adams, Binncy, etc.; Duliaius lu- bricoides, Stimpson; Zua Buddii, OMpuy, 1819, qui est une espèce des États-Unis d'Amérique. (5) La Ferussacia Buddi d'Amérique appartient à celtv section. TRAVAUX INÉDITS. 201 Les Euferussacia se divisent naturellement en trois groupes : en FoUiculiana , Proceruliana et Hohenwar- tiana. Le premier groupe, FoUiculiana, a pour type l'ancienne espèce folliculus; le second ProceruUnna, la procerula ; enfin le troisième, Ilohenwarlinna , l'Hohenwarli. Dans le groupe des FoUiculiana doivent être compris les Ferussacia folliculus, — regulai'is , — amauronia, — nitidissima , — Forbesi, — terebella, — amblya , Ferussacia Gronoviana , — Vescoi , — proechia, — gracilis, — vitrea, — aphelina, — abromia. Dans celui des ProceruUana, les Ferussacia Webbi , — procerula, — eremiophila, — — carnea, — — agraecia, — — lamellifera, — — charopia, — — Hierosolymarum, — — Rolhi, — — Moussoniana, — — Saulcyi, — — Syriaca, Enfin, dans celui des Hohemcarliana (1), les Ferussacia Tandoniana, — oviiliformis, — Leacociana, — sciaphila, — celosia, — ennychia, — debilis, - scaptobia , - gracilenta, - ïerveri, abia. Ferussacia Hohenwarti, Ferussacia Biondina, (1) Le nom de Hohcnwartiana indique suffisamment que nous avons pris pour lypc VAchatina Uohenwarti de Rossmassier (1839). 202 RKv. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Juillet 18Gi.) Ferussacia psilia , Ferussacia Kizzeana, — Michoniana, — cucharista, — Berytonsis, — Bourjjuijjnaliana, — Jiidaica, — thaninophila. Au point de vue de leur distribution {ïéogra[)hiquo, les FoUlculiana sont surtout abondantes dans les îles occi- dentales de la Méditerranée et dans les contrées littorales de l'Algérie, de l'Italie, de la France et de l'Espagne. Les Proceruliana atteignent leur maximum de dév(^loppement dans les contrées du nord de l'Afrique et dans les îles Madères et Canaries, tandis que les Hohenwartiana pa- raissent abonder surtout en Sicile et en Italie. Voici, du reste, pour l'intelligence du genre Ferussacia, un aperçu synonymique des espèces bien caractérisées spéciales au sysième européen. c'est, en etTet, Fespècc la plus anciennement connue, et à elle reve- nait le droit de donner son nom à ce groupe de coquilles dont elle fait maintenant partie. Longtemps l'on a cru que cette espèce était voisine de VAchalina acicula des auteurs (Cœcilianclla acicula, Dourgnignal, 1856). i\ous-mème, nous basant sur de fausses indications, et nous liant au consensus omnium drs malacologistes, avions oté amené à considé- rer cette coquille comme un mollusque du groupe de Vacicida. Aussi, dans nos Aménités malacolofjiques (t. I, p. 214, 18r)f)), lors de la publication de la monographie des Cœcilianclla, avions-nous place r//o/ie?it«.'/r/i à la tète des espèces de ce genre, tandis qii'en rJalitc cette coquille est une véritable Ferussacia. Les Ferussacia de ce dernier groupe sont toutes de trcs-pctiles coquilles, d'une extrême fragilité, d'un aspect cristallin bl.mcliâtre, rarement d'un jaune pâle corné, et ressemblant beaucoup ii des Cœ- cilianeiles. L'ouverture acuminee, comme chez les Prorcraliana, e^t ordinairement oblongue, et ne présente presque jamais ni deiit ni lamelle sur la paroi aperturale. La columellc, d'une grande sim- plicité, peu contournée, généralement droite, n'atteint jamais ia base de l'ouverture, et, comme elle est légèrement lamcUcubC, elb; paraît toujours tronquée, tandis qu'en réalité elle ne l'est pas. C'est cette apparence très-prononcée de troncature qui nous avait amené, en liSfiO, à classer quclques-unet. des espèces de ce groupe dans le nenre Csciiiauella. TRAVAUX INI^DITS, 203 1. Ferussacia subcylindrica, Bourguignat , in Amen, malnc, t. I , p. 209, 18oG. — Hélix subcylindrica, Un- nœus, Syst. nat., t. II, 1248 (éd. XII), 17G7. — Hélix lu- briea, ^fiiUer, Verm. Hist., H, p. lOi, 1774. — Ikilimus lubricus, Brtiguière, in Encijdup. mélh., Vers. I, f). 311, 1789. — Bulimus lubricus et subcylindricus. Point, Prodr., p. 45, 1801. — L^m\\ïSi^\nh\'\c?i, Fleming ,\u Edimb . Ennjc., t. VII (l^e part.), p. 78, 181i. — Cochlicopa lubrica, Risso, Hist. nat. Europ. rnérid., t. IV, p. 80, 182G. — Cionella lubrica, Jeffrey^, Syn. test., in Transact. Linti.j t. XVI (2*^ part.), p. 347, 1830. — Achatina lubiica, 3l€nke, Syn. MolL, p. 29, 1830.— Zua lubrica, Leach, Brit. Moll., p. 114 (teste Turlon, 1831). — Colunina lubricus, Cristo- foris et /an, ('at., n" 6, 1832. — Styloides lubricus, Fit- zingcr, Syst. Verzeichn., p. 100, 1833. — Achatina subcy lindrica, Deshaye.", in Anton, Verz. Conch., p. 44, 1839. — Bulimus subcylindricus, Muquin-Tandun, Hist. Moll. France, t. II , p. 304, 1855 (1), etc. — Espèce abondante en Europe, ainsi que dans la partie occidentale du bassin méditerranéen. 2. Ferl'ssacia Maderensis, Bourguignat. — Hélix lu- brica, Loice, Primit. faun. Mader., p. 61, t. VI, f. 29, 1831. — Bulimus Maderensis, Loice, Synops., p. 10, 1852 (extr. des Ann. and Magaz., t. IX, j). 119). — Achatina Maderensis, L. Pfeijfer, Mono,;r. Helic. viv , sui)plém., III, p. 504, 1853, et t IV, p. G19, 1859. — Glandina Maderensis, Albers, Malac. Mader., p. 55, pi. xiv, I'. 20- 21, 1854. — Oleaciua Maderensis, Adamx, Gêner, rec. Moll., t. II, p. lOG, 1855, etc. — Espèce particulière aux îles Madères. 3. Fi-RUSSACiA AzoRicA, liourguigndt . — (llandina Azo- l'ica, .-ilbers, Xeue Helic, in Zcitsrhr. fur Mala/c, p. 125, 1852. — Achatina Azorica , L. Pfciffcr, Monogr. Helic. (11 II faut encore rapporter h cette espèce l'Acbatina nitciis de Kokeil, le Bulimus iiitcas de Schmidt, etc. 204 REV. ET MAG. DF, ZOOLOGIE. [Juillet 1864.) viv.. supplém., t. III , p. 504, 1853, et t. IV, p. 620, 1859. — Zua Azorica, Mousson, in Viert. d. nat. Zurich, p. 767, 1858. — Giandina lubrica, MoreJet, Moll. terr.fluv. Açores, p. 197, 18G0. — Habite les îles Açores. 4. Ferussacia ExiGUA, Bourgiiigncit. — Achatiiia exigua, Menke, Syn.mélh. Moll. (-2«éd.), p. 29, 1830.— Achalina minima, Siemasko, in Bull. nat. Mosc, t. XX, 1847. — Achatina pulchella, Hartmann. — Achatina lubricella, Ziegler (teste L. Pfeiffer, 1848). — Achatina collina , Drouè't^ Enum. Moll. terr. fluv. France contin., p. 4G, 1855, etc. — Habite dans presque toute l'Europe. Cette espèce, véritable miniature de la subcylindrica (lubrica des auteurs), préfère les endroits secs, sablonneux, les pays un peu monîueux et arides. 5. Ferussacia folliculus, Bourguignat. Amén. ma- lac, t. I, p. 197 (en note), 1856, et Malac. chat. d'If, p. 22, pi. H, f. 1-3, 1860. — Hélix folliculus, Gronovius, Zoophyt., ni, p. 296, pi. xix , f. 15-16, 1781. — Acha- tina folliculus, Lamarcii, Anim. s. vert., t. IV (2^ part.), p. 133, 1822. —Achatina Risso, Deshatjes, Encycl. niélh. vers. 2 (l^^ part.), p. 12, 1830, etc. — Espèce peu connue, spéciale aux côtes méridionales de la France et de la Catalogne. 6. Ferussacia regularis, Bourguignat. Malac. chat. d'If, p. 20, pi. II, f. 8-9, 1860. — Habite l'île de Malte; se trouve également à Portici, près de Naples. Cette espèce se distingue de la folliculus par l'accroissement lent et excessivement régulier de ses tours de spire; par sa colu- melle plus forte; par son bord externe régulièrement arqué et n'offrant point de retrait à son insertion sur l'avant- dernicr lour. 7. Ferussacia amauronia, Bourguignat. Malac. chAt. d'If, pi. Il, f. 1416, 1860, et Malac." Alg , t. II, p. 37, pi. III, f. 10-12, 186'i. — Espèce algérienne. 8 Ferussacia NiTiDissiMA, Bourguignat. — Rulimus ni- tidissimus, Knjnicld, in Bull. nat. Mosc, t. VI, p. 420, TRAVAUX INÉDITS. 20o 1833. — Achatina nitidissima, L. Pfeiffcr, Symb. Hist. Hel., II , p. 13i, 1842, et Monogr. Hel. viv., t. II, p. 284, 1848. — Oleacina nitidissima, L. Pfeiffcr, Monogr. Hel. viv., t. IV, p. 637, 1859. — Espèce particulière à la Crimée. 9. Ferussacia Forbesi, Bourguignat, in Amén. malac, t. I, p. 204. (Juin) 185G. — Achatina nitidissima, Forhes, in Jard. nnn., t. II, p. 283, 1838, et supplément, pi. xii, f. 2, 1839. — dandina nitidissima, Kiisler, Conch. cab. {2«édit.), g. Gland., pi. xviii , f. 20-21, et 3for€let, Cat. Moll. Alg , in Journ. Cvnch., p. 292, 18o3. — Achatina nitidissima, L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., t. II, p. 284, 1848. — Oleacina nitidissima, Grmj^ Cat. Pulmon., p. 49, 1855, et H. et À. Adams, Gêner, rec. ]\Ioll., II, p. 106, 1855. — Achatina Forbesi, L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., t. IV, p. 621, 1859. — Espèce abondante en Algérie. 10. Ferussacia terebella, Bourguignat. — Achaîina terebella, Lowe, in Ann. and Mag. (2^ série), IX, p. 120, 1852 (et tirage à part, Synops. diagn., p. 11, 1852). — Kuster, in Chemnilz und Martini, Conch. cab. (2" édil.), BuL, t. XXV, f. 31-32. Achat., n" 34. — Achatina tere- bella, L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., suppl., t. III, p. 510, nol69, 1853. — Glandina terebella, i/6ers, Malac. Mader., p. 56, t. XIV, f. 22-23, 1854.— Oieacina terebella, Grny, Pulmon., p. 46, 1855, et L. Pfeiffer (loc. sup. cit.), t. IV, p. 636, 1859. — Espèce particulière aux îles Madères. 11. Ferussacia amblya, Bourguignat, Malac. chat. d'If, pi. II, f. 17-19, 1860, et Malac. Alg., t. II, p. 40, pi. m, f. 13-15. (Janv.) 1864. — Espèce algérienne. — Se trouve également dans le Maroc. — La Glandina folliculus des îles Madères [Albers, Malac. Mader., p. 57, pi. xv, f. 3-4, 1854) doit, selon toute probabilité, être rapportée à cette coquille. 12. Ferussacia Gronoviana , Risso, Hist. nat., etc., Europe mérid., t. IV, p. 80, pi. m, f. 27 (mauvaise), 1826. — Bourguignat, Malac. chat. d'If, p. 18, pi. n, f, 4-6. (Janv.) 1860. — Espèce particulière aux contrées du lit- 206 HEV, ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1864.) toral de la Provence, du Piémont. — Se trouve également en Italie. — Cette Férussacie se distingue de toutes les autres par son apparence strepta xi forme. 13. Ferussaci.v Vescoi , Bourguignat, in Amén. malac, t. I, p. 203, 1856, et Malac. chat. d'If, p. 23, pi. ii , f. 10-13. (Janvier 1860.) — Glandina Vescoi, Bourguignat, in Aîïién. malac, t. I , p. 105, pi. xv, f. 2-4 (mauvaises), 1856. — Achatina pahistris, Parrcyss, mss. — Achatina Vescoi, I. Pfeiffcr, Monogr. Hel. viv., t. IV, p. 621, 1849. — Achatina folliculus, var. Vescoi, Benoit, Illustraz. sist. Test, estram. Sicil. ulter. (4" fasc), p. 236, pi. viii, f. 4, 1862, etc., etc. — Espèce des plus abondantes dans le bassin méditerranéen. Le type se trouve à Malte, en Sicile et en Algérie. — Cette Férussacie habite également en italie, en Espagne, en Portugal, en Grèce, en France, etc. — Cette coquille est surtout caractérisée par l'accrois- h'ement irrégulier de sa spire, par sa columelle forte, inté- rieurement calleuse et contournée, par sa forme obèse, sa taille plus forte, etc. 14. Ferlssacia TROECHiA, Bourguignat. Mal. Alg., t. II, p. 44, pi. 3, f. 26-28, 1864. — Espèce algérienne. 15. Ferussacia GTXxciLis, Bourguignat. — Hélix graciiis, Lowe, Prim. faun. Mader., p. 64, pi. vi, f. 28, 1833. — Achatina graciiis, L. Pfeijfer, Monogr. Hel. viv., II, p. 284, 1848. — L. Beeve, Conch. icon. Achat., t. XXII, !'. 117. — -Kuster, in Chcmnilz und Martini, Conch. cab. (édit. 2), Bul., t. XXV, f 20. Achat., p. 32. — L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., suppl., t. III, p. 505, 1853, et t. ÎV p. 623, 1859. — Glandina graciiis, .4/6ers, Mal. Mader., p. 56, pi. XIV, f. 24 25, 1854. — Acicula graciiis, //. et^. Adams, Gêner, rec. Moll., t. II, p. 313, 1856. — Espèce spéciale aux îles Madères. 16. Ferussacia vitrea, Bourguignat. — Achatina vi- trea, Wehb et Berthelot, Synops. Moll. Canar., p. 16, 1833. — Bulimus vitreus, A. d'Orbigny, Moll. Canar., p. 72, pi. II, f. 28, 1839.— Achatina vitrea, /.. Pfeiffer, Moiu.gr. TRAVAUX INÉDITS. 207 Hel. viv., t. II, p. 274, 1848, et siippl., p. 505, 1853.— Bulimus vitreiis, L. Pfeif/er, Monogr. Mol. viv., l. IV, p. 455, 1859. — Férussacie spéciale à l'île Ténériffe. 17. Ferussacia aphelina , Z?o«r(7Miaroliniaiia, L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., il, p. 278, I8i8,— et Tornalellina l'aro- liniana, L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., supplém., III, p. JM, l8J3,qui est une espèce à rapporter au genre Azeca. (Voyez llourguignal, Aménit. malac, t. II, p. . wo/ac, t. I, p. 208, 1856. — Achatina follicuhis (pars), Michand, Cat. test. Alg., p. 9, 1830, et Tervcr^ Cat. Moll. nord de l'Afrique, p. 31, pi. iv, f. lG-17, 1839. — Achatina Ter- veri, L. PMU'er, Monogr. Hel. viv., t. IV, p. G23, 1859. — Espèce algérienne. 41. Ferussacia abia, Bourguignat. Malac. Alg., t. II, p. 65, pi. IV, f. 31-3'i.. (Janv.) 18G4. 42. Ferussacia IIoiiexwarti, Dourguianrit. — Acliatina Hohenwarli, Rossma:. des Ech. foss.^p. 63, 1857. — Id , Dujardin et Hupé, Ilist. nat. des Zooph. Echinod,, p. 503, 1862. Espèce de petite taille, circulaire, médiocrement renflée on dessus, presque plane en dessous. Zones poriFères droites, formées de pores arrondis rapprochés les uns des autres, séparés par une cloison étroite et subgranuli- forme; à la face inférieure les paires de pores dévient un peu de la li^ne droite, sans cependant se multiplier. Aires ambulacraiies garnies de deux rangées de tuber- cules de petite taille, finement perforés, homogènes, éga- lement espacés, au nombre de douze à treize par série dans l'exemplaire que nous avons sous les yeux; mais ce nombre varie suivant la taille plus ou moins forte des in- dividus. Granules intermédiaires inégaux, peu abon- dants, formant une ligne subsinueuse au milieu de l'am- bulacre, et se prolongeant çà et là entre les scrobicules en séries horizontales. Aires interambulacraires pourvues de deux rangées de tubercules principaux beaucoup plus gros que les tubercules ambulacraires, plus largement scrobicules, au nombre de onze par série, placés très-près des zones porifères. Tubercules secondaires pelils, à peu près de même taille que les tubercules ambulacraires, plus espacés, disparaissant au-dessus de l'ambilus; zone miliaire large. Granules intermédiaires peu abondants, iné- gaux, quelquefois mamelonnés, épars, disposés en cercles autour des scrobicules. Péristomc assez grand, enfoncé, subcirculaire, médiocrement entaillé. Tous les exemplaires que nous connaissons présentent, adhérents encore aux tubercules, un certain nombre de radioles; ils sont grêle?, cylindrir^ues, acicnlés, très-al- TRAVAUX INÉDITS. 215 lonjjés, {garnis, sur toute la tige, de stries fines, réj^ulières, longitudinales; la coUerettb est nulle et le bouton muni d'un anneau saillant et crénelé; facette articulaire lisse et perforée. Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de ses congénères par sa petite taille, ses tubercules ambu- lacrairesfins, délicats, homogènes, ses tubercules interam- bulacraires relalivoment assez gros ses granules inégaux et peu abondants; elle se rapproche du Diademopntt Mi- cheliniy du lias inférieur de Pouilly (Côte-d'Or); elle en diffère cependant par sa taille moins forte, sa face supé- rieure plus déprimée, ses tubercules moins gros, ses gra- nules intermédiaires moins nombreux et plus inégaux, son péristonie plus enfoncé. C'est à tort que M, Dcsor, dans le Sijnopsis des Echinides fossiles, range celte espèce dans son genre nijpodiadema,el la considère comme provenant du terrain crétacé d'Orglandes (Mancho). Nous avons sous les yeux l'exemplaire qui a servi à établir l'espèce. Nous nous sommes assuré, en l'examinant ta la loupe, que ses tubercules n'étaient point crénelés comme ceux des Ifypo- diademn, cl qu'il rentrait par tous ses caractères dans le genre Diademopsis ^ spécial jusqu'ici au terrain juras- sique inférieur. Il résulte, du re^^te, des renseignements stratigraphiques qui nous ont été donnés par M. Hébert lui-même, que l'individu type provient, ainsi que plusieurs autres exemplaires que nous nous sommes procurés de- puis, non pas de la craied'0rglaniies,mais du lias inférieur de Valognes (Manche). Eu décrivant ici cette intéressante espèce, nous avons eu pour but de faire disparaître cette double erreur. Loc. — Valognes (Manche). Assez commuii. Lias infé- rieur. Coll. delà Sorbonne, coll. Bonissent, ma coll. Expl. desfi'j — PI XIX, (ig. 1, Diadeinop^i^ Ihberli, de ma coll., vu de côté; (ig. 2, face inf. ; Hg. 3, plaques ambul. et interambul. grossies; Hg. 4, radiole; lig. 5 le même grossi. 216 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE, [Juilkt ISGi.) 53. DiADEMOPSis Bonissenti, Cotleau, 1864. Hauteur, 20 mill.; diam., 58 mill. Espèce de grande taille, subcircnlaire, médiocrement renflée en dessus, presque plane en dessous. Zones pori- fères formées de pores simples, arrondis, rapprochés les uns des autres, déviant un peu de la ligne droite à la face inférieure et tendant à se multiplier près du péristome. Aires ambuiacraires étroites, garnies de deux rangées de petits tubercules finement perforés et mamelonnés, serrés, nombreux, homogènes dans la région infra-marginale, paraissant s'espacer un peu au-dessus de l'ambitus. Gra- nules intermédiaires abondants, délicats, remplissant l'es- pace qui sépare les deux rangées, et se prolongeant entre les scrobicules'en séries horizontales. Aires inlerambula- craires présentant vers l'ambitus huit à dix rangées de tubercules à peu prèsidentiquesà ceux qui recouvrent les ambulacres; deux de ces rangées cependant sont un peu plus apparentes et arrivent seules jusqu'au péristome; les autres rangées disparaissent au fur à mesure qu'elles se rapprochent de la bouche et sont remplacées, sur le bord des zones porifères et dans la zone miliaire, par de petits tubercules secondaires qui tendent eux-mêmes à se con- fondre avec les granules qui les accompagnent. Au-dessus de l'ambitus, autant qu'on en peut juger dans l'exemplaire unique que nous avons sous les yeux, les tubercules sem- blent moins nombreux, plus petits et moins serrés. Gra- nules intermédiaires abondants, épars, inégaux et quel- fois mamelonnés dans la zone miliaire, formant, entre les scrobicules, des séries fines, délicates, homogènes. Plaques coronales étroites, allongées, très-peu flexueuses, péri- !:tome médiocrement développé, sub-circulaire, s'ouvrant dans une dépression assez prononcée. L'appareil masti- catoire existe au fond du péristome : les pyramides seules sont apparentes; leur extrémité est légèrement recourbée et marquée d'un sillon étroit et profond. TRAVAUX INÉDITS. 217 Radioles grêles, allongés, ornés de stries longitudinales comme chez tous les Diademopsis. Rapports et différences. — Nous ne connaissons de cette espèce qu'un seul exemplaire dont la faco supérieure est en grande partie engagée dans la roche. Bien qu'incom- plet, il se distingue très-nettement de tous les Diademopsis, et nous n'avons pas hésité à en faire le type d'une espèce nouvelle que nous dédions à M. Bonisscnt, qui a bien voulu nous le communif}uer. Le Dxademopns Bonisscnti appartient au groupe des Diademopais à tubercules mul- tiples, et sera toujours facilement reconnaissable à sa grande taille, à ses tubercules ambulacraires et interam- bulacraires petits, nombreux, serrés et homogènes, aux granuk>s délicats et abondants qui les accompagnent. Par la disposition de ses tubercules cette espèce rappelle l'/Zc- jnt/)edmfliV/arc/ir7niensis, Wright, du coral-rag d'Angleterre; elle s'en éloigne par ses tubercules beaucoup moins gros et tout autrement disposés. Loc. — Yvelot (Manche), Très-rare. Infra-lias. Coll. Bo- nissent. Expl. des fig. — PI. xix, fig. Q, Diademopsis Bonissenti, de la coll. de M. Bonissent, vu sur la face inf. ; fig. 7, pla- ques ambul. et interamb. grossies. 5i. Stomechinus Schlumbergeri, Cotteau, 1864. Hauteur, 10 mill.; diam., 21 mill. Espèce de petite taille, circulaire, renflée et subhémi- sphérique en dessus, presque plane en dessous. Zones po- rifères étroites, s'élargissant vers le péristome, formées de pores petits, arrondis, rapprochés les uns des autres, paraissant, au premier aspect, directement superposés, mais offrant, en réalité, une tendance bien marquée, no- tamment vers l'ambitus, à se grouper par triples paires, et se multipliant d'une manière très-apparente près de la bouche. Aires ambulacraires garnies de deux rangées de 218 UKV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [JuUlcl 1864.) tubercules, relalivement assez gros, fortement mame- lonnés, serrés, placés sur le bord des zones porifères, di- minuant brusquement de volume à très-peu de distance du sommet. L'espace intermédiaire entre les deux rangées est occupé par des granules abondants, inégaux, épars, au milieu desquels se montrent que'quel'uis vers l'ambitus deux ou trois tubercules plus petits que les tubercules principaux, mais cependant distinctement mamelonnés. Aires interambulacraircs pourvues de huit rangées de tu- bercules à peu près identiques à ceux qui couvrent les ambulacres; deux de ces rangées, plus développées et plus régulières que les autres, occupent le milieu des plaques, et s'étendent depuis le sommet jusqu'au péristome; les rangées latérales disparaissent successivement et au fur à mesure que l'aire interambulacraire se rétrécit. Zone mi- liaire un peu déprimée à la face supérieure. Granules in- termédiaires assez abondants, très- inégaux, épais, ten- dant à se grouper en cercles autour des tubercules. l'éri- stome grand, décagonal, légèrement enfoncé. Périprocfe irrégulier, subclliplique; appareil apicial solide, petit, subpentagonal, granuleux. Les plaques génitales abou- tissent seules sur le périprocte ; la plaque madréporiforme est un peu plus développée que les autres. Nous rapportons à cette même espèce un exemplaire recueilli par M. Joubert, dans la grande oolithe de Valauris (Var) : sa taille est un peu plus forte; ses tubercules in- terambulacraircs sont plus nombreux et peut-être un peu plus développés; malgré ces différences, il ne saurait être séparé du type que nous venons do décrire. Ripports et différences. — Le Stomrchinus Schlumbergeri forme un type qui sera toujours rcconuaissable à sa petite taille, à ses tubercules assez gros, abondants, serrés, n'augmentant pas de volume à la face inférieure, et sur- tout à la structure de ses pores ambulacraires, qui, tout on paraissant directement superposés, tendent à dévier de la ligue dioile et à affecter une disposition trigéminée. Ce SOCIÉTÉS SAVANTES. 219 caractère, que nous ne connaissons chez aucun autre S/o- merhinus, est intéressant à signaler et rapproche cette espèce des Magnosia; cWe b eu éloigne cependant par sa taille plus forte, ses tubercules moins fins, moins serrés et moins homogènes, son périslome moins enfoncé, ses pores moins directement superposés. Nous avons préféré la laisser parmi les Stomechinus, sur les limites extrêmes du g(^nre : c'est un type anormal, intermédiaire, d'autant plus curieux à étudier qu'il est de nature h établir un lien entre la famille des DiaJéinalidécs, dont les pores sont simples, et celle des Ec/iinidces, dont les pores sont mul- tiples. Loc. — Villey-Saint-Étienne (Meurlhe); Valauris (Var). Très-rare. Étage baihonicn. Coll. Schlumberger, Jaubert. Expl. des fig. — PI. xix, fig. 8, Slomechinux Schlum- bcrgeri, de \a coW. de M. Schlumberger, vu de côté; fig. 9, face supérieure; fig. 10, aire ambulacraire grossie. {La suite au prochain numéro.) II. SOCIETES SAVANTES. ACADÉiMIE DES SCIENCES. Séance du 2Ù juin 186i. — M. Ramon de la Sagra envoie deux échantillons des produits de l'Abeille mélipone de Cuba (cire cl propolis), sur lesquels il fournit les indica- tions suivantes : « Ciràce aux savantes recherches du naturaliste havanais M. Phili[)pe Poëy, les mœurs de l'Abeille sauvage de l'île de Cuba sont aujourd'hui bien connues. Ces insectes éta- blissent leurs ateliers dans le creux des arbres, qu'ils com- mencent par nettoyer, et dont ils bouchent après les fentes, avec un inélan<;e de résines ramassées sur différents ai bres du pays. Ce mélange porte à Cuba le nom de lacre 220 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( Juilkt 1864.) de colinena : le mol lacre sert en espagnol pour désigner tout mélange de cire et de résine, comme la cire à cache- ter, et le mot colmena répond à celui de ruche. J'ignore si ce mélange, provenant des arbres de Cuba et ramassé par le Melipona fulvipes, a été analysé. Un mélange sem- blable, qui se trouve dans les ruches des Abeilles d'Europe, a été appelé propolis par Pline. J'ignore aussi si la cire noire fabriquée par les Mélipones de Cuba a été analysée. J'ai l'honneur de vous envoyer deux échantillons de ces substances. » M. le secrétaire perpétuel annonce que MM. Pouchet, Joly et Musset n'ont pas cru pouvoir accepter le pro- gramme d'expériences à faire pour la question des géné- rations dites spontanées, tel que l'avait rédigé la commis- sion, et en ont proposé un autre qui sera examiné. M. Baudelot adresse un travail intitulé : De t'influena: du siji^tème nerveux sur la respiration des insectes. Après avoir rappelé les expériences de M. Faivre sur ce sujet, M. Baudelot fait connaître celles auxquelles il vient de se livrer, et résume ainsi leurs résultats : « Tous ces résultats et d'autres entièrement semblables que j'ai obtenus sur des larves de Dystiscides, probable- ment du genre Colymbetes, me paraissent de nature à prouver que, chez les insectes, les mouvements respira- toires ne sont pas, comme chez les vertébrés, sous la dé- pendance d'un foyer spécial d'innervation. Chaque gan- glion abdominal est, au contraire, un foyer d'innervation locomotrice et concourt pour sa part à l'accomplissement de l'acte respiratoire dans son ensemble. Ce qu'il importe aussi de remarquer, c'est qu'après la section de la chaîne nerveuse l'action isolée du ganglion paraît d'autant plus faible que ce ganglion se trouve uni à un nombre moins considérable d'autres éléments ganglionnaires. (( En résumé, nous voyons que l'expérience ne fait que confirmer ici ce que pouvait faire prévoir j'anatomie : lors- que l'on considère la répartition souvent si uniforme de Télé- SOCIÉTÉS SAVANTES. 221 ment nerveux dans les anneaux du Ironc et de l'abdomen chez les articulés, lorsque l'on voit chez les crustacés l'ap- pareil respiratoire occuper les positions les plus variées, soit au niveau du thorax, soit au niveau de l'abdomen, et recevoir ses nerfs des points les plus différents, il n'était guère possible d'admettre chez les insectes un foyer unique d'innervation pour la fonction respiratrice. » Séance du 27 juin. — M. Milne-Edwards présente, au nom de l'auteur, M. E. Lnrlet, un mémoire Sur une por- tion de crânefossite d' Ovibos musqué (0. moschatus, iilainv.), trouvée par M. le D"^ Eugène Robert, dans le diluvium de Précy (Oise). Après avoir tracé, comme il sait si bien le faire avec son érudition si connue, une histoire de l'espèce en ques- tion, M. Lartet ajoute : « En France, jusque dans ces dernières années, aucune trace paléonioiogique de l'Ovibos musqué n'avaitétésigna- lée dans les dépôts d'origine quaternaire, lorsque, en 1859, M. Hébert, professeur de géologie à la faculté des sciences de Paris, voulut bien me confier, pour l'étudier, une dent molaire trouvée par M. l'abbé Lambert, membre de la Société géologique de France, dans le dépôt si riche en ossements fossiles de Viry-Noureil, près Chauny, dans la vallée de l'Oise. Cette dent réunissait des caractères si spécifiquement distincts, qu'à elle seule elle me parut suf- fisante pour annoncer la présence de l'Ovibos ou bœuf musqué dans noire faune quaternaire. Aujourd'hui ce premier aperçu se trouve pleinement confirmé par la découverte faite, dans cette même vallée de l'Oise, d'une portion notable de crâne dont l'attribution à l'Ovibos musqué ne peut laisser aucun doute. Cette découverte, sans contredit l'une des plus intéressantes de celles faites, dans ces derniers temps, aux environs de Paris, est due à M. le D' Eug. Kobeit, dont le nom et les travaux scienti- fiques sont bien connus de l'Académie. « Sans plus insister sur les détails analoniiques, nous 222 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Juillet 1864..) rappellerons, en abrégeant aussi les informations précises fournies par M. le D'' Robert, que ce premier morceau a été recueilli dans une sablière de Précy, sur la rive droite -de l'Oise, à l'extrémité la plus reculée d'une anse que forme la vallée dans cet endroit. Il gisait à 2 mètres de profondeur, dans la partie moyenne du dépôt caillouteux ordinairement désigné sous le nom de diluvium ou ter- rain de transport, lequel terrain est recouvert par 3 ou 4 mètres d'un limon argilo- sableux analogue au lœss des géologues. Il a été trouvé dans la même sablière d'autres débris fossiles de grands animaux, entre autres une défense d'Éléphant, qui malheureusement était réduite en fragments lorsque M. Robert arriva sur les lieux. « Voilà donc un animal, aujourd'hui retiré dans l'Amé- rique du Nord, au delà du 60' degré de latitude, et qui a pu, à une époque ancienne, vivre sous le 49* parallèle, dans notre Europe quaternaire. Nous savons, il est vrai, que le Renne, encore plus arctique dans ses migrations extrêmes, s'est avancé, à la même époque, jusqu'au pied des Pyrénées. D'autres espèces présentement américaines paraissent aussi avoir vécu anciennement sur le sol de notre France. Ainsi le Spermophile découvert par M. Des- noyers dans les brèches osseuses de Montmorency n'a pu être rapproché que du Sp. Richardsonii de l'Amérique du Nord. C est encore dans la même région qu'il faut aller chercher l'analogie d'un autre Spermophile que nous ve- nons, M. Christy et moi, de découvrir dans les cavernes du Périgord. Le prétendu Agouti des cavernes de Liège, dont les dents figurées par Schmerling m'avaient d'abord semblé devoir être rapprochées de celles du Porc-épic, me paraissent, aujourd'hui que j'ai pu en faire une étude plus directe, être bien mieux rapportables à l'Urson du Canada [Hxjiirix dorsain, Gm.). « D'autres écarts d'habitat se sont produits en direction de longitude. Ainsi les fouilles faites récemment dans deux stations humaines de l'époque du Renne, dans le Périgord, SOCIÉTÉS SAVANTES. 223 nous y ont fait découvrir des restes d'un Antilope que nous serons probablement conduit à aitribuer au saï;;ii [Ànl. Saïga, Sali.) qui vit encore en troupes nombreuses dans la Russie méridionale et sur les pentes nord de l'Al- taï. Dans mon dernier voyage à Londres, en 1863, j'ai pu vérifier au British Muséum, par comparaison directe et matérielle, que le PaUcospalax magnus, Owen, dont une demi-mâchoire fossile a été trouvée dans les assises plio- cènes (tertiaire supéiieur) du Norfolk, n'est autre que le Desman de Moscovie {Sorex moschatus de Pallas), qui vit encore dans la Russie d'Europe, entre le Don et le V^olga. « Comment se sont effectués de tels changements dans la répartition géographique de ces divers animaux? Est-ce [)ar migration élective d'habitat, ou bien par retraite for- cée devant les envahissements progressifs de l'homme, ou bien encore par rédaction graduelle de l'espèce, con- damnée à s'éteindre, comme se sontsuccessivement éteints le grand Ours des cavernes, l'Éléjjhanl el le Rhinocéros ve- lus des temps glaciaires, le grand Cerf d'Irlande, elc? Ces questions restent à résoudre, et l'on se trouve conduit à répéter ce que disait, il y a trente ans, Etienne GeofFroy- Sainl-Hilaire : « Le temps d'un véritable savoir en paléon- « tologie n'est pas encore venu. » M. de Qaulref'iges présente, au nom de M. Boulin, une note intitulée : Anciennes races frnçaises. — Sur la grulledc CAveii- Laurier de Laroque-Ainier, canton de Gungss [Ué- rault). « La grotte de l'Aven-Laurier doit être rangée dans la même catégorie que celle d'Aurignac : c'est aussi une grotte sépulcrale. Dans une terre meuble et grise qui forme la majeure partie du sol de la grotte, mais qui, sur beaucoup de points, a été recouverte d'une couche de stalagmite, on découvre, au moindre cou[) de pioche, des ossements humains et des tessons de poteries. « Peu de CCS ossements sont complets r les os sont très- friables, à moins qu'ils n'aient été retirés de dessous la 224 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Juillet 1864.) couche de stalagmite. Quelques-uns cependant ont été parfaitement conservés à l'abri du contact de l'air par une croûte calcaire de 5 à 6 millimètres d'épaisseur, qui les enveloppe complètement. « Les ossements que j'ai pu recueillir peuvent se rappor- ter à huit individus d'âges divers : l'enfant y est repré- senté par trois fragments de maxillaires inférieurs dans lesquels se distinguent parfaitement les deux dentitions; l'adolescent, par un demi-maxillaire inférieur, dans lequel la couronne de la dernière grosse molaire est encore à demi cachée sous l'os de la mâchoire; l'homme d'âge mûr, par un maxillaire inférieur à peu près complet dans lequel manquent seulement la dernière grosse molaire droite et ladeuxième petite molaire de chaque côté; le vieillard eni'm, par un fragment de maxillaire inférieur portant une seule molaire. « L'avant-dernier de ces débris offre tous les caractères de l'orthognathisme; le dernier se trouve dans le même cas que la mâchoire d'Abbeville. La molaire que porte ce maxillaire paraîtrait, au premier coup d'oeil, offrir quelques caractères de prognathisme, Mais on voit bientôt que c'est par accident que celte dent n'a pas conservé sa position verticale. L'alvéole de la dent an- térieure a été comblé par l'ossification de celle-ci, et la molaire qui a persisté, n'étant plus retenue en place par la pression de la précédente, a pu prendre peu à peu sa position oblique. « A côté de ces mâchoires ont été recueillis, en grande quantité, des os de toutes les parties du corps ; mais ce sont surtout les os courts des extrémités qui se sont trouvés dans un état parfait de conservation. » L'auteur ajoute la liste d'ossemenis d'animaux, et d'autres objets indiquant la présence de l'homme, qui ont été trouvés dans cette grotte. M. Balard présente à l'Académie, de la part de M, le SOCIÉTÉS SAVANTES. 225 professeur Cauvy , de Montpellier, quelques individus d'une mouche envahie par un cryptogame parasite. Ces insectes sont renvoyés à l'examen de jM. Tulasne. M, Darcste adresse la lettre suivante à l'occasion d'une communication récente de M. Donné, concernant la pu- tréfaction des œufs d'oiseaux dont la coquille est restée intacte. « Dans une communication récente, M. Donné a fait connaître le résultat d'expériences dans lesquelles des em- bryons de poulets contenus dans l'intérieur de la coquille s'étaient décomposés et putréfiés sans donner naissance à aucun être organisé, végétal ou animal ; il en a conclu que la coquille de l'œuf, tant qu'elle reste intacte, s'oppose à la pénétration de germes provenant de ratmosfilière. « M. Milne-Edwards a fait remarquer, à l'occasion de cette communication, que M. Panceri a récemment con- staté la pénétration, dans l'œuf, de plantes cryptogames déposées à la surface de la coquille. « Je prends la liberté de vous transmettre un passage fort curieux de Réaumur, dans lequel ce célèbre expéri- mentateur a signalé, il y a longtemps déjà, des faits de ce genre : « Les expériences de la machine pneumatique ont « appris, il y a longtemps, que les liqueurs mêmes do « l'œuf peuvent suinter au travers de sa coque. Sans ma- (( chine pneumatique, le même fait nous a été montré par « ces œufs, de nos premiers essais, au travers de la coquo « desquels transsudait la [)lus puante liqueur. Des obser- « vations plus rares m'ont fait voir que des particules qui « doivent être incomparablement plus grossières que « celles de l'air peuvent pénétrer dans les œufs ; j'ai trouvé a des moisissures dans des œufs que j'avais cassés, bien a par delà le terme où le poulet aurait dû naître; je n'ai « pu apercevoir aucune fêlure à ces œufs. Les physiciens « ont ennobli les moisissures, il les ont élevées au rang a des jilantes; ils ont fait voir, elMicheli surtout, qu'elles 2- SERIE. T. XVI. Aouce 18Gi. 15 226 REV, ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Juillet 1864.) c( viennent de graines; les graines de ces petites plantes « avaient donc passé au travers de la coquille et de la a membrane qui la tapisse. » « Je n'insisterai pas, monsieur le secrétaire perpétuel, sur l'intérêt que présente ce passage quand on le rap- proche des observations récentes de M. Panceri. Je me contenterai seulement de faire remarquer que les expé- riences de M. Donné ne sont pas aussi concluantes qu'il l'a cru, puisque des cryptogames peuvent se développer dans l'intérieur de la coquille non brisée. » M. Flourens, à l'occasion de ceito communication, fait la remaïque suivante : M. Donné ignorait si peu \a perméabilité des coquilles, que, pour l'empêcher, il s'est servi, dans ses expéiiences, de divers enduits; mais, même sans se prémunir contre elle, il n'a jamais vu les œufs corrompus donner aucun produit qu'on pût attribuer à la génération spontanée. Séance du 4 juillel. — I\î, Flourens présente, en notre nom, une note intitulée : Exposé de quelques [ails tendant à prouver la possibilité d'obtenir en France de la graine saine de Ver à soie. Il est reconnu aujourd'hui, par tous les agriculteurs qui s'occupent de l'élevage des Vers à soie, que des graines (œufs) provenant de localités où l'épidémie de la gattine ne sévit pas peuvent donner de bonnes récoltes dans les pays atleinis, et l'expérience a montré que, si l'on fait de la graine, dans les pays où règne l'épidémie, avec les co- cons obtenus de ces bonnes récoltes, elle est infectée le plus souvent dès la première génération. Il résulte de ces faits que tous les éducateurs de nos dé- partements producteurs de soie sont obligés de faire venir la graine nécessaire à leurs récoltes des pays étrangers présumés sains, ce qui fait sortir de la France, suivant M. Dumas, une somme approchant, chaque année, de 17 millions de francs. « J'ai obseivé, depuis quelques années, qu'il y a en SOCIÉTÉS SAVANTES. 227 France, et sur quelques autres points de l'Europe, des lo- caliics dans lesquelles les races de Vers à soie qu'on y élève depuis un plus ou moins grand nombre d'années sont demeurées saines, et, jorofitant de la mission qui m'a été confiée par S. Exe. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, pour la propagation des tentatives d'acclimatation des nouveaux Vers à soie de l'aiiante, du chêne, etc., je me suis attaché à étudier ces localités et à en chercher de nouvelles. « J'ai déjà fait connaître, dans ma Itevue de sériciculture comparée, fjlusieurs de ces faits, et je vais en ajouter d'au- tres observés celte année. J'ai parlé, entre autres, des édu- cations, constamment réussies, des Ursulines de Montigny- sur-Vingcanne (Côte-d'Or), qui m'ont été signalées, l'année dernière, par M. de Monny de JMornay, directeur de l'a- griculture au ministère de l'agriculture, du commerce et des travaux publics. J'ai voulu étudier cette localité privi- légiée, comme je venais d'en voir d'autres en Savoie et en Suisse, et j'y ai trouvé (3 juillet) des Vers à soie très- sains, donnant une récolte magnifique dont on va obtenir, comme les années précédentes, des graines excellentes pour l'année prochaine. « Quoique les sœurs fussent prévenues de mon arrivée, elles avaient laissé leurs magnaneries dans l'état ordinaire, ne connaissant pas les petites pratiques de la plupart des éducateurs du Midi, qui auraient fait disparaître les morts et enlevé les litières. J'ai donc trouvé les quelques morts de jaunisse que l'on voit toujours dans les éducations les mieux réussies, et, ce qui m'a donné la meilleure preuve de la bonne santé et de la vigueur de leurs Vers, c'est que la litière ne se composait que des rameaux et des grosses nervures des feuilles consommées, ce qui montrait qu'ils avaient mangé avec avidité jusqu'au dernier moment et qu'ils avaient monté aux bruyères avec vigueur et en- semble. » J'ai pensé que ce fait, joint à plusieurs autres que je 228 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Juillet 18G4. ) m'abstiens de citer, avait une importance suffisante pour qu'il fût utile de le publier, et je dépose sur le bureau do 'Académie quelques-uns des magnifiques cocons blancs pris au hasard dans la récolte du couvent de INÎoniigny- sur-Vin{jeanne. J'y joins quelques échantillons de cocons jaunes pris dans des éducations non moins saines, faites par M. l'avocat Mercier et par M'"^ Dessaix, à Thonon (Savoie); par M. le D' Marin, à Genève; par M. le capi- taine Jacquier, à Troyes, réservant pour un travail |)lus étendu beaucoiqj d'autres faits analogues qu'il serait trop long d'énuraér^r ici. Ces faits sont un indice favorable, montrant qu'il serait possible d'arriver, dans un avenir plus ou moins prochain, à nous affranchir de l'acquisition des 44,000 kilogrammes d'œufs de Vers à soie à 400 fr. le ki!., nécessaires à notre consommation annuelle. Une étude persévérante, quelques encouragements distribués aux éleveurs et une grande publicité donnée à ces faits suffiraient peut-être jjour ra- mener notre récolte de soie, réduite si déplorablement aujourd'hui au sixième, à l'état normal, inconnu chez nous depuis [)lus de dix ans, et qui faisait la richesse de nos dé- partements méridionaux. M. Floiirens présente, au nom de M. Bianconi, prnfes- fesseur de zoologie à l'université do Bologne, un mémoire écrit en italien et ayant pour titre : la Théorie de l'Homme- Singe examinée soiis le rapport de l'organisation. « L'auteur, dit M. Flourens, s'attache à faire voir qu'une comparaison rigoureuse entre l'organisation de l'Homme et celle des {grands Singes anthropomorphes ne permet pas de s'arrêter à l'hypothèse qui représente l'homme comme un singe perfectionné. M. Bianconi s'est principalement attaché à l'étude du système osseux et mémo presque ex- clusivement de la tête et des extrémités : partout il trouve des différences capitales; ainsi, dans les mâchoires d'un Ornng-Outang ou d'un Gorili', tandis que les molaires sont celles d'un Fru(;ivore, analogues jusqu'à un certain SOCIÉTI'S SAVANTES. 229 point à celles de l'homme, les canines sont d'un Carnivore, comparables à celles du Lion et du Tigre et mues par un appareil musculaire non moins puissant. » Séance du 1 1 juillet. — M. Valcncienncs lit des Observa- tions sur les animaux marins qui s'attaclicnl aux vaisseaux. Les importantes études de M. Becquerel, sur la conser- vation des métaux cm[)loyés pour le doublage des vais- seaux, l'ont conduit à reconnaître que la carène du navire blindé en fer seul ne se co.ivre pas dos mêmes animaux que celle qui est recouverte on cuivre seul, et que le verre ou le bois à nu donnent adhérence à des animaux divers et différents des précédents. M. Valenciennes a examiné des échantillons de ces di- vers animaux rapportés de Toulon par M. Becquerel. C'est sur les plaques en fer qu'il a trouvé la plus grande variété d'espèces et le plus grand nombre d'animaux. Il y avait ; des Huîtres; des Astéries {Asieracanthiun riibens, Agass.): des Actinies [Aclinia rufa, Cuv.); des Moules [Mytilus gallo-provincicilis, Lam.); des Sabelles avec leur tube co- riace et membraneux et leurs branchies en panaches; un Gobius niger (un de ces petits poissons était engagé ei re- tenu dans le byssus des mollusques). Sur les plaques de cuivre il n'y avait que quelques Moules; quelques Huîircs plissées; Echinus lividus, quel- ques touffes de Sertulaires. Les plaques en verre immergées depuis vingt-cinq jours se sont abondamment couvertes d'une seule espèce de Po- lype, le Sertularia spinosa d'Ellis et Lam. Enfin la frégate la Provence, mise à l'eau depuis plu- sieurs mois et restée dans cette partie du port que l'on nomme la petite Rade, avant d'avoir reçu sou doublage, avait sa carène en bois envahie par une innombrable quantité d'Àscidia clavata, Cuv. M. Léon Dufour lit des Recherches anatomiques et pluj- Biologiques sur les Insectes lépidoptères. « Le plus ancien, et sans doute aussi le plus vieux cor- 230 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Juillet 18G4.) respondant de la section d'anatomie et de zoologie, a l'honneur de soumettre à la bienveillante appréciation de l'Académie ses Recherches sur l'anatomie et la 2)hysiologie (/e^ Insectes lépidupièrcs. « Appelé par une vocation spéciale à l'étude des petits organismes, j'ai, pendant le cours d'un grand derni- sièclo, porté le scal[)el dans les entrailles des neuf ordres d'Insectes qui composent, dans l'acception la plus large, le vaste domaine de l'entomologie. J'ai déjà publié huit de ces ordres. C'est le neuvième qui est aujourd'hui l'ob- jet d'une oblation académique. Vu mon grand âge, il de- vient mon testament scientifique, sans renoncer toutefois à quelque codicille, si Dieu me prête vie. c( L'Académie a déjà accueilli avec une faveur inespérée les travaux qui ont précédé celui-ci, en les honorant de l'admission dans ses Mémoires. Si je ne me fais point il- lusion, mon Anntomie actuelle, par cela seul qu'elle suc- cède aux huit autres, doit cire moins imparfaite, ce qui m'enhardit à solliciter de l'illustre compagnie l'insigne honneur accordé à mes précédents labeurs. « Par une coïncidence qui a bien son côté pittoresque, les Papillons ou Lépidoptères sont échus à mon vieux scalpel au terme de ma carrière d'âge et à celui de mes travaux sur une science à laquelle j'ai pu consacrer les loisirs de mes devoirs professionnels. (( Dans les quatre campagnes papilionicides qui vien- nent de s'écouler, mes instruments de dissection ont pu s'exercer activement sur l'anatomie viscérale de cent trente espèces de ces volages aéronautes. Mes yeux seuls en ont subi les tristes conséquences, mais je ne murmure point do ce sacrifice, qui a servi ma passion entomoto- niique, ainsi que la science des Malpighi et des Lyonet,^ « Mes nécropsies des neuf ordres d'Insectes se comptent déjà par milliers. J'ai constamment dirigé et mon scalpel et mon esprit vers les conformités organiques de ces pe- tits êtres avec celles des animaux sujjérieurs, même de l'horame. La grande idée de Geoffroy-Saint-Hilaire, SOCIÉTÉS SAVANTES. 231 quoique loin de s'Oicver au titre de loi, a néanmoins dos vérités dont je me suis attaché à démontrer l'application. J'en offre une preuve irrécusable dans mon respect à maintenir pour les Insectes la nomenclature consacrée depuis des siècles à l'anatomie des Vertébrés. La lich- norrhée des novateurs, qu'on me passe l'expression, est désespérante pour le naturaliste consciencieux qui, dans lintérét de la mémoire et de la bonne instruction, ap- précie les traditions du passe conciliables avec les faits du présent. « Après celte profession de foi scientifique, je reviens à mon sujet actuel. « Les Insectes de cette populeuse nation des Lépidop- tères, quoique ayant tous une grande confoi mité de struc- ture buccale qui se réduit à un suçoir tubuleux plus ou moins enroulé, quoique ayant le même genre d'alimen- tation et une composition identique de l'appareil digestif, ont été partagés par la classification en trois grandes di- visions ou familles. Celles ci sont fondées sur les formes extérieures et les habitudes que le génie créateur a diver- sifiées à l'infini. Dans mon ex[)Osition anatoniique, j'ai suivi celte classification^ et le scalpel en a conUrmé le lé- gitime établissement. « Ces trois familles lépidoptériques sont : « 1° Les Diurnes ou vrais Papillons, qui ne se produisent qu'au grand jour. Ils voltigent de fleurs en f.eur^ pour en sucer le nectar. Leur voiitation incessante est muette, tant par l'absence de ballons aérostatiques inté- rieurs ou trachées vésiculaires du système respiratoire, que par l'ampleur de leurs ailes qui font l'office de véri- tables voiles, et par la gracilité, la légèreté de leur corps. (( 2° Les Crépusculaires, moins nombreux que les pre- miers, justifient leur nom par leur apparition au coucher du soleil. Avec leur corps lourd et des ailes étroites, ils ont une puissance musculaire considérable, et leur vol convulsif est bruyant et sonore. 23Î RF.v. ET mag. de zoologie. [Juillet 18G4.) « 3" Enfin les Nocturnes, aussi iudom;)table3 pour le classificateiir que pour l'anatomiste et les études de mœurs. Ils ne circulent que dans les ténèbres de la nuit. Ce sont surtout les Nocturnes dont les chenilles voraces désolent nos champs, nos jardins, nos forets. Par une de ces com- pensations, par un de ces contrastes où la nature se com- plaît à faire éclater son omnipotence, c'est une de ces chenilles voraces qui fournit la matière première de ces étoffes lustrées et brillantes qui parent le trône comme l'autel, et que l'envahissement du luxe insinue dans tous les étapes de la société. « Dans mun Ànalomie des Lépidoptères, j'ai déroulé, dans chaque famille, les divers appareils organiques. Je me suis attaché à rendre mon texte concis sans devenir obscur et à concilier l'économie de l'iconographie avec les strictes exigences de la science. « J'ai donc, dans les cent trente espèces qui ont subi mon scalpel, passé en revue les appareils organiques sui- vants : « 1° Système nerveux avec cerveau, ganglions rachidiens, paires de nerfs émanés des centres nerveux. « 2° Organe de la respiration, cumulant celui de la cir- culation et consistant en stigmates ou ostioles respiratoires et en trachées ou système vasculaire aérifère ramifié à l'infini. « 3° AppareW digestif el ses annexes, glandes salivaires, tube alimentaire, vaisseaux hépatiques ou foie, tissu adi- peux splanchnique. « 4° Enfin, organes de la génération dans les deux sexes; dans le mâle, testiculei;, conduits déférents, vésicules séminales, canal éjaculateur, verge, armure copulatrice; dans la femelle, ovulaires, ovaires, oviducte, œufs, poche copulatrice et système glandulaire de l'oviducte. « Sans doute, pour le complément de mon œuvre, il eût été désirable que le scai()el interrogeât aussi compa- rativement les entrailles des chenilles et des chrysalides clans leurs mystérieuses évolutions mélamor|jhosiques. Je SOCIÉTÉS SAVANTES. 233 n'ai point négli^jé quelques jqierçiis essentiels sur ces points, mais ars longn, vtta brevls! » y]. Flourens met sous les yeux de l'Académie l' Allas qui accompagne le travail dont vient de l'entretenir M. Léon Dufour, et fait remarquer que de semblables recherches ren'ient tout à fait dans la classe de celles qu'a eu l'inten- tion d'encourager le fondateur du prix de physiologie expérimentale. M. le secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur M. Meneghini,là description, accompagnée de figure, d'un Poisson (le Dentex Munsteri) dont les restes fossiles ont été trouvés par M. le docteur G. Amidei, dans l'argile sub- apenninedu Volterrano. M. le secrétaire perpétuel présente aussi, au nom de M. Béchamp, un mémoire sur les générations dites spon- tanées et sur les ferments. A ce mémoire est joint un ré- sumé manuscrit que l'auteur avait préparé dans l'espoir qu'il pourrait trouver place au Compte rendu. Les usages de l'Académie, relativement aux travaux qui ont été rendus publics par la voie de Tinqjression, ne lui permettent pas d'accéder au désir manifesté par M. Bé- champ. M. de Quatrefages présente, de la part de M. Lncoze- Dulhiers, un mémoire sur les Antipalhaires, genre Gcrar- dia (L. D.). A la suite d'un examen approfondi de plusieurs espèces considérées comme diverses parce qu'elles avaient été étudiées desséchées dans des collections, l'auteur dé- montre que l'espèce désignée par J. Haime, sous le nom de Leiopalhes Lamarcki, doit former un genre nouveau sous le nom de Gerardia Lamarcki. M. C. Bernard présente une note de M. Marcusen sur Vanalomit: e: Vhistologie du Brunchiostomn bibricum, Costa {Amphioxus lanceolatus, Yarrell). L'auteur s'attache à décrire le système musculaire, le tissu conjonctif, le système vasculaire et l'épithélium de ce singulier animal. Séance du 18 juillet. — M. de Quatrefages cnlrelient 234 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Juillet 18G4.) l'Académie des Nouveaux ossements humains découverts par M. Boucher de Perthes à Moulin-Quignon. Après avoir fait connaître les niinuiieuses précautions prises par M. Boucher de Perihes dans la recherche de ces ossements, M. de Quatrefajjes ajoute : « De toutes ces raisons, des piécautions dont s'est en- touré ]\I. Boucher de Perthes, des témoignages apportés par des hommes dont plusieurs ont été longtemps fort peu enclins à admettre la réalité de ses découvertes, je crois pouvoir conclure que les nouveaux ossements découverts à Moulin-Quignon sont aussi authentiques que la première mâchoire, et que, comme elle, ils sont contemporains des bancs d'oii M. de Perthes et ses honorables associés les ont extraits. « L'Académie voudra bien remarquer le point où je m'arrête. Aujourd'hui, comme l'année dernière, je laisse aux géologues le soin do déterminer l'âge des terrains de transport de Moulin-Quignon et, par conséquent, l'ancien- neté de la race humaine dont ils nous ont conservé les restes. « En tout cas, l'existence de cette race humaine, anté- rieure aux temps historiques et bien distincte des races celtiques, ne peut plus être contestée. L'étude de ses ca- ractères aura pour l'ethnologie européenne en général, pour l'ethnologie française en particulier, une importance sur laquelle il est inutile d'insister. Déjà l'examen de la mâchoire de Moulin-Quignon m'avait conduit, au moins sur quelques points, à des conclusions assez précises : tout ce que j'ai vu jusqu'à présent des ossements récem- ment découverts tend à les confirmer. » « AL Elie de Beaumont profite de l'occasion que lui pré- sente l'intéressante communication de M. de Quatrefagos, pour réitérer l'expression de son désir de voir analyser avec précision les ossements trouvés dans la carrière de Moulin-Quignon. » Une copie du rapport fait à la Société impériale d'Abbe- ville mr la fouille faite le 17 juin à Moulin-Quiijnon par SOCIÉTÉS SAVANTES. 535 M. Boucher de Perlhes, et l'extrait d'une lettre sur le même sujet écrite par M. Buteux, sont insérés aux Comptes ren- dus. M. Milne- Edwards rend brièvement compte do re- cherches faites récemment par M. le docteur Stecnstnip (de Copenhague) sur la manière dont s'effectue la défor- mation de la tôle chez les poissons pleuronectes. Il a con- staté que l'existence des deux yeux du même côté de la face ne dépend pas seulement d'un mouvement de torsion qu'aurait subi cette partie de l'organisme, mais du dé- placement de l'un des yeux qui perce la voûte de l'orbite pour aller se loyer dans une cavité nouvelle pratiquée dans la jjortion interne de l'os frontal correspondant ou entre les deux frontaux, M. Cazalis de Fondouce adresse une note sur une caverne sépulcrale observée à Sorgues (Aveyron). Séance du "i^ juillet. — M. Cosic lit un travail des plus intéressants sur le développement des Infasoires ciliés dans une macération de foin. Après avoir exposé en détail les remarquables expé- riences qu'il a faites avec l'aide de MM. Gerbe et Balbiani, le savant académicien résume ainsi leur résultat : « l» Les Infusoires ciliés apparaissent dans l'eau d'une infusion bien lonf;temps avant la formation delà pellicule à laquelle on a cru devoir donner le nom de stroma ou de membrane proligère, en lui attribuant une fonction qu'elle n'a pas. « 2° Ils y sont introduits, soit à l'état d'œufs, soit à l'état do kystes, avec le foin, la mousse, les feuilles d'arbres que l'on met à infuser. « 3° Quoique la pellicule dite proligère se produise dans les infusions faites avec des substances qui ne sont pas exposées au contact de l'air, telles que la pulpe de pomme de terre, celle des fruits, des racines charnues, etc., ja- mais ces infusions ne présentent d'Infusoires ciliés, pourvu qu'on ait le soin de recouvrir le récipient d'un disque en verre. 236 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Juillet i^G^.) « Cependant, si dans ces infusions, oîi, pendant dix, quinze et vinj^t jours on n'a pu constater la présence d'un seul Infusoire cilié, on introduit quelques sujets seulement, soit de Kolpodos, soit de Chilodons, soit de Glaucomes, ces espèces ne tardent pas à s'y multiplier et à s'y mon- trer en quantités prodigieuses. « k° L'invasion rapide d'une infusion par dos Infusoires ciliés est une conséquence de leur mode de multiplication immédiate par division. « 5° Les uns, tels que les Glaucomes, les Chilodons, les Paramécies, se segmentent, sans s'enkyster; d'autres, comme les Kolpodes, s'enkystent pour se diviser. « 6° Après s'être multipliés par division, dans l'intérieur de leur kyste, les Kolpodes s'enkystent une dernière fois et demeurent dans cet état jusqu'à la complète dessicca- tion de l'infusion, pour ne revenir à la vie active qu'après une nouvelle humectalion. « 7° Les filtres laissent passer les Infusoires ciliés de petite taille, tels que les Kolpodes, les Chilodons, etc., leurs kystes et leurs œufs. « En communiquant à l'Académie cette première étude sur le développement des Microzoaires ciliés, je n'en veux pas faire un arj^ument absolu contre la théorie des générations spontanées. Je n'ai ni l'espoir ni le désir de décourager ses partisans. La science est le domaine réservé du libre examen. Ceux qui affirment et ceux qui nient y tendent au même but, c'est-à-dire à la découverte do la vérité. Je convie donc les hétérogénistes à continuer l'œuvre d'agitation salutaire qui est un appel au travail. Je les suivrai le microscope à la main partout où ils pla- ceront la question sur le lerrain de l'observation directe. » Ce remarquable travail est suivi d'observations faites par M.\L M Une -Edwards et Chevreul. M. de Qaatrefages lit une Note sur la dislribution géo- graphique des Annélides. M. L'icaze-Duthiers présente un Mémoire sur les Àntipa- thairrs, (ji-nre Anlipathes, Sol, ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 237 III. ANALYSES D OUVRAGES XOUVEALX. Obslrvations sur les ennemis du Caféier, à Ceylan, par M. J. NitTNLR. [Suite. — Voir p. 120.) 27. GolundaEllioii (cofFee Rat). — Cet animal ne vit pas habituellement dans les plantations de café, mais y vient à ce qu'il paraît f)our y trouver sa nourriture quand elle lui manque dans la junjjîe. De là il résulte que les plan- tations très-enlourées de jun;;le sont plus sujettes à être infestées que les autres, de même que les parties d'une plantation qui sont le plus près de la jungle souffrent plus que celles qui en sont éloignées. Il y a une plante qui forme dans les jungles des mon- tagnes un tapis de 6 à 12 pieds de hauteur. C'est le « Nil- loo )) des indigènes [Stro'uilanthux, sp. div.) que l'on pré- tend qui fleurit tous les sept ans et meurt ensuite, ce qui prive alors les Rats de leur nourriture accoutumée, et les engage ou les force à se lancer sur les plantations. Telle est l'opinion vulgaire, mais elle ne me semble pas claire, et je n'y ai guère foi. Je ne contesle pas que le Nilloo ne fleurisse et ne meure tous les sept ans, et que les Rats ne se nourrissent de quelque partie de cette plante. Mais tous les Nilloos ne sont pas du même âge, et par conséquent quelques-uns seulement doivent périr chaque année. En outre, l'histoire des Rats venant tous les sept ans n'est pas du tout confirmée par mon expérience personnelle ; nous les avons eus ici en 1858 et en 18G0, et de nouveau en 1861. Quoi qu'il en soit, quand ils viennent, c'est sou- vent en très-grand nombre, et leurs dévastations sont très- sérieuses. Au moyen de leurs longues incisives tranchantes, ils coupent les branches les plus petites et les plus jeunes des arbustes avec beaucoup de régularité et de netteté, et généralement à environ 1 ligne do la tige, de manière à pouvoir se tenir sur le tronçon pendant qu'ils la rongent ompléte meni . Si les plantes sont tout à fait jeunes et sor- 238 REV. ET MAG. DE ZOOLO lE. [Juillet 1864.) tant de la pépinière, ils les coupent franc à quelques pouces du sol. Leur but, en faisant cela, est sans doute d'abord d'arriver à l'écorce qu'ils ne semblent pas dévorer entièrement, mais mâcher à cause du suc qu'elle contient; en cela, ils agissent probablement d'abord sous l'impul- sion de leur appétit, et ensuite pour obtenir des feuilles pour leurs nids. Ceux-ci se trouvent {jcnéralement dans des arbres creux, oii les Rats entraînent aussi les branches qu'ilsont coupées. Ils semblent manger rarement les baies. On les détruit par le poison ou par des trappes. On dit que par ce dernier moyen l'on en a pris des nombres con- sidérables. Il n'y a guèrede plantationsqui ne reçoivent de temps à autre leurs visites. Un petit Écureuil (probablement le Sciiirus Layardi, Blyth) se trouve communément dans les plantations do café ; il fait ce que le Rat ne semble pas faire, il mange les baies qui, n'étant pas digestibles, à l'exception de la pulpe extérieure, sont ensuite rejetées et se trouvent sur les troncs d'arbres renversés et sur le sol, sous la forme de grains de café dans l'enveloppe de parchemin. Les Chacals et les Singes font quelquefois de même, et de temps à autre un Daim sortira de la forêt pour brouter les sommets des jeunes arbustes; mais ces dégâts ne sont pas sérieux. Ceux qui sont produits par les Buffles égarés sont bien autre- ment graves. J'arrive à la fin de mes observations sur les ennemis du caféier. Je doiscependant, pour terminer, ajouter quelques mots sur les insectes qui se rencontrent habituellement sur les plantations et ne sont pas nuisibles, ainsi que sur les causes de leur présence dans ces localités. Les plus remarquables d'entre eux sont les Cerfs-'Vo- lants noirs (deux espèces de Lucanus), les ïaupins vert brillant (cinq espèces de Campsosternus), et les Taupins noirs ei blancs (deux espèces d'AIaus). Ces insectes vivent pendant les premières périodes de leur existence dans les troncs d'arbres pourris qui gisent au milieu des caféiers ; ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX. 239 les grands Vers blancs, charnus, sont les larves des Ceifs- Volants; les lonfjs Vers bruns, cylindriques, lents, sont ceux des Campsoslernus; et lo larve des Alaus est noire, assez déprimée, active et guerrière. Quand ils sont arrivés à l'état paifait, ces insectes sortent et se voient naturel- lement sur les caféiers oîi le Cerf-Volant attaquera de temps à autre un bouquet de baies. Les Campsostcrnus se nour- rissent de miellée et d'Acarus, et dévorent peut-être de temps à autre un coccus. Ce genre de vie fait que l'on les trouve exclusivement sur les caféiers, tandis que les Lu- canus et Alaus volent et se rencontrent ailleurs. Les es- pèces plus petites de Vers blancs que l'on trouve dans les troncs pourris sont les larves de ces coléoptères noirs, aplatis, que l'on rencontre avec elles (trois ou quatre es- pèces de Passalus) ; ces larves n'ont que deux paires de pattes bien développées; elles sont inofTensivos et nedoivent pas être confondues avec le « Ver hlanc » ou larve des Han- netons. Vers le mois de décembre un Charançon vert (^5- tfjcu^, Sp.) se trouve sur les caféiers, et les fleurs, qui éclosent quelques mois plus tard, sont visitées par divers insectes voisins des Cétoines des Roses d'Europe [Clintc- ria, Tœniodcra, Popilia, 5»i^/ia/a), mais aucune de celles- ci ne semble faire prand mal. Un arbre couvert de Coccidcs présente généralement par un beau jour de soleil un tableau très-animé et, pour l'entomologiste, très-intéressant ; c'est un petit monde spé- cial, un microcosme. Outre quelques-uns des insectes aux- quels je viens de faire allusion, et peut-être quelque pa- pillon aux couleurs éclatantes, de nombreux Hyménoptères (surtout des Formicidae, Sphegidae et Ichiieumonidae), plusieurs Phryganides et Diptères s'y rencontrent, et une Mante vert brillant fond à chaque instant de derrière les feuilles sur quelque Mouche imprudente. Je crois que dans ces circonstances l'on pourrait facilement récolter vingt- cinq espèces différentes d'insectes sur un seul plant de ca- féier. Aucun de ces insectes ne fait de tort à la plante, ni 240 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [JuilUl 1864.) do mal aux coccus; la plupart d'entre eux ne viennent là que pour se nourrir de la miellée, et quelques-uns pour faire leur proie des petits insectes qui sont attirés par cette substance sucrée. Parmi les Pliryganides, on trouve très- fréquemment la Chimarrha auriaps, Hag., qui est roupie avec des ailes, et des antennes, des yeux noirs. Je men- tionne cet insecte en particulier, parce que Weslwood (In- trod., vol. II, p. G9) dit que les l'liry{^anes ne prennent pas de nourriture à l'état parfait ; cela n'est pas exact pour l'espèce en question. ^. La Mante du caféier [M. tricolor, N.] est verte; les ailes inférieures sont rougeàtres avec de grandes taches noi- râtres au bord postérieur. La femelle a 1 pouce de long, 1 pouce et 1/2 d'envergure; le mâle est considérablement plus petit. Les jeunes larves sont noires. Les œufs sont dé- posés sur les feuilles du caféier en masses qui ont la forme de cocons de 5/8 de pouce de long, non compris une longue pointe qui termine la masse de chaque côté et qui lui don- nerait plus do 1 pouce de long. Ces nids, qui sont très-dé- licats, ressemblent à des gâteaux ; ils sont beaucoup moins épais et moins grossiers que ceux des espèces plus grandes. Parmi les Mouches, on trouve, vers le mois de décembre, une belle et grande Tep/iritis avec des yeux verts et des ailes variées. Je n'ai pas observé que sa larve vécût dans aucune partie du caféier. TARLE DES MATIERES. BouRGUiGNAT. MoUusques litigieux ou peu connus. 193 CoTTEAU. Éc'hinidcs nouveaux. 212 SOCIETES SAVANTES. 219 Analyses. 237 PAhlS. — IMP. DE M°"= V° BOUCHARD-IIUZARD, RUE DE L'ePERON, 6. VINGT-SEPTIÈME ANNÉE. — AOUT 18Gi. I. TRAVAUX IIVÉDITS. Sur I'Equus bisculus, de Molina. Lettre de M. G. Claraz à M. H. de Saussure (1). Dans les armes du Chili, on voit figurer à côté du Con- dor un autre animal qu'on a longtemps pris pour un être fabuleux et dont les formes sont imaginaires. L'abbé Mo- lina, qui, du reste, n'avait jamais vu cet animal, et qui ne le connaissait que d'après les rapports des Indiens, lui donna le nom d'Equus bisculus dans son « Compendito de « la historia natural del reho de Chile, etc. w Malheureuse- ment je n'ai pas pu me procurer cet ouvrage afin de rap- porter ce qu'il en dit. Quand bien même les Indiens des Pampas et de la Cor- dillère des Andes méridionales ne conservent aucune trace d'anciennes traditions, vu leur tendance à n'accor- der de l'importance qu'aux faits, et quoiqu'ils n'aient pas l'habitude de peindre des êtres fantastiques, on a souvent prétendu que, dans ce cas, ils avaient donné à Molina la description d'un animal mythique en abusant de la crédu- lité de l'auteur espagnol. Certains auteurs supposaient que Molina n'avait pas fait erreur et que la description des Indiens se rapportait au Huelnul ou Guemul [Cervus (1) Je DQC suis efforcé de (railuire cette lettre aussi exactement que possible, mais il se peut néanmoins qu'il se soit glissé quelques fautes dans les mots exotiques, fort nombreux, dont elle est char- ;,'; e. H. S. •." SKRIF.. T. XVI. Année 18(m. lU 242 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Jout 1864.) chilensis). Néanmoins, à la fin du siècle dernier, cet animal énigmatique fut exactement décrit par le jésuite Falkner, et fut placé dans le genre Ânta ou Tapir. J'extrais de la traduction espagnole de son ouvrage intitulé : « Descrip- « cion de la Patagonia y de las partes adiacenles, etc., » le passage suivant, où il parle des vallées habitées par des Indiens Tehuelches, qui, suivant sa carte, s'étendent au sud du 44« degré. V'oici ce passage : « Il y a là bas beaucoup « de Guanacos et non moins d'Antas; les Tehuelches et les « Puelches font commerce de leur peau et s'en servent « aussi pour faire des tentes. » Ensuite il décrit l'animal comme suit : « h' Anta est une espèce de cerf, mais sans « cornes, son corps ressemble à celui d'un àne; la tête est « longue, graduellement atténuée, et elle se termine par c( une petite trompe; le corps est très-fort, les épaules et « le train de derrière sont très-larges, les jambes sont « longues et fortes, les sabots fendus comme ceux des « cerfs, mais un peu plus grands. La force de VAnta est « très-grande, car cet animal peut entraîner deux chevaux. c( Quand on le poursuit vigoureusement, il se fraye un che- « min à travers les bois les plus épais, brisant et renver- se sant tout ce qui pourrait l'arrêter. » Falkner ajoute que l'on n'a jamais essayé d'apprivoiser X Anta (1). Dans le « Diario del Piloto de B. Villarino, del Reconoci- (( miento que hizo del Rio Negro, el ano 1782 » (Journal du Pilote de B. Villarino établi pendant la reconnaissance qu'il fit du Rio Negro, en 1782), on lit, sous la date du 26 avril 1783, la petite notice suivante : « Les Indiens (.( (juilliches donnent le nom de haleglique à l'Anta et ils ic appellent sa peau ysanam. » Il faut remarquer que Villa- rino se trouvait alors dans les vallées de la Cordillère qui s'étendent au sud du â9' degré 1/2 de latitude. Dans le (t) Obs. — Anta est le mot espagnol par lequel on désigne le Tapir. Les Tehuelches sont, comme on le sait, les vrais Indiens Pa- tugous, tandis que les Guelches appartiennent au rameau qui habite entre les Araucans ou Auras et les Tehuelches. TKAVAUX INÉDITS. 243 journal de De la Cruz (1), de 1806 (voyage d'Aiiluco de Chili à Melincue, province arçentine de Santa-Fé), on trouve aussi une notice sur un animal singulier qui habi- terait la patrie des Indiens Peguenches dans les Cordillères. De la Cruz dit à ce sujet : « Dans les bois on trouve « quelques Gusmules; les Peguenches disent aussi qu'il v( existe d'autres animaux qu'on appelle Oop^ ayant la « grandeur d'un chien, mais avec la tête, la bouche, les « pieds, la queue et les oreilles d'une vache, le corps cou- ce vert de laine comme un mouton. » Cette description, si défectueuse qu'elle soit, prouve cependant qu'il ne s'agit pas du Guemul {Cervus chilensis). Ceux qui ont eu l'occa- sion de s'entretenir avec les Indiens ne s'étonneront pas de cette singulière description, attendu que les Indiens n'ont pas le don de la clarté, surtout lorsqu'ils s'expriment en espagnol- D'Orbigny, qui voyagea en Patagonie en 1827, dit, dans ses voyages [Voyage dans l'Amérique méridionale, tome II, page 117), en racontant la manière dont les Tehuelches se battent, ce qui suit : « Ils s'affublent d'une longue cui- te rasse à manches ressemblant à une ample chemise et (.(. composée de sept à huit doubles d'une peau souple et « parfaitement préparée, peinte en dessus en jaune... » ïl ajoute en note : « Les Aucas (Indiens) prétendent que « ces peaux sont celles du Guemule [Equus bisculus]de'Mo- (( lina. Ne serait-ce pas cet animal singulier dont parle « Wallis, et qui lui parut différent du guanaco? Dans tous « les cas, le nom d'Equus lui est mal à propos appliqué, « car le Guemule est une espèce voisine du lama. » Le même auteur dit ailleurs, en parlant des Indiens Aucas (tome II, page 231 du même ouvrage) : « Ilschaus- « sent des bottes de poiros (cuir de cheval), ou de cuir « tanné et souple de Guemal, artistement cousues avec des (t) Collection de obras documentos, etc., par D. L. Angclis. — Buenos-Ayres, 1837. 244 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {AoÛl 1864.) « tendons d'animaux. » Et il ajoute : « Cet animal nommé « Equus bisculusTp^iT Molina, et qui n'est rien moins qu'un « cheval, mais bien une espèce voisine du lama... » Dans le Voijage de Burmeister dans les États de la Plata, tome P% page 299, on lit ce qui suit : « J'ai discuté tous (( les animaux qui appartiennent à la faune de Mendoza; « leur nombre est fort restreint, mais j'accorderai volon- « tiers que, parmi les petites espèces, il m'en a échappé un « certain nombre, surtout parmi les chauves-souris et les « rats; mais, en revanche, je puis affirmer avec certitude « que parmi les plus grands aucune espèce ne m'est restée « inconnue. Les renseignements qu'on peut obtenir des « habitants doivent être soigneusement contrôlés. Ainsi « l'on m'a parlé, à San Luce, d'une chèvre sauvage d'un « brun roux qui vivrait dans les gorges des montagnes « circonvoisines et si farouche qu'il serait impossible de (( l'approcher. .Te ne saurais en aucune façon douter que « ces renseignements ne reposent sur une erreur, ou bien « qu'ils doivent se rapporter à une petite espèce de cerf. « h'Equus bûculus, de MoVina, animal certainement fabu- « leux dont l'existence ne repose non plus que sur le rap- « port des Indiens; cet animal, dis-je, ne s'est-il pas (( conservé jusque dans la science moderne, quoiqu'il ne « puisse y avoir de doute qu'un être tel que Moiina le dé- « crit ne se rencontre nulle part au Chili? On suppose que « cet animal mythique doit être un cerf, peut-être le Cer- « vus chilensis. » Il est assez remarquable que les notices de Falkner, de cet auteur si digne de confiance, ne fassent aucune mention de YEqiius bisculus. (Ces notices ont été citées par Parish, dans son ouvrage bien connu : Buenos-Àyres and ihe pro- vinces of the river Plata, London, 1852.) Le docteur Heussler et moi nous avons pris des rensei- gnements au sujot de cet animal auprès d'un certain nombre de personnes qui ont vécu darjs la partie septen- trionale de la province de Bnenos-Ayres, parmi les In- THAVAUX INKDITS. 2i5 tJiens, et nous avons reçu à ce sujet des ré|jonses contra- dictoires. Plus tard, lorsque je me rendis à Patajjones, je cherchai en vain des renseignements sur i'Anta auprès des négociants qui trafiquent avec les Indiens. Ce fut seu- lement lorsque je visitai la tribu d'Indiens amie de San- Gabriel (5 lieues au-dessus de Patagones), tribu qui est descendue récemment des Manzanas (ou forêts de pom- miers de la Cordillère), que je pus obtenir à cet égard quelques renseignements satisfaisants. Les noms d'ysa- nam et anta étaientjnconnus à ces Indiens; en revanche, ils connaissaient un animal nommé Schcnam^ dont ils ne purent cependant me montrer que des morceaux de peau yant perdu leurs poils. Quand bien même ces Indiens trafiquent constamment avec les habitants de la Patagonie, et qu'ils parlent assez couramment l'espagnol, leur des- cription était cependant très-imparfaite. Les uns compa- raient le Sc/ienam au mulet, les autres au cochon, l'un d'eu.x affirmait que l'animal portait de larges cornes, sur quoi un autre répondit qu'il l'avait aussi cru jusqu'au mo- ment où il avait lui-même tué l'animal, il avait pu s'assu- rerque ces soi-disant cornes n'étaientautresquedegrandes oreilles. De retour à Patagones, j'appris d'un négociant, M. H. Yribarne, que l'animal connu des Indiens sous le nom de Schenam était connu des créoles sous le nom de Cisnal ou Cisnam. Tous les négociants de Patagones avaient connaissance que les Tehuelches se servent de leur peau pour fabriquer des cuirasses de guerre; mais aucun ne se représentait au juste la forme de l'animal, etquelques- uns croyaient que ce devait être quelque espèce de mulet, vu la grandeur de ses oreilles. Ceci seulement était incon- testable que la peau de cet animal est devenue, depuis plus d'un demi-siècle, un article de commerce, et qu'elle s'expédie de Patagones en Europe par Buenos-Ayres, sans que jamais personne, ni ici, ni en Europe, ait cherché a savoir de quel animal elle provenait. A quel usage cette peau sert-elle en Europe, c'est ce que j'ignore; j'appris 246 REV. ET MA(i. DE ZOOLO&IE. [AotU 1864.) seulement que, depuis quelques années, sa valeur avait tellement baissé que les Tehuelches n'en apportent plus. J'ai réussi à trouver encore un petit morceau d'une seconde peau du même animai ; en outre, M. Yribarne me promit de me trouver une peau complète chez les Tehuel- ches, et il me l'a, en effet, apportée récemment; mais il est probable que cette peau appartient à un jeune animal, à en juger par la comparaison avec les petits morceaux dé- tachés que j'ai mentionnés. La peau a 5 pieds de longueur des oreilles à la queue; les oreilles ont 6 1/2 pouces, les poils des hanches et des flancs ont de 6 à 8 lignes de lon- gueur; au cou ils sont plus courts, et ceux des oreilles sont très-ras ; sur la ligne du dos ils forment, sur une étendue d'environ 1 pied, un rudiment de crinière, et ils ont alors 12 à 14 lignes de longueur; ensuite vient une étendue de 6 pouces avec des poils plus ras, et ensuite une seconde élévation de 4 pouces avec des poils de 12 à 14 lignes; les poils les plus longs se trouvent sur la poitrine où ils atteignent 15 à 16 lignes. Le ventre est faiblement fourni, en avant, de poils noirâtres; en arrière, de poils plus clairs ou de duvet. Le poil est partout couché, excepté sur les élévations de la ligne médiane du dos. Les poils sont roides et ondulés ; de la racine jusqu'au milieu de leur longueur ils sont gris clair, et passent ensuite au jaune et brun et se terminent par une pointe noire. La couleur est assez uniforme sur tout le corps, seulement un peu plus claire aux oreilles, blanchâtre à la face interne des cuisses et autour de l'anus. Entre les poils on trouve un duvet laineux court et fin d'un gris brunâtre (1). Pour ce qui concerne la distribution de cet animal, les renseignements oraux et écrits s'accordent tous sur ce point : qu'on ne commence à le rencontrer qu'assez loin (1) L'auteur compare ensuite VEquus bisculus au Tapir, et sup- pose que cet animal est une espèce propre à ce genre; mais des de- bris de peau qu'il a bien voulu nous adresser prouvent qu'il s'agit d'un Cerf de grande taille. (ISotc du traducteur.) TRAVAUX INÉUITS. 247 au sud de Mendoza, dans les vallées habitées par les Vg- guelches vers le 26M/2 degré. A partir de cette région on le trouve sur tout le versant oriental des Cordillères jusque vers le détroit de Magellan, où quelques navigateurs (si je ne me trompe, Wallis) l'ont vu; j'ignore s'il se trouve aussi sur le versant occidental des Cordillères. Suivant le rapport des Indiens, il ne se rencontrerait pas sur les pla- teaux de la Patagonie, qui sont couverts d'une végétation d'arbustes. En revanche, il doit se rencontrer, quoique rarement, sur ces plaines qui entourent les sources du Rio Negro, en particulier du Limay, qui sont couvertes de pommiers (Manzana); les Indiens nomment cette région Guechuchueben, et les Espagnols las Manzanas (les pommes). La limite méridionale du Tapir du Brésil [Tapirus siiillus) est, en général, fixée dans la province de Cor- rientes; cependant des gens dignes de foi m'ont assuré qu'on l'a aussi tué dans les bois deMonîiel, dans la pro- vince d'Entre-Rios. A l'ouest on le trouve dans les provinces de San-Jago de Estero y Tucuman ; à Cordova, il doit être très-rare. Il ne s'étend donc pas dans la région qu'habite VEqims bisculus; en sorte que ce n'est pas à cet animal que Molina a pu appliquer ce nom. Une étude approfondie des organismes de toute cette étroite région qui commence vers les sources du Rio Negro et qui se termine vers la Terre de Feu fournirait des don- nées intéressantes sur la distribution des faunes, par la comparaison de la faune patagonienne avec celle des régions plus septentrionales. Comme on le sait, le climat de l'hémisphère septentrional est caractérisé par des extrêmes de température plus grands que celui de l'hé- misphère austral, qui, à cause du petit développement des terres, oft're un climat plus constant, plus égal. Des obser- vations faites dans la colonie chilienne de Punta Arenas (ou Sandy-Point),sur le détroit de Magellan, montrent que la température moyenne y est de 11°, 6 pour l'été, de 6°,99 pour l'automne, de 2",lo pour l'hiver et de 7°, 7 poui le 248 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {JoÛl 18G4.) printemps; ce qui donne une température moyenne gé- nérale de 7", 11- L'humidité du climat, le long de la côte chilienne, et l'égalité de la température qui engendrent la riche végétation de Valdivia, de Chiloë et de la Terre de Feu, et qui permettent aux palmiers de végéter encore sous le 37^ degré, s'étendent aussi sur les vallées du ver- sant oriental des Cordillères, comme le prouvent les forêts d'araucarias, de pins et de hêtres. Le climat proverbia- lement sec de Patagonie forme le plus grand contraste avec celui de la côte orientale. La proximité de climats aussi différents, qui s'entre-croi- sent sur les mêmes latitudes, permet à certains animaux de la faune tropicale de s'étendre jusque dans ces régions et de venir se mêler à la faune des régions froides, un peu comme le chameau et le renne se rencontrent dans les plaines de l'Asie centrale. Note sur un nouveau Batracien du Portugal, Chioglossa lusitanica, et sur une Grenouille nouvelle de l'Afrique occidentale, par M. Barbosa du Bocage, directeur du muséum d'histoire naturelle de Lisbonne. L'espèce nouvelle que je viens ajouter à la liste des Ba- traciens d'Europe appartient à la famille des Salaman- drides. Ne pouvant pas la faire rentrer convenablement dans aucun des genres déjà établis dans cette famille, je me suis vu dans la nécessité de créer un genre nouveau, dont elle reste, pour le moment, le seul représentant. Malgré mon extrême répugnance à trop multiplier les di- visions génériques dans nos classifications naturelles, j'ai dû céder en présence d'un ensemble de caractères qui me paraissent plus que suffisants pour bien définir un genre. Quant à la place à lui accorder dans un catalogue métho- dique de l'erpétologie européenne, elle doit être intermé- diaire aux genres Triton et Geolriton. TRAVAUX INÉDITS. 249 Voici les caractères sur lesquels j'entends établir le genre Chioglossa : Langue grande, oblongue, attachée antérieurement à la mâchoire inférieure, libre des deux côtés et en arrière, supportée par un long pédicule qui vient se fixer au mi- lieu de sa face inférieure. {[Id. pi. xxi, fig. 5.] Deux ran- gées longitudinales de dents palatines très-convergentes en avant, entre les arrière-narines, où elles arrivent presque à se loucher, très-divergentes en arrière, paral- lèles au milieu. (Fig. 4.) Membres antérieurs tétradac- tyles, postérieurs pentadactyles ; pollex antérieur et pos- térieur excessivement courts. Pas de parotides. Peau très-finement chagrinée, presque lisse. Pas d'arcade os- seuse temporo-frontale. (Fig. 2.) Chioglossa lusitanica. — Le corps est allongé, arrondi, étroit; la queue très-longue, mesurant un peu plus des deux tiers de la longueur totale, arrondie à sa base, un peu comprimée dans sa dernière moitié. La tète est courte, le museau très-court et arrondi, les yeux gros et proémi- nents. Les narines sont placées près du bout du museau, presque en dessus, et assez écartées entre elles. Membres antérieurs grêles, membres postérieurs plus forts. Les doigts et les orteils sont un peu déprimés, libres, légère- ment bordés; leur face palmaire est parfaitement lisse, mais les articulations des phalanges sont nettement accu- sées par de fortes dépressions circulaires de la peau. Le second doigt dépasse le quatrième, le troisième est le plus grand de tous : les troisième et quatrième orteils sont égaux et les plus longs ; le cinquième est, après le pollex, le moins long. Tous mes individus présentent en dessus, sur un fond noir finement ponctué de blanc, deux larges raies dorsales d'un beau rouge de cuivre, qui se pro- longent sur la queue en une seule raie de la même cou- leur. Sur la tête, ces deux raies avancent bien distinctes jusqu'aux yeux. Les flancs, la région du ventre et le des- sous de la queue présentent la même couleur noire du 250 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE, [y^oûl 1864.) dos, sur laquelle de nombreux points blancs, inégalement distribués et plus confluents par places, dessinent des taches irrégulières laiteuses plus ou moins apparentes. La face inférieure de la tête et le cou, jusqu'à l'insertion des membres antérieurs, sont d'un brun clair uniforme. Cette même couleur couvre la face inférieure des membres, dont la face dorsale présente, au contraire, une colora- tion tout à fait identique à celle des flancs. L'Onychodac- tijlusjaponicus, tel, du moins, que je le trouve figuré dans l'atlas de Y Erpétologie générale (pi. xxxiu, fig. 1), pourrait servir à donner une idée assez exacte de la coloration, mais de la coloration seulement, de l'espèce du Portugal. J'ai dit que les raies dorsales et caudale sont d'un beau rouge de cuivre, mais j'ai besoin d'ajouter qu'elles semblent peintes avec du cuivre en poussière très-fine mélangée avec un peu de poudre d'or. La nuance dorée est d'autant plus prononcée que les individus sont plus adultes : dans les jeunes, la teinte rouge domine. L'alcool a la fâcheuse propriété d'attaquer promptement cette couleur et de la faire disparaître au bout de quelque temps. Après quelques heures de séjour dans ce liquide, la couleur rouge a perdu son aspect métallique et brillant; après quelques semaines, elle est remplacée par une teinte blanchâtre, ou plutôt laiteuse, assez confuse. La singulière conformation de la langue de cet animal fournit un caractère différentiel assez important. Le pédi- cule osseux qui la supporte est assez long ; il a près de 4 millimètres. Sur les côtés de son extrémité antérieure s'articulent deux branches cartilagineuses destinées à sou- tenir la partie libre de la langue. En effet, chacune de ces branches, après avoir atteint, en se courbant en dehors et en arrière, le bord latéral de cette portion delà langue, suit exactement ce bord, et elle se prolonge encore sur le bord postérieur, en le contournant. Entre son attache an- térieure, à l'extrémité de la mâchoire inférieure, et son pédicule central, la langue n'est retenue, le long de la TRAVAUX INÉDITS. 251 ligne luédiane, que par du tissu cellulaire. Cette disposi- tion de la langue, par laquelle le genre Cliioglossa me semble se rapprocher beaucoup d'autres Batraciens uro- dèles (genres Bolitoglossa, Hercdia, Geotriton), rappelle également le genre Heteroglossa ^ établi récemment par M.Hallowel pour un petit Batracien raniformede l'Afrique occidentale. La langue du Cliioglossa lusitanica est- elle protiactile? Est-il permis à l'animal de la faire sortir de la bouche par un mouvement d'expiration? Malgré les fortes présomptions qui découlent de l'exa- men anatomique de cet organe, n'ayant jamais pu sur- prendre l'animal sur le fait, je n'ose pas faire à cette ques- tion une réjîonse affirmative. En ouvrant la bouche de l'animal vivant, l'abaissement de la mâchoire inférieure suffit pour imprimer un mouvement de bascule très-pro- noncé en avant à la portion libre de la langue, sans ce- pendant la faire sortir de la cavité de la bouche. D'autre part, le pédicule qui soutient la langue est composé, in- dépendamment de la tige osseuse déjà mentionnée, de deux paires de muscles grêles, situées l'une derrière la tige, l'autre de ses deux côtés; mais, d'après leur direction et leurs insertions, je ne pense pas que ces muscles puissent aider au mouvement d'expuition de la langue, car ils me semblent plutôt destinés à agir dans un sens contraire. Il faudra donc chercher ailleurs l'explication d'un tel mou- vement, si toutefois il existe; et j'essayerai de le faire aus- sitôt que d'autres occupations plus pressantes me permet- tront de poursuivre mes études sur l'anatomie de celte curieuse espèce. Dimensions. — Longueur totale, 0'",142; longueur de la tète 0"',011; longueur du tronc, 0"',036; longueur de la queue, 0"',095. Habitat. — Les premiers individus que j'aie vus de cette espèce m'ont été envoyés de Coimbra en mai de l'année dernière par M. Uosa, l'un de mes plus zélés et plus infa- 252 REV. ET MAC. UE ZOOF,OGIE. ( JuiU 1864.) tigables correspondants. Ils ont été rencontrés aux envi- rons de cette ville, dans le voisinage d'un bois de pins et non loin d'une rivière; ils n'étaient pas dans l'eau , mais sur terre, cachés sous un amas de bruyères sèches. Je les ai reçus encore vivants; mais s'étant échappés, pendant la nuit, d'une petite boîte où je les tenais enfermés avec un peu d'herbe fraîche, le lendemain on les a trouvés tous morts. Celte année, mon ami M. Rosa vient de me faire un nouvel envoi de ces animaux, mais ceux-ci ont été pris , dans les derniers jours de janvier, sur la montagne de Bussaco, à 5 lieues de Coïmbra (1). Comme les pre- miers, ils ont été rencontrés sous des feuilles mortes, et même cachés par des pierres. Ils sont, pour la plupart, encore vivants, après dix jours comptés de leur arrivée. La figure 1 de la planche xxi représente très-fidèlement le plus grand de ces individus. J'espère que d'ultérieures recherches permettront d'as- signer à cette espèce une bien plus large zone d'habitation, surtout dans le nord du pays. EXPLICATION DE LA PLANCHE XXI. Fig. 1. Le Chioglossa lusitanica de grandeur naturelle. Fig. 2. La tête osseuse (grossie deux fois)*. Fig. 3. Pédicule qui supporte la langue (grossi deux fois): a, pédicule ou tige osseuse; b, branches antérieures qui s'articulent des deux côtés sur l'os de la langue, et contournent les bords de la portion libre de la langue; c, cornes postérieures de l'hyoïde, lesquelles viennent s'ar- ticuler sur l'extrémité postérieure de la tige osseuse. Fig. 4. Dents palatines. Fig. 5. Tête avec la bouche ouverte, pour faire com- prendre la singulière conformation de la langue. (1) Sur cette moutagne de Bussaco, M. d'Oliveira, professeur à ruoiversité de Coïmbra, avait déjà rencontre, l'année dernière, au printemps, quelques individus de notre Chioglossa lusitanica. TRAVAUX mÉDlTS. 253 Rana hragantina, Nob. — Caractères. Corps gros, ra- massé. Tête grande, non déprimée, convexe; museau co- nique, obtus. Langue très-large antérieurement, rétrécie et fourchue en arrière. Trois fortes apophyses denti- formes à l'extrémité de la mâchoire inférieure, reçues dans trois enfoncements de la mâchoire supérieure. Yeux grands, saillants. Tympan distinct, médiocre, égalant à peine les 2j3 du diamètre de la fente palpébrale. Narines situées en dessus, à égale distance de l'angle antérieur de l'œil et du bout du museau. Deux rangées de dents vo- mériennes en chevron, s'étendant obliquement depuis le milieu du bord antérieur de Tarrière-narine jusqu'à la ligne médiane, où elles arrivent presque au contact (15 à 17 dents dans chaque série). Orifice interne des trompes au- ditives assez ouvert. Doigts et orteils à tubercules sous- articulaires petits, mais élevés. Doigts courts, libres; le troisième le plus grand, les trois autres presque égaux. Orteils palmés, à pahnure grande, s étendant jusqu'à l'ex- trémité des orteils. Un tubercule étroit à l'origine du pre- mier orteil. Peau du dos lisse, sans renflements glandu- leux. Un cordon glanduleux étroit contournant le tympan, depuis l'œil jusqu'à l'angle de la mâchoire. Malgré un séjour de plusieurs mois dans l'alcool, la co- loration de notre spécimen ne nous semble pas sensible- ment altérée. Régions supérieures, d'un vert de bouteille parsemé de taches irrégulières noirâtres, sans aucun vertige apparent de raie dorsale. Régions inférieures, d'un jaunâtre foncé marbré de brun. Faces supérieures des membres semblables au dos, mais avec des taches noires plus grandes et plus arrondies. En dessous, les membres sont tachetés de brun sur un fond jaunâtre. Sur les flancs et sur la partie postérieure des cuisses on re- marque de nombreuses taches rondes d'un jaune vif. Dimensions : du bout du museau à l'anus, 0,15; lon- gueur de la tète, 0,055; longueur dos membres posté- rieurs 0,19 ; longueur des membres antérieurs, 0,07 ; dia- 234 REV. liT MAC. DE ZOOLOGIE. { AoÛt lS6h'.) mètre de la fente palpébrale, 0,012 ; diamètre du tympan, 0,008. Patrie : Angola (Afrique occidentale). — District du Du- que de Bragança. Le muséum de Lisbonne vient de recevoir un seul indi- vidu de cette espèce par les soins de M. Periheiro Bayao, chef militaire du district du Duque de Bragança. Par sa grande taille et par cet ensemble de caractères qu'on est convenu d'appeler le faciès, cette Grenouille se rapproche évidemment de plusieurs espèces bien connues, et notam- ment d'une Grenouille d'Afrique occidentale que M. A. Du- méril a fait connaître sous le nom de Rana subsigillnta (Revue et Mag. zool., 1856,p.560; Arch. Mus. Par., t. X, p. 224). Cependant des dissemblances bien manifestes nous semblent s'opposer à l'identification de ces deux espèces. Nous avons d'abord la palmure des orteils, qui, chez la B. bragantina, s'étend jusqu'à leur extrémité, au lieu de s'arrêter à la moitié de leur longueur, comme M. A. Duméril l'indique positivement pour sa R. subsi- gillnta. Ensuite nous avons encore à mentionner, comme des moyens faciles de les distinguer, la forme et la gran- deur relative de la tète, la forme de la langue, la position et le nombre des dents vomériennes; enfin la coloration, quoique nous n'attachions pas une grande valeur à ce der- nier caractère pris isolément. Le D"" Livingstone parle d'une énorme Grenouille co- mestible, connue sous le nom de Mattanetto dans le pays des Bakouains, donties dimensions s'accordent assez bien avec celles de notre individu; et, quoique dans une note de son ouvrage elle soit rapportée au Pixiccphalus adpres- suif, nous nous demandons si elle ne serait pas plutôt notre R. hragantina, dont l'usage, comme aliment, dans une partie de l'Afrique occidentale, semble chose avérée. [Y. Livingstone. — ■ Exploration dans l'intérieur de l'Afrique, trad. franc., p. 49 ) TRAVAUX INÉDITS. 255 Observations sur la nidification des Crénilabres, par M. Z. Gerbe. A Monsieur le directeur de la Revue de zoologie. Mon cher directeur , Voici enfin, sur la nidification des Crénilabres, le petit travail que je vous promets depuis près de cinq ans. I! présente, tel qu'il est, de nombreuses lacunes; mais, s'il me fallait les combler avant de vous le livrer, vous pour- riez bien l'attendre quelques années encore, tant la mer laisse difficilement pénétrer ses secrets. C'est ma répu- gnance à publier des observations incomplètes qui m'a fait différer de l'écrire, et le même sentiment m'empêche- rait aujourd'hui de vous l'adresser, si je n'avais à cœur de dégager ma parole. On ne peut citer encore qu'un petit nombre de pois- sons qui aient le singulier instinct de construire un nid, soit pour dérober leur ponte à la voracité des autres ani- maux, soit pour créer aux œufs des conditions favorables au développement. Parmi ceux qui habitent les eaux douces, la femelle du Gourami ( Osphrosmemis olfax , Comm.), espèce transportée de la Chine à l'Ile-de-France, où elle s'est acclimatée et multipliée, creuserait, dit-on, une fossette pour y déposer ses œufs. Dans nos climats, M. Coste nous a fait assister au curieux spectacle qu'of- frent de petits poissons de nos ruisseaux, les Épinoches {Gat'terost. trachurus et leiurus, G. Cuv.) et l'Épinochette [Gasterost. pungiiius, Linn.), dont les mâles, au temps des amours et en vue des pontes qui vont avoir lieu, construi- sent un vrai nid avec des brins d'herbes aquatiques, qu'ils enduisent de mucosités, el auxquels ils mêlent de très- petites pierres et de la boue. Peut-être faudrait-il joindre à ces espèces celles de la famille des Salmonidés, dont les femelles, sans faire un nid proprement dit, n'abandon- nent cependant pas leurs œufs au hasard, mais les cachent 25G IIKV. Kï MAfx. DE ZOOI.OCrlK. { ^oûl 1864.) sous un monticule de gravier, de cailloux, après les avoir déposés dans une excavation qu'elles ont préalablement pratiquée. Quant aux espèces si nombreuses que nourrit la mer, c'est à peine, également, si l'on en connaît trois ou quatre qui préparent un lit de ponte, et le Phycis des anciens est resté fort longtemps le seul poisson auquel on recon- naît cette habitude. Il faut arriver jusque vers le milieu du xvi" siècle, pour voir Rondelet attribuer la même industrie à un Ga- doïde (l), qu'il nommera, pour cette raison, Phycis, per- suadé qu'il est que c'est bien là l'espèce ainsi appelée par Aristote. « Ce qui me fait le plus croire, » dit-il en parlant du poisson vulgairement connu de son temps sous le nom de Moule ou Mole, « ce qui me fait le plus croire que c'est « le Phycis des anciens, c'est que jai vcu faire son nid « dans l'alga, oîi fait ses œufs, ce que ont veu aussi plu- « sieurs pescheurs, ce que fait ce seul poisson si nous (( croyons à Aristote et Pline, combien que lui seul ne le « fasse , car les Boulerots et Chevaux-Marins font le « semblable (2). » Ainsi Rondelet a vu la Mole ou Tanche de mer faire son nid dans l'algue, ce qu'aucune observa- tion, que je sache, n'a infirmé jusqu'ici; mais il savait aussi, comme son contemporain Guillaume Pellicier, cité par Gesner, et de qui il tenait peut-être le fait, que les Boulerots et les Hippocampes avaient la même habitude. Si Rondelet et les observateurs de son temps se sont trompés relativement à l'Hippocampe ou Cheval marin, dont les pontes se font dans des conditions actuellement bien connues, ils étaient dans le vrai pour ce qui con- (1) Blennius Phycis, Linu.; Phycis Medilerraneiis, Taroclie; Phycis linca, Schcidcr. (•2) Rondclci, Uisloire des PoiKuons. Lyon, l.'fiS, 1. V!, cli. x, p. l'iH. TRAVAUX ITNÉDITS. 2u7 cerne les Gobies, que Rondelet désigne sous le nom vul- gaire et méridional de Bourelots. Près de deux cent cin- quante ans plus tard, l'abbé Olivi constatait, en effet, qu'un des Gobies des lagunes de Venise, qu'il dit être le Gobie noir {Gobius niger, Linn.), choisit, au printemps, un fond couvert d'herbes marines, et y creuse une de- meure moins profonde que large, dont il garnit les parois de grossières racines de zostères, sur lesquelles la femelle dépose ses œufs. M. de Martens (1). qui rapporte l'obser- vation d'Olivi, dans le deuxième volume de son Voyage d Venise, dit que ce nid est confié à la garde du rpàle , qui s'y établit pour féconder les œufs que les femelles vien- nent successivement y déposer, pour veiller à leur con- servation , et pour défendre les petits nouvellement éclos. L'opinion, vaguement énoncée par Rondelet et par Ges- ner, que les Gobies nichaient , a donc été confirmée par la découverte de l'abbé Olivi. Des observations ultérieures sont venues lui donner une confirmation nouvelle. M. Nordmann (2) a constaté que trois Gobies au moins, parmi lesquels son Gobius constructor, font réellement un nid dans des trous, ce qui n'a pas seulement lieu à la mer, mais encore dans les torrents rapides, comme en 1846 il a eu l'occasion de l'observer en Abassie. Ainsi donc, la Mole ou Tanche de mer, si ce qu'en dit Rondelet est exact, et trois ou quatre espèces de Gobies, dont l'un représenterait le Phycis d'Aristote , opinion sur laquelle je reviendrai tout à l'heure, sont les seuls poissons que l'on ait vus construire un nid. Une autre espèce, appartenant certainement à un genre (Ij Georg. Marteus, Reise imchVenedig. Ulm, t824, t. II, l"suppl. Pisces, p. 4iy. (2) Nordmanu, Voy. dans la liussic mcrid., Paris, 1840, Pois- ions, p. 420, et Bull, de V Acad.de Saint-Pétersbourg, 1837. '?" SKRIK. T. XVI. Anni'c 18(V'i. >7 258 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. { JoiU 1864.) différent, viendrait augmenter ce nombre bien restreint, si les nids provenant du Bouquereau de Terre-Neuve et pré- sentés par M. Valenciennes à l'Académie des sciences (1), dans la séance du 5 décembre 1859, étaient bien le travail d'un poisson. Mais on n'a, sur ce point, aucune certitude. Après l'examen que M. A. Duméril a bien voulu me laisser Caire d'un de ces nids, je partage le doute qu'exprime, à cet égard, M. Valenciennes et comme complément à cette question : « Les poissons sont-ils les seuls animaux ma- rins qui construisent des nids ? » je me permettrai d'a- jouter : ceux du Bouquereau ne seraient-ils pas des abris protecteurs temporaires ou permanents, que se créeraient certains crustacés? Quoi qu'il en soit, ces nids, en suppo- sant qu'ils appartiennent à un poisson, ne peuvent avoir pour constructeur, vu leur peu de développement, qu'une petite espèce, plus petite même que le Lodde Capelan, auquel M. Valenciennes ne serait pas éloigné de les at- tribuer. Mais s'il nous faut, jusqu'à nouvel ordre, laisser en de- hors des exemples de nidification des poissons de mer le fait publié par M. Valenciennes, je puis, comme compen- sation, en faire connaître deux nouveaux cas, dont je suis redevable au hasard, du moins pour le premier. {La suite au prochain numéro.) , ^ RÉVISION DKS Coléoptères du Chili, par MM. L. Fairmaire et Germain. Nous avons publié, dans les Annales de la Société ento- mologique de France, une révision des Buprestides et des Cérambycides du Chili, savoir : pour les premiers, dans l'année 1858, p. 700, et, pour les seconds, dans les an- (1) Comptes rendus, 1859, t. XLIX, p. 878. TRAVAUX INÉDITS. 259 nées 1859, p. 183, et 1861, p. 105. Les dernières explo- rations faites par M. Germain, avant son retour en France, nous permettent d'ajouter un supplément important à nos précédents travaux sur ces deux familles, dont nous au- rons plus que doublé le nombre des espèces chiliennes. Fara. BUPRESTiD^, 1*^ supplément. PsiLOPTERA FASTiDioSA. — Long. 23 mlll. — Oblongus, crassus, supra deprcssus, ch/tris postice nttenualus, capite prothoraceque valde corrosis, œneU, cupreo tinctis, elytris obscure viridi-œneis, vix nitidis, corpore subtus cuprescente, nitido, abdominis laterihus macidis albido-tomentosis orna- tis; prothorace transverso, aritice paulo angustato, média valde excavato lateribus impressis, elytris grosse substriato- punctatis^ sutura et utrinque costulis tribus elevatis, inter- stitiis sparsim punctatis, margine eœlerno rugoso-punctato ; corpore subtus grosse valde punctato. Corps oblong, épais, déprimé au-dessus, rétréci en ar- rière ; tête et corselet d'un bronzé assez brillant mélangé de cuivreux : dessous du corps d'un cuivreux brillant avec une rangée de taches de pubescence blanche sur les côtés de l'abdomen: élytres d'un bronzé verdàtre assez terne, avec un faible reflet légèrement cuivreux. Tête grossement rugueuse avec une petite bande élevée assez lisse entre les yeux. Corselet transversal, rétréci seulement en avant; base fortement sinuée de chaque côté, ce qui rend les an- gles postérieurs assez aigus ; surface fortement corrodée et grossement ponctuée; au milieu une grande impression assez profonde, large, tenant toute la longueur, avec les côtés saillants et la base plus lisse ; de chaque côté, une impression corrodée bien marquée. Écusson petit, très- court, tronqué; élytres à lignes de très-gros points, for- mant presque des stries, les intervalles parsemés de points peu serrés, finissant, vers l'extrémité, par se confondre avec les points des stries; sur chaquo élylre 3 rôles peu 260 imv. i'T MAG. I)!i ZOOLUGlt:. [ -iuût 1864.) convexes, mais distinctes, séparées par des intervalles non élevés, plus saillants à la base; entre la troisième et le bord externe, quelques rangées de points confondus par des rides transversales et un vestijje de côte peu marquée; extrémité échancrée un peu obliquement et biépineuse. Dessous du corps très-grossement ponctué, ces points sou- vent confluents et formant presque des fossettes. — Chili. Diffère du P. Buqueli par le corselet plus corrodé, à la base plus fortement sinuée, ce qui rend les angles posté- rieurs plus saillants, et par les côtes des élytres non inter- rompues par de petites dépressions ponctuées; le dessous du corps est moins fortement corrodé en long; et du De- caisnei par les côtes des élytres non interrompues avec les intervalles beaucoup moins ponctués et les côtés de l'ab- domen tachetés de blanc. Hypoprasis, nov. gen. — Corpus parum crassum, longi- tudinaliter arcualum. Ântennœ ab articula quinto dentatœ. Epistoma valde emarginatum. Oculi magni, supra sat ap- proximati. Protlwrax transversus, anguiis posticis productis. Scutellum subquadratum. Elytra apice denticulata, apice ipso spinoso, haud emarginato. Abdomen basi haud canali- culatum. Prosternum planum, haud striatum. Genre voisin des Latipalpis et des Capnodis, en diffère par le prosternum non sillonné, les yeux peu distants en dessous, les élytres non échancrées à l'extrémité, mais denticulées avant l'extrémité, les pattes peu robustes et les tarses peu larges. H. Harpagon. — Long. 25 mill. — Oblonga, griseo-pi- losa, flirta, supra œneo-fusca, nitida, capite vix cuprea, ely- tris utrinque maculis marginalibus tribus cupreis ornatis, his maculis dense sulphureo-tomentosis, subtus cuprea, ful- gida; capite rugoso; prothorace brevi, lateribus rugoso-punc- tato, tmpresso, basi, medio sulcato, anticc angustato; elytris utrinque quadri-costatis, interstitiis concavis, latis. parum TRAVAUX INÉDITS. 261 profunde punctatis ; subtus deme ac grosse punctalU) libii'^ œneis, tarsis œneo-cœruleis. Oblong, faiblement convexe, arqué dans le sens de la longueur, hérissé de poils blanchâtres assez longs, peu serrés, tant en dessus qu'en dessous. Dessus du corps d'un brun noir un peu métallique, brillant; dessous d'un cui- vreux éclatant avec les tibias d'un vert métallique et les tarses d'un vert-bleu foncé; sur les élytres, 4 ou 5 taches marginales, dont 3 grandes cuivreuses, cachées par des floccosités plus ou moins longues d'un beau jaune presque soufre; la 1" longe le bord externe depuis l'épaule jus- qu'auprès du milieu, la 2* est transversale, la 3® poncti- forme, la 4* presque arrondie, la 5« extrêmement petite. Tête rugueusement ponctuée, un peu cuivreuse. Antennes grêles, n'atteignant pas la base du corselet; 3« article aussi long que le 1"% 2» de moitié plus court que le 3% 4" plus court que le 3», mais un peu plus long que le 5", et commençant à former une dent ; noires avec les 2 ou3 pre- miers articles bronzés. Corselet court, assez fortement rétréci en avant; côtés sinués en arrière, un peu déprimés et relevés en avant; angles postérieurs saillants en arrière: surface fortement et rugueusement ponctuée sur les côtés, ayant au milieu des points peu serrés, et en arrière un sillon bien marqué, formant presque une fossette à la base. Écusson tronqué, fortement sillonné. Élytres légère- ment élargies au milieu, puis rétrécies avec les côtés den- ticulés à partir du milieu; extrémité se terminant par une assez forte épine; sur chacune 4 côtes minces, ne com- mençant pas dès la base, les deux internes assez élevées- les autres plus courtes et peu distinctes; intervalles larges, un peu concaves, à ponctuation assez grosse, mais peu profonde et peu serrée ; à la base même, quelques rides et une légère impression juxta-humérale. Dessous du corps grossement et densément ponctué. Abdomen arqué en dessous; dernier segment presque caréné au milieu, bi-échancré à l'extrémité. r;itlos assez grêles; tarses peu 262 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {ÀOÛt 1864.) larges, creusés en cuiller en dessous, décroissant de lon- gueur, le 4" presque en carré arrondi. Ce bel insecte rappelle, par la coloration de la partie inférieure du corps, les Polybothris de Madagascar. Aothaxia suBiEQUALïS. — Loug. 12 mill. — Oblonga, parumconvexa, supra viridi-œnea, jjrothorace cupreo tincto, parum nitido; supra cuprescens, nitidior ; caplte antice im- presso, medio sulcatulo; prothorace transverso lateribus valde rotundato, utrinque late depresso, medio longitudina- iiter impresso, rugose punctaio, medio tenuitcr punctato, elytris margine externo dense crenulato, lateribus basique tantum obsolète impressis, substriato-punctatis, interstitiis densissime rugosulis. Extrêmement voisin de VA. angulosa, en diffère par les élytres plus courtes, à impressions indistinctes, par la tête plus concave en avant avec l'épistome plus échancré, par le corselet plus court, plus fortement échancré en avant, à bords latéraux plus minces, à ponctuation plus fine dans la partie médiane, qui présente, au lieu d'un simple sillon, une dépression longitudinale un peu plus marquée en avant et en arrière; les élytres présentent au bord ex- terne une denticulation plus marquée; l'écusson paraît un peu plus étroit et plus tronqué; le bord antérieur du pro- sternum présente une impression transversale qui ne se retrouve pas chez Vangulosa. — Cordillères d'Aculco, pris au vol. A. VERECUNDA. Er. Mcycus Reise um die Erde, 229. — Ce nom est antérieur à celui de A. marginicolUs , donné par Solier au même insecte dans l'ouvrage de M. Gay, et doit, par conséquent, lui être préféré. {La suite prorhainemenl.) SOCIÉTKS SAVANTKS. 263 11. SOCIETES SAVANTES. Académie des sciences. Séance du 1" août 1864. — M. Flourens présente un livre qu'il vient de publier sous le litre de Psychologie com- parée. M. de Quntrefages présente, de la part de M. Boucher de Perthes, les procès-verbaux détaillés des deux fouilles faites à Moulin-Quignon les 9 et 16 juillet 1864. « Il résulte de ces procès-verbaux que toutes les pré- cautions les plus minutieuses ont été prises pour s'assurer de l'intégrité des terrains et de l'impossibilité de toute fraude. La sévérité du contrôle et de la surveillance était d'autant mieux assurée que, parmi les témoins appelés par M. de Perthes, se trouvaient quelques personnes qui professaient hautement la plus grande incrédulité relati- vement à la réalité des découvertes qu'il s'agissait de con- stater. Ces personnes, convaincues par les faits, ont signé les procès-verbaux aussi bien que celles dont les convic- tions résultaient d'observations antérieures. » Suivent les noms des témoins des deux fouilles. M. Fromentel adresse des Recherches expérimentales sur la question des générations spontanées. M. Segond présente un travail intitulé : Application des principes de morphologie à la classification des Oiseaux. « Quand on recherche, dit l'auteur, dans les parties les moins variables du squelette des Oiseaux les caractères qui peuvent le mieux révéler le degré d'affinité qui existe entre les animaux de cette classe, on reconnaît que toutes les espèces dérivent , soit directement, soit par mé- lange, de quatre types, dont In [)lus parfaite réalisation se 264 REV. Kf MAC. DE ZOOLOGIE. [AoÛt 18(>4.) manifeste dans V Aigle, le Ctjgnc, le Coq et V Autruche « Dans mon programme de morphologie dont la partie anatomique fui, en septembre 1862, soumise au jugement de l'Académie, j'ai pu faire la distribution méthodique des Mammifères par la seule considération de la partie centrale de la colonne vertébrale, qui, dans cette première classe, offre un degré suffisant de complexité ; mais, dans la classe des Oiseaux, il faut, à cause de la plus grande spécialité du squelette, recourir à l'ensemble du tronc. En tenant compte de l'épine dorsale, du bassin et du ster- num, on arrive à séparer les Oiseaux en quatre lignées naturelles , à partir des types que je viens d'indi- quer... )) M. J. Swaim adresse, de Philadelphie, une boîte conte- nant plusieurs rameaux de Vernonia noveboracensis sur lesquels des fourmis ont construit de petites cabanes des- tinées à abriter les pucerons dont elles sucent la liqueur sucrée. « Cette espèce de Vernonia^ dit M. Swaim dans la lettre qui accompagne son envoi, est très-sujette à être couverte de pucerons, mais je n'y avais jamais vu de construc- tions destinées à les loger, et je crois le fait nouveau pour la science (1). » (1) Le fait n'a peut-être pas eucore été signalé pour les Fourmis ainéricaiues,mais il l'est depuis longtemps pour les nôtres. Hubert l'a observé chez plusieurs espèces, et est entré, à ce sujet, dans de ji,rands détails : nous lui emprunterons seulement le passage sui- vant : « Je découvris un jour uu Tithymale qui supportait, au milieu de sa tige, une petite sphère à laquelle il servait d'axe. C'était une case que des Fourmis avaient bâtie avec de la terre. Elles en sortaient par une ouverture fort étroite pratiquée dans le bas, descendaient le iong de la branche et passaient dans une fourmilière voisine. Je dé- molis u!ie partie de ce pavillon construit presque eu l'air, atin d'eu étudier l'intérieur; c'était une petite salle dont les parois, en forme de voûte, étaient lisses el unies; les Fourmis avaient profité de la forme de cette plante pour soutenir leur édifice ; la lige passait donc SOCIÉTÉS SAVANTES. 265 La boite qui contient ces j anieaux, recueillis à 3 n»ilies environ à l'est de Philadelphie, renferme aussi quelques- unes des Fourmis architectes. MM. Leplat et Jaillardfont présenter parM. Pasteurun travail intitulé : De l'action des Bactéries sur l'économie animale. Après avoir rapporté une assez longue série d'expé- riences, les auteurs ajoutent : De ces expériences nous concluons « 1° Que les Vibrioniens (Bactéries ou Vibrions), pro- venant d'un milieu quelconque, ne produisent aucun ac- cident chez les animaux dans le sang desquels on les a introduits, à moins, toutefois, qu'il ne soient accompagnés d'agents virulents qui, eux seuls, sont responsables des effets fâcheux qui peuvent survenir; « 2° Que, si le véhicule injecté qui les contient est pu- tride et en trop grande quantité, il y a empoisonnement septicémique, mais qu'il ne se développe pas de maladies virulentes, puisque les mêmes phénomènes ne se repro- duisent pas par l'injection du sang contaminé. » M. Lacaze- Luthier s adresse une note sur la couleur des ulcyonaires et ses variations^ expliquée par l'histologie. M. Dareste adresse une note sur les caractères qui dis- tinguent la cicatricule féconde et la cicatricule inféconde dans les œufs de Poules. Séance du 8 aoiit. — M. Pouchet communique un mé- moire sous ce titre : Embryogénie des infusoires ciliés. Réponses aux observations de M. Coste. au centre de l'appartcnieut el ses feuilles eu coraposaieut toute la charpente; cette retraite renfermait une uombreuse famille de Puce- rons, auprès desquels les Fourmis brunes veuaientpaisibicnieut faire leur récolte, à l'abri do la pluie, du soleil et des Fourmis étran- p^res. . . >i ^Hubert, Jiecherrhea sur les nururs (lc.), et une espèce fossile 17/. rrassus (Lartet) de Sansan. SOCIÉTÉS SAVANTES. 207 caractères, du Troglodytes niger. Ces différences sont une physionomie plus bestiale, des formes plus massives, une lèvre supérieure froncée au lieu d'être sillonnée régulière- ment de haut en bas, une face toute noire, et par-dessus tout un talon bien prononcé à la partie postérieure de la dernière molaire d'en bas. Ce Chimpanzé est donc très- certainement une espèce nouvelle ; et, pour consacrer ma reconnaissance, je propose de le désigner sous le nom spécifique de Troglodytes Aiibryi. « Dans la note que j'ai l'honneur de soumettre aujour- d'hui au jugement de l'Académie, je ne traite pas de l'en- semble des remarques que j'ai pu faire sur l'anatomie de ce curieux animal ; elles seront l'objet d'un grand travail que je rédige eu ce moment avec M. le docteur Alix. Mais j'ai cru utile de résumer, parmi les observations que j'ai pu faire, celles qui sont relatives à l'anatomie de la main dans les Singes dits anthropoïdes. Cette anatomie révèle des différences profondes et réellement typiques entre l'Homme et les Singes les plus élevés. Chez les Singes, le pouce est fléchi par une division oblique du tendon commun du muscle fléchisseur commun des autres doigts. Il est donc entraîné dans les mouvements communs de flexion et n'a aucune liberté. Le même type est réalisé dans le Gorille et dans le Chimpanzé, mais ce petit tendon qui meut le pouce est réduit chez eux à un filet tendineux qui n'a plus aucune action, car son origine se perd dans les replis synoviaux des tendons fléchisseurs des autres doigts, et il n'aboutit à aucun faisceau musculaire ; le pouce s'affaiblit donc d'une manière notable dans ces grands Singes. Chez aucun d'eux il n'y a aucune trace de ce grand muscle indépendant qui meut le pouce dans l'Homme. Et, loin de se perfectionner, ce doigt si caracté- ristique de la main humaine semble chez les plus élevés de tous ces Singes, les Orangs , tendre à un anéanlisse- nienl complet. Ces Singes n ont donc rien dans l'organi- sation (\v 1(1111 main (pu indiipu- un [),iss;i;;(i aux formes 568 KEV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {AoÛt 1864.) humaines, et j'insiste à ce sujet, dans mon mémoire, sur les différences profondes que révèle l'étude des mouve- ments dans des mains formées pour des accommodations d'ordre absolument distinct. « Une étude approfondie des muscles du bras et de l'épaule dans ces prétendus anthropomorphes confirme ces résultats. D'ailleurs, c'est surtout dans le Singe en ap- parence le plus semblable à l'Homme , dans l'Orang in- dien, que la main et le pied présentent les dégradations les plus frappantes. Ce paradoxe, ce défaut de parallélisme chez l'Homme et chez les grands Singes dans le dévelop- pement d'organes corrélatifs tels que le cerveau et la main, montre avec une absolue évidence qu'il s'agit ici d'harmonies différentes et d'autres destinées; tout dans la forme du Singe a pour raison spéciale quelque accom- modation matérielle au monde ; tout, au contraire, dans la forme de l'Homme, révèle une accommodation supé- rieure aux fins de l'intelligence. De ces harmonies et de ces fins nouvelles résulte dans ses formes l'expression d'une beauté sans analogue dans la nature, et l'on peut dire, sans exagération, que le type animal se transfigure en lui. « Les faits sur lesquels je viens d'insister me permet- tront, du moins, d'affirmer, avec une conviction fondée sur une étude personnelle et attentive de tous les faits connus, que l'anatomie ne donne aucune base à cette idée, si vio- lemment défendue de nos jours , d'une étroite parenté entre l'Homme et le Singe. On invoquerait en vain quel- ques crânes anciens évidemment monstrueux trouvés par hasard, tels que celui de Neanderthal. On trouve encore çà et là des formes semblables ; elles appartiennent à des idiots. L'une d'elles fut recueillie, il y a quelques années, par M. le docteur Binder. A la prière de M. Jean Macé, M. Binder voulut bien m'en faire don; je n'ai pas cru qu'un spécimen aussi précieux pût rester dans mes mains ; il appartient aujourd'hui aux collections du muséum. Il SOCIETES SAVANTES. 269 coinplera désormais parmi les éléments ^ie cette {jiande discussion sur la nature de l'Homme qui agite aujourd'hui les philosophes et trouble les consciences, mais d'où la divine majesté de l'Homme sortira quelque jour, consa- crée par le combat, et dès lors inviolable et triom- phante. » M. Husson adresse des Recherches complémentaires sur les cavernes à ossements des environs de Toul. M. l'abbé Chevalier annonce à M. Élie de Beaumont la découverte d'un atelier de fabrication d'instruments en silex. M. Davainc adresse une réponse à une communication de MM. Leplat et Jaillard relative à V action des Bactéries sur l'économie animale. MM. Leplat et Jaillard adressent une note intitulée : De l'action du Penicillum glaucum et de TOidium Tuckeri sur l'économie animale. D'une série d'expériences que les auteurs exposent dans ce travail, ils tirent les conclusions suivantes : « -1° Les spores du Penicillum glaucum, introduites dans le sang, ne sont pas susceptibles de déterminer une dermatose caractéristique et spéciale, ainsi que M. Wer- theim semble l'affirmer; elles disparaissent rapidement du torrent circulatoire ( nous n'avons pu en retrouver vingt-quatre heures après nos opérations) ; elles ne sau- raient produire d'embolies capillaires , attendu que leur diamètre est à peine le tiers de celui des globules san- guins. « 2" Les spores d'Oidium Tuckeri ne sont point trans- missibles aux animaux , elles ne sont ni virulentes ni toxiques ; elles ne produisent point, lorsqu'on les injecte dans le sang ou qu'on les dépose sous la peau, les acci- dents formidables que M. Colin a rencontrés chez ses ma- lades et que, jtour être logique, il faut nécessairement rapporter à une autre cause. » 270 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {AoÛt 1864.) M. Colin adresse, de Saint-Honoré (Nièvre), une récla- mation de priorité à l'occasion d'une communication de MM. Bouché de Fitrmj et Desmartis, concernant la possi- bilité de transmission des végétaux à l'Homme, d'une espèce d'Oïdium. M. Colin dit avoir fait, dès les premiers jours de mai, une communication sur ce sujet à l'Académie de médecine qui l'a renvoyée à l'examen d'une commis- sion. C'est évidemment devant l'Académie de médecine qu'il doit se pourvoir pour décider la question de prio- rité. Ce point sera peut-être difficile à établir, puisque c'est aussi des premiers jours de mai que date la note de MM. Bouché de Vitray et Desmartis. Elle a été présentée à l'Académie dans la séance du 9 mai, et était partie de Bordeaux quelques jours plus tôt. Dans cette note, d'ail- leurs, les auteurs se réfèrent à une publication faite par l'un d'eux dès l'année 1852. Séance du 22 août. — M. Caste lit un travail intitulé : Développement des infusoires ciliés. Réponse aux observa- tions de M. Pouchet. M, Lemaire présente des explications sur un passage de son mémoire concernant les Microphxjtes et les Micro- zoaires. MM. Duméril et Jacquart présentent une note sur les muscles de la déglutition chez les Ophidiens. M. Davaine adresse des Nouvelles recherches sur la na- ture de la maladie charbonneuse connue sous le nom de sang- de-rate. III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. À Catalog. — Catalogue des Coléoptères Lucanides, avec l'illustration et la description de diverses espèces nou- velles et intéressantes; par le major F. J. Sidney Parry. Le savant entomologiste Sidney Parry vient de faire ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX. 271 paraître, dans les Transactions de la Société entoviologiquf de Londres (vol. II, third ser., part. 1, mai 1864), le beau mémoire qu'on attendait depuis longtemps. C'est un travail consciencieux, basé sur sa magnifique collection de Lucanides, à laquelle ont été ajoutés tous les sujets des autres collections de l'Europe, qui lui ont été généreuse- ment communiqués. Dans son introduction, il trace l'histoire de ce superbe groupe et des travaux des auteurs qui en ont traité ; il ar- rive ensuite à la description des nouvelles espèces et aux notes qu'il a recueillies sur quelques espèces déjà décrites mais rares et imparfaitement connues. Ayant étudié, soit dans sa riche collection, soit dans celles qui lui ont été communiquées, un grand nombre d'individus, il a pu reconnaître, comme l'avait déjà si bien fait M. le comte Mniszech, que beaucoup d'individus décrits comme formant des espèces distinctes n'étaient que des sujets plus ou moins développés appartenant à des espèces plus anciennement publiées. Cette partie du travail du major Parry est des plus intéressantes, et elle forme l'objet des notes que l'auteur a données sur des es- pèces déjà décrites. Après cette partie principale, qui occupe plus de 60 pages, M. Parry a donné un catalogue complet du groupe des Lucanides, avec la synonymie des genres et des espèces, la citation de tous les auteurs qui les ont décrits ou figurés, et l'indication de la date de ces descriptions, sui- vant en cela, comme bien d'autres aujourd'hui, la méthode que j'ai inaugurée dans mon Species des Coléoptères, com- mencé il y a très-longtemps et que des circonstances in- dépendantes de ma volonté m'ont empêché de conti- nuer. En outre, M. Parry a terminé l'ouvrage par une liste ou synopsis des Lucanides connus jusqu'à ce jour, en numé- rotant les genres et les espèces. Il en résulte qu'il existe aujourd'hui, dans les collections, 332 espèces de ce groupe, 2*72 KEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [AoÛt 1864.) réparties dans 48 ijenres el 7 familles; tandis que M. Thomson n'en mentionnait que 181 en 1862 el M. Hope 128 en 1845. L'ouvrage est orné de 12 planches lithographiées et en partie coloriées, représentant la plupart des espèces dé- crites par l'auteur. (G. M.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Destruction des fourmis. Nous trouvons dans l'excellent recueil publié par M. J. CoLLONGE, dans la Science pour tout (no du 28 juillet 1864), une note de M. Garnier, sur un moyen simple et efficace de se débarrasser des Fourmis. Il consiste dans une solu- tion de sucre ou de miel, dans laquelle on ajoute un dixième de son poids d'oxyde blanc d'arsenic. Plusieurs fois, et à diverses époques, M. Garnier a placé dans le voisinage de fourmilières une soucoupe con- tenant le mélange, et chaque fois il a vu, au bout d'une heure à peine, que les Fourmis ne reparaissaient plus. TABLE DES MATIERES. Clabaz. Sur ÏEquus bisulcus. 241 Barbosa. Chioglossa et Grenouille. 248 Gerbe. Nidification des Crénilabres. 255 Fairuaire et Germain. Coléoptères du Chili. 258 Sociétés savantes. 26S Analyses. 270 Mélanges et nouvelles. 272 PARIS. — IMP. DE M""" V B0UCHARD-HUZ4Rn, RUE DE L'kPERON, "». VINGT-SEPTIEME ANNEE. — SEPTEMBRE 1864. . TRAVAUX IIVÉDITS. Observations sur la nidification des ('rénilabres, par M. Z. Gerbe. Dans le printemps de 1859, en parcourant à mer basse les terrains émergents du bassin d'Arcachon, vulgaire- ment connus sous le nom de crassats, moi\ attention fut attirée par de petits amas de végétaux ayant l'apparence de taupinières, les uns parfaitement à découvert, les autres complètement ou en partie cachés par les zostères que l'eau, en se retirant, avait étalées sur le sol. Poussé par la curiosité, je pris successivement plusieurs de ces petits amas, et, à ma grande surprise, je découvris dans tous une innombrable quantité d'oeufs, dont le développement, en général très-avancé, rendait la détermination facile. Ces amas de végétaux représentaient manifestement des nids, et les œufs qu'ils renfermaient étaient certainement ceux d'un poisson. Mais à laquelle des espèces assez nombreuses que nourrit le bassin appartenaient-ils? Afin de pouvoir le constater, des bas-parcs furent éta- blis sur un point où les nids étaient assez abondants, et parmi les poissons que la mer, en se retirant, laissa dans les filets, un petit Crénilabre, que j'ai su depuis être le Cré- nilabre massa {Crenilabius massa, Risso), s'y trouvait en grand nombre, et était le seul dont les mâles et les femelles présentassent des signes de reproduction actuelle. Le 2* SFBiE. T. XVI. Année 1864. IS 274 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Septembre iSùi.) Crénilabre massa (1) devait donc être, d'après ce seul in- dice, l'artisan des nids que j'avais vus. J'ai acquis immé- diatement une preuve plus convaincante en ouvrant des femelles qui, par le développement de leur ventre, me pa- raissaient sur le point de pondre. Leurs œufs, complète- ment libres dans l'ovisac, étaient tellement identiques, et par la forme, et par le volume, et par la couleur, à ceux de fraîche ponte dont quelques nids étaient dépositaires, que le doute n'était plus possible : c'était bien à ce Créni- labre qu'appartenaient les ouvrages disséminés sur les crassats. Cette certitude acquise, il restait à examiner, mieux que je n'avais pu le faire au moment de la découverte, la po- sition, la forme, la structure, la composition du nid et la disposition que les œufs y avaient. Voici le résultat de cet examen : Le nid repose toujours dans un creux formé, soit par le ressac de l'eau, soit par les crabes, et peut-être aussi par le poisson lui-même. Sa forme, comme je l'ai dit, est celle d'une taupinière ou d'un petit tumulus, dont les bords, en s'afFaissant, se confondent avec le sol. Ces bords sont le plus souvent interrompus sur un seul point par une pe- tite cavité qui entoure partout la base, et quelquefois par une prompte dépression. Son volume ne varie pas beau- coup, et il est généralement moins haut que large. J'en ai vu qui, mesurés à la base, avaient de 12 à 15 centi- mètres de large, sur une hauteur de 7 à 8 centimètres, et d'autres qui mesuraient jusqu'à 20 centimètres dans leur plus grand diamètre, et de 10 à 11 centimètres en hauteur. Les uns et les autres paraissaient achevés, car tous avaient des, œufs plus ou moins développés. La cavité que l'on observe sur le pourtour n'a pas d'o- rientation déterminée et n'est jamais très- profonde. \\) Sur une grande étendue des côtes de la lUt-diterrauée, les pê- cheurs connaissent ce poisson sous le nom vulgaire de Comadello, nom qu'ils donnent aussi à d'autres petites espèces du même genre*. TRAVAUX INKDITS. 275 A l'exception de cet acculent, les bords ne présentent pas, comme dans le nid des épinoches, ces brèches assez nom- breuses qui restent comme un témoignante du passage des femelles qui sont venues y pondre. Ici il n'y a rien de semblable : on n'y voit ni d'ouverture d'entrée, ni d'ou- verture de sortie, ni même de cavité centrale. Quoique les matériaux qui la composent et qui consis- tent principalement en tiges de cladophores, auxquelles se trouvent mêlés des fragments de conferves et de zos- tères, ne soient liés les uns aux autres par aucune matière agglutinante, ils forment cependant un tout solidaire ca- pable de résister à l'action des flots, lorsque la mer se re- tire ou lorsqu'elle monte. Ils sont, d'ailleurs, assujettis par une grande quantité de coquilles de la cérite lime, du buccin réticulé, par des fragments de troque, de valves d'huîtres, de venus, de bucardes, etc. (1). Quelquefois ces coquilles sont entassées en grand nombre sur le même point; d'autres fois elles sont disséminées; mais toujours les bords du nid en sont ordinairement moins garnis que le centre. Un peu de sable vaseux, mêlé à ces divers élé- ments, forme le complément de l'édifice. Il est difficile de dire si ce sable est déposé par les eaux, ou si, comme chez les épinoches, il est déporté par l'ouvrier chargé de la construction. Lorsqu'on évenlreun de ces nids.onvoitqu'ilestentière- ment compacte, et qu'il contient dans son épaisseur, aussi bien qu'à la surface, des dépôts de petits coquillages. Mais ■ t) J'ai été curieux de connaître le nombre de cûrites que con- tient un nid, pris au hasard, que je coniserve depuis quatre ans dans du papier, et j'ai couslaté que ce nombre est aclueilcment de f^iO. Si Ion y ajoutait les coquilles qui ont dû tomber au moment où il a clé pris et celles qui se sont perdues depuis, ce ne serait pas exa- gérer que de porter ce nombre ii COO. Quant aux fragments de co- quilles univaives et bivalves, j'ai dû renoncer à lis compter. Ces fragments et b's cérite^, malgré leureUrôme dessiccation, pèsent en- semble 48 granitoes. 276 UFv. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Septembre 1864.) la disposition qu'affecte rélément végétal est certainement ce qu'il offre de plus singulier. Les cladophores, les frag- ments de zostères, les longs filaments de conferves, dont quelques-uns, lorsqu'on les développe, mesurent au delà de 20 centimètres, s'y trouvent convertis en petits tampons, les uns réguliers, ovales, de même volume, ayant de 10 à 12 millimètres de long sur 7 à 8 millimètres de large; les autres irréguliers, comprimés, tiraillés, lais- sant échapper des brins qui s'enchevêtrent, mais conser- vant, pour la plupart, des traces manifestes de la forme des premiers. L'explication de ce fait curieux est simple, à mon avis. Ces tampons, comme je m'en suis assuré sur ceux qui n'étaient pas altérés, ont évidemment pour moule la cavité buccale du poisson : ils en reproduisent la forme, et leur volume en égale la capacité. Or il est certain que le Crénilabre massa, après avoir pris des bouchées de vé- gétation, doit, avant de les employer, les agglomérer en les tournant et les retournant dans sa bouche, jusqu'à ce qu'il les ait réduites au volume et à la forme voulus. C'est parmi ces agglomérations de fibrilles végétales, plus ou moins pelotonnées, que les œufs sont déposés. Ils y paraissent jetés par ordre : plus entassés sur quelques points, ils sont disséminés sur d'autres. On dirait que la femelle, soit en pondant, soit après la ponte, les dis- perse volontairement. Ces œufs n'ont entre eux aucune adhérence, et ne sont pas même agglutinés aux végétaux ou aux coquilles qui les environnent. Le moindre souffle les fait changer de position. Sur une vingtaine de nids que j'ai ouverts, je n'en ai rencontré que deux dont les œufs provinssent de deux pontes différentes et éloignées, car les uns étaient sur le point d'éclore, pendant que les autres ne présentaient en- core que les premiers linéaments de l'embryon. En géné- ral, tous ceux d'une nichée, quel que soit leur nombre, ont à peu près le même développement. Mais dans quelles conditions se fait la ponte ? La femelle TRAVAUX INÉDIT?. 277 pénètre-t-elle dans le nid par une voie ménagée à l'avance, ainsi que cela a lieu pour les gasterostés, ou bien, lors- qu'une couche suffisante est formée, y dépose-t-elle ses œufs, qui sont ensuite recouverts par une autre couche? Jusqu'ici, je n'ai pu rien savoir à cet égard; cependant, si l'on considère l'état du nid, sa structure compacte, l'ab- sence d'ouverture sur ses bords, et surtout la manière dont les œufs y sont disposés, on est autorisé à penser que la femelle, pour pondre, ne doit pas y pénétrer. Ce qui paraît beaucoup plus probable, c'est que, après avoir été versés sur un lit préalablement disposé, les œufs sont mis à l'abri sous un amas d'autres matériaux. Les nids du Crénilabre massa ne sont pas indifférem- ment établis sur toute létendiie des terrains qui émergent. Si quelques-uns occupent des points élevés que les eaux abandonnent durant plusieurs heures par jour, le plus grand nombre se trouve au voisinage de la ligne qu'attei- gnent les marées basses des syzygies, dans une zone, par conséquent, où les uns sont toujours submergés et oîi les autres ne peuvent rester longtemps à découvert. D'ailleurs, les nids que la mer, en se retirant, laisse plusieurs heures à sec conservent assez d'humidité, lors même qu'ils ne sont point protégés par les zostères, pour que les œufs ne souffrent pas. Le mâle épinoche, comme nous l'a appris M. Coste, construit seul le nid et en recueille seul les matériaux. Les femelles, durant ce travail, restent dans la plus com- plète indifférence. En est-il de même pour le Crénilabre massa ? Ce poisson vit dans un milieu et à des profondeurs qui nous dérobent si bien ses actes, que, pendant trois ans, il m'a été impossible de rien connaître à cet égard. Enfin, grâce aux persévérantes observations qu'a bien voulu faire pour moi M. Dauris, que ses fonctions comme agent delà marine retiennent toute Tannée sur le bassin, j'ai pu savoir que le mâlrt et la femelle travaillaient de concert; que celle-ci portail au nid aussi bien que celui-là; 2T8 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Septembre 1864.) et, ce qui n'est pas sans importance, qu'à l'époque des amours les mâles pâlissaient au point de paraître quelque- fois blancs. Le changement de couleur, si remarquable chez les mâles épinoches, gobies, truites, au moment des pontes, se manifeste donc aussi sur le Crénilabre massa. Mais, si chez celte espèce le mâle et la femelle, comme M. Dauris m'a affirmé l'avoir vu, contribuent, pour une part égale, à la construction du nid, il faut admettre qu'il y a formation préalable de couples, ce qui serait un fait si extraordinaire dans l'histoire des poissons chondropté- rygiens, que je n'ose m'y arrêter. Il faudrait admettre aussi qu'un nid ne reçoit pas la ponte de plusieurs femelles, mais seulement celle de l'ouvrière. Or, dans cette hypo- thèse, et pour expliquer les deux cas dont j'ai parlé plus haut, on doit supposer que les œufs, si inégalement déve- loppés, que j'ai rencontrés dans le même nid, ou prove- naient de deux pontes éloignées d'une même femelle, par conséquent de deux portées, ce qui entraîne d'autres con- séquences sur lesquelles je ne veux pas m'appesanfir; ou bien que, par excepiion, une autre femelle a été admise à pondre dans un nid qui lui était étranger. Ce sont là des points sur lesquels règne encore une certaine in- certitude que de nouvelles observations peuvent seules dissiper. Le nid, après la ponte, devient-il indifférent aux pa- rents, comme cela a lieu pour les salmonidés? Est-il, au contraire, l'objet de leur vigilance, ce que laisserait penser la petite retraite qui s'y trouve ménagée? Dans ce cas, est-ce au mâle, est-ce à la femelle qu'est confiée la sur- veillance? Les ocjfs, durant leur évolution, reçoivent-ils des soins particuliers, et restent-ils longtemps en incuba- tion? Enfin les jeunes qui viennent d'éclore sont-ils sur- veillés et protégés par leur gardien, comme le sont les épinoches etlesjeunesgobies?Les viviers de Concarneau, dus à l'initiative de M. Coste, permettront probablement de TRAVAUX INÉDITS. 279 répondre à ces diverses questions. Je fais aussi appel, pour les résoudre, aux naturalistes que leurs travaux fixent sur les bords de la Méditerranée, où les eaux, plus souvent calmes et transparentes que dans l'Océan, rendent l'ob- servation plus facile. {La suite prochainement.) Coquilles nouvelles ou peu conxues, décrites par M. Bonnet. ACHATINA DE LoRIOLI. — BonUCt. P!. XXII, fig. 1,1a. (Coquille mince, transparente, obtuse, marquée de stries légèrement obliques, assez fortes siir le dernier tour; plus fines au sommet de la spire oîi elles sont croi- sées par d'autres en spirales aussi très-peu visibles; les deux ou trois derniers tours couverts d'un épiderme d'un fauve assez foncé, plus clair au sommet ainsi que vers la région ombilicale; spire composée de sept tours légère- ment arrondis, à sutures légèrement sinueuses; le dernier semi-globuleux, marcjué par de grandes taches allongées, irrégulières, d'un brun foncé, n'atteignant pas les extré- mités des tours; quelquefois ces taches sont tout à fait obli- ques et disparaissent vers le sommet de la spire : ouver ture ovale à bords très-minces, colorée de blanc violacé à l'intérieur, mais jaunâtre par transparence, les taches ex- térieures bien visibles; columelle blanchâtre. Habite le Brésil. Hauteur 72, largeur 32 millim. BULIMUS WAIRGEIRENSIS. — BonUCt. PI. XXII, fig. 2,2 a, 2 b. Cette petite espèce est conique, assez obtuse, transpa- rente, finement striée; d'un brun fauve avec les sutures 280 REv. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Septembre 1864.) et le bord inférieur du dernier tour blanc jaunâtre; quel- ques échantillons sont marqués par de petites lignes blan- châtres dans le sens de la longueur, mais cela tient au plus ou moins de fraîcheur de l'individu; le type est uni- forme. Spire composée de sept tours légèrement arrondis à sutures bien marquées, ouverture ovale, brune à l'in- térieur avec un labre assez large violacé et jaunâtre à l'extérieur, quelquefois tout à fait blanc, se replie un peu vers le bord columellairo et forme un ombilic assez sensible. Cette espèce ne paraît pas devoir être rare, car j'en pos- sède sept individus. Habite Wairgeir. Hauteur 17, largeur 7 1|2 millim. PLANOKBis siNUosus. — Bontiet. PI. XXII, fig. 3, 3 a. Coquille discoïde, à ombilic peu profond, mince, assez transparente, cornée avec de fines stries obliques sur toute la surface du test, très-apparentes vers la région de la bouche; contour de la coquille interrompu par quel- ques petits renflements occasionnés par des stries assez fortes; spire peu enfoncée d'un côté, beaucoup plus de l'autre, composée de quatre à cinq tours peu convexes et presque aplatis sur l'un des côtés. Couleur cornée, opa- que uniforme; ouverture légèrement oblique à bord laté- ral droit sinueux, blanchâtre à l'intérieur; les stries bien visibles par transparence. Habite River-Grand dans le nouveau Mexique. Plus grande largeur 22, plus petite 18 millim. Cette espèce paraît être assez commune, car j'en pos- sède plusieurs individus variant légèrement de dimen- sion. TRAVAUX INÉDITS. 281 LITTORINA ALREA. — Bounet. PI. XXII, fi{j. 4, k a. Coquille mince, transparente, presque diaphane, à spire allonf[ée, aigûe, composée de sept à huit tours arrondis, ornés de fines stries spirales, irréguliùres, assez fortes sur le dernier tour; serrées vers le bord supérieur, elles de- viennent plus larges vers le milieu et plus petites vers le bord inférieur; elles sont croisées par d'autres stries obli- ques assez nombreuses, dont quelques-unes bien mar- quées. Test d'un blanc paille très-transparent avec des ta- ches irrégulières en zigzag d'un brun clair entourées d'une zone orange; on remarque aussi des petits points bruns vers le bord supérieur de chaque tour; ouverture grande, arrondie, d'une couleur violacée avec des taches de la même couleur mais plus foncées : opercule mince, d'un brun clair avec un centre plus foncé d'où partent do fines stries concentriques. Habite? Hauteur 27, largeur 14 millim.; TROCHUS (monodonta) mille-lineatus. — Bonnet. PI. XXII, fig. 5. Coquille munie d'un ombilic très-profond atteignant presque le sommet, épaisse, peu luisante, d'une cou- leur légèrement jaunâtre , avec des taches allongées flexueuses inégales d'un brun verdàtre avec quelques points de la même couleur ; spire peu élevée, aigiieà son sommet, composée de six tours à sutures bien marquées par des sillons assez larges, obliquement striés; le dernier tour très-volumineux, formant à lui seul les deux tiers au moins de la coquille, arrondi du côté de la bouche, obtu- sément anguleux de l'autre côté, muni d'une nombreuse série de côtes spirales irrégulières, beaucoup plus fortes et au nombre de six sur la face ombilicale avec des 282 REV. ET MAG. DK ZOOLOGIE. [Septembre lS6k .) larges intervalles striés aussi obliquement. Ouverture oblique de forme arrondie, nacrée à l'intérieur avec des reflets verdàtres; les saillies des côtes bien marquées. Opercule arrondi, mince, brun avec quelques légères stries. Habite Jorris Straits. Hauteur 19 , largeur 21 millim. CONUS RUBESCENs. — Bonnct (1). PI. , fig. 6. Forme générale du Conus textile de Linné, avec lequel il a beaucoup de ressemblance, mais il s'en distingue facile- ment par sa color^ition et par une plus grande finesse dans le dessin; coquille épaisse, légèrement transparente, lisse avec quelques stries à la base; spire un peu convexe, moins élevée et plus obtuse que dans le Conus textile, ot beaucoup plus arrondie que dans ce dernier; munie de huit tours bien marqués. La coloration de cette espèce est assez remarquable, une teinte rosée bien fraîche règne sur toute la surface delà coquille; le dessin du manteau, quoique très-semblable à celui du texlilis, s'en distingue cependant par une plus grande variété de détails, les taches d'un brun orange plus grandes et plus fondues que dans ce dernier; les taches triangulaiers réticulées sem- blables au Cône de Linné; ouverture allongée, assez épaisse sur ses bords, d'un beau rose très-brillant deve- nant plus pâle vers la base . Habite l'île d'Anam. y!) A la suite d'un examen fait dans la collection de M. Deshayes, si riche en variétés de toiitos los localités, ci; sujet serait une vari'té un peu roulée du Conus canonicus. (G. M.) TRAVAUX INÉDITS. 283 RÉVISION DES Coléoptères du Chili, par MM. L. Fairmaire et Germain. vSuite.) Stigmodera cyanicollis, Fairm. etGerm., Col. ChiL^ 1860, in-8. — Long. 22 mill. — Cyaneo-metallica, elytris ochraceo-flavis, nitidis, post médium fasciis duahus trans- versis, anteriore interrupta, et macula apicali cyaneo- metallicis; prolhorace fere conico, parum dense punctato, lateribus obsolète impresso; elytris post médium lateribiis serrai is. Oblongiic, peu convexe, presque également rétrécie aux deux extrémités, d'un beau bleu d'acier brillant, parfois verdâtre, avec les élytres d'un jaune d'ocre, ayant, après le milieu, deux bandes transversales d'un bleu d'acier, très-dentelées et variables, parfois presque interrompues, et une petite tache apicale de même couleur. Tête densé- ment ponctuée, très-plane, presque concave, ayant , comme le corselet, des poils blanchâtres rares. Corselet presque en triangle tronqué, transversal, les côtés conver- geant fortement après le tiers et un peu sinués avant les angles [)Oslérieurs (jui sont pointus; surface à ponctuation grosse, serrée sur les côtés, bien au milieu, surtout à la base, qui présente, vis-à-vis de l'écusson, une très-faibic impression partagée en deux; sur les bords, une impres- sion oblongue, peu sensible, excepté à la base. Écusson presque cordiforme, concave au milieu, lisse. Élytres al- longées, presque |)arallèles, rétrécies peu à peu vers les 3/5, iinement dentées sur les bords à partir du milieu, échancrées à l'extrémité; à stries finement ponctuées, plus profondes vers la suture, les intermédiaires se perdant avant l'extrémité; intervalles faiblement convexes, alter- nativement plus saillants, surtout vers les côtés et à la su- ture, le 2» intervalle beaucoup plus que les autres. Dessous densément ponctué, surtout sur le sternum, qui est garni 284 RKV. ET MAC. DR zooLOCriE. [Septembre 1864.) d'as9«z longs poils blanchâtres, médiocrement serrés. — Vaidivia. Cette espèce se distingue facilement de ses congénères chiliennes par le corps moins arqué, et le corselet nota- blement plus étroit que les élytres, à peine déprimé au milieu de la base, avec les impressions latérales très- courtes. S. coNSOBiiiNA. — Long. 25 mill. — Supra virescenti- cuprea, elylris ochraceo-flavis, nilidis^ post médium fasciis duabus transversis, œiieis, anleriore abbreviala et macula apicali tribus per snturam conjunctis, sutura ipsa antice an- gustissime virescenti, subtus metallico viridis ; prothorace minus conico, lateribus arcuatis, sat dense punctalo, medio sidcato, lateribus leviter imprcssis; clytris post mcdium late- ribus ierratis. ïête et corselet d'un vert bronzé cuivreux; élytres d'un beau jaune d'ocre brillant; après le milieu deux bandes transversales et une tache apicale d'un vert bronzé, se réunissant par une étroite bande suturale, la 1"^" n'attei- gnant pas les côtés, la 2" large au milieu, mince vers les bords, la suture paraissant avoir et ayant une étroite teinte d'un vert bronzé; dessous d'un vert métallique brillant. Tête déprimée, presque rugueusement ponctuée, presque lisse à l'épistome. Corselet transversal rétréci en avant, à côtés légèrement arqués, couvert de gros points profonds, assez serrés, à peine davantage sur les côtés; au milieu un sillon bien marqué, se terminant à la base par une faible impression transversale; sur les côtes une légère impression plus marquée à la base. Écussoii cordiforme, lisse, très concave. Élytres ^as plus larges à la base que le, corselet, mais s'élargissant immédiatement après, puis légèrement sinuées et s'élargissant légèrement vers le mi- lieu; finement denticulées sur les côtes et échancrées à l'extrémité; à stries bien marquées, indistinctement ponc- tuées, avec les intervalles convexes, les 2% 4% 6^ et 8^ plus saillants que les autres, mais tous diminuant à la base. TRAVAUX INÉDITS. 285 Abdomen très-ponctué, avec le bord apical de chaque segment presque lisse. — Chili, Ressemble à la précédente, en diffère par le corselet plus arrondi sur les côtés, canaliculé au milieu, à ponc- tuation presque également serrée; par les élytres un peu moins parallèles, à intervalles plus convexes, et par le sternum glabre; ressemble encore plus à la Chiliensis, en diffère par le corselet moins impressionné au milieu de la base, à angles postérieurs ne débordant nullement la base des élytres; par l'écusson plus pointu, par les élytres striées moins ponctuées, à intervalles d'une convexité plus égale, à épine suiurale aussi longue que l'avant-dernière; la tête est aussi plus concave, les angles antérieurs du corselet sont plus pointus et les élytres, plus ocracées, n'ont pas de bande longitudinale sur les côtés de la base. Chrysobothris BOTHRiDERES, Fairm. et Germ., Col. ChiL, 18G0, in-8. — Long. 12 à 14 mill. — Oblongus, de- pressus, œneus, cupreo obscure marginatus, albido parce pruinosus; prothorace lato, valde rugoso, utrinque impreiso, fovca média lata; elijtris rugosis, Iricostatis, costis laterali- bus clathratis, utrinque levitcr bi-impressis. Oblong, assez épais, déprimé en dessus, d'un bronzé obscur peu brillant, légèrement cuivreux sur les bords, à pubescence grisâtre clair-semée et àpruinosité blanchâtre dans les dépressions. ïête densément ponctuée, fortement rugueuse entre les yeux; épistome largement échancré ; corselet presque trois fois aussi large que long, très-fai- blement rétréci en avant dans les 3/4 de sa longueur, puis fortement rétréci ; angles postérieurs un peu aigus, émous- sés à la pointe; surface tiès-rugueuse, au milieu une forte impression tenant toute la longueur; de chaque côté 2 ou 3 dépressions à peine séparées l'une de l'autre; bord pos- térieur fortement sinué de chaque côté, lobé au milieu. Élytres de même largeur que la base du corselet, rélrécies vers les 2/3 postérieurs, ayant chacune 4 côtes assez minces, la 1" entière donnant naissance à la base interne, à une 286 REv. ET MAC, DE ZOOLOGIE. [Septembre 1864.) petite côte qui va se confondre avec la suture, les 2 dis- coïdales peu régulières, vermiculées et un peu anastomo- sées, interrompues par une impression ; la 2' avant le mi- lieu, la 3' après; la côte externe ne commençant pas à l'épaule, anastomosée à sa base avec la 3*, devenant plus nette après le milieu et allant rejoindre l'extrémité de la première; tous les intervalles un peu inégaux, fortement et assez densément ponctués; à la base de chaque élytre deux impressions bien marquées. Dessous rugueusement ponctué. Tarses d'un bleu bronzé, comme l'extrémité des antennes. — Santiago, sur le Trevoa trinervis. Le mâle, plus petit que la femelle, a le corps plus in- égal et les côtes des élytres plus saillantes, plus réticulées; le dernier segment de l'abdomen est échancré. Callisphyris testaceipes. — Long. 18 mill. — Aler, 9pacus, nigro-velutinus, antennarum articulis 2", 3°, 4° que teslaceis^ pedibus elytrisque, his basi excepta, rufo-tesiaceis; tarsis nigris, metasterno postice pube sericeo-aurea anguste marginato ; abdomine nigro-subcyancscente, segmentis pube sericeo-aurea anguste marginatis. D'un noir presque mat, à pubescence noire, courte, un peu veloutée. Antennes dépassant un peu le milieu du corps, grossissant à peine vers l'extrémité, ayant les 2% 3^ et 4* articles roussâtres avec l'extrémité noire. Élytres noires à la base, puis d'un testacé roussâtre. Pattes d'un roux testacé clair avec les tarses noirs. Tête assez dépri- mée et assez brillante en avant, ayant un assez fort sillon entre les antennes, se terminant en avant à une petite élé- vation médiocrement saillante; de chaque côté une fine ligne élevée allant de la base des mandibules vers l'échan- crure de l'œil. Antennes ayant les 3®, 4* et 5® articles grêles, les derniers diminuant de longueur, plus épais et un peu prolongés à l'angle apical interne. Corselet con- vexe, avec une impression à la base, ayant de chaque côté un tubercule conique, puis sinué jusqu'au bord posté- rieur. Écusson noir velouté; élytres assez larges à la base, TRAVAUX INÉDITS. 287 se rétrécissant brusquement, après le tiers de leur longueur, en une languette étroite, striée, qui dépasse le milieu de l'abdomen ; leur base est finement ridulée avec une petite côte longitudinale accompagnée d'une légère impression. Dessous du corps et abdomen d'un noir un peu violacé et un peu brillant; une étroite bordure d'un soyeux doré aux extrémités latérales du métasternum et à chaque seg- ment inférieur de l'abdomen; en dessus, cette bordure est indistincte. — Chili. Ressemble extrêmement au C. iiniformis, en diffère par les antennes un peu plus courtes, avec les 3% 4^ et 5' ar- ticles roux, la tête beaucoup moins ponctuée au sommet, à sillon médian moins marqué en arrière, par le corselet bien moins ponctué, satiné ; à tubercules latéraux plus émoussés, plus arrondis en devant, par la base des élytres plus noire, etc. {La suite au prochain numéro.) ÈCHINIDES NOUVEAUX CD PEU CONNUS, par M. G. COTTEAU, (Suite.) S5. PsEUDODiADEMA hemisphcoricum, Desor, 1855. Nous ne reviendrons pas sur la synonymie et la des- cription de cette belle espèce souvent figurée par les au- teurs, l'une des mieux connues et des plus caractéristiques de l'étage corallien (1). Nous voulons seulement appeler (1) Agassiz, Écliin. foss. de la Suisse, t. Il, p. 11, pi. xvm, fig. 47-53, 1840. — Cotteau, Éludes sur les Éch. de VYonnc, t. I, p. 193, pi. XVI, lig. 5-9, 1850. — Desor, Synops. des Éch. foss., p. C8, pi. xin, tig. 4, 1854. — Wrigtit, .Uc?iO(/. of the lirit. Foss. Echinod., p. Iti7, pi. viii, flg. 1, 1857. — Cotleau et Triger, Éch. du dt'p. de la Sartlie, p. 111, pl.xxu, iig. 1, 1838. 288 REv. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Septembre 1864.) rattention sur un magnifique exemplaire que nous a com- muniqué M. Schiumberger et qui présente en place, au milieu du péristome, son appareil masticatoire dégagé de manière à ce qu'il soit possible d'étudier plusieurs de ses caractères. L'appareil masticatoire, considéré dans son ensemble, présente, chez tous les Echinides réguliers, une structure à peu près identique et ne se distingue, dans la longue série des genres qui composent cette division, que par des différences relativement peu importantes, M. Valentin, auquel nous devons un excellent travail sur l'anatomie du genre Ec/iinus, a étudié dans tous ses détails l'appareil masticatoire de VEchinus lividus, et nous emploierons dans les quelques observations purement descriptives qui vont suivre, les termes dont il s'est servi pour désigner les différentes parties de cet organe (1). L'appareil masticatoire du Pseudod. hemùphœricum est fortement constitué et très-gros relativement à la gran- deur du péristome. Les seules pièces qui soient appa- rentes sont la dent proprement dite et la pyramide. La dent fait saillie à l'extrémité inférieure de la pyramide; elle est épaisse, lisse et conique. La pyramide, visible seulement sur sa face externe, est légèrement bombée; la double protubérance qui se développe de chaque côté de la suture longitudinale est aplatie et sub-flexueuse(fîg.a). La grande fossette {fovea magna exlerna, fig. 6) est très- peu accusée et à peine un peu plus déprimée que la pro- tubérance médiane; en se rapprochant du grand creux {foramen magnum pyramidis, fig. c), elle disparaît et se renfle au même niveau que la protubérance médiane. Les deux sillons [sulcus longitudinalis eœternus major et minor, fig. c) marquent les contours internes de la fossette; ils sont étroits et à peu près aussi prononcés l'un que l'autre. Le (l) Anatomie du genre Echinus par Valentin, p. 63, pi. v, 1841. TRAVAUX INh>DITS. 289 bord qui limite extérieurement la fosselie{margo proeminens eœternus, fig. d) est droit, saillant, aigu. Le grand creux qui se montre à la partie supérieure de la pyramide [fo- ramen magnum pyramidis^ fig. e) est étroit, conique et non triangulaire. Si maintenant nous comparons les pièces que nous ve- nons de décrire avec l'appareil masticatoire de quelques- uns des genres les plus rapprochés du nôtre, et notamment du genre Dindema, si longtemps confondu avec les Pseu- dodiadema, et que M. Desor en a démembré avec tant do raison, nous voyons de notables différences : dans l'ap- pareil du Diadema Europœum que nous avons sous les yeux, les pyramides sont plus grêles à leur extrémité infé- rieure; la double protubérance médiane est moins large et plus droite; la grande fossette [fovea magna externa) est plus étendue, beaucoup plus profonde, et se prolonge jus- qu'au bord du grand creux {foramen magnum pyramidis); le bord externe est aussi plus saillant, plus aigu, plus tran- chant; le grand creux est plus étroit et plus anguleux. Ces différences dans un des organes les plus essentiels de l'animal suffiraient pour distinguer les deux genres, et justifier une séparation que M. Desor avait établie d'après la structure des radioles. L'exem[)laire que nous avons fait figurer a été recueilli à Renerville près Villers (Calvados), dans le coral-rag inférieur, et appartient à M. Schlumberger de Nancy. Expl. des fig. — PI. xx, fig. 1, Pseudod. hemisphœricuin vu sur la face inf. : a, protubérance médiane; b, grande fossette ; c, c, sillons ; d, bord extérieur; e, le grand creux : fig. 2, pyramide du Diadema Europœum vue sur la face externe : a, protubérance médiane; 6, grande fosseito; c, c, sillons; d, bord extérieur ; e, le grand creux. 56. EcHiNOBRissus trigonopygus, Cotteau, 186V. Hauteur, 10 mill. 1/2; diam. transv., 22 mill.; diam. aiiléro-post., 30 mill. '2' SfKie. T. XVI. Aiiuce t8<)i. 19 -290 ru:v. f.t mag. dk zooi.orie. {Septembre 1864.) Espèce de taille moyenne, oblongue, arrondie en avant, un peu dilatée etsub-tronquéeen arrière; face supérieure amincie sur les bords, élevée et gibbeuse dans la région antérieure, oblique et déclive en se rapprochant du péri- procte, ayant sa plus grande hauteur un peu en avant du sommet; face inférieure irès-déprimée. Sommet ambu- lacraire excentrique en avant. Ambulacres pélaloïdes, lé- gèrement renflés, resserrés à leur extrémité, formant, à la face supérieure, une étoile parfaitement circonscrite; l'ambulacre antérieur et les ambulacres postérieurs un peu plus longs que les autres. Zones porifères composées de pores inégaux, les internes petits et arrondis, les externes étroits, obliques, allongés. Tubercules fins, abondants, serrés, homogènes, scrobiculés. Péristome pentagonal, excentrique en avant, paraissant entouré d'un bourrelet assez prononcé. Périprocte très-éloigné du sommet, triangulaire, s'ouvrant au sommet d'un sillon peu évasé, qui s'atténue rapidement, et entame à peine le bord posté- rieur. Appareil apicial étroit, étoile; quatre pores géni- taux. Rapports et différences. — Cette jolie espèce, que M. Sclilumberger a bien voulu nous communiquer, se distingue nettement de ses congénères par sa forme oblongue et un peu amincie sur les bords, sa face supé- rieure sub-gibbeuse en avant, ses ambulacres fortement pétaloïdes, étoiles, son péristome muni de bourrelets, son périprocte triangulaire. Ce dernier caractère, joint à ia forme bien accusée de l'étoile ambulacraire, rapproche un peu cette espèce du genre Stimntopygus, d'Orbigny ; elle s'en éloigne cependant par son périprocte dépourvu de cette petite fissure supérieure propre aux Slimatopygus et sa face inférieure très-déprimée; aussi nous a-t-il paru plus naturel de la laisser parmi les Echinobr issus. f^oc. — Balna? (Algérie.) Très-rare. Étage turonien, coll. Schiumborger. SOCIÉTÉS SAVANTES. 2^4 Expl.d fig. — PI. XIX, fig. 11, Echinob. trigonopygus vu de côté; fig. 12, face sup.; fig. 3, ambulacre impair grossi. {La suite au prochain numéro.} II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ÂCAUÉiaifi DES SCIENCES. Séance du 29 août 1864. — M. Pouchet adresse une note intitulée : Développement des Infiisoires ciliés, en réponse à M. Coste. M. /. Lemaire lit un mémoire ayant pour titre : Origine des Microphytes et des Microzoaires. MM. Daratne et i^amôcrf présentent un travail sur /a pré- sence des Bactéridies dans la pustule maligne chez l'Iiomme. M. Armand Moreau fait présenter par M. Ch. Bernard un travail sur la voix des poissons. « L'expérience que je vais ciler montre que le son se produit chez certains Poissons, sous l'influence des nerfs, comme la voix dans le larynx des animaux supérieurs. Les Trigles font entendre des sons particuliers, qni les ont fait appeler Grondins par les pêcheurs. Les noms de Au/3ct (lyre) que l'on trouve dans Aristote, d'org'ano (orgue), qui est employé en Italie pour désigner certaines espèces, semblent empruntés à la fonction de phonation. Voici brièvement les dispositions anatomiques : « Dans le genre Trigle, et eu particulier chez le Trigla hirundo, la vessie natatoire possède des muscles épais el forts. Ces muscles, qui, vus au microscope, offrent la fibre striée, reçoivent deux nerfs volumineux naissant du la '292 HEV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Septembre 1864.) moelle épinière, au-dessous des nerfs pneumogastriques et tout près de la première paire dorsale. La membrane muqueuse de la vessie natatoire forme, en s'adossant à elle-même, un repli ou diaphragme qui subdivise la cavité en deux cavités secondaires, communiquant entre elles par une ouverture circulaire analogue à l'ouverture pupil- laire. Ce diaphragme est assez mince pour pouvoir être examiné au microscope sans préparation. On distingue nettement des fibres circulaires concentriques, situées au pourtour de l'ouverture centrale, et constituant un sphincter dans lequel viennent se perdre des faisceaux de fibres musculaires dirigées perpendiculairement aux tan- gentes de ce cercle. Les fibres circulaires et les fibres radiées ne sont point striées comme les fibres des piuscles des parois de la vessie natatoire; elles sont lisses. « Ces diaphragmes existent plus ou moins complets dans plusieurs autres genres de Poissons, et, en particu- lier, chez le Zeus faber, qui produit des sons analogues à ceux des Grondins, comme les pêcheurs l'ont observé de tout temps, et comme je l'ai moi-même constaté. Les muscles de la vessie natatoire du Zeus faber reçoivent des nerfs venant de trois paires rachidiennes. « Au mois d'août 1863, je sacrifiai un Grondin par la section de la moelle au-dessus de la région dorsale, et, ayant ouvert l'abdomen, j'appliquai un courant électrique faible sur les nerfs qui vont à la vessie natatoire. Aussitôt les sons caractéristiques, que j'avais entendu l'animal produire volontairement pendant la vie, se répétèrent. J'appliquai le même courant sur les muscles de la vessie natatoire, mais sans résultat; m'étant ainsi assuré que la contraction des muscles n'était pas due à des courants dérivés, mais à l'action physiologique du nerf excité, j'augmentai l'intensité du courant et j'excitai de nouveau les muscles. Les sons caractéristiques déjà observés se reproduisirent; semblables à un grondement sonore et prolongé, ils furent entendus par des personnes situées à SOCIÉTÉS SAVANTES. 29'i plusieurs pas de distance. J'ai ensuite coupé d'un trait de ciseaux l'extrémité inférieure de la vessie natatoire. La cavité inférieure de ror{;ane a été ainsi ouverte; le dia- phragme et l'ouverture centrale qu'il présente sont de- venus visibles. Alors j'ai de nouveau galvanisé les nerfs, et j'ai vu d'une manière très-manifeste le diaphragme vibrer pendant toute la durée de la galvanisation. Ces vibrations du diaphragme n'étaient pas sonores dans ces conditions. Il convient d'en appeler à de nouvelles expé- riences, que je me propose de faire pour déterminer avec précision le rôle de ce diaphragme dans la phonation des Poissons. » M. Guénn-Méneville adresse une note sur un nouveau Fer à soie de l'Amérique méridionale, découvert par MM. Juan José de Herrera et A. Fauvety. En adressant à M. Gelot , agent commercial du Paraguay à Paris, quelques cocons vides accumulés sur des branches d'une espèce de mimosa, M. Fauvety donne les renseigne- ments suivants: « Ce nouveau Ver à soie sauvage, à cocon naturelle- m(?ni ouvert, existe en abondance dans les missions cor- rentines de la rive droite de l'Uruguay, sur le 31^ degré de latitude sud. Il se nourrit des feuilles de YEspinillo, qui, par l'échantillon de feuilles que j'ai reçu et par le bois sur lequel sont posés les cocons, me paraît être le Mimosa Farnesiana à l'état sauvage. « Les trente-deux cocons qui sont posés sur les branches peuvent donner une idée de l'immense abondance de ces Vers dans la forêt où ils ont été recueillis. En effet, il pa- raît qu'ils y sont tellement nombreux, que, selon la relation faite verbalement à M. Herrera, les aibres en sont cou- verts depuis un demi-mètre de terre jusqu'à 2 mètres de hauteur. « Les Vers sont des chenilles couleur orange avec des points noirs. Le cocon est orangé quand il est frais. Le 294 REv. RT MAC. DE ZOOLOGIE. {Septembre 1864.) soleil et les pluies lui font perdre cette couleur. Ce cocon est toujours posé sur l'écorce exposée au soleil. » MM. de Herrera et Fauvety proposent de donner à cet insecie le nom de Ver à soie Uruguayo, qui devra lui être conservé désormais, car il est très-probable que cette es- pèce est encore inédite. La forme et la contexture du cocon, fait entièrement d'une soie très-pure et très-fine, montrent que celte espèce doit appartenir au grand genre Bombyx des auteurs, cl qu'elle entrera dans un des nombreux sous- genres du groupe des Bombycites. En voici un signalement provi- soire : Ver a soiK Uruguayo, Bombyx Fauvetyi. — Chenilles velues (1), d'un jaune orangé avec des points noirs ; cocon ovalaire, un peu acuminé aux deux extrémités, ouvert en manière de nasse du côté par lequel doit sortir le papillon. Ils sont réunis en grand nombre contre le tronc et les branches d'une espèce de mimosa, chrysalides et pa- pillons Je crois qu'il convient de désigner scientifiquement celte espèce par le nom de l'observateur instruit et zélé qui l'a fait connaître le premier. En dédiant ainsi cet intéressant Ver à soie à M. Fauvety, je regrette de ne pouvoir que mentionner le nom de son honorable collaborateur M. de Herrera; mais les règles admises en histoire naturelle ne permettant pas de désigner une espèce par le nom de plu- sieurs personnes, j'ai dû opter entre les deux observateurs à qui la zoologie doit la connaissance de cet utile in- secte. M. Fauvety annonce qu'il va faire un voyage dans l'Uruguay, sur les lieux mêmes dont ces Vers sont origi- (1) J'ai reconnu que la chenille est Irès-velue, eu ouvrant uu co- con dans lequel j'ai trouvé la dépouille de la chenille et la peau de ba chrysalide. SOCIÉTÉS SAVANTES. 295 naires, et qu'il se propose d'envoyer des renseignements plus complets avec le papillon, les chenilles, des échan- tillons du mimosa dont elles se nourrissent, et qu'il fera tout son possible pour foire parvenir en France des cocons vivants et des œufs de cette espèce. Je n'ose espérer que l'on pourra introduire et accli- mater ce Ver à soie sauvage en Europe; mais je pense qu'il pourrait être l'objet d'un commerce fructueux , si MM. Fauvety et de Herrera faisaient recueillir des quan- tités de ces cocons pour les envoyer en France. Il y aurait aussi à faire quelques tentatives pour favoriser la multi- plication de celte espèce dans le pays même et dans les contrées voisines, et, si ci s deux observateurs parvenaient à obtenir ce résultat, ils auraient rendu un service réel au pays qu'ils habitent et aux manufactures de l'Europe, qui ont un si grand besoin de matières textiles. Dans la lettre qui accompagne l'envoi de cette note, j'ai eu l'honneur d'annoncer 1 éclosion, dans le Labora- toire de sériciculture comparée de la ferme impériale de Vincennes, d'un Bombyx Atlas sorti de l'un des seize cocons qui m'ont été envoyés |)ar M. le capitaine Hultoii, sériciculteur très-distingué de Mussoree, petite ville située sur un des plateaux supérieurs de l'Himalaya. « Ce gigantesque Bombyx , le plus grand des Lé- pidoptères connus, n'avai' jamais été observé vi- vant en Europe , el son introduction en France se- rait déjà un fait zoologique d'un grand intérêt. Mais cet intérêt augmente beaucoup, quand on considère que son énorme cocon, qui pèse 9 grammes, quand celui des Vers à soie ordinaires et de l'allante n'eu pèse que 2, pourrait être produit en France et en Algérie, si je jiarve- nais à acclimater cette magnifique esjjèce. J'ai appiis du savant ]\L Hutton que la chenille de ce Bombyx se nourrit des feuilles du Berberi^ asialica, et l'on sait que les espèceh indiennes de Berberis des montagnes de l'Himalava et du 296 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Septembre 1864.) Népau! ont été introduites depuis assez longtemps, et figu- rent dans les massifs de tous nos parcs et jardins. Il est fâcheux que l'éclosion de ces précieux cocons commente si tard, et cette circonstance me fait craindre de ne pou- voir acclimater, pour cette fois, le Bombyx Atlas. Cepen- dant le grand abaissement de température qui est survenu me donne l'espoir que les autres cocons n'éclôront pas cette année, qu'ils passeront l'hiver, comme cela arrive le plus souvent pour nos Bombyx d'Europe, et ne donneront leurs papillons qu'au commencement de l'année pro- chaine, n Séance du 5 septembre 1864. — M. Dcsgoiittes adresse la note suivante : « La communication récente de M. Cosle, dit l'auteur dans une lettre jointe à sa note et adressée à M. Flourens, appelant actuellement l'attention sur la génération des infusoires, j'ai pensé qu'il pourrait y avoir opportunité à porter à la connaissance de l'Académie une observation faite il y a quelques années sur ce sujet. J'ai donc l'hon- neur de prier M. le secrétaire perpétuel do lui présenter cette note et je profite de cette occasion pour me rappeler au souvenir de M. Flourens dont j'ai suivi le cours aussi longtemps que cela rn'a été possible. c( En décembre, par une température assez douce, ayant cueilli dans une mare une touffe de conferves, j'en étendis sur le porte-objet quelques brins suffisamment hu- mectés, que je recouvris d'un verre mince. Je vis dans cette eau, avec quelques autres infusoires peu nombreux, un grand nombre d'Amphileptus fasciola d'une forme un peu trapue, exprimée par la figure 1, dans la planche jointe à ma note où l'individu est vu sur le dos par un grossissement d'environ 250 fois. Plusieurs de ces ani- malcules offraient la particularité d'avoir un double ren- flement dorsal. Je m'attachai à observer un de ces der- niers, qui tournoyait vivement par un mouvement de SOCIÉTÉS SAVANTES, 297 rotation dont son extrémité antérieure était le centre; quittant bientôt cette allure, il imprima à son corps des secousses réitérées, et peu à peu l'extrémité caudale s'ef- façant devint obtuse, tronquée, et donna passade à un corps rond, gris, pointillé, qui faisait saillie au dehors. « A ce moment, un autre Amphileptus, à renflement dorsal simple, arrive en nageant lentement sur le champ de l'observation, et, parvenu à une distance de plus de deux longueurs du corj)s de VÂmpliileplu< en travail, qui continuait de s'agiter, quitte tout à coup son allure lente et se précipite avec la vitesse d'un trait sur le corps ar- rondi qui saillait au dehors de l'extrémité caudale du premier Amphileptus, comme il a été dit, applique sur cette partie saillante le dessous de son cou, dont la mo- bilité et les cils dirigés en arrière dont il est muni font un organe de préhension, et, secouant vivement son corps d'avant en arrière, aide efficacement, après quelques se- cousses, le premier Ampliileplus à se délivrer enfin de la masse ronde. « La pondeuse, délivrée, se retire près d'un amas de débris de conferves, et y reste immobile sans quitter le champ d'observation. « De son côté, VAmphileptna accoucheur, si je puis dire ainsi, s'attache à la boule pondue, passe et repasse au- tour d'elle en frottant sur sa surface le dessous de son corps, en commençant par l'extrémité antérieure et à chaque fois dépassant la boule de deux ou trois longueurs du corps, puis se retournant poui revenir s'y frotter de nouveau. S'étant livré à ce manège pendant environ quatre minutes, il s'éloigne et disparaît. c( Cependant la pondeuse, jusqu'ici à l'écart, a repris sa forme oïdinaire et ne tarde pas à se mettre vn mouve- ment ; elle se dirige vers la boule, la saisit avec l'extrémité de son cou, qu'elle y applique en dessous, et la secoue violemment jusqii'à ce que les petits corps dont elle est 298 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Septembre 1864-.) composée, et qu'il faut bien considérer comme des œufs, soient désagrégés et dispersés, soit seuls, soit réunis en fragments, dans le liquide. Ces œufs, encore agrégés, semblaient autant de points légèrement scintillants ; désa- grégés et isolés, ils m'ont semblé irisés et doués d'un faible mouvement tremblotant, qui en a déplacé plusieurs de trois fois leur diamètre ; ils avaient, en outre, une forme irrégulièrement triangulaire, mais ils n'ont pas tardé à devenir tout à fait immobiles, incolores et à peu près ronds. « J ai, dans la même eau et dans d'autres eaux obser- vées depuis, retrouvé plusieurs fois ces boules d'œufs, que j'ai vu quelquefois un Amphileptus venir féconder par le frottement ventral; mais je n'ai pas vu, quelque patience que j'aie mise à l'attendre, qu'après l'éloignement de V Amphileptus fécondateur il en soit survenu un autre qui ail disséminé les œufs, comme il est arrivé dans la pré- sente observation, dont la durée n'a pas dépassé quinze minutes. « J'ai souvent remarqué que des liquides, d'abord dé- pourvus iï Àmphileptuis fnsciola, mais où l'on voit se pro- duire successivement les formes représentées sur ma planche, lettres a, b, c, d de la figure 6, finissent, à moins de prompte corruption de l'eau ou de son manque d'aliments, par renfermer des Amphileptus fasciola bien développés [fig. 6 e), ce qui me fait présumer que ces di- verses formes et leurs intermédiaires sont les différents âges de V Amphileptus fasciola. « L'extrémité antérieure de l'animalcule a [fig. 6) est mal exprimée par une couronne de cils ; c'est plutôt l'ir- radiation d'un point d'un blanc plus éclatant que le reste du corps. » Séance du 12 septembre. — M. Bubourguet, à l'occasion des faits cités par M. Babinet comme exemples des hautes températures que peut atteindre l'air comprimé, rappelle ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 299 les expériences, fort connues d'ailleurs, sur l'emploi de la chaleur pour rappeler à la vie des insectes qui, par suite d'une immersion prolongée, se trouvent dans un état de mort apparente. Séance du 19 septembre. — M. Pasteur présente, de la part de M. l'abbé Moigno , des insectes envoyés du Mexique et portant le nom de Pyrophores. Ces insectes portent deux corps phosphorescents qui répandent un éclat extraordinaire. La lumière fournie par ces animaux ne donne pas de raies dans le spectre. Le genre Pyrophore est composé d'un grand nombre d'espèces de Coléoptères de tailles diverses et qui ont toutes la faculté phosphorescente des Lampyres. III. ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. Description d'un nouveau genre d'insecte coléoptère per- due dans le texte du voyage d'Osculali dans les régions équatoriales de l'Amérique méridionale, aux bords du Napo et de l'Amazone, par Maximilien Spinola. Lorsque nous avons rédigé le petit travail entomolo- gique qui a paru dans le Recueil de la Société zoologico- botanique de Vienne, sous le titre de Catalogue des insectes coléoptères recueillis par M. Gaetano Osculati pendant son exploration de la région équatoriale, sur les bords du Napo et de l'Amazone , plus de la moitié de l'ouvrage du savant voyageur était imprimée, et il avait placé en note de la page 202 un petit travail provisoire de Spinola, composé du catalogue de 26 coléoptères et 34 hyménoptères. Ce travail , que nous aurions dû fondre dans le nôtre, ou du moins citer, ne nous ayant pas été communiqué, se trouve tellement perdu au milieu de la relation du voyage du sa- vant italien, que peu de zoologistes pourront le décou- 300 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Septembre 186'i-.) vrir, ce qui les exposerait à des erreurs regrettables. Nous croyons donc faire une chose utile en le plaçant dans notre recueil, exclusivement consacré à la zoologie et dans le- quel on est accoutumé à chercher ces sortes de documents. Voici ce qu'on lit aux pag.?s 202 à 204 de la relation de M. Osculati : L'istoria naturale del Cantone di Quixos e di tutto il corso del Napo ofFrirebbe un campo vastissinio agli scien- ziati , che si troverebbero compensati ad usura délie loro fatiche nella certezza di rinvenirvi oggetti tuttavia ignorati ; il botanico specialmente vi scoprirebbe una infinità di piante medicinali .. e fiori e frutti e semi che certamente non sono entrati per anco nel dominio délia scienza. II zoologo poi una grande quantité di uccelli, rettili ed in- selti curiosi e rarissimi: Fra le variate specie d'inselti da me raccolti nel Quixos e lungo il rio Napo, il Nestore degli entomologi italiani , l'illustre marchese Massimiliano Spinola, vi rinvenne e descrisse venticinque specie nuove, e fra quelle vi trovô il tipodi un génère affatto nuovo di coleotteri. La diagnosi e la descrizione délie suddette, non che i disegni délie principali specie testé speditemi, non potendo essere in- serte in questo volume per troppa brevilà di tempo, mi sono limitato a pubblicarne per ora la sola numerazione délie specie meno cognite, e la descrizione del nuovo génère. COLEOPTERA. Megacephala Klugii, Moritz. — jucunda, Dejau. — Amandi, Bœt. Trichogatus marginalus, Dcj. Sterculia gigas, Erichs. Philonthus corruscus, id. — graliosus, id. Bœoscelis Osculati, Spin. Au(]e Ihelephorina (Oiiialysus) , Perty. JVyctophanes pallida, Dej. cal. Callianlhia Proterpina, Spin. n. sp. Desytes variegatus, Spin. n. sp. Iphtkinus scrobiculalus , Spin. 11. sp. Pœcilesthus crux , Dej. cat. Epicaula major, Spiu. n. sp. Naccrdes coxalis, id. Heilipus rufescens, Sch. — cruentalus, }a CoU.Hà- uon. Sipalus barbicornis, Sch. Cosmisoma decoratum, Sp. n. sp., ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX. 301 ^mphionycha consobrina, id. /Joryphora Feislhameli, Giiéria. -- undalo - fasciata , Sp. a. sp. Chalcophana purpurea, Dej. ca<. Erolylus gibbosus, Fab. Brachysphanus Napensis, Spiii. u. sp. HYMENOPTERA. Formica spinicollis, neutra. Acoduma cephalotes, upuira et ^ — crassinoda, id. Ponera clavata, id. Odontomachus armiger (^Atta), Latreille. Odontomachus unispinosus (hr- mica;, id. Mutilla cœrulans, Spin. n. sp. — colombica,iA. Monedula punclata, Lat. Scolia atra, Fab. Pepsis smaragdina, id. c^ Sphex fuligirwsa, Kl.W.S. Polistes labiata tZethus), Fal. — lanio, id. — callosa, M. B, Rhopalidia pallens (Polistes^, M. 15. Jlopalidia minulissima, Spin. ChartergusapicalisiYespa),Tab. Eumenes brunnea, M. Berol. , — rctiwides, Spin. \. a. sp. Odyneras Quixcnsis, Spin. Hàliclus sub - petiolalus , Spin. n. sp. Cœlioxys Iridentata. Spin. p Chrisendelis denlala (.Eugiossa), Fab. Hylocopa fronlalis, Fab. Ceialina rolundiventris , Spin. n. sp. Uemisiti unirincta, id. Epicharis binotuta, id. — flavo-zonald, id. Telralonia sub-hœmmorrha, Sp. Euglossa ùrullei, Lepell. cT^ Bombus ^apens^s, S — semirelulus, Spin. Melipona trilinea, m. operaria. NOVU.M GENUS. BOEOSCELIS OSCULATl. Genus Bœoscelis, Spin. Antennœ in medio frontis paulo ante oculos in tuberculo elevato insertae magis inter se quam a margine exteriore remotae, Il -articulatœ, articulo primo brève crassiore dmplici , sequcnlibuH 2-10 subaequalibiis longioribus , ac lenuioribus apice biramosis, ramulis filiformibus redis ar- ticulo genuino sailem quadruplo longioribus, undecim ■^ive ultimo prœcedentibus muilo longiore ramulos latérales facie simulante ac longitudine aequaiite. Caput, niediac magnitudinis, deteclum horizontale, ciy- peo antrorsum déclive longitudinaliter sulcato, aiitice sub-emarginato, poslice recte truncato : coulis lateralibus magnis, elevato-globosis. 302 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Septembre i86k.] Mandibulœ, fere longitudinis capitis, tenues, intus eden- tulae arcuatse unciniformes, extremitate acuta ac incurvala tantummodo conqiventes. Pal-pi filiformes : maxillares duplo longiores, 5 articulati, arliculo primo cylindrico crassiore, secundo longiore basi attenuato obconico, se- quenlibus tribus gradalim longitudine diminutif, ultime brevissimo hemisphaerico : labiales quadri articulati, arti- cule primo crassiusculo obconico, secundo cylindrico at- tenuato sequentibus duobus uno longiore, liis brevibiis moniliformibus. Mentum planum transverso quadratum. Reliquae partes oris inobservatae. Prothoracis dorsum clypeiforme, Irapezioideum, postice dilatatum medio convexiusculum utrinque depressum , marginibus exterioribus arcuatis expantiae lamellosis hori- zontalibus. Scutellum conspicuum triangulare, plus longius quam lalius, postice sensim attenualum et in arcu elliplico terminatum. Prosterniim mesosternumque depressa con- cava. Metasternum maximum, convexum, subinflalum. /lôrfomen supra planum, subtus concavum, septem annu- latum, annulis sub-aequalibus, sex primis transverso-qua- dratis, seplimo inviso. Elytra abbreviata , thoracis dorsum vix superantia , poàt scutellum fere immediata oblique truncata, angulis postero-iiiternisrotundato-obsolelis, postero-externis lon- gitrorsum acuminatis. Alœ magnae, sed in quiète abdomi- nis extremitatem haud atlingentes. Pedes grassarii, tenues, longitudine inaequales, ante- riores breviores , posteriores longiores ad exiremitatem abdominis haud pervenientes , tarsif filiformibus pubes- centibus quinque articulatis , articulis a 1° ad quintum gradatim decrescentibus, intermediis ac posterioribus vi- sibiliter plus tibiis longioribus a quo charactere nomen BoEOSCELis (brevis tibia). Genus hoc locum habet natura- lem in Melyridium familia , et in Phmgodoidorum sub-fa- milia , prope G. Phengodes et Actenista. A primo differt anteunarum appeudicibus ramulosis neutiquam in spira- MÉLANGES ET NOUVELLES. 303 \em convolutis, a secundo capite horizonlali detecto, ab ambobus tarsis intermediis ac poslerioribus plus libiis longioribus. Species unica. Boeoscelis Osculati, Spinola. Bceosc. rufo-testacea, antennis elytris libiis tarsisque brunneo-nigris. Spécimen mihi comraunicatum haud integrum , antenna sinistra infracta, abdominis segmento ultimo déficiente et indcsexu latente. Reliquum corpus long. 0",024-; antennae iiigrae, articulo primo rufo-teslaceo. Palporum articulis extremis sive primo et ultimo quoque rufo-testaceis, in- termediis nigris. Capitis pagina inferiore prope menium prot'unde foveata , foveola parva semi-elliptica distincte marginata, margine elevatocarinaeformi. Elytra puberola, confusim punclulata, opaca. Abdominis annuli extus sin- gulatim arcuati , laminis superioribus vix postice emargi- natis, inferioribus longitrorsum canaliculatis, Alae obscurae nigrescentes. Typum descriplum D. Osculati invenit prope litus fluminis Napo. IV. MÉLANGES ET \OUVELLES. Développement de la fibrine par la mort du sang. On lit dans la correspondance anglaise du D' Phipson, donnée dans le Cosmos du 1"^ septembre 1864. « M. Jieale a publié dans le Quurlcrhj journal of micro- scopic science, une théorie ingénieuse de la production de la fibrine dans le sang sorti des vaisseaux. Cette produc- tion serait due à la mort praduelle des petits corpuscules blancs, qui s'observe quand le sauf; s'est échappé des vais- seaux du corps vivant. Le sang ne meurt pas à l'instant même qu'il quitte les vaisseaux sanguins, et l'on peut, comme on sait, entretenir sa vitalité pendant un certain 304 REV. ET matt. de ZOOLOGIE. [Septembre 1864.) temps en le plaçant dans les conditions voulues de tem- pérature, de repos, etc. Il est même probable que ces corpuscules san^juins peuvent absorber des matières nu- tritives, et s'accroître pendant quelque temps après l'ex- travasement du sang, de sorte qu'il est possible qu'une certaine quantité de fibrine et même quelque peu de la matière organique dont elle provient puissent avoir été pioduiis après que le sang a quitté les vaisseaux. Un cor- puscule blanc de sang vit et se wiewrf pendant quelques heures après que le sang a été extrait du corps. » Je dois ajouter que le même phénomène a été observé par moi, lorsque je faisais des études sur les maladies des Vers à soie il y a plus de quinze ans. J'ai consigné celte observa- tion dans mes publications sur ces maladies ; seulement je n'ai trouvé aucun moyen de prolonger la vie des globules blancs du sang des insectes, globules auxquels la mort fait prendre des formes très -différentes de celles qu'ils af- fectaient pendant la vie. J'ai établi aussi, dans ces études, que l'on devait regarder le sang des insectes, dans lequel on ne trouve que des globules blancs, comme affecté d'un simple arrêt de développement devenu l'état normal dans ce groupe. (G. M.) ïABLJ: des MATIERES. Page». Gerbe. Nidification des Crénilabres. 273 Bonnet. Coquilles nouvelles. 279 Fairmaire et Germais. Coléoptères du Chili. 283 CoTTEAU. Échiiiides nouveaux. 287 Sociétés savantes 29I .Analyses. 299 Mélanges et nouvelles. 303 IMI'. DE M""" V BOICHARD-HUZARD, RIJE DE L KPERON, J. VINGT-SEPTIÈME ANJJffÉE. — OCTOBRE 186i. I. TRAVAUX Ii\ÉDITS. BlATTARUM NOVARUM SPECIES ALIQUOT, conscripsit, II. de Saussure (1). Genus POLYZOSTERIA , Burm. 1. Corpus d'jplanatum plus minusve gracile. A. Sat gracile, antice paulum atlenuatum. a. Tegmiuibus irulicatis, squamiformibus. 1, PoLYz. BiGLUMis. p. Ni{jra, sat minuta, P. con: maxime elegans. 324 REV. ET MAG; DE ZOOLOGIE. [Octûbrc 18G4.] tiiium , fîmbrialum. Elytra membranacea, pellucida , iantum campi niarginalis basi opaca et stigriiatibus 2 opacis; vena anali et venis 2 anticis opacis, cellulas 2 delineantibus. Aise ut in Holocompsis. Campus discoi- dalis elytri et posiicus alae venis lenuissimis instiuctus. 45. H. FENESTRiNA. Parvula, fusco-nigra; pronoto et capite fusco-liirtis et fimbriatis ; legminibus pellucidin, stigmatibus venis et clytrorum margine, fuscis, opacis; antennarum apice, macula in elytri basi cercisque albi- dis. — Brasilia. Genus PROSOPLECTA (1). Alae iransversim duplicatœ, apice supra proflexœ. i. Corpus ovato-gtobosum, valde convexum. Capitt vix frominulum, irigonale ; oculi distantes, promimili. Prono- lum transversim guadratum, margine postico magis arcuato qiiam antico. Tegmina convexti, cornea, corpori^ longitu- dine, sulco anali ohsoteto vel nullo, basi angulato. Alœ valde venosœ, apice rctrorsum duplicatœ, ut in génère Ana- \)\QQXdi.Pedes graciles, brèves. Cer ci médiocres. {Faciès coc- cinellse). z= Prosoplecta. 46. P. cocciNELLA. P. Parvula, supra fornicata. Caput et pedes rufo-ferruginea, facie et tarsis obscurioribus. Pronotum elliptico-transversum, margine antico trans- verso, in lateribus tantum arcuato, margine postico inter humeros vix arcuato ; marginibus latero-posticis obli- quis; lobis lateralibus deflexis, sed margine reflexo ; disco nigro , flavo circumdato ; lobis lateralibus pellu- cidisin angulo marginis fusço-Iimbatis.Scutelium fuscum. Elytra ferruginea, cornea, valde fornicata et punctaîa, ad basim humeri fere in tuberculum elevata ; margine basis (1) n,coc"«, en avant. — rrKèKTcc, plier. TRAVAUX INÉDITS. 325 valde reflexo, flavo-limbato; vena humerali ramos paral- lèles {.levâtes eniittente ; campo discoidali et anali punc- tatis ; siilco anali obsolète, anf^ulato ; puncto minuto ha- mcrali, altero in vena humerali ante médium silo, tertio majore juxta sulcum analem, corneis, albidis. Alae valde fusco-venosae ; campo antico quadrato rcticulalo, poslico secundum longitudinem venoso. Abdomen luscu:n, la- minse supra-analis marj^ine flavo, subbilobato ; laminae infra-genitalis marf^ine lato planato, vix arcuato ; cercis brevibus. Long. 0,009. 2. Corpus deplanatum ; pronohim aemiclrculare, utrinque angulatum; legmina cornea, sulco anali nullo; nlœ valde re- liculatœ, secundum longitudinem et in medio transversim bis duplicatœ [faciès Silphae). = Diploptera. 47. P. siLPHA. p . Ovata, depressa, fusco-nifTra. Caput prominulum , oculis valde distaniibus; maculis ocelia- ribus et ore, testaceis; antennis ferrugineis, articulis 12 basalibus fuscis. Pronotum fuscum, parum fornicatum, semicirculaie^ margine postico transversim recto, utrin- que anguhim acutum efficiente et juxta angulum sub- emarginatum; margine antico supra caput subtruncalo (vel minus arcuato). Abdomen obscurum, subserrulatum, subtus convexum; lamina infra-genitali transversa , ar- cuala ; supra anali ejusdera longitudine, angustiore tra- pezoidali, truncata; cercis minutis. Eiytra deplanata, abdominis longitudine vel paulo longiora, cornea, cas- tanea usque ad apicem cribrato-punctata ; venis longi- tudinalibus aliquot obsolète indicatis, sed trunco hume- rali nullo, margine externe apice arcuato, interne fere recle, a[)icem acutum elytri efficiente. Pedes crassiusculi, fusci ; femora apice supra spinam acutam gereiitia. Alae hyalinae, iridescentes ; cam;)o antico secundum longitudi- nem duplicato, et insuper m msdio transversim supra an- trorsum reflexo et dupUcaîo ; \ix\de reliciilataî, venis Ion- 326 uEv. El- MAG. DE ZOOLOGIE. [Oclobre \SQ'4.) gitiidinalibus in plica transversa (ractis et postice plicam lon(jitucIinalem versus invicem arcuatis (1). Genus APTERA, nob. Corpus ovalum, fornicatum, antice paulnm anjjiislaUim et coMvexius. Thorax sine u!!o alaium vestigio ; caput gIobosum,prominu!um, oculisminnlis, valde distantihus. Abdomen crassum, h audserratuin ; laminae snpraanalis mar{jine arcuato ; infra-geriitaU siinplice; cercis brevis- simis. Pedes brèves, graciles, femoribus inermibus, tibiis breviter spinosis; tarsis crassis, brcviler articulalis; arolio iuler ungues maximo. 48. A. LENTicuLARïs. P . Valida, ovala, crassa, antice angustata; corpore transversini sat convexo. Caput cras- sum, depresso-globosum , in vertice tenuiter , ia facic crassius, punctatum ; oculis valde dislantibus. Pronotum latum et brève, antice subtruncalum, transversim forni- catum; meso- et metanoti angulis vix productis. Abdo- minis margines nulloniodo serrati ; segmcnli penullinii margo posticus paulum arcuatus ; lamina supra-analit; cornea, subarcuata, infra-genita'.is cjusdem longiludine, arcuata, punctata. Cerci brevissimi, pyramidales. Cor- pus supra ubique dense et sat crasse punctalum, abdo- minis segmeniorum bas! iantum lœviore. Pedes brèves, tarsis crassis, brcvibus; aroliis niagnis instructis ; spinis tibialibus minutis. Corpus Cusco-badium, subtus nigrum ; capile obscure-ferrugineo ; antennis ferrugineis ; supra scgmeniorum marginibus, ano pcdibusque, badio-ferru- gineis. Long. 0,040, abd. latit. 0,020. — Cap. Bon. Sp. (1) Cp. Saiiss., Mémoires pour servir à l'histoire naturelle du Mexique. l'.laUides, fig. 28, [La mite au prochain numéro.) SOCIIÎTÉS SAVANTES. 327 il. SOCIÉTÉS SAVAINTES. Académie des sciencis. Séance du 26 septembre 18Gi. — M. Gutjon lit un inô- moiro. iniilulé, Du danger, pour l'Iwmme, de la piqûre du grand Scorpion du nord de l'Afrique^ Androcloiius liiiicstus (llempr. ei Ehreiib.). « Il est des faits sur Icscjuels il faut sans cesse revenir, parce qu'ils sont sans cesse contestés, et tel est, pour riiomnie, celui du danjjer de la piqûre dos Scorpions d'une certaine taille, comme V Androcionus funestus, au- quel se rapporte notre communicaùon. Que la mort, par cette piqûre, soit rare pour l'homme, que sur cent pi- qûres, par exemple, elle ne s'observe qu'une fois, je le veux bien : mais la question n'est pas là, elle est tout entière dans la possibilité du fait. Les anciens n'en dou- taient pas, et je remarque de suite que presque tout ce qu'ils ont dit du Scorpion, en général, se rapporte à l'espèce dont nous parlons (l); les anciens, disons nous, n'en doutaient pas. Ainsi, dans la Pharsale, liv. IX, Lu- cain dit : « Qui croirait, à voir le Scorpion, (pi'il eût la force de « donner une mort si précipitée ? «Les voyageurs arabes qui, à diflercnles époques, « parcoururent le nord de l'Afrique n'en doutaient pas « davantage. (1) C'est le Scorpion que j'appellerai /i(5torir/«e. le môme quia élé figuré sur losmoiuimciits de i'aiiti(]ue Kf,'yplc. Je l'ai vu admirable- ment gravé sur une pierre autique trouvée a Sousse (^Tunisie), et que portait au doigt ie frère d'un médecin que nous aurons à citer plu- sieurs fois. 3*28 HKV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Oclobrc 1864.) « Il naît, dans les maisons de Biskra, dit Léon l'Afri- « cain, tant de Scorpions et de si venimeux, qu'on meurt « sitôt qu'on en est piqué. » {De la Numidic, liv. Vïlï.) « On trouve à Kous, en abondance, dit Abd-AUatif, « qui était à la fois voyageur et médecin, des Scorpions « dont la piqûre est souvent mortelle. » [Description d' VEgxjpe, chap. i", traduction de Silvestre de Sacy.) « Il me serait facile de multiplier les citations, mais un plus grand nombre seraient ici déplacées. « Déjà nous avons présenté à l'Académie, dans sa séance du 15 mars 1852, plusieurs cas de mort, chez l'homme, par la piqûre de Y Androctonus funestua [\]\ nous venons lui en présenter deux autres cas qui ne pouvaient passer inaptMçus dans les lieux où ils se sont offerts. » Après avoir donné les deux observations annoncées, le savant médecin et naturaliste a réuni dans un tabler.u les principaux cas de mort dont il a eu connaissance pen- dant son séjour en Algérie. Ces cas, qui Ini paraissent réunir toute l'authenticité désirable, sont au nombre de onze, et ont pour sujets, savoir quatre hommes, dont trois encore adolescents, luatre jeunes femmes et trois en- fants du sexe masculin. I! ressort de notre tableau, ajoute- t-il, « 1" Que les erifants, à raison, sans doute, de leur taille j)lus petite que celle des adultes, et sans doute aussi en raison de leur sensibilité plus grande que celle des der- niers, sont ceux qui offrent le plus de cas de mort, et qu'après eux vieanent les femmes, qui s'en rapprochent généralement sous ces deux rapports (2). D'où nous sommes conduit à rappeler les paroles de Pline, lib. XI, (1) Six, dont trois ctiez dt'S homm.ii, deux chez des femmes, et l'autre chez un enfant. (2) Des faits assez multiplirs établissent que les femmes et les enfants sont généralement plus accessibles à l'actiou des poisoDS que les adultes. SOCIÉTÉS SAVANTES. 329 sur la piqùie du Scorpion en général, à savoir quelleest mortelle pour les vierges surtout, et presque toujours pour les femmes : Virginibus letkali seinpcr ictu, et femi- nis fere in tolum. « 2° Que, parmi les adultes, ceux qui offrent le plus de cas de mort sont ceux piqués à la tête, cas dans lequel la mort peut être considérée comme produite, non par une action générale du venin ou poison, mais par une exten- sion, au cerveau, de la tuméfaction locale à laquelle la piqûre donne généralement lieu (1). Nous rapportons, dans un autre travail (2), un cas de mort ainsi produit à la suite d'une piqûre à la face par VÀndrocto7nis occilanus, et qui s'est offert à Alger, en 1835, chez un militaire du nom de Pétion. » ^ï. Guyon entre ensuite dans des détails du plus haut intérêt aux points de vue historique et médical, M. Sédillot a lu un très-remarquable travail ayant pour titre. De l'influence des fonctions sur la structure et la forme des organes. Séance du 3 octobre. — MM. Garrigou et Filhol pré- sentent un mémoire sur les cavernes de l'âge de la fiierre iuisse, dans la vallée de Tarascon (Ariége). Séance du 10 octobre. — M. Carus adresse la note sui- (1) Ceci se trouve corroboré par une observation du docteur Luni- broso, qui, ayaut plusieurs fois parcouru la rcgence de Tuuis (avec les troupes du bey, pour recueillir l'impôt), a souveul été téraoiu de piqûres de Scorpion. Je le laisse parler : «Je me souviens d'avoir vu « un grand nombre d'individus d'un ûge avancé ressentir avec « moins de force l'action délétère du venin, tandis qu'au contraire <( j'avais beaucoup de peine à obtenir, sur les bommes encore jeune?, « la guérison désirée. » (Lurabroso, Lettres nudico- statistiques sur la regenre de Tunis, p. CO. Marseille, 1860.) Dans des conclusions sur l'uction du venin en général, le même auteur formule ain.>i, p. (ii, celle portant le numéro 3 : «Qu'il semble que les hommes jeunes en sont plus forlemeut atteints que les adultes. » (2; Sur la piqûre de VAndroclonus occitanus. 330 HEV. ET MAC. DE ZOOTOGIE. [Oclohrc \Wi.) vaille, inliUiIée Expériences mr la matière phosphorescente de la Lampyris ilalica , action de l'eau pour rendre à la matière desséchée cette phosphorescence. {E\ivA\ià\me lettre adressée par M. Carus, à l'occasion d'une communication récente de M. Pasteur) (1). « L'Académie me permettra d'appeler son attention sur les expériences quej'ai faites pendant l'été de l'année 1828, à Florence (2), en examinant l'organisation et la faculté [)hospliorescente de la Lampyris italica. Je trouvai alors que si l'on ôtait du corps de l'insecte la matière luisante qui est une matière onctueuse, et ressemble, comme dit très-bien M. Blanchard d'après Spix, au phosphore fondu, et si on la mettait sur une p aque de verre, en séchant, clic perdait immédiatement toute phosphorescence; mais, aussitôt qu'on mettait le verre avec cette matière sous un peu d'eau, elle recommençait à répandre de la lumière. r,'est une expérience qu'on pourra répéter une ou deux fois toujours avec le même succès (3). Quoique cette ob- servation fût déjà, ce me semble, assez digne d'attention, on n'a pas encore, cependant, senti assez, jusqu'à pré- sent, l'importance du fait. J'espère que, aujourd'hui que l'analyse spectrale a, elle-même, signalé comme très-re- marquable la nature de celte substance, mon observatiou (1) Nous ne croyons pas nécessaire de reproduire la première par- tie de celte note, dans laquelle l'auteur résume la communication faite par M. Pastour, dans la séance du 19 septembre dernier, et les remarques auxquelles elle a donné lieu de la part de M. Blanchard ; nous conservons entière la partie où le savant correspondant de l'A- cadémie rappelle ses propres expériences. F. (2) Voyez mon livre, Anaîectcn zur Nalur- und Heilkunde; Leipzig, 1829. (3) Dans la Lampyris ilalica, la lumière n'est pas égale et tran- quille comme dans la Lampyris noctiluca ; elle est, au contraire, fulgurante, et, dans cette périodicité, répond exactement aux pulsa- tions du cœur de l'insecte, fait que je m'explique à présent assez faci- lement, puisque chaque onde du sang, eu huracclant plus fortement la matière luisanie, donne, au momeu!, une lumière plus éclatante. SOCIÉTÉS SAVANTES. 331 devra être mieux a[)i)réciée, d'autant qu'il est à remar- quer que nous ne connaissons, jusqu'à présent, aucune substance qui, mise sous l'ean (1), commence immédiate- ment à répandre de la lumière, et qui perde de nouveau cette faculté quand elle devient sèche. 11 s'agit donc pro- bablement ici d'une substance organique douée d'une qualité absolument nouvelle. C'est une chose qui est cer- tainement assez digne d'exciter l'attention des savants. « J'ajouterai que notre académie I.éopoldo-Caroline allemande a proposé, des l'année 1860, un prix assez con- sidérable pour le meilleur travail sur la physiologie com- plète de la Lampyris, et que, après deux ans, ce prix, qui a été doublé, a été prorogé jusqu'au terme du 1" sep- tembre 1864, sans qu'aucune réponse nous ait été encore donnée, ce qui prouve qu'd n'est pas facile de parvenir, dans cette question, à des lésultats satisfaisants. » M. Davainc fait présenter par M. Rmjer un travail inti- tulé, Rcclierche.i sur les Vibriuniens. Séance du il octoôie. — M. Blarutel lit un mémoire in- titulé. Observations de sommeil léthargique à longue période, et nouvelle application zoologique de la théorie du som- meil. M. Eug. Robert présente un travail intitulé, Rapproche- ment entre les gisements de silex travaillés des bords de la Somme et ceux de Rrégg, M'cudon, Pressignif-lc- Grand, etc., dans U intérieur des terres ou bien au-dessus des grands cours d'eau. Séance du 24 octobre. — M. Dareste lit de Nouvelle; re- cherches sur la production artificielle des anomalies de l'or- ganisation. M. Ancelon présente un travail ayant pour titre, De la nature de la maladie de la vigne et de l'impossibilité d'ino- culer /'oïdium Tuckeri (l) Le pliOàpliorc iiièmc |u'id plus (ùt sa facullr liiisunlc dans leau. 332 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Oclobvc 18G4.) Après quelques romar(|ues {générales sur la marche qu'auraient dû suivre ceux qui ont prétendu établir la réalité d'une inoculation de la maladie de la vigne à l'homme, l'auteur poursuit en ces termes : « Pourquoi ceux qui ont mis en avant ou soutenu cette thèse, au lieu de s'aventurer comme ils l'ont fait, ne se sont -ils pas demandé tout d'abord, ce que c'est que l'ino- culation? Ils auraient compris, en cherchant à la bien définir, que le champignon auquel Tucker a donné son nom, n'étant point le principe matériel d'une maladie contagieuse, ne peut être artificiellement introduit dans l'économie :loin de représenter la maladie de la vigne, il n'en est qu'un accessoire bien secondaire. On inocule avec succès les virus variolique, morveux, rabique, car- bonculeux, etc.; mais, en introduisant l'oïdium à travers nos tissus normaux, on ne détermine, dans l'économie vivante, que des accidents plus ou moins variés, plus ou moins légers, sans aucune identité entre eux. « Quel rôle joue donc Voidium Tuckeri dans la maladie de la vigne? Celui de tous les champignons que l'on ne rencontre que sur les matières organiques en décompo- sition, sur les cadavres ou sur les parties nécrosées des corps organisés et vivants ; de même que c'est sur les cellules en voie de décomposition du follicule pilifère(l) que se dépose et se développe le champignon de la teigne, 4. 23 i{54 iiEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Novembre 18Gi.) 60. CiDARis attenuata, Cotleau, 1864. Longueur, 3i mill. ; largeur 4 mill. Test inconnu. Radiole allongé, cylindrique, sub-fusifornie, garni de granules serrés, aplatis, homogènes, disposés en séries longitudinales régulières et rapprochées les unes des autres. Vers la base de la tige les granules sont distincts, indépendants. En s'élevant vers le sommet, ils se touchent, se confondent, et forment do véritables côtes sub-granu- leuses; le sillon qui les sépare est finement chagriné. Col- lerette à peine apparente. Bouton médiocrement déve- loppé; facette articulaire paraissant non crénelée. Rapports el dijférences. — Ce radiole, par son aspect cylindrique et sub-fusiforme, par ses granules aplatis et homogènes, disposés en côtes régulières et serrées, se distingue facilement des autres espèces du terrain ter- tiaire. Loc. — Lesbarritz. Rare. Terrain tertiaire inf. Coll. Tournouer. Expl. des fig. — PI. xx, fig. 12, radiole du Cid. atte- nuata; fig. 13, fragment grossi. 61. Heterolampas Maresi^ Cotteau, 1862. Nous avons décrit, dans un de nos précédents articles, sous le nom (ïHcterol. Maresi (n° 42), un Oursin d'Algérie extrêmement curieux, et dont nous avons fait le type d'un genre nouveau. Nous ne connaissions alors qu'un seul exemplaire qui nous avait été communiqué par M. Mares, sans indication précise de gisement. M. Mares présumait cependant qu'il devait appartenir soit au terrain crétacé, soit au terrain tertiaire inférieur. Un second exemplaire de cette rare et intéressante espèce vient de nous être envoyé par M. Coquand, qui l'a recueilli dans le terrain crétacé supérieur, à Kcrnsouck-Selif (province de Gon- SOCIÉTÉS SAVANTES. 355 slantine). L'échantillon de M. Coquand, bien que moins grand et relativement plus renflé que le type décrit et fifjuré, ne saurait en être spécifiquement distingué, et ne laisse plus aucune incertitude sur le gisement de VHe- terolampas Maresi. II. SOCIETES SAVANTES. ÂCADÉIUIE DES SCIENCES. Séance du 1 novembre 186i. — M. Guyon lit un intéres- sant travail intitulé. Sur un nouveau cas de fiUiire sous- conjonctival ou filaria oculi des uulcurs, ohsirvé au Gabon [cùle occidentale d'Afrique). Dans ce mémoire, qui est plein de recherches savantes et de sérieuses éruditions, M. Guyon établit que le filaire sous-conjonctival se voit assez fréquemment au Gabon et sur beaucoup d'autres points de l'Afrique occidentale. Il montre que la science a enregistré, jusqu'à ce jour, six cas de cette maladie de l'œil, pour différents points de l'Afri- que, et il met sous les yeux des membres de l'Académie un parasite semblable, provenant d'un nègre du Gabon, dont l'extraction a été faite par un chirurgien de notre marine de l'État. C'est peut-être le plus grand qu'on ait extrait de l'œil : il mesure 0"',15. Cette longueur dit assez que, malgré les replis qu'il formait sous la conjonctive, il n'y était pas tout entier, qu'il n'y était que dans une par lie de sa longueur, l'autre restant engagée dans les tissus croù il s'était avancé sur le globe oculaire. M. Poucliet adresse un mémoire intitulé, Pioduclion de Jiactéries et de Vibrions dam les pliUginusica dis bronclieif, des fosses nasales et du conduit cuditif rxlerne. 356 REV. ET MAC, DE ZOOLOGIE. {Novembre 1864.) M. Maggiorani adresse de Palerme une note contenant les résultats de nouvelles recherches qu'il a faites sur le rôle de la rate dans l'économie animale, surtout par rap- port à la composition du sang. Sur plusieurs lapins pro- venant d'une même portée, mais dont les uns avaient subi l'ablation de la rate, tandis que les autres n'avaient été soumis à aucune opération, il a constaté que chez ces derniers le sang était moins abondant et d'une pesanteur spécifique moindre, qu'il contenait moins de fibrine, moins de globules rouges et une proportion de fer nota- blement inférieure. Il a constaté, en outre, que le sérum du sang des animaux ainsi mutilés contient plus d'albu- mine. Celte note, qu'accompagne un mémoire plus étendu, que l'auteur a publié dans un journal de Palerme [VOsser- vatore medico), est renvoyée, avec l'imprimé, à l'examen de M. Bernard. Séance du 14 novembre. — M. Paul Gervais présente un travail d'anatomie comparée sur un cas de polymélie ( membres surnuméraires ) observé sur un Batracien du genre Pélobates et sur une espèce du genre Raie. Rappelant les cas analogues qui ont été observés déjà chez quelques mammifères et oiseaux, M. Gervais décrit avec soin la patte supplémentaire, doublant celle de devant du côté gauche, chez une espèce de grenouille du Midi, le Pélobates cultripes, de Cuvier. L'autre cas a pour sujet une Raja clavata, conservée dans le magnifique cabinet de M. Doumet, à Cette. Il porte sur le dos, auprès de la région cervicale, une paire de nageoires formées chacune de plusieurs rayons, répé- tant sous une forme incomplète et rudimentaire, quoique d'une façon très-apparente, les grandes nageoires pecto- rales des poissons de cette famille. C'est un fait de multi- plicité des membres antérieurs, rentrant dans la catégorie qu'on a désignée par le nom de notomélie. SOCIÉTÉS SAVANTES. 357 M. Ch. Rouget présente une Note sur la terminaison des nerfs moteurs chez les vertébrés supérieurs. M. E. Blanchard présente, au nom de M. E. Baudelot, des Observations sur la structure du système nerveux de la clepsine. Séance du 21 novembre. — M. Rouget présente une Note sur la terminaison des nerfs moteurs chez les crustacés et les insectes. M. Ckassinat adresse des Observations sur la ressem- blmce habituelle entre la mère et son premier enfant. Séance du 28 septembre 1864. — M. P. Gênais présente un travail d'anatomie comparée ayant pour litre, Cétacés des côtes françaises de la Méditerranée, dans lequel il passe en revue toutes les espèces qui ont été observées jusqu'à ce jour dans ces localités. Ces espèces sont au nombre de neuf, caractérisées par des différences positives dans leur ostéologie ; en voici la liste : 1, Physeter macrocephalus;'i, Zyphius cavirostris; 3, Orca ghdiator; 4, Globiceps; 5, Grampus Rissoanus; 6, Tur- siops tursio : 7, Delphinus Delphis; 8, Dclph. Telhyos; 9, Rorqualus antiquorum. Après cette énumération, accompagnée de notes très- intéressantes pour chaque espèce, M. Gervais rappelle les captures faites récemment d'exemplaires du gi^jantesque Rorqual, et entre autres de celui qui fut pris en 1864 à l'île Sainte-Marguerite. J'étais à Toulon lors de cette exhi- bition, et j'y ai lu cette non moins curieuse affiche : Ex- position de la Baleine aptère, géant des mers, etc. L'au- teur de l'affiche avait traduit ainsi le nom de Balœnoptera, comme un journal a traduit, il y a quelques jours, le nom du Tamanoir arrivé récemment au muséum d'his • toire naturelle, en en faisant un Lnma noir, ruminant qui détruit les Fourmis à coups de langue. jM. Faivre a i'Ml présenter par M. Cl. Bernard une Note sur l'influence de quelques plantes aromatiques sur les Vers à soie. 338 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Novembre 18G4.) « Dans les premiers jours de juin de cette année, nous eûmes l'idée de rechercher l'influence que |)Ourraient exercer sur ces insectes, à divers états, les émanatioiis odorantes de quelques espèces véfjélales. c( Ayant choisi quatre plantes : l'absinthe {artemisia absinlhium, L.), la balsamite [tanacetum halsamita^ L.), la tanaisie {tannceium vulgare, L.), le fenouil {fœnicu- lum vulgare, L.), nous commençâmes à en étudier l'ac- tion sur des Vers à soie sains et malades que nous avions à notre disposition. « Les feuilles des plantes furent disposées au fond de quatre boîtes et recouvertes de diaphragmes percés à la surface desquels étaient placés les Vers. Ainsi séparés des plantes qu'ils ne pouvaient atteindre, les Vers n'en pou- vaient être affectés que par les émanations odorantes ; les boîtes furent closes, chacune renfermant deux Vers sains et deux Vers malades, arrivés alors aux premiers jours du cinquième âge. « Les animaux soumis à l'action de l'absinthe ont éié pris d'une vive excitation ; ils cherchaient à fuir, en proie, par instants, à de véritables mouvements convulsifs; ia défécation a été presque immédiate, abondante, ré[>élre; les battements du vaisseau dorsal se sont notablement ac- célérés. En cinq heures, l'un des Vers estmort; un Ver malade, atteint de gatline intense, n'a pas résisté plus d'une heure. « Le fenouil a produit les mémos effets sur le système nerveux, et des effets plus marqués sur les sécrétions; en moins de quarante heures, les deux Vers sains ont filé leurs cocons après avoir rejeté une abondante matière gommeuse; les Vers malades ont succombé. (( La balsamite a agi plus énergiquement que les sub- stances précédentes, elle a tué rapidement les Vers malades et activé la déjection de la soie chez les Vers sains. L'un d'eux mis en expérience à midi avait déjà filé son cocon à huit heures du soir. SOCIÉTÉS SAVANTES. 359 « La lanaisic est moins active; elle donne lieu cepen- dant, comme les substances précédentes, à une excitation marquée ; c'est au contact de cette plante que nous avons pu déterminer pour la première fois, chez un Ver ma- lade, la déjection de la soie et la production d'un cocon, « Les feuilles d'absinthe ont produit le même effet dajis un cas où la quantité employée avait été peu considé- rable. « Tels ont été nos premiers essais : ils témoignent de l'influence énergique des émanations odorantes, de l'ab- sorption possible de ces émanations par les téguments des Vers, de l'action exercée sur le système nerveux et les sécrétions, et en particulier sur celle de la soie. « L'intensité des effets varie avec la quantité de feuilles employées, la nature des espèces végétales, les conditions d'expérimentation ; elle est d'autant plus marquée que les Vers sont plus gravement atteints par la maladie. Au contact direct d'un mélange de feuilles odorantes et de feuilles de mûrier, les Vers peuvent continuer quelque temps à manger le"s feuilles de mûrier ; ils s'éloignent, au contraire, des feuilles aromatiques, auxquelles ils ne tou- chent jamais. « Nos premières expériences nous ayant paru de qr.elque intérêt, nous avons prié l'honorable président de la commission des soies de Lyon, M. Mathevon, de vouloir bien les contrôler, en se plaçant dans les mêmes conditions. Les résultats obtenus {)ar M. Mathevon ont été conformes aux nôtres : action énergique, vive excitation provoquée chez les Vers sains et malades, production en un temps assez court de cocons de bonne qualité. « Dans la lanaisie, plusieurs des Vers malades ont filé, le 3 juin, des cocons fermes et volumineux : ils en sont sortis le '2i et se sont accouplés, bien que diCticile- ment; les papillons étaient très-actifs et ardents ; néan moins ils ont produit i)eu de graines. 360 REv. ET iMAG. DE ZOOLOGIE. [Novembre 186i.) « Les graines provenant des Vers sains et malades, soumis aux expérieuces, craquaient facilement sous la pression de l'ongle , circonstance que les sériciculteurs considèrent comme un pronostic favorable. c( Nous avons tenté, plus en grand, à la magnanerie de la commission des soies, une troisième série d'es- sais. « Le 4 juin, on a mélangé à des feuilles de Mûrier les feuilles des plantes aromatiques déjà indiquées ; vingt Vers sains et vingt Vers malades ont été placés sur chaque lot, à l'air libre, dans les conditions ordinaires de la ma- gnanerie. Voici, jour par jour, les observations qui ont été faites. (( 4 juin. — Les Vers sains soumis à l'action de l'absinthe, du fenouil et de la tanaisie ont été agités, mais ont continué à manger les feuilles de mûrier; il n'en a pas été de même pour les Vers traités par la balsamite ; ils ont à peine pris leur nourriture et ont cherché à s'en- fuir. Les Vers malades ont résisté, à l'exception de deux de ceux soumis à l'action de la balsamite. « 5 juin. -— Les Vers sains continuent à prendre leur nourriture, à l'exception de ceux qui ont été mis au con- tact de la balsamite. Le môme jour, les Vers malades ont succombé dans les proportions suivantes : fenouil, 3 ; absinthe et balsamite, 5 ; tanaisie, 6. ({ 6 juin. — Aucun Ver sain n'a péri dans l'absinthe; un seul a péri dans le fenouil, un seul dans la tanaisie et 5 dans la balsamite. « Voici le nombre des Vers malades qui ont péri à cette époque, au contact de chaque substance : fenouil, 5; tanaisie, 6 ; absinthe, 7; balsamite, 8. « 7 juin. — Les Vers sains et malades montent pour faire leurs cocons, devançant, sous ce rapport, les Vers de même âge et de même race soumis aux conditions or- dinaires. « 8 juin. — Quelques Vers sains sont morts en moniant ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX. 361 à la bruyère. Dans l'absinthe, le fenouil et la tanaisie, il reste encore douze (fes Vers malades ; il n'en reste plus que deux dans la balsamite. « 9 juin. — Tous les Vers malades ont péri sans avoir produit des cocons. a 20 juin. — Les cocons obtenus des Vers sains sont dans les proportions suivantes pour chaque substance : absinthe et fenouil, 9 ; balsamite, 10 ; tanaisie, 12. « Ces cocons sont bien meilleurs que ceux qui ont été produits sur les claies dans les mêmes conditions. « L'état avancé de la saison nous a forcé de suspendre nos recherches; nous nous disposons à les continuer pen- dant la prochaine saison séricicole. » III. ANALYSES DOUVRAGES NOUVEAUX. Histoire naturelle des Araignées (Aranéides) par Eugène Simon, ouvrage contenant 207 figures intercalées dans le texte, et suivi du catalogue synonymique des es- pèces européennes. — 1 vol. in-8 (Roret), 1864. Nous ne saurions mieux faire connaître l'objet que s'est proposé M. E. Simon qu'en donnant la courte note qui sert de préface à son livre. « Faire connaître, avec les détails suffisants, l'organi- « sation si compliquée des Araignées, donner le tableau « des espèces connues jusqu'à ce jour, les réunir par « groupes en tenant compte des habitudes et des carac- « tères anatomiques, décrire les mœurs si intéressantes « des principales d'entre elles, résumer enfin tons les tra- « vaux anciens et modernes qui ont été publiés sur cette « classe d'animaux, en y joignant les observations qui me « sont propres, tel est le but que je me suis f)roposé en « publiant ce traité » 362 REV. ET MAC. UE zooLOfxiE. [Novembrc 1864.) Le meilleur éloge que nous puissions faire du livre de M. E. Simon, c'est de reconnaître que son auteur a suivi avec conscience et talent le projjramme ci-dessus, en montrant, jeune encore, qu'il avait déjà beaucoup tra- vaillé, bien observé, et qu'il est parfaitement au courant du sujet qu'il traite. Je no saurais trop recommander l'étude du livre de M. E. Simon aux zoologistes qui veu- lent acquérir une idée positive de VHi.itoire naturelle des Araignées. Ils y trouveront un tableau exact de l'état ac- tuel ele celte intéressante branche de la zoologie. (G. M.) IV. MELAi\(;ES ET .\OUVELLES. Mœurs vagabondes des Moules et des Anomies. Dans une note sur l'ostréiculture que nous avons ex- traite d'un ouvrage publié, il y a cent quatre ans, par le médecin Tiphaigne [Essai sur l' histoire œconomique des mers occidentales de France, in 8% Paris, 17G0), nous avons exhumé de ce livre des détails très-intéressants pour l'histoire de la culture des Huîtres (voir notre numéro de mai 186i, p. 155). Aujourd'hui nous croyons faire une chose utile en tirant de ce vieux livre, qui est plein d'observations curieuses et utiles, ainsi que le disait de Jus- sieu le 5 août 1760, quelques notes sur les faits et gestes des Moules et des Anomies. On trouve, à la page 227 de ce livre, à la suite d'obser- vations sur la manière dont les Moules sont attachées aux rochers : a Les Moules changent quelquefois de demeure et vont en chercher une autre, et souvent fort loin de la première. Ce délogement a quelque chose de remarquable. 11 ne faut pas croire que l'agitation des eaux et les tempêtes (létacheul ces coquillages du lieu oîi ils se sont fixes et les MÉLANGES ET NOUVELLES. 363 transportent ailleurs. Souvent, dans les temps les plus calmes et au moment où les eaux semblent stagner, ou du moins n'obéir que mollement aux flux et reflux , les Moules, comme si elles s'étaient donné le mot et qu'elles n'attendissent que le signal, quittent tout à coup les fonds qu'elles couvraient et s'abandonnent au courant. Ce dé- part ne se fait pas sans bruit, le froissement qu'elles éprouvent entre elles occasionne un cliquetis qui se fait entendre au loin et qu'il faut avoir entendu pour s'en faire une juste idée. On a vu des moulières très-fécondes se détruire ainsi en une nuit. » Ces voyages des Moules sont-ils réels ; ont-ils été ob- servés par M. Tiphaigne ou les raconte-t-il d'après les as- sertions des pêcheurs, d'après leurs préjugés, c'est ce que nous ne pouvons savoir et ce que nous avons demandé aux conchyliologistes en consultant les articles Moules desdictionnaires. Dans le plus ancien, ]e Nouveau Diction- naire d'histoire naturelle, etc. (Paris, Déterville, 1818, t. XXI, p. 524), le savant Bosc ne se prononce pas à ce sujet, mais il cite un mémoire de Réaumur et des observa- tions de M'^'" Masson-le-Golft sur la faculté qu'ont ces coquilles de remplacer les fils (byssus) qui les attachent aux rochers, quand on vient à les casser. De Blainville, dans le Dictionnaire des sciences naturelles, t. XXXIII, p. 135 (1824), n'ajoute rien à ces observations et se borne aussi à les citer. A la page 230 de son livre, Tiphaigne donne des détails anatomiques et des observations de mœurs sur une co- quille qu'il range avec les Huîtres, et qui n'est aulre que l'Ânomie pelure d'oignon. Après une description anatomique détaillée de ce mol- lusque et des muscles qui servent à le fixer au sol, Ti- [)haigne ajoute : « l'ar l'appareil dont nous venons de faire la descrip- tion, on juge bien que l'Huîlro à pivot opère des mouve- ments dont l'Huître commune n'est point capable. Dans 364 REv. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Novembre 1864.) l'état de relâchement, l'Huître est ouverte, et, avec le doigt, on peut la tourner à droite et à gauche sur son pi- vot. Elle peut encore avoir le même jeu tant qu'il n'y a que le muscle fermeur qui se resserre. Si les deux muscles viennent à se contracter en même temps, les deux grandes écailles sont fermées, le couvercle est exactement appli- qué à l'échancrure, et l'Huître est tellement affermie sur le rocher qu'on dirait d'une seule et même pièce. Mais le muscle d'appui, étroit à son insertion dans la surface su- périeure du pivot, s'épanouit à son origine dans l'inté- rieur de récaille concave, où il semble distribué en plu- sieurs faisceaux, de manière que l'Huître supposée dans le relâchement, si l'un de ces faisceaux vient à se contracter solitairement, l'Huître avancera de ce côté-là ; si le fais- ceau d'après vient à se contracter, l'Huître inclinera son mouvement de ce côté-là encore ; de sorte que, si plu- sieurs faisceaux se contractent successivement, l'Huître, en continuant à s'incliner, décrira un arc de cercle au- tour de son pivot. « Mais, si nous considérons ce pivot détaché du rocher ou de tout autre corps, l'Huître sera libre et pourra chan- ger de lieu d'une manière bien singulière. Son muscle d'appui contracté, non pas au point d'appliquer exacte- ment la surface inférieure du pivot ou le couvercle à l'échancrure, mais assez pour prendre de la fer- meté, formera, avec le pivot, une espèce de jambe qui, en se relâchant ou se resserrant plus ou moins, fera avancer le coquillage et montrera au naturaliste étonné une Huître qui chemine. « Je croirais volontiers que telles sont les Huîtres à pi- vot dans le commencement de leur développement, dans leur bas âge. Elles cheminent ainsi sur une jambe et cherchent un lieu favorable à leur nourriture et à leur accroissement. Quand elles l'ont trouvé et qu'elles jugent à propos de s'y fixer, elles font couler, le long de ku! {»ivot, une espèce de glu qui le colle au rocher. Pour MÉLANGES ET NOUVELLES. 365 lors elles cessent d'être vagabondes et ne se réservent de mouvement que celui qu'elles font en décrivant le quart de cercle dont nous avons parlé. Ce dernier mouvement leur sert à éviter les corps qui pourraient nuire à la régu- larité de leur développement, et à se présenter aux diffé- rents courants dans la situation qui leur est la plus fa- vorable. «Que savons-nous si elles ne s'ennuient pas quelque- fois d'une longue résidence ? Elles ont une colle pour s'at- tacher, elles ont peut-être un dissolvant pour se mettre en liberté quand elles le trouvent bon. Il est toujours certain qu'elles renferment une humeur bien singulière, leur âcreté insupportable en est une preuve. J'en ai vu atta- chées au rocher plus fortement qu3 je ne puis dire; j'en ai vu qui n'y tenaient que peu ; j'en ai vu qui étaient tout à fait libres et qui ne tenaient à rien; les premières étaient fixes, les secondes étaient sur le point de s'atta- cher ou de se détacher, les troisièmes étaient vagabondes. ]\Iais à quoi bon ces détails? à ajouter une nuance aux va- riétés sans nombre, que les naturalistes nous montrent de toutes parts. » Ces déductions et ces faits ne semblent pas avoir été connus des zoologistes qui ont écrit sur les mollusques, car le plus fort d'entre eux, M. Deshayes, n'en parle que dans son article Anomiedu Dictionnaire universel d'histoire naturelle, t. I", p. 557 (1841). En effet, dans cet article assez étendu, le savant malacologisle a donné un travail très-complet sur l'anatomie de ce mollusque et sur sa clas- sification, et s'il avait connu les idées de Tiphaigne sur les facultés locomotives de l'Anomie, il n'aurait pas man- qué d'en parler, soit pour les combattre, soit pour appe- ler, comme nous le faisons ici, les expériences des obser- vateurs qui habitent les bords de la mer. G. M. 366 REV. ET MAC. DE zooLOGiiî. {Novembre 18G4.) Nouvelle espèce de Plésiosaure. — M. Hartsinck vient de faire connaître, dans le Geological Magazine, la dé- couverte qu'il vient de faire, sur la côte du Dorsetshire, du plus parfait échantillon de Plésiosaure qui ait encore é!é trouvé. On l'a mis à nu dans un lit de marne, entre deux lits de calcaire du lias, entre les villes de Charmoulh et de Lyme-Kégis. Ce fossile a 13 pieds anglais de long. La partie dorsale du squelette étant tout à fait complète, un petit nombre d'os seulement ont été déplacés. Dans la têie on trouve une mâchoire inférieuie parfaitement con- servée remplie de longues dents recourbées. Les vertèbres cervicales présentent les pleurapophyses caractéristiques. La queue est bien moins conservée, mais elle n'a été que peu déplacée. Les qualre membres ou pieds-nageoires ont tous leurs os complels, et leur forme n'a été nullement dé- rangée. Il paraît que ce Plésiosaure constitue une espèce non décrite. Il vient d'être acheté par le Biitish muséum, et M. le professeur Richard Owen doit en publier la des- cription. La Perruche ondulée se reproduisant en Europe. Le savant zoologiste M. Althammer, qui habite Arco (Tyrol méridional), nous écrivait, le 18 juin dernier : « Le 2'î avril 1862, une couple de Perruches ondulées a trouvé le moyen de s'échapper de la cage dans laquelle ces oiseaux étaient enfermés. Le premier qui a pris la fuite était le mâle, qui s'est élevé très-haut et s'est dirigé vers le Midi. (( Je n'avais plus eu aucune nouvelle de ces oiseaux ; mais, il y a quelque temps, un amateur taxidermiste m'a envoyé deux mâles de ces oiseaux pour que je lui en dé- termine l'espèce. « 11 avait reçu ces deux sujets de la montagne où ils avaient été tués de deux coups de fusil. « Comme je suis la seule personne qui possède cette MÉLANGES ET NOUVELLES. 367 espèce on Tyrol, je dois conclure que les Perruches sus- dites, outre qu'elles ont passé les deux hivers de 1863 et 1864- en plein air, ont encore niché chez nous. Je ne saurais expliquer autrement la présence des deux mâles. » Actio7i curative du venin des Abeilles et des antres Uxjmé- n opter es. On trouve dans l'Abeille médicale un travail du docteur Lukomski dans lequel il rappelle certains faits de guéri- sons par la piqûre des Hyméno|)tèrcs cités par M. De- martis et, entre autres, l'observation du célèbre agro- nome de Gasparin, qui s'était guéri d'un rhumatisme musculaire et d'une bronchite par la piqûre des Guêpes. Suivant M. Lukomski, ces piqûres d'Hyménoptères se- raient efficaces dans le traitement de certaines fièvres, telles que celles que les médecins désignent sous les noms de pyrexies intermittentes, rémittentes et continues, sur- tout lorsqu'elles sont d'origine paludéenne et qu'elles ne proviennent pas d'une phlegmasie. Suivant lui, Vapisina- tion, ainsi qu'il désigne ce traitement par les Abeilles (Apis), serait efficace dans les névralgies intermittentes, régulièrement périodiques, véritables fièvres larvées ; dans la migraine, dans la céphalalgie nerveuse [)lus ou moins continue; dans la cardialgie et la gastralgie ner- veuse; dans différentes autres névralgies plus ou moins continues, désignées vulgairement sous le nom de dou- leurs rhumatismale, etc., etc. Le docteur Lukomski a recueilli, tant sur lui-même que sur d'autres, un assez grand nombre de faits confirmant ses prévisions sur l'action des piqûres d'Abeilles, et il pense que, si la fièvre jaune n'est réellement qu'une va- riété de la fièvre rémittente des pays chauds, on pourra la guérir et peut-être la prévenir. Il pense même que ce remède réussirait contre le choléra et peut-être contre la peste. 368 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Novembre iS6'*.) Du reste, M. Lukomski est prêt à se rendre en Algérie, au Sénégal, aux Antilles, au Mexique, etc., etc., pour y expérimenter la valeur des piqûres d'Hyménoptères sur les fièvres, si dangereuses, qui régnent dans ces pays. Seulement il ne sera pas aidé dans son généreux projet, parce que, l'habitude attachant les hommes aux routes connues, si quelqu'un s'en écarte, toutes les voix le rap- pellent dans les sentiers battus. Dans une desdernièresséances de l'Académie des sciences (29 août 1864), M. Flourens a présenté, au nom de M. L. Figuier, la quatrième édition de l'ouvrage intitulé, la Terre avant le déluge, et la seconde édition de celui qui a pour titre, la Terre et les Mers. Le secrétaire perpétuel a rappelé les éloges que M. d'Archiac avait donnés à ces ouvrages, en présentant la première édition de la Terre avant le déluge^ qui, ainsi qu'il le disait, est une véritable géologie où le pittoresque et le charme du style remplacent l'aridité des ouvrages de paléontologie. La Terre et les Mers, a ajouté M. Flourens, est appelé au même succès ; c'est un livre qui se lit et doit se lire par tout le monde, savants et ignorants, grands et petits, tous peuvent y puiser d'utiles et agréables enseignements. I ABLE DES MATIERES. Pa ges . Gerbe. Nidification des Crénilabres. 337 Fairmaire. Coléoptère nouveau. 340 Saussure. Blattarum novarum, etc. 341 CoTTEAU. Échinides nouveaux ou peu connus. 349 Sociétés savantes. 355 Analyses. 361 Mélanges et nouvelles. 362 TABIS. — IMP. DE M°" V' BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ePERON, 5. VINGT-SEPTIÈME ANNEE. — DÉCEMBRE 1864. I. TRAVAUX L\ÉDITS. Notice sur les Dromadaires ou Chameaux de course des Touaregs [Camelus Dromedarius, L.), par M. Henri AUCAPITAINE (1). Le Dromadaire ou Méhari est un animal bien connu aujourd'hui en Europe (2), mais qui passait, il y a encore un petit nombre d'années, pour une espèce fabuleuse dont les fantastiques qualités étaient autant d'exagéra- tions orientales. Le Chameau coureur est au Chameau de charge ce que, chez nous, le cheval de selle est au cheval de trait. C'est un animal perfectionné par les soins intelligents de l'homme et dont on conserve soigneusement les types par des croisements purs de tout mélange. Les Touaregs Imouar' possèdent, pour certains de leurs coureurs, des généalogies semblables à celles qu'ont les Arabes pour les chevaux de pur sang. Le Chameau coureur est donc une variété et non point une espèce dans l'acception zoologique de ce mot. L'existence de cette race remonte à la plus haute anti- (1) Celle notice est extraite d'un livre que notre collaborateur doil incessamment publier sur le « Salira et le .S'oudaM. » (G. M.; (2) MM. les géucraux Daumas, Marey-Monge, Carbuccia, Yusul, le regrettable M. Joniard, ont écrit soit des articles, des monogra- phies ou des ouvrages spéciaux sur cet intéressant et utile animal, sur lequel j'ai moi-même publie quelques renseignements. 2" SERIE. T. XYi. Année 1864. 24 370 BEV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Décembre 1864.) quité : Diodore de Sicile (1), Hérodote (2), nombre d'au- tres anciens auteurs , ont parié de ces Chameaux de course, qui peuvent parcourir a mille cinq cents stades par jour, » c'est-à-dire plus de 60 lieues. Les voyageurs modernes, et surtout la conquête de l'Algérie, ont con- iirmé l'exactitude de ces détails, jadis regardés comme autant de fictions. La moyenne de course fournie par un Méhari est de 40 lieues par jour, rapidité que cet animal sou- tient parfaitement pendant de longues journées consécu tives, en restant souvent quatre, six et même sept jours sans boire. Le service des chouafs ou éclaireurs indigènes dans le sud de l'Algérie en fournit tous les jours des exemples. 11 y a quelques années, M. le général Yusut fit venir en vingt-quatre heures, d'Aïn-Mahdi à Bogliar (280 kilo- mètres), deux de ces animaux qui, dressés en trait, pu- rent amener une calèche, dans laquelle était le général accompagné de plusieurs personnes, jusqu'à Alger, à rai- son del6kilom. l'heure, malgré l'imperfection d'un pre- mier essai fait en pays montueux et rocailleux, essai dont le principal défaut était dans la pression du tirage, qui engorgeait le cou de l'animal et ralentissait la course. Le Chameau de course, appelé par les Arabes Melian, pluriel Mahara, est désigné par les Touaregs sous les dif- férents noms suivants : Aoura, le jeune Chameau à la mamelle, qui tette pen- dant une année, à la fin de laquelle on le sèvre en plaçant uii liiet [abegou] sous les mamelles de la mère. AsaJia, le Ctiameau d'un an. Il porte ce nom jusqu'au . moment où son éducation difficile et minutieuse est ter- minée; il devient alors : Àreg'gan, Chameau de course dressé, dont le féminin, Tarlemt, est, quoique irrégulier, plus fréquemment em- (1) Diodore, lib. XIX, c.ïxxvii. (2) Hérodote, lib. VII, c. Lxxxvii. TRAVAUX INÉDITS. 371 ployé que Tareg'g'ant, féminin ré^julier; pluriel, Ircj'- g'anen. Le Chameau de charge s'appelle Amnis. On nomme Abag'our ou Amagour^ suivant la pronon- ciation locale, le vieux Chameau hors de service. Le Chameau de course est plus élancé, plus fin, plus nerveux qus le Chameau de charge; sa bosse petite, dé- pourvue de graisse, ne dépasse pas le garrot. L'extrême maigreur du corps et les lortes proportions des cuisses sont les signes de sa grande vigueur à la course; son pe- lage est fin, presque soyeux, couleur roux-clair, parfois presque blanc. Suivant l'opinion généralement répandue chez les Toua- regs et les Arabes, le Méhari hérite de la nature de sa mère, quelle que puisse être d'ailleurs celle du père. Ainsi il est capable de parcourir entre le lever et le cou- cher du soleil autant de fois la carrière d'une journée de marche que la Meharia qui l'a porté. L'estimation de la valeur des femelles est donc une chose très-importante. Son allure habituelle est le trot, qu'il soutient constam- ment pendant des journées de douze heures. Cette allure, qui correspond au grand trot d'un bon cheval, ne se maintient qu'en plaine, car le Méhari perd ses qualités essentielles dans les pays accidentés. 11 peut rester facilement quatre jours sans boire ni man- ger, et six et même huit sans boire. On sait que c'est grâce à la conformation des loges ou petites anses de sa panse qu'il supporte ces longues privations d'eau, de même que, suivant l'expression arabe, il « s'alimente en dedans » aux dépens de sa loupe dorsale et des pelotes graisseuses de ses cuisses. Mais, au terme du voyage, il lui faut plusieurs jours de repos, de bonne nourriture et surtout une abondante boisson pour se refaire, et même ne faut-il pas omettre qu'il en périt un grand nombre dans les traversées de plusieurs mois que font parfois les caravanes. 372 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novemhrc 1864.) Le jeune Méhari est l'objet des soins les plus assidus et les plus délicats ; il est soigné, par les femmes et de- vient le privilégié de la tente, sous laquelle on l'abrite pendant les premiers jours. C'est alors qu'on frotte de beurre ses membres encore débiles ; on l'enveloppe de lainages, on soutient ses premiers pas, on lui fait manger des boulettes du meilleur tar'bout[i). Lorsque commence l'éducation toujours longue et dif- ficile du Chameau de course, on lui rase le poil afin de le rendre plus sensible aux châtiments; puis, chaque jour on lui apprend à s'agenouiller, se lever, à courir, à trot- ter, marcher, s'arrêter, en obéissant autant que possible à la voix seulement. Le guerrier amachez, monté sur son coursier, est assis ou plutôt accroupi sur une selle (alefka), ressemblant à une tasse, placée entre la bosse et le garrot, ce qui rend un peu moins fatigante l'oscillation si pénible du trot du Chameau. Il croise ses jambes sur l'encolure et dirige sa monture à l'aide d'une bride [amadel] sans mors et d'un anneau [tigem't) passé dans l'aile de la narine droite, qui a été percée dès le jeune âge. On presse l'allure en frappant sur l'épaule. Un Dromadaire bien dressé obéit à la première injonc- tion de la voix, sans qu'il soit besoin de le frapper. La vigueur, la sobriété, l'agilité extraordinaire du Mé- hari en font l'animal de guerre par excelletice, dans les régions exceptionnelles oii il est en usage. A ses qualités propres, il réunit toutes celles du Cha- meau de charge : « Vivant ou mort il est la fortune de sou maître. " Le lait, le beurre, le fromage, le poil, le cuir, la viande, il fournit tout. (1) Tar'bout. sorte de gâteau au miel très-estimé des gourmets •.ouaregs. TRAVAUX INÉDITS. 373 « Les richesses des gens du Tell, ce sont les grains. » '< Les richesses des Sah'riens, ce sont les moutons. » « Les richesses des Touaregs, ce sont les Mehara. » Sans le Chameau de course, comment traverser promp- tement ces vastes espaces, ces bras de la mer de sables, qui séparent les oasis; comment fondre, rapides comme 1« vent, sur les caravanes en marche et prélever l'impôt sur les trafiquants avares et engraissés des K'sours? Enfin, avec le Méhari, guerre aux Chaambas, nos vieux enne- mis! Alerte à la razzia. Il nous ramène victorieux; son cou ploie sous le butin : les jeunes filles quitteront leurs tentes pour fêter les guerriers, accueillir leurs amants et recevoir les bijoux d'argent, les parures de corail, enle- vés aux filles du Tell, « ces gourmandes aux gros ventres : » « Vaisseaux légers de la terre, « Plus sûrs que les vaisseaux . « Car le cavire est inconstant « Nos Mehara le disputent en vitesse au Meha (1). « Ils sont la promesse de la victoire (2) » Un fait qui mérite d'être spécialement signalé aux na- turalistes, c'est que le pelage du Mehara devient de moins en moins fourni, à mesure qu'on s'avance vers l'équateur, si bien qu'au sud du Haoussa on trouve de ces animaux complètement dépourvus de poils (3). Le même phénomène a déjà été remarqué pour les moutons, il) Lk Meha, Antilope addujr d'Orbigny, renommé pour sa pro- digieuse vélocité et le long temps qu'il peut, dit-on, demeurer sans boire. Voyez ce que nous avons dit sur cet animal [Revue znolo- gique, loW», p. li."»/. (2j L'émir Abd-el-Kader, Éloge du Salira, adressé à M. le généraj Daumas. (3) Un fait analogue a été signalé en Arabie par Diodore, et les beaux moutons d'Australie perdent leur laine dès qu'ils arrivent aux lacs sales, situés entre les 17° latitude et la mer dei Tropique^ ( Voyaot de StuH). 374 Riiv. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Décembre 186i.) qui présentent, dans le Sah'ra et le Soudan, une variété sans poils, appelée Demman. Le Chameau est-il d'orij^ine asiatique ou autochthone en Afrique? Cette question a été un sujet très-intéressant de recher- ches pour les érudits et, au moment où la science pra- tique se préoccupe de l'acclimatation des animaux utiles, il serait bon qu'elle fût élucidée. Desmoulins, Rennel, Quatremère s'en sont beaucoup occupés; maïs leurs savantes controverses n'ont point éclairci définitivement le fait positif de l'introduction (1). Sans avoir la prétention de décider la question, nous ferons valoir les arguments suivants, qui nous paraissent assez péremptoires pour croire que, si le Chameau n'est pas d'origine africaine, il y a été introduit à une époque bien antérieure à celle que supposait le docteur Desmou- lins (iii'^ et iv'^ siècles de notre ère). Ainsi on voit le Chameau figuré sur divers monuments pharaoniques de la haute Egypte, où on le représente employé au labour, de même qu'il l'est encore aujour- d'hui dans la vallée du Nil. Galien nous apprend que, de son temps (u* siècle), on employait à Alexandrie des chars attelés de Dromadaires. Le Chameau est également figuré sur quelques-uns de ces grossiers bas-reliefs ber- bers ou garamantiques, que l'on trouve sculptés sur les rochers de la Tripolitaine, de la Tunisie et même de l'Al- gérie. Enfin les témoignages de César et de Procope, à cet (i) Desmoulins, Sur la pairie du Chameau, Anii. du muséum, t. IX.— L'articleChamcau du nid. classique dliisl. natur.—A.^sob- jectious de M. de Onatremère dans son Mémoire sur Ophir, Acad. des inscript, et belles-lettres, t. XV, t845. — Géog. de Ritter elles Tableaux de la nature de Huniboldt, i. I, — Pline, lib. Vil, c. xxxvi. —Isidore Gcoff. Saint-Hilaire, Domestic. et nat. des anim. utiles, 3« édit., p. 24 et 15(î; Dureau de la Malle, Économie politique des finwnws. etc., etc. TRAVAUX INÉDITS. 375 égard, sont formels : «... Il y trouva (à Z'eta) aussi vingt- (( deux C hameaux duroi[Juhci) qu'il emmena avec lui {{)...; » le second, dans le Récit de la guerre des Vandales : «... Il « trace une ligne circulaire dans la plaine, où il avait des- « sein de se retrancher. Sur cette ligne il dispose oblique- « ment ses Chameaux qui, du côté opposé à l'ennemi, « étaient composés de douze Chameaux de j^rofondeur (2)...» Voici, d'ailleurs, un argument plus concluant encore : La langue des Touaregs — de même que celle des Ara- bes (3) — est d'une richesse extraordinaire pour tout ce qui se rapporte au Chameau, à ses différences d'âge, à ses habitudes, à son éducation, à son harnachement. Or, comme l'a fait remarquer M. le colonel Hanoteau, aucun des mots de ce vocabulaire n'appartient à l'arabe. Il est évident que, si le Chameau eùtété introduit par les Arabes (ou les Hébreux, comme on l'a prétendu), les Berbers, dont la langue est particulièrement accessible aux néolo- gismes, auraient accepté et l'animal et le vocabulaire qui lui était relatif sans se créer de nouveaux mots (4). Si le Chameau n'est pas né sur le sol africain, s'il est certain que les Phénico-Carthaginois n'en firent aucun usage, ce qui ne prouve nullement qu'ils ne le connais- saient pas, on peut conclure des témoignages précédents qu'il y ait au moins été introduit et domestiqué dès la plus haute antifjuité par les populations qui sont regardées comme autochthones. (1) César, de Bello afriran., lib. LXVIII. (2) Procope, Gu(>rre des Vandales, lib. I, c. viii, el, lib. 11, c. n. (.3i Le vocabulaire arabe relatif au Chameau est d'une richesse fabuleuse. Le célèbre orieutaliste de Hatumer a réuui, daus un ou- vrage spécial, cinq mille sept cent quarayite-qualre mots se rap- portant au Chameau. (4) Colonel Hanoteau, Grammaire Tamacheck, introd., \i. x\i 376 REv. Ëf MAC. DE ZOOLOGIE. [Décembre \S&k.) Rectification relative à une espèce du genre Cerf par M. PUCHERAN. « Mon cherGuérin, permettez-moi de recourir à la pu- blicité de votre excellent journal, qui a tant rendu et qui rend encore tous les jours tant de services signalés à la zoologie contemporaine, pour faire part aux mammalo- gistes d'une rectification relative à une espèce du genre Cerf. c( Il s'agit du prétendu Cerf de Pérou, décrit et figuré en avril 1833 (l) par M. Frédéric Cuvier, d'après un exemplaire alors vivant à la ménagerie du muséum. C'est d'après le même exemplaire que j'en ai depuis lors donné successivement deux descriptions (2), et c'est en copiant celle de M. Frédéric Cuvier que M. Jardine (3) en a, à son tour, donné une figure. « D'après M. Frédéric Cuvier (4), c'est de Timor que l'individu qu'il a décrit était originaire, et c'est M. Dus- sumier qui l'avait rapporté dans l'un de ses voyages dans la mer du Sud. Or j'ai eu le bonheur de faire, il y a quel- ques mois, la connaissance de ce voyageur si distingué, dont le zèle, si actif et si intelligent, a fourni tant de do- cuments précieux à la zoologie, et pendant près d'un quart de siècle, car en 1835, et même, si je ne m'abuse, en 1838, il enrichissait encore soit la ménagerie, soit les galeries du muséum d'espèces nouvelles ou peu connues. Or M. Dussumier, de son propre aveu, n'a jamais mis le pied à ïimor, et, dès le premier mot qu'il m'a adressé, il m'a affirmé que, sous le point de vue de l'indication d'ha- bitat du Cerf qu'il avait décrit et figuré, M. Frédéric (1) Mammifères de la ménagerie du muséum, àwiï 1833. (2) Dictionnaire d'histoire naturelle, par M. Charles d'Oibigtiy, vol. III, p. 323.— Archives du muséum, vol. VI, p. 409. (3) NaturalistLibrary, Mammalia, vol. III, p. 165, pi. xii. (4) Loc. cit. TRAVAUX INKDITS. 377 Cuvier avait émisune assertion tout à fait gratuite. M. Dus- sumier m'a assuré que c'est sur le continent indien qu'il s'est procuré ce ruminant : malheureusement il lui a été impossible de m'en indiquer exatement le lieu de pro- venance. « Cette rectification, due en entier à l'initiative de l'illustre voyageur, est si importante pour l'histoire du Cerf de Pérou, que j'ai cru de mon devoir, mon cher Guérin, de ne pas retarder à en faire pari aux zoologistes. En France, en effet, nous ne connaissons les caractères de coloration de celte espèce que par l'individu que M. Fré- déric Cuvier a décrit ou figuré. Dès lors tous les rensei- gnements fournis, à ce sujet, soit par ce mammalogiste, soit par moi, doivent être considérés, sinon comme apo- cryphes, du moins comme très-suspects. Avouons, en conséquence, notre ignorance, et demandons, aux zoolo- gistes qui se trouvent dans des conditions plus favorables que celles oîi nous nous trouvons, de vouloir bien nous faire part de leurs observations plus précises sur ce type spécifique. «Présentement, l'existence, sur le continent indien, d'une espèce de Cerf représentant , quoique de taille moindre, le Cerf hippelaphe de l'Archipel indien, nous paraît Ibrt admissible. Il y a quelques années, en effet, la ménagerie du muséum a possédé une paire de ces rumi- nants, dont le Bengale nous était indiqué comme lieu de provenance. Le mâle, qui se trouve actuellement monté dans les galeries, présentait une telle ressemblance avec celui auquel nous consacrons ces quelques lignes, que M. Geoffroy et moi doutions beaucoup de son origine continentale. Bien des fois l'illustre maître et son aide se sont entretenus de ces deux ruminants, mais à coup sûr ils étaient bien loin de se douter que c'était l'indication d'habitat du type f.guré par M. Frédéric Cuvier qui de- vait être l'objet de leurs soupçons. Ces soupçons ne sont, à mes yeux, présentement que trop bien confirmés, grâce 378 REv. ET MAR. DE ZOOLOGIE. {Décembre 1864.) à M. Dussumier, qui, en cette circonstance, nous semble de nouveau avoir mérité tous les remercîmenls des amis sincères de la zoologie. « Agréez, mon cher Guérin, etc. » Catalogue des Oiseaux observés dans le département d'Eure-et-Loir, par M. A. Marchand. [Suite. —Voir p. 33.) 94. Merle îsoiu [Turdus merula). Très-commun tout l'année. J'ai deux variétés blanches, un vieux mâle et un jeune pris dans le nid. En automne, nous voyons passer des Merles qui sont probablement des jeunes de l'année. Ils sont tout noirs avec les plumes légèrement bordées de gris. Le bec est noirâtre. Ils ont un cri particulier qui les fait reconnaître. Je n'ai jamais remarqué que des mâles. Ils passent en même temps que les Merles à plastron. On les distingue dans le pays sous le nom de Merles de passage. Ils sont alors très- gras et bons à manger. 95. Merle a plastron [Turdus torquatus). Assez commun lors de ses deux passages au printemps et à l'automne. Il ne reste que peu de jours. Il est très-gras à l'automne et sa chair très-délicate. 96. Merle GRIVE [Turdus musicus). Ces oiseaux passent à l'automne à l'époque des ven- danges. On en voit, certaines années, en grande quantité, dans les vignes, ainsi que dans les lieux où croît le gené- vrier ; leur chair prend alors le goût du fruit de cet arbre et est moins estimée, quoique certaines personnes en TRAVAUX INÉDITS. 379 fassent cais. Ils passent encore au printemps; beaucoup restent pour nicher. 97. Merle draine [Turdus vicivorus). Dès les premiers beaux jours, à la fin de l'hiver, on voit cet oiseau perché sur le sommet des plus hauts arbres, d'où il fait entendre ses chants sonores. Il ne voyage point en compagnie comme les autres Grives. Il niche de très-bonne heure. 98. Merle LiTOR>E {Turdus pilaris). Arrive à la fin de l'automne et nous quitte au prin- temps. Il fréquente pendant l'hiver les prairies et se réunit en bandes très-nombreuses. Sa chair n'est pas bonne. 99. Merle mauvis [Turdus itiacus). On le trouve communément lors de ses^deux passages. Il voyage en compagnie des Grives. Il ne niche pas dans notre département, le précédent non plus. 100. Traquet motteux [Saxicola œnanthe). C'est un des premiers oiseaux qui arrivent au prin- temps; il est souvent surpris par des froids tardifs. Il niche dans nos plaines, au milieu des tas de pierres ou sous une motte. Jl se fixe de préférence dans les terrains incultes. Il repart à la fin de septembre. C'est alors un manger délicat. J'en ai un blanc. 101. Traquet tariek (Saxicola rubetra). Niche dans le pays. Il est très-gras lors de son passage en août et septembre, et nous quitte vers la fin de ce mois. On le voit souvent perché à l'extrémité d'un brin de chaume, d'où il guette les insectes dont il se nourrit. 102. Traquet rubicole [Saxicola rubicold). Il en reste toute l'année. On le voit, surtout l'hiver, dans les champs de joncs marins. Il se perche au sommet des branches, d'où il s'élance sur la proie qu'il convoite, puis revient se poser sur son observatoire. 380 RF.v, ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Décembre 1864.) 103. RuBiETTE ROSSIGNOL [Erithacus luscinia). Arrive de bonne heure au printemps. Le mâle passe des nuits à chanter, dès son arrivée , jusqu'au moment où la femelle cesse de couver. Il nous quitte à la fin de l'été. Il niche à terre dans les broussailles les plus fourrées, pré- fère le voisinage des habitations. 104. RuBiETTE ROUGE QUEUE [ErithacHs phœiiicurus). Arrive au printemps, rarement plus de deux ou trois ensemble. Quelques-uns nichent dans des trous de murailles. Us repartent de bonne heure à l'automne. 105. KuBiETTE TiTHYS [Erilhacus tithys). Ne niche jamais dans notre pays, on ne l'y voit que pendant l'hiver et très-rarement, presque toujours en plu- mage de jeune. Au mois de décembre 1849, un mâle bien adulte est resté dans mon jardin, au centre de la ville, pendant trois semaines. 106. RuBiETTE ROUGE GORGE [Erllhacus rubecula). Très-commune, il en reste toute l'année. L'hiver, elle s'approche des habitations et entre même souvent dans les serres et sous les hangars. Les jeunes partent après leur première mue. 107. RuBiETTE GORGE BhEVE [Erllhacun cyaneculm). Cet oiseau ne paraît que très-accidentellement. Il se tient, de préférence, pendant son court séjour, en plaine dans les champs de pommes de terre, pois, vesces, etc. C'est toujours pendant le mois de septembre qu'on les ren- contre. Une seule fois, en 1828, j'ai tué un mâle adulte, tous les autres que j'ai vus étaient des jeunes. 108. AccENTEUR ALPIN [Àccentor alpinus). J'observai, à trois reprises différentes, cet oiseau dans l'intérieur de la ville de Chartres. En 1822, pendant l'hiver, une bande d'une trentaine d'invidus vint s'installer dans une cour exposée au nord dans la partie la plus élevée de la ville. Ils y restaient presque constamment. .Te n'en eus connaissance qu'au TRAVAUX INÉDITS. 381 mois de février 1823, un de mes amis en ayant tué un qu'il m'apporta. Il y en avait alors une dizaine. Quand j'y fus le lendemain, il n'y en avait plus que six. J'en tuai un, les autres ne reparurent plus. Le 3 mars 1837, je tuai deux Accenteurs alpins au milieu de la ville. Ils vinrent se poser sur l'appui de la croisée de mon atelier donnant sur la rue, c'était deux femelles. En novembre 18oG, j'ai vu deux de ces oiseaux pié- tinant sur des pierres de taille déposées au pied du clocher neuf de la cathédrale. Je ne les ai vus que cette fois; mais des sculpteurs établis dans une baraque en planches, près de l'église, m'ont assuré les avoir vus pen- dant tout l'été. Ils entraient fréquemment sous leur abri. Ils ne purent les prendre vivants, bien qu'ils eussent fait leur possible pour y arriver. Je n'en ai vu de dépouilles chez aucun des collecteurs que je connais dans le département. 109. AccENTEUR MOUCHET [Acccntor modularis). Très-commun toute l'année, il se rapproche des habi- tations pendant l'hiver. 110. Fauvette a tête noire [Sylvia airicapilla). Elle arrive de bonne heure et nous quitte après avoir élevé ses petits. Le mâle partage avec la femelle les soins de l'incubation. 111. Fauvette des jardins [Sylvia hor ternis). Arrive et repart en même temps que la précédente. 112. Fauvette babillarde [Sylvia curruca). Plus rare que la précédente. Elle s'élève perpendicu- lairement en chantant, est très-vive, et sans cesse en mou- vement, voltigeant de branche en branche. Elle redresse souvent les plumes de sa tête et gonfle celles de sa gorge. 113. Fauvette guisette [Sylvia cinerea). C'est la Fauvette la plus commune. Elle arrive vers le 15 avril et disparait au mois de septembre. Elle niche 382 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Décembre 1864.) dans les arbustes à pou d'élévation du sol. Son nid est moins serré que celui des autres Becs-fins, à peine si quelques crins en garnissent le fond. 114. PouiLLOT FiTis [Phyllopneuste trochilus). Ces oiseaux passent de très-bonne heure au printemps, souvent en compagnie des roitelets. Peu restent pour nicher. Ils repassent à la fin de septembre. J'ai souvent remarqué des individus de taille sensi- blement plus forte. Je les considère comme devant être le Bec-fin ictérine de Temminck. La longueur des rémiges diffère de celles du Pouillot fitis. 115. Pouillot vÉLOCE [Phyllopneuste rufa). Je ne l'ai jamais remarqué qu'à son passage du prin- temps. Je ne crois pas qu'il niche dans ce pays-ci. 116. Pouillot sylvicole [Phyllopneuste sylvicola). En avril 1845, un de ces oiseaux est resté plusieurs jours dans un jardin, à Chartres. Je n'en ai jamais vu d'autres. 117. HiPPOLAis LusciiviOLE [Hippolais polyglotta). Niche chaque année dans le département, et fait un nid très-artistement travaillé ; ii l'établit sur les arbustes à environ 2 mètres de terre. 118. RoussEROLLE TURDOiDE [Calamoerpe turdoides) . Très-commune sur les bords du Loir et dans les marais de l'arrondissement de Chàteaudun. Elle y niche chaque année dans les roseaux. 1 19. RoussEROLLEEFFARVATTE [Ccdamoerpe arundinacea). Elle se rencontre très-communément dans les mêmes endroits que la précédente. Elle est quelquefois de pas- sage dans le reste du département. A la fin de mai 1848, on m'apporta un nid de cet oiseau, trouvé sur les bords de la Conie; il y avait deux œufs couvés et près d'éclore et un œuf de (]oucou dont le petit était bien formé. 120. Pbragmite des joncs [Calamodita phragmilis). TRAVAUX INÉDITS. 383 Je n'en ai jamais vu qu'une petite bande dans laquelle j'en ai tué un. Je n'en ai jamais vu depuis. 1^1. Troglodyte d'Europe [Troglodytes europœus). Très-commun toute l'année, il se rapproche des habi- tations pendant l'hiver. 122. SiTTELLE TORCHEPOT [Sittu europœo). Rare en Beauce, et commune dans quelques parties (Ju Perche où elle niche. 123. Grimpereau familier [Certhia familiaris). C'est un oiseau très-erratique, on le voit communément dans toutes les saisons. 124. TiCHODROME ÉCHELETTE [Ticfiodroma muraria). En iSOi, deux de ces oiseaux sont restés tout l'été sur les murs de notre cathédrale. Ils y sont revenus plusieurs années de suite. Mon père en tua un, on ne revit plus celui qui restait. En février 1843, un de ces oiseaux est resté pendant une huitaine de jours sur la façade de la porte royale de la cathédrale. Il faisait continuellement remuer ses ailes dans ses ascensions. Quand il était arrivé à une certaiiie hauteur, il se laissait tomber jusqu'à l'endroit d'oîi il était parti, et recommençait à };riniper. Il se soutenait fiici- lemenl sur les vitraux qu'il parcourait dans tous les sens. En novembre 1856, j'en ai encore vu un dans le même endroit, il y était encore à la fin de janvier 1837. Des sculpteurs établis au 6as de l'é^'îlise l'ont vu tout l'été de 1856, avec les deux Accenteurs alpins dont il est parlé plus haut II entrait souvent jusque dans leur atelier. Il en a encore paru un cette année (1863) en novembre. Je ne l'ai remarqué qu'une seule fois. 125. Huppe vulgaire [l'piipa epops). Commune à ses deux passa{jes. Elle est très-grasse à l'automne et bonne à manger, quand, toutefois, on lui a arraché la tète aussitôt après l'avoir tuée. 384- REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Décembre 186i.) J'en ai conservé une vivante pendant quatre mois. Je la nourrissais de petits filaments de viande cuite. Perchée sur mon doigt, je l'approchais des mouches qu'elle prenait très-adroitement dans le bout de son bec, puis elle les jetait en l'air et les recevait dans son gosier, sans jamais les manquer. Elle en faisait, du reste, autant pour tout ce qu'elle mangeait. Quelques individus nichent dans le département, mais rarement. 126. RoLLiER COMMUN [Covacias garrulo). En 1800, un de ces oiseaux a été tué sur le sommet d'un grand noyer, dans un des faubourgs de la ville. Il avait l'estomac rempli de Carabes dorés. Le 1" septembre 1827, j'ai vu un Rollier dans la plaine. 11 se posait sur les branches les plus élevées des haies, et en descendait continuellement pour prendre quelque insecte. Je l'ai poursuivi pendant plus d'une heure, sans pouvoir l'approcher à portée du fusil. 127. Guêpier vulgaire [Merops apiaster). En 1785, cinq guêpiers ont été tués sur les bords de l'Eure, près Chartres. On n'en a jamais revu depuis. Un fait encore partie de ma collection. 128. Martin pêcheur vulgaire [Alcedo ispissa). Très-commun toute l'année, le long de tous les cours d'eau. 129. Colombe ramier [Columba palwmbm). Depuis une dizaine d'années, les ramiers sont devenus bien plus communs partout. Ils se réunissent l'hiver en bandes parfois très-considérables. Ils font alors de très- grands dégàls dans les champs de colza, dont ils mangent les feuilles jusqu'à la racine. J'ai trouvé, dans l'estomac d'un pigeon ramier tué le soir à l'affût, vingt-quatre glands encore entiers, et dix- neuf dans celui d'un autre. 130. Colombe colombin [Columba anas). TRAVAUX INÉDITS. 385 De passage très-irrégulier, ordinairement à la fin de l'automne. Elle ne séjourne jamais. 131. Colombe biset [Columba livia). Ce Pigeon ne se montre pas chez nous à l'état sauvage. Il était autrefois très-commun dans la Beauce, où l'on voyait des colombiers qui contenaient douze ou quinze cents de ces oiseaux. Ils ont presque disparu, depuis que, pour éviter les dégâts qu'ils faisaient dans les champs nouvellement ensemencés ou sur le point d'être récoltés, on tient la main à ce qu'ils soient enfermés au mois de mars, ainsi qu'en juillet et août. Il en mourait tel- lement pendant cette réclusion, que les cultivateurs y ont renoncé et ont fermé ou détruit leurs colombiers. 132. CoLOiMBE TOURTERELLE [Columba turlur). Elle arrive au mois de mai pour nicher, et nous quitte vers le 15 septembre. Révision des Coléoptères du Chili, par MM.L. Fairmaire et Germain. (Suite. — Voir p. 258 et 283.) Callisphyris odyneroides. — Long. 16 mill. — Ater, opacus nigro-pubescens et nigro-hirtus , ore, antennis, elytris pedibusque rufo-testaceis, prolhorace antice late, postice auguste, metasterno apice et abdominis segmentis pube sericeo-aurea marginalis, antennis sat validis, elytris apice paulo latioribus. D'un noir mat, à pubescence noire et à villosilé noire sur le thorax ; antennes, bouche, élytres et pattes d'un roux testacé; corselet ayant en avant et en arrière une bordure d'un doré soyeux, la dernière plus étroite; une bordure de même nature à l'extrémité des côtés eaux du district de Columbia, par M. E. Coues. Le volume est terminé par le programme des prix proposés par diverses académies d'Amérique et d'Europe. Dans le volume de 186*2, nous trouvons entre autres : Une lecture de M. Daniel Wilson sur l'ethnologie phy- sique, diflFérentes traductions de notices et éloges, lus à l'Académie des sciences de Paris, par M. Flourens, un essai sur les restes humains observés en Patagonie, par A. Ried, et le programme des prix proposés par les aca- démies. Outre ces excellents rapports, M. Joseph Henry nous a adressé d'autres publications émanant de l'institution Smithsonienne ; nous nous faisons un devoir de les faiie connaître à nos lecteurs, montrant ainsi à MM. les régents de cette grande et philanthropi(|ue institution que nous . cherchons à remplir leurs vœux en contribuant, autant qu'il nous est possible, à répandre le bien qu'ils font. (G. M.) Journal of. — Journal de V Académie des sciences natu- relles de Philadelphie, nouv. série, vol. Y, part. iv. — ln-4 , \)\. — Philadelphie, novembre 1863. Nous avons annoncé dans ce recueil les parties précé- ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX. 403 dénies do ce magnifique recueil des travaux de la savanle académie. Le nouveau cahier qu'elle vient de nous adres- ser n'est pas moins intéressant. Il contient les quatre mémoires suivants formant les articles 7, 8, 9 et 10 du volume. 1" Sur les Pédipalj)es de l'Amérique du Nord, par M. Ho- race C. Wood, Jr. D. M., avec une belle planche magnifi- quement lithographiée, représentant (le nouvelles espèces de Scorpions. 2° Nouveaux Unionides exotiques, par M. Isaac Lea. — Mémoire accompagné de 10 planches iilhographiées, re[)iésentant toutes les espèces décrites, qui proviennent surtout de la rivière de l'Uruguay, de l'Amazone, du Brésil, du Bengale, du royaume de Siam et du Tigre. 3° Descriptions of the .toft paris ofone hundred andforty- three species and some emhryonic forms of Unionidœ of the United State, par Isaac Lea. 4° Descriptions of new and little known species of Birds ofthe familij Picidœ in the muséum of the Academy of nalu- ral sciences of Philadelphia, par John Cassin. — Avec deux planches coloriées. L'auteur fait connaître les espèces suivantes : Polipicus ElUotii, Campethera vcstila, Chrysopicus Malherbei, Picus vagatus, Celms mentalis, les trois premiers d'Afrique, le quatrième de Mexico et le cinquième de la Nouvelle- Grenade. (G. M.) Bulletin du muséum de zoologie comparée de Cambridge (Massachussets), par M. L. Agassiz, directeur de ce musée. (In-8". mars 1863.) Ce bulletin est destiné à faire connaître les espèces, nouvelles ou non, que possède le musée et qu'il peut offrir aux autres collections. Il y a des listes de poissons qui 404 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Décembre 1864.) occupent 20 pages imprimées en petits caractères et qui offrent une foule de descriptions d'espèces nouvelles. Viennent ensuite les listes d'Èchinodermes, de Polypiers, de Zoanthaires et autres zoophytes occupant 50 pages et dans lesquelles on remarque beaucoup d'espèces neuvelles décrites avec assez de détail pour être paifaitement re- connues. (G. M.) The gray substance, etc. — La substance grise de la moelle allongée, etc., par John Dean, D, M. — In-4» de 75 p., accompagné de 16 pi. — Washington, février 1864. — Smithsonian contributions to knowledge. Voilà encore un important travail publié aux frais de l'institution Smithsonienne et qui n'aurait peut-être jamais vu le jour sans son appui, car il est accompagné de planches photo-lithographiées très-coûteuses qu'une in- stitution riche pouvait seule publier. Le travail est divisé en deux parties sous ces titres : I. The form and structure of the gray substance of the medulla oblongata; human and mammalian. Cette partie renferme neuf chapitres. II. The form and structure of the gray substance of the trapezium; mammalian. Partie divisée en cinq chapitres. Ce grand mémoire, rempli d'observations et fruit de longues études, sera étudié avec intérêt par les anato- mistes et les physiologistes de tous les pays. (G. M.) Researches, etc. — Recherches sur l'anatomie et la physio- logie de la respiration chez les Chelonia, par MM. S. Weir ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 4-0o MiTCUELLet George R. Morehouse. — In-i", avril 18G3. — Smithsonian contributions to knowledge. C'est un grand travail de 4-2 pages in-8° avec figures en bois dans le texte, dans lequel les deux savants docteurs passent en revue les organes de la respiration des Chelonia dans l'ordre suivant : Ch. I. Anatomie de l'appareil respiratoire des Chelonia. Ch. II. Physiologie de l'appareil respiratoire. Ce beau mémoire, peu susceptible d'analyse, sera étudié avec beaucoup de fruit par les personnes qui s'occupent de reptiles et aussi d'anatomie et de physiologie au point de vue général. (G. M.) Catalogue, etc. — Catalogue des Reptiles de l' Amérique du Nord qui se trouvent dans le muséum de l'institution Smithsonienne, part. 1. Serpents, par M. S. F. Baird et C. Girard. — Washington, instit. Smiths., janvier 1853. — In-8'' de 172 p. Quoique ce travail soit un peu ancien, nous l'indiquons cependant aujourd'hui parce qu'il faisait partie de l'envoi que M. le secrétaire du conseil de l'institution Smithso- nienne nous a fait récemment. Ce travail mérite toute l'attention des erpétologistes, car, sous le titre modeste de catalogue, il donne la syno- nymie et la description de toutes les espèces connues et en fait connaître beaucoup de nouvelles. (G. M.) Lectures , etc. — Lecture sur les Mollusques , faite à l'in- stitution Smithsonienne, par Pliilipp Carpenter. — In-8. Washingthon, 1861. C'est un véritable cours sur les Mollusques, IcsTuniciers 406 REv. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Décembre 1864.) et les Polyzoaires, à la suite duquel le professeur passe en revue la série entière composée ainsi : 1, Céphalopodes; 2, Gastéropodes; 3, Ptéropodes; 4, Lamellibranches; 5, Palliobranches ; 6, Tuniciers ; 7, Polyzoaires. Toutes les familles appartenant à ces groupes sont étu- diées avec soin, et l'auteur indique tous les genres de cha- cune de ces familles en faisant suivre cette énumération de détails très-intéressants. Ce travail forme une grosse brochure ou un petit vo- lume de 140 pages, terminé par une table très-détaillée. (G. M.) Ètvde sur l'industrie huitrière des États-Unis, par M. P. DE Broca. Nouv. édition, Paris, 1865.1n-12. Nous reviendrons sur ce travail dès qu'il nous sera parvenu. Monographie der. — Monographie du genre Machœrites, Mill.^par L. W. Schaufuss. (Extrait du Verhandlungen der K. K. zooloqisch Bota- nischen Gesellschaft in Wisn. — Jahrgang, 1863.) M. Schaufuss présente d'abord l'histoire de ce curieux genre, fondé en 1855 par Ludwig Miller, et composé de Coléoptères du groupe des Psélaphiens, trouvés dans les grottes. 11 cite les travaux de MM. Motschoulsky, publiés dans ses Études entomologiques en 1859, Jacquelin du Val, Félicien de Saulcy, etc., et il arrive au\ carac- tères du genre et à sa synonymie. Il divise le groupe en deux sous-groupes ainsi : A. Osleuropaische arien : — MacH/ERITes, Mill., corn- ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX. iOT posé (les M. 1, spelœus, Mill.; 2, sublerranein;, xMotseli. : 3, plicatulus, Schaufuss. B. Westeuropaische arten : — Lindeuia , de Saulcy, composé des M. 4, Mariœ, Jacq. du Val ; 5, armntns , Schaufuss; 6, Clarae, Schaufuss. Après avoir donné des descriptions détaillées et en latin de ces espèces, suivies d'observations en allemand , l'auteur les a figurées avec des détails très -grossis, propres à mieux faire saisir les caractères qui les distin- guent. (G. M.) Mélanges orthoptérologiques, 1<" fascicule, par M. de Saussure. Genève, 1863. — Br, in-4, pi. col., 45 p. On trouve dans ce mémoire la description d'une qua- rantaine d'Orthoptères, tous de la famille des Blattaires, appartenant à l'Asie, à l'Afrique et à l'Australie. Plusieurs sections de genres établis par l'auteur mériteraient de for- mer (les genres, et constituent des types remarquables ; telles sont les divisions 6'/ia/co/ampra, intermédiaires entre les Pohjzosteria et les Periplaneta ; les Phlebonoius, inter- médiaires entre les BUuta et les Phoraspis ; les Thorax qui sont des Phoraspis passant aux Epilampra ; les Ellip- sidion, espèce de Thyrsocera, à formes dilatées, el qui n'ont pas le bord postérieur du prothorax prolongé en arrière. Le genre nouveau : Planelica est très-remarquable; il diffère entièrement des autres Blattaires |)ar la forme du prothorax, par rallon,jernoiit et l'ainincissement extiaor- dinaire des pattes. (G. M.) Mélanges hvmknoi'tékoî.oGiques, 2'" fascicule, par M. de Saussure. — Br. in-4, (lenève, 1861, pi. col., 80 p. Celte publication forme la deuxième partie d'un travail 408 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1864.) qui a paru en 1854. Elle contient d'abord un appendice au premier fascicule où l'on trouve diverses rectifications synonymiques une révision de la planche xv des Hy- ménoptères de la description de l'Egypte et une table synonymique. Le 2* fascicule proprement dit renferme 1° une nou- velle monographie du genre synagris, genre rendu fort difficile par l'identité de forme et de livrée de la plupart de ses représentants, lesquels diffèrent cependant beau- coup par leurs pièces buccales, à en juger par les figures qui les représentent ; 2° la description de nombreuses espèces exotiques nouvelles, appartenant aux Guêpes so- ciales et solitaires, et dont l'étude est facilitée par d'ex- cellentes figures. On trouve dans ce travail la description de 67 espèces, surtout africaines et américaines. (G. M.) Remarks on some. — Remarques sur quelques caractères de la faune entomologique des montagnes blanches du New- Hampshire [Etats-Unis], par M. Samuel H. Scudder, communiquées le 20 mai 1863. — In-8'', fîg. ; extr. du Journal de In Société d'histoire naturelle de Boston^ no- vembre 1863, vol. VII, p. 612 à 631, pi. xvetxvi. Après avoir donné un aperçu des caractères physiques et des hauteurs de divers points de la chaîne alpine appelée aux États-Unis montagnes blanches, 1^1. Scudder indique les espèces d'insectes propres au climat de ces hau- teurs, et il donne la description et la figure des espèces suivantes dont il doit des dessins d'une grande perfection à M. Trouvelot, Français établi près deBoston, oii il étudie avec beaucoup de soin et dessine toutes les particularités (le la vie et des métamorphoses des Lépido[)tères. Chionobas semidea, Edwards, in Morris' Synopsis Lepid. N.Amer., p. 351. — Scudd. Proc. Essex Ins., III, 169. — Hipparchia semidea, Say, Amer. Entom., pi. l, MÉLANGES ET NOUVELLES. 409 et id. edit. le Conte, 1, 113, pi. l. — Harris, Ins. inj. to veg. 3d éd. 304, f. 126. Dans ce travail la chenille et la nymphe de cette inté- ressante espèce sont représentées d'après les dessins de M. ïrouvelot, pi. xiv, fig. 4 à 8. Argynnis montinus^ Sciidd. Proc. Essex Ins., 111, 166 — Décrite avec détail et très-bien figurée, pi. xiv, f. 1 à 3. Pezotettrix GLACiALis, nouvcllc espèce également bien décrite et figurée, pi. xiv, f. 9, 10. C'est un petit acrydien aptère qui vient former la se- conde espèce propre aux États-Unis. En effet, nous trou- vons dans le même recueil de Boston, dans un grand mémoire de M. Scudder intitulé, Materials for a mono- graph oftheNorth American Orthoptera, etc., vol. VII, n^III, p. 464, l'indication d'une seule espèce de ce genre, le Pezotettrix borealis^ à laquelle viendra s'ajouter la nou- velle espèce des montagnes blanches. (G. M.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. LONGÉVITÉ DES PERROQUETS. M. le baron H. Aucapitaine nous écrit de Corse : « Il est généralement admis que les Perroquets ont une vie d'une très-longue durée. On cite dans nombre d'ou- vrages les termes d'existence atteints par quelques-uns de ces oiseaux. Ainsi les mémoires de l'Académie royale des sciences de Paris (1747) rapportent qu'on a vu à Florence un Perroquet ayant vécu cent dix ans. « L'ornithologiste Vieillot raconte avoir vu un Perro- quet qui avait 80 ans et tous les signes d'une décrépitude avancée : il était couvert d'un épais duvet. 410 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Décembre 1864.) « Enfin, d'après Buffon, le Perroquetgris cendré vivrait quarante-trois ans (1). Néanmoins les faits constatés au- thentiquement sont encore trop rares pour qu'il soit possible de conclure quoi que ce soit de positif sur la durée de la vie des Perroquets, ainsi que le savant M. Flourens l'a reconnu dans son livre sur la longévité. C'est en lisant ce passage de l'intéressant ouvrage du secrétaire de l'Académie que j'ai cru utile de parler d'un Perroquet dont l'âge avancé est parfaitement constaté. J'ai demandé à M. Alexandre Grassi, membre de la So- ciété d'acclimatation, chez lequel j'avais observé cet oiseau, de m'envoyer les détails qu'il savait et dont il m'avait en- tretenu : je crois intéressant de reproduire in extenso la lettre que mon ami a bien voulu m'écrire à ce sujet. Cervione, o octobre. « Mon cher ami, vous me demandez des renseigne- ments sur le vieux Perroquet que vous avez vu chez ma •mère : les voici, ils sont authentiques et peuvent servir à fixer approximativement son âge; je dis approximative- ment, parce qu'il y a le connu et l'inconnu de son exis- tence. « Un M. Falcucci, Corse, habitant les Antilles espa- gnoles, apporta cet oiseau à sa femme en 1799 ou 1800 ; i\l™® Falcucci demeurait alors à la (!lastellana, petit village du canton de San-Nicolao. Elle garda le Perroquet jus- qu'en 1824, et le vendit alors à mon oncle le comte de Casablanca. En 1848, M. de Casablanca, depuis ministre et sénateur, quitta la Corse et donna le Perroquet à son cousin M. le conseiller Suzzoni, qui, à son tour, en 1849, en fit cadeau à ma mère, qui le garde encore : cela fait donc SOIXANTE-QUATRE OU SOIXANTE-CINQ ANS bien Constatés. « Voilà pour le connu. (1) Voyez Dictionnaire universel d'Iiisloire naturelle, t. IX, p. 639, article Perroquet, par M. Z. Gerbe. MÉLANGES ET NOUVELLES. 4-11 « Je me suis laissé dire, sans jamais avoir pu pourtant vérifier cette assertion, que les Perroquets ne commencent à répéter les paroles qu'on leur apprend qu'à l'âge de deux ou trois ans (?j... Or celui-ci prononce encore quel- ques mots espagnols, son éducation était donc faite quand il arriva en Corse : ajoutez ces deux ou trois ans et vous aurez de soixante-sept à soixante-huit ans. En outre, le Perroquet ne pouvait-il pas déjà être parvenu à un cer- tain âge au moment ou M. Falcucci l'apporta dans le pays? « Ceci est l'inconnu. « Vous pouvez vous rappeler que vous avez souvent re- marqué son air de vieillard, vous avez observé qu'il est aveugle, vous avez vu l'énorme développement de son bec si recourbé, qu'en l'examinant on songe à la fable antique qui veut que le Penoquet ne meure que lorsque son bec, sans cesse augmenté par l'âge, lui traverse la gorge. Ces remarques seront les termes à l'aide desquels vous pourrez peut être, dans une certaine limite, fixer l'inconnu. « Aujourd'hui notre Perroquet, qui appartient à l'espèce Ara canga des naturalistes, a perdu la vue, cela progres- sivement et très-lentement sans aucun accident. En 1858, ses yeux conmiencèrent à se voiler, l'année dernière, vous l'avez constaté, la cécité était complète... c( Alexandre Grassi. » Si les détails fort exacts de M. Grassi ne donnent pas la vie complète du Perroquet, ils n'en constatent pas moins avec authenticité une période bien et dûment constatée de plus de soixante-quatre ans, cela chez un animal encore vivant et ayant toutes ses plumes. Cette observation mé- ritait d'être recueillie, et il serait à désirer que toutes celles analogues fussent soigneusement enregistrées. H. A. 412 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Décembre 1864.) Découverte de deux espèces de Mrjlodons. Le savant zoologiste Burmeister, à qui l'on doit de si utiles travaux d'entomologie, nous écrivait de Buenos- Ayres le 10 juin 186i : « La communication de M. Schnepp sur mes décou- vertes paléontologiques n'est pas exacte. Je n'ai pas trouvé deux nouvelles espèces du genre Megatherium, mais bien du genre Mylodon, et l'une couverte de sa peau garnie de petites écailles osseuses ; caractère, sans doute, général à tous los genres voisins des Gravigrades. « Jusqu'à présent je n'ai pu trouver le temps de pré- parer une communication à l'Institut de cette découverte étonnante, mais je m'occuperai bientôt de ce travail pour ne pas laisser entrer des erreurs dans la science. » H'éerologic. Les sciences, et plus particulièrement la zoologie, vien- nent de faire une grande perte dans la personne de M. Lefébure de Cerisy, ingénieur de la marine en re- traite , né à Abbeville le 15 septembre 1789 et mort à Toulon le 15 décembre 1864. Les travaux de M. de Cerisy, comme ingénieur, sont immenses, et il suffira de citer ceux qu'il a exécutés en Egypte, en créant là, au milieu de sables et d'une popu- lation complètement étrangère à ces sortes de travaux, un arsenal niaritinie et une flotte magnifiques. Ses travaux de zoologie, les seuls que nous ayons à apprécier dans ce recueil, ne sont pas moins remar- quables. Ils sont cités avec éloge dans tous les ou- vrages de notre époque, et ont ajouté à la belle réputa- tion de M. de Cerisy un autre genre de lustre non moins impérissable. TABLE DES MATIÈRES. 413 Errata. Page 131, ligue 21« du numéro 5 de 18()}, au lieu de vingi-huit heures, lisez vingt-huit jours. TABLES ALPHABÉTIQUES POUR L'ANNÉE 1864. I. TABLE DES MATIERES. Abeille (mélipone). De la Sagra. 219. Académie des se. 11. 43. 77. 108. 136. 185. 219. 263. 291. 327. 355. 3"4. Acariens de la Vigne. Aneelon. Guér.-Mén.331. Acceutor alpinus. V. Fatio. 65. Acclimatation. Rufz. 31. Age de pierre. Cazalis. 140. — Élie de Beaumont. 142. Age du Reuue. Garrigou. 139. 144. Analyses. 30. 58.92. 118. 237.270. 299. 334. 361. 400. Analogie naturelle. Flourens. 189. Anciennes races françaises. Boutiu. 223. Ancienneté de l'homme. Gervais. 43. — Milue-Edwards. 55. — Do Vibraye. 57. Animaux marins attachés aux vaisseaux. Valenciennes. 229. Anomies (mœurs desj. 362. Anthropologie. Tréraeaux. 87. Bactéries. Leplat et Jaillard. 265. — Tigri. 49. Blattarum nov. Saussure. 305. 341. Bœoscelis. Guérin-Méneville. 301. Bombyx Yama-maï , variabilité. 182. — Pas de pébrine. Ih9. — Bomb. Fauvetyi. 293. — Bomb. Atlas. 295. — Bomb. Roylei. Guérin-Méneville. 137. Branchiostoma lubricum. Marcus- sen. 79. Bras et main, etc. Gratiolct. 266. Brèches oss. humaines. Husson. 14. Cavernes à ossem. de Toul. Hus- son. 142. 150. Cerf de Péron. Puchcran. 376. Cétacés de France. Gervais. 357. Chevrotains. Alph. Milue-Edwards. 266. Chioglossa lusitauica. Barbosa. 248. Coléopt. de Cuba. Chevrolat. 179. — Du Chili. Fairmaire et Ger- main. 258. 283. 385. Coliyris. Chaudoir. 7. 37. 72. loi. Conserv. des viandes. Pagliari. 46. Constitution vertébrale de la lùte. Lavocat.113. 414 TABLE DES MATIERES. Coquilles foss. du Thibel. Tho- mine-Demazures. 149. Corpusculessaoguins Lereboullet, 111. Crénilabres (nidifie.) Gerbe. 255. 273. 337. Cyamophthalmus oitidus. Fair- maire. 340. Dent foss. de crocodile. Valen- cieiines. 115. Dentex Muosleri. Meaaghini. 233. Domesticatiou des araignées. Du- chesne-Thoureao. (i2. Dromadaire. Aucapitaine. 36;i. Droraica. Chaudoir. 7. 37. 72. 104, Échinides nouv. Cotleau.242. 287. 349. Embryologie. Lereboullet. 108. Ennemis du caféier. Nietner. 58. 92. 120. 237. Equus bi^culus. Claraz. 241. Fécondité. Ranion de la Sagra. 86. Filaria oculi. Guyou. 355. Fouilles dans les cavernes. Milne- Edwards. 47, Fourmis. Nids. Swaim. 264. Générations spontanées. Béchamp. 233. — Pasteur. 11.— Pouchet. 12. Gerardia. Lacaze-Dutbiers. 233. Hétérogenie. Bernard. 147. Homme-singe. Bianconi. 228. Homogénie des membres. Foltz. 16. Infusoires ciliés. Cosle. 235. — Desgouttes. 296. Lampyres Carus. 329. Lépidoptères (auat.). Léon Dufour. 229. Longévité. Volpicelli. 85. Matière phosphorescente des lam- pyres. Carus. 329. Mélanges. 31. 62. 9i. 122. 155. 190. 272. 303. 302. 409. Moll. nouv. Bonnet. 67. 279. Moll. peu connus. Bourguignat. J62. 193. Moll. Persistance de la vie. Auca- pitaine. 130. Morphologie des oiseaux. Scgond. 263. Mytilus. Fischer. 190. Nœud vital. Belhomme. 146. Oiseaux du dép. d'Eure-et-Loir. Marchand. 3. 33. 378.— Insecti- vores. Coinde. 5. Ossem. foss. Michaux. 16, Ossem. humains foss. De Quatre- fages. 233. Ostréiculture il y a 100 ans. 155. Ovibos musqué. Lartet. E. Robert. 221. Paloplotherium. Gaudry. 186. Parthénogenèse. Siebold. 63. Pébrine du B. Yama-maï. Quatre- fages. 188. Penicilium glaucum. Leplat et Jaillard. 269. Perruche ondulée. Althammer. 366. Physiologie comparée. Flourens. 263. Pimelodes cyclopura. Boussin- gault. 185. Plésiosaure nouv. Harisinck. 366. Polymélie. Gervais. 356. Poussins. Meves. 97. Production des sexes. Coste. 130. — Flourens. 137. Pucerons. Nids des fourmis.Swaim. 264. Putréfaction des œufs. Dareste. 225. — Flourens. 226. Pyrophorus vivants. Moigno. 299. Rana bragantiua. Barbosa. 253. Rate. Magiorani. 356. Sang (mort du). Guériu-Méneville. 304 . Scorpions (piqiire). Guyon. 327. Syrrhaptes- Fatio. 122. — De Saulcy. 127. Syst. nerv. des moll. Trinchese. 50. Système nerv. des Ins. Baudelot. 220. Tachyphonus. Léotaud. 129. Téléosaures. Eudes - Deslong- charaps. 15. Temporal. HoUard. 90. Termites. 91. Tricondyla. Chaudoir. 7. 37. 72. 104. Versa soie. Brouzot. 15. Vers à soie du mûrier. Guérin- Méneville, 226. Vers h soie linfluence des aroma- tes). Faivre. 3.'i7. TABLE DES NOMS H AUTEURS. 415 Vers à soie du chêne. Guér.-Mén. Vertébrés foss. Gervais. 13. 137. 146. iViaiides à la Plala. Schnepp. 17. Vcairi dos abfilles, etc. Action eu- Voix des poissons. Voreau. 291. — rativc. Lukomski. 3(i7. Thoron. 54. lï. TABI.E DES NOMS D'AUTEURS. Althammer. Perruche ondulée. 306. Aiicclon Acariens de la vigne. 331. Armand-Moreau. Voix des pois- sons. '2'Jl. Aucapitaiue. Persistance de la vie des rnoil. 130. Dromadaire. 369 Barbosa-Chioglossa. '248. — Rana bragantina. 253. Baudelot. Syst. uerv. des Ins. 220 Béchamp. Gêner, spont. 233. Belhonitne. Nœud vital. 146. Bernard. Hotérogéiiie. 147. Biancodi. Honaine sini^îe. 228. Bonnet. Moll. nouv. 67,279. Boucher de Perthes. Mc«iin Qui- gnon. 263. Moll. peu connus. Piiiielodes cyclo- Bourguignat. 162. 193. Boussingault. pum. 185. Boulin. Ane. races françaises. 223. Brouzet. Vers ii soie. J5. Carus Matière phosphor. des Lam- pyres. 329. Cazalis. Age de jjierre. 140. Claras. Equus bisculus. 241. Coiiule. Ois. insectivores. 2-55. Coste. Production des sexes. 136. Infusoires. 235. Cotteau. Échinides nouveaux. 212. 287. 349. Chaudoir. Dromica. Tricondyla. Collyris. 7. 37. 72. 104. Chevrolat. CoUopt. de Cuba. 179. Dareste. Putréfaction des (eufs. 225. Desgouttes. Infusoires. 296. Duchesne-Thoureau. Domestica- tion des araignées. 62. Élie de Beaumont. Age de pierre. 142. Eude-Deslongchamps. Téléosau- res. 15. Fairmaire. Coléopt. du Chili. 258. 283. 385. -— Cyamophthalmus nitidns. MO. Faivre. Infl. des aromates sur les vers à soie. 357. Fatio. Accentor alpinus. 65. — Syrrhaptes. 122. Fischer, sytilus 190. Flonreus. Production des sexes. 137. 189. — Putréfaction des œufs. 226. — Physiologie com- parée. 263. Foitz. Homogénie des membres. 16. Garrigou. Age du Renne. 139.144. 152. Gaudry. Paloplotherium. 186. Gerbe. Nidilic. des Crénilabres. 255. 273. 337. Germain. Coléop. du Chili. 258. 283. Gervais. Polymélie. 356. — Cétacés de France. 357. — Vertébrés foss. 13. — Ancienneté de l'honi. 43. 394. Gratiolet. Bras et main, etc. 266. Guéri ii-Ménevil!e. Candidature. 21. — Bonib. Roy Ici. 137. — Vers à soie du chèuc. 146. — Varia- bilité du B. Yaraa-maï. 182. — Pébrine. 189. — V. à s. du mû- rier. 226. — Bomb. Fauvetyi. 293. — Bomb. Atlas. 295. — Bœoscelis. 301.— Mort du sang. 303. — Acariens de la vigne. 3.33. —Termites. 96. Guyou. Filaria oculi. 355. — Pi- qûre des scorpions. 327. Hartbiiick. Plésiosaure nouv. 366. Hollard. Temporal. 90. 416 TABLE DES NOMS D AUTEURS. Hussou. Brèches oss. huiuaiues. 14. — Cavernes à oss. de Toul. t42. 150. Lacaze-Duthiers. Gerardia. 233. Lartet. Ovibos musqué. 221. Lavocat. Coust. verlébr. de la tête. 113. Leplal et Jaillard. Bactéries. 265. — Peuicillum f;laucum. 269. Léon Dufour. Anat. des Lépidopt. 229. Léotaud. Tachyphonus. 129. Lereboullet. Embryologie. 108.— Corpuscules sangums. 111. Lukomski. Act. curât, du venin des abeilles, etc. 367. Magiorani. Rate. 356. Marchand. Oiseaux d'Eure-et- Loir. 3. 33. 378. Marcussen. Brauchiostoma lubri- cum. 79. Meneghini. Dentex Munsteri. 233. Meves. Poussins 97. Michaux. Ossem. foss. 16. Milne-Edwards. Fouilles de ca- vernes. 47. — Ancienneté de l'homme 55. Milne-Edwards (Alph.). Chcvro- tains. 2(i6. Moiguo. Pyrophorus vivants. 299. Moreau. Voix des poissons. 291. Nietner. Ennemis du caféier. 58. 92. 120. 237. Pagliari. Conserv. des viandes. 46. Pasteur. Générât, spontanées. 11. 78. Pouchet. Générât, spont. 12. 77. Pucheran. Cerf de Pérou. 376. Quatrefages. Pébrine du B. Yama- maï. 188. Ossem. foss. humains. 233. 263. Ramon de la Sagra. Fécondité. 86. Abeille mélipone. 219. Robert. Ovibos musqué. 221.331. Rufz. Acclimatation. 31. Saulcy. Syrrhaples. 127. Saussure. Blattarum nov. 305. 341. Schnepp. Viandes à la Plata. 17. Segond. Morphologie des oiseaux. 263. Siebold. Parthénogenèse. 63. Swaim. Nids de fourmis. 264. Thomine - Doraazures. Coquilles foss. du Thibet. 149. Thoron. Voix des poissons. 54. Tigri. Bactéries. 49. Trémaux. Anthropologie. 87. Trinchese. Syst. nerv. des moll. 50. Valenciennes. Dent foss. de cro- codile. 115. — Animaux des vais- seaux. 229. Vibraye( De). Ancienneté de l'hom. 57. 84. Volpicelli. Longévité. 85. TABLE DES MATIERES. AucAPiTAiNE. Dromadaires des Touaregs. Pucheran. Cerf de Pérou. Marchand. Oiseaux d'Eure-et-Loir. Fairmaire. Coléoptères du Chili. Sociétés savantes. Analyses. Mélanges et nouvelles. Nécrologie. — De Cerisy. Pages. 369 376 378 385 394 400 409 412 PARIS. — IMP. DE M""' V' BOL'CHARD-UtZAUl), RUE DE L EPERON, 5. Revue et MaJ.de Zoologie. (1864). Plrl •âe^- Alb. Marchand, deldLilh. liiip.J.L'anilois fils, a Ctiarires. Podi iceos iviinor P ievue et Ma?, de Zoologie. (lô64 P1.-2. '-'£¥* ^^^hii/.Â:y^ju Alb. Marchand, del. et Lilh. Imp. J.Langlois fils, à Chartres. Scolopax Gallinaéo. Revue el Ma^. de Zooloôie,( 1Ô64). PL 3. ).î[ârcluTiii, (iel el Lill\o. liviD. J.Laiiclois.a tlwih'es '^ 0 Anas Acuta Revue et Ma^. de Zoolo|,ie,(lô64' ). PL 4. .,,„;f,M, Ml) Marckud.del et Litk. Imp. cJ.L'anMois.à Cnartres Gallinula Porzana JUvru. et J/ay. dé Zooù>qie. ySâ4. ^90^ FI. S. TTp.^ta^ictt. Ifumbtrt lith. \ Hélix Brotii . 2 . H . smistra . J . H . vitrea. 4,5,6. B ulimU s pi CtUS , B onnct . Jùvuc tt Âfoy. de- Zcolûjic. 7S6A 1* PI. 6. A.Jjitnil pzizx.' Jttip. .Su^utt. JlumiiJ-i Uth. 1 . BlllimUS pictus , Var. 2 . B . AmOBTlUS . 3,4. Pupa variiis . 5 . Fissiirella lasTnamen si s , Bonnet. Revue et Maô.de Zoologie, ( 1864 ). PI. 7. ^'tl^^ '44- -f^i^ ''■■tM't.lilt ^m A!b.Mardiau(l,del.elLitK Imp.J. L'anolois.a Charlres. Charadrius Pluvialis. Revue el Mao. de Zoologie, ( 1864). PI. ô. . MarcLnJ.del el Litk. lmp.J.Lanilois,a Chartres Falco Sutbuteo Revue el Ma* de Zooloâie. (18GI). PL 9. Alb.Marcliaud,delel Lilli. iip.J.Lan|lois,i Qarlres. Tetrao Bonasia Revue el Mdô. de Zoologie, f 1864). PL 10 Ail) MarcKaiid del elLiA, Imp. J.L'anplois.à Chartres . Anas F nas rusca. Jicmic ctÀfcw. de Zooloai^ . /S64^. 1 n. //. \;J S.Jjivcujtur deZ U htA. Jmp. £ic(futi J'iirij //e/uc S/i/rnâerûi ^fvar) c/u/em/'fa Jievuc tt Maa. de Zooloait. /^â4. i n. 72. ^■^rr i^0^' -LtvoASitir dtZ ttli^. 7^4-. //cù\r /)f/rr/f.s^.i//a . S^S. //cl/a- Dsc/u/lfc/isis. Rt-vue- U Maq. de, Zooloqic. /S64- n. /3. ■^'^ ■w" ^M. •'lusiMi- Jil u liiA.. c w //. f/c/nr (jn/fafa ( ù/pe.) i_/. 7Ic/f\r .l/i<-/ton{ana Jltva^ etÂfa^. de Zooloaic. ■/S64- n. u. ■^f^É**^%- X s V ^ i 10 1-1 %' Jrneii/ df/ ff /M . In^'-Buf,ut,nTa, / -4- y/c/ijc ^(//a/-(/f/ . à ^y'. //e/.J)c^/ardff ,vn/: rcc//fsa . 1 II. 7S. M f ■^'WSjjç*^'.' 10 '^i,- Jhu>.£uyut/^,Jhrù. 7-4. //r/f[r Cocsn/rar/a f fyjve.) S^f. //c/ij: Oxsarcana fmru'ù's.J 1 jPI. fâ. 10 -Ltvasjtitr dtl tt iith 11 Tmp. Mumttt , a. Jaris . 4 - S. //. ûrsa/re Ve Bouchard-IIuzahd^ nie de rK|)cron, 5.