ÆEx Libres Me. 4 #4 à SIR WILLIAM CROOKES, D.Sc. FRS. n . eal = = Es | < | | = 4 à | es = = 2 D = (a 2 “ — d ep] | fe à > 2 a == Ta _ | TES » rfi s Lo oo Ke nn: | % DE Te 57 rOrET ET | PPT ET CS D te D nd | n DT AMMIONIIE AE CANTT 1] due e A à x £ Je » rt ". 40 il > + È ; ke AE he à 4 La : À FE ; : FETE Yi Cere * AU JE 2 MpTT hit M2 é 4 FO a u ” | XI, Gal, MALE CMIAMEOTAHO J A } GHeUMAGMORM., à 4 k Ï TNA : É Le £ se! nm di Le ES # È : à & à “à à à ni x * REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES PARAISSANT LE 15 ET LE 80 DE CHAQUE MOIS Direcreur : Louis OLIVIER, Docrerr às Scxces TOME SIXIÈME 1895 AVEC NOMBREUSES FIGURES ORIGINALES DANS LE TEXTE PARIS Georges CARRÉ, Éditeur 3, RUE RACINE, 3 1595 ss dorer eo VE + « MP. À}, Lu hi } < re À ET L POP 4 = Lust EN ef 15 JANVIER 1895 0 " REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER LE MOUVEMENT BROWNIEN ET LES MOUVEMENTS MOLÉCULAIRES ! Les questions scientifiques n’ont pas toujours le sort qu'elles méritent; parfois elles restent long- temps méconnues, presque oubliées, mises en ré- serve pour l'avenir. Ilen estainsitrop souventpour celles qui touchent à la limite de deux sciences, à ces domaines communs où chacun hésite à se ha- sarder. C’est de l'un de ces phénomènes, découvert par les savants voués à l'étude des êtres vivants, observé tous les jours par eux, et qui appartient pourtant aux sciences de la nature inanimée, que je vais vous entretenir aujourd'hui; bien que peu important en apparence, il touche pourtant à l’une des questions les plus hautes de la philoso- -phie naturelle. Il Les premiers observateurs à qui il fut donné d'appliquer le microscope aux études d'histoire naturelle furent saisis de surprise en voyant ré- gner partout le mouvement et la vie. Dans une goutte d’eau, ils virent se mouvoir entous sens des êtres de formes nouvelles et singulières, et, à côté d'eux, s’agiter aussi et s’animer en quelque sorte les corps dépourvus de vitalité. Les parti- cules innombrables, les mille détritus organiques ou minéraux qui se trouvent en suspension dans les eaux, se montrèrent eux-mêmes animés de A CT" 1 Discours prononcé à la séance de rentrée de l'Université de Lyon, le 3 novembre 1894. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 4895, mouvements singuliers, d'une agitation sur place qui simulait, à s’y méprendre, l’aclivité des êtres vivants. Ce phénomène fut aperçu d'une manière plus ou moins incomplèle par les premiers obser- valeurs, qui faisaient usage de la loupe ou de mi- croscopes très imparfaits. Lorsque l'invention du microscope achromatique, en 1824, ouvrit un champ nouveau aux recherches, ces mouvements singuliers furent l'objet d’études plus approfondies. C'est au botaniste anglais Brown qu’'appartient l'honneur d’avoir le premier, en 1827, fait une étude systématique de ce phénomène, qu'on dé- signe depuis cette époque sous le nom de mouve- ment brownien. Ces publications ne passèrent pas inaperçues, et, dansles années suivantes, le mouvement brow- nien fut l’objet de recherches et d'observations assez nombreuses. Comme on pouvait s'yattendre, ce furent les naturalistes micrographes qui s’en préoccupèrent principalement. En effet, il n’est pas une seule observation faite sur les organismes vivant dans l’eau qui ne donne l'occasion de voir ce phénomène ; il y atoujours, en suspension dans le liquide, un grand nombre de particules d’ori- gines diverses qui se montrent animées de cette agitation caractéristique. Ces observations, ainsi conduites, mirent en évidence quelques faits inté- ressants, mais, en somme, n’aboutirent pas à des conclusions suffisamment molivées. On ne sau- rail s’en étonner: cephénomène, d'ordre physique, 1 ne peut guère être étudié avec fruit que par les méthodes propres à cette science, et ne peut être interprété qu'en le rapprochant des données ac- quises par d’autres expériences ; c’est donc aux physiciens qu'appartenait cette étude. Or ceux-ci paraissent avoir généralement méconnu ou ignoré le mouvement brownien; on ne le trouve presque jamais mentionné dans les publications relatives à la Physique moléculaire ou à la Théorie méca- nique de la Chaleur, bien qu'il s’y rattache de la manière la plus naturelle. Cette indifférence s'explique en partie par ce fait que le mouvement brownien était inexpli- cable à l'époque où il fut découvert, et en dehors du courant d'idées qui dominait alors sur la struc- ture et les propriétés générales de là matière. Les physiciens, ayant peu d'occasions de selivrer à des observations microscopiques avec de forts grossis- sements, condition indispensable pour cette étude, furent amenés à regarder ce phénomène comme dû à quelque cause accidentelle ou aux illusions du microscope, et comme peu digne de leur attention. Les naturalistes qui étudièrent le mouvement brownien s'attachèrent surtout à un point de vue qui le rapproche des phénomènes de la vie, objet de leur science. Les êtres vivants que montre le microscope sont souvent caractérisés par leurs mouvements propres, dont l'existence, bien cons- tatée, présente dès lors une grande importance. Mais si tous les corps de petites dimensions, en suspension dans l'eau, sont animés de mouvements divers, que devient ce caractère? Comment dis- tinguer les mouvements caractéristiques de la vie de ceux qui appartiennent à la nature inanimée? C’est cette distinction qui a surtout occupé les mi- crographes, et, en effet, elle était fort nécessaire ; plus d'un observateur novice a pris le mouvement brownien pour une marque de la vitalité, et a cru voir des microbes là où il n’y avait que des gra- nulations ou des particules dépourvues de vie propre, el souvent même des fragments de ma- tières minérales ou organiques. Un peu d'attention suffit en général pour distin- guer les deux ordres de phénomènes. Les mouve- ments des êtres vivants, quelque rudimentaire que soit leur organisalion, montrent une tendance déterminée vers un but, une direction propre, qui suffit à leur donner un caractère spécial. Le mou- vement brownien, au contraire, parail gouverné par le seul hasard; c’est une suile de petites impul- sions, orientées dans tous les sens indifféremment, une sorte de trépidation sur place qui, pour un observateur exercé, se distingue à première vue des mouvements propres aux êtres vivants. Est-il nécessaire de dire que ce mouvement brownien ne peut, dès lors, être attribué à des 2 G. GOUY — LE MOUVEMENT BROWNIEN ET LES MOUVEMENTS MOLÉCULAIRES êtres vivants, trop petits pour être visibles avec les plus puissants microscopes, qui, dans leur agi- lation incessante, meltraient en mouvement les particules visibles que nous observons? Une pareille hypothèse est détruite par ce fait que le phénomène se produit dans des liquides où aucun être vivant ne saurait exister. Les substances les plus toxiques, les acides ou les alcalis les plus énergiques n'arrêtent nullement le mouvement brownien; les températures élevées, qui détruisent toute vie, l’accélèrent au lieu de l'arrêter. C'est donc bien un mouvement propre à la nature inor- ganique; découvert par les naturalistes, il rentre dans le domaine des sciences physiques. Il con- vient, avant de rechercher les causes qui peuvent le produire, de nous faire une idée plus complète des diverses circonstances du phénomène, et de l’étudier dans ses traits essentiels. Cette étude ne présente pas de difficultés bien sérieuses; un microscope de puissance moyenne suffitpour l’entreprendre, bien que certains détails intéressants ne puissent être distingués qu'avec. les meilleurs instruments que produit aujourd’hui l'art de l’opticien. Une goutte d’eau tenant en sus- pension quelque poussière de nature quelconque, minérale ou organique, quelques lamelles de verre, tel est le matériel nécessaire. La technique micrographique nous fournit des moyens assez faciles d'éviter les courants liquides, l’'évaporation, les causes perlurbatrices qui compliqueraient le phénomène. L'observateur voit avec admiration, s’iln’est pas depuis longtemps blasé sur l'intérêt de ce spectacle, que, dans le champ du microscope, tout est en mouvement. C'est l’agitation d’une fourmilière ; chaque particule en suspension dans le liquide, sans en excepler une seule, se meut infatigable- mont en tous sens, sans s’écarler beaucoup de sa posilion moyenne. Le mouvement est essentielle- ment irrégulier; il semble qu'il résulte d'une suc- cession rapide d’impulsions agissant en tous sens, et sans être assujetties à aucune loi. C’est une sorte de trépidation ou d'oscillation sur place, qui peut néanmoins,à la longue, produire des déplacements d’une certaine étendue, et faire cheminer les parti- cules au sein du liquide qui les entoure. Si ces par- ticules sont de forme allongée, ou présentent quel- que point de repère sur leur surface, on reconnail qu'elles tournent aussi sur elles-mêmes avec la même irrégularité apparente. Chaque particule se meut indépendamment de ses voisines; mais, par une circonstance loute nalurelle, l'aspect général du phénomène est surtout frappant lorsque ces particules sont très nombreuses. Bien qu'à chaque instant ces mouvements paraissent n'obéirà aucune loi, néanmoins le phénomène, pris dans son en- - _ semble, est d’une régularitéévidente, et se retrouve _ toujours avec les mêmes caractères généraux et la même valeur moyenne de ces oscillations irrégu- - lières. Il n'y a là aucune contradiction; bien _ d’äutres phénomènes, gouvernés par le seulhasard, _ montrent, lorsqu'on les considère dans leur en- _ semble, cette régularité moyenne qui n’est pas détruite par les variations individuelles et résulte . du grand nombre des cas observés. Un coup d’æil suffit à montrer que la rapidité et l'amplitude du mouvement dépendent surtoutde la grosseur des particules, etsont d'autant plus grandes que ces particules sont plus petites. Au-dessus de {rois ou quatre millièmes de millimètre de dia- mètre, les oscillations sont rares et faibles; pour ._ des dimensions quinze ou vingl fois plus petites, . qui correspondent à la limite de puissance du mi- . croscope, l'agitation est, au contraire, extrêmement active et si rapide que l'œil ne peut suivre ces points mobiles, et ne les aperçoit que par instants. Cet accroissement si rapide des oscillations lorsque les dimensions des particules diminuent, est undes caractères les plus importants du mouvement brownien; ilnous donne à penser que le phénomène prendrait un intérêt bien plus grand s’il était pos- sible de le suivre plus loin, pour des dimensions encoreplusréduites. Par malheur, nos microscopes actuels ne peuvent dépasser cette limite, . et nous savons aujourd'hui que nos successeurs ne seront guère mieux pourvus :lanaturedelalumière oppose un obstacle infranchissable aux progrès ultérieurs, et nous devons renoncer à l’espérance de voir un jour les phénomènes et les êtres que leur petitesse dérobe actuellement à nos yeux. A part les variations qui résultent des différences de grandeur, les particules de diverses natures agissent à peu près de même, quels que soient . leur substance, leur forme, leur état. On peut expé- rimenter avec des particules liquides, telles que des globules d'huile en suspension dans l’eau; _ celles-ci sont parfaitement rondes, et se compor- tent comme les particules solides de forme irrégu- _ lière. C'est là un point intéressant, qui nous montre _ que cette irrégularité de forme ne joue aucun rôle - essentiel dans le mouvement brownien. On peut observer de même des bulles gazeuses en suspen- - Sion dans l’eau; le phénomène se présente ici dans des circonstances particulières qui doivent nous arrêter un instant. Certains minéraux possèdent, dansleur intérieur, des cavités entièrement fermées, contenant des li- quides et notamment de l’eau plus ou moins pure. - Ces cavités se rencontrentassez fréquemment dans - les grains de quartz qui constituent l'un des élé- - ments des roches granitiques ; elles sont en géné- ral assez petites et très bien appropriées à l’exa- G. GOUY — LE MOUVEMENT BROWNIEN ET LES MOUVEMENTS MOLÉCULAIRES #3 men au microscope, lorsque la roche a été réduite en lames minces. On rencontre fréquemment dans ces cavités une bulle gazeuse, en suspension dans l’eau. Cette bulle fort petite montre avec une net- teté remarquable le mouvement brownien, avec ses caractères ordinaires. Pas plus que la nature des particules en suspen- sion, lanature duliquide qui les entoure n'intervient dans lephénomène. Un grand nombre d'expériences faites avec des liquides très divers et des solutions variées, ont mis ce fait en évidence. Ce résultat est en contradiction avec des observations anciennes, mais la contradiction n’est qu'apparente. Certaines substances dissoutes dans l'eau possèdent la pro- priété de faire précipiter ou déposer au fond du vase les particules en suspension dans le liquide. Ces particules, une fois déposées, adhèrent à la paroi, etleurs mouvementssetrouventainsi arrêtés ; mais il en reste toujours quelques-unes en suspen- sion dans le liquide ; celles-là se montrent douées de leur activité habituelle. Quelquefois les particules sont de telle nature que, même déposées sur une paroi solide, elles ne contractent avec elle aucune adhérence, et conti- nuent à se mouvoir en roulant sur la paroi. Ce cas est important, car il montre que ce n'est pas la chute des particules à travers la masse liquide, chute lente, mais inévitable, qui est la cause du mouvement brownien. Les liquides présentent cependant, au point de vue qui nous occupe, une différence suivant leur degré plus ou moins grand de fluidité. Les liquides très mobiles, tels que l’éther ou l'alcool, montrent le phénomène avecun peuplus d'intensité que l’eau ; les liquides visqueux, tels que l’acide sulfurique ou la glycérine, montrent à peine quelque vestige du mouvement brownien. Ce fait, du reste, était à pré- voir et serait assurément d'accord avec toutes les explications théoriques que l’on pourrait proposer. Pour achever de nous faire une idée d'ensemble des caractères du mouvement brownien, il faudrait mesurer l’amplitude de ce mouvement. Puisque le phénomène est essentiellement irrégulier, il ne peut être question que de mesurer une valeur moyenne, en faisant un assez grand nombre d’ob- servations. Pour desparticules ayant un demi-mil- lième de millimètre, la vilesse moyenne peut être évaluée à quelques millièmes de millimètre par seconde. C’est peu de chose en réalité, mais, grâce à l'énorme amplification du microscope, ces dépla- cements sont bien au-dessus de la limite des gran- deurs perceptibles et mesurables. Il Ainsi, les particules très petites en suspension dans un liquide se montrent toujours animées 4 - G. GOUY — LE MOUVEMENT BROWNIEN ET LES MOUVEMENTS MOLÉCULAIRES d'un mouvement de trépidation caractéristique. A quelle cause convient-il de rapporter ce mouve- ment? Telest le problème qui se pose maintenant pour nous. Remarquons d'abord que celle agita- tion dure indéfiniment. Des préparations bien closes peuvent êlre conservées plusieurs années, sans changement appréciable. Les cristaux de quartz contenant des cavités pleines de liquide ont été formés à une époque très reculée; depuis bien des siècles, rien n’a changé dans leur état el leur structure. Le phénomène dont nous avons à rendre compte est donc permanent; c’est là le ca- ractère singulier el paradoxal qui constitue le principal intérêt du problème. En effet, dans les phénomènes physiques, le mouvement tend sans cesse à se détruire par des causes diverses, frottements, résistances passives. Il ne peut subsister que s’il est entretenu par des causes extérieures. Un corps ou un assemblage de corps abandonné à lui-même finit toujours par arriver à un repos définitif. D'une manière plus générale, les modifications spontanées que subit un corps, quelles qu’elles soient, transformations physiques ou chimiques, ne peuvent se continuer indéfiniment ; si le corps ne subit pas d'actions extérieures, il finit toujours par arriver à un étal stable, état de repos et d'équilibre, qui demeure ensuile invariable. Le mouvement brownien semble faire exception à cette loi générale : il persiste indéfiniment, sans cause extérieure visible. Cette exception est-elle réelle, ou seulement apparente ? N’est-il pas pos- sible que certaines actions extérieures, qui échap- pent à l'observateur, produisent cette agitation incessante? Nous voyons dans la Nature bien d’autres mouvements, tout autrement considéra- bles, qui ne s’arrêlent jamais : la surface des mers, l'atmosphère, sont sans cesse agitées ; nous con- naissons les causes de leurs mouvements. Un examen plus approfondi ne nous montrerait-il pas de même quelque cause extérieure qui agile ainsi les particules en suspension dans l’eau, dans le champ du microscope? A la question ainsi posée, on ne peut répondre que par l'étude détaillée du phénomène, dans des condilions aussi variées que possible, en s’efforçant de réduire ou d'augmenter dans les limites les plus étendues les causes exté- rieures d’agitation,etexaminant les effets produits. La première idée qui se présente à l'esprit est d'attribuer le mouvement brownien aux mouve- ments du sol, quiinterviennentdans beaucoup d'ex- périences de précision, el font le tourmentdesphy- siciens el des astronomes. Dans les observaloires, on fait usage d'un vase plein de mercure pour former une surface réfléchissant la lumière: ce se- rait le miroir le plus parfait, exactement plan et horizontal, siles frémissements de sa surface n’ac- cusaient les moindres mouvements du sol, avec une sensibilité extrême; parfois, plusieurs heures se passent avant qu'on puisse en tirer parti etdis- linguer l'image réfléchie sur le mercure. Dans bien d’autres cas, des appareils tout différents montrent la mème sensibilité et accusent par leurs déplacements irréguliers la mobilité de la surface du sol, ‘qui parait si stable à l’observation com- mune. Il ne s’agit pas, en général, de mouvements d’origine éloignée, véritables tremblements de terre en miniature, qui, sans être bien rares, ne sont pas assez fréquents pour gêner sensiblement les observations. Ces vibrations du sol sont dues le plus souvent à la répercussion des mille mouve- ments qui constituent la circulation d’une ville et son aclivité industrielle. C’est dire que leurs effets sont très variables suivant les temps et les lieux ; la nuit, en pleine campagne, on aura le plus sou- vent uné stabilité à peu près parfaite. On peut y ajouter encore par des supports flexibles qui iso- lent les appareils du sol et amortissent les vibra- tions. Observons le mouvement brownien dansces conditions ; plaçons à côté du microscope un vase plein de mercure, destiné à servir de témoin; nous verrons que le mouvement brownien persiste, [avec ses caractères et son intensité ordinaires, même dans les instants de calme et de repos par- fait, et qu'il ne s’accroit pas sensiblement quand les vibrations du sol deviennent appréciables. Ces expériences, souventrépétées, nous montrent avec évidence que les vibrations du sol ne sont pas Ja cause productrice du phénomène. On pourrait aussi penser aux différences de température existant dans le liquide soumis à l'observation : mais il est possible, par des dispo- silifs appropriés, de les réduire beaucoup sans af- faiblir sensiblement le mouvement brownien. Au reste, les courants liquides qui en résultent pro- duisent des mouvements d'ensemble, communs à toutes les particules voisines, qui ne ressemblent en rien à l'agitation individuelle qui constitue le mouvement brownien. Une autre circonstance mérite une attention par- ticulière. La lumière est indispensable pour l'ob- servation ; elle peut agir sur les particules en sus- pension, ne fût-ce qu'en les échauffant d’une ma- nière inégale. On peut concevoir que, de ces diffé- rences de température, résultent des mouvements. Cette explication rendrait bien compte du carac- tère individuel de l'agitation observée; elle mérite donc un sérieux examen. Pour mettre cette hypothèse à l'épreuve, il con- vient de faire varier, autant que possible, la nature et l'intensité de la lumière employée pour l’obser- valion, et d'examiner s'il en résulte quelque diffé- L G. GOUY — LE MOUVEMENT BROWNIEN ET LES MOUVEMENTS MOLÉCULAIRES 5 _ rence. Sans entrer dans le détail de ces expé- riences, il suffira de constater que rien ne change _ dans les apparences observées, lorsqu'on fait va- rier la lumière dans des limites fort étendues. D'autres causes hypotbétiques, telles que l'in- _ fluence du magnétisme terrestre, des courants électriques, ont été examinées et reconnues sans . action sur le mouvement browuien, et par suite incapables de le produire. Ainsi, en dehors de toute cause d’agitation exlé- rieure, les particules en suspension dans un li- . quide sont animées d'un mouvement de trépida- tion permanent. Contrairement à tous les aulres _ phénomènes physiques, le mouvement brownien - s'entretient et persiste indéfiniment sans cause . extérieure connue. Cette conclusion est bien sin- gulière : elle serait de nature à nous faire admettre l'existence de quelque force nouvelle, que le mou- vement brownien mettrait seul en évidence, si les idées modernes sur la constitution des corps ma- tériels ne nous donnaient une solution plus admis- sible du problème. III Il nous faut maintenant quitter le terrain solide de l'observation et de l'expérience pour entrer dans le domaine incertain des hypothèses sur la conslitution de la matière. On a beaucoup abusé des théories et des hypothèses, on en a beaucoup médit, et pourtant on ne saurait s’en passer; leur importance scientifique est incontestable et elles jettent parfois sur tout un ensemble de questions une lumière inattendue. L'histoire des sciences phy- siques nous montre, en effet, que les spéculations théoriques ont été l’origine des plus grands progrès et de la plus belle moisson de découvertes. Accor- dons leur ce qui leur est dù, la considération que méritent des services éminents, et cette confiance limitée qui ne s'endort jamais et ne néglige aucun moyen de contrôle. Le point de départ des théories relalives à la conslilution de la matière est l'hypothèse molécu- laire. On pourrait concevoir, sans contradiction logique, que la matière fût divisible à l'infini sans changer de nature. Mais bien des raisons condui- sent à penser qu'il n’en est pas ainsi, etquelescorps matériels possèdent une structure granulaire, qu’ils sont formés d'éléments très petits, égaux entre eux, dont l'assemblage forme le corps doué des propriétés que nous lui reconnaissons. Ces éléments ou molécules peuvent posséder eux- mêmes une structure plus ou moins complexe, mais ne peuvent être divisés sans changer de nature. Ainsi une goutte d’eau peut être divisée en parties de plus en plus petites; ce sera encore de l’eau, avec ses propriétés essentielles: mais cette division ne peut être indéfiniment continuée ; il viendra un moment où l’on sera arrivé à la plus petite quantité d’eau possible : c’est la molécule. Si l'on peut la diviser encore, on n'aura plus de l’eau, mais ses principes constituants; le corps aura changé de nature d’une manière complète. Nous ne pouvons envisager ici, d'une manière générale, le rôle qu'a joué, dans le développement des sciences physiques, l'hypothèse moléculaire; ce rôle est si important que cette étude compren- drail le domaine presque entier de la Physique et de la Chimie. Pour l’objet aue nous avons en vue, la question importante, ce sont les rapports des molécules entre elles, la matière qu'elles cons- tituent par leur arrangement et leurs relations mutuelles, la matière telle que nous la connais- sons, telle que nous la montre l’expérience. Au siècle dernier, et. jusqu’au milieu du nôtre, les idées généralement admises sur ce point sont fort simples en principe. Les molécules sont regardées comme immobiles, ou du moinsleurs mouvements sont considérés comme peu importants. Elles sont liées les unes aux autres par des forces dépendant de leurs distances ; ces forces sont supposées telles que les propriétés de la malière, constatées expé- rimentalement, se trouvent satisfaites. Pourun gaz, par exemple, qui tend sans cesse à augmenter de volume, ces forces sont répulsives; les molécules tendent à s'éloigner les unes des autres, avec une force qui décroit à mesure qu'elles s'éloignent davantage. Sur ces bases, d’intéressantes théories partielles ont élé constituées : la théorie des phé- nomènes capillaires en est le plus remarquable exemple. Leur caractère essentiel est toujours de considérer les molécules comme en repos : lors- qu'un corps se montre à nous dans un élat inva- riable, ses molécules sont aussi en repos et en équilibre sous l’action des forces qui les sollici- tent. Dans cet ordre d'idées, il n'y a évidemment au- cure place pour le mouvement brownien ; un mou- vement qui se perpétue au sein d'un corps sans cause extérieure constitue une impossibilité et une contradiction évidente. Un élément de grande importance fut introduit dans la question lorsqu'on eut l’idée, au premier abord bien paradoxale, que les molécules sont sans cesse en mouvement et animées de vitesses considérables, même dans les corps qui nous pa- raissent en repos parfait. Ces mouvements peuvent être très divers : pour un corps solide, par exemple, chaque molécule est supposée osciller autour d'une position moyenne. Comme nous ne pouvors voir les molécules individuellement, toute cette agita- tion intérieure nous échappe; nous né percevons que des effets moyens, résullantes des mouvements 6 G. GOUY — LE MOUVEMENT BROWNIEN ET LES MOUVEMENTS MOLÉCULAIRES d'un grand nombre de molécules. Lorsqu'un corps nous parait en repos, c’est que les mouvements de ses molécules se compensent les uns les autres; ce repos n'est, en somme, qu’une apparence el une illusion. Nous sommes dans la situation d’un observateur qui verrait de loin une grande foule d'hommes, sans pouvoir distinguer les individus qui la forment; il ne percevrait que les mouve- ments d'ensemble de celte foule, sans reconnaitre l'agitation individuelle qui peut y exister, et pour- rait croire à un repos complet, quineserait qu'une illusion. Cette théorie, qui fait jouer un rôle essentiel aux mouvements moléculaires, a reçu le nom de Théo- rie cinétique de la matière. Ces idées sont bien anciennes, mais elles n'ont pris une forme définie et n’ont acquis quelque crédit qu'à une date assez récente, à la suite des découvertes faites par quelques physiciens éminents sur les relations qui existent entre la chaleur et le travail mécanique. Si nous frappons à coups de marteau un mor- ceau de métal, ce métal s’échauffe. Si nous agitons de l’eau dans un vase, nous constatons aussi une élévation de température. D'une manière générale, toutes les fois que nous dépensons ainsi du tra- vail mécanique sur un corps, sans lui faire subir d'allération sensible, de la chaleur est produite; une quantité de travail déterminé produit toujours la même quantité de chaleur. Il y a donc une rela- tion évidente entre la nature de Ja chaleur et celle du travail mécanique ; la chaleur n’est que du tra- vailemmagasiné, sous une forme quiéchappeànotre vue. La théorie cinétique admet que ce travail est employé à augmenter les mouvements des molé- cules, à accroitre la vitesse et l'intensité de leurs vibrations. C'est là une idée fort naturelle ; on sait, en effet, que, pourmettre un corps en mouvement, ou pour accroitre sa vitesse, il faut dépenser du travail mécanique. Un projeclile, un volant de ma- chine à vapeur, ne passent pas du repos au mou- vement sans exiger un travail considérable, qui se trouve consommé ou plutôt emmagasiné sous forme de vitesse acquise. La chaleur n’est donc autre chose que l'agitation invisible des moléeules ; comme un corps n’est jamais dépourvu de chaleur, nous devons regarder ses molécules comme sans cesse en mouvement. Les vitesses de ces mouvements moléculaires doivent être regardées comme très considérables : il faut, en effet, beaucoup de travail mécanique pour produire un peu de chaleur. L'expérience montre que, pour échauffer une quantité d’eau quelconque de 100°, il faut dépenser autant de travail que pour lui imprimer une vitesse de 900 m, par seconde, On pe peut donc pas évaluer à moinsde plusieurs cen- taines de mètres par seconde les vitesses molécu- laires. Les déplacements de ces molécules sont, d’ailleurs, fort petits : elles exécutent des mouve- ments de va-et-vient, des oscillations plus ou moins complexes de forme, avec une rapidité extrême. Un autre argument {très sérieux en faveur de ces idées nous est fourni parle rayonnement de la lumière et de la chaleur. Les corps portés à une haute température envoient dans tous les sens des rayons de lumière; moins chauds, ils émettent encore des rayons de chaleur, analogues aux pré- cédents, mais invisibles à nos yeux. Nous savons aujourd'hui que ces rayons de lumière ou de cha- leur sont constitués par des vibrations extrême- ment rapides; il faut donc que quelque chose soit en mouvement dans le corps qui les produit; si ce corps était absolument en repos dans toutes ses parties, la production de ces vibrations lumineuses ou calorifiques deviendrait incompréhensible. Le corps étant immobile en apparence, il faut que ce repos apparent cache en réalité une agitation in- térieure extrèmement active. La théorie cinétique de la matière a conduit à des aperçus fort intéressants sur un certain nombre de phénomènes physiques et chimiques, et la part qu'elle a prise dans l’œuvre scientifique de notre époque est déjà considérable. On doit pourtant re- connaitre que, dans la plupart des cas, les déve- loppements qui seraient nécessaires pour consti- tuer des explications précises des phénomènes, présentent de grandes difficultés ; les calculs ma- thématiques auxquels donne lieu la théorie ciné- tique sont fort complexes, et n'ont pu être menés à bien que pour un petit nombre de questions re- lalivement simples. La théorie des gaz est, à vrai dire, la seule partie de la Physique où les hypo- thèses cinétiques aient pu constituer un corps de doctrine, encore inachevé et sujet à plus d’une difficulté, mais dont la haute valeur ne doit pas être méconnue ; plus d’une vérification expérimen- tale est venue lui apporter cet appui que rien ne peut remplacer. Ces idées théoriques méritent donc la plus sérieuse attention, et on est en droit d'en attendre de grands services dans l'avenir; les difficultés que nous éprouvons actuellement à les développer d’une manièrerigoureuse ne doivent pas nous décourager, el moins encore nous rendre l'hypothèse fondamentale moins vraisemblable : la Nature, a dit Fresnel, x redoute pas les difiicullés d'analyse. ii Le mouvement brownien, dont nous nous sommes un peu écarté sans le perdre de vue, se rattache à la théorie cinétique d'une manière di- recle, el ne prend toute sa valeur scientifique qu'à la lumière de celle théorie, Comme nous l'avons À Û der A à lèes, dé 1 G. GOUY — LE MOUVEMENT BROWNIEN ET LES MOUVEMENTS MOLÉCULAIRES 7 déjà remarqué en passant, ce phénomène est in- conciliable avec les idées anciennes, qui admet- taient que, lorsqu'un corps: est soustrait à toute cause extérieure d’agitation, le repos apparent auquel il arrive est un repos réel et complet. Bien plus, l'existence même du mouvement brownien dément cette affirmation ; le repos apparent n'existe que pour les portions du corps que nous pouvons distinguer à l’œil nu; le microscope nous montre que, lorsque nous arrivons aux millièmes de millimètre, il y a, dans les liquides, une agita- tion permanente, et non le repos absolu que l’on supposait y exister. La théorie cinétique pouvail nous faire prévoir ce phénomène, et elle nous l'explique dans ses traits essentiels. Imaginons, pour un moment, qu'une particule solide en suspension dans l’eau ait des dimensions comparables à celles d’une molécule d’eau. Cette particule se trouvera ainsi en relation avec un petit nombre de molécules, animées de vitesses de plusieurs centaines de mètres par se- _ conde ; sans cesse heurtée par celle-ci, elle doit nécessairement se mouvoir en {ous sens, d’une manière irrégulière, suivant le hasard de ses ren- contres avec les molécules qui l'entourent, et la rapidité de ses mouvements sera comparable à celle des mouvements moléculaires. C’est bien là le mouvement brownien, mais, dans le cas idéal que nous avons considéré, sa vitesse et son inten- silé seraient incomparablement plus grandes que dans le phénomène réel. Si maintenant la parti- cule est très grande vis-à-vis des dimensions mo- léculaires, elle sera en relation à chaque instant avec un grand nombre de molécules; les effets de celles-ci, n'étant pas en général de même sens, se contrarient et se neutralisent en partie ; de plus, la masse à mouvoir étant bien plus grande, le mou- vement doit se produire de même que tout à l'heure, mais sur une échelle très réduite. Si enfin la particule est extrèmement grande et comme infinie vis-à-vis des dimensions moléculaires, aucun mouvement ne saurait plus exister. Les choses se passent de même à nos yeux sur une nappe d'eau agilée en tous sens, sur laquelle flottent des corps de dimensions diverses. Les plus petits de ces corps flottants sont agités comme l’eau elle-même ; plus grands, ils n’éprouvent que de faibles et rares déplacements; plus grands encore, ils demeurent en repos. Nous retrouvons ici ce caractèreessentiel du mouvement brownien : l'accroissement de l'agitation à mesure que les dimensions diminuent. Les vitesses que nous observons dans le mouve- ment brownien sont de quelques millièmes de millimètre par seconde; les vitesses des molécules peuvent être estimées à plusieurs centaines de mètres par seconde; l’agitation moléculaire est environ cent millions de fois plus rapide que l’agi- tation visible quiconstitue le mouvement brownien. Celui-ci ne nous montre donc qu'une résultante bien affaiblie des mouvements moléculaires. On doit en conclure que les plus petites particules que nous pouvons observer au microscope sont encore bien grandes vis-à-vis des dimensions des molécules. C’est aussi la conclusion à laquelle sont arrivés par d’autres voies les physiciens qui ont essayé de se faire une idée des dimensions moléculaires. Par des méthodes diverses, assez concordantes pour qu’on leur accorde quelque crédit, ils sont arrivés à évaluer l'intervalle des molécules dans les liquides à la millième partie environ des di- mensions des plus petits corps visibles au micros- cope. Il faudrait donc environ un milliard de molé- cules pour former le poids d’une des plus petites particules sur lesquelles nous observons le mou- vement brownien. Sans attribuer à ce résultat une précision qu'il ne comporte pas, nous pouvons dès lors comprendre pourquoi le mouvement brow- nien ne nous montre qu'une bien faible image de l'agitation moléculaire. Il serait bien nécessaire de ne pas nousen tenir à ces aperçus, et de serrer de plus près l’explica- tions desphènomènes ; mais les notions expérimen- tales et théoriques nous font encore défaut : en science, il faut savoir attendre. Nous pouvons, du moins, conclure qne le mouvement brownien nous fournit ce qui manquait à la théorie cinétique de la matière : une preuveexpérimentale directe. Sans doute, nousne voyons pas et nous ne verronsjamais les mouvements des molécules; mais nous voyons du moins quelque chose qui en résulte directement etsuppose d’une manière nécessaire une agitation interne des corps. Il est donc bien à désirer que ce phénomène, troplongtempsnégligé comme un acci- dent sans importance, devienne l’objet de l’atten- tion des physiciens et demeure compris dans la sphère de leurs études; j'ai la ferme confiance que, grâce à leurs efforts, nous pénétrerons de plus en plus avant dans la connaissance des propriétés intimes de la matière, déjà si féconde, et si riche de promesses pour le développement scientifique el industriel de l'humanité. G. Gouy, Professeur de Physique à la Faculté des Sciences de Lyon 8 G. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES Plusieurs causes s'ajoutent pour augmenter, de façon continue, les frais d'exploitation d’une mine : la profondeur des couches, qui, en rendant néces- saires des puits plus coûteux, conduit à les espacer davantage et dès lors à percer des galeries plus longues, plus chères à construire et à entretenir et dans lesquelles l'extraction devient plus onéreuse ; le rendement de l’ouvrier, qui diminue à mesure que les chantiers s'enfoncent et deviennent plus chauds; la main-d'œuvre, dont le prix s'accroit tous les jours. Dans quelques pays, cette augmentation du prix _de revient se complique d'une diminution du prix de vente. Cela est particulièrement vrai pour nos houilles françaises, dont les produits ont à subir, jusque sur nos marchés du Midi, la concurrence toujours plus active des houilles anglaises. Il est donc urgent d’enrayer cette marche ascen- dante des frais d’exploitalion, qui serait falale à plus d'une entreprise minière. Or, des facteurs que nous avons signalés plus haut, il en est deux, la profondeur des couches et le prix de la main- d'œuvre, dont il ne faut pas songer à diminuer l'influence progressive. C’est donc sur le troisième, le rendement, rendement de l’ouvrier etrendement des travaux d'aménagement, qu'il faut agir. L'un des meilleurs moyens de l’augmenter, c’est assurément d’avoir recours, dans les divers tra- vaux de l’exploitation, à des engins mécaniques : à des perforatrices, qui permettront l'avancement plus rapide des travers-bancs, et diminueront la durée d'immobilisation des capitaux dépensés pour les construire ; — à des haveuses, qui, à égalité de front de taille, rendront possible un abatage plus intense; — à des locomoteurs, à des treuils, qui, en donnant aux galeries et aux plans inclinés une capacité de roulage et d’extraclion plus grande, les meltront à même de desservir des chantiers plus nombreux, — toutes ces machines permeltant aussi une réduction connexe du personnel ouvrier. Elles peuvent, on le sait, être actionnées par les divers modes de force motrice : eau sous pres- sion, vapeur, air comprimé, électricité. L'eau sous pression perd dans les mines l’avan- tage qui la fait, quelquefois encore, adopter pour les installations ordinaires : celui de donner par sur- croit un liquide utilisable pour divers emplois. Cet avantage se changerait même le plus souvent dans les travaux souterrains en inconvénient grave, car l'exploitant a bien assez d’épuiser les venues d’eau qu'il subit. Aussi ce mode de transport de l'énergie n'est-il pour ainsi dire pas employé. La vapeur, produite par des chaudières instal- lées à lasurface,estquelquefois utilisée pour aclion- ner des moteurs placés au fond; mais son emploi ne peut être avantageux qu'avec de grosses ma- chines, qui ne soient pas situées à plus de 300 mètres des générateurs. Comme il faut prévoir, dans les mines d’un développement moyen, une distance de transmission de 1.500 à 2.000 mètres, on voit combien son emploi est'insuffisant. Ces transports d'énergie à 1 et 2 kilomètres, l'air comprimé peut très bien les réaliser; et, une fois que ce fluide a agi dans les appareils mécaniques, il contribue utilement à l’aérage des chantiers. En fait, il a rendu et il rend encore de très grands services. Mais il offre des inconvénients sérieux : comme on ne peut, dans les mines, le réchauffer avant son entrée dans la machine, il produit, ense détendant, un refroidissement fort préjudiciable à la bonne marche de cette dernière; il ne donne ainsi qu'un rendement peu élevé, 30 °/, environ. Bien autrement avantageux est l'emploi de l’élec- tricité, qui permet d'obtenir un rendement plus que double avec un prix d'établissement moitié moindre !. On peut avec elle transporter l'énergie à d'aussi grandes distances qu’on le veut; cela permet de l'envoyer dans les quartiers les plus excentriques d'une exploitation, et d'utiliser des chutes hydrau- liques parfois très éloignées. Ce dernier avantage est surtout précieux, quand il s’agit d'une mine surle carreau de laquelle le combustible n'arrive pas facilement ?. Les canalisalions électriques, moins coûteuses que celles de l’air comprimé, d'une souplesse mer- veilleuse, d’une capacité de transmission très grande sous un poids relativement faible, four- nissent le fluide, aussi bien au service de l’éclai- 1 Rendement de 65 °/,, pour une transmission de 10 che- vaux-vapeur à 2.000 yards de distance (Communication de M. Atkinson à la Société des Ingénieurs civils de Londres. — Aer février 1891.) ? Un exemple topique est celui de la mine de Virginius Colorado), située à 3.900 mètres d'altitude, dans le rayon des neiges perpétuelles : le charbon, qui ne pouvait y arriver que l'été par une petite voie de roulage, coûtait 100 francs la tonne et faisait revenir la force motrice à 200 000 francs par an. Actuellement cette force est empruntée à une rivière coulant à 7.500 mètres de la mine, et transportée électrique- ment jusqu’à elle dans des conditions à tous les points de vue beaucoup plus avantageuses. ( G. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES 9 . rage qu'aux services mécaniques, et donnent ainsi la lumière sans échauffer ni vicier l’air des galeries. . Les engins électriques, puissants sous un petit volume, très faciles à déplacer et à remettre en bat- terie, ne nécessitent pas pour leur conduite des ouvriers spéciaux, pourvu qu'on ait pris en les cons- . {ruisant certaines précautions assez simples, qu'on ait notamment rendu impossibles tous accroisse- ments de vitesse ou d'intensité de courants au delà des allures de régime !. - L’électricité n'a même pas, au point de vue de . la ventilation, l’infériorité qu'on pourrait lui sup- poser sur l'air comprimé. On a, en effet, constaté à Blanzy qu'un ventilateur Ser, débitant 113 mètres . cubes d’air par minute, consommait, pendant le même temps, { mètre cube d’air à 4 atmosphères. - Un ventilateur électrique, installé comme le précé- dent dansle chantier et actionné par le mêmepoids de charbon brûlé au jour, donnerait facilement 100 mètres cubes d’air de plus. Que devient dans ces conditions le petit appoint qu'apporteà l’aérage le fluide sortant du moteur, quand ce dernier est alimenté par l'air comprimé ? L'électricité a cependant certains inconvénients. _Le plus grave est de pouvoir enflammer les mélan- pes grisouteux, qu'on trouve dès à présent dans - beaucoup de mines de houille et qu'on rencontrera _probablement dans toutes, à mesure qu'on exploi- tera des couches plus profondes. Il est évident que les étincelles des collecteurs et des interrupteurs produiraient cet effet fächeux, si on ne prenait des précautions spéciales pour l’em- pécher; mais on peut, en entourant ces organes de tissus métalliques analogues à ceux qu’on emploie dans les lampes de mines, isoler, aussi sûrement que le feu de ces dernières, fes étincelles suscep- tibles de se produire. Pour les collecteurs, la récente . invention des moteurs à courants polyphasés donne le moyen de supprimer radicalementle danger, en supprimant la cause elle-même. Il faut aussi se prémunir contre les étincelles ré- sultant des ruptures ou contacts des cäbles con- ducteurs. Avec les premières canalisalions em- ployées, on a eu de fréquents mécomptes : mais avec celles qu'on fait aujourd’hui, la sécurité est à peu près complète. Enfin, il ne faut pas oublier que lemeilleur moyen de prévenir les accidents dus au grisou, c'est de diluer ce gaz dans une grande quantité d'air frais ; or, l'électricité, en assurant la ventilation plus éco- nomiquement que l’air comprimé, et, d'une façon générale, en diminuant le prix d'extraction de la ———————————————————— < “à 1 L'exemple des mines d’or de Faria (Brésil), où fonctionne — depuis plusieurs années, sous la conduite d'ouvriers indigènes, une installation électrique très complète, ne laisse aucun — doute à cet égard. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895,3 houille, permettra par cela même de consacrer une . plus grande somme aux travaux de sécurité, en tête desquels figure le service de l’aérage. Quant aux dangers provenant du contact invo- lontaire d’un conducteur, ils n’existent pas avec les voltages modérés employés dans les mines. Tout cela explique le rapide essor pris par les applications mécaniques de l'électricité dans les mines. Le premier essai, qui a été tenté, d’ailleurs avec un plein succès, à Blanzy, pour actionner au fond d’un puits de 500 mètres un ventilateur chargé d’aérer une galerie de recherches, remonte à peine à 1880. Et, en 1893, au Congrès d'Ingénieurs de Chicago, M. Blackwell a pu signaler les appli- cations de l’électricité dans plus de 300 mines. En Amérique, le pays où ces applications se sont le plus développées, de nombreuses et importantes sociétés se sont créées pour la construction spéciale du matériel électrique des mines. Comme le vieux monde atout à gagner à suivre l'exemple des États- Unis, le moment nous à paru bien choisi pour exposer à nos lecteurs l’état actuel de la question. Ayant d'étudier les divers modes d'utilisation de l'électricité dans les mines, nous allons dire com- ment elle est produite, et comment elle est trans- mise aux machines qui la consomment. Les dynamos génératrices, ordinairement instal- lées au jour, sont actionnées, ou par des forces hy- drauliques, captées à une distance plus ou moins grande de la mine, ou par des machines à vapeur installées sur le carreau même de cette dernière !. Dans les deux cas, il faut, à cause de la disconti- nuité de marche des outils actionnés et des grandes variations qui en résultent dans le travail demandé. se ménager une grande réserve d'énergie, en don- nant aux bassins de retenue, aux générateurs de vapeur, aux volants des moteurs, de grandes di- mensions. Pour la même raison, il faut munir les moteurs de régulateurs sensibles, proporlionnant très vite l'énergie fournie à l'énergie demandée, et les machines-outils d'appareils de mise en marche graduée, notamment de rhéostats puissants. Les courants qu'on produit ainsi varient ordinai- rement de 220.à 500 volts; c’est bien exception- nellement qu'ils atteignent 1.000 volts et plus. 1 Exceptionnellement, quand on a de l’eau à proximité de la mine et qu'on peut l’écouler commodément par üne gale- rie inférieure aux chantiers à desservir, on peut la dériver dans la mine et utiliser la chute ainsi créée pour actionner un moteur commandant des dynamos génératrices. Un exemple classique est celui de la mine de Chollard (Nevada) : une chute de 500 mètres actionne 6 roues Pelton, couplées avec autant de dynamos Brush Compounds de 130 chevaux, desservant chacune, par un circuit spécial de 1700 mètres, un moteur placé à la surface, actionnant un broyage de mi- nerais et divers engins métallurgiques. La force ainsicaptée serait «a fortiori utilisable pour les travaux du fond. 1» 10 G. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES | Pour les amener aux endroits où ils sont con- sommés, on peut employer, comme à Anzin, des câbles isolés au caoutchouc, recouverts d’une gaine en Loile, etsupportés par des poulies de porcelaine: ils donnent de très bons résultats, même dans les puits très humides. Dans ceux où l’eau retombe en pluie presque continue, des câbles nus, tendus verticalement sur des cloches en porcelaine, placées lous les dix mêtres, comme à Marles, con- viennent mieux. Quand on a spécialement à craindre les ruptures, on peut les protéger par des. armalures en fer ou acier, ou les placer dans des tuyaux en fer, ou des caniveaux au ras du sol. toute sécurité, parce que, lors de la rupture du conducteur principal, qui précède la fusion du plomb secondaire, il est à craindre qu'il se pro- duise une étincelle. Le système Nolet, caractérisé par la subdivision des conducteurs posilif et négalif en seclions rac- cordées par des manchons, échappe à ce reproche : le découplement du conducteur principal ne peut produire d'élincelle, parce que le courant est préa- lablement coupé à l’origine de la canalisation par un jeu d’électros; el le découplement du fil auxi- liaire n’en produit qu’une très faible et à l'intérieur mème du manchon, ce qui lui enlève tout danger. Fig. 1. — Type d'installation minière électrique. —A, génératrices ; — B,B, centres de distribution; — C,C, treuils de roulage: —F,F,pompes; — E, réceptrices ; —D, perforatrices ethaveuses. En général, les réceptrices font partie intégrante dechaque machine-outil. Dans les terrains ébouleux, des cäbles sous plomb, posés de manière à pouvoir glisser sur leurs sup- ports et montés très lâches, se comportent bien. Dans les mines grisouteuses, on emploie des canalisations de Le câble Atkinson est composé de deux fils concentriques isolés l’un de l'autre : le fil extérieur, constituant le conducteur sûreté. principal; le fil intérieur, ne conduisant qu’une faible dérivalion du courant, et composé de spires pouvant s'allonger sans se rompre. Quand, par suite de la rupture du premier, le courant passe intégralement dans le second, celui-ci est fondu sur une partie de son parcours, faite pour cela en plomb, et cette fusion occasionne la chute d'un poids qui détermine l'interruption du courant. Ce système fort ingénieux est appliqué en An- gleterre; on peut lui reprocher de ne pas donner Mais il nous parait assez compliqué. Il serait dési- rable qu'on trouvät un càble à la fois simple et sur. Ces préliminaires posés, nous allons voir l'élec- tricité utilisée dans tous les grands services que comporte l'exploitalion d’une mine : travaux de recherches, traçage, abalage, roulage et extrac- lion, épuisement, ventilation, préparation méca- nique. La figure 1 donne le schéma d’une installa- tion générale. I. — TRAVAUX DE RECHERCHES Dans lesmines, particulièrement dans celles dont les gites sont irréguliers, il y a un grand intérêt à pouvoir s’éclairer vite et économiquement sur la position et l’impcrtance des couches. L'électricité se prèle très bien à des investigations, non par les ns + int tittt/ A de lacs mène" mate in ft \ sv déliboel A un red 1 G. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES 11 . sondages au (répan, surtout réservés aux trous de grand diamètre, mais par les forages au diamant, qui permettent de percer très vite des trous de petit calibre et de grande longueur. On connait le principe de ces sondages : une couronne de diamants noirs est disposée à la péri- phérie d’un outil, qui travaille en tournant autour de son axe, et détache ainsi un témoin cylindrique - qu'on ramène à la surface. Rien n’est plus simple que de faire commander cet outil par l’induit d'une dynamo; c’est ce qu'a fait M. Taverdon pour- sa perforatrice et ce qu'on pratique couramment en Amérique, où la cherté de la main-d'œuvre IT. — TRAGÇAGE Pour l'ouverture des travers-banes, la perfora- trice à air comprimé de 8 à 10 chevaux, si commu- nément employée jusqu'ici, peut être ulilement remplacée par la perforatrice électrique, quand celle dernière remplit les conditions suivantes, dont nous empruntons l'énoncé à un spécialiste bien connu, M. Marlin ! : 1° grande légèreté, pour qu'elle puisse être facilement maniée par deux ou trois hommes ; 2° grande simplicité, pour qu’elle puisse être conduite, entretenue el au besoin répa- rée par des ouvriers non électriciens ; 3° grande Fig. 2. — Perforatrice rotative Sleavenson. Elévation, plan et vue par bout. — M, dynamo-motrice enfermée dans une enve- loppe de bronze parfaitement étanche, pouvant supporter un courant de 20 ampères sous 300 volts. c, barre calée sur l'induit. /, roue dentée permettant de faire tourner à la main la barre ce. — sp, train d’engrenages tran$mettant à l’outil le mouvement de rotation de la barre c.— D, mèche perforatrice. —R, N, pignon et écrou produisant l’avancement automatique de la mèche. L’écrou N est fendu de manière à permettre, quand la vis B arrive au fond de sa course, le retrait rapide de l’outil et son allongement. — P, W, engrenages hélicoïdaux permettant d'orienter l’outil dans deux plans orthogonaux. impose aux mines une exploitation intensive. Il faut citer notamment la machine Sullivan, dans laquelle un moteur électrique de 2 ou 3 che- vaux actionne, par un renvoi d’engrenages et deux pignons d'angle, la tige perforatrice, d’ailleurs appliquée contre le fond du trou par l’eau que refoule une petite pompe mue par la machine elle-même. Cette dernière est disposée pour pou- voir faire travailler l'outil dans une orientation quelconque par rapport à l'horizontale. Cette ma- chine a percé des trous-de 37 à 78 millimètres de diamètre, jusqu’à 160 mètres de profondeur dans le quartzet le jaspe, jusqu'à 1.000 mètres dans des terrains tendres. Dans le calcaire dur, la vitesse d'avancement a atteint 5 mètres par poste de 8 heures, le coût du mètre étant de 10 francs en- viron, rusticité, pour qu'elle puisse fonctionner dans l’eau, la poussière, la boue ; 4 absence, dans sa construction, de substances pulvérisables ou com- bustibles, telles que les isolants au coton, les mé- taux cristallisables ou aigres. La plupart des perforatrices électriques appar- liennent au type percutant, le seul employé avec l'air comprimé. Quelques-unes son! cependant ro- tatives. Perforatrices à rotation. — Ces dernières, dont les outils sont calés sur les induits des dynamos qui les conduisent, sont ulilement employées dans les terrains relativement tendres, qu'une bonne mè- che d'acier peut entamer. La figure 2 repré- 1 Conférence À l'American Institute of Electrical Engineers faite en 1892, A 12 G. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES sente l’un des modèles les mieux conçus, la per- foralion Sfeuvenson, employée aux mines de fer de Clarin How (Cleveland). En absorbanten moyenne 15 ampères sous 300 volts, soit 6 chevaux électri- T heures 80 à ques, elle perce par équipe de 7 100 trous de 1,30 de profondeur. Les mineurs gagnant 9 fr. 50 par équipe, plus menu qu'à la main, tonne. Des essais comparatifs, faits dans ces mines sur à eau le minerai abaltu, revient à 8 fr. 75 la des perforatrices à main, à air comprimé, la Compagnie Sprague ; la perforatrice Jones, dont l’électro-moteur est logé dans un cylindre, qui se fixe par un patin sur un trépied. L'avancement de l'outil est produit par de l’eau sous pression ; à cet effet, son axe porte à l'arrière un piston à gar- niture étanche, qui roule sur une couronne de billes destinées à atténuer le frottement résultant de la rotation de ce piston. Une partie de l’eau ra- fraichit la mèche. Perforatrices à percussion. — Dans les perforatrices dece type le mouvement alternatif du fleuret est or- & ge _— Lei NN N Dpt SK nù DS EN KZ à EN A F Fig. 3. — Perforatrice percutante à deux solénoïides, syslème Bollon el Mountain. — N, électros. P, armature actionnant directement le fourreau Q, dont la course est amortie à ses extrémités par des dash-pots à air à trous S, S. — M, filetage sur lequel fait écrou le piston de la tige R, de manière à produire la rotation de l'outil sur lui-même (pour Uniformiser l'usure) par le jeu du cliquet G en prise avec le rochet H. — J, J', plaques maintenant à frottement dur le rochet H— 1, écrou pour serrer les pl: aques J, J'—K, ressortde l'écrou L. Me vis destinée à produire l'avancement de la perforatrice sur son bäti. — On voit à la partie infé ricure de la perforatrice l'embase par laquelle elle repose sur ce bäti. sous pression, à pétrole et électriques, ont donné l'avantage à ces dernières, qui ont seulement l'in- convénient de coûter, comme premier établisse- ment, plus cher que les autres, celles à pétrole exceptées. Voici le Lableau des résullals obtenus : NATURE DE PAR I ABATAGE Y I LA PERFORATRICE PRIX D'ACHAT TROUS À la main (simple A la main (méca- nique) | À air comprimé " eau sous pres- minutes ? environ 18 environ 8 tr.| 100 à 130 | | | (1.30 m. en 45 | Electrique \ tème Steavenson Cilons encore comme perforatrices à rolation : Celle de la Compagnie Jeffrey à Columbus (Ohio). portée elle- qui se la perfora- trice Atkinson Ravenskau et Mori, qui s'oriente par montée sur une glissière verticale, même par coince contre les parois de la une lige à longueur variable, galerie ; la rotation d'un secteur circulaire que commande une vis sans fin ; la perforatrice Storey, adoptée par ‘ dinairement obtenu en le rendant solidaire d’une armature, qui oscille sous l’action d’un ou plu- sieurs solénoïdes, recevant le courant électrique de génératrices extérieures. Très exceplionnelle- ment, ce dernier sert à faire tourner une récep- trice, dont l’induit actionne l'outil par l'intermé- diaire d'une manivelle : 1° Perforatrices à manivelle. — À ce Lype appartient la perforatrice Siemens et Hulslie (X891). Deux res- sorts antagonistes, allachés de part et d'autre du porte-oulil, régularisent le mouvement! de ce der- nier, qui est, d’ailleurs, guidé par une glissière. Les deux ressorts pourraient être remplacés par des rondelles de caoutchouc, ou des matelas d’air. Un mécanisme hélicoïdal à cliquet fait tourner le fleu- ret autour de son axe, pour régulariser l'usure de l'outil et celle de la roche. Une vis produit le mou- vement d'avancement du fleuret, soil aulomali- quement, soit à la main. 29 Perforatrices à deux solénoïides. — Ce sont les plus communes : le mouvement de va-et-vient de l’ou- til est produit par l’action de deux solénoïdes op- posés sur l’armalure solidaire de l'outil. L'une des premières perforatrices de ce type est celle de Zall, dont l'invention remonte à 1880. Le jeu d’un laquet solidaire du fleuret amène suc- CP CSP SP PC PRE G. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES 13 cessivementle courant à passer dans la bobinesupé- | bution du courant est assurée par les oscillations rieure, auquelcasle fleurets’élève, et dansla bobine | qu’un taquet imprime à une ancre, communiquant Nana tzZzZZ LÉERS | ; LS K LEE SKK & ez É. Fig. 4. — Perforatrice perculante, à un seul solénoïde, système Birkin (189). — À, gaine en fer doux entourant le sl noïde B .—EG, armature du solénoïde, solidaire du fleuret. —H, cadre comprimant le ressort antagoniste F.— R, tige solidaire de l’armature chargée d'interrompre le courant en P.— On voit sur la droite une manette destinée à produire l’avancement de la perforatrice sur sa glissière, et à la partie inférieure le trépied supportant cette glissière. inférieure, auquel cas le fleuret descend. Un dash- | avec le pôle positif du courant, de manière à pot, espèce de piston qui comprime de l'air dans | amener cette ancre alternativement sur les deux Fig. 5. — Perforatrice percutante Birkin à solénoïde sectionne. — BB'B, sections dusolénoïde. — E, porte-fleuret; e, com- mutateur tournant avec la dynamo-génératrice; 4, rainures de ce commutateur au travers desquelles le tuyau g/f envoie de l'air comprimé pour éteindre les étincelles. —V,W, rainures, les unes hélicoïdales, les autres droites, en prise respective- ment avec les rochets Y et X que les cliquets d et c ne laissent tourner que dans un sens. À l’aller du fleuret, le rochet Y tourne sous l'impulsion des rainures V et le rochet X, qui reste fixe, le guide par les rainures W. Au retour, le rochet X cède et le rochet Y, immobilisé par d, force le fleuret à tourner par la réaction des rainures V. un corps de pompe, amortit, par la résistance de | contacts en relation chacun avec un électro. Une cet air, le lancé de l’armature à la montéeet aide | vis permet de régler l'écartement de ces contacts au départ du fleuret pour sa course percutante. et du même coup la course de l'outil. Dans la perforatrice Philips et Harrison, la distri- La perforatrice Bolton et Mountain (Gg.3) est plus {4 G. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES récente. L'armature n’est plus solidaire de l'outil, | mais d’un fourreau Q, actionnant à son lour, par l'intermédiaire d'amortisseurs à air, la tige percu- lante KR. Dans la perforatrice Z'hrelfall, es enroulements, au lieu d’être placés de part et d'autre de l’arma- ture, sont superposés et entourent celte dernière, qui se meut entre deux pôles loujours de noms contraires, mais sans cesse inversés par un COM- mulateur tournant, mû par la dynamo chargée de fournir le courant aux éleclros. La perforatrice Hackay (A892) a son commutateur placé entre les deux solénoïdeset manœuvré par un bourrelet de la tige du fleuret. Cette tige porte aussi un piston, qui souflle de l'air autour du foret pour enlever la poussière de la pierre, au percement de laquelle cet outil est principalement desliné. Fig. 6. — Figure schémalique représentant le système Mar vin théorique. Dans le modèle Bolton, l'armature en fer doux est remplacée par un électro-aimant solidaire du fleu- ret, et mobile entre deux autres électros fixes, opposés l'un à l'autre par des pôles de même nom. Un piston, entrainé par l'électro mobile, bute, à fond de course, sur des tampons qui le font passer d’une position à l’autre, de manière à renverser le sens du courant dans l’électro mobile, de sorle que ce dernier est toujours repoussé par l’un des élec- tros fixes et alliré par l’autre, lantôt dans un sens, tantôt dans le sens opposé. 3° Perforatrices à un seul solénoile. Le fleuret est éloigné du front de taille par l'action du solénoïde malgré la résistance d'un ressort anlagonisle, qui, lorsque le courant est interrompu, le ramène brus- quement contre la roche. La perforatrice Birkin (1891) (fig. 4) 4 l’erforalrices à solénoïdes sectlionnés. Au lieu de est de ce type. deux solénoïdes ou d’un solénoïde el d’un ressort, un seul solénoïde peut suflire, à la condition de le seclionner et d'envoyer par le commulaleur le cou- rant de la dynamo génératrice dans les sections différentes, de manière à faire allirer successive- ment le porte-fleuret par les seclions extrêmes. C’est une application du principe du moteur élec- trique de M. Marcel Deprez. Telest le cas de la perforatrice Birkin Mig. 5). 0 3° Perforatrices du type Marvin. Prendre la peine de redresser, à l’aide d’un commutateur, les cou- ranls allernatifs que donnerait sans lui la dynamo génératrice, pour renverser ensuile, à l’aide d'un nouveau commutateur, le sens de leur trajet pour les solénoïdes qui doivent produire le mouvement alternatif du fleuret, paraît être une complication fort inutile. Aussi M. Marvin a-t-il songé à appli- quer le système représenté schématiquement par la figure 6 : la dynamo n’a pas de commutateur; les extrémités de son armature aboutissent respec- tivement à un disque collecteur plein el à un demi- disque, et les solénoïdes sont reliés par leurs bouts extrèmes au demi-disque, par leurs bouts voisins au disque plein. Le fleuret prend alors un mouve- ment de va-et-vient synchrone de la rotation de la Fig. 7.— Fiqure schématique représentant le système Marvin modifié, tel que cel inventeur l'a réalisé dans ses perfora- trices. dynamo, sans qu'on ait besoin d'avoir recours à un mécanisme toujours compliqué pour renverser la polarilé de l’armature. Mais, pour réaliser ce système tel quel, il faudrait ne faire tourner la dynamo qu'à la vitesse de 400 tours par minute, qu'on ne dépasse pas pour la perforaltrice !, et ce serait trop peu. On pourrail bien augmenter la vitesse de la dynamo, en lui fai- sant commander ses collecteurs par un train d'en- srenages réducteur; mais le système serait com- pliqué. Ilvautmieuxrendrelesdeux vitesses de ladynamo et de la perforatrice indépendantes en munissant la dynamo d'un commutateur ordinaire (fig. 7), par- couru par deux balais tournant B,B,, reliés l'un au collecteur entier, l’autre au demi-collecteur. On gagne encore la suppression du commulaleur sur la perforatrice, et une simplification précieuse dans les connexions de l'appareil. C'est le dispositif qu'a employé M. Harvin dans la perforatrice que repré- sentent les figures 8 et 9. M. van Depoële, et MM. Siemens el Halske construi- sent aussi des perforatrices, qui sont des variantes du même Lype. DAT En DL EEE PR he 7 ES \ Le nombre de coups varie, dans les perforatrices percu- tantes, de 200 à 400 par miaute ; la course du fleuret est d’en- viron 450 millimètres. EC. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES 15 un treuil à chaîne, mû aussi à bras d’homme. Haveuse Michaëlis. — Son outil est mis en mouve- ment par une came, espèce d’hélice montée sur un tambour creux horizontal, que la dynamo fait lourner par un {rain d'engrenages. La tige du porle- outil est pourvue d'un piston pris entre deux res- sorts : un ressort amortisseur des III. — ABATAGE Les perforatrices, dans les mines métalliques, les haveuses, dans les houillères, tels sont les ou- tils de l’abatage mécanique. Nous connaissons les premières : ce sont exactement celles que nous venons de décrire pour le perce- ment destravers-bancs. Leshaveuses sont des perforatricesspéciales, dans purs nous retrouvons cepen- - dantles deux grandes classes de per- cutantes et de rotatives. Mais, à l’in- _ verse de ce qui se passe pour les _ perforatrices ordinaires, surtout _ destinées à atlaquer des roches - dures, les haveuses, uniquement employées pour débiter des blocs de houille toujours relativement ten- dres, sont surtout rotatives. Et, dans les types perculants, le mouvement de va-et-vient de l'outil n’est qu'ex- ceplionnellement produit, comme dans la plupart des perforatrices de celte classe, par le jeu d’un ou deux solénoïdes; il l'est habi- tuellement par une dynamo dont le mouvement rotalif est transformé en mouvement rectiligne allernalif. Haveuses à percussion. Haveuse Che- not. — Son invention est antérieure à "ni ST Fig. 8. — Perforatrice Marvin {coupe transversale). chocs el un ressort d'impulsion très puissant (sa tension peut atteindre 2200 kilogrammes). Cette haveuse est montée sur roues; elle a 2",70 de longueur, 320 centimètres de largeur, 620 centimètres de hauteur ; elle pèse 400 kilogrammes; elle donne 120 coups à la minute. Haveuse Sperry.— Cette haveuse, la plus employée de toutes celles de ce type, est représentée en détail par la figure 10. Elle est montée sur deux pelites roues et manœuvrée à l’aide des manettes B, B'°. Au Lype percutant appartient en- core la haveuse van Depoële, établie par son auteur sur le même principe que sa perforatrice et, comme celle que nous venons de décrire, montée sur deux petiles roues, munie de manettes et très légère à Mmanœæuvrer. Huveuses à rotation. — Dans ces haveuses, dont le principe a élé breveté dès 1873 par T a 1 Œ nt Dr Fig. 9. — Perforatrice Marvin. — BB, solénoïdes. Les fils des solénoïdes, en cuivre nu, de section carrée, sont enroulés sur e s bobines en laiton isolées au mica et sont eux-mêmes isolés au mica à mesure qu’on les enroule : le tout est enveloppé de mica, puis d’un tube de laiton relié aux fonds des bobines par une soudure capable de résister à l'échauffement des fils. On constitue ainsi un solénoïde parfaitement abrité ctincombustible. — D, armature composée de trois parties soudées entre elles, celle du milieu en fer, les deux autres en bronze. Cette armature porte des rainures hélicoïdes destinées à assurer sa rotalion automatique, et on voit à sa droite un amortisseur de choc. — C, boite des bornes de prise de courant. La vis que l'on voit à la partie inférieure de la perforatrice est destinée à amener à la main l'avancement de l'outil. Dans un type plus récent, M. Marvin a remplacé l’armature en fer et bronze par une armature tout en acier; cet engin donne 380 coups par minute avec des courses variant de 465 à 190 millimètres. - 1884. L'axe de la dynamo — laquelle est une machine Gramme — commande, par des tambours de friction et des poulies, une manivelle dont le mouvement est transmis à l’oulil par l’intermé- diaire de deux pislons solidaires, mobiles dans un cadre cylindrique, qu'ils attirent et repous- sent par la compression de matelas d’air. L’avan- cement de l’oulil est produit à la main, à l’aide d'une roue dentée et d’une crémaillère. La haveuse _ se déplace parallèlement au front de taille par | M. Taverdon, le mouvement rotalif de la dynamo est directement utilisé pour faire tourner une barre ou une chaîne sans fin : 1° aveuses à barre. — La barre peul porter un taillant à son extrémité, — alors elle constitue un véritable foret qui s'enfonce dans le charbon en tournant autour de son axe et qu’on relire, le trou fini, pour lui en faire commencer un autre à côté; ou des ailettes tranchantes sur toute sa longueur, — alors, elle fait une sape continue en se glis- 16 G. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES sant dans la masse parallèlement à elle-même. a) Haveuses à foret. Haveuse Brain, Arnot et Baler. — Son outil est directement monté en pro- longement de l'axe de la dynamo. Elle a l'avantage de pouvoir se fixer très près du sol, au moyen de griffes sur une plaque assujettie par un étan- çon. Haveuse Herculès. — Du type à forets multi- ples, très employé en Amérique. Une douzaine de forets sont actionnés par des trains d’engre- nages, que commande un moteur Tesla à cou- rants alternatifs. Les forets sont disposés dans un même plan, perpen- diculaire au petit côté du cadre, qui supporte tout l’ensemble du mé- canisme, et qui est porté lui-même par un chariot monté sur roues et mo- bile sur rails. Le cadre peut s’incliner sur le chariot, de manière à obliquer, comme on le désire, par rapport à l'horizon , le plan de sous-Ccave. b) Haveuses à barre den- tée. Haveuse de Nostel. — L'outil est constitué par une barre hérissée de dents d'acier, calée sur le prolongement de l'axe de la dynamo ou sur un engrenage ac- tionné par ce dernier à raison de 500 tours par minute. La barre une fois en- gagée dans le charbon, on tire par un treuil à câble d'acier mû à la main, la haveuse, sur une voie parallèle au front de taille. Une barre de 1220 à 150 a fait, à Normanton, un havage de 20 à 35 mètres carrés par heure en consommant environ 10 chevaux-vapeur; elle a abattu par poste 160 tonnes, en économisant sur le travail à la main 1 shilling par tonne, et en produisant deniers de charbon marchand de plus. Haveuse Jeffrey. — La barre dentée est ici paral- 1 volant C;; le pignon C,sentraine le bouton D; par un sys- tème analogue; on diminue ainsi l'effet des chocs, atté- nué encore par les fourrures en caoutchouc F;. Le rende- ment de cette haveuse (rapport de son travail de choc à l'énergie électrique dépensée) est, d’après son inventeur, supérieur à 10 %. lèle au front de taille, et commandée par des chaînes sans fin; cet ensemble et la dynamo qui l’actionne sont montés sur un châssis mobile, qui peut glisser sur les longerons d’un chässis fixe pour permettre à l’outil de s'enfoncer dans le char- bon. Ce glissement est déterminé par un pi- gnon qui engrène avec une crémaillère du chàs- sis fixe. La sous-cave obtenue a environ 010 de hauteur sur 2 mètres de profondeur ; il faut 6 minutes pour la faire ; une minute et demie suffit pour riper la ha- | veuse parallèlement au front de taille. La ha- veuse pare ainsi 60 à 90 mètres carrés en 10 heures; c’est le travail de 10 hommes, qu'elle fait avec deux, en con- sommantenviron 15che- vaux électriques, L'éco- nomie quelle réalise ainsi sur le travail à la main est de 20 à 25°/,.." Cette haveuse est l'une des plus employées. Haveuse Goolden. — La barre dentée, de 110 à 120 de longueur, per- pendiculaire au front de taille, est reliée par un train d’engrenages à l'axe de l'induit : elle tourne à raison de 400 à 500 tours par minute, pour les charbons durs. L’entaille se fait comme l'indique la figure 12, en faisant pénétrer l’ou- til dans le charbon par la rotation dela machine sur sa table lournante, eten remorquant la haveuse sur sa voie. La dy- namo consomme 10 à 12 chevaux; il faut 3 hom- mes, un au cabestan, un autre à la haveuse, le troisième à l'élayage de la sous-cave pour empé- cher la chute du charbon sur l'outil. Une sous-cave de 100 millimètres de hauteur, de 2 mètres de profondeur, 100 mètres de longueur a été faite,avec cette haveuse, en 4 heures. Citons encore lahaveuse Atkinson, dont l'outil est rt. » :tranchantes, d'abord pa- qui est sa position de tra- analogue à celui de la précédente, la haveuse Carleton et Vallter, à deux barres dentées, l'une pour la sous-cave, l’autre pour percer un trou hori- _ zontal ou faire une sape horizontale ou verticale. 2° Haveuses à chaine sans fin. Haveuse New are, de la Thomson Van Depoële mining C° (Fig 11). Cette machine, particulièrement adaptée au service des ._ longues tailles, s’avance par touage sur chaîne _ fixe. L'outil, une chaine G. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES 17 Un inconvénient consiste dans la nécessité de chan- ger souvent les couteaux, à cause de leur usure rapide : dans les charbons durs, les dents de la haveuse Goolden doivent être changées lous les 3» mètres environ. M. Bain a proposé, pour y remé- dier, de former la pointe tranchante d'un grain d’iridium, enchässé et soudé à l'extrémité de la pointe d'acier. sans fin munie d'’ailetles rallèle au front de taille, prend graduellement, sous l’action d'un train à vis sans fin, la position perpendiculaireàce front, vail. IV. — RouraAGE ET EXTRACTION Ce service peul être assuré par des treuils et des locomoteurs des treuils, qui remontent, le long des plans inclinés, les minerais provenant des exploitations en val- La haveuse est munie dehuitroues, quatre mon- tées sur rails, quatre au- tres perpendiculaires aux premières, qui permettent delaripersanslatourner - d'un front de taille à l’autre. Elle consomme 15 che- vaux, elle nécessite deux hommes pour la conduire et exécule une sous-cave de 10 centimètres de hauteur; elle pèse 3 tonnes. Elle fonctionne avec succès à la Jead Run Mine (Ohio). Haveuse Keil el Vesterdall. — Sa disposition gé- nérale est la mê- me que celle de la Jeffrey; seule- ment, l’oulil est une chaine sans fin, et non plus une barre (il existe du reste des Jeffrey à chaine). C'est le pelit côté de la chaine sans fin qui attaque le charbon, en restant parallèle au front de laille; l'avancement est produit perpen- diculairement à ce front par une roue hélicoïdale el une vis sans fin. A la même catégorie appartiennent la haveuse Hirst, dont la chaine peut tourner de 180 degrés autour d’un axè vertical ; la haveuse Afkinson dont la chaîne sans fin est circulaire, ‘et consiste en une sorte de scie à mailles, menée par les dents d’un disque mû par la dynamo. Une supériorité du havage mécanique sur le havage à la main est de pratiquer une sous-cave moins haute (010 au lieu de 025), et de diminuer ainsi la proportion du menu dansle charbon abattu. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. Fig. 11. — Haveuse rolalive à chaîne sans fin New-arc. Fig. 12. — Haveuse rotalive Goolden. Ensemble du Montage. lée, et qui peuvent aussi être affectés à un roulage horizontal, ou plus acces- soirement à une exlrac- tion verticale; — des locomoteurs, qui ne peuvent, à cause de leur puissance, être utilisés qu'à la surface ou dans les galeries aboutissant au jour ou au puits d'extraction. Treuils. — L'une des premières installations du genre es£ celle qui a élé faite, en 1880, par la maison Gramme à la Péronnière (Loire ) elle fonctionne en- core parfaite - ment, bien que dans des condi- tions difficiles. Une machine à vapeur, {tournant à raison de G5 révolutions par minute, actionne deux généra- trices, siluées au jour et faisant 4.300 tours. Quatre càbles conducteurs amènent Je courant à deux réceptrices, situées à 1.200 mètres de là, qui actionnentelles-mêmes un treuil par l'intermédiaire d’une poulie de friction en papier. Pour simplifier la partie électrique, les dynamos tournent toujours dans le même sens, et les manœuvres du treuil s’exécutent par des embrayages et des change- ments de marche mécaniques, comme s’il était mû par une courroie. En comparant le travail brut de la vapeur dans le cylindre au travail ulile en houille élevée, on a trouvé 12,2 °/, comme rende- ment avec une seule benne, 26,1 °/, avec quatre. L'installation, suflisante pour élever 1.900 kilo- EC 18 G. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES ee ———————_—_—…"…"…"…"—"”—" —"…"—"—"—"——…—…—…—…—…"—"—"— — "— — — — grammes de houille en 151 secondes à 40 mètres de hauteur, a coûté 25.325 francs, sans compter le câble (3 francs par mètre pour les endroits hu- mides, 1 fr. 25 pour les endroits secs). Aux mines de Æaria (Brésil), un treuil de 10 che- vaux, analogue au précédent, mais dans lequel les manœuvres sont assurées par une combinaison d'embrayage Mégy, fonctionne avec un succès com- plet. Dans les houillères d'Albercanaïd (pays de Gal- les), MM. Crompton et Howell ont installé un treuil, que représente la figure 13. La génératrice du type Crompton compound marche à 550 lLours, au travail indiqué par la machine motrice est d’en- viron 50 °/,. Ce qu'on recherche maintenant dans les treuils de construction récente, c'est une forme aussi condensée que possible. On renonce aussi à l’u- niformité danslesens du mouvement de la dynamo. C'est dans cet esprit qu'a élé conçu, par M. Pi- cou, le treuil fabriqué par la Société Edison de Paris, pour les mines d’Anzin, où il remonte sur un plan incliné un truck porteur d’une berline. La dynamo, du type cuirassé, dont les fils et l'induit sont bien protégés, dont les balais sont en char- bon, actionne par un engrenage hélicoïdal un pre- | Fig. 13. — Treuil électrique Cromplon el Howell. 100 ampères, 800 volts. La réceptrice, siluée à 3.000 mètres de la première, du même type Crompton, mais en série, tourne à raison de 600 tours, avec 450 volts et 80 à 160 ampères. Gette installation remplace 27 chevaux, dessert un rou- lage de 100 tonnes par jour, avec un rendement de 65 °/,, el a coûté deux fois moins qu'une ins- lallation équivalente à l’air comprimé ne rendant que 30 ? Dans les mines de houille de Zlawrnech (Mom- montshire), l'électricité est transmise d’une géné- ratrice extérieure, par un cäble isolé sous plomb, le long d'un puits de 220 mètres et d'une galerie de 670 mètres, très humides, à une réceptrice du type Immish, qui actionne, par un ancien treuil transformé, un roulage de bennes sur rampes de 1/8 et 1/12, de 270 mètres de longueur. Malgré les frottements trop élevés du tambour et de son càäble, le rapport du travail de traction sur le câble mier arbre, qui attaque celui du treuil par un en- grenage à chevrons. Une poulie à gorge recoit le câble, qui n'y fait qu'un demi-lour, le poids du chariot étant en partie équilibré par un contre- poids attaché à l’autre bout du càble. L'appareil est manœuvré par un inverseur el un rhéoslat à liquide, à l'aide d'un seul levier, qui ouvre gra- duellement le circuit avant de faire l’inversion du courant : on évile ainsi complètement les élincelles et les à-coups. Dans le treuil 7komson-Houston, la dynamo ac- tionne le tambour par des engrenages simples. Le commutateur de changement de marche est com- mandé par un levier distinct de celui du rhéostat de réglage. Un levier de débrayage permet de descendre la charge au frein. Locomoteurs. — Le premier appareil du genre qui ait circulé dans les mines ne remonte qu’à 1882 : il a été monté par la maison Siemens el ad mr ne 5 mu nc à dut |) dd É MÉ SS G. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES 19 Halske dans la houillère de Zuukeroda, près Dresde. Il est constitué par une réceptrice, reliée par des engrenages aux deux essieux qui sont moteurs. Le courant, amené d'une génératrice de 15 che- vaux, est pris, sur deux rails en fer à T renversé, par des frotteurs à ressorts. Les trains, composés de 10 à 15 wagons, pe- sant vides 250 kilogs. et contenant 500 kilogs, de charbon, sont remor- qués à la vitesse de 9 à 10 kilom. à l'heure en palier. Pour une ex- traction de 400 tonnes en seize heures, la ton- auxquels on n'a pu parer par l'emploi de ressorts de suspension, emploi que rend diflicile la rigidité de la transmission des dynamos aux essieux. Locomoteur Schlesinger. — Ce locomoteur est le premier qui ait été appliqué en Amérique; il date de 1888, époque à laquelle il a été installé dans les houilières de Zykens Valley (Pensylvanie). La force motrice est four- nie par deux machines à vapeur Arminglon de 60 chevaux, actionnant une génératrice Thom- son-Houston de 50 che- vaux sous 220 volts. Le ne kilométrique est re- courant est amené par venue à 0 fr. 2600 avec roulage à la main, 0 fr. 1563 avec roulage par chevaux, à 0 fr. 1134 avec l'électricité, L'éco- nomie est notable. Locomoteur de Marles. — Ce locomoteur est cons- truit par la Société Edison, sur les plans de M. Picou. L'arbre de la réceptrice, parallèle à la voie, porte un pignon, qui actionne une roue calée sur un arbre in- termédiaire; ce dernier, par deux engrenages héli- coïdaux , commande les deux essieux, quisont ainsi moteurs. Par-dessus la machine se trouve le rhéo- stat, dont le volant de manœuvre est horizontal, ainsi que les leviers d’in- terruption et dechan- gement de Fig. 14. — Locomoleur van Depoële, type surbaissé. des càbles et un trolley à la dynamo réceplrice de 40 chevaux, qui transmet son mouvement aux deux essieux, d’ail- leurs accouplés, par un train d’ergrenages et deux manivelles à 90° calées aux extrémités de l’armature. Le locomoleur (fig. 15) a 2°90 de long sur 160 de haut et 1"60 de large ; il pèse 6.100 kilos, y compris un poids de 900 kilos, qu'on lui a ajouté pour augmenter l’'adhérence et avec elle la puissance de traction. Il circule sur des rails de 0*90 d'écartement, à joints cuivrés aux éclis- ses, pour le retour du courant, En cinq heures et demie, il roule 700 bennes parcourt 33 kilom., marche.Le | en chan- courant k geant 232 est pris fois de par deux marche. Il frotteurs est con- sur une duit par voie aé- ; un hom- = die, 45. — Loco ur Schlesinger (houillère de Lykens Valley). G rienne for- Fig. 15. — Locomoleur Schlesinger (houillère de Lylens Vattey me, assis- mée de vieux rails. Le locomoteur, de 2 mètres de longueur, 015 de largeur, 0760 d'écartement d’essieux, circule dans une galerie de 175 de hauteur, sur une voie de0"60, en rails de 10 kilogrammes, à courbes très raides. Il remorque jusqu'à 25 berlines de 700 kilogrammes chacune, à une vitesse de 8 kilomètres à l'heure en palier. Il fonctionne bien, malgré les irrégula- rilés de la voie, qui donnent des chocs incessants, té d’un gamin pour la formation des trains et la manœuvre des aiguilles; il remplace 7 mules et 3 conducteurs, qui n'arrivaient à rouler que 560 bennes en 13 heures. Locomoteur Van Depoële (fig. 14). — Sa puissance est de 60 chevaux; il est remarquable par sa com- pacilé (1 mètre de haut). Son trolley est à bras articulés, pour suivre le conducteur malgré ses dé- nivellations. On voit, sur les côtés, quatre lampes 20 G. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES \\ NL — Fig. 16. — Locomoleur Jeffrey (mine de Shawnee). électriques à projecteur parabolique, qui éclairent parfailement la voie. Locomoteur Jeffrey (g.16).— II fonclionne avec un Shawnee. W pèse à tonnes, el peut en remorquer facilement 30 sur une rampe de 4 °/,, à la vitesse moyenne de 10 kilomètres à l'heure. \ Ce Q at Fig. 17. — Locomolew: Edison. | plein succès depuis la fin de 1889, avec une force électromotrice de 250 volts, dans les mines de Locomoteur Edison. — Laréceptrice de 15 chevaux commande les deux essieux accouplés, par une nb Leds ct De dé, à ad: G. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES 21 lransmission suspendue. Il est ordinairement pro- tégé par une enveloppe qui n'est pas représentée sur la figure 17. Locomoteur Tinmish et Walker. — C'est un locomo- teur-toueur, qui se remorque sur un càble, el qui peut ainsi développer des efforts de traction très considérables à de faibles vitesses: Aux WAarn cliffe Silkstone Collieries un locomoteur de 10 che- vaux, pouvant en développer 20, remorque environ 3 tonnes sur une longueur de 450 mètres, à la vitesse de 5 kilomètres sur rampe de 1/9. Tous cesexem- ples prouvent combien la trac- tion électrique s’adapte bien aux besoins des mi- nes. Étant donné le succès de l'é- lectricité pour les transports à la surface. et ses qualilés spécia- les qui la ren- dent encore plus propre aux trans- ports souler- rains , comme l'absence de fu- Le a a V.— ÉPUISEMENT. Pour assurer ce service, on emploie ordinaire- ment des pompes foulantes, étagées dans un puits spécial, et dont les pistons sont actionnés par une tige rigide el massive, qui oscille verticalement, sous l’action d'une machine à balancier installée à la surface. Comme tout cet ensemble ne peut tra- vailler qu'à faible vitesse, il faut racheter le petit nombre de coups qu'il donne à la minute par un gros débit à chaque course du piston. On est ainsi amené à donner au corps de pom- pe une grande hauteur et un gros diamètre: il en résulte un “matériel très massif, coûteux à installer, difli- cile à réparer. Pour éviter cet inconvénient, on a quelquefois re- cours à des pom- pes plus conden- sées, plus rapi- des, du type de Quillacq, instal- SPIP | ss JP 5 tm a "PT SPLAD V4; mée, on pouvait prévoir la chose. $ En thèse géné- rale, nous estimons, pour notre part, qu'une mine, ayant sur une voie donnée un roulage important à effectuer, doit trouver son avantage à s'adresser à l'électricité !. 1 Comme le dit M. G. Richard (Lumière Électrique, T. XLII, p. 21): « La supériorité de l’électricité pour la traction sou- terraine sur le travail manuel ou celui des chevaux ne saurait, je crois, être mise en doute, tant au point de vue de l’éco- nomie qu'à celui de la sécurité de l'exploitation; et il suflira de se rappeler la complication, le mauvais rendement et le prix d'établissement élevé des grandes tractions par chaines et par câbles pour admettre qu'on leur aurait certainement préféré l'électricité, si les électro-moteurs avaient existé à l’époque de leur établissement.» La traction électrique par câbles existe cependant: à la mine de lord Durham (Angle- terre), une machine électrique, pouvant développer 40 chevaux en faisant 650 tours à la minute, attaque par l'intermédiaire de deux couples d’engrenages, une poulie à gorge de 22,50 de diamètre, sur laquelle passe un câble sans fin, qu'elle meut à une vitesse de 4 milles à l'heure, et auquel on accroche les wagons à mesure qu’ils sont prêts. Mais il vaut mieux employer les locomoteurs, qui donnent un rendement plus grand. Les accumulateurs, employés pour alimenter les dynamos de certains tramways électriques, sont, en général et fort justement, semble-til, considérés comme inapplicables aux locomoteurs miniers, en raison de leur poids, de leur encom- brement et aussi de leur usure rapide sous l'influence des vibrations, inévitables avec les voies souterraines. Fig. 18— Pompe Goolden. lées au fond, et recevant leur va- peur de chau- dières siluées à la surface. Mais les conduites de vapeur, encombrantes, donnant souvent lieu à des fuites difficiles à réparer, sont toujours le siège d'une condensation et d'une perte de pres- sion qu'on peut évaluer à 15°/, pour une pro- fondeur de 250 mètres, à 30 °/, pour une profondeur double. Sil’on songe qu'une transmission électrique très ordinaire donne un rendement de 70 °/, pour des parcours incomparablement plus longs, on trouvera que l'emploi de l'électricité élait tout indiqué, sans compter qu'il devait permettre d’al- léger encore beaucoup les pompes, en les faisant marcher à leur plus grande vitesse possible. C'est effectivement ce qui a été fait, en même temps que, pour mêttre le travail des pompes plus en rapport avec le travail constant de la dynamo,on a sup- primé les points morts, en mullipliant les corps de pompe et en calant convenablement les maxi- velles sur l'arbre moteur. C'est dans cet esprit que sont conçues la pompe de la Gould Mining C° Seneca Falls N. Y.etlapompe Goollen, chacune à trois pistons plongeurs verti- caux. La seconde, employée à la houillère d'A7/ha- lows (Cumberland) et représentée parla figure 18, a os 2 G. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES sa dynamo complètement enfermée; elle refoule 540 litres par minute, sous une charge de 180 mè- tres, àtraversun tuyau de 1.550 mètres de longueur. La dynamo génératrice à une force de 20 chevaux électriques ; le rendement (rapport de la puissance effective de la réceptrice à la puissance effective de la machine à vapeur) atteint 76,5. La pompe de la /ubilee Colliery (Mig. 19 a ses deux corps de pompe horizontaux. Sa génératrice, du système O/dham, donne environ 38 chevaux élec- triques: laréceplrice, du même type, à peu près 35. Fig. 19. — Pompe de la Celte dernière conduil, par une transmission à cordes et engrenages, les deux pistons, dont le diamètre est de 230 millimètres el la course de 760, et qui refoulent, à raison de 35 tours par minule, 43 litres d'eau par seconde, sous une charge de 4270. Dans un essai effectué le 23 jan- vier 4891, on a trouvé pour le rendement, défini comme plus haut, 85 °/,, ce qui est très beau. Sans abandonner la dynamo comme moteur de la pompe, on peul avoir recours, pour les petites profondeurs, à une pompe centrifuge directement attelée sur l'arbre de la dynamo. On y trouve l’a- vantage d'avoir un ensemble {rès compact, très robuste et donnant un grand débit, sans compter que sa grande mobilité le rend très propre à assu- rer l’épuisement d’un chantier provisoire, en ren- voyant l'eau soit à la surface, si elle n’est pas trop haut, soit dans l’un des collecteurs des grandes machines fixes. On peut actionner la pompe par un solénoïde sec- lionné, comme on aclionne une perforatrice. Dans le système de M. Van Depoële (fig. 20), qui esl assez usité aux États-Unis, l’armature du solénoïde est calée sur la tige de la pompe. Le mère électri- cien a proposé de faire de cette armature le propre piston d’une pompe à double effel; mais nous ne croyons pas que le système ait élé appliqué. Jubilee Colliery. VI. — AÉRAGE L'aérage est ordinairement assuré par des ven- tilateurs puissants, installés à l’orifice de ‘puits spé- ciaux, le plus souvent fort éloignés du centre de l'exploilation. Aussi y aurait-il, dans bien des cas, avantage à supprimer l'usine de force motrice, entretenue près du ventilateur pour l'actionner, et à envoyer à ce dernier l'énergie nécessaire, d'une stalion centrale ; l'emploi de l'électricité est alors tout indiqué !. ‘ Indépendamment de ces grands ventilateurs, qui donnent l'air à tout un quartier d'exploitation, on 1 On peut citer, dans le genre, le ventilateur du puits Saint- Claude à Blanzy, actionné dès 1881 par deux machines xramme G. LAVERGNE — LES APPLICATIONS MÉCANIQUES DE L'ÉLECTRICITÉ DANS LES MINES 93 emploie aussi des ventilateurs moins puissants, qu’on installe à l'intérieur dela mine, par exemple pour aérer des chantiers en cul-de-sac. Jusqu'à présent,ces ventilateurs étaientmus à bras d’homme ou par l'air comprimé ; il est préférable de les faire actionner par une dynamo. On peut alors utiliser les divers ventilateurs électriques : Crooker Wheoler motor C° N. Y., Simonds Manufacturing C°, Kintner, Lundell, Beers, Bennett, Hill... Ces ventilateurs souterrains peuvent parfois prendre une importance considérable, Ainsi, dans les houillères de Zaukerodu, à 400 mètres de pro- fondeur, un ventilateur Shiele, de 0",96 de dia- mètre, débitant 178 mètres cubes d'air à la minute, à la pression de 20 millimètres, avec une force de 1 ch. 66, reçoit son mouvement par l’intermé- diaire d'une courroie, d’une dynamo à laquelle le courant arrive d’une génératrice Siemens, située à 157 mètres d’elle, actionnée par une machine à vapeur Dolgvrouki faisait 800 tonnes par minute. nateurs synchronisés Westinghouse marchant à 3.000 volts. Pour l'exploitation des placers, la Ben- nelt amalyamator C° de Sumint (Colorado) construit un excavateur-amalgamaleur mû par l'électricité. Cette dernière joue quelquefois, dans la prépa- ration mécanique, un rôle plus spécial que celui de moteur: c’est ce qui arrive dans les trieurs ma- gnétiques. On peut citer : le trieur Æriedrichssegen (Allemagne), pour séparer les minerais de fer de la blende: le trieur Jaspar, qui permet de traiter 20 tonnes de matière brute en 10 heures, sans de- mander plus de 2 chevaux ; le trieur Westrom, TE TT IT Fig. 20. — Pompe direcle van Depoële (1891). — D, armature; 4’, tube de bronze. — C, bobine du milieu toujours excitée, qui magnétise fortement l’armature D et l’enveloppe en fer du solénoïde. — B1,B2,...C1,C2,... deux séries de bobines latérales; —f", 9), touches du commutateur séparées par un isolant F.— G,barre du commutateur. — I, taquet ; t, à, butées du taquet. VII. — PRÉPARATION MÉCANIQUE Sur le carreau de la mine, le minerai reçoit or- dinairement un traitement destiné à le débarrasser des impuretés qui seraient transportées en pure perte et à le classer en diverses catégories. Les opérations de cette préparation mécanique, fort diverses avec la nature du minerai, exigent parfois une force motrice très considérable. On aura tout intérêt à la demander aux forces hydrauliques voi- sines, transportées électriquement à l’atelier de préparation mécanique. A Aspen (Colorado), des broyeurs sont actionnés par des dynamos. La Gold King Company de Tellu- ride (Colorado) a installé, il y a 3 ans, un bocar- deur de 100 chevaux äunealtitude de 3.300 mètres, inaccessible aux combustibles, bois ou charbon ; la transmission s’opère au moyen de deux alter- employé en Suède; le trieur Sith, pour la puri- fication du quartz et du kaolin ; les trieurs Ædison, Thompson et Sanders… Ces applications diverses de l'électricité, dont nous venons d'épuiser la liste, se trouvent parfois plus ou moins réunies dans une seule mine!, où l'électricité peut, en outre, être utilisée sous d’au- tres formes (éclairage, téléphones, sonneries, si- gnaux) qui sont bien connues, et que nous n'a- vons d’ailleurs pas à décrire ici, car elles n'ont pas le caractère mécanique de celles que nous nous sommes donné pour mission d'étudier. Gérard Lavergne, Ingénieur civil des mines, ! A citer notamment les mines de Faria (Brésil), Dalmalia Californie), Aspen et Värginius (Colarado), Arizona (Etats- Unis), la mine de lord Durham (Angleterre). 24 D' A. CHARRIN — LES TOXINES : MÉCANISME DE LEUR ACTION LES TOXINES MÉCANISME DE LEUR ACTION Dans le domaine des sciences expérimentales, comme, du reste, sur d’autres terrains, tout cher- cheur soucieux du progrès a pour devoir, lors- qu'un fait d’une porlée générale vient d'être établi, de s'attaquer à ce fait, de l’étudier, de l’analyser jus- que dans ses moindres détails.Or, à certains égards, il ne semble pas que les bactériologistes aient loujours rempli scrupuleusement celte obligation. Personne ne met plus en doute, et cela depuis plusieurs années, les propriélés morbifiques des sécrétions microbiennes : on sait, de science sûre. que, pour provoquer la maladie, les agents patho gènes usent, avant tout, des substances chimiques qu'ils fabriquent. On a reproduit des accidents caractéristiques en injectant ces substances, au lieu d'inoculer les infiniment petits: on a constalé que dans l'organisme, aussi bien que dans les milieux de culture, les germes donnent naissance à ces corps que l’on englobe le plus souvent sous le nom géné- rique de /oxines. Le Professeur Bouchard a prouvé que ces principes s'éliminent par la voie rénale: Charrin el Rüffer les ont décelés dans le sang. De- puis lors, en particulier pour le létanos, pour la diphtérie, etc., Camara Pestana, Immerwabr, etc., ont réalisé des constatations de même ordre. Le fait n'est donc plus discutable: il n'est nul- lement nécessaire, désormais, de se dépenser en efforts pour mettre en évidence la puissance nocive des produits kactériens, lorsqu'on se borne à les introduire chez un animal jusqu'à ce que mort s'ensuive. La donnée générale est acquise : les désordres morbides dérivent de la pénétration dans les viscères des poisons engendrés par les microbes: à cet égard, la cause est entendue, du moins si l’on s'en lient, comme, du reste, on le fait habituelle- ment, aux phénomènes élémentaires. En répétant constamment l'expérience qui consiste à tuer un sujet quelconque de laboratoire en lui administrant des cullures stérilisées, on s'évertue à marquer le pas sur place. Il convient cependant de ne point oublier que des modifications aussi nombreuses que diverses se développent,dès que l'équilibre des forces vitales, gage nécessaire de la santé, est rompu; par une série d'étapes, on aboutit à la guérison où à la terminaison fatale. Il importe d'étudier ces étapes, de déceler, dans leurs plus pelits délails, les phénomènes qui se déroulent. En agissant de la sorte, l'esprit trouve une ample satisfaction, la science progresse; en outre, on combat plus efficacement les accidents, quand on a saisi leur genèse : la pralique comme la théorie réclament ces recherches. I Les désordres causés par l'infection répondent à trois catégories principales de fails : les lésions des Lissus, les allérations des liquides, les pertur- bations fonctionnelles des appareils. A moins de revenir aux aclions de présence, on doit admettre que les bactéries, au cours des fièvres ou de toute autre affection parasitaire, pour créer la maladie, modifient la structure des viscères, la composition des humeurs, le jeu des systèmes; de là l'obligation d'examiner le rôle de ces bactéries ou de leurs sécrétions au point de vue de l'anatomie, de la chimie, de la physiologie pathologiques. Les travaux concernant les changements apportés dans la disposilion des cellules par la pénétration des toxines sont relalivement nombreux: à cet égard, il y a lieu d’atlénuer le reproche formulé à l'endroit du défaut d’études détaillées. On a établi la part qui revient aux substances microbiennes dans la production de l’inflammalion : ces substances ont paru susceptibles de se com- porter à la façon des agents d'irrilalion: elles font naitre l’æœdème ; elles sollicitent la diapédèse:; elles allirent ou repoussent les organiles mobiles ou mobilisés: elles nécrosent quelques-uns d’entre eux, amenant äinsi la formalion du pus: elles font dégénérer les épithéliums, pendant qu’elles pous- sent à la multiplication directe ou indirecte. Siles bactéries elles-mêmes sont présentes, ces phénomènes s'accentuent: Ja phagocylose se montre: la lésion locale, qui, le plus souvent, n’est autre chose que l'indice de la défense de l'éco- nomie, se réalise. ; Il y aurait beaucoup à dire sur la signifisalion, sur la portée générale, sur les causes, sur Le méca- nisme, sur les conséquences de cette lésion locale, dont la nature a élé si bien comprise, si bien inter- prétée par le Professeur Bouchard: toutefois, pour la mettre complètement en valeur, l'intervention des parasites vivants est à peu près indispensable: or, ici, notre but est, avant tout, de placer en évi- dence la part qu'il faut attribuer aux sécrétions de ces parasites dans la genèse des perturbations mulliples dont l'ensemble constitue l’état morbide. J'ai pu montrer, dès 1888, l'action de ces sécré- lions sur le rein, établissant qu'un viscère donné PRE VRP VUE nr tube os. nn à. D' A. CHARRIN — LES TOXINES : MÉCANISME DE LEUR ACTION 19 Qc chez un animal déterminé, peut, sous l'influence d'un virus unique, offrir les altérations les plus disparates : inflammalion aiguë ou chronique, désordres interslitiels ou parenchymateux, dégé- nérescence graisseuse ou amyloïde, hypertrophie où atrophie avec artério-sclérose, thrombose, in- faretus, etc.; ces variétés dépendent de la qualité, de la quantité des produits microbiens introduits, de la réaclion des tissus, de la durée du mal, de la porte d'entrée de cesproduits, del'âge dusujet, etc.: en tous cas, ici, le mécanisme est simple ; ces corps traversent le fillre rénal pour s'échapper par l'urine: ils détériorent ce filtre à la manière de la cantharide, du mercure, du plomb, elc. L'étude des changements offerts par les séreuses, péricarde, péritoine, méninges, plèvres, syno- viales, etc., n'a pas été oubliée. Au début, on atrop insisté sur la nécessité de la présence de l'agent pathogène; j'espère avoir récemment prouvé que, si ces membranes subissent les eflets des prin- cipes dérivés de la vie de nos cellules, comme chez les brightiques ou chez les goutteux,elless’altèrent par le fait du passage, autravers de leurs différentes couches, des éléments extraits des cultures. Les toxines, diphtéritiquesou autres, provoquent des artérites, des phlébites. — Si les muscles, en général, sont assez résistants, le myocarde semble offrir plus de délicatesse. Au Congrès de Berlin,au cours de la discussion relative aux myocardiles, j'ai pu montrer une collection de pièces prouvant que ces toxinessont capables d’engendrerces myo- cardites. En administrant, à plusieurs reprises, des doses successives de poisons bactériens, on a fait naitre des myélites diffuses ou systémaliques, des né- vrites, des bronchiles, descongestions pulmonaires ; on a provoqué des hypertrophies de larale, d'après Nissen, hypertrophies que l’on considérait comme l'expression de la présence des infiniment petits : on à placé ainsi la notion loxique à côté de celle du parasile actif. Cette notion n’est point, du reste, une pure curio- sité de l'esprit. Solidement assise, elle conduit à favoriser l'élimination, la destruction, la neutrali- sation de ces principes nocifs; elle apprend que tout n’est pas lerminé, alors même que les germes sont morts; il faut encore compter avec leurs sé- crélions parfois très lentes à disparaitre; il faut Surtout songer à la cellule, à la pathologie cellulaire qui, en dépit des découvertes, demeure la pierre angulaire de l'édifice. Les microbes, leurs dérivés chimiques, constituent, à coup sûr, des agents étio- logiques considérables; mais ce qui domine la scène, ce sont les perturbations anatomiques ou fonctionnelles des tissus, quelles que soient d’ail- leurs les causes de ces perturbations. Ces causes, infectieuses, chimiques, physiques, peuvent intervenir sans réussir à provoquer le plus minime dérangement, si elles n’ont pas troublé le jeu des appareils ou changé leur struc- ture : leur suppression ne mel pas un terme aux désordres morbides, quand l'organile lésé n'est pas pleinement revenu à l’état normal. Si telles altérations, à l'exemple Ge certaines hvpertrophies spléniques, semblaient réclamer, pour devenir apparentes, l’aclivilé personnelle des bactéries, tout au moins dans la majorité des cas, il en est qui étaient tenues comme indiquant in- failliblement celte activité: cerlaines _entérites accompagnées de l’inflammalion des plaques de Peyer, étaient de ce nombre. J'ai démontré, il y a plus de sepl ans, qu'on créait ces lésions en injectant les toxines pyocya- miques dans les vaisseaux. J'ai élé heureux de voir Sanarelli, dans son important mémoire sur la fièvre typhoïde, rappeler cette découverte, en conslalant que le bacille d'Eberth, localisé d’abord dans les lymphatiques, fabrique des substances qui. en franchissant les tuniques inteslinales, les détério- rent profondément. Denys, Van den Bergh, ont émis, pour le choléra, une hypothèse analogue. A diverses reprises, j'ai insisté sur ce rôle d'éli- minalion dévolue à cette partie du canal alimen- taire; il y alà, en pathologie aussi bien qu’en phy- siologie, une importante fonction, d'autant que, dans ceconduit de la sortealtéré, la flore habituelle prend un développement marqué. A la catégorie des modifications anatomiques d'originetoxique appartiennent également nombre de changements observés du côté du foie ou des cap- sules surrénales au cours des infections. Ces deux viscères.— Abelous,Langlois,puis Charrin l'ont éla- bli pour ces capsules —, jouent un rôle antitoxique ; ce rôle, il est à peine besoin de le signaler, ac- quiert toute son importance dans des maladies qui ne sont, en définitive, que des empoisonnements. Il est aisé, en injectant des cadavres microbiens, soit dans les voies biliaires, soit dans la veine- porte, de déterminer des dégénérescences hépa- tiques variées, avec parlicipation du tissu conjonc- tif, avec thromboses, artérites, angiocholites, etc. Les éruptions culanées, les hémorragies capil- laires de la peau, éruptions, hémorragies que font apparaitre une foule de poisons d'origine externe, peuvent aussi dépendre de la pénétration des sé- crétions bacillaires, privées de Lout germe vivant. On a là, une fois de plus, la preuve du rôle indé- niable de ces sécrétions dans la genèse des lésions, dans la production des troubles anatomiques. Le progrès solide exige que l'on connaisse le mécanisme de ces lésions, de ces troubles: il est, en effet, dificile de réparer une brèche faile à une 26 D' A. CHARRIN — LES TOXINES : MÉCANISME DE LEUR ACTION EE ——— ——— —". ———————_—_— a muraille, si l’on ignore son siège, ses dimensions, les motifs de sa réalisation. Il serait facile, sans perdre de vue les autres procédés d'intervention propres aux germes, tels que les aclions directes, la concurrence vitale, les modifications vasculaires, ete., de développer plus longuement les propriélés nocives des toxines au point de vue histologique. Toutefois, nous l'a- vons dil, ces modifications des tissus ont été re- lativement assez étudiées; elles sont assez con- nues. Les changements apportés dans la composition des liquides, par le fait de l'introduction de ces toxines, sont plus obseurs ; il importe d'établir leur réalité, d'autant que les résultats acquis aussi bien que les espérances conçues permettent d’entre- voir l'intérêt sans égal qui s'attache à ces re- cherches. Il Le sang subit l'influence des produits micro- biens et dans ses éléments figurés et dans ses élé- ments solubles. Les leucocytes Lantôt augmentent de nombre, Lantôt diminuent; Rovighi, Biegansky, Pernice, Alessi, Chatenay, Everard, Demoor, Massart, elc., ont établi cette donnée. Pour Botkin, les corpus- cules éosinophiles deviendraient plus abondants ; pour Vatkins, les globules rouges apparaitraient plus crénelés, plus débiles, pendant que les pla- ques hématiques, d'autre part, seraient plus nom- breuses: pour Maurel, les cultures stérilisées dété- rioreraient ces différents globules; pour d’autres leur isotonie serail anomale. L'oxygène fléchit de 12, 13, à8, 9° ; je l'ai constaté avec Gley, avec Lapicque, comme j’ai vu, avec Kaufmann, le sucre tomber de 0,940 à 0,710 par litre. — Slintzing prétend que l’eau augmente, tandis que l’albumine diminue ; l’hydrémie accom- pagne l'hypo-albuminose. Mais le changement qui prime tous les autres, c'est celui qui se développe lorsqu'on injecte des matières bactériennes de façon à créer l’état ré- fractaire, Il se produit, dans ces condilions, des substances peu stables, que la dialyse, que des congélations, que la chaleur altèrent, substances dont les unes sont peu favorables à l’évolution des germes vivants, dont les autres, tout en possédant ces qualités réputées bactéricides, agissentsur les poisons microbiens pour les neutraliser, pour an- nuler leurs effets : ce sont là les principes anti- toxiques. A la découverte des premiers de ces éléments, de ceux qui sont dits bactéricides, se rattachent les noms de Flügge, Nussal, Nissen, Fodor, Buch- ner, Stern, Zässlein, Gamaleïa, Bouchard, Charrin, Roger, Gottslein, Szekely, Klemperer, Vosvinkel, Czaplewski, Pekelharing, Nestchajew, Emmerich, Fowitzki, Arkharoff, Mosny, Pansini, Kionka, Kanthack, ete. À la découverte des seconds de ces corps, de ceux qu'on appelle antitoxiques, sont liés, avant tout, les travaux de Behring, de Kita- salo, puis ceux d'Ehrlich, de Tizzoni, de Cat- ani, etc. On sait les heureux effets obtenus dans le trai- tement de la diphtérie par Behring, Aronsohn, Ebrlich, Wasserman, Kossel, plus tard par Roux, Martin, Chaillou, elc., ou, dans celui du tétanos, de la pneumonie, par des médecins, en particulier par des médecins italiens, en injectant ces subs- tances ou plutôt le liquide qui les renferme, attendu qu’elles ne sont que très imparfaitement connues ; elles existent dans le sang, plus spécia- lement dans le sérum, comme l’a indiqué le P' Bouchard ; de là la dénomination de sérothé- rapie qui a remplacé celle d'hémo ou d'hémato- thérapie. Dans une série de recherches des plus impor- tantes, Richet el Héricourt avaient vu que l’on combattail certains virus, au premier rang une septicémie, puis la tuberculose, en introduisant le contenu des vaisseaux de sujets naturellement ou arlificiellement vaccinés. Depuis lors, nous venons de le rappeler, on à beaucoup étudié ce liquide sanguin des individus réfractaires; on à vu qu'en administrant des toxines, en vaccinant des animaux, on faisait nailre, dans ce liquidesanguin, ces composés bactéricides ou antitoxiques, gräce à des modifications appor- tées dans la nutrition. Il est, en effet, bien établi aujourd’hui que ces matières ne sont pas incluses dans les cultures employées pour immuniser. D'une part, ces matières n'apparaissent que plu- sieurs jours après la pénétration de ces cultures, alors que ces cultures se sont en partie éliminées ; d'autre part, ces cultures subissent, sans perdre totalement leurs qualités de préservation, un chauffage de 100° et davantage, tandis qu'à 70° ces malières bactéricides sont allérées. , Ces éléments procèdent done de la vie des cel- lules de l’économie que l’on a rendue résistante aux virus. À ce point de vue, ils dérivent non pas directement, mais bien indirectement des sécré- tions bacillaires ; ces sécrétions changent la vila- lité de l'organisme, comme le fait le plomb,comme le réalise le poison du germe d'Eberth. Qu'un ouvrier peintre en bâtiment absorbe des sels plombiques : ses Lissus, qui poussaient la des- truction des acides jusqu'à l’eau ou CO?, cesseront de jouir de cette activité; cet ouvrier deviendra goutteux. D'un autre côté, tel individu, très maigre avant sa dothiénentérie, après sa maladie marche PAPAS RP ED D: 3 CHARRIN — LES TOXINES : MÉCANISME DE LEUR ACTION 19 1 à l'obésité ; ses organitesnebrülent pluslesgraisses. Les corps chimiques, d'origine bactérienne ou non, définis ou non, en (raversant un être vivant, en séjournant plus ou moins longtemps dans cet être, sont donc capables de modifier sa vitalité, de ralentir ou d'accélérer sa nutrition. Or, cette nu- trition consiste, pour les élémentsfigurés, à puiser dans les plasmas ce qui leur convient, à assimiler, à retenir ce qui leur est nécessaire, à rejeter le su- perflu. Les plasmas sont donc fatalement, forcé- ment, ce que les font ces éléments figurés: ils sont sous leur dépendance immédiate. Aussi est-on surpris d'entendre parler, à propos des doctrines de l’immunité, de théories cellu- laires opposées à des théories purement humo- rales, car on saisit mal une Lhéorie purement humo- rale, non cellulaire. Si l’on fait usage de ce mot « humoral », c’est pour abréger le discours, en supposant que tout le monde comprend. Comment concevoir, chez l'animal, des humeurs sans rela- lion avec les cellules? Comment dans ces humeurs faire apparaître des corps bactéricides ou antitoxi- ques, alexines, antilysines ou autres, sans la participalion de ces cellules? Aufant vaudrait remonter à la génération spontanée! Autant croire au quidquid e nihil ! Non, il n'y a, à certains égards, que des théories cellulaires: les unes expliquent l’immunité par des actions d’inclusion, de digestion des parasites au sein de ces cellules: les autres imaginent que ces cellules font ‘que les plasmas renferment des prin- cipes défavorables aux agents infectieux ou à leurs produits. Ces principes sont surtout nuisibles aux infini- ment pelits capables d’engendrer le mal dont on a cherché à préserver l'organisme: autrement dit, ces principes, s’ils sont nés à la suite d’une vacci- nation contre le bacille de Lüffler, seront plus dan- gereux pour ce bacille que pour tout autre. Toute- fois, il en est dont l’action s’étend à d’autres virus. Avec Courmont, j'ai vu le sérum des lapins rendus réfractaires au germe du pus bleu atténuer la bactéridie charbonneuse. Szekely, Szana, sou- tiennent que les humeurs des sujets immunisés contre la rage détruisent le B. prodigiosus. Cesaris- bemel etOrlandiont fait des constatalionsanalogues pour les microbes de la dothiénentérie ou du cho- léra; telle anti-toxine agirait sur des venins. Quoi qu'il en soil, en ce qui concerne l'origine de ces produits protecteurs, on s’apercevra, si l’on veut prendre la peine de jeter un coup d'œil sur ce que nous avons écril, que notre opinion n’a pas varié. On sera bien vite convaincu que nous n’avons pas cessé de considérer cette immunité comme une propriété cellulaire. C’est là, du reste, la formule émise depuis nombre d'années par le Professeur Bouchard. 11 serait, d’ailleurs, difficile de com- prendre, dans certains cas, l'hérédité, la transmis- sion, la durée de ces états réfractaires, en ralla- chant ces phénomènes à une simple modification des humeurs, c’est-à-dire de ce qui ne vit pas. Le sang, sous l'influence des toxines, subit en- core d’autres modificalions. D'après Fodor, son al- calinité augmenterait. Je n’ai pu réussir, malgré le concours éclairé de R, Drouin, à constater, à cel égard, des différences très appréciables durant la maladie pyocyanique.— Pour Maragliano, les sels du contenu vasculaire, le chlorure de sodium plus particulièrement, seraient en décroissance. III D’autres liquides organiques sont également soumis à des changements, lorsqu'on injecte des sécrétions microbiennes. Le volume de la lymphe, à en croire Gaertner, Rœmer, est en ascension: or, nul n'ignore l'impor- tance considérable de cette lymphe, importance bien mise en lumière par les travaux d’Heidenhain et de son École. L'urée, l'acide phosphorique de l'urine devien- nent plus abondants, tandis que le chlore suit un mouvement inverse. J'ai nettement enregistré ces oscillations, avec l’aide de Chevallier, chez des animaux dont la température centrale atteignait 40°, 41°, à la suite de la pénétration de principes d'origineinfeclieuse.— Ces températures prouvent, ainsi que nous l'avons élabli, Rüffer et moi, que les toxines sont capables de provoquer l'hyperther- mie, l'élément le plus saisissant de l’état fébrile. Si l’on veut bien se souvenir que, dans l’accès pyrétique de l’homme, le plus ordinairement, les variations urinaires concordent avec celles que nous avons indiquées: si, en outre, on remarque, d'une part, que, pendant l’évolution de cet accès, l'oxygène fléchit, alors que CO? s’accroit; si, d'autre part, on rapproche ces données des expériences de Le Noir et Charrin qui ont observé, après Fintro- duction de cultures stérilisées, des modifications identiques au point de vue de la respiration, on reconnaitra aisément que ces cultures stérilisées, autrement dit les produits bactériens, engendrent la fièvre. Trop fréquemment, on confond l'élévation ther- mique avec cet état fébrile. Cette élévation n’est qu'un seul des éléments de cet état qui, de plus, se caractérise par des changements dans les échanges nutritifs, dans les déchets de l'urine. Or, ici, ces changements existent; l’analyse chimique corro- bore l'indication du thermomètre. Les indications du thermomètre conduisent parfois à des notions inverses: l'hypothermie rem- place l’hyperthermie. Le Professeur Bouchard, sui- 28 D' A. CHARRIN — LES TOXINES : MÉCANISME DE LEUR ACTION vant la nature des toxines utilisées, a vu ces deux Cette observation a été le point de départ d’une accidents se réaliser. En dehors du choix de la | série d'expériences dont l'importance ne saurait sécrélion bacillaire, la dose injectée, la porte d'en- | échapper à personne, attendu que loute cause trée choisie, la rapidité de l'opération, constituent | propre à régir les vaso-moleurs est capable de des causes de variations. déterminer nombre de phénomènes. | D'ailleurs, en collaboration avec d'Arsonval, nous Gley et Charrin ont montré que ces principes avons mis en évidence, grâce au calorimètre com- | pyocyaniques élèvent la pression, paralysent les pensaleur, les influences diverses exercées par les | centres dilatateurs, retardent la vascularisation matières bactériennes sur les sources intimes du ca- | qui survient dans le pavillon de l'oreille du lapin à lorique. la suite de l'excitation du nerfauriculaire, accident Les substances chimiques, nées de la vie des | désigné sous le nom de réflere de Snellen-Schiff. germes, agissent sur les liquides glandulaires. Si l’on remplace ces principes du bacille du pus Le plus grand nombre fait baisser, conformément | bleu par ceux du germe de la tuberculose, on à ce que j'ai signalé avec Rüffer et Sherrington, le | provoque des perturbations d'ordre opposé; on volume de la bile: quelques unes altèrent sa cons- | facilite l'élargissement des capillaires: on abaisse litution, diminuent sa richesse, d'après Pisenti, en | la tension. Cet abaissement ne nous donne-t-il pas principes solides. Cette notionn’est pas négligeable. | la clef des palpilations des phtisiques? Le cœur, car, d’un côlé, tout le monde connait les fonctions | suivant la loi de Marey, n’accélère-[-il pas sa antiseptiques de cette bile:; d'un autre côté, le rôle | marche, quand l'effort à réaliser diminue ? de la flore du tube digestif s’accroit de jour en jour. Ainsi, gräce à ces travaux de physiologie patho- La mydaléine, que fabriquent certains ferments | logique. qui demandent qu'on analyse dans les figurés de la putréfaction, agit sur la source des | moindres détails les troubles symptomaliques,- larmes; des toxines spéciales jouissent de propriétés | grâce aux méthodes que nous ne cessons de préco- identiques, soit à l'égard de la salive, soit vis-à-vis | niser, grâce aux recherches qui exigent que l'on des sucs de l'estomac. étudie les corps d'origine bactérienne, comme on Les liquides intestinaux tantôt sont en plus petite | éludie, en toxicologie, en pharmacodynamie, le cu- quantité, tantôt, au contraire, deviennent plus | rare, la strychnine, par exemple, on arrive à savoir abondants. À ce sujet, ainsi que nous l'avons | pourquoi et comment lel désordre, en particulier, signalé, il y a lieu de tenir compte des éliminations | apparait: on n'est plus obligé de s'en tenir à la qui se font au travers des parois du conduit ali- | formule aussi vague que générale : « Les microbes mentaire: parmi les principes formés par lesagents | créent la maladie à l'aide de leurs sécrétions. » pathogènes, il en est qui se rendent directement Le plus souvent, que constate-l on au cours de du sang dans la lumière de ce conduit. ces pyrexies infectieuses ? On enregistre de la fièvre, Les modifications sanguines, lymphaliques, uri- | de l’albuminurie, de la diarrhée, des sueurs, des naires, thermiques, glandulaires, respiraloires, | modifications circulaloires ou respiraloires, des digeslives, ele., s'accompagnent de désordres cir- | phénomènes nerveux. Or, à la faveur des expé- culatoires. riences dontnous proclamons l’ulililé, on saisit les Maufredi, Traversa, ont nolé l'accélération car- | raisons de ces symptômes. On n'est plus étonné de diaque; Kostiurine, Krainsky, ont enregislré une | voir l'état fébrile S'installer, puisque lon a appris pareille constatation, en administrant la tubereu- | que les substances bacillaires favorisent l'élévation line ou des corps putrides. — J'ai vu, avec Gley, le | de la température, l’augmentalion de l’urée, de cœur changer de volume, se dilater à la fin de l'in- | l'acide phosphorique, la diminution du chlore, im- jection, au point de ne plus battre: des phases | primant aux échanges une foule de variations. d'arythmie précédaient ces perturbations. — Roger On est à même d'expliquer les différentes classes a reconnu la diminution de l'excitabililé tant du | d'albuminurie, allendu que ces substances bacil- laires altèrent le rein en le traversant, ouvrant ainsi Les produits baclériens agissent donc sur la | la porte aux germes qu'un épithélium intact retient fibre cardiaque d'une facon directe; ils inlervien- | longtemps, attendu que ces substances changent nent également, dans le jeu de lacireulation, d’une | la constitution du sang ou de la lymphe, atlendu manière indirecte, en aclionnant la pression, en | qu’elles accélèrent ou ralentissent la circulation. influençant l'appareil nerveux. On reconnait ainsi que ces malières sont propres En injectant de la tuberculine à des lapins, le | à engendrer les condilions les plus favorables Professeur Bouchard a vu que le fond de l'œil se | au passage des éléments protéiques dans l'urine : congeslionnail: il a réussi à substituer l’anémie, la | lésions du tissu rénal, surtout des glomérules ou paleur, à celle congestion, en poussant dans les | des tubes contournés, adultérations humorales, vaisseaux des loxines pyocyaniques. oscillations de vilesse, de tension; Max Herman, myocarde que du pneumogastrique. D' A. CHARRIN — LES TOXINES : MÉCANISME DE LEUR ACTION 29 Von Platlers, Overbeck, Nussbaum, Zielonko, Ru- neberg, etc., en liant tantôt l'artère, tantôt la veine du rein, tantôt l’uretère, ont mis en évidence le rôle des facteurs circulatoires. Les perturbations intestinales dérivent habituel- lement soit de l'inflammalion des luniques du ca- nal alimentaire, soil de l’arrivée dans ce canal de principes irritantis, soit de phénomènes vaso-mo- teurs. Or, nous avons établi — est il besoin de le rappeler ? — que les Loxines s'éliminent au travers de l’intestin, passent de l'intérieur des capillaires dans la lumière de cet inteslin, influencent les nerfs des vaisseaux, favorisent la flore digestive, déterminent enfin des entérites variées. Qu'observe-t-on encore durant l’évolution des pyrexies ? On observe une rapidité plus grande, parfois une irrégularité des mouvements respira- loires, des baltements cardiaques précipilés, aryth- miques, dans certains cas des hémorragies, des sueurs profuses, des manifestations nerveuses, elc., etc., toute une foule de désordres que l’on fait appa- raitre en injectant des cultures stérilisées. Bruschetlini, Nissen ont décelé dans le cerveau, dans la moelle, la présence des produits du bacille de Nicolaïer, ou B. du télanos ; d’autres auteurs ont découvert, dans ces organes, des sécrétions appar- tenant à d'autres infiniment petits. Dès lors, on comprend la genèse des convulsions, des agilations déréglées, des soubresauts, des paralysies préco- ces, ete.; ces produits, ces sécrétions agissent à la façon de l’alcool, du plomb, de la plupart des subs- tances chimiques qui, en imprégnant les cellules cérébrales ou médullaires, suscitent l’ensemble des accidents réputés nerveux. Ferré a montré que le virus rabique, en arrivant dans le bulbe, modifie, en impressionnant les origines du pneumo-gastrique, le fonctionnement du cœur, comme celui des poumons. Courmont, Doyon, Autokratoff, etc., ont nettement mis en évidence, à propos des contractures du tétanos, l'influence des toxines sur les nerfs sensilifs. IV Quand on connait exactement le pourquoi, le comment d'une perturbation organique, on a plus de chance de pouvoir s'opposer avec succès à sa réalisation ; on est plus apte à mettre en œuvre la thérapeutique pathogénique, la seule, ia vraie thé- rapeulique. Si vous n'avez pas subslilué la notion toxique à la notion du germe vivant, agissant en personne, vous combattrez ces albuminuries, ces entériles, ces symptômes cérébro-spinaux, en persistant à xous adresser aux antiseptiques proprement dits. Sans doute, ces antisepliques sont uliles ; ils ont leur heure; mais il arrive un moment où les mi- crobes ont cessé de se mulliplier, ou tout au moins un instant où, à côlé de ces microbes, les poisons circulent en abondance. Si vous ne favorisez pas leur élimination grâce à la diurèse, à l’action car- diaque, grâce à la mise en jeu des divers émonc- Loires; si vous n’aidez pas à leur destruction, par le foie, par les capsules surrénales, la läche ne sera que très imparfaitement accomplie. Du reste, on veille avec plus de sûreté à la pré- servalion des différents appareils, quand on sait que leur structure, que leur fonctionnement peu- veht être mis en péril par l’action des poisons bac- tériens : or, seule l'étude des propriétés physiolo- giques de ces poisons permetdeprévoir ces dangers. Au cours d’une infection donnée, on s’inquiétera médiocrement de l’état de la sécrétion biliaire, si l’on ignore que telle toxine allère cette sécrélion. On se préoccupera peu d'interroger la pression, si l’on n'a pas appris que telle autre toxine la modifie. On s’élonnera des congestions, des anémies locales, si l'on ne possède pas la notion des attributs vaso- moteurs des produits bacillaires: on invoquera parfois à Lort le mécanisme des réflexes, dont le rôle est limité. L'existence de ces attributs, à notre avis, cons- titue une donnée de première importance. Qui commande aux vaso-moteurs influence, en effet, les æœdèmes, les épanchements, les stases, la régu- larité de la circulation, la formation des sucs glan- dulaires, etc. Je sais bien qu'on à nié la réalité de ces attributs; toutefois il me sera bien permis de remarquer que lesnoms de Morat, Arloing.Gley,enpareille matière, dans des questions aussi spéciales, ont une certaine autorilé. Or, ces auteurs admettent pleinement que les substances d'origine bacillaire actionnent la contraction des capillaires; la pathologie fournit d’ailleurs une foule de preuves proclamant la réalité du fait. Il est juste, d'autre part, de remarquer que ces expérimentateurs ont fait de ces problèmes de vaso-motricité un objet de recherches sans cesse reprises; il s’agit là d’un domaine maintes fois exploré par eux. Si done, sur le lerrain de la phy- siologie, nous commettons une erreur, nous aurons du moins l’excuse de nous lromper en bonne com- pagnie, puisque les physiologistes sont avec nous, S'il s'agissait dechimiotaxie, je comprendrais les hésitations ; j'admettrais même des préférences en faveur de l'opinion de Massart et Bordet;la manière de voir de ces savants, dans ces études de chimio- laxie, pèse, à juste litre, d'un grand poids. Mais, à chacun son mélier : la chimie aux chi- mistes, la botanique aux botanistes, l'histologie aux histologistes, la médecine aux médecins; à ces condilions, les inexactitudes en microbiologie se feront plus rares. ; nJ tv k% > RL > LS 30 D' A. CHARRIN — LES TOXINES : MÉCANISME DE LEUR ACTION Il faut savoir combien sont délicates les tenta- lives ayant pour but d'interroger la circulation des plus petits vaisseaux ; il faut connaitre quelle ingé- niosité ont exigée, de la part des Chauveau, des Marey, des François-Franck,les appareils destinés à ces travaux ! D'ailleurs, puisque le débat pendant est d'essence de physiologie pure, je demande qu'on le soumette à des physiologistes. Si l’on en découvre un, un seul, jouissant d'une autorité indiseutée, qui soutienne qu'il convient de procéder suivant la méthode de nos contradicteurs, non d’après la nôtre, je me déclare vaincu. Je doute même qu’on en rencontre un qui considère que l'essai de nos adversaires, au point de vue technique, constitue une vérilable expérience de vaso-constriction ou de vaso-dilatation ! On pourrait développer plus longuement encore les raisons qui conduisent à introduire l'histologie, la chimie, la physiologie dans la bactériologie. Pourtant, les considérations énoncées fournissent déjà un ensemble de preuves respectables. Les résultats acquis, du reste, parlent assez haut. La découverte des antiloxines, des principes bactéricides, apporte à l'appui de la thèse défendue d'excellents arguments. Il est encore permis d'indiquer que la mise en évidence des propriétés vaso-constrictives de certaines toxines a fait utiliser ces toxines, non sans succès, par M. Bouchard, à titre d'agents hémostatiques. Avec Teissier, je les ai employées pour relever les défaillances de la pression; avec Gamaleïa, pour ralentir l’inflammation, les exsuda- tions, la diapédèse. On peut également rappeler que ces toxines, le plus souvent si nuisibles pour nos cellules, sont parfois plus dangereuses pour des bactéries ; quelques essais heureux de bactério- thérapie tendent à le prouver. Il n’est pas jusqu'aux activités phagocytlaires, activités qui se développent sous l'influence de l'injection, au sein de l’économie, des sécrélions des germes infectieux, qui ne conduisent à une mise en jeu plus raisonnée de la révulsion. ÿ Ainsi se vérifie, à chaque instant, l’assertion que nous avons si souvent formulée, à savoir que, si l'on applique à la microbiologie les procédés de l'histologie, de la chimie, de la physiologie pa- thologique, la théorie aussi bien que la pratique y trouvent leur compte. | C'est que, comme nous l'avons noté, en dépit de l'importance des agents pathogènes, la plupart des phénomènes morbides dépendent des modifications des cellules. Mises en présence des germes ou de leurs sécrétions, elles réagissent, $e plaignent à leur manière; dans quelques circonstances, elles = acquièrent à ce voisinage une vitalité spéciale; elles deviennent capables de produire ce qu'elles ne sa- vaient pas antérieurement engendrer. L'histoire des mécanismes de l’immunité montre le bien-fondé de cette aflirmation dernière ; per- sonne ne conteste l’origine organique des matières protectrices, bactéricides où autres: chacun sait qu'elles dérivent de l'activité des tissus, activité métlamorphosée par le passage des toxines. Pour Courmont el Doyon, la genèse des corps morbifiques ne serait pas différente ; ces corps pro- viendraient de l’économie elle-même, influencée par le contact des produits microbiens. Ce qu'il y a de nouveau dans cette théorie, c'est moins la con- ceplion, le fait de la création de substances décou- lant du fonctionnement des éléments anatomiques soumis à l’action des principes microbiens, que l'application à un cas particulier de cette donnée, absolument établie d’ailleurs au point de vue ab- solu. — Reste à justifier cette applicalion. Les auteurs remarquent que, malgré les doses, certains troubles ne se développent jamais immé- diatement; il faut toujours qu'un temps plus ou moins long s'écoule entre l'injection des toxines et la manifestation de ces troubles: il existe une sorte d'incubalion qui, pour eux, correspond à la durée exigée par l'organisme pour engendrer la vérilable malière nuisible. De fait, quand on introduit des cullures stéri- lisées, on peut déterminer deux ordres d'accidents. Les uns se déroulent, pour ainsi dire, pendant celle introduction : les autres, si on a laissé vivre les sujets, éclatent au bout d’un nombre d’heures variable ; dès 1889, nous avons montré, avec R'fter, que des oscillations thermiques spéciales avaient lieu deux jours après la pénétration des liquides des bactéries. Des parlicularités analogues accompagnent la mise en jeu d'une foule de produits, surlout des produits albuminoïdes; aussi les chercheurs qui mesurent la toxicité des humeurs distinguent-ils les effets rapides, instantanés, des effets lointains; Rummo, plus que tout autre, a mis ces détails en évidence. Même avec des composés inorganiques, il est possible d'enregistrer des phénomènes de celle nature; si vous employez tel sel de cuivre, tel désordre ne se révélera que vers la sixième heure ; le cyanure de mercure, quelques nitrates, le plomb, parfois, donnent lieu à des accidents tardifs. Le plomb, par exemple, en dépit des quan- tiltés, ne produira l’albuminurie que le lendemain, le surlendemain ou au delà. C'est qu'il existe des poisons qui, à l’image des alcaloïdes, agissent de suite, s’atlaquant de préfé- rence au système nerveux; pour ces poisons, les symptômes sont proportionnels aux volumes uti- D' A. CHARRIN — LES TOXINES : MÉCANISME DE LEUR ACTION 31 lisés. C'est que d’autres exigent, avant de susciter des signes anormaux, que la vitalité des cellules soit changée anatomiquement ou fonctionnelle- ment, que des décompositions, des transformations _ se soient effectuées à leurs dépens; ces composés réclament une incubation que les doses influencent dans quelque mesure, sans que l’on puisse réduire à zéro cette incubation. Courmont et Doyon supposent que le corps mor- bifique fabriqué par les tissus, à l’instigation des toxines, est une diastase: ils invoquent, pour jus- lifier cette affirmation, ce fait, que la grenouille, qui prend le tétanos en été, ne le contracte pas en hiver; faute de température, cette diastase n’est pas engen- drée. — On peut répondre qu'il s’agit là d’un ani- mal bien spécial, que ces êtres, durant la saison froide, deviennent relativement peu sensibles à une foule d'agents, liquides tétaniques ou autres, on peut répondre aussi que le fait a élé contesté. Les expérimentateurs lyonnais prétendent que, si la pénétration des cultures stérilisées est impuis- sante à provoquer les spasmes tétaniques d’une facon immédiate, le sang d’un animal qui areçu ces cullures possède cette propriété; ils concluent que, sous l’action de ces cultures, les éléments anato- miques ont engendré la malière tétanisante. Cette démonstration entrainerait laconviction, si elle n'é- lait passible de plusieurs remarques. Les troubles que ce sang injecté fait apparaitre sont-ils réelle- ment le tétanos, ou bien ne constituent-ils, ainsi qu on l’a soutenu, que de légères trémulations, ou, à la rigueur, des convulsiôns nullement spéciales ? Il importe dene pasoublier que ce sang renferme, en premier lieu, une partie des toxines introduites, en second lieu, une partie des poisons des tissus, poisons d'autant plus nombreux, d'autant plus actifs, que ces tissus sont ceux d’un sujet malade. Nul n’ignore, en effet, comme l’établissent l’étude des échanges, l’analyse des urines, celle des gaz de la respiration, qu'une affection donnée, toxique, infectieuse, etc., perturbe la vie de l’économie, conduit les cellules à fabriquer des toxiques inu- silés ou des substances normales en proportions inouies; ce sont là des faits qui n’ont pas besoin d'être prouvés. — Ces poisons, assurément, ajou- tent leurs actions à celles des principes micro- biens : je l’ai signalé, il y a longtemps. Toutefois, ces poisons ne sont pas cette diastase spécifique invoquée par Courmont et Doyon; ce sont les dé- chets indiqués depuis de nombreuses années. Dans ces conditions, le liquide sanguin déter- mine fatalement des phénomènes pathologiques, quelquefois plus accenlués que ceux qui ont suivi l’arrivée des sécrétions des germes ; il n’y a pas lieu d'être surpris de ces résullats; seul, le contraire serait étonnant. Il importe donc de savoir, avec précision, si l’on est en présence d’un produit caractéristique; or, Conrad Brunner et d’autres, parmi eux un bacté- riologue qui s’est avec distinelion occupé du téta- nos, déclarent n'avoir pu saisir les preuves de son existence ; dans la Semaine médicale allemande de 189%, p. 100, on trouvera des expériences con- traires à la manière de voir des savantslyonnais. Les toxines pyocyaniques produisent, à l'exemple des autres toxines, des désordres rapides, tels que l'hémostase, la constriction des capillaires; elles engendrent également des accidents éloignés qui, sans être en rapports mathématiques avec les doses, subissent néanmoins leur influence; parmi ces accidents éloignés, l’hémorragie est, à coup sûr, un des plus marquants. Cet accident étant, pour ainsi dire, l'opposé de ces arrêts de pertes sanguines, constatés immédia- tementaprès la pénétration des cultures stérilisées. on pouvait se demander si les Lissus, au contact de ces cultures stérilisées, ne sécrélaient pas des ma- tières nouvelles, jouissant d’altributs contraires à ceux de ces cultures; la théorie de Courmont et Doyon paraissait trouver là un argument. — Pour achever la démonstration, il était nécessaire de faire apparaitre, plus ou moins promptement, des extravasations de sang, en injectant, à volume moyen, le contenu vasculaire ou les extraits des tissus des sujets porteurs de ces hémorragies. Or, si on réalise cette expérience, l'on ne déter- mine, sauf exception, aucune de ces extravasations, du moins dans les quelques heures qui suivent, tan- dis que le phénomène aurait lieu, si, à l'instigation des corps bacillaires, les éléments anatomiques avaient déversé, dans ce contenu ou ces tissus, des principes hémorragipares ; ce que l’on enregistre, c’estle resserrement des vaisseaux, parfois, Le len- demain, des épanchements, hors de ces vaisseaux, simplement parce que. en agissant ainsi, on a éga- lement administré des composés pyocyaniques. Ces hémorragies peuvent. en revanche, s’expli- quer par la faligue qui résulte du spasme des ca- pillaires, fatigue suivie d'un état prononcé de relä- chement ; elles peuvent s'expliquer par des embo- lies capillaires, par des variations de pression, par des altérations chimiques du sang, etc., toutes choses faciles à constater dans ce casparticulier. Nul plus que moi ne tient en haute estime les travaux de Courmont et Doyon; je crois leur théorie possible, probable ', el cela parce qu'elle est basée 1 L'injection des humeurs des sujets qui ont reçu les toxines pyocyaniques produit parfois assez vite un trouble spasmo- dique de la marche, trouble que ces toxines introduites ne causent pas, du moins immédiatement, trouble qui, de temps à autre, s’observe dans cette maladie pyocyanique à forme lente; ce fait dépose en faveur de la théorie de Courmont et Doyon. 32 P.-T. MULLER — L'INSTITUT CHIMIQUE DE NANCY sur des phénomènes dont la réalité n'est plus à établir, phénomènes que j'ai contribué à mettre en évidence dans la mesure de mes forces. Que cette lhéorie soit un jour placée hors de contestalion, c'est là une chose à laquelle je sous- cris par avance. Ce que je dis, pour le moment, en demandant qu'on ne me fasse pas aller au delà, c'est que les preuves apportées ne sont pas inatta- quables, c'est qu'il n'est pas absolument démontré que cette pathogénie s'applique à tous les cas. Pour l'immunilé, il est juste de noter que les toxines, assurément, amènent les cellules à fabri- quer des composés inconnus jusque-là, de nature albuminoïde: mais il est juste également de retenir que ce changement exige des jours, qu'il ne se pro- duit pas en quelques heures, comme dans les observations des auteurs de Lyon. —D’autre part, ces cellules conservent, durant des semaines, des mois, des années, le pouvoir d’engendrer les corps bactéricides; il serait nécessaire d'admettre, si on acceptait la manière de voir en discussion, que, pour les substances morbifiques, cette propriété est des plus passagères: si cette propriété était persistante ou même peu durable, comment concevoir ces guérisons qui surviennent au boul d'une ou deux journées ? Malgré les lacunes, malgré les desiderata de celte doctrine si ingénieuse, je ne suis pas éloigné de croire que l'heure est proche où il sera élabli qu'elle renferme une part de vérité. D' A. Charrin, Médecin des hôpitaux, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. L'INSTITUT CHIMIQUE A l'Étranger, les laboratoires universitaires fournissent depuis longlemps aux jeunes gens les facilités nécessaires pour éludier pratiquement la Chimie. Il y a dix ans à peine, aucune de nos Fa- cullés des Sciences ne possédait de laboratoire bien aménagé où les personnes, voulant faire leur carrière de la Chimie, pussent recevoir une solide éducation pratique. Heureusement, enfin, cet élat de choses commence à se modifier en France, etil est ulile d'appeler sur cette urgente innovation l'allention de tous ceux qui dirigent, dans notre pays, le mouvement scientifique et le mouvement industriel. Dans l'introduction à son Rapport sur l'Industrie chimique à l'Exposition de Chicago, M. Haller ! a appelé l'attention sur ceite anomalie et indiqué brièvement le but et l’origine de l'Institut Chimique récemment créé à la Faculté des Sciences de Nancy fig. 1,2 el 3). Dans l'exposé qui va suivre nous nous bornerons à donner la description de len- semble de cet Élablissement, la distribution des laboratoires et des cours, l'esprit qui préside à l'enseignement et les épreuves auxquelles sont soumis les jeunes gens qui désirent donner une sanclion à leurs études. Les cours de l'Institut Chimique se divisent en cours de Chimie pure et cours de Chimie appli- quée. Les cours de Chimie pure comprenrent un cours de Chimie physique minérale et de Chimie organique (bisannuels) et de Chimie analytique annuel. annuel), de Chimie 1 Revue générale des Sciences, 1894, p. 473. | | | | DE NANCY Les cours de Chimie appliquée forment un cycle de trois ans, où sont enseignées la Chimie indus- trielle (grande industrie chimique, combustibles, métallurgie du fer,céramique, couleurs minérales, elc.), la Chimie agricole (sucrerie, féculerie, distil- lerie, etc.) enfin la Chimie des matières colorantes organiques el les notions de teinture et d'impres- sion. La durée des études des élèves de l'Institut Chi- mique est, pour le moment, delrois ans; ces études comprennent la fréquentation des cours et les tra- vaux pratiques. Les laboraloires sont ouverts tous les jours de la semaine du 3 novembre au 31 juillet, de 8 heures à midi et de 2 heures à 6 heures. Les élèves de première année assistent à tous les cours, mais ils doivent porter plus spécialement leur allention sur ceux de Chimie pure où on les initie aux principes de la science. Ces cours forment, en effet, la base de notre science ; ils sont indispen- sables à tout chimiste qui veut se faire une ins- truction solide et qui veut être, plus tard, dans la spécialité qu'il aura choisie, capable de contribuer aux progrès de son industrie. Pour atteindre ce bul, aucune partie de la Chimie pure n'est né- gligée. C'est ainsi qu'on à organisé un cours spécial de Chimie physique: la Chimie se sert de plus en plus des méthodes el des instruments des physi- ciens; il importe d'initier de bonne heure les jeunes chimisies aux nouvelles idées, si fécondes, qui sont les produits de l'association des deux sciences, Les manipulations des élèves, failes sous la sur- veillance d’un professeur et d’un chef de travaux, per P.-T. MULLER — L'INSTITUT CHIMIQUE DE NANCY 33 consistent dans la préparalion de produits miné- raux el de quelques produits organiques; cinq mois sont ensuite consacrés à l'analyse qualitative et aux éléments de l’analyse volumétrique. A la fin de juillet les élèves passent un examen écrit, oral et appliqué, sur l’ensemble de la Chimie pure. En cas d’insuccès, ils ne sont pas admis à passer en seconde année. Outre l’examen annuel, tous les élèves de l’Ins- litut passent un examen oral au bout du premier . semestre de chaque année. - Les élèves de deuxième année suivent les cours de Chimie minérale, organique et appliquée. Au labo- ratoire, ils complètent leurs connaissances en ana- lyse qualitative et s'occupent spécialement d’ana- lyse quantitative. Le professeur de Chimie indus- trielle dirige lui-même leurs travaux. Ils subissent, j licencié ès sciences physiques. Un cours de #athé- matiques spéciales a été organisé à la Faculté des Sciences; il s'adresse aux étudiants qui veulent pousser jusqu’à cette licence physique, laquelle, d’après la loi de 1889, permet de ne passer qu'une seule année sousles drapeaux. L'étudiant studieux peut en cing années ! acquérir avec assez de facilité le diplôme de licencié, le diplôme de chimiste et faire son année de service militaire, alors qu'il lui faut six années pour obtenir le diplôme de chimiste et accomplir trois ans de service militaire. L'Institut Chimique de Nancy n’a pas été créé seulement pour les étudiants qui suivent régulière- ment les cours et les travaux du laboratoire; il s'adresse à toutes les personnes qui ont fait des études chimiques dans d’autres établissements et qui désirent perfectionner leurs connaissances los NE mur 4 Fig, 1. — Institut Chinmique de Nancy. — Entrée principale. à la fin de l'année, un examen complet portant sur l’ensemble de la Chimie pure !. Un examen oral de Chimie appliquée ouvre l’en- trée de la troisième année. Dans cette dernièreannée, l'étudiant se consacre à la Chimie appliquée; au laboratoire ilse familiarise avecla Chimie organique dont il apprend les divers procédés analytiques; ensuite, il s'occupe de faire soit un travail origi- . nal, soit des analyses industrielles. C'est aussi pendant cette année que certains élèves, ayant en vue une fonction ou une industrie chimique déter- minée, sespécialisent et se perfectionnent en répé- tant les analyses oules opérations qu'ils auront à faire dans la suite. L'examen de fin d'année com- prend l’ensemble de la Chimie appliquée. L'Institut Chimique confère un diplôme de chimiste aux jeunes gens qui l’ont subi avec succès. L'Institut Chimique dispense de la première an- née d’études les jeunes gens qui ont le diplôme de 1 A la suite de cette épreuve, les élèves qui voudraient quitter l'Ecole recoivent un certificat constatant leurs con- naissances en Chimie générale. praliques. Les professeurs sont à la disposition des jeunes ingénieurs, par exemple, dont l'éducation chimique est toujours faite d'une façon trop hâtive. Trop souvent, hélas! dans nos usines fran- çaises, le laboratoire est relégué au dernier plan; s’il ne rend pas tous les services qu'on est en droit de lui demander, c’est que l'ingénieur, obligé de se livrer aux travaux les plus variés, n'y consacre qu'une très minime portion de son temps, celle qui correspond à la petite place que les études de Chimie pratique ont occupée dans l'ensemble de ses études. À ces hommes l’Institut Chimique pour- rait être utile; le travail leur serait d'autant plus profitable qu'ils ne seraient astreints à aucune condition d'assiduité, de cours ou de semestres. Moyennant une rétribution proportionnelle à la durée de leur séjour, ils pourraient se faire en peu 1 40 Première année de Chimie et cours de Mathématiques spéciales (2 cours par semaine) ; 20 seconde année de Chimie et fréquentation de quelques cours de Physique; 3° une année complète de Physique; licence; 49 troisième année de Chimie; 50 année de service mllitaire. 34 P.-T. MULLER — L'INSTITUT CHIMIQUE DE NANCY SSP ER RER OR Re es de temps une solide éducation pratique, dontils ne larderaient pas à recueillir les fruits. Les laboratoires de l’Institut Chimique (fig.4)sont livrer à des recherches originales. On y adjoindra sous peu un laboratoire de teinture. Les sous-sols renferment des laboratoires amé- Fig. 2. — Institut Chimique de Nancy. — Cûlé perpendiculaire au bäliment que représente la figure 1. assez vastes pour donner l’enseignement pratique à 80 personnes à la fois !. Les élèves des trois années manipulent dans trois laboraloires distinels, spa- nagés pour l'analyse des gaz, les recherches physi- co-chimiques et thermochimiques (pouvoir calori- fique des combustibles), une salle de cristallisation, Fig. 3. Institut Chimique de Nancy. — Coupe el élévalion sur cour. cieux. bien aérés el bien éclairés. Un laboratoire spécial est affecté aux personnes qui veulent se 1 Des constructions en cours d'exécution permettront, dès l'année prochaine, de porter le nombre de places à 120. une chambre noire pour les travaux phologra- phiques et plusieurs magasins. Un atelier de me- nuiserie, un alelier de mécanique, avee sou moleur à gaz, complètent l'installation. Une dynamo el une bolterie d'accumulateurs permellent l'emploi … bricants, on a pu y réunir ely classer méthodique- ment un grand nombre de produits qui représen- tent synthétiquement la marche d’une industrie. Pour fréquenter comme élève tous les cours et - de l'électricité dans toutes les parties du bàtiment. Au premier étage trois vastes salles sont occu- pées par la bibliothèque et par les collections, complément indispensable des cours de chimie appliquée. Grâce aux libéralités de plusieurs fa- P.-T. MULLER — L'INSTITUT CHIMIQUE DE NANCY 35 savoir au service des industriels qui viennent les consulter, mais ils se refusent en général à faire des analyses ; une sfation ayroromique indépendante de l'Institut a spécialement été créée dans le but de permettre l'analyse rapide et à peu de frais de tous les produits industriels, agricoles et alimen- laires. s Une Évole de brasserie, également indépendante de l’Institut Chimique proprement dit et dirigée : BE | Û : # LT comen Me nee manne ommme ne simme unes um m eee e mens moments 69, 6e Re 2e Fig. 4. — Institut Chimique de Nancy. — Plan du Rez-de-chaussée. travaux praliques de l’Institut Chimique. il faut être pourvu d’un baccalauréat classique ou moderne ; à défaut de ce diplôme, le candidat doit subir, devant une commission de professeurs, un examen oral portant à peu près sur les malières de l'ancien baccalauréat ès sciences et montrant qu'il est ca- pable de suivre avec fruit les cours de l'École. La rétribution annuelle est de six cents francs, à ver- ser en deux fois chez le percepteur. L'État accorde quelques bourses d’études données au concours. Profondément convaincus de la nécessité et de l'intérêt qu'il y a d'établir une union étroite entre le corps scientifique enseignant el l'Industrie, les professeurs de l'Instilut mettent volontiers leur par l’un des professeurs, permet d'acquérir en peu de tempsles connaissances chimiques et techniques indispensables au brasseur. Lelaboratoire de l’Ecole se charge également de toutes les analyses qui peu- vent intéresser le fabricant de bière. En résumé, l'Institut Chimique de Nancy, tel qu'il est organisé actuellement, offre toutes ressources à ceux qui veulent faire de bonnes études de Chimie pratique; nous croyons qu'il peut rivaliser avec n'importe quel établissement similaire de l’étran- ger. P.-Th. Muller, Docteur ès Sciences, Maitre de Conférences à la Faculté des Sciences de Nancy. 36 ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES LA SOUDURE DE L'ALUMINIUM. — LA MESURE DES PETITES RÉSISTANCES EN ÉLECTRICITÉ Le problème de la production industrielle de l’alu- minium n’a cessé, depuis quelque cinquante ans, d’être l'objet des incessantes et patientes recherches des sa- vants et des ingénieurs. Leurs efforts ont été, en par- tie, couronnés de succès. De métal rare, de métal de laboratoire qu'il était, l'aluminium est presque devenu un métal usuel. C’est pendant ces dernières années surtout que les progrès ont été sensibles. La produc- tion avait été en 1890 de 50 tonnes; elle a été en 1894 de 2,000, D'autre part, le prix du métal a diminué dans les mêmes proportions : il était en 1886, de 165 francs le kilo; en 1889 de 55 francs ; en 1894 de 4 fr. 30. Ce dernier prix est encore trop élevé et certains cher- cheurs entrevoient la possibilité de l’abaisser de beau- coup dans un avenir prochain. Pour comparer impartialement le prix de l’alumi- nium à celui des métaux ordinaires, il faut se souvenir toutefois qu'en moyenne ceux-ci pèsent environ trois fois plus que lui, à volume égal. Malgré les progrès que nous venons de signaler, l'aluminium est encore peu employé. Nous ignorons souvent quelles sont les méthodes pratiques de le tra- vailler, Par exemple, nous ne savons pas ou nous sa- vons mal le souder. Il se ternit rapidement à l’air en se recouvrant d’une mince couche d'oxyde. Cette pro- priété, précieuse dans beaucoup de cas, en ce sens que la couche superficielle protège les parties intérieures du métal, rend la soudure excessivement difficile à faire. Car, pour exécuter une soudure convenable, il faut maintenir parfaitement propres les deux surfaces à mettre en contact, C'est là le grand secret dont cha- que mois on nous annonce la découverte d’un côté ou d’un autre, Les journaux nous ont signalé l’été dernier le procédé A, Delécluse. Il y a quelques semaines, 4he Electrical Review mentionnait celui de M. Ludwig Oli- ven. L'invention comporte un alliage spécial au moyen duquel se fait la soudure, et un fourneau qui est destiné à maintenir le métal à la température convenable et est muni de balaiset autres outils servant à nettoyer et à conserver propres les surfaces à mettre en contact. Ce fourneaun’est employé que pour les grosses pièces;les petites peuvent se souder au chalumeau ordinaire. Sur un sujet aussi important, nous eussions désiré des termes moins vagues, des explications plus précises et au besoin des dessins explicatifs, Signalons en passant, d’après le journal cité tout à l'heure, qu'aucune usine n’existe actuellement en An- gleterre pour la production de l'aluminium; mais qu'une Société vient de se former, the British Alumi- nium, Company, Limited, qui compte exploiter sur place des matières premières qu'elle trouverait dans le nord de l'Irlande, Il est juste de remarquer à ce sujet que notre pays, dont nous avons tendance à médire pour l’exciter à surpasser ses voisins, possède depuis quelques années d'importantes usines pour l'obtention de l'aluminium par électrolyse et la fabrication des bronzes d’alumi- nium. Les études industrielles poursuivies en deux ou trois de ces établissements font espérer que dans un avenir prochain l’aluminium francais saura tenir en échec le métal étranger. L'Elettricista nous signale une nouvelle méthode de mesure des petites résistances électriques due au D' Pasqualini. Nous nous contenterons d’en exposer le principe sans le discuter. On adjoint à un galvanomètre ordinaire G, et de manière qu’elle agisse sur son aiguille, une bobine double, formée de deux circuits équivalents CC’, com- posés d’un très petit nombre de tours. L'un de ces cir- cuits est disposé en série avec la bobine du galvano- mètre et une boite de résistance R; l’ensemble est en dérivation aux bornes de la résistance à mesurer { qui est elle-même associée en série avec le second circuit | Fig. 1, — Schéma de l’installalion du D' Pasqualini pour la mesure des peliles résistances. de la bobine double et traversée par le courant prin- cipal. Les connexions sont disposées de telle sorte que les courants GC et C’ agissent en sens contraire sur l'aiguille du galvanomètre. Le schéma ci-contre fera comprendre la disposition que nous venons d'indiquer (fig. 1). On modifie la résistance R jusqu'à ce que les actions qui s’exercent sur l'aiguille du galvanomètre s’équilibrent et que celle-ci reste au zéro, Soient : I, le courant principal; i, le courant dérivé; G, la résistance du galvanomètre G ; k, son facteur de réduction; r, la résistance commune de G et C'; k,, leur facteur de réduction. a, x, a”, les angles de déviation dus à C,àCetà G. Nous aurons: ie nor tr; mais : a +a + —=0Ù0 par hypothèse : ' Donc, 1 1 nee D: VERRE Tee QU SAR TORRENT PU on D'autre part, I — i GHr+R. 4 1 LRU l TT EN en appelant K une constante. Par conséquent, l=K(G+r +R). La constante K se détermine par une mesure préa- lable où la résistance / est une quantité connue. A. Gay, Ancien élève de l'Ecole Polytechnique. Ce 2 Di Hd ÈS BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 3 2 —— er e BIBLIOGRAPHIE $ ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques. Sturm (D: Rudolf), Professeur à l'Université de Breslau. — Die Gebilde ersten und zweiten Grades der Li- niengeometrie in synthetischer Behandlung. 1 Theil : Der lineare Complex oder das Straklengewinde und der tetraedrale Complex. II Theil : Die Strahlencon- gruenzen erster und zweiter Ordnung. (Traité synthé- tique des figures du premier et du second degré dans la géométrie linéaire. Première partie : Complexes linéaire et tetraédral, Seconde partie : Congruences du premier et du second ordre.) Deux volumes in-8° de x1v-386 p. et x1V-365 p. (Prix de chaque volume, 15 fr.) Teubner, éditeur, Leipzig, 1893-94. Jusque vers 1820, on s’est surtout occupé en Géométrie des figures formées par des points en nombre fini ou infini (polyèdres, surfaces, courbes, etc.). L'espace était considéré comme .le lieu des points, le point comme l'élément générateur de l’espace. Un point est déterminé par trois variables, ses coordonnées, dont chacune prend un nombre infini œ de valeurs. C’est ce qu'on exprime en disant que l’espace contient œ% points. Ce fut la géométrie ponctuelle. Ensuite, avec Poncelet, Mübius, Gergonne, Chasles, Steiner. se fonda la géométrie planaire, où l'élément générateur de l’espace fut le plan. Elle est identique au fond avec la géométrie ponctuelle et voici pourquoi : il y à aussi dans l’espace ® plans qu'on peut faire cor- respondre aux æÿ points; chaque théorème «planaire » correspond à un théorème « ponctuel » et vice versa. C'est là le grand principe de dualité. Sur un plan la dualité existe entre les points et les droites. Les choses changèrent quand, en 1869, dans son livre sur la Neue Geometrie des Raumes, Plücker fonda la géométrie linéaire, où la droite apparaît comme l’élé- ment générateur de l’espace ; cette géométrie ne se ra- mène pas aux précédentes, car il existe non plus os, mais bien æ$# droites dans l’espace ; elle est identique avec la géométrie sur une surface du second degré dans un espace à cinq dimensions, avec la géométrie ponc- tuelle à quatre dimensions. On ne s’en est pas tenu aux conceptions de Plücker; on a une géométrie sphérique, circulaire... en considérant l’espace comme lieu de sphères, de cercles. La chose capitale dans chacune de ces géométries est le nombre de variables, ou coor- données, dont dépend la figure prise pour élément gé- nérateur de l’espace. Ne sont pas distinctes au fond, grâce à une dualité généralisée, les géométries pour lesquelles ce nombre est le même, Quoi qu’il en soit, c’est dans la géométrie linéaire que nous transporte M. Sturm. Il est un de ceux qui l'ont le plus approfondie; ce sont ses propres travaux qu’il nous expose ainsi que les recherches des devanciers et des contemporains. Dans l’espace ordinaire, ponctuel ou planaire, on trouve, outre le polyèdre constitué par un nombre fini d'éléments, encore la « surface » et la « courbe », figures constituées par æ? (points de la surface, plans tangents de la même) et © éléments respectivement, lieux deséléments assujettis à une ou deux conditions. Dans l’espace « réglé » ou engendré par la droite, la variété dés formations est plus grande. Outre la figure formée par un nombre fini de droites, on trouve successivement le « complexe », la « congruence », la « surface réglée », figures à 5, œ2et œ éléments res- pectivement, lieux des droites assuietties à une, deux, trois conditions. Quatre conditions fournissent un nombre fini de droites. L'ouvrage dont nous rendons compte est un très vaste et très complet traité des propriétés afférentes aux complexes et aux congruences. Pour justifier son titre « in synthetischer Behandlung », l’auteur reste sur le terrain strictement géométrique. Il s’interdit tout développement relatif aux applications des complexes et des congruences faites par différents algébristes (MM. Lie, Darboux, Picard, Appell, moi et d’autres) aux équations, aux dérivées partielles, à l'équation diffé- rentielle du premier ordre, etc, Les droites d'un complexe issues d’un point engen- drent un cône, ayant ce point pour sommet. Le « de- gré » du complexe est celui du cône, c'est-à-dire le nombre de points où ce cône est percé par une droite. Dans une congruence (m, n), on distingue le nombre m de droites issues d'un point et le nombre n de droites situées dans un plan; m est l’ « ordre », n la « classe » de la congruence : m et n se correspondent par dualité. Le premier volume traite du complexe linéaire (pre- mier degré) où le cône ci-dessus indiqué est un plan. Ce complexe est envisagé successivement comme isolé dans l’espace ou comme se coupant avec d’autres li- néaires, Les propriétés en sont fort nombreuses, mais la complication devient extraordinaire lorsque lon aborde le second degré, les complexes quadratiques. Aussi se borne-t-on pour ces derniers au complexe té- traédral ou de Reye : c'est le lieu des droites coupées par les quatre faces d’un tétraèdre dans un rapport anharmonique constant, Le second volume est consacré aux congruences des deux premiers ordres et des sept premières classes, ou, ce qui revient au même, à cause de la dualité, des deux premières classes et des sept premiers ordres. Signa- lons les relations entre la congruence {2, 2) et la sur- face du quatrième degré dite de Kummer. Grâce à une impression serrée et à un style concis, le nombre des faits condensés dans cette monographie de 750 pages est énorme; on assiste à un véritable ruis- sellement dethéorèmes, Toutes les richesses de la langue allemande sont mises à contribution pour établir une nomenclature. Aussi le lecteur trouve très indispensa- bles les dictionnaires qui terminent les deux volumes. Bref, dans cet imposant travail, les mathématiciens trouveront un répertoire encyclopédique étendu de nos connaissances en géométrie linéaire. Léon AUToNNs. Ganter (D' H.), Pr à l'Ecole cantonale d'Aarau, et Kru- dio (Dr F.), Pr au Polytéchnikum de Zurich. — Die Elemente der analytischen Geometrie der Ebene. — 2° édition. 1 vol. in-8° de 168 p. avec 55 fig. dans le texte. (Prix: 3 francs.) B. G. Teubner, Leipzig, 1895. Dans plusieurs pays, notamment en Allemagne et en Suisse, on voit, en général, les éléments de géométrie analytique figurer aussi bien dans le programme de l’enseignement secondaire classique que dans celui de l’enseignement secondaire scientifique. C’est à ces éta- blissements-là qu'est destiné l'ouvrage de MM. Ganter et Rudio. Les auteurs ont fort bien compris le but d’un pareil traité, en écartant, d'un premier enseignement, la discussion de l'équation générale du second degré ; par contre, ils ont consacré plus de place à une étude approfondie des propriétés desconiques.C’esten celaque ce livre diffère des ouvrages analogues. Siles limites ont été restreintes, l'exposéest cependant d’une grande clartéet d’une rigueur scientifique absolue. La rapidité avec laquelle a élé épuisée la première édition de cet ouvrage est une preuve certaine de son succès, La nouvelle édition a recu de nombreuses amé- liorations, tout particulièrement dans le choix des pro- blèmes qui terminent chaque paragraphe H. Feu. 2° Sciences physiques. Hovwe (Henry Marion). — La Métallurgie de l’Acier. (Traduction françuise de Gustave Hock.) — Un vol. in-8° (Prie : T5 fr.) Baudry et Cie, Paris, 189%. Le Verrier (Urbain), Ingénieur des Mines. — Cours de métallurgie professé à l'Ecole des Mines de Saint- Etienne. (Métallurgie de la Fonte.) — 1 vol. in-4° de 240 p. avec 17 planches hors texte. (Prix : 15 fr.) Che- valier, Saint-Etienne, et Baudry et Cie, Paris, 1894. Billy (E. de), Ingénieur des Mines. — Fabrication de la fonte. — Un vol. petit in-8° de 210 p.de l'Encyclopédie scientifique des Aide-Mémoire, dirigée par M. H. Léaute, de Pinstitut. (Prix: broché, 2 fr. 50; cartonné, 3 fr.) Gauthier- Villars et fils et G. Masson, Paris, 189%. La métallurgie de l'acier n'avait fait l'objet d'aucun traité étendu et complet depuis la publication de l’ou- vrage de Percy qui date de près de vingt-cinq ans. Cependant, pendant ces dernières années, cette branche de l’industrie a fait des progrès énormes et s’est consi- dérablement développée. Les applications de l'acier deviennent chaque jour plus nombreuses à mesure qu’on le prépare plus facilement,et il tend de plus en plus à remplacer le fer pour les pièces forgées, la fonte et le bronze pour les pièces moulées; enfin les aciers spéciaux au chrome, au nickel, au tungstène, atteignent des résistances énormes qui permettront d’alléger considérablement certaines pièces métalliques et qui ont déjà amené des modifications profondes dans le matériel de la guerre et de la marine. C'était une tâche ardue que d'entreprendre la rédac- tion d’un trailé de métallurgie de l’acier; M. Howe l’a accomplie magistralement,et son traducteur, M. Hock, a fait une œuvre vraiment utile et qui justifie le travail considérable qu'il s’est imposé. Le livre de M. Howe est remarquable par la façon dont l'équilibre est maintenu entre la partie théo- rique et la partie pratique. Les théories et les méthodes récentes pour l'étude physique des métaux y sont lon- guement indiquées et discutées ; des chapitres spéciaux exposent tous les faits connus relativement à l'influence des divers éléments sur les propriétés du fer et for- ment une chimie complète des alliages du fer. Mais on y trouve aussi, outre la description des procédés mé- tallurgiques, des chapitres d’un intérêt pratique consi- dérable et dont la rédaction nécessitait une grande expérience : tels sont les chapitres sur les soufflures, les retassures et les moyens de les éviter, le travail à froid et à chaud, l'influence de l'écrouissage sur les propriétés des mélaux, etc., elc. À Ce magnifique ouvrage est surtout remarquable à deux points de vue : d'abord par sa richesse en docu- ments de toute sorte avec indication des sources, do- cuments qui forment de nombreux tableaux presque tous interprétés graphiquement; ensuite par la cri- tique éclairée que donne l’auteur à la suite de chaque question; tous les points douteux, aussi bien dans les théories que dans les procédés pratiques, sont soumis à une discussion serrée, souvent mordante; il ne fait pas bon être d’un avis opposé à celui de M. Howe; il dé- coche à ses adversaires une série d'arguments, soigneu sement numérotés et développés à part, et qui partent comme autant de coups de poing. On sent que l'auteur discute avec passion, el si cela le rend parfois un peu trop sévère, cela donne un grand intérêt à la lecture de certains chapitres. En même temps que l'ouvrage de M. Howe sur l'acier, la librairie Baudry met eu vente le cours de Métal- lurgie de la fonte de M, Le Verrier, complétant ainsi l'exposé de l'industrie du fer. Le savant professeur du Conservatoire des Arts et Métiers a rédigé, avec sa clarté habituelle, une monographie complète de la RE — 1 I1 faut signaler ici que M. Hock a transformé les indica- tions numériques des nombreux tableaux de l'ouvrage de M. Howe; de facon à les exprimer en mesures francaises, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX fabrication de la fonte en tenant compte des plus ré- cents progrès réalisés dans celte industrie, Cet ouvrage comprend, après une description des minerais de fer, l'étude de la fabrication de la fonte avec une foule de détails pratiques sur les dimensions des hauts four- |! neaux, les appareils accessoires, la conduite des opéra- tions dans les différentes allures; puis viennent les procédés de travail de la fonte, différents modes de fusion, moulage. Une série de tableaux donne des exemples d'analyses de fontes, de minerais, de laitiers, de détermination du bilan d’un haut fourneau, etc. La discussion, moins agressive que celle de M. Howe, est loin de faire défaut dans cet important ouvrage qui résume admirablement l'état actuel de la question sans négliger aucun point de vue. Dans le même ordre d'idées, il faut signaler un ou- vrage de dimensions plus restreintes, publié par M. de Billy sur la fabrication de la fonte.Le savant ingénieur, qui avait déjà publié une remarquable étude sur les hauts fourneaux des Etats-Unis et leur comparaison avec ceux d'Europe, a su condenser, dans ce petit livre, un grand nombre de données théoriques et pratiques sous une forme particulièrement claire et métho- dique. G. CrarPy. Guenez (E.), Chimiste en Chef des Douanes à Lille, ancien préparateur des cours de Céramique, Verrerie, Teinture au Conservatoire. — Décoration céramique au feu de moufie. — Un vol. in-8° de 200 pages de l'En- cyclopédie scientifique des Aide-Mémoire, dirigée par M. Léauté, de l'Institut. (Priæ: broché 2 fr. 50, relié3 fr.) Gauthier. Villars et Masson, éditeurs, Paris, 189%. Cet ouvrage est divisé en deux parties : dans la pre- mière, l’auteur examine successivement la composition des pâles céramiques et des couvertes, la cuisson des “produits, les propriétés des couleurs vitrifiables et les méthodes employées pour les obtenir. La seconde partie est consacrée à la pratique; elle comprend l’étude de la préparation complète des couleurs, la description détaillée des procédés de peinture et de décoration au feu de moufle, enfin l'exposé des opérations de dessic- cation, de cuisson et de brunissage. En suivant ce plan avec beaucoup de conscience et de méthode, M. Guenez a pu présenter un traité qui se suffit à lui-même pour mettre le lecteur au courant d’une branche de l’industrie céramique où les difficul- tés sont si nombreuses; grâce à lui, les peintres sur faïence et sur porcelaine éviteront les essais sans ré- sultats auxquels sont exposés ceux qui se préoccupent uniquement de la partie technique et croient inutile de posséder certaines connaissances chimiques. Paul JANNETTAZ. Bourgoin (A.-E.) Professeur à l'Ecole supérieure de Pharmacie et à la Faculté de Médecine Acides organiques à fonction complexe (2° partie). Encyclopédie chimique publiée sous la direction de M. Frémy. Tome VIL, 5° fascicule, 3° section. — Un vol. in-8° de 950 pages. (Prix : 35 fr.) Vve' Ch. Dunod et P. Vicq, éditeurs, Paris, 1894. Ce volume, l'un des derniers de l'Encyclopédie, comprend tous les acides à poids moléculaire élevé et de fonction complexe, depuis l'acide glyoxylique C?2H50*. Ces acides sont classés d’après la quantité d'oxygène qu'ils renferment, sans distinction entre lasérie grasse et la série aromatique. L'ensemble est très complet et très consciencieuse- ment étudié : la bibliographie relative à chaque corps est, comme d'habitude, soigneusement indiquée à la fin de sa monographie; mais la plupart des réactions y sont encore exprimées en équivalents : il y avait là, sans doute, quelque obligation à laquelle M. Bourgoin n’a pu se soustraire et qu'il regrette sûrement autant que nous, car elle restreint considérablement l’utilité de l'ouvrage auprès des jeunes qui, n'ayant jamais fait usage de cette notation, n'y verront plus qu'une langue morte, incompréhensible pour eux. L, MAQUENNE. de Paris. — GR dé dla hs à à 4 - ‘ - Ê - Andrieu (P.)!, Chimiste-Agronome. — Le Vin et les Vins de fruits. Analyse du mott el du vin. Vinifi- cation. Suérage. Maladies du vin. Etudes sur les levures du vin cultivées. Distillation. — Un vol, in-S° de 380 pages, avec T8 fig. dans le texte. (Prix : 6 fr.50.) Gauthier- Villars et fils, Paris, 1894. Le présent ouvrage est divisé en six parties. Dans la première, l’auteur indique la constitution chimique du raisin, du moût et du vin. La seconde partie, plus longue que la précédente et la suivante, est consacrée à la vinification, au traitement de la vendange et du vin, La troisième partie traite du sucrage de la ven- dange et des vins de sucre. Dans la quatrième partie, il est question des boissons alcooliques ou vins extraits des fruits, et notamment des cidres. Le rôle des levures de vins se trouve expliqué, sous toutes ses faces, dans la cinquième partie; la distillation des vins et des fruits, en vue de la fabrication de l’eau-de- vie, occupe la sixième et dernière. Deux appendices terminent le volume : l’un a pour objet le refroidis- sement ou le réchauffement des moûts, l'autre signale une méthode préconisée par M. Müntz en vue de la fabrication des piquettes de marc. Dans ces 370 pages, sous une forme très condensée, Pouvrage de M. Andrieu résume beaucoup de notions utiles intelligemment compilées. De plus, dans la pre- mière partie, nous signalerons un passage original : celui où l’auteur, à la suite des alambics et des ébul- lioscopes, décrit un-nouveau procédé de son invention pour doser l'alcool dans les vins. Dans cet instrument, appelé par M. Andrieu vino-alcoométre, on a mis à pro- fit les variations de solubilité du sulfate d’ammonium dans les mélanges d'eau et d’alcool, variations qui sont inversement proportionnelles au titre alcoolique puisque le sel, assez soluble dans l'eau, ne se mêle pas à l'alcool pur. Nous ne pouvons qu'indiquer ici le principe de la méthode; si les perturbations, cau- sées par les matières extractives incorporées dans le vin, ne dérangent pas la régularité du phénomène de dissolution, M. Andrieu aura doté les praticiens d’un procédé aussi rapide que celui de MM. Malligand et consorts et nécessitant un outillage moins coûteux. Laissant de côté les descriptions technologiques et le matériel des caves, nous ferons simplementressortir l'intérêt plus spécial que présente la cinquième parlie. Le lecteur y voit exposées des théories et des expé- riences ‘encore mal connues du public, et postérieures à la publication de la plupart des traités d'œnologie. En feuilletant ces pages, on apprend comment les tra- vaux déjà anciens de M. Pasteur ont ouvert la voie aux recherches microbiologiques de M. Duclaux, puis à celles de MM. Martinand et Rietsch, sans parler des mémoires publiés par MM. Marx, Rommier, Jacquemin. Aux essais en petit dans les laboratoires succèdent les tentatives en grand dans les celliers. M. Andrieu en discute quelques-unes des plus intéressantes. D’a- près ses conclusions, la question, tout séduisant que soit son aspect, n’est pas encore complètement mürie etne parait pas susceptible d’une solution pratique absolument générale et applicable au Midi comme au Nord. C’est à chaque groupe viticole qu'il appartient de rechercher, par des expériences poursuivies dans les caves de la région, quel est le meilleur mode d'emploi des levures artificielles comme auxiliaires de la fer- mentation. Antoine de Saporra. Dumoulin (E.) — Les Couleurs reproduites en photographie. — Un vol. in-8° jésus de 60 pages. (Priz : À fr. 50.) Gauthier- Villars et fils, Paris, 1894. 1 Afin d'éviter toute confusion, nous préviendrons le lec- teur que le nom d’Andrieu est également porté par un savant agriculteur narbonnais : M. Louis Andrieu de l’Etang, inven- teur du chromatomètre. Cet appareïl, comme l’on sait, per- met d'apprécier la couleur des vins par comparaison avec les teintes de la lumière polarisée. Malheureusement le prix trop élevé du chromatomètre en restreint l’usage. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 3° Sciences naturelles. Sachs (D° H.). — Das Hemisphærenmark des menschlichen Grosshirns. 1. Der Hinterhaupt- lappen (La substance blanche des hémisphères du cerveau humain. 1. Le lobe occipital). Travaux de la Clinique psychiatrique de Breslau. Avec une préface du Professeur D' C. Wernicke. — Un vol. in- folio de 32 p. avec 3 fig. et 8 planches. G. Thicme. Leipzig, 1895. ÿ Ce beau travail de Sachs inaugure une série de monographies qui doivent être consacrées à l'étude du cerveau et de ses fonctions à l’état normal et pa- thologique. Mais ce premier mémoire, par la rigueur scientifique de la méthode et l'importance des faits d'anatomie et de physiologie cérébrales pour la pre- mière fois conquis à la science, aussi bien d’ailleurs que par la hauteur des vues psychologiques, a tout de suite attiré et retenu lattention du petit nombre des bons juges en pareille matière. Le Professeur Wernicke, de Breslau, dans le labo- ratoire duquel Sachs a réuni les matériaux de son travail, compare très bien, dans la préface, les vastes régions du syslème nerveux où il restera toujours tant de terra incognitu, au « continent noir ». L'ana- tomie de la substance blanche du cerveau en parti- culier lui a toujours paru être en clinique Ja première condition du diagnostic. Sachs associe au nom de Wernicke celui de Lissauer, assistant de la clinique de psychiatrie de Breslau, dont le concours amical lui a été précieux. Il s'agit d’une description des faisceaux de fibres nerveuses à myéline de tout un lobe du cerveau, le lobe occipital, ainsi que des régions limitrophes des lobes pariétal et temporal, de la direction et des con- nexions de ces faisceaux, au moyen de la méthode de Stilling, perfectionnée par Meynert, celle des coupes sériées de 1/10 de millimètre d'épaisseur et colorées au Pal. Les faisceaux du lobe occipital peuvent être classés, d’après leur mode de terminaison, en deux crands groupes, dont l’un comporte trois subdivisions : I. les fibres de projection ou de la couronne rayonnante (Meynert), en rapport avec les centres nerveux situés au-dessous de l'écorce (corps genouillé externe, pul- vinar de la couche optique, tubercule quadrijumeau antérieur} ; IL. les fibres d'association, qui se terminent dans l’écorce, reliant entre eux, soit a) des points de l'écorce du même hémisphère cérébral (fibres courtes d'association), soit b) l'écorce du lobe occipital avec celle d’un autre lobe (fibres longues d'association), soit enfin ec) un-hémisphère avec Pautre (fibres calleuses où interhémisphériques, qu’elles gagnent toutes l’'hémi- sphère opposé ou se rendent en partie aux centres sous-corticaux). Toute cette puissante masse de fibres du lobe occi- pital n’est rien moins qu’un feutrage inextricable. Des faisceaux et des couches de fibres, de direction et de connexion déterminées, apparaissent qui peuvent . être suivis isolément grâce à leur structure différente qu'aceusent leurs divers modes de réaction à la ma- üière colorante. Après Wernicke, Sachs déduit même deux lois de ces rapports anatomiques. Chaque fibre atteint son butpar le pluscourt chemin autant que le lui permet la structure du cerveau; il en résulte que les plus courtes fibres sont situées près de Pécorce, les plus longues près de la corne postérieure du ventri- cule latéral, et que les fibres qui ont à peu près le même but, après un trajet plus ou moins étendu, sui- vent la même direction et finissent par se réunir en faisceaux. La seconde loi biologique, également géné- rale, est celle de la « variabilité ». Il n'y a pas, on le sait, deux cerveaux entièrement semblables. Il en va de même de l’ordre et du développement des différents systèmes de fibres nerveuses : l'écorce et les fais- ceaux blancs sont dans un rapport de dépendance réci- proque et varient d’une manière concordante. La corne postérieure du ventricule latéral est de tous , . — côtés environnée par trois couches superposées de fibres : 1. La couche des fibres du corps calleux, inter- hémisphériques (forceps corporis callosi), qui passent d'un hémisphère à l’autre dans la région du bourrelet du corps calleux; 2. la couche des fibres de projec- tion (stratum sagittale internum), couronne rayonnante du lobe occipital, dont les fibres se distinguent de celles du forceps parlafinesse deleur calibre ; 3. la cou- che des fibres d'association longues, intrahémisphéri- ques (stratum sagittaleexternum), à fibres de fort calibre comme celles du forceps : issues, semble-t-il, de toutes les parties du lobe occipital, elles se rendent à peu près toutes à l'écorce du lobe temporal, la plus grande partie dans T,, une plus petite dans T,, le reste à la pointe de ce lobe, reliant ainsi les deux lobes occi- pital et temporal. ve De cette troisième couche à l’écorce existe, inter- posée, une masse considérable de fibres à myéline dont le diamètre égale à peu près celui des trois couches internes : elle est constituée par des fibres courtes d'association, naissant et se terminant dans le lobe occipital. Sachs énumère ces systèmes de fibres propres à l'écorce (stratum proprium corticis). Des ré- gions supérieures du calcar avis émanent trois sys- tèmes qui relient l'écorce du cuneus au reste de l'écorce du lobe occipital : 1° le sfratum calcarinum, dont les fibres les plus longues relient le cuneus au gyrus lin- qualis ; 2 le stratum cunei lransversum, n’appartenant qu'au domaine du coin, mais dont les plus longues fibres parviennent jusqu'au lobe pariétal supérieur et peut-être jusqu'au gyrus angularis où pli courbe; 31e stratum proprium cunei, montant verticalement au bord de l'hémisphère. Le stratum verticale conveæitatis appar- tient également aux fibres propres de l'écorce, ainsi que les fibres d'association reliant les circonvolutions des trois scissures occipitales. Une quatrième couche réunit, à la face inférieure, comme stratum proprium sulei collateralis, le gyrus lingualis au gyrus fusiformis. L'importance des fibres formant la couche interne de la substance blanche sagittale et qui, après avoir constitué les deux forceps, passent dans le corps cal- leux, a été signalée, on le sait, par Monakow, et, en France, pour la première fois, par M. et M®e Déjerine (1892). Sachs consacre quelques pages à réfuter une doctrine qui semblait reposer sur des observations d'Onufrowicz et de Kaufmann, mais qui s’écroule-avec ces observations mêmes. Ces auteurs, ayant trouvé, dans deux cas d'absence prétendue du corps calleux, le tapelum du lobe temporal et occipital (c’est à tort qu’on donne quelquefois le nom de tapetum aux fibres ealleuses du forceps), en avaient conclu que le fapetum, étranger au corps calleux, serait la partie postérieure et inférieure d’un grand faisceau fronto-occipital, fais- ceau dont l’existence a été ensuite admise dans les manuels d'Obersteiner et d'Edinger. Or, il résulte de la description et des dessins des publications d'Onu- frowiez et de Kaufmann que, dans ces cas, il ne pou- vait être question d’une absence véritable du corps calleux : les fibres de cette commissure sont toutes présentes (au moins dans les préparations de Kauf- mann); seulement, au lieu de passer dans l’autre hémisphère, elles étaient restées dans le même. De là un faisceau fronto-occipital complètement inconnu sur les cerveaux normaux. Bref, il s'agissait d’une sorte d'hétérotopie du corps calleux. Plus récemment, Min- gazzini a décrit un cerveau dont l'absence complète et réelle du corps calleux avait entrainé celle des fibres du forceps et du tapetum. Quant aux fonctions du corps calleux, qui, contrai- rement à l’ancienne idée de Foville, reprise ngguère par Hamilton, est bien un faisceau de fibres d'association, il ne servirait pas, selon Sachs, à relier, comme on l’admet, des parties symétriques, mais bien des régions «Jocalementet fonctionnellementtout à fait différentes » des deux hémisphères cérébraux. Sachs témoigne donc adopter la théorie de Schnopfhagen. Contre l'opinion courante, il fait valoir le fait que les fibres calleuses, 40 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX avant d'atteindre la ligne médiane, se mêlent dans une sorte de confusion inextricable, si bien que, selon toute vraisemblance, ces fibres prennent des directions fort diverses en allant d’un point d’un hémisphère à un point de l’autre hémisphère. Rien ne prouve, ditl, que ces fibres qui, au lieu d’atteindre leur but, comme d'ordinaire, par le plus court chemin, gagnent dans la plus grande confusion la ligne médiane, arrivent en- suite à l’autre hémisphère et s’y disposent dans le même ordre qu’elles avaient originairement, Dans le forceps, la physiologie postule la présence d'au moins deux voies nerveuses. Dans l'hypothèse que la région corticale de la vision distincte des deux yeux, correspondant à chaque région maculaire réti- nienne, est représentée dans les deux lobes occipitaux, il doit exister dans le forceps un faisceau qui, comme une commissure, relie dans l'écorce les deux points de la vision distincte. En outre, le lobe occipital droit doit être relié avec le lobe temporal gauche par une voie directe permettant,, grâce au réveil de l’image auditive verbale, de nommer les objets vus dans la moitié gauche du champ visuel, voie qui serait inter- rompue dans l’aphasie optique de Freund, Cette voie nerveuse se trouve sans doute à droite dans le f'orceps et à gauche dans le {apetum. Des théories d’une haute portée sur les conditions de l’activité psychique dans lhypothèse anatomique des voies générales d'association de l'écorce, telle que Mey- nert l'avait proposée, terminent la partie critique du mémoire de Sachs. Suivant Meynert, on le sait, chaque point de l'écorce cérébrale serait en rapport anato- mique direct avec chaque autre point, de sorte qu'entre deux points quelconques, il existerait des voies d'asso- ciation. Présenté ainsi dans sa généralité, cette hypo- thèse ne parait pas tout à fait juste à Sachs. Ainsi, le lobe occipital ne possède qu’une longe voie d’associa- tion, le stratum sagittale externum (faisceau longitu- dinal inférieur de Burdach), fibres d’association à long trajet intrahémisphérique, qui le relie au lobe tem- poral. Peut-être des fibres antérieures du stratum trans- versum cunei assurent-elles encore une autre connexion entre le cuneus et la portion postérieure du lobe pariétal. Mais, ni sur la convexité, ni sur la face interne des hé- misphères, il n'existe de connexions connues impor- tantes du lobe occipital avec le reste du lobe pariétal ou avec le lobe frontal qui, même de loin, égalent celles qui relient le lobe temporal à ces parties de l’écorce. Si l’on excepte le lobe temporal, le lobe occipital n’est donc relié par aucun long faisceau d'association consi- dérable aux autres parties du cerveau à fonctions phy- siologiques distinctes. Les plus longs faisceaux du lobe occipital demeurent dans les limites de ce lobe, à l'exception peut-être de quelques fibres isolées (p. 2#). Quelle différence avec le Icbe temporal! Outre la grande connexion de ce lobe avec le lobe occipital au moyen du stratum sagitlale exlernum, il est fortement relié au lobe frontal par le fasciculus uncinatus. Le cingu- lum, dont les plus longues fibres arrivent peut-être jus- qu’au lobe frontal, associe le lobe temporal à l’avant- coin (præcuneus), au lobule paracentral et à la portion du gyrus fornicatus située au-dessus du corps calleux, Le lobe temporal est relié au lobe parièlal par la partie postérieure du fasciculus arcuatus, les parties anté- rieures du stratum verticaleconveritatis, C’est, enfin, le seul lobe qui possède de vraies fibres commissurales, la commissure antérieure, dont les fibres, sans s’entre- croiser ni se confondre sur la ligne médiane comme celles du corps calleux, gagnent dans le même ordre les deux hémisphères. En regard de cette richesse extraordinaire des voies d'association, qui vont dans toutes les directions, la couronne rayonnante du lobe temporal est au contraire relativement pauvre, Si l’on fait abstraction de la voûte et de la connexion avec le corps mamillaire, il ne reste qu'un mince faisceau passant par la capsule interne. Ces puissantsliens d'association qui presque de toutes parts unissent le lobe temporal avec les autres lobes À | AË : BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX AL cérébraux, semblent être l’expression anatomique de l'importance capitale du langage pour la pensée de l’homme. Telle est du moins la conception géniale de Sachs. Le mot, l'image verbale auditive, possèdent des connexions anatomiques immédiates, directes, avec tous les autres centres de perception et d'idéation de … l'écorce. Inversement, ceux-ci ne sont reliés entre eux > +2 me tr qu'indirectement par le centre du langage (Sprachcen- trum). Toutes les différentes parties constituantes de l’idée (Begriff}, formée, en dernière analyse, de résidus mnémoniques des perceptions des divers sens, sont ainsi essentiellement associées par le médium du mot, manifestalion extérieure de l’idée. Ainsi l'étude anatomique du cerveau nous révèle les causes de l'extraordinaire puissance que le mot exerce sur l’homme, dans la vie ordinaire comme dans l’hal- lucination de l’aliéné ou la suggestion de l'hypnotisé. Dans cette structure anatomique de l'organe de la pensée, Sachs voit encore la cause probable de la supé- riorité intellectuelle et morale de l'aveugle-né sur le sourd-muet. Ii n'est pas rare, en effet, que le premier arrive, en dépit de sa cécité, à un développement très élevé des facultés supérieures de l'intelligence, « tandis que le sourd-muet ne s'élève que rarement beau- coup au-dessus d’un animal ». Les dernières pages de ce travail sont consacrées à la description des photographies, de grandeur natu- relle, des coupes sériées du lobe occipital colorées au Pal. Jules Soury. 4° Sciences médicales. Eaurent (D: E.), ancien Interne à l’infivmerie centrale - des prisons de Paris. — Le Nicotinisme. Etude de psychologie pathologique. — Un volume in-12 de 221 pages. Société d'éditions scientifiques, Paris, 1894. M. Laurent, après avoir donné sur la plante qui fournit le tabac quelques détails botaniques, empruntés au manuel d'histoire naturelle médicale de M, de Lanessan, parlé brièvement de la fabrication du tabac, plus briè- vement encore de la composition du tabac et de l’action de la nicotine sur l'organisme, indiqué rapidement les usages thérapeutiques du tabac, résumé, d’aprèsle livre du D° Depierris, l'histoire de l'introduction du tabac en Europe, consacré, pour justifier le titre du livre « Etude de psychologie pathologique », six pages à analyser les causes qui amènent à fumer, énumère les multiples dangers auxquels expose, dit-on, l'abus dutabac et même son usage : carie dentaire, stomatite, gingivite, cancer, pharyngite, laryngite, bronchite, asthme, gastralgie, entérite, affections cardiaques, amaurose, céphalalgie, hystérie, neurasthénie, tout y passe; mais loyalement le D: Laurent avoue que le tabac, cet ennemi du genre humain, est innocent d’une bonne part des méfaits que lui attribue le zèle enflammé de ceux qui le pros- crivent. M. Laurent ne croit pas pouvoir affirmer que le tabac entrave le génie, mais, à la suite de M. Maurice de Fleury, il incline à le penser; la classification qu’il a faite des grands écrivains en non-fumeurs et fumeurs lui paraît démonstrative : Balzac, Gœthe, Hugo, Michelet, d’un côté; mais de l’autre Byron, Musset, G. Sand, Th. Gau- lier, Flaubert, de Goncourt : c’est à la première caté- gorie qu'il décerne le premier prix de génie, les autres sont tous des déséquilibrés. M. Laurent pense également que pour être fumeur il faut être atteint d’une maladie de la volonté, que l'usage du tabac conduitàla mélancolie, et, parce qu'il a connu des dégénérés qui fumaient, que les fumeurs ne tardent point à perdre tout sens moral. C’est aussi le tabac, paraît-il, qui est pour une bonne part respon- Sable de la dépopulation de la France. Ajoutez que tout fumeur est mal élevé, et que l'habitude de fumer cause un préjudice annuel de plus d’un milliard à Ha fortune publique de la France, et vous aurez épuisé la liste des griefs de M, Laurent, On trouve encore dans son livre un chapitre sur le tabac dans les écoles, un autre surle tabac dans l’armée, et quelques pages intéressantes sur les habitudes des prisonniers. L'ouvrage se termine par quelques observations de suggestions faites à des hys- tériques et à d’autres névropathes et qui ont eu pour résultat de leur faire perdre l'habitude de fumer; cette dernière partie s'intitule: Traitement du nicotinisme. M. Laurent conclut en promettant d'accumuler « des multitudes de faits pour que la preuve devienne enfin aveuglante et éblouisse les yeux les plus obstinément fermés. 1] continuera, dit-il, à marcher dans le chemin de la vérité, » La Société contre l'abus du tabac a cou- ronné cette œuvre d’édification. M. le Dr Laurent nous saurait sans doute mauvais gré de la discuter plus lon- guement, et de sembler y attacher plus d'importance qu'il n’a fait lui-même, L. MAaRILLIER. Grasset (Dr Hector), de la Faculté de Paris, Prépara- teur au Laboratoire de Clinique chirurgicale de l'Hôtel- Dieu. — Etude surle Muguet.— Brochure de 50 pages, avec 2 planches. Société d'Editions scientifiques, Paris, 1894. Dans ce travail, l'auteur cite plusieurs faits d’inocu- lation positive du champignon du Muguet au lapin et au cobaye et esquisse brièvement les lésions microsco- piques ainsi provoquées par l’évolution du parasite, De tous les modes d’inoculation, l'injection intraveineuse est la plus efficace et réussit d'autant mieux que la culture est plus récente, et qu’elle est inoculée à dose plus massive, Les viscères sont envahis par des granu- lations mycosiques et, dans cerlains cas, l'affection expérimentale se complique d’une ascite abondante. Cliniquement, l'examen microscopique de l’enduit buccal, chez le malade, est parfois insuffisant pour élucider son origine; la culture sur gélose glycosée est seule capable de déceler, avec certitude, la présence du champignon. La plupart des résultats qui précèdent avaient déjà été obtenus par G. Roux et Linossier; dans divers tra- vaux, qui sont des modèles d'observation précise et minutieuse, ils ont étudié les caractères botaniques du champignon du Muguet et même provoqué, chez le lapin, des lésions multiples de pseudo-tuberculose mycosique, Nous n’aurions pas rappelé ces recherches, antérieures à celles de H. Grasset, si ce dernier n’avait accusé de « légèreté » les savants lyonnais, en leur re- prochant de n'avoir fait que deux inoculations. Des six inoculalions relatées par H. Grasset, quelques-unes (Obs. v et vi) sont exposées d’une facon vraiment som- maire et, sans aller jusqu’à renvoyer à son auteur un reproche aussi grave, on peut regretter qu'il n’ait pas apporté lui-même, dans les conclusions qui terminent son travail, d’autres résullats d’un intérêt plus nou- veau et plus décisif, D' H. ViNcEnT. 5° Sciences diverses. La Grande Encyclopédie. Inventaire raisonné des Sciences, des Lettres et des Arts, — paraissant par livrai- sons de 48 pages grand in-$° colombier, avec nombreuses figures intercalées dans le texte et planches en couleurs. 505e et 506€ livraisons. (Prix de chaque livraison, 1 fr.) H, Ladmirault et Cie, 61, rue de Rennes, Paris, 1894. Les 505° et 506€ livraisons renferment des articles de M, Glasson sur la fonction de juge, sur les juges de paix et sur le jugement ; une étude de M, Théodore Reinach sur les Juifs, leur histoire politique, littéraire et reli- gieuse, l’état présent du judaïsme, son avenir et l’anti- sémitisme; des études de M. M. Vernes sur le livre des Juges et le livre apocryphe de Judith, dans l'Ancien Testament; les biographies du grand peintre flamand Jordaens par M. E, Bertaux; du mathématicien francais Camille Jordan, membre de l’Institut, parM. L. Sagnet; du Père Joseph, l’'auxiliaire de Richelieu, par M. L. De- lavaud ; de l’empereur d'Allemagne Joseph II; du géné- ral francais Joubert, par M. E. Charavay. 42 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES RE RER ee MR... Age ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 10 Décembre 1894. M. le Secrétaire perpétuel annonce la mort de M. Tchebichef, associé étranger, décédé le 8 décembre, et celle de M. Ferdinand de Lesseps, membre libre, décédé à la Chesnaye (Indre), le vendredi 7 décembre. L'Académie présente M. d'Arsonval en première ligne et M. Charrin en seconde ligne pour la chaire de Méde- cine vacante au Collège-de France. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. S. Newcomb a cal- culé les variations séculaires des orbites des quatre planètes intérieures par la discussion de 62.000 obser- vations méridiennes du Soleil, de Mercure, de Vénus, de Mars, et de toutes les bonnes observations des pas- sages de Mercure et de Vénus sur le disque solaire. Les mouvements des périhélies de Mercure, de Mars, de Vénus, présentent une différence bien plus grande que les erreurs probables entre la valeur trouvée et la valeur calculée. Ces écarts s'expliquent par deux hypo- thèses : 19° La loi de Newton n’est pas entièrement exacte et la force attractive doit être regardée comme 2% (0)e8 ler variant suivant l'expression 7 QUE . 2° On peut attri- buer les écarts à l’action de masses de matières encore inconnues; un anneau de planétoïdes, placé entre les orbites de Vénus, et de Mercure, ramènerait les écarts au-dessous de leurs erreurs probables. — M, R. Perrin énonce certaines propriétés non encore signalées des suites récurrentes, qui conduisent à un procédé remar- quablement simple et net pour la séparation et le calcul des racines des équations numériques. — M. X. Stouff communique une note sur la composition ‘des formes linéaires et les groupes à congruence; il expose un procédé pour définirune partie de ces groupes. —M.Ha- damard compare entre elles les différentes expressions de l’éliminant de trois équations f, (æ&, y) =0(f,,z,y) = 0 et f, (&, y) — 0, à deux inconnues x et y, et de degrés m, n, p, et déduit de là des remarques applicables à l'élimination. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. Laussedat expose les résultats remarquables obtenus par le Service topogra- phique du Canada dans la délimitation de frontière entre l'Alaska et la Colombie britannique, — M. C. Chapel adresse une réclamation de priorité au sujet de la loi énoncée récemment par M. Vallier sur la résistance de l'air et ajoute quelques observations complémentaires. —M.Fremont donne la théorie expérimentale du cisail- lement et du poinconnage des métaux; la rupture d’un métal par cisaillement, poinconnage et perfo- ralion n’est pas le fait d’un glissement, comme on l’ad- met généralement, mais d’un travail de traction: Les diagrammes du travail nécessaire pour effectuer ces opérations sont constitués par des courbes absolu- mentidentiques pour un même métal, mais qui sont dif- férentes pour le moindre changement dans la qualité du métal, — M. Carvallo donne l'intégration des équa- tions de la lumière dans les milieux transparents et isotropes en supposant que, le milieu partant du repos, les forces lumineuses viennent à agir brusquement à partir de l’époque { — 0, — M. Hurmuzeseu a repris l’étude de la force électromotrice qui se produit entre deux électrodes, formées d’un même métal magnétique sans force coercitive, plongées dans un liquide suscep- tible de les attaquer et entre lesquelles on introduit une différenee d’aimantation. Le fer aimanté est tou- jours positif par rapport au fer non aimanté. La courbe des forces électromotrices en fonction des champs magnétiques présente un point d’inflexion, Les courbes présentent la même allure avec le nickel sans toutefois posséder le point d’inflexion. Avec le bismuth, l’élec- trode aimantée est négative par rapport à celle non aimantée. — M. Moissan a fait une étude approfondie des différentes variétés de graphite préparées soit par la cristallisation du carbone sous l’action d’un dissol- vant métallique, soit par l’action d’une haute tempéra- ture sur le carbone. Quelle que soit la variété de carbone mise en expérience, une élévation de température suf- fisante l’amène toujours à l'état de graphite; ce gra- phite, amorphe ou cristallisé, possède une densité com- prise entre ?,10 et 2,25. Sa température de combus- lion est voisine de 660°, Il existe plusieurs variétés de graphite dont la stabilité et la résistance aux agents chimiques augmentent avec la température à laquelle elles ont été portées. — M, Albert Trubert donne une méthode rapide et précise pour déterminer les propor- tions de carbonate de chaux et de carbonate de ma- gnésie dans les terres, les cendres, etc, — M. Andouard donne les propriétés et la composition du phosphate d'alumine naturel de l'ilot du Grand-Connétable, situé à 27 milles à l’est de Cayenne; ce phosphate est très soluble dans les acides et dans le citrate d’ammo- niaque et, par conséquent, très assimilable; aussi il est supérieur aux divers phosphates de chaux fossiles connus, et donne à la végétation une impulsion remar- quable. — MM. G. Bertrand et A. Mallèvre ont repris l'étude de la pectase et de la fermentation rectique ; les auteurs exposent les résultats suivants :1°le ferment ne peut à lui seul coaguler la pectine; Zil ne provoque cette transformation qu'en présence d’un sel soluble de calcium, de baryum ou de strontium; 3° le préci- pité formé dans ces conditions n’est pas, comme on l'avait cru jusqu’à présent, de l'acide pectique, mais un pectate alcalino-terreux. — M. Maumené donne le principe d'un procédé nouveau pour épurer les alcools, les sucres et un certain nombre d’autres malières orga- niques; le permanganate de potasse, le chlore, le brome détruisent les impuretés de l'alcool avant d’at- taquer ce composé, de sorte que leur emploi en quan- tité convenable donne une purification parfaite, On n'a pasäcraindre d'ailleurs l’action nocive des sels de man- ganèse dont l’innocuité est bien établie par des travaux antérieurs de l’auteur. — MM. Hermite et Besançon, dans une ascension de 1.500 mètres, ontétudié la varia- tion de température et d'état hygrométrique du gaz du ballon comparée à celle de air ambiant. La tempé- rature du gaz s'est élevée progressivement pour attein- dre la température de 46 et 470, avec une température initiale de 18°, tandis que celle de. l'air variait seule- ment de 43 à 19°; l’aérostat se transforme ainsi en une véritable montgolfière. Le gaz se refroidit rapidement peudant la descente ; il ne marquait plus que 35°5 tan- dis que la température de l'air était de 14°. Les dia- grammes barométriques à l’intérieur et à l'extérieur du ballon étaient absolument identiques, GC. Marrenox. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Pomel décrit une nou- velle grotte ossifère découverte à la Pointe-Pescade, à l'ouest d'Alger Saint-Eugène, —M, Millardet : Note sur l'importance de l'hybridation pour la reconstitution des vignobles, — M. Raoul Pictet étudie l'influence du rayonnement aux basses températures sur les phé- nomènes de la digestion. Tous les corps dits mauvais conducteurs de la chaleur deviennent de plus en plus diathermanes, à mesure que la température s’abaisse ; au-dessous de 100° toutes les vibrations calorifiques traversent les corps les plus mauvais conducteurs, Un animal étant soumis à ces basses températures, tout son organisme, jusque dans la profondeur de ses tissus | | F Lis Lies | NET CIS EURE ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 43 participe à la perte de chaleur ; la respiration, la cir- culation augmentent rapidement. Cette combustion in- tense se traduit aussitôt par un désir de compensation : la faim. — M. Labbé donne la morphologie et la clas- sification des Coccidies et pense qu'il est nécessaire de se baser sur l’archéspore pour établir une classification méthodique des Coccidies. — M. Reyt indique la suc- cession des assises inférieures sur le pourtour de la protubérance crétacée de Saint-Sever, — M. Repelin fournit quelques données sur les calcaires à lithotham- nium de la vallée du Chellif, — M. Henry a constaté l'influence évidente de la sécheresse de l’année 1893 sur la végétation forestière en Lorraine. J. MARTIN, Séance du 17 Décembre 1894, Cette séance est la séance publique annuelle pour 1894. Après un discours de M. Lœwy, président, M. Berthelot fait connaitre les prix décernés en 1894 et les prix proposés pour 1895, 1896, 1897 et 1898, M. Bertrand lit une notice sur P.-L.-A. Cordier, membre de l’Institut, Séance du 24 Décembre 1894, M. le Secrétaire perpétuel annonce la perte que la seience vient de faire dans la personne de P. Fran- çois Denza, directeur de l’observatoire du Vatican. — M. Zeiller prie l’Académie de le comprendre parmi les candidats à la place laissée vacante dans la Section de Botanique par la mort de M. Duchartre. Plusieurs lauréats adressent des remerciements pour les distinc- tions accordées à leurs travaux. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Corniel a déter- miné les éléments de la planète 1894 BE, qui possède la plus petite distance périhélie de toutes les petites planètes connues; cet astre est le mieux situé pour faciliter la détermination de la parallaxe solaire. — M. Capon a calculé les éléments de la planète BI et les a reconnus identiques à celle de la planète 369, — MM. Rambaud et Sy communiquent leurs observa- tions de la comète d’Encke et des planètes BH et BI, faites à l'observatoire d'Alger à l’équatorial coudé. — M. G. Le Cadet adresse ses observations de la co- mète d’'Encke, faites à l'équatorial coudé (0 m. 32) de l'observatoire de Lyon. — M. J. Guillaume a fait à l'observatoire de Lyon (équatorial Brunner),pendant le troisième trimestre de 1894, des observations sur les taches solaires, dont il communique les résultats, — M. FE. Siacci fait remarquer que la note parue récem- ment sur la transformation des équations canoniques du problème des trois corps est la reproduction d’une note antérieure. — M. P. Staeckel fait quelques re- marques au sujet de la réclamation de M. 0. Staude. — M. Emile Picard appelle l'attention sur deux nom- bres invariants dans la théorie des surfaces algébri- ques, — M. R. Perrin continue à développer l’exposé de méthodes qui permettent la résolution des équations numériques au moyen des suites récurrentes, — M. Jules Andrade expose un théorème fondamental relatif à la théorie des intégrales multiples, sur lequel repose la notion des étendues intérieure-et extérieure d’un ensemble à K dimensions et qui s’est trouvé taci- tement admis jusqu'ici dans les théories nouvelles : théorème établit analytiquement l'association de l’idée de quantité à l'idée de contenant et de contenu, comme cela doit être fait quand on rattache la notion du champ d'intégration à la théorie des ensembles. — M. A.Lafay montre qu’en généralisant la théorie des abaques, on arrive à l'introduction naturelle d’abaques à 16 et 18 variables. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Henri Salomon adresse un mémoire relatif à diverses questions de météorolo- gie et à l’origine des tremblements de terre, — M. Léo- pold Hugo adresse une note sur la vision mentale à l’occasion d’un frontispice de Fontenelle, — M. Vaschy étend la notion de capacité à un fil parcouru par un courant permanent et montre que cette capacité par unité de longueur d’un câble a le même sens qu’en ce. électrostatique. La même notion s'applique au cas où le courant, au lieu d’être permanent, est lentement va- riable, quoique alors il ne soit pas rigoureusement exact; mais lorsque les variations du courant sont très rapides, la notion de capacité disparait, — M. Gouré de Villemontée a éludié les potentiels électriques dans un liquide conducteur en mouvement uniforme et reconnu que le mouvement à travers des tubes de verre larges, de même section dans toute leur étendue, ne produit aucune différence de potentiel appréciable entre deux points du liquide. — M. Raoul Pictet a effectué des recherches expérimentales sur le rayon- nement à basses températures. 1° Entre 170 et — 70°, l’afflux de chaleur est énorme et très supérieur à la courbe de Newton établie pour 0°. 20 De — 4170° à — 100°, l'influence des enveloppes protectrices isolantes parait à peu près nulle ; au contraire, entre — 55° et + 11° les courbes obte- nues varient avec l'enveloppe ct l'effet des parois pro- tectrices semble devenir progressivement proportionnel à leur épaisseur entre — 20° et + 10°. 3° La tempéra- ture des corps mauvais conducteurs ne semble pas avoir d'influence sur leur diathermanéité pour les rayons émispar les corps très froids au-dessous de — 70°, — M, Dussau adresse un mémoire relatif à un procédé pour le traitement des eaux d’égout. — M. Henri Moissan a reconnu que le bore et le sili- cium déplacent nettement le carbone dans une fonte ou dans un carbure de fer en fusion. Ces corps, main- tenus à une température suffisante, se conduisent exactement comme les solutions aqueuses de certains composés, dans lesquels on précipite ou déplace tel ou tel corps en solution ou en combinaison, — M. le Secrétaire signale deux brochures de M. Adolphe Carnot intitulées : « Analyse des eaux minérales fran- caises exécutées au bureau d'essai de l'Ecole des Mines » et « Minerais de manganèse analysés au bureau d’essai de l'Ecole des Mines ». — M. J. Peyrou a fait un grand nombre de dosages de l'ozone atmosphé- rique par la méthode du papier ozonoscopique ioduro- amidonné ; l’auteur a toujours trouvé plus d'ozone au- dessus des plantes qu'au-dessus de la terre sans végé- tation. La végétation favorise la formation de l’ozone atmosphérique, et la quantité d'ozone produite est d'autant plus grande que la végétation ambiante est plus active. — M. A. Villiers explique la difficulté avec laquelle certains sulfures sont attaqués par lacide chlorhydrique tandis que les sels correspondants ne sont pas précipités par l’acide sulfurique en présence d’un léger excès d'acide, en supposant que les sul- fures de ces métaux, au moment de leur mise en liberté par les sulfures alcalins, se produisent sous un état différent de celui sous lequel nous les connaissons. — M. Delépine a préparé des combinaisons de l’hexa- méthylène-amine avec l’azotate, le chlorure et le car- bonate d'argent ayant les formules suivantes : C5HI2A71,A7OSAg; C6H12A74, HAgCIl; 3CO3Ag?, 5C6HI2Azt, 15H20 — M. Albert Colson, en faisant agir le chlorure de cyanogène sur le paraxylène dilué dans l’éther incom- plètement sec, a pu obtenir de l’uréthane, un éther cyané soluble qui présente la composition du nitrile éthyllactique : OC2H5 CHS—CH CAz et un éther cyané insoluble, isomère avec le premier, et dont l’isomérie paraît être de nature physique. — M. Charles Lepierre a entrepris l’étude méthodique des chromates de fer; il a obtenu treize chromates, dont deux seulement sont connus; tous ces sels sont doubles et sont. tous ferriques; ils sont en général hydratés et tous colorés. Les chromates de fer forment une série parallèle à celle des suifates basiques du mé- me métal; ils sont susceptibles d'application pour la A4 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES peinture sur faïence et sur porcelaine, — M. A. Bach indique un nouveau réactif permettant de démontrer la présence de l’eau oxygénée dans les plantes vertes; il repose sur le fait que l'acide perchromique en solution éthérée transforme très facilement, en présence d’un acide libre, l’aniline en une matière colorante violette. Vingt-cinq espèces végétales examinées ont donné un résultat positif en ce qui concerne la présence de l’eau oxygénée, — M. Alph. Combes à déterminé la valence du glucinium et, par suite, la formule de la glucine en déterminant le poids moléculaire de l’acétylacétonate de glucinium : GI (C5H702. — MM.L. ZornetH. Brunel établissent que, contrairement à l'opinion générale- ment admise, le groupe SO?, dans les sulfones aroma- tiques, se met en position méta — M, Maumené adresse une note sur la constitution des corps orga- niques. C. MATIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Ranvier, dans un tra- vail sur la circulation de la lymphe dans les petits troncs lymphatiques, a pu faire apparaitre ceux-ci en les remplissant d’un liquide coloré, le bleu de Prusse soluble, — M. Millardet donne un extrait de son tra- vail sur l'importance de l’hybridation pour la reconsti- tution des vignobles. — M, Racovitza présente une étude sur le lobe céphalique des Euphrosines, — M. Gruvel, étudiant le développement du rein et de la cavité générale chez les Cirripèdes, trouve que, contrai- rement à ce que l’on voit chez les adultes, il existe une communication nette entre la cavité générale et le rein. — M. Wedensky signale les différences entre le mus- cle normal et le muscle énervé. — M. Prunet indique les rapports biologiques du Cladochytrium viticolum Prunet avec la vigne, — M, Flahault donne une carte botanique détaillée de la France. — M. B. Renault signale un mode de déhiscence curieux du pollen de Dolerophyllum, genre fossile du terrain houiller su- périeur. : J. Martin. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 18 Décembre 1894. L'Académie procède au renouvellement de son bu- reau pour l’année 1895. En vertu du règlement, le vice- président de l’année 1894, M. Empis, devient de droit président pour l’année 1895. M. Hervieux est élu vice- président pour l’année 1895. MM. Cadet de Gassicourt et Caventou sont maintenus par acclamation dans leurs fonctions de secrélaire annuel et de trésorier, MM. L. Colin et Tillaux sont élus, à l’unanimité, membres du Conseil d'administration, — MM.A. Proust et H.Bourgès présentent une communication relative à une paralysie consécutive à une angine pseudo-mem- braneuse, reconnue comme non diphtérique à l'examen bactériologique. — M. Vallin présente quelques ob- servations sur une communication récente de MM. La- veran et Regnard, relative à la pathogénie et au méca- nisme du coup de chaleur. Dans des expériences déjà anciennes sur le même sujet, il est arrivé à des résul- tats différents de ceux de MM. Laveran et Regnard ; mais il montre que les conditions dans lesquelles il s'était placé n'élaient pas les mêmes. -- M. le D' Teissier (de Lyon) lit un mémoire sur le cœur forcé et le surme- nage dans les exercices de sport. — M. le D' Doyen (de Reims) lit un travail sur les résultats éloignés des opérations pour affections non cancéreuses de l’esto- mac. Séance du 26 Décembre 1894, La discussion sur la pathogénie et le mécanisme du coup de chaleur continue. MM, Laveran, Vallinel Le Roy de Méricourt présentent leurs observations. — M. le D° M. Laugier lit une note sur la gangrène des doigts à la suite de pansements phéniqués, — M. le D' Mougeot présente ses recherches relatives à l’in- fluence des courbes météorologiques sur les épidémies de choléra en Cochinchine et leur gravité, SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 15 Décembre 1894. MM. Gilbert et Cadiot présentent le résultat de leurs recherches sur le foie des animaux tuberculeux. Dans la presque totalité des cas, cet organe était le siège de lésions tuberculeuses; ils ont trouvé quel- quefois de la cirrhose et une altération de la cellule hépatique. La dégénérescence graisseuse est très rare, — M. Surmont et Brunelle (de Lille) montrent que le chlorure de sodium introduit en excès dans la circulation s’élimine au niveau de lestomac. — M. Ch. Richet étudie les propriétés hypnotiques de deux nou- velles chloraloses : l’arabino- et la xylochloralose. — MM. Pachon et Carvallo ont pratiqué l’extirpation totale de l'estomac chez le chat. Toutes les fonctions se font régulièrement; tous les aliments, sauf la viande crue, sont bien digérés, — MM. Abelous et Biarnès étudient le pouvoir oxydant du sang et des différents organes. Ils arrivent à celte conclusion que les oxyda- tions organiques sont le résultat de l’activité d'un fer- ment soluble oxydant. — M. H. Moreau a découvert une communication entre les lymphatiques génitaux et ceux du rectum chez la femme. — M. Ch. Richet mon- tre que l’atropine rend l’asphyxie plus rapide, parce qu’elle empêche le cœur de se ralentir. — M. Ausché rapporte une série d'observations d’hématémèse due à la neurasthénie, M. Lapicque est élu membre de la Société par 39 voix contre 7 données à M. Sanchez-Toledo. Séance du 22 Décembre 1894. M. Pillet fait remarquer la fréquence de la stéatose hépatique chez les oiseaux, les reptiles, les poissons. Chez l’homme, le foie n’est généralement pas gras, mais l’adipose peut survenir dans certaines conditions pa- thologiques, particulièrement à la suite des maladies tuberculeuses. — MM. Gaudier et Hilt ont trouvé que la toxicité urinaire chez les cancéreux est supérieure à celle de l’homme sain. — MM. Bar et Rénon ont ob- servé, chez un enfant nouveau-né, le premier stade d’une dégénérescence kystique des reins, représenté par l’ec- tasie des canalicules biliaires. — M, Durante a observé un cas de dégénérescence descendante des faisceaux sensilifs, consécutive à une lésion cérébrale, — M.Con- tejean présente une série de tracés, pris à l’aide d’une pince cardiaque spéciale, qui semblent confirmer la manière de voir de Fredericq qui estime que la con- traction cardiaque est tétanique et se fait par une sé- rie de secousses, — M. Féré cite quelques faits qui établissent une ressemblance pathologique entre frères jumeaux. — M. Gley rappelle que les physiologistes ont signalé depuis longtemps le danger des inocula- tions de suc thyroïdien. — M. Guignard décrit un nouveau bacille chromogène. — M. Azoulay expose une modification qu'il a apportée à la méthode de Golgi pour la coloration des coupes des centres nerveux. SOCIETE FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du T Décembre 1894. M. Maumené expose ses idées sur les lois générales de l’action chimique. La seule loi à laquelle obéissent les combinaisons est la suivante. Lorsqu'un corps simple, dont le volume par équivalent est V, agit sur un autre de volume V', le nombre d’équivalents du pre- mier qui agissent sur un équivalent du second est égal au quotient de V par V’, Cette loi s'applique, quel que soit l’état physique des corps, pourvu qu'ils soient incapables de se mélanger. Cette loi est la seule qui puisse rendre compte du mode d’action du chlore sur la chaux hydratée dans la production du chlorure de chaux. Dans cette préparation, quel que soit l'excès de chlore, il reste toujours dé la chaux vive. La loi précé- dente conduit à admettre que le chlore agit sur la chaux dans le rapport d’un équivalent et demi de l’un pour r-. TIRE sy de HE un équivalent de l’autre, et que la réaction doit être formulée 2C1-L3Ca0, HO — CaCl+ CaO, CIO + Ca O (HO Ce résultat concorde rigoureusement avec les résultats des analyses précises de M. Kolbe, de Lille, De même, Ja loi précédente explique pourquoi le phosphure de chaux, produit par l’action de la vapeur de phosphore sur la craie, doit avoir pour formule Ph(CaO}, Puis, cette loi permet d'expliquer pourquoi l’eau a la com- position qu'on lui connaît. M. Maumené admet que, lorsque l'oxygène et l'hydrogène se combinent à la tem- pérature du rouge, ces deux gaz deviennent liquides ou solides pour agir l’un sur l’autre. Ils doivent se con- denser pour pouvoir s'unir. — M. Ponsot expose l’état actuel de la question des cryohydrates et communique les résultats de ses expériences personnelles sur cette question. De Luc avait remarqué depuis longtemps que la température minima, présentée par un mélange de glace et de sel, est indépendante des proportions du mélange, le sel étant en excès, et que cette tempéra- ture est celle à laquelle une dissolution saturée de ce sel se congèle. En 1875, M. Guthrie reprend l'étude de cette question. Il constate que, si on fait congeler le liquide obtenu en mélangeant de la glace et un sel, cette congélation se fait à la température minima de ce mé- Jlange, qu’elle est invariable pendant toute la durée de la congélation, qu’il y à identité de composition du liquide et du solide, et que ce dernier est en cristaux transparents. Ces trois raisons lui semblent suffisantes pour conclure à l’existence d'un composé défini, d’un cryohiydrate, auquel, en équivalents, il attribue une for- mule, soit pour le chlorure de sodium, Na CI + 10H0. Il étudie un grand nombre d'exemples, et trouve, par exemple KO, AzO5 -L 89,2 HO, KO, SO3 + 114,2 HO. Malgré la complexité des nombres d’équivalents d’eau, les idées de M. Guthrie furent adoptées par un grand nombre de savants, En 1877, Pfaundler émit l'opinion que les cryochydrates étaient un mélange de glace et de sel. Elle fut partagée par Masotto en 1890, et Schreene- makers en 1893, qui étudièrent les mélanges de deux sels avec la glace. M. Duhem (1893) démontra théori- quement qu'il y a simplement un mélange de glace et de sel. Il annonca aussi que la composition des cryohy- drates devrait varier avec la pression. Néanmoins, malgré ces publications, un certain nombre de savants conservent les idées de Guthrie. En 1887, M. Etard suppose qu'il obtient des hydrates identiques aux cryohydrates de Guthrie. M. Engel, dans une commu- nication du 3 novembre 1893, semblait conserver cette opinion lorsqu'il recherchait une relation entre le nombre de molécules d’eau fixées par la molécule saline, et les poids atomiques des constituants de cette molécule, Enfin, dans la dernière séance, M. Le Châte- lier a dit que ce sont des mélanges d'hydrates mal définis, etil pense que certains, tel que celui de bichro- mate de potasse, sont amorphes, M. Ponsot montrera tout à l'heure que l’expérience prouve le contraire. L'auteur expose alors par quelles considérations on peut expliquer les phénomènes cryohydratiques. Il trace d’abord la courbe de solubilité du chlorure de potassium, et remarque que, pour tous les points figu- ratifs situés au-dessus, la dissolution est sursaturée. Puis il considère une solution très étendue et il la refroidit. De la glace se forme et la concentration aug- mente. La courbe qui représente cette marche est telle que le coefficient d’abaissement croît avec l’abais- sement lui-même, sans présenter de maximum; donc elle coupe la précédente au point cryohydratique. Toutes les solutions, telles que le point figuratif est au-dessus de cette courbe, pourront dissoudre de la glace. Au contraire, les dissolutions relatives aux autres points seront celles pour lesquelles de la glace pourra se pro duire. Elles seront sursaturées de glace. Il y a donc une DRE", ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 45 région où les dissolutions seront à la fois sursaturées de glace et de sel. Si l’on part d’un point de cette ré- gion, et qu'on procède successivement par addition d'une parcelle de glace, puis de sel, le point figuratif décrit nécessairement une ligne brisée qui s’appuie alternativement sur les deux courbes tracées et arrive au point cryohydratique, qu’il ne peut dépasser, Ce point correspond à la température d'équilibre à la fois pour la glace et pour le sel. L'auteur montre alors qu'il existe un moyen de séparer la dissolution eryohy- dratique en glace et en sel. Si la température ne peut s’abaisser au-dessous du point cryohydratique, c’est que si, par un mélange réfrigérant, on enlève de la chaleur, la formation de glace et de sel en redonne, — M. Ponsot expose ensuite les expériences qu'il a entre- prises il y a plusieurs années, et qu'il a reprises der- nièrement. Il indique d’abord les précautions néces- saires pour produire une dissolution avec sa concen- tration cryohydratique. Puis, pour rechercher si les lamelles cristallines transparentes qui se forment renferment des cristaux de glace, il s’est servi du microscope. Il décrit le disposiuf auquel il a eu recours et qui permet d'observer en lumière polarisée lorsque la nature des cristaux se prête à cette étude. Au lieu de la platine ordinaire du microscope, se trouve une lame de verre sur laquelle on dépose une goutte de liquide cryohydratique. Tout autour du cylindre qui contient le microscope et la lame de verre, est disposé un mélange réfrigérant, Les expériences ont d’abord porté sur le permanganate de potasse. Quelques ins- tants après qu'on a installé le liquide cryohydratique, on voit, sans qu’on ait apporté aucun germe, se pro- duire une abondante cristallisation. Dans le cas du permanganate, on voit des lignes absolument incolores avec bifurcations nombreuses (glace pure), entre les- quelles sont des régions d’abord colorées en rose, Ces dernières doivent être encore liquides, car, au bout de quelques minutes, il se produit une quantité considé- rable d’aiguilles cristallines en même temps que l’espace intermédiaire devient incolore, Ces cristaux étant de très petites dimensions, on peut les faire grossir en faisant fondre. partiellement, puis en laissant refroidir de nouveau. En répétant ce traitement, les cristaux arrivent à être très nets. On peut alors reconnaître qu'ils sont bien identiques aux cristaux de permanga- nate obtenus par évaporation d’une dissolution saturée. M. Ponsot est parvenu à obtenir des photographies de ces cristaux; il projette une série de clichés représen- tant les différentes phases du phénomène. Il a ensuite étudié de la même facon le bichromate de potasse. Mais, dans ce cas, il est impossible d'obtenir pour le phéno- mène initial des clichés visibles en projection, Au microscope, on distingue nettement les lamelles de bichromate entre lesquelles se trouvent des lamelles de glace non seulement sur le même plan, mais sur des plans superposés. Une dissolution cryohydratique contenue dans un tube donne d’abord une masse d’ap- parence amorphe; mais, en la traitant par le même pro- cédé que le permanganate, on arrive à obtenir des cristaux très nets. M. Ponsot a étudié aussi les dissolu- tions d’azotate de potasse, de sulfate de cuivre et de chlorure de potassium. L'ensemble de ses expériences confirme bien les vues de Schreenemakers et de M. Duhem. Au point cryohydratique, il y a toujours séparation de glace. Il n'y a pas de cryohydrate. II n’y a qu'un mélange de glace et de sel. Il doit donc en être de même dans la partie liquide. À la dénomination de cryohydrates, M. Ponsot préférerait celle de cryosels. Il existe des cryosels simples formés d’un mélange d’un seul sel et de glace, et des cryosels composés. Quand deux sels ne peuvent former un sel double, il n'y a qu'une température minima unique. Mais s’ils peuvent former un sel double, il y a deux cryosels. A l’une de ces températures minima, on peut avoir dans la glace un mélange de deux sels. Ce résultat montre comment, à une même température, peuvent se faire plusieurs sels cristallins dans un même dissolvant. De là son 46 intérèt pour l'explication de la formation des roches éruptives, ou pour les reproductions minéralogiques. Enfin, l’abaissement maximum du point de congélation dans les dissolvants les plus connus, eau, benzine, acide acétique, etc., mérite de prendre rang parmi les constantes spécifiques d’un corps. — M. Engel se défend d’avoir prétendu que les cryohydrates étaient des sels à composition définie. Il les a simplement considérés comme des sels avec une quantité d’eau déterminée. 11 a pu parler d’une loi entre le nombre de molécules d’eau fixées par un sel, tel qu'un chlorure alcalin ou alcalino-terreux, et l’abaissement de la tem- pérature, puis en déduire une relation entre le nombre de molécules d’eau fixées et les poids atomiques du métal et du métalloide, sans pour cela prétendre à l'existence de combinaisons définies. Il n’a fait que grouper un ensemble de résultats expérimentaux, — M. Wyrouboff ne croit pas qu'on puisse traiter aussi simplement les questions de saturation. On ignore pourquoi les corps se sursaturent. On sait simplement que les seuls qui puissent se sursaturer sont ceux qui forment deux hydrates. Il à fait autrefois des expé- riences à ce sujet, etila vu, par les propriétés opti- ques, que les cristaux n'étaient pas des cristaux de bichromate, mais des cristaux d'hydrates. On ne peut dire en bloc qu'il se fait un sel et de Ja glace. Il peut se faire un ou plusieurs hydrates. Il doit y avoir beau- coup d’'hydrates inconnus à la température ordinaire. Yest là ce qu'il serait intéressant d'étudier. — M, Pon- sot fait remarquer que ce qu'il a voulu prouver, c’est qu'il n'existe pas un sel unique renfermant tout le sel et toute la glace, mais que, conformément à la théorie, il y a un mélange de glace et de sel : ce dernier est anhydre ou hydraté, mais, dans ce cas, c’est un hydrate défini, le même qui cristalliserait dans la dissolution. si on évaporait l’eau à cette température. Edgard HaAunié, SOCIETE CHIMIQUE DE PARIS 189%. M. Lindet expose à la Société les derniers perfec- tionnements réalisés par l’industrie sucrière au point de vue de la concentration des jus, de la double carbo- natation, de l'évaporation et de la cuite en grains. — M. Maumené a appliqué à la purification du sucre et des alcools le permanganate de potasse, déjà employé à maints usages de ce genre, Il à obtenu ainsi d’excel- lents résultats. E. CHaroN. SOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE Séance du 19 Décembre 1894. M. Laisant : Sur une propriété {du mouvement d’un point matériel dans l’espace, — M. Mannheim : Nou- velle démonstration d’une propriété de l’indicatrice. — M. Fauret : Addition à une communication précé- dente sur un théorème de Mécanique. Paul GENTy. SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS du 9 Décembre 1894. M. Laisant établit une propriété du mouvement d’un point dans l’espace lorsque ce mouvement est soumis à la loi des aires. — M. Bordas décrit les glandes salivaires de l'abeille; il en trouve six paires. Ces glandes ne sont pas également développées chez les mâles etchez les neutres, Séance du 5 Décembre Séance Séance du 22 Décembre 1894. M. le D' Jousseaume : Diagnose de nouveaux Mol- lusques de la mer Rouge. — M. Bietrix : Sur une éva- luation de la pression dans le cœur des Poissons. — M. Brongniart présente son ouvrage intitulé : Recherches pour servir à l'histoire des insectes fossiles des temps primaires, précédées d'une Etude sur la nervation des ailes des insectes, Ch. Biocue, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES 1° SGIENGES PHYSIQUES. Sir David Salomons, — Sur quelques phéno- mènes observés dans les tubes à vide. — Ce mé- moire traite des phénomènes connus sous le nom de stries ou de bandes dans les tubes à vide. Autant que l’auteur a pu l’apprendre par les documents qu'il a consultés, personne jusqu'ici n'avait trouvé le moyen de produire à volonté un nombre déterminé de bandes brillantes et obscures dans un tube. Après des recher- ches prolongées, ila réussi à produire ce résultat et, dans le présent mémoire il décrit d’abord les méthodes qui permettent de produire un nombre déterminé de bandes obscures et brillantes dans un tube à videet, secondement, un grand nombre de phénomènes inté- ressants qui ont trait à-la production des bandes en général. Voici quelques-unes des conclusions qui résul- tent des expériences : Ces bandes s’obtiennent plus facilement dans des petits tubes que dans des grands et elles deviennent plus accentuées, probablement par suite de l’inégalité du diamètre de ces tubes. Dans la production des bandes le verre du tube semble jouer un rôle, puisque les bandes sont difficiles à produire quand elles ne touchent pas au verre du tube. Un cou- rant extrêmement faible produit des bandes qui, dans la plupart des cas, disparaissent quand le courant aug- mente un peu et redeviennent visibles quand le cou- rant continue à croître. L'auteur croit que, dans toutes les recherches précédentes, on a trouvé que les bandes ne pouvaient être produites que par le passage ‘d'un courant intense. Il rappelle les travaux de MM, Warren de la Rue, Gassiot et autres. Les expériences prouvent cependant le contraire. La raison probable de ces résul- tats est le fait qu'avec les appareils employés à cette époque, il n'était pas facile de produire des courants assez faibles. Quand on augmente l'intensité du courant faible et que les bandes semblent disparaître, l'auteur pense que cet effetest dû à une illusion d'optique; les bandes existent, mais elles sont trop peu nettes pour qu'on puisse les voir, peut-être parce que les bandes sombres sont assez étroites pour échapper à l’observa- tion. Quand une décharge électrique se produit dans un grand tube qui contient un diaphragme percé d’un trou, il semble se produire souvent un effet de poussée (forcing effect). Toutes les bandes brillantes qui sont produites au trou du diaphragme peuvent paraitre être poussées à travers le trou vers le côté le plus long du tube, Ce phénomène est mentionné parce qu'il est apte à masquer plusieurs effets, si le courant n’est pas réglé convenablement. Après que la première trace de lumière est devenue visible dans un tube par suite du passage d’un courant très faible, il n’est pas impos- sible que les bandes sombres qui succèdent à cette phase soientillusoires et qu’elles soient en réalité des bandes brillantes; ce qui semble constituer les bandes brillantes serait l'effet d’une superposition qui produi- rait deux fois plus de lumière que ce qu’on appelle les bandes brillantes, En réalité, les bandes brillantes indiqueraient la position des bandes sombres, On peut produire dansun grand tube des bandes qui n’occu- pent qu’une faible portion de la section du tube, au moins autant que l'œil peut en juger. En employant les tubes de Crookes qui servent aux expériences sur la matière radiante, on peut, dans des conditions con- venables, produire des stries dans ces tubes. Dans des tubes qui ont des électrodes extrêmement petites et qui ne semblent pas aptes à produire des stries, on en observe toutefois avec des courants très faibles. Le tube, quand il agit comme un condensateur, laisse passer un courant plus intense. D'après les considéra- tions précédentes, il n’est pas impossible que, comme on l’a soutenu relativement à l’origine probable des bandes, elles consistent en une série de décharges à travers le tube; la nature de cette décharge peut être modifiée par l'introduction d'accessoires convenables + AANT Le TPA TT -ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 47 L dans les tubes; pour examiner la nature de cette décharge dans les meilleures conditions, il faut opérer avec des courants très faibles, c’est-à-dire avec l’inten- sité de courant minima nécessaire pour produire un phénomène lumineux, - 2° SCIENCES NATURELLES. 3. Gowland Hopkins, démonstrateur de Physio- logie et de Chimie à Guy's Hospital (Londres). — Les pis- ments des Piérides ; contribution à l'étude des substances excrétoires qui servent à l’ornement des animaux. — Voici les principaux faits établis par M. Hopkins : La plupart des résultats reposent sur des observations originales, consignées dans le mémoire : 1°Les écailles desailes des Piérides blanches contiennent de l'acide urique, qui joue le rôle d’un pigment blanc. 2° Le pigment jaune qui se retrouve dans FOSpEUe des genres est un dérivé de l'acide urique. 3° L'étude des propriétés de ce pigment jaune et les résultats de Panalyse montrent que les pigments des divers genres jaunes sont identiques. 4° On peut produire ce pig- ment artificiellement en chauffant de l'acide urique en tube scellé avec de l’eau à haute température. Le pro- duit ainsi obtenu a été antérieurement décrit par Hlasiwetz comme « acide mycomélique », mais l'au- teur établit que la substance obtenue était en réalité de Purate d'ammonium, coloré par un corps jaune, probablement identique au pigment naturel. 5° L'iden- tité des deux pigments — naturel et artificiel — est dé- montrée par ce fait que, soumis à un même traitement, ils donnent tous deux naissance à un dérivé pourpre, qui à un spectre d'absorption très net et facile à iden- tifier. 6° Le jaune artificiel n’a pu être obtenu à l’état pur, mais il à été amené cependant à un degré de pu- reté suffisante pour présenter nettement toutes les pro- priétés du pigment naturel, 7° Le pigment naturel est certainement une individualité chimique. L'auteur en discute la constitution probable. 8° La substance jaune (« acide lépidotique») etune substance rouge qui lui est étroitement apparentée constituent, à elles seules, toute la pigmentation chimique des écailles alaires des Pié- rides colorées, bien que des modifications puissent se produire par des effets optiques surajoutés. Il n'est pas question dans le mémoire du pigment noir qui se retrouve aussi dans ce groupe. 9° Si ces dérivés de l’a- cide urique se retrouvent chez toutes les Piérides, ils semblent en revanche ne se retrouver que dans ce groupe parmi les Rhopalocères. Cela permet de faire l'intéressante observation suivante : lorsqu'une Piéride imite (münics) un insecte d’une autre famille, les pig- ments sont dans les deux cas chimiquement distincts. Le cas est très net pour les genres Leptalis et Mecha- nitis, 10° L'existence de pigments distincts des pig- ments des écailles est pour la première fois signalée : ils se trouvent, par exemple, entre les membranes de Vaile et constituent dans certains genres la base de la décoration, 11° Ce qui achève d'établir la nature excrétoire du pigment des écailles, c’est qu'au moment où les Piérides jaunes sortent de la chrysalide, elles peuvent rendre par le rectum une certaine quantité d’une substance jaune qui ressemble exactement au pigment de l'aile. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES D° J. Larmor : Portée de la théorie de Wiener sur la localisation au sujet de l’action photographique des ondes lumineuses stationnaires. Dans son mé- moire, l’auteur discute la théorie de Wiener .Com- parativement à celle de Mac Cullagh. — D° Sidney Young : Influence des volumes relatifs d’un corps à l'état liquide et à l’état de vapeur sur la tension de va- peur d’un liquide à température constante. L'auteur à examiné la question étudiée par le P' Batelli qui, dans ses recherches sur la tension de la vapeur d’un liquide à une température donnée, en relation avec les vo- lumes relatifs du liquide et de la vapeur, avait conclu que la pression est d'autant plus élevée que le volume du liquide est plus grand, Ces résultats opposés à ceux obtenus par M. Ramsay et par l’auteur portent ce der- nier à croire qu'il y a eu erreur d'expérience prove- nant soit de la présence de l’air, soit de l’impureté des liquides examinés. M, Sidney Young prouve, par ses expériences faites sur l’isopentane liquide, bouillant à 28° et obtenu à l’état tout à fait pur, que la tension de vapeur de ce liquide est tout à fait indépendante de la relation qui existe entre les volumes de ce corps à l’état liquide et à l’état de vapeur. — M. Burke fait une communication sur l'hypothèse du Pr J.-J. Thom- son relative à la phosphorescence du verre qui serait due aux rayons cathodiques. Beccaria avait déjà ob- servé que les ampoules de verre dans lesquelles on a fait le vide devenaient lumineuses, lorsqu'on les bri- sait, à l’endroit même où se produisait le choc ; il attri- buait ce fait au choc de l'air contre le verre. Les recherches du P° Thomson sur l'électricité et le magné- tisme montrent qu'il est possible de trouver une relation entre les faits et la théorie de Crookes se rappor- tant aux effets lumineux des tubes de Geissler. L’au- teur a toutefois remarqué que les phénomènes lumineux se produisaient seulement lorsque le bris de lampoule avait lieu par le choc d’un corps solide contre un autre corps solide ; ce qui prouverait que ces phéno- mènes résultent du choc des morceaux de verre les uns contre les autres etnon du choc de l’air contrele verre. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES M. A.-P. Laurie : Etude sur la force électromotrice des alliages dans un circuit voltaïique. Dans sa commu- nication, l’auteur donne le résultat de ses recherches sur la détermination de la force électromotrice de seize alliages. Ses résultats confirment ceux obtenus par Matthiessen. Dans la plupart des cas, l'addition d’un métal à un alliage provoque le déplacement d’un des métaux qui le compose. Ainsi le mercure décompose l’alliage d’or et d'étain, et le zinc, ajouté à l’alliage de cuivre et d’étain, déplace ce dernier, —MM. G. W.Mac Donald et Orme Masson : Sur un produit obtenu par l’action de l’acide nitrique sur l’éthylate de sodium. D’après les recherches de auteur, le produit principal qui résulte de cette création serait un corps de for- mule : CH?AZ{0H2, corps cristallisé, fortement explosif, insoluble dans l'alcool, mais soluble dans l’eau. On à obtenu le sel : CH2A7{0‘Co. L'auteur croit que ces corps proviennent de l'acide méthylènedihydroxynitro- samine qui à pour formule : CH?[Az(Az0)0H 2. — M. w. À. Bone et J.-C. Coin : Sur la combustion incomplète de quelques gaz des composés du charbon. En faisant détoner l’acétylène dans l'oxygène, les auteurs ont trouvé que la décomposition se faisait suivant l’'équa- tion : 2C2H2402—2C0+2C+2H2 Si l’on fait détoner un mélange de cyanogène et d'hy- drogène dans de l'oxygène, on remarque un accrois- sement considérable de pression en même temps que du carbone est mis en liberté, Ilest à remarquer aussi qu'il se forme, dans ce cas, du méthane et de l’acéty- lène. La quantité formée de ces deux corps est d’envi- ron 1,7 °%; la réaction a lieu par suite de l'union di- recte du charbon et de l'hydrogène à la température de la combustion. D'après plusieurs expériences, les au- teurs croient pouvoir conclure que, si l’on opère la combustion d’un hydrocarbure contenant » atomes de carbone avec n atomes d'oxygène, la réaction qui se produit peut être exprimée comme suit : Cn He On= n CO + 2 H2. M. W.-H. Perkin jun. F. R. S. : Sur les dérivés du té- traméthylène. L'auteur a obtenu la tétraméthylène amine : CH2—CH2 CH Ên. Aus 18 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 2 en traitant par le brome ou la potasse l’amide de l'a- cide tétraméthylènecarbonique. IL a obtenu également l’hydroxytétraméthylène : CH?—CH? | CH? - CHOH en traitant le chlorhydrate de tétraméthylène amine par le nitrite d'argent; le chlorotétraméthylène, par lac- tion du pentachlorure de phosphore sur l'hydroxyté- traméthylène. L'auteura étudiéaussi l’action du brome sur l'acide tétraméthylènedicarbonique de formule : CH?2-CH,.COOH | | CH?—CH.COOH Cet acide, traité par un excès de brome, en présence du phosphore, donne l’acide dibromotétraméthylènedicar- bonique : CH2—CBr.CO0H | CH2—CBr.COOH qui, traité par l’oxyde d'argent, donne l'acide dioxy- tétraméthylènedicarbonique : CH?2—C(OH).COOH | | CH?—C(0H).CUOH. Le même auteurdécrit aussi l'acide dibrompentaméthy- lènedicarbonique CH2—CBr.COOH 27 | \ CH2—CBr.CO0H et ses dérivés. — MM. A. V. Crossley et W. H. Per- kin jun. F. R.S.: Etude des dérivés de substitution de l'acide pimélique ; mode de préparation et les proprié- tés de l'acide éthylméthylpimélique : COOH.CH (Me) (CH2)3 CH (Et) COOH et de ses dérivés, — M. Bevan Léon : Sur les dérivés de l'acide butanetétracarbonique et de l'acide adipique; l’auteur attribue à ces dérivés la formule suivante : HOOC COOH NCR—CH?—CH?—RCT H00C/ NCOOH CH M. A. L. Stern : Contribution à la chimie de la cellu- lose et principalement de l’action de l'acide sulfurique sur la cellulose et les produits de substitution de ce corps. — M. J.-J. Sudborough : Action du chlore sur une solution d’aniline dans le chloroforme ; à satura- tion, on obtient la parachloraniline, ladichloraniline 2.4. et la trichloraniline 2.4.6, — MM. Francis R. Japp. F. R.S. et B. Davidson : Condensation du benzyl et de l'éthylmalonate: Par l’action de l’éthylate de so- diur sur un mélange de benzyl et d’éthylmalonate, les auteurs ont obtenu l’éther monoéthylique de l'acide benzoyImalonique COOC2HE CH5—C(OH)—CH< . ( NCOOH C5H5—CO et l'acide désylènemalonique qui a pour formule : C5H5—C—=C—(CO OH)? | C'H5—CO Ce dernier, chauffé à la température de son point de fusion, se décompose en acide carbonique et acide dé- sylène acétique CéHi—C=CH—COOH | C5He—CO dont ils étudient les propriétés, Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17 ACADEMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 29 Novembre 1894. 1° SciENcEs puysiques. — M. Gustav Benischke (d’Innsbruck) ? Rôle du condensateur dansles circuits de courants alternatifs. — M. J. Finger : Le potentiel des forces intérieures, — M, G. v. Georgievics : Sur la nature de la teinture. L'étude de la coloration de la soie par le carmin d’indigo a conduit l’auteur aux ré- sultats suivants : 1° L’acide sulfurique, ajouté au bain de teinture, a une double action; il met l’acide colorant en liberté et employé en excès, il joue le même rôle que le sel de cuisine dans la teinture du coton avec les matières colorantes de la benzidine, 2° Le coeffi- cient de partage de la couleur entre la fibre et la solu- tion n’est pas constant et diminue quand la concentra- üon augmente. La loi de Henry, développée par Van'’t Hoff et Nerst s'applique exactement dans le cas étudié, Le coefficient de partage est plus grand avec les colo- rants basiques et faible avec des colorants salins; les colorants acides occupent une place intermédiaire. L'ensemble de ces faits conduit à envisager l’action de Ja fibre sur la couleur comme une action chimique, — M.J.Herzig : Sur la quercétine et ses dérivés (10°com- munication). La substance regardée par Libermann et Hamburger comme Ja tribromquercétine a pour for- mule C'#H$Br?0? et doit être regardée comme la quer- cétine bibromée. La quercétine tétraéthylée donne, dans les mêmes conditions, un dérivé bibromé. — MM. KHer- zig et J. Rellak : Action des alcalis sur les dérivés bromés de la phloroglucine. Le brome donne, avec la diéthyle et la triéthylphloroglucine, un produit de substitution tribromé, remarquable par sa stabilité vis-à-vis des alcalis. Dans la préparation de la diéthyl- phloroglucine par la méthode de Will Albrecht, il se forme une quantité abondante de phloroglucide, — M. Ernst Rosthner : Sur l’oxyde d’éthylène. 29 SCIENCES NATURELLES. — MM. Hilber et Richter sont chargés de diriger des excursions géologiques, l’un dans la Turquie d'Europe, l’autre dans la Scandinavie, Séance du 8 Décembre 1894. M. le Président annonce la mort de M. Cajetan v. Felder, membre de l’Académie, survenue à Vienne le 30 novembre, 4° Sciences PHYSIQUES. — M. Karl Brunner : Forma- tion de l'acide propyltartronique à partir du dibutyryl- dicyanure, Le nitrile de l’acide butyrique normal est transformé par l'acide sulfurique en deux amides : l'un est identique avec celui de Maritz et fond à 107 ; l’autre fond à 150° et possède un poids moléculaire double du premier. Bouilli avec la potassé alcoolique, le cyanure donne l'acide propyltartronique qui perd de l'acide carbonique à 140-150° et fournit l'acide oxy- valérianique, Le nitrile de l’anhydride isobutyrique fournit aussi deux amides distincts et permet d'obtenir l'acide isopropyltartronique décomposable en donnant l'acide a-oxyisovalérique. L'auteur discute le méca- nisme de ces réactions el propose des formules pour les cyanures dimoléculaires, — M, Edouard Hübner : Distillation des sels de chaux de quelques acides éthers de la série aromatique. L'auteur à généralisé les résul- tats signalés par Goldschmiedt et ses élèves et reconnu que la position relative des groupes éthéré et carboxyle est sans influence sur la marche de Ja réaction. — M. Pomeranz à préparé l’éther phénylique de lal- déhyde glycolique par l’action du monochloracétal sur le phénolate de sodium et décomposition du produit obtenu par HÉSO‘ étendu. Ce corps est, en dehors des sucres et des corps chlorés, le premier exemple d’un composé stable à la température ordinaire contenant deux hydroxyles réunis au même carbone. 20 SCIENCES NATURELLES. — M. Gejza v. Bukowski présente la deuxième partie de son travail sur la « Faune des Mollusques dans l'ile de Rhodes », Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. 6° ANNÉE 30 JANVIER 1895 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER LES HOVA DE Les habilants de Madagascar n’ont jamais eu d'appellation collective pour désigner la popula- tion tout entière de l’ile. Les innombrables tribus ou plutôt familles qui composaient cette popula- tion, et que ne réunissait aucun lien politique ni commercial, vivaient dans un isolement absolu et ne se connaissaient point les unes les autres, n'ayant entre elles d’autres relations que les razzias et les pillages auxquels se livraient sans cesse les voisins immédiats. | C’est même assez récemment qu'un certain nombre de ces familles se sont groupées dans un but d'attaque ou de défense : la grande tribu des Sakalava ne s’est formée que vers le milieu du xvi siècle, celle des Belsimisaraka au milieu du xvin°, et celle des Betsileo au commencement de ce siècle. Quant aux habitants du centre de l'ile, sur l’origine desquels je veux aujourd’hui donner quelques renseignements, c'est Andrianampoini- merina qui, Le premier, les a réunis en une nation digne de ce nom. En 1787, lorsqu'il succéda à son oncle, que ses sujets mécontents de son gouverne- ment avaient déposé, il n’élait que l’un des nom- breux petits chefs de l’Imerina et, comme tous ses pareils, il ne commandait qu'à trois ou quatre vil- lages; par son courage, par son intelligence, par son esprit politique, on pourrait presque dire par son génie, il a soumis à son autorité tous les autres chefs de la région centrale et, en mourant en 1810, il a laissé à son fils Radama [°° un royaume d’une vaste étendue. Ce prince, qui hérita, en même MADAGASCAR chevaleresque et de ses qualités politiques, con- tüinua son œuvre et la mena à bonne fin, plus vite qu'il n’eût pu l’espérer, grâce aux conseils des Européens. Il mourut en 1828, possédant la moitié de l'ile et commandant au moins aux trois quarts de la population totale. I En Europe, on donne le nom de Æova aux habi- tants de l’Zmerina ou province centrale de l’île. C'est une appellation erronée; leur véritable nom est Antaimerinx où Ambanilanitra. Les Hova ne sont que l’une des trois castes qui composent la population de l’Zmerina *. Le nom d’Antaimerina ou par abréviation #/erina veut dire les habitants de l'Imerina (litt. : du pays nu, du pays où la vue s'étend au loin); celui d'Ambanilanitra signifie les hommes qui sont sous le ciel et vient de ce que les habitants du massif montagneux se considèrent comme plus près du ciel que les habitants des côtes. Les Merina se: divisent en trois castes : les Andriana ou les nobles, les Æova ou les hommes libres et les Andevo oules esclaves. Ces castes n’ont pas seulement une signification sociale, comme on l’a cru jusqu'à présent, mais encore, comme mes recherches me l'ont prouvé, uuesignification histo- 1 La reine Ranavalona re, ayant un jour reçu une lettre d’un capitaine de navire portant la suscription « S. M. Ranavalona, reine des Hova », sen montra très blessée et ne parla de rien moins que de mettre à mort cet impertinent qui ne la reconnaissait pas pour Reine de tous temps que du royaume de son père, de sa valeur [ les Merina. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. 2 \ 50 A. GRANDIDIER — LES HOVA DE MADAGASCAR LE ob RP TEE rique etethnographique; en effet, les Andriana ou nobles, qui se subdivisent en sept sous-castes 15 sont en réalité les descendants des immigrants ma- lais;les Hova ou hommeslibres sont les descendants deschefs des Vazimba quiétaientles premiers oceu- pants du plateau central et qui, venus également de l'Est, mais longtemps auparavant, appartiennent, comme nous le dirons plus loin, à la race noire indonésienne ?; les Andevo * ou esclaves com- prennent, d'une part, ceux des Vazimba qui, après avoir vécu côte à côte avec les immigrants malais, ont fini par être soumis à leur autorilé dans la seconde moitié du xvi° siècle par Andriamanelo, par son fils Ralambo et par son petit-fils Andrianjaka, d'autre part, soit des Malais et des Hova déchus de leur rang pour crimes divers ou pour dettes, soil des prisonniers faits dans les guerres avec les autres tribus de Madagascar ou volés dans des raz- zias, soit enfin des nègres africains apportés du continent voisin et vendus par les Arabes. Il ne faudrait pas croire que les deux premières castes se soient conservées sans mélange; celle des Andrianä cependant est encore assez pure, parce que les lois interdisaient le mariage entre les femmes nobles et les Hova sous peine de déchéance et d'expulsion de leur famille et que les enfants d’un Andriana el d'une femme hova suivaient la condition de la mère. On peut même dire que les usages veulent encore aujourd'hui non seulement que les gens de 1 Ces sept sous-castes sont : 10 l’Andriana par excellence, ou le souverain, et sa famille proche, les Zanakandriana où princes du sang: 20 les Zazamarolahy, qui appartiennent aussi à la famille royale, mais sont à un degré plus éloigné du sou- verain que les précédents; 3° les Zanakandriamasinavalona, qui descendent d'Andriamasinavalona, roi ayant régné vers 1667: 4° les Andriantompokoindrindra (Mit. : les vrais maitres), descendants d’Andriantompokoindrindra, qui, fils ainé de Ra- lambo, était le roi légitime, mais qui céda la place à son frère puiné Andrianjaka, parce qu’il préférait jouer au fanorona (sorte de jeu de morelle) que de s’occuper des affaires publi- ques; 5° les {ndrianamboninolona (litt. : qui sont au-dessus des autres hommes); 6° les Andriandranando ; 7° les Zanakra- lumbo. descendants du célèbre roi Ralambo par Andrianjaka, qui régna au commencement du xvirt siècle. = Les trois premières castes possèdent des menakely ou fiefs dont le sei- gneur partage les revenus (hajia avec le souverain, 2 Les deux principales familles de la caste des Hova sont les Tsimahafotsy et les Tsimiambolahy d'où sont sortis les ministres de Ranavalona Ier et des dernières reines. On peut encore citer celle des Za/fimbazaha qui a, parait-il, pour an- cêtres mäles des naufragés européens. Celle des Tsiarondahy est la dernière de toutes. Les formules de salutation ne sont pas les mêmes pour les Hova que pour les Andriana : ces derniers ont aussi le privilège de construire leurs tombeaux d'une manière différente. 3 En réalité, le nom d’Andevo ne doit s'appliquer qu'aux descendants des prisonniers de guerre ou des individus volés dans les razzias; les Andriana ou Hova réduits en esclavage pour dettes ou pour crimes ou par suite de Ja condamnation à mort du chef de famille, qui entrainait la vente de la femme et des enfants, s'appellent Zaza-Hova. Quant aux Afri- cains amenés du continent parles Arabes, on leur donne le nom de Masombika (Mozambiques; ; cette dernière catégorie a été supprimée en 1877 par la reine qui a libéré tous les esclaves venus d'Afrique. caste différente ne s’entre-marient pas, mais même qu'on ne cherche pas sa femme en dehors de son clan et que les cousins épousent les cousines afin de perpétuer les propriétés dans la famille. Aussi, malgré la liberté extrême des mœurs à Madagascar, les Andriana ont-ils pour la plupart le type malais parfaitement caractérisé. : Les Hova, qui sont, comme l'indique leur nom !, les descendants des chefs des Vazimba qui occu- paient le massif central avant la venue des Malais, sont, au contraire, très mélangés ; en effet, les rai- sons qui empêchaient l'introduction dans les fa- milles nobles d'enfants nés de pères autres que des Andriana, n'existaient pas pour eux, et les femmes hova ne se faisaient point faule d'accorder leurs faveurs aux Andriana, de sorte que, si l’on ne trouve pas parmi eux de types malais dans toute leur pureté, il y a cependant beaucoup de métis qui en présentent cerlains caractères. En réalité, comme nous l'avons déjà dit, les Hova appar- tiennent à la race noire indonésienne, race qui a peuplé l’ile entière el qui forme le fond de toutes les tribus du centre, aussi bien que de celles de l'Est et de l'Ouest, les chefs et les grands étant seuls d'une race différente; car il est remarquable qu'il n’y a pas une seule des tribus ou peuplades de Madagascar dont les chefs ne soient d’un autre sang que leurs sujets. Ce sont ces Hova qui sont cor- véables à merci: descendant des vaincus, ils ont été naturellement chargés par leurs vainqueurs, les Andriana, de tous les travaux pour le service de la Reine et du gouvernement ?. Quant aux esclaves, qui forment une grande partie de la population de l’Imerina, on retrouve parmi eux, comme on peut le comprendre facile- ment d'après l'énumération que nous avons faite des éléments divers qui composent cette caste, des types variés où les sangs jaune, mélanésien, afri- cain et même blanc se confondent dans des pro- portions très variables. Il A la suite de ces renseignements généraux sur l'origine des habitants de la province centrale, il n'est pas inulile de dire quelques mots de leur ca- ractère, car on a porté sur les Merina (+w/go Hova) des jugements contradictoires; certainsauleurs les 1 Le mot d'Hova signifie chef dans les tribus d'origine indonésienne et non point roturier, comme on le dit toujours ; dans l’Imerina, il est aujourd’hui synonyme d'homme libre. 2? La corvée, qui est en somme très dure à Madagascar, est toujours obligatoire et gratuite. Tout homme libre (Hova) y est soumis etil ne recoit aucune rémunération pécuniaire, ni vivres, ni vêtements. L'un d’eux se fait-il remarquer par son habileté dans un métier quelconque, il est de suite contraint à travailler gratuitement, durant toute sa vie, pour le souve- rain, — Les nobles des rangs inférieurs sont aussi astreints à quelques travaux publics. 2] k b F ds on 1 , dépeignent sous les couleurs les plus noires et les représentent comme ayant tous les vices que les hommes, tant civilisés que barbares, ont pu inven- ter depuis la création du monde; d’autres, au con- traire, leur prodiguent les louanges et leur prêtent une foule de qualités. Je ne surprendrai personne en disant que ni les uns avec leurs éloges outrés, ni les autres avec leurs critiques acerbes n'ont pleinement raison, quoique tous exposent leur opi- nion en toute sincérité. La raison de ces jugements si différents n’est pas difficile à trouver; en etfet, la plupart des Européens qui ont voyagé dans l’Ime- rina ou qui y ont résidé, ont conservé une rancune très compréhensible contre les chefs et gouver- neurs Merina si hypocrites et si intéressés, quileur ont à tout instant barré la route ou qui les ont empêchés de se livrer tranquillement et fructueu- sement à leur industrie et à leur commerce; il en est aussi qui, nouveaux venus dans ce pays encore barbare et ne pouvant par conséquent se rendre compte des progrès déjà accomplis, établissent entre les Merina et les peuples civilisés qu'ils vien- nent de quitter une comparaison naturellement toute au désavantage des premiers. Les autres, au contraire, généralement des missionnaires établis depuis longtemps dans l’Imerina, qui n’ont avec ses habitants que des relations amicales et désinté- ressées et non commerciales, et qui ont reconnu en eux une intelligence remarquable et un fonds de qualités sérieuses, les ont pris en amitié et se sont attachés aux enfants et jeunes gens qu'ils catéchisent et instruisent et qui semblent leur témoigner une affection et une reconnaissance plus extérieures que réelles, mais en somme assez touchantes, quoique peu solides et peu durables; ces missionnaires ont tout naturellement sur les Merina une opinion très différente de celle des voyageurs et des traitants. Le caractère des Merina (vw/yo Hova) est, en réalité, difficile à saisir et, à plus forte raison, à définir. Personne ne peut nier qu'ils ont des dé- fauts ou même des vices, mais ces vices sont, pour la plupart, inhérents à l’élat social dans lequel ils vivent depuis des siècles et non à leur nature propre: il faut, en effet, ne pas oublier que des siècles de tyrannie les ont faconnés à l’hypocrisie, au men- songe et à l’avarice; qu'obéissant à des chefs dont le bon plaisir était la seule loi et réduits à une servitude des plus oppressives, ils ont naturelle- ment toujours dû chercher à sauvegarder leur vie par tous les moyens possibles, enfin qu'ils étaient régis jusque tout récemment, un quart du siècle au plus, par les superstitions les plus fächeuses qui leur laissaient toute liberté pour se livrer à leurs . passions brutales. Quant à moi, je ne puis m’éton- : cf ner que, vingt-cinq ans après la suppression des re r ce ot A. GRANDIDIER — LES HOVA DE MADAGASCAR 51 Ody (talismans), du Sikidy (sorte de jeu au moyen duquel on disait la bonne aventure), des jugements de Dieu par le Tangena, etce., les Merina aient encore les vices dus à leur ancien état social; on ne peut pas demander à un jeune homme qui, en 1869 — date de la conversion de la Reine et de sa Cour au christianisme, — était âgé d'une ving- taine d'années par-exemple, et qui par consé- quentavait déjà vécu de laviedes razann (ancêtres), — d'avoir aujourd’hui, à 45 ans, dépouillé le vieil homme et renoncé aux passions dont l’assouvis- sement a été plus que partout facile et général. Ce n'est point en quelques années qu'on modifie le caractère de tout un peuple; le milieu dans lequel ils ont vécu, l'hérédilé morale, qui a son rôle incontestable, la forme tyrannique du gou- vernement ne permettent pas d'espérer qu’un changement complet puisse se produire avant que plusieurs générations se soient succédé ; mais ceux qui, comme moi, ont vu s’accomplir cette intéressante et très importante révolution reli- gieuse, ne peuvent nier qu'un premier pas, le plus difficile, a été fait dans la voie du progrès et que, si les Merina (vw/go Hova) ont encore aujourd’hui les mêmes défauts qu'autrelois, je ne dis pas les mêmes vices, puisqu'ils sont la conséquence de leur état social, ils s’en cachent dans une certaine mesure el, par leur attitude même, rendent hom- mage aux vertus que les missionnaires sont venus leur prêcher et dont ils reconnaissent par consé- quent la valeur. Je suis persuadé que, — malgré la vanité quelque peu enfantine des Merina (vwlgo Hova) et leur outrecuidance, que les Européens trouvent avec raison fort solte, mais qui n'est que le résultat de leur ignorance et de leurs su- perstitions, — ils n’en sont pas moins en cemoment, de tous les Malgaches, les seuls susceptibles de devenir, sous une direction prudente et éclairée, une nalion réellement digne de tout notre intérêt, Les Merina (vulgo Hova) ont la physionomie presque toujours placide et plutôt agréable, la voix douce, les gestes efféminés. Ils sont gais et polis ; ils sont hospitaliers ; dans leur vie quotidienne ils paraissent bons et simples, quoique fort dissi- mulés et très rusés, mais ils deviennent cruels par superstition ou par intérêt. Victimes, comme tous les barbares, de la force brutale et d’une ex- ploitation éhontée, contraints, ainsi que nous l’a- vons déjà dit, de dissimuler leurs sentiments per- sonnels, souvent sous peine de perdre la vie, ils n'ont pas et ne peuvent pas avoir les notions de justice, d'honnêteté, d’humanilé qui forment la base de notre sociélé ; aussi n’ont-ils ni probité, ni moralité, et, quoique pleins d’amour-propre, sont-ils dépourvus de tout sentiment de dignité personnelle; car la fourberie et le mensonge ne sont point, à leurs yeux, des vices qu'il y ait lieu de flétrir et dont il faille se cacher, mais plutôt des qualités dignes d’admiration, puisqu'elles sont une sauvegarde de leur vie, comme le montrent, du reste, plusieurs contes célèbres !. Ils sont avides, et demandent sans honte; ce sont, pour la plupart, des maîtres fourbes qui, une fois en possession du cadeau convoité, exploitent sans scrupule leur bienfaiteur et se font même gloire d'abuser de la confiance qu’on leur témoigne. Ils sont très sensuels. Mais, après avoir énuméré les défauts des Me- rina (vulygo Hova), il n'est que juste de recon- naître qu'ils ont aussi des qualités: nous avons déjà dit qu'ils élaient d'ordinaire doux et affables dans leurs relations entre eux et hospitaliers; ils aiment les enfants et respectent les vieillards; ils ont des manières galantes avec les femmes, qui, dit-on, savent aimer, et la jalousie n’est pas dans leur caractère. Ils ont un vrai culte pour leurs supérieurs et observent scrupuleusement la discipline. [ls sont bons patriotes et, lorsqu'ils partent en voyage, ils emportent souvent un peu de terre prise dans le sol même de leur mai- son natale, qu'ils se plaisent à regarder; ils ne craignent pas tant la mort que de ne pas être en- sevelis dans le tombeau de famille. Le respect des ancêtres et des traditions nationales est un des traits saillants et intéressants du caractère de tous les Malgaches. Les Merina sont d’habiles commerçants; très intéressés, ils sont, par contre, laborieux, persévérants dans leurs entreprises et économes. Ils sont d’un tempérament plus délicat que les autres peuplades de l'ile, mais ils sont plus adroits et plus spirituels. Ils sont sobres (à l'exception de quelques grands personnages), pa- tients et ne se plaignent jamais de leur sort. Ils ne manquent pas d'un certain courage, et maintes fois ils se sont fort bien battus ; Carayon raconte que, dans le combat que nous leur avons livré à la Pointe-à-Larrée, ils se sont bravement conduits, lançant avec adresse et sang-froid leurs sagayes à bout portant et laissant sur le champ de bataille 119 morts! 1 L'exemple leur venait souvent de haut. Le trait suivant, peu connu, donne bien une idée de leur manière de penser et de faire. En 1825, un peintre distingué de l'ile Maurice, nommé Copalle, fut mandé à Madagascar pour faire le por- trait de Radama [er moyennant une somme fixée d’un com- mun accord à 1500 arrivant à Foulpointe, il trouva une lettre de ce souverain qui ne lui Gfirait plus que la piastres; en moitié du prix convenu. Indigné de ce manque de parole, il se préparait à retourner à l'ile Maurice, lorsque le gouver: neur de Foulpointe, Rafaralahy, le voyant décidé à quitter Madagascar, lui remit une seconde lettre datée du même jour que la précédente, où toutes ses conditions étaient acceptées. radama Ier avait pensé que probablement Copalle, ayant fait le voyage, aimerait mieux encore toucher 750 piastres que ne rien avoir du tout! 52 A. GRANDIDIER — LES HOVA DE MADAGASCAR III Les chefs Merina ont toujours fait preuve d'esprit desuite dans leur politique, et dès longtempsils ont établi dans leur pays un ordre social très supérieur à celui des autres peuplades malgaches. C'est sur- tout dans l’organisation intérieure de l’Imerina que se révèle l'inégalité des races malaise et indo- nésienne pure. En 1595, les Sakalava de la baie de Saint-Augustin ont reçu la visite d’une floite hol- landaise, sous le commandement de l'amiral Cor- nélis de Houtman, et, depuis cette époque, il n’y a eu guère d'années où de nombreux navires, sur- tout anglais, ne soient venus mouiller sur cette rade et n'y soient souvent restés plusieurs se- maines. Fous les vaisseaux qui allaient dans l'Inde ou qui en venaient, y relàchaient, en effet, pour s'y ravitailler et surtout pour y prendre de l’eau: car, jusqu'à ce siècle, dans toutes les longues traver- sées, il fallait faire escale pour renouveler les pro- visions de toutes sortes. Or, ces Sakalava, qui, de- puis trois siècles, sont en rapports constants avec des Européens, n’ont jamais témoigné le moindre désir de se civiliser; ils sont aujourd’hui tout aussi sauvages qu'ils l’étaient lors de la découverte de l'ile, et les fusils, qu’ils ont possédés dès le mi- lieu du xvu° siècle, ne leur ont jamais servi qu'à piller et à razzier leurs voisins ou à tuer leurs ennemis personnels. Les missionnaires catholiques qui ont essayé soit à Baly, soit à Tullear, de les ci- viliser, ont dû renoncer à leur œuvre charitable; les Norvégiens, qui, depuis un quart de siècle, ont établi en divers points de la côte occidentale des mis- sions et des écoles, n’ont pas encore vu leurs efforts produire le moindre résullat appréciable. Ce que je viens de dire des Sakalava, qui sont avant tout des pasteurs, s'applique aussi, quoiqu’à un moindre degré cependant, aux peuplades de la côte orien- tale avec lesquelles nous sommes en rapport de- puis deux siècles et demi, et qui sont des agricul- teurs. Au contraire, les Merina (vw/yo Hova), qui n'avaient eu jusqu'à la fin du siècle dernier, aucun contact avec les Européens, avaient déjà, à cette époque, une organisation sociale remarquable. Mayeur, le premier blanc qui ait pénétré dans l'Ime- rina, en 1774, el qui avait fait auparavant, par ordre du célèbre aventurier Benyowsky, plusieurs voyages dans le nord et dans l'est de Madagascar, raconte avec admiration qu'il a trouvé établies dans celte province centrale de l’ile des indus- tries intéressantes, dont les produits s'échan- geaient sur des marchés tenus chaque semaine, à des jours fixes, dans les divers districts. Ce n’est pas, en effet, un spectacle banal dans un pays sau- vage que de voir arriver de grand matin, les jours de marché, des files interminables de piétons, la L. MAQUENNE — ASYMÉTRIE ET FERMENTATION >3 plupart au pas gymnaslique, tous chargés de mar- chandises diverses, tous pressés, les enfants eux- mêmes portant une charge proportionnée à leur _ force. Voici, du reste, ce que dit Mayeur, l'homme … qui a le mieux connu Madagascar, dans le manus- … crit où il relate son second voyage fait en 1777 : - _« Les Européens qui n’ont fréquenté que les côtes, auront de la peine à croire qu'il existe dans l’in- - térieur de Madagascar, à trente lienes de la mer, dans un pays jusqu’à présent ignoré, qu'envi- ronnent de toutes parts des peuplades brutes et sauvages, plus de lumières, plus d'industrie, une police plus active, des arts plus avancés que sur les côtes, dont les habitants sont cependant en relations constantes avec les étrangers. Cest cependant la vérité! — Aucun peuple, ajoute-t-il plus loin, ne joint à plus d'intelligence naturelle une plus grande aptitude au travail; les hova, en effet, n'épargent pas leurs peines dans leurs en- treprises agricoles ou commerciales, el ils y mon- trent une constance inébranlable et une activité incroyable, déployant un travail continu dans une besogne ingrate et pénible, (elle que la culture de leurs terres stériles. » Dès que les Merina (vu/go Hova) ont été en rapport avec les Européens, ils ont cherché de suite à les égaler, à s’assimiler leur civilisation; il est vrai qu'ils ont commencé par nous copier dans nos actes extérieurs, comme aujourd'hui dans la religion, à quelques exceptions, ils s’altachent plus aux pra- tiques qu’à la morale elle-même ; mais ce désir de nous imiter suflit seul pour montrer quelle diffé- rence il y a entre eux el les autres tribus, qui n'ont jamais convoité que nos marchandises. Certes, les voyageurs ont souvent ri de ces Merina (Hova) qui, ASYMÉTRIE ET en portant notre costume, en imitant notre tour- nure el nos gestes, croyaient s'être élevés au ni- veau de notre civilisation: il n’en est pas moins vrai qu'il y avait là une tendance intéressante. Ces hommes si fins et si intelligents, mais ignorants, qui se rendaient parfailement comple de la supé- riorité des vazaha ou étrangers, et qui étaient dé- sireux d'atteindre leur niveau, se sont demandé quelle pouvait être la cause de la différence si grande existant entre eux et nous, et, notre costume étant ce qui les frappait le plus, ils l'ont aussitôt adopté, pensant ainsi devenir nos égaux ; l'illusion ne dura pas longtemps, et ils se mirent de nouveau à chercher la solution du problème qui les intéres- sait;ayantreconnu, après de longues délibérations. que les bœufs seuls n'avaient pas de religion, ils se sont décidés à se convertir en masse au christianisme auquel, avec toute raison, ils ont attribué le déve- loppement si étonnant de lacivilisation européenne. Au point de vue religieux, ils en sont encore, comme je l’ai dit, aux pratiques extérieures, et la morale des prédications faites journellement par les missionnaires n’a point eu sur leurs mœurs tout l'effet que l’on pourrait désirer; le germe n’en est pas moins déposé dans un terrain que je crois bon et où il se développera, donnant, plus tôt peut-être qu'on ne le pense, une ample moisson. Un changement dans l’élal social des Merina (vw/yo Hova), Lel que celui qui sera la conséquence naturelle et heureuse de notre protectorat, amènera forcé- ment une profonde etpromple transformation dans leur état moral et dans leur caractère. au plus grand bénéfice d'eux-mêmes et de notre pays. Alfred Grandidier, de l'Académie des Sciences. FERMENTATION A PROPOS DES RÉCENTS TRAVAUX DE M. EM. FISCHER _ Tout le monde connaît aujourd'hui l'étonnante fécondité du principe de l’asymétrie, introduit dans la science par M. Pasteur, il y a cinquante ans. Né de l'étude cristallographique des différents acides lartriques, il conduisait, entre les mains du Maitre, d’abord à la notion de l’hémiédrie non superposable, qui permet de conclure de la seule forme cristalline d’un corps à ses propriétés opti- ques, puis, par une extension des plus hardies, à cette admirable suite de recherches sur la vie cel- lulaire qui constitue maintenant une branche toute spéciale de la science et dont la portée est telle - que l'imagination se refuse à en voir les limites. 4 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. : Plus tard, entre les mains de MM. Le Bel et van ’L Hoff, le mème principe, passant de la molé- cule cristalline à la molécule chimique, devenait la base de la stéréochimie moderne ; l’action élective de la cellule vivante sur les corps asymétriques permettait de dédoubler les racémiques de syn- thèse et, en conséquence, de vérifier les prévisions de la théorie; voici enfin que M. Em. Fischer, dont les travaux sur la structure et la reproduction arti- ficielle des sucres sont déjà connus de nos lecteurs !, 1 Voyez à ce sujet : Maquenne, {4 Synthèse des Sucres, dans la Revue du 30 mars 1890, et diverses chroniques dans les numéros du 15 avril et du 30 septembre 1890 2+ * nd — es wi La CCE 5 L. MAQUENNE — ASYMÉTRIE ET FERMENTATION vient de signaler une nouvelle relation entre l’a- | et la dulcite symétrie des ferments el celle des corps qui sont | 5 ou DE 5 sensibles à leur influence. CH20H—C—C — C—C—CH0H IA ls OH H H OH L'asymétrie dont nous parlons ici est celle-là même à laquelle M. Pasteur faisait allusion dans ses premiers travaux, la même aussi qui s’observe dans la formule stéréochimique d’un corps aelif, en un mot celle qui résulte de la non-superposabilité d'une molécule, cristalline ou chimique, à son image spéculaire. Je distingue ici entre la molécule chimique et la molécule cristalline, parce qu'il me semble impossible que cette dernière subsiste encore dans les vapeurs actives dont la densité est normale et dont, par conséquent, les molécules élémentaires sont libres, au même litre que chez les gaz parfaits. Dans la théorie de MM. Le Bel et van ‘t Hoff, il y a asymétrie et pouvoir rolatoire toutes les fois que la molécule renferme un atome de carbone lié par ses quatre valences à autant d'éléments ou de radi- caux monovalents distincts : c’est le cas de l'acide lactique : H | CO‘H=C-CH:, of et du propylglycol: H CHOC CHF, DÉS qui sont les plus simples de tous les corps actifs connus. Lorsqu'un tel corps exerce le pouvoir rotatoire dans un sens, son symétrique l’exerce dans l’autre, avec la même intensité ; par combinaison molécu- laire, stable seulement à l’état solide, deux corps opliquement inverses peuvent toujours donner un racémique, inactif par compensation et dédoublable en ses deux composants actifs; enfin, si la molé- cule admet un plan de symétrie, il est toujours possible d’y concevoir un arrangement atomique tel que son image lui soit superposable : d'où l’exis- tence d'une quatrième forme stéréochimique qui reste inactive dans toutes les circonstances et ne se laisse jamais dédoubler, quel que soit d’ailleurs le nombre de groupes asymétriques présents dans la molécule. L’acide paratartrique H H | | l CO?H—C—C—CO?H, OH oH en sont des exemples bien connus., Il existe donc chez les corps asymétriques : 1° un nombre pair 2 n d'isomères actifs, formant # groupes de deux termes optiquement inverses, l’un droit et l'autre gauche; 2° » racémiques, corres- pondant à chacun de ces groupes, et, enfin 3° un certain nombre d'isomères inaelifs par constilu- tion. Ceux-ci, de même que les racémiques, se dis- tinguent aisément les uns des autres et de leurs isomères actifs : leurs solubililés, leurs formes cristallines, leurs températures de fusion, leurs densités, ete., sont nettement différentes; mais les inverses optiques se ressemblent à tel point, par leurs propriétés physiques et chimiques, qu'il est parfois diflicile de les caractériser autrement que par le polarimètre ou le sens de leur hémiédrie. C'est qu'en effet ils possèdent, l’un par rapport à l'autre, la plus grande analogie de structure qu'il soit possible de concevoir entre deux corps qui ne sont pas identiques. Celle analogie persiste, aussi profonde, quand on combine deux corps optique- ment inverses avec une même substance inactive; elle disparait, au contraire, ainsi que M. Pasteur a fait voir dès 1848, quand on les unit à un pro- duit actif quelconque : c’est ainsi que les tarlrates droits et gauches de cinchonine, de quinine, de strgchnine et de brucine, montrent des différences notables dans toutes leurs propriétés, que le tar- trate droit d'asparagine cristallise aisément, alors que son isomère gauche resle loujours sirupeux, que l’acide tartrique droit se combine seul au ma- late d’ammonium, etc. Ces faits résultent évidemment de ce que la plus grande dissymétrie des molécules ainsi constiluées rend alors leur configuration géométrique plus dissemblable; il n’en est pas moins curieux de voir qu'il y a là, entre un corps actif déterminé et les deux inverses d'un autre corps également actif, une sorle de choix, une vérilable élection, qui est sou- vent assez nette pour permettre d'effectuer le dédou- blement d’un racémique en ses deux composants. Une distinelion du même ordre a été faite autre- fois par M. Pasteur au sujet de l'attaque des corps asymétriques par les micro-organismes : le Pericil- lium glaucum, par exemple, détruit rapidement l'acide tartrique ordinaire droit, alors qu'il respecte l'acide lartrique gauche; il résulte de là que l'acide racémique, combinaison équimoléculaire des deux acides lartriques aclifs, prend sous son influence un pouvoir rolaloire lévogyre. Le fait est, d'ail- leurs, d'une grande généralité, et nombre de com- : ! i TT TE L. MAQUENNE — ASYMÉTRIE ET FERMENTATION 55 posés racémiques de synthèse ont pu être ainsi dédoublés et caractérisés par les moisissures, sous les seules conditions de pouvoir être atlaqués par _elles et de ne pas entraver leur développement. Les levures se comportent de même vis-à-vis des sucres, et il y a déjà plusieurs années que M. Em. Fischer a vu l'acrose ou lévulose racémique prendre, pendant la fermentation, un pouvoir rota- toire vers la droite ; par une étude plus approfondie - de l’action des ferments sur les sucres, le même auteur vient d'arriver à de nouvelles conclusions plus précises encore et de nature, il nous semble, à rapprocher l'asymélrie vitale, telle que la con- çoil M. Pasteur, de l’asymétrie géométrique des chimistes. IL On sait que, parmi les seize aldohexoses CH 20° prévues par la théorie, onze sont aujour- d'hui connues : ce sont la #annose, la glucose, la ga- lactose. la qulose et l'idose ordinaires droites, leurs iso- mères gauches et enfin la évlose dextrogyre. Les trois premières, c'est-à-dire les trois hexoses naturelles, sont seules fermentescibles ; or, si l’on se reporte à leurs formules de constilution, il est facile de voir que ce sont précisément celles qui offrent la plus grande analogie de structure moléculaire : on en jugera, d’ailleurs, par les schémas suivants, qui expriment, dans la notation stéréochimique ac- tuelle, la configuration des trois hexoses fermen- tescibles : H HOHH H H OH OH ele Eeel CH20H—C—C—C—C—CHO con 66 (cm0 (AE EM a OH OH H OH = NOMOH EME d. glucose d. mannose HAOHMOHLE lea CH20H—C de la stabilité additionnelle que confère la structure du tissu conducteur au liquide soumis à la: tension, même en présence des gaz libres. Des expé— à “ii POPPIPET 0 PORN TR ER ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 85 riences directes sur de l’eau contenant de grandes quantités d’air en dissolution ont permis d'étudier la stabilité interne. De plus, en scellant, dans les vaisseaux où l'eau était soumise à la tension, des copeaux de bois de Tuvus baccata, les auteurs ont pu constater que leur présence ne donnait lieu en aucun cas à une ruplure du liquide en tension, et qu'elle se produisait de pré férence partout ailleurs et d'ordinaire sur les parois de verre, La seconde condition de stabilité résulte direc- tement de la propriété des membranes qui sectionnent les cavités vasculaires de s'opposer au passage des gaz libres, tandis qu'elles sont perméables aux liquides. Les relations d'énergie que la feuille doit soutenir avec son milieu, dans l'hypothèse que l’évaporation aux surfaces aqueuses capillaires est la cause principale de l'éléva- tion de la sève, peuvent être mises en lumière par des expériences où est utilisé le pouvoir bien connu d’un vase poreux rempli d’eau, de faire monter le mercure dans un tube auquel ce vase est scellé. Les auteurs décrivent un machine où l’énergie, entrant sous forme de chaleur par les surfaces capillaires, peut être en partie employée pour faire un travail mécanique : une batterie de douze pelits vases poreux, exposée à l'air libre, détermine la rotation continue d’un volant. Si on remplace les vases poreux par une branche en trans- piration, la roue continue à tourner. Les auteurs suggè- rent que, si la tension de la sève se transmet à la racine, il doit se former, dans les capillaires de la surface radiculaire, des ménisques capables de condenser rapi- dement l’eau du sol ambiant. Ils montrent, par une expérience, le pouvoir que possède même une racine enlevée du sol de condenser de la vapeur dans une atmosphère humide. Ils ont imaginé, pour éclairer plus complètement les faits, un appareil composé de deux vases poreux, réunis par un tube et remplis d’eau: lun, « la feuille », est exposé à l’air et émet de la va- peur ; la « racine », entourée de terre humide, satisfait aux « demandes » de la « feuille », et un courant de bas en haut s'établit dans ce tube. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES M. Womack : Modification de la méthode du galva- nomètre balistique pour la détermination de la capa- cité électro-magnétique d’un condenseur. Un des avan- tages de la méthode indiquée par l’auteur résulte de ce que l’on n'a pas besoin de connaître la résistance du galvanomètre ou batterie. Elle peut rendre service au cas où l’on a à déterminer simultanément la résistance et la capacité électrique d’un câble sous-marin ou la ré- sistance d’une ligne télégraphique ou téléphonique. — MM. S.-P. Thomson et Miles-Walker : Images ma- gnétiques. De même que l’on a fondé la théorie des images électriques produites par les conducteursisolés, de même on peut fonder la théorie des images magné- tiques produites par les corps possédant une grande perméabilité magnétique. Dans cette dernière théorie, on remplace la charge électrique par le pôle magné- tique, et le conducteur isolé est remplacé par un corps d'une perméabilité magnétique infinie. — M. Ayrton montre et décrit un appareil d'étude pour la vérifica- tion des lois de Ohm. — M. le Pr W. E. Ayrtonet EH. C. Haycraft ont imaginé un appareil très simple, destiné aux manipulations faites par les étudiants et servant à la détermination de l'équivalent mécanique de la chaleur. Cet appareil donne des résultats assez précis pour permettre de se passer des tables de correc- tion. Les résultats obtenus par les étudiants ne diffèrent pas entre eux de plus de 1/2 à { °/,. —MM.le P'Ayrton et E. A. Medley cherchent à déterminer la force électro-motrice maximum à laquelle une lampe à incandescence peut atteindre, Selon eux, il est plus éco- mique de rejeter une lampe qui commence à se détério- rer que d'attendre qu'elle se brise complètement. On doit se servir d’accumulateurs qui maintiennent autant que possible constante la force électro-motrice, * SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE LONDRES MM. F. Stanley Kipping et William J. Pope ont continué l'étude des dérivés sulfoniques des bro- mures et chlorures de camphre; ils ont plus spécia- lement étudié le bromure camphorosulfonique droit C10H'50.S0?Br et le chlorure camphorosulfonique qui est isomorphe et a la même constitution que le premier. Ils ont aussi préparé les combinaisons racémiques de ces deux corps. — Les mêmes auteurs font une communi- cation surles dérivés halogénés du camphre, dont ils ont obtenu septnouveaux composés; le chlorocamphre droit et le chlorocamphre inactif : C'CHWOCI; le bromocam- phre droit et le bromocamphre inactif : C'CH#OBr?; le dichlorocamphre : C'CH!OC1, le dibromocamphre : CHSOBr?et le chlorobromocamphre C'°H'*OCIBr; tous ces corps présentent des particularités remarquables au point de vue du dimorphisme et du polymorphisme. — M. Stanley Kipping a continué l’étude des acides diméthylpiméliques. — MM. William Goodwin et W.-H. Perkin junior F, R.S. : Recherches sur l'acide hexahy- dro-stoluique ; d’après ces auteurs, cet acide existe sous deux formes stéréoisomères auxquelles on peut attribuer les formules suivantes : CHA? CH2 AS ADR CH? HC—CH3 CH?2CH3CH | | | CH? HC.COOH CH? al. coo NZ Ne CH? CH? Acide cis Acide trans Cette opinion est appuyée encore par le fait de la dé- couverte, par Baeyer et Rassow, de l’acide paraphé- nylhexahydrobenzoïque : CH2.CH2 C6H5.CH£ \CH.CO00H NCH2.CH2/ qu'ils ont obtenu sous les formes cis et trans. — MM. W. A. Bone et W. H. Perkin jun. F. R.S. : Ac- tion des dérivés sodiques du malonate d’éthyle sur le triméthylène dicarboxylate d’éthyle, Dans ce cas, il se produit une simple addition représentée par l'équation : 2 / CE (COOC:H5}.C{ | -CH2(COOC2H5)? — NCEH: = (COOC2H5)2.CH.CH2 .CH2.CH(COOC?H5)2. — MM. W. H. Perkin jun. F.R.S.etJ.-J.Sudborough ont trouvé que l’on pouvait préparer les aldéhydes et les alcools en faisant réagir le sodium sur les chlorures d'acides en solution dans l’éther humide, Ils ont pu ainsi préparer les corps suivants : l’aldéhyde n-butylique et l'alcool n-butylique en partant du chlorure n. de bu- tyryle; l’aldéhyde isoamylique et l'alcool isoamylique en partant du chlorure d’isovaléryle; l'alcool benzilique en partant du chlorure de benzoyle; enfin l'alcool o-to- lylique en partant du chlorure de l’acide o-toluique. — M. W. H. Bentley : Acide 8. &. éthylméthylpropio- nique. L'auteur donne la description des propriétés et de la préparation du corps qui a pour formule: C2H$CH (CH°)CH?2COOH et dont il a étudié plusieurs dé- rivés entre autres : l’éther éthylique, l’anilide et la p-to- luide. — MM.James J. Dobbie et Alexander Lauder : Sur les alcaloïdes de la corydaliscova; étude de la cory- bulbine. Les mêmes auteurs font une communication sur la corydaline dont ils ont obtenu le dérivé chloré C22H?8C1A70*. En oxydant l’acide corydalique avec le permanganate de potasse ils ont obtenu une substance qui a pour formule C!!H13A703 qui contient deux groupes métoxy et qui est probablement un oxydérivé de la di- métoxyisoquinoline. — M. William H. Oates : Re- cherches pour la détermination des composés du soufre dans l'air, 86 ACADÉMIES ET SOCIETÉS SAVANTES SOCIÉTÉ ROYALE D'ÉDIMBOURG Séance du 27 Novembre 1894. P' M'Kendrich présente le compte rendu de ses études sur le phonographe, et fait à ce sujet d’intéres- santes projections. Il a, par ses recherches, contribué à perfectionner beaucoup cet instrument. Il se sert de résonnateurs métalliques coniques, et il a pu, par ce moyen, arriver à supprimer le son nasillard qu'avait cet instrument etàle faireentendre à un grand nombre d'au- diteurs réunis dans une vaste salle, Au moyen de pro- jeclions, il montre les photographies de plusieurs plaques ayänt déjà servi et sur lesquelles on peut voir la manière dont les différentes notes vocales les impressionnent, Séance du 3 Décembre 1894. D' John Smith signale plusieurs particularités de la dentition chez les Mammifères. La forme générale de la dent chez les Mammifères est la forme conique, aplatie sur un certain point et s’enroulant surson axe en spire plus ou moins accusée ; si la courbe est for- tement accentuée, il n’est pas facile d’en trouver l'axe, L'auteur montre, en outre, qu'il y a toujours une partie caractéristique dans la spire que présente la dent du Mésoptodon, décrite par sir William Turner dans les Comptes rendus de l'expédition de Challenger; cette partie est toujours reconnaissable dans la dent hu- maine. — M.Gregg Wilson fait ensuite une communi- cation sur le développement du conduit de Müller chez les Amphibiens. Il conclut que, chez ces animaux, ce conduit se développe de la même manière que le con- duit de Müller chez les Mammifères d’un ordre élevé. — D' George Hay soumet une nouvelle méthode pour régler la marche en mer. Son appareil consiste en deux compas de mer superposés, dont les points nord sont placés à une distance angulaire égale à la variation magnétique. La direction réelle étantlue sur le premier, on n’a qu’à lire le point auquel elle correspond sur le second pour avoir la vraie marche à suivre. Cet appa- reil, quoique très simple, n’a pas encore été employé jusqu'ici, — P° Tait lit une note sur la constitution des liquides volatils. Son équation, reliant pressions, volumes et températures, est déduite de la théorie cin- nétique des gaz. Elle s'applique aussi avec beaucoup d’exactitude aux liquides tels que l’eau qui ne sont pas volatils à la température ordinaire. On ne peut l’appli- quer avec autant de précision aux liquides ayant un point d’ébullition plus bas; elle ne s'applique pas du tout aux corps tout à fait volatils, Le Pr Tait croit que cela provient de l'existence de gaz ou de vapeurs dans le liquide. — Le même auteur fait une deuxième com- munication sur les points isothermes de l’éthylène. Il a calculé, avec la plus grande exactitude et au moyen de son équation, la pression de ce corps à une tempé- rature donnée et son volume à un point voisin de l'état critique d'après les observations d'Amagat. Le volume de l’éthylène à une température donnée et sa pression près du point critique ne peuvent pas être calculés di- rectement au moyen de l’équation avec une aussi grande exactitude, cela à cause de la grande rapidité avec laquelle la différence desvolumes du corps liquide et à l’état de vapeur diminue lorsque s'accroît la tem- pérature en approchant du point critique. W. PEpntE. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 29 Décembre 1894. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. de Vries : Sur les configurations dans l'espace, L'auteur part de la confi- guration (8%, 8) de Moebius (Journal de Crelle, t, 3, p. 273), étudiée en détail par M. Neuberg en 1884. En composant deux ef. (8%, 8,), il trouve une cf. (165, 16.), décomposable de cinq manières différentes en deux cf. (84, 8,). Il démontre que cette cf. (165, 16,), trouvée par M. C. Andréeff (Comm. de la Soc. math. de Kharkow, t. 2, p. 95), et toutes les cf. [(2—1}*, (2n—1),] qui s’en dédui- sent, sont des configurations régulières, — M, W. Kap- teyn présente un mémoire qui forme un trait d'union entre la géométrie vectorielle et la géométrie du triangle, Un des sommets et un des côtés adjacents du triangle forment l'origine et l’axe réel des vecteurs. Dans cet ordre d'idées, un point est déterminé par la valeur correspondante du vecteur complexe, et les équations des lieux géométriques présentent la parti- cularité qu'elles ne changent pas quand on y remplace simultanément la variable et les constantes par leurs valeurs conjuguées. Comme introduction, l'auteur applique le système de coordonnées à l'étude de la droite, du cercle et des sections coniques. Ensuite, il déduit des formules de transformation permettant de trouver le vecteur complexe d’un point dont on connaît les coordonnées normales et réciproquement, et la relation entre les vecteurs complexes de deux points inverses. Après cette introduction, il calcule les vecteurs des points remarquables et s'occupe des équations des droites, des cercles et des coniques remarquables. La comparaison des résultats entre eux conduit à une foule de relations en partie connues, en partie nou- velles. Démonstration que les points de Brocard sont les points Hessiens des points de Lemoine et des points Hessiens du triangle. Transformation des points con- jugués harmoniques par rapport aux points Hessiens. — M. C. Easton: Sur la distribution des étoiles dans la Voie lactée. Comparaison détaillée de l’œuvre de l’auteur (voir Revue gén. d, Sc., t. 4, p. 684) avec la Durchmusterung d’Argelander. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. H.-A. Kamerlingh Onnes lit un mémoire sur le laboratoire cryogène de Leyde, et sur la production des températures les plus basses. Il a commencé ses recherches, il y a dix ans, avec l’inten- tion de faire circuler l'oxygène suivant la belle mé- thode de M. Pictet, et d’en faire usage pour des expé- riences, comme MM. Olszewski et Wrobleski, marchant sur les traces de M. Cailletet, avaient fait usage de l'éthylène.Il se proposait, en particulier, de déterminer de cette manière les isothermes de l'hydrogène aux températures les plus basses. Quant à la manipula- tion de l’oxygène liquide, le but a été atteint complète- ment, Les moyens mis en œuvre sont aussi petits que possible; le laboratoire cryogène, comme il était à désirer, ne forme donc qu’une partie du laboratoire, assez bien équipé encore pour d’autres genres nouveaux de recherches. L’oxygène liquide est versé dans un appareil de verre, propre à laisser suivre les expériences et à permettre les observations et les mesures. La vapeur de l'oxygène est continuellement comprimée, liquéfiée et versée de nouveau dans l'appareil. Avec une petite quantité d'oxygène en circulation, on peut maintenir indéfiniment un bain d'oxygène liquide d’un quart jusqu’à un demi-litre, L'auteur ne se sert pas des verres vides à double paroi de Dewar. Le bain liquide est protégé contre la convection de la chaleur par sa propre vapeur, qui refroidit une caisse spéciale avec des fenêtres, construites de telle ‘sorte qu’elles restent toujours libres de givre et permettent la for- malion d'images nettes dans une lunette, La liqué- faction de l'oxygène s'obtient par une chute de températures obtenue dans deux circulations. Le ser- pentin de condensation pour l'oxygène est noyé dans l'éthylène bouillant au vide, dans un flacon de cuivre à paroi mince, protégé efficacement contre l’afflux de chaleur. Les vapeurs de l’éthylène retournent, par une pompe pneumatique et un compresseur conjugués, dans un condenseur et, de là, dans le flacon de cuivre. Le condenseur de l’éthylène est refroidi par une cireula- tion de chlorure de méthyle, et l'auteur signale que l'emploi des deux derniers gaz, pour la liquéfaction de l'oxygène, a été inauguré par M. Cailletet. Les circula- tions sont arrangées, et le flacon de cuivre a été cons- truitde manière à permettre d'opérer avec un minimum de gaz condensés. En opposition avec les expériences de Dewar, où il est question de très grandes quantités d’éthylène (50 kilos), la circulation d’éthylène de * 2 Ê PRO T A We nt il À ” is à, . sh NOTICE NÉCROLOGIQUE 87 1 l'auteur ne demande que 1 1/2-kilog. C'est avec cette petite quantité d'éthylène et avec une force motrice qui ne s'élève pas à plus de 6 ou 8 chevaux-vapeur, qu'il obtient le bain permanent d'oxygène liquide décrit plus haut. L'auteur a voué quelques années à surmonter les difficultés qui restent dans l'emploi du compresseur à plongeur de mercure de M. Caïlletet; il a réussi à réaliser cette belle idée d’une manière plus parfaite, - de sorte qu’il a obtenu un compresseur de laboratoire . auquel on peut se fier pour comprimer les gaz purs et _ précieux. Il en fait aussi usage pour préparer des gaz purs par la distillation fractionnée à basse température. Enfin, l’auteur fait quelques remarques sur l’emploi du . formène, recommandé par MM. Cailletet et Dewar pour _ la liquéfaction de l'oxygène et sur d’autres travaux en voie d'exécution au laboratoire de Leyde pour préparer la liquéfaction et peut-être la manipulation de l’hydro- gène. — M. H.-A. Lorentz présente un mémoire : « Ver- such einer Theorie der electrischen und optischen Ers- cheinungenin beweglen Kürpern; (Essai d’une théorie des phénomènes optiques et électriques dans les corps en mouvement). — M. H.-W. Bakhuis Roozeboom {raite des expériences de M. Spring, à Liège, sur la conver- sion du sulfure de mercure noir en sulfure rouge. Il démontre que ce cas appartient à la catégorie des transformations d'une modification labile en un état stable. Pour de telles transformations, il n'existe pas une pression limite à température donnée comme M. Spring a cru pouvoir le déduire des densités, — M. A. P. N. Franchimont présente un mémoire de M. P. van Romburgh, à Buitenzorg (Java), intitulé : « Over eenige vluchtige bestand deelen vande op Java gekweekte Cocabladen » (Sur quelques matières vola- tiles des feuilles de Coca cultivées à l'ile de Java). 3° SCIENCES NATURELLES. — M. J.-L.-C. Schroeder van der Kolk : « Contribution à la construction de cartes des terrains sablénneux ». — M. H. van Cappelle : « Etude du diluvium du sud-ouest de la Frise ». — M. Th.-H. Mac Gillavry fait connaître les résultats obtenus par M. D. Mac Gillavry au laboratoire Bærhaave, à Leyde, dans ses recherches sur la faculté de locomotion des germes de la phtisie P. ScHouTe. CORRESPONDANCE SUR L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DES COURANTS DE GRANDE FRÉQUENCE Dans la Revue du 30 décembre dernier, nous avons résumé d’ingénieuses expériences de MM. Oliver Lodge et Gotch touchant l’action qu’exercent sur les nerfs et les muscles les courants de haut potentiel et de grande fréquence. M. le D' Stéphane Leduc, professeur à l’E- cole de Médecine de Nantes, nous fait remarquer à ce sujet qu'en 1893; avant MM. Lodge et Gotch, il avait découvert qu’au voisinage d’une bouteille de Leyde commandée par une machine à frottement, la patte galvanoscopique répond par une contraction unique à chaque étincelle qui éclate entre les boutons de la machine !. . M.S. Leduc a montré, de plus, que non seulement la grenouille, mais l’homme lui-même est sensible à ce champ d'influence. A cette occasion, il a précisé les conditions nécessaires pour rendre l’homme sensible aux variations du champ électrique. Il a électrisé à distance des personnes qui, par le simple approche- ment des doigts, provoquaient l'apparition, dans l’in- tervalle, d’étincelles de plus d’un centimètre de lon- gueur. Il à pu ainsi à distance, c’est-à-dire sans aucune communicalion conductrice avec les appareils électri- ques, exciter les nerfs sensibles et moteurs de l'homme et déterminer des contractions musculaires. Les oscillations électriques ainsi produites à dis- tance dans le corps de l’homme lui permettent à son tour de faire contracter à distance, — et jusqu'à plu- sieurs mètres, — la patte galvanoscopique, et cela rien qu'en la montrant du doigt comme pour lui don- ner l’ordre de se contracter. Nous nous faisons un plaisir de porter ces faits à la connaissance du lecteur. NOTICE NÉCROLOGIQUE PIERRE DUCHARTRE Le 5 novembre 1894, s’éteignait brusquement, à l’âge de 83 ans, l’un des hommes qui ont le plus honoré l'enseignement des sciences naturelles en France depuis un demi-siècle. Mais si une longue série de travaux scientifiques poursuivis sans interruption pen- dant près de 60 ans, si une érudition profonde et une remarquable précision d'esprit ont assuré à M. Du- chartre une place à part parmi les naturalistes de ce siècle, il a été aussi et surtout un de ces hommes rares dont les vertus honorent l'humanité. Fils de ses œuvres, M, Duchartre avait trouvé dans les plus hautes situations scientifiques la récompense d’une vie de labeur ininterrompu et la sanction d’une œuvre considérable: il y avait gardé le souvenir des efforts de sa jeunesse, des difficultés sans nombre qu’il avait surmontées, de la constance avec laquelle il avait lutté ; non pour en tirer vanité, — sa modestie était extrême, — mais pour encourager les débutants, pu les soutenir, pour les aider de ses conseils et de autorité qu'il avait acquise. Nous avons eu la conso- ——_————— 1 DrS. Leouc : Excitation électrique des nerfs sans élec- trode et sans conducteur. Extrait des Archives d’'Electricité médicale, n° de juillet 1893. — Courants alternatifs de haute tension produits à l’aide de machines électrostatiques (Mé- moire présenté à la Société française de Physique et à la Société de Biologie). 1 broch. in-8° de 8 pages. Imprimerie Centrale, Nantes, 1893. lation de le voir une semaine avant sa mort; nous l'avons trouvé alors tel que nous l’avions vu il ya de longues années, supportant allègrement le poids des ans, malsré des apparences délicates, travaillant tou- jours, animé toujours de la même bienveillance, d’une égalité d'humeur que rien n’altérait, comme il convient à ceux dont la vie a élé tout entière vouée au bien. Pierre-Etienne-Simon Duchartre est né le 27 octobre 4811, à Portiragnes, près de Béziers: l’un des aînés d’une nombreuse famille, à laquelle la fortune ne paraît pas avoir accordé toutes ses faveurs, il commenca à Béziers des études qu'il termina à Toulouse, Le Droit et les intérêts agricoles, qui se partageaient Ja vie de son père, ne semblent pas l'avoir attiré jamais. C’est en vain que, plus tard, il sera inscrit à la Faculté de Droit de Toulouse par un père désireux de voir son fils lui succéder dans ses fonctions d'avocat. Il n'avait pourtant pas trouvé sa voie dès l’enfance, comme tant d’autres. Ayant achevé ses études classiques avant l’âge de 16 ans, requis pour subir les examens du baccalauréat ès lettres, il eut l’idée d'occuper ses loisirs en suivant les cours de sciences, Lauréat de la ville de Toulouse en 1828, honoré l’année suivante d’un prix unique de botanique qui lui valut des éloges spé- ciaux, il résolut dès lors de se consacrer tout entier à l'étude des plantes. Dès lors, rien ne put le détourner de son but. Ni les efforts de sa famille, ni la privation des ressources scientifiques, nile manque de direction, 88 NOTICE NÉCROLOGIQUE ni trente années de labeur, ni les déboires et les dé- ceptions ne purent le décider à changer de voie, Aidé des conseils de Moquin-Tandon, alors profes- seur à la Faculté des Sciences de Toulouse, il se mit à explorer les Pyrénées et le Languedoc, dans l'espoir de lever les doutes au sujet d'un certain nombre de plantes décrites par Lapeyrouse et de faire connaître la distribution géographique des plantes méridionales. IL semblait alors devoir être l’un des continuateurs de De Candolle et de Lamarck; il présenta à l'Académie des Sciences, sur la géographie botanique des environs de Béziers, un mémoire dont un long extrait fut inséré aux Comptes rendus des séances. Mais il fallait vivre; il fallait même trouver des res- sources pour la famille, que le malheur éprouvait. Du- chartre donna des lecons, à Toulouse d'abord, puis, à partir de 1837, dans un pelit village de la vallée du Lot, à Monsempron, près de Fumel. Privé des ressources scientifiques qu'il avait eues jusqu'alors à sa disposi- tion, n'ayant plus les livres et les riches herbiers, il dut changer la direction de ses études. Pour se passer de livres, il aborda un genre de travaux à peu près nouveau; s'engager dans une voie nouvelle, c'était le moyen de n'avoir pas à compter avec la bibliographie. IL s'occupa donc d'anatomie, de morphologie et d’orga- nogénie florales, se fit connaître bientôl par de bons travaux qui furent imprimés aux Annales des Sciences naturelles et recueillit les matériaux d'un grand travail sur la Clandestine, qui fut présenté à l’Académie des Sciences en 1843 et inséré au Recueil des Savants étran- gers, sur un rapport favorable d’Ad. Brongniart. En même temps il subissait les examens de la licence, puis soutenait ses thèses pour le doctorat ès sciences. Vers la fin de cette même année, le jeune Duchartre arrivait à Paris, plein: de bonne volonté, mais sans argent et sans autre appui que les travaux par lesquels il venait de se faire remarquer. Decaisne l'y accueillit comme il savait accueillir ceux qui luttaient avec énergie; les deux jeunes savants furent bientôt des amis dévoués. Decaisne, qui connaissait les difficultés de la vie, aida Duchartre de son influence naissante, le présenta à d’Orbigny qui l’admit, pour la botanique, à la rédaction du Dictionnaire d'Histoire naturelle. Du- chartre prit aussi une part aclive à la rédaction de l'Echo du Monde Savant, de l'Encyclopédie du XIX®° siéele et de plusieurs autres Revues. Pendant deux années, il rédigea seul la Revue Botanique, recueil mensuel publié sous le patronage de Benjamin Delessert; la mortimpré- vue de ce protecteur des sciences vint interrompre cette précieuse publication, Ce travail incessant n’absorbait pas l’activité de Duchartre. Il trouvait encore le moyen de résoudre les problèmes qu’il rencontrait au cours de ses études bibliographiques, alliant toujours l’étude personnelle et la critique de l’observation à l’érudition la plus étendue. Agrégé des Facultés des Sciences en 1848. il fut, l’année suivante, à la suite d’un brillant concours, nommé professeur de Botanique et de Physiologie vésé- tale à l’Institut agronomique. Jusqu'à la fin de 1852, époque de la suppression de cet établissement, il con- sacra tout son temps à l’enseignement, alors nouveau, de la Botanique appliquée à l'Agriculture et à la créa- tion d’un jardin botanique agricole. En même temps, ses recherches personnelles prirent nécessairement une direction nouvelle; le jardin de l'Institut agrono- mique lui fut un champ d'expériences; c’est là qu’il élablit l'efficacité de la fleur de soufre pour combattre l’'Oidium de la vigne, Il fut appelé, en 1853, à suppléer A. de Jussieu dans l’enseignement de la Botanique à la Sorbonne ; mais l’Institut agronomique cessa d’exister; l'agrégation et les suppléances étaient alors considé- rées comme des honneurs auxquels les rémunérations paraissaient superflues, Duchartre reprit sa vie d’autre- fois, vivant au jour le jour d’un travail assidu, Il ne se décourageait pas pourtant; nous le trouvons en effet, en 1854, parmi les fondateurs de la Société Botanique Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17 1 : de France, fondateurs dont il est resté le dernier sur- À vivant. Jusqu'en 1861, il en rédigea seul le bulletin bibliographique avec un soin et un talent remarqua- bles. Il devint aussi secrétaire-rédacteur de la Société centrale d'Horticulture et garda cette charge jusqu'à sa mort, se faisant un devoir de mettre au service de ses confrères une érudition qu’on ne prenait jamais en défaut. L'année 1861 mit un terme à ses peines. Il était appelé à la chaire de Botanique de la Sorbonne, en remplacement de Payer, dont il occupait depuis deux mois le fauteuil à l’Académie des Sciences. Il avait alors cinquante ans. Tout autre que M. Duchartre eût pu croire que trente années d’incessantes études le préparaient assez à l’enseignement de la Sorbonne, et qu'il pourrait maintenant mettre simplement à la dis- position de ses étudiants les trésors d’une science acquise au prix d'efforts si soutenus. Pour lui, ses titres nouveaux n’entrainaient que de nouveaux devoirs. Il se recueillit, condensa en faveur des élèves de la Sorbonne les résultats de trente années de travail et produisit un livre aussi remarquable par la clarté de l'exposition que par la masse des renseignements qu'on y trouve. IL avait la difficile mission d’enseigner la botanique générale en une série annuelle d'environ trente lecons; les Eléments de Botanique lui permirent de décharger son enseignement de l'exposé historique, des discussions et des renseignements bibliographiques. Nous y trou- vions le complément nécessaire des lecons claires, précises et méthodiques du professeur, qui se plaisait à nous signaler le point précis où l’on était arrivé, les lacunes qui restaient à combler, les problèmes qu'il restait à résoudre. D'ailleurs, travailleur infatigable, M. Duchartre con- tinuait sans interruption sa double tâche; professeur toujours au courant de l’état présent de la science, avec un sens critique qui n’atténuait pas sa bienveil- lance, il s’attachait à résoudre les problèmes dont il réunissait les données. Plus de 150 notes ou mémoires publiés depuis 1861 jusqu’à la veille de sa mort prou- vent qu'il ne se reposait pas, Ses fonctions lui donnaient chaque jour l’occasion de mettre sa science au service des autres. Nous aimons à nous rappeler avec quelle inaltérable obligeance il accueillait les jeunes gens dans son cabinet de travail, avec quelle bienveillante attentionil nous écoutait,com- ment il tirait d'un carton toute la bibliographie du sujet en nous disant : « Jai quelques petites choses là-dessus », Nous n'oublions pas surtout avec quel sou- rire de satisfaction il entendait la confidence de nos premières espérances, de nos premières observations heureuses, et combien elle était encourageante cette poignée de mains si franche qui nous révélait, au départ, l'émotion de son grand cœur. Le dévouement a rempli sa vie; à la Sorbonne, il ne vit que ses de- voirs de professeur et les accomplit sans défaillance jusqu’au Jour où l’âge le fit descendre de sa chaire; à l'Académie, ils'est faitjusqu'au dernier jour un devoirde présenter les travaux qu'on aimait à lui confier; il se plaisait à les faire valoir et les exposait avec une clarté remarquable. Quelques semaines avant sa mort, que rien d’ailleurs ne faisait prévoir, il offrit à l'Institut de Botanique de Montpellier l'herbier qu'il avait formé pendant la pre- mière partie de sa vie scientilique. Cette précieuse collection, comprenant surtout les éléments de la flore pyrénéenne el du Languedoc, révèle l'esprit méthodique de M. Duchartre. Tous ceux qui ont eu le bénéfice de son enseigne- ment ont apprécié les qualités de son esprit; tous ceux qui l'ont approché ont connu la générosité de son caractère el conservent son souvenir comme celui d’un ami aussi discret que dévoué. Cu. FLAHAULT, Professeur de Botanique à la Faculté des Sciences de Montpellier, Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. N°3 15 FÉVRIER 1895 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER LES COMMUNICATIONS ORALES ET MANUSCRITES SUR L'ARGON Paris, 14 Février 1895. College où M. Ramsay professe la Chimie. Le Président de la Société Royale, lord Kelvin (Sir William Thom- Le 30 Aoùt 189%, nous annoncions, dans le Supplé- | son) y avait convoqué tous les membres, non seule- ment de la Revue, la découverte d’un nouvel élément de | ment de l’illustre Compagnie, mais aussi des Socitiés l'atmosphère par lord Rayleigh et notre éminent colla- | de Chimie et de Physique de Londres, et toutes les borateur le Professeur Ramsay. Le 30 Décembre 1894, | notabilités scientifiques du Royaume-Uni. M. A. Etard exposait ici même les faits d'expérience qui avaient conduit ces savants d’abord à supposer, puis à Grâce à la bienveillance dont la Société Royale ho- établir l’existence, dans l’air, d'un gaz confondu jusqu’à | nore cette Revue, nous avons la bonne fortune de présent avec l’azote. M. Etard, décrivant la marche | donner aujourd’hui à nos lecteurs la traduction com- Suivie par les auteurs de la découverte, indiqua la facon | plète des manuscrits lus à cette occasion, manuscrits dont ils avaient isolé le nouveau gaz et déterminé plu- | que la Société Royale n’a pas encore publiés dans ses sieurs propriétés caractéristiques de ce corps. En | Proceedings. Ces mémoires sont ceux : même temps, il appelait l'attention sur la révolution 1° De Lorn Rayzeien et du Professeur Ramsay sur que cette découverte inattendue allait produire dans le | l'Argon, nouvel élément de l’Atmosphère ; Système de la Chimie. La portée d’une telle révélation 2° De M. Wiccram CRooKkEs sur les spectres du nouveau n'échappa à personne, et l'article, très commenté dans | gaz; , le monde scientifique, fit sensation à ce point que les 3: De M. K. OLszewski, professeur de Physique à feuilles quotidiennes elles-mêmes en parlèrent. Cepen- | l’Université de Cracovie, qui est venu rendre compte, dant, il était alors difficile de donner les preuves des | à la Société Royale, de ses recherches sur {4 liquéfac- faits affirmés, car les savants auteurs s'étaient bornés | tion et la solidification de l'Argon. à énoncer leurs conclusions d'une facon très som- A la suite de ces communications, nous publions ]s maire. Pour des raisons que nous espérons pouvoir | discussion, si remarquable, à laquelle de tels travaux indiquer prochainement, ils n'avaient consacré à l’ex- | ont donné lieu, posé de leurs recherches qu’une brève communication Nous croyons utile aussi, pour achever de faire con- ürale. Si extraordinaire semblait leur découverte, que, | naître au lecteur tout ce que l’on sait aujourd’hui sur malgré leur haute notoriété, malgré leur habileté et | l'Argon, d'insérer, dans la présente livraison, le Mé- leur perspicacité bien connues, des doutes s'élevaient | moire que le Professeur JAMES Dewar vient de sou. dans l'esprit des chimistes. Beaucoup se refusaient:à | mettre à la Société de Chimie de Londres, sur un point admettre qu'un gaz, existant dans l'atmosphère à la | particulier de ce grand sujet. dose relativement énorme de 1 °/,, ait constamment Nos lecteurs ont certainement lu dans les Comptes échappé à la multitude des chercheurs qui, depuis | rendus de l'Académie des Sciences parus dimanche der- Gavendish, se sont occupés de l'analyse de l'air. | nier, 40 Février, la Note dans laquelle M. Berthelot à Grande fut donc l'émotion du monde savant lorsqu'il | résumé la découverte des savants anglais. Il serait su- ya deux semaines, lord Rayleigh et le P° Ramsay | perilu de la reproduire ici. Mais, en raison de l'impor- exprimèrent à la Société Royale de Londres le désir | tance exceptionnelle qu'offre, pour la philosophie chi- de luicommuniquer Les résultats deleurs investigations. | mique, la découverte de l'Argon, nous consacrons La Société décida qu’une séance particulière serait | toute la première partie de ce numéro à ce grand évé consacrée à l’audition de leur Mémoire et aussi à la | nement scientifique. Le lecteur trouvera dans les pages lecture des travaux faits par deux de leurs amis sur | suivantes la traduction in extenso de tous les manus- leur nouveau gaz. Cette séance a eu lieu le 31 Janvier | crits et travaux originaux qui viennent d’être soumis dernier, et, par dérogation à l’usage, s’est tenue dans | aux Sociétés savantes sur l’'Argon. le grand amphithéâtre et le laboratoire d’University La Direction. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. 3 90 J.-W. RAYLEIGH ET W. RAMSAY — DÉCOUVERTE DE L'ARGON L’ARGON NOUVEL ÉLÉMENT DE L'ATMOSPHÈRE I. — DENSITÉ DE L'AZOTE DE PROVENANCES DIVERSES. Dans une communication antérieure ! nous avions reconnu que l'azote extrait des composés chimiques est de 1/2°/, environ plus léger que l'azote atmos- phérique. Voici les nombres moyens trouvés pour les poids de gaz contenus dans le ballon dont nous faisions usage : Azote du peroxyde.................... 2,3001 Azote du protoxyde........:..4........ 2,2990 Azote du nitrite d’ammonium.......... 2,2987 Pour l'azote extrait de l'atmosphère nous trou- vions : Azote obtenu par l'action du cuivre au rouge (1892). 2,3103 _ = fer 27011893). 2,3100 — l'hydrate ferreux....... (1894). 2,3102 Sur les conseils du Professeur Thorpe, nous avons entrepris des expériences sur l'azote obtenu par l’action de l'hypobromite de soude sur lurée. L'hypobromite fut préparé avec les produits com- merciaux combinés dans les proportions habituel- lement indiquées pour les dosages de Purée. La réaction fut très bien conduite, et le gaz pulse dégager aussi lentement qu'on le désirait. Dans la premièreexpérience, le gaz ne fut soumis à aucun traitement, il traversait de la polasse el de l'anhydride phosphorique. On reconnut bientôt que cet azole était impur. Le gaz soi-disant inerte et inodore attaquait fortement le mercure de la trompe el avait une odeur de rat mort. Quant à son poids, il était plus élevé que celui de: l'azote atmosphérique. L'action sur le mercure el la mau- vaise odeur de ce gaz disparurent, en grande par- lie. en le faisant passer sur un métal chauffé au rouge. On lui fit traverser un tube contenant du cuivre en fil fin chauffé par des becs Bunsen, puis un tube de fer rempli de fil de ce méial au rouge vif, et, enfin, un tube à oxyde de cuivre. On supprima même ensuite le passage sur le fer en faisant seulement subir au gaz l'action du cuivre au rouge vif. Le résultat moyen, rapporté aux chiffres déjà donnés, fut : 2,2985. Sans l'emploi de la chaleur, on ne peut empè- cher l'attaque du mercure. Même lorsque l'on n'em- ploie pas l’urée, mais que l’on fait barboter de l'air à travers la solution d'hypobromite, on re- connait encore que l'azote passant sur du mercure 1 RayLxiGn. Sur une anomalie reconnue dans la détermi- nation de la densité de l'azote. Roy. Soc. Pro.,vol. LV, p. 340. 1894. contenu dans des tubes en U ternit bientôt la sur- face de ce métal. Il était intéressant de comparer les résultats | obtenus avec l'azote de l’urée à ceux obtenus avec. les autres composés azotés. Le but que nous vis sions ainsi ne put cependant être atleint par ce. procédé : on ne pouvait, en effet, obtenir un gazs pur en supprimant le traitement par un métal au rouge. Cependant l'azote du nitrite d'ammonium peut êlre préparé sans employer les tubes au rouge. Son poids concorde avec les chiffres donnés pré- cédemment, Le gaz sent, il est vrai, un peu l’ammo- niaque, mais ce dernier est facilement séparable par l'acide sulfurique, qui arrête aussi probable= ment un peu de composés oxygénés de l'azote. Le“ poids moyen du gaz ainsi obtenu est 2,2987. 8 Nous reconnûümes que, malgré la faible odeur ni- treuse, il n’y avait pas de différence appréciable entre les densités du gaz préparé avec le nitrite d’ammonium.avecousanstraitementparles métaux » au rouge. Ce résultat est intéressant, car il montre * que l'accord entre les nombres oblenus pour l'azote préparé chimiquement, ne dépend pas de l'usage de la chaleur pour sa purification. Les cinq résultats obtenus par des procédés plus ou moins distincts sont les suivants : Azote du peroxyde........... ,......t.. Ag 2.3001. Azote du protoxyde...................... ..:....2. 2.2990 Azote du nitrite d’'ammonium (purifié au rouge)... 2.2987 Azote del'urée Rec Le: -rerio ie 2,9985 Azote du nitrite d'ammonium (purifié à froid)....... 2.298 En MOYENNE... eee 2.2990M Ces nombres, aussi bien que ceux déjà donnés pour l'azote atmosphérique, doivent subir une ré- duction de 0,0006 pour la contraction du ballon lorsqu'on y fait le vide ?. Si on les multiplie par le ) on ob- tient le poids en grammes du gaz par litre. En pre- nant ainsi les nombres moyens,nous trouvons que, dans les condilions précédentes, le poids par litre de l'azote des composés chimiques est 1,2505, celui. de l’azote atmosphérique étant 1,2572. 11 est intéressant de comparer la densité de l'azote chimique à celle de l'oxygène. Nous avons : Pa al rapporl Az? 9,2984 D TT AA O7 2,6276 1 Ravumien. Sur les densités des principaux gaz. Roy. Soc. Pro., vol. LILI, p. 134. 1893. È J.-W. RAYLEIGH ET W. RAMSAY — DÉCOUVERTE DE L'ARGON 91 Donc si O0? — 16, on a : Az° — 13,9954. Ainsi, dans le cas de l’azote extrait des combi- naisons, le rapport est très près de 16 à 14; dans le cas de l’azote atmosphérique ce rapport est nota- blement différent. A la liste précédente on peut encore ajouter l’azote préparé par d’autres procédés. De l’azote fut extrait de l’atmosphère au moyen du magné- sium. L’azote ainsi séparé fut alors transformé en ammoniaque par l’action de l’eau sur l’azoture de magnésium et ensuite mis en liberté au moyen de l’hypochlorite de calcium. La purification fut opérée, comme d'habitude, par le passage du gaz sur du cuivre au rouge vif et sur de l’oxyde de cuivre. Le résultat fut le suivant : Tare du ballon vide (30 oct.-5 nov.)..... 2.82313 — plein (31/oct.)..--:.".0. 0.52395 POAS AU pAZ men nerviec mers one oioie ont 2.29918 Ce nombre diffère d’une façon inappréciable de la moyenne des autres résultats 2,2990; on doit d’ail- leurs noter soigneusement que ce gaz a fait primi- tivement partie de l'atmosphère. D’autres déterminations, faites avec des appareils diflérents, de la densité de l'azote provenant de la même source, c’est-à-dire de l’azoture de magnésium préparé par l'action de l'azote atmos- phérique sur le magnésium chauffé, peuvent être encore notées ici. L’échantillon différait de celui que nous venons de citer en ce qu'il n'avait pas été traité par le cuivre au rouge vif. Après avoir traité l’azoture par l’eau, l'ammoniaque fut chassée par distillation et recueillie dans l'acide chlorhyärique ; la solution fut évaporée, le chlorure d’ammonium sec redissous dans l’eau et sa solution concentrée traitée par une solution fraichement préparée d'hypobromite de soude. L’azote fut recueilli dans une cloche sur l’eau préalablement bouillie pour en expulser l'air. L’azote passait dans le ballon vide en traversant une solution d’hydrate de potasse et deux tubes secs, dont l’un contenait de la chaux sodée et l’autre de l’anhydride phosphorique. A 18°,38 centigrades el sous la pression de 154%» % de mercure, 162°°,843 de cet azote pesaient 0<,18963 ; donc le poids du litre à 0° sous 760%" est 172521. Le poids moyen d’un litre d'azote chimique est 14#,2505; donc l’azote chimique provenant de l'azote atmosphérique sans avoir été traité par le cuivre au rouge, possède la densité normale. On reconnut aussi que l’ammoniaque provenant de l’azoture de magnésium est identique à l'am- moniaque ordinaire el ne contient pas d'autres composés à caractères basiques. Pour cette déter- mination, l'ammoniaque fut convertie en chlorure _d'ammonium, et le chlore fut titré par le nitrate d'argent préalablement dosé lui-même à l’aide de chlorure d’ammonium pur sublimé. La solution argentique était d’un titre tel que 1® précipitait le chlore de 0%,001701 de chlorure d’ammonium. 1. — Le chlorure d’ammonium provenant d’un échantillon orangé d'azoture de magnésium con- tenait 66,35 °/, de chlore. 2. — Le chlorure d’ammonium d’un échantillon noirâtre d'azoture d'ammonium en contenait aussi 66,35 °/.. 3. — Le chlorure d'ammonium provenant d'azo- ture contenant une grande quantité de magnésium non attaqué, contenait 66,30 °/, de chlore. Prenant pour les poids atomiques de l'hydrogène 1,0032, de l'azote 14,04, et du chlore 35,46, le contenu théorique en chlore du chlorure d'ammo- nium est 66,27 °/,. Nous voyons que l'azote obtenu par l’azoture de magnésium préparé lui-même en faisant passer l'azote atmosphérique sur du magnésium au rouge blanc, a la même densité que l'azote chimique, et que le chlorure d’ammonium obtenu par l’azolure de magnésium a le même titre en chlore que le chlo- rure d’ammonium pur. On peut donc conelure: quele magnésium au rouge vif ne sépare de l'azote atmos- phérique aucune autre substance que l’azote capable de former un composé basique avec l'hydrogène. IT. — RAISONS POUR SUPPOSER L'EXISTENCE DANS L'AIR D'UN ÉLÉMENT JUSQU'ICI INCONNU. La différence des poids étant bien établie, il était indiqué de rechercher si elle ne provenait pas d'impuretés connues. Parmi celles-ci la pré- sence de l'hydrogène dans le gaz, malgré son pas- sage sur de l'oxyde de cuivre chauflé au rouge blanc parut la plus probable. Mais on reconnut que l'introduction intentionnelle de l'hydrogène dans le gaz le plus lourd ne modifiait pas son poids lorsqu'on le traitait comme précédemment avec l’oxyde de cuivre. Cette explication fut donc aban- donnée et il devint clair que la différence ne pou- vait être attribuée à la présence de quelque autre impureté connue. D'autre part, il était possible que la légèreté du gaz provenant de composés chimiques fût due à une dissociation partielle des molécules Az? en atomes. Pour contrôler cette supposition, les deux espèces de gaz furent soumises à l’aclion de l’effluve électrique ; toutes deux conservèrent leur poids inaltéré. Les caractères chimiques de l’azote sont tels qu’on pourrait penser que les atomes de l'azote dissocié possèdent un caractère d'activité plus grand, et que, même au cas où ils pourraient être mis en liberté tout d'abord, ils ne tarderaient pro- bablement pas à se recombiner. Leurs propriétés présenteraient donc une analogie partielle avec celles de l'ozone. 92 J.-W. RAYLEIGH ET W. RAMSAY — DÉCOUVERTE DE L'ARGON EEE EEE ES CUT EU GO Pour contrôler cette hypothèse, un échantillon d'azote chimique fut conservé pendant huit mois; au bout de ce temps, la densité n'avait pas aug- menté, elle était restée exactement la même. Regardant comme élabli que l'un ou l’autre de ces gaz peut être un mélange contenant un corps beaucoup plus lourd ou beaucoup plus léger que l'azote ordinaire, nous avons considéré les diffé- rentes interprélations possibles. Excepté dans le cas de l'hypothèse déjà rejetée de la dissociation, il était difficile de concevoir comment le gaz d'ori- gine chimique pouvait être un mélange. Cette supposition conduirait à admettre deux espèces d'acide azotique, faits inexplicables d’après les travaux de Stas et de différents chimistes sur le poids atomique de cette substance. L'explication la plus simple était d'admettre l'existence d'un nouveau corps dans l’air débarrassé d'oxygène, de vapeur d'eau et d'anhydride carbonique. La pro- portion n’en élait probablement pas très grande. Si la densité du gaz supposé était double de celle de l'azote, l'air en contiendrait 4/2 °/, seulement en volume; si elle n'était qu'une fois et demie cette dernière, il y en aurait alors 1 °/,; mais, en acceptant cette explication même provisoirement, il fallait admettre qu'un gaz, nous entourant de toutes parts, existant en énorme quantité, élait resté aussi longtemps sans même être soupçonné. La méthode généralement appliquée pour recon- naitre si un gaz est pur ou constitué par un mé- lange de composants de différentes densités, est celle de la diffusion. Par cette méthode, Graham est parvenu à séparer partiellement l'azote el l'oxygène de l’air, malgré la différence très petite de leurs densités. Si l'atmosphère contient un gaz inconnu de densité voisine de celle que nous lui supposons, il sera possible de reconnaitre ce fait par l'application de la diffusion à l'air ordinaire. Ces expériences prouvèrent dès le début que l'at- mosphère contient bien le gaz inconnu que les résultats déjà donnés permettaient de prévoir. Quoique celte méthode de la diffusion puisse convaincre l'esprit tout d'abord, elle ne permel pas d'isoler le nouvel élément de l'atmosphère : il fallait donc chercher une méthode plus stricte- ment chimique. L'identification de l'azote (air phlogistiqué) avec un des éléments constituants de l'acide azotique, est due à Cavendish. Ce savant trailait par l'étin- celle électrique une courte colonne de gaz renfer- mée dans un tube recourbé et disposé sur le mer- cure, L'air contenu dans ce lube élait en contact avec une petite quantité de polasse. En opérant ainsi sur des quantités très faibles de matière, Cavendish a résolu un des problèmes les l Roy. Soc. Proc., LV, p. 344. 1894. plus importants de la chimie, et a le premier donné la solution de la question actuellement posée. Voici ses propres paroles : « Tout ce que nous savons sur la partie phlogistiquée de notre atmosphère (azote) se résume en ceci : Elle n’est pas absorbée par l’eau de chaux ou par les alcalis caustiques, elle ne se combine pas à l'air nitreux (bioxyde d'azote), elle n’entretient pas la combustion et la vie; son poids spécifique est un peu plus faible que celui de l'air ordinaire. « L’acide azotique, par son union au phlogistique (hydrogène), est transformé en un gaz ayant les pro- priétés de l'air phlogistiqué (azote); aussi est-il raison- nable de supposer qu'une partie au moins de Pair phlogistiqué (azote) de l'atmosphère provient de cet acide uni au phlogistique; mais il est douteux que le tout soit de cette nature. N'y a-t-il pas là un grand nombre de substances comprises par nous sous cette dénomination d’air phlogistiqué (azote)? « J'ai fait diverses expériences pour voir si tout ou seulement une partie de l'air phlogistiqué de l’atmos- phère pouvait se transformer en acide nitrique, s’il n'y avait pas là un corps de nature différente refusant d'entrer en combinaison. Ces expériences démontrent que la plus grande partie de l'air traitée comme je Pai déjà dit, est absorbée; mais il y a un résidu non fixé. Est-il de même nature que le reste? Pour m'en rendre compte, j'ai traité comme ci-dessus un mélange d'air ordinaire et d’air déphlogistiqué (oxygène) jusqu'à ce qu'il ne restât plus qu'une très faible partie de gaz non combiné. « Pour enlever autant que possible l’air phlogistiqué (azote), j'ai additionné le gaz restant d'air déphlogis- tiqué (oxygène) et continué l’étincelle, jusqu’à ce que je ne constatasse plus d'absorption. Ayant ainsi con- densé autant que possible l'air phlogistiqué (azote), je lai abandonné sur une solution de sulfure de potasse pour absorber l'excès d’air dépklogistiqué (oxygène). « Il me resta alors une petite bulle d’air non ab- sorbée, environ _. de la quantité de gaz primitivement traitée, Il y a done une partie de l'air phlogistiqué (azote), de notre atmosphère qui diffère du reste et ne peut être transformée en acide nitrique. Elle constitue tout au plus x du tout !. » Quoique Cavendish fût satisfait de ce résultal el n'ait pas déterminé si le petit résidu qu'il avait obtenu élait pur, les expériences déjà citées per- mettent de croire que ce résidu élail réellement différent de l'azote el contenait le gaz maintenant appelé argon. III. — MÉTHODE POUR COMBINER L'AZOTE LIBRE. Pour éliminer l'azote de l'air afin d'en isoler quelque autre gaz, nous pouvons uliliser divers absorbants. Les éléments qui se combinent direc- tement avec l'azote sont : le bore, le silicium, le Lilane,le lithium, le strontium, le baryum, le magné- sium, l'aluminium, le mercure, et, sous l'influence de la décharge électrique, l'hydrogène en présence des acides et l'oxygène en présence des alcalis. Un —_——___—_———————— : Cavexnisn : Phil. Transact., vol. 18, p. 271. 1188. J.-W. RAYLEIGH ET W. RAMSAY — DÉCOUVERTE DE L'ARGON 93 mélange de carbonate de baryum et de charbon à haute température jouil aussi de cette propriété. Parmi ces produits le magnésium est certainement le meilleur absorbant. Quand l'azote passe sur ce métal chauffé dans un tube de verre porté au rouge, le magnésium brûle avec incandescence; cette in- candescence commençant à l'extrémité du tube par lequel arrive le gaz, se propage peu à peu et régu- lièrement jusqu'à ce que tout le métal soit converti en azoture. 7 à 8 litres d'azote peuvent être absor- bés dans un seul tube; l’azoture formé est une substance poreuse, sèche, orangée. IV. — PREMIÈRES EXPÉRIENCES POUR CGMBINER L'AZOTE A L'OXYGÈNE PAR L'ÉTINCELLE EN PRÉSENCE DES ALCALIS. Dans le but d'isoler, par la méthode de Cavendish, le gaz supposé, nous avons employé d’abord une bobine de Rumkorff, de grandeur moyenne, ac- tionnée par une batterie de à éléments Grove. Les gaz étaient contenus dans un tube disposé sur une grande quantité d’alcali faible, et le courant était transmis par des fils isolés dans des bâtons de verre courbés, traversant le liquide et venant se terminer sous la cloche. On reconnut que les étin- celles de 5 millimètres étaient préférables à un are plus long. Quand les gaz mélangés étaient dans la proportion normale, l’absorplüion était d'environ 30 centimètres cubes par heure, dix fois plus rapide que dans les expériences de Cavendish. Pour prendre un exemple, une expérience de celte espèce fut faite avec 50 centimètres cubes d'air, et cetair fut graduellementadditionné de nou- vel oxygène jusqu’à ce que, ce dernier étant en ex- cès, il n’y eut plus de contraction perceptible mal- gréle passage del’étincelle durantune heure. Le gaz restant fut alors transvasé dans-une petite éprou- vetle graduée dans laquelle le volume fut reconnu être de 1 centimètre cube. Trailé par un pyrogal- late alcalin, il resta L°%°,32 de gaz. Ce petit résidu ne peut être de l'azote, car, par l’action prolongée de lélincelle, il ne se combine pas, quoique mêlé à l'oxygène dans les proportions les plus favorables. Le résidu fut alors réintroduit dans le tube pri- mitif avec addition de 50 centimètres cubes d'air et le Lout traité comme précédemment. Le résidu fut de 2°%° 2 et, après l'enlèvement de l'oxygène, de 0°%°,76. Quoiqu'il paraisse presque impossible que ce résidu puisse être de l'azote ou de l'hydrogène, on pouvait cependant remarquer qu’à la fin de l'expérience, l’étincelle se produisait dans des con- ditions anormales. L'espace était très restreint et la température plus élevée. Mais les doutes pos- sibles disparaissaient quand on opérait sur une toute pelite quantité. En faisant agir l'étincelle sur un mélange de > centimètres cubes d'air et de 7 centimètres cubes d'oxygène pendant 1 h. 1/4, le résidu était de 0°®°,AT et, aprèsenlèvement de l'oxygène, de 0°%°,06, Les expériences répétées ayant donné des résul- tats similaires, il était clair que le résidu final ne dépendait pas du passage de l’étincelle dans un volume réduit, mais était dans un rapport relative- ment constant avec la quantité d’air employée. Un examen du résidu refusant de s’oxyder ne pouvait être fait sans en préparer une plus grande quantité. La solubilité du gaz dans l’eau permet- tait d'expliquer les différences obtenues, ainsi du reste que cela a été confirmé depuis. On put ce- pendant rassembler dans un tube spécial, construit exprès, une certaine quantité du gaz permettant la comparaison de son spectre avec celui de l'azote dans des conditions similaires; on reconnut que le gaz n'était pas de l’azote. Tout d'abord on n'aper- çoit pas trace des lignes principales de l’azote, mais après avoir conservé le gaz pendant une heure ou deux, ces lignes deviennent apparentes, de l'azote aÿant pénétré dans le tube. V. — PREMIÈRE EXPÉRIENCE POUR SÉPARER L'ARGON DE L'AIR PAR LE MAGNÉSIUM AU ROUGE VIF. Une expérience préliminaire, effectuée par M. Percy Williams sur l'absorption de l'azote atmosphérique exempt d'oxygène au moyen du cuivre au rouge vif, le gaz ne passant pas sur ce dernier, mais restant simplement à son contact, donna comme résidu de densilé : 14,88. Ce ré- sultat, quoique non concluant, était encourageant. Un essai fut fait sur une plus large échelle en fai- sant passer de l'azote atmosphérique sur du ma- gnésium chauffé au rouge dans un tube plus large, dans des conditions de contact plus intime, pour obtenir une quantité plus considérable du gaz pésant. En 10 jours on en réunit 1500 centimètres cubes. — Recueilli sur le mercure, le gaz passa sur de la chaux sodée,sur l’anhydridephosphorique, sur du magnésium chauffé au rouge, puis sur de l'oxyde de cuivre, de nouveau sur de la chaux sodée et de l’anhydride phosphorique, et enfin fut recueilli sur le mercure. Au bout de quelques Jours le gaz était réduit à 200 centimètres cubes. Sa densité était alors de 16,1. Par une absorption plus considérable le volume fut encore réduit. La densité du résidu devint 19,09. L’étincelle passant pendant quelques heures à travers un mélange d’une petite quantité de ce gaz et d'oxygène, son volume fut encore plus réduit. La densité, déter- minée par le calcul, devint alors 20. Le spectre du gaz de densité 19,09, quoique montrant les raies de l'azote, présentait quelques autres lignes qu'on ne put identifier à celles de quelque élément connu. 9% J.-W. RAYLEIGH ET W. RAMSAY — DÉCOUVERTE DE L’ARGON NI, — PREUVE DE LA PRÉSENCE DE L'ARGON DANS L'AIR AU MOYEN DE LA DIFFUSION. Si l'azote atmosphérique contient deux gaz de densités différentes, il sera possible de démontrer ce fait par la méthode de diffusion. L'appareil pour cetessai fut préparé suivant la mé- thode de Graham, en réunissant un certain nombre de tuyaux de pipe. On employa tout d’abord 12 de ces tuyaux en 3 groupes, chaque groupe étant com- posé de 4 tubes réunis en séries. Les 3 groupes furent alors placés parallèlement dans un large tube de verre fermé de façon qu’on pût maintenir un vide partiel, à l’aide de la trompe, dans l’es- pace compris entre les tuyaux. Une extrémité était ouverte à l'air, l’autre extrémité réunie à un aspirateur primitivement plein d’eau et disposé pour attirer 2 °/, de l’air qui entrait à l’autre extrémité. Le gaz réuni ainsi représentait une petite partie de celui qui passait à travers le diffuseur. Il devait être relativement riche en argon. Le courant de l’eau de l'aspirateur ne pouvait être maintenu très constant, mais la quantité de 2 °/, ne pouvait être beaucoup dépassée. L'air ainsi obtenu fut traité exactement comme l'air ordinaire l'avait été pour la détermination de la densité de l’azote atmosphérique, l'oxygène en- levé par le cuivre au rouge vif et l'oxyde de cuivre, l’ammoniaque par l'acide sulfurique, l'eau et l'a- eide carbonique par la potasse et l’anhydride phos- phorique. Pour un poids total d'environ 2“3, l'excès de poids de l'azote traité sur l'azote atmosphérique ordinaire fut, dans quatre expériences, 0%',0049, 0%°,0014, 0%,0027, 0:",0013. L'excès moyen des 4 déterminations est 0#,00262. Si l’on supprime le premier essai, où le vide fut maintenu pendant deux mois, on trouve 0f,00187. Le gaz, ainsi préparé avec l'air, était dans chaque cas plus lourd que celui de l’air non traité et cela beaucoup plus que les erreurs possibles de l’expé- rience auraient permis de le supposer. L’excès cependant était moindre que celui auquel on aurait pu s'attendre et l'arrangement de l'appareil pouvait être transformé. Les expériences furent reprises avec des tuyaux disposés en séries. La surface poreuse, en opérant ainsi, était réduite, mais ce fait était partiellement compensé par l'augmentation du vide. Deux expé- riences, faites dans les nouvelles conditions, don- nèrent un excès de : 4° 05,0037, 2° de 05,0033. L'excès était plus grand que précédemment et dû, sans aucun doute, à une plus grande action de l'appareil de diffusion. On pouvait encore conclure que l'azote atmosphérique est un mélange et non un corps simple. VII. — EXPÉRIENCES NÉGATIVES POUR PROUVER QUE L'ARGON NE DÉRIVE PAS DE L'AZOTE CHIMIQUE. L'existence de l'argon dans l'atmosphère esl démontrée d’une façon très évidente par la compa- raison des densités de l’azote chimique et atmos- phérique, et par les expériences de diffusion que nous venons de citer. Cependant, on pouvait com- pléter ces recherches en étudiant au même point de vue l'azote chimique. Dans ce but, 3 litres d'azote chimique, dérivant du nitrite d'ammonium, furent trailés par l'oxygène et en usant du procédé qui avait donné un résidu avec l'azote atmosphé- rique. Le gaz restant fut traité par Pétincelle jusqu'à ce que son spectre montràt seulement des traces très faibles des raies de l'azote. Le résidu refroidi était de 4 centimètres cubes. On le passa dans une autre éprouvette, on le traita par le pyrogallate de potassium pour enlever l'oxygène. On obtint un reste de 3°%,3. Si l’on avail opéré avec l'azote atmosphérique, le résidu aurait dû être de 30 centimètres cubes. Sur les 3°%,3 res- tants, une part est peut-être le fait d’un accident; le résultat de l'expérience n’en montre pas moins que l’argon ne résulte pas du passage de l’étincelle à travers un mélange d'oxygène et d'azote chi- mique. Dans une seconde expérience identique, 5.660 centimètres cubes d’azote extrait du nitrite d’ammonium donnèrent un résidu final de 323,5 qui consistait principalement en argon. La source de l’argon restant doit être attribuée à l’eau employée pour la manipulation d’une aussi grande quantité de gaz (6 litres d’azote el 11 litres d'oxygène). L’acide carbonique recueilli d’une manière identique et ensuite absorbé par la po- tasse, donne des résultats semblables. On y trouve toujours de l’argon. Des expériences négatives furent aussi faites à l’aide de l'absorption de l’azote par le magnésium. Dans une première expérience, 3 litres d'azote provenant du traitement du chlo- rure d’ammonium par l’hypochlorite de soude et réduit à 4°%3,5 par le magnésium, puis à 3 cenli- mètres cubes par l’étincelle en présence d’oxy- gène, donnèrent comme résidu un corps parais- sant être l’argon. Une autre expérience identique, effectuée avec 15 litres, donna un résidu de 3°"°,5 seulement. Dans ce cas, Pazote atmosphérique donnerait un résidu de 150 centimètres cubes: la quantité trouvée n’en est que le quarantième au plus. On peut considérer que les fuites de l'appareil ont permis l'entrée d'environ 200 centimètres cubes d'air pendant l'opération. D'autre part, l'azote élail recueilli sur l’eau, qui pouvait aussi céder un peu d'argon. Des expériences de cette nature, dr: LA # À Æ % \bsolument négatives, sont extrêmement difficiles exigent un temps fort long pour arriver à une conclusion certaine. VIII. — SÉPARATION DE L'ARGON EN GRAND. . Pour préparer l’argon en grand, l’air esl débar- assé d'oxygène par le cuivre chauffé au rouge. Le ésidu passe alors d’une éprouvette dans un tube à ‘ombustion chauffé et contenant du cuivre, de facon enlever toute trace d'oxygène. - Le gaz restant est ensuite séché sur de la chaux odéeet sur de l’anhydride phosphorique, après son passage à travers un étroit tube en U à acide sulfu- rique servant à suivre la marche de l'opération. Il est alors dirigé dans untube àcombustion contenant le la tournure de magnésium fortement tassée et chauffée en rouge. De ce tube, il passe à travers un second tube témoin etse rend dans une éprouvette de 3 à 4 litres; un seul tube garni de magnésium absorbe de 7 à 8 litres d'azote. La température doit être presque celle de la fusion du verre, et le courant de gaz doit être soigneusement réglé; sinon, la chaleur développée par la réaction de l'azote sur le magnésium déterminerait la fusion du verre. Le résidu du traitement de 100 à 150 litres d'azote atmosphérique fut d'environ 4 à 5 litres. On le fit passer à l’aide d’une pompe Sprengel à “travers un tube contenant dans sa première moilié “du cuivre et dans la seconde de l’oxyde de ce -métal ; puis, à travers un second tube renfermant de la chaux sodée et de l’anhydride phosphorique disposés comme les deux absorbants précédents. nil passait de là dans un réservoir de 300 centimè- tres cubes de capacité, d'où on pouvait le chasser “dans une éprouvette à l’aide du mercure. Il passait “ensuite à travers un tube contenant de la tour- -nure de magnésium chauffée au rouge brillant. Le -gaz est ainsi débarrassé de toute trace d'oxygène, d'hydrogène et d'hydrocarbures, et l'azote est ab- sorbé peu à peu. _ Le gaz diminue progressivement en pnee finalement l'appareil estrempli d’argon pur; il est réuni, d’ailleurs, à une pompe à mercure, pour ne pas perdre de. gaz quand on change le tube à magnésium. Avant de laisser refroidir le tube à magnésium, on pompe soigneusement le gaz, que l’on recueille dans une éprouvette. Tout l’argon est ensuite transvasé du réservoir à mercure dans une seconde éprouvette pleine d’eau saturée d’argon. Pour empécher l'entrée d'oxygène ou d’azote, il est préférable de recueillir sur le mercure. L'enlève- _ ment total de l'azote se fait lentement, cependant on y parvient habituellement en deux jours. L'objection principale à la méthode de prépa- ration de l'argon par l'oxygène est son extrême J.-W. RAYLEIGH ET W. RAMSAY — DÉCOUVERTE DE L'ARGON lenteur. Nous pouvons cependant remarquer que M. Crookes a appelé tout récemment l'attention sur les aigrettes existant à l'extrémité des élec- Lrodes en platine, entre lesquelles s'effectue la dé- charge électrique alternante à haute tension. D'a- près lui, elles proviennent de la combustion de l'azote et de l’oxygène de l'air. L'appareil employé consistait en un alternateur de Méritens, actionné par un moteur à gaz, et les courants étaient transformés en courants à poten- tiel élevé par une bobine de Rumkorff. L'absorp- tion la plus considérable à laquelle on puisse arri- ver, est d'environ trois litres par heure, soil 3.000 fois plus rapide que dans l'expérience de Cavendish. Il est nécessaire de refroidir l’appa- reil, et il y a, de plus, maintes causes d’insuccès. Dans une expérience de cette espèce, l'air total | traité pendant sept jours s'élevait à 7.925°%, on y avait ajouté 9.137 pour l’oxygène du chlorate de potasse. Les septième et huitième jours, on fit arri- ver de l’oxygène seul, environ 500! furent absor- bés. Il restait dans le vase un résidu de 700. Donc l’airet l'oxygène s’étaient combinés dans le rap- port es Pe temps en temps an suivait au spec- troscope la disparition graduelle de l'azote. Cette dernière devint très lente vers la fin. Enfin la ligne jaune caractéristique de l’azote disparut, et on ne constata plus d'absorption en deux heures de temps. Il est important de noter que, au fur et à mesure de la disparition de l'azole, l’élincelle changeait d'aspect, devenant plus étroite et plutôt bleue que verte. Le traitement final des 700° restants fut iden- tique aux opérations déjà citées. Malgré des addi- tions successives d'oxygène et d'hydrogène élec- trolytiques, on ne peut réduire le volume au delà de 65°, Ce résidu ne s’ox yde plus, ilne présente plus la ligne jaune de l’azote, même dans les conditions les plus favorables. Quand le gaz a séjourné quel- ques jours sur l’eau, les lignes de l'azote réappa- raissent dans le spectre, et on ne peut les faire dis- paraitre qu'en traitant de nouveau par l’étincelle, pendant quelques heures. IX. — DENSITÉ DE L'ARGON PRÉPARÉ PAR L'OXYGÈNE. Une première estimation de la densité de Vargon préparé par l'oxygène découle des faits déjà connus nous donnant le volume du nou- veau gaz contenu dans l’air. En admettant que la différence de densité entre l’azote atmosphé- rique et l'azote chimique soit la conséquence de la présence de l’argon dans le premier, et que pen- dant le traitement par l'oxygène rien nesoitoxydé, à part l'azote, si : — densité de l’azote chimique D'— densité de l'azote atmosphérique 96 J.-W. RAYLEIGH ET W. RAMSAY — DÉCOUVERTE DE L'ARGON d = densité de l'argon a = volume proportionnel de Vargon dans l'azote atmosphérique, la loi du mélange des gaz nous donne : ad + (1 — à) D = D' d’où d= D + (D'— D) a Dans cette dernière formule (D'—D) et « sont tous deux petits, mais ils sont connus avec une grande approximalion. Par ce qui précède ‘nous savons que : donc si : — 2,2990 D'=— 2,3102° on trouve : d = 3,318. Ainsi, si Az? — 14, O0? sera 20.6. Une détermination directe par pesée doit être faite; mais iln’a pas élé encore possible de re- cueillir par ce moyen une quantité de gaz suffisante pour remplir le ballon employé pour ces détermi- nations. Un mélange d'environ 400 centimètres cubes d'argon avec un exeès d'oxygène pur à donné comme poids 2,7315 ; le même volume d'oxygène seul pesait 2,6270. L'excès de la première pesée est de 0,1045. Si «a est le rapport du volume de l'argon au volume Lolal, le nombre pour ce gaz sera : 01045 — 16 et la densité de l'argon 2,6270 + La valeur de « étant déterminée par un excès de poids sur le poids de l'oxygène, on ne peut la con- avec une très grande approximation. Des analyses suffisamment concordantes par deux méthodes donnent « — 0,1845; d'où, pour le poids du gaz, nous obtenons 3, 193: done, si O?=— 16, nailre la densité du gaz, par rapport à l hydrogène, sera 19,45. Si on admet la présence d'un peu d'azote dans le gaz, une correction conduit à la densité 19,7 pour l'argon pur. X. — DENSITÉ DE L'ARGON PRÉPARÉ AU MOYEN DU MAGNÉSIUM. On a déjà donné celte densité : elle est de 19,09, et, après traitement par l'oxygène et l’étincelle, elle s'élève à 20. Les meilleurs résultats d'une série de déterminations ont comme moyenne 19.90. La difficulté réside dans l'enlèvement total de l'azote. L'échantillon de densité 19,90 ne mon- trait plus le spectre de ce gaz. La densité la plus haute obtenue fut 20,38. Mais va a pu faire une erreur en raison du poids élevé du ballon. donné XI. — SPECTRE DE L'ARGON. Le spectre de l'argon consiste en un grand nombre. de lignes distribuées sur la presque totalité du champ visible. Deux lignes sont spécialement caractéristiques. Elles sont moins réfrangibles que 4 les lignes rouges de l'hydrogène ou du lithium et permettent d'identifier ce gaz. On trouvera ci- des- sous une communication de M. Crookes sur ce sujet. Ce physicien et M. le Professeur Schuster ont. identifié, par l'étude spectrale, l’argon provenant de l'azote atmosphérique traité par le magnésium, ct. celui que l’on DEARÊte par l’étincelle en présence. de soude. XII. — SOLUBILITÉ DE L'ARGON DANS L'EAU. L'eau à 12° dissout 3", 94 °/, d'argon préparé par. l'étincelle ; à 13°,9 elle dissout 41,05 °/, du même gaz préparé par le magnésium. Ce corps est done. deux fois et demi plus soluble que l'azote etpresque autant que l'oxygène. Ce fait nous amène à à remar= quer que les gaz provenant de l'eau pure renfer= meront une Toner d’argon plus grande que celle de l'atmosphère. L'expérience confirme celte remarque. On a pesé l'azote provenant du gaz de. l'eau d'une citerne. Les poids furent 2,3221 gr. et 2,3327 gr., soit un excès de 24 milligrammes sur le poids de l'azote pur et de 11 milligrammes sur celui de l'azote atmosphérique. XIIT. — CARACIÈRES A BASSE TEMPÉRATURE. Des expériences préliminaires entreprises pOur liquéfier l'argon à — 90° sous 100 atmosphèress échouèrent. On ne constata pas trace de liquéfac- lion. M. Olszewski reconnut que le point critique de. ce gaz elson point d'ébullilion sont situés plus bas que ceux de l'oxygène. Il a obtenu l'argon en cris Laux blancs en opérant sur un échantillon très pur préparé par le magnésium et ne renfermant pas trace d'azote appréciable au spectroscope. XIV. Pour déterminer si ce gaz est un élément ou un corps composé, NOUS avons entrepris une série de recherches sur la vitesse de propagalion du sons dans ce milieu. Rappelons à ce sujet que, de lan vilesse du son dans un gaz, on peut déduire lem rapport de la chaleur spécifique à pression cons=. tante à celle à volume constant, d’après l'équation: — RAPPORT DES CHALEURS SPÉCIFIQUES. le n=U—= \ 5 (+ œl) — où n est le nombre de vibrations. À la longueur d'onde. v la vilesse. . sieurs termes disparaissent, et le rapport des cha-. . leurs spécifiques de l’un des gaz peut être déduit Le ed RE PAR e ee PNR EPP EL LUE AN OT J.-W. RAYLEIGH ET W. RAMSAY — DÉCOUVERTE DE L'ARGON 497 -:_-e le coefficient d’élasticité isothermique. -d la densité. (1 + at) le binôme de température. C la chaleur spécifique à pression constante. e la chaleur spécifique à volume constant. -_ En comparant à la même température deux gaz -obéissant avec une approximation suffisante à la loi de Mariotte et en employant le même son, plu- de celui de l’autre, si ce dernier est connu, par la proposition suivante : xd 1,4 NEC è où, par exemple, À et d se rapportent à l'air pour _ lequel ce rapport est 1,41 d’après Rôntgen, Wül- ner, Kayser, Jamin et Richard. Deux séries complètement différentes d'expé- riences, — une dans un tube de 2 millimètres de diamètre, l’autre dans un tube de 8 millimètres, faites avec des échantillons de gaz complètement différents, — ont donné comme rapport pour la première série 1,65 et pour la seconde 1,61. Des expériences de contrôle exécutées avec le premier tube ont donné pour l'acide carbonique 1,276, au lieu de 1,288, moyenne des détermina- lions faites jusqu'à ce jour. La demi-longueur d'onde du son dans l'hydro- gène a été trouvée de 73,6 au lieu de 74,5, moyenne antérieure, et le rapport des chaleurs spécifiques de l'hydrogène fut 1,39 au lieu de 1,402. L'argon donne comme rapport des chaleurs spé- cifiques 1,66. C'est done, comme on le verra plus loin, un gaz dans lequel toute l'énergie est de trans- lalion. s Le seul gaz donnant des résultats semblables est la vapeur de mercure à haute Llempéralure. XV. — Essais POUR PRODUIRE DES COMBINAISONS CHI- MIQUES DE L'ARGON. Nous avons fait de nombreuses expériences pour faire entrer l'argon en combinaison. Ces essais ont été négatifs jusqu'à maintenant. Sous l'influence de l'étincelle, l’argon ne se combine ni avec l'oxy- gèneen présence des alcalis, ni avec l'hydrogène en présence des acides ou des bases, ni avec le chlore sec ou humide. Il ne réagit pas sur le phosphore ct le soufre au rouge vif. On peut distiller le tellure dans un courant de ce gaz; dans les mêmes con- dilions le potassium et le sodium conservent leur éclat métallique. IL n’est pas absorbé en passant sur de la soude caustique ou sur de la chaux sodée chaulfée au rouge blanc. Le nitrate de potassium, le peroxyde de sodium, à la même température, ne réagissent pas sur ce REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895 : REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. - Cependant, la plupart de nos pêcheurs se ren- dant dans les parages de Terre-Neuve exploitent plus particulièrement les eaux marines qui surmon- tentles hautsplateaux sous-marins, les Bancs, situés entre la colonie anglaise et les îles Saint-Pierre et Miquelon (Grand Banc, Banc à vert, Banc Suint- Pierre, ete.).Le poisson est là simplement soumis à une salaisonlé- ! gère et entassé | dans lacaledes | ne £ | navires (salai- DOGGER'S BANK. son en grenier). Cette conser- : vation préven- tive, dite en TERRE vert, permet seulement d’a- NEUVE mener le pro- duit, soit à St- A Pierre, soit dans des cen- EE tres déterminés de la métropole, où il subit, dans des conditions convenables, les diverses manipula- tions qui doivent assurer saconservaltion définilive, S'Brieuc |} FAe > NE se "à Ex AE F A NS ŸS S SAS ESS > -Ÿ RNA RSR Se MIE RS SSSR ESS IS nd ” Z Sas ni à LP D À £ 8 5 À 6 5 4 & S SUÉÈRÉS Fig. 41 C’est en vert, également, que se fait la salaison de la morue pêchée dans les mers d'Islande. Les Bretons pratiquent, là encore, le mode de salaison dit en grenier ; les Normands et les Flamands sa- lent en barils. Les centres métropolilains dans les- quels la morue subit ses préparations conserva- trices définitives sont : Saint-Nazaire, la Rochelle, Bordeaux, Cette, Port-de-Bouc. ge | LU Mt ÉÉTANONPELEET LELLPTEE PEER) CL ONE | | | 4 ‘1 A”. FTDT)NOULITO ÿÿ HN 'SOJUENT CEZENTÉS O0 1) à T MU ET EEI © SaUUPA NE RRAETTET Hd crte *'RPOLIPITO rad Cn. Ip} ZèusuA19n0/7 J2.BUIP) : JS. À “7onDrroy Z JE on 3 JFVI SOU XIET LOU ° HOIUTET ROUTES dar JU 0NaLIT; S" eut OS PJP)UP7 2J[AUPIT TE : Simoqgzeya : 1SPEM;S". A 157 / 189! *"RJLAUO LT in 97 ju IT Uanou 2.44 27T dues g eddor(r 7-20de.1T Me S AI ES , euÿo/nog rresie)e) “eu1)9A Pa “onbusquag cheurs el des baleaux employés à la pêche côtière dans les différents quartiers ra ils p érie. arlilion des inser de France et d'Alg Kép écheurs artition des p représente le édian In e graphique la page 115) représente la rép à 100 hommes). page 114 entant horizontale représ ique inférieur (s'étendant de la Le graphi (chaque division Le 20 de odhi OUT PTVT UP.TQ **0199 C4 D ‘CUSET ny) SRUEUTT OI] LA a et S9 QU SoutPD ‘29 Do rZ 38" nombre total des bateaux e division horizontale reprè- e 10 bateaux). le chaqu ( sente 38/01) PT LIL STE eu que quartier que supérieur repré de chaque quartier (chaque division horizontale représent OT AGE PF — :UUeudaquem 20 sopuoA-7mg À znT ouuoÂeg PRE ASAL PT RARE uote 7 Suile aux graphiques de la page précédente u de jauge). — Le graphi ‘10/90 04] REP. (| M emeuer ÉiL [LU SUPLEN ge sente 1 tonnea | V'EOP S9/QES ST nn C $, Ka & & tonnage moyen des bateaux employés dans cha G. ROCHE — E'INDUSTRIE FRANÇAISE DES PÈCHES MARITIMES 116 centaine de tonneaux et sont montés par un équi- page de vingt à vingt-cinq hommes. Neufs et tout armés, ils coùlent environ 60.000 francs. Leur armement annuel revient à La pêche dans les mers d'Islande débute au mois de mars et se termine en septembre ; celle à Terre- Neuve débute en avril et finit en août. Pour obte- nir les primes qui leur sont allouées, les armateurs doivent jusüifier, d’ailleurs, de ce que leurs bateaux UE Avril — US 27 IWäight | É = Noy-Janvier | | À srart-Point x CN 27 C.de la Hague IN dHanrg - CHR “de la Hague Fig. 13. — Terrains pour la pêche haulurière du Hareng el du Maquereau, d'après le Dr Eugène Canu. Neuve ont une jauge plus forte (125 à 300 Lon- neaux). Quelquefois ils transportent, outre leurs propres équipages, soit le personnel des saleries du French Shore, soit des marins destinés à armer des goéletles hivernant à Saint-Pierre. ont stationné un temps déterminé, variable sui- vant les régions, sur les lieux de pêche. Le rendement général de la grande pêche est d'environ 13 millions de francs, ainsi réparuis : Islande, 5 millions; Terre-Neuve, 8 millions, (fig. 10). La figure 11 représente les importances comparées, en bateaux, des divers ports français di où l’on arme pour Terre-Neuve, l'Islande et la Pêche côtière. — L'expression « pêche côlière » esl un terme générique qui est appliqué à l’ensem- ble des pêches exercées aux abordsdes côtes ou au large, dans les mers qui avoisinentla France, Elles mer du Nord. Les bateaux qui vont en Islande sont générale- ment, aujourd'hui, gréés en goélette, jaugent une pére. 2 U HS re “4 G. ROCHÉ — L'INDUSTRIE FRANÇAISE DES PÊCHES MARITIMES 117 ne nécessitentpas, comme la grande pêche, pour les marins qui les pratiquent, de longs mois de séjour loin de leurs foyers; mais quelques-unes, cepen- dant, exigent une navigalion assez longue et diffi- cile; d’autres, qui ont pour théàtre les régions voisines du littoral, semées de récifs et parcourues par des courants de marée variables et violents, sont d'autant plus périlleuses qu'elles ne peuvent utiliser que de faibles bateaux; quelques-unes, enfin, sont exemples de dangers d’une façon gé- nérale et, n'exigeant que de courts déplacements, constituent des métiers qui, s'ils ne sont pas tou- jours très rémunérateurs, ne sont jamais pénibles comparativement aux autres industries maritimes. On comprend donc sous cette appellation, en même temps que la pêche des Boulonnais dans la mer du Nord et celle des Grésillons dans l'Océan : la pêche de la crevette sur les fonds littoraux, celle du saumon à l'embouchure des rivières et celle des poissons d’eau saumâtre dans les lagunes de la Méditerranée. La figure 12 montre la répartition des inscrits de la pêche côtière suivant les quartiers, ainsi que celle des bateaux qu'ils arment avec le tonnage moyen de ces bateaux !. Nous ne saurions examiner en détail, ici, les industries ressortissant aux pêches dans les di- verses régions de la France maritime. Nous nous bornerons à indiquer la valeur de chacune des principales, ainsi que les régions qu’elles ont pour théâtre et les ports qu’elles intéressent. La pêche du hareng, par exemple, exercée sur tout le littoral de la Manche, de Dunkerque à Cherbourg, par les marins de toute celte région, est faite par les pêcheurs de Boulogne, de Saint-Valery-en- Caux et de Fécamp, dans la mer du Nord, des Shetlands au Pas de Calais (fig. 13), à partir du mois de juin jusqu'au mois de février. Elle produit annuellement 10 millions de francs, dont 4 mil- lions pour la seule pêche hauturière des ports du Boulonnais et de la Seine-Inférieure, Ces mêmes ports arment les mêmes bateaux pour la pêche du maquereau, en mars et avril, dans les eaux avoisinant l'Irlande et le pays de Galles. Le maquereau est d'ailleurs capturé dans les eaux littorales françaises de Dunkerque au Croisic et sur les rives méditerranéennes avec filets flottants el à la ligne. La pêche du maquereau (fig. 13) pro- duit la somme annuelle de 4.500.000 franes. ! La figure du tonnage moÿen comparé des bätiments pécheurs permet de comprendre comment certains quartiers où se trouve une nombreuse population maritime ne dispo- sent que d’un nombre d’embarcations inférieur à celui de quartiers moins populeux. Quelques ports, en effet, celui de Boulogne par exemple, n’arment presque uniquement que des bateaux de forttonnage, montéspar un nombre d'hommes relativement grand et destinés à la pêche en haute mer. Comme le hareng et le maquereau, /« sardine, qui est pêchée dans les eaux côlières, de Lannion à Saint-Jean-de-Luz, de Banyuls à Menton et de Nemours à la Calle, est surtout destinée à fournir des conserves alimentaires. Son exploitation la plus active se fait entre Douarnenez et les Sables- d'Olonne. En dehors des côtes bretonnes et ven- déennes, ce poisson n’est guère utilisé que pour la salaison, concurremment avec l'anchois. La pêche de la sardine n’emploie que de faibles bateaux montés par cinq ou sixhommes d'équipage. Elle pro- duit, bon an, mal an, une douzaine de millions de francs — encore que, sans qu'on en connaisse les causes naturelles, ce chiffre soit soumis à d'assez considérables variations. La pêche du germon au large, dans le golfe-de Gas- cogne, emploie de juin à octobre deux cents ba- teaux d’une trentaine de tonneaux de jauge montés par cinq hommes et trainant leurs lignes des côtes d'Espagne aux côtes d'Irlande. Elle produit 2 mil- lions et demi de francs par année, répartis surtout entre les ports de Groix, du Croisic, des Sables, de l'ile d’Yeu et de la Rochelle. Les grands crustacés, homards et langoustes, sont capturés au casier dans presque toutes les régions rocheuses du liltoral, mais surtout depuis l’'Aberwrac’h jusqu'à l'ile d'Yeu. Les pêcheurs de la pointe du Finistère vont même poser leurs engins jusqu'à plus de 20 milles au large. Produisant en France (Corse et côtes méditerranéennes com- prises) 3.500.000 francs, cette pêche n'est faite (sauf à Hœdicel Houal) qu'avec de faibles bateaux. Le saumon, quiest pris dans quelques rivières de Normandie et de Bretagne, est pêché activement à l'embouchure de la Loire, dans la Dordogne, l’A- dour el la Bidassoa. Dans son ensemble, cette pêche produit annuellement un million de francs. La pèche purement littorale de la crevette (grise ou rose) est très développée sur les côtes de la Somme, dans la baie de Seine el sur les côtes ven- déennes. Exercée au petit chalut et aux casiers spéciaux, celte industrie fournit un rendement an- nuel d'un million environ. Enfin le poisson destiné exclusivement à être con- sommé à l'état-frais, pèché au chalut ou aux cordes de fond, au large ou à la côte, fournit aux pêcheurs français uu rendement annuel de 36 millions de francs. Boulogne et Trouville envoient pour cette pêche leurs bateaux jusque dans la mer du Nord; les chalutiers du Nord, de la Somme, de Normandie (carton de la figure 13) draguent dans la Manche jusqu'en vue des côtes anglaises; ceux du golfe de Gascogne vont de Groix au fond du golfe de Biscaye, trainant leurs engins à des profondeurs variant de 30 à 150 mètres (quelquefois à plus de 40 milles au large). Près de mille bateaux de GRANDE PÈCHE Doader Bank eu RER IsiAh de ni Es Terre-Neuve -- EEE — Pêche au grand Chalut dans fa Manche RS et la Mer du Nord Pêche du Hareng sur les côtes d'Ecosse et d'Angleterre Pêche du Maguereau .—: d'Irlande Pêche aux grandes cordes A Centres principaux >} pour l'industrie des /| conserves de poissons Er Pêche de la Crevette rose LC: ORochefort au petit Chalut ‘ ( b Marèpnes à Saintes Pêche du ; j A nr Germon / e 2 Pêche hauturière 2 (== du Poisson frais = 5 \ { FT MECS RE Perg 2 Bayonne SA ean de Lux | ÆEd.Oberlin Gr. : | Fig. 44. — Carle de la Distribulion des diverses industries ressorlissant aux pêches maritimes sur le littoral de la Manche 4 et de l'Océan. — Les grosses lignes, qui entourent tout ou partie des côtes, encadrent chacune les ports armant pour : les pêches qu’elles indiquent. — Les pêches spéciales, na forment chacune une grande industrie, sont mentionnées, en | divers points de la carte, par des légendes iaol68e. Les lignes fines et ponctuées qui émanent de chacune de ces légendes indiquent, pou chaque pêche, les ports qui la pratiquent. — Les légendes inscrites vers le haut de la carte se rap- | sortent à la grande pêche et indiquent les ports qui arment respectivement pour Terre-Neuve, l'Islande et le Dogger- 3ank (bancs de la mer du Nord). Les noms de localités portés sur cette carte sont, non pas ceux de tous les ports, mais | ceux des quartiers et des principaux syndicats. | D pdt 14 à 45 tonneaux, montés par cinq ou dix hommes, font cette pêche, sur le plateau continental de nos côtes de l'Ouest et du Nord. En Méditerranée, la pêche au bœuf (analogue à celle au grand chalut) est exercée par des inscrits de Collioure, Agde, Gette, Aigues-Mortes et Martigues, en France, et par ceux d'Oran, Ar- zew, Cherchell, Alger, Bougie, Phi- lippeville et Bône,en Algérie (fig. 16). Travaillant dans le golfe de Lion, les pêcheurs de nos côtes métropoli- taines ne font d’ailleurs pas de long séjour en haute mer et viennent à terre tous les matins, pour vendre le produit de leur travail. Sur les côtes de la Manche, de l'Océan et DU [HU on -G. ROCHÉ — L'INDUSTRIE FRANGAISE DES PÈCHES MARITIMES 119 soit que les sociélés qui en ont pris l'initiative n'aient pas été administrées d’une facon suflisam- ment rigoureuse, soit que les types de moteurs fussent trop coûteux dans leur fonctionnement. L'avenir nous réserve-t-il cepen- dant de voir les fonds du large ex- ploités au moyen de bateaux à va- peur, ou tout au moins de bateaux aménagés comme ceux de Boulogne et s’adjoignant des chasseurs à va- peur? On ne le saurait dire, mais ce perfectionnement industriel servi- rait, il faut le reconnaitre, les inté- rêts du recrutement de la flotie na- tionale — qui a bien plus besoin aujourd’hui d'un très nombreux per- : sonnel de chaufferie que de mate- même d'Algérie, les bateaux tien- lots de pont. nent la mer de quatre à dix jours (fig. 14). Les Anglais et les Allemands em- CTI La pêche littorale du poisson frais, faite au moyen de faibles bateaux, est surtout active sur les côtes mé- ploient aujourd’hui une grande quantité de vapeurs pour la pêche au large. Les seuls bateaux de ce genre utilisés dans ce but, en France, sont au nombre de 23, dont: 2 à Boulogne, 3 à Dieppe, 7 à Arca- chon, 3 à Saint-Jean-de-Luz, 4 à Agde, 2 à Oran et 2 à Alger. De plus, 23 chaloupes Fig. 15. — Comparaison de la va- leur totale des baleaux et des en- gins de pêche dans les cinq arron- dissements. (Chaque division ho- rizontale représente 1000 francs.) A TENTE || LR AN OMINNNNNITTT NL tropolitaines de la Médilerranée. D'ailleurs, de Marseiile à Menton, le plateau continental est si étroit, les eaux deviennent rapidement si profondes qu'il est impossible de pratiquer là autre chose que celte petite pêche littorale, aux cordes, aux casiers, aux filets flottants et même aux également mues par la vapeur (dont 17 à Bou- filets trainants. Outre le maquereau, la sardine t4 Nouvelle ù “) Port Ven reg. ERRD 0 (Ce Cerbera . pl lonae NICE AM Grasse ë Fig. 16. — Principaux ports de péche des côles métropolitaines de la Méditerranée. logne et 6 à Dieppe) font la pêche aux cordes dans la Manche. Enfin, tous les voiliers boulonnais sont pourvus d’un cabestan à vapeur pour le halage des engins à bord. Bien d’autres tentatives ont été faites sur nos côtes pour généraliser l'usage de la vapeur dans la pratique de la pêche hauturière ; ces tentalives n'ont pas été couronnées de succès, et l’anchois qui sont pêchés dans les eaux en- vironnant le rivage, en Catalogne, dans le Lan- guedoc et en Provence, avec des filets flottants ou de grandes sennes, ces animaux, ainsi que le thon et surtout les poissons destinés à être consommés à l’état frais, sont encore pêchés avec des engins dérivants, trainants ou fixes, ap 120 (, ROCHÉ — L'INDUSTRIE FRANÇAISE DES PÊCHES MARITIMES propriés aux habitudes spéciales de ces êtres. Tous les pêcheurs qui, en France, travaillent dans les eaux littorales doivent avoir, en effet, une connaissance approfondie du régime des êtres qu'ils veulent capturer et des conditions — océa- nographiques en quelque sorte — du milieu où ils posent leurs engins. Pour être empiriques, ces notions n'en sont pas moins précises, el, sui- vant les espèces de poissons, suivant l'époque de l'année et même l'heure de la journée, les pêcheurs varient la nature, la position et la ma- nœuvre de leurs filets. Il n’est pas, dans les limites des eaux qu'ils exploitent, un enrochement, un haut-fond, une prairie sous-marine, ete., dont ils ne connaissent la configuration et l'étendue. Au surplus, les produits de leur travail ont une valeur marchande supérieure à celle des produits de la pêche au large qui ont subi l'action du glaçage. Malheureusement, quelle que soit la fécondité des eaux marines, l'exploitalion intensive des régions littorales en a amené en grande partie une stérili- sation qu'accentue la guerre acharnée faite avec des engins trainants aux animaux comestibles qui s’y rencontrent. Les pêches littorales ne sont donc que de « petits métiers ». En Méditerranée, elles sont l'occupation des trois quarts des inscrits. Cet élat de choses peut être bien figuré par la comparaison des va- leurs totales des bateaux et des engins dans les cinq arrondissements maritimes (fig. 15) et par l'inspection des tableaux comparatifs de la répar- tilion des bateaux et des inscrits dans ces mêmes arrondissements (fig. 1, 2, 3, 4). La figure 15 nous montre, notamment, que sur les côtes métropolitaines de la Méditerranée la valeur des engins est double de celle des bateaux qui servent à leur manœuvre. VI Ramené à terre, le poisson, destiné à êlre con- sommé à l’état frais, est vendu à des écoreurs (des mareyeurs) dans les petits ports. Dans les ports plus importants existent des criées, où les repré- sentants des marchands de l'intérieur des terres viennent acheter ce poisson, et dont la créalion a souvent procuré de sérieux avantages pécuniaires aux gens de mer. Du reste, les municipalilés ont trouvé pour leur compte de sérieux profits dans l'installation, par elles, de ces poissonneries, puis- qu’elles perçoivent sur le montant de la vente des produits marins un droit proportionnel à ce chiffre de vente (3 à 5 Z) et qu'elles exigent, en outre, une rétribution pour la place occupée sur le carreau par le butin du pêcheur. Quant aux animaux destinés à ! industrie des conserves alimentaires, ils sont vendus dans les poissonneries ou — plus généralement — achetés directement sur les quais des ports et même sur les lieux de pêche par les usiniers. Parmi les animaux pêchés, les uns, en raison de leur constitution spéciale, peuvent être expédiés vivants vers les points de consommation (ho- mards, langoustes, huîtres, etc.), les autres doi- vent être prolégés contre une décomposilion fata- lement rapide, — et pour une plus ou moins longue durée, — par divers moyens qui varientsuivant les animaux et l'éloignement de leurs lieux de capture de la région où ils sont consommés. Si, dans quelques ports de notre côte, on se borne (parti- culièrement en hiver) à expédier le poisson dans un emballage de paille ou de varech, il faut, le plus généralement, pour ces expéditions, mettre les produits marins dans des conditions telles que les micro-organismes susceplibles de leur faire subir une fermentation putride ne puissent s'y développer. Naturellement, ces procédés, en modifiant plus ou moins la substance comestible, modifient également sa sapidilé. Pour les produits de la pêche côtière (hauturière ou littorale) destinés à être consommés à l’état frais, leur conservation est assurée par le glaçcage. La glace employée par les pêcheurs est importée de Norvège ou fabriquée directement dans les ports du littoral. Elle paralyse, tout le temps que dure l’abaissement de température, l’activité des levures ou des microbes et empèche leur sporula- tion. D'autres animaux doivent être l'objet d’une conservalion plus longue. Ainsi l'on recourt, sui- vant les cas et pour assurer celle-ci, à la dessicca- lion (morue sèche), à la salaison (morue, hareng, sar- dine, anchois, maquereau salés), où au fumage du poisson (Aareng saur, saumon fumé); enfin, au lieu dé les soumettre à l'action d’antiseptiques, on peul stériliser définitivement les produits marins en les soumellant à l'influence d'une haute température, sous pression (sardine et thon à l'huile, hareng et ma- quereau marinés, conserves de homard). Certaines de ces opérations font, à proprement parler, partie intégrante des opéralions de la pêche et sont pratiquées à bord même des bateaux, lors de la capture des animaux marins (glacage du poisson frais); d'autres, commencées à bord des embarcalions, ne sont achevées qu'à terre, en des points avoisinant les lieux de pêche — où se trou- vent des installations rudimentaires aménagées à cet effet (morue salée de la côte de Terre-Neuve, sardine et anchois salés de la Méditerranée) — ou dans de grandes manufactures très éloignées parfois des régions de capture (morue salée en vert à Terre- Neuve et Islande et définitivement préparée en France, hareng sulè d'Ecosse, maquereau d'Irlande). Enfin, D “ G. ROCHÉ — L'INDUSTRIE FRANÇAISE DES PÊCHES MARITIMES 121 certains procédés de conservation nécessitent des manipulations mulliples et conséquemment une installation compliquée avec une main-d'œuvre considérable qui ne peuvent être réunies que dans des usines bien aménagées sur le littoral (hareng saur, sardine et thon à l'huile, hareng et maquereau ma- _ rinés). Les pèches maritimes donnent donc naissance à de véritables et très importantes industries secon- daires, employant un personnel nombreux, faisant fructifier un capital énorme et semant dans la nation une richesse d'autant plus considérable que le travail des marins-pécheurs est plus fructueux. VII Ayant ses débouchés dans l'alimentation publi- que, l’industrie des pêches maritimes est directe- ment influencée par la facilité et la rapidité des moyens de transport. Bien qu'un grand nombre de marchés de l’intérieur reçoivent aujourd'hui dans de bonnes conditions les produits marins, de grands perfectionnements peuvent être apportés aux conditions d'écoulement de ces produits. Dans létat actuel des choses, la situation éco- nomique des pêcheurs n’est pas absolument fonc- tion de la productivité des eaux qu'ils exploitent, de la quantité de poissons qu'ils capturent. La consommalion est parfois inférieure à la produc- tion ; suivant l'époque de l’année — et mème le jour de la semaine — le cours marchand des pro- duits de la mer varie dans des proportions consi- dérables ; enfin, entre le pécheur et le consomma- teur, ces produits passent par des intermédiaires si nombreux (encore que quelques-uns soient né- cessaires) que les marins qui ont eu la peine de les récolter, dans des conditions qu'il est inutile de retracer, n’en recueillent qu’un salaire minime, eu égard à la valeur des transactions commerciales auxquelles ils donnent lieu. Cependant, si nous devons désirer que le per- fectionnement de notre réseau de voies ferrées, la réduction des tarifs de transport et celle des droits d'octroi permettent de livrer rapidement, en grandes quantités et à bas prix, à l'ensemble de la population française, un produit qui n'entre aujourd’hui, il faut le dire, que pour une faible part dans son alimentation, — iln’est pas que l’in- suffisance de la consommation qui oppose un obstacle au développement industriel des pêches maritimes et spécialement de la pêche du poisson frais. Si l’industrie des conserves exploite, en effet, des poissons qui s’offrent aux pêcheurs en masses serrées (variables d'importance, il est vrai, suivant les années, mais fournissant parfois des captures abondantes qui font compensation aux mauvaises pêches), l'industrie du poisson frais exploite des animaux qui, vivant sur les fonds marins, sans opérer généralement de grands déplacements, paraissent devoir permettre aux engins un travail toujours fructueux. Or, en ce moment même, une rumeur qui va grandissante court non seulement sur nos côtes, mais sur les côtes étrangères. C’est la plainte des pêcheurs qui accusent une diminution progressive dans les ren- demenis relatifs de leurs eaux. En fait, l'expan- sion de l’industrie des pêches maritimes se trouve donc limitée encore par la productivité des mers qui est très nettement influencée par une exploi- {ation toujours plus intensive des mêmes régions. Cependant, ainsi que nous l'avons dit, nos pê- cheurs se sont ingéniés à corriger cette producti- vilé insuffisante des eaux, en recherchant auloin des terrains d'exploitation vierges des investigations humaines, et ont ainsi modifié profondément les conditions économiques de leur industrie. Les em- barcalions peu coûteuses, l'outillage précaire dont ils se servaient, sont remplacés par des ba- teaux et des engins assez puissants pour permet- tre un travail difficile en haute mer. Le capital que représentent de pareils armements est devenu assez considérable pour que le patron ne puisse plus, dans beaucoup de cas, être propriétaire — armateur — du bàliment qu’il commande. Bien plus, dans certains ports, le matelot-pècheur est, depuis quelques années, et sur sa demande par- fois, salarié au mois, au lieu d’être rémunéré à la part de pêche qui représente mieux la valeur de sa contribution de travail !. Est-ce l’aurore d'un nou- veau régime de rétribution pour les gens de mer et devons-nous nous attendre à voir s'établir sur notre littoral, chez les pêcheurs, le prolétariat qui existe dans d’autres industries et qui existe chez les pê- cheurs d’autres nations? Le salariat au mois fera-t-il place au salariatà l’'embarquement ou mème au sala- riat à la journée de travail ? Si l'emploi d’un capital plus considérable devait provoquer ce résultat, il aurait une fàcheuse influence sur la situation mo- rale et économique de la population maritime. La concurrence vitale ne saurait manquer, en effet, d’a- mener, d'une part, l’avilissement des gages, tan- dis que, d'autre part, l'endurance proverbiale du pêcheur, sa connaissance pratique du métier qu'il exerce, son courage qui va jusqu’à la témérité, toutes les qualités enfin qu'il possède et qui pro- viennent, en grande partie, de ce qu'il sait ne devoir être payé qu’au prorata de l'énergie qu'il dépense individuellement, ne sauraient être le fruit 1 La part de pêche attribuée comme salaire au marin est calculée d’après le montant de la vente des produits péchés, ce chiffre étant divisé en un certain nombre de fractions dont un nombre (variable suivant les ports et les industries) est attribué à l’armateur, au patron et à l'équipage. 7 122 G. ROCHÉ — L'INDUSTRIE FRANÇAISE DES PÈCHES MARITIMES d’un métier où l'initiative personnelle du marin ne pourrait modifier le taux de son salaire. Dans ce cas, le pêcheur ne serait plus qu'un manœuvre quelconque, travaillant sur un chantier spécial, fournissant sa besogne sans goût, sans espérance et sans bul, Cependant les résultats de la pêche sont tou- jours incerlains, et pour des gens qui ne peuvent disposer d’avunces, on conçoit que la rémunération au salaire fixe semble devoir être préférée, à pre- mière vue, à la rémunération à l« part de pêche. Peut-être serait-il possible de faire une juste moyenne entre ces deux modes de rétribution du travail des pêcheurs. A Arcachon, les marins de la Société des pêcheries de l'Océan recoivent, en effet, un salaire fixe et une part de pêche, mensuelle- ment. En calculant convenablement le taux des deux salaires, il ne parail pas impossible de rétri- buer chacun suivant ses besoins essentiels, tout en le rétribuant aussi sxivant ses œuvres. VII Comme nous l'avons dit, les pèches maritimes sont soumises à une réglementalion spéciale, non seulement pour prévenir les accidents qui peuvent résulter pour les inscrits de leur condition d'exis- tence à la mer, mais encore pour maintenir aux eaux leur produclivité. Ces règlements généraux qui concernent l'exercice des pêches sont soumis dans leur application à des variations considéra- bles suivant les régions. Jusque dans ces dernières années, la capture, en quelque abondance que ce soit, des animaux marins comestibles adultes — et notamment de ceux qui apparaissent, en bancs épais, à certaines époques de l'année, à la surface des mers — n'a jamais paru devoir influencer défavorablement la productivité des eaux. Si l'administration a, pour la pêche de ces animaux, réglementé l’usage des engins très puissants, c’est que, très coûteux, ils ne sont susceplibles d’être employés que par un petitnombre d'inscrits et que, pouvant jeter sur les marchés d'immenses quantités de poissons, leur usage amène fatalement un avilissement des prix de vente fort préjudiciable aux intérêts des marins qui ne les possèdent pas (sennes Belot, relz vo- lant, ete.). Cependant, aujourd’hui où, comme nous l'avons dit, les fonds de pêche s’appauvrissent, l’on sait que la destruction des animaux reproducteurs qui n'ont pas encore frayé est un des facteurs des plus considérables de cel appauvrissement. D'autre part, et de tout temps, le législateur s’est juste- ment préoccupé d'empêcher, autant que possible, la destruction des jeunes animaux, — dont la vente ne saurait procurer de profils sérieux aux pêcheurs el qui sont l'espoir des pêches à venir. Il a done prévu des dimensions minima pour la maille des filets {rainants et une taille minima pour la mise en vente du poisson: enfin il a interdit, d’une façon générale, la pêche aux filets trainants remorqués par des bateaux sur les fonds côtiers, qui sont les lieux de stabulation pour d'innombrables jeunes individus. Malheureusement, les Lolérances successives, nécessitées par les inlérèls immédiats de la popu- lation maritime et consenties en raison de la difli- cullé d'assurer un service sérieux de surveillance, ont rendu inefficaces les dispositions prescrites pour la police des pêches maritimes. Aujourd’hui donc, la France — comme les nations étrangères, du reste — se préoccupe d'assurer, par une régle- mentation assise sur d'indisculables bases scien- tifiques, le maintien de la densité d'empoissonne- ment des mers, tout en ménageant à la partie de la population riveraine qui ne peut disposer que de faibles bateaux, la facilité de gagner sa vie — au jour le jour. Les travaux exécutés par les naturalistes sur les conditions de la reproduction et de la vie larvaire des poissons marins comestibles aussi bien que les résultats fournis en Norvège, à Terre-Neuve et en Ecosse par la pisciculture marine, permettent de pressentir la solution de ce difficile problème. [Il parait démontré que la création de réserves marines et l’applicalion dans nos eaux des mé- thodes aquicoles, dont la lechnique est précise, assureront la fertilité de nos eaux, en n'exigeanl qu'un minimum de restrictions pour l’industrie de nos pêcheurs et en ouvrant, au contraire, un large horizon aux perfectionnements qui pourront se produire dans les procédés intensifs d'exploitation des mers. Or, il faut le reconnaitre, ce sera là une conclusion pratique des travaux de tous les naturalistes qui se sont consacrés aux recherches de science pure sur la biologie marine, Georges Roché, Inspecteur principal des Pêches maritimes. sf cie éd » sd rte à Le de vit 2 A. PRENANT — LE CORPUSCULE CENTRAL ET LA DIVISION CELLULAIRE 125 LE CORPUSCULE CENTRAL ET LA DIVISION La découverte, que firent il y a quelques années Van Beneden et Neyt, d'un corpuscule de moins d’un y. (5 de mm.) de diamètre, situé dans le pro- toplasma cellulaire, changea la face de la morpho- logie et de la physiologie cellulaires. Le noyau, jusque-là considéré comme le primum agens dans la cellule, comme l'organe directeur de son évolution, fut deslitué de ce rôle prédominant, rôle qui dès lors fut attribué au corpuscule. Bien qu'il n'y ait pas de petites découvertes dans le domaine des infiniment petits, nous avons à nous demander cependant si cette trouvaille a l'importance que CELLULAIRE « lache polaire », « corpuscule aréolaire » ete., se présente sous la forme d’une petite masse ronde, formée d'une substance qui toujours est plus colo- rable par les réactifs que le protoplasma dans leauel elle est plongée et qui souvent se colore d’une manière spéciale, élective, par l’emploi de certaines méthodes récentes de coloration. On avait cru, d’abord, le corpuscule central simple. Puis une foule d'auteurs ont montré qu'il est souvent double (fig. 4) et qu'il existe alors deux granules juxtaposés pour le représenter. Quelques- uns enfin, dans ces derniers temps, l'ont trouvé a Fig. 1. — Cellule séminale de la Scolopendre, Fig. 2. — Cellule géante de la moelle des os du Lapin, d’après Her- avec un corpuscule central formé de deux grains inégaux, duquel partent plusieurs fila- ments radiés. DENHAIN. — Le noyau, annulaire et irréguliérement bosselé, entoure un espace central où l’on voit un microcentre principal ou groupe principal de corpuscules centraux, cp. Dans les infractuosités du contour de ce noyau, plusieurs groupes ou microcentres secondaires, bien moins nom- breux en corpuscules (C, C, C, C). l’on veut bien dire, si la destitution partielle du noyau et l'attribution donnée au nouvel élément découvert sont légitimes, dans quelle mesure le corpuscule central joue dans la cellule un rôle pré- dominant et en quoi consiste ce rôle. Hälons-nous d'ajouter que jusqu’à présent, bien que, de l'avis à peu près unanime, une fonction importante soit certainement dévolue au corpuscule central, cepen- dant on en est encore réduit à des conjectures quant à la nature exacte de cette fonction. Î Le corpuscule central, appelé aussi centrosome. . nommé plus anciennement « corpuseule polaire ». multiple, formé de la réunion de grains en nombre variable, de trois à une centaine (fig. 2). Dès lors, l'expression de corpuscule central devient fautive. Il convient de la remplacer par une autre ne pré- jugeant pas du nombre de grains el s'appliquant tout aussi bien au corpuscule simple ou double qu'à l’ensemble des grains nombreux existant dans d’autres cas. Le terme de »wcrocentre, proposé par M. Heidenhain !, paraît heureusement choisi; c’est, en effet, un centre autour duquel, comme nous allons le voir, toutes les parties de la cellule sont orientées, et c'est un microcentre, puisque 1 Martin Heimexaax. Neue Untersuchungen uber die Cen- tralkorper, etc. Archiv fur mikr. Anal. Bd. XLIIT, 1894. 124 les grains qui le composent ont un micron el moins de diamètre. Dans le cas de deux ou plusieurs corpuscules constitutifs d'un microcentre, on crul d'abordqu'ils étaient de volume égal, et il en est souvent ainsi en effet. Plus souvent cependant ils sont inégalement volumineux (fig. 1). Heidenhain admet qu'alors le plus gros est le plus ägé, et que les plus pelits ont été formés par bourgeonnement du plus gros. * Dans le cas aussi de deux ou plusieurs corpus- cules juxtaposés dans une même cellule et formant ensemble un même microcentre, on peut constater ce Fig. 3. — Cellule séminale du Cobaye. — Microcentre à deux corpuscules inégaux reliés par un pont de substance liga- menteuse c e (centrodesmose). habiluellement que ces corpuscules ne sont pas sans connexion entre eux, et qu'ils sont réunis par une substance différente de celle qui les constitue eux-mêmes, quoiqu’étant vraisemblablement de même origine. Cette substance forme entre eux une sorte de petit pont ligamenteux appelé par M. Heidenhain centrodesmose (ligament du centre) (fig. 3). Au début de la division de la cellule cette centrodesmose grandit et devient un petit fuseau clair, fibrillé, connu déjà depuis plusieurs années. Ce petit fuseau s’accroil à son lour en un fuseau central, qui fera partie dela figure de division de la cellule. Il est aujourd'hui reconnu, par les observations de différents auteurs, qu'il peut exister dans une même cellule plusieurs microcentres, composés chacun d’un ou de plusieurs corpuseules centraux. Il en est ainsi dansles cellules géantes, à noyau po- lymorphe et irrégulier, de la moelle des os du lapin; outre un microcentre principal occupant le milieu de la cellule, on en trouve d’autres acces- soires situés dans les dépressions de la face externe du noyau (fig. 2). Quant à la constitulion intime du corpuscule A. PRENANT — LE CORPUSCULE CENTRAL ET LA DIVISION CELLULAIRE central, on comprend que cette question soit à peine ébauchée, puisque le corpuscule est, par sa petitesse, à la limite de nos moyens optiques d'in 4 vestigation. Tandis que la plupart des auteurs. n'ont trouvé aucune structure au corpuscule cen- tral et l'ont vu formé d'une masse homogène, d'au-. tres ont décrit et figuré en son centre un grain plus coloré; un autre auteur même (Brauer) lui a attri- bué une structure analogue à celle du noyau. Avant de quitter la question de morphologie, il est utile de remarquer que les cas de corpuscule double où multiple, avec centrodesmose, peuvent recevoir deux interprétations différentes. Il est avéré que deux corpuscules naissent d'un seul, en d'autres termes qu'il y a division du corpuscule, Il est d'autre part cerlain que l’état bicorpusculaire peut se rencontrer tantôt dans des cellules qui sont en voie de division, tantôt dans des cellules qui Fig. 4. — Sphère altractive el corpuscule central, dessinés d'après une image artificielle oblenue suivant le procédé de HENKING. — C, corpuscule central, avec un grain cen- tral; ZC, zone centrale ou médullaire; ZM, zone moyenne ou corticale; ZP, zone périphérique ou irradiée de la sphère attractive. sont en repos absolu. Si donc, dans nombre de cas, l’état bicorpusculaire du microcentre peut être considéré comme lié à la division de la cellule, ailleurs il est au contraire indépendant de celle-ci. Une dernière observation est nécessaire. Quand on à constalé dans l’intérieur du protoplasma cel- lulaire l'existence d’un corpuscule coloré d’une facon spéciale, est-on autorisé à le considérer comme corpuscule central? Il est certain que la cellule peut loger d’autres corpuscules que le cen- trosomeetse présentant avec les mêmes caractères. Quel sera done le critérium qui permettra de mettre l'éliquette de centrosome sur le corpuscule observé ? Ce critérium, qui ne fera le plus souvent pas défaut, consistera dans la présence autour du corpuscule d'une zone de protoplasma constitué d'une manière spéciale, à laquelle van Beneden et Neyt ont donné le nom de sphère attractive. Bien que nous n'ayons pas ici l'intention d’en- visager la sphère attractive en elle-même, il est nécessaire cependant, en raison des relations in- times qui la lient au corpuscule central, de donner quelques indications sur sa constitution. La sphère attractive se présente sous deux aspects principaux v- A. PRENANT — LE CORPUSCULE CENTRAL EN LA DIVISION CELLULAIRE 125 très différents l’un de l’autre. En premier lieu, elle figure autour du corpuscule central une aire diffé- _ renciée, composée elle-même de plusieurs zones (fig. 4) En second lieu, elle apparait sous la forme de filaments qui irradient autour du corpus- cule central et se continuent, d'autre part, avec les _fibres du réticulum dont la cellule se compose. On _a admis généralement, bien que cette opinion ne soit pas absolument justifiée, que la première forme. est celle de la sphère à l’état de repos et n’appar- tient qu'aux cellules quiescentes ; la seconde caractériserait l’état de mouvement de la sphère et se trouverait exclusivement dans les cellules en division. Il . Il nous reste, maintenant que nous sommes ren- seignés sur la constitution morphologique du cor- puscule central, à nous demander quelle est son origine : question qui commande celle de la nature de cet élément et de laquelle dépend à son tour la question de la signification morphologique et phy- siologique du corpuscule. Sur la genèse du corpus- cule central trois opinions sont en présence. Pour E. van Beneden et ses successeurs immé- diats, le corpuscule central dérive d’un corpuscule central préexislant, par division de ce dernier; l’adage omnis nucleus « nucleo est applicable au cen- trosome en changeant les termes. C’est sur le ter- rain même qu'il habite, c’est-à-dire dans le corps protoplasmique de la cellule, que le corpuscule central se divise. Il en résulte que le corpuscule central et ses descendants se maintiennent dans le protoplasma à travers toutes les générations cel- lulaires. IL est donc un élément de la cellule constant et permanent: toute cellule le possède et à tout moment de son existence. Plus récemment, a surgi une autre opinion, émise d’abord par O. Hertwig. Le corpuscule central n’est peut-être pas constant et n’est certainement pas permanent : il y 4 en effet des cellules où son existence est encore inconnue, et il y a des phases de la vie cellulaire où il dis- parait aux yeux de l'observateur. Un corpuscule central ne dérive pas nécessairement d'un élément semblable, mais peut se former dans le noyau, sa | substance étant empruntée soit au nucléole, soit aux chromosomes nucléaires. Le centrosome, lorsqu'il s’individualise, quitte lenoyau et vient ha- biter le protoplasma pendant la division cellulaire; c'est là qu'on l'a découvert et qu’on le trouve géné- ralement, La division faite, la substance du corpus- cule central redevient partie intégrante du noyau. Dans une troisième opinion, moins catégori- quement posée que les précédentes, le corpuscule central est un produit de l'élaboration du proto- plasme et devient un élément sui generis, qui mé- -rile d’être placé à côté du noyau et du protoplasme comme élémentconstituant de lacellule (Waldeyer). On conçoit que, avec les deux premières opi- nions précédentes comme bases, deux points de vue différents peuvent exister, quant à la nature du corpuscule central. Comme conséquence de la théorie de van Beneden, ce corpuseule est aulto- nome, de nature spéciale. Les auteurs, au con- traire, qui, avec O. Hertwig, le font provenir du noyau, lui attribuent nécessairement une nature semblable soit au nucléole, soit aux chromosomes nucléaires. Ces deux manières de voir s'appuient d’ailleurs sur des réactions de coloration. Herlwig, Henneguy et d’autres observent que le corpuseule central, à la suite de certains procédés de colo- ration (procédé de Flemming, par exemple), prend la même couleur que le nucléole ou les chromo- somes. Au contraire, Heidenhain, se servant d'une méthode inventée par lui, trouve des différences entre le centrosome d’une part, les chromosomes et le nucléole d'autre part, quant à la facilité avec laquelle ces divers éléments, une fois colorés, se décolorent. La conclusion est que, dans le premier cas, la substance du centrosome offre une parenté chimique avec celle du nucléole (pyrénine) ou celle des chromosomes (nucléine); dans le second cas, au contraire, elle est chimiquement spéciale. Reste maintenant à débattre la question la plus grave, celle de la signification morphologique et physiologique du corpuscule central, qui domine peut-être toute la biologie cellulaire. Au point de vue physiologique, quel est le rôle du microcentre? Ce microcentre est-il un centre principal, qui commande toutes les parties du protoplasma cellulaire ou même de la cellule tout entière, orientée autour de lui ; ou bien n'est-il que l'effet secondaire du centrage de ce protoplasma, dont la cause doit être cherchée ailleurs ? Faut-il voir en lui le déterminant de la structure cellulaire, ou bien n'est-il, suivant l'expression de Bürger, qu'un « phénomène » de cette structure? En un mot, est-il cause ou effet ? Boveri et d’autres se sont placés au premier point de vue. Pour Boveri, le corpuscule central exerce une « suprématie matérielle » sur la cellule et particulièrement sur le protoplasma cellulaire, qui prend nécessairement autour de lui une dispo silion caractéristique. Van Beneden et plusieurs autres ont soutenu une manière de voir qui s'écarte passablement de la précédente, dans laquelle le corpuscule central n’est la cause ni de la structure cellulaire ni des modifications de cette structure, mais n'en es pas non plus le simple effet. Pour lui et les par- tisans de sa théorie, le corpuscule n’est qu'un point central d'insertion pour les fibres du proto- 126 A. PRENANT — LE CORPUSCULE CENTRAL ET LA DIVISION CELLULAIRE plasma cellulaire, qui sont les seuls agents des mouvements intracellulaires. Avec Henking, Bütschli, Bürger et même C. Schneider, le corpuscule central n’est plus un élément de la cellule, un organe qui y remplit une fonction; il n'a pas de valeur morphologique, et, au point de vue physiologique, n’est qu'un aspect particulier du plasma cellulaire. Bütsehli et Hen- king ont illustré leur manière de voir de schémas qu'il est intéressant de connaitre. Bütschli, dont les efforts se sont loujours portés vers la création artificielle des structures cellulaires, a montré que dans des écumes oléo-gélatineuses, imitant la subs- tance protoplasmique, de même que dans des écumes d’albumine coagulée, les bulles d’air sont souvent entourées d'une irradiation caractéristique, et figurent ainsi autant de centrosomes. Irradiation et centrosomes se produiraient grâce à ce que les bulles d’air se contractent dans les écumes lors du refroidissement et exercent ainsi de toutes parts une traction dirigée vers le centre des bulles, qui transforme la structure écumeuse et l’ordonne radiairement. Le centrosome serait de même le point de concentration des forces de diffusion existant dans la cellule. Le schéma de Bütschli pourrait être dit schéma des forces de traction. L'interprétation change avec Henking et le schéma aussi; mais l’idée fondamentale demeure la même. Au lieu d'invoquer pour la production du centrosome et de la sphère irradiée une force de traction vers un centre, l’auteur fait intervenir une force de pression s'exerçant à partir de ce centre. Il réalise expérimentalement son schéma de la façon suivante. Si on laisse tomber sur un carlon enfumé une goutte de liquide d’une hauteur con- venable, on constate au point de chute du liquide un grain noir et autour de celui-ci une aire formée de deux ou trois zones alternativement noires et blanches, de laquelle partent dans tous les sens de nombreux rayons blancs. En un mot, l'image obtenue est très fidèlement celle du cen- trosome et de la sphère avec son irradiation (fig. 4). C'est là un schéma dit des forces de pression, parce que l’auteur admet qu'à partir du point de chute de la goutte liquide, il se fait une pression centrifuge, de laquelle résulte le schéma avec ses parties noires chargées de noir de fumée, parce que la pression y était nulle, et ses parties blanches dépourvues de parcelles de charbon, parce que la pression en a chassé ces parcelles. En somme, dans la pensée des derniers auteurs que nous avons cilés, le corps central n’est plus qu'une formation contingente, le résultat d'une modification physique éphémère el inconstante de la substance de la cellule ; c’est, par exemple, une sorte de comprimé cellulaire. HIT Voici maintenant l'hypothèse que je me permets d'émeltre sur l’origine et la signification du cor- puscule central, et à laquelle j'ai été conduit parce que les faits que j'ai observés ne sont pas en harmonie avec la théorie de la permanence du centrosome non plus qu'avec celle de sa prove- nance nucléaire. Le corpuscule central ne dérive pas nécessaire- ment d’un élément semblable, préexistant dans le protoplasma. Il n’est pas non plus une partie nucléaire éliminée et émigrant dans le corps pro- toplasmique. Il se forme dans le protoplasma d’une cellule, lorsque cette cellule est arrivée par la voie nutritive à son apogée, el qu'en conséquence elle a alteint le coefficient de la masse chromatique qui lui revient !. C’est un fait d'observation devenu banal que tout organisme cellulaire bien nourri se divise ; la division esl la conséquence immédiate d’une nutrition abondante et se produit comme pour prévenir une nutrition trop abondante et une hypertrophie consécutive de la cellule. Comme maintenant la division cellulaire est précédée et sans doute déterminée par celle du corpusecule central, ainsi qu'on le sait bien aujourd'hui, la outrition de la cellule devra avoir pour suite immé- diate la division du corpuscule central, et avant tout sa formation, s'il n'est pas préformé dans la cellule. D'après cela, le corpuscule central serait un excédent chromatique qui, faute de trouver place dans le noyau, tabernacle de la matière idioplasmique (spécifique de la cellule et hérédi- ture), et ne pouvant se surajouter à cette matière qui est déjà au complet dans le noyau, demeure- rait dans le protoplasma; ne pouvant prendre part à la constitution de l’idioplasme, il servirait, on va le voir, à assurer la transmission de ce dernier. Silôt done l'équilibre nutritif de la cellule atteint, etla masse nucléaire chromatique portée au quan- tum caractéristique, il y aurait, comme premier symptôme del’hypertrophiecommençante dela cel- lule, hyperplasie chromatique, idioplasie excessive, d'où apparition, dans le corps cellulaire, d'une par- celle chromatique d'idioplasme, qui estle microcen- tre. L'apparition de cette parcelle dans le protoplas- ma cellulaire met la cellule en état de mouvement, de cinèse, celte parcelle agissant comme irrilant sur la cellule, soit en tant que simple corps étranger et à la facon d'un micro-organisme intracellulaire, soit en lant qu’excitant physiologique, spécilique, de la cellule et fonctionnant comme microcentre. 1 On sait en effet que, pour chaque espèce animale, le nombre des éléments chromatiques du noyau et par consé- quent sans doute aussi la masse de chromatine y contenue paraissent être fixes dans une cellule au repos. A. PRENANT — LE CORPUSCULE CENTRAL ET LA DIVISION CELLULAIRE La division du microcentre se produit ensuite. Cette division s’effectue d’elle-même ou n’est que l'effet d'une cause existant d'autre part. Elle est sa cause à elle-même si l’on admet, par exemple, qu'elle consiste en une séparation physique des éléments de nom contraire du microcentre (élé- ments mâle et femelle, je suppose) en deux micro- centres-fils. Elle ne sera qu'effet si l’on ne veut voir dans cette division qu’une disjonction méca- nique, due à une cause prochaine telle que la con- traction des filaments du protoplasma cellulaire, produite elle-même sous une influence éloignée encore inconnue. La division du microcentre (centrokinèse et centrodiérèse) précède celle du noyau (karyokinèse et karyodiérèse), qui en est la conséquence; la parcelle surnuméraire d’idio- plasme donne l'impulsion à la cellule, qui agit sur la masse totale de l’idioplasma pour la diviser et la transmettre aux cellules-filles. e Cette hypothèse, on le voit, est plus qu’un com- promis entre la théorie du centrosome autonome dans le protoplasma et celle du centrosome de provenance nucléaire. Elle a une place à part à côté de ces deux théories; elle fait du corpuscule central une formation d’origine protoplasmique, mais de nature nucléaire. Elle procède en partie de l'hypothèse de Waldeyer, qu'elle complète et surtout qu'elle détaille et précise. Comme la théorie protoplasmatique de van Bene- den, elle explique la présence du corps central dans des cellules au repos, mais cependant déjà aptes à se diviser. En raison de la nature qu'elle attribue au centrosorne, qui serait un élément idioplasmique, elle peut, mieux que cette théorie, fournir l'explication du primum movens de la divi- sion cellulaire, puisqu'elle. donne la suprématie matérielle au centrosome. Contrairement à la théorie de van Beneden, qui veut la permanence et la constance du corps central, elle s’accorde avec les faits négatifs concluant à l’absence de cet élément et avec les faits positifs prouvant sa dégénérescence. Comme la théorie nucléaire d’Henking, elle explique la coloration analogue que prennent les chromosomes et le centrosome. Elle permet aussi de comprendre pourquoi la division du microcentre présente des aspects semblables à celle du noyau : entre autres, de même qu'il apparait entre les deux centrosomes-fils une centrodesmose qui se trans- forme en pelit fuseau, de même il se forme entre les chromosomes des deux noyaux-fils des fila- ments connectifs formant une chromodesmose. En somme, un pelit noyau (micronucléus) paraît dans le protoplasma et s’y divise à côté du grand noyau (macronucléus) : c’est le microcentre. La division du premier est comme la maquette du 127 second ; le microcentre se comporte en cela comme un « caryoïde » (xäpvsy, noyau; etèoç, image). Faut-il maintenant donner à ces expressions de micronucléus et de macronucléus une autre va- leur que celle qu’elles ont au sens littéral? Faut-il, comme on l’a fait de plusieurs côtés, leur donner une signification phylogénétique, et comparer le microcentre et le noyau des Métazoaires aux mi- cronueléus et macronueléus des Infusoires ciliés ? Les essais qui ont été faits dans ce sens ne sont guère encourageants, parce que les auteurs (Hen- neguy, Julin, M. Heidenhain) qui ont tenté de semblables homologies, sont arrivés à des résul- tats tout à fait discordants, puisque l’on a homo- logué avec un égal suceès le micronucléus au micro - centre et le macronucléus à ce même microcentre. La règle que nous avons supposée exister tout à l'heure serait donc que la cellule se fait un micro- centre nouveau avec l’appoint nutritif qu'elle reçoit pendant la période de repos. Cette règle parait souffrir deux exceptions au moins, dans lesquelles le corpuscule central dérive d’un corpuseule pré- existant, conformément à la loi de van Beneden. Ces exceptions s'expliquent du reste facilement. Il est connu que dans certaines cellules (surtout des cellules embryonnaires) plusieurs divisions du noyau se succèdent sans interruption, précé- dées chaque fois de la division du microcentre. Il n’est pas impossible, dans ce cas, que la masse de substance existant dans le microcentre de la cellule-mère initiale soit supérieure à la quantité nécessaire pour une division cellulaire, et que l'énergie du corpuscule central ne soit pas épuisée au bout d'une division. Une seconde exception est celle des cellules sexuelles, spécialement des cellules mâles, où la division du microcentre se répèle deux fois sans interruption, suivie de la division non interrompue aussi du noyau. Il est possible, ainsi qu'Henking déjà a été amené à l’admettre, qu’il se fasse ici une réduction de la substance du microcentre semblable à celle qu'on admet pour le noyau. On sait, en effet, pour le noyau des cellules mâles, que, par suite de la bipartition réitérée de la cellule sans stade de repos interposé, la masse chroma- tique du noyau est réduite au quart. IV Voyons à présent ce que devientnotre hypothèse dans le cas spécial de la fécondation. On est d’ac- cord pour admettre que les deux éléments con- joints, le spermatozoïde et l’œuf, apportent dans la fécondation une quantité égale de chromatine nucléaire. Mais on diffère sur la question de savoir si l'un et l’autre y apportent son centrosome. Les | observations de Platner, Fol, Guignard et H. Blanc 128 A. PRENANT — LE CORPUSCULE CENTRAL ET LA DIVISION CELLULAIRE RASOIR sont pour l'affirmative, celles de Guignard étant surtout démonstratives et. absolument inatla- quables. Au contraire Boveri, Vejdovsky, Bühm, Oppel, R. Fick, admettent que l'œuf mûr, au mo- ment de la fécondation, est dépourvu de corps central : Balbiani et Henneguy arrivent, d'une fa- con un peu différente, à la même conclusion. C'est Boveri qui le premier a développé cette idée que le spermatozoïde fournit seul le centrosome pré- posé à la conjugaison sexuelle et à la première di- vision de l’œuf. « L’œuf mr, dit-il, possède tous les organes et toutes les qualités nécessaires à la division, à l'exception du centrosome, qui pourrait inaugurer la division. Le spermatozoïde, au con- traire, est pourvu d'un tel centrosome... » On a montré depuis (R. Fick, Hermann) que ce cen- trosome n'est autre que la « pièce d'union » du spermatozoïde, c'est-à-dire cette partie qui réunit la tête et la queue de cet élément, Ainsi, dans cette deuxième manière de voir, que nous accepterions volontiers, n'étaient les obser- vations décidément contraires de Fol et de Gui- gnard, le spermatozoïde et l'œuf sont bien, l'un comme l’autre, des supports de la substance héré- ditaire, des « porte-hérédité » (Vererbungsträger de Hermann) : ils logent, en effet, dans leur noyau, qui est la tête du spermatozoïde et la vésicule germinative de l'œuf, une quantité équivalente de subslance héréditaire. Mais le spermatozoïdeserait le seul support de la substance fécondante, le seul « porte-fécondant » (Befrüchtungsträyer de Her- mann). L'œuf, par contre, en outre de sa fonction dans l'hérédilé, n’est, en raison des matériaux de réserve qu'il emmagasine, qu'un substratum de matière nutrilive, un « porte-nourriture » (Nährungsträqer). Au spermatozoïde il appartient donc d'apporter la substance irritative (centro- some. cause déterminante de la conjugaison des noyaux sexuels. A l'œuf est dévolu de fournir les matériaux de réserve (vitellus), capablespeut-être, en fournissantun alimentaux premières cellules de l'embryon,de régénérer aussi, en l’absence de tout apport nutritif venu du dehors, la substance irritative des premières divisions de la cellule embryonnaire. Il nous reste à examiner dans quelle relation notre hypothèse, sur l’origine et la nature du cen- trosome, se trouve vis-à-vis de la conception de Weismann sur l'hérédité. On sait que le plasma germinatif, idioplasma hérédilairement transmis- sible, a pour siège la chromatine nucléaire. Comme nous admettons dans notre hypothèse l'identité de nature de la substance chromatique du noyau el de celle du centrosome, nous nous trouvons dans l'obligation de penser que l’une comme l’autre est essentiellement formée par le plasma germinatif. Or, comme le plasma germinatif est continu et transmissible par la voie héréditaire, il ÿ au rait en apparence quelque difficulté à admettre que le centrosome fût en même temps cons- titué par le plasma germinatif et créé à nouveau | dans chaque cellule; les termes de plasma ger- minalif et de création nouvelle semblent con- tradictoires. Il ne faut pas oublier cependant que c'est pour la théorie du plasma germinatif une nécessité inéluctable, à laquelle n'a échappé aucun de ceux (Weissmann, Külliker, O. Her- twig) qui l'ont soutenue, que d'admettre la ré- génération du plasma germinatif. Le double- ment du plasma germinatif par voie de nutrition est, en effet, un corollaire inévitable de la bi- partition même de ce plasma lors de la division cellulaire, puisque, de par la division, chaque cel- lule-fille ne vient au monde qu'avec la moilié de la substance chromatique qu'elle doit posséder. Nous admettons, comme on l'a vu plus haut, que, cé doublement effectué, l'élaboration du protoplasme qui change le produit d'absorption de la cellule en dépôt nucléaire, la nourriture en plasma ger- minatif, continue à se faire. L’excédent de cet idio- plasme (histogène ou germinatif proprement dit), cette particule élémentaire de plasma germinatif, cet ide surnuméraire, comme on pourrait dire d'après Weissmann, est le centrosome. En résumé, le corpuscule central est un organe de la cellule, comme l'a exprimé van Beneden, mais c'est un organe habituellement transiloire et non permanent. Il est le produit de l’activité sécré- toire d'une cellule abondamment nourrie, et c’est le produit de sécrétion spécifique de la cellule. C'est de l'idioplasme qui, ne pouvant fonctionner comme un plasma germinatif, dont la cellule est saturée, fonctionne en tant que plasma divisant, De même que le cristal ajouté à une solution saturée ne se dissout plus, mais provoque la cristallisation de la solution, de même la parcelle idioplasmique surnuméraire ne s’ajoule pas à l'i- dioplasme du noyau, mais provoque la division de celui-ci. La substance de l’héréditéest à elle-même sa substance divisante. Voilà pour les cellules somatiques. L'œuf est une cellule où cette sécrétion ne se fait pas, l’activité du protoplasma étant détournée, absorbée par l'emmagasinement des malériaux de réserve (substance nutritive). Le spermatozoïde est une cellule où cette sécrétion (substance fécondante) s'opère, au contraire, à l’exclusion de toute autre. Nous savons quelles réserves comporte pour le présent celte schémalisation du cas des cellules sexuelles et de la fécondation. A. Prenant, Professeur d'Embryologie et d'Histologie à la Faculté de Médecine de Nancy. , TT dns sh ns é nu f L DE CHEMIN DE FER. Au moment où l'attention de la population parisienne est si vivement attirée par la question du chemin de fer métropolitain, il est intéressant de considérer la solution que vient de réaliser, pour le passage des tunnels sous la ville de Baltimore, la Baltimore and Ohio Railroad Company. Dans la traversée des longs tunnels, la fumée des locomotives à vapeur est une gène depuis longtemps ressentie par tous les voyageurs, Même quand la voie souterraine n’atteintpas la longueur de celle du Saint- Gothard ou du Mont-Cenis, la fumée tend à rendre irrespirable l'atmosphère qu'elle pollue. C'est pour parer à cet inconvénient, dont la gravité augmente de plus en plus avec la longueur croissante des parcours en galerie, que la Bal- timore and Ohio Rail- road Company s'occupe en ce moment de cons- truire des locomotives électriques d'un type nouveau. Ces machines seront destinées à trai- ner sous le tunnel de Ho- ward-Street les trains de voyageurset de mar- chandises. On sait qu’en géné- ral lesvoitures longues des chemins de fer, par exemple nos wa- gons-salons, sont mon- tées sur des trucks. On appelle ainsi les sup- ports de la cage, com- posés chacun d'un ca- dre reposant sur qua- tre roues. La cage d’un wagon-salon est ordi- nairement fixée sur deux trucks indépendants l’un de l’autre : cette dis- position a pour but de permettre à toutes les roues d’une voiture très longue d’épouser le mieux possible la forme de la voie, C'est ce système qui vient d'être appliqué, en raison de la grande longueur que leur impose leur matériel, aux nouvelles locomotives que nous décrivons. Cha- cune comprend deux trucks ayant deux axes et quatre roues motrices (fig. 1 et 2), A chaque axe corres- pond un moteur de 300 chevaux supporté par le chàs- sis du truck au moyen d’un ressort à boudin. L’ar- mature du moteur est montée sur un arbre creux, à l'intérieur duquel passe l'axe correspondant, La liaison entre ces deux pièces est faite au moyen d'un accou- plement élastique particulier permettant de donner au moteur des mouvements dans n'importe quel sens. La locomotive peut ainsi être employée indifféremment à tirer ou à pousser. Elle est munie d’un frein et d'un sifflet fonctionnant par l'air comprimé au moyen d’un petit moteur électrique auxiliaire. L'abri du mécanicien est percé de fenêtres de tous les côtés, de manière que la vue ne soit obstruée dans aucune direction. Dans cet abri sont placés tous les instruments de contrôle et de commande nécessaires à la protection et à la conduite de la machine. Les figures 1 et 2 montrent de deux côtés différents V'ig. 4. — Truck des nouvelles locomolives électriques de la Baltimore and Ohio Railroad Company. Vue d'une extrémité. = 19 Ce, HAS ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES ES LOCOMOTIVES ÉLECTRIQUES DU BALTIMORE AND OHIO RAILROAD. — TROUBLES CAUSÉS SUR DES LIGNES TÉLÉPHONIQUES PAR UNE DISTRIBUTION A COURANTS ALTERNATIFS. — COMMUNICATIONS TÉLÉPHONIQUES ENTRE LES TRAINS ET LES STATIONS un truck isolé, La locomotive complète pèse environ 100 tonnes et est capable de développer 1.200 chevaux. Elle recoit le courant d’un câble extérieur au moyen d'un trolley, La vitesse maximum qu'il est possible d'obtenir est de 90 kilomètres à l'heure. La vitesse moyenne des trains sera de 55 kilomètres environ, égale, par conséquent, à celle que donnentles locomo- tives à vapeur. Les essais préliminaires, faits il y a quelque temps, ont été des plus satisfaisants, et le nouveau service commencera très prochainement à fonc- tionner !, Nous signalons cet exemple avec plaisir. La traction électrique à trolleys n’a, dans les souterrains, aucun | des inconvénients qui la font quelquefois rejeter pour les voies situées au ni- veau du sol. Elle a, d'autre part, sur la traction à vapeur, l'im- mense avantage de ne pas vicier et rendre ir- respirable l’atmosphè- re des tunnels, Puisse la démonstration de Baltimore marquer un progrès dans les appli- cations de l'électricité et dans la question des métropolitains ! Certains troubles, qui se sont produits à Odessa l'été dernier, causés par des phé- nomènes d'induction, nousmontrent decom- bien de précautions il est nécessaire de s’en- tourer, lorsque l’on construit des lignes té- léphoniques à proximité de circuits parcourus par des courants alternatifs ?. Les lignes téléphoniques d'Odessa sont aériennes, Les dynamos de la station centrale sont de deux types : les unes marchent à 40 périodes et à 1.800 volts; les autres marchent à 125 périodes et à 2.000 volts. Jusqu'à ces derniers temps, l'éclairage du théâtre était fait par des machines du premier type, avec une différence de potentiel de 60 volts aux bornes du circuit secondaire : l'énergie consommée était d'environ 80 kilowatts. On pouvait percevoir un peu d'induction sur les lignes téléphoniques voisines; mais l'effet produit était insi- anifiant et incapable de troubler les communications en quoi que ce soit. Il n’en fut plus de même lorsqu'on brancha le circuit du théâtre sur le réseau alimenté par les machines à 125 périodes, On pensa d’abord que l'induction était due aux càbles primaires; mais les lignes les plus influencées les coupaient à angle droit, la distance au point de croisement étant d'environ 7 mètres. On fit l'expérience suivante : le réseau à basse tension, alimentant le théâtre, fut remplacé par des rhéostats à liquide, aux bornes des transformateurs, quifonctionnèrent dans ces 1 D'après The Electrical World, n° du 5 janvier 1895, 2 The Electrician, n° du 28 décembre 4894. 130 conditions. H fut alors impossible de déceler le moindre courant induit. L'examen des cireuits secondaires montra qu’un grand nombre d’entre eux formaient ce qu'on appelle la distribution en boucle, Ce système alavantage d'assurer un voltage plus uniforme aux bornes des lampes, mais présente l'inconvénient, quand il s'agit de courants alternatifs, que les deux câbles voisins sont parcourus par des courants de même sens, de manière que le réseau complet forme une sorte de bobine gigantesque. On explora le champ magnétique produit par cette bobine au moyen d’une couronne de 100 mètres de fil isolé, qui était enroulé sur une circonférence d'environ 1%,20 de diamètre et dont les extrémités aboutissaient ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES câbles primaires, les coupait alors à angle droit. On supposa que ceux-ci étaient en communication d’une manière quelconque avec les fils de ligne; mais un examen attentif qu'on leur fit subir montra que l’un d’eux, par négligence, avait été laissé détaché. L’induc- tion cessa aussitôt que la connexion fut faite. L'isole- ment des lignes était parfait; l'effet était purement électrostatique. A la suite de cette observation, on fit des expériences destinées à reproduire franchement ces mêmes effets; on altacha à l’un des pôles de la dynamo un circuit se dirigeant d’un certain côté de la ville ; à l’autre pôle, un circuit se dirigeant dans le sens opposé. Toute communication téléphonique fut impos- sible. L'induction, très faible quand un seul circuit à un récepteur téléphonique, En promenant celte cou- ronne à travers le théâtre et en lui donnant en chaque point diverses inclinaisons, on put y déterminer la direction des lignes de force avec une rigueur suffi- sante, L'induclion était particulièrement sensible près du sol et à côté du foit, Ce toit, construit en fer, con- centrail les lignes de force et semblait agir à la facon des pièces polaires des champs magnétiques. Dans un autre théâtre, où le système en bouele avait élé appliqué, des troubles identiques se produisirent, Aucun doule ne put.donce subsister. La même ville d'Odessa à fourni un exemple remar- quable d’induction électrostatique. Des troubles se manifestèrent brusquement dans un quartier épargné jusque-là. On venait d'installer une nouvelle ligne pri- maire, courant parallèlement aux lignes téléphoniques sur une distance d'environ 350 mètres. câbles primaires élaient placés sur des poteaux en bois à 7 mèlres du sol; les fils téléphoniques, également sur des poleaux en bois, élaient à {1 mètres du sol, et de l'autre côté de la rue, large d’au moins 20 mètres. Il n'y avail en cet endroit aucun branchement de trans- lormaleur. L'effet fut d'abord signalé sur une ligne téléphonique qui, parallèle pendant 30 mètres aux Les 2. — Truck des nouvelles locomotives électriques de la Baltimore and Ohio Railroad Company. Vue du profit. était attaché, devenait très forte quand on atfachait le second. Les longueurs des doubles lignes de ces cir- cuits étaient, l’une, de 8 kilomètres; l’autre, de 5 kilo- mètres. Leur isolement, y compris les transformateurs, était d'environ 300.000 ohms. Les ampèremètres les plus sensibles ne décelaient pas le moindre courant. Un correspondant du New South Wales Railway Bud- get signale un exemple de communications télépho- niques établies entre les trains et les diverses stations du Wellington and Manawater Railway. Le procédé employé est d’ailleurs des plus simples. Un fil télépho- nique court tout du long de la ligne et communique avec un poste à chaque station. Dans le fourgon du conducteur a été également établi un poste auquel est allachée une bobine de fil terminée à son autre extré- milé par une agrafe en fer, Supposons qu'un (rain soit forcé de s'arrêter entre deux stations : le conduc- teur accroche son agrafe au fil téléphonique et sonne; les roues et les rails servent de retour, Son appel est entendu à toutes les stations qui peuvent alors y répondre et communiquer avec Jui, A. GAY, Ancien Elève de l'Ecole Polytechnique BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1317 BIBLIOGRAPHIE 1° Sciences mathématiques. Tannery (Jules), Sous-Directeur des Etudes scienti- fiques à l'Ecole Normale Supérieure, — Introduction à l'Etude de la Théorie des Nombres et de l'Al- gèbre Supérieure. — Conférences faites à l'Ecole Nor- male, rédigées et complétées par MM. E. Borel et J. Drack,— 1! vol. in-8° de 350 p. (Prix : 10 fr.). “Nony et Cie, éditeurs. Paris, 1895. La première partie de cetouvrage (Théorie des nombres), rédigée par M. Borel, traite d'abord des congruences numériques : a = b (mod. »#) qui expriment que les en- tiers a et b différent d’un multiple de l’entier m, puis de la résolution des congruences algébriques, pour lesquelles on peut édifier une théorie analogue à celle des équations entières à une inconnue ; pour attribuer des racines à toutes ces congruerces, on est conduit à introduire des symboles, dits imaginaires de Galois, dé- finis par la condition de satisfaire à certaines d’eñtre elles : cette introduction est faite du point de vue où s’est placé Kronecker. L’ouvrage se poursuit par une étude élémentaire des congruences binômes et de la théorie des indices, étendue aux imaginaires de Ga- lois, puis par celle de la congruence du second degré qu'on ramène à la congruence binôme x? — D suivant un module premier p ; quand un entier x vérifie cette con- gruence, l’entier D est dit résidu quadratique du nombre premier p : d'où la détermina'ion de l’un des nombres p ou D, connaissant l’autre ; en particulier, quand D est donné, on a le difficile problème résolu par Le- gendre, à l’aide de la loi dite de réciprocité, et qui établit une distinction essentielle entre les nombres premiers des formes 4n + 1 et ën + 3; cette distinction se re- trouve au chapitre suivant, qui traite de la représenta- tion des entiers par des formes quadratiques, et, en particulier, par des sommes de carrés : la propriété, exclusive parmi les nombres premiers, de ceux qui ont la forme 4#n + 1 d’être une somme de deux carrés, conduit à ne plus les regarder comme premiers dans l’ensemble des entiers lant réels qu'imaginaires, tels que Gauss les a considérés. La seconde partie (Algébre supérieure), rédigée par M. Drack, est dominée par l’idée de mettre en évidence l'introduction logique des symboles algébriques, comme extension du groupe formé par les entiers positifs, re- lativement à leurs modes de composition additif et multiplicatif; d'où l'apparition des entiers négatifs, puis de tous les nombres.rationnels, et enfin des nombres a'gébriques, comme racines d’une équation entière à coefficients entiers, wréductible à d’autres équations à coefficients entiers et de degré moindre; si l'équation est de degré n, n symboles apparaissent ainsi à la fois, qu'on peut déterminer par les relations symétriques élémentaires entre les coefficients et les racines ; on est ainsi amené à considérer plus généra- lement n symboles introduits simultanément par un système d'équations, et l’on élablit que leur calcul re- vient à un calcul de polynômes suivant un module R (x) (c'est-à-dire effectué à des multiples près de R), R dé- signantun polynôme à coefficients entiers qu'on nomme le résolvant du système simultané; ces considérations permettent d'établir la possibilité logique de l’intro- duction des nombres algébriques, telle qu'elle a été faite, et amènent à l'étude des relations qui existent entre les fonctions rationnelles de n indéterminées : cette étude entraine celle des groupes de substitutions, dont la théorie est appliquée aux équations résolubles algébriquement, et à la démonstration du célèbre théo- rème d’Abel sur l'impossibilité de résoudre ainsi l’é- ANALYSES ET INDEX quation générale de degré supérieur au quatrième, L'ouvrage se termine par des applications aux équa- tions dites normales et abéliennes et des notes complé- mentaires. Dans la préface, M. Tannery insiste sur la grande part de ses deux collaborateurs à l’œuvre commune : à leur tour, MM. Borel et Drack s'associeront à nous pour reconnaître ce qui revient à leur éminent maître des qualités de clarté, d'élégance et de méthode, qu'on trouve dans ce remarquable ouvrage. M. LELIEUVRE. Painlevé (Paul), — Mémoire sur la Transformation des Equations de la Dynamique. — (Journal de Mathématiques, 1894), 92 pages. Gauthier-Villars et fils, éditeurs, Paris, 189%. On ne saurait prétendre, dans une notice de quelques lignes, faire un compte rendu circonstancié de 92 pages remplies de calculs et de raisonnements serrés. Expli- quons seulement en peu de mofs de quoi il est ques- tions dans le Mémoire de M. Painlevé. Soit S un système matériel dont la position est défi- nie par R variables g. Les forces ne dépendent ni du temps, ni des vitesses, mais seulement de la position de S. La force vive ne dépend que de la position de S et des vitesses, mais non du temps. On oblientalors les q en fonction du temps, c’est-à-dire le mouvement du sys- tème S, par l'intégration d’un système (A) d'équations différentielles dit « système de Lagrange ». Rien n'empêche d'imaginer un point $ ayant, dans un espace E à R dimensions, les q pour coordonnées. Alors s parcourt dans cet espace une mulplicité à une dimension ou courbe trajectoire g. Le mouvement de S est connu dès que l’on connait la nature géométrique de g ainsi que la loi du déplacement de s sur g. M. Painlevé cherche les systèmes de Lagrange « cor- respondants » de (A), c’est-à-dire tels que la courbe y soit la même que pour (A}, la loi du déplacement de s sur g pouvant changer. Cette propriété doit, dans une certaine mesure, resler inaltérée par un changement de coordonnées effectué dans l’espace E. F On obtient d’abord une intinité de systèmes corres- pondants en changeant l'unité de temps. La nouvelle unité peut être imaginaire, ce qui permet d'interpréter en dynamique le femps imaginaire. Il y à aussi une infinité de correspondants, signalés par M. Darboux, lorsque les forces du système (A) proviennent d’un potentiel. En dehors de ces correspondants ordinaires, il n'en existe pas d’autres, à moins de sujétions spéciales à imposer au système (A). M. Painlevé étudie ces sujétions, Ure conséquence intéressante est celle-ci : une certaine fonction qua- dratique des vitesses (analogue à la force vive, mais distincte) doit, à chaque instant du mouvement, dépen- dre seulement de la position du système matériel et uon du temps. Quand il s'agit d’un savant comme M. Painlevé, les épithètes louangeuses ne sont plus de mise. Bornons- nous à signaler la grande importance que me parais- sent avoir pour les progrès de la Mécanique rationnelle le Mémoire présent ainsi que les travaux antérieurs de MM. Darboux, Appell, Goursat... dont M. Painlevé réclame souvent. Tout cela consiste, en effet, à étudier les solutions des problèmes de Dynamique en elles- mêmes, indépendamment du procédé de résolution. C’est le premier pas vers une théorie des Invariantis eu Mécanique. On sait combien cette notion d'invariance a déjà transformé l'Analyse et la Géométrie. LÉON AUTONNE, se 132 2° Sciences physiques. Maréchal (H.), Ingénieur des Ponts et Chaussées et du Service municipal de la Ville de Paris. — L'Eclairage à Paris. Etude technique des divers modes d'éclairage employés à Paris. — 1 vol. gr. in-8° de 500 pages avec 241 fig. dans le lexte. (Prix, retié : 20 fr.). Baudry et Cie, Rue des Saints-Pères, 15. Paris, 1895, L'éclairage public et privé d’une grande ville pré- sente, parmi tous les problèmes de l’industrie moderne, un haut degré d'intérêt. La variété des procédés mis en œuvre, la multitude des questions scientifiques, écono- miques, sociales même, soulevées par ce problème, l'intérêt immédiat que chaque habitant, à quelque classe qu'il appartienne, doit attacher à tout progrès réalisé dans cette voie, tout cela contribue à donner un caractère attrayant à une étude au premier abord un peu aride, et justifie la nécessité de l'important travail d'ensemble que M. Henri Maréchal nous présente au- jourd'hui sur l'éclairage de la Ville de Paris. L’éclairage artiliciel, sous un climat tempéré où, comme dans le nôtre, la longueur des nuits hibernales dépasse de beaucoup le temps nécessaire au sommeil, est un des besoins les plus impérieux de l’homme civilisé; et l'abondance de cet éclairage constitue, on peut le dire, le premier etle plus justifié des luxes qu'il puisse se permettre, À ce point de vue, nous ne pouvons omettre de signaler, en passant, les véritables bienfaits que la lumière électrique a dès maintenant répandus, en procurant à tous nos plus petits villages des régions montagneuses un éclairage abondant et économique. Il faut penser à cela, considérer en même temps les grandes artères de nos villes si brillamment éclairées, pénétrer aussi dans nos intérieurs où la veil- lée se prolonge souvent fort avant dans la nuit pour comprendre les merveilleux progrès qui ont été réali- sés dans cette branche de l’industtie, Et si, à côté de ce tableau tout moderne, on essaie de se représenter l'obscurité traversée seulement par quelque mince filet de Jumière tombant d'une lampe fumeuse ou d’une mauvaise chandelle dans laquelle, il y a deux cents ans seulement, vivaient nos pères, on est frappé du contraste saisissant qui existe entre ces deux époques relativement si rapprochées l’une de l’autre. C'est ce contraste qui évidemment a inspiré à l’auteur le premier chapitre de son ouvrage où il retrace à grandes lignes le très curieux historique de l'éclairage publie à Paris, depuis la mémorable chandelle que Philippe V fit installer en 1318 à la porte du Châtelet, jusqu'aux derniers développements du gaz et de l'élec- tricilé. 5 C’est aujourd'hui entre ces deux agents que se par- tage l'éclairage de Paris; aussi, à part un court cha- pitre consacré aux « éclairages divers », ce sont eux qui forment les deux grandes divisions de l’ouvrage. Les chapitres IT, IT et IV sont consacrés à la produc- tion, à la distribution et à l'utilisation du gaz. Le principe de la fabrication du gaz est bien connu; les détails le sont moins, et la description précise qu’en donne l’auteur sera précieuse à consulter pour les spécialistes; un des points à signaler est lPemploi des fours à récupération dans la distillation de la houille; les lecteurs de la Revue n'ont pas oublié l’in- téressant article que M. Damour à récemment consacré à ce sujet !. La distribution du gaz est, en théorie, très simple : une série de conduites se ramifiant à partir de l'usine amène le gaz jusqu'au lieu d'utilisation sous une pres- sion qu'on ne s'attache pas à rendre constante et qui, en tous cas, est toujours supérieure à la pression mi- nima de 20%® prévue par le Cahier des Charges : le robinet est, chez le consommateur, le seul organe de régulation, Toute difficulté de principe étant ainsi écartée, l'auteur se consacre uniquement aux détails techniques de Ja distribution (pose des tuyaux, raccor- a 1 Voir la Revue du 30 juin 1894. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX dements, branchements, etc.). Gette latitude laissée aux producteurs de gaz de ne pas chercher à régula- riser la pression chez leurs abonnés est la véritable. cause qui rend en principe la distribution du gaz beaucoup plus simple que celle de l'électricité : il est. pourtant curieux de constater quelques points d’ana- logie entre les deux systèmes; c'est ainsi que l’auteur … signale l'existence à Paris de grosses conduites, tout à » fait analogues aux feeders des compagnies d'électricité, » allant, directement et sans faire de service en route, de- puis l'usine jusqu’au centre de l’agglomération qu’elles n doivent desservir ; c'est ainsi également que les ré-. seaux des divers usines à gaz communiquent tous entre eux, de sorte que l'éclairage d’un point est toujours. assuré, même si une usine vient à manquer. Des chiffres, « très intéressants au point de vue statistique et écono- & mique, sur le prix de revient du gaz produit et du distribue, complètent ces renseignements. Le chapitre relatif à l’utilisation du gaz est surtout … intéressant par la description des procédés fectionnés et modernes d'éclairage au gaz (becs à récu- pération, becs Auer, etc.). On y verra combien l’an- tique papillon était imparfait et utilisait mal le gaz dépensé. Il est complété par la reproduction instructions de Dumas et Regnault pour la vérification du gaz et par des tableaux contenant la durée de l’éclairage à Paris aux diverses époques de l’année, Deux causes contribuent à rendre les distributions électriques plus compliquées que les distributions du gaz : la première que nous avons signalée plus haut, provient de la nécessité qu'il y a à fournir le courant aux consommateurs sous une pression constante; la deuxième, des efforts qui sont faits en vue d’écono- miser le plus possible le cuivre immobilisé dans les gaz canalisations. De là une variété très grande de sys- « tèmes, sinon dans les machines, au moins dans le mode d'emploi de ces machines. Tandis que toutes les usines à gaz sont semblables, ou à peu près, et. mettent simplement en commun le gaz produit dans une canalisation qui couvre tout Paris, les usines élec- triques, elles, sont toutes très différentes, et ne des- … servent chacune qu'une portion de la ville, un secteur, partant en général de la Seine pour aboutir aux forti- fications, Ces secteurs (non compris le réseau muni- cipal des Halles) sont au nombre de cinq sur la rive droite; la rive gauche, qui constituera un seul secteur de grande étendue, est encore à peine desservie. Les chapitres VI et VII sont consacrés à la description des grandes stations centrales et des sous-stations de cha- cun de ces secteurs : leur forme etleurétendue ont, pour ainsi dire, imposé les systèmes de distribution adoptés, et il suffit de jeter les yeux sur un plan des secteurs électriques de Paris pour reconnaitre que les deux sec- teurs extrèmes (s. des Champs Elysées, s. de la C!° Pa-. risienne de l'air comprimé) doivent être alimentésà haute tension. Cette description complète et met au courant l'étude que Frank Géraldy avait consacrée à ce. sujet, il y a quelques années, dans la Lumière Electrique. Toutes lesstations centrales, quel qu’en soit le système, comportent un certain nombre d'éléments communs (chaudières, machines à vapeur, dynamos, etc.). On trouvera, aucommencementdu chapitre VI, un substan- tiel résumé de ce que la pratique a appris de plus gé- néral à ce sujet. Les chapitres VIT et IX sont consacrés à l'étude des. per- es canalisations, le chapitre X à la distribution et à la vente de l'énergie électrique; enfiu dans le chapitre XL on trouvera des détails sur les différents modes d’é- clairage électrique, ainsi que sur les installations particulières, encore nombreuses, indépendantes des secteurs et produisant elles-mêmes l’énergie électrique dont elles ont besoin (gares, théâtres, grands maga- sins, elc.). #. ï Le problème de l'éclairage publie d'une grande ville revient en définitive à ceci :produire, en chaque point d'une chaussée supposée horizontale, un éclairement ne descendant pas au-dessous d’un minimum déter- x - ” © miné, Quelle est cette limite ? Jusqu'ici on n'avait guère de données à cet égard, et c'était un peu empiriquement que l’on disposait les foyers destinés à produire cet éclairement : d’ailleurs, c’était là la meilleure marche à suivre, eten pareille matière on ne peut songer à une solution à priori du problème. Aujourd'hui que la pratique a amené dans les grandes villes des résultats déjà très satisfaisants, il est bon d'en faire pour ainsi dire la synthèse et d'en tirer, pour l'avenir, tous les enseignements possibles, À ce point de vue, le dernier chapitre de l'ouvrage contient des renseignements fort utiles sur l’éclairement des diverses rues de Paris; il complète ainsi par des données pratiques nombreuses et récentes le chapitre correspondant de l'ouvrage au- jourd’hui classique de M. A. Palaz, intitulé Photometrie industrielle. Tels sont, rapidement résumés, les points techniques que l’auteur à examinés, à propos de l'éclairage de Paris. A côté de cette partie technique, une partie im- portante de l'ouvrage est consacrée au côté économique et juridique du sujet, et l'on y trouvera tous les règlements, cahiers des charges, modèles de soumis- sion, etc., soit en ce qui concerne le gaz, soit en ce qui concerne l'électricité. Il semble done qu'on ne pouvait traiter d'une ma- nière plus complète un sujet aussi étendu ; aussi l’ou- vrage de M. H. Maréchal restera un document essentiel que devra consulter quiconque s'intéresse à l'éclairage d’une grande ville. P. JANET. 3° Sciences naturelles. Broilliard (Ch.), Ancien Professeur à l'Ecole Fores- tière. — Le Traitement des Bois en France.— Esti- malion, partage et usufruit des foréts. — Nouvelle édition, 1 vol. in-8° de 700 pages. (Prix : 7 fr. 50). Berger-Le- vrault et Cie, éditeurs. Paris et Nancy, 1894. La nouvelle édition de ce volume est, dit l’auteur dans sa préface, mieux qu'un livre nouveau, c'est un livre renouvelé et forlilié; il en reste cependant un ou- vrage pralique, que liront aisément et avec grand prolit, tous les propriétaires de forêts. Ils y trouveront d’abord des renseignements très précis sur le cubage et l'estimation des bois, et les di- vers modes de vente. Un chapitre important est con- sacré à l'étude des différents régimes. M. Broilliard, grand partisan de la méthode d'observation, décrit, sans parti pris et d’après leur importance économique, tous les modes de traitement des bois, mème les plus modestes, taillis simples, taillis furetés, pineraies du Midi ou de Champagne, oseraies même. La mise en valeur par le reboisement, des terrains incultes ou abandonnés, intéresse tous les déten- teurs du sol. Enfin, des deux dernières parties de l’ou- vrage, l’une est consacrée à l'examen de la structure des bois, de leurs propriétés et de leurs usages; l’autre, accompagnée de nombreux tableaux, traite, d’une facon très claire, les questions délicates de l’estimation des forèts, de partage et d’usufruit, RARPENR Ellenberger (D' W.), Professeur, et B&aum (D° H.), Prosecteur à l'Ecole vétérinaire supérieure de Dresde. — Anatomie descriptive et topographique du Chien. Traduit de l'allemand par M. J. Denirer, Docteur ès Seiences. — 1 vol. gr. in 8 de 666 p. avec 208 fig. dans le texte et 31 planches lithographiées. (Prix : vartonné, 35 fr.) C. Reinwald et Cie, éditeurs, Paris, 1895. Jusqu'à ce jour, il n’existait aucun travail d’ensemble sur l'anatomie du chien. Or on comprend de quelle utilté peut ètre une pareille monographie pour le vétérinaire et l’éleveur d'une part, et, d’un autre côté, pour le zoologiste, le physiologiste et le biologiste. En effet, si le chien est un de nos animaux domestiques — le plus aimé de tous, — il est en même temps un des sujets auxquels on a constamment recours dans BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 133 les études de Physiologie et de Médecine expérimentale. Le livre de MM. Ellenberger et Baum est le fruit de plusieurs années d’études. Des centaines de chiens ont ‘été disséqués par eux, chaque détail anatomique a été contrôlé sur plusieurs sujets. On pouvait craindre qu’il y eût quelque difficulté à constituer une anatomie du chien-type, étant donnée la variété des races canines, Mais il n’en est rien : la différence de race n'a aucune influence notable sur les variations dans les rapports des muscles, des vaisseaux, des nerfs et des vis- cères. : En revanche, le système osseux présente des varia- tions dues aux différences de races. C’est ainsi que cer- tains chiens à pattes tordues, par exemple les bassets, offrent des déviations du type général dues surtout à la torsion des os des membres et se manifestant par des changements dans l’orientation des différentes faces des os. Mais c’est surtout dans la conformation de la tête et la disposition des dents que s’impriment les différences de races. On peut, à ce point de vue, dis- tinguer deux grands groupes de races canines : Les races à tête étroite et allongée, dolichocéphales, comprenant le dogue, le chien d'arrêt, le lévrier, le chien de cour ou d'attache, le chien de berger, le ca- niche, le Saint-Bernard et le Terre-Neuve. Dans toutes ces races, la largeur de la tête n’est que des deux tiers de sa longueur. Dans les races suivantes, dites brachy- céphales, la largeur de la tête atteint les sept huitièmes de la longueur : ce sont le carlin, le boule-dogue et l’épagneul. Enfin, il y a des races intermédiaires, telles que le chien-loup, le griffon et le basset. On consultera avec le plus grand intérêt le tableau où l’auteur indique, pour les diverses races de chiens, le rapport entre la longueur et la largeur de la tête et celui entre la longueur de la boîte crànienne et celle de la face. Ces variations des rapports du crâne et de la face entraînent des modifications de la forme de la voûte palatine, des crètes osseuses, etc., qui sont dé- crites avec détails. L'ouvrage est concu sur le plan ordinaire des livres d'anatomie, et les différentes parties qui constituent cette science sont trailées avec un luxe de détails que lon n’est habitué à rencontrer que dans les traités d'anatomie humaine. Le style de l'ouvrage, ainsi que la terminologie employée, sont clairs et en facilitent beaucoup la lecture. Des tableaux synoptiques très complets résument la distribution des artères et des nerfs dans les différentes parties du corps du chien. L'ouvrage est illustré de nombreuses figures origi- nales dans le texte et de 37 planches lithographiques, dont un grand nombre en couleurs. Ces dernières, accompagnées chacune d’une page de texte explicatif, servent à l'étude de la topographie des régions. Elles ont été obtenues par des coupes faites sur des cadavres de chiens congelés. Quelques-unes ont été faites sur des chiennes pleines et indiquent les rapports des fœtus avec les viscères. Toutes seront de la plus haute utilité tant pour les recherches de laboratoire que pour le vétérinaire qui entreprend une opération. En résumé, on ne peut que féliciter M. J. Deniker, le savant bibliothécaire du Muséum, d’avoir mené à bien la tâche ardue de la traduction de cet ouvrage et d’avoir ainsi présenté aux lecteurs français une mono- graphie qui répond réellement à un besoin de la science moderne. L'ouvrage est édité avec un soin tout particulier : papier et impression ne laissent rien à désirer; les figures sont remarquablement bien tirées. Cette édition fait honneur à la maison Reinwald, qui ne s'arrête devant aucun sacrifice quand il s’agit de publications sérieuses et qui sont appelées à rendre service à la science pendant de longues périodes, Ce n’est pas là, en effet, un de ces ouvrages éphémères qui s’oublient aussitôt parus; c’est un véritable livre de fonds, indis- pensable à toute bibliothèque scientifique bien orga- nisée, Dr L. Laroy. 134 4° Sciences médicales. Reclus (D' Paul), Chirurgien de l'Hôpital de la Pitié, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, —- Cliniques chirurgicales de la Pitié. —1 vol. grand in-8° de 589 pages avec figures dans le texte. (Prix : 10 francs.) G. Masson, éditeur. Paris, 189%. M. Paul Reclus aurait pu donner au troisième vo- lume de ses Cliniques le titre de Lecons de thérapeutique chirurgicale. Car l'analyse des signes morbides, la dis- cussion du diagnostic tiennent en réalité peu de place dans ce livre d’ailleurs intéressant, et écrit dans cette forme élégante, avec cette érudilion sûre, qui caracté- risent l’aimable chirurgien de la Pitié. Mais, si M. Paul Reclus a sacrifié à l’esprit de la plu- part de ses contemporains, en traitant la séméiologie et le diagnostic en quantités négligeables, il s’est du moins affranchi de ses tendances en jugeant que tous les sujets fournis par les hasards de l'hôpital étaient au même degré dignes d'attirer l'attention de ses audi- teurs et d’être le but de sesétudes. Cela veut d'autant plus être remarqué à un moment où la Clinique parait se proposer seulement pour tâche de recueillir des faits inédits ou extraordinaires, de dresser des statistiques ou d'exposer des recherches de laboratoire, Voilà pour- quoi nous sommes disposé à louer sans réserve les excellents chapitres que l’auteur a consacrés au Traite- ment des grands écrasements, aux Phlegmons du cou, aux Abcès de la région ano-rectale, au Cancer de la lanaue, à la Cure de l’Hydrocèle vaginale, au Varicocèle, etc. Les élèves y trouveront les éléments nécessaires pour éclairer leur jugement, et guider leur conduite dans les cas les plus ordinaires de leur pratique. A côté de ces sujets d'utilité courante, M. Reclus a groupé quelques observations curieuses. Lune de celles-ci est un cas de Tératome du scrotum observé chez un homme de trente et un ans. Malgré l’âge du malade, la tumeur, du volume d’une grosse pomme de terre, fut facilement séparée du testicule et du cordon, sans qu'il fùt possible de trouver « un seul point où un pédicule quelconque ait paru exister ». Une autre variété de ces inclusions fætales, celle-ci plus rare encore — il s’agit d’un kyste ermoïide du raphé périnéal et du sero- tum — fait l’objet d’une autre kecon. Relevons encore l’histoire complète d’un Cancer de la tête du pancréas, traité par l’entérostomie biliaire et pris, même après examen direct au cours de l'intervention, pour un calcul du canal cholédoque. D'autres cliniques sont consacrées à la discussion des sujets qui ont le plus passionné en ces derniers temps la Société de Chirurgie : valeur comparée de la lapa- rotomie et de lhystérectomie dans les suppurations pelviennes et traitement des perforations intestinales. Sur ces deux questions l’auteur reproduit purement et simplement les déclarations qu'il avait faites devant ses collègues et que nous connaissions déjà. Mais deux chapitres méritent de retenir plus long- temps notre attention : l’analgésie cocaïnique et la ma- ladie kystique de la mamelle. M. Reclus a repris, en effet, dans ce troisième volume l'apologie et la défense de la cocaïne. Il a cherché à la laver de toutes les ac- cusations dont elle a été l’objet; il va jusqu’à contester les cas de mort inscrits au passif de la méthode, ou du moins il les explique fort naturellement. Il décrit avec soin le manuel opératoire (injection intra-der- mique), et pose des règles précises relatives au titre de la solution (1 °/,), et aux précautions qui doivent en- tourer l’opéré, Cet habile plaidoyer n’entraïnera guère, je le crains, les convictions hésitantes, Le chirurgien de la Pitié parait avoir obtenu le maximum en faisant adopter sa méthode par quelques-uns de ses collègues pour les interventions de courte durée. Mais je crois que pas un de ceux-ci ne se risquerait à faire, comme M. Reclus, une laparotomie, une taille hypogastrique ou une am- putation avec le seul secours de la cocaïne! Le chloro- forme, malgré des dangers que réduit, d’ailleurs, au BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX minimum un emploi prudent, ne paraît pas être prêt. à être détrôné en France par un aucun autre anes- thésique. Quant à la maladie kystique de la mamelle, nous ne faisons pas de difficulté pour reconnaitre à M. Reclus l'honneur de l'avoir le premier isolée et décrite. La description d’Astley Cooper, n’est vraiment pas « su- perposable » à celle qu'a donnée M. Reclus dès son premier mémoire sur la question. Mais combien il a modifié la rigueur de ses principes antérieurs, en vertu desquels les mamelles kystiques étaient frappées sans pitié : les recherches de Quénu, de Rochard, de Toupet et de Delbet l’inclinent aujourd'hui à regar- der comme d’origine purement inflammatoire cette affection, qu'il avait crue au début de nature épithé- liale. Quand nous aurons signalé une étude fort docu- mentée de l’Ainhum — que l’auteur, gagné à des idées nouvelles, sépare maintenant nettement des amputa- tions congénitales des orteils — et la très intéressante lecon sur les applications de l’eau chaude en Chirurgie, nous aurons donné à peu près la substance de ce livre, où l’on retrouve les habituelles qualités, solides et brillantes, du maître qu'est M. Paul Reclus. D' Gabriel MAURANGE. Aubeau (D'), — Applications de la Micrographie et de la Bactériologie à la précision du Diagnostic chirurgical. — 1 vol. gr. in-8° de 40 pages avec 24 figures hors texte en photogravure. (Prix: 5 francs.) Société d'éditions scientifiques. Paris, 1895. L'idée d'appliquer la micrographie et la bactériologie au perfectionnement du diagnostic chirurgical mérite évidemment toute approbation. Mais, s’il faut féliciter M. le D' Aubeau de l'avoir eue, on doit regretter la facon dont il a essayé de la réaliser. Toute personne tant soit peu initiée à la bactériologie, qui ouvrira son livre, demeurera stupéfaite des commentaires qui accompagnent ses photogrammes. Exemples : une préparation de globules du sang humain déformés est l’objet de cette désignation : « Globules rouges à noyaux (dans l’empoisonnement par le chlorate de potasse). » Or, de noyaux, nulle trace ; l’auteur a sans doute pris pour de tels organites deux simples taches, bien visibles sur la photographie. La planche suivante, intitulée : « Cristaux d’'Hématoidine dans le sang », montre tout ce qu'on voudra, excepté des cristaux. Etc., etc. La tentative de M. Aubeau demande à être reprise avec toutes les ressources dont disposent aujourd’hui l’anatomie pathologique et la bactériologie. F0 5° Sciences diverses. La Grande Encyclopédie. Inventaire raisonné des Sciences, des Lettres et des Arts, —paraissant par livrai- sons de 48 pages grand in-8° colombier, avec nombreuses figures intercalées dans le texte et planches en couleurs. 509, 510° et 511: livraisons. (Prix de chaque livrai- son, 1 fr.) H. Ladmirault et Cie, 61, rue de Rennes, Paris, 1895. On trouvera dans les 509°, 5108 et 511° livraisons la biographie du grand philosophe allemand Kant et lex- posé de ses doctrines, par M. E. Boutroux; celle du général Kellermann, par M. Ch. Grandjean; celle du célèbre astronome Képler, par M. L. Sagnet; celle des rois de Perse qui ont porté le nom de Khosroës, par M. E. Drouin; celle du grand empereur Khang-Hi, le Louis XIV de la Chine, par M. E, Chavannes. A signaler ensuite un article de M. Trouessart sur le Kangourou, illustré de dessins; une étude sur le massif monta- gneux des Karpathes, la description des îles Kerguélen, possession francaise de l'Océan Indien, par M. Ch. De- lavaud ; un article historique de M. P, Ravaisse sur les Khalifats arabes et les différents princes qui s’y sont succédé ; enfin, une étude géographique et historique sur le Khanat de Kiva. Es RES PRIME ETC ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 5 Fe. = ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES : 5 DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER “ ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS < 2 Séance du 14 Janvier 1895. _ M. Hautefeuille est élu membre de l’Académie, Section de Minéralogie, en remplacement de M. Mal- lard. — La Kœnigliche Gesellschaft der Wissens- chaften de Gôttingue invite l’Académie à envoyer des délégués à Innsbrück pour la recherche des rapports entre les variations de la pesanteur et la constitution de l'écorce terrestre. — M. le Ministre des Affaires étrangères adresse la traduction d’une étude de M.Lo- renzo Sundt sur le lac Titicaca. — MM. von Richthofen ét Matheron, nommés correspondants pour la Section de Minéralogie, adressent leurs remerciements. — MM. J. Coniel, Meslans, Sappin-Trouffy, adressent leurs remerciements pour les distinctions accordées à leurs travaux. — MM. H. Baïllon et Ed. Bureau prient l'Académie de les comprendre parmi les candidats à la place vacante dans la Section de Botanique. — M. J. Carpentier prie l’Académie de le comprendre parmi les candidats à la place d’académicien libre, laissée vacante par la mort de M. de Lesseps. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. J. Janssen présente à l’Académie l'Annuaire du bureau des longitudes. — M. Poincaré adresse un procédé de vérification appli- cable au calcul des séries de la mécanique céleste. — M. Raoul Bricard présente un appareil qui résout le problème de la transformation du mouvement circu- laire en mouvement rectiligne au moyen de cinq tiges articulées, et indique une proposition qui permet d’ob- tenir un nombre infini de solutions du problème au moyen de systèmes articulés. — M. Jules Drach in- dique comment on peut étendre la méthode de Gallois - à des systèmes différentiels très généraux et obtenir, à aide de résultats dus à M. Lie, tous les types distincts de transcendantes nécessaires pour les intégrer. — M.E. Vessiot montre que la détermination des équa- tions finies d’un groupe continu fini, dont on connait les transformations infinitésimales, se ramène à l’inté- gration d'une équation de Lie : L'éns r dfir; dd T ét: F1 6e (4) Xk f 0, pour laquelle on connaît les équations finies du groupe correspondant, au moins toutes les fois que le groupe considéré est transitif. Cette proposition entraine la conséquence suivante : l'intégration de toute équation de Lie, dont le groupe correspondant est transitif, dépend uniquement de l'intégration d'équations li- néaires auxiliaires, — M. G. Koch adresse un mémoire, écrit en allemand, sur le vol des oiseaux. 29 Sarences PysiQuEes. — M. Vaschy calcule quel est le flux d'énergie qui entre par chaque élément dS de la surface S, dans le volume V d’un cireuitconducteur . maintenu dans un champ électrique stable, c’est-à-dire parcouru par un courant permanent; ce flux est per- pendiculare aux vecteurs Let h' considérés par l’auteur et égal au quotient par4r de l'aire du parallélogramme construit sur ces vecteurs comme côtés. — M. Joseph de Kowalski a réalisé plusieurs dispositifs nouveaux pour la production des rayons cathodiques; ses expé- riences démontrent que ces rayons jouissent des pro- priétés suivantes : 4° leur production n'est pas due à la décharge des électrodes métalliques à travers le gaz raréfié; 2° ils se produisent partout où la lueur nommée primaire atteint une intensité assez considé- rable, autrement dit, partout où la densité des lignes du courant est assez considérable; 3° la direction de leur propagation est celle des lignes du courant dans la partie où les rayons se produisent, dans le sens du pôle négatif au pôle positif. — M. G. Foussereau généralise la démonstration de la formule de Fresnel relative à l'entrainement des ondes lumineuses par la matière pondérable, en supposant l’ébrantement quel- conque et sans admettre que la direction de propasa- tion coïncide avec celle du mouvement d'entrainement. — M, E. Carvallo démontre le principe d'Huygens dans les corps isotropes, en supprimant certaines hypothèses qui le rendent applicable, dans toute sa généralité, au type d’équation auquel conduit l'étude de la dispersion et de la double réfraction, — M. Raoul Pictet a effectué des recherches expérimentales sur le point critique des liquides tenant en solution des corps solides. Quand le liquide s'évanouit au-dessus de la température critique, on ne constate aucun dépôt solide dans le tube de verre qui reste transparent; la variation de température critique est notablement plus élevée que celle du point d’ébulition. — M. P.-P. De- hérain insiste sur les avantages que présentent les cultures dérobées d'automne; elles empêchent les pertes considérables de nitrates que subissent à l’automne les terres dépouillées de leurs récoltes en supprimant l'infiltration, daus les couches profondes, des eaux qui ont traversé le sol; en outre, enfouies comme engrais vert, elles laissent réapparaitre au printemps suivant, sous la forme éminemment assimilable des nitrates, l'azote qu’elles se sont assimilé lPautomne précédent. L'auteur calcule que l'extension des cultures dérobées d'automne serait susceptible de doubler la somme des matières fertilisantes distribuées chaque année dans le pays. — M. Marsden Manson adresse, de San Francisco (Californie), un mémoire intitulé : « Les climats terrestres et solaires; leur causes et leurs variations, » — M. J. Richard présente un nouvel anémomètre à indications électriques multiples et orientation automatique, qui est destiné au nouvel observatoire érigé à l'ile de Jersey par le R. P. Deche- verens, — M. A. Ditte, par une analyse minutieuse de l’action de l’eau sur la dissolution de sulfure d’ar- gent précipité, est arrivé à obtenir le sulfure cristallisé par voie humide ; les petits cristaux obtenus sont gris noirs et doués de l’éclat métallique comme ceux de sul- fure naturel, — M. Vigouroux a recherché les condi- tions les plus favorables à la formation du silicium amorphe en réduisant la silice par le magnésium; la décomposition se produit exactement, suivant l'é- quation : Si0? + 2Mg = Si + 2M40; on ajoute seule- ment un quart de magnésie au mélange pour éviter une trop grande élévation de température. Le silicium obtenu se présente sous la forme d’une matière puru- lente, de couleur marron, parfaitement homogène. — M. A. Villiers a étudié l’état protomorphique des sulfures de zinc et de manganèse, c’est-à-dire l’état sous lequel ils existent au moment de leur formation, état différent de celui sous lequel nous les connaissons et dans lequel ils se transforment souvent immédiatement. — M. Oechsner de Coninck fait connaître les réac- tions sensibles des hypochlorites, hypobromites et hypoïodites alcalins, de l’hypochlorite de calcium et du perchlorure de fer en solution aqueuse très étendue sur les acides amidobenzoïques., — M. Albert Colson a remplacé, dans les nitriles des oxyacides x, l'hydro- gène de l'oxhydrile par un radical acide, et obtenu des composés tel que l’acétate de cyanal : 136 /9(CH#CO) CH5—CH NCaAz que la potasse et l’eau ne dédoublent plus immédiate- ment en acide cyanhydrique et qui possède au contraire beaucoup de stabilité vis-à-vis des réactifs. — MM. R. Cambier et A. Brochet proposent la formule suivante pour la constitution de l’hexaméthylènetétramine qui se forme dans l’action du gaz ammoniac sec sur le trioxyméthylène : / CH?—A7z=—CH? Az—CH2—Az—CH? \ CH2—Az— CH? — M. Louis Henry montre que le produit obtenu par MM. Trillat et Cambier dans l’action du trioxyméthy- Jène sur le glycot éthylénique n’est pas le dérivé méthylénique de ce glycol, comme l’admettent les auteurs, mais bien le méthylal éthylénique : O—CH? CHOMAAE O—CH? — MM. G. Bertrand et A. Mallèvre montrent que la transformation de la pectine en pectate alcalino-terreux, sous l'influence de la pectase, n'est réalisable qu’en milieu sensiblement neutre, l'action des alcalis sur la fermentation pectique étant considérable et cette fer- mentation dépendant des proportions relatives de fer- ment, de sels de calcium et d'acides libres. La pectase existe en dissolution aussi bien dans le suc cellulaire des fruits acides que dans celui des racines de carotte ; mais l'acidité du milieu masque sa présence, et son action n'apparaît qu'après neutralisation. C. MATIGNON. 30 SCIENCES NATURELLES. — M, Kaufmann a éludié l'influence exercée par le système nerveux et la sécré- tion pancréalique interne sur l'histolyse et fourni aussi quelques faits éclairant le mécanisme de la gly- cémie normale et du diabète sucré. — MM. Révil et Vivien fournissent une élude du Pléistocène de la vallée de Chambéry; à la Boisse, les auteurs ont pu relever la série suivante, de haut en bas : #° Glaciaire formé de marnes bleuàtres;3° graviers avec lentilles de sables ; 2° marne de couleur gris cendré avec débris de végétaux ; 1° sables fins fortement lassés, mais non cimentés, Toutes ces assises sont d’une horizontalité parfaite. — M. Harlé signale des restes d’hyènes rayées qualernaires de Bagnères-de-Bigorre-(Hautes- Pyrénées). — M. Ch. Depéret a étudié les phospho- rites quaternaires de la région d'Uzès. Ces formations sont tout à fait analogues aux phosphorites oligo- cènes du Quercy, mais elles dätent seulement du début du quaternaire. J. MARTIN. Séance du 21 Janvier 1895. M. Herrgott est élu correspondant pour la Section de Médecineet de Chirurgie en remplacement de M, Rollet. — MM. Bertrand, Hermite, Tisserand, Berthelot, Daubrée, van Tieghem, Marey, sont chargés de pré- senter une liste de candidats pour la place d’associé étranger laissée vacante par le décès de M. Kummer. — MM. L. Guignard et Dangeard prient l’Académie de les comprendre parmi les candidats à la place vacante dans la Section de Botanique. — M, F. de Ro- milly prie l’Académie de le comprendre parmi les candidats à la place d'académicien libre laissée va- cante par la mort de M, de Lesseps. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. L. Hugo adresse une note sur le rôle de la puissance cinquième dans le système du monde. — M. F. Tisserand s’est proposé de donner l'explication de l’irrégularité systématique, constatée par M. Chandler, que présentent les époques des minima d'éclat de l'étoile variable 8 de Persée (Algol). Le calcul montre que l'existence d'un seul satellite obscur, l’ellipticilé de son orbite et un faible aplatissement de l'étoile principale & suffisent pour ACADÉMIES ET SOCIETÉS SAVANTES rendre compte de l'inégalité; l'aplatissement ferait À tourner le grand axe de l'orbite d’un mouvement direct et uniforme. — M. P. Tacchini donne le résumé des observations solaires faites à l’Observatoire royal du Collège romain pendant les 2°, 3° et 4e trimestres 1894. Le phénomène des taches solaires et celui des protu bérances sont en diminution par rapport aux observaës | tions précédentes. — M. H. von Koch établit trois | lemmes sur la convergence des déterminants d'ordre. infini et les applique à la recherche des conditions de convergence des fractions continues. — M. E. Vallier a reconnu que l'énergie balistique des projectiles Es, acier durei (type Holtzer) perforant des plaques en acier. 24. doux, doit être représenté par l'expression : E — KR? 4 où € représente l'épaisseur de la plaque évaluée en. millimètres, K une constante spéciale à la plaque, etR. la fonction suivante du diamètre a du projectiles: AMEN CS LL EL Avec les plaques surcémentées superficiellement le procédé Harvey, l'expression E doit être multiphiée par le facteur : À 1,885 — 0.001148. ‘4 LL La vitesse de perforation doit répondre aux deux con | ditions suivantes : 1° fournir une énergie suffisant à la perforation totale de la plaque etcorrespondant sen siblement à l'expression : £ À KR?e; à à à 2° fournir une quantité de mouvement assez forte pour | que la pointe du projectile ait traversé la couche surcé» y mentée avant le bris de l’ogive par cette dernière, =) M. Sarrat adresse une suite à son précédent mémoire concernant la démonstration du théorème de Fermat, 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. E. Berrubé adresse une note sur le plano-aérostat ou ballon dirigeable, = M. Charles Henry s'est demandé si les successions d'éclats, à des intervalles rythmiques, déterminent une” diminution de la sensibilité lumineuse et les succes sions à des intervalles non rythmiques une augmenta=" | tion, en appelant rythmiques les nombres des formes ! On, 9On-L 1, 2m (2n+ 1) (2»+ 1). L'auteur conclut de ses expériences qu'il est possible d'augmenter la portée lumineuse d’un signal en ordons } nant les successions d'éclats suivant une loi non rythmique suffisamment complexe. — M. F.-S. de. Touchimbert adresse le résultat de ses observations sur les variations diurnes de l'aiguille aimantée de” déclinaison. — M. A.-F. Noguës signale le tremble” ment de terre chilo-argentin du 27 octobre 189%, re | marquable par son intensité d'ébranlement, la longue durée de la secousse, l'amplitude des oscillations ebn l'absence des bruits souterrains, L'auteur, en analy= sant les caractères présentés par cette secousse, fait" remarquer que la Cordillère des Andes n’a pas opposé” une barrière infranchissable à la propagation du sisme. — MM. H. Moissan et G. Charpy ont préparé, un acier contenant près de 0,6 °/, de bore; ils ont reconnu que le bore communique au fer la pro= priété de prendre la trempe, mais une trempe spéciale correspondant à une élévation de la charge de rupture. sans augmentation sensible de la dureté. — M. A. Vil- liers continue l'étude des transformalions spontanées des sulfures par l'examen de l'influence de la tempé=. rature sur la transformation du sulfure de zine, | amorphe. Il existe une température de transformation. | au dessus de laquelle la modification se produit ins=" | tantanément; cette température est variable suivant les conditions de formation du sulfure. — M. Délépine. montre que la méthode de Kjeldahl est insuffisante n | | | | | | k à j { a — Miel nc a ACADÉÈMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 137 RETHE + pour doser l'azote dans les chloroplatinates, et que les } erreurs peuvent atteindre les 2/3 de la teneur en azote. — M. Hanriot a combiné l’arabinose et le xylose avec le chloral pur en présence d’une trace d’acide chlorhy- ) drique et obtenu deux CHSCFOS et un xylochloral auxquels il attribue la arabinochlorals isomères constitution suivante : et CCE 27 | £9 CH ; 0/ \C.OH—CH20H # HO.HC CH s CH-0 M:M. Delacre a fait la synthèse de l’anthracène en fai- sant agir/le trichloracétate de benzyle sur la benzine en | ‘présence du chlorure d'aluminium; il se forme un composé éthéré décomposable par la chaleur en anhy- dride et anthracène. 20 gr. d'éther benzylique donnent 9 grammes d’anthracène pur. — MM. Ph.-A. Guye et J. Fayollat ont étudié le pouvoir rotatoire des éthers tartriques, dérivant du tartrate d’éthyle ou du tartrate d'isobutyle par introduction d’un seul radical acide dans un des oxhydriles alcooliques. Les auteurs con- eluent : 1° les éthers sont caractérisés par des pou- voirs rotatoires positifs, algébriquement inférieurs à celui du tartrate non substitué; 2° ces pouvoirs rota- toires passent par un minimum algébrique atteint dans la série isobutylique. — M. Duponchel adresse trois mémoires portant pour titres : 1° Application des rincipes de la nouvelle théorie atomique aux faits ere de la thermochinie; 2° Sur l'interpréta- tion à donner à la loi de Gay-Lussac concernant la con- densation des atomes gazeux; et 3° Note sur l'interpré- tation des formules des combinaisons bialomiques, dans l'hypothèse de la nouvelle théorie cosmogonique. C. MArTIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. L. Ranvier expose la morphologie du système lymphatique et traite de l’ori- gine des lymphatiques dans la peau de la grenouille. — M. Gruvel a rencontré un acarien parasite du Lam- pyris splendidula qui se place entre les Gamasidés et les Ptéroptinés. Il propose de lui donner le nom de Stylogamasus Lampyridés. — M. B. Renaut a observé quelques bactéries du Dinantien (Culm). Ce bacille, le plus ancien décrit, rappelle celui de de Barÿ, Bacillus megatheriun, mais d’une taille plus grande, d’un plus grand nombre d'articles et de spores sphériques. Le nouveau bacille, désigné sous le nom de Bacillus voraæ, provoque la destruction des tissus de diverses manières. — M. Chauveaud a étudié le développement des tubes criblés chez les Angiospermes. Dans la vigne, les pre- miers tubes ont présenté un développement direct, et, d'ailleurs, dans le même faisceau (blé), on peut rencon- trer les deux modes de développement, direct et indi- rect ; de plus, la présence de cellules compagnes ne caractérise pas absolument les tubes criblés des An- giospermes. — M. Daïille adresse de nouvelles notes concernant l’Uredo viticola. J. ManTIN. ACADEMIE DE MÉDECINE Séance du 22 Janvier 1895 M. Le Roy de Méricourt présente un rapport sur un mémoire du D Mougeot, relatif à l'influence des courbes météorologiques sur les épidémies de choléra en Cochinchine et leur gravité. — M. Péan a pratiqué, avec le concours du D° Fauvel, chez un malade atteint d'un carcinome du larynx et du pharynx, l’ablation totale du larynx, de la portion supérieure de l’æso- phage et de la moitié inférieure du pharynx, puis la restauration de ces organes avec un appareil prothé- tique construit, sur ses indications, par le D'Michaels. Grâce aux nouvelles méthodes imaginées par MM, Péan et Fauvel, ces sortes d'opérations sont devenues moins meurtrières qu'autrefois, et, en outre, ce qu'aucun chirurgien n'avait encore prévu, la restauration, par les appareils prothétiques, des parties enlevées, permet l'émission des sons vocaux, la respiration parles fosses nasales et le passage des liquides de la bouche dans l'estomac. — Une discussion s'engage au sujet de la récente communication de M. Pinard sur la valeur com- parative des différents procédés employés dans le but de ranimer les enfants nés en état de mort apparente. M. Laborde, analysant les faits invoqués par M. Pi- nard, regrette qu'ils soient, en même temps, si peu nombreux et si incomplets. Il conclut que, dans un grand nombre de cas qu'il a réunis, les tractions ryth- mées de la langue, bien appliquées, ont ranimé des nouveau-nés en état de mort apparente quand tous les autres procédés, y compris l’insufflation, avaient échoué. — M. Guéniot croit que l'insufilation représente un procédé beaucoup plus puissant que les tractions lin- guales pour réveiller le réflexe assoupi de la respi- ration, car il stimule l'appareil aérien tout entier, — M. le Dr Poncet (de Lyon) lit un mémoire sur l’acti- nomycose humaine à Lyon. Séance du 29 Janvier 1S95 M. Babes a présenté récemment une réclamation de priorité au sujet de la première constatation de la transmission des propriétés immunisantes par le sang des animaux immunisés. MM. Richet et Héricourt font observer que, dès 1888, ils ont vacciné des lapins avec du sérum sanguin de chiens qui avaient été préa- lablement inoculés et que, par conséquent, la réclama- tion de M. Babes n'est pas fondée. — M, P. Berger présente un rapport sur une observation communiquée par le Dr C. Monod et relative à un anévrisme de la sous-clavière (3° portion), guéri par la ligature simul- tanée de Ja sous-clavière, immédiatement au-dessus de la clavicule et de la carotide primaire, C’est un nou- veau succès à ajouter au revirement d'opinion qui s’est opéré, dans ces derniers temps, en faveur de la mé- thode de Brasdor dans le traitement des anévrismes des gros troncs artériels siégeant à la base du cou, — M. H. de Brun (de Beyrouth) fait une communication sur le pneumo-paludisme du sommet, sur les symp- tômes, la marche, le diagnostic et le traitement de cette maladie, — M. le D' Pozzi lit un mémoire sur un cas d’épispadias traité par la méthode de Thiersch. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séunce du 19 Janvier 1895. M.- Guépin, se basant sur de nombreux faits cli- niques, conclut que l’hypersécrétion prostatique avec spasme de l’urèthre est accompagnée de stagnation ou rétention des produits sécrétés dans les glandes et qu'il faut tout d’abord chercher et combattre le spasme uréthral, — M. Gley a cherché les plus petites doses d'ouabaïine capables d'arrêter le cœur :elles n’atteignent pas un centième de milligramme. — M. Lapicque a dosé le fer dans le foie et la rate d’un fœtus à terme, mort accidentellement. La quantité était faible et s'é- cartait des chiffres observés chez les jeunes animaux. — M. Marinesco présente une observalion de polyurie essentielle chez deux frères. — M. Colombo a constaté, dans des recherches faites sur des chiens, que le mas- sage, appliqué localement sur la région correspondant au siège de diverses glandes, active la fonction des épithéliumns sécréteurs et augmente la quantité totale des sécrétions. — M. Legrain a constaté que des injec- tions sous-culanées de sérum des convalescents du typhus, pratiquées sur des malades atteints de cette affection, paraissent devoir apporter une amélioration notable dans les cas graves. — M. Lion rapporte une observation de transformation de la lymphadénie en tumeurs disséminées dans les organes. Séance du 26 Janvier 1895. .MM. Wurtz et Hudelot ont trouvé que, pendant la vie, sous des influences diverses, mais déterminant 138 toutes de la congestion intestinale (intoxication alcoo- lique aiguë), les microbes de l'intestin pénètrent dans le péritoine et dans le sans de la veine porte. — MM. Hanot et Meunier ont observé que la cirrhose hypertrophique avec ictère chronique s'accompagne d'une leucocytose, laquelle constitue un nouvel argu- ment en faveur de sa nature infectieuse et un nouveau caractère qui la différencie des cirrhoses alcooliques. — M. Ausset (de Limoges) donne des indications sur la technique d’un examen bactériologique rapide des eaux, — Claude Bernard a montré que la section de la moelle provoque une diminution de la quantité de glycogène contenue dans le foie. M. Kaufmann à trouvé que le glycogène ainsi disparu se retrouvait presque complètement dans les muscles du train pos- térieur. — M. Trouessart présente ses recherches sur la reproduction des chauves-souris et sur l’état des organes génitaux pendant l'hivernage, — M. Lapicque, ayant cherché à doser le fer dans l'urine, n’en à jamais trouvé que des traces impondérables. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 18 Janvier 1895. Dans la dernière séance, M. Pellat rappelait que la formule de Fresnel, relative à l'entrainement de l’éther, n’a pas encore été démontrée dans le cas où la direc- tion du déplacement de la matière ne coïncide plus avec la direction de propagation de la lumière, Dans le cas où ces deux directions sont les mêmes, une pre- mière démonstration a été donnée par M, Potier; mais elle n’est pas générale. Depuis !, M. Foussereau en a publié une nouvelle, applicable à un ébranlement quelconque, et tout à fait générale, M. Foussereau montre que sa démonstration s'étend au cas où la direction de propagation ne coïncide plus avec celle du mouvement d'entrainement, et il précise les conditions nouvelles de la propagation. L'ébranlement primitif se ropage comme s'il avait pour origine un point d'un milieu fictif animé par rapport à l’éther libre d’un mouvement de translation uniforme de vitesse déter- minée et dirigée dans le même sens que la matière. Une onde plane se déplace en restant parallèle à elle- même, mais la direction des rayons lumineux dans l’éther libre n’est pas normale au plan de l'onde. La vitesse de propagation de la lumière par rapport à l'éther libre s'obtient en composant géométriquement la vitesse de propagation de la lumière dans le cas du repos avec la vitesse du milieu fictif, Puis la vitesse relative, par rapport au milieu en mouvement, par suite par rapport à l'observateur, est la résultante géo- métrique de la vitesse dans le cas du repos et d’une vitesse dirigée en sens contraire du mouvement de translation, Lorsqu'on à déterminé ainsi les conditions de la propagation, il est aisé d'en déduire les consé- quences relatives à la réflexion et à la réfraction, — M. Curie expose les recherches de M. de Kowalski sur la production des rayons cathodiques. L'auteur à cherché à préciser la manière et les conditions dans lesquelles ces rayons se produisent. Beaucoup de phy- siciens en sont arrivés à penser qu'il s'agit là de radia- tions analogues à celles de la lumière. Ainsi, on admet généralement que les rayons cathodiques se produi- sent nécessairement à la cathode elle-même et qu'ils se propagent ensuite en ligne droite, M. Goldstein à montré qu'il n’en est pas nécessairement ainsi. Il prend un tube de Geissler séparé en deux par une paroi en forme d’entonnoir, la cathode étant du côté de la partie évasée de l’entonnoir; il voit, en outre de ceux de la cathode, des rayons cathodiques s'épanouir à la sortie de l’entonnoir. Ces rayons ne se produiraient donc pas nécessairement à l'électrode elle-même, M. de Kowalski à cherché à élucider cette question. Il emploie un ensemble formé de deux tubes larges reliés par un tube capillaire. L'appareil a la forme d’un H. 1 Journal de Physique, 3° série, t. I, p. 144. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Avec un vide convenable, on voit des rayons catho ques dans tout l’intérieur et aussi dans le tube capils laire, ce qui est en contradiction avec la propagatio rectiligne. L'auteur pense que les rayons cathodiqu prennent naissance partout où apparaît la lueur, qu'il appelle primaire, produite par le courant lui-même, pense donc qu'il faut une certaine densité du courants mais la présence d’électrodes métalliques n’est pas nécessaire, En effet, il a pu faire naître encore ces rayons daus un tube sans électrodes. Ce tube, large aux deux bouts, présente au milieu une partie resserrée Parallèlement au tube et à peu de distance est dispo un excilateur dans lequel on fait passer des courants de Tesla. En définitive, ces rayons se produisent par= tout où le courant a une densité suffisante, Ils sont dirigés tangentiellement au flux de courant, mais em sens contraire, dans le sens du pôle négatif au positifs etil n'y a émission de rayons cathodiques que dans cette direction contraire. Le fait est très visible quand on intervertit les pôles. M. Curie présente l'expérience relative au tube en H, Il a fait construire un tube sem blable à celui de M. de Kowalski, et a fait ménager, de plus, deux renflements dans la région des gro tubes qui se trouve en regard du tube transversal, Le faisceau des rayons est dirigé normalement aux gros tubes, et détermine sur la paroi en regard une vive fluorescence. De plus, il montre avec quelle facilité les rayons sont déviés par aimant, et réalise des dévia- tions qui atteignent 90°. — Personnellement, M. Curie a cherché si ses rayons ne sont pas effectivement des rayons lumineux de petite longueur d'onde. Pour cela, il a cherché si la lumière ultra-violette n’est pas déviée par un aimant. Bien qu'il ait opéré avec un aimant très puissant, et qu’il se soit adressé successivement» aux ondes planes et aux faisceaux convergents et qu'il ait fait porter ses recherches sur différents milieux, l'air, le sulfure de carbone chargé de soufre, etc.…, les résultat a toujours été négatif. Bien qu'un résultat négatif puisse toujours être attribué à un défaut de sensibilité, cependant d’autres considérations font qu'il! n’est guère possible d’assimiler ces rayons à des: rayons lumineux. Par exemple, on ne comprendrait pas que ces rayons ne présentent pas de double réfrac-" tion. — M. Guillaume signale à ce propos que M. J.-J. Thomson a mesuré leur vitesse. Il a trouvé 200 kil. par seconde, ce qui serait incompatible avec une vitesse de radiations. Mais cette mesure prête à des critiques sérieuses, car la durée d’où on déduit la vitesse est d'un demi-millionième de seconde. E. HAUDIÉ. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 14 Décembre 189%. M. Combes a appliqué à la détermination du poids moléculaire du glucinium, le procédé qui lui a déjà permis de confirmer la trivalence de Paluminium, Il à préparé l’acétylacétonate de glucinium en traitant une solution aqueuse d'acétylacétone par l’acélate de glu- cinium. Le corps obtenu fond à 108°, bout très bien,. sans trace de décomposition, à 270°, Très soluble dans l'alcool, il eristallise dans le système orthorhombique. La densité de vapeur conduit à lui attribuer la formule M (C#H702) GI. L'auteur, en effet, a trouvé comme résul- tats expérimentaux 7,26 et 7,12. Le chiffre théorique est 7,16. La formule à appliquer si le glucinium était trivalent conduirait à la densité 10,75. Donc le poids atomique du glucinium est 9, la glucine doit être for- mulée GI0, et le glucinium est bien à sa place dans la. classification de Mendeléelf, — M. Wyrouboff, en pré=. sence des résultats obtenus avec les silicotungstates, conclut qu'il y a lieu de voir si l’on doit, pour la déter-. mination de la valence, faire passer au premier rang les propriétés et les réactions chimiques, ou les pro- priétés physiques dont la valeur est déduite de lhypo- | thèse d'Avosadro, — M. Thomas Mamert a préparé le dérivé aminé de l’éther acétylacétique et l'aminoiso- crotonate d’éthyle, ce dernier à l'aide de l’acide chlori- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 139 - socrotonique fondant à 59°. Ces deux corps sont iden- … tiques. Il en conclut que l'acide isocrotonique répond _ bien à la formule de M. Wislicenus et non à celle de “ M. Fitlig. — MM. Bertrand et Mallèvre ont reconnu “ que la pectase seule ne peut coaguler la pectine, et à qu’elle ne provoque cette transformation qu'en pré- “ Sence des sels solubles de calcium, qui l’accompagnent - dans les végétaux. On peut d’ailleurs remplacer le dé- - rivé calcique par un sel identique de baryum ou de 4 strontium. Il est douteux que le magnésium puisse = jouer le même rôle. Le coagulum gélatineux obtenu » n'est pas, comme on l’admettait, de l’acide pectique, # -mais un pectate alcalino-terreux. — M. René Drouin - aobtenu le thymol-glucoside et l’xnaphtol-glucoside par la méthode de Michaël (réaction de l’acétochlorhydrose sur les dérivés sodés des phénols). Le thymol-sluco- side cristallise en paillettes incolores, nacrées, fondant à 100, L'« naphtol-glucoside est grisàtre, en aiguilles microscopiques; il s’altère par la chaleur et fond à 1#7°, Ces deux composés sont solubles dans Palcool froid et dans l’eau chaude, beaucoup moins dans l’eau froide. Ils n’agissent pas à froid sur la liqueur de Fehling; trai - tés par l'acide chlorhydrique étendu ou par l’émulsine, ils dégagent une odeur très nette de thymol ou de naphtol et les liqueurs deviennent réductrices, — M. Friedel présente une note de M. Barthe sur le-do- sage volumétrique du zinc. ï $ Séance du 28 Décembre 189#. M. Delépine propose pour l’hexaméthylène-tétra- mine la formule suivante : Az CH? Az 27 x )H2 < CH ü 3H . AZ CH? ——————Az Il a, en effet, cryoscopé ce corps et obtenu des ré- - sultats qui lui permettent de lui attribuer le poids mo- … léculaire 140. Les faibles différences constatées sont dues à une décomposition partielle, On comprend très bien la décomposition du dérivé nitrosé de Griess d’a- près la réaction : 7 \cEe CH )CH “# Az CH?——A7—A70 # CN 2 2/ : CH CH CH — Az CH2————— A; —A70 = A7 =CH2 = 2: 2{ : \ŸCH? 2 Az2+9CH20. s CH ee ©CH + 2 A7249C LE à Il se forme de l’hexaméthylène-tétramine avec mise en liberté d'azote et d'aldéhyde formique. L'hydrogé- nation, contradictoirement aux faits annoncés, donne .de la triméthylamine et de l’ammoniaque. La formule de M. Delépine permet de se rendre parfaitement comple du mécanisme de cette réaction. — M.Cambier en son nom et au nom de M. Brochet, attribue à l’hexa- méthylène-tétramine la formule suivante : CH°?—A7=CH? Az—CH?—A7z—CH? NCH2— A7 CH? D'après les auteurs, cette formule répond aux prin- -cipaux dérivés de ce corps. Cette base se transforme en mono-,di-et triméthylamine et cette réaction, contrai- rement aux affirmations de MM. Delépine et Trillat, -aurait lieu par simple dédoublement avec départ d'a- cide carbonique et non par l’hydrogénation. — M. Vil- _liers expose nos connaissances sur l’état naissant et discute les conditions calorifiques des réactions. C’est sous cet état que les éléments doivent exister dans les -corps composés, Il est d’ailleurs possible, dans cer- tains cas, de constater la persistance de cet état et - d'isoler des produits, relativement instables, il est vrai, - que l’on peut considérer comme ayant conservé une certaine quantité d'énergie correspondant à leur trans- formation. M. Villiers se réserve de revenir sur ces faits et d'apporter des résultats expérimentaux. — M. Haller présente une communication de M. Arth sur les gaz des hauts fournaux. Les eaux de lavage de ces gaz donnent un résidu salin renfermant °/, : Tode.. Mere PR RE 1,43 CHOLET ERA ARR RE RE PCR LR 45.9% POtASSIUNE ASE ER METRE 13.12 CalGQ REP M PR PS RE 2e 4.62 On pourrait récupérer 100 kilogrammes de ces sels par 100 tonnes de fonte produite, soit 45,869 d'iodure et 24592 de chlorure de potassium. — M. Haller présente aussi une note de M. Guntz sur les fluorures acides de potassium et d'argent. Enfin, il communique en son nom les résultats de l'oxydation du benzylidène- camphre, On obtieut ainsi de l'acide camphorique. — M. Ferrand a obtenu par la méthode de M. Friedel trois sulfophosphures : les thiohypophosphates de zinc Ph?S6Zn?, jaune, hexagonal; de cadmium : Ph?S@Cd?, jaune orangé, en lamelles biaxes, et de nickel, Ni*S5Ph?, noir, hexagonal. On obtient ce dernier en chauffant, non du nickel, mais du sulfure de nickel, du soufre et du phosphore. — M. Brochet a obtenu, par l’action du chlore sur l'alcool isopropylique, l’acétone tétra- chlorée dissymétrique CH?CI — CO — CCF. Ce produit, traité par les alcalis, donne du chloroforme et un mé- lange de mono et de trichloracétone. Cette réaction en établit la constitution, Avec l'alcool octylique secon- daire on obtient une pentachloracétone octylique, pro- bablement de formule : C*H!1, CC—CO—CCH, Séance du 11 Janvier 1895. M. Maquenne, collaborateur de la Revue, est nommé président pour 1895; MM. Béchamp et Sulliot, vice- présidents pour deux ans. E. CHaroN. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES MM. Wyndham, R. Dunston F.R.S. et Henry Gar- nett : Sur les principes constituants du Piper ovatum. Cette plante médicinale de l'Inde, dont les principaux effets sont de procurer une excessive salivation et une anesthésie locale temporaire, est constituée par une résine renfermant une substance appelée par les auteurs piperovaline, de formule CIGH?21Az202. Les mêmes auteurs en examinant la pariétaire officinale (anacyclus pyrelhrum) ont trouvé une substance active analogue. Ils l'ont appelée pellitorine. Ces deux corps semblent être des dérivés de la pyridine ; mais ni l’un ni l’autre ne possèdent de propriétés basiques. — MM. C. T. Heycoch etF.H. Neville. Les expériences précédentes des auteurs qui avaient porté sur les points de solidifi- cation des alliages où le sodium, l'étain, le bismuth, le cadmium, le thallium, servaient de dissolvants aux mé- taux, ont été complétées et faites à des températures supérieures à celles indiquées par les thermomètres à mercure ; cela en se servant de pyromètres en platine. Voici les résultats obtenus : CORPS POINTS DE SOLIDIFICATION AD OR ES CONTE 419 AMNIMOIRE de 20e ire 62€ Marnés UM ec 633 AT ON RER EP E rae 653 ADDED Se Resa 957 Cuivre: FE Prons 1081 Carbonate de sodium........ 848 Sulfate de sodium........... 883 Sulfate de potassium........ 1066 M. Walter H. Ince discute les procédés de prépara- tion de l'acide adipique et décrit l'acide monobro- madipique qui a pour formule : CH2—CHBrCOOH | CH?—CH2—COOH obtenu en chauffant? moléc.de brome et 1 moléc. d'acide adipique en tube scellé à 160°. Chauffé avec la potasse 140 il donne l'acide hydroxyadipique : C*H*OH(CLOHR. — M. H. Veley F. R.S. : Action de l'acide chlornydeique sur les oxydes de calcium, baryum et magnésium. — M. Holland Crompton établit que la chaleur latente de fusion pour l'unité de poids d’un métal, multipliée par le poids atomique de l'élément et divisée par la température absolue de fusion, donne comme résul- tante une valeur proportionnelle à la valence du métal. Dans le cas de corps composés, la chaleur latente de fusion moléculaire divisée par la température absolue de fusion est également proportionnelle à la somme des valences des atomes composant la molécule. Dans ce cas toutefois on doit tenir compte du mode de liaison des atomes dans la molécule. — MM. G. G. Henderson et A.R. Ewing ont pu préparer, en dissolvant l'acide arsé- nieux dans des solutions chaudes de tartrates acides alealins, les sels suivants : les tartrarsénites de sodium : CHiO6ASONa+-22H20 :; d'ammonium, de potassium, de baryum : (C*H‘05AsO)?Ba+H20, de strontium et de cal- cium. Ces sels dérivent probablement de l'acide tar- trarsénieux : C‘IH'OSASOH non isolé qui doit être un dérivé de l'acide arsénieux de formule : CiH405 S SOH ou un dérivé éthéré de l'acide tartrique qui aurait pour formule : COO—CHO(AsO)CHOH—COOH., — MM. Pat- tison Muir et Edwin M. Eagles Note sur les réactions de l'hydrogène sulfuré et des composés halo- gènes du bismuth: le chlorure de bismuth et l'hydrogène sulfuré produisent un thiochlorure de bismuth : BiSCI ; le bromure de bismuth réagit de même, mais non l'iodure. Ces composés (BiSCL et BiSBr) peuvent aussi être obtenus en faisant passer un courant de chlore ou de brome sur du sulfure de bismuth. Le thioiodure est obtenu par l'action à haute température du sulfure de bismuth sur l’iodure de bismuth. SOCIÉTÉ ROYALE D'ÉDIMBOURG Séance du 17 Décembre 189%. M. Patrick Murray annonce la mort de M. Donald Beilth. — M. H.B. Guppy rend compte de ses recher- ches sur la germination des plantes daus les étangs et les rivières. {l discute et établit les effets exercés par l’action de la température et de la lumière, — M. J. C. Beattie : Note sur l'annulation des effets de Hall dans certains échantillons de bismuth. — M. G Romanës : Note sur les avantages de la représentation graphique. A Séance du T Janvier 1895. M. W. Peddie fait une communication sur un cas d’extinctions du bleu et jaune et sur ses rapports avec les théories de la lumière dichromatique. Il fait d’abord l'historique de la théorie de Young et Helmholtz. — 1. Young, dans sa théorie sur l'extinction des couleurs, admet l'hypothèse du manque de sensation, cette hypo- thèse lui semblant plus simple que toute autre. Mais il a soin de dire que l’on devra rejeter cette théorie si plus tard on la trouve en désaccord avec les faits expérimen- taux. — 2. Helmholtz ajoute ses vues à cette hypothèse en étudiant la nature du mécanisme et, en adoptant impli- citement les réserves de Young, il établit que, dans le cas où ses idées seraient fausses, elles ne peuvent en rien affecter la théorie de Young. — 3. Se basant sur les faits antérieurs, E. Rose montra le premier la justesse des observations de Helmholtz qui indiquait aussi la voie dans laquelle on pouvait modifier les données théori- ques. — #, Plus tard, les élèves de Helmholtz, Künig et Dieterici, reprenant ces études, prouvèrent qu'il était absolument nécessaire d'abandonner l’idée du manque d'une sensation fondamentale. — 5, Künig trouva pour différentes parties du spectre l'erreur moyenne de lon- eueur d'onde qui peut être faite par l'addition de lu- mière en quantités égales et provenant de parties voi- sines du spectre, — 6, Helmholtz denna l'expression Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 11 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ——_—_—_—_—_———— des termes de ce principe fondamental en raison du- quel la sensation totale varie avec la longueur d'onde. IL établit alors trois équations exprimant les trois sen- sations fondamentales avec les termes choisis (arbi- trairement jusque-là) par Künig et Dieterici. Les der- niers termes étaient connus par les expériences de ces deux savants ; et il restait à trouver les coefficients in- connus qui serviraient à établir les principes fonda- mentaux de la longueur d'onde. Une hypothèse alors facile à établir est celle-ci : l'erreur moyenne de la longueur d’onde qui peut être faite en ajoutant deux bandes très étroites provenant chacune de deux spec- tres semblables, correspondent, pour une égalité appa- rente, à une différence constante dans la sensation totale, Helmholtz fit cette hypothèse dans le but de déterminer les coefficients inconnus en se servant des observations de Künig sur l'erreur moyenne. La pre- mière justification de cette hypothèse, fut la démons- tration de la concordance marquée entre les erreurs moyennes trouvées par Kônig et les erreurs moyennes calculées d’après l'hypothèse sur la différence cons- tante de sensation. Ainsi donc les nouveaux principes fondamentaux, donnés d'abord par Helmholtz comme provisoires, peuvent être regardés comme vérifiés par l'expérience et sans l’aide d’autre hypothèse que l'hy- pothèse première des trois sensations fondamentales. Toute cette étude est un bel exemple de circonspection dans le développement scientifique d’une théorie. — Dans le violet ou le jaune bleu, à l'extinction, ces deux couleurs du spectre sont rouges et bleu gris, et le spectre est diminué vers la zone bleue qui présente une limite bien tranchée voisine de la ligne G. Une telle extinction est rare. Le cas cité ici présente cette par- ticularité de ne pas présenter de diminution du spectre dans une autre ligne, Lesraies s'étendent entre la ligne « vers la limite rouge et la ligne H vers la limite du violet. Le point neutre est près de la ligne D sur la partie la plus réfrangible, Le maximum d'intensité de la couleur rouge se trouve en un point près de G sur la partie la moins réfrangible, et le maximum d'inten- sité de la couleur verte est situé sur un point à peu près égale ment distant de B et de F, mais plutôt plus près de F. Ce phénomène ne paraît pas facilement explicable si l’on se sert de la théorie de Hering, tandis qu'on peut s’en rendre bien compte en lui ap- pliquant la théorie de Ycung et Helmholtz. — D' Noël Paton : Maladie résultant de l'usage du corps thyroïde comme nourriture. — Dr Richard Berry fait une communication sur l'anatomie de l'appendice vermi- forme et du eæcum. — M. le P° Tait rend compte de ses études sur l’état final résultant du choc des molé- cules. W. PEDDIE. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE L'Académie a récemment reçu : : Jo SCIENGES PHYSIQUES. — M. P. Czermak, de Graz : Répartition de la température dans un fil fin parcouru par un courant constant, — MM. Boltzmann el G. H. Bryan donnent la deseription d'un phénomène méca- nique présentant, l’analogie la plus complète avec l'é- quilibre de température qui se produit entre deux corps en contact, — M. Th. Fuchs : Sur la nature et la pro- duction de la stylolithe, — M. Skraup : Aflinité de quelques bases en solution-alcoolique. — M. Ratz : Sur la einchotenine. — M Heinrich Gintl a constaté que l'éthylglycolate de calcium se comporte à la distil- lation sèche comme lacétate et fournit l’éther diéthy- lique de la diacétone C2H50 — CH? — CO — CHÈ—C?H0. __ M. Berthold Jeiteles a pu obtenir un nitrile et un acide carboxylique en partant de l’isoquinoline. 20 SGIENCES NATURELLES. — M, Auton Fritsch présente son ouvrage sur la Faune des charbons et des calcaires de la Bohème, — M. Julius Pohl : Sur l'étendue et la nature des transformations subies par l'OEnothera La- marckiana, — M. Carl Attems : Les Myriapodes. Le Directeur-Gérant : LOUIS OLIVIER. | N° 4 28 FÉVRIER 1895 | REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER L'ÉTAT ACTUEL DE LA VINIFICATION EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE Le remarquable essor pris en ces dernières an- nées par la viticulture en Algérie et en Tunisie constitue un phénomène économique d’une grande importance. Du 1* janvier 1879 au 31 décem- _ bre 189%, l'étendue du vignoble algérien a passé de 20.000 hectares à 114.887, soit une aug- mentation d'environ 95.000 hectares en seize ans!. Celle énorme extension coïncide avec la destruc- tion d'une partie du vignoble francais par le phyl- loxera. Pendant cette période, les capitaux et les colons, atlirés par les bénéfices réalisés par les premiers viliculteurs, ont afflué dans la colonie. La culture de la vigne a donc donné une impulsion énorme à la colonisalion en la faisant sortir du marasme dans lequel elle végétait. Le débouché du vin à un prix très rémunérateur était assuré et les colons pouvaient gagner beaucoup d'argent. Aujourd’hui, les conditions économiques se sont modifiées : les vignes de la Métropole sont en grande partie reconstituées, et la produclion tend à remonter vers le chiffre qu’elle atteignait avant l'invasion phylloxérique. Il en est résulté une baisse de prix considérable pour les vins. La crise viticole qui a sévi l’année dernière, aussi bien en France qu’en Algérie, par suite de l'abondance de la récolte du vinet du cidre et de ———————— - ! La superficie du vignoble tunisien est seulement de 1.188 hectares. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. la mévente qui en est résultée, est venue montrer le danger de la situation. I ne faut cependant pas trop s'alarmer, parce que le rôle du vignoble algérien, réduit à celui d'ap- point du vignoble de France, est encore assez im- portant pour que l’écoulement de ses produits soit assuré. Nous pouvons facilementsoutenir la concur- rence, parce que nous sommes placés dans de bien meilleures condilions que beaucoup de vignobles de France, où les gelées précoces, la pluie, la grêle, détruisent souvent une partie de la récolte et où l’on est encore souvent obligé de vendanger les raisins imparfaitement mûrs par suite du manque de chaleur. Les vignobles voisins de ladimite sep- tentrionale de la culture de la vigne disparai- tront au profit des pays mieux favorisés par le climat. D'autre part, nous pouvons produire les vins alcooliques, corsés et riches en couleur que le com- merce va actuellement chercher en Espagne, en Italie, en Hongrie ou ailleurs. Enfin, il faut avouer que l'Algérie et la Tunisie ont jusqu’à cette heure produit beaucoup de mau- vais vins ; que le commerce a pris l'habitude de vendre les bons vins d'Algérie avec l'étiquette de vins de Bordeaux et de Bourgogne, réservant la dénomination de vins d'Algérie aux produits infé- rieurs de toutes les provenances. Ces diverses cau- ses ont contribué à déprécier nos vins et à en avilir les cours. J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE La première de ces causes n’existe plus : nous sommes en mesure, comme nous le verrons plus loin, de produire régulièrement des vins parfaite- ment réussis ; quant à la seconde, elle disparaitra par voie de conséquence. En résumé, nous constatons, d'une part, un en- combrement progressif du marché par les vins des vignobles reconstitués ; d'autre part, une amé- lioration sérieuse dans la qualité des vins algériens et tunisiens. Cette tendance marquée à obtenir des vins de bonne qualité répond donc bien aux conditions économiques. C’est en produisant des vins solides et bien constitués que les colons pourront soute- nir avantageusement la lutte, et non seulement conserver la place acquise, mais encore se créer de nouveaux débouchés. Dans les conditions économiques actuelles, la culture des céréales ne peut être rémunératrice qu'à la condition de bien cultiver le sol et d’em- ployer les engrais. La production du bétail exige la culture de plantes fourragères variées. Sans doute, il serait désirable de voir la produc- tion des céréales et celle de la viande prendre une place plus importante dans l’agriculture de la co- lonie ; mais on peut se demander si les bénéfices que peuvent procurer ces deux spéculations sont bien en rapport avec l'effort à faire. Il ne faut pas oublier que, si les colons sont arri- vés à faire de la vigne la culture principale, — on a dit improprement « monoculture » puisque, concurremment avec la vigne, on a toujours fait des céréales, du bétail et des cultures arbustives dans une proportion plus ou moins grande, — c'est qu'ils y trouvaient leur avantage. Eh bien, malgré la baisse des prix du vin, € ’est encore la vigne qui donne les bénéfices ES plus élevés, et tout fait prévoir qu'il en sera encore ainsi pendant longtemps, si les colons continuent avec constance et ténacité à poursuivre l'amélioration de la qualité de leurs produits, dont la quantité s'élève aujourd'hui à environ 4 millions d’hecto- litres. — Ces préliminaires étant posés, nous allons aborder la vinification en Algérie el en Tunisie. Il La vigne se trouve en Algérie et en Tunisie (carte de la page 144) dans les conditions les plus favorables : la végélationestexubérante, lesraisinssuperbes, et, quant aux rendements, ils sont très salisfaisants. Grâce à la quantité de chaleur et de lumière dont le soleil nous gratifie, à la rareté des pluies, les raisins peuvent toujours acquérir une maturité parfaite. Le siroco seul vient parfois dessécher partiellement les raisins, et diminuer la récolte. Nous sommes donc dans d'excellentes conditions comme producteurs de raisin eton peut se deman- der comment, avec de tels éléments, les vins d’Al- gérie et de Tunisie sont souvent défectueux. C'est que l'abondance de chaleur, qui est l’élé- ment essentiel d’une bonne maturité, est aussi un obstacle pour la vinificalion. La fermentation est d'abord très active, puis se ralentit et demeure inachevée par suite d’une tem- pérature trop élevée ; le vin reste douceâtre, puis devient acide et se perd. Mais nous verrons dans la suite de ce travail que rien n’est plus facile que de vaincre la difficulté inhérente à la température et de produire régulièrement de bons vins. La vinification en Algérie et en Tunisie est sur- tout caractérisée par l'élévation de la température qui se produit dans les cuves ou foudres pendant la fermentation. Nous étudierons donc spéciale- ment les circonstances qui influent sur la marche de la température et les moyens employés pour la maintenir dans les limites les plus favorables à la transformation complète du sucre en alcool. Vendange. — La récolte des raisins a lieu depuis le 15 août jusqu'au 15 octobre, suivant les loca- lités et les cépages. Quand le siroco souffle avec violence, il est prudent de suspendre la vendange, si l'on n’est pas organisé pour refroidir les raisins ou le moût. C'est seulement à la maturité complète que le grain atteint tout son développement et le maxi- mum de sa richesse en sucre. Cest aussi le moment où le bouquet est le plus développé et où la coloration est la plus intense dans les cépages rouges. C'est donc à la maturité parfaite qu'il faut ven- danger; mais il ne faut pas attendre plus tard, parce que, lorsque les acides ont disparu, l’oxyda- tion se porte sur la glucose. La courbe ci-jointe (fig. 1), qui est la représenta- tion graphique des résultats que nous avons obtenus dans nos recherches sur la maturité, montre l’accumulalion progressive du sucre dans le grain de raisin. Le procédé le plus habituellement employé par les viticulteurs pour se rendre compte du degré d'avancement de la maturité consiste dans la délermination de la densité du jus à l’aide du mustimètre. Pour se servir de cet instrument, il suffit d'écra- ser un certain nombre de grappes représentant, autant que possible, l’élat moyen de développe- ment, de filtrer le jus au travers d’un linge el d'y plonger successivement le mustimètre et un ther- momètre. Avec ces indications, les tables qui accompagnent chaque instrument permettent de trouver immédiatement la richesse du moût en PR LT ARS OF = tnurtbarr HUE Mr EE it lu nS | SAN sucre et le degré alcoolique du vin qu’on obtiendra. On peut vendanger quand le mustimètre reste _ stationnaire. La maturité est généralement indiquée par la lignification plus ou moins complète du pédoncule et sa coloration brune; les grains se détachent facilement, sont savoureux et possèdent un goût bien sucré. Pratiquement, la vendange se compose de la plus grande parlie des raisins arrivés à la matu- J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE 143 rieur, diminue la perte de chaleur et permet d'at- teindre plus vite le maximum de température. La fermentation s'arrête un peu plus tôt, voilà toute la différence, Ce que l'on doit chercher avant tout, c'est un bâtiment simple, solide et disposé de telle façon que les manipulations puissent être exécutées le plus économiquement possible et avec la main- d'œuvre minimum. Il faut de larges ouvertures pour élablir une bonne ventilation quand le besoin rité parfaite, mélangés avec une certaine quantité d’autres qui ne sont pas arrivés à cet état, et d’autres qui l'ont dépassé. Les raisins, placés dans des corbeilles, des banastes, des comportes ou des bennes, sont transportés au cellier sur une charrette attelée de chevaux ou de bœufs. Cellier. — Il faut des locaux simples et de gran- deur proportionnée à l'importance du vignoble. Il est tout à fait inutile de faire des murs d’une _ grande épaisseur, d’enterrer le bâtiment sur une ou plusieurs faces et de le munir de doubles portes pour éviter l’action des rayons du soleil, puisque la source de chaleur est à l’intérieur. Les variations de la température du cellier sont sans effet sensible sur la température des cuvées, ainsi que nous l’avons maintes fois observé. Cela tient à ce que la production de chaleur dans l’inté- -rieur de la cuve est rapide et que sa déperdition à travers les parois est très lente. Il suffit de com- parer les graphiques de la fig. 5 (page 149) pour s’en rendre compte. Le siroco, en échauffant l'air exté- = EE 26) RS 24 is de 22 S BE 20 Fe 1 To EE 5 16 S $ 14 : « LH H: 154 12 1 Se 6 5 8 Œ jet 6) LU COURBE pe, Ë HE ; E) LÉ HAE 55; ÿ É & = 7È m3 re = S Ë °# 5 _ os - Fig. 4. — Courbe de la richesse saccharine du jus. Echelle : 5 divisions horizontales correspondent à 1 gr. °/, de sucre. C4 J | s’en fait sentir. En résumé, il faut éviter les dé- penses inuliles, mais ne rien négliger au point de vue de la commodité des diverses opérations que nécessite la vinification. Dans les grands vignobles, les instruments nécessaires aux différentes manipulations (monte- charges, fouloirs, pompes, pressoirs, etc.) sont ac- lionnés par la vapeur ou l'électricité. La figure 2 (page 145) représente la pompe rotative mue par l'électricité qu'emploient MM. Baudoin et Pech, au domaine d’Abziza, pour le remontage du moût. Il suffit d’accrocher le conducteur au càble principal pour mettre l'appareil en mouvement. Si l’on veut refroidir le moût en même temps qu'on le brasse e tl’aère, on intercale un réfrigérant dans le circuit Cuves et foudres. —-: Les cuves et les foudres sont en bois; les cuves sont tronconiques, ouvertes ou fermées. Les cuves se font aussi en fer et ciment, avec ou sans revêtement de carreaux de verre; elles sont à section elliptique ou cylindrique. Si les cuves en fer et ciment, ainsi que les an- ciennes cuves en maçonnerie à parois épaisses. PRET 2 Ds es RS, 7/04 9 À: ARS, 7e tés ée nt ., ne Le, 2,7: ne du_Hodna \\ (4 ©, Touqgourt ’ “ 1. à Go NS SEN (à \ DEEE) _ —< SS C 77 \ SK / 1 es PA ! RESTE 7" f Régions vilicoles de l'Algérie. Chemins de fer. — —+—+— Càble télégraphique. — ---- Ligne de navigation. — Ouadis ou rivières temporaires. — +—+—+ Limites des provinces. — £ © Centres des principales régions viticoles de l'Algérie. L J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE conviennent pour la fermentation et pour la con- servation des vins faits, elles ne conviennent pas du tout pour loger le vin pendant le temps qui s'écoule depuis le décuvage jusqu'au commen- dépouiller et perdre sa verdeur. Il en est ainsi pour les im- mensesfoudres qu’on 145 successivement se refroidir au contact des parois de la cuve, il faut brasser la masse, les courants qui s’établissent à l’intérieur étant insuffisants à produire ce résultat. Le remontage à la cuve (fig. 2), en établissant une circulation du moût, = permet de réaliser en partie ce deside ratum. Du reste, pour que la surface évapo- rante de lacuve fonc- rencontre parfois: l'air qui filtre d’une manière conlinue à travers les douelles tionne dans de bon- nes conditions, il faut de l'air sec en mou- vement, circonstance est en trop faible quantité par rapport à la masse du liquide qu'ils renferment. Les récipients en qui ne se rencontre pas toujours. Pour le moment, et en attendant que bois etencimentavec treillis en fil d’acier répondent donc à des besoins différents et doivent êlre em- ployés concurrem- des expériences pré- cises nous aient ren- seignés à ce sujet, il vaut mieux s’en tenir au refroidissement par l’eau #. Quelle que soit la ment. Ce qu'il faut nature des vaisseaux éviter pour les fou- dres ou les cuves en employés pour la fer- mentation, il est né- bois, c’estdeleur don- ner de trop grandes dimensions. Leur ca- pacité ne devrait guère dépasser une centaine d'hectoli- tres. L'année dernière, M. Toutée, viticulteur en Tunisie, a préco- nisé l’emploi des cu- ves en tôle émuaillée et recouvertes d’une toile qu’on maintient humide. Au point de vue de la maturité du vin, elles présentent les mêmes inconvé- nients que les cuves une dynano. en fer et ciment ou en maçonnerie, mais elles ont l’avartage de permettre le refroidissement de la vendange, gräce à la conductibilité de leurs parois. Théoriquement, leur emploi semble préférable à celui des réfrigérants, que nous étudierons plus loin, parce que, dans la cuve Toutée, le calorique disparait au fur et à mesure de sa production. Mais, pour que toutes les parties du vin viennent Fig. 2. — Pompe rotative employée pour le’ remontage du moût. — La pompe est montée sur un chariot qui parcourt le cellier et qu'on arrête successivement devant chaque foudre. Un ouvrier, ouvrant le robinet inférieur du foudre, provoque l’écoulement du jus dans un récipient extérieur; la pompe, puisant le jus dans ce récipient, le remonte dans la cuve.— La pompe est commandée sur le chariot par cessaire de les munir d'un dispositif per- mettantde maintenir le chapeau immergé. Cette immersion s'obtient avec une claie ou avec un fi- let. Lorsque la matu- rité des cépages n’est pas trop inégale, il est bon de les mélan- ger dans la cuve. Il serait intéressant de connaitre les raisins qui doivent être as- sociés ensemble et dans quelle propor- lion. Dans les grands vignobles, pour ne pas entrave” les travaux, on fait cuver les raisins à part et on mélange les vins le plus tôt possible, au décuvage si l'on peut, ou, tout au moins, dès que la vinifi- calion est terminée. EE — 1 L'observation faite par M. Rcos, au cours d'une mission en Algérie, nous apprend seulement qu'avec des températures initiales ayant un écart de 4°,5, la différence entre les maxima a été de 9°,5, soit un abaissement de température de 5 degrés. 146 J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE Il Égrappage. — Dans certains celliers, on procède à l’égrappage. Dans d’autres cas, on introduit la vendange telle quelle dans la cuve. Les partisans du fout à la cuvedisent que la grappe apporte du tanin, des acides (bitartrate et acide malique), qu'elle divise la masse et favorise ainsi la fermentation. Ceux qui prônent l’égrappage prétendent que la rafle introduit dans le vin des matières albuminoïdes qui contribuent plus tard à son altération, qu'il n’est rien moins certain qu’elle apporte des acides, que la quantité de tanin qu’elle peut céder au vin est minime et qu'enfin elle absorbe une partie de l'alcool, de la couleur et de l'acidité si la macération est prolon- gée. Deux éléments sont surlout à prendre en consi- dération pour élucider cette question : la nature du cépage et le degré de maturité de la raîfle. Si la rafle est encore verte, elle contient une no- table quantité de crème de tartre et peut contri- buer à corriger le manque d’acidité du moût. Lorsque la rafle est devenue brune, sa composition est différente : elle contient moins de tanin, des traces d’acidité, et son addition à la cuvée a moins d'influence. Done, si la rafle est très verte, il faut la rejeter; si sa proportion est élevée, il faut au moins un égrappage partiel. Toutes les fois qu'on laisse cuver longtemps, il vaut mieux égrapper. D'un autre côté, bien que la plus grande partie du tanin soit fournie par les pépins, il n’en est pas moins vrai que la rafle en contient souvent assez pour que son appoint ne soit pas inutile. Quant à avancer que la rafle peut constituer un milieu astringent, impropre à la fermentation, c'est une exagération évidente, le moût ne conte- nant jamais une quantité de principes astringents capable d'empêcher l’évolution du ferment alcoo- lique. Il en est de même en ce qui concerne l'apport de matières albuminoïdes, qui n’est pas à craindre, parce qu'elles n'existent qu'en très petite quan- tité au moment de la vendange. Ainsi que l'a judicieusement fait observer M. Bouffard, la perte d’alcool provient de ce que la rafle contient une certaine proportion d'eau (cette proportion peut varier de 35,5 à 81,3 ?/,, d’après nos expériences) qui se met en équilibre de composition avec le liquide qui la baigne et devient du vin. Or, comme la rafle représente en moyenne 3 à 4°/, du poids de la vendange — (d’a- près nos recherches, cetle proportion peut varier entre 1,7 et8,5 °/,),— on voit que la perte peut être sensible et s'élever, dans les conditions favorables, à près de !/, degré. Il en est de même pour les autres éléments du vin: acidilé, couleur, etc. Il faut remarquer que ces éléments ne sont pas per- dus : nous les retrouverons sous forme de piquette en épuisant les marcs par des lavages métho- diques. C’est bien à tort que M. Dessoliers cite une expé- rience de cuvage où l'acidité a été en diminuant, pour montrer que la rafle absorbe l’acidité du vin. Il y a des causes d’enrichissement et de perte indé- pendantes de la présence de la rafle, causes qu'il est utile de signaler ici. L'analyse ne révèle que la résultante de ces causes qui agissent en sens inverse, résullante qui se traduit tantôt par une augmentation, tantôt par une diminution de l’aci- dité totale. Supposons un moût contenant 25 ‘/, de sucre, ce qui n'est pas rare en Algérie. Nous savons, d'après M. Pasteur, que 100 grammes de sucre de raisin donnent en fermentant 05,6 d'acide succi- nique, soit O gr. 15 °/, pour le cas qui nous oc- cupe. Cet acide succinique correspond à une aci- dité totale de 1 gr. 90 par litre, évaluée en acide tartrique. Il y a, en outre, la dissolution des prin- cipes lanniques et la formation d’une petite quan- tité d'acides volatils pendant la fermentation. Voilà pour le gain. D'autre part, la faible solubilité du bitartrate de potasse dans l’eau alcoolisée est une cause de TABLEAU I — Crème de Tartre ; Solubilité dans l'alcool TEMPÉRATURE à 10 ©, à 15 % ee | een | on, 15 2.49 115 20 2.85 1.86 25 3.10 2219 30 4.08 2.70 40 2.95 4.00 QD——…"…"…"”-_—_—…— perte. Le tableau ci-dessus (tableau 1) montre que la solubilité de la crème de tartre diminue lorsque la teneur en alcool augmente, et croit avec la tem- pérature. Il y a bien d’autres causes qui intervien- nent pour modifier l'acidité. Dans les nombreuses expériences de vinification que nous avons faites en Algérie, nous avons toujours constaté une aug- mentation de l’acidité. Lorsque les raisins ont subi l'influence du siroco, la rafle retient non seulement le moût qui la mouille, mais aussi les nombreux grains partielle- ment desséchés qui restent adhérents au pédon- cule. Dans cette circonstance, les rafles peuvent être utilisées à faire du second vin. On voit qu'il n’est guère possible actuellement de fixer des règles précises sur l'influence de l'égrappage. L'égrappage, comme le mélange des J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE 147 ———————————"—"—"—"—""— —”—”…"…"”…”—”…”…”…” "—"—…""——_———…—…"…"…"—"—"————————————————— raisins à la cuve, sont des questions qui demandent à être étudiées expérimentalement. Dès notre arrivée en Algérie, nous avions fait planter les variétés de vignes les plus méritantes pour entre- prendre l'étude de ces questions; mais, devant l'indifférence de ceux qui auraient pu nous faci- liter notre tâche, nous avons dû abandonner ces études. résultats peu encourageants; mais cela tient à ce qu'ils ont été faits, pour la plupart, dans des con- ditions telles qu'il est impossible d’en tirer le moindre renseignement précis. Les industriels qui ont lancé prématurément cette méthode dans la pratique sont parvenus à la discréditer. Il faut attendre de connaître mieux la biologie des diverses levures pour pouvoir les Fig. 3. — Fouloirs-égrappoirs. — La vendange, venant du vignoble, est élevée, à l'extérieur du cellier, jus- qu’à la hauteur du deuxième étage. Là elle est, au moyen du tonneau oscillant visible sur la droite de cette figure, déversée à l’intérieur du bâtiment. Des ouvriers, armés de râteaux, la dirigent dans de grands enton- noirs, au-dessous desquels se trouvent les cylindres égrappeurs et broyeurs. Ceux-ci séparent la grappe et laissent tomber la vendange foulée dans les wagonets qui circulent au premier étage du cellier ; ces wago- nets, passant successivement au-dessus des divers foudres du rez-de-chaussée, y déversent leur contenu. La figure 3 montre les fouloirs-égrappoirs ins- tallés au second étage (cellier de MM. Pech et Baudoïin, à Abziza). Sur le plancher du premier étage, des wagonets reçoivent la vendange foulée etla conduisent au-dessus des foudres ou des cuves à fermentation situés au rez-de-chaussée. Cette disposition permet d'exécuter très économique- ment les diverses opérations mécaniques à faire subir à la vendange. III Levures sélectionnées. — Les essais tentés jusqu’à présent pour opérer la fermentation à l’aide des levures pures ou sélectionnées, ont donné des : utiliser avec des avantages sérieux dans la pra- tique de la vinification. Il semble toutefois se dégager des expériences entreprises avec les levures plus ou moins pures fournies par le commerce qu'elles ont le plus souvent une action favorable sur l'allure de la fermentation et la nature des produits obtenus. En ce qui concerne le bouquet, la nature des raisins et les caractères qu'ils tiennent des condi- tions de milieu ont une telle prépondérance que l'influence de la levure est nulle. Amélioration du moût. — Nous n'avons pas, comme en France, à nous préoccuper du défaut de sucre dans les raisins ; nos vendanges sont plutôt trop 148 r——— sucrées. À cet excès de sucre correspond souvent un manque d'acidilé, que nous devons essayer de corriger. Contrairement à ce qui a été affirmé, l'acidité décroit constamment avec l’accroissement de la maturité. Pour s’en convaincre, il suffit d'examiner la courbe de la figure 4 qui est la représentation graphique des résultats obtenus dans nos recher- ches sur la maturation. Si nous comparons cette courbe à celle du sucre (fig. 1, page 143), nous voyons qu'elles sont inver- 26, J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE insuffisante lorsqu'elle ne dépasse pas ce chiffre; les vins obtenus sont plats et manquent de frai- cheur. Il se peut toutefois que ce défaut n'existe pas chaque année : cela dépend des conditions météo- rologiques dans lesquelles s'effectue la maturité. On à reconnu qu'un certain degré d'acidilé est +. nécessaire pour oblenir une coloration vive et brillante, une prompte clarification du vin, et se. montre favorable au développement du ferment al-. 2e: +: 2 4 H: a - & S 18 Se 16 x Ë : Hs : 14 . 1 5 Ë ® 10 D; à @ F à i E É 6 @ : Hs He LE É HR 4 # DU FE JUS Es i 2 HS : ss JE 5 19 S À So È = re] = 2 D w Die: 2 3 DE N- Es 2 _ a _ = 5 = Fig. 4. — Courbe de l'acidité totale du jus (en H?S0i). 5 divisions horizontales correspondent à 1 gramme d'acidité parlitre. sement proportionnelles.Si la proportion de sucre, dans une certaine mesure, est fonction de l'inten- sité de la lumière et de l'élévation de la tempéra- ture, la désacidification est également favorisée par ces deux facteurs. L'acidité totale décroit brusquement à partir de la véraison, puis de plus en plus lentement. Si l'acidité persiste longtemps dans les raisins de certains cépages, elle devient bientôt trop faible dans d’autres. Les nombreuses analyses des moûts de Carignan, de Mourvèdre, d'OEillade, de Clairette et de Chas- selas, que nous avons faites l’année dernière au moment de la vendange, nous ont donné une aci- dité totale voisine de 2,6 °/,, (tirée en SO‘H?). Cette acidité, évaluée en acide tartrique, représente seu- lement 4 grammes par litre. Nous ne savons pas quelle est l'acidité totale minima nécessaire pour la vinification des diffé- rents cépages, mais on peut affirmer qu’elle est (1) Cette courbe fait partie d'un ensemble de recherches sur la maturation que nous avons faites en collaboration avec M. Foussat, préparateur à la Station, et que nous publierons prochainement. par 100 kilogr. de vendange ou 50 à 100 grammes ajoutant 200 à 250 grammes de phosphate de chaux d’acide lartrique. Indépendamment de l’augmen- tation d’acidité, le phosphate de chaux produit une défécation analogue à celle du plâtre et aug- mente la proportion d'acide phosphorique dans le vin (phosphate de potasse et phosphate de chaux) … d'environ 0 gr. 8 par litre. Remarquons que l'acidité totale du moûtne nous renseigne qu'imparfaitement sur l'influence de l'acidité sur la fermentation et la qualité du vin qu'on obtiendra. Il faudrait connaitre la propor- tion de chacun des corps acides (acide tartrique, bitartrate, acide malique, etc.) qui entrent dans la somme acide et comment ils se comportent séparé- ment. Quelques essais ont élé tentés avec l'acide malique, mais les résultats obtenus ne sont pas assez nets pour en parler ici. On doit, avant d'introduire la vendange ou le moût dans les foudres, les cuves ou les futailles, s'assurer qu'ils sont dans un état de propreté ri- goureux et exempts de germes de maladies. Ce résullat est obtenu en nettoyant soigneusement les vases vinaires dès qu'ils sont vides; puis, après “ + x F | * REP PR T L'UNTAIU E Re 4 J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE 149 ae RU DL SU ie les avoir séchés, on les mèche. On recommence le méchage dès que le besoin s'en fait sentir, de ma- nièreà maintenir une atmosphère d'acide sulfureux, IV Fermentation. — Nous arrivons à la transforma- lion du moûten vin, c'est-à-dire à la fermenta- tion. La fermentation est un phénomène exother- SAMEDI 22 Sept. DIMANCHE LUNDI. MARDI et, pendant qu’elle dure, la levure utilise une par- tie de la chaleur pour vaincre l’afinité chimique des atomes de la molécule de sucre et pour cons- tituer les principes immédiats dont elle a besoin. Il y a ensuite l'acide carbonique, qui emprunte au liquide la chaleur nécessaire à son dégagement. D'autre part, 5 parties environ du sucre initial sont employées à d’autres usages que la production MERCREDI JEUDI VENDREDI 40 Tate se tasneres metals reswMesosnllereswMeresrdleresnetcerMercsrwMete see seswMetcs 1 : : à CUVÉE 35 30 RSS: MPÉRATURE 25 D UE Fig. 5.— Courbes des températures pendant la fermentation; série avec moùt non refroidi. — A, Température de la cuvée. — B, Température du cellier !. mique : la levure transforme en chaleur et en force vive l'énergie potentielle accumulée dans le sucre. Les résultats calorimétriques de M. Berthelot nous ont appris qu'une molécule de sucre de raisin (CSH:206) peut (exprimée en grammes) donner, en brûlant, 713 petites calories. D'autre part, nous sa- vons que, des deux corps que le sucre fournit, l’un, - l'alcool, peut encore dégager 642 petites calories en brûlant. La différence, 71, représente donc la chaleur d'alcool et d'acide carbonique. En quatrième lieu, il y a l'échauffement des parois du foudre ou de la cuve. Il y a également toute la masse des pellicules et des rafles (environ la moitié du poids du moût) qui s’échauffe. Il y a, enfin, le refroidissement dû au rayonnement etau contact de l'air. Il résulte des expériences que nous poursuivons depuis deux ans avec des appareils enregistreurs, que, dans les conditions ordinaires, la tempéra- TABLEAU II. — (CARIGNAN). en 22 septembre 6 h. 1/2 soir (mise en 3 = Alcool ce}, volume Rapport de l’Alcool ‘ en V au Sucre en poids Acidité totale en SO‘H? Rotation Sucre °/o é tube de 0.22 en glucose TSSSeSSoe D Dr Gr Oro Ur CE bb bi CE 19 1.5 5.5 CHE 929 0.5 0.7 0.8 2:9 hp mise en liberté dans le dédoublement d'une mo- lécule de sucre de raisin, ou 180 grammes, en alcool et en acide carbonique, Avec un moût contenant 18 °/, de sucre, la chaleur spécifique étant 1, l’élé- valion de la lempérature atteindrait 71°. Si les raisins, au moment de la cueillette, avaient une tem- péralure de 29°, la tempéralure de la cuvée serait portée à 71 + 29— 100"; elle entrerait en ébullition. C'est là la tempéralure théorique qu’on obtien- drait si, comme le dit M. Duclaux, « on pouvait réaliser instantanément la transformation du sucre sans employer de levure et sans perte de chaleur ». Ces conditions ne sont pas réalisables dans la pratique. La transformation n'est pas instantanée, REVUE GÉN ÉRALE DES SCIENCES, 1805 ture maxima pendant la fermentation ne dépasse jamais 40 à 45°. Quand la température a atteint 40°, si les causes de refroidissement sont impuissantes à faire baisser la température de la cuvée, la levure reste bientôt inerte et la fermentation s’ar- rête net. L'expérience que relate le tableau IT est tout à fait démonstrative. La température du cellier est donnée par le diagramme inférieur de la figure 5, 1 Ce diagramme et le tableau qui l'accompagne, ainsi que ceux qui vont suivre, font partie d’un ensemble de recherches sur la fermentation que nous publierons plus tard. 2 Une erreur s’est glissée ici, par suite de la non-homo généité des échantillons. 150 celle de la cuvée par la courbe supérieure. Quant aux résultats analytiques, ils sont inscrits dans le tableau IE (page 149). On le voit, dès le 26, la fermentation est très lente : elle s'arrête complètement le 27, et ne re- prend qu'après quele vina été soutiré en trans- ports de 4 ou 5 hectolitres de capacité. D’autres cuvées nous ont donné des résultats absolument semblables. Lerefroidisse- ment dans la cu- MARDI 18 Sept MERCREDI J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE PARUS Re Ge e recnMei serre rover est es Met este Le + 6 s7X]2 5 6! Æ : la figure 6 et les résultats analytiques sont consi- $ gnés dans le tableau HT ci-dessous : 4 Remarquons de suite que la fermentation est ici 4 bien plus active que dans l'expérience précédente, à cause de la plus faible proportion de sucre. Cette f activité de la fermentation se traduit par une élé- valion rapide de la température. Avec les moûts … très sucrés, la courbe de la température est plus allongée. Examinés au … "SAMEDI : microscope, les , JEUDI VENDREDI globules de le- ve n'estniassez ES — SEE | sensible ni assez EEE = pese vure se montrent « rapide pour que #2 ===. = vigoureux, tur-, la levure repren- = RE gescents et très # ne son aclivilé. réfringents. C'est un fait qui 5 Dans les moûts avait déja élé 22% = riches en sucre remarqué par nt === === 5 ils sont moins beaucoup de vi- % x gonflés et se ra: liculleurs. mais Fig. 6. — Courbe de la température de la cuvée non refroidie. tatinent dès que qui n'avait pas la température encore été démontré expérimentalement. s'élève notablement. Sous l'influence de l'ac-, L'élévation de la température dans la cuvée est done limitée par les exigences de la levure, qui n'agil plus au delà de 40°. La température initiale de la vendange étant comprise entre 20 et 25°, la chaleur sensible qui reste dans la cuve varie entre 15 et 20°. Toutes les fois que la richesse du moût en sucre est telle qu'avecles conditions naturelles de refroi- TABLEAU III. — (ARAMON). tion osmotique du liquide, le protoplasma de la M levure se contracte. 1 Voici maintenant (fig. 7 et tableau IV) les ré- sullats obtenus avec une cuvée dont le moût a été passé au réfrigérant. La fermentation s’est effec- tuée entre 25 el 30°. Nous ne croyons pas nous, tromper en disant que c'est la première expérience suivie qui ait été faite pour déterminer l'influence M | Alcool te), Sre ele Rapport de rs Acidité DèRES e ç : L&e | l'Alcool®/, en à ; totale en | en volume | en glucost Lau Sierre tube de 0.22 SOIHE rm | || eee | See | SSI 18 septembre, 6 h. 1/2 soir (mise en cuve)........ #. » 16.92 » 2 a DÉSERT NTI ET 14.66 5 xs" dissement, la température maxima ne dépasse pas 10° avant la transformation totale du sucre, la fer- mentalion complète du moût est possible. L'expérience montre qu’en Algérie celte propor- {ion de sucre ne doit pas s'élever au-dessus de 18 à 20 ©/,. Théoriquement les vins produits de- vraient contenir 11 à12°/, d'alcoolenviron, mais en pratique on oblient seulement des vins de 10 à Aa) Voici une expérience qui montre bien qu'une cuvée abandonnée à elle-même peut fermenter complètement lorsque le moût n’est pas trop sucré. La c‘zrbe de la température es£ reproduite dans de la réfrigération du moût sur la fermentation. Il ressort de la comparaison de ces deux expé- riences que l'allure de la fermentation est sensi-… blement la même dans le moût réfrigéré el dans celui qui ne l'est pas.Ilen est toutautrement quand on opère sur des moûts très sucrés. è Nous avons vu que, lorsque la température s'é-4 levait au-dessus de 40°, la levure passait à l'état de vie latente et ne manifeslait plus son pouvoir de ferment. Chaque levure possède ainsi une tempé- rature critique, variable avec la composition du milieu. D'un autre côté, nous savons que la chaleur J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE RC | dégagée croit avec la richesse en sucre du moût, et, par là même, l’élévation de la température. Ainsi un moût contenant 24 °/, de sucre peut … mettre en liberté 941,5 au lieu de 71, soit une . différence de 23°1,5 par litre. - Il résulte de ces considérations que c'est la … Chaleur qui joue le rôle de régulateur ct arrête la . décomposition du sucre en suspendant l’action de . la levure ; ce qui revient à dire que, toutes les fois _ que les moûts sont très _ sucrés, la fermentation JEUDI 13 Sept VENDREDI #0 10X7e + o 8 0}f2 4 e s10ÂI2 + os wMf2+t con: seswlfz2rtesrfste que °° de cette liqueur sont incomplètement dé- colorés par 10° de vin, il reste moins de 2 grammes de sucre par litre, et la fermentation est terminée. à: Atténuation des effets de la chaleur. — On est arrivé à atténuer l’influence de l'élévation de la tempé- rature de différentes manières, que nous allons examiner. Quandla fermentation SAMEDI : à devient trainante, le re- DIMANCHE reste inachevée. EE == = montage à la cuve per- Dans la majeure par- ‘ Ë === === mel souvent de ranimer = — = , RCA d . lie des cas, les moûts à TOURS De = MISES: l’activité de la levure. des bons cépages ont , = = = : = Dans d’autres cas, on — =——: É NS uue teneur en sucre su- = == = fait barboter, dans le périeure à 20 °/, en Al- gérie. La plupart de ceux que nous avons exa- minés cette année en renfermaient 24 à 25 °/,. Cette proportion peut encore s'élever davantage, comme le montre la courbe de la figure 1 (page 143). ; D'autre part, nous savons que, si on rencontre rarement les organismes étrangers en quantité notable dans le vin en fermentation régulière ou bien fini, le vin incomplètement fermenté est rapi- . dement envahi parles ferments de maladies qui le rendent bientôt imbuvable. Fig. 1. — Courbe de la tempér 6e fermentation. Série avec moût refroidi. moût en train de fer- menter, de l’airfinement divisé. Le premier mode opératoire a l'avantage, tout en brassant et aérant la masse, d'abais- ser de un ou deux degrés la température et d'éliminer une grande partie de l'acide carbo- nique. Mais ce procédé a l'inconvénient d'augmen- ter la perte d'alcool, qui a varié entre 4 et 3 dixièmes de degré dans les essais que nous avons pu faire. Cela tient à la tension élevée de la vapeur d'alcool, qui est déjà de 44,5 millimètres à 20°. de 18,5 à 30°, et de 134 à 40°. ature de la cuvée pendant la TABLEAU IV. — Refroidissement du moût. — (Perrr-Bousouxr). Alcoo! |, Sucre 0}, ; = Acidité totale en volume en glucose Anne er en SO#H? S lo | À AS Septembre! {mise en CUVE. ......:.....:...... eee ce » 18.00 » 3.30 4 Es LOGO CPP RC Rapport de On peut donc dire que, dans la vinification, l’es- sentiel est d'obtenir une fermentation complète; et, par vin fini, il faut entendre celui qui ne con- tient pas plus de 2 grammes de sucre par litre, environ. l La diminution de la densité, qu’on apprécie avec le mustimèêtre, permet de constater l'arrêt de la fermentation ; mais cet instrument ne donne pas toujours des indications précises sur la quantité de sucre qui reste. Il vaut mieux avoir recours au dosage du sucre par la liqueur de Fehling. On se sert pour cela d’une liqueur dont 5° correspondent exactement à 05,020 de glucose. Toutes les fois | | | | | | ! Dans les conditions ordinaires, les pertes d’al- cool par entrainement ne sont pas importantes, parce que le dégagement gazeux qui se produit par l'ouverture du foudre ou de la cuve cesse d’être abondant lorsque la température est très élevée. Dans toutes les cuvées que nous avons pu sui- vre, le rapport entre l'alcool en volume formé et le sucre disparu a varié entre 0,55 et 0,58. Le ren- dement théorique étant 0,61, il n'y a donc pas une énorme disproportion entre le titre alcoolique des vins et la richesse saccharine des moûts qui les pro- duisent. Ces rapports sont du même ordre que ceux observés en France. L’affaiblissement du rende- ment en alcool se manifeste lorque l’action du ferment alcoolique est annihilée,lorsque la fermen- tation s’arrète en laissant le champ libre aux or- ganismes étrangers qui se développent aux dé- pens du sucre restant. De plus, il y a longtemps que M. Pasteur à fait remarquer que l'équation de la fermentation alcoolique est essentiellement variable avec les conditions dans lesquelles elle s'accomplit. Il y a donc lieu de croire que la proportion d’al- cool formé diminue au-dessus d’une certaine tem- pérature et est également influencée par la ri- chesse saccharine du moût, le degré alcoolique et les autres variations qui se produisent dans la composition du moût. Elle varie également avec la nature des levures qui ont présidé à la décom- position du sucre. Ces pertes d'alcool, qui sont inévitables, ne semblent pas être beaucoup plus importantes en Algérie qu'en France, lorsque la vinification est faile avec soin. M. Dessoliers prétend que l'aération « a pour effet de faciliter le développement des ferments de maladies et d’accroitre l'acidité des vins ». C'est le contraire qui est vrai. Pour que son expé- rience fût démonstralive et autorisät ces conclu- sions, il aurait fallu comparer des bordelaises aé- rées à des bordelaises non aérées, sans les mécher. Le repompage du moût est surtout utile après la fermentation tumullueuse : car, l'aéralion praliquée avec modération est une pratique re- commandable, il serait dangereux de l’exagérer. On arrive encore à pallier l'influence de la tem- péralure en employant des foudres ou des cuves de petites dimensions. On comprend, eneffet, qu’au fur et à mesure que la capacité s'accroit, le rap- port entre l'excès de Lempérature et la surface de refroidissement augmente, puisque la capacité {et par suite la quantité de chaleur dégagée) croit comme le cube des dimensions linéaires, tandis que la surface de re comme le carré. froidissement croil seulement C'est ainsi que le vin de la cuvée mentionnée au tableau If, qui renfermait 34 gr. 2 de sucre par litre au décuvage, a été logé en transports. Là, la fermentation est repartie, et le vin, examiné à nouveau au 26 novembre, ne contenait qu’une pro- 1 gr. #4 par litre. D'autres cuvées qui contenaient de 30 à 60 gram- portion de sucre normale : mes de sucre par litre au décuvage ont également pu achever leur fermentation après avoir élé tirées en transports. I faut avoir soin de procéder au décuvage (tig.8 dès que lafermentalion menace de s’arrèéter l’action de la chaleur sur la levure étant fonction du temps. J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE Il arrive cependant dans certains cas que, dans les vins renfermant encore une notable quantité de sucre indécomposé, la levure se développe dif- ficilement ou ne se développe pas du tout, même | si on ajoute un levain formé de ferments en pleine i activité. Le vin est devenu un milieu impropre à l’évolution de la levure, parce qu'il renferme sat doute des produits d’excrélion toxiques provenant” lui ont succédé après l’arrêt de la fermentation. 4 Enfin, on s’est appliqué à retarder l'élévation de la es du mouût per le roses sous une faible ane, au FE een noc- : turne, et, s’il y à siroco, de les arroser, pour ob= 4 tenir un refroidissement notable, Ce moyen, qui est excellent pour les petites et les moyennes exploi- tations, ne saurait convenir aux vignobles impor- lants. Pour ces derniers, les raisins sont arrosés et placés dans un courant d air artificiel. | On peut ainsi encuver les raisins à une tempéss | ralure voisine de 20 degrés, ce qui permet de faire partir la fermentation plus lentement et d’ac” croitre la quantité de sucre décomposé avant que le maximum de température soit atteint. Le re froidissement des raisins est suffisant pour les moûts dont la richesse en sucre ne dépasse pas 18 à 20 °/,; mais, pour les moûts plus sucrés, il est souvent insuflisant. Cependant, même dans ce der M nier cas, il n’est pas à dédaigner. Combiné avec les tirage en transports trois jours après la mise en. cuve, il permet d'atteindre plus sûrement le but Si l'influence du siroco sur les fermentations en cours est négligeable, il n’en est pas de même de son action sur les raisins attachés aux ceps, dont la empérature peut s'élever notablement. Cet échaufz fement préalable de la vendange a pour effet de faire partir brusquement la fermentation, si on n'a pas soin de refroidir les raisins avant de les encu= | ver. Le dégagement de chaleur estalors rapide, et, comme l'écart entre la température initiale el celle à laquelle les levures ne peuvent plus travailler es faible, il en résulte que la fermentation s’arrêle court quand la quantité de sucre reslant à trans= former est encore considérable. Un dernier moyen consiste à ajouter de l’eau au moût pour le ramener au degré voulu. Pour éla= blir cette influence de la dilution du moût, nous citerons l'expérience d’une cuvée dont la fer- mentation s’est effectuée dans les mêmes condi- Lions que la cuvée du tableau IV. Après la mise en cuve, le moût contenait 24,12 °/, de sucre: on lui a ajouté environ 12 ‘/, d’eau, ce qui aréduit la teneur en sucre à 21 °/.. Dans ces conditions la fermentation a pu se lerminer à peu près complè- tement; il ne restait que 3 gr. 37 de sucre par x j J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGÉRIE ET EN TUMISIE 153 litre au décuvage. Les cuvées faites sans addition | loppement et la maturité des raisins pour l’an- d'eau sont restées avec une proportion de sucre | née 1894. Si l’on compare ce graphique à la courbe va riant de 30 à 60 grammes par litre. du sucre (fig. 1), on voit que, sous l'influence de la Fig. 8. — Décuvage à la lumière électrique. — Le vin ayant été soutiré par la partie supérieure de la cuve, le row d'homme g q que. À par la par I (béant sur le tonneau de droite de la figure) sert à enlever tout le dépôt qui s’est accumulé au fond de la cuve. Le mouillage à la cuve est tout indiqué lorsque | chaleur excessive (plus de 43°) qui s’est fait sentir les raisins ont été plus ou moins flétris par le | à la fin d'août et au commencement de septembre, Siroco. Les raisins exposés au siroco peuvent faci- | le sucre s'est notablement aceru ; la proportion à lement gagner 2 à 3 °/, de sucre. Si une pluie sur- | dépassé 27,5 °/,. Puis, la pluie étant survenue 0 452 É Hi É HE HT HE H & SAGE £ SRE PAT PE NE = ESS = Û E 5 S - = Fig. 9. — Courbe de la lempéralure maxima observée à Alger du 21 juin au 1er octobre. vient, ils peuvent réabsorber l'eau qu'ils avaient | dans les premiers jours de seplembre, les raisins perdue sous l’action d’une température élevée et | qui n'avaient pas trop souffert ont pu récupérer d'une sécheresse prolongée, l’eau perdue, et le taux du sucre a diminué. L'ad- La courbe ci-contre (fig. 9) représente les varia- | dition d’eau à la cuve ne présente done pas ici le tions de la température maxima pendant le déve- | caractère frauduleux qu'on attache généraiement 154 au mouillage, puisqu'on se borne à remplacerl’eau qui à été enlevée prématurément par le siroco et qui pourrail être reprise naturellement si les cir- constances climatériques venaient à changer avant la vendange. Cette addition d’eau a lieu à la cuve, au lieu d’avoir lieu au vignoble : voilà toute la dif- férence, VI Réfrigération des moûts. — Nous venons de passer en revue les divers moyens employés par les vi- liculteurs pour préserver la vendange d’une trop grande élévalion de température et permettre à la levure de se développer dans des conditions nor- males et d'achever la transformation du sucre. Il MERCREDI. JEUDI * MARDI 18 Sept Le J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGERIE ET EN TUNISIE o VENDREDI & le plus fort rendement en alcool. Les différentes variétés de levures ne se comportent pas de la + même manière vis-à-vis de la température, et leur résistance individuelle est variable avec la compo- { sition du milieu. Il est done impossible de fixer la température optimum d'une manière précise, en ce qui concerne la vinification ; mais l'expérience montre que c'est entre 25 et 30° qu'on obtient les meilleurs résultats. C'est donc dans cet intervalle qu'il faut faire [a fermentation; mais nous pour- rons sans inconvénient nous en écarter de quelques degrés en dessus ou au-dessous. Toutes les fois que cela sera possible, il vaudra mieux descendre « au-dessous de 25 que de laisser Le moût s’échauffer au-dessus de 30. SAMEDI DIMANCHE LUNDI we + 0872 + 6 s 10M2 + 9° 8 10X]2 + e a 10Me # 6 s 10Â]2 # à a10M2 + 6 8 roXMe + o & 10e ss s 102 #6 810 BESSESI £ £ Fig. 10. — Courbe de la température de la cuvée pendant la fermentalion; série avec moût refroidi. nous resle à nous occuper du refroidissement des moûts par les réfrigérants. C’est la méthode la plus rationnelle, la plus pratique et la plus efficace. C'est M. Brame qui parait avoir été Le premier à utiliser le réfrigérant de brasserie pour refroidir le moût de raisin; mais c'est à M. Dessoliers que revient le mérite d’avoir employé cette méthode d’une manière rationnelle. L'idéal serait d'enlever le calorique au fur et à mesure de sa production et d'effectuer la fermentation à une température constante. En réalité, nous sommes obligés de procéder autrement. Nous abaissons la tempéra- ture du moût à un certain degré, elle remonte ensuite; lorsqu'elle atteint l'élévation voulue, nous la faisons redescendre, et ainsi de suite. L'essentiel est de maintenir les oscillations au- tour d’un certain degré de température. Quel est ce degré et à quel moment faut-il réfrigérer ? Pour la levure, comme pour les autres cellules vivantes, il y a trois températures à considérer. Ce sont : 1° une certaine limite inférieure au- dessous de laquelle la vie ne se manifeste plus; 2 une cerlaine limite supérieure au-dessus de laquelle la vie s'arrête également; 3° quelque part dans l'intervalle, une température où la vie se manifeste avec loute son énergie et toute sa force : c’est l'oplimum de température. Dans le cas qui nous occupe, celoplimum de température a lieu lorsque la levure remplit le mieux les conditions que l’on cherche, à savoir la transformation du sucre avec Icise pose une autre question : c’est celle de sa=" voir quelle est la quantité de calories qu'il faut soustraire au moût pour quela fermentation puisse se poursuivre et se terminer entre 25 et 30°. Le nombre des calories qu'il faut enlever au moût" s'accroil avec l'augmentation de la richesse du moût en sucre. Les expériences que nous avons” faites nous ont montré qu'avec des moûls conte- nant 2% à 25 °/, de sucre, dans les conditions ordi- naires, il fallait enlever 20 petites calories par litre à la masse de la vendange. C’est suffisant, Voici un exemple qui nous est fourni par une F cuvée de notre série d'expériences avec les moûts. réfrigérés. Le graphique de la figure 10 représente la marche de la température, et les résultats analy= tiques sont consignés dans le tableau V (page 155), Cette expérience montre que, lorsqu'on refroidil le moût, il n’y a pas arrêt dans la fermentation, comme nous l’avons vu précédemment avec une cuvée abandonnée à elle-même. La fermentation a dù être terminée le 24, la quantité de sucre r'es= | tant à décomposer n'élant que de 7,14 par litre, alors que 13%°,46 avaient disparu dans les. | dernières 24 heures. e. Remarquons, en passant, que la fermentation devient de plus en plus lente au fur et à mesure | qu’elle avance. Il y a plusieurs causes qui con-. courent à produire ce résullat, notamment l'aug= mentation de la proportion d’alcool. D'autre part, le graphique de la figure 10 établit … qu'il faut passer trois fois le moût au réfrigérant - pour empêcher la température de s'élever au-dessus de 30°. Comme le moût seul traverse l'appareil et - qu'il ne représente que les 2/3 environ de la masse totale, il s'ensuit qu’il faut lui enlever 30 petites cal. par litre. En réalité, cenombre est un peu supérieur, parce que nous ne tenons pas compte des calories … dégagées pendant le temps de la réfrigération. …_ La vitesse du refroidissement élant proportion- - nelle à l'écart de température entre l’eau et le vin, _ la méthode généralement suivie el qui consiste à - recevoir, dans la même cuve, le vin que l’on vient d'en extraire, pour le passer au réfrigérant, est J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE 155 cessives pour chaque cuvée, si on ne veut pas laisser le vin s’échauffer au-dessus de 30°, il en résulte que le volume d'eau fraîche nécessaire est de 3 à 4 fois celui du vin à produire. Les réfrigérants ont pour organe commun une série de tubes dans lesquels circule le moût à re- froidir. Ils se distinguent, d’ailleurs, en plusieurs catégories suivant que les tubes sont horizontaux ou verticaux, suivant que l’eau coule dans des tubes concentriques ou est distribuée en pluie sur la surface des tubes qui renferment le vin. La plupart de ces instruments fonctionnent assez bien, lorsque le débit de l’eau et celui du vin sont TABLEAU V. — Moût réfrigéré. — CarIGNan. DATES — Le MÉRÉCES RSNE EE défectueuse, même si l’on prend soin de répandre le moût refroidi en pluie à la surface du mare, ainsi que cela avait lieu dans nos expériences, L'’eflet utile baisse de plus en plus. Il faut alimenter le réfrigérant avec le moût ini- tial, régler le débit de manière à obtenir la tempé- rature cherchée après un seul passage et conduire - le moût refroidi dans une cuve spéciale, d'où il sera ensuite dirigé dans la cuve d’origine. Dans ces conditions, c’est donc un abaissement de tem- pérature du moût de 10° qu'il faut produire à chaque réfrigération, D'un autre côté, comme il n’est pas avantageux de chercher à obtenir l’échange intégral de tempé- rature et qu'il est préférable de s’en tenir à un écart de deux ou trois degrés, on voit qu'il y a plu- tôt avantage à augmenter le nombre des réfrigé- rations. Pour les moûts très sucrés, pouvant donner 1%à15°/, d'alcool, il faut compter sur 3 ou 4 réfri- géralions successives à l’eau ordinaire. Ce qui importe le plus pour pratiquer la réfrigé- ration, c'est d'avoir de l’eau à sa disposition en quantité suflisante. Avec les réfrigérants acluelle- ment en usage, la température des eaux de source variant de 20 à 22, il faut, pour que le refroidisse- ment se fasse assez rapidement, disposer d’un vo- lume d’eau égal à celui du vin. Comme il faut trois ou quatre réfrigérations suc- Es SODIOROPP (NS ER ER LOVE). 2eme rte | & Rapport de es: Alcool! °/, Sucre ‘lo , RE : Acidité totale en volume en un lalconlo en vol. en SO‘H! ne mens ne ns » 23.65 » PE 8.8 1.857 0.56 4. bo _— TA ES A Te net id mes Lo 10.0 4.076 0.55 4.5 22 — TU 6 VER EE POP TELE ETROe - 10.9 2.39 0.58 4. 22 — RDS DIRE ES RE MA nee ASS creR -RU 11.10 2.06 0.60 4.5 22 — SE ET CO SCT DO ON Por 11.32 1.833 0.60 4. 23 — GRETA RAR ER SAR RO ER R n Rrol dites de 11.40 1.693 0.57 UP 23 — NE Re A ES ce fd ape 20 fe hate too ee 0 AAC TS 1.12% 0.61 k. 23 — SN OS DIE TO reed nue dde deal Me dore 12.00 0.71% 0.60 4. » convenablement réglés. Les constructeurs pour- ront cependant facilement les modifier, afin d’aug- menter l'effet utile el de diminuer le temps de la réfrigération. Ils devront également les munir d’un dispositif permettant de placer des thermo- mètres à l'entrée et à la sortie du vin. Lorsque le volume d’eau fraiche dont on dis- pose pour alimenter le réfrigérant est insufi- sant, on pourra se servir de la même eau après l'avoir préalablement refroidie par évaporation. On peut imaginer divers moyens pour obtenir le refroidissement de l'eau. M. H. Dessoliers emploie une cheminée en briques creuses disposées en chicanes. L’eau qui sort du réfrigérant est distri- buée en pluie au sommet de la cheminée et des- cend lentement sur les parois des canaux ; un ven- tilateur placé à la base refoule l’eau en sens inverse. M. Wohlhüler se-sert d'une tour en fer garnie de balais de bruyère !. L'eau ainsi refroidie par évapo- ration est recueillie au bas de l’appareil et renvoyée dans leréfrigérant.La quantité d’eau perdue est mi- nime, puisqu'elle se réduit à la quantité vaporisée pour rafraichir celle qui reste. Ainsi, pour abaisser de 30 à 20° la température de 100 hectolitres d’eau, 1 On pourrait encore faire circuler l'eau dans un système de tubes poreux où elle serait refroidie par l’évaporation de celle qui suinte par les pores. 156 il faut évaporer environ 460 litres d'eau, soit 4,60 °/,. Dans la pratique, les pertes s'élèvent de SEEUD PER | En résumé, les conclusions pratiques qui décou- lent des recherches et des considérations que nous venons d'exposer sommairement, peuvent être résumées ainsi qu'il suit : 1° La vüufication en Algérie el en Tunisie se dis- tinque de celle de la Métropole par l'élévation de la tempé- rature qui se produit pendant la fermentation. 2% Toutes les fois que la richesse en sucre du moût ne dépasse pas 48 à 20 °/,, la fermentation peut s'effectuer complètement sans le secours des réfrigérants, à la condi- tion qu'on ait soin d'encuver les raisins à une température inférieure à 259. 3° Lorsque la proportion de sucre est supérieure à 20 0/ a) Türer le vin en transports lorsque la tempérarure 0 À faut employer l'un des trois moyens suivants : atteint A0. Dans ces conditions, l& fermentation recom- mence el se termine doucement; b) Ajouter de l'eau au moût pour ramener la propor- lion de sucre entre A8 et 20 °/,; c) Passer le moût au réfrigérant el maintenir sa tem- pérature entre 24 et 30° pendant toute lu durée de la fer- mentation. VII Seconds vins. — En présence de la faveur crois- sante dont jouissent les vins blancs, beaucoup de viticulleurs emploient une partie plus ou moins grande de leurs raisins rouges à faire du vin blanc. Le moût qui s'écoule librement après le foulage est utilisé à faire du vin blanc, tandis que le reste de la vendange est entonné dans un foudre pour faire du second vin, après addition d'eau. Lorsque la quantité d'eau a été convenablement calculée, on obtient des «seconds vins » suflisam- ment alcooliques, colorés et riches en extrait qui ont la plus grande analogie avec les vins ordi- naires. Ces vins sont, du reste, vendus pour ce qu’ils sont. Ces produils ne ressemblent donc pas aux seconds vins de France si bien étudiés par M. A. Girard et qui sont obtenus en ajoutant au mare une cerlaine quantité d'eau et de sucre. Vins de liqueur. — Pour oblenir des vins liquo- reux,iliaut des moûts très sucrés. La fermentation se développe lentement et, bientôt, grâce à l'alcool formé et au sucre qui reste encore non transformé, elle s'arrête tout à fait. Le vin est alors doux et alcoolique. Pour en assurer la conservation, on ajoute de l'alcool de vin de manière à porter sa richesse à 18 °/, environ. 1 11] semblerait plus rationnel de refroidir directement le moût en le faisant circuler dans des tubes recouverts d'une toile mouillée, mais ce procédé n'« pas encore été essayé J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE Si l'on veut conserver dans le vin une plus. grande proportion de sucre indécomposé, on mute à l'alcool plus tôt, au commencement de la fer- l'alcool doit être suivie d’une forte agitation du liquide pour que le mélange soit bien fait. 4 L'Algérie et la Tunisie pourraient facilement" produire des vins de liqueur similaires à ceux qui nous viennent d'Espagne ou d'ailleurs, el approvi=" sionner le marché français. Piquettes. — 11 est avantageux d'extraire des marcs tout le vin qu'ils reliennent encore malgré les plus fortes pressions. Voici comment on pro- cède : On prend le marc, que l’on émietle avec soin avant de l’introduire dans Ja cuve et on le tasse couche par couche. On remplit ainsi cinq cuves. On verse ensuile de l’eau sur la cuve n° 1 e ayant soin de la répartir sur toute la surface du mare, jusqu'à ce que le vin commence à couler par le robinet du bas de la cuve. Le petit vin qui coule est porté sur la cuve n° 2 el ainsi de suite. Après addition d'un volume d'eau représentant environs 3.5 fois le poids du marc et distribué en cinq arro- sages successifs, le marc de la cuve n° 1 est com plètement épuisé et le liquide qui sort de la cuves n° 5 a une composilion voisine du vin restant dans: le marc, La cuve n° 1, vidée et rechargée, devient la cuve n° 5, et la cuve n° 2 passe au n° 4. Ce la= vage méthodique des mares par déplacement permet de les épuiser d'une façon complète. Il est préférable, lorsqu'on le peut, de faire com=. muniquer les cuves par un luyautage disposé de manière à faire sortir le liquide déplacé, qui est plus léger que l’eau, à la partie supérieure. Les procédés de fabrication des piquettes en France, soigneusement éludiés par M. Müntz, ne différent pas de ceux employés en Algérie depuis plusieurs années. Mais, sinous sommes parvenus à oblenir des vins sains et de bonne garde, il ne s’ensuit pas ques. nous devions nous contenter de ce résullal. Nous devons. au contraire, nous efforcer d'améliorer nos produits en perfectionnant nos méthodes de fabris cation. La vinification est tellement complexe que. beaucoup de points importants restent encore obs curs. Nous travaillerons à les éclairer et à porter l& | fabrication du vin à ce degré de perfectionnement que tous les viticulteurs soubaitent d'atteindre. : } Pour faciliter notre tàche, il serait très ulile d'annexer à la Station Agronomique une cave d'ex- _ périences. On trouverait facilement un proprié- aire qui se chargerait de fournir les moyens ma- ériels pour exécuter ces sortes de recherches, à la condition de l’indemniser des dépenses supplé- _mentaires qu'elles exigent. Grâce à ce concours | Simultané, on réaliserait presque sans frais l'éla- . blissement d'une station œnologique. Ce qu’il faut chercher, ce n'est pas à multiplier les stations expérimentales, comme cela a été con- Seillé quelque part par un auteur évidemment _élranger aux recherches agricoles; c'est à doter convenablement celles qui existent pour leur per- mettre de travailler dans de bonnes conditions. Nous éltonnerons certainement nos lecteurs en + leur apprenant que le Conseil Général d'Alger, seul, | nous alloue une petite somme pour les essais de vinification. C'est grâce au concours gracieux des viliculteurs, parmi lesquels il convient de citer M. Nelson Chierico, directeur de la Banque d’'Algé- rie, et MM. Pech et Baudoin, que nous pouvons chaque année entreprendre quelques expériences. VIII … JL nous reste maintenant à indiquer l'importance commerciale de la vinification dans notre colonie. les conditions sociales et économiques qui lui sont particulières, et à formuler à ce point de vue | quelques desiderata. Statistique. — Le tableau suivant indique l'éten- “due du vignoble algérien et sa production pendant | les quinze dernières années : 2 TABLEAU VI Production en hectolitres Nombre d'hectares plantés en vigne .899 51.949 63.847 3.011 Si l'on exceple de ce tableau l’année 1891, qui a été tout à fait extraordinaire, on voit que, depuis l'origine, le vignoble algérien et son produiten vin n'ont cessé de s’accroilre d'une facon régulière. Le Lableau montre aussi que le rendement en vin par hectare s’est aussi accru. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGERIE ET EN TUNISIE 157 ————_—_—_—_—_—_—_—_—_— —— Muin-d'œuvre. — 1 y a deux catégories d'ouvriers employés pour la vendange et la vinification : les Européens et les indigènes. Parmi les premiers, les Français sont malheureusement en trop petit nombre. Le meilleur ouvrier étranger est, sans contredit, l'Espagnol. Il est travailleur, économe et àpre au gain. On le rencontre en très grand nombre dans le département d'Oran et dans une partie de celui d'Alger. Il est remplacé dans le dé- partement de Constantine par l'Italien, en Tunisie par le Maltais, qui ont surtout de la valeur pour les travaux à la tâche. Sans nourriture, le prix de la journée de l’ou- vrier européen varie entre 2 fr. 50 et 4 fr., suivant les localités et la nature des travaux, avec un tra- vail effectif de 12 à 13 heures pendant l’élé et de 9 à 10 heures pendant l'hiver. Il y a enfin la main- d'œuvre pénitentiaire qui rend des services dans les environs des pénitenciers militaires. La journée d’un pénilencier revient à environ 1 fr. 75. Les ouvriers indigènes sont Arabes ou Kabyles. Le Kabyle serait préférable à l’Arabe comme fond, activité el intelligence ; cependant ce dernier, bien conduit, est très utilisable: il est intelligent, fort, mais paresseux : son fatalisme le porte à mener une existence contemplalive et lui interdit Lout progrès; il demeure réfractaire aux améliorations qui se produisent autour de lui. Il vit, procrée et se soucie peu du reste. Le Kabyle est plus énergique, industrieux et agricole, et parait susceptible de coo- pérer, dans une certaine mesure, à la colonisation. Il y a encore les Marocains qui, tous les ans, à l’époque des vendanges, arrivent en foule dans la province d'Oran. Numériquement, les ouvriers indigènes domi- nent. La main-d'œuvre indigène ne vaut générale- ment pas, comme qualité dans l'exécution, la main- d'œuvre européenne, mais elle est plus nombreuse et plus économique. Le prix de la journée varie entre 1 fr. 50 et 4 fr., suivant les saisons et la na- ture des travaux, Toutes les fois que l’ouvrier indigène n’éprouve pas un pressant besoin de gagner de l'argent, il devient exigeant et exagère ses prélentlions. L'emploi des machines et des instruments aclion- nés mécaniquement permet de réduire le nombre des ouvriers et sert de contrepoids économique à l'élévation du prix de la main-d'œuvre. Quoi qu'il en soit, les indigènes forment un appoint indispensable à l’époque des grands tra- vaux. Si, abandonnés à eux-mêmes, ils ne font preuve d'aucune initiative, ils s’acquittent parfai- tement des travaux que le colon leur apprend à exécuter chez lui. Quelquefois la main-d'œuvre in- digène est même employée exclusivement. Ces ainsi que cela se passe chez le colonel Follet. Mais, gx 158 J. DUGAST — LA VINIFICATION EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE % dans la plupart des cas, on utilise concurremment les ouvriers européens et les ouvriers indigènes. Syndicats agricoles. — Quoiqu'on ne puisse nier l'utilité des sociétés d'agriculture et des comices agricoles, leur rôle, limité à la vulgarisation des bonnes méthodes, nerépond pas complètement aux nécessités actuelles. L'avenir est aux syndicats agricoles, parce qu’ils peuvent rendre des services immédiats et palpables. Ceux-ci ont pour but l’a- chat en commun des engrais, soufre, sulfate de cuivre,instruments et, en général, de toute matière ulile à l’agriculture. Ils ont l'avantage de suppri- mer autant que possible les intermédiaires coû- teux et inutiles. Il n'existe pas encore beaucoup de syndicats agricoles en Algérie; ce genre d'association n'a pas recu l’accueil qu'il mérite parmi les colons, sans doute parce que nous sommes dans un pays de grande culture et à population mélangée. Il y a à Constantine le Syndicat Agricole du département de Constantine; dans la province d'Oran, le Syndicat d'Oran et celui de Constantine: dans la province d'Alger, le Syndicat de Rouïba. Il y en à également quelques autres. En raison du grand intérêt qui s'attache en ce moment à l'écoulement prompt et facile des pro- duits, les syndicats ont tout intérêt à organiser à côté du service des achats un service des ventes. Ils peuvent arriver à réaliser une économie dans les frais de transport en obtenant des Compagnies de navigation des conditions plus avantageuses que les prix habiluels. Les transports par chargements complets coûtent bien moins cher et présentent de sérieux avantages pour l'expéditeur. Moyens de transport. — Ya longueur du réseau al- gérien exploité, divisé en cinq Compagnies, est de 2.905 kilom.Il faut ajouter à ces lignes les chemins de fer sur route établis par le Conseil Général d'Alger. Les vins représentent une marchandise encom- brante et donnent lieu à un trafic considérable que les Compagnies devraient favoriser. Or, on peul remarquer,en jetant un coup d'œil sur la carte in- sérée dans cette étude (page 144), que les vignobles sont surtout silués près du littoral, à proximité d'un port d'embarquement, ou sur le parcours des chemins de fer. Avec le système actuel, tel qu'il résulte des contrats consentis par l'État, les Com- pagnies n'ont pas intérêt à développer le trafic. Des efforts sont faits depuis longtemps par les repré- sentants de l'Algérie pour obtenir la réduction des larifs qui entravent non seulement l'exportation des vins, mais aussi celle de tous les autres produits agricoles. Il faut cependant reconnaître que quel- ques Compagnies ont déjà amélioré certains tarifs. Les transports par eau, sur le littoral, sont plus économiques que les transports par voie ferrée, mais ils sont moins rapides et plus rés + Quoi qu'il en soit, voici quelles sont, à l'heure actuelle, les éditions auxquelles les différentes Compgities transportent les vins en fûts : 3 I. — TARIFS DES CHEMINS DE FER DU P.-L.-M. ALGÉRIEN Troisième série du larif général, quel que soil le tonnage. De 1 à 100 kilom...... 0 fr. 12 par tonne et par kilom. 101 à 200 — .....… 0 fr. 11 — — 201 à 300 — ...... 0 fr. 09 — — Au delà de 300 kilom.... 0 fr. 07 — — Les expéditions sont axées d’après le tarif cor-" respondant au parcours maximum. Les frais de chargement et déchargement sont compris. Î La Compagnie possède, en outre, des tarifs com-" binés, qui sont les suivants : 1° D'une gare quelconque du P.-L.-M. San à une gare quelconque du P.-L.-M. FrAICAIS Se Re atee 15 fr. par bordelaise. o D’ Alger à une gare quelconque du Ÿp -L.-M. français............... . 14 fr. par bordelaise. 30 D'Alger à Paris-Bercy, par char- ; gement des A0 tonnes... .. 35 fr. la tonne. II. — TARIFS DES CHEMINS DE FER DE L'EST ALGÉRIEN 1° Tarif général, sans conditions de tonnage : 0 fr. 43 par tonne et par kilom., plus 4 fr. 50 par tonne pour frais de M chargement, de déchargement et de gare. 20 Tarif par chargement” d'au moins 3.000 kilog., pour ce poids : De 1 à 300 kilom........ 0 fr. 10 par tonne et par kilom. Au delà de 300 kilom...." 0 fr. 08 Les frais de chargement et dé chargement af fr. sont à la charge re de l expéditeur, ou payant 50 par tonné) III. — TARIFS DES CHEMINS DE FER DE BÔNE-GUELMA 19 Tarif général, sans condi- tions de tonnage ........ 0 fr. 43 par tonne et par kilom. 20 Par wagon chargé d’au L moins 4.000 kilog...... - UML. M2 = a 30 Tarifs d'exportation : Dear mSnikilon--tee 0 fr. 09 — — 51 à 100 — ...... 0 fr. OS = = 101 à 200 — ...... ON —= = 201 à 300 — ...... 0 fr. 06 = == 300 et au delà...... . A0 fr 409 — — Les frais de chargement el déchargement M (1 fr. 50 par tonne) sont à la charge de l'expéditeur. IV. — TARIFS DES CHEMINS DE FER DE LA C2 FRANCO-ALGÉRIENNEN 10 Tarif général, sans con- ditions de tonnage SES 0 0 fr. 43 par tonne et par kilom. 99 Tarif spécial, par wagon chargé d'au moins 5.000 kilog. 4 DA lilomer-e 0 fr. 43 par tonne ct par kilom. HO A MOURE E EA OMfr 42 — — 151 à 250. — .....… 0 fr. 11 — — 254 à 350 — .....…. 0 fr. 10 — — Au-dessus de 350 kilom. 0 fr. 09 — — Les frais de chargement, déchargement et de gare (1 fr. 50 par tonne) ne sont pas compris dans … ces tarifs. V. — TARIFS DES CHEMINS DE FER DE L'OUEST ALGÉRIEN 19 Tarif pénéral sr. #.e. 0 fr. 13 par tonne et par kilom. 29 Tarif spécial (pour la prorince d'Oran) De 0 à 100 kilom........ 0 par tonne ct par kilom.. Au-dessus de 100 kilom. 0 fe. — = Les frais de chargement et de déchargement (4 fr. 50 par Lonne) sont à la charge de l’expéditeur. Quant aux tarifs de fret, d'Alger à Marseille, ils sont compris entre 9 et 10 fr. la tonne. J. Dugast, Directeur dé la Station Agronomique d'Alger, Pa PA 2 C.-A. LAISANT — LES MATHÉMATIQUES AU CONGRÈS DE ARS Les Présidents et Secrétaires des Sections du dernier Congrès de l'Association française, tenu à . Caen, ayant achevé de réunir les Mémoires soumis aux diverses Sections, nous donnons ci-après, grâce à leur concours, l'analyse des travaux les plus importants qui ont été présentés. (LA DIRECTION.) I. — SECTIONS DE MATHÉMATIQUES, MÉCANIQUE, ASTRONOMIE ET GÉODÉSIE. _ Les travaux de ces Sections ont été très nom- breux et très suivis, au Congrès de Caen. La plupart des membres qui y assistaient ont pré- senté des communications sur les sujets les plus variés, et il y a eu, en outre, plusieurs mémoires transmis par correspondance. On trouvera plus loin la liste des uns et des autres. Ces études, par leur nature spéciale, ne se prêtent guère, en géné- ral, à une analyse, qui risquerait forcément d’être obscure. Mais il y a lieu de signaler la part prise aux travaux mathématiques par des hommes pra- - Liques, tels que MM- Raffard et R. Arnoux; leurs . communications sont de nature à intéresser aussi bien les savants s'occupant de science pure que . les ingénieurs ayant à appliquer chaque jour les principes de la Mécanique dans l'exercice de leur profession. On notera aussi la très remarquable invention présentée par M. Genaille sous le nom de Calcula- teur. C’est un appareil d’une extrême simplicité, qui permet d’effecluer rapidement les multiplica- tions ou les divisions les plus pénibles, pourvu qu on sache simplement additionner trois nombres d'un seul chiffre. Le prix de revient de cet appa- reil, s’il était construit industriellement, serait des plus modiques, et il parait difficile d’aller plus loin, au point de vue pratique, dans la voie des perfec- tionnements. Voilà, du reste, une vingtaine d’an- nées que M. Genaille poursuit patiemment ses tra- vaux et ses recherches; et son nom est bien connu de tous ceux qu’inléresse la question des machines à calculer. : En dehors des communications individuelles, il y avait, avant l'ouverture du Congrès, à l’ordre du jour des séances des première et deuxième sec- lions, trois questions dominantes, formulées de la manière suivante : Première question. — Étude des moyens qui seraient LES TRAVAUX DU DERNIER CONGRÈS DE L'ASSOCIATION FRANÇAISE POUR L’AVANCEMENT DES SCIENCES de nature à assurer un échange d'idées plus facile et plus suivi entre les mathématiciens des diverses nations, et qui pourraient contribuer ainsi aux progrès des sciences ma- thématiques et au perfectionnement des méthodes. 2° Question. — Exposé de l'état d'avancement des tra- vaux du répertoire bibliographique des seienees mathéma- tiques, à l'époque du Congrès. 3° Question. — De l'utilité qu'il y aurait à essayer de mettre plus complètement les mathématiques pures au ser- vice des Sciences d'application, notamment en ce qui con- cerne la mécanique. La deuxième question ne comportail pas de discussion ni de sanction. Le président, qui est en même temps secrétaire de la Commission perma- nente du Répertoire, a présenté un exposé duquel il résulte que ce travail considérable est en très bonne voie d'exécution, grâce aux concours em- pressés et dévoués que cette entreprise a rencon- trés dans tout le monde mathématique. Sur la troisième question, les sections ont pris une résolution par laquelle elles émettentle vœu que des publications prennent pour tâche spéciale d'ex- traire des travaux de Mathématique pure, et sur- tout de Mécanique analytique, tout ce qui peut présenter un intérêt au point de vue des sciences d'application. Sur la première question, qui est restée à l’ordre du jour de plusieurs séances, de très nombreuses observations ont été échangées. Elles ont abouti à une importante résolution, un peu trop étendue pour trouver place ici dans son texte entier, mais dont nous voulons au moins reproduire le premier paragraphe : « Les première et deuxième sections donnent, en « principe, l'adhésion la plus complète au projet de « création de Congrès mathématiques internationaux, « et se déclarent dès à présent disposées à appor- « ter tout leur concours aux efforts qui seront faits « dans cet ordre d'idées. » La résolution contient, en outre, une chaleureuse approbation des tentatives qui se font de toutes parts, en Allemagne, en Italie, en Hollande, en France, etc., sous des formes diverses, pour créer une certaine unité dans l’amoncellement des pu- blications mathématiques, et permettre aux tra- vailleurs de guider leurs pas. Ce n’est sans doute pas sans un peu d'élonne- ment que plus d’un lecteur apprendra que les congrès internationaux, si nombreux dans toutes les autres sciences, et dans un grand nombre de 160 = professions, sont encore à créer en ce qui concerne les Mathématiques. Le mouvement qui commence à se créer autour de cette question ne peut man- quer d'aboutir. Voici maintenant la liste complète des commu- nications individuelles faites dans les diverses séances : FonranEau : Sur l'équilibre d'élasticité des corps isotropes. Coruienox : 1° Exemples de surfaces et de con- tours pour lesquels la recherche du point de passage de la résultante des pressions normales également réparties sur chaque élément super- ficiel, ne conduit à aucun résultat ; 20 Questions de mécanique et de géométrie : Sur l'emploi très fréquent d'un procédé élé- mentaire. D'Ocacxe : Sur les surfaces de révolution, appli- cables sur la sphère. Gummaraes : Note sur les sections planes des cônes quelconques du deuxième degré, Lemoine : Suite de notes de géométrie. Decannoy : Sur les arbres géométriques et leur emploi dans la théorie des combinaisons chi- miques. G. Canton : Vérification, jusqu'à rème empirique de Goldbach. MM. 1000, du théo- R. W. GENESE : Sur une inégalité trigonométrique. DevonrerrAno : Calendrier perpétuel. Vascax : Sur les actions en raison inverse du carré des distances. Figre : 1° Développement en série des racines d’une équation; 20 Développement en série des intégrales des équations différentielles linéaires ; 3° Étude sur la construction des courbes planes. Commt Coccoz : Note sur la construction des car- rés magiques avec des nombres non consé- cutifs. G. Tarry : Géométrie générale dans l’espace. D. GRAvÉ : Sur une question de Tchebychef. Maizcarp : Contribution à l'étude du problème cosmogonique. Manuel : Sur une transformation du conoïde de Plücker. Laisanr : Sur l'extension de l'expression de la dé- rivée logarithmique d’un polynôme entier. Fonrës : Sur quelques particularités de la suite de Fibonacci. Rarrarb : Mouvements louvoyanls, comme moyen de vérification de l'équilibre des pièces de mé- canique par rapport à leur axe de rotation. R. VW. GENESE : Sur l’enseignement des méthodes de Grassmann. G. Péano : Notions de logique mathématique. P, Cousin : Sur une extension de la formule d’in- terpolation de Lagrange. FroLov : Sur les polygones circonscrits et inscrits. En. Maiccer : 1° Sur une propriété des nombres présentée dans un système de numération quel- conque ; 2° Sur les carrés latins d'Euler, G31 PARMENTIER : Chronologie des marches du ca- valier aux échecs conduisant à des carrés semi- magiques, E. GOSSART — LA PHYSIQUE AU CONGRÈS DE CAEN MM. R,. Arnoux : Sur une théorie générale et 1 “ee He Fégunnee des appareils industriels. par À M. C. ne dans l’Intermédiaire, P. H. Scnoure : Sur trois divisions régulières a l’espace à # dimensions. NeuserG : Notes diverses. R£v. Simmons : Application de la géométrie il résoluÉ on d'une classe de problèmes relatifs au calcul des probabilités, I. GEXAILLE : Calculateur pour faciliter les grands. calculs arithmétiques. Raour : Résolution des équations des- 2°, 3e el 4° degré, en prenant pour point de départ l'équation identique de Cayley sur les motrices. Lecornu : 4° Sur une équation différentielle du 2e ordre ; 2 Sur les aires des podaires; 3 Sur la théorie de l’escarpolette. A. Go : Transformation d'un quadrangle. Nous mentionnerons, pour terminer, la présence. de M. de Saint-Germain, doyen de la Faculté des Sciences de Caen, qui a très assidûment suivi les. séances des première etdeuxième Sections, et qui a. présenté fréquemment des observations d’un grand M intérêt. Les auditeurs lui ont témoigné tout le prix qu'ils attachaient à cette marque de courtoisie et 4 de bonne confraternité. L Enfin, les Sections de Mathématiques, à l'unani- mité, ont élu comme président pour le Congrès de Bordeaux, en 1895, M. Rayet, doyen de la Faculté. des Sciences de Bordeaux et directeur de l'Obser-. vatoire astronomique de la même ville. C'est un choix qui garantit pour l’année prochaine un suc- cès égal au moins à celui qu'on a pu constater au Congrès de Caen!. C.-A. Laisant, Docteur ès sciences, Président des 11° et 2° Sections. M IT. — SECTION DE PHYSIQUE, A suivre les travaux de la Section de Physique, - on pouvait continuer de vérifier la conclusion du - magistral discours d'ouverture de M. Mascart : . Le xix° siècle, qui va finir, s’appellera à juste titre le siècle de l'Electricité. » Mais de brillantes. communications des plus jeunes congressistes apporlaient aussi cetespoir que la voie des grandes découvertes du xx° siècle s'orientera vers la Phy=. sique physiologique. L Je voudrais, dans ce rapide exposé des séances de la Section, mettre en lumière cette double. l Puisque l'occasion m'en est offerte, la direction de la Revue générale des Sciences voudra bien me permettre d’en profiter pour remercie. très sincèrement les mathématiciens qui, par leur présence ou leurs envois, m'ont rendu la täche si facile et si agréable, comme président des première et deuxième Sections au Congrèsde Caen, La meilleure part de l’heureux résu'tat obtenu revient surtout à M. E. Perrin, qui avait bien voulu accepter la tâche pénible de secrétaire. E. GOSSART — LA PHYSIQUE AU CONGRÈS DE CAEN 161 _ tendance, la physionomie des séances et les ef- forts accumulés en quatre jours à Caen, malin et soir, pour l'avancement de la Physique. M. LE Roy : Pendule de temps moyen et de temps sidéral. — M. Le Roy présente un régulateur, dont - l'axe des aiguilles à temps moyen est associé à un rouage qui conduit l’axe d’un planisphère cé- leste et lui fait opérer sa révolution en 23 heures, . 56 minutes, 4 secondes; en sorte qu'on a ainsi, devant les yeux, à toute heure, une représentation permanente du ciel étoilé visible et la démons- tralion pratique de la différence qui existe entre le temps moyen et le temps sidéral. M. Van DER MENSBRUGGRE : Tension superficielle et évaporation des liquides. — M. Gossart analyse un mémoire de M. Van der Mensbrugghe ! sur «la cause commune de la tension superficielle et de lévaporation des liquides ». L'auteur part de cette idée que, dans l’évaporation d’un liquide qui a sa couche libre sans cesse renouvelée, ce qui préside continüment au nouvel arrangement mo- léculaire de cette couche libre, c’est l’ensemble des forces moléculaires auxquelles est due la co- hésion intérieure. Il fait donc d’abord l'analyse des forces qui créent cette cohésion autour d’un point à plus grande distance de la surface libre que le rayon d'activité moléculaire. Cette ana- lyse montre que, près de la surface libre, dans toutes les directions autres que celles de cette sur- face, le degré de cohésion est moindre qu'au sein du liquide et que, dans ces directions diverses, les molécules superficielles éprouvent des écartements . d'autant plus marqués qu'elles sont plus près du niveau. Le double effet de cet écartement est une force élastique de traction tangentielle (tension su- perficielle résultante) et dans le sens normal une force élastique, qui, lorsque la cohésion jointe à la pression ambiante ne compense plus la répulsion, détermine le dégagement des molécules hors de la couche. Cette élasticité, développée continüment dans la couche superficielle, sans équilibre stable, exige un travail qu’effectue sans cesse l'ensemble des forces intérieures, avec perte de chaleur liée à ce travail. Les forces figuratrices dérivent ainsi du degré de cohésion intérieure. L'espace me manque pour citer les applications et vérifications expéri- mentales souvent inattendues de cette théorie très explicite. M. E. Gossarr : Analyses chimiques par homéotropie. — M. Gossart indique le degré de sensibilité que peut donner sa méthode d'analyse chimique par roulement de gouttes ou par homéotropie, et les précautions à prendre pour l’atteindre, dans les trois cas éludiés par lui jusqu'ici : dosage de SE RS ed: 1. ! Extrait du Bulletin de l'Académie Royale do Belgique. l'alcool dans les boissons spiritueuses, dosage des impuretés alcooliques, dosage des falsifications dans les essences végétales. Il décrit la marche à suivre pour appliquer.cette même méthode à une foule d’autres mélanges liquides. M. CASALONGA : Principe de Carnot. — M. Casa- longa fait une communication sur ce sujet : « Le principe II de la Thermodynamique et le coefti- cient des machines thermiques. » La discussion a dû nécessairement prendre une allure animée entre l'ingénieur M. Casalonga critiquant l'énoncé du principe de Carnot et la non-influence du corps qui recoit la chaleur transformable en travail, et le physiologiste M. Broca, qui allait nous donner de belles applications de son credo formel : « Les lois de l’Energélique sont absolues. » M. DEMERLIAC : Chaleurs spécifiques et de fusion de la benzine. — Comme point de départ de tout un ensemble de travaux sur les variations de la tem- pérature de fusion des corps avec la pression, M. Demerliac présente un mémoire où il décrit avec soin toutes les précautions opératoires qu'il a prises pour déterminer à nouveau avec précision la température de fusion 4,95 et la chaleur de fusion 28°,346 de la benzine chimiquement pure, sous la pression normale. Ce travail a exigé, en outre, la détermination de la formule empirique donnant la chaleur spécifique de la benzine liquide de + 5° à HE 30 et, pour obtenir la dilatation con- sidérable de fusion, la loi des densités entre 0° et 20°. M. Cu. ZENGER : L'électricité. Mouvement hélicoïdal. — C’est avec un regret tout particulier que nous sommes forcé de restreindre à un court résumé la longue et importante causerie dans laquelle M. Ch. Zenger, membre de l’Académie Impériale d'Autriche, nous expose sa théorie sur la nature du mouvement électrique et son système électro- dynamique des mouvements planétaires. On sait que, d'après l'éminent physicien de Prague, l'électricité en mouvement ne serait autre chose qu'un mouvement tourbillonnaire, en héli- coïdes dextrorsum et sinistrorsum (hélices sur sur- faces coniques) qui se rencontrent etse détruisent au milieu de leur passage entre les deux pôles de la décharge d'une machine quelconque. Des élec- trogravures et des photographies de phénomènes naturels accompagnateurs d'une trombe complètent les démonstralions orales. Captivés par le sujet, auteurs et auditeurs oublient les projections pré- parées ; mais cependant, pour traduire expérimen- talement son système électrodynamique des mou- vements planétaires, M. Zenger nous fait assister à un mouvement produit dans un champ électrique, mouvement d’induction qui est rotatoire et orbital tout à la fois. Un pendule conique, à boule creuse de cuivre, installé au-dessus d’un électro-aimant, 162 E. GOSSART — LA PHYSIQUE AU CONGRÈS DE CAEN prend ce double mouvement bien déterminé, dès qu'on lance le courant. M. Becoc: Formation de l'arc électrique. — M. Belloc nous répèle ses expériences d’allumage de l'arc électrique avec l'étincelle. L'arc électrique peut être provoqué entre deux électrodes distantes de plu- sieurs centimètres par le passage de l’étincelle d'une machine électrostatique, cet allumage se généralisant d’ailleurs pour toutes les électrodes intercalées dans un long circuit qui parcourt toute la Faculté. M. Belloc explique par là certains cas de foudre qui se sont produits simultanément sur des lignes de distribution électrique et il donne quelques indications sur les variations de la dis- tance d'allumage, suivant la nature des électrodes en présence, la capacité et le potentiel de la ma- chine et le sens du courant formant l'arc. M.G. Becroc : Ærpérience de Grove. — M.Belloc fait part de l'examen très consciencieux auquel il s’est livré de l’échauffement électrique d’un fil métallique plongé dans différents gaz. Il a fait varier la nature et les dimensions des fils, la nature et la pression des gaz, toutes les données du courant électrique. Ses principales conclusions sont que : le pouvoir refroidissant des gaz décroit toujours avec leur masse ; mais la variation de ce pouvoir, lorsqu'on fait varier la masse et que l’on part de températures successivement croissantes, est constante pour l'acide carbonique et croît beaucoup avec l'hydro- gène. M. RENÉ ArNoux : Appareils portatifs de mesures électriques. — M. Arnoux présente à la Seclion un nécessaire pour mesures électriques aussi robuste que portatif. L'organe essentiel est un galvanomètre toujours en installation dans toutes les positions et mouvements brusques de la boîte, si ingénieu- sement associé à un système de rhéostats, shunts et interrupteurs qu'il se prête immédiatement à toutes les mesures de grandeurs électriques et pour tous usages, tant médicaux qu'industriels. M. Snoozpren : L'industrie électrique en Angleterre. — Cette intéressante conférence avait pour but de prouver, à Caen, ville éclairée par des dynamos Ferranti à courants discontinus de 2.200 volts, que, d’après l'expérience anglaise, les machines à courants continus valent mieux industrielle- ment. Aussi, la démonstration a été faite par de nombreuses courbes lapissant tous les murs de la salle et qui avaientpour abscisse la grandeur temps et pour ordonnée la grandeur monnaie. A la demande de M. Zenger, M. Shoolbred nous com- munique aussi ses expériences sur l'application des accumulateurs, dits de Genève etdu type Tudor. Puis M. Lecornu veut bien nous résumer les in- téressantes explications qu'il avait déjà données dans son usine. —, M. PescraRD : Les orques électriques. — M. Pes- chard, avocat à Caen, dont la plupart des con- gressistes ont admiré les belles collections ethno- graphiques, après avoir fait l'historique des pre-. mières applications de l'électricité aux grandes orgues en France, entre dans la description détail- lée du système électro-pneumatique, que, de- puis 1860, il a perfectionné avec la collaboration du célèbre organier Barker et qui fut adopté en. particulier pour l'orgue de l’église Saint-Augustin à Paris en 1868. Privé de ce concours depuis 1870, M. Peschard a profondément modifié les soupapes. électro-magnéliques destuyaux, qu'il nous montre. ainsi que le moteur, qui consiste maintenant en un soufflet placé à l'intérieur de la laye et qui fonc-. tionne avec une seule petite soupape à double effet. Après des lenteurs causées par l’antagonisme d'étrangers venus s'instruire chez nous, l'applica- tion industrielle commence à se développer et tout fait espérer qu'elle restera française. M. Tarry : La plume Edison. — M. Tarry montre un exemplaire du journal hebdomadaire d'un émir arabe, qui, n'ayant pu se procurer de caractères d'imprimerie, a eu recours avec avantage à la plume électrique perforante d'Edison. M. Tarry. fait observer que le procédé est très rapide pour l'impression jusqu’à plus de 2.000 exemplaires. D: Broca : Surface focale dans les systèmes centrés. — Par une étude théorique des systèmes centrés, le D' Broca s’est proposé de remédier à ce défaut commun des objectifs de chambre noire et de mi- croscope, quin’ont pas la même mise au point pour. le centre etle bord de l’image, l’image du plan que . l'on observe étant une surface à courbure notable. Étant donnée la possibilité de réaliser un système centré de dioptres jouissant de points aplanétiques au 4%° ordre près sur l’axe du système, on trouve qu'ils sont, sur cet axe, les sommets d’une surface pour les points de laquelle les droites de Sturm sont confondues. L'image d’un plan est alors celte véritable surface focale indépendante du dia-- phragme. L'auteur établit la relation qui doit lier les indices des verreset les rayons de courbure des dioptres, pour que le rayon de courbure de cette surface focale soit infinie; il trouve que ce résultat a lieu si la puissance Lotale du système de lentilles de même indice, supposé comprimé jusqu'à une minceur infinie, est nulle. Il a pu faire construire un objectif, vérifiant loutes les conséquences par- … ticulières des principes démontrés, l'existence de points aplanétiques au 4%° ordre près, l'absence d’astigmatisme sur les bords, l’aplanéité de la sur- face focale, et il compte remplacer ce premier instrument d’essai par un autre donnant tous les résultats pratiques que promet la théorie. Dr Weiss : La puissance des systèmes centrés. — TL Lt FT TT M. Broca, au nom du D° Weiss, nous montre les _ avantages que présenterait une Aouvele définition L: - de la puissance d’un système centré. Si, au lieu de ps # produit par l'indice du dernier milieu, on peut alors étendre à un système de lentilles et de dioptres . ce théorème commode d'après lequel la puissance Ein système infiniment mince est la somme des _ puissances des composants. De plus, la nouvelle . définition a une signification physique importante : c’est le diamètre apparent de l'image fournie par . l'unité de longueur placée au foyer, ou bien le . nombre par lequel il faut diviser le diamètre appa- . rent d'un objet infiniment éloigné, pour avoir la - grandeur de son image dans le plan focal. M. Vérick : Présentation d'un microscope. — La présentation de l'excellent microscope de M. Vé- rick est faite par le D' Broca, qui en a fait à la Fa- culté de Médecine de Paris uneétude approfondieet qui répond à toutes les questions des naturalistes, venus se joindre aux physiciens, comme particu- lièrement intéressés à constater tous les avantages que présente cet instrument de fabrication fran- _ çaise sur les microscopes allemands des types les plus réputés aujourd'hui. Le seul petit inconvé- nient à citer serait le manque de profondeur de _ foyer, qualité qui, du reste, est de moins en moins recherchée aujourd'hui et ne s'obtient qu'aux dé- pens de toutes les autres. - M. Ricuarn : Le Vérascope. — M. Richard nous apporte son vérascope, dont il a réservé la des- - cription écrite pour les lecteurs de cette Revue !. M. MaLnINEY : mage latente photographique. — Le bromure de polassium modérateur. — M. Maldiney - nous décrit les patientes recherches et délicates expériences, quelques-unes poursuivies par la mé- _thode de Becquerel, qui lui font rapporter à une cause électrique l’image latente photographique, et il nous intéresse aussi, en nous faisant part. . comme à la Section de Chimie, de ses études sur l'action du bromure de potassium, modérateur dans le développement -des plaques photogra- phiques. D° Broca : Fonctionnement de l'appareil nerveux vi- suel. — La célèbre loi de Fechner : « Lasensationest fonction logarithmique de l'excitation, ou = » n'est-elle qu'une loi psychique ou bien est- elle, dans le cas de la vision, une loi expérimentale ? Tel est le problème que le D' Broca résout dans le second sens. Tous ceux qui ont essayé de l’asseoir sur des bases expérimentales se sont appuyés sur celle ee OR NENASRRE } Voyez la Revue du 15 septembre 4894. 1 l'inverse de la distance focale, on considère son : dl EE E. GOSSART — LA PHYSIQUE AU CONGRÈS DE CAEN 163 ———————————————————— TT hypothèse de Fechner plus ou moins voilée : «L'œil perçoit une différence entre deux plages quand la différence des sensations a atteint une certaine valeur indépendante de l’éclairement commun, » Or, cette hypothèse, qui entraine la loi, est-elle exacte ? M. Broca prouve qu'elle est très sensible- ment exacte, par la crilique des mesures astropho- tométriques d’Herschell, de Stenheil, des mesures spectrophotométriques de MM. Macé dé Lepinay el Nicali et ses propres expériences. Or, cette hypothèse entraîne mathématiquement la nécessité de l'addition simple des sensations binoculaires, seconde relation qui commande d’ail- leurs aussi la première. Une expérience bien simple du D° Broca intervient ici : Soit un disque rotatif de Masson, présentant un trail noir interrompu ; quand le disque tourne, on a des couronnes noires et blanchesentre lesquelles la différence d'intensité est inversement proportionnelle à la distance au centre. Quel que soit l'éclairement, si avec l'œil droit on distingue la p"° couronne, et avec l'œil gauche la g%°, avec les deux yeux la dernière cou- ronne distinguée est toujours la (p Lg)". Par application de la loi de Fechner et une analyse mathématique aussi simple que son expérience. l’auteur conclut que la sensation due aux deux yeux est la somme des sensations dues à chaque œil séparé. Quelle est alors la cause de la diminution du rendement de l'œil, quand l'intensité lumineuse augmente, et qui se traduit par ce fait que la sensa- tion croit comme le logarithme de l'excitation? La cause est-elle psychique? Non, les sensations des deux yeux s’ajouteraient avec déchet. Elle réside dans la loi de conservation de l'individu, qui se présente ici sous deux formes : contraction pupil- laire et migration du pigment. C’est là que l’auteur voit l’affaiblissement du coefficient de rendement de notre organe visuel, quand l'énergie excitatrice croit. La loi logarithmique est donc due ici à de mul- tiples phénomènes de l'organisme, d'effet total complexe; c’est une loi empirique comme celle de la compressibilité des gaz. D' Broca : Zmuyés accidentelles sur fond obscur. — Pour justifier son essai de théorie, l’auteur expose les faits incompatibles avec la théorie d'Helmholtz, qu'il a longuement constatés et vérifiés en fixant les corps éclairés avec un obturateur de chambre noire s’ouvrant sans secousse. 7 Pour des fixations du Soleil, variant de 100 à 4", le temps pour l'apparition de l'image est constant etde 7",le temps pour le maximum d'intensité de cette image également constant et de 15”; la durée totale de l'image est au contraire variable 161 L. TEISSERENC DE BORT — LA MÉTÉOROLOGIE AU CONGRÈS DE CAEN avec le temps de pose, depuis 4' jusqu'à 24 heures, accompagnée dans ce dernier cas d’une véritable neurasthénie pour l'observateur. Dans le cas d’une surface faiblement éclairée, le temps pour l'apparition diminue avec l'éclairage; quant aux changements de couleur de l’image, l’auteur n’a pu rencontrerces phasesfixes signalées par Helmholtz. Tous ces faits excluent, comme explication, la théorie basée sur la persistance des impressions lumineuses: ils ne peuvent être dus à une réserve d'énergie aceumulée pendant l’action de la lumière et restiluée quand l’action cesse. L'auteur cherche alors, dans la rétine qui vient de travailler, une source d'énergie qui puisserendre compte des particularités du phénomène. Après l'action de la lumière, il y a une action inverse, reconstitution de l'organe usé au moyen de maté- riaux apportés par le sang. Les capillaires de la membrane de Jacob, après l'impression lumineuse, vident leur sang usé dans les veines et en reçoivent du neuf, ce qui dure d'autant plus que l'impression aura été plus forte. On a donc sur les terminaisons nerveuses même une transformation d'énergie qui se produit et qui doit exciter ces terminaisons. La sensation lumineuse qui nous donne ces images accidentelles sur fond obseur serait ainsi due à un déchet que subit l'énergie potentielle apportée par le sang, source extérieure, quand s'opère le travail de reconstitution de la rétine. D' GuéguarD : Aypothèses sur la physiologie de la vision. — L'intérêt de ces communications se trouve encore accru par une autre théorie très explicite de la vision, basée sur deux hypothèses physiques, qui nous est apportée ensuite par le D' Guébhard, La place nous manque malheureuse- mentpour reproduire ici la courloise discussion entre les deux physiciens-physiologistes qui cons-. latent nombre de points communs entre leurs deux manières de voir, et le D' Guébhard rentre ensuite dans la physique pure en nous expliquant : «Pour- quoi les lointains viennent trop en photogra- phie ». M. E. Gossart donne une démonstration géomé- trique élémentaire de la règle qui sert aux minéra- logistes pour connaitre les directions d'extinction des lames cristallisées en lumière polarisée paral- lèle. M. NEYRENEUr : Sur la réfraction du son. — Le Con- grès se termine sur le mémoire de M. Neyreneuf, qui. en sa qualité de Président de la Section, avait voulu céder à tout le monde jusqu’au dernier mo- nent son tour de parole. Pour l'identification des lois de la réfraction du lumière, M. Neyreneuf s'est servi comme organe réfringent d’une grande len- tille d'eau formant la paroi d'une caisse sourde, son à celles de la qui contient un limbre comme source sonore. Un. cylindre de 36 centimètres de diamètre et 15 cen- timètres d'arête, armé de tubulures, a pour bases … concaves des lames de caoutchouc. Malgré les per- s tes d'intensité dues aux réfractions sur les sur-. faces air-eau, l’auteur peut trouver l'image sonore avec sa Hu sensible. Les résultats les plus nelss s'obliennent par tension et courbure considéra-# 4 bles des membranes, qu'on réalise en faisant écou- ler l'eau, jusqu'à ce que les membranes viennent» en contact sur un cercle central bordé par la sur- face convergente. Quoique les expériences ne se. prêtent pas à des mesures précises de longueurs focales et d'indices de réfraction, elles sont réelle-" ment coneluantes pour la constatation des points focaux. E. Gossart, Maitre de Conférences ; à la Faculté des Sciences de Bordeaux IT. — Secriox nE MÉTÉOROLOGIE. Cette Section s’est occupée de plusieurs des. questions qui préoccupent le plus les météorolo- gistes à notre époque. à Il faut, en particulier, signaler les recherches. faites pour améliorer nos méthodes de prévision du temps. Un météorologiste persévérant, M. Guil-. bert, qui habite le Calvados, a montré comment la méthode de prévision, basée presque exclusivement sur l'étude de la forme des lignes isobares, leur espacement plus ou moins grand, peut être beau- coup améliorée par l'observation critique des nuages, ou mieux des successions, différentes de nuages. L'observation des cirrus, préconisée bien. souvent, donne, lorsqu'elle est interprétée avec. soin, de très précieuses indications sur la position des centres de dépression barométrique silués à. plusieurs centaines de kilomètres de l'observateur. Pour prévoir l’arrivée des orages ou la pluie, il faul. prendre en considération l’épaississement progres- sif des nuages qui, de cirro-stralus, passent à l’allo-stratus plus ou moins cumuliforme, c’est-à-. dire à un nuage de texture un peu fibreuse, mais M. assez épais el légèrement mamelonné; ce sont les. masses filamenteuses de M. Guilbert servant de pré- curseurs de la pluie. L'auteur a pris l'excellente habitude d'adresser, par carte postale, au prési-… dent de la Commission météorologique de Caen, les 1 prévisions qu'il établit d’après l'étude de la situation générale de l’atmosphère indiquée par le Bureau È Météorologique et d'après les nuages. On peut ainsi. vérifier par la suite si ses avertissements se sont réalisés. C'est ce qui se produit dans la grande ma- jorité des cas el, chose remarquable, tandis que le … temps semble être au beau stable, M. Guilbert peut annoncer avec succès l’arrivée d'une tempête qui a % . pour avant-coureurs des nuages caractéristiques. … - ILest hors de doute qu'il y a beaucoup à faire - dans cet ordre d'idées ; aussi on s’atlache à mieux connaitre les nuages, et on demande à la photo- graphie d'en fixer les apparences pour arriver à une classificalion raisonnée de divers types. - M. Angot, qui se livre depuis plus de deux ans à des recherches sur la photographie des nuages, a … présenlé à la Section de belles épreuves (13-18) des cirrus et de leurs dérivés, ainsi que des cumulus orageux : ces épreuves sont obtenues en interpo- sant entre le ciel et la plaque sensible un écran formé d'une auge à faces parallèles renfermant une solution de bichromate de potasse ; on peut aussi remplacer cette auge par un simple verre jaune choisi avec soin, ou par des plaques de gélatine colorées à l’éosine, comme M. Garnier, de Boulogne, l’a fait il y a quatre ans. La photographie rend bien d’autres services: elle permel de fixer l'image si fugilive de l'éclair et en a révélé les innombrables ramifications. La vue d'un cliché comme ceux que présente M. Marriott, secrétaire de la Société méléorolo- gique de Londres, ou de ceux qui sont dus à M. Zenger, le professeur bien connu de Prague, permet de comprendre pourquoi des corps assez voisins d’un paratonnerre sont souvent frappés par la foudre qui se divise en branches nombreuses. Sur une des vues prises à l'École Polytechnique de Prague, on voit l'ombre de plusieurs monuments se projeter au moment de l'éclair sur le fond du ciel illuminé par le reflet des gigantesques étin- _celles de la foudre. On peut encore reproduire par la photographie l'aspet si curieux du givre, du verglas sur les végé- aux, l'aspect instantané d’une portion de l’atmo- Sphère traversée par une chute de grêlons, ainsique cela a été fait à la Sociélé météorologique de Londres. M. Zenger, qui pense que le Soleil joue un rôle très prépondérant, par voie d’induction électrique, dans les perturbations mécaniques, tempêtes, orages, etc., qui se produisent au Sein de notre atmosphère, a trouvé dans la photographie un puissant auxiliaire pour suivre ce qu'il considère comme les effets da Soleil sur notre enveloppe gazeuse. En employant des plaques sensibles chlorophyllées pour la photographie du Soleil, il trouve que l’image de cet astre est entou- rée à certains jours de zones blanches qui sont généralement d'autant plus accusées que la tem- pète est plus imminente. Par un beau temps fixe, l'image du Soleil est bien circulaire et ne s'entoure que d'une teinte plus ou moins foncée, mais uni- forme, produite par la lumière du ciel. Mais si les zones blanches apparaissent, on peut être assuré REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, L. TEISSERENC DE BORT — LA MÉTÉOROLOGIE AU CONGRÈS DE CAEN que le beau temps sera de courte durée. Dans la pratique, le diagnostic n’est pas aussi certain, parce que le trouble atmosphérique que la photo- graphie permet de soupconner peut s’atlénuer ou se produire loin de l'observateur, mais il reste cependant acquis qu’il y a une corrélation directe entre les divers aspects des images du Soleil et l'état de notre atmosphère ; l'interprétation de cette corrélation peut être très différente suivant les vues de chaque savant. M. Zenger voit, dans ces _zones, la projection des mouvements tourbillon- naires d'origine électrique se transmettant du Soleil à notre atmosphère ; d'autres peuvent y voir un effet oplique dû à la présence d’eau sous forme solide, liquide ou même gazeuse dans les hautes régions de l'atmosphère, pénétrant plus haut à l’ap- proche des dépressions barométriques qui sont le siège de vastes courants ascendants. Quoi qu'il en soit, ces phénomènes, signalés il y a plus de dix ans pour la première fois par M. Zenger, méritent d'être étudiés et suivis en divers lieux du globe. Comme on le voit, le rôle de la photographie en météorologie est multiple. Elle a permis de repro- duire l’aspect d’une de ces trombes violentes dési- gnées sous le nom de Tornado en Amérique, de photographier des grêlons, des arcs-en-ciel, ainsi que l’a montré M. Mariott, secrétaire de la Société météorologique de Londres : en France M. Richard, pour rendre la reproduction des aspects de ces phé- nomènes encore plus frappante, vient de construire un petit appareil stéréoscopique, le vérascope, qui permet de corriger les défauts dus à l’imperfection des lentilles en ,regardant les clichés positifs à travers les mêmes lentilles qui ont servi à obtenir les négalifs. Dans un ordre d'idées tout différent, la Section a entendu avec grand intérêt la lecture d’un mémoire de M. Vidal, professeur d'Hydrographie, sur le mirage marin à Bastia. Les recherches de M. Vidal ne s'appliquent pas à la théorie du mirage, mais aux circonstances où il se produit et à ses effets sur la dépression de l’ho- rizon. Tandis qu'on croit généralement quele mirage ne peut persister que par un temps calme, M. Vidal montre, par des exemples, qu’à Bastia, pendant la saison froide, le mirage est à peu près permanent etse maintient par coup de vent, probablement à cause de la différence de température entre l’eau et l'air. L'effet de ce mirage est de produire un aspect inverse de celui de la réfraction atmosphérique quand le déeroissement des densités est normal. Lestables des dépressions apparentes de l'horizon. dont les marins se servent journellement,sontcons- truites dans l'hypothèse d’une surélévation de l'ho- rizon géométrique. Or, d'après la théorie de Biot, LL 166 quandil y a mirage, l'horizon est abaissé, la dépres; sion apparente est plus grande que la dépression vraie. Pour le phare du nouveau port de Bastia, visé à une hauteur de 19 mètres au-dessus du niveau de la mer, la dépression causée par le mirage esl d'environ 40 secondes d’arc en moyenne. Comme on suppose ordinairement un relèvement à peu près équivalent, on voit que l’erreur commise dépasse 1 minute d’are, elle atteint même parfois 2 ou 3 minutes. Ces erreurs peuvent produire sur les calculs qui servent à régler les chronomètres, quand on ne prend pas la précaulion de descendre à terre pour cette opération, des différences de temps assez sensibles et par suite de grosses erreurs dans les longitudes. Aussi M. Vidal a-t-il fait œuvre utile en signalant ces faits aux marins et aux savants. Les mouvements généraux de l'atmosphère on fait l'objet de persévérantes recherches de la part de M. Garrigou-Lagrange. Reprenant l’ordre d'idées développé il y a quelques années par M. L. Teisse- rence de Bort, à savoir qu'il existe à la surface du globe un certain nombre de grandes aires de hautes et de basses pressions qui sont en nombre limité, se retrouvant d’une façon persistante et jouant un rôle tel qu'on doit les considérer comme les grands centres d'action de l'atmosphère, M. Lagrange a cherché à préciser les transformations que subissent les isobares de chaque jour sur l'hémisphère nord, sui- vant les déplacements des grands centres d’action de l'atmosphère. Jusqu'ici les lois de ces transfor- mations sont à peu près inconnues, bien qu’elles aient fait l'objet de plusieurs mémoires publiés par d’autres auteurs. M. Lagrange a pensé que l’in- fluence luni-solaire devait jouer un rôle dans la répartition des isobares, puisque la marée lunaire influe sur l'étendue des alizés, comme M. Poincaré l'a démontré. Ces recherches n’embrassent pas encore une période suflisante pour permettre de définir les formes que présentent ces actions ; mais, d'après les premiers résultats obtenus, on peut en espérer de précieuses indications pour la prévision du temps à longue échéance. Les mouvements tourbillonnaires de l'air onl motivé quelques remarques de la part de M. Guil- bert, qui a observé plusieurs trombes dans le Cal- vados; ces trombes ont toujours présenté un mou- vement tourbillonnaire bien marqué, elles ont coïncidé avec l'existence de ces nuages orageux de forme intermédiaire entre le cirrus et le stratus dési- gnés par M. Guilbert sous le nom de musses filumen- euses; enfin, elles ont été (oujours suivies d’une hausse du baromètre, ce qui veut dire qu'elles se produisent d'ordinaire à l'arrière des dépressions barométriques. À propos de leurs effets, plusieurs membres ont fait remarquer combien sont nettes les preuves du mouvement aspiratoire produit par L. TEISSERENC DE BORT — LA MÉTÉOROLOGIE AU CONGRÈS DE CAEN les trombes. M. Teisserenc de Bort, qui a observé plusieurs de ces météores en Algérie et a comparé. leurs caractères à ceux des trombes de Dreux et de Maisons-Lalfilte, a insisté sur l’analogie qui existe entre ces tourbillons atmosphériques et ceux qu'on peut produire sur une petite échelle à l’aide des … appareils de M. Weyher. Dans ces derniers comme « dans la Nature, le mouvement vient d'en haut, mais. l'air est ascendant el converge vers la base de la trombe pour s'échapper vers le haut. Il a combattu aussi celte opinion que les nuages sont nécessaires à la formalion des trombes; dans les déserts il y a constamment des trombes sans nuages. À propos des courants ascendants, M. Garrigou- Lagrange à présenté un appareil qu'il vient de construire el qui donne d’intéressants résultats. C'est une sorte de tube de Piteau dont les branches communiquent avec un manomètre différentiel analogue à la boite élastique d’un baromètre ané- roide. Cette boîte porte un miroir qui réfléchit un rayon lumineux et permet d’accuser ainsi sur un écran toutes les variations de pression causées par l'aspiration de l'air. L'étude de la température des eaux dans le Sahara a conduit M. Rolland, l'ingénieur des mines bien connu, à quelques déductions curieuses sur l'accroissement de la température avec la profon- deur, Il trouve que, dans le Sahara algérien, entre 35 el 30 degrés de latitude, la température des couches terrestres croit réellement en profondeur d’au moins 1 degré pour 20 mètres et souvent plus rapidement encore. Dans l'esprit de l’auteur, ce fait intéressant ne doit pas être trop généralisé avant qu'il ait pu être vérifié en dehors du bassin artésien de l’Ouèd Rhir. On se plaint souvent avec raison du peu d'éten- due de la période pour laquelle on possède des observations météorologiques : c’estàcombier celte lacune dans une certaine mesure que se sont alta- chés quelques chercheurs, parmi lesquels il faut citer tout particulièrement M. l’abbé Maze.En com- pulsant les vieux ouvrages et lisant des centaines de chapitres traitant de choses diverses, il est arrivé à retrouver des notes précieuses sur le temps pendant l'hiver rigoureux de 1767-68. Le 1° dé- cembre 1767, rapporte la chronique, les arbres avaient encore leurs feuilles ; le 13 il n'y en avait plus. Le froid s’accentua et en janvier le cidre fut gelé, le rhum converti en une sorte de gelée: sur la côtenormande des milliers d'huitres furent englo- bées dans un bloc de glace. — Un observateur de Caen a, du reste, fait des observations détaillées pendant les années 1765-1769; celle série est très instructive.— Dans le même ordre d'idées, M. Sieur présente un relevé d'anciennes observations faites à Niort depuis 1802 jusqu'à nos jours. — M. Angot vaobtatmitest nn bre deth ati nsihontadan thai ahes duc dot dat et D nr t > 7 … naissance du passé porte avec lui de grands ensei- + ORNE EL TO OP EE TR Bu cire rappelle la série de Poitiers qui s'étend de 1774 à 2 1819. …_ Toutescesrecherches, — assezingrates, car elles . ne satisfont pas l’imaginalion par des aperçus bril- . Jants, — offrent au point de vue scientifique un réel intérêt et méritent d’être encouragées. C’est par ces patients labeurs qu’on arrive à re- . constituer l’histoire de l'atmosphère, et, s’ilest vrai - que, dans le domaine des choses humaines, la con- gnements, combien pouvons-nous espérer de - l'étude de la succession des phénomènes de l’at- mosphère régis par des lois bien plus fixes que _ celles des phénomènes sociaux dont l'élément prin- cipal, l'Homme, est toujours en progrès. L. Teisserenc de Bort, Météorologiste au Bureau Météorologique de France. IV. — SECTION DE CHIMIE. Malgré le [petit nombre de membres qui ont assisté aux séances de la Section de Chimie, les _{ravaux intéressants n’ont pas fait défaut. M. Friedel a décrit une série de sulfophosphures nouveaux, dont la formule générale serait P*S°M?, M représentant-un métal diatomique tel que le fer, le cuivre, le mercure, l’étain, le plomb, etc. Ces sulfo- phosphures ou thio-hypophosphates s’obtiennent . aisément en chauffant en vase clos des quantités équivalentes de soufre, de phosphore et du métal … correspondant. L'opération devant être effectuée à … haute température, M. Friedel a dû employer un dispositif spécial pour permettre aux tubes de ré- - sister. Ce dispositif consiste à remplir de sable sec la gaine métallique dans laquelle on introduit le - tube scellé. Ce dernier doit occuper seulement la partie médiane de la gaine, de façon que les extrémités de celle-ci puissent être fermées par un bouchon de liège, et qu’on n'ait pas à les chauf- . fer. Le tout est placé sur une grille à combustion. Les divers sulfo-phosphures que M. Friedel a obtenus sont presque tous cristallisés, mais plus ou moins allérables, suivant la nature du métal - qu'ils renferment. L’acide azotique et le chlorate de potasse les attaquent très facilement. La po- lasse et l'eau en décomposent quelques-uns. Ils sont donc sensiblement moins stables que les sulfo-arséniures et les sulfo-antimoniures connus et semblent avoir une constitution un peu diffé- rente. Mentionnons ensuite une communication de M. Despierres sur un composé renfermant du phos- Phore lié à l'azote, et auquel il attribue la formule : CHPÇ : AzHC5H5 CH. FREUNDLER — LA CHIMIE AU CONGRÈS DE CAEN 167 Ce corps a été obtenu en traitant le chlorure de phosphocrésyle C'HTP CP par l’aniline. Il présente un certain intérêt, en ce sens qu'on pourrait le transformer, par perte d’une molécule d’aniline, en une sorte de diazoïque dans lequel un atome d'azote serait remplacé par un atome de phos- phore : C7H.P — AzC6Hÿ. M. Despierres a perfectionné, d'autre part, le procédé de préparation du chlorure de phosphé- nyle. Ce dernier se prépare en chauffant du mer- cure phénylé avec du trichlorure de phosphore. L'opération ne fournit un bon rendement que lorsqu'elle s'effectue sous pression réduite. L'action du chlorure d'aluminium ou deschlorures métalliques anhydres sur les divers composés or- ganiques (carbures, acétones et chlorures, etc.) a donné lieu, comme on le sait, à un grand nombre de synthèses très intéressantes qu'on a expliquées par la formation intermédiaire de composés d'ad- dition. Cette explication, fort plausible, du reste, n'avait guère été appuyée par des faits d’expé- rience; nous sommes redevables à M. Perrier, pré- parateur à la Faculté de Caen, d’avoir entrepris l'étude de ces réactions compliquées, et d’avoir isolé un très grand nombre et une très grande va- riété de ces combinaisons intermédiaires. Men- tionnons, entre autres, celles du chlorure d’alu- minium avec les acétones grasses ou aromatiques, les carbures aromatiques, le cyanogène, ete. Ce sont des matières très bien cristallisées, mais ex- trêmement instables. L’eau et les divers réactifs les décomposent instantanément, en donnant nais- sance aux mêmes composés que l’on obtient par l'action directe du chlorure d'aluminium sur les deux substances mises en réaction. L'analyse de ces composés a prouvé que ce sont de véritables pro- duits d’addition. M. de Rey-Pailhade a continué ses recherches sur le philothion. Le philothion serait une partie consti- tuante de la plupart des matières organisées végé- tales et jouirait de la faculté de dégager de l’hy- drogène sulfuré, lorsqu'on triture ces matières avec du soufre. La chaleur, l'alcool et certains réactifs lui enlèvent celte propriété. Sans mettre aucune- ment en doute les résultats présentés par M. de Rey-Pailhade, il nous semble que les propriétés qu'il adécrites ne sont pas suffisamment caractéris- tiques pour faire du philothion une substance spé- ciale, différente de la chlorophylle ou des sucs végétaux déjà connus. Parmi les travaux les plus intéressants qui aient été présentés à la Section, nous citerons celui de M. Barral, préparateur à la Faculté des Sciences de Lyon. L'action prolongée du chlore sur le phé- nol fournit, entre autres produits, un kerachloro- 168 phénol x dont la constitution était douteuse. M. Bar- ral l'a élucidée complètement en traitant cel hera- chlorophénol par le perchlorure de phosphore; il à obtenu ainsi un dichlcrure de benzène hexachloré CSCI® que l'acide azotique transforme en quione tétra- chlorée CSCI‘O?. Il résulle de cette réaction que le chlorure C°CIF possède la constitution : CP CAN CI al, IL ne puisque la quinone tétrachlorée a pour formule : Cl |” all CIN Ô L'hexachlorophénol & est lui-même une quinone chlorée : (0) DAT dE ce qui explique sa facile transformation en chlora- nile en présence de l’eau et des acides. En chlorurant le phénol à saturation, en pré- sence de perchlorure d'antimoine, M. Barral obtenu un mélange d’octochlorophénols CSCISO très difliciles à séparer; il a isolé l’un d’eux, qui fond à 89,5-90° et que l'acide sulfurique fumant trans- forme en un corps G5CIS0 à odeur camphrée et iso- mère de l'hexachlorophénol &. M. Desgrez, docteur ès sciences, a fait part à la Section de ses intéressantes recherchessur l’Aydra- lation des carbures acétyléniques, vrais ou substitués, par l’eau sous pression et à haute température. L'acétylène a fourni ainsi de l’aldéhyde, et les autres carbures des acétones. L'opération se fait dans des sortes d'autoclaves de forme tubulaire, qu'on chauffe à 325° pendant quelques heures. L'hydratalion de l’acétylène présentait certaines difficultés, étant donnée la nécessilé d'opérer sur des quantités un peu considérables de gaz. M. Des- grez a résolu le problème d'une façon fort ingé- nieuse, en employant, au lieu de charbon de bois ou de chlorure de calcium saturé d’acétylène, de l'acide acélylènedicarbonique, qui se décompose sous l’action de la chaleur en acétylène et acide carbonique dont la présence ne gêne pas. Disons enfin que M. Desgrez a constaté la for- malion des deux acétones isomères chaque fois que la théorie le prévoyait, c'est-à-dire dans le cas de l’hydralalion d’un carbure asymétrique RG — CR. Une deuxième communication à élé faite par CH. FREUNDLER — LA CHIMIE AU CONGRÈS DE CAEN M. Desgrez sur des expériences qu'il a entreprises récemment pour frer le cyanogène sur divers carbures « aromatiques, en présence de chlorure d'aluminium. Il a oblenu ainsi avec le benzène le nitrile ben- … zoïque ; avec le toluène il se forme principalement. du nitrile para-toluique. M. Desgrez se propose … d'essayer la même réaclion sur d’autres corps que les carbures, sur le benzonitrile, etc. Ë La Chi physique n'a fait le sujet que d’une seule communication. M. Freundler, docteur ès. sciences, a rappelé brièvement les résultats qu'il a obtenus en- étudiant l'influence des dissolvants halogènés et des carbures aromatiques sur le pou- voir rotatoire des éthers tartriques tétrasubslitués. Des mesures cryoscopiques, effectuées simullané- ment avec les mêmes dissolvants, lui ont permis de formuler une relation qui semble être générale et » qui est la suivante : Lorsqu'un dissolvant allère le pouvoir rotaloire d’un corps dissous, il se passe dans la solution un. phénomène quelconque (combinaison moléculaire, polymérisation, dissociation) dont l'existence est révélée par des anomalies cryoscopiques. De plus, … le chiffre: du pouvoir rolatoire varie avec la con= | centration; il ne varie pas sensiblement, el les chiffres cryoscopiques sont normaux lorsque le . dissolvant n'influe pas sur la valeur de (4) D. Ces relations peuvent servir de confirmation générale à la loi de Biot; elles ont de plus, une utilité pratique, en ce sens qu'elles permettront de connaitre le pouvoir rotatoire réel d'une substance solide. Mentionnons encore deux courtes communica- Lions : la première de M. Maldiney, préparateur à la Faculté des Sciences de Besançon, sur un #ro- mure double d'argent et depotassium AgBr.2KBr.3H°0, qu'il a obtenu en exposant un plaque phologra- phique à l’action d’une solution de bromure de … potassium à 2 %. Le point intéressant est que ce. composé, qui est soluble dans l’eau,se forme même … lorsque le bromure d'argent a élé exposé à la lu-. mière; on peut donc sauver par ce moyen une … plaque qui a été surexposée. Enfin M. Brissonnet, préparateur à la Facullé de Besançon, a présenté à la Section quelques. recherches sur les alcaloïdes des quinquinas, en particulier sur la transformalion de la cinchonine en quinine, par l'intermédiaire de la cupréine.. Cette transformation se fait, soil: par voie chi-. mique (action de l'alcool iodé sur la bromo-cincho- nine), soit par voie microbiologique. M. Brissonnel pense avoir obtenu déjà le terme de passage, la cupréine, et cela sous l'influence de certains fer- ments. Avant de clore ses travaux, la Section a émis un … vœu pour obtenir la mise en discussion, au Con- A. BIGOT — LA GÉOLOGIE AU CONGRÈS DE CAEN É grès de Bordeaux (1895), d’une question assez im- portante : celle de la fixation du genre des diverses fonctions chimiques, aldéhyde, aldose, oxime, etc. . C On sait qu'il règne sur ce point un grand désaccord - dans le monde scientifique. Dans le cas où ce vœu . serait pris en considération par le Conseil, la sous- _ commission française de la nomenclature serait chargée de préparer un rapport sur la question. La Section a enfin procédé aux élections d'usage : M. Ch. Lauth a été réélu membre du Conseil d'ad- ministration, M. Grimaux, délégué à la commis- sion des subventions, et M. Alph. Combes, maitre de Conférences à là Faculté de Paris, président de la 6° section pour le Congrès de Bordeaux. Et Ch. Freundler, Docteur ès sciences, Secrétaire de la Section de Chimie. V. — SECTION DE GÉOLOGIE. La Section de Géologie a été vivement émue en apprenant au début de ses séances la mort de M. Cotteau, evrrespondant de l'Institut, un des membres les plus fidèles des Congrès de l’Associa- lion francaise, plusieurs fois président de la Sec- tion de Géologie. L'on sait que M. Cotteau s'était fait une spécialité de l'étude des Échinides fos- siles, que notamment il a fait connaitre presque loutes les espèces françaises et qu'il mettait avec la plus grande affabilité à la disposition de tous ses connaissances si vastes sur un sujel si spé- cial. Avec M. Cotteau disparait l'un des derniers re- présentants du Comité fondé pour continuer la Pa- : léontologie française de d'Orbigny, et il est à crain- dre que cette importante publication ne vienne à disparaitre. Cependant combien reste-t-il encore de formes fossiles à faire connaitre ! En Normandie seulement, M. L. Brasil signale et décrit un certain nombre d'Ammonites nouvelles ou peu connues du Ju- russique inférieur. Dans un premier fascicule de ses Contributions à la Faune jurussigue de Normandie, M. Bigot avait fait connaitre les espèces du genre Triyonia : le deuxième fascicule, présenté à la Sec- tion, donne la description des espèces du genre Opis ; dans le troisième, MM. Bigot el L. Brasil font connaitre la faune très variée d'un riche gisement Aslartien qui leur a été signalé par M. Moisy, et dont les fossiles, ensevelis dans des sables, dans des conditions de conservation qui valent celles des meilleurs gisements tertiaires, permettent d'augmenter notablement le nombre des espèces des sables de Glos décrites depuis longtemps par Ziltel et Goubert. — Parmi les communications relatives à la Paléontologie, citons encore les notes de M. Péron sur les Brachiopodes du Crétacé 169 supérieur de Ciply (Belgique), de M. Cossmann, sur quelques formes nouvelles ou peu connues des faunes du Bordelais, de M. Lennier, sur les ossements quater- naires recueillis aux environs du Havre. La géologiestraligraphique comprenaitlerésumé des études de géologie sur le bassin de Paris, résultant des recherches effectuées par M. Ramond plus spé- cialement sur de grands travaux publics en cours d'exécution. M. Bourgeat a cherché à appliquer à la classification du carbonifère du Nord la théorie des faciès coralligènes. — M.le D° Guebhard a fait con- naître la disposition octogonale des plissements dans la région de Suint-Vallier. Les études de M. Emile Belloc sur la formation des lacs glaciaires et de M. Ferray sur les rivières souter- raines du département de l Bure touchent à la géologie actuelle. Lors de l’élaboration du projet d’adduc- tion des eaux de l’Avre à Paris, on se souvient, sans doute, des enquêtes auxquelles donna lieu la re- cherche des points de réapparition de cette ri- vière qui possède en parlie un cours souterrain. M. Ferray s’est occupé de déterminer, surtout avec l'aide des matières colorantes, les points de réap- parition de cette rivière, de celles de l'Eure et de l'Iton qui présentent le même phénomène ; il a pu constater aussi que la disparition de ces cours d'eau ne se faisait pas d’une façon brusque, que leur débit s’affaiblissait peu à peu, qu'elles s'é- taient creusé un véritable court souterrain, avec lit de gravier, et enfin qu’elles sont certainement alimentées en profondeur par de véritables af- fluents dont l’apportaugmente notablement le dé- bit du cours d’eau à sa sortie. M. Bigot a rappelé d'autres exemples de rivières de la Basse-Nor- mandie ainsi bues par le sous-sol et fait ressortir l'intérêt de la coupe donnée par M. Ferray pour montrerl'importance du travail chimique des eaux souterraines, amenant la formation en profondeur de véritables argiles à silex semblables à celles des plateaux. Dans le domaine de la géologie appliquée M. David Levat a fait connaitre les gisements de phosphate de chaux el de calamine de la Tunisie ; M. Pallary, les formations de phosphates de chaux du quaternaire algé- rien et le phosphate d'alumine du territoire de la com- mune de Misserghin (Algérie). Une des communications les plus importantes au point de vue de l'intérêt général de la population des villes est celle de M. Lennier. En présentant la carte géologique de lu ville du Havre, M. Lennier a montré quel rôle joue dans la conservation des germes épidémiques la nature du sous-sol. Le Havre est bâti en partie sur le flanc d’un coteau formé par des éboulements crétacés, et surtout sur une plaine d’alluvions, déposée en arrière du cor- don littoral sur lequel s'élève le quartier du Perrey. LL Le < WE Ce : à CR Pre ATÙ E. DE ROUVILLE — LA ZOOLOGIE AU CONGRÈS DE.CAEN Au Perrey, habité par une population pauvre, entassée dans des habitations insalubres, les mala- dies épidémiques sont à peu près inconnues. Par une autre anomalie dont M. Louis Olivier a con- tribué à faire connaitre les causes, les quartiers hauts, en dépit des prévisions théoriques, se pré- sentent dans la pratique comme des plus favorables au développement des maladies épidémiques. La raison en est que, par suite de l'impossibilité d’un drainage nalurel, le sous-sol est contaminé, tandis qu'au Perrey la mer, pénétrant facilement entre les galets de l’ancien cordon littoral, assure la pro- preté du sous-sol par un lavage quotidien. On comprend dès lors de quelle importance est pour l'hygiène d’une ville la connaissance de son sous- sol et que la Section, sur la proposition de M. Len- nier, ait émis le vœu qu'il soit procède à l'établissement de la carte géologique détaillée des villes et que, pour faciliter ve travail, chaque fois qu'une ercavation sera faite sur le territoire d'une ville, avis en soit donné à la personne chargée de l'établissement de la carte. En dehors des séances consacrées aux commu- nications, la Section, dans une excursion à May-sur- Orne el Bretteville-sur-Laize, a pu en une seule journée se rendre compte de l'intérêt que présen- tent pour les études géologiques les environs de Caen, avec leurs terrains si variés, leurs récifs juras- siques, leur richesse fossilifère. Les membres ont pu admirer dans les collections de la Faculté des Sciences et dans la collection Deslongchamps les riches séries locales, avec leurs fossiles si bien con- servés, et surtout les Vertébrés, Poissons et Rep- tiles, recueillis dans le Bathonien et le Lias supé- rieur des environs de Caen. A. Bigot. Professeur de Géologie à la Faculté des Sciences de Caen. VI. — SECTION DE Z00LOGIE. M. Armand Sabatier a fait une communication sur quelques points obscurs de la spermatogenèse des Sélaciens. Il démontre que les capsules dans lesquelles se formeront les spermatozoïdes sont le résultat de la multiplication amitotique des noyaux et cellules constituant non un épithélium propre- ment dil, mais une bande de tissu conjonctif plus ou moins épaisse. Chaque noyau acquiert une zone protoplasmique propre, et alors commencent les divisions mito- Liques. Chaque cellule ainsi constituée subit deux divisions successives : les petites cellules résultant de la dernière division formeront les spermato- zoïdes. Ces spermatozoïdes une fois formés, une nouvelle généralion de spermatozoïdes tendrait à se pro- duire. C'est alors que prennent naissance la « cellule basale » et le « corps problématique », qui ne se- raient pas autre chose que les deux noyaux résul tant d'une première division amitotique d’une nouvelle généralion de spermatozoïdes. Cette gé- … nération s'arrête là, d’ailleurs, car la capsule sper- malique va se détruire peu à peu. 04 M. Jourdain expose le résultat de l'étude qu'il a entreprise du Trombidion. 11 insiste partieulière- … ment sur deux organes (organes de l’olfaction el de l’audition?) situés vers l'extrémité antérieure de cet Acarien. Il signale les différences très inté- ” ressantes qui existent entre la larve et l'adulte, différences portant sur le nombre des pattes, la forme et le nombre des ongles, la structure des mandibules et des mächoires. M. Henri Gadeau de Kerville entretient la Sec- ” tion de la triplicité du cæcum chez les Oiseaux ; il a observé la présence de trois cæcums de dimen- sions presque égales, de même structure, el dé- bouchant à la même hauteur dans l'intestin par un orifice spécial, chez deux canards domestiques adultes et chez une poule domestique, également adulte. Ces trois animaux étaient atteints de pygo- mélie, monstruosité relativement peu rare chez les Oiseaux. M. Gadeau de Kerville pense qu'il s’agit là d'un de ces cas fréquents d'anomalies par augmentation du nombre des parties; peut-être aussi peut-on sup- poser que ce cæcum Surnuméraire est un carac- tère ancestral, produit par atavisme. M. Fauvel signale quelques cas d’asymétrie chez les Insectes coléoptères.Ilcite, à ce propos, comme présentant une asymétrie spécifique : trois Osorius de Madagascar, deux ?/alydema, lune de Ceylan, l’autre de l'ile Damma (Timor); un Diwmerus, de Guinée; enfin une Doubledayu Au Japon. M. Fau- vel cite aussi un cas d’asymétrie générique, offert par le genre ?hylolinus du Japon, et quatre cas d’asymétrie dans les genres Amblystomus, Badister, Orescius et Licinus, qui forment la tribu des Licini dans la famille des Carabides. Dans tous ces cas, l’asymélrie constitue un ca- ractère fixe et invariable des espèces, du genre et de la tribu, et n'a rien de commun avec les phéno- mènes tératologiques. M. Sirodot présente des photographies d’un squelette de Zophius pisealorius de grande taille qu'il a fait préparer en conservant les ligaments. Il formule quelques considéralions intéressantes sur la signification desdiverses parties du squelette,” et notamment : de Ja face, de l'appareil opercu- laire, des tentacules supérieurs et des nageoires pectorales,. M. Künckel d'Herculais, assistant au Muséum d'Histoire nalurelle de Paris, fait deux communica- tions : l’une sur l'histoire biologique des Insectes — diptères qui vivent en Algérie aux dépens des Oro- -banches ; l’autre, sur les invasions des sauterelles dans l'Afrique du sud. . M. Joyeux-Laffuie entretient la Section de Zoolo- - gie des observalions failes par lui sur deux Æyper- : oodon (H. rostratus) échoués à Beuzeval (Calvados). M. Joyeux-Laffuie a surtout étudié le squelette et ” les dents de ces Cétacés, sur lesquels il fournit de _ précieux renseignements. . M. Adrien Dollfus signale des cas de dimor- _ phisme sexuel chezles Crustacés Isopodesterresires - (G. Hemilepistus et Mesoponathus). I présente en- _ suite une nole sur les Idoteidæ des côtes de France : les espèces des côtes françaises appartiennent, . d'après lui, à trois coupes génériques : Zeplosonn, … Tdotea, Zenobia; elles sont basées sur le degré de . coalescence des segments du pléon avecle telson. _ Dans une dernière communication, M. Adrien Dollfus donne la liste des Crabes et des Bernard- l'Ermite de la faune européenne qui, provenant en majeure partie des collections E. Simon et Dollfus, se trouvent actuellement au Muséum du Havre; il _ cite 90 espèces, plus une vingtaine de formes non _ encore déterminées. - M.J. de Rey Pailhade se demande comment et … où se fait la combinaison chimique de l'oxygène avec les malières constitutives de l’être vivant. Pour - lui, les matières avides d'oxygène proviennent des L : à tion des éléments anatomiques; soit 2° au sein _ même de ces éléments. ne: = Il se fait aussi, d’après l'auteur, une fixation Due par les parties internes de la cellule, — ct cela, au moyen du philothion, substance qui exis- terait abondamment dans tous les éléments ana- _(omiques ; ce philothion serait, comme l’hémo- . globine du globule rouge vivant, insoluble dans le plasma sanguin ; il se combine à l'oxygène libre à … latempérature physiologique des êtres vivants. __ M. Calvet a étudié les Bryozoaires marins de la région de Cette, située entre Agde et Palavas. Il donne la liste de 105 espèces, nombre qui dépasse de beaucoup le chiffre qui a été publié dans les catalogues établisjusqu'ici,surles différents points des côtes françaises. Parmi ces espèces, quelques-unes n'avaient pas encore été signalées dans la Méditerranée. Celle liste, encore incomplète, renferme plusieurs espèces qui n'ont peut-êlre pas encore été décrites. M. Calvet se propose de compléter ce travail dans le courant de l'année. M. A. Villotadresse à la Section de Zoologie une note sur « le Polÿmorphisme des Gordiens ». - L'auteur étudie en détail le phénomène de la chi- _ tinisation des téguments ; il montre que, sous son — influence, la forme des diverses parties du corps se cellules et sont combinées soit : 1° dès leur excré- | E. DE ROUVILLE — LA ZOOLOGIE AU CONGRÈS DE CAEN 171 modifie, et relève de nombreuses erreurs commises par les naturalistes qui avaient pris pour des caractères spécifiques de simples différencesd’äge. M. A. Caraven-Cachin adresse le catalogue des Poissons des eaux douces du département du Tarn; cette liste contient 22 espèces. M.Etienne de Rouville présente un Siphonæcetes nouveau (Siphonœæcetes Sabatieri) pèché dans l'étang de Thau, à une profondeur de 4 mètres. Celte es- pèce est caractérisée par des différences de struc- ture du rostre, du flagellum, de l’antennule, des gnathopodes et des uropodes (les extrémités pé- donculées des deux dernières paires d'uropodes étant découpées en dents de scie); de plus. seule des espèces des Siphonæcetesactuellementconnues, elle seloge dans une coquille {Bitéium paludosum : B. seabrum ; Rissoia ventricosa. À. subventricosa, R. mur- ginata) avec un prolongement artificiel, un tube formé de fragments divers et allongeant la coquille. Dans une seconde communication, M. de Rou- ville étudie le mode de remplacement des cellules épithéliales de l'intestin moyen de l'Æydrophilus piceus et du Dytiseus marginalis. Contrairement à l'opinion de Rizzozero, il croit à une origine con- jonctive sous-épithéliale de ces cellules de rempla- | cement, ces jeunes cellules se divisant d’ailleurs, directement (amitotiquement). Avant de se séparer, la Seclion de Zoologie, frappée des inconvénients graves qui résultent du retard apporté parles formalités à remplir avant la |! vente et la prise de possession des Cétacés échoués sur la plage, a émis à l'unanimité le vœu suivant : « Qu'il soit fait auprès des ministères compétents (ministère de la Marine, et ministère de l’Instruc- tion publique) des démarches pour que les délaisré- glementaires soient très raccoureis ou même sup- primés, et que les hommes officiellement compé- tents soient mis en mesure de se livrer immédia- tement à l’étude et à la préparation des Cétacés échoués, en vue des intérèts de la Science et de la conservation de pièces qui deviennent de plus en plus rares et précieuses », La Section de Zoologie nomme Président de la Section pour le Congrès de l’Association française, qui se tiendra en 1895 dans la ville de Bordeaux, M. le Professeur J. Pérez, de l’Université de Bor- deaux. - Pendant le coursdelasession, plusieurs membres de la Section de Zoologie ont répondu aux invila- tions de MM. les Professeurs Edmond Per- rier, du Muséum, et Joyeux-Laffuie de Caen, el ont visité les laboratoires maritimes de Saint-Vaast-la- Hougue et de Lue-sur-Mer. Etienne de Rouville, Chef des Travaux zo0ologiques à la Faculté des Sciences de Montpellier. 172 VII — SECTION DE BOTANIQUE. M. Rapaïs signale dans le tégument des graines de Sapins, de Cèdres et de Ginkgo deux faisceaux libéro-ligneux longitudinaux, opposés l’un à l’autre, analogues à ceux qui ont déjà été signalés chez les laxoïdées, mais à structure concentrique. Une in- léressante discussion s'engage au sujet des consé- quences à tirer de ce fait relativement à la valeur morphologique du Légument ovulaire et aux affi- nilés desConifèresetdes Gymnospermes.Y prennent part MM. Poisson, M. Cornu, Léger, Lignier. M. Baitandier cherche à reconnaitre par l'étude de l'aire des plantes actuelles les modifications qu'a subies la flore d'Algérie, aux époques récentes, sous l'influence des variations climatériques et de l'extension du Sahara. Ses observations le mènent à penser qu'en général les plantes, soit indigènes, soit d'origine européenne, ont émigré vers le nord à mesure de l'extension du Sahara. Toutefois cer- laines autres, européennes ou orientales, semblent au contraire avoir pénétré vers le sud. C’est avec la flore d'Espagne que la flore algérienne présente le plus d’affinités. MM. B. Renault et C.-Eg. Bertrand ont trouvé dans les schistes bitumineux d’Autun, dans des coprolithes rapportés à l’Actinodon Frossardi, une bactérie très abondante qu’ils dénomment Bacillus permiensis. Ge bacille est très poly morphe : il peut prendre les formes suivantes : bacille rectiligne, isolé ou couplé en diplobacille, bacille en virgule ou même spirille, chainelle de grains arrondis ou streptobacille. M. C.-Eg. Bertrand décrit une plante à structure conservée du houiller moyen. Son stipe dorsiven- lral porte deux rangées de petites frondes, dont les inférieures plus grandes. Chaque fronde sup- porte une petite ligule. Le stipe ne renferme qu'un seul faisceau qui est médian, bipolaire, à lame _ligneuse horizontale; les faisceaux frondaires s’en délachent obliquement de chaque côté des pôles trachéens. Tous ces caractères sont ceux des Séla- ginelles ; cependant l'auteur donne à cette plante le nom de Æiadesmiu membranacea, parce qu'il ne connait ni les porte-racines ni les sporanges. M. Queva a étudié des galles formées par l’#e- terodera radiciolu sur des racines el des tubercules de Dioscorea illustratu. Le némalode se tient tou- jours à la périphérie du faisceau libéro-ligneux et sa présence amène la formation de certaines particula- rilés anatomiques, parmi lesquelles la formation de cellules géantes etplurinucléées.semblables à celles quiontété signalées dans des cas analogues. L'action de l’AÆolerodera ne se montre ni nuisible ni utile à la Dioscorie. M. Radais présente el explique un nouveau mi- rité, réalise certainement un grand progrès sur ceux déjà connus. M. Guignard signale l'existence, chez le Manihot, d'émulsine capable äe dédoubler l'amygdaline. De même que la papaïne des Papayers, ce ferment est " localisé dans le latex. L. M. Radais expose une nouvelle méthode de pré- paration du carmin boralé qui permet de traiter ensuile les coupes par l'alcool absolu, sans amener la formation d'un précipité du carmin. K: M. Cornu montre que, dans la noix de Kola du Congo, l'embryon possède ordinairement 4 à 5 co- Lylédons, tandis que dans celles du Niger il n’en a. ; que deux. En outre, de jeunes plantes, nées de ces deux sortes de noix, ont montré des feuilles différentes el différemment distribuées. Les deux « espèces doivent donc être distinguées : il propose # pour celle du Congo le nom de Æol« Bulluyi. L? M. Blanc expose les merveilleux résultats obte- nus par les Russes dans la culture du coton au Turkestan; la cause en est dans le choix de l’es- … pèce et dans le mode d'arrosage. Il croit que la T même espèce et les mêmes procédés pourraient » admirablement réussir au Sénégal. L M. Lignier a reconnu que la nervation dichoto- 1 mique n’est pas, comme on le croit ordinairement, exceptionnelle chez les Cycadacées, mais qu’elle est au contraire la règle. C’est là un nouveau point de rapprochement des Cycadacées avec les Fou- sères archéoptéridées. Autres Notes communiquées ou analysées. MM. Barrannier: Considérationssurles plantesréfugiées … ou en voie d'extinction de la flore algérienne. BezLoc: Note sur la flore algologique d’eau douce d'Islande, : DaneL : Etude anatomique sur les débuts de la soudure dans la greffe. Queva : Anatomie de la tige de la Vanille (Vanilla planifolia, Andr). Nez: Remarques sur la végétation des vases de la Seine. Durour : Influence du sol sur les parties souter- raines des plantes. Ga : Influence de la sécheresse sur la propaga- tion et la multiplication de l'espèce chez les vé- gétaux herbacés. BLanc : Sur une plante textile de l'Asie centrale. Jorer : Pereisc et Charles de l’Ecluse, He: Organogénie florale du Dispo ge Han: Sur les genres Euplelea et Eucontmia. PARMENTIER : Histologie comparée de Magnoliacées. Gaueneny : Note sur un hybride obtenu expéri- mentalement entre le Papaver Rhæas et le P: dubium. à Gexrau DE Lawaruière: Sur l’état œcidien du Cr0= MA narliun flaccidum. Russes : Contribution à l'étude de l'influence du … climat sur la structure des feuilles. E. ROUSSEAUX — L'AGRONOMIE AU CONGRÈS DE CAEN MM. Ed. Bonxer : Recherches historiques, bibliogra- phiques, etc., sur quelques Doronicum. Eug. Mesxarn : Recherches sur le mode de déga- gement des odeurs en présence des agents extérieurs. EE 0. Lignier, Professeur de Botanique à la Faculté des Sciences de Caen VIII. — SECTION D'AGRONOMIE. Les travaux de la Section d'Agronomie, présidée … par M. Houzeau, directeur de la Station agrono- mique de la Seine-Inférieure, ont présenté un très grand intérêt, tant par la diversité des communi- calions qui y ont élé faites, que par l'importance des sujets à l’ordre du jour. Nous nous bornerons à un très court aperçu des travaux soumis à la Section. M. Künckel d'Herculais présente l'ouvrage inti- tulé : Le Pays du Mouton, les conditions d'existence des troupeaux sur les Hauts-Plateaux et dans T Ertrême Sud. Ce livre considérable, publié par ordre de M. J. Cambon, Gouverneur général de l’Algérie, est la synthèse d'une grande enquête, qui permet de se rendre compte des problèmes multiples que soulève la question du mouton. L'ouvrage com- prend, entre autres, une description fidèle des immenses régions du Sud où se pratique l'élevage et où vivent les lroupeaux des tribus nomades, avec des photogravures complétant la description ; puis viennent la représentation orographique, l'énumération des ressources que ces pays offrent -en pâturages et en eau; les points d'eaux sur les routes que suivent les troupeaux sont indiqués, et l’auteur a fait ressortir l'intérêt qu'il y aurait à les aménager et à les multiplier. L'ouvrage com- prend, en outre, des chapitres consacrés à l'étude des maladies parasitaires les plus graves du mou- ton d'Algérie, à l'énumération et à lareprésentation des plantes croissant sur les Hauls-Plateaux et le Sahara Algérien et jouant un rôle dans l’alimen- talion des troupeaux, à l'emploi des laines chez les indigènes pour leurs usages personnels. M. Sagnier insiste sur l'importance capitale de ce travail: la grande préoccupation doit être de multiplier les réserves d’eau qui, une fois établies, rendront la vie possible aux moutons qui sont une des richesses du pays; les réserves éviteront ces pertes considérables qui se produisent dans cer- laines années. Ce n’est pas tant la nourriture qui manque, c'est surtout l’eau, dont l'ouvrage établit les prises, la géologie ayant servi à déterminer les points où des forages ou des retenues peuvent permettre d’avoir de l’eau en quantité suffisantc. M. Formigny de la Londe, président de la Société d'Horticulture du Calvados, donne lecture de rap- ports de plusieurs Sociétés d’horticulture de la 173 région, sur de nombreuses questions théoriques, pratiques et commerciales, qui concernent l’arbo- riculture, la culture maraichère et la floriculture. Ces intéressants rapports montrent que ces bran- ches de l’agronomie s'étendent de plus en plus et vont sans cesse se perfectionnant en Normandie. Simplement effleurée dans cette communication, la cullure du pommier à cidre a spécialement fait l’objet d’un long entretien de M.le docteur Travers, qui a exposé l'historique et l'état actuel de cette culture. Une des questions qui ont le plus attiré l'atten- tion, en ces derniers temps, est celle de l'utilisa- tion de la tourbe. M. Weber a donné sur l’emploi de cette substance les détails pratiques suivants, auxquels l'expérience et la compétence de l’auteur donnent une haute valeur. Comme litière, elle est moins propre que la paille, à moins de soins spé- ciaux; en outre elle est froide, elle ramollit les fourchettes ; lorsque les animaux ne reçoivent qu'une ration médiocre, ils vont chercher les grains d'avoine dans la tourbe et prennent quelquefois l'habitude d'en manger, ce qui, chez quelques su- jets, a produit des entériles et des indigestions graves; mais cela est rare et, dans certains cas, au contraire, on a pu préserver de coliques des che- vaux gourmands de litière en les mettant sur la tourbe. Par contre, la tourbe constitue un excellent couchage, elle est de beaucoup plus absorbante que la paille et d’un prix peu élevé, faits qui plai- dent en sa faveur. La tourbe a une teneur en azote supérieure à celle de la paille et constitue un très bon engrais, après avoir servi comme litière. Les cultivateurs des environs de Paris n'ont pas paru partager celte opinion; mais, peut-être doit-on tenir compte de ce fait qu'ils sont, avant tout, producteurs de paille. L'industrie a fait des applications très utiles de la ouate de tourbe : couvertures pour absorber la sueur des chevaux après le travail, étoffes absor- bantes, ouates qui remplacent avec avantage, pour les pansements vétérinaires, les étoupes de chan- vre, etc. Il est bon d’ajouter que les qualités des tourbes, au point de vue absorbant et au point de vue de leur composition, varient avec les pro- venances. M. Xambeu présente quelques notes sur l’Agri- culture en Saintonge avant 1789. M. Xambeu a su tirer des Archives des documents qui indiquent la situation de l'Agriculture en Saintonge avant 1789 et la statistique des récoltes à différentes époques. L'état des personnes de la classe agricole, les conditions économiques de la propriété rurale, les méthodes employées en agriculture avant 1789, méritent d'être étudiés. 11 est possible de se pro- curer des documents de bonne valeur dans les car- tulaires, les archives. les registres paroissiaux, les actes des notaires, les livres de raison et de famille, etc. Un travail semblable dans les autres régions pourrail apporter des renseignements utiles non seulement pour l'histoire de l'Agricul- ture, mais aussi pour celle de tous les faits géné- raux qui ont modifié lentement et successivement l'état économique de la nation française, Dans un autre ordre d'idées, M. Xambeu commu- nique des analyses comparatives faites en 1893, sur les feuilles de chêne et sur le foin, d’après lesquelles la valeur alimentaire des feuilles de chêne, récem- ment tombées, serait approximativement la moitié de la valeur alimentaire du foin. M. Xambeu attire l'attention sur la présence du tanin, substance astringente qui paraît nuisible à la digestion. Pour la consommation ordinaire, il est nécessaire de mêler les feuilles de chêne à de la paille ou à d'autres substances alimentaires. M. Levat donne communication d’une étude sur l’état actuel de la production et de la consomma- lion des phosphales, en insistant sur les causes du développement de cette consommation : diffusion des connaissances agronomiques, constitution des syndicals agricoles, apparition sur le marché des scories de déphosphoration, découverte récente des phosphates riches de la Floride et de la Tu- nisie, etc. L'auteur fournit, avec de nombreux lableaux à l'appui, la statistique de la production et de la consommation des principaux pays, ainsi que les échelles de prix actuelles. 11 conclut que les réserves de phosphate actuellement assurées par les gisements connus, suffisent pour satisfaire, au fur et à mesure de leur accroissement, aux be- soins de l'Agriculture. M. Bernard entretient la Section des relations entre les cartes géologiques el les cartes à courbes d'égal calcaire, montrant la constance minérale que présente chaque formation géologique, chaque fois qu'on ne sort pas d’une même région naturelle. Il a vérifié le fail par de très nombreux dosages de calcaire effectués à l'aide de son calcimètre. II traite aussi de la variation du pourcentage du calcaire suivant sa lénuité el sa vitesse d'attaque. M. Magnien donne des résultats d'expériences relalives à la culture du blé en 1893-94. M. Ma- gnien s’est atlaché, depuis 1886, à instituer dans différentes siluations climatériques et géologiques de la Côte-d'Or, des expériences ayant pour base l'emploi d'engrais chimiques et de semences de choix. Les résultats qu'il a obtenus dansses champs de démonstration, établis dans les conditions les plus diverses, ont mis en évidence l'excellence du procédé. F. JAYLE. — MÉDECINE ET HYGIÈNE AU CONGRÈS DE CAEN Signalons enfin les communicalions : de M. Dou- met Adanson sur la Persicaire Géante; de M. Gain sur l'influence de la sécheresse sur les tubercules de pomme de terre; de M. Gurnaud sur l’ancienne sylviculture et la nouvelle; de M. Auriol sur l’uti- lisation du vent comme force motrice des instru- ments agricoles. En cours de session, la Société d'Agriculture de Caen, présidée par M. le comte de Saint-Quantin, a tenu un concours départemental d'animaux reproducteurs de la race bovine normande, ce qui a permis aux membres de la Section d'Agro- nomie d'admirer une fois de plus les efforts de l'Agriculture du Calvados et de lui rendre un nou- vel hommage. Eugène Rousseaux. Ingénieur Agronome, Préparateur à l'Institut National Agronomique. IX. — Section pE MÉDECINE ET HYGIÈNE. La Section n’a donné le jour à aucune commu- nication retentissante, mais une série de ques- tions fort intéressantes y ont été étudiées et discu- tées. M. Charrin est venu soutenir à nouveau l'origine infectieuse de certains cas de rlumatisme chronique. Chez deux malades, observés récemment, il a vu survenir, au cours d'amygdalites subaiguë et aiguë, des manifestations articulaires aiguës qui ont laissé à leur suite des déformations persistantes des jointures atteintes. Dans un cas, l’amygda- lite était suppurée et le pus contenait des strep- tococcus et des staphylococeus albus; or, dans la sérosité péri-articulaire, on a trouvé de l’albus. Dans 21 autres cas publiés antérieurement, l’albus a été rencontré 11 fois, le streptocoque 4 fois, l'aureus 2 fois, le colibacille 2 fois ; deux fois enfin l'ensemencement est demeuré stérile. Ces recher- ches ont pour but de démontrer que certaines arthropathies chroniques reconnaissent manifes- tement une origine infectieuse. Ce n'est pas à dire d’ailleurs que des causes chimiques, toxiques, humorales ou physiques, traumaliques,soil encore nerveuses ou trophiques, ne puissent produire des altérations plus ou moins similaires. Le même auteur attire encore l'attention sur la fréquence de l'entérite pseudo-membraneuse, affection extrêmement commune, mais dont l'intensité et la marche clinique sont des plus variables. Une forme en particulier mérite d'êlre signalée : la forme cachectique, qui dure de longues années, amène un amaigrissement considérable et donne aux malades un aspecttelqu'on ne peut se défendre, en les voyant, de songer soit à un carcinome, soil surtout, tant à cause de la durée de la lésion qu'en tibatihi sie aan: de 0, tnt tué dires F. JAYLE. — MÉDECINE ET HYGIÈNE AU CONGRÈS DE CAEN raison du teint qui assez souvent conserve quelque coloration, à la tuberculose intestinale. La ma- Jadie se caractérise surtout par des crises d'enté- rile qui sont fréquentes et très douloureuses, el s’accompagnent d’évacuations alvines, partie so- lides, partie liquides, ressemblant parfois à de la lavure de chair mélangée de glaires et de fausses membranes. Le meilleur traitement consiste dans l'administration d'acide lactique, l'usage de lave- mentsrectaux au nitrate d’argentet la prescription d’un régime sévère. Non moins intéressantes sont les recherches de Hallopeau et Tesse qui ont découvert des wlcaloides phlogogènes dans l'urine d'un malade atteint d'une pous- sée aiguë de dermatite herpétiforme. Dans l'intervalle des crises de dermatite, les urines sont normales, mais au moment des poussées leur quantité dimi- nue beaucoup; elles se troublent en formant un . dépôt très abondant, constitué presque exelusive- ment par des urates. L'analyse de ce dépôt y révèle également la présence d’alcaloïdes qui, in- jectés à des cobayes, ont déterminé des phéno- mènes inflammatoires locaux intenses, mais sans grande réaction générale. Avec Cuutru nous tombons dans cette question si difficile du #railement des dyspepsies par les agents - physiques, et par le massage en particulier. Pour l'au- teur, le traitement diffère suivant qu'il s’agit d'hy- - popepsie ou d’hyperpepsie. Contre l'hypopepsie, on doit employer le massage après le repas, pen- dant la digestion même; ce massage excite lente- ment le muscle de l'estomac et réveille l’activité sécrétoire endormie. Cependant dans la forme grave de l'hypopepsie, alors que les glandes sont atrophiées, le muscle alltéré, les fermentations abondantes, il vaut mieux pratiquer le massage à jeun, qui sert à tonifier l’estomac et à activer l’éva- cuation retardée des résidus alimentaires. Dans l'hyperpepsie, le massage donne de moins bons résultats. Il faut toutefois distinguer l'hyperpepsie générale ou chlorhydrique de l'hyperpepsie chloro- organique. Celle-ci s'améliore par le massage pra- tiqué à jeun, tandis que l’autre doit engager le médecin à s'abstenir de toute manipulation. Quant aux autres agents physiques, hydrothérapie, élec- lrisation, etc., les conditions d'application en va- rient avec les individus. C'est encore le massage abdominal que vante Ché- ron dans les ptoses viscérales (entéroptose, dilatation de l'estomac, abaissement de l'utérus). Le décubi- tus renversé et le massage abdominal pratiqué dans cette position ramènent, en un temps très court, les viscères à leur situation normale, et mo- difient la dilatation de l'estomac en même temps que le chimisme de cet organe. Moins importante pour le praticien est la com- 175 munication de wrayliano (de Gênes) qui nous donne le résultat de ses recherches sur la pigmentation du sérum sanquin et sur l& pigmentation des ersudats : il arrive à conclure que la pigmentation du sérum sanguin, normal ou pathologique, et celle du sé- rum des exsudats, proviennent de l'hémoglobine des globules rouges que ce même sérum détruit. Viennent ensuite une série de faits cliniques ou anatomo-pathologiques : ; Hallopeau et Jacquinet:à propos d’ux cas de dermo- graphisme intense, s'attachent à démontrer que le dermographisme n’est pas nécessairement d'ori- gine toxique et que la saillie ortiée commence à se produire sous l'impression lactile, avant que les sensalions pénibles ne se manifestent. Nepveu, de l'erumen histologique de pièces de béribéri, conclut que cette affection est, au point de vue anatomo-pathologique, d’ordre infectieux, qu'elle détermine une karyokinèse leucocytique considé- rable et cause la proliféralion de jeunes cellules dans le tissu conjonctif des principaux organes des centres nerveux. Jeanselme rapporte l'observation d'une fenvme atteinte à la fois de selérodermie et de goilre exophtalmique, et se demande si les deux affections dérivent d'une même cause sans qu'il existe entre elles aucune subordination, ou s’il y a une relation de cause à effet entre l’altération thyroïdienne et la sclérose cutanée. Le (rendre attire l’attention sur les bons effets qu'il a obtenus, dans un cas de sewrlatine compliquée d'accidents cérébraux, par des eaveloppements frouls, et dans un autre de bronchopneumonie compliquée de néphrite aiguë avec hématurie, par l’adminis- tration, toutes les trois heures, de bains à 18° d’un quart d'heure de durée. Regnault et Azoulay étudient l'influence de l'effort sur les diverses espèces de tremblements et donnent un moyen pratique d'exagérer ces derniers. Tison rapporte une observation de purpura infec- tieux dont le diagnostic avec le typhus exanthé- matique a été difficile. Bouffé velate onze cas de psoriasis traités el quéris par l'yection de liquides oryaniques et particulière- ment de liquide testiculaire; il pense que le pso- riasis est une maladie éosinophile. Hallopeaun'admetpaslanature tropho-névrotique de l'affection et reste sceptique à l'endroit du trai- de Bouffé. Prioleau cite un cas d'orchite, probablement à pneu- mocoques, survenue chez un vieillard, quatre jours après une pneumonie. Guelpa émet l'idée que, dans la diphtérie, la fausse membrane est une barrière qui empêche la résorption des toxines sécrétées par le bacille de Klebs, d'où la nécessité de respecter la fausse membrane. 170 Hallopeuu fait remarquer que les assertions de Guelpa contradiction avec toutes les données actuelles. sont en Ces différents points de médecine, quel que soit leur intérêt particulier, sont loin d’avoir l'impor- tance des questions d'Hygiène qui ont été abordées et traitées au Congrès, et au premier rang des- quelles nous devons citer celle des dangers que peut offrir l'abus des exercices de sport. M. Le Gendre, dans un rapport remarquable, montre qu'à l'époque de la croissance et de la puberté, l'organisme se trouve dans des conditions physiologiques loutes particulières, qui le prédis- posent à un certain nombre d’affections, Or, entre la prédisposition et l’état morbide, la distance est faible et peut être aisément franchie par l'excès des exercices physiques. Il faut reconnaitre, en outre, que chaque exercice physique met plus spé- cialement en jeu tel ou tel appareil ; on comprend dès lors que, si l'appareil surmené par l'exercice se trouve en élat de moindre résistance, des accidents puissent apparaitre. Le médecin hygiéniste, qui a noté chez un adolescent que tel appareil s’est déve- loppé avec excès et que tel autre est insuffisant, peut tirer parti de tel ou tel exercice. Mais il est rarement consulté, et c’est la mode ou la fantaisie individuelle qui tiennént lieu de conseillers. On ne saurait donc trop protester contre ce défaut de choix et aussi contre l'abus et contre le défaut d'entrainement qui transforment promptement un exercice utile en une source d'accidents. Il faut enfin faire remarquer qu'en donnant trop d’impor- Lance aux exercices physiques, on tend à déplacer l'idéal des enfants et des jeunes gens. L'idéal des anciens élait le culte du corps et de l'esprit, l'idéal moderne doit être le culte de l’esprit. L’engoue- ment passionné pour les sports risque d'aboutir à accélérer la décadence morale et intellectuelle de notre race sans la reconsliluer physiquement. Si l’on veut développer sainement les exercices phy- siques el éviter en même temps les accidents qui peuvent en résuller par suite de l'abus ou d’une tare organique, il est bon : 1° de faire examiner chaque enfant par un médecin, avant de le laisser se livrer à tel ou tel exercice physique; 2° s’il y a quelque tare des appareils circulatoire, locomoteur, diges- tif ou du système nerveux, d'interdire les exer- cices qui peuvent l’aggraver; 3° d'exiger toujours un entrainement progressif; 4° d'encourager l’exer- cice, mais de faire la guerre au sport dans les élablissements scolaires. Le Prof. Bouchard n'est pas moins opposé que Legendre à l'abus de lout exercice physique. On ne saurait trop combattre loute espèce de concours y compris ceux de médecine), mais les concours F. JAYLE. — MÉDECINE ET HYGIÈNE AU CONGRÈS DE CAEN sportifs sont en particulier à surveiller. Les exer- ciees physiques ont en effet des dangers de deux sortes. Les uns procèdent de l'acte physique qui s'effectue dans tout travail musculaire, les autres des actes chimiques qui sont réalisés dans ce même travail. Au point de vue physique il y a une éléva- tion de la température du corps pouvant atteindre 39°, 40° et même 41°. La mort peut s'ensuivre, comme dans le coup de chaleur ; si tel n’est pas le résultat de cette élévation de température, celle-ci n’est pas cependant exempte de tout danger. Ainsi, elle provoque la dyspnée, inoffensive pour quel- ques-uns, mais mal supportée par ceux qui présen- tent la moindre lare antérieure, la moindre défec- luosilé du côté du cœur ou des poumons. Le surmenage transforme de simples troubles fonc- tionnels en lésions organiques définitives. Au point de vue chimique, il y a excès de des- truclion de matières à la suile d'abus des exercices physiques; de cet excès de destruction résulte un affaiblissement de l'organisme, une prédisposilion à l'éclosion de loutes les maladies infectieuses. On ne saurait, en outre, trop insister sur ce fait qu'une fatigue physique ne repose pas d’une fatigue intellectuelle et vient simplement se sura- | jouter à celle-ci. Il faut donc surveiller les exercices physiques, les limiter et en combaltre énergiquement les abus. Quant aux concours, si on veut absolument les maintenir, il faut empêcher d’y prendre part tous les enfants qui, après une épreuve, accusent 160 pulsations à la minute. Alglave, de Coubertin, Tissie sontégalement d'avis qu'il faut éviter tout abus dans les exercices phy- siques. Dekhterew ajoute qu’en Russie les concours sont absolument bannis de l'éducation physique, et. que les exercices violents ne sont permis qu'après un examen médical rigoureux. L.-H. Petit, en s'appuyant sur des faits Lirés de sa pratique personnelle, insiste à son lour sur l'in- fluence facheuse que peuvent avoir les exercices physiques sur le développement des affections car- diaques, si l'on pralique ces exercices trop tôt ou trop violemment à la suite de maladies infec- lieuses. Après la scarlatine, la variole, la Lyphoïde, etc., il faut surveiller de très près l'appareil cir- culatoire des enfants, si l'on veut éviter le déve- loppement d'affeclions persistantes. L'auteur n’est d’ailleurs nullement ennemi de l'exercice physique elsignale même, en passant, les bons effets de la gymnastique médicale sur la dilatation de l'estomac dont sont souvent atteints les scolio- tiques. De ses recherches sur ce point, il conelul: 1° que la dilatalion de l'estomac est fréquente dans la scoliose ; 2 que les exercices de gymnas- n 4 : e + H æ 7 € hi L U. LE VERRIER — REVUE ANNUELLE DE MÉTALLURGIE 177 lique raisonnés s'adressant à la scoliose ont un retentissement favorable sur la dilatation de l'estomac; 3° qu'il y a une relation entre la di- latation de l'estomac et la scoliose. Toujours àpropos de sport, Bergonié et Tissié ont étudié sur un même coureur,le premier lesréactions électriques des muscles et des nerfs après les grandes épreuves de sport, l’autre la variation des déchets orqu- niques dans les exercices sportifs. Bergonié et Bordier rapportent encore une obser- vation de névrite périphérique secondaire chez un homme habitué à marcher avec des échasses. Hallopeau fait remarquer à ce sujet que les échasses ne sont pas seules à donner des névriles : plusieurs des appareils mécaniques en usage pour la locomotion et autres mouvements coordonnés peuvent en effet donner lieu à des complications nerveuses : tout récemment il en a vu un exemple chez un homme qui faisait usage de la machine à écrire. ù F. Jayle, Interne à l'Hôpital Broca. REVUE ANNUELLE DE MÉTALLURGIE Il est très difficile en métallurgie d’être rensei- gné sur les innovations les plus récentes. Ce n'est en général qu'au bout d'un assez long temps d’ap- plicatiôn, que les procédés nouveaux sont divul- gués, en tant que l’on peut avoir à leur sujet des renseignements un peu précis. En pareille matière, une revue est forcément très incomplète et en retard sur la marche réelle de l’industrie. Je n'ai donc pas la prétention, dans cet article, de signaler tous les progrès intéressants qui ont pu être accomplis pendant ces dernières années, ni de netraiter que des sujetstout à fait nouveaux. Je me bornerai à examiner quelques questions qui offrent un certain intérêt d'actualité et à indiquer les derniers progrès réalisés, à ma connaissance, dans quelques-unes des branches les plus impor- tantes de la métallurgie. J’ai cru devoir faire entrer, dans le cadre de cette étude, des procédés et des appareils qu'on ne peut pas qualifier de récents, mais qui son{ encore peu connus en France et dont on ne trouverait mention dans aucun des traités généraux publiés jusqu’à ce jour. Je ne parlerai pas des études théoriques très in- téressantes qui se poursuivent, depuis quelques années, sur la structure et les propriétés des mé- laux. Ce sujet demande à être traité avec plus de détail, et je me propose d’y consacrer un article spécial. I. — ACIER. Les procédés de fabrication du fer et de l’acier n'ont pas recu, depuis plusieurs années, de perfec- tionnements essentiels. La production de l'acier déphosphoré (procédé Thomas ou fusion sur sole basique) devient sans cesse plus importante. Le procédé Thomas-Gil- christ permet de fabriquer des métaux très doux. qui peuvent remplacer avec avantage le fer forgé dans tous ses emplois. Le prix de revient en est diminué par la valeur des scories employées comme engrais, qui procurent un bénéfice de quatre à cinq franes par tonne d'acier. Aussi voit-on se produire une révolution dans le com- merce des minerais : aujourd'hui on recherche les minerais phosphoreux, et même on y paiele phosphore. Les fontes peu phosphoreuses ne peuvent se trai- ter que sur sole. Dans quelques aciéries améri- caines, on à cherché à diminuer le prix de revient de ce traitement en augmentant la production des fours. On a construitdes fours de cinquante tonnes. où le chargement se fait par des appareils méca- niques. Quelques-uns de ces fours monstres ont la forme d'un berceau, et peuvent osciller sur des galets pour faciliter la coulée. Les charges sont coulées dans des lingotières de dix tonnes, et les lingots laminés dans ur train universel, où les deux paires de cylindres sont actionnées chacune par un moteur : les plaques sont ensuite coupées, puis laminées pour tôle. Le procédé Talbot, essayé récemment en Amé- rique, consiste à activer l’affinage en mélangeant chaque charge de fonte avec les scories oxydées de l'opération précédente, qui agissent comme un décarburant énergique, et restiluent une partie du fer scorifié. La recarburation de l'acier par le charbon, d'après le procédé Darby, que j'ai signalé dans cette Revue !, est aujourd'hui pratiquée couram- ment dans beaucoup d'usines. Après avoir cherché bien des combinaisons pour donner aux blindages à la fois la dureté superti- cielle qui permet d'arrêter le projectile, et la dou- ceur intérieure qui empêche la plaque de se fissu- rer, on est revenu au procédé classique de durcis- sement à la cémentation. 1 Voyez à ce sujet la Revue du 30 septembre 1891, p. 593 à 600. 178 U. LE VERRIER — REVUE ANNUELLE DE MÉTALLURGIE ——————_—_——— Les Américains ont osé appliquer à des masses énormes ce système par lequel on durcit depuis longtemps les petites pièces comme les limes, les coins, les enclumes, etils ont parfaitement réussi. Les plaques Harvey sont cémentées sur leur surface extérieure, en les plaçant sur la sole d'un four à réverbère chauffé par un grand nombre de foyers latéraux, et les recouvrant d’une couche de char- bon de bois : puis on les trempe par aspersion d’eau sur les deux faces. Les usines françaises ont obtenu des résultats encore plus remar- quables en appliquant ce traitement à leurs blin- dages en acier spécial, où il entre environ 3 °/, de nickel et de chrome. Le nickel donne à l'acier la structure fibreuse el lui enlève loute aigreur. Le chrome contribue à augmenter la dureté, sans rendre le métal cassant comme le ferait un excès de carbone. A ce progrès dans la cuirasse a répondu un pro- grès dans l’art de la perforation. C’est en brisant la pointe de l’obus que le blindage durci l’arrète : on arrive à éviter cette rupture en coiffant l’obus d'un capuchon en acier relativement doux, qui s'écrase et amortlit le chac: la pointe du projec- tile est ainsi préservée et peut pénétrer dans la plaque. Toutefois, il n’est pas encore bien dé- montré que les bonnes plaques harveyées ne puis- sent résister même à ces obus nouveaux. Un progrès qui intéresse toutes les industries el qui peut être l’origine d’une véritable révolution dans la métallurgie du fer, c’est la fabrication des aciers riches en nickel, — On sait depuis plusieurs années, par les travaux de MM. Hadfield, Riley, ete, que si on force beaucoup la dose de certains mé- laux ajoutés d'ordinaire en petite quantité à l’acier, comme le manganèse et le nickel, on obtient des alliages dont les propriétés sont toutes nouvelles : ils ne sont pas magnétiques, et la trempe agit sur eux tout autrement que sur l'acier. Le ferro-nickel à 95 °/ parait être le plus inté- ressant de ces composés. Recuit, il possède déjà des qualités remarquables. La trempe augmente sa résistance, mais elle augmente en même temps son allongement: au lieu de l’aigrir, elle l'adoucit. On arrive à 50 °/, d’allongement avec 35 à 40 kil. de limite élastique, 70 à 80 de charge de rupture. Si l’on veut durcir ce métal à la manière de l'acier trempé, c’est-à-dire rapprocher sa limite élastique de sa charge de rupture, il faut l’écrouir par le travail à froid, ou encore le refroidir au-dessous de —15°, température à laquelle ilredevient magné- tique. La charge de rupture monte alors à 120 kil.: la limite élastique est de 80. Le métal ne devient pas aigre, il possède encore 10 à 20 °/, d'allonge- ment. Dans les constructions, il pourrait supporter un travail double de celui qu’on admet pour l'acier. Cel alliage présente encore l'avantage de se mouler facilement. Le prix de ce métal nouveau est élevé (4 fr. 50 le kilogramme); il pourra baisser par une utilisa- tion plus judicieuse de nos gisements de nickel, D'ailleurs, l'inconvénient en est diminué par ce fait que les riblons, riches en nickel, conservent une grande valeur. Il est probable que ces métaux, qu’on étudie aujourd’hui activement dans plusieurs usines françaises, ne tarderont pas à jouer un rôle important dans l’industrie: on parle déjà de re-. faire avec eux le matériel d’artillerie ; ils pour- raient rendre de grands services dans les cons- tructions navales. En ajoutant, avec le nickel, un peu de chrome ou de tungstène, on augmente beaucoup la dureté; on arrive ainsi à fabriquer des aciers dont la ré- sistance dépasse 200 kilogrammes. IT. D'après ce que nous venons de dire, on voit quelle importance pourrait prendre le nickel sil était à des prix abordables. On en consommerait facilement dix ou vingt fois plus que la quantité produite aujourd'hui, qui n’a guère dépassé 6.000 (onnes par an. Malheureusement sa métal- lurgie présente encore bien des difficultés. Pour les minerais silicatés de la Nouvelle-Calédonie,on en est encore aux anciens procédés longs et péni- bles : fonte pour mattes, affinage progressif de ces mattes en plusieurs opérations pour obtenir du sulfure pur, transformer le sulfure en oxyde, réduire ce dernier, et enfin fondre le métal. La découverte des gisements du Canada menace de déplacer le centre de cette industrie dont notre colonie avait le monopole. Ge sont des filons puis- sants de pyrites avec lesquelles on peut obtenir à très bas prix des matles de nickel et de cuivre: la séparation de ces deux métaux est diflicile; on ne NICKEL. connait pas encore de bon procédé chimique; mais on applique, dit-on, depuis peu en Angleterre un procédé électrolytique qui permettrait de livrer le nickel pur à 2 francs le kilo. Le prix, qui s’élait longtemps maintenu au-dessus de 5 francs, était déjà tombé récemment à 3 fr. 50. Les mines de Nouvelle-Calédonie ne peuvent plus lutter qu’à condition de perfectionner les moyens de traitement. M. Manhès à fait à ce sujet des essais fort intéressants : il a montré qu’on peut, en traitant les mattes au convertisseur, comme on traite la fonte de fer au Bessemer, en- lever {rès facilement la totalité du fer et même une grande partie du soufre. Il a aussi trouvé des pro- cédés nouveaux pour affiner le métal ainsi préparé. Le traitement deviendrait presque aussi simple que pour l'acier. Je ne puis que signaler ce sys- ‘2 La _tè me dont les essais ne sont pas entièrement ter- _- minés, mais dont l'application aurait une impor- tance extrême pour notre industrie. III, — MÉTAUX RÉFRACTAIRES. # Jusqu'à présent, pour préparer les alliages du … fer, on se sert, comme matière première, de fontes % riches, telles que le ferro-manganèse, le ferro- Done, fabriquées au haul fourneau ou au creu- D: elles contiennent toujours beaucoup de car- Eboe et souvent du silicium. Il y aurait un grand # intérèt à disposer de métaux purs qui permet- … traient de préparer des ferroïdes exempts de —. carbone : ces alliages posséderaient sans doute — des propriétés remarquables, car onsait que, dans - les alliages de cuivre comme le laiton, de très - faibles traces de corps étrangers suffisent à dimi- nuer beaucoup la malléabilité. On connait trois méthodes générales pour ob- tenir à l’état de pureté les métaux réfractaires : 1° Réduction par le carbone et l'affinage dé la fonte en la chauffant avec l’oxyde pur du même métal. C'est l’ancienne méthode de Deville : très pénible avec les tempéralures insuffisantes que développent les fourneaux ordinaires, elle est devenue pratique par l'emploi du four électrique - de M. Moissan, qui a préparé ainsi tous les mé- _ aux très mal connus jusqu'à ce jour. La réduction … se fait dans un creuset ouvert au milieu de l’arc voltaïque ; l’affinage, dans un creuset fermé, plein … d'oxydes et chauffé de la même manière. Le pro- ra cédé est encore trop coûteux pour l'industrie. a: 2 L'emploi d’un réducteur métallique. C’est … aussi Deville qui a fait autrefois la première appli- - cation industrielle de cette méthode pour l’extrac- … rivés à obtenir le manganèse pur en chauffant le - protoxyde intimement métangé avec de la poudre d'aluminium : le protoxyde est préparé en rédui- sant dans un courant de gaz le minerai préala- blement débarrassé de fer par digestion dans l'acide sulfurique. On consomme 33 °/, d'alumi- nium : au cours actuel, on pourrait préparer le - manganèse à moins de 2 francs le kilogramme. Ce . procédé réussirait sans doute pour d’autres corps, Surtout en employant le sodium, qui ne serait plus d’un prix inabordable avec les nouveaux procédés d'extraction par voie électrolytique. 3° L’électrolyse de dissolutions ou de sels fon- .dus. M. Placet a obtenu des dépôts galvanoplas- tiques de chrome pur en employant comme bain une dissolution d'alun de chrome. MM. Kænigswater et Ebell (à Linden) annoncent qu'ils fabriquent du manganèse électrolÿtique et des alliages de man- ganèse. L'électrolyse des chlorures et des fluo- rures fondus, qui est devenue le procédé courant Et D'ÉSNTS LE ET te ‘ttes dre ie 1:18 U. LE VERRIER REVUE ANNUELLE DE MÉTALLURGIE 179 de fabricalion de l'aluminium, réussirait certai- nement pour les autres métaux : la principale dif- ficulté serait de préparer économiquement des bains assez fluides. IV. — ALUMINIUM. L’aluminium, qui a excité une si vive curiosité dans l'industrie, n’y a pas encore pris une place importante. La production est encore très faible: peut-être ne dépasse-t-elle pas en tout 1.000 tonnes par an. Après avoir considéré comme un résultat merveilleux de le produire à cinq francs, on s’aper- çoit qu'il faudrait arriver encore bien plus bas pour lui trouver des débouchés sérieux. La fabrication n'a pas fait de progrès essentiel depuis que les procédés d’Heroult et Kiliani et ceux de M. Minet onl été installés. C’est toujours par l’électrolyse du fluorure double d'aluminium et de sodium fondu qu'on opère, et elle se fait à peu près partout dans les mêmes conditions. On est obligé d'alimenter le bain avec de l’alumine pure, et, par suite, de soumettre d’abord les bauxites à un traitement chimique très coûteux, car le silicium et le fer qu'elles contiennent se réduiraient aussi, et on ne possède aucun moyen d'affiner le métal impur. Le prix de revient actuel de l'aluminium parait être dans les environs de trois francs. On pourrait l'abaisser à 2, peut-être même à 1 fr. 50. Mais on aura de la peine à descendre plus bas avec les procédés électriques. Dans l’électrolyse même, il n’y a que des perfectionnements de détail à es- pérer. Le principal objectif serait de produire d’abord l’alumine à bon marché. Il vaudrait en- core mieux s’en passer et traiter la bauxite direc- tement, M. Minet a fait à ce sujet des expériences fort intéressantes. Son procédé d'électrolyse en deux temps, consistant à épurer d’abord le bain par une fusion rapide dans une cuve où le courant précipite d’abord les corps étrangers, donnera peut-être bientôt la solution du problème. On a essayé un grand nombre d’alliages pour augmenter la résistance de l'aluminium. Ceux qui sont entrés dans la pratique industrielle sont les alliages avec le euivre. Le métal à 3 °/,, bien la- miné, donne 20 à 25 kil. de résistance et 15 à 20 os d’allongement ; mais sa limite élastique est très faible, défaut grave pour la construction. Le métal à 6°/., d'un maniement moins facile, et qui ne se travaille qu'à chaud, est plusraide, et conviendrait peut-être mieux à ce genre d'emploi, quoique la somme R + À (à laquelle on attache une impor- tance exagérée) y soit un peu plus faible. Le wol- framinium (alliage au tungstène et au cuivre) est d'une préparation délicate; mais, bien travaillé, 1l donne des résultats remarquables : il commence à 180 U. LE VERRIER — REVUE ANNUELLE DE MÉTALLURGIE ——_—_—_—_————————— être employé en Angleterre et en Allemagne. On n’emploie guère l'aluminium et ses alliages que laminés. Les moulages sont difliciles à obtenir sains. Cependant M. Roman parait avoir réussi à surmonter ces obstacles. Il fabrique des pièces coulées qui ont une résistance satisfaisante, nolam- ment des tubes que l’on peut finir au tourou au banc à lirer et qui reviendraient bien moins cher que les tubes emboutis. Si on examine ses applications actuelles dans l'industrie, il faut reconnaitre que l'aluminium n'a pas encore réalisé toutes les espérances qu'il avait fait naître. Maïs ce n'est pas lout à fait sa faute; on l'a peut-être mal pris; on veut, par exemple, lui faire remplacer purement et simplement l'acier, sans se rendre compte que, pour tirer parti d'une malière nouvelle, il faut chercher le régime qui lui convient, le mode d'emploi qui s'adapte à son lem- pérament, et non vouloir la plier à un programme qui a été fait pour d’autres. Par sa nature, l'aluminium n’est pas fait pour lutter avec l'acier : c'est le zinc, la fonte de fer, le bois, parfois le cuivre qu’il pourrait remplacer avec avantage, eL qu'il remplacera certainement dès qu'il ne coûtera plus trop cher. IL y aurait une combinaison forl intéressante à essayer pour un constructeur entreprenant : c’est l'emploi simultané du ferro-nickel et de l’alumi- nium. Tous les deux contribueraient à diminuer le poids par des moyens différents : l’un parce qu'il est très résistant, l’autre parce qu'il est léger. Le premier conviendrait pour les ossalures, les pièces qui travaillent et dont on pourrait diminuer les di- mensions; le second pour les pièces de remplis- sage, les cloisons, et autres organes quinefatiguent guère, dont on a déjà réduit l'épaisseur au mini- mum,etqui, en acier, offrentunluxe de résistance. Il serait sans doute facile de donner à une telle construction un poids moitié moindre que le poids actuel. Malheureusement ces deux métaux sont encore trop chers. [I n’ya,ensomme, aujourd'hui que deux applica- tions imporlantes bien acquises à l'aluminium et qui se développeront même sans baisse de prix : c'est l'équipement militaire, et la fabrication des embarcations portalives et démontables : dans ces deux cas, l'avantage de la légèreté est assez grand pour faire admettre les prix actuels. Il y a une troisième application, plus vaste, qu'on peut con- sidérer comme acquise au point de vue technique : c'est la fabrication de tout ce qui dans un navire la même la coque. À ce point de vue, l'adoption du métal n’est ne joue pas un rôle Capital au point de vue de résistance : cloisons, superstruclure, qu'une question de prix. Il y a cependant encore une difficulté, c'est son attaque facile par l’action combinée de l'air et de l'eau salée. Cette attaque se produit d’une façon - très capricieuse : cerlaines plaques se comportent … bien, d’autres se piquent et se percent très vite. Il est probable qu'on arrivera à démêler la cause de ces différences, et à y remédier. L’impureté de l’a- luminium, les inclusions étrangères qu'il relient quand on le coule, paraissent être le principal fac-. teur qui hâte l'attaque. Les peintures ordinaires tiennent mal sur l'aluminium; M. Guillaux est ar- rivé à trouver un revélement qui donne déjà des résultats salisfaisants; ce genre de difficultés est. donc bien près d'être levé. En dehors de ces grandes industries, l'aluminium pourrait trouver des débouchés importants dans bien des petites fabrications, comme les boites de montre, les éluis, les boutons, ete. Il n'y a là qu'une question d'habileté commerciale pour sa- voir lancer de nouveaux produits. Aussi, tout en constatant que les progrès de l'aluminium sont lents, suis-je persuadé qu'ils ne s'arréteront pas, et qu'il serait facile, avec des études rationnelles et suivies, de lui trouver assez d'emplois pour absorber une production bien supé- rieure à celle que les usines actuelles pourraient assurer. Il faut reconnaitre qu’à ce point de vue, la France, patrie première de l'aluminium, s’est laissé distancer. Cette industrie est loin de s'y être développée autant qu'en Amérique, en Angle- terre et surtout en Allemagne. Ce devrait être tout le contraire, car notre pays est mieux dolé que tout autre par la nature pour produire ce mélal, et c’est lui qui fournit en grande partie aux étrangers la matière première : les bauxites, dont laProvence a des gisements inépuisables, el que nous savons si peu uliliser pour nous-mêmes. V. — TRIAGE MAGNÉTIQUE, Le lriage magnétique a reçu des applications importantes, surtout en Amérique. Il peut servir dans trois cas différents : 1° Pour enrichir les minerais de fer magnétiques en les séparant de leur gangue ; 2 Pour séparer des mêmes minerais la blende, qui y est souvent mélangée; 3° Pour séparer la pyrile de la blende. C'est la première de ces opérations qui a passé surtout dans la pratique courante. La moilié des minerais de fer du Lac Supérieur sont enrichis de cette manière. Il suflit de les pulvériser, puis de les passer au trieur magnélique. On peut étendre ces procédés à tous les minerais de fer en les chauffant (mélangés d’un peu de charbon) dans une cornue où passent les gaz d'un gazogène : l'oxyde de carbone les transforme en produits magnétiques. — Pour trier la pyrite, il faut la CET AT U. LE VERRIER — REVUE ANNUELLE DE MÉTALLURGIE 181 griller de manière à la sulfatiser, tout en la désa- | vation dans les grillages qui exigent une haute ul grégeant; elie se brise alors plus facilement que la blende, qui n’est pas attaquée par un grillage mo- déré; une pulvérisation, suivie d'une préparation mécanique complète, les sépare. M. Blake a consiruit, pour réaliser ce grillage” partiel, un four spécial où l’on fait arriver, entre les flammes du foyer, de l’air chauffé dans des régénérateurs. En présence de l'air chaud et pur, ro la pyrite se grille plus vite et à plus basse tempé- . rature. La blende n’est pas oxydée, mais elle a une tendance à décrépiter, ce qui diminue beaucoup l'efficacité du traitement. VI. — PROCÉDÉS DE GRILLAGE. Le grillage des minerais esl une des opérations les plus importantes, et qui intéresse un grand nombre d'industries. On cherche de plus en plus à utiliser les gaz pour la fabrication de l'acide sül- furique, ce qui est le meilleur moyen de les rendre inoffensifs. Aujourd'hui, en Belgique et en Alle- magne, les blendes sont presque partout grillées dans de grands fours à moufle desservant des chambres de plomb : il faut, en effet, pour cet . usage, que les gaz ne soient pas mélangés à ceux des foyers. En Europe, où l'on cherche surtout la perfection du grillage, cette opération se fait, ou tout au - moins s'achève dans des fours (à réverbère ou à moufle) allongés, où l'on brasse le minerai à la main en le poussant peu à peu le long de la sole jusqu’à la partie la plus chaude. En Amérique, où il y a grand intérêt à économiser la main-d'œuvre, on voit employer, surtout pour les minerais d'argent où il faut passer de grandes masses de matières pauvres, les types les plus variés de fours mécaniques. Le type le plus simple est celui des fours ey- lindriques tournants : dans les modèles les plus récents, on leur donne une grande longueur et une légère inclinaison qui permet à la matière de des- cendre lentement de l’extrémité jusqu’au foyer : on est arrivé ainsi à réaliser un grillage très com- plet. — Les fours à sole, où la charge est brassée par des agitaleurs, sont peut-être plus eflicaces pour hâter l'oxydation : la difficulté est ici l'entretien du mécanisme et des organes mobiles placés dans le four. Parmi les appareils les plus récents, il en est deux qui paraissent donner de bons résultats : Le four Pearceaunesole circulaire et des râteaux reliés à un arbre vertical creux, refroidi par un courant d’air : cet air chauffé est injeclé sur le minerai. Dans le four Frash, l'arbre est refroidi par un courant d'eau, ce qui assure mieux sa conser- température. La construction particulière du four Blake, ceù la sole circulaire, au lieu d’avoir une pente régulière. est formée par une série de gradins, est de nature à seconder le brassage, par l'effet des chutes successives du minerai, qui chaque fois se trouve baigné par l'air. Dans beaucoup de fours récents, on envoie sur la charge de l'air pur, chauffé soit dans des régéné- rateurs spéciaux, soit par circulation dans les parois creuses. C'est un moyen très efficace de hâter l’oxydalion, car,dans les fours anciens, l’air venant du foyer était trop pauvre en oxygène, l’air entrant par les portes trop froid pour agir énergiquement sur les sulfures. Il est un mode de grillage spécial, difficile à conduire, qui intervient dans la métallurgie du cuivre et dans celle du plomb. C’est le rôtissage, où l’on cherche à griller partiellement, pour faire réagir ensuite l’oxyde sur le sulfure restant, de manière à produire du métal et de l’acide sulfureux (PS HE 2 PhO — 3 Ph SO). Cette opéralion se fait en général très lentement, et les réactions sont toujours incomplètes. MM. Nicholls et Christopher James l'ont simplifiée en la dédoublant. Ils com- mencent par griller complètement une partie de la matte de cuivre dans un four approprié: puis ils mélangent cet oxyde, préalablement essayé, en pro- portion convenable avec du sulfure cru : on chauffe la charge dans un four à réverbère, il se produit une réaction très vive et on obtient rapidement presque tout le métal réduit. Les réactions sont beaucoup plus rapides et plus nettes parce que le mélange estintime, et qu'on peut réaliser exacte- ment le dosage voulu de soufre et d'oxygène. Ce procédé est employé avec succès à la Cape Copper Company (Wales): le grillage se fait dans de longs cylindres tournants inclinés, où la matte pulvérisée descend par son propre poids : il est très écono- mique el très complet. VII. — TRAITEMENT DES MINERAIS ZINCIFÈRES. Le traitement des minerais complexes de zine est une question toujours à l'étude ; il n'existe aucun procédé pratique pour séparer ce métal du plomb; on a fait beaucoup d’essais industriels en Amé- rique. Tantôt, comme dans le procédé Emmons, on dissout le zine à l’état de sulfate (par le sulfate de sesquioxyde de fer, l’acide sulfurique) ; tantôt on cherche à le volatiliser à l’état d'oxyde, en rédui- sant dans des fours à cuve à allure chaude : dans ce dernier cas, le plomb se volatilise en partie ou en totalité, on ne sépare donc bien que le fer et le cuivre, et il faut encore traiter les résidus par voie humide pour isoler le zinc à l’état de sulfate so- 182 TT ANT EP er DIE Ne) U. LE VERRIER — REVUE ANNUELLE DE MÉTALLURGIE luble. Pour extraire le zinc métallique de ces dis- solutions, on ne connait d'autre procédé que l’é- lectrolyse, moyen difficile et coûteux ; cependant la pureté du zinc obtenu est une compensation qui pourrait, dans certains cas, rendre l’électrolyse abordable. M. Choale a proposé de verser directe- ment dans les bains électrolytiques l'oxyde de zinc obtenu par volatilisation, qui les neutralise- rait en se combinant à l'acide sulfurique mis en liberté près de l’anode. VIII. — ÉLECTROLYSE. Le raffinage électrolytique du cuivre est mainte- nant une opération courante; il est indiqué lorsque le métal brut contient des quantités notables d’ar- gent ou d'or, ou lorsqu'on veut avoir des cuivres de pureté exceptionnelle. Il se pratique en Amé- rique sur une vaste échelle, et les produits sont vendus à si bas prix qu'il est bien difficile aux usines de lutter, si elles ne traitent pas des cuivres riches en métaux précieux. La fabrication directe des tubes en cuivre électrolytique, par le procédé Ellmore,donne des produits tout à faitremarquables comme qualité, mais elle est sans doute coûteuse. Depuis longtemps on cherche à traiter directe- ment les mattes par l’électrolyse essais connus en Europe semblent établir l'insuccès définitif de ces tentatives. Dès que les anodes ne sont plus en cuivre assez pur, on n’évite pas leur désagrégation ; le bain s’altère, se polarise, la pro- duction baisse ou on obtient du cuivre impur. A plus forte raison les difficultés deviennent-elles insurmontables quand on essaie d'électrolyser les minerais : le procédé Siemens, où on dissolvait le cuivre en traitant les minerais par du sulfate de peroxyde de fer, et où on électrolysait les dissolu- lions avec des anodes en charbon, n'a pas réussi davantage. On applique aujourd'hui dans quelques usines le raffinage électrolytique du zine argentifère, obtenu par la désargentation du plomb : il permet d'en extraire du zinc très pur, recherché pour la fabri- cation du plomb. Le bain est une dissolution de zinc et de chlorure de magnésium : on emploie aussi le sulfate de zinc mélangé au sulfate de potasse. Dans l'installation des cuves électrolytiques, on peut signaler deux dispositifs nouveaux qui permet- tent d'augmenter le rendement ou de diminuer la quantité de métal immobilisé. Au lieu d'employer comme autrefois une série de couples disposés en quantité et comprenant chacun une anode en mé- Lal brut et une cathode en métal pur, on place dans chaque cuve une série de plaques isolées que le courant traverse toutes : l’une de leurs faces joue donc le rôle d'anode, et l’autre celui de cathode : chaque plaque se dissout d'un coté pendant qu’elle les derniers | | qui provoquent la séparation de croûtes d'alliage -triple (plomb, argent et zinc), et on revivifie le zinc en distillant cet alliage dans des cornues en se nourrit de l’autre avec le métal pur provenant de la plaque précédente. Dans quelques ateliers les plaques fixes ont été remplacées par des disques tournants, dont une moitié seulement plonge dans le bain, tandis que l’autre frotte sur des brosses et est neltoyée d'une manière continue. On dimi- . nue ainsi les effets de polarisation. Les études faites dans cette voie par M. Tomasi permettront peut-être d'aborder, avec plus de chance de succès, le problème du traitement direct des minerais ou des composés métalliques. Pour la fabrication de la soude, M. Hargreaves a construit un appareil très original : la cathode est constituée par la paroi latérale de la cuve, qui est formée d'une toile métallique recouverte à l'inté- rieur par un diaphragme d'amiante. Le transport des ions se fait à travers ce diaphragme, et l’élé- ment qu’on veut isoler se trouve amené à l’exté- rieur de la cuve, et par suite soustrail aux réac- tions secondaires. Il serait intéressant d'essayer ce système pour l’électrolyse des métaux sujets à se | réattaquer. IX. — DÉSARGENTATION. La désargentation du plomb se fait aujourd’hui à peu près partout au moyen d'additions de zinc graphite où il reste du plomb riche. On a obtenu, dit-on, de très bons résultats en ajoutant au zinc quelques millièmes d'aluminium : l’alliage serait plus riche et les séparations bien plus nettes. X. — DISTILLATION DES MÉTAUX. La volatilisation des métaux dans les fours à cuve est souvent une cause de perte el d'ennuis. On est parvenu, dans certains cas, à en tirer parti et à en faire un moyen d'extraction. Depuis long- temps, on prépare en Amérique le blanc de zine et oxyde de plomb employé en peinture par la réduction directe des minerais chauffés dans des foyers soufflés : le métal se volalilise et se dépose à l’état d'oxyde dans les conduits. Ce système permet de traiter certains minerais impurs, comme la franklinite, qui seraient inutilisables dans les fours à zinc ordinaires. Il est assurément bien préférable aux errements suivis en Europe, où l'on prépare les mêmes composés en prenant pour matière première des métaux purs dont l’extrac- tion et l'élaboration ont nécessité des dépenses bien inutiles dans ce cas. Une application fort intéressante de ce principe a été faite en Auvergne, aux minerais d’antimoine, par M. de Châtillon. Depuis plusieurs années, on y traite les sulfures pauvres par grillage et réduc- * À + Y: “4 E U. LE VERRIER — REVUE ANNUELLE DE MÉTALLURGIE 183 tion dans des cubilots chauffés à assez haute tem- pérature pour volatiliser tout l’antimoine. Les fumées aspirées par des injecteurs à vapeur dans des chambres de condensation laissent déposer de l'oxyde assez pur, qu’on peut vendre aux phar- macies ou réduire au creuset pour extraire le métal. On utilise ainsi des minerais à 10 °/,, tandis que les anciens procédés ne permettaient d’em- ployer que des sulfures très riches. Dans une série d’essais fort intéressants, M. V. Hempel a montré qu'il n'est pas impossible de . recueillir du zinc métallique en chauffant un mé- lange intime d'oxyde et de charbon dans un eubilot soufflé à l’air chaud. Il faut que les matières char- gées soient complètement sèches. Les gaz sont aspirés par un ventilateur centrifuge qui les pro- jette contre les parois d'un tambour en tôle. On recueille une poudre qui contient la plus grande partie du zinc à l’état métallique. Après l'avoir comprimé, on peut liquater le mélal ou le distiller en vase clos presque sans perte. XI. — EXTRACTION DE L'OR. L'industrie de l’or, si à la mode en ce moment, s'est enrichie depuis quelques années d’un nou- veau procédé : la cyanuration. On lessive les mi- nerais avec une dissolution contenant en moyenne 1°/, de cyanure de potassium. L'or dissous est précipité de la liqueur par du zinc très divisé. Le lessivage doit se faire sans agitation, par suite de la tendance du cyanure de . potassium à se décomposer; pour la même rai- son, il faut saturer les liqueurs avec de la chaux quand les sulfures s’effleurissent et donnent des dissolutions acides. La consommation de cyanure est d'environ 500 grammes par tonne de minerai, * etles frais de traitement peuvent se monter à 20 ou 30 francs. Dans quelques usines, on est arrivé à les réduire à 10 francs. Ce traitement a été adopté dans le Transvaal pour les résidus d’amalgamation (Failings) : il permet d'extraire environ 75 °/, de l'or contenu et remplace avantageusement la chloruration, plus coûteuse. Il n’est pas démontré que le eyanure agisse sur l’or combiné, mais il dissout très bien l'or nalif en parcelles ténues, ou l’or rouillé qui échappe à l'amalgamation pour des raisons phy- siques (parce qu'il surnage ou qu'il ne touche pas le mercure). La cyanuration convient donc aux minerais pyriteux ou ferrugineux ; mais on obtient de mauvais résultats avec ceux qui contiennent des sulfures de plomb et de zinc. XIT. — COLLECTEURS DE POUSSIÈRE. Le dépôt des poussières conLenues dans les gaz des fourneaux a une grande imporlance au point de vue économique quand on traite des minerais argentifères ; il a toujours son utilité au point de vue hygiénique. Autrefois, on se contentait de les faire circuler dans les longs conduits : aujour- d’hui on cherche à multiplier les surfaces de con- tact refroidies, et à contrarier le mouvement des gaz. Les conduits sont faits en parois minces (tôle, ciment à ossature métallique, briques creuses, etc.); on les coupe par des plaques de tôle placées de- bout. À Tarnowitz les gaz traversent : 1° des fours où se trouvent des serpentins ou des jeux d'orgue, fermés par des tuyaux où circule un courant d’eau; 2° des chambres à fils, formées par de longs con- duits voûtés, où l’espace est obstrué par une forêt de fils de fer pendant d'un treillis placé sous la voûte; ces conduits sont divisés par une cloison longitudinale qui force les gaz à monter, puis à redescendre en traversant deux fois cette espèce de filtre. Dans certaines usines américaines, les gaz, appelés par un ventilateur, se filtrent, ausortir des conduites, dans des sacs de mousseline fer- mant l'orifice d'un jeu de tuyaux. Pour les manipulations des produits plombeux, on a adopté une série de mesures hygiéniques : les portes de travail, les trous de coulée, sont sur- montés de holtes en tôle, avec appel d'air par un ventilateur ; on les dispose, autant que possible, de manière à faire tomber directement les produits dans des récipients couverts. Pour la désargenta- tion, le soutirage du plomb liquide se fait avec des pompes, dans des appareils complètement fer- més, etc. Cette question a aussi son intérêt pour les hauts fourneaux, où les gaz combustibles doivent être bien épurés pour ne pas encrasser les appareils où on les brûle. Dans les usines récentes, on a mulli- plié les tambours en tôle sur Le trajet des conduites de gaz. À Hayange on fait, en outre, filtrer les gaz à travers des couches de paille de fer. Les essais faits jadis pour provoquer la con- densation des fumées par des décharges alterna- lives paraissent abandonnés. Ce système, très efficace dans un espace confiné, aurait beaucoup moins d'action sur un courant d'air en mouve- ment. U. Le Verrier, Professeur de Métallurgie au Conservatoire National des Arts et Métiers. ACTUALITES SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 18/4 ACTUALITES SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES LE RELÈVEMENT DES CABLES SOUS-MARINS. — NOUVEAU TYPE DE LOCOMOTIVE MINIÈRE. — UNE NOUVELLE FORME DE TROLLEY Depuis quelques années, depuis surtout que l'énorme développement donné par la Grande-Bretagne à son réseau de lignes sous-océaniques nous met, à l’égard de nos voisins, en état de si manifeste infériorité, notre commerce d'outre-mer, aussi bien que la défense de nosintérèts politiques en Afrique, en Asie et dans le monde entier, récla- ment la création et la multiplication de servi- ces télégraphiques ap- partenant exclusivement à la France. Au moment où l'attention du Parle- mentet du paysse porte sur ces grandes entre- prises, il est ntile d’exa- miner tous les perfec- lionnements techniques qui rendent de tels tra- vaux plus pratiques et moins coûteux, De ce nombre sont les progrès récemment réalisés en Amérique pour réparer les câbles quand ceux-ci setrouventendommagés en quelque point de leur parcours. La réparation com - prend plusieurs opéra- tions bien distinctes : 1° La recherche et la localisation du défaut ; 2 Le relèvement du càble ; 3° Lu réparation pro- prement dite. De la première et de la troisième partie, nous ne dirons rien en ce mo- ment. Relever un cäble, c’est le saisir et le hisser à bord, Dans ce but, on attache à l'extrémité d’un long cordage un grappin avec lequel on racle, pour ainsi dire, le fond de la mer. Le grappin, dans sa forme la plus menacant de l’étaler, où bien encore les branches, trop faibles pour résister, se brisent et l’on risque alors de trainer longtemps un objet devenu inutile, Pour remédier à ces inconvénients, on utilise des grappins perfectionnés. Nous citerons, parmi les an- ciens modèles, le grap- pin Jamieson (fig. 2). Sa tige centrale T présente une partie filetée V, sur laquelle se visse une boîte en fer ou acier B portant les branches G par l'intermédiaire d’un pivot p. Les branches G présentent un prolonge- ment g qui vient buter contre une sorte de pis- ton P maintenu dans sa position par un fort res- sort d'acier. Lorsque le grappin rencontre un obstacle, les branches tournent autour de leur pivot et compriment le ressort R par lequel elles sont ramenées à leur première posilion une fois l'obstacle passé. En vissant plus ou moins la boîte B sur la tige T, on règle à volonté la tension du ressort et la force pour laquelle les bran- ches peuvent pivoter. Le modèle Johnson et Phillips qui nous est si- gnalé par the Electrical Review !, est un perfec- tionnement du grappin Jamieson. Nous y retrou- vons (lig. 3) les organes précédemment décrits : le pas de vis V, le res- sort R,le pivot p, etc. La boite B est considéra- blement agrandie et ca- pable de recouvrir et de protéger les branches G lorsqu'un obstacle les fait pivoter, On évite ainsi les ruptures qui AUUAMAUUAEL CLLES CA . n sn LA DPI SNR sorte d’é Fie. 2. Fie, 3 peuvent encore se pro- norme hamecon pesant ……. Kate Ê Es ee : duire avec le grappin Ja- . s o+ :i . Lio. 4, — ) le Û n EL NPD RE? DORE . > ICÉ AIR le écart Fig. 1 Modèle de qrappin. Fig. 2 Grappin Jamieson. T, mieson, En outre, avec de 3 à 6 branches (fig. 1). V Lorsque le câble est sai- si, il augmente par sa résistance la tension sur le cordage, tension qui est indiquée à bord par un dynamomètre. Il ne reste plus alors qu'à relever doucement, La recherche du câble au moyen de tels engins pré- sente de nombreuses difficultés. Supposons, par exemple, que le fond de la mer soit rocailleux, Si le grappin vient à rencontrer une roche qu'il ne puisse soulever, il fait courir quelque danger au navire en ge de fer; B, boite en fer ou en acier; R, fort ressort d'acier: , vis de la tige; G, branche du grappin; g, prolongement de la branche; P, piston; p, pivot. — Fig. 3. — Grappin Johnson el Phillips. T, tige de fer; B, boîte en fer ou en acier; R, fort res- sort d'acier; V, vis de la tige; G, branche du grappin. ce dernier modèle, les branches làchent le cà- ble dans leurmouvement de rotation si elles l'ont déjà saisi, Au contraire, avec le nouveau système, les branches sont suscep- tibles de conserver le câble même lorsqu'elles sont repoussées sous la boite. Les mêmes inventeurs ont aussi produit un modèle de grappin destiné aux terrains mous, dans lesquels ! Numéro du 4 janvier 1895. ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES le câble s'enfonce et devient insaisissable pour les grap- pins ordinaires. Ce nouveau type se compose essentiel- lement d’un corpsetde deux branches (fig. # et 5)qui sont tous les trois de forme plane : le plan du corps est perpen- diculaire au plan des branches. Lorsque ce grappin est en service, c’est le corps qui repose sur le fond de la mer et glisse, de sorte que l’une des branches, grâce à sa faible épaisseur, pénètre : facilement et fouille les cou- ches boueuses dans lesquel- lesle câble se trouveenterré. Chaque sorte de travail exige des instruments d’une forme qui lui soit particu- lière. Une machine destinée à fonctionner dans des gale- ries souterraines peut avoir un aspect absolument difré- rent de celui que possède une machine construite dans un but analogue, mais fonc- tionnant à la surface du sol. Par exemple, la loco- motive minière que nous représentons ci-contre ! ne ressemble guère auxlocomo- tives ordinaires, pas même à celles qui sont mues par l'électricité. Cette locomotive, tout récemment cons- truite par la Jeffrey Manufacturing Company, remplit Fig. 4. Fig. 6. — Nouveau lype de locomotive minière. des conditions foutes spéciales de solidité et de simplicité, et ses différentes parties en sont faci- lement accessibles, bien qu’elles soient protégées très soigneusement par une forte carcasse extérieure. Cette machine peut développer en moyenne 80 che- vaux. Mais l’élasticité de ses moteurs permet d'augmen- ter considérablement cette puissance. Elle a traîné en palier, et à une vitesse de 45 kilomètres à l'heure, 65 wagons pesant chacun à peu près 550 kilos et portant une tonne et demie de charbon, soit, en tout, en- ? D’après Electrical Industries. Janvier, 1895. Fig. 4. — Grappin Johnson et Phillips projeté sur un plan perpendiculaire au plan des branches. — Fig. 5. — Grap- pin Johnson et Phillips projeté sur un plan parallèle au plan des branches. (, corps du grappin; B, branches. 185 viron 136 tonnes. Son poids total n’atteint pas 10 ton-. nes. Elle est surtout précieuse par l’exiguité de ses dimensiéns : sa longueur ne dépasse guère 3 mètres, sa largeur est de 1 m. 50 environ pour des voiesde1m.10, et sa hauteur au-dessus des rails, de 0 m. 85. Le rapprochement de ses roues lui permet d’abor- der des courbes très prononcées el des galeries très étroites. Elle peut donc passer par des chemins inabordables pour les mu- lets ou les chevaux. Elle procure, rien que de ce chef, une très notable économie et mérite à ce titre d’être signalée à nos ingénieurs. Les tramways électriques à cäble aérien prennent le courant qui leur est néces- saire au moyen d'une pe- tite poulie métallique qui roule le long du câble, et que l’onappelle généralementde son nom américain, le trol- ley, ou encore le &olly. l’un des ennuis de ce système est que le trolley glisse parfois hors du càble. Le tramway, séparé alors de sa source d'énergie, reste en panne, et il faut quel- quefois, pour remettre les choses en bon élat, une Fig. 5. Fig. 7. — Nouveau système de Trolley. lutte assez longue entre le mécanicien et le trolley récalcitrant. ë Dans la nouvelle forme detrolley(fig.7)quenous signale the Street Railway Review, un guide, retenu par un res- sort, est placé de chaque côté de la poulie. Ces guides maintiennent le système dans sa position régulière et l'y ramènent si le trolley a réussi à sauter hors du cäble, Quand on atteint un croisement de fils, les res- sorts cèdent etil n’y a aucune interruption de courant ; l'obstacle passé, les ressorts ramènent les guides à leur place. APNGASS Ancien élève de l'Ecole Polytechnique, BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques. Lallemand (Ch.), Ingénieur en Chef des Mines, Direc- teur du Service du Nivellement général. — Rapport présenté à la Commission extra-parlementaire du Cadastre, sur l'état actuel du Bornage des propriétés en France. — 1 vol. in-4°, Imprimerie Nationale, Paris, 1895. Les fraudes et les contestations sur la contenance des propriétés foncières ont élé de tout temps fort nom- breuses, facilitées trop souvent par l’incertitude qui règne sur les héritages. Le cadastre actuel n’a pas tenu _ses promesses : comme il a été fait d’après la jouissance du moment, et sans que les limites des propriétés eus- sent été préalablement et contradictoirement fixées, il est vite descendu à l’état de simple document pour las: siette de l’impôt, et n’a pas tardé à se trouver aussi dépourvu d'autorité que les livres terriers conservés encore aujourd'hui dans quelques communes. Aussi sa réfection est-elle urgente. Le décret du 30 mai 1891 a institué, au Ministère des Finances, une Commission extra-parlementaire pour préparer la réforme. Le premier soin de cette Commis- sion a été de se renseigner exactement sur l’état de choses existant. La Commission a provoqué sur tout le territoire une enquête pour déterminer la valeur de nos plans cadastraux et la facon dont sont actuelle- ment bornées les propriétés. Ce sont les résultats de la seconde partie de cette enquête, confiée à des Comités départementaux, que M. Ch. Lallemand a condensés dans un fort intéressant Rapport. Après avoir défini le bornage en général (que l’on confond trop souvent avec la délimitation, alors que le premier n’est que l'indication sur le terrain, à l’aide de signes matériels, des lignes divisoires fixées par la se- conde), et en particulier les diverses sortes de bornage, l’auteur étudie chacune de ces dernières. Le bornage continu est fort usité dans l’ouest; le bornage discon- tinu est, au contraire, le plus employé dans le nord et surtout dans l'est de la France. Comme type de bornage discontinu bien compris, le Rapport décrit celui auquel on procède actuellement en Alsace-Lorraine, où l’on refait le cadastre ; c’est, à peu de chose près, le système appliqué en Prusse et dans le grand-duché de Bade. Dans l’est de la France, on emploie beaucoup, sous le nom d’abornement général, un système de délimitation collective des propriétés qui, en même temps qu'il fixe les limites par des bornes, favorise le redressement de celles qui sont sinueuses ou irrégulières, les échanges de parcelles en vue du remembrement des héritages, et la création des chemins d’exploitation. Cette opéra- tion, décrite en détail par M. Lallemand, w’a d'autre base légale que l'article 646 du Code civil; comme elle mérite d’être encouragée, il serait désirable qu’elle fût comprise parmi celles que notre législation consacre comme exécutables par voie de syndicats agricoles. L’enquête a prouvé qu'il existait en France 61.746.120 propriétés, d’une contenance totale ‘de 52,798.336 hectares, et d’une contenance moyenne de 85 ares, Plus de la moitié de ces propriétés et près des deux tiers de leur superficie sont matériellement dé- limités; mais les divers modes de bornage employés sont loin de définir avec une certitude complèle les parcelles. Ce qui le prouve bien, c’est l’'énormité de la charge que les contestations relatives aux limites font annuellement peser sur la propriété foncière. Une en- quète parallèle à celle des Comités Aépartementaux, TO Cd D Re Ÿ à BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX vf faite par les procureurs généraux, et dont les résultats sont aussi consignés dans le travail en question, per- met d'affirmer que cette charge n’est pas inférieure à un million et demi de francs. Ilest donc bien désirable que la réfection de notre cadastre ne se fasse plus longtemps attendre. Le Rapport de M. Lallemand est certainement fait pour hâter la réalisation de celte ré- forme. Gérard LAVERGNE. HKraft (F.), Privat-docent à l'Université de Zurich. — Abriss des geometrischen Kalküls, nach den Werken des Professors D. Herman Günther Grass- mann bearbeitet (Précis de calcul géométrique rédigé d’après les théories de Grassman), 1 vol. in-8° de vir, 256 p. Teubner, Leipzig, 1895. Lelivre de M. Kraft est un exposé élémentaire des idées de Grassmann en matière de calcul géométrique. Le professeur Hermann Günther Grassmann (1809-1877) est bien connu des géomètres par ses nombreux tra- vaux sur la « mathématique générale », sur la généra- tion des courbes planes, ete, Le calcul géométrique a pour but de représenter par les notations de l'algèbre les constructions mêmes de la géométrie, Il diffère de la géométrie analytique en ce qu'il s'attaque directement aux figures, sans passer par l'intermédiaire des coordonnées, Il est évident qu'au fond les deux procédés ne sont pas distincts; mais le calcul géométrique offre ses résultats sous une forme plus condensée, tout en étant, à notre avis du moins, moins suggestif, moins propre à l'invention et plus à la démonstration. Quoi qu'ilen soit, les principes du calcul géométrique sont très simples, Le « vecteur » est un segment de droite défini en longueur, direction etsens. La « com- position » des vecteurs concourants par la règle du pa- rallélogramme ou du parallélipipède est représentée par l'addition algébrique. Le « produit » de deux ou trois vecteurs concourants esf l'aire du parallélogramme ou le volume du parallélipipède construits sur ces vec- teurs... Pour indiquer les rotations, on fait usage de coefficients symboliques, lesquels affectent les lettres représentatives des vecteurs, Par exemple la rotation à 90° d’une droile dans un planest indiquée par l’ima- ginaire ordinaire à — {/—1. En effet, deux pareilles ro- tations ne changent que le sens du vecteur, 2=— 1; quatre rotations replacent le vecteur sur lui-même, it — 1. Tout cela mène droit à la notion des quater- nions, qui sont fournis par une sorte particulière des: multiplications symboliques. Les conceptions de Grassmann, telles qu'elles sont développées par M. Kraft, ont bien des affinités avec les travaux de Chasles, Cauchy, Poncelet, de Jon- quières, Bellavitis, Hamilton, Saint-Venant, Môbius et bien d’autres. Nous ne chercherons pas à délimiter la part exacte de chacun de ces savants, encore moins discuterons-nous avec M. Kraft sur les mérites du « mathématicien de génie » Grassmann. Nous nous permettrons une seule remarque : l’auteur aurait pu, croyons-nous, insister davantage sur les faits nouveaux fournis par les procédés expliqués (son maitre Grass- mann en a découvert beaucoup sur la génération des cubiques planes, etc.) au lieu de s'attacher à retrouver lagéométrieetla trigonométrie classiques, les propriétés des déterminants, etc. Il résulte de là que le livre, d’ailleurs intéressant, a un caractère un peu indécis, bien abstrait pour un ma- nuel d'étudiant, bien élémentaire pour un traité de haute science, Léon AUTONNE. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 187 8° Sciences physiques. ÆColson (R.), Capitaine du génie, Répétiteur à l'Ecole Polytechnique. — La Perspective en Photographie. — Un vol. in-18 avec fig. (Prix 1 fr. 50). Gauthier- Villars et fils, éditeurs. Paris, 1895. : La photographie tend de plus en plus à devenir un. moyen graphique capable de produire des œuvres d'art. Elle a mème sur les autres le grand avantage de pou- voir donner facilement la fidélité dans la perspective. Mais, pour que la sensation procurée à l’œil par l’image obtenue ne déforme pas la perspective, et produise un effet exact, il est nécessaire d'appliquer certains prin- cipes. Ce sont ces principes que M. Colson expose très clairement dans sa brochure, dont nous recommandons la lecture à tousles photographes, amateurs ou pro- fessionnels, qui désirent produire de véritables œuvres d'art. La théorie est réduite aux notions indispensables rendues aussi élémentaires que possible ; aussi cet ou- vrage est-il d’un accès facile à tous ceux qui s’occupent de photographie. Gaston-Henri NIEWENGLOWSKkI. Minel (Pol), Ingénieur des Constructions navales. — L'Electricité appliquée à la Marine. — Un volume petit in-8° de 200 pages, de l'Encyclopédie scientifique des Aide-Mémoire dirigée par M. Léauté, membre de Institut. (Prix : broché, 2 fr. 50; cartonné, 3 francs.) — Gauthier- Villars et fils, G. Masson, Paris, 1895,7 M. Minel a déjà écrit dans l'Encyclopédie des Aide- Mémoire deux petits livres intitulés : Introduction à l'électricité industrielle, tomes I et I. Sa nouvelle étude « l’Electricité appliquée à la Marine » apporte à ces ouvrages un complément qui sera très apprécié de toutes les personnes qui s'occupent des applications de l'électricité à la Marine. L'auteur a réuni dans un nouveau volume un ensemble très com- plet de renseignements relatifs aux installations d’éclai- rage électrique à bord des navires et au matériel spé- cial qui leur est affecté. M. Minel, en sa qualité d'ingénieur de la Marine, a pu apprécier le personnel d'élite qui aide les ingénieurs dans leur tàche et qui cherche toutes les occasions de s’instruire, C’est à ce personnel que sont destinés les premiers chapitres de son livre, dans lesquels il décrit rapidement la dynamo Gramme et la dynamo Desroziers, dont les applications sont très nombreuses dans notre marine; les divers modes d’excitation des dynamos à courants continus ysont décrits avec une grande clarté. Une étude toute particulière est consacrée au fonc- tionnement des dynamos conduites directement par des moteurs à vapeur dans les diverses conditions de . régime imposées à ces derniers. On se rend compte que l’auteur a eu l’occasion d'approfondir les questions relatives à la régularisation des moteurs des machines électriques. Les principes sur lesquels est établi le fonctionnement des moteurs électriques sont l’objet de quelques développements assez étendus, Le chapitre VI traite spécialement des accumulateurs et résume les principales notions relatives à ces appa- reils, dont les applications acquièrent dans la Marine, de jour en jour, plus d'importance, notamment en ce qui concerne les sous-marins. L'auteur étudie ensuite les diverses lampes élec- triques en usage dans la Marine en insistant d’une facon spéciale sur les particularités du fonctionnement des foyers à are dont la puissance atteint des valeurs élevées dans les projecteurs installés soit à bord des navires, soit à terre pour la défense des rades. Les derniers chapitres sont plus spécialement con- sacrés aux installations proprement dites d'éclairage, et aux dispositions prises pour établir à bord la canalisa- tion des divers appareils. Quelques exemples empruntés à divers navires en service terminent cette intéressante étude, qui pré- sente certains aperçus originaux et qui renferme en peu de pages un grand nombre d’utiles renseignements. A. CRONEAU, Held (Alfred), Professeur à l'Ecole de Pharmacie de Nancy. — Les Alcaloïdes de l'Opium. — 1 vol, in-8° de 238 p. (Prix : 6 fr.). Rueff et Cie, éditeurs. Paris, 1895. A l'heure actuelle, — c’est presque une banalité de le répéter, — il y a peu de sciences qui soient l’objet de recherches aussi suivies et aussi variées que la science chimique. Le nombre d'hommes qui la pratiquent peut s'appeler légion, et les usines qu'elle alimente se comptent par milliers, tant sur le continent européen qu’en Angleterre, en Amérique et dans les autres par- ties du monde. Les corps que la nature élabore, ‘ont été les pre- miers à être soumis aux investigations des chercheurs. Pendant une assez longue période, les savants se sont bornés à étudier les meilleurs procédés d’extraction des principes actifs contenus dans les corps organisés, et àenétudier les applications. Les progrès de la science aidant, l'apparition des méthodes synthétiques a natu- rellement élargi le champ d'étude et provoqué l’ambi- tion légitime d’une reconstitution systématique de tous les corps qui sont à notre portée. Dans cette poursuite, pour ainsi dire fébrile, de la recherche, dans ce labeur incessant, l’ouvrier de la science n’est pas toujours guidé exclusivement par l’idée spéculative, et l’es- poir de tirer quelque profit matériel de son travail le hante souvent. Il est superflu de rappeler que le labo- ratoire de l'industriel a, en effet, réussi à remplacer, dans bien des cas, celui de la Nature. Or, ces longues, patientes et minutieuses recherches, entreprises par les savants de toutes les régions du globe, publiées dans des recueils de langues variées, nécessitent un travail bibliographique assujettissant et pénible. Aussi sommes- nous heureux de constater que, depuis quelque temps, il se manifeste une tendance à recueillir, sous la forme de monographies, tous les faits concernant une série, un chapitre ou même un groupe de corps bien déterminés. C’est dans cet esprit que MM. Daremberg et Charles Girard ontentrepris la publication d’un certain nombre de volumes de leur Bibliothèque de Chimie pratique, édi- tée par MM. Rueff et C* avec un soin, et je dirai même un luxe que peu d'ouvrages de ce genre ont encore atteint. Un des premiers de la série est celui sur les Alca- loïides de lOpium, rédigé par M. A. Held. En raison de ses fonctions, l’auteur, qui connaît à fond le sujet, non seulement l’a traité en chercheur désireux d’épargner aux hommes de laboratoire le laborieux travail biblio- graphique ; mais il a encore songé aux praticiens, aux pharmaciens, en leur indiquant, dans un premier chapitre, la composition de l’Opium, l'extraction, la séparation des alcaloïdes qu'il contient, le titrage et les principaux usages de cette drogue précieuse. Les douze chapitres suivants sont consacrés chacun à un alcaloïde important contenu dans l’Opium. C’est ainsi que sont traitées la morphine, la codéine, la pseudo- morphine, la thébaïne, la codamine, la papavérine, la méconidine, la narcotine, l’oxynarcotine, l’hydrocotar- nine, la gnoscopine, la méconine. Chacun de ces alca- loïdes est étudié dans sa composition, sa constitution, dans les réactions qui le caractérisent et dans ses déri- vés. Les propriétés physiologiques mêmes sont esquis- sées. — L'ouvrage se termine par la toxicologie de l’'Opium. En résumé, cette monographie de l’Opium sera utile non seulement au savant qui désire continuer l’étude des principes contenus dans cette substance, mais en- core au praticien, qui y trouvera des renseignements précieux à tous les points de vue, l'ouvrage étant au courant des recherches les plus récentes. A. HALLER, Correspondant de l'Institut, Directeur de l'Institut chimique de Nancy. Soret (A.), Professeur de Physique au Lycée du Havre. — Cours théorique et pratique de Photographie. Tome II.— 1 vol. in-18° de 320 p. avec 52 fig. (Prix : 5 fr.). Société d'Edilions Scientifiqu es. Paris, 1895 > FR 188 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 8° Sciences naturelles. Gastine (G.). — Sur la résistance au Phylloxera des Vignes américaines.Moyens dela mesurer.— Une brochure de 16 pages. Aux bureaux du « Progrès agricole et viticole », Montpellier, Le nom de M. G. Gastine impose la lecture de ce travail à tous ceux que préoccupe l'avenir de la viticulture francaise. Ils ytrouveront l'exposé d’un plan métho- dique d'observations à l'effet d'apprécier la résistance de chaque cépage aux attaques du Phylloxera. Cuéënot (L.), Chargé de cours à la Faculté des Sciences de Nancy. — L'influence du Milieu sur les Ani- maux. — Un vol. petit in-8°, de l'Encyclopédie scien- tifique des Aide-Mémoire, dirigée par M. H. Léauté, de l'institut. (Prix : Broché, 2 fr. 50; Cartonné, 3 francs). Gauthier- Villars et fils et G. Masson, Paris, 1895, Le milieu, les influences extérieures, agissent sur les animaux à des degrés variables, et, si l’un des facteurs vient à être modifié, il se produit chez les êtres vivants des changements plus ou moins profonds. L'étude de ces modifications, de leur importance, de leur durée, de leur transmission par hérédité, etc., offre aux natu- ralistes un vaste champ d'observations et elle donne l’occasion d'aborder une quantité de questions d’une haute portée philosophique. Mais les données relatives à l'influence du milieu sur les êtres vivants se trouvent disséminées dans un grand nombre de mémoires et n'avaient jamais fait l’objet d’un travail d'ensemble. M. Cuénot s’est donné la tâche de réunir les princi- pales observations relatives à celte étude, de les coor- donner et de les résumer pour les faire rentrer dans le cadre d’un Aide-Mémoire. L'ouvrage est divisé en trois parties. La première traite de l'influence sur les animaux des facteurs pri- maires : nourriture, température, lumière, pression, espace, sels minéraux, humidité, etc. ; elle se termine par une étude de l'adaptation des animaux marins à l’eau douce et des animaux d’eau douce à l’eau salée. Dans la deuxième partie intitulée : Influence du milieu sur la sexualité, la reproduction et le développement, M. Cuénot étudie d’abord l’action des circonstances extérieures s.r la formation des sexes; cette action est fort curieuse : les circonstances favorables, nutrition abondante, optimum de température et de lumière, etc. déterminant la production de femelles. Il passe ensuite à l'influence du milieu sur la stérilité et sur les diffé- rents modes de reproduction asexuelle, et à l’étude de la néoténie ou prolongation de la vie larvaire. Le der- nier chapitre, consacré à l’étude de l'adaptation aux différents milivux, traite surtout des modifications pro- duites chez les animaux par les phénomènes de conver- gence, la dessiccalion, les facteurs cosmiques, puis par l'adaptation à la vie dans les îles, dans les grands fonds, ainsi qu’à la vie pélagique. De cette étude M. Cuénot conclut que, lorsque les conditions de milieu d’un individu changent, il arrive souvent (mais pas toujours) que cet individu (ou sa progéniture) se modifie, et, si les produits peuvent con- tinuer à vivre dans le milieu nouveau, il en résultera la production d'une variété ou d’une espèce nouvelle, Mais il faut se garder d’exagérer, comme le font les néo-Lamarkistes tels que Cope et Semper, la part qui revient au milieu dans la formation des espèces : le rôle principal revient à la sélection, ainsi que le veulent les Darwinistes. Le livre de M, Cuénot est intéressant et rempli de faits. Il sera lu avec plaisir par tous ceux qui s’inté- ressent aux sciences naturelles et aux problèmes philosophiques qu'elles soulèvent, On peut, en parti- culier, le recommander aux jeunes naturalistes, qui pourront se convaincre, en le lisant, qu'il ne suffit pas de s’enfermer dans un laboratoire pour faire de la z00- logie; de plus, ils se rendront compte de l'intérêt que présente l'étude des animaux dans la Nalure même et dans le milieu où ils évoluent, D' R. KœuLer, Parona (C.), Professeur de Zooligie à l'Université de Gênes. — L'’elmintologia italiana da’ suoi primi tempi all anno 1890. Storia, sitematica, coro- logia e bibliographia. — Un vol. in-4° de 734 pages avec une carte, (Priæ : 25 francs). Genova, 1894, M. Corrado Parona, professeur de Zoologie à l'Uni- versité de Gênes et auteur de travaux d’helminthologie très appréciés, vient de consacrer à l’histoire de l’hel- minthologie italienne un véritable monument, Dans un fort beau volume, publié par ordre et aux frais du municipe de Gênes, il nous donne un historique très complet de cette branche spéciale des sciences médico- naturelles en Italie, depuis l'Antiquité latine jusqu'à l’année 1890. Il distingue trois périodes successives : la première s'étend de l’époque romaine à Francesco Redi ; la seconde ya de Redi (16261694) à F, de Fi- lippi (1814-1867); la troisième, ou époque moderne, commence avec de Filippi et Ercolani (1819-1883). Cette division en trois périodes est très rationnelle et cor- respond assez exactement aux trois grandes étapes parcourues par les sciences naturelles, L'œuvre de chaque auteur est résumée brièvement ; les résultats essentiels en sont mis en lumière, sobrement, mais avec précision. La seconde partie est un catalogue des helminthes rencontrés chez les animaux d'Italie. C’est, si l'on veut me permettre celte expression, un « von Linstow ita- lien », c'està-dire un compendium d’helminthologie qui ne tient compte que des observations faites en Italie, Dans une première liste, les helminthes sont classés suivant leur ordre zoologique ; dans une seconde liste, qui renvoie à la précédente, ils sont énumérés suivant l’ordre zoologique de leurs hôtes, La troisième partie traite de lachorologie, c’est-à-dire de la « distribution des helminthes dans les diverses résionsetprovinces italiennes.» L'auteur énumère, avec rélérences bibliographiques à l'appui, les helminthes observés jusqu’en 1890 dans chaque province : on passe ainsi successivement en revue le Piémont, la Lom- bardie, la Sicile, etc., puis le Tessin, le Trentin, Trieste, Nice et Malte ! Vraiment, cette introduction de l'irré- dentisme dans une question purement scientifique est faite pour nous surprendre : elle ne s'explique par aucune raison plausible, et M. Parona (qu'il nous per- mette cette réflexion toute amicale, sur le sens de laquelle ilne saurait se méprendre) a cédé trop facile- ment à un courant d'idées qui entraine malheureuse- ment, faut-il croire, jusqu'aux meilleurs esprits. Que viennent faire ici le Tessin, qui depuis des siècles ap- partient à la Suisse; Trieste et le Trentin, qui depuis des siècles appartiennent à l'Autriche? J’admets que M. Stossich, de Trieste, soit cité pour ses travaux sur les helminthes de Vénétie; j'admets encore, à la grande rigueur, qu'il soit fait mention de ses intéressantes études surleshelminthes d'Istrie et de Croatie, puisque M. Slossich écrit en italien. Mais je ne comprends pas la raison qui a pu déterminer l’auteur à citer aussi les travaux de Wedl et de Pintner, faits à Trieste, mais publiés à Vienne, en langue allemande, les observa- tions de Marston, faites à Malte, mais publiées à Lon- dres en langue anglaise, La quatrième partie, qui comprend près de 300 pages, est un index bibliographique très complet de tous les travaux publiés en langue italienne ou sur des helmin- thes d'Italie, en comprenant cette expression géogra- phique dans le sens irrédentiste, comme il vient d'être dit. Chacun des 1146 travaux cilés est analysé succinctement. Enfin, l’ouvrage se termine par une liste alphabétique des 894 espèces d’helminthes citées dans la seconde partie, ainsi que par diverses tables. Les critiques qui précèdent ne touchent pas, on le comprend, au fond même de l'ouvrage. Celui-ci s'a- dresse sans doute à un petit nombre de spécialistes ; il leur sera fort utile et on doit louer sans réserve M. Parona d’avoir concu et exécuté ce livre, qui lui à 4 nice tin an tr 0 Cr LÉ d s BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 189 coùté de longues recherches bibliographiques. Il montre d'une facon saisissante dans quelle mesure considérable l'Italie a contribué aux progrès de l’hel- minthologie, fondée par Francesco Redi, l’un de ses plus illustres savants. R. BLANCHARD. 4° Sciences médicales. Marfan (D'), Professeur agrégé, Médecin des Hôpitaux. — La Péritonite tuberculeuse chez les Enfants. Lecons faites à l'Hôpital des Enfants-Malades. — 1 vol. in-8° de 100 pages (Prix : 2 fr.) G. Carré, Paris, 1895. M. Marfan a réuni sous ce titre les lecons qu’il fit sur ce sujet à l’hôpital des Enfants Malades. C’est d’une œuvre de clinique pure qu'il s’agit. L'auteur s’est guidé sur ses propres observations. Chez l'enfant, la péritonite chronique est presque toujours tuberculeuse. Mais il s’en faut que l'invasion du péritoine par le bacille de Koch donne toujours lieu au même complexus symptomatique. La tuberculose revêt des formes variables. Elle peut être localisée ou généralisée. Localisée, elle porte son action vers un ou plusieurs des organes abdominaux; généralisée, elle envahit tout le péritoine, soit d’une facon aiguë, soit en suivant une marche chronique. Aiguë, la péritonite tuberculeuse fait partie de la bacillose miliaire aiguë, généralisée presque d'emblée dans l’universalité des organes, ou bien elle représente un des épisodes de celte forme de tuberculose qui frappe particulièrement les membranes séreuses. Dans ces deux cas, l'attention ne se porte pas uniquement sur le périloine. Chronique, la péritonite est plus intéressante en soi- même, parce que le péritoine est le point capital de la localisation morbide. C’est à cette étude que M. Marfan consacre la plus grande partie de ses lecons. La péritonite tuberculeuse chronique est fréquente . dans la seconde enfance, surtout entre. sept et douze ans. Diverses voies servent au bacille tuberculeux pour gagner le péritoine. L’intestin, les ganglions mésenté- riques iliaques, les organes génitaux, sont indiqués par de sérieuses observations comme point de départ de la tuberculose péritonéale. Mais M. Marfan, tout en reconnaissant la possibilité de ces faits, ne croit pas que ce soit là le moyen ordinaire de la pénétration du bacille. La propagation au péritoine d’une bacillose pleuro-pulmonaire antérieure n’estelle-même acceptable que dans la moitié des cas environ. C’est à une conta- mination par la voie sanguine que s'arrête de préfé- rence M. Marfan pour établir le mécanisme habituel de cette infection. La tuberculose chronique du péritoine se traduit par trois formes : l’ascite tuberculeuse chronique, la péri- tonite fibro-caséeuse, et la péritonite fibro-adhésive. Toutes trois, à des degrés divers, sont susceptibles de guérir. L’ascite tuberculeuse est la plus curable. Elle débute par des douleurs vagues, des Coliques suivies de selles faciles, quelquefois pâles, mal colorées par la bile, et un appareil fébrile modéré. L’ascite apparait insidieu- sement, sans développement des veines sous-cutanées abdominales. Les signes fugaces de pleurésié s'obser- vent souvent aux bases du poumon, Puis, tout s’efface, et il ne reste plus que l’ascite, Celle-ci peut disparaître totalement ou bien laisser quelques noyaux indurés disséminés dans le ventre. La péritonite fibro-caséeuse est d'ordinaire la suite de la précédente. L’ascite diminue, s’enkyste. On trouye des zones irrégulières de malité et de sonorité. Le ventre est inégal, bosselé, présente ces masses appe- lées gâteaux péritonéaux, quelquefois rassemblées dans l’épiploon, qu'elles transforment en corde épi- ploïque. On percoit, par la palpation, des frottements qui déterminent parfois un bruit particulier, le cri intestinal, Les troubles digestifs, la fièvre, l’'amaigrisse- ment s'accentuent et aboutissent à la cachexie. Les signes pulmonaires et les symptômes douloureux sont inconstants. à Le péritoine est souvent ici transformé en une cavité multiloculaire par les adhérences nombreuses qui relient les divers viscères et les anses du paquet intes- tinal. IL s’ensuit des kystes, des collections purulentes, quelquefois même stercorales qui, limitées et traitées chirurgicalement, peuvent guérir. Le phlegmon péri- ombilical en estune variété, En outre, des phénomènes de compression sont la conséquence .de la répartition irrégulière des masses caséeuses dans l'abdomen. Elles rétrécissent le calibre des anses et provoquent une oc- clusion plus ou moins complète ; elles compriment les veines et déterminent des œdèmes; elles englobent les nerfs et amènent des névralgies rebelles. Enfin, les lésions péritonéales peuvent être l’origine d’une tuber- culisation généralisée, La péritonite fibro-adhésive est encore l’aboutissant de la tuberculose. Il se produit une sorte de symphyse intestinale. Elle est en général apyrétique; progressi- vement, elle produit de graves désordres nutritifs, l'atrophie des annexes digestives et la consomption. A cette forme appartiennent encore les complications dues à la compression, à la sténose des divers segments du tube digestif. É En terminant l'exposé clinique des formes de la péri- tonite tuberculeuse, M. Marfan entre dans quelques détails sur l’occlusion intestinale au cours de cette affection. Puis, il donne les indications du traitement médical et du traitement chirurgical. D'une lecture facile, d’une compréhension aisée, systématiquement débarrassées des obseurités théori- ques pathogéniques, ces lecons constituent une mono- graphie claire, où M. Marfan à mis au point l'étude d'un sujet important de pathologie infantile. D' A. LÉTIENNE. Nicolas (D' Ad). — Manuel d'Hygiène coloniale. — Un vol. in-8° de 100 pages (3 fr.). Félix Alcan, éditeur, 108, boulevard Saint-Germain. Paris, 1895. En 1893, la Société francaise d'Hygiène avait mis au concours la rédaction d’un manuel d'hygiène coloniale. Une Commission avait été instituée pour étudier les mémoires envoyés, et c’est en recueillant tous les do- cuments adressés à la Société que M. Nicolas a rédigé le présent ouvrage. Déjà le D' Nicolas, qui avait dirigé le service sanitaire d’une des grandes entreprises du canal de Panama, et avait pu juger, sur les chantiers d'Emperador et de la Culebra, de l'importance de l’hy- giène dans les travaux conduits en pays tropicaux, avait écrit un livre fort intéressant sur les chantiers, en pays paludéen. Il était donc particulièrement dé- signé pour composer ce manuel. Le livre débute par l'étude du campement, ti est exposée avec beaucoup de précision. Les conditions hygiéniques d’un premier établissement influent con- sidérablement sur l’avenir d'une colonie nouvelle ; le choix d’une eau potable, l'enlèvement des nuisances, la mise en culture des terrains ayvoisinant les chantiers sont autant de mesures sanitaires qui peuvent modifier rapidement un pays. La seconde partie est consacrée à l’étude des condi- tions de résistance du colon aux influences débilitantes et pathologiques qui l'entourent, Quand il s’agit des pays malariens, il faut malheureusement reconnaitre que, pendant les premières années, alors que les ter- rains ne sont pas encore assainis, 1l est presque im- possible d'éviter les attaques. La race nègre elle- même, si elle est moins atteinte par les accès de fièvre intermittente, est éprouvée fortement par la cachexie, M. Nicolas insiste avec raison sur ce fait constant, quoique bien peu connu, que les troupes indigènes paient presque toujours à la maladie un tribut plus lourd que les troupes européennes. Mais, quand il s’agit d’entreprise industrielle, il est néces- saire encore de tenir compte des aptitudes de chaque 190 ———————_—_— race, modifiée souvent par les mœurs. J'ai souvent en- tendu nos ingénieurs du canal de Panama se louer des nègres de la Jamaïque, alors que les nègres de la Mar- tinique, citoyens français, étaient des travailleurs in- supportables, indisciplinés et par suite moins résistants. Les conseils que donne le D* Nicolas à propos des blanes sont excellents et ils sont certainement inspirés par son séjour à ce canal interocéanique. Et quand il écrit : « Le rapatriement est toujours notre pierre d’a- choppement », peut-être at-il dans l’esprit cette dé- pêche d’un agent supérieur de la Compagnie du Canal auprès de qui un ingénieur demandait un rapatriement pour un de ses employés français : « Un enterrement coûte moins cher qu'un rapatriement, » Trop souvent, nos colous qui s’exilent n'ont pas obéi en France aux règles banales de l'hygiène, et le lourd tribut qu'ils payent ensuile est souvent du aux tares organiques ou nouvelles qu'ils emportent avec eux. Puisse ce livre éclairer les uns et arrêter les autres ! D: P. LaANGLois. 5° Sciences diverses. Rebière (A.), Examinaleur d'admission à l'Ecole Spé- ciale militaire de Saint-Cyr. — Les Femmes dans la Science, Conférence faite au cercle Saint-Simon. — 1 vol. in-8° de 86 pages. (Prix. 1 fr. 50.) Nony, éditeur, Paris, 189% M. A. Rebière, à qui l’on doit l’intéressant ouvrage intitulé Mathématiques et Mathématiciens, a fait, au cercle Saint-Simon, une conférence sur un sujet aussi curieux qu'ignoré : Les Femmes dans la Science. Le savant conférencier a passé successivement en re- vue les six mathématiciennes les plus célèbres ; Hypatie, Emilie du Châtelet, Marie Agnesi, Sophie Germain, Marie Somerville et Marie Kowalewski. Nous en extrayons les intéressants passages qui suivent : Hvyearig était la fille de Théon, mathématicien, natu- raliste, professeur de l'Ecole d'Alexandrie. Aucune femme peut-être n’a réuni autant de gloire, de beauté et de sagesse qu'Hypatie: on vantait son éloquence; sa voix était qualifiée de divine; sa beauté était célé- brée partout; on lui écrivait : à la Muse, à laphilosophe, à Alexandrie. Exue pe BReTEuIL, plus tard marquise du Châtelet, qui savait, outre le français, le latin, l'anglais, l'italien, eut pour maires de sciences Maupertuis, Clairaut, Jean Bernoulli, Kænig, et le P. Jacquier. Nous citerons cette appréciation de Voltaire, dont elle fut l’amie pendant quinze ans : Une femme qui a traduit et éclairei Newton est vraiment un grand homme, et cette autre d'Ampère : Madame du Châtelet est un génie en géométrie. Marie AGNest, l’oracle des sept langues, savait, outre l'italien, sa langue maternelle, le latin, l'hébreu, l’alle- mand, l'espagnol, le grec et le français. A dix-neuf ans elleavaitsoutenu dans son salon cent quatre-vingt-onze thèses philosophiques. Pour obéir à son père, Marie Agnesi passe de la philologie et de la philosophie aux sciences proprement dites, pour lesquelles elle se pas- sionne bientôt. Le pape Benoît XIV félicita la mathé- maticienne et lui donna une couronne de pierres pré- cieuses et une médaille en or. 11 la nomma lectrice (professeur) de sciences à Bologne. Sopnre GERMaAIN, née en 1776, indignée et épouvantée par la Terreur, n’osant plus sortir, se plongea dans l'Histoire des Mathématiques de Montucla et se sentit attirée irrésistiblement vers les sciences. Elle lut Be- zout, malgré sa famille, la nuit, enveloppée dans ses couvertures, tandis que l'encre gelait dans l’encrier. Elle étudia principalement la Physique mathématique, les Mathématiques générales, puis la Philosophie. Voici quelques opinions compétentes sur Sophie Ger- main : C'est probablement la personne de son sexe qui a pénétré le plus profondément dans les mathématiques, car ici il n'y a point de Clairaut. (Biot.) « Elle fut plus pro- fonde mathématicienne que la marquise du Châtelet et que Marie Agnes, dont elle eut l'esprit philosophique. » BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX (Chasles). De Prony l'appelle « l’'Hypatie du XIX° siéele. » Mary SOMERVILLE avait pour père l'amiral écossais Fairfax, Enfant, elle faisait des collections, observait les astres, étudiait la chimie, avait un maitre à danser et faisait quatre heures de piano par jour. Elle confec- tionnait ses habits elle-même et apprenait la cuisine chez un pâtissier, quand elle apercut un jour, pendant une visite chez une amie de sa mère, à la fin d'un jour- nal de modes, une espèce de problème avec des æet des y. On lui dit que c'était de Palgèbre, et dès ce jour elle ne cessa de s'occuper des sciences. Elle est morte à 92 ans comblée d’honneurs : la reine d'Angleterre lui accordait une pension; Victor-Emma- nuel lui avait donné une grande médaille d’or; elle faisait partie de la plupart des Académies. Sopnie KowaLevsrt descendait de Mathias Corvin, roi de Hongrie, protecteur des lettres et des sciences; elle était fille du général d'artillerie Krukowski, commandant l'arsenal, et petite-fille du général Schubert, mathéma- ticien et topographe. Elle apprit à lire seule et com- menca l'étude des mathématiques à 14 ans. Elle suivit des cours à Berlin, où l'éminent géomètre Weierstrass consentit à lui donner pendant trois ou quatre ans des lecons de mathématiques. L'Université de Gœættingue lui donna le titre de Docteur en philosophie et de Mai- tresse des arts libéraux, sans oral, sur la production de trois thèses originales très remarquables. Sophie Kowalewski mourut jeune (41 ans) d’une at- taque de pleurésie foudroyante, Elle fut, suivant Kro- necker, «une des plus rares investigatrices dans les ma- thématiques». Le conférencier se propose de nous apprendre quelles sont les femmes qui ont travaillé aux progrès des sciences (les savantes professionnelles, les simples cu- rieuses, les collaboratrices, les protectrices), etil recevrait avec reconnaissance les documents, notes ou indica- tions sur ce sujet. Nous joignons notre demande à là sienne en priant nos lecteurs d'adresser les rensei- gnements à M. Rebière (librairie Nony,17,rue des Ecoles, à Paris). -L. BarRé, La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des Sciences, des Lettres et des Arts, paraissant par livrai- sons de 48 pages grand in-8° colombier, avec nombreuses figures intercalées dans le texte et planches en couleurs. 509e, 5129 ef 513° livraisons. (Prix de chaque livrai- son, 1 fr.) H. Ladmirault et Cie, 61, vue de Rennes, Paris, 1895. Les 512° et 513° livraisons renferment : une mono- graphie de la ville et du gouvernement de Kiew (Russie), illustrée de magnifiques dessins, par M. Th. Volkrow ; une description de la ville et du gouvernement de Houang-Toung (Canton); un article sur la race des Khirgis, son habitat, ses mœurs; une description, due à la plume d’un de nos collaborateurs, M. E, Haug, de l'étage jurassique qui porte le nom de Kiméridgien, avec ses divisions, ses principaux faciès el les fossiles caractéristiques qu'on y rencontre ; une curieuse étude du Dr Saury sur la Kleptomanie (monomanie du vol); deux articles d’un de nos collaborateurs, M. le Dr P, Lan- glois sur la noix de Kola et ses propriétés physiolo- giques et sur le Koumis (lait de jument fermenté); l'histoire de la dynastie chinoise des Kin, par M. E. Cha- vannes; enfin de nombreuses biographies, en parti- culier celle de Kirchhoff, physicien allemand, par M. A. Joannis; celle de Klaproth, chimiste allemand qui a dé- couvert etétudié plusieurs terres rares; celle du grand général francais Kléber, par M. E, Charavay; celle du patriote polonais Kosciuszko, par M. Trawinsky;celle du célèbre homme d’Etat et orateur hongrois Kossuth, par M. E. Sayous; celle d’un autre homme d'Etat, le prince Kong, qui vient d'être remis à Ja tête des affaires de la Chine, par M. Ed, Chavannes; celle du grand réforma- teur écossais John Knox, par M. Ch. Langlois; celle de trois grands littérateurs allemands : Klopstock, par M. E. Bailly; Kleist, un des grands romantiques du commence- ment du siècle, et F, de Kotzebue. ; a L Fr L ; } 1 É < 1 | 4 ñ ; | ÿ ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 191 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 28 Janvier 1895. M. le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux- Arts adresse une ampliation du décret par lequel le Président de la République approuve l'élection de M. Hautefeuille dans la Section de Minéralogie. — M. le Secrétaire perpétuel annonce à l’Académie Ja perte qu’elle vient de faire dansla personne de M. Gas- ton de Saporta. — M. Xergott, nommé Correspon- dant pour la Section de Médecine et de Chirurgie, adresse ses remerciements. MM. Prillieux et - Cornu prient l’Académie de les comprendre parmi les candidats à la place vacante dans la Section de Bo- tanique. 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Le Roy montre que la méthode d’approximations successives, au moyen de laquelle M. Poincaré a résolu le problème de Diri- chlet, ne réussit pas seulement pour l'équation de Laplace, mais s'applique encore au refroidissement d’un corps solide par communication. — M. le G*! Ve- nukoff communique les principaux résultats du nivel- lement de précision récemment fait en Russie; le plus important d’entre eux est l'identité bien établie des niveaux des trois mers : Baltique, Noire et d’Azof. 20 ScreNcEs PHYSIQUES. — M. S. Millet adresse un pro- jet de communication avec la planète Mars. — M.R. Pictet adresse une note intitulée : Etude de la consti- tution des liquides etde leurs vapeurs aux températures voisines du point critique par les dissolutions de corps solides dans ces liquides, — M. le Ministre des Affai- res étrangères transmet une lettre de Santiago du Chili, relative au tremblement de terre du 27 oc- tobre 1894, — M. l'Inspecteur général de la navi- ation adresse les états des crues et diminutions de ‘la Seine observées chaque jour au pont Royal et au pont de la Tournelle pendant l’année 1894. — M. P. Vil- lard rapporte certaines expériences qui établissent nettement la dissolution des solides dans les vapeurs, - sans qu'il soit nécessaire pour cela d’invoquer l’exis- _tence, au delà du point critique, de vésicules liquides en suspension dans la vapeur. — M. Jules Garnier tire les conclusions suivantes de l'examen de l’action d'un courant électrique sur une série de métaux sul- furés en fusion. 1° Le soufre combiné aux métaux, à Pétat fondu, à l’abri de l’air et traversé par un cou- moins l’anode, s’élimine peu à peu. 2° Dans un mélange de sulfures métalliques fondus, à l'abri de l'air, tra- versé par un courant électrique, la conductibilité du mélange reste homogène à chaque instant, augmen- tant peu à peu par suite de l’élimination successive du soufre; les métaux et le soufre restant se groupent entre eux de facon que chaque tranche élémentaire du bain, prise perpendiculairement au sens du courant, ait la même conductibilité électrique, — M. Moissan a préparé un borure de fer cristallisé par l’action du chlorure de bore sur le fer réduit ou par l’action du Dore sur le fer. Ilest constitué par des cristaux brillants de densité 7,15 à 489, attaquables par le chlore au rouge et susceptibles de brûler dans l'oxygène; leur véritable dissolvant est l’acide nitrique et, par conséquent, l’eau régale. —M. P.-P. Dehéraïn présente, au nom de l’Asso- ciation des anciens élèves de M. Fremy, une brochure intitulée : « Edmond Fremy, 1814-1894»,— M. Dupon- chel adresse deux nouvelles notes concernant l'adapta- lion des principes de la nouvelle théorie cosmogonique à l'interprétation des formules dans les combinaisons chimiques. —M. A. Ditte examine en détail l’action du . rant électrique, les électrodes étant du charbon, au monosulfure de potassium sur le sulfure de bismuth amorphe et déduit de là un procédé permettant d’ob- tenir ce sulfure bien cristallisé. —M. A. Villiers étudie l'influence des divers facteurs qui interviennent dans la transformation du sulfure de zinc amorphe en sul- fure cristallisé, savoir : la dilution, l’alealinité de la liqueur, les sels étrangers, le mode de lavage. — M. A. Besson a préparé le chlorobromure et le bromure de carbonyleen faisant agir le bromure de bore BoBr* sur l’oxychlorure de carbone; ce sont deux liquides, très dilatables sous l’action de la chaleur, dont la va- peur irrite les yeux et les voies respiratoires en provo- quant une suffocation suivie d’oppression; ils sont len- tement décomposables par l’eau froide et beaucoup plus rapidement à 100° au contact du mercure. — M. A. Rosenstiehl a reconnu que la soude, agissant sur une solution alcoolique de violet cristallisé : A=C,CI, donnait naissance à des corps de la forme géné- rale A5=C, OR qui sont des dérivés du méthane-oxy- méthane CH3.0.CH; leur existence et leur mode de formation font ressortir à nouveau la fonction alcoo- lique des rosanilines. — M. C. Tanret s’est demandé si l’action de l’anhydride acétique sur les alcools don- nait les mêmes résullats en présence de l'acétate de soude fondu ou du chlorure de zinc; les sucres stables se comportent de la même facon, les saccharoses et les polysaccharides fournissent des résultats différents ; le glucose ordinaire donne naissance à trois éthers pentacétiques cristallisés que l’auteur appelle les pen- tacétines «, 8 et y et dont il expose les propriétés, — M. Delépine a déterminé le poids moléculaire de l’hexaméthylène-amine et étudie son action sur les acides minéraux, la nature de sa fonction basique, la formation des dérivés de substitution, et les produits de l'hydrogénation. — MM. H. Lecomte et A. Hébert ont fait l'étude botanique du Koumounou ou Coula du Congo francais et l’étude chimique de ses graines et de l'huile qu’on en retire. L'huile de Koumounou, qui est de la trioline presque pure, offre le curieux exemple d’une matière grasse contenant un seul acide. —M.An- toine de Saporta expose un nouveau procédé pratique de dosage du calcaire dans les terres arables, qui n’exige, comme matériel, qu'un bon densimètre, un thermomètre du genre de ceux de l’alambic Salleron et un matras jaugé. C. MATIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Kaufmann établit de nouveaux faits relatifs au mécanisme de l’hyperglycé- mie et l'influence du système nerveux sur la glycoso- formation et l'histolyse, — M. Sabatier donne encore quelques points de la spermatogenèse chez les Séla- ciens et montre qu'il y a un parallélisme de pro- cessus extrêmement frappant entre la spermatogenèse chez les Sélaciens, chez les Crustacés décapodes, et plus spécialement chez les Carides,chez les Locustides. — M.Boutan a étudié le mode de fixation des Acéphales à l’aide du byssus. L'auteur montre que les Arches sont obligées, pour se fixer, de rejeter l’ancien byssus, lorsqu'un décollement a eu lieu, pour en sécréter un nouveau. Les jeunes peuvent se fixer à l’aide de l’an- cien organe conservé. — M. Le Dantec éludie l’adhé- rence des Amibes aux corps solides et expose que l’adhérence se produit par attraction moléculaire. — M. J. Chatin fouruit de nouvelles observations histo- logiques sur les adaptations fonctionnelles de la cel- lule épidermique chez les Insectes. — M. B. Renault a découvert quelques Micrococcus dans le Stéphanien, terrain houiller supérieur. Ce sont de petites sphères, libres ou soudées par deux, de 2,2u de diamètre. Ge M. hymenophagus complétait l’action destructive du 192 M. Guignardi. — M. Sipière traile le _mildew par un procédé nouveau, le lysolage. La solution à 5 p. 1000 de lysol est pulvérisée, comme le sulfate de cuivre, mais produit une économie annuelle de 28 ©°/0. IL faut faire 3 opérations par an : 4° du 20 au 30 avril; 2 du jer au 8 mai; 3 du ΰr au 8 juin. — M.Prunet a étudié la chytridiose du Mürier. — M. Stanislas Meunier a effectué des recherches expérimentales sur les condi- tions qui ont déterminé les caractères principaux de la surface lunaire. J. MARTIN. Séance du # Février 1S95 M. le Secrétaire perpétuel annonce la perte doulou- reuse que l’Académie vient de faire dans la personne de M. Arthur Cayley, correspondant de la Section d'Astronomie depuis 1863. — La Section de Botanique présente la liste suivante de candidats pour la place laissée vacante par le décès de M. Duchartre : 1° M. L. Guignard ; 2° MM. Baïllon,G.Bonnier, Ed. Bureau, Maxime Cornu, Prillieux, B. Renault, Zeiller. 49 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Hermite lit une notice sur M. Cayley; il rappelle qu’il a fondé la théorie des formes et donné à l’art analytique les notions d'invariants et de covariants qui ont franchi les bornes de l'algèbre et jouent maintenant un rôle considérable dans la théorie des équations différentielles. — M. H. Poincaré généralise certaines propriétés des fonc- tions abéliennes par la considération des fonctions spéciales, c’est-à-dire de celles qui doivent leur origine à une courbe algébrique de genre p, p étant le nombre de variables de la fonction abélienne, — M. Arnau- deau soumet un travail portant pour titre : « Table des nombres triangulaires de 1 à 100,000, suivie d’une table des tangentes naturelles de 0° à 90°, pour des angles variant de 30" en 30° avec textes explicatifs. » — M. le Secrétaire signale un ouvrage de M. Charles Henry intitulé : « Abrégé de la théorie des fonctions elliptiques. » — M. Brocard adresse une note sur le ca- talogue des travaux mathématiques annoncés ou pu- bliés dans les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie, — M. J. J. Landerer commu- nique le résultat de l'observation du passage de l'ombre du quatrième satelliste de Jupiter, qui a eu lieu le 25 janvier, pour une distance du satellite au périjove de son orbite de 10°23 seulement, en même temps qu’il était éloigné de 84°59° du nœud le plus voisin, ce qui constitue un ensemble de circonstances qui ne doit se reproduire qu'après un espace de deux siècles. Les résultats de l'observation s'accordent avec ceux prévus par les calculs de M. Souillart. — M. J. Guil- laume adresse ses observations du soleil faites à l'observatoire de Lyon (équatorial Brunner) pendant le quatrième trimestre de 1894; le nombre des taches diminue ainsi que celui des facules. — M. Eugène Laye expose une méthode analytique et graphique pour le calcul des poutres droites continues solidaires avec leurs piliers; cette méthode nouvelle s'applique quelles que soient les liaisons des piliers avec leur fondation, que ceux-ci soient encastrés à leur base ou reposent sur rotule. — M. Guyou présente un nouveau modéle de propulseur dont lidée lui a élé suggérée par les expériences de M. Marey sur la natation des poissons. Une manivelle, calée sur l'arbre moteur, conduit, par l'intermédiaire d'un mécanisme quel- conque, un point sur une courbe fermée dont le plan est parallèle à la quille; une deuxième manivelle, faisant avec la précédente un petit angle, imprime à un second point un xnouvement identique sur une courbe placée un peu en arrière de la précédente : ce second point est en retard sur le premier d’un intér- valle constant, et lorsque le rapport de la vitesse du navire à celui de la machine sera tel que l’espace par- couru dans cet intervalle soit celui qui sépare les deux courbes, le second point décrira la même trajectoire que le premier dans le liquide. 20 SCIENCES PHYSIQUES, — M. Vañchy établit que, ACADÉMIES ET SOCIETÉS SAVANTES h dans le langage de Maxwell, le vecteur est le dé- À +T/h placement électrique; sa dérivée est la densité du cou- h rant de déplacement, etle vecteur —est la densité du courant de conduction. Le técleue résultant de ces deux densités est la densité du courant total. Il en résulte ce fait que les propriétés admises par Maxwell à titre d'hypothèses sont mathématiquement exactes; seuls le langage et les idées sur la nature des phéno- mènes sont à modifier, — M. G. Moreau introduit dans les équations du mouvement lumineux une force constante pour le cas des milieux absorbants; l'appli- cation de cette théorie à l'étude d'un corps cristallisé dans le système rhomboédrique et qui présenterait le pouvoir rotatoire le conduit à prévoir l'existence d'une dispersion rotatoire anormale identique à la disper- sion de la fuchsine. — M. Georges Meslin montre que si l’on tient compte des chemins réellement parcourus, on trouve, pour le biprisme de Fresnel, un retard nul en chaque point, si l'on suppose négligeable l’épaisseur de verre traversée; le retard en un point provient donc, non de la différence géométrique des deux che- mins, mais bien de la différence des deux retards im- primés par les épaisseurs de verre traversées dans l’ap- pareil qui se comporte, en un mot, comme formé de deux lamelles de verre d'épaisseur différente et dont la différence varie avec le point où l’on étudie l’action, L'expérience confirme ces conclusions du calcul, — M. Raoul Pictet a éludié l'influence des basses tem- pératures sur la puissance d'attraction des aimants artificiels permanents et reconnu que cette attraction ausmente sensiblement quand la température diminue, — M,Ducla adresse un mémoire intitulé : « Contraction au moment de la formation d'un corps composé; clas- sifications faites d’après ces contractions, — M. Ber- thelot communique les résultats obtenus par lord Ray- leigh et M. William Ramsay et la découverte de l’argon, nouveau gaz constitutif de l’atmosphère !. La solubilité du gaz s'élève à 40 centimètres cubes par litre vers 12 à 14°; M. Olszewski le liquéfie et trouve que son point critique està —121°,sous une pression de 50 atm.6; son point d’ébullition est à —187° sous une pression de 740 millimètres. Le rapport des chaleurs spécifiques à pression et à volume constants conduit à regarder la molécule comzie monoatomique. — M. A. Rosen- stiehl montre que l’iodure de méthyle forme, avec les triamines complexes A#%==C—R, deux séries de combi- naisons incolores : {° La première renferme un seul atome d'azote totalement saturé. Les composés de celte classe échangent le radical R avec un radical d'acide et se transforment en matières colorantes, 2 La deuxième série, formée par l'addition de 3 molécules d'iodure de méthyle, renferme trois atomes d'azote totalement saturés, Le groupe R, dans ce cas, ne s'é- change plus contre un radical d'acide et ne se colore plus. — M. G. Bertrand montre que la laccase, subs- lance diatasique contenue dans le latex de l'arbre à laque du Tonkin, est un agent provocateur de l’oxyda- tion, L'hydroquinone et le pyrogallol s’oxydent rapide- ment en présence de l’air et d'une trace de laccase; il y a formation de quinone dans le premier cas et de purpurogalline dans le second. — M. Battandier a reconnu que tous les phénols en solution sulfurique donnent avec la chélidonine une belle coloration d’une intensité et d’une pureté extraordinaires,dont la teinte varie d’un phénol à l’autre, — M. A, Michel-Levy à étudié la réfringence des auréoles polychroïques des minéraux; lorsque les auréoles sont bien développées, à contours francs, à teintes foncées, la réfringence de la partie pigmentée est nettement supérieure à celle du corps non modifié et la différence entre les indices de réfraction similaires peut dépasser, notamment dans la cordiérite, une décimale du deuxième ordre. C. MATIGNON. 1 Voir cette Revue : 1894, p. 958, et 1895, p. 89 à 107. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 193 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Ed. Bureau présente l’état actuel des études sur la végétation des colonies * françaises, des pays de protectorat francais, et montre les heureux résultats acquis et les desiderata pour certains pays. — M. L. Roule, dans un travail sur le développement du corps chez la Crevette et l’Ecrevisse, Montre que le développement terminé et le corps achevé, ce dernier est courbé en deux dans l’œuf. Cette courbure s'établit d'emblée par la formation d’une fente de cli- vage qui pénètre dans la cicatricule, la divise en deux plans et grandit avec ces derniers.—M. Perez a observé la production des femelles et des mâles chez les Méli- ponites.—M.Em. Mer établit l'influence de l'état clima- térique sur la croissance des arbres. — M. Cayeux signale l'existence de nombreux débris de Spongiaires dans les phtanites du précambrien de Bretagne; les Spongiaires rencontrés appartiennent aux ordres des _Monactinellidæ, Tetractlinellidæ, Lithistidæ et peut-être des Hezxuctinellidæ. — MM. Sayn et Lory montrent l'existence d'un Delta sous-marin dans le Crétacé su- périeur,près de Châtillon-en-Diois.— M.Oustimovitch adresse une note sur les phénomènes de la nutrition dans l'organisme animal. J. MARTIN. Séance du 11 Février 1895. M. L. Guignard est élu membre dans la Section de Botanique, en remplacement de feu M, Duchartre. ” 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. Faye présente les tomes IV et V des Annales de l'Observatoire de Nice qui contiennent les inégalités du premier ordre de la planète Vesta produites par l’action de Jupiter, un ca- talogue de 505 nébuleuses très faibles, observées au grand équatorial de Nice, les observations météréolo- giques faites sur le versant nord du mont Gros et les observations magnétiques suivies d’une étude des per- turbations des éléments. — M. J. W. Rasch adresse un mémoire intitulé : Le mesurage du cylindre. — M. Emile Borel considère un développement de À, | ER Taylor: À 5. z", où À, et B, sont des entiers réels et n complexes, premiers entre eux, et démontre qu’en sup- posant B, < M où Mest un nombre déterminé, B, ren- ferme des facteurs premiers dont le module augmente indéfiniment avec n,si le développement représente une fonction méromorphe. — M. J. Beudon montre que la méthode de M. Darboux permet de ramener à l'étude d'équations différentielles ordinaires l’intégra- tion d’un système complètement intégrable, tel qu'à . partir d’un certain ordre p, les dérivées d'ordre p S p, sauf l’une d’entre elles, s'expriment en fonction de cette dernière et des dérivées d’ordre inférieur. — M. Wickersheim adresse une démonstration du pos- tulatum d’Euclide. — M. Drillon présente une note re- lative à un bélier horizontal. 2° Sciences PaysiQues. — M. J. Cauro établit qu'ilne faut employer les bobines à double enroulement que . pour des résistances faibles ; si la résistance augmente, on introduit une erreur de capacité qui peut être plus jade que celle que l'on veut éviter. La capacité se a it sentir dans les bobines à enroulement simple; elle peut devenir prépondérante si la résistance est assez grande, de facon à donner une self-inductionapparente négative; enfin, ces effets de capacité sontnégligeables dans les mesures faites avec les ponts de Wheatstone ordinaires, — M. A. Blondel, après avoir établi la no- tion du flux lumineux, en donne une idée concrète, indépendamment de la cause qui le produit, par l’indi- cation d’une méthode générale et directe de mesure de ce flux, reposant sur les propriétés de la diffusion par transmission. — M. Ch. Fabry montre que les formules ordinaires des lames minces s'appliquent sans modi- fication au phénomène du passage de la lumière à tra- vers une lame mince dans le cas de la réflexion totale. — M. A. Ponsot a étudié l’abaissement du point de congélation des dissolutions étendues de chlorure de sodium et reconnu que, pour des dissolutions trèséten- dues, cet abaissement est toujours proportionnel au poids de sel existant dans 100 grammes de dissolution, ce qui contredit les résultats énoncés par Jones, Arrhé- nius, Loomiset Pickering. —M. C. Fitzgerald adresse un mémoire sur une nouvelle théorie de la précipita- tion atmosphérique de l’eau. — M. Cornu lit un rap- port sur un travail de M. Hardy relatif à l'application des vibrations sonores à l'analyse de deux gaz de den- sités différentes et en particulier à la recherche du gri- sou. La méthode repose sur la variation de la hauteur du son rendu par un tuyau sonore alimenté par un gaz dont on fait varier la densité; cette variation de- vient très sensible pour la production de battements. — M. Jacquiot-Constant adresse une note relative à un projet de téléphotoscope. — M. Garrigou-La- grange établit des relations nouvelles entre les mou- vements barométriques sur l'hémisphère nord et les mouvements en déclinaison du Soleilet de la Lune. — MM. Berthelot et André ont étudié la répartition de l’alumine dans les plantes ; elle peut exister dans les plantes annuelles pourvues de racines abondantes et profondes, mais elle n'arrive aux feuilles qu’en dose infinitésimale. — M. Henri Moissan, en faisant agir la chaleur produite par un arc électrique dont l'in- tensité est variable, sur un mélange d'acide titanique et de charbon, a obtenu : 1° le protoxyde bleu de ti- tane, 2° l’azoture de titane fondu, Ti2Az?, 3° le titane fondu ou un carbure cristallisé Ti C. Le titane fondu est le corpsle plus réfractaire obtenu jusqu'ici au four électrique ; il est plus infusible que le vanadium; on ne peutle préparer qu’au moyen de l’arc produit par une machine de 100 chevaux. L'ensemble de ses propriétés le rapproche nettement des métalloïdes et en particu- lier du silicium. — MM. A. Haller et A. Guyot ont pré- paré quelques dérivés de la phénolphtaléine et parti- culièrement la diéthylphtaléine, soit par l’action du chlorure de phtalyle surle phénétol en présence du chlorure d'aluminium, soit par celle de l’iodure d’éthyle sur la dissolution d’une molécule de phtaléine dans deux molécules d’éthylate de sodium. — M. A. Ditte analyse les diverses actions de l’acide sulfhydrique sur les dissolutions d'or et celles d’un sulfure alcalin sur le sulfure d'or. — M. A. Villiers indique une méthode générale pour déterminer la cristallisation des préci- pités qui consiste à congeler complètement le dissol- vant où le précipité se réunit dans la partie centrale du bloc de glace en subissant une pression considé- rable. L'auteur applique sa méthode aux sulfures de zinc et de manganèse et à l'hydrate d'oxyde de cuivre. — MM. E. Jungfleisch et Léger ont constaté que la cinchonigine est dimorphe; cette base fournit le pre- mier exemple d’un corps dimorphe possédant le pou- voir rotatoire moléculaire spécifique. Les deux formes se changent facilement l'une dans l’autre; la forme clinorhombique est stable à la température ordinaire, la forme orthorhombique l’est vers 35°. — M. Etard expose ses idées sur la pluralité des chlorophylles et donne la description d'une deuxième chlorophylle isolée dans la luzerne, à laquelle il donne le nom de médicagophyile 8; ce nouveau composé répond à la formule C#? H63 Az O!i, — M. A. Rosenstiehl compare les formules des dérivés colorés et celles des dérivés incolores de l'hexaméthyl-triamidotriphénylméthane et déduit quelques remarques générales sur leur cons- titution, — M. Louis Henry donne le mode de prépa- ration et les propriétés d’un éther d’un genrenouveau : le lactate de méthylène, à la fois éther d’acide et éther d'alcool. — M. A. Andouard a comparé la valeur agri- cole du phosphate d’alumine du Grand-Connétable à la valeur des principaux phosphates de chaux fossiles connus et reconnu que son assimilation était plus ra- pide et qu’il donnait les meilleurs résultats. C. MATIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. E. Sans adresse une note sur un procédé de destruction du phylloxera. — 19% ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES M. F. Le Dantec étudie le rapport de la forme géné- rale à la composition du corps chez les Protozoaires ; il résulte que les fonctions de la vie individuelle s’accom- pliraient dans le protoplasma, en l'absence du noyau, si lon supposait maintenue constante, par un procédé quelconque, la composition de ce protoplasma; des expériences de M. Balbiani, on peut d'ailleurs conclure que chaque forme d’'Infusoire est caractéristique d’une composition chimique déterminée, ne se maintenant constante qu'en présence du noyau. — M. Audouard fait une étude de la valeur agricole du phosphate d’alumine du Grand-Connétable, — M, A. Lacroix rend compte des phénomènes de contact de la Iherzo- lite des Pyrénées, Les roches sédimentaires modifiées, appartenant au jurassique inférieur, sont des calcaires, des marnes calcaires et des grès. J. Marrix. ACADEMIE DE MEDECINE Séance du 5 Février 1895. L'Académie procède à l'élection de deux correspon- dants nationaux dans la Ir Division (Médecine). MM. Liégeois (de Bainville-aux-Saules, Vosges) et .Teissier (de Lyon) sont élus. M. Laveran présente un rapport sur deux mémoires du D' Bonnal concernant la chaleur de l’homme pen- dant le mouvement, et le mécanisme de la mort sous l'influence de la chaleur, — M. J.-V. Laborde continue sa communication sur la valeur comparative des diffé- rents procédés employés dans le traitement de la mort apparente en étudiant les procédés d’insufflation. Il montre que, dans l’insufflation bouche à bouche, l'air ne pénètre presque pas dans les voies respiratoires et n’agit que comme simple excitant réflexe sur la muqueuse buccopharyngée et laryngée. Dans l’insuffla- tion à l’aide du tube laryngien, l'air pénètre en plus grande quantité dans le poumon, mais y agit surtout comme excilant de la muqueuse broncho-pulmonaire, et non comme aliment respiratoire et hématosique. D'ailleurs, cet air, qui est de l’air expiré par le prati- cien, contient une notable quantité d’acide carbonique qui exerce plutôt une action nocive Sur le sang. Aussi, linsufflation laryngée ne devrait-elle être pratiquée qu'avec la poire à insufiler. Le procédé du soufflet est le meilleur de tous, mais il est difficilement applicable dans le cas de l’asphyxie des nouveau-nés. — M. Je D' Galezowski lit un mémoire sur les affections ocu- laires qu'il a observées en Perse. Séance du 12 Février 1895. Le Président annonce à l’Académie la mort de M. Regnault, ancien président, et lève la séance en signe de deuil. Il annonce également la mort de M. Farge (d'Angers), Correspondant dans la 1° Divi- sion. L'Académie procède à l'élection de deux correspon- dants nationaux dans la Il° Division (Chirurgie). MM. J. Boekel et Combalat sont élus. SOCIETE DE BIOLOGIE Séance du 2? Février 1895. M. Mathias-Duval expose une théorie histologique des actes cérébraux, basée sur les travaux anatomiques de Golgi et de Ramon y Cajal, qui ont montré qu'iln'y avait pas continuilé dans toute l'étendue du système nerveux, mais simple contiguité des prolongements des cellules nerveuses. M. Mathias-Duval considère les extrémités des cellules nerveuses comme douées de mouvements amiboides leur permettant de s’allonger ou de se rétracter, de s’approther ou de s'éloigner. Pendant le sommeil, ces extrémités sont rétractées et éloignées les unes des autres; la transmission des excitations ne peut plus avoir lieu, d’où impossibilité de percevoir des sensations. — MM. Courmont et Doyon ont trouvé que l’intoxication diphtérique expé- rimentale produit, après une période d’incubation plus ou moins longue, une forte hypothermie. Dans une seconde note, ils étudient le: lésions intestinales produites par la toxine diphtérique; celle-ci donne lieu à une vaso-dilatation intense, puis à la formation d’une entérite pseudo-membraneuse, — MM. Surmont : et Gaudier (de Lille) ont étudié les inflammations chroniques de la mamelle et reconnu qu'elles étaient dues au staphylocoque blanc, — M. Marinesco a observé des connexions entre le corps strié et le lobe frontal, — M. P. Masoin a dosé l’oxyhémoglobine dans le sang de trois myxædémateux. — M. Retterer a étudié le développement des synoviales tendineuses et des bourses muqueuses chez le lapin, — M. de Sil- vestri présente quelques observations sur l’étiologie de la dysenterie. Séance du 9 Février 1895. M. Nocard a constaté la présence fréquente de microbes dans le sang, même normal, En outre, les microbes peuvent passer de l'intestin dans les chyli- fères, surtout après le repas et à la faveur des globules graisseux. — M. Rénon à étudié la résistance des spores de l’Aspergillus fumigatus. — M. Contejean, continuantsgs études sur l’incoagulabilité du sang après une injection intra-veineuse de peptone, a trouvé que cette incoagulabilité devait être attribuée à une subs- tance formée dans l'organisme sous l'influence de la peptone, et que celte substance se formait dans le foie et les masses intestinales. — M. Noé a étudié l'élimination des médicaments dans les néphrites et les crises urinaires, — M. Lépine (de Lyon) envoie une réclamation de priorité au sujet de la théorie émise dans la séance précédente par M.Mathias-Duval.Ceder- nier réplique que ses idées sont plus générales et plus compréhensives que celles de M. Lépine, — M. Galippe « { pau rare pr bou 07 aile fi ion a 2.3? ruines ge À pa de démontre qu'un grand nombre de calculs formés dans l'organisme sont d’origine microbienne. — M. Azoulay montre les dessins de coupes de la substance corticale du cervelet. À SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 1° Février 1895. M. Hurmuzesceu éludie la force électromotrice d’aimantation., C’est de {8$1 que date la première expé- rience dans laquelle on ait pu manifester l'influence de l’aimantation sur les phénomènes chimiques. Si on verse du sulfate de cuivre dans une cuvelte de fer mince posée sur les pôles d’un électro-aimant, le cuivre w se dépose suivant des lignesnormales aux lignes de force, \ par suite suivant des lignes équipotentielles. Dépuis, de nombreux expérimentateurs ont repris cette ques- lion, mais ils sont en désaccord sur le sens de la force n électromotrice d’aimantation, Les uns trouvent que le fer aimanté est négatif par rapport au fer neutre, c’est à-dire que le premier est plus attaquable par l'acide { que le fer neutre, D'autres concluent à un résultat opposé. Les recherches théoriques de MM. Duhem et. Janet confirment la seconde opinion. M. Hurmuzesecu a repris cette étude, Il à substitué l’électromètre capil-. laire au galvanomètre, De cette facon, il peutemployer des liquides très résistants contenant très peu d'acide et produisant une attaque plus régulière. Puis il s’af- franchit des phénomènes de polarisation des sels den fer et aussi des variations de résistance du sel suivant. son orientation dans le champ. Il prend des électrodes à la Wollaston dont le fil a une section notable, bien. plane, et d’une orientation déterminée par rapport au champ, Ces électrodes plongent dans les deux branches verticales d’un tube de verre en U qui contient la dis- solution à étudier, Une seule des deux branches est placée. dans le champ d’un fort électro-aimant, Le liquide employé a été uné dissolution faible d'acides acétique ou d’acide oxalique, et les électrodes ont élén formées tantôt d’un métal magnétique comme le fer ou le nickel, tantôt d’un métal diamagnétique, comme le bismuth., Les résultats se partagent en deux groupes, suivant que l’électrode est disposée normalement au champ magnétique, ou, au contraire, dans la direction UE R dE eo du champ. Dans le premier cas, quel que soit le sens “de l’aimantation, le fer aimanté est toujours positif par rapport au fer non aimanté. La courbe qui repré- cs ente la force électromotrice d’aimantation en fonction . de l'intensité du champ s’élève constamment, en pré- - sentant un point d'inflexion pourun champ de 2.400 uni- tés. La courbe du nickel a la même allure que celle du fer, mais les valeurs de la f.e.l m. sont beaucoup plus faibles. Avec le bismuth, ces valeurs sont telle- ment faibles qu’on ne peut que caractériser le sens du phénomène. L'électrode aimantée est négative par rap- pot à celle qui ne l’est pas. L'auteur s’est alors proposé . Vobtenir théoriquement l’expression de la force élec- -fromotrice d’aimantation. Le principe de la conserva- _ tion de l'énergie lui fournit, sous certaines hypothèses, - une expression en harmonie avec les résultats de l’ex- _périence. M. Hurmuzescu signale en passant qu'il à observé parfois une contraction de volume des sels de fer. Il aborde ensuite l’étude du second cas dans lequel _Pélectrode est disposée suivant la direction du champ. Lorsque l’électrode placée dans le champ magnétique plonge dans une dissolution exempte de sel de fer, c'est-à-dire non magnélique, on rencontre encore une . force électromotrice de même sens que dans le cas précédent, mais beaucoup plus faible. L’électrode placée dans le champ est donc encore positive par rapport à l’autre. Mais, lorsque dans la dissolution i sé forme un sel de fer, on voit la force électromotrice diminuer et même changer de signe lorsque la disso- lution devient riche en sel de fer. C’est probablement la divergence des résultats obtenus suivant le degré de _ concentration qui est la cause du désaccord entre les travaux des expérimentateurs précédents. — M. Janet rappelle les résultats qu'il a démontrés en 1887 sur cette même question et montre comment il avait . cherché à les vérifier expérimentalement, Il a démontré par l'application du principe de l’équivalence, indépen- damment de toute hypothèse, que la chaleur de com- - binaison du fer dans un champ magnétique est néces- Sairement plus petite qu’en dehors du champ. Ce point, difficile à vérifier par le calorimètre, il a cherché -à le contrôler indirectement par la force électromo- ice. Celle-ci doit diminuer quand on prend une pile dont le pôle négatif est formé par du fer ou du nickel, et qu'on place la pile dans un champ magnétique. Bien que lessdéterminations n'aient pas présenté une con- cordance assez parfaite pour que l’auteur ait pu les publier, cependantles valeurs trouvées pour laf.e.l.m. : d’une pile, d’abord non aimantée puis aimantée, onttou- jours différé dans le sens prévu. — M. Broca présente, au nom de M. Weiss, un focomètre s'appliquant à la -mesure de la puissance d’un système centré quel- conque. Son principe est le suivant. On place dans l’un des plans principaux du système à étudier un objet de . dimension connue a, Appelons # l’angle sous lequel cet objet est venu du point nodal correspondant. On a la relation a — ftso, d'où on peut tirer f si l'on me- _Sure 9. Pour cela, on observe l’image de a dans un objectit étalon de distance focale connue, et au foyer duquel se trouve un micromètre qui servira à mesurer . Ja grandeur de l’image. De cette mesure on déduira Je diamètre apparent + de l’image à travers le système. On vérifie que l’objet est dans le plan focal du système en constatant qu'il n’y a aucune parallaxe. D'autre part, pour obtenir un objectif de distance focale déter- minée, par exemple 10 centimètres, on accole l’une contre l’autre deux lentilles ayant chacune une dis- tance focale d'un peu moins de 20 centimètres, de _sorte que le système est un peu trop convergent. Puis on écarte progressivement les deux lentilles l’une de _lautre jusqu’à ce que l’image d’une mire éloignée ait exactement la dimension correspondant à la distance focale assignée. L'appareil ainsi décrit suppose néces- sairement le plan focal réel, pour que l’objet puisse y être placé. Mais il est facile de le compléter pour le cas d’un plan focal virtuel. Edgard Haunté, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 195 SOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE Séance du 23 Janvier 1895. . M. Païnlevé : Sur la transformation des équations de la mécanique. — M. Desaint : Sur quelques appli- cations de considérations mécaniques à la théorie des fonctions. — M. Humbert étend à la surface de Kummer les théorèmes'de Poncelet en prenant pour côtés des polygones inscrits des droites appartenant à deux des complexes du second ordre dont la surface de Kummer est la surface singulière. -— M, Fouret pré- sente une remarque sur une communication de M. Mannheim, relative aux lignes de courbure des ellipsoides. — M. Humbert ajoute quelques observa- tions à la communication précédente. Séance du 6 Février 1895. M. Bioche donne des propriétés caractéristiques des surfaces du troisième ordre qui admettent comme ligne asymptotique une cubique gauche; il fait égale- ment connaitre la condition pour qu'un faisceau de coniques soit composé des projections d'une cubique gauche. — M. Goursat expose une démonstration nou- velle d’une formule de la théorie des fonctions ellip- tiques dont il fait l’application au problème de lin- version, — M. Balitrand adresse une note sur le développement des coordonnées d’un point dans le mouvement relatif et sur la courbure des lignes ortho- gonales. M. D'OcaGne. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES SCIENCES NATURELLES BL. Enill M., B., Professeur adjoint de physiologie, University Collège Londres. — Influence de la pesan- teur sur la circulation. — L’auteur, après avoir présenté une critique des travaux de Blumberg et Wagner sur la question et établi qu’on ne pouvait dé- terminer le point d’indifférence par leur méthode, ex- pose ses expériences qui ont porté sur un malade tré- pané, et ensuite sur des chiens. La pression générale normale devenait chez eux négative lorsqu'ils avaient les pattes tournées vers la terre; positive, lorsqu'ils avaient les pattes tournées enl’air. L’auteur a construit un porte-animal qu'on peut faire tourner autour d’un axe horizontal. La canule en relation avec le vaisseau en observation était toujours placée dans cet axe, et en rapport avec un manomètre hydrostatique fixe. Les moments hydrostatiques et dynamiques ont été re- cherchés et isolés en observant soigneusement les effets de la section et de l'excitation des nerfs va- gues et splanchniques et de la moelle épinière, ainsi que l’action des anesthésiques du curare, et de las- phyxie. Les expériences ont porté sur des lapins, des chats, des chiens et des singes; dans toutes les expé- riences, les animaux étaient anesthésiés et placés sur une planche avec les membres étendus dans la même direction que l’axe longitudinal du corps. Les pressions veineuses ont été prises au moyen d’un manomètre rempli d’une solution saturée de Mg SO, et en relation avec un délicat tambour ou piston enregistreur. La pression veineuse cérébrale a été prise au pressoir d'Hérophile par la méthode décrite par l’auteur au tome LV des Proc. of the N. Soc. Les tracés respiratoires ont été pris au moyen d’une large bande de cuir passée autour du thorax et en relation à chaque extrémité avec un tambour de Paul Bert. Les tracés obtenus ont permis d'arriver aux conclusions suivantes : (1) La pe- santeur doit être resardée comme un facteur cardinal en ce qui concerne la circulation du sang. (2) L’impor- tante fonction de compenser les simples effets hy- drostatiques de la pesanteur dans les changements de position, doit être attribuée au mécanisme vaso-moteur splanchnique. (3) Les effets du changement de position constituent un critérium très délicat de l’état du méca- nisme vaso-moteur. (4) La proportion de la compensa- tion dépend largement des différences individuelles. 196 (5) La compensation est beaucoup plus complète chez les animaux qui se tiennent debout, comme le singe, que chez les lapins, les chats ou les chiens, et, par con- séquent, probablement beaucoup plus complète chez l’homme, (6) Chez certains singes anormaux, il se pro- duit une compensation qui surpasse les effets hydrosta- tiques. (7) Chez le singe normal et l’homme, la pesan- teur ne détermine que de légères perturbations en raison de la perfection du mécanisme compensateur. {8) Lorsque le pouvoir compensateur est entravé par la paralysie des vaso-constricteurs splanchniques, l'in- fluence de la pesanteur devient d’une importance capi- tale. (9) La position les pieds en bas est beaucoup plus grave que la position les pieds en l'air, parce que, lorsque le pouvoir de compensation à disparu, le sang passe dans les veines abdominales, le cœur se vide et la circulation cérébrale cesse. (10) La position les pieds en l’air n’a, d’une manière générale, aucun mauvais résultat. (11) Les positions horizontales et les pieds en l'air font disparaitre la syncope produite par la position les pieds en bas en faisant agir la pesanteur dans le même sens que le cœur et en rétablissant ainsi la cir- culation cérébrale, (12) Le bandage énergique de l’ab- domen a le même résultat, tant que le cœur deméure normal; aussi longtemps qu'une pression mécanique est exercée sur les veines abdominales, la pression sanguine ne tombe point, (13) Lorsque le cœur est at- teint (empoisonnement par le chloroforme ou le cu- rare, etc.), la pression n'est qu'incomplètement res- taurée et il peut s'arrêter subitement par l’irruption d'une grande quantité de sang déterminée par une compression trop rapide de l'abdomen. On impose au cœur plus de travail que dans son état d’affaiblisse- ment il n’en peut accomplir. (14) L'inhibition sympa- thique et l'accélération cardiaque sont des mécanismes compensaleurs subsidiaires dans les positions les pieds en l'air et les pieds en bas respectivement. (15) Le chloroforme paralyse rapidement le mécanisme vaso- moteur compensateur et agit sur le cœur, (16) L’éther ne paralyse le mécanisme vaso-moteur compensateur que très lentement, et seulement à des doses énormes, (17) La paralysie vaso-motrice produite par ces anes- thésiques dure longtemps après qu'on a cessé de les appliquer. (18) Le chloroforme peut, en faisant dispa- raître la compensation pour la pesanteur, tuer l’ani- mal, s'il est placé de telle facon qu'il ait l'abdomen à un niveau inférieur à celui du cœur. (19) L'élévation- ou la compression de l'abdomen compense immédiate- ment la paralysie vaso-motrice produite par le chloro- forme. (20) La compression ou l'élévation de l'abdomen, unie à la respiration artificielle et à la compression du cœur à travers les parois thoraciques, est le meilleur moyen de faire sortir un animal du collapsus chloro- formique. Ces résultats concordent entièrement avec ceux de Mac Williams, et sont en opposition avec ceux de la commission d'Hyderahad. (21) La position les pieds en bas inhibe la respiration; la position les pieds en l’air l’accélère. (22) Ces phénomènes respiratoires résultent probablement de l'excitation des terminai- sons des nerfs sensitifs par les changements de tension déterminés par les changements de position. La section des nerfs vagues le fait en effet disparaitre. (23) Dans la position les pieds en bas, la respiration est thora- cique et l'abdomen rétracté ; dans la position les pieds en l'air, la respiration est diaphragmatique, et l'ab- domen se dilate librement. {24) Ces types de respi- ration tendent à compenser les effets de la pesan- teur sur la respiration, car la rétraction de l'abdomen, dans la position les pieds en bas, vient en aide mécaniquement aux veines abdominales, tandis que les inspirations thoraciques aspirent le sang dans le cœur. Dans la position les pieds en l'air, la libre expan- sion de l'abdomen enlève tous les obstacles à la dilata- tion compensatrice des veines abdominales. La dernière partie de ce mémoire est consacrée à l'étude des applications médicales, L'auteur suppose que la syncope émotionnelle est due à la paralysie de ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES l'aire splanchnique, et il cite un cas où la syncope a disparu immédiatement à la suite de la compression de” l'abdomen. Le même traitement ou celui de l'élévation de l'abdomen peut être appliqué dans le shock, le col: lapsus chloroformique, et après les hémorrhagiess graves. L'auteur rapproche les résultats auxquels il. est arrivé de ceux qu'a obtenus sur l’homme le. D: George Oliver en mesurant le diamètre de l'artère radiale avec l’artériomètre, : SOCIETE DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 11 Janvier 1895. ÿ M. le P' Ramsay et M!e Dorothy Marschall, pour. étudier les chaleurs de vaporisation de divers liquides organiques, se sont servis de petits tubes laissant pas sage à un fil de platine, qui permettait ainsi de fairem arriver un courant électrique dans le liquide, et, par“ ce moyen, de lui communiquer la chaleur nécessaire à4 sa vaporisalion. Ce petit tube est enfermé à son tour dans un manchon plus vaste renfermant de la vapeur du même liquide. Avant de lancer le courant, on amène le liquide à une température voisine de som point d'ébullition, mais qui ne détermine pas encore une vaporisation appréciable, Aussitôt que le courant passe dans ce liquide, il détermine la vaporisation, ebl toute la chaleur produite par le courant est employée pour vaporiser le liquide, Pour deux liquides, la quan: tité de chaleur totale dépensée, divisée par les quan=" tités de liquide réduites à l’état de vapeur, est égale àl la quantité de leur chaleur latente de vaporisations Comme liquide témoin, les auteurs préfèrent l'alcool à l’eau à cause de son point d’ébullition qui est moins” élevé et se produit plus uniformément. — M. Eumor- fopoulos : Sur la détermination de la conductibilité eb de l'émission de la chaleur. — M. A.-W. Porter : In fluence exercée par les dimensions d’un corps sur l'émission de chaleur exercée par sa surface. On croit généralement que, pour un corps placé dans le vide ou dans l'air, son pouvoir émissif est indépendant de ses” dimensions, Les résultats expérimentaux obtenus par, Péclet pour le cylindre et la sphère de différentes di=n mensions démontrent bien, toutefois, que l’on doit tenir compte des dimensions dans l’évaluation du pou: voir émissif pour la chaleur, Dans ses expériences sur des barres de métaux, l’auteur est arrivé à la même conclusion que Péclet, Ayrton et Kilgour, et il a pun établir que ce pouvoir émissif pouvait être représenté par la formule : e = h + c a (logR — loga) dans laquelle e est le pouvoir émissif; 4, le rayon der la barre ; R, le rayon du cylindre creux entourant cette barre et dont on a calculé l'excès de température; À ebn e sont des constantes. — M. G.-U Yule : Sur le pas: sage d’une onde électromagnétique tombant en incis dence normale sur une plaque conductrice diélectrique: SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES M.J. Y. Buchanan F. R.S. : Sur l'usage de la sphère dans les études cristallographiques, L'auteur montre que dans les études cristallographiques on peut, comme dans les études astronomiques, se servir d'une sphère. suc laquelle on peut tracer et mesurer des figures) et des ares. Cette application peut servir dans tous les cas où on a d'habitude recours. à la trigonométrie. sphérique, — M. H. J. H. Fenton : Sur une nouvelle, méthode de préparation de l'acide dihydroxytartrique et de l'emploi de cet acide comme réactif pour les come posés du sodium, Ce réactif est très sensible pour le sodium et ses composés et ne réagit pas avec les sels de potassium ou d'ammonium. — M. Alfred C. Clap- man : Sur une huile essentielle du goudron, —1 MM. Francis, R.JappF.R.S.: Réactions des dikétones 1,2, sur les amines primaires de la formule générale G H2. Az H, (2° communicalion). La benzyle et l'é- lamine réagissent entre elles suivant l’équation : Hs.CO CSHS.CAz(C2H5) nn |+2C°H5AzH?— I B6H5.CO C5H*.C Az ï produisant une N éthyl-diphénylw méthylimidazol. L'iodure d’éthyle fournit un dérivéde l’iodure d’ammo- nium quaternaire : Dc.cH5-+2H°0-+H: C6HS.C.AzI(C2H°} I > C.CHS C5H5.C—— A7 . méthylamine donne avec la phénanthrènequinone a N méthyl-diphenylène imidoazol. * Enfin la phénanthrènequinone etla benzylamine réa- _gissent suivant l’équation : | CSH4.CO CSH5.C. O\ je | -- CSH°CH2AzH? — | C.CcH5+ H20 + H° CHt.CO CSH4.C.Az/ en même temps qu'il se forme un composé plus soluble ayant un point de fusion plus élevé et qui a probable- à ment pour formule : C?# H!7 Az 0. — M. R. Meldola F.R.S.et F. W. Streatfield : Sur les isomères du dini- trodiazobenzène etleurs points de fusion. — M. Edward Schunck EF. R.S. : Sur la matière colorante jaune de la | Saphora Japonica. e ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE ] Séance du 18 Janvier 1895. L 4° SciENcES PHYSIQUES. — M, G. Jaumann : Varialion du potentiel donnant des élincelles. — MM. Boltzmam et Bryan : Analogie mécanique de l’équilibre de la chaleur entre deux corps au contact. — MM. Elster et H. Gestel : Observations électriques faites au sommet du Sonnblick. — M. Wilhelm Kaiser : Appareil simple pour soumettre à l’électrolyse les corps examinés au microscope, et applicable particulièrement à l'étude électro-physiologique des infusoires et des bactéries. — M. Frenkna : 1° Sur une relation étroite entre l’excen- tricité des orbites des huit planètes principales et l'excentricité des orbites de laiTerre et de la Lune; 29 Lois générales des aplatissements des ellipsoïdes de rotation et relation particulière entre les aplatisse- ments de la Terre, de Jupiter et de Saturne.— M. Adolf -Kratshemer : Les mouvements cachés dans la nature. Mémoire contenant les bases d’une nouvelle chimie. — M. Wenieck adresse plusieurs reproductions pho- tographiques parlielles de la Lune, obtenues en gros- sissant les épreuves de MM. Lœwy et Puiseux, au grand équatorial coudé de Paris, et supérieures aux épreuves antérieures provenant de l’observaloire de Eick. — M. Konrad Natterer : Examen chimique de Veau de la mer de Marmara, prise à des profondeurs variées, Expédition faite à bord du Taurus, — MM. Lipp- mann et Fleissner : Sur l’apoquinine et son éther, — M. Philipp Heberdey : Etude des cristaux artificiels de bismuth et d’antimoine formés dans certaines opé- ralions métallurgiques. — M. Léon Donciu : Action du chloresur l’éthylène glycol. A 140-180° il passe la chlo- rhydrine correspondante et il reste un mélange de deux composés : l’un C2H?(0?C?H'} est un acétate, l’autre est un alcool polyéthylénique. — M. Rudolf Andreasch a : préparé l'acide diméthylviolurique par l’action de l’hy- ; droxylamine sur le diméthylalloxane et prépare tous ses sels, qui sont d’une beauté remarquable. L’oxyda- tion fournit l'acide diméthyldiliturique dont les sels eristallisent bien et ont une couleur jaune verdâtre. 20 SCIENCES NATURELLES. — M. Haberlandt : Re- cherches anatomiques et physiologiques sur les feuilles. Organes absorbant etéliminant l’eau (2°communication). — M. Fuchs : Etudes sur les fucoïdes, — M. Rudolf :Sturany : Liste de la détermination des mollusques recueillis par M. Natterer lors de son expédition sur la mer de Marmara à bord du Taurus, — M. V. Ebnor : Anatomie des Cyclostomes. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 197 ACADÉMIE DES SCIENCES D’AMSTERDAM Séance du 26 Janvier 189+. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. H.-G. van de Sande Bakhuyzen s'occupe des marées au Helder, à Ymui- den et au hoek van Holland. D’après la méthode de l'analyse harmonique, développée par M, Darwin (Report ofthe British Association, 1883), il décompose les varia- tions irrégulières des angles horaires du soleil et de la lune en une série de mouvements à termes périodi- ques, dépendant d’arcs proportionnels au temps et de coefficients constants. La somme de ces termes pério- diques, connue sous le nom de marées astronomiques, fait connaitre la hauteur des marées, si cette hauteur est une fraction insignifiante de la profondeur de la mer; en des eaux peu profondes, la hauteur des ondes est modifiée considérablement, D'abord, la forme si- nusoïdale des ondes varie en une courbe représentable par une série de termes périodiques dont l’accroisse- ment des arcs dans l’unité de temps est un multiple de celui de l'onde originale; ces ondes portent le nom de marées accessoires. Ensuite, l’interférence de deux ondes, pour lesquelles l’accroissement des ares est différent, fait naître des ondes nouvelles pour les- quelles l'accroissement des arcs est la différence et la somme des accroissements des ondes originales; on les appelles marées composées. Et enfin, on parle de marées météorologiques causées par des variations an- nuelles régulières de la pression atmosphérique, de la température et de la force du vent. Les résultats dé- posés dans des tables sont représentés graphiquement dans le tableau suivant (fig. 1): Æ É È . — Tubleau de diverses marées. ch = # | _ Ce tableau fait ressortir le caractère particulier des marées au Helder, Après avoir atteint une hauteur maximum, le flux s'abaisse pendant une heure et regagne un second maximum après deux heures. L’au- teur réfute l’opinion courante qui voit dans cette par- ticularité l'effet de l’interférence de deux marées dif- férentes qui se propagent de l'océan Atlantique vers la mer du Nord et dont l’une prend sa course par la Manche, tandis que l’autre vient de la frontière sep- tentrionale de l’Ecosse. II démontre que le phénomène est causé par l'influence des marées accessoires de la lune. A Ymuiden et au hoek van Holland, ces mêmes marées accessoires, au lieu de causer deux maximums, 198 font naître des courbures anormales de la courbe ascen. dante ou descendante, — Ensuite, M. Bakhuyzen pré- sente un mémoire de M. H.-J. Zwiers intitulé : « Re- cherches sur l'orbite de la comète périodique d'Holmes et sur les perturbations de son mouvement elliptique. » 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. J.-D. van der Waals : Sur la signification cinétique du potentiel thermody- namique. D’après la thermodynamique, Les trois quan- tités, température, pression, potentiel thermodyna- mique, ont la même valeur dans chacune des deux phases d’une même matière qui se trouvent en équi- libre l’une avec l’autre dans un même espace. Quand le système est influencé par des forces extérieures, la pression varie dans l’intérieur des masses de chaque phase; néanmoins, elle acquiert les mêmes valeurs, de part et d'autre de la surface de contact, D’un autre côté, la théorie cinétique à démontré la nécessité de l'égalité des températures et celle des pressions, même dans des cas plus généraux. Elle fait voir que l’état stationnaire exige que la force vive moyenne ait la même valeur par tout l’espace. Bien qu'à présent la démonstration ne porte que sur l'état gazeux raréfié, la théorie cinétique a le mérite d’avoir traduit la condition de l’égalité des températures par la condition plus intuitive de l'égalité de la force vive moyenne, Au contraire, elle s’est peu occupée de la condition de l'égalité des potentiels thermodynamiques. Pourtant, cette égalité a une signification évidente dans le langage de la théorie cinétique. L'égalité des tempé- ratures et celle des pressions sont des conditions d'équilibre pour chacune des deux phases consi- dérées séparément. La nouvelle condition pour qu’elles soient en équilibre l’une en contact avec l’autre, s'exprime par l’égalité des nombres de molé- cules qui traversent une partie de la surface de con- tact de part et d'autre. Donc, il faut que légalité des potentiels thermodynamiques, üéduite de considéra- tions thermodynamiques, mène à des équations qui exprimentl’égalité des nombres de molécules échangées par les deux phases (voir Kamerling Onnes, Mém. d'Amsterdam, 1881). L'auteur démontre cette thèse, d'abord pour le cas d’une matière unique, ensuite pour un mélange de deux matières. Enfin, il fait voir que, dans le cas du mélange, la matière dont la transmission dans la seconde phase exige le plus grand travail, est en abondance dans la première phase. — M. van der Waals présente encore un mémoire de M. P.-H. Dojes intitulé : « Sur la théorie de la radia- tion en rapport avec la représentation de Fourier. » M. H. Kamerlingh Onnes fait un rapport relatif aux mesures de M. L.-H. Siertsema sur la disper- sion rotatoire magnétique dans l’oxygène, faites au laboratoire de physique de Leyde, L'appareil, décrit dans une communication antérieure (voir Rev. génér., t. IV, p. 519), est perfectionné à plusieurs points de vue; il a servi à mesurer les rotations magnétiques de l'oxygène à une pression de 100 atmosphères. L'oxygène est préparé par l'électrolyse. Les mesures se font d’après une méthode connue en analysant, à l’aide d’un prisme de verre, la lumière qui vient de traverser le polarisateur, le tube d'expérience et l’ana- lyseur. Alors, on observe un spectre et une bande noire, Un courant, d’une intensité comprise entre 35 et 65 ampères, donne des rotations d'environ 3 à #. Le résultat, représenté dans la fig. 2, s’exprime très bien par la formule : u) —= LE 868,028 0,07202 ne Gros où À représente la longueur d'onde en millièmes de millimètre; w à une erreur moyenne de 17,5. Cette formule se déduit de l'équation : C Dh) w = — (r— ns) À DÀ de Mascart. La rotation du violet est à peu près le ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES à M 2: \ double de celle du rouge, contrairement au résultat donné par M. H. Becquerel. Ensuite, des mesures sont faites sur l’air, et la dispersion rotatoire de l'azote en est déduite par extrapolation. Cette dispersion | s'exprime par la formule : | 560,41 = (: D —= +) À )2 avec une erreur moyenne de 19,1. — Ensuite, M. Ka- merlingh Onnes fait deux communications de la pa = © = = Rotations #00 #50 500 550 800 650 100 Longueur d'onde. Fig. 2. — Rotalions magnétiques de divers gaz. de M. P. Zeeman : {° Mesures sur le phénomène del Kerr dans la réflexion polaire normale sur le fer et le cobalt. D'une série de recherches antérieures, il résul- terait qu’on peut déterminer la phase dans le phéno- mène de Kerr au moyen de la théorie de M. Lorentz en ajoutant à la phase calculée une quantité à peu près constante dans de très grandes limites de l'angle d'incidence, la phase S, dite de Sissingh. Néanmoins, une discussion graphique des résultats obtenus sur le nickel semblait indiquer que S diminue avec l’angle d'incidence, Mais, avant de décider cette question, il. fallait combler une lacune, Le domaine des angles d'incidence de 50° à 0° pour le fer, de 43° à 0° pour le cobalt et de 25° à 0° pour le nickel, restait à explorer. L'auteur à réussi à mesurer la phase à des angles d'in- cidence très petits à l’aide du procédé de Sénarmont” avec une plaque de quartz taillée parallèlement à l'axe, la méthode des rotations à zéro et au minimum n'étant. plus applicable. Par les formules de E. Wiedemann-* Kirchhoff, l'épaisseur optique de la plaque peut êtres éliminée. De cette manière, l’auteur trouve, en dehors des limites antérieures, une valeur plus petite de S* pour le fer et le cobalt. En somme, on ne saurait affir- mer qu'une des théories proposées explique complète- ment le phénomène de Kerr. D’ailleurs une théorie complète aura à expliquer pourquoi la succession des valeurs de $S pour le fer, le nickel, le cobalt, et proba-" blement la magnésite, coïncide avec celle des maxima-! de leurs magnétisations, 2 Détermination des cons-" tantes optiques de la magnésite, — Enfin, M. Kamerlingh Onnes présente une note préliminaire de M. A. Le bret sur la variation du phénomène de Hall avec la! température, En opposition aux résultats de MM, Drude et Nernst, l’auteur trouve une relation à peu près linéaire entre la température et l'effet de Hall, —"\ M. G. van Diesen : Marée orageuse à Scheveningues le 23 et le 24 décembre 1894. — M. A.-P.-N. Franchi- mont fait une communication sur une nouvelle classe) de dérivés de l’urée, Aidé par M. van Brenkeleveen,… l'auteur a commencé à préparer et à étudier les uréo-\ alcools ou uréols, dont on ne connaissait jusqu'ici aucun CHRONIQUE 199 exemple. Pour cela, il a transformé le 2 chloréthanol (cklorhydrique du glycol), en le chauffant avec un - grand excès d’une solution alcoolique d’ammoniaque, en chlorhydrate de 2 amino-éthanol, qui fut traité avec l’isocyanate de potassium. L'uréo-éthanol 2, ainsi obtenu, recristallisé par l’alcool absolu ou par lalcool - isobutylique, forme des cristaux incolores fondant - à 95°. Il est très soluble dans l’eau, les alcools méthy- lique et éthylique, peu soluble ou insoluble dans les alcools plus élevés et dans la plupart des dissolvants - organiques ordinaires. Sa combinaison avec l'acide - azotique est très soluble dans l’eau; portée dans « l'acide azotique pur, refroidi par de l’eau, elle dégage resque immédiatement un mélange de protoxyde …— d'azote et d’acide carbonique sans aucune trace de LS vapeurs rutilantes, et la solution, rendue alcaline par … du carbonate de sodium, cède à l’éther un corps . liquide qui, chauffé avec la potasse pure, fournit un … azotate. Gette réaction prouve que le corps possède la … fonction d'urée et aussi celle d'alcool, comme l’in- dique la formule : CH?0H—CH?—AzH—CO—AzH?. L’uréo-éthanol donne, par le chlorure de berzoyle et la soude en solution aqueuse, un benzoate qui, cristal- lisé par le benzène, fond à 129. Il possède, très probablement, la fonction d’urée, tandis que celle d'alcool s’est transformée en benzoate, Chauffé avec l’anhydride acétique et l’acétate de sodium fondu, l'uréo-éthanol fournit un dérivé diacétylique se fon- dant à 102°. L'auteur est en train de préparer un autre membre de cette série de corps, l’uréo-propanol 3. — M. S. Hoogewerff montre un appareil pour le jJaugeage des cornues, des pipettes et des burettes, inventé par M. J. Boot et construit dans l’atelier Kobb à Stützerbach,en Thuringe. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Th.-W, Engelmann présente un mémoire de M. H.-J. Hamburger intitulé : « Ueber die Reglung der osmotischen Spannkraft von Flüssigkeiten in Bauch-und Pericardialhôhle » (Sur la régularisation de la tension osmotique dans les cavités ventrale et péricardiale). — Rapport annuel de la Commission géologique. P. SCHOUTE. CHRONIQUE L'ARGON ET LE SYSTÈME DES ÉLÉMENTS La découverte de l’argon, dont nous avons publié tous les détails !, suscite la revision d’une des ques- tions les plus élevées de la philosophie chimique : la relation que l’on soupconne exister entre les poids atomiques et les propriétés des corps simples. Deux savants chimistes, le D° Gladstone et notre éminent . compatriote, M. Lecoq de Boisbaudran, viennent de … publier, à ce sujet, des remarques d’un haut intérêt, que nous croyons utile de reproduire ici. …_ Rappelous d’abord, pour permettre de suivre leur . critique, la loi de Mendeléeff, Si l’on écrit les noms - des éléments à la suite les uns des autres selon l’ordre crvissant de leurs poids atomiques, on observe, dans … cette succession linéaire, des séries de corps où les _ propriétés se reproduisent régulièrement après un … certain accroissement de poids. En disposant ces sé- … ries sous forme de rangées horizontales situées les … unes au-dessous des autres, de telle sorte qu’elles con- … tinuent de se suivre dans l’ordre croissant des poids … atomiques, on peut grouper dans des colonnes verti- … cales les corps similaires des diverses séries ou pé- … riodes. On obtient ainsi la table de Mendeléef(page 200). _ . Si cette table résume effectivement une loi de la Nature, les lacunes qu'elle présente doivent corres- pondre à des éléments encore inconnus, dont elle prédit les poids atomiques et les propriétés domi- nantes. Depuis de longues années, cette idée n’a cessé de guider les chimistes, Doit-elle encore élairer la marche de la science, ou convient-il, dans ce but, de la modifier? Tel est le grave problème qui se pose _ actuellement. Sans voulcir traiter un tel sujet d’une facon com- get MM. Gladstone et de Boisbaudran lui consacrent, e premier dans le journal anglais Nature, le second dans les Comptes rendus de l'Académie des Sciences, les importantes considérations que voici : Remarques du D° Gladstone. — « L’admirable découverte de l’argon par lord Rayleigh et le Pr W. Ramsay fait surgir une foule de questions, principalement la suivante : L’argon est-il un corps simple ? Si oui, quels sont ses rapports avec les autres éléments? « Certains inelinent à le considérer comme un état allo- tropique de l’azote, de même que l'ozone est un état allo- tropique de l'oxygène. Mais, jusqu'à constatation d’une ! Voyez dans le dernier numéro de la Revre le Mémoire de Lord Rayleigh et du Pr W. Ramsay, et ceux de MM. W. «Crookes, Olszewski et Dewar, et la discussion qui a suivi à la Société Royale de Londres. telle transformation de l'azote, l’argon a tous les droits de figurer sur la liste des éléments. « Au premier abord, le fait de donner naissance à deux spectres, suivant les circonstances, semblerait militer en fa- veur de l'hypothèse de deux corps compris dans le gaz aujour- d'hui nommé argon. Mais cet autre fait que les deux spectres offrent 36 lignes communes qui ne comptent pas toutes parmi les plus fortes, me parait constituer un argu- ment en faveur de l’unité fondamentale du corps. « Si l’argon est un élément, quelle est sa place dans la table de Mendeléeff? C'est là une grosse question qui va pas- sionner physiciens et chimistes. La densité de l’argon lui assignerait 20 comme poids atomique ; mais, puisque la détermination de la vitesse du son dans ce gaz semble con- duire à doubler ce chiffre, les problèmes suivants se posent : « Dans l'hypothèse où le poids atomique serait 20 : « 19 L’argon remplirait une place actuellement vacante dans la table de Mendeléeff, à l'extrémité de la série hori- zontale qui va de l'hydrogène au fluor, et au sommet de la huitième colonne verticale, séparé du fer par une série hori- zontale ; «29 L'argon suivrait.la loi périodique quant à son point de fusion. Ce point serait à très basse température comme pour l'azote, l’oxygène et le fluor; or, tel est le cas; « 39 L'argon suivrait aussi Ja loi au point de vue de son volume atomique. Ce volume serait petit, et il semble en être ainsi ; « 40 Un trait saillant de l’argon est de ne pas former de com- posés stables à température élevée aux environs de son point d’ébullition; c’est là une propriété commune aux éléments de la huitième colonne; « 50 Le poids atomique 20 (ni 21, ni 22) s’accorde bien avec la loi de périodicité dans la colonne où se rangerait l’argon. « D'autre part, si le poids atomique devait être fixé à 40, on se trouverait en présence des sérieuses diflicultés que voici : : « 1° On ne saurait où le ranger; le placer juste avant ou juste après le calcium dérangerait toutes les séries subsé- quentes ; « 20 La périodicité relative au point d’ébullition serait rompue ; «30 La loi périodique serait aussi atteinte au point de vue du volumé atomique ; « 4° L’inactif argon se trouverait rapproché des métaux des terres, métaux qui forment des combinaisons d’une remarquable stabilité; «59 Les poids atomiques de trois éléments : potassium (39), calcium et argon (39,9 environ) différeraient entre eux de moins d’une unité, ce qui serait une anomalie. « À l’encontre de ces considérations se dresse le puissant argument tiré du rapport des chaleurs spécifiques de l'ar- gon. Pour apprécier les valeurs respectives de ces hypo- thèses, je n'attends rien des raisons à priori ci-dessus, sur- tout en l'absence de détails relatifs aux expériences sur la 200 CHRONIQUE vitesse du son, et avant que nous ayons quelques notions sur les composés de l’argon. Aucune conclusion sûre n’est possible auparavant. Il ne s’agit pas d'opposer en une telle question la Physique à la Chimie, car la vraie théorie de la place de l’argon parmi les éléments devra s'accorder avec tous les faits que le physicien et le chimiste s'appliquent l’un et l’autre à relever. » Voici maintenant les considérations que développe M. Lecoq de Boisbaudran : Remarques sur les poids atomiques. — « Depuis bien long- temps, je m'occupe de chercher des relations entre les poids atomiques des éléments et, si je n'ai pas encore publié mon « Les corps 20,0945 et 36,40 doivent être relativement abondants dans la Nature ; mais le corps 84,01 cet surtout le corps 132,71 y doivent être rares. « L'élément 36,40 doit être plus volatil que le soufre et l'élément 20,0945 plus volatil que l'oxygène. Enfin, les élé- ments 84,01 et 132,71 doivent être respectivement plus vola- tils que le sélénium et le tellure. k « Au moment de présenter cette Note à l'Académie, je-ls, dans la Revue générale des Sciences, le mémoire de MM. Ray- leigh et Ramsay, et j'y vois que ces savants ont peusé à rattacher l’argon à une famille qui viendrait prendre le hui- tième rang dans la classification de M. Mendeléeff. Il me semble qu'ils ont parfaitement raison. Les considérations Table de Mendeléeff VII VII H Li G1 (?} Bo (Ce Az O0 FI Poids atomriques............. 7 9.3 11 2 1% 16 19 DIHéLENCE SEE eee ce 16 14.7 16.5 16 17 16 16.5 Na Ma Al Si Ph S CI Poids atomiques............. 23 24 27.5 28 J1 32 39.0 ERFODENCLS Aer ape eniieee 16.1 16 20 20.3 20.4 419257 K Ca Se Ju V Cr Mn Fe Co Ni Poids atomiques............. 39.1 40 4% (?) 48 5178 52.4 55.2 56 5 59 Diners rein De 24.4 | 25 2 ( 21.7 | 25.6 | 24:8 Cu Zn Ga (?) (?) As Se Br Poids atomiques............. 63.5 65 68 71 75 18 s0 Différences etre ceree NÉE) 22.5 19 17.8 19 Rb Si A(H(L) Zr Nb Mo (?; Ru Rh Pd Poids atomiques............. 85.4 87.5 $9.6 9) 9% 95.8 99 103.5 104.1 105.2 DiTÉTeNCeS- cesse 22.5 24.5 23.4 28 28 322 Ag Cd In Sn Sb Te I Poids atomiques... ....""".. 107.9 112 113 118 120 128 127 Différences.2e 2er 24.7 25 24 21 19 Cs Ba Ce La Di Poids atomiques eue crce 132 6 137 157 139 147 » (?). (& Er (?) C2) Ta W (?) Os Ps Pt Poids-atomiques............. 165(?) | 469 (?) | 470.6 175 (?) | 182 18% 198.6 195.7 196.7 Poids atomiquesi.=#"...... essai de classification des corps simples, c’est que cette étude présente de grandes difficultés et que les erreurs sont aisées à cornmettre. On trouve parfois des relations intéressantes en classant les éléments suivant des systèmes non seulement différents, mais incompatibles. « Telle qu’elle était il y a quelques années, cette classi- fication a donné le poids atomique du gallium avec une exactitude très satisfaisante et m'a permis de modifier assez heureusement le poids atomique du germanium, alors déter- miné provisoirement par M. Winkler sur une matière encore impure, « Ces deux petites réussites seront, je l’espère, mon excuse auprès de l’Académie, si j'ose lui transmettre aujourd'hui certaines déductions de ma théorie qui semblent pouvoir se rattacher à la question de l'argon. « Le corps si brillamment découvert par MM. Rayleigh et Ramsay vient peut-être, en effet, prendre place dans une fa- mille d'éléments dont aucun terme n’était encore connu. « Cette famille, dont ma classification parait permettre de supposer l'existence, serait de nature métalloïdique et com- prendrait des éléments ayant pour poids atomiques : 36,40 + 0,08; 84,01 + 0,20 ; 132,71 +0,15, si l'on prend arbitrairement 0 = 16, « L’atomicité de la nouvelle famille serait théoriquement paire (octo-atomique), mais les éléments qui la composent semblent devoir être privés de Ja faculté de se combiner aux autres éléments. 20,0945 ; Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17 d'après lesquelles j'ai présupposé l'existence d’une nouvelle famille métalloïdique et octo-atomique ne sont point les mêmes que celles qui ont conduit M. Mendelteff à sa classi- fication, mais elles ne leur sont point contraires; loin de là. Ce sont des points de vue différents qui permettent, je le crois, de voir différents côtés d’une mème vérité et dont cha- cun présente des avantages spéciaux. Ma classification se réclame de l'avantage de permettre le calcul, exact ou très approché, des poids atomiques. » On voit combien les recherches dont l'argon va être l'objet dans tous les laboratoires de Chimie promettent d'être intéressantes. Nos lecteurs se rappellent que lord Rayleigh et le Pr Ramsay ont réservé la question de savoir si, leur gaz étant formé de molécules mono- atomiques, tous les atomes qu'il contient se rapportent, à un seul élément ou à deux, Si la justesse de la se- conde hypothèse venait à être établie, les poids ato- miques des deux éléments seraient peut-être très dif- férents l’un de l’autre et donneraient lieu, dans ce cas, à une tout autre revision de la table de Mendeléeff, Louis OLIVIER. Erratum. — Dans le dernier numéro de la Revue, p. 131, le nom de M. J. Drach a été imprimé Drack au lieu de Drach,. Le Directeur-Gérant : LOUIS OLIVIER. 6° ANNÉE L a —— Ê à £. : N° 5 re 15 MARS 1895 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENC # PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER L'ENSEIGNEMENT CHIMIQUE À L'ÉTRANGER LABORATOIRES NOUVEAUX Dans un travail publié à l’occasion de l’Exposi- - tion de Chicago !, nous avons exposé, d'une facon très succincte, les réflexions que nous a suggérées - l'état actuel de l'Industrie chimique dans l’ancien - el le nouveau monde. Nous avons fait voir, en $ nous appuvant sur des documents aussi précis que le comporte la matière, la situation respective des . diverses nations rivales de l'Europe, etavonsenfin … insisté sur les causes principales de la supériorité “incontestable et incontestée de l’industrie chi- - mique de l’une d’entre elles. Notre exposé ? s’adressait non seulement aux 1 Rapport fait à M. le Ministre du Commerce et de l’In- dustrie. Paris, Imprimerie nationale. 2° édition en cours de publication chez MM. J.-B. Baillière, Paris.— Revue générale des sciences du 15 juillet 1894, p. 473. ? Qu'il nous soit permis de faire remarquer que le cri d'a- larme jeté par M. Haller a été entendu beaucoup plus qu'il ne se le figure. Les articles qu’il a publiés ici-méme et celui que M. Moissan a consacré, dans cette Revue, à son Rapport, ont vivement ému, en France, les pouvoirs publics, le corps enseignant et les chefs de la grande Industrie. Les nombreuses lettres, les demandes de reproduction que nous avons reçues à ce sujet, l'importance que la presse, française et étrangère, a accordée à ces articles, ne laissent aucun doute sur le grand retentissement qu'a eu dans le monde entier et surtout en France la patriotique angoisse de M. Haller. La campagne de réformes qui se prépare en ce moment en vue du relèvement de notre industrie par la science, campagne à laquelle la Revue tient à honneur de coo- pérer, a eu pour point de départ la courageuse initiative de - notre éminent collaborateur. I] est de notre devoir de le dire, “alors que sa modestie et son ardent désir de progrès lui dis- Simulent les résultats naïssants, mais pourtant très nets, de ses efforts. Louis Orivier. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. Pouvoirs publics, mais encore aux Industriels et aux particuliérs, et avait pour but d'appeler l’at- tention de tous les hommes soucieux de l'avenir de notre pays, sur l'organisalion et l'esprit de nos Ecoles, partant, sur la nécessilé, qui s'impose, de différencier les études suivant les aptitudes qui se révèlent chez les intelligences appelées à servir d'auxiliaires à l'Industrie. Résumons, à nouveau, en quelques mots, l’es- prit qui préside, chez les différentes nations envi- sagées, à l'éducation de cette parlie de la jeunesse. Il De toutes les nations de l'Europe, l'Allemagne est celle où la spécialisalion a été poussée le plus loin, dans toutes les branches du domaine intellectuel. Cette éducation, que nous ne pouvons nous empê- cher de considérer comme défectueuse, au point de vue de la haute culture et quand il s'agit de former des esprits synthétiques, a, jusqu’à pré- sent, produit les meilleurs résultats dans la pra- tique industrielle, grâce à une conception très pette et à une organisation très judicieuse de la division du travail. Lechimiste ne franchit la porte d’une usine qu'après avoir fréquenté les Universités oules Ecoles polytechniques et leurs laboratoires, y avoir fait ses preuves, et s'être assimilé de la science théorique tout ce dont il pourra avoir be- soin dans la suite. Aussi le peuple allemand, té- moin des succès obtenus avec son système d'ins- 5 202 truction, est-il fier de ses Écoles et de ses savants, et ne leur marchande-t-il ni les subventions ni la considération. En Angleterre, les mœurs sont tout autres : futur chimiste éntre dans l'Industrie sans pré- paration préalable, se familiarise avec les pro- cédés en usage dans les usines et s’inilie plus lard, quand il en a le temps et le courage, aux parlies de la science qui peuvent lui être dequelque ulilité dans le cours de sa carrière. A part quelques esprits éclairés, et en dehors des milieux scientifiques, la population, comme les pouvoirs publics, se désintéresse du haut ensei- gnement, s’il n’est purement classique. Constatons cependant qu'un revirement semble se produire, depuis que l'Industrie anglaise est si vigoureuse- ment malmenée par sa rivale allemande". En Amérique, où l’adage lime is money hante les cervelles dès l'enfance, où les efforts de toute la vie tendent vers la conquête des richesses, le futur chi- miste ou ingénieur, après avoir fait des études aussi sommaires que variées dans les 4iy4 schools, va de- mander aux Universités la science strictement né- cessaire pour pouvoir tirer parti de la richesse que lui offre lesol et de celle qu'une industrie naissante peut lui fournir. Il ne se soucie guère dela haute culture, et, confiant dans son énergie, il ne consi- dère ses acquisitions intellectuelles que comme des armes auxiliaires dans la lutte pour l'existence. Dans ce pays d'initiative, où l’on a cependant, dans certains milieux, une juste intuition des ressources que recèle la science, la générosilé pri- vée offre des millions de dollars par an pourfonder et doter les Universilés, et le peuple contribue à leur succès, par l’intérét moral qu'il leur Bone et le respect dont il les entoure. En France, notre centralisalion à outrance a fait de la Capitale la grande éducatrice de tout ce qui, intellectuellement, doit contribuer au progrès de la Science et de l'Industrie. Nos écoles de Paris ont, pourainsidire, gardéle monopole del’Enseignement supérieur, el se considèrent encore, dans une cer- laine mesure, comme les dispensatrices de toute Le même le vraie science. faire l'ingénieur, le mécanicien, l'artilleur, le phy- sicien, le chimiste, le professeur, ete. élant que l'élève sortant de ces Ecoles ait une forte qu'il soit avant tout un esprit dislinqué, un esprit encyclopédique. W est cela, en effet, etnous pouvons dire, sans exagération, que, par la variété et l'élévation des connaissances ac- quises, nos Ingénieurs et nos Professeurs tiennent ioule sert d’aillèeurs pour I l'essentiel éducation mathématique, 1 Ce revirement est, depuis quelques années, très prononcé et mérite toute notre attention. La Revue lui consacrera un article spécial. (N. de la Direction.) A. HALLER — L'ENSEIGNEMENT CHIMIQUE A L'ÉTRANGER une place des plus honorables, sinon la première, … parmi leurs confrères internationaux. Mais cette éducation à outrance des polytechniciens et des normaliens en particulier, a étouffé tout esprit d’i- niliative, et, par suite du monopole inflexible dont nee les premiers et des privilèges qui at- tendent les autres, l'effort intellectuel produit à 20 ans est un litre suffisant à toutes les situations qu'ils peuvent briguer dans le cours de leur exis- tence. À moins de se révéler comme un génie, dès le début de la carrière, les travaux person- nels, originaux, sont considérés par beaucoup d'entre eux comme des passe-temps inutiles. C’est le maudarinat implanté systématiquement, et on sait où il mène les peuples qui en sont affligés. A ces Ecoles, on peut appliquer ce que M. Liard dit avec beaucoup de justesse des anciennes Univer- sités !: « Les corps qui ont un long passé sont in- duits volontiers à penser qu'ils doivent durer lou- jours, et leur foi en eux-mêmes, ou leur longue habitude de vivre lesempêche de se transformer, » Quant à nos Industriels, confiants dans l'État- Providence el dans les hommes de science que celui-ci leur fournit, cercle et se gardent de faire le moindre effort, le plus petit sacrifice pour subventionner une œuvre quelconque ou pour aider à donner uneorientation nouvelle à notre enseignement national. L'accueil fait récemment, aux Chambres, à la pro- position aussi timide que trop modeste de M. Denys Cochin en vue de la ecréalion d’un laboratoire de ils tournent dans le même. + chimie industrielle à Paris, la réserve aussiaveugle. que persistante des ile de la fortune qui, à l'instar des Américains, pourraient s'intéresser - aux choses de l’enseignement, nous font un 0 de continuer à metlre sous lee yeux de nos 1e teurs les efforts individuels et collectifs qui se pro-* duisent hors de France, dans la voie qui nous occupe. Il Angleterre. — Indépendamment de l'Institut * chimique nouvellement créé à Londres et sur lequel nons avons appelé l'attention dans notre Rapport déjà signalé, la Cité vient d’être dotée d’un élablissement no et qui fait le plus grand. honneuràl'homme généreux et éclairé qui l'aconçu. M. L. Mond, l'industriel auquel la grande Industrie chimique anglaise estredevable denombreux per fectionnements, — se souvenant des projets for— mulés, dès 1843, par Faraday et Brande en vue del création d’un Institut Chimique destiné non seule= ment à l'Enseignement pratique, mais aussi à de travaux originaux, — a formé le projet d'org anise 1 L'Enseignement supérieur en France. T, Il, p. 85. … et d'entretenir, à ses frais, un vaste établissement _ consacré à des recherches systématiquement originales , - dans l’ordre des sciences chimiques et physiques. Dès l’année dernière, M.Mond afait l'acquisition, - dansle voisinage dela Royal Institution, de bâtiments qui seront aménagés suivant les progrès les plus récents. Au point de vue financier, cet Institut, — … placé sous le haut patronage et la direction de la - Royal Institution et dont le nom sera Znstitut Davy- . Faraday, — sera largement doté, tant pour subve- nir au traitement du corps des savants appelés à le diriger, que pour faciliter les recherches. Les labo - ratoires seront ouverts gratuitement non seule- ment aux nationaux des deux sexes, mais encore aux étrangers. Cet établissement, destiné, nous le répétons, aux recherches exclusivement originales, dépassera comme importance et comme ressources tout ce qui a élé créé dans cet ordre d'idées en Grande- Bretagne, depuis de longues années. $ Belgique. — Dans un pays aussi pratique que la Belgique, où les esprits sont loin d’être pénétrés des bienfaits que peut procurer la science pure, la tâche de créer un établissement comme celui au- quel M. le Professeur Spring vient de consacrer plusieurs années d’un travail laborieux, n’a pas été facile. _ L'Institut Chimique de l'Université de Liège, exécuté d’après des plans choisis parmi les 84 qu'a conçus M. Spring, est un modèle du genre. L'établis- sement comprend trois subdivisions : la première . estconsacrée à la Chimie générale, la deuxième à - laChimieanalytique et la troisième àla Technologie. - Sont de plus distincts les laboratoires destinés aux médecins, pharmaciens et ingénieurs, pour qui l'étude de la Chimie est secondaire, et ceux destinés aux jeunes gens qui veulent faire de la Chimie leur carrière. L'ensemble de ceslaboratoires comprend 200 places pour les exercices pratiques. Deuxamphithéâtres, dont l’un peut recevoir 242 per- sonnes et l’autre 52, des laboratoires de Chimie physique, une chambre obscure, une installation _ électrique avec moleur de cinq chevaux, une bi- bliothèque, des salles de collection, et enfin un logement au premier étage pour le directeur, font de cet Institut l’un des plus complets et des mieux organisés du Continent. Les sommes affectées à la construction et à l'aménagement s'élèvent à plu- sieurs centaines de mille francs. » Allemagne. — Pour donner l'instruction aux deux ou frois mille chimistes qu’elle peut offrir an- _ nuellement à l'industrie, l'Allemagne se trouve dans l'obligation de renouveler souvent ses labo- ratoires et de les agrandir. Fel est le cas de l'Ins- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1825 A HALLER — L'ENSEIGNEMENT CHIMIQUE A L'ÉTRANGER F 203 litul Chimique de l'Université de Halle, Bien que cet établissement ne date que de 30 ans environ, en raison de son exiguité, le Gouvernement prus- sien a dû le reconstruire à nouveaux frais et n'a pas hésité à dépenser 300.000 mares, soit 315.000 fr. Dans le pays où lés laboratoires de chimie sont de véritables usines, où l’enseignement pratique de cette science à été inauguré il y a plus de 60 ans, et où la recherche est organisée systéma- tiquement depuis de longues années, il est facile de comprendre que l’aménagement des différentes pièces destinées aux manipulations, est fait aussi soigneusement que possible. Les moindres détails sontminutieusementétudiés,et,suivantleursavoir, les élèves ont à leur disposition des tables plus ou moins perfectionnées, des places où ils peuvent se livrer aux opérations les plus délicates. — L'Ins- tilut renferme naturellement une installation élec- trique et mécanique, un ventilateur et des loge- ments non seulement pour le directeur, mais encore | pour ses assistants et les garçons de laboratoire. Russie, — La distance qui nous sépare de cette vaste contrée, la difficulté que nous éprouvons à nous inilier à sa langue, font que nous ignorons, dans une certaine mesure, lesefforts considérables que font les Russes pour se mettre scientifique- ment à la hauteur des peuples occidentaux. Il y à peu d'années, on inaugurait à Charkoff, — qui possédait déjà une Université florissante, —une École Technique qui n’a pas sa pareille en France. Outre l’enseignement de la Mécanique, on y pra- tique celui de la Chimie en vue de la formation de chimistes industriels. Sont annexées à cette Ecole de véritables pelites usines, où l'étudiant peut assister à la fabrication de l'alcool, des bois- sons fermentées, du sucre, de la céramique, des ciments, etc., aux opérations de teinture et d’im- pression. Une usineà gazmodèle permet de suivre toutes les phases de la fabrication du gaz et de l'utilisation des sous-produits. L'état n’a pas dé- pensé moins de 4 millions de francs pour l'érection de ce vaste établissement. Enfin, tout récemment, l’Université de Saint- Pélersbourg à inauguré des laboratoires gran- dioses et où rien n’a été négligé pour donner l'ins- truction théorique et pratique à 230 élèves à la fois. Laboratoire de Chimie générale, laboratoires de Chimie organique, laboratoires distincts d’ana- lyse qualitative et d’analyse quantitative, labo- ratoires de technologie, laboratoires de recher- ches, laboratoires spéciaux pour les professeurs el pour les déterminations physico-chimiques, instal- lation mécanique, bibliothèque, logements du di- recteur, des assistants et des hommes de service, 5* 204 E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE tout a été prévu dans ce vaste Établissement, qui a | l'édification et l'aménagement des laboratoires. | deux étages et qui ne compte pas moins de 95 mè- Ainsi, de quelque côté que nous tournions nos tres de longueur sur 20 de largeur en moyenne. | regards, nous pouvons constater que nation L'État y a consacré près de 900.000 fr. grandes et petites n'hésitent pas à faire les plus. lourds sacrifices dans le but de doter leurs Unive 2 Roumanie. — La Roumanie, de son côté, s’ef- | sités de laboratoires destinés à former des auxi- force de prendre part à ce mouvement qui porte | liaires pour l'Industrie, des professeurs et des, toutes les nations civilisées à s'organiser pour | chimistes pour laboratoires d'analyses ou stations" faire jouir leurs enfants des bienfaits de l’ensei- | agronomiques. Liège, avec ses 82.000 âmes; Halle, gnement supérieur. Sous impulsion éclairée de | avec ses 42.000 âmes, Bucarest ont des Etablisses M. le Professeur Istrati, la Faculté de Bucarest | ments que non seulement nos principales Univers va bientôt être pourvue d'un Institut de Chi- | sités françaises, mais encore la plupart de nos mie modèle, dont les plans ont, en partie, élé | grandes Ecoles de Paris peuvent leur envier. inspirés par ceux de l'Institut Chimique de À Halter Nancy. Une somme d'un million et demi et Correspondant de l'Académie GE Sciences huit hectares de terrain sont demandés pour Directeur de l'Institut Chimique de Nancy. ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE #4 La fabrication du sucre (saccharose) employé à | actuellement appliquées, en même temps qu'il # l'alimentation s'opère dans deux sortes d'usines : | crit l'outillage employé et les opéralions pratiquée les sucreries et les rufineries. Les premières pro- | dans les usines. Le deuxième article, essentiel duisent du sucre brut, c’est-à-dire insuffisamment | ment crilique, a pour but, étant connus les procé- | purifié, et l’extraient soit de la canne, soit de la | dés de fabrication, de rechercher comment ils se! betterave. En France, la sucrerie ne recourt qu'à | sont transformés, sous quelles influences, d'ordre | la betterave. La raffinerie met en œuvre les sucres | scientifique ou économique, l’industrie sucrière à des deux provenances, pour les livrer ensuite à la | évolué, enfin dans quelles voies l’état actuel de la consommation sous la forme marchande que tout | science et de la législation semblent l'engagers le monde connait. _[ M. L. Lindet, un maitre en ces matières, a bien Les deux arlicles suivants traiteront uniquement | voulu se charger de cette importante et très déli= de la sucrerie indigène. Le premier, dû à M. E. Ur- | cate étude. 2 . . . 7 2 bain, expose les bases scientifiques des méthodes La DIRECTION. I. — PROCÉDÉS DE FABRICATION 1 L'industrie du sucre de betterave est de beau- | du sucre épuré ne date donc que de la seconde coup postérieure à la fabrication du sucre. Celle-ci ! moitié du xvr° siècle. Jusqu'à la fin du xvn° cet remonte à une haute antiquité et semble avoir eu | substance fut exclusivement retirée de la canne: } l’Inde pour berceau. Importé en Europe au temps Cependant notre célèbre agronome Olivier del d'Alexandre le Grand, le sucre indien, comme on | Serres avait dès 1605 signalé la présence du sucre) l’appelait alors, s’y répandit peu jusqu’au x | dansla betterave. Cette observation ne pouvait créer siècle. Pendant les Croisades, les Vénitiens, frappés | tout de suite la grande industrie que nous avon$ du port tout spécial de la canne à sucre et de | à décrire : il fallait inventer des procédés d'extra€-| l'usage qui en était fait en Orient, entreprirent de | tion donnant des rendements suffisants; ces procéz| la propager; gràce à leurs efforts, celte plante fut | dés ne commencèrent à apparaitre qu’en 1747 à] bientôt cultivée en Egypte, en Arabie, en Nubie, à 4 cette époque un pharmacien allemand, Margr Malte, à Chypre et à Candie. Vers 1420 les Portu- | obtint de la belterave blanche de Silésie 6,2 °/, gais l’apportèrent aux îles du Cap-Vert et aux | sucre, et de la variété rouge 4,5. C'était un grand Açores. C'est alors que l’on apprit à pratiquer, | progrès. Cinquante ans plus tard, Achard, petit-fils | d’une façon rationnelle, l'extraction et le traite- | de réfugié français à Berlin, améliora la méthode au ment du jus sucré. Il fallut encore un siècle d’ef- | point de la rendre susceptible d'application pra=! forts pour fonder le ruffinage. L'obtention courante " Lique. Ce beau résultat inouiéta les Anglais : ils! 4 4 | | a # = 1 E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL nn Le re CN ef RO PP VE LR, | at CE vs te) DE LA SUCRERIE EN FRANCE 205 EE. | une menace au commerce de leurs colo- ni s, et résolurent d'étouffer dans l'œuf l’industrie naissante. Dans ce but, ils offrirent à Achard, nous ditL. Walkhof, 600.000 francs pour prix de sa dé- couverte, sous la condition de la leur céder com- plètement et de ne divulguer ses procédés à per- sonne. Achard refusa. Ses essais et ceux de ses imitateurs se trouvè- rent néanmoins entravés, en raison du bas prix du SE % 2 Mig |. — Miqure schématique représentant l'aspect moyen des anciennes belteraves à sucre. sucre colonial. Mais, en 1810, un événement extra- rdinaire en détermina la reprise : le blocus conti- tental Supprima tout d’un coup l'arrivée du sucre n France. Conseillé par Chaptal, Napoléon résolu {le tenter, en vue de la production du sucre, la ulture de la betterave : 32.000 hectares de terre urent immédiatement affectés à cel essai et un aillion de francs distribué à titre d'encouragement lux chercheurs. Benjamin Delessert, de glorieuse némoire, réussit à monter une usine où fut, pour ja première fois, pratiquée, dans des conditions \cceptables de rendement et de prix, la fabrica- Jion du sucre de betteraves. Depuis lors, cette industrie n’a cessé de grandir, sous l’influence des travaux de Chaptal, Payen, Crépel-Delisle, Derosne, Mathieu de Dombasle, Champenois, Dubrunfaut. La production qui, en France, était de 4 millions de kilogrammes en 1825, s’est élevée au chiffre énorme de 699:300 tonnes pour la campagne 1889-1890, et on l'estime à 800.000 tonnes, soit 800 millions de kilogrammes, pour la campagne 1894-1895. Peu d'industries offrent l'exemple d'un aussi rapide développement. Si, depuis ses débuts, ses méthodes générales sont demeurées, dans ce qu'elles ont d’essentiel, à peu près les mêmes, elles n'ont cependant cessé de s’affiner; les opérations où se trouvent appliquées ces méthodes, se sont grandement perfectionnées, et graduellement l’ou- tillage lui-même a changé. Nous nous altacherons surtout, dans les pages qui vont suivre, à en ex- poser l’état actuel. Fig. 2. — Bellerave blanche de Silésie à collel vert, actuel- lement cultivée en vue de la sucrerie, I, — ACHAT DES BETTERAVES. La première opération de la sucrerie consiste à bien choisir la betterave. Le choix des races à em- ployer à varié suivant la façon dont a été perçu l'impôt sur le sucre. Quand cet impôt frappait uni- quement le sucre fabriqué, sans tenir compte de la richesse saccharine de la plante, on cultivait la betterave blanche à collet rose et les races voisines, dont la figure 1 rappelle l’aspect moyen. Ces races étaient beaucoup plus pauvres en sucre que la bet- terave actuellement cultivée. Aujourd’hui, en effet, que l'impôt est perçu, en majeure partie, sur le poids de matière première (plante effeuillée) intro- duite dans l'usine, le fabricant a tout intérêt à faire entrer chez lui la plus grande quantité de sucre possible sous forme de betterave. C'est pourquoi l’on cultive actuellement en France, en vue de la sucrerie, la betterave blanche de Silésie, notamment la 206 E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE ï race silésienne à collet vert, acclimatée en France par MM. de Vilmorin (fig. 2). On voit que les races aujourd'hui cultivées en vue de la sucrerie sont beaucoup plus petites, plus coniques, plus effilées que les anciennes, leur forme se rapprochant un peu de la forme du navet. Cette obtention de varié- tés très riches en sucre a été le résultat d’une sélec- tion patiemment et méthodiquement pratiquée. Toutes les races susceptibles de grande richesse saccharine sont loin de convenir également bien aux diverses régions. Le rendement de chacune d’elles en sucre dépend, dans une large mesure, de l'appropriation de la race au terrain. Le fabricant se trouve don£ inléressé à déterminer lui-même la graine à cultiver : aussi est-ce lui qui, dans la plu- part des cas, la fournit à l'agriculteur. Ce choix de la graine est extrêmement important: mais, comme il requiert un examen physique et chimique très soigné, on compte en France les industriels qui le pratiquent. Pour l’effectuer, on prend, parmi les betteraves destinées à fournirles graines, celles qui offrent le meilleur aspect, la forme la plus régulière et un poids en rapport avec leurs dimensions. À l’aide d'une sonde, on prélève une certaine quantité du jus de la racine, et l’on en détermine ensuite au polarimètre la richesse saccharine !, Quand on a ainsi fait, en janvier, le choix de la racine. on la plante, vers la fin de mars ou le commencement d'avril; la blessure qu'elle a reçue est insignifiante et ne l'empêche pas de pousser : la même année, généralement en octobre, on en recueille la graine. Certaines sucreries des environs de Paris, craignant de ne pas trouver dans leur voisinage les meilleu- res terres pour la culture des porte-graines choisis, envoient ceux-ci chez des cullivateurs du Nord de la France. A la sucrerie de Chevry-Cossigny, gràce un laboratoire parfaitement outillé et à un personnel suffisant, il a été fait, à la fin de la campagne 1894- 1895, jusqu'à quinze cents examens de porte- graines par jour, et cela pendant un mois. Ainsi faite chaque année, la sélection des graines assure la régularité des rendements. On ne saurail trop engager les industriels à adopter cette pratique. La richesse saccharine de la betterave élant fonclion non seulement de la race, mais encore du node de culture, le fabricant doit aussi se préoccu- per de la manière dont seront cultivées les graines à RES R RCE RE RE | 7 SNS an 1 C'est la méthode de diffusion aqueuse à froid de Pellel. On prélève 46r05 de jus, que l'on introduit dans un ballon jaugé de 50 centimètres cubes avec i gramme de sous-acétate de plomb. On ajoute de l'eau, on abat la mousse au moyen de quelques gouttes d’éther, et on complète le volume à 50 centi- mètres cubes. Le liquide, bien agité, est filtré, puis soumis à une mesure saccharimétrique, dans un polarimètre dont le tube interne a 20 centimères de longueur. Le résultat multiplié par 2 indique directement la teneur en sucre de la betterave, qu'il confie à l’agriculleur. Dans ses traités avec ce | dernier, doivent donc être déterminés les engrai { les soins et les facons qui seront donnés à plante. Sans entrer dans les détails que requiert] partie agronomique du sujet!, nous devons cepe dant en indiquer quelques points : 4 Se basant sur la fixité des rapports entre les éléments fertilisants et le sucre dans le ju M. Pellet a rangé les constituants minéraux des engrais dans l'ordre d'importance que voici : Acide phosphorique, Magnésie, Chaux, Potasse el soude, Ammoniaque. Suivant cette classification, on a intérêt à em* ployer comme engrais de la betterave les super: phosphates, ainsi que les phosphates fossiles. On doit aussi chercher à entretenir dans le sol 70 à 80 kilogrammes de sels de potasse à l'hectare l'addition de chlorure de potassium est très prati quée en Allemagne. Le fabricant doit enfin tenir compte, dans ses traités, de ce fait que les betteraves donnent un rendement plus éleyé en sucre lorsqu'elles son semées sur un défoncement que lorsqu'elles son cultivées sur labour ordinaire (par exemple, elles peuvent donner 17°/, de sucre au lieu de 40) ? En général, l'industriel paie la betterave — sui= vant les régions et l'éloignement de l'usine — : raison de 18 à 25 francs les mille kilos, pour 1 division 7° du densimèêtre#. Au-dessus de cette den: silé, il accorde au cultivateur de 0 fr. 40 à O0 fr. 6 par 1.000 kilogrammes de betteraves et par dixième de degré; mais, si la densité estinférieure à 7°, I fabricant retient de 0 fr. 60 à 0 fr. SO dans les 1 Un article spécial sera consacré, dans la Revue, à la cul ture de la betterave. (N. de la Direction.) ? M. Pagnoul a déterminé, dès 1869, l'intluence de l'écart ment des plantes et a montré que les betteraves, en cultuk serrée, sont plus riches en sucre et contiennent moins sels. Il a démontré également que la diminution de poid qui se produit est largement compensée par la plus grand proportion de sucre et la qualité du jus. Parmi les savants qui ont le plus contribué à définir ce diverses conditions de sélection et de culture, il est juste d citer en première ligne Violette et H. Pellet. Leurs procédés actuellement employés, permettent de porter courammenti 16 ° /o la richesse en sucre de la betterave, 8 M. de Vilmorin à établi qu'il y a un rapport fixe entre A teneur saccharine du jus et sa densité. Le petit appareil flottant qui sert à déterminer cette der sité est ainsi gradué : plongé dans l’eau pure à 4° de temp rature, il s’y enfonce presque entiérement; au point d'afileu rement il marque 0, ce qui correspond à une densité di 1000. Les divisions suivantes 19, 20, 3°, 4° correspondent des densités de 1010, 1020, 1030, etc. Ces degrés sont divis eux-mêmes par dixième 401, 192 2, etc., représentant des d sités de 1011, 1012, 1013. — La vérification et le poinconna] du densimètre ofliciel ont été rendus obligatoires par la, de juillet 1889. mêmes conditions. Enfin, lorsque le sucre atteint un prix convenu à l'avance, — généralement 35 francs les 100 kilogrammes, — il est attribué au cultiva- teur une majoralion dans le prix d'achat. C’est là une sorte de participation dans les bénéfices et un encouragement pour l’agriculteur à apporter tous es soins à la culture de la betterave et à obtenir L. produits riches en sucre. A leur arrivée à l'usine, les betteraves sont Il PEL UNE TR EE NS E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE = _ 207 de petits trous et tournant avec une vitesse de quinze lours par minute dans une caisse remplie d'eau courante. Le tambour est légèrement incliné pour permettre aux betteraves de tomber dans un épierreur muni de bras verticaux qui, soulevant les betteraves, les jettent dans le monte-charge qui les porte au coupe-racines, tandis que les pierres, plus lourdes et plus petites, tombent au fond du bac, d’où on les retire d'heure en heure. Big. 3. — Magasin de betteraves el silos pesées, on procède à la détermination de leur jus, puis les racines sont placées en silo (fig.3), ou en magasin ; là elles attendent leur mise en œuvre. Le silo doit être bien aéré, avec des cheminées, de distance en distance, pour éviter les fermentations qui ne manqueraient pas de se produire au détriment du sucre (fermentation lactique). L Il, — OPÉRATIONS PRÉLIMINAIRES DE LA SUCRERIE, A la surface des racines adhèrent MHoujours de l’humus, de l'argile im- pure ou du sable qui, s'ils n'étaient enlevés, mettraient rapidement hors de service les couteaux des coupe- racines. C’est pourquoi la première opération de la sucrerie est le lavage. Les betteraves sont amenées à l'ap- pareil laveur au moyen soit de brouet- ies poussées à bras, soit d'un transporteur hy- lraulique (fig. 3 bis), si l'usine est à proximité lun cours d’eau. Quand ce dernier mode de trans- port est possible, il y a, en général, avantage à employer ; il est peu coûteux et diminue considé- ‘ablement la main-d'œuvre. |: Le lavageet l'épierrage se font dans un tambour le trois mètres de longueur, percé d’une infinité Figure 3 bis. — Délail du transporteur — Coupe verticale. — Le transporteur est constitué par un caniveau en maçon- nerie où de l'eau coule avec une certaine vitesse. s’en servir, on enlève le couvercle, et on laisse tom- ber, par petites quantités, les betteraves, dans le cani- veau. Elles sont entrainées par l'eau jusqu’au laveur. établis au-dessus du caniveau (transporteur hydraulique) où elles sont déversées, puis entraïnées par un courant d'eau. Le coupe-racines est constitué par un disque portant un cerlain nombre de couteaux disposés horizontalement ; les betteraves sont découpées en lanières très minces appelées cossettes et, ainsi divisées, tombent, par un canal appelé nochère (fig. 6) dans les vases diffuseurs. La fabrication proprement dite com- mence à ce moment. IIT. — EXTRACTION DU JUS SUCRÉ. Les opérations précédentes ont uni- quement pour but de préparer la ra- cine de la betlerave aux opérations ultérieures d'extraction. Cette partie de la plante, qu’on appelle communé- ment la racine, formée en réalité par une racine véritable et une tige tubé- riforme étroitement unies, renferme, après la première année de son exis- tence,une abondante réserve de sucre. Cette réserve s’épuise au cours de la seconde année quand on laisse le végélal évoluer dans les conditions naturelles, c’est-à-dire fleurir et monter en graine. Elle existe à l’état de disso- lution dans les vacuoles des cellules parenchyma- teuses.On cherchait autrefois à exprimer le suc de ces vacuoles en räpant la betterave et en la pres- sant au moyen d'une presse hydraulique ou conti- hydraulique. Pour 295 meet à A À ip Vi pure {| T n end in SAR te A arte 1) (lL ni d Fig. 4 — Diffuseur fixe à bayonnelle des Anciens Elablissements Cail. — La partie supérieure de la ligure représente, en coupe verticale, un diffuseur muni de son calorisalewr. Un diffuseur voisin (non figuré ici) déverse son jus, par la partie supérieure, dans le calorisateur. Le serpentin de ce calorisateur réchauffe le jus, lequel ensuite, passe, par la partie inféricure, dans le diffuseur figuré ici. Ce diffu- seur, rempli de cossettes, enrichit le jus qui y accède. Après une série d’épuisements de cette sorte, le Jus est enlevé, et les cossettes épuisées sont, au moyen de la porte de vidange,ä bayonnette quitfomme le fond du diffuseur, déversées dans la fosse au lion située au-dessous. E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE U 209 nue. Mais, depuis un certain nombre d'années, les procédés de cette sorte ont été remplacés, dans la lupart des fabriques, par la diffusion. Cette opé- ation consiste à faire macérer dans l’eau la bette- autres. En réalité, dans le procédé de la diffusion, le phénomène est un peu plus complexe : le coupe- racines a, en effet, sectionné quantité de cellules, lesquelles mettent par suite en liberté dans le fes ve } l'eau. Lurs d'eau. hydrautiques et de 1 calurisateur, plancher. rtauçhor, P Calorisateur. Eu LÉGENDE: À LAS LES Dilusurs, 16 Rabluec de we À ff D Faiscran triple do ÿ aaupapes. saur. £ Tuyauteric circulaire 4 T Robinet du joint bhydra: lique. #_F Tuyautoris cirealaire au jus 1 Robinet de priso de vapeur. G Tuxauterie circulaire Als va- V Robinet de jaugo du diffuseur peur. Æ Tuvauterie cireulaire des re- ‘Y Contropoids de ls porte. 1 lusautedie cirealaire pour joints J l'urgceur automatiquedes retours 1] K Plyque d'assise de 2 diffuseurs L Cercle intérieur iportant le M Cercle ostérieur portsot lo *N fMlancher d'égouttazs. N 9 Céaducteur à cosseues. Q iwlinot- de vapeur ange d'air du diffu- ZX Porte du bas du difluseur. Z Pattes d'assiso du diffuseur. 1 Crochets d'appui de porte. ? Élévatour 4 cossettes. 3 Coupe d'un diffuseur et calori- — sateur. 4 Tige "ouvrant la porte ot les crochets. 5 Écrou-support do celle Ugo. 6 Vis crouse. 7 Biellettes d'attelage dela porte 8 Nœud d'amarre de biel- leutes. 9 Chappo d'attelago déta tningle des crochets . 10 Tubulure pour . Fig. 5. — Ballerie de diffusion. — Dans l'angle droit inférieur de la figure est représenté en élévation un diffuseur et son calorisaleur. Quatorze couples de cette sorte sont reliés l’un à l’autre et disposés en cercle, comme le montre la partie cen- trale de la figure (projection horizontale de la batterie). Le plan vertical, qui se trouve au-dessus, représente la coupe ver- ticale de trois vases de diffusion peu éloignés et montre, au-dessous de chacun de ces appareils, les fosses où tombent les cossettes épuisées. Ces cossettes sont recueillies à l’aide d’une vis d'Archimède située horizontalement. Cette vis les porte à un élévateur extérieur, — Sur la gauche de la figure et vers le bas est représentée la commande des robinets adaptés aux diffuseurs. rave sectionnée en tranches minces par le coupe- racines. Elle repose sur le principe de la dialyse de . Graham, les membranes cellulaires laissant passer au travers de leur propre substance les corps sus- ceptibles de crislalliser, à l'exclusion de tous les liquide ambiant une grande partie de leur contenu colloïde aussi bien que cristalloïde !, Pour se rendre compte de la variété de matières LU RS RP D ee 1 Cet apport est évalué à 4 °/o. 210 E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE que la macération des tranches de betteraves peut ainsi entrainer dans le liquide ambiant, il est ulile de remarquer que ces tranches renferment en moyenne (s'il s’agit de la betterave blanche de Silésie à collet vert) : [TL Le tableau de la page 211, emprunté à Schei- bler !, précise le détail de cette composition. Cha- cune des matières comprises dans ce tableau joue dans la fabricalion un rôle, soit utile, soit nuisible, que l'industriel doit connaitre. Voyons d'abord la TU TNT DT DIT ni il | | | il ll l Fig. 6. — Ballerie de 42 diffuseurs avec porle de vidange à bayonnelle, système Dujardin. — A la partie supérieure se trouve le coupe-racines qui déverse les cossettes au moyen d’une glissière (nochère) dans les vases diffuseurs. Au-des- sous de ces appareils se trouve la « fosse au lion » qui recoit les cossettes épuisées. 1: Has iuca re RL TR UE 83.5 DASUCLO eme etre nee Ne L CLR 10.5 3. Cellulose, pectose et pectine OS. 0.8 4. Albumine, caséine, asparagine et autres matières neutres et azotées.......... 1.5 5. Acides malique, pectique; substances gommeuses; matières grasses, aro- matiques et colorantes ; huiles essen- tielles ; oxalates, sels minéraux, notamment phosphates, chlorures, sulfates de potassium, sodium et cal- Cum, etc: OC ce. mec ape 3.7 MoLal AE Mod PE. IE 100,0 facon dont ces substances se comportent pendant la macéralion. Batteries de diffusion. — L'appareil où s'accomplit ce travail s'appelle la batterie de diffusion. IL se compose (fig. 5) de 8, 10, 12 et même 14 difu- seurs. Chaque diffuseur,représenté en coupe par 1 Scnetgcer. Manuel-agenda des fabricants de sucre, 1 vol, in-8°, Gallois et Dupont, 1895. { dernier est chauffé soit par un serpenlin, 4 - par un système de tubes repliés, où circule de (as PDU z __ | Ë j # 4 5. «4 ; À Get e NN D A 00 LEE Er ed diffuseur et un calorisateur, E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE 211 la figure 4 (page 208), est un vase d’une capacité variable, qui est souvent de 20 hectolitres. Il est formé d’un cylindre en tôle ; sur le couvercle se trouve une porte de remplissage et sur le fond inférieur une porte de vidange, rendue étanche au moyen d'un tube de caoutehouc et d'un joint hydraulique. Chaque diffuseur est, par le haut, chargé de cos- settes de betteraves et d’eau (fig. 6), puis coiffé d’un couvercle que l’on sertit. Il est, comme le montre en coupe la figure 4, raccordé à un appa- reil de forme cylindrique nommé ralorisateur. Ce soit à la sortie de chaque diffuseur versle haut et chasse le liquide vers le calorisateur, puis vers le diffuseur suivant. La figure 6 représente un mode un peu différent d'association des diffuseurs. Quand les jus ont une densitésuffisante, ils sont soutirés etenvoyés au bac mesureur. Nous ne pou- vonsici entrer dans lesdétails delamiseen marche; ce qu'il importe de bien fixer, c’est que la diffusion, phénomène d’osmose, s’opère en épuisant la cos- selle par des lavages méthodiques. Les cossettes épuisées sont destinées à la nour- riture du bétail et constituent une alimentation très estimée. Mais il faut, avant de les lui donner, Tableau schématique de la composition de la betterave. 11.5 à 17 % de | matières s0- lubles l’eau Jus | Du non sucre dans = 5.5 à 21.0 % de matières . sèches de la betterave... Des cendres Des matières Des matières 4.0 à 5.0 % de matières insolubles dans l'eau Du sucre Potassium, sodium, rubidium. Calcium, magnésium, fer et man- ganèse en combinaison avec le chlore, acide sulfurique, phos- phorique, silicique et nitrique. Des sels incom- bustibles Mèmes métaux en combinaison avec des acides oxalique, citrique, ma- lique, succinique, pectique, etc. formés (par la combustion) en carbonates | Des sels el | { Protéiques (albumine, etc.). Plasmatiques. Asparagines et acides divers. Bétaïne. azotées.... Dextrane. Matières pectiques solubles. Chlorophylle, Chromogène. Graisses, etc. Arabinose. non azotées...,., | Cellulose,pectose et matières colorées … la vapeur. Tous ces couples, constitués par un sont associés en série circulaire (fig. 5, plan horizontal) et reliés - l'un à l’autre, de telle sorte que deux diffuseurs _ voisins communiquent entre eux par l'intermé- … diaire d’un calorisateur. On détermine dans tout . bas et, ce système une circulation des jus. Suivons le trajet du liquide, en partant d’un diffuseur (fig. 5 et 6). La solution sucrée sortant de ce vase entre, par le haut, dans le calorisateur du couple suivant et s'y trouve portée à une température d'environ 85°, puis, continuant sa descente dans ce cylindre, esl refoulée dans le diffuseur auquel il est raccordé; elle pénètre dans ce diffuseur par le à mesure qu'elle s’y élève, s'y enrichit en sucre. Après quoi, elle se déverse dans un autre calorisaleur, puis dans un autre diffuseur, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'à force de s'enrichir, elle atteigne la densité convenable. Le passage du jus d’un diffuseur à l’autre s'opère gràce à la pression d’une colonne d’eau, qui s'exerce REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, exprimer l'eau qu’elles renferment; on se sert à cet effet des presses Klusemann, que représentent les figures 7 et 8. Conduile de la diffusion. — Le travail de la diffu- sion a principalement pour objet : 1° l'épuisement maximum de la cossette ; 2° l'obtention du jus à son maximum de densité. La pratique a démontré que l’on pouvait arriver à limiter la perte de sucre à 2 °/,, du poids des betteraves. Le fabricant a évi- demment un grand intérêt à produire des jus à leur maximum de densité, parce que, dans la suite du travail, il y aura moins d’eau à évaporer. Du reste, enconduisantla diffusion d'une manièrerationnelle, on obtient un jus dont la densité est sensiblement égale à _ de la densité initiale du jus de la bette- rave. L'expérience démontre que la température maxima à laquelle on peut chauffer le jus dans la diffusion varie de 80° à 90° C. Lorsqu'on chauffe trop, le jus devient impur; certaines matières or- ge nn 2 \ fe EU ORLIEATENT 4 / À IBERGREEN 10 on 1,6 2 METLI8 4 , e _e 5 Fig. 8. — Presse à cosseltes, système Klusemann. — Les cossettes, versées dans la Fig. 7. — Presse Klusemann pour enlever l’excès d’eau que renferment les cossettes RE fret desc en dont dns M'A ne Teil, dos épuisées et les rendre ainsi propres à l’alimentation du bétail. — Un élévateur PRE PRES ’ : Bxea ressent. l settes dep ss DIE à godet monte les cossettes épuisées dans l’entonnoir de la presse, dont la É Ê e e i contre les planchers des divers compartiments dé pareil. L'eau sort par la par ig.8 montre la coupe verticale. tie latérale perforée et les cossettes descendent suivant la vis formée par les bras. E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE ganiques se dissolvent : il peut y avoir formation d'acide mélapectique, —- véritable fléau de la fa- bricalion, tous les métapectates étant solubles. Voici, pour fixerles idées, unexemplede l'échelle des températures aux calorisaleurs pour une bal- terie de douze diffuseurs dont dix sont en activité, en commençant par le diffuseur qui doitêtre vidé : Diffuseurs Températures TE TE een 45 Ze run État Re os 60 DANS esse - decor e 85 Déeeete 23000 Me MA RTE 85 DR PR. ii. are 85 (EE 2 tn LA ONE 85 HSE to SEE 85 Ra DA un 85 SLR ES ec 0e 70 AO et er 50 L'épuisement est d'autant meilleur que la durée du contacl entre les cossettes et le liquide est plus considérable ; cependant il importe de travailler un peu vite, parce que le Lemps provoque des altéra- lions du jus. Le contrôle de la diffusion se fait, dans les su- creries, au moyen d’un bac jaugeur qui mesure les quantités de jus entrant en travail, et surtout par les analyses répétées du chimiste. En laissant, par-exemple, 0,5 de sucre pour 100 de betteraves dans les cosseltes, on perd inutilement de 3.000 à 3.500 kilogrammes de sucre par million de kilo- grammes de betteraves, c'est-à-dire une somme très importante. On conçoit alors toute l'utilité in- dispensable d’un contrôle chimique, et cependant certaines sucreries françaises ne l'ont pas encore chez elles. IV. — CHAULAGE DES JUS ET CARBONATATION. La diffusion ayant extrait de la betterave le jus sucré el l'ayant dissous dans l’eau, la dissolution obtenue renferme à la fois du sucre et à peu près toutes les substances solubles qu'énumère le tableau (page 211): matières azotées, sels minéraux et orga- niques, acides organiques, etc. Elle est d’abord un peu colorée et légèrement trouble : à l'air, sa colo- ration augmente et son état trouble s’accentue en- core: ils’y forme de gros flocons noirs. Si la solution élait quelque temps abandonnée à elle-même, son sucre ne tarderait pas à s'altérer : il serait vite in- verli parles acides organiques etsubirait, en partie, la fermentation laclique. Aussi importe-t-il de dé- barrasserle plus rapidement possible la solution des principes autres que le sucre. La méthode employée à cet effet consiste dans l'emploi de l'hydrate de chaux et consécutivement, de l'acide carbonique : la chaux forme avec certains acides organiques et minéraux des composés à peu près insolubles et, avec le sucre, un sel, le‘saccharate de chaux, qui reste dissous dans l’eau. L'acide carbonique agissant sur ce sel, lui prend la chaux pour former 213 du carbonate de chaux insoluble, el isole le sucre, lequel demeure à peu près seul en solution. Défécation. — Dans un certain nombre de fabri- ques on ne chauffe pas les jus au sortir de la bat- terie de diffusion, et l’on se contente d'y ajouter, en une seule fois, {oute la quantité de chaux néces- saire pour faire ensuite la carbonatation. Ce pro- cédé nous semble défectueux, et nous pensons qu'il y à lieu d'opérer un chauffage et une addition fractionnée de la chaux. Cette pratique, observée dans le plus grand nombre des fabriques, donne les meilleurs résultats. Donc, les jus sortant des diffuseurs, on les addi- tionne d'un litre de lait de chaux à 20° Baumé pour 8 hectolitres de jus, et on les porte, /e plus rapi- dement possible, à + 95° C; c'est là ce qu’on appelle la défécation ; on envoie ensuite les jus désignés aux bacs d’altente de la première carbonatalion:; ils y reçoivent un dixième de leur volume de lait de chaux à 20 ou 25° Baumé, soit 2 kilos à 2 k. 5 de chaux anhydre par hectolitre de jus. L'avantage de cetle méthode est celui-ci : La pe- tite quantité de chaux employée est suflisante pour saturer les acides organiques en liberté, acides qui, sans cetle précaution, intervertiraient la saccharose à la température où il est nécessaire de porter le liquide sucré pour coaguler une cer- laine quantité de l’albumine végétale dissoute dans le jus. D'autre part, er procédant comme nous venons de l'indiquer, on facilite considérablement le passage des jus carbonatés dans les filtres- presses, opération que nous décrirons plus loin. Principe des carbinitations. — Le jus sucré qui a subi une première défécation contient encore une grande quantité de matières organiques et de sels minéraux, dont il importe de se débarrasser. À cel effet, on n'emploie plus actuellement que le pro- cédé dit de la double carbonatalion, imaginé, il y a quelque quarante ans, par Périer et Possoz : Le jus étant addilionné de la quantilé de chaux néces- saire, il se forme, au sein du liquide, des com- posés organiques à base de calcium, du sulfate de chaux peu soluble et des saccharales de chaux solubles : CI2H22011Ca0 el C'2H120112Ca0 En agissant sur ces saccharales, l'acide carbo- nique les décompose ; le carbonate de chaux forme entraine, en se précipitant, les composés insolu- bles que les matières précédemment citées forment avec la chaux. La pratique a démontré qu'il y a tout avantage à répéter cette opération. Avant d’en décrire la technique, ilest ulile d'indiquer comment se prépa- 214 E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE rent, dans les sucreries, la chaux et l'acide carbo- nique destinés au chaulage et àla carbonatation. Préparation de la chaux et de l'acide carbonique. —- Pour produire cet acide carbonique et la chaux né- cessaire à la défécation, les sucreries possèdent un four à chaux. Ce four (fig. 9) est continu, muni, vers le bas, de plusieurs foyers extérieurs dont la flamme débouche dans le four par une série de canaux; des ouvertures, placées à la base, permettent de retirer de temps en temps la chaux vive. Le haut du four est rétréci et clos par un couvercle qui ji il ca & S SE quise forme. Le four étant chargé au préalable avec du calcaire, on allume un feu de coke surles foyers extérieurs. La température s'élève et bientôt la dis- socialion du carbonate de chaux se produit : on oblientlachaux vive d’une part et, de l’autre, l'acide carbonique qui vient s'ajouter à celui qui est pro- duit par la combustion du coke. Dans ces condilions il se forme un mélange gazeux qui contient généralement de 25 à 32 de son volume en gaz carbonique. Toutes les deux heuresonintroduit,parl'orificecirculaire supérieur, des charges composées de 1 volume de coke contre qi Fig. 9. — l'our à chaux avec monle-charge hydraulique. — A gauche, vue de l'extérieur: à droite, coupe du four et du monte-charse. — Le monte-charge élève et transporte à la gueule du four le calcaire et le coke. — La coupe montre, à la partie supérieure du four, l’orifice du tuyau circulaire qui recueille les gaz du four. — Sur les côtés, trous d’air et trous pour passer les ringards. — Sur la gauche de la coupe est figuré un foyer. porte un orifice circulaire, également fermé, et que l'on n’ouvre que lorsqu'on introduit les charges de calcaire et de coke. Au-dessous du couvercle se trouve un canal circulaire où viennent se rassem- bler les gaz du four; un tuyau latéral en fer y est fixé, par lequel les gaz s'échappent et se rendent au laveur, où ils sont épurés et refroidis. Des ouvertures, fermées par des bouchons en fonte, sontpraliquées dans la maçonnerie el servent à surveiller la marche du four; elles permettent également d'introduire une barre de fer, avec la- quelle on fait descendre le calcaire après avoir retiré une certaine quantité de chaux vive; elles donnent encore le moyen d'introduire une terlaine quantité d'air destiné à brûler l'oxyde de carbone volumes de calcaire. Le Lirage énergique du four est assuré par une pompe aspirante et refoulante, d'une grande puissance, qui aspire le gaz du four, puis Île refoule dans les chaudières à carbonater. Le lait de chaux se prépare dans des bacs ma- lareurs au centre desquels se trouve un agitateur constitué par un axe vertical muni de bras hori- zontaux. Première carbonatation. — Le jus, déféqué et chau- lé, est introduit dans les chaudières de première carbonatation (fig. 10). Ces chaudières, au nombre de trois, sont de grandes caisses en forte tôle, d’une contenance de 45 hectolitres, à fond un peu incliné afin d'en permettre la vidange ; elles ontun Lo héie pl maire FN etat sn le ad be A Te à ab 4 £ | | ul don Lébdes in lé ni rt dé DÉS LS ad dé pe à à tuyau est placé un serpen- glent l’arrivée du gaz carbo- l'introduction dans le ser- . pentin, tandis E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE 215 couvercle léger pour empêcher les projections, et présentent en avant une ouverlure qui permet d'observer la marche de l'opération. Sur le fond de la chaudière se trouve, disposé en forme de carré, le tuyau d'arrivée du gaz carbonique ; ce tuyau est percé d’une infinité de petits trous par lesquels le gaz se dégage. Autour du tin réchauffeur à trois circon- volutions, dans lequel circule la vapeur; deux robinets rè- série de boîtes (fig. 12) constituées comme suit : chacune comprend un fort cadre en fonte de forme quadrangulaire. De part et d'autre de ce cadre sont fixées, sur ses montants, deux plaques de fonte perforées, qui se trouvent, par consé- quent, être parallèles l’une à l’autre et séparées seulement par l'épaisseur du cadre. Ces plaques perforées sont revèlues d’une toile de lin, au travers de laquelle se fait, comme nous allons l’indi- quer, la filtration. nt EN nique, ainsi que celle de la Les boîtes, constituées com- me il vient d'être dit, sont vapeur. L'introduction du jus se fait par un tuyau latéral placées debout à côté les unes desautresAB ABABABAB.. venant d’un monte-jus qui en- voie le jus de la défécation à (fig. 11), et c'est dans l'inter- la carbonatation. Le travail s'opère de la manière sui- vante: on commence à chauf- fer pendant que l’on fait arri- ver le gaz carbonique. Il se produit, à la suite, des bulles qui soulèvent la masse et forment une mousse volumineuse; l'on abat cette mousse en l’arrosant de temps en temps avec quelques cuillerées de graisse fondue. Toul en carbonatant, on continue de chauffer jusqu'à ce que le jus soit à la tempéra- ture de 7; on cesse alors de la vapeur qu'on laisse l'acide carbo- nique se déga- ger jusqu’à ce qu'il ne reste ju] Fig. 10. — Chaudière à carbonater (coupe) repré- sentée à toute petite échelle. — A la partie infé- rieure se trouve le tuyau formant carré et per- foré de trous qui distribue l'acide carbonique. — A l’intérieur et sur le côté, thermomètres. valle qui sépare deux boites consécutives qu’ arrive le li- quide boueux. Il entre par le robinet D et est distribué par une canalisation à tous les in- tervalles compris entre les boites. Le jus, filtrant au travers de leurs toiles, pénètre dans toutes les boites. Chacune de celles-ci porte, à sa partie in- férieure, un robinet R par où s'écoule le jus filtré. Ce jus est recueilli dans la bassine D. Deuxième carbonatation. — Le jus est ensuite en- voyé à la deu- xième carbo- natalion. Les chaudières employées à cet usage sonL au nombre de deux et sem- _ plusqu’uneal- blables, en _ calinité égale toutes façons, à 1 gramme 20 aux chaudiè- de CaO par li- res de pre- tre”, mière carbo- On a REES" Fig. 11. — Filtre-presse. — _ ABA AB. , boîtes filtrantes. Te liquide boueux entre par le natation. Le que partout robinet D; le jus filtré sort par les robinets R. Les robinets C et C! servent à faire pas- jus y est ad- supprimé la décantation qui suivait les carbonatations. Cette manière d'opérer est plus rapide et donne un . jus plus clair. Il a fallu, par contre, augmenter le Ta nombre des filtres-presses et en faire deux bat- teries. - Le filtre-presse (fig. 11 et 13) se compose d’une ————————————— ! En sucrerie, l’alcalinité est toujours, quel que soit l’al- cali ou l'alcalino-terreux quila donne, exprimée en chaux. ser un courant d’eau destiné à nettoyer le filtre. ditionné d’un lait de chaux de manière qu'il y ait environ 0,7°/, de chaux, et carbonate dans les mêmes nr tre On arrête la carbonatation lorsque le jus possède encore une alcalinité de 0, 45 10,20 par litre. Cette alcalinité est généralement due aux alcalis naturels de la betterave : la soude et la potasse. Le jus est envoyé à la deuxième batterie de 216 E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE filtres-presses, filtré dans les mêmes conditions et | procédé, actuellement à l'étude, donnera peut-être réchauffé dans des chaudières analogues à celles de la carbonatation, mais ne possédant pas natu- rellement de tuyau d'arrivée du gaz carbonique. Le jus qui sort de ces chaudières est filtré dans d'excellents résultats. Le lecteur nous pardonnera de ne pas lui donner de détails à ce sujet, puisque l'application induslrielle n'en a pas été encore faite en dehors des usines où elle s'étudie. des filtres à cadres, garnis de toiles (ces filtres suf- fisent à arrèter les der- nières substances insolu- bles qui n'auraient pas été enlevées après les passages aux fillres-pres- ses), puis envoyé aux ap- pareils d'évaporation ‘. Indépendamment deux carbonatations, cer- taines usines traitent les : | “à jus par le gaz sulfureux. On salure ainsi cerlaines des ui bases, on précipite aussi l'ig. quelques matières élran- gères, et l’on produit ainsi une décoloration assez : marquée du sirop. On a proposé aussi, pour supprimer les earbona- 12, — Elément de fillre-presse. V. — ÉVAPORATION ET CUITE DES JUS La solution sucrée élant débarrassée de la plu- part des malières étran- gères provenant des cellu- les de la plante, il con- vient d'isoler le sucre de la solution. Pour lui permettre de cristalliser, il faut con- centrer fortement le jus carbonaté et filtré. Cette concentration comporte deux phases bien dis- tinctes : la première, évuporation ou concentration, consiste en la réduction du liquide à peu près à la moilié du volume primilif du jus. qui sera trans- Fig. 13. lalions, un traitement électrolvtique des jus. Ce 1 Dans presque toutes les sucreries on a supprimé les filtres à noir qui ne produisent pas un effet actif proportion- nel à leur prix d'achat et d'entretien. — Autre système de fillre-presse à lavage. formé en sirop; la seconde, dite cuite de sirop, com- prend une nouvelle concentration jusqu'à la eris- lallisalion du sucre. Concentration du jus. — Par l'évaporalion de E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE 217 14 kilogrammes d’eau, 100 kilogrammes de jus fournissent approximalivement, en sirop, 26 kilo- grammes qui, par la cuite, se réduisent eux-mêmes à 14 kilo- _ grammes de M. Rillieux, en Amérique, employa la vapeur dé- gagée par les sirops et les jus en ébullition pour l’évaporation d'une autre partie de jus moins con- centré. Enfin, en Europe, masse brute - Degrand, cristalline. Cail,Derosne, Le chauf- Robert, Roth, fage à la va- Fischbein, peur est Walkhoff, A- moins dan- ders, de See- gereuxetplus lowits, etc., , économique que le chauf- fage à feu nu employé pré- cédemment. Pendant lon- etc., inven- tèrentou per- fectionnèrent des appareils basés sur le même prin- glemps, l’é- cipe. vaporation du L'appareil jus se faisait aujourd'hui dans des employé à chaudières à peu près par- air libre; mais la tem- pérature d'é- bullition,é- tant trop éle- vée, amenail fatalement et une colora- tout, à quel- ques varian- tes près, est le système, dit à triple effet (fig. 14), dû à MM. Cail et Cie,ouune variété de ce tion du liqui- Fig. 14. — Triple effet, système Cail. de en brun et type, l'appa- une transfor- reil Dujardin mation d’une (fig. 13). Cet parlie du su- cre cristalli- sable en su- cre incristal- lisable. Onre- courut enfin appareil se compose de trois chaudiè- resoucaisses, situées à côté les unes des autres sur le à la concen- tration dans même plan, le vide, où et communi- l'ébullition a lieu à une température assez basse; et la différen- ce entre la température de la vapeur dans les tubes chauf- feurs et celle du liquide étant plus considérable, on obtient, à surface de chauffe égale, plus d'effet utile et, par suite, une concentration plus rapide. En 1812 Howard construisit la première chau- dière à évaporation dans le vide; plus tard, quant de telle sorte que la vapeur émise par le liqui- de, pendant qu'onchauffe, puisse être employée à vaporiser le jus contenu dans la suivante. L'évaporation est facilitée par un vide relatif que produisent, d’une part, une pompe à air et à eau, d'autre part, la condensation des vapeurs sortant des chaudières. Chacune de celles-ci 2st constituée par un cylindre à parois de fonte, dirisé 218 E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE en trois compartiments superposés. Le comparti- ment inférieur renferme un système de tubes ver- ticaux, visible sur la partie gauche de la figure 15 : chaque tube débouche dans le compartiment moyen. Le jus à concentrer remplit, d’une part, tous ces tubes, d'autre part, le fond du comparti- ment moyen. L'espace compris entre ces tubes esl occupé par la vapeur servant au chauffage. La chaudière de gauche est chauffée par la va- eu d’échap- pement des machines de l'usine; sous l'influence de celte vapeur, le jus est rapidement porlé à l’é- bullition : les vapeurs qu'il émet se ren- dent entre les tubes de la seconde chau- dière, échauf- fent le jus qu'ils renfer- ment el le portent à l'é- bullition : ce dernier agit demême à l’é- de la seconde, et 28° à 30° en quittant l’appareil. M. Horsin-Déon construit actuellement, sur le même principe, des appareils à quadruple, quin- tuple et même sextuple effet. Le jus, dans ce der- nier cas, est réchauffé dans les deux premières caisses, Les vapeurs produites dans ces caisses servent au chauffage de l'appareil à cuire, ainsi qu'à celui des chaudières à carbonater. L'économie de chauffage réalisée dans ces conditions est de 30 % sur le combustible utilisé par le triple effet ordinaire. Les sirops sortant du tri- ple effet sont filtrés méca- niquemenl dans les mê- mes condi- tions que les jus qui y en- trent. Les fil- tresemployés sontde même sorte (filtres Puvrez, Da- neck, elc.). Quel que soit le filtre gard du jus de la troisième Fig. 15. — Appareil à triple effet pour la concentration du jus sucré. — La chauditre de gauche montre la disposition interne des trois chaudières : chacune est divisée par conomie réa- lisée par la chaudière. deux cloisons horizontales, en trois compartiments superposés. Les deux chaudières suppression ns se de droite montrent, vers la base de leur dôme, des orifices, trous d’homme, ete., lale d ER Ce système servant à introduire à l'intérieur des trois chaudières de l'acide chlorhydrique pour totale du noir, réalise une les nettoyer. — Suivant une génératrice de leur surface cylindrique on voit des varie de O fr. = lunettes en cristal permettant d'observer du dehors le niveau du liquide à l'intérieur, re importante Ces chaudières possèdent un revêtement de bois destiné à diminuer la déperdition de 75 à 4 fr. 50 économie de Chaleur. par 1.000 ki- combustible , log. de bette- puisque la vapeur envoyée dans la première chau- dière chauffe indirectement les deux autres. Le degré de vide n'est pas le même dans ces trois caisses : si nous représenlonsla pression dans la dernière chaudière par une colonne mereurielle de 11 centimètres, la pression sera 38 centimètres dans la deuxième, et 65 centimètres dans la pre- mière, à + 96° C., dansla seconde à 82 C, dans la troisième à + 54° C, Le jus qui arrive dans la première caisse en vertu du vide relatif qui existe dans l'appareil, passe done successivement dans les deux autres et sort d'une manière continue de la troisième. À Les robinets sont réglés de facon que le jus ait une densité correspondant à environ 10° Baumé en sortant de la première chaudière, 18° en sortant raves, soit environ de O fr. 50 à 1 franc par 100 ki- log. de sucre. À l'heure où nous écrivons ces lignes, le bas prix du sucre brut (24 fr. 75 les 100 kilog.) a forcé les industriels à faire des réfor- mes et à diminuer considérablement leur main- d'œuvre. On s'était aperçu, depuis longtemps, que l'in- fluence de la décoloration sur la pureté du sucre de premier jet est secondaire, el que la principale aclion du noir se réduit à une purification méca- nique; dans ces conditions, la suppression de la filtration sur noir s'imposait. Cuile du jus. —- Le sirop filtré est ensuite concen- tré jusqu’à cristallisation. Cette concentration s’ef- fectue dans la chaudière à cuire (fig.16, 17 et18). C'est employé, l'é-. Eeh Natyairetsn À sofa COUPER ENS Pr à: { she Gedhpg à CN - Enfin, quand la hauteur + E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE 949 ————————————……—…——………—…——…… —…—— ._"————————————————————————————______——_——.—_____—__————_—_—_— une chaudière cylindrique, chauffée par trois ser- * penlins intérieurs (fig. 17), munis chacun d’un robi- net placé extérieurement, adapté sur le tuyau qui amène la vapeur directe des générateurs. Les ser- pentins sont superposés; on peut donc, suivant la hauteur du sirop, chauffer d'abord par le serpentin inférieur, puis par le pre- mier el le second réunis. du sirop dépasse le ser- pentin supérieur, on in- troduit la vapeur dans les trois serpentins. Les sirops arrivent par un tuyau à robinet, appelés par le vide de lappa- reil. Ce tuyau débouche dans la chaudière à la hauteur du deuxième ser- pentin. Comme dans l'appareil précédemment cilé, la chaudière est pourvue de lunettes en cristal per- metlant d'observerlasur- face du sirop en ébulli- tion, ainsi que la façon dont s'opère la cuite. La chaudière à cuire est mu- nie,à sapartie supérieure, : d’un manomètre et d’un thermomètre, et sur le côté se trouve un enton- lition tumul- lueuse ne manque pas de former. Au sommet se trouve un dû- me ; un large luyau s'y a- dapte, par le- quel s'échap- pe la vapeur résullant de l’évapora- tion. Cette va- peur est aspi- Fig. 17 et 18. — Chaudière à cuire avec condenseur latéral. — La figure 17 repré sente la coupe verticale intérieure de la chaudière. On y voit les trois serpentins où circule la rée, en mère vapeur qui chauffe la chaudière, temps que l'air, au moyen d’une pompe à air et Conduile de la cuite en grains. — On commence à REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. Fig, 16. noir à robinet permettant l'introduction d'un peu de graine destinée à abattre lamousse qu’une ébul- — Chaudière à cuire avec grand condenseur de vapeur supérieur. faire le vide dans la chaudière, puis on ouvre le robinet qui commande l’arrivée du sirop filtré. Lorsque le niveau dusirop dans la chaudière s’ap- proche de la première lunette, on ferme ce robinet et on commence à chauffer par le premier serpen- tin. On chauffe jusqu'à ce que le sirop soit concen- tré de manière à don- ner la preuve au crochet. Pour cela, une goutte de sirop prise entre le pouce et l'index doit donner lorsqu'on écarte ces deux doigts, un filet qui se rompt en formant deux crochets. À ce moment, on introduit une nouvelle charge desirop, et bientôt après on commence à apercevoir de petits cris- taux. On règle alors l’ar- rivée du sirop, et, la cristallisation se conti- nuant, les cristaux aug- mentent progressivement de volume. En observant sur une lame de verre un échantil- lon prélevé de temps en temps, le cuiseur suit Ja marche de l'opération et s’assure que le grain se nourrit régulièrement. Lorsque le niveau du sirop parvient à la partie supérieure de la chau- dière, l’ouvrier ferme l’arrivée du sirop et continue à cuire jus- qu'à ce que le grain soit ar- rivé à son dé- veloppement normal (en terme de mé- tier cette o- pération se nomme le serrage de la cuite). Lorsque la cuile est ter- minée, On ar- rêle le jeu de la pompe; on eau. | ouvre le robinet à air adapté un peu au-dessous du dôme, contenu puis la soupape du fond, et tout le la chaudière, ce qu’on appelle la a ER 220 E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE ER masse cuite du premier jet, tombe dans un enlon- noir auquel est adaptée une goullière en pente, qui conduit cette masse grenue et épaisse dans de grands bacs rectangulaires où on la laisse refroidir pendant une heure ou deux. La masse cuite de premier jet estensuile turbinée. VI. SÉPARATION MÉCANIQUE DU SUCRE. Pour opérer la séparation du sucre et du sirop, on peut se servir des formes, des caisses ou des turbines (fig.19 et 20). Depuis l'emploi des chaudières à cuire dans le vide, on n'utilise plus que les turbines. Elles sont formées d'un tambour en toile métallique fine, ouvert à sa partie supérieure el consolidé de toutes parts par des bandes de fer. Le tambour est fixé à un axe vertical repo- sant sur un coussinel; cet axe porte à son extrémité supérieure un cône de frottement, auquel un cône semblable, fixé sur un axe horizontal, portant une poulie motrice, imprime un mouvement très rapide de ro- lation, qui se transmet au tam- bour et lui communique une vitesse de 1.200 tours à la mi- nule. La masse cuite, en se re- froidissant, à pris une certaine consistance. Il est nécessaire di la désagréger avant de la por- I Il | ïl aux cristaux ; enfin, pour produire une épuration plus complète, on dirige un jet de vapeur pen dati quelques instants sur les cristaux, et on arrête en suite la turbine. 4 Au moyen d'une pelle en cuivre à manche court, on relire le sucre de la turbine, on le met en sacs, que l'on porte ensuite dans un magasin spécial. Le sucre est étendu là sur le plancher et on favo- rise sa dessiccation en entretenant dans celle pièce une température propice. Le sucre ainsi oblenu {sucre de premier jet) forme de pelits cristaux réguliers, parfaitement blancs, susceplibles d’être immédiatement livrés au com- merce : cependant la majeure partie est livrée à la Raffinerie, quijn’a d'autre travail qu'à le meltre en pains el le livrer en-. suite à la consommation. : VIT, — EXTRACTION DES SUCRES DE ®% ET 3° JETS. Le lurbinage quenous es de décrire a séparé du sucre cristallisé des jus très com- plexes, en général assez trou bles, appelés mmélasses, et qui retiennent, malgré les opéra tions précédentes, de grandes. quantités de sucre. Il est indis- pensable d'extraire ces quanti= tés. À cel effet, la mélasse résullant du premier lurbi- ter aux turbines. On se sert à uage est parlagée en deux par= cet effet d'une malureuse, caisse quadrangulaire à l'intérieur de laquelle se meut un cylindre armé de dents. La caisse est surmontée d’un enton- noir dans lequel on jette, à l’aide d’une pelle, le contenu des cristallisoirs. La masse cuite est réduite en bouillie homogène; un tiroir, fixé à la base de la caisse, permet de recueillir la masse lorsque celle-ci à acquis la fluidité voulue. On la recoil dans une boite en tôle et on la porte rapidement aux turbines. Lorsque la masse est introduite dans le-tambour, on met celui-ci en mouvement. Sous l'influence de la rotation, le sucre se distribue verticalement au- {our des parois. La mélasse qui entoure les cris- Llaux traverse seulela toile métallique, et est lancée contre la paroi d’un réservoir en fonte qui entoure le tambour; cette mélasse se rassemble dans le fond du réservoir, et un Luyau en permet l'écoule- ment dans un bac destinéà cetusage. Afin d'obtenir un produit plus pur, on laisse le sucre dans le tam- bour, en y ajoutant une certaine quantité d’un sirop pur, qui déplace la mélasse restant adhérente Fig. 19. — Turbine à mouremuntstpérieur pour séparer du sucre crislallisé les mélasses. Lies : 1° Égouts pauvres, produits depuis le commencement du turbinoge jusqu'au moment où l'on clairce; M 2% Égouts riches, produits à partir du moment où l'on commence à elaircer jusqu'à la fin du turbi nage; un dispositif, imaginé par M. Thomas, peræ mel la séparation automalique des égouts. Les égouts riches, relativement purs, rentrent dans le travail à la deuxième carbonalalion. Les égouts pauvres sont concentrés à nouveau et fournissent les sucres des 2° el 3"° jets. ; En effet, ces égouts contiennent beaucoup de su cre, qu'il importe de recueillir ; mais, comme il contiennent une forle proportion de malièress élrangères, la cuite en grains ne peut pas être ems ployée. On cuil seulement jusqu'à l'épreuve dilè du filet el on envoie cette masse cuile dans de crislallisoirs très profonds de forme quadrangu laire, où le refroidissement est retardé par un température de 40° à 45°, que lon mainlient dan la salle où se trouvent les bacs cristallisoirs (em plis. Au bout de quelques jours la cristallisation Hd & > 42 “ F E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE 221 estterminée, on vide alors les cristallisoirs et on | dans peu de sucreries en raison du prix de son urbine la masse. Le sucre produit est brun clair, | installation. Voici, brièvement, en quoi il consiste : ét doit être épuré par le raffinage avant d'être li- | À mesure que le grain se forme dans la chou- vré à la consommation. Les égouts du turbinage | dière à cuire, le sirop s’appauvrit au point de se du 22° produit sont concentrés à nouveau, et la | rapprocher de la constitution finale de la mélasse. masse cuite (3°° jel) ainsi formée est envoyée aux | Au lieu d'introduire du sirop pur, on fait seule- “emplis. Mais la cristallisation est longue, demande | ment des charges avec du sirop de même pureté au moins 4 à 5 mois. Le sucre lurbiné (3%° jet) est | que celui qui reste après la formation du grain. Il d'une couleur plus foncée que le précédent et est | restera donc au turbinage du sucre blanc, d'un livré dans les mêmes conditions que le 2° jet au | côté, et de la mélasse marchande. raffineur. Pour obtenir ce résultat, voici, d'après M. H - Le sirop dégagé du 3"° jet forme les mélasses | Déon, comment M. Steffen opère : Fig, 20. — Turbine à mouvement inférieur. — H, tambour dans lequel on introduit le sucre à turbiner, — J, cylindre en fonte contre lequel est projetée la mélasse. — EÆ, axe central porté sur coussinet. -qui ne donnent par concentralion que peu ou mème « Les masses cuites, retroidies méthodiquement el - pas de sucre cristallisable. Elles sont vendues aux | en mouvement sont recues dans des bacs ayant un isti ; Fa ; double fond formé d’une toile métallique. Une su- istillateurs et employées par ceux-ci à la fabri- ; ; Te 0 6 cette aspire l'égout qui souille le grain et celui-ci reste calion de l'alcool, ainsi qu'à l'extraction des sels | seul dans le bac. Pour nettoyer ce grain qui retient potassiques des vinasses formant le résidu de la | encore de la mélasse interposée, on le lave avec une distillation alcoolique. clairce un peu moins impure, que l’on suce de la même s 4 : anière: puis avec une troisième plus pure, ef ainsi La mélasse de betterave est noirâtre, visqueuse, | © USE È plus pure, un goût lutô è a de suite, jusqu’à ce que l’on clairce avec du sirop pur. un goût repoussant, plutôt salin que sucré; elle | Gn obtient ainsi dans le bac du sucre tout à faitblanc. marque généralement de 42° à 45° Beaumé. « Les clairces successives servent à traiter les - Sa composition moyenne est la suivante : masses cuites suivantes, et l'excédent est introduit ne méthodiquement dans l'appareil à cuire, » è 0] ps Le sucre est alors turbiné pour enlever les Es : . € à dernières traces de clairce, et séché ensuite dans —. M. Steffen a proposé, pour évier le travail des ” me Qnme :h “6dé : 1 : “2% e{ 3% jets, un procédé de crislallisation en 1 Horsix-DEow, Bulletin de la Société Chimique de Paris mouvement, très élégant. qui n’a été installé que | (25 janvier 1895). 9922 E. URBAIN — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE des cylindres tournants où circule de l'air chaud. Ce procédé ne s’est pas encore généralisé. D'ail- leurs, il reste encore de la mélasse dont nous avons déjà donné la composition, et qu'il importe de traiter. VIII. — DÉSUCRAGE DES MÉLASSES. La forte proportion de sucre cristallisable con- tenu dans les mélasses a naturellement conduit les industriels à chercher les moyens d'extraire ce sucre. Il en est résulté un grand nombre de mé- thodes dont nous n’éludierons que les principales : . Osmose imaginée par DUBRUNFAUT. . Osmose calcique (DuBRUNFAUT, SCHOLVIEN). . Désucrage par la baryte (DUBRUNFAUT. Désucrage par la strontiane (DUBRUNFAUT, STAMMER. SCHEIBLER). 5. Désucrage par la chaux (STEFFEN). + co ho 6. Désucr: igepar le saccharocarbonate dechaux (MM.Borvis | et LoisEAU). LLC EL il Tous les cadres sont percés à la partie inférieure. et à la partie supérieure de deux séries de trous; qui forment quatre canaux. Deux de ces canaux servent au passage de la mélasse, etles deux autres” servent au passage de l’eau pure. L'appareil est monté de Lelle façon queles deux canaux à mélasse (le canal supérieur et le canal inférieur) commu niquent avec les chambres paires, tandis que les. canaux à eau pure, disposés de la même façon, communiquent avec les chambres impaires. Lorsque l'osmogène est prêt à fonctionner, on envoie la mélasse dans les chambres paires, et on fait circuler de l’eau chaude dans les chambres” impaires. À travers la membrane, il s'établit un. double courant. Les sels et RES principes très diffusibles passent dans l'eau plus rapidement que. le sucre. La mélasse se trouve en même temps di D cé DEN À Lau alé MN ik ll . Ve cs - 1 Li | Fix 21 — Osmogène. Nous n'entrerons pas dans les détails des dif- férentes opérations, el n'indiquerons ici que les principes qui les guident. Osmose. — La présence d'une partie de sel (chlorures de potassium et de sodium) empêchant la cristallisation de 4 parties de sucre, ona cherché à éliminer la majeure partie dessels que renferment les mélasses. À cet effet, on soumet la mélasse à une dialyse. L’osmose ou dialyse repose sur ce prin- | cipe que la mélasse enfermée dans un vase à parois poreuses (membrane animale, papier-parchemin, terre cuite non vernissée), qu’on plonge dans l’eau pure, abandonne, par diffusion, les sels minéraux qu'élle renferme bien plus rapidement que le sucre. L'osmogène employé à cet effet (fig. 21) se com- pose d’une série de cadres en bois dur, entre les- quels on interpose, de deux en deux, une feuille de papier-parchemin. Ces cadres sont serrés les uns contre les autres au moyen de tiges en fer et de boulons à écrous; on assure l'étanchéité du système au moyen de garnitures de caoutchouc. y ad Vpn er " luée ; et on fait sortir cette mélasse de l'osmogènen avant que le sucre ne diffuse lui-même. Les mé lasses osmosées sont recuites, et, après un séjour de quelques semaines dans les cristallisoirs,aban= donnent de 20 à 25 kilog. de sucre par hectolitren de masse cuite, Ce qui reste est soumis à unes nouvelle osmose, et ainsi de suite. S Osmose calcique. — On prépare le saccharale monocalcique en ajoutant un lait de chaux à la mélasse, on osmose ensuile; le saccharate monos calcique, comme tous les sels de chaux, ne diffuse que fort lentement. Onélimine ainsi presque toutes" les matières étrangères ; le saccharate monocal= cique est ensuile carbonaté, elle sirop repasse pal toutes les phases des opérations décrites plus hauls Ces procédés nous semblent destinés à céder | la place aux procédés de désucrage par les agents. « chimiques. Désucrage par la baryle. — Peligot a étudié less, différentes combinaisons que forment les alcalino= terreux avec la saccharose. Il résulte de ses travaux : d’autres sont insolubles. Le principe sur lequel Slappuie le désucrage des mélasses est donc celui- à : Entrainer le sucre dans une combinaison inso- luble, que l’on puisse recueillir et laver, et dépla- cer ensuite le sucre de cette combinaison par un réactif convenable (CO? ou SO?). “ Si l'on dissout dans trois parties. égales d'un même sirop des quantités de baryte, strontiane et chaux proportionnelles à leurs poids moléculaires espectifs, de telle façon qu’il existe une molécule e la base par molécule de saccharose, on obtient des précipités suivants à l’ébullition : “ CH°2011Ba0........... Saccharate monobasique DA CLEH20M2Sr0.......... » bibasique = C'2H220'13Ca0...... ... » tribasique. À ‘On voit que dans la première liqueur tout le sucre est entré en combinaison; elle est à peu près désucrée, tandis que laseconde contient au moins la moitié du sucre primitif, et la troisième les deux tiers. Le procédé de désucrage à la baryte serait donc “excellent, n'était la difficulté de récupérer la baryte, — qui coûte d’ailleurs fort cher, — et le carbo- nate de baryte retrouvé à la fin de l'opération étant difficilement caustifiable. » … Désucrage par la strontiane. — I semblerait que la cherté encore plus considérable de la strontiane ait dû rendre impossible l'emploi de cet agent 11 Cependant, les conditions du travail “ainsi que la facile récupération du carbonate de Strontiane, fontreconnaitre au procédé Scheibler par la strontiane de nombreux avantages. Le point “nouveau et le plus intéressant de ce procédé est %e suivant : *: Le saccharate bistrontique, précipité à chaud, se -dédouble, au contact de l'eau froide, en hydrate de “strontiane et en un saccharate monostrontique soluble. En projetant dans la liqueur quelques cristaux d'hydrate de strontium, on détermine la cristallisa- lion de l’hydrate : Sr (0H)? + 8H?0, tandis que, Si l’on ajoute à la liqueur quelques parcelles de monosaccharate, c’est ce dernier qui cristal- lise C'H2011Sr0 + 5H20. Les principes scientifiques qui touchent aux pro- priétés des solutions sursaturées trouvent ici une très intéressante application. En comparant l’an- cien procédé à la baryte et le procédé actuel à la -Strontiane, on reconnait à ce dernier les avantages suivants : 1° Étant donné que BaO — 153 et SrO — 103,5, on voit que, pour séparer une même quantité de sucre, il faut moins de lérre alcaline, puisque, des trois molécules de Sr0O employées primitivement, deux repassent à l’état d'hydrale cristallisé, propre à de nouvelles opérations. 2 Le carbonate de strontiane repasse à l’état de strontiane caustique par euisson à + 800° dans les fours à chaux ordinaires, tandis que la baryte demande l’emploi du charbon et une température de + 1100°. Cependant, on emploie généralement la chaux, qui n’a presque pas de valeur, dont on trouve le carbonate partout, tandis que la withérite ou la strontianite sont peu répandues. Désucrage par la chair. — On prépare le saccha- rate tricalcique en ajoutant à une solution de sac- charate monocalcique, provenant de la mélasse en traitement, de petites quantités de chaux vive fine- ment divisée. Il se produit à froid du saccharate tricalcique; la chaux n'entre pas en dissolution, elle attire le sucre de la liqueur et le fixe à l’état de C'2H220113Ca 0. Le saccharate tricalcique est grenu, facile à fil- trer et à laver à froid (on se sert pour ces opéra- tions de filtres-presses). Au lieu de chauffer le saccharate et de le décom- poser ensuite par carbonatalion, un certain nombre d'usines s’en servent pour le chaulage des jus, qui sont en même temps enrichis. (Procédé Steffen.) Le sucre isolé du saccharate tricalcique est d’une pureté qui n’est pas sensiblement inférieure à celledes sucres traités par la baryte et la stron- tiane. Désucrage par le saccharo-carbonate de chaux. — MM. Boivin et Loiseau précipitent le sucre de la mélasse sous forme desaccharo-carbonate de chaux, insoluble dans l’eau de chaux. Ils traitent la mé- lasse par la chaux, en faisant passer un courant de gaz carbonique. Il faut éviter dans cette opération que la température dépasse + 25° C. Le saccharo-carbonate de chaux est une masse pâteuse, qu'on lave à l'eau de chaux ou par exos- mose : il se débarrasse de toutes ses impuretés. Sa composition serait : SUCRE ee er ee Cr lii e 43 % CAO PEER ee EEE: 39 COLLE MANIA Tee ne CETTE 18 IL est dédoublé par la chaleur et saturation en sucre et carbonate de chaux !. Edouard Urbain, Chimiste industriel. 1 Les clichés des figures 3, 3 bis, 6, 10, 12, 13, 14 et 20 ont été obligeamment mis à la disposition de la Revue par M. J. Fritsch, éditeur, 30, rue du Dragon, à Paris. Nous devons la figure 4 aux anciens établissements Cail et les figures 5, 11, 15, 16, 18, 19 et 21 à la Sucrerie indigène el coloniale. 19 19 EE II. — ÉVOLUTION RÉCENTE DE LA SUCRERIE La sucrerie française, sollicitée par la crainte de la concurrence étrangère, encouragée par des lois sagement étudiées, a, pendantces dix dernières années, accompli une évolution des plus intéres- santes, réalisé de très grands progrès. Ces progrès n'ont peut-être pas profité toujuurs à ceux en faveur desquels ils avaient été conçus. Les fabri- cants ont vu diminuer le nombre de leurs usines, et ont fait de lourds sacrifices, de puissants ef- forts, sans qu’un bénéfice suffisant vint les en ré- compenser; les cullivateurs ont peut-être gagné un peu au nouvel état de choses ; mais les ouvriers de sucrerie travaillent moins nombreux qu’autre- fois, travaillent pendantun temps pluscourt, ettou- chent un salaire moins élevé; le consommateur lui- même paie au même prix le sucre de son ménage. Seul, le Trésor a profité de la surproduction. Si nous pouvons, à cerlains points de vue, regretter les conséquences de ces progrès, nous ne saurions regretler le principe qui a présidé à leur accomplissement. Il fallait que ces progrès fussent réalisés quand même par la culture et par la fabrication. Déjà les nations voisines avaient subi la révolulion à laquelle la France sucrière se préparait; nous ne pouvions rester en arrière, sous peine de voir, malgré les droits de douane, le sucre, produit à meilleur compte à l'étranger, envahir nos marchés, et notre commerce d’expor- tation anéanti. La sucrerie de cannes elle-même, si longtemps abandonnée à sa routine, se préoc- cupait de modifier son outillage et sa fabrication. L'évolution dont nous parlons plus haut est aujourd'hui accomplie. Elle a amené une surpro- duction considérable et que l’on ne pouvait pas pré- voir. Nos marchés regorgent de sucre, et la valeur du sucre brut, en dix ou douze ans, a diminué de moitié. A partir d'aujourd'hui, la criseestouverte,et il faut nous attendre à assister maintenant à des bouleversements dans l’industrie du sucre, qui seront les conséquences des progrès accomplis. Nous ne voulons pas, dans cet article, présager de l'avenir et prévoir ces bouleversements ; nous voulons faire simplement de l'histoire el voir com- ment les modifications apportées tant à la légis- lation spéciale, tant à la culture de la betterave, qu'à la fabrication du sucre, ont été de nature à amener la sucrerie à la silualion dans laquelle elle se trouve aujourd’hui. I. MODIFICATIONS DANS LA LÉGISLATION DES SUCRES ET LEURS CONSÉQUENCES En 1884, le 29 juillet, fut votée une loi dont le principe fixail l'impôt sur la betterave entrant dans | L. LINDET — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE . année el portée, de 6 k. 250 pour la campagne la sucrerie, au lieu de le faire porter sur le sucre extrait; elle obligeait les fabricants à exiger des cullivateurs des betteravesriches, et à ne travailler qu'au moyen des appareils et des procédés lesplus perfectionnés. 4 Cette loi du 29 juillet 1884 ne frappait pas d’une v façon brutale la sucrerie : établissant un impôt pro- gressif, elle laissait le temps à la sucrerie nouvelle M de s'organiser. L'organisation fut si rapide que l'État se crut autorisé à modifier, trois ans plus: lard, par la loi du 4 juillet 1887, les dispositions « édictées par la loi de 1884. : La loi du 29 juillet 1884 fixe à 50 franes le droit * à percevoir sur 100 kilog. de sucre, et autorise les fabriques à s'abonner, moyennant une prise en 4 charge, qui est, par 100 kilog. de betteraves mises en œuvre, de 6 kilog. quand la fabrique emploie la diffusion, de 5 kilog. quand elle emploie les presses, l'excédent de rendement étant libéré d'im- pôt; elle alloue aux fabriques non abonnées un déchet de 8 ?/, sur le montant total de leur fabri- « calion. Mais cette disposition ne doit durer que. trois ans, el à partir du 1% septembre 1887 toutes les fabriques devront être abonnées. La prise en charge, à partir de cette époque, 1 doit être relevée progressivement d'année en 1887-88, à 7 kilog. pour la campagne 1890-91. Mais," comme nous le disions plus haut, le rendement" était tel déjà que l'État intervint. La loi du 27 mai 1887 impose les excédents de 10 franes par 100 kilog.; celle du 4 juillet 1887 porte le rendement" légal à 7 kilog. pour 1887-88, à 7 k. 250 pour 1888-« 89, à 7 k. 500 pour 1889-90, à 7 k. 750, où il est encore aujourd'hui, pour 1890-91. De plus, les droits sur les sucres sont portés à 60 francs. La loi du 24 juillet 1888 relève de 10 à 20 francs, celle du 5 août 1890 relève de 20 à 30 francs la taxe des sucres considérés comme excédents de rendement. L'impôt a donc été progressif ; il s’est élevé au fur eLà mesure que les perfectionnements s'accom- plissaient, et ne s'est arrêté que le jour où l'on a senti qu'ils étaient suffisants. C’est donc sous ce régime, qui consiste à prendre en charge les bette-m raves entrant à l'usine, comme si le fabricant de-" vait en retirer 7,75 °/, de sucre (imposable à 60 fr. les 100 kilog.) el à ne faire payer que 30 francs par 100 kilog. de sucre excédant, que la sucrerie se trouvait placée en 1890. De plus, une disposition de la loi du 4 juillet 1887 déchargeait d'impôt, à raison de 44 ‘/, de leur poids, les mélasses sor-M lant des fabriques et destinées à être expédiées en distillerie ou à l'étranger (Art. 6). : L. LINDET — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE Ce régime est encore celui sous lequel la sucrerie fonctionne aujourd’hui. Mais la loi du 29 juin 1892 utorise les fabricants qui, au 1° novembre, crai- gnent de ne pas atteindre pour la moyenne de leur campagne le rendement légal, à renoncer aux dispositions ci-dessus el à payer l’impôt sur le sucre produit ; elle leur alloue sur toute leur fabri- cation un déchet de 15 °/, imposable, comme les excédents, à 30 francs les 100 kilog. Le calcul démontre que, si le fabricant prévoit obtenir, comme moyenne, un rendement inférieur à 9,12, il a avantage à demander ce régime, mais qu'il aau . contraire avantage à prendre l'abonnement quand ilprévoit un rendement supérieur.— De plus, cette même loi porte à 45 francs la taxe des excédents - obtenus au-dessus de 10,5 Ha 30 francs ceux Cblenus de 7,7 . chiffre. C'est à cette législation spéciale qu'il faut atlri- buer surtout l’augmentalion de rendement que les fabricants ont obtenu. Leurs betteraves étaient plus - riches, les procédés de travail plus parfaits; mais, c'est que à les fabricants, soucieux de profiter des avantages … que la loi leur offrait, faisaient tous les sacrifices 15°/, jusqu'à ce C E si ces nditone se trouvaient réalisées, »°/, tout en maintenant | ! … pour les remplir. Le tableau I donne, en même | Le que la production du sucre (compté en raf- -liné, y compris le sucre des mélasses), les ren- | EE obtenus dans les dernières campagnes : ‘4 Tableau I Sucre produit Rendement 0/0 (en raffiné) ANNÉES des betteraves 1881-82... 1882-83 1883-84 1884-85. 1885-86. 1886-87... 1887-88 1888-89 1890-91... 800. 1894- 95 (estimation)... Cette législation permettait également aux fabri- cants de bénéficier des excédents de fabrication et de diminuer d'autant le prix de revient de leur sucre fabriqué. Nous avons dressé le tableau Il, … la quantité de sucre en excès du rendement légal, obtenu depuis 1884-85, en même temps que le gain ‘ réalisé de ce fait par le fabricants, en établissant - les calculs sur les bases des différentes lois aux- - quelles il a été fait allusion plus haut : qui indique | 225 Tableau II Sucro Bénéfice Bénéfice représentant | réalisé par les rapporté à ANNÉES l'excédent fabricants sur 100 kg. de fabrication | les excédents de sucre en tonnes en francs en francs LE fr. fr. 1884-85..... 22.700 11.350.000 4,16 1885-86..... 78.800 39.400.000 14,82 1886-87.....| 152.100 16.050.000 179% 1887-88..... 94.000 47.000 000 13,99 1888-89.....| 106.400 42,560.000 10,31 1889-90.....| 200.000 80.000.000 10,00 1890-91... ... 111.200 33.360.000 5,42 1591-92.....| 140 800 42,240 .000 7,38 1892-93... 99.000 29.700.000 5,67 1893-94... 107.700 32.310.000 6,27 On comprend, en examinant surtout la dernière colonne de ce tableau, que l'État ait cru légitime, pour restreindre le sacrifice qu'il faisait, d’aug- menter successivement la taxe des excédents, de la fixer à 10 francs en 1887-88, à 20 francs en 1888- 89, à 30 francs en 1890- O1, et en même {temps d'augmenter le rendement légal, de 5 à 6 °/, qu'il élait en 1884-85, à 7,79 °/, en 1890-91. Le bénéfice de certains fabricants exportateurs, du fait des excédents est encore plus considérable : car les sucres vendus à l’exportation sont libérés d'impôt, et l'impôt de 60 francs par 100 kilog. est remboursé aux fabricants sur des sucres qui ont pu ne payer que 30 francs. L'État a profité lui-même de cette surproduction qu'il avait déterminée ; le rendement des contri- butions indirectes sur les sucres a augmenté, en effet, de la façon suivante ({ableau I) : Tableau III LOST NE ME Re ee 92.600.000 TOOL TE PRE vues Re À 108.500 .000 18820 ITA TER NE F 109,100,000 LS OU. cr A AR nee 133.100.060 RSOU NE ARR RE LA 153.900.000 AS DRE Te A ane 163.000 .000 QE II, — MODIFICATIONS DANS LA CULTURE ET LEURS CONSÉQUENCES. La substitution des betteraves riches aux bette- raves pauvres a eu pour effet d’abaisser le rende- ment cultural par hectare dans la proportion de 33.000 à 25.000 kilog.; c’est chose connue, en effet, que le rendement des espèces riches est inférieur à celui des espèces pauvres. Maïs la betterave a été payée à un prix plus élevé, comme l'indique le ta- bleau ci-après (IV), en sorte que, si l’on caleule la somme d'argent payée à la culture par hectare, on voit que le cultivateur reçoit par hectare autant d'argent qu'autrefois. La nouvelle culture ne l’a pas entrainé à plus de frais ; l'élévation du prix des graines est insignifiant ; il emploie plus de nitrate 226 L. LINDET — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE et plus de superphosphate, mais moins de fumier. Ses labours ne sont pas plus profonds et ses binages ne sont pas plus fréquents; sa situalion ne s’est donc pas à ce point de vue sensiblement mo- difiée : Tableau IV | Rendement Prix Somme payée ANNÉES à des 1000 kg. | à la culture l'hectare de betteraves | par hectare 1881-82...... 33.800 kg. 20,90 fr. 706 fr. 1882-83..... 34.900 21,00 733 1883-84...... 35.300 20,60 727 1884-89 ...... 31.300 19,10 298 1885-86...... 29.500 22,10 670 1886-87......| 31.900 24,00 765 1887-88 ..... | 22.500 26,00 585 1888-89...... 24,500 Oo! 27,50 674 1889-90...... 32,300 31,00 1001 1890-91......| 29.300 24,80 727 1891-92......| 25.200 26,30 663 1892-93......| 25.600 27,00 691 L Le cultivateur a réalisé cependant un certain bé- néfice au détriment du fabricant, en payant les pulpes moins cher que par le passé. Au moment où la diffusion s’est établie en France, le culti- vateur n’a accepté qu'avec une grande défiance les pulpes fournies par ce procédé, qui sont beaucoup plus aqueuses que les pulpes de presses. Il en est résulté une dépréciation, dont la culture ressent la betterave riche, se trouve accentuée encore par l'économie réalisée sur le prix d'achat. Il est facile, en effet, de se rendre compte par le tableau ci-des- sous (VI) que 100* de sucre extrait sont payés à la betterave moins cher aujourd’hui qu'autrefois : Tableau VI Somme payée à la betterave déduction faite de la pulpe, rapportée Prix de 1000 kg. de betteraves déduction faite du prix à des pulpes à 100 kg. de sucre extrait 1881-82 1882-83 1883-84 1884-85 1885-86 1886-87 1887-88... 1888-89 1889-90 1890-91 1891-92 1892-93 29.50 fr. 36.75 32.85 .00 ),79 3.95 25.00 .00 .10 .10 .80 .10 Le graphique ci-contre (fig. 1) montre la diminu- tion du prix que le fabricant à eu à payer à la bette- rave par 100* de sucre extrait; il montre en même temps comment le prix des 1000% de betteraves s’est rapproché insensiblement du prix des 100% de sucre, au fur et à mesure que le rendement s’est élevé à 10 °/,. Tableau V om, Prix Prix Somme payée Rendement Prix de la pulpe de la pulpe à la culture par h. ANNÉES en pulpe de 100 kg. de 1000 kg. de 1000 kg. fournie déduction faite de betteraves de pulpe de betteraves par un hectare des pulpes ASSIS IE RM PR 24,1 10,16 fr. 2,85 fr. 96 fr 610 fr ASS BR RE remet ne 25,2 9,91 2,90 87 646 ABS Lines cena le ei 24,2 9,59 2,31 82 645 RRECES MR STE DOUÉ 26,5 8,61 2,21 71 527 1880-86 5e Pal enetr 29,6 8,65 2,56 76 591 RESC= BTE RER CN AS 39,7 119 2,76 88 677 LOST DB NE rl ete 34,8 6,36 2,21 50 D930 ASRBE BE RAR era 39,1 6,02 215 53 621 ET ER Ne Er ACTE 36,6 513 1.98 64 937 (ICTDE Eee RO AE 38,1 4.84% 1,74 o1 676 CREUSE M De 39,4 4.81 1,89 48 611 1002209 Ne er ie 40,1 4.96 1,99 51 6#1 a ——EEZEZEZ———————————Z————————Z—————_————— — —" " ———— EEE NM OT AR les heureux effets. Si l’on calcule, comme nous l'avons fait dans le tableau ci-dessus(V), le prix de la pulpe fournie par un hectare, on voit que ce prix a diminué de moitié, tandis que le rendement en betteraves à l'hectare n’a diminué que de 30 °/,. Le cultivateur a donc profité un peu de la situa- tion nouvelle, mais les bénéfices qu'il a obtenus ne sont rien en comparaison de ceux du fabricant. L'économie de main-d'œuvre etde frais de fabrica- tion que le sucrier réalise du fait de l’adoption de III. — MODIFICATIONS DANS LA FABRICATION ET LEURS CONSÉQUENCES. Contrôle chimique. — De tous les progrès réalisés en sucrerie, le plus nécessaire est sans contredit, comme l'a fail dernièrement remarquer M. Hor- sin-Déon dans une communication faile à la Société Chimique, l'établissement du contrôle chi- mique. Ce contrôle a pris d’autantplus d'importance dans ces dernières années que la fabrication est En a ve ed iris + Panne he ge xs vive CE ée Eh abipais tte aiaia € € geante; elle ne doit laisser, en effet, dans les pulpes, dans les écumes, dans les mé- tés de sucre reconnues _ pratique industrielle ; | sucre à l'évaporation _ à obtenir en premier . jet le plus de sucre 20f SRE PUS de - aujourd'hui dans les 27 € © . . . œ Le) sucreries des chimis- © % & 4 tes d'une compétence Fig, 1, — Prir Ë simples manœuvres; 29 2 … instruction technique £ dehors d'elle, au mo- FE ï 1# possible; elle ne doit faire usage que de bonnes eaux, de bon ; calcaire et de bon char- bon. Nous possédons absolue, qui suivent, nuit et jour, au labo- 2 _ ratoire, la fabrication, -500 jamais des conditions qui lui permettent d'obtenir de hauts % _ outre, analysent cons- 6 ‘tamment les matières 4 premières, eaux,char- 2 bons et calcaires em- 30 . ployés dans le travail. Les chimistes de su- crerie ne sont plusde , a il leur faut une instru- 8 ction générale el une très développées afin de résoudre les difré- rents problèmes qui : se posent lantaucours 4 de lafabricationqu'en 2 ment où ils sont ap- pelés à surveiller les cultures, donner des conseils sur la nature Ve _ afin qu'ellene s’écarte 80 rendements, etqui,en gg 1881-82k devenue plus exi- 38 36 _lasses que les quanti- % comme minima par la 30f elle doit pousser aussi 2 loin que possible l'é-_ _puration des jus, évi- ter d’entrainer du et à la cuite, chercher 22 L-] Legs ENT NL L. LINDET — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE D _ des sols, l'emploi des engrais, etc. Ils ont le mérite de s'être faits seuls; car 1883-8 F nes as: sssss: 10 eo œ œ 10 ] œ - co œ œ L=°] [==] Lee] d'achat de la betterave en fonclion du œ œ o o x 10 7) œ - a a Fa 2 A ÉA LE o œ ze a œo Diffusion. 1890-91 1891 92 Es 1892-93 sucre. 1892-93 227 nous ne possédons que depuis deux ans l’E- cole Nationale des in- dustries agricoles de Douai, où l’on étudie la sucrerie d’une fa- con complète. A l'E- cole Centrale, à l’In- stitut National Agro- nomique, à l'Ecole de : Physique et de Chi-: mie, les cours de su- crerie ne sont pas: assez étendus pour qu'un élève puisse rendre immédiate-. ment, au sortir de ces écoles, ces nombreux services qu'on doit lui : demander ensucrerie. L'enseignement de la sucrerie est donc, en France, insuffisant, surtout si on le com- pare à ce qu'il est en Allemagne et dans d’autres pays produc- teurs. Espérons quela création de l'Ecole de Douaisera suivie de la création d'autres éco- les spéciales, et que les fabricants ne se-: ront plus désormais obligés de faire faire aux chimistes leur instruelion technique avant d'obtenir les conseils qu'ils en at-. tendent. — Il existe une association des chimistes de sucrerie, : qui, par les commu- nications et les tra- vaux de ses membres, contribue largement à l'instruction géné- rale; et c'est dans son bulletin comme au cours de ses séan- ces que beaucoup de chimistes de sucrerie sont venus parfaire leur instruction. - Mais le chimiste, malgré son activité TT CL el son habileté, ne parviendrait pas à obtenir ces hauts rendements si les appareils qu’il est chargé de contrôler élaient défectueux. Ces appareils se sont aujourd'hui beaucoup perfectionnés, et, pour réaliser les progrès dont nous allons parler, il a fallu en grande partie renouveler le matériel. Le changement le plus radical auquel le matériel de la sucrerie a été soumis a consisté dans la sub- stitution des appa- . reils de diffusion , aux anciens appa- reils de ràpage el 8 de pressurage, — 60 ce qui a permis d'obtenir une ex- 2 : : 500 traction de jus plus 7 complète etplusra- à pide, et de dimi- #9 nuer la main-d'œu- 2 vre dans des pro- 400 porlions considé- 8 rables. Aujourd’hui D toutes les sucre- . ries possèdent ces 39 appareils; les seu- gg les usines qui aient 60 conservé des pres- 40 ses continues sont 20 les sucreries-distil- 200 leries, parce qu’el- À > P q 60 les sont soumises à une législation spé- ciale. Nous donnons ci-contre (fig. 3) un 80 graphique qui indi- 6 que avec quelle ra- 40 pidité s’est faite, de rt sh. 6 ados Ë - : FH L. LINDET — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE entre lacourbe qui représente les usines existantes et celle qui nous montre les usines employant les anciens procédés de purification, en même temps que de l'horizontalité de la courbe des usines employant la double carbonatation, et l’on est amené à penser que ce sont les premières, celles dont tout l'outillage imparfait étail en rap-- port avec les procédés d’épuration suivis, qui ont été sacrifiées dans « la lutte de centra- lisation et ont dis- paru. Leur outil- lage, et vraisem- blablement- leurs capitaux ne leuront pas permis de résis- ler. L'épuration phy- sique et chimique des jus a fait l'objet des études les plus attentives. Le chau- lage des jus, leur carbonalation, la surveillance des températures pen- dant les carbona- talions, l'examen du gaz acide carbo- nique, le dosage de l'alcalinilé que l’on doit laisser dansles jus après la 1" el la2° cerbonalalion, le passage immé- diat des jus aux fil- Ë tres-presses, sans 1881/4802 la sub- MS MEME NES NS INS ONE EE RCE décantation préala- slitution de ladifum 3 3 2 $ % 2 = 2 2 2 2 >? ble, ont permis de sion à l’anci CNRS M D Nr ee Ce D eu ane ; DOIERPIO Fig. 3. — Extraction du jus. Usines et râperies employant les presses RORPSES très loin cédé des presses, aussi bien dans les usines que dans les postes nommés improprement ràaperies. Épuration des jus. — Dans toutes les usines, le pro- cédé de la double carbonatalion a été substitué au procédé de la défécation et à celui de la carbona- tation simple. Le graphique de la figure 2 montre de quelle façon l’un et l’autre de ces deux derniers procédés ont disparu de 1881 à 1888. II montre également que le nombre des fabriques a passé | de 497 (1882-83) à 368 (1891-92) : la sucrerie s'est centralisée et tend à s'exercer aujourd'hui dans un nombre restreint d'usines; mais on ne peut s'em- | pêcher d'être frappé de la coïncidence qui existe | hydrauliques, les presses continues et la diffusion. la purificalion. La substitution aux anciens filtres-presses, dont les dimensionsétaient restreintes, de grands filtres-presses à nombreux el larges plateaux, a diminué la main-d'œuvre: l'adoption des lavages ralionnels, des purgeages à l'air comprimé, a donné des écumes mieux épui- sées. D'autres progrès ont été réalisés, tels que la séparation de la pulpe folle des jus verts, au moyen de tamis, tels que la séparation de l’albumine coagulée par la chaleur, avant chaulage, tels que l'emploi de la chaux vive ou de la chaux en poudre, pour remplacer l'emploi du lait de chaux et éviter d'étendre d’eau le jus qu'il faut évaporer; mais ces modifications du travail n'ont pas élé suivies d'une L. LINDET — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE _ les rendements et les prix de revient. Il n’en est pas de même de la sulfitation des jus _ et des sirops, qui s’est faite dans un grand nombre _ d'usines etqui a permis d'améliorer le travail dans _ une certaine proportion. _ Une mesure radicale a été prise par nos fabri- _ cants: celle de substituer la filtration à travers _ des tissus de coton à la filtration à travers le noir _ animal; la sucrerie comptait en 1884-85 environ ._ 3.000 fillres à noir; à cette époque sont apparus | les filtres à tissus, fil- _ tres à poches, ou fil- 5995: HE _ tres mécaniques, et go _ l’économie de matière 60Ë 40 _ première, d'appareils, de main-d'œuvreetde 2 1 charbon nécessaire à la revivilication, que se les fabriques ont réa- 49: lisée du fait de cette 29 innovalion, a élé ju- 300% _ gée considérable; car 8 # façon assez générale pour qu’elles aient influé sur | évaporantel cuisant à l’air libre ont dû disparaitre au fur et à mesure que la fabrication tendait à se centraliser. Dans une dizaine de fabriques, on a employé, . pour l’évaporalion des jus, des appareils à qua- druple effet et à chauffage multiple ; ces appareils, imaginés par M. Rillieux et construits par M. Hor- sin-Déon, permettent, gràce à leurs dispositions el à la disposition des réchauffeurs de jus et de sirops qu'ils alimentent, de réaliser une économie de combustible qui peut s'élever à 30 °/.. Dans ces appareils, en eflet, la première caisse est alimentée par de la vapeur di- recte etle jus, qui bout à 105°, fournit de la vapeur non seulement à la deuxième caisse, mais aussi à des ré- chauffeurs dans les- quels circulent conli- nüment des jus qui _ des filtres à tissus _ s'estélevé de 0, en 1884-85, à 1950 en 1892-93. Les filtres les plus communément employés sont les fillres dits mécaniques. Ceux-ci sont formés . d’une série de poches en tissus de coton, main- tenues sans cesse gonflées au moyen d’une carcasse métallique ; les poches sont placées dans une caisse autoclave et la filtration du jus ou du sirop s'y fait de l'extérieur à l'intérieur pour sortir ensuite de la caisse. Les filtres les plus répandus sont ceux de Kasalowski, de Daneck, de Philippe, etc. at dile 02 Evagporalion des jus et cuisson des sirops. — Les fabriques sont toutes pourvues aujourd’hui d'ap- pareils à triple effet pour l’évaporation des jus dans le vide, toutes pourvues également de chau- dières à cuire dans le vide. Là encore, comme l'in- dique le graphique ci-dessus (fig. 4), les usines > w H À POPEIPUE LM D di, ri, isa ut | les fabricants n'ont pe doivent subirletravail pas cru devoir s’'arrè- : de la carbonatation . ler aux inconvénients »99 ou de l'évaporation, que ces filtres présen- gg ou des sirops qui doi- - Laient au point de vue 60 vent entrer dans la de la purification des 40% chaudière à cuire; on _ jus, bien moins com- a prend aussi sur la se_ plète que par l'emploi 80 conde caisse de la va- desfiltres à noir,etils bi e HE peur pour chauffer les les ont adoptés d’une 4 jus de première car- J facon générale. Le 20% bonatation, pour ali- RAD OC CE MONITOR Semen ele SAC AIO IS AE See œ “e S S D nr Se GR R e Feb £ : noir n'était plus que + $ © $s & © © æ æœ © Z à teurs delabatterie de DAS D done f oDAe et 2 ed EU (Os ON up à HER A0 en 41809 0 EN MER + = (diffusion; \ensorte-que tandis que le nombre Fig. 4. — Evaporalion du jus el cuisson du sirop. la vapeur entrantdans la première caisse travaille en quadruple effet dans l’appareil d’éva- poration, et en double effet dans les réchauffeurs el détermine, par conséquent, une économie consi- dérable de combustible. — M. Horsin-Déon cons- truitégalement des quintuple et sextuple effets à chauffages mulliples dont le fonctionnement est encore plus avantageux. En dehors de l'emploi de ces appareils, on a pu réaliser, avec les anciens appareils à triple effet, de sérieuses économies de vapeur, et de combus- tible par conséquent, en faisant précéder la pre- mière caisse d’une chaudière, dite circulateur, qui recoit la vapeur direcle, et dans laquelle passe le jus qui se rend à celle première caisse; la vapeur du jus qui bout dans le circulaleur alimente des réchauffeurs. En faisant ruisseler le liquide le long des parois des tubes de la chambre de chauffe, 230 L. LINDET — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE ——————…—…—…—…"—"—"—"—…"—"…"…"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"— …—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—….…—…—…—…—…—…—…"…—…——…——…—…"…—…—…—"…—…—…—…—_—_—…—…—…———— en plaçant dans ces tubes mêmes des Liges de bois, de façon à diminuer le volume occupé par le liquide, en remplissant les tubes incomplète- ment, on est parvenu à mieux utiliser la surface de chauffe, et à rendre, au moyen d'une même quantité de vapeur, l'évaporation plus active. Des dispositifs spéciaux, dits ralentisseurs, dé- sucreurs, ont été interposés dans le triple effet et dans la chaudière à cuire sur le trajet des vapeurs, de façon à récolter avec plus de soin que jamais les gouttelettes sucrées que l’évaporation entraine. Cristallisation, turbinage, travail des 2° et 3° jets. — Les fabricants s'attachent aujourd'hui à obtenir en 1° jet le plus de sucre possible, de façon à immobiliser moins de sirop d'égout, et à rentrer plus vite dans l’argent qu'ils ont payé à la culture. Plusieurs, dans ces dernières années, ont fait rentrer les siropsd'égoutsoitdans la carbonatation, soit dans la cuite, en commençant par les plus purs, ceux qui proviennent du clairçage à la va- peur, et continuant par ceux qui proviennent du purgeage. Ces sirops, comme l’a montré M. Steffen, nourrissent les cristaux de sucre et s’appauvrissent. Ce procédé, dit de la cuite méthodique, permet de diminuer l'importance des bas produits et de nourrir les petits cristaux, qui, sans celte précau- tion, traverseraient les Lloiles de la turbine et seraient perdus pour les premiers jets. Certains fabricants ont adopté le système de cristallisation en mouvement et de refroidissement lent, qui consiste à loger la masse cuite chaude dans des bacs cylindriques, munis d'une double enveloppe et d'agilateurs puissants. On envoie dans la double enveloppe de l’eau froide, on met les agitateurs en mouvement, et on fait descendre lentement, en 24 ou 36 heures, la température de la masse à 30-35° C. ; ce procédé permet aux cris- taux de sucre de s’accroitre encore aux dépens du sucre contenu dans le sirop qui les baigne, et est encore de nature à permettre au fabricant de bénéficier immédiatement du sucre qu'il peul retirer en premier jet. D'autres, dans le même but, ont muni les chau- dières à cuire d'agilateurs et ont faitde la cuite en mouvement. Le travail est plus régulier et on évile la formation des petits cristaux, Dans un grand nombre de fabriques, on a di- minué d'une façon notable la main-d'œuvre néces- sitée par le turbinage, en adaptant au-dessous des bacs de cristallisation un système de nochères et de distributeurs automatiques. Le travail des 2* et des 3°* jets n’a pas été sensi- blement modifié, et l'on n’a pas adopté sérieu- | sement le système de cristallisation en mouvement pour ces masses cuites. Le seul progrès que l’on ! ait cherché à réaliser dans ce travail, consiste à cuire en grains les seconds jets en amorçant la cristallisation dans la chaudière même au moyen de sucre déjà formé. Cette pratique est loin d'être générale, et l'on se contente de les cuire en cuite claire dans des appareils à vide, qui ont rem- placé presque partout les anciennes bassines à air libre. Quant à l'extraction du sucre des mélasses, elle est limilée à deux ou trois usines. Les autres pré- fèrent profiter de la loi du 4 juillet 1887 dont nous avons parlé et vendre leurs mélasses à la distillerie. Outillage général. — L’outillage général de la su- crerie est meilleur qu’autrefois ; les générateurs semi-tubulaires et tubulaires ont remplacé les générateurs à bouilleurs. Les machines utilisent mieux la vapeur et ont un rendement supérieur. Les pompes à eaux, à écumes, sont plus perfec- tionnées; les monte-écumes, qui employaient beau- coup de vapeur, ont fait place à des pompes. Le four à chaux s’est perfectionné ; la prépa- ration du lait de chaux se fait, en général, au moyen de malaxeurs mécaniques qui suppriment une partie de la main-d'œuvre. Les modifications que nous venons de résumer ont eu pour conséquence de rendre la fabrication plus économique et d’abaisser d’une façon consi- dérable le prix de revient. Tout d'abord, comme nous l'avons dit, le travail a été plus soigné, les pertes ont été évitées dans tous les postes ; le contrôle chimique s’est exercé partout ; et, dans ces conditions, la fabrication a pu réaliser de fortes économies. Elle en a réalisé encoreensubstituant la fillration sur les toiles à la filtration sur le noir, en poussant plus loin la purification par carbonatation et sulfi- tation, en rendant plus rapide l'évaporation, en faisant rentrer les égouts dans le travail de pre- mier jet, en améliorant l'outillage général. Elle en a réalisé enfin en centralisant la fabri- cation. La diffusion permettait de travailler une plus grande quantité de betteraves en 24 heures ; les appareils d'évaporation élaient plus puissants ; aussi a-t-on vu le nombre des fabriques, malgré l'élévation de la quantité de sucre produit, dimi- nuer en dix ans de 28 °/,, en même lemps que diminuait le nombre des journées de travail; com- mencée vers le 20-25 septembre, la fabrication est terminée aujourd'hui entre le 15 décembre et le 1 janvier. Il n'en fallait pas davantage pour dimi- nuer les frais généraux et abaisser le prix de revient. L’estimation de cet abaissement du prix de revient, imputable aux modifications citées plus me s'est abaissée 29 millions à13mil- IE DE VENT Es PP TT L. LINDET — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE 231 D — ——— — _ haut,estimpossible à établir; elleéchappeau calcul, mais ceux qui connaissent l’ industrie verrontimmé- diatement que l'abaissement est considérable. Nous pourrons plus facilement, et grâce aux chiffres fournis chaque année par l'Administration des Finances, calculer la part qui, dans cet abais- sement du prix de revient, est imputable à la dimi- nution de main-d'œuvre, et à l’économie réalisée sur le combustible. Si l'on calcule la somme d'argent payée aux hommes, 6f femmes et enfants, par campagne, On 5f voit que cette som- 7fr 4fr progressivement de 3fr lions de francs. Cet »$, abaissementrésulte de ce que les ou- if vriers, les femmes et les enfants sur- a eo r 10 L‘°} œ CRE : FLE æ F a toutontétéde moins = S 9 £ £ % . F œ œ œ œ œ œo en moins occupes a + Fe — S _— Fig. 5 à la sucrerie, qu’en 1881-82, 49 mille hommes, 8.500 femmes, 8.000 enfants travaillaient pendant la période de défécalion, et que, pendant la même période de 1892-93, la sucrerie ne de- mandait plus que le concours de 42.500 hommes, 3.800 femmes, 3.000 enfants. Cet abaissement ré- sulte encore de ce que chacun d'eux a travaillé 1887-88 1888-89 1889-90 1890-91 1891-9 1892-93 1893-94 . — Prix du charbon et de la main-d'œuvre en fonction du sucre extrait. l'indique la dernière colonne du tableau VII. Nous pouvons calculer également la diminution du prix de revient du fait des économies de char- bon que les appareils mieux compris ont permis de réaliser (voir tableau VIII, page 232 et fig. 5). IV. — ÉTAT ACTUEL DU COMMERCE DES SUCRES. Importations, exportations, consommation. — L'a- baissement du prix de revient, qui résulte des faits exposés plus haut (bénéfices sur les excédents, dimi- nution du prix des 100 kilos de sucre extraits payé à la betterave, diminu- tion de la main- d'œuvre et de la quantité de charbon brûlé, fabrication plus économique et plus soignée, etc.), aeupourrésultatun abaissement pres- que proportionnel du cours du sucre. La consommation n'en à guère profité : car elle a vu la taxe aug- menter au fur et à mesure que la production lui offrait du sucre à meilleur marché. Cette Laxe, qui était de 40 francs en 1881, a été élevée à 50 francs par la loi du 29 juillet 1884, et à 60 francs par celle du 27 mai 1887; en sorte que le prix du Tableau VII oo NOMBRE DE JOURNÉES DE TRAVAIL ANNÉES hommes femmes enfants 1881582: 4.975.000 707.000 658.000 1882-83....... 5.521.000 807.000 135.000 1883-84....... 5.226 ,000 745.000 611.000 1884-85...... 3.592.000 436.000 400 000 1885-86....... - 3.335.000 356.000 334,000 1886-87..,.... 4.280.000 440.000 383.000 1887-88....... 3.227.000 293.000 255.000 1888-89....... 3.604.000 320.000 258.000 1889-90..,.... 4.988.000 464,000 315.009 1890-04... :. 4.812.000 413.000 329.000 1891=92:5:2 7: 4.110.000 320 .000 248.000 1892203250: 3.849.000 297.000 231.000 1893-94.,..... 3.900.000 274.000 214.000 SALAIRE JOURNALIER ; : TE = — |SOMME PAYÉE|MAIN-D'ŒUVRE aux ouvriers par 100 kg. hommes femmes enfants des deux sexes |de sucre ext. 3,97 fr 2,00 fr 1,76 fr.|21.300.000 fr.| 6,34 fr. 3,91 2,00 1:18 |23.689.000 6,53 4,05 2,01 1,78 22.346.000 5,00 3,90 1,92 1,73 [15.117.000 5.33 3,12 1,89 1,67 13.884.000 529 3,68 1,92 1,68 17.712.000 4,08 3,70 1.86 1,67 14.378.000 & A7 3,69 1,92 1,71 14.719.000 3,91 3,65 ra 1,47 |20.444.000 2,92 3,66 1:76 148 |19.596.000 3,18 3,72 1,81 158 |16.624.000 2,87 3.66 1,76 152 [15.539.000 2 07 » » » 13.443.000 2,61 moins longtemps et résulte enfin de ce que le sa- laire moyen des ouvriers a subi une diminution regreltable. La somme payée à la main-d'œuvre, rapportée aux 100 kilog. de sucre extrait, s'est abaissée alors de 6 fr. 50 à 2 fr. 60, comme sucre, chargé de son impôt, esl resté sensiblement constant. On a reproché aux raffineurs d’avoir maintenu le cours du sucre raffiné à un prix trop élevé, en augmentant d’une façon exagérée leurs bénéfices; 232 L. LINDET — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE A ——_—_—_—_—_— © ce reproche est peut-être fondé en face des cours | de modifier l’état actuel, de diminuer le stock des deux dernières années ; mais c’est bien plutôt | énorme de sucre que nous avons accumulé, el à l'augmentation de l'impôt que l'on doit d'avoir | d'éviter la crise qui est ouverte aujourd'hui. 3 vu le cours du raffiné se maintenir. La différence TUE - . qui existe entre les chiffres de la première et ceux \. IMPORTANCE ACTUELLE DE LA FABRICATION. de la deuxième colonne du tableau IX représente Les chapitres qui précèdent nous permettent le prélèvement du raffineur. d'être bref sur l’état actuel de la fabrication; ils Cet abaissement progressif du prix du sucre a | nous ont montré les modifications apportées aux été encore plus accentué en 1895: le cours esl | appareils et aux procédés par les fabricants sou- aujourd’hui de 25 francs les 100 kilos, et l'on est Tableau 1X Tableau VIII Cours Cours dusucreblanc| du raffiné Cours SES du raffiné Charbon emploÿè |, 22 fr. la tonne) | employé par 100 kg. de sucre extrait N°3 (impôt déduit) ANNÉES par 100 kg. de sucre extrait a extérieur, ceux également qui sont relalifs à la | main-d'œuvre 2 fr. 60, paie au charbon la somme consommation, on voit qu'il n'y a rien à espérer. | de 3 fr. 60; nous avons vu comment les fabricants L'importation, sous le coup de la surtaxe de | ont su profiter du bénéfice des excédents, comment 8 francs imposée par la loi de douane de 1889 | ceux-ci leur ont permis de toucher par sac de 68,39 fr. | 143,120fr: 6,22 fr. 64,09 3 114,31 6,44 59,00 5 105,62 5,94 45,97 104,33 6,02 45,58 104,64 ST 35.83 É 96,45 5,15 35,17 43,55 98,55 308 40,08 106,88 4,48 SEE] PCA 55 115,43 4,20 . | 35,9% 106,18 4.07 Æ ...| 36,89 107,05 3.65 38.64 : 105,16 3,30 42,63 6 113,78 3.61 32,46 105,11 amené à se demander si les conditions du marché | cieux de diminuer le prix de revient; nous avons extérieur et intérieur sont capables d'amener bien- | vu qu'aujourd'hui la fabrication, pour obtenir tôt une modification de prix. Malheureusement, | 100 kilos de sucre, paie à la culture environ quand on étudie les tableaux de notre commerce 23 francs (déduction faite des pulpes), paie à la | | Tableau X mm | 1MPORTATIONS EXPORTATIONS CONSOMMATION : QT ro] ST ge = ANNÉES | Sucre Sucre Sr brut Sec Sucre consommé Sucre destiné | des colonies étranger È fi s ee raffiné tonnes) {en raffiné) au sucrage des vins | tonnes) (tonnes) re, 7 ve : (tonnes) et des cidres (tonnes! ee ee SRE ..| 420.200 89.300 43.800 | 106.500 389.000 39.000 CSC SEMRURT es 107.200 51.400 127 700 | 134.000 372,000 20.600 SIDE Re 111.700 31.300 194.700 143.409 410.000 33.400 OUT BE RSR EE 106.600 59.500 158.509 111.300 409.700 34.200 FÉERIES 106.690 65.400 95.300 117.300 425.800 28.900 1893 : 7.21 °410.200 33.600 153.200 103.700 380.000 16.600 EEE SET RE SU aux sucres raffinés étrangers, a peut-être un peu | sucre environ 6 francs quand ils n'exportent pas, baissé: mais l'exportation ne se déveioppe pas, et | 12 francs quand ils livrent le sucre à l'étranger. la consommation reste la même; la quanlité de Il nous reste, pour terminer cet article, à exa- sucre employé au sucrage des vins, des mares et | minerde quelle façon se trouve répartie en France des cidres. et qui, d'après la loi du 27 mai 1887, ne | la fabrication, et quelle importance elle possède paie que le droit réduit de 24 francs, tendrait à | par rapport à la fabrication du sucre dans le monde diminuer {lableau X): on n’apercoit donc pas, dans | entier. les six dernières années, un mouvement capable La fabricalion du sucre est, en France, localisée | | e dans vingt-deux départements. C'est dans la . région du Nord, surtout dans le Nord, l'Aisne, le _ Pas-de-Calais, la Somme, elc., que l’on produit la quelques années, des essais fort heureux ont élé faits daus le Centre et dans le Midi, et tout porte à croire que la région du Nord ne conservera pas LR HTSEIRE NréRieuRe SERRE EX 2 Fig. 6. — Carte indiquant les départements producleurs de sucre. — L'intensité des teintes est proportionnelle à la - quantité de sucre fabriqué. ? 1re teinte 2e {einte 3e teinte Seine-Infèrieure Eure Ardennes Aube Loiret Marne Haute-Marne Vaucluse Seine-et-Oise Yonne : Eure-et-Loir Côte-d'Or Puy-de-Dôme Cher Indre Saône-et-Loire majeure partie du sucre. Le climat y convient spé- cialement bien à la culture de la betterave. Depuis 1 Cette carte a été faite sur le canevas d’une carte muette, mise obliseamment à la disposition de la Revue par la maison Eh. Delagrave. + teinte 5e leinle 6° teinte Oise Somme Nord Seine-et-Marne Pas-de-Calais Aisne toujours le monopole exclusif de la fabrication. Le tableau XI indique les chiffres auxquels s'est élevée la production de 1893-1894. La France, tant par sa sucrerie indigène que par sa sucrerie coloniale, donne environ 7 °/, du 23% sucre produit dans le monde entier. On estime, en effet, que la betterave et la canne ont, en 1893- 1894, livré à la consommation la quantité énorme de 7.346.000 tonnes. La figure 7 représente la production du sucre en France et dans nos colonies comparée à la production totale dans les cinq parties du monde. Tableau XI .200 tonnes .400 5.000 .000 .700 .200 .200 Ardennes.... .000 Marne, Eure-et-Loir, Puy-de- Dôme, environ Eure, Loiret, Vaucluse, environ Seine-Inférieure, Aube, Haute- Marne, Yonne, Côte-d'Or, Cher, Indre, Saône-et-Loire, environ 5.000 .000 La France a perdu malheureusement en Europe le premier rang qu'elle occupait autrefois. Elle est devancée par l'Allemagne, par l'Autriche-Hongrie et par la Russie, et ne fabrique que 15 °/, du sucre produit en Europe. L. LINDET — ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE duites sous l'influence de la loi de 1884 ont eu pour effet de déterminer une crise qui est loin d’être encore résolue, et nous serions disposé à examiner la situation à l'étranger, comme nous le conseille le programme qui préside à la rédaction de ces revues des grandes industries, si nous pou- vions trouver dans cette situation un remède à la nôtre. Mais il n'en est rien. La surproduction que - Tableau XII Amérique (Guadeloupe, Martinique, Marie-Galante, etc... "71% 77.000 t. AS1e{Cochinchine eee tree. 30.000 Afrique(Réunion, Nossi-Bé, Mayotte) 37.000 Total, 144.009 L. nous avons constatée en France, nous pouvons la constater dans loute l'Europe. De tout côté, on a réalisé les mêmes progrès, diminué de la mème façon la main-d'œuvre,et augmenté le stock. Grâce aux relations quiexistent entre les savants et les fabricants du monde entier, tous les pays produc- teurs possèdent les mêmes appareiis, font usage des mêmes procédés; grâce au jeu des droits de douanes et des primes à l’exportalion, les cours du À N ù k | Î | NN 2", | Î L NS Guadeloupe Marünique Fig. 7. Aux colonies, notre sucrerie est assez prospère : mais sa prospérité est loin d'atteindre celle des colonies anglaises et espagnoles. Le Lableau XII indique, d’ailleurs, les chiffres de production des colonies francaises pour l’année 1893-1894. En se reportant aux chiffres qui indiquent la quantilé de sucre importée des colonies françaises chaque année, on voitque la presque Lotalité du sucre fabriqué aux colonies est destinée à la métropole. Nous venons de voir que les améliorations pro- AMERIQUE IR NASNE 7: k | LE VVIVI\IQO È S LR Cochinchime Réunion etc 7. — Tableau représentalif de la produclion française, indigène el coloniale et de la production étrangère. sucre se sont équilibrés; le monde entier possède le même sucre, fabriqué de même, vendu au même prix ; la crise est donc générale, et il est probable que chacune des nations productrices de sucre, après en avoir longtemps souffert, la résoudra de la même facon en diminuant ses emblavements el en sacrifiant une partie de ses fabriques. L. Lindet, Docteur ès Sciences, Professeur de Technologie à l'Institut National A gronomique Je pme s Ja re” 3 À { à i DT er Do Are, mé D he. ? 1 ÿ 4 + à. ! p" , ; IT. | | A cet exposé si complet de l’état actuel de la su- -crerie en France, nous voudrions ajouter quelques remarques relatives au rôle de la science et aux | conditions sociales du travail dans cette industrie. . Voici les renseignements que nous avons recueillis à ce sujet: - Rôle de la science. — Bien que les articles précé- . dents n’aient pu entrer dans tous les détails tech- niques de la fabrication, ils nous la montrent directement tributaire de la Mécanique, de fa Physique et de la Chimie. Des ingénieurs sont né- cessaires pour monter les machines, en régler la manœuvre, en diriger la marche, en Do sans cesse l agencement. Non moins indispensables sont les Chimistes pour effectuer, au cours de toutes les opérations, les nombreuses analyses sans les- quelles il serait impossible d'apprécier la qualité du travail. Jour et nuit, ils doivent suivre, pas à pas, toutes les phases de la fabrication, consignant . leurs analyses sur un registre que consulle cons- -tamment, à titre de guide, le directeur de l'usine. - IL est, par exemple, nécessaire d’être sans cesse renseigné sur la densité exacte des jus de diffu- sion, leur teneur en sucre, leur coefficient salin et leur Chcfcient organique. Il faut connaïlre, toutes | “les deux heures, la teneur en acide Morte du | gaz fourni par le four à chaux ; on doit se préoccu- - per de l’alcalinité des jus de Hours et deuxième » carbonatation de chaque chaudière, et, par l’exa- . men des analyses de masse ne s'assurer de l'épuration des sirops et des jus, A etc. - D'autre part, le chimiste a encore pour mission “très importante de rendre possible le contrôle - chimique de la fabrication dont a parlé M. Lindet. Le problème est le suivant : On à introduit sous forme de betteraves une certaine quantité de sucre dans l'usine; à la fin de la fabrication, on doit retrouver cette quantité en additionnant : 1° le sucre obtenu à l’état cristallisé ; 2 le sucre immobilisé dans les mélasses ; 3° le sucre que l’on sait, par de nombreuses analyses, perdu dans les résidus de fabrication : cossettes épuisées, eaux de vidange des diffuseurs, écumes de carbonatation, - eaux de lavage des filtres-presses. Si la fabrication s’est opérée dans de bonnes conditions et si le contrôle a été bien fait, la balance s'établit à peu de chose près. La différence qui existe toujours représente les pertes indéterminées ou inconnues; dans un bon travail, ces pertes ne doivent pas dépasser 0,2 du poids de la betterave; elles résultent des ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE 235 — REMARQUES SUR L'INDUSTRIE DU SUCRE fuites de jus aux serpentins, des entrainements de sirops dans les appareils à cuire, de la destruction du sucre dans ces mêmes appareils. Privé de contrôle, le fabricant ne sail com- ment il travaille, puisqu'il ignore la valeur indus- trielle de sa matière première, les pertes qu'il subit en cours de fabrication. Il se trouve ainsi dans l'impossibilité de remédier à un travail défec- tueux. Or, disons-le, quoi qu’il nous en coûte : tandis que toute la sucrerie allemande est pourvue de ce contrôle et, pour l'exercer avec précision, en- tretient un personnel de chimistes versés dans la pratique de leur art, —la moitié au plus de nos sucreries françaises possèdent un laboratoire ; en- core, dans cetle quantité, un certain nombre em- ploient pour leur contrôle non pas un chimiste, mais des ouvriers à qui on a appris à se servir d’un polarimètre et à délerminer une densité. La facon tout à fait défectueuse dont sont me- nées beaucoup de petites sucreries résulte, sans aucun doute, de la maigre estime où elles liennent le travail scientifique et de leur parcimonie en- vers l'homme de science. Il Situations faites aux Ingénieurs et aux Chimistes. — La plupart des sucreries sont la propriété de so- ciétés qui gèrent elles-mêmes leurs affaires finan- cières, mais confient la direclion de l'usine à un administrateur. Celui-ci peut être, en même temps, le chef technique de la fabrication ou attribuer cet emploi à uningénieur, plus rarement à un chimiste, placé sous ses ordres. Suivant l'étendue de leurs fonctions et l'importance des manufactures, ces directeurs reçoivent des traitements très variables : dans les grandes sucreries, leurs appointements an- nuels atteignent quinze mille francs et, dans quel- ques cas, s'élèvent jusqu'à vingt-cinq mille. Dans les usines de moyenne importance, leur rétribution annuelle est souvent de six mille francs ; elle des- cend à trois mille six cents francs dans les petites sucreries. Les chimistes qui ne sont pas chefs de fabrica- tion, sont beaucoup moins rémunérés. Quand ils ne font que surveiller le travail, régler la marche de l'usine par leurs analyses et assurer la compta- bilité du contrôle chimique, ce qui est d'extrême importance, ils sont, en général, peu payés. Il est, par exemple, {rès rare que le chimiste en chef gagne six mille francs par an; les autres chimistes, attachés comme lui d’une facon continue à l’éta- 236 blissement, ne recoivent guère que deux ou trois mille francs; mais, ainsi que leur chef, ils sont logés à l'usine et chauffés gratuitement. Les ap- pointements des débutants logés toute l’année à l’u- sine ne sont que de dix-huit cents francs. Indépendamment de ces employés attachés à demeure aux sucreries, les directeurs engagent chaque année, pour la durée dela campagne, c'est- à-dire de septembre à janvier, de jeunes chimistes rétribués au taux maximum de deux cents francs par mois. Il existe même beaucoup de sucreries qui, pourvues d'un directeur, n’entretiennent des chi- mistes que pendant la période de fabrication; cer- laines n’offrent pas plus de deux cents franes par mois au technicien qu’elles chargent de conduire toute la fabrication; elles rétribuent à un taux moins élevé ses aides, petits chimistes qui savent seulement faire les mesures polarimétriques et les analyses vulgaires du métier. all Mode de recrutement des Ingénieurs et des Chimistes. — Le personnel dirigeant des sucreries se recrute le plus souvent parmi des administrateurs, ingé- nieurs ou chimisles ayant déjà occupé, dans la mème industrie ou des industries similaires, des positions moins élevées et y ayant donné des preuves de capacité. Beaucoup ont commencé par entrer dans les usines avec des petits traitements et, progressivement, se sont élevés aux situations importantes. Il est intéressant de considérer leurs origines. | On peut dire, d’une façon générale, que les grandes sucreries, celles qui consomment au moins deux cent mille kilos de betterave par jour, sont pourvues d'un excellent personnel scientifique. L'Ecole Centrale des Arts et Manufactures leur a fourni beaucoup d’administrateurs et d'ingénieurs et un certain nombre de chimistes. Plusieurs direc- teurs ou chefs de fabrication d'usines importantes sont ingénieurs civils des Mines, sortis ou non de l'Ecole Polytechnique, ou anciens élèves de nos Écoles d'Arts et Métiers. Ces Écoles ont, en outre, produit des ingénieurs occupant, dans diverses sucreries, des positions moyennes. Parmi les très nombreux jeunes gens qui ont fait au Laboratoire Frémy, au Muséum, l'appren- tissage de la Chimie, beaucoup sont actuellement placés dans les sucreries el certains y ont conquis de belles situations, soit comme chimistes, soit comme directeurs. Plus récemment l'École Natio- nale d'Agriculture de Grignon, l’Institut National Agronomique et quelques Stations Agronomiques ont aussi fourni au personnel dirigeant et spécia- lement chimique des sucreries de très utiles recrues, ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE D'autres chimistes, pourvus, pour la plupart, de situations moyennes ou médiocres, sont anciens élèves des écoles industrielles et des cours insti- tués, dans les grandes villes, par les municipalités ou diverses sociétés d'enseignement profession- nel; quelques étudiants des Facultés des Sciences ou plutôt préparateurs non bacheliers des labo- ratoires de chimie de ces Facultés, sont actuelle- ment engagés dans l’industrie sucrière. L'École des Industries Agricoles, fondée à Douai il y a deux ans, l'École Industrielle de Saint- Quentin préparent actuellement à la sucrerie un personnel de chimistes capables d'en diriger toutes les opérations. De son côté, l'École de Physique et de Chimie de la Ville de Paris a, depuis quelques années, com- mencé de fournir à l’industrie sucrière des jeunes gens connaissant d'une façon suffisante les prin- cipes généraux de la Chimie et, d’une facon très précise, la technique de leur future profession d'a- nalystes. On sait que ces jeunes gens, sortis, pour la plupart, des écoles primaires supérieures de Paris, entrent à l'École de Physique et de Chimie à la suite d’un examen largement équivalent, pour la partie scientifique, à l'examen du baccalauréat ès sciences. L’excellent enseignement qu'ils recoivent et les travaux de laboratoire très soignés qu'ils font : à l'École Les préparent à devenir de bons chimistes industriels. Mais ilconvient de remarquer que peu sont munis de cette culture générale de l'esprit sans laquelle les notions spéciales apprises dans l'exercice d'un mélier — chimique ou autre — fruc- tifient si difficilement. Pour le perfectionnement de la sucrerie, souhaitons que dans les écoles techniques quila concernent on se préoccupe de donner aux élèves, indépendam- ment de la connaissance du métier, une instruction générale suflisante. La facon dont beaucoup de petites sucreries recrutent leurs chimistes temporaires estpour elles une cause manifeste d'infériorité. Ne les engageant que pour quelques mois, elles risquent de ne trou- ver, quand vient l'époque de la fabrication, que des jeunes gens non pourvus d’une situation, ceux que la concurrence des capacités a déjà éliminés soit des usines, soit du personnel enseignant des écoles. La modicité des appointements qu'offrent les fa- briques pour les quatre mois de la campagne sucrière ne leur permet pas, d’ailleurs, de s’adres- ser à de fins chimistes, d'une notoriété bien établie. Le recrutement s’en ressent. Il est vrai que la répugnance des autres indus- tries à bien rétribuer les gens de science diminue la concurrence que les sucreries pourraient ren- contrer et laisse parfois dans l'attente d'une situa- tion tolérable de jeunes savants ayant vraiment de A gendre bag Mate 2 “eva af a “ la valeur et ne trouvant pas, malgré cela, dans les anulfactures un débouché acceptable. Il est regrettable que nos lois ou nos mœurs uni- érsitaires ne permettent pas aux professeurs, maitres de conférences et préparateurs de Chimie - de la Faculté des Sciences de Lille de ne commen- cer leur enseignement qu'après la fin de la cam- » pagne sucrière (commencement de janvier). S'il en était ainsi, les sucreries pourraient, sans dépense - exagérée, obtenir pendant la période de fabrication le concours constant de vrais savants. Sans doute, - plusieurs jeunes maitres éprouveraient, le jour de . leur entrée à l'usine, un réel embarras; au début, tous auraient à apprendre la technique spéciale du - métier. Mais, après un court apprentissage, ils ne - Larderaient pas à devenir, de par la supériorité de leur savoir, des collaborateurs infiniment précieux, capables de tourner les difficultés imprévues qui se présentent si souvent au cours des opérations industrielles, el de perfectionner les procédés de fa- brication. Ilest, au contraire, presque chimérique d'attendre le progrès de petits employés à œillères,. ne connaissant guère que les opérations courantes de la sucrerie, le dosage au polarimètlre ou par les liqueurs titrées, etne pouvant par conséquent faire œuvre que de manœuvres. Si nos professeurs et préparateurs des Facultés étaient appelés plus souvent dans les fabriques, nul doute que, rentrés dans leurs laboratoires, ils s’efforceraient d'y résoudre, au moyen de toutes - les ressources que l’État mel à leur disposition, les problèmes rencontrés à l’usine.De leur côté, les in- dustriels, ayant appris le chemin des laboratoires, . sauraient à qui aller soumettre, avec chance de succès, les desiderata de leur mélier. L'utilité des recherches scientifiques pour faire progresser l'industrie est, en l'espèce, particu- lièrement évidente: nousn'’en voulons pour preuve que les amélioralions récemment apportées aux procédés de la sucrerie et qui sont principalement dues à des savants. Il n’est que juste de rendre. à ce propos, hommage à la science de MM. Pellet, Siderski, L. Lindet et Horsin-Déon. — IV Siluation des Ouvriers. — Nous avons parlé des chimistes, occupons-nous maintenant des ouvriers. Dans les environs de Paris, dans la Beauce et dans la Brie, il est impossible de constituer, avec les gens du pays, les deux équipes que requiert le travail de jouret le travail de nuit des sucreries. D'une part, la besogne de nuit répugne à l'ou- .vrier français qui, dans la plupart des autres in- dustries, n’y est pas habilué; d'autre part, dans les diverses usines, si abondantes aux environs de ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE 237 = Paris, l'ouvrier est en général occupé toute l'an- née. Dans toute cette région, dans la Beauce et dans la Brie, la sucrerie n’emploie guère que des ouvriers belges. Ceux-ci sont le plus souvent d'excellents travailleurs. S'ils sont dénués d'initia- tive, ce qui, en l'espèce, n’est pas un défaut, ils se montrent, par contre, pleins de qualités très utiles : ils sont soumis, respectueux, parfailement tranquilles, et la dure besogne ne les effraie pas. Presque tous sont payés à la tâche et gagnent au moins cinq francs par jour. Seuls, les chefs de bat- teries de diffusion, les cuiseurs et les surveillants sont rémunérés au mois. Tous trouvent, en gé- néral, dans les usines, cet avantage facultatif, dont profitent la plupart, d’y être logés et nourris au prix d’un france vingt-cinq centimes par jour (!. Dans les sucreries du Nord, des gens du pays et un certain nombre de Belges forment le per- sonnel ouvrier. Presque tous sont rétribués à la tâche : on prend pour base du calcul le nombre des chaudières de première carbonatalion qui ont été carbonatées dans la journée et la nuit: ce nombre est.à peu près, de 49 : la chaudière étant payée vingt-cinq à trente centimes, chaque ouvrier d'une équipe de douze heures gagne au moins cinq francs. Les ouvriers rétribués au mois touchent de cent vingt à cent cinquante francs et sont, en général, chauffés. Quand se termine la campagne sucrière (janvier), les ouvriers demeurent plusieurs mois sans travail : beaucoup se trouvent alors plongés dans une affreuse misère. Quelques-uns — mais c’est une infime minorité — exercent, dans la région, les méliers de maçon et de menuisier. En mai, ils sont employés, par les cultivateurs des régions sucrières, aux plantations de bette- raves: en juin, les binages les retiennent encore aux champs. Puis vient la moisson des céréales qui les occupe en juillet et août, d’abord dans nos dé- partements du centre, finalement dans le nord de la France. Cette migration les ramène, en sep- tembre, dans les sucreries. En résumé, bien que les salaires soient, dans les sucreries, sensiblement égaux à ceux de beaucoup d'industries, les ouvriers qu'elles emploient se rouvent souvent dans une situation pénible. Est- il possible d'améliorer leur condition? Avant de répondre à cette question, il convient d'examiner diverses obligations que la loi impose aux patrons et les bénéfices que leur laisse le sys- tème actuel. (4) Le tableau des salaires dressé par M. Lindet {tableau VII, page 231) indique la paie quotidienne, déduction faite du logement, du chauffage et de la nourriture. 238 W Surveillance des fabriquespar l Elal. — Lans chaque sucrerie l'État entretient des employés, au moins trois, qui, jour el nuit, à tour de rôle, contrôlent la fabrication. Ils pèsent les betteraves, s’assurent qu'aucune quantité de sucre ne sort de l'usine sans passe-debout, tiennent compte du nombre des dif- fuseurs remplis et vidés, prélèvent des échantillons de sucres turbinés et de mélasses et les envoient au Laboratoire des Contributions indirectes du Mi- nistère des Finances. Ces échantillons y sont ana- lysés, de sorte que l'État est continuellement ren- seigné sur les quantités de sucre fabriquées par chaque usine et passibles de l'impôt. Ce service régulier semble s'exercer à la satisfac- lion générale. Nous ne saurions en dire autant du contrôle des densimètres dont l'Élatimpose l'usage pour toutes les transactions de la sucrerie. Partout on se plaint de la mauvaise graduation de ces ins- truments. La négligence aveclaquelleils sontéprou- vés avant d’être livrés au public cause un véritable préjudice au commerce. La réforme d'un tel état de choses est urgente. VI Bénéfice des Patrons. — Le raffinage, qui suit im- médiatement la sucrerie, se compose de quelques opérations peu compliquées et qu'il y à avantage à faire subir simultanément à de très grandes quantités de sucre. Une raflinerie emploie, pour cette raison, beaucoup plus de sucre que ne peut en produire une grande sucrerie : elle collecte le plus souvent tout à la fois la production de beau- coup de ces établissements et celle d'usines colo- niales de sucre de canne. Indépendamment de cette circonstance, qui empêche les sucreries de monter chez elles la raf- finerie, la façon dont l'impôt est appliqué au sucre entraine aussi cette division du travail. Dans le but de ne pas prendre l'argent du fabricant avant ÉTAT ACTUEL DE LA SUCRERIE EN FRANCE qu'il ait lui-même réalisé la vente de son sucre, … l'État n’exige le paiement de l’impôt qu'au moment de la vente, donc après raffinage. Jusqu'à ce mo- ment le raflineur est, dans une large mesure, garant de l'impôt à payer, et obligé, de ce fait, à « des dépôts considérables. La raflinerie exigeant : donc, tant pour l'achat du sucre que pour la garantie de l'impôt, d'énormes capitaux, il n’y à qu’un tout petit nombre de raffineurs en France : 28, — tandis que les fabricants de sucre sont environ 350. De cette situation résulte pour les raffineurs la possibilité, dont ils usent, de se syndiquer etde maintenir, on pourrait presque dire au taux de leur choix, le prix du sucre rafliné. Tandis que, comme le montrentles graphiques de M. Lindet, le prix du sucre brut ne cesse de s'avilir, le con- sommateur continue de payer au même prix le sucre qu'il achète chez l’épicier. Les modifications apportées à la législation de 1884 frappent dure- ment le fabricant sans profiter au consommateur. Ne dirait-on pas que la loi a été faite par les rafli- neurs el comme pour eux-mêmes ? A l'heure actuelle, la sucrerie française non seu- lement ne gagne pas d'argent, mais en perd : un grand nombre d'usines vont se trouver cette année dans la nécessité de fermer. Comment, dans ces conditions, demander aux fabricants d'accueillir plus libéralement les savants, d'augmenter les traitements des ingénieurs et des chimistes et les salaires des ouvriers qu'ils emploient ? Deux remèdes au mal actuel semblent cepen- dant devoir surgir prochainement : beaucoup de fabricants de sucre, désireux de se soustraire à la tyrannie du raffineur, se préoccupent de chercher un procédé pratique de raffinage applicable dans leurs usines, — et c'est là un sujet d'investigation que nous devons signaler aux hommes de science. D'autre part, un grand nombre de sucriers nt en ce moment la pensée de se syndiquer pour opérer le raffinage. Là est le salut de leur industrie et l'intérêt du public, si nos lois ne changent pas. Louis Olivier. { £ SA ù d ! + “plat PAPA PE PT PS A PPT ri fa ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 239 . Laligne souterraine allant de la gare de Sceaux au jardin du Luxembourg sera très prochainement inau- gurée. Cette ligne nous paraît doublement intéres- “sante. D'abord, au point de vue pratique, elle était d’une incontestable utilité, La gare de Sceaux se trou- vait trop éloignée, et les Parisiens, ne pouvant s'y _ rendre assez facilement, délaissaient volontiers la par- -tie de banlieue qu'elle dessert, cependant très jolie et - très digne d’être un but favori pour leurs promenades - dominicales. Et puis, ce petit bout de souterrain est un avant-goùt du métropolitain dont la construction est de plus en plus retardée; c'est un premier pas fait - en avant; il faut nous en contenter, faute de mieux. 2 È lautre part, au point de vue scientifique, la construc- … tion de la ligne est à citer : elle a soulevé beaucoup de F difficultés que les ingénieurs ont complètement réso- - lues. Nous allons en exposer rapidement les princi- à pales 1. …—…. La ligne part de Fancienne gare de Sceaux et passe … sous la rue Denfert-Rochereau et le boulevard Saint- Michel pour finir près du jardin du Luxembourg, à … l'angle de la rue Gay-Lussac, Ce sont là des voies très fréquentées, et le Conseil municipal de Paris, qui n’é- - tait que médiocrement favorable au projet, imposa Ja - dure condition que la circulation ne devrait pas être interrompue. D'un autre côté, un important tramway, celui qui va de Montrouge à la gare de l'Est, suit abso- lument le même trajet, Il ne fallait pas songer à sup- primer un seul jour son service ni même à diminuer Son parcours. Enfin, les nombreux égouts et les multi- ples conduites qui courent sous les trottoirs de Paris contribuaient à accroître les obstacles, en même temps que les catacombes qui se trouvent en grande quantité dans ce quartier et dont les arches menacaient parfois de se rompre sous le moindre effort. Nous pouvons ajouter encore que la voie longe l'Observatoire; aussi les savants astronomes de cet établissement concurent- ils Ja crainte que le passage des lourds convois ne vint troubler leurs mesures précises et délicates. Il fallut prendre les précautions suffisantes pour les rassurer : une épaisse couche de sable fut introduite entre les - murs du tunnel et le sol des jardins de l'Observatoire. SE 0 7 OR ! Les détails qui suivent ont été, en partie, empruntés à Engineering. N° du 25 Janvier 1895. ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES LE PROLONGEMENT SOUTERRAIN DE LA LIGNE DE SCEAUX D’ailleurs, pendant le cours des travaux, de nombreux trains de ballast ont parcouru ce chemin sur une voie provisoire, et nous ne croyons pas que l’on ait eu à leur reprocher le moindre méfait contre le calcul des trajections astrales. Nous pouvons donc avoir bonne confiance en l'avenir. A son départ, la ligne a été construite à ciel ouvert. La présence du square (marqué sur le plan, figure 1, près de la station Denfert) rendait cette solution facile. Un tablier métallique porte la chaussée qui traverse la place entre le square et l’ancienne gare de Sceaux. A la sortie du square, le peu de profondeur du niveau de la voie n’a pas permis de creuser un tunnel propre- STATION OÙ LUXEMBOURG Fig. 1. — Plan du trajet de la ligne souterraine du Luxembourg. ment dit. On a eu recours, pendant environ 90 mètres, au système de couverture très souvent employé dans les métropolitains anglais. Il comprend deux poutres longitudinales reposant sur des colonnes en fer ayant une section à double T et réunies par des traverses d'environ 9 mètres. Ces traverses sont supportées à leurs extrémités par des murs de soutènement (fig. 2). Entre elles, sont construites des arches en briques qui forment la voûte. En cet endroit, la voie présente une courbe d'environ 220 mètres de rayon et pénètre sous la rue Denfert. A l’angle de l'avenue de l’Observatoire et du boulevard Saint-Michel se trouve la station de Port-Royal. Comme on disposait, en cet endroit, d’un espace considérable, la partie attenante à cette station est restée découverte sur une longueur d’environ 80 mètres. Au delà, se trouve un pont oblique par rapport à la voie et suppor- tant l'extrémité du boulevard Saint-Michel. Ce pont est fait de deux poutres longitudinales réunies par des traverses entre lesquelles se trouvent, comme tout à l'heure, des arches en briques. Ces traverses sont sou- tenues par une pile centrale, et, à leurs extrémités, par des murs de soutènement. Après le pont, le tunnel ordinaire recommence. La figure 3 donne une demi- coupe de ce tunnel. Un peu avant d'arriver à la station du Luxembourg, la formation des quais a nécessité son élargissement, et sa forme a été modifiée ainsi que l'indique la figure 4. A la hauteur même de la station, la chaussée est portée par un pont formé de 6 poutres de près de 17 mètres de long et de 1%,50 de hauteur, réunies par des traverses entre lesquelles ont été construites de petites voûtes. On voit que le même système se retrouve dans toutes les constructions en 240 fer qu'a nécessitées la ligne, Au delà du pont a été creusé un bout de tunnel destiné aux manœuvyres de machines, Lorsqu'elle quitte l’ancienne ligne, la voie a une pente de 1,6 pour cent. Au bout de 300 mètres, cette pente est de 2,1 pour cent. Au-dessous de la rue Den- fert, elle redevient égale à4 ,6 pour cent. C'estd’ailleurs le chiffre moyen pendant tout le par- cours. Lesrails sont, au départ, à 4,50 au-dessous du sol. A la station de Port- Royal, ils atteignent plus de6®,30 et près de 41 mètres au bout de la ligne, Une telle profondeur n'é- tait pas exigée pour le parcours actuel ; mais elle a été adop- tée en vue du raccord avec le futur métro- politain, Dans le pe- tit tunnel qui suit la station du Luxem- bourg, la voie a été rendue horizontale IOEE DURE couche de Fig. 2,— Voie à couverture ballast, L’inclinaison mélallique. nécessaire pourrait être facilement rétablie en cas de prolongement de la ligne. s 1 AR Pendant les travaux, avons-nous dit, les ingénieurs ont été constamment gênés par les égouts, par les multiples canalisations qui se trouvent sous les rues de Paris, et surtout par la présence des anciennes car- rières et des catacombes, Les voûtes de ces excavations se trouvent de 12 à 20 mètres au-dessous du niveau desrails. Mais leur pré- sence était à considérer avec É attention, ainsi que le prouvè- rent de nom- breux affaisse- ments de mai- sons du quar- tier. Aux en- droits où le toit de la carrière avait subsisté, on construisit, pour soutenir le mur latéral du tunnel, un autre mur allant du sol au sommet de la voûte de cette carrière. Au les cas de l’écroulement du toit, on allant jusqu’au niveau de l'ancien sol. Les parois en furent faites en solide maconnerie sur laquelle on placa une forte voûte soutenant directement les murs du tunnel. La figure 5 montre un exemple de cette dernière disposition. Nous avons vu, d'autre part, com- ment on a donné satisfaction aux astronomes de l’Ob- servatoire en ce qui concerne la partie du tunnel qui longe les murs de leur jardin. Quant aux égouts et aux conduites diverses, ce fut plutôt un ennui continuel qu'une véritable difficulté, Les travaux de construction de la ligne devaient, 4 priori, satisfaire à trois conditions importantes : 1° Etre menés le plus rapidement possible ; 2° Exiger le minimum de dépenses; Trottoin Chaussee < \ \ Egout Î des quais, contraire, dans creusa un puits ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES Fig. 4. — Tunnel élargi pour la formation 3° Ne point interrompre la circulation publique. Voici quelle fut la solution adoptée : , Les deux voies du tramway Montrouge-Gare-de-lEst furent transportées près de chaque trottoir. Les voi- tures continuèrent à être autorisées à circuler dans lan rue Denfert et le boulevard Saint-Michel, excepté aux: endroits où il existe des rues parallèles, D'autre part, on laissa toujours. libre au moins une moitié de la chaus-… sée : une tranchée. était ouverte où mê- me une série de fos- ses dans lesquelles … on élevait les piles … sur une certaine lon-. gueur. Cela fait, le. niveau de la rue était abaissé suivant la forme de l'arche du tunnel et sur une largeur correspon-. dant à la moitié de celui-ci, Là-dessus, on coulait une cou-. che de plâtre qui servait de fondation à la maconnerie de la demi-arche. Le … travail était achevé . de cette facon, puis le niveau de la rue rétabli, et on recommencait pour Pautre moitié du tunnel. La circulation resta done absolument libre pendant les fouilles et l'enlèvement des terres. Cette méthode, quoique un peu lente, a donné d'excellents résultats. Trois types différents de construction ont élé em- ployés dans les proportions suivantes : tunnel en ma- 1 connerie, 19,1 pour cent; cou- verture en bri- queset fer, 15,2. pour cent; voie. à ciel ouvert, 5,1 pour cent. La figure3 mon- tre une section … du tunnel. Sa. largeur est de 9. mètres ; la hau-. teur des murs latéraux de 3 mètres, leur é-" paisseur de 1 m. #0. Ils com- prennent des vi- des destinés au Fig. 5. — Exemple d'un mur du Lunnel Passage descon-m soutenu parla voûte d'un puits infé- duites de drai= rieur. nage, et, de 15 mètres en 15, mètres, des refuges pour les hommes qui travaillent sur la voie, Un petit chemin de 0,44 de largeur leur est, en outre, réservé le long des murs, Nous avons vu que la forme du tunnel change aux environs de la station du Luxembourg; en cet endroit, la largeur to: tale est de 16,80, l'épaisseur des murs latéraux de 3 mètres, la largeur des quais de mètres, et la dis- tance entre quais de 6,80 (fig. 4). Lorsque la voûte est faite en briques et en fer, l'épaisseur des murs de soutènement est portée à 1",50. s Dans le cas d’une ligne telle que celle qui nous oc= cupe, c’est-à-dire presque entièrement souterraine, la question du renouvellement de l'air était de premières | importance, Sans précautions spéciales, l'atmosphère viciée, tant par le passage des locomotives que par la présence des hommes, deviendrait rapidement irresple Le Ê | = ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 241 - rable; car, si nous en jugeons par ce qui passe, à cer- - tains jours, sur les lignes de banlieue, la ligne de Vin- - cennes, les lignes de la Compagnie de l'Ouest, par … exemple, il faut s'attendre à voir parfois sur la voie du “ Luxembourg une circulation considérable, et dans ses - stations le séjour continu d’une foule sans cesse renou- ; velée. Aussi a-t-on construit de distance en distance des puits qui débouchent dans le tunnel par des ouver- - tures pratiquées soit dans les murs latéraux, soit à la . . Jair vicié dans une chemi- . gares, partie supérieure des voûtes. En outre, une sorte de canal qui coule tout le long du tunnel, est en commu- nication avec un puissant . ventilateur installé dans le sous-sol de la station du Luxembourg et poussant née construite tout près de là; il est mü par l’élec- tricité. La génératrice de courant se trouve à la sta- tion Denfert qui contient aussi des dynamos destinées à l'éclairage des autres ga- reset de la ligne, ainsi qu’à la manœuvre des monte- charges. Nous dirons, avant de terminer, quelques mots sur la disposition des trois Pour la première, place _ Denfert, le vieux bâtiment circulaire a été conservé, Le niveau des rails se trouve à 5 ou 6 mètres au-dessous du sol de la salle d’enre- gistrement des bagages. Un pont en fer a été jeté au- - dessus de la voie. Il donne accès par trois passages au quai de départ, au quai d'arrivée et au monte- charges pour les bagages. Deux escaliers, situés de chaque côté du pont, servent, l’un à l’arrivée, l’autre au départ. Les murs de cette station, ainsi d'ailleurs que ceux des deux autres, ont été recouverts de tuiles vernissées blanches, et les arches, situées entre les tra- - verses en fer, de briques également blanches. Il y a là un supplément de dépenses qui est largement com- pensé par la qualité de la lumière obtenue. La largeur -des quais est de 5 mètres. Conformément à l’usage généralement adopté en Angleterre, ils sont au niveau du marche-pied des wagons; on sait que chez nous ils sont placés plus bas. On pourrait toutefois trouver des exemples du contraire : la ligne de Vincennes nous en offre plusieurs. La station de Port-Royal est à cheval sur la voie, Elle a environ 140 mètres de hauteur et est portée sur 8 colonnes en fonte. La figure 6 en montre le plan général. La salle des bagages est au niveau de la rue; en face de l'entrée, se trouve un escalier divisé en trois parties. La partie centrale sert à la descente, et les deux autres à la montée, On arrive ainsi à une salle d'attente et de distribution des billets d’où partent deux groupes d’escaliers aboutissant aux quais de la voie. Le premier groupe est destiné à la descente, le second à la montée. Les flèches marquées sur la figure indiquent le sens dans lequel marchent les voyageurs. J'alle d'attente Fig. 6. — Plan de la station de Port-Royal. On sait qu'aucune construction spéciale n’a été faite pour la gare du Luxembourg, qui est la station terminus. La Compagnie n’a pu obtenir l’autorisation de bâtir dans le jardin, et, comme il était impossible de songer à occuper une portion quelconque du boule- vard, elle a été obligé d'acheter une maison privée dont elle utilise le rez-de-chaussée et les caves. Cette maison est située à l'angle de la rue Gay-Lussac et du boule- vard Saint Michel. Dans les caves, se trouve la machi- nerie nécessaire aux monte-charges ; au rez-de-chaussée, la salle d'attente et la dis- tribution des billets, De là, on passe par un escalier à une plate-forme placée à 4 mètres au-dessus des rails d’où partent d’autres escaliers aboutissant aux quais. Comme dans les deux premières stations, les passages donnant accès à la voie ont élé divisés en deux parties bien distinc- tes : la première destinée aux voyageurs qui partent, la seconde aux voyageurs qui arrivent, Ces derniers sortent directement dans la rue. M. Barclay Parsons, in- génieur en chef de The Board of Rapid Transit Com- missioners of New-York, à écrit dernièrement un rap- port sur les Moyens de communications rapides dans les grandes villes. Il y dit quelques mots de la ligne du Luxembourg, qu’il regarde «comme l'exemple le plus important, en Europe, de construction souterraine: car c'est le seul cas où l’on se soit efforcé de pro- duire une œuvre réellement élégante ». M. Parsons ajoute que les difficultés nombreuses qui se sont présentées ont été remarquablement vain- cues. Il donne aussi les conclusions auxquelles ont été conduits les ingénieurs francais. Ils ont reconnu qu'il était préférable : 1° D’employer autant que possible la maconnerie au lieu du fer; 20 D’éviter dans la maconnerie l’emploi des pierres de trop grandes dimensions; 3° D’amener et d’enlever les pierres au moyen de trains se mouvant sur la partie de la voie déjà cons- truite ; 4 De placer les rails aussi près que possible de la surface du sol, car la dépense à faire croit consi- dérablement avec la profondeur à laquelle on tra- vaille, Quant au prix de revient de cette intéressante petite ligne, il est encore impossible de l’évaluer exac- tement, mais il a, paraît:il, certainement dépassé celui qui avait été prévu. Le devis s'était élevé à près de 9.000.000 de francs, et la maison dans laquelle se trouve la station du Luxembourg a déjà coûté, à elle seule, 1.450.000 francs. A. Gay, Ancien élève de l'École Polytechnique 249 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques. Denfer (J.), Architecte, Professeur à l'Ecole Centrale. Ë — Charpenterie métallique. Menuiserie en fer et Bachmann (Paul). — Zahlentheorie. Versuch Serrurerie. Tome I. (Généralités. Résistance du fer, einer Gesammtdarstellung dieser Wissenschaft in ihren Haupttheilen. Zweiter Theil. Die analytische Zahlen- theorie —1 vol. in-8° de 500 p. (Prix : 15 fr.) B.G. Teub- ner, éditeur, Leipzig. 1895. Dans la Revue du 45 novembre 1893, M. Hadamard a rendu compte du premier volume de l'ouvrage con- sacré par M. Bachmann à l’Arithmétique supérieure, Le second volume, objet de la présente notice, traite des questions relatives à la théorie des nombres entiers, mais où interviennent les procédés et notions de l’ana- lyse infinitésimale, notamment les quadratures, les séries, les produits infinis, etc. La majeure partie du livre (dix chapitres sur treize) est consacrée à la résolution, en nombres entiers x et y, de l'équation indéterminée à deux inconnues : f(x, y)= ax? + 2bxy + cy?=m, [a, b, ce, m— entiers], ou, si l’on veut, à la représentation d’un entier m par la forme quadratique binaire arithmétique f (æ, y). On convient, ce qui est naturel dans la matière, de ne pas considérer comme essentiellement distinctes les formes f (x, y) et f (Ax + By, A'zx + B'y), les quatre entiers A, B, A’, B' étant assujettis seulement à la relation AB°-— BA" = 1. Toute la théorie est alors dominée par la proposition suivante, à la démonstra- tion de laquelle ont travaillé beaucoup de géomètres et surtout Dirichlet : « À une valeur numérique donnée « pour le discriminant b?— ac, correspond un nombre « fini de formes quadratiques que l’on saura toutes «construire. » Les formes quadratiques sont aussi étudiées au point de vue de leur genre (matière trop compliquée pour être développée ici) et de leurs rap- ports avec la théorie des fonctions elliptiques.Citons aussi cette importante proposition : Toute progression arithmétique fournit une infinité de nombres premiers. Les trois derniers chapitres sont consacrés aux fonctions arithmétiques (zahlentheoretische), c’est-à- dire à celles qui n’ont de sens que pour les valeurs entières de la variable n. C’est par exemple le cas des fonctions qui indiquent : Combien un entier n a de diviseurs, Quelle est la somme de ces diviseurs, Combien il y a de nombres premiers ou premiers avec n, non supérieurs à n, etc., etc. L'étude des fonctions arithmétiques est extrèmement ardue. On se contente le plus souvent de calculer leurs valeurs moyennes, Ou bien on substitue à ces fonctions d’autres plus simples (valeurs asymptlotiques), telles que lerreur commise s’évanouisse pour » infini. Les valeurs asymptotiques ont une grande importance dans le calcul des probabilités, à cause de la loi dite des grands nombres. Je citerai aussi ce curieux résultat : la probabilité pour que deux entiers, pris au hasard, soient premiers entre eux est =. x étant 3, 1415926... Bref, le livre de M. Bachmann fournit les indications les plus précieuses sur l’état actuel de l’arithmétique supérieure, science si attrayante par sa difficulté même. Léon AUTONNE. Vislicenus (D, W. F.), Professor an der Universität zu Strasburg. — Astronomische Chronologie. — 4 vol. gr. in-8° de 160 p. (Prix : Cartonné, 6 fr. 25.) B. G. Teubner, éditeur. Leipzig, 1895, 2 de Pacier et de la fonte. Assemblages. Planchers en fer. Supports métalliques.) — 1 vol. grand in-8° de 584 pages et 479 figures, de l'Encyclopédie des Travaux Publics. (Prix : 20 francs.) Gauthier-Villars et fils. Paris, 1895. On a souvent dit de notre époque qu’elle porterait dans l’histoire le nom de siècle du fer. Celui de siècle de l'acier lui conviendrait mieux encore, si une périvde un peu plus longue nous séparait de l’année 1900; car l'acier, plus élastique et plus résistant que le fer, et ne coùtant guère plus que ce dernier, se substituera cer- tainement à lui, le jour prochain où on saura le fabri- quer avec des qualités constantes, faciles à reconnaître et à garantir, Qu'on emploie pour les édifier le fer ou l'acier, un ouvrage sur les charpentes métalliques est assuré de traiter une question qui restera longtemps à l’ordre du jour, et ce n'est pas le plus mince éloge qu'on puisse faire d'un livre. Celui de M. Denfer est du reste concu de manière à être longtemps consulté avec fruit. A côté de tous les renseignements pratiques dont le constructeur a journellement besoin, se trouvent, fort complètement et fort clairement traités les problèmes théoriques que l'architecte et l'ingénieur peuvent avoir à résoudre. Aussi ne pouvons-nous analyser, en quel- ques lignes, un ouvrage aussi technique, nourri: de détails et de chiffres, et nous devons nous borner à une nomenclature, forcément un peu sèche, des chapitres. Dans le premier, sont exposées les'xénéralités rela- tives aux métaux ferreux: fers, fontes, aciers, et sont mi- nutieusement décrites les formes commerciales des fers. Dans le second, plus théorique que le précédent, sont étudiées les questions relatives à la résistance des métaux. Le troisième chapitre est consacré aux assemblages des éléments métalliques, en relation si intime avec la solidité des constructions, Le suivant traite des chaïi- nages, linteaux et poitrails. Dans le quatrième chapitre est étudiée, avec tous les détails qu’elle mérite, l’importante question des plan- chers en fer. Dans l2 cinquième chapitre on trouvera groupées toutes les notions qui se rattachentaux supports verti- caux (colonnes en fonte, poteaux et piliers en fer). Cette liste montre assez par elle-même quele volume en question n’est que le tome premier de l'ouvrage complet. Celui-ci donnera, daus tous leurs détails, les moyens d'édifier rationnellement les constructions métalliques. Déjà, dans une simple page d’une haute importance pratique, il rappelle les moyens trop sou- vent négligés d’accroitre la durée de ces constructions. On oublie, en effet, trop généralement, que ces ou- vrages, parus immenses et alors élevés au prix de frais et de labeurs énormes, sont voués, dans un avenir relativement proche, à une ruine certaine. Le fer périt fatalement par l'oxydation; celle-ci, lente sur les sur- faces planes qui sèchent vite, est rapide sur les parties qui restent longtemps mouillées, et s'accélère d’autant plus que la rouille déjà produite fait éponge etconserve l'humidité favorable à une corrosion plus profonde, Quand l'oxydation attaque un assemblage, elle donne lieu à une augmentation de volume irrésistible et arra- che les meilleurs éléments de jonction. On n’a pas oublié l'émotion produite par les résultats de l’enquête à laquelle, sous la pression de catas-. trophes récentes, on a procédé pour se rendre compte de l’état des ponts de nos chemins de fer, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 2, D [9 Et pourtant les précautions qu'il suffirait de prendre pour rendre bien longuement durables les constructions métalliques sont d’une simplicité élémentaire et d’un prix presque nul. Elles consisteraient à peindre conve- nablement les fers avant de les assembler, à ne jamais jonctionner deux pièces sans interposer une matière molle capable de durcir, à remplacer dans les joints rivés le mastic libre par une bande d’étoffe mince en- duite de ce mastic à l’état presque frais, à procéder à la peinture définitive avec un soin minutieux et à la re- nouveler assez souvent, enfin à disposer les fers sou- mis aux intempéries de manière que l’eau de pluie ne séjourne pas à leur surface, Pourquoi faut-il que des précautions aussi élémen- taires, qui ne majoreraient que d'un ou deux francs le prix des cent kilos du métal employé, et qui décuple- raient facilement la durée des ouvrages, soient si rare- ment observées ! Espérons que les constructeurs, mieux avertis par l'appel aussi désintéressé qu'éclairé que leur adresse M. Denfer, seront à l’avenir plus soigneux, Gérard LAVERGNE. 2° Sciences physiques. Henry (A.), Ingénieur en Chef des Mines, Ingénieur en Chef du Matériel et de la Traction à la Compagnie P.-L.-M, — Etude expérimentale de la Vaporisation dans les Chaudières de locomotives, faite dans les ateliers du chemin de fer P.-L.-M. — (3° fascicule des Annales des Mines de 1894.) Vue Ch. Dunod et Vicq. Paris, 1895. L’essai des chaudières et des machines motrices n’est pas un métier; c’est un art pour lequel il faut à l’expé- rimentateur, en plus des ressources matérielles indis- pensables à une opération de ce genre, un grand dévouement, un profond savoir et un véritable tempé- rament scientifique. Un essai bien fait a une portée considérable quand il aboutit à des conclusions nettes et précises; la théorie y trouve un appui et un contrôle, la pratique en retire des données sûres et indiscuta- - bles. Il n’est donc pas étonnant qu'on attache tant d'importance à une étude expérimentale signée d’un nom connu et estimé, et exécutée dans les conditions voulues, pour qu'on ne puisse en contester les résultats, Le travail des ingénieurs de la Compagnie du P.-L.-M., que viennent de publier les Annales des Mines, mérite d'être classé parmi les meilleurs de l'espèce, Commencé sur l'initiative et sous la direction de M. Henry, avec la collaboration de MM. Chabal, Foucher, Trudon et Mottet, cet essai a duré cinq ans; M. Henry en avait communiqué partiellement les résultats au Congrès des chemins de fer de 1889, mais la mort l'empêcha d'en tirer toutes les déductions, et M. Marié fut obligé de coordonner les données recueillies et d’en présenter l’ensemble au public, Le but de ces recherches était de mettre en lumière l'influence de la longueur des tubes à fumée des chau- dières de locomotives, tant sur la puissance de produc- tion que sur le rendement économique de l'appareil; on se proposait aussi de déterminer les meilleures conditions d'établissement à adopter relativement aux différences de tirage, aux changements de forme du foyer (foyer ordinaire, foyer avec voûte en briques ou avec bouilleur Tenbrinck), à l'étendue des grilles, au nombre et au diamètre des tubes. Ce programme fut élargi dans la suite et étendu à l'épreuve des tubes à ailettes, système Serve, qui furent substitués aux tubes lisses, Le mémoire inséré aux Annales des Mines décrit d’abord longuement les divers appareils employés au cours de ces recherches, appareils de mesure de l’eau d'alimentation, de pesage du combustible, de mesure du tirage, de mesure des tem ératures, de détermina- tion de l’eau entraînée, d’ana yse des gaz, etc. Un second chapitre trace le programme et relate la marche des expériences. Vient ensuite le calcul des résultats, et l’exposé de ces résultats. Tout cela ne peut être analysé, et nous renvoyons le lecteur au lumineux exposé de M. Marié, Signalons seulement les conclusions de ce remarquable travail : Pour le foyer, les grandes surfaces de grille sont avantageuses; les longs tubes améliorent le rendement, mais limitent la puissance de production; une longueur de 4,50 paraît, à tous égards, la plus avantageuse. L'influence du tirage sur la puissance est considérable; mais il convient de prendre des dispositions pour en faire varier l'intensité dans les plus larges limites possibles : c’est le meilleur moyen de donner à la puissance de la locomotive l'élasticité dont elle a besoin et de permettre de régler cette puissance sur le travail à développer à tout instant. On doit chercher à multiplier le plus possible le nombre des tubes. Un fait d'une grande importance pratique se dégage de cette étude : on voit que le rendement d’une chau- dière déterminée, d’un type donné, peut varier consi- dérablement avec les dimensions relatives de ses diverses parties (grille, surface de chauffe, car- neaux, etc.), et avec les conditions de son fonctionne- ment (tirage, activité du feu, qualité du charbon, etc.). En. particulier, une chaudière du type locomotive peut donner de 7,0 à 10,5 kilog. de vapeur par kilogramme de charbon, c’est-à-dire qu’elle est, pour ainsi dire à volonté médiocre ou excellente. L'étude expérimentale faite par les ingénieurs du P.-L.-M. contribuera grandement au perfectionnement des locomotives : l'initiative des promoteurs de cet important travail n’a pas été stérile, et ils ont, de plus, le mérite d’avoir produit une œuvre vraiment scienli- fique. A. Wirz. Heen (P. de) et Dwvelshauvers-Dervy (EF. V.). — Etude comparative des isothermes observées par M.Amagat et des isothermes calculées par la for- mule de Van der Waals.— Une brochure de 12 p.et d planches, extraite du Bulletin de l’Académie Royale de Belgique, 1894. Si l’on applique la formule de Van der Waals au cal- cul des expériences de M. Amagat sur les isothermes de l'acide carbonique, on obtient une concordance mé- diocre pour l'isotherme de 198, et mauvaise pour celles qui correspondent à des températures inférieures à 100°, à tel point que les valeurs calculées de p et de pv, pour un volume spécifique donné, dépassent le double des valeurs observées lorsqu'on atteint 500 atmosphères ; la concordance devient beaucoup meilleure si l’on suppose le covolume et la pression interne variables avec la température (voir à ce sujet la communication faite par M. Amagat à la Société francaise de Physique, le 16 mars 1894). En prenant, pour chaque isotherme, une valeur particulière de ces quantités, la concor- dance entre les résultats du calcul et ceux de l’expé- rience est assez satisfaisante. Les divergences qui subsistent conduisent les auteurs à la conclusion que l’on devrait introduire un terme de condensation interne, pour tenir compte des écarts aux faibles pres- sions, La variation du covolume qui donne la meilleure concordance entre le calcul et l'expérience conduit à attribuer à cette quantité une valeur qui augmente de 0,001 environ par degré, entre 30° et 258°, Cette va- riation n’est autre que la dilatation ‘cubique moléculaire, que l’on trouverait ainsi, pour l’acide carbonique, sen- siblement égale à la dilatation cubique d’un grand nombre de liquides organiques. Ch.-Ed. GuiLcaume. Fourtier (H.). — Les Lumières artificielles en Photographie. — 1 vol. in-8° de 160 pages avec 19 fig. et 8 pl. (Prix : 4 fr. 50). Gauthier- Villars et fils, édi- teurs. Paris, 1895. Celivre,admirablement édité comme toutes les publi- cations de la maison Gauthier-Villars et fils, contient des spécimens d'illustrations vraiment remarquables. Ce sont des reproductions de photographies dues à di- vers amateurs, et qui, faites au moyen des lumières décrites dans l'ouvrage, permettent d’apprécier les mérites des méthodes qu’il préconise. 1O rad pa 8° Sciences naturelles. Congrès géologique international. Session de Was- hington. — 1 vol. gr.in-8° de 530 p. et 40 figures avec nombreuses planches et cartes hors texte. Imprimerie du Gouvernement. Washington, 1895. Le gros volume dans lequel sont résumés les travaux du Congrès de Washington est, pour la plus grande partie, consacré à la géologie des Etats-Unis, et il nefaut point trop se plaindre que les discussions sur des sujets qui sont le but du Congrès semblent sacrifiées à l’ex- posé des faits siintéressants dela Géologie américaine. Il semble prématuré,en effet,de vouloir établirune classifica- tion génétique des dépôtspléistocènes, alors qu'onn'est pas fixé en France et en Angleterre sur la position relative des deux faunes quaternaires et qu'on discute encore la réalité d’une phase interglaciaire; des discussions de ce genre ne peuvent aboutir qu'à montrer l'incertitude des données qui sont la base de la discussion. D'un plus grand intérêt est l'exposé des principes qui doivent servir à établir la corrélation chronologique des roches clas- tiques, On trouvera dans les notes de MM. Gilbert, Mc Gee et Lester Ward des choses excellentes sur ce sujet. La fin du volume est consacrée au compte rendu des excursions géologiques auxquelles le Congrès a donné lieu. M. Mc Gee, avecle concours de MM. G. H. Williams, Bailey Willis, N. H. Darton, y a résumé la géologie des environs de Washington, et M. C, Van Hise l’histoire de la région précambrienne du lac Supérieur dont il a donné une excellente petite carte d’ensemble et des cartes de détail. L’excursion finale aux montagnes Rocheuses a été l’occasion pour M. Emmons de donner, avec la collaboration de nombreux géologues, un véri- table Guide (221 p.13pl1.28 fig.) danslarégion parcourue. Cette excursion a été une des plus grandes attractions du 5° Congrès, dont les membres, dans un parcours de plus de 9,000 kilomètres accompli en 25 jours, ont traversé deux fois la distance qui sépare la côte de l'Atlantique du bord ouest du grand bassin du Colorado. Nous trouvons dans les procès-verbaux du Congrès l'annonce de la création d’une Commission internatio- nale de bibliographie géologique, On jugera de l’impor- tance et de Putilité du travail que se propose d’exé- cuter cette Commission par le programme exposé par M. de Margerie. Il s’agit : 4° de dresser la liste des bibliographies géologiques qui existent déjà; 2 de faire l'inventaire des parties de la littérature spéciale qui n'ont pas été l’objet de ce dépouillement, de ma- nière à arriver à la mise au clair, une fois pour toutes, de la bibliographie rétrospective ; 3° de procéder à l'enregistrement périodique de la bibliographie cou- rante, Souhaitons que la Commission mène son projet à bonne fin et que la bibliographie géologique rétros- pective avance plus rapidement que la carte géologique d'Europe, entreprise par le Congrès et dont nous at- tendons toujours les premières feuilles, promises pour 4891 et 1892. Mais il est probable que l’exécution de cette bibliographie comporte de solides difficultés, car elle n’a pu paraitre, comme on l'avait projeté, à la suite du voiume du Congrès de Washington. A. Bicor, Mesnard (Eugène), Préparateur à la Sorbonne. — Recherches sur la formation des Huiles grasses et des Huiles essentielles dans les Végétaux. (Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris). — 4 broch, in-8° de 142 p. avec 3 pl. @. Mus- son, éditeur. Paris, 1895. L'état où nous voyons la physiologie des plantes depuis un quart de siècle n'est pas fait pour encou- rager, On à bien découvert quelques lois, précisé des phénomènes, groupé certains faits, mais en si petit nombre qu'on peut se demander s'il ne fauf pas regrelter tant d'efforts appliqués à des problèmes qui paraissent encore insolubles, La somme des faits éta- blis n’est pas en rapport avec l’activité déployée. Où faut-il chercher la cause de cette impuissance ? M. Mes- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX nard nous le dit : il déclare en commençant que l'étude du contenu de la cellule n’est pas suffisamment faite, qu’il est encore impossible d'établir les grandes lignes de l’histoire de la biologie cellulaire; sans doute, aussi, il appartient à la technique microchimique de définir les relations qui peuvent exister entre les différentes substances renfermées dans la cellule végétale et d'établir des équations chimiques qui résument les principaux faits; mais, nous dit plus loin M, Mesnard : « Les réactions microchimiques, on le sait, ne fournis- sent pas toujours des résultats absolus. Elles laissent, lorsqu'on à fait de longues observations, certaines impressions qui prennent dans l’esprit la force de la vérité, mais qu'il est prudent, néanmoins, de ranger jusqu'à nouvel ordre dans la catégorie des hypo- thèses, » Après cet aveu d’impuissance, il nous dé- clare que son travail est exclusivement basé sur des réactions microchimiques; nous le regrettons; la microchimie est d'un puissant secours, mais elle ne saurait révéler à elle seule le mode de production et l'origine des huiles grasses ou essentielles, pas plus que des autres substances qui gravitent autour d’elles; elle a pu aider l’auteur à « examiner les principaux points de l’histoire d’une cellule à protoplasme chlo- rophyllien »; mais elles n’ont pu lui donner la solution des problèmes qu’il rencontrait. Aussi, en dehors des transformations chimiques au sujet desquelles il annonce des faits positifs, nous trouvons surtout dans ce travail des hypothèses émises, sans essai de confir- mation, sur des points d’un intérêt réel pour la ques- tion qu'il s’est posée. Une opinion personnelle, fondée sur l’observation de la cellule, aurait sa place dans le débat. Le physiologiste ne doit pas, ce nous semble, négliger la morphologie cellulaire, dont la connais- sance exige des qualités si rares! Si toutefois M. Mesnard a tenu à ne se révéler que comme chimiste, ne lui demandons pas autre chose. Dans ce domaine, il nous donne de précieux rensei- gnements; son mémoire sera lu avec profit. Il ne croit pas, contrairement à l'opinion courante, qu’une dias- tase intervienne, d'ordinaire, dans la mise en œuvre des réserves oléagineuses; il pense que les matières albuminoïdes hydratées sont les agents de la disloca- tion des matières grasses, et qu’elles les entraînent dans les parties où elles-mêmes vont se déposer à la maturation de la graine. En dehors des graines, l’huile se forme dans toutes les parties vertes de la plante. Les réactions microchimiques permettent de déter- miner sans peine le lieu d'élection des essences dans les pétales des fleurs et ailleurs; elles sont toujours un produit de transformation du protoplasme chloro- phyllien; elles n'apparaissent que lorsque l'activité chlorophyllienne est amoindrie; l'huile essentielle n’est pas le seul produit de désassimilation de la cholorophylle; il faut encore considérer comme tels les tanins, des matériaux constitutifs du latex, des pigments colorés, etc. Si M. Mesnard n’abandonne pas les études où il s’est engagé, les Algues et les Champignons Phycomycètes lui fourniront certainement d'utiles sujets d'observa- tion et d'expérience. Ch. FLAHAULT, Massart (Jean), Assistant à l'Institut Botanique de Bruxelles. — La Récapitulation ét l'Innovation en Embryologie végétale. Ontogénie de la plan- tule. Organogénie de la feuille. — Un volume in-8° de 100 pages, avec figures et quatre planches. Imp. An- noot-Bræckmann, Ad. Hoste successeur. Gand, 1895. Le développement de l'individu représente-t-il, sous forme condensée, les diverses phases de l’évolution de la race? M. J. Massart étudie deux chapitres particuliers de cette grande question, limitant ses recherches à l’évolution de la plantule et de la feuille. Sa conclusion est que les exemples de récapitulation sont rares chez les Végétaux et ne portent guère que sur des carac- tères provenant d’ascendants peu éloignés. et remit ii le One dem Cl Ds à M ai BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 24 Qt 4° Sciences médicales. Letulle (D' M.), Professeur agrégé à la Faculté de Mé- decine de Paris, Médecin de l'Hopital Saint-Antoine. — Pus et suppuration. — Un vol. petit in-8° de l'Encyclo- pédie scientifique des Aide-Mémoire, dirigée par M. H. Léauté, de l’Institut. (Broché, 2 fr. 50; cartonné, 3 fr.) Gauthier- Villars et fils et G. Masson, Paris, 1895. Comme son titre l’indique, l'ouvrage est divisé en deux parties principales : l’une où sont exposés les caractères physiques, chimiques et histologiques du pus ; l’autre, relative à la suppuration, à ses causes, à son mécanisme, à son évolution, M. Letulle commence par établir les caractères des divers liquides purulents, leur aspect, les indications w’on en peut tirer, les raisons de leur coloration va- riable, suivant la proportion de leucocytes, de granu- lations graisseuses, d’hématies qu’ils renferment. Le pouvoir chromogène des microbes pyogènes influe sur les colorations du pus, qui devient lactescent avec le staphylocoque blanc, jaunâtre avec le staphylocoque doré, bleu avec le bacille pyocyanique. La densité du pus oscille entre 1021 et 1040. Sa consistance va de la fluidité extrême des sanies à la solidité caséeuse du pus mastic. L’odeur douceâtre ou presque nulle des abcès développés à l’abri de l’air prend un caractère infect, fécaloide auvoisinage des voies digestives, am- moniacal dans les voies urinaires, putride dans les lé- sions gangréneuses. La quantité du pus est très faible dans les abcès miliaires, énorme dans certaines col- lections pleurales ou péritonéales. M. Letulle insiste avec raison sur la nécessité d’exa- miner le pus issu d’un abcès quel qu'il soit. Dans la présence de corps étrangers grossiers, de fragments d'étoffe, de projectiles, d’esquilles osseuses, de cail- lots, de détritus alimentaires, de calculs urinaires ou biliaires, d'urine, de bile, de lait, on trouve desenseigne- ments positifs sur la nature et l’origine de la maladie, Il en est de même pour la constatation de parasites, hel- minthes, hydatides, grains d’actinomycose, etc. Le pus en général se compose d’une partie solide contenant des éléments figurés cellulaires ou autres et d'une partie fluide, séreuse. Elles sont dans le rapport de 4 à9 dans les pus séreux ossifluents ; de 2 à 7 ou 3 à 8 dans les autres cas. Le pus est le plus souvent alcalin. Sa composition chimique est très complexe, dépendant de nos humeurs, de nos tissus et des orga- nismes étrangers qu’il contient. L'examen microscopique du pus y montre des glo- bules purulents de divers ordres : leucocytes mono- nucléaires, leucocytes éosinophiles, leucocytes polynu- cléaires neutrophiles, granulations graisseuses, cellules fixes conjonctives ou endothéliales, lymphocytes et éléments embryonnaires, noyaux libres, En outre, on peut rencontrer, suivant la qualité du pus, des corps étrangers extrêmement variables et qui sont invisibles à l'inspection macroscopique tels que des corpuscules métalliques ou autres et des corpsorganiques. Ces der- niers sont soit des cellules provenant de l’organe qui a fait les frais de la suppuration, soit des fibres con- jonctives ou élastiques, soit des cristaux d’hématoïdine, des cristaux d'acides gras, de cholestérine, des con- crétions biliaires ou urinaires, soit des agglomérations de cellules cancéreuses. On y découvre des parasites divers comme l’échinocoque, le cysticerque, la filaire de Médine, la bilharzia hematobium, des amibes, etc. Le pus renferme encore parfois des sporozoaires, coc- cidies ou des champignons, saccharomyces, aspergillus, penicillium, etc. Enfin, suivantle cas, toutes les va- riétés des microbes pyogènes peuvent y être décélées, La deuxième partie de l'ouvrage débute par une des- cription magistrale du foyer de suppuration. Les di- vers stades de la nécrose liquéfiante des tissus y sont exposés avec une fougue entrainante, toujours main- tenue par une rigueur analytique poussée jusqu'aux confins de nos connaissances histo-chimiques, Il y a là une dizaine de pages de pathologie générale qui font honneur au remarquable auteur de L’« Inflammation ». L'étude des causes de la suppuration est justement réduite par M. Letulle à celle des microbes pyogènes. Ces causes sont, en effet, de deux ordres : chimiques ou infectieuses, Or celles-ci se confondent pour ainsi dire en une seule, car la colonie microbienne n’agit en somme que par les substances pyogéniques, chimiques qu’elle produit. Dans la plupart des cas observés en clinique, la suppuration est d'origine infectieuse. Les microbes sont pyogènes accidentellement ou habituel- lement. M. Letulle dresse une liste détaillée des espèces les plus communes de ces deux catégories. Les substances pyogéniques, produits vitaux des mi- crobes, déterminent de la part des tissus conjonctif et vasculaire les réactions essentielles du phénomène morbide. Introduits dans l'organisme par effraction, à la faveur d’un traumatisme minime, souvent ina- percu, les agents pathogènes se propagent le long des conduits naturels; ils peuvent être transportés au loin par les canaux sanguins ou lympathiques suivant le mode embolique. Arrêtés en un point quelconque de organisme, les germes se développent, pullulent tandis que les clasmatocytes se mobilisent et prolifèrent et que les leucocytes sortent des vaisseaux. Pendant ce temps la phagocytose a lieu, mais sous l'accroissement continu des microbes, sous la production constante de leurs toxines, les éléments fixes des tissus se détruisent, La masse des leucocytes disloque les lignes cellulaires ; les appareils cellulaires se morcellent; l’action des ferments diastasiques complète la nécrose, la liqué- faction des éléments ; des poisons organiques se pro- duisent, tels les leucomaines et ptomaines du pus que l’on commence à connaître. Dans cette action complexe, le terrain où évolue le germe morbide joue un grand rôle. Suivant l'orga- nisme envahi, suivant l’organe atteint, le même mi- crobe n’aura pas les mêmes effets. La fonction pyo- gène qui est elle-même facultative, n’est pas une preuve de virulence exaltée. Le livre de M. Letulle comprend, en outre, des dé- tails techniques précis sur les méthodes d'examen du pus, la coloration des éléments histologiques ou des micro-organismes. Toute une partie est réservée, avec figures à l'appui à l'étude de quelques pus spéciaux (actinomycose, helminthiase, tétanos, etc.). C’est, en somme, un traité sur un point capital de la pathologie générale. Modestement présenté sous pré- texte d’aide-mémoire, l’ouvrage, par la clarté de l’ex- position, l'allure du style, la netteté et la précision scientifiques, donne au lecteur la plus entière salis- faction et témoigne du goùt de son auteur pour les études auxquelles il se voue, Dr A. LÉTIENNE. 5° Sciences diverses. La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des Sciences, des Lettres et des Arts, paraissant par livrai- sons de 48 pages grand in-8 colombier, avec nombreuses figures intercalées dans le texte et planches en cou- leurs. 514° et 5152 livraisons. (Prix de chaque livrai- son, 1 fr.) H. Ladmirault et Cie, 61, rue de Rennes, Paris, 1895. Les 514° et 515e livraisons renferment les biographies de l'écrivain polonais Kraszewsky, par M. Trawinsky ; du philosophe allemand Krause, par M. Cramaussel; du révolutionnaire russe Kropotkine, par M: Charnay ; de Mme de Krüdener, par M. Debidour; de l'écrivain et moraliste français La Bruyère, par M. P. Souday; du naturaliste français Lacépède, par M. L. Harn; un article de M. Léon Sagnet sur la famille, les usines et les canons Krupp; une étude de M. Larbalétrier sur le labour, son but, ses conditions et les différentes espèces de labour aujourd’hui usitées; deux notes de M. Ch. Vélain sur les roches appelées Labradorites et sur les masses éruptives désignées sous le nom de laccoli- thes ; enfin une description du Labrador, due à M. L. Didier. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 18 Février 1895. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Paul Tannery, qui a prêté son concours au déchiffrement de l'inscription astronomique de Keskinto, montre quelles conclusions importantes on peut en tirer sur l'état de la théorie des planètes immédiatement avant Hipparque. — M. H. Poincaré montre que la méthode de Neumann s'applique encore à la résolution du problème de Diriclet, lors même que la surface sur laquelle ôn suppose répandue une couche double de matière atti- rante n’est pas convexe, pourvu que la densité y de l'électricité en équilibre sur la surface satisfasse à l'équation / bydw — 0, L'auteur développe en outre certaines propositions auxquelles il fut conduit par l'extension du problème précédent, — M. Resal fait l'historique des diverses formes proposées pour l'in- trados des voûtes en anse de panier; il détermine en outre une forme analogue à la forme primitive de Huyghens dont la construction est commode, mais de manière qu’elle soit plus agréable à l'œil. — Le même auteur fait hommage du tome [ de la seconde édition de son « Traité de mécanique générale, comprenant les lecons professées à l'Ecole polytechnique ». — M. Ap- pell présente un ouvrage intitulé : Théorie des fonctions algébriques et de leurs intégrales, dont il est l’auteur, en collaboration avec M. Edouard Goursat. Le but des auteurs est d'exposer la conception de Riemann pour la représentation des fonctions algébriques et de leurs intégrales sur une surface formée de feuillets super- posés, et de faire connaître les principales découvertes auxquelles ont donné lieu les travaux du grand géo- mètre dans la voie ouverte par Abel, Cauchy, Puiseux et Jacobi. — M. G. Humbert démontre l’existence d’une surface du sixième ordre, liée aux fonctions abéliennes de genre trois, 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Prompt adresse un mé- moire relatif à la congélation de l’eau. — M. Kilian signale une secousse seismique constatée à Grenoble le 3 février, à 6 heures 240” du matin. — M, V. Ducla adresse une classification générale des corps simples d’après les quantités de chaleur absorbées par 1 déci- mètre cube de chaque corps, à l’état solide, pour une élévation de température de 4°, — M. Arm. Gautier rappelle qu'en 4877 il remarquait que la chlorophylle des épinards, qu'il venait d'obtenir cristallisée, diffé- rait de celle d’autres végétaux par sa pauvreté en azote, sa plus grande richesse en oxygène et ses propriétés spéciales, et qu'il établissait ainsi la preuve de la pluralité des chlorophylles. — Le même auteur adresse une note sur la valeur agricole des phosphates d’alu- mine, où il montre que la facilité d'assimilation de ces phosphates ne saurait s'appliquer qu'aux phos- phales indirectement issus des fermentations des matières azotées, animales ou végétales, phosphates généralement amorphes ou indistinctement et partiel- lement cristallisés. — M. Aimé Girard revient sur sa méthode de dosage des composés tanniques par la fixalion de ces corps par une membrane animale de composition délinie et constante, et établit que l’opé- ration, conduite avec des fils convenablement apprêtés, conduit à des résultats précis et concardants avec les autres méthodes. — M. Lecoq de Boisbaudran fait remarquer que l’argon, dans sa classification des poids atomiques, viendrait prendre place dans une famille d'éléments dont aucun terme n’était encore connu, éléments dont l’atomicité serait théoriquement paire, mais qui devraient être privés de la faculté de se combiner aux autres éléments. — M. Vigouroux énonce les propriétés du silicium amorphe obtenu en réduisant la silice par le magnésium; il paraît se rapprocher du silicium cristallisé et n'a rien de com- mun avec les variétés amorphes « et B décrites par Berzélius. — M, Lindet établit que c’est à l’action d’une diastase, renfermée dans le tissu de la pomme et ap- partenant au type des laccases, qu’est due l’oxydation du tanin de ce fruit; cette diastase produit directe- ment l'oxydation, ou dédouble le tanin en molécules plus oxydables, — M. X. Rocques, à la suite d’un grand nombre d'analyses d’eaux-de-vie, conclut que, dans leur examen, les éléments d’appréciation les plus nets paraissent être la quantité totale des substances volatiles étrangères à l'alcool éthylique, les teneurs en éthers et en alcools supérieurs et le rapport de ces deux substances. Si, à ces données chimiques, on joint la dégustation faite par des personnes exercées, on à en main des éléments suffisants pour établir, dans beaucoup de cas, la nature des eaux-de-vie,. — M. H. Dufet expose l'étude comparée des cristaux de ferro- cyanure, ruthénocyanure et osmiocyanure de potas- sium ; ces cristaux biaxes présentent un isomorphisme parfait tant au point de vue cristallographique qu’au point de vue optique. C. MATIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. H. Lecomte et A. Hé- bert ont étudié les graines de Moäbi au point de vue botanique et chimique. C’est une plante de la famille des Sapotacées dont l’écorce, très épaisse, contient dans un système de laticifères articulés un latex abondant, épais, et fournissant par coagulation un produit assez riche en gutta-percha. — M. Lafon a observé les modifications du sang par le traitement thermal de l’eau de la Bourboule, source Choussy- Perrière. Il résulte de trois années d’observations que les globules rouges augmentent de nombre dans le cas de chloro-anémie; dans la leucocytémie, le nombre des globules blancs diminue. — M. A. Labbé étudie le noyau et la division nucléaire chez les Benedenia, coccidies polyplastidées, parasites de la Sepia offici- nalis. — M. Ch. Janet a observé la ponte de la Vespa crabro et indique le mode de conservation de la chaleur dans le nid par l'enveloppe générale. — M. Reyt complète ses observations sur l'étage Tongrien supé- rieur ou Stampien dans la Chalosse, et démontre l'influence de mouvements généraux post-tongriens, indépendant des grands mouvements post-éocènes qui les ont précédés, — M. A. Lacroix présente quelques considérations sur le métamorphisme de contact auxquelles il à été amené par l'étude des phénomènes de contact de la Iherzolite des Pyrénées. — M.Cayeux étudie la composition minéralogique et la structure des silex du gypse des environs de Paris. | 3. Marti. 25 Février 1895. M. le Ministre de l’Instruction publique, des Beaux- Arts et des Cultes adresse ampliation du décret par lequel le Président de la République approuve l’élec- tion de M. Guignard dans la Section de Botanique. — M. Weierstrass est élu associé étranger en remplace- ment de feu M. Kummer, — MM. Bertrand, Fizeau, Berthelot, Schlæsing, Larrey, Damour, sont chargés de préparer une liste de candidats pour la place d’aca- démicien libre, vacante par le décès de M. de Lesseps. — M. Linder prie Abd ie de le comprendre parmi les candidats à cette place, 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. Resal étudie Ja Séance du : ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 19 5 a | pénétration d’un projectile dans les semi-fluides et les solides et donne une nouvelle expression de la résis- tance à la pénétration, en faisant intervenir les notions que nous possédons maintenant sur la cohésion des semi-fluides et la résistance au cisaillement des solides. La profondeur de la pénétration est représentée par une expression de la forme : A log. vulg. (1 + n V,),où V, représente la vitesse du mobile au moment de la pé- nétration. — M. Emile Picard indique une classe bien délimitée d'équations dont la théorie parait susceptible d’être approfondie avec détails et dont l'intégrale géné- rale est une transcendante uniforme jouissant de pro- priétés intéressantes, — M. de Jonquières énonce la propriété suivante. Le produit II (a) de n nombres en- tiers différents a, b, c,.… multiplié par le produit IT (a-b) de leurs différences deux à deux, a pour valeur un multiple } des n premières factorielles, c’est-à-dire : m{a).m(a— b) =A.n!(n—1)!...3!2! ilen indique en outre quelques conséquences concer- nant les dépendances mutuelles des déterminafions potentielles. — M. Bardes adresse un mémoire relatif aux lois fondamentales d’une synthèse algébrique. — M. Humbert arrive à la conception d'une surface du sixième ordre se rattachant à la surface de Kummer par les considérations suivantes : Une sécante issue, d’un point O (x, 0,,#,, æ) coupe une surface de qua- trième ordre K (x,, æ,, &,,) — 0 en quatre points d, @, 4, &, qu'on peut répartir en deux couples de trois manières. Si 4,, a, et &,, a, est un de ces groupe- ments, les couples 4,, &,, et ,, a,, déterminent sur la sécante une involution du second ordre, dans laquelle le point O à un conjugué m. Cette construction donne trois points #%# sur toute sécante issue de O et le lieu des points »%, quand la sécante varie, constitue la sur- face du sixième ordre annoncée, — M. Leau énonce un théorème relatif à l’existence de solutions holo- morphes pour un système d'équations ‘fonctionnelles d’un type très général, et étend, sur certains points, au cas de plusieurs variables, la théorie développée par M, Kœnigs, — M. Tresse applique sa méthode géné- rale de la recherche des invariants différentiels d’une multiplicité analytique soumise aux transformations d’un groupe continu de Lie, à l'équation particulière ; dy (: : dy FF NN EL et indique les résultats très simples obtenus, — M. N. Bougaief énonce quelques théorèmes reliant entre eux le nombre et la somme des diviseurs du nombre # qui ne surpassent pas n. 20 ScieNCES PHYSIQUES. — M. Deslandres a fait l'étude spectrale de la planète Jupiter au point de vue des va- riations spéciales de longueur d’onde ou des déplace- ments que la rotation impose à la lumière. L’expé- rience montre que, lorsqu'un corps est éclairé pardiffu- sion, sa lumière subit le déplacement, non seulement par rapport à l’observateur, mais aussi par rapport à la source. — M. Poincaré était arrivé à la conclusion précédente par le calcul ; la lumière réfléchie par la planète a subi une triple absorption : par l'atmosphère Solaire, par l'atmosphère planétaire et par l’atmo- sphère terrestre. Les raies dues à ces différentes absorp- tions ont subi des déplacements différents, — M. C. Flammarion montre l'usage que l’on peut faire de la photographie pour la détermination exacte de la posi- tion du pôle, en laissant les étoiles marquer, par leur mouvement autour de ce point, leurs trainées sur la plaque destinée à enregistrerce mouvemént.— M. Lipp- mann fait connaître un dispositif qui ne fait interve- uir, dans la mesure du temps, que des instruments de précision inanimés et supprime par conséquent l’équa- tion personnelle dont l'erreur résiduelle demeure toujours voisine de 5 de seconde. — M, d’Abbadie annonce que M. Bréguet lui avait fait voir autrefois un dispositif qui permettait d'arriver au même résultat, — M. de Malherbe adresse une note relative à l'emploi d’un ballon captif pour les explorations au pôle Nord. — M. Schubert adresse une note concernant un projet de traversée de la Manche au moyen d’un canal tubu- laire immergé. — M. Carvallo demande l'ouverture d’un pli cacheté relatif à l'établissement théorique des lois de l'absorption cristalline : 4° pour le rayon ordi- naire, l'indice de réfraction et le coefficient d’absorp- tion sont constants, quel que soit l'angle du rayon lumi- neux avec l'axe; 2° la loi de l'indice de réfraction extraordinaire n’est pas altérée sensiblement par l’ab- sorption ; 3 l'absorption du rayon extraordinaire est représentée par la formule : k ko ke — = — cos?0 + = sin? 4 n° n°? ne où k, n, 6 représentent le coefficient d'absorption. l’in- dice de réfraction et l'angle de la normale à l’onde plane avec l’axe cristallographique. — M. A. Ponsot établit des relations nouvelles relatives à l’abaissement du point de congélation et à la diminution relative de la tension de vapeur dans les dissolutions étendues ; il conclut que la croissance de l’abaissement molécu- laire à partir d’une dissolution convenable n’entraine : pas nécessairement la dissociation en ions dans les dissolutions étendues, ni une constitution spéciale de ces dissolutions. — M. A. Leduc s’est proposé d'étudier les abaissements moléculaires des dissolu- tions très diluées en remplacant la mesure de varia- tions de températures très faibles par celle de pres- sions relativement considérables, Il établit la relation qui existe entre l’excès de pression et la concentration de la dissolution en s'appuyant sur la loi de van t’Hoff : Sp RTE RE 100 (u=—= ul) M ou u etu' sont les volumes spécifiques du dissolvant pur à l’état solide et à l’état liquide, — M. Paul Charpen- tier donne la description d’un pressomètre sensible, pour la mesure des pressions des fluides et qui peut être utilisé pour déterminer les tensions de vapeur, saturées dans le vide, ou en présence d’un gaz étranger pour la densimétrie ou l’alcoométrie. — M. Georges Lemoine mesure l'intensité de la lumière par l’action chimique produite, en opérant avec des mélanges de chlorure ferrique et d'acide oxalique; il fournit les ré- sultats d'expériences faites avec la lumière directe du soleil et avec des lumières colorées. — MM. Haller et Th. Muller ont effectué l'étude ébullioscopique de certains colorants du triphénylméthane et reconnu que les chlorhydrates des matières colorantes du triphénylméthane amidé ne sont pas dissociés, tandis que les chlorures d'ammonium et le chlorhydrate de nitrosodiméthylaniline le sont de la facon la plus nette. — M. de Koninck adresse une réclamation de priorité concernant les propriétés signalées dans les sulfures de nickel et de cobalt, — M. A. Mosnier à préparé quelques combinaisons nouvelles de l’iodure de plomb avec d’autres iodures métalliques ou organiques, les iodures d'ammonium, de sodium, de lithium, des mé- taux alcalino-terreux, — M, V. Thomas signale quelques combinaisons formées par le bioxyde d'azote et les chlorures de fer soit directement, soit à l’état de dissolution : re2CI5AzO; 2Fe2CI6,AzO; Fe CI, AzO + 2H° 0. MM. A. Brochet et R. Cambier ont étudié l'action de l’aldéhyde formiquesurle chlorhydrate d hydroxylamine et le chlorhydrate de monométhylamine; il se forme, dans le premier cas, l'oxyme correspondante en quan- tité calculée et, dans le second, la triméthyltriméthy- lène-triamine (CH3 Az CH?), — MM. Ph. A. GuyeetL. Chavanne ont recherché si la position du maximum {x}? dans la série des éthers amyliques dérivés des acides gras de la série normale était modifiée par une élévation de température entre 60 et 70°; ce maximum 248 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ET TT TT TT TT TT TT em ne change pas. Les mêmes auteurs ont trouvé aussi une valeur maxima dans une série d’éthers oxydes dérivés de l'alcool amylique actif. Ces maxima du pouvoir rota- toire correspondent avec ceux qu'indique la formule du produit d’asymétrie, — M. Timiriazeff établit : 4e que la protochlorophylle de M. Monteverde est identique avec sa protophylline naturelle; 2° quil n'existe pas de différence notable entre les protophyl- lines artificielle et naturelle. C. MATIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Sappey présente à l'Académie un atlas d’anatomie descriptive de M. Laskowski, — M. Milne-Edwards présente le pre- mier fascicule du « Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle ». —M. Koubanoff adresse un travail sur les champignons du paludisme, — M. Laulanié fournit de nouvelles recherches sur les variations corrélatives de l'intensité de la thermogenèse et des échanges respiratoires. En faisant intervenir certaines condi- tions (inanition, contraction musculaire, tonte et hydrothérapie), on constate que la valeur des caracté- ristiques biologiques, le coefficient respiratoire en CO?, par exemple, subit des fluctuations considérables. — M. Raphaël Dubois démontre que le sommeil hi- vernal de la marmotte est une auto-narcose carbonico- acétonémique. Les principes somnifères, toxalbumines, toxines et autres produits semblables n’existent pas chez la marmotte en hibernation ; mais lauteur a trouvé de l’acétone dans le sang, de telle sorte qu’en injectant 5 centimètres cubes de ce liquide dans le tissu cellulaire d’une grosse marmotte, il s’est produit une torpeur prolongée, mais sans hypothermie, — M. L. Vaillant, dans une étude sur le Rhinatrema bivittatum Cuvier, de l’ordre des Batraciens Péromèles, montre que ce batracien n’est pas un Ichthyophis glutinosus, comme le faisait Peters, mais que le genre Epicrionops Boulenger est identique au genre Rhinatrema. — M. Pizon, dans une étude sur l’évolution du système nerveux et de l’organe vibratile chez les larves d’As- cidies composées, montre que chez les larves de Fragarium et d'Amaroucium, l'organe vibratile est une portion de la vésicule endodermique primitive, Le ganglion définitif est une production du système ner- veux larvaire, — M. Racovitza montre que le rôle des Amibocytes, chez les Annélides polychètes, est de déposer du pigment excrétoire dans l’épiderme et de digérer au profit de l’organisme entier les substances de réserve qui s’y sont accumulées. — M. Thoulet indique quelques applications de locéanographie à la Géologie. J. MARTIN. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 19 Février 1895. M. le Président annonce la mort de M. Dujardin- Beaumetz, membre de l'Académie. M. Panas fait un rapport sur un mémoire de M, le Dr Kalt, intitulé : Traitement de l’ophtalmie des nou- veau-nés, — Il présente ensuite un deuxième rapport sur un travail du D' Malgat (de Nice), relatif au trai- tement de la conjonctivite granuleuse par l’électrolyse. — A propos des récentes réclamations de priorité sur la constatation de la transmission des propriétés immu- nisantes par le sang des animaux immunisés, M. Babes (de Bucarest) fait savoir qu'il est le premier qui ait annoncé des résultats certains (1889). MM. Richet et Héricourt, en 1888, n'avaient parlé que de probabilités. — M, Laborde poursuit sa communication sur la va- leur comparative des différents procédés employés pour ranimer les enfants nés en état de mort appa- rente. Il démontre que, en principe physiologique, fa méthode des tractions rythmées de la langue est supérieure aux autres procédés. — M. Tarnier prend la défense de l'insufflation; il fait remarquer que, contrairement à l'opinion de M, Laborde, l’air insufflé à l'enfant par le praticien ne contient pas d’acide carbonique. Il conclut en disant que les procédés d’insufflation, qui ont fait leurs preuves, doivent rester dans la pratique. — M. Kelsch présente quelques remarques à propos du coup de chaleur; il montre qu'une partie des troubles fonctionnels graves, qui portent l'étiquette coup de chaleur, ressortissent à des facteurs individuels, à des dispositions morbides, na- lives ou acquises, à des lésions latentes, en un mot à des tares pathologiques silencieuses jusqu'alors, qui, sous le coup d'efforts trop longtemps soutenus, se démasquent brusquement et se déploient en manifes- tations plus ou moins tumullueuses, pouvant aboutir à un dénouement fatal. Séance du 26 Février 1895. M. le D' Gross (de Nancy) se porte candidat au titre de correspondant national dans la Ie Division (Chi- rurgie). — MM. Bergonié (de Bordeaux) et Hugou- nenq (de Lyon) sont élus correspondants nationaux dans la IV° Division (Physique et Chimie médicales, Pharmacie). M. le Président annonce le décès de M. Alphonse Guérin, ancien président, et lève la séance en signe de deuil, après que M. Lucas-Championnière a eu donné lecture du discours qu’il a prononcé au nom de l’Académie aux obsèques du défunt. SOCIETE DE BIOLOGIE Séance du 17 Février 1895. M. Morat (de Lyon) envoie une note à propos des idées nouvelles sur le système nerveux; il estime qu'il faut distinguer nettement les phénomènes #rophiques des phénomènes fonctionnels; le corps de la cellule représenterait le centre trophique, tandis que le rôle fonctionnel serait échu au chevelu cellulaire. Il croit, en outre, qu'il ne faut pas accepter sans réserves les hypothèses de M. Mathias Duval sur la contractilité des prolongements cellulaires. M. Dastre soutient les idées de M. Morat. M. Mathias Duval défend son hypothèse et n’admet pas la distinction entre centre trophique et centre fonctionnel. — M. Foveau de Courmelles fait une communication sur la distribu- tion de l’ozone atmosphérique et ses rapports avec les épidémies ambiantes, — M, Féré présente quelques remarques sur l’évolution de l'instinct chez les jeunes poussins, — M. Garnault a recherché des relations entre la forme du crâne et la topographie du rocher. — M. Girard (de Toulouse) a trouvé dans un kyste de l’épididyme une substance albuminoïde que ni la chaleur, ni l’acide acétique n’ont pu précipiter, — M. Oechsner de Coninck envoie une note sur les réactions des urines pathologiques. IL montre que la réaction avec le nitroprussiate de soude n’est pas spéciale à la créatinine, mais peut provenir aussi de l'acétone. Séance du 23 Février 1895. M. Marmorek est parvenu à préparer du sérum anli- streptococcique doué d’un pouvoir préventif et curalif assez intense. On avait jusqu'alors échoué dans ce genre de recherches parce qu’on n'avait pas pu obtenir des microbes et des toxines assez virulents. — M, Roger rappelle qu'il a entrepris depuis quatre ans des expé- riences analogues, — M. Mouret décrit une lésion expérimentale du pancréas provenant d’une injection d'huile aseptique dans le canal de Wirsung, suivie de la ligature de ce dernier, — MM, J.-B, Charcot et Marineseo relatent l’observation, chez un malade de treize ans, d’une paralysie bulbaire supérieure subaiguë à type descendant, — M. Hayem présente une série de coupes de l'estomac montrant qu'il est possible d’étu- dier la muqueuse stomacale avant le début de l’auto- digestion de l'estomac, — M. Mathias Duval présente quelques observations sur la reproduction des chauves- souris et sur leurs embryons, — M. Bonnier, par l'étude physiologique de l'oreille, est arrivé à consi- dérer le limaçon, non comme un résonnateur, mais comme un appareil enregistreur, | al dt sb dés ind he Dé dirt létttmstent dit dit à un sd, . ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 249 SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS Séance du 26 Janvier 1895. Ch. Bioche donne la condition pour qu’un faisceau de coniques soit constitué par les projections d'une cubique gauche. — M.Franchet présente un important mémoire sur les Ombellifères de la Chine. Séance du 9 Février 1895. M. Biétrix présente quelques considérations sur les notions de la cime et l’endothélium à propos du réseau branchial des poissons. Séance du 23 Février 1895. M. André fait une communication sur des théorèmes empiriques d’arithmétique. — M. Biétrix présente quelques observations complémentaires sur une com- munication précédente. Il indique la différence qu'il y a lieu d'établir entre des formations non semblables portant en anatomie générale le nom de lacunes. — M. Bioche donne un procédé élémentaire pour cons- truire, avec une grande approximation, la longueur d’une circonférence de rayon donné. — M. André fait remarquer que la formule du pendule peut ètre rem- placée par la formule { —\e très rapprochée. Ch. Brocne. SOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE Séance du 20 Février 1895. Elections : Sont élus membres de la Société : MM.Lé- meray, Fontès, Maillet, Emile Borel. M. Rafy fait une communication sur certaines équa- tions différentielles du premier ordre. I indique le moyen de former des équations dont l'intégrale générale s’ob- tient en remplacant la dérivée de la fonction inconnue par une constante arbitraire, et qui ne se présentent pas sous la forme considérée par Clairaut. 11 pose le problème général qui consiste à trouver toutes les équations jouissant de cette propriété, — M. Goursat présente quelques observations sar le même sujet, , M. »'OcAGne. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES 1° SCIENCES PHYSIQUES F. Newall, — Note sur le spectre de l'argon. — Au cours de recherches spectroscopiques qui eurent . lieu en mai et juin 1894, l’auteur remarqua la présence fréquente, sur ses photographies, d’un spectre de _ lignes qui lui sembla avoir été ignoré jusqu'alors. Les conditions dans lesquelles ce spectre se montra pour la première fois, le conduisirent à lui donner le nom de « spectre à basse pression »., Ayant choisi les meilleures photographies qu’il avait obtenues, M. Newall y mesura 61 lignes; il reconnut que 17 étaient complè- tement nouvelles et faisaient partie du nouveau spectre, - tandis que les autres lignes appartenaient aux spectres du mercure, de l’azote, de l'hydrogène et de différents hydrocarbures. Depuis, M. Newall prit connaissance des communications faites à la Société Royale de Londres et dans lesquelles lord Rayleigh et W. Ramsay ont exposé le résultat complet de leurs recherches sur l'argon, et il est arrivé à la conviction que les lignes nouvelles de son spectre à basse pression étaient les lignes du spectre de l’argon. Voici les conditions dans lesquelles le spectre de l’argon est apparu dans les recherches de l’auteur : Un tube de verre est scellé her- métiquement à une pompe pneumatique à mercure (du type Tôpler-Hagen), dans laquelle une couche d’acide sulfurique concentré flotte à la srface du mer- cure. On fait le vide dans le tube jusqu'à la dernière limite possible, puis on laisse rentrer l'air. On refait le vide, et la pression est réduite jusqu'à d’at- mosphère (— 0,14 mm.) ; si, suivant la méthode du P* J.-J. Thompson, on entoure alors le tube d’une bobine de fil traversée par un courant alternatif de haute fré- quence, produit par la décharge d’un condensateur, un brillant effluve se produit à travers le gaz restant dans le tube. L'auteur fit passer ainsi la décharge pen- dant 30 minutes, pendant lesquelles il prit une photo- graphie du spectre produit. Pendant ce temps, la pres- " 1 sion du gaz dans le tube tomba de la valeur de —— 112 d’atmosphère (0,13 mm.) à (0,085 mm.). Le spectre montra fortement les bandes de l’azote, ainsi que les lignes du mercure et du cyauogène, faiblement les lignes de l'hydrogène ; on ne trouva ni les lignes de l'oxygène, ni celles de l’argon. La décharge passa de nouveau pendant 30 minutes, et une nouvelle photo- graphie fut prise; la pression tomba de ee d’at- mosphère (0,076 mm.) à = (0,015 mm.). Le spectre de l’azote s’effaca considérablement, et il apparut un certain nombre de fines lignes qui, malgré toutes les recherches, ne purent être identifiées avec celles d’au- cune substance connue. La nature de la méthode d’in- vestigation du spectre de M. Newall est telle qu'il n'est pas difficile de trier, parmi les nombreux spectres qui apparaissent superposés sur la plaque photogra- phique, les lignes qui appartiennent à l’un quelconque de ces spectres. Jusqu'à présent, l’auteur a pu mesurer 72 lignes de son spectre à basse pression, mesures qui sont données dans letableau de la page 250. Côte à côte, on trouvera les mesures des longueurs d’onde détermi- nées par M. Crookes pour les lignes de l’argon. La concordance de ces mesures montre d’une manière concluante qu'il s’agit, dans les deux cas, du même spectre. Entre H, et la longueur d'onde 370, l'accord est tout ce qu’on doit espérer, étant donné le fait que les mesures de l’auteur ne sont que préliminaires et qu'il ne pourra donner que plus tard une série de va- leurs absolument exactes; entre H, et He, il ya,entre les deux séries de mesures, une différence systéma- tique de trois dixièmes de mètre qu'il a été jusqu’à présent impossible d’expliquer. En tous cas, la concor- dance du groupement et de l'intensité ne laisse aucun doute quant à l'identité du spectre de lignes à basse pression de M. Newall et du spectre de l’argon. L’au- teur a réduit ses mesures d’après l’échelle de lon- gueurs d’onde de Rowland, et il conclut, d’après la ligne Hg (F), que c’est l'échelle d’Augstrom dont M. Crookes s’est servi pour réduire ses mesures. Mais la différence entre les échelles n’est pas suffisante pour qu'on lui attribue les différences citées plus haut. M. Newall a répété plusieurs fois ces expériences avec de légères variantes ; les résultats obtenus ont été constants en ce qui concerne le spectre de l’argon. IL faut seulément noter/que, si on continue à faire passer la décharge dans le tube, la pression s’abaisse jusqu’à une certaine valeur minimum, après quoi elle remonte lentement et d'une faible quantité jusqu’à une valeur qui se maintient à peu près fixe, Il est intéressant de voir ainsi l'existence de l’argon s'affirmer dans des circonstances tout à fait nouvelles, qui constituent pratiquement un nouveau mode de séparation de largon d’avec l'azote, séparation qui consiste à se débarrasser de l'azote en faisant passer la décharge électrique au travers en présence d'hydrogène ou d’hu- midité et d’un peu d’acide. Capstick,— Sur le rapport des chaleurs spéci- fiques de quelques gaz composés. — Ce rapport a été déduit de la mesure de la vitesse du son dans les gaz en question, mesure pour laquelle on a employé la méthode de Kundt, Voici quelques résultats : Ÿ Chlorure de méthylène.......... CHACLEAPAES TRE. 1,219 Goroforme 2120 ee CHGPMAN Mee 1,154 Tétrachlorure de carbone....... (HUE SEM 1,130 Chlorure d'éthylène............. CHAINE EE 1,137 250 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Tableau des longueurs d'onde H. F. NEWALL SUR LA PHOTOGRAPHIE songueur ss. Longueur! Ltensité d'onde 4579.8 4847 808. 4766,6 12 4482. #460. 4431. 4426. 4421. #14. 4401. 4400 . DPI ve Quoique l'intensité fût seulement de 5, le groupe CAz a ef- facé cette série de lignes. 415.8 130.9 10%. 1082, 075,8 072.4 1069. œ CS = © Œ RO CI ET LS oo &e Qt et DRE MESURE DES LIGNES WILLIAM CROOKES, — 2% Janvier 1895 _ Les déux spectres de l'argon BLEU Longueur d'onde Intensité ROUGE œ ; FA Longueur | tensité d'onde 487.9 L Chlorure d’éthylidène........... C?H?CI2...... he; Ethylène........ re rene ner 1,26% Bromure d’acétylène........,... CHSBL A EEE 1,198 Chlorure d’allyle.….. b 14 4 Bromure d'allyle. 2/0 ee ; 5750047088 Formiate.d’éthyle:-1. 9000 HCOOC2H5. ...-. 1,194 Acétate:de méthyle: M". CH$COOCH®... . 1,137 Hydrogènessulfure 221 H?S.... Anhydrie carbonique te AOUA SUMUTEITeNCATDONELE LEE ES CS? On voit que les corps isomères ont sensiblement le même rapport y. L'auteur donne une démonstration de la formule : ; PEN pour calculer 8, rapport des deux coefficients d’acerois- sement avec la température, de l'énergie intérieure de la molécule et de l’énergie de translation. Le rap- port RES 7 estconstant pour les paraflines etleurs déri- vés halogènes monosubstitués, ce qui prouve que pour ces corps le rapport de l'accroissement de l’énergie totale à l'accroissement de l'énergie cinétique detrans- lation de la molécule est proportionnel au nombre d’a- tomes de la molécule. 20 SCIENCES NATURELLES E.-F, Blackman (B. Sc. B. A.), Démonstratewr de Botanique à l'Université de Cambridge. — Recherches expérimentales sur l'assimilation et la respira- tion chez les végétaux. — I. Sur une nouvelle mé- thode pour étudier les échanges d'acide carbonique dans les plantes. — II. Sur les voies que suivent les échanges gazeux entre les feuilles aériennes et l'atmosphère. I — M. Blackman donne dans ce mémoire la descrip- tion d'un appareil qui permet d'apprécier exactement la quantité de CO? exhalée par une graine en germina- üon ou une portion de feuille, et cela d'heure en heure, sans interruplion, pendant un temps aussi long qu'on le désire, et aussi d'évaluer l’absorption de CO? la plus active, même pour des périodes qui ne dépas- sent pas 15 minutes, par la même surface foliaire; grâce à cet appareil, on peut apprécier simultanément et séparément les quantités de CO? absorbées par les deux surfaces foliaires. Un courant d'air, contenant une quantité de CO° aussi petite qu'on la peut désirer, peut être constamment amené à une partie du tissu considéré, tandis que simultanément on fait des do- sages du CO? exhalé par la respiration d’une autre partie de ce tissu dans un courant d’air, exempt de CO?, Le dosage du CO? se fait par la méthode bien connue de l’absorption par une solution de baryte qu’on titre par l'acide chlorhydrique, L'innovation consiste en ceci qu’une petite quantité de la solution de baryte (infé- rieure à 15 c. ce.) est employée dans chaque expérience, et qu'après l'absorption toute la quantité dont on s'est servi est titrée dans le tube mème où l’absorption a eu lieu. Les burettes contenant les solutions types sont toujours en communication avec le tube où se fait l'absorption par des voies où l’air ne peut pénétrer, et il ne pénètre pas d'air dans la chambre d'absorption qui ne soit purgé de CO?, à l'exception du courant soumis à l’examen, Les deux courants d'air qui traver- sent constamment l'appareil sont produits par deux aspirateurs d'un type spécial qui, construits sur le principe de la bouteille de Mariotte, fournissent un écoulement goutte à goutte pratiquement constant, quel que soit le niveau de l’eau à leur intérieur, et sont adaptés à fonctionner régulièrement avec une vitesse d'écoulement très faible de 50 à 100 c. c. par heure. Les courants qui traversent l’appareil n'ont jamais à traverser une couche de liquide et sont si exactement, lorsqu'ils atteignent la plante, à la pression atmosphé- rique, que fout risque est évité d’extraire mécanique= ment des g az de la partie soumise à l’examen. L’air est privé de CO? au moyen d’une tour pleine de grains de | verre où coule constamment un courant de solution ACADÈMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 25£ forte de potasse. Le générateur de CO? se compose . d’un grand tube contenant des fragments de marbre, où le courant d'air passe à une vitesse constante, tandis que de l'ACI, très dilué, ruisselle sur ces fragments à une vitesse très lente, que des arrangements spéciaux rendent constante et indépendante des variations exté- rieures de température. Lorsque la quantité de CO? - produite reste au-dessous de 2 °/,, le générateur fonc- fionne très régulièrement, Les récepteurs où sont placés les fragments de plante à étudier sont aussi petits que le permet la nécessité de garder en bon état ces fragments de plante, pour que les changements de * composition du gaz soient aussitôt que possible sensi- bles dans le courant d'air qui va de ces récepteurs aux les dosages sont faits, et que le courant d’air ne passe plus à travers les chambres d'absorption, il passe à travers une colonne d’eau qui présente une résistance . égale à celle de la solution de baryte dans la chambre . d'absorption, ce qui permet à la vitesse du courant de À demeurer constante, On arrive à une approximation » suffisante dans les recherches dont il s’agit par l’em- loi de solutions normales au 20°, On se sert conne e réactif coloré de la phénolphtaléine, et des réactions - spécialement délicates peuvent être obtenues pour marquer la fin du titrage, puisqu'on s’est débarrassé de tout le CO? atmosphérique. Les burettes, étroites et A 1 à 1 graduées en & de c. c., peuvent être lues au c. c. avec un dispositif simple pour éviter la parallaxe. Des séries de dosage de contrôle ont été souvent faites avec des erreurs qui ne dépassaient pas 0.1 °/. Cela correspond à _ c. c. de CO®. Dans des expériences de courte durée, = c. ce. de C0? peut être dosé avec assez d’exactitude pour qu'on tire des conclusions fermes. IH, L'acide carbonique pénètre-t-il dans la feuille et en sort-il parles stomates ou à travers la cuticule? C’est là une question que les traités récents de botanique - résolvent de la manière la plus diverse. Les travaux de Graham, de Frémy, de Barthélemy, de Boussingault, avaient amené à penser que c'était à travers la cuti- cule que se faisaientles échanges gazeux ;lesexpériences de Mangin (1888) sur la cuticule isolée ont établi, en revanche, que cette diffusion est impuissante à rendre compte de la totalité des échanges gazeux de la feuille. Grâce à l'appareil décrit plus haut, on à pu évaluer les quantités de CO? émises ou absorbées par les deux faces de la même feuille, placées dans les mêmes con- ditions. De nombreuses expériences sur la respiration de diverses feuilles épaisses et minces, n'ayant des … stomates que sur une de leurs faces, ou des stomates … diversement distribuées sur les deux faces, s'accordent à montrer que les stomates sont le siège de l'exhala- -tion du CO?, Quand il n’y a pas de stomates à la face supérieure d’une feuille, elle n’exhale pas par cette surface de CO?, ou, du moins, n’en exhale que des traces. Quand il y a des stomates sur les deux faces, les quantités relatives de CO? sont proportionnelles au nombre de stomates sur chaque face. Les expériences sur l'absorption du CO? donnent les mêmes résultats. Une expérience très simple montre que les stomates sont, pratiquement, la seule voie par où le CO*° pénètre dans la feuille. Si l’on enduit de cire une partie de la face inférieure d'une feuille dont la face supérieure ne porte pas de stomates, il ne se forme pas d’amidon dans cette partie de la feuille, tandis qu’il s’en forme dans les parties avoisinantes, La théorie de l’échange cuti- culaire avait trouvé son appui le plus solide dans les expériences de Boussingault, qui avait montré que,dans des conditions identiques, des feuilles de Nerium Oleander - assimilaient moins de CO? quand la face supérieure, qui ne porte pas de stomates, avait été couverte d’un enduit, que lorsque cet enduit était appliqué sur la … face inférieure qui est stomatifère, Mais il faut remar- … quer que Boussingault placait les feuilles dans une … atmosphère coutenant 30 °/, de CO2. Or, l'assimilation du CO? ne se fait bien, pour cette feuille, que dans une - de Mis! w chambres d'absorption par des tubes étroits. Lorsque atmosphère qui en contient de faibles quantités, de sorte que si, lorsque les stomates restaient ouverts, la décomposition €u C0? était moins active, c'était non pas parce qu'il pénétrait dans la feuille une moindre, mais, au contraire, une plus grande quantité de ce gaz. Dans une atmosphère qui ne contient qu'une faible proportion de CO, la feuille dont les: stomates sont ouverts décompose une plus grande quantité de ce gaz que celle dont les stomates sont bouchés. L'auteur est arrivé à la conclusion que, dans les conditions nor- males, les stomates sont pratiquement la seule voie par où le CO? pénètre dans la feuille ou en sort. Puisque l'oxygène diffuse plus facilement que le CO? à travers ‘les petites ouvertures, le même fait se vérifie probable- ment pour l'oxygène et pour tous les échanges gazeux. ‘Dans des conditions anormales, lorsque les stomates ou espaces intercellulaires sont bouchés et que la ten- sion du C0? dans l’atmosphère qui environne la feuille est assez grande, le CO? peut passer par osmose à travers la cuticule. La fermeture des stomates, qui se produit dans l'obscurité, n'empêche pas la distribution des échanges gazeux de concorder avec celle des sto- mates. L’exhalaison de CO? par une branche feuillue placée en pleine lumière {expérience de Garreau) n’est due qu'aux imperfections des conditions, à l’existence de parties non encore mûres, de tissus qui ne sont pas suffisamment verts ou qui ne sont point suffisamment éclairés. Des feuilles vertes, mûres, isolées des autres parties de la plante et complètement éclairées assimi- lent tout leur CO? respiratoire et n’en exhalent jamais, en si faible quantité que ce soit. SOCIETE DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 25 Janvier 1895. M. Medley a fait une étude des lampes à incandes- cence, dont voici les principales conclusions. Les lampes actuellement employées donnent un nombre de bougies qui augmente à mesure que la lampe sert depuis plus longtemps; une lampe Edison-Swan, qui est marquée 100 volts,S bougies, donne à 100 volts un éclairement moyen de 10 bougies (anglaises), et la puissance moyenne dépensée par bougie est environ 43 watts; de sorte que la lampe consomme 43 watts; avec Les lampes de ce type, il ne devient jamais éco- nomique d'enlever une lampe et de la mettre de côté avant que le filament n’ait brûlé; on n’a pas d'économie notable en les poussant, M. Ayrton attribue l’amélio- ration des lampes à l’usage, à ce fait que le vide y de- vient de plus en plus parfait. MM. Anderson et, Me Clelland: Sur le maximum de densité de l’eau et son coefficient de dilatation au voisinage de cette température. On a employé le ther- momètre à liquide(le dilatomètre) contenant une quan- tité de mercure telle que, dans l'intervalle de tempé- rature étudié, le volume intérieur occupé par l'eau reste bien constant. On observe dès lors la dilatation réelle et non la dilatation apparente. On a fait des expériences à diverses pressions, Pour la température du maximum de densité : A ! atmosphère, on a trouvé........ Alm — Ps rise 4°,1823 A 2 — — esse 40,1756 M. Rhodes estime qu'on n'a pas pris des précautions suffisantes pour le calibrage du thermomètre, et ne croit pas que la température soit connue dans ces expériences, à moins d'un dixième de degré. Séance du 8 Février 1895. On procède au renouvellement du Bureau. M. le ca- pitaine Abney est nommé président. M. Croft présente quelques appareils à banc d'op- tique, polariscopes, ete. — M. Skinner : Sur la pile à étain et chlorure chromique. C’est une pile qui a été étudiée par M. Case, de New-York : elle a été pré- sentée comme ne donnant pas de f, é.m. à la tempéra- ture ordinaire, mais en ayant une notable à 1009. L'auteur a trouvé que, directement reliée à un galva- nomètre, elle ne donne rien en effet à la température 252 ACADEMIES ET SOCIETES SAVANTES D. ordinaire, et donne quelque chose à 100°; mais sa f. 6. m., mesurée par la méthode de Poggendorff, est 0 volt 4% à 15° C, et 0 volt 40 à 97°, La pile primitive consistait en une lame d'élain et une de platine plon- gées côte à côte dans une solution de chlorure chro- nique; les piles étant reliées, on a la réaction : Cr?CI5 E Sn = 2CrCl° + Sn CR Quand on détache les pôles, et que la pile se refroidit, il se produit la réaction inverse. L'auteur a substitué à l’étain un amalgame d’étain, SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES MM. Arthur L. Linget Julian L. Baker ont étudié l'octacétylmaltose CH (0OC2H30)03, qu'ils ont pré- parée par l'action de l’anhydrique acétique et de l'acétate anhydre de sodium sur la maltose portée à l’état d’ébullition. Ils en décrivent les propriétés et donnentson pouvoir rotatoire :(x)o — + 62,22 pour le corps dissous dans le chloroforme, et (4), = + 59,84 pour le corps dissous dans l'alcool. — Les :nêmes au- teurs communiquent leurs recherches relatives à l’ac- tion de la diastase sur lamidon, L'analyse et les déter- minations cryoscopiques attribuent au corps ainsi obtenu la formule C2H2#01; son pouvoir rotatoire esl (4)n = 143. Toutefois, d'après l'examen des; autres propriétés de celle substance, on peut lui donner pour formule : C2H20010 EL H20. — M. Martin O. Forster a étudié laction de l'acide azotique fumant sur les dérivés du dibromocamphre. Dans cette réaction, il y aurait départ de deux atomes d'hydrogène que rem- placerait un atome d'oxygène. Le corps obtenu, soumis à l'analyse, correspond à la formule C!'H:2Br202 — M. E. Diners, F.R.S , a préparé le sulfate acide d'hy- droxylamine AZH20HH?S0* par l’action du chlorhydrate d'hydroxylamine cristallisé sur l'acide sulfurique pris en quanti é calculée. Le produit est ensuite chaufré plusieurs heures à 100° pour chasser l'acide chlorhy- drique, puis abandonné sous le dessiccateur jusqu'à cristallisation. — M.S, Hada, en traitant un nitrate de mercure par l’hypophosphite de potassium, à obtenu un précipilé instable d'un sel double de nitrate et hypophosphite de mercure HgH?PO2?,Hg4A703,H20. Ce sel fait explosion à 1000, De la même manière, il à pu préparer l’hypophosphite de bismuth Bi(H?PO2“H°0. — M. A.-G. Perkin fail une communication sur le Kamala, — M. Mac-Laurin, dans ses recherches rela- tives à l’action du cyanure de potassium en solution aqueuse sur l'or et l'argent en présence de l'oxygène, a trouvé que les quantités d’or et d'argent dissoutes par une solution donnée de cyanure sont proportion- nelles aux points atomiques de ces métaux. Les grandes variations de solubilité de l'or et de l'argent, dans une solution de cyanure, peuvent s'expliquer par le fait que la solubilité de oxygène dans les solutions de cyanure diminue à mesure qu'augmente la concen- tration. — M. William J. Pope est arrivé, par l'étude des formes cristallines, à caractériser les iso- mères de l'acide diméthylpimélique que l’on avait pu distinguer déjà par l'étude de leurs propriétés chimi- ques. — MM. W.-R. Hodgkinson et A.-H. Coote ont fait réagir le magnésium en poudre sur quelques composés de Ja phénylhydrazine et plus spécialement sur l’acétylphénylhydrazine el la benzoylphénylhy- drazine. Ce dernier corps donne, lorsqu'on le traite par le magnésium et qu’on le chauffe dans une cornue, une série de produits de décomposition parmi les- quels on à trouvé l’hydrogène, l'azote, l’ammo- niaque, du benzène, de l’aniline et du benzoate d’am- monium, — M. R.-M. Delley : Nelation entre les équi- valents de réfraction et éléments, et la loi périodique. — M.J, Normann Collie à éludié l’action de la cha- Paris. — Imprimerie K. Leve, rue Cassette, 17 leur sur le 8 amidocrotonate d'éthyle. En distillant ce. corps, le produit qui se forme le plus abondamment est léthoxylutidine : L: 2C6H11Az02—CH13Az0-+ AzH3-LCO+CO+C2+ CHE, La réaction donne également naissance à une petite quantité de diméthylpyrrol et à un dérivé de la série pyridique. On n'a pu diazoter le 8 amidocrotonate par l'acide chlorhydrique et le nitrite de sodium; toute fois, l'action des vapeurs nitreuses a fourni un produit d'addition : CSHSAz20 + A702-LH20=C5H10A750%. M. M. Haya et Y. Osaka communiquent leurs tra-M vaux sur l’acidimétrie de l'acide fluorhydrique. — Mile C. Wulker, à la suite de ses recherches sur les anciens objets d'art en argent provenant du Pérou, « croit pouvoir déduire qu'ils étaient faits avec de l'ar- gent natif, — Mile F -T. Litleton à étudié les change- ments moléculaires subis par l'argent lorsqu'on en fait l’amalgame. — M. W.-H. Perkin junior a préparé les principaux dérivés de l'acide sulfocamphylique ; il en décrit les propriétés et les modes de préparation. M % — M. W. Mac-Callum junior a pu préparer plusieurs nouveaux dérivés de l’éthylorthotoluidine, — MM. Wyn- dham R. Dunstan, F.R.S., el Francis H. Carr ont continué l'étude des dérivés de la benzoconine et de l’aconitine; ils communiquent les résultats relatifs à » la diacélyLl et à la triacétylaconitine, au bromhydrate » de pyraconitine et à l’aconine, — MM. Wyndham R. Dunstan, F.R.S., et H.-A.-D. Jowet : Sur quel- ques chlorures d’or de l’aconitine; les auteurs attri- buent à ces corps la formule : C**H#A70* AuCI. ACADEMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 24 Janvier 1895. M. le vice-président annonce que M. Jos. Treik a ins- titué l’Académie des Sciences sa légalaire universelle." 1° Sciences puysiques. — M. Weisaek envoie les photographies partielles de la lune représentant Linné et Triesnecker. — M. R. Wegscheider a déterminé les constantes d’affinité des acides polybasiques et de leurs éthers non acides, Le même auteur communique ses recherches sur les constantes physiques de l'acide hémipinique et la formation de ses éthers, il discute” l’asymétrie des deux fonctions acides de ce corps. —M M. Félix Pollak : Sur l’éther éthylique de l'acide nicolique et sa transformation en f-amidopyridine, CSHGAz? + 2 HCI. 20 ScIENCES NATURELLES. — M. Alfred Nalepa : Nou-l veaux microbes de la bile {11° communication). Séance du T Février 1895. 1° Sciences PnysiQuEs, — M. Victor Schumann : Sur la photographie des rayons de petite longueur d'onde. — M. Fortner Notice sur la ecinchotenine, — M. &. Pum : Action de l'acide iodhydrique sur la cin-M chotine et l’hydroquinine. — M. Skraup : Sur la cin- chotine et la cinchotenine. Traitée par PC, la cin- chotenine donne un chlorure d'acide correspondant à un acide carboxylique; la cinchonine contient un groupe vinyle, — M. K. Brünner : Nouveau mode de formation du 2,3 diméthylindol par l'acide isobuty- rylformique et préparation de son dérivé nitrosé et du picrate, — M. Haiser : Etude de l'acide inosique. L'auteur attribue à cet acide la formule C'OHISAZPO? ; il possède trois fonctions acides distinctes auxquelles correspondent des sels mono et bibasiques bien cris- tallisés. L'étain et l'acide chlorhydrique le dédoublent en sarcine, acide phosphorique et acide trioxyvaléria-m nique. — M. Liebermann : Formule des dérivés de la quercéline, — M. Paul Cohn : Sur quelques dérivés du phénylindoxagène (2° communication) et sur la forma- Lion de l'oxyde de cyclophénylenbenzylidène. Le Directeur-Gérant : LOUIS OLIVER M + N° 6 NS QE) ee SCT niet US 30 MARS 1895 É REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER - L’excitation des nerfs est certainement un des hénomènes les plus curieux de la physiologie ; étude de cette question se présente dès l’abord s deux aspects. Il faut rechercher quels sont divers excitants d’un nerf déterminé et voir l'effet produit varie avec la nature de l’ex- on ; cette considération a conduit Jean Muller a doctrine de l'énergie spécifique des nerfs, èslaquelle l'excitation d'un nerfproduit, àune tion de degré près, toujours le même effet. r que cet énoncé soit rigoureusement exact, t ajouter : « en admettant que le nerf soit s ses connexions normales. » Dans ces con- lions, un nerf moteur excité d’une facon quel- ue produil toujours la contraction musculaire, erf auditif, la sensation sonore, le nerf optique, nsation lumineuse, etc. En second lieu, il faut mander si tous les nerfs, quels qu’ils soient, vent être excités par les mêmes procédés. En ral, un nerf quelconque est sensible aux ac- S mécaniques, électriques, chimiques, calori- iiques; il n’y à d’un nerf à un autre qu'une question degré. Au premier abord, les nerfs de sensibilité iale semblent échapper à cette loi ; outre les tants ordinaires applicables à tout nerf, cha- in d'eux entre en jeu sous une action spéciale : nerf auditif sert à percevoir les sensations so- res, le nerf optique la lumière, etc. ; mais, en y dant de plus près, on constate que l’action du npeul être purement mécanique etque les causes s sensations olfaclives ou gustatives sont très aloguesaux excitations chimiques. —Reste donc REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. LA THÉORIE CHIMIQUE DE LA VISION le nerf optique qui seul paraît sensible aux radia- tions lumineuses ; nous allons voir ce qu’il faut penser de cette exception. Faisons d’abord remarquer que l'exception n’est pas aussi absolue qu’on pourrait le croire. Il ré- sulte, en effet, de certaines expériences de d’Arson- val que les radiations lumineuses peuvent, dans certaines conditions, influencer l’excilalion des nerfs moteurs. Mais, de plus, ilsemble que lalumière n’excile pas directement le nerf optique. En tout cas, elle n'agit pas sur ses fibres en un point quel- conque de leur trajet ; car la papille, qui est formée par leurentrée dans le globe oculaire, correspond précisément à une lache aveugle dans le champ de la vision. Il y a plutôt lieu de se demander si, entre l'arrivée de la lumière sur la réline et l'excitation du nerf optique, il n'y aurait pas quelque action intermédiaire ramenant l'excitation à l’un des modes précédents !, ! Les anatomistes assignent dix couches à la rétine: la plus interne est formée par l'épanouissement des fibres du nerf optique, les plus externes par la terminaison de ces fibres et un revêtement cellulaire. L'épaisseur de la rétine de l’homme estd’environ 0 millimètre 4 au pôle postérieur de l'œil; delà elle diminue régulièrement jusqu’à l’orra serrala, où elle n’est plus que de Omillimètre 1. L’orra serralalinite la rétine un peu en avant de l'équateur de l'œil. Le nerf optique, en entrant‘dans le globe oculaire en dedans et un peu en dessous de son pôle postérieur, traverse toute l'épaisseur de la rétine, puis ses fibres s'épanouissent en formant la couche interne de 10 y d'épaisseur environ. Les fibres se recourbent ensuite vèrs l'extérieur et, par une série d’intermédiaires, vontse terminer dans la couche des cônes et des bätonnets, membrane de Jacob, épaisse de 50 y environ. C’est la neuvième couche: elle est revètue par des cellules pigmentaires dans lesquelles 6 D: G. WEISS — LA THÉORIE CHIMIQUE DE LA VISIQN Ï Déjà, en 1842, Moser avait comparé l'action de la lumière sur la rétine à l'impression de la plaque photographique ; les travaux de Niepce et de Daguerre venaient de paraitre, et Île vapproche- ment élait trop séduisant pour ne pas êlre tenté. Cependant Moser n'apportait aucun argument sé- rieux à l'appui de son idée. Talma, élève de Don- ders, fit de vains efforts dans une voie analogue, supposant dans la rétine une ou plusieurs sub- slances susceptibles d'être modifiées sous l'action de la lumière, et qui, par leur décomposilion ou leur recombinaison, exciteraient les terminaisons du nerf optique. Héring admellait les deux pro- cessus produisant, comme nous le verrons plus loin, des effets complémentaires. Mais toutes ces théories manquaient de base: on cherchait en vain la substance qui se modifiait. Depuis longtemps, les anatomistes avaient at- tiré l'attention sur diverses productions colorées de la rétine ; outre les granulations des, cônes des Oiseaux, dès 1839 Krohn avail signalé un pigment rouge dans les bätonnets des Céphalopodes; Leydig avait observé des fails analogues chez les Insectes les terminaisons du nerf optique sont plus ou moins en- foncées. Ces cellules ont un noyau dans leur portion externe Fig. 1. — Coupe schématique de la rétine passant par la papille et la fosse centrale. incolore, et du pigment dans leur portion interne se prolon- geant par des filaments entre les bätonnets. Puis vient la choroïde. Au pôle postérieur de l'œil il se produit une mo- dification remarquable de la rétine. Les bâtonnets dispa- raissent peu à peu, tandis que les cônes s’allongent et diminuent d'épaisseur. Fina- lement la membrane de Ja- cob a doublé, en même temps les autres couches ont dimi- uué, de sortequ’à la face in- terne de l'œil ilen est résulté une dépression, c'est la fosse centrale ou fovea centralis ; elle ne contient que des cô- nes. Cette fosse centrale se trouve au milieu d’une région pigmentée jaune, portant pour cela le nom de tache jaune ou macula lutea. L'entrée du nerf optique forme la papille, tache blanche très visible à l’ophtalmoscope, insensible à la lumière et nommée punclim cæcum. La fovea centralis, au contraire, est l'endroit où l’acuité visuelle, c'est-à-dire la fa- culté de percevoir les détails, est la plus parfaite. Cette acuité va en diminuant jusqu’à l'orra serrala. Fig. 2. — Cüne, bâlonnets el cellules pigmentaires. bätonnets de la réline étaient parfois rouges, Leydig trouva que la rétine fraiche du même anis mal présentait parfois des reflets salinés rouges (1857). Enfin Schullze signala la mème couleur chez un Mammifère, le rat, et dansles cônes du hibow Mais ces faits isolés n’élaient connus que de fort | peu de savants; ils n'avaient pas cours dans | science ; aussi Boll fit-il une véritable découverte lorsqu'en 1876 il signala dans les bâtonnets de la grenouille une couleur rouge qui se modifiail souk l'influence de la lumière. Ce qui fit entrer la ques Lion dans une phase nouvelle, c’est qu'il établit que cette couleur était constante chez les grenouilles tenues à l'obscurité. La rétine des animaux reslés à la lumière était plus pàle, elle était incolore chez ceux tenus au soleil. On pouvait d’ailleurs suivrt la décoloration sur des rélines extirpées à des grenouilles conservées à l'obscurité ; car chez ces animaux le phénomène peut mettre plusieurs mi | | | rapide et a lieu dans l'œil même, quelques instants après la mort. | Le fait capital établi par Boll fut que chez les grenouilles ensoleillées la couleur se reproduisail mènes étaient dus à une matière colorante ; il fül plutôt porté à l’attribuer à la structure lamellaire des bàtonnets, et, en fait, il ne se prononça pasi catégoriquement. En 1871, Holmgreen avait observé qu'en applis curilé; les années suivantes Dewar avait fait ur étude assez complète de ces phénomènes éle triques, étudiant l’effet des diverses radiations variant les conditions de l'expérience. En rapprochant ce fait de ceux découverts p servé à Kühne de trancher la question après l'avoir éludiée sous toutes ses faces, dans les années q suivirent immédiatement la découverte de B Pour faire cette démonstration, Kühne cherchæà isoler cette substance !; il y parvint au moyen d’une solution de bile ou de cholate de soude, Me ci le manuel opératoire qu'il recommande: ex 1 Pourpre rétinien, Pourpre visuel. Sehpurpur. Rhodo- psine. Erythropsine, À | # Res ee a D' G. WEISS — LA THÉORIE CHIMIQUE DE LA VISION 19 © © bœuf cristallisé ; au moment de faire une expé- rience, on en prend une certaine quantité, on “chasse l'alcool au bain-marie et on fait une solu- ion aqueuse du résidu de 2 à 5 °/,. Ge liquide jouit de la propriété de dissoudre le pourpre ré- Minien; il ne se conserve pas comme la solution alcoolique. Cela fait, il faut choisir judicieusement Panimal qui servira à l'expérience. La grenouille convient particulièrement; son pourpre, étant moins sensible à la lumière que celui des Mammi- fères, nécessitera moins de précautions, et son observation à la lumière du jour sera plus facile. Il faut, d’ailleurs, se tenir en garde contre une source d'erreur : toutes les rétines ne donnant pas des solutions exemptes d’hémoglobine, celles de la grenouille, du crapaud, de la salamandre, du Hhibou, sont très favorabies, les globules du sang \de ces animaux ne se disolvant pas facilement dans la bile. Le lapin et le cheval peuvent aussi servir, à la condition d’exciser l'aire vasculaire : car, en de- hors d'elle, la rétine ne contient pour ainsi dire pas de vaisseaux. Ilimporte, bien entendu, de main- tenir ces animaux à l'obscurité et de n'employer que des rétines aussi fraiches que possible. “ Supposons que l'on ait choisi la grenouille; om algré la moindre sensibilité de son pourpre réli- nien, il faudra éviter la lumière du jour. Le mieux ést de se placer dans une chambre noire, et de IStéclairer avec un brûleur de Bunsen contenant un agment de chlorure de sodium; la lumière jaune qui en résulle, quoique n'étant pas absolument inactive, agit assez peu pour permettre de faire toutes les expériences dont nous parlerons dans la suite. On enlève les rétines; pour cela, il suffit de Maire une section circulaire de l'œil suivant un plan perpendiculaire à l'axe optique et d'exciser la papille. On saisit ensuite ces rétines par le bord avec une petite pince et on les place dans la solu- tion indiquée plus haut. Kühne recommande de prendre 1 centimètre eube de liquide pour 20 à 30 rétines. De temps-en temps on agite doucement ; lau bout d’une heure on laisse reposer quelques “heures, et on passe sur un filtre très fin en décan- | tant. Le résidu sera lessivé, ce qui donnera des | Solutions plus étendues, utiles pour certaines | études. Si l’on veut des solutions plus concentrées, ‘on ne peut les obtenir-en augmentant le nombre des rétines, mais en évaporant dans le vide en pré- Isence de l’acide sulfurique. La solution est géné- ralement transparente ; parfois cependant des corps en suspension la rendent légèrement louche. Portée à la lumière du jour, elle a une belle cou- leur rouge, puis passe au jaune et devient finale- iment incolore comme de l’eau. Si la concentration \dars le vide est poussée assez loin, il se dépose june espèce de vernis très hygrométrique, ayant la couleur du carmin ammoniacal, et dans lequel le microscope permet de reconnaitre des particules violettes presque noires. En étendant d’eau les solutions, il ne se produit pas de décomposition; car, par concentration dans le vide, on peut leur rendre toutes leurs propriétés primitives. En concentrant ainsi, on voit la couleur virer de plus en plus au pourpre violet ; cela permet d'expliquer en partie la différence de teinte de la rétine des divers animaux, la longueur des bâton- nets variant avec les espèces, ce qui correspond à une variation de concentration. Cependant, il y a encore une autre cause, car chez le mouton et chez l’homme où les bätonnets sont très courts, la rétine üre cependant fortement sur le violet; tous les pourpres ne sont pas identiques entre eux. Les solutions de pourpre rétinien ne se conser- vent pas, elles moisissent et se putréfient rapide- ment sans perdre leur couleur. On peut retarder ces effels par l'addition de 2 à 3 °/, de benzoate de soude, mais jusqu'ici on n’a pu les éviler complè- tement. Cela tient évidemment au manque de pré- cautions; aujourd’hui on arriverait certainement à conserver les solutions inaltérées en les recueillant d’une façon aseptique et maintenant leur stérilité. Par dialyse, la solution biliaire passe incolore ; il reste sur le diaphragme un magma rouge aussi sensible à la lumière que la rétine elle-même. Kühne a fait une étude très complète de l’action des divers réactifs sur le pourpre rétinien ; les uns retardent sa transformation, les autres le fixent plus ou moins, mais, ces propriélés n’ayant qu’un intérêt secondaire au point de vue où nous nous plaçons, je signale le fait sans insister davantage. Nous verrons cependant plus loin que la possibilité de cette fixation a permis de faire certaines expé- riences importantes. Les lransformations du pourpre rétinien sont accompagnées de phénomènes de fluorescence, qui pendant longtemps ont paru d'un intérêt se- condaire. Nous verrons plus loin que, suivant Pari- naud, ils jouent, au contraire, un rôle de premier ordre dans certains actes de la vision. IT Voyons maintenant d'un peu plus près comment le pourpre rétinien se comporte vis-à-vis de la lumière. Nous avons déjà dit que la solution rouge passe au jaune, puis se décolore. Ce passage du rouge au jaune par des teintes intermédiaires ne résulte pas d’une moindre teneur en pourpre réti- nien par suite de la décoloration d’une partie de celui qui se trouvait dans le liquide; car, si à l’obs- curité on fait des solutions de plus en plus éten- dues, et qu'on vienne à les examiner au jour, on leur trouve une couleur pourpre, rouge, carmin, 256 rose, lilas. Elles passent par toute la gamme des rouges et des roses ; jamais elles ne virent à l’orangé ou au jaune. Il y a donc formation d'un produit intermédiaire, le jaune rélinien (SeAgelb). Pour se rendre un comple plus exact des pro- priétés optiques de ces deux corps, le pourpre et le jaune rétiniens, Kühne fit une étude spectrosco- pique de leurs dissolutions. Pour cela, il plaçait le liquide devant la fente du collimateur dans une petite cuve d'épaisseur décroissante de haut en bas; il avait ainsi dans le champ l'absorption pro- duite par diverses épaisseurs de solution. Le résul- tat de ces observalions est représenté dans la figure 3. Fig. 3. — Spectres d'absorption du pourpre et du jaune réliniens. — PR : Courbe d'absorption du pourpre réli- nien. — SS : Spectre solaire, raies de Frauenhôfer. — JR : Courbe d’absorption du jaune rétinien, On voit que l’on n’a pas de bandes caractéris- tiques comme celles que présentent les solutions d'hémoglobine, par exemple. Au début de l'expé- rience, alors que le liquide ne contient encore que du pourpre, le spectre d'absorption peut être sen- siblement représenté par la première courbe ; la lumière agissant, on passe peu à peu à la deuxième : à ce moment la solution est jaune franc. Puis tout disparait, la décoloratior se produisant. Le pourpre rélinien en place sur la rétine se comporte-t-il comme la solution? Pour s'en assu- rer. Kühne formait un spectre dans une chambre noire, et promenait, dans les diverses régions de ce spectre, unerétine de grenouille couverte de son pourpre, qu'il observait par transparence. Ou bien, ce qui permettait certainement mieux la compa- raison, il plaçait dans les différentes régions du speclre des rélines de grenouille aussi semblables que possible, et, à côlé de chacune d'elles, il met- lait une goutte de la solution de pourpre comprise entre deux lames de verre. L'effet produit par le pourpre, en place sur la rétine ou en solution, était sensiblement le même, autant du moins qu'il est possible de le juger dans une expérience de ce genre. Un fait très important est que la décomposition du pourpre se produit d'autant plus rapidement que l'absorption est plus grande. Voici les chiffres approximatifs que donne Kühne pour la rapidité de décomposition du pourpre dans les diverses régions du spectre. D: G. WEISS — LA THÉORIE CHIMIQUE DE LA VISION Du Jaune verdätre à l'Indigo. 2 à 10 minutes, 20 JAUNE ee re re 2 — Orangé "et Violet. 17.7 £ 30 ee Ultya-violot 2eme. * 45 — ROUPES CENTRE ere encore plus. De même, la loi de décomposition du jaune réli- nien est sensiblement la même que la loi d'absorp= tion ; ici l'observation est plus facile que pour la décomposilion du pourpre : car, dans ce dernier cas, dès l'apparition des premières traces de jaune, on a affaire à une superposilion de deux phéno- mènes qui ne suivent pas la même loi. Il suffit de jeter un coup d'œil sur les courbes tracées plus haut (fig. 3), pour voir que certaines radiations agissent exclusivement sur le pourpre, d’autres sur le jaune d'autres enfin sur les deux substances à la fois Lors de l’action de radiations complexes, l'effet lotal doit être égal à la somme des effets dus à chaque radialion, et Kühne fait remarquer que l'on esttenté d'admettre, à l'inspection des courbes que la sensation de lumière blanche provient de la décomposition simultanée du pourpre et du* jaune. En effet, en prenant des radiations complé mentaires, on voit qu'en général l’une au moins agit sur le pourpre, l’autre sur le jaune ; aucuné& des deux substances n'échappe. Mais il y a des combinaisons complémentaires qui font exception: à cette règle, par exemple rouge et vert bleu; em rouge n'agit sur aucune des deux substances, par conséquent le vert bleu seul et le blane qui résulte de son mélange avec le rouge agissent de la même facon sur les deux substances rétiniennes. Il faut renoncer à celte explication de la perception du blanc. HI Après celte élude, il y avait tout lieu de suppo 3 ser que le pourpre rélinien jouissait, dans l'œil vivant, des mêmes propriétés que celles décrites pour les solutions ou les rélines extirpées, et que; comme Moser en avait émis l'hypothèse, lors de læ. vision, le pourpre se décomposait dans les parties! éclairées de la rétine, qui se comportait, au moins d’une facon passagère, comme une plaque photo graphique; c'est ce que Kühne mit en évidene par une série d'expériences d'une élégance extrême Si, après avoir exposé à la lumière pendant um temps plus ou moins long une grenouille ou un lapin, on vient à enlever la réline à la lumière d sodium, comme nous l’avons dit plus haut, on lui trouve des nuances variant depuis le pourpre jusqu'au blanc en passant par des (ons orangé | chamois, jaune. Si maintenant, au lieu d'éclairer! toute la rétine, on ménage certaines régions, il pourra se produire sur cette réline de véritables. photographies. * Voici le manuel opératoire indiqué par Kühneï -On extirpe, à la fumière du sodium, l'œil d’un pin conservé à l'obscurité, et on le fixe, la pu- iètres de hauteur. La boîte est couverte par un rre dépoli sur lequel on figure avec du papier le dessin à reproduire; par exemple, on col- parallèment les unes aux autres des bandes à5 centimèlres de largeur espacées d’autant. -dessus la plaque de verre on met un couvercle ir. On porte l'appareil au grand jour, de préfé- ce à cielouvert, el, suivantlalumière, —ceciest question d'expérience, — on le découvre pen- tun temps variable de 2 à 7 minutes. L’œil, placé s l'eau salée, est ouvert à la lumière du sodium examiné au grand jour. Pour bien enlever la ine, l'œil est coupé en deux suivant l'équateur; puis on le place sur une lame de plomb, et on dé- coupe la papille à l’aide d’un emporte-pièce d'en- wiron 3 millimètres de diamètre. Au moyen d’une pelite pince, la rétine s’enlève facilement. On la dépose sur une petite bille de marbre collée sur une ame de verre. Pour rendre l'examen plus facile, on peut, avant d'enlever la réline, placer pendant gt-quatre heures dans une solution d’alun à 4°/, Pœil partagé en deux, puis, la rétine étant sur la e de marbre, laisser sécher à l’obscurité pendant semaine environ. La sensibilité au jour est s considérablement diminuée : l’optogramme, cest le nom donné par Kühne à ces sortes de hotographies, — est fixé. our obtenir de bons optogrammes chez les ani- ux vivants, il faut disposer d’ane chambre noire lumière venant d'en haut par un manchon scendant jusqu'à 30 centimètres environ de la e de travail. ur la partie inférieure de ce porte-lumière on ‘ra meltre une plaque en verre dépoliportantun in, des verres de couleur ou une planche noire que. Dans l'installation de Kühne, l'ouverture ieure avait 45 centimètres de largeur sur 55 de gueur avec cinq espaces clairs el quatre noirs ée que par la lumière du sodium; à 25 centi- 1èlres au-dessous de son ouverture inférieure, il ya un repère pour la position de l'œil de l'animal. Pour le maintenir immobile, on pourra employer le e avec respiration BSCIE ou fixer l'œil à a ide de fils passés dans la conjonctive et la sclé- rolique. On pourra aussi dilater la pupille par tropine, on évitera ainsi en même temps les ariations d'accommodation. Après un temps con- | d'exposition, 10 secondes à 7 minutes, on capite l'animal et on opère comme plus PERTe … L'expérience réussit aussi sur la grenouille; D' G. WEISS — LA THÉORIE CHIMIQUE DE LA VISION 257 outre l'avantage qui en résulte au point de vue économique, on peut, pour certaines recherches, en tirer des renseignements intéressants, cet animal ayant de très grands bâtonnets; mais il se pré- sente quelques difficultés. Entre autres, il faut dans ce cas un éclairage fort long, et il est très difficile, après l’action de la lumière, d'enlever la rétine sans entrainer, avec la couche des cônes et des bà- tonnets, des cellules pigmentaires, dont la couleur sombre est fort gênante. L’éclairage au soleil, qui permettrait d’abréger l'opération, ne donne pas de bons résultats; on n’oblient que des images dif- fuses : il faut se résigner à opérer à la lumière indirecte et à allonger le temps de pose. D'ail- leurs, pour éviter les entrainements de pigment, il faut un éclairage le plus doux possible. Un pro- cédé qui réussit aussi assez bien consiste à produire un œdème artificiel ; la couche des cellules pigmen- taires est alors moins adhérente à la membrane de Jacob ; il suffit pour cela de curariser la grenouille et de la maintenir dans l'eau un certain temps. Parfois l'entrainement du pigment aux endroits impressionnés produit des optogrammes très nets; mais, même sans cela, dans les cas bien réussis, ces figures peuvent supporter des grossissements de 100 diamètres et rester visibles, Les images que l'on obtient ainsi sont forcé- ment petites, mais cependant très visibles à l'œil nu ; ainsi les bandes de 5 centimètres de largeur placées à 25 centimètres d’un œil de lapin donnent sur la rétine des lignes de 1%*,5: chez la grenouille, placées à 15 centimètres, elles ont 0®#,6. Lorsque l'opération a été bien conduite, les clairs sont égaux aux noirs ; un excès de pose donne des traits sombres plus minces, qu'on a même parfois peine à trouver. La rétine du lapin offre une bande hori- zontale plus riche en pourpre rétinien. C'est là une disposition favorable : car, par la différence entre cette zone et les zones voisines, on juge très bien de l'influence plus ou moins grande exercée par la quantité de cette subslance. Pour avoir des images très régulières, Kühne recommande de choisir de préférence pour point de formation de ces images la région située au-dessous de la banda dont nous venons de parler, parce qu'elle est plus homogène que la partie supérieure. En examinant les couleurs produites dans ces oplogrammes avec divers temps de pose, on trouve que le pourpre rétinien, dans l'œil vivant, se décolore comme il le fait sur la rétine isolée ou dans la solution biliaire On constate dans tous les cas qu'au cours de la décoloration il résulte du mélange du pourpre el du jaune rétiniens les teintes rouge, rouge brique, orange, chamois, jaune. Au lieu d'employer la lumière blanche dans ces expériences, on peut faire usage de radiations RE 19 (9 Dr G. WEISS — LA THÉORIE CHIMIQUE DE LA VISION colorées. Après ses premiers travaux, Boll croyait que chaque lumière monochromatique colorait la rétine d’une facon spéciale, que la lumière blanche seule la décolorait complètement. Mais on constata bientôt, et Boli lui-même le reconnut, que le vio- let, le bleu et le vert pouvaient agir comme la lumière blanche; le jaune et le rouge parurent d’abord inactifs. En réalité, même le rouge, la moins aclive des radiations, peut, à la condilion d’être assez intense, complètement blanchir la ré- tine. Ainsi, une grenouille placée en élé sous des verres rouges, en plein soleil, perd tout son pourpre rétinien en deux heures environ; quand on enlève la rétine, elle est noire de pigment, mais le micros- cope permet de constater que les bàätonnels sont incolores. On a même pu faire des optogrammes en lumière rouge: il faut beaucoup de temps, et aux endroits atteints par la lumière la rétine est rouge, orange, chamois ou jaune. Si, au contraire, on se sert de radiations très réfrangibles, on 0h- tient plus rapidement tous les phénomènes précé- dents, avec cette différence que les stades de déco- loration se composent de la gamme des roses. De celte étude, Kühne tire les deux conclusions suivantes très imporlantes : 1 — Dans larétine vivante ou isolée, il n'y «, par suite de lu décomposition du pourpre rélinien, formation que d'un seul produit coloré, le jaune rélinien, qui, avec le + pourpre non encore décomposé, donne à la rétine ses di- verses couleurs. 2 — Dans laréqion duspectretrès réfrangible, le jaune rétinien est décomposé aussi rapidement que le pourpre ; la rétine se decolore alors par la gamme des roses, landis que, dans la région moins réfranaible, elle passe par lorangé, le chamoïs et le jaune. Ces deux conclusions du beau travail de Kühne sont irréfutables, elles ne font pour ainsi dire que résumer les résultats des expériences. IV Mais, quelle est l'influence de ces transforma- tions du pourpre rélinien sur la vision? Est-ce bien par l'intermédiaire des modifications apportées par la lumière dans le pourpre ou le jaune rélinien, que le protoplasma des cellules visuelles est excité? Ce qu'il y a de certain, c’est que la décomposition du pourpre rélinien n’est pas consécutive à l’exci- tation. Elle n’est pas, par exemple, comparable à l'acidité des muscles après la contraction; car le phénomène se produit sur le pourpre isolé en solution. La propriété d'être sensible à la lumière ne suflil pas pour qu'une substance puisse être considérée comme visuelle, il faut au moins encore qu'elle soit située au bou endroit. Ainsi, le pigment jaune de la #ueulu, qui est sensible à la lumière, ne peut cependant être considéré comme substance visuelle, car il se trouve dan: les couches antérieures de la rétine et n’est pa en rapport avec la membrane de Jacob. Voyoni donc où se trouve le pourpre rétinien. Le pourpre rétinien se trouve seulement sur les bätonnets des Vertébrés; par conséquent, che tous les Invertébrés etchez les Vertébrés n'ayant que des cônes, la vision se fait sans que cette substance inlervienne; c’est ce qui arrive, pa exemple, chez les serpents. Mais, de plus, chez l'homme, c’est la fovea surlout qui donne la vision la plus parfaite : or, elle ne contient que des cônes: ct, par suite, pas de pourpre, même après un long | # admettre que dans certains cas cette substances peut être incolore. 1 S'il est vrai que chez certains animaux celle L substance soit le pourpre rétinien, la vision doib % n'ont jamais les grenouilles aveugles; elles n’onl que des bâätonnets décolorés, peut-être leurs cônes ces constatations démontrent qu'ils ont gardé faculté de voir. rélinien ne puisse être une substance visuelle. Il est d’ailleurs difficile d’en supposer une seule, pa suite des impressions si complexes que doit pe cevoir l’œil, comme intensité lumineuse et eomm variété de coloration. Aussitôt les conclusions de Kühne connues, le pourpre rélinien perdit une grande partie de sa! valeur. L'enthousiasme provoqué par la découverte de Boll avait élé trop grand: une réaction se pro duisit. Le fait qui parut le plus fâcheux fut l'absence du pourpre dans la fover; certes, celte substance | avait des propriélés remarquables, pouvait jouer dans l’œil un rôle peut-être important, mais com= ment en faire une substance visuelle, puisque c'était précisément là où elle manquait que la, vision était le plus parfaite? D'ailleurs le travail | 259 de. Cependant les propriétés de cette sub- citer à nouveau la sagacité des anatomistes et es physiologistes. Certains d’entre eux persis- ent à en faire une subslance visuelle, sans river à établir l'accord entre les divers phéno- nes cités par Kühne; Beauregard émit une idée Mes plus réfrangibles. Le Professeur Charpentier, de Nancy, et M. Pari- naud méritent une mention spéciale pour leurs recherches sur la sensibilité des diverses parties de la rétine. Ces travaux, publiés dans divers mémoires depuis plus de dix ans, quoique conte- nant parfois des opinions hypothétiques, mettaient en évidence des faits remarquables permettant de discuter sur de nouvelles bases les objections de Kühne. ; jé D'après Charpentier, il y aurait lieu de distinguer nettement la sensation purement lumineuse de la sensation chromatique. Lorsqu'on présente à l'œil une face lumineuse de plus en plus intense, on passe la première sensation à la seconde; ce passage se | rès rapidement dans la fovea, et l'écart auq- te en dehors d'elle. La fovea est moins sensible sensations, aussi bien lumineuses que chromatiques, o ses environs immédiats ; cet effet est surtout accusé artant delà, un élève de Charpentier, Bernardy, fait une tentative d'explication du rôle joué parle jourpre rélinien. Pour lui, ce pourpre servirait à la ceplion des sensations purement lumineuses ; is il se demande s’il intervient dans les effets omatiques. Encore il n'émet la première propo- ition que comme unehypothèse.Ilest d’ailleurs fort né par l'absence de pourpre dans la fovea, et sur ce point ne peutserallier à l’opinion de Kühneetde nders. Bernardy fait remarquer que le pourpre linien peut être à un état de plus grande insta- 1 TR ner * LE Fe bilité dans le voisinage du pôle postérieur de l'œil, | où un réseau vasculaire très riche fait prévoir une | grande activité dans les échanges, et que, si le | pourpre est très rare dans la fovea, par contraste ) avec les régions voisines, cette partie peut sembler t incolore; d'autant plus que la teinte rose trèsclaire qu'elle aurait, serait masquée par la couleur jau- nâtre des couches rétiniennes en avant de la foveu. Un fait qui viendrait à l'appui de cette hypothèse, | c’est que Kühne n’a jamais pu voir de pourpre dans les bätonnets du voisinage de la foveu. Peut-on \ admeltre une telle différence entre ces bâtonnets reprendre l'étude du rôle du pourpre rétinien et de | et ceux qui se trouvent à faible distance 1? y Trois auteurs viennent de faire paraitre les résultats de leurs méditations et de leurs travaux sur le rôle du pourpre rétinien ; cesont : Ebbinghaus (de Hambourg), Kænig (de Berlin) et Parinaud (de Paris). Le premier n'apporte aucun résultat expé- rimental nouveau ; il se serl de ceux des autres, cherchant à en tirer des conclusions. Kænig, au contraire, inspiré par la lecture du Mémoire d'Ebbinghaus, entreprend une série de mesures sur l'absorption des radiations par le pourpre et le jaune rétiniens et cherche à interpréter leur rôle. A cet effet, il adopte la théorie de la vision des couleurs de Young-Helmhollz, tandis qu'Ebbin- ghaus utilise celle de Hering ?. Quant à Parinaud, ses expériences sont orientées dans une voie peu explorée jusqu'ici; sa manière de voir sur l'utilité du pourpre rélinien et sur la vision des couleurs est absolument différente de celle des auteurs antérieurs, comme nous le verrons plus loin. Mais examinons ces {rois mémoires d'un peu plus près : Celui d'Ebbinghaus, intitulé « Théorie de la Vi- sion des couleurs », paru en 1893, est divisé en quatre parlies, dont la troisième seule nous inté- resse directement pour le sujet qui nous occupe. 1 Je néglige en ce moment les travaux de Parinaud, cet auteur les ayant rapportés avec leurs conclusions dans un Mémoire de la plus haute importance, dont je parlerai plus loin. 2 Théorie de la perception des couleurs. — On peut s’expli- quer l'impression différente produite par les diverses radia- tions colorées par une différence dans l'excitation des termi- naisons du nerf optique; mais cette hypothèse a paru, à la plupart des physiologisies, contraire à la doctrine de l’é- nergie spécifique des nerfs de Jean Muller, et ils ont préféré voir une différence dans l'élément anatomique lui-même ; nous verrons cependant que telle n’est pas l'opinion de Parinaud. En tout cas, il n'est pas nécessaire de supposer autant de ter- minaisons nerveuses que de couleurs ; l'expérience démontre que l'on peut produire toutes les impressions chromatiques à l'aide d’un petit nombre de radiations simples. Théorie de Young-Helmholtz. — 1] 3 a trois perceptions élémentaires, le rouge, le vert et le violet (bleu pour Kæœnig). Une perception lumineuse quelconque, celle d'une autre radiation simple par exemple, provient de la superposition de ces trois perceptions élémentaires dans un rapport déterminé. Helmholtz a tracé trois courbes correspondant à ces trois couleurs et donnant pour chaque radiation simple du spectre la quantité de rouge, de vert et de violet, qu’il faut prendre pour produire le même effet. C’est ce que l'on appelle les courbes de répartition du rouge, du vert et du violet dans le spectre. Théorie de E. Hering. — Hering admet aussi trois éléments de perception élémentaire, mais donnant lieu chacun, suivant le sens du phénomène, à des impressions complémentaires, blanc-noir, rouge-vert et jaune-bleu. Les deux sens du phé- nomène sont ce qu’il appelle l’assimilation et la désassimila- tion, la première donnant lieu au noir, au vert et au bleu, la seconde au blanc, au rouge et au jaune. 260 D: G. WEISS — LA THÉORIE CHIMIQUE DE LA VISION 4 —_— Après avoir examiné la {héorie de Young-Helm- holtz et celle de Hering, Ebbinghaus opte pour cette dernière et admet que le pourpre rélinien est la substance visuelle correspondant à la per- ception jaune-bleu, et voici comment il justifie cette hypothèse: Le pourpre rétinien existe sous deux formes: une forme rouge, bien éludiée, existant chez la grenouille et le lapin ; une deuxième forme, plus violette, se trouvant chez l’homme et les Vertébrés supérieurs. L'une et l'autre absorbent les radia- tions du milieu du spectre solaire et laissent passer celles des extrémités. Le spectre d’absorp- tion occupe sensiblement l'espace compris entre les raies G et F de Frauenhofer; pour la forme violette, il s'étend un peu plus du côté des radia- tions à grande longueur d'onde, et en sens inverse pour la forme rouge. Les maxima correspondant à ces deux courbes d'absorption partagent l’es- pace D-E en trois parties égales. L'un et l’autre pourpre, éclairé par les radiations qu’il absorbe, se transforme en un jaune rétinien unique, dont le spectre d'absorption se trouve dans la région à courte longueur d'onde à partir de E-F environ, où les deux spectres chevauchent un peu l’un sur l’autre, comme cela résulte de la figure tirée du mémoire de Kühne. Pour rechercher les relalions existant entre ces faits el la perception des couleurs, Ebbinghaus s'adresse à un cas simple : au dullonien, pour lequel il n’y a dans le spectre que deux couleurs : le jaune et le bleu. L'endroit de plus grande intensité d'action du jaune dans le spectre solaire est entre les raies Det E ; chez lés uns il se trouve plus près de D, chez les autres il est voisin de E, etil n’y a pas de cas de transition; le maximum d’insensité du bleu est entre les raies F et G. Cela conduit à cette conclusion remarquable : | | | 1 F G Fig. 4. — Courbes el spectres d'absorplion des deux variétés de pourpre rétinien et du jaune rélinien. — Les courbes indiquées sur la figure résultent des recherches de Kœnig et Dieterici; les spectres représentés au-dessous sont dé- duits des travaux de Kühne; le tout a été rapporté aux raies de Frauenhofer pour permettre la comparaison. Bien en- tendu, les courbes variant avec la nature de la source lumineuse, cette comparaison ne peut être qu'approxima- tive. Les endroits auxquels les deux groupes de daltoniens voient le marimum d'intensité du jaune dans le spectre | solaire, coëncident très exactement avec les régions où, se trouvent les maxima d'absorption pour les deux va- riétés de pourpre rétinien. Plus loin, le point où, pour les deux groupes de dalloniens, le bleu est le plus lumi- neux, correspond au maximum d'absorption du jaune rétinien. 4 Ebbinghaus ne peut admettre que ces coïnci dences soient fortuites : aussi il n'hésite pas à en conclure que le pourpre rélinien est destiné à perception du jaune et le jaune rétinien à la pers ception du bleu. ‘21 Voici finalement quel rôle il stances visuelles : Dans l'œil des daltoniens, ces substances vi suelles sont au nombre de deux: une blanche etle pourpre rélinien. La première, par sa transformas tion, donne lieu à la perception du blanc et du gris: L'influence de la longueur d'onde des diverses radiations sur cetle transformation peut se dé duire,si cette hypothèse est vraie, de la répartilions de l'intensité lumineuse dans le spectre pour les” achromatiques totaux, ou de l'étude du minimum d'excitation, les sensations élant alors uniquement lumineuses et nullement chromatiques. Quant au pourpre rétinien, sa transformation en jaune donnes lieu à la perception des radiations jaunes et cette deuxième substance joue le même rôle pour le bleu. Quand on a des radiations complexes, là décomposition simultanée du pourpre et du jaune réliniens peut donner la sensation blanche. Enfin, Ebbinghaus admet chez l'individu à vision normale une troisième substance, dont une pre mière transformation donne lieu à la perception du rouge, et une deuxième à la perception du vert, etil se demande si ce n’est pas cetle substance qui donne un aspect verdàtre à certains bätonnelss de la grenouille au lieu de la coloration rouge dun pourpre rélinien. — En somme, on voit que le més moire d'Ebbinghaus est surtout composé d'hypo# thèses. à Kœnig se proposa de reprendre d’abord l'étudés des coefficients d'absorption du pourpre et du jaune rétiniens de la grenouille; puis, après s'être fa miliarisé avec ce genre d'expériences, d'arriver à l'œil humain. Mais, l’occasion s’élant présentée : dès le début, d’avoir une rétine humaine dans de” très bonnes conditions, il en profila, ses appareilsn étant montés, pour faire une série d'observations" | C'est Le résultat de ce travail effectué en collaboï tion avec Mile Kôtigen qu’il vient de publier !, et est assez important pour être rapporté avec détail | attribue aux sub 1 Pror. A. Kœxic et Mile KE. Kürrcex : Uber den men schlichen Sehpurpur und seine Bedeulung für das Sehens Sitzungsberichte der Küniglich Preussischen Academie de Wissenschaften zu Berlin. Classe vom 21 Juni 1894. 3 D: G. WEISS — LA THÉORIE CHIMIQUE DE LA VISION 261 4 ; Y . La partie expérimentale du travail de Kœnig - comprend la détermination des coeficients d’ab- | sorption du pourpre et du jaune rétiniens pour - toute l'étendue du spectre lumineux. L'appareil J destiné à ces mesures était un spectrophotomètre - dérivé de celui de Vierordit et éclairé à l’aide d'un | bec Auer. Les substances soumises à l’expérience étaient dissoutes dans le liquide préconisé par * Kühne et, pouréviter. autant que possible, leur dé- composition par la lumière, elles n'étaient traver- -sées que par la région du spectre sur laquelle on -opérait. Le coefficient d'absorption fut déterminé « pour 12 longueurs d'onde équidistantes comprises - entre 640 py et 420 up; et la détermination de - chacun de ces coefficients résulte de la moyenne d'au moins 15 observations. L'œil employé fut énucléé par M. Schüler pour un mélano-sarcome de la grandeur d’une lentille, siégeant près de l’orra serrata. Dans toute la por= tion de rétine non lésée, l’acuité visuelle était | normale. Vingt heures avant l'opération, un ban- peu opaque fut appliqué sur l’œil ; on ne le sou- « leva que quelquefois, presqu'à l'obscurité, pour Praire des instillations de cocaïne. L'œil fut enlevé à la lumière du sodium, et porté à l’obscurité 40 près filtration, le lendemain on put, avec le liquide, remplir deux fois la petite cuve d'absorp- Men plus de ces premiers coefficients, on rechercha Mceux d’un mélange de pourpre et de jaune. Le ration, la solution n'était pas complètement impide, et la décoloration à la lumière du jour Jui laissait une teinte jaunâtre ; il fallait, par con- }Séqueni, tenir compte de l'absorption après déco- loration. Les résultats de ces expériences sont consignés dans un tableau donnant les chiffres obtenus pour thaque solution et la valeur moyenne, plus la valeur de l'erreur probable dans chaque cas. Pour la lon- gueur d'onde 420 y, on trouve, au premier rem- plissage et à la moyenne, une valeur impossible du coefficient d'absorption. Nous ne donnerons pas | REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, ce tableau, il vaut mieux se reporter à la figure 5 (page 262) sur laquelle ces résultats sont repré- senlés par une courbe. Absorption par le jaune rétinien. — Lors du deuxième remplissage de la petite cuve d'absorp- ton, la solution ne fut pas, après détermination de l'absorption par le pourpre rélinien, portée immé- diatement au grand jour, maisplacée dans un grand appareil spectral où on l’exposa aux radiations vertes, dont la longueur d'onde était environ 520 py. Celte lumière ne produisit pas la déco- loration, mais la transformation en jaune réli- nien, puis on fit la même détermination que pour le pourpre. Celte solution, portée au grand jour, au lieu d’avoir la couleur rouge de la précédente, était d'un jaune ambré très intense; son spectre d’ab- sorption étail surtout prononcé du côté du bleu. Nous verrons plus loin si elle pouvait être consi- dérée comme ne contenant que du jaune rétinien ou s’il fallait y supposer un restant de pourpre. Cette partie du mémoire de Kænig, purement expérimentale, ne se discute pas; je regrette seule- ment que l’auteur n’ait donné aucun détail sur la facon dont il déduit les coeflicients d'absorption de ses expériences, VI Nous arrivons maintenant à l'interprétation du rôle joué par le pourpre et le jaune rétiniens. Ici Kühne est obligé d'introduire des hypothèses plus ou moins légilimes ; en tout cas, ses raisonnements sont très ingénieux el très séduisants. Occupons-nous d’abord du pourpre. Dès le pre- mier abord, une personne au courant de ces ques- tions, peut remarquer une grande analogie dans la répartition de l'absorption par le pourpre rétinien et celle de l'intensité lumineuse dans le spectre pour les achromatiques de naissance. D'après les recherches de Hering et celles de Kænig, c’esl encore la loi de répartition de l'intensité lors de l'excitation minima chez les dichromatiques et les trichromatiques !. IL est donc probable que l’ab- sorplion par le pourpre rétinien et la valeur de l'excitation produite par la lumière incidente sont, dans ces conditions, deux phénomènes variant dans le même rapport. Mais, pour pouvoir faire unecom- paraison exacte, il ya lieu d'observer queique chose de très important. 1 Les trichromatiques sont les personnes ayant la sensation complète des couleurs : elles percoiventles trois couleurs fon- damentales dela théorie Young-Helmholtz;les dichromatiques sont ceux auxquels il manque le rouge ou le vert. Les achro- matiques n’ont aucune sensation colorée. Pour des lumières extrêmement faibles, les trichromatiques et dichromatiques ne percoivent que des sensations lumineuses nullement chroma- tiques. ç* 262 D' G. WEISS — LA THÉORIE CHIMIQUE DE LA VISION Supposons qu'effectivement l'impression lumi- neuse résulte de l’absorption de la lumière par le pourpre rélinien. Comme cette quantité de lumière dépend : 1° de l'intensité du faisceau inci- dent, 2° du coefficient d'absorption, il faut, pour que l'impression lumineuse soit proporlionnelle au coefficient d'absorption, qu’elle ne dépende que de lui, c'est-à-dire que l'intensité du faisceau incident ë.040 0.14 0.035" O.12 0.030 0.10 ©.025 0.08 0.020 .| 0.06 U.015 ; © 010 0.04 ©.005 0.02 640 620 600 580 560 540 500 480 460 440 420 400 Fig. 5. — Courbes montrant la proportionnalité de l'impression lumineuse à l'absorption par le pourpre rétinien. soit toujours lamême pour les diverses radiations. De plus, à quel moment cette intensité doit-elle être la même pour toutes les radiations? Au moment où elle tombe sur la couche de pourpre rélinien, c’est-à-dire après qu'une partie du faisceau incident aura été absorbée par les milieux quise trouventen avant. Il faut donc déterminer un spectre tel que chacune de ses radiations, après avoir traversé les milieux transparents de l’œil, tombe sur la couche de pourpre rélinien avec la même intensité, c'est- à-dire lamême énergie ; puis il faut tracer la courbe des impressions qu'éprouverail en regardant un tel spectre un achromatique lolal de naissance, puis celle d’un dichromalique ou un trichromatique lorsque l'intensité est assez faible pour être au minimun d’excitation. Si réellement la perception Coefficients d'absorption du pourpre rétinien. — + — Courbe des impressions lumineuses chez l'achromatique total. —++— Courbe des impressions lumineuses déduites de l'excitation minima. — —— Coefficients d'absorption du jaune rétinien. ....... Répartition du bleu dans le spectre. de l'intensité lumineuse est proportionnelle à l’ab- sorptlion par le pourpre rélinien, les deux courbes ainsi déterminées doivent avoir leurs ordonnées proportionnelles à la courbe des coeflicients d’ah- sorptlion du pourpre !. Pour faciliterla comparaison, on a, sur la figure 5, choisi l'unité de longueur pour les ordonnées de chaque courbe en sorte qu'elles aient toutes la même ordonnée maxima. 0.16 L'analogie qui existe entre ces trois courbes, est, à mon avis, des plus remarquables, quand on songe à la complexité de la question. Dans l'in- 1 Pour faire le calcul des ordonnées des courbes, Kœnig a utilisé les résultats de divers expérimentateurs ; voici quelles sont les sources auxquelles il a puisé : Pour la répartition de l'intensité lumineuse dans le spectré solaire chez lachromatique total : mesures de Donders, E. Hering, A. Kœænig cet C. Dicterici, en particulier ces der= nières sur un homme de 55 ans. Répartition de l'énergie dans le spectre solaire : S. P. Lan- gley. Absorption par le pigment de la macula lulea : chiffres déterminés par Sachs, dont on a pris la moyenne, faute d'au" tres indications. Absorption par le cristallin chez l’achromatique total # expériences faites spécialement sur un cristallin analogues Grandeur de l'excitation minima dans un spectre avec égale D' G. WEISS — LA THÉORIE CHIMIQUE DE LA VISION tervalle de 500 py. à 600 pp, elles se coupent plu- sieurs fois et il est impossible d'avoir une coïn- cidence plus parfaite. De 500 pp: à 400 pp. la courbe des coefficients d'absorption du pourpre est trop haute ; mais il ne faut pas perdre de vue que la lu- mière solaire, pour laquelle Langley a déterminé la répartition de l'énergie, était probablement plus riche en radiations très réfrangibles que la lumière définie comme donnant le spectre solaire et pour laquelle Les courbes ont été calculées. Il est aussi vraisemblable qu'il y ait eu quelque erreur sur l'absorption dans la macula. La petite diffé- rence, entre la courbe de l’achromatique total et celle des dichromatiques et trichromatiques, tient certainement à ce que, chez ces derniers, on a né- gligé l’aclion du cristallin. Mais, même en n'ad- - meltant aucune de ces raisons, la similitude des trois courbes est suflisante pour qu'on puisse con- sidérer l'absorption par le pourpre rétinien comme proportionnelle à l'impression lumineuse chez les achromatiques totaux, et chez les dichromatiques et lrichromaliques lors d’une intensité assez faible pour ne pas encore donner lieu à la sensation co- lorée. Il n'ya qu'une objection, qui reste Loujours : l'absence du pourpre dans la fovea signalée par Kühne; nous verrons plus loin ce qu'il faut en penser. Mais, arrivons à l'absorption par le jaune réti- nien. Immédiatement, on voit que le maximum - d'absorption de lasolution se trouve dans la région bleue du spectre, de sorte qu’en admettant que le pourpre serve à la perception des sensations lumi- neuses proprement dites, on peut se demander s’il n'y a paslieu de considérerle jaune rétinien comme jouant le même rôle pour le bleu. À … Pour vérifier cette hypothèse, Kœnig a construit F la courbe représentative du bleu dans le spectre … d’après des expériences failes par C. Dieterici et Kœnig sur des dichromaliques et des trichro- d matiques, où les résultats furent les mêmes. Cette £ courbe fut déterminée comme les précédentes, —… mais en négligeant l'absorption par les milieux de … l'œil, faute de données. —. En regardant les courbes tracées de cette façon, “on remarque immédiatement qu'à gauche de l’or- — donnée maxima la courbe de répartition du bleu “est trop haute. En second lieu, une ondulation très - répartition de l'énergie : recherches de A, Kænig en collabo- ration avec R. Ritter. Dans ce second cas on n'avait pas encore la valeur de l'absorption par le cristallin, aussi on n’a tenu compte que de celle de la macula lutea. Enfin, il fallait tenir compte de la différence d'épaisseur du pourpre dans la rétine et la solution ; pour cela, on a supposé le pourpre également réparti sur cette rétine. Tous ces chifres sont donnés dans un tableau ou l'on trouve aussi les valeurs des ordonnées des courbes. 263 nette vers la longueur d'onde 500 py fait voir que certainement il reste encore dans la solution du pourpre non transformé. Pour en tenir compte, Kænig fait à cet égard des suppositions absolument arbitraires ; il me semble bien plus logique d’indi- quer simplement la cause probable de l'erreur sans chercher à l'évaluer numériquement, ce qui est impossible. On peut aussi ajouter que le fait d'avoir négligé l'absorption par les milieux de l'œil, en parti- culier par le pigment jaune de la macuta, peut donner des écarts assez notables. Kœnig admet done que le jaune rétinien est la substance visuelle pour la perception du bleu; voyons comment cette hypothèse et la précédente vont se concilier avec d’autres faits expérimen- taux. Le point le plus important, celui devant lequel toutes les théories de la vision basées sur l'utilité du pourpre rélinien sont tombées, est la vision dans la Jovea centralis. Kœnig se propose de démontrer que ce qui a paru un écueil aux autres, vient à l'appui de sä théorie. Mlle Franklin, travail- lant dans le laboratoire de Kænig et se livrant à des recherches sur le minimum d’excitation des diverses régions de la rétine par les radiations simples, avait remarqué que, dans certains cas, un point lumineuxsitué au-dessous du point defixation disparaissail. Cette observation, vérifiée par plu- sieurs personnes, mérilait une étude plus appro- fondie de la vision au niveau de la fovea et de son entourage immédial. Si l’on regarde une lumière monochromalique d'intensité croissante, on a d’abord la sensation achromatique grise de l’excitation minima; ce n’est que plus tard que la perception colorée se produit. La lumière rouge fait exception, les deux phéno- mènes étant presque simultanés. Prenons, au con- traire, un point lumineux dont l’image rétinienne se fasse tout entière dans la /ovea ; lors de l’inten- sité croissante, il présentera immédiatement son caractère coloré, sauf pour un certain jaune de 500 py environ. Il y a donc une très grande diffé- rence pour les perceptions lumineuses en dehors et en dedans de la fovea. Ce même phénomène peul se mettre en évidence d’une autre manière, encore plus instructive peut-être. La tête élant bien appuyée, on fixe un point monochromatique d'intensité décroissante. À un moment donné, il disparait sans perdre son caractère coloré. Si, à ce moment, on déplace légèrement l'œil, un point rouge continue à rester invisible, un point vert reparait comme point achromatique; un point bleu reparait avec sa couleur, puis devient achro- matique et enfin disparait. Les points jaunes dont il a été question plus haut deviennent presque 264 incolores avant leur disparition dans la fovea et ne semblent pas reparaitre par le déplacement. Voici les propositions émises par Kœnig pour expliquer ces phénomènes : 1° Dans la fovea centralis à n'y « pas de pourpre rétinien : 29 La sensation lumineuse achromatique se produisant lors de l'excitation minima, est due à la décomposition du pourpre rétinien ; 3° La décomposition du jaune rélinien, résultant du pourpre, produit lu sensation du bleu. 4° Les substances visuelles encore inconnues pour le rouge el le vert sont plus difiicilement décomposubles que le pourpre et-le jaune rétiniens. Si cela est vrai, la /oveu est aveugle pour le bleu, et les personnes dichromatiques ou trichroma- tiques ont une foveu monochromatique et dichro- matique. On peut déterminer la grandeur de la région jouissant de celte propriété, en regardant une série de points bleus d'intensité lumineuse convenable ; certains points disparaissent. Kænig a trouvé que, pour son œil droit, l'angle ausommet du eône de champ aveugle pour le bleu étail d’en- viron 70'; plus que le diamètre apparent de la lune. Aussi, tenant un bon verre bleu devant l'œil, arrive-t-il à faire disparaitre l'image de la lune dans la fovea. Il y a, bien entendu, quelque difli- culté à maintenir la fixation du regard, carinstinc- tivement on se sert du bord de la fovea: mais, avec un peu d'habitude, l'expérience réussit très bien. On peut se demander comment ce fait ne frappe pas tout lé’ monde; mais il suflit de se rappeler que la suppléance d'une tacheaveugle sur la rétine par les régions voisines se fait avec une perfection telle qu'il faut des procédés spéciaux pour mettre cette lacune en évidence. C'est le cas des parties cachées par les vaisseaux de la rétine, et surtout celui de la papille, punctum cæcum de Mariotte, qu'il est impossible de percevoir sans une expérience bien faile; ce n’est donc pas un argument à invo- quer. Kœnig, en faisant des études de couleurs com- plexes, a pu s'assurer de la parfaite cécité de sa fovez pour le bleu, et, en poursuivant son raison- nement, il arrive à une confirmation nouvelle de ses hypothèses. Si réellement le pourpre rétinien est la seule substance donnant lieu à la perception lumineuse, le reste servant aux phénomènes chro- matiques, les achromaliques totaux doivent être aveugles dans la fovea. C'est ce que l'expérience a prouvé sur un sujet amené chez Kœnig par M. Si- mon; aussi il n'hésite pas à formuler la proposi- tion suivante : D° Chez les achromutiques totaux, le pourpre rétinien est la seule substance visuelle, et le jaune qu'il fournit est indécomposable. Dr: G. WEISS — LA THÉORIE CHIMIQUE DE LA VISION | Une observation venant à l'appui de celte ma- nière de voir, est que, chez les achromaliques, on trouve toujours une faible acuité visuelle, et sou- vent du nystagmus, le sujet se servant pour voir non pas de la fovea, mais des parties voisines; s'il ne s'y forme pas de point de fixation, il pourra se servir d'un point variable et il en résultera de petites oscillations du globe oculaire (rystiymus). Enfin, que doit-il se passer dans la vision avec les régions pourvues de pourpre rélinien, au voisi- nage de la fovea? Le pourpre rélinien se transfor- manten jaune donne lieu à une sensation purement lumineuse ; puis, lors d’une intensité plus grande, le jaune se décompose à son tour en donnant la perception du bleu; par conséquent, lors d'une source lumineuse croissante, on doit voir cette lumière virer au bleu. Ce fait a été étudié par M. F. Tonn chezles daltoniens pour le rouge, etchez les daltoniens pour le vert ; on n’a pas d'observations pour les trichromatiques. Cependant cette lacune a moins d'importance qu'il ne semble ; car on à vu que, pour les uns et les autres, la répartition de l'intensité lumineuse dans le spectre lors de l’ex- citation minima est la même, ainsi que la réparti- tion du bleu pour les grandes intensités: les résul- tats trouvés par M. Tonn peuvent done être considérés comme applicables aux lrichroma- tiques. Cet expérimentateur a étudié la répartition du bleu dans le spectre pour une! intensité lumineuse variant dansla proportion de 1 à 240 (fig. 6). Lors de faibles intensités, la courbe correspondante con- corde avec la courbe de perception lumineuse chez les achromaliques totaux; par transformation gra- duelle, l'intensité lumineuse allant en croissant, elle se rapproche de la courbe de répartition du bleu, déjà citée. Dans la figure 6, on a tracé cinq de ces courbes pour les intensilés relatives, 1, 10, 30, 60 et 240 : le phénomène est nettement mis en évi- dence. Les différences entre ces courbes font voir qu'il y a décomposition du pourpre rétinien el décomposilion proportionnellement croissante du jaune. Les ordonnées ont été choisies en sorte que la surface comprise entre la courbe et l'axe soit toujours la même, c’est-à-dire qu'il y ait toujours la même quantité tolale de bleu dans le spectre. M. Tonn a aussi étudié la répartilion spectrale du rouge et du vert et a trouvé qu’elle ne variait pas avec l'intensité de la lumière employée; les courbes correspondantes sont représentées sur la figure (fig. 6). On conçoit que l'impression produite par un mélange de couleurs varie avec l'intensité totale du faisceau incident, quoique le rapport entre les intensilés des diverses radialions composantes reste le même ; il en résulte des perturbations (ns Lé ; É u n. D: G. WEISS — LA THÉORIE CHIMIQUE DE LA VISION 265 dans les lois du mélange des couleurs de Newton. De plus, si l’on prend deux faisceaux complexes ou simples de couleur différente, lorsqu'on aura pro- _duit approximativement l'égalité d’intensité, cette égalilé ne subsistera plus toujours quand l’inten- sité des deux faisceaux sera amplifiée dans la même proportion : c’est le phénomène signalé par Purkinje. Kœænig émet donc encore les deux pro- positions suivantes : 6° Les exceptions à la loi du mélange des couleurs de = D ; 7 7 T T 730 650 630 610 590 570 3550 530 510 490 470 450 430 une très bonne explication ; elle revient à peu près à celle de Kænig, mais elle est indépendante de toute hypothèse sur le pourpre ou le jaune réti- niens. Charpentier s'appuie simplement sur ce fait, qu'il a établi, que la courbe représentative des im- pressions en fonction de l'intensité ne suit pas la même loi pour les diverses radiations simples. En admettant ces interprétations de Kænig, il resterait, pour avoir une théorie chimique complète de la vision, à trouver les substances visuelles du Fig. 6. — Courbes montrant la répartition du rouge, du vert et du bleu dans le spectre. — 1, 10, 30, 60, 240 : Courbes représentatives de la répartition du bleu dans le spectre pour des intensités de ce spectre variant proportionnellement au chiffre marqué. — R : Courbe de répartition du rouge, la même pour tous les spectres. — G : Courbe de répartition du vert, la même pour tous les spectres. Newton et le phénomène de Purkinje s'expliquent par ce fuitque, lors de l'augmentation d'intensité du faisceau incident, le rapport des valeurs d'excitation pour les sensa- tions produites par la décomposition du pourpre rétinien et du jaune rétinien changent ; T° Le phénomène physiologique correspondant à la sen- …— sation du blanc n’est pas une augmentation du processus Fe produisant lu sensation grise de l'excitation minima. Hering avait cherché ailleurs la cause des excep- _tions à la loi de Newton, et l’attribuait à la diffé- rence d'absorption par les différentes zones de la macula ; il avait remarqué, en outre, que, pour des surfaces éclairées très petites, ces exceptions ne se produisent plus. Mais il suffit de remarquer que l'on tire de la théorie de Kæœnig une explication très simple du fait: pour de grandes surfaces lumi- neuses l'intervention du pourpre explique l’excep- tion à la loi de Newton; pour de petites surfaces l’image tombe entièrement dans la fovea, où il n’y a pas de pourpre et par suite pas de cause d’ex- ception. Charpentier a donné de ces phénomènes rouge et du vert. D'après certains faits observés par Kænig et Zumft, le lieu de perception de ces radiations serait dans l’épithélium pigmentaire. Des recherches récentes de Somya viennent aussi à l'appui de cette hypothèse : il paraïitrait que, lors de la perception du vert, on constate dans la cho- roïde de fines modifications; or la choroïde est tout contre l’épithélium pigmentaire. Quant aux cônes, Kænig leur attribue des pro- priétés absolument différentes qu'aux bàlonnets; ce seraient des appareils dioptriques destinés à concentrer la lumière en des points déterminés où se produit la perception du rouge et du vert; mais les arguments apportés par Kœnig à l'appui de cette manière de voir sont très faibles. Il faut tout de même signaler les faits observés par van Gen- deren Stort, Angelueci et Engelmann: sous l'in- fluence de la lumière, les cônes se raccourcis- sent, leur foyer se déplace par conséquent, et la perception du rouge et du vert se fait moins bien. 266 VII J'arrive maintenant à l'important mémoire de Parinaud. Le but que s’est proposé cet auteur, c’est de déterminer la sensibilité des différentes régions de la rétine pour les diverses radiations, et d’étu- dier comment cette sensibilité varie avec l'éclairage ambiant. L'instrument employé est un spectroscope dont la lunette a été remplacée par un tube portant un écran en verre dépoli, sur lequel il se formera un spectre. En superposant à cet écran un papier noir, percé d'un trou d’épingle, on aura un point lu- mineux très pelit, permettant d'éludier la sensi- bilité de régions très limitées de la rétine pour une radiation quelconque. En remplaçant le trou par une fente, on fera la même étude pour des régions plus étendues. L’intensité lumineuse se règle au moyen d'un diaphragme à ouverture variable, placé contrelalentille du collimateur,eLilestévident que. pour une radiation donnée, la sensibilité de la réline est en raison inverse de l'ouverture du dia- phragme. Les recherches ont porté sur les radia- tions correspondant aux raies de Frauenhofer. Dans une première série d'expériences, Pari- naud a éludié la sensibilité de surfaces assez étendues de la rétine pour les différentes radia- tions: 1° Après un séjour de vingt à trente minutes à l'obscurité absolue: c’est ce que l’auteur appelle réline adaptée ; 2° L’expérimentaleur recevant, sans que son œil soit protégé, la lumière diffuse ambiante dans les conditions où la vision s'exerce ordinairement : rétine non adaptée. Prenant comme unilé la sensibilité correspon- dant aux raies E et F de Frauenhôfer, voiei celles pour les autres radiations d'un bec Auer; il est évident que les résultats varient un peu suivant la source lumineuse employée : Rétine adaptée....... Raies de Frauenhôüfer À B C D EIRE CRE 1 = — — { 400 AUD 1 l 1 étine non adaptée. RE ee _ 100 100 60 4100 500 1500 Les mesures pour la réline non adaptée devien- nent très difficiles dans larégion violette. Ces résultals, traduits en courbes (fig. 7), encore plus frappants. On voilneltement sur ces courbes qu'il estimpos- sible de déterminer la répartition de l'intensité lumineuse dans un spectre, ni même le point où cette intensité passe par un maximum, car l’adap- tation plus où moins grande de la réline conduit, suivant les cas, à des résultals différents. L’in- fluence de celte adaptation, nulle pour les radia- lions rouges, vaen augmentant : mesure qu’on se sont D: G. WEISS — LA THÉORIE CHIMIQUE DE LA VISION déplace vers le violet: mais il y a un fait des plus remarquables. L'accroissement de sensibilité ne porte pas sur la sensation chromatique, mais seu- lement sur l'intensité lumineuse de la couleur, qui, tout en paraissant plus lumineuse, semble moins salurée, c'est-à-dire que ladaptation produit la même impression que si l’on ajoutait de la lumière blanche à la radiation colorée. Finalement, sous une très faible intensité, la sensibilité pour la sen- A BC D E F G h 1500 Fig. 7. — Courbes de la sensibilité de la réline. — La courbe supérieure donne la sensibilité de la rétine adaplée, la couche inférieure celle de la rétine non adaplée. sation lumineuse l'emporte si bien que la radia- ion colorée la plus pure parait blanche. Bien entendu, cet effet ne se produit pas pour le rouge, qui, n'étant pas influencé par l'adaptation, aura toujours son caractère chromatique. On arrive à ce fait que, l’excitant restant le même, la sen- salion varie. Une seconde série d'expériences a pour but la comparaison de la sensibilité de la fovea avec les régions voisines, et le résullat de celte étude est que la modification fonctionnelle créée par l'adap- lation est nulle dans la fovea. Il y a pour la rétine adaptée la même différence entre la fovea et les parties voisines que celle qui existait, dans les expé- riences précédentes, entre la rétine nonadaptée el . la rétine adaptée. A la lumière il n’y a pas de dif- férence entre la fovea et les parties voisines; aussi D' G. WEISS — LA THÉORIE CHIMIQUE DE LA VISION 267 toujours, dans cette fovea, a-t-on immédiatement la sensation chromatique, quelle que soit intensité du point lumineux soumis à l'expérience. Cette étude n’est pas aisée, car, lors de la rétine adaptée, la fovez étant moins sensible que les parties voisines, il est très difficile d'y maintenir l'image d’un point; instinctivement on l'amène sur le bord plus favorable à la vision : dans ces condi- tions, il faut un véritable exercice pour arriver à faire de bonnes observations. La mise en évidence de l'adaptation de la rétine a, à mon avis, une importance de premier ordre, outre les déduclions qu'en tire Parinaud. Elle permet, en effet, de se rendre compte du désaccord existant entre les divers observateurs et des excep- tions se produisant lors du minimum d'excitation - pourlerouge. Nous voilà done en présence de trois faits : 1. Influence inégale de l'adaptation pour les diverses radialions ; - 2. Influence sur la sensibilité lumineuse seule- M menti; | 3. Influence nulle dans la fovea. On en conclut immédiatement que les cônes sont étrangers à l'accroissement de sensibilité causé par l'adaptation, et que cette fonction ne peut ap- partenir qu'aux bâtonnets et au pourpre rétinien. L'action de la lumière est donc différente pour les cônes et pour les bätonnets. Voyons à quelles mo- difications elle peut correspondre. Nous connaissons : 1. Les transformations du pourpre rétinien (Boll, Kühne, etc.) ; 2. Des déplacements du pigment, connus sous le nom de migration du pigment (Brücke, Boll, Czerny, Angelucci, Kühne, etc. !); 3. Des variations dans la forme des cônes (An- gelucci, van Genderen Stort, Engelmann). Mais il y a une différence considérable entre la première de ces modificationset les deuxsuivantes : elle seule ne se produit que sous l'influence de la lumière, les autres peuvent être obtenues par des excitations quelconques, électriques, calorifi- . ques, etc. Le pourpre rélinien a donc un rôle prépondérant comme élément spécifique. Si on se - rappelle ses propriétés et qu'on cherche à les rapprocher des résultats expérimentaux de Pari- naud, comme lui, on arrive fatalement à cette conséquence que c'est l’impression des cônes par les radiations simples qui nous donne la sensation de cou- leur, tandis que, les bâtonnets et le pourpre ne don- nent qu'une sensation lumineuse achromatique. Parinaud fait remarquer que la perception des —. sensations lumineuses pures n'appartient pas ex- 6 1 Voir le détail à la fin de l’article. clusivement aux bâtonnets ; elle se fait aussi au moyen des cônes, l’action des bâtonnets étant sim- plement surajoutée principalement pour la vision nocturne. La fonction chromatique est cérébrale ; il n’est pas nécessaire de supposer dans la rétine des organes de perception et dans le nerf optique des conducteurs spéciaux pour diverses radiations, les fibres optiques ayant un pouvoir analogue à celui du fil du téléphone, qui transmet indistinc- tement tous les sons quels que soient leur hauteur et leur timbre !. Les bätonnets et le pourpre étant principale- ment destinés à favoriser la vision nocturne, les individus chez lesquels cette substance fera défaut seront atteints d’'héméralopie. Cela se présente, ac- cidentellement chez certains hommes et normale- ment chez certains animaux, la poule par exemple. Chez les oiseaux de nuit, au contraire, on devra trouver une rétine (rès riche en pourpre rélinien ; on sait que c’esteffectivement lecas chez le hibou.Je ferai cependant observer que, d’après Kühne, chez certaines espèces de chauves-souris, les bälonnets seraient dépourvus de pourpre. VIII Enfin, Parinaud aborde une question extrème- ment délicate : Par quel mécanisme le pourpre ré- tinien produit-il l'augmentalion de sensibilité de la rétine? L’excilabilité des terminaisons du nerf optique devient-elle plus grande ou y a-t-il accroissement de l'intensité de l'excitation ? La première hypothèse explique difficilement l'énorme différence qu'il y a, pour certaines radia- tions, entre la rétine adaptée et la rétine non adaptée ; de plus, pourquoi le rouge et le jaune ne bénéficieraient-ils pas de la même action ? Comment peul-il y avoir accroissement dans l'intensité de l'excitation ? Helmholtz, Setchenow, Becquerel, étudiant la vision du spectre ultraviolet, avaient déjà cherché à expliquer cetle visibilité par la fluorescence de la rétine. Ils avaient élé obligés de renoncer à cette hypothèse, les phéno- mèênes de fluorescence observés étant beaucoup trop faibles pour pouvoir être invoqués. D'ailleurs, à quoi élaient-ils liés? Ewald et Kühne ont dé- montré qu'ils étaient dus au pourpre rélinien et qu'ils variaient beaucoup suivant les cas. Le pourpre rélinien donne lieu à une fluorescence blanche ; pour le jaune provenant du pourpre mo- difié, la lueur est verte et elle s’accentue lors de la 1 Je me demande si cette «explication des perceptions chro- matiques ne rencontre pas quelques difficultés, en présence de certains cas d’altération unilatérale de la vision des cou- leurs. 268 décoloration du jaune sur une rétine isolée. La fluorescence de la rétine blanche est bien plus faible lorsque la décoloration s’est produite sur l'animal vivant. L'on conçoit dès lors que Helm- holtz et Setchenow,ayant observé des rétines extir- pées à des animaux n'ayant pas subi l’obseuration préalable, ne devaient pas trouver le phénomène bien accusé. Lorsque la rétine, par suite de l'adaptation, s’est fortement chargée de pourpre, elle peut donner lieu à une fluorescence blanche très intense; mais, comme on le sait, cette action ne se produira que sous l'influence des radiations à courte longueur d'onde. Divers auteurs ont fait voir, en effet, que la partie la moins réfrangible du spectre ne produi- sait pas la fluorescence ; le pourpre n'aura donc au- cune action sur laperceplion des radiations à grande longueur d'onde, ce que l'expérience a fait voir. Parinaud ne pense pas que celte fluorescence soit d'ordre purement physique, mais il la consi- dère comme analogue à celle que présentent les pyrophores, c’est-à-dire d'ordre physico-chimique et donnant lieu à une mise en liberté d'énergie, car, en même Lemps qu'elle se produit, il y a dé- veloppement de forces éleclro-motrices variables suivant l’état de la rétine el son éclairement, ainsi que l'ont fait voir Holmgreen, Dewar, J. Chatin. Le phénomène de Purkinje, dont j'ai déjà parlé, trouve dans celle théorie son explication loute naturelle ; les différences observées lors de la va- rialion d'intensité des lumières soumises à l’expé- rience tiennent simplement à une adaptation plus ou moins grande de l'œil. On voit que, si la théorie de la vision des cou- leurs n'est pas encore bien établie, certains points paraissent au moins très vraisemblables. Les auteurs récents dont nous venons de rapporter les travaux paraissent s’accorder pour assigner au pourpre rélinien un rôle important dans la per- ceplion des sensalions lumineuses ; c’est d’ailleurs la seule chose sur laquelle ils s'entendent à peu près. Quant à ce qui est de la perception des effets chromatiques, il y a déjà désaccord entre Ebbing- haus et Kœnig, le premier adoptant la théorie de Hering et faisant des dérivés du pourpre rélinien des substances pour la perception du bleu et du Jaune, le second se ralliant à la théorie de Young- Helmholtz, les dérivés du pourpre ne servant qu'à percevoir le bleu. Parinaud s'écarte complètement des autres auteurs: les bâlonnets elles dérivés du pourpre ne jouent, pour lui, aucun rôle dans les phénomènes chromatiques : il rejette toute théorie basée sur la perceplion de trois ou quatre couleurs élémentaires à l’aide de substances visuelles et de terminaisons nerveuses distinctes ; l’effet d’une radiation quelconque peut être perçu par un D: G. WEISS — LA THÉORIE CHIMIQUE DE LA VISION cône quelconque et transmis par la fibre optique correspondante aux centres où se développe la sensation chromatique. Pour moi, c'est à la théorie de Parinaud que je me rallie de préférence, au moins pour l’ensemble des faits ; mais il n’y a pas lieu ici de rapporter toutes les objections que l’on pourrait faire à Ebbinghaus et à Kænig. IX Pour compléter celte étude, il y aurait un der- nier point à élucider : comment se produisent les transformations inverses de celles quenous venons d'étudier? Le pourpre rétiniense forme-t-il à l’aide de matériaux nouveaux pour donner le jaune ré- tinien, puis un produit incolore, ou la transforma- lion exactement inverse peut-elle se produire sous certaines influences ? On conçoit l'importance de cette question à propos de la théorie de Hering. Un fait remarquable semble appuyer cette dernière manière de voir: des solutions biliaires de pourpre rétinien, bien débarassées d'alcool et d'éther,après décoloration à la lumière du jour, peuvent dans l'obscurité reprendre quelque couleur. Au bout de 40 minutes environ on peut arriver au jaune clair, au bout de deux heures au rose pâle. Ce phénomène peul se reproduire plusieurs fois, mais il est tou- jours peu accentué. Voyons ce qui se passe sur la rétine. Une rétine de grenouille reprend sa couleur à l'abri de la lumière au bout de 4 à 2 heures lors- qu’elle est en place ; séparée, elle reste décolorée ou présente les phénomènes que nous venons de signaler pour la solution des pourpres réliniens. De même, une réline en place ne se décolore qu'au bout de 3 minutes, alors que, danslesmèmes M conditions, une rétine séparée ne demande qu'une demi-minute pour être blanche : il y a donc dans les couches sous-jacentes à la rétine une cause puissante de régénéralion. On ne peul altribuer cette action à la nutrition par la circulation dans le réseau vasculaire choroïdien ; voici, en eflet, une expérience de Kühne très probante à cet égard. On expose une grenouille à la lumière vive : enlevant un œil et l'ouvrant, on vérifie quela rétine est déco- lorée ; on extirpe alors l’autre œil; il est, par cela même, dépourvu de circulation et, malgré cela, la régénération du pourpre rétinien se produil à peu près aussi rapidement que sur l'animal vivant, c'est-à-dire en une ou deux heures. On peut, du reste, varier l'expérience : détachonslaréline d'une « grenouille avec Loutes les précautions indiquées précédemment, portons-la à la lumière, puis, une fois décolorée, remettons-la en place, à l'obscurité; elle aura repris sa couleur en moins d'une demi- heure. Ce temps, moindre que dans l'expérience précédente, peutsembler étonnant :c’estqu’icinous avons seulement détruit le pourpre rélinien; les . É: : V.-B. LEWES — LA SYNTHÈSE INDUSTRIELLE DES HYDROCARBURES 269 RE —————————— _ matériaux de réserve des couches sous-jacentes ont été ménagés. Dans le premier cas, au contraire, . sur l'animal vivant la décoloration n’était produite que lorsque les couches élaient provisoirement _épuisées. Je n’indiquerai pas les autres variantes de cette expérience, qui d’ailleurs peut aussi se . faire sur des Mammifères, mais plus difficilement. . C’est donc dans la couche des cellules pigmen- _laires qu'il faut chercher la matière première du . pourpre rélinien. Mais quelle est-elle ? Capranica considérait qu'elle consistait en une substance - jaune colorant des globules très réfringents qui se trouvent dans ces cellules pigmentaires; cette opi- _ nion n'a pas obtenu la faveur des biologistes. Aujourd'hui on attribue ce rôle au pigment qui se … trouve à la partie interne et dans les prolongements - protoplasmiques de ces cellules, et sur lequel la - lumière à une action évidente. J'ai, en effet, déjà dit, lors de la descriplion des optogrammes, que les parties de rétine exposées à la lumière avaient une grande tendance, lorsqu'on les enlevait, à entrainer avec elles le pigment sous- Jacent. Cela tient à ce que, sous l'influence de J'ex- citation lumineuse, le protoplasma pousse de véri- tables jets entre les cônes el les bâtonnets, et le pigment suit la même marche. Ce fait est connu sous le nom de migration du pigment ; il ne peut se mettre en évidence qu’à l’aide de préparations his- tologiques délicates, dont la technique est exposée dans les traités d’anatomie microscopique, entre autres dans celui de M. Ranvier. Pourquoi le pig- ment se déplace-t-il ainsi? C'est ce que l’on ne peul pas dire encore : c’est à des recherches ulté- rieures à décider si ce phénomène est, comme beaucoup de physiologistes tendent à le penser, en relation avec la régénération du pourpre rétinien. C'est un des points importants à élablir mainte- nant. D' G. Weiss, Professeur agrégé de Physique à la Faculté de Médecine de Paris. ‘La combinaison directe du charbon et de l'hydro- - gène dans l'arc électrique est une véritable syn- + thèse, et, si nous pouvions former, de celte façon, de l’acétylène en quantité suffisante, il serait très facile d'obtenir, en partant de l’acétylène, tous les ; autres carbures d'hydrogène qui peuvent être em- —… ployés pour l'éclairage. Si, par exemple, on fait pas- “à peine visible, il se convertit rapidement et facile- ment en benzol; à une plus haute température on obtient de la naphtaline, tandis que, par l’action de l'hydrogène, il peut se former de l'éthylène et de léthane. Du benzol nous Lirons facilement l’ani- line el toute cette série de magnifiques substances “colorantes qui, depuis vingt-cinq ans, font les “délices du beau sexe, tandis que l’éthylène, ob- “tenu de l’acétylène, peut facilement être converti en alcool éthylique par l'acide sulfurique et l’eau; “on peut, à nouveau, tirer de l'alcool une riche “variété d’autres nee organiques, de sorte que l’acétylène peut, sans exagération, être con- “sidéré comme une des grandes clefs de voûte de l'édifice organique, et, une fois qu'on aura trouvé pue méthode peu coûteuse et pratique de le pré- _ parer, il est difficile de prévoir tous les résultats “quil sera possible d'eblenir par la suite. … En 1836, on reconnut que, lorsqu'on prépare le “potassium en distillant du carbonate de potasse 3 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. ns * LA SYNTHÈSE INDUSTRIELLE DES HYDROCARBURES EMPLOYÉS À L'ÉCLAIRAGE uni à du carbone, il se forme de petites quantités d’un produit accessoire, composé de potassium et de carbone, que l'éau décompose avec dégagernent d'acétylène; en même temps, Wôühler, en faisant fondre un alliage de zinc et de calcium avec du carbone, obtint un carbure de calcium, el vit dans ce corps la source d’où l’on pourrait obtenir de l’acétylène par l’action de l’eau. Aucun autre résultat ne fut obtenu jusqu’à l’an- née 1892: cette année-là, L. Maquenne prépara du carbure de baryum en chauffant à une haute tem- pérature un mélange de carbonate de baryte, de magnésium en poudre et de charbon de bois; le produit, traité par l’eau, dégageait de l’acétylène. Un peu plus tard, Travers fit du carbure de cal- cium en chauffant ensemble du chlorure de calcium, du carbone et du sodium. Toutefois, aucun de ces procédés ne promettait de donner des résultats pratiques au point de vue commercial, car le prix naturellement élevé du potassium, du sodium, du magnésium, ou du mélange calcium-zine qu'il fallait employer, rendait {rop coûteuse la produc- tion de l’acétylène au moyen des carbures. Par l'emploi du four électrique, M. €. L: Wilson a récemment remarqué qu'un mélange contenant de la chaux et de l’anthracite en poudre, se trans- forme, en fondant sous l'influence de la Llempéra- ture de l'arc, en une masse lourde, semi-métal- ç** 270 V.-B. LEWES — LA SYNTHÈSE INDUSTRIELLE DES HYDROCARBURES lique. Il examina celte masse; comme elle n'étail pas ce qu'il cherchait, il la jeta dans un baquet d'eau: le bouillonnement violent de l'eau qui en résulla indiqua le dégagement rapide d’un gaz, dont l'odeur intense força l'attention de l’expéri- mentateur ; au contact d’une flamme, le gaz brüla, donnant une flamme fumeuse, mais cependant lumineuse. M. L.T. Wilson, en étudiant la cause de ce phé- nomène, vitbientôt que, dans un four électrique con- venablement construit, de la craie ou de la chaux broyée menu, mélangée avec du carbone en poudre sous une forme quelconque, que ce soit du charbon de bois, de l’anthracite, du coke, du charbon ou du graphite, peut se fondre on formant un composé connu sous le nom de carbure de calcium, conte- nant 40 parties en poids de l'élément calcium, base de la chaux, et 24 parties de carbone; si l'on y ajoute de l’eau, une double décomposition se produit : l'oxygène de l'eau se combine avec le calcium du carbure pour former de l'oxyde de calcium ou chaux, tandis que l'hydrogène s’unit au carbone du carbure pour former de l’acétylène. Le coût du gaz ainsi produit permet non seulement de l'employer directement dans le commerce, mais encore de s'en servir pour produire une grande quantité d’autres composés. La production du carbure de calcium au moyen de la chaux et de toute espèce de carbone nous rend pratiquement indépendants du charbon de terre et de l'huile, et met dans nos mains le pre- mier agent par lequel la Nature produit vraisem- blablement ces grands emmagasinements souler- rains de combustible liquide si largement utilisés aujourd’hui. Le carbure de calcium est une substance gris foncé, ayant un poids spécifique de 2,262; lorsqu'il est pur, une livre anglaise de cette substance pro- duira, en se décomposant, à pieds cubiques, 3 pouces (un mètre cube 60) d'acétylène. Mais, à moins qu'il ne soit très frais, et qu'on ait pris des précautions pour le préserver de l'air, la surface extérieure est légèrement attaquée par l'humidité atmosphérique, de sorte que, dans la pratique, la production ne dépassera pas cinq pieds cubiques (un mètre cube et demi). Toutefois, la densité el la dureté de la masse la garantit beaucoup contre l'action atmosphérique, de sorte que, lorsqu'elle est en morceaux, elle ne s'altère pas très vite; au contraire, à l’état de poudre, elle est influencée rapidement. L'acétylène qu'on en tire, lorsqu'on dose ce gaz en l’absorbant avec le brome, — et, à litre de con- trôle, par l'argent, — donne 98 °/, d'acélylène el 2 0/, d'air, et des traces d'hydrogène sulfuré, la présence de celle impureté élant due à des traces de sulfate de chaux —- gypse — existant dans la chaux employée à sa fabrication, et à des pyrites qu'on rencontre dans le charbon employé. L'acétylène est un gaz clair, sans couleur, à odeur extrémement pénétrante, ressemblant un 1. peu à celle de l'ail; son odeur forte offre une très 3 grande sécurité quand on l'emploie, puisque la … moindre fuite se perçoit de suite; il est certains que son odeur est tellement forte qu'il serait abso- LA lument impossible de pénétrer dans une chambre contenant une quantité dangereuse de ce gaz. Î Cela est un point très important à signaler, car M les recherches de Bistrow et de Liebreich montrent que le gaz est toxique: il se combine avec l'hémo- globine du sang pour former un composé similaire « à celui que produit l'oxyde de carbone; mais le grand danger de ce dernier gaz, c'est que, n'ayant | pas d'odeur, sa présence ne se révèle qu'aux pre- miers symptômes d'empoisonnement, tandis qu'on n'a point à craindre un pareil danger avec l’a- célylène. 5 L’acétylène est soluble dans l'eau et dans la plupart des autres liquides, et, à la température - et à la pression ordinaires de 60° Fahrenheit et ” 30 pouces de mercure (76 em.), 10 volumes d'eau - absorberont 11 volumes du gaz; mais, dès quele gaz est dissous, l'eau, étant saturée, cesse de l'absorber. # De l’eau déjà saturée de gaz de houille Le pas l’acétylène si facilement, tandis que le gaz est pratiquement insoluble dans de l’eau salée saturée, 4 —. 100 volumes d’une solution de sel saturée ne dissolvant que 5 volumes du gaz. Le gaz est bien plus soluble dans l'alcool, qui, à la pression et à la tempéralure normales, absorbe six fois son propre volume d’acétylène, tandis que 10 vo- lumes de parafline, dans les mêmes conditions, absorberont 26 volumes du gaz. C’est un gaz lourd, ayant un poids spécifique de 0,91. Lorsqu'on approche une lumière de l'acétylène, il brûle avec une flamme lumineuse et très fameuse ; et lorsqu'un mélange d'un volume d'acétylène « et d’un volume d'air est allumé dans un cylindre, « une flamme d’un rouge terne descend le long dun cylindre, en laissant derrière elle une masse de“ suie, et en répandant une épaisse fumée noire. Lorsque l'acétylène est mélangé avec une fois etun quart son propre volume d'air, le mélange | commence à être légèrement explosif, la violence explosive augmentant jusqu'à ce qu’elle atteignem un maximum avec environ douze fois son volume d'air, et elle diminue graduellement jusqu'à ce que, avec un mélange d’un volume d'acélylène pour vingt volumes d'air, ce gaz cesse d'être explosif. Le gaz peut être condensé en liquide par la pres: sion ; Andrew admet qu'il se liquéfie à une pression de 21,5 almosphères, à une température de 0° C., hs AI + « LM ER Las pote - landis que Cailletet avance qu'à 1° C. il a besoin - d’une pression de 48 atmosphères. Le liquide ainsi produit est mobile, et extrêmement réfringent ; - quand on le répand dans l'air, le passage du liquide -à l'état gazeux absorbe tant de chaleur qu'un peu - du liquide qui s'échappe est converti en un solide semblable à la neige, qui prend feu quand on y applique une lumière, et brûle jusqu'à ce que le “solide se convertisse en gaz et soit consumé. . Dans mes recherches sur le pouvoir lumineux de “a flamme, j'ai fait voir que tous les carbures d'hydrogène présents dans le gaz de houille el - autres flammes lumineuses sont convertis en acé- “iylène par la cuisson qui a lieu dans la zone intérieure non lumineuse, avant qu'aucun effet «lumineux se soit produit, et que c’est l’acély- - lène qui, par sa décomposition rapide à 1200° LÉ fournit la flamme lumineuse avec ces parcelles de carbone qui, chauffées à l’incandescence par des agents divers, donnent à la flamme le pouvoir d'émettre de la lumière. L'acétylène apparaissant ainsi comme une source de lumière, on croirait - que nous avons dans ce gaz le plus puissant des - hydrogènes carbonés gazeux éclairants, et l'expé- . rience montre que tel est le cas. “_ Par suite de sa richesse intense, l'acétylène peut seulement être consumé dans de petits becs à “flamme plate, mais, dans ces conditions, il émet une D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE 19 11 lumière plus grande que celle donnée par tout autre gaz connu, son pouvoir éclairant, calculé pour une consommation de à pieds cubiques (1"50) à l'air, n'étant pas au-dessous de 240 bougies. POUVOIR ÉCLAIRANT DES CARBURES POUR UNF CONSOMMATION DE 5 PIEDS CUBIQUES (150) DE GAZ Bougies Méthane terme 5e DEN NO EREPERRRE = 39.7 PrOpPANE ee... 06,7 Bthylènet 70.0 Buthylene st ne 123,0 Acélyleness. 1" 240.0 Il est établi que le carbure peut être produit à environ £ # (100 fr.) la tonne; on en déduit que ce produit aura un grand avenir devant lui, car une tonne produira 11.000 pieds cubiques de gaz (environ 4.000 mètres cubes). La chaux délaissée comme un produit accessoire coùterait 10 shil- lings (12 fr. 50) la tonne, et le gaz coûterait ainsi 6 sh. 41/2 d. par 1000 pieds cubes (8 fr. par 330 mè- tres cubes, soit 2 fr. 40 par 100 mètres cubes), et, en pouvoir éclairant, il serait égal au gaz de houille de Londres à 6 pence (0 fr. 60) les mille pieds cubiques. Sa production facile le rendrait propre à l'éclairage à la campagne, tandis que son grand pouvoir éclairant le rendrait utile pour enrichir les gaz de houille pauvres ‘. Prof. Vivian B. Lewes, de la Society of Arts de Londres. Le nombre des travaux et mémoires qui parais- logie que dans n'importe quelle branche des sciences, et il est superflu d'insister sur la difficulté “et il demande à la Société Zoologique de France “détudierun projet qui présenterait de grands avan- “ages. Il propose de réunir les différents recueils de bibliographie zoologique en une seule publication | qu'un bureau central, international, placé par exemple près d'une grande bibliothèquezoologique, à Londres ou à Naples, serait chargé de préparer. En outre, et c’est là ce qui constitue l'originalité du projet, ce bureau confectionnerait des fiches dont chacune porterait le titre de l’ouvrage avec Vindication très brève du sujet traité. Ces fiches 1 Mém. Soc. Zool. France, 1894. REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE seraient classées dans un index 44 hoc et pour- raient être envoyées aux abonnés. Ce bureau de- xrait, en outre, informer sans retard chaque abonné de la publication de tout ouvrage touchant à l'ob- jet de ses recherches. Il suffirait d'indiquer au bu- reau les points sur lesquels chacun veut être ren- seigné et de s'abonner aux fiches correspondantes. Lesindications portées sur les fiches pourraient être très courtes. Field donne comme exemple : Nitsche, Studien über das Eichwild. Zool. Auz. XI. p. 181-191, qu'on pourrait caractériser ainsi : Anatomie, Dents, Ramure (Tératologie) ; jambe (squelette). Ce système offrirait des avantages que chacun peut apprécier, et sa réalisalion ne parait pas pré- senter de bien grandes difficultés, car il ne serait pas plus difficile de faire, pour la science, ce que font certains bureaux qui découpent, dans les journaux politiques, les articles intéressant leurs abonnés et les leur envoient. 1 Résumé d’un travail que l’auteur vient de présenter à la Society of Arts de la Grande-Bretagne et de publier dans le journal anglais Nature (n° 1317). 212 C’est en grande partie afin de faciliter ou de sup- primer des recherches bibliographiques très longues et très pénibles que la Société Zoologique d'Allemagne a conçu un projel vraiment considé- rable : la publication d’un ouvrage qui s'inli- tulerait Das Work Species Animalium recentium, sorte de catalogue raisonné de toutes les espèces ani- males actuellement vivantes ou connues aux temps préhistoriques, décrites jusqu'à ce jour ‘. Le nom de chaque espèce serait suivi de la synonymie, de données bibliographiques, d'une description suf- fisante et d'indications géographiques. Une Com- mission, composée de MM. Brauer, Carus, Düder- lein, Ludwig, Môbius, Schulze et Spengel, s'occupe actuellement de cette importante queslion el s’est déjà entendue avec différents zoologistes pour faire paraitre, le plus tôt possible, trois premiers vo- lumes comprenant un grand groupe de Vertébrés, d'Arthropodes et d'animaux inférieurs. M. Büttger s'est engagé à faire les Anoures ou un groupe de Reptiles, M. Ortmann un groupe de Crustacés Décapodes, et M. Ludwig, les Holothuries. Déjà, à la réunion de la Société Zoologique qui s’est tenue à Munich, du 9 au 11 avril 1894, M. Orlmann a pré- senté le manuscrit relalif au genre Palinurus et M. Ludwig celui des Molpadides. IL y a donc lieu d'espérer que cette grande entre- prise ne reslera pas à l’état de projet. Mais, pour que cette publication remplisse son but et four- nisse aux Zzoologisies des documents vraiment uliles, il faut qu'elle fixe l’élat de la science à un moment donné; il faut qu'une fois commencée, elle se continue activement et soil rapidement ter- minée. Quoi de plus inutile, dans leur ensemble, et de plus grotesque, que ces ouvrages commencés il y a trente ans el qui ne sont pas encore achevés aujourd’hui, dont les premiers volumes, vérilables fossiles de la science, n'ont de commun que le nom avec ceux qui paraissent maintenant! Il est donc nécessaire quele nombre des collaborateurs soit assez élevé pour que chacun puisse lerminer le groupe dontil s'est chargé dans un laps de temps très court, quelques années au plus. Les spé- cialistes ne manquent pas qui pourraient se parta- gerla besogne, etla Société Zoologique d'Allemagne trouverait, si son œuvre doit être internationale, des collaborateurs assez nombreux pour que tous les manuscrits lui fussent remis en temps utile. Cette publication constiluerail un monument impérissable à l’usage des zoologistes du siècle futur, auxquels elle transmettrait l'état de la z00- logie à la fin du xix° siècle, qui, pendant ces trente 1 Senurze, Bericht d. Commiss. f. die Species Animaliumn recentium. Verhdl. d. Deults. zool. Gesell. auf, d. vierste Jah- resversammlung, 1894. D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE “et 2. et b) pourvu d’un granule nucléinien qui ; Il 5 dernières années, a vu éclore lant de travaux im- portants. k Afin d'établir un certain ordre dans cette Revue, où je ne puis effleurer que quelques sujets, j'exa- minerai suctessivement, autant que cela est pos- 1 sible, les travaux relatifs à l'organisation et au . développement des Animaux, puis ceux qui se. rapportent à la Zoologie pure, à l'étude des Faunes et à la Géographie zoologique. 1 I. — PROTOZOAIRES. Depuis 1880, époque où Laveran découvrit les. parasites endoglobulaires qui causent l'impalu- … disme, ces êtres et quelques formes voisines ont été beaucoup étudiés, mais à peu près exelusive- ment par des médecins, qui, n'ayant en Zoologie que des connaissances très vagues, avaient émis sur l'évolution de ces organismes les idées les plus invraisemblables. Labbé! a repris l'étude des pa-. rasites du sang des Vertébrés, qui passent, soit leur existence entière, soit une partie au moins, à l'intérieur des globules, en laissant de côté les « questions de clinique ou de pathologie, et en se. plaçant au point de vue purement zoologique. Envisagé de celte manière, le sujet était presque complètement neufet l'auteur est arrivé à des ré- sultats fort intéressants ?. Il a été amené à dis- linguer chez ces êtres deux groupes très nelte- ment dislinets. Les Æ:emosporidies où H:æmogréqu- rines (fig. 4, 2 el 3), qui forment le premier groupe, se développent dans l'intérieur d’un glo- bule de Vertébré à sang froid. Ils s'y présentent d'abord sous forme d'un organisme allongé (fig.1.4 s’entoure d'une membrane, acquiert une forme grégarinienne et sort du globule (fig, 4, 4, et 2, c) pour mener, dans le sérum, une existence libre, au: cours de laquelle des conjugaisons (fig. 1, «) pour- ront même avoir lieu. Lareproduction est toujours intraglobulaire. Les parasites rentrent par l’extré- mité pointue dans un globule, s'y recourbent de 1 Arch. Zool. Exper., 3° série, t. IL. 2 D’après Labbé, le nombre des espèces animales hébergeants des parasites endoglobulaires est relativement restreint. Less Invertébrés n’en ont jamais présenté, pas plus que les Pois- sons. Parmi les Batraciens, on n'en trouve que chez la Gre nouille (R. esculenta) qui est fréquemment infestée par plu= sieurs espèces différentes. Parmi les Reptiles, c’est chez les Lézards et les Tortues d'eau douce qu’on en rencontre le plus souvent. Il n’est pas rare d'en observer chez les Oiseaux, mais il est curieux de constater que, tandis qu'en Italie la plupart des espèces sont infestées, à Paris et dans le Nord de la France, quelques espèces seulement (Alouette, Pinsonÿ# Etourneau, Geai) renferment des parasites. Enfin, parmi less Mammifères, l'homme est le seul qui présente, dans les cas d'impaludisme, des parasites endoglobulaires. ; Tout récemment, A. Billet (C. R. Soc. Biologie, 1895) a cons taté l'existence de ces parasites chez les Ophidiens. D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZUOLOGIE 213 façon à faire coïncider leurs deux bouts et devien- _ nent sphériques: ils s’entourent d'une membrane et forment un kyste ou eyloryste (fig. 3, a), qui _ donne naissance à des sporozoïles (fig. 3, db, e, d) renfermant chacun une partie du noyau divisé (il . ya toujours un nucléus de reliquat »). Les spo- rozoïtes, mis en liberté par la rupture du kyste et = ; “Diverses phases de la reproduction du Drepanidium Fig. 4. — Halleridium du sang de l'Alouette : p mwæba du sang de l'Homme ; 4, parasite endoglob eos du sang du Pinson; parasite endo globulaire (a du globule, pénétreront dans un nouveau globule recommenceront le cycle d'évolution que je viens . de résumer. ; Les Gymnosporidies (Gig. 4, 5 et 6) passent toute eur existence dans l’intérieur d’un globule, géné- lement d'animal à sang chaud. Le parasite qui pénétré dans le globule, y prend, soit une forme aæ@boïde, soit une forme en croissant (fig. 4, 5el : kyste, se divise en un ecerlain nombre de sporo- I20ïles (fig. 4,c, d, —5, 6, —et 6, c, d)avecnucléus de reliquat. Il y a des formes disporées (Halteridium du d | a), puis se transforme en spore qui, sans donner | sang de l’alouette, fig. 4) et monosporées (H:emamaæba de l’homme, fig. 6). Quant à la forme flagellée, ou polymitus (fig. 7.), considérée par les auteurs comme un stade de développement, ce n’est qu’un produit artificiel dû au refroidissement du sang quand il sort de l’animal : c'est une forme #ou- ranle; elle prend naissance dans les préparations. Fig. 3 Fig. 6 Fig. 7 e. Fig. 1-7. — Parasiles endoglobulaires du sang des Vertébrés, d'après Labbé. US. 1. — Drepanidium du sang de la Grenouille; 4, parasite endoglobulaire dans son globule ; b, parasites libres: €, con- ugaisons, — Fig. 2. — Danilewska du sang du Lézard; à, b, phases endoglobulaires; €, parasites libres. — Fig. 3. — 3,4, Cytocyste; b, ce, division du contenu du cytocyste; d, sporulation. arasites endoglobulaires (4,b) et sporulation (c,d) ulaire ; b,c et 4 . — Fig. 5. — Hæma- , différentes phases de la sporulation. — Fig, 6. — Pro- et sporulation (b). — Fig. 7. — Polymitus d'Halleridium. Les aflinités des parasites endoglobulaires sont fort intéressantes. Les Hæmosporidies ne diffèrent des Grégarines que par leurs kystes, qui ne sont Jamais intracellulaires chez ces dernières, et des Coccidies que par leur phase libre: elles relient donc ces deux groupes de Sporozoaires. Comparées aux Grégarines, les Hæmosporidies offrent une infériorité incontestable: la dégradation parasi- taire est encore plus sensible chez les Gymnospo- ridies : celles-ci sont des Coccidies acystiques à phase adulte amæboïde et dégradées par une | Sporulation intracellulaire. 2714 D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE ; Aussi Labbé divise-t-il les Sporozoaires en : Cytozoaires, qui, pendant une période au moinsde leur existence, ont une vie intracellulaire (Gréya- rines, H:emosporidies, Coccidies, Gymnosporidies) et Hislozoaïires, qui n'ont pas de stade d’accroissement intracellulaire (Hyxosporidies, Microsporidies, Sar- cosportdies). Les autres travaux qui se rapportent aux Pro- tozoaires ne présentent point l'importance du pré- cédent : je ne signalerai que ceux qui traitent de la division chez ces êtres. Les phénomènes s'y pré- sentent souvent avec des caractères étranges, bien différents de ceux que l’on est habitué à rencontrer chez les Métlazoaires. Ainsi Blochmann!, chez les Euglènes, et Schau- dinn ? chez les Fora- minifères, ont décrit des modes de division très particuliers. Rom- pell * a observé les cen- trosomes chez un Infu- soire parasite des Ve- balia : c’est la première fois qu'onles rencontre chez les Infusoires, el Ischikawa * a reconnu que, chez les Noctilu- ques, ces corps se for- ——— ponges siliceuses, appartenant aux familles des Homorhaphidés, Hétérorhaphidès, Desmacidonidés et Azxinellidés, et en suivre l'évolution dès les pre- miers stades de la segmentation et de la forma- | tion des feuillets, dont l'étude n'avait pas été abor- dée par Delage. Voici, d’après Maas, comment s'opère la métamorphose : La larve présente une couche de cellules externes flagellées, recouvrant une masse cellulaire centrale. Lorsque la fixation est opérée (fig. 8), les cellules externes perdent leurs flagella (et) et s'enfoncent dans la massse centrale, dont les cellules subissent en même temps une différenciation : les unes (e) s'aplatis- sent et, se portant vers la périphérie, s’étale- ront en une couche con- Linue, qui est l’ectoder- me définitif, où lapisse- ront les cavités sous- dermiques; les autres (ñ) resteront en place et constilueront les divers éléments du parenchy- : me de l'Eponge. Pen- dant ce temps, les cel- lules primitivement ex- ternes qui s'étaient in- vaginées, s'organisent | par pelits groupes; cha- ment aux dépens du Fig. 8. — Coupe d'une larve de Clathria Coralloïdes, wne sons deviendra nee protoplasma. minute après sa fixation, d'après Maas. — ect, cellules ec beille vibratile, dont la todermiques flagellifères de la larve s’invaginant dans la + Rarege AR 4 DR 4 masse des cellules centrales m; certaines de ces dernières SENÈSE est inter prélée IT. — SPONGIAIRES. le Vo MEN ES 7 Ù Fe | cellules (e) se portent sur la pe riphérie et se constituent en d'une manière un peu “ couche externe continue, qui deviendra l’ectoderme définitif me, Les recherches les de l'Eponge; sp. spicules. différente par Delage et plus récentes sur le dé- veloppement des Eponges ont abouli à des résul- lats qui renversent complètement les idées an- ciennes sur la signification de l'organisme chez ces animaux. Il y a deux ans à peine qu'à la suite de ses recherches sur l'embryologie de quel- ques Eponges siliceuses, Delage est arrivé à cette conclusion surprenante que l’épiderme de l'Éponge adulte est constitué par des cellules primitive- ment internes, tandis que les cellules externes de la larve rentrent à l’intérieur après la fixation. Ces résultats étaient en désaccord formel avec les Opinions courantes et ils avaient été admis avec quelques réserves par les zoologistes. Ils viennent d'être confirmés tout récemment par Maas, dont le travail offre le plus grand intérêt. Ce savant a pu étendre ses recherches à un certain nombre d'E- 1 Biol. Centralblatt. Bà XIV. 2? Zeils. f. wiss. Zool. Ba LVII. 3 Zeils. f. uiss. Zool. Bd LVIII. 4 Journ. Coll. Sc. Japan. vol. VII. 5 Zool. Jahrbücher. (Abth. f. Anatomie) Bd VIT. par Maas. Nüldecke! a confirmé, chez la Spongille, la pé- « nétration, dans l'intérieur de la larve, des cellules . externes flagellées ; mais il admet que ces cellules se résorbent complètement et ne sont l'origine d'aucune formation. Ces divergences d'opinion ne larderont pas, sans doute, à être expliquées: mais le fait important, et désormais acquis à la science, qui se dégage de ces recherches, c'est qu'il n'est plus possible de considérer les Eponges comme « des animaux à trois feuillets, dont l’'endoderme formerait les corbeilles vibratiles. Les deux feuil-. lets primaires s'établissent, chez la larve, par les. procédés ordinaires, mais c'est là le seul carac- tère que les Eponges partagent avec les Méta- zoaires, car, dès que les deux feuilletssont formés, w le développement prend une allure toute particu-. lière. Il se produit une véritable inversion des feuillets, une partie de l’endoderme produisant les cellules de recouvrement de l'Éponge adulte, ! Ibid. Bd, VIII. D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE bo rh) dis que l’ectoderme s’enfonce dans les tissus profonds et fournit probablement les éléments des corbeilles vibratiles. = IT. — VERS. Les recherches entreprises par Jammes! sur Nématodes montrent que certains organes de ces êtres ont une structure plus simple qu'on ne dmettait jusqu'à maintenant. Ainsi, pour cet auteur, les dispositions fort complexes, qui ont élé crites avec beaucoup de détail dans le système veux des Ascaris en particulier, n'existent pas. e système nerveux et la couche granuleuse cons- tuent un seul et même tissu résultant de la trans- | formation de l’ectoderme après qu'il a sécrété la cuticule. La plupart des cellules de cet ectoderme _se transforment, comme on sait, en fibrilles anas- | fomosées: les autres conservent leur forme et persistent au sein de la couche de fibrilles; on les | retrouve chez l'adulte, en différents points : elles sont particulièrement nombreuses autour du pha-- px ef au voisinage des orifices génital et anal. L Mais on ne saurait voir, dans ces amas de cellules, des ganglions distincts : encore moins peut-on parler de xefs à trajet compliqué. Le système nerveux ne s’est pas séparé de l’ectoderme chez es Nématodes parasites, et ce caractère parait dû : la présence d’une cuticule, car il semble d'autant plus accentué que l'adaptation au parasitisme est “plus marquée. En effet, chez les formes libres où Ia cuticule est très mince, les cellules qui entourent Vœsophage se différencient en un collier nerveux distinct ?. $ L'étude du développement a conduit le même auteur à des résultats très intéressants. La seg- m_omentation de l’œuf, régulière, aboutit à la for- mation d'une morula pleine qui, par délamination, e partage en une couche ectodermique et une masse centrale de protendoderme; un nouveau clivage sépare ensuite le mésoderme, qui s’écarte de l’endoderme, tout en conservant avec lui des communications sous forme de ponts protoplas- m_offre donc un caractère mésenchymateux et se “présente comme un schizocèle comparable à celui des Plathelminthes ; seulement,tandis que.chezces - derniers, le caractère mésenchymateux du méso- derme s’accentue de plus en plus, chez les Néma- odes, ce feuillet, en se régularisant, prend la dis 1 Recherches sur l’organisation et le développement des Nématodes. Thèse de doctorat ès sciences naturelles, Paris. 1894. ë. 2 Villot a déjà reconnu que, chez les Gordius, le cordon nerveux ventral ne peut pas être séparé de l'hypoderme, avec les éléments duquel il est en continuité; ses observations sont confirmées par Jammes. = $, pe -miques traversant la cavité générale. Ce feuillet position épithéliale que l'on connait et limite une cavité générale spacieuse. Cette . ressemblance dans le mode de formation du feuillet moyen chez les Plathelminthes et les Némathelminthes doit être notée avec soin, car elle établit entre ces deux groupes un lien de parenté qu'on n'avait pas en- core soupçonné. Je suis obligé de passer très rapidement, mal- gré l'importance qu'ils présentent, sur les nom- breux travaux dont les Plathelminthes ônt été l’ob- jet: beaucoup de ces travaux sont surtout descrip- tifs, tout en renfermant des données anatomiques. Tels sont les mémoires de Loos ‘sur les Distomes des Poissons et des Batraciens d'Allemagne, de Monticelli ? sur les Trématodes endoparasites {avec une étude anatomique d’un Distome qui vit dans les canaux gastrovasculaires du Beroe ovata et qu’à cause de la forme de sa ventouse l’auteur a appelé D. calyprocotyle), de Will * sur le Caryophyllæus, de Stiles { sur l'appareil excréteur des Tænias, d'Ols- son * sur les Cestodes de Suède, de Goto ÿ sur les Trématodes ectoparasites du Japon. Ce dernier au- teur a discuté avec beaucoup de talent les homolo- gies des différentes parties del’appareil génital des Plathelminthesetil montre en particulier quele ca- nal de Laurer des Endoparasites et le canal vitello- intestinal des Ectoparasites sont des formations homologues. Jesignalerai également plusieurs mé- moires sur la Bilharzia hæmatobia, dont l'étude pa- rait être à l’ordre du jour et qui a fait l’objet des recherches de Sonsino ‘, de Loos $, et de Lortetet Vialleton *. Les deux savants français viennent de publier uneimportantemonographie de ce Distome: mais, malgré leurs efforts, ils n'ont pu découvrir l'hôte intermédiaire de la Bilhareia. IV. — ARTHROPODPES. Le mémoire que Roule ‘ vient de publier sur le développement du Porcellio est un des rares travaux où le développement d’un Crustacé soil suivi, sans idée préconçue, depuis les débuts de la segmentation jusqu'à la formation des organes. Les données que nous possédions sur cette ques- tion élaient très incertaines, soit par suite du manque de renseignements surles premiers stades, soit à cause de la préoccupation constante que les 1 Bi_lioth. Zool. Bd. XVI. 2 Zool. Jahrbücher, Bd. VII. 3 Zeits. f. wiss. Zool. Bd. LVI. 1 Centralblatt f. Bakler. u. Parasitk. Bd. XI. 5 Svenska Vel Acad. Handl. Bd. XXV. 6 Journ. Coll. Sc. Japan; vol. VIT. 7 Atti Soc. Toscan. Sc. Nat., vol. IX. 8 Loos ir Læeucxarr. Die Parasilen des Menschens. Bd. , p. 519-5928. % Annales Univers. Lyon. T. IX. 10 Ann. Sc. Nat. Zool., Te série, t. XVIII. = 276 auteurs avaient de retrouver les indices d’une gastrulation. D'après les observations de Roule sur différents types, la gastrula n'’existerait pas chez les Crustacés et l’on aurait toujours confondu avec une invagination gastrulaire la formation du s/o- modeur qui fournit une portion importante de l'ap- pareil digestif. N’est-il pas étrange, en effet, qu'on décrive une gastrula par embolie précisément chez des Crustacés, tels que l'Écrevisse, qui sont des D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE = end L EX 4 Fast Fig. 9. — Formalion des feuillets embryonnaires chez les Crustacés Edriophthalmes, d'après Roule : coupes transversales d'embryon de Porcellio à dif{érents stades : ect, ectoderme; p, protendoderme se différen- ciant en endoderme end et en mésoderme »;n, chaîne nerveuse. types très modifiés ‘et dont l'embryogénie est con- densée ? Roule s'est donc proposé de revoir très atlen- tivement les premières phases du développement des Crustacés et il a commencé par les Edrioph- thalmes. Ila choisi deux types, le Porcellio seaber et V’'Asellus aquaticus, qui peuvent servir d'exemple pourmontrer l’uniformité génétique du blastoderme malgré les différences dans le mode de segmenta- tion. L'œuf de l’Asellusest, en effet, petit, relative- ment pauvre en vitellus et il subit une segmenta- tion totale, mais inégale; chez le Porcellio, au con- traire, il est gros, riche en vitellus et offre une ci- catricule qui seule subit la segmentation. Malgré cette différence, l'œuf se convertit dans les deux cas en une planulr formée d’un blastoderme à une seule couche entourant une masse centrale de vi- tellus (fig. 9). Des cellules nées par division sur la face interne de ce blastoderme (#t) pénétreront dans le vitellus et donneront naissance à un tissu | files régulières de cellules qui s’enfoncent dans le vitellus, qu’elles découperont comme à l'emporte- : pièce (fig. 9, e, end); puis, se recourbant par leur » bord libre, ellesiront à la rencontre l’une de l’autre pour se réunir et se souder (fig. 9, d). Le tube ainsi formé est l’entéron, limité par des cellules endo- dermiques ; il est tout d’abord rempli de vitellus, derme. Ce mode de formation du blastoderme et des feuillets. embryonnaires s’observerait, d’après Roule, non seulement chez la plupart des Crusta- cés, mais encore chez beaucoup d’autres Arthro- podes, el il serait assez disposé à le considérer comme caractéristique de ce groupe. J'aurai sans doute l'occasion de revenir plus tard sur ce sujet, car cel auteur annonce une série de mémoires sur le développement des Arthropodes. Il ne peut pas être question, bien entendu, d’é- ; a mésenchymateux (y) qui représente le protendo-. a 4 derme. Ces cellules émeitent des expansions pseu- | dopodiques et se nourrissent du vitellus à la ma-. nière de phagocytes. Elles naissent d'abord sur toute l’étendue du blastoderme, mais leur forma=si tion ne tarde pas à devenir plus active dans deux" régions symétriques (fig. 9, b), parallèles à l'axe longitudinal de l'embryon, de chaque côté de la“ future ligne médiane ventrale; il en résultera deux qui sera résorbé ; quant aux cellules mésenchyma- teuses restées en dehors, elles deviendront le méso- tent quelque peu du type observé chez les driophthalmes, on peut citer les Cirrhipèdes. après les récents travaux de Groom !, le seg- entation de l’œufest totale et inégale et lespetites cellules ectodermiques entourent une grosse cel- lule centrale chargée de vitellus, comme chez l'A- lus. Au pôle opposé au pôle germinatif, cette ernière fournira un certain nombre de cellules ésodermiques, puis elle se divisera en cellules “endodermiques qui perdront leur vitellus pen- dant que l'intestin se faconnera. Il y a ici un rac- courcissement du développement qui n’a rien d'é- tonnant chez des êtres aussi modifiés que les irrhipèdes. 2 Ces mêmes Crustacés ont aussi fait l’objet des recherches de Gruvel?, qui aétudié différents points de l’organisation des Balanes et des Lépadides - adultes. Il s'est rendu compte du mode de forma- tion du test des Balanes, dont la partie interne est “sécrétée par le manteau, landis que la partie ex- “terne est formée par des glandes particulières. Il “démontre l'absence d'un cœur, déjà nié par moi- _même , mais dont l'existence était admise tout der- Miérement encore par Nussbaum, et il prouve quela “circulation du liquide nourricier dans le capitu- lum et dans le pédoncule des Lepadides s'effectue räce aux contraclions du corps. Il confirme mes “observations sur la structure des éléments ner- veux et il a pu s'assurer que l'œil, loin d’être, “omme le prétendait Nussbaum, un organe atro- phié et inutile, peut recevoir les rayons lumi- neux et être impressionné par eux. Le même au- “eur nous donne des renseignements très précis Sur les appareils d'excrétion des Cirrhipèdes. Les brganes rénaux, découverts par Hoeck, sont des Sacs clos ne s’ouvrant pas à l'extérieur chez l’a- …lulte : ce sont des reins d’accumulation, ainsi que je l'ai déjà indiqué; toutefois, les produits qu'ils éxcrèlent peuvent passer, par osmose, dans la ca- Nité générale qui communique avec l’extérieur. lest du moins ce qui arrive chez l’adulte, car pen- dant le jeune âge les reins s'ouvrent au dehors, mais les orifices externes s’oblitèrent dans la suite du développement 3. Les glandes cémentaires et kiles cellules épithéliales pigmentées du manteau “ont aussi des appareils excréteurs. - En injectant des matières colorantes dans la ca- xité générale d'après la méthode de Kowalevsky, Gruvel a observé que ces cellules pigmentées éli- ge gi Eu 1 Philosoph. Transact., vol. CLXXXW. I Arch. Zool. Exp., 3° série, t. I. “© C.R. Acad. Sc. Paris. t. CXIX. 19 —! —! minaient l'ehtroth et le carmin d'indigo, tandis que les reins excrétaient le carmin. Il y a donc, dans les appareils excréteurs des Cirrhipèdes, une di- vision de travail comparable à celle qui a été dé- couverte par Kowalevsky chez d'autres Arthro- podes. Je ne voudrais pas passer sous silence une inté- ressante observation, faite par Hofer ‘, d'une Écre- visse dont l’un des pédoncules oculaires était trans- formé en un appendice biramé ayant la constitu- tion typique d'un appendice de Cruslacé. Ce fait fournit un argument de grande valeur à opposer aux naturalistes qui, à l'exemple de Claus, considèrent les pédoncules oculaires des Podophthalmes comme une simple portion de la tête, et elle confirme au contraire l’opinion de ceux qui leur attribuent la valeur de véritables appendicgs ?. La question doit d’ailleurs être élargie et la so- lution qu'elle comporte doit être étendue à tous les Arthropodes. La plupart des zoologistes fran- çais, suivant l'exemple de Perrier, accordent à la région de la tête des Arthropodes qui porte les yeux la valeur d'un segment, d'un méride. L’ana- tomie comparée confirme cette manière de voir. Ainsi Bordas #, qui vient d'étudier les nombreuses glandes salivaires des Hyménoptères, rapporte les différents groupes glandulaires à chacun des six mérides qui constituent la tête d'un Insecte. Les glandes salivaires thoraciques et post-cérébrales correspondent au méride oculaire; les glandes supracérébrales, sublinguales, mandibulaires, ma- xillaires et linguales répondent respectivement aux mérides des antennes, du labre, des mandi- bules et des màchoires supérieure et inférieure. J'aurai l'occasion d'analyser tout au long dans cette Revue le travail de Bordas sur l’appareil glan- dulaire des Hyménoptères et je prie le lecteur de vouloir bien se reporter au compte rendu que j'en ferai. Kowalevsky #, dont j'ai déjà cité le nom toul à l'heure, a poursuivi les recherches qu'il a com- mencées depuis quelques années sur l'appareil glandulaire, et en particulier sur les reins et les or- ganes formateurs des globules sanguins des Ar- thropodes. Il a imaginé une méthode très élé- gante consistant à injecter, chez les animaux en expérience, des cultures de bactéries pathogènes afin d'observer comment celles-ci se comportent vis-à-vis des phagocytes. C’est au cours de ces re- 1 Verk. Deuls. Zool. Gesell. 1894. : On peut citer, à l'appui de cette manière de voir, une disposition remarquable observée chez les Coccides mâles, dont l’ouverture buccale est oblitérée et qui, à la place des pièces masticatrices atrophiées, portent des yeux. 3 Ann. Sc. Nat. Zool., t. XIX. i C. R. Acad. Sc. Paris et Bull. Acad. Imp. Sc. Péters- bourg {%), t. XXXNTI. D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE cherches, faites surtout à un point de vue physio- logique, qu'il découvritchez différents Orthoptères {Acridiens et Locustiens) un fait nouveau et abso- lument inattendu: c’est la pénétration, dans le cœur, de tubes de Malpighi qui y décrivent plu- sieurs replis, puis passent dans la chambre péri- cardiale. L'étude anatomique des Insectes ménage rare- ment de ces surprises, car leur organisation est assez uniforme; en revanche, l'observation alten- live du genre de vie et desconditionsd’existence de cerlaines espèces fournit souvent des résultats fort intéressants. Tels sont ceux que Künckel d'Her- culaïs, dont l’autorité est grande en cette malière, a résumés, l’an dernier, dans diversesnotes !. Cest d’abord une étude sur la phase dite pseudochrysalide des Insectes vésicants à évolution retardée, où il établit que la prétendue hypermétamorphose est comparable à un enkystement et ne s’ac- compagne jamais de phénomènes d'histolyse ou d'histogenèse : aussi Künckel propose-t-il de rem- placer ce terme, très impropre, par celui d'yp- noilie, qui exprime d'une manière plus exacte l’ar- rêt de développement subi, C’est ensuite une série de travaux sur les Diptères parasites des Criquets d'Algérie. L'un de ces Diptères, un Bombylide. rappelle, dans son développement, les Coléo- ptères vésicants, car il passe l'hiver en hypnodie. La proportion de ces Diptères parasites est plus élevée dans les gisements du Tell (38 °/,) que dans ceux des Hauts-Plateaux {8 °/,); et, comme ils jouent un rôle considérable dans la destruction des Sauronotus, on s'explique pourquoi le Tell est la région subpermanente et temporaire, et les Hauts-Plateaux, la région permanente d'habitat de ces Acridiens. D'autres Diptères, tels que le Sarcophaga clathrata, se développent à l'état de larve dans l'intérieur même des Criquets ; en ab- sorbant l'oxygène, en dévorant le tissu adipeux de leur hôte, ces larves amènent une insuffisance gé- nérale de la nutrition qui produit l’atrophie des organes génilaux. C’est un nouvel exemple de cas- tralion parasitaire. Il est inutile d'insister sur l'in- térêt que nous avons à connaitre exactement le genre de vie de ces parasites qui pourraient être des auxiliaires très précieux dans la lutte contre les Criquets. Les Anthony et les Tdiu. qui ont la propriété de fouir la terre pour y déposer leurs œufs, détruisent également un grand nombre de sauterelles grâce à leurs larves oophages. Or, Künekel a observé que, si ces Diplères sont capa- bles de pénétrer dans les terres fortes. ils sont impuissants à traverser les sols légers. D’où il ré- sulte que les œufs de Criquets placés dans les ter- \ C. R. Acad. Se. Paris, t. CXNIII. . loppement extérieur de cet animal. utilisent surtout leur respiration pulmonaire, qui res fortes pourront être détruits par les parasites, À tandis qu’il importe de surveiller attentivement … les gisements d'œufs situés dans les terrains sa- blonneux, qui seuls produisent de véritables ar mées de sauterelles, | V. — VERTÉBRÉS. Semon ! vient de faire paraitre le premier fascicule d'un ouvrage consacré à l'étude des matériaux recueillis par lui en Australie et" dont la partie la plus importante comprendra l'exposé au développement du Ceratodus, de V Hat- lerir, des Monotrèmes et des Marsupiaux. Tous ces » types sont, en effet, très anciens et Hæckel a pu, à Juste titre, lesappeler des/ossiles vivants : aussile plus grand intérêt s'attache-{-il à la connaissance de leur * embryologie. ; Le premier fascicule qui vient d’être publié est relatif au Ceratodus, type intermédiaire entre les Batraciens et les Cyclostomes, et traite du genre de vie, de la segmentation de l'œuf et du déve- Contrairement à l'opinion générale, il n'y à qu'une seule espèce de Ceratodus, le C. Forsteri, car le Barramunda, qu'on croyait être une deuxième espèce, est un Osteoglossum. Actuellement les Cera-. lodus sont localisés dans deux cours d’eau du Queensland et ne se trouvent nulle part ailleurs en. Australie. Ces cours d’eau, qui, au moment des pluies, charrient d'énormes masses de liquide, sont presque à sec pendant une partie de l’année; les Ceratodus se réfugient alors dans les trous où l'eau stagne. Ils ne s’enfoncent jamais dans la vase, comme on l’admettait, et c’est à ce moment qu'ils. $ leur permet de vivre pendant très longtemps dans de l’eau non renouvelée et même souillée par des malières organiques; mais ils meurent très rapi- dement hors de l'eau et ils ne partagent pas du tout avec les ZLepidosiren la propriété de passer l’élé Fe hors de l’eau, enfouis dans la vase: Vienne une È année de sécheresse exceptionnelle, qui dessé-« cherait complètement les deux seuls cours d'eau " où on le trouve maintenant, et le Ceratodus dis- ‘ parailra pour jamais, ainsi qu'il a déjà disparu, # sans doute pour la même raison, des autres cours + d'eau d'Australie. 4 L'œuf du Ceratodus est entouré d’une mem-" brane gélatineuse résistante. La segmentation 3 qu'il subit rappelle, dans ses grands traits, celle de | l’œuf des Ganoïdes et surtout des Batraciens. Il sé 4 forme une invagination gastrique et le blastopore se prolonge sur la face dorsale de embryon, vers ! Zool. Forschungsreise in Australien und dem Malaischen | Archipel. Bal. fermant, pour le moment, que des données sur le développement extérieur du Ceratodus, la partie la lus; c, embryon au moment où il sort de l'œuf. plus importante de son travail est réservée pour ün autre fascicule. Néanmoins, on peut déjà en re- lenir cette conclusion très importante, que, d’une manière générale, le développement du Ceratodus séloigne de celui des Ganoïdes, tandis qu'il pré- te des affinilés très étroiles avec celui des Ba- raciens, d’une part, el avec celui des Cyclostomes, de l'autre. “ Semon ! vient de résumer, dans une note préli- Minaire, ses recherches sur les membranes fœtales des Monotrèmes et des Marsupiaux. Je crois préfé- able d'attendre, pour en parler, la publication de on travail définitif et je me contenterai de signaler disposition des membranes chez le Phascolarctus creus, dont l’allantoïde, lrès développée et vas- ularisée, sert à la respiration, disposition bien différente de celle qu'on a observée chez d'autres 1 Verh. deuts. Zool. Gesell. 1894. Fig. 10. — Développement du Ceratodus Forsteri d'après Semon. — a, formation des replis médullaires “on apercoit une ligne onduleuse 0 qui prolonge le blastopore; b, embryon, dont l'extrémité céphalique est dégagée du vitel- Marsupiaux et qui rappelle le type des Placentaires inférieurs. - VI. GÉOGRAPHIE ZOOLOGIQUE ET ÉTUDE DES FAUNES. On sait que la division proposée par Wallace en six grandes régions zoologiques a été quelque peu critiquée et qu’en particulier certains naturalistes se sont élevés contre la séparation des régions Palæarctique et Néarctique qu'ils réunissent en md nn LE CCE É (m) entre lesquels uue seule région appelée Holarclique. C'est pour répondre à ces critiques que Wallace ! a examiné de nouveau la distribution des Oiseaux et des Mammifères dans les régions en question. Il trouve que, pour les Mammifères, les régions Palæarctique et Néarctique renferment respecti- vement 58 °/, et 56 °/, des genres qui n'existent pas dans l’autre région. Pour les Oiseaux, il y a plus des 2/3 des genres Palæarctiques et un peu moins des 2/3 des genres Néarctiques qui ne se trouvent pas dans l'autre région. Ces chiffres justifient suffisamment, d’après lui, les divisions qu'il a établies. A la vérité, ces chiffres sont exacts, mais Wallace a négligé d'indiquer que beaucoup des genres pro- pres à la région Néarctique s’y trouvaient localisés dans une portion restreinte. C'est ce que n'a pas Nat. Sc., vol.-IV. 280 manqué de faire ressortir Carpenter ! qui, repre- nant une idée déjà émise par Merriam *, démembre la région Néarctique en deux parties : l’une, qu'il appelle Poréale, comprend le Canada et la partie septentrionale des Etats-Unis, et l’autre, qu'il ap- pelle Sonoréenne, s'élend jusqu'aux limites de la région tropicale. Or il y a une très grande analogie entre la faune septentrionale de l'Amérique du Nord et celle de l'Europe et de l'Asie tempérées, tandis que la région sonoréenne possède une faune tout à fait à part. Les chiffres suivants, donnés par Carpenter, font neltement ressortir celte diffé- rence : MAMMIFÈRES [OISEAUX D'autres groupes d'animaux, les Reptiles par exemple, fournissent des résultats analogues, et j'ajouterai que l’élude de la répartition des Scor- pions a également conduit Pocock * à admettre l'indépendance de la région Sonoréenne. Aussi Carpenter propose-l-il d'appliquer le nom d’Holare- tique, ou de Grande région septentrionale, à l'ensemble desrégions Palæarctique et Boréale, et de faire de la région Sonoréenne une deuxième grande région ayant la même importance et la même indépen- dance que la première. Celle division très ration- nelle sera évidemment adoptée de préférence à celle de Wallace. Faunes marines. — Les progrès réalisés depuis quelques années dans la laxonomie des Eponges et qui sent dus en grande partie à l'étude des formes rapportées par le Challenger, sont tels que celui qui s'occuperait aujourd'hui de ces animaux en suivant les travaux de Bowerbank, de Haeckel et d'O. Schmidt, ne serait plus compris et semblerait, comme le dit Topsent, parlerune langue morte. L'ou- vrage de Bowèrbank se trouvant dans toulesles bi- bliothèques et servant encore aujourd'hui de base à la détermination des Eponges de nos côtes, il faut savoir gré à Hanitsch * et àTopsent* d’avoir cherché à le rajeunir en publiant, en regard des anciennes dénominalions, les noms conformes à la nomencla- ture actuelle. Topsent a fait, en particulier, une revision complète des espèces de Bowerbank : il a D' KR. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE supprimé les noms inuliles et établi la synonymie des autres. LE: Ce même auteur commence la publication d'une monographie des Spongiaires de France ‘. il admet la classification des Eponges en Cwrarea, Triden norix, et Désmospongia, ces dernières divisées elles=M mêmes en Zetraclinellida, Monasconida, Curnosa @lM Monoceratinu. La monographie des Tétractinellidésm vient de paraitre. En publiant la série de mono graphies qu'il annonce el pour la rédaction des= quelles il possède une compétence toute spéciale, Topsent comblera une grosse lacune et son œuvré sera appréciée à sa valeur par les zoologistes de profession, auxquels elle permettra d'aborder le détermination, si difficile, des Eponges de nos côtes. J'en pourrai dire autant des travaux du baron de Saint-Joseph? qui poursuit, depuis de longues années, l’étude des Annélides des côtes de Bre tagne et qui a publié successivement en 1887, 1888» et 189%, trois mémoires renfermant de nombreuses observations sur les formes observées par lui. C'eslk peut-être le dernier mémoire qui renferme les | parties les plus neuves et les plus originales. Je veux parler des chapitres consacrés aux Polychètes sédentaires dont la classification a élé complètes ment remaniée. De Saint-Joseph a ulilisé, pour l’établir, les caractères Lirés des plaques unciales M} dont l'application avait élé tentée récemment par Marenzeller; lestableaux qu'il donne permettront aux zoologistes d'arriver facilemént à la détermina lion de ces Annélides. Je signalerai encore, en parlant des travaux rela tifs à la faune de nos côtes, l'excellent ouvrage de Joubin * sur les Némertes qui est, comme les pré- cédents, un travail de Zoologie pure. C'est le pre mier volume d’une collection qui, sous le titre de Faune Francaise, comprendra une série de mono: graphies où chaque spécialiste trailera un groupé d'animaux, et qui parait sous les auspices de Raphi Blanchard et J. de Guerne. Le livre de Joubif inaugure cette série de la manière la plus brillante Les publications relatives aux grandes exploras lions marilimes continuent à se succéder, moins nombreuses peut-être que les années précédentes! je n’en citerai que quelques-unes. Quelques fasck cules de l’'Expédition du ?/unklon ont paru; ils se rapportent notamment aux Salpes ‘ el aux Méduses Craspédotes *. Des notes préliminaires sur les Hydraires, les Turbellariés, les Schizopodes, les Alcyonnaires, les Pantopodes, les Opisthobranches" 1 Nat. Sc., vol. Y. ? 1b., vol. III. 3 Ib., vol. IV. 1 Transact. Liverpool Biologic. Soc., vol. VIL. 5 Rev. Biol. Nord de la France, t. IN. 1 Arch. Zool. Exp, 3° série, t. IL. 2 Ann. Sc. Nat. Zool., 4e série, t. XVII. 5 Les Némertiens, Faune Française, Paris 1894. i Ergebnisse der Plankton Expedilion, Bd. IT, 1894. 5 Ib, PNR LE) PT, TR DSP PA On, TE pre, di die te à À ts ml Mic fs Mi TANT Eng DEP À us ÊRS AS a : D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE PIN LS et les Mollusques recueillis par l'A/batross ont été publiées par Clarke, Woodworth, Ortmann, Studer, Schimkewitsch, Bergh et Stearns !. Les Crustacés cueillis par lZnves- x tigator dans l'océan sques par Schmidt * les Echinodermes - des mers polaires ter- mine la série des pu- blications de l'Expé- . dition Norwégienne au Pôle Nord *. Les _ Crustacés de l’Æiron- delle, étudiés par Mil- _ne Edwards et Bou- _vier, font l'objet du _ seplième fascicule des Résullats des campa- “ges scientifiques du Prince de Monaco, publication toujours “éditée avec le plus grand luxe. La place me manque pour fai- re une revision de ces différents travaux, el je ne puis faire une mention spéciale que pour un petit nom- bre d’entre eux. - Ayant eu entre les mains les échantil- lons des Crustacés re- eillis par le Blake, le Æassler, le Travail- ont pu entreprendre Sur les Galathéidés in travail d'ensemble ui renferme des do- uments fort intéres- Sants ©. L’anatomie montre que les trois fa- illes (Gutatheidés, Diptycinés et Æyléinés) com- 4 Bull. Mus. Comp. Zool. at Harward College, vol. XXY. > Ann. Mag. Nat. Hist. (6), vol. XII et XIII. 8 Jb. va Journ. Asiatie Soc. Bengal, vol. LXII. Den Norske Nordhavs Expedilion,t. XXII. © Ann. Sc. Nat. Zool., % série,t. XVI. m prises dans cet ordre ne dérivent pas l'une de l’au- tre, mais proviennent chacune d’une forme macrou- rienne primitive, qui s’est séparée des Pagures pour donner les Ga- lathées. Boas a déjà montré que cette for- me commune devait se rattacher aux As- taciens. . LesGalathéidésont des représentants à tous les niveaux, de- puis les Porcella- riens qui sont exclu- sivement côliers et les Galathées litto- rales, jusqu'aux for- mes des grandes pro- fondeurs. C’est dans les régions moyen- nes, vers 1.000 ou 1.500 mètres, que le groupe parail avoir trouvé son niveau de prédilection; c’est là qu'habite le genre Galatheu, qui est le type le plus primitif. Cette zone moyenne semble avoir été le point de départ des Galathéidés, départ qui s’esteffectué dans deux directions difré- rentes : en rétrogra- dant vers les côtes,les Galathées ont donné les Porcellaniens ; en s’enfonçant dans les profondeurs, elles sont devenues les Munidés qui passent aux formes aveugles des grands fonds. Il est curieux de cons- taler que cette évo- lution est différente de celle des Pagu- riens : car c’est dans les grands fonds qu’on trouve les Pagures les plus primitifs, voisins des Ma- croures !. L'étude de la répartition géographique des Gala- théidés nous apprend que ces Crustacés sont t; (d'après Ludwig.) è en avan A œ Le] . — Pelagothuria natatrix. — En a le disque natatoire est reployé en arrière; en à il est diri Fig. 11 ! Report Results of Dredying by the U.S. Steamer « Blake ». Mém. Mus Comp. Zool., vol. XIV. 282 D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE représentés par les mêmes genres dans les deux grands bassins océaniques Atlantique et Indo- Pacifique; la séparation de ces deux bassins, c’est- à-dire la formation de l’isthme de Panama, s’est donc effectuée à une époque récente où tous les genres de l’ordre étaient déjà disséminés et elle ne remonte pas à l'époque précrélacée, comme le croyaient d'abord Milne Edwardset Agassiz. Une fois cette barrière élevée, des différences très sensibles, mais purement spécifiques, se sont produites. Ce sont également des différences de même ordre qu'on observe entre les Galathéidés des côtes E. et O. de l'Atlantique. Dans la Revue de Zoologie de 1894, j'ai dû me borner à indiquer la découverte d’un genre très curieux d'Holothurie pélagique que Ludwig avait rencontré parmi les Echinodermes recueillis par Agassiz dans le Pacifique. Le travail complet de Ludwig sur les Holothuries de l’'A/batross venant de paraitre !, je puis donner quelques détails sur ce singulier animal. La Pelagothuria natatrix (fig. 11 ressemble extérieurement à une Méduse ; son corps proprement dit, cylindrique, a une longueur de > centimètres environ; en avant, il s’aplatit et s'élargit en un grand disque ayant 8 ou 9 centimé- tres de diamètre, soutenu par un cerlain nombre de rayons qui se prolongent en dehors du disque comme autant de filaments. Ludwig s'est assuré que ce sont les vésicules ambulacraires des tentacules péribuccaux qui, fai- sant hernie à travers les téguments, se prolongent au dehors et s'allongent corsidérablement pour constituer ces rayons. L'organisation interne esl très simple et l’on pourrait être embarrassé sur la place à attribuer à cel être singulier, si la forme du tube digestif, qui offre deux courbures, et la présence d'un système aquifère, très reconnais- sable, quoique réduit, n’indiquaient ses affinités. Ludwig admet que les Pélagothuries sont des Élasipodes devenus pélagiques et qui ont perdu les tubes ambulacraires, l'anneau calcaire pharyn- gien et les corpuscules des téguments, dès que le disque nalatoire s’est constitué. Les exemplaires de Pelagothuria ont été capturés entre Panama et les iles Galapagos, par des pro- fondeurs variant entre 700 mètres et 2.000 mètres : ce sont donc des pélagiques profonds. Les travaux d’Apstein? sur les Thaliacés et de 1 Ib., vol ? Loc. cit. XVIL: Maas!' sur les Craspédotes de l’Expédition du Planklon, fournissent des renseignements sur la” répartition bathymétrique et géographique de ces ! animaux, Le courant de Floride et le Gulf Stream, forment une barrière naturelle divisant l'Océan em deux grandes régions distinctes : une région froide au Nord, el une région chaude au Sud de celte ligne. Les Salpes sont presque exclusivement desM habitants des mers chaudes; quand elles s’aventul rent jusqu'aux régions seplentrionales, c’est tou jours dans des courants chauds. Ce sont aussi des animaux de surface. Les observations de Chun etl de Dohrn, qui ont trouvé en Méditerranée des Salpes à des profondeurs de 600 à 1.300 mètres, nés sont qu'en contradielion apparente avec cette as Le ne descend pas au-dessous de 13° en Méditerranée lundis qu'elle s’abaisse bien au delà de ce chiffre danslesocéansouvertsoüules zones profondes, etpan conséquent froides, ne peuvent pas abriter des animaux qui recherchent les eaux chaudes. sensibles que les Salpes aux changements de tems= péralure et elles peuvent s’enfoncer à plusieurs centaines de mètres, bien qu'on les trouve assez rarement dans les profondeurs. Mais la faune des eaux froides est toujours très distincte de celle des par le Rhopalonema velatum et divers Liriope. Les Appendiculaires et les Alciopides offrent dans leur répartition des différences de même ordre. D'autre part, on observe que telle espèces qui, dans les mers froides, vil à la surface, se rens, contre à 200 ou 300 mètres de profondeur dans les mers tropicales. Aussi Maas?, qui s'est particuliè= asserlion, peul-être exacte, semble un peu prém 1 turée et elle n’est pas basée sur un nombre sufss fisant de faits pour qu'on puisse l'accepler dèsi maintenant sans réserve. D' R. Kœhler, Professeur de Zoologie 1 Loc. cit. LA 2 The effect of temperature en the distribution of marine, animals. Nat. Se., vol. V. à ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 283 C'est un problème bien difficile et bien digne d'exci- 7 sans cesse l’insatiable curiosité de l’homme que le ioblème de l'électricité, Aussi n’est-il point de phéno- ènes plus étudiés et, en même temps, plus utilisés que ceux qui s’y ratiachent, Nous employons l'électri- ité à tous les usages. lei, elle nous donne la lumière ou la chaleur; là, elle fait tourner nos machines et tra- “ailler nos outils; là encore, elle transmet à travers Pespace, à travers lesmers mêmes, nos pensées etnos pa- roles. Nous lui attribuons aussi, parfois avec un peu trop enthousiasme, il faut l'avouer, la faculté de guérir un n nombre de maux, Les chercheurs, mettant à profit s merveilleuses propriétés, torturent, avec son aide, a matière et l’obligent à former des composés inconnus usqu’à nous ou à nous livrer des corps nouveaux. Et, ose étrange, cet agent dont nous avons fait notre do- le et continuel auxiliaire, nous est absolument in- manu. Nous ignorons sa nalure et c’est vainement que, squ'à ce jour, nous nous sommes demandé par uciles mystérieuses aclions il produit les effets que nous utilisons, Mais notre espoir en la science esl nace ; sans être jamais découragés, les savants. con- uent à chercher obstinément; ils serutent les moindres détails dans les manifestations des phéno- ènes et leur demandent sans relâche le mot de la belle énizme. Nous suivons ces recherches d’un œil entif et patient, persuadés qu’elles seront Lôt outard buronnées de succès. ‘Une conférence faite par le Pr J.-J. Thomson devant Royal Intitution of Great Britain est, à ce point de vue, rticulièrement intéressante. Elle traite des décharges ectriques à travers les gaz; or, les phénomènes qui ous permettent le mieux de préciser l’action de l’élec- Bicité sur l'infiniment petit de la matière, sur la molé- aile, semblent devoir être surtout d’une très grande Hécondité. Les expériences citées peuvent se diviser en deux ties : celles qui ont rapport au passage de l’électri- du gaz à l’électrode ou réciproquement, et celles sont destinées à montrer les propriétés de l’effluve quand le phénomène se produit dans un milieu entière- ment gazeux. : Prenons un tube à décharge, long d'environ 14 m. 50 bobservons, au moyen d’un miroir tournant, le pas- Sage d’une étincelle due, par exemple, à la rupture du cuit primaire d’une bobine d’induction. Nous cons- läterons ainsi que l’illumination suit, à travers le tube, direction du courant, c'est-à-dire qu'elle prend Maissance à l’électrode positive et se dirige avec une sse énorme vers l’électrode négative. Mais, arrivée à te dernière, elle semble rencontrer un obstacle. ne disparait pas brusquement dans cette électrode mme un lapin dans son trou, dit M. J.-J, Thomson Au contraire, elle hésite un moment avant d'y entrer. ar suite de ce retard, il y a accumulation d'électricité iSitive autour de l’électrode négative et la chute de tentiel peut y atteindre 200 ou 300 volts. L'électricité mble donc avoir beaucoup de difficultés pour passer Un gaz dans un métal: Quelques expériences peuvent! montrer plus clairement encore : soit un long tube à harge en travers duquel est fixéeune mince feuille platine (fig. 1); un petit canal semi-circulaire en communication avecun tube barométrique relie les deux ions séparées par la feuille de platine. La décharge, laulieu de passer à travers celle-ci, prend la route beau- Coup plus longue du tube auxiliaire. Si nous élevons la # ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES LES DÉCHARGES ÉLECTRIQUES A TRAVERS LES GAZ, — L'EFFICACITÉ DE L'ELECTROCUTION cuvelte inférieure de manière à fermer par un bourre- let de mercure ce tube auxiliaire, la décharge est obligée de traverser soit la lame de platine, soit le bour- < T > relet de mercure, ou encore \ ) de traverser l’un et l’autre; Dé aussi la voyons-nous refluer totalement ou en partie vers le tube principal. Remplacons le diaphragme métallique par une mince feuille de mica; la cuvette étant baissée, la décharge passera encore par le tube auxiliaire. Mais, quand celui- ci est obstrué par du mercure, elle traverse le mica plutôt que le métal. Une autre expérience metlra le même phénomène en évi- dence. Deux longues électro- des rectilignes sont fixées à un vase sphérique (fig. 2), de telle sorte que lextrémité d’une électrode soit à une grande distance de son point m de jonction avec le verre. Si, partiments sont reliés après le vide partiel, nous ÿ l’un à l'autre par un faisons passer uncourantaller- ‘Jutage A er if l’effluv lieu de iail- que support un tube natif, EOUMES Gr HE EE barométrique vertical. lir entre les extrémités des Ce dernier tube plonge deux électrodes, ira de l’extré- dans une éprouvette milé de l’une à l'endroit où remplie de mercure. l’autre entre dans le verre, préférant à un chemin métallique un chemin beaucoup plus long à travers le gaz. Une observalion intéressante faite, dans le même ordre d'idées, par les Professeurs Liveing et Dewar est que la lumière produite par une décharge qui passe à travers un gaz contenant des poussières métalli- ques n’en présente nulle- ment les raies lorsqu'on l'examine au spectros- ec: cope, ce qui prouverait que les ondes électriques et lumineuses évitent de contourner le métal. La difficulté que l’élec- tricité positive rencontre pour passer du gaz à l’é- lectrode dépend, comme il fallait s’y attendre, de la nature du gaz et de celle de l’électrode; elle varie selon leur position relative au point de vue électro-chimique. Prenons, par exemple, une ampoule contenant deux électrodes fixes et une électrode mo- bile reliée à un électromètre, ampoule que nous pouvons remplir de différents gaz. Employons d’abord des électrodes métalliques et de l'oxygène. L'élec- trode mobile recoit une charge positive, en quelque en- droit de l’ampoule que nous la placions. Si, au con- traire, nous employons de l’hydrogène à la pression atmosphérique, la charge de l’électrode mobile sera po- sitive dans les parties de l’ampoule éloignées de l'arc Fig. 1.— Tube à décharge. — Le tube est horizon- tal et séparé en deux compartiments égaux par une mince cloison verticale de platine ou de mica. Les deux com- Fig. 2.— Ampoule à décharge. — Les deux électrodes sont rectilignes. Les lignes cour- bes représentent les trajec- toires de l’effluve. 284 ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES et négative dans les parties qui en sont rapprochées. Quand la pression diminue, la région négative se con- tracte et disparait complètement vers un tiers d’atmo- sphère. Si, dans ces conditions, nous remplacons les électrodes métalliques par des électrodes en cuivre oxydées à la surface, nous obtenons dans toute l’am- poule une charge positive. Considérons, maintenant, non plus une décharge pas- sant d'un gaz à une électrode ou réciproquement, mais une décharge restant, pour ainsi dire, emprisonnée dans le milieu où elle a pris naissance. L'ingénieuse disposition employée par le P' Thomson pour produire une telle décharge est représentée schématiquement par la figure 3. Les deux pôles d’une machine de Zimshurt sont en communi- ur, + 15 cation avec les armatures in. térieures de deux bouteilles de Leyde (parties droite et gauche de la figure) dont les LE | armatures extérieures sont | [bus | E reliées par un fil métallique l'A LA) formant bobine. On charge | la machine de Wimshurt jus- \ qu'à ce que l’étincelle Jail- ee lisse entre ses pôles. La dé- = charge des bouteilles de Ley- Fig. 3. — Dispositif pour de est, on le sait, oscillatoire, produire dans une äm- et la bobine métallique est poule à, décharge un \arcourue par des courants ie intérieur. — À Sinusoidanx excessivement voient deux électrodes Tapides. Le nombre des pé- terminant chacune une riodes que l’on produit ainsi, bouteille de Leyde. Par quoique moins grand que ce- leur armature extérieure Jui donné par la disposition ces bouteilles sont re- de Hertz, est au moins égal liées l'une à l'autre au à plusieurs millions par se- moyen d'un fil enroulé, en un point de son par- cours sous forme de bo- bine. A l’intérieur de la bobine se place une am- poule à décharge, non représentée ici. conde. Si, dans la bobine, nous placons une ampoule remplie de gaz raréfié, elle jouera le rôle du circuit se- condaire d’untransformateur, et des courants, dont la direc- tion sera perpendiculaire à l'axe de la bobine, y prendront naissance, Ces cou- rants sont décelés par un auneau cireulaire brillant. Si le gaz est de l’air, le spectre de l'anneau change complètement avec la pression. M. Newali, qui a fait quelques travaux sur ce sujet, a trouvé que vers 0, 12» de pression, le spectre était celui de l’azote, puis, au- dessous, celui du mercure, et ensuitevient une couleur. verlt-pomme qui semble due à un composé sulfuré pro- venant de l’acide sulfurique qui a servi à dessécher le gaz!, Le spectre du mercure s'explique par l'emploi de la pompe à mercure, A une pression intermédiaire entre celle qui révèle le mercure et celle qui révèle le composé sulfureux, on trouve un mélange des deux spectres; mais le dernier semble mieux caractérisé près de la surface de l'anneau. Si ampoule contient de l'oxygène pur, l'anneau est remplacé par une sorte d'incandescence totale de cou- leur variable donnant un spectre continu coupé de raies brillantes. Le cyanogène produirait des effets analogues, ainsi d’ailleurs que tous les corps capables de se polymériser. Y aurait-il, d’une part, formation, sous l'effet de la décharge, dela modification polymé- rique, et, d'autre part, retour graduel à l'état primitif? Et cette action chimique produirait-elle une lumière phosphorescente? Peut-être ; en tous cas, l’incandes- cence de loxygène disparait aux températures où l'oxygène ne peut plus exister. Il est possibleencore de montrer que ladécharge élec- trique est très mal conduite par les métaux. Au lieu d'une bobine métallique, on en dispose deux, côte à 1 Ce spectre vert-pomme est en réalité celui de l'ergon. Voir Revue générale des Sciences du 15 mars 1894, p. 249: NEwaALL : Spectre de l’argon. nl côte (fig. #). Une ampoule à gaz raréfié, placée dans l’'u d'elles, sert de galvanomètre: En effet, l'éclat de la dé” charge est une fonction de l'intensité du courant qui. parcourt la bobine. Si nous placons une ampoule dans! la seconde bobine, elle absorbe une portion de l’éner=1 gie due à la décharge; cette absorption amène une dimisi nution dans l'éclat de la première ampoule. L'effet dépend de la conductibilité du corps placé dans la se conde bobine, quoique ne lui étant pas directement\ proportionnel : en effet, un conducteur parfait ne de= vrait pas produire de diminution d'éclat, pas plus qu’un | Corps qui serait absolument non-conducteur. Pouru périodicité et des dimensiens données, il y a une cons. ductibilité qui produit l'effet maximum, Un morceau dt laiton, c'est-à-dire d’excellent conducteur, placé dan la seconde bobine, n'a presque pas d'effet sur la pre= mière; un conducteur médiocre peut, au contraires faire disparaître presque complètement l’illuminalio L. : . | AGE h C9 9 o o | / WE AN + { ( KT RE Fig. 4. — Modification du Fig.5. — Dispositif pour. disposilif précédent. — Le fil reliant les bouteilles de Leyde forme deux bo- bines. monter les varialions de conductibilité élec- lrique d'un gaz sui « vant la pression. Comparons les effets dus à une ampoule à gaz raréfiéw et à une ampoule remplie d’une solution d'acide sul rique, Celle-ci produit un effet plus petit que la pres mière, Ce phénomène peut être dù a une conductibrlités plus grande ou plus faible. C’est la dernière hypothèse qui est bonne; car, si nous augmentons le degré de la solution sulfurique, la conductibilité croit, ainsi que | l'effet produit. À La conductibilité d’un gaz raréfié augmente jusqu'à une certaine pression limite, pour diminuer ensuite Une expérience très simple le prouve. L'appareil em ployé est représenté par la figure 5. Il se compose ded deux ampoules, dont l'une est intérieure à lautr à L'ampoule intérieure est remplie d'air à basse pres=M sion, tandis que, dans l’espace compris entre les deux ampoules, on a fait un vide aussi parfait que possiblem! L’ampoule extérieure contient un peu de mercure. La pression due aux vapeurs de ce métal est excessivement faible aux températures ordinaires, mais augmente, considérablement dès qu'on chauffe. Nous sommes» donc maitres de produire un degré quelconque de vides L’ampoule extérieure est entourée par la bobine de las figure 3. Quand l’espace compris entre les deux am poules est conducteur, il forme écran relativement aux courants de la bobine, c’est-à-dire que les courants. qui y prennentnaissance annulent l'effet d’induction sur l’ampoule intérieure. Au contraire, des courants d’in=\ duclion peuvent y prendre naissance si le milieu inter médiaire n'est pas conducteur, Nous pouvons ainsi observer que, lorsque le mercure est froid, le milieun intermédiaire est mauvais conducteur, mais que s& conductibilité augmente avec la température, | On trouve encore que, dans un champ magnétique la décharge est aidée lorsqu'elle marche dans le sens. des lignes de force et retardée dans le cas contraire. Que conclure de l’exposé de ces phénomènes? Pau», vons-nous en donner une explication satisfaisante? Le Professeur Thomson l'a partiellement tenté. Voici, par 4 exemple, celle qu'il propose à la suite de ses expé- ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 28 OC ences relatives à l'influence exercée sur l’effluve par nature du gaz et des électrodes : - « L’explication la plus probable de ces résultats me semble être l'hypothèse que le passage de l'électricité du #az à l’électrode ouréciproquement est facilité par la for- Mmation d’une sorte de composé chimique entre le gaz et e métal, Dans tous ces composés, le métal est l'élément Jectro-positif et se charge positivement ; le gaz est l’élé- nent électro-négatifet se chargenégativement. Considé- ons maintenant le cas où la charge négative est sur le Saz et la charge positive sur le métal; alors le gaz et le métal possèdent les charges qui leur sont propres et Sont parfaitement prêts à se combiner, c’est-à-dire ils favorisent, dans ce cas, le passage de l'électricité gaz au cuivre. Supposons, au contraire, que le gaz t électrisé positivement, le gaz et le métal ont alors les charges contraires à celles qui leur sont propres lürsqu'ils se combinent, et, avant que leur union puisse Jonner autre chose qu'un composé excessivement in- Stable, il faut qu'un phénomène auxiliaire ait lieu : c’est échange des charges. Ainsi, les conditions de la com- binaison du gaz et du métal sont plus complexes si le Léaz est électrisé positivement que s’il l’estnégativement, , par conséquent, en admettant que le passage de l’é- lectricité implique une sorte de combinaison chimique, nous voyons que l'électricité négative passera plus fa- cilement du gaz au métal que l'électricité positive, onsidérons maintenant le cas où le gaz était de l'hy- drogène, el les électrodes du cuivre oxydé, L'hydrogène combine alors, non avec le métal, mais avec l’oxy- ne pour former de l’eau, corps dans lequel lhydro- ne est l'élément électro-positif : c’est, dans ce cas, Phydrogène électrisé positivement qui est le plus propre à la combinaison. La conséquence est que la fœharge positive sera plus facilement abandonnée et la arge négative plus facilement conservée, ce qui est actement le contraire de ce qui se passe quand les électrodes sont en métal nu. » : Sans en discuter le fond, nous nous permettrons de ritiquer cette explication, L'emploi des termes élec- ricité positive et électricité négative ne nous satisfait bas. Ces termes correspondent à des hypothèses an- ennes qui ont rendu compte d’un certain nombre de its, mais qui ont dù ensuite être abandonnées, parce qu'elles étaient impuissantes à expliquer de nouvelles découvertes. Pourquoi donc les faire renaitre ici ? On a coutume, il est vrai, de les employer encore dans l’en- gnement; mais c'est beaucoup plus pour faciliter Pexposé des phénomènes que pour en donner une expli- ation véritable, Ce que nous aurions désiré comme sonclusion de ces intéressantes expériences, c’est une théorie large et élevée, ou tout au moins un essai de théorie, capable de rendre compte de tous les résul- lats connus et non point une explication partielle, sa- faisante seulement pour quelques-uns d’entre eux. est là le véritable et grand problème auquel, pen- ant plus d’un siècle, ont vainement travaillé les sa- ts et les penseurs depuis Franklin jusqu'à Maxwell ët Hertz. Sans doute, l’œuvre de ces deux derniers phy- Ciens marque un pas immense dans les conquêtes de a science. Mais Ja Nature détient encore une bonne tie de son secret. Non seulement nous ignorons le stérieux mécanisme des phénomènes électriques; is nous ne connaissons même pas de loi générale où nous les déduirions avec précision. Nous entre- “\oyons à peine quel rôle jouent dans la propagation de l'énergie électrique les corps que nous appelons ons conducteurs et ceux appelés diélectriques. Cependant, quelles que soient les difficultés que importe l’étude d’un tel problème, il importe d’avoir onfiance. L'histoire des sciences, bien qu'aucune d'elles ne soit encore parfaite, nous y autorise par de ümbreux exemples. Les astres semblèrent longtemps j | Û | ; | | | hos ancètres décrire dans l’espace des courbes capri- ieuses et compliquées que de nombreuses et étranges Ypothèses pouvaient à peine représenter grossière- hent. Nous savons aujourd'hui à quelles lois simples ils obéissent; nous tracons leur route avec une telle sûreté que Le Verrier à pu, les yeux fixés sur ses seules équations, dévoiler au monde étonné la présence dans le ciel d'une planète encore inconnue et détermi- ner sa position, ses dimensions et sa trajectoire. Les phénomènes dus à l’interférence ou à la polari- sation des rayons lumineux ne paraissaient-ils point, eux aussi, incompréhensibles? Fresnel, couronnant l'œuvre d’illustres devanciers, nous a doté d’une théo- rie rationnelle et féconde; nous expliquons les expé- riences anciennes, nous en prévoyons de nouvelles et la nature semble se conformer docilement aux résul- tats de nos calculs, Un jour viendra certainement où, à son tour, la science électrique, encore si confuse, s'illuminera d'une merveilleuse clarté. .Pour faire jaillir la lumière, il suffit de l’heureuse inspiration d'un homme de génie et, pour provoquer cette inspiration, de l'événement le plus futile en appa- rence, d'une pomme tombant aux pieds d’un Newton. On connaît la théorie qui a été émise par M. d’Arson- val sur l’effet du foudroiement. M. Louis Olivier l’a exposée ici même l'an dernier ! : il a décrit la série des phénomènes qui se produisent dans l'organisme soumis aux courants de haut potentiel et de grande fréquence, et il a montré, d’après les observations de M. d’Arsonval, que le mécanisme de la mort entraînée par ces courants peut être très complexe : il y a d’abord contraction rapide, puis contracture des mus- cles : les mouvements cessent, et, les poumons ne se dilatant plus, il y a asphyxie; au début de la période d'immobilité qui engendre l’asphyxie et avait fait croire à la mort réelle, l'organisme peut être rappelé à la vie par la respiration artificielle. Mais si, pendant qu'on pratique cette opération, on continue d’électriser l'animal en expérience, ce traitement élève la tempé- rature du corps au point de coaguler l’albumine du muscle cardiaque, et la mort ne peut plus être évitée. Aussi M. d’Arsonval nous dit-il : « Dans beaucoup de cas, la mort due au choc électrique n’est qu'apparente ; traitez le foudroyé comme un noyé, il y a beaucoup de chances pour que vous le rappeliez à la vie ». Pour cette raison l’éminent physiologiste mettait en doute l'efficacité de l’électrocution pour produire instantané- ment la mort. Comme ce mode d’exécution des crimi- nels était, depuis quelque temps déjà, employé dans l'état de New-York et tenu par les Américains pour un procédé élégant, une sorte de raffinement de civilisa- tion, Popinion de notre savant compatriote provoqua une véritable émotion aux Etats-Unis. Les Journaux s’en mêlèrent et organisèrent une longue campagne les uns pour soutenir l’électrocution, les autres pour la combattre.« Afin d’en finir avec un aussi peu attrayant sujet, dit un correspondant de l’Electrician ?, le gouver- nement de l'Etat résolut de nommer un Comité qui assisterait à une exécution par l'électricité et dont le rapport ferait foi vis-à-vis du public; M. A. E. Kennelly et le D' À. H, Goelet furent désignés pour cette mission, qu'ils accomplirent le 28 janvier dernier, Les résultats de leurs observations sont décisifs quant à l'efficacité de cette manière de déterminer la mort. Leur rapport dit que la mort vint « instantanément et sans dou- leur ». Nous ne mettons aucunement en doute lexac- titude des observations de MM. Kennely et Goelet: mais avaient-ils bien le droit de généraliser ? Il nous souvient d’un accident dont on parla beaucoup l’an der- nier : un ouvrier atteint par un courant alternatif à haute tension fut rappelé à la vie bien qu'ayant recu très tardivement les soins nécessaires et présenté pen- dant plusieurs heures tous les symptômes de la mort. On ne saurait donc être trop réservé quand il s’agit d'apprécier les effets immédiats de l'électrocution. A. Gay, Aucien élève de l'Ecole Polytechnique. 1 Revue générale des Sciences, 1894, t. V, pages 313 à 324. 2 No du 22 février 1895, BIBLIOGRAPHIE , ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques. Le Roux (J.), Professeur de Mathématiques spéciales au Lycée de Brest. — Sur les intégrales des équa- tions linéaires aux dérivées partielles du second ordre à deux variables indépendantes. Thèse pour Le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris. — 1 vol. gr. in-8 de 96 pages. Gauthier- Villars et fils, éditeurs. Paris, 1895. La thèse de M. Le Roux est un des meilleurs travaux qui aient élé présentés comme thèses dans ces der- nières années à la Faculté des Sciences de Paris. Elle fait le plus grand honneur à son auteur, qui, parti d’un modeste échelon dans l’enseignement primaire, avait cru bon de conquérir d’abord le titre d’agrégé et avait obtenu le premier rang au concours de 1889. C’est là pour nos jeunes travailleurs un encouragement et en mème temps un bel exemple de travail ordonné et per- sévérant qui, du reste, n’est point isolé dans notre Université. Ë k On sait quelle place tiennent aujourd'hui dans la science les équations aux dérivées partielles du second ordre et particulièrement celles qui ont la forme étu- diée par Laplace, Leur rôle dans les théories phÿsiques est déjà ancien et il s'affirme chaque jour ; MM. Dar- boux et Ribaucour leur ont rattaché quantité de ques - tions géométriques, et l’on sait que les belles Lecons de M. Darboux sur la Théorie des Surfaces roulent en grande partie sur ces célèbres équations. Malheureu- sement, le nombre de celles que l’on sait intégrer est assez restreint, ce qui fait que nombre de problèmes qui se ramènent en dernière analyse à ces équations restent en suspens, attendant chacun une solution nouvelle de chaque équation nouvelle que l'on saura intégrer. É . C’est donc vers cette intégration que doivent se porter actuellement les efforts. On connait les beaux résultats dus à M. Picard et notamment sa méthode des approximations successives qui est devenue, dans ses mains habiles, un instrument théorique des plus élé- gants. M. Le Roux fait servir cette méthode à la repré- sentation de l'intégrale générale au moyen de certaines intégrales particulières qui dépendent d’une constante arbitraire et qu'il appelle principales; si z (æ, y, à) est une intégrale principale par rapport à la variable x, l'intégrale définie à limite variable x, TC 2= f To Î (x) z (x, y, à) da est une solution nouvelle de l'équation, quelle que ‘soit la fonction arbitraire f (x). Il y a de même des intégrales principales par rapport à la seconde va- riable y. Les variables x, y sont les paramètres des caractéristiques. ne : j Toute intégrale de l'équation différentielle proposée admet ainsi une représentalion au moyen de deux intégrales définies dont elle est la somme ; il suffit de connaître une intégrale principale pour chacune des variables æ, y. Dans certains cas, la fonction z(æ, y, &) est principale à la fois pour les deux variables, et sa connaissance suffit alors pour l'intégration complète de l'équation, Tel est le cas de la fonction w, introduite par M. Darboux. L'auteur étudie avec détail les déve- loppementsen séries des solutions de l’équation, ainsi que leurs singularités, qu'il distingue en propres, acci- dentelles, mobiles. Les premières dérivent exclusivement des coefficients de l'équation différentielle ; les secondes dépendent au contraire des conditions aux limites ; les BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX dites mobiles. L'auteur élablit diverses propriétés de ces lignes critiques; il prouve, entre autres, ce théo-M rème que certaines intégrales, qu'il appelle normales, ne peuvent admettre d’autres lignes criliques acciden= telles que des caractéristiques. À: La troisième partie de la thèse de M. Le Roux a pour objet l'application des considérations théoriques des: deux premières parties à des exemples particuliers. Las célèbre équation d’Euler et de Poisson est la première à laquelle il s'attache. Mais les travaux de M. Appell et de M. Darboux ont déjà complètement résolu las question en ce qui concerne celle équation. Aussi M. Le Roux a-t-il tenu à montrer que sa méthode générale pouvait donner des résultats plus nouveaux, et c’est ce qu'il a fait de la facon la plus heureuse en intégrant complètement l'équation différentielle : où ÿ (y), 2 (æ) sont des fonclions quelconques de y et de x respectivement. Un aussi beau résultat clôt digne ment le remarquable travail. de M. Le Roux. Tous les géomètres lui sauront gré d’avoir donné une méthode générale véritablement capable de conduire à de résultats nouveaux. G. Kœxtes. Seguier (J.-A, de), — Sur deux formules fonda mentales dansla Théorie des formes quadratiques et de la multiplication complexe d'après Kronec-… ker. Thèse pour le doctorat ès sciences mathémathique de la Facullé des Sciences de Paris. — 1 vol. in-8°, Gauthier- Villars et fils. Paris, 1895. Quatre parties différentes dans le vaste domaine des Mathématiques ont, pour le moment, le privilège pres. que exclusif de fournir les candidats docteurs de sujets de thèse. Ce sont : La géométrie (d’après le traité de M. Darboux sur les surfaces), les équations différentielles, les propriétés générales des fonctions (d'après MM. Poincaré, Picard,. Appell, Painlevé); les groupes continus de M. Lie. i Cesthéoriesont,eneffet, recu des maîtres de la science des accroissements considérables et récents. Cela les à mises à l’ordre du jour et, pour ainsi dire, à la mode. Rien de plus naturel et de plus légitime que les préfé-s rences des candidats. Mais, par contre, il est équitable de marquer d’une facon spéciale les thèses où le sujet est moins d'actualité. C’est Le cas pour MM. Padé (Revue. du 30 mai 1892), Auric (Revue du 15 septembre 1894), enfin pour M. de Seguier. À L'Arithmétique supérieure etses liens intimes et pro-l fonds avec les fonctions elliptiques passent à juste titre pour une des parties les plus ardues de la science. Lan matière a exercé la sagacité des plus illustres géo=u mètres et notamment de Kronecker. La publication" des œuvres du savant berlinois ne fait que commencer (voir dans la Revue du 30 novembre 1894 ma notice sur. la théorie des intégrales définies d’après KroneckerM) publiée par M. Netto). M: de Seguier semble avoir eux pour but de faire, pour la portion arithmétique de las, théorie des fonctions elliptiques d’après Kronecker, 1e même travail de coordination, avec perfectionnements partiels, que M. Netto pour les intégrales définies, La matière de la thèse a beaucoup de portions com munes avec l'ouvrage de Bachmann sur la théorie des, nombre (voir Revue du 15 mars 1895); mais M. de Seguiem approprie l'étude des formes quadratiques aux idées | plus récentes et plus profondes de Kronecker, Les rap: as FA : ea rés nr fo ports des formes quadratiques avec les fonctions ellip- tiques sont particulièrement mis en lumière à propos de la multiplication complexe. Gette opération consiste à construire les fonctions elliptiques de l'argument vu à l’aide des fonctions elliptiques de l'argument w, le multiplicateur # étant un nombre complexe, c’est-à- ire imaginaire. Voilà, à mon grand regret, tout ce que je puis dire, sur la très intéressante thèse de M. de Seguier, sans dépasser le cadre d’une simple notice. Les discussions de l’arithmétique supérieure sont peut-être les choses u monde qui se prêtent le moins à être résumées et analysées. On n’a guère que le choix entre une repro- duction presque intégrale et une espèce de table de matières, comme celle que je viens de dresser pour la présente thèse. LÉON AUTONNE. 2° Sciences physiques. Ear1 (Alfred), Late Scholar of Christs College at Cam- _ bridge. — Practical Lessons in physical Measu- rement (Lecons pratiques sur les mesures physiques.) — 1 vol. in12° de 350 p. avec 145 fig. (Prix : Relié, 6 fr. 25). Macmillan and C°, éditors. London and New- York, 1895. 11 est peu de physiciens, parmi ceux qui ont oublié leurs propres débuts, qui n'aient été plus d’une fois sur- pris en voyant l'embarras d’un candidat aux grades universitaires se trouvant pour la première fois en con- tact direct avec un appareil d'expérience. Cela tient à ce que l’enseignement ne ménage aucune transition entre les cours uniquement théoriques, où le travail manuel est entièrement sacrifié au travail purement intellectuel, et le laboratoire, dans lequel on applique Ses cinq ou six sens à l'étude de problèmes qui dépas- sent déjà les éléments. C’est cette transition que l'auteur a voulu ménager, et l'ouvrage qu'il offre à ses confrères est le résultat des essais qu'il a tentés dans son enseignement pour combler une lacune qui l'avait aussi frappé. L'ouvrage part des premiers éléments pour s'élever graduellement aux notions plus complexes de la con- naissance, non seulement des méthodes de travail, mais surtout des idées en elles-mêmes. La méthode suivie d’un bout à l’autre de l’ouvrage est plus que simplement pratique; elle est philoso- phique en ce sens que l’auteur insiste, chaque fois qu'il introduit une notion nouvelle, sur le procédé sensoriel et intellectuel qui nous en donne la connais- sance. Cette voie ne peut être assez recommandée, dès que l’on possède les premiers éléments de la science, que l'on s’habitue trop à considérer comme une suite d’axiomes, ou tout au moins de faits acquis et indiscu- tables. Quelques exemplesferontbien comprendre la manière suivant laquelle l’auteur procède dans la plupart des cas. S'agit-il des méthodes d'observation considérées dans toute leur généralité, il montre que « la mesure directe n’enseigne rien de plus que l'égalité ou l'inéga- lité de deux quantités ». Plus loin, à propos de la défi- nition du temps. il fait observer que « des grandeurs différentes par leur nature peuvent posséder des points de ressemblance, qui permettent de les expliquer l’une par l’autre, ou, plus ordinairement, l’idée qui nous est le plus familière, en raison de notre expérience quoti- dienne, nous sert à mieux comprendre la notion la moins usuelle ». Le temps lui-même ne devient une notion nette que mis en rapport avec des changements qui surviennent dans les objets qui nous entourent, et fous ces changements doivent être comparés à une autre variation, de laquelle on a pu démontrer qu'elle s’ef- fectue avec une grande régularité. La discussion rela- tive au choix de cette variation nous fait parcourir de nouveau le chemin qu'ont dù franchir nos devanciers, ces génies trop oubliés, auxquels nous devons nos ins- truments de travail, et, avanttout, — je dirai même parmi ces derniers — une connaissance exacte d’une BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX PINOT TS 287 foule de choses si usuelles aujourd’hui que nous croyons en avoir apporté la notion en naissant. Tout cela est bon à dire au moment où l'étudiant va commencer à apprendre par lui-même; l’auteur aurait pu, sans doute, le dire en moins de mots, et il aurait dù éviter de tomber dans des erreurs comme celle que contient la phrase .suivante : « Des masses égales ne sont nécessairement égales que par l'égalité d'attraction que la Terre exerce sur elles. » Si nous passons à la païlie pratique de l’ouvrage, mêlée, du reste, pour chaque sujet, à la partie pure- ment didactique, nous aurons surtout à reprocher à l’auteur d’avoir perdu un peu trop de temps en exer- cices que l’on doit posséder absolument au sortir de l’école primaire; nous voulons parler du calcul des superficies et des volumes des figures les plus simples, comme le carré ou le cube, à moins toute- fois que l’usage du système britannique de mesures ne réussisse à rendre difficiles à saisir des notions qui nous paraissent évidentes. Ces quelques réserves faites, il nous parait que les exercices vraiment pratiques sont choisis et gradués de manière que l'élève qui les aura exécutés en y appliquant son intelligence et ses soins, en tirera le plus grand profit, aussi bien pour la connaissance des relations des grandeurs, que pour son habileté ma- nuelle. Par exemple, les figures géométriques sont évaluées non plus seulement en déplacant fictivement certaines de leurs parties de facon à simplifier le problème; on les découpe en réalité, et les dispose de manière à pou- voir les mesurer aisément. Un cercle est divisé en sec- teurs, que l’on rapproche ensuite pour figurer approxi- mativement un quadrilatère, dont la superficie est aussitôt estimée. Pour que la notion du plan entre dans l'esprit des élèves par deux sens à la fois (sans parler du sens olfactif), l’auteur recommande de distribuer à toute la classe de petits blocs de craie que chacun des élèves devra roder de facon à obtenir trois plans s’ap- pliquant exactement l’un sur l’autre; le procédé ne diffère pas en principe de celui que l’on emploie en optique, et, du même coup, les élèves y apprendront un tour de main. Les mesures plus complexes, que l'on peut exécuter avec des appareils d’une construction élémentaire, sont décrites dans un chapitre qui constitue comme le résumé de l’ouvrage entier. Nous avons dit en passant ce qui nous paraissait être des imperfections de cet ouvrage; il ne nous reste plus qu'à souhaiter de voir l’idée qui la fait naître de mieux en Inieux comprise. Ch.-Ed GuiLLaAuME. Preston (Thomas), Professor of natural Philosophy, University College, Dublin. — The theory of Heat (La théorie de la Chaleur). -— Un vol. in-8° de 7C9 pages. Macmillan and C°, Londres, 1895. L'auteur a voulu écrire un traité sur la chaleur com- prenant aussi bien les questions théoriques que les faits expérimentaux; mais il a tenu avant fout à rester à la portée de tous ceux qui n’ont qu'une éducation scien- tifique moyenne ; son livre ne s'adressant pas à une classe spéciale de personnes, telle que des candidats à un examen particulier, il avait toute liberté de déter- miner lui-même son plan, n’élant assujetli à suivre aucun programme, Il a pu ainsi laisser de côté cer- taines théories, ne pas insister sur la description d'expériences inutiles pour ceux qui désirent surtout avoir un tableau d’ensemble. Le livre commence par une partie consacrée aux diverses théories sur la nature de la chaleur, à l'exposé des propriétés générales de la matière ou de l'énergie; on pourrait peut-être pré- férer que cette introduction fût au contraire reportée à la fin de l’ouvrage, mais elle est très clairement écrite, très intéressante à lire. Viennent ensuite plusieurs chapitres consacrés à la thermométrie, la calorimétrie, les changements d’état, la propagation de la chaleur. 288 On trouvera consignés là les résultats les plus récents, décrites les méthodes de mesures les plus perfection- nées. La dernière partie est réservée à la thermodyna- mique ; elle constitue un traité élémentaire particuliè- rement soigné de cette science : elle renferme une exposition claire des principes fondamentaux et de leurs conséquences; des notions succinetes sur la fonction caractéristique de M, Massieu et le potentiel thermodynamique de M. Duhem. Lelivre du savant pro- fesseur de Dublin est, sans contredit, l’un desmeilleurs traités élémentaires que l’on ait écrits sur la chaleur ; il aura en France le succès qu'il a déjà obtenu en Angleterre. < Lucien Porxcaré. Ostwald (W.), Professeur de Chimie à l'Université de Leipzig. — Die wissenschaftlichen Grundlagen der analytischen Chemie. (Les bases scientifiques de la Chimie analytique.) — 1vol. de 187 pages, W. Engel- mann, Leipzig. 1895. On a trop souvent considéré la Chimie analytique comme une science plutôt empirique, faite de procédés plus ou moins perfectionnés, à tel point qu’un traité de chimie analytique n’est souvent apprécié qu’autant. qu'il fournit le plus grand nombre de solutions, — on pourrait presque dire de-recettes, — donnant la marche à suivre dans tel ou tel cas compliqué. M. Ostwald a cherché à réagir contre cette tendance et à montrer que les méthodes de Ja Chimie analytique, bien que nées exclusivement de l’expérience, sont la confirma- tion des principes de la Chimie théorique tels qu'ils ont été développés en ces dernières années, L'ouvrage comprend deux parties : la première, toute théorique, est relative aux opérations les plus géné- rales de laChimie analytique : le lavage des précipités, leur agglomération par Île repos, les méthodes de séparation par distillation fractionnée, les extrac- tions par des dissolvants, ete. Un chapitre spécial est consacré à la théorie des dissolutions, aux équilibres chimiques, aux réactions chimiques; l’auteur insiste avec raison pour montrer que ces conceptions peuvent souvent guider le praticien dans les opéralions que comporte la Chimie analytique. La seconde partie, relative aux applications, ne com- prend que des généralités sur les diverses méthodes qui servent à doser les bases et les acides ; toute cette partie est traitée au point de vue spécial de la disso- ciation électrolytique. Ce n’est évidemment qu’un lan- gage nouveau pour représenter des choses anciennes. Cette manière de faire, à coup sûr originale, ne man- quera pas de soulever quelques objections. Elle est cependant très suggestive, et, au point de vue purement didactique, elle a certainement des avantages dont tout lecteur impartial se rendra compte en étudiant l’ou- vrage de M. Ostwald. Les méthodes expérimentales n’élantesquissées qu’à grands traits, ilne faudra pas chercher dans cet ouvrage un traité complet de Chimie analytique; cela n’a du reste pas été l'intention de l’auteur. Cet intéressant petit manuel s'adresse surtout au praticien désireux d’étu- dier de plus près les principes sur lesquels on peut édifier aujourd’hui la Chimie analytique, ainsi qu'aux personnes curieuses de suivre de près le mouvement des idées en ce qui concerne l’enseignement de cette science. Ph. A. GUY£. 3° Sciences naturelles. Planchon (Louis), Docteur en médecine, Chargé du cours de Matière médicale à l'Ecole supérieure de Phar- marie de Montpellier. — Produits fournis à la ma- tière médicale par la famille des Apocynées. — 1 vol. yr. in-8° de 360 p. avec 25 fig. Imprimerie Hame- lin frères. Montpellier, 1895. Le travail que M. Planchon a présenté comme thèse au concours d’agrégation est une étude de matière BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX médicale; peu de familles naturelles fournissent plus de médicaments et de poisons que celle des Apocynées; mais la plupart des espèces appartiennent aux régions tropicales; elles nous arrivent difficilement, les pro- duits perdent leur efficacité en peu de temps, et sont assez mal connus pour que les fraudes (dont la phar- macie n’est pas exempte) s’yintroduisent facilement, Il en résulte que la thérapeutique, déroutée parfois par des insuccès attribués à une substance qu’elle n’a pas réellement entre les mains, abandonne l'emploi des substances les plus actives et les plus utiles, Ajoutons que l'analyse chimique n’est pas encore poussée assez loin pour qu'on sache tout le parti qu’on pourra tirer. des glucosides contenus dans les diverses parties de ces plantes. La famille fournit, en outre, à l’industrie des bois, des textiles, des matières colorantes, des caoutchoucs, etc. On y trouve des aliments à côté de poisons redoutables; il arrive même que, grâce à des phénomènes particuliers de localisation, diverses par- ties de la même plante aient des propriétés très diffé- rentes. Ajoutons encore que ces plantes sont répan-- dues dans presque toutes les régions intertropicales : l'Inde, la Malaisie, l'Amérique, les Antilles, l'Afrique centrale, Madagascar et les Mascareignes en possèdent un grand nombre. Il y a évidemment quelque mérite à tenter de mettre de l’ordre dans le chaos ; on ne refusera pas ce mérite à M. Planchon. Fidèle à son sujet, il a adopté pour cette étude un ordré arbitraire, le plus commode quand on ne se préoccupe pas de connaître le développement et l’évolution des objets étudiés. Il se trouvait en pré- sence d'une foule de produits qu'il se proposait de grouper. Il les a rapprochés d’abord suivant les organes qui les fournissent; il reconnait bien que cet ordre a l'inconvénient de séparer des espèces voisines, de scinder parfois en deux ou plusieurs fragments l'étude d'une même plante; mais cet inconvénient est inévi- table, Chacun des chapitres, consacrés aux fruits et graines, aux organes végétatifs, au latex et à ses pro- duits, etc., subit une nouvelle division d’après la dis- tribution géographique des végétaux dont il est question. Un index bibliographique et une table alpha- bétique étendue permettent de s'orienter au milieu du dédale des faits etdes descriptions dans lequel devront nécessairement s'engager, à la suite de M. Planchon, tous ceux qui s’occuperont de la matière médicale des Apocynées. Ch. FLartauzr. 4° Sciences médicales. Chareot, Bouchard, Membre de l’Institut, Profes- seur de Pathologie générale à la Faculté de Médecine de -Paris, et Brissaud, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, Médecin de l'Hôpital Saint-Antoine. — Traité de Médecine. Tome VI. — 1 vol. yr. in-8° de 1400 pages avec 220 figures. (Prix : 25 fr.). G. Masson, éditeur, Paris, 1895. Avec ce volume finit le Traité de Médecine, A son début en 1891, la publication de ce grand ouvrage avait remporté auprès du monde scientifique médical le plus légitime succès, Ses volumes successifs ont été accueillis avec une faveur croissante et attendus avec impatience, Le sixième tome clôt avec grand honneur cette publication. Entièrement consacré aux maladies du système nerveux, il est dû à la collaboration des plus estimés des élèves de Charcot. Chacun d'eux y à apporté le fruit de ses recherches favorites et la compé- tence qu'il s’y était acquise. ; : À C’est ainsi que M. Brissaud a écrit les chapitres im- portants des localisations cérébrales et les pages rela- tives aux questions générales : apoplexie, aphasie, . hémorrhagie cérébrale, ete. La pathologie du bulbe rachidien a été exposée par M. Guinon, à qui l'on doit aussi les méningites, les compressions médullaires et la syringomyélie, M. Pierre Marie a traité les myélites infectieuses et toxiques et les scléroses médullaires; hé it dé dd à mod à nie mt ddate, alle —. nés tit BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 289 M. Lamy, la syphilis cérébrale et spinale et la paralysie agitante. Les névrites, de M.. Babinski, les psychoses, de M. Ballet sont de véritables traités. Les névralgies et paralysies ont été décrites par M. Hallion. Les monographies sur l’acromégalie, le myxædème ont été rédigées par M. Souques. Les chorées par M. Blocq et les névroses, neurasthénie, épilepsie et hystérie, par M. Dutil, terminent le volume. On ne saurait, vu l'importance de ce livre et sa grande étendue (il contient près de 1400 pages), entrer ici dans des développements d'analyse. Le Traité de Médecine prend d’ailleurs place parmi les ouvrages classiques. D' A. LÉTIENNE. Ollier (L.), Professeur de Clinique chirurgicale à la Faculté de Lyon, Correspondant de l'Institut. — Régé- nération des os et Résections sous-périostées. — 1 vol. in 8° de 180 p. de l'Encyclopédie scientifique des Aide-Mémoire, dirigée par M. H. Léauté, de l'Institut. . (Prix : broché ? fr. 50; cartonné, 3 fr.) G. Masson et Gauthier- Villars, éditeurs, Paris, 1895. La collection des Aide-Mémoire Léauté, dans laquelle ont déjà été publiés tant de livres utiles, vient d'ajouter à leur série un abrégé du Traité des Résections du Pro- fesseur Ollier. C’est le maître lui-même qui a résumé dans ce petit volume de 180 pages ses recherches sur la régénération des os et leur application aux résec- tions sous-périostées : il a dressé ainsi, dans une forme concise et claire, Le bilan de son œuvre chirurgicale, qui est l’une des plus considérables du siècle. Après un {très rapide exposé de l’origine et de Fhis- toire des réseclions, l’auteur rappelle d’abord les expé- riences physiologiques qui ont servi de base à la mé- thode chirurgicale qu'il a préconisée. Ces expériences ont successivement et définitivement démontré les pro- priétés ostéogéniques du périoste et spécialement de sa couche profonde, la possibilité d’en réveiller la vitalité par des irritations appropriées, l'importance de l’inté- grité du canal périostéo-capsulaire pour la reconstitu- ion des néarthroses, enfin le rôle joué par le cartilage de conjugaison dans l’accroissement des os longs. De ces fondements physiologiques l’auteur a déduit la technique des résections sous-périostées qu'il pra- tique depuis plus de trente ans déjà. Les résultats sont connus de tout le monde : ils ont entrainé l’unanime adhésion des chirurgiens de tous les pays. Le Pr Ollier les a résumés dans le présent Aide-Mémoire, dont le but est de donner une idée synthétique de la méthode opératoire à laquelle son nom est attaché, D' Gabriel MAuRANGE. 5° Sciences diverses. Binet (Alfred), Directeur adjoint du Laboratoire de Psychologie physiologique des Hautes Etudes à la Sor- bonne. — Psychologie des grands Calculateurset Joueurs d'échecs. — Un vol. in-16 de 364 p. (Prix : 3 fr. 50.) Hachette et Cie, Paris, 1895. L'ouvrage de M. Binet comprend, comme le titre l'indique, deux parties distinctes. Dans la première, l’auteur rend compte des observations qu'il à faites sur deux calculateurs prodiges, Inaudi et Diamandi. La seconde est le résumé d’une enquête à laquelle il s’est livré sur les plus forts joueurs d'échecs, en parti- culier sur ceux qui jouent « sans voir ». L'unité du livre est pourtant réelle : calculateur ou joueur, le sujet est surtout étudié au point de vue de la mémoire des images. Les observations de M. Binet sont d’une précision extrême; il en expose le résuliat en suivant d'aussi près que possible le contour des faits. De ce compte rendu impartial se dégagent cependant des idées intéressantes, qui nous présentent sous un jour - assez nouveau certains phénomènes de la mémoire. Parlons d’abord des calculateurs. L'opinion généra- - lement admise est que les calculateurs prodiges visua- lisent leurs opérations. Mondeux, Colburn, ele., étaient calcul de tête, qui implique la présence simultanée, dans la mémoire, d'un grand nombre de chiffres sur lesquels on opère sans en laisser échapper aucun tandis qu'on passe aux autres, implique une espèce d'hallucination visuelle, une vision intérieure, Tel n’est pas le cas d’Inaudi. Il entend les nombres; c’est son oreille qui les retient; les chiffres « résonnent à son oreille avec son propre timbre de voix », Ajoutons que ses lèvres remuent pendant qu'il travaille, qu'il prononce intérieurement les noms des chiffres, et que l’image auditive se renforce, dans son cas, d’une image motrice, M. Binet a étudié cette mémoire auditive de très près; il en a mesuré l'étendue et les limites. L’ensemble de ces observations est intéressant, moins intéressant cependant, à notre avis, que les trois cha- pitres qui suivent et qui concernent le calculateur Diamandi. C’est un visuel que Diamandi, du moins pour ce qui touche au calcul mental, et, par là, il res- semble à la plupart des calculateurs connus. Mais l'étude de ce calculateur a conduit M. Binet à des conclusions assez inallendues sur la mémoire visuelle des chiffres. On pourrait croire, en effet, que, si un calculateur du type visuel retient par cœur, après l'avoir regardée un moment, une série souvent consi- dérable de chiffres tracés sur le papier, c’est qu'il en a tiré une espèce de photographie mentale. Il rever- rait alors cette photographie tout d’un coup, et retrou- verait les chiffres en les lisant, un à un, sur la feuille de papier imaginaire que lui représente sa mémoire, Ce n’est pourlant pas ainsi que les choses se passent, et M. Binet a imaginé des expériences ingénieuses pour le démontrer, D'abord, si la mémoire visuelle n’est que la lecture d’une photographie mentale, le sujet reverra mentalement les chiffres avec la couleur qu'ils avaient sur le papier; il ne lui faudra donc pas un sur- croît de travail pour se rappeler que tel chiffre est en rouge, tel autre en bleu. Ensuite, si l’acte de visualisa- tion est chez lui une reproduction photographique de la vision réelle, il n’aura pas plus de peine à retenir la position exacte des chiffres sur le papier que ces chiffres eux-mêmes, puisqu'il ne les répète jamais qu’en les revoyant. Or, l'expérience a montré qu'il faut trois fois plus de temps à M. Diamandi pour ap- prendre à la fois les chiffres et leurs couleurs (quand ces couleurs sont différentes), que pour apprendre les chiffres seulement. Et en ce qui concerne les posi- tions, il s'en faut également que M. Diamandi voie tout le tableau qu’il a confié à sa mémoire : l’expérience établit qu'il ne peut pas énoncer les chiffres avec la même rapidité ni avec la même exactitude dans tous les sens; il y a des directions que son attention suit plus facilement que les autres, et ces directions sont justement celles que son attention à suivies en appre- nant ces chiffres. Ainsi, dans £e cas particulier au moins, l'image visuelle ne s'imprime pas, d'elle-même, dans une mémoire qui la recevrait passivement; l’ac- livité mentale joue un très grand rôle. M. Binet ne nous parait pas avoir dégagé cette conclusion assez neltement; l’idée est pourtant importante, et même, en y regardant de près, on verrait qu'elle est ce qui fait l'unité du livre; elle pourrait servir de transition entre la première partie de l'ouvrage et la seconde, celle qui traite des joueurs d'échecs. M. Binet étudie, chez les joueurs d'échecs, cette mémoire spéciale qui leur permet de jouer une partie, et même plusieurs parties, sans voir l’échiquier. Que cette mémoire se rencontre chez beaucoup de‘forts joueurs, cela n'a rien d'étonnant, puisqu'elle est im- pliquée en parlie dans l’aptitude même à jouer aux échecs. Le jeu n’est guère possible, en effet, sans la prévision d’un nombre plus ou moins considérable de coups, qui modifieront chaque fois l'aspect général de l’échiquier et, par conséquent, de la partie, Même, la force de combinaison aux échecs consiste, au fond, dans la faculté de se représenter simultanément un plus ou moirs grand nombre de parties possibles résul- des visuels. Il semble, d’ailleurs, assez naturel que le ‘ tant d’un coup donné, pour suivre ce coup jusque dans 290 _ses conséquences les plus lointaines. Mais en quoi consiste ici la représentation mentale? Les auteurs qui ont traité du « jeu sans voir » admettent tous que ce tour de force repose sur la mémoire visuelle. Taine a écrit sur ce sujet une page bien connue : « Il est clair, dit-il, qu'à chaque coup la figure de l’échiquier tout entier, avec l'ordonnance des diverses pièces, esl présente, comme dans un miroir intérieur ; sans quoi l’on ne pourrait prévoir les suites probables du coup qu’on vient de subir et du coup qu'on va commander. » Et Taine décrit le cas d’un de ses amis qui, « les yeux contre le mur, voit simultanément tout l’échiquier et toutes les pièces telles qu’elles étaient en réalité au dernier coup joué». Tel n’est pas du tout le résultat des recherches de M. Binet, Il s’est adressé aux meilleurs joueurs d'échecs, à ceux surtout qui sont répulés pour jouer sans voir; il a recueilli leurs témoignages; il les a confrontés entre eux, et de cette enquête parait se dégager la nécessité d'admettre une forme nouvelle de la mémoire visuelle, que l’auteur appelle « la mémoire visuelle géométrique ». Essayons de caractériser cette mémoire, telle que les joueurs eux-mêmes la décrivent, Tous s'accordent d’abord à dire que, pour arriver à se passer de léchiquier, il faut le connaître à fond : un bon joueur sans voir est toujours un fort théoricien. C'est qu’on n'arriverait pas à se graver dans la mé- moire une série de coups et de positions « si on ne savait pas donner aux coups et à la position une signi- fivution précise ». Comme le dit très bien M. Binet, celui qui ne comprendrait pas le sens des coups aurait autant de peine à les retenir qu'un illettré à se graver dans l'esprit une ligne imprimée. Il suffit, au contraire, à celui qui sait lire et qui comprend le sens des mots, de jeter un coup d’œil sur la ligne pour savoir repro- duire, au besoin, la succession des lettres qui la com- posent. Si le joueur peut se rappeler les coups joués dans cinq et même dix parties, ce qui fait un total de plus de 300 coups, « c’est qu'il a conscience des raison- « nements qui ont amené ces coups et qu'il se rend « compte de la genèse psychologique de la partie; c’est « parce que, pour son esprit, la partie n’est pas une « lutte entre des poupées de bois, mais une lutte entre « des idées ». Parmi les joueurs consultés par M. Bi- net, il en est qui expriment ce fait sous une forme sai- sissante : « Je suis souvent porté, dit l’un d'eux, à ré- sumer dans une épithète générale le caractère d’une position, Je la saisis comme le musicien saisit dans son ensemble un accord... Une partie vous à l'air simple, familier, ou bien original, excitant, suggestif, et l’on éprouve du plaisir à voir cela comme si l’on revoyait une ancienne connaissance. » On s'explique ainsi que le « joueur sans voir » s'arrange de manière à orienter différemment chacune de ses parties, de manière à leur donner à chacune sa direction particulière, La difficulté ne commence pour lui que lorsque des posi- tions à peu près identiques donnent à deux parties simultanées la même physionomie. Mais, dira-t-on, la mémoire visuelle ne joue-t-elle ici aucun rôle? Si le joueur se représente la physio- nomie et la marche d’une partie dans son ensemble, encore faut-il qu'il la voie à un moment donné, qu'il imagine la position de chaque pièce ainsi que l’en- semble, Tous les joueurs s'accordent en effet sur ce point; mais ils s'accordent aussi à peu près tous à déclarer qu'ils réduisent ici à son strict minimum le travail de visualisation. D'abord, ils ne voient pas l'échiquier en entier, mais seulement la région de l'échiquier sur laquelle le combat est actuellement engagé; ils évoquent de l’échiquier, tour à tour, les ‘diverses parlies dont ils ont besoin. Puis, la-forme des pièces ne leur apparaît que d’une manière très vague ; quelques-uns seraient incapables de dire à quel type appartiennent les pièces avec lesquelles ils jouent mentalement. C'est donc qu'ils ne se représentent pas l’image de chaque pièce elle-même, — Pourtant, il faut bien qu'ils se représentent quelque chose; sinon, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX comment auraient-ils l’idée de l’ensembie? — C'est sur ce point que l'enquête de M. Binet-aboutit à une con- clusion véritablement curieuse, et qui s'accorde d’ail- leurs avec tout ce qui précède : ce que le joueur se représente de chaque pièce, ce n’est pas, à proprement parler, sa forme, c'est sa puissance, c’est-à-dire ses mouvements possibles. Les figures ne se répartissent pas pour lui selon leurs couleurs; elles se divisent en hostiles et alliées. Il en oublie les contours exté- rieurs; il ne se souvient que de leur action et de leur portée. C’est ainsi que la tour représente «une marche en ligne droite », le fou « une force oblique ». Un novice seul, dit un des joueurs consultés, verra l’échiquier et la forme particulière des pièces, parce qu'il ne saisit pas leur signification intérieure. Ainsi, ce que le « joueur sans voir » se represente surtout, à un moment donné, d'une partie qu'il joue, c'est un double système de forces, chacune douée d’un pouvoir propre, et dont les unes sont commandées par lui, les autres combattues. Ce qu'il retient de l’en- semble de la partie, c’est surtout la variation de ces forces dans leurs rapports réciproques. La faculté de voir mentalement, telle qu'on l'entend d'ordinaire, est accessoire; elle intervient seulement pour remplir, pour colorer un schème par lui-même incolore et purement géométrique. M. Binet propose de nommer mémoire visuelle géomé- trique cette forme nouvelle de la mémoire. C’est, si je ne me trompe, la faculté de retenir virtuellement des images visuelles en leur substituant un schème abstrait de mouvements possibles qui permettrait au besoin de les reconstituer, mais qui permet surtout de se passer d'elles. Dans le cas particxlier des échecs, ce schème est celui de la direction et de l’action respectives de chaque pièce, et des rapports variables que ces forces entretiennent entre elles dans tout le cours d’une partie. C'est la signification de chaque pièce, et aussi celle de la partie, qu'on se fixe dans l'esprit. La partie d'échecs étant envisagée comme un ensemble, on en démèêle les articulations, on l’organise dans son imagi- nation : ce sont, pour ainsi dire, les progrès de cet organisme qu'on suit à travers la partie entière. Ne vaudrait-il pas mieux appeler cette mémoire « mémoire visuelle d'organisation »? Mais le mot n'importe guère. 11 faut savoir gré à M. Binet d’avoir mis en lumière une forme de la mé- moire qui n'avait guère été étudiée. De quelque nom qu'on l'appelle, le psychologue devra en tenir compte. Et de l’ensemble du livre de M. Binet se dégage, à notre avis, la très intéressante conclusion que la mémoire des images est chose moins simple qu'on ne pense, et que l’activité du sujet y joue un très grand rôle, H. BerGson. La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des Sciences, des Lettres et des Arts, paraissant par livrai- sons de 48 pages grand in-S° colombier, avec nombreuses figures intercalées dans le texte et planches en cou- leurs. 516° et 517° livraisons. (Prix de chaque livrai- son, 1 fr.) H. Ladmirault et Cie, 61, rue de Rennes, Paris, 1895. Les 516° et 517° livraisons renferment des articles sur l'acide lactique et la lactose par notre collaborateur M. C. Matignon; sur la laine, son industrie et son commerce, par MM. Larbalétrier, Goguel et Knab; sur le lait, sa formation, sa composition, sa digestibilité, les microorganismes qu'il renferme, par notre colla- borateur le D' Langlois; sur le laiton et sur les sco- ries qu'on appelle laitier en métallurgie, par M. L. Knab; sur les deux genres de mammifères qui ont pour type le lama et le lamantin, par M. E, Trouessart; les biogra- phies du grand prédicateur Lacordaire, par M. E. H. Vol- let; de La Fontaine, par M. FE. Brunetière; de Mme de la Fayette, par M. Asse; du général La Fayette, par M. E. Charavay; du célèbre naturaliste Lamarck, par M. le D' Hahn; de Lamartine, par M. E. Tourneux, Th D Pret sm ses ne d: datant" mé dns Cod dard de un dira de bi ee dés nf à. ; à éd 7 Le de sé ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 4 Mars 1895. M. Guyou lit une notice sur la vie et les travaux de M. l'amiral Pâris, membre de la Section de Géogra- phie et de Navigation. 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. H. Résal donne une famille de lignes, qu’il appelle axoïdes, telles que deux segments de sa normale, limités par deux lignes don- nées (directrices), soient égaux; ces lignes résolvent le problème qu'on est amené à se poser en mécanique appliquée quand on se donne le profil d’un tuyau dont la section est variable, ou bien l’intrados et l’extrados d'une voûte en berceau. — Le P. Repin rectifie quelques théorèmes énoncés antérieurement par le théorème suivant : Un seul carré pair devient un cube lorsqu'on lui ajoute 47, savoir le carré de 500, lequel devient alors le cube de 63. — M. le Secrétaire per- pétuel signale les Lecons autographiées surl'intégration des équations différentielles de la Mécanique et ses applications de M. P. Painlevé, et un Essai de Géogra- phie générale de M. Christian Garnier, —M. Rosard communique ses observations de la planète Wolf BP, faites à l’observaloire de Toulouse(équatorial Brunner). 2° ScExcEs pHysiQues. — M. Amagat examine et dis- cute les valeurs de ia pression intérieure et du viriel des forces intérieures dans les fluides en s'appuyant sur les résultats fournis par l'étude de la com- pressibilité des principaux gaz. La pression inté- : d Tam : rieure:r— T T — p, est une fonclion manifestement différente de la quantité +’, appelée aussi pression inté-* rieure et définie par l'équation de Clausius : 3 3 KT —;:(Pp+x)v quand on y a remplacé le viriel des forces intérieures par 3 7 y. En outre, on ne vérifie pas l'hypothèse de M. Sarrau, à savoir que le travail moléculaire relatif à la variation de volume dv serait représenté par 7'dv dans le cas où le volume des molécules et l'amplitude des mouvements stationnaires seraient très pelits rela- tivement aux distances intermoléculaires. — M. E. Renou donne l’ensemble des observations météorolo- giques faites pendant le mois de février au parc de Saint-Maur. Ce mois particulièrement froid donne une moyenne de basse température qui n’a pas été cons- tatée depuis 1740. — M. J. Carpentier présente un certain nombre de vues panoramiques obtenues par agrandissement de clichés 4 1/2 X 6 fournis par la photojumelle à répétition. L'emploi de préparations orthochromatiques et d’un verre compensateur à teinte jaune foncé donne à ces photographies des finesses de détail remarquables. — M. V. Ducla adresse un mé- moire relalif aux constantes calorimétriques des divers corps, rapportées à l'unité de volume. — M. Léopold Hugo adresse une note sur l’analogie entre le gâteau d'argent fin, après expulsion de l'oxygène, etles régions volcaniques de la lune. — M. A. Villiers a reconnu que les deux fonctions acide et alcali, que peut rem- plir le sulfure de zinc, n’appartiennent pas à un même corps, mais à deux variétés distinctes par leurs pro- priétés physiques et chimiques et non susceptibles de se transformer directement l’une dans l’autre entre . O0 et 100°. La théorie de M. Jungfleisch sur la constitu- tion des cinétiques rend compte de ces faits et en re- coitelle-même une nouvelle vérification, — M. E. Mou- net a fait l’étude des chaleurs de dissolution et de dilution de l’acétate de soude, en prenant comme abscisses les concentrations et comme ordonnées les chaleurs de dilution; il obtient à 150 une courbe presque rectiligne montant rapidement de la concen- tration 0 à la concentration 10, puis une courbure très nette entre les concentrations 5 et 17,5; enfin, à partir de cette dernière concentration, la courbe tend à de- venir asymptotique à une droite parallèle à l'axe des abscisses. — M. Délépine signale l’action des acides sur les iodures d’ammonium de l’hexaméthylène amine comme un nouveau mode de formation des amines primaires ; ilindique aussi l'utilité de l'emploi du réactif bismuthique qui permet de séparer les amines d’avec l’'ammoniaque; même au cas relatif à l’amylamine, il permet de séparer cette base de la base insoluble dans l’eau, laquelle donne un bismuthate très soluble. — M. Jacques Passy établit que toute production d’odeur s'accompagne de la diffusion dans l’atmosphère et de l’apport à la muqueuse olfac- tive d’une substance odorante, dont la présence peut être décelée par l'emploi d'un agent chimique appro- prié, qui, détruisant cet individu chimique, détruit en même temps l'odeur correspondante. — M. A. Müntz déduit des recherches sur les exigences de la vigne les conelusions suivantes : 1° l’absorption de l'azote et de la potasse est beaucoup plus considérable que celle de l'acide phosphorique ; 2" l'azote est absorbé en grande quantité par la vigne, et, contrairement à des idées très répandues, les famures azotées doivent intervenir; 3° dans le Midi, Pazote est absorbé en plus forte pro- portion que la potasse; dans les régions plus sep- tentrionales, c’est la potasse au contraire qui est absorbée plus abondamment ; # la vigne du Midi, beaucoup plus productive, n’exige pas une somme de matériaux nutritifs notablement supérieure à celle des vignes des climats plus tempérés; 5° la quantité des éléments fertilisants mise en jeu par la vigne pour produire un hectolitre de vin est trois ou quatre fois plus considérable dans les pays plus septentrionaux que dans le Midi. C. MATIGNON. 3° SctENCES NATURELLES. — M. d'Abbadie indique un remède prophylactique des fièvres paludéennes; c'est l'emploi d’une fumigation journalière de soufre sur le corps. — M. Lechappe adresse une note relative à l'emploi de l’alun dans le traitement des maladies de la vigne, — M. Balland fournit certaines données sur la composition de quelques avoines francaises et étrangères de la récolte de 1893, qui permettent de les distinguer des principaux types. — M. Durand(de Gros) donne de nouvelles considérations sur l’ana- tomie comparée des membres, surtout en ce qui con- cerne les caractéristiques morphologiques du bras et de l’avant-bras chez les Vertébrés supérieurs (torsion, flexion. etc.) et désirerait que les variations de la con- formation des membres fussent indiquées dans la no- menclature morphologique de la Zoologie. — M. Ed. Perrier, à l’occasion de la communication de M. Du- rand (de Gros), rend hommage à ce savant qui, un des premiers, chercha à établir cette proposition : « Les Vertébrés ne sont pas des animaux simples, mais bien des animaux composés résultant de l'association d'un certain nombre d'individualités, dont les vertèbres, qui se répètent régulièrement d'une extrémité à l’autre du corps, sont les indicationslesplus nettes, » — MM.E.L. Bouvier et G. Roché ont étudié une maladie qui a sévi sur les langoustes à la fin de l'année dernière, mais qui à disparu très rapidement. Cette maladie était due à un cocco-bacilleet se manifestait à l’exté- 19 de} 19 rieur par des plaques œdémateuses sur les premières articulations des pattes. — M. Moynier de Villepoix présente quelques rectilications sur la formation de la coquille des Mollusques. -- M. Guébhard fournit de nouvelles données sur les partitions anormales des Fougères, J. MARTIN, Séance du 11 Mars 1895. La Commission chargée de préparer uneliste de can- didats pour la place d'académicien libre laissée va- cante par le décès de M. F. de Lesseps, présente en première ligne M. Adolphe Carnot, en seconde ligne MM. Lauth, Linder,de Romilly, Rouché — M. G. Darboux présente la médaille exécutée en l'honneur du cinquantenaire de l’entrée de M. Joseph Bertrand dans l'enseignement. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Rayet adresse ses observations de Ja planète BP (M. Wolf, 23 fé- vrier 4895), faites au grand équatorial de l'observatoire de Bordeaux. — M. Emile Picard présente quelques remarques sur les courbes définies par une équation différentielle du premier ordre ; en particulier, il dé- montre qu'il n'existe pas de courbe intégrale se rap- prochant indéfiniment d’un point singulier, correspon- dant à une équation différentielle du premier ordre, sans y arriver avec une tangente déterminée, — M. E. Goursat précise certains points de la méthode de M. Darboux pour l'intégration des équations aux déri- vées parlielles du second ordre, méthode qui ramène la détermination de l'intégrale à l'intégration d'un sys- tème d'équations différentielles ordinaires (E). En gé- néral, ce système, variable avec la fonction arbitraire 2 (v) dont dépend l'intégrale intermédiaire nécessaire, ne peut être intégré que si l’on a particularisé cette fonction ; il n’en est plus de mêmie lorsque deux ‘sys- tèmes de caractéristiques de l'équation aux dérivés partielles du second ordre sont confondues; si l’équa- tion admet une intégrale intermédiaire d’un ordre quelconque, renfermant une fonction arbitraire, il suffit d'intégrer un système unique d'équations diffé- rentielles ordinaires, pour pouvoir en déduire sans aucune intégration nouvelle Pintégrale générale qui appartient à la première classe d'Ampère, — M.E. Cartan énonce le théorème suivant, relatif à certains groupes algébriques : Si un groupe transitif n’admet pas de transformation distinguée et que son plus grand sous-groupe invariant intégrable soit de rang zéro, on peut toujours, au moyen d'un changement de variables et de parametres convenable, faire en sorte que les coefficients des transformations infinitésimales de ce groupe soient des fonctions rationnelles des variables elles équations finies dépendent alsébriquement des variables et des paramètres. — M. Desaint démontre quelques théorèmes : 19 La fonction inverse arithmé- tique de la fonction eulérienne de seconde espèce admet une dérivée dont les zéros sont tous réels. 2° Les fonctions entières de genre pair «w, dont le multiplicateur exponentiel du produit mfini de facteurs primaires de M. VWeierstrass est de la forme : ,0+2 Fe Aë” où A est une constante, x, réels et x positifs, jouissent de celte propriété que si leurs zéros sont réels, les zéros de leur dérivée sont tous aussi réels. — M. de Jonquières donne la démonstration d’un théorème énoncé récemment sur les nombres entiers. 2° SCIENCES PHSIQUES. — M. J. Janssén insiste sur l'intérèt des observations des éclipses de lune, obser- vations qui peuvent éclairer la constitution des hautes régions de l'atmosphère, — M, Lecoq de Boisbaudran communique un travail documenté sur les volumes des sels dans leurs dissolutions aqueuses; il en conclut que pour obtenir des solutions laissant cristalliser à leur sommet, et non plus sur le fond, des substances solides plus lourdes qu'elles, il faut prendre, comme subs- pr CIS ACADÈMIES ET SOCIETES SAVANTES lances montantes, des corps donnant une contraction notable par cristallisation en solution sursaturée et comme substances auxiliaires des corps n’agissant pas chimiquement sur les substances montantes, non isomorphes avec elles et fournissant des solutions lourdes, de facon que la substance montante soit seu- lement un peu plus dense que la solution complexe, — M. A. Blondel expose une méthode pour la mesure directe de l'intensité lumineuse moyenne sphérique des sources de lumière et donne la description de l’ap- pareil nouveau, le lumen-mètre, utilisé par cette mesure. Le lumen-mètre permet de faire des mesures compa- ratives ou des mesures cn valeurs absolues. — M. de Montessus de Ballore donne une évaluation appro- chée de la fréquence des tremblements de terre à la surface du globe en s'appuyant sur la constance des rapports qui existent entre les observations historiques sismologiques el sismographiques faites à des époques différentes dans une même région. — M. Mayencon adresse une nole sur la perméabilité du platine à l'hy- drogène et à l’oxysène. — M. Berthelot a reconnu que l’argon pouvait entrer en combinaison avec cer- tains composés organiques, et notamment avec la va- peur de benzine., — M. Schlæsing a étudié les pertes d'azote entrainé par les eaux d'infiltration en profitant de l’abaisse ment de témpérature qui s’est maintenu pendant quelques semaines, abaissement qui per- mettait d'être assuré que les rivières ne recevaient au- cun apport d’eau de ruissellement et s’alimentaient uniquement par des eaux souterraines provenant des infiltrations de la pluie dans le sol, en même temps que la végétation aquatique bien alanguie ne consom- mait guère de nitrates. Le dosage de l'acide nitrique dans les cours d’eau donnait ainsi les titres nitriques moyens des eaux d'infiltration de leurs bassins. L’au- teur en conclut que les pertes d'azote par infiltration ne sont pas aussi grandes qu'on le pense ; la nitrifica- Lion est sous la dépendance de la matière organique, aclive ou lente, selon la proportion de cette matière, en sorte que la perte d’azole est comme un impôt pro- portionnel, qui pèse peu sur les terres pauvres et ne grandit qu'avec la richesse des champs. — MM. Cha- tin et Muntz ont repris l'analyse détaillée des co- quilles d’huitres et appliquent leurs résultats pour donner l’explication de l'emploi des écailles d huitres en agriculture et dans l'ancienne thérapeutique. — M. Vigouroux expose ses méthodes d'analyse du sili- cium amorphe titrant 99,60 2/, : lasilice est dosée par le chlore, le silicium est attaqué par les carbonates akcalins et les métaux sont recherchés dans le produit du traitement par un mélange des a:idesfluorhydrique et azotique. —MM. Brochet et Cambier ont élendu l’ac- tion de l’aldéhyde formique sur les sels ammonia- caux en faisant varier les conditions de proportion relative et de température; à froid, le chloraydrate d'ammoniaque donne l’hexaméthyiène-amine avec une série de composés intermédiaires ; à chaud on obtient du chlorhydrate de monométhylamine en quantité (héo- rique, —M. Paul Rivals a fait l’élud: thermique des dérivés chlorés du chlorure d'ac‘tyle dans le but de comparer leur chaleur de formation à celle des al- déhyde chlorés isomériques : problème intéressant à cause de la différence des fonctions des deux séries d'isomères et des groupements subslitués, — MM:P.-A. Guye et Ch. Jordan ont effectué le dédoxblement de l'acide «-oxybutyrique de synthèse en ses deux com- posants dextrogyre et lévogyre en passant par l’inter- médiaire des sels de brucine suivant la méthode de M. Pasteur. — M, E. Gérard expose toutes les rai- sons d'ordre physique et chimique qui caractérisent nettement l'acide daturique découvert par lui comme une espèce chimique bien déterminée et non comme un mélange, suivant l'opinion de M. Arnaud. C. MarTIGNON. 3° SciExers NATURELLES., — M. Kaufmann dans ses recherches sur la présence du glycogène dans le sang des animaux normaux et diabétiques montre que la 1 DA Re DCS dd Sd de dé ns dat tn nl ed dde à à dé dE ne À US SL Sa dd Sd dd ds ge D ge lt à hat a dé hbte i ACADÈMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 293 matière glycogène est un élément constitutif du sang normal, et que le sang des animaux rendus diabétiques par l’extirpation du pancréas renferme une quantité de glycogène beaucoup plus considérable que celui des animaux sains. — M. Tissot montre que la quantité totale de CO? dégagée par un musele placé dans Pair, n’a aucun rapport avec les phénomènes d’activité phy- siologique dont le muscle isolé est encore le siège; seule la quantité d'oxygène absorbée est en relation avec les phénomènes physiologiques du muscle. — M. Vuillemin, dans une étude sur la structure et les affinités des Microsporon, montre qu’ils s’éloignent des Saccharomyces dont ils n’ont même pas les bourgeons pour se rapprocher des algues du groupe des Cénobiées. — M, E. Caustier a étudié le développement embryon- naire d’un Dromiacé du genre Dicranodromia et a pu constater les relations étroites qui existent entre ce Dromiacé et les Anomoures et les Macroures. M. Wallerant a observé une nouvelle combinaison de formes présentée par des cristaux de quartz recueillis dans les dépôts tertiaires des environs de Paris, Ils présentent une disposition analogue à celle observée dans l’améthyste. J. MARTIN, ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 5 Mars 1895. M. Renaut (de Lyon) expose le résultat de ses re- - cherches sur les cellules nerveuses multipolaires et leurs prolongements protoplasmiques etexplique, d’une facon nouvelle, découlant de l'observation directe des faits, comment s'opère leur articulation, — MM. Cornil et Durante citent plusieurs accidents cérébraux cu- - rakles dus à la grippe. — M. Lancereaux résume les effets comparés des boissons alcooliques chezl’homme et leur influence prédisposante sur la tuberculose. Il montre les progrès croissants de la consommation des boissons avec essences qui sont particulièrement nui- sibles et il fait voir la nécessité d’en interdire le débit. — Suite de la discussion sur la valeur comparative des tractions rythmées de la langue et de l’insulflation. — M. Richelot lit un mémoire sur un procédé défi- nitif d'hystérectomie abdominale totale pour fibromes utérins. Séance du 12 Mars 1895. M. le Président annonce la mort de M. Marjolin, associé libre, — M. L. Collin, au nom de M. Debaus- saux, cite de nouveaux faits relatifs aux accidents cé- rébraux dus à la grippe. — M. Magitot résume ses recherches sur le phosphorisme : les ouvriers employés sont susceptibles d’absorber par les voies respiratoires $ à Ja fabrication des allumettes au phosphore blanc des vapeurs phosphorées qui provoquent une intoxica- tion lente, le phosphorisme. Ce dernier se manifeste par un certain nombre de phénomènes, en particulier une déchéance dans la nutrition, qui se traduit surtout par un accroissement considérable de la déminérali- ‘sation de l'organisme. Il en résulte une modification . profonde du système osseux qui imprime une gravité . inusitée aux accidents qui peuvent l’atteindre., Il se produit généralement, mais cependant seulement dans le cas d’une lésion préalable, une nécrose spéciale des mâchoires, dite nécrose phosphorée, qui entraine la mutilalion ou la mort. La thérapeutique consiste dans un régime lacté exclusif, l'emploi de l’oxygène, - de l’essence de térébenthine, l'exercice, Le remède radical serait l'interdiction légale de l’emploi du phosphore dans la fabrication des allumettes. — . M. Panas cite un empyème du sinus maxillaire, com- pliqué d’ostéopériostite orbitaire, avec perforation de la voûte; abcès du lobe frontal et atrophie du nerf op- tique ; mort. — M. Folet (de Lille) cite une grossesse utérine gémellaire avec rétention, pendant 15 ans, d’un fœtus mort à terme ; laparatomie, extirpation du sac et de son contenu ; guérison. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 2 Mars 1895. , M. Vaquez cite de nouveaux faits qui prouvent l’augmentation du nombre des globules rouges dans la cyanose chronique. — M. Lapicque a constaté le même phénomène. — MM, Guinard et Artaud font une communication sur la période latente dans les empoisonnements par les toxines microbiennes, — M, Kaufmann a constaté qu'après la section du bulbe la quantité d’urée qui se trouve dans le sang augmen- tait notablement. — M. Chassevant montre que cer- tains sels métalliques accélèrent la fermentation lac- tique. — M. R. Dubois envoie un travail sur le som- meil hibernal de la marmotte. Séance du 9 Mars 1895. M. Kaufmann a constaté la présence constante du glycogène dans le sang normal de l’homme et des ani- maux. — MM. Déjerine et Mirallié font une commu- nication sur les troubles trophiques et vaso-moteurs dans la syringomyélie, — M. Charrin présente un ap- pareil, dù à M. Chaussey, qui permet de recueillir du sérum absolument pur et exempt d'hémoglobine., — MM. Chauveau et Tissot ont étudié le dégagement gazeux d'un muscle séparé du corps. — M. Lefèvre envoie une note sur l'action des bains froids. M. Dastre montre que la fibrine est parfaitement di- gérée par des solutions salines faibles et aseptiques. SOCIETE FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 15 février 1895. M. Camichel a fait une élude expérimentale de l'absorption de la lumière par les cristaux. Les spectro- photomèires employés jusqu'ici ne conviennent qu’im- parfaitement, Les uns ne se prêtent guère à l'étude des cristaux. D’autres conviennent très bien à ce cas, mais ne réalisent pas les conditions nécessaires pour l’appli- cation rigoureuse de la loi de Malus. M. Camichel a réalisé un appareil qui en permet une application rigoureuse, De plus il donne des plages monochroma- tiques très étendues et permet de ne se servir que d’une portion très faible du cristal. On peut ainsi utiliser soit les cristaux de petites dimensions, soit ceux qui ne sont homogènes que dans une faible étendue. Enfin la comparaison ne porte plus, comme dans les appareils ordinaires, sur deux points différents du cristal; on utilise le même point. Dans cet appareil les deux parties du faisceau qui tombe sur le spectroscope proviennent - l’une d’un faisceau réfléchi par la partie supérieure argentée d’une glace; l’autre a traversé la partie infé- rieure, non argentée, de la glace. C’est sur le trajet du faisceau transmis qu'est placé le cristal, derrière la fente d’un collimateur muni d’un nicol mobile au centre d’un cercle divisé. Le faisceau réfléchi, éclairé par la même souree que le précédent, est fourni par un colli- mateur contenant deux nicols, dontle secondest mobile. Entre les deux est un compensateur Soleil, dont l’un des prismes se déplace devant l’autre au moyen d'une vis micrométrique. Le spectroscope ne porte pas d’ocu- laire. Dans le plan focal où se peignent les deux spectres est une fente parallèle à l’arête du prisme. En y placant l'œil, on voit deux demi-cercles lumineux de mème couleur, exactement juxtaposés, provenant des deux parties du faisceau. En agissant sur le compensa- teur, on amène les deux demi-cereles au même éclat; et, lorsque l’égalité des deux plages est obtenue, la ligne de démarcation disparaît complètement. Pour mesurer avec cet appareil un coefficient d'absorption, il suffit de déterminer les deux rotations 4 et « imprimées aux rayons jaunes par le compensateur, d’abord sans inter- position du cristal, puis après avoir amené le cristal derrière la fente. Le coefficient de transmission est donné par le carré du rapport des sinus, puis par une exponentielle; on en déduit le coefficient d'absorption, M. Camichel a étudié diverses questions. Il a d’abord 294 montré que les deux vibrations principales d'un cristal ne s’influencent pas mutuellement pendant leur pas- sage à travers le cristal. Puis il a prouvé que, de même que pour les corps isotropes, une seule exponentielle suffit bien pour représenter la loi de l'absorption en fonction de l’épaisseur. IL s’est ensuite demandé si la théorie de l’ellipsoide d'absorption suffisait pour tous les systèmes cristallins, Pour les quatre premiers sys- tèmes elle s'applique en toute rigueur, et de plus les axes de cet ellipsoïde coïncident avec les axes d’élas- ticité optique. Ces résultats ont été vérifiés en parti- culier sur la tourmaline, En ce qui concerne les systèmes dissymétriques, les cristaux clinorhombiques, tels que l'épidote, présentent encore un ellipsoide dont l’un des axes coïncide avec l’axe binaire du cristal, Les deux autres sont dans le plan de symétrie et rectangu- laires, mais distincts des axes optiques. Quant aux tri- cliniques, le phénomène est encore représenté par un ellipsoide, mais sans aucune coïncidence entre les axes, Cette obliquité des axes d'absorption par rapport aux axes optiques a déjà été signalée par MM. Laspeyres et Ramsay, et M. Becquerel. L'auteur l’a confirmée en reprenant l'étude de l’épidote (clinorhombique), puis étendant cette étude à l’axinite (triclinique) et aux cristaux colorés chimiquement ou accidentellement tels que le sulfate double de potassium et de cobalt (clinorhombique), et le sel de Sénarmont, Enfin M. Las- peyres et M. Ramsay (1887) ont cru tous deux observer que les maxima et minima d'absorption n'étaient pas rectangulaires. Mais leurs expériences, relatives à l’épi- dote, sont trop peu précises et sujettes à caution. M. Camichel a abordé des expériences quantitatives sur l'épidote qui est le seul cristal clinorhombique qu’on puisse étudier, et il a contrôlé ses résultats par une seconde méthode.Les phénomènessontrisoureusement représentés par la théorie de l’ellipsoide et les axes sont parfaitement rectangulaires. — M. Carvallo con- firme les conclusions précédentes, en rappelant que M. Becquerel, par l'absorption précisément, avait déjà : constaté la rectangularité des axes. Mais la pénurie de cristaux clinorhombiques est fâcheuse, car il est à penser que les axes ne seraient pas rectangulaires pour tous, par exemple pour ceux qui sont doués du pouvoir rotatoire. Quant à la règle de l’ellipsoïde, elle est, en effet, suffisammentexacte lorsqueles indices principaux sontpeu différents, comme dans les cas étudiés par M. Camichel, mais, avec des indices assez différents, il y aurait des divergences notables. Ce sont là des conséquences forcées des équations de Ia lumière, si ces équations sont bien des équations aux dérivées partielles dont les termes principaux sont du second ordre, et si les termes relatifs à labsorption et à la polarisation rolatoire sont des termes d'ordre impair. — M. Janet présente un thermomètre à zéro inva- riable dù à M. Marchis. C’est un thermomètre dont le réservoir est en platine et directement soudé à la tige de verre, Le réservoir est protégé à l'extérieur par quatre baguettes de verre. Le remplissage exige des précautions particulières, car il ne faut chauffer le mercure qu'au-dessous de 150°, sinon il y aurait amal- gamation.: Le thermomètre de M. Marchis est bien exempt de toute bulle d’air et de toute trace d'oxyde. L'invariabilité du zéro a été contrôlée en faisant par- courir au thermomètre un grand nombre de cycles. Le zéro est absolument invariable à rs de degré près. L'appareil a en outre l’avantage de se mettre très rapi- dementen équilibre de température. — M, Guillaume craint que, à la longue, l’amalgamation ne se produise dès 1009, D'autre part, les baguettes qui protègent le réservoir doivent empêcher de tasser suffisamment la glace pour obtenir le zéro. Néanmoins, bien que les thermomètres en verre dur présentent aussi au bout de quelques années un zéro presque invariable, la fixité du zéro de ce nouveau thermomètre est digne d’attirer l'attention, De plus l'étude des coefficients de pression extérieure et intérieure présenterait quelque intérêt. ACADÉMIES ET SOCIETES SAVANTES Il serait curieux de savoir si la relation entre ces deux coefficients est encore satisfaite. Enfin la grande rapi- dité de ses indications le rendrait précieux dans cer- tains cas en météorologie, Et ce procédé de soudure du platine au verre pourrait avec avantage être utilisé pour la construction des lampes à incandescence, — M, Caïl- letet et M. Gariel signalent successivement qu'ils avaient, chacun de leur côté, fait, il y a plusieurs années, de nombreux essais pour obtenir des thermo- mètres à réservoir de fer ou de platine, qui, par la rapi- dité de leurs indications, rendraient de grands ser- vices comme thermomètres médicaux. Edgard Haupté. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 25 Janvier 1895. M. Villiers présente une série de faits venant ap- puyer l'hypothèse déjà ancienne d’après laquelle les éléments entrant dans la constitution des corps com- posés, ne sont pas dans le même état de condensation que celui sous lequel nous les connaissons (état proto- morphique). M. Villiers montre que certaines proprié- tés des sulfures de cobalt, de nickel, de platine, de zinc, cadrent très bien avec cette hypothèse. Dans cer- tains cas, ces corps, fraîchement préparés, n’ont pas les propriétés qu'ils présentent au bout de quelque temps. On peut admettre que primitivement, venant d’être précipités, ils sont à cet état que l'auteur appelle . protomorphique. -- M. Tanret a étudié la formation des éthers des sucres à l’aide de l’anhydride acétique en présence soit d'acétate de soude fondu, soit de chlo- rure de zinc, Les résultats obtenus dans les deux cas avec le glucose sont différents, comme on l'avait déjà reconnu, M. Tanret a réussi à obtenir 3 pentacétines du glucose cristallisées. Le dérivé à fond à 130° et est légèrement dextrogyre («= + 4°); le dérivé B fond à 850 (at — + 59°); le dérivé y fond à 1140 (ai — 101°,75). La pantacétyldextrose de Kænigs et Erwig fondant à 1119 est un mélange des composés 4 et 8. On peut d’ailleurs en opérer facilement la séparation grâce à leurs solubilités différentes dans l'alcool et l’éther, — M. Delépine a répété l'hydrogénation de l’hexaméthy- lèneamine par le zinc et l'acide chlorhydrique. Opérant à froid, il faisait passer les gaz dégagés dans l’eau de baryte. IL n’a obtenu que des traces d’acide carbo- nique etil a bien obtenu, comme il l’avait annoncé antérieurement, de la triméthylamine; aussi, après ses expériences, il maintient que l'hydrogénation est bien la cause de la formation de la triméthylamine, — MM. Friedel et Chabrié ont obtenu les séléniophos- phures correspondant aux sulfophosphures décrits an- térieurement par M. Friedel. Ils prennent naissance au rouge par réaction de leurs éléments constituants, mis en présence dans les proportions voulues, Les auteurs ontainsi préparé les séléniophosphures d'argent, de fer, de plomb, de cuivre et d’étain, répondant aux for- mules : PSe#Agi, PSesFe?, PSeCu?, P2Se6Pb?, P?SefSn ; les dérivés argentiques et cupriques sont en aiguilles visibles à l’œil nu. Dans leurs dosages, pour recueillir le précipité de sélénium, MM. Friedel et Chabrié ont obtenu des résultats satisfaisants en se servant de filtres en terre poreuse. On lave le filtre à lalcool, on le sèche à 110° avantet après la filtration; la différence de poids dans ces deux cas donne le poids de silénium. — La Société a recu une note de M. Prud'homme sur les matières colorantes sulfonées et une note de Léon Lefèvre sur la constitution du vert à l’iode, SOCIETE MATHEMATIQUE DE FRANCE Séance du 6 Murs 1895. M. Laisant, à propos d’une équation différentielle linéaire du quatrième ordre, signale un produit continu composé avec l'unité imaginaire dont la valeur est réelle, — M, Bioche signale une valeur approchée de x qui permet de trouver par une construction très simple la longueur d’une circonférence de rayon donné L Caù La ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 295 ou le rayon d'une circonférence de longueur donnée, — M. Picard étudie les courbes intégrales de l’équa- tion différentielle du premier ordre et du second degré. — M. Carvallo donne une démonstration simplifiée des équations de Lagrange qui permet d'éviter le change- ment de variables par lequel on passe des coordonnées des x points aux paramètres dont dépend la position de la figure. On applique le théorème des travaux vir- tuels directement au moyen de ces paramètres. — M. Rafy signale une classe d'équations linéaires d'ordre quelconque dont on obtient l'intégrale générale en y remplacant chaque dérivée par une constante arbi- traire. M. D'OCAGNE. SOCIETE ROYALE DE LONDRES SCIENCES PHYSIQUES E. N. Griffiths, — Chaleur latente de vapori- sation de l’eau. — Etude de la chaleur latente de ya- porisalion entre 10° et 60°; les nombres trouvés con- cordent bien avec ceux de Regnault et de Winkelmann. Il résulte de la comparaison de ces nombres que la chaleur latente, entre 0 et 100° peut être très bien re- présentée par la formule : L = 596,73 — 0,600 6. La densité de vapeur de l’eau, déduite de la formule de Clapeyron : De À J Ÿ ar où l’on remplace Let J par les nombres de M. Griffiths, est la même que la densité obtenue directement par l'expérience tant qu'on reste à une pression inférieure à 440 m/m; au-dessus, la densité réelle est environ 1,02 fois la densité théorique. SOCIETE DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 21 Février 1895. M. A.-P. Laurie, M. A., rend compte de ses expé- riences sur la force électromotrice d’un courant tra- versant une solution d’iode dans l’iodure de potas- sium. Il a remarqué que la force électromotrice devient plus faible à mesure que diminue la quantité d’iode dissoute. Par exemple, pour une solution conte- nant 0,1 °/, la force électromotrice est de 1,460 volts; pour une solution à 0,001 °/, elle devient 1,369 volts. Si la solution d’iodure de potassium est tout. à fait exempte d’iode, cette force électromotrice est égale à 4,172 volts. Si l’on prend comme dissolvant de l’iode l’iodure de cadmium, les résultats sont à peu près identiques. — MM. C.-F. Cross, E.-J. Bevan et C. Beadle : Contribution à l'étude des propriétés chi- miques de la cellulose. Ces auteurs ont examiné les réactions des sels doubles de la cellulose avec les sels de zinc et l’action des composés de la cellulose et de l’acétate de zinc sur le chlorure d’acétyle à froid (30°). Le mode de décomposition de ces acétates de la cel- lulose semblerait leur donner comme formule C6H6O (OAc)'. — MM. Holland Crompton et Miss A. Vhitteley ont continué leurs recherches sur la déter- mination des points d’ébullition de différents mé- langes organiques. — MM. Joseph Reddrop et Huggh Ramage décrivent une nouvelle méthode pour la dé- termination volumétrique du manganèse. Ils ontrepris la méthode proposée par L: Schneider, qui consiste à oxyder les sels de manganèse par le peroxyde de bis- muth en présence de l’acide nitrique. Ils remplacent le peroxyde par le bismuthate de sodium préparé exempt de chlore et ils sont arrivés ainsi à des résul- tats plus précis. — M. P. Stanley Kipping continue à étudier l'acide bromocamphorique et les produits d’oxydation d’un dibromocamphre, — MM. Horace, T.BrownF.R.S.etG.Harris Morris font unecommu- Bication sur l’action de la diastase sur une pâte froide d’amidon, — M. H.-W. Perrin F.R.S.: Surla rotation magnétique de quelques hydrocarbures non saturés. ne ACADEMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 1% Février 1895. 1° SctENCES PHYSIQUES. — M. D. Geitler : Etude des oscillations électriques dans le résonnateur de Hertz, — M. Bachmetjew : Distribution du magnétisme dans les fils de fer. — M. Klemencic : Observations sur le magnétisme circulaire et le magnétisme axial. — M. Carl Hlawapch : Nouvelle combinaison naturelle de cuivre et d’antimoine : ce minéral, cristallisé en forme de tables, renferme du plomb, du bismuth, un peu de soufre et d’argent, et le composé Cu? Sb qui n’a pas encore été observé. 20 SCIENCES NATURELLES. — M. Becké lit un long mé- moire relatant les travaux géologiques et minéralo- siques accomplis sous la direction de la Commission des études pétrographiques de la chaine centrale des Alpes de l'Est. Séance du 20 Février 1895. 1° SGIENCES MATHÉMATIQUES. — M. F1. Mertens : Sur la composition des formes linéaires quadratiques. 99 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Ad. Lieben : Réduction de l’acide carbonique à la température ordinaire, L’a- cide en solution aqueuse est transformé par l’amal- game de sodium uniquement en acide formique et avec un rendement presque théorique; la réaction se passe en présence ou en l'absence de la lumière, ou même en solution acide, mais le rendement est dimi- nué. Le zinc, l'aluminium ne réduisent pas CO* en pré- sence des acides, ni les amalgames d'aluminium et de magnésium, àmoins d'opérer en liqueur alcaline. — — MM. Knoll et Paul Cohn ont préparé l’o. bromo- phénylnaphtylcétone par la condensation de Portho- bromochlorure de benzoyle en présence de AlCL; c'est un corps cristallin fondant à 89°; on le caractérise facilement par un dérivé sulfuré (point de fusion 1#3°) et üne oxime (fusion 1552). 32 SCIENCES NATURELLES, — M. Papavasiliu. La tem- pète de Lokris du 20 au 27 avril 1894. ACADEMIE DES SCIENCES D’AMSTERDAM Séance du 23 Février 1895. 4° SCIENCES MATHÉMAT:QUES. — Rapport de MM. J. C. Kapteyn et H. G. van der Sande Bakhuyzen sur le mé- moire de M. H. J. Zviers, intitulé : « Recherches sur l’orbite de la comète périodique d'Holmes et sur les perturbations de son mouvement elliptique ». In- troduction (combinaison des développements de MM. Gibbs et Fabritius en un ensemble utile au calcu- lateur), définition de l'orbite provisoire, définition des éléments définitifs de l'orbite, calcul des perturba- tions (jusqu’au 26 juillet 1890). En 1899, la comète se rapprochera de la Terre une seconde fois. 20 SciENCES PHYSIQUES. — Rapport de MM. van der Waals et H. A. Lorentz sur le mémoire de M. P. H. Dojes intitulé : « La théorie du rayonnement en rap- port avec les idées de Fourier ». La recherche de l’au- teur a trait aux sujets auxquels Kirchhoff, Clausius, etc. ont appliqué la seconde loi de la théorie mécanique de la chaleur. A côté du principe de l’équilibre de la tem- pérature, il s’est servi de l'hypothèse du rayonnement particulaire de Fourier. Ainsi il admet que chaque élément de volume d’un corps émet des rayons vers toute direction, et que ces rayons, absorbés en partie par les couches enveloppantes, arrivés à la surface unie, obéissent, à leur passage dans le milieu envi- ronnant, aux lois ordinaires de la réfraction. Pour un corps terminé par un plan perpendiculaire à une di- mension assez considérable, il calcule l'énergie émise, pendant l'unité de temps, par un élément de la sur- face en des directions limitées. L'expression contient deux constantes qui ne dépendent pas de la tempéra- ture et de la durée des vibrations; l’auteur les appelle les coefficients d'émission et d'absorption spéciliques 296 du corps. De plus l'expression contient l’angle du rayon réfringé, l'indice de réfraclion et un coefficient qui détermine la partie de l'énergie qui est réfléchie, Quant à l'influence du milieu environnant, l'équation est d'accord avec un résultat connu de Clausius. En- suite, l’auteur s'occupe du cas de deux matières rayon- nantes et absorbantes, siluées de part et d’autre d’un plan. L’égalisation des quantités d'énergie émises fait voir que le quotient des deux nouveaux coefficients mulliplié par le carré de la vitesse de propagation, à la même valeur pour les deux matières. Enfin l’auteur étudie un corps rayonnant en contact avec un milieu diathermane comme l’éther. Il trouve que la densité de l’énergie rayonnante dans l’éther ne dépend que de la température des corps et que deux milieux diather- manes en équilibre avec le même corps rayonnant admettent la même quantité d'énergie en des cubes dont les arêtes sont égales aux vitesses de propaga- tion, etc. — Communication de M. H.J Oostineg, faite par M. H. Kamerlingh Onnes : « Sur les différences de phase des vibrations forcées transversales et longi- tudinales de fils tendus de caoutchouc, » Dans sa thèse (Groningue, 1889) intitulée: « On der houden tril- lingen van sespannen draden » (Vibrations continuées de fils tendus), l’auteur a augmenté la connaissance des vibrations continuées et forcées par l'emploi de cordes de caoutchouc et par la construction d’un ins- trument nouveau qui imprime un mouvement circu- laire à l’un des bouts de la corde, l'autre bot: restant fixe. Dans la dernière partie de cette thèse, la corde est tendue dans la direction d'un diamètre du cercle, de manière qu'on imprime, au point d'attachement, à la fois une vibration transversale et une vibration longi- tudinale, de même période, et d’une différence de phase égale à un quart de la période. Dans ce cas, la corde peut présenter à la fois des nœuds des deux vi- brations, qui, en général, ne coïncident pas, la vitesse de propagation n'étant pas la même pourles deux vi- brations. Alors les points de la corde décrivent des ellipses ou des lignes droites. La note présentée con- tient une extension de l'étude expérimentale par l’em- ploi de la photographie. Les trajectoires de points marqués blancs se montrent sur les photogrammes ; de plus, on apris soin de pholographier une échelle de comparaison à côté de la corde vibrante. L'auteur s’est servi encore d'un second instrument à l’aide duquel il était à même d'imprimer au bout mobile de la corde une vibration rectiligne sous un angle de 459 avec l’axe de la corde. Ainsi il a pu contrôler à maints points de vue, ce qu'il avait trouvé auparavant. L'auteur dé- montre que le rapport entre les vitesses de propaga- tion des vibrations longitudinale et transversale varie æec la tension, — M. A.-P.-N, Franchimont lit deux conmunicalions de M. P. van Romburgh. La pre- mière se rapporte à quelques produits par addition du trinitrobenzène symétrique. D’après M. Hepp, le trini- trobefzxène symétrique forme des produits colorés, par additi %ux amines aromatiques. Maintenant l’auteur a obst que d'autres corpsazotés se comportent d’une ficon : salogue. Ainsi la brucine qui forme des aiguilles d’un br à rouge, fondant à 1580, tandis que la stry- chnine xe S'y combine pas dans les mêmes circons- ‘ind! fournit des aiguilles d'un jaune d'or fondant à 1 le skatol des aiguilles d’un rouge orange fondantäM820, le pyrrol des aiguilles jaune d’or fondant à 95° et perdant le pyrrol en quelques heures à Vair, à 25°, Toutes ces combinaisons se composent d'une molécule sur une molécule de trinitrobenzène. La pyridine et la quinoléine ne s'y combinent pas; au contraire le trinitrobenzène cristallise dans la pyridine en cristaux compacts. Avec la pipéridine, la nicotine et la phénylhydrazine, on obtient bien des colorations rouges, mais pas de produits cristallisés, Enfin quelques autres corps nitrés tels que : ta . an. L’ind ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES RE NN RS PR M A CHE, Az(CH3,2 (1).(AzH2) (3).(AzO2) (4), C5H5.Az(CHE)2 (1). AzHCH3(3).(AzO?) (4), donnaient, par addition d’une molécule àune molécule du trinitrobenzène (1.3.5), des produits d’un rouge cramoisi fondant à 130 et 144%, Dans la seconde com- munication, M. Romburgh s'occupe de quelques déri- vés nitrés de la diméthylaniline. Tant par la nitration de la diméthylaniline dissoute dans beaucoup d’acide sulfurique que par celle de la métanitrodiméthylaniline avec l'acide azolique faible, Pauteur obtint un dérivé dinitré dont Pun, qui est jaune, fond à 176, et l’autre, qui est rouge, fond à 112°, Le composé jaune contient un groupe Az0? facilement remplacable par nitration ulté- rieure ; il se forme deux corps trinitrés, un jaune fon- dant à 154° el un orangé fondant à 196°. Le composé rouge ne fournit que le dernier dérivé trinitré orangé. Tous sont transformés dans le même produit tétranitré, c’est-à-dire la tétranitrophénylImonométhylnitramine : C'H(Az02)(2.3.4.6) (AzCHS.AzO2) (1). Les transformations diverses que l’auteur a fait subir aux dérivés dinitrés et trinitrés susdits le conduisent à leur assigner les formules suivantes : Trinitrodiméthylaniline = C6H?.A7z(CH3)2{1).(Az02)3(2.3. C'H?. Az(CH3)2(1).(Az02)3(3.4 (LB4S) (1960) \ Dinitrodiméthylaniline (1760) = CSHS. Az(CHS)2(1).(Az02)2/3 ,4), (1120) = C6HS. Az CH3)2(1).(Az02)2(3.6): 3° SCIENCES NATURELLES. — M. A.-A.-W, Hubrecht offre un mémoire intitulé « Die Phylogenese des Amnions und die Bedeutung des Trophoblastes » (la philogénèse de l’amnion et la signification du trophoblaste), 11 ré- sume ces résullats dans lesthèses suivantes. Les expli- cations courantes de la philogénèse de l’amnion sont inexactes. Il est improbable qu'on trouve le dévelop- pement le plus primitif de l’amnion chez les Oiseaux. La manière dontse forme l'amnion de Sorex, explique celle de Cavia, Pteropus, Mus et Arvicola. En partant de ces formes, il devient possible de réunir, quant à la formation de l'amnion, les autres Mammifères et les Sauropsides. D'un autre côté, le trophoblaste de Sorex, qui donne naissance à l’amnion, peut être comparé à la couche ectoderme extérieure des Amphibies. De là, la possibilité de déduire, par hypothèse, l’amnion des Amuniotes de formations qu'on trouve déjà chez les Anamniotes. S'il #st nécessaire de distinguer les trois divisions Ornithodelphes, Didelphes, Monodelphes comme d'origine indépendante l’une de l’autre, les nouveaux résultats de la paléontologie sont favorables au point de vue de l’auteur. — M. W.-F.-R. Suringar « Sur les relations de parentage dans le règne végétal ». — Rapport de MM. Th.-W. Engelmann et Th. Place sur le mémoire de M. H.9J. Hamburger « Ueber die Reglung der osmotischen Spannkraft von Fliüssigkeiten in Bauch- und Pericardialhühle » (Sur la régulation de la tension osmotique des fluides dans les cavités ventrale et péri- cardiale), Examen expérimental systématique du mé- canisme de la résorption des fluides comme l'urine, la bile, ete, Des fluides introduits dans la cavité ventrale de lapins et de chiens sont résorbés par les vaisseaux capillaires de la circulation du sang en un quart d'heure ; les vaisseaux lymphatiques ne s’en occupent pas. Cette résorplion, au lieu d’être un phénomène vital, comme le croient MM. Heidenham, Starling et Tubby, est démontrée être de nature exclusivement physique. L'auteur a obtenu en effet des phénomènes analogues de résorption et de régulation de la force osmotique par l'intermédiaire de membranes artifi- cielles. P.-H. ScHouTE. Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 11 = Le Directeur-Gérant : LOUIS OLIVIER » 6° ANNÉE NP 7 15 AVRIL 1695 tel. à dé REVUE GÉNÉRALE ES SCIENCES | | | | PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER LES NOUVELLES RECHERCHES DU PROFESSEUI =) Z ” — ==) pe 4 A 9? h = mA SUR L'ARGON ET L’'HÉLIUM l'étude du corps isolé par Lord Rayleigh et lui- même, a fait, le 29 mars 1895, devant la Société Chi- mique de Paris une conférence dans laquelle il a exposé ses plus récents résullats, dont quelques- uns sont de la plus haute importance. L'un des points qui restaient à éclaircir, ainsi qu'il ressort des mémoires publiés dans la Æevue du 15 février 1895, est celui de savoir si l’argon est un corps simple ou bien un mélange de deux corps. Certaines raisons, notamment la dualité du spectre de l’argon signalée par M. Crookes, tendent à faire considérer l’argon comme un mélange !. M. Ramsay a cherché si cette hypothèse était en contradiction avec les autres propriétés de l'argon et il a procédé à une nouvelle série de détermina- lions des constantes physiques. La densité de l’ar- gon n'avait été déterminée que d'une façon appro- chée; une série de déterminations a fourni les chiffres réunis dans le tableau I ci-contre. La moyenne de ces déterminations est 19,901. Si l’on admet en même temps la nature mono-ato- mique du gaz, le poids atomique sera 39,8. Il n’y a “pas de place pour un tel corps dans la classifica- tion de Mendeleeff; tandis qu’il y a une lacune, 1 L'existence de deux spectres est facile à constater même sans spectroscope. Un tube d’argon, apporté par M. Ramsay | au laboratoire de M. Cornu. à l'Ecole Polytechnique, montrait muunc lueur qui passait du rouge au bleu quand on introdui- sait dans le circuit une résistance supplémentaire. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. Le Professeur Ramsay, qui poursuit avec activité | dans la huitième colonne correspondant à un corps dont le poids atomique serait approximalivemenul 38, placé entre le chlore 35,5 et Le potassium 39,1. On se trouverait donc d'accord avec la loi pério- Tableau I DATE POIDS D'UN LITRE DERBURE DE L'EXPÉRIENCE EN GRAMMES RP RECRUE DU | (1) 26 nov. 1894. 1.7184 19.904 (2) 27 nov. 1894. 1.173 19.825 (3) 22 déc. 1894. 1.770% 19.814 (4) 16 févr. 1895. 1.7534 19.959 (5) 19 févr. 1895. 1.1842 19.969 6) 24 févr. 1895. 1.7810 19.932 dique en admettant que le véritable poids alo- mique de l’argon est 38 et que sa densité est légè- rement augmentée par la présence d'une petite quantité d’un corps plus lourd; on peut remarquer que dans la huitième colonne du tableau de Men- deleeff il y a encore une lacune correspondant à un corps ayant pour poids alomique environ 82. Le rapport des deux chaleurs spécifiques a fait aussi l’objet de nouvelles expériences de la part de M. Ramsay. Les nombres oblenus sont résumés dans le tableau IT (page 298). La moyenne de ces déterminations est 1.645. Le résultat primitivement obtenu se trouve donc con- firmé; mais il faut remarquer que la valeur théo- rique pour un gaz monoatomique est 1,666; la va- À 298 G. CHARPY — RECHERCHES DU P" RAMSAY SUR L'ARGON ET L’'HELIUM leur plus faible trouvée pour l’argon pourrait être attribuée à la présence d'un petit nombre de mo- lécules diatomiques. Si l’on se place à ce point de vue, on peut sup- poser que les molécules d’argon, généralement Tableau II RAPPORT DES CHALEURS SPÉCIFIQUES DENSITÉ [LONGUEUR D'ONDE TEMPÉRATURE DE = dans l’argon ——— —— de l'argon ns dans l'air , EX È L'ARGON de l'air 92 19.59 41705 1.653 9.96 33.173 31. j. 6.5 1.641 oi 34.10 3l.c He 8.6 1.629 94 34.932 31.: 11.5 1.659 mono-atomiques, sont susceptibles de s'associer et de former un petit nombre de molécules diato- miques. On serait dans un cas analogue à celui qui se présente pour la vapeur d’iode, dont les mo- lécules se dédoublent à mesure que la température s'élève. M. Ramsay a considéré celte hypothèse, et, pour la contrôler, il a étudié la loi de dilatation de l'argon. Il a comparé les indications d'un thermo- mètre à argon et d'un thermomètre à hydrogène et a obtenu les résullats suivants {tableau IIT) : Tableau III QG T7 FN 10 a TEMPÉRATURE | NS LONSEN AM vozume | 2° —R DE MERCURE At Thermomètre à hydrogène 497.3 0.9976 2.6735 763.6 1.000% 2.6705 992.6 1.0028 2.6797 1073.8 1.0036 2.6713 1218.5 1.0052 2.672$ 1385.1 1.0070 2.6833 Thermomètre à argon (1l'° série) — 87.44 455.6 0.9976 2.493 + 14.15 701.7 1.000% 2.44%6 + 14.40 702.6 1.000% 2.4162 + 14.27 699.7 1.000% 2.4366 + 99.96 906.5 1.0028 2.4379 +-100.06 904.8 1.0028 2.4322 Thermomètre à argon (2° série +130.39 1060.0 1.0027 2. 185.25 1200.3 1.0052 2. Thermomètre à argon (3° série) + 12.05 760.9 1.000% 2.6698 —+-248.01 1384.0 1.0070 2.6750 — 87.44 495.7 0.9976 2.6613 Comme on le voit en examinant les chiffres de la dernière colonne, la quantité R est constante pour un même thermomètre avec les mêmes écarts que pour l'hydrogène; c'est-à-dire que, entre — 87° et + 240", l'argon suit aussi exactement que l'hydro- gène les lois des gaz parfaits. On doit donc écarter l'hypothèse d’une associalion des molécules et considérer que, si l'argon est un mélange, il est formé de deux corps différents dont l'un est mo- no-alomique et l’autre existe en très petite quantité. Dans un autre ordre d'idées, M. Ramsay a cherché quel est le rôle de l’argon dans la Na- ture ; il s'est demandé, en particulier, si ce gaz existe dans les Animaux et les Végétaux. Les essais ont porté d'une part sur des souris, d'autre part sur des petits pois. Les animaux ou végétaux étaient d’abord dessé- chés, puis brûlés au moyen du chromate de plomb ; on recueillait les gaz produits; ils renfermaient une quantité d'azote égale à environ 11°/, du poids de substance employée. Cet azote, soumis à l’action de l’étincelle électrique en présence d’une solulion alcaline, n’a pas laissé de résidu appré- ciable ; il ne contenait donc pas d’argon. Ne trouvant pas d’argon dans les corps orga- nisés el ne pouvant le combiner à aucun élément !, M. Ramsay eut l’idée de le chercher dans les mi- néraux susceptibles de donner des corps gazeux par leur décomposition. L'un de ces minéraux, la clévite, minerai d'urane découvert par Nordenskiold, donne, d’après Hillebrand, environ 2°/, d’azote quand on le traite par l’acide sulfurique.M.Ramsay, ayant rempli du gaz de la clévite un tube de Geissler, vit que le spectre avait un grand nombre de lignes communes avec le spectre de l'argon. L'analyse montre que ce gaz ne contient qu’une faible quantité d'azote, qui peut être éliminée par l’étincelle électrique. Le gaz restant donne comme spectre d'abord un certain nombre de lignes de l'argon, mais pas toutes : il faut peut-être voir là la démonstration de la nature complexe de l’argon retiré de l'atmosphère, mais il faut attendre les résullats d’une étude approfondie des différents - spectres. En outre, le gaz de la clévite montre un cerlain nombre de lignes, parmi lesquelies une jaune très brillante, distincte des raies du sodium el dont la longueur d'onde correspond exactement à celle de la raie D, du spectre solaire. Celle raie D, avait élé observée souvent jusqu'ici dans le spectre des protubérances, dans la région où le spectre de l'hydrogène commence à s’affaiblir notablement. On était donc porté à l’attribuer à un gaz dont la densité serail moindre que celle de l'hydrogène : l’hélium. Tout semble indiquer que ce gaz vient d’être obtenu par le Professeur Ramsay et que l'un des auteurs de cette merveilleuse découverte de l'argon vient encore ajouter sur la liste des élé- ments un nouveau corps dont l’étude promet d'être féconde en résultats. Georges Charpy, Docteur ès sciences. ! On a vu que M. Berthelot, en faisant agir l’eflluve élec- trique sur un mélange d'argon et de vapeurs de benzine, est parvenu à combiner ces deux corps. : 6 rl Ein Css de, NE APS - ee Tien s . E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE 9299 ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE - Jusque dans les premières années du xIx° siècle . on ne connaissait d’autres mortiers hydrauliques | que les mélanges de chaux grasse et de pouzzo- - lane; la chaux était labriquée sans règles et aucune | explication satisfaisante n'avait été donnée du dur- - cissement des mortiers. On reconnaissait bien que - certaines chaux présentaient des qualités remar- - quables, mais sans savoir à quoi les attribuer: on - fabriquail aussi quelques ciments naturels à prise rapide, tels que ceux de Parker, en Angleterre, de Guéthary et de Boulogne en France; ces ciments étaient très irréguliers et leur emploi restait très limité. I. —- HISTORIQUE - - Il appartenait à Vicat de découvrir les causes de - l'hydraulicité des chaux et de faire voir que tout calcaire contenant une certaine quantité de si- lice et d'alumine peut donner, après cuisson et exLlinction, un produit susceptible de durcir sous Veau. Non seulement Vicat indiqua que l'on peut “transformer en chaux hydraulique certains cal- _caires argileux, mais il montra que, par des «mélanges en proportions déterminées de chaux grasse et d'argile, on peut obtenir les mêmes résultats qu'avec les calcaires naturels. Ces décou- “vertes fondamentales ont véritablement donné naissance à l’industrie des chaux et des ciments, et méthodiques de l’illustre ingénieur que cette fabri- cation doit son rapideessor; on s’en fera une idée si l'on songe aux nombreuses usines qui produisent actuellement, en Europe seulement, plusieurs mil- Jions de tonnes de produits hydrauliques. Ainsi, lœuvre de Vicat a été des plus fécondes, et l'on ne rappellera jamais trop souvent combien elle a contribué à la grandeur et à la prospérité de notre pays par le mouvement industriel considérable “qu'elle a déterminé. …srande. La raison en est très simple : Vicat avait “parcouru la France en tous sens et avait examiné tous les gisements propres à être exploités pour la fabrication des chaux ou des ciments. Ces indi- c’est aux recherches patientes, aux observalions cations précieuses, qui furent publiées dans les Annales des Ponts et Chaussées, ne tardèrent pas à être utilisées, et de nombreuses usines de chaux hydrauliques se fondèrent de tous côtés; la fabri- cation de ces chaux naturelles étant beaucoup moins coûteuse que celle de la chaux artificielle, celle-ci ne pouvait plus soutenir la lutte que dansles cas très rares où les prix de transport lui laissaient un avantage sur les produits naturels. C'est ainsi que les usines établies aux environs de Paris ont pu exister jusqu’en ces dernières années; actuellement une seule de ces usines, montée sous la direction de Vicat en 1826, continue de fabriquer des chaux hydrauliques dont les qualités sont appréciées; elle est située aux Moulineaux et appartient à MM. Deschamps et Fauh. Les conditions de fabrication des ciments arti- ficiels sont toutes différentes : ces ciments doivent être surcuits, et, comme ils ne sont pas soumis à une extinction après cuisson, il faut que leur com- position soit très régulière pour éviter la présence de la chaux en excès; leur teneur en chaux et en argile doit être comprise entre des limites très étroites. On trouve très rarement dans la Nature des calcaires contenant précisément ces éléments en proportions convenables et se présentant en masses assez considérables pour permettre une exploitation économique. Les calcaires à chaux grasse et l'argile sont, au contraire, abondants et il est possible, dans bien des cas, de les mélanger intimement pour en faire du ciment artificiel. Ce produit présentant de nombreux avantages, no- tamment dans les constructions à la mer, et son prix étant resté pendant longtemps très élevé, c’est surtout de ce côté que se sont tournés les efforts des industriels, et la fabrication du ciment à prise lente, ou ciment Portland, est celle qui est actuellement la plus répandue, surtout à l'étranger. Quant aux ciments naturels à prise rapide, qui ne peuvent être produits que par des calcaires d’une composition spéciale, leur fabrication est restée limitée aux régions où l’on a pu trouver des gisements exploi- tables de ces calcaires. A côté des ciments Portland et des ciments na- turels se placent d’autres produits, tels que les ci- ments de grappiers, fabriqués avec les refus de l'extinction des chaux; leur production, qui date d’une trentaine d'années, a suivi celle des chaux hydrauliques. Les ciments de laitier ont fait leur “4 300 E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE apparition depuis quelques années seulement et se fabriquent principalement dans la région de l'Est, à proximité des hauts fourneaux qui four- nissent une partie de leurs matières premières. II. — TuÉORIE DES CHAUX ET CIMENTS Avant de parler de la fabrication et des usines qui produisent les chaux el les ciments, nous croyons devoir résumer en quelques lignes le côté théorique de cette question. Les chaux etles ciments sont composés essentiel- lement (tableaux I et Il] de silice, d'alumine, de peroxyde de fer et de chaux ; on y rencontre encore de petites quantités de magnésie, d'acide sulfu- cédé sans apporter aucune sôlution sérieuse. Les recherches de M. H. Le Chatelier ont permis d'ar- river enfin à des connaissances exactes sur la cons- titution des produits hydrauliques. L'importance des travaux de ce savant a été considérable, parce qu'ils ont fourni au chimiste et à l'industriel des bases scientifiques indiscutables pour poursuivre de nouvelles études ou pour donner à la fabricalion des règles précises. Voici, résumées très briève- ment, les données principales établies par M. H. Le Chatelier : L'élément constitutif essentiel des chaux est le silicate de chaux Si0?, 3Ca0 ; il se forme sous l’in- fluente d’une température élevée par la réaction TABLEAU I. — Composition chimique des principales chaux hydrauliques PEN Re ee ; | OXYDE : _.. |Pacine PERTE [|NONDOSÉ| , DÉSIGNATION DES CHAUX SILICE |ALUMINE) LE Len | CHAUX IMaGNésie| ur | au FEU leregrres| TOTAL ES NE RE SNSSERRENE A EEMNnE EEE AE CONNECTE CONNUE CEE CNE CNRS Chaux du Teil (Pavin de Lafarge).| 23.60 1.40 0.80 64.70 1.40 0.50 1.60 » 100.00 5 4.30 1.35 60.40 0.50 0.60 9.85 0.15 100.00 4295 2.85 62.95 1.05 0.50 10.15 » 100.00 5.09 1.80 57.00 3.90 1.40 15.80 » 100.00 : 5.94 2.31 61.28 4205 » 15.25 0.32 100.00 11° 4.60 2.30 59 1.40 » 20.80 » 100.00 28.1: 215 1.10 0.80 0.40 6.80 0.45 100.00 21.6 1.60 1.30 1.70 » 12.70 » 100.00 b 2.05 1.30 6.65 » 19225 » 100.00 Befte TT TE on 0 SDS 16.30 5.41 2.09 A5 0.90 14.90 0.35 100.00 Societé | Seilley HSE db 00e 18.90 6.23 1.87 1.29 0.54% 12.10 0.32 100.00 des chaux { Saint-Bernard......| 17.80 5.51 1.39 0.50 0.65 13.88 0.17 100.00 de l'Aube. | Ancy-le 20.50 4.70 1.30 1.00 | 0.50 10.80 | 0.20 10000 XGUIIIEY 2.0 - se ee eee meer 15.40 Tee 2.18 1.18 0.93 18.03 » 100.00 Vitry-le-Francois Vve 20Ze- | ed Ne RNA EE 14.70 6.10 2.30 62.65 0.73 0.53 12.60 0.29 100.00 us “ { Chaux légère..| 22.40 5.15 2.10 56.10 1.50 1.00 10.55 » 100.00 | Virieu-le-Grand. } Chauxlourde..| 26.65 6.50 2.85 51.80 1.40 1.30 9.50 » 100.00 Chaux artificielle des Moulineaux.| 21,85 5.00 3:45 51.80 0.55 0.75 10.90 » 100.00 rique, quelquefois de la potasse et de la soude, de l'acide titanique, du manganèse. Enfin, dans les produits fabriqués, on trouve de l’eau et de l'acide carbonique provenant de l’extinction pour les chaux. de l’éventement pour les ciments. La théorie des chaux et des ciments n'est pas encore parfaitement connue, malgré les travaux scientifiques considérables qui ont élé entrepris sur ce sujel. Mais s’il reste encore bien des points obscurs. du moins est-on fixé aujourd’hui sur les phénomènes principaux qui produisent le durcis- sement des gangues hydrauliques. Sans indiquer nettement les réactions qui s'o- pèrent pendant la cuisson et au moment de la prise, Vicat avait élabli d’une manière irréfutable que le durcissement des chaux hydrauliques esl dû à la combinaison de la silice et de l’alumine avec la chaux. le rôle de l’alumine étant toutefois secondaire. Jusqu'en ces dernières années on en élait resté au même point; bien des hypothèses avaient été émises, les théories les plus divers:s s'élaient suc- de la silice, quand celle-ci est à un état extrême -de division, sur la chaux: il reste une certaine quantité de chaux non combinée qui servira plus tard à déterminer la réduction de la masse en poudre par son extinction. Dans les ciments Portland il existe, en outre du silicate de chaux, de l’aluminate de chaux et un silico-aluminale de chaux qui sert de fondant pour faciliter la combinaison de la silice avec la chaux. Les ciments à prise rapide contiennent une plus grande quantité d’aluminale de chaux: ils ren- ferment aussi du ferrile de chaux. Quand les produits hydrauliques en poudre fine sont mis au contact de l’eau, les réactions suivantes prennentnaissance : l'aluminate de chaux s'hydrale rapidement et crislallise : A120%, 3Ca0 + Aq = Al203,3Ca O, 12H°0. Le silicate de chaux se dédouble en chaux, qui" se lransforme en hydrate, et en silicate mono- calcique : Si0?, 3Ca0 + Aq = Si 0?, CaO, 25H20 + 2Ca0, H* 0. + SE is Ma adm mie Gent + ere | É : $ F 4 ] ; 22 F RU Dares E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE 301 La prise proprement dite est produite par l'hy- dratalion rapide de l’aluminate de chaux; les ciments à prise prompte, riches en aluminate, doivent à ce sel leurs propriétés spéciales. Le sili- - cate de chaux se combine plus lentement avec l’eau; c’est à la cristallisation du silicate mono- calcique que l’on peut attribuer surtout le durcis- sement lent et progressif des mortiers. Le rôle de l’aluminate de chaux est nul dans les chaux hy- drauliques, puisque, s’il existe, il est détruit par l'extinction !. favorables pour produire une masse de plus en plus dure et résistante. La prise des mortiers est souvent accompagnée de réactions plus complexes que celles dont nous venons de donner un aperçu très sommaire: le sulfate de chaux, les sels contenus dans l’eau de gächage, les matières qui se trouvent mélangées aux agglomérants, soit accidentellement, soit par suite de défauts de fabrication, peuvent intervenir ; tantôt ils modifient simplement la prise et ils peuvent avoir une influence utile; et concourir TABLEAU II, — Composition chimique des principaux ciments artificiels et naturels DÉSIGNATION DES CIMENTS SILICE Portland Boulogne … Frangey (Quillot frères) ................ Vicat Ciments naturels \ ASS NE Ne ne de ee mere alretante | l Porte ({ Prompt de France } Portland naturel f“Prompt....-.-.. bo Lee | Portland naturel Valbonnais, très lent 7: { Uriage, demi-lent DnceE | Grande-Chartreuse, lent { Valentine | Roquefort Voreppe Marseille. Ciments de grappier Virieu-le-Grand (Jurron et Cie). Pavin de Lafarge. Le Teil Seilley Saint-Bernard Ciments de lailier Donjeux Saulnes...... LÉO ALUMINE PERTE AU FEU ACIDE SULFUR. OXYDE DE FER CHAUX |MAGNÉSIE TOTAL CEE RUSSE be be Q9 19 I æ IN IN C9 C5 CS 19 de QE de C9 Il ne suflisait pas de faire connaître les combi- naisons des éléments constitutifs des ciments et des chaux pour donner une explication complète et satisfaisante de la solidification des gangues hydrau- liques; il fallait faire voir le mécanisme même des crislallisations des sels formés en présence de l’eau. M. H. Le Chatelier y est parvenu {rès heureu- sement en démontrant que la prise el le durcis- sement sont dus à des phénomènes de sursatura- tion; c’est en se déposant de solutions sursaturées que l’aluminate et le silicate de chaux peuvent cristalliser en longues aiguilles qui s’enchevètrent et se trouvent ainsi dans les conditions les plus 1 L’aluminate de chaux parait cependant avoir une action assez sensible dans certaines chaux qui renferment 5 à 6 % d’alumine; à indice d’hydraulicité égal, ces chaux prennent beaucoup plus vite que les chaux siliceuses. L’aluminate de chaux peut, d’ailleurs, subsister après l’extinction ou bien ètre, pour ainsi dire, régénéré par la chaleur souvent considérable maintenue dans les tas d’efflusement. même à la résistance: tantôt leur rôle est nuisible etilest quelquefoisassezimportantpour déterminer la destruction des mortiers. Il en est de même des conditions dans lesquelles se trouvent conservées les gangues ; l’étude des actions physiques et chi- miques auxquelles elles sont soumises et des transformations qu’elles subissent offre un champ de recherches très étendu et présente un intérêt de premier ordre. La fabrication des chaux et des ciments est basée sur la composition chimique et la constitution physique des matières qu’elle met en œuvre. La proportion relative des éléments qui composent ces matières a une importance capitale; c’est ainsi que Vicat avait été amené à classer les chaux d’après leur indice d'hydraulicité, c’est-à-dire d’après le rapport de la silice, de l’alumine et de l’oxyde de fer d’une part, à la chaux d'autre part. D'après cette classification, les chaux faiblement hydrau- 302 E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE liques ont un indice compris entre 0,10 et 0,16; entre 0,16 et 0,31 on a les chaux moyennement hydrauliques ; les chaux hydrauliques proprement dites ont un indice variant de 0,31 à 0,42; l'indice des chaux éminemment hydrauliques est de 0,42 à 0,50; au-dessus de 0,50 on a des ciments à prise lente et à prise rapide. Cette classification n'est certainement pas très précise; on l'utilise cependant encore aujourd’hui, mais pour les chaux seulement; celles-ci toutefois se classent surlout d'après le temps qu’elles mettent à faire prise sous l’eau. Les recherches de M. H. Le Chatelier lui ont permis de formuler des règles plus rigoureuses, surtout pour les ciments. Dans les chaux hydrau- liques il faut un excès de chaux pour produire l'extinction, mais il ne doil pas être trop élevé. Dans les ciments à prise lente, qui sont surcuits et qui ne sont pas modifiés par l’extinction, la com- position peut être précisée très exactement. La limite supérieure de la teneur en chaux est donnée par la formule suivante : Ca 0, Mg0O Si0? + ALOS = C'est-à-dire que la chaux, et la magnésie qui existe toujours en faible quantité dans les ciments, doivent être saturées complètement par la silice et l’alumine. Si l'on diminue la quantité de chaux au delà d'une certaine proportion, la silice est en excès et il se forme du silicate dicalcique qui se pulvérise spontanément après la cuisson, et donne un ciment de qualité très médiocre; il faut donc éviter la for- mation de ce silicate, et la quantité de chaux devra être suffisante pour que, le silico-aluminate étant formé, il en reste assez pour que le silicate trical- cique puisse se produire. On a ainsila formule qui donne la limite inférieure de la teneur en chaux : Si0:—(AI2 05, Fe203)., , Ca O,Mg 0 æ à Les ciments à prise rapide contiennent moins de chaux que les ciments Portland, mais leur cuisson est poussée beaucoup moins loin et ils renferment une assez grande quantité d’alumine. Il n'y a pas de règle absolue indiquant quelle est la meilleure composition à rechercher pour ces ciments. Les calcaires naturels employés pour la fabrication de ces produits peuvent être de composition assez va- riable, tout en donnant des résultats satisfaisants. La valeur du ciment est donc liée essentiellem ent à celle du gisement exploité, et le fabricant ne peut que s'efforcer d'utiliser seulement les bancs que l'expérience indique comme supérieurs aux autres. La fabrication des chaux et des ciments peut se diviser en trois grandes classes : fabrication des chaux hydrauliques, des ciments naturels et des ciments artificiels; nous passerons en revue succes- sivement chacune d'elles en indiquant les princi- paux centres de production et en décrivant quel- ques-unes des installations les plus intéressantes. IT. — FABRICATION DES CHAUX HYDRAULIQUES Les chaux qui résultent d’un mélange fait à l’u- sine sont dites artificielles ; les autres, qualifiées de naturelles, proviennent d'un mélange naturel de calcaire et d'argile. $ 1. — Chaux hydrauliques artificielles. Comme nous l’avons dit plus haut, la seule usine qui fabrique encore de la chaux artificielle est située aux Moulineaux, près de Paris; créée en 1826 par MM. Brillant et de Saint-Léger, elle commença à fonctionner sous le contrôle de Vicat, et les procédés employés alors sont restés à peu près les mêmes aujourd'hui. La craie, extraite en galeries, est mélangée avec de l'argile dans des malaxeurs verticaux; le mélange sort de l'appareil en pâle ferme, qui est découpée en pains et séchée sur les fours dans lesquels la cuisson s'opère en- suite à la manière ordinaire. A la sortie des fours, les morceaux cuits sont arrosés largement et mis en tas; l'extinction s'opère pendant 10 à 15 jours; après quoi la chaux est blutée; les parties les plus cuitesrésistentà l’exlinctionetrestenten morceaux, que l’on broie à l’aide de meules horizontales; on obtient ainsi du ciment à prise lente. L'usine, dirigée actuellement par M. Fauh, pos- sède dix fours, et la production est de 15 à 20:000 tonnes par an environ. S 2. — Chaux hydrauliques naturelles. Les usines qui fabriquent de la chaux hydrau- lique sont lrès nombreuses en France: on peut affirmer que, dans aucun autre pays, la produc- tion de la chaux n’est aussi considérable. L’énu- mération de toutes les usines serait beaucoup trop L RE ft Se 0 D PE ENT PARENT PACE NTT eng hate longue et ne présenterait pas d'intérêt. Nous nous . bornerons à celles qui ont une certaine importance. À. Région du Midi. — Le département qui vient en première ligne est celui de l'Ardèche, dans lequel on produit presque autant de chaux que dans le reste de la France, gràce aux usines du Teil, dont la production dépasse 300.009 Lonnes par an. La chaux de la Société Pavin de Lafarge, du Teil, est trop connue pour que nous ayons à insisler sur … ses qualités; il nous suflira de dire qu'elle est em- ployée dans toutes les parties du monde. Fondée en 1830, l'usine de Lafarge au Teil prit un rapide essor, et sa prospérilé n'a fail que.s’ac- très remarquables _ gueur sur 100 mè- sente en bancs de S chant de grosses a _ masses à l’aide de (y Néons sé mnité ts ie) SSS E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE 303 EEE EEE EL EL croître par suite de l'absorption d'établissements concurrents existant dans les environs. La réputation si méritée de la chaux du Teil est due, non seulement à une direction éclairée et aux soins constants qui entourent la fabrication, mais aussi aux gisements exploités, qui sont comme puissance el homogénéité. L'extraction se fait à ciel ouvert el le front de laille présente un déve- loppement de 7 à 800 mètres de lon- tres de hauteur; le calcaire fait partie des marnes né0co- miennes et se pré- très grande puis- sance variant de 20 à 40 mètres d'épais- seur. Pendant long- temps onaexploité ?! la carrière en déla- { -- hauteur 1717 mines très fortes : SÙ celles-ei ont atteint » jusqu'à 10.000 ki- los: on débilait en- suite les gros blocs avec des mines à acide. On préfère maintenant em- ployer uniquement des mines de moin- dre importance. Les usines du Teil pouvant être con- sidérées comme le de calcaire et de charbon; la cuisson est continue, et, à mesure que l'on met de nouvelles charges de calcaire, on extrait, à la partie inférieure, de la chaux cuite. La chaux est reçue directement dans des wagonels ou des tombereaux,et elle est portée aux chambres d'ex- linction. Étalée d'a- bord sur une plale- Plate forme forme, où elle est arrosée avec une quantité d’eau dé- = ___ Briques ET = nes terminée, elle est LAN mise immédiate- a ment en las sur 2 NS mètres environ de LS à hauteur dans de grands hangars soi- fe LES sérceuurx eneuse t l este us de briques D semen CIos. Yefractatres, sco- np: < ° res, etc, mélanges ( Fig. 3.) RES IL est, en effet, très important d'é- vilter que la chaux se refroidisse pen- dant l'extinction : la chaleur favorise l'hydratation de la chaux et sa réduc- tion en poudre. A- près un temps qui varie de 8 à 15 jours, la chaux est considérée comme À suffisamment élein- te, elLelle est prête à être blutée. On là fait passer d'abord à travers une grille dont les ouvertures ont O0 m. 06 de côté, Æaçonnerie a jpriques f il 74 actaires LS Manchon aertifère , #4 auto -distributeur \ puis dans des blu- Leries garnies de nie poor le toiles métalliques ES 5 char, rgement de læ —. chaux cuite en _crottes dans les du numéro 40. Les morceaux qui res- type le plus parfait ÆTE 0 TE Cas FC tent sur la grille des fabriques de TS ENS sont des incuits el chauxhydrauliques, des surcuits; les nous les décrirons Fig. 1. — Coupe verticale schématique d'un four pour la cuisson des premiers sont ren- plus spécialement; cette fabrication est, d'ailleurs, très simple. Les pierres à chaux, une fois cassées en morceaux aussi réguliers que possible, sont portées aux fours ; ceux-ci ont une forme ovoïde (fig. 1); les anciens fours avaient 12 mètres de hauteur, les nouveaux, dont la figure 2 représente l'extérieur, en ont 18. Le chargement se fait par couches alternatives chaux hydrauliques. voyés aux fours ; les seconds sont, après avoir été concassés el broyés, mélangés au ciment de grappier. Le refus des bluteries est composé de grappiers proprement dits, entourés de chaux en poudre et de parlies éteintes, mais qui sont restées agglo- mérées; on fait passer le tout entre des meules horizontales écartées de 10 à 14 millimètres; il 304 “4 E. CANDLOT -— INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE s'opère une sorte de décorticalion qui laisse intacte les grappiers el réduit en poudre fine les parties tendres. Après blutage, on a une chaux lourde, qui est mélangée avec les produits du premier blulage. Les grappiers, qui élaient autrefois rejetés, sont ulilisés maintenant à la fabrication d'un ciment à prise lente ou ciment de grappiers. À la condition d’être contrôlé très soigneusement, ce produit pos- sède des qualilés qui lui permettent de rivaliser avec les ciments Portland. Le ciment de grappiers est toujours conservé longlemps en silos avant d’être expédié. Fig. 2. — Usines de la Sociélé J. et A. Pavin de Lafarge, au Teil hauteur, Des wagonets chargés de chaux cuite sortant Telles sont, en général, les principales opérations que l’on renconlre, avec quelques variantes, dans toutes les usines de chaux. Les principales diffé- rences viennent de la forme des fours; du traite- ment des grappiers, de l'extinction; dans beaucoup d'usines on mélange à la chaux les grappiers qui ontélé éteints et réduits en poudre ; on augmente ainsi la résistance du produit; c'est ce que l’on ap- pelle réincorporerles grappiers. Enfin, nous verrons plus loin que l'on fabrique quelquefois, avec les mêmes produils des fours, en les séparant simple- ment par des blulages, de la chaux légère, de la chaux lourde et du ciment, Les dimensions des fours varient beaucoup, mais le même mode de cuisson est employé partout. Pour le broyage des grappiers, on se sert, au Teil, de broyeurs spéciaux, dits broyeurs Lubac; dans d'autres usines on utilise les meules ou les broyeurs à boulets, système Morel. La chaux du Teil est essentiellement siliceuse ; bien que, d'après son indice d'hydraulicilé, qui est de 0,39, elle ne rentre que dans la catégorie des chaux hydrauliques proprement dites, elle peut être considérée comme chaux éminemment hy- draulique : sa prise s'effectue en 24 heures et elle pèse, au mètre cube, 800 kilos. \ its ET D di} Ardèche). — Massifs des grands fours à chaux de 18 mètres de des fours se dirigent vers les chambres d’extinction. La Société Pavin de Lafarge possède plusieurs usines au Teil et à Cruas; dans ces usines réu- nies on compte 100 fours. Le nombre des ouvriers est de 1.800 et, comme nous l'avons dit plus haut, la production dépasse 300.000 tonnes par an. Dans le même département, on peut ciler encore, comme usine importante, celle de MM. Valelte, Viallard, à Cruas, qui fabrique environ 20 à 25.000 tonnes par an el emploie des procédés analogues à ceux du Teil. Après les usines du Teil, la plus importante de la région du Midi pour la fabrication de la chaux hydraulique est celle de Gontes-les-Pins, à peu de 0BP9RSUO p SOTIEI 19 UONOUTIXA,P SAIQUIETO 9JTOAP & £ KNEUO sop juowonbre EC Ce" en QU 29pa4y) pay nn ‘oban/v'y 2p Wan ‘y 1 *[ 279100$ M 2p saurSN — ‘€ ‘SU t Es "ee il II #ÿ {| SAN SCIENCES, 1895 REVUE GÉNÉRALE DES 306 E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE distance de Nice (figure 4); elle a été créée en 1867. La carrière a 150 mètres de longueur sur 40 mètres de hauteur; le calcaire appartient au terrain crélacé. Les fours sont au nombre de 12: ils ont 10 mètres de hauteur. L'exlinction et le blutage se font comme au Teil, les grappiers sont broyés à part el vendus comme ciment. L'indice d'hydraulicité de la chaux de Contes-les-Pins est assez élevé : il varie de 0,42 à 0,50; c’est donc une chaux éminemment hydraulique. La production annuelle est de 25.000 tonnes !. À Marseille quelques usines produisent de la chaux hydraulique ; mais elles fabriquent principa- lement des ciments naturels, sur lesquels nous au- rons occasion de revenir. 2. Region du Sud-Ouest. — Dans le Sud-Ouest nous trouvons d'assez nombreuses usines : dans le Lot- | soulie el, un peu plus tard, une autre usine à Puyonem: elles sont devenues la propriélé de la Sociélé Dordognaise, qui fabrique environ 7.000 à 5.000 tonnes. Une autre usine, construite par M. Malleboy, à Saint-Astier même, produit 4 à 5.000 tonres par an. Enfin, l’année dernière, M. Eymery, qui exploi- tait déjà une usine depuis 1883, a fait construire, à Saint-Aslier,une usine qui est actuellement la plus importante de la région : elle possède 10 fours et sa production est de 10.000 lonnes par an. Les carrières exploitées à ciel ouvert ont une hauteur variant de 15 à 35 mètres; celle de M. Ey- mery a une longueur de 200 mètres sur une hau- teur moyenne de 30 à 35 mètres. 3. Région de l'Ouest. — Dans les départements de Fig. 4. — Fabrique de Chaux hydraulique de Conles-les-Pins, près Nice (Alpes-Maritimes). et-Garonne, à Sauveterre-la-Lémance, à Libos, à Castelfranc; dans le Lot, à Cahors. Ces usines pro- duisent aussi des ciments naturels et nous en parlerons à propos de ces ciments. À Sauveterre, l'épaisseur du gisement de pierres à chaux atteint 36 mètres: l'indice d’hydraulicité des calcaires varie de 0,05 à 0,38. La chaux contient un peu de magnésie, mais elle est, malgré cela, très estimée dans la région. Les usines de Saint-Astier (Dordogne) ont pris depuis quelques années une assez grande exten- sion. La première usine de cette région a élé créée, en 1833, par M. Mounel, au village de Laborie; elle appartient aujourd'hui à M. Lestiboudois el sa production est de 6.000 tonnes par an. La Société générale des Chaux de Saint-Astier date de 1873 et 7.500 tonnes. M. Mallet a établi en 1876 une usine à La Mas- produit annuellement 1 Cétte usin briquer du ciment Portland irtificiel: elle m ge, par voie sèche et par voie humide, les calcaires trop riches en argile de la carrière avec des craies presque pures qui l'on trouve dans les environs. l'Ouest les seules usines intéressantes sont celles de Marans (Vendée) ; elles sont au nombre de quatre; la principale est exploitée par M. Nivet. Les calcaires utilisés pour la fabrication de la chaux appartiennent au terrain oxfordien ; ils sont extraits à ciel ouvert et se présentent par couches de 2 à 3 mètres d'épaisseur sur une hauteur de 6 à 8 mètres; le découvert alteint 4 mètres en- viron. À L'usine Nivet possède 13 fours produisant 60 à 710 mètres cubes de chaux par 24 heures; on prévoitun agrandissement de l'usine qui porterail le nombre des fours à 45. L'extinclion se fait très soigneusement et dure 15 à 30 jours ; les grappiers ne sont pas ulilisés. La densité de la chaux est peu élevée, le poids du litre est de 0 k. 500 environ; malgré cela, elle donne des résistances satisfaisantes, qui altei- gnent, en pàle pure, près de 4 kilos par centimètre carré après un mois, el 13 à 14 kilos après un an. M. Nivel à imaginé un appareil très ingénieux pour l'essai des chaux et des ciments, qui permet de faire, sur la même éprouvelle, des essais à la E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE 307 traction, à la compression, à la flexion el au cisail- lement. À Echoisy (Charente), six usines exploitent des calcaires analogues à ceux de Marans ; l'indice d'hydraulicité de ces chaux est de 0,28 seulement ; la produclion de ces usines est peu impor- lante. … A. Région du Centre. — L'u- . sine la plus an- . cienneet la plus . renommée _ dans celte ré- _gion est celle de Paviers (In- dre-et-Loire). _ Sa construction remonte à l’an- née 1841; elle _est exploitée _ actuellement par M. Huguet. L'extraction du calcaire se fait + -engaleries aux- couches de 1 mètre à 1 mètre 50 d’épais- 5 x x seur; elles sont très homogènes. Les fours ont au nombre de 12: la chaux est “éteinte et blutée par les moyens ordi- sentent rien de particulier; l'extraction se fait à ciel ouvert ; les bancs sont assez nombreux et leur composition est variable ; l'indice d'hydraulicité est généralement plus élevé dans les couches in- férieures. Les grappiers provenant du blutage sont broyés séparément et sont vendus comme ciment. Les usines de Beffes trouvent leur principal débouché à Paris, où elles ex- pédient chaque année des quantités de plus en plus considérables; la chaux arrive à Paris par eau, et le prix de transport est très réduit. La chaux de Senonches (Eure-et-Loir est l'une des plus anciennes de France: bien avant que l’on connût les proprié- tés des chaux hydrauliques, elle était estimée et on l'employait presque ex- clusivement dans tous les grands tra- vaux de Paris et des environs. Comme à Paviers, le calcaire s'extrait en gale- ries auxquelles on accède par des puits de 30 mètres de profondeur: on exploite trois banes de 0,50 à 4 mètre d'épaisseur. La composi- tion de la chaux de Senonches Canal dela est à peu près Memeau ]a même que celledelachaux du Teil ; sonin- dice d'hydrau- ée : elle atteint jusqu'à 28 °/,. L'usine uguet produit annuellement environ 20.000 tonnes de chaux. Il existe dans les environs, à Trogues, ique; ces usines sont relativement ré- “centes, les plus anciennes sont celleside sine de Louvières (Vibry-le-Francois) pour as- surer la succession continue des opérations de- puis l'extinction de la chaux jusqu'au charge- ment du produil fabriqué. — En À circulent les wagoncts apportant la chaux cuite et arrosée. La matière est dèversée dans la grande chambre d'extinction B, où elle séjourne quelque temps. Au bas de cette chambre une hélice H amène la chaux, au travers de la trémie D, dans le blutoir I.La chaux blutée tombe dans une trémie E, et de là dans l'empochoir F qui sert à l'ensacher. Les sont transportés par le pont P G dans le bateau. — M, M, M, magasins ; C, chemin de service ; K, K, calcaire ; O’, O’, O, argile, sacs naires: les grappiers sont réincorporés. £ LL LLOOLDA licité atteint a chaux est lourde, elle pèse 0 kil. 800 dre 0,40 ; elle peut au litre ; sa teneur en silice est très éle- Fig. 5. — Schéma de la disposilion adoptée à l’u- donc être clas- sée parmi les chaux éminem- ment hydrauli- ques. Toutefois depuis quel- ques années, la qualilé le cette chaux parait se modifier el sa réputalionn'est MM. Picardeau et Daumy. Actuellement, la fabri- le chaux par an. Puis viennent les usines de “MM. Polliet, Baillot et Villevielle, de M. Lan- + et plusieurs autres de moindre impor- _lince. | — Les procédés employés dans ces usines ne pré- e] | E plus aussi grande qu'autrefois. A Laigle (Orne), on trouve quelques fours à chaux ; les calcaires sont de même nature et s’exploitent de la même facon qu'à Senonches, mais l'indice d'hydraulicité de la chaux est moins élevé. 5. Région de l'Est. — L'usine de Louvières (fig. 5), près Vitrv-le-François, a été 1574. Me V'° Roze-Robert exploite celte usine, qui esl créée en » æ AZ RAT me. s Chaux de l'Aube. actuellement une des plus importantes de la région. _ Les calcaires appartiennent au terrain crétacé supérieur ; longueur de 500 mètres et ont, en totalité, 50 me- tres d'épaisseur. Les fours, au nombre de 8, ont 11 mètres de hauteur ; l'extinction est très soignée ; les grap- piers sont réincorporés à la chaux. par an. La chaux de Louvières a un indice d'hy- draulicité de 0,33 à 0,35; elle est caractérisée par une proportion Saaire assez élevée, environ 6 à 7°/,, et se rapproche ainsi be de Ja composition des chaux de Tournai. La prise de cette chaux est assez rapide. A Vitry-le-François même, la Société Pavin de Lafarge a établi une usine où elle fabrique du ciment de laitier et de la chaux hydraulique ana- logue à celle de Louvières. La Société des Chaux de l’Aube, dont le siège . social est à Troyes, exploite plusieurs usines à Ville sous-la-Ferté et Mussy-sur-Seine (Aube), à Côtes-d'Alun (Haute-Marne), et à Ancy-le-Franc (Yonne). L'usine la plus importante est celle du Seilley à Ville-sous-la-Ferlé (fig. 6). Les calcaires appar- - tiennent à l'étage oxfordien; le front d'abatage de la carrière a 30 mèlres de hauteur.sur 100 mètres de large ; les bancs sont très nombreux ; leur épais- seur varie de 0",20 à 0",70. Les fours sont au nombre de treize. L'extinction dure 10 à 45 jours; les grappiers sont réincorporés à la chaux; seuls, les grappiers ayant résisté à deux extinctions successives sont broyés à part et endus comme ciment. Comme la chaux de Vitry, celle du Seilley con- ient une assez forte proportion d'alumine; son indice d'hydraulicité est de 0,41. La production annuelle de cette usine est de 10.000 tonnes. L'usine de Saint-Bernard à Clairvaux est à peu près de même importance que celle du Seilley; elle possède quinze fours (fig. 9). A Mussy-sur-Seine se trouve l’usine de la Gra- ière, qui possède dix-huit fours et produit environ 8.000 tonnes par an (fig. 7) A Côtes-d’Alun, il n'existe que quatre fours pro- duisant 3.000 Lonnes (fig. 8). L'usine d'Ancy-le-Franc (Yonne) est de créalion plus récente. La carrière, ouverte dans le terrain oxfordien, a ne hauteur de 50 mètres sur 70 mètres de lon- ueur. Les bancs sont au nombre de douze ; ceux Mu haut sont seuls exploités; 25 ont une épaisseur de 20 mètres. LES 2 3 PET TTIN. Y les bancs exploités s'étendent sur une. La production de l'usine dépasse 26.000 tons: E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE 309 Les fours ont 9 mètres de hauleur et cubent 45 mètres. L'extinetion est faile à la manière ordi- naire ; les grappiers sont réincorporés entièrement à la Rire Cette chaux est un peu moins alumineuse que celles de Ville- sous- “la: Ferté; son indice d'hydrau- licilé est de 0,41, sa ire apparente est de 06,650. ha production annuelle de l'usine est de 5.000 tonnes. En raison de sa situation avantageuse sur le canal de Bourgogne, et à proximité du che- min de fer, cette usine est TRS à se développer rene A Xeuilley Mosanes -et-Moselle) se trouve une usine importante de chaux hydraulique; les car- rières, ouvertes au sommet d’une colline, sont situées au-dessus du gueulard des fours; cé ci sont au nombre de vingt-six. L'extinction se fait dans de grandes chambres; les grappiers sont réduits en poudre très fine à l'aide du broyeur Morel, et ils sont réincorporés entièrement à la chaux. | à La chaux de Xeuilley se rapproche des chaux de l'Aube et de la Haute-Marne par sa composition; elle renferme une assez forte proportion d’alumine; elle est classée parmi les chaux éminemment hy- drauliques, bien qué son indice d'hydraulicité soit seulement de 0,35 à 0,37. La production est de 15.000 tonnes environ par an. 6. Région du Sud-Est. — Dans le département de l'Ain, plusieurs usines fabriquent de la chaux Es denlique: la plus importante est celle de MM. jurron et C*, à Virieu-le-Grand. Les calcaires, appartenant à l'étage oxfordien, sont extraits à A ouvert sur une hauteur de 35 à 45 mètres. La composition des bancs est assez irrégulière : elle varie de 18 à 2 95 1) , d'argile; aussi produit-on des chaux de div erses natures et aussi des ciments à prise lente et à prise rapide. La fabrication diffère un peu de celle des autres usines. À la sortie des fours, après avoir retiré les incuits, on arrose la masse et on la relève en Las; après 6 à 7 jours, on blute, el on a ainsi la chaux légère; il reste une grande quantité de morceaux non éteints qui sont plus ou moins vitrifiés ; on les fait passer dans des meules, auxquelles on laisse un écartement de 10 à 15 millimètres. Les parlies tendres sont seules réduites en poudre; on les passe aux bluloirs et on obtient la chaux lourde: enfin, les parties les plus dures rejetées par les bluloirs sont pulvérisées finement et constituent le ciment à prise lente. C’est, comme on le voit, le traitement des grappiers comme au Teil; l'usine de Virieu a été la première, il yalrente-cinq ans en- viron, à pratiquer ainsi l'utilisation des grappiers. % % HD à, on voit, v is le grand b ”] PI à s les f » d'extinction, n = A SE : = = Êe S uw De SÀ RE S à S 2 Lx SR — = = S a 312 E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE Les chaux de Virieu se distinguent par une prise très rapide et une densité apparente élevée; la chaux légère pèse 0,750 au litre, et fait prise en1à à 18 heures; la chaux lourde pèse 16000 à 4,100 el prend en 6 à 8 heures. L'usine de MM. Jurron et Ci‘ possède vingt fours à feu continu; la force motrice cest donnée par une chute d'eau de 120 mètres pouvant développer 600 à 700 chevaux, mais dont on n'utilise qu'une partie. = La production est de 25 à 28.000 tonnes, dont 20 à 30°/, en chaux légère, 60 à 70 °j, en chaux lourde et 21) °/, en ciments. Les autres usines de la région se trouvent à Béon (Culoz), à Bons, el à Buséal, près Virieu. Dans la région du Sud-Est, on peut encore classer les usines de l'Isère dont nous aurons à parler principalement à propos des ciments natu- rels; la fabrication de la chaux, dans ce dépar- tement, est relativement peu importante; les principales usines sont celles de Montalieu et de Bouvesse: elles possèdent vingt-neuf fours et pro- duisent 30.000 tonnes de chaux légère, de chaux lourde et de ciment de grappiers. IV. —— FABRICATION DES CIMENTS ARTIFICIELS Il y a deux sortes de ciments artificiels : les ci- ments du type Portland et les ciments de lailier. $ 1. — Ciments du type Portland 1. Région du Boulonnais. — C’est dans la région du Boulonnais que se fabrique la plus grande partie du eimeut Portland produit en France; la produc- tion totale étant de 350.000 Lonnes environ, les usines du Boulonnais livrent, en effet, à elles seules, près de 300.000 tonnes par an à la consom- malion. La plus ancienne usine est celle de Boulogne, dont la création remonte à l'anaée 1845; à cette époque, M. Demarle trouva les procédés convena- bles pour trailer les marnes argileuses de Neuf- chàtel, dont les gisements avaient élé découverts par Vical. Ces procédés sont encore suivis dans toutes les usines de la région, el on n'y a fait que des modificalions de délail peu importantes. Les marnes crélacées employées par les usines du Boulonnais forment un puissant gisement qui est exploité à Dannes, Camiers, Neufchätel, Samer, Desvres, Lumbres, elec. L'exploilalion des carrières se fait à ciel ouvert: le découvert est généralement très faible; le cal- caire est lendre, friable et s’extrait facilement à la pioche sans qu'il soil nécessaire de recourir à la mine. La carrière de l'usine de Boulogne, exploitée actuellement par la Société des Cimenls francais, est située à Neufchatel; la même Société possède une autre usine à Desvres. Ces usines réunies for- ment un des établissements les plus importants qui existent pour la fabrication du ciment Port- land; on ne peut lui comparer que les grandes usines de MM. White brothers, en Angleterre, et celles de MM. Alsen et Sohne et Dyckerhoff, en Allemagne. Leur production atteint 430.000 tonnes par an, el pourrait être plus grande encore. Les procédés employés pour la fabrication du ciment Portland sont à peu près les mêmes dans toutes les usines du Boulonnais: les marnes sont délayées fig. 12) avec 50 à 60 % d'eauet réduites ainsi en bouillie claire; comme elles contiennent une proportion d'argile un peu inférieure à celle qui est nécessaire, on ajoute une pelite quantité d’ar- gile du Gault qui, à Boulogne, est extraile des fa- laises situées à l’ouest du port. A la sorlie des délayeurs, la pâle est envoyée dans les bassins doseurs; ce sont de grandes cuves dans lesquelles des agilaleurs mélangent intime- ment la pâte; des échantillons, destinés à faire con- naître si la composilion de la pâle est normale, sont prélevés dans ces bassins et analysés rapide- ment; selon que l’on a trouvé trop ou trop peu d'argile, on introduit dans le bassin une quantité déterminée de pâle plus calcaire ou plus argileuse. La pâte n’est considérée comme bien dosée que si la proportion d'argile ne s'écarte pas de plus d'un demi pour cent du dosage normal, qui est généra- lement 20 à 22 %. Après avoir élé dosée, la pâte doit être desséchée complètement: ce résullat est obtenu de différentes façons. Tantôt la pâte est envoyée dans de grands bassins, d'une contenance de 2.000 à 3.000 mètres cubes, où elle reste plusieurs semaines: quand elle est suflisamment ferme, on la lransporte sur des séchoirs constitués par des aires chauffées par le gaz de fours à coke. Tantôt la pâle est envoyée directement sur les fours où s'opère la cuisson; elle est alors séchée par la chaleur perdue de ces fours. Dans le premier cas, la pâle sèche est cuite dans des fours ordinaires, semblables aux fours à chaux, mais surmontés d’une cheminée très élevée qui détermine un lirage énergique; la cuisson est intermittente. Quand Ja cuisson doil avoir lieu dans les fours Hoffmann, la pâte, à la sortie des grands bassins de repos, est mise en briques et séchée dans des séchoirs spéciaux. Les fours Hoft- mann sont analogues à ceux qui sont employés pour la cuisson de la brique; ils ont généralement 18 compartiments. Les fours qui sèchent la pète venant directement des bassins doseurs sont appelés fours anglais ou fours-séchoirs: ils sont groupés au nombre de 10, 12 ou même davantage, et les produits de la com- CE ET ST tuer een ax Bent meet es nd AE Gé D gris 4 i “2NDAAU1D]) D PADUlIE-JUIDS ap aU1s/) — ‘oqnFp 7 2p Tuny sp POSE REVUE GÉNÉRALE 5. DES SCIENCES, 189 a ‘(S1D)09-2p-SDd) SaUUDG D ‘SAUUV( 2P SJUAUND SD 212190$ D) 2D 2UISQ — ‘OV ‘ÊTA 1 314 E. CANDLOT — J! DUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE bustion sont envoyés par de larges conduits horizontaux à une chemi- née unique; c'est dans l'intérieur el sur le dessus de ces conduits que la pâte liquide est envoyée et se dessè- che pendant que la cuisson s'opère dans le four. Les fours-séchoirs (fig. 10) sont intermittents. Une quatrième espèce de four est aussi employée, mais seulement à Boulogne : c’est le four à étage ou four Dietzch; il ressemble à un four ordinaire dans lequel la partie supé- rieure serait transportée, parallèle- ment à elle-même, à peu de distance de la partie inférieure el raccordée à celle-ci par un conduit horizontal. Les pâtes sèches sont introduites dans la cheminée à 3 mèlres environ au-dessus du conduit horizontal; cette partie s'appelle le réchauffeur. La pâte, en effet, est porlée à une tem- pérature élevée par les gaz produits par la cuisson el qui la traversent. La cuisson s'opère dans la zone su- périeure du four proprement dit, le réchauffeur formant la cheminée; à cel endroit, des portes pratiquées de côté et d'autre du four permettent de w venir, avec de longues pelles, faire « tomber la pète du réchauffeur dans le creuset et, en même temps, d'y ré- pandre le charbon nécessaire pour la cuisson. Le feu est très vif jusqu'à 2 à 3 mètres au-dessous des portes, puis, à mesure qu'il descend, le ci- ment cuit se refroidit et il sort du four tout à fait froid. Des regards, ménagés à quelque distance au-des- sous du creuset, permettent de ringar- der pour faire descendre la masse si elle est restée collée contre les pa- rois du four. La partie inférieure du four à élage a 7 à 8 mètres de hau-. teur et la partie supérieure 45 à 25 mètres. Ce four, très employé en Allemagne el en Suisse, n'a pas été adoplé par les usines françaises mal- gré tous ses avantages; il n’en existe plus qu'un aux usines de Bou- logne. Le ciment, à la sortie des fours, esL trié soigneusement; les morceaux bien euits sont noirs, lourds, {rès durs; les incuits sont jaunes ou gris, mais toujours légers et peu | *so7pd Sap uOSStn9 {19 UO1P991SS9p E[ ANOÏ SATOU99S-SAN0} 9p 2dno19 ‘sano$s0p suISseq Ja sana{eT9(T ‘jueuro ® ‘SutSeBeur ‘PUOJ NY > +3 = o 2 Le) = Æ & (E © 5 œ à 4 [e =] 2 © CR Q > rs *091IJOUI QUITOUUI EJ 2P 19 sanomeou?8 $0p SJUOUINET E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE 315 résistants; on les met de côté pour les repasser aux fours. “ La réduction du ciment en poudre s'opère à l’aide de concasseurs à mâchoires, de cylindres la- mineurs, qui ré- duisent les roches en fragments de à 8 millimètres, et de meules ho- rizontales. Le pro- duit des meules est passé dans des bluteries, et tou- tes les parties en- core trop grossiè- res retournentaux meules; la pou- dre fine est en- voyée dans les magasins où elle est mise en ba- rils ou en sacs. Telle est, dans ses grandes lignes, le mode d’opé- | rer employé par les usines du Boulonnais; il y a très peu de variation d’une usine à l’autre, et les seules différences viennent des soins apportés à la Fig. 41. — Emploi de la locomotive électrique pour remorquer les wagon- nels de marne dans la carrière de MM. Darsy, Lefebvre el Lavocal, à Neufchälel (Pas-de-Calais). — Le courant est envoyé à la locomotive au moyen d’un cäble aérien sur lequel glisse un trolley. fabrication. À Boulogne, les fours sont, en majorité, des fours ordinaires intermittents; il existe aussi un certain nombre de fours-séchoirs,. système Johnson, deux fours Hoff- mann four coulant Dietzth. et un syslème La mou- ture s’opêre à l ai- de de seurs, de concas- lami- noirs et de meules horizontales; il en existe 58 paires dans les usines de la Sociélé. Le nombre des ouvriers 1200. est de La plus ancienneusine du Boulonnais, après celle de Boulogne, a été fondée en 1860 à Neufchâtel par Big. 12.— Fabrique de ciment de MM. Darsy, Lefebvre el Lavocat. — Délayeurs réduisanten bouillie claire les marnes calcaires employées à la fabrication du ciment, 310 "1 : E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE MM. Darsy et Lefebvre: elle est exploitée aujour- d'hui par MM. Darsy, Lefebvre et Lavocat (fig. 12 el 1%). La carrière est située à côté de celle de la Société des Ciments francais et à 1500 mètres envi- ron de l'usine. Le transport des marnes de la car- rière aux délayeurs se fait à l’aide de wagonets remorqués par une locomotive électrique (fig. 11) construite par M. Hillairet: c'est la première ap- plication de l'électricité, comme force motrice, dans les usines du Boulonnais. Le traitement des malières premières s'opère comme à Boulogne: les fours sont à séchoirs, el on emploie, pour la mouture, des cuncasseurs, des la- minoirs et des meules. L'usine occupe 150 ouvriers et produit 25.000 tonnes par an. Viennent ensuite les usines de MM. Sollier et C° fondées, en 1869, à Neufchàätel également, où l’on trouve les mêmes procédés de fabrication. Ces usines possèdent 19 fours ordinaires intermittents, dits à dôme (fig. 13), 12fours anglais et 17 paires de meules ;la production est de 30.000 tonnes par an. On trouve encore, à peu de distance de Neufchà- tel, l'usine créée par M. Dupré et exploitée actuel- lement par M. Basquin; sa production est de 10.000 à 45.000 tonnes par an. L'usine de la Société des Ciments de Dannes, à Dannes fig. 10), et celle de MM. Delbende et Cie, à Desvres, ont été construites à peu près à la même époque, vers 1882; ces usines possèdent des fours- séchoirs et produisent chacune 20.000 {onnes envi- ron annuellement. La Compagnie Nouvelle des Ciments Portland du Boulonnais à Desvres est une des dernières sociétés élablies dans la région de Boulogne; sa production est la plus importante après celle de la Société des Ciments français. Les fours, au nombre de 25, sont du système Johnson: elle peut fabriquer 40.000 à 90.000 Lonnes par an. Il existe encore quelques peliles usines à Samer, à Lumbres, à Lothingen, à Camiers. En dehors de la région du Boulonnais, mais dans le Pas-de-Calais cependant, nous devons ciler en- core l'usine de MM. E. Cambier et Ci située à Pont-à-Vendin. Les matières premières employées par MM. E. Cambier et OC" sont, comme dans toutes les usines anglaises, la craie pure el l'argile mélangées par voie humide en proportions conve- nables. Les mélanges se font à l’aide d'appareils semblables à ceux des usines du Boulonnais, les fours sont du système Johnson : la production est de 15.000 lonnes par an. Il existe encore une usine de création plus ré- dans le Pas-de-Calais. Celle usine emploie la voie sèche el produit an- cente à Perne-en-Artois, nuellement 5.000 à 6.000 tonnes: elle est dirigée par M. Parsv. v Le succès des usines du Pas-de-Calais est dû surtout à leur régularité de fabrication assuréepar … des procédés très parfails de dosage des matières premières. Les grands travaux maritimes exécutés … en France depuis une quinzaine d'années ont con- - tribué puissamment à développer leur essor, et, si le port de Boulogne permettait d'expédier au loin à des prix avantageux, il n’est pas douteux que ces usines trouveraient dans l'exportation un débou- = ché qui pourrait augmenter encore dans des pro-" portions importantes leur production. Les ciments * français sont, en effet, justement appréciés à l’é- tranger, et leur prix élevé en restreint seul la vente dans plusieurs pays où on les préférerait certainement aux ciments anglais ou belges. 2. Région du Sud-Est. — Le fils de Vicat, M. J. Vicat, a créé, en 1858, une usine pour la fabrication du ciment Portland arlificiel à Vif, près de Grenoble. La préparation des matières. se lait d’une manière toute différente de celle qui est employée däns les usines du Boulonnais. On emploie un calcaire argileux, qui est cuit modérément et donne, après mouture, un ciment prompt; ce ciment est mélangé dans un malaxeur avec de la chaux grasse éteinte et blutée; le mé-. lange se fait en proportions déterminées de ma- nière à obtenir toujours la même composition; lan päte ainsi obtenue est mise en briquelles qui se solidifient rapidement; après un certain lemps de séchage à l'air, les briques sont enfournées et lan fabrication est ensuite la même que dans les autres usines.— Les fours sont du type ordinaire à cuisson » intermittente ; ils sont au nombre de 42. L La Société J. Vicat et Gi, actuellement dirigée“ par M. Merceron-Vical, produit 20.000 tonnes de ciment Portland par an; elle crée en ce moment” près de Marseille, en collaboration avec M.Armand, # une nouvelle usine qui présentera des procédés den fabrication intéressants et qui produira 15.000 à 20.000 tonnes par an. 1 Plusieurs autres usines de l'Isère fabriquent du ciment Portland artificiel, mais en quantité relali- | vement restreinte, et nous aurons surtout à parler, de ces usines à propos des ciments naturels. M. Romain-Boyer, à Marseille, fabrique aussi du ciment artificiel depuis quelques années; il emploie le procédé des mélanges de poudres à sec; la cuis- à son s'opère dans des fours ordinaires intermittents. ! 3. Région de l'Yonne. — Dans l'usine de MM. Quil= lot frères, à Frangey (Yonne), on trouve le pro=" cédé du traitement des matières premières dit pars voie sèche. Les calcaires, appartenant à l'étage oxfordien, se présentent par bancs dont la teneur en argile varie de 14 à 30 °/,; après dessiccalion, E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE 317 cils sont broyéstrès finementet mélangésinlimement à sec; la poudre est finalement humectée légère- ment et mise en briques comprimées fortement, Ces diverses opérations s’exécutent à l’aide de moyens L'exploilation de la carrière se fait à ciel ouvert et par gradins. La cuisson s'opère dans un four Hoffmann à 20 compartiments. C’est la seule usine, avec celle de Boulogne, qui emploie ce genre de Fig. 13. — Fabrique de ciment de MM. Sollier et Cie à Neufchätel (Pas-de-Calais). — Carrière et plan incliné remontant la marne aux délayeurs. — Batterie de 11 fours intermittents avec grandes cheminées, dits fours à dôme. (Types des fours de ce genre employés dans les usines du Boulonnais.) très ingénieux dont la description dépasserait le cadre de cette étude; elle a été donnée par M. De- bray, ingénieur en chefdes Ponts et Chaussées, dans un Rapport à la Commission des Ciments en 1888. four pour la cuisson du ciment ; elle a, d’ailleurs, pleinement réussi, etles résullats qu'elle oblient sont de tous points satisfaisants. La production an- nuelle est de 20.000 à 25.000 tonnes. Fig. 14. — Fabrique de ciment Portland de MM. Darsy, Lefebvre et Lavocal à Neufchälel (Pas-de-Calais). 318 E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE Dans lemême département, l'usine Chantemille, à Moulot, produit quelques milliers de tonnes et tra- vaille par voie sèche ; mais elle emploie des fours ordinaires intermittents. 4. Région Parisienne. — Enfin une usine a été créée récemment par la Compagnie Parisienne des Ciments Portland à peu de distance de Mantes, sur la Seine; les matières premières employées sont la craie pure et l'argile plastique traitées par voie humide. Les procédés de mélange el de dosage sont semblables à ceux des usines du Boulonnais; l'usine est construite pour produire 15.000 {onnes par an. Telles sont les seules régions dans lesquelles on fabrique actuellement du ciment Portland artificiel, dont la production est, comme on le voil, encore assez restreinte. Gette industrie n’a pris un cerlain développement que depuis une quinzaine d'années. En 1880 la quantité de ciment fabriqué en France dépassail à peine cent mille tonnes; maintenant elle atteint le chiffre de 350.000 tonnes environ. Dans le même espace de temps la production du ciment Portland en Allemagne est passée, de 100 à 200.000 lonnes, à près de 1.800.000 tonnes; dans plusieurs autres pays tels que la Russie, le Danemark, la Suède, la Belgique, la fabrication du ciment, qui existait à peine, est devenue très im- porlante et prend chaque année plus d'extension. Les causes de lä progression si lente du ciment en France viennent de ce que l'emploi de ce pro- duit n’est pas général comme en Allemagne, en Angleterre, en Danemark, en Russie; la grande quantité de chaux hydrauliques, de ciments nalu- rels, de ciments de grappiers et de-produils divers vendus sous le nom de Portland empêchent aussi la fabrication du ciment artificiel de se dévelop- per. Des progrès importants réalisés dans la fabri- cation ont cependant permis d'abaisser très sensi- blement les prix de revient, et les prix de vente tendent à se rapprocher de plus en plus de ceux des ciments naturels ; quand les ciments artificiels se vendront à des prix relativement réduits, leur usage se généralisera cerlainement davantage, et on peut prévoir que leur production augmentera alors très rapidement. $ 2. Ciment de laitier. Depuis quelques années un nouveau produit hydraulique à fait son apparition et a pris un certain développement dans la région de l'Est nous voulons parler du ciment de laitier. La fabri- introduite en Alle- magne il y a une dizaine d'années, mais elle ne calion de ce ciment a élé parail pas avoir prospéré dans ce pays. En France, la première usine a été montée par M. Henry à donnent des résullals moins satisfaisants pour ce Saint-Dizier: puis est venue celle de MM. Raty et Ci° à Saulnes (Meurthe-et-Moselle); il en existe maintenant d'autres à Neuves-Maisons (Meurthe- et-Moselle\ et à Vilry-le-François ; cette dernière … dirigée par MM. Gonod et Girardot, anciens as- sociés de M. Henry, et établie par la société Pavin de Lafarge. Enfin M. Henry a installé une nouvelle usine dans le Cher, à Bourges. La Société générale du Portland laitier, dont le siège social est à Gre- noble, a exploité plusieurs usines à Saint-Ismier M (Isère), à Laudun (Gard), au Boucau(Pyrénées-Orien- tales). Celle dernière a été détruite par un incendie. La fabrication du ciment de laitier est très simple et nécessile une installation relativement peu im— portante. Les malières premières sont, d’une part," le laitier de haut-fourneau préparé spécialement, et, d'autre part, de la chaux éleinte en poudre. Le. laitier de composilion convenable ne se rencontre pas partoul: il doit avoir une certaine teneur en silice, en alumine et en chaux; de plus, il est indis- pensable qu'immédiatement après la sorlie du haut-fourneau il ait été soumis à un refroidis-s sement brusque. On réalise généralement cette condilion en le faisant tomber dans de grands bassins pleins d’eau ou dans un courant d’eau froide. Le laitier ainsi traité a l'aspect d'un sable à grains poreux, boursouflés: on l'appelle Zaitier granulé. Après être resté à l'air pendant un certain temps, le laitier granulé est desséché complètement dans des appareils de diverses sortes; il est ensuite réduiten poudre fine à l’aide d'appareils de broyage appropriés; ce sont les broyeurs Morel ou less meulelons à meules verticales qui sont employés le plus souvent; les meules horizontales ordinaires travail. La chaux éteinte et blutée finement est mélangéen alors avec la poudre de lailier en proportion con=… venable, indiquée par l'expérience. Ce mélange est introduit dans un appareil appelé homogénéisateur ; il consiste généralement en un cylindre cannelé, dans lequel roulent des boulets en fonte de di- verses dimensions. L'appareil, fermé hermélique- ment, est mis en marche el tourne pendant un temps plus ou moins long, variant de {1 heure 3 heures. A la fin de l'opération, le mélange de lam chaux et du lailier est absolument intime et les ciment est prêt à être employé. Dans d’autres ap= pareils, l'opération est continue; le cylindre es alors assez long et les matières, introduites à un des extrémités, sont entrainées par le mouvement de rotation et sortent de l’autre côté, après avoir élé sur leur parcours mélangées par l’action des boulets. (4 Le ciment de laitier, pour être de bonne qualité," 5 ; Ê | ; Ë Q Les 'e LA 12 2 E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE 319 doit être extrêmement fin; ce sont les opérations de séchage et de broyage du laitier qui sont les plus onéreuses dans cette fabrication. Les usines de S'-Dizier, de Saulnes et de Vitry ont une imporlance à peu près égale: elles peuvent fabriquer chacune 10 à 15.000 tonnes par an. V. — FABRICATION DES CIMENTS NATURELS. Les ciments nalurels à prise rapide sont de tous les produits hydrauliques ceux qui ont été connus elle a élé remplacée par l'usine de M. Dumarcet à Provency qui, étant la dernière créée, a été installée avec tous les perfectionnements in- diqués par l'expérience (fig. 13 et 16). Elle est située à 400 mètres de la gare de Provençy et à 150 mètres des carrières: celles-ci, comme toules les carrières de la région de Vassy, s'ex- ploilent à ciel ouvert; le découvert est de 2"50 environ, puis on trouve 7 bancs ayant chacun une épaisseur de 1 mètre à 1,50 m.; entre les bancs Fig. 15. — Carrière de M. Dumarcet, fabricant de ciment de Vassy, à Provençy (Yonne). les premiers; Vical, dans un ouvrage publié en 1898. parle, en effet, des ciments de Guéthary, de Boulogne, qui étaient alors fabriqués avec des galets, de Pouilly-en-Auxois. Les usines qui pro- duisaient ces ciments étaient très modestes, et elles ont presque toutes disparu depuis longtemps. Les régions où la fabricalion des ciments nalu- rels a pris lé plus d'extension sont l'Yonne, la Côte- d'Or, l'Isère et les Bouches-du-Rhône, On trouve encore des usines produisant ces ciments dans le Lot, le Lot-et-Garonne et la Dordogne. 4. Région de Vassy. — Les principales usines de l'Yonne se trouvent groupées aux environs de Vassy. Ce fut vers 1830 que l'on commença à uli- liser pour la fabrication du ciment à Vassy les … calcaires du Lias supérieur, abondants à cet en- droit (fig. 15)!. MM. Gariel et Garnier fondaient, à cetteépoque, uneusine qui n'a disparu qu'en 1887; 1 Les marnes calcaires de Vassy sont trèsriches en fossiles, en débris de squelettes d’animaux prébistoriques; M Millot, setrouveune matièreschisteuse quiest inulilisable. Les calcaires propres à la production du ciment sont reconnaissables à leur teinte et à leur dureté. La fabrication des ciments naturels est très simple: la cuisson s'opère dans des fours continus de capacité assez restreinte et semblables aux fours à chaux ; à Provencey, les fours n’ont pas de cheminée ; dans d’autres usines, ils sontsurmontés d’une cheminée de peu de hauteur, en forme de, trone de cône. La cuisson est modérée; il suffit d'enlever l'acide carbonique des calcaires et l’on doil éviter de les vitrifier; les pierres cuites sont légères, spongieuses, de couleur jaune-clair. La mouture s'opère à l'aide de broyeurs verticaux el de meules horizontales. Après blulage, le ciment est mis en sacs ou bien il est conduit aux silos La production de l'usine Dumarcet est de 14.000 à 45.000 tonnes par an. notamment, en a trouvé dans ses carrières des spécimens re- marquables. Fig. 17. — Transvort des pierres à ciment du Mont Jalla à l’'Usine de Ciment de la Porte de France. — Gare d'arrivée. _: lesusines de E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE 321 Par rang d’ancienneté, viennent ensuite les usines de MM. Millot, à Marsy et à Sainte-Colombe ; l'importance de ces usines est à peu près la même que celle de M. Dumarcet; puis, les usines Faure, actuellement Joudrier et Ci, créées vers 1854. L'usine Pré- vost date de 1871 ,etcelle de M. Bou- gault de 1884. Ces usines pro- duisent de 8.000 à 10 mille ton- nes, et les procédés qu'elles em- ploient ne présentent rien de par- liculier. 2. Région de la Côte- d'Or. — Une des usines les plus an- ciennes de la Côte-d'Or est celle de M. Landry à Venarey-les- Laumes. L'exploita- tion de la carrière est conduile de la même fa- con que dans Vassy; les * bancs utili- - sables sont au nombre deseize; leur épai Fi an ci N re d'arrivé s aéri à >orte-de-France, montrant le épaisseur est Fig. 18.— P) ofil de la gare d'arrivée des bennes aériennes à la Po ë g ss LS nc déchargement des pierres à ciment dans les cheminées de descente. en moyenne de 0,30 à 0®,40, la teneur en argile varie de 25 à 30 °/,. La pierre s'extrait à la pince ou à la mine; elle est assez tendre dans les bancs supérieurs et dure dans les bancs inférieurs; après un certain temps de séjour à l'air, elle s’effrite et finit par se réduire en petit fragments, La cuisson s'opère dans des fours continus ordinaires, sans cheminée; pour la mouture, on emploie des meules. L'usine de REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, Venarey produit 8.000 à 10.000 tonnes par an. M. Journault a élabli, il y a peu de temps, une usine à Marigny-le-Cahouët; cette usine est bien outillée et dispose d'une force motrice assez con- sidérable: elle est éclairée à la lumière électrique : Sa produc- lion est de 6.000 à8.000 lonnes et Pourrait êlre facile- ment aug- mentée, Les usines Tripier, si- luées à Ve- narey el dans les en- vIrons. pro- duisent 10.000 à 15.000 ton- nes. A Pouilly. l'usine Dé- lang . fabri- que environ 6.000 tonnes par an. 3. Région de l'Isère. — La fabrica- lion du ci- ment nalu- rel a pris dans l'Isère une impor- tance consi- dérable ; c'est une des indus- tries les plus prospèresde ce départe- ment. Les prin- cipales usi- nes sont groupées autour deGrenobledans un rayon de 40 kilomètres; elles sont au nombre de sept: Grenoble (Porte-de-France), Seyssins, Voreppe, St-Laurent-du-Pont, Vif, Valbonnais,St-Ismier. La Société Delune et Ci°, qui exploite les produits réunis des maisons Dumollard et Viallet, Carrière et C°, Dupuy de Bordes et C*°, sous le nom de Société Générale et Unique des Ciments de la 7: 322 E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE Porte-de-France, est la plus importante de toute la région: elle produit, en effet, à elle seule, à peu près autant que toutes les autres usines réunies. Le gisement de la Porte-de-France a été décou- vert en 1842 par le capitaine du génie Breton; il appartient au lerrain néocomien. Remarquable par son homogénéité et sa constance de composition, ce gisement présente dès difficultés d'exploitation assez sérieuses: la Société Delune et Ci° a réussi à les vainere cependant, grâce à des procédés très ingénieux. L'un des plus intéressants, qui à déjà élé décrit plusieurs fois, est le câble de 600 mètres de portée qui permet de descendre le calcaire du mont Jalla à l'usine. (Fig. 17, 18, 19.) Comme au Teil, les usines Delune et Ci‘ doivent aux carrières qu'elles exploitent leur réputation et leur prospérité. Le ciment prompt de la Porte-de- France est, en effet, très supérieur à tous les au-. tres produits similaires, el, pour cerlains travaux, son emploi se recommande d'une manière exclu- sive : aussi est-il connu non seulement en France, mais à l'étranger, et les ouvrages exécutés avec ces ciments sont innombrables. La Société Delune exécute elle-même des travaux, et elle a su tirer un excellent parti des qualités remarquables de ses produits, notamment pour les canalisations d'eaux libres ou sous pression, les pierres factices, le cimentage des rues, etc... Outre le ciment prompt, la Société Delune fa- brique du ciment demi-lent, du ciment Portland naturel, et du ciment artificiel. La fabricalion des ciments naturels de l'Isère ne diffère pas de celle qui est usitée généralement ; le calcaire est cuit dans des fours coulants, et la moulure s'opère à l'aide de concasseurs et de meules; dans quelques usines, on emploie le broyeur à boulets système Morel. À la sortie des fours, le ciment est trié soigneusement; les mor- ceaux vilrifiés forment le ciment à prise lente et demi-lente ; ceux qui n'ont pas atteint un commen- cement de ramollissement sont mis de côté pour la fabrication du ciment prompt : leciment à prise lente et à prise demi-lente est conservé en silos pendant plusieurs semaines; le ciment prompt ne doit pas être mis nécessairement en silos et s'ex- pédie souvent immédiatement. Les usines Thorrand et Ci, à Voreppe, datent de 4874; l'exploitation des calcaires, qui terminent la série jurassique, se fait en galerie. MM. Thorrand et C° fabriquent des ciments naturels à prise prompte, demi-lente et lente; ils produisent égale- ment une cerlaine quantité de ciment artificiel. La Société Vicat et C, dont nous avons déjà parlé, a ouvert en 1876, à Saint-Laurent-du-Pont, près de la Grande-Chartreuse, une exploitation de ciment naturel dans le lerrain néocomien; elle produit dans cetle usine des ciments à prise prompte et à prise lente. En 4869, la mème Sociélé avait élabli une usine à Uriage, près Grenoble, dans laquelle elle fabrique du ciment naturel à prise rapide. L’extraclion se fait à ciel ouvert, tandis qu'à Saint-Laurent-du-Pont elle s'opère en galeries; les terrains d'Uriage appartiennent au Lias. La Société Guingat et C* exploile de nombreuses carrières dans la région de Grenoble, à Vif, à Com- boire, Claix, Crolles, Siéroz. A Vif,se trouvent encore des carrières exploilées par l'usine Berthelot. L'usine de MM. Pelloux el C*, à Valbonnais, date de 1869; la pierre appartient au Lias et s’ex- ploite en galeries. La Société Générale du Portland-laitier possède les carrières de Saint-Ismier, découvertes en 1853, et appartenant au terrain oxfordien. L'extraction se fait par galeries. On estime à 180.000 tonnes la quantité de ci- ment fabriquée par les usines de l'Isère. Ces ciments avaient un imporlant débouché en Italie + PPT UT et en Suisse, mais la vente à l'exportation a di- = minué depuis l'élévation des droits de douane et la création d'usines dans ces contrées. La plus grande partie des ciments de l'Isère est employée en France même, principalement dans les dépar- tements du Sud, du Sud-Est et du Centre. 4. Régionde Marseille.— L'industrie des ciments à été créée dans les Bouches-du-Rhône par M. H. de Villeneuve, ingénieur des Mines, qui, sur les indi- cations de Vicat, produisit le premier le ciment de Roquefort. Bien que les usines actuelles soient toutes à la Bédoule, les produits qu’elles fabri- quent en grande partie ont conservé le nom de Ciment de Roquefort. C’est encore à M. de Villeneuve que l'on doit la découverte du ciment de la Valentine, en 1853; ce ciment, fabriqué avec des calcaires argileux du crélacé supérieur, qui se trouvent sur tout le bassin d'exploitation du lignite de Valdonne, est à prise demi-lente; l'extraction des pierres se fait en ga- leries. Ces ciments sont fabriquésactuellement par la Société À. Armand et C*, qui possède quatorze fours coulants et produit 30.000 tonnes par an. La plus importante des usines de la Bédoule est celle de MM. Romain-Boyer et C! (fig. 20, page 324); située au pied d’une colline élevée, cette usine a élé disposée très heureusement en vue d'une exploitation rationnelle et économique; la coupe des terrains et celle de l'usine, que nous devons à l'obligeance de M. Romain-Boyer, permettent de se rendre compte très facilement des diverses phases de la fabrication (fig. 21, page 325). L E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE 323 Les couches exploitées, au nombre de sept, ont des épaisseurs comprises entre 11 à 68 mètres; leur composition est très variable et, par un choix judicieux et un contrôle constant, on peut ainsi trouver dans ces calcaires les éléments de la fabri- cation du ci- ment prompt, du ciment de- mi-lent, du Portland na- turel et de la chaux hy- draulique. Enfin, en mé- langeant les produits de certaines cou- ches, on peut fabriquer du ciment arli- ficiel de très bonne £ qua- lité. La fabrica- lion des ci- ments natu- rels nc pré- sente rien de particulier : le ciment Portland ar- Lificiel est pré- paré par voie sèche ; les calcaires sont séchés, puis réduits en poudre fine et mélangés en même temps intimement en proportion convenable. La poudre est mise en bri- ques compri- mées forte- ment ; celles- ci, après avoir été desséchées à l'air, sont cuites dans des fours ordinaires intermittents; la suite de la fabrication s'opère comme dans les autres usines. — La production la plus importante est celle du ciment prompt. MM. Romain-Bover et C° fabriquent en totalité 10.000 tonnes de produits par an. Les usines de MM. Rastoin frères, situées à la Fig. 19. — Vue générale du système des cäbles métalliques tendus du sommet du mont Jalla (Isère) au débarcadère des pierres à ciment à la Porte-de-France. Bédoule égalenient, produisent environ 20.000 tonnes, dont 12.000 tonnes de ciment dit de Ro- quefort. Les ciments sont analogues à ceux dont nous avons parlé plus haut; l'extraction se fait aussi à ciel ouvert. Ces usines possèdent 13 fours coulants à feu continu et douze pai- res de meu- Les pro- duits des usi- nes de Mar- seille sont destinés presque ex- clusivement à l’exporta- tion. Le ci- ment de Ro- quefort se vend à très bas prix par suite du peu de frais que nécessile sa fabricat lt Mn ; l'extraction des pierres est très faci- le ; la cuis- son est mo- dérée, et la mouture de ces roches tendres et spongieuses est des plus simples.Aus- si, ce ciment trouve-t-il un débouché facile dans les pays où le bon mar- ché est sur- tout appré- cié ; depuis quelque Lemps on peut constater une tendance au développement de la fabrication du ciment arti- ficiel ; déjà nous avons fait voir que MM. Romain Boyer et Ci° produisent ce ciment avec suc- cès. L'usine en construelion de MM. Vical et Armand à Valdonne, dont nous avons parlé égale- ment,viendra augmenter encore,dans une propor- tion importante, la fabrication de ce ciment; enlin, 1 U9 JIN9 JUOUTO 324 E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE ooo!'r ND 97792 Z d'autres usines, qui n'avaient produit jusqu’à pré- sent que des ciments naturels;ont aussi l'intention de fabriquer du Portland artificiel. La région de Marseille parait ainsi destinée à devenir, dans quelques années,un centre très important de fabri- cation des ciment{s naturels et artificiels. 5. Regions du Lot, de Lot-et-Garonne et de la Dor- done. — Après les trois régions dont nous venons de parler, on ne trouve plus d'exploitations impor- tantes de ciments nalurels que dans le Sud-Ouest: dans les départements du Lot, du Lot-et-Garonne et de la Dordogne. Les usines sont assez nom- breuses: il en existe à Cahors, à Castelfranc, à Libos, où 4 usines produisent environ 8.000 tonnes de chaux et de ciment par an. Les plus importantes sont celles d’Allas-de-Berbiguières (Dordogne et de Sauveterre-la-Lémanse (Lot-et-Garonne). A Allas, on produit uniquement du ciment naturel à prise prompte et à prise lente: la production atteint 14.000 {onnes par an. A Sauveterre, il existe cinq usines qui fabriquent de la chaux et du ciment à prise lente. D'après M. Gipoulou, qui a bien voulu nous donner des renseignements sur ces usines el qui est fabricant lui-même, la production est de 20.000 tonnes de chaux et de 5.000 tonnes de ciment. Les calcaires appartiennent à la formalion juras- sique ; ils sont un peu magnésiens el assez riches en alumine. Les produils sont généralement esti- més, ils s'emploient exclusivement dans la région. VI. — ESSAIS DES CHAUX ET CIMENTS A la suite des indications générales que nous avons données sur la fabrication des chaux et des _ciments, il nous parait utile de dire quelques mots des essais qui servent à contrôler la qualité des produits soit à l'usine, soit sur les chantiers. Les essais exéculés couramment sontlessuivants: détermination de la prise, de la densilé apparente, de la finesse de mouture, de la résistance à la {raclion. Quand on veut se livrer à un examen plus. approfondi, on a recours à l'analyse chimique, à l'essai de l’invariabilité du volume, à la délermi- nalion du poids spécilique, de la résistance à la compression, à la flexion, etc. L'essai de prise est indispensable pour les chaux, et, très souvent, on n'en fait pas d'autre sur ces produits, bien qu'à lui seul il soit insuffisant pour permettre d'apprécier leur valeur : il est également très utile pour les ciments à prise rapide ; en ce qui concerne les ciments à prise lente, on lui de- mande seulement une indicalion sur la manière dont se comportera le mortier au moment de son emploi sur le chantier. L'expérience se fait à laide E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET de l'aiguille Vicat, qui est composée essentielle- ment d’une tige cylindrique, dont la base, limée carrément, présente une surface de 1 millimètre 4 nr - carré et dont le poids Llotal est de 300 grammes. 3 à ÉRÈE | On est convenu d'admettre que la prise commence ÿ 3 IS let . à se produire quand l'aiguille ne peut plus traver- 1 à ra] - ser complètement la pâte de chaux ou de ciment, JS | Ÿ È et qu'elle est complète, quand l'aiguille ne peut DE ù) à plus pénétrer d'une manière appréciable dans cette ÿ | à [Ès . pâte. Pour faire l'essai, on gâche à consistance | È TES ; plastique la chaux ou le ciment et on introduit la là à) ÿ . pâte dans un récipient cylindrique de 0",08 de dia- ESS ; mètre et de 0%,04 de hauteur. Ce récipient est con- 1 | 8 TE - servé dans l’eau quand il s’agit des chaux et à A RETIRE . l'air si l’on essaie des ciments. APRES - Les chaux font prise en 24 à 48 heures ou même . davantage selon qu’elles sont plus ou moinshydrau- _ liques. Les ciments Portland prennent dans un temps qui varie entre une heure et six à huit heures; la prise des ciments prompts est de 3 à 10 minutes. L’essai de la densité apparente consiste à dé- terminer le poids d’un litre du produit en poudre. - Celui-ci est introduit dans la mesure à l’aide d’un _ entonnoir muni d’un tamis qui permet à la poudre - de tomber lentement et d’une manière uniforme - sans qu'elle puisse se tasser. Cel essai est utile - pour les chaux: il l’est moins pour les ciments, et, - dans tous les cas, il n’a de valeur que si l’on cen- - naît la finesse de mouture du produit examiné, - celle-ci ayant une très grande influence sur la densité apparente. - La finesse de mouture se détermine en faisant passer l’agglomérant à travers trois tamis ayant . respectivement 324, 900 et 4.900 mailles par centi- - mètre carré; pour les chaux on remplace ce der- »nier tamis par un tamis de 2.025 mailles par - centimètre carré. La finesse de la poudre est con- sidérée comme satisfaisante quand il ne reste aucun résidu sur le tamis de 324 mailles; les chaux ne laissent généralement que 2 à 3 °/, sur le tamis de 900 mailles et 15 à20°/, sur celui de 2.025 mailles. Les ciments ne sont pas aussi fins ; le résidu sur le lamis de 900 mailles atteint 5 à 6 °/, et 25 à 30 °/, sur celui de 4.900 mailles. Il faut faire une excep- po pour les ciments de laitier, qui sont extrême- - ment fins et ne laissent parfois que 10 °/, de ré- . sidu sur le {amis de 4.900 mailles. … Les essais de résistance se font sur les produits — gächés en pâte pure ou sur des mortiers composés - d'une partie d'agglomérant pour trois de sable - normal, en poids. On place la pâte dans des moules — en forme de 8; quand elle a fait prise, on la retire - des moules et on conserve dans l’eau les briquettes ainsi formées. Au bout de sept jours, on fait un premier essai en rompant, à l’aide d'un appareil Raprin 2,000 1aà dde Zrhelle «de 1 2 pubés ns tS er S Marta viclatson des couches DES CIMENTS EN FRANCE 395 | | 9465| us de osilion et la composilion des gisements utilisés pour la fabrication des cm p la région de Marseille. montrant la dis 1, — Coupe des lerrains exploites par l'Usine Romain-Boyer el Cie, Lo] 326 E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE spécial une série de briquettes; le deuxième essai se fait après vingt-huit jours. Quelquefois on com- mence à rompre des briquettes deux jours après leur fabrication! Le sable normal employé pour la confection des mortiers est un sable spécial dont les grains fins ont été éliminés par un tamis de 144 mailles par centimètre carré et les gros grains par un lamis de 64 mailles par centimètre carré: on oblient ainsi un sable bien calibré et très régulier. Les essais de résistance à la traction ne deman- dent qu'un matériel très simple et peu coûleux el peuvent être faits partout. Il n'en est pas de même des essais à la compression, qui nécessitent l'em- ploi d'appareils encombrants et d’un prix très TABLEAU altéralion etaucun changement de forme, on con- sidère que le produit essayé ne contient pas de malière susceptible de déterminer de gonflement : son volume est invariable. Les gonflements sont accélérés et augmentés considérablement par l’action de la chaleur ; aussi a-l-on songé depuis longtemps à maintenir les éprouvettes dans l’eau bouillante pour déceler plus rapidement la présence de la chaux libre. Ge procédé, préconisé par M. H. Le Chatelier, est loin d'être admis généralement: les fabricants y voient de nombreux inconvénients et ne le considèrent pas comme concluant: bien des raisons pour el contre ontélé données, el il est encore assez diffi- cite actuellement de se prononcer sur la valeur de III, — Résistance des Chaux et Ciments. RÉSISTANCE PAR CENTIMÈTRE = > — Traction CARRÉ Compression PATE PURE en Sn 1 jours | 28 jours — — k. K. Chaux hydraulique... ..:...:......... 2: 5.0 Ciment naturel (prompt) ............ UE 12.0 18.0 Cinentrarifciel ANSE RES EEE 28.0 38 0 MORTIER 1 : 3 PATE PURE MORTIER 1: 3 . Tjours | 28 jours || 7 jours | 28 jours | 7 jours | 28 jours K. k. Ko k. k. k. 2.0 5.0 30.0 40.0 40.0 60.0 8.0 12.0 100.0 150.0 80.0 120,0 15.0 20.0 300.0 450.0 180.0 250.0 élevé ; aussi sont-ils exécutés seulement dans des laboratoires possédant un outillage complet. On crase Lantôt les briquettes qui ont été utilisées pour les essais à la traction ou bien des cubes de #0 centimètres carrés de surface. Les résistances des divers produits hydrauliques sont très variables: le tableau II ci-dessus indique les résultats que l’on peut obtenir avec des chaux ou des ciments de bonne qualité. Il est très important de savoir si le produit à employer ne gonfle pas après avoir fait prise; ce défaut très grave, dû à la présence, dans la chaux ou le ciment, de chaux non combinée et anhydre et provenant soit d'une extinction incomplète, soit d'un mauvais dosage, est presque loujours la cause des accidents qui se produisent dans les maçonneries, souvent très longtemps après leur confection. L'essai destiné à renseigner sur ce point s'appelle essai d'invariabilité de volume où essui de déformation : il s'exécute de diverses facons: le procédé le plus employé consiste à faire des galettes de pale pure qui sont conservées sous l’eau: si, après 28 jours, ces galettes ne présentent aucune ) Par suite de leur forme, les briquettes se rompent tou- jours : à l'endroit où leur section est la De petite; celle-ci est exactement de cinq centimètres carrés cet essai; il est à remarquer, d’ailleurs, qu'il n'a été adopté dans aucun pays jusqu’à présent. On peut reprocher aux essais que nous venons d'exposer brièvement de manquer de précision et de fournir des éléments de comparaison plutôt que des données positives. À part quelques es- sais, tels que la détermination de la finesse de mouture, du poids spécifique, l'analyse chimique, dont les résultats ne dépendent pas de l’habilité de l'opérateur, le tour de main joue trop souvent un rôle important, el c'est un inconvénient très sérieux, car les chiffres trouvés diffèrent souvent considérablement d’un laboratoire à un autre. La Commission d'Unification des Méthodes d’Essai des Matériaux de Construstion, instituée par le Ministre des Travaux publics, a décrit minutieusement la manière d'exécuter les essais; indications seront très utiles et conduiront à une plus grande régularité et à une interprétation plus facile et plus juste des expériences sur les chaux et les ciments. Il est certainement à souhaiter que l’on trouve un procédé qui puisse donner sur la valeur des produits hydrauliques des renseignements précis et indiscutables; il y aurait aussi avantage à restreindre le nombre des essais, car aujourd'hui on ne peul arriver à se faire une opinion sur la qualité d’un produit qu’en réunissant les résultats ses de plusieurs essais et en les comparant entre eux. - Cependant, malgré toutes leurs imperfections, PNEU les moyens de contrôle que l’on possède actuelle- ment peuvent rendre de grands services aux fa- bricants, en leur permettant d'assurer la régularité de leurs produits et, à ce titre, ils doivent s’atta- cher à les suivre et à les appliquer avec méthode. VII. — CONSIDÉRATIONS SUR LES CONDITIONS D'EXPLOI- TATION DES USINES — COMPARAISON AVEC L'ÉTRANGER. Par le rapide exposé que nous avons fail des principales usines, et malgré des omissions certainement très nombreuses, on aura pu se rendre compte de l'importance de l’industrie des chaux et des ciments. Nous avons à examiner maintenant de quelle manière les usines sont diri- gées et à rechercher si les fabricants se préoccu- pent des progrès à réaliser et s'inspirent des recherches scientitiques faites sur leurs produits. La fabrication des chaux élant très simple et une usine pouvant se constituer à peu de’frais, il en ré- sulle que, très souvent, l'expérience acquise par la pratique, en dehors de toute connaissance tech- nique, suflit pour diriger une usine de chaux quand ‘la production n'est pas très grande. Mais, dès que l'installation prend une certaine extension, le fabricant a besoin de posséder des connaissances plus sérieuses; la nécessité de livrer des produils réguliers, tout en opérant sur des masses considé- rables, exige en même temps une grande expé- rience et des connaissances techniques assez étendues. La chaux, même lorsqu'elle est de qua- lité supérieure, se vend à un prix très réduit; il faut donc que l’iudustriel veille avec soin à éviter les manœuvres inutiles, à exécuter les transforma- Lions subies par le calcaire, depuis la carrière jus- qu'à l’expédition de la chaux, avecle minimum de . main-d'œuvre et avec des moyens simples et peu coûteux; il doit être, en outre, chimiste, pour pou- voir suivre la composition de la carrière et expéri- menter les produits fabriqués, et mécanicien, pour entretenir el perfectionner son outillage. Les fabriques de ciment naturel se trouvent à peu près dans les mêmes conditions que les usines de chaux, avec cette différence que l'exploitalion des carrières est généralement plus difficile et doit être suivie de plus près; les installations méca- niques sont également un peu plus compliquées. Dans les usines de ciment artificiel les difficultés Sont plus grandes : il faut un personnel plus nom- breux, un outillage plus compliqué, une force motrice beaucoup plus puissante: les mélanges demandent des soins tout parliculiers, la cuisson et la mouture également: des connaissances appro- fondies de Chimie et de Mécanique sont ici indis- pensables. Dans les grandes usines de chaux, la E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE 327 direction est éclairée, et on ne néglige rien de ce qui peut assurer une fabrication irréprochable: les usines du Teil offrent à cet égard le meilleur exemple que l'on puisse citer. Maisil existe encore beaucoup trop d'usines où l'empirisme règne en maitre et où les seulespréoccupations sont d'éviter des dépenses de perfectionnements et d’arriver au plus bas prix de revient possible, sans s'inquiéter de la bonne qualilé des produits. ILest vrai de dire, comme nous l’avons déjà fait remarquer, que les chaux ont une valeur marchande très réduite, ne laissant pas une grande marge aux bénéfices et obligeant à réduire au strict nécessaire les frais de personnel. Mais il suflirait que les fabricants, au lieu de repousser systématiquement loute idée de progrès, cherchassentäserendre compte desamélio- rations qu'il leur serait possible de faire: celles-ci sont en général très simples et, sauf dans le cas d'installation tout à fait défectueuse, très faciles à appliquer. L'exlinetion, par exemple, est de loutes les opéralions celle qui demande le plus de soins et qui, au contraire, est presque Loujours peu soignée. Il y a longtemps que M. H. Le Chatelier a attiré sur ce point l'attention des fabricants en signalant les dangers d’une extinction imparfaile; à plusieurs reprises, il a indiqué la méthode à suivre pour améliorer cet élat de choses et fait voir que l’on peut arriver à des résultats parfaits sans aug- menter sensiblement les frais de fabricalion. Les fabricants de ciment, surtout de ciment ar- üficiel, ont fait depuis quelques années des efforts très réels pour améliorer leurs usines et leurs pro- duits; mais il y aurait beaucoup à faire encore de ce côté; il y a surtout une tendance fâcheuse de beaucoup de fabricants à lutter contre la concur- rence à l’aide d'expédients plus ou imnoins heureux: ils ne paraissent pas se rendre compte que la con- fiance inspirée aux consommateurs par une fabri- cation soignée et régulière est le plus sûr élément de succès. C’est donc vers une perfeclion toujours plus grande des produits fabriqués, tout en s’effor- çant d’abaisser normalement le prix de revient, que doivent tendre les fabricants qui se soucient moins de réaliser des bénéfices immédiats, mais éphémères, que d’assurer l'avenir deleur industrie. Pour cela, des études patientes sont nécessaires; il faut un personnel éclairé, se lenant au courant des recherches scientifiques et des progrès tech- niques de toutes sortes, réalisés soit en France, soit à l'Etranger. Aucun exemple ne justifie mieux cette manière de voir et n’est plus concluant que l'extension prise par l'industrie du ciment en Allemagne. Nous avons dit que cette fabrication était encore peu développée il y a vingt ans à peine, tandis qu'au- jourd’hui il exisle en Allemagne plus de cent 328 E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE usines produisant près de deux millions de tonnes de ciment. Non seulement les usines se sont mul- tipliées, mais leurs produits sont, en général, ex- cellents, ei, sur plusieurs marchés d'exportation, ils font prime et prennent la place des ciments an- glais. Mais, danslesusines allemandes, le directeur est toujours un spécialiste ayant des connaissances techniques très étendues ; à côté de lui, même dans les usines de moyenne importance, il y a un chimiste ayant à sa disposition un laboratoire bien outilié. Dans les grandes usines, on trouve, en dehors du chimiste, des ingénieurs chargés spécia- lement des fours, d’autres des appareils de mou- ture : les contremaitres eux-mêmes sont instruits et n'ont pas, comme dans beaucoup d'usines françaises, un profond mépris pour lout ce qui est science et théorie. A côté de cette organisation puissante desusines, l'Association des fabricants allemands vient centra- liser, pour ainsi dire, les recherches, et, tous les ans, des rapports sur les questions les plus inté- ressantes, étudiées par divers fabricants, sont lus à la réunion de l'Association. Ces travaux, mis ainsi en commun, ont contribué beaucoup à la prospérité de celte industrie et lui ont permis de faire des progrès rapides. En raison du grand nombre d'usines, il s'est créé un personnel d'ingénieurs et de docteurs qui, à la sortie de l'École ou de l'Université, ont étudié spé- cialement la fabrication du ciment soit dans les usines, soit chez les techniciens qui s'occupent exclusivement de celte industrie et qui possèdent des laboratoires d'essais et de recherches. Si nous comparons aux usines allemandes les usines anglaises, nous ferons encore davantage ressortir la supériorité de la direction scientifique sur la routine. En Angleterre, aucun progrès sé- rieux n’a élé réalisé dans la fabrication du ciment: quelques grandes usines ont bien fait des ten- talives pour apporter des améliorations soit dans les fours, soit dans les appareils de mouture; mais, en ce qui concerne la qualité du produit fabriqué, on s’en soucie fort peu, et l’on estime que le ci- ment élait trouvé très bon il y a vingt ans et qu'il n'y à aucune raison de chercher à faire mieux maintenant. Aussi les fabricants déclarent-ils eux- mêmes qu'ils n’ont pas besoin de laboratoire: au lieu d’un essai chimique qui, en moins d'une heure, leur donnerait un résulat précis, ils préfèrent re- courir, quand ils doivent déterminer les propor- tions des mélanges de craie et d'argile, à un essai de fabrication à pelite échelle qui leur demande huit jours. 11 n’est pas nécessaire de démontrer les résullats funestes de pareils errements : la dépré- cialion des ciments anglais en a été la conséquence; l'importance des usines diminue, les prix s’avilis- sent, les débouchés se ferment, et les usines alle- mandesenlèventaux Anglais leürs meilleursclients. Nous ne saurions trop insister sur ces exemples, car ils sont de nature à éclairer les fabricants et à leur faire voir nettement de quel côté ils doivent diriger leurs efforts. Les guides, d’ailleurs, ne manquent pas: les travaux si remarquables de M. H. Le Chatelier ont donné, sur la constitution et les propriétés des produits hydrauliques, des indi- calions précises; les recherches poursuivies dans les laboraloires de l'Administration des Ponts el Chaussées peuvent fournir des renseignements très uliles. Est-il nécessaire de rappeler que les décou- vertes de Vicat ont eu pour point de départ des essais de laboratoire? Des expériences exécutées avec méthode et des déductions purement théo- riques des phénomènes observés ont suffi pour créer une grande industrie, et, er quelques années, Vicat à pu obtenir un résultat que la pratique seule pendant des siècles avait lé impuissante à laisser même entrevoir. La place est encore grande pour les perfection- nements, bien des questions restent douteuses, et, dans bien des cas, on en est réduit aux hypothèses: des recherches sur la cuisson, la mouture, l'extine- tion, l'influence du silotage, etc., peuvent conduire à de nombreuses améliorations : la résistance des mortiers à l'eau de mer, aux variations de tempé- rature, les phénomènes de prise, la constance de volume, sont aulant de sujets d’études présentant le plus grand intérêt. A côté des efforts que l’on est en droit de de- mander aux industriels, il ne faut pas oublier que tous ceux qui utilisent, dans les constructions, les produits hydrauliques, doivent avoir sur les pro- grès de la fabrication des chaux el des ciments une influence non moins importante. Aiguillonnés sans cesse par la concurrence, les fabricants peuvent être entrainés à sacrifier la qualité de leurs pro- duits à l'abaissement du prix de revient; il appar- lient aux Ingénieurs des Ponts et Chaussées, des Chemins de fer, aux Officiers du Génie, aux Archi- tectes, de réagir contre ces tendances en exerçant sur les livraisons un contrôle constant et éclairé. Les conditions de réception, tout en ne soumettant pas le fabricant à des exigences qui ne seraient pas justifiées, doivent l'obliger à suivre de très près sa fabrication. L'absence de contrôle laisse le champ libre aux produits de qualité inférieure qui, à la faveur du bas prix, envahissent le marché et paralysent les fabricants soucieux de bien faire. Si les fournitures sont surveillées attentive- e ment, il en résulle une émulation salutaire entre les usines concurrentes qui, sachant que leurs efforts peuvent être appréciés, n'hésilent pas à faire des sacrifices pour maintenir leur réputation. me De dre à patin es Le 2 ee cts ns © Ter VAE Ce contrôle des produits fabriqués nécessite des études sérieuses et ne peut être réellement efficace que si les constructeurs ont la possibilité de s'adresser à des laboratoires bien outillés et bien dirigés. lei encore, c'est à l'Étranger que nous devons chercher des exemples. En Allemagne, en Suisse, en Autriche, en Russie, des laboratoires officiels sont à la disposition des fabricants et des ingénieurs ; tous les essais sur les produits hydrau- liques peuvent y être exécutés; on y fait, en outre, des recherches spéciales destinées à éclairer les fabricants et les consommateurs. Le Lype le plus parfait de ces laboratoires est celui de M. Tetmayer à Zurich; c’est à lui que l’on doit en grande partie le grand développement pris par la fabrication du ciment en Suisse depuis une dizaine d'années. En France, il.existe bien de nombreux labora- toires établis principalement par des Ingénieurs des Ponts et Chaussées qui ont eu à diriger de grands chantiers; des recherches extrêmement intéressantes y ont été faites, et les travaux de MM. Alexandre à Dieppe, Coustolle à la Rochelle, - Guérard à Marseille, pour n’en citer que quelques- uns, ont élé d'une utilité incontestable. Les labo- ratoires de Calais et celui de Boulogne, dirigé actuellement par M. Feret, et créés par MM. Guil- lain et Vétillart, ont donné à la fabrication du - ciment dans le Boulonnais une impulsion décisive; le cahier des charges type, élaboré par M. Guillain, a eu sur cette industrie l’influence la plus heu- reuse. Enfin, MM. Durand-Claye et Debray se sont attachés à maintenir le laboratoire de l'École des Ponts et Chaussées au niveau de tous les progrès et à perfectionner sans cesse les procédés d'essais ”. Nous devons encore mentionner le laboratoire de la Ville de Paris, qui exerce un contrôle constant sur les ciments et les chaux employés dans les travaux de la Ville, et le laboratoire établi par le Service du Génie militaire à Boulogne-sur-Mer. be cs ne PER Use UE LL LL Ai ads à ns 3 Mais tous ces laboratoires ne rendent pas les 14 mêmes services à l’industrie que ceux de Zurich, à de Berlin ou de Vienne; ils sont, en effet, destinés à éclairer les administrations qui les ont instilués, et ils se trouvent fermés aux industriels qui, généralement, ignorent les recherches que l'on y fait et ne connaissent même pas toujours les résul- Lats des essais exécutéssur leurs propres produits. Un laboratoire central auquel tous les fabricants pourraient avoir recours, soit pour demander des conseils, ou enfin pour trancher des différends dans la réception des livraisons, rendrait des ser- vices considérables à l'industrie des chaux et des ciment(s. 1 M. Debray a beaucoup contribué à faire connaitre l'état ; d'avancement de ces questions à l'étranger, notamment par ses études sur les conférences de Dresde, Berlin et Munich, et sur les laboratoires de Berlin et de Zurich. F PP RUSSE. PCR PR E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAUTLIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE 329 On devrait évidemment demander le paiement des essais, comme cela se pratique à l’Étranger; mais les intéressés l’accepteraient d’autant plus volontiers qu'ils se sentiraient ainsi plus à l’aise pour s’adresser au laboratoire. Le laboratoire de l'École des Ponts et Chaussées, par l'autorité et la compétence de ses directeurs, par l'oulillage très complet qu'il possède déjà et par sa situation, est tout indiqué pour remplir ce rôle de Station Centrale d'Essais, dont la création serait certainement accueillie avec la plus grande salisfaction. S'il nous était permis de formuler un vœu à ce sujet, nous l’adresserions à M. Guillain, qui a rendu à l'industrie des chaux ei des ciments les plus éminents services, el qui aurail ainsi un nou- veau litre à la reconnaissance des fabricants. Comme conséquence de l’instilution d’un Labora- toire Central, on pourrait espérer que les fourni- tures de ciment et de chaux seraient soumises à un contrôle plus sérieux. Dans la plupart des grands chantiers, les livraisons sont examinées avec attention, et des cahiers des charges précis indiquent les essais à exécuter: mais il est loin d’en être ainsi dans une foule de constructions publi- ques ou parliculières qui, sans avoir l'importance des travaux des ports, par exemple, exigent cepen- dant l'emploi de matériaux de bonne qualité. Généralement, l'ingénieur ou l'architecte se con- tentent d'imposer des produits dont la réputation est bien établie, à l'exclusion de tous autres, ce qui les dispense de tout examen; très souvent même, on se borne à indiquer la provenance sans indication de marques. Les inconvénients de pa- reils procédés n'ont pas besoin d’être démontrés; la renommée d'une usine, bien qu’elle constitue une garantie, n’est pas suflisante pour négliger de contrôler ses fournitures. D'autre part, des usines plus récentes, mieux outillées et fabriquant dans de meilleures conditions, peuvent se voir dans l'impossibilité de placer leurs produits si l'on se refuse à priori à les examiner, sous prétexte qu'ils ne sont pas connus, et l’on paralyse ainsi la con- currence, l'initiative et le progrès; enfin, des ci- ments ou des chaux ne sont pas nécessairement de bonne qualité s'ils proviennent d'une région où il existe des usines réputées, et, si l’on soumettail bien des produits acceptés comme bons à un examen sérieux, on serait certainement frappé du grand nombre de ceux qui devraient être consi- dérés comme absolument défectueux. Cet élat de choses ne pourra se modifier que le jour où les produits hydrauliques seront mieux connus; il faut reconnaitre, en effet, que bien peu de directeurs de travaux ont des notions exactes, mêmes sommaires, sur les chaux et les ciments, et 330 E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE peuvent, par conséquent, apprécier leur valeur. Quelques essais simples, mais suffisants dans bien des cas, permettraient d'éliminer beaucoup de produits de mauvaise qualité, et l'on verrait bientôt la fabrication s'améliorer très sensiblement, sur- tout pour les chaux, qui re sont, pour ainsi dire, jamais soumises à la moindre épreuve. Ce résultat serait atteint rapidement si, dans l’enseignement, on attachait plus d'importance aux matériaux de construction et si, dans les cours et dans les exa- mens, Gn donnait une place plus grande aux pro- duits hydrauliques, trop délaissés actuellement. Dans ce qui précède, nous avons eu en vue sur- tout les moyens propres à donner aux produits fabriqués une plus grande perfection: il est évident que cette préoccupalion, bien qu’elle doive con- server la première place, ne fera pas négliger au fabricant lout ce qui peut simplifier son outillage et diminuer ses frais de fabrication. Dans cet ordre d'idées les points sur lesquels des économies sont à réaliser dans les usines actuelles sont : la main- d'œuvre, le combustible et la mouture. La main- d'œuvre sera d'autant plus réduite que l’on évitera les transports inutiles, que l’on emploiera des ap- pareils mécaniques, vis, courroies, élévateurs, etc., toutes les fois que cela sera possible; l'agence- ment général de lusine a ici une importance capi- tale. Il y aurait, en général, beaucoup d'amélio- rations à faire dans la cuisson des chaux et des ciments, et c’est sur les fours que les études peuvent être surtout fructueuses. En Allemagne, cette question à été l’objet de recherches approfondies qui ont conduit à des résultats pratiques très inté- ressants ; la consommation de combustible pour la cuisson el le séchage, qui était de 409 à 500 kilos par tonne de ciment, il y a quelques années, a été réduite à 200 et 250 kilos; certaines usines même ne dépensent que 160 à 180 kilos. Les bénéfices à réaliser sur la mouture ne peuvent pas être aussi élevés, car les procédés actuellement employés sont assez perfectionnés, au moins dans les grandes usines. Dans les fa- briques de ciment, on utilise à peu près exclusi- vement les meules: dans les usines de chaux, le broyeur Morel est employé assez fréquemment pour la mouture des grappiers. A l'étranger il y a une tendance à supprimer les meules pour les remplacer par des broyeurs à boulels, mais ceux- ci sont encore très discutés. VIIT. — CONDITIONS ÉCONOMIQUES. 4. Production, Débouchés el Concurrence étrangère. — Le développement de la fabrication des chaux et des ciments en France est dû principalement aux grands travaux exécutés depuis une cinquantaine d'années pour la construction des ports, des ca- naux, des chemins de fer, ete. Les nombreux gisements de pierres propres à la fabrication de la chaux hydraulique, indiqués par Vicat, ont permis de maintenir cette industrie constamment en mesure de suflire à tous les besoins. Sauf dans la région du Nord et du Nord-Est, aucune chaux étrangère n'a été importée en France: les chaux belges de Tournai sont employées dans les dépar- tements du Nord et jusqu’à Paris et Rouen: fabri- quées dans des conditions toutes particulières permettant d'obtenir un prix de revient extrème- ment réduit, ces chaux arrivent par canaux el se vendent à très bon marché: les usines de la Marne et de l'Aube ne peuvent pas lutter contre elles, bien que leurs produits puissent être, bien sou- vent, considérés comme supérieurs. 1{l est regrel- table que, dans les grands travaux de l'État, tout au moins, on continue à employer les chaux belges ; il y aurait certainement une augmentation de dépenses en réservant ces fournitures à l'industrie française, mais elle serait largement compensée par le surcroit d'activité donné à nos usines. Si, dans le Nord, nous recevons de la chaux de l'étranger, par contre, dans le Midi, nous en expor- tons de grandes quantités. Les expéditions se font principalement par les ports de Marseille et de Cette. Les usines de celte région trouvent d'impor- tants débouchés dans les colonies françaises, puis en Orient, dans l'Amérique du Sud et jusqu’en Australie. Dans toute l'Europe, c’est la France qui produit le plus de ciment naturel à prise rapide, et, pen- dant longtemps, elle a eu pour ainsi dire le mono- pole de cette fabrication; aussi, l'exportation de ce ciment a-t-elle élé toujours assez aclive. Les prineipaux débouchés étaient la Suisse el l'Italie, l'Allemagne, puis l'Orient. Mais, depuis quelques années, la Suisse et l'Italie produisent aussi des ciments naturels, et, grâce à des droits excessifs, mettent des obstacles sérieux à l'entrée des ci- ments français; l'exportation n’a pas élé atteinte encore très sérieusement, mais elle a diminué dans des proportions assez sensibles, et il est à prévoir qu'elle continuera à décroitre: le marché d'Orient reste ouvert aux ciments de Marseille, qui s'expédient aussi en Tunisie, en Égyple, dans l'Amérique du Sud. Ily a peu d'années que nous ne sommes plus tributaires de l'étranger pour les fournitures de ciment Portland. Jusqu'en 1880, on peut dire que les usines anglaises fournissaient la plus grande partie du ciment consommé en France. Ce fut seu- lement en 4885 que, sur l’iniliative de M. Guillain, les usines anglaises ne furent plus admises à sou- missionner pour les travaux de l'État ; dès lors, les E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE 331 usines françaises purent se développer et elles prirent rapidement de l'extension. Les ciments étrangers ont maintenant disparu à peu près com- plètement et les ciments du Boulonnais com- mencent às’exporler. Les débouchés sont toutefois En ce qui concerne la concurrence étrangère sur les marchés d'exportation, les usines françaises ne se tronveraient pas, en général, dans des condi- tions défavorables si les difficultés de transport ne les mettaient trop souvent dans un état d’infériorilé ANÇGLETERR | A] fl | Hi] ÉRA RER HR CRUE RL O Chaux hydrauliques =, = LORS À Anvers. gAtaroue à _ & Bruxelles er Len (ll (ATX qu utf AIU j ll j À NS Il | Fig. 22. — Réparkhtion de l'Industrie des Chaux hydrauliques et des Ciments en France, avec indicalion de son impor- tance relative suivant les régions. — Dans chaque cercle, le demi-millimêtre carré correspond à uné production annuelle de 140.000 tonnes. (Sur cette carte est aussi représenté le système des canaux susceptibles de servir au transport). assez restreints; les principaux sont maintenant les colonies francaises et surtout l'Indo-Chine. puis l'Espagne et le Portugal, l'Amérique du Sud. Les Etats-Unis, qui importent chaque année près de 500.000 tonnes de ciment Portland, reçoivent très peu de ciments français : il y aurait là, pour nos usines, un champ très vaste à exploiter; on peut en dire autant pour le Canada. manifeste. Les usines allemandes et belges bénéfi- cient d'une main-d'œuvre un peu moins élevée et de prix de charbon très bas, mais leur grand avantage sur nous consiste surtout dans les faci- lités qu’elles trouvent à l'expédition de leurs pro- duits. Tarifs très réduits de chemin de fer vers les ports, voies navigables bien outillées, ports fré- quentés par de nombreux steamers de lignes régu- 332 E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX re AS Nr YU HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE lières el par des voiliers ayant besoin de fret de sortie, tout se trouve réuni, en Allemagne el en Belgique, pour favoriser l'exportation. En France, nous n'avons guère que le port de Marseille qui permelte d'exporter dans des condi- lions avantageuses ; les porls de la Manche et de l'Océan sont de présenter les ressources suffisantes pour que nous puissions lutter contre les usines étrangères. Les grandes lignes françaises loin TABLEAU IV. — CHAUX. — Quantités de chaux importées et exportées en 1891. IMPORTATIONS Pays de provenance AT R A PO Se ee ee rise re A 25.073 Bélier mere me ee 2re 191.940 D'ISS CEA FR ever one 3.192 BILLES PAYS RC e Or EC TEE 106 220.851 EXPORTATIONS Pays d'entrée ANEMACT EE EE CE CE .569 Belrique se eee ee cceete .163 Portugal" Espagne........ SUISSE eee Grèce... 2) AT 427 1951 = l'O NE RS HE 00 Turquie ..… .128 Enyple tea A cree tee .080 MEXIQUO SERRE ST Tree .436 AUSÉDIE RME eee #1. 1IS RUTISIE RE Eee eee ent ee cr TR ee .007 .910 .107 Ce de navigation demandent des prix inabordables et ne peuvent être utilisées que dans des cas par- ticuliers ; il faut, presque toujours, s'adresser en Angleterre pour avoir du fret par vapeur à des TABLEAU V.— CHAUX. — Importations et Expor- tations avec indication des points par où les chaux sont entrées en France ou en sont sorties (voir fig. 23). Æ 1893 1894 POINTS D'ENTRÉE ir D TES OU DE SORTIE EXPOR- | IMPOR- || EXPOR- | IMPOR- TATIONS | TATIONS||TATIONS | TATIONS Hazebrouk à Charle- VAL. ee ere ee 1.508 Longwy à Pontarlier. 8.35: 183.649 3| 54.522 1.365| 188.429 9.318] 59.071 Bellegarde à Modane.| 35.452 80]! 41.351 100 Nice à Perpignan...| 107.532 21] 115.708 13 3ayonne à Saint-Na- LAALR, ; Aa cree Cie 1.654 28 3.085 » Brest à Dunkerque... #60 413] 445 #42 | LATAUX.. 7e. Grece 154.959! 238.730|| 171.272] 248.115 L prix raisonnables ; mais les vapeurs doivent faire escale dans les ports français et demandent des suppléments de fret, que n'ont pas à payer les usines anglaises. Dans les ports d'Anvers, de Rotterdam, de Hambourg, outre les vapeurs des lignes régulières, qui sont très "nombreuses, on trouve de grandes quantités de voiliers qui ar- Fig. 23. — Imporlalion el exportalion des Chaux en 1894. — 4 m/m correspond à 10.000 tonnes. (Les carrés les plus foncés se rapportent à l'exportation.) rivent de lous les points du monde et qui ac- ceptent des frets extrèmement réduits,parce qu'ils prennent le ciment comme lest. Les tableaux IV à VIL, et les figures 23, 24 et 25 résument les mou- vements des importations et des exportalions depuis quelques années. L'examen des chiffres de ces tableaux fait voir que, si les importations de ciment diminuent légè- rement, nos exportations diffèrent peu en 1894 el en 1891; il y a une légère augmentation pour les chaux. Mais le fait le plus frappant est la quantité considérable de chaux importée en France, quan- lité dont l'accroissement parail suivre chaque année une marche constante. Ainsi, nous voyons que, fabriquant moins de ciment que plusieurs pays voisins, nous en exportons cependant autant TABLEAU VI. — CIMENTS. — Importations et Exportations avec indication des pays qui im- portent leurs produits en France et de ceux qui reçoivent nos ciments. IMPORTATIONS PAYS DE PROVENANCE Ain Se À 1891 1892 | 1893 | 4894 — | —— ——— — tonnes | tonnes | tonnes | tonnes Belgique .... ...... 14.072] 12.658| 10.548 » ARPIETeRLO Re 7.845 3.472 3.492 » Espagne...... are 1.535 895 768 » SUISSBE Mere Crus » » 281 » Aufres pays... 2.090 1.14 ae » ODA UL Eu do Le 26.005| 18.1611 16.801! 1%.23à PAYS D'ENTRÉE EXPORTATIONS RUSSIE" deu 5.487 4.530 » Allemagne...... 2 6.139 4.675 » Portugal -...... da 9.586 4.281 » Espagne...... 28-049) 32-918 » Étahe "5-2: : 22.943 18. » SUISSE... -: | NL 90) SU » Roumanie... .. .. » 45 =}; Burquiescr. ON Po LE CO IE » Egypte ...... Hire. » Ex » BROSSE. PAT 6.1 » AIDERIC Sr 00 2932056 |416: » HUMISIE-.- 20 5.893 6° » Indo-Chine ..... : » 5 » ATITESINETS ee ere 38.411! 15.2 » — RONA Eee 181.413] 152.915] 174.848] 185.128 que de la chaux, dont la production est chez nous beaucoup plus importante que dans aucune autre TABLEAU VIL — CIMENTS. — Importations et exportations avec indication des points par où les eiments sont entrés en France ou en sont sortis (Voir fig. 24 et 25). - 1893 1894 POINTS D'ENTRÉE Te MR OU DE SORTIE EXPOR- | IMPOR- || EXPOR- | IMPOR- TATIONS | TATIONS || TATIONS | TATIONS ——__——————— | | | | | tonnes | tonnes || tonnes | tonnes Hazebrouk à Charle- VAUT NP à Re de out 1.472 | 10.546 6.612 | 10.320 Longwy à Pontarlier.| 6.906 383 7.569 295 Bellegarde à Modane.| 22,090 18 || 27.210 16 Nice, Marseille, Cette, Perpignan........ 100.571! 203 |1116.2782 135 Bayonne à Saint-Na- ACIE DO nte den 3.987 1.256 4.1%% 1.393 Brest à Dunkerque..| 39.8225%| 5.804 || 23.2481| 2.077 MOTAUX AS ARR l134.848 | 18.210 [185.121 | 14.234 1 Marseille, 86.276 tonnes. 2 Marseille, 103.101 tonnes. # Boulogne, 36.617 tonnes, 4 Boulogne, 20.742 tonnes. contrée, et, tandis que l'importalion du ciment est très restreinte, celle de la chaux dépasse de beau- E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE 333 coup l'exportation. Comme résultat économique de cette situation, nous pouvons constater que, d'après la statistique de 1891, la valeur des chaux exportées s’est élevée à 3.171.495 francs, tandis que nous en avons achelé à l'Étranger pour 6.294.285 francs; la même année, nous avions vendu pour 8.708.995 francs de ciment à l'expor- lation, et la valeur du ciment importé n'était que de 1.248.336 francs. Ces chiffres doivent être à peu près les mêmes en 189%; le commerce des ciments Fig. 24, — Exportation de Ciments dans la région du Pas-de-Calais. parait donc être beaucoup plus prospère que celui des chaux; toutefois, il faut remarquer que le ciment exporté est, en très grande majorilé, du ciment naturel à prise rapide, l’exportation tolale Fig. 25, — Exporlalion des Ciments du Dauphiné et de la Provence. étant de 185.121 tonnes en 1894; les sorties par les ports de Marseille et de Cette sont, à elles seules, en effet, de 110.901 tonnes; or celle région pro- duit très peu de ciment Portland: celui-ci s'exporte à peu près uniquement par le port de Boulogne, et on voit que les sorties par ce port n'ont jamais alteint 40.000 tonnes par an. La stalistique des importalions et des exporla- lions donne des indications intéressantes sur les résultats du nouveau régime douanier; si l'impor- lation du ciment diminue depuis 1891, les drails de douane y sont pour peu de chose; l’abaissement des prix de vente éloigne beaucoup plus les ci- ments étrangers. Par contre, ces droils n'ont eu aucune influence sur l'importation considérable 334 E. CANDLOT — INDUSTRIE DES CHAUX HYDRAULIQUES ET DES CIMENTS EN FRANCE des chaux belges en France; la conclusion serait donc que les droits devraient être augmentés sur les chaux; mais peut-être serait-il préférable de renoncer à toute protection et de chercher à ob- tenir la diminution des droits qui frappent nos produits à leur entrée dans certains pays el qui sont, pour n'en citer que quelques-uns, de 20 francs par tonne en Russie, de 12 francs en Ilalie, de 7 francs en Suisse. On pourrait donner ainsi à notre commerce d’exporlation une plus grande extension et favoriser d’une manière certaine le développement de cetlte branche de l’industrie nationale. La nécessité pour nos fabricants de rechercher des débouchés à l’exportation commence d'ailleurs à se faire sentir; l'excès de production a déterminé dans certaines régions un abaissement très sen- sible du prix de vente. Il y a quinze ans à peine, la chaux se vendait 20 à 30 francs à l'usine, et le ciment Portland 50 francs la Lonne. Aujourd'hui, les prix des chaux les plus estimées varient de 12 à 15 francs à l'usine, et les ciments Portland valent 30 à 35 francs. Les ciments naturels se ven- dent 15 à 20 francs dans la région de Vassy, et 25 à 30 france dans l'Isère. On conçoil d’ailleurs que celte industrie soit soumise à des fluctuations nombreuses, la consommalion étant très variable selon qu'il y a pénurie de travaux ou que plusieurs grands chantiers viennent à s'ouvrir. L’exportalion serait le régulateur qui permettrait l'écoulement des produits pendant les années de crise en évi- tant l’avilissement des prix. 2. Voies de transport. — Les transports des ci- ments et des chaux se font généralement par la voie ferrée. Les usines du Boulonnais et de l'Isère ne peuvent pas uliliser les canaux ; par contre, les ciments de Boulogne s'expédient par mer sur toutes les côtes de l'Océan et de la Manche à des prix très réduits. Les transports par eau sont employés surtout par les usines du Teil, celles de Beffes, de l'Aube, de la Marne; par les usines de ciment de Vassy, de Pouilly, par celles de Frangey et de Pont-à-Ven- din (voir la carte, fig. 22). Il existe peu d'usines utilisant l'eau comme force motrice, presque toutes se servent de mo- Leurs à vapeur. Les combustibles employés, aussi bien pour les machines que pour la cuisson, sont en très grande majorité de provenance française. Autrefois, les usines du Boulonnais s’approvision- naient en parlie en Angleterre el en Belgique: mais, depuis quelques années, grâce aux réduc- lions de prix des tarifs de chemin de fer, les mines du Pas-du-Calais fournissent à peu près xclusivement les usines du Boulonnais. Le combustible employé pour la cuisson est le coke ou le charbon maigre. On peut estimer à 300.000 tonnes au moins la quantité de combus- tible consommée par les fabriques de chaux el de ciment. 3. — Situation des Ouvriers. — Les ouvriers em- ployés dans les usines de chaux et de ciments sont, en majorité, des manœuvres; les ouvriers spéciaux sont peu nombreux : quelques chefs cui- seurs et quelques meuniers suflisent, même dans les usines très imporlantes. Bien que les ouvriers soient exposés presque constamment à la pous- sière, ils n'en sont pas très incommodés ; la pous- sière de chaux présente cependant quelques incon- vénients el tous les ouvriers n’y résistent pas très bien. La poussière de ciment ne paraît avoir au- cune influence sur la santé des ouvriers et, dans cerlaines usines, ou en voil qui depuis vingt ou trente ans passent toute la journée dans une al- mosphère saturée de poussière, et ne s'en ressen- tent nullement. , Il serait avantageux, surtout dans les fabriques de chaux, de débarrasser les ateliers de la pous- sière ; le bien-être des ouvriers doit être recherché non seulement dans un but humanitaire, mais dans l'intérêt même du travail produit, qui est plus considérable si l’ouvrier se trouve dans de bonnes conditions hygiéniques. En Allemagne, les usines sont toujours pourvues de ventilateurs qui enlèvent les poussières. Dans toutes les usines les ouvriers sont assurés contre les accidents,soit par le fabricant lui-même, soit par des compagnies. Aux usines du Teil on s'est préoccupé depuis longtemps d'améliorer les conditions matérielles et morales des ouvriers et diverses inslitutions de prévoyance ont été créées. La sollicitude de MM. Pavin de Lafarge pour leur personnel à eu les plus heureux résultats et il est à désirer que cet exemple soit suivi par toutes les grandes usines, dans lesquelles on devrait s'inté- resser davantage aux ouvriers en multipliant les mesures qui peuvent les mettre à l'abri des chô- mages. Les ouvriers sont d’aulant plus dignes d'intérêt qu'ils sont presque tous dociles el assidus au travail ;les grèves sont extrêmement rares dans les fabriques de chaux et de ciment. L'étude que nous venons de faire sur l'état de la fabrication des chaux et des ciments en France est, nous le craignons, bien incomplète ; nous espérons cependant avoir fait voir que cette industrie, par le nombreux personnel qu’elle occupe, par Îles malières premières qu'elle met en œuvre, par ses transaélions, contribue dans une large part à la prospérilé nationale. Auxiliaire des ingénieurs D' P. RICHER — LA MORPHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE DE LA MARCHE DE L'HOMME 335 qui, depuis le commencement de ce siècle, ont exécuté tant de travaux remarquables,son histoire est liée au développement de nos ports, de nos canaux, de nos chemins de fer ; par les services qu'elle a ainsi rendus, par la valeur qu’elle donne aux produits de notre sol, par son origine, c’est une industrie essentiellement française. Elle a encore bien des progrès à réaliser, el nous y avons insisté longuement ; il est permis cependant d’espérer que, dans un avenir prochain, elle pourra être com- parée , comme précision el perfection , à nos grandes industries métallurgiques et chimiques. Mais la marche en avant ne peut se maintenir que si les débouchés restent assurés, et si la lutte sur le terrain économique ne vient pas retarder des perfecltionnements qui ne sont possibles que dans les périodes de prospérité. Les fabricants doivent, avant tout, compter sur leur initiative et leurs efforts pour ne pas laisser péricliler leurs usines ; il n’est pas toutefois inutile de demander aux pouvoirs publics de leur venir en aide en ac- tivant l'ouverture des grands chantiers et en faci- litant tous les moyens propres à développer 1'ex- porlation. E. Candlot. Principaux ouvrages à consulter sur les chaux hydrauliques et les ciments. H. Le Cuarecter, — Recherches expérimentales sur la constitution des produits hydrauliques. Annales des Mines, mai-juin 1887. H. Le CHaATELIER. — Procédés d’essais des maté- riaux hydrauliques. Annales des Mines, septembre- octobre 1893. H. Le CaareLier. — Constitution chimique des Pro- duits hydrauliques. Revue génér. des Sciences, janvier 94. Catalogue des échantillons de matériaux de construc- tion réunis par les soins du Ministère des Travaux pu- blics (Exposition universelle de 1878).Paris, Dunod 1878. A. GoBin. — Etude sur la fabrication des chaux hy- drauliques dans le bassin du Rhône, Annales des Ponts et Chaussées, octobre 1887. A. GoBix. — Etude sur la fabrication et les proprié- tés des ciments de l'Isère, Annales des Ponts et Chaus- sées, juin 1889. | Prost. — Note sur la fabrication et les propriétés des ciments de laitier, Annales des Mines, juillet-août 1889. CasranHEIRA pas NEvVES, — Estudos sobre cimentos estrangeros imporlados em Portugal. Revista de obras Publicas Minas, juillet-août 1894. R. FÉREr. — Notes sur diverses expériences concer- nant les ciments. Annales des Ponts et Chaussées, mars 1890, . R. FéRer. — Sur la compacité des mortiers hydrau- liques. Annales des Ponts et Chaussées, juillet 1892. CAMERMAN. — Les ciments Portland et les ciments de laitier, Gand, A. Hoste, 1892, Duranp-CLaye. — Chimie appliquée à l’art de l’ingé- nieur. Paris, Baudry et Cie, 1885, TurGAn. — Les grandes usines, Société J, et A. Pa- vin de Lafarge, août 1889. P. ALEXANDRE. — Recherches expérimentales sur les mortiers hydrauliques. Annales des Ponts et Chaussées, septembre 1890, H. Boxxami. — Fabrication et contrôles des chaux hydrauliques et des ciments. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1888. E. Canpcor. — Ciments et chaux hydrauliques. Pa- ris. Baudry et Cie, 1891. ; P. DéBray. — Laboratoires de l'Ecole des Ponts et Chaussées. Note sur leurs origines, leurs installations, les appareils et méthodes d'essai employés et leurs travaux. Paris, Imprimerie Nationale, 1891, P. Degray. — Institut royal d'essais mécaniques techniques de Berlin, Charlottenbourg. Rapport dressé à l’aide de renseignements communiqués par M. le Pr Martens, directeur de cet Institut, Paris, 1891, P. Desray. — L'Institut fédéral Suisse d’essais sur les matériaux. Rapport dressé à l’aide des documents et des renseignements communiqués par M. le Pr Tet- mayer, directeur de cet Institut. Paris, 14891. P. DeBray. — Note sur les conférences tenues pour l'unification des méthodes d'essais des matériaux de construction à Munich, les 22, 23 et 27 septembre 1884, à Dresde les 20 et 21 septembre 1886; à Berlin les 19 et 20 septembre 1890, Paris, 1891. P, ALEXANDRE. — Commission des méthodes d’essai des matériaux de construction. Rapport général sur les matériaux autres que les métaux. Paris, Roths- child, 1894. E. C. LA MORPHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE DE LA MARCHE DE L’il0MME Un homme qui marche fait mouvoir ses jambes de manière à placer alternativement ses pieds l'un devant l’autre sur le sol. Si l’on veut mettre quelque clarté dans une étude sur la marche, il faut d'abord nettement définir ce qu'on entend par pas, la marche, après tout, n'étant qu'une succession de pas. Or, qu'est-ce qu'un pas? Littré nous dit qu'un pas, c’est l’action de mettre un pied l’un devant l’autre pour marcher. On dé- signe aussi par pas, l'espace qui se trouve compris d’un pied à l’autre quand on marche. Ainsi, dans de langage ordinaire, un pas est constitué par la série des mouvements qui se produisent entre le déplacement d'un pied et celui de l’autre pied. M. Marey a fait très justement remarquer qu'au point de vue scienlifique, celte définition devait être étendue, et qu'il fallait désigner par pas la série des mouvements qui s'exécutent entre deux positions semblables d'un même pied, de sorte que le pas de M. Marey correspond à deux pas du lan- gage ordinaire : c’est un double pas (fig. 1). J'accepte la définition de M. Marey; mais je crois préférable de conserver le nom de double pas, qui a l'avantage de ne rien changer à la signification généralement 386 D' P. RICHER — LA MORPHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE DE LA MARCHE DE L'HOMME admise, et par suite ne saurait prêter à aucune confusion. Donc, c’est le double pas que nous devons con- sidérer. Le double pas est exécuté par chaque membre non plus successivement, mais simultanément, de manière que le double pas droit, par exemple, empièle sur le double pas gauche de la moitié de sa longueur ou d'un pas, et réciproquement (fig. 1). Il est nécessaire, pour la commodité de la des- criplion, de distinguer plusieurs phases dans le double pas : Il est un moment où, les deux jambes étant écartées à la manière d'un com- pas, les deux pieds reposent à la fois sur le sol, l’un par le talon, l'autre par la pointe. C’est la période de double appui (fig. 2). Puis, le pied qui est en ar- rière quitte le sol pour se por- ter en avant. À ce moment le corps ne repose plus que sur un pied; c’est la période d'appui uni- latéral. Gelte période est beau- coup plus longue que la pre- or a — la jambe portante est oblique en sens inverse, c'est-à-dire en haut et en avant, et la jambe oscil- , lante est antérieure. Ainsi done, ces diverses phases du double pas se succèdent dans l'ordre suivant (fig, 2) : 1° Période du double appui; 2° Pas postérieur ; ° Moment dé la verticale; | ° Pas antérieur ; Période de l'appui unilatéral. co rs Ces distinctions nous seront d'un grand secours dans les descriptions qui vont suivre. Nous éludierons successivementles mouvements des membres inférieurs, du torse et des membres supérieurs, I — MOUVEMENTS DES INFÉRIEURS. MEMBRES 1° Période du double appui. — Pendant cette période, les deux pieds portent à la fois sur le sol, mais ils ne le touchent jamais de toute leur longueur en même temps. On peut même dire qu'il est fort rare qu'un seul pied pose sur le sol dans toule son éten- due, alors que l’autre y touche 2e Pas simple Pas simple PR TE 3 miere. postérieur. antérieur. encore sl légèrement que ce SOIL, La marche se compose donc RE À ou, si cela se produit, c'es = ; il ë À se | 0 SDS ae se P À ES Le a une succession de doubles ap- aan emps extrememen re etide SE TAteraux à Fig. 4. — Un double pas. — La. jambe court puis et d’appuis unilatéraux al- émante est figurée par des traits pleins. COUrl. ternalivement droits et gauches. La jambe Dans la phase d'appui unilaté- ral, une des jambes, celle qui porte sur le sol (ou jambe portante), exécüle dans son ensemble un mouvement de rotalion dont le centre est au pied et la circonférence à la hanche, pendant que la jambe qui se meut (ou jambe oscillante) décrit un mouvement analogue, mais en sens opposé, le centre de rotation se trouvant à la hanche. Mais il faut ajouter que ce dernier centre subit en même temps un déplacement en avant, consé- quence du mouvement de la jambe portante. Dans ce double mouvement qu'exéculent simul- tanément la jambe portante et la jambe oscillante, il arrive un moment où la jambe porlante passe par la verticale, la jambe oscillañte la croisant, vers ce même moment, pour devenir antérieure, de postérieure qu'elle élait. Ce moment, que je désignerai sous le nom de moment de la verticale, nous servira pour diviser la période d'appui uni- latéral en deux phases : une première phase, ou pas postérieur, est celle qui précède le moment de la verticale. Dans celle phase le membre portant est oblique en haut et en arrière, le membre oscil- lant est postérieur. La deuxième phase, ou pas an- dérieur, est celle qui suit le moment de la verticale : oscillante est par un trait pointillé. représentée En effel, au moment où le pied qui est en avant va loucher le sol par le talon, le pied qui est en arrière s’est déjà soulevé partiellement, et le talon s'est dé- taché du sol. Au milieu de la période de double appui, tout le corps porte de manière très mani- feste sur le talon d'un pied et sur les doigts de l'autre. Puis, le pied qui est en avant abaisse sa pointe et prend contact avec le sol dans toute son élendue, en même temps que le pied qui est en arrière se fléchit progressivement dans ses articu- lalions mélalarso-phalangiennes et que la surface d'appui diminue de plus en plus, de telle manière que, lorsque l'appui sur le pied antérieur est com- plet, c'est-à-dire lorsque les doigls reposent aussi fortement sur le sol que le lalon, le pied postérieur est bien près de s'en détacher, si ce n’est déjà chose faile. En résumé, dans la période du double appui, les deux pieds se déroulent sur le sol, du lalon à la pointe, l'un pour le quitter, l’autre pour s'y appli- quer, avec celte particularité que ces deux mouve- ments ne sont pas absolument simultanés et que le premier a déjà commencé lorsque le dernier se produit. Pendant cette période, les deux jambes ne sont nant dede : D' P. RICHER — LA MORPHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE DE LA MARCHE DE L'HOMME 337 pas en extension complète ; elles sont très légère- ment fléchies, mais la jambe postérieure l’est à un degré plus marqué. 1° Période de l'appui unilatéral. — La jambe por- tante arrive au contact du sol par le talon et en extension complète. Plus tard, lorsque le pied est complètement appuyé, le genou se fléchit légè- rement, puis ils’étend à nouveau progressivement de manière à se rapprocher de l'extension, qui est presque complète au moment de la verticale. En- _ suite cette extension s’exagère pendant tout le pas antérieur et ne cesse que tout à la fin, de manière à se transformer en légère flexion pendant la pé- riode du double appui. Cette flexion ne fait que Pas postérieur. Moment de la marche. M. Marey a montré que la vitesse de ce mouvement n’est pas uniforme et subit une accélération vers la fin de chaque double pas. Ce mouvement se combine avec d’autres qui sont les suivants : 1° Oscillations verticales. — À chaque pas le torse tout entier subit un soulèvement suivi d’abaisse- ment, et les deux mouvements constituent une os- cillation dans le sens vertical, dont l'amplitude est de 3 à 4 centimètres. Il se produit une oscillation pour chaque double pas, de telle manière que chaque point du torse ou de la tête décrit dans l'espace,pendantlamarche, unelignerégulièrement ondulée. Les minima correspondent aux périodes Pas antérieur. de la verticale. ——— Double appui. Appui uniletéral. Double appui. Fig. 2. — Différents temps d'la marche, s’exagérer pendant le double appui jusqu'au mo- ment où le membre va devenir oscillant. Jambe oscillante. — Au moment où la jambe va devenir oscillante, le genou est donc fléchi, et celte flexion s’exagère pendant toute la durée du pas postérieur pour diminuer au moment de la verti- cale, et pendant tout le pas antérieur, à la fin du- quel elle arrive en extension, pour se transformer de nouveau en jambe portante. Si nous considérons, à un même moment, les altitudes respectives des deux membres inférieurs, nous voyons que, pendant le pas postérieur, les deux jambes sont fléchies, mais à un degré bien différent, la jambe portante l'étant fort peu. Au moment de la verticale, la jambe portante est en extension et la jambe oscillante qui la croise est fléchie. Pendant le pas antérieur, le contraste persiste dans le même sens jusque tout à la fin, où, pendant un court moment, la jambe oscillante s'étendant complètement avant que le talon touche le sol, les deux membres sont en extension complète. IT. — MOUVEMENTS DU TORSE. Le mouvement le plus important est le mouve- de double appui et sont la conséquence forcée de l’obliquité qu'affectent à ce moment les deux membres inférieurs. Les maxima se produisent au moment de la verticale, c'est-à-dire au moment où le membre inférieur portant, d’oblique qu'il était au double appui, devient perpendiculaire au sol. 2° Oscillations transversales ou horizontales. — En même temps que le torse se soulève et s’abaisse, il se porte d'un côté sur l’autre, et ce mouvement de va-et-vient latéral constitue ce qu'on appelle les oscillations transversales ou horizontales. Elles sont la conséquence du transport du corps du côté de la jambe portante, dont le but est de rappro- cher le centre de gravité de la base de sustentation. C'est donc au milieu de l’appui unilatéral que se produit le maximum d'amplitude de l’oscillation. Ces oscillations transversales sonten nombre double de celui des oscillations verticales. 3° Mouvements d'inclinaison en avant ct en arrière. — Bien que fort peu marqués dans la marche ordi- naire, ces mouvements n’en existent pas moins. Si l'on considère l’axe du torse aux différentes phases du pas (fig. 3), on voit que, pendant le pas posté- ment de translation, qui est, en définilive, le but | rieur, le corps est penché en arrière, qu'il l'est en 338 D' P. RICHER — LA MORPHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE DE LA MARCHE DE L'HOMME avant pendant le pas antérieur, et qu'au moment de la verticale et des doubles appuis il est sensi- blement vertical. 4° Mouvements de torsion. — Ces mouvements sont la conséquence des mou- vements contrariés des épaules et des hanches, qu'il est opportun d'étu- dier maintenant. D° Mouvements du bassin. —En outre de la transla- tion et des oscillalions ver- licales et horizontales déjà Li étudiées à propos des mou- = ment de ce côté, puis se relève et devient presque horizontal au moment de la verticale, puis enfin encore redescend toujours du même côté jusqu’à ce que le double appui se reproduise et le ramène à l'horizontale. Le centre du mouvement serait encore l’une des articula- tions coxo-fémorales, celle du côté de la none por- tante. Ces divers mouve- 8e ments du bassin s’observent très nettement sur des pho- tographies qui représen - tent l'homme marchant vu de face. : En somme, jamais le côté oscillant du bassin ne s'élève vements du tronc dans son Fig. 3. ensemble, le bassin est soumis à deux sortes de mouvements qui se pas- sent autour de deux axes rieur et l’axe verlical. A. Rolation autour d'un axe vertical. — Dans le pas postérieur, la face anté- rieure du bassin est tour- née du côté de la jambe oscillante, pour se porter du côlé opposé lors du pas antérieur. Au mo- ment même de la verti- cale, le bassin est par- faitement perpendiculai- re à la ligne de marche (fig. 4}. Ce mouvement est une conséquence iné- vilable de l'écartement des deux membres rieurs, quels la méme (traits pleins), tante (traits pointillés). : l'axe antéro-posté- Moment de la verticale. Moment de la verticale. Moment de la verticale, infé- celui qui est en arrière relenant la han- che à laquelle il est atla- ché, celui qui est en a- ant entrainant Moment de la verticale. avec lui la hanche qui lui corres- pond. Le centre de ce mouve- Fig. 4. ment parail êlre à l'articulation coxo-fémorale de la jambe portante, pendant que l'articulation de la jambe oscillante occupe la périphérie. B. Rotation autour d'un axe antéro-postérieur. — A la période de double appui, alors que, comme nous venons de le voir, l'axe transverse du bassin est le plus oblique par rapport à la ligne de marche, le même axe parail bien horizontal, c'est-à-dire que les deux articulations semblent Mais aussitôt que la le bassin coxo-fémorales situées à la même hauteur. jambe quitte le sol, incline manifeste- — Deux doubles pas successifs, pendant les- jambe est portante, puis oscillante ou inversement oscillante, puis por- — Projection sur plan horizontal de l'axe des hanches aux différents temps de la marche. —: au-dessus du niveau du côlé portant. Il ne fait que bais- ser très nettement dans le pas postérieur, un peu moins nettement dans le pas antérieur. ° Mouvements des épaules. — Les mouvements de rolalion du bassin autour d'un axe verlical, quenous avons signalés il n’y à qu'un inslant, entraine- appui. raient forcément tout le lorse dans le même sens, si un mouvement de rola- lion des épaules en sens inverse ne venait le con- trarier el maintenir la rec- lilude du torse. Il existe donc entre la ligne des épaules et la li- gne des hanches un dé- faut de parallélisme aux différents temps de la marche, se produisant de la facon suivante ! : C'est à la RE du double appui que l'angle formé par l'axe des épau- les el par celui des han- Appui unilatéral droit. Double Appui unilatéral gauche, Double appui. Appui unilatéral droit. Double appui. Appui unilatéral gauche. ches est le plus considérable. Au moment de la verticale ils sont parallèles. Si l’on songe que ces deux axes ne sont pas dans le même plan vertical, mais que le plan des épaules es£ toujours postérieur à celui des hanches, on voit de suite comment leur rotation en sens inverse à pour effet de rapprocher l’une de leurs extrémités 1 J'appelle ligne ou axe des épaules ou des hanches, la ligne qui joindrait le centre des deux articulations scapulo- humérales ou coxo-fémorales. D: P. RICHER — LA MORPHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE DE LA MARCHE DE L'HOMME 339 en éloignant l'autre, de telle sorte que, dans le pas postérieur, la plus grande ouverture se trouve du côté de la jambe portante, pendant que du côté de la jambe oscillante le plan des épaules se rap- proche de celui des hanches. C’est l'inverse dans le pas antérieur (fig. 5). Le mouvement de rota- lion de l'axe des épaules est la conséquence des mouvements de balancement des membres su- périeurs. 1° Mouvement d'inclinaison latérale. —- Enfin, il faut encore signaler, au nombre des mouvements qu'exécute le torse pendant la marche, un mouve- ment d’'inclinaison lJaté- rale qui penche le haut du torse du côté de la jambe portante. Cette in- clinaison latérale a pour effet d’'abaisser l'épaule correspondante pendant que l'autre épaules’élève. Elle atteint son maxi- mum d'amplitude au mo- ment de la verticale. Le redressement s'opère pendant la phase du dou- ble appui. Puis lincli- naison se reproduit de l'autre côté. Ces mouve- ments d’inclinaison la- térale ne sont pas sans analogie avec ce qui a lieu pendant la slation hanchée. Moment de la verticale. Moment de la verticale. Moment de la verticale. . Moment de la verticale. III. —— MOUVEMENTS DES MEMBRES SUPÉRIEURS. Les mouvements des membres supérieurs s'o- pèrent en sens inverse de ceux des membres in- férieurs. Quand la jambe droite, par exemple, est en arrière, le bras droit est en avant et vice versa. Ils consistent en des oscillations pendulaires dans le plan antéro-postérieur. Au moment du double appui, ils subissent leur plus grand écartement. Au moment de la verticale, ils se rapprochent tous deux du même plan trans- versal, alors que leur direction se croise. Dans la moitié postérieure de son oscillation, le membre supérieur est complètement étendu ; dans la moilié antérieure, il se fléchit légèrement au coude. IV. — ACTION MUSCULAIRE. On a cru longtemps, sur la foi des frères Weber, que toute l'action musculaire pendant la marche se concentrait sur le membre portant destiné à soutenir seul toute la charge du torse, et que le Fig. 5. — Projection sur plan horizontal de l'axe des hanches el de celui des épaules aux différents temps de la marche. de membre oscillant exécutait son oscillalion sous la seule influence de la pesanteur, à la manière d’un pendule. Il est bien démontré aujourd'hui, depuis les travaux de M. Marey, de Carlet, de Duchenne de Boulogne et de Boudet, de Paris, que la jambe oscillante est essentiellement active el que ses mouvements ne sauraient s’exéculer sans Île con- cours de la contraction musculaire. Il suffit de regarder un homme qui marche pour s’en con- vaincre. Nous examinerons l'action musculaire sur le membre inférieur au moment où il touche terre du talon pour devenir membre portant, et nous suivrons les modifications qu'elle subit pendant les diverses phases du pas, pour continuer notre élu- de sur le même membre au moment où il va de- venir oscillant, puis pen- dant toutes les phases de son oscillalion. Appui unilatéral droit. Double appui. Appui unilatéral gauche. Double appui. 1. —- Membre portant. — Projeté en avant par une action musculaire que nous étudierons plusloin, Double appui. le membre oscillant re- tombe pour ainsi dire sur le sol par le seul effort de la pesanteur. À ce mo- ment il est dans un état relächement muscu- laire à peu près complet. Mais aussitôt qu'il commence à supporter le poids du corps, avant même que le pied ne touche le sol dans toute son étendue, la contraction mus- culaire s’y révèle. Le moyen fessier commence à se contracter, et sa contraction énergique se main- tiendra tout le temps de l'appui unilatéral, pour empêcher le bassin auquel est suspendu le membre qui oscille de basculer latéralement (fig. 6, n° 4, 2, 3, 4, 5, 6, 7). Le moyen fessier el probablement aussi le petit fessier situé au-dessous du moyen sont les agents directs qui s'opposent à la chute latérale du bassin. Leur action est secondée par la contraction simullanée de deux autzes muscles qui sont la partie supérieure du grand fessier et le tenseur du fascia lata. Le grand fessier, d’ailleurs, se contracte dans son entier pendant toute la durée du pas postérieur et empêche ainsi le tronc de basculer en avant. Mais son action cesse généralement au moment de Ja verticale et ne se produit pas pendant le pas anté- rieur. La contraction du grand fessier est bien plus évidente, si l’on marche le corps penché en Appui unilatéral droit. Appui unilatéral gauche. 340 D° P. RICHER — LA MORPHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE DE LA MARCHE DE L'HOMME a avant. Elle devient inutile si l’on marche le corps renversé en arrière. Le gros muscle de la cuisse, le quadriceps, est également un des premiers muscles qui se con- tractent sur la jambe portante (fig.6, n° 2, 3, 4) Il maintientl’extension du membre qui, sans lui, fléchirait sous le poids,mais sa contraction ne dure que pendant le pas postérieur, elle diminue au moment de la verticale pour cesser complè- tement ensuite pendant la du- rée du pas an- térieur. AM ICe moment, en ef- fet, la ligne de gravilé du tor- se passant bien en avant de l'articulation du genou, la pe- santeur suflit à maintenir l'extension de l’article. Quant aux muscles de la jambe, ils sont tous légère- ment tendus pendant Lout le pas postérieur. Mais à peine la la jambe aussitôt que celle-ci a quitté le sol. 2. — Membre oscillant. — Noici donc que la jambe, de portante qu'elle était, devient oscillante. A ce moment, le muscle gastrocnémien et les pé- roniers se relächent (fig. 7, n°9), et en même temps les extenseurs des orteils et le jambier antérieur se contractent pour soulever la pointe du pied et l'empêcher, dans lemouve- ment d’oscilla- tion qui va se produire, de heurter le sol. À la cuisse, les fléchisseurs de la jambe sont contractés pour maintenir la jambe en flexion. Le tri- ceps fémoral estrelàché,ain- si que les fes- siers. Mais les fléchisseurs de la cuisse sur le bassin, parmi lesquelsle cou- turicretle droit antérieur, se contractent dans le but de ramener la verticale est- A 6 cuisse et toul elle franchie, Fig. 6. — Figures demi-schémaliques représentant douze posilions successives le membre en que les mus- d'un homme qui marche (d'après les séries- chronophotographiques obtenues avant. La jam- î Se avec le concours de M. Albert Londe). — De 1 à 7, double pas avec la jambe 6 cles postérieurs droite portante et la gauche oscillante ; de 7 à 12, double pas suivant avec la be oscillante et latéraux se contractent vi- jambe droite devenue oscillante et la gauche portante. Nos 4 et 7, double appui; 2 et 8, fin du double appui; 3 et 9, pas postérieur; 4 et 10, moment de la verticale; 5, 6, 11 et 12, pas antérieur; du n° 12 l’homme revient à la posi- tion du n° 1, de sorte qu'avec ces douze figures le cycle de la marche est exécute ainsi le pas postérieur, goureusement el leur contrac- lion augmente d'intensité jusqu'à la fin (fig. 6 el 7, n' 048). Le muscle du mollet soulève énergiquement le talon qui quitte le sol, et pousse en même temps tout le corps en haut et en avant. C'est lui le véri- table agent de propulsion. Mais dans ce mouve- meut la voûte du pied tendrait à s’affaisser si elle complet. n'élail maintenue par l'action des muscles péro- niers latéraux. Les muscles postérieurs de la cuisse, quisont les fléchisseurs de la jambe, commencent à entrer en contraction sur la jambe portante pendant le pas antérieur (fig.6et7,n%5,6,7,8,9). Leurcontraction s’accentue de plus en plus et a pour effet de fléchir passe la verli- cale ets’avance pour accomplir le pas antérieur. C'est à ce mo- ment fig. 7, n° 10) qu'une contraction éner- gique du quadriceps élend vigoureusement la jambe sur la cuisse. Mais cette contraclion est ra- pide et cesse brusquement avant même que le membre soit en extension complète. Le gonfle- ment que l’on observe sur le n° 11, fig. 7, est l'in- dice non de la contraction, mais du relächement du muscle, comme nous le montrerons tout à l'heure. Nous retrouvons là un de ces exemples de con- traction balislique que nous avons étudiés plus haut. Lors donc que l'extension est produite, le quadriceps et les autres muscles du membre sont D: P. RICHER — LA MORPHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE DE LA MARCHE DE L'HOMME dans le relâchement. Le membre descend alors de son propre poids jusqu'à la rencontre du talon avec le sol. D'autres actions musculaires se montrent sur le reste du corps.Je signalerai seulement les spinaux, qui entrent en contraction du côté de la jambe os- cillante seulement, et le deltoïde, dont la contrac- tion des faisceaux antérieurs et postérieurs tien- nent sous leur dépendance les mouvements des membres supérieurs. V. — FoRMEs EXTÉRIEURES Les actes mus- culaires si nom- breux el si variés que nous venons d'étudier ne sont pas sans influer grandement sur la forme extérieure. Nous étudierons successivement la forme des fesses. des cuisses, des jambes et des pieds. 4. Formes des fesses. — Ce qui caractérise la for- me des fesses dans la marche, c'est la saillie consti- tuée du côté de la jambe portante 341 centualion du sillon latéral externe de la cuisse et la séparation fort nette des masses charnues du droit antérieur, du vaste externe et du vaste in- terne (fig. 6, n°3, et PI. I, n° 1,n° 5). Cette contrac- tion est, en somme, une contraction statique; elle maintient le membre en flexion légère et résiste à l’action de la pesanteur, qui entraineraitla flexion complète sur un membre abandonné à lui-même. Cette contraction dure tout le temps du pas posté- rieur. Elle cède peu à peu pour faire place au relà- chement complet où qui existe pendant RES : PRET toule la durée du pas antérieur. Ce | relàächement du [RN quadriceps se tra- Ù duit extérieure- EN | ment par la pro- duction du bour- -) | relet sus-rotulien occasionné par la saillie de l'extré- milé inférieure du vaste interne relà- ché. L'extrémité inférieure du vas- te externe relà- ché amène aussi ) US la production du GUESS relief caractéris- IN tique (fig. 6, n° 6, \ et PI. I, n°8, 9et 720) 10). Mais toute la masse musculaire est refoulée laté- ralement par la par le moyen fes- sieret la partie su- périeure du grand fessier, saillie qui occupe toute la moitié supé- rieure de la fesse de ce côté et qu'accentue la dé- pression rélro-trochantérienne qui l'accompagne. La fesse du côté de l'oscillation est au contraire aplalie dans toute son étendue (fig. 6 et 7). 2. Formes des cuisses, — Les deux cuisses pendant la marche offrent un contraste frappant, dû en par- üiculier aux élats physiologiques différents du muscle quadriceps sur les deux jambes à un même moment. D'autre part, il y a dans les formes de chaque membre même opposition complète entre le pas postérieur et le pas antérieur. Sur le membre portant, au moment où il a pris franchement contact avec le sol, la contraction du triceps fémoral est énergique. On remarque l'ac- Fig. 7. — Suile des phases de la fiqure 6. 12 tension du fascia lata et dela ban- delette ilio-fémo- ro-tibiale. En somme, la cuisse à ce moment est étroite transversalement et ressemble assez à la cuisse de la jambe portante de la station hanchée. Pendant que le musele quadriceps se relàche, on voit progressivement s'accentuer le relief des muscles postérieurs de la cuisse, dont la contrac- lion commence pendant le pas antérieur. Lorsque le membre a quitté le sol, on constate, dès le début de son oscillation, les reliefs formés par les muscles fléchisseurs de la cuisse, droit an- térieur, couturier et tenseur du fascia lata, en mème temps qu'à la partie postérieure de la cuisse les fléchisseurs de la jambe forment une saillie fort distincte. Ces formes sont,en somme, celles du membre oscillant pendant le pas postérieur. Mais les choses changent au moment de la verticale et pendant le pas antérieur, les formes de la 342 TS FPT D° P. RICHER — LA MORPHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE DE LA MARCHE DE L'HOMME cuisse sont extrêmement curieuses à étudier. C'est le moment où la contraction des fléchis- seurs de la jambe cesse, el des muscles postérieurs de la cuisse, la contraction passe au muscle anlé- rieur, au muscle quadriceps qui lient sous sa dé- pendance l'extension de la jambe qui se produit alors. Mais celte extension de la jambe est rapide et soudaine. Elle est produite par une contraction musculaire brusque cessant aussitôt. Celle contrac- Lion a lieu au moment dela verticale alors que, la jambe se trouvant fléchie, le musele est distendu, circonstance éminemment favorable à l'énergie de l'effort musculaire. Elle cesse vers le milieu du pas antérieur, bien avant que la jambe ait achevéson mouvement d'extension. La photographie instan- tanée nous a permis de saisir le moment où cesse celte contraction (fig. 7, n° 11, et PI. I, fig. 2). La forme de Ja cuisse est saillante en avant, fortement bombée, mais le modelé uniforme du muscle montre bien que le relâchement musculaire s'est déjà produit. Nous avons donc sur celte image un muscle reläché, mais soulevé, projeté en avant pour ainsi dire, à la manière d'une masse fluc- tuante, par le mouvement même du membre. D'ail- leurs, cette masse inerte, pour ainsi dire, subissant la loi de la pesanteur, retombe bientôt sur elle- même, ce que la photographie instantanée nous montre au moment d'après (PI. I, fig. 3), alors que l'extension de la jambe s’est complétée en vertu de l'impulsion acquise et de l'inertie du membre et que le talon ne touche pas encore le sol. À ce moment, en effet, la cuisse est considéra- blement aplatie, son diamètre antéro-postérieur, {ant accru tout à l'heure, a beaucoup diminué. ar contre, la cuisse s'est élargie transversalement par suite du refoulement ou plutôt de la chute des masses musculaires en bas et sur les côtés. Nous saisissons ici, grâce à ja chronophologra- phie, deux phases très distinctes du relàchement musculaire du quadriceps, qui impriment à la cuisse une forme toute différente , bombée en avant ou aplalie, large d'avant en arrière ou {rans- versalement. A l'œil nu, ces phénomènes musculaires se {ra- duisent sous la forme d'un vérilable ballottement du muscle. 3. frormes de la jambe et du pied. — C'est sur la jambe portante, au moment où la jambe oscil- lante l’a dépassée,c’est-à-dire pendant le pas anté- rieur, que l'on voit la contraction des jumeaux accentuer les plans du mollet, en même lemps que s'aceuse le relief du soléaire et que se raidit le tendon d'Achille. Ces formes s’atcentuent de plus en plus jusqu'au moment où le pied quitte le sol. Elles sont accompagnées de modifications de la face externe de la jambe marquée de sillons lon- gitudinaux dus à la contraction des péroniers fig. 6, nos 5, 6, 7). Toutes ces formes s’éteignent alors que la jambe est devenue oscillante, le triceps sural devient mou et comme flottant. Les surfaces qui répon- dent aux péroniers sont plus uniformes ; mais, au même moment, de nouvelles saillies se montrent à Ja face antérieure du cou-de-pied et sur le dos du pied. Elles sont dues aux cordes tendineuses des muscles extenseurs du pied et des orteils. VI. — CONCLUSIONS De tout ce qui précède sur la marche type, on peut tirer les quelques conclusions suivantes fort curieuses, si on les rapproche des idées ayant gé- néralement cours : Le corps dans son ensemble n'est jamais penché en avant de façon manifeste. | Les deux pieds ne portent jamais en même temps sur le sol sans toute leur étendue. On peut même dire que l'instant pendant lequel le pied touche le sol entièrement en même temps que l'autre pied appuie sur les orteils, passe avec la rapidité d'un éclair: si même il existe fran- chement. La jambe placée en avant el dont le pied louche terre n'est que très légèrement fléchie et se trouve toujours placée bien en avant de la ligne de gravité du torse. On voit combien nous sommes loin de cette fi- gure que tout le monde a dans l'œil et qui esl comme le schéma artistique de la marche : tout le corps fortement penché en avant est soutenu par un des membres inférieurs notablement fléchi et dont le pied fortement appuyé sur le sol forme la base de sustentation, par laquelle passe la ligne de gravité du corps. L'autre membre inférieur égale - ment fléchi est rejeté en arrière el touche le sol par les orteils. Mais ne nous hätons point d’incriminer les ar- Listes : dans certaines condilions données, l’homme qui marche se rapproche bien du type dont nous venons de parler !. D' Paul Richer, Chef de Laboratoire à l'Hospice de la Salpétrière. 1 Cet article sera reproduit dans un ouvrage de l’auteur qui paraîtra prochainement à la librairie Doin sous ce titre: lPhy- siologie artistique de l'homme en mouvement. PR — PLANCHE Ï. — VUE LATÉRALE DE LA MARCHE SUR TERRAIN HORIZONTAL 34 L'EMPLOI L'emploi des courants alternatifs tend à se répandre de plus en plus, sous la forme de courants alternatifs simples, ou sous la forme de cou- rants polyphasés. Les premiers présentent de nombreux avanta- ges au point de vue de l'éclairage des grands secteurs; mais ils se prêtent plus mal à la distribution de la force motrice, Les seconds sont préférables sous ce dernier rapport, mais ils donnent parfois qu'ils servent à alimenter des lampes; aussi, adoptés dans les installations privées pour les transports de force, ils étaient, en général, rejetés dans les Sta- tions centrales. Cependant, à bien examiner la question, c'est sur- tout une affaire de pratique et d'expérience que d'obtenir un bon réglage de la tension; il est donc à présumer, vu la tendance logique qu'ont les Compagnies électriques à favoriser l'installa- tion des moteurs sur leurs ré- / ä | 27 lieu à des ennuis de réglage lors- | J ? | seaux, que les courants polyphasés jouiront, le temps | aidant, d’une vogue de plus en plus grande. La ville de Chemnitz DES COURANTS TRIPHASÉS A * ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES LÉ NE: AOL LE D @ N ATAT KA Fig. 4. — Schéma de l'induil des allernateurs. — À,, B;, C;, A», bobines induites. ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES LA STATION CENTRALE D'ÉLECTRICITÉ DE CHEMNITZ. régulateur, dont on peut, du fableau de distribution, modifier à volonté la position, C’est là un arrangement nouveau, dont on trouve un autre exemple à Ja stalion des tramways de Dresde. Un petit moteur à cou- rants continus, excité en série par un courant que fournit l’une des excitatrices, peut tourner dans les deux sens ; à cet effet, un commutateur permet de changer à volonté la direction du courant qui traverse l'armature. Ce mo- teur, dans son mouvement de ro- tation, élève ou abaisse, par l’in- termédiaire d'une vis sans fin, un poids additionnel du régulateur. Les dynamos sont du type R Siemens et Halske à courants tri- phasés. Ce sont des machines de 180 kilowatts, accouplées directe- ment, et pouvant fournir, sur chaque conducteur, 52 ampères sous une différence de potentiel de 2.000 volts. Elles sont à induit fixe et inducteur mobile. L’induc- teur se compose de 40 pièces po- laires réunies en forme d'étoile. La vitesse, étant de 150 tours par minute, correspond à 50 périodes. L’in- duit est formé d'un cer- — _ n’a pas craint d'entrer ré- (Vi) (V2 tain nombre de minces solument dans les voies Sr 1 plaques de fer serrées nouvelles. Etant appelée (a Ç s sur une carcasse en fonte. à fournir à ses clients, dis- () L Le tout forme un vaste persés sur un très grand \ anneau, à la surfacein- rayon, non seulement lé: térieure duquel se trouve clairage, mais aussi la CES une série de fentes, au force motrice, elle à a, nombre de trois par pôle. adopté les courants tri- Dans ces fentes sont lo- phasés à haut voltage avec gées les bobines induites. sous-stations de transfor- Voici quel est est le mateurs!.Le marché pour mode d’enroulement de l'installation complète È ces bobines. Supposons, fut passé avec MM. Sie- Ts 2 [ pour plus de simplicité, mens et Halske en 1893. I MES | que la machine soit seu- Les travaux furent com- (Nil | lement à 8 pôles : nous mencés au mois d'août — —— | aurons donc 24 fentes, de cette même année; à EC =: numérotées, sur la fi- la fin du mois de mai (are gure 1, de 1 à 24. Un fil suivant. ils étaient com- | | de l'induit vient d’arrière plètement terminés. | | en avant à travers la Trois chaudières Stein- | | fente 1, par exemple, re- nuiller sont employées ; | | tourne en arrière par la elles marchent à 13 kilos fente 4, pour revenir en de pression environ, et | avant par la fente 1, el sont munies de char- | ainsi de suite autant de geurs automatiques MMM MMM fois qu'il est nécessaire. Leach, actionnés chacun Fig. 2 Schéma de L = , as PR DE PL TT NES Les fentes 23-?, 3-6, par un petit moteur à € nn ARE UNE RES CAR [lampe témoin, d'$ etc., sont associées : 13002 s. 9, 9, commutateurs. :, lampe témoin. k À me champ tournant. Les ma- __’C; "D, commutateurs. — 4, Ci, Ci, Co, Co, etc., bornes des de la mème facon. chines, également au commutateurs C et D. — «, b, a, b', barres métalliques des com- Les bobines ainsi for- nombre de trois, sont à mutateurs C et D. — G, G', glissières des commutateurs C et D. mées peuvent être, dans triple expansion etäcon- —M;, M, M;, M"... câbles venant des alternateurs. chacun des trois groupes, densation. Leurs tiroirs sont réglés automatiquement par le 1 D’après l’Elekbrolechnische Zeitschrift et The Electrician. bobines A,, A,, À VE HE 49 réunies en série où en quantité selon la tension que lon désire obtenir. Par exemple, dans le cas où l'on veut un haut voltage, les puis B,, B,, B,, B,, et enlin G,, hs L ié C,, C;, C,, sont associées en série. Trois des extrémilés sont réunies et les trois autres attachées aux bornes de la machine. Le couplage des alternateurs de la Station de Chem- nitz se fait au moyen d’une disposilion assez originale. Les petits transformateurs ordinairement employés sont ici supprimés, chaque alternateur étant pourvu d’un circuit auxiliaire, aux bornes duquel on à un voltage égal à la 80° partie de celui du circuit principal. Les càbles M,,etM, (fig.2), parlant du circuit auxiliairede la première machine, aboutissent aux bornes C, C;', D, D; de deux commutateurs G et D. Les cäbles venant des autres machines aboutissent aux bornes C, C' et D, D, d'une part, C, €, et D, D," d'autre part.Le commutateur D possède en outre une borne complémentaire d. Deux glissières G, G' mettent en communicalion chacune des bornes C, C,, elc., avec celle des barres circulaires a, a, b, b', qui lui est contiguë, Les barres b E' sont . reliées d’une manière permanente. Les barres « a’ sont deux commutateurs g, g'. auxquels aboutissent les . deux bornes d’une lampe L, d’un voltmètre V, et une borne d’un second voltmè- tre V,, dont l’autre borne est en communication avec d. Si l’on veut avoir le vol- tage fourni par la ma- chine 1, on place la glis- sière-GASure Cet 0 la glissière G surdet l’on met le voltmètre V, en circuit Pour coupler en parallèle deux machines, 2 et 3 par exemple, on commence par s'assurer, au moyen de la manœuvreprécédente,qu’el- les donnent le méme vol- tage, puis on met le volt- mètre V, hors circuit. La glissière G est placée surC, C;’, la glissière G sur D, D,', puis la lampe L et le volt- mètre V, sont réunis par l'intermédiaire de g, g' aux barres a et b. Quand le voltmètre arrive au zéro et que la lampe s'éteint, la coïncidence de phases existe, il ne reste qu'à cou- pler les allernateurs. Les câbles allant des ma- chines au tableau de distri- bulion sont souterrains. Ils aboutissent, par l'intermé- diaire des coupe-circuits fu- sibles et des instruments de mesure, à trois barres hori- zontales qui peuvent être séparées dans leur longueur Fig. 3. — Elévalion el demi- en plusieurs parties au coupe d'une sous-slalion de moyen d’interrupteurs. Il en communication avec transformaleurs.— À, base est ainsi possible de tra- en fonte. — C, con vailler à une partie du ta- Don none Due bleau pendant que l’autre = = En “ Farc rie roi. — B, appareils divers. partie est en service. Les conducteurs sont cal- culés pour transporter le courant nécessaire à 10 000 lampes de 16 bougies brû- lant en même temps. Les câbles de haute tension sont du type biconcentrique de Siemens et Halske, sous plomb et armés de rubans de fer. Leur section varie de 3 X 16m? à 3 X 50 "2 Ils forment une longueur totale de 10 kilomètres environ, Le réseau à basse ten- sion comprend à peu près 20 kilomètres de câbles bi- concentriques armés, dont les sections varient de 3 X 25 à 3 X 70 "m2 ef 7 kilomètres de conducteurs ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES Ja ventilation tout en 345 isolés ordinaires de 35 à 40m? de section. Le point central du réseau se trouve à 1.800 mètres de lastation, le point le plus éloigné à 3,600 mètres. La tension est abaissée par les transformateurs de 2.000 volts à 120. Ces transformateurs, qui élaient pri- mitivement au nombre de 19,sont maintenant au nombre de 24 et représentent une puissance totale de plus de Fig. 4. — Diagrammes des connexions failes dans une sous- station de transformateurs. — HT, câbles à haute tension. — C, et C», interrupteur et plombs fusibles. — BT, cäbles à basse tension. — CA, câbles aériens, 500 kilowatts. Ils sont placés dans des colonnes en fer de 4 mètres de haut et de 1",20 de diamètre. La figure 3 représente l’une de ces colonnes: la partie gauche à été coupée pour en montrer l'intérieur. Elles reposent sur une base en fonte A et sont formées de deux cylindres superposés séparés par une cloison CG, qui sépare en deux parties I et II l’intérieur de la colonne. En outre, une couver- ture E est disposée de manière à permettre 100 172 empêchant la pluie ou ! la neige de pénétrer. ; : i La partie supérieure I ! est munie de trois por- i teset contient le trans- formateur.Ses noyaux, au nombre de trois, o HE GE sont formés de feuilles 3 de fer isolées et dispo- Fiw.5. — Courbe du courant d'ex- sées verticalement de citation. — T, durée de la pé- riode du courant produit par l'alternateur. manière à dessiner un prisme dont la base serait un triangle équi- latéral. Ils sont réunis haut et bas par des plaques de fer qui ferment les circuits magnétiques. Les bobines à basse tension sont placées à l’intérieur des bobines à haute tension, Entre elles, on à réservé un espace vide pour la ventilation, de même qu'entre les premières et les noyaux intérieurs. Une marche continue à pleine charge n’élève pas la température de plus de 50 degrés. Les bobines sont montées en étoile, 340 La partie inférieure I de chaque colonne comprend tous les appareils accessoires, coupe-circuits fusibles, attaches de câbles, interrupteurs, etc. La figure # montre le diagramme des connexions, qui est d’ailleurs exces- sivement simple. Les mesures d'isolement du réseau ont donné les résultats suivants : I. — Cübles pour basse tension, essai fait à 109 volts. — Résistance d'isolement du conducteur intérieur, les deux autres élant à la terre : 446 mégohms. Résistance d'isolement du conducteur du milieu, les deux autres étant à la terre : 208 mégohms. Résistance d'isolement du conducteur extérieur, les deux autres étant à la terre : 172 mégohms. Longueur soumise à l'essai : environ 18 kilomètres. En mettantles transformateurs en circuit, l'isolement par rapport à la terre était de 210.000 ohms. II. — Cübles pour haute tension, essai fait à 960 volts. — Résistance d'isolement du conducteur intérieur, les deux autres étant à laterre : 301 mégohms. Résistance d'isolement du conducteur du milieu, les deux autres étant à la terre : 150 mégohms. Résistance d'isole- ment du conducteur extérieur, les deux au- tres étant à la terre: 114 mégohms. Longueur totale sou- mise à l’essai:environ 10 kilomètres. En mettant les trans- formateurs en circuit, l'isolement par rap- port à la terre était de #01.000 ohms. Les capacités du ré- seau de haute tension, non compris les trans- formateurs, sont de 0,47 microlarad entre le conducteur inté- rieur d'une part, les deux autres conduc- teurs et la terre d’au- tre part ; 1,06 microfarad en- tre le conducteur du 2004 lieu, d'une part, les deux autres conduc- VA : Ë teurs et la terre d'au- E tre part ; 7 2,12 microfarads en- tre le conducteur ex- térieur d'une part, les deux autres conduc- teurs et la terre d'autre part, A la fin du mois de novembre 189%, la Station fournis- sait le courant à 5.220 lampes à incandescence de 16 bougies, à 152 lampes à arc et 29 moteurs d’une puissance tolale de plus de 29 chevaux. Le prix est de 87 cent, 5 le kilowatt-heure pour l'éclairage et de 22 cent. 5 pour la force motrice, On peut aussi traiter à forfait quand il s’agit de courant à fournir à des moteurs, Le tarif est alors de 17 cent. 5 le cheval- heure. Les moteurs à champ tournant de la maison Siemens- Halske ont un inducteur fixe construit de la même facon que l'induit des alternateurs. L'induit à tambour est fermé sur lui-même, Ces moteurs auraient, dit-on, des rendements très élevés, On trouverait, par exemple, pour un moteur de # chevaux, 50 °/, à la charge de demi-cheval, 87 0/, à la charge de 4 chevaux, 86 ?/, à la charge de 7 chevaux. ; Des essais excessivement intéressants ont été faits dans le but de déterminer les courbes de courant pour la machine d'excilation, l’alternateur à vide et en charge. Fig. 6. — Courbe donnée par l'al- lernaleur marchant à vide. ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 1472 L'appareil employé est un pelit moteur à champ tournant présentant quelques dispositions spéciales : son armalure n'est pas en court circuit; elle est tra- versée par le courant de la machine d’excitalion, IF tourne alors synchroniquement : son arbre porte des anneaux el des contacts qui, à un moment arbitraire- ment choisi de la révolution, relient d'abord un con- densateur avec le cireuit à étudier, puis déchargent ce condensateur à’ travers un galvanomètre. Quand la vitesse du moteur est suffisamment grande, la dévia- tion du galvanomètre reste constante: elle est alors proportionnelle à la différence de potentiel des arma- tures du condensateur et par suite à l'intensité du cou- rant au moment de la phase qui correspond au con- tact. La figure 5 montre la courbe du courant d'’exci- lation. On y remarque une fluctualion, qui est due aux réactions d’induit et dont la période est six fois celle de lPalternateur. Si T est la période de celui-ci, { le temps, la courbe de la figure 5 est re- présentée approximativement par la formule (1) ei- dessous. La courbe du cou- rant de l'alternateur 000 tournant à vide est L | donnée par la figure 6. Elle est à peu près symétrique par rap- port à l'axe des abs- cisses et par rapport aux ordonnées des maxima et des mi- nima. Sa formule est approximativement la formule (2) ci-dessous. Entin, la figure 7 donne la courbe du courant de l'alterna- teur travaillant à plei- Ê ne charge. Elle est sy- | métrique par rapport le à l'axe des abscisses, mais non par rapport aux ordonnées des mi- C nima et maxima. Elle Su correspond à la for- 2000 ‘ CE Ë mule (3) ci-dessous. Ë On voit que les deux dernières courbes dif- fèrent relativement peu de la fonction si- nus, qui est la fonction théorique, Que signi- lient exactement Îles légères déformations & 2e Va Fig. 7.— Courbe donnée par l'aller- nateur marchant à pleine charge. Il PET TT Ro LE ee + G% in ( T dl 10r/ . /Bnl 2) sin = + 0,087 sin ( E +=)+ 0,032 sin (= x). \ À , 2x t 1 ? 107 / (3) sin DUR 15 Sin (+ qu'elles montrent et quels en sont les effets? Nous sommes encore très inexpérimentés sur ce sujet; mais c'est qu'il y a bien peu de lemps que nous sa- vons enregistrer fidèlement les courbes des courants alternatifs, et il nous semble permis de penser que nous parviendrons à lire, sur ces courbes, les détails de construction et de fonchonnement de nos alternateurs, de mème que nous lisons aujourd'hui les détails cor- respondants sur les diagrammes des machines à va- peur. A. Gay, Ancien élève de l'Ecole Polytechnique. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 341 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques. Méray (Ch.), Professeur à la Faculté des Sciences de Dijon. — Leçons nouvelles sur l'Analyse infinité- simale et ses Applications géométriques. Pre- mière purtie. PRINCIPES GÉNÉRAUX. — Ün vol. gr. in-8° de xxu1-405 p. Prix : 13 fr. Gauthier-Villars et fils, éditeurs. Paris, 1895. L'espace nous manque pour analyser comme nous le voudrions une publication de cette importance, que tout le monde, au surplus, voudra lire: nous passe- rons donc sous silence l'indication détaillée de son contenu et nous nous bornerons à dire en gros le bien que nous en pensons, le but que l’auteur veut at- teindre. Dans ce magnifique ouvrage, qui sera un véritable monument de la science francaise, M. Méray ne veut emprunter au monde extérieur que les notions que notre esprit en tire relativement aux nombres entiers et aux combinaisons les plus simples «que l’on peut effectuer sur ces symboles ; il déduira de là les règles du calcul algébrique ainsi que la notion complète du nombre fictif de l'analyse moderne; il ne s’appuiera sur aucune considération infinitésimale proprement dite ; l’idée d'infini n'y figure à proprement parler que sous sa forme la plus accessible, qu'après tout nombre entier il y en a d'autres, et l'idée de limite est ratta- chée à celle-ci d’une facon très simple. C’est avec ce bagage peu encombrant et dénué de toute métaphy- sique que l’auteur édifie sa théorie générale des fonc- tions. Celle vaste exposition de ce qui constitue à propre- ment parlér toute la science mathématique ne repose que sur des calculs algébriques relativement simples. Le premier volume contient l’exposé des généralités et des propriétés communes à toutes les fonctions analy- tiques; les suivants renfermeront l’étude des princi- pales fonctions particulières aujourd’hui connues et les premières applications de l’analyÿse infinitésimale Dans ce premier volume, il n’est jamais fait appel aux pre- priétés d'une fonction particulière, si simple qu’elle soit, et cependant l’auteur s’élève graduellement des propositions les plus élémentaires jusqu'à la théorie des équations différentielles totales et partielles. Il ne fait usage d'aucune considération géométrique ; il ne se sert que de la représentation graphique habituelle des nombres imaginaires, dans le simple but de faire image et de simplifier les énoncés relatifs à la théorie des fouctions. On concoit qu'avec un pareil objectif, et voulant dé- gager le plus possible l'Analyse de toute considération relative au monde extérieur, l’auteur ait repris l’idée de nombre à son origine même, le nombre entier, et qu’il ait édifié sans autre secours que l’idée de nombre entier et celle d’addition de nombres entiers, l'ensemble com- plet des nombres fictifs que l'analyse emploie. Les trois premiers chapitres sont consacrés à ce travail ; ils sont admirablement ordonnés, d’une logique absolue, et je ne vois aucune critique à faire à cette partie du volume. Je dois rappeler d’ailleurs, en passant, que M. Méray est le premier qui ait résolu ces questions passable- ment difficiles. Depuis quelque temps, on a beaucoup écrit sur ce sujet et beaucoup prêté aux Allemands, comme d'habitude; mais, en comparant les dales de publication et en tenant compte de l’enseignement public de M. Méray, il est facile de fixer son opinion à ce sujet. Au reste, l’idée de variante qu’emploie l’au- teur pour parvenir au nombre incommensurable, bien qu'à peu près identique à celle de suite rationnelle et infinie, me parait donner à celte exposilion sa forme la plus simple et la plus lumineuse. Viennent ensuite les séries. Elles sont un objet de prédilection pour l’auteur, qui en fait la base de tout son système et la représentation naturelle de toutes les fonctions dignes de ce nom. Celte théorie, bor- née aux choses essentielles et débarrassée du fatras qui l'accompagne dans plus d’un ouvrage, est ici magistralement exposée. Sans insister sur des règles de convergence plus ou moins menues, en tout cas utiles seulement pour l'étude des fonctions particulières, l’auteur s'occupe d’abord des propriétés générales des séries : la comparaison de deux séries; la transfor- mation d'une série par le groupement et le déplace- ment des termes; l’addition, la soustraction et la mul- tiplication des séries. Puis il passe à l'étude des sé- ries entières à variables en nombre quelconque, dans laquelle il débute par la progression géométrique à plusieurs raisons, et par la recherche des aires de convergence. Ensuite viennent diverses propriétés dont il sera fait grand usage dans la théorie des fonc- tions : le développement d'une série entière où l’on met à la place de chaque variable une somme de nou- velles variables; la continuité ; le théorème d’Abel, relatif aux valeurs des variables situées sur les cercles de convergence ; les valeurs que peut atteindre ou dé- passer le module de la somme d'une pareille série, etc. L'idée de fonction est alors introduite d’une facon définitive, Sans se soucier à ce moment de l’origine que peut avoir une fonction à étudier, point sur le- quel il s’appesantira très soigneusement plus tard, M. Méray dit que cette fonction est olotrope dans les aires Sr, Sy, -.., avec les olomètres ër, êy, -.-, quand, pour tout système %, Y,, ... de nombres pris dans les aires en question, on peut développer la fonction en série entière et convergente par rapport à &—%o,% — Yo, :+.» pourvu que les modules de ces différences soient moindres respectivement que ër, y, .... Les aires con- sidérées sont quelconques d’ailleurs, à contours sim- ples ou multiples. C'est cette notion de l'olotropie que M. Méray subs- tiltue aux anciennes propriétés primordiales altribuées aux fonctions, d’être uniformes et pourvues de dérivées de tous ordres dans les aires en question, Pour Jui, cette notion est inséparable de l’idée de fonction utile et maniable; il rejette des calculs courants toute fonc- tion qui n’est olotrope dans aucun groupe d’aires, et son système ne lui attribue aucune propriété de carac- tère général. Nous ne voulons pas entamer ici de discussion avec l’auteur sur le point de savoir si son idée est la seule qui se prête à l'étude des propriétés des fonctions. Nous ferons simplement observer qu'il est le seul à pos- séder un système complet d'analyse, et que toutes Les démonstrations qu'il donne sont uniformes, théori- quement très simples, et rigoureuses comme celles de l’Algèbre la plus vulgaire; au reste, les autres auteurs, dans beaucoup de questions, emploient aussi les sé- ries et font, sans le dire, les mêmes hypothèses que M. Méray. Les dérivées des divers ordres s’obtiennent sans con- sidération d’infiniment pelits, d’une facon purement algébrique, en quelque sorte, en développant la sé- rie f(æ + À, y + k, .… ) et en la mettant sous la forme f (x, y, ...) + hfz + kfy, ..., les quan- tités fx, fy, étant d'autres séries convergentes. L'auteur montre que ces coefficients sont des fonc- tions olotropes de æ, y, dans les aires considérées. Il est alors amené tout naturellement à chercher com- 348 ment, de l'existence d'une série entière et convergente, donnée à priori, on peut tirer, dans certains cas, l’exis- tence d’une fonction olotrope dans certaines aires, et sous quelles conditions cela a lieu. Il est évident déjà que loute série entière et convergente dans les cercles ex, ey, … est une fonction olotrope dans les cercles plus petits ôr, y, . avec les olomètres px — ôæ, py — dy, .. On s'appuyant sur l'idée si importante du cheminement, l’auteur traite de cette question dans le cas le plus gé- néral, en supposant toutefois les aires obtenues par raccordement, Sr, Sy, ..., imperforées. M. Méray déduit alors de la théorie des séries les propriétés les plus importantes des fonctions olotropes, puis il passe au calcul inverse des dérivées, Dans ce chapitre, qui traite de ce qu'on entend com- munément par intégralion d’une différentielle totale exacte d'ordre quelconque, l’auteur part de l’idée de fonction primitive; il n'y est question ni de quadrature, ni de somme d'infiniment petits. D'ailleurs, nulle part dans son ouvrage, l’auteur ne cherche l'origine de nouvelles fonctions dans ces opérations autrefois mystérieuses de différentiation, d'intégration... ... Il n’y est, à proprement parler, question ni d’infini- ment petits ni d’infiniment grands, quantités vagues dans bien des cas, fantômes numériques mal définis, qui laissent Le doute si souvent après eux, tant que les démonstrations auxquelles ils servent de support n’ont pas été entourées de précautions parfois délicates, longues et minutieuses. Les raisonnements de M. Méray portent sur des nombres déterminés, sur des êtres numériques précis. IL n’est pas dans notre but, avons-nous dit, de faire ici une analyse complète et détaillée de l'ouvrage de M. Méray. Nous espérons en avoir assez dit pour en- gager nos lecteurs à étudier attentivement la construc- tion de l’auteur. Seuiement, qu'ils y prennent garde, la lecture d’un livre pareil n’est pas aussi commode que celle d’un roman; malgré tout le soin que l’auteur à apporté à l'exécution de son œuvre, toute la clarté qu'il y à mise, il est difficile à suivre dans cette longue suite d’abstractions profondes où il se joue des plus grandes difficultés, et plus d'une fois le lecteur, après avoir pris une idée générale de quelques chapitres, devra revenir en arrière, approfondir chaque point, se résoudre à n'avancer que lentement dans la théorie. Mais qu'il se console : le véritable étudiant en mathématiques ne saurait mieux employer son temps qu'en le consacrant à se pénétrer profondément des doctrines du grand analyste, E. Huugerr. Scott (C. AÀ.), Professor of Mathematics in Bryn Maur College. Pensylvania. — An introductory Account of certain modern ideas and methods in plane ana- lytical Geometry.—- 1 vol. in-8° de 288 p. avec 64 fig. (Prix : relié, 12 fr. 50). Macmillan and C9, éditeurs, London et New-York, 1895. Le livre de M, Scott est divisé en 13 chapitres dont les principaux traitent des sujets suivants : coordon- nées ponctuelles et linéaires et leur transformation, principe de dualité, propriétés et tracé des courbes, homographie et involulion, transformation projective et linéaire, théorie de la correspondance. Dans cet ouvrage, l’auteur, supposant de la part du lecteur une connaissance assez approfondie de la Géo- métrie cartésienne et du Calcul différentiel, cherche à présenter d'une facon systématique certaines idées et méthodes, familières dans les Mathématiques supé- rieures, mais qu'on a rarement l’occasion d'acquérir dans des livres d'ordre moins élevé, Il évite toutefois d’em- piéter sur ce qui est, à proprement parler, la théorie des courbes planes supérieures, dont l'ouvrage peut d’ail- leurs être considéré comme une introduction. Jusqu'à un certain point, le champ que M. Scott s’est fixé coïncide avec celui des derniers chapitres du Traité des sections coniques de Salmon, mais les deux livres ne font pas double emploi, la manière dont ils sont traités diflérant notablement, LB: BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX MWitz (Aimé), Docteur ès sciences, Ingénieur des Arts et Manufactures, Professeur à -la Faculté libre des Sciences de Lille. — Les Machines thermiques (à vapeur, à air chaud et à gaz tonnants). — Un vol. petit in-8° de l'Encyclopédie scientifique des Aïide- Mémoire, dirigée par M. H. Léauté, de l'Institut. (Prix : broché, 2 fr. 50; cartonné, 3 fr.) Gauthier - Villars et fils et G. Masson. Paris, 1895. « L'objet de ce livre est d'établir un parallèle entre « les diverses machines thermiques, et de les rappro- « cher dans un tableau d'ensemble. de manière à faire « mieux ressortir le caractère spécial de leurs cycles « respectifs. » C'est ainsi que l’auteur, dans la préface, définit le but qu'il s'est proposé et qu'il réalise magis- tralement. 8 Les cycles de Watt, de Stirling, d’Ericson, de Joule, sont examinés avec soin et discutés. M. Witz consacre plusieurs pages à l'importante question des régénéra- teurs et à celle, qui lui est connexe, des isodiabatiques de Rankine, Assurément l’un des plus compétents en ces matières, le savant professeur de Lille expose en termes fort clairs les avantages particuliers des moteurs à vapeur d’eau et des machines à gaz tonnants; et, de leur com paraison, il conclut au grand avenir de ces dernières, appelées, pense-til, à supplanter les premiers dans beaucoup d'applications. Il est certain que les machines à gaz de gazogène arri- vent à donner aujourd'hui des consommations infe- rieures à ce que dépensentles meilleures machines à va- peur; mais, quoi qu'on ait dit, celles-ci nous paraissent encore susceptibles de perfectionnements importants, D'abord, l'emploi des isodiabatiques permet d'aug- menter un peu le rendement générique, en éle- vant la température moyenne de la source supérieure, Cette idée a été mise en pratique par M, Normand sur plusieurs torpilleurs. L'eau d'alimentation est en partie réchauffée avant son entrée dans la chaudière avec la la vapeur qui a déjà travaillé. Il est sans doute pos- sible de faire mieux encore. Ensuite, l'entrée en scène des turbines à vapeur, sérieusement cette fois, nous parait devoir limiter l'essor des machines à gaz, Avec l'air comme fluide évoluant, Les turbo-moteurs ne peuvent devenir prati- ques à cause de la difficulté qu'il y aurait à réaliser la compression préalable de ce fluide, tandis qu'avec les liquides vaporisables il en est tout autrement. La turbine à vapeur, outre ses avantages au point de vue de la disposition mécanique, pourrait aussi procurer, nous en avons la conviction, de très faibles consomma- tions. Sans user de liquides spéciaux, vaporisables à plus de 200° centigrades, le rendement pratique pour- rail alteindre environ 0,20, ce qui correspondrail à une dépense de 0 kg. 450 seulement de bonne houille quelconque par cheval et par heure. Quoi qu’il en soit de cette discussion, le petit livre de M. Wilz présente un réel intérêt. La lecture en est facile, agréable même, oserions-nous dire, malgré les nombreuses formules qu'il à fallu inévitablement y mettre, On trouve aussi dans l'introduction et dans quelques chapitres un historique sommaire de l'inven- ton des divers moteurs thermiques. Nous pouvons ajouter que l’exécution typogra- phique en est soignée, comme pour les autres vo- lumes de | « Encyclopedie des Aiïde-Mémoire ». Comme erratum, signalons principalement une transposition de nombres qui s’est glissée (p. 71) dans l'évaluation du rendement théorique du cycle de Stirling, A. RATEAU. Bôcher (Maxime), Privat-Docent an der Harward Uni- versity zu Cambridge (Massachusetts). — Ueber die Reihenentwickelungen der Potentialtheorie (Sur les développements en séries dans la théorie du poten- tiel). Avec une préface de F. Klein. — 1 vol. in-8° de 260 pages avec 113 figures. (Prix : 10 francs.) B. G. Teubner, Leipzig, 1895. De - Léa D ap, ) + dE de é 349 2° Sciences physiques. Du Bois (H.) — Magnetische Kreise, deren Theo- rie und Anwendung. — { vol. in-8°, de 385 p. avec 94 fig. (12 fr. 50). Springer. Berlin, 1895. L'idée d’assimiler les systèmes magnétiques à un circuit fermé a été émise, pour la première fois, sans doute, par Euler, dans ses célèbres Lettres à une prin- cesse d'Allemagne; 11 admet, pour expliquer les phéno- mènes dont l’espace environnant est le siège, l'exis- tence d’une matière sublile, décrivant, avec une grande vitesse, des circuits fermés, en passant de préférence dans les corps magnétiques. Toutelois, cette idée ne reposait pas encore sur une base expérimentale assez solide pour être généralement acceptée ; les expériences de Coulomb vinrent ensuite, magistralement dévelop- pées dans leurs conséquences par Poisson, et la théo- rie des pôles magnétiques fut établie. Telle est la puis- sance de persuasion de tout ce dont la forme est très parfaite, que la théorie de Poisson survécut aux tra- vaux de Faraday et aux commentaires de Maxwell; il fallut que l’industrie s’en mêlàt, que les recherches faites en vue de perfectionner la machine dynamo mon- trassent tout le parti que l’on pouvait tirer, au point de vue de la pratique, de la considération d’un circuit ma- gnétique fermé, pour que cette idée prit, dans la Phy- sique moderne, la place à laquelle elle a droit, Jusqu'ici, les auteurs qui s'étaient occupés du circuit magnétique s’élaient contentés d’en développer un aspect particulier. Lord Kelvin, Gisbert Kapp, Caba- nellas, Hopkinson, Ewing, à qui l’on doit beaucoup. avaient apporté chacun sa pierre à l'édifice, Mais leurs mémoires épars étaient d’un accès difficile, qui devait rebuter plus d’un chercheur; c’est dans le but d'en faciliter l’étude, que le Congrès des Electriciens, tenu à Francfort en 1891, émit Le vœu qu'un ouvrage didac- tique, consacré exclusivement au cireuit magnélique, vit bientôt le jour. M. du Bois, dont les recherches sur la question sont bien connues, était tout désigné pour entreprendre ce travail. La méthode suivie par l’auteur est le développement progressif de la théorie, avec le contrôle permanent de l'expérience. Un tore uniforme est entouré d’une spi- rale parcourue par un courant électrique ; on n’observe aucune action magnélique à l'extérieur, et cependant l’état particulier du tore est révélé par divers phéno- mènes mesurables; son diamètre est légèrement dimi- nué, un faisceau de lumière réfléchi sur säa surface change de caractère au point de vue de la polarisation, la conductibilité électrique et thermique est modifiée, ainsi que le pouvoir thermo-électrique. Mais, vient-on à introduire une irrégularité quel- conque dans le circuit magnétique, aussitôt certaines lignes de force, qui étaient auparavant entièrement en- fermées dans le milieu magnétique, aboutissent à sa surface, ou, tout au moins, à un point où elles subissent une réfraction, et ce point devient un centre d'action a l'extérieur (nous évitons ici d'employer l’expression d'action à distance, qui a le sens précis d’une action sans l'intervention d’un milieu intermédiaire), En ouvrant complètement le lore, de manière à le remplacer par un barreau, placé cependant dans un circuit magnétisant fermé, on arrive au cas typique où les actions à l'extérieur sont le phénomène le plus ap- parent ; c’est là que la force démagnétisante devient, pour la première fois. évidente; on y reviendra plus d’une fois au cours de l'ouvrage, et dès le début, pour en donner la valeur dans le cas d’un ellipsoide, qui contient, comme cas parliculiers : sphère, barreau, disque, etc, Quant au magnétisme permanent, il est envisagé comme une hystérèse de très longue durée, assimila- tion un peu hardie, mais qui est confirmée par un ordre de phénomènes tout différent : la variation du zéro des thermomètres, et ses déplacements quasi-permanents, qui peuvent être expliqués d’une manière analogue. La théorie des aimants permanents exige, du reste, pour être comprise dans toule sa généralité, la connaissance de certaines notions qui ont fait leur apparition dans les sciences mathématiques avec les quaternions:; l’au- teur les passe en revue dans le troisième chapitre, con- sacré à la répartition lamellaire ou solénoïdale des vecteurs dans l’espace; la théorie des aimants s’en dé- duit par une simple adaptation. . Après une théorie générale de l'induction magné- lique, on revient à l'étude approfondie du toroïde dans un champ magnétique, et, comme préparation aux cas de la pratique, on étudie les tores sectionnés une ou plusieurs fois,on calcule l'attraction des pôles el la force portante des aimants Ayant ainsi préparé le lecteur à létude pratique du Circuit par une théorie très complète, l’auteur aborde l'étude expérimentale des propriétés générales du cir- cuit. Puis, dans un chapitre qui aurait pu, logiquement, ètre classé dans la première partie, il montre l’analo- gie des phénomènes magnétiques avec ceux que l’on peut envisager comme se produisant dans un circuit, ou qui, tout au moins, dépendent d’un potentiel; tels sont les phénomènes de filtration, de diffusion, de conduction de la chaleur et de l'électricité, enfin la polarisation diélectrique. Le circuit des machines dy- namos sous les formes les plus ordinaires est trailé dans un chapitre spécial, auquel il faut ajouter, comme complément très instructif pour la pratique, le cha- pitre suivant, consacré à divers électro-aimants et trans- formateurs. Le rôle de l’entrefer, l'action des disconti- nuités même très faibles, étudiées par Ewing et Low, l'action de la pression et l'influence du poli des sur- faces en contact, étudiées dans ce chapitre, conduisent à celle conclusion que, lorsqu'un cireuit magnétique est composé de plusieurs parties, les pièces doivent être polies et fortement pressées entre elles, si l’on ne veut pas s’exposer à diminuer beaucoup son aclion. L'ouvrage se termine par la description des procédés de mesure du champ et de l’induction magnetique ; on n'avait pas allendu jusque-là, bien entendu, pour don- ner une idée de ces mesures, dont il-était nécessaire de connaitre au moins le principe pour comprendre la base expérimentale des théories, mais dont la descrip- lion détaillée élait subordonnée à la connaissance des phénomènes, Nous voudrions relever, dans cette dernière partie, plus d’un progrès auquel l’auteur a contribué; mais ce que nous avons dit suffira pour montrer que l'ouvrage de M. du Bois comble, de la manière la plus heureuse, une grosse lacune, et sera bien accueilli par tous ceux qui, élevés dans les anciennes théories des forces ma- gnéliques, voudront se mettre, sans un (travail déme- suré, au courant des idées modernes, sur un sujet d'un haut intérêt pratique, et auquel le physicien ne peut rester étranger. Ch.-Ed. GuiLLAUME. Helm (G.) — Grundzüge der mathematischen Che- mie.— 1vol.in-S°de135p.W. Engelmann. Leipzig, 1895, Sous le titre de Chimie mathémalique, M. Helm étudie successivement ce qui concerne l'énergie en général, l’entropie, l'intensité chimique et ce qu'il appelle la liberté des phénomènes physiques, terme par lequel il faut plus spécialement comprendre les règles des phases énoncées par M Gibbs et leurs applications aux phéno- mènes chimiques. Ce sont évidemment là des nolions fondamentales, que l’on a raison de faire entrer dans le cadre de l’enseignement de la Chimie théorique, A ce point de vue, le petit ouvrage de M, Helm, qui fait une large part aux travaux de MM. Gibbs, Helmholtz, Horst- mann, Ostwald,donne, sous une forme condensée, une idée nette de la facon dont cet enseignement est com- pris à l'étranger; il serait évidemment désirable que ces principes fondamentaux fussent envisagés partout de Ja même manière. Si tel n’est pas encore le cas, c'est une raison de plus pour les spécialistes de se tenir au courant des divers ouvrages publiés sur ces ques- tions, et c'est à ce titre que nous croyons bien faire en signalant aux lecteurs de la Revue l'intéressante bro- chure de M. Helm. Ph. A. Guyg. 390 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 3° Sciences naturelles. Lavergne (Gaston), Déléqué du Ministère de l'Agricul- ture, et Marre (Eug.), Professeur départemental d'A- griculture de l'Aveyron. — Le Black-rot et son trai- tement pratique. — Une broch. in-18° de GO pages avec fig. et planches. (Prix : 0 fr. 80). Féret et fils, édi- teurs à Bordeaux ; A. Bru, éditew' à Rodez. 1895. La redoutable maladie de la vigne, connue en Amé- rique sous le nom de Black-rot, s'est montrée en France pour la première fois en 1885 et a été étudiée par MM. Viala et Ravaz. On chercha d’abord à la dé- truire en arrachant, puis brûlant les souches malades ; mais on reconnut bientôt le procédé impossible à con- tinuer, car la maladie s’étendait toujours. Actuelle- ment, le Black-rot est répandu à peu près dans tout le Midi de la France; on le traite comme le Mildiou par l'emploi du sulfate de cuivre, et l'on réussit à limiter et à prévenir ses dégâts. Mais, en 1894, il a causé d'im- menses ravages dans VlAveyron. C'est pourquoi MM. Lavergne et Marre, qui l'ont étudié et suivi sur place dans ce département, convaincus de l’efficacité des traitements préventifs, ont voulu en vulgariser l'emploi parmi les vignerons dans un petit livre d'un prix modique. Ce livre est écrit sans aucune prétention; les auteurs s'y appliquent à rendre justice à leurs devanciers, MM, Viala, Ravaz, Prillieux, etc., il nous paraît répondre au but qu’ils se sont proposé, et rendra service à ses lecteurs. C. SAUVAGEAU. Van Gehuchten (A.), Professeur à la Faculté «le Mé- decine de l'Université Catholique de Louvain. — Le sys- tème nerveux de l'Homme. — 1 wol, gr. in-8° de XVI1-707 p. Uyspruyst-Dieudonné. Louvuin,. 1895. Ce premier essai de synthèse des résultats des ré- centes découvertes touchant l'histologie du système nerveux, tels qu'ils ont pu être réalisés au moyen des méthodes de Golgi et d'Ehrlich, est à tous égards une œuvre considérable, Rien de plus justifié que l'accueil favorable qu'il a recu du public dans l’Europe entière, Grâce à la clarté de l'exposition et au nombre des figures, il est aujourd’hui relativement facile de se re- présenter cette structure de l’axe cérébro-spinal qui nous parait la condition même de l'intelligence des fonctions du système nerveux central, La connaissance des connexions anatomiques, celle en particulier de l'origine, du trajet et des terminaisons des voies ner- veuses dans les différents territoires du myélencéphale, voilà le fondement de toute conception scientifique des fonctions de la moelle épinière et du cerveau. Les derniers progrès en ce domaine sont dus à de purs procédés de technique microscopique, à des méthodes d'imprégnation mélallique etde coloration, qui ont fait apparaitre un monde jusque-là inconnu de formes et de structures. Et, comme l'événement l'a prouvé, ce n’est pas seulement l'anatomie, c’est la physiologie du système nerveux, je le répète, qui est sortie transfor- mée de ces révélations, A côté de Golgi, de Ramon y Cajal, de Kôlliker, dé van Lenhossek et de Retzius, le nom de van Gehuchten figurera parmi ceux des réfor- mateurs de l'anatomie du système nerveux. Dans lelivre que nous annoncons, comme dans l'é- tude magistrale de van Gehuchten que nous avons sous les yeux, sur la structure des lobes optiques chez l'em- bryon de poule!, on acquiert sans peine la conviction que l'esprit de synthèse n’a point, quoi qu'on dise, fait tort à ce savant histologiste. J’estime, au contraire, qu'il n'a montré dans tous ses ouvrages autant de pé- nétration et de crilique que parce qu’il domine la ma- tière si vaste de l'anatomie, entièrement renouvelée, du système nerveux. Voici l'économie de ce grand corps des doctrines contemporaines sur l’analomie du système nerveux de l'homme. Le livre s'ouvre par sept lecons consacrées à la morphologie macroscopique de l’axe cérébro-spi- nal, Suit une lecon sur les méninges. La deuxième partie, précédée de deux lecons sur lhistologie géné- rale, sur la structure interne des éléments histolo- siques entrant dans la constitution du système nerveux central, ainsi que sur la signification physiologique de ces éléments, traite de l'anatomie topographique de l’axe cérébro-spinal étudié successivement par régions: moelle épinière, arrière-cerveau, protubérance annu- laire, cerveau moyen, cervelet, cerveau intermédiaire, cerveau antérieur. Chacune de ces régions forme le sujet-de plusieurs chapitres où l’auteur étudie : 4° la structure interne de la région au moyen de séries de coupes transversales ; 2° la circulation artérielle et vei- neuse ; 3° la description des nerfs périphériquesappar tenant à la région. Enfin, la troisième partie, et laplus importante à lire et à relire (lecons XXXII-XXX VII), résume sous forme de vue générale ou de synthèse les faits et la doctrine de l'œuvre entière. L'auteur y étudie la division des faisceaux nerveux du névraxe en voies longues et en voies courtes. Les premières, reliant l'écorce cérébrale avec les organes périphériques, soit par voies centripètes, soit par voies centrifuges, comprennent la voie motrice ou des pyra- mides, la voie sensitive ou des fibres du ruban de Reil, les fibres des pédoncules cérébelleux inférieurs et supé- rieurs, y compris le faisceau corlico-protubérantiel. Les secondes, formées d'éléments nerveux à prolongement cylindraxile relativement court, soit ascendant, soit descendant, ne sortent pas de l'axe cérébro-spinal. Placés à tous les niveaux du névraxe, moelle épinière, moelle allongée, protubérance annulaire, cerveau moyen,ces neurones comprennent les fibres du faisceau fondamental des trois paires de cordons de la moelle épinière (antérieur, latéral et postérieur), et celles du faisceau longitudinal postérieur, les fibres commissurales du corps calleux, de la commissure blanche antérieure, des fibres d'associalion, longues et courtes, des hémisphéres cérébraux. Van Gehuchten se demande si ces éléments des voies courtes sont des neurones moteurs ou des neu- rones sensitifs. « Ce sont peut-être, écrit-il, des neu- rones miles, des neurones neutreï, ayant pour fonction de relier entre eux soit des éléments moteurs soit des éléments sensitifs, — ou bien de relier des éléments moteurs à des éléments sensitifs, et de répartir ainsi sur une étendue un peuplus considérable l'ébranlement recueilli par leurs prolongements protoplasmiques. » Les proiongements cylindraxiles de ces neurones neutres constituent les fibres commissurales, soit les fibres com- missurales longitudinales, qui existent en nombre incal- culable dans la moelle épinière, la moelle allongée, la protubérance annulaire et le cerveau moyen, soit les fibres commissurales transversales, qui forment une par- tie notable de la substance blanche du cerveletet du cerveau antérieur. La dernière lecon, très sommaire, traite du système nerveux sympathique. Le point cardinal de ce livre, comme de toute élude actuelle sur la structure du névraxe, c'est la théorie des neurones. Le principe de la contiguité substitué partout à celui de la continuité dans les rapports des éléments du système nerveux, voilà qui a fermé l'ère des anastomoses, comme fa dit Ramon y Cajal. Le réseau nerveux diffus, de nature protoplasmique ou cylindraxile, de Gerlach ou de Golgi, révoqué en doute presque en même temps par Forel (1887) et par His, a élé définitivement dissocié en individus organiques indépendants dont les extrémités se terminent libre- ment, et donnent bien plutôt l'aspect d'un feutrage que celui d’un réseau au système nerveux, La dualité de la fibre et de la cellule nerveuse n'existe plus. La cellule nerveuse el son prolongement cylindraxile, apparu avant son prolongement protoplasmique ou dendrite (His), ne font qu'un seul et unique élément nerveux, qu'il s'agisse du système nerveux cérébrospinal ou du système sympathique. Ces unilés nerveuses, ce sont les neurones. Van Gehuchten insiste avec raison sur la modifica- lion profonde que, avec Ramon y Cajal et Külliker, il a fait subir à la théorie de Golgi et de ses élèves, voire ét na de. put fé de Nansen, touchant le rôle physiologique des prolon- gements protoplasmiques. D’après Golgi, le prolonge- ment cylindraxile est seul de nature nerveuse; tous les autres prolongements cellulaires ne constituent que des appareils de nutrition destinés à puiser dans les vaisseaux les éléments nutritifs nécessaires à la vie de la cellule. Or, ces rapports des dendrites avec les vais- seaux sanguins ont été contestés par « tous les auteurs qui ont appliqué la méthode au chromate d’argent à l'étude de la structure des centres nerveux ». Ce qui démontre, avec la nature nerveuse des prolongements protoplasmiques, leur fonction de conductibilité, c'est, par exemple, que, dans le bulbe olfactif des mammi- fères, les prolongements protoplasmiques des grandes cellules mitrales recoivent directement l’ébranlement nerveux que leur transmettent les prolongements cylindraxiles des fibres olfactives, et que, dans les lobes optiques des oiseaux, les arborisations terminales des fibres du nerf optique transmettent également l’'ébranlement nerveux aux dendrites des cellules de ces ganglions. La seule différence, non quant à la nature nerveuse des prolongements cylindraxiles et protoplasmiques, mais quant au mode de conduction nerveuse, c’est que le sens ou la direction de cette conduction est inverse dans les deux espèces de prolongements cellulaires. Dans les prolongements protoplasmiques, l’ébranle- ment nerveux est toujours transmis des ramifications terminales ou dendritiques à la cellule du neurone; dans les prolongements cylindraxiles, il est transmis de la cellule nerveuse aux arborisations terminales "du cylinäraxe. Là, la conduction est cellulipète, ici celluli- fuge. « Cette hypothèse, dit van Gehuchten, que nous avons émise le premier d'une facon quelque peu dubi- tative en 1891, et que nous avons développée dans nos recherches ultérieures, à été défendue également par Ramon y Cajal sous le nom de théorie de la polarisation dynamique des éléments nerveux. » Or, cette hypothèse, contre laquelle Golgi a dirigé de sévères critiques, est en parfait accord avec les faits. Ainsi, le sens suivant lequel s'exerce la conductibilité varie dans les deux espèces de prolongements d’un neurone. Le contact utile entre éléments nerveux, l'articulation (Ramon y Cajal) entre neurones super- posés, bref, la transmission d’un élément nerveux à un autre élément nerveux, a lieu exclusivement entre les arborisations terminales du prolongement cylindraxile d’un neurone et les ramifications terminales des pro- longements protoplasmiques, peut-être aussi le corps cellulaire, d’un autre neurone. Le prolongement cylin- draxile (quelquefois un même neurone peut avoir deux et mème plusieurs prolongements cylindraxiles) ne recoit jamais l’'ébranlement nerveux des prolongements protoplasmiques, ni des arborisations cylindraxiles avec lesquelles il entre en contact : il ne propage que l’'ébranlement nerveux qui lui arrive de sa cellule d’origine et il ne le transmet qu'aux ramifications pro- toplasmiques ou au corps cellulaire d’autres neurones. Demème,un prolongement protoplasmique ne transmet jamais à sa cellule d’origine que l’ébranlement ner- veux qui lui est communiqué par des arborisations cylindraxiles. On concoit que le principe d'unité rela- tive de conduction nerveuse puisse être désormais invoqué, ce qui était impossible (Golgi l’a noté) dans la théorie des anastomoses du réseau nerveux diffus. M. van Gehuchten aurait pu insister sur ce point. - Quant au corps cellulaire du neurone (mais quelles des parties constituantes de ce corps?), il conserve sa haute importance physiologique : c’est à lui qu'arrivent les ébranlements nerveux recueillis par les dendrites ou recus directement par le contact d’arborisations cylindraxiles d’autres neurones voisins; c’est de lui que partent les ébranlements nerveux que propagent le prolongement cylindraxile et les ramifications col- latérales. de ce prolongement, à la suite soit d’une excitation transmise par les ramifications dendritiques, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX soit d’une « modification spéciale survenue directement dans la cellule elle-même ». C'est encore, il nous semble, avec toute raison, que van Gehuchten a établi comme criterium de la nature fonctionnelle d’un prolongement nerveux, abstraction faite des caractères morphologiques, qui sont loin d’être toujours distincts, le sens ou la direction suivant laquelle il conduit l'ébranlement nerveux. Pour les cel- lules nerveuses unipolaires des animaux inférieurs, les prolongements protoplasmiques seraient remplacés par le corps cellulaire lui-même. C’est ainsi que les prolonge- ments périphériques des cellules des ganglions cérébro- spinaux doivent être tenus pour des prolongements protoplasmiques. Enfin, la cellule nerveuse, centre fonctionnelle du neurone, est aussi le eenlre génétique et le centre trophique de cet élément nerveux. L'action trophique de la cellule s'exerce non seulement sur le prolongement cylindraxile, mais sur le prolongement protoplasmique : tout nerf périphérique de sensibilité, qu'on doit considérer comme un prolongement proto- plasmique, dégénère après une section qui le sépare de sa cellule d’origine dans un ganglion spinal. 11 me faut, à regret, fermer ce grand livre de van Gehuchten, où tant d’autres problèmes de la vie des neurones sont indiqués et discutés avec profondeur, sans que la considération de l’élément anatomique soit jamais un seul instant perdue de vue. C'est la seule méthode qu'on doit suivre dans rétude des fonctions du système nerveux. Tout semble indiquer que les conquêtes de l’histologie du névraxe vont être aussi rapides qu’elles ont été éclatantes. Jules Soury. 4° Sciences médicales. Soulier (Henri), Professeur de Thérapeutique à la Faculté de Médecine de Lyon. — Traité de Thérapeu- tique et de Pharmacologie, suivi d'un Memento formulaire des médicaments nouveaux. — 2 grands vol. in-8°, de 1000 p. chacun (Prix : 25 francs). G. Masson, éditeur, Paris, 1895. L'ouvrage de M. Soulier représente six semestres de lecons professées dans notre grand centre universitaire de Lyon. On y remarque la préoccupation constante de tenir le lecteur aussi bien au courant des travaux étrangers que de ceux qui se font chez nous; ces der- niers y occupent une place honorable, qui leur est malheureusement trop souvent refusée dans les publi- calions francaises. Les praticiens verront avec satisfaction qu'une large part a été faite à la pharmacologie proprement dite, à la description des médicaments, à leurs formes chi- miques et pharmaceutiques : l’auteur n'a pas pour cela négligé la pharmacodynamique ou action physiologique des substances toxiques médicamenteuses, constituant la partie, sinon la plus pratique, du moins la plus inté- ressante et la plus savante. ,: Après avoir montré toute l'importance que lon doit attribuer à l’expérimentation, M. Soulier met, avec raison, le praticien en garde contre la tendance que lPon a trop généralement à conclure de l'organisme sain à l'organisme malade. C'est ainsi que la précieuse pro- priélé fébrifuge de la quinine n'aurait pu être décou- verte par l’analyse physiologique. Pourtant il serait injuste de ne pas reconnaitre que la découverte de quelques merveilleux agents thérapeu- tiques est due exclusivement à lexpérimentation : tout ce qui est resté d’utile dans la pratique des anesthé- siques est sorti des laboratoires : il est vrai qu'il s'agit ici d'organismes sains, ou considérés comme tels, et que l’anesthésie chirurgicale est, pour celle raison, purement physiologique, Très judicieusement, le savant maitre lyonnais insiste pour que le praticien ne se dessaisisse pas pré- maturément de la thérapeutique empirique, basée sur l'observation et sur la clinique, tant que la physiologie et la pathologie expérimentales ne seront pas plus avancées. Fan Rs in eur à Il examine les rapports de la thérapeutique avec la bactériologie et critique, avec raison, ceux qui s’obsti- nent à vouloir tuer des parasites souvent plus résis- fants que les organismes qu'ils habitent : il aurait pu citer le cas de ce médecin qui avaitentrepris de rendre le sang acide pour empêcher le développement des sermes de la tuberculose ! L'examen des méthodes microbicides directes ou indi- recles, de: l'asepsie et de l’antisepsie, et, en un mot, de toute la bactériothérapie, occupe une place impor - {ante et donne lieu à une analyse critique des plus approfondies. A propos des alcaloïides végétaux, des ptomaïines et des leucomaïnes, l'auteur se livre à des incursions très instructives dans le domaine de la physiologie des centres nerveux, et montre qu'aucune des acquisi- lions nouvelles de la science ne lui est étrangère on indifférente. La transfusion du sang etses dérivés, tels que le lavage interne de l'organisme par la méthode de Dastre et Loye, Jui suggèrent des réflexions et des remarques impor- tantes, L'étude des régimes, si négligée dans la plupart des ouvrages de thérapeutique, se montre ici plus déve- loppée qu'ailleurs, mais, à notre sens, d'une manière encore insuffisante ; pourtant on lira avec intérêt les chapitres consacres à la diète carnée, au végélarisme, aux diverses cures, au régime antidiabélique, etc. Dans certains cas, il est indispensable de fournir à lor- wanisme des éléments constituants qui lui font défaut, et au sujet des idées de Schultz sur l’importance du soufre dans certaines chloro-anémies, M. Soulier rap- pelle à propos les recherches de M. Louis Olivier sur le rôle respiratoire de ce métalloïde et la théorie du philo- thion de M. de Rey-Pailhade. Après laydrothérapie, c'est la kinésithérapie qui four- nit une étude originale de l'influence de l'exercice et des diverses théories contradictoires relatives aux rapports de la chaleur et de la contraction muscu- laire. l'action du froid, de la chaleur, de la lumière, Vaéropiézothérapie, la climatothérapie. sont trailés d'une manière très pratique. Notons encore l'électricité et ses applications : le médecin le moins familiarisé avec la physique actuelle pourra très rapi- dement se meltre au courant des idées el des procédés nouveaux en lisant les quelques pages d’une grande clarié consacrées à la technique. La médicution antithermique el particulièrement Je rôle de l'eau froide dans la méthode balnéaire, si bien étudié par Weill, Roque, Tripier et Bouverel, S'y lrouvent largement traités. La précision, la netteté et l'absence de tout verbiage inutile ont permis à l’auteur de réunir, sous un volume convenable, une grande quantité de documents dont l'assimilation est considérablement facilitée par un style élégant, parfois humoristique et souvent relevé d'henreuses citations littéraires. Nous ne saurions trop féliciter M. Soulier d'avoir évilé toute vue d'ensemble systématique et de s'être laissé guider plutôt par la méthode naturelle qui con- siste à grouper où rapprocher les choses qui offrent le plus de points communs ou d'analogies. Le nouveau Traité de Thérapeutique et de Pharmaco- loqie sera certainement apprécié par tous les praticiens soucieux de se rendre compte de ce qu'ils font ou doi- vent faire, et dont les connaissances thérapeuliques ne se borneront pas à savoir consulter un formulaire de poche ou à collectionner des annonces de spécialités pharmaceutiques. On ne saurait trop en recommander aussi la lecture aux expeclants exclusifs, serviteurs infidèles de la « Natura medicalrix », qui dissimulent mal leur ignorance sous le mépris qu'ils affichent pour les médications empiriques ou rationnelles, dont les bons effets ont été prouvés par la clinique. Dr Raphaël Dusors, Professenr à la Faculté des Sciences de Lyon. Le massage, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 5° Sciences diverses. Préville (A. de) — Les Sociétés Africaines. Leur origine, leur évolution, leur avenir. — Un vol. in-8° de 342 p. avec cartes en couleurs dans le texte, (Priæ : 6 fr.) Firmin-Didot et Cie, Paris, 1895. M. de Préville expose lui-même de la facon suivante l'intention qu'il a eue en écrivant cel ouvrase sur les Sociétés africaines : « Je me suis proposé comme ob- jectif spécial d'examiner, dans leur constitution essen- lielle et dans les modifications qui naissent de leur contact réciproque, les diverses formes de société sous lesquelles se trouvent groupés les habitants du conti nent africain, » La première « zone sociale » qu'étudie l'auteur, est. celle des déserts du Nord. Il y distingue « quaire ré>= sions : celle des pasteurs cavaliers, celle des chame- liers, celle des chevriers et celle des vachers ». Un paragraphe est réservé aux habitants sédentaires des oasis. : La seconde zone examinée est celle des montagnes de l'est, la troisième celle des déserts du sud. Le quatrième chapitre est consacré aux Boers de l'Afrique australe, le cinquième à la zone équatoriale, le sixième à la région du dourah et des pasteurs du Nil Blanc, L'auteur termine par la recherche de l'origine des races africaines, et des condilions de régénération sociale de la race noire. Telles sont les grandes lignes de cel ouvrage. On ne peut qu'applaudir au. dessein de M. de Pré- ville. Réunir les innombrables détails rapportés par les explorateurs sur la vie sociale des peuples africains, depuis quatre-vingts ans, et en former une vaste syn- thèse, voilà certes une entreprise digne d’encoura- gement, On sait que c’élait le projet de Robert Hart- mann, et qu'il l'a partiellement exécuté en publiant le premier volume de Die Nigrilier. Mais ce premier volume date de 4879; le second est attendu en vain, depuis seize ans, et le sera vraisemblablement toujours. Nous éprouverions donc une certaine satisfaction à voir la science française aboutir, là où la science germa- nique, d'habitude si pleine de confiance en elle-même, hésite ou même se montre impuissante, Mais nous ne sommes pas certain que les études antérieures de M. de Préville l’aient suffisamment préparé à la tâche immense qu'il a entreprise. On est quelque peu étonné de ne pas le voir faire meilleur usage des observations des grands voyageurs qui ont parcouru l’Afrig”.… uepuis quarante ans, Pourquoi ne s’estil pas davantage servi des relations de Barth et de Nachtigal, de Rohlfs et de Wissmana? Comment n’a-til pas tiré meilleur parti dans son premier chapitre des travaux d’'Henry Duveyrier? Cet ouvrage ne nous parait donc pas suffisamment documenté, et, d’un mot, l’exécution ne répond pas aux intentions de l’auteur, qui, nous le répétons, étaient excellentes. HD: La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des Sciences, des Lettres et des Arts, paraissant par livrai- sons de 48 pages grand tn-5° colombier, avec nombreuses figures intercalées dans le texte el planches en cou- leurs. 18° et 519° livraisons. (Prix de chaque livrai- son, À fr.) H. Ladmirault et Cie, 61, vue de Rennes, Paris, 1895. Les 518° et 319° livraisons renferment des articles très intéressants sur le laminage, sur Îles différentes sortes de lampes, par M. L. Knab; sur le lancement des navires par M. Kerlero du Crano; sur la langue aux points de vue anatomique, physiologique et patholo- gique, par M.le DFA. Cab; sur l’enseignement des langues vivantes, par M. A. Bossert; une monographie du département des Landes, due à M. A. M. Berthelot, et illustrée d’une magnifique carte en couleurs ; la biographie de l'abbé de Lamennais, par Ch. Adam et celle du grand géomètre Lamé, par M. L. Sagnet, k L * ; he. à +. PORTO CPP JE PER Re ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 393 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 18 Mars 1895. M. le ministre de l'Instruction publique, des Beaux- Arts et des Cultes adresse ampliation du décret par lequel le Président de la République approuve l’élec- tion de M. Weierstrass comme Associé étranger. — M. Adolphe Carnot est élu Membre libre en rempla- cement de feu M. de Lesseps. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. O. Callandreau a continué l’étude du problème des lacunes dans la zone des petites planètes d’après les méthodes exposées antérieurement; il donne les résultats des calculs poussés jusqu'aux termes du troisième degré et en te- nant compte du carré de la petite quantité n —2n,. — M. Darboux présente une réimpression fac-similé de l'ouvrage de Néper : Mirifici logarithmorum canonis construclio et eorum ad naturales ipsorum numeros habitudines. — M. F. Gonessiat à continué ses re- cherches sur le déplacement du pôle ; de l’ensemble de ses observations, poursuivies pendant dix années, l’au- teur conclut que la correction de la latitude se com- pose d’un premier terme indépendant de l’oscillation annuelle, et de deux autres termes dépendant de deux périodes nouvelles : l’une de 650 à 660 jours, l’autre de 9 à 10 ans. — M. A.-J. Stodolkievitz montre que les coefficients X doivent satisfaire à certaines conditions d’inlégrabilité dont la forme est autre que celle des conditions connues dans le cas où le système donné des équalions différentielles : dirty = Xrs dei + Xr2 die + Xys des + Xrs dry, équivaut au système relatif: dtrzs = Ar1 d®, + Aro das M M9), (04 2 6,» — 14,9, ... n —4). — M. Paul Païinlevé donne une définition générale du frottement, d’après laquelle le théorème de Gauss sur l'écart prend la forme suivante : Pour que l'écart d’un système soit constamment minimum, il faut et il suffit que le système soit sans frottement. — M, Le Roy expose des considérations mathématiques qui per- mettent de résoudre, avec une entière rigueur, le pro- blème du refroidissement d’un corps solide parrayon- nement, c'est-à-dire trouver une fonction continue V (&, y, z, t) jouissant des propriétés suivantes : M= g (5 y 2) pour { — 0. Les résultats précédents s'étendent au cas où il y a des sources de chaleur intérieures au corps, où le pouvoir émissif n’est pas le même en tous les points de la surface, où le milieu ambiant n'est pas à une température uniforme, enfin où la conductibilité varie avec la température. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. Moreau déduit de la théorie de l'absorption de la lumière dans les cristaux uniaxes les conclusions suivantes : 1° L’onde ordinaire qui vibre perpendiculairement à l'axe a un coefficient d'absorption constant, et la réfraction de l’onde n’est pas sensiblement modifiée par l'absorption quand le cristal est peu absorbant. 2° L’onde extraordinaire sera absorbée suivant une seule exponentielle et le coefficient d’absorplion variera avec l’inclinaison de l'onde sur l'axe du cristal. 3° Les formules obtenues représentent bien les résultats obtenus par M. Camichel dans l’é- tude de l'absorption de plusieurs variétés de tourma- line, — M, Jules Andrade reprend la question de la discontinuité de la couche électrique ; il établit l’exis- tence de cette discontinuité par une démonstration rigoureuse. La raison analytique de cette disconti- nuité de la force est de même nature que celle que la Géométrie indique dans le cas d’une densité À cons- tante. — M. Edm. Fouché expose un appareil imitant les mouvements exécutés par certains animaux pour se retourner sur eux-mêmes, sans appuis extérieurs ; abandonné à lui-même, il exécute certains mouve- ments et change en même temps son orientation de près de 1809. — M. Ch. V. Zenger montre qu’en com- binant deux miroirs de même rayon de courbure, et en disposant les surfaces symétriques de manière que le miroir convexe soit placé au milieu de la distance du grand miroir concave et de son foyer, il est pos- sible de diminuer l’aberration sphérique au point que les images soient absolument exemptes de toute aber- ration de forme, — M. Lucien Poincaré établit qu'en combinant le mercure avec les sels alcalins des ha- loïdes, et particulièrement avec l’iodure de sodium, on constitue des piles secondaires liquides où les deux électrodes restent, après la charge, entièrement métal- liques, le sodium se combinant avec le mercure pour former un amalgame. Ces piles fournissent un nouvel exemple de la possibilité de remplacer, en principe, les accumulateurs à plomb par d’autres combinaisons. — M. Bernard Brunhes a étudié l’effet d’une force élec- tromotrice alternative sur l’électromètre capillaire et reconnu que l’électromètre se comporte de la même facon vis-à-vis d’une force électromotrice constante ou d’une force électromotrice alternative, à partir de la position du maximum de la constante capillaire. L'ex- périence s’interprète simplement comme par compa- raison avec la charge d’un électromètre idiostatique pour une force électromotrice alternative. — M. Désiré Korda s’est demandé si, lors de la réduction des oxydes métalliques par le charbon, une partie de l’é- nergie chimique mise en jeu ne se manifeste pas aussi sous forme d'énergie électrique. Les bioxydes de baryum et de cuivre donnent nettement une force élec- tromotrice, une fois arrivés à une température élevée, l’un directement avec le charbon, l'autre indirecte- ment, c’est-à-dire par interposition d’un carbonate alcalin en fusion. — M. Baux adresse une note rela- tive aux procédés employés pour essayer les robinets. — M. J. Thoulet signale l'application de la photo- graphie à la détermination exacte du plan de certains bains de sable dont la positionet les contours varient fréquemment et dont le levé est rendu ainsi à peu près impossible. La connaissance du plan exact à des époques et dans des conditions déterminées rendrait service à la navigation. — M. Berthelot développe ses expériences d'essais pour faire entrer l’argon en com- binaison, Sur 100 volumes du nouveau gaz, 83 ont été condensés successivement à l’état de combinaison chi- mique, produite sous l'influence de l’effluve, en pré- sence de la vapeur de benzine, — MM. Paul Sabatier et J.-B. Lenderens ont étudié l’action de l’oxyde azoteux sur les métaux et sur les oxydes métalliques ; les oxydations réalisées par l’oxyde azoteux diffèrent peu de celles que donne l’oxyde azotique étudié de même au-dessous de 500. — M. Raoul Varet à déter- miné la chaleur dégagée dans la combinaison du mer- cure avec les éléments chlore, brome, iode et oxygène; les nombres obtenus sont très voisins de ceux obtenus par M. Nernst dans des conditions différentes. Le même auteur a reconnu que la transformation de l’'oxyde jaune de mercure en oxyde rouge ne donne 394 lieu à aucun effet thermique sensible, tandis que celle des iodures dégage 3cal. — M. H. Le Châtelier a dé- terminé la chaleur de formation de quelques oxydes calcinés insolubles dans les acides, en les faisantentrer, au moyen de la bombe calorimétrique, dans certaines réactions vives donnant un état final bien déterminé; il a opéré sur le protoxyde, le sesquioxyde, le carbonate et le silicate de fer, — M. Paul Rivals donne l'étude thermique des aldéhydes chlorés, l’aldéhyde mono- chloré et l’aldéhyde trichloré ou chloral; il compare leur chaleur de formation et leur chaleur de substitu- tion à celles des chlorures d'acides chlorés isomères. Le même auteur a trouvé que la transformation de l’aldéhyde monochloré en son polymère cristallisé correspond à un phénomène thermique de 4414, — M. G. Denigès signale une combinaison du sulfate de mercure et du thiophène dont la facilité de formation et l'insolubilité rendent l’emploi très précieux, non seulement pour déceler des traces de thiophène, mais encore pour doser et extraire ce dernier dans les ben- zènes commerciaux. — M, G. Tanret, à propos de son étude des éthers acétiques des sucres, fait quelques remarques sur l’état des corps primitivement cristal- lisés que la fusion a rendus amorphes ; il fait observer que le passage de l’état amorphe à l'état cristallisé se fait avec un dégagement de chaleur très notable, l'état cristallisé correspondant au système le plus stable, — MM. Ph.-A, Guye et Ch. Jordan ont entrepris l'é- tude des principaux éthers actifs de l’acide oxybuty- rique actif; leur pureté à été constatée par l'égalité des valeurs observées et calculées de la réfraction mo- léculaire, qui donne une précision du même ordre que l'étude analytique. Les pouvoirs rotatoires dans la série passent par un maximum, conformément aux prévisions de la théorie. C. MATIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES, — M. Dastre présente un mémoire sur les transformations de la fibrine par l’action prolongée des dissolutions salines faibles, Cette substance albuminoïde se conduit envers ces disso- lutions faibles comme envers les solutions concentrées, c’est-à-dire qu'elle se délile, se résout en poussière et se dissout partiellement si l’on a éloigné tout micro- organisme, On trouve dans la solution une fibro-albu- mine «, analogue au fibrinogène coagulable vers 55°; une fibro-globuline $, analogue à la sérum-globuline coagulable au-dessus de 75°; enfin des propeptones, des propeptoses et des traces de peptones, — M. Müntz, dans une note sur les rapports qui existent entre la pro- duction du vin et l’utilisation des principes fertilisants par la vigne, montre à quel point les exigences de ce végétal sont indépendantes de la quantité de vendange. — M. Balland compare quelques procédés de décorti- cation des blés, — M. Tissot, continuant ses recherches sur l’acide carbonique dégagé par les muscles isolés du corps, démontre que cet acide provient de deux sources : 1° d’un phénomène physique : dégagement de l’acide carbonique préformé, contenu dans le muscle à l’état de dissolution ou de combinaison très instable ; 2° d'un phénomène physiologique : produ:tion de CO? sous l'influence de l'activité vitale du muscle, — MM. Apostoli et Berlioz fournissent les résultats d'un an de recherches sur l’action thérapeutique des cou- rants alternatifs à haute fréquence (auto-conduction de M. d’Arsonval), leur influence sur l’état sénéral et dans les manifestations pathologiques les plus diverses. Pour cela, les malades soumis à ce traitement étaient placés chaque jour, pendant 15 ou 20 minutes, dans le grand solénoïde de M, d’Arsonval. Les effets ont été nuls chez certaines hystériques et dans plusieurs cas de névralgies localisées; par contre, les arthritiques, les goutteux, les rhumatisants, les glycosuriques, etc., ont retiré de ce traitement un réel bénéfice. L'état général de ces malades s'améliore dès les premières séances par la restauration des forces, le réveil de l'appétit, le retour du sommeil, etc.; puis, les troubles locaux, dou- loureux ou trophiques, s’'amoindrissent, et enfin, paral- lèlement à cette amélioration symptomatique, la diu- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES rèse devient plus satisfaisante, Les combustions aug- mentent : car, à lanalyse, le- rapport entre l'acide urique et l'urée se rapproche du rapport moyen _. Les auteurs ont, de plus, constaté une diminution considé- rable de sucre chez trois diabétiques également soumis à ce seul traitement, Comme on le voit, ces courants ont doncsurtoutune influence puissante surles troubles fonctionnels provoqués par un ralentissement ou une perversion de la nutrition, — M. M. Léger continue ses recherches histologiques sur le développement des Mucorinées et trouve une structure commune à un certain nombre de genres, mais variable avec l’âge de ces Champignons. — M. Traverso fait la description géologique de l’Ossola (Alpes Lépontines). J. MARTIN. Séance du 25 Mars 1895. M. le ministre de l’Instruction publique adresse am- pliation du décret par lequel M. le Président de la Répu- blique approuve l'élection de M. A. Carnot comme Membre libre en remplacement de feu M. de Lesseps,. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — MM. Baïillaud et Ros- sard adressent leurs observations de la planète BV (Charlois), faites au grand télescope de l'observatoire de Toulouse, — M, H. Petit communique les observa- tions de la planète BT (M. Wolf, 16 mars 1895) faites à l'observatoire de Besancon (équatorial droit), — M. Emile Picard établit le théorème suivant sur la théorie des surfaces et des groupes algébriques. Lors- qu'une surface algébrique dans un espace à n dimen- Sions : SCA EAN 000 0) = admet un groupe G continu et fini de transformations birationnelles, si le groupe G est à » paramètres, on peut s'arranger de manière que les coefficients des fonctions rationnelles des æ qui donnent le groupe, soient des fonctions uniformes des > paramètres s’exprimant au moyen des transcendantes de la théorie des fonctions abéliennes ou de leurs dégénérescences. -- M. A. Mannheim énonce une propriété générale des axoides : Les développées successives d’un axoïde sont des axoïdes par rapport àdes courbes engendrées de la même manière. — M, Thomas Craig généralise une formule établie par M. Darboux. — M. Wladimir de Tannenberg indique une classe assez étendue de systèmes d'équations aux dérivées partielles, pour la- quelle le problème de l'intégration comporte une sim- plification. — M. Emile Borel énonce le théorème suivant: Elant donnée une équation linéaire aux déri- vées partielles à coefficients analytiques, toute intégrale analytique de cette équation est donnée par la formule : 2 EN | 18 (DL 0 où æ,, æ&,... æ* sont les variables ; 6 une intégrale par- ticulière dépendant de n + 2 constantes &, &, ..., An, , &; / (x) une fonction réelle arbitraire de la va- riable réelle 4. — M, Chapel établit des équations du mouvement des projectiles dans l'air en tenant compte de la loi de la résistance-de l’air, vérifiée expérimentale: ment entre 300 et 1100 m; ces équations donnent la s0- lution complète du problème pour le tir de plein fouet. — M. Alfred Grandidier offre la feuille Nord de la carte de la province centrale de Madagascar : l'Ime- Los 1 CC Qose.; Gn sn LR) à 20,000 rina, 29 SCIENCES PHYSIQUES, — M. Delaurier adresse une note ayant pour titre : Indication d’un procédé facile pour faire le vide parfait, même dans un très grand récipient, sans aucun mécanisme, — M. Berthelot annonce que M. Ramsay a découvert l’argon dans un minéral naturel, la clévite ou clévéite, à côté de l'hélium, élément hypothétique contenu dans le Soleil. — M. Berthelot signale une fluorescence magnilique, jaune verdâtre, produite dans une de ses expériences sur l’ar- . ‘s ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 353 RE —"—"—"———"———— ——"———""———"—"—"—— — —————…— — gon ; cettefluorescence, étudiée au spectroscope, porte à regarder l’aurore boréale comme produite par un dérivé fluorescent de l’argon ou de ses congénères. — M. Schutzenberger a effectué des recherches sur les métaux de la cérite dans le but de préciser les poids atomiques de ces métaux. Les méthodes fondées sur la transformation du sulfate en bioxyde ou inversement . sur la conversion du bioxyde en sulfate, manquent de base fixe. — M. Dubois a appliqué à la magnésie et à la glucine la méthode qui, avec l’alumine, lui avait donné la cryolithe potassique et la leucite; il a pu ainsi obtenir des fluorures doubles de magnésium et de potassium, ainsi qu'un silicate de magnésie et de -potasse bien cristallisés. — M. Léon Pigeon indique un nouveau mode de préparation commode de l'acide chloroplatineux et de ses sels : il consiste à réduire l’a- cide chloroplatinique par la quantité calculée de dithio- nate de baryte cristallisé ; la réaction se passe suivant l'équation : PICISBa + S205Ba + 2H20 — PICUH? + 2HCI + 2S0Ba. — M. de Forcrand a déterminé la chaleur de formation de l’acétylure de calcium en se basant sur sa décom- position par les acides; ilest formé, comme l’acétylène lui-même, avec absorption de chaleur à partir de ses éléments. — MM. J. Ville et Ch. Astre ont étudié Vaction de l’acide o.-aminobenzoïque sur la beuzoqui- none. Cet amine-acide se comporte à la facon des amines primaires à fonctions simples et présente cer- taines propriétés communes avec les diacétones — M. E. Petit a suivi les variations des matières sucrées pendant la germination de l'orge. La proportion de sucre réducteur augmente constamment jusqu’au neu- vième jour; l'accroissement est maximum du deuxième au troisième jour. Le saccharose augmente aussi d’une facon continue, mais avec une période d’accroissement très lent du troisième au sixième jour. il y a une rela- tion entre les quantités de sucre réducteur et de sac- charose existant dans l’orge pendant la germination. — MM. F. Bordas et Ch. Girard recommandent l’em- ploi du permanganate de chaux dans l’épuration chimique des eaux ; l’eau traitée par ce corps ne con- tient plus de matières organiques et se trouve privée de tous microorganismes; elle ne contient que de faibles quantités de carbonate de chaux et des traces d’eau oxygénée qui continue à assurer l’asepsie du liquide. C. MATIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Kunckel d'Herculais adresse un mémoire intitulé : « Recherches sur la structure intime des organes tactiles chez les Insectes diptères; différenciation de ces organes en vue de la gestation, » — MM. Berthault et Crochetelle ont exa- miné un blé provenant d'un terrain salé en Algérie. Les sels, en pénétrant dans la plante, provoquent un ralentissement de l’activité végétale; puis les très fortes chaleurs amènent le dépérissement. — M. E. Olivier conteste l'opinion de M. Guebhard sur la for- mation des frondes anormales des fougères. — MM. Van der Stricht et Walton ont pu étudier l’ori- gine et la division des noyaux bourgeonnants des cellules géantes sarcomateuses. J. MARTIN. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séunce du 19 Mars 1895. M. Le Dentu lil un rapport sur deux communications de M. le D° Duret (de Lille), la première relative à la gastropexie, la seconde à la néphrolithotomie et à la néphrectomie dans les calculs ramifiés du rein. — M.P. Cazeneuve décrit un nouvel appareil permettant de stériliser le lait à la température de l’eau bouillante et d'assurer sa conservation indéfinie, — M. Magitot émet le vœu que l’Académie désigne une Commission chargée de rechercher les voies et moyens capables de conjurer ou d’atténuer les dangers du phosphorisme chez les ouvriers des fabriques d’allumettes. — A pro- sume ses recherches sur la nécrose phosphorée, — M. Colin lit un travail sur la pathogénie du coup de chaleur. Il établit que le moyen par lequel l'organisme se débarrasse de l'excédent de calorique venant de l'exercice ou d’une source extérieure est la double transpiration. Pour combattre l’hyperthermie, il im- porte donc de favoriser la transpiration. Séance du 26 Mars 1895. L'Académie procède à l'élection de deux correspon- dants étrangers dans la Il° Division (Chirurgie). MM. Mo- risani (de Naples) et Julliard (de Genève) sont élus. — M. Lagneaulit unrapport sur un mémoire du D° J. Bertillon, relatif au surpeuplement des habitations et à son influence sur la validité et la mortalité. — MM. G. Linossier et G. Roques font une communica- tion sur la glycosurie alimentaire; ils concluent que l’on doit se montrer très réservé dans l'interprétation de ce symptôme, car ils l’ont observé chez des gens très bien portants, Séance du 2 Avril 1895. L'Académie procède à l'élection d’un Correspondant national dans la IV® Division (Physique et Chimie mé- dicales, Pharmacie), M. Bleicher (de Nancy) est élu. — — M. P. Berger fait un rapport sur un cas d’épispa- dias complet, opéré et guéri par le D° Pozzi, au moyen de la méthode de Thiersch ; il avaitété traité auparavant par un autre chirurgien au moyen du procédé de Du- play, mais le résultat fut nul. — M. Laborde fait un rapport sur un mémoire du D° Camus, relatif à un cas de goître suffocant, avec dyspnée paroxystique et mort apparente, guéri par les tractions rythmées de la langue. — M. Péan fait une communication sur un Cas d'hermaphrodisme; il s’agit d’un enfant dont on ne put déterminer définitivement le sexe qu'après avoir ouvert l'abdomen et recherché les organes génitaux au dedans. — M. Le Dentu fait une communication sur l’ostéotomie du maxillaire supérieur, qui, combinée avec la section de la cloison nasale, peut servir de temps préliminaire à certaines uranostaphyloraphies. — M. H. Leloir fait connaître un certain nombre d’af- fections cutanées peu connues qui se produisent à la suite de l’influenza. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 16 Mars 1895. M. Déjerine rapporte deux cas d’atrophie muscu- laire progressive par polyomyélite chronique. — MM. d’Arsonval et Charrin ont étudié les effets d’un mélange de 96°/, d'acide sulfureux et de # % d'acide carbonique, indiqué par Pictet comme très diffusible ; à cause de cette propriété c'est un désinfectant puis- sant. — M. Rénon rapporte un cas de tuberculose aspergillaire ayant évolué vers la guérison et amené la formation de tubercules fibreux.— M.Berdal donne une méthode pour la coloration des coupes de la moelle. — MM. Apostoli et Berlioz envoient une note sur l’aclion thérapeutique des courants de haute fré- quence ; ils augmentent l’activité nutritive et doivent être employés dans les maladies dites par ralentisse- ment de la nutrition. — M. Linossier adresse une note sur l’absorption cutanée de l'acide salicylique. — M. Féré rapporte un cas de cri réflexe chez un hémi- plégique. Séance du 23 Mars 1895. M. Gley a recherché les modifications de structure de glandules thyroïdiennes après l’extirpation de la glande thyroïde. — M. L. Meyer montre que les trau- matismes influent sur la localisation des substances solubles injectées dans l’organisme. — M. Masoin a trouvé que l’oxyhémoglobine diminue dans le myxæ- dème et se relève après la guérison, sans atteindre toutefois la normale. — MM. Langlois et Guilbaud ont étudié l’action de l’antipyrine sur les centres ner- pos de la communication de M. Magitot, M. Péan ré- { veux; elle agit d’abord et surtout sur les centres cérébro-bulbaires et n’atteint la moelle qu’en dernier lieu, — M, Tissot établit une double origine au gaz carbonique exhalé d'un muscle séparé du corps: déga- gement purement physique de gaz préformé, et forma- lion due à l'exercice des propriétés physiologiques sur- vivantes du muscle. Séance du 30 Mars 1895. MM. Roger et Charrin ont continué leurs recher- ches sur le pouvoir thérapeutique du sérum antistrep- tococcique et ont obtenu plusieurs guérisons dans des cas de fièvre puerpérale et d’érysipèle. — M. Mar- morek a obtenu, par ce même sérum, de nombreuses guérisons dans des cas d’ érysipèle. — M. Thiroloix communique le résultat de ses expériences sur la sec- tion des nerfs du foie chez les animaux normaux ou rendus diabéliques par l’extirpation du pancréas. — M. Dastre a décelé la présence du glycogène dans la lymphe, mais il ne le croit pas à l'état libre. — M. Gaube a déterminé les sels minéraux dominant d'un certain nombre de ferments albuminoïdes. — M. et Mme Déjerine signalentles connexions du noyau rouge avec la corticalité cérébrale. — M. Mirallié a étudié le mécanisme de |’ agraphie dans l’aphasie mo- trice corticale, — M. Marinesco à observé les lésions de la moelle épinière à la suite des amputations; il à trouvé une hémiatrophie portant sur la substance grise et sur la substance blanche du côté de l'amputation, — M. Roussy donne quelques indications sur l’action d'une diastase qu'il a isolée. SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Séance du 1° Mars 1895 M. Amagat poursuit ses études sur la pression inté- rieure elle viriel des forces intérieures dans les fluides. Il à déjà montré antérieurement que la fonction qui représente la pression intérieure dans l'équation gé- dp CT Pour des pressions suffisamment grandes, celte pres- sion alleint un maximum positif, puis décroit, et peut même, dans le cas de hydrogène, prendre des valeurs négalives. L'idée de pressions intérieures négalives a paru difficile à admettre, Cependant il n’est nullement nécessaire que la pression intérieure soit essentielle- ment positive, car, par un pur artifice d’algèbre, on peut à volonté faire passer une portion ‘de L'effet du covolume dans la pression intérieure et réciproque- ment, D'ailleurs, tout ce qui va suivre est indépendant de la forme particulière adoptée pour l'équation des fluides. On appelle encore pression intérieure une autre fonction + telle que W = 3ur, W étant le viriel des forces intérieures, défini par Clausius, et qui n’esl nul que pour les gaz parfaits. M. Amagat calcule les valeurs numériques du viriel pour les principaux gazet en déduit les valeurs correspondantes de cette nou- velle pression intérieure. Elle suit une marche ana- logue à la première, mais prend des valeurs entière- ment différentes et devient bien plus rapidement négative. Or M. Sarrau à démontré que les fonctions r et deviennent égales à condition de supposer que le volume des molécules et l'amplitude des mouve- ments stationnaires sont petits par rapport aux dis- tances des molécules, Il à d’ailleurs prévu que cette hypothèse ne doit guère pouvoir être appliquée aux fluides, mais qu'elle doit plutôt concerner les solides, Les déterminations de M, Amagat démontrent bien que la constitution des fluides ne répond nullement à cette hypothèse. D'ailleurs, M. Amagat démontre directement nérale des fluides doit être de la forme x — : rie : dp . que, si le coeflicient de pression — est fonction du T dt volume seul, retr sont des fonctions très différentes. Il passe ensuile à la représentation graphique du viriel, Les valeurs de W se lisent très facilement sur les isothermes représentant les produits pv en fonction de p, et on obtient de plus le lieu des points qui ACADÉMIES ET SOCIETES SAVANTES séparent les deux régions où les valeurs du viriel sont de signes contraires. Ces considérations mon- trent que “les deux fonctions x et x, quoique dis- tinctes, devraient cependant s ’annuler en même temps. Par suite, l'hypothèse que l'énergie intermo- léculaire est fonction de la température seule et qui a fourni l'expression de la fonction x; ne peut pas être considérée comme suffisamment exacte. L'auteur se propose d'entreprendre une nouvelle étude sur ce point. — M. Broca éludie la forme des surfaces focales dans les systèmes optiques centrés. IL est rare qu'un objectif photographique ou de microscope soit au point à la fois sur le centre et aux bords, même quand il ne présente pas d’astigmatisme. Lorsque, dans un instru- ment, l’astigmatisme n’est pas complètement corrigé, il est très difficile de définir le plan focal conjugué ‘d’un plan perpendiculaire à l'axe; il faut faire intervenir la position du diaphragme. Mais la difficulté disparait pour Jes points où l’astisgmatisme est nul ou mini- mum.M. Broca a fait, il y a plusieurs années, étude de la position de ces points, dont le nombre est forcément limité. L'étude des propriétés des transfor- mées cptiques permet de résoudre le problème proposé. M. Broca énonce les propriétés les plus remarquables de ces transformées. L'ordre des contacts de deux courbes est conservé dans leurs transformées. La transformée optique d'un cercle ne dépend nullement de la position du centre du cercle sur l’axe. Puis l’au- teur établit les conditions pour que la transformée optique d’un plan soit un plan. Il à fait construire un objectif photographique remplissant ces conditions. Cet instrument présente à peine d'astigmatisme aux bords, et il est réellement impossible de trouver une diffé- rence de mise au point entre le centre et les bords. IL justifie donc les calculs théoriques de l’auteur. Cepen- dant ilne pourrait être utilisé pratiquemement, car il présente une grande distorsionet est très peu lumineux. — À propos de la communication précédente, M. Fous- sereau expose un point qu'il a été amené à étudier et qui l’a conduit à des considérations très ingénieuses sur l'explication de la netteté des images rétiennes. Il s’est proposé de déterminer, dans le cas des lentilles infiniment minces, la forme des surfaces focales cor- respondant à un plan. Ce problème correspond au cas ordinaire où la partie centrale de la lentille (pour lais- ser de côté l’aberration des rayons marginaux) est éclairée à la fois par des faisceaux venant des diffé- rents points duchamp. L'image d'un pointsecomposant de deux droites focales, il existe deux surfaces focales -différentes P' et P/ correspondant à une surface donnée P. Lorsque P est un plan, P' est une surface de révolu- tion du second degré dont la convexité est toujours tournée vers le sens de la propagation de la lumière. P" a une forme analogue, mais sa courbure est une peu moins prononcée. P' et P’ sont d’ailleurs tangentes entre elles en un peint S situé sur l'axe principal. Au voisinage de S, P° et P" diffèrent assez peu, et on a des images assez nettes. M. Foussereau étudie ensuite le cas des images virtuelles, et le cas des lentilles diver- gentes, Ilse demande ensuite s’il n’y a pas une rela- tion entre la forme des surfaces focales et celle de l'é- cran rétinien, On sait que la fosse centrale a une cour- bure plus prononcée que celle du reste du cristallin. La courbure de la fosse centrale ne correspond-elle pas justement à la courbure des images données par le cristallin? Ainsi s’expliquerait la netteté des images percues par l’œil, M. Foussereau signale ensuite les Fe relatifs aux miroirs sphériques. L'une des sur- faces focales est un plan, et au voisinage du points les deux surfaces sont plusécartées que pour une lentille, les images sont donc moins nettes. Enfin les résultats précédents s'appliquent à l’ensemble d'un nombre quelconque de lentilles infiniment minces situées à des distances finies, pourvu que le faisceau les traverse toutes en leur partie centrale, sinon les phénomènes d’aberration de sphéricité viendraient s y ajouter, Edgard HAUDIÉ. une. 1 4 L | . SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 6 Février 1895. M. Delhotel présente un filtre à sable facilement nettoyable, permettant, malgré son petit volume, de filtrer sous pression de grandes quantités d’eau bour- beuse. L’encrassement de la surface du filtre est com- battu par un tourbillonnement produit par le courant d’eau à filtrer. Avec ce filtre, on a pu clarifier à grand . débit des eaux chargées de précipités chimiques très . fins. Des eaux difficilement filtrables sont rendues limpides grâce à un collage au sulfate d’alumine. L’ap- pareil comporte, en outre, un distributeur automa- tique des réactifs : sulfate d’alumine, carbonate de soude, chlorure de baryum, permettant d'opérer les transformations voulues du liquide à filtrer. — M. Ber- lemont présente, au nom de M. Etienne, un régulateur de température à mercure, automatique, sans mem- brane de caoutchouc. Cet appareil donne un écart maximum de à degrés pour les hautes températures et de 2/10 de degré pour les températures voisines de 30°. Il a été, en outre, adressé à la Société un mémoire de M. Julliard sur l’acide dioxystéarique et sur la syn- thèse de l’huile de ricin, et une note de M. A. Colson sur les éthers cyanés et nitriles d'alcool. Séance du 8 Février 1895. M. Hanriot a préparé, en faisant réagir le chloral, en présence d'acide chlorhydrique, sur le xylose et sur l’arabinose, des composés correspondants aux pro- duits similaires du glucose qu’il a précédemment étu- diés. Ces nouveaux dérivés renferment un groupe CHOH de moins que leurs homologues. Ils donnent, par les mêmes procédés, des éthers acétiques et benzoïques. Le prunose de M. Garros paraît fournir un . composé différant de l’arabinochloral. Cette formation de chloralose permet de reconnaitre facilement une quantité très faible d’arabinose, même en présence de xylose ou de glucose. — M. V. Thomas à obtenu, par action du bioxyde d'azote sec à froid sur le chlorure ferrique, une poudre brune répondant à la formule 2 Fe?Ul5, AzO. À chaud, au-dessus de 40°, la poudre obtenue est rouge. Le corps brun donne le corps rouge sion élève sa température à 60° dans le bioxyde d'azote. En chauffant fortement ces composés, un cou- rant de bioxyde les réduit, et on obtient du chlorure ferreux. C'est aussi Le résultat trouvé en traitant direc- tement le chlorure ferrique par le bioxyde d'azote à chaud, — M. Lapicque a essayé de doser le fer de l’u- rine humaine, On considérait que ce liquide en ren- fermait des quantités très faibles, mais appréciables. Si on opère ce dosage par des procédés différents, on ne trouve pas de fer appréciable. En additionnant l'urine d’une quantité de fer faible mais bien déter- minée, M. Lapicque a pu retrouver 90 à 95% du fer ajouté. On peut donc conclure que l'urine normale ne renferme pas de fer en quantité dosable, — M. Ma- quenne a étudié la maturation des betteraves et lac- cumulation du sucre dans leurs racines. Si on mesure la pression osmotique par l’abaissement du point de congélation, on reconnait qu’elle est sensiblement la même dans le système aérien et dans le système souterrain. Dans ce dernier cas, la pression osmotique correspond sensiblement à la quantité de sucre qui se trouve dans lesystème. On peut en conclure que, dans le suc cellulaire, le sucre est à l’état de liberté et non en combinaison avec quelque autre principe im- médiat. L’accumulation du sucre dans cette partie de la plante parait due à une tendauce à l'équilibre de pression osmotique entre Les feuilles et les racines. Séance du 22 Février 1895. M. Villiers a étudié les différences existant entre les sulfures de zinc basique et acide obtenus par pré- cipitation, par l'hydrogène sulfuré, d’un zincate alcalin ou d'un sel de zinc. Ces produits, chimiquement et physiquement différents, n’ont pu être transformés l’un ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 307 dans l’autre entre 0 et 1007. Certains oxydes et sulfures sont ainsi susceptibles de présenter des propriétés dif- férentes, variables d’après leur mode de préparation ; mais, en général, ces formes sont aisément transfor- mables les unes dansles autres. En congelant certaines solutions ou plutôt certains corps, M. Villiers a pu aussi reproduire des transformations que l’on n'obtient généralement que por une élévation de température quelquefois considérable. En traitant ainsi le sulfure de zinc amorphe, très soluble dans le sulfhydrate de sulfure de sodium, on obtient un sulfure insoluble dans les mêmes conditions. Le sulfure rose 4e manganèse donne un sulfure vert. L’oxyde de cuivre bleu, hydraté amorphe et instable, est transformé en oxyde bleu, cristallisé, stable. Les sesquioxydes n'ont pas été obtenus cristallisés par cette méthode : cependant, l’a- lumine ainsi traitée perd sa solubilité dans les acides et présente quelques indices de cristallisation, — M. Et. Barral, en traitant par le chlore le pentachlo- rophénol suspendu en poudre fine dans l'acide chlor- hydrique concentré, a obtenu de l'heptachlorophénol CSCHO. Ce corps, fusible à 98°en gros prismes opaques blancs, se décompose à 130° d’après l'équation : CSC HO—HCI+CiCI0, en acide chlorhydrique et hexachlorophénol «, qui donne à son tour du chlore et du dioxydiphénylène d'après l'équation : À Ÿ j 2C5CI50—C12CIS02+2C12. L’hexachlorophénol «x peut aussi s’obtenir en chlorant le phénol en présence du perchlorure de fer anhydre ou en traitant par le chlore à 90° le pentachlorophé= nol tenu en suspension dans l'acide chlorhydrique M. Barral dépose, en outre, les mémoires suivants : 1° Formation d'éthers du pentachlorophénol par action des chlorures d'acides sur l’hexachlorophénol en pré- sence du chlorure d'aluminium ; 2 Action du chlorure d'aluminium sur l’hexachlorophénol; % Sur le parabi- chlorure de benzène hexachloré. Constitution de l'hexa- chlorophénol et de la quinone. — M. G. Bertrand, en opérantà l'abri des micro-organismes, a constaté que la laccase, ferment soluble de la sève de l'arbre à laque oxyde directement les corps sur lesquels elle agit. fl ÿ à dégagement d'acide carbonique dans cette action: ce phénomène est surtout très net avec l'acide gallique et le tanin. Ces réactions doivent jouer un rôle très im- portant dans la respiration végétale, — M. Lindet a trouvé dans la pomme à cidre un ferment soluble dont les propriétés oxydantes sont identiques’ à celles de la laccase. C’est à cette réaction que serait due la colo- ration que prennent les pommes broyées, par action du ferment sur le tannin du fruit. L'action de la chaleur détruit ce ferment, mais on peut foujours obtenir la réaction en additionnant aux pommes cuites ou au jus bouilli, le précipité obtenu dans un jus frais non chauffé et traité par l'alcool. — MM. Brochet et Cam - bier décrivent quelques nouveaux dérivés de l’hexamé- thylène-amine et les bases résultant de l’action de l’aldéhyde formique sur les chlorhydrates d'hydroxy- lamine, de méthylamine et d’ammoniaque — M, Mo- reigne à reconnu que, dans les dosages d'azote par le procédé Kjeldahl, l'emploi du perchlorate de potasse pour favoriser l’oxydation donne lieu à une perte d'azote. Celte‘perte est proportionnelle à la quan- tité d'azote de l’essai, la quantité de perchlorate em- ployé restant fixe. Si cette dernière quantité varie, la perte est proportionnelle à celte variation jusqu'à une certaine limite maxima, elle-même variable d'après la richesse en azote de la substance à analyser. Cette perte peut atteindre au quart de l'azote total, — M. Rosens- tiehl présente une note sur l'instabilité du tétraméthyl- diamidodiphénylhydrol, et une notesurla tétraméthyl- benzidine, produit de l'oxydation du tétraméthyldiarmi- dodiphénylhydrol. — M. Lescœur adresse une note sur le dosage volumétrique des métaux, E. CHaron. 308 CORRESPONDANCE SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 7 Mars 1895. M. F. Stanley Kipping a obtenu, en distillant le sel de calcium de l'acide «x -ux diméthylpimélique avec de la chaux sodée, une huile dont il a pu isoler le diméthylkétohexaméthylène à l’état de pureté. En trai- tant ce produit par l'hydroxylamine, il a préparé une oxime CS H15 Az 0 facilement cristallisable de l’alcool, — M. R.T. Plimpton et J. C. Chorley emploient pour titrer les solutions d’iode, l’hyposulfite de baryum Ba S03H,0, préparé par BaCË et l’hyposulfite de soude. —MM. F.Stanley Kipping et William J.Pope ont étudié les points d’ébullition des modifications ra- cémiques du II monobromocamphre et du II mono- chlorocamphre dextrogyres et ont remarqué que ces modifications racémiques ont le même point d’ébulli- tion que les autres isomères jouissant de l’activité optique. — MM. E. Howorth et H. Perkin junior F. R.S. ont préparé les éthers phényliques des glycols méthyléniques et éthyléniques. L’éther diphénylique du glycol méthylénique a été obtenu en faisant digérer du chlorure de méthylène dans une solution alcoolique de phénate de sodium. Il a pour formule: CSH5.0CH2.0.C6H5, L'éther phénylique du glycol éthylé- nique C5H°0.CH2.CH20H se forme par l’action de la chlorhydrine du glycol sur le phénate de sodium. Les mêmes auteurs ont pu réaliser la synthèse de l’x méthyl- butyrolactone. En faisant digérer l’éther éthylique du méthylmalonate de sodium dansune solution alcoolique de l’éther phénylique de la bromhydrine du glycol, ils obtiennent le ÿ-phénoxyéthyl-a-méthyl-malonate éthy- lique : (COOC:H*}2.C(CH*).CH?.CH2.0.C5H5 qui, par sa- ponification, se convertit en acidey-phénoxyéthyl-2-mé- thylmalonique :(COOH)2.C{CH:).CH2.CH2.0.C6H5. En trai- tant cet acide par l'acide bromhydrique et en faisant digérer le produitde la réaction avec du carbonate de so- dium, il se forme du phénol et l« méthylbutyrolactone. — MM. H. Bentley et W. Burrow ont préparé l'acide méthylisobutylacétique : (CH3/?CH.CH?CH)CH3)COOH). Ils sont partis du bromure d’isobutyle qu'ils ont chauffé avec le dérivé sodique du méthylmalonate éthylique ; ils ont obtenu ainsi le méthylisobutylma- lonate éthylique : (CHS)?.CH.CH2C(CHS)(COOC?)He)2 qui leur à fourni l'acide par saponification. Ils en ont pré- paré les dérivés avec l’aniline et la p. toluidine. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du T Mars 1895. 419 SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M.Wilhelm Wirtinger: Théorie des fonctions @. L'auteur montre que les propositions relatives à ces fonctions, énoncées récem- ment par M. Poincaré, se déduisent comme cas parti- culier d'un théorème plus général, — M. Mahler : La chronologie des Babyloniens. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. O. Tumlirz : La chaleur de solidification des solutions. — M. Weineck envoie une nouvelle collection de photographies de la lune, photo- graphies qui sont des agrandissements de clichés faits à l'Observatoire de Paris en utilisant le nouvel équa- torial coudé, — M. Carl Œttinger : Transformation du triamidophénol dans le 1, 2, 3,5, phentetrol par hydratation; ce produit nouveau donne une combinai- son acétylée et un chlorhydrate caractéristiques. 39 SCIENCES NATURELLES, — M. Gejza v. Bukowski : Faune des Mollusques de l'ile de Rhodes (2° article). — M. V. Hauer : Sur deux Crustacés peu connus. CORRESPONDANCE SUR L'ENSEIGNEMENT CHIMIQUE EN FRANCE Au sujet de léducation scientifique des chimistes qui se destinent à l’industrie, nous indiquions tout récemment! que les idées émises ici-même par M. A. Haller semblent sur le point de recevoir un commen- cement de réalisation, M. Ch. Friedel, membre de l'Institut, professeur à la Sorbonne, nous fait remar- quer, à ce propos, l'importance des efforts tentés de- puis quelques années dans le même but par un groupe de chimistes et d'industriels, et nous fait l’honneur de nous adresser la lettre suivante, que nous nous em- pressons d'insérer : L. O. « Monsieur le Directeur, « Dans la note dont vous accompagnez le très inté- ressant et très utile article de M. Haller sur l’enseigne- ment chimique à l'étranger (Revue générule des Sciences, 6° année, n° 5), vous attribuez à votre éminent colla- borateur l'initiative « de la campagne de réforme qui se prépare en ce moment pour le relèvement de notre industrie par la science ». «Je ne voudrais diminuer en rien la part qui revient à mon savant ami M. Haller dans cette campagne, à la fois par la création de l’Institut Chimique de Nancy et par les publications clairvoyantes et courageuses qu'il a faites depuis l'exposition de Chicago, « Mais il pourrait paraître singulier à ceux que ces questions imporlantes intéressent que le besoin de perfectionner notre outillage scientifique et de le mettre davantage au service de l'industrie nationale fût resté jusqu'à ce jour inapercu de ceux sur lesquels pèse la responsabilité de l’enseignement chimique. 1 Voir Revue générale des Sciences, 1895, t. VI, page 236. «Il n’en est rien: c’est sous l'impression très vive de ce qu'il était indispensable de faire que deux chimistes, un industriel et un professeur, provoquèrent la création de l'École municipale de Physique et de Chimie, qui rend de si grands et bons services sous la direction de mon cher confrère M. Schützenberger. . «Plus tard, lorsque, par suite de circonstances mal- heureuses, la chaire de Chimie minérale du Muséum d'Histoire naturelle allait être supprimée, plusieurs membres de la Section de Chimie de l’Académie des Sciences, M. Schützenberger, M. Gautier et le signataire de ces lignes firent une démarche auprès du Ministre de l’Instruction publique pour obtenir le maintien de la chaire, ou tout au moins celui du laboratoire fondé par M. Frémy et qui élait à Paris la seule école ouverte à tous pour l’enseignement élémentaire de la Chimie. Le ministre, — c'était alors M. Léon Bourgeois, — frappé des arguments sérieux qui lui furent présentés, promit que le laboratoire ne serait fermé que quand il aurait été remplacé par un autre. Mais les ministres passent et leurs promesses avec eux. Le laboratoire fut supprimé, Il n’est pas encore remplacé. « Depuis lors, tous les ministres de l’Instruction pu- blique ont été saisis de la question et vivement solli- cités à la fois par les professeurs de chimie et par les industriels. M, Poirrier a posé, il y a deux ans, au Sénat, des questions pressantes, sur ce sujet, à M. Dupuy, et obtenu de lui les meilleures promesses. M. Denys Cochin a si bien plaidé la cause de la science à la Chambre qu'il a obtenu d’elle plus que des promesses: la preuve d'une grande bonne volonté dans des circonstances vraiment difficiles. Un deuxième vote de la Chambre semble avoir rendu momentanément stérile le premier; mais la question est posée; elle devra maintenant être résolue. Il ne NOTICE NÉCROLOGIQUE faut pas que l'on puisse dire, alors qu’il se crée partout des laboratoires nouveaux, qu’à Paris on détruit ceux qui avaient été organisés à grand’peine. Il importe de rouvrir ceux-ci en les mettant dans les meilleurs con- ditions possibles et en leur donnant le développement nécessité par les besoins actuels à la fois de l’ensei- gnement scientifique et de l’enseignement industriel, ont les éléments se confondent,. « Vous voyez, Monsieur le Directeur, que l’état actuel de l’enseignement pratique élémentaire de la Chimie est un sujet de préoccupation depuis des années pour les intéressés, savants ou industriels. J'aurais pu citer encore la Chambre syndicale des Produits chimiques et la Société Chimique qui y ont cherché des remèdes, stimulées par M. Adrian, vice-président de l’une et président de l’autre. « Les articles de M. Haller sont venus ajouter des ar- guments plus précis et plus pressants à ce qui avait été dit dans le même sens. On ne peut que lui en être très reconnaissant. « Veuillez agréer, etc. Ch. FRIEDEL, de l'Institut. La nouvelle de la mort du marquis de Saporta a été douloureusement ressentie par tous ceux qui s’intéres- sent aux sciences naturelles : son nom était, en effet, connu de tous, en raison de la haute portée de ses tra- vaux, qui, bien que très spécialisés dans leur objet, s’élevaient aux questions les plus hautes, aux plus grands problèmes de l'histoire de la vie à la surface du globe. Loin de se confiner dans une sèche observation des faits, il s'était efforcé de les interpréter, de saisir les liens qui les rattachent les uns aux autres, et, “frappé des rapports qu'il constatait entre les types de plantes observés par lui à l’état fossile et ceux qui vivent aujourd'hui, il s'était fait, en ce qui concerne le monde végétal, le champion résolu des doctrines évo- lutionnistes. A plusieurs reprises, soit dans des ou- vrages de vulgarisation, soit dans des articles publiés dans les revues les plus répandues, il avait exposé ces doctrines, et s'était attaché à faire ressortir les enchai- nements qu’il avait reconnus entre les flores anciennes et la flore actuelle, à montrer par quelles séries de transformations s'était constituée cetie dernière. La peine qu'il avait prise ainsi pour faire connaître à tous les esprits cultivés cette partie de l’histoire de la Terre . n'était pas demeurée stérile, et ses lecteurs avaient apprécié la forme élégante et facile sous laquelle il sa- yait présenter, de manière à les rendre accessibles à tous, des connaissances aussi spéciales. Ce précieux talent d'exposition, M. de Saporta l'avait appliqué tout d’abord à des travaux delittérature et d’his- toire, qui l’avaientseuls occupé jusqu’au delà de sa tren- tième année, car il n'avait pas trouvé tout de suite la voie dans laquelle son om devait briller d’un si vif éclat, Né à S'-Zacharie (Var)le 28 juillet 1823, Louis-Char!es- Joseph-Gaston de Saporta avait vu dans sa jeunesse son père, et surtout son aïeul maternel, Boyer de Fonsco- lombe, s’occuper de sérieuses études d’entomologie; ce dernier notamment a laissé un nom bien connu dans cette branche des sciences naturelles, Toutefois, si de Saporta avait puisé auprès d’eux le germe des goûts qui devaient plus tard l’entraiîner vers la bota- nique fossile, il n’en avait pas eu conscience et ce germe était resté latent. Une impulsion fortuite devait suffire à son développement. Frappé de la ressem- blance avec certains végétaux vivants d'empreintes de Conifères et de Nymphéacées, les unes d’Aix, les autres de Manosque, qui étaient arrivées entre ses mains, il se mit en rapport avec Ad. Brongniart, pour lui signa- ler ces empreintes et lui offrir de se livrer sur ces gise- ments à des récoltes suivies, afin de lui envoyer les échantillons qu'il pourrait trouver. L’illustre fonda- teur de la paléontologie végétale, frappé de la sagacité des remarques qui lui étaient soumises, s’empressa d'encourager son correspondant à entreprendre l’ex- ploration des riches gisements qu'il avait à sa portée, mais le poussa à en étudier lui-même la flore, en lui promettant l’aide de ses conseils. La tâche n’était certes pas sans attraits, mais elle était singulièrement —ardue et la voie à parcourir était loin d'être frayée …. les premiers jalons de l'étude des Dicotylédones fossiles | | venaient à peine d’être posés en Autriche par Unger et j six Ml NOTICE NÉCROLOGIQUE LE MARQUIS DE SAPORTA par M. C. d’Ettingshausen, Heer commençait seule- ment ses travaux sur la flore tertiaire de la Suisse, et pour la France le terrain était absolument vierge : car Ad. Brongniart n'avait guère touché aux plantes de l’époque tertiaire et semblait avoir reculé devant la masse rapidement croissante des documents, d’uneinter- prétation particulièrement délicate, fournis par les ter- rains récents. Plus d’un eût hésité à se lancer à la conquête d’un domaine aussi vaste et d’abord aussi difficile ; mais de Saporta avait le tempérament enthousiaste et résoiu du pionnier, il comptait sur appui qui lui était promis, et, libre de toute entrave, il n'avait pas à craindre de se voir détourné de son chemin. Tout autour de lui, à peu de distance des trois lieux de résidence, Aix, Saint-Zacharie, Fonscolombe, entre lesquels se partageait sa vie, se trouvaient répartis des dépôts appartenant à toute une série de niveaux successifs, à l’'éocène supérieur, à l’oligocène, au miocène, au quaternaire, qui devaient lui fournir les plus riches éléments d'étude : il se mit aussitôt à l'œuvre et se consacra dès lors tout entier à la paléon- tologie végétale, Au bout d’un très petit nombre d’années, il avait recueilli une quantité considérable d'échantillons, et il en avait, grâce à de patientes recherches comparatives, mené l'étude à bonne fin. Dès 1860, il faisait connaître les premiers résultats de ses recherches dans une courte note, à laquelle succédait l’année suivante un exposé méthodique, plus développé, de la constitution de la flore de chacun des niveaux qu'il avait explorés. En 1862, il commencait la publication de ses admi- rables Etudes sur la végétation du Sud-Est de la France à l’époque tertiaire, et depuis ce moment pas une année ne s’est écoulée qu'il n'ait marquée par de nouveaux travaux, par de nouvelles découvertes, s’attachant à perfectionner sans cesse son œuvre, n’hésitant jamais à signaler et à rectifier les quelques erreurs inévitables qu'il avait pu commettre dans un premier examen de matériaux encore incomplets. De ces flores tertiaires qu'il avait tout d’abord étudiées, il en est deux dont il a toujours continué à s'occuper avec une prédilection toute particulière, à savoir la flore éocène supérieure d'Aix, et la flore aquitanienne de Manosque. Grâce à lui, la flore d’Aix est aujourd’hui la mieux connue de toutes les flores fossiles spéciales à une localité unique, et l’étude approfondie qu'il en a faite l’a amené, entre autres résultats intéressants, à faire justice des inter- prétations trop hâtives qui avaient fait croire à la pré- dominance des types australiens dans la flore éocène européenne. Il a montré, d'autre part, comment, de cette flore des gypses d'Aix, on est passé peu à peu, par élimination de certains types tropicaux, à la flore oligocène, en particulier à la flore aquitanienne telle qu’on l’observe à Manosque, et il a fait voir que cer- taines espèces de cette dernière, directement dérivées d'espèces éocènes reconnues à Aix, représentent mani- festement la souche d'espèces vivant encore aujour- d’hui dans la même région. Remontantà l’origine de lasérie tertiaire, ila étudié de même la flore fossile de Sézanne, et, avec la collaboration 260 de M. Marion.celle de Gelinden, il a pu constater l’exis- tence, dans les dépôts paléocènes, de bon nombre des types habituels des couches tertiaires plus récentes. Il a suivi ainsi de proche en proche les transforma- tions de la flore depuis le début jusqu'à la fin de Pépoque tertiaire, où l’élude des tufs de Meximieux et des cinérites du Cantal lui a permis de reconnaitre les différences que présentait alors la flore de nos pays suivant l'altitude et l'exposition, les types subtropicaux occupant les stations les moins élevées, tandis que sur les montagnes vivait une flore de Conifères et d'arbres feuillus voisine, à beaucoup d'égards, de celle qu'on observe aujourd'hui sur les mêmes points. Avec ses recherches sur la flore quaternaire, de Saporta a complété de la facon la plus heureuse cette histoire si intéressante des modifications graduelles par lesquelles a passé le monde végétal, ainsi que des con- ditions climatériques qui ont présidé aux phases suc- cessives de son évolution. Cette élude des flores tertiaire et quaternaire semblerait, tant les matériaux en sont nombreux et tant elle a élé féconde en résultats, avoir dû occuper la vie entière de son auteur; elle a été loin cependant de suffire à son activité, et à peine avait-il terminé la troisième partie de ses Etudes, que, tout en préparant déjà la revision, sur de nouvelles séries d'échantillons, de la flore d'Aix, il entreprenait, pour le recueil de la Paléontologie francaise, la description des végétaux jurassiques de la France, à peine connus encore, et qui allaient faire de sa part, pendant une série d'années, l'objet des observations les plus intéressantes. Bien qu'il se soit à peine occupé de la flore paléo- zoïque, de Saporta a porté cependant ses investiga- tions, en ce qui concerne certains types particuliers, jusqu'aux premiers âges du globe : lorsque les travaux de M. Nathorst remirent en question l'attribution de bon nombre d’Algues fossiles, en particulier des Bilo- bites, il prit une part active à la discussion qui venait de se rouvrir, et, reprenant l’examen détaillé de quel- ques-unes de ces empreintes problématiques des for- malions les plus anciennes, ils’efforca, par de nouveaux arguments, d'en démontrer la nature végétale. Si le beau travail qu'il leur a consacré n’a pas porté la conviction dans tous les esprits, il a prouvé du moins qu'il restait encore plus d'un point obscur à éclaircir, et il à puis- samment contribué, tant par lui-même que par les nouvelles recherches qu'il a suggérées, aux progrès de nos connaissances sur ce sujet encore litigieux. Il s’est attaché, en outre, à rechercher, dans les couches houillères et permiennes, les premiers repré- sentants de certains groupes de Gycadées el de Coni- fères, et il a fourni notamment à l'histoire des Salisbu- riées des documents nouveaux du plus grand intérèt. Enfin, la flore crétacée a été à son tour l’objet de ses travaux; malgré la pauvreté de la plupart des dépôts crétacés de notre pays, il a pu en faire connaître quelques types remarquables, mais c’est dans ceux du Portugal qu'il a trouvé les éléments les plus précieux : les explorations de la Commission géologique portu- gaise ayant amené la découverte de riches gisements d'empreintes, c’est à lui que l'étude en fut confiée, et peu de mois avant sa mort il avait eu le plaisir de voir arrivée au terme de son exécution cette magnifique Flore mésozoique du Portugal à laquelle il travaillait de- puis plusieurs années et qui vient d'enrichir la science de faits d’une si haute importance, Il à notamment constaté l'existence des Dicotylées à des niveaux aux- quels on ne les avait pas encore observées en Europe, etila pu en faire remonter la première apparilion jusqu'à la base même du crétacé, où il semble qu'on assiste en quelque sorte à leur éclosion, dans des couches succédant immédiatement aux dépôts néoju- rassiques à flore encore composée exclusivement de Cryptogames et de Gymnospermes, De Saporta a ainsi exploré dans son entier toute Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 11 _c’est en même temps celle d'un ami. Pour la science NOTICE NÉCROLOGIQUE la série des couches de l’écorce-terrestre, etil a su tirer des docuirents qu'il a étudiés les résultats les plus re- marquables au point de vue philosophique. Il en a augmenté l'intérêt par la facon dont il a su les mettre « en lumière, et par les essais de synthèse qu'il s’est ef= forcé d'en déduire : si parfois, comme dans son ouvrage F en collaboration avec M. Marion sur l’évolution du règne végétal, il a fait une large place à des hypothèses, : d’ailleurs nullement dissimulées, et aussi séduisantes qu'ingénieuses, le plus souvent les déductions qu'il " présente découlent si naturellement du rapprochement des faits observés, que la conviction s'impose et qu'on ne peut se refuser à admettre des filiations en faveur desquelles il fait valoir des arguments si probants; à M cet égard son étude sur l’Origine paléontologique des « arbres cultivés où utilisés par l'homme peut être citée « comme un modèle. î Le marquis de Saporta était, depuis 1876, Correspon- M dant de l’Académie des Sciences, et l'Académie royale U de Belgique avait tenu également à l'inserire au nombre de ses membres, à titre d’Associé étranger. Bien qu'il eût dépassé sa soixante-dixième année et qu’il eût res- senti déjà quelques atteintes du mal qui devait l’em- porter, il avait conservé, avec une merveilleuse saga- cité de jugement, une vivacité d'esprit, un enthousiasme pour les recherches, que peu d'hommes, même à leurs débuts, ont possédés au même degré et que peuvent seuls apprécier ceux qui avaient la bonne fortune d’être en relations avec lui, Travailleur infatigable, il avait, vers la fin de 1894, fait connaître ses dernières obser- vations sur les Nymphéinées crétacées et tertiaires, et l’année 1895 devait être consacrée par lui à de nouveaux # travaux ; mais, le 26 janvier, la mort, en le frappant subitement, venait mettre à néant ces projets, dont la réalisation nous eût encore apporté tant de précieuses révélations. Toujours prêt à répondre aux appels qui pouvaient lui être adressés par ses confrères en botanique fossile, même par les plus jeunes, à les faire profiter de sa science, à entrer avec eux en échange d'idées, à leur communiquer avec une inépuisable générosité les vues nouvelles qui lui venaient à l’esprit, à se prêter à des M discussions dans lesquelles il apportait à la fois une M conviction passionnée et une merveilleuse courtoisie, « il laisse à tous le souvenir d’un maitre profondément M respecté et il emporte les regrets de tous. Pour quelques-uns, qu'il honorait d’une bienveillance plus M intime, sa perte est particulièrement douloureuse, car paléontologique, c’est celle. d’un des savants les plus éminents, d’un des plus lumineux esprits qu’elle ait comptés parmi ses adeptes. R. ZEILLER, Ingénieur en chef des Mines, Chargé de cours à l'Ecole des Mines. Erratum. — Lans le récent article de M. Lindet sur l'Evolulion récente de l'Industrie du Sucre (Revue du 15 mars dernier) trois coquilles ont altéré l’exactitude de deux tableaux et de deux phrases. Il convient de les corriger ainsi : P, 225, 2° colonne : Supprimer le 2° alinéa, : P.232,2° colonne: Supprimer la 7° avant-dernièrelig. Le bénéfice des fabricants exportateurs n’est pas plus considérable que celui des fabricants qui livrent à la consommation intérieure. Le bénéfice que les uns et les autres tirent des excédents consiste à obtenir 60 francs sur des sucres qui n’ont été soumis qu'à un droit de faveur de 30 francs. C’est l'Etat ou la raffine- rie qui rembourse ces 60 francs, et le bénéfice du fa=m bricant ne se traduit que par une somme de 30 francs. P. 232, {re colonne, à lire : « Sous le coup de la sur- taxe de 7 francs imposée aux sucresbruts el de 8 fr aux sucres raffinés, l'importation des sucres étrangers a un peu baissé, » = Le Directeur-(férant : LOUIS OLIVIER 6° ANNÉE Ne 8 30 AVRIL 1895 REVUE GÉNÉRALE - DES SCIENCES : PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER L'OXYGÈNE EST-IL UN CORPS SIMPLE? La découverte de l’argon par Lord Rayleigh et le Professeur W, Ramsay ramène, d’une facon particu- lière, l'attention des chimistes sur l’éternel problème des éléments. Les corps actuellement réputés simples, et provisoirement tenus pour tels, ne contiennent-ils en réalité qu’une matière unique, spécifique et irré- ductible à toute autre? Ont-ils, d'autre part, été étudiés à l’état d'absolue pureté, et peut-on arriver à déceler en certains d'entre eux, à côté de l'élément dominant, | quelque impureté, passée inapercue, qui trahirait l'existence d’un corps nouveau ? Beaucoup de chimistes se posent actuellement ces questions. L’un des plus autorisés pour examiner de tels sujets, M. E. C. C. Baly, préparateur du P' Ramsay à University College (Londres), vient de présenter, à ce propos, à la Société Royale de Londres, une Note importante, dont nos lecteurs trouveront ci-après (page 399) la traduction littérale. L'auteur s’est demandé ce que signifient les deux spectres de l’oxygène. Ré- sultent-ils des vibrations différentes d’une seule et même molécule, ou bien, ce qui serait tout à fait étrange, correspondent-ils à deux gaz dus à la disso- ciation de la substance actuellement appelée oxygène? M. Baly indique à ce sujet quelques expériences im- portantes. Mais il les rapporte d’une facon si sommaire qu'il est aujourd’hui impossible de discuter ses résul- tats. Il ne nous renseigne aucunement sur l’origine de l’oxygène sur lequel ses recherches ont porté. Ce gaz a-t-il été extrait, dans des conditions convenables, des composés oxygénés, ou a-t-il été pris à l'air, et, si oui, représente-t-il simplement de l’air privé d’azote, d'argon, d'acide carbonique, de vapeur d’eau...? La distinction serait intéressante : car, dans ce dernier cas, il ne semble pas & priori impossible qu'un parent chimique de l'oxygène véritable ait été confondu avec lui. IL paraïtrait beaucoup plus extraordinaire que l'oxygène extrait des combinaisons püt être dédoublé, Mais M. Baly est muet sur ce point. Son silence est probablement volontaire, et nous devons, en attendant REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. un complément d’information, lui faire crédit de la correction de ses démonstrations, Le fait qu’il annonce est celui-ci : Si l’on soumet l'oxygène à l’effluve élec- trique, le gaz qui se porte à la cathode offre, après l'expérience et tout en restant de l'oxygène (0°), une densité sensiblement différente de celle de l'oxygène non électrisé. Dans le cas des étincelles longues, la densité est moindre, C’est l'inverse quand on fait agir des étincelles courtes. Serait-ce à dire que la densité ordinaire de l’oxygène représente simplement la ma- jeure partie des densités des molécules du gaz, et que leffluve ait pour effet de trier ces molécules, en ras- semblant celles qui sont de même poids? Encore unefois, il est impossible de rien discuter Y a-f-il eu formation d’ozone (05 au lieu de 0?)? Les électrodes de platine employées ont-elles été, avant l'expérience, privées des gaz ordinairement occlus dans le métal ? La pureté de l'oxygène primitif a-t-elle été suffisamment établie pour écarter l'hypothèse du trans- port d’un corps étranger vers une des électrodes? Nous n’en savons rien, — Quant à la dualité du spectre de l'oxygène, nous devons aussi, pour ne pas être, outre mesure, enclins à y chercher l'indication d’une dualité chimique, nous souvenir que les spectres de quelques corps, celui du cadmium par exemple, varient suivant les conditions de l’effluvation, suivant que l’étincelle est plus ou moins condensée, Quoi qu'il en soit de ces doutes, permis en attendant une description plus détaillée, on ne peut s'empêcher de penser que M. Baly a évidemment dù en être, tout le premier, assailli; s’ils ne l’ont pas arrêté, c'est selon toute vraisemblance qu'il a cru les avoir écartés par l'expérience, Le seul fait que l’auteur a poursuivi ses investigations dans le laboratoire et sous la direction du Professeur Ramsay, semble constituer, à ce sujet, la meilleure des garanties, et impose aux chimistes l'examen minutieux de ses conclusions. Il nous a paru, pour cette raison, utile de les signaler tout particu- lièrement au lecteur, Louis OLIVIER, 8 302 L. DE LAUNAY — L'AVENIR GÉOLOGIQUE DE L'OR ET DE L'ARGENT L'AVENIR GÉOLOGIQUE DE L’'OR ET DE L'ARGENT CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES Il y a environ undemi-siècle, quand, vers 1848, on découvrit les grands gisements d'or de Californie, puis ceux d'Australie, ce fut, parmi les économistes, un cri d'alarme : l'or allait baisser de prix, l'argent allait être drainé en Europe pour les besoins de l'Asie el disparaitre de la circulation; il fallait à tout prix éviter celte calastrophe, et la crainte fut poussée si loin qu'en Belgique et en Hollande no- tamment, pour se protéger contre l'invasion de l'or qu'on redoutait, on cessa un moment de l’ad- mettre dans les caisses publiques. Cinquante ans environ ont passé, el voici qu'un nouvel âge de l'or semble commencer, mais salué, tout au contraire, comme le prélude possible et impatiemment attendu d’un réveil industriel et commercial ; c’est avec joie que l'on voit, depuis deux ou trois ans, la production de l’or augmenter d'une facon remarquable, et personne, croyons- nous, n’est plus atteint de frayeur à l’idée que ces masses d’or, chaque jour jelées dans la circulation, puissent devenir surabondantes; au contraire, on aperçoit là un moyen de sortir de la crise qui sévit actuellement sur le monde entier, en ramenant le métal précieux dans les pays à change déprécié, en facilitant partout, avec la circulation monétaire, les relations d'échange, etc., ete. Pourquoi cette différence d'appréciations? C'est que, dans l'inter- valle, un fait capital s’est produit, que l’on n'avait pas suprévoir el qui, cependant, nous parait, malgré des ressauts momentanés tels que celui auquel nous assistons présentement, destiné à s'accentuer en- core dans l'avenir : l'argent s’est de plus en plus dé- précié par rapport à l'or: son prix, qui était d'en- viron 218 francs le kilo vers 1848, qui étail même monté à 226 de 1860 à 1863, est lombé à près de 100 francs pendant l’année 1893; en conséquence, tous les peuples, pris de panique, ayant cherché à se débarrasser du métal avili pour se précipiter sur l'or, ce dernier s'est fait de plus en plus rare, le mouvement s'est accéléré par ses conséquences propres, et dans les pays où l’on a essayé d'y ré- sister isolément, par mesures fiscales inconsidérées, comme aux États-Unis, on s’est trouvé acculé à la crise intense que supporte actuellement ce pays. L’essor récent de la production aurifère ne fait done que tempérer, dans une faible mesure, un état de choses que l’on considérait généralement comme un malheur; il faudrait un tout autre dévelop- pement des mines d'or que celui auquel on s'al- tend aujourd'hui pour renverser cel élal en sens contraire. Mais, dans ces conditions, il est permis de se demander — el la question se pose, en ce moment mème, de tous côtés dans les congrès des bimétal- listes — si ces changements de valeur des mon- naies, lellement nuisibles au commerce général, ne sont pas la conséquence logique d'un phénomène nalurel et géologique, et s'il n'existe pas, entre les prix de l'argent et de l’or, un certain rapport rationnel vers lequel on doit tendre falalement de plus en plus à mesure que la conquête de la Terre par l’homme sera plus avancée. Nous ne proposons assurément pas de fixer d'avance ce rapport par une loi; car, outre qu'il est impossible de Le prévoir exactement d'avance, l'intervention de la loi hu- maine ne peul être que funeste lorsqu'elle essaie de fausser momentanément les lois naturelles qui la dominent de si haut: mais il serait certainement bon de faire entrer celte loi dans nos prévisions d'avenir pour régler, en conséquence, toutes ces graves questions de choix d’un élalon moné- taire, d'achat de métaux précieux à l'Étranger, de constitulions de réserves métalliques, ele., ec. C'est ce rapport dont la Géologie va nous permettre d'apprécier, — sinon la valeur, qui nous esl abso- lument inconnue, — du moins, ce qui est déjà beaucoup, la tendance. Nous allons donc, avant tout, chercher à nous faire une idée des quantités relatives de métaux précieux qui peuvent être encore à notre dispo- sition dans l'écorce lerrestre. Il Ces quantités, disons-le lout d’abord, sont très loin d'être inépuisables. L'homme a été singuliè- rement gàlé depuis un siècle environ, depuis un demi-siècle surtout, par lessor extraordinaire qui s'est produit dans ses connaissances scientifiques, dans son aclivilé industrielle, dans sa prise de possession de la Terre. Le commencement du xx° siècle ne fera, sans doute, qu'accentuer et accélérer les tendances du xIX°; mais il faut bien se rendre comple que ce développement extraor- dinaire de la puissance humaine ne durera pas toujours ni même très longtemps: l’époque dans laquelle nous vivons peut bien, sans illusion d'oplique, être considérée comme une époque spéciale, comme une phase particulière et critique dans l'histoire de l'humanité. Nous agissons tous: aujourd'hui plus ou moins comme ces mineurs de l'Ouest américain qui, cherchant uniquement le minerai riche, le « minerai payant», gaspillent à ont tlto nest nt. té dire un era) Le vins Lean re - nl de 2 dti aie à ble dont ad A at ie dihies ias th tésié auties dt dent) RSR L. DE LAUNAY — L'AVENIR GÉOLOGIQUE DE L'OR ET DE L'ARGENT 363 jamais les ressources en minerai plus pauvre qui peuvent se trouver à côté; que leur importe! Le premier gite une fois épuisé, ne trouvent-ils pas bien vite un filon voisin qui leur prodiguera ses nouvelles richesses? mais, avec la fièvre de l'or qui travaille le monde entier, il n’est pas besoin que l’homme blanc soit depuis bien longtemps installé dans un pays pour que tous les filons riches qui s'y trouvent soient découverts et, une fois découverts, rapidement taris et vidés; alors les prospecteurs repartent plus loin vers les pays vierges ; oui, tant qu'il y a des pays vierges; mais, du train dont nous allons, la richesse minière de la Terre tout entière sera connue et mise en - valeur d'ici à bien peu de temps, et alors les années de disette succéderont aux années d’abon- dance. Il est trop évident que le nombre des gisements d’or et d'argent qui existent à la surface du globe, est absolument limité; mais il n’est peut èlre pas inutile de dire que ce nombre, limité en théorie, est également très réellement restreint en pra- tique. Surlout lorsqu'il s’agit de l'or, cette rareté apparait aussitôt quand on observe combien, dans Lous les pays de civilisation un peu ancienne, en Europe particulièrement, ces gisements d’or, qui ont pourtant existé jadis là comme ailleurs, nous en avons la preuve, ont disparu, ayant été lous épuisés. Suivantune vieille remarque, souventcitée, de de Humboldt, l'or, à toutes les époques, est venu des confins de la civilisation, des étapes les plus récentes de celle-ci en pays barbare, de ce que l’on pourrait appeler ses Marches. Sans doute, si l’on examine une liste des gise- ments de métaux divers existant dans un pays quelconque, on pourra s'étonner, surtout après cette observation, de voir combien ceux d’or sont nombreux, presque aussi nombreux souvent sur le papier que ceux de tel métal infiniment plus commun, comme le plomb, par exemple; mais cela tient à ce qu’on classe comme gisements d'or des roches qui parfois ne renferment que quelques grammes d’or à la tonne, ‘une teneur de 0,0005 ?/,, par exemple, alors que lateneur d'un gite de cuivre sera lout au moins de 2 ou 3 ‘/, el celle d’un gite de plomb de 8 ou 10 °/,.Il y a, dans cet ordre d'idées, un élément psychologique qui nous parait appelé àäavancer, dans une large mesure pour l'or, l’époque où tous les gisements auront été reconnus : c’est l'attraction extraordinaire qu'exerce ce métal sur l'esprit humain. Si le nombre de tous les filons d’or exploitables encore à découvrir à la surface de la terre est À, celui des filons d'argent B, il serait assez logique de supposer que, chaque année, les nombres des filons mis en valeur pour chacun des métaux sont dans un rapport se rapprochant de A : F et alors cette proportion devrait se maintenir jusqu’au dernier jour; mais en réalité, le rapport est certainement et a toujours été beaucoup plus grand qu'il n’aurait dû l'être; d’où cette conclusion nécessaire que tous les filons d’or auront été re- connus et épuisés longtemps avant les filons d’ar- gent; et de même, ceux-ci avant les filons de plomb, etc.,etil en est ainsi parce que, séduits par le prestige de l'or, le prospecteur au début aussi bien que l'actionnaire plus tard se précipitent vers les mines du noble métal qui leur fait espérer des fortunes énormes, même lorsque ces mines sont, en réalilé, destinées à un échec prochain. L'histoire des mines du Farwest américain en a donné une preuve typique: ce n’est que lorsque l'or a manqué qu'on s’y est rabattu sur l’argent, puis sur le cuivre et le plomb. A ce propos, on a pu affirmer sans invraisemblance que, si l’on faisait la somme de tous les capitaux engagés aujourd’hui dans les mines d’or, le nombre de celles qui font des pertes est tel que le capital total ainsi calculé serait loin d’être rémunéré. Une mine, par hasard, dont les actions auront décuplé en quelques jours, produit, à cet égard, le même effet démoralisant qu'un gros lot gagné par un ouvrier àla loterie : aus- sitôt tous ses compagnons s’empressent de prendre des billets. Nous en voyons aujourd'hui un exemple notable avec le succès de quelques mines d’or du Transvaal, dont certains financiers sans scrupule ont immédiatement profilé pour écouler dans le public des actions de mines d’or de toutes sortes, placées dans Lous les pays,sans aucun rapport avec celles qui ont réussi et vouées, pourla plupart, à une faillite certaine. Il Nous venons d'indiquer, en passant, une diffé- rence entre les filons d'or el d'argent au point de vue de ce qu’on peut appeler le coefficient psycho- logique d’altraclion: et, comme ce coeflicient psy- chologique a exercé son influence depuis l'origine de l'humanité, comme, en outre, les minerais d'or d’affleurement se présentent sous une forme beau- coup plus frappante, beaucoup plus facile à recon- naître que ceux d'argent, souvent à l’état d’or natif au lieu de terres argentifères chlorurées ou bromurées, semblables à des boues quelconques, il est bien certain que l'extraction de l’or disponible est beaucoup plus avancée que celle de l'argent et, par suite, que le terme de cette extraction est plus proche. Nous n'avons, d’ailleurs, pas besoin de remar- quer que l'or est une substance singulièrement plus rare que l'argent; cette rareté relative est la cause première de la différence de valeur considé- 364 L. DE LAUNAY — L'AVENIR GÉOLOGIQUE DE L’'OR ET DE L'ARGENT rable qui existe entre les deux métaux; et l’on peut même essayer d’en indiquer la cause géolo- gique. Tout se passe, en effet, dans l'écorce ter- restre comme si, à la suite de la fluidité première que nous supposons à notre planète, les éléments s'élaient groupés, dans ce bain fondu, suivant leur densité, par couches concentriques d’autant plus rapprochées du centre qu'ils étaient plus lourds; en sorte que nous rencontrons aujourd'hui à la surface une majorité d'éléments chimiques à faible poids spécifique, tels que la silice, les alcalis, les métaux alcalino-terreux, tandis que la partie cen- trale présente, d'après les mesures astronomiques, une densité de deux à trois fois plus forte. Les mélaux lourds, qui se sont accumulés au début vers le centre, ne se sont donc élevés vers la sur- face, qui seule nous est accessible, que dans des circonstances rares et sous l'influence, par exemple, de minéralisateurs spéciaux, en sorte que la fré- quence des métaux dans les couches superficielles est une conséquence de deux facteurs : d’une part, leur faiblesse de densité; de l’autre, leur affinité plus grande pour les minéralisateurs. L'or, dont la densité est 19,26, landis que celle de l'argent est 10,5 et qui, en outre, est tellement rebelle à tous les agents chimiques, se trouve tout naturel- lement en quantités beaucoup plus faibles dans l'écorce superficielle. En résumé, le nombre des gisements d'or et d'argent existant à la surface du globe est loin d'être pratiquement illimité; ce nombre est beau- coup plus grand pour l'argent que pour l'or, et la découverte des gites d’or est, pour des causes psy- chologiques, toujours très en avance sur celle des gites d'argent. Mais, dans la production minière, le nombre des gisements exploités n’est qu’un élément d'évalua- tion qu'il faut compléter par la teneur totale de chacun d'eux. Or, cette teneur dépend essentielle- ment de la profondeur à laquelle on peut des- cendre, ainsi que de la façon dont le gite se mo- difie en profondeur. En ce qui concerne les limites d'extension verticale des mines, l'homme, malgré sa seience et son orgueil, se heurte encore à des limites infranchissables qui lui ont élé imposées par la Nature et que toute son énergie, toute son avidité du gain ne peuvent lui permettre de dé- passer, car elles dépendent de sa propre constitu- tion physique. Ces limites liennent à l’accroisse- ment de température bien connu qui se produit lorsqu'on s'enfonce. En général, dans la plupart de nos mines, où l'on est au plus descendu jus- qu'ici à 1.100 ou 1.200 mètres de profondeur, cette élévation de température n’est pas un obstacle in- surmontable; mais, dans certaines mines où l’aug- mentalion de chaleur se produisait plus rapide- ment, par suite de circonstances spéciales, notam- ment par le contact avec des roches éruplives, au Comstock, par exemple, on a pu se rendre compte de la nature des difficultés qui en résultaient. Dans le filon du Comstock, la température était arrivée à 32° à 400 mètres, 38° à 500 mètres, 40°,5 à 600 mètres, 41° à 700 mètres; dans ces condi- tions, on a eu beau renouveler les postes des mi- neurs toutes les trois heures, inonder d'eau les chantiers, fournir à chaque ouvrier jusqu'à 50 li- vres de glace par poste, des hommes sont tombés frappés d’apoplexie, et il a fallu renoncer à la lutte dans les chantiers les plus profonds. Cette limite qui, dans ce cas spécial, a été at- teinte particulièrement vite, le serait, suivant toutes probabilités, à peu près partout au plus tard à deux kilomètres de la surface, et, de ce côté- là également, le champ d'investigation du mineur est absolument restreint, étant réduit à une très mince croûte superficielle de l'écorce terrestre. D'ailleurs, longtemps avant d'arriver à cette limite absolue, le mineur est interrompu presque toujours par l'accroissement des frais d'extraction, d’épuisement, etc., qui finit par supprimer abso- lument son bénéfice. Mais on peut répondre à cette dernière restriclion qu'en ce qui concerne les frais, un accroissement notable dans la valeur de la substance extraite, telle qu’il peut s’en pro- duire un pour l'or, reculerait immédiatement cette limite pratique et parfois permettrail de reprendre le travail dans une mine que l’on considérait comme devenue inexploitable. Ces considérations générales, relatives aux li- mites d’exploitabilité en profondeur, sont com- munes à toutes les catégories de filons d’un métal quelconque; au contraire, il est un ordre de phé- nomènes qui varient essentiellement suivant la nature du métal exploité et qui introduisent une grande diversité dans l’histoire industrielle des divers gisements : ce sont les modifications de ces gites en profondeur. Pour l'or et l'argent, en par- ticulier, les conditions sont absolument différentes, et c'est sur celte quesliof, dont l'étude a évidem- ment une importance de premier ordre pour l'a- venir des deux mélaux, que nous nous proposons maintenant d'insister. III Quand il s’agit de l'or, les premiers gisements que l’on découvre en pénétrant dans une région nouvelle sont toujours des alluvions; ces alluvions sont plus ou moins récentes et l’homme com- mence, en remontant la pente des vallées à la re- cherche du métal précieux, par rencontrer des al- luvions de plus en plus anciennes jusqu’à ce qu'enfin il soit amené à passer de ces alluvions | il. de L. DE LAUNAY — L'AVENIR GÉOLOGIQUE DE L'OR ET DE L'ARGENT 365 aux gisements dont la destruction par les cours d’eau a fourni les placers, c’est-à-dire aux filons (exceptionnellement, comme dans le Transvaal, aux couches sédimentaires anciennes). Dans ces filons eux-mêmes, la partie qu'il aborde au début est nécessairement l’affleurement, le chapeau du filon, et ce n’est que progressivement qu'il arrive à exploiter ce filon dans la profondeur. Or, en sui- vant cet ordre d’investigations, c'est absolument comme s'il repassait en sens inverse la série des étapes successives que la Nature a franchies dans la préparation mécanique et chimique à laquelle elle a soumis ces minerais, les enrichissant peu à - peu, pour nous les présenter enfin dans les pla- cers sous leur forme la plus facile à aborder et la plus concentrée. La Nature, en effel, dans les aclions métamor- phisantes qu’elle a exercées sur le gisement d’or primitif par l’action continue des eaux superfi- cielles, a commencé par avoir affaire à un filon constitué dans toute sa hauteur par des groupe- ments minéralogiques analogues à ceux que nous n'y rencontrons plus aujourd'hui qu’en profondeur, c'est-à-dire, le plus souvent, par du quartz associé avec des sulfures divers, parmi lesquels le sul- fure de fer, plus ou moins arsenical, domine et contenant l’or à l’état de fines inclusions dissémi- nées. Cette forme de gîtes de profondeur, soumise à l'influence oxydante des eaux, a subi une trans- formalion essentielle, due à l'altération du sulfure de fer, qui s'est dissous en sulfate et reprécipité parliellement en sesquioxyde. Pendant ce temps, l'or qui n’entre en dissolution qu'avec une diffi- culté extrême-et se précipite aussitôt sous la moindre aclion réductive, est passé, de l'élat de combinaison complexe où il était d’abord, à l’état libre, en même temps que, par suite de la dispari- lion des sulfures associés, la teneur en or du mi- nerai subsistant se trouvait augmentée. C'est aux affleurements de filons aurifères que l’on trouve ces beaux quartz cariés, plus ou moins ferrugi- neux, où l'or a l'air de suinter par tous les pores, et ces hématites aurifères, minerais riches, qui, dans la profondeur, font place à des composés plus difficiles à traiter ou même absolument réfrac- laires à nos procédés de traitement actuels. Les affleurements de filons, où l'or avait déjà subi cette première concentration chimique et cet enrichissement, sont la partie qui, soumise ensuite à l’action destructive des eaux torrentielles, ont produit, par une vérilable préparation mécanique analogue à celle qu’on reproduit artificiellement dans la méthode hydraulique, les alluvions auri- fères, c’est-à-dire les placers, où l’or est non seu- lement à l’état libre, mais encore rassemblé en une couche relativement mince près du fond du lit de l’ancien torrent, contre ce que l’on appelle le bedrock. La conséquence bien simple, c’est que la grande phase de prospérité d’une région aurifère corres- pond à la découverte des alluvions; c’est lorsque l'on se trouve mettre la main sur un champ nou- veau d’alluvions aurifères qu'il se produit soudain une brusque augmentation dans la production au- rifère; mais ces placers ne durent pas bien long- temps, et les affleurements des filons que l’on at- taque ensuite sont également, après une première phase prospère, rapidement épuisés; alors on entre dans les gisements de profondeur, beaucoup moins riches, donnant des minerais beaucoup plus difficiles à traiter métallurgiquement, mais qui, eux, sauf les variations purement accidentelles inhérentes à tous les filons, ont des chances pour conserver à peu près la même teneur moyenne en s’approfondissant. Là encore, cependant, il y a une restriclion à faire; car nombre de filons d’or, au lieu d’être de grandes fentes de dislocation continues en profon- deur, peuvent être assimilés à des fissures de re- trait causées par le refroidissement d'une roche éruptive dont l’or est plus ou moins directement émané, et ce genre de fissures se coince très vite quand on s'enfonce; non seulement la teneur du minerai diminue, mais les dimensions géométri- ques elles-mêmes se réduisent el peuvent arriver à zéro. La conclusion, c'est que, pour toutes les causes possibles, une région aurifère doit s'appauvrir peu à peu et, après quelques années d'exploitation, ne plus donner que des minerais à basse teneur. Avec quelle rapidité ces faits se produisent, c’est ce que l'exemple de la Californie et de l'Australie nous montre aussitôt. En Californie, la production d’or s’est élevée en 1853 à 336 millions ; en 1860, elle est tombée à 233; en 1868 à 114; en 1880, à 91 ; en 1891 à 63,2; ces chiffres, sans commentaire, sont assez éloquents. En Australie, la statistique brute est moins con- cluante, si l'on prend l’ensemble du pays, parce que l’immensité des territoires inexplorés à fait jus- qu'ici qu'aussitôl un centre épuisé, on en trouvait un nouveau équivalent ; mais, si l’on prend un dis- trict restreint, l'épuisement se fait sentir en 25 ou 30 ans au plus. En outre, même pour le pays en- üer, la proportion de l'or d’alluvion diminue chaque année par rapport à celle de l'or de filons. Eu 1868, des alluvions donnaient 65 °/, de l'or dans la province de Victoria, les filons 35 °/,; en 1891, c'est juste l'inverse, les filons arrivent à 67 °/,, les placers à 33 °/.. Un calcul du même genre, étendu au monde en- tier, donne, suivant M. Suess [tableau I) : 366 Tableau I 1848-75 1876 | 1890 ANINVIONS ES. cart ad tt ere 81.78 % 65.28| 44.2 AMIONS- certe -rombelt 12.02 34.16| 47.8 Sédiments (conglomérats du Kransvaall er ictere 2 » » 8.0 De même, si l’on prend un gisement dont l’ex- traordinaire fortune attire en ce moment tous les regards, celui du Witwalersrand, dans l'Afrique australe, découvert en 1887, il a donné en 1888 22 millions d'or; en 1889, 36 millions; en 1890, 44,5; en 1891, 78; en 1892, 129; en 1893, 140; en 1894, 213; il est probable qu’on arrivera, en 1896, à un chiffre de 250 ou 300 millions, qui sera un maximum; mais la merveilleuse régularité de ces gites permet de calculer, dès à présent, à peu de chose près, la quantité d'or qu'ils renferment, et, en supposant même qu'il n'y ait aucune déception, on voit que, d'ici à 25 ou 30 ans, ces gites entreront à leur tour dans la période d’épuisement après avoir fourni peut-être sept ou huit milliards. Si l’on réfléchit que la production aurifère ac- tuelle est, comme nous le dirons bientôt, à peine suffisante pour les besoins de la consommation, on ne peut dès lors se défendre d’une certaine in- quiétude (qu'il ne faudrait pourtant pas exagérer, ainsi que nous le verrons) à l’idée de ce qui arri- vera dans un avenir {rès prochain, quand la Terre aura élé entièrement occupée par l'homme, du moment que même des gisements aussi exception- nels que ceux de Californie, d'Australie ou du Transvaal ont à peine une existence précaire d'un quart de siècle ou d’un demi-siècle. IV C’est ici le lieu de se demander quelles sont les ressources géologiques en or sur lesquelles les siè- cles prochains peuvent encore compter. Ces res- sources sont de deux catégories différentes : il y a d’abord les gisements situés dans lés pays encore inconnus; puis, dans les pays anciens, ce qu'il reste à prendre de minerais el surtout de minerais ayant été jusqu'ici rebelles à nos procédés de trai- tement métallurgiques. Dans le premier ordre d'idées, il est évident que l'Afrique et l'Asie cen- trales, l'Amérique du Sud, les territoires vierges des Montagnes Rocheuses, l’intérieur du continent australien nousréservent encore bien des surprises, etil est assez probable que ces surprises vont se mulliplier d'ici à quelques années, en raison même de la remarquable poussée d'expansion coloniale qui se produit partout à la fois; il n'y a done pas lieu de craindre une disette d'or dans un avenir immédiat et il est parfaitement possible, probable L. DE LAUNAY — L'AVENIR GÉOLOGIQUE DE L'OR ET DE L'ARGENT même que, pendant un certain nombre d'années, les économistes pourront se moquer des géologues qui annoncent uneraréfaction future de l'or. Néan- moins, quand lous les pays encore inconnus auront été parcourus et « prospectés », les gisements ainsi découverts se tariront en un laps de temps qui ne dépassera guère un demi-siècle; alors il faudra bien se relourner vers la seconde catégorie de mi- nerais aurifères qui copslilue peut-être laressouree la plus assurée pour l'avenir. Il y a, en effet, une proportion considérable de minerais aurifères où l'or est dans des combinai- sons telles, notamment avec l'arsenic, qu’il est actuellement impossible de l'en extraire avantageu- sement. Les filons à minerais de ce genre sont, ou bien complètement négligés, ou, s'ils en renferment d'autres moins réfractaires, exploités pour ces der- niers, — les minerais rebelles étant rejetés avec les gangues dans les résidus, les haldes, ce que les anglais appellent les lailings. Or, si nous avons insisté plus haut sur les bornes imposées par la Nature aux investigations de l’homme, en ce qui concerne le développement des procédés chimiques ou des méthodes métallurgi- ques, il nous semble qu'il n’existe aucune limite à l'ingéniosité humaine et, surtout si un commen- cement de raréfaction de l'or vient en augmenter le prix, il est infiniment probable que les minerais aujourd'hui rebelles pourront être traités fructueu- sement. Il arrivera alors ce qui s'est produit quand, récemment, on à repris avec des connaissances nouvelles les mines de plomb, d'argent, de cuivre, où les Anciens avaient travaillé pendant des siècles : les seules parties qu'ils avaient négligées au Lau- rium {en Atlique), en Sardaigne, dans la province de Carthagène et à Rio-Tinto, en Espagne, etc.., ont suffi à alimenter des industries très fructueuses. De ce chef également, l’époque où l’or manquera aux besoins humains nous parait devoir être con- sidérablement retardée ; ce qui n’empêche pas que, si l’on veut faire des prévisions à longue échéance, cette disette de l'or est à prévoir, non seulement d’une facon absolue, mais surtout relativement à l'argent. En ce quiconcerne le métal blanc, les conditions de gisement sont, en eflet, très différentes de ce qu’elles sont pour l'or, et sa raréfaction doit être infiniment moins rapide. Les gisements d’argent appartiennent à deux catégories bien distinctes : ceux à minéraux d'argent proprement dits et ceux à sulfures divers argentifères, dont on retrouve sou- vent l'équivalent dans la profondeur des premiers. Il y a, tout d'abord, entre l'or et l'argent une différence bien tranchée : c'est que la forme allu- vionnelle, source pour l'or des richesses les plus grandes, en même temps que les plus précaires, us dt mudtiitden ets «than detente 1e) dÉRCRRETÉ sd) Ge de GUÉ SSS S dn Dbaies dé nt dé note) bn de sé de d'é néibé di bé L. DE LAUNAY — L'AVENIR GÉOLOGIQUE DE L'OR ET DE L'ARGENT 307 ne se présente pas pour l'argent. La raison en est que les sels d’argent, et notamment le sulfate qui tend à se produire par l’oxydation des sulfures plus ou moins complexes existant dans les filons, présentent une certaine solubilité, en sorte que, dans l’action métamorphisante des eaux, l'argent, au lieu d’être trituré et concentré mécaniquement comme l'or, se dissout et disparait. Il y a bien des gites d'argent sédimentaires, tels que les schistes cuivreux et argentifères du Mansfeld ; mais l'argent qui y est contenu est de l’argent précipité chimi- quement d’une dissolution, non de l'argent rema- nié mécaniquement. D'où cette conclusion qu’une région argentifère ne donne pas au début les mêmes grandes espérances, bientôt décues, qu'une région à placers aurifères et, par suite, ne parait pas s’appauvrir aussi rapidement. Quelque chose de comparable se produit pour les affleurements des filons où, par suite de la solu- bilité du sulfate d'argent, une partie de l'argent a disparu, en sorte qu'on tombe, tout au début d'une exploitation filonienne, non sür une partie excep- tionnellement riche comme pour l'or, mais sur une partie plutôt légèrement appauvrie qui, il est vrai, compense cet appauvrissement par des facilités de traitement toutes spéciales. Cette zone d’affleurement desfilons d'argent com- prend des chlorures et bromures d’argent, ayec un peu d'argent natif, les autres métaux, tels que le fer, le manganèse, etc., qui pouvaient exister à l'état de sulfures en profondeur ayant passé à l’état oxydé, le sulfure de plomb lui-même étant par- tiellement à l’état carbonaté. Au-dessous de cet affleurement, on trouve, sur une hauteur qui peut varier de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres, suivant le relief du Lerrain, jusqu'au niveau hydrostatique qui marque la séparation entre la zone où les eaux superficielles circulent dans le sol et, par suite, renouvellent leur oxygène et celle où ces eaux sont à l'état sta- tionnaire, une forme de gisements d'argent allérés qui, par un phénomène cette fois comparable à ce que nous avons vu pour l'or, est exceptionnelle- ment riche. Là une grande partie des sulfures de fer, cuivre, zinc, elc., ayant été dissous, la teneur en argent du minerai s'est trouvée augmentée en même temps qu'une certaine proportion d'argent enlevée à la su- perficieetentrainée par leseaux descendantes venait encore l’accroître ; en outre, les combinaisons com- plexes où l’argent était engagé en profondeur se sont trouvés simplifiées; souvent une partie de l’antimoine et de l’arsenic a disparu; bref, l'argent a passé à l’état de sulfures tel que l'argyrose, de sulfo-antimoniures, tels que lesargents rougeset les argents noirs, et se présente sous des formes excep- tionnellement riches et facilement amalgamables. Au-dessous du niveau hydrostatique, tout cela change et l'on n'a plus que des minerais maigres à sulfures complexes: en sorte que, là encore, comme pour l'or, le début des exploitations donne souvent des résultats qu'on ne retrouve plus ensuite et qu'un certain épuisement se fait sentir après qu'on a traversé la zone riche, appelée au Mexique la zone de la bonanza. 11 y a toutefois, avec l'or, même en se bornant aux filons, cette différence capitale que la chute est infiniment moins brusque et moins complète : cer- taines mines d'argent, comme celle de Kongsberg, notamment, gardent même jusqu’à 600 et 700 mè- tres leurs minéraux d'argent (argent nalif et argent sulfuré) semblables à ceux de la superficie ; puis, la période de la bonanza manque complètement dans une très nombreuse catégorie de gites, tels que ceux de galène argentifère où, par suite, aucun appauvrissement ne se fait parfois sentir; en outre, les combinaisons de minerais rencontrées en profondeur sont, à de rares exceplions près, trai- tables assez aisément par des procédes métallur- giques déjà connus et expérimentés. Il en résulte que la production d’argent ne subit pas, lors de la découverte d’une région argentifère nouvelle, ces brusques à-coups qui sont si sensibles pour l'or; on peut donc infinimert plus compter sur l'avenir des gisements jusqu’à de grandes profon- deurs. La preuve bien simple en est que, tandis que l’or a depuis longtemps, sauf en Hongrie, dis- paru d'Europe, l'argent continue à y ètre exploité fructueusement dans nombre de mines, et le serait immédiatement en proportion beaucoup plus forte s'il se produisait le moindre relèvement de son prix. Il existe des mines, telles que celles de Bohême ou de Saxe, où les exploitalions se pour- suivent paisiblement depuis quatre ou cinq siècles, parfois jusqu'à plus de 1.000 mètres de profondeur, et où, jusqu'à ces profondeurs extrêmes, on a trouvé des parties riches alternant irrégulièrement avec des parties pauvres, comme au débutdes exploita- tions. L'époque où les mines d'argent du monde seront épuisées est donc tellement lointaine qu'il est toul à fait inutile d'y songer et il est bien certain que le dernier filon aurifère aura été abandonné depuis longtemps alors qu'on extraira encore des quantités considérables d’argent. Les graphiques ci-joints (fig. 4, 2 et 3) et le lLa- bleau IT indiquent : la production de l'or et de l'ar- gent en millions de kilogrammes (fig. 1); les prix annuels moyens de l'or et de l'argent en francs ‘ D 1. La valeur normale d’un kilogramme d’or fin est de 3431 fr. et celle d’un kilogramme d'argent de 218 fr. 89 (le prix de 218,89 est le prix ofliciel, loi du 6 juin 1803, alors que le prix réel, déduction faite des frais de monnayage, est de 920 fr. 55 ou, sans ces frais, de 222,22). le ES FA È ñ ie] ie syzt= ê è o ss e & dt ï è 3 È ê TES : E] RES #6gr Su > zégr ÊÈ 2 06gT È a È= 887 TS F ogg SÈ ragr ZE C &= 7RT &S a 0ggr TÈ gigr È glgr LE ] Tir : S ENT #égr 5 1 are zlgr Re CCR 1 olgr SR : Se Ï | g99T TS Ti] 13 [1 11998 Se i F 1#98T = il | | tr] Î [7987 | 2 Hal 099T 1È i gSgr | 7 — n 969 LE Ï EX l #59 SÈ mor SA C8 2 min] 27 | S È 9997 ©? T + 9Y8t 2 2 Ft #rar © = Lielele LE Je ET ce pme LUE RS 5 DS es EC VA d'u é + ANT POP UT TOREEE à TR aan JS gé L. DE LAUNAY — L'AVENIR GÉOLOGIQUE DE L'OR ET DE L'ARGENT (fig. 2); les rapports des prix et des productions comme le montrent le graphique de la figure 2 et poids des deux métaux précieux (fig. 3). =“ el le tableau IT. L'une des raisons en est que l’on a 2500 2000 2500 2000 - EEE T te Lou Î HE [I FRERE : Fi Il a! | GE Heneer TI [ En Je 2 5ool 1 T1 +++ NE Ti 00 C 3 g SET l EEE Li UE J N + © QD © 49 S À À À NN + À À © N + SUR EE MERS AUS SAS ER SN SO PT SP SET EPS EEE S à À RS NS NS SDS RSS OS PAS nee LS ANNE © LR NORER ES SE DROLE Fig. 3. — Rapports des prix et des productions (en poids) de l’or et de l’argent. Cette pléthore future qu'on doit prévoir pour mis en pratique de nouveaux procédés métallurgi- l'argent relativement à l'or vient déjà de s’annoncer ques, au moyen desquels toute une catégorie de Tableau II EEEZEZEZEZ————aEaELELEaLaLaLaLpLuLuau oR ARGENT | — —— ANNÉES Production Pri Production | p. ESPEORE RADAR annuelle LS annuelle SRE DER DES 1.000 kilogs | francs | 1.600 kilogs | francs | PRODUCTIONS PRIX 2 Em RSS LEE EE RSS EME CCE Ge NUS ENCRES 0 RNSENEEERE DSREEESE D 18 #1 à 1859 55 3437 130 218.89 14.19 15.73 1851 198 886 221.31 4.41 15.56 1856 206 905 223.69 4.39 15:39 1861 198 1,101 223.12 5.56 15.47 1866 192 1.339 221.16 6.97 15.53 171 1.969 211.31 44001 15.84 172 2.450 193.20 14.24 17.36 161 2.593 190.43 16.10 18.12 Hscc oo Et 20 MORE OO A 0 155 2.169 189.67 17.86 18.11 135 2.896 185.17 19.97 18.61 146 2.957 175.22 20.25 19.67 163 2.994 178.42 18.36 19.31 160 2 901 166.50 18.30 20.70 159 2.990 164.14 18.80 21,00 166 3.885 157.51 23.40 21.89 186 3.139 156.22 20.10 22.07 179 3.922 174.55 21.91 19.79 197 4.266 466.09 21.62 20.75 een = note aietainitereie Ie aie me a iele 9/0 3 sente ue ete ee LS 220 4.751 145.70 21.62 23.67 Le e = Lo] 129.72 21.41 26.59 depuis vingt ans, par une surproduction telle que | minerais abandonnés jusqu’à ces derniers temps le prix du métal blanc a baissé de près de moitié, | ont pu être traités, et le prix de revient du métal REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, 8* 370 s'est abaissé par là de telle sorte qu'il est encore resté sensiblement au-dessous du prix de vente. Mais on peut se demander si ce prix de vente tellement abaissé ne va pas se relever, et c’est ce que quelques personnes ont cru pouvoir affirmer en remarquant qu'il était arrivé à être bien voisin du prix de revient, estimé au minimum, il y a quelques années, à 80 francs le kilo (25 pence 1/2 l’once). A coup sûr, le prix de revient évalué lui-même, non pas par rapport à l'or, qui n’est qu'un instrument d'échange, mais par rapport aux principales substances indis- pensables à la vie, est une limite minima que le prix de vente ne peut franchir; mais il nous semble qu’en supposant le prix de revient inca- pable de varier lui-même, on est dupe d’une illu- sion; car il suffit qu'un procédé de traitement nouveau intervienne pour que ce prix diminue. En ce moment, les dernières nouvelles qui nous parviennent de l’Ouest américain nous apprennent que les mineurs d'argent, après avoir été un moment découragés par la baisse du métal blanc, ont installé en grand de nouveaux appareils per- mettant de traiter les minerais de seconde classe jusque-là délaissés, notamment par la concentra- tion aux rue vanners et le combination process, ou par les procédés de lexiviation, et que la produc- tion d'argent, un instant décrue aux États-Unis dans les deux dernières années, va très probable- ment remonter au moins à son chiffre antérieur. Au Mexique, on s’habitue de plus en plus à uli- liser les minerais maigres, dont une grande par- tie passe la frontière, à la faveur de tarifs doua- niers bien compris, pour aller se faire traiter par mélange avec d'autres minerais aux États-Unis. Si, en outre, une légère hausse de l'argent vient à se manifester, comme c’est possible, soit par suite des grands arrivages d’or actuels, soit en conséquence des mesures légales prises aux États- Unis, la production de l’argent augmentera faci- lement encore dans des proportions considérables, et il en résultera fatalement, au bout d’un temps plus ou moins long, une baisse nouvelle de ce mélal, qui pourra, il est vrai, être retardée de quelques années, mais qui n'en finira pas moins, croyons-nous, par se produire un jour avec une force irrésistible. \ Ce sont les conséquences économiques de cette prévision que nous voudrions maintenant exa- miner ; el, pour cela, il nous faut sortir du do- maine géologique pour étudier, si sommairement que ce soit, la contre-parlie de la production des deux métaux, c'est-à-dire leur consommation et notamment leur emploi monétaire. L. DE LAUNAY — L'AVENIR GÉOLOGIQUE DE L'OR ET DE L'ARGENT La consommation des métaux précieux se divise en deux parties : l’une qui, bien que destinée surtout au luxe, est naturelle et nécessaire, c’est leur utilisation dans la bijouterie, l’orfèvrerie, ete., et jusqu'à un certain point, dans les monnaies; l’autre, tout artificielle et dépendant de la vo- lonté du législateur, correspond aux détermina- tions légales prises dans le choix de l’étalon moné- taire, dans les achats opérés par l'État, ete. Logiquement ce devraient être la première et ses rapports avec la production qui régleraient la seconde ; mais c'est trop souvent l'inverse qui se produit. La consommation industrielle de l'or et de l’ar- gent est beaucoup plus considérable qu’on ne le croit, et présente cette particularité qu'elle n’est pas influencée, autant que celle d’autres substances plus nécessaires, par les variations de prix du métal. Son évaluation est assez difficile. Cepen- dant quelques chiffres, que nous emprunterons à M. Suess, permettent de s’en faire une idée. Aux États-Unis, en 1890, d’après la Direction des Monnaies, 23.000 kilos d’or environ ont passé dans l’industrie. À Birmingham, la consommalion industrielle a pu être évaluée à 11.300 kilos ; en Suisse, à 9.800 kilos d’or fin, dont 7/9 pour l'hor- logerie et 2/9 pour la bijouterie ; en Allemagne, à 15.500 kilos. Si l’on tient compte de tous les autres pays ; si l’on réfléchit, en outre, que l'or étant au pair, les orfèvres se contentent souvent de fondre de la monnaie d’or, qui échappe ainsi à toute statistique, on voit que, sur 186.000 kilos d’or produits en 1890, 90.000 au moins ont passé dans l'industrie de l'Europe et des États-Unis. La consommalion de l'Inde sous forme de bijoux arrive, en outre, à un chiffre qu’on peut apprécier -en addilionnant les importations et la produclion du pays, chiffre d'environ 35.000 kilos, — ce qui, avec 90,000, donne 125.000. En ajoutant à cela les pertes par l'usure, les sinistres, etc., on arrive à s'expliquer ce fait, en apparence paradoxal et néanmoins bien conslaté, que le stock monélaire du monde civilisé, malgré les 27 ou 28 milliards d’or qui sont sortis de terre depuis 1848, soit à peine aujourd'hui d'une vingtaine de milliards en or. Pour l'argent, la consommation industrielle est également grande, mais reste, au contraire, très en dessous de la production. Nous avons classé, en partie, l'emploi monétaire des mélaux précieux parmi les emplois qui sont. l'effet d’une loi naturelle. Cela demande une expli- cation : car il est évident qu'à priori on aurait pu choisir comme monnaie, c'est-à-dire comme ins- trument d'échange, loute autre substance que les métaux précieux, ou bien encore l’un d'eux exclu- re L. DE LAUNAY — L'AVENIR GÉOLOGIQUE DE L'OR ET DE L'ARGENT 3 —] = sivement au détriment de l’autre. Mais, pour être adoptée en des pays éloignés par des inconnus, il fallait que cette monnaie eût une valeur propre bien déterminée et constante, qu’elle fût inalté- rable, toujours identique à elle-même et facile- ment divisible : ce qui a immédiatement restreint le choix à quelques métaux, parmi lesquels l'or et l'argent, entre lesquels s’est divisée, à peu près par parties égales, la faveur de l'humanité. En restant toujours sur le domaine des néces- silés naturelles et sans empiéter encore sur le rôle de la loi dans cette question, on voit également qu'un seul métal peut difficilement suffire pour tous les usages qu'on réclame d’une monnaie : il y a,eneflet, des limites maxima et minima de poids et de dimensions qui règlent très étroitement l'emploi pratique des monnaies ; il nous suffira de remarquer combien la pièce de 5 francs d'argent alteint déjà la taille extrème au delà de laquelle une pièce serait tout à fait incommode à manœuvrer el, d'autre part, la pièce de 5 francs en or était à la fois trop légère et trop petite. Il en résulte que, dans l'usage courant, chaque métal a son æppli- cation bien distincte ; il faut un métal inférieur, cuivre ou nickel, pour l’appoint; puis de l’argent pour les très pelites sommes, les achats cou- rants, etc.; de l’or pour les valeurs comprises entre 5 et 100 francs et, au delà, la monnaie de crédit, sous forme de billets de banque, chèques ou virements. C’est ainsi, toutes les enquêtes mo- nétaires failes en France l'ont bien montré, que se répartissent les choses en pratique, et, dès que les paiements deviennent un peu forts, l’usage de plus en plus général est de les opérer en papier ou par écritures commerciales. La conséquence, c’est que, même pour l'emploi monétaire, il ne dépend pas autant qu'on le croit de la volonté du législateur de substituer l'or à l'argent ou l'argent à l'or et, d'autre part, qu'en raison de l'emploi déjà très généralisé du papier pour les fortes sommes, la quantité de numéraire nécessaire, en laissant de côté les règlements internationaux, tend à être beaucoup moins forte qu’on ne le croit souvent et surtout n’est nullement propor- tionnelle à l’activité commerciale d’un pays. Il y a, d'ailleurs, un élément sur lequel M. des Essarts a appelé l'attention, et qui importe autant que la quantité de numéraire : c’est sa vitesse de circulation ; il est certain qu'une pièce de monnaie changeant trois fois de mains dans un temps donné produit autant d'effet utile que trois pièces se déplaçant une seule fois. En résumé, l'or et l'argent ont, aussi bien dans leur rôle monétaire que dans la consommation industrielle, des emplois de premier ordre et abso- lument distincts, où il ne dépend de la volonté de personne de les substituer l’un à l’autre, et la con- séquence logique et fatale, c’est que ces métaux précieux sont, au même titre que deux substances quelconques, réglés par la loi générale de l'offre et de la demande, sans qu'il soit aucunement pos- sible d'empêcher l'augmentalion de prix de celle qui sera la plus recherchée où une diminution de celle qui sera produite en quantité surabondante, VI C'esl en face de cet élal de choses que les Congrès des Bimétallistes viennent proposer aux grands Etats d'établir artificiellement un équilibre entre les deux mélaux en se faisant, eux, consommateurs du surplus de production qui entrainerait une baisse de l’un d’eux et en relevant par leurs achats le prix de cette marchandise dépréciée; suivant eux, il n’y aurait là aucun risque à courir, car des oscillations en sens inverse seraient appelées à se produire entre les deux mélaux sans jamais s’é- carter beaucoup dans un sens ou dans l’autre d'un rapport fixe, en sorle que l'Etat, jouant simple- ment le rôle de régulateur ou de volant, achèterait alternativement de l'or et de l'argent et se trou- verait finalement dans la même situation qu'au début. Par là, disent-ils, on remédierait au manque de numéraire, qui serait, à leur avis, la cause pre- mière de la crise industrielle et commerciale par laquelle passe le monde entier; en outre, les agri- culteurs de France et d'Allemagne trouveraient, dans un relèvement du métal blanc, un remède à la prime d'exportation que touchent actuellement les agriculteurs concurrents de la République Ar- gentine, de l'Inde ou d’autres pays à étalon d'argent, le blé ou la viande produits dans ces pays étant payés en argent ayant conservé toule sa valeur d'achat, tandis qu’exporté en or il esi soldé en or échangeable contre une quantité d'argent à peu près double. La solution bimétalliste serail donc une entente entre tous les grands Etats ayant pour effet de régler d’une façon définitive le rapport de l'or et de l'argent. 11 n’est pas besoin de montrer — on l’a fait assez de fois — combien est illogique et irrationnelle l’idée de fixer légalement le rapport entre deux mar- chandises, alors que le législateur est incapable d'agir ni sur leur production, ni sur la majeure partie de leur consommation, qui sont les véritables éléments déterminants du prix. Mais peu importe à des esprits hantés de ces idées socialistes qui tantôt prennent l'étiquette du protectionnisme, el tantôt celle du bimétallisme; suivant eux, il suffit, pour arrêter une marée montante, de placer en face des vagues un bout de muraille avec une pan- carte portant : « De par la loi el la volonté de l'Etat sacro-saint, défense à la mer de monter. » Nous ne 372 ar cn L. DE LAUNAY — L'AVENIR GÉOLOGIQUE DE L'OR ET DE L'ARGENT nous arrêterons done pas au côté théorique de la question, etnous essaierons seulement de faire voir que pratiquement leur solution esl aussi irréali- sable que dangereuse pour notre pays. Irréalisable, elle l’est assurément; car, en sup- posant même conclue par impossible celte espèce d'association dont ne veut aujourd’hui à peu près aucune des parties appelées à être contractantes, nous croyons avoir assez montré que cela n'empé- cherait pas les oscillations dans le cours des deux métaux et surtout la baisse future à prévoir pour l'argent; il en résulterait, dès lors, que chacune des parties, dans l'attente d’une rupture toujours pos- sible de l'acte international, chercherait à accumu- ler la majeure partie du métal le plus cher, c'est- à-dire presque toujours de l'or, et que la lutte pour l'or, au lieu de s’atténuer, deviendrait de plus en plus aiguë. Quant au danger que présenterait la solution pour la France aussi bien que pour l'Angleterre, il est, ce nous semble, encore plus évident. Ces deux pays sont, en effet, créditeurs du monde entier; leur balance commerciale, toujours défavorable, n’est compensée que par les intérêts des emprunts contractés vis-à-vis d'eux par le reste du monde; on peut les comparer à des rentiers qui vivent, non seulement de leur travail acluel, mais aussi du produit du travail ancien de leurs ancêtres. Or, le jour où lous les pays étrangers, qui ont des mil- lions à nous payer par an, pourraient le faire à leur choix en argent ou en or, ils le feraient assuré- ment en argent dont la valeur réelle ne pourrait manquer de rester inférieure à la valeur nominale, et, très rapidement, le stock d’or, qui fait la situa- tion de ces deux grands pays si forte, serait drainé et remplacé par du métal déprécié. Ce n'est pas une légère augmentation dans la valeur de notre stock d'argent, déjà beaucoup trop grand, qui compenserait cette perte. Ces inconvénients sont tellement manifestes que le retour au bimétal- lisme, préconisé comme une panacée universelle, nous parail singulièrement peu probable. Les in- convénients contraires, auxquels on croirait remé- dier par là, sont, d’ailleurs, ou très exagérés ou dus à de tout autres causes. En premier lieu, est-il vrai que la disette du numéraire et la rareté de l'or, qui tend à devenir en Europe l’étalon unique, soient les vraies causes de la crise industrielle actuelle? Comme nous le remarquions plus haut, la quantité de numéraire n'est nullement proportionnelle à l’activité com- merciale, el l'Angleterre, qui en a beaucoup moins que nous, fait pourtant beaucoup plus d’affaires: il suflil que ce numéraire circule plus vite et sur- tout qu'on y supplée par le crédit, par les vire- ments, les chèques, les billets, ete., comme on tend à le faire de plus en plus dans les pays civi- lisés. Sans doute, un certain nombre de pays dans l'Europe méridionale sont actuellement très gênés par le manque de métaux; mais leur malaise, comme celui du monde entier, lient à des causes beaucoup plus complexes et, en particulier, croyons-nous, à l'état d'insécurité profonde où nous vivons par suite de l’ingérence abusive des doctrines socialistes. Quant à l'appui que le bimétallisme apporterait à nos agriculteurs, outre que ce serait une appli- calion nouvelle de la méthode trop généralement usilée qui consisle à venir au secours de quelques producteurs bien visibles et réclamant fort au dé- triment de l’universalité des consommateurs, nous croyons que, si on laissait la maladie suivre son cours normal, elle trouverait son remède en elle- même. On se fonde, en effet, sur ce que, dans les pays à monnaie dépréciée qui sont nos concur- rents, cette dépréciation constitue une prime pour l'industrie locale,pourlesexportateurs du pays,ete., et il est certain qu’un phénomène de ce genre commence par se produire; mais, à moins que ce pays n'ait contracté aucune dette à l'Étranger el ait, en outre, une balance commerciale favorable, ce qui est un cas tout à fait hypothétique, il arrive bientôt que la nécessité de faire à l'Étranger les règlements en or constitue une gêne destinée à s'accroilre de jour en jour et pouvant même amener une banqueroute analogue à celle de la Grèce ou du Portugal, qui alors paralyse singuliè- rement l'essor de l’industrie nationale. En outre, si, au début, la monnaie dépréciée conserve à peu près dans le pays son ancien pouvoir d'achat pour les substances diverses et pour la main-d'œuvre, cet état de choses ne dure généralement pas bien longtemps; peu à peu, les prix de ces substances s'élèvent à leur tour, finissent par atteindre l’équi- libre primitif et souvent même le dépassent, sur- tout si le change vient à s'améliorer légèrement; alors les exportateurs, au lieu de toucher une prime, ont une perte à subir. VI Le danger le plus réel de la situation actuelle, c’est que l’on peut arriver à manquer de monnaie d'or, et, pour y remédier, on a pu, avec quelque raison, préconiser le monométallisme argent. En se fondant sur cette disette de l’or altendue, les Bimélallistes disent que, seule, la somme des deux métaux, or et argent, peut suffire à nos besoins. Mais ce danger même ne nous parait pas telle- ment grave et surtout imminent ; en effet, pour le moment du moins, la production d’or paraît desli- née à augmenter très sensiblement ; quant à sa consommalion, les Etats-Unis, qui auraient pu de- L. DE LAUNAY — L'AVENIR GÉOLOGIQUE DE L'OR ET DE L'ARGENT 373 —————_———————— —……——…—…—…—…………………_……’“__““—…—êaêapapapapaEaEaE venir des concurrents redoutables sur le marché ! le prix de toutes les autres substances payables en de l'or, s'ils l'avaient adopté comme étalon unique, paraissent disposés, tout au contraire, à pousser jusqu’au bout leur périlleuse expérience en adop-- tant, pour le plus grand plaisir des silvermen, la frappe libre de l'argent ; enfin, les quantités consi- dérables de métaux précieux qui, depuis des siè- cles, ont été s’accumuler en Asie, ne sont peut-être pas destinées à y rester indéfiniment immobilisées à l'état de trésors et de bijoux. L’humanité tout entière a connu jadis cet état de crainte et de suspicion réciproque où chacun cherche à rassembler sa richesse sous la forme la plus réduite, la plus palpable et la plus facilement dis- simulable, c'est-à-dire à l’état de lingots d'or et de bijoux; puis la possession de la terre, qui est encore une chose matérielle et tangible, a sem- blé assurée assez complètement par les lois et les contrats pour qu'on adoptät une forme plus pro- ductive de fortune : les placements territoriaux ; enfin, l'usage des valeurs mobilières, d’abord redouté, s'est répandu de plus en plus en raison de ses commodités spéciales pour les échanges, les partages, les transmissions, de son revenu plus considérable au moins au début, etc. ; nous avons vu, rien que dans le dernier demi-siècle, ce goût des valeurs mobilières se répandre en France, jusque dans les couches les plus profondes de la population, avec une intensité qui n’est pas sans danger. Semblable évolution peut fort bien finir par se produire en Asie, et la victoire actuelle du Japon sur la Chine qui va, sans doute, provoquer en Chine un mouvement dans le sens européen, ne sera peut-être pas sans y contribuer. Ce jour-là, une grande quantité d'or et d'argent viendrait aussitôt alimenter notre consommation. Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, nous avouonsne pas comprendre le grand danger qu'il y aurait, sauf une période de crise passagère, à ce que la valeur de l’or augmentàäl peu à peu, commeelle nous parait, en effet, appelée à le faire un jour fatalement; et le mal serait assurément beaucoup plus grand si, au lieu de laisser les choses suivre leur cours nor- mal, on essayait d'arrêterle flot par une digue qui, brusquement, céderait en produisant des désas- tres. Quelles peuvent être, en effet, les conséquences d’une raréfaction de l’or? Supposons que la valeur de l'or vienne à doubler, ce qui revient à dire que or diminuerait de moitié, comme le rapport des prix de ces substances entre elles n’en serait pas modifié, on ne s’en apercevrait qu'à une chose : c'est que le pouvoir d'achat de l’or anciennement accumulé se trouverait deux fois plus grand. C’est là le fait dont il faut envisager les conséquences pratiques et sociales. Pratiquement, on dit : La monnaie d’or manque- rait; mais, si la pièce de 10 franes valait demain 20 francs, il en faudrait nécessairement deux fois moins pour un paiement égal, et c’est à cela que la chose reviendrait. Si l'on voulait, en raison de ses commodités pratiques, garder à la pièce de 20 francs ses dimensions en même temps que sa valeur ancienne, il suflirait d'y introduire moitié de cuivre : ayant moitié moins d’or à un prix double, on aurait une monnaie identique. Quant aux conséquences sociales, elles se résu- ment en ceci que la puissance du capital se trou- verait augmentée par rapport à celle du travail ; mais Lant de causes morales et légales influent en sens contraire qu'elles contrebalanceraient sans doute, et au delà, cet inconvénient. Déjà le Laux de l'intérêt est si réduit, la difficulté de placer son argent avec sécurité est telle qu'à la vieille écono- mie française se substitue peu à peu, au grand détri- ment de la fortune publique qui est, au fond, la somme de celle des particuliers, l'habitude de mangerson revenu jusqu'au bout,souvent même le capital avec le revenu, de placer en viager, etc. Le jour où ces habiludes seraient généralisées, le conflit actuel entre le capital et le travail se résoudrait de lui-même parla destruction du capital. En tout cas, il ne faut pas oublier — et c’est, croyons-nous, le point essentiel à considérer pour nous, Français, dans la solution à adopter — que, parmi ces rentiers et ces capitalistes si décriés, notre pays lui-même tient la première place, en ce sens qu’il possède aujourd'hui une très forte partie de l'or du monde entier. Il est donc de notre intérêt général de voir ce stock d’oraugmenterde valeur; l'échanger contre de l'argent destiné à se dépré- cier de jour en jour serait une folie si insigne que l'intérêt mal entendu d’un groupe quelconque d'individus ne pourra certainement pas décider à l’'accomplir. L. De Launay, Professeur à l'École Supérieure des Mines, 374 CH.-ED. GUILLAUME — L'EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE L'EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE SÉANCES DE PAQUES, 16 ET 17 AVRIL 4895 L'exposition de la Société de Physique a été, celle année, exceptionnellement brillante, et d’un caractère particulièrement artistique. En lui don- nant ce dernier qualificalif, nous ne pensons pas seulement aux magnifiques photographies, qui ne seraient déplacées dans aucune exposition d’art décoratif; nous voulons parler de l’ensemble, fort bien ordonné, de beaux el bons appareils que nous avons pu admirer dans ces deux soirées. Chaque science ne peut pas revendiquer annuel- lement une grande découverte. La chimie absorbe en ce moment l'attention, depuis que lord Rayleigh el le Professeur Ramsay ont ouvert un sillon nou- veau et qui s'annonce d’une inépuisable richesse ; ne nous montrons pas jaloux : notre tour viendra une autre année. L'exposition révèle une grande somme d’efforts couronnés d’un légitime succès. Dans les années de recueillement, l'outillage se perfectionne; il sera prêt lorsqu'on en aura besoin. C’est encore la Photographie qui, cette année, s'est montrée la great attraction. Depuis l'an der- nier, les progrès ont été importants, et nous allons tâcher de les résumer. Un signe de la grande extension que prend cet art, mis hier seulement à la portée du simple amateur, c'est la fascination qu'il exerce sur les constructeurs ; il en est peu qui ne lui aient sacrifié peu ou prou et plusieurs sont allés au-devant du succès. La maison Carpentier, qui avaitouvertla marche, n’est pas restée slalionnaire. L’excellente jumelle qu'elle a lancée il y a trois ou quatre ans a fait ses preuves, el est devenue partie intégrante de l'outillage du voyageur. De nouveaux modèles ont élé créés, avec un plus grand champ ou un foyer plus long, afin de remédier au plus gros défaut de ce genre d'appareils : la pelitesse des épreuves. Mais celle pelilesse cesse d’être un défaut lorsqu'il s'y ajoute l'extrême finesse permettant un fort agrandissemen! : ainsi, lesclichés pris par M.J. Val- lot, du sommet du Mont-Blanc, tout auprès de son observatoire, donnent une idée bien nelle de l’admirable panorama que l’on contemple de ces hauteurs. Il est difficile d'obtenir, sans le secours du stéréoscope, un relief plus accentué. C'est dans la même voie des appareils à répéti- tion que se sont engagées les maisons Duboscq, Échassoux et Richard. Nos lecteurs connaissent, par la description qui en a été faite dans cette Revue! l'appareil réversible de ce dernier conslruc- teur, qui donne des effets d’une frappante réalité. La loi des contrastes nous amène aux admirables résullats obtenus, à l'Observatoire de Paris, par MM. Loewy el Puiseux, qui ont dépassé, du pre- mier coup, tout ce qui avait été fait jusqu'ici comme photographies lunaires. La faible durée de la pose, la stabilité de l’appareil et sa grande dis- tance focale (18 mètres) sont autant d'éléments de leur succès. Les clichés, très nets, permettent un agrandissement considérable. Dans les derniers, le disque entier de notre satellilte serait repré- senté par un cercle de 4 mètres de diamètre, Les agrandissements sur papier gélaliné ob- tenus par MM. Auguste et Louis Lumière, les coryphées de l'industrie photographique, ont beaucoup attiré l'attention; il s’agit d'épreuves instantanées (rès rapides, du format 13 >< 48, agrandies jusqu’à 2 mètres dans leur plus grande dimension, el ayant conservé, dans cette lransfor- malion, une grande nelteté. Leur cinématographe (appareils chronophotographiques de M. Marey el de M. Demeny, kinétographe d'Édison)leur a permis d'obtenir la reproduction, par projection sur un écran, de scènes animées. Le stéréoscope, auquel la photographie a donné une grande importance, a subi, dans ces dernières années, quelques perfectionnements représentés, dans l'exposition par le stéréochromoscope de Fig. 4. — Sléréoscope de précision de M. L. Cazes. M. Léon Vidal, construit par M. Nachet, et le sté- réoscope de précision, de M. L. Cazes, réalisé par M. Pellin. Dans le premier de ces instruments, on 1 J, Ricmarp : La perspective photographique et la per- spective oculaire (le Vérascope). Revue gén. des Sciences, t. Ne pages 649 à 654, 189%. Te CH.-ED. GUILLAUME — L’'EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE 379 a... ———————————]— |" —]]] "| | place trois photographies d’un même objet, vues au travers d'écrans qui leur communiquent les trois couleurs fondamentales. Deux de ces épreuves sont vues à l’aide de l’œil gauche, et sont des épreuves gauches; la troisième se présente devant l'œil droit. En combinant convenablement les par- lies claires et sombres des clichés, on favorise plus ou moins les trois couleurs, et on obtient, en même temps que le relief stéréoscopique, la colo- ralion exacte de toutes les parties de l’objet. L'instrument de M. Cazes, décrit dans un opuscule auquel nous empruntons la figure 1, consiste en deux miroirs M et M', montés sur deux tringles A et B à angle droit, et qui renvoient sur deux petits miroirs #% et »', que nous nommerons miroirs oculaires, les images gauche et droile placées devant eux. Le tout est monté sur un pied CG à douille D. La mobilité des quatre miroirs sur leurs supports permet de chercher la position qui donne les meilleurs résultats, el d'étudier les variations de l'impression d'ensemble qui accom- pagnent leurs déplacements. L'emploi de déux miroirs pour chaque œil éleud indéfiniment les limites de dimension des épreuves utilisables. Signalons enfin les photographies de l’arc élec- trique obtenues par M. Violle. Si nous les mettons à part, c'est parce qu'elles sont, croyons-nous, une première réalisation d’un plan de travail con- sistant à faire, à l’aide de la photographie, la pho- tométrie de l’arc électrique. Cette tentative répond à une préoccupation actuelle, celle d'ouvrir à la photographie une place plus large dans la Photo- mélrie, à laquelle les récents travaux de M. Picke- ring ont apporté une importante contribution. 2 Il La Photographie ne pouvait être mise ailleurs qu’en têle de cet article. La classification logique en a souffert, mais nous allons en reprendre le fil. La Cinématique et la Mécanique appliquée nous ont offert plus d'un dispositif intéressant. Les mécanismes articulés de M. Delaunay, pro- fesseur à l’Université de Saint-Pélersbourg, nous montrent la continuation de l’œuvre du grand ma- thématicien Tchébichef. Le duplicateur, appareil qui transforme un mouvement de rotation en un autre de vitesse angulaire #oyenne double, le trans- metteur pantographique, l'hyperbolographe sont d'une grande ingéniosité, et pourraient (les deux premiers surtout) rendre de réels services dans la construction des machines. Nous voudrions nous étendre plus longuement sur deux mécanismes très simples, l’un qui remplacerait peut-être avec avantage le parallélogramme de Watt, l’autre, que son inventeur appelle ellipsographe, et qui, en réa- _lilé, résout automatiquement le problème plus général de la projection orthogonale. Ces deux mécanismes sont représentés dans les figures 2 et 3. Dans le premier{fig.2), le point A est fixe, ainsi que le point E; le triangle CDE est assujetti à se dé- tie [NX (SN | < { N à | NS | ÈS | N | Ne N N © | Es D C! 4l \ & | sb: | ; A Fig. 2. — Schéma d'un mécanisme articulé de M. Delaunay, susceplible de remplacer le parallélogramme de Watt. placer de telle sorte que les points Cet D tournent respectivement autour des points À et B. Dans ces conditions, le point E décrit une courbe de sixième ordre, dont une portion assez longue est pratiquement confondue avec une droite. M. Delau- nay a modifié ce disposilif en enchaïnant quatre triangles en un circuit fermé; le sommet libre de chacun d’eux décrit une portion de droite, corres- pondant à un même mouvement du point moteur. Les tringles AB, BC de la figure 3 sont assujet- _E NC \ Q— QUE = . A\ j (GC D*X de IN CL É Code B Fig. 3. — Schéma de l’ellipsographe de M. Delaunay. lies à la condition que les points A et C parcourent deux segments de droites situées dans le prolon- gement l’un de l’autre. Ces tringles en entraînent d’autres, DE et EF, qui forment un losange avec les premières. On voit immédiatement que tous les mouvements de gauche à droite effectués par le point B seront imités par le point E. Les mouve- 376 CH.-ED. GUILLAUME — L'EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE ments de haut en bas seront réduits dans une pro- portion qui dépend de la position des points D et F sur les premières tringles. Si l’on assujettit le point B à se mouvoir autour d’un point fixe G, on réalise l’ellipsographe. C'est encore un problème du même ordre qu'a abordé M. Amet dans sa réglette, construite par MM. Benoist et Berthiot, el qui sert à donner une valeur approchée des foyers des lentilles dont la courbure est connue. Il suffit, pour cela, de placer un curseur sur un point | d’une échelle divisée indi- quant le rayon d'une des LA faces, d'amener un autre | curseur en contact avec le | À premier, etde tendre un fil | entre l'extrémité du pre- mier et un point du se- cond marquant le rayon de la seconde face. Le fil coupe, sur une division, l'indication de la distance Z \ focale pour une valeur dé- terminée de l'indice. La maison Digeon a ex- posé plusieurs appareils intéressants : un sphéromè- | tre, complétant un appareil de M. U. Le Verrier, et des- | | {iné à déterminer les varia- | | tions de .dimension des sphères soumises à une pression préalable; un sclé- | romètre, du système Mah- ler-Digeon, consistant, en | une molette que l’on pres- | | | | | | | 144474 se, avec une force mesura- ble, contre la matière dont on veut déterminer la du- reté: en donnant un mou- vement à la molette, on cherche la pression né- cessaire pour marquer une trace visible; enfin, un ap- pareil destiné à l'essai des papiers à la traction et à la flexion, dans lequel la bande de papier à es- sayer, Fig. 4. — Pince de l'appa- reil pour l'essai des pa- piers. — d, noyau ser- rant automatiquement la bande de papier contre les joues de la pince. maintenue par la pince à noyau repré- sentée ici (fig. 4),est soumise à des efforts allant en augmentant d'une manière continue,et donnés par un poids agissant sur une came à bras de levier variable. Au moment de la rupture, le système est maintenu en place par un système de cliquets. Il faut nous limiter, et nous ne pouvons malheu- reusement que mentionner en passant le loch élec- trique à hélice système Baule, le gyroscope de M. l’a- miral Fleuriais, la règle typographique et la boussole directrice de M. le capitaine Delcroix, construits par M. Demichel; le vélomètre de M. le capitaine de Place et quelques autres appareils des maisons Noé, Gautier, Berlemont, Pillon et Velter; nous espérons pouvoir y revenir à une autre occasion. Nous ne voudrions toutefois pas quitter ce sujet sans nommer le bélier hydraulique de M. Decœur, construit par MM. Rouart frères, et permettant d'élever l’eau à une grande hauteur en se servant d'une faible chute. Les perfectionnements apportés à ce vieil appareil sont de nature à lui donner un regain de jeunesse. Le bélier en lui-même est fort instructif, parce qu'il nous donne une image du principe très général dont celui de Carnot est le cas particulier le plus important, et qui consisteen ce que l'on peut augmenter le potentiel en consen- tant à une perte compensatrice. III Nous ne quittons qu'à moilié la Géométrie et la Mécanique en disant quelques mots des mesures de précision. Les ingénieux appareils installés à l'Observa- toire de Paris par M. Maurice Hamy, et les travaux préliminaires de M. Macé de Lépinay, dans le but de déterminer de nouveau la masse spécifique de l’eau, rentrent dans cette catégorie. M. Hamy s’est proposé de mesurer les défauts des tourillons d'une lunette. Dans ce but, il place, sur le cylindre à étudier, une petite fourche qui remplace ici le support du tourillon : cette fourche fait partie d'un équipage monté pour la mesure des déplacements par la méthode de M. Fizeau qui, depuis trente ans qu'elle a été imaginée par l'il- lustre doyen des physiciens français, a déjà rendu lant de services divers. M. Macé de Lépinay a entrepris une nouvelle détermination de la masse du décimètre cube d’eau. Ce travail comprend deux opérations con- sistant dans la mesure d'un corps de forme géo- métrique simple et sa pesée dans l'air et dans l'eau. Le corps choisi est un cube de quartz, dont l'étude détaillée a été entreprise par un procédé optique. Les courbes d’égale épaisseur ont été déterminées, et il ne reste plus, pour connaitre exactement son volume, qu'à mesurer l'épais- seur sur quelques points des bords par le procédé des franges de Talbot, que M. Macé de Lépinay a élaboré. Ce procédé ne permet d'atteindre les der- nières limites de la précision compatible avec les données du problème que si l'on connaît, avec une grande exactitude, la valeur de la longueur d’onde de la lumière employée. Les mesures faites par M. A. Michelson sur les raies du cadmium, me- sures exécutées au Bureau international des Poids n __et Mesures, fournissent les données nécessaires au calcul de ces expériences. Les recherches de l'éminent professeur de Chicago augmentent ainsi - considérablement la valeur des mesures par les ._ procédés interférentiels. IV Passons maintenant en revue quelques appa- _ reils de laboratoire. Le thermomètre à réservoir + enplatine, combiné par M. Marchis et exéculé par - M. Hémot, se distingue par l’invariabilité de son échelle et la rapidité de ses indications; mais il . présente peut-être quelques inconvénients qui se révéleront à l'usage; ils ont élé discutés dans une séance de la Société, et nous n'y reviendrons pas ici, nous réservant de reprendre la question lorsque la pratique de cet instrument aura fixé sa valeur. Il y a, dans sa construction, plus d'une - difficulté vaincue, qui témoigne de l’habileté du constructeur. C’est dans la même voie, de la soudure du verre sur le platine, et même sur le cuivre (cette derrière par l'intermédiaire d'un émail) que M. Chabaud nous a montré les nouveautés les plus intéressantes de sa construction: il est parvenu à résoudre ce problème réputé presque désespéré, de souder di- rectement au verre dur, des tubes de platine dont le diamètre atteint 2 centimètres. Les plus pe- tits tubes ont été soumis à une pression de plu- sieurs centaines d’atmosphères, et se sont déchirés, mais sans se détacher du verre. Les nouveaux procédés étudiés par M. Chabaud lui ont permis de construire un calorimètre de Bunsen, entièrement soudé, et dont le tube ré- cepteur est en platine. Ce détail, qui, à première vue, peut paraître insignifiant, n’en est pas moins d'une grande importance, puisqu'il permellra d'employer, sans précautions spéciales, le calo- rimètre de Bunsen à l'étude des chaleurs spéci- fiques pour de grands intervalles de température, et même des chaleurs de combustion. La soupape de sûreté pour trompe à eau, construite par M. Chabaud, ainsi que celle de M. Berlemont, rendront des services aux physiciens distraits. Les nouveaux thermomètres à petit réservoir, qu'expose M. Chabaud, sont les plus rapides que nous ayons vus jusqu'ici; ils rendront, croyons- nous, des services partout où l'on voudra mesurer des variations très rapides de la température, sans abandonner l'instrument idéalement simple, le thermomètre à mercure, qui, il faut le dire, est resté bien loin en arrière, au point de vue de la faible masse durécepteur, des appareils électriques, bolomètres et radiomèlres divers. Les mesures en ballon, l'étude des variations de la température REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 18905. CH.-ED. GUILLAUME — L'EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE 311 de l'air dans certains cas, par exemple durant le foehn, tireront un grand profit de ces thermo- mètres minuscules. Les tubes qui ont servi à M. Villars pour l'étude des gaz très purs, étude dans laquelle il a obtenu des résultats remarquables, le calorimètre de M.Junkers, construit par MM. Ducretet et Lejeune, le chalumeau pour lumière oxyéthérique de M. Mol- téni, utilisant l'oxygène et la vapeur d’éther pour la chauffe d’un morceau de craie, complètent la série des appareils divers, à l'usage des labora- toires, qui ont vu le jour pendant l’année écoulée. y L'Électricité fait encore très bonne figure à l'ex- position, bien que les beaux temps des inventions retentissantes s’éloignent déjà de nous. La Société Cance, avec ses lampes à arc de faible consomma- tion, la maison Bisson et Bergès, qui exploite les brevets Brianne, et la Société de l'Éclairage holo- phane, rivalisent par les flots de lumière dont elles égaient l'exposition. L’avènement de la lampe à arc de 2 ampères, construite à la fois par les deux premières maisons que nous avons cilées, marque un progrès dans l'éclairage par l'arc, qui était ré- servé jusqu'ici aux cas où l’on pouvait s’en tirer par un petit nombre de foyers puissants. Les globes mignons exposés par M. Cance diffusent parfaite- ment la lumière de l’are en un disque de 3 ou 4 centimètres de diamètre. Nous ne pouvons quilter l'arc électrique sans rappeler les importantes applications auxquelles il a donné lieu dans ces dernières années : les pro- cédés Cailletet, le procédé Cowles pour la prépa- ration de l'aluminium, et, d’une manière générale, toute la métallurgie de cet élément, enfin, la pré- paration en grand de certains mélaux, tels que le chrome et le titane, que l’on n'avait possédés jus- qu'ici qu'en très petites quantités, marquent une étape dans la chimie minérale. Les tra vaux les plus importants dans cette voie sont dus à M. Joly et, plus encore, à M. Moissan. L'éminent chimiste avait exposé divers échantillons de ces métaux, que l’on peut qualifier de nouveaux au point de vue de leur utilisation dans l’industrie. Une autre application de la chaleur de l’arc a été faite au graphitage des charbons. On sait que toutes les variétés de charbon, le diamant lui-même, soumis à la température très élevée qui s'établit entre les électrodes d'un four électrique, se transforment en graphite. Ce principe a été utilisé par MM. Gi- rard et Street pour donner aux crayons de char- bon une plus grande conductibilité. Cette propriété devient précieuse dans l’électrolvse à l’aide d'’élec- trodes en charbon, en usage dans l’industrie. Les appareils de mesures ont subi quelques per- g** 378 CH.-ED. GUILLAUME — L'EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE fectionnements. L'électromètre absolu de MM. Abra- ham et Lemoine, construit par M. Carpentier, et le galvanomètre de M. P. Weiss rendront des ser- vices dans les laboratoires. Dans ce dernier instru- ment, l'équipage aslalique consiste en deux ai- guilles verticales parallèles, formant un circuil magnétique presque fermé, et possédant un mo- ment d'inertie très faible, comparé à leur moment magnétique. Le galvanomètre très sensible a pris une importance considérable depuis l'extension des travaux au bolomètre, et c'est à ce genre de recherches, si magistralement développées par le Professeur Langley, que l’on doit les derniers per- fectionnements de cet instrument. Le dispositif de M. Weiss permettra, sans doute, de pousser plus loin la précision de ces mesures. Le compteur de quantité d'électricité, construit par MM. Ducretet et Lejeune, d'après les plans de M. E. Grassot, utilise de la façon la plus heureuse, l'idée, déjà ancienne, d'employer l’électrolyse à cette mesure. Un fil d'argent, vertical, plonge dans un creuset du même métal, rempli d’une solution de nitrate d'argent. Il est en dérivation sur le cir- cuit principal, et le courant qui le traverse l'use peu à peu par le bas. Il descend dans le creuset, en entrainant, à l’aide d’une crémaillère, une roue actionnant un mécanisme d’horlogerie; la trans- formation est, on le voit, d’une simplicité idéale. Le magnétomètre de M. Hospitalier, et l'appareil de M. Pellat pour la mesure des pouvoirs induc- teurs spécifiques, construits par la même maison, répondent chacun à un problème important de Physique pratique. Ces appareils seront présentés, sans doute, à la Société de Physique, dans le cou- rant de l'été, et nous préférons laisser à l'excellent chroniqueur de la Revue, le soin de les décrire en détail, avec la compétence que chacun luireconnail. Nos lecteurs connaissent les ingénieux procédés par lesquels M. Janet détermine les constantes des courants interrompus ou alternatifs, à l’aide de la méthode électrochimique. Les recherches déjà cé- lèbres de M. d’Arsonval sur les effets physiolo- giques des courants de haute fréquence, ont êlé aussi exposés très en détail dans cette Revue. Ces derniers travaux ont donné à plusieurs construc- teurs, — MM. Ducretet et Lejeune, M. Figueras, M. Gaiffe, — l'occasion de combiner d'intéressants dispositifs. Les appareils de ce dernier construc- teur se distinguent par leur forme compacte el leurs dimensions peu encombrantes. Dans le même ordre d'idées, l'ozonateur statique de M. Bonelti répond à une préoccupation actuelle : celle d'employer l'oxygène, ainsi transformé par l’effluve, au traitement des affections des organes respiratoires. | * Les phénomènes complexes, dont les lignes télé- graphiques sous-marines sont le siège, peuvent dificilement être étudiés sur ces lignes elles- mêmes, qui sont employées jour et nuit à partir de l'instant où elles sont posées; mais on peut les remplacer par des lignes artificielles ayant même résistance et même capacité. C’est dans un but d'études de cette nalure, que la Direction générale des Postes et Télégraphes a fait construire un mo- dèle du càble Marseille-Alger. L’exécution en est fort élégante, et la mise hors cireuil des résistances et des capacités se fail avec la plus grande facilité, et sans erreurs possibles. Les càbles souterrains à circulation d'air sec sont, croyons-nous, une nouveaulé. Le toron de fils isolés est enveloppé par un tube, dans lequel on fait passer un courant d'air chaque fois que le besoin s'en fait sentir, c'est-à-dire lorsque l’isole- ment tombe au-dessous d’une certaine valeur, On enlève ainsi l'humidité, et on arrive à décupler l'isolement. Ce système, inventé par M. Barbarat, et les actinomètres et relais de MM. Maréchal et Rigollot ont été adoptés par l'Administration des Télégraphes. L'actinomètre électro-chimique est fondé sur un phénomène découvert par Becquerel, et dont MM. Gouy et Rigollot ont trouvé la forme la plus sensible. Une plaque de cuivre oxydée, plongée dans une solution de chlorure, bromure ou iodure métallique, se charge d'électricité sous l'action de la lumière, el fait naître un courant dans un circuit fermé sur une autre plaque plongée dans la même solution. Cette transformation de l'énergie rayon- nante en énergie électrique, peut servir de mesure à la première, depuis que les détails du phénomène ont été étudiés par MM. Maréchal et Rigollot. Parmi les applications diverses de l'électricité, signalons encore les belles reproductions galvano- plastiques de M. Ch. Rivaud, et les clichés en nickel d’une grande durelé, obtenus par M. Boudréaux. VI L'Optique est toujours représentée par de très beaux appareils qui ont valu aux maisons Duboscq et Pellin leur réputation universelle. Le stéréos- cope médical du D' Parinaud, le miroir à foyer va- riable de M. Piltchikoff, l'hématospectroscope, ap- pareil imaginé par le D° Maurice de Thierry pour déceler des traces infimes d’hémoglobine dans une solution, le spectrophotomètre de M. Melander, enfin le focomètre de M. G. Weiss sont les princi- pales nouveautés exposées par cette dernière mai- son. On voit figurer pour la première fois, à l’ex- position, les glaces platinées transparentes, cons- truites par le procédé Dodé, modifié par MM. Pil- lon et Veller. Le spectre artificiel, ou, plus exac- tement, la toupie pour l'obtention du spectre par + H L È £ - $ 14 4 : | ù e CH.-ED. GUILLAUME — L'EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE une illusion d'optique, a été introduit en France _ par la maison Ducretet. Cette curieuse expérience, de M. Ch.-E. Benham, a donné lieu, en Angleterre, à une discussion qui n'est pas encore close; en réalité, on n’est pas fixé sur cette genèse des cou- leurs par la rotation d’un disque blanc et noir, et il se pourrait bien que la théorie en dût être cher- chée dans les phénomènes oscillatoires découverts par Young et décrits plus récemment par M. Aug. Charpentier et M. Shelford Bidwell. La mesure de l'intensité lumineuse des sources doit à M. Blondel de sérieux progrès. Nous avions déjà vu son photomètre exécuté en commun avec le D° Broca. Son lumen-mètre (fig. 5 et 6), construit par la maison Sautter Harlé, est la réalisation de Fig. 5. — Vue générale du lumen-mètre de M. Blondel. la méthode des écrans diffuseurs qu’il a préconisée. La source L que l’on veut étudier, est placée au centre d’une sphère opaque SS(fig. 6) qui n’en laisse échapper que deux fuseaux de lumière //f" limités à deuxplans diamétraux verticaux. Les flux lumineux sont réfléchis par deux zones Z et Z' d’un miroir en forme d’ellipsoïde de révolution, dont les foyers sont respectivement le centre de la sphère SS, et un point situé à 3 mètres de distance; on place à ce second foyer l'écran diffuseur, qui tient lieu alors de source éclairante. L’angle du fuseau est de 18, et, dans le cas tout à fait général, il faut dix mesures pour étudier complètement la source; mais, lorsque celle ci est de révolution autour d’un axe vertical, on peutse contenter de deux mesures 379 la tache, donne immédiatement une valeur pro- portionnelle à l'intensité moyenne sphérique. VII Il nous reste à dé- crire quelques appa- reils et deux ou trois expériences qui ont échappé à notre clas- sification. Mention- nons la sirène à mo- teur indépendant, : He Fig. 6. — Représentation sché- imaginee par M. Pel- malique du lumen-mèlre de __ M. Blondel. — L, source lumi- lat, et que nos lec neuse. — SS, sphère opaque ne laissant passer que deux fais- ceaux de lumière ff. —Z Z, miroir ellipsoidal. teurs connaissent par la présenlalion qui en a élé faite dans une séance de la Société ; l'audiomètre de M. Ch. Henry, construit par M. Radiguet, et des- tiné, à déterminer l’acuité de l'oreille. Les vibra- tions émanées de la source sonore sont con- duites aux deux oreilles simultanément par des tuyaux portant des diaphragmes iris, montés de telle sorte qu'ils ne puissent pas recevoir d’ébran- lement par l'intermédiaire des parties métalliques de l'appareil. La surface libre du diaphragme se substitue ainsi à la source, et l’énergie perçue par l'oreille est proportionnelle à cette surface. Sur les confins de l'Optique et de l'Électricité se trouvent un grand nombre de phénomènes décou- verts récemment, et qui attirent de plus en plus l'attention des philosophes. Le mystère qui enve- loppe encore les rayons cathodiques, malgré les splendides expériences de M. Lenard, celles de M. Goldstein, de MM. Wiedemann et Ebert, les mesures de M. J.-J. Thomson, ne semble pas près d’être dévoilé. Aucune expérience ne parait par- faitement décisive pour choisir entre les diverses théories émises en vue d'expliquer ce singulier phé- nomène. M. de Kowalski a apporté à la discussion un élément nouveau, en montrant que ces rayons se forment non seulement sur la cathode, mais en- core en tout point du tube qui présente un élar- gissement brusque sur le parcours du flux allant de la cathode à l’anode. L'expérience, montée par les soins de M. P. Curie, est parfaitement nette. Le phénomène électro-statique de Kerr, à l'étude duquel M. J. Lemoine a apporté quelques contri- butions, a été présenté à la Société par ce dernier. Il consiste dans la double réfraction que subit la lumière dans un milieu transparent tel que le sul- fure de carbone, placé dans un champ électrique. Les phénomènes, découverts par Ira Remsen, sur la stabilité plus ou moins grande des sels de fer suivant l'intensité du champ magnétique au- à angle droit. La mesure photométrique, faite sur ! quel ils sont soumis, a fourni à M. Hurmuzescu 380 F, TISSERAND — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE l’occasion d’un curieux travail sur la force électro- motrice d'aimantation, c’est-à-dire la différence de potentiel qui se manifeste entre deux lames plongées dans la même solution el diversement aimantées : c’est un des plus curieux cas de réver- sibilité qu'il soit possible d'observer. Enfin, la purification extrême à laquelle M. Bi- det a soumis certains composés organiques l’a conduit à trouver que la coloration, prise par ces derniers sous l’action de la lumière, est due le plus souvent aux traces d'impuretés qu'ils contiennent. Quelles sont ces impuretés, en quantité infime, et qui, cependant, caractérisent souvent une subs- tance? On ne saurait le dire encore, mais, en rap- prochant ce fait, suivant l'exemple de M. Curie, de la conductibilité de certains corps due tout en- tière à une cause du même ordre, on trouve, dans cette analogie, une confirmation frappante des vues de Maxwell. Le pouvoir absorbant pour les radiations, qui produit à la longue la coloration, est connexe de la conductibilité. Si l’on envisage ces curieux phénomènes à un autre point de vue, on est surpris de voir le rôle très important que jouent, dans les phénomènes les plus ordinaires, les causes qui sembleraient, au premier abord, n'avoir aucune action. Les recherches de la nature de celles qu'a exécutées M. Bidet sont pénibles, et demandent, en même temps que des soins minutieux, une très grande persévérance. Ces recherches valent-elles les peines qu'elles coûtent? Le spectateur, étranger aux luttes pour la recherche de la vérilé, eût pu émettre un doute à ce sujet il ya quelques mois à peine ; la découverte de j’Argon, qui a dû le jour à un long travail de patience el de mesures précises, est le meil- leur argument en faveur de semblables recher- - ches. Ch.-Ed. Guillaume, Docteur ès Sciences, Physicien au Bureau international des Poids et Mesures. REVUE ANNUELLE D’ASTRONOMIE L'Astronomie a fait des progrès importants dans l'année qui vient de s’écouler; pour les retracer tous, il faudrait plus d'espace que je n’en dispose, et je devrai me borner aux faits les plus saillants. ÏJ. — DÉCOUVERTES DE COMÈTES En 1894, on a découvert trois comètes nouvelles, et retrouvé deux comètles périodiques. 41.— Comète de Denning.— Cet astre, très faible, a été découvert le 26 mars par M. Denning. Avec un intervalle d'observations de quatre jours seule- ment, M. Schulhof a calculé une orbite parabo- lique, el trouvé, entre ses éléments et ceux de deux anciennes comètes, une ressemblance qui lui a permis d'annoncer que la nouvelle comète était probablement périodique. L'événement a justifié celle prévision : au bout de dix jours, l'orbite parabolique était notoirement insuflisante. Une or- bite elliptique, calculée à l’aide d’un mois d’obser- valions, assigne à la comète une durée de révolu- tion d'environ sept ans. M. Hind et M. Lamp pensent que ce serait la comète de Brorsen, qui n'a pas été revue depuis 1879. Il est probable que, si les deux astres ne sont pas identiques, ce sont du moins deux fragments d’une même comète. 9. — Comète de Gale. — Découverte le 1% avril à Sydney par un astronome amateur, avec un téles- ; cope de trois pouces d'ouverture, elle est devenue visible à l'œil nu pendant quelques jours. Une photographie prise à l'Observatoire de Paris par MM. Henry révèle la présence d’une queue assez longue. Avec une pose de deux heures, M. Bar- nard a obtenu une belle épreuve qui montre l’a- vantage de la photographie pour l'étude des dé- lails des queues de comètes. 3. — Comète de Tempel (1873 IT). — Cette comète a été retrouvée par M. Finlay au Cap de Bonne- Espérance, presque exactement (à moins de 3° de distance) à la position calculée par M. Schulhof, ce qui est un beau résullat, quand on songe que la comète n’avait pas été revue depuis 1878; le moment du passage au périhélie avait élé prédit par M. Schulhof à quelques heures près. 4. — Comète d'Encke. — Cette comète célèbre, qui est la seule à témoigner de la résistance d’un milieu interplanétaire, a été retrouvée simullané- ment le 31 octobre, par M. Perrotin à Nice et par M. Wolf à Heidelberg. Elle à fait pendant vingt ans l'objet des profondes recherches de M. Back- lund. Malheureusement, cet astronome a renoncé à poursuivre ces études absorbantes. Le monde savant regrette sa déterminalion, tout en la com- prenant, car M. Backlund vient d’être appelé à la direction du bel Observatoire de Poulkovo, où il continuera à rendre de grands services à la science. 5. — Comète de E. Swift. — Gelte comète, d’un éclat très faible, a été découverte le 20 novembre - dernier en Californie par M. E. Swift, qui se pré- pare, comme on voit, à suivre dignement les traces de son père. A la simple lecture de la dé- pêche faisant connaître la découverte, M. Schulhof, constatant le sens direct du mouvement de l'astre et sa faible vitesse, eut le pressentiment que la comète devait être périodique. M. Perrotin a bien oulu nous envoyer télégraphiquement deux ob- -servalions faites à Nice les 22 et 29 novembre; en -y joignant une observation obtenue à Paris par M. Bigourdan, M. Schulhof put calculer une orbite parabolique qui mit en évidence une très grande ressemblance de la nouvelle comète avec une co- - mète découverte à Rome en 1844 par de Vico, qui avait été cherchée à plusieurs reprises, mais sans - succès, et que l’on considérait comme perdue. - L'identité des deux astres a été confirmée par les observations et les calculs ultérieurs. . A la fin du siècle dernier, on disait de Messier - que c'était un véritable furet pourla découverte des - comèles. On en pourrait dire autant de M. Schul- hof, à cause de son flair particulier pour pres- sentir leur périodicité, d'après certains indices qui échapperaient à des calculateurs très habiles. Cette découverte de la comète de de Vico est un événement astronomique important, et il est bon d'y insister. La comète était très belle en 1844, ar on put mème l’apercevoir à l'œil nu durant quelques jours. M. Faye avait calculé à cette époque une orbite parabolique reposant sur un intervalle de cing jours d'observation seulement. Quelques jours après, la comète se refusait nette- ment à suivre la parabole. M. Faye détermina une orbite elliptique et annonça que la comète devait revenir tous les cinq ans et demi. Elle a manqué sept fois au rendez-vous, et s’est décidée à y pa- raitre la huilième fois; c'est un beau succès pour la science, et, en particulier, pour le doyen res- pecté des astronomes français qui, dans sa verte vieillesse, voit confirmer brillamment les calculs qu'il faisait il y a un demi-siècle. On peut trouver surprenant que la comète ait échappé si longtemps aux recherches, car elle n’a pas cessé d'occuper les positions qui lui avaient été assignées. Mais il faut remarquer que, si on a revue en 1894, c'est qu'on disposait d’un ins- ment puissant, ce qui n'avait pas eu lieu dans es retours antérieurs. On en doit conclure seule- ment que la comète, qui était très brillante en 84%, a perdu depuis presque tout son éclat; elle est contentée d’un beau moment dans son exis- ence. Ce fait parait devoir se généraliser. C’est dinsi que La comète Holmes de 1892, qui a été très lumineuse pendant quelques jours, est devenue bientôt invisible dans les plus fortes lunettes, F. TISSERAND — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE 381 sans que, pour cela, son éloignement de la Terre et du Soleil ait varié beaucoup. Il semble donc qu'à certaines époques, sous l'influence de causes encore inconnues, sans doute de crises intérieures, les comètes se présentent sous un éclat excep- tionnel qu'elles sont impuissantes à maintenir, et retombent ensuite dans une extrême faiblesse. Il. — DÉCOUVERTES DE PETITES PLANÈTES Ces découvertes en 1894 ont été au nombre de 23, dont 11 faites à Nice, 6 à Heidelberg, 2 à Bor- deaux, 1 à Paris et 4 à Marseille. On en avail compté 31 en 1892 et 40 en 1893. A la fin de 1894, le nombre des petites planètes était juste de 400. Du 2% mars au 1° décembre, on n’en a trouvé au- cune, et cependant de nombreux clichés photogra- phiques ont été obtenus et examinés, notamment à Nice. Bien que les mois d'été soient moins favo- rables aux découvertes, parce que les nuits sont plus courtes, et que la région moyenne dans la- quelle se meuvent les petites planètes est moins élevée sur l'horizon dans nos latitudes, on peut en conclure que le nombre des astres qui restent à découvrir, du moins ceux qui sont assez bril- lants, décroit très sensiblement. Parmi les planètes de 1894, il s’en trouve une, BE, qui a excité un vif intérêt : la rapidité de son mouvement dans le sens perpendiculaire à l'équa- teur céleste avait fait penser que son orbite devait être fortement inclinée sur l'écliptique, au moinsau- tant que celle de Pallas. Cette induction n’a pasété confirméeentièrement:l’inclinaison, quiestnotable, avait été exagérée parce que la planète était rela- tivement très voisine de la Terre, presque autant que Mars dans son plus grand rapprochement. C'est, de toutes les petites planètes connues actuel- lement, celle qui passe le plus près de la Terre, et elle est appelée à fournir une détermination très précise de la distance qui nous sépare du Soleil. Les découvertes de ces dernières années ont beaucoup étendu les dimensions de l'anneau des petites planètes, du côté de Marset de celui de Ju- piter. On sait que, dans l'intervalle de ces limites extrèmes, la distribution des astéroïdes est loin d’être régulière. On avait signalé depuis longtemps des zones dépourvues de petites planètes, consti- tuant de véritables lacunes dans l’ensemble. Un assez grand nombre de ces lacunes ont été com- blées par les découvertes récentes, et ne doivent être regardées désormais que comme des régions de pauvreté relative: il n’en reste plus que deux principales, qui correspondent à des mouvements angulaires deux fois ou trois fois plus rapides que celui de Jupiter. Nous sommes heureux de signaler à ce sujet les recherches de M. le général Parmen- tier, qui tient une comptabilité scrupuleuse des 382 astéroïdes suivant leurs distances au Soleil, et ins- crit chaque nouveau venu à sa place, heureux de voir respectées les deux zones encore vierges. M. O. Callandreau a fait des éludes théoriques sur les lacunes en question. Il serait lrès intéressant de connaître exacte- ment les diamètres des petites planètes: on y arriverait en mesurant les angles sous lesquels on les voit de la Terre. Mais ces angles sont malheu- reusement bien petits, et disparaissent dans les diamètres factices que les meilleures lunettes don- nent à tous les astres indistinctement. C'est tout juste si l’on peut résoudre le problème pour les quatre anciennes petites planèles, qui sont cer- tainement les plus grosses. On avail cru jusqu'ici que Vesta, qui se présente avec le plus grand éclat, et peut même devenir visible à l'œil nu dans des conditions favorables, avait aussi le plus fort diamètre, M. Barnard, utilisant la puissante lunette de l'Observatoire Lick, a montré que le plus gros des astéroïdes est Cérès, dont le diamètre de 850 kilomètres est à peu près le È de celui de la Terre ; viennent ensuite Pallas et Vesta, avec des diamètres de 500 et de 400 kilomètres. Ses obser- valions ne laissent aucun doute sur l’ordre de grandeur de Cérès et de Vesta: car la première planète se présentait sous un angle deux fois plus grand que la seconde, el cependant elle était plus éloignée de la Terre au moment des observations. Il faut en conclure que Vesta réfléchit beaucoup mieux que Gérès la lumière du Soleil. Ilsemble qu'on ne fasse pasune hypothèse tropin- vraisemblable en fixant à130 kilomètres le diamètre moyen des astéroïdes, jusqu'à la douzième gran- deur; c’est à fort peu près le _ du diamètre de la Terre. En supposant que les densités soient les mêmes, on voit que la masse de chacun de ces petits astres ne serait que la millionième partie de celle de la Terre. M. Perrotin a d’ailleurs conjec- turé d'une facon plausible que leur nombre ne serait guère que de 700 ou 800. Soyons plus large, et mettons en 1000. L'ensemble ne fera que la mil- lième partie de la masse de la Terre; c’est bien peu de chose dans l’ensemble du système planétaire. III, — RECHERCHES DE MÉCANIQUE CÉLESTE Planèles. — Nous avons cette année à signaler quantité de résullats inporlants. On sait que Le Verrier a consacré de longues années à calculer les positions des planètes, en prenant pour base la loi de Newlon, et à confronter le résullat de ses calculs avec l'observation. Il à trouvé un accord satisfaisant pour toutes les planètes, sauf deux. Mereure a présenté une petite anomalie qui a conduit Le Verrier à admettre l'existence d'une ou de plusieurs planètes intra-mercurielles ; F. TISSERAND — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE mais Saturne a montré des irrégularités bien nettes, quoique faibles, dont la cause était en- core ignorée. Cette difficulté a été éclaircie par M. Gaillot, chef du Bureau des Calculs à lOb- servatoire de Paris; par une longue collaboration avec Le Verrier, il était, mieux que personne, à mème de discerner les points où les calculs de l’illustre astronome demandaient à être com- plélés. Il a reconnu quelques oublis, très excusables dans d'aussi longs calculs, et, en les réparant, il a eu la satisfaction de voir que Saturne rentrait dans l'ordre, et obéissait exactement à la loi de Newton. C'est un beau travail, qui assure à M. Gaillot la. reconnaissance des astronomes. À M. Newcomb, astronome américain, placé à la tête de la science, à entrepris de reprendre les « théories de Mercure, Vénus, la Terre et Mars, en tenant compte de toutes les observations laissées de côté par Le Verrier, ou faites après lui, et en … introduisant des données uniformes quimanquaient » à son illustre prédécesseur, On jugera de l'étendue * du travail en considérant que M. Newcomb n'a pas … discuté moins de 62.000 observations. Cette discussion l’a conduit à des conclusions importantes : en premier lieu, l'excès du mouve-…, ment du périhélie de Mercure, mis en évidence par = Le Verrier, a élé pleinement confirmé et même un peu augmenté. Mais, en outre, de légères ano- | malies ont été constatées dans le mouvement de Vénus. M. Newcomb pense que l'on pourrait les expliquer en admettant un anneau de petites pla-" nètes, non plus entre le Soleil et Mercure, mais entre Mercure et Vénus. Il reconnait, loutefois, que cette hypothèse soulève une difficulté sérieuse, car il n’est guère admissible que ces petites pla- nètes aient échappé jusqu'ici à l’attention des ob= servateurs. M. Newcomb a proposé une autre so=, lution, qui consiste à modifier très légèrement lan, loi de Newton; les astronomes ne s’y résignerontw pas sans peine; ils attendront encore des lumières. nouvelles des observations et des spéculations {héoriques ultérieures avant de formuler un juge- ment définitif. Plus que jamais les observations de précision conservent leur importance pour con= trôler sans cesse la solution approchée des pertur- bations planétaires, dont on doit se contenter en l'absence d’une solution mathématique rigoureuse reconnue impossible. Satellites. — Les mouvements des planètes n’ont pas été seuls l'objet de recherches théoriques im= portantes; les études failes sur les satellites ont présenté aussi de l'intérêt. Ainsi, la discussion de l'ensemble des mesures faites sur les satellites de Mars a mis en évidence un mouvement de rotation de leurs orbites, qui est causé par l'attraction du - renflement équatorial de la planète, et conduira à la détermination de l’aplatissement de Mars, élé- ment dont la faiblesse a échappé jusqu'ici aux mesures directes. Le même effet se produit pour . le cinquième satellite de Jupiter; il n’était pas dou- > teux à l'avance. Seulement, l'orbite est presque exactement cireulaire ; néanmoins, les observations ont révélé la trace de la rotation qui avait été pré- dite. Enfin, le satellite de Neptune continue à mani- fester des dérangements dont la cause était restée - énigmatique, et que nous avons attribués à l’action du renflement équatorial de la planète. On peut . même se faire une idée de la grandeur de l’apla- tissement de Neptune, que les plus puissantes lu- - nettes ne mettront sans doute jamais en évidence, tant le disque de la planète nous parait pelit. Comètes. — « Le ciel, disait Képler, est plein de comètes, comme la mer de poissons. » S'il en est ainsi, la pêche de 5 comètes en 1894 n'a guère été fructueuse; mais il faut remarquer que nous ne voyons qu'une faible partie des comètes, celles qui viennent à passer assez près du Soleil pour réfléchir une lumière suffisamment intense, per- mettant de les apercevoir. - Quelle est l’origine des comètes? C’est une ques- - tion qui a été très controversée parmi les aslro- 3 nomes, les uns pensant qu’elles décrivent aulour du Soleil des ellipses dont l’extrémité la plus éloi- gnée est beaucoup plus voisine de nous que les “étoiles; les autres les regardant volontiers comme -venant des régions stellaires. Cette dernière opi- nion soulève une difficulté insurmontable : à cause “du mouvement rapide du système solaire, une comète qui y pénètre, à moins d’avoir exactement la même vitesse en grandeur eten direction, devrait décrire généralement une hyperbole bien caracté- risée, el non pas une parabole ou une ellipse. Or, on n’observe pour ainsi dire pas de comètes hy- perboliques; il y en a bien quelques-unes, en très etit nombre, et encore, pour l’une d'elles, une comète de 1886, M. Thraen a reconnu que c’étaient es perturbations des planètes qui l'avaient rendue yperbolique : auparavant, elle était parabolique. lest donc nécessaire d'admettre que les comètes ue nous chbservons font partie intégrante du sys- ème planélaire. M. Fabry, astronome de Marseille, a exposé dans une thèse importante, les raisons qui militent en faveur de cette manière de voir. IV. — PHOTOGRAPHIE ASTRONOMIQUE … Carte photographique du Ciel. — L'entreprise in- ernationale de la Carte photographique du Ciel «Se poursuit dans des conditions satisfaisantes. On “sait que le travail a été réparti entre dix-huit “observatoires situés dans les deux hémisphères. F. TISSERAND — REVUE ANNUELLE D’ASTRONOMIE 383 Dans l'Amérique du Sud, les événements poli- tiques ont causé un retard qui n’est que mo- mentané, nous en sommes convaincu. L’entre- prise comprend deux parties distinctes : d’abord un calalogue de toutes les éloiles jusqu'à la onzième grandeur inclusivement, qui renfermera les positions précises d'environ deux millions d’é- toiles. On peut dire que, quand il sera terminé, ce sera une œuvre grandiose, à laquelle demeu- rera attaché le nom de l'amiral Mouchez. Chaque observatoire devait obtenir de 1.000 à 1,500 clichés photographiques. Dans trois de ces établisse- ments, cette partie du travail est aujourd’hui ter- minée; dans d’autres, elle est faite aux deux tiers ou à la moitié. Il y avait lieu de se demander si, dans ces conditions, il n'était pas opportun de réunir à Paris un Congrès pour préparer la publi- calion définitive. Cette proposition, formulée par M. Gill, le savant directeur de l'Observatoire du Cap de Bonne-Espérance, va être soumise aux membres du Comité international, el si, comme il y a lieu de s’y attendre, les réponses sont favora- bles, le quatrième Congrès astro-photographique se réunira au mois de mai 1896. La seconde partie du travail comprend l'exéeu- tion de la carte proprement dite, contenant toutes les étoiles jusqu'à la quatorzième grandeur inclusi- vement; on estime qu'il y en aura environ 30 mil- lions. Cette partie est moins avancée que le Catalo- gue, parce que les 1.000 ou 4.500 clichés attribués à chaque observatoire doivent être faits avec des poses d’une heure, tandis que cinq minutes suffi- sent pour les clichés du Catalogue. L'intervention du Congrès serait encore ici très utile. Un crédit annuel vient d’être voté pour per- mettre aux observatoires d’Alger, Bordeaux, Pa- ris et Toulouse, de publier la région de la carte qui les concerne. Photographies lunaires de MM. Lœwy et Puiseux. — MM. Lœwy et Puiseux ont fait à l'Observatoire, avec le grand équatorial coudé, de belles photo- graphies de la Lune. Les images directes sont les plus grandes que l’on ait obtenues jusqu'ici ; elles ont 018 de diamètre, En les agrandissant ensuite vingt-cinq fois avec une source de lumière artifi- cielle, on obtient une image de la Lune de 4"30 de diamètre, sur laquelle on distingue une quan- lité de détails, jusqu’à la dimension de 1 à 2 ki- lomètres !. Il convient de rappeler les belles épreuves obtenues antérieurement par MM. Henry. Il est curieux de mettre en regard une série de 0 1 À une récente réunion de la Société Astronomique de France, un certain nombre de ces clichés ont été mis par projection sous les yeux du public par M. Puiseux, qui a fait sur la géographie lunaire une conférence très intéressante, 384 dessins de la Lune faits sous la direction de Do- minique Cassini vers 1671 ; le rapprochement est instructif et fait saisir tous les progrès réalisés. V. — ATMOSPHÈRE DE MARS C'est une question intéressante au plus haut | degré de savoir si cette planète a une atmosphère, si cetle atmosphère est composée des mêmes gaz que la nôtre, et si, en particulier, elle contient de la vapeur d’eau, car on sait quel rôle impor- tant joue cet élément à la surface de la Terre. Cette question doit être abordée par le spectros- cope; mais elle est très diflicile à résoudre, car tout porle à penser que l’atmosphère de Mars doit être très peu dense; de plus, les rayons lumi- neux qui nous viennent de la planète n’ont tra- versé qu'une faible épaisseur de son atmosphère, et ne peuvent rapporter que des traces légères du séjour qu'ils y ont fait. Le spectroscope ne donne que la somme des effets produits par l'atmosphère de la Terre et par celle de Mars. Le premier de ces effets est d’ail- leurs beaucoup plus intense que le second; il est donc très diflicile de les séparer et de les compter chacun à sa juste valeur. M. Janssen a pensé que le meilleur procédé consistait à faire les observa- üons dans une station élevée et par une tempéra- ture très basse, car on diminuerait ainsi beaucoup l'intensité du spectre tellurique, sans toucher au spectre de Mars. Il a réalisé ces conditions sur l’Etna en 1867, pendant des nuits très froides, de sorte que les rayons réfléchis par la planète Mars n'avaient à traverser que des parties très rares de notre atmosphère, et presque entièrement dé- pouillées de vapeur d’eau. M. Huggins et M. Vogel ont suivi une méthode différente, en comparant à plusieurs reprises, et quand ces astres avaient la même hauteur, le spectre de Mars et celui de la Lune ; ce que le premier avait en plus devait être attribué à l'atmosphère de Mars. Toutes ces obser- vations ont montré que Mars possède une atmos- phère de constitution semblable à la nôtre. M. et M°° Huggins ont cru apercevoir une bande qui n'a pas sa correspondante dans le spectre tellurique et indiquerait la présence d'un gaz différent de ceux de notre atmosphère. Cependant, un astronome américain très connu, M. Campbell, a Cru pouvoir affirmer que le spectroscope n'in- dique pas la présence d'une atmosphère. Cette contradiction tient sans doute à ce que l'effet qu'il s'agit de constater est très faible, et que la moindre différence dans les instr uments emplovés suflilt à le masquer. Les fails constatés par MM. Janssen, Huggins et Vogel ne paraissent pas pouvoir être mis en doute. Ajoutons que les obser- vateurs, qui se sont voués à l'étude de Mars, ont F. TISSERAND — REVUE ANNUELLE D’ASTRONOMIE - que, si la distance de ces nébuleuse n’est pas plus remarqué, à de certains moments, dans la visibi- lité des détails de la surface, des différences M qui ne peuvent guère s'expliquer que par la pré- sence de nuages dans l'atmosphère de la planète; c'est une nouvelle preuve qui a bien sa valeur, VI. — VITESSE RADIALE DES NÉBULEUSES Nous connaissons les distances qui nous séparent d'un certain nombre d'étoiles, vingt-cinq environ; M elles sont comprises entre trois cent mille fois et trois millions de fois la distance de la Terre au So- leil, Les nébuleuses sont, sans doute, plus éloi- gnées; toutes les tentatives faites pour évaluer leurs distances ontéchoué jusqu'ici; aucune d’elles n’est connue, même grossièrement. Si l'on veut bien considérer que plusieurs nébuleuses occupent sur la voûte céleste des étendues considérables, on est # conduit à leur attribuer des dimensions réellement « prodigieuses. L'intérêt qui s'attache à ces astres 4 augmente encore, quand on songe que la plupart sont des mondes en voie de formation, et que le. système solaire tout entier est sorti de l’une d’entre. elles. Un astronome américain, M. Keeler, est par- venu à déterminer les vitesses avec lesquelles un. certain nombre de nébuleuses, une quinzaine, se rapprochent ou s'éloignent de nous. En défalquant " l'effet apparent produit parle mouvement de trans- ÿ: port du système solaire, il reste la vitesse réelle, M ou plutôt la composante de celte vitesse suivant M} le rayon visuel. Or, ces vitesses réelles atteignent M 50 et même 60 kilomètres à la seconde pour cer- taines nébuleuses. Ce beau résultat, qui transporte notre petit kilomètre à des distances immenses, repose en grande partie sur les travaux d’un by sicien français, M. Fizeau. On en peut conclure 1 dress grande que vingt millions de fois la distance dun Soleil, au bout d un siècle on les aura vues se en ess légèrement sur la voûte céleste, à peu près de l'épaisseur d’un des fils aa tendus au | foyer de nos lunettes. Sielies sont encore plus loin 4 on attendra deux siècles, dix siècles s'il le faut. On finira par savoir le ee de leur éloignement. 4 On voit que la patience et l'abnégation doi-" vent être des verlus astronomiques par excel=h lence. Mais les astronomes les pratiquent depuis | longtemps ; ils ont pris l'habitude de travailler. pour leurs successeurs, trop heureux quand ils”. peuvent attacher leur nom à l'une des pierres de, j l'édifice scientifique qui grandit tous les jours, eb ne sera jamais terminé !. bi F. Tisserand, 2 de l’Académie des Sciences, Professeur d’'Astronomie à la Sorbonne, Directeur de l'Observatoire de Paris. 1 Ce travail a été lu à la Société Astronomique le3 avril 1895: Fi ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES | ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES . LES PROPRIÉTÉS MAGNÉTIQUES DU FER SONT-ELLES INFLUENCÉES PAR DES RENVERSEMENTS FRÉQUENTS DE POLARITÉ? Si nous aimantons un barreau de fer doux, l’induc- tion magnétique % est représentée, en fonction de l'intensité du champ 3, par une courbe semblable 1 dépensé dans l’aimantation est exprimé par l’inté- … grale: 1 1 û ma 1 JR 4% ou, en notation anglaise Se JUH dB: Si, maintenant, nous prenons un barreau soumis à uñe force 3€, et que nous le soumettions à des forces décroissantes jusqu'à — JC pour revenir ensuite à %, la courbe est une courbe cyclique de la forme de celles que re- - présente la figure 2. Le travail dépensé pour faire par- … courir un tel cycle au barreau de fer, n’est pas nul; il a pour valeur : 1 fe a 8, 47 ou bien encore : JR 45, ces intégrales étant prises le long du contour fermé. Ce travail est ce qu'on appelle la perte par hystérésis. » C'est, avec les courants de Foucault, l'une des causes de dépense d'énergie dans les transformateurs, dépense d’ailleurs remarquablement faible, puisque l’on sait - que les transformateurs industriels atteignent facile- ment des rendements de 96 °/,. M. Partridge, dans The Electrician du 7 décembre dernier, fit remarquer que cette perte d'énergie est généralement plus forte quand le transformateur a déjà un certain temps de service que lorsqu'il est neuf. À quoi tient cette différence? Estelle due à une sorte de fatigue moléculaire du métal qui lui donne- rait une certaine paresse et ferait qu'il exige plus de travail pour obéir à la force du champ alternatif qui le sollicite? C’est dans le but de jeter un peu de lumière sur cette question que lé professeur Ewing a procédé aux expériences dont il nous expose les résultats dans The Electrician du 11 janvier, II a tout d’abord tenu compte de deux observations faites dans le même journal, le 14 et le 21 décembre, par M. Blathy et M. Mordey. M. Blathy remarqua que, si l’on chauffe un transformateur à 150° pendant quel- ques heures, la perte dans son noyau augmente de près de 25 °/,. M. Mordey constata les mêmes effets par suite d’un échauffement modéré, mais long. Pour se mettre à l’abri de ces causes d’erreur, M. Ewing employa des noyaux de petit volume et d’une grande surface de refroidissement, Ces noyaux étaient au nombre de trois, 1 Dans les ouvrages francais, l'induction magnétique, l’in- tensité d’un champ d’aimantation et l'intensité d’aimantation “sont généralement représentées par les symboles 93, 3,3; dans les ouvrages anglais par B, H, L à celle de Ja figure 1, et on démontre que le travail - formés de vingt disques plats de transformateur de 0 mm. 345 d'épaisseur, Les bobines magnétisantes étaient faites chacune d’une seule couche de fils et comprenaient 141 tours. Si l’on soumet un fer absolument doux à l'action d’une force alternative d’aimantation, les premiers renversements de polarité affectent, en effet, les pro- priétés magnétiques du fer, etil faut plusieurs douzaines de renversements pour obtenir la courbe cyclique régulière dont nous avons parlé. Il ne s'agissait donc pas, dans le cas du professeur Ewing, d’un cycle parcouru un nombre restreint de fois; il s'agissait, au contraire, d'une action répétée très souvent et très longtemps. En fait, après avoir étudié préalablement sur les trois noyaux de fer la courbe 93 —f(3€) (c'est- à-dire la perméabilité), et les valeurs [3€ d 3, on relia les bobines de ces noyaux au réseau de la Cambridge Electric Supply Company, depuis le 29 novembre jusqu’au 10 décembre; elles étaient en série avec une lampe qui servait en même temps de résistance et d'indica- teur de courant, Le nombre des périodes était de 80 par seconde, A la suite de ces 11 jours, les trois an- neaux furent soumis aux mêmes essais qu'au début des expériences. Le résultat fut contraire à toutes les prévisions : on ne put trouver la moindre trace d’alté- ration dans les propriétés magnétiques du fer. Nous reproduisons d’ailleurs ci après (Tableau 1) les nom- bres obtenus dans les expériences précédentes. - Fis. 1. — Perméubilité magnélique d’un noyau de avant el après les renversements. — (Les valeurs Hde lintensité du champ sont portées en abscisses; les valeurs de l'in- duction magnétique B, en ordonnées.) — Les états de perméabilité avant les renversements sont marqués par le signe 0; les états de perméabilité après les renversements sont marqués par le signe X. Ces nombres ont servi à construire la courbe de la figure 4, où le signe 0 correspond à une mesure faite au début, et le signe X à une mesure faite à la fin des expériences. On voit que tous les points, quels qu ils soient, appartiennent bien à une seule et même courbe, 386 TABLEAU I donnant les valeurs correspondantes de 33 el de JC MESURES FAITES AU DÉBUT DES EXPÉRIENCES MESURES FAITES A LA FIN DES EXPÉRIENCES — —— — JC 33 JC D) 0.79 780 0.93 1200 444 1930 1.27 2630 1.62 4270 1.87 5200 2.30 6610 2.65 7480 2.94 8100 3.81 9540 3.12 9360 La figure 2 représente en groupe les courbes cycli- ques obtenues par suite des premières et des secondes Fc. 2. — Courbes cycliques oblenues avant et après les ren- versements. — (Mèmes abscisses et mêmes ordonnées que dans la figure 1.) — Les courbes tracées en traits pleins (—) ont été obtenues avant les renversements; les courbes tracées en tirets (-- -) ont été obtenues après les renver- sements. mesures. Les unes sont représentées par des traits pleins, les autres par des petits tirets. Ilest absolument impossible de ne pas les réunir en un groupe uni- pue: Ces courbes ont donné les nombres suivants (Ta- eau I). ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES TABLEAU II donnant les différentes valeurs de la perle par hystérésis MESURES FAITES AU DÉBUT DES EXPÉRIENCES MESURES FAITES A LA FIN DES EXPERIENCES He) He] JISOTLE) 780 1200 140 1950 2630 510 4270 5200 1470 6610 1480 2590 8100 Si, de ces nombres, nous formons une courbe, nous obtenons la courbe de Ja figure 3, qui présente absolu- ment le même caractère que celle de la figure 1.Les va- leurs de la perte par hystérésis sont exprimées en ergs. Ainsi, le résultat des expériences a été absolument négatif, et cependant la période d'essai était assez longue pour déceler un changement quelconque, si l'effet signalé par M. Patridge avait eu pour cause une fatigue moléculaire du fer. 3000 (e) 2000: 4000 6000 Fic. 3. — Perle par hyslérésis avant el après les renverse- ments. — (Les valeurs de l'induction magnétique B ont été portées en abscisses; les valeurs de la perte par hysté- résis ont été portées en ordonnées et exprimées en ergs.) — Les signes 0 et X sont ceux de la figure 1. Il serait intéressant de procéder à des expériences analogues relativement aux effets signalés par M. Blathy et M. Mordey. C’est peut-être à l'élévation de tempéra- ture qu'est due la variation des propriétés magnétiques des noyaux des transformateurs. A. Gay, Ancien élève de l'École Polytochnique. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 387 | BIBLIOGRAPHIE … be is nl. (2 ns | 4 1° Sciences mathématiques. “Lacour (E.), Professeur de Mathématiques spéciales au …. Lycée Saint-Louis. — 1° Surdes fonctions d’un point analytique à multiplicateurs exponentiels ou + à périodes rationnelles ; — 2° Sur l'équation de bai Du Du du. He Dan _ la chaleur : <> +3 A ses pour le Doc- torat de la Faculté des Sciences de Paris. — 1 vol. gr. in-8° de 75 pages. Gauthier-Villars et fils, éditeurs. Paris, 1895. 4. — Dans son célèbre Mémoire sur les Fonctions abéliennes, Riemann fonde la solution du problème de l’inversion sur les propriétés de la fonction @ dans laquelle on a remplacé les variables par les intégrales de première espèce correspondantes. La fonction ainsi formée est uniforme sur la surface de Riemann af- fectée de coupures : elle ne change pas quand la va- riable franchit une des coupures 4; elle se reproduit multipliée par une exponentielle, dont l’exposant est tune intégrale de première espèce, quand la variable franchit une des coupures b. Il est évident que la dé- rivée logarithmique de cette fonction croît de fonc- lions rationnelles du point analytique (x, y), quand ce “point franchit une coupure b : on peut donc dire que les modules de périodicité de cette fonction sont ra- “lionnels en x et y. “ M. Lacour a étudié deux catégories générales de jonctions qui comprennent, comme cas très particu- lier, cette fonction de Riemann et sa dérivée logarith- -mique. w Dans une première partie, M. Lacour étudie une “onction qui n’a que des pôles et dontles valeurs, aux deux bords d’une coupure, diffèrent par un facteur exponentiel ayant pour exposant une fonction li- néaire donnée des p intégrales de première espèce. Il montre que les coefficients de ces fonctions linéaires une peuvent pas être pris arbitrairement et sont assu- jettis aux conditions suivantes : lorsqu'on a ramené à .J'unité tous les mulliplicateurs qui correspondent aux coupures 4, ce qui est toujours possible, l’un des coef- cients doit être entier dans chacune des fonctions “linéaires qui forment les exposants des multiplicateurs relatifs aux coupures b. Ces coefficients entiers inter- “viennent quand on cherche l’excès du nombre des éros de la fonction sur le nombre de ses infinis. La “considération de certaines intégrales curvilignes “ouruit d'importantes propositions qui relient, les uns “aux autres, le théorème d'Abel, son extension aux fonctions à multiplicateurs constants, et le théorème “de Riemann sur les zéros de la fonction @ transformée, “comme nous l’avons dit, en fonction d’un point ana- lytique. « Dans la deuxième partie, M. Lacour étudie des fonc- “tions n'ayant que des pôles et admettant sur les 2 p “coupures, 2 p modules de périodicité formés de fonc- lions ralionnelles données arbitrairement. I] montre qu’il existe toujours des fonctions répondant à la question; pour cela, il établit d’abord ce fait que les pôles et Jes résidus de la fonction sont liés par p relations Qui, dans certains cas, peuvent se réduire à des iden- lités. Puis, et c’est là un résultat des plus remarqua- bles, il donne l'expression générale de la fonction pen on connaît les pôles et les résidus. Cette expres- sion est fournie par une somme d’intégrales définies “dans lesquelles la variable figure comme un para- “mètre. La vérification de la propriété fondamentale de “la fonction ainsi formée résulte, d’une part, des théo- ANALYSES ET INDEX rèmes donnés par M. Hermite sur les intégrales défi- nies affectées de coupures et, d'autre part, des rela- tions précédemment établies entre les pôles et les résidus. Dans une troisième et dernière partie, M. Lacour montre que les fonctions nouvelles qu'il introduit dans l'analyse se présentent nécessairement comme inté- grales de certaines équations linéaires à coefficients algébriques, avec second membre. 2. — M. Lacour donne d’abord un résultat élégant, analogue au théorème connu de Thomson, sur l’inver- sion, dans la théorie du potentiel : il détermine les transformations réelles qui ramènent l’équation à la mème forme; en laissant de côté les transformations évidentes résultant des considérations d’homogénéité et des formules du changement d’axes coordonnés, il trouve qu'il n’y a qu’une transformation répondant à la question: c’est une certaine transformation homo- graphique pour les coordonnés. Ce résultat, qui se rattache aux travaux de M. Lie, permet de déduire de la solution d’un problème sur la chaleur la solution d’un autre problème. L'auteur établit ensuite une formule analogue à celle de Green, par la considération de l'équation adjointe. Il fait deux principales applications des résultats qu'il obtient : 1° En étudiant les polynômes qui vérifient l’équa- tion et en montrant qu'ils sont exprimables à l’aide de ceux que M. Hermite a déduits de la différentiation d’une exponentielle du second degré en x et y; 20 En établissant, par une voie purement analytique, relativement à une fonction w existant entre deux plans parallèles au plan des y, des formules que les physiciens avaient été conduits à admettre d’après les propriétés de la chaleur. P. APPELL, de l’Académie des Sciences. Caspari (E.), Ingénieur hydrographe de la Marine, Ré- pétiteur à l'Ecole Polytechnique. —Les Chronomètres de Marine. — 1 vol. petit in-S°de 200 p. avec fig., de l'Encyclopédie scientifique des Aide-Mémoire, dirigée par M. H. Léauté, de l'Institut. (Priæ : broché, 2 fr. 50; cartonné, 3 fr.) — Gauthier- Villars et fils et G. Masson, éditeurs. Paris, 1895. Le véritable titre de cet ouvrage serait : Quelques mots sur l’étude des marches chronométriques et leur détermination. C’est qu'en effet l’auteur, négligeant à peu près complètement la description matérielle des chronomètres, leur construction, leur histoire, etc., nous offre l'étude ou plutôt un résumé de l'étude de leur mouvement. Nous ne nous enplaindrons pas, car ce n’est certes pas là le sujet le moins intéressant et le moins instructif de tous ceux que l’on pouvait traiter à propos des chronomètres. Un court chapitre est consacré à rappeler le nom et le rôle des principales parties de leur mécanisme. Nous abordons ensuite leur théorie. La durée des oscillations du régulateur doit être in- dépendante : 1° de leur amplitude (condition d’isochro- nisme), 2° de la température. L'isochronisme s'obtient soit par un choix rationnel des points d'attache de la virole du balancier (méthode de Pierre Le Roy), soit par la modification de la forme circulaire des extré- mités du spiral (méthode de Phillips). On annule les effets dus à la température par l’emploi des balanciers compensés (balanciers bimétalliques, par exemple). En pratique, l’isochronisme et la compensation ne sont 388 jamais irréprochables; d'autre part, de nombreuses causes accidentelles d'erreurs viennent ajouter leurs effets à l'imperfection inévitable de Ja construction : influence de la masse du spiral, déformation deslames du balancier sous l'effort des forces d'inertie, frotte- ments des pivots, résistance de l'air, humidité atmos- phérique, électricité et magnétisme, mouvements des navires, etc., etc. Il est donc tout naturel de rechercher les moyens de corriger les indications des chrono- mètres. On admet généralement que leurs marches peuvent se représenter par une formule algébrique simple. Suivant M. de Cornulier, la marche est une fonction du premier degré du temps et de la tempéra- ture, de la forme m = Mo + al + b0. Lieussou a proposé la formule m = Mo + alt + ce (O — 0)? © étant la température de réglage. D'après Yvon Villarceau, la marche est une fonction continue du temps et de la température qu’il a déve- loppée par la série de Taylor en bornant le développe- ment aux premières et deuxièmes puissances des va- riables, ce qui donne, en égalant les dérivées à des constantes, une expression de la forme : M = My + al + al + b6 + c0? + dé0. On peut admettre à priori la formule et déterminer un certain de marches qui serviront à en calculer les coefficients. Les déterminations des marches se font par des observations d'état (méthode graphique de M. Mouchez, méthodes algébriques de Daussy, Vincen- don-Dumoulin, etc.). Pour le calcul des coefficients, nous avons les méthodes de Lieussou, Yvon Villarceau, Cauchy, etc. Il est encore possible, au lieu de calculer la formule des marches, de représenter graphique- ment le phénomène par une courbe (constructions de MM. Mouchez, Rouyaux, Fleuriais,de Carfort, etc). Enfin un certain nombre de méthodes sont là la fois graphi- ques etalgébriques : par exemple, celle de M. de Serres. M. Caspari nous donne ensuite quelques détails sur l'application des chronomètres à la détermination des longitudes (méthodes de Daussy, Vincendon-Dumoulin, Ploix, etc.) et termine par l’exposé rapide des épreuves et concours auxquels sont soumis ces instruments, en France, en Allemagne, en Angleterre, en Hollande. Ce petit ouvrage est digne d’être lu avec grand inté- rèt par ceux que n’effrayent point les équations algé- briques les plus simples etla construction de quelques courbes. Les savants et les marins devront se souvenir, en le consultant, qu'il n’est qu'un mémento et n'y point chercher une étude absolument complète des mouvements chronométriques, ni la discussion appro- fondie des diverses méthodes et formules qui se ratla- chent à cette étude, Nous nous permettrons de regretter que l’auteur n'ait pas intercalé dans ses exposés des exemples et des applicaticns numériques. L'esprit du lecteur (nous parlons du lecteur profane, curieux d'apprendre et de connaitre) s'y serait reposé de la sécheresse des formules purement algébriques en même temps qu'il aurait trouvé une facilité de plus pour comprendre et juger. A. Gay. Hollzmüller (D°G.), Direktor der Gewerbeschule zù Hagen i, W. — Methodisches Lehrbuch der Ele- mentar-Mathematik. — 3 wol.in-8° (Prix: 10 fr. B. G. Teubner, Leipzig. 1894-95. Ce livre de mathématiques élémentaires, quiest des- tiné aux éièves des écoles réales et professionnelles de l'Allemagne, ne pouvait être écrit avec plus d'autorité que n’en possède le Dr G. Holzmüller, à qui ses 21 an- nées de directorat de la Grande Ecole professionnelle de Hagen ont donné une grande compétence dans la matière. Cet ouvrage est précieux par le grand nombre d'applications et de problèmes pratiques qu'il renferme et qu'on a rarement l’occasion de trouver. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 2° Sciences phyÿsiques. Lavenir (A.). — Sur les variations des propriétés . optiques dans les mélanges de sels isomorphes. — Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris, — Imprimerie Chaix, Paris, 1894. 6 La thèse présentée par M. Lavenir à la Faculté des Sciences-de Paris est remarquable à [un double point de vue : par la précision des méthodes expéri- mentales et par l'analyse minutieuse et savante des résultats. Dans son introduction, l’auteur passe en revue les diverses formules et hypothèses à l’aide desquelles on. explique les propriétés optiques des cristaux mixtes formés du mélange de sels isomorphes. Lorsqu'on envisage les indices de réfraction, deux formules sont en présence. D'une part la formule publiée en 1876 par Mallard !, donnant l'indice moyen N, d'un sel mixte, lorsqu'on connaît les indices n et n'des sels” composants et la composition chimique du mélange. Cette formule est, comme on sait : ; 1 KR NE Ts ho (1) n n° n K et K'désignant les nombres de molécules de chaques composant qui entrent dans une molécule du cristal composé ; | D'autre part, la relation trouvée expérimentalement par M. Dufet? et établie plus tard théoriquement par Mallard 3 : | N = Kn+ Kr/. (ID) Jusqu'à ce jour, dans la limite des erreurs, ces deux expressions rendaient compte des résultats expérimen- taux obtenus par M. Wyrouboff et M, Dufet, Il était donc impossible de trancher en faveur de l’une ou de l’autre, car la différence calculée N — N, atteignait à peine une unité du quatrième ordre décimal. Ce n’est qu'en employant, avec beaucoup de pré-M cautions, la méthode très sensible de réflexion totale de M. Pulfrich que M. Lavenir est parvenu à résoudre cette intéressante question. La marche, très scienti- fique, qu'a suivie l’auteur dans ses recherches, mérites une attention spéciale. s Ilaexpérimenté sur les sels de Seignette (tartrate potas sique, tartrate ammonique et tartrate mixte de potas sium et d’ammonium). Après avoir mesuré séparément les neuf indices principaux, il a cherché à relier ces indices par des relations, indépendamment de la compo sition chimique, déduisant ainsi des mesures optiques mêmes les valeurs des coefficients K et K’. L'analyse chi mique, effectuée ensuite sur les cristaux mêmes, a mon tré que les valeurs K et K', calculées par la formule de MM. Dufet et Mallard, étaient dans la limite des erreurs identiques aux valeurs déduites de l'analyse chimique ;. tandis qu'il n’en est plus de même si l’on déduit K et K\ de la première formule de M. Mallard. La relation (I). se trouve donc confirmée par cette étude délicate, dont les résultats peuvent se résumer dans les trois propos sitions suivantes : + 1° Dans un mélange de cristaux isomorphes, un indië quelconque est fonction linéaüre des deuæ indices corres pondants des sels composants. 2 Cette fonction est la même pour les trois indices. 3° Les deux coefficients de cette fonction représentent fraction de molécule de chacun des cristaux composants qi entre dans une molécule du cristal composé. à Ch. Eug. Guye. Mullin (A.), Professeur de Physique au Lycée de Gre noble. — Instructions pratiques pour produire ee à épreuves irréprochables.— 1 vol. in-12 de 210 pages avec fig. Gauthier-Villurs et fils, éditeurs, 55, Quai des Grands-Augustins, Paris, 1895. ‘ Ann. des Mines, 6° série, 1876. * ? Bull. Soc. Min., 1878, t. 1, p. 58. 5 Bull. Soc. Min., 1881, p. 71, et Ann. des Mines, 1881. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 389 _ Appert (L.) et Henrivaux (J.), Ingénieurs. — La . Verrerie depuis vingt ans. — { vol. in-8° de 150 p. - avec fig. (Prix :6 fr.). Bernard et Cie éditeurs, 53 ter, quai des Grands-Augustins, Paris, 1895. > M. Appert, le maître de verrerie bien connu, et M. Henrivaux, directeur de la Manufacture de glaces de Saint-Gobain, viennent de publier un ouvrage : La Verrerie depuis vingt ans, auquel les progrès accomplis pendant ce laps de temps, et le développement inces- sant des branches artistiques de l’industrie du verre, donnent une réelle actualité. Le nouveau livre n’est — son titre l'indique — ni un ouvrage didactique ni un ouvrage d'ensemble ; son but -est de présenter tous les progrès scientifiques ou indus- triels touchant de près ou de loin à l’industrie du verre. Les auteurs commencent par la verrerie artistique et décorative, dans un chapitre qui n’est qu'un compte rendu fort long de l'Exposition de 1889. Ils y donnent des renseignements intéressants, et des descriptions - parfois séduisantes des belles œuvres exposées par les touts francais, italiens, hongrois, etc. Regrettons seulement, avec les auteurs eux-mêmes, la forme donnée à ce compte rendu, qui, suivant l’ordre d’un catalogue que le lecteur ne connait pas, n’est pas assez synthétisée, et exige un véritable effort pour com- prendre les nouveaux procédés et suivre les progrès réalisés. La plupart de ces procédés : superposition de verres diversement colorés, émaillage à chaud sur paraison, émaillage à froid, suivi de cuisson, décora- tion galvanique, taille, gravure, colorationsnouvelles par l'or, l’urane, l'argent, sont cependant indiqués en général au cours de ces descriptions, auxquelles un - spécialiste pourra trouver de l'intérêt, - Les auteurs passent ensuite en revue les fabrications -de la grande industrie verrière : Le verre à vitres, avec Ro de détails, la glacerie avec moins de détails encore, la bouteille, en insistant surtout sur les travaux de M. Salleron, relatifs à la résistance, et une série d’ap- »plications nouvelles ou déjà anciennes du verre : dalles et tuiles, rideaux, cuves et tuyaux. Signalons dans cette nomenclature, comme intéressant, les vitres per- forées, cette récente fabrication de M. Appert, dont on nesaurait troprecommander l'application aux problèmes de ventilation et d’aérage; les cuves et tuyaux de erre, découverte également nouvelle de M. Appert, “enfin le soufflage mécanique, installé à Clichy par le même maître de verrerie, perfectionnement bien connu, mais sur lequel, en raison de son intérêt, nous regret- tons que l’auteur n'ait pas donné un peu plus de détails. La seconde partie de l'ouvrage de MM. Appert et Hen- rivaux est consacrée à l’étude de la fusion du verre et spécialement des fours de verrerie ; c’est un exposé d'ensemble de la question du chauffage, exposé que ’on trouve rarement complet dans les ouvrages didac- tiques ou spéciaux. Malheureusement, nous sommes obligé de faire quelques réserves, et de ne pas partager toutes les idées des auteurs sur cesujet ; le reproche que nous leur adressons, est d’avoir reproduit sans discus- sion les opinions des inventeurs de fours, exposant avec une égale fidélité les idées vraies et les idées ausses : c’est ainsi qu'ils semblent attribuer une wrande importance à la radiation de Siemens, qui, Sans doute, a correspondu à une amélioration dans la construction des fours de verrerie, mais n’est, selon ous, qu'une formule commerciale trouvée par l’inven- teur pour prolonger la durée de brevets périmés en 1882, formule consacrée, il est vrai, par la jurispru- dence, mais qui n’en est pas moins dénuée de portée cientifique. Sans pouvoir aborder ici une discussion, bservons seulement que la dissociation sur laquelle iemens échafaude sa théorie n’a rien à voir en la atière, attendu qu'il résulte des travaux de Mallard t Le Châtelier, que le phénomène est nul à 1500° et nsignifiant à 20000; cela seul suffit à infirmer la pré- endue radiation, Plus grave encore à notre sens est la reproduction du raisonnement de Siemens qui prétend réaliser une économie de 50 °/, par l'emploi des produits brûlés dans son four Biedermann : la fausseté de ce raisonne- ment, spécieux, en vérité, mais qui contientune pétition de principe, a été démontrée; il est donc regrettable de voir ainsi reproduite une assertion de nature à jeter la confusion dans les esprits et à induire en erreur les industriels qu'intéresse la question des fours. En résumé, le lecteur trouvera, dans le chapitre, une description complète des nouveaux procédés de chauf- fage, mais il ne devra pas accepter sans examen les idées théoriques qui y sont émises : ces idées, n'étant autres que celles des inventeurs de fours, sont néces- sairement sujettes à caution, La suite de l'ouvrage passe en revue-les appareils dont disposent les ingénieurs pour contrôler la marche des fours, Dans cet ordre d'idées, les plus grands pro- grès ont été accomplis depuis vingt ans : le problème de la pyrométrie est résolu, la bombe calorimétrique de M. Mahler a rendu industrielle la mesure du pouvoir calorifique des combustibles solides ; enfin, les analyses de gaz sont devenues un moyen pratique et courant de réglage des fours. Les auteurs décrivent très soigneu- sement ces différents progrès; une seule omission importante est à signaler : la burette à analyser le gaz du Dr Bünte, dont il n’est nullement question, bien qu’elle soit usitée en France depuis plusieurs années, et que, complétée par uu eudiomètre de Bunsen ou de Riban, elle soit actuellement l'appareil le plus simple, le plus industriel, que nous possédions. L L'ouvrage se termine par un examen des défauts de verre, étude très complèle, mais à notre sens trop scientifique, car, s'il est bon de savoir ce qu'est un défaut de verre, il serait plus utile encore de pouvoir l’'éviter, et, à cet égard, les indications sont un peu vagues. Ce reproche ne s'adresse d’ailleurs pas à ce seul chapitre : l'ouvrage de MM. Appert et Henrivaux est d’un bout à l’autre trop descriptif, trop dépourvu d'esprit critique. Un maître de verrerie y trouvera bien les progrès accomplis depuis vingt ans, mais ne devra pas y chercher les moyens d'améliorer sa propre fabri- cation. Emilio Dawour, 3° Sciences naturelles. Travaux du laboratoire de M. Charles Richet, Pro- fesseur à la Faculté de Médecine de Paris. Tome 1. Sys- tème nerveux. Chaleur animale. 1 vol. in-8° de 590 pages avec 96 fig. dans le texte (Prix : 12 fr). — Tome II. Chimie physiologique. Toxicologie. 1 vol. in-8° de 570 p. avec 129 fig. (Prix : 12 fr.) — Tome III. Chloralose, Sérothérapie, Tuberculose, défense de l'organisme. 1 vol. in-8° de 580 p. avec 25 fig. (Prix : 12 fr.). — Félix Alcan, éditeur, 108, boul. St-Germain, Paris. 1893-1895. Tous les physiologistes connaissent déjà la plupart de ces mémoires, fruits d’une expérimentation patiente et rigoureuse, dans lesquels ils ont trouvé nombre de faits nouveaux et importants, des méthodes nouvelles et ingénieuses; mais ils sauront gré à M. Richet d’avoir réuni dans un même recueil des études disséminées dans des publications différentes et de leur permettre de les consulter plus facilement. Aussi bien, ainsi groupées suivant la nature du sujet, elles forment par- fois, par les développements successifs qu’elles appor- tent à une question, une véritable monographie, basée sur des recherches originales, de certains chapitres de la physiologie. Telles sont, par exemple, celles qui traitent de la chaleur animale, des échanges respira- toires, des mécanismes régulateurs de la calorification. Quant à l’esprit dans lequel ces travaux ont élé exécu- ter, il suffit d’en parcourir quelques-uns pour s'assurer que M. Richet et ses élèves se sont toujours fidèlement conformés à la règle qu'il trace lui-même au physiolo- giste : « Il faut serrer de près les faits, expérimenter, expérimenter toujours, en variant les conditions du 390 problème et ne faire d’hypothèses que lorsqu'on ne peut plus s’en dispenser. » : Il n’est pas possible d'analyser même succinctement les nombreux mémoires réunis dans ces trois volumes : il faudra nous borner à signaler, très en gros, les ré- sultats expérimentaux les plus saillants. Le T, 1 (Système nerveux, chaleur animale) débute par un travail intitulé « Contribution à la physiologie des centres nerveux et des muscles de l’écrevisse », qui a enrichi la physiologie générale du muscle de données nouvelles sur la durée du temps perdu, sur l'addition latente, le tétanos rythmique, la contraction initiale, la contracture, l'onde secondaire. Les « Recherches de calorimétrie » ont été faites avec un appareil imaginé par l’auteur, le calorimètre à siphon, fondé sur le principe de la calorimétrie à air. L'air est amené à la surface d’un vase clos, rempli de liquide et communiquant avec un siphon amorcé ; l’é- coulement du liquide par le siphon mesure la dilata- tion et par conséquent l’échauffement de l'air. M. Ri- chet passe en revue les diverses influences qui modi- fient la calorification, taille, nature du tégument, température extérieure, De nombreuses expériences résumées sous forme de tableaux montrent bien qu'avec l'augmentation de volume de l’animal, la quantité de chaleur produite par kilogramme de son poids dimi- nue, qu'au contraire les chiffres deviennent concor- dants si on les rapporte à l'unité de surface : si l’on lient compte de la nature du tégument, le nombre de calories produites par l’unité de surface diminue ou augmente suivant que le tégument est plus ou moins bien protégé. Relativement à l'influence de la tempé- rature extérieure, M. Richet trouve que la radiation ca- lorique atteint son maximum chez le lapin vers 149. Dans ce même travail il rapporte les bellesexpériences par lesquelles il a montré que les lésions du cerveau réagissent sur la calorification. Dans sa « Contribution à l'étude de la calorimétrie chez l’homme », M. P. Langlois applique le calori- mètre à siphon à l’étude de la radiation calorique chez l'enfant et constate, entre autres résultats, chez ses sujets, un optimum de radiation pour une température extérieure d'environ 18°. Une série de mémoires traite ensuite des échanges respiratoires. —«Échangesrespiratoires chezl’homme », par MM. Hanriotet Ch. Richet. « Mesure descombustions respiratoires chez le chien. » « Mesure des combustions respiratoires chez les Mammifères. » « Mesure des com- bustions respiratoires chez les Oiseaux » par M. Ch. Ri- chet. La méthode qui a servi à ces recherches à déjà été exposée sommairement dans la Revue générale des Sciences, 1890, p. 554, On trouvera dans ces travaux une quantité considérable de déterminations et de chiffres, utiles à consulter : les principales conclusions qui s’en dégagent, c’est que les combustions respiratoires sont proporlionnelles à l'étendue de la surface cutanée, loi qui se vérifie pour les diverses espèces animales, et que la quantité de GO? produite par unité de surface est sensiblement la même chez les animaux à sang chaud. L'étude des phénomènes physico-chimiques de la res- piration et de la calorification amène une autre ques- lion du plus haut intérêt : c'est celle de leur régulation par le système nerveux. M. Richet s’est occupé à diffé- rentes reprises de ces curieux mécanismes qui mettent en harmonie l’activité fonctionnelle avec les différents états, et en quelque sorte avec les besoins de l’orga- nisme. C’est ainsi qu'il montre que si, par le chloral,on supprime l'influence régulatrice du système, les com- bustions deviennentproportionnelles au poids du corps, et non plus à la surface tégumentaire. « De l'influence du chloral sur les actions chimiques respiratoires chez le chien, » — Quand un animal est soumisà une ltempé- rature élevée, sa respiration devient extrêmement fré- quente. La polypnée thermique active lévaporation pulmonaire, laquelle empêche l’animal de s’échauffer : mis sur une balance, il subit une perte de poids due presque uniquement à cette exhalation aqueuse. « Ré- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX gulation de la température par la respiration, » « Expé- riences sur le poids des animaux. »— La polypnée ther- mique était déjà bien connue sous le nom impropre de dypsnée thermique; mais M. Richet en a mieux déter- miné le mécanisme et fait voir que la fonction hypo- thermisante ou physique du bulbe est distincte de sa. fonction chimique ou respiratoire, À ce même ordre d’études il faut rattacher le « frisson, comme appareil. de régulation thermique », travail inséré dans le t. HE Le frisson produit par la sensation du froid est aussi. un moyen de lutter contre le froid, puisqu'il meten jeu. par une série de contractions rapides et simultanées. l’ensemble des muscles du corps. Re Du travail de M. Saint-Hilaire : « Influence de la TS pérature organique sur l’action de quelques substances. toxiques », il résulte en particulier que l’élévation de la température à pour effet d'accélérer les réactions (oxi= ques. C’est aussi une des conclusions d’un mémoire de M. Rallière : « Recherches sur la mort par hyperthermie et sur l’action combinée du chloral et de la chaleur ù d’un autre de M. Richet : « Influence de la pression et". de la température sur l’asphyxie des poissons (t. Il). ù Dans un travail qui figure dans le t. II : « De l’influence” de la température interne sur les convulsions », MM. Langlois et Richet ont cherché à donner la théorie, de ces rapports entre l’activité.des poisons el la tem- pérature. IL reste encore à citer, dans le t. 1 : « Mouvements de la grenouille consécutifs à l’exciltation électrique », par M. Ch. Richet. — « Influence de la durée et de Pin- tensité de la lumière sur la-perception lumineuse », par M. Ant. Bréguet et Richet. — « Expériences sur le cerveau des Oiseaux. » — « Cécité psychique péri mentale chez le chien. » — « Durée des phénomènes. réflexes dans l’anémie chez les animaux à sang froid. », — « Deux expériences d’inhibition sur la grenouille »,, par M. Ch. Richet. — « Sensibilité musculaire de lan respiration », par MM. P. Langlois et Richet. | Le t. IT est plus particulièrement consacré à la Chimie physiologique et à la Toxicologie. Les « Recherches expérimentales sur la polyurie », par MM. Moutard-" Martin et Richet, ont trait à l'influence des injections d’eau, de substances salines ou sucrées sur la sécrétion urinaire et au mécanisme de leur action. MM. Etard et Richet ont exposé un « Procédé nouveau de dosage des, matières extractives et de l’urée de l’urine » qui repose, sur la comparaison de l’action du brome sur l'urine en solution acide eten solutionalcaline. D'autre part, l’uréem est dosée, non pas en mesurant le volume du gaz azote dégagé, mais en dosant par différence l’hypobromiten décomposé dans la réaction :le titrage de l'hypobromiten se fait avec une solution de protochlorure d’étain dans, l'acide chlorhydrique. Ce dernier procédé a été employé également par MM. Gley et Richet pour le « Dosage den, l’azote total de l'urine ». M. Richet a recherché 1e moment précis où se fait « l’Elimination des bois-M sons. » à Un mémoire très important et très. documenté de toxicologie générale, de M. Richet, sur « l'Action phy- siologique des métaux alcalins », montre qu’il faut étu-M dier les rapports de la toxicité, non avec le poids absolu des substances employées, mais avec le poids molécu- laire, et que, pour des subsiances chimiques similaires; les doses toxiques sont proportionnelles au poids molé=« culaire. On trouvera dans le t, HI un autre travail quim traite du même sujet : « Vie des poissons dans divers milieux, et action physiologique des différents sels den soude. » Les intéressantes expériences de MM. Abelous el Langlois sur les « Fonctions des capsules surrénaless de la grenouille », et les « Fonctions des capsules sur rénales chez les cobayes », ont déjà été résumées danse ce journal. | Dans un travail intitulé «Poids du cerveau,de la rates du foie chez les chiens », M. Richet cherche à établis que la pesée des organes peut fournir des renseignés ments sur leur fonctionnement. C'est ainsi que le poids TR Rires Y _du foie et la surface cutanée suivent une même courbe, c’est-à-dire qu'ils vont en augmentant par rapport à la taille, à mesure que l’animal devient plus petit, sans doute parce que le foie a des fonctions chimiques, liées à la déperdition de calorique qui se fait par la surface. Le poids de la rate est sensiblement propor- tionnel au poids du corps. Pour le poids du cerveau, il semble qu’il y ait un élément fixe servant à l’intelli- gence, et un autre élément, variant avec le poids ou la surface. Dans le t. II, on trouvera sur le même sujet : « Poids du cerveau, du foie et de la rate chez l'homme, chez les Mammifères, » Le t. II renferme encore : « Expériences sur le rôle du cerveau dans la respiration », par M. Pachon. — « Notes de technique physiologique. » — « Faits relatifs à la digestion des Poissons. » — « Diastases des Pois- sons », par M. Richet. — « Sur la vie des animaux en- fermés dans du plâtre », par MM. Richet et Rondeau, — « Influence des pressions extérieures sur la ventila- tion pulmonaire », par MM. Langlois et Richet, — « Sensibilité gustative aux alcaloïdes », par MM. Gley et Richet. — « De l’élimination des iodures », par J. Roux. — « De la cocaïne », par Delbosc. Parmi les travaux publiés dans let. IT, il faut d'abord signaler ceux de MM. Hanriot et Richet sur « l'Action physiologique du chlorose », sur les « Effets thérapeu- tiques et hypnotiques du chloralose »; de M. Féré sur « Le chloralose chez les épileptiques, les hystériques et les choréiques ». Ce corps, obtenu par MM. Hanriot et Richet, en faisant agir le chloral anhydre sur Ja glucose, jouit de la propriété, précieuse pour le physto- logiste, de supprimer la perception des excitations douloureuses, tout en laissant persister les réflexes et même en exagérant le pouvoir excito-moteur de la moelle. La thérapeutique a utilisé, avec d’heureux résultats, ses effets hypnotiques dans diverses affec- tions. M. Heim a étudié « l'action physiologique de la Pa- risette », MM. Langlois et Varigny « l’action de quel- ques poisons de la série cinchonique sur le Carcinus Mænas », M. Langlois : « La toxicité des isomères de la cinchonine dans la série animale », et la radiation calo- rique après traumatisme de la moelle épinière » M. Triboulet : « La chorée du chien ». De MM. Carvallo et Pachon, nous trouvons de très intéressantes expériences sur « la Digestion pancréa- tique dans le jeûne, et sur la digestion chez un chien sans estomac » ; de M. Richet, des études sur « l'Exci- tabilité réflexe des muscles dans la première période du somnambulisme », sur « Quelques faits relatifs à l’excitabilité musculaire », sur « les Paralysies et anes- thésies réflexes ». Une grande partie de ce volume est consacrée aux recherches de MM. Héricourt et Richet sur l’hematothé- rapie, la vaccination contre la tuberculose, et la tuber- culose expérimentale en général. « Etude physiologique sur un microbe pyogène et septique. — Immunité conférée à des lapins par la transfusion peritonéale de sang de chien ». — Effets des injections du sang d'animaux tuberculosés, » « Technique des procédés pour obtenir du sérum. » « De la vaccination contre la tuberculose humaine par la tuberculose aviaire. » « Tuberculose expérimentale du chien : influence de la doseet des substances so- lubles. » « Tuberculose aviaire et tuberculose humaine chez le singe » par MM. Richet et Héricourt, «Le sérum du chien dans le traitement de la tuberculose » par M. Héricourt, « Etudes chimiques sur le bacille de la tuberculose aviaire » par M. Bouveault. Dans un chapitre intitulé e de l’'Hématothérapie en sénéral, qui sert d'introduction à cette série de mémoires, M. Richet remonte à l’origine de la question et établit ses droits et ceux de son collaborateur à la découverte du principe de l'hématothérapie, devenue depuis lors la sérothérapie. Sans doute, comme il le reconnaît, l'expérience première a été modifiée et remarquablement perfectionnée. Mais le lecteur impar- ) BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 991 tial conviendra, eneffet, que, dès 1888, les deux expéri mentateurs avaient nettement défini le but à atteindre, ainsi que le principe de la méthode, lorsque, trans- fusant du sang de chien au lapin pour rendre ce dernier animal réfractaire à un micro-organisme par- ticulier, le Staphylococcus pyosepticus, et se servant, à cet effet, soit du sang d’un chien intact, soit du sang d’un chien qui avait subi auparavant desinoculations de ce staphylocoque, ils disaient : « Cette influence du sang de chien donnant aux lapins une sorte d’immu- nité pour les maladies auxquelles résiste: le chien, s'étend peut-être à d’autres micro-organismes (le char- bon, la tuberculose). » C’est donc bien une méthode générale d'immunisation que MM. Héricourt et Richet, cherchaient äès lors dans la transfusion du sang d’ani- maux réfractaires ou immunisés. Leurs tentatives pour l'appliquer à la vaccination contre la tuberculose sont exposées dans les mémoires énumérés plus haut. On lira encore avec intérêt dans les deux derniers volumes des lecons professées à la Faculté de Méde- cine par M. Richet sur la « Physiologie et la Médecine », le « Rythme de la respiration», « J'Inanition », « les Défenses de l’organisme », E. WERTHEIMER, 4° Sciences médicales. Bertrand (L. E.), Médecin en chef de la Marine et Fontan (J.), Professeur de Chirurgie à l'Ecole de Mc- decine Navale de Toulon. — Traité médico-chirurgi- cal de l'Hépatite suppurée des pays chauds. Grands abcès du foie. — Un vol. in-8° raisin de 732 pages avec tracés et fiqures. (Prix : 13 fr.). Société d'Editions scientifiques. Paris, 1805. Cet important ouvrage de plus de 700 pages, que MM. Berirand et Fontan, familiarisés avec la pathologie des pays chauds, étaient mieux autorisés que personne à entreprendre et à mener à bonne fin, est Le traité le plus complet qui ait paru sur la matière. Concu dans un esprit essentiellement clinique, ce travail substan- tiel, fortement documenté, renferme, outre de nom- breux tableaux statistiques, une série de 133 observa- tions, dont un grand nombre personnelles et inédites. Bien que les auteurs aient mis à contribution tous les documents ayant trait à ce sujet épars dans la littéra- ture médicale francaise et étrangère, ce n’est pas une compilation aride et indigeste; mais, au contraire, une œuvre très personnelle, où ils apportent les précieux résultats de leur pratique et de leur expérience, et éclairent quelquefois d’un jour nouveau les points encore obscurs de l’histoire de cette affection. Après un rapide historique où nous voyons comment, à la suite des recherches des médecins anglais dans les Indes, les remarquables travaux des médecins militaires de l'Algérie et des médecins de la marine ont peu à peu fixé d’une facon définitive la pathologie actuelle dans ses grandes lignes, viennent quelques considérations sur la distribution géographique de l'hépatite suppurée : endémique dans tous les pays intertropicaux, et même dans quelques contrées d'Europe, cette affection a une prédilection spéciale pour certaines régions (Indes, Egypte, Sénégal). L'anatomie pathologique est traitée d’après les travaux les plus récents; après avoir décrit en détail les nom- breuses variétés d’abcès du foie et les lésions histolo- giques qui les caractérisent, les auteurs arrivent à cette conclusion personnelle que toutes les formes peuvent se réduire à une seule variété anatomique, ayant toujours le même processus : nécrobiose par embolie microbienne. Un important chapitre est consacré à l'étude des causes multiples qui entrent en jeu dans la genèse de cette affection. La dysenterie domine l'étiologie; elle est notée dans 80 °/, des cas envi- ron. Des tableaux instructifs conceruant la répar- tition saisonnière de l'hépatite et de la dysenterie montrent que la plus grande fréquence de l’hépatite coïncide non avec le maximum des grandes chaleurs 392 atmosphériques, mais avec l'époque des plus grandes variations thermiques. Malgré de nombreuses recher- ches, la pathogénie reste encore le point obscur que des études bactériologiques plus approfondies ne tarderont pas sans doute à élucider. Tous les auteurs admettent, sous peine d’être en contradiction avec les saines tra- ditions de la bactériologie, que la cause essentielle de la suppuration du foie est la pénétration et la pullula- tion de microbes dans cet organe, Mais où commence la divergence, c'est quand il s'agit d'interpréter la nature de ces micro-organismes. L'examen bactériolo- gique (qui a surtout porté sur des abcès hépatiques dysentériques) a révélé tour à tour la présence de staphylocoques, de streptocoques, de l’amæba coli (amibe), par laquelle Kartulis explique la genèse de la dysenterie et de l'hépatite qui la complique, du bacille spécial découvert par Ghantemesse el Widal, et consi- déré comme le microbe spécifique de la dysenterie, Contrairement à l'opinion généralement acceptée, MM. Bertrand et Fontan considèrent la dysenterie, non comme une affection spécifique, mais comme une af- fection polybactérienne banale, dans la pathogénie de laquelle ils attachent plus d'influence aux associations microbiennes qu’à l’action isolée et exclusive de tel où tel microbe. Ils sont logiquement amenés à soutenir, dans l'hépatite suppurée, la cause du microbisme pyogé- nique banal. Leurs expériences sur les animaux, leurs recherches bactériologiques, les nombreux faits clini- ques qu'ils ont pu observer à l'hôpital Saint-Mandrier, les conduisent, en effet, à cette conclusion que tous les abcès du foie, quelle que soit leur nature, sont dus uniquement à l'intervention des microbes pyogènes ordinaires (le staphylococcus albus serait le plus fré- quent). . A 1 Au contraire de la théorie du parasitisme spécifique, leur doctrine « ramène au même mécanisme toutes les « variétés d’abcès du foie, avec cette condition différen- « tielle que la voie suivie par les microbes est tantôt le « système biliaire, tantôt les artères hépatiques si « l'entrée microbienne s'est faite par la circulation « générale, tantôt les vaisseaux portes si c’est par l’in- « testin que l'infection a commencé. » L'étude clinique occupe une large place, et est faite, pour ainsi dire, au lit du malade. De nombreuses observations judicieuse- ment distribuées nous montrent les diverses formes que peut revêtir cette affection ; les moindres symptô- mes sont analysés en détail. Cette étude est d'autant plus importante que l’.épatite se présente rarement avec un appareil symptomatique complet; le diagnostic est l’un des points les plus délicats de son histoire, et cependant il importe d’être fixé le plus tôt possible sur la présence du pus dans le foie, car tout retard dans l'intervention peut aggraver le pronostic déjà si redou- table. Après quelques observations sur le traitement médical, qu'on devra instiluer avec confiance, mais sans s’obstiner à perdre un temps précieux, et qu'on reléguera au second plan dès que- la suppuration de- vient probable, les auteurs abordent la question de l'intervention chirurgicale, Les indications sont nette- ment posées, et toutes les phases de l'opération minu- tieusement décrites; le curettage proposé, et mis plus de vingt fois en pratique par l’un-d’eux, peut être con- sidéré comme un perfectionnement notable, Les conclusions suivantes qui terminent le chapitre nous paraissent résumer très heureusement la conduite à tenir : jo La présence constatée du pus dans le foie fournit une indication impérative de lui donner issue; 20 L’évacuation faite de bonne heure améliorant singulièrement le pronostic, il faut rechercher le pus par la ponction exploratrice hâtive et répétée, toutes les fois qu’il y a présomption de suppuration ; 3° La ponction exploratrice étant inoffensive, et mème parfois profitable, doit être répétée un certain nombre de fois sans aucune crainte; 4° Quand le pus est trouvé, l'indication d'ouvrir étant urgente, il faut renoncer à tous les procédés de lenteur; BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ! de 5° L’évacuation par les canules de trocart étant for- &e cément incomplète, on doit écarter les ponctions avec ou sans drainage ; - 6° L'incision directe, vraiment large, est seule capa- ble de guérir les grands abeès du foie; ; 1° La résection d’une côte, les sutures pleurales ou péritonéales, le curettage, le double drain constituent les derniers perfectionnements de cette méthode et M transforment le pronostic des abcès du foie. D' H. ALVERNHE. - Hartmann (H.) et Morax (V.). — Note surla péri- tonite aiguë généralisée aseptique. — Quelques. considérations sur la bactériologie des suppura- tions péri-utérines.— In Annales de Gynécologie et” d'Obstétrique, 1894. MM. Hartmann et Morax poursuivent, dans les An- nales de Gynécologie et à la Société de Chirurgie leurs intéressantes études sur la bactériologie du péritoine et des suppurations annexielles. Reprenant les re- cherches de Schrüder et Blumm, auxquelles manquait. la démonstration anatomique, ces auteurs prouvent par deux faits l'existence de la péritonite aiguë généralisée aseptique. Dans les deux cas, l'examen bactériologique du liquide recueilli directement au cours de l'opération M sur la séreuse, est demeuré négatif. Cette péritonite, . dont le pronostic est relativement bénin, n’a pas de caractères cliniques pathognomoniques, Seule, son M évolution peut permettre de la séparer du processus » infectieux. MM. Hartmann et Morax ont noté la même absence de micro-organismes dans tous les cas de salpyngites catarrhales ou parenchymateuses et d’hydrosalpyngites, de même que dans trois faits de grossesse tubaire avec hémosalpynx et deux d'hématocèle pelvienne. Dans 33 collections suppurées formées aux dépens. des annexes, 13 fois le pus était stérile ; dans les 20 autres cas, il contenait des gonocoques à l’état pur » ou associés au Bacterium Coli, des streptocoques, des pneumocoques, et une seule fois le Bacterium Coli à l'état pur, Comme pour la péritonite aseptique, les commémoratifs, la marche de la température, les autres signes cliniques ne renseignent que très insuffi- samment sur la nature septique ou non septique des suppurations péri-utérines. Aussi, dans la pratique, vaut- il mieux se prémunir toujours contre les dangers de la contamination possible du péritoine et admettre dans. tous les cas la virulence du pus. C’est le seul moyen de se mettre à l'abri de tout accident, Dr Gabriel MAURANGE. 5° Sciences diverses. La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des, Sciences, des Lettres et des Arts, paraissant par livrai- sons de 48 pages grand in-8 colombier, avec nombreuses æ figures ‘intercalées dans le texte et planches en cou-n leurs. 520e et 521€ livraisons. (Prix de, chaque livrai- son, 1 fr.) H. Ladmirault et Cie, 61, rue de Rennes, Paris, 1895. | Les 520: et 521e livraisons renferment une mono-M graphie de la Laponie, due à MM. A. M. Berthelot pour 4 ce qui concerne la géographie proprement dite et à M. Zaborowski pour ce qui concerne l’ethnographie 3 une étude sur le lapin, au point de vue de l’économie rurale, par M. Larbalétrier; un article sur la sécrétion, des larmes, par le Dr P, Langlois; des articles sur le“ larynæ au point de vue anatomique par M. J. Flamma= rion, sur la pathologie et la chirurgie du larynx et sul la laryngoscopie par M. G. Coupard, sur les nerfs laryn= gés et leur fonction par le Dr P. Langlois ; sur la luté rite, terre’ rouge chargée d'oxyde de fer, provenant dem la désagrégation des roches, par M. Ch. Vélain; sur la} latitude, au point de vue astronomique, par M. Ch. de] Villedeuil;enfin la biographie du grand mathématicien} francais Laplace, par M. L. Sagnet. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS » Séance du 127 Avril 1895. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Tacchini transmet les résultats obtenus relativement à la distribution en latitude des phénomènes solaires observés pendant les e, 3° et 4° trimestres de 189%. Depuis quelque temps, lactivité solaire se manifeste de préférence au sud de 'équateur. — M. E. Goursat énonce le théorème sui- vant, relatif à la théorie des équations aux dérivées artielles du second ordre : Soit S—F(æ, y, z, p, q,?, t) une équation de second ordre où le second membre # holomorphe dans le voisinage des valeurs : £ os or F0» Pos Jo l'or Co» des variables correspondantes ; soient # (x) et 4 (x), deux fonctions holomorphes dans le domaine des points *, et y, respectivement, et telles que l’on ait : ® (To) = os CA (To) = Po» go" (to) = To Do) = 20 ? (Yo) = Jo Ÿ” (Yo) = b. Si, en outre, les deux dérivées partielles DFADF sont Dr Dé nulles pour ces valeurs initiales, l'équation admet une intégrale holomorphe dans le voisinage du point 0 Yo) Se réduisant à + (x) pour y =, et à Ÿ (y) pour — 4, . — M. Désiré Andre établit un ensemble e propriétés des séquences des permutations circu- laires, qui rappellent les propriétés énoncées pour les permutations rectilignes, mais sont en général beau- coup plus simples. — M. Maurice d'Ocagne applique la théorie générale de la probabilité des erreurs au cas particulier des nivellements de haute précision, 20 ScIENCES PHYSIQUES. — M. J, Rué adresse une hote sur les courbes des chemins de fer et sur les moyens pratiques à employer pour les vérifier ou pour les rectifier. — M. H, Deslandres expose le résumé omplet et définitif des expériences relatives au rayon- nement ultra-violet de la couronne solaire pendant Péclipse totale du 16 avril 1893. Les observations anté- rieures, limitées à la partie la plus intense du spectre Jumineux, ont été étendues à une portion trois fois plus grande, s'étendant jusqu'aux longueurs d'ondes pour lesquelles x = 295. L'auteur donne la liste des aies nouvelles appartenant à la couronne. — M. Ch. Péry indique un procédé permettant d'obtenir, par la Hhotographie de réseaux dans des conditions particu- ières, des réseaux quadrillés résolvant complètement & problème de la photogravure avec des demi-teintes. établit une formule permettant de déterminer rapi- ément les meilleures conditions d'emploi du réseau ans les conditions les plus diverses. — M. A. Aignan ablit qu'il n’y a pas lieu de substituer à l'expression A pouvoir rotatoire spécifique de Biot : GQ=R= un expression nouvelle et inexacie introduite par * Guye sous le nom de déviation moléculaire : re 7 Q) 0 Æ : quelle est une quantité variable qui diminue à me- re que la dilution augmente et que l’on dissout le pps actif dans un dissolvant plus léger. — M. G. Se- guy donne la description d’un radiomètre de cons- uction symétrique, tournant sous l’action d'un éclai- ment dissymétrique.— MM. H. Abraham et J. Le- ioine présentent un nouvel électromètre absolu pour ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER De cet MU é DÈT RTE RS Pr LE Enr +, 1e "ai la mesure des hauts potentiels ; c’est un électromètre- balance à disque plan et anneau de garde analogue à celui que M. Baille a construit sur le principe bien connu donné par lord Kelvin ; ils présentent aussi un modèle simplifié. Avec le modèle étalon, on a le mil- lième pour des potentiels dépassant 40.000 volts ; avec le modèle simplifié on mesure au centième, et toujours en valeurs absolues, des potentiels qui atteignent 100.000 volts. — M. Pierre Weiss a modifié le type habituel du galvanomètre astatique de Thomson et réalisé un nouveau galvanomètre beaucoup plus sen- sible et beaucoup plus sûr dans ses indications. Le système astatique est formé de deux longues aiguilles verticales, parallèles à l'axe de rotation et dont les pôles de nom contraire sont en regard, de facon à réa- liser un circuit magnétique presque fermé ; la sensi- bilité, définie d’après MM. Mather et Sumpner, dépasse 4.500; l’aimantation est d’une grande constance. — M. l'abbé Maze communique une première note sur les plus anciennes observations thermométriques et météorologiques faites à Paris par le prêtre astronome Ismaël Boulliau, et une seconde note pour établir que le premier thermomètre à mercure n’a pas été employé par Fahrenheit, mais bien par Ismaël Boulliau, 62 ans avant lui, — M. P. Déhérain conclut de l’ensemble de ses observations sur les eaux de drainage que le rap- port de la pluie au drainage a été, en 1893, de 6,5 et la perte d'azote de 51 k. à l’hectare, de sorte que, pen- dant une année de mauvaises récoltes, une terre de qualité moyenne perd une quantité notable d’azote nitrique, et cette quantité croît avec l'étendue de la jachère; en 1894, le rapport de la pluie au drainage est de 61,2 et la perte à l’hectare de 1 k.96 ; une récolte luxuriante de cètte dernière année, qui a été proba- blement la plus forte que nous ayons jamais eue pour le blé, n’épuise pas plus le sol qu’une récolte médiocre. En outre, les pertes des terres nues sont infiniment plus fortes que celles des terres emblavées, d’où luti- lité de maintenir le sol couvert de végétaux le plus longtemps possible, et par suite, de faire suivre toutes les fois qu’on le pourra, la récolte du blé d’une culture dérobée d'automne, — M. Ramsay donne quelques développements sur les résultats qu'il à récemment transmis au sujet de l’argon. — M. Tassilly donne les procédés de préparation et l'étude thermique des 10- dures anhydres de baryum et de strontium. — M. de Koninck adresse en son nom et au nom de MM. Le- crenier et Ledent une réclamation de priorité .rela- tive aux propriétés des sulfures de nickel et de cobalt. — M. de Forcrand a fait l'étude thermique de l’al- coolate de calcium (C2H60)' (Ca0)*, obtenu par l’action de l'alcool éthylique absolu sur l'acétylure de cal- cium. Il établit, en outre, que l’éthylate de baryte est une combinaison d'addition de formule (C2H50) (BaO, de sorte que l’action des alcools sur les oxydes alcalino- terreux ne donne pas de véritables alcoolates métal- liques, mais des combinaisons d’addition. — M. A. Rosenstiehl donne les résultats de son étude des bases ammoniées, dérivées de l’hexaméthyltriamido- triphénylméthane. Ces bases sont trivalentes, c’est-à- dire contiennent leurs trois atomes d'azote à l'état d'ammonium:; elles sont d'une alcalinité comparable à celle de l’hycrate de tétréthylammonium; elles déco- lorent les solutions de fuchsine et précipitent leurs carbinols quand ceux-ci sontinsolubles.—M Delépine a étudié les combinaisons de l’hexaméthylène-amine avec les chlorure et iodure mercuriques,ainsi que l’ac- tion du chlorhydrate de phénylhydrazine. Il se forme divers chloro- et iodomercurates, tousbien cristallisés, 39% ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES dans le premier cas, et l'anhydroformaldéhyde phé- nylhydrazine dans le second. : C. MATIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Leroux adresse une note ayant pour titre : Recherches sur l’éclosion de l'œuf des sexués du Phylloxéra de la vigne. — M. 9. Richard fournit les résultats d'analyses des gaz de la vessie nafatoire des poissons, faites à bord du yacht Princesse-Alice. Les recherches ont porté sur trois espèces de poissons : Serranus cabrilla,Conger vulgaris, Simenchelys parasiticus, pris respectivement à 60, 175 et 1674 mètres de profondeur; malgré ces différences, la quantité d'oxygène trouvé est voisine de 87 % même pour les cas extrèmes. — MM. Camus et Gley étu- dient l’action du système nerveux sur les principaux canaux lymphatiques. Les auteurs ont réussi à enre- gistrer les mouvements de la citerne de Pecquet et du canal thoracique, et démontrent que les vaisseaux lymphatiques recoivent, comme les artères, des nerfs qui président à leurs mouvements, Les expériences prouvent aussi l'existence dans le nerf splanchnique des fibres vaso-dilatatrices. — M. Vesque étudiant le genre Eurya de la famille des Ternstræmiacées, montre que la situation de la fige est constante dans ce genre qu'il divise, à la suite de l’étude florale, en # sections : Eueurya, Euryodes, Gynandra et Meristo- theca. — M. A. Lacroix présente une note sur les ro- ches basiques constituant des filons minces dans la lherzolithe des Pyrénées. J. MARTIN. ACADEMIE DE MEDECINE Séance du 9 Avril 1895, M. Dieulafoy présente, au nom de M, Collin, un ap- pareil destiné au tubage du larynx. — M. Debove communique un rapport sur deux mémoires du Dr Clozier, intitulés : 1° Des zones hystérogènes et hysté- roclasiques, et 2 De l’origine gastro-intestinale des hysté- ronévroses, — M. Hallopeau présente à l’Académie un androgyne. Séance du 16 Avril 1895. L'Académie procède à l'élection de deux correspon- dants nationaux dans la 1re Division (Médecine), MM. Testut (de Lyon) et Bertrand (de Cherbourg) sont élus, — M. G. Lagneau signale deux cas d’her- maphrodisme qu'il a eu l’occasion d'observer et montre que les cas de ce genre ne sont pas si rares qu’on le croit généralement. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 6 Avril 1895. M. Kauffmann, reprenant l'étude de l’une des ques- tions les plus discutées de la physiologie contempo- raine, cherche à élucider le problème de la formation et de l’origine du glycogène. IL rappelle les idées de M. Dastre. Ce dernier estime que le glycogène se ren- contre dans tous les tissus, mais qu'il est lié à la cel- lule qui l'a produit et qu’il ne peut être entraîné par le ‘orrent circulatoire. En outre, le glycogène ne peut exister dans le plasma, car celui-ci renferme une dias- tase qui le transformerait aussitôt en glycose. M.Kauff- mann estime, au contraire, que le foie est le grand producteur de glycogène et que, si on trouve cette substance dans les différents tissus, c’est qu’elle y a été transportée et déposée par le courant sanguin. Quant à la diastase dont on proclame l'existence dans le plasma, personne n'a encore pu la trouver chez l’ani- mal vivant. — MM. Richet et Héricourt onf guéri ra- pidement, par des injections de sérum d’un âne ino- culé expérimentalement, un cas de syphilis tertiaire avec sommes ulcérées, rebelle à tout traitement, — MM. Guinard et Artaud ont étudié les modifications cardio-vasculaires produites par l’injection de malléine et de tuberculine., — M. et Mme Déjérine ont examiné ee rie du ruban de Reil avec la corticalité céré- brale. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 15 Mars 1895. M. Leduc expose une nouvelle méthode pour me- surer l’abaissement moléculaire du point de congéla- tion des dissolutions très diluées. Cet abaissement a donné lieu à des recherches nombreuses qui se par- tagent en deux groupes, Le premier comprend les expériences de Rüdorf, de Coppet et de M, Raoult, Ces auteurs n’ont pas cherché à étudier les dissolutions très étendues. Les abaissements sur lesquels ils opé- raient étaient de l’ordre de 1°, Le second groupe se rapporte au cas des dissolutions extraordinairement étendues, où les abaissements sont de l’ordre du centième de degré. Ces expériences ont été entre- prises à la suite de l’hypothèse d’Arrhénius, que les sels dissous pourraient bien être décomposés en leurs ions. Mais les résultats obtenus présentent de grandes divergences. Ainsi, dans le cas du chlorure de sodium, M. Arrhénius et M. Pickering trouvent des courbes entièrement discordantes. Tout récemment, M. Ponsot, par des déterminations très soignées, a trouvé une courbe toute différente des deux premières, M. Leduc à songé à mesurer les abaissements de tem- pérature avec une précision beaucoup plus grande en se fondant sur l’abaissement de la température de fusion d’un mélange d’eau etde glace lorsqu'on exerce une compression, Cet abaissement étant de 0°,0076 par atmosphère, une variation de pression de 1°% de mer- à - LS ë cure correspond à un abaissement de +=, de degré. La mesure des excès de pression peut donc donner les abaissements de température avec une précision sura- bondante, La méthode consistera, dans le cas d’une dissolution aqueuse, à introduire la partie de l’éprou- vette contenant la dissolution au milieu d'un récipient qui renferme un mélange d’eaupure et de glace ràpée, sur lequel on exercera différentes pressions. Un regard portant un microscope permettra d'examiner à chaque instant la dissolution. On fera varier la pression dans lerécipient, et, par suite, la température du mélange d eau et de glace, jusqu’à l’ameneràla température de congélation de la dissolution étudiée, Il est possible de saisir exactement cette température, car, tant qu’elle n'est pas atteinte, des parcelles de glace introduites dans la dissolution y fondent; si elle est dépassée, des aiguilles se forment. La seule difficulté de la méthode consisterait dans les dosages nécessaires pour déter- miner les abaissements absolus moléculaires. Cette. détermination, en valeur absolue, a d’ailleurs moins d'intérêt que l'étude beaucoup plus facile de la forme exacte de la courbe. M. Leduc établit ensuite la for- mule qui donne l’expression de l’augmentation de pression en fonction de la pression osmotique, et des volumes spécifiques du dissolvant à l’état solide et à l'état liquide. Elle peut se démontrer par un raisonne- ment direct, indépendant de toute formule théorique. Puis, au moyen de la formule de Van t’Hoff, des va- leurs de l’augmentation de pression, on pourra déduire la valeur du coefficient isotonique qui fixe la fraction W du sel décomposée en ses ions. Bien que lintérèt soit moiudre, ces formules sont applicables aux dissol- vants autres que l’eau, Enfin, M. Leduc montre qu’on peut déduire facilement et directement des formules précédentes l’expression, dont M, Ponsot a déjà donné une première forme, de la différence entre la pression maxima de vapeur de la glace et de l’eau en surfusion à la même température. Cette formule donne une | valeur de 0®%,0%% pour un abaissement de température de 14°. C’est bien le nombre trouvé expérimentalement | par Dieterici, — M. Wyrouboff trouve que les écarts de la loi de Raoult sont trop grands pour qu'il y ait lieu de songer à y appliquer la précision des méthodes purement physiques, — M. Leduc montre que ce sera précisément un moyen d'éviter une grande partie des | erreurs et de diminuer beaucoup les écarts. — M. P. Charpentier décrit un pressomètre sensible pour la r mesure des pressions des fluides. C’est essentiellement un baromètre à siphon dans lequel le mercure de la branche ouverte est surmonté d’une colonne d’un liquide plus léger, huile ou eau, contenue dans un tube de section plus faible que la surface libre du mercure. Les variations de niveau dans ce tube, par Suite des variations de la pression atmosphérique, Sont beaucoup plus grandes que celles du mercure. Dn peut les rendre environ dix fois plus grandes, est-à-dire qu'on peut obtenir une décimale de plus dour la mesure de la pression atmosphérique. L'auteur ose le tarage de l'appareil et établit la formule où se déduit la hauteur barométrique. Il se propose Pappliquer ce dispositif à d’autres usages, notamment pour la densimétrie, — D'après M. Pellat, il y aurait lieu de rechercher si les déformations du ménisque du liquide n’introduisent pas des erreurs appréciables. 1e Edgard Haunié. SOCIÈTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 6 Mars 1895. « M. Hébert a analysé les matières grasses extraites de quelques graines oléagineuses du Congo francais. La graisse des graines de Penza contient 70 °/, d’acide oléique et 30 °/, d'acides gras solides{acides arachique et stéarique); la matière grasse de Moabi renferme 50 °/, d'acide oléique et 50*/, d'acides gras solides acides myristique, palmitique, stéarique et peut-être nargarique); l'huile de Koumounou est constituée par de la trioléine à peu près pure. M. Hébert donne les endements des graines en matière grasse, les carac- ères des huiles qu’on en extrait et la composition des bureaux, — M. Jay décrit en son nom et au nom de M. Dupasquier une nouvelle méthode d'obtention du hosphate de potassium. On utilise la réaction connue lu phosphate monocalcique sur le sulfate neutre de potassium ; il se forme du sulfate de calcium et du hosphate monopotassique. Mais, au lieu de passer omme actuellement par la préparation de lacide hosphorique, on fait agir directement sur le phos- hate tricalcique une solution de sulfate dans l'acide ulfurique. Le phosphate de potassium est ensuite éparé en lessivant la masse, produit de la réaction. H Joffre conclut de recherches poursuivies pendant ois années que les végétaux paraissent absorber la hatière organique de la terre arable, — M. Lescœur présente une note sur le mouillage du lait. Séance du 8 Mars 1895. Le perchlorure de fer en solution éthérée est réduit ét transformé en protochlorure par le bioxyde d’azote, insi que l’a reconnu M. Thomas. De plus, on obtient Me combinaison du protochlorure et du bioxyde ré- bondant à la formule : FeC, AzO,2H?20, n évaporant la solution éthérée et en abandonnant le oduit sirupeux obtenu à cristalliser. Cet hydrate est n'eristaux noirs.Si l’on évapore la solution à 60°-100, n obtient le sel anhydre : FeCl2,4z0 en cristaux unes. Ces deux composés se dissolvent dans l’eau Sans dégagement gazeux. Le fer qu'ils renferment doit re au minimum, car lesulfocyanure ne produitaucune bloration et le ferrocyanure donne un précipité blanc. M. Delépine a préparé les produits d’addition sui- ants de l’hexaméthylène-amine : le bismuthate : 4 5(CSH12AzHI), 3 (Bil5, HI, 4 H20) 2chloromercurates : CSH1?Azi, 2 HgC/2, H?0, o C5H12Az4, HCI, 2HgCI2H20, iodomercurate : CSH1?A71,2 Hgl?, H20, - ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 395 l'iodamylate : C6H12A74, CSH!1] les triiodures d'iodamylate et d'iodométhylate, le triio- dure d’iodhydrate trihydraté : CSH12Az4, HI, I°+3H20. En traitant par les acides l’iodométhylate et l'iodamy- late, il a obtenu de l’éthylamine et de l’amylamine, plus une autre base qu'il étudie. Traités par l'oxyde d'argent, ces iodalcoolates donnent des ammoniums quaternaires extrêmement alcalins. Ces ammoniums, traités par les iodures alcooliques, donnent des iodal- coolates différents des composés primitifs. Le chlorhy- drate de phénylhydrazine donne avec l’hexaméthylène amine, un composé cristallisé, fondant à 100, et parais- sant identique au produit obtenu en faisant réagir la phénylhydrazine sur l'aldéhyde formique. M. Delépine a essayé d'appliquer à la séparation des méthylamines une réaction déjà signalée par Henry. C'est celle de l’aldéhyde formique, qui se combine avec ces bases en donnant des produits différents. La triméthylamine ne se combine pas à cet aldéhyde et peut, par conséquent, être très facilement séparée de la combinaison avec la diméthylamine, bouillant à 66°-67%, En traitant aussi par l’aldéhyde formique les amines obtenues par l’ac- tion de l’ammoniaque à froid sur l’azotate de méthyle, on n'obtient pas ou très peu de triméthylamine ; mais on obtient surtout le composé CH?= Az-CH, bouillant à 166°,déjà signalé par Henry,et du bisdiméthylaminomé- thane bouillant à67°, Ge derniercomposé se combine aux iodures de méthyle, de méthylène, d’éthyle, d’amyleetau bromure d’éthylène. — M. Simon afaitréagir les amines aromatiques sur un certain nombre de composés céto- niques dissymétriques. Il a étudié notamment dans ces conditions, l'acide pyruvique, ses éthers, l’acide phé- nylglyoxylique, son éther éthylique. L’acide pyruvique donne 3 produits distincts. Mais on n’a obtenu ni sté- réoisomères, ni isomères de structure. L’aniline, l’or- tho et la paratoluidine, la métaxylidine, la 8 naphtyla- mine se comportent dela méme manière. Seules les proportions relatives des différents produits diffèrent. Une base fait exception : l’, naphtylamine, en effet, ne donne rien à froid en solution éthérée,-même au bout de plusieurs jours. Cette réaction à froid a donné les trois produits obtenus par Bottinger pour l’aniline dans des conditions différentes, —M. Villiers, par re- froidissement intense et prolongé de l’alumine préci- pitée et en suspension dans l’eau, a obtenu de l'alu- mine cristallisée hydratée renfermant,comme Palumine de la bauxite, 4 molécules d’eau de cristallisation. — MM. Verneuil et Wyrouboff se sont proposé d’ex- traire du cérium absolument exempt de didyme soit de la cérite, soit d'un mélange en n'importe quelles proportions de cérium, lanthane et didyme. Ils ont aussi cherché une méthode de dosage aussi exacte que possible du cérium en présence du didyme ou du lan- thane. En se basant sur une réaction connue, mais mal interprétée, ils ont pu parvenir à un procédé simple et expéditif de séparation du cérium. Le nitrate céroso- cérique se dissocie en présence d’azotate d'ammonium. Pour réussir cette séparation, on dissout à chaud les oxydes de cérium, lanthane et didyme, provenant de la calcination des oxalates, dans de l’acide azotique fort. On concentre à consistance sirupeuse de facon à laisser un léger excès d'acide, On ajoute un poids de nitrate d'ammonium égal au poids des oxydes employés. On dissout dans 20 fois le poids d’eau et on fait bouillir. On obtient un précipité jaune très clair qu’on filtre et lave avec une solution d'’azotate d'’ammonium à 5 °/°. Par calcination, on obtient l’oxyde Ce30, tout à fait exempt de didyme. La réaction n’est pas quantitative : l’acide azotique agit sur Ce Of — Ce 0?,2Ce0, le réduit en donnant un composé d’oxydation moindre qu’on peut représenter par Ce0?, (2 + n) CeO. Ce produit, traité par l’eau et l’azotate d’ammonium, donne bien CeO?, 2CeO, qui se précipite, mais il reste nGeO en solu- 396 tion. Cette réaction, qui a échappé aux chimistes jus- qu'alors, rend illusoires les procédés de séparation fondés sur l’insolubilité des nitrates basiques de cé- riumet les explications théoriques admises jusqu'alors, notamment celles de M. Auer. Pour arriver à une pré- cipitation complète pour un dosage, on ne peut em- ployer ce procédé. On pourrait répéter les précipita- tions d'oxyde cérosocérique; mais il reste toujours une partie du protoxyde de cérium dans la solution et, de plus, l’oxyde Ce*0* semble se réduire de plus en plus au fur et à mesure qu'augmente le titre en bases plus fortes : DiO et LaO. On peut tourner la difficulté : à la liqueur contenant les trois métaux à l'état de protoxy- des et une grande quantité d'ammonium, on ajoute en excès de l'eau oxygénée, puis, goutte à goutte, de l’am- moniaque très diluée (1/10). Il se forme un précipité rouge oransé de peroxyde CeO*, qui disparait petit à petit à l’ébullition et fait place à un corps analogue à l’oxyde cérosocérique., On le lave avec une solution de nitrate d'ammonium à 5 °/,, on arrête la précipitation par l’ammoniaque lorsqu'une prise d'essai, traitée par l’eau oxygénée et l’ammoniaque, donne un précipité parfaitement blanc. On ne peut empêcher la précipita- tion d'un peu de didyme. Néanmoins ce procédé est bien supérieur aux procédés proposés jusqu'ici el mérite toute notre attention à une époque où la chimie des terres rares semble sur le point d'opérer une véritable révolution industrielle. — M. Engel a reconnu jadis que le palladium précipité par l'acide hypophosphoreux décompose cet acide et les hypo- phosphites en hydrogène et acide phosphoreux. Le composé connu sous le nom d’hydrure de cuivre réagit de la même facon, même après avoir été lavé avec l’eau bouillante et l'acide chlorhydrique dilué. A lébullition il décompose indéfiniment l’hypo- phosphite de baryum. — M.Chabrié,en soumettant un mélange d’aldéhydate d’ammoniaque et d’éther à lac- tion de l'hydrogène sulfuré, a obtenu un corps cristal- lisé, fondant à 60°-63° et se:décomposant au-dessous de 100°, On peut lui donner la formule développée : CHE CH SH ON | | —4zH—/ | H H Il a bien,en effet,les propriétés des sulfures et des aldé- hydes ; on reconnaît qu'il est bien différent de la thial- dine, produit de la réaction de l'hydrogène sulfuré sur l'aldéhydate d’ammoniaque sec. — M. Baubigny à envoyé une note sur les caractères analytiques d'un mélange de sels de baryum, de strontium et de cal- cium. Er. CHaroN. SOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE. FRANCE Séance du 20 Mars 1895. M. D. André : Sur les permutations quasi-alternées, — M. d'Ocagne : 1° Sur l'influence des erreurs toujours de même sens dans les nivellements de précision. 2° Rectification approchée du cercle. — M. Laïisant : Relation entre les cercles de courbure et les asymp- totes. — M. G. Humbert : Génération géométrique des asymptotiques de Ja surface de Kumner, — M. Raffy : Sur une classe d'équations différentielles du premier ordre, dont on obtient l'intégrale générale en y remplacant Ja dérivée par une constante arbitraire. — M. Goursat fait connaître une classe étendue de solutions du problème dépendant de deux fonctions arbitraires. Séance du 3 Avril 1895. M. D. André : Sur la structure des permutations circulaires. — M. Lecoruu : Sur une équation fonction- nelle, — M, Fleury : Sur un paradoxe du calcul de l'infini, M. D'Ocacxe. ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES SCIENCES PHYSIQUES Lord Kelvin, P.R. S., Magnus Maclean, EF, R.S.E., et Alex, Galt, F.R, S. E, — Electrisa- tion de l'air et d’autres gaz par leur passage à travers l'eau et d'autres liquides. — Les expériences suivantes ont été exécutées dans le cours de juillet 1894 et sont la continuation d'expériences commencées en 1868 au Laboratoire de Physique de l'Université de Glasgow, qui furent interrompues pour diverses raisons avant qu'aucun résultat décisif eùt été obtenu, À 4. — Un tube de verre en UV, avec des branches ver- ticales (fig. 1), chacune mesurant environ 18 pouces de longueur (0 m. 45) et {1 pouce de diamètre (0 m. 025 ),, est fixé à un support non isolé (non représenté sur la. figure). La moitié supérieure de l’une des branches est enduite, extérieurement et intérieurement, d’un vernis blanc ; l’autre branche est remplie de petits fragments, de pierre ponce imprégnée d'acide sulfurique con= centré ou d’eau. Un fil de platine, touchant la pierres ponce par une de ses extrémités, la met en reJatio avec l’électrode isolée d’un électromètre à quadrant E Un vase de métal M entoure les deux branches du tube en U sans les toucher et les protège des influences, électriques extérieures; ce vase est mis en communi= OINEE Fig. 1. — Disposilif employé pour montrer l'électrisation del l'air lorsqu'on lui enlève l'humidilé qu'il contient. — MA vase de métal entourant les deux branches d’un tube en U dont l’une est remplie de fragments de pierre ponce im prégnée d'acide sulfurique. — LE, électromètre à qua drants. À calion par un fil métallique avec l'enveloppe extérieure de l’électromètre. La partie du fil de platine à décou= vert entre le tube en YU et l’électromètre est si courte: qu'il n’est pas nécessaire de la protéger contre les! influences extérieures, Le tube de dégagement d’une soufflerie ordinaire est lié à l'extrémité non isolée du! tube en U. On souffle alors de Pair à travers le tube pendant une heure environ, sans arrêt. Lorsque lal pierre ponce est imprégnée d'acide sulfurique, l’élecz tromètre accuse, dansle cours de3/4 d'heure, une élec- trisation positive d'environ 9 volts; quand la pierre ponce est imprégnée d’eau, on n'observe aucun effet.} La première expérience montre clairement que lair, en passant à travers le tube en LU, abandonne del l'électricité positive à l'acide sulfurique; l'air dessé» ché, qui s’échappe du tube, doit, par conséquent, êtres chargé d'électricité négative, Une expériénce analogue dans laquelle la pierre ponce imprégnée d'acide sulfu=1 rique élait remplacée par des grains de chlorure d&l calcium anhydre, donna le même résultat. On nota toutefois que l’électrisation ne commence à se produire! que lorsqu'on entend un bruit de barbotement, dù au passage de l'air à travers un liquide rassemblé dans la courbure du tube (provenant probablement de la con-| densation de l'humidité de l'air par H?S0 ou Ca CP). On a depuis vérilié que, s'il ne se produit pas d'effet) électrique quand la pierre ponce est imbibée d’eau} pure, c’est parce qu'il ne se rassemble aucun liquide} dans la courbure du tube, — Lorsqu'on remplace le tube en U par un tube droit, afin d'empêcher une, AE OS Pa re Te de - accumulation de liquide dans le tube, et lorsqu'on fait passer l'air à travers le chlorure de calcium ou la pierre ponce imprégnée d'acide sulfurique, on n’observe plus aucune électrisation définie, excepté dans le cas où le chlorure de calcium a été chauffé, avant l’expé- ience, à 480 ou 200° et introduit encore chaud dans le tube : l’électrisation est alors positive et très forte. 2. — Les expériences ont été continuées avec l'ap- pareil représenté dans la figure 2. Un vase métallique protecteur M est mis en communication au moyen d’un fil mécanique avec l’une des paires de quadrants d’un électromètre E. De l’eau, placée dans un vase intérieur de verre ou de métal À, est également reliée 2. — Disposilif montrant l'électrisalion de l'air lorsqu'il arbote à travers l’eau. — A, vase intérieur contenant de l'eau reliée par un fil métallique à l'électromètre à qua- drants E. par un fil de platine avec l’autre paire de quadrants de l’électromètre. Pour isoler l'appareil, on supporte le vase A par un bloc de paraffine; le tube de verre qui plonge dans l’eau est ajusté dans un second bloc de paraffine, percé d’un canal à l’autre extrémité duquel -s’emboîle le tube servant à l’entrée de l’air venant de a soufflerie. Si l’on souffle de l'air à travers l’eau, on observe que le vase À se charge d'électricité positive !. Pour prévenir l’éclaboussement de l’eau hors du vase, ou peut adapter un couvercle de papier à l’orifice; ou bien on incline le vase comme le montre la figure 3, de facon que les bulles d’air viennent crever contre la ‘paroi intérieure du vase. La moyenne des résultats de Mig: 3. — Légère modification du dispositif représenté dans & fiqure 2, el destinée à empécher l’éclaboussement des gouttes d’eau hors du vase. trois expériences donna üne électrisation positive d’en- viron 6 volts en un quart d'heure. 3: —_ Puisque le vase s’électrise positivement, l’air, sil est entré à l’état neutre, doit être électrisé négati- ement après son passage. Pour le prouver, on se sert de l’appareil représenté dans la figure 4. Il con- Siste en un grand vase de fer-blanc VV, de 123 centimètres de diamètre et 70 centimètres de hauteur, renversé sur un baquet en bois revêtu de plomb, supporté par trois morceaux de bois. En remplissant d’eau le baquet on confine une certaine quantité d’air dans le vase PO RC ER 2 4 En soufflant de l'air dans le vase sans que le tube plonge dans l’eau, on n’observe aucune électrisation, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES a ————_——_——— 397 VV. CC est un écran métallique, en communication avec le vase VV et l’électromètre E. L'écran entoure l'électromètre et l'appareil figuré à sa droite qui est destiné à laisser tomber de l’eau goutte à goutte dans le vase VV; l'écran empêche ainsi toute influence électrique extérieure qui pourrait altérer les résultats des expériences, Cette protection de l’électromètre est absolument nécessaire, surtout si d’autres expériences électriques se font à proximité ou si des câbles servant au transport de l'électricité passent dans la salle. En faisant marcher l'appareil à écoulement d’eau et en soufflant de l’air ordinaire du laboratoire à travers le vase VV, on trouve que l'air s’électrise négativement et d’une quantité égale à environ 5 volts en une heure; L- == & 7 SN a —— fus) LTTLIIITTITTTTTTTITT TITI IT IT TITI IST ALT T LITE TILL LITTLE IL Fig. #4. — Appareil destiné ‘à montrer que l'air s'électrise négativement lorsqu'on fait tomber de l'eau goutte à goutte au travers. — VV, vase en fer-blanc retourné sur un ba- quet rempli d’eau. — CC, écran métallique entourant l’élec- tromètre à quadrants E et le récipient, figuré à sa droite, duquel l’eau tombe goutte à goutte à travers l’air confiné dans le vase VV. on a vérifié en même temps un phénomène déjà re- connu auparavant : c’est que plus l’air est exempt de poussières, moins il s’électrise négativement par la chute des gouttes d’eau. La courbe 6 montre l’électri- sation d’un air assez riche en poussières; on obtient la courbe 7 après avoir laissé tomber pendant 16 heures des gouttes d’eau à travers l’air ayant servi pour obte- nir la courbe 6; on voit que cet air, ayant été débar- o ES 10 15 20 25 ï I = Temps en minutes | Fig. 5. — Courbes montrant l'électrisation de l'air au tra- vers duquel on a laissé tomber des gouttes d’eau. — La courbe 6 a été obtenue après avoir laissé tomber les gouttes d'eau pendant quelques instants seulement; la courbe 7 après que l’eau eut coulé pendant 16 heures et que l'air eut été ainsi débarrassé de la majeure partie de ses poussières. — Les abscisses représentent le temps en minutes; les or- données les volts négatifs. — Les signes X indiquent le moment où chaque goutte d’eau est tombée. rassé par ce moyen d'une grande partie de ses pous- sières, s’électrise beaucoup moins fortement. A Ja place d’une soufflerie, on peut se servir d’un aspirateur qui extrait l'air du vase; on filtre l'air qui entre dans le vase au moyen d’un tube rempli de ouate. Les courbes 4 à 5 ont été obtenues successivement en faisant mar- 398 cher l'aspirateur de plus en plus longtemps, et, par conséquent, en filtrant l'air de plus en plus; on voit que l’électrisation diminue à mesure que les poussières sont éliminées. | ( | | e 50 60 ol 6 di = À Fig. 6. — Courbes montrant l'électrisation de l'air au hravers duquel on a laissé tomber @es gouttes d'eau. — L'air dont il s’agit a té auparavant filtré à travers de la ouate pour le débarrasser de ses poussiéres. La courbe { provient de l'air le moins bien filtré et contenant le plus de poussières; la courbe 5 provient de l'air qui a été le plus complètement débarrassé de ses poussières. — Les abscisses représentent le temps en minutes, les ordonnées le degré d’électrisation en volts. — Si on prend de l'air presque complètement débar- rassé de poussières et ne donnant plus qu'une faible électrisation quand on laisse tomber des gouttes d’eau au travers, et si on le souffle dans un tube débouchant o 1] 10 25 20 (Zemps en mhnutes | Fig. 7. — Courbe montrant l'électrisation de l'air qui a bar- boté dans l'eau avant d'entrer dans le vase NV. — Les abscisses représentent le temps en minutes, les ordonnées l'électrisation en volts négatifs. sous l’eau à l'intérieur du vase VV, de façon que l'air barbote dans l’eau, on observe, en 12 minutes, une électrisation négative moyenne de 5 volts. De même, si l'on interpose, entre la soufflerie et le vase VV, un tube en U renfermant, dans la courbure, de l’eau à travers laquelle l'air devra barboter, on trouve que l'air du vase VV s’électrise négativement d'environ ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES EE 8 1/2 volts en 25 minutes, La courbe 8 montre l’électri- sation de l’air qui a barboté dans l’eau du tube en Y avant d'entrer dans le vase VV. — La figureS montre en coupe longitudinale et trans- versale un dispositif intercalé soit entre la soufflerie et le tube en U, soit entre le tube en U et le vase VV. Ce sont des toiles métalliques placées entre de petits” bouts de tuyau de plomb, maintenus ensemble par un tuyau de caoutchouc. Douze toiles métalliques, placées entre la soufilerie et le tube en UJ, avec ou sans ouate entre elles, n’ont aucun effet sur l'électrisation subsé-" Toile metalli Plo ER M MT TT ET RENNES É tallique, FSSSSSSSSRENNNNINEEESENNSIENNNNNT Z LPO Dr CSL SS SSII STI IS ISS ASS ITL LILI SSII SL 4 Æbonite; Fig. 8. — Coupe longitudinale el b'ansversale d'un disnones 1 inlercalé entre la soufflerie et le lube en UV ou entre le tube en W el le vase VV (lg. 4) et destiné à montrer l'in- [luence des toiles métalliques sur l'électrisation de Pair. quente de l'air par le barbotement dans l'eau; mais, placées entre le tube en Yet le vase VV, elles désé- lectrisent presque complètement l'air, même sans ouate. Une seule toile métallique n’a qu'un petit effet. 4 4. — Après avoir exécuté les diverses recherches, précédentes, les auteurs firent une série d'expériences quantitatives dans lesquelles ils utilisérent l'appareil représenté dans la figure 2; on mesure alors l’électrie\ sation du liquide et non directement celle du gaz ayant barboté au travers. À 3 centimètres au-dessus de lan surface du liquide dans le vase A, on placa un écran, composé d’un mince disque de cuivre, d'un diamètre. inférieur de 6 millimètres à celui du vase, et destiné à éviter la projection de gouttes d’eau au dehors du vase, — Si l’on place dans le vase A 200 cc. d’eau d’ap-, provisionnement de laville de Glasgow (venant du Loch Katrine), et qu'on fasse passer de l'air au travers, la moyenne de 17 expériences montre une électrisation « de l’eau égale à 4 volts positifs. — Si l’eau renferme une goutte d’une solution saturée de sulfate de zinc l'électrisation positive est la moitié de celle qu'on obtient avec de l’eau pure; si l’eau renferme 5 gouttes, de la solution, l’électrisation est presque nulle. Avec de plus fortes proportions de sulfate de zinc, jusqu'à. saturation, l’électrisation devient légèrement négalive.n _— Avec l’ammoniaque on observe les mêmes faits, | mais l'électrisation reste toujours positive. — 7 expé- riences avec l'acide sulfurique montrèrent une faible électrisation positive qui alla en décroissant de 1/4 volt, en 10 minutes, pour 0,5 °/, d'acide dans l’eau, jus qu'à 1/16 volt, dans le mème temps, pour l'acide con- centré, — 7 expériences avec l'acide chlorhydrique montrèrent une faible électrisation négative, qui alla en croissant de 1/2 volt, en 10 minutes, avec 4/30 076 d'acide en soiution dans l’eau, jusqu'à 4 1/# volt, dans le même temps, pour une solution, — Le chlorure de calcium ajouté à l’eau produit à peu près les mêmes résultats. — 10 gouttes de benzène ou d’huile de paraf: fine réduisent l’électrisation à 1/2, 30 gouttes de ben zène à 1/3 de celle obtenue avec de l'eau pure. = Moins de 40 °/, d’une solution saturée de phénol ajous tée à l’eau n’a aucun effet sur l’électrisation ; avec 25 0/,, l'électrisation est réduite au 1/3 ; avec 100 °/s elle est réduite au 1/6, — En faisant barboter de l'air pendant 10 minutes à travers 200 ce. d’eau contenant | les proportions suivantes d’une solution saturée de sel marin, on obtient les électrisations ci-dessous : «)-0,004 % de solution saturée de sel dans l’eau 2,4 volts positifs , 70 k b) 0,02 » » » 4 » ue ci 0,1 »” » » 0.6 » | d) 0,5 » » » 0,# » | e) 2,0 » , » 0,15 » , [) 4,0 » » » 0,0 » 10 gouttes d'alcool absolu dans 200 c.c. d’eau w’ont as d'influence sur l’électrisation ; 50 gouttes la ré- duisent à 1/2, 100 gouttes à 1/4; 25 à 50 % d’alcool dans l’eau ne donnent plus qu’une électrisation posi- M tive négligeable. | 5. — En faisant barboter de l’anhydride carbonique # àtravers de l’eau pure dans le vase A, on obtient une électrisation positive de 8 3/4 volts en 10 mi- > nutes. — Dans le même temps, de l'oxygène donne une électrisation positive de 1/2 volt. — L'’hydro- gène produit des effets différents suivant les cas. Si, avant d'être employé, il a séjourné dans un gazo- mètre, la moyenne de l’électrisation produite par son passage à travers l’eau est de 2 volts positifs en 10 mi- -nutes. Si l'hydrogène passe directement des flacons où on le prépare dans l’eau du vase A, l'effet obtenu est plus grand; quand l'hydrogène est préparé au moyen de zinc et d'un mélange d'acides sulfurique et chlor- hydrique et d’eau, l’électrisation se produit en 30 se- condes et on enregistre plus de 10 volts; quand Phy- drogène est préparé avec du zinc et de l’acide sulfu- rique dilué, lélectrisation positive est de 6 volts en 7 minutes. - Lorsqu'on produitl’hydrogène directement dans le vase À en y mettant de l’eau, un peu de zinc granulé et en y laissant tomber quelques gouttes d'acide sulfurique pur, on observe, lorsqu'il n’y à pas d'écran pour empêcher l’éclaboussement de l’eau, une \ électrisation négative au bout de quelques minutes | (environ 9 volts). Lorsqu'on place un écran en cuivre à “ 7 centimètres au-dessus de la surface du liquide, l’élec- trisation est de 2 volts négatifs en 2 minutes, puis l’électromètre revient au zéro en 5 minutes, et enfin, dans les 6 minutes suivantes,.il arrive à marquer 6 volts positifs. L’électrisation produite parle bouillonnementne commence généralement à être perceptible qu’à la fin de la première minute de l'expérience, et elle continue à augmenter faiblement une minute ou plus après que le barbotement a cessé. L'interprétation de ces expé- riences est difficile et devra, sans doute, être cherchée dans les propriétés de la matière. E.C. Baly. A.I. C.—A quoi correspond le double spectre de l'oxygène ? (Note communiquée par le Pro- fesseur W. Ramsay F. R. S.) — Les deux spectres de l'oxygène semblent être de nature différente. Ils se comportent différemment, et il y a des raisons de sup- poser qu'ils se rapportent à deux gaz vraiment dis- tincts. Plusieurs hypothèses peuvent d’ailleurs être faites à ce sujet : ou ils résultent de vibrations diffé- rentes de la même molécule, ou bien ils correspon- dent, soit à deux modifications différentes de Voxy- - gène, soit à deux gaz nés de la dissociation de ce que | 4 ; 4 nous appelons actuellement l'oxygène. Il m’a paru utile de faire des expériences en vue d’éprouver cette dernière hypothèse. J'ai fait éclater l’étincelle dans de l'oxygène contenu dans un appareil semblable à celui employé par le professeur J. J. Thomson pour ses expériences sur l’électrolyse de la vapeur. J'ai em- ployé des électrodes de platine creuses, reliées cha- cune. à une pompe à mercure de Sprengel. Dans mes premières expériences, la distance entre les électrodes était de 35 millimètres et la pression de 380 millimè- tres : c’est la plus haute pression qui permet d'obtenir les deux spectres. J’eus soin de déterminer la densité de l'oxygène avant de faire passer les étincelles ; cette densité servit, en quelque sorte, de témoin de la pu- reté du gaz. A la suite de quoi, les portions de gaz re- cueillies à l’anode et à la cathode furent pesées; le tableau ci-joint indique les densités ainsi obtenues. Les résultats de ces expériences sont conformes à ceux que J, J, Thomson a obtenus avec des étincelles de longueurs inégales : avec les longues, il obtenait à la cathode un gaz plus léger qu'à l’anode; c'était l’in- verse avec les étincelles courtes, Les gaz de l’anode n'étaient pas si bien définis que ceux de la cathode, quoique la différence fût dans le même sens. L'erreur maximum probable de la pesée était 0 gr, 0001. Cette ACADÉMNIES ET SOCIETÉS SAVANTES 399 erreur portait exactement sur la seconde décimale des densités. On peut juger de l’exactitude des résultats en les comparant aux densités de l'oxygène non sou- mis à l’effluve : DENSITÉ DU GAZ recueilli à la cathode avecde courtes étincelles DENSITÉ DE L’OXYGÈNE non soumis à l’eflluve DENSITÉ DU GAZ recueilli à la cathode avec de longues étincelles 15.78 2.88 16 15.79 ÿ.87 16. 15 80 5.89 16 15.79 ».88 16 5.88 : 16 16.0: Moyenne des résultats obtenus par d’autres expéri- mentateurs — 15,887. La densité de l'oxygène à la cathode après trois jours d'exposition aux courtes étincelles était : 15,75. Je continue ces expériences, SOCIÉTÉ PHYSIQUE DE LONDRES: Séance du 8 Mars 1895 M. Naber: Nouvelle forme de voltamètre à gaz. Dans cet appareil, oxygène et l'hydrogène peuvent être re- cueillis séparément, et le niveau du liquide à l’exté- rieur et à l’intérieur de la burette peut être le même. — M. Johnston Stoney : Héliostat local. Dispositif pour sidérostats. L’héliostat local est un héliostat réglé pour un lieu donné, pouvant seulement être réglé par des latitudes assez peu différentes (par exemple, un appareil pourra servir par toutes les îles Britanniques). L'auteur indique des perfectionnements apportés à l'appareil qui sert pour les observations de spectroscopie sidérale et au réglage du sidérostat. — M. G. Yule : Forme simple d’analyseur harmonique. C’est une modification de l'appareil d'Henrici. — M. Minchin : Mouvements de l'énergie dans le milieu qui sépare des particules électrisées, en l’attirant en vertu de la gravitation. Entre autres remarques, signa- lons que l'énergie du milieu est à la surface du soleil de 16 chevaux-heures par centimètre cube ; à la surface d’Arcturus, elle serait 8.100 fois plus grande. Séance du 22 Mars 1895 MM. Rücker et Edser: Réalité objective des sons résultants. La question de la réalité objective des sons résultants d’addition et de soustraction a donné lieu à des discussions ; les auteurs ont mis en évidence cette réalité dans certains cas, en montrant que ces sons mettent en vibration des corps susceptibles de ré- sonner, Comme résonnateur, ils ont employé un dia- pason ; à l’un des bras de la fourche est fixée une pièce de bois mince, d’environ ÿ centimètres carrés, tandis qu'un miroir argenté est fixé à l’autre, et la hauteur est réglée avec beaucoup de précision, à 64 vibrations doubles par seconde. Pour déceler un mouvement dû à la résonance de l'appareil, le miroir fait partie d’un système de miroirs destiné à produire les franges d’interférence de Michelain. Si l'extrémité de la verge se déplace de = de pouce (£ longueur d'onde lumineuse), les bandes d’interférence dispa- raissent. Comme source sonore, on emploie une sirène, dont on règle la hauteur en observant la disparition des battements avec un diapason dévié ou par la mé- thode stroboscopique. Un large cône de bois, placé entre la sirène et le diapason résonnateur, sert à ren- contrer le son sur le disque de bois qu'il porte. La sensibilité de ce dispositif est telle que, lorsqu'un grand diapason de Kænig, donnant 64 vibrations par seconde, est frappé, mais trop légèrement pour qu'un 400 observateur qui a son oreille contre le diapason ne puisse pas entendre la note fondamentale, les franges d’interférence disparaissent instantanément. L’appa- reil n’est pourtant pas sensible à d'autre note que celle qui à 64 vibrations par seconde. On a fait de nom- breuses expériences en employant divers jeux de trous de la sirène et, dans tous les cas, lorsque le son ob- tenu par addition ou soustraction des nombres de vibration correspond à 64 vibrations par seconde, les franges d'interférence ont disparu. On a essayé aussi de voir si le son résultant inférieur de Kœnig, quand l'intervalle est plus grand qu'une octave, est objectif : dans ce cas, les auteurs n’ont pu mettre en évidence l'existence objective d'aucun son. ACADEMIE DES SCIENCES D’A Séunce du 30 Mars 1895. 1° SCIENCES PuysiQues. — M, Bakhuis Roozeboom fait une communication relative à ses expériences sur l'absorption de l'hydrogène par le palladium, faites en commun avec M. le D' Hoitsema. A leur opinion, les expériences de MM. Troost et Hautefeuille n’ont pas été poursuivies assez loin pour permettre une conclusion quant à l'existence de Pd?H. Les auteurs ont poursuivi ces recherches de 0° à 190° et dans un intervalle de pressions de 0 mill. à 6 atm. Si l’on désigne parp la pression de l’hydrogène gazeux et par C la quantité de gaz absorbé, exprimée en atomes pour {atome de Pd, on obtient en général une courbe delaformeci-jointe (fig. 1.) Aux tempéralures inférieures, la partie Il est presque horizontale ; aux températures élevées, elle disparaît à ISTERDAM 1 NOTICE NÉCROLOGIQUE peu près. Les raccords de cette partie avec les deux autres sont toujours graduels, Les valeurs C! et C2 qui correspondent aux changements de direction les plus forts, se déplacent avec la température, La dernière peut passer par 0.5 à une température déterminée, mais variant avec l’état du palladium.1l résulte de tout ceci qu’on ne peut accepter l'existence d’une combinai- son Pd*H, qui disparaitrait dès que la concentration de l'hydrogène absorbé aurait dépassé la valeur de C!, De mème la conception de la coexistence de deux sortes de solutions solides ne s’ac- corde pas avec la totalité des phénomènes. Et ainsi il ne reste qu'une seule conception possible, celle d'une seule - de solution, dont la teneur en hydrogène s'enrichit gra- duellement avec la pression. Cependant la partie presque horizontale de la courbe donne à cette absorption un caractère spécial, qu’on pourra peut-être expliquer enat- tribuant à l'hydrogène, absorbé dans le Pd; les qualités que ce même gaz à l’état libre acquerrait aux environs de sa tempéralure critique, située beaucoup plus bas. 2° SCIENCES NATORELLES, — M. G. M. van Bemmelen présente, au nom de la Commission géologique, un mémoire du Dr Vogel intitulé : Les fossiles des Pays- Bas dans le Musée de Leyde, Fig. 1. P. H. Scnoure. NOTICE NÉCROLOGIQUE BAYLE M. Bayle, ancien professeur de Paléontologie à l'École des Mines, est mort récemment, après une longue car- rière entièrement consacrée à la Science et à l'Ensei- gnement. M. Douvillé a pronencé son éloge funèbre dont nous extrayons la notice suivante : Bayle est né à la Rochelle en 1819. Dès son enfance ses relations avec la famille d’un illustre naturaliste, d'Orbigny, développèrent en lui un goût des plus mar- qués pour l'histoire naturelle; mais sa vive intelligence n’en élait pas moins ouverte à tous les sujets d'étude. Recu à l'Ecole Polytechnique en 1838, il en sortit dans les premiers et fut classé dans le corps des Mines. Ses professeurs à l'Ecole des Mines surent vite discerner quels services on pouvait attendre -de ses aptitudes spéciales: : il fut nommé bientôt professeur de Géologie à l'Ecole des Ponts et Chaussées, et peu après, en 1845, Elie de Beaumont le chargeait d’inaugurer à l'Ecole des Mines l’enseignement de la Paléontologie. Aucun choix ne pouvait être plus heureux : aux qua- lités du naturaliste, Bayle joignait la rigueur du rai- sonnement et l'esprit de méthode du mathématicien: aussi combien de fois la justesse de son coup d'œil, la précision de son jugement n'ont-elles pas provoqué l'admiration de ceux qui venaient le consulter, En 1855, ses premiers travaux sur les Rudistes mon- trèrent qu'il était dès ce moment en pleine possession de son talent, Doué d’une habileté manuelle étonnante, il était arrivé à préparer d’une manière complète des pièces dont on soupconnait à peine l'existence et, par cela même, il tranchait définitivement une discussion longtemps pendante entre les savants de cette époque. Les qualités solides du naturaliste ne doivent pas nous faire oublier le professeur; tous ceux qui ont eu l'honneur d’être au nombre de ses élèves se rappellent sa parole claire et précise, avec quel art il savait rendre attrayantes les descriptions les plus arides! Dessina- teur hors ligne, il excellait à faire revivre sous les yeux de ses auditeurs émerveillés les antiques créatures disparues. Rarement il a été donné d'entendre un pro- fesseur plus brillant, et les applaudissements de ses auditeurs ne lui étaient pas ménagés. < Tout à coup, son activilé parait se ralentir; son œuvre, son œuvre écrite, du moins, s'arrête presque brusquement. Et cependant jamais il n'avait autant travaillé : tous les jours on pouvait le voir dans son laboratoire depuis le matin jusqu’à la nuit, occupé à préparer et à classer ses chers fossiles, donnant à ses élèves l'exemple de l’assiduité et du travail. C’est que, renonçant à ses travaux personnels, il venait d’entre- prendre une œuvre considérable, et il sentait qu'il Jui restait juste assez de temps pour la mener à bonne fin. JI avait résolu de constituer à l'Ecole des Mines une collection äe Paléontologie qui püt rivaliser avec les plus belles. Tout était à créer; aussi, rien ne lui coûte pour atteindre ce but, ni son temps, nises démarches. Séduits par son rôle et son ardeur, des géologues lui apportent ou lui lèguent des collections importantes ; en 1861 il fait acheter la collection Deshayes, et les nombreuses séries de coquilles vivantes qu'il y trouve, lui permettent de rapprocher pour la première fois dans une collection publique les formes vivantes des formes fossiles, Aiïdé par le regretté Bayan, il inaugu- rait le classement zoologique qui seul peut mettre en évidence les modifications que les animaux disparus ont éprouvées dans la série des temps. j La collection qui, à son arrivée à l'Ecole des Mines, ne se composait que de quelques vitrines, occupe maintenant 17 salles et plus de mille mètres carrés ; et encore ces chiffres ne donnent-ils qu'une bien faible idée de la tâche accomplie; il faut parcourir pas à pas ces longues rangées de tables et de vitrines pour se rendre compte de la grandeur réelle de l’œuvre. Aussi le nom de Bayle ne périra pas : la collection qu'il a si patiemment créée, cet admirable instrument de travail qu'il a mis à la disposition de tous, restera comme un exemple et comme un témoignage de ce qu'une volonté ferme peut réaliser dans une vie entière consacrée à la science. TT ——————— — —"…"—"—.— —"—"—_——— Le Directeur-(férant : LOUIS OLIVIER Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 11 2 * SR dé des 2-1 14 =” és. dd. à it clin te mémodint : : fuit. ul sus À ) die fete, és sut daté 6° ANNÉE 9 15 MAI 1895 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENC PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER LES ÉTUDES RÉCENTES SUR LE PENDULE Lorsque Regnault fit connaitre les résullats de ses mémorables expériences sur la loi de Mariotte, ce fut pour la majorité des savants une vraie décep- tion d'apprendre que cette loi, d'une expression mathématique sisimple, n’était qu'une approxima- tion. Pour un peu, l’on aurait considéré cette con- naissance plus exacte des phénomènes comme un recul de la Science, jusqu'au jour où ces perturba- tions ouvrirent aux chercheurs des aperçus nou- veaux sur la Physique moléculaire. Si les lois de Képler étaient rigoureuses, comme peuvent le souhaiter les amis de la symétrie, sans doute le calcul des éphémérides en serait facilité; mais il nous manquerait, entre autres, un moyen d'évaluer les masses des planètes dépourvues de satellites, et tout un côté de la Physique céleste demeurerait dans l'ombre. Ces considéralions sur le rôle éminent des per- turbatons dans la science s'appliquent tout parti- culièrement aux recherches sur la Pesanteur. Il peut sembler, à première vue, que les récentes études sur le pendule, qui arrivent à peine à ajouter une décimale à celles sur lesquelles on pouvait compler depuis longtemps, aient nécessilé une somme de travail hors de proportion avec les résul- iats acquis. Mais ce sont précisément les dernières décimales qui contiennent les données gràce aux- quelles on peutpénétrer plusavantdanslanature des choses. C'est la mesure des fractions de milligramme et de micron qui nous mettra sur la trace de lois nouvelles que nous ne soupconnons pas encore. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. Là Géodésie en est arrivée à ce point où les irré- gularités visibles de la surface de la Terre commen- cent à influer sur la forme de l’ellipsoïde idéal par lequel on se plait à représenter le niveau également idéal des mers, et où les nouvelles mesures vien- nent déformer cet ellipsoïde de quantités supé- rieures à celles que permettaient de prévoir les erreurs probables des mesures antérieures. Dès lors, l'objet de la science va se modifier. Considérant les grandes lignes acquises comme des lois asymptotiques, l’altention se portera de pré- férence sur les déviations elles-mêmes : bien loin de chercher à les atténuer ou à les éliminer, on s’efforcera de les mettre en pleine lumière, et de rattacher la Géodésie à la Géographie. Et comme la surface n’est que l'enveloppe d’un noyau inconnu dont elle dépend, il faudra solliciter le concours des géologues et des physiciens. Le rôle des observations du pendule dans celte circonstance est de tout premier ordre. M. Helmert va jusqu à leur attribuer, en ce qui touche à l’é- tude du Sphéroïde, un degré de certitude supérieur à celui qu’il accorde aux mesures directes d’ares de méridien ou de parallèle. Et de fait, si la science n'a plus affaire à la baguette divinatoire et au pendule explorateur, elle trouve pourtant dans cet admirable appareil de physique un organe nouveau pour pénétrer les mystères des profon- deurs du Globe. Cela était d’autant plus opportun que les der- nièresannées, en développant dansunelarge mesure 9 402 "+. MN CVS CN dd. “ + _ ke , "k + te D, E. CASPARI — LES ÉTUDES RÉCENTES SUR LE PENDULE notre connaissance du monde sidéral par l’appli- cation de la spectroscopie et des autres méthodes optiques, avaient moins fait pour l’obscur sous-sol de notre propre demeure. Il n’est pas facile, au premier abord, de concilier la classique hypothèse d'un noyau fluide avec les déductions de Lord Kelvin qui attribuent à l'ensemble de la Terre une rigidité supérieure à celle de l'acier, et bien des points d'interrogation se posent. En présence des températures et des pressions qu’on est amené à supposer dans les profondeurs, nos idées courantes sur la Physique sont en défaut, el l’on n’a encore aucune notion netle sur l'étal possible de la ma- tière dans de semblables conditions. Mais, même abstraction faite des résultats de cet ordre qu'on peut en attendre, le pendule est fait pour intéresser vivement les physiciens, par la précision que comporte son observation, par les détails ingénieux des expériences, par ses relations avec la métrologie, etc. C'est par son moven que Newton, et après lui Bessel, ont établi que la pesan- teur agit de la même manière sur tous les corps, quelle que soit leur nature ou leur densité. On se rendra compte de l'infinie variété des recherches auxquelles se prête cet appareilsisimple,en consul- tant les deux volumes que M. Wolf a consacrés à l'historique du Pendule et qui ont été publiés par la Société française de Physique (tomes IV et V); il suffit de lire les noms qui y figurent depuis Ga- liée : Newton, Huyghens, les Bernoulli, Clairaut, Euler, d'Alembert, Laplace, Poisson, Bessel, Fou- ‘aull, pour ne citer que les plus illustres parmi les morts. On remarquera d’après cela que cette bran- che de la Physique a élé traitée avec succès dans notre pays. Sans doute, c'est à Galilée que revient l'honneur d'avoir établi d’abord les lois de la gra- vité, à Newton celui de les avoir rattachées à l'at- traction universelle, à Huyghens la découverte du centre d’ocillation et l'application du régulateur aux horloges. Mais c'estau P. Mersenne et à Picard que l’on doit la première détermination de la pesanteur. Celui-ci trouve encore la mème lon- gueur à Cetle, Paris, Uraniborg: mais peu après Richer observe que le pendule à secondes est plus court à Cayenne que sous nos latitudes. Puis, les Académiciens du xvur° siècle, Bouguer et La Conda- mine, portent le pendule en Amérique ; Borda exé- cule la première mesure avec un appareil très précis ; de Prony propose le pendule réversible, qui sera repris plus tard par Bohnenberger et Kater; Du Buat étudie la résistance de l'air au mouvement, et Poisson en fait la théorie. Après cet essor, il faut bien convenir que c’est à l'Étranger que se font les plus importants travaux de la pre- mière moilié du siècle, et que, jusqu'à la mémo- rable expérience de Foucault, et malgré Biot, Frey- cinet et Duperrey, nous n'avons pas beaucoup de résullats à mettre en parallèle avec ceux de Kater, Sabine, Foster, Baily, Bessel. Mais ces dernières années ont vu un revirement dont la science fran- çaise à droit d'être fière, et les travaux de M. le commandant Deforges sont la digne continuation d'une grande tradilion scientifique ‘. Nous nous proposons d'en donner un aperçu dans ce qui suit.’ [ Au premier abord, rien n’est plus simple que la théorie du pendule ; on peut l'établir presque sans calcul, et les musiciens savent qu'un fil d’un mètre avec une petite balle de plomb bat la se- conde. Mais la formule élémentaire n’est vraie que pour un point matériel, suspendu par un fil inextensible et sans masse à un support abso- lument fixe, exécutant dans un milieu sans résis- tance des oscillations infiniment pelites. Huyghens (1673) fit voir comment on peut trouver le pen- dule simple synchrone d’un pendule matériel ou composé ; il détermina le centre d’oscillation et sa réciprocité avec l’axe de suspension. Daniel Bernoulli (1747, donna la formule de réduction à l'arc infiniment petit. On pouvait donc ramener au pendule idéal les observations d'un pendule matériel quelconque. Les premiersobservateurs, Bougueret LaCondamine, et aprèseux Borda, s’efforcèrentnéanmoins dese rap- procher le plus possible du pendule simple. Mais le pendule de Borda, si perfectionné qu'il fût, restait un appareil d’observaloire, et les éléments de ré- duction élaient susceplibles d'erreurs et difficiles à vérifier. Le pendule réversible fournit un appareil facilement transportable et dont la longueur pou- vait se mesurer avec précision. De la réciprocité des axes de suspension et d'oscillation il suit que si l’on échange ces axes, en faisant osciller lependule alternativement sur les deux couteaux qui les matérialisent, el si l’on arrive à égaliser la durée de ces oscillations, leur distance sera précisément la longueur cherchée. Kater réalisait cette égalité par le réglage des couteaux, ce qui était délicat : Bohnenberger se contentail d'en approcher en donnant aux couteaux une posilion fixe, el fit voir qu'on pouvait calculer la durée théorique de l'os- cillation d'un pendule de celte longueur, pourvu que le centre de gravité ne fût pas au milieu de la distance de ces deux axes. C'est sur ces principes que Repsold construisil un appareil d’après les indications de Bessel, et c’est celui qui est univer- sellement adopté de nos jours. 1 Voir : Séances de la Société francaise de Physique, année 1888. Mesure de l'intensité absolue de la pesanteur, etc. (Pro- cès-verbaux du Comité international des Poids ét Mesures pour 4891). Mémorial du Dépôl de la Guerre, tome XV: 1er fascicule, 1894. i js doi ipi ASSET SEP RE ER LE, < À es: £ - = E. CASPARI — LES ÉTUDES RÉCENTES SUR LE PENDULE 403 L'effet du milieu dans lequel a lieu le mouve- ment, est complexe. D'abord, la perte de poid hydrostalique entraine un accroissement de la lon- gueur du pendule synchrone, qu'on peut calculer. La résistance proprement dite du fluide se tra- duit par une communication de force vive à celui- ci; dans un fluide parfait, cette perte est considérée comme une fonction de la vitesse, qui fait décroitre les amplitudes sans affecter les durées. Mais il res- sort précisément des expériences du pendule que l'air n'est pas un fluide parfait et qu'il est néces- saire d'avoir égard au frottement interne de ses moléeules. La détermination expérimentale de ces effets est due à Bessel, et leur théorie mathéma- tique à M. Stokes. Bessel a montré, de plus, qu’on peut éliminer l'effet total de l’air par la réversion, pourvu que le pendule soit symétrique dans sa forme extérieuré, et que les observations aient lieu sur les deux couteaux dans les mêmes limites d'amplitude. Il ya, dureste, un moyen excellent de se mettre à l'abri de cette cause d'erreur : c’est d'opérer dans le vide. On voit comment on est arrivé peu à peu à sub- stituer au pendule presque simple une pièce” plus compliquée et plus lourde, pouvant se retourner. Mais, par une étrange aberration, comme l’observe M. Wolf, on donna à ce pendule massif un sup- port formé d'un frêle trépied, composé de minces tubes en laiton. De là des perturbations nouvelles, qui déroutèrent d’abord les observateurs, mais qui, finalement, ont conduit le commandant Def- forges aux derniers perfectionnements et à une précision supérieure. L'effet de la suspension comprend deux ordres de faits : d’une part, le roulement et le glissement du couteau de suspension; d’autre part, l'entraine- ment du support. Le couteau le plus parfait n'est pas une arête rectiligne, mais un cylindre dont la cour- bure est appréciable, et sur lequel l'appareil roule au lieu de pivoter. Bessel apprit à éliminer cet effet par l'échange des couteaux. Il avait, ainsi qu'Oppolzer et Peirce, pressenti que ce roulement devait être accompagné d'un glissement ; le com- mandant Defforges a eu le mérite de mettre ce glis- sement en évidence et de mesurer cette quantité excessivement petile à l’aide d’un appareil très déli- eat dont le principe lui avait été suggéré par M. Cor- nu:ilse fonde sur l'observation du déplacement des franges d’interférence produites par la réflexion de la lumière sur deux glaces parallèles, dont l’une est fixe et l’autre suit le déplacement du couteau. Ce procédé est tellement sensible qu'il rend visi- bles des déplacements d’un centième de micron. C'est sur le même principe qu'est basée l'étude faite par M. Defforges de l'entrainement du sup- port par le pendule en mouvement. Peu sensible pour les anciens pendules, assez légers el oscil- lant sur des supports très résistants, cet effet à pris une grande importance avec le pendule Rep- sold. Il est dû à la composante horizontale de la réaclion du pendule sur le support, et consiste en un déplacement latéral de celui-ci, synchrone avec l'oscillation du pendule ; MM. Peirce, Cellérier et Plantamour en ont fait la théorie. Ce déplacement peut être évalué soit par l’observation de la défor- mation statique, soit par celle qui se produit réellement quand le pendule est en mouvement ; les deux coefficients, statique et dynamique, ne sont pas égaux, et, chose très curieuse, l’observa- tion a conduit à préférer le premier. Le comman- dant Defforges explique ce fait paradoxal en le rat- tachant au glissement même du couteau. Mais, en présence des incertitudes qui peuvent encore subsister sur la vraie valeur de cette cor- rection, le savant officier a cru préférable de l’éliminer, au moins dans les mesures absolues ; il y arrive par l'emploi de deux pendules de même poids et de longueurs différentes, oscillant alterna- tivement sur le même support avec les mêmes couteaux. La différence seule des longueurs des pendules intervient dans le résultat final, et l’on a de plus l'avantage d'éliminer aussi l'effet inconnu de l'écrasement du couteau dans le mouvement, et surtout celui de l'équation per- sonnelle sur le pointé de l’arête, quand on mesure la distance des couteaux. Cette mesure se fait au moyen d'un comparateur muni de deux micros- copes, dont chacun pointe alternativement une des arêtes et une division d’une règle étalon. Kater, qui employa le premier ce procédé, remarqua avec surprise que les résultats différaient notablement selon qu'on pointaitlecouteauobseursurle fond clair oule couteau éclairé sur fond noir. Cette questionn’a été complètement élucidée que par M. Defforges, qui a montré que, dans le second cas, toute la partie courbe de l’arête devientinvisible dans le micro- scope, et qu’il faut pointer l’arète sombre sur fond blanc, en l’amenant entre deux fils parallèles du micromètre ; mais on sait que ces poinlés dissy- métriques sont sujets à des erreurs assez impor- tantes. Il C’est d’après les principes qui viennent d’être exposés qu'a été conçu l'appareil du Service géo- graphique pour la mesure de l'intensité absolue de la Pesanteur, construit par Brunner. Il com- prend : 1° Deux pendules de même poids (à kilogr.) ayant respectivement 1 mètre et 0",50 entre les arêtes de leurs couteaux communs; 2° Un plateau en bronze servant de support et 40% E. CASPARI — LES ÉTUDES RÉCENTES SUR LE PENDULE destiné à être scellé à deux piliers en maçonnerie : à ce plateau est fixée une cloche en cuivre rouge qui enveloppe le pendule, munie de regards fer- més par des glaces, et dans laquelle on peut faire le vide : 3° Un appareil pour mesurer l'entrainement du support; 4° Un appareil pour mesurer le glissement du couteau ; . 3° Un appareil destiné à l'observation des coïn- cidences : 6° Un comparateur pour la mesure de la dis- tance entre les arêtes. La durée des oscillations s'évalue par la mé- thode des coïncidences : le commandant Defforges a notablement modifié celle de Borda, en lui subs- lituant une méthode stroboscopique, c'est-à-dire basée sur la persistance des impressions très lumi- neuses d'une faible durée. Elle permet de noter les coïncidences aussi bien quand les vitesses sont de sens contraire que lorsqu'elles sont de même sens : d'où une vérificalion précieuse. Elle permet encore d'atteindre une grande précision en peu de temps, d'autant plus vite que l'amplitude est plus grande; mais, méme avec des amplitudes de deux minules d'arc, on obtient encore l'approximation de a dans lFobservalion des äurées en 34 mi- nutes. La pendule des coïncidences est elle-même réglée par des observations astronomiques, ou comparée à une pendule sidérale dont là marche est exactement connue. La série d'observations la plus importante a été faite à Breteuil, au pavillon du Bureau internatio- nal des Poids et Mesures, en 1888. Les détails des opérations ont élé consignés dans les procès-ver- baux du Comité international, publiés en 4891, On trouvera dans celte publication l'exposé des pré- cautions minulieuses qui ont été prises pour élimi- ner les différentes causes d'erreur : délerminalion exacte de la durée. réduction à la température moyenne, à une pression constante et à l'arc infi- niment pelit; mesure de la longueur, détermina- tion du centre de gravité. Les observations ont été faites par MM. Defforges et Benoît, à la pression atmosphérique et dans le vide partiel à 10 milii- mètres de mercure. M. Defforges admet que le résullat calculé est exact à ie près de la valeur de / ou de celle de 9, soit environ à microns sur la longueur du pendule à secondes, bien qu’« priori le calcul de l'erreur probable par la méthode ordinaire semble donner mieux. Nous pensons que celle réserve, appuyée sur l'étude détaillée des perturbations, est très sage. M. Helmert évaluait à Lu l'erreur des meil- leures déterminations. Si l'on réfléchit aux inéga- liés de marche des meilleurs régulateurs, à celles que comportent les observations astronomiques, à la difficulté d'évaluer exactement la lempérature, on se convaincra que ce résultat est déjà fort beau. Observons encore, d'après M. Defforges, que le glissement du pendule sur son support qui, me- suré direclement, équivaut à un déplacement de 5 de micron seulement, a pour effet d'allérer la lon- gueur du pendule de 58 microns, c'est-à-dire 10 fois l'erreur probable de la détermination. D'autres séries ont élé failes de 1887 à 1891, à Nice, Paris (Observatoire), Greenwich, Rosendaël- lès-Dunkerque, Alger, Marseille et Rivesaltes. I Ces observalions sont encore assez longues. En effet, l'emploi de deux pendules avec échange des couteaux conduit à faire 8 séries d'observations, et 16 si l’on retourne les pendules sur leur plan de suspension de façon à échanger entre eux les deux bouts du couleau, d’après le précepte de Baily. Un pendule à couteaux échangeables n'est d’ailleurs pas un pendule invariable, et nécessite de fré- quentes mesures au comparateur. Cet appareil se prêle donc malaisément aux délerminalions ra- pides et nombreuses en des points différents, qui sont nécessaires pour éludier à fond la répartition de la pesanteur sur le globe. Les délerminations absolues n’ont pas besoin d'être fort multipliées, et, pourvu qu'on trouve à s’y rattacher, des observations relalives suffisent. Freycinet et Duperrey ont employé dans ce but le pendule invariable. Mais il est difficile qu'il reste absolument invariable pendant un long voyage, el la vérification dépend du retour au point de départ : si un changement s’est produit, celte in- certitude affecte toutes les observations. Le commandant Defforges a trouvé le moyen de réaliser un pendule invariable à deux axes, en rendant les couteaux fixes : on pourra encore lui appliquer le principe de la réversion en faisant occuper successivement au centre de gravilé deux positions symétriques par rapport au centre de figure, à quoi l’on arrive par le déplacement d'une masse intérieure : c'est ce qu'on a appelé le pen- dule énversable. Le commandant Defforges a pu, de plus, tirer des observations mêmes un crilérium de l'invariabilité de la distance des couteaux. En opérant dans le vide, mesurant à chaque stlalion l'élasticité du support etse servant de la méthode des coïncidences, on oblient des résultats très pré- cis. M. Defforges proscrit l'emploi du chronomètre, el cette exclusion parait justifiée par la difliculté de conserver la régularité de marche dans le trans- port par terre : il n’en serait pas de même si le chronomètre voyageait à bord d'un navire, l'ex- périence ayant montré qu'un bon garde-lemps, APTE ter dar diectdat né Es, PTT ST CNET | | VPN NET NU NT PONS NT) E. CASPARI — LES ÉTUDES RÉCENTES SUR LE PENDULE 405 ————————————————————.—. bien compensé el à spiral isochrone, ne présente pas d'irrégularités dans sa marche diurne, si la fusée est bien faite, et c'est là le cas des montres modernes. Huit séries d'observations suflisent avec le pen- dule inversable, et le comparateur est supprimé : lês observations peuvent donc être menées rapide- ment et l'inventeur l’a prouvé tout dernièrement dans ses voyages aux États-Unis et dans le Turkes- tan russe : il avait déjà fait vingt-six stations entre Edimbourg el Biskra de 1890 à 1892. L'appareil s'est montré pratiquement invariable, puisqu'à deux ans de distance, à Alger et à Paris, les durées d’oscillations ont été trouvées les mêmes, à —— et 400.000 1 ", ms. x à x de leur valeur près. La différence de pesan- teurs absolue et relative, en quatre stations où les deux avaient élé mesurées, est en moyenne de ’ roximat: d ré : l’approximation de semble assurée. 150.000 IV Après avoir décrit la méthode d'observation, il convient d’en examiner les résultats. Les premiers observateurs du pendule avaient pensé à en faire un élalon de longueur. Cette application fut pro- posée, dès 1674, par Picard, qui avait trouvé cette longueur constante dans toute l'Europe : plus lard, quand on en connut la variation entre le pôle et l'équateur, on proposa dans ce but le pen- dule à secondes équatorial. Mais, comme le remar- quèrent les commissaires de l’Académie en 1791, l'adoption de cet étalon fait intervenir dans la fixation de l'unité de longueur deux considéralions qui lui sont étrangères : celle du temps et celle de l'intensité de la pesanteur. Aujourd'hui que nous savons, par les expériences de Breteuil, que, malgré les plus grands soins, l'approximation de la lon- gueur en un point bien précis est de at et que nous connaissons les incertitudes auxquelles donne lieu la réduction à l’équateur, nous trouverions que cet étalon n’est pas assez exact, surtout à côté des admirables mesures de MM. Michelson et Benoit, qui ont établi la longueur du mètre à moins e ee, près, en le rapportant à une longueur d'onde lumineuse. Ajoulons qu'en choisissant pour unité de longueur une fraction du méridien, on ne fut guère plus heureux : comme l’a fort bien dit M. Faye, le mètre est la longueur d'une règle de platine déposée aux Archives, à quoi l’on peut ajouter comme renseignement qu'il est sensible- ment Er de la longueur d’un méridien terrestre. Au point de vue de la Physique, le pendule a servi à Newton et à Bessel à démontrer que la pesanteur agit de la même manière sur toute ma- tière, quelle qu’en soit la nature : M. Wolf pense qu'on pourrait reprendre ces expériences avec des appareils plus précis. REVUE GÉNÉRALR DES SCIENCES 1895. Une des applications les plus intéressantes du pendule est celle qu'on en a faite à la détermina- tion de la figure du Globe. Peut-il servir à trouver l’aplatissement de la Terre avec une précision comparable à celle qui résulte des meilleures me- sures d’arcs de méridien ou de parallèle? Des sa- vants éminents l’ont pensé. Ils remarquaient no- tamment qu'il est beaucoup plus facile de répartir les stations du pendule sur la surface entière de la Terre, tandis que les mesures géodésiques n’ont que les continents pour champ d'exploration. Le théorème de Clairaut donne une relation linéaire approchée entre l’aplatissement, la force centri- fuge à l'équateur et la différence relative de pesan- teur entre l'équateur et les pôles, et, pourvu que la figure de la Terre soit sensiblement celle d’un ellipsoïde de révolution faiblement aplati aux pôles, cette formule ne dépend d'aucune hypothèse sur la distribution des masses dans l’intérieur. M. Helniert s’est basé là-dessus pour admettre que, dans l'espèce, les observations du pendule ont plus de valeur probante que celle des longueurs de degrés. Mais, pour tirer des observalions une conclusion relative à la forme du niveau des mers prolongé sous les continents, il est nécessaire de les réduire à ce niveau. La formule de Bouguer, qui exprime celte réduction en fonction de l'altitude du point d'observation déduite du nivellement, a le grave inconvénient de contenir la densité aux alentours du point considéré et la densité moyenne de la Terre : elle n’est donc plus indépendante de la distribution des masses atlirantes. Son applica- tion aux observations failes à Quito par son auteur lui-même, comparées à celles faites sous la même latilude au voisinage du niveau de la mer, a révélé ce fait singulier qu'il faudrait, selon l'expression de M. Faye, traiter les continents comme s'ils n'existaient pas; Laplace en avait même conclu que la densité moyenne du continent américain au voisinage de Quito élail presque égale à celle de l’eau, ce qu'il expliquait en admettant l'existence de vastes cavités souterraines dans ce pays émi- nemment volcanique. Mais cette observation n’est pas unique, el toutes les fois qu’on à opéré à de grandes altitudes continentales, le résultat a été le même : défaut de pesanteur sur les continents, excès de pesanteur sur les mers. M. Faye a pro- posé pour ce fait paradoxal une explication très ingénieuse, en faisant remarquer que la tempéra- ture du fond des grands Océans communiquant avec les mers polaires est très voisine de zéro, qu'ainsi le refroidissement doit marcher plus rapi- dement sous les mers; que là, par conséquent, la croûte solide est plus épaisse et plus dense que sous les continents. Nous trouverons la confirma- tion de cette loi dans les observalions du comman- So 106 E. CASPARI — LES ÉTUDES RÉCENTES SUR LE PENDULE dant Deflorges: M. Stokes a essayé de faire voir par la théorie même que, dans la formule de Bou- guer, il fallait faire abstraction des masses sons- jacentes jusqu'au niveau de la mer, au moins quand on recherche l'allure générale du phéno- mène : car, pour ce qui concerne des accidents lo- caux importants, tels que des montagnes isolées, l'expérience a montré que leur attraction doit entrer en ligne de compte. M. Faye admet qu'en gros il s'établit ainsi une compensation. M:Helmert a proposé une méthode de réduetion, qui consiste à supposer les masses voisines de la surface physique condensées sur une surface inté- rieure à la Terre, dont on peut calculer le potentiel, et il a élabli des relations entre ce potentiel fictif el le potentiel vérilable dont dépend la forme de la surface de niveau : il a ensuite appliqué ces formules à la revision de toutes les observations du pendule publiées jusqu'en 1880. Il est arrivé ainsi à réduire la grandeur des écarts, mais sans les faire disparaitre, el il reconnail que la différence de pesanteur entre les continents et les mers est très réelle. Nous sommes donc ici en présence d’une anomalie bien démontrée, et, dès lors, sans exclure les observations du pendule de celles qui peuvent concourir à fixer la forme du sphéroïde, nous serons conduits à penser que la précision avec laquelle elles nous renseignent sur l'aplatissement est très inférieure à celle qu'on pouvait attendre dela valeur des résultats par- iels. V Mais, par cela même, si l’on ne peut guère espérer perfectionner le résultat d'ensemble, le pendule prendra un rôle éminent dans la détermination de la marche de ces anomalies et de leur distribution à la surface du géoïde. C’est là le point de vue auquel se place la science actuelle, et l'adjonction _ projetée de géologues à l'association des géodésiens en est la caractéristique. Ces études représentent comme des coups de sonde : plus ceux-ci sont mul- lipliés, mieux on connait le relief sous-marin. L’éxactitude absolue des résuitats n’a plus le même intérêt : une erreur constante sur la longueur n'al- térera pas plus les résultats relatifs qu'une erreur sur le zéro de réduction ne change la forme d'un banc de sable. M. de Sterneck a entrepris un grand nombre de déterminations très serrées au moyen d'un pendule invariable : pour opérer plus vite, ilse sert d'un chronomètre, ce qui, nous l'avons déjà dit, peut prêter à des objections pour les voyages sur lerre ferme. Ces objections ne peuvent plus être opposées aux observations que MM. le commandant Defforges et le capitaine Bourgeois ont faites avec le pendule inversable. La première série comprend 24 slalions choisies dans le voisinage du méridien de Paris entre les latitudeside 55257! N.(Édimbourg et 34 51'N. (Biskra). On y a ajouté un certain nombre de déterminations antéricures du Service géographique, et on a tout réduit au niveau de la mer au moyen dela formule de Bouguer. Cette rédue- tion à d’ailleurs été calculée pour trois valeurs dif- férentes (2,0 — 2,4 — 2,8) de la densité superli- cielle, avec la densilé moyenne de 5,53 (Cornu et Baille). On a ensuite calculé pour les mêmes points la pesanteur théorique par la formule de Clairaut, avec l’aplatissement de Clarke, en partant de la valeur y = 9,81000 trouvée pour Paris. Les résidus ou différences des deux séries, généralement très supérieurs aux erreurs possibles d'observation, et très peu influencés par les hypothèses différentes sur la densité, sont la confirmalion de ce que nous avons dit plus haut, M. Defforges, ayant eu plusieurs stations com- munes avec les anciens observateurs, a pu déter- miner les corrections à appliquer à leurs résultats pour les rendre comparables aux siens. IL a pu uliliser ainsi les observalions de Kater, Foster, Sabine, Biot, Freycinet, Duperré, Lutke: il a réduit de la même manière les observations de Bessel, el celles de Basevi et de Heaviside aux Indes. Lui- même a naguère porlé son pendule aux Elats- Unis, de Washington à San Francisco, avec cinq stations intermédiaires !, et, tout dernièrement encore, dans le Turkestan russe et au Caucase. M. Collet, professeur à la Faculté des Sciences de Grenoble, a observé un pendule du Service géogra- phique dans la région des Alpes Dauphinoises. Parlout et toujours s’est vérifiée la loi que le commandant Defforges formule ainsi : « La pesanteur est distribuée très inégalement «_ sur le Globe. La loi de Clairaut, vraie dans « l’ensemble, est presque partout masquée par des « anomalies locales importantes. « Les lilloraux des diverses mers paraissent « caractérisés par des anomalies faibles el presque « constantes, variables d'une mer à l’autre. « Lesiles présentent un excès considérable de « pesanteur; sur les continents, la pesanteur est « en défaut, et ce défaut croit généralement avec « l'altitude du sol et la distance de la mer?, » Voici (tableau [) quelques chiffres particulièrement caractéristiques; l’anomalie de la pesanteur y est exprimée en unilés de la 5° décimale, et lesigne + est affecté au cas où la pesanteur observée est plus grande que la pesanteur théorique déduite de la formule de Clairaut, et réduite avec celle de Bouguer. 1 Comples rendus, t. CXVIII, p. 229. 2 Mémorial du Dépôt de la querre, 4. IV, Observations du Pendule, 12° fascicule, 1894. PONT Lé c'e tr; Vie Lo Lune db, à pts À A ' : 7 7 : £ ÉT. JOURDAN — LE TISSU MUSCULAIRE DANS LA SÉRIE ANIMALE 7,7 ner: Lee, 22 7 407 Tableau I Spilzbere ee... alutude 6” anomalie + 88 Clermont. 2. 25 406 — 63 La Bérarde (Oisans 1738 —121 ÉCOSSAIS 20 + 93 Bad erreur ee 1050 —126 Sainte-Hélène... ....... 9 +225 Bonin-Sima .….....-... 2 +-326 CAPOT. mer 12 + 39 Calcutta 6 26 Moré (Himalay 4696 —198 San Francisco 114 1 Salt Lake City 1284 —-243 Pour apprécier l'importance de ces inégalités, il suffit de considérer que celle de Moré est de plus du dixième de la variation totale entre l'équateur et le pôle. Tableau II L = 0m993827 g = 9"”S0870 Biot (1808-24... 0.993859 9.80889 Sabine (1827)......... 0.993860 9.S0890 Helmert (calcul). ..... 0.993S82 9.80922 Peirce (1875)... ...... 0.993950 9.80989 Defforges (1890)...... 0.993960 9.80999 Il n’est pas sans intérêt de donner ici (tableau Il) les résultats oblenus successivement, depuis un siècle, à Paris. La différence entre Borda et le com- mandant Defforges est de 129, à peu près égale à ILest fort difficile de donner des éléments mus- rulaires une définition basée sur les caractères morphologiques de ce système organique et em- brassant toutes ses formes. Cette opinion, qui est exacte lorsqu'on ne considère que les Ver- tébrés, s'impose encore davantage si l'on tient compte des connaissances qui résultent de l'étude des tissus des animaux inférieurs; aussi nous pen- sons que la contractilité, c'est-à-dire la manifes- tation de la propriété essentielle de l'élément musculaire, est le seul caractère qui soit commun à Lous les lissus de ce groupe. Mais est-il possible de distinguer toujours et facilement la contractilité musculaire des mouve- ments protoplasmiques que manifeste le sarcode de toute cellule vivante ? Faut-il comprendre sous la dénomination de fissu musculaire tous les élé- ments doués du pouvoir de changer de dimension ou de forme, ou bien faut-il faire un choix parmi eux, et quel est alors le signe qui nous autorise à les distinguer avec certitude ? Le protoplasma des cellules vivantes peut se mouvoir avec lenteur et en totalité dans sa masse ; c'est là un phénomène général, une simple mani- l’anomalie observée dans le massif du Pelvoux, la plus grande de France. M. Helmert avait été conduit à exclure le résul- tat de M. Peirce comme ne cadrant pas avec l’'en- semble : on voit combien ce nombre se rapproche de celui de M. Defforges. D'autres méthodes on! été proposées pour l'étude de la pesanteur ou de ses variations. M, Mascart a empleyé un gravimètre à hydrogène, tant pour la mesure de la gravité en divers lieux que pour celle de ses variations en un même point, et M. Berget a utilisé le même appareil pour déterminer la constante de l’atiraction. MM. d'Abbadie et Bou- quet de la Grye ont fait, par d’autres moyens, l’étude des variations de la pesanteur en un même lieu, et M. de Jolly a employé la balance ordinaire à la recherche des variations le long d'une même verticale. Nous n’avons pas fait entrer ces intéressants travaux dans le cadre de notre élude, parce que seules les observations du pendule fournissent une série assez étendue de résullats comparables entre eux pour permettre d'établir un ensemble de conclusions. E. Caspari, Ingénieur-hydrographe de la Marine. Répétiteur à l'Ecole Polytechnigne. LE TISSU MUSCULAIRE DANS LA SÉRIE ANIMALE festation d'une propriélé des éléments anatomi- ques. Il peut aussi émettre des prolongements sous la forme de pseudopodes, de flagellums ou de «its, Ces derniers deviennent même l'apanage d'un groupe de cellules épithéliales que l’on a appelées cils vibratiles et auxquelles on donne aussi quel- quefois le nom d'épifhélium moteur. À cause de la similitude des propriétés, ce dernier groupe est celui qui estle plus difficile à distinguer des cel- lules musculaires. Les caractères qui distinguent les épithéliums moteurs à cils vibraliles des épithéliums moteurs à fibrilles musculaires et des tissus musculaires en général sont les suivants : L'apparition d’un appen- dice moteur, pseudopode transitoire, flagellum ou cil, n’a pas entrainé de modification essentielle dans la forme de la cellule, qui appartient toujours au type épithélial. Cette partie motrice du proto- plasma cellulaire ne se distingue pas par ses pro- priélés optiques, par ses réactions histologiques du reste du protoplasma cellulaire; elle peut même se rétracter et se confondre alors avec le reste du protoplasma de la cellule. Enfin, si l'on réfléchit à la distribution de ces cellules à eils vibraliles dans 408 le règne animal tout entier et à la nature des mou- vements auxquels ils peuvent donner naissance, on voit qu'il n'existe plus aucun lien entre les épi- {héliums moteurs etles épithéliums musculaires et qu'il est impossible de faire dériver les seconds des premiers. Les mouvements auxquels les battements des cils vibratiles donnent naissance, s'effectuent toujours à la surface d’un organe ou à la surface d'un organisme ; ils peuvent entrainer un déplacement de la cellule ou de l'association cellulaire à laquelle ils appartiennent: ils peuvent aussi déplacer les corpuscules qui se trouvent à sa surface; mais, par leurs mouvements. ils ne changent ni la forme ni les dimensions des organes ou des organismes dont ils font partie. Au point de vue physiologique la distinction est ainsi complète. Le role des cellules à cils vibratiles tend à s’ef- facer de plus en plus à mesure que l'on s'adresse à des êtres plus haut placés dans la série. Il semble que le but atteint par les cellules à cils vibratiles soit réalisé par d’autres éléments anatomiques qui tendent à les suppléer d’abord, à les remplacer ensuite, el qui sont les cellules musculaires. Le lissu musculaire apparail sous forme de cel- lules du type épithélial dispersées en surface au mi- lieu des éléments adaptés aux fonctions sensilives ou glandulaires dans les couches ectodermiques ou endodermiques des Cælentérés. A cel élat il est ca- pable de modifier la surface du corps, il peut y faire apparaitre des plis; il peut aussi raccourcir un tube, modifier son calibre. Les manifestations les plus élémentaires de son pouvoir nous sont offertes par les changements d'état que peut présenter l'Hydre d'eau douce. Ce n’est que plus lard, et par suite d'une adaptation de plus en plus parfaile à une fonction déterminée, que ces cellules se groupent en organes spéciaux, en muscles qui serviront à des changements de forme des organes ou à la loco- motion de l'animal. — soil que, faisant partie du derme comme chez les Mollusques, ils permettent à ces animaux des déplacements lents ebréguliers, soil que, en rapport avec des leviers, comme chez les Arthropodes et les Vertébrés, ils facilitent des mouvements plus actifs et des eflorts bien plus robustes. La cellule musculaire en accomplissant mieux ses fonctions s'écartera davantage de la forme de la cellule épithéliale d'où elle procède; elle prendra de plus en plus le cachet de son rôle : elle deviendra une fibre musculaire. Nous ne commencerons pas l'étude du tissu mus- eulaire par un lableau de classification des diffé- rents étals morphologiques sous lesquels il peut se montrer. Nous préférons suivre les modificz- Lions successives que la cellule de contraction pré- sente chez les différents types de la série animale ; nous verrons ensuite s'il est possible de les ralla- ÉT. JOURDAN — LE TISSU MUSCULAIRE DANS LA SÉRIE ANIMALE cher à un certain nombre de formes fondamen- lales. - Si l'on considère l'élément musculaire à ses débuts, c'est-à-dire lorsqu'il apparait à l’état de simple essai chez les types inférieurs de la série ou lorsqu'il se montre dans les premiers stades de l’évolution des Vertébrés, on voit que, dans les deux cas, le Proloplasma non différencié de la cellule l'emporte en volume sur la brille musculaire à peine ébauchée. L'élément qui plus tard deviendra un faisceau musculaire strié de Vertébré n'est représenté alors que par une cellule à noyau mul- tiple, dite #yoformative. Le protoplasma de cette cellule produit une fibrille à laquelle plusieurs autres ne Lardent pas à s'associer jusqu'à ce que le protoplasma formateur ne soit plus représenté que par quelques traits granuleux accompagnés de noyaux. Ces élats évolutifs peuvent rester perma- nents chez différents types d'Invertébrés. Le lissu musculaire des Cœlentérés dérive toul enlier de la cellule ectodermique à prolongements contracliles que Kleinenberg avait dénommé cel- lule neuro-musculaire et qui à élé appelée depuis cellule épithélio-musculaire (P1., fig. 1). Cet élément musculaire se compose d’une cellule qui porte à son extrémité profonde des prolongements en forme de fibres. Une élude attentive démontre que ces prolongements sont dus à l'existence d’une fibrille fusiforme qui s’est formée au sein du protoplasma de la cellule ectodermique. L'élément musculaire semble ainsi provenir de l'association d’une cellule et d’une fibrille, et, suivant l'importance relative de l'une ou de l’autre de ces parties, la forme générale de l'élément variera. La cellule est lantôt haule, cylindrique, munie même d’un cil, tantôt courte el pavimenteuse. Le pied de ces cellules s'étale sur un corps fusiforme dont la longueur est des plus variables et qui se distingue Loujours de la masse non différenciée du protoplasma cellulaire par une homogénéilé plus grande, par un élat physique différent, par la forte coloration qu'elle prend sous l'influence des réaclifs histologiques. Ces cellules épithélio-musculaires peuvent rester éloignées les unes des autres, dispersées à la base des couches épithéliales ectodermiques. Elles res- lent bien dislineles, ne se confondent pas en fais- ceaux, conservent leur individualité anatomique et forment une nappe musculaire dont l'activité el lim- portance physiologique peuvent s’aceroilre par l'ap- parilion de plis de plus en plusprofonds à sa surface (PL, fig. 2). Quelquefois la partie épithéliale de la cellule s’atrophie,landis que les fibrilles musculaires s'accalent else soudent avec celles des cellules voi- sines, cle façon à constiluer une forme cellulaire nou- L | ÉT. JOURDAN — LE TISSU MUSCULAIRE DANS LA SÉRIE ANIMALE 109 elle composée de plusieurs éléments agrégés. Elles réalisent alors l'aspect que l’on rencontre dans les muscles des cloisons mésentériques desActiniaires, où elles sont très répandues. Mais cel état n'est que secondaire et ne correspond pas à un véritable stade de l’évolution du tissu musculaire. La plu- part de ces fibres sont lisses. Les stries transver- sales apparaissent chez les formes pélagiques. On . Lrouve, dans les appendices du vélum des Méduses, des cellules épithélio-museulaires à fbrilles striées en travers, landis que, dans la forme hydraire des mêmes espèces, on ne rencontre que des éléments musculaires lisses. Oa remarquera que l’apparilion des stries correspond à une activilé plus grande du tissu musculaire. Les fibres musculaires des Vers sont aussi va- riées que les différents Lypes dont la réunion cons- litue cet embranchement. Chez les Turbellariées,. elles se rapprochent par leur aspect de la cellule conjonclive : elles sont ramifiées et forment sous les couches épithéliales et dans le parenchyme du corps un plexus de fibrilles qui émanent de ces cellules et qui sont difficiles à débrouiller. Elles réalisent ainsi une autre forme d’élément muscu- laire, la fibre mésenchymateuse de Hertwig, qui peut exister seule ou être annexée aux cellules épithélio-musculaires dans d'autres organismes, chez lesquels elle sert aux mouvements des appa- reils de la vie de nutrilion. Les Hirudinées possèdent des fibres musculaires semblables. Les éléments contractiles des Néma- todes sont comparables à ceux des Cœlentérés. Chez les Vers annelés nous rencontrons un élal d'évolution plus avancé du tissu musculaire, qui résulte d’une différenciation plus complèle de la cellule épithélio-musculaire. Les fibres qui cons- tituent les [uniques musculaires des parois du corps de ces animaux varient de forme dans des limites assez grandes. On peut cependani les rapporter à deux types : les unes sont à peu près cylin- driques, les autres sont nettement lamelleuses. Mais entre ces deux extrèmes il existe une série intermédiaire d'éléments. plus ou moins ruba- nés, qui permettent de passer de l’un à l'autre. Ces fibres musculaires sont lantôt fusiformes el courtes : elles sont alors visibles dans toute leur étendue dans le champ du microscope. D'autres fois elles prennent des dimensions longitudinales beaucoup plus grandes : leurs extrémités sont rom- pues, et il est fort diflicile d'apprécier exactement leur longueur. On peut distinguer comme parlie constitutive de ces fibres une substance contrac- tile remarquable à sa coloration intense el à son aspect homogène, et-un noyau accompagné d'un corps protoplasmique plus ou moins abondant. L'existence d’une membrane d'enveloppe semble douteuse : nous pensons même que dans la plupart des cas elle n'existe pas ; c'est tout au plus si au niveau du noyau on aperçoit une mince pellicule hyaline qui semble maintenir le nucléus en contact avec lélément auquel il appartient; mais celte membrane rudimentaire ne tarde pas à disparaitre dès que l’on s’écarte du noyau. Lorsque ces fibres sont lamelleuses, elles mon- trent toujours un bord plus épais que l’autre; le bord épais porle même une arèle de renforcement, le bord mince est déchiqueté et garni de prolonge- ments irréguliers. La substance contractile de ces fibres est le plus : souvent parfaitement homogène, et un examen attentif de pièces bien fixées montre qu'il est impossible d'y découvrir des stries tranversales ou longitudinales. On remarque, il est vrai, quelque- fois un aspect spécial qui pourrait faire croire à l'existence d'une grossière strialion transversale. Les réaclifs colorants, et en particulier l’héma- toxyline, font voir, en effel, des segments alterna- Lifs, clairs et sombres, qui donnent à la fibre une apparence plutôt zébrée que striée; ilest facile de remarquer que ces fausses sirialions correspon- dent, à de vérilables épaississements de la sub- slance musculaire et doivent êlre considérées comme des ondes de contraction n'ayant rien de commun avec les slries transversales des muscles des Arthropodes et des Vertébrés (PL, fig. 3). Les éléments musculaires sont cependant striés chez quelques Vers annelés. On en trouve un trèsbel exemple chez la Protula intestinum (PT. fig. 4). Les fi- breslamelleuses dela région postérieure du corps de cette espèce offrent une véritable striation, tantôt transversale, Lantôt oblique, loujours bien régu- lière et bien indiquée surloul dans les régions sombres de la fibre. Ces stries sont très fines, ne se distinguent bien qu'avec l'aide de forts grossis- sements. On remarque que, ici encore, la présence de cesstries correspond à une contraction brusque, Les Annélides Lubicoles du type des Protules sont, en effet. remarquables par la vilesse avec laquelle elles contractent leur abdomen et s'enfoncent dans leurs tubes. Cel exemple de striation transversale n’est pas unique chez les Vers ; nous rappellerons celui des fibres musculaires longitudinales des Chétogna- thes, où l'on trouve des strialions transversales aussi netles et aussi fines que les précédentes. IL s’agit ici encore d’un groupe dont les représen- tants appartiennent à la faune pélagique et mènent par conséquent uae vie aclive. Les fibres musculaires des Annélides ont tou- jours des directions parallèles; il en résulte qu'elles ont beaucoup de tendance à former des lames ou des étuis contracliles, dont l'épaisseur 410 e ÊT. JOURDAN — LE TISSU MUSCULAIRE DANS LA SÉRIE ANIMALE peut s’accroitre par l'apparition de plis, qui finis- sent par décomposer la couche primitive en grou- pes distincts, qui deviennent tout autant de mus- cles. Le plus souvent la fibre s’est complètement dégagée de la cellule épithéliale génératrice ; sa nature et sa filiation sont donc difficiles à établir chez l'adulte. Elle peut aussi contracter avec l’épi- thélium des parois du corps, dans certains cas du moins, des rapports curieux et difficiles à expli- quer ; les extrémités libres des fibres museulai- res peuvent se continuer avec les pieds des cel- Inles épithéliales, soit directement par la base effilée de la cellule, soit par l'intermédiaire d'un renflement creusé en calice, dans lequel la cel- lule est implantée. Cette disposition a été décrite chez plusieurs Vers annelés et chez les Arthro- podes. Enfinle groupedes Syllidiensest remarquablepar les fibrilles striées qui garnissent la paroi dela trompe de cette famille : il est encore difficile de bien comprendre la nalure exacte de ces éléments et la place qu'il est possible de leur assigner dans les Lissus musculaires. Il Chez les Mollusques, le système musculaire n’est pas constitué par des fibres arrangées parallèle- ment, mais par des éléments disposés en réseau formant dans le derme une couche musculaire dificile à dissocier. Ces fibres sont cylindriques, fusiformes, très longues, et, au lieu de se terminer en pointe, elles se pénicillent à leur extrémité, indiquant ainsi leur structure fibrillaire. Elles sont unicellulaires et sont formées d'une gaine épaisse et réfringente de substance contractile disposée autour d'un axe sarcodique granuleux, riche en glycogène el où se trouve logé le noyau. La sub- stance contractile tantôt entoure le noyau, tantôt occupe un seul côté de la fibre. La disposition des fibrilles peut aussi se modifier d'une autre facon ; au lieu d’être disposées en faisceaux parallèle- ment à la direction générale de la fibre, elles pren- nent quelquefois une direction oblique, de sorte qu'elles décrivent autour de l'axe de véritables tours de spire, tantôt läches el dessinant, sur la fibre des stries obliques, tantôt serrées au point quel'élémentmusculaire offre l'apparence des faisceaux musculaires striés (PL, fig. 5). Elles réali- sent ainsi un lype particulier de lissu musculaire à fibrilles spiralées qui est assez répandu chez les Lamellibranches, où, dans plusieurs genres, il con- stitue les muscles adducteurs des valves, et aussi chez les Gastéropodes etles Céphalopodes. Le véritable lissu musculaire strié est donc rare chez les Mollusques; on le rencontre cependant dans les muscles du Perten jarobeus, où la finesse de la stria- tion transversale égale celle des mêmes tissus chez les Mammifères. La strialion (transversale, qui est exceptionnelle dans les formes précédentes, devient la règle chez les Arthropodes. Dans les tuniques musculaires de l'intestin des Insectes, les éléments de contraction sont représentés par des fibres en forme de ban- delettes striées en travers, qui se divisent à leurs extrémités et vont s'anastomoser avec des prolon- gements semblables de fibres voisines, formant ainsi une sorte de réseau musculaire, Ces fibres sont pourvues d'un noyau placé en dehors de la substance contractile dans une masse protoplas- mique qui accompagne l'élément. Les muscles de la vie de relation sont constitués chez les Arthro- podes par de grosses fibres qui correspondent en- tièrement par leur structure aux faisceaux striés primilifs des muscles des Vertébrés. Leur étude peut donc se confondre avec celle de ces derniers. . Le tissu musculaire des Vertébrés se divise en deux groupes bien distinets suivant qu'il appartient aux organes de la vie de nutrition ou qu'il fait partie des muscles de la vie de relation. Dans le premier cas, les éléments conslilutifs de ce lissu se laissent facilement ramener à la forme cellulaire ; dans le second la cellule myoformative primitive a proliféré, son noyau s’est mulliplié et les indivi- dualilés nucléaires qui ont résulté de sa proliféra- lion sont restés réunis sous une même enveloppe cellulaire, constituant ainsi une cellule volumi- neuse polynucléée, qui est devenue le faisceau strié primilif. | Les éléments musculaires à un seul noyau sont représentés parlesfibres de la tunique intestinale et par celles qui font partie du myocarde (PI., fig. 6). La cellule musculaire des parois de l'intestin est fusiforme ; elle offre des stries longitudinales qui correspondent à des fibrilles disposées autour du noyau à la façon d’une enveloppe corticale. Les éléments du muscle cardiaque dérivent de cette forme cellulaire, mais ils en diffèrent par la présence d'une striation transversale des plus neltes. Les fibres musculaires du cœur de la gre- nouille peuvent servir de forme de passage; elles sont fusiformes, composées de fibrilles qui tendent à se dissocier, à se diviser en pinceau à chacune de leurs extrémités. Ces fibrilles sont de longueurs inégales el disposées irrégulièrement chez les autres Vertébrés; il en résulte que l'aspect de l'élément peut être complètement changé sans que sa constitution essentielle soit différente. Le système musculaire de la vie de relation se présente chez les Vertébrés avec des caractères tellement différents que, si l’'embryogénie ne nous venait pas en aide, il serait fort difficile de ratta- cher les grosses fibres qui le constituent aux élé- D ne, À PIE ti Fc. 3. Fic. 8. LÉGENDE : L2 F1a. 1. Cellules épithélio-musculaires des tentacules de Sagastia parasitica (d’après Hertwig). — Fio. 2. Deux cellules musculaires de l’ectoderme du plateau buccal d’Anthea cereus (d’après Hertwig). — KFic.3. Fibres musculaires de l’'Her- mione hystrix : À, vue d’ensemble de la fibre avec ses épaississements au niveau des ondes de contraction; B, un des nœuds de contraction montrant la fausse striation transversale. — Fic. 4. Fibre lamelleuse de Protula intestinum : A, ensemble de la fibre; B, striation vraie que cette fibre présente lorsqu'on l'observe à un fort grossissement. — Fic. 5. Segment d’une fibre musculaire à fibrille spirallée de Sepiola Rondeletüi (d’après Baïlowitz). — Fic. 6. Fibre musculaire lisse ou fibre- cellule montrant le noyau central et La striation longitudinale (d'après Ranvier). — Fie. 1. A, Faisceau strié primitif des muscles de l'Homme (fragment montrant les stries transversales) : a, stade anisotrope ou disque épais; à, strie isotrope montrant, au milieu, le disque mince g; #, noyau. B, Faisceau musculaire de la Grenouille, divisé en fbrilles : k, noyau (d'après Ptôhr). — Fi. 8. Fibrille de laile de lHydrophile, dissociée par la demi-dessiccation après un séjour .de vingt quatre heures dans lalcool au tiers; coloration à l'hématoxyline : c, disque épais; m», disque mince; @, espace clair; h, strie intermédiaire. Gross. : 2.000 diam. (d’après Ranvier). LE TISSU MUSCULAIRE DANS LA SÉRIE ANIMALE (Article de M. Ét. Jourdan) REVUE GÉNERALE DES SCIENCES, t. VI, no 9. Imp. phot. Alfred ARON, 30, rue Lebrun, Paris. ÉT. JOURDAN — LE TISSU MUSCULAIRE DANS LA SÉRIE ANIMALE FAT: ments dérivés des cellules que nous venons de décrire. Ici, comme chez les Arthropodes, le faisceau strié primitif provient de cellules dites myoformatives dont le protoplasma édifie des fibrilles très fines, qui se présentent, dès qu'elles apparaissent, avec des stries transversales très nettes. Ces fibrilles restenten contact, et, à mesure que les dimensions de la cellule augmentent, le nombre des noyaux s’accroil aussi par division du noyau primitif, de telle sorte que l'élément muscu- laire finit par être constitué par une grosse fibre à noyaux multiples encombrée de fibrilles muscu- laires. Get élément nouveau a pris le nom de fuis- ceau strié primitif (P1., fig. 7). Ces fibres diffèrent des éléments des autres tissus par leur volume consi- dérable, puisqu'on avait même admis que dans certains muscles elles allaient d’une extrémité à l’autre de l'organe. On leur accorde aujourd’hui des dimensions moins considérables, et l'opinion précédente n’est plus admise que pour les muscles courts ne dépassant pas 3 à 4 centimètres; lors- qu'ils constituent des muscles plus volumineux, les faisceaux striés se terminent dans la masse muscu- laire par des extrémités en pointe; mais ces dimen- sions longitudinales peuvent aussi dans ce cas s’accroitre et aller, d’après quelques auteurs, jusqu'à 12 centimètres. Leur épaisseur, bien moins grande, varie également entre 15 et 150 millièmes de millimètre. On décrit à ces faisceaux striés une membrane d’enveloppe qui porte ici le nom de swrcolemme. On rencontre dans leur épaisseur des noyaux nom- breux dispersés au sein de l’élément ou situés immédiatement au-dessous du sarcolemme. Le protoplasma édificateur de la fibre a presque com- plètement disparu et la substance musculaire est constituée par des fibrilles qui donnent au faisceau primitif une situation longitudinale bien nette. Chacune de ces librilles est composée de tranches qui ont des propriétés optiques différentes. Les parties également réfringentes de chaque fibrille occupant les mêmes niveaux dans l'élément, il en résulle que le faisceau tout entier est zébré de stries transversales alternativement claires et foncées. Ce dessin se montre àvec beaucoup de netteté chez les Arthropodes, à cause de la grande épaisseur des stries, On a pu alors, en appliquant à leur étude les matières colorantes et la lumière polarisée, distinguer des bandes transversales foncées, très sensibles à l’action des teintures em- ployéesenhistologie, et d'autres claires, réfractaires aux mêmes agents. Ces stries se succèdent régu- lièrement d’une extrémité de la fibre à l’autre dans l'ordre suivant (Pl.,fig.8): à une bande foncée, appelée aussi disque épais succède une üande claire, divisée en deux par un petit espace qui offre les mêmes ca- ractères que le disque épais ; ces le disque mince. Enfin, des lentilles suffisamment puissantes lais- sent distinguer, au milieu du disque épais, un mince espace clair appelé série intermédiaire. On a pu ainsi établir la succession suivante : un disque mince, une bande claire, un demi-disque épais, une bande claire ou strie intermédiaire, un demi-disque épais, une bande claire, un disque mince, et ainsi de suite. La substance musculaire se trouve ainsi divisée à l'infini et les moindres changements de forme de chacune de ces particules entraine des modifications immédiates de la totalité de l’élé- ment. Les faisceaux striés primitifs des Arthropodes et des Vertébrés représentent sans doute le degré ultime d’adaptation du protoplasma cellulaire aux fonclions motrices. IT Si nous voulons maintenant établir une classifi- cation des tissus musculaires, nous voyons qu’une division naturelle semble s'imposer à l'esprit comme conséquence du travail d'analyse que nous venons de faire. Les tissus de contraction peuvent se rattacher de près ou de loin à la forme cellulaire du type épithé- lio-musculaire ; ils représentent ainsi un premier groupe de Llissus musculaires. Ces éléments peu- vent aussi réaliser d'emblée le type fibrillaire : la cellule myo-formative évolue alors rapidement chez l'embryon, elle est difficile à saisir ou échappe même complètement chez l'adulte ; ils forment le second groupe dans cette première catégorie d'é- léments musculaires. Si nous considérons maintenant les origines-de ces tissus, nous voyons que, lorsque la cellule mus- culaire prend naissance chez l'embryon aux dépens de l’ectoderme ou de l’endoderme, ou même du mésoderme épithélial, elle a conservé souvent de son origine un cachet qui l'éloigne de la cellule conjonctive et qui en fait quelque chose de spécial : elle se rattache directement à l'élément épithélio- musculaire, soit que ces caractères se montrent chez l'adulte, par exemple chez les Cœlentérés, les Echinodermes et les Annélides, soit que l’onarrive àasaisir lesstades decette évolution chez l'embryon : la substance contractile de l’élément se présente alors comme une parlie surajoutée au protoplasma de la cellule, annexée à lui, pour ainsi dire, au début, finissant par l’encombrer ensuite. Lorsque la cellule musculaire dérive des élé- ments migrateurs qui se sont séparés hätivement des feuillets épithéliaux de l'embryon, le proto- plasma tout entier de la cellule a acquis la facullé musculaire sans que nous voyions se séparer de lui, au moins dans la plupart des cas, une partie, 412 F. ET J. JEAN — L'INDUSTRIE DES s UIFS COMESTIBLES ET INDUSTRIELS d’où la difficullé de distinguer ces éléments des cellules lixes du tissu conjonclif; il suffit, pour adopter celle opinion, de penser aux fibres musculaires des Mollusques, à celles des parois des artères el de l'intestin des Vertébrés. Que l'on adopte ou non les idées de Hertwig en embryologie, on est bien obligé de reconnaitre qu'elles facilitent la classificalion des Lissus mus- culaires, et que ceux-ci peuvent présenter un /ype épilhélinl où un /ype conjonctif : d'où la classification admise par plusieurs zoologistes, qui divisent les tissus musculaires en lissus musculaires épitheliaux el lissus musculaires mésenchymateux. Nous voyons seulement des phénomènes secondaires d’adapta- lion à des fonclions semblables faire converger vers une forme commune des éléments bien dis- une fibrille plus spécialement contractile : linels à l’origine: c'est ainsi que Jes stries trans- versales qui décomposent la substance contractile en particules susceptibles de changer de forme plus rapidement, se montreront en même temps que nous verrons se manifesler des contractions brusques. Ces striations apparaissent dans les fibres mus- culaires, d'une facon tout à fait indépendante de leurs origines ; leur existence est liée à la vigueur el à la rapidité de la contraction : eiles ne sont en rapport ni avec la forme, ni avec les relations de parenté de l'élément qui les possède, mais elles nous en révèlent les propriétés physiologiques el sont l'indice d'une adaptation plus parfaite. Et. Jourdan, Professeur à la Faculté des Sciences et à l'Ecole de Médecine de Marseille. L'INDUSTRIE DES SUIFS COMESTIBLES ET INDUSTRIELS L'industrie des suifs se rapporte au groupe des industries dites préparatoires, dont le but principal estde fournir à d’autres industries, plus spéciales, leur matière première. Les divers produits que les fondeurs de suif livrent au commerce sont des- linés à la fabrication des chandelles et des bou- gies, à la savonnerie, à la parfumerie et à la cor- roierie, au graissage des essieux de voiture et des grosses pièces mécaniques, enfin à la fabrication du beurre artificiel. Ces produits dérivent des substances vulgaire- ment désignées sous le nom de corps gras. Ges corps sont des glycérides ou éthers de la glycérine. La glycérine élant représentée par la formule C3H5 (OH), on peut remplacer chacun deses 3 groupes OH par le radical monoatomique d'un acide.Si, par exemple, on introduit ainsi trois fois dans la molécule de la glyvcérine le radical C6 H#0?de l'acide palmilique, on oblient un éther gras : le lripalmitate de glv- cérine : CHS(CI6H3102)?, Cet éther existe dans la graisse du bœufetcelle du mouton. Cette graisse est, en réalité, un mélange de plusieurs éthers constitués semblablement par la combinaison de la glycérine avec un acide par- liculier. Les acides qui, dans le suif, se trouvent unis à la glycérine, sont 1° l'acide 2° l'acide 3° l'acide 4° l'acide CI6H?20? CUH5#102 Ct8H3%07 C'SH31G2 palmitique: 4..." margarique SIÉATIQUE,. oléique, .... Ils forment respectivement : 1° le tripalmitate de glycérine ou tripalmiline 29 le margarate de glycérine ou margarine 3° le stéarate de glycérine.. .. ou stéarine 4° l’oléate de glycérine........ ou oline Le suif est donc un mélange de tripalmitate, de margarale, de stéarate et d'oléate de glycérine. Tandis que la constitution des acides palmitique, stéarique et oléique semble aujourd’hui bien fixée, il ne semble pas permis d'affirmer que l'acide margarique représente un composé du même ordre; peut-être la malière ainsi appelée et qui correspond à la formule brute C'TH%0? est-elle, en réalité, un mélange de plusieurs acides voisins. La margarine, quiest le glycéride de cette subs- lance, est solide à la température ordinaire; il en est de même de la tripalmiline et de la stéarine. L'oléine pure est, au contraire, liquide : c'est elle qui conslilue la majeure partie des huiles, no- lamment de l’huile d'olive. Plus sa proportion est grande dans un suif, plus ce suif est mou. C'est sur le phénomène dela saponification que re- posent toute la chimie et l'industrie des corps gras; ce phénomène consiste en ceci : Quand on traite ces substances par un alcali, on unit à cet alcali l'acide qui élait combiné à la glycérine et l'on met celle-ci en liberté. On peut aussi, en faisant agir un acide minéral sur les corps gras, l’unir à leur glycérine et mettre en liberté les acides gras. Ce sont là les réactions fondamentales utilisées dans toute l'industrie qui sera décrite ici. (LA DIRECTION). : | F. ET J. JEAN — L'INDUSTRIE DES SUIFS COMESTIBLES ET INDUSTRIELS 13 J. — HISTORIQUE L'emploi du suif des amimaux pour l'éclairage est fort ancien. La candela des Romains était une sorte de torche que l'on obtenait en plongeant dans du suif fondu la moelle de certains végétaux. Les Celtes et les Gaulois savaient faire des chandelles de suif avec mèche de lin ou de chanvre; vers le milieu du x1° siècle, ces fibres furent remplacées par la mèche de coton. L'éclairage par la chandelle constituait déjà un progrès sur l'éclairage par l'huile et par les Lorches de résine. Les statuls des chandelliers de Paris et une ordonnance du . x siècle concernant leur corporation l(émoignent de l'importanee qu'avait alors la fabrication des chandelles et montrent qu'à cette époque on savait préparer la chandelle plongée et la chandelle roulée. En 1815. Braconnol et Simonin tentèrent de faire des chandelles plus dures et moins sujeltes à cou- ler,en employant seulement la partie la plus solide du suif, qu'ils arrivaient à séparer de l’oléine au moyen de l'essence de térébenthine. Cette tenla- tive n'eut pourtant aucun succès industriel. En dehors de son emploi pour l'éclairage, le suif trouvait quelques débouchés dans les savon- neries du Nord; mais il n’a pris réellement de l'im- portanee, au point de vue industriel, que vers 1836, grâce aux beaux travaux de Chevreul sur les corps gras, vérilable point de départ de l'industrie sléarique: et il est à remarquer que toules les découvertes, tous les perfectionnements qui ont été réalisés dans cette industrie sont dus à des savants français : Chevreul, Gay-Lussac, Camba- cérès, de Milly et Motard, Frémy, Bouis, Dix. Hugues, Michaud. L'industrie stéarique, créée en France, fut très florissante jusque vers 1873: mais ensuite elle n’a pu se développer comme à l'Étran- ger, par suile el des condilions économiques qui pèsent sur notre industrie en général et d’une légis- lation spéciale qui affecte lastéarinerie depuis 1874. L'acide oléique et la glycérine, produits secon- daires de la fabrication des bougies stéariques, ont lrouvé (le premier dans la savonnerie) de nombreux débouchés, quiont contribué à maintenir la valeur commerciale du suif. Il faut néanmoins reconnaitre que des causes nombreuses el puissantes tendent à diminuer l'importance de l’industrie du fondeur de suifetla valeur de lamatière première qu’ilemploie. La bougie stéarique, qui constituait un progrès très notable sur la chandelle de suif, voit, en effet, sa consommalion se restreindre de plus en plus par suite du développement qu'a pris l'éclairage par le gaz, par l'électricité, et surtout de l'importation de plus en plus considérable deshuiles minérales, américaines et russes, destinées à l'éclairage. Dans le domaine industriel, la découverte de la REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, | Saponification sulfurique, permeltant d'employer, pour la fabrication des bougies, les huiles de palme concurremment avec le suif, l'emploi en savonnerie des huiles de koprah, l'extraction de la glycérine des lessives des savonniers et l'invention de nouveaux explosifs resfreignant les débouchés que trouvait la glycérine dans la fabrication des dynamites, pèsent lourdement sur le cours du suif. Si la dépréciation de la valeur du suif ne s’est pas manifestée d’une facon plus désastreuse en présence de tant de facteurs défavorables, il faut en chercher la cause dans la découverte de la mar- garine par Mège-Mouriès (1869), découverte qui a ouvert au suif des débouchés extrémement impor- tants, en créant l'industrie des suis comestibles et de la margarine, et qui seule peut s'opposer à l'extrème abaissement du prix du suif. Lôin de protéger cette industrie de la margarine, de ce beurre de bœuf, qui rend tant de services à l'alimentation, on a vu les Pouvoirs publics, incités par la coalition des intérêts agricoles, chercher à entraver le développement de cette industrie, espé- rant ainsi relever les prix des produits de la laite- rie, el par suile, la valeur des fermages. Sans cesse menacée dans ses intérêts, toujours sous le coup de projets liberticides, l'industrie de la margarine n’a pu se développer en Francecomme elle l'a fait au delà de nos frontières : les fabriques les plus importantes ont pris le parti de se trans- porter à l’Étranger, d'autres ont fermé. et cette in- dustrie, qui, tout en consommant une grande quan- tité de lait, ouvrait à la partie la plus importante des abats, — le cinquième quartier, — des débou- chés grace auxquelsle prix du suif de boucherie pou- vaitse maintenir à un Laux rémunérateur pour l'agri- culteur et l'éleveur, tend de plus en plus à péricli- ter dans le pays même où elle avait pris naissance. La fabrication des saindoux composés, pouvant concourir par leur bon marché avec les lards compounds des Américains, était devenue assez imporlante en France et avait ouvert de nouveaux débouchés aux suifs comestibles. Les droits.de 48 francs par 100 kilogrammes qui frappent les graisses alimentaires addilionnées d'huiles végé- tales à leur entrée dans Paris arrêteront le dévelop- pement de cette industrie, et le cours du suif, qui ne pouvait se relever qu'en raison directe de l’im- portance des débouchés du suif comestible, coni- nuera à baisser {il est aujourd'hui à 55 francs. La découverte de Mège-Mouriès, en créant l'in- dustrie de la margarine et des suifs comestibles, a modifié notablement l'industrie du fondeur de suif. Jusqu'en 1886 les fondeurs de suif {exception faite pour quelques-uns) se bornaient à préparer sous le nom de Suif aux cretons, Suif à l'acide. Suif de place, petits Suifs, etc., la malière pre- F. ET J. JEAN — L'INDUSTRIE DES AA SUIFS COMESTIBLES ET INDUSTRIELS mière destinée à la stéarinerie el à la savonnerie. La découverte de la margarine, la baisse continue du cours du suif à fabrique décidèrent les fondeurs de suif à s'outiller pour la fabrication des suifs comestibles, de l’oléo et de la margarine. Le moment était-d'autant plus propice que le prix élevé du beurre leur permellaitd'écouleravan- tageusement leurs produits, le prix du suif en branches, réglé sur le cours du suif à fabrique, élant tombé à un prix incroyable de bon marché. La même transformation de l’indusirie du fon- deur de suif eut lieu à l'Étranger, notamment en Hollande, el aux États-Unis, mais sur une échelle beaucoup plus vaste: car cetle industrie n’a pas eu à compter avec les tracasseries qui, Sous pré- texte de protéger l’Agricullure, sont faites en France aux fabricants de margarine. Nous prendrons comme lype, pour la descrip- tion de l'industrie du fondeur de suif, un fondoir produisant le suif comestible et le suif à fabrique. II. — SUIFS COMESTIBLES Les Suif$comestiblescomprennentun ensemble de dérivés du Suif de boucherie, dit suif en branches : les premiers jus, l'Oléo-Margarine el la Margarine. $ IL. — Fremier traitement du Suif en branches. Le suif en branches provient de l’abatage des ani- maux de boucherie et fait partie du cinquième quartier, constitué par la peau, la tête, les cornes et le suif. Les lieux de production du suif en bran- ches sont: 1° les abattoirs municipaux: 2° les abattoirs particuliers; 3° les boucheries. On distingue deux sortes de suif en branches: celui qui provient directement de l'abattoir et celui qui est fourni par les étaux des bouchers. Le pre- mier est généralement en gros morceaux, d'une couleur blanc-rosé, opalin, d’odeur franche et de saveur fraiche: il est supérieur au suif d’étal, tani au point de vue de la fraicheur et de la qualité que du rendement; mis de suite en fabricalion, il n'a pas le temps de prendre le goût de suif: il con- vient pour la production des suifs comestibles de première qualité. Le suif d'étal est en petits morceaux; il est or- dinairement inférieur comme fraicheur au suif de l’'abaltoir, parce qu’il séjourne chez les bouchers avant le ramassage par les voitures des fondeurs. Dans les grandes villes, le suif des élaux est re- cueilli tous les jours par les garçons fondeurs: dans les villages ou centres peu importants, le suif n’est enlevé qu'une ou deux fois par semaine. Le fondeur paie le suif en branches à raison de 70 °/, de rendement sur le cours ofliciel du suif frais fondu; le suif en branches donnant en moyenne un rendement en suif fondu de 80 °/,, cet écart de 10 °,, constilue la rémunération des frais de fabrication et le bénéfice du fondeur. Ainsi, le suif fondu étant coté 56 fr. 50 les 100 kil., et le rendement accordé élant de 70 °/,, le prix du suif en branches ressort à 39 fr. 55. Le fondeur fabricant de margarine se base géné- ralement, pour établir son prix d'achat du suif en branches, sur les prix auxquels il a vendu ses pro- duils le mois précédent, défalcation faile de ses frais généraux, ainsi que de ses frais de main- d'œuvre et d'enfûlage. Dans les centres où l'industrie des suifs comes- libles a une certaine importance, l'organisation du fondoir à pour base la participalion des bouchers, qui s'engagent à livrer leurs suifs moyennant un prix approximalif fixé à l'avance. A la fin de l’an- née, défalcation faite des frais généraux, des inté- rêls payés aux actionnaires et de 5 °/, des béné- fices attribués au personnel, les bénéfices nets résultant des opérations du fondoir sont répartis entre les bouchers participants, el ce au prorala de leurs fournitures de suif pendant l’année. Cette organisalion es{ celle du Fondoir Central de Paris. L'industrie du fondeur de suif est représentée par le Syndical Général des Corps Gras, qui compte quatre cents adhérents.'et il existe une société de secours muluels pour les ouvriers fondeurs de suif. Fontoirs. — Le suif en branches, après avoir élé épluché à l'abatloir, est porté au fondoir, où l'on procède au triage des morceaux el à la sélection des différentes sortes de suif. Le suif de mouton, ayant une odeur swi yeneris trop prononcée, el le suif de veau, s’allérant trop facilement, n'entrent pas comme matière première dans la fabrication de la margarine.Ces deux sortes de suifs éliminées, on choisit les morceaux prove- nant de la loile, du ratis, du nillet, destinés à fournir une qualité supérieure. Les autres morceaux, mé- langés avec les belles parties du suif d’étal, ser- vent à fabriquer une qualilé également fraiche, mais secondaire comme finesse de goût. Fubrication du premier jus. — Sous le nom de pre- mier jus, on désigne le suif obtenu par fusion, à basse température, des suifs en branches frais. Cette dénominalion est réservée aux suifs débar- barrassés de tripalmiline et de stéarine et desli- nés à l'alimentation et à la fabrication de l’oléine. Les morceaux de suif, une fois triés, sont por- tés dans un atelier spécial, fortement aéré, où ils subissent une dessiccation partielle, qui à pour effet de conserver le suif frais jusqu'au moment de la mise en fabrication. En Amérique el dans quelques fondoirs francais, le suif, après triage, est jeté dans des bacs d’eau glacée, el lavé à plu- F. ET J. JEAN — L'INDUSTRIE DES SUIFS COMESTIBLES ET INDUSTRIELS AS sieurs reprises pour enlever le sang et les impu- retés. Au moment de sa mise _à la fonte, le suif est di- visé en pelits fragments par une machine à ha- cher, puis soumis à un broyage qui réduit le suif en une sorte de pulpe, de _sorle que la graisse peut se séparer des cellules graisseuses el des mem- branes, par la fusion. La figure 1 représente le système de hacheur- broyeur le plus usité. Cet appareil, placé au-dessus des cuves de fusion, est monté sur une boile en fonte et formé de qua- tre cylindres superpo- sés; les deux cylindres supérieurs sont armés de grosses dents ai- guës ; les cylindres in- férieurs ont une den- ture plus fine; ils sont animés d'un mouve- ment de rotation diffé- rentiel. Le suif, déchi- queté et écrasé par son passage entre les ev- lindres, estdélachépar des raclettes et tombe dans la cuve à fondre. La fusion du suif broyé s'opère dans une cuve en bois de sapin blanc munie d'un ser- pentin - barboleur en fer étamé reposant sur le fond. Un robinet- genouillère, pourvu à son extrémité d’une crépine, et une bonde complètent l'appareil (fig. 2, récipient supérieur). | La cuve, élant remplie d’eau jusqu’au liers de sa hauteur et chargée du suif provenant des broyeurs, est chauffée au moyen du barbotteur de vapeur. Afin d'éviter la surchauffe de la graisse et d'activer la fonte, l’ouvrier fondeur remue continuellement la masse du suif au moyen d'une sorte d’aviron en bois. Sous l’action de la chaleur, la graisse fond et Fig. 1. — Hacheur-broyeur. Modèle de frères. MM. Boyer Fa Æ vient surnager, tandis que les cellules et les mem- branes se déposent. Dans quelques usines on procède, durant la fonte, à un lavage de la graisse, en changeant l’eau de la chaudière à plusieurs reprises. La graisse fondue est décantée, au moyen de la genouillère, dans un bain-marie placé au-dessous de la cuve de fusion, comme le représente la figure 2. Ce bain-marie est Fig. 2, — Appareil pour la fonte des premiers jus. Modèle de M. Bréhier. formé d’une cuve en fer étamé munie d’un robinet de vidange fixé un peu au-dessus du fond, pour permetlre l’écoulement de la graisse. Cette cuve est placée dans une double enveloppe en bois for- mant bain-marie, chauffé, au moyen d’un barboteur de vapeur, à environ 60 degrés. Pour aider à la séparation et à la précipitation des débris de membranes et des impuretés rete- nues dans la graisse fondue, l’ouvrier y projette soit du sel marin, soit des mélanges de sels alca- lins et de sel marin. Après deux heures de repos, environ, la graisse étant bien clarifiée, on la fait s’écouler par le robinet situé au-dessus du fond du bain-marie, soit dans des jalots, soit dans des fûts préalablement déodorisés par la vapeur, si elle est destinée à la vente comme premier jus. Les impu- relés sont évacuées par le robinet de vidange fixé au fond de l’appa- reil, et mises de côté pour servir à la fabri- cation du suif indus- triel. Afin d'éviter l’entrai- nement, par le barbo- leur, des corps étran- gers’tels que l'huile et le mastic provenant des joints du généra- teur, tels aussi que les gaz provenant des ma- tières en décomposi - tion de l’eau de la chau- dière , M. Bréhier a construit un système de cuve chauffée au moyen d'un courant de vapeur circulant dans une double enveloppe (fig. 3). La fonte du suif en branches se fait directe- Fig. 3. — Cuve Bréhier chauffée par un courant de vapeur d'eau circulant dans une double enveloppe. ment sans eau, on évite ainsi les pertes de graisse qui, dans le système précédent, se produisent pen- dant l'écoulement de l’eau. La fonte au moyen de 416 celle cuve ne supprime pas l'emploi du bain-marie reposoir. Pour les belles qualités de premier jus, la tem- pérature de fusion ne dépasse pas environ 60 de- grés: pour les qualités secondaires, la température peut être portée jusqu'à l'ébullition de l’eau. Quel que soit le système de cuve à fondre em- ployé, la fonte des suifs comeslibles ne se fail jamais à feu nu, afin d'éviter un goût de cuit qui rendrait la graisse impropre à lalimentalion. Lorsque le premier jus doit servir à la fabrica- ion de l'Oléo. il est, au sortir du bain-marie de repos, réparti dans des bacs d'une contenance d'environ 50 kilos, que l’on porte immédiatement dans une chambre chauffée à 38 degrés et Lenue à l'abri de tout courant d’air. On l’abandonne au repos, dans ces conditions, pendant 48 heures ; la malière grasse cristallise, c’est-à-dire que la stéarine se solidifie, landis que l’oléine, fluide à la température de la chambre chaude. reste englobée dans les particules con- crètes de stéarine. La masse prend alors un aspecl grenu tout différent du suif refroidi brusquement: dans cet état, le premier jus est apte à subir la pression, qui à pour but de séparer l’oléine de la sléarine. Usaye des premiers jus. — Les premiers jus sont grenus, de couleur jaune, ils ont la saveur agréable de la graisse fraiche; ils ne laissent pas à la dégus- Lalion la saveur sui generis du suif. Ils trouvent des débouchés importants dans la fabricalion de l'o- Jéine et des saindoux factices, surtout en ce qui concerne les premiers jus de mouton. Depuis quelques années, les Américains, ayant besoin de trouver des débouchés pour les quantités considérables d'huile de coton comestible qu'ils produisent, ont, en effet, employé les premiers jus de mouton et de bœuf pour-solidifier celle huile, qu'ils sont parvenus à blanchir. Ce mélange, addi- tionné de saindoux, constitue le lard compound, qui, grâce à son bon marché, a trouvé des débou- chés considérables, soit comme saindoux artificiel, soit comme graisse à friture. En France, la pro- duetion des saindoux étant peu importante, on emploie également les premiers jus de mouton pour fabriquer, par mélange avec des sean lards et des huiles de coton, de sésame ou d'arachide, des sain- doux factices vendus sous les dénominalions de «saindoux de fabrique », « graisse ménagère ». Le rendement du suif en branches en premier jus est variable. Il est en fonelion de l'état de l'animal abattu, de l'état de siceité du suif. Le rendement moyen est environ de TÙ °/, pour le suif de bœuf; il est un peu moins élevé. pour le suif de mouton et de veau. F. ET J. JEAN — L'INDUSTRIE DES SUIFS COMESTIBLES ET INDUSTRIELS Lage de la presse doit être fait rapidement: l’opé- $ II, — Fabrication de l'Oléo. Le premierjus est constitué par deux glycérides, l'un concret, la stévrine, autre liquide à 38 de- grés, huileux, loléine, qui se sont déjà séparés par le fait de la cristallisation du premier jus. Ce mélange ayant un point de fusion trop élevé pour convenir à la fabrication de la margarine, il faut en retirer la partie huileuse qui constitue l'oléo !. Par ses propriétés physiques el organoleptiques, l’oléo offre une grande analogie avec la graisse du beurre ; el c’est la seule partie du premier jus qui convienne pour la fabrication du beurre artificiel : on l'isole de la stéarine au moyen de la presse. hydraulique. A cet effet, le premier jus venant de la chambre chaude où il a cristallisé, estréparti, à raison d'environ un kilo, dans des servielles de | forte toile, que l'ouvrier plie de façon que la ma- lière grasse enfermée dans le tissu forme un gà- teau de 18 centimètres >< 20 et d'environ 4 cenli-, mètre d'épaisseur. Les servielles ainsi garniessont disposées par 4 où 6 sur une forte plaque de tôle élamée, chauffée préalablement à 50 degrés, qui recouvre le plateau de la presse. Sur chaque rangée de 4 ou 6 gäleaux, l’ouvrier place une plaque de tôle élamée, qu'il sort d'un bain d'eau maintenu à 50 degrés. Lorsque la presse est montée, elle comporte 160 à 200 gâteaux. qui sont maintenus entre les plaques chaudes par des guides passant entre des glissières. Le mon- : ralion exige le concours de trois ouvriers. La séparation de l’oléo commence au cours du chargement: sous l'action de la chaleur et du poids des plaques detôle, l’oléo filtre à travers les serviettes et s'écoule dans un récipient placé sous la gouttière du plateau de la presse. E La presse hydraulique est mise lentement en action, au début, et la pression est poussée pro- gressivement jusqu'à 150 kilos. Quelques margari- niers pressent alors rapidement jusqu'à 175 kilos, puis laissent brusquement tomber la pression. Au cours du montage de la presse et durant la pression, la température des plaques, qui au début élait de 50 degrés, s’est abaissée, de sorte que la pression finale ne se fait qu'à environ 40 degrés. température à laquelle l'oléo, encore liquide, se. sépare de la stéarine, qui reste emprisonnée dans les servielles sous forme de gàäleaux durs, semi- transparents, constituant le swf pressé. Le lravail de la presse donne un faible rende- ts med 10 D dd 1 L’oléo est, comme on voit, le nom industriel d'une subs- tance constituée fondamentalement par de l'oléine dans la- quelle sont dissous certains des autres principes immédiats du suif. » à À share sa ruée ddr 2e. FA (Note de la Direction.) , DONNE Ter ee ep F. ET J. JEAN — L'INDUSTRIE DES SUIFS COMESTIBLES ET INDUSTRIELS ment, il est fort pénible pour les ouvriers; aussi emploie-t-on, dans les margarineries importantes, des presses à doubles chariots permettant de pré- parer une presse sur un chariot pendant que le second subit la pression; on gagne ainsi un temps fort appréciable. Pour diminuer la main-d'œuvre el la fatigue occasionnées par le montage des pla- ques chaudes, M. Moranne a construit un système de presse à doubles chariots et à plaques mobiles sur les colonnes de la presse et pouvant être sus- pendues, au moyen de taquels, pendant le mon- tage ‘et le démontage de la presse. Ces plaques sont chauffées par circulation d’eau chaude à Lem- péralure convenable pour la pression. L'oléo refroidie lentement se présente sous un aspect grenu, de couleur jaune; sa saveur rap- pelle celle du beurre fondu; elle est entièrement fusible dans la bouche. Certains fondeurs, ne transformant pas eux- mêmes l’oléo en margarine, vendentleurproduction aux margariniers. Les oléos destinées à la vente sont enfülées au sorlir de la presse et mises à re- froidir lentement pour provoquer la cristallisation. On trouve dans le commerce différentes marques d’oléos, dont les prix varient suivant qu'elles sont extra, premières ou secondes. L'unique emploi de l'oléo est dans la fabrication de lu mugarine; Son principal marché est Rotterdam, où les Américains en expédient régulièrement des quanlilés considérables (fig. 7). Le marché de Pa- ris est beaucoup moins important. La sléarine ou suif pressé provenant de la fabri- calion de l’oléo comestible sert à la préparation des saindoux artificiels, et le suif pressé industriel est recherché en stéarinerie en raison de son ren- dement en acides concrets. $ 8. — Fabrication de l'Oléo-Margarine et de la Margarine. En 1869. M.Mège-Mouriès entreprit, à l’insligation de Napoléon IT, des recherches ayant pour but de procurer à la classe peu aisée de la population, une graisse alimentaire saine, pouvant remplacer éco- nomiquement le beurre. Après une série d'essais el de recherches sur les conditions physiologiques dans lesquelles se forme le beurre chez les Mam- mifères, M. Mouriès prit en 1869 un brevet pour la fabrication d'un beurre artificiel qu'il dénomma oléo-maryarine. Une première fabrique de marga- rine fut installée à Passy et fonctionna jusqu'en 1870. Elle fut détruite par l'invasion allemande. Une nouvelle usine fut installée en 1872 à Poissy. D’après le procédé Mège-Mouriès, on obtenait la transformation du suif en oléo-margarine en faisant digérer pendant deux heures à une température de 45° la graisse de bœuf fraiche, préalablement 417 broyée, avec de l’eau additionnée d'une pelite quanlité de carbonate de soude et d'estomac de mouton ou de porc. Sous l’action de la pepsine de l'estomac, les membranes subissaient une sorte de digestion artificielle favorisant la séparation de la matière grasse, qui, clarifiée, mise à cristalliser et soumise à l’action de la presse hydraulique pour en séparer la stéarine, fournissait l’oléo. L’oléo, fondue à basse température, lavée, puis malaxée, opérations par lesquelles la pâte devenait lisse et homogène, conslituait la graisse de ménage ou de conserve, produit neutre de goût, résistant d'une facon remarquable à la rancidité et convenant aux préparations culinaires. Pour transformer l’oléo-margarine en margarine ayant la pâte, la couleur et l’arome du beurre de va- che, Mège-Mouriès émulsionnait l'oléo avec du lait et de l'eau dans laquelle avaient macéré des frag- ments de mamelle de vache. Il obtenait ainsi une sorle de crème épaisse, qui ressemblait à celle du lail et qui, séparée de l’eau et du petit lait par ba- rattage, colorée en jaune, puis soumise aux opéra- tions de malaxage, lissage, etc., usitées dans la fa- brication du beurre, fournissait un produit ayant les plus grandes analogies avec le beurre de vache. Le 12 avril 1872, le Conseil d'Hygiène, sur un rap- port favorable de Boudet, autorisa la fabrication et la vente de l’oléo-margarine. Il se forma aussitôt une « Société Anonyme d’Ali- mentation » au capilal de 800.000 francs, pour l'exploitation des brevets Mouriès. Celle Société réussil à faire adopter la margarine par la consom- malion et à ouvrir au simili-beurre des débouchés importants. En France, la fabrication de la margarine n'a acquis une réelle importance qu'à partir de 1886, époque à laquelle les fondeurs de suif transforme- rent leur industrie et s’outillèrent pour la fabrica- tion des suifs comestibles. Depuis le brevet Mège-Mouriès, la préparation de l’oléo et de la margarine s’est sensiblement modi- fiée ; grâce aux perfectionnements apportés à l'ou- tillage mécanique des margarineries, on a pu sup- primer la digestion du suif avec la pepsine dans la préparation du premier jus, ainsi que l’émulsion de l'oléo avec la mamelle de vache, sans pour cela nuire à la qualité des produits. Actuellement, la fabrication de la margarine con- siste à baratter l'oléo, provenant du traitement des premiers jus, avec du lait et une petite quan- tité d'huile végétale (de coton, sésame, ou arachide) destinée à modifier la pâte de la margarine, trop courte et trop cassante lorsqu'elle n’est formée que de graisse animale. L’oléo, fondue à environ 45 degrés, est introduite dans une barette-tonneau (fig. 4) ou dans une 418 F. ET J. JEAN — L’INDUSTRIE DES SUIFS COMESTIBLES ET INDUSTRIELS baralte à double effet, avec du laitet de l'huile | loppent dans le lait resté entre. les particules de végélale portés à la même (empérature. malières grasses, que la margarine prend l’arome Sous l'action du baratlage, l'oléo se trouve | du beurre. émulsionnée avec le Une fois égouttée, on soumet la matière grasse au travail du malaxeur-lisseur, a- fin d'en chasser le pelil lail el de don- ner à la pàle l’homo- généité du beurre. Elle est souvent passée, avec une pe- lite quantilé de beur- re pur, au malaxeur horizontal (fig. 5), d’où la pàte sort prête à être emballée pour les expéditions. laivel l'huile, les par- ticules grasses se di- visent de plus en plus et se mélangent inti- mement avec l'huile et le beurre du lait. Le baratlage dure environ deux heures: au cours de l'opéra- lion, la température du mélange s’est a- baissée graduelile - ment, de sorte qu'à la fin elle est infé- rieure au point de fusion de l’oléo. On La margarine se vend en molles, ou sépare alors, par vi- dange, le pelit-lait de en pains d'une livre. la crème, que l'on fait Fig. 4. — Baralle à oléo-margarine. Pour l'exportation tomber dans un bac elleestemballéedans ou caisses de 25 à 50 kilos. d’eau glacée, où, sous l'action d'un refroidissement | des cuveaux de cinq kilos ou de 25 kilos ou en füts brusque, les parties grasses sont concrétées en pelites masses grummeleuses retenant, interpo- La qualité de la margarine dépend de la frai- sée, une certaine quantité de lait. cheur du suif ayant servi à fabriquer l'oléo, de la Au moyen d'une sorte de panier à claire-voie, la | qualité du lait et de l'huile employés pour le Fig. 5. — Malaxeur horizontal pour le mélange de lu margarine et du beurre matière grasse concrète est retirée immédiatement | barratlage et de la quantité de beurre pur dont on du bain d’eau froide et versée dans des wago- | l'adilionne souvent pour augmenter son parfum ; nets perforés, où elle séjourne pendant un temps | les qualités extra peuvent soutenir la comparaison variable suivant la température de l'atelier. | avec les beurres de bonne marque. C'est au cours de cet égoultage et de ce repos, Les margariniers atlachent une grande impor- el sous l’action des ferments lactiques qui se déve- | lance à la qualité du laiteL à sa mise en œuvre au hT8 F. ET J. JEAN — L'INDUSTRIE DES SUIFS COMESTIBLES ET INDUSTRIELS 419 moment précis où il a acquis tout son parfum sous l’action de certains ferments. C'est là le point délicat de la fabrication des margarines extra. Quant aux margarines de qualités secondaires, obtenues par barattage avec des laits coupés ou des petits-laits, comme elles sont neutres de goût, on cherche à leur donner l’arome du beurre en les additionnant d'une petite quantité de compo- sitions à base d'eau de laurier-cerise, d'essence d'amandes amères, d’éther butyrique, etc. Le procédé Hansen, appliqué avec succès, en Suède et en Danemarck, pour le mürissement du lait destiné à la fabrication du beurre, lrouvera certainement son applicalion en margarinerie et permettra de donner au simili-beurre le parfum si recherché des beurres de Normandie, sans que l’on ait recours à ure addilion de beurre nalurel. La margarine a trouvé des débouchés importants dans l’alimentation de la population ouvrière. Les Syndicats et les Sociétés coopératives de consom- mation achèlent des quantités considérables de margarine, principalement dans le nord de la France et dans les pays houillers. Depuis 1885, la France exporte ses margarines en Angleterre; nous résumons dans le tableau ci-joint les quantités de Margarines importées de France, comparativement aux Margarines de provenance élrangère et aux quantités de beurre d'origine francaise. Cette diminution dans notre chiffre d'exporla- tion tient à ce que l’industrie de la margarine, toujours sous le coup de projets de lois prohibitifs, n'ayant pas {rouvé en France la sécurilé indispen- sable au développement de toute industrie, plu- sieurs margariniers ont créé en Anglelerre et en Belgique des usines travaillant spécialement pour l'exportation. Le suif en branches indigène a donc vu ses débouchés se restreindre de ce chef au profit des suifs étrangers. Les adversaires de la margarine attribuent la mévente des beurres à la concurrence que fait au beurre nalurel le beurre artificiel. Sans nier que ce dernier, de plus en plus accepté par la consommalion, qui trouve dans la marga- rine un produit sain! et bon marché, fasse une certaine concurrence au beurre naturel, dont le prix n’est pas à la portée de toutes les bourses, il suffit de consulter les statistiques rapportées plus haut pour reconnaitre que la cause principale de la mévente de nos beurres en Angleterre tient à la concurrence des beurres étrangers. La valeur de nos beurres de Normandie exportés en Angleterre est, en effet, restée sensiblement la même depuis 25 ans, malgré la terrible concur- rence qui leur a été faite parle Danemark {en 1889, cet Elat exportait pour 70 millions de couronnes de produits de laiterie), puis par l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Tableau I. — Exportations de la margarine et du beurre de France en Angleterre MARGARINE BEURRE LNNGES | INPORTATIONS TOTALES IMPORTATIONS DE FRANCE IMPORTATIONS DE FRANCE À —" à Anbtés 4 prix SE É prix antilés fe , prix quantités valeur moyen quantité valeur moyen quantités valeur moyen ÎTe fr. kgs fr. fr. fr. ÿ Dre 76.366.975! 1.80 64.466. 2.90 4.30 74.056.600! 1.66 56.000,52 2 81 ABS TES 63.807.000! 97.008.175] 1.52 | 2.: 2090 18505 06,041.9 2.72 1888. “6.987.190! 81.707.825] 1.43 | 2. 3.723.02à| 12469 59.471 .72: 2,70 1889. 62 08% 500! 91:3:6.525| 1.47 | 2.0 5.188 650! 1.95 16.836.825! 2:71 1890. 99.992.300! 79.581.025] 1.47 | 2,5 4.384.575| 1 97 11.138. PAT 1891 61.711.500! 88.955.075] 1.44 | 3. 6.589.390| 1.90 HD 05107282 1892 63.267.500! 92.822.100! 1.42 | 2, : 4.816.873] 1.85 15.692: 2.19 1893... ..| 65.001.650! 91.405.600! 1.40 | 2.065.100! 4.009.425| 1.99 66.976.875| 2.84 On voit que, si l'importation tolale de la marga- rine à augmenté en Angleterre, l'importation des margarines françaises y a diminué. Les quantités de margarines et graisses simi- laires exportées par la France, qui-étaient, pour les neuf premiers mois de l’année 1892 de 7.590.600 kilos et de 5.999.000 en 1893, sont tombées en 1894 à 181.700 kilos pour la même période de temps. Il ressort, en effet, du tableau ci-dessous (p. 420 que l'Australie et la Nouvelle-Zélande,qui n'expor- laient, pour ainsi dire, pas de beurresen Angle- 1 1] résulte d'un important travail de M. A. Jolles, direc- teur au Laboratoire Chimique à Vienne, que vient de publier la Revue Inlernalionale des Falsificalions, la preuve qu’au point de vue de la digestibilité, lamargarine a la méme valeur que le beurre naturel. 420 Lerre avant 1888, ont augmenté leurs exportalions d’une facon formidable depuis cette époque : En 1889 les exportations decepaysontété 815.750kg. 180 acer 1 BÉitbsn on don ir 1e . 2.024.900 A PSS SNS ane de AE …. 2.120:900 1892, Rte cn ee CCR. 4.376.000 1593 SR Eee Loco SCENE TA 8.482.450 Les exportations de ces pays, annoncées pour 1894, seront de 75 ‘/; plus importantes que celles de 1893, comme l'indique le relevé ci-dessous don- nan! les quantités de beurres entrées en Angleterre el venant de ces contrées, pendant les mois de janvier 1893 et janvier 4894. JNVICTMSOS ER ER e LELCRT es 2.057.1450kg. Janvier 1894... 3.494.250 Voilà donc, avec le Danemark, les véritables et dangereux concurrents de nos cultivateurs beur- riers. Ceux-ci, pour le plus grand nombre, se sont endormis sur les lauriers qu'ils avaient conquis à une époque où ils étaient à peu près les seuls sur le marché anglais : ils ont dédaigné d'appliquer les nouveaux procédés découverts par la science pour la fabrication de leur beurre, qu'ils auraient pu améliorer beaucoup, ainsi que l'ont fait quelques Sociétés coopéralives de laiterie, installées suivant les règles et lois du progrès : en Vendée, en Bre- tagne, etc. Ces Sociétés, en effet, obtiennent pour leur beurre des prix de beaucoup supérieurs à ceux que les cullivateurs de ces mêmes provinces obtenaient auparavant avec leur mode primitif et routinier de procéder. La question de la réglementation, de la fabrica- Lion et de la vente de la margarine doit venir pro- chainement devant le Parlement. Si l'on en juge d'après la volonté nettement exprimée par la Chambre en 1892, le projet de la Commission saisie de la question est beaucoup trop radical pour avoir chance d’être adopté. L'économie de ce projet vise l'exercice des fabriques de margarine, l'inter- diction de baratter l’oléo avec du lait, de la mé- langer avec du beurre et la séparation absolue du commerce du beurre de celui de la margarine. Les fabricants de margarine sont tout disposés à accepler l'exercice el la surveillance de leurs usines el toute réglementation ayant pour objet d'empêcher la fraude des beurres par la margarine. Ils estiment que ces mesures ne peuvent que con- Lribuer à éclairer le publie sur la qualité et l’inno- cuilé des produits qu'ils fabriquent et à développer la consommalion de la margarine, trop souvent offerte au public, par les fraudeurs, sous le nom de beurre el vendue comme telle à un prix trop élevé. Maisils considèrent comme équivalente à la prohi- bition de la margarine l'interdiction de baratter l'oléo avec du lait et la séparation commerciale F. ET J. JEAN — L'INDUSTRIE DES SUIFS COMESTIBLES ET INDUSTRIELS ————————————— e qui serait imposée aux débitants, lesquels devraient opter entre la vente exclusive du beurre et celle de la margarine. Le développement de l’industrie de la margarine est une des conséquences d'une évolution indus- trielle el économique qui ne va pas, évidemment, sans léser des intérêts parliculiers, mais qu'une société démocratique doit accepter et favoriser dès qu'il s'agit de intérêt général; il faut done laisser au consommaleur la liberté d'acheter tel produit qui lui convient, à la condition cependant que sa bonne foi ne puisse être surprise: que le beurre qui luiest vendu soit bien du beurre pur, et que la margarine lui soil vendue pour ce qu’elle est. LIT. — Surrs A FABRIQUE. Les suifs qui ne conviennent pas à la fabrication des graisses comestibles et les résidus de la fabri- cation des premiers jus servent à la fonte des suifs industriels désignés sous le nom de Suif aux cretons, Suif à l'acide ou Suif de place. A côté de ces suifs, qui ont leurs débouchés en stéarinerie el en savonnerie, on trouve des suifs de colle, de boyauderie, d'équarrissage, des suifs d'os, ete. Ces sortes de graisses, qui trouvent leur emploi dans la savonnerié ordinaire, sont produites par des usines spéciales el ne rentrent pas dans les opérations des fondoirs de suif proprement dits. La préparation du swf «ur crelons n'exige pas l'emploi des produits chimiques. Le suif, haché et broyé par des machines, est chauffé dans des chaudières à feu nu ou mieux à la vapeur libre, ou circulant dans une double enveloppe. La graisse dégagée sous l’action de la chaleur est séparée par décantation, et le résidu de la fonte est sou- mis à lPaclion de la presse pour en extraire la graisse emprisonnée dans les membranes. Les pains ou cretons, résidus de celle pression, sont vendus comme engrais azolés. Le suif aux cretons est employé par la savonne- rie fine et la corroierie: sa fabrication a diminué d'importance depuis que beaucoup de savonniers- parfumeurs se sont outillés pour fondre dans leurs usines le suif en branche destiné à leur fabrica- tion, et que Amérique fournit des quantités con- sidérables de suifs fondus sans acide, par la va- peur directe, comme les suifs Plata, Prim City, Western, ele. Le principal marché des suifs américains et aus- traliens est Londres: en raison de leur qualité el de leur prix, ces suifs sont assez recherchés par la sléarinerie el la savonnerie et font concurrence aux suifs français sur le marché anglais. La fonte aux crelons étant d'un faible rendement parce que, malgré la pression, on n'arrive pas à | 1 À à À s F. ET J. JEAN — L'INDUSTRIE DES SUIFS COMESTIBLES ET INDUSTRIELS 421 extraire la totalité des matières grasses retenues dans les cretons, le swif de place ou suif à l'acide est préparé suivant le procédé indiqué par d’Arcet. Après avoir élé hachées et broyées, les graisses sont soumises à une ébullition prolongée avec de l’eau additionnée d’acide sulfurique à 66 Baumé, dans la proportion de un kilogramme par cent ki- los de graisse. Sous l’action de l’acide et de la cha- leur, les membranes et les cellules graisseuses sont dissoutes complètement et la totalité de la graisse vient surnager. Elle est décantée dans des en acide stéarique et en acide oléique des suifs mis en fabrication. IV. — IMPORTANCE ET FLUCTUATIONS DE L'INDUSTRIE DU SUIF Le nombre des fondoirs importants est de 428 : mais, si l'on doit comprendre comme fondeurs les épiciers en gros, qui fondent eux-mêmes le suif en branches et fabriquent la chandelle pour leur elien- tèle, le nombre total des fondeurs existant en France est un peu supérieur à 4.000. RSR ER RER SRSERAREE RSR EREREE CSS SSSSSRRRRRRSRERRRRRRRE RÉ SSSR RE RRÈRRERSERRS = SE = a Li : Ë ==: a: = + E— : : =: + == __— = ÉEEEEEERE === 140 EE = : — : 2222222 S=S2= = : = LE : ; ' 3 1 : ï L : + ns + 1! 130E S==== == === : : + 1 ï z : à . = =: ï : — Î E = L + + i 1e : - ' === = = 120E : — - È ! - : : SSSs = - _ SE == == RSS i : ï SEE 1 0 : 1 I = 1 a! l : È : : : - 2 : T i : = 100 ÈS ; EE D: ee: = 20 : Î D EG 2 Co =: I f = + Î Î EE = == === 80 = ? 1 : = : - ! i T T = — u SSn==sss=e Sissnuss 70 T J =, ï + j T n = =: = Sss=ses = = 60 == == - SR Esns== : Rss 3= 50E PEREEREREE = Fig, 6. — Cours moyen annuel du suif de place \. jalots en bois, où elle forme, par refroidissement, Nos grands fondoirs, comme les usines de des pains de suif pesant 25 kilogrammes ; c’est sous celte forme que le suif de place est ordinaire- ment livré à la stéarinerie et à la savonnerie, tandis que le suif de province est expédié en fûts. Le suif de place est vendu sous la garantie du titre, qui doil être de 44°,5; la tolérance pour la teneur en humidité et impuretés est de 1/2 °/,; une teneur plus élevée donne lieu à une réfaction sur le prix de vente en faveur de l'acheteur. L'introduction de la garantie du titre dans les contrats de vente a eu pour effet d'empêcher la fraude du suif par addition de graisses inférieures dont le titre est toujours plus bas que celui du suif de boucherie: c’est ordinairement d’après le titre du suif que les stéariniers évaluent le rendement MM. Tricoche, Pellerin, le Fondoir Central, ete., ne peuvent ètre comparés comme importance aux usines similaires établies en Amérique el en Aus- tralie. La maison Armour et C°, de Chicago, qui - produit la margarine et le suif industriel et les peaux pour tannerie et mégisserie, n’a pas son égale au monde; son chiffre d’affaires pour l’année 1893 était de 673 millions de francs. Les usines de Swift, Nelson Morris, quoiqueayant un chiffre d’affaires moins considérable que la maison Armour, sont encore, et de beaucoup, plus ‘importantes que nos usines européennes. ! Graphique communiqué par M. Maurice Duclos, courtier assermenté. Tierçons Frances 000 30,000 29,000 28,000 27,000 26,000 25,000 24000 23,000 22,000 21,000 20,000 19,000 18,000 17,000 16,000 15,000 14,000 13,000 12,000 11,000 10,000 9,000 8,000 7,000 6,000 5,000 4,000 3,000 200 190 18 0 17 0 60 50 #0 30 Fig. 7. — Jnporlalions el ventes mensuelles d'oléo-margarine américaine à Rollerdam. 1883 fnamjason 188% j fmamyjason 1885 fmam)]as on fmamjjasond|jfmamj]ason 1888 fmamijason 1889 A jfmamyyaso, Er ET) °SAIDT 9D 9400700 M} 9p npuo] SM] JIns np sn09 97 Jo UDPAO D aumouout aurbbMU-021072p So 0 jumquout anbuydpun — *8 “RU LEE 0S 000€ à ie IAB EE JB; dia El IL El G DFE 1e (E TE (EE) LE HE 09 |000'9 ans EE HE DRE EEE ERERE EEE EE Res fi een te nE AS CE 08 000'8 CHE = HE Tu — H . Il -— il SS nl 47 S È SZ im EEE) ent RRRRRS SABRE EEE ER afATalE il sa El à à IZÈ dE ne Ë en .. IT pl cn HE nans l à EE à LÉ DAT ENA À JOUE FEB EE SAN TEE ET EE CET mue EL 007 |000'%T è * e nm AND SNS KIT CEE IE 2 2 mu LT] « SZ à FT S FEB BE EM 7 HFERCERE TE GE FRA mr a aae HE a A 5 [ OL |OOO'IL L — — SERRES CRAN NT HT LÀ EE ETS SE ER nr EE $ RAT ZERRCN TT COCO EEE EE EN EEE D CET Bi 5 RE \ JE. PER R T TTTR EP EN o21 |000'2L ne” ? È N à LA KB 1} 2 . Bi < Ÿ T Es In : IT oer |ooo'er % LR À SZ È + F À À BIEN AIMER ù g N AÀ 5 u. zu Et NZ TE a —+ #11" À 1 NN EN EE F 2 5 - EE TE ACER ZE RE O#L |000'%1 k, 13) A ER CEE V2 TER CE TT Ê EE NES ER EN EP RARE NE EEE ET TA LE ogr |ooo'e RE AREUID EE RDEE [] Et JR EPEEN NRsnAnE - 1 O91 |000'91 FE HE EEE | LE poil Sa oct |ooo'zt E BRe ER ARERRURA NE HERNEDEIRRRATREMRRRE - oo1 lovo'er = A 7 ee IAE CETTE . HE EE 61. |000'6I oz |000'02 FAT ZE L UDU : UOSD à DU ! CTIEZ [ DU ! PUOS D i WU DU L PUuUOoSD Lu DU f 1 uo D, LUDU, Le8l 9881 S881 +881 £e9l 2881 sounu, |suo$aoy, 42% F. ET J. JEAN — L’INDUSTRIE DES SUIFS COMESTIBLES ET INDUSTRIELS La production de ces fabriques, françaises et étrangères, a traversé depuis cinquante ans el traverse encore des crises accusées par les varia- tions de cours que résume le graphique de la figure 6. L'étude des causes qui ont influencé ces cours, permet de présager l'avenir réservé à celte industrie. C'est en 1843 que fut établie la cote officielle du cours du suif de place ; son prix moyen était alors de 114 francs les 100 kilos. À parlir de 1818, le prix du suif, qui avait atteint 137 francs en 1847, baisse d’une facon continue, par suite de la créalion des stéarineries travaillant par saponificalion sulfurique et distillation, pro- cédé permellant d'utiliser les huiles de palme con- curremment avec le suif pour la fabrication des bougies stéariques. A cette cause de baisse vinrent s'ajouter les im- portalions d'huiles de coprah, qui ont trouvé, à partir de 1851, des débouchés importants dans les savonneries, qui employaient auparavant exclusi- vement le suif, De 1851 à 1855, les cours augmentent d'une façon continue pour atteindre leur maximum, soil 148 francs(fig. 6). Durant cette période, les cours se sont élevés sous l'influence de la spéculation et de la guerre de Crimée; puis ils ont subi un mouvement de baisse, qui s’est continué et accentué par suite des importations de plusen plus considérables des huiles minérales, américaines et russes, des huiles de palme et de coprah. À parlir de 1863, l'importalion des pétroles, qui était de 6.000.000 de kilogrammes, va en pro- gressant pour atteindre en 1889 le chiffre de 165.000.000 kilos. En 1864, commencent les em- plois industriels de la glycérine, et le cours du suif remonte l’année suivante à 114 francs pour retomber, en 1869, à 100 francs (fig. 6. En 1870, il revient à 114 francs; mais alors interviennent, en 1873, les d’accise de 30 francs sur la bougie stéarique. Les effets de ce droit se font sentir d’une facon désastreuse pour celte industrie, et, sur 50 stéarineries existant à droits celte époque, 19 cessent leur fabricalion, el le cours du suif descend à 92 francs. En 1875, la spéculation fait remonter le cours à 100 francs: mais il ne larde pas à descendre à S1 francs sous lPimportalion des pétroles, qui atteint à celte époque 63.000.000 de kilogrammes, alors qu'en 1873 elle n'était que de 45.000.000 de kilos. A la suite du dégrèvement du droit de à francs sur les savons (mars 1878), de la diminulion mo- mentanée de l'importation des pétroles et de l’ex- tension considérable prise par les emplois indus- triels de la glycérine, notamment dans la fabrica- lion de la dynamite, le cours du suif remonte à 102 francs, el le prix de la glycérine, produit secondaire de l'industrie stéarique, s'élève de 90 à 205 francs. C'est à celle époque que l'industrie stéarique atteint son maximum de production, soil 30.116.000 kilogrammes (fig. 6); la production de la glycé- rine augmente également el son exportation aux États-Unis atteint 3.500 tonnes. A partir de 1885, le cours du suif descend gra- duellément pour arriver à 56 francs, sous l'influence de la crise commerciale, de l'importation des pélroles, qui s'élève à 126.000.090 de kilogrammes, et du développement de la consommation de la bougie de paraffine à l'étranger ; aussi la produc- duction de l'industrie sléarique descend-elle à 27.000.000 de kilogrammes après avoir élé de 30.000.000 en 1882. En 1886, les fondeurs, devant la baisse continue du suif industriel, s’oulillent pour la fabrication des suifs comestibles et paient le suif frais un prix plus élevé ; d'où relèvement des cours du suif à fabrique qui remonte en 1888 à 66 francs (fig. 6et8). En 1892 et 1893, les cours remontent d'une façon continue jusqu à 90 francs ; cette reprise, due à des causes passagères, lelles ‘que le drainage du suif comeslible, ramassé par les Américains pour la fabrication des saindoux faclices, de la grande sécheresse de l'année 1893 et de la diminution des imporlalions d'huiles de palme et de coprah, ne se maintient pas longtemps, et en 1894 Île cours retombe à 56 francs pour ne plus se relever, la pro- duction de la stéarine ayant diminué d'un tiers par rapport à l’année 1893. L'octroi de Paris ayant décidé, en ces derniers temps, d'imposer les graisses comestibles conte- nant des huiles végétales au larif de la matière la plus imposée, soit 48 francs les cent kilogrammes, comme pour les huiles comestibles, la fabrication de ées produits se trouve singulièrement entravée. Ces graisses à bon marché ne peuvent, en effet, supporter des droits aussi élevés, et les fabricants seront contraints de renoncer à loule addition d'huile, si cette application des droits estmaintenue et s'étend aux villes qui ont prévu des droits d’oc- troi sur les huiles comestibles. Celte question ne laisse pas d'être fortennuyeuse pour les fabricants ; car si on supprime l’addilion d'huile dans la mar- garine, onoblient une pâte cassante, el le produit ne répond plus aux désiderala du consommateur. Ces nouveaux droits sont une source de contes- tations continuelles entre la Ville et les fabricants, qui prétendent qu'on les oblige à payer des droits pour des produits ne contenant pasd’huile végétale, alors que, par contre, le Laboratoire Municipal k “ déclare ces mêmes produits huilés : d'où gros _ procès. Un fabricant de margarine a actuellement un procès de 98.000 francs avec la Ville, et un fabricant de saindoux a dû verser 50.000 francs pour droits en litige. La crise que subitactuellement l'industrie du suif est certainement la plus grave qu'elle ait supportée depuis 1843. Les cours du suif tombent d'une façon effroyable; le suif de place, coté 56 francs en mars, est tombé en avril à 51 francs; on prévoit même des prix encore plus bas pour les mois suivants, et rien ne fait présager un relèvement ultérieur des cours. Comme en France, l'industrie du fondeur de suif subit, en Amérique, une crise fort grave, crise due à la surproduction du suif à fabrique; et surtout due à la mévente des oléos. Les oléos américaines expédiées à Rotlerdam trouvaient, jusqu'en 1893, des débouchés considé- rables sur notre marché; mais les droils protec- teurs de 20 francs par 100 kilos qui ont été établis - lors de l'élaboralion du nouveau régime douanier, ont eu pour effet de fermer le marché français aux oléos américaines; d’où surproduction sur le mar- ché hollandais, et malgré les bas prix pratiqués, le stock d'oléos américaines s'’augmente d'une façon formidable (fig. 7 et 8). Les droits de surtaxe de 3 fr. 50 sur le poids brut {ce qui fait 5 francs sur le poids nel) des suifs ne venant pas, en France, directement de leur pays d'origine, n'ont pas élé sans porter un préjudice sérieux aux suifs américains, dont le principal marché est à Londres. Si ces droits ont eu pour effet de protéger un peu notre suif indigène, ils ont une influence néfaste pour la savonnerie fine, qui s’approvisionne à Londres. On ne trouve pas, en France, des suifs ayant les qualités des suifs de REMARQUES SUR L'INDUSTRIE DU SUIF 425 La Plala, tant au point de vue de la régularité de la qualité, que des prix. Les suifs américains et australiens ont un prix de vente différent selon qu'ils sont beaux, ordinaires, elc.: ainsi, le meilleur mouton est coté 62 fr. 50; le beau, 58 fr. 75: l’ordi- naire, 7 francs. Il en est de même pour les suifs de bœuf; ainsi le « meilleur bœuf » vaut 57 fr. 80, alors que le « bon » vaut 54 fr. et l «ordinaire » vaut 53 fr. De cetle élude des fluctuations subies par le cours du suif, il ressort que, depuis 50 ans, la valeur commerciale du suif de place, qui sert de base aux transactions qui se font sur les malières grasses, a diminué de un franc par kilogramme. Les princi- paux facteurs qui ont contribué à abaisser la valeur commerciale de celte matière première sont : le dégrèvement des droits sur le pétrole (février 93), l'extension de plusen plus grande qu'a prise l’éclai- rage par le gaz, l'électricité, les bougies de paraf- fine et l'huile minérale, l'emploi des huiles de palme, des suifs végétaux de Chine dans l'industrie stéarique, des huiles de coprah dans la savonnerie. et la surproduction de la glycérine, résultant du traitement des lessives de savonnerie, Si l’on ajoute qu'à la suite de la guerre de 1870-71 des stéarineries importantes se sont créées à l'Etran- ger, là où la France exportait de la stéarine et des bougies, et que les droits de 30 franes qui pèsent depuis 4873 sur la bougie stéarique sont absolument néfastes pour cette industrie, on voit que la dépré- ciation de la valeur commerciale du suif ne peut être enrayée que par le développement de l’indus- trie des suifs comestibles, qui ouvre au suif frais des débouchés importants à des prix rémunéra- Leurs pour Péleveur. Ferdinand el Jules Jean. REMARQUES SUR L'INDUSTRIE DU SUIF Depuis que les recherches de Chimie organique, qui ont fondé la théorie des fonctions, ont établi la constitution de la glycérine et de ses éthers, ces corps semblent peu attirer l'attention des savants. Après avoir retracé l’histoire, justement célèbre. de ces composés, les professeurs ne leur accordent, dans les cours, qu’une descriplion sommaire, et les jeunes gens qui préparent des thèses de Chimie organique en vue du doctorat ès sciences semblent dédaigner ce groupe de substances si communes. Lacomplexité de ces corps donne pourtantà penser qu'ils sont encore loin d’avoir livré leurs derniers secrets. Mais on dirait que la science subit, comme la vie mondaine, les caprices de la mode; celle-ci détourne aujourd'hui les chercheurs dessubstances vulgaires, au grand détriment de nos indusliries, nécessairement fondées sur l'emploi de malières très répandues. Oublierail-on l'immense intérêt qu'ont eu pour la philosophie chimique ces.admi- rables travaux de Chevreul qui, nousmontrant des mélanges dans les graisses naturelles. ont introduil dans la science la notion de principes immédiats, el créé, du mème coup, l'industrie stéarique ? MM. F. et J.Jean ontrappelé, dansl'article qu'on vient de lire, les savantes investigationsde Darcet, qui ont conduit au procédé de fonte à l'acide, el les idées qui ont guidé Mège-Mouriès dans la pré- paralion de la margarine. On ne saurait trop allirer 426 REMARQUES SUR L’INDUSTRIE DU SUIF les savants vers ces grands problèmes del'industrie, qu'ils ne pourront éclairer sans réaliser, en même temps, un grand progrès scientifique. Peut-être les professeurs de nos Facultés porte- raient-ils davantage sur ces questions leur alten- tion et celle de leurs élèves, siles programmes de la licence ès sciences physiques exigeaient, dans une plus large mesure, la connaissance des opéra- tions industrielles tributaires de la Physique et de la Chimie. Il est regrellable, #ême pour la science pure, que l’on puisse obtenir le diplôme de licencié en n'ayant étudié que dans les livresla fabrication du savon, des bougies, du gaz, du phénol, des ma- tières colorantes, du verre, de l'acier, etc. La vi- site des usines, l'étude, sur place, des procédés de fabrication, sont éminemment suggessives el devraient, à notre avis, s'imposer aux candidats comme conséquence indirecte du détail et de la précision des questions inscriles au programme de l'examen. Quoi qu'il advienne de ces vœux, il ne semble pas inulile, — limitant nos observalions au sujet particulier qui vient d’être traité ici, — de faire remarquer le haut intérêt que présenterait, sans aueun doute, pour lu Science et pour l'Industrie, V6- tude méthodique des questions suivantes : Quiconque a un peu éludié la Chimie aura été frappé, à la lecture de l’article de MM. F. et J. Jean, de l'écart qui semble exister entre certains produits industriels et les principes immédiats qu'on à coutume de montrer dans les cours. Si nous ne nous trompons, nos manuels classiques ne mentionnent pas l'oléo. La description qu'en donnent MM. Jean indique bien que celte subs- tance se rapproche beaucoup de l'oléine ou oléate de glycérine. Mais quels sont, au juste, les rapports de ces deux matières? La Science et l'Industrie seraient, au même titre, intéressées à le savoir. Il ne serait pas moins important de définir chimi- quement l’oléo-margarine, d'en fixer la nature et le procès chimique de formation. Ajoutons qu'à l'heure actuelle or ignore la cons- titution exacte de la margarine. On ne sait si la substance qualifiée d'acide margarique el qui parait répondre à la formule brute CH*0°, re- présente un seul acide où un mélange de subs- tances voisines. Les phénomènes chimiques qui se produisent dans la fabrication de la margarine sont encore entourés d’obseurité. Le mécanisme intime des réactions qui, au cours des opérations industrielles, conduisent des acides stéarique, oléique et palmitique à leurs dérivés poly etory, est très mal connu. Dans les transactions commerciales il est nécessaire de tenir compte de ces derniers acides ; on y parvient au moyen de la cool, dont ils décolorent une quantité proportion- nelle aux lacunes (ou désaturations de carbone) qu'ils contiennent; mais, outre celte indicalion, facile à obtenir, il serait très utile de préciser les relations de réaction de ces divers composés et la façon dont ils se comportent sous l'influence du traitement industriel. On n'a sur ce sujet que de vagues aperçus. Signalons enfin les services que rendrait à l'in- dustrie des conserves alimentaires l’étude chimi- que et microbiologique dessuifs etdeleurs dérivés. On sait quels soins tout spéciaux imposent à cette industrie les graisses unies aux viandes à conserver. Les points de fusion, en général très peu élevés, des corps gras exigent des condilions particulières de préparalion, et entrainent cette conséquence fâcheuse de la fonte spontanée de la graisse à l’in- térieur de la boite de conserve dans les pays chauds, Ne pourrait-on oblenir des principes immédiats du suif quelque dérivé à point de fusion relative- ment élevé ? j Cette question du rôle de la graisse dans les con- serves est extrêmement importante, en raison de la facilité avec laquelle la saponifient d'une part diverses levures et moisissures, d'autre part les jus abandonnés par les viandes et les légumes. L'ac- lion même des graisses sur les parois de la boîte ou du vase de conserve mérite toute attention : les boites mélalliques contenant du cuivre, les pote- ries vernissées au sulfure de plomb décomposent lentement les graisses; il se forme des stéarates el des oléates de cuivre et de plomb, lrès vénéneux. Indépendamment de ces questions qu’il impor- terait de mettre à l'étude, il semble intéressant de considérer la facon dont la science intervient ac- tuellement dans l’industrie du fondeur de suif. Les transactionssurles matières grasses reposent sur la détermination du /i/re, d'après le procédé du chimiste Bouis, et les tables dressées par Dalican et EF. Jean permettent aux sléariniers de se rendre compte du rendement de leurs suifs en acides sléarique et oléique et en glycérine. Les fondoirs n’occupent pas de chimistes; les contremaitres sont, en effet, au courant des opé- “ations nécessitées pour la déterminaison du titre: et vendeurs et acheleurs font eux-mêmes cette délermination. Ce n'est qu'en cas de désaccord entre vendeur et acheteur que les fondeurs ont recours à des chimistes acceptés par le Syndicat des Corps Gras et de la Stéarinerie ?. Depuis que l’oléo a pris une grande extension, 1 Les laboratoires qui s'occupent spécialement de recher- ches sur les corps gras sont ceux de MM. d’Eudeville, Mil- lian et Jean (d'Eudeville à Paris, Jean à Paris, Millian à liqueur de Hubl, solution litrée d'iode dans l’al- | Marseille). PPTT TR REMARQUES SUR L’INDUSTRIE DU SUIF par suite de son emploi en margarinerie, il se produit une énorme quantité de suif pressé, à haut titre, que l’on mélange souvent avec des graisses de qualité inférieure pour les ramener au litre du suif de place, soit 4%5. Ces suifs n’ont plus la composition du suif pur de la boucherie; bien qu'ils en aient le titre; et il arrive fréquem- ment que leur emploi en sléarinerie donne lieu à de graves mécomptes. D'autre part, dans les mo- ments où la glycérine atteint des prix élevés, on peut livrer à la stéarinerie des suifs déglycérinés en parlie, sans que l'acheteur soit mis en garde contre cette manœuvre, puisque le titre ne l’indique pas. Nous estimons donc, —- d’après les renseigne- ments qui nous ontété fournis à ce sujet —, que la stéarinerie aurait grand intérêt à exiger le contrôle du titre par d’autres méthodes, au lieu de s’en rap- porter uniquement au titrage, quine donne qu'une garantie relative ”. _ Les falsifications des suifs se font avec du sel marin, du plàtre, de l'alun, de la chaux, du carbo- nale de soude, de la fécule. L'analyse chimique etl'examen microscopique servent à les déceler. L'industrie recourt aussi aux chimistes pour dépister les fraudes relatives à l'emploi de la margarine dans la falsification des beurres. En 1887 fut promulguée la loi réglementant la vente de la margarine, loi qui oblige le ven- deur à éliqueler ses produits el à ne vendre la margarine que pour ce qu'elle est. (Loi du 1% mars 1887. Cette loi ne peut ètre appliquée qu'avec le concours du chimiste. À Paris, le Laboratoire Municipal est chargé du contrôle des beurres: en province cette tâche est dévolue soit aux labora- Loires municipaux, soit aux Stations agronomiques. Les laboratoires particuliers sont généralement chargés des contre-expertises. Certains chimistes se sont spécialisés pour cette question ?. Jusqu'en ces derniers temps (1890), l'analyse des beurres et la recherche des falsifications étaient 1 La détermination du titre a une grande importance pour estimer la valeur du suif; voici, à ce sujet, l'indication que nous communique un spécialiste très autorisé : selon qu’un suif titrera plus ou moins de 44°5, le vendeur subira une réfaction de 0 fr. 50 par 100 kilogr. ou une augmentation équi- valente, sison suif titre plus de 4405; un suif titrant 4405 vaut 53 fr. 70, un suif titrant 45 degrés vaut 55 fr. 60, un suif titrant 46 degrés vaut 56 fr. 50. 2 MM. Lhôte, Magnier de la Source, Jean, pour Paris; M. Lescœur à Lille, te 19 à) choses peu aisées. Il résulte, en effet, de très nom- breuses recherches poursuivies en France et à l'Etranger, que la composition des beurres peut varier dans des limites assez larges selon leur origine, et il est bien. établi, maintenant, que. selon la race des vaches, le genre d'alimentation, la date de parturition, etc., les beurres renferment des quantités d'acides gras fixes et volatils, qui se traduisent à l'analyse par des maxima et minima: l'expert est donc exposé à déclarer purs des beurres fraudés, et vie versa, lorsque la fraude a été praliquée assez habilement pour que le mélange donne des résultats restant compris dans les limites observées pour des beurres naturels. ainsi que cela a élé démontré par les travaux de MM. Helnner, Angel, Bachmeyer, Reichardt, Ma- gnier dela Source. Jorissen, Wauthers, Jean, Zune. Depuis 1890, la question de l’analyse des beurres anotablement progressé.et lechimiste,en effectuant les déterminations indiquées par le Congrès inter- national de Chimie de Bruxelles, telles que celle de la densité, l'examen au microscope, la déter- mination de la réfraction à l'oléoréfractomètre de MM. E. H. Amagat et F. Jean, de l'indice de sapo- nification, du chiffre d'acides volalils, peut aujour- d'hui reconnaitre la fraude, dans la très grande majorité des cas. En outre des méthodes chimiques mises en œuvre pour dépister les falsificalions du beurre naturel par la margarine, on a quelquefois signalé la possibilité de distinguer, au moyen du micros- cope, la margarine naturelle du beurre et la mar- garine artificiellement introduite dans cet aliment. Les cristaux des deux sortes de margarines seraient un peu différents. On voit par là combien de recherches d'ordre scientifique s'imposent à l’industrie et au com- merce du suif, pour en assurer le progrès et le développement. L’associalion syndicale des fon- deurs lui rendrait évidemment un service inesti- mable en prenant l'initiative de tels travaux : il lui appartient d'instituer plus qu'un service régu- lier d'analyse et d'inspection : l’organisation sys- tématique de travaux de science pure qui, portant là lumière sur la chimie des suifs et de leurs produits d'extraction, auraient pour conséquence le per- fectionnement industriel. Louis Olivier. 128 ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES DEUX NOUVEAUX EXPLOSIFS DE GRANDE PUISSANCE — LE FREIN A AIR GENETT — LE SÉPARATEUR SWEET L'arsenal des substances explosives vient de s’enri- chir de deux composés dont la puissance de destruction semble incomparable. Ces corps dérivent, lun et Pautre, du nitrométhane. On sait que le gaz des marais ou méthane, CH#, en échangeant l’un de ses quatre atomes d'hydrogène contre le radical AzO? de l'acide nitrique, produit le nitrométhane : CH3AzO?., Ce corps, formé avec ab- sorption de chaleur, ainsi que la plupart des composés de l'azote, se décompose comme eux en reslituant au monde extérieur l'énergie accumulée dans sa molé- cule, Il se rattache ainsi à la classe des substances qualifiées d’explosives, Or, récemment, l’un des répré- sentants les’plus éminents de la science chimique en Allemagne, le Pr Victor Meyer, a obtenu, à l’état de purelé, un dérivé sodé du nitrométhane ! dont le pou- voir détonant parait dépasser tout ce que l’on avait jusqu'à présent pu concevoir. Ce dérivé vient d'être étudié par M. Zelinsky, professeur de Chimie à l'Uni- versilé de Moscou ?. Le nouveau corps résulle de la substitution d’un atome de sodium à l’un des trois atomes d'hydrogène du nitrométhane : CH“ CHSAzO? Méthane Nitrométhane CH?NaA70? Nitrométhane sodé Pour le préparer, M. V. Meyer dilue dans de l’éther ordinaire une certaine quantité de nitrométhane, puis ajoute, en solution alcoolique, le corps qui résulte de l’action du sodium sur l'alcool (éthylate de sodium). 11 se forme un précipité, qu'on lave à l'éther, puis qu'on dessèche ensuite au moyen de l'acide sulfurique concentré, La composition centésimale de ce corps répond à la constitution moléculaire CH?NaAzO® citée ci-dessus. Ce composé, comme on voit, est anhydre. L'emploi de la soude alcoolique, au lieu d’éthylate de sodiam, ne conduit, au contraire, qu'au dérivé hydraté. Mème sous cette dernière forme, le nitrométhane sodé est un corps délonant. Chauffé au bain-marie sur un verre de montre, il perd son eau d’hydratation, et tout à coup le composé déshydralé explode avec une grande violence. Si, à l’aide d’une baguette de verre, on vient à toucher une parcelle du composé anhydre déposée dans une éprouvette légèrement chauffée, l'explosion est telle qu'elle pulvérise l'éprouvette. M. A. E. Tutton rapporte, dans un récent numéro du journal anglais Nature *, l'expérience suivante, faite par M. Zelinsky: On prend un verre de montre de grande dimension ou une forte plaque de métal; on arrose ce verre ou celte-plaque de minuscules gouttes d’eau, puis on y laisse tomber un très petit morceau de nitrométhane sodé, Au bout de quelques secondes, si la quantité d’eau n’a pas été excessive, il se produit une détonalion assourdissante avec flamme et épais nuage de fumée. Onatteint aussi ce résultat sans recours à l’eau, en frappant le corps à l’aide d’un objet dur sur Ja plaque tout à fait sèche, M. Nef, à qui l’on doit quelques dérivés des nitropa- raffines, avait déjà, comme le remarque M. Tutton, signalé l'instabilité du dérivé sodé et l'éventualité de l'explosion spontanée de ce corps #, M. Zelinsky vient 1 Berichle der Deulschen n° 1610. 2 Ibidem. E 3 Numéro 1318, vol. 51, 1895. 5 Annalen der Chemie, 280, n° 273. Cliemischen Geselschaft, 27, aujourd'hui compléter celte indicalion, en constatant que l’explosion résulte {toujours du contact du composé anbydre avec une toute petite quantité d’eau. Par mé- sarde, nous dit le savant chimiste auquel nous ‘em- pruntons ces détails, un des aides de M. Zelinsky avait placé environ 5 grammes de nitrométhane sodé dans un récipient de verre dont les parois étaient un peu hu- mides. Il en résulla soudain une explosion lerrible qui brisa tous les appareils placés sur la table; la vague atmosphérique ainsi produite éteignit du coup tous les becs du laboratoire. Le procédé imaginé par M. V.Meyer, pour infroduire le sodium dans la molécule du nitrométhane, peut servir aussi à y faire entrer, au lieu de sodium, du potas- sium. En employant, à cet effet, l’éthylate de potas- sium, M. Zelinsky a obtenu un dérivé potassique du nitromélhane, dont la conslitution est exprimée par la formule CH?2KA70°. Ce corps est encore plus instable que le dérivé sodé, Quand on l'isole, il explode spontanément à la tempé- ralure ordinaire. À mesure que, pour le préparer, on verse la solution alcoolique d’éthylate de potassium, on voit le nitrométhane potassique se précipiter en cris- taux parfaitement définis. Mais la forme cristalline ne tarde pas à disparaitre, et le corps devient amorphe. Si l’on essaie de le séparer du liquide par filtration, une explosion se produit invariablement dès que le composé à perdu la plus grande partie de la solution- mère. En résumé, les expériences de M. Zelinsky nous montrent, dans les dérivés sodique et potassique du nitrométhane, deux corps dont la puissance explosive paraît tellement formidable qu'elle empêchera peut-être de les utiliser dans l'industrie ou à la guerre. Comment oser manier, autrement qu'au laboratoire et avec d’in- finies précautions, des corps dont le moindre choc provoque la rupture avec un tel dégagement d'énergie ? Pour toutes les voitures et notamment pour celles des. tramways, pour les véhicules comme pour les monte-charges et les élévateurs, qu'on met en mouve- ment sans en surveiller la marche, la question des: freins est devenue de première importance. On de- mande à ces appareils d’abord d'assurer la sécurité du système, ensuite de n'être que très peu compliqués. Le frein que la Genett Air Brake Company vient de créer mérite à ce titre d’être décrit ici. k Ce frein, destiné surtout aux tramways, peul, avec quelques légères modifications, s'appliquer aussi aux ascenseurs, Une pompe à air, portée par le châssis de la voiture, est actionnée par un excentrique placé sur l'un des essieux (1 et 2, fig. 1) !. A la partie inférieure de cette pompe 1 et sur le côté, se trouve un petit cylindre régulateur dont le piston intérieur (et non vi- sible sur la figure) est sollicité par deux forces : l’une, due à Pair comprimé, s'exerce de bas en haut; l'autre est produite par un ressort antagoniste dont on règle la force à volonté au moyen d’une vis. Ce cylindre régu- lateur est en communicalion avec un réservoir inter- médiaire (6). Tant que la pression de Pair n°y a pas atteint une valeur déterminée à l'avance, la pompe fonctionne; au contraire, dès que l’on dépasse celle pression-limite, le ressort antagoniste cède et le piston 1 La description est faite d'après Lngineering, auquel nous avons emprunté nos figures. d'étèn dt hat ls de dns int bé CNRS PEN CR : ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 129 s'élève, entraînant avec lui, au moyen de sa tige, un étrier et deux soupapes placées à la partie supérieure de la pompe-à air. Celle-ci cesse alors de fonctionner, La Genett Air Brake Company a récemment intro- duit dans sen frein quelques perfectionnements qui sont représentés dans la figure 2. Le principe et le Fig. 1. — Délails du frein à air Genetl. — 1. Pompe à air. — 2, Excentrique actionnant la pompe 1. — 3. Robinet de frein. — 4. Cylindre de frein. — 5. Réservoir principal. — 6. Réservoir intermédiaire. son piston se mouvant, pour ainsi dire, dans l’air libre. L'action du régulateur est assez sensible pour que le moindre abaissement de la pression dans le réservoir intermédiaire remette la pompe en action, même quand il ne faut qu’un seul coup pour atteindre de nouveau la pression-limite. Au commencement d’un voyage, la pression est celle de l'atmosphère; mais, après une centaine de mètres de parcours, elle atteint 15 kilos, et lorsque, après un arrêt, cette pression est diminuée de { ou 2 kilos, il ne faut pas plus de 12 mè- tres pour la rétablir. Le robinet de frein (3) est susceptible d’être mis en communicalion : 1° Avec le réservoir intermédiaire (6); 2 Avec le réservoir principal (5) ; 3° Avec le cylindre de frein (4); 4° Avec un tuyau d'échappement (nou visible sur la figure). L’énumération des quatre positions que ce robinet est susceptible d'occuper fera comprendre aisément son fonctionnement : La première position met encommunication le réser- voir intermédiaire et le réservoir principal et permet à la pompe de les remplir d’air à la pression désirée. En tournant le robinet à sa seconde posilion, on re- lie le réservoir principal au cylindre de frein, dont on provoque ainsi le fonctionnement, En même temps, le réservoir intermédiaire se trouve isolé et conserve sa pleine pression. Pour désarmer le frein, on tourne le robinet à sa troisième position : on intercepte ainsi toute commu- nication avec les réservoirs et on relie le cylindre de frein au tuyau d'échappement. Comme jusqu'ici le ré- servoir intermédiaire est resté à la pression normale, la pompe à air ne fonctionne pas, ce qui évite de don- ner à la voiture un supplément de charge au moment du démarrage. C’est seulement après celui-ci, que le conducteur ramène le robinet à sa première position. Enfin, pour enlever la poignée du robinet, il faut l’a- mener à sa quatrième position, qui rompt absolument toutes les communications. fonctionnement de l'appareil restent les mémes; mais la tige d’excentrique est excessivement réduite, et ce- lui-ci est enfermé dans une caisse que l’on remplit Fig. 2. — Elévation el plan du frein à air Genell perfeclionné. d'huile. On a ainsi l'avantage de préserver l'appareil de la poussière et d'assurer un graissage parfait. La vapeur qui arrive dans les cylindres des machines, contient toujours un peu d’eau entraînée avec elle. Cette eau, s'accumulant dans les cylindres, occasionne, en raison de son incompressibilité, le phénomène dit du coup d'eau. Ce coup d’eau, véritable choc sur le fond du 130 ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES cylindre, porte une atteinte constante à la solidité des organes. Aussi a-t-on, depuis longtemps, cherché à supprimer celte adduction d’eau liquide, lors de l’ad- nussion de la vapeur, Les appareils imaginés dans ce but portent le nom de séparatewrs Celui que représen- subit de direction et se sépare de la vapeur pour tomber au fond de la cage de l'instrument. D'ailleurs, pendant tout le trajet de la vapeur, les choses sont arrangées de telle facon que l'eau soit entrainée aussitôt après sa séparation. Toute celle qui Fig. 1. — Séparalew: d'eau pour machines à vapeur. Fig: Aret:2: A, support du cylindre; -B, cylindre de la machine: tent les figures 4 et 2 ! a extérieurement la forme du cylindre, et est construit de telle facon que la section de passage offerte à la vapeur soit toujours égale à celle de la conduite d'arrivée. Ainsi qu'on le voit par É s flèches ble anches de la figure 2, la vapeur arrive par la partie supérieure et pénètre d’ abord en descendant, puis fait une courbe brusque. La puissance de sé para- tion, si nous pouvons nous exprimer ainsi, semble être en raison inverse du rayon de ce coude. L’ eau entrainée se refuse, par suite de son inertie, à ce changement 1 American machinist. N° du 20 décémbre 1894. — À gauche (fig. 1), C, bäti entourant la forme de cylindre vertical, le séparateur D, pourvu de ses accessoires. — A droite (fig. sur lequel s'écoule l'eau de la surface intérieure de la conduite d'arrivée ; Fig. 2. appareil complet placé sur un cylindre . glissière ; sur le cylindre B est monté, sous 2), coupe du séparaleur. À, cône B, crible recouvrant le toit C. est contenue à la surface intérieure de la conduite d'arrivée s'écoule sur le cône A et se rend directement à la chambre à eau, Le courant de vapeur, à son entrée dans le séparateur, frappe un toit conique formé d’une plaque de métal C, recouverte d'une sorte de crible B, que l’eau traverse dans un seul sens; par conséquent, il est impossible à toute goutte d'eau séparée de la vapeur de venir S'y mêler une seconde fois. La surface intérieure du sépa- rateur est recouverte d’un crible semblable à celui du petit toit supérieur. Une fois qu'une goutte à traversé ces cribles, elle s'écoule directement à la chambre à eau. À. Gay, Ancien élève de l'Ecole Polytechnique, 4 es TD ET) M BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 431 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 11 Sciences mathématiques. Niewenglowski (B.), Professew: de Mathématiques spéciales au Lycée Louis-ie-Grand, membre du Conseil supérieur de l’Instruction publique. — Cours de Géo- métrie analytique, à l'usage des élèves de la Classe de Mathématiques spéciales et des candidats aux Ecoles du Gouvernement. Tome I. Sections coniques. — 1 vol. grand in-8° de 483 pages (Prix : 10 fr.). Gauthiers- Vil- lars et fils, Paris, 1895. Le nouvel ouvrage de M. Niewenglowski n'est que le premier volume d’un cours de Géométrie analytique qui en occupera {rois. À en juger par l'étendue de ce vo- lume, on se figure aisément le degré de développement qu'atteindra le cours complet, qui comprendra non seulement les connaissances exigées des candidats à l'Ecole Polytechnique ou à l'Ecole Normale, mais da- vantase encore, l'auteur n’entendant pas se limiter aux seules théories prescrites par les programmes, Les queslions étrangères sont, d’ailleurs, distinguées par une impression en caractères plus petits. La géométrie plane fait l’objet des deux premiers volumes; le.troi- sième sera consacré à la géométrie à trois dimensions. Le tome I, seul paru, est divisé en vingt chapitres et est intitulé « Sections Coniques ». A vrai dire, il contient la ligne droite, le cercle, la partie essentielle de la théorie des coniques, la théorie des tangentes et celle des enveloppes, la transformation par polaires réci- proques. On y trouve, et au delà, ces notions, ces aperçus qui, sans appartenir vraiment aux programmes, ouvrent des horizons à l'élève laborieux et contribuent si souvent à en faire un lauréat. Des applications choi- sies et de nombreux exercices proposés permettent l'assimilation rapide des théories. Les questions sont fréquemmment résolues par plusieurs méthodes. Le dernier chapitre, qui est l'étude des sécantes com- mures à deux coniques, est concu d’après les idées développées par M. Kænigs dans ses lecons de l’agré- gation mathématique : c’est dire que l'ouvrage est au courant des derniers progrès. Une place importante a été réservée aux coordon- nées trilinéaires et aux coordonnées fangentielles. L'au- teur introduit ces dernières avec toute la discrétion que comporte un pareil cours : les considérant à peine dans la théorie de la droite et dans celle des tangentes, c'est seulement après la transformation par polaires réciproques qu'il en donne les principales applica- tions, alors que cette transformation en permet une interprétation lumineuse. L'ordre adopté est celui qui convient le mieux aux débutants, Mais, comme le déclare l’auteur lui-même, cet ordre n’est pas nécessaire, et rien n’empêchera d'étudier, avant les coniques, les généralités relatives aux courbes planes, Les définitions sont posées avec netteté et précision, à commencer par celles qui concernent les questions de sens, d'orientation, souvent troublantes pour les commençants. Les procédés sont symétriques, l'exposi- tion très méthodique. Si j'ajoute que MM. Gauthier-Vil- lars ont imprimé l'ouvrage avec leurs soins habituels, j'aurai dit, je pense, qu’il constitue an bon guide pour s'acheminer vers l'Ecole Polytechnique, vers l'Ecole Normale, ou même vers des examens d’ordre supé- rieur. G. FLoQuer. Eberhard (D V.), Professor au der Universität zu Ko- nigsberg in-8°. — Uber die Grundlagen und Ziele : der Raumlehre. — 1 broch. de XXX pages. B. G. Teubner, éditeur, Leipzig, 1895. Cartan (Elie), Préparateur à l Ecole Normale supérieure. — Sur la Structure des Groupes de transforma- tions finis et continus. Thèse pour le doctorat de Wu Faculté des Sciences de Paris. — 1 vol. in-8° de 156 p. Librairie Nony et Cie, 17, rue des Ecoles. Paris, 189%. On sait l’analogie profonde qui existe entre un groupe l, (groupe de M. Lie) de transformations fini et continu, et un groupe Fl; (groupe de Galois et de M. Jordan) de substitutions, La structure de F, c’est-à- dire la facon dont se comportent vis-à-vis les uns des autres les sous-groupes contenus dans F', fournit l'i- mage exacte des propriétés : pour [;, d’un système S d'équations aux dérivées par- tielles du premier ordre ou aussi d’une équa- tion différentielle linéaire (recherches de MM. Picard et Vessiot); pour le, d’une équation algébrique E. Par exemple, si l se ramène à des sous-groupes de moins en moins compliqués, S est intégrable et E so- luble par radicaux. En pareil cas, M. Jordan dit que l est résoluble; et M. Lie que F, estintégrable, Tels sont encore les groupes F, simples, demi-simples, non simples, qui correspondent aux groupes l, simples et corn posés. La structure de l, se reconnait à des caractères assez faciles. Le groupe étant engendré par des transforma- tions infinitésimales, le symbole de chaque pareille transformation-produit est une fonction linéaire et homogène à coefficients constants des symboles des transformations infinitésimales du groupe, La structure ne dépend que des valeurs choisies pour ces coeffi- cients. Intervient aussi une certaine équation algé- brique À, dite caractéristique, entièrement analogue à celle qui se présente dans la réduction des substitu- tions linéaires à leur forme canonique. Sur les racines et les coefficients de A se reflètent les propriétés essen- tielles de F, celles qui sont indépendantes du choix des variables. À indique aussi l'intégrabilité, la sim- plicité ou la non-simplicité de FL et fournit même un élément de classification plus compliqué, le rang. La thèse est consacrée à l’exposé et à l'application de certaines règles pour la construction effective des groupes, règles fondées sur les caractères ci-dessus indiqués. Les résultats finaux que l’on entrevoit sont les sui- vants : 4° Tout F,, qui n’est pas intégrable, provient de l'association de sous-groupes intégrables avec des sous-groupes simples; 2° le nombre de types distincts pour les groupes simples est très restreint, dix ou douze. La proposition est de la plus haute importance en Analyse : l'intégration des systèmes S d'équations aux dérivées partielles, dans leur immense variété, se ra- mène à un très petit nombre de problèmes distincts, à traiter directement chacun par les procédés du calcul intégral. Le fond de cette très intéressante thèse appartient à M. Lie et à ses continuateurs MM. Engel, Umlauf, Killing.., dont M. Cartan se réclame d’ailleurs expli- citement. Mais l'auteur a complété et précisé beaucoup de démonstrations et même rectifié des erreurs de “M. Killing. Le tout constitue donc un très honorable travail de doctorat. Léon AUTONNE. 132 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 2° Sciences physiques. Edward Nichols, Professeur de Physique à l'Univer- silé Cornell, Ithaca, New York. — A laboratory ma- nualof Physics and applied Electricity.— Vol. 1,Ju nior Coursesin général Physies ; Vol.H, Senior Courses and outlines of avanced work. — Deux volumes de XIV-294% et IV-444 pages, avec 108 et 245 fiqures. dans le teæte el quatre planches. (Prix : 30 fr.) New-York et Londres, Macmillan et C°, 1895. IL existe aujourd'hui un bon nombre de traités de manipulations de Physique, rédigés en vue des divers examens universitaires ou adaptés aux besoins tech- niques spéciaux des ingénieurs, des électriciens, des médecins, des pharmaciens, etc. ; à la grande pénurie d'autrefois a succédé l’état actuel, qui n’est pas encore la pléthore, mais qui paraît largement suffisante. On doit se féliciter du développement de ce genre de littérature, car il témoigne des grands progrès réa- lisés par l’enseignement de la Physique théorique et appliquée : sans travaux pratiques, les élèves ne sau- raient s'intéresser à la Physique comme il convient, et ils Papprendraient mal; aussi fait-on aujourd’hui par- tout des exercices de laboratoire. Les divers ouvrages relatifs à l’école pratique de phy- sique ont une physionomie toute particulière, suivant le genre de lecteurs auxquels ils s'adressent et suivant le pays dans lequel ils ont été publiés; ils ont con- servé une certaine originalité, qu'on ne retrouve plus du tout dans les traités de Physique, qui ne changent suère que de langue et d’éditeur en traversant le Rhin ou la Manche; les premiers présentent à cet égard un grand intérêt, parce qu'ils reflètent les méthodes spé- ciales d'enseignement des maitres et des écoles, avec le caractère propre des hommes et le génie particulier des professions et des races pour lesquels ils ont été écrits. L'analyse du Manuel de Physique appliquée de M.Edward Nichols nous fait connaître la méthode d’en- seisnement adoptée dans les universités américaines. A la lecture de la table des matières, on s’apercoil immédiatement de la tendance essentiellement pra- lique des programmes : la Mécanique physique, la Chaleur et l'Electricité, voilà les préoccupations domi- nantes de celui qui enseigne; l'Acoustique et l'Optique sont mises au second plan et l'Optique phy- sique est écartée presque totalement. L’Electricité est le plus largement développée : dans le volume même destinéaux commencants (Junior course), on aborde des questions d'électricité relevées, telles que la me- sure des forces électromotrices, la recherche des sur- faces équipotentielles dans un liquide conducteur, la détermination du décrémentlogarithmique d’une oscil- lation, la mesure des capacités, l'étude de l'induction mutuelle, etc, Un grand emploi est fait des procédés graphiques, qui donnent des résultats plus suggestifs que les méthodes de calcul. Le commentaire des opé- rations et le rappel de la théorie est très concis et fort bref : il s'adresse à des élèves avancés déjà, auxquels il est même possible de proposer quelques intégrales faciles. A certains égards, nos candidats à Ja licence auraient donc avantage à suivre le Junior course des universités américaines : par contre, ils trouveraient superflu de démontrer expérimentalement le théorème du parallélogramme des forces et le principe des mo- ments, etils témoigneraient peu de goût pour la véri- fication des lois de la pesanteur par la machine d’At- wood, et divers autres exercices du premier chapitre. Le second volume diffère essentiellement du premier par sa rédaction aussi bien que par son programme ;il convient d'exposer les questions et de les discuter d'une manière spéciale quand on s'adresse à des audi- teurs déjà formés par une longue fréquentation des la- boratoires et par la pratique des instruments clas- siques; ce sont. d’ailleurs, des travaux d’un autre genre qu'il faut leur proposer. M. Nichols les emprunte à la chaleur, à la photométrie et à l'électricité; les exer- | cices relatifs à cette dernière branche de la Physique sont les plus développés et ils forment deux chapitres, consacrés séparément aux courants continus et aux courants alternatifs. Cette partie du second volume présente un grand intérêt, parce qu'elle renferme des indications réellement originales : elle s'adresse évi- demment à des physiciens désireux d'approfondir l'é- tude de l'électricité pour devenir des ingénieurs élec- triciens habiles et:compétents. Plus de cent expériences sont indiquées, fort brièvement il est vrai, mais avec assez de détails pour permettre aisément leur réalisa- tion, et avec un commentaire suffisant pour suggérer souvent d'intéressantes variantes dans l'exécution, Le second volume se termine par une esquisse de travaux et de recherches (outlines of avanced work in general Physics); ce programme s'applique à l'étude de l'influence de la température sur diverses constantes, à la détermination du rendement des sources de lumière et de leurs courbes d'intensité, à la spectro-photomé- trie, à la composition du spectre invisible, à l'optique physiologique, et enfin à l'exploration du champ ma- “nétique terrestre. Bien que l'utilité de cette partie de l'ouvrage soit contestable, attendu que les savants qui s’adonnent aux recherches originales n’ont guère besoin de puiser des idées dans un livre de ce genre, il faut reconnaître néanmoins que les jeunes physiciens, enfin débarrassés du souci des examens proprement dits, pourront lire avec profit ces monographies, qui leur serviront de modèles et de guides. Ce ne sont as- surément pas des modèles de thèses de doctorat, mais ce sont du moins des types de mémoires dans lesquels des débutants trouveront des indications profitables, En somme, ce traité américain de manipulations présente un réel intérêt pour un lecteur francais. L'exécution typographique est parfaite et les figures sont gravées avec une remarquable netteté. Nommons enfin les collaborateurs de M. le Pr Ni- chols, qui se sont partagé avec lui la rédaction des différentes parties de l'ouvrage : ce sont : MM. Moler, Bedell, Hotchkiss et Matthews ; ils ont signé les cha- pitres qui leur ont été confiés. A. Wirz. ERenard (Ad.), Docteur ès sciences, Professeur de Chimie à l'Ecole supérieure des Sciences de Rouen. — Diction- naire d'analyse des substances organiques in- dustrielles et commerciales. — 1 vol, in-8° de 440 p. avec 28 fig. (Prix relié 10 fr.) Baudry et Cie, éditeurs. Paris, 1895. L’essai des produits organiques, industriels, pharma- ceutiques ou alimentaires est, comme on le sait, par- liculièrement délicat: Le dosage de leurs éléments utiles, la recherche des impuretés qu'ils renferment toujours, soit naturellement, soit par fraude ou falsifi- cation, exigent l'emploi de méthodes spéciales, dont la plupart des traités de chimie ne font même pas men- Lion. Ces méthodes sont, par suite, peu connues, et il nous arrive quelquefois d'être réellement embarrassés, lors- qu'une pareille question se présente dans nos labora- toires, où une routine, regrettable autant pour la science que pour l'industrie, nous oblige à rester constamment dans le domaine de la la chimie pure. Il uous manquait un manuel de lessayeur des matières premières organiques. Un tel ouvrage ne pouvait être mené à bien que par quelque spécialiste dûment autorisé ; par sa situation, par ses relations et par ses profondes connaissances en chimie générale et industrielle, M. Renard était, mieux que personne, en état de le faire; en le faisant, il nous rend service et nous l’en remercions. Dans son petit volume, le savant professeur de Rouen passe en revue les principales substances industrielles de nature organique; pour chacune d'elles il indique sommäairement la marche à suivre pour déterminer sa composition qualitative ou quantitative; l'analyse des alcools, du beurre, des huiles, des matières colorantes, des essences, du lait, du pétrole, des sucres, du BIBLIOGRAPHIE — : ‘vin, etc., est l'objet d’une étude toute spéciale; des tableaux intercalés dans le texte donnent les princi- paux résultats analytiques nécessaires à la compa- raison; de nombreux index bibliographiques permet- tent, s’il y a lieu, de remonter aux publications origi- nales des auteurs cités; enfin, l’ordre alphabétique des matières rend les recherches aussi faciles que possible, tellement faciles même que l’auteur a pu se passer de table. C'est sans doute ce mode d’arrangement qui a con- duit M. Renard à donner à son livre le nom de Dic- lionnaire; peut-être eût-il été préférable de choisir un titre qui fit mieux ressortir le but de louvrage et n’obligeàt pas à le lire pour en apprécier la valeur pra- tique. Cette valeur est grande, et nous espérons que le succès permettra à l’auteur, avec de nouvelles éditions, de nous tenir au courant des progrès accomplis dans l'analyse des matières organiques industrielles; son livre prendra alors certainement place à côté des recueils qui, comme le Fresénius, restent en perma- nence sur la table des laboratoires. L. MAQUENNE. 3° Sciences naturelles. Geddes (P.), Professeur de Botanique à l'Université dE- dimbourg. — Chapters in modern Botany. — 1 vol. in-8°, Crown de 201-x11 pages avec S fig. — Londres, J, Murray, 189%, Dans ce livre, tout à fait au courant des derniers progrès de la science, le savant professeur d'Edim- bourg traite des points les plus captivants de la bio- logie végétale. Les chapitres qui concernent les plantes inseclivores et le mouvement végétäl mérilent surtout d'être signalés. L'auteur passe en revue les genres Nepenthes, Cephalutus, Sarracenia, Darlingtonia, Drosera, Dionæa, etc., et cite Les célèbres expériences qui con- duisirent Charles Darwin à écrire son ouvrage sur les plantes carnivores. M, Geddes rappelle ensuite les re- cherches d’après lesquelles le D Raphaël Dubois, le distingué professeur de physiologie de la Faculté des Sciences de Lyon, tout en constatant chez les plantes à urnes, et notamment chez les Nepenthes, la présence indéniable d'un ferment digestif, affirme que, dans le cas où le liquide de l’urne est stérilisé de facon à sup- primer l’action des bactéries, il ne se produit pas la moindre indication du phénomène de digestion. D’a- près M. Dubois, il ne faudrait donc voir dans le pré- tendu carnivorisme ou inseclivorisme des plantes à urnes qu'un phénomène de putréfaction, dû à l’action des bactéries. En admettant que l’on doive laisser de côté l'interprétation de Ch. Darwin, comment expli- quer la présence de la substance visqueuse et déli- quescente ? Faut-il y voir une relation avec la transpi- ration? Cette substance aurait-elle pour but d'empècher ou tout au moins de ralentir l’évaporation, si active dans les régions tropicales? Serait-elle capable de puiser la vapeur d'eau dans l’atmosphère à la facon des racines aériennes des Orchidées, ou bien encore aurait-elle pour but de faciliter, en vertu de l’osmose, la circulation du courant transpiratoire indispensable dans le processus de la vie végétale ? Ici s'ouvre un in- téressaut champ d’investigation pour les physiologistes. Quoi qu'il en soit, en supposant qu'on trouve là l’ex- plication de ce qui se passe chez les plantes à «scidies, M. Geddes estime qu'il est impossible de l’invoquer dans le cas des mouvements si remarquables, avec augmentation de sécrétion, des Drosera et surtout des Dionées, Et même, si, au point de vue théorique, l’in- sectivorisme n’est réellement que la seconde partie du processus, au point de vue du bénéfice acquis par ta plante, il joue incontestahlement le premier rôle, Passons maintenant aux mouvements plus généraux. Pour Ch. Darwin, la circumnulation modifiée est la ‘source principale de tous ces mouvements. Elle est ntodifiée, dans son amplilude et sa direclion, par [ GA À nd NALYSES ET INDEX 433 un stimulus interne ou externe, de facon que la plante se trouve toujours dans les meilleures condi- lions possibles. Grâce à cette explication, une diffi- culté considérable pour la doctrine de l'évolution se trouve écartée en partie. On pouvait, en effet, se de- mander comment ces différents mouvements se pro- duisaient tout d’abord. Wiesner, l'éminent professeur de Botanique de l'Université de Vienne, ne croit pas la circumnutation aussi fréquente que le prétend Ch. Darwin. Il objecte que certaines tiges ou feuilles croissent selon une ligne droite parfaile, Il ajoute que certaines courbures, telles que celles dues au géotro- pisme et à l’héliotropisme, ne peuvent pas être inter- prétées comme étant des modificalions de la cireum- nutation ; certaines parties de plantes chez lesquelles on n'observe pas de circumnutation, sont cependant capables de courburès géotropiques. Francis Darwin, qui assistait son père dans ses recherches sur les mouvements végétaux, déclare ne pouvoir abandonner l’idée de la généralité de la cireumnutation, en admet- tant même que cé phénomène ne soit pas aussi ré- pandu qu'on le croyait d’abord. Du reste, la question peut encore êlre envisagée à un autre point de vue, si l’on admet, avec Vochting, la rectipétalité, force régu- latrice par laquelle les irrégularités inhérentes à la croissance seraient réprimées au bénélice de l’accrois- sement rectiligne. La circumnutation serait la mani- festation extérieure de ce phénomène. Signalons enfin le chapitre où il est traité de la symbiose, et dans lequel M. Geddes cite les expé- riences de Stahl, récemment répétées par M, Gaston Bonnier, professeur à la Sorbonne. En somme, le petit volume de M. Geddes est d’une lecture bien attrayante et mériterait certainement les honneurs de Ja traduction. Edmond BorDAGE, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle de la Réunion (Bourbon). Chatäin (J.), Professeur adjoint à la Faculté des Sciences de Paris, Membre de L Académie de Médecine. — Organes de nutrition et de reproduction chez les Vertébrés. — Unvolume petit in-S° de 1T6 pages, fai- sant partie de l'Encyclopédie scientifique des Aide-Mé- moire dirigée par M. H. Léauté, membre de l'Institut. {Prix : broché, 2 fr. 50 ;‘carlonné, 3 francs ) Gauthier- Villars et fils et G. Masson, éditeurs, Paris, 1895. M. Chatin a précédemment publié dans l'Encyclopédie des Aide-Mémoire deux volymes d'anatomie comparée sur les organes de relation chez les Vertébrés et chez les Inverlébrés (voy. Revue générale des Sciences. 15 mai 1894, p. 338, et 20 août 1894, p. 625) ; le présent volume traite des organes de relation et de reproduc- tion chez les Vertébrés, et est rédigé dans le même es- prit, au point de vue del’anatomie comparée pure. M. Chatin étudie successivement pour chaque groupe de Vertébrés (Mammifères, Oiseaux, Reptiles, Batra- ciens, Poissons et Acràniens) : l’apparen digestif (ca- vité buccale. tube digestif, foie et pancréas, thymus el corps thyroïde); l'appareil circulatoire (cœur, vais- seaux, lymphatiques, rate); lappartil respiratoire, (larynx, trachée, poumons, branchies, vessie natatoire); l'appareil excréteur (reins et capsules surrénales) et les organes de reproduction, C'est un résumé suceincet ef clair, malgré l'absence de fizures, des connaissances anatomiques indispensables à l'étudiant, la physiologie et le développement étant complètement laissés de côté, sauf à propos des reins où l'organogénie est indispensable pour bien com- prendre les faits. Une courte bibliographie termine le volume. L. CuÉxor. Pelseneer (P.), Professeur agrégé à la Faculté des Sciences de Bruelles. — Introduction à l'étude des Mollusques. — 1 brochure in-8° avec figures. H. La- mertin, éditeur. Bruxelles, 1895, 134 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 4° Sciences médicales. Nocard (Ed.), Professeur à l'Ecole Vétérinaire d'Alfort. — Les Tuberculoses animales; leurs rapports avec la Tuberculose humaine, — { vol. pelit in-8° de 210 pages, de l'Encyclopédie scientifique des Aide-mé- moire, dirigée par M. H. Léauté, de Pinstitut. (Prier 2 fr. 50; cartonné, 3 fr.) — Gauthier-Villars et fils et G. Masson, éditeurs. Paris, 1895, Il n'est pas de maladie qui frappe un aussi grand nombre d'espèces animales; pas un de nos animaux domestiques n'y est complètement réfractaire; il n'existe entre eux que des différences de réceptivité : ceux qai, dans les conditions naturelles, échappent à la contagion, ne résistent pas aux inoculations expé- rimentales; nos basses-cours elles-mêmes sont fré- quemment dépeuplées par la tuberculose; l’homme, enfin, lui paie un si lourd tribut qu'à Paris les der- nières statistiques évaluent à plus de 23 °/, le nombre des décès qui lui sont dus. C'est ainsi que débute le nouveau livre que M, le Pr Nocard vient de faire paraître dans l’Encyelopédie des Aide-Mémoire. Personne mieux que le savant professeur d’Alfort ne pouvaitécrire ce volume, où il parle d’une maladie, vérilable panzoolie universelle, entretenue dans l'espèce humaine par toutes les causes de contagion qui nous viennent des animaux. Il énumère d'abord les espèces atteintes. Les bovidés le sont très souvent dans certaines régions, il en est où l'on estime à 25 °/, de la population totale le nombre des tubereuleux. Le chapitre premier est consacré à l'étude de la tuberculose des bêtes bovines. On {rouve dans ce chapitre un véritable historique de la maladie. Il décrit les lésions, l'histologie de ces lésions, l'histo- rique de la découverte de Ja spécificité de la tubercu- lose, celle du bacille, la techniquè pour sa recherche, sa culture. Dans la partie clinique, il énumère les symptômes, puis Le diagnostic clinique, le diagnostic bactériologique, le diagnostic expérimental, enfin le diagnostic par la tuberculine. Cette partie de l'ouvrage est des plus intéressantes, c’est un exposé historique de la tuberculine et de son utilité dans le diagnostic de la tuberculose bovine, On devait s'attendre à voir cette partie magistralement traitée par celui qui s’est fait l'apôtre de l'application de la tuberculine. : Le paragraphe suivant est consacré à l'étiologie et à la pathogénie, Il-débute par des anecdotes qui le rendent attrayant et nous raconte que depuis longtemps on croyait dans certains pays que la phtisie était contagieuse et qu’on y prenait des mesures de désinfection. Puis, les tra- vaux de Villemin, de Chauveau, de Koch, défilent sous les yeux du lecteur, Au point de vue de Pétiologie de la tuberculose dans Les étables il faudrait citer toutes les pages, qui sont toutes des plus intéressantes. A propos de l’hérédité, l'auteur termine ainsi : « En résumé, s’il est vrai que le bacille de Koch puisse par- fois passer de Ja mère au fœtus, il n'est pas moins vrai que ce passage est chose absolument exceptionnelle ; ce que la mère malade transmet à ses produits, ce n’est pas la maladie elle-même, c’est la prédisposition, l’ap- titude à la contracter; en d’autres termes, on naît tu- bereulisable, on ne naît pas tuberculeux. » Résistance du bacille aux causes de destruction, action des antiseptiques: tel est le titre du paragraphe suivant. On y voit, à propos de l’action de la chaleur, que le lait tuberculeux n’est plus dangereux après ï minutes de chauffage à 85°. A propos de la transmission expérimentale de la tu- berculose, l’auteur passe en revue les divers modes d’inoculation, injection intra-péritonéale, sous-cutanée, intra-veineuse, dans la chambre antérieure de l'œil, sous l’épiderme par piqûres ou scarification, linha- lation ou l’ingestion de matières tuberculeuses. Il arrive ensuite à établir l'identité de la tuberculose des animaux et de celle de l’homme; il n’y a plus de doute que pour la tuberculose aviaire, Dans la partie consacrée aux produits virulents il parle de l’usage de la viande et du lait des animaux tuberculeux. I s'élève contre la gravité des mesures excessives qui affirment la nécessité de la saisie totale, quelle que soit la bonne qualité apparente de la viande, si limitées que soient les lésions tuberculeuses; et il approuve les prescriptions adoptées en Allemagne en 1892, et qui sont bien plus modérées, en ce sens qu’elles ue proscrivent pas l'usage de la viande des animaux tubereuleux, s'il n'existe pas de tuberculose géné- ralisée, A propos du lait, il cite ce fait qu'en Danemark on emploie aujourd’hui la pasteurisation du lait pendant 15 minutes à 65°, ce qui non seulement permet de conseiver le lait et de ne pas l’'employer de suite, mais pratique qui offre encore le grand avantage de sup- primer à peu près tout le danger de l’usage du lait el de ses dérivés, le beurre et le fromage. Enfin, arrivent la police sanitaire et la prophylaxie ; l’auteur nous y montre les services que la (uberculine peut rendre pour aider à la prophylaxie. Le chapitre 11 est consacré à la tuberculose du pore, moins fréquente que celle du bœuf, Le chapitre ut à la tuberculose du cheval qui est relativement rare. Le chapitre 1v, à la tuberculose des petits ruminants, le mouton et la chèvre, qui sont très rarement tuber- culeux, mais à qui on peul inoculer artificiellement la maladie, Le chapitre v traite de la tuberculose du chien et du chat. Il cile des cas de tuberculose donnés par le chien et le chat à l'homme, et inversement, Aussi con- seille-t-il d’éloigner des appartements les animaux qui toussent, comme étant dangereux surtout pour les enfants, leurs habituels compagnons de jeu. Au chapitre viet dernier, il se déclare partisan de l'identité de la tuberculose des oiseaux avec la tuber- culose humaine, La cause de la tuberculose aviaire n'est pour lui qu'une variété de bacille de Kock. Il s'appuie sur ce que, par passages nombreux par lé cobaye, on arrive à obtenir des lésions identiques à celles produites par la tuberculose humaine et quelle que soit la provenance du bacille, il est impossible de noter une différence entre les aclions produites par les tuberculines préparées par l’un et par l’autre. Il recommande en terminant l'usage de la tubercu- line pour le diagnostic chez les oiseaux, précieuse pra- tique qui permet d'édicter les mesures de prophylaxie. En somme, ce livre est une véritable et courte mono- graphie de la tuberculose, car il touche à toutes Les questions intéressant l'histoire de cette maladie et, au point de vue de la prophylaxie, il est destiné à rendre les plus grands services en permettant à tous, méde- cins, vétérinaires, hygiénistes, de se meltre au courant de la question de la tuberculose. Dr Loin, Directeur de l’Institut Pasteur de Tunis. 5° Sciences diverses. La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des Sciences, des Lettres et des Arts, paraissant par livrai- sons de 48 pages grand in-S° colombier, avec nombreuses fiqures intercalées dans le texte et planches en cou- leurs. 522° et 523° livraisons, (Prix de chaque livrai- son, 1 fr.) H. Ladmirault et Cie, 61, rue de Rennes, Paris, 1895. Les 522 et 523e livraisons renferment une étude sur la détermination de Ja latitude en mer par M. Ker- lero du Crano ; une monographie géographique et his- torique du Latium par M. À. M. Berthelot; un article sur le genre botanique Laurier, l'histoire des conciles tenus dans la célèbre basilique de Latran, à Rome ; la biographie du grand chimiste francais Lavoisier avec une étude sur son œuvre par M. Marcelin Berthelot, membre de l’Institut; la biographie du cardinal La- vigerie, par M. E. Krüger, celle d’E. Lavisse, par M. C« Langlois, et celle du financier Law, par M, H. Monin. LE, css der tel slt D it doit, \ da ti st, dent), te c''éottle lee Été su td 0 à) à 2. x pe ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 435 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 8 Avril 1895 M. Agassiz adresse une leltre sur la formation, par la Société des Chimistes américains, d’un Comité pour la souscription au monument que l’Académie a pro- posé d'élever à Lavoisier, 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. M. Zochios énonce un certain nombre de théorèmes sur les substitutions. — M. Mirinny adresse une note ayant pour titre: Etude sur la synthèse mathématique et sur la résolu- tion générale des équations. — M. H. Faye présente à l'Académie, au nom du président, M. Cruls, le travail de la Commission chargée de déterminer les localités du Brésil qui offriraient les plus sérieuses garanties de suecès pour la translation de la capitale de cet empire dans une région plus saine et plus sûre; il donne la siluation géographique du district proposé pour la capitale future. — M. Cruls, dans une lettre adressée à M. Faye, résume les opérations essentielles exéeutées par la Commission d'exploration du plateau central du Brésil, dans le but d'y transférer la capi- tale. 2° SciENCES Pnysiques. — M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la correspon- dance, un ouvrage de M. Houette ayant pour titre : Les courants de la Manche. — M. Alfred Basin adresse un mémoire intitulé : Le paquebot insubmersible. — M. A. Poincaré présente une nouvelle note sur les relations entre les mouvements atmosphériques et les mouvements de la lune, il signale les déplacements en latitude moyenne des lignes de maxima baromé- triques de la zone tempérée avec les mouvements en déclinaison de la lune, et montre que les conditions atmosphériques sont puissamment et régulièrement influencées par la lune à chaque révolution tropique el à chaque révolution du nœud. — M.J, Macé de Lépinay discute les expériences encore inacheyées . qu'il a entreprises pour la détermination de la masse du décimètre cube d’eau distillée à 4° : d’après l’ordre de la grandeur possible de l'erreur finale, l'erreur sur la détermination de cette masse correspondra à 6 mil- ligrammes. — M. H. Poincaré expose les considéra- lions qui ont fait contester la signification de l’expé- rience de M. Fizeau sur le spectre cannelé, pour mettre en évidence la permanence du mouvement lumineux pendant un très grand nombre d’oscillations. Une ana- lyse plus complète conduit aux mêmes conséquences que la clairvoyance de M. Fizeau avait devinées d’a- vance, — M. de Thierry décrit un nouvel appareil dit héma-spectroscope comparateur, spécialement desliné à la recherche des quantités infinitésimales de sang dans un liquide quelconque et à déceler sa présence dans les taches, etc. D’après lauteur, cet appareil pourrait rendre des services à la Médecine légale, à la Chimie et à la Physique, par l'étude comparée des spectres d'absorption de liquides quelconques exa- minés sous une grande épaisseur, — M. Pellat déerit uu appareil permettant de déterminer avec une grande précision le pouvoir inducteur spécifique des diélec- triques solides ou liquides; il expose son mode d’em- ploi pour les solides. — M. A. de Gramont a déjà exposé une méthode d'analyse spectrale directe qui lui permet actueliement de reconnaitre le sélénium dans les minéraux, IL donne la longueur d'onde des raies dont la présence a été observée d’une manière certaine dans les minéraux et qui offrent un caractère analy- lique ; il cite plusieurs minéraux qui donnent facile- ment les raies du sélénium, — M, Guntz a observé que le lithium pur absorbe l'azote à une température inférieure au rouge sombre: cette propriété permet de montrer facilement la présence de l’argon dans l’azote retiré de l'atmosphère et même de préparer ce gaz. — M. Victor Delahaye adresse une note : Sur l’argon considéré comme un azoture de carbone, — M. E. Mau- mené à reconnu que le sesquioxyde de manganèse provenant de la réduction du permanganate de potasse est soluble dans les eaux sucrées; il a pu en dissoudre 05,500 dans 15 grammes de sucre et 30 grammes d’eau. De l'étude des composés formés et de l’action sur l'alcool et un grand nombre de matières orga- niques, l’auteur conclut que Mn20# doit être mis au rang des oxydants dont la réduction est lente, — M. G. Deniges indique comment on peut utiliser la combinaison de sulfate basique du mercure et de thio- phène qu'il a signalée, pour le dosage quantitatif du thiophène ; il indique un second mode de dosage plus facile que le précédent en profitant de la formation d'un autre composé peu différent, — M. L. Vaudin rend compte de ses expériences sur le phosphate de chaux du lait et formule ainsi ses conclusions : 1° Le lait contient de l'acide citrique à l’état de citrate al- calin, qui contribue à maintenir en dissolution le phos- phate de chaux qui est contenu dans cette sécrétion. 2 Cette dissolution n'a lieu que grâce au rôle impor- tant que joue, dans ce phénomène, la lactose en pré- sence des citrates alcalins. 3° Toutes les influences qui peuvent modifier ou détruire l'équilibre molécu- laire des sels dissous dans le lait, tendent à précipiter du phosphate tricalcique avec excès de chaux à l’état de citrate, C. MATiGNON. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. de Seynes présente un mémoire sur la structure de l'hyménium chez un Marasmius. Les éléments de cet hyménium n’offrent aucun des caractères d’un baside: il montre une ten- dance très nette à prendre les caractères d’un revète- ment épidermique. — MM. Dupare et Ritter ont entrepris une monographie géologique et pétrographi- que du grès de Taveyannaz, dans ses rapports avec de flysch. Ce grès est plutôt un conglomérat à petits éléments, constitué par de très petits galets de roches éruptives diverses et d'éléments détritiques, Ces ro- ches ont beaucoup d'analosie avec celles du Vicentin. Le grès de Taveyannaz est donc probablement formé au détriment des projections volcaniques de cette région qui auraient été amenées par des courants marins. — M. André Delebecque envoie une note sur le carbonate de chaux de l’eau des lacs. La quantité de carbonate de chaux dissoute varie suivant la profon- deur et suivant les saisons. M. Delebecque attribue ces différences, en partie à la décalcification par la vie organique, en partie aux variations de la tension de l'acide carbonique de l'air qui influe sur la quantité de bicarbonate de chaux dissous, J, MarTiX. Séance du 16 avril 1895. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M, G. B. Guccia s'est demandé quel était l’abaissement produit dans le rang nn (n+ n- 2) de la courbe gauche C suivant laquelle se coupent deux surfaces algébriques d'ordre n et n, quand les surfaces possèdent en un même point de l’espace des singularités quelconques. — M. Petro- vitch donne deux formules relatives à la sommation des séries a l’aide des intégrales définies. — M. R. Le- vavasseur, en raison de l'importance qui s'attache à la recherche de tous les types de groupes desubstitutions 136 ACADEMIES ET SOCIETES SAVANTES dont l’ordre égale le degré, a indiqué tous les types correspondants aux ordres p°, p? q, pq?, pq ?, p,qetr étant trois nombres premiers différents tels qu'on ait p >gq=>7r. — M. Stodolkievitz donne les conditions d’intégrabilité pour le système général : (IE AO XL 4 dx, c'e X,, dx, ROC x dr dans le cas particulier où entre les variables ai il y à deux variables indépendantes et toutes les autres sont variables dépendantes. — M. C. Maltézos remplace la règle de Rondelet sur les bois et les pièces chargées debout par la formule très simple : N S 55.200 É) AO MS0 2e 113,4, 4 qui concorde parfaitement avec la précédente, La courbe des charges limites pour les bois, fer et fonte, entre des limites assez étendues du rapport de la lon- sueur de la pièce au plus petit côté de la section trans- versale, se rapproche beaucoup et peut au besoin se remplacer par un arc d'une parabole unique. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M, J. Janssen donne les résultats de diverses observations de températures mi- nima faites cet hiver au sommet du mont Blanc etdans diverses stations intermédiaires, Le minima relevé au sommet à été trouvé de — #30, — M. Alexis de Tillo, pour étudier la variation séculaire de la direc- tion de l'aiguille aimantée, a coordonné systlé- matiquement les meilleurs cartes magnétiques, 21 cartes isogoniques et 7 cartes isocliniques. L'en- semble du phénomène séculaire est représenté pardes courbes irrégulières qui forment des 8 ou, en trails généraux, des lemniscates à boucles de différentes srandeurs. Le sens de la marche dépendde Ja partie de la courbe. M.N.Gréhants'estproposé de rechercher quels sont les gaz qui se dégagent des charbons main- tenus incandescents par l'arc électrique; il a reconnu qu'il se dégage de l’oxyde de carbone en petite quan- lité. Si éclairage a lieu dans des salles qui sont de faibles dimensions, comme certaines salles contenant des machines productrices d'électricité, le dégagement du gaz toxique dans l'air confiné peut contribuer à pro- duire, chez les ouvriers, les maladies souvent très graves qui ont été constatées. — M. Edouard Branly a étudié la déperdition électrique par Pillumination de corps médiocrement conducteurs; l'observation du bois, du marbre, du verre chauffé, conduit à quelques résultats intéressants, Avec une illumination produite par un corps chauffé au rouge sombre, le phénomène dépend surtout de la surface du corps incandescent, la nature du conducteur illuiainé parait èlre sans -effet ; au contraire l’éclairement par des rayons réfrangibles donne une déperdition qui dépend de la nature des sur- faces. — M. Daniel Berthelot propose une nouvelle méthode pour prendre la température d'un milieu par le simple examen d’un rayon lumineux qui l'a tra- versé. Elle est fondée sur les propriétés des gaz, indé- pendante de la nature de l'enveloppe thermométrique et même de sa forme el de sa dimension; elle permet d'opérer sur les gaz contenus dans l'intérieur des hauts fourneaux du four électrique, ete. La méthode est particulièrement recommandable pour l'évaluation des hautes températures. — M. L. Teisserenc de Bort signale l'existence de varialions anormales de pression avec la hauteur : 1° l’écart entre la pression mesurée et la pression calcülée présente une variation diurne bien marquée; les écarts négatifs augmentent de valeur et de fréquence pendant la journée ; 2° lPam- plitude de la variation croit, dans une certaine mesure, avec celle de la température; elle est aussi maximum en été el minimum en hiver, — M. Berthelot à éludié le spectre de fluorescence de l’argon chargé de vapeurs de benzine el soumis à l’action modérée de l'effluve, dans certaines conditions où la dose de gaz absorbé ne dépasse pas quelques centièmes, L'apparition des raies par fluorescence, dès la pression àtmosphérique semble indiquer l'existence d’une combinaison hydro- carbonée de l’argon, de l’ordre de lacétylène ou plu- tôt de l'acide cyanhydrique, de même à l’état de disso- ciation électrique. La fluorescence et les raies de l’'argon présentent des relations frappantes avec la fluorescence et les raies de l’aurore boréale et de la lumière zodiacale. — M. Pagnoul a effectué des re- cherches sur l'azote assimilable et sur ses transforma- tions dans la terre urable : 1° les pluies, lorsqu'elles sont abonaäantes, peuvent donner lieu, sur les terres riches, à un entrainement considérable d'azote ni- trique ; 2° les plantes qui recouvrent le sol peuvent empècher cette déperdilion, comme Pa déjà établi M. Dehérain ; 3° le sulfure de carbone, sans tuer le fer- ment nitrique, arrêle momentanément son action; 4° la forme ammoniacale parait être un état transitoire que prend l'azote organique pour passer à la forme nitrique, el le sulfure de carbone ne fait que l’arrèter momentanément dans cette période de sa transforma- lion ; 5° la forme nitreuse serait aussi un état transi- toire et instable de l’azote passant de la forme orga- uique à la forme nitrique. — M. P. F. Clève a reconnu la présence de l’hélium dans le gaz retiré d’un échan- tillon de clévéite. — M. H. Le Châtelier a préparé et étudié un certain nombre de combinaisons définies des alliages métalliques, les composés Sn Cu, Zn? Cu, AlCu; tous ces corps sont durs et cassants comme les phos- phures, les sulfures, les carbures et ne participent en rien à la malléabilité des métaux constituants, — M. Louis Henry a reconnu que les Fases amidées Cn Hn AZ I réagissent avec énergie sur les aldéhydes aliphatiques ; le résultat final apparent consiste dans l'élimination d'une molécule d’eau et dans la forma- tion d’une imine aldéhydique monosubstituée, selon la formule : : 00 V JA1X RC 1 H,47 -X=H:0-LR—0Q H al L'imine formée se polymérise en général. La réaction est d'autant plus intense et plus énergique que le poids moléculaire de l’aldéhyde et celui de lamine sont moins élevés, c'est-à-dire que les composants COH et AzH? représentent une fraction plus considérable du poids des molécules totales, L'aplitude à la polymé- risalion des imines obtenues dépend à peu près des mêmes circonstances, — M. H. Cousin à préparé deux dérivés halogènes nouveaux de la pyrocatéchine, la pyrocatéchine trichlorée CSHSCIO? et une pyrocaté- : chine bibromée CéHiBr°20?, — M. Livache établit que la distinction des huiles végétales en huiles siccatives et en huiles non siccalives est exacte, sous la réserve que l’oxydalion des huiles ne s'effectue qu’à la tempé- rature ordinaire. Les expériences montrent que la transformation en un produit élastique analogue à celui fourni par les huiles siccatives peut s'effectuer pour loutes les matières grasses sans exception, à condition de les soumettre à une température conve- nable. La transformation sera plus où moins longue, mais le produit formé restera solide, et présentera, outre la transparence et lélasticité, des propriétés chimiques identiques à celle de la linoxine, 39 SCIENCES NATURELLES., — MM.Chauveau et Phisalix fournissent une contribution à l'étude de la variabilité el du transformisme en microbiologie, à propos d’une nouvelle variété de bacille charbonneux (Bacillus anthracis elaviformis). Cette nouvelle race qui s'obtient, en faisant passer le B. Anthr dans un ganglion lymphatique du cobaye, est caractérisée par une ab- sence totale de virulence, mais elle à perdu tout elfet immunisant, — M. Balland, en rapprochant la compo- sition de queiques avaines francaises de 1893 et 1894, montre que si le poids des grains, des cendres et de amande par rapport à la balle, n'a pas sensiblement varié pour les avoines de méme provenance, il n'en est pas de même des matières azotées, des malières grasses et de la cellulose résistante, J, Manrix. 4 : Ÿ | ] e! SE ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 16 Avril 4895. M. Hallopeau fait une communicalion sur la signi- fication des mots androgyne et gynandre, — M, le D' Lemaistre lit un travail sur l'influence des poussières de porcelaine sur la santé des ouvriers et la fréquence de la sclérose suivant l'âge. — M, le D' Saint-Philippe lit un mémoire sur les bons effets de l'antipyrine dans certaines diarrhées de l'enfance. Séance du 23 Avril 1895. M. Dieulafoy établit que les amas lymphoiïdes des trois amygdales offrent, surtout chez les jeunes sujets prédisposés, une porte d'entrée et un asile sûr au bacille de la tuberculose. Il en résulle une forme de tuberculose parfois presque latente, souvent larvée, qui prend Le masque de la vulgaire végélation adénoïde ou de la vulgaire hypertrophie amygdalienne. Cette tuberculose peut guérir; mais elle peut aussi envahir les réseaux lymphatiques et les ganglions lymphatiques du cou, en produisant des adénopathies cervicales tu- berculeuses. Enfin, de ganglions en ganglions, de ré- seaux en réseaux, le bacille peut aborder la grande veine lymphatique ou le canal thoracique, être lancé par la circulation veineuse dans le poumon, et y cons- tituer la tuberculose pulmonaire. — M. Le Dentu cite un cas de pneumalocèle consécutive à une fracture du crâne, guérie par la trépanation; il donne quelques indications sur le traitement de la pneumatocèle. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = Séance du 27 Avril 1895. M. Kauffmann a décelé nettement la présence du glycogène dans le plasma du sang d'un animal rendu diabétique par l’extirpation du pancréas, — M. Dastre ne croit pas qu'on puisse en conclure que le glycogène soit à l’état libre dans le sang d'un animal à l’état nor- mal, — M. Garnault expose ses recherches sur l'or- gane de Jacobson. — MM. Rénon et Sergent décrivent un cas de tuberculose aspergillaire chez l’homme, caractérisé par des lésions de pneumonie chronique seléreuse et par la disparition des bacilles. — M, Z. Lévy décrit l’ædème dela substance cérébrale, tel qu’on le constate par l'examen microscopique. — M. P. Richer présente des photographies montrant sur un sujet en marche la contraction qu'il a appelée ba- listique. — M. Noé étudie l'influence de la tension artérielle sur l'élimination. SOCIETE FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 5 Avril 1895, M. Charpy expose ses recherches sur la trempe de l'acier. Il résume d’abord l’état de la question. Les premières recherches précises ne datent que de 1868. C'est alors qu'on reconnut que l'acier ne prend la trempe que s’il a été chauffé au delà d’une certaine température voisine de 700°, et qui est celle à laquelle de l'acier, qu'on laisse refroidir lentement, manifeste le phénomènede larecalescence.Il se produit àce moment un dégagement de chaleur qui suffit pour reporter l'a- cier au rouge clair. En même temps, il y a variation de la plupart des propriétés physiques. Ce phénomène thermique a ensuite été étudié avec plus de précision par M. Osmond avec le couple platine — platine rhodié de M. Le Châtelier, M. Osmond a découvert, en outre, deux autres dégagements de chaleur plus faibles vers 740° et 860°. M. Chärpy étudie ces dégagements de chaleur en chauffant électriquement un échantillon d'acier, puis le laissant refroidir, et en tracant par inscription photographique Ja courbe des variations de température en fonction du temps, aussi bien pen- dant léchauffement que le refroidissement. La courbe 8 d'un acier très dur (à —— de C) manifeste par un res- saut brusque l'absorption de chaleur à 700° pendant 4131 l'échauffement, et le dégagement correspondant pen- dant le refroidissement. La recalescence et les autres dégagements de chaleur plus faibles sont encore plus visibles si, à l'exemple de M. Osmond, on con- struit la courbe correspondant aux dérivées de la pré- cédente, c'est-à-dire la courbe qui représente les va- rialions de la vitesse d'échauffement ou de refroidis- sement, Pour des aciers moins durs, c’est-à-dire moins riches en carbone, la recalescence devient moins accu- sée, mais les autres dégagements de chaleur à7409 et S60° deviennent plus sensibles. Ces divers dégagements dechaleur se manifestent dans un refroidissement lent, mais dans le refroidissement brusque de la trempe ils n'ont plus lieu. La trempe semble done consister dans la suppression de certains dégagements de cha- leur, et cetle suppression empèche'en même temps certains changements d'état, La trempe maintient l'acier hors de son état normal. Le métal ne peut y revenir que si on le chauffe. M. Charpya cherché à découvrir et à préciser le rôle des trois dégagements de chaleur principaux dans la variation des propriétés dumétal. Le point A,, relatif à 7009, est altribué depuis longtemps à une transformalion du carbone. Un acier normal recuit contient un carbure Fe’C, qui se dé- compose au-dessus de 7009. La (trempe empêche la recombinaison du fer et du carbone, le carbone reste à L'état de dissolution. On en à une confirmalion dans le traitement par l'acide azotique étendu. La dissolu- tion d’un acier dans cet acide produit une coloration, due au carbure, et d'autant plus grande que là teneur en carbone combiné est plus grande, C’est là un mode de dosage rapide utilisé dans l'industrie; après la trempe, la coloration est beaucoup plus faible, car le carbone non combiné ne produit pas de coloration. Le point A, relatif à 740° correspond à un changement d'élat caractérisé par la possibilité de déformations sous pression conslante. Voici comment M. Charpy l'a démontré. En élirant un acier non trempé, la courbe des allongements en fonction des charges présente à un moment une partie recliligne, c’est-à-dire qu'il se produit à un moment un allongement sous pression constante. Cette partie rectiligne se retrouve dans les courbes d’écrasement, de flexion, de torsion. Elle n’a plus lieu quand l'acier est trempé. Sil s'agit bien là d’un changement d'état comme la liquéfaction, la série des courbes pour diverses Lempératures doit présenter des modifications analogues aux isothermes d’Andrews pour l'acide carbonique. Effectivement le palier horizontal se produit sous des charges plus faibles et à une étendue moindre à mesure que la température augmente. Ce changement d'état est encore confirmé par la varialion rapide des propriétés magnétiques pendant l'allongement sous charge cons- tante. Quant au point A, relalif à 8400, il semble, d’après M. Charpy, n'avoir aucune influence sur les propriétés mécaniques. Mais il correspond à une variation des propriétés magnétiques signalée par M. Curie. — MM. Abraham et J. Lemoine pré- sentent deux modèles d’électromètres absolus, des- tinés aux potentiels très élevés, Ce sont des électro- mètres-balance. L'un est un appareil de précision destiné à donner le en et capable de mesurer jusqu'à 45,000 volts. L'autre est un modèle simplifié permet- {ant d’atleindre 100.000 volts; il donne encore le cen- tième, Dans le modèle de précision, le plateau attiré à un diamètre de 6 centimètres et est au centre d'un anneau de garde de {1 centimètres. Il est suspendu à l'extrémité du fléau d’une balance de précision à court fléau, portant un contrepoids à l’autre extré- mité. Il est maintenu centré dans le plan de l'anneau par des cordons légers à peine tendus. La balance, le plateau et l'anneau de garde sont reliés au sol. L'autre plateau, qu'on fait communiquer avec le conducteur dont il s’agit de mesurer le potentiel, est porté par une genouillière montée sur un pied à crémaillère et ses déplacements peuvent être mesurés au centième de millimètre. La genouillère sert à réaliser le paral- lélisme des deux plateaux. C'estavec l'œil qu'on règle, el avec une grande précision, le plateau central par rapport à l'anneau de garde, Les plateaux ont été tra- vaillés par le procédé de retouches locales et sont dressés au centième de millimètre. On peut opérer en équilibre instable en soulevantle plateau inférieur jusqu'à ce que laltraction équilibre la surchage. La balance culbute alors, Les mesures se font ainsi très neltement. On peut aussi opérer en équilibre s'able, car le fléau porte au-dessous du couteau central un quatrième couleau auquel on peut suspendre un poids variable. Les mesures d'un même potentiel pour des distances diflérentes entre les deux plateaux confirment Ja sensibilité du millième, Dans le modèle simplifié, le réglage des plateaux se fait en fléchissant légèrement les tiges de support qui sont en cuivre doux ; d'autre part, l'isolement a été renforcé, — M. Fierre Weiss a modifié d’une ma- nière ingénieuse le galvanomètre astatique de Thom- son à quatre bobines, et en a beaucoup accru la sen- sibilité. Le syslème astatique est formé de deux longues aiguilles verticales parallèles à l’axe de rota- tion et dont les pôles de noms contraires sont en re- gard, Ces deux petits barreaux sont collés sur une bande de mica. Les avantages de ce disposilif sont fa- ciles à apercevoir. La sensibilité d’un système asta- tique est d'autant plus grande que le moment magné- tique est plus grand par rapport au moment d'inertie. Aussi, dans la disposition ordinaire, a-ton avantage à prendre dés barreaux aussi courts que possible et à en disposer parallèment plusieurs dans chaque paire de bobines. Mais on est limilé dans cette voie par la force démagnétisante que les aimants voisins exercententre eux. Au contraire, le nouveau dispositif formant un circuit magnétique presque fermé, la force démagné- üsaute est presque nulle, et on peut donner à l'acier le maximum d’aimantation permanente. Puis, en rap- prochant les deux aiguilles, on augmente à volonté le rapport du moment magnélique au moment d'inertie. On à également avantage à rapprocher Les deux paires de bobines jusqu’au contact et à prendre leur diamètre extérieur aussi petit que possible. On peut res- treindre ce diamètre : car M. Weiss démontre qu'on à intérêt à diminuer la valeur généralement adoptée pour le rapport du diamètre extérieur au diamètre in- térieur et à la prendre égale à 3. En appelant, avec MM. Ayrton Mather et Sumpner, sensibilité d’un galva- nomèlre, le nombre de divisions qu'il indique pour 1 microampère divisé par la racine carrée de la résis- tance, l'échelle étant à une distance du miroir égale à 2000 divisions, et la durée de l’oscillation simple étant de 5 secoudes, l’auteur à pu, avec un instrument d’es- sai, grossièrement réalisé, sans le secours d'un côns- tructeur, obtenir une sensibilité égale à 1500 alors que le premier galvanomètre bolométrique de Langley ne donnait que 31, et que le galvanomètre le plussensible qui soit connu, l'appareil récent de M. Wadsworth, ne donne que 1300, el encore cette valeur n’a-t-elle été atteinte qu’en construisant des bobines suivant le pro- fil théorique et avec du fil de cinq grosseurs difré- rentes, Enfin le dispositif de M. Weiss a encore l’avan- lage d’assurer une grande constance à J’aimantation ; l'amplitude de Pimpulsion est bien proportionnelle à la quantité d'électricité induite, l’astalicité est plus facile à réaliser, et le système est moins sensible aux {répidalions, — M. Pellat présente, au nom de M. Mol- teni, un nouveau chalumeau pour la lumière oxyéthé- rique. Dans ce modèle, la carburation de l'oxygène par l’éther ou la gazoline se produit sans danger, car l'appareil est bourré- de laine d'amiante imbibée, et l’espace offert au mélange détonant est très petit. L’oxygène ainsi carburé peut remplacer le gaz d'éclai- rage pour alimenter un bec Drummond. M. Moltenia combiné aussi un nouveau modèle de régulateur à main pour arc électrique eten a rendu commodes les divers mouvements de déplacement. Edgard Haunié. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 22 Mars 1895. M. Engel à reconnu qu'à la température de 15° à 16°, l'acide chlorhydrique attaque le. cuivre jusqu’à une di- lution représentée par HCI-10H°0. L'attaque rapide avec l'acide concentré, surtout si l’on a ajouté un peu de chlorure de platine, devient extrêmement lente, même pour des concentrations de beaucoup supérieures à HCI + 10H20, lorsque l'acide setrouve saturé de chlo- rure cuivreux, Il faudrait plusieurs années pour attein- dre la limite où s'arrête la réaction. — M. Simon a reconnu que, dans la condensation des bases aroma- tiques primaires avec les éthers de l'acide pyruvique il se forme, pour chaque (erme, un produit blane, bien cristallisé, insoluble dans l’eau, soluble dans l'alcool chaud, un peu dans l’éther, le benzène et le chloroforme, Ces composés n’ont aucun rappwrt avec les produits résullant de la condensation de l'acide pyruvique avec les bases. Leur équation de formation serait : CHÈ—CO—CO!R+CH3—CO—CO?2R+2C5H5AzHE — CH3—C—CO—CH?2—C—CO?R Î | + 2H20+ROH. Az—C6H° Az—C°H5 I y aurait soudure de deux chaines carbonées ; on au- rait une condensation analogue à celle observée par Classen et Wislicenus en présence du sodium, ou à celle réalisée par Miller et Plochl avec l’aldéhyde en présence d’aniline, — M. Tanret a reconnu que les pentacétines du glucose ou les hexacétines des inosiles actives fondues dans un tube effilé restent amorphes en se solidifiant, À cet élat, leur point de fusion est notablement abaissé : la pentacétine « fond à 52° (pri- mitivement 1302), la pentacétineg fond à 350 (primiti- vement 86°). Mais ces corps amorphes portés, « à 4009 pendant quelques secondes, 8 à 60° pendant 7 à 8 heures, recristallisent et reprennent leurs points de fusion primitifs 1409 et 86°, La même transformation s'accomplit aussi en solution. On observe au moment de la transformation un dégagement de chaleur très notable, Il y a donc une grande analogie entre ces phénomènes et ceux que présente le soufre. M. Tanret a pu, en maintenant fondu à 1059 du glucose anhydre, l'obtenir cristallisé. Le glucose ainsi cristallisé aurait en solution récente un pouvoir rotatoire moindre que remonte &p — + 52. Le glucose posséderait donc la trirotation, — M. Maumené applique sa théorie gé- nérale à un borure de fer signalé par M. Moissan. — M. Rosenstiehl, répondant à une communication anté- rieure de M. Prudhomme, démontre qu'il a nettement défini ce qu'il ya de spécial dans la fonction chimique des rosanilines : ces corps sont à la fois alcools et amines. Il répond aussi à une objection de M. Prud- homme qui se refuse à voir dans les fuchsines des éthers, que cette fonction est la conséquence de leur constitution, Ces corps sont à la fois éthers et amines. Ils ressemblent aux sels. Ce caractère, très net pour les dérivés triamidés, s’atténue pour les dérivés dia- midés. Au s’accentuant dans les dérivés du triphénylméthane entre deux extrêmes, d’une part, le triplénylcarbinol à caractères voisins des acides et, d'autre part, son dérivé triamidé nettement basique, — M, Prudhomme a reconnu que, relalivement à la propriété de former des laques solides avec l’alizarine dans leau distillée, la glucine se conduit comme les protoxydes. On sait que, dans ces conditions, les sesquioxydes ne donnent ces composés qu'avec le concours de la chaux. — M. Causse a adressé une note sur le dosage de l'azote . # 4 r: 1 . , 3 organique par le procédé de Kjeldahl. Il a étudié d’a- bord l'influence des doses variées de mercure ou de son oxyde, puis celle du sulfure de sodium, enfin celle de la soude, sur le pourcentage en azote. E. CHaron. le glucose ordinaire. En quelques heures ce pouvoir | contraire, le caractère alcoolique va en: Les SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 21 Mars 1895. M. Zdenek Peske propose, pour la détermination volumétrique du sucre, de se servir d’une solution cuprique ammoniacale, Sa méthode n’est qu'une modification de celle de Pavy. IL empêche la rapide oxydation de la solution cuprique réduite en recou- xrant cette solution d'une couche d'huile de parafline à point d’ébullition élevé. L'auteur a essayé aussi de faire passer dans la liqueur un courant de gaz indiffé- rent, mais n’est point arrivé par ce moyen à des ré- sultats satisfaisants. — M. Otto Bosek a repris l’étude de l’action de l'hydrogène sulfuré sur les solutions d'acide antimonique ; un excès d’une solution aqueuse d'hydrogène sulfuré sur une solution d’acide antimo- nique, à la température ordinaire, produit du penia- sulfure d’antimoine, ce qui est d'accord avec les résultats obtenus par Bunsen. Si l'on fait agir l'hydro- gène sulfuré sur des solutions d’acide antimonique, la quantité de pentasulfure d'antimoine formé aug- mente si l’on abaisse la tempéralure et si l’on accroît la force du courant d'hydrogène sulfuré. Mais, au con- traire, il y a augmentation de la quantité de trisulfure si l’on élève la température ou si l’action de l'hydrogène sulfuré devient moins vive. — M. B. Brauner : Action de lhydrogène sulfuré sur les acides antimonique, arsénique et tellurique. L'auteur représente cette action par les équations suivantes : (1) 2H3SbO! + 5H2S — Sb?S5 + SH20 (2 2HSSbO Æ 5H2S — Sb?S3 S2 + 8H°0. IL Il Il se forme probablement en premier lieu une modi- fication du pentasulfure, à laquelle on peut attribuer la formule : H#SbS'. Si l’on chauffe de l'acide antimo- nique avec de l'hydrogène sulfuré en solution contenant de l'acide hypochloreux ou de l’acide sulfurique, on a un précipité de pentasulfure d’antimoine ; on n'obtient pas d'acide oxysulfoantimonique ni d’oxysulfoanti- moniate, comme cela est le cas pour l'acide arsénique. A la lumière solaire le pentasulfure d’antimoine est converti en trisulfure et en soufre comme lorsqu'on le chauffe à 220°. — M. Bohuslav Brauner a continué ses recherches relatives à la détermination du poids atomique du tellure et a trouvé pour ce corps le chiffre 127,71, différent de 0,86 de celui attribué à l’iode (126,85). La position occupée par ce corps dans le système périodique ne lui assigne pour poids ato- mique que 123-125. L'auteur incline à croire que le tellure n’est pas un corps simple. — M. G. Harvis CHRONIQUE 439 Morris : Sur l’hydrolyse de la maltose par le ferment. — M. Gérold T. Moody fait une communication sur l'acide éthylbenzène-sulfonique dont il étudie les sels et les modifications isomériques.— MM. A.-G., Perkin et J.-J. Hummel ont trouvé que les principes colo- rants qui se trouvent dans la Todalia aculeata et l'Edo- via meliæfolia sont dus à la présence de la berbérine. — MM. F. Stanley Kipping et William J. Pope décrivent une nouvelle série de chlorures sulfoniques dérivés du camphre et isomères des chlorures sulfo- niques ayant pour composition C'0H!/CISO?CI; ils proposent de nommer ces corps chlorures de chloro- camphènesulfonique. Ils ont préparé le chlorure d’# chlorocamphènesulfonique : l’x chlorocamphènesul fonamide C'OHCISO?AzH? ; l'2 dichlorocamphèn® CI0H!CP ; le chlorure de 6 chlorocamphènesulfonique et la 8 chlorocamphènesulfonamide, ACADEMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 14 Mars 1895. 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. E. Suen fait voir deux photographies de la Lune faites par MM. Lœwy et Pui- seux à l’aide du grand équatorial coudé et fait une longue communication sur les conclusions qu'il est possible d’en tirer. — M. v. Hepperger adresse un mé- moire sur la quantité de lumière envoyée par la Terre à la Lune. 20 SCIENCES NATURELLES. — M. Carl Diener : Sur les céphalopodes de certaines parties de la Sibérie, parti- culièrement du côté de Wladiwostok. — M, Czapek : Sur l'héliotropisme et le géotropisme.— M. K. Budlay : Sur l’ostéogénésie. Séance du 21 Mars 1895. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Victor v. Dauts- cher : Ellipses passant par trois puints donnés et assu- jJetties à certaines conditions. — M. Eduard Weyr : Théorie du mouvement d’un système soumis à un cer- tain nombre de liaisons. — M. A. Wassmuth : Sur les transformations et les changements de coordonnées. — M. Leonhard Fleischmann : Réparlition du cou- rant électrique à la surface d’un corps animé d'un mouvement de rotation. 20 SGiENCES PHYSIQUES. — MM. G. v. Georgievies et E. Lowy : Sur la théorie de la teinture. L'étude de l'équilibre qui se produit entre le bleu de méthylène, l’eau et la cellulose satisfait aux lois énoncées précé- demment par l’auteur; les résultats sont indépendants de la structure de la matière teinte. Quand la tempé- rature varie, les effets varient avec cette matière. CHRONIQUE L'EMPOISONNEMENT DES RIVIÈRES EN AUSTRALIE Que les progrès de la civilisation soient surtout | marqués par les perfectionnements successifs apportés à tous les engins de destruction, ce n’est une idée nou- xelle pour personne : chacun sait, au moins en gros, à quels résultats on est aujourd'hui parvenu à cet égard ; et qui donc n'a jamais rêvé aux forces nou- xelles dont la science disposera demain ? Mais le point de départ, les armes, les moyens plutôt, dont l’homme ausé d'abord soit pour sauvegarder sa sécurité, soit pour assurer sa subsistance, ne voilà-t-il pas un sujet vers lequel on tourne moins souvent ses Yeux et sa pensée? IL ne peut s'agir pour nous que d'en montrer un très petit côté; encore l'intérêt en est-il piquant, car nous voulons parler de peuplades considérables qui, à notre époque et sur la mème terre qu'une race très avancée, encadrées pour ainsi dire par cette race, vivent encore d’une existence qui ne doit rien qu'à la nature, à peu près comme aux pre- miers âges de l'humanité, Il n’y a guère plus d’un siècle que l’Europe se préoc- cupe de l'Australie. En 1750, Cook y plante le pavillon britannique ; en 1788, le gouverneur Philipp y amène un millier de condamnés, des convicts, qui sont les premiers colons de ce continent aussi vaste que l’Eu- rope. D'autres y viennent après ceux-là !; l’élevage prend des proportions incroyables; la prospérité se développe rapidement; enfin, vers 1860, l'existence de gites aurifères étant soupconnée, puis confirmée, c'est de toutes les parties de l'univers que se précipitent en foule des explorateurs avides. Bien que-tout le monde sache cela aujourd'hui, ces souvenirs sont bons à rappeler pour rendre invraisem- 1 Depuis longtemps déjà l'Australie n'est plus le centre de déportation que l'on s’imagine trop souvent. La colonie de Victoria n'a jamais laissé aborder sur sa rive la lie de la métropole; la Nouvelle-Galles du Sud n'a subi ces importa- tions pestilentielles que jusqu'en 1840, et, depuis 1850, la Tasmanie elle-même ne recoit plus de convicts. blable ce fait que, au centre d'une population totale de plus de quatre millions d'habitants, se maintiennent encore des aborigènes étrangers ou réfractaires à toute tentative de culture sociale : auprès d’eux passe, sans les entrainer, le grand courant économique qui, chaque jour, depuis un siècle, a rapproché davantage leur pays des nations civilisées. Naturellement ils échappent à la statistique encore plus qu'à la civilisation. Le recensement de 1891 ne donne comme exacts que les chiffres relevés dans la Nouvelle-Galles du Sud (8,280) et dans Victoria (565), On est réduit à des conjectures pour le Queensland (70,000), pour l'Australie du Sud (23,700), pour l'Aus- tralie du Nord, Au total on parle ordinairement de 200,000, Ces aborigènes vivent uniquement de leur chasse et de leur pêche. Contre les oiseaux, ils ont, en plus de leurs flèches rapides, cette arme non moins sûre, le boomerang ‘, dont le maniement est resté pour tous les voyageurs un objet d'étonnement et d’admiration. Contre les poissons, ils ont recours à des procédés plus primitifs encore etauxquels s'attache pour nous comme un renom de barbarie : avec la belle insouciance de nomades qui peuvent dévaster une région, quitte à se transporter ailleurs où les appellent des ressources nouvelles, ils empoisonnent les rivières et les étangs. Le problème se pose de savoir à quels végétaux sont empruntés des poisons tels que la chimie la plus savante hésiterait peut-èlre à en citer d'aussi actifs. C'est précisément le point-sur lequel ont attiré l’atten- tion les recherches du D' Greshoff, attaché au fameux jardin botanique de Builenzorg (Java). A son tour, M. H. Maiden, de Sydney, en a fait l'objet de ses études, et, dans un numéro de l’Agricultural Gazette of New South Wales ?, tout en sollicitant les renseigne- ments dont pourraient profiter ses travaux, il publie Ja liste des plantes que les noirs utilisent, à sa con- naissance, pour prendre du poisson. « D'une manière très générale, dit en substance M. Maiden, les écorces ou les feuilles que l’on jette dans les cours d’eau pour tuer, ou au moins pour engourdir le poisson, renferment des éléments tanniques; mais, sans rien affirmer, j'incline à penser que l'agent vrai- ment acuf est une saponine analogue à celle qui donne à l'écorce de nos acacias, par exemple, son goût persis- tant d’amertume. Quoi qu'il en soit, nul doute que l'analyse chimique des plantes qui nous occupent ne puisse fournir la matière d'une étude originale et féconde, » Voici comment procèdent à l’ordinaire les nègres de la Nouvelle-Galles du Sud. Dans la largeur d’un cours d'eau, ils plantent des pieux destinés à retenir des claies d'écorce ou des paquets, des bolles de feuillage. En très peu de temps le poisson effaré, éperdu, comme enivré, vient se henrter contre la digue, et les noirs postés à proximilé s'er emparent facilement, Cette sorle d'ivresse ne se prolonge guère au delà d’une heure environ ei ne laisse après elle aucune trace fâcheuse au point de vue de l'alimentation. Sir W. Mac Arthur, en ces derniers temps, aurait élabli que, dans les comtés de Cumberland et de Camden (Nouvelle-Galles du Sud) les aborigènes em- ploient l'écorce de l’acacia faleata,un petit arbre qui se rencontre dans les districts côtiers, connu quelquefois ! Nous avons eu entre les mains un boomerang rapporté par M. le Dr Adrien Loir, ancien directeur de l'Institut Pas- teur australien. C’est une sorte de latte assez mal dégrossie, ct recourbée, dont les deux branches, de 30 centimètres en- viron, forment un angle de 110 à 1200. Cet engin, lancé avec force, suit d’abord, à un pied du sol, une ligne horizontale, puis brusquement se redresse à 20 ou 50 mètres du chasseur, et, dans son tr jet vertical, va frapper la proie visée. 2H, Mainex : Fish-poisons of the Australien aboriyenes, in Agricullural Gazelleof New: South MW ales, n° du 4er juillet 1894. PATES Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 11 ES CHRONIQUE s sous le nom de nickory (noyer d'Amérique) etvulgaire- ment désigné dans le pays par le mot de weetjellan. Chose curieuse : les noirs font aussi usage de cette écorce pour des pansements dans le cas de certaines maladies cutanées. Tout à fait au sud de la mème colonie, on se sert de l'écorce et des feuilles d’un autre nickory où « bois noir » (acacia penninervis). è Les nègres de l’intérieur du Queensland emploient dans les petits lacs l'écorce du « goobang » ou « cooba », saule indigène (acacia Salicina), Au contraire, dans le Queensland du nord, la préférence est pour le manglier aquatique frais (Barringtonia racemosa), vulgairement « Yakooro », dont l'écorce est d’abord débitée en petits morceaux, puis martelée sur la pierre. Quant à une autre variété, le Barringlonia speciosa, qui croit aussi dans le Queensland, les Australiens le dédaignent; mais il est, dit-on, très apprécié pour le même usage par les indigènes des îles Fidji; seulement on se sert de l’enve- loppe extérieure du fruit, et non pas de l'écorce à pro- prement parler, = Avec le Careya australis, autre précaution : pour des raisons isnorées, les noirs emploient lécorce de la racine dans les eaux salées et l'écorce de la tige dans les eaux douces. Ailleurs on préfère l'écorce broyée du Cupania pseu- dorhus ; ailleurs encore, les feuilles pilées de la Derris uliginosa. La Derris elliptica est plus en faveur à Java et, semble- til aussi, dans l’îile de Bornéo. Examinée par le Dr Gresholf, elle a révélé des propriétés extrêmement. vénéneuses : une décoction de racine, au 300.000, est fatale à un poisson. Le seul élément actif que l’on ait pu isoler, mais non à l’état de pureté, est une subs- lance résineuse, nommée derrid, qui ne contient pas d'azote el n’est pas une glucose, A peine soluble dans l’eau, elle se dissout au contraire avec facilité dans l'alcool, dans l’éther, dans le chloroforme; mêlée à de la potasse, elle donne des acides salicylique et protoca- téchique; une solution dans l’alcoo! produit un réactif légèrement acide qui entraine pour des heures l’in- sensibilité partielle de la langue. Au 500,000, la solu- tion est presque instantanément mortelle pour le poisson. Quant à l'eucalyptus, pourtant si répandu, on ne voit pas qu'il soit d’un grand usage ; à peine esl-il nommé par quelques voyageurs, Sir Thomas Mitchell dit, par exemple, en parlant du Lachlan : « La rivière offre des endroits profonds et nous complions sur une bonne pèche; mais notre guide nous apprit que le lit avait été récemment empoisonné, d'après la coutume adoptée par les indigènes pendant la saison sèche, En effet, tous les-trous étaient remplis de branches fraiches d’eucalyptus, et le courant en prenaitune teinte noire, » [ s’agit probablement de l'Eucalyptus microthecu, que M. E. Palmer dit avoir vu employer de la même façon dans l'intérieur du Queensland. Signalons enfin, comme servant au même but, d’a- près divers témoignages : le Tephrosda purpurea, nommé en quelques endroits Jerril-jerry ; le Bujfa ægyptiaca à l'état vert, une variété de courge dont le nom est bun-bun; un Polygonum, probablement le Polygonum orientale, qui agit si bien que les poissons ne tardent pas à apparaitre mourants, le ventre en l'air, à la surface de l’eau, sans rien perdre d’ailleurs de leurs qualités alimentaires, ele., ele, Tels sont, ajoute en terminant M. Maiden, quelques- uns des très nombreux végélaux actuellement connus comme employés contre le poisson. Si incomplète que soit l’'énumération, encore vaut-il la peine de recher- cher scientifiquement à quelle substance est due leur action. C’est évidemment par hasard que les abori- gènes l'ont découverte ; aux savants de l'expliquer. Achille LAURENT. Le Directeur-Gérant : LOUIS OLIVIER ; D VAMOMEATEP 6° ANNÉE N° 10 30 MAI 1895 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER UNE SCIENCE NOUVELLE : LA BIOMÉCANIQUE Le but del'Embryogénieest, comme on sait, de dé- couvrir les phases successives que parcourt le jeune être, depuis l’état d'œuf jusqu’à celui de plante par- faite ou d'animal complètement développé. Les naturalistes de tous les pays se sont appliqués, avec un zèle admirable, à cette tâche ; d'innom- brablestravaux, portant sur tous les types d’ani- maux et de végétaux, ont fait la lumière sur pres- que tous les points, et l’on peut dire qu’il ne nous reste rien de bien essentiel à apprendre sur ce chapitre. L’Embryogénie descriptive, c'est-à-dire le comment de l'autogenèse est à peu près connue. Par contre, le pourquoi de l'ontogenèse reste dans une obscurité presque complète. Par le pourquoi, il faut entendre ici non pas la raison finale, mais la cause immédiate des phénomènes. On sait très bien que l'œuffécondé est une simple cellule, que, pendant le développement, il sedivise et que toutes les cellules nées de sa division font de même, toujours dichotomiquement, jusqu'à ce que le matériel llulaire qui forme la substance de l'être ait été produit en totalité. On connait les arran- gements successifs que prennent toutes cellules jusqu'à ce que la forme définitive ait été enfin réalisée. Mais on ne sait pas pourquoi les cellules prennent les places et les dispositions qu’on leur voit prendre, pourquoi elles s’arrangent suivant les groupements si variés que nous montrent les stades successifs de la vie embryonnaire. On sait aussi quelles formes, quels caractères histologiques revêtent les cellules à chaque stade; mais on ne REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. sait pas pourquoi l’une devient cellule nerveuse, l’autre fibre musculaire, une troisième élément glandulaire, une autre enfin, élément conjonctif. En un mot, on sait le comment de la différencia- tion anatomique et histologique, on n'en connait pas le pourquoi. EL, chose singulière, cette question, importante entre toutes, semble avoir, moins que beaucoup d’autres, excité la sagacité des -natura- listes. La cause en est sans doute qu'il fallait bien connaitre les phénomènes avant de chercher leur interprétation; sans doule aussi cela tient, pour une part, à ce qu'il est plus facile de décrire une chose que de l'expliquer. Toujours est-il que, pour cent travaux d'embryogénie descriptive, ilen est à peine un relatif aux causes de l’évolution ontogénétique. Encore la plupart de ceux qui ont tenté d'ex- pliquer l’ontogenèse ont-ils eu recours à l'hypo- thèse plutôt qu’à l'expérience. Le problème semble si ardu, si diflicilement accessible à l’expérimen- tation, et, d'autre part, la tendance est si forte de devancer par l'imagination le progrès si lent de l'observation et de l'expérience, qu’il n'en pouvait être autrement.. Notre but ici n’est pas de résumer même briève- ment ces théories ni de les criliquer !. Rappelons seulement que les théories les plus en honneur ! Cette étude et cette critique ont trouvé place ailleurs, avec tous les développements qu’elles comportent dans l'ou- vrage suivant qui sort de presse en ce moment : Yves Derace, La structure du Protoplasmeet les Théories sur l'Hérédilé et les grands problèmes de la Biologie générale. In-8°, xvi-815 pages, avec figures. Paris, Reinwald, 1895. 19 412 Y. DELAGE — UNE SCIENCE NOUVELLE LA BIOMÉCANIQUE aujourd'hui demandent l'explication de tous les phénomènes à la prédéterminalion des varur- lères. Tous les caractères et propriétés de l'or- ganisme futur seraient représentés dans l'œuf fécondé par autant de germes distincts, qui n’au- raient qu'à se développer pour éelore et se montrer: au point et au moment voulus, el qui, contenant en eux-mêmes toutes les raisons de leur évolution ne demanderaient rien aux conditions ambiantes que ces forces banales, chaleur, lumière, humidité, aliments, partout également nécessaires à l'entre- tien de la vie. Ur, ces théories sont condamnées par les faits. L'isotropie de l'œuf, démontrée par les travaux de Pflüger, de Drieseh et de O.Hertwig, leur est fatale, el les phénomènes de régénération, de dicho- génie, ele., leur portent le dernier coup. Pour qui veut raisonner d'après les données posilives de l'expérience, iln'y a pas dans l'œuf de yermes prédestinés. D'autre part, l'hérédilé n'est point, comme quelques-uns semblent le croire, une force de l'évolution: elle n'esl qu'une calégorie de phénomènes: elle n'explique rien el demande elle-même à ètre expliquée. En sorle que la question se pose ainsi : Comment l'œuf, — simple cellule de constilution physico-chi- nique déterminée, mais non composé de germes directrice prédestinés, — abandonné à lui-même, sans le se- cours de forces évolutrices spécialement chargées de le conduire, peut-il parcourir les phases succes- sives de son développement ? Il s'agit done de chercher s'il n'existe pas de forces qui, agissant sur l'œuf pendant son dévelop- pement, déterminent, pour chaque cellule, au moment voulu, sa position dans l’ensemble et le sens de sa diflérencialion histologique. Car tout, en somme, dans les êtres organisés, quels qu'ils soient, se réduil à ces deux facteurs : l’arrangement des cellules et leur différenciation histologique: tout le problème de l'ontogenèse se ramène à ces deux questions posées à chaque cellule : Comment es-tu venue ici? Comment es-tu devenue cela? Évidemment, il ne saurail êlre queslion, à l'époque actuelle, d'aborder ainsi la question dans loute sa généralité, el ce sera beaucoup si nous arrivons à montrer qu'il existe, indépendam- ment de germes prédestinés et de tendances héré- dilaires quelconques, des forces agissant sur l’ar- rangement des cellules et sur leur différenciation histologique. Or, ces forces existent et il est facile de le montrer. 1. —— ACTEURS DE LA DIFFÉRENCIATION ANATOMIQUE. Les principaux facteurs de la différenciation anatomique sont les /ropismes el les laclismes, €'est- à-dire les déplacements des cellules et des organes sous l'influence des agents mécaniques, physiques, chimiques ou physiologiques. On‘dit qu'il y à tropisme lorsqu'une partie se déplace par torsion ou flexion, sans que les relalions des cellules, les unes par rapport aux autres, soient modifiées, par exemple lorsqu'une fleur se tourne vers la lumière ou qu'une racine s’infléchit vers le sol; il y a lisne, au contraire, quand des cellules libres se déplacent et contraclent de nouveaux rapports, ainsi lorsque des leucocytes se porlent sur un point pour attaquer el détruire des tissus morli- liés. D'une manière générale, on peut dire que tous les agents exercent sur tous les éléments un tropisme ou un tactisme fort ou faible, parfois si faible qu'il parait nul, positif ou négatif, c'est- à-dire atlirant les cellules vers la source d'in- fluence ou les repoussant loin d'elle. Cilons, entre autres, la pesanteur, le contact, la pression, la chaleur, la lumière, l'électricilé, l'hu- midité, les agents chimiques de toute nature, enfin, les éléments cellulaires eux-mêmes qui exercent les uns sur les autres, et selon leur nature, des altraclions ou des répulsions. La plupart de ces tropismes sont bien connus, surlout des botanistes qui, chaque jour, observent les effets du géotropisme posilif sur les racines, négatif sur les liges, du thermotropisme, du pho- totropisme, ele. etc., sur la plupart des plantes. Mais ces phénomènes ne se montrent d'ordi- naire que sur les plantes développées: il reste à prouver qu'ils se manifestent également pendant l’ontogenèse sur les éléments nés de la division de l'œuf, exercent leur influence sur les dispositions relalives que prennent ces éléments, et détermi- nent ainsi leurs groupements en tissus, et l’arrange- ment des organes d’où résulte la forme du corps. Pfeffer 1888) a montré que des cellules animales ou végétales, isolées ou plus ou moins libres (Bac- téries, Flagellates, Volvoces, sont sensibles à une grande variété d'excilants chimiques, se rappro- chant des uns, s'écartant des autres, selon leur nalure, chacune ayant en quelque sorte un coelli- cient chimiotactique propre. Roux (189%) ‘, en isolant les blastomères d'un œuf segmenté et en examinant leurs mouvements dans un liquide indifférent, a constaté que les uns s’alliraient et les autres se repoussaient, eLil à donné le nom de rytotropisme à ce phénomène. II eùt mieux fait de dire cylolurtisme. Ces forces lac allractives el répulsives existaient aussi dans l'œuf intact etne pouvaient manquer d'exercer une influence sur la position relative des éléments el sur la forme de l’ensemble. L'action altractive de l'oxygène sur les leucocytes et sur les divers élé- PR RE TR er | Avant lui, Hartog avait décrit sous le nom d’adelpholarie des phénomènes très semblables. Edit Ds ‘oo. #1, ie Es ments est bien connue. Aussi, loutes les fois que l'on voit, dans un embryon, des éléments libres se porter vers les points où l'oxygène a un plus facile accès, on est en droit d’attribuer leur déplacement à un chimiotactisme dont ce corps est l'agent. Herbst (1894) attribue à cette cause la migration des blastomères dans l’œuf de l'insecle, du centre, où ils prennent naissance, vers la surface où ils se rendent tous. D'ailleurs, ce chimiotactisme n'est pas égal pour tous les éléments; il est plus grand pour certains, moindre pour d’autres, négatif pour d’autres encore, chacun selon sa nature se rendant au point où la proportion d'oxygène est oplima pour lui. Je ne doute pas que, dans les Éponges, la sortie des cellules ectodermiques, d’abord internes chez la larve libre, puis externes après la fixation, et la rentrée des cellules ciliées qui suivent une marche inverse, ne soient dues à ces causes. Lorsque l’on voit, dans la plupart des larves, les cellules méso- dermiques, libres entre les deux feuillets princi- paux, se porter, les unes sous l’épiderme pour former le derme et les muscles du corps, les autres contre l'endoderme pour former son chorion, le parenchyme de ses glandes et les muscles de la vie végétalive, il est naturel d'attribuer ces mou- yements à un cytolactisme émanant des cellules endodermiques et ectodermiques, ou à un chi- miotactisme ayant pour agent l'oxygène plus abondant à la surface du corps que dans la cavité digestive, plutôt qu’à une évolution de gemmules que personne n'a vues, ou à une tendance héré- ditaire métaphysique. L'action déterminante de l'oxygène sur la forme du corps se montre d'une facon évidente chez cer- lains champignons. Le mucor à -grappes forme dans l'air un thalle filamenteux,comme font d’ordi- naire toutes les moisissures. Si l'on diminue la proportion d'oxygène, ce thalle s’égrène, et la plante s’émielte à la manière d’une levure, Elle n'en végèle pas moins sous cette nouvelle forme, et, dès qu’on lui rend l'oxygène, reforme un thalle filamenteux. Ici donc, l'oxygène est la cause immé- diale de la solidité d'union des cellules nées de la division d'une même cellule-mère, union d'où résulte la forme entière du végétal. La température a une action morphogène non moins énergique. Driesch (1893) a pu, en élevant à 30° des embryons d’oursin, obtenir des larves chez lesquelles les cellules endodermiques, au lieu de S'invaginer, se dévaginaient au dehors, produisant ainsi un type embryologique tout à fait nouveau, l'exogastrula où gastrula chez laquelle le sac digestif pend hors de la bouche comme une hernie. Si une modification de la température peut, à elle seule, _ renverser le sens d’une invagination, pourquoi serait-il impossible que celte même température, REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, Y. DELAGE — UNE SCIENCE NOUVELLE : LA BIOMÉCANIQUE : 443 combinant son action à celle des autres agents du tropisme, soit une cause déterminante effective de l'invaginalion normale, au lieu d’être, comme on l’admet, une simple condition banale nécessaire à sa production comme à l'entrelien de toutes les autres manifestations vilales ? On sait aujourd'hui que les nerfs ne se forment pas tout entiers dans les tissus, mais que leur cy- lindre-axe émane des centres et pousse dans les tissus comme fait une racine dans le sol. Leur gaine de Schwann et leur enveloppe protectrice de myéline, au contraire, est formée d'éléments empruntés sur place aux tissus embryonnaires qu'ils traversent. Si l’on s’en tient à la théorie des germes prédestinés où des tendances héréditaires loca- lisées, est-il possible de concevoir que ce fila- ment axile du nerf, aille passer, sans la moindre erreur, précisément là où l’attendent les cellules qui devront former sa gaine et aille se jeter préci- sément dans les fibres musculaires qu’il doit in- nerver et dans les cellules périphériques qui doi- vent former les éléments des organes des sens corréspondauts ? Cela devient tout simple, au con- traire, si l'on admet avec Herbst (1894) que le fila- ment nerveux exerce une attraction newrotactique spécifique qui fait arriver à lui les éléments capa- bles de former sa gaine, et qui le dirige lui-même vers les terminaisons sensilives et musculaires auxquelles il doit aboutir. Et cela n’est pas spécial aux nerfs. C'est sans doute par suite d'actions ana- logues que les colonnes sanguines, endiguées par un simple endothélium, se renforcent d'éléments conjonctifs, musculaires et élastiques, que les mus- cles se forment leur périmysium, les épithéliums glandulaires leur parenchyme, etc. En sorte qu'au neurotactisme de Herbst nous pouvons en ajouter une foule d'autres et les réunir sous la dénomina- lion générale de biotactisme. En somme, et sans insister sur des exemples qu'il serait facile de multiplier, nous pouvons dire que l’on a le droit de concevoir l’arrangement des cellules d’où résulte la forme du corps et des organes comme la résultante des pressions, trac- tions, refoulements, dus à un cloisonnement inégal en les divers points et d'une multitude de tro- pismes- et de lactismes, ayant pour causes les agents mécaniques, physiques, chimiques, et les cel- lules elles-mêmes, chaque cellule prenant, sous l’ac- tion des forces multiples quiagissent surelle de toute part, la position d'équilibre pour laquelle toutes les forces se neutralisent en une résultante nulle, [l, — LA DIFFÉRENCIATION HISTOLOGIQUE. 3ien plus encore que la précédente, la diffé- renciation histologique se montre soumise à l'influence de forces indépendantes des /erdanres 10* 444 Y. DELAGE — UNE SCIENCE NOUVELLE : LA BIOMÉCANIQUE héréditaires et des yermes prédestinés. ei nous n'avons plus seulement des raisons de croire, nous avons des preuves formelles de l'existence de ces forces organiques. Si la prédestination des parties était réelle ou s’il y avait vraiment une tendance héréditaire de chaque partie à ressembler à la partie correspondante des parents, on ne pourrait voir un même élément subir, selon les circonstances, des évolutions toutes différentes. Or, c’est ce qui a lieu cependant. Hüter a montré que, dansles luxations anciennes, les parties enduites de cartilage se dénudent de ce revêtement sur les points où elles cessent de frotter et que du cartilage se développe là où une surface osseuse, munie de son périoste, est soumise à des frottements répétés. Si donc le cartilage arti- culaire ne peut se maintenir que là où un frotte- ment s'exerce; s’il se développe là où il ne devrait pas exister sous la simple influence du frottement, — n'est-il pas démontré que des éléments, non pré- destinés par des germes ou par des tendances héréditaires à former du cartilage, sont capables d’en former; et n'est-il pas légitime d'admettre que, là où cette substance se forme normalement, l'hérédité et les germes spécifiques n'y sont pour rien, et qu'enfin le frottement est la cause déter- minante de leur production ? Les exemples de ce genre abondent; nous allons en citer quelques-uns parmi les plus frappants : Lorsqu'une fracture n'est pas convenablement immobilisée, les plaies osseusesse cicatrisent sans se souder : les fragments restent mobiles et, à Ja longue, il s'établit une pseudarthrose. Or, ces pseudarthroses, bien qu’elles soient moins par- faites que les articulations normales, n’en ont pas moins tous les organes qui se rencontrent dans celles-ci. Il se forme des surfaces articulaires polies, revêtues de cartilage, des ligaments péri- phériques contenteurs et même un rudiment de synoviale. Il n’y avait point là cependant d'articu- lation chez les ancêtres et aucune tendance héré- ditaire n'a pu intervenir; d’autre part, s'il y avait eu une prédestination cellulaire, elle n'eût pas permis cette formation d'organes nouveaux aux dépens de cellules non destinées à les former. C’est qu'il n'y a rien de tout cela, il y a simplement des cellules banales qui se sont transformées ici en cartilage sous l’action des frottements répétés, là en ligaments sous l’action de tensions éner- giques, ailleurs en synoviale sous l'influence de frottements plus doux. On sait que, dans les épiphyses des os longs, la cavité centrale est comblée par des tissus spon- gieux, formés de lamelles osseuses. Ces petites lamelles donnent plus de solidité à l’os sans aug- menter sensiblement son poids. En outre, on a re- marqué que leur orientation n'élait pas quel- conque; elles sont presque toutes dirigées dans le sens des plus fortes pressions que l'os a à subir. On pourrait croire qu'il y a là une disposition héréditaire introduite dans l'espèce par la sélee- tion naturelle parce qu'elle est avantageuse. Or, W. Roux a montré qu'il n’en était rien, et en voici la preuve : il arrive parfois qu'une fracture se cicatrise en position vicieuse, les deux fragments de l'os étant réunis par un cal oblique. Ce cal oblique se creuse à la longue d’une cavité qui reste occupée seulement par du tissu spongieux. Eh bien, dans ce tissu, les trabécules osseux se montrent disposés suivant les lignes de plus grand effort, c'est-à-dire obliquement par rapport à l'axe de l'os et par conséquent d'une manière qui ne s’est j'amais rencontrée dans aucun ancêtre de l'individu. Donc, sans germes, sans lendances héréditaires, les actions mécaniques exercées sur l'os ont suffi à déterminer l'orientation la plus avantageuse de ces petites lamelles, On a remarqué que, lorsqu'un vaisseau se ramifie, les branches de divisions’écartent d'autant plus de la direction primitive du vaisseau qu'elles sont plus petites, el, si la division comporte deux branches, une grosse el une pelite, la première continue à peu près la direction du vaisseau primitif, tandis que la seconde s’en écarte presque à angle droit. Ces dispositions sont avantageuses, car elles facilitent l'admission du sang dans la branche qui doil en recevoir la plus grande quantité el réduisent au minimum les pressions contre ies parois et le travail du cœur. En outre, on pourrait les croire déterminées par l’hérédité ou par des germes contenus dans l'œuf, puisqu'elles se retrouvent semblables chez l'enfant et chez les parents. Celle opinion est ruinée par l'observation suivante : voici une artère qui se divise en deux branches égales, formant un angle égal avec la direction primitive; liez en une : au bout d’un temps suffisant, l'autre branche se sera d’elle- même placée sur le prolongement du tronc el le vaisseau lié formera un angle droit avec celui-ci. La pression du sang aura accompli d'elle-même, à l'encontre des tendances héréditaires, la dispo- silion organique la plus avantageuse suivant les lois de l’hydrodynamique. On pourrait multiplier beaucoup ces exemples. Pour ne pas allonger cet article, je n’en citerai plus qu'un, mais qui est vraiment bien frappant : S'il est une disposition organique qui semble déterminée par les tendances héréditaires de l’es- pèce ou par la prédestination des parties char- gées de la constiluer, c'estassurément le placenta. Sans la muqueuse ulérine avec toutes ses disposi- tions merveilleuses, sa vascularité énorme, ses erypies profondes, son aptitude à l’hypertrophie, le placenta parait impossible. Or, c'est un fail connu que, dans les grossesses extra-utérines, sous l'influence de l'irritation produite par l'œuf fé- condé, la paroi abdominale développe un placenta si parfait qu'il permet au fœtus de parcourir jus- qu'au bout les phases de son développement. Il n'y avait pas là, cependant, de tendances hérédi- taires, et s’il y avait une prédestination quelcon- que dans les tissus de la paroi abdominale, elle ne pouvail qu'empêcher la formation d'un organe si différent. Mais il n’y a ni tendances héréditaires, ni germes prédestinés; chaque élément fait et de- vient, en chaque point, ce qu'il peut, selon sa nature et selon les conditions auxquelles il est soumis. On a donc le droit d'admettre qu'il en est de même dans le placenta normal. La cause de cette adaptation remarquable des tissus aux nécessités normales ou accidentelles de l'organisme n’est autre que l'excitation fonctionnelle. C'est W. Roux qui, le premier, a attiré l'attention _ sur ces phénomènes; c'est lui qui, le premier, a tenté d'en donner une explication physiologique en montrant que partout chaque organe, chaque tissu, chaque cellule, chaque élément de cellule même se développe dans le sens où il travaille et s'adaple sans cesse à sa fonction. De là résulte une automorphose générale de toutes les parties de l’or- ganisme, et une autoréqulation constante de l’en- semble et de ses parties. Il a donné à la science de ces phénomènes le nom de Mécanique du développe- ment, auquel je propose de substituer celui de Biomécanique, plus large, plus compréhensif et plus rai, car ce n’est pas seulement pendant la période de formation du corps, c'est pendant toute la vie et dans tous les phénomènes de la vie que ce mécanisme développe ses eflets. Il està remarquer que la plupart des faits sur lesquels s'appuie la théorie biomécanique sont connus depuis longtemps. Les tropismes, les Lac- . tismes, les pseudarthroses, les placentas extra- “utérins ne sont point des nouveautés. La chose n'en est que plus intéressante. Ce qui est nouveau, c'est leur groupement, le jour sous lequel on les envisage et surlout le fait que l'on trouve en eux une conception toute nouvelle de l’évolution et une explication de phénomènes que l'on attribugit à des enlilés métaphysiques, comme l’atavisme ou l'héré- dité, ou à des germes représentatifs qui n'existent . que dans certaines imaginations. D'ailleurs Roux n'a pas été, tant s’en faut, jus- qu'au bout de la conception qu'il a si puissam- ment contribué à édifier. Il n’abandonne point sa théorie de La mosaique ; il laisse à l'hérédité la plus Y. DELAGE — UNE SCIENCE NOUVELLE : LA BIOMÉCANIQUE 445 ne nn D grande part dans l’explication des phénomènes évo- lutifs et persiste à croire à la prédestination des di- verses parlies de l'œuf. Il faut mettre de côté ces vieillesnotionsruinées par lesfaits, et considérer les . choses comme je vais tenter de l'expliquer en ter- minant. L'œuf n’est rien autre chose qu'une simple cel- lule et il ne contient ni germes spécifiques ni ten- dances quelconques. Il a une constitution physico- chimique déterminée, quelque peu différente dans chaque espèce et dans chaque individu, mais qui n'est que l’une des innombrables conditions indis- pensables au développement des caractères de l'organisme qui naïîtra de lui. Les cellules nées de sa division sont loutes dans le même cas que lui. Aucune ne sait ce qu'elle a à faire, ni ne tend à le faire en dépit de tout. Toutes sont soumises à des forces, tactismes et tropismes, venant du milieu ou des cellules voisines; toutes se nourrissent, s’ac- croissent et se multiplient selon les conditions qu’elles rencontrent; toutes ainsi s'étendent, se tassent, se poussent, et chacune enfin occupe à chaque instant, dans l’ensemble, la position qu'exige la résultante des forces qui agissent sur elles. Mais, par le fait qu'elles augmentent de nombre, qu’elles s’accroissent selon leurs natures diverses, avec des vitesses différentes, cette résul- tante change à chaque instant; et, par suite, à chaque instant, change aussi la forme de l'agrégat qu'elles constituent par leur réunion. Puis inter- vient l'excitation fonctionnelle, d'abord faible el indécise, presque semblable pour toutes, puis de plus en plus pressante et de mieux en mieux déter- minée à mesure que se précisent les organes qu’elle a contribué à former. Et ainsi, peu à peu, se déve- loppe l'organisme jusqu'à son complet achève- ment. L’hérédité, c'est-à-dire la ressemblance du pro- duit aux êtres qui l’ont engendré, est un résultat nécessaire et nullement mystérieux. Comment cette” ressemblance pourrait-elle faire défaut quand le point de départ, l'œuf, est semblable et que les routes suivies sont semblables aussi? Cela n’est pas plus étonnant que de voir dans un fleuve les tranches d’eau, qui se succèdent loujours de nouveau, se précipiter à la cascade, s’étaler dans le lac, se rétrécir dans la plaine, s’engouffrer dans le tourbillon, ronger les mêmes rives, élargir le même delta et se perdre au même endroit dans la mer. Mais ce qui est spécial aux êtres vivants, c'est que chezeux l'hérédité est obligatoire par un simple effet de la délicatesse de leur structure: car l’eau n’en sera pas moins de l’eau si, au lieu de circuler dans le fleuve, elle se perd dans les profondeurs de l'Océan, se congèle dans les glaces du pôle ou 446 E. URBAIN — UNE RÉVOLUTION DANS L’'ÉCLAIRAGE AU GAZ s'élève sous forme de nuages dans l'air. Elle a mille manières d'être, et son histoire peut changer tous les jours sans qu’elle cesse d’être de l’eau. L'œuf, au contraire, est, comme je l’écrivais déjà il y a trois ans, une structure extraordinairement délicate qui est prise dans ce dilemme: rencontrer à chaque instant des conditions identiques à celles qu'a rencontrées l'œuf du parent à la phase cor- respondante, el réagir à ces influences identiques par une modification identique et, par suite, suivre un développement identique, ou... périr désor- ganisé. Si done il a véeu, c'est qu'il a rencontré, à chaque moment voulu, ces conditions identiques, et il n’est pas étonnant que, identique à l'origine à l’œuf maternel et ayant suivi la même évolution, il soit arrivé au même bul. Cependant l'identité n’est pas parfaile : entre l'identité absolue, qui produirait l’'invariable, et la différence grave, qui entrainerait la destruction, il y a place pour la vwrivtion quand les différences sont faibles, pour la dchogénie quand elles sont plus fortes, pour la fératogénie quand elles attei- gnent leur maximum. Ainsi, à la place de l'hérédité, — qui n'est pas une force évolutive et qui n'explique rien, — à la place des germes prédestinés qui ne sont qu'une hypo- thèse impossible !, il faut mettre les facteurs po- sitifs de l’ontogenèse, c'est-à-dire des forces ac- tuelles, toutes réductibles à des effets mécaniques, physiques, chimiques ou physiologiques simples. Notre connaissance de ces forces est encore extré- mement incomplète, Nous en savons assez cepen- dant pour être convaincus que là git la véritable explicalion des phénomènes, mais il reste énormé- ment à faire encore. Aussi devons-nous, sans nous rebuter devant les diflicultés extrêmes du pro- blème, aborder avec courage l'étude de la science nouvelle : la Biomécanique. Yves Delage, Professeur à la Sorbonne. UNE RÉVOLUTION DANS L'ÉCLAIRAGE AU GAZ UTILISATION COMMERCIALE ET INDUSTRIELLE DU CARBURE DE CALCIUM POUR LA PRODUCTION DE L'ACÉTYLÈNE Un article de M. le P°B. Vivian Lewes, paru ici-même le 30 mars dernier, faisait connailre une récente et très importante découverte de M. T, L. Wilson relative à la synthèse industrielle de l'acé- tylène au moyen du carbure de calcium. Sur ce même sujet, le D° Suckert a fait récemment, de- vant les membres du Franklin Institute, de Philadel- phie, une conférence qui donne d'intéressantes indications praliques sur cetle industrie nouvelle '; il la montre prête à transformer d’une manière profonde la fabrication et l'emploi du gaz de l'éclairage et à absorber une part considérable des forces motrices naturelles. Ces renseignements complémentaires permel- tent aujourd’hui d'apprécier, en connaissance de cause, les conditions matérielles du nouveau pro- cédé d'éclairage, et, en particulier, d'en calculer exactement le prix de revient. Ce prix est telle- ment bas qu'il menace d'apporter une véritable perturbation dans notre vieille industrie du gaz de houille, depuis longlemps si prospère. [ M. T. L. Wilson, dont M. Lewes a exposé ici mème les intéressants travaux, a reconnu qu'un EE \ Journal of Franklin Institule, 15 mai 1895. mélange intime de chaux et de charbon, soumis à la haute température d’un four électrique, analogue à celui que M. Moissan avait imaginé, fournit, après fusion, un carbure de calcium de formule CaC? capable, au contact de l’eau, de dégager des quantilés considérables d’acétvlène pur, d'après la réaction : ‘ CaC? L 92H20 = Ca(OH}? + C°H2. Ses premières recherches, qui datent de 1888, furent faites avec une machine dynamo qui four- nissait un courant de 150 ampères sous 60 où 70 volts. Le four se composait{fig.{, p.447) d'un creuset de graphite B reposant sur la partie centrale d’une plaque de charbon carrée, de O0 m. 30 de côté el 0 m. 025 d'épaisseur, encastrée dans des briques À, qui entouraient le creuset, et munie, sur un de ses côtés, d'une tige de fer #b prolongée au delà du revêtement extérieur du four, pour être mise en communication avec l’une desbornes de la dynamo D, l’autre borne / étant reliée à un crayon de char- bon mobile C qui pénétrail à l'intérieur du creuset. Pour mettre le four en marche, on plaçait le crayon de charbon en contact avec le fond du creu- set; on l'en écarlait ensuite à mesure qu'aug- ut nie EURE ES ENT NON PURE RENE ne i Je crois en avoir donné la preuve dans l'ouvrage cité j plus haut. _ goudron (rai); la pâte était mentait la force électromotrice de la dynamo len- tement excitée. L'arc jaillissait et fondait la substance à traiter, que l’on introduisait par une ouverture ménagée dans le couvercle E du creuset. Ce couvercle était constitué, soit par une substance isolante, soit par du graphite, qu’un lutisolait du creuset. Le crayon de charbon, de 30 centimètres _ de longueur et3 centimètres de diamètre, était recouvert exlérieurement d’un dépôt de cuivre électrolytique, pour augmenter sa conductibilité, et percé, dans toute sa lon- gueur, d’un canal, non visi- ble sur la figure, qui per- mettait l'introduction de gaz réducteurs. Les résultats que donna ce premier four justifièrent la reprise des expériences sur une plus grande échelle : la Wason Aluminium Com- pany fut fondée, et une pre- mière installation établie à Spray (Nouvelle-Colombie). La Gynamo dont on y dispo- sait fournissail un courant de 2.000 ampères sous 35 volts, et représentait une puissance d'environ 100 che- vaux-vapeur. Le premier carbure de cal- cium préparé dans ce four s'obtenait en mélangeant 30 kilogrammes de chaux pulvérisée avec 50 litres de préalablement chauffée jus- qu'à siccilé. D'autres essais furent faits enmélangeant, à poidségaux, de la chaux et du charbon finement pulvérisés. Le car- bure obtenu, presque pur, représen{ait en poids le tiers du mélange employé. Depuis ces premiers essais, des résullats plus concluants vinrent prouver que, particulièrement à l’aide des courants alternatifs, il était possible d'obtenir économiquement un carbure de calcium d'une pureté remarquable, si bien qu'une usine fonctionne aujourd'hui et produit le carbure en quantités dépassant une tonne par jour. tampon d’argile e. cée par un volant 4. II Examinons maintenant dans quelles conditions économiques il est possible de réaliser cette fabri- calion. E. URBAIN — UNE RÉVOLUTION DANS L’'ÉCLAIRAGE AU GAZ 447 Les proportions théoriques nécessaires à la pro- duction de 100 kilogrammes de carbure sont 87,5 kilogrammes de chaux pour 56,25 de charbon, dont deux tiers se combinent au calcium et Île troisième sort du four à l'état d'oxyde de carbone d'après la réaction : CaO + 3C — CaC? + CO 87.5 + 56:95 — 100 + 43.75. Il est nécessaire d'employer une proportion de charbon plus considérable, une notable partie de la houille employée disparais- sant sous forme de produits volatils. Les proportions les plus convenables corres- pondent à des poids égaux de chaux et de charbon. Fig. 1. — Four électrique employé par M. Wülson. A, maconnerie extérieure du four. B, creuset de char- bon ou de graphite. C, crayon de charbon consti- tuant l’électrode mobile. D, dynamo. Le fil w, qui part de la dynamo, est relié à une tige de fer & fixée à une plaque de fer b, qui supporte le creu- set; le fil w'est réuni à une douille métallique €, qui entoure la partie supérieure du crayon de charbon. Le revêtement A est fait de briques cuites iso- lantes, et le four est recouvert de deux plaques de charbon munies d'un trou central par lequel le crayon C pénètre dans le creuset. — d, trou de coulée, qui, pendant l’opération, est fermé par un — Les plaques de charbon E reposent sur le bord supérieur du revêtement A qui s'élève au-dessus des bords du creuset, lais- sant un intervalle / entre B et E. Le déplacement vertical du crayon de charbon est obtenu au moyen d'une vis g qui peut être dépla- Le calcaire et la houille, matériaux nécessaires à cette fabrication , peuvent être obtenus à très bon compte par une usine située à pro ximité de gisements impor- tants, d'autant plus qu'on Y peut utiliser le poussier de houille et que les sous-p11- duits, d’une grande impor- tance industrielle, que donne aujourd'hui l'industrie du gaz de l'éclairage (goudrons, sels ammoniacaux, elc.), en pourraient être extraits par une distillation préalable. Il y a,ên effet, avantage à n'in- troduire dans le mélange de chaux et de charbon que du coke, carbone presque pur. De plus, l'hydrate de chaux obtenu dans l’action de l'eau sur le carbure ne manquerait pas d'emplois, soit qu'on le fasse rentrer dans la fabri- cation ducarbure de calcium, soit qu'on l'utilise pour la production de ciments, elc. Un dernier élément du prix de revient est la pro- duction de la chaleur dans le four au moyen du courant électrique. On a pu jusqu'ici oblenir 10 kilogrammes de carbure par cheval-vapeur et par vingt-quatre heures ; mais il est très probable qu'avec des fours alimentés automatiquement, bien isolés au point de vue calorifique et dont on utili- serait la chaleur perdue pour échauffer les matières premières avant leur introduction dans le four, une installation de quelque importance pourrait accroître cette proportion jusqu'à 15 kilogrammes environ par cheval-vapeur et 24 heures, ] 148 E. URBAIN — UNE RÉVOLUTION DANS L'ÉCLAIRAGE AU GAZ Le D" Suckert donne, à titre de renseignements, les chiffres suivants, établis par un industriel dont l’usine se trouve à proximité de dépôts impor- tants de calcaire et de houille, et relatifs à la pro- duction de 150 tonnes de carbure de calcium : Tableau I 7 LA PRIX TONNE | EN FRANCGS | Extraction de 270 tonnes de eal- | CALE A Rem ae RE Mens LS 6,25 SE Transport de 270 tonnes de cal- \ np250 Caire as eus ARS .. AND2UDD Frais de broyage de 150 tonnes derChaux dre mie 0e 6.25 937 50 Extraction de 200 tonnes de Roule a enr 18275 DAT ETES Travail de fusion du carbure. . 3.150 » Prix de 150 tonnes..... 12,500 00 Cela met la Lonne de carbure au taux de 83 fr. 35 en tant que malière première et force motrice; ajoutant la main-d'œuvre et les frais généraux, on peut ne pas dépasser 100 francs par tonne. On ne tient pas compte ici de la vente des produits. Un traité s’élabore en ce moment entre l’Ælectro- Gas Company de New-York et la Niagara-Falls Power Company qui permettra d'employer immédia- tement une puissance de 1.000 chevaux-vapeur pour la nouvelle fabrication, et bientôt 5.000 che- vaux ; et M. Suckert ne doute pas de voir prochai- nement employer de la sorte la majeure partie de la puissance dont dispose cette Compagnie. I Voyons maintenant dans quelles conditions pourra se faire l’utilisation de la substance ainsi produite. Sa principale application, — la seule réalisée jusqu'ici, — est la préparation du gaz acétylène ; mais tout fail croire que ce ne sera pas la seule; ce gaz se prêlerait fort bien à la fabricalion des cyanures et d’autres produits azotés; son pouvoir réducteur permettrait de l'utiliser dans la métal- lurgie du fer, de l'acier et d’autres métaux. Il pour- rail enfin servir à la synthèse de composés orga- niques variés, 100 kilogrammes de carbure de calcium pour- ront donner pratiquement 30 mètres cubes de gaz acétylène, doué d’un pouvoir éclairant 40 à 12 fois supérieur à celui du gaz d'éclairage ordinaire. Les chiffres précédemment indiqués donnent, par suile, un prix de revient d'environ 30 centimes par mètre cube pourle nouveau gaz, Le carbure de calcium peut être aisément trans- porté du lieu de production à celui d'utilisation : il ne subit au contact de l'humidité atmosphérique qu'une altération superficielle et se recouvre d'une enveloppe protectrice de chaux. Deux procédés se présentent pour la production de l’acétylène: ou bien le consommateur peut, au moyen du carbure, produire lui-même son gaz en quantités aussi petites qu'il le voudra, ou bien une usine centrale peut liquéfier l’acétylène et le dis- tribuer sous cette forme dans des réservoirs spé- ciaux. Deux méthodes ont été expérimentées pour la production directe de l'acétylène en petites quan- tités : dans l’une, le carbure est contenu dans une jarre fermée, où l’on peut introduire de petites quantités d’eau d'une manière intermittente. Le gaz produit se rend dans un gazomètre, d'où il peut être extrait pour l'utilisation (fig. 2, p. 448). L'autre méthode dispense d'un gazomètre el permet la. production de quantités grandes ou pelites de gaz, d'une manière continue, par un dispositif semblable à celui connu des chimistes sous le nom de Briquet de Gay-Lussac. On submerge partiellement dans l’eau un récipient en forme de cloche, ouvert à sa partie inférieure, el contenant le carbure suspendu sur un crible à la partie supé- rieure de la cloche; le gaz produit est extrait au- dessus du carbure. Tant que dure lPutilisation, l’eau reste en contact avec le carbure et la production d’acétylène est continue; dès que le gaz cesse de sorlir, il s'accumule dans la cloche et oblige par sa pression l’eau à descendre au-dessous du carbure. La production s’arrèle pour reprendre dès qu'une quantité suflisante de gaz sera sortie. L'appareil - est automatique et très régulier dans son fonction- nemen£. Tableau II a C2H2 Co? LP ES RE PRESSION TEMPÉRATURE PRESSION a atm. el De 9 ©: RCE Ainsi, le transport du carbure de calcium se fe- rait à domicile comme se fait aujourd’hui celui du charbon, et une manipulation très simple suflirail pour charger l'appareil et renouveler la provision de carbure épuisée. E. URBAIN — UNE RÉVOLUTION DANS L'ÉCLAIRAGE AU GAZ 449 IL semble cependant que le transport de l’acéty- _ lène sous forme liquide serait préférable. L’acéty- lène se liquéfie plus facilement que l'acide carbo- _ nique. Le tableau II indique, aux diverses tem- _ pératures, les pressions nécessaires pour liquéfier _ les deux gaz. _ Sa densité, à l’état liquide, à la température or- l’acétylène se trouve dans sa forte leneur en car- bone : pour 100 parties en poids, il renferme 92,5 de carbone et 7,7 d'hydrogène, et cette grande quantité de carbone, en suspension dans la flamme de l’acétylène, lui donne un éclat merveilleux, d’une très grande blancheur, quand il est brûlé en flamme assez mince pour permettre la combustion j | | \ e RÉ ENE e L [| Il (| LABS Mass EL ENRE D | :; ont se rendre, par le bas de ce vase, au brüleur. . dinaire, serait environ 0,50, de sorte qu'un mètre cube d’acétylène, à l’état liquide, occuperait un volume un peu supérieur à 2 litres, et posséderail . celui de 12 mètres cubes de gaz ordinaire ou de … 5litres de pétrole ". -_ Laraison du pouvoir éclairant considérable de —_—_ .———————————_—_———_—_—_—_—_—a—aZaZaZaZLZLELR # 1 Au sujet de ce pouvoir éclairant, voyez l’article de M. V. — BL: Lewes dans la Revue du 30 mars dernier, r * ï » sous ce faible volume un pouvoir éclairant égal à Fig. 2. — Production minime et intermittente el mise en réserve de l'acétylène. A la partie inférieure et à gauche se voit la jarre qui contient le carbure de calcium : l'eau arrive par un entonnoir latéral; le gaz sort par un tuyau latéral qui l'amène dans le gazomètre contenant de l’eau. À la partie moyenne du gazomètre débouche un tube dans lequel le gaz de ca récipient s'engage pour complète. Sa flamme devient, en effet, facilement fuligineuse, en raison même de sa grande richesse. C'est ainsi que, brûlé à raison de 5 pieds cubes (LA litres) à l'heure, il donne un pouvoir éclairant de 250 candles anglaises (25 carcels environ), alors que le gaz ordinaire ou le gaz à l'eau dépasse rarement 20 candles. Un fait très remarquable est que la lempérature de cette flamme d’acétylène, qui semble devoir être très élevée, est en réalité bien inférieure à celle de 450 E. URBAIN — UNE RÉVOLUTION DANS L'ÉCLAIRAGE AU GAZ la flamme du gaz ordinaire : des expériences ré- | mins de fer, voitures, bateaux, bicycles mêmes. II centes ont montré quelle ne dépasse pas 900°, tan- dis que la température du gaz ordinaire dépasse 1.400?. Pour une même quantité de lumière émise, la quantité de chaleur dégagée par la combustion du gaz acéty- lène dépasse très peu celle dégagée par la lampe à in- candescence. Une usine centrale peul liquéfier des quantilés con- sidérables de gaz acéty- lène et l'expédier dans de petits réservoirs analo- gues à ceux des figures 3 el 4. L'acélylène liquéfié s’y vaporise sous une pression de 14 atmosphères, si bien que, pour une installation un peu importante, il sera nécessaire de faire passer le gaz dans un réducteur de pression placé à la partie inférieure des réservoirs, que l’on construit aujour- d'hui d'après un brevel pris en Amérique le 19 mars dernier: la pression peut être ainsi abaissée jusqu'à quelques centimètres d'eau. IV Voici donc un gaz doué d'un pouvoir éclairant con- sidérable, que son prix de revient main{(e- nant plus économique que le gaz ordinaire, transpor- table sous un restreint rend dès volume très soit sous forme solide, à l'état de carbure de calcium, soit sous forme liquide, doué d'une odeur pénétrante qui permet d’en déceler facilement les plus minimes quanlilés . geant déga- moins de chaleur , et consommant moins d’o- xygène pour une égale quantité de lumière produite, — Appareils contenant 3 et 4. portatifs l'acétylène liquide et permettant de le brûler à la partie supérieure. ; d La partie supérieure de ces appareils, partie qui constitue le brüleur et sa tige, peut être indépen- Fig. dante du récipient; elle se visse sur lui, de facon à servir pour une série de réservoirs. permet d’alimenter ainsi des lampes portatives, cha- que lampe pouvant avoir ainsi son réservoir particu- lier. Enfin, signalons une der- nière application, qui per- met de employer de concert avec celui du gaz d'éclai- rage ordinaire : le prix de revient de ce dernier gaz est considérablement aug- menté par la nécessité de lui donner un pouvoir é- clairant déterminé ; de là l'emploi de houilles très ri- ches et chères (cnnel-coal, boyhead). 11 serait possible de distribuer un gaz moins riche en carbone, ‘mieux approprié au chauffage et à la force motrice, et qui pourrait être enrichi, pour ses applications à l'éclai - rage, au moyen d'un ré- servoir d’acétylène liquide. Il y aurait là, croyons- nous, une économie vérita- ble. Des recherches sont d'ail- leurs poussées activement du côté des applications de l'’acétylène au chauffage el à la force motrice. Sous sa forme liquide, il serail très précieux pour la force motrice, pouvant être uti- lisé et comme gaz com- primé et comme combus - lible. Il nous a paru que celle importante applicalion de découvertes chimiques ré- centes mérilail d’être gnalée sans relard aux lec- teurs de la Aeyue : elle cons- lilue, en eflet, plus qu'un essai industriel intéressant, el il est évident que, dès à présent, il y a moyen d’en faire, sur notre sol, l'ob- si- jet d'une {rès grande et très prospère industrie. De plus, ce gaz se prête merveilleusement, sous sa forme liquide, à Lous les éclairages isolés , che- Édouard Urbain. Chimiste-Industriel. E he # + » Z4 a CP ARR + te ne “di: à + MÉDRÉS 454 REVUE ANNUELLE DES PROGRÈS DE LA MARINE EAMVITESSE, — LA COMBUSTION MIXTE AU CHARBON ET AU PÉTROLE. — LES NOUVEAUX MATÉRIAUX. — PLAQUES DE BLINDAGE. — PROJECTILES A COIFFE. — OBUS A GRANDE CAPACITÉ D'EXPLOSIF. — LES NOUVEAUX NAVIRES CONTRE LES PROJECTILES A EXPLOSIF. — BATAILLE I. — LA VITESSE. Il n'y a guère de nation maritime où le nombre de navires rapides ne se soit pas accru dans une forte proportion au cours de ces deux dernières années. Les flottes des différents pays sont, au point de vue de la vitesse, plus homogènes à l'heure actuelle qu'il y a deux ans; les escadres modernes seraient plus mobiles que leurs devancières. C'est une très grande supériorité que de pouvoir grouper un ensemble de navires filant un ou deux nœuds de plus que ceux de l’ennemi : la bataille de Yalu l'aurait nettement prouvé si c'était là un fait qui eùl eu besoin d’être démontré. £ Nous ne pouvons, dans cette courte revue des progrès accomplis, donner la liste des nouveaux navires rapides dont se sont enrichies les flottes TUBES LANCE-TORPILLES, — LES ENSEIGNEMENTS DE LA DE YALU. essais, tandis que le ZLancier, auparavant le plus rapide de nos torpilleurs, avait filé 25 n. 79. Parmi les contre-torpilleurs, les nombreux petits navires anglais du type Æavock ont donné d’excel- lents résultats; le Zavock a filé 27 n.177;, le Hornet 27 n. 313, le Ferret 27 n. 519, le Daring, 27 n. 706; l’Ardent, qui est un Daring allongé de 5 m. et élargi de 30 cm., a atteint 27 n. 94 en développant une puissance de 4.360 chx. Si l’on passe ensuite aux navires de plus grande dimension, on trouve le croiseur japonais Yoskino, sorte de Piemonte agrandi, qui a filé 23 n. 03, et les grands croiseurs américains à {rois hélices, Columbia et Minneapolis, qui ont atteint, le premier 22 n. 87, le second 23 n. 07. Enfin, le cuirassé italien Surdeyna a donné aux essais une vilesse de près de 20 nœuds, bien que ne marchant pas à toute puissance. Tableau des vitesses maxima obtenues dans les essais récents 7e pgegogoeogeogqeoeOOOOOO OO NOMS DATE |LONGUEUR TIRANT | épra- |[PUISSANCE | NOMBRE DES CLASSE NATIONALITÉ DE A LA LARGEUR | D'EAU BRENT EN DE VITESSE BATIMENTS L'ESSAI FLOTTAISON DTEE CHEVAUX | TOURS me | ne | ns | ne ; Es ———_ mèt mèêt met. tonn chevaux nœuds Chevalier... torpilleur francais 1894 4% 4.50 2.08 123 2100 » 27.92 Daring ..... contre-torpilleur| anglais 1894 56 5.5 1.89 220 463% 387 271.106 1 Ardent ..... fd. d. 189% 61 5.8 1293 250 4361 396 27.94 Yoshino.…... croiseur japonais 1893 116 14.2 6.00 | 4220 15000 2 » 23.03 Minneapolis croiseur américain 1894 125 18 7.10 | 7500 20630 132 23.07 Sardegna..…. cuirassé italien 1894 125 23.45 9.50 [13760 16440 4 » 19.64 des différents pays: nous nous bornerons à men- | lionner ceux d’entre ces navires qui ont dépassé P - leurs anciens et tiennent aujourd'hui, au point de vue de la rapidité, la première place parmi les navires de leur classe. Le torpilleur de haute mer le Chevalier, construit au Havre par M. Normand, a atteint 27 n. 22 aux 1 Nous donnons ici le chiffre de l'essai officiel; pour le Da- ring, comme pour quelques autres contre-torpilleurs de cette Série, on indique quelquefois des vitesses plus élevées, qui ont été atteintes, paraît-il, aux essais préliminaires faits par les fournisseurs (près de 29 n. pour le Daring); il nous pa- rait préférable de nous en tenir aux résultats de l’essai ofliciel fait dans les conditions du marché. ? Chiffre prévu. 3 Le, déplacement peut atteindre 14,120 tx., les soutes à charbon supplémentaires une fois remplies. ñ La machine de la Sardegna est faite pour développer une puissance maximum de 21.070 chevaux. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, Parmi les résultats que nous venons de citer, ceux donnés par la Columbia et le Minneapolis sont les plus instructifs. La vitesse dépasse, en effet, notablement celle qu’on aurait été en droit d’at- tendre au cas où l’on aurait employé deux hélices seulement. L'avenir montrera si l’utilisation très supérieure de ces deux navires est ou non un fait isolé pour les navires à trois hélices ; en tout cas, comme rien n'empêche de faire des navires sem- blables, comme forme et comme disposition d’hé- lices, aux grands croiseurs américains ou dérivés de ceux-là, la supériorité des trois hélices à l’allure maximum reste un fait bien acquis dont il convient de profiter.Il est probable que cette année on sera également fixé sur la question d'économie de charbon à l'allure de route; selon toute vraisem- blance, la consommation doit être moindre sur 10** 452 les navires de guerre à trois hélices que sur ceux à deux hélices jumelles. Les essais du Dupuy-de-Lôme et de nos cuirassés à trois hélices permettront d'ailleurs d’élucider cette importante question. En ce qui concerne les navires à deux hélices, le Re Umberto à donné 18 n. 2 pendant trois heures, en faisant 17.000 chx avec des machines calculées pour en fournir 19.800, et la Sardegna à filé 19 n. 6% avec 16.440 chx, tandis que les machines sont prévues pour 21.070 chx au lirage forcé, ce qui permettrait de dépasser notablement la vitesse alleinte aux essais. Le procédé qui con- siste à ne pas pousser les essais, de peur de fatiguer les machines et les chaudières, est sans doute plus justifié quand on opère, comme le font les Anglais, sur une série de bâtiments semblables: l'habitude en Angleterre est alors de ne faire les essais complets, avec mesure de vilesse sur les bases, que pour un seul bâtiment du type; on ne les recommence pas pour les autres, et l’on se contente de s'assurer du bon fonctionnement de l'appareil moteur et évaporaloire. Lorsque les navires sont dissemblables, il parait prudent de procéder à des expériences comportant des essais aux plus fortes allures. Néanmoins, dans le cas particulier du Xe Umberto et de la Sardegna, les résultats obtenus sont assez beaux pour donner moins de poids aux critiques que soulèvent, à juste titre, des expé- riences incomplètement poussées; car il s’agit de navires ayant déjà réalisé des vitesses très supé- rieures à celles des autres bâtiments de leur classe, et, quand bien même on ne pourrait leur faire développer la puissance prévue, ils sont certains de pouvoir à volonté forcer au combat les grands navires qu'ils rencontreront ou leur échapper. Dans ces conditions il importe moins de s'assurer que les machines fonctionneront sans échauffe- ments, chocs ou avaries, quand on les poussera aux très grandes allures. Parmi les nouveaux paquebots transatlantiques, il y aurait à citer le Saint-Paul et le Saint-Louis, encore en construction chez M. Cramp pour FZnlernational Navigation Company. Ces navires doivent entrer en service cette année; on compte qu'ils feront la traversée d'Amérique en Angleterre à 20 nœuds de vitesse environ. Il. — LA COMBUSTION MIXTE AU CHARBON ET AU PÉTROLE. Lors des essais de la Surdegna, on s’est servi avec plein succès de la combustion mixte au char- bon et au pétrole. Les bons résultats de l'emploi du combustible liquide sur les torpilleurs et les croiseurs italiens avaient déjà attiré très juste- ment l'attention et amené d’autres pays, la France entre autres, à expérimenter la combustion mixte. A. CRONEAU — REVUE ANNUELLE DES PROGRÈS DE LA MARINE Les essais de la Surdegna montrent le parti que les Ilaliens comptent tirer du pétrole sur leurs navires de guerre. Il est à remarquer que les Lentalives faites pour injecter des résidus de pétrole sur le charbon qu'on brûle dans les chaudières marines sont à peu près localisées dans le bassin de la Méditer- ranée., Cela tient à ce que les pétroles russes four- nissent des résidus de distillation très peu coù- teux et facilement utilisables; le pétrole améri- cain, dont la décomposition par la chaleur donne des produits plus volaltils, ne se prête pas aussi bien à un emploi de ce genre. III. — LES NOUVEAUX MATÉRIAUX. La recherche de la légèreté avait conduit, il y à déjà deux ans, à employer aluminium pour la construction du FVendenesse. On sait que M. Nor- mand fait en aluminium certaines pièces secon- daires du lorpilleur de haute mer /e Forban. Le métal qu'on emploie dans ce cas est un al- liage à 3 °/, de cuivre. Les résultals d'essais sont de plus en plus satisfaisants, el il n'est pas rare aujourd'hui de trouver des éprouvettes qui cas- sent sous une charge de 25 à 26 kil. en donnant un allongement de 16 °/;, environ. Aussi a-t-on, au cours de ces dernières années, construit en alumi- nium des baleinières, des chalands et de pelils torpilleurs-vedettes. L'exemple donné par la France parait d’ailleurs devoir être suivi, car FA- miraulé anglaise a commandé plusieurs tubes lance-torpilles en aluminium qui seront mis en essai sur des torpilleurs; les accessoires de coque des torpilleurs de première classe anglais pèsent environ à tonneaux ; leur poids s’abaissera à 4 EL à lorsqu'on aura substitué l'aluminium au bronze; il en résultera donc une économie de poids fort im- porlante. En un mot, on voil que, si l'introduction de l’a- luminium dans les constructions navales se fait lentement, les expériences se multiplient de divers côtés, et il est certain que l'emploi des alliages d'aluminium est appelé à se développer. L'aluminium permet de diminuer le poids des pièces à cause de sa grande légèreté; il a été sur- tout employé jusqu'ici pour celles auxquelles on ne demande pas une très grande solidité. En par- liculier, pour les pièces de machines, ilne faudrail s'en servir qu'avec une extrême prudence, parce que ces alliages se recuisent vers 100° et devien- nent mous vers 220°, Mais on peut réduire le poids des pièces de machines en substituant à l'acier or- dinaire de l'acier au nickel. Il y a différentes va- riélés de ces aciers; on en a essayé qui conlien- nent jusqu'à 25 °/, de nickel et qui ont donné en France et en Amérique des résultats surprenants, FICTENTVTT SE A. CRONEAU — REVUE ANNUELLE DES PROGRÈS DE LA MARINE 453 mais coûtent très cher; celui qu’on emploie aux États-Unis pour les canons et pour quelques pièces de machines est un alliage à 3,25 °/, qui, après trempe et recuit, a une résistance à la rupture de 60 kilos avec un allongement de 23 °/, et au-dessus et une limite élastique de 35 à 38 kilos. Ilyale plus grand intérêt pour les pièces de machines à employer des aciers mi-durs, amé- liorés par la trempe ou la double trempe. La ca- racléristique la plus importante pour toutes les pièces mobiles est une limite élastique élevée, qui parait le plus sûr garant contre les chances de rupture; c'est grâce à l'emploi de semblables aciers à haute limite élastique qu'on pourra dé- passer les vitesses de piston de 4",80 à 5,10 à la seconde, usitées aujourd'hui avec l'acier doux sur la plupart des navires étrangers, et l’on sait que c’est de la vitesse du piston que dépend le poids de la machine. D'ailleurs, même pour les pièces fixes, l'acier à haute limite élastique ne présente que des avantages, surtout si ces pièces compor- tent des surfaces de frottement. C’est pourquoi l'emploi d'acier au nickel ou de métaux similaires nous parait correspondre à un progrès très impor- tant dans la construction des machines des nou- veaux bätiments. IV. — PLAQUES DE BLINDAGE. Il ressort des essais récents de plaques de blin- dage que la supériorité des aciers spéciaux fran- cais ne s'est pas démentie et que le procédé de surcémentation Harvey présente des avantages inconteslables. Dans différentes circonstances, des plaques en acier spécial de Suint-Chamond, dont la face anté- rieure n'avait pourlant pas été surcémentée, se sont très bien comportées. Néanmoins, presque toutes les usines qui fabriquent des plaques de blindage ont fait l'acquisition du procédé Æurvey, et les usines francaises les plus importantes, telles que Swint-Chamond, Rive-de-Grier, Châtillon, Suint- Etienne et enfin le Creusof, traitent aujourd’hui par ce procédé les excellents aciers spéciaux qu’elles produisent afin d'ajouter à la puissance défensive de leurs plaques. Là où l’on avait tenté de recourir pour la surcémentation à l'emploi de carbures d'hydrogène, on n’a pas obtenu des résullats aussi Salisfaisants qu'avec le procédé Æurvey proprement dit, et on emploie maintenant parlout ce procédé tel que nous l’avons décrit il y a deux ans ‘. Ce mode de surcémentalion, au moyen de char- - bon d'os très riche en phosphore, a pour effet de transformer la face antérieure de la plaque en une L A. Croxeau : Les progrès récents de la marine. Rev. gén. des Se., t-IV, page 450. sorte de fonte très phosphoreuse. La modification n'est que superficielle; le tableau suivant, dressé par HW. Weuver d’après le dosage de rails surcé- mentés, montre comment la teneur en carbone varie depuis la surface jusqu'au point où la surec- mentalion cesse de produire son effet : Distance à la surface m/m 1,6 3,2 4,8 6,4 9,5 12,7 16 19 25,4 32 38 Dosages 0,76 0,42 0,32 0,30 0,30 0,29 0,29 0,29 0,27 0,26 0,26 L'épaisseur de la couche durcie n'étant pas pro- portionnelle à l'épaisseur de ia plaque, on voit que l'augmentation de résistance est moins grande pour les plaques très épaisses que pour celles d'épaisseur moyenne ou faible. Lorsque les projectiles sont animés de lrès grandes vitesses, le procédé Harvey ne denne pas des avantages bien marqués. En compulsant un grand nombre d'essais, M.le Directeur des Construe- lions navales Bertin est mème arrivé à cette conclu- sion que, lorsque le projectile n’est pas brisé, il parait y avoir plus de chance pour qu'il perfore complètement que si la plaque était en acier doux: cela s'expliquerait, d’ailleurs, en considérant que. si la surface est améliorée par la surcémentation. le reste du métal doil êlre loin de bénéficier du traitement qu'on lui fait subir. Cela n'est nulle- ment une critique des plaques Harvey, c’est la simple constatation d’un fait. Quand on se battra, il est probable que l'ennemi ne viendra pas offrir le flanc à petite distance; les projectiles qui tomberont sur les plaques ne frap- peront pas, à coup sür, à la- fois normalement et avec une très grande vitesse au choc. Le fait que nous refatons est intéressant à connaitre, mais il n'a pas, à notre avis, de portée pratique plus grande qu'un autre fait également curieux et ins- tructif au point de vue du travail de rupture du projectile : en examinant le mode de fragmenta- tion, on voit que les plaques Harvey n’ont pas non plus de grands avantages aux faibles vitesses aux- quelles le projectile est brisé en gros fragments comme aux vitesses forles, mais un peu inférieures à celles pour lesquelles il y a pénétration. Ce qu'il faut retenir, c’est qu'aux vilesses intermédiaires, pour lesquelles il y aurait eu pénétralion ou dislo- cation de la plaque avec de l'acier ordinaire, le projectile se brise en petits fragments, et qu'aux très grandes vilesses il perfore, car on esb ainsi amené à cetle conclusion pralique que, pour tirer eflicacement contre les plaques Harvey, il faut communiquer aux projectiles une force vive plus grande qu'il n’est nécessaire pour avoir simple- ment perforalion : les obus de rupture nécessite- ront désormais des canons à lrès grande vitesse initiale. On parle en ce moment en Amérique d’un nou- 154 A. CRONEAU — REVUE ANNUELLE DES PROGRÈS DE LA MARINE ——————…—…—…—…—…———…——…——…—.—.—.—.——.—————————]—]—]—]— — —— ————]—— — — — veau perfectionnement qui aurait été apporté à la fabrication des plaques de blindage par l'usine Carnegie ; voici les renseignements que nous avons trouvés à ce sujet dans certains journaux améri- cains : Les ingénieurs de Pitisbury auraient eu l'idée de prendre une plaque traitée par le procédé Harvey et de la soumettre, après réchauffage, à un laminage énergique; puis ils lui auraient fait subir la trempe ordinaire à l’eau glacée. Une plaque de 432 millimètres harveyée aurail élé réduite par ce traitement à une épaisseur de 356 millimètres. Au polygone d'Indian-Head, elle fut soumise à l'essai réglementaire pour les pla- ques de cette épaisseur, essai qui se fait avec le canon de 254 millimètres. Le premier coup fut Liré avec”une vitesse au choc de 567 mètres. La pointe pénétra de 178 millimètres et s'aplalit, le projectile élant brisé en pelits fragments; il n'y eut pas la plus légère fente dans la plaque. Celle- ci étant intacte, on eut l’idée de la soumettre à l'essai des plaques de 381 millimètres, et on tira sur elle, avee le même canon, un projectile pesant 297 kilos, de manière à avoir une vitesse au choc de 581 mètres, ee qui correspond à la puissance maximum du canon américain de 24 millimètres; l'obus fut tiré sur la même verticale que le précé- dent et tout près du premier point d'impact. Le projectile fut brisé en tout petits fragments et ne laissa sur la plaque qu’une empreinte sans pro- fondeur; il n'y eut aucune fente. On se décida alors à faire subir à la plaque un tir dans les con- ditions exigées pour les plaques de 432 millimè- tres (canon de 305 millimètres, vilesse au choc 581 mètres). Le projectile tomba aussitôt après avoir traversé la plaque, dans laquelle il découpa un trou net sans causer de fentes rayonnantes, Il serait téméraire de tirer des conclusions d'une expérience unique, sur laquelle on ne possède que les renseignements fournis par quelques journaux ; cependant ces résullats nous ont paru assez inlé- ressants pour mériter d'être relatés ici, d'autant plus qu'ils ont déjà attiré l'attention d'un certain nombre d'industriels européens. On remarquera, en passant, les conditions régle- mentaires assez rigoureuses imposées pour les es- sais et dont les chiffres précédents permettent de donner une idée. V. — PROJECTILES A COIFFE, A chaque progrès de la défense correspond un progrès des moyens d'atlaque: à l'apparition des plaques Harvey ont répondu les tentatives faites dans divers pays pour munir les projectiles de coiffes en fer ou en acier doux. La coiffe enacier doux a environ 12 mm. d'épaisseur à la pointe el épouse la forme de la pointe de l'ogive (fig. 1). Le mode de tenue est variable. Danstes premiers essais faits à Okhta en juin et juillet 1894, la coiffe était maintenue simplement par aimantation; dans l'expérience du 5 octobre 1894 d’Zndian-Head, la coiffe, tenue par aimantaltion, élait, en outre, fixée par trois vis équidistantes placées à 38 mm. de la 404 .— " Fig. 1. — Projectile à coiffe. base de la coiffe el mordantsur l’obus. Les construc- teurs francais assujettissent leurs coiffes par pose à chaud età froid, le refroidissementamenant ainsiun certain degré de serrage comme pour les freltes. Les essais faits à Okhtaet à Zndian-Head aux dates relatées plus haut ont été décrits d'une manière détaillée dans une très intéressante étude de M. le chef d'escadron d'artillerie Fallier, publiée dans la Revue d'Artillerie !. Les résultats sont très nets: jusqu'à l'incidence de 20° sur des plaques d’épais- seur égale au calibre, jusqu'à celle de 10° sur des plaques de 1,67 fois le calibre, l’obus à coiffe s’est montré très notablement supérieur au projec- tile sans coiffe. L'obus à coiffe, lorsqu'il ne traverse pas, a une perforation très supérieure à l’obus sans coifle, el il traverse, tiré dans des conditions où l'obus sans coiffe est arrèlé. Sous des incidences supérieures aux précédentes, la supériorité dispa- rail, l'obus à coiffe el l’obus sans coiffe deviennent équivalents, la coiffe ne protégeant plus l'obus. Si, pour les incidences voisines de la normale, la supériorité de l'obus à coifle est démontrée, il convient cependant de remarquer que de nouvelles expériences sont indispensables avant qu'on puisse admettre ce nouveau dispositif en toule sécurité. Il faut êlre sûr que la coiffe est assez solidement tenue pour ne passe détacher de l'obus au moment du tir, quand le projectile estencore dans le canon. Lors des expériences que nous avons citées plus haut, le détachement d’une coiffe tenue par simple aimantalion a causé à O/hla la rupture d’un canon ; l’arrachement de la coiffe d’un obus, tenue à la méthode américaine par aimantalion el vissage, à occasionné à /adian-Head un Ur irrégulier, après lequel on a constaté de fortes dégradations dans 1 Revue d'Arlillerie, Janvier 1895, p. 330. A. CRONEAU — REVUE ANNUELLE DES PROGRÈS DE LA MARINE 455 l'âme ‘de la pièce. Bref, l'adoption du dispositif à coiffe doit dépendre avant tout de la sécurité qu'of- frira le mode de lenue; nous devons reconnaitre, d’ailleurs, que celui adopté par les industriels fran- cais a donné jusqu'ici toute satisfaction: VI. — PROJECTILES À GRANDE CAPACITÉ D'EXPLOSIF. Toute étude sur les progrès accomplis dans la marine de guerre doit avoir pour base les résultats obtenus avec les obus. La protection, qu'elle soit fondée sur l'emploi d’une cuirasse de ceinture ou d'un pont et d’une tranche cellulaire, avec ou sans cuirasse de flancs, joue sur les navires de guerre modernes un rôle trop prépondérant pour que toutes les autres qualités du navire ne se trouvent pas grandement influencées par elle. Devra-t-on demander cette protection à un blindage épais voisin de la flottaison? à une tranche cellulaire surmontant un pont blindé ? faut-il accepter le sacrifice d'argent etde poids que coûte l’apposition d’une cuirasse mince sur les flancs des croiseurs? Dans ce cas, quelle épaisseur convient-il de donner à cette cuirasse pour qu’ellesoit efficace? Cela dépend uniquement du genre d’obusquel'ennemiemploiera et de ses effets destructeurs. Or, aujourd’hui, on a le choix entre deux espèces d’obus : l'obus plein et l’obus à grande eapacité d’explosif; et par obus à grande capacité d’explosif nous entendons un obus en acier à parois sufli- samment épaisses, mais contenant cependant une très forte quantité d’explosif et dont le dispositif d’inflammation est placé à l'arrière. De tels obus peuvent être tirés de plein fouet à des vitesses de 500 mètres, grâce aux faibles pres- sions que développent les nouvelles poudres lentes, . et donnent alors un groupement assez dense pour fournir beaucoup de coups au but. Tandis que lobus plein ne causera le plus souvent que des dégâts de peu d'importance, l’obus à grande capa- cité d’explosifoccasionnera, en éclatant, des avaries telles que le navire qui en aura recu un très petit nombre, peut-être un seul, sera probablement hors de combat. La puissance destructive de ces engins est trop connue pour que nous ayons besoin d’in- sister. Le commandant qui aura dans ses soutes des obus pleins et des obus à grande capacité d’explosif n’hésitera pas, et, suivani les règles qui ont été posées par M. le chef d’escadron d'artillerie Vallier, auquel on estredevable d'excellentes études sur ce sujet, dès qu'il sera à trois mille mètres envi- ron de l'ennemi, il devra cesser d'employer des obus de rupture pour recourir uniquement aux obus à grande capacité d’explosif. Ceci posé, il y aurait le plus grand intérêt à Savoir quels sont les engins que possèdent les diverses nations maritimes et quelles épaisseurs d'acier traverseraient ces obus. Malheureusement, s’il est hors de doute qu'il est possible de fabriquer des obus à grande capacité capables de percer des plaques compound ou des plaques d’acier d'épais- seur moyenne et d’éclater ensuite, s’il est certain qu'il existe de semblables projectiles dans diffé- rents pays, il est difficile d’avoir sur ces obus des renseignemen{s précis; car Ceux qui les possèdent. ont le plus grand intérêt à maintenir secrète l'existence d'une catégorie d'engins gui doit leur assurer une supériorité écrasante contre ceux qui n'en posséderaient pas. Néanmoins, en compulsant les renseignements peu nombreux qu'on peut recueillir sur ce sujet, le plus intéressant de tous aujourd’hui, le seul presque qui ait une importance capitale, on peut conclure que plusieurs d’entre les nations euro- péennes doivent posséder de ces terribles engins. L'Allemagne s'esi approvisionnée depuis plu- sieurs années, pour son matériel de siège, d’obus de 15 centimètres, qui contiennent 15 kilos 600 d’explosif; étant donnée l'unité de direction qui existe dans ce pays, il nous parait évident que de semblables engins doivent se trouver sur les navires de guerre. Ce n'est d’ailleurs pas une simple pré- somption quand on se rappelle que, dès le mois de mars 1888, les représentants de l’Amirauté alle- mande, du Ministère de la Guerre prussien et des Ministères de la Marine et de la Guerre d'Italie, procédaient à Rübeland à des expériences avec des obus à fusée de culot système Wo/f et CŸ et von Fôrster, fusée percutante avec retard réglable à volonté. Ces expériences ont été faites avec des obus à moins grande capacité que le projectile en usage actuellement; mais il faut tenir compte qu’il s’agit là des premiers essais qui ont dû servir de pointde départ etpermettre le perfectionnement que représente la charge de l'obus actuel. À Rübeland, le but se composait d'une plaque compound de 12 centimètres appuyée sur un matelas en bois de chêne de 60 centimètres, formé de deux rangs de madriers. La plaque avait 2" 25 de longueur sur 1% 70 de hauteur. Derrière la muraille, à une dis- tance de 5" 60, se trouvait la chambre d’éclatement destinée à recevoir les projectiles. On tira quatre coups sur cette plaque avec un canon du calibre de 21 centimètres; les projectiles étaient des obus Krupp en acier avec ogives massives, pesant 98 kilos et contenant 1 kilo de pyroxyle humide en grains. On les tira de manière à avoir une vitesse au choc de 420 mètres. Pour le premier coup on remplaca la charge d’explosif par du lest, l'obus traversa la plaque, le matelas et la chambre d’éclatement malgré le double revêtement en troncs de sapin placé au fond de cette dernière. Les trois autres coups furent tirés avec des obus A. CRONEAU — REVUE ANNUELLE DES PROGRÈS DE LA MARINE chargés et amorcés: le premier de ces obus traversa la plaque, la muraille, le revêtement de la chambre d’éclatement, le massif en terre de 2 mètres d'épaisseur environ faisant suite à ce revêtement, — et éclata en l'air. Les deux autres obus traversèrent les mêmes obstacles et éclatè- rent dans le massif en terre. A l'arsenal de Pol en Autriche, il y a plusieurs années déjà, un obus de rupture en acier du calibre de 15 cm., armé d’une fusée au culot, a traversé, à la vitesse au choc de 475 mètres, deux plaques en fer laminé de Styrie, de 12 em. chacune, ados- sées à un matelas en bois et a éclaté au delà. Nous avons vu que le Ministère de la Guerre et le Ministère de la Marine d'/{ulie étaient représentés aux essais faits à Pübeland; d'ailleurs, on sait que la maison Armstrong, un des fournisseurs allitrés de l'Italie, est depuis longtemps en possession de la lyddite et d’une fusée de culot; il est donc assez vraisemblable que l'Italie doit être en mesure de se servir d'engins analogues à ceux que parait posséder l'Allemagne. Aux États-Unis, on a fait depuis quelques années des expériences sur des projectiles chargés soit d'emmensile, soit de coton-poudre, et on a employé dans ce but des projectiles du calibre de 152 millimètres el au-dessus, armés d’un détona- teur, On est, dit-on, salisfait des résultats; cepen- dant ils paraissent inférieurs à ceux qui ont été obtenus avec les obus à grande capacité d'explosif essayés en Allemagne, car il suffirait de 5 à 8 centi- mètres d'acier pour faire détoner le projectile même sans fusée à cause de la chaleur développée par le choc et le passage du projectile. Voici, d’ailleurs, le résumé des expériences récentes faites avec des projecliles chargés de coton-poudre humide, munis d’un détonaleur avec amorce de coton-poudre sec. Un obus de 36 kilos 3, ainsi chargé et Liré avec une vitesse de 430 mètres, produit dans de la terre, par exemple sur les flancs d’une colline, une énorme excavalion; mais contre une plaque de 177 millimètres il détone au dehors en produisant assez peu de dégàts. En accroissant la charge de poudre derrière l’obus de manière à lui donner une vitesse de 550 mètres, l’'obus se brise dans le irou percé à travers la piaque el éclate en ouvrant une énorme brèche. D'ailleurs, pour bien apprécier ces résultats, il convient de dire que les parois de l’'obus n'avaient comme épaisseur que 7 mill. 6; on se propose actuellement de confectionner des obus de 254 millimètres contenant 31 kilos 7 de coton-poudre el qui seront Lirés avec une vitesse initiale de 520 mètres, En résumé, on voit que si en Amérique on ne parait pas encore arrivé à avoir un obus à grande capacité d’explosif traversant des plaques d'acier d'épaisseur moyenne el détonant seulement à l’intérieur, on a compris toute importance de ce problème, et on n’a pas hésilé à se lancer dans une série d'expériences pour ne pas resler en retard sur quelques grandes marines européennes. Quant à l'Angleterre, à la suile d'une série d’es- sais qui ont été faits sur le Welle à Portsmouth, l’'Amirauté a décidé l'emploi dans la marine d’un nouvel obus qui servira pour lous les canons se chargeant par la culasse depuis le calibre de 9 millimètres jusqu'à celui de 152 millimètres. Le nouveau projectile est en acier fondu. Dans le but d'augmenter sa pénétration, sa fusée, au lieu d'être, comme jusqu'ici, à l'avant du projectile, sera disposée à l'arrière. Le projectile du canon de 413 millimètres pèsera 726 kilos, vide, et re- cevra une charge d’éclatement d'environ 91 kilos. D’après le Naval and military Record, cette charge serait constituée par de la poudre à canon; mais il est bien invraisemblable qu'ayant à sa disposition des explosifs tels que la /yddite *, la marine anglaise remplisse des nouveaux projectiles aussi perfec- lionnés avec de la poudre ordinaire; ce qui nous confirme encore dans celle opinion qu'il s'agit effectivement d’obus à grande capacité d’explosif, c'est qu'il a été annoncé qu'au courant de cette année, avant même que les projectiles ne fussent prêts à être livrés, il serait fait des installations spéciales pour leur arrimage el leur manipulation à bord de tous les bâtiments; et, s'il s'était agi uniquement du remplacement d'obus à poudre par d'autres obus à poudre d'un système nouveau, il y a Lout lieu de penser qu'on n'aurait eu à faire que des modifications sans importance el non pas à procéder à des installations spéciales. Enfin, nous avons une autre raison plus sérieuse de croire que les Anglais possèdent un obus à grande capacité d’explosif : leurs nouveaux cuirassés, type Wagni- licent et Renown, sont lotalement différents des anciens au point de vue de la protection; la posi- tion du pont blindé dans la partie centrale et, par suite, sa forme, l'épaisseur et la hauteur de la cui- rasse de flancs, ont été choisies de manière à combiner une protection eflicace contre les obus à explosifs puissants. Le HMagnificent, le Renown, ne sont pas seulement des cuirassés nouveaux consli- tuant, avec des modifications de détail, un nouvel anneau d'une longue chaine; ils sont, pour la construction anglaise, quelque chose sortant tout à fait de l'ordinaire. Dès que les journaux anglais ont donné quelques indications sur le Waynificent, celle transformalion radicale nous a sauté aux 1 Comme utilisation officielle de la lyddite, nous ne con- naissons qu’un mortier de 305 millimètres de 13 calibres seu- lement de longueur, destiné à armer un croiseur de première classe en projet. hé ds in non états: 7e A. CRONEAU — REVUE ANNUELLE DES PROGRÈS DE LA MARINE 457 veux el nous a remis en mémoire cette phrase par laquelle, il y a deux ans, en rédigeant le second tome denotre «Cours de Construction pratique des Navires deguerre»,nousrésumions des chapitresécrits avec l'impression très vive de la révolution que devait entrainer à brève échéance, dans la protection et l'attaque des navires, l’apparition des obus à explosifs puissants : « Nous avons tàché de mon- trer que les navires de guerre devaient être atta- qués par des obus à explosif et qu'ils devaient à l'avenir être éludiés en vue de résister à ces obus; cela conduit à des navires analogues aux cuirassés italiens et aux grands croiseurs cuirassés anglais, américains, russes, espagnols, etc... » Eh bien, notre avis de constructeur, c'est que, pour les An- - glais, le Jagnificent est le type du navire destiné à résister aux projectiles à explosif puissant. Et, comme on ne se défend que contre les projectiles que l'on a, la simple vue de la coupe au milieu des cuirassés, type Maynificent, suffirait pour nous per- suader que les Anglais ont des obus en acier à grande capacité d'explosif, capables de traverser des plaques d'acier d'épaisseur moyenne. : VII. — LES NOUVEAUX NAVIRES CONTRE LES PROJECTILES A EXPLOSIFS. La flotte anglaise va s'enrichir d'ici quelque temps de neuf nouveaux cuirassés d’escadre Magnificent, Victorious, Illustrious, Majestic, Prince Georges, Mars, Jupiter, Cæsar, Hannibal. Les Anglais onttrès justement qualifié le premier de ces navires de bâtiment qui marque une époque (ax epoch marteing ship). Le mot cuirassé est un de ces Lermes génériques dont onse sert pour désigner les navires les plus dissemblables comme protection: il suffit qu'un navire ait une cuirasse verlicale pour qu'on emploie ce mot. Les nouveaux bâtiments sont, à ce titre, des cuirassés comme les navires précé- dents, comme l’Znflexible, la Devustation, le Tra- falgar ou le Royal Sovereign, et pourtant du ÆRoyal Sovereign au Magnificent, il y a un abime. Le Royal Sovereign est cuirassé contre les projectiles de rup- Lure, le Maynificent el ses frères sont étudiés en vue de résister aux projectiles à grande capacité d’explosif. Les Anglais ont renoncé, par un brusque revire- ment, à un type que l'Amirauté jugeait excellent, il ya moins de {rois ans, et adopté une protection basée sur de tout autres principes. Rien ne saurait mieux le montrer que la comparaison de la coupe au milieu du Royal Sovereign et de celle du Jagni- ficent placées en regard l’une de l’autre (fig.2 et 3). Sur le Royal Sovereign (fig.2), on a établi, à la hau- leur de la flottaison, une bande cuirassée haute de 2%,59 environ, régnant sur les deux tiers de la longueur du navire; l'épaisseur de ce blindage de ceinture varie de 457 millimètres au milieu à 355 millimètres aux extrémités de la ceinture: le can supérieur monte à 0,915 au-dessus de l’eau, le can inférieur descend à 1",677 au-dessous: des cloisons transversales cuirassées complètent la ceinture; un pont en acier de 76 millimètres d'épaisseur la recouvre. Au-delà de ces traverses, à l'avant et à l'arrière, la protection des fonds est assurée par un pont blindé à 76 millimètres qui part de chacune des traverses et s'abaisse en allant vers les extrémités et en abord. Ce pont, entièrement au-dessous de l'eau, est recouvert par une tranche cellulaire très compartimentée. L'œuvre morte au-dessus de la ceinture est pro- tégée sur une hauteur de 2",90 au-dessus de l’eau: et sur une longueur de 44,195, par un blindage de 127 millimèlres d'épaisseur appliqué sur les flanes ; des cloisons blindées obliques s'étendent sur le pont p+otecteur des extrémités de cetle mu- raille blindée aux redoutes des tourelles, épaisses de 432 millimètres, et ferment la batterie blin- dée. Sur le Wagnificent (fig.3), tout est changé : il n'y a plus de cuirasse de ceinture à proprement parler : la cuirasse épaisse de flottaison, destinée à résister aux obus de rupture, a fait place à une cuirasse de 229%/% harveyée, capable, dans bien des cas, de résister aux projecliles de rupture, mais à coup sûr d’arrèter les projectiles à grande capacité d’ex- plosif, et, comme on a probabiement reconnu la nécessité de renforcer la cuirasse d'œuvres-mor- tes pour éviter qu'un des projectiles ne traversät le blindage mince et n’éclatàt derrière, on a assigné la même épaisseur à celte cuirasse, si bien qu’au- dessus de la floltaison comme au-dessous la pro- tection des flancs est fournie par une cuirasse épaisse de 229%/" ; alors on a donné à ce blindage une hauteur de 4.788 : 3,205 au-dessus de l’eau et 1*,83 au-dessous. Cette bande cuirassée, de 67 mè- tres de long, est terminée aux deux bouts par des cloisons inclinées sur l’avant et sur l'arrière, de manière à aller rencontrer la base des barbettesen forme de poire, cuirassées à 356"/" au maximum, comme les parties les plus épaisses des cloisons. On à ainsi constitué une haule citadelle cuirassée d'un peu plus de 91 mètres de long de sommet en sommet. Le pontblindé, qui, dans la partie cen- trale, se trouvait placé à la hauteur du can supé- rieur de la cuirasse épaisse sur les cuirassés pré- cédents, est remplacé, sur le Magmficent, par un pont en dos d'âne qui monte dans l'axe à 91 c/m au-dessus de la flottaison afin de permettre de loger les machines et les chaudières, mais redes- cend en abord à 183 au-dessous de la flottaison de manière à rejoindre le can inférieur de la cui- 458 A. CRONEAU — REVUE ANNUELLE DES PROGRÈS DE LA MARINE rasse !. Le cofferdam triangulaire limité par le pont blindé en question, la muraille des flancset la plate-forme horizontale, qui prolonge le pont prin- cipal, forme un cofferdam destiné à être rempli de matières obturantes. Le pont blindé a 64%/" d'épaisseur au milieu et 102*/" dans la partie qui forme talus. En résumé, Sù William While est arrivé à des navires analogues aux cuirassés italiens et aux grands croiseurs américains en à- doptant les é6- paisseurs de cui- combattu la mise en chantier du Royal Severeiqn. Le point que nous avons tâché d’élucider a une telle importance que c'est à peine si nous osons . parler incidemment des autres perfectionnements qu'on trouve sur le Z/agnificent, de crainte d'affai- blir l'impression qui se dégage du paragraphe précédent. Il convient pourtant de signaler la diminution du calibre de la grosse artillerie ; au lieu des canons de 342 "/" du Royal Sovereign, le MWagynificent rece- vra des canons de 0305. Toute l'artillerie sera rasse qui, avec les derniers per- feclionnements dus au harveya- ge, lui ont paru nécessaires pour soustraire le na- vire aux projec- du nouveau mo- dèle adopté en Angleterre el se composera de canons frellés construits sui - vant l'excellent tiles à grande capacité d'explo- sif; c'est exacte- ment la transfor- mation que nous avions prévue, comme nous le rappelions un peu plus haut. Les circonstan- ces dans lesquel- les cette transfor- mation radicale de la défense s’est accomplie système préconi- sé en Angleterre par Longridge !, en France par Schullz et actuel- lement par le ca- pitaine d'artille- rie Hoch. Le service des munitions pour la moyenne et la petite artillerie est diflicile sur les navires mo- dernes dès que sont également lessoutesne peu- curieuses à men- ventpasèêtre pla- lionner. Lors de cées directement la miseen chan- Fig.2. — Coupe au milieu du « Royal Sovereign», protégé principalement au-dessous des s : contre les obus de rupture. : lier du Royal canons; aussi ä- Sovereign, les plans ont été discutés pour ainsi dire publiquement ; la discussion portait sur le plus ou moins de hauteur à donner à la cuirasse de flancs, question intéressante sans doute, très intéressante même, mais bien peu importante comparée à une modification du tout au tout comme celle que nous venons de voir. Lors de la mise en chantier du Hagnificent, les plans de M. White n’ont pas été communiqués, et ce n’est que longtemps après qu'on a connu cette véritable révolution qu’il avait accomplie, et qui n’a soulevé, à notre connaissance, aucune cri- tique de la part de ceux-là mêmes qui avaient 1 La flèche du pont, en dos d’âne, est donc de 2,74. t-on imaginé, en adoplant une disposition pro- posée d’ailleurs en France en 1891, d'installer un long couloir qui règne en abord sous le pont blindé et permet de desservir des pièces nom- breuses sans que les soules soient immédiate- ment à l’aplomb. Enfin, le Wagnificent aura un approvisionnement de charbon considérable ; dans 1 Tous les nouveaux canons de calibre supérieur à 76 m/w et notamment ceux de 305 — 203 T. R. et 152 T. R. sont bien des canons Longridge comme construction; si nous disons « préconisé », c'est qu'à notre avis le vrai canon Longridge serait un canon court à volée renforcée, étudié pour utiliser le mieux possible les pressions que peuvent développer les poudres actuelles; or le nouveau canon anglais a 45 calibres, A propos du canon de 305, les essais de Woolwich montrent une précision vraiment surprenante. ROC à en fil d'acier, - DT à à _ 3"05 de hau- Contre un en- A. CRONEAU — REVUE ANNUELLE DES PROGRÈS DE LA MARINE 459 les lignes d’eau du plan il contient 800 tonnes de charbon, mais ilpossède des soutes de réserve _ qui permettent de loger un approvisionnement double, si bien qu'il pourra marcher pendant 28 jours à la vitesse de 10 nœuds, ayant ainsi une vitesse franchissable de 6.700 milles environ. Avec le mode de protection du Wagnificent une telle dispo- sition est tout à fait logique ; en effet, quand on a œ—r— TT — encore sur des navires qui viennent à peine d'être achevés, comme le Centurion et le Barfleur. Le Re- nown, tout différent des précédents, est construit exactement d’après les mêmes principes que le Magnificent. Ia sur les flancsune cuirasse en deux virures, dont la plus élevée a 452"/" d'épaisseur etla plus basse 203"/%, Cette haute cuirasse de flancs forme une citadelle terminée à ses extré- mités par des teur au-dessus : de l'eau, peu | importe que | l'immersion |. cloisons de 254 à A59%)/EY vez | nant buter con- | tre les barbet- augmente de tes blindées à 045 ou 050: la protection garde la même 152%/", Le pont qui a la même forme que celui valeur; il n’en est pas de mé- me lorsqu'on à simplement 0*90 au-dessus du Wagnificent, est cuirassé à 16"/" dans le talus et à 51"/" dans la partie de l’eau, com- me sur le Xoyal Sovereign et mé- me moins, Car alors la surim- mersion com- promet grave- ment le bäti- ment s'il ren- horizontale. Le Renown est un bätiment dou- blé en bois de 42.550 ton - neaux destiné àfiler18 nœuds environ. Ainsi, lesAn- glais pensent nemiavant d'a- | que, dans les voir consommé | / mers les plus 7 . . : unegrandepar- : AC lointaines, ils . A . tie de son char- L a OÙ pourront avoir eee. affaire à des Voici, pour Eh adversaires terminer , les données prin- cipales de ces intéressants navires : Longueur à la flottaison............ 149 m. 97 LRO RE RE DEC SR CEE 22 m. 86 Hirant.d’eau moyen......:.......... 8 m. #1 Différence ....... DA CRE Ds 0 m. 30 LEH ESA ARE PRE environ 15150 tx. Puissance en chevaux au tirage naturel 10130 chx. Puissance en chevaux au tirage forcé. 12160 chx. Vitesse maximum au tirage naturel.. 16 n. 5 Vitesse maximum au tirage forcé... 31 n. 5 Armement : 4 canons de 305"/" dans deux tou- relles barbeltes blindées à 356"/": 12 canons de 152®/® à tir rapide; 6 canons de 66 tir rapide: 12 canons de 47 et 8 mitrailleuses Maxim. Si les Anglais ont changé le type de leurs cui- rassés destinés au service des mers d'Europe, ils ont également renoncé pour les stations lointaines à l’ancien système de protection que l’on retrouve Fig. 3. — Coupe au milieu du « Magnificent », protégé contre les obus à grande capacité d’explosif. possédant des obus à grande capacité d'explosif, et nous ne pouvons nous empè- cher d'admirer la décision, l'esprit de suite et la rapidité avec lesquels ils sont en train d'accomplir le renouvellement de leur flotte cuirassée, qui s’en- richira à bref délai d’une escadre fort importante de bâtiments à la hauteur des derniers progrès. Les Italiens avaient, dira-t-on, précédé les Anglais dans cette voie ; nous le reconnaissons, et nous tenons le Re Umberto et la Sardegna pour d'excellents cuirassés, tout en faisant, comme pour les précédents, nos réserves sur le décuirassement des extrémités et surtout de l’avant ; mais,lors de l’adoption de ce type de bâtiments, les conditions de la lutte étaient tout autres qu'aujourd'hui ; les principes sur lesquels était basée la protection étaient sujets à discussion, et, tout en reconnaissant 160 A. CRONEAU — REVUE ANNUELLE DES PROGRESYDE LA MARINE] la grande valeur de ces navires, on pouvait ne pas se rendre compte que, contrairement à ce qui à lieu en général pour les bâtiments de guerre, ils deviendraient plus modernes en vieillissant; tout ce qu'on peut leur reprocher aujourd'hui est, en eflet, d’avoir une cuirasse un peu mince s'ils se trouvaient avoir à lutter contre un ennemi pourvu de projectiles à explosif puissant, capable de tra- verser des plaques d’acier d'épaisseur moyenne. Les Ilaliens ont eu la chance de devancer le pro- grès : Les Anglais, qui pouvaient faire de plus grands sacrifices pour leur flotte, se sont bornés à le sui- vre, mais ils ont agi résolument et sans perdre de temps. Toutefois, si les renseignements qui ont été pu- bliés à propos des derniers cuirassés mis en chan- tier en Italie sont exacts, les cuirassés Aamraglio di Suint-Bon et Emanucele Filiberto montrent que les [taliens surveillent attentivement tous les progrès de l'artillerie ; notre impression est qu’ils doivent avoir des résultats d'expérience leur permettant de savoir ce qu'ils font et ou ils vont. Depuis long- temps ils ont renoncé à la ceinture épaisse, qu'ils considéraient, étant donné son peu de hauteur, comme une protection illusoire: à un moment où les projectiles de rupture étaient les plus redou- tables, ils ont eu recours à un pont blindé sur- monté d'une tranche cellulaire : de celte idée sont sortis l'Ztalia el le Lepunto lancés en 1880 el 1883. Puis la petite artillerie à tir rapide ayant fait son apparilion, ils ont fait le Xe Umberto, la Surde- gna, la Sirilia lancés de 1888 à 1891, où la protec- tion précédente est combinée avec une cuirasse de flancs de 100 millimètres ne régnant que sur une partie de la longueur. Aujourd'hui, ils s'inquiètent des dégats que pourrait faireun projeclile à grande capacilé d'explosiftraversantcette épaisseur d'acier ou mêémerencontrant les parties décuirassées de l'avant et de l'arrière, et alors ils meltent en chantier des navires cuirassés de bout en bout sur lu presque lotalité des œuvres mortes et dont l'épaisseur varie de 25 centimètres au milieu à 10 centimètres aux extrémités, le ponten dos d'âne, appelé à jouer le rôle de pare-éclats, étant blindé à 40 millimètres dans la partie horizontale et à 75 millimètres dans le talus. Notons en passant qu'ils n'ont pas sacrifié la vilesse, qui doit être d’au moins 18 nœuds. Mais on sent que tous leurs efforts Lendent à avoir une protection eflicace, et que, à leur avis, elle consiste dans l'apposition sur les flancs d’une haute cui- “asse, de bonne épaisseur moyenne, avec un pont blindé placé aussi bas que possible. Nous altachons tellement d'importance à l'emploi des projectiles à grande capacité d’explosif, el aux moyens qu'on à imaginés dans les divers pays pour s’en garer, qu'il nous parait utile de résumer ce qui précède en quelques lignes. On a trop de tendance en France à appeler croiseurs les navires qui n’ont pas un blindage de ceinture épais, sans réfléchir que, quand il s'agira de se battre, il n'y aura ni cuirassés, ni croiseurs, mais des navires «le combat, el que, pour résisler à des projectiles donnés, il est logique d'employer le même mode de protection, à moins qu'il ne s'agisse d'un destructeur de paque- bots ou de petits bateaux rapides protégés par leur grande mobilité. Nous ne détestons rien tant que d'employer des termes anglais quand on peut se servir de mots français; mais chez nous le mot cuirasse de ceinture, qui devrait être réservé uni- quement au cas où il n'existe qu'une bande étroile de cuirasse à la flottaison, a recu une telle exten- sion que nous croyons utile de mettre en regard les termes anglais et français pour donner toute sa portée à l'expression de notre pensée : le mode de protection des nouveaux navires anglais et ita- liens est caractérisé par l'apposition d'une exirusse dé flancs (side protection) au lieu de l'ancienne cuirasse de ceinture (bel) absolument condamnée par ces marines. Voici ce qu'on peut lire dans un numéro du Times d'un des mois derniers : « The Hajestic « shows a very large area of side protection; — in « fact, the ship may bé described as side-armou- « red in contradistinetion to Che term belted. The « change bears evidence lo the growing apprecia- « Uon of {he value ofrapid fire and high explosive « shells. » — « Le Majestic a ses flancs protégés « par un blindage sur une très grande surface. — « En fail ce navire peut être dépeint comme un « bâtiment cuirassé sur les flancs, par opposilion à « ceux qui ont une cuirasse de ceinture. Cette ré- « volution montre le cas de plus en plus grand que « l’on fait de la valeur du tir rapide et des pro- « jectiles à explosifs. » Aucune phrase ne serait capable de mieux exprimer nolre opinion sur les nouveaux cuirassés des deux grandes marines an- glaise el italienne. VIII. — TUBES LANCE-TORPILLES. Les navires de combat modernes sont presque tous armés de tubes lance-torpilles. I y aune ten- dance générale à substituer aux anciens tubes tirant au-dessus de l’eau des tubes sous-marins. Avec certaines espèces de Lorpilles, la disposition des tubes au-dessus de l’eau peut présenter quel- que danger pour le bâtiment qui reçoit cette installation: d'autre part, le lancement des tor- pilles parait beaucoup plus efficace avec des tubes sous-marins bien inslallés qu'avec les anciens lance-lorpilles situés au-dessus de la flottaison. Les essais faits sur le Royal Sovereiyn ont confirmé pleinement ceux du Vulean et du PBlenheim. Le Royal Sovereign a sept tubes fixes, deux au-dessous Rés. sn %é | | | | de l’eau, dont on a décrit sommairement l'instal- _ lation! et cinq au-dessus, deux de chaque bord, un dans l’axe à l'avant. L’essai fut fait, le bâtiment marchant à 12 nœuds de vitesse environ, en tirant sur un but formé par trois cadres et figurant un navire de 9144 de long. Les trois torpilles de tri- bord, lancées à 550 mètres de distance à peu près, frappèrent le but ; les torpilles furent alors sorties de l'eau, mises dans les tubes de bàbord et tirées d'une distance un peu plus grande; dans ce nou- veau tir, celle lancée au-dessous de l’eau donna seule un bon résultat. Quant au tube de l'avant, A. CRONEAU — REVUE ANNUELLE DES PROGRÈS DE LA MARINE 161 lors de la mise en chantier du Royal Sovereign, en se réservant la faculté de pouvoir se servir des tubes au-dessus de la flottaison, dans le cas où ceux que l’on essaiera pour tirer au-dessous de l’eau ne donneraient pas de suite des résultats parfaits. Tout à l'heure, à propos des tubes du Royal Sovereign, nous avons mentionné qu'ils étaient tous fixes. Il semble que, dans certaines marines, il y ait tendance à supprimer la faculté de pointer les tubes au-dessus de l'eau, sans doute, entre autres raisons, parce qu'il est plus facile de pro- téger un tube fixe. Au-dessus de la flottaison, le TIR LR TEEN QN Y NINQKKK Fig. 4 — Dispositif Lloyd et Hulchinson pour Lubes lance-torpilles son coup ne valut rien, comme il arrive d'ordinaire avec cette disposition de tube. A la suite des excel- lents résultats obtenus avec leurs tubes au-dessous de l’eau, les Anglais ont multiplié sur les nouveaux bâtiments les tubes lance-lorpilles sous-marins; c'est ainsi que, sur les cuirassés type Maynificent, qui recevront seulement cinq tubes lance-torpilles, il y en aura quatre au-dessous de la flottaison ; le cinquième, placé au-dessus, est à l'arrière dans une partie où il n’est pas possible d'en mettre un au- dessous de l’eau. En France, on prévoit sur les nouveaux bàti- ments, les installations nécessaires pour disposer les tubes lance-torpilles, soit au-dessus, soit au- dessous de l’eau ; autrement dit,on prend la même précaution qu'avaient sagement prise les Anglais, | Revue gén.des Sciences pures el appliquées (1° août 1893). lancement se fait presque toujours aujourd'hui avec de la poudre ou des substances similaires. En France, on se sert de poudre; en Angleterre, les expériences récentes ont conduit à remplacer la poudre ordinaire par la cordite, à laquelle on attri- bue la faculté de donner une pression plus uni- forme sur l'arrière de la lorpille et des vitesses plus régulières, tout en salissant moins les tubes; la cordite ne donne d’ailleurs pas plus de fumée que la poudre dont on se sert actuellement pour les canons. En Italie, on a abandonné la ballistite, pour revenir à la poudre à canon, qui corrode moins les tubes et donne des pressions plus régulières. À ce dernier propos, nous signalerons un per- fectionnement récent du mécanisme des tubes lance-torpilles, qui a été inventé et brevelé par MM. Lloyd et Hutchinson, des chantiers Zl{swick. Ce 462 A. CRONEAU — REVUE ANNUELLE DES PROGRÈS DE LA MARINE perfectionnement consisie à pourvoir l'arrière du tube d’une chambre de combustion dans laquelle commencent à se détendre les gaz provenant de la détonation de la charge explosive. Ces gaz passent ensuite dans l’intérieur du tube lance-torpilles à travers des orifices étroits qui s'opposent à l’en- trainement dans le tube de parcelles incomplète- ment brûlées, eten mème temps retardent suffisam- ment l’échappement des gaz afin de produire, dans la chambre, une pression capable d'assurer une combustion rapide et uniforme, tout en ne laissant passer les gaz dans le tube de lancement qu'à une pression assez modérée afin de ne pas risquer d’abimer la Lorpille . Cet appareil peut consister en une porte creuse À (fig. 4) fixée sur l'arrière du tubelance-{orpillesetrenfermantles deux chambres Det B. La petite chambre D sert à recevoir la car- touche, la chambre B constitue la chambre de com- buslion. Étant donné le petit volume de cette chambre et la difficulté qu’éprouvent les gaz à s’en échapper, la pression et la température s'élèvent dans l’espace D B, et l'explosion se fait bien com- plètement. Les gaz ne peuvent passer de la chambre B dans le Lube lance-torpilles G que par les petits trous F; ils se détendent alors de manière que la pression atteigne la valeur qu'on s’est assignée. IX. — LES ENSEIGNEMENTS DE LA BATAILLE DE ŸALU. Les flottes de guerre font assez-justement à beaucoup de personnes l'impression de superbes machines dont on ne saurait bien apprécier la valeur, tant qu’elles ne sont pas appelées à fonc- tionner. Et comme, sur toutes les questions rela- tives à la guerre navale, les avis les plus différents trouvent des partisans, l'attention est naturelle- ment attirée sur le moindre engagement livré sur mer avec des engins modernes et dans des condi- tions à peu près analogues à celles où l’on se trou- verait dans une grande guerre maritime. Les guerres du Chili et du Pérou, la guerre civile du Chili, la guerre civile du Brésil ont donné lieu à de nombreux comptes rendus et à d'ardentes contro- verses. Il devait « fortiori en être ainsi des combats livrés sur mer pendant la guerre sino-japonaise et surtout de la grande bataille de Yulu; comme les premiers renseignements sur les circonstances d'un combat ne peuvent manquer d'être insufti- sants et même un peu contradictoires, et qu’il est dans la nature humaine de chercher à interpréter les faits de la façon la plus conforme aux idées qu'on s’est habitué à tenir pour bonnes, les ensei- gnements qu'on à cherché à tirer de la bataille de Yalu s'appliquent à toutes les branches de l'art naval et conduisent aux conclusions les plus dis- ! On sait que, dans ce but, on ne dépasse guère une pres- sion de 2 k. 800 par centimètre carré. cordantes. Nous n'avons pas l'intention de faire ici un exposé des renseignements certains que l'on peut posséder dès à présent, mais seulement de meltre en garde contre des conclusions trop géné- rales ou un peu hätives, et de montrer quels sont les points qui nous paraissent devoir mériter d'atti- rer réellement l'attention. On a dit que la bataille de Yalu avait révélé la nécessité de proscrire le bois à bord des navires, même pour les emménagements. Cette nécessité était si connue des marins ou des ingénieurs qui ont assisté à des expériences de polygone que, sur certains navires français, le Æoche entre autres, on avait, il y a déjà six ans, proscrit le bois et fait en tôle d’acier tous les meubles dont on n'aurait pas pu se débarrasser au moment du combat. Il en est de même pour les superstructures hautes et non protégées et les hunes militaires ; la bataille de Yalu n'arien appris de nouveau aux personnes dont l'attention avait déjà été appelée sur ces sujets. Au point de vue de la défense, les deux princi- paux cuirassés chinois, le 7ng-Yuen et le Tschen- Yuen, sont reslés au feu pendant près de cinq heures sans que leur cuirasse ait été entamée; les quelques empreintes de projectiles de gros calibre que l’on a relevées sur l’un d'eux montrent que -l’obus n'a pas pénétré de plus de 8 centimètres. Pour bien apprécier ce résultat, il faut songer que l’escadre japonaise, maitresse de la distance, grâce à la supériorité de sa vitesse, s’est, pendant la plus grande partie du combat, tenue à 2.000 ou 3.000 mè- tres de l’escadre chinoise et que, d'autre part, elle ne possédait qu’en très petit nombre les obus en acier chromé en usage dans les principales ma- rines ; si les cuirasses des navires chinois étaient faites avec des plaques compound d’ancienne fa- brication, d'autre part, il ne faut pas négliger de dire qu'elles n'ont été à peu près frappées que par des obus en fonte. Nous avons d’ailleurs entendu dire que les Japonais n’avaient d'ailleurs tiré pen- dant cette longue bataille qu'une faible quantité de coups de gros calibre. Tout cela nous semble de nature à expliquer comment, avec des pièces à peu près équivalentes comme puissance aux meil- leures pièces des plus forts calibres en usage dans les marines européennes, les Japonais n'ont pas réussi à perforer des cuirasses un peu démodées, D'ailleurs, les pièces de gros calibres des navires japonais ont fait leur office, puisqu’un seul obus de rupture a suffi pour faire sombrer le croiseur cuirassé chinois Æing-Yuen. Ce navire, atteint à l'arrière à la hauteur de la floltaison, s'enfonça d’abord de l'avant, puis bascula pour couler par l'arrière. Le coup avait vraisemblablement perforé le pont blindé et, en allant sortir dans les fonds, peut-être en déterminant une explosion sur son | k A. CRONEAU — REVUE ANNUELLE DES PROGRÈS DE LA MARINE 163 lrajel, a suffi pour causer la perte du navire. En constatant que ce croiseur cuirassé et que le croi- seur protégé Zschi-Yuen avaient été coulés, landis que les gros cuirassés T'schen-Yuen et Ting-Yuen avaient pu fuir, on a tiré cette conclusion que la protection assurée par le cuirassement était bien supérieure à celle fournie par une tranche cellu- laire et un pont blindé. Nous sommes tout à fait d'avis que rien ne vaudrait; comme protection, une cuirasse suffisamment haute et suffisamment épaisse, régnant de bout en bout, s'il était pos- sible de l'installer; mais, pour nous en tenir à la flotte en question, il suffit de jeter un coup d’œil sur les plans des grands cuirassés chinois pour se rendre compte qu'étant défendus aux extrémités exactement comme des croiseurs, ainsi que le sont tous les cuirassés anglais et américains, le même coup qui a envoyé un croiseur cuirassé par le fond les y aurait envoyés également. Le seul enseigne- ment à tirer de ce que les croiseurs n’ont pas som- bré dans ces conditions, c’est qu’ils ont eu la chance de ne pas recevoir un projectile aussi mal placé. -Ce qui est certain, c’est que la flotte japoñaise, qui a élé victorieuse, avait une protection d’un poids moindre que la flotte chinoise. Il est très intéressant d’examiner l'artillerie des deux flottes. Nous tirons d’une élude très intéres- sante de M.le Capitaine d'artillerie Rollin! les indi- cations suivantes. Si l’on récapitule l’ensemble des divers vaisseaux de la flotte chinoise, on trouve pour la totalité de l'artillerie : 25 canons de gros calibre Soit 185 29 canons de moyen calibre ‘(ou171) bou- 131 (ou 117) de petit calibre dont 81 mitrailleuses| ches à feu. L'ensemble de l'artillerie japonaise comprenait : 13 canons de gros calibre ) Soit 250 91 canons de moyen calibre et : bouches 146 canons de petit calibre dont 54 mitrailleuses) à feu. M. Rollin ne donne pas ces nombres comme ab- solument exacts, mais il fait avec raison remar- quer que les quelques inexactitudes qui pourront plus tard être relevées sont de peu d'importance, et ne sont point, en tout cas, de nature à modifier le caractère très tranché et nettement différent des - deux artilleries opposées. Les Japonais avaient des pièces de gros calibres très puissantes et très perfectionnées, mais en nombre moitié moindre que celles des Chinois; très inférieurs à cet égard, ils avaient une artillerie moyenne bien supérieure, triple de celle des Chinois, et une très forte pro- portion de canons à tir rapide. Les pièces de petit calibre étaient à peu près en nombre égal dans les deux flottes. On compare souvent l'artillerie en mettant en regard les poids de la salve que peu- vent lancer deux flottes; ce poids s'élevait, d’après le Militar Wochenblutt, à 7.067 k. 5 pour la flotte DA Revue d'Artillerie, & livraison, janvier 189. chinoise et à 5.844 kil. pour la flotte japonaise. En résumé, l'artillerie japonaise pourrait pa- raitre très inférieure comme puissance si on ne lenait pas compte de l'avantage que lui donnait le lir rapide; c’est à celte supériorité de leur arme- ment, dont ils ont su profiter, que les Japonais sont redevables de la victoire, comme l'a constaté le Ca- pitaine von Hannelen|Rev.du Cerclemilit.). Les canons à tir rapide ont donné aux Japonais un immense avantage en semant partout des pluies d’éclats, en mettant souvent le feu aux navires chinois et en cri- blant tout ce qui n’était pas abrilé contre leur tir. Le rôle prépondérant joué parle canon à tir ra- pide est un fait qui se dégage nettement de l’étude de la bataille de Yalu ; afin de tirer de leur arme- ment le meilleur parti possible, il semble que les Japonais aient eu soin de se tenir le plus souvent à une distance suflisante de l’ennemi pour que l'armement de la flotte chinoise en pièces de gros calibres ne devint pas dangereux pourleurs navires. En un mot, c’est gràce à sa vitesse supérieure que la flotte japonaise a pu profiter de sa supériorité d'ar- mement en pièce de moyens calibres à tir rapide. Nous pensons, comme M. le Capitaine Æollin, « que la bataille de Yalu n’est qu'une image impar- faite de ce que pourrait être actuellement une grande bataille navale. » Nous avons la ferme con- viction que les obus à grande capacité d'explosif joueront désormais un rôle prépondérant, et, à Yalu, iln'y avait ni obus à grande contenance d'ex- plosif ni même à petite. Mais ce qui nous semble à retenir, c'estque, pourbienutiliser ses munitions, suivant l'armement que l’on possédera, il est in- dispensable d’avoir la supériorité comme vitesse. Le combat de Yalu aduré cinq heures, une bataille livrée avec les nouveaux explosifs sera terminée beaucoup plus vite, mais ilimporte que, pendant la première période qui décidera, du reste, de la journée, on soit mailre de ses distances ; on ne le restera peut-être pas quand de part et d'autre des navires auront été endommagés, mais à ce moment le sort de la journée sera réglé. En résumé, les caractéristiques de la flotte japo- naise étaient une protection moindre, une force offensive plus grande comme artillerie de moyen calibre à tir rapide et comme vitesse, et, toute question de personnel à part, c'est à cela que nous attribuons son succès. Ce sont des enseignements dont il convient de profiter, mais avant toutil ne faut pas oublier ceci : Dans lu prochaine querre navale européenne, là victoire appartiendra à celui qui aura des obus en acier à forte capacité d'explosif avec fusée de culot retardée. A. Croneau, Ingénieur des constructions navales, Professeur à l'Ecole d'Application du Génie maritime. 164 ACTUALITES SCIENTIFIQU ET INDUSTRIELLES ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES L'ÉLECTRICITÉ EMPLOYÉE COMME MOYEN DE L'emploi de l'électricité comme moyen de chauf- fage est encore tout à fait exceptionnel. Sans doute, elle conserve dans ce cas les qualités de souplesse et de commodité qui lui sont propres. Mais son prix de revient est beaucoup trop élevé, et la chaleur qu’elle produit beaucoup trop coûteuse. Cependant, ce serait une erreur grossière de comparer les prix de revient immédiats de la calorie qu'ils produisent pour obtenir la valeur relative de deux moyens de chauffage. Par prix de revient immédiat, nous entendons le prix de revient unitaire de la matière ou de l'agent employé au chauffage divisé par le nombre de calories produites par unité. Une telle comparaison serait souvent tout à fait fausse. Voici un exemple em- prunté, il est vrai, à l'éclairage, mais qui peut facile- ment avoir son correspondant quand il s’agit de chauffage : un commercant pos- sède une arrière- boutique assez vas- te, qui était éclai- rée primitivement par plusieurs becs de gaz. Il ne s’y tient pas d’une manière conti - nuelle; mais il à très souvent be- soin d'aller y pren- dre ou y porter quelques objets. Aussi, quand il a- vait l'éclairage au ) RE RO eut 12 NS tammentses becs, sinon à pleine pression,au moins en veilleuse, L’électricité, au contraire, lui à permis d'annuler complètement la dépense de lumière aux moments où celle-ci est inutile, et il s’est trouvé que, par ce fait, la dépense totale est devenue moins forte avec l’élec- tricité qu'avec le gaz, Ce sont surtout des cas semblables qui peuvent rendre le chauffage électrique plus écono- mique que ses rivaux. Il en est ainsi, parait-il, au Vaudeville-Theatre à Londres, où l’on vient de l’installer avec succès !. Pre- uons donc l'exemple d’un théâtre, puisqu'il nous est offert, el voyons quels peuvent être les frais accessoires supprimés par l'électricité. Elle ne demande point de chaudière spéciale, et par conséquent point d’empla- cement pour celle chaudière, ni d’ouvrier pour la sur- veiller et la conduire, Il en résulte une diminution de main-d'œuvre, une augmentation de l’espace dispo nible, considération qui n’est pas à dédaigner dans les théâtres de nos grandes villes, et, en même temps, une augmentation de sécurité au point de vue des incendies et explosions. Les compagnies d'assurances sont loin d’être indifférentes sur ce sujet. Quant aux appareils Fig, 1. — Radiateur Cromplon fixé à un mur. CHAUFFAGE — UNE SABLIÈRE POUR TRAMWAYS de chauffage proprement dits, ceux qu'emploie lé- lectricité sont moins coûteux et moins difficiles à entretenir, Is tiennent moins de place et peuvent être répartis dans une salle d’une manière plus rationnelle. N'offrant aucun danger d'incendie, il est possible de les poser en des endroits où l’on n'aurait jamais songé à poser d’autres appareils. Il résulte de ce fait une économie, en ce sens qu'il n'y a point de parties de la salle surchauffées au détriment des parties voisines, el par conséquent pas de chaleur perdue, Enfin, les appa- reils électriques ne demandent aucune préparation préliminaire avant leur emploi, ni aucune surveillance particulière pendant celui-ci, Un bouton à tourner au moment convena- ble, voilà tout le travail qu'ils ré- clament.C'est peu, en vérité, et cela se traduit par une diminution de main-d'œuvre, Ajoutons qu'au moment où les théâtres s’éclai - raient au gaz, beaucoup d'entre euxn'élaientpour- vus d'aucun mo- ven de chauffage ; le gaz, en brülant, ARRET ANEEE produisait la cha- 1 | leur nécessaire. Il en résultait une économie Consi- dérable pour le directeur, en mé- me temps qu'un fort mal de têle pour les specta- teurs , au moins pour ceux des é- tages supérieurs. Les Anglais a - vaient adopté une expression pour désigner ce mal de tête: ils l’appelaient le theatre head-ache, Quand vint la suppression obliga- toire de l'éclairage au gaz, le mal de tête disparut en même temps que la chaleur produite par les becs; il fallut songer à établir des moyens de chauffage qui n'existaient pas jusqu'alors. Des installations non prévues dans les plans primi- tifs et faites ainsi après coup sont toujours gênantes, Aussi mest-il point étonnant qu'on ait cherché à utii- ser l’électricité que, pour l'éclairage, on était obligé d'introduire dans la salle et qui, de plus, avait avantage d'offrir des appareils peu encombrants el inoffensifs pour la santé des spectateurs. La direction du Vaude- ville-Theatre entreprit des essais dans ce sens, Elle installa quatre grands radiateurs du type Crompton- Dowsing de manière à chauffer les parties les plus im- portantes du théâtre et les fit fonctionner pendant une semaine, Ces radiateurs ont chacun une surface d’en- viron 0®8# et prennent 12 ampères sous une tension de 100 volts, Les essais ayant été trouvés satisfaisants, on a installé dix-huit radiateurs fixes d'environ 18 à 19 décimètres carrés de surface et prenant chacun 3 ou # ampères sous la mème tension de 100 volts, On ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 465 continue à employer en même temps deux grands | — pour aider à l’action du frein et obtenir un arrèl radiateurs mobiles. L'intensité totale ainsi u- tilisée est d'environ 90 am- pères. ce qui correspond, en admettant que le chauf- _fage dure quatre heures, à 360 hectowatts-heure. Admettons 0 fr. 12, pour prix de l’hectowatthenre, nous obtenons une dépense de 43 fr. 20 par représen- tation. Mais nous devons ajouter que le prix de 0 fr. 12 pour l’unité élec- trique est excessivement élevé et que, dans beau- coup de cas, on peut sans grande erreur le réduire de moitié au moins, On atteint aisément, au Vaudeville-Theatre, la tem- pérature très suffisante de 15 à 16° C., température que l’on règle naturelle- ment avec une extrême fa- cilité. Les radiateurs ne peuvent, d'autre part, se surchauffer: ils sont munis plus rapide. L'encombrement des rues de nos villes et la nécessité d'éviter des ac- cidents qui, sans précau- tions spéciales, se produi- raient à chaque instant, font de cette question de Ja promptitude de l'arrêt une question de première im- portance. Notre figure 3 représente une nouvelle sablière due à M. Emil Heiïz, Bell Building, Paterson, N.-J. 1 Elle a pour but d'obtenir, quand cela est nécessaire, un arrêt aussi rapide que possible. tout en limitant la dépense de sable au strict néces- saire. La sablière ne se vide ainsi que partiellement et peut fonctionner un grand nombre de fois avant que l'on ait besoin d'y tou- cher et de renouveler son approvisionnement. Elle se compose de la sablière pro- prement dite, ou boite de sable S, d’une boîte inté- decoupe - circuits fusibles Fig. 2. — Modèles divers de radialeurs Cromplon mobiles. rieure C, d'un ressort à qui empêchent le courant - de dépasser une intensité donnée. Leur installation complète n’a pas coûté plus cher que l'installation du chauffage à eau chaude, par exemple. Les frais d'entretien et de surveillance sont pour ainsi dire nuls. Si l'on ajoute à cela les avantages parli- culiers qu'ils offrent au point de vue de la sécurité et de la com- modilé, on voit que leur adoption se com- prend parfaitement à tous les points de vue. Nous reproduisons deux dessins repré- sentant : l’un (fig. 1), un radiateur fixe Crompton attaché au mur par des oreilles et des écrous, l’autre (fig. 2) un certain nombre de radiateurs mobiles du même ty- pe. Ils donneront une idée de l’aspect de ces appareils; nous re- grettons de ne point pouvoir fournir; faute de les avoir, quelques boudin O, d'un tampon P, d'une soupape V, d’un pivot D et de deux tiges A et B. Ces deux tiges sont solidaires et mues par une pédale, que manœuvre le conducteur. Une pression sur la pédale abaisse le tampon P et ouvre la soupape V. Le diamètre du tam- pon est plus petit que —_ celui de l'ouverture inférieure, de sorte > qu'il reste un vide V4 circulaire à travers PAA lequel s'écoule le {/ sable, dont le débit est ainsi parfaite- ment réglé. Aussitôt que la pression sur la pédale cesse, sous l’action du ressort O, le (tampon P se relève etlasoupape se ferme. Le tampon, par son mouvement de descente, aide à dé- gager l’ouverture des \ matières étrangères : qui auraient pu s’y NC accumuler., En outre, si lon donne sur la ie __ pédale plusieurs pe- 7 tits coups successifs, il peut jouer le rôle détails sur leur mode pis, 3. — Sablière pour lramway.— À et B, Tiges de commande de la d agitateur ct déter- particulier de cons- Soupape et du piston. — €, Boîte intérieure contenant le ressort 0. — miner, s'il en est truction et de fonc- P, Tampon, — V, Soupape. — D, Pivot de la soupape. — S, Boite conte- besoin, l’écoulement tionnement. nant le sable, — Derrière la sablière se trouve la roue. du sable. D'autre part, Les voitures roulant sur rails, locomotives, tramways, etc., portent très souvent des sablières, c'est-à-dire des boîtes remplies de sable, destiné à être projeté sur ces mêmes rails dans les moments opportuns. La projection du sable à pour but d'augmenter le coefficient de frot- tèment soit pour empêcher le patinement des roues, soit, — et c’est le plus souvent le cas pour les tramways, la soupape, par sa po- sition, préserve l'ouverture inférieure de la boue qui, en raison de la proximité du sol, a tendance à s'y accumu- ler, et qui, sans cette précaution, pourrait, surtout par les temps de gelée, en bouchant complètement la sa- blière, empêcher son fonctionnement. A. Gay, Ancien élève de l'Ecole Polytechnique, L Asnerican Machinist. N°9 4. Vol. 18, 1895, 466 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques. Bourlet (C.), Docteur ès sciences, Professeur au Lycée Henri IV. — Traité des bicycles et des bicy- clettes, suivi d’une application à la construc- tion des vélodromes, — 1 vol. petit in-8° de 230 pages avee 33 fig. de l'Encyclopédie scientifique des Aide-Mémoire, publiée sous la direction de M. H. Léauté, de l'Institut. (Prix : broché, 2 fr. 50 ; cartonné, JT) Gauthier-Villars et fils et G. Masson, Paris, 1895. Cet ouvrage est dû à la collaboration d'un habile mathématicien et d’un cycliste consommé réunis dans la personne de l’auteur; il en est résulté une œuvre très originale et d’une saveur particulière, où le lan- gage propre au nouvel exercice (1 auteur ne nous en voudra pas de dire « l'argot ducycle ») s allie aux déve- loppements mathématiques, et s’insinue au milieu des formules. Presque tout était à faire, du moment où l’on voulait donner une théorie complète des diverses actions qui entrent en jeu dans le mouvement du bicycle ; les quelques mémoires déjà parus sur cette question très à l’ordre du jour se bornent, en effet, à traiter des aspects particuliers où à résoudre quelques questions de détail. ; < Ce traité est divisé en trois parties, relatives respec- tivement au problème cinématique et mécanique de l'équilibre, à la dépense d'énergie dans la propulsion, et sa consommation dans les divers frottements, enfin à la construction d’un vélodrome, La courbe que décrit le vélocipède se calcule aisé- ment, à l’aide d'une intégrale double, lorsqu'on con- naît l'angle variable que forment entre elles les tan- gentes aux trajectoires des deux roues; cette équation tout à fait générale, que l’auteur établit tout d’abord, sera utilisée plus tard, lorsque les conditions d’équi- libre auront montré quelles relations doivent être sa- tisfaites entre la vitesse de la machine, le rayon de courbure de la ligne parcourue et son inclinaison sur l'horizontale, L’inclinaison maxima dépend, du reste, du coefficient de frottement avec le sol, et c'est la valeur plus ou moins grande de ce dernier qui fixe, dans chaque cas, le rayon minimum que l’on peut décrire à une allure donnée. Cette question est traitée très à fond dans le premier chapitre. L'auteur montre comment, lorsque l'équilibre est rompu, on peut le ré- tablir par un mouvement du guidon. Il nous enseigne, entre autres, que l’aisance du rétablissement croit comme le carré de la vitesse. Lorsque le guidon n’est plus maintenu, il faut, pour que l'équilibre soil pos- sible, que la roue directrice tourne d'elle-même du côté de la chute; cette condition n’est pas réalisée dans toutes les machines, et l'on n’est guère parvenu à la satisfaire à coup sûr que par des tàätonnements suc- cessifs : l’auteur donne, comme condition essentielle, que la fourche soit légèrement recourbée en avant à sa partie inférieure. Nous reproduisons ces détails, parmi beaucoup d'autres, pour montrer la nature des résultats auquel l’auteur arrive, par une analyse ri- voureuse. Si nous avions un reproche à adresser à cette première partie de l’ouvrage, c’est précisément que le calcul y est parfois un peu trop serré. Les habi- tudes de rigueur du professeur l'ont entraîné à donner la démonstration complète de certains théorèmes assez évidents. Le défaut, si tant est que cette tendance puisse être ainsi qualifiée, est de ceux dont on se cor- rige trop aisément. 1 Si les questions d'équilibre peuvent être traitées d'une facon complète avec les seules ressources du calcul, il n’en est pas de même de la propulsion et de la consommation d'énergie. lei, le raisonnement n’est plus qu'un guide, mais l'expérience doit, avant tout, être consultée, et, malheureusement, les expériences dans ce domaine sont peu nombreuses et pas très con- cordantes, Les résultats sont donnés par l’auteur avec une réserve dont on ne saurait trop le louer; mais cette synthèse qu'il a faite du peu que l’on sait en cette matière aura le grand mérite de montrer la nature des expériences à faire et les lacunes à com- bler. La discussion conduit à adopter une formule contenant une constante et les deux premières puis- sances de la vitesse, Les constantes de cette formule peuvent être déterminées par l'expérience, pour un cycliste donné, et pour une route de qualité connue, Nous ne parlons pas de la machine, que l’on suppose n’absorber qu'une portion infime du travail total, Le travail à la montée s'ajoute à celui que l’on vient de calculer et l’on peut établir un abaque donnant, pour toutes Les vitesses et toutes les pentes entre certaines limites, la puissance à dépenser pour soutenir sa vitesse. On pourrait penser, au premier abord, que toutes les combinaisons de-vitesse et de pentes, con- duisant à la même puissance totale, seront équiva- lentes pour le cycliste. C'est une grave erreur, contre laquelle l'auteur met en garde, fort judicieusement. La puissance moyenne est un critérium insuffisant des efforts du cycliste ; l'effort maximum sur la pédale en donne une plus juste idée. Ce résultat de l'expérience conduit à une intéressante dissertation sur les deux qualités du cavalier, la force et l'endurance, qualités bien différentes l’une de l’autre, et qui classent les coureurs en cyclistes de vitesse et de fond. Nous som- mes heureux de voir, dans ce chapitre, faire bonne jus- tice de certains préjugés concernant le poids de la ma- chine, que l'on allège souvent d’une facon ridicule. Le rôle des vibrations comme source de consommation* est bien mis en lumière ; c’est là que l’on doit cher- cher la vraie raison pour laquelle il est avantageux de démonter les pièces mobiles, frein et garde-crotte. Il nous paraît que la formule à trois termes, à la- quelle on s’est tenu jusqu'ici, est encore trop simple, si l'on cherche à ébaucher une théorie analytique du pneumatique; il semble que, pour les terrains rabo- teux tout au moins, on doive faire intervenir des puis- sances négatives de la vitesse; le fait, tout paradoxal qu'il paraisse, se fonde sur ce que, aux faibles vitesses, le caoutchouc suit les dénivellations et les fait partager à la machine, tandis que, aux allures plus vives, l’obstacle s'imprime tout entier dans le caoutchouc et le mouvement se fait sensiblement en ligne droite. C’est là, disons-le, une opinion person- nelle, qui ne repose pas sur des expériences systéma- tiques, mais seulement sur un embryon de théorie, La plupart des vélodromes ont été construits d’une facon très irrationnelle ; ils se composent, en général, de deux lignes droites, parallèles, raccordées par des demi-circonférences. Il en résulte que, lorsque le cycliste passe brusquement de l’une à l’autre de ces sections, il devrait donner brusquement à la machine une inclinaison correspondant au nouveau rayon de courbure de la piste. Mais alors, comme le rayon des tournants est le plus souvent assez restreint, il est nécessaire de les incliner vers l'intérieur, afin que l'angle de la machine avec la voie ne tombe pas au- dessous de l'angle de frottement, et que le cycliste ne dérape pas. On serait donc conduit, rationnelle- ment, à construire la voie de telle sorte qu'une section en pente vers l’intérieur succède à une piste de niveau. Ces deux sections seraient séparées par une tranchée, : s, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ce qui condamne le système. On a cherché un palliatif en raccordant les deux parties par une section très courte formant bosse, sur laquelle on cherche tant bien que mal son équilibre ; il en est résulté de nom- breux accidents, comme on eùt dù s’y attendre, Le re- mède très simple, indiqué par M. Bourlet, consiste à adopter une courbe de raccordement telle que le cycle reste en équilibre en se penchant d’un mouvement gradué au moment où il quitte la section rectiligne, En admettant, comme condition, une vitesse d'inclinai- son constante, on arrive, pour déterminer la courbe, aux deux intégrales de Fresnel, qui donnent une * spirale nommée par l’auteur la courte de Cornu. Si la vitesse aux virages était toujours la même, le raccor- dément des deux droites parallèles par deux portions symétriques de courbes de ce genre serait parfait; mais il faut compter avec certaines limites de vitesse et avec des dimensions souvent restreintes de la piste; c’est pourquoi il faut éviter les plus faibles rayons de courbure et relier les deux segments de courbes de Cornu par un arc de cercle. Un tableau calculé par M. Bourlet donne les constantes de ces courbes pour des vitesses déterminées, et des dimensions connues de la piste. La surface ainsi calculée est une surface d'équilibre, mais on peut la parcourir à des vitesses assez différentes si le frottement sur le sol est sufli- sant. Lorsque la piste a une largeur assez grande, la section du virage doit, naturellement, présenter une forme convexe, puisque, pour une même vitesse linéaire, la force centrifuge diminue à mesure que le rayon de courbure augmente. - Cette troisième partie de l'ouvrage est, en quelque sorte, la plus inattendue et, sinon la plus documentée, du moins celle qui conduit au plus grand nombre de résultats pratiques. Nous ne doutons pas que, lorsque le traité de M. Bourlet sera connu comme il le mérite, il ne contribue sérieusement à l'amélioration des pistes vélocipédiques. CH.-Ep. GUILLAUME. Henry (Ch.). — Abrégé de la théorie des Fonctions elliptiques, à l'usage des candidats à la licence mathé- inatique. — 1 vol. in-8°, de 126 pages. Nony, Paris, 1895, La théorie des fonctions elliptiques passe, à juste titre, pour l’une des plus ardues dans l'étude des mathématiques supérieures. Il existe plusieurs ou- vrages qui ont pour objet d’en présenter un exposé 'complet; mais aucun, du moins en France, n’offrait aux candidats à la licence les éléments esséntiels qui leur sont nécessaires pour l'examen. C’est cette lacune que M. Ch. Henry s’est proposé de combler, en prenant pour base de son travail la méthode d'exposition que l’on trouve dans la dernière édition du Cours d'analyse de M. Jordan. « Mettre en relief, dit-il, les idées prin- « cipales, signaler nettement l’cbjet qu'on se propose, « éviter les longues transformations algébriques qui ne « servent qu'à la masquer, telle est la pensée qui a « présidé à la composition de cet opuscule, d'ailleurs « purement didactique. » L'ouvrage, fort bien ordonné, répond à ce pro- gramme modeste, mais d’une exécution difficile en rai- son même de cette modestie. IL se divise en quatre parties : Généralités concernant les fonctions elliptiques ; la fonction pu; les fonctions snu, enu, dnu; les fonctions 6. Il est certain qu'après l'étude de l'excellent volume de M. Ch. Henry, on ne peut pas se flatter de posséder à fond et complètement la théorie des fonctions ellip- tiques. Mais on en sait les éléments essentiels, néces- Saires pour l'examen de la licence, etl’on est par cela ‘même préparé à l’étude des mémoires et des ouvrages spéciaux, si l’on désire s'initier à ces belles et difficiles Spéculations de la haute analyse mathématique. M. Ch. Henry a donc rendu à la science et à l’ensei- gnement des mathématiques supérieures un grand service, par la publication de ce petitmanuel, précieux Instrument entre les mains des candidats, et introduc- lion utile pour les mathématiciens qui veulent pousser plus avant leurs études ultérieures. C.-A, Latsanr. 2° Sciences physiques. Monod (Ed.-G.). — Stéréochimie. (Exposé des théories de Le Bel et van't Hojf, completées par les tra- vaux de MM. Fischer, Baeyer, Guye et Friedel, avec une préface de M. Ch. Friedel.) — 1 vol. in-8° de 164 pa- ges avec fiqures. (Prix : 5 francs). Gauthier-Villars et fils, éditeurs. Paris, 1895, Voici un petit volume qui sera, j'en suis sûr, consi- déré comme le bienvenu par la plupart de nos jeunes chimistes français, car, depuis que l’on parle de la stéréochimie et des travaux qui s’y rattachent, per- . sonne n’avait eu l’idée, dans notre pays, de réunir les principaux faits acquis à ce sujet et d’en constituer un ensemble doctrinal. utilisable à la fois par le mai- tre et par l'étudiant. L’essai de M. Monod est réussi et son exposition est aussi claire que pouvait le per- mettre le cadre restreint qu'il s'était tracé. Après avoir établi la symétrie parfaite du groupe CR'etfondé sur cette symétrie l'hypothèse du tétraèdre, l'auteur examine d’abord les cas les plus simples de dissymétrie, au point de vue géométrique comme aux points de vue optique et cristallographique. Il est peut-être à regretter qu'ici M. Monod n’ait pas suffi- samment mis en lumière l'importance des recherches mémorables de M. Pasteur sur l'acide tartrique, qui sont, en définitive, le point de départ et la base fonda- mentale de toute notre stéréochimie moderne; à re- gretter aussi, pour les commencants, qu'il n'ait pas eu recours, à propos des isomères opliques, à la com- paraison si simple d'un objet avec son image dans un miroir plan. L'auteur étudie ensuite, dans différents chapitres, les corps à deux, trois, quatre, n atomes de carbone asymétriques simplement liés ; à ce sujet il rappelle les derniers travaux de M. Em. Fischer sur la confi- guration des sucres, puis il passe aux composés éthy- léniques, examine l’isomérie fumarique et enfin, par l’intermédiaire des acides muconique et hydromu- coniques, essaie de passer logiquement des corps à chaîne longue aux composés cycliques, cyclohexane ou benzène. Ici une observation me parait nécessaire, qui d’ailleurs ne tcuche aucunement aux doctrines stéréochimiques : M. Monod nous dit que les tétraè- dres s'ajoutent les uns aux autres toujours de Ja même manière, à mesure que leur chaine s'allonge; il en conclut que forcément ils donnent naissance à un contour polyzonal lorsqu'on ajoute un seul atome de carbone, convenablement placé, à une molécule en C, et il nous montre à l'appui un schéma renfer- mant cinq tétraèdres simplement liés, dont les deux extrêmes attendent, pour former un cycle, qu'on complète la figure par un sixième atome de carbone, alors qu'ils devraient presque se toucher, puisque l’angle intérieur du pentagone régulier est celui qui répond le mieux à l'angle des arêtes de deux tétraë- dres dont le sommet commun est sur la droite qui joint leurs centres de gravité. Ce sixième atome de carbone est une carte forcée ; puis, pourquoi nous dire que l’on peut étre bien certain que les schémas sont tels que le dessin les montre, alors qu'on n’en sait absolument rien ? Et, s’il est vrai que l’on peut calculer les angles faits par les faces de télraèdres consécutifs, quand ceux-ci sont réguliers, quelle est donc la valeur de ces angles dans l'acide caproïque, l'acide laurique et Pacide mélissique ? L'auteur aurait certainement mieux fait de passer directement au benzène, dont la stabilité, infiniment plus grande que celle de ses hydrures, s'explique, dans le même ordre d'idées, par l'absence, dans sa molécule, de toute tension ou déformation notable de chaque système de tétraèdres simplement ou double- ment liés; la condensation de l'acétylène était encore ici le meilleur moyen de passer de la série grasse à la série aromatique. M. Monod examine donc successivement les dérivés du cyclohexane et ceux des chaînes fermées à liaisons 168 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX simples et doubles; l'exposition est un peu rapide et nous recommanderons à ceux qui ne sont pas encore familiarisés avec les notions d'isomérie dans l’espace de ne pas s’en tenir à une seule lecture : ils pourraient croire qu'un dérivé cyclique tel que (CH GXY (cyclo- hexane bisubstitué 1.1) peut évidemment exister sous deux formes isomériques cis et trans (page 94) ou qu'il y a quelque différence fondamentale entre l'inosite, l’hexachlorure de benzène et l'acide hydromellique. On ne voit pas, en effet, pourquoi l’auteur termine ce chapitre en disant : l'étude des dérivés de l'inosite con- duit au benzène ; au contraire, les constitutions des heæa- chlorures et de l'acide hydromellique dérivent de l'étude du benzène; sans doute, veut-il dire par là que, pour établir la constitution des hexachlorures de benzène, on à suivi une marche inverse de celle qui a conduit à la » formule de l’inosite ; mais, si l’on avait raisonné à leur égard de la même manière, ce qui eût été, au fond, plus simple et même plus logique, si l’on s’était fondé, par exemple, sur leur transformation bien connue en trichlorobenzène, ne serait-on pas arrivé à des schémas différents de ceux que l’on admet au- jourd'hui? Et dès lors pourquoi être aussi affirmatif ? L'auteur donne ensuite les formules stéréochimiques des neuf inosites possibles (à signaler quelques fautes d'impression dans les schémas), celles des acides hydrophtaliques de M. Bæyer et enfin celles des deux hexachlorures de benzène, d’après M. Friedel. L'ouvrage se termine par un exposé succinct des travaux de M. Ph, Guye sur les variations du pouvoir rotatoire et le produit d’asymétrie; pas un mot sur la stéréochimie des composés de l'azote ni sur la position favorisée de M. Wislicenus. En résumé, la stéréochimie de M. Monod rend compte, aussi nettement que possible, des doctrines actuelles relatives à l’isomérie dans les trois dimen- sions des corps carbonés ; les observations que nous avons cru devoir faire sur quelques points ont simple- ment pour objet de prévenir les commencants de ce qu'ils pourraient y voir de {rop absolu ou de trop dogmatique ; en l’étudiant ils ne devront jamais oublier que l'hypothèse du tétraèdre n'est aucunement néces- saire à la chimie de l’espace et qu'elle n’est qu'un moyen commode de matérialiser la notion fondamen- tale de dissymétrie. Sous sa forme actuelle, le livre de M. Monod peut déjà rendre de grands services ; il deviendra excellent quand l’auteur, encouragé par le succès que nous lui souhaitons, l'aura étendu un peu davantage. : L. MAQUENNE. Moreau (G.), Ancien élève de l'Ecole polytechnique et de l'Ecole Nationale supérieur des Mines. — Etude industrielle des Gites métallifères. — Un vol, gr. in-8° de 450 p. avec SO fig. dans le texte. (Prix,relié 20 fr.) Baudry et Cie. Paris. 189#. M. Moreau déclare, dans sa préface, qu’il a supposé connus les faits relatifs aux gites métalliffères et s'est seulement attaché à mettre en évidence les caractères permettant d’apprécier-la valeur d’un gîte. C’est donc une sorte d’aide-mémoire du prospecteur que cet ou- vrage, el il a les avantages et les inconvénients de ce genre de publication, Il contient l'indication d'un très srand nombre de faits, de résultats utiles à connaître, mais il ne peut suffire à faire disparaître l'ignorance ordinaire des prospecteurs, que déplore M. Moreau. Il est surtout intéressant en ce sens qu’il montre comment se relient ensemble les diverses parties de l'éducation de l'ingénieur des mines. Cet enchaïnement nécessaire n'est généralement pas indiqué dans les traités spé- ciaux non plus que les très sages conseils que donne l'auteur dans le chapitre intitulé « Etudes minières », G. C. Legros (C! V.) — Description et usage d’un appa- reil élémentaire de Photogrammétrie. — 1 vol. in-8° écu, de 87 pages (Prix: tions scientifiques. Paris, 1895. 1 fr. 50), Société d’Edi- 3° Sciences naturelles. Berthault (F,), Professeur à l'Ecole Nationale d’Agri- culture de Grignon. — Les Prairies ; prairies natu- relles, prairies de fauche. — Un volume petit in-8° de 223 pages, de l'Encyclopédie scientifique des Aide- Mémoire, dirigée par M. Léauté, membre de l'Institut. (Priæ : broché, 2 fr. 50; relié, 3 francs). Gauthier- Villars et fils et G. Masson, éditeurs, Paris 1895. Denaifre {Clément et Henri). — Manuel pratique de culture fourragère. — Un volume grand in-8° de 316 pages, orné de 107 figures. (Prix : 5 francs.) G. Carré, 3, rue Racine, Paris. Par la situation qu'il occupe à l'Ecole de Grignon, par les nombreux voyages agricoles qu'il a exécutés, M. Berthault se trouvait tout désigné pour rédiger l'ouvrage que nous signalons aujourd'hui, Dans ces pages, en effet, l’auteur ne se contente pas seulement de décrire les divers systèmes d'exploitation des prai- ries suivant leur situation et les conditions dans les- quelles elles sont placées, mais il fait, en outre, pro- liter le lecteur d'une quantité de détails intéressants qu'il a recueillis dans les divers centres des pâturages de notre pays. Toutes les personnes qui s'occupent d'agriculture et d'élevage prendront connaissance de cet aide-mémoire avecle plus grand fruit, M. Berthault y étudie uniquement les prairies naturelles et parti- culièrement les prairies de fauche, dont il démontre l'importance dans ses considérations générales. Il laisse de côté les prairies artificielles et temporaires. Dans les prairies naturelles, l’auteur distingue les prairies de fauche, qui sont fauchées ‘et fanées, les her- bages destinés à engraisser les bestiaux qui les paissent et les päturages qui nourrissent les animaux sans pouvoir les engraisser. Après avoir indiqué la classification des prairies de fauche suivant leur situation : hautes, basses ou moyennes, ou suivant leur régime: arrosées par dé- bordement, par l’eau des rivières ou étangs ou simple- ment par la pluie, l'ouvrage aborde l'étude des prairies dans les divers étages géologiques, donnant ainsi, avec juste raison, dans le sujet traité une grande part aux considérations d'ordre agrologique. Sont ainsi passés en revue : les terrains primitifs et granitiques, volcaniques, les terrains de transition, les étages permien et triasique, jurassique, le lias, le système oolithique, les régions crétacées, tertiaires, les contrées du miocène lacustre et du pliocène. M. Berthault indique les diverses parties de la France correspondant à chacun de ces terrains, la composition générale du sol, les engrais à y apporter, les modes d'irrigation appliqués, enfin la composition botanique des fourrages récoltés; partout l’auteur montre l'étroite relation qui existe entre la végétation des prairies el la couche géologique qui les porte, La seconde partie est consacrée à l'étude de Ia créa- tion des prairies, de leur exploitation et de leur défri- chement, Après l'exposé des inconvénients que l’on rencontre dans Ja création spontanée des prairies, qui à pour risques le développement d'espèces peu avan- lageuses, vient l'examen des exigences de la production du foin en éléments fertilisants. A propos de la com- position des sols des prairies, M. Berthault rappelle leur enrichissement en azote, étudié il y a déjà long- temps par M. Dehérain à Grignon et dont le méca- nigme biologique est expliqué aujourd’hui, grâce aux travaux de savants éminents. L'auteur aborde ensuite la préparation mécanique du sol à mettre en prairies : nivellement, formation de pentes pour la bonne répartition de l’eau, labours ou défoncement, etc., et la préparation chimique de ce même sol par le fumier et, si l'analyse de la terre l’in- dique, par les phosphates ou superphosphates, le chlorure de potassium, la chaux; M. Berthault montre le bon eflet produit par le nitrate de soude répandu au printemps; il discute la composition des graines des- tinées à l'ensemencement des prairies et étudie ces BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 469 graines et la pratique de leur semis. La destruction des Jantes nuisibles, le fauchage;, le fanage, la valeur des _ foins sont l’objet d’autant de courts chapitres, Enfin l'ouvrage se termine par quelques considé- rations sur le défrichement des prairies, qu’on doit exé- cuter quand leur altération est arrivée à un certain _ point; on peut ainsi mettre en utilisation pour les cul- _ tures suivantes l’azote accumulé dans le sol. Le plan du second livre que nous signalons res- semble beaucoup à celui du précédent ouvrage, mais on peut constater qu'il a été écrit dans un ordre d’idées plus spécial et plus immédiatement pratique; grâce aux dimensions de ce manuel, MM. C. et H. Denaiffe ont pu développer certaines parties de leur sujet, . notamment l'étude des plantes de prairies, bien plus . que ne le pouvait faire M. Berthault, limité dans le cadre des Aide-Mémoire de la collection Léauté. Les diverses plantes fourragères : graminées, légumineuses . ou autres, les principaux végétaux nuisibles aux prai- _ries sont présentés avec grands détails au point de vue historique, botanique, agronomique et cultural; un assez grand nombre de figures et de tableaux com- plètent ces renseignements; les auteurs s'occupent aussi de l’ensilage et de la sidération. Quant au reste de l'ouvrage, nous aurions à répéter presque textuellement ce que nous avons dit à propos des « Prairies » de M. Berthault. MM. Denaiffe arrivent, du reste, d'une facon générale aux mêmes conclusions. En résumé, leur manuel est écrit d’une facon très consciencieuse et pourra rendre de grands services aux cultivateurs et propriétaires intelligents, qui sont heureusement de plus en plus nombreux et qui aban- donnent les procédés routiniers pour suivre la voie plus rude, mais plus féconde tracée aujourd’hui par la science agronomique. A. HÉBERT. 4° Sciences médicales. Sigaud (D°C.). — Ancien Interne des Hôpitaux de Lyon. — Traité des troubles fonctionnels méca- niques de l'Appareil digestif. Evolution naturelle de la Dyspepsie. — | vol in-8° de 240 pages. (Prix: 6 francs.) O0, Doin, éditeur. Paris. 1895, Ce livre a une double origine, dit l’auteur : l’appli- cation d’une méthode et l'observation d’une certaine classe de malades, La méthode, c'est la palpation uab- . dominale….; les malades appartiennent exclusivement à la clientèle de cabinet, seule susceptible de donner les renseignements nécessaires sur l’histoire de la mala- die, les conditions d’hérédité, seule capable d’intro- spection. C’est dans les premières années dela vie qu’on trouve les accidents qui sont le point de départ de toute dys- pepsie : nourrices, sevrage, maladies éruptives, coque- luche, etc. Plus tard apparait La stase gastro-cæcale, préparée de longue date, puis favorisée par les con- ditions anti-hygiéniques de la vie; vers trente ans les signes de gonflement, renvois, oppression, congestion de la face, etc , considérés seuls jusqu'ici comme ca- ractéristiques de la dyspepsie, ne sont que l'indice de la maladie confirmée, installée et rarement modifiable. Donc l'intestin joue un rôle prédominant dans la dyspepsie; on le trouve toujours malade dans les an- técédents du dyspeptique : c’est à la phase intestinale de la digestion que répondent les symntômes les plus en vue ; lastase au niveau du côlon et de l’estomac, la première prédominante et antécédente, sont de règle; la dyspepsie se réduit à une insuffisance de la péri- staltique gastro-intestinale. Telle quelle, cette dyspepsie domine toute a patho- logie, comme la gastrite de Broussais : on la retrouve à l'origine du plus grand nombre de nos maladies, chro- niques ef aiguës : « Les relations pathogéniques sont immédiates avec les états chroniques et médiates avec les pyrexies, » et la connaissance de ces faits « dis- pense absolument d’avoir recours à certaines abstrac- lions, comme l’arthritisme, l’herpétisme, etc. ». Ces troubles, purement mécaniques, se manifes- teront sous un aspect très différent suivant que le ma- lade est anatomiquement vigoureux, de forte consti- tution, ou, au contraire, un sujetde charpente délicate, de faible constitution : chez les forts, la résistance de l'appareil mécanique est considérable, ce qui explique une période latente très prolongée, pendant laquelle les troubles de nutrition générale, seuls signes appré- ciables, sont pris pour les causes de la dyspepsie; chez les faibles, les paroïs cèdent tout de suite et pro- gressivement, la dyspepsie s’épuise en troubles loca- lisés, peu ou pas de manifestations viscérales éloignées. On a affaire à un processus tout à fait analogue au cœur forcé : suivant l’état du myocarde, il y a une pé- riode de lutte, de compensation plus ou moins pro- longée, puis l’asystolie éclate, progressivement rapide pour les uns, retardée et subitement extrême pour les autres. Que deviennent là dedans les ploses ? La stase cæcale prédominante rompt l'équilibre de la statique du tube digestif, produisant une surcharge pour les ligaments suspenseurs, en même temps que la tension abdomi- nale diminuée favorise l’entéroptose : « L'entétoropse devient ainsi une simple complication dela dyspepsie et se trouve déchue de la dignité d’entité morbide à la- quelle les travaux de Glénard tendent à l’élever. » L’estomac joue un rôle très effacé dans cette ma- uière de comprendre la dyspepsie : beaucoup plus ré- sistant que l'intestin, il ne se laisse compromettre que très tard, obéissant à la longue aux lois de la tension abdominale, et se laissant forcer alors parallèlement aux parties subjacentes du tube digestif. Dès lors, la dislocation est complète, la dyspepsie est constituée, entrainant à sa suite la déchéance de la nutrition générale, et livrant l’organisme sans défense aux maladies occasionnelles ‘et aux {ares chroniques. Des sécrétions stomacales ou intestinales, il n’en est pas question : il faut donc croire qu’elles ne jouent aucun rôle dans la dyspepsie; le tube digestif est un grand tuyau d'évacuation, son seul trouble de fonc- lionnement est l'engorgement avec les conséquences de cette obstruction dans la partie située en amont, Mais alors, qu'est ce que c’est que la digestion? Nous ne pouvons que souscrire à cette conclusion de auteur : « Les vrais dyspeptiques ne sont pas toujours ceux qu'on pense, » : Dr Ray. Duranp-FARDEL, 5° Sciences diverses. La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des Sciences, des Lettres et des Arts, paraissant par livrai- sons de 48 pages grand in-8° colombier, avec nombreuses figures intercalées dans le texte et planches en cou- leurs. 524° et 525° livraisons. (Prix de chaque livrai- son, 1 fr.) H, Ladmirault et Cie, 61, rue de Rennes, Paris, 1895, Les 524 et 525° livraisons renferment des articles sur les légats du pape par M.E.-H. Vollet; sur les légations en droit international, par M. E. Lehr; sur le legs, en droit romain par M. G. Regelsperger, et en droit actuel par M. Ch, Strauss; sur les légions ro- maines, par M. A.-M. Berthelot; sur la légion étrangère en France; sur l’ordre de la Légion d'honneur; une étude numismatique sur les légendes gravées sur les monnaies, par M. Prou; une étude musicale sur le leitmotiv par M, Alfred Ernst; enfin les biographies de Ledru-Rollin, par M. A. Debidour, celle du poète Leconte de Lisle, par M. Ph. Berthelot; celle de l’auteur dramatique et critique littéraire Jules Lemaitre par M. Ph. Berthelot; enfin une étude très complète et très consciencieuse sur le grand mathématicien et philo- sophe Leibnitz : dans la première partie, M. E. Boirac nous donne sa biographie, la liste de ses œuvres, sa doctrine, sa métaphysique, sa psychologie, sa théodi- cée, sa morale; dans une seconde partie, M. Tannery nous fait voir l'œuvre de Leibnitz dans l'histoire des mathématiques, : 470 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 22 Avril 1895, 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. G. Kœnigs donne une démonstration rigoureuse du théorème suivant, énoncé par Sylvester : Toute surface algébrique peut être déerite par le moyen d’un système articulé. — M. G. Humbert énonce un certain nombre de proprié- tés des courbes de quatrième classe de la configuration de Kummer, Ces propriétés correspondent, en partie, à celles de la surface du sixième ordre qu'il a précédem- ment étudiée. 29 SCIENCES PHYSIQUES, — M. Lecoq de Boisbaudran vérifie expérimentalement que les substances qui pos- sèdent la propriété de se dilater notablement par cris- tallisation de leurs solutions très sursaturées et de se contracter par dissolution dans des liqueurs très char- gées d’autres substances convenablement choisies, peuvent cristalliser au fond de solutions plus lourdes qu'elles, — M. Stéphane de Lannoy montre qu'il est possible, en augmentant les précautions expérimen- tales, d'établir avec exactitude la dilatation de l’eau, sans apporter de modifications sensibles aux appareils en usage aujourd'hui, En éliminant certaines causes d'erreur, faciles à faire disparaitre, il arrive à déter- miner les volumes de l’eau à 0°,1 près pour toutes les températures. — M. J. Violle à déterminé la cha- leur spécifique du carbone sur un morceau de gra- phite. Au-dessus de 10009, la chaleur spécifique meyenne du graphite croît linéairement avec la température sui- vant la formule : = 0,355 + 0,00006 L. M. Violle a montré, en outre, que la chaleur cédée par 1 gramme de graphite solide depuis sa température de volatilisation jusqu'à 0° est 2050 calories. Il déduit de là la température d’ébullition du carbone : 3600°, — M. Edouard Branly montre que, dans certains cas, la surface de contact de deux métaux différents oppose une résistance aux courants électriques qui la traversentnor- malement, et que cette résistance peut être importante. Nulle pour certains couples, celte résistance a pour d'au- tres une valeur dépendant d’une foule de circonstances. — M. Pionchonindique une méthode optique permettant d'étudier les courants alternalifs qui présentent, au moins pendant quelquesinstants, une parfaite régularité d’allure. Cette méthode repose sur l'examen strobosco- pique des images produites dans un saccharimètre à pénombre ; entre le polariseur et l’analyseur de cet instrument, on place un solénoïde muni, suivant son axe, d’un tube de verre plein de sulfure de carbone ou de liqueur de Thoulet. — MM. Auguste et Louis Lumière présentent une note sur la photographie en couleurs naturelles par la méthode indirecte. Ils s’at- tachent à vaincre les difficultés que présentent deux points de la méthode de MM. Cros et Ducos du Hauron : le triage des couleurs et la superposition des mono- chromes, — M. Ph.-A. Guye, à propos d’une note récente de M. Aignan, fait remarquer qu'il n'a pas pro- posé de substituer à la rotation spécifique de Biot, la déviation moléculaire, Il ajoute que, pour tous les corps actifs qu'il a fait étudier dans son laboratoire, la loi de Biot s’est trouvée en défaut : la quantité (x) dépend de la température, du dissolvant, de la con centration. — MM. J. Ville et Ch. Astre étudient quel- ques dérivés de l'acide quinone-di-o-aminobenzoïque. Ils montrent que l’action des réducteurs et du chlorure de benzoyle sur cet acide décèle dans ce composé la per- sistance de la fonction quinone. Ils terminent en don- nant la formule de constitution de l'acide quinone-di-o- aminobenzoiïque. C. MATIGNON. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. Nordenskiold rend compte des résultats qu'il a obtenus en perforant les roches granitiques littorales de la Suède dans le but d'obtenir de l’eau douce, A 35 mètres, on a rencontré une nappe d’eau située dans les fentes de glissement des roches, ayant pu arriver à 3 mètres au-dessous du niveau du sol, et pouvant fournir 20,000 litres d’eau douce par jour. — M. Daille adresse une nouvelle note relative à l'Uredo viticida. — M. Cannieu, en présentant quelques remarques sur le nerf intermé- diaire de Wrisberg, montre qu’il existe chez les Ron- geurs et qu'il a des homologues chez les Poissons osseux. — MM. Pousson et Sigalas cherchent à éta- blir le pouvoir absorbant de la vessie chez l’homme. Ils concluent de leurs expériences que l’épithélium sain est imperméable ; que l'absorption a lieu : 1° lorsque le sujet, quoique ayant la vessie saine, éprouve le besoin d’uriner, lPurine baignant alors la portion prostatique de lurètre ; 2° lorsque l'épithé- lium vésical est altéré, — M. J. Chatin montre que le siège de la coloration chez les huîtres brunes réside dans des cellules spéciales, les macroblastes, situées presque exclusivement dans les branchies., J. Marrix. Séance du 29.Avril 1895 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. le secrétaire perpé- fuel signale les Formules ou Propositions extraites du cours de M. Weierstrass. — M. G. B. Guccia traite la question suivante : En supposant qu'un faisceau de surfaces algébriques d’ordre x possède, en un point O de l’espace, une singularité base quelconque, exprimer l’abaissement uw, que le point O produit dans le nombre 4 (n —1} des points doubles du faisceau. — M. R. Le- vavasseur cherche les types de groupes à de substi- tutions, dont l’ordre p® égale le degré, en distinguant le cas p = 2 du cas p premier impair, précédemment examiné. — M. Beudon applique la méthode de M. Darboux pour mettre en évidence un type d'équa- tions aux dérivées partielles de deuxième ordre, ad- mettant une intégrale intermédiaire du troisième ordre. — M. R. Liouville signale un, cas particulier de l'étude du mouvement d'un solide soumis à la pe- santeur et fixé par l’un de ses points, l’ellipsoïde d’i- nertie demeurant quelconque ; sans obtenir jusqu’à présent la solution générale, il arrive à calculer une solution dépendant de cinq constantes arbitraires au lieu de six, — MM. Perchot et J. Mascart ont abordé le problème de la recherche des solutions périodiques dans le cas d’unepetite masse attirée par deux masses égales décrivant une circonférence autour de leur centre de gravité commun, supposé fixe; ils appli- quent à cette question la théorie de M, Poincaré et obtiennent des résultats ne différant pas sensiblement de ceux de M. Carl Burrau. — M. Edouard Monet : Sur les poutres à treillis reposant sur deux appuis. — M. Lothar de Kœppen envoie une note sur la mul- tisection des angles par la voie mathématique. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. S. M. Andrée expose un projet d'expédition en ballon aux régions arctiques, remplissant les conditions suivantes : 1° le ballon aura une force ascensionnelle capable de porter trois personnes, tous les instruments des observations, des vivres pour # mois et le lest, le tout évalué à 3000 k.; 20 Je ballon offrira une imperméabilité suffisante pour rester trente jours en l'air; 3° le remplissage du ballon s'effectuera dans les régions polaires ; 4° le ballon sera ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 4 — = dirigeable dans une certaine mesure. — M. Emile Blanchard expose les raisons qui le conduisent à ad- mettre l'existence d’une mer polaire. — M. G. Def- forges rend compte des mesures de l'intensité de la pesanteur qu'il vient d’effectuer en Russie dans cinq stations distinctes : l’anomalie positive de la pesan- teur au bord de la mer et l’anomalie négative conti- nentale sont nettement mises en évidence. —M. Louis Bruner donne les résultats de ses recherches expéri- mentales concernant la détermination de la chaleur spécifique des liquides surfondus. Cette quantité ne varie que faiblement avec la température et se rap- - proche de la chaleur spécifique du liquide non sur- fondu, en restant tout à fait distincte de la chaleur spécifique du corps solide pour les mêmes tempéra- tures. — Le mème auteur a remarqué que l’hydrate de bromal immédiatement cristallisé ne revient que peu à peu à son état primitif; il présente l’anomalie si- gnalée par M. Berthelot sur l'hydrate de chloral; le thymol, le menthol n’éprouvent pas le mème phéno- mène. — M. Gouy, à propos de la note récente de M. Poincaré, revient sur la production des franges d'interférences au moyen du spectroscope, laquelle, d'après la théorie de M. Gouy, n'implique pas la régu- larité du mouvement lumineux incident.-— MM. Gin et Leleux ont déterminé les résistances spécifiques des solutions de saccharose dans l’eau distillée ; voici leurs conclusions : 1° la résistance varie avec la con- centration, elle présente un minima pour une dilution un peu supérieure à une molécule-gramme pour 10 litres de solution; ?° elle est fonction de la tempé- rature et, pour une densité de courant déterminée, représentée par une expression de la forme : y = À — Bt + CE; 3° la résistance est représentée T par la formule y — x — $ (1 + =) en fonction de la densité æ du courant. — M. Ch. V. Zenger donne des détails sur la catastrophe de Laiïbach du 14 avril der- nier; il en montre la coïncidence avec les ouragans, les chutes abondantes de météorites et d'étoiles filantes, les perturbations magnétiques, coïncidences qui ne laissent aucun doute sur leur origine commune : l’ac- tion éiectrodynamique du soleil et les passages d’é- toiles filantes. — M. Maumené adresse une note sur les alliages de cuivre et d'aluminium. — M. Raoul Varet a recherché les chaleurs de combinaison du mercure avec les éléments par deux méthodes dis- tinctes : 1° en faisant agir sur le sel mercureux mis en “uvre un excès d’iodure de potassium dissous; 2° en employant la même solution d’iodure alcalin, mais additionnée diode. — M. Granger a étudié l’action des combinaisons halogénées du phosphore sur le cuivre métallique, il a pu isoler un biphosphurede cuivre CuP? et le phosphure CuÿP?. — M. Charles Lepierre a poursuivi l'étude de l’action du sulfate d’ammonium fondu sur les différents sels métalliques par les sels de manganèse ; il se forme, suivant les conditions, les composés : ZS01 Mn. SO' Am? ; SO* Mn, SO' Am?, 6 H20et {SO*#Mn?.S05Am?. — M. A. Béhal a repris l'étude et la purification des amides campholéniques ; il en existe deux seulement, fusibles respectivement à 86° et à 13695. La seconde, chauffée avec l'acide chlorbydrique en présence d’alcool étendu, donne la première; elle est susceplible de fixer deux molécules d'acide iodhy- drique. Le diiodhydrate obtenu donne, dans des con- ditions convenables, l’olide campholénique sous deux états distincts. L'auteur a pu passer de l’acide campho- lénique liquide à l'acide solide; leur isomérie ne pa- rail pas se rattacher à l’existence du pouvoir rotatoire. — M. G. Perrier a pu obtenir des combinaisons cris- tallisées, formées par l'union du chlorure d'aluminium anhydre avec les composés nitrés appartenant à la série aromatique, le nitrobenzène, le paranitrotoluène, le nitronaphtalène «, le paranitranisol. — M. Ph. La- fon signale la réduction de la liqueur de Febling par le sulfonal et l'erreur en résultant que l’on peut com- meéllre dans la recherche du sucre dans les urines des personnes soumises à son traitement, — M. James Chappuis montre que la diastase du blé est détruite par l’eau oxygénée, de sorte qu’on peut faire du pain blanc avec des farines de toutes qualités; en particu- lier, on peut incorporer aux farines premières 20 pour 100 de farines secondes et obtenir un pain blanc. — M. Léon Boutroux tire les conclusions suivantes d’une étude sur Les causes produisant la couleur du pain bis : le gluten peut donner de la couleur au pain par dessiccation, mais non par fermentation. Le son peut donner de la couleur par l’action de l'oxygène de l'air en présence de l’eau, mais non par fermentation. L'acidité du levain, loin d’être à craindre à ce point de vue, est une protection contre le brunissement, -C. MATIGNON. 39 SCIENCES NATURELLES. — M. A. Giard fournit une contribution à l’étholosie du genre Thaunaleus Krôyer (famille des Monstrillidæ) et apporte un nouvel argu- ment en faveur de la théorie parasitaire au moins chez les jeunes, car l’auteur a trouvé un Copépode de ce genre sur une annélide : Polydora Giardi Mesnil. Les adultes menaient une existence pélagique., — M, Ch. Janet présente quelques observations sur les Frelons. — M. Debray fait de nouvelles recherches sur la bru- uissure et donne le nom de Pseudocommis au champi- gnon qui produit ces enduits d'apparence gommeuse que l’on rencontre quelquefois à la surface des tissus des végétaux. — M. Bordier étudie l’aclion des étin- celles statiques sur la température locale des régions soumises à ce mode de franklinisation. La température de la peau s’accroit lorsqu'elle est soumise à létin- celle ; elle continue de s’accroitre après que les étin- celles ont fini de jaillir. — MM. Héricozurt et Richet ont trailé un cas de sarcome par la sérothérapie, La guérison est survenue. J. MARTIN, ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 7 Mai 1895, M. le Président annonce la mort du D' Marchand de Fécamp), associé national, — M. R. Blanchard lit un rapport sur un mémoire du D' Ch. Wardell Stiles (de Washington), intitulé : De la rareté du tænia solium dans l’Amérique du Nord. — MM. Cornil et Durante communiquent un nouveau cas de méningite grippale chez une femme, qui s’est terminé par la mort, — M. Dieulafoy termine sa communication sur la tuber- culose larvée des trois amygdales. Il expose les moyens prophylactiques qui doivent avoir pour but d'empêcher la pénétration du bacille de la tuberculose, d’une part par la respiration, d'autre part par l’alimentation, — M. le Dr Lagrange (de Bordeaux) lit un travail sur l’électrolyse dans le traitement des rétrécissements des voies lacrymales. — M. le D' Elevy (de Biarritz) lit un travail sur les phénomènes électriques des bains, Séance du 1% Mai 1895, M. A. Fournier lit un rapport sur un travail du D' Régis, concernant la paralysie générale juvénile d'origine hérédo-syphilitique. L'auteur conclut d'un grand nombre d’observations que la paralysie générale juvénile est presque toujours le résultat d’une syphilis héréditaire, tout comme la paralysie générale de l’a- dulte procède, en général, d’une syphilis acquise, — M. Le Roy de Méricourt rend compte d’un ouvrage du D' Brenning, concernant les empoisonnements par les serpents. — M. J. Lucas-Championnière cite un cas d’acné hypertrophique du nez qu'il a enlevé simple- ment avec le thermocautère, et qui a été suivi d’une réparation parfaite sans aucun traitement. — M. Cor- nil discute la communication de M. Dieulafoy, sur la tuberculose larvée des trois amygdales. II montre que les amygdales hypertrophiées sont très rarement dues à un processus tuberculeux. Les végétations adénoïdes sont quelquefois le siège de tubercules, mais dans une proportion moindre que celle indiquée par M. Dieula- foy, 472 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 4 Mai 1895. M. Sergent a produit expérimentalement une tuber- culose des voies biliaires en injectant le bacille de Koch dans le canal cholédoque, -— MM. Pocher et Desoubry établissent la présence de microbes dans le sang du cœur, mais en plus grande quantité dans le cœur gauche que dans le cœur droit; il semble donc qu’en passant dans le poumon, le sang s’y débarrasse de ses microbes, — M. Féré a trouvé qu'en greffant des portions de blastoderme sous la peau d’un poulet adulte, les greffes prolifèrent et forment de pelites tumeurs dans lesquelles on trouve du cartilage. — M. Dastre présente un appareil destiné à recueillir le sang et à en extraire la fibrine à l’abri de l'air, — MM. Josué et Hermary ont guéri, avec le sérum antis- treprococcique de Roger et Charrin, une femme atteinte de fièvre puerpérale, — MM. Langlois et Abelous ont constaté chezdes rats blanes auxquels on avaitenlevé les capsules surrénales, la présence de capsules accessoires. — M, Raillet présente une douve du foie provenant du bœuf du Sénégal, et trouvée aussi chez l'homme, Séance du 11 Mai 1895. M. Jacquot adresse une note sur un cas de septicé- mie puerpérérale, traité et guéri par le sérum antistrep- tococcique. — M. Monod envoie une note sur Îles mi- crobes trouvés dans le foie d’une femme morte d’éclampsie puerpérale après avoir présenté des acci- dents infectieux. — M. Bonnier fait une communica- tion sur les rapports de l'appareil ampullaire de l'oreille interne et les centres oculo-moteurs. — MM. Courmont el Doyon envoient une note relative à l'action de la toxine diphtérique sur le système ner- veux de la grenouille, — M. Guinard adresse un tra- vail sur l'action excito-sécréloire de la morphine. — M. Lefèvre envoie une nouvelle note relative à l’in- fluence des mélanges réfrigérants sur l'organisme, — M. Soulié communique une note sur la migration des testicules dans les bourses, SOCIÈTE CHIMIQUE DE PARIS Séance du 26 Avril 1805. M. Béhal avait préparé quatre campholénamides, ainsi qu'il l’a communiqué antérieurement. Il a reconnu depuis que deux de ces produits étaient des combinai- sons moléculaires et non des isomères. D'une part, la camphoroxime, déshydratée par l'acide chlorhydrique, fournit l’amide campholénique fondant à 86°. D'autre part, cette même camphoroxime, traitée à froid par le chlorure d’acétyle ou le chlorure de thionyle, ne donne que l’amide fondant à 130°,5. Les amides fondant à 106 et à 92, qu'avait préparées M. Béhal, sont des combinaisons moléculaires, dissociables par l'alcool à 60°. On passe de l’amide fondant à 130,5 à l’amide fondant à 86°, par l’action de l’acide chlorhydrique en solution alcoolique, ou par l’acide iodhydrique en solution benzénique, L’amide fondant à 130°,5 fixe deux molécules d'acide iodhydrique; le produit de cette réaction, neutralisé en solution aqueuse, donne en abondance une campholénolactone fondant à 30», bouillant à 2380. On obtient en même temps l’amide fondant à 86°. L'acide campholénique solide, fusible à 50°, dérive de l’amide fusible à 869, L’amide isomé- rique donne l'acide campholénique liquide, bouillant à 1529 sous 1302, On passe de l’acide liquide à l’isomère solide par un procédé identique à celui qui a servi à passer d’une des amides à son isomère. On éthérifie l'acide liquide par l'alcool en présence d’acide chlorhy- drique, et on saponifie l’éther formé. Si on éthérifie l'acide liquide par l’action de son sel de soude sur l’iodure d’éthyle, on obtient un éther qui, saponifié, régénère l'acide liquide. L’acide solide, le nitrile cor- respondant et l’amide fondant à 86° sont inactifs; l’acide liquide, son nitrile et son amide, sont lévo- gyres. On pouvait considérer les dérivés inactifs comme des racémiques; un essai de dédoublement à l’aide des sels de strychnine et de cinchonine n’a pas donné de résultats. — M. Le Bel présente un appareil évitant certains calculs dans les recherches cristallographi- ques et fournissant les indices d'une face quelconque, — M. Maumené présente quelques observations sur l’action du permanganate de potasse en présence du sucre. Il présente aussi un alliage parfaitement cris- tallisé et très homogène, renfermant une partie d’alu- minium pour sept parties de cuivre, et un autre alliage. également cristallisé, renfermant une partie d’alumi- nium pour trois de cuivre. — MM. Auger et de Bois- sieu ont préparé la vanilline à l’aide du méthylène- eugénol. Ce composé est transformé par la potasse en dérivé iso, fondant à 519-529, et distillant dans le vide vers 4720-1730, Le méthylène-isoeugénol ainsi obtenu, oxydé en solution acétique par l'acide chromique, fournit la méthylène-vanilline, fondant à 155°-156°, On peut passer de ce dernier produit à la vanilline. — M. Maquenne communique, au nom de M. Prud- homme, le résultat de ses recherches sur le bleu pa- tenté, sel calcique du métaoxytétraéthyldiamidotriphé- nylcarbinol disulfoné. Cette couleur n’est décolorée par la soude caustique concentrée qu'après plusieurs jours d'action, La solution incolore, obtenue à froid, présente les propriétés suivantes : traitée par un acide, elle se recolore lentement à froid, rapidement à l'ébullition, en redonnant le bleu primitif. On obtient la recoloration même après addition d’ammoniaque ou d’un carbonate alcalin à la solution neutre. On obtient le leuco-dérivé du bleu en chauffant avec de la poudre de zinc cette solution décolorée par la soude. Acidifiée par l’acide acétique en excès et oxydée par l’oxyde puce de plomb PbO?, on obtient de la tétraéthylbenzidine. Le produit non sulfoné, soit le métaoxytétraéthyldia- midotriphénylcarbinol, traité par la soude en solution alcoolique, réagit de même. De ces réactions, M. Prud-- homme conclut qu'en présence de soude caustique à froid, il se forme un anhydride par réaction d’un hy- droxyle en méta dans un des noyaux benzéniques sur l'hydroxyle du carbone central. — M. Rosenstiehl à étudié l’action de l’iodure de méthyle sur le triphényl- méthanetriamidohexaméthylé, sur son carbinol et sur les éthers mixtes de ce dernier. D'après lui, la formule de MM. E. et O. Fischer représente bien la constitution du triamidotriphénylcarbinol. Ce corps est à la fois al- cool et triamine. Tant que deux des azotes sont en- core trivalents, la fonction alcool entre en jeu d’abord en présence des acides. Lorsque les azotes sont sa- turés complètement et à l’état d’ammoniums, la fonc- tion alcool ne réagit plus sur les acides, mais seule- ment sur les alcools. On n'obtient plus que des éthers mixtes avec les dérivés de cette classe. Ces corps am- moniés sont très fortement alcalins; ils agissent comme la soude caustique et décomposent les fuch- sines en les saponifiant. De plus, ces réactions per- mettent d'interpréter ce qui se passe dans la fabrica- tion du « vert méthyle ». Les composés incolores obtenus en méthylant la rosaniline ne sont pas des dérivés de la leucobase, comme le croyaient A.-W. Hof- mann et Ch, Girard, mais des dérivés de carbinols el très probablement d’éthers mixtes. Ces corps, en effet, se forment de préférence en milieu alcoolique. Si on traite par la soude une solution alcoolique de violet cristallisé, on obtient non le carbinol, mais l’éther mixte correspondant. La base du violet hexaméthylé, traitée par l’iodure de méthyle, ne donne pas de vert, mais, de suite, le carbinol triiodométhylé des produits contenant de l'azote secondaire, donne du vert. Les azotes secondaires s'opposent à la saturation totale de l’azote qui conduirait à des matières incolores. Enfin, M. Rosenstiehl conclut : Les fuchsines, les rosanilines sont amidées au mème degré que les leucobases dont elles dérivent. Si ces dernières sont trois fois aimidées en para, on retrouve intacte la fonction triamine dans les fuch- sines el dans les rosanilines correspondantes. E, CHarow. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES #13 ——————— TT Tableau II SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES SCIENCES PHYSIQUES M. Frank Clowes. —Composition des atmos- phères extinctives produites par les flammes. — Dans un travail précédent, l’auteur a déterminé les proportions d'azote et de gaz carbonique qui, ajoutés à l'air, forment des atmosphères artificielles éteignant les flam- mes, Il a énoncé les résultats généraux suivants : 1° Les flam- mes obtenues à l’aide de mèches s’éteignent dans des atmosphè- res de composition à peu près la même, tandis que les flammes formées par les gaz exigent des compositions différentes, 2° Pour éteindre une même flamme, il faut des doses bien plus consi- dérables d'azote que de gaz car- bonique. 3° La proportion mini- ma de gaz inerte qui produit l'extinction, ne dépend pas du volume de la flamme, Dans une nouvelle série de recherches, l’auteur s’est proposé de déter- miner quelle est, au moment où a lieu l'extinction, la composi- tion de l’atmosphère produite par chaque flamme brûlant dans un volume limité d’air à la pres- sion normale. Des essais préli- minaires ayant démontré la né- cessité d'opérer à l’abri de l’hu- midité et à pression constante, on a fait usage de l'appareil re- présenté sur la figure 1. La com- bustion se produit dans une clo- che de verre dont la base plonge dans le mercure d’une éprou- vette à pied assez profonde. Au sommet de la cloche est un tube en U contenant du mercure et servant de manomètre, et un tube de verre Fig: 1. — Appareil servant à détermi- ner la composition des atmospheres ex- linclives produites par les flammes. à robinet permettant d'extraire les gaz pour faire l’a-. nalyse. Pendant la combustion on maintient la pres- sion invariable en élevant ou abaissant la cloche sur le mercure. Le tableau I indique les résultats des analyses ; les nombres représentent la moyenne de deux et souvent trois expériences : Tableau I COMPOSITION % de l'atmosphère résiduelle produisant l'extinction A 02 | Az? | CO: COMPOSITION % de l'atmosphère artificielle SUBSTANCES produisant l'extinction COMBUSTIBLES BRULÉES pe Alcool absolu Alcool méthylique Paraffine Colza et paraffine Chandelles......,..... Cr QE pa Cr Où Or Hs JR C9 QD O9 bn en De © 02 ræ CO IO He O9 L'auteur compare en outre ces résultats, à la com- position des gaz expirés par les poumons; il fait usage du tableau I donné par le D° Haldane : ANALYSES DE L'AIR EXPIRÉ Air expiré aussitôt après l'inhalation| 11.4 | 78.4 4.2 Air expiré 40°” après l'inhalation. ...| 14.9 | 84.4 3.1 ER A TT EUR MEN A Composition moyenne.............. Les conclusions générales qu'on peut tirer de ce travail sont les suivantes : 1° Les flammes provenant des combustibles gazeux ou liquides; soumis à l’expé- rience produisent, dans une atmosphère limitée, une diminution de la dose d'oxygène de manière à la ra- mener à la proportion contenue dans les atmosphères artificielles extinctives. 2° Les flammes des chandelles ou des lampes qui s’éteignent dans une atmosphère limitée, produisent une atmosphère de composi- tin à peu près identique à celle des gaz expi- rés par les poumons. 3° Les atmosphères extinctives obtenues après combustion d’une lampe ou d’une bou- gie et l'air expiré par les poumons après une inspira- tion d'air pur sont respirables sans danger. 4° L'extine- tion de la flamme d’une lampe ou d'une bougie n'indique pas nécessairement l'impossibilité de la vie dans une atmosphère, SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 21 Mars 1895 (suite) M. A. Lapworth a repris l'étude des acides 8 étoxy- naphtalènesulfoniques, précédemment entreprise par MM. Armstrong et Amphlett et par M. Percival. Ce der- nier avait déjà remarqué qu’en sulfonant une solution de $ méthoxynaphtalène, on obtenait deux acides cor- respondants dont l’un pouvait facilement s’isoler. Arms- trong et Amphlett avaient supposé qu’en traitant une solution de $éthoxynaphtalène dans du sulfure de car- bone au moyen de chlorure de sulfonyle, il se formait principalement l'acide 8 éthoxynaphtalènesulfonique 2 : 1°. M. Lapworth confirme cette hypothèse; en effet, en éthylant l’acide 2 : 1’ naphtolsulfonique, il a obtenu un acide dont les dérivés ont une constitution sem- blable à ceux de l'acide instable produit par sulfo- nation du g éthoxynaphtalène. Il a préparé, en outre, le chlorure de l'acide 2 : 1° 8 éthoxynaphtalènesulfo- nique CH7(OEt)SO?Cl; l'acide mononitrosulfonique en nitrant le 2: 1’ 8 éthoxysulfonate de potassium, et enfin toute une série de composés des acides 8 éthoxy- naphtalènesulfoniques. En disulfonant l’éthoxynaph- talène à la température ordinaire, on n'obtient que très peu d’un seul acide disulfonique dont l’auteur détermine la constitution. Cette étude le porte à croire que la manière dont l’acide 2 : 1’ est formé par l'acide 2 : 1 indiquerait que le changement isomé- rique ne se fait pas directement, mais qu'il y a un changement isomérique intermédiaire. — Miss A.-P. Sedgwick et M. N. Collie ont préparé un grand nom- bre de composés pyridiques en partant de l'acide déhydracétique ; ils ont d’abord obtenu, en partant de cet acide, la diméthylpyrone : CH3.C—0—C.CH3 nl. CO. Cu et la lactone de l’acide triacétique : CHS,C—0—CO I HC.CO.CH? Traité par une solution diluée de permanganate de potasse, le premier de ces corps fournit deux acides : d'abord l'acide y chloro x’ pyridinedicarboxylique qui, fondu avec la potasse, donne l'acide y oxy ax pyridine- | dicarboxylique, qui possède toutes les propriétés de 3 > qui Pp E A 174 l'acide chélidamique; ensuite l'acide « méthyl y chloro x pyridine carboxylique qui, chauffé fortement, se décom- pose en + chloropicoline ; cette dernière, oxydée par le KMnO', donne l’acide y chloropicolinique. Lorsque la lactone de l’acide triacétique est chauffée avec de l'ammoniaque, il se forme de la dioxypicoline que l'on peut quantitativement convertir en «y dichloro 4 mé- thylpyridine qui, par oxydation, produit l'acide ay di- chloropicolinique. L'xy diéthoxypyridine a été obtenue en faisant bouillir la dichloropicoline avec l'éthylate de sodium. — MM. Percy Frankland F. KR. S. et James Henderson, en partant de l'acide sarco- lactique, préparé suivant la méthode de Percy Frank- land et Mac Gregor, ont obtenu les sarcolactates d’éthyle et de méthyle, l'acétylsarcolactate d’éthyle et le benzoylsarcolactate d'’éthyle, Les auteurs don- nent le pouvoir rotatoire de chacun de ces corps et discutent les relations qui existent, au point de vue optique, entre ces corps et les dérivés corres- pondants de l'acide glycérique. Il résulle de leurs recherches que la substitution du groupe éthyle au groupe méthyle produit un effet moindre sur ‘le pouvoir rolatoire du lactate que sur celui du glycé- rate. L'accroissement du pouvoir rotatoire obtenu en acétylant le lactate est plus grand que l'accroissement dû à la diacétylation du glycérate. L'introduction du groupe benzoyle change le signe du pouvoir rotatoire. Dans les éthers sels de l'acide glycérique il y a dimi- nution de la densité en montant la série du composé méthylique où composé butylique ; la même anomalie existe dans les lactates ; ainsi l’acétyllactate de mé- thyle est moins dense que le lactate de méthyle, Il est à remarquer que plus grande est la diminution de densité par acétylation, plus grand aussi est-l’accrois- sement du pouvoir rotatoire, En benzoylant, la densité de ces corps augmente, mais le pouvoir rotaloire di- minue considérablement et va jusqu'à changer de signe. — MM. James Workler et James Henderson, en électrolysant le camphorate alloéthylique de potas- sium.ont obtenu les sels éthyliques d’un acide non saturé C’HO? et d'un acide dibasique saturé CISH300"; ils ont appelé ces acides allocampholytique et allo- camphothétique. Le premier donne un dibromure qui a pu être converti en un isomère du campholactale de Fittig et Woringer. Les résultats obtenus semblent indiquer que cet acide camphorique contient le groupe : CH—CH(COOH). C.(COOH). -- MM. A. Bone et W.-H. Perkin junior F. R.S. ont entrepris l'étude de l'acide triméthylsuccinique et de son isomère l'acide diméthylglutarique dans le but de savoir si l'acide triméthylsuccinique existe sous deux modifi- cations, Ils ont préparé cet acide de deux manières différentes : 1° par l’action de l'x bromisobutyrate d’éthyle sur le dérivé sodique de l’x cyanopropionate d’éthyle ; 2° par l’action de l’« bromisobutyrate d’éthyle sur le dérivé sodique du méthylmalonate d’éthyle, Dans les deux cas les auteurs ont obtenu un seul et même acide triméthylsuccinique qui, à l’état de pureté, fond à 152°. Il se forme toujours à côté de Jui son isomère l'acide diméthylglutarique. Chauffé avec l'anhydride acétique, l'acide triméthylsuccinique donne un anhydrique fondant à 38:39, Les auteurs ont également préparé un acide cyanotriméthylpro- pionique : (CHE), , CAZ C=C=CH: CO'H/ NH SOCIETE ROYALE D'EDIMBOURG La Société à recu récemment les communicalions suivantes : MM. Gulland et Noel Paton : Sur l'absorption des hydrates de carbone par l'intestin, — M, Gilchrist : Sur la torsion du corps des Mollusques, — M. Tait : Surune propriété curieuse des déterminauts.—M,Crum Brown : Sur un nystagmus normal, — Sir W, Turner : | | | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ————— Sur les restes de l'antropopithèque trouvés récem- ment à Java, par M. Dubois : On a trouvé un crâne, une troisième molaire et un fémur gauche, On les a trouvés sur le bord d’une rivière de Java, à quelque distance l'un de l’autre, et à des époques différentes. M. Dubois suppose qu'ils établissent l'existence d'une race qui rattache le singe et l’homme : M, Turner ob- serve qu'il n'est point certain que ces trois débris ap- partiennent à un mème être; en comparant le crâne à divers spécimens de crânes, il n’est pas du tout convaincu qu'il n'ait pas appartenu à ur être humain. Le fémur a une forme qui se retrouve dans une collec- tion d’ossements humains, et les dents ressemblent autant aux dents d’un homme qu'à celles d’un singe : il considère que les débris appartiennent à un type humain ‘inférieur, — M, Chrystal : Théorème relatif à l’équivalence des systèmes d'équations différentielles linéaires ordinaires à coefficients constants, et son application à la théorie de ces systèmes. — M. Knott : Changement de volume des tubes de fer et de nickel aimantés. — M. Peddie compare le cas de cécité jaune-bleu, décrit par lui, il y a quelque temps, au cas récemment décrit par V. Vintschgan et Hering. Dans le cas actuel, ce qui n'avait pas lieu dans le pré- cédent, toute l’étendue du spectre est visible. Aussi loin que les observateurs aient pu aller, la présence du rouge semble être aisément reconnue; mais toutes les autres couleurs semblent à peu près, ou entièrement grises, Il ne semble exister qu'un point neutre (auprès de D, dans la partie jaune du spectre), — M. Munro donne une conférence sur la recherche des habitations lacustres. — MM. Crum Brown et Fairbairn : Sur lPaction du mercaptide de sodium sur l'éther dibromo- malonique, — MM. Ewart el Cole : Sur les branches dorsales des nerfs craniens et spinaux, chez les Elas- mobranches. — M. Traguair : Sur les poudres phos- phorescentes. — M. Tait : Sur la surface d'onde électromagnétique, — M. le due d'Argyll : Sur la formation des glaces de deux vallées (le Glenaray et le Glenshira). W. PEDDIE. ACADEMIE DES SCIENCES D’AMSTERD: Séance du 18 Avril 1895. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P.-H. Schoute s'oc- cupe du nombre des types de cristaux du système ré- gulier dans l’espace 2? à n dimensions. Il représente un cristal du système régulier dans &# par le symbole (CNT En) . än), où les segments déterminés par les êtres 2-1 limitants sur les axes sont rangés par ordre Je grandeur croissante. En faisant suivre 4,_, du sym- bole (a,, &, ..., An-,) de e"=! par œil y a deux cas à distinguer. Si 4, est infiniment grand, &, l’est tout de même; si 4, à une valeur finie, on obtient trois types différents de * en posant 4 = 41, an > Gn— Cb fini, &, infini, Ainsi chaque type de el mène à trois iypes de & ou à un seul, selon que 4, est fini ou in- fini; pour un des trois types nouveaux le dernier élé- ment estinfini. Si doac #, et y, représentent le nombre des types de 2? à élément dernier fini et infini, on trouve les relations récurrentes :æn —=?2%n-, et Yn =%n, + Yn— OÙ Zn — 2 ln EÙ En — Yn—= En — Yn-,- POUr n—2 on trouvez? 7,—1. Donc ones œr 211; 7yn 2011 etlenombre totaldes types des ,c.-à-d, 4» + yn =2 —1. Pourn—=#,0ona: TARA A) A6; (2, 7, HE 199, (1, #, Æ#, co 96 (A4) GB 4, SO PO AU EME NS Ro) EE 02 (4, 1, #, k) 96, (1, k, l,m 84.411, 15100, ca . 24 (A) 4 Æ d) 192, (1, A do) SIEMENS tee 18 (1! & ke à GE M ME de 06 A co to del RS Dans ce tableau les nombres qui suivent les symboles indiquent le nombre des corps limitants, Dans ces 15 types, seulement le premier (16), le treizième (24) et le dernier (8) sont des êtres réguliers dans le sens géométrique. À j ” 20 SCIENCES PHYSIQUES, — M. H, Kamerlingh Onnes NOTICE NÉCROLOGIQUE 15 communique les travaux exéculés au laboratoire de Leyde par M. A. Lebret, et ayant trait au phéno- mène de Hall. Dans la première communication, il décrit une méthode pour la mesure de ce phénomène appelée méthode de compensation, qui à l'avantage d’être une méthode à zéro, n’exigeant qu'une observa- tion momentanée et éliminant ainsi toutes ces pertur- bations qui exigent du temps pour s'établir, La plus “importante de celles-ci est le changement de tempé- rature des électrodes secondaires, découvert par M. von - Ettinghausen. La seconde communication s'occupe de k la dissymétrie du phénomène de Hall dans le bismuth, * où l’on trouve une valeur différente pour cet effet en … employant des directions opposées du champ magné- … tique. L'auteur à réussi à trouver dans une plaque … deux directions exemptes de dissymétrie ; il explique … ce résultat en supposant que le changement de résis- tance par le champ magnétique diffère dans deux directions perpendiculaires, Nommant K, et K, les - changements de résistance pour ces deux directions, - Je phénomène de Hall est donné par la formule : # Les K, — K: sine, LI 2 où & représente l'angle de la direction des électrodes primaires avec l’un de ces axes. 1 3° SCIENCES NATURELLES, — M. C.-A. Pekelharing … s'occupe du rapport entre le fibrine-ferment du sérum sanguin et le nucléo-protéide tiré du plasma sanguin. - Il ya trois ans, l’auteur a démontré (Revue générale, 11, p. 464) que le fibrine-ferment est une combinaison de chaux et du nucléo-protéide du plasma sanguin. qui est cédé au plasma sanguin pendant la destruction des éléments du sang. Quoiqu'on accepte générale- ment que plusieurs nucléo-protéides, en collaboration - avec des sels de chaux, peuvent causer la coagulation - de matières fibrinogènes, MM. Wright, Lilienfeld et “ jalliburtun ont énoncé récemment l'opinion qu'il … y à pas de rapport entre le fibrine-ferment et le nueléo-protéide. L'auteur réfute principalement les arguments de M. Halliburton, sans doute les plus importants de ceux par lesquels sa théorie a été atta- … quée. D'abord M. Halliburton remarque que l'alcool voagule les nucléo-protéides, tandis que, d’après la méthode de M. Schmidt, le fibrine-ferment est préparé en diluant avec de l'eau la substance précipitée du sérum sanguin par l'alcool, conservée pendant quelque “ emps sous l'alcool. Au contraire, l'auteur a trouvé que le fibrine-ferment, préparé d’une manière artifi- - cielle en traitant le nucléo-protéide du sang avec de - l’eau de chaux et de l’acide carbonique, ne perd que - partiellement sa solubilité pendant une conservation … de longue durée sous de l'alcool et que, plus tard, il - est encore à même de céder à l'eau un fibrine-fer- “ ment très aclif, La seconde difficulté de M. Halliburton a trait au plasma dont la coagulation a été prévenue par du sulfate de magnésium ; ce plasma se coagule sous l’action du fibrine-ferment et non pas sous l'ac- tion du nucléo-protéide. L'auteur trouve que des so- lutions de matières fibrogènes pures ne se coagulent pas non plus, après addition de sulfate de magné- sium, malgré la présence d'une grande quantité de nucléo-protéide, à moins qu'on n’ajoute une quantité relativement considérable de sels de chaux. Aussitôt que la combinaison du nueléo-protéide avec de la chaux s'est formée, la présence de MgSO, ne contrarie que très faiblement la coagulation. Le ferment tiré artifi- ciellement du nucléo-protéice du plasma sanguin fait coaguler le plasma contenant MuSO, tout aussi bien que le fait le fibrine-ferment du sérum. Le troi- sième argument de M. Halliburton se base sur conduite différente du nucléo-protéide et du fibrine- ferment introduits dans la circulation du sang; seule- ment le nucléo-protéide cause la coagulation intra- vasculaire, Par rapport au fibrine-ferment préparé d’après la méthode Schmidt, ou celle de Hammarsten, l'auteur confirme ce résultat ; il l’attribue à l’état de dilution extrème. Cela est d'accord avec l'expérience qu'après l'introduction de ces solutions de ferment on observe souvent la «phase négative » de M, Wright, c’est-à-dire un ralentissement de la coagulation du sang sécrété par les vaisseaux, précisément comme après l'introduction d’uhe quantité de nucléo-pro- téide trop pelite pour causer la thrombose. Cependant, après l'introduction d'une solution plus concentrée du ferment, comme elle peut être obtenue d’après la méthode de M.Gamgee, dans la veine d'un lapin, l’auteur constatait une coagulation intervasculaire aussi importante que celle causée par la combinaison dunucléo-protéide avec de la chaux, précipitée par l'ad- dition de l'acide acétique au sérum sanguin dilué. L'auteur n'a pu trouver aucune trace de différence entre le fibrine-ferment du sérum et la combinaison obtenue à l'aide de l’action de la chaux sur le nucléo- protéide tiré du plasma sanguin. — M. Th. H. Mac Gillavry présente une brochure de M. A. van Delden intitulée : Les réactions du beurre hollandais par rap- port aux méthodes nouvelles d'examination; il y ajoute un apercu de deux méthodes dont il se sert à démontrer la présence de très petites quantités d’oléo- margarine ou d’autres huiles. Première méthode : La matière est examinée à l'aide de la lumière cireu- lairement polarisée tandis qu’elle est refroidie à 4°C ou échauflée jusqu'à #5°C. Seconde méthode : Pour constater la présence d'huiles, une pièce de beurre est mise sous le microscope dans un espace où la température est augmentée de 20°C à 24°C. A côté de cet espace se trouve un espace capillaire qui aspire l'huile contenue dans le beurre. Cette petite quantité peut être examinée d’après la première méthode. P.-H. Scnoure. | NOTICE NÉCROLOGIQUE — Les sciences naturelles viennent de faire une perte =eusible dans la personne de Carl Vogt, que la mort a “enlevé, à l’âge de 78 ans, le 5 mai dernier, Son nom mélait connu, non seulement de tous les naturalistes, - mais encore du grand public, dans lequel il avait depuis longtemps pénétré; car Vogt fut aussi un vulgari- ateur, un de ceux qui veulent que la science ne soit “pas seulement l'apanage du laboratoire et de quelques initiés, mais qu'au contraire elle rayonne et se répande ans les masses. Son œuvre scientifique, qui comprend la Zoologie “et l'Anatomie comparée, l’'Embryogénie, l'Anthropo- CARL VOGT logie, la Géologie et la Paléontologie, est considérable. IL a étudié toutes ces sciences avec un égal succès; mais il avait une faveur marquée pour les deux pre- mières. Vogt fut le collègue et le collaborateur de ces savants qui, dans des domaines divers, illustrèrent l'Académie, puis l'Université de Genève : les Marignac, les de La Rive, les Edouard Claparède, les Pictet de La Rive, etc. Né à Giessen, le à mai 1817, Carl Vogt était fils d'un naturaliste ; il étudia d’abord la médecine, travailla ensuite chez Liehig, — il tournait alors ses regards vers la chimie, — puis il suivit son père, appelé à 476 Berne comme professeur. C’est dans cette ville que, sous la direction de Valentin, il commença ses pre- miers travaux d'anatomie et de physiologie. = A 20 ans, il débuta par un travail sur le liquide amniotique, un opuscule de quelques pages, dans le- quel il indique la teneur des composants des liquides en question, à 3 mois 1/2 et à 6 mois de la vie fœtale. Ce travail fut publié dans les « Archives » de Johannes Müller, de Berlin, Dans les mêmes «Archives», Vogt fit paraître une étude sur la Neurologie du Python ligris, dont il avait eu en mains de remarquables échantil- lons, et sur le système nerveux des Reptiles en général. Puis il résida à Neuchâtel, attiré par la célébrité d’Agassiz, avec lequel il se lia, ainsi qu'avec Desor et d’autres naturalistes neuchâtelois. Ce fut une belle période d'activité scientifique. Il sortait chaque semaine de l’ « usine » Agassiz une trentaine de pages d’im- pression. Vogt, cependant, travaillait pour son compte, et, en 1842, il publia l’Embryogénie des Salmonés. A cette époque, l’'Embryogénie était dans son enfance, et Vogt eut la gloire d'être un des premiers àentreprendre l'étude de cette branche. Il en avait compris toute l'importance au point de vue de l'anatomie comparée ; aussi ne la délaissa-t-il jamais ; en 18%4, il publia un mémoire sur l’'Embryogénie des Batraciens; en 1846, ses Recherches Sur l'Embryogenie des Mollusques Gastéropodes, et, ces dernières années, il s’occupait beaucoup de l'embryogénie de la Chauve-souris. C’est grâce à Agassiz et Desor que l'attention de Vogt se tourna vers les glaciers, dont l’étude scientifique ve- nait d’être commencée par Venetzet de Charpentier: il occupa avec eux la fameuse cabane des Neuchätelois sur le glacier inférieur de l’Aar, Son livre de début en Géologie fut: Montagnes et Glaciers, paru en 1843 en langue allemande. De 1844 à 1846, Vogt résida à Paris, où il fit la con- naissance de la plupart des naturalistes français ; il y fonda la Société des Médecins et Naturalistes alle- mands, puis il visita l'Italie. En 1847, il retourna à Giessen, où il était appelé comme professeur à l'Uni- versilé, mais il n’occupa jamais effectivement sa chaire, car, en 1848, survinrent, en Allemagne, les événements que l'on connaît et auxquels il prit une part active. Il fut même un des trois régents de l'empire allemand. Mais, devant les baïonnettes prussiennes, il fut obligé de se retirer, Condamné à mort, il passa la frontière à grand'peine, déguisé en paysan, et se retira à Berne, où il prit ses lettres de naturalisation. Il reprit alors — surtout à Nice, dont il a pour ainsi dire découvert la faune marine — ses études zoologiques, et, en 1852, il fut appelé à occuper la chaire de Géologie à l'Académie de Genève. Ce ne fut que plus tard qu’il obtint la chaire de Zoologie et d’Anatomie comparée, science qu'il pro- fessait avec le plus de plaisir. En juillet 4861, Vogt fit, en compagnie d’un riche particulier de Francfort, un voyage scientifique au Pôle Nord, à l'île de Jan-Mayen et en Islande; il en est resté un livre intitulé: Nordfuhrt qui est, en quelque sorte, un des meilleurs guides pour ces régions. Nous n'avons pas la prétention d'indiquer, dans cette courte notice, quels ont été les nombreux travaux de Carl Vogt dans tous les domaines, ni même de passer à l'analyse de ceux que nous citerons. Nous ne rap- pellerons que ses principaux ouvrages, parmi les- quels les Recherches sur les animaux inférieurs de la Méditerranée, et — celui-ci fit beaucoup de bruit — son Mémoire sur les Microcéphales ou Honunes-Singes, paru en 1867. Ses livres les plus connus furent presque tous publiés en langue allemande, et ne furent pas tous traduits, Les Lettres physiologiques, qui furent traduites dans presque toutes les langues d'Europe, sont de 4845 (trad, Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17 NOTICE NÉCROLOGIQUE franc. de 1874). En 1846 parurent en deux volumes : Lehrkuch der (reologie und Pelrefaktenkunde, ouvrage qui arriva à sa cinquième édilion en 1879, En 1847, Océan et Méditerranée; en 1850, Scènes de la vie des animaux; en 1851, Recherches sur les sociétés d'animaux; ces trois ouvrages aussi en allemand, Plus tard (186%) parurent les Leçons sur Homme, les Mammifères (1882), el, de 1886 à 1894, sa dernière œuvre, le Traité d'Analomie com- parée pratique, — ce qu'il y à actuellement de plus com- plet en cette matière, — en collaboration avec son ancien élève, — devenu son assistant et son sup- pléant, — M. Emile Yung. Vogt s’élait toujours vivement intéressé à la diffu- sion de la science; je crois qu'il fut l’un des premiers quise servirent des illustrations desmémoires originaux pour les publications populaires. Il fut un conférencier célèbre : ses conférences sur le darwinisme, données en Suisse et dans différentes villes d'Allemagne, eurent un retentissant succès. Il cessa ses tournées de conférences lorsqu'éclata la guerre de 4870, au sujet de laquelle il prit le parti des vaincus, sachant bien cependant qu'il se fermait des portes, jusque-là grandes ouvertes, de l’autre côté du Rhin; c'est là un rare exemple de désintéressement. Ses lettres politiques sur la guerre de 1870-71 furent publiées à la fin de ce terrible événement, et Vogt ne reparut plus en Allemagne. Il fut d’ailleurs toujours un adversaire de Bismarck, Peu de temps avant sa mort, Carl Vogt mettait la dernière main à un grand ouvrage sur les Poissons d'Europe, et il disait à ceux qui lui parlaient de cette œuvre : « J'ai commencé par les Poissons, je finirai par les Poissons. » En effet, au début de sa car- rière, il avait collaboré à l'Histoire naturelle des Poissons d'eau douce d'Agassiz. Ce groupe de Vertébrés l'inté- ressait particulièrement; dans son cours, il s’y arrêtait volontiers, et, en 1835, il avait fait paraitre l'Education artificielle des Poissons, continuant l'impulsion donnée dans ce sens par Coste. Vogt faisait partie de cette élite intellectuelle, qui pouvait dire avec l’auteur latin : « Rien de ce qui est humain ne m'est étranger, » Travailleur infatigable, il se délassait d'une occupation en en entreprenant une autre, el il se lancait dans toutes avec la même ardeur. Comme ces grands hommes de la Renaissance, ou comme quelques-uns de ces grands esprits du xvure siè- cle, il embrassait plusieurs choses à la fois et les do- minait toutes. IL publia un volume de nouvelles, fit de la peinture, écrivit même des vers. e Vogt laisse après lui plusieurs élèves. Parmi les plus connus, nous pouvons citer les professeurs Arnold Lang de Zurich, et Emile Yung de Genève. Carl Vogt fut pendant de longues années président de l'Institut national genevois ; il était chevalier de la Légion d'honneur, et, depuis le 27 juin 1887, membre correspondant de l'Académie des Sciences de Paris, Eugène Prrrarp, Professeur au Collège de Genève. Errarum. — Dans le récent article de MM. KF.et J, Jean, sur l'Industrie des Suifs comestibles et industriels (Revue du 15 mai dernier), nous avons indiqué que le gra- phique de la page 421 avait été dressé par M. Maurice Duclos, courtier assermenté; bien involontairement nous avons omis de marquer que les deux graphiques des pages 422 et 423 avaient été également faits par lui. Rectilions aussi (page 41%, 2€ colonne, #4* ligne) une coquille qui tendrait à élablir une confusion entre l'oléine et l'oléo. Lire : « Cette dénomination est ré- servée aux suifs destinés à l'alimentation et à la fabri- cation des oléos, » Le Directeur-Gérant : LOUIS OLIVIER ————_—_—_—_—_—_—_—_————.————.—.._ _—_—_—_—_—_—_—_—…—…—…—…—…—…—…—…—"—…"…"…"….…—"….—".—.—.—…"—.—"—….—.)—"—_—_— 6° ANNÉE N° 41 REVUE GÉNÉRALE DES SCIEN PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER LES NOUVEAUX SERVICES ET INSTITUTS DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE LILLE I — L'INSTITUT DE CHIMIE La Municipalité et l’Académie de Lille viennent d'inaugurer les nouveaux bâtiments des Facullés. Tous ceux qui s intéressent aux progrès de l’ensei- ynement supérieur en ont élé très heureux. On com- prend donc que les Universités étrangères, l'Insti- tut, les Facultés francaises et les grandes Ecoles aient envoyé à Lille d'importartes délégations. Ces fêtes universilaires ont élé très cordiales. Les discours el les banquets n’ont pas fait défaut; la séance d’inauguration, dans laquelie le maire, M. Géry-Legrand, a remis les bàtiments au Ministre, M. André Lebon, a été des plus réussies, et nous avons assisté au défilé, avec élendards, des Écoles etdes nombreuses Sociétés diverses quisont,comme on le sait, très vivaces dans la Flandre française. Cette réorganisalion des Facultés avait élé étu- diée et préparée sous les ministères de M. Berthe- lot et de M. Spuller. La ville de Lille, riche et prospère, à tenu à honneur de participer, par moi- lié, à toutes les dépenses, lesquelles se sont élevées au chiffre respectable de 3.500.000 francs. Voici quelle a élé la réparlilion de ces dépenses : 1° INSTITUT DES SCIENCES NATURELLES. fr. Dernieres en 270.000 Constructions. ....., 425.010 Hola Er 695.C00 695.000 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. 15 JUIN 1895 FE DORÉ RER RTE Pre 695.000 2° INSTITUT DE CHIMIE. TÉLLOLR EEE et eee 182.000 Constructions ........ 483.000 IEC ESE 665.000 665,000 39 Facuzté DE Droit Er DES LETTRES. DÉFPAONS EN CE Sr 200.000 1COnSILUCLHIOns 690.000 Dofale era 890.000 890,000 4° INSTITUT DE PHYSIQUE. Gonstrichons er 447.000 47,000 Construit sur une par- celle de terrain of- ferte par la Facullé de Médecine. 5° BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE. Terrains Er ces 126.500 Constructions "0 304.500 TOR er 481.000 481.000 6° HÔTEL ACADÉMIQUE. Terrains etimmeubles, 240.000 RÉPAr LION ER Re 81.500 TOP EE TER.E 321.500 321.500 3.499 ,500 De plus, dans un large esprit de prévoyance, la ville de Lille a voulu assurer le fonclionnement de ces Instituts en leur distribuant une somme an- 11 4718 nuelle de 20.000 francs, et cela pendant vingt ans, pour être employée au mieux des intérêts de l'En- seignement supérieur. Cette somme vient S’ajouter aux subventions annuelles de l'État. Enfin, nous ne devons pas oublier qu’un géné- reux donateur, M. Philippart, a tenu à prendre sa part de collaboration dans cette création scienti- fique en faisant aux Facultés un don de 400.000 fr. C’est un bel exemple de l'heureuse influence que peut avoir la fortune privée sur l'avenir scienti- que de nos grands établissements. Les Facultés de Lille méritaient, d’ailleurs, lar- gement tous ces bienfaits : leur prospérité est crois- sante et elles possèdent de nombreux élèves, ré- partis de la facon suivante : DR ann m0 du 343 Médecine... MD ee Étudiants } Pharmacie ...... 134 | SCIENCES Creer 129 lettres sm mr 305 DOtAL ec 1.335 La visite de ces différents inslituts, assez voisins les uns des autres, est des plus intéressantes. La séparalion en différents services des élèves d’une même faculté permet de trouver aisément des ter- rains de valeur peu élevée el possède l’immense avantage de réunir les laboratoires similaires. La ville de Lille a pu ainsi donner un très grand espace à quelques services; l’enseignement et la recherche s’y développeront en toute sécurité. Plus tard, sibesoin en était, leur agrandissement seferait avec facilité. Nous avons admiré les belles installations des laboratoires des Sciences naturelles, l’élégant am- phithéätre des cours de Physique, et enfin nous avons visité longuement les nouveaux laboratoires de l’Institut de Chimie, sur lequel nous donnerons quelques détails. On sait combien nous étions en relard sur ce point vis-à-vis des nations étrangères et surtout de l'Allemagne. Aussi, depuis dix ans, les efforts se sont-ils portés de ce côté, et, grâce à l'impulsion énergique donnée par M. Liard, directeur de l’En- seignement supérieur, nous avons inauguré suc- cessivement, en France, l’Institut Chimique de Nancy, celui de Montpellier, aujaurd'hui celui de Lille, et demain nous inaugurerons celui de Paris. L'Institut Chimique de Lille, qui n'a coûté au total que 670.000 francs, et qui peut contenir aisé- ment une centaine d'élèves, a élé entièrement construit en briques. EL cela est d’une grande im- portance. On abandonne enfin un luxe extérieur tout à fait inutile pour consacrer l'argent à l’amé- nagement intérieur absolument indispensable. Les architectes se plaisent aux grandes façades, aux larges escaliers, aux longues colonnades ; laissons les construire les Écoles de Droit, les Facultés des H. MOISSAN — L'INSTITUT DE CHIMIE DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE LILLE Lettres, mais, de gräce, ne leur confions plus les laboratoires de Chimie et de Physique !. On à raconté plaisamment que, pour faire un canon, on prenait un trou et que l’on mettait du bronze autour. La véritable formule d'un institut chimique devrait être de prendre un jardin et de mettre des laboratoires autour, C'est ce que l’on a fait à Lille. Tout l’ensemble de l'édifice, dont M. Ma- tignon donne dans ce numéro même une intéres- sante description, comporte les services de Chimie. Une véranda qui fait le tour du jardin les réunit tous, et la disposilion en est heureuse. Les laboratoires de Lille ne sont pas construits sur le modèle des laboratoires de Zurich ou d’Alle- magne, el j'estime que leur disposition se prèle mieux aux habitudes françaises. On a abandonné avec raison la grande salle où Jes étudiants sont réunis et serrés comme les sol- dats d'un régiment: on a préféré une suite de salles spacieuses, élevées, très bien éclairées, dans lesquelles se meuvent avec facilité une quinzaine d'élèves sous la direction continue d’un prépara- teur. ; Auprès de ces laboratoires, une salle très aérée permet la préparation de gaz toxiques, tels que le chlore et l'hydrogène sulfuré. De nombreuses cages à tirage se trouvent aussi dans les murs et servent aux évaporations d'acides. Les amphithéâlres, qui contiennent de 120 à 150 élèves, sont d’une grande simplicité. Peut-être pourrions-nous reprocher à certains laboratoires une aération générale insuflisante et des moyens de chauffage défectueux ; mais ce sont là des détails auxquels il sera facile de remédier. De plus, nous avons élé très surpris de ne pas rencontrer dans un aussi bel établissement la plus petite dynamo, indispensable aujourd'hui aux recherches du chimiste, Il est à désirer que quel- que généreux donateur comble rapidement celte lacune. Les sous-sols de l’Institut de Chimie sont déjà préparés pour recevoir une machine d’une dizaine de chevaux, qui donnera avec facilité la force électrolytique ou calorifique et qui assu- rera, en même temps, l'éclairage de tout le bàti- ment. L'ensemble de l'Institut est divisé en deux par- lies égales : l’une appartient à la Chimie générale el l'autre à la Chimie appliquée. Dans la première se trouvent les laboratoires de préparation au Cer- tificat d'étude des sciences chimiques, physiques el naturelles; les laboratoires de préparation à la RP Re SR En Re, UE ! Je dois faire une exception pour les laboratoires de la Sorbonne, dans lesquels M. Nénot a pu, en habile architecte, sacrifier à la pierre de taille et donner pleine satisfaction aux professeurs. Mais je me souviens aussi qu’une exception confirme la règle. C. MATIGNON — DESCRIPTION DES NOUVEAUX LABORATOIRES DE LA FACULTÉ 9 & = licence et à l'agrégation, le laboratoire du profes- seur, M. Willm, et celui de ses assistants, enfin les laboratoires des jeunes gens qui prépareront leurs thèses de doctorat. De ce côté donc, la science régulière et toute la filière des grades qui conduisent l'étudiant des portes du lycée au doctorat ès sciences. Là. se fera une science méthodique, régulière, à idées géné- rales dont tout peuple a besoin, idées sans les- quelles la recherche scientifique perdrait bientôt toute fécondité. Dans l’autre partie du bâtiment, M. Buisine dirige la Chimie appliquée. Nous y avons rencontré de beaux laboratoires séparés, ayant chacun une destination spéciale. Dans le premier, on étudie les malières colo- vantes el la teinture. Dans le deuxième les fermen- tations industrielles et la brasserie. Dans le troi- sième les produits chimiques. Le quatrième esl consacré plus spécialement à l'analyse des denrées alimentaires et des produits industriels. Enfin, un laboratoire de Chimie agricole est déjà installé, dans l’espérance de la création pro- chaine d'une chaire de cette science, qui esl appelée à rendre de grands services à l’agricullure du Nord. A ces laboratoires est adjoint un musée indus- triel en voie de formation. Ici, plus de diplômes, plus d'examens; on ne demande à l'élève qui vient heurter à la porte, que de la bonne volonté, üu travail et de l’assi- duité. La rémunération à payer pour occuper une place est bien peu de chose : 30 francs par mois. Plusieurs bourses offertes par la Ville, des dis- penses accordées par le Conseil de la Faculté peuvent même y faire admettre le travailleur peu fortuné, qui montre des dispositions pour l'étude de la Chimie appliquée. Un règlement bien concu, relatif aux chercheurs et aux élèves des laboratoires de Chimie indus- trielle, a réglé les conditions générales des études. Cette organisation nous semble des plus heu- reuses, el il ya Lout lieu d’espérer qu’elle donnera de bons résultats. L'originalité pourra s'y déve- lopper en toute liberté, et l’industrie, déjà si riche. du département en recevra une force et une vigueur nouvelles. L'installation de ces beaux laboratoires a, d’ail- leurs, transformé en partie toute la Faculté des Sciences. Et, depuis son éminent doyen, M. Gos- selet, jusqu’au dernier préparateur nommé, tout le monde semble rempli d'énergie et d'ardeur. Cet enthousiasme nous est un sûr garant des publications à venir. On n'entend parler que de travaux à faire, que de recherches nouvelles. Les groupements affectueux entre maîtres et élèves se forment de toutes parts, et, dans quelques années, par le fait même de cette brillante installation, les professeurs de Lille se trouveront heureux de rester dans leur belle Faculté, et ainsi sera résolue une parlie de cette grosse question de la décentra- lisation de la Science francaise. Henri Moissan. le l'Académie des Sciences, l'rofesseur à l'Ecole Supérieure de Pharmacie I — DESCRIPTION DES NOUVEAUX LABORATOIRES DE LA FACULTÉ En 1887, lors du transfert à Lille des Facultés de Droit et des Lettres de Douai, une convention con- tenant les dispositions suivantes ful signée entre la Ville et l'Étal : « Il sera construit un Institut de Physique pour la Faculté des Sciences sur le terrain disponible de la rue Gauthier-de-Châtillon.., » « Il sera construit un Institut des Sciences naturelles, Zoologie, Botanique, Géologie, sur un terrain d’une contenance approximative de 4.500 mètres, limité par les rues Malus, de Bruxelles et Brûle-Maison. » «IL sera construit un Institut de Chimie générale et de Chimie industrielle sur un terrain d’une conte- nance de 8.000 mètres à l’angle des rues Barthelemy- Delespaul et Jeanne-d’Arc. » C'est à l’inauguration de ces Instituts et d’un nouvel édifice destiné à la Faculté de Droit el à la Faculté des Lettres, que le Conseil Général des Fa- cultés et la Municipalité de Lille viennent de con- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, vier les savants français et étrangers. Les trois Instituts ont été bâtis en deux ans et demi sous la direction de M. Mongy avec la collaboration de MM. Batteur et Bourdon; la construction, l’amé- nagement et le mobilier ont coûté 1.600.000 francs. L. — INsriTur DE Puysique. Cet Institut est constitué par le bâliment que représente la figure 1 (page 480). Les figures 3 el # donnent le plan du rez-de-chaussée et du pre- mier étage de ce monument. L'enseignement de la Physique ! est donné dans trois salles distinctes : deux petits amphithéätres pour les leçons fermées et un grand amphithéätre réservé aux cours publics. Ce dernier (fig. 2), qui { 1 professeur, 2 maitres de conférences, 1 chef de tra- vaux pratiques, 3 préparateurs. A'TS ont. nul de bois à : …n ysique. de Ph — Institut 1. 12. Fi Grand'amphithéatre de l'Institut de Physique C. MATIGNON — DESCRIPTION DES NOUVEAUX LABORATOIRES DE LA FACULTÉ peut contenir plus de deux cents auditeurs, permet | laboratoires de recherches sont installés au rez-de- de répondre facilement à toutes les exigences de | chaussée: en outre, de gros piliers en maçonnerie l’enseignement expérimental; de larges fenêtres | isolés et de fortes tablettes en ardoise, fixées dans latérales, distribuant abondamment la lumière, | les angles des murs, sont largement répartis dans peuvent être fermées par un déplacement rapide toutes les salles. de rideaux, de sorte que quarante secondes sufli- | Les manipulations des élèves ont lieu au pre- sent pour transformer cette vaste salle en une mier élage, dans un ensemble de dix-huit pelites UP est 2 Fig. 4. chambre noire parfaite. Pour les cours publics du soir, une plaque diffusante formant plafond fournit la lumière nécessaire à l'éclairage. Les salles de collection sont en façade, au pre mier étage, dans la partie la moins humide de l'Institut ; un monte-charge électrique permet d'amener facilement les appareils à l'étage infé- rieur. En raison de la stabilité de plus en plus néces- saire pour les expériences de précision, tous les — Institut de Physique. — Plun de l'élage. — À, grand amphithéätre. — B, C, D, E, salles F' Ÿ, salles des préparateurs, — G | $ de collections. — Ho X, salles de manipulations. pièces dont la disposition permel au chef des tra- vaux une surveillance et un contrôle faciles. L'électricité est distribuée dans tout l'Institut. soit directement, à l’aide de deux dynamos action- nées par un moteur à gaz Crosley de huit chevaux et demi, soil par l'intermédiaire d’une batterie d’accumulateurs constituée par 40 éléments Tudor. L'aile gauche du second élage possède une ins- tallation complète de photographie. A signaler aussiles deux pavillons extrêmes de la façade, des- C. MATIGNON — DESCRIPTION DES NOUVEAUX LABORATOIRES DE LA FACULTÉ 483 . Linés à recevoir les appareils enregistreurs du ser- | une cour intérieure ; ils occupent une superficie vice météorologique départemental. de 4.500 mètres et peuvent recevoir plus de cent Fig. 5. — Instilul de Chimie. Fig. 6. — Façade postérieure de l'Institut de Chimie. chimistes. Peu de laboraloires présentent une aussi heureuse disposition Lant au point de vue de l’aéra- “ Les bäliments du nouvel Institut (fig. à à 9) sont | lion que de la distribution de la lumière. … distribués autour d'un vaste quadrilatère formant Deux services distincts se partagent à peu près Il. — Insritur DE Cuimre. JEANNE _ Le ÿ at! Lea a1an AW anvd4s Ta 1 SyIuitA S9at(e40Q, CT de “soatou soiquiego 64 ‘| ip — tonton Cr 6q acélique pour pouvoir les | pétées, habituellement sur des animaux qui avaient depuis longlemps subi la splénectomie : le résultat a Loujours été le même. Il est clair qu'on peut combiner les expériences de ce lype avec celles du précédent; on n'a qu'à faire l’infusion du pancréas dès qu'on a sacrifié les animaux. Ces infusions ont toujours donné un résultat concordant avec celui que fournissait le duodénum ; celles qui provenaient des animaux Lé- moins ont digéré les doses habituelles d’albumine : les autres rien. On se souvient que, chez les chiens normaux de grande laille, Schiff a trouvé, même à jeun, une petite quantité de trypsine; chez les gros chiens dératés, il n’en a jamais lrouvé. 2 Digestions dans le duodénum normal muni de | fistule. Comme il s'agit ici d'innombrables observations poursuivies pendant des semaines et des mois entiers sur les animaux porteurs de fistule duodé- nale, d'abord avant la splénectomie, el puis après celle opération, je préfère donner en peu de mots la manière de procéder qui fournit les meilleurs résultats, plutôt que de citer un exemple concret. Après avoir élabli chez un chien une fistule duo- dénale et avoir attendu que l'animal soit complè- tement revenu à l'élat normal, on introduit tous les jours dans son duodénum une quantité mesu- rée d'albumine, toujours la même, renfermée dans un petit sachet de membrane fibreuse, fixé à la ca- nule par un fil de quelques centimètres, et l’on ob- serve le temps que met cette dose d’albumine à se digérer. On arrive ainsi à élablir que, lorsque l'ani- mal est à jeun, elle met, par exemple, 5 à 6 heures à se dissoudre: si les deux ou trois dernières heures tombent sur celles qui suivent immédiate- ment l'ingestion du repas, rien n'est changé; mais, si on introduit l'albumine 4 heures après le repas. elle disparait beaucoup plus vite, en la moitié du temps environ. Cela élant dûment constaté par un grand nombre d'observations, on exlirpe la rale, et, après guérison complète, on recommence les expériences : on trouve alors que le temps em- ployé pour la dissolution de Falbumine est tou- jours de à à 6 heures, que l'animal soit à jeun ou en pleine digestion; l'accélération que l'on avail auparavant après la 4 heure de la digestion sto- macale, et qui coïncidail avec l'apparition de la trypsine dans le suc et dans l'infusion pancréa- tiques et avec la dilatation de la rate, manque à présent. La digestion len/e de l'albumine est sans doute due à l’action du suc propre de la muqueuse duodénale, tandis que sa digestion rapide est due à la trypsine du sue pancréatique ; celle-ci ne se produit pas lorsque la rate manque. Toute cette longue recherche, dont, je le répète. je #'ai cité que quelques exemples, conduit forcé- vise mé A. HERZEN — LA DIGESTION TRYPTIQUE DES ALBUMINES 199 ment à la constatation du fait que, lorsque la rate est extirpée ou lorsqu'elle est empêchée de se dila- ter par la ligature de son hile (et j'ajouterai en- core: lorsque, spontanément, pour une raison quelconque, elle n'entre pas en congestion), la lrypsine fait défaut dans le suc et dans l’infusion pancréaliques pendant la phase digestive, pendant laquelle elle s’y trouve chez l’animal normal. En d'autres termes, la conclusion forcée que ce fait impose, c’est que non seulement la présence de la rate, mais sa congestion est nécessaire à la for- mation de la trypsine. Le pancréas d'animaux pri- vés de leur rate se comporte toujours (même en pleine digestion) comme celui d'animaux normaux à l’état de jeûne. IT Telest le fail. Quant à l'explication, celle que Schiff en a donnée, il y a plus de trente ans, ne pouvait ètre que très semblable à sa théorie de la pepto- génie; l’état des connaissances acquises à cette époque n'en permetlait point d'autre; pour la for- mation de la pepsine, Schiff avait conclu que les glandules de la muqueuse stomacale ont besoin, pour la produire, de certaines substances qui ne se trouvent pas toujours dans le sang, qui y manquent à l’état de jeûne et qui lui sont fournies soit par les aliments, soit par les produits de la di- gestion. Pour la formation de la trypsine, il con- clut que le pancréas la produit aux dépens d'une partie des subslances peplogènes; mais cette partie doit ou bien subir dans la rate (pendant sa conges- tion) une modification préalable, afin de pouvoir êlre utilisée par le pancréas, ou bien être modifiée dans le pancréas lui-même, sous l'influence d’une substance fournie par la rate congestionnée ; 1 penche pour cette dernière alternative. Relativement au rôle de la rate, cette explication est encore vraie aujourd'hui; relativement à l’ori- gine de la trypsine, elle ne correspond plus à nos connaissances actuelles; j'aiexposé, dans mon petit volume sur la digestion stomacale, la modification qu'a dù subir celle de la peptogénie !; j'exposerai plus loin la transformation, tout à fait analogue, que doit subir celle de la #ryplogénie; je ferai seule- ment observer ici que, quels que soient les change- ments devenus nécessaires dans la théorie des faits constatés alors par Schiff, les faits eux- mêmes restent absolument entiers et sont aujour- d'hui ce qu'ils ont toujours été, pourvu qu'on se place dans les mêmes conditions. Or, les condi- tions dans lesquelles Schiff était obligé de se ser- yir de la méthode des infusions (la seule que ses successeurs aient mise en œuvre) étaient, à certains ? A. Herzex. La Digestion slomnacale, Paris 1886, p. 30etsuiv. égards, très défavorables: il n'avait à sa disposition que l’eau comme véhicule des infusions pancréa- tiques; et, la trypsine exigeant pour déployer toute son activité un milieu neutre ou très légère- ment alcalin, il était sans cesse talonné par le dan- ger de la putréfaction el condamné à une méthode expéditive, celle des infusions rapides; celles-ci ont cependant, à d'autres égards, des avantages incontestables etn’ont pas peu contribué aux deux grandes -et belles découvertes de Schiff dans la physiologie de la digestion : l'influence des pepto- gènes sur la production de la pepsine et l’influence de la rate sur celle de la trypsine. Cette méthode est abandonnée aujourd’hui, grâce aux véhicules antiseptiques qu'on possède, et au déplacement des problèmes actuellement à l'étude ; il ne faut pas oublier que la question des proferments n'existait pas à cette époque et que les infusions provisoires non seulement remplissaient parfaitement leur but, mais répondaient, et ré- pondent encore, mieux que les extractions com- plètes en usage aujourd’hui, aux questions qu’on cherchait à élucider *. Lorsque, il y a plus de trente ans, j'entrai comme assistant au laboratoire de Schiff, à Flo- rence, il était en train, tout en poursuivant d’autres recherches, de répéter les expériences sur l’in- fluence de la rate sur la production de la trypsine , de sorte que j'ai eu la chance de les voir toutes exécutées par lui-même à maintes reprises; il lenait à convaincre le nombreux auditoire d'élu- diants et de médecins qui se pressaient à son cours. Plus tard, j'ai assisté à une nouvelle répé- lition de ces expériences, mais cette fois avec l'em- ploi de la glycérine que v. Wittich venait de pro- poser comme véhicule des infusions digestives. Dans les années subséquentes, je les ai moi-même répétées en me servant soit de la glycérine, soit de mon propre véhicule, de la solution d'acide borique, saturée à Ia température ambiante. Elles ont toujours donné le même résultat, sauf quel- ques rares exceplions, d’ailleurs faciles à expliquer. Ainsi, pour moi, cette influence de la rate sur la digestion pancréatique, en tant que fait directe- ment constaté et très facilement constatable, ne saurait faire l’objet du moindre doute, et je ne puis m'empêcher d'exprimer encore une fois mon admiration pour la perspicacité et la persévérance de celui qui, malgré la méthode dont il disposait pour l'étude des infusions pancréaliques, a réussi à enrichir la science d’un fait de cette importance. 1 Les extractions complètes offrent le danger de la transfor- mation « spontanée» des proferments en ferments actifs: c'est là la grande source d'erreur à laquelle la plupart des successeurs de Schiff n'ont pas échappé. Plus on prolonge l'ex- traction, plus aussi on égalise les extraits actifs et inactifs; ces derniers finissent même par l'emporter sur les premiers. ov0 ÉCP AR. L'é A. HERZEN — LA DIGESTION TRYPTIQUE DES ALBUMINES d’ailleurs suffisamment établi par les expériences sans infusions, dont j'ai donné des exemples plus haut, et qui sont à elles seules décisives. Cependant les physiologistes accueillirent le ré- sultat de Schiff avec un scepticisme complet; on ne s'était pas encore familiarisé avec l’idée des sécré- tions internes et de l'influence à distance, entre un organe el l'autre, qui en résulte; au lieu de répéter les expériences de Schiff, on fit le silence autour de son travail. Je ne connais que trois ou quatre ten- ‘atives de critique à prétentions expérimentales ; elles n’ont aucune valeur et sont à peu près de la ‘orce de celles qui furent adressées de différents cotés à ses constatations relativement à l'influence des peplogènes sur la production de la pepsine active (v. p.29,40, 41,43 de ma Ziyest. stom.). A titre de curiosité scientifique, je n’en citerai qu'une ici : En 1868, six ans après la publication du grand travail de Schiff, parut à Milan une critique «expé- rmentale » de Lussana !. L'auteur y donne une description incomplète de trois expériences sur lesquelles il se fonde pour rejeter les résultats de Schiff; il exlirpe la rate à trois chiens, elles sacri- fe ensuite pour infuser leur pancréas et étudier le pouvoir digérant des infusions. Elles ont digéré: Che. le premier chien, 15° 40 (!) d’albumine en % heures ; infusion acidulée; peptonisation non vérifiée ; Chez le deuxième chien, 20 centigrammes (!), sans indication du temps employé; infusion acidu- lée ; peplonisation non vérifiée ; Chez le troisième chien, l'infusion est divisée en deux moitiés, dont l’une est acidulée et l’autre laissée neutre; mises à l’étude pour 12 heures, chacune avec 1 gramme {!} d'albumine ; la moitié neutre ne digère rien, la moitié acidulée 25 centi- grammes ; peptonisalion non vérifiée. Les quelques centigrammes d'albumine disparus sont évidemment à mettre sur le compte de la dis- solulion microlytique de l'albumine par l'acide très dilué, et il serait au fond inutile de s’occuper davantage des deux premiers chiens, qui semblent parler clairement en faveur des faits constatés par Schiff; il est cependant intéressant de noter que le deuxième chien a été sacrifié 4 jours après la splé- nectomie el que l’autopsie a révélé chez lui «un processus d'enléropéritonite » : le troisième chien ä, il est vrai, été sacrifié 3 mois après la splé- nectomie, mais « son pancréas avail une couleur rouge foncé » et «les vaisseaux en offraient l’as- pect qu'ils ont à l’état d'inflammation chronique ». Schiff n'aurait tenu aucun compte de telles expé- riences ; il les aurait tout simplement considérées comme non avenues, à cause de l’élat pathologique 1 Annali Universali di Medicina, Milano, 1868. des animaux: et c’est ce que Lussana aurait dû faire. Reste le premier chien, qui semble avoir été bien portant, et dont l'infusion pancréatique semble, en effet, avoir donné une faible trace de digestion, — à moins, cependant, quil ne s'agisse d’une simple dissolution par l'acide; c'est là une supposi- tion bien naturelle, attendu que ce chien a été sa- crifié rois heures après le repas, — de sorte que, s’il avait possédé la plus active des rates, il n'aurait pas encore eu de trypsine dans son pancréas, puis- qu'elle n’y apparait que 4 heures après le repas: son pancréas s’est comporlé comme il le devait, c'est-à-dire comme celui d'un chien à jeun ; l’au- teur a donc rendu cette expérience nulle en tuant l'animal quelques heures trop tôt. . Néanmoins, il conclut de ses malheureuses ten- tatives : d’abord que l’absence de la rate ne dimi- nue en rien le pouvoir peptonisant du suc pancréa- tique, attendu que, même à l’état physiologique, il ne digère pas davantage (!) et que, le pancréas ma- lade perdant sa faculté peptonisante, il est naturel que Schiff ne l'ait pas trouvée chez ses lapins dératés. Que dire d’une pareille critique ? Il n'y a qu'à s’incliner et à avouer que Schiff aurait dû faire deux ou trois expériences sur des chiens, ou au moins sur des chats, avant de conclure! Mais il est triste de penser que quelques méchantes petites cri- tiques de ce genre puissent jeter le doute sur le résultat de recherches poursuivies pendant de longues années, et faire adopter dans la littérature physiologique la phrase stéréolypée : « L'hypo- thèse de Schiff n'a pas soutenu le contrôle expéri- mental. » Si les résultats de Schiff ont jamais couru un danger sérieux, du moins en apparence, cela a été au moment de la belle découverte des proferments par Heidenhain et ses élèves. De même que la muqueuse gastrique ne forme pas d'emblée la pepsine aclive, mais la propepsine, qui s'accumule dans ses glandules entre une diges- tion et l’autre, le pancréas ne forme pas d'emblée la trypsine active, mais une substance destinée à devenir trypsine dans certaines condilions et dans une certaine phase de l'acte digestif : la pro/rypsine (ou zymogène pancréalique. Nous en savons plus long sur la transformation de la protrypsine en trypsine active que sur celle du ferment gastrique ; elle semble consister simple- ment en une oxydation. Les recherches de Ileiden- hain sont bien connues: je n'en rappellerai iei que l'essentiel : Le pancréas d’un chien à jeun ne contient point de trypsine, mais seulement de la protrypsine; son infusion (glycérique) ne digère pas. Lorsque A PT ET ON NT èé l'a A. HERZEN — LA DIGESTION TRYPTIQUE DES ALBUMINES »01 le chien est en pleine digestion, l'infusion de son pancréas digère; elle contient de la trypsine active. Si l’on prend le pancréas d’un chien à jeun el qu'on le divise en deux moitiés, pour en infuser une tout de suite et l’autre seulement au bout de 2% heures d'exposition à l’air, la première infusion ne digère pas, la deuxième digère (pourvu, bien entendu que le pancréas, au moment de la mort, contienne du proferment): il est clair que la pro- trypsine qu'il contenait s'est spontanément trans- formée en trypsine active. Or, il suffit de soumettre une infusion pancréa- lique riche en protrypsine et pauvre en (rypsine, et par conséquent inactive, ou à peu près, à un courant d'oxygène, pour la transformer en une infusion possédant un pouvoir digérant d'autant plus considérable que l'infusion contenait plus de zymogène. La transformation dont il s'agit con- siste donc en une oxydation : la trypsine est de la protrypsine oxydée !. J'ai souvent répété ces expériences de Heiden- hain, toujours avec le même résultat; j'ai, en outre, élé amené dans le cours de mes recherches ulté- rieures à conslater un fait de biochimie fort inté- ressant. Malgré les services incontestables que l'acide borique m'a rendus dans ces recherches, en empêchant absolument la putréfaction, sans ralentir la digestion, il n'a pas répondu entière- ment à mon espoir : il nempèche pas complète- ment la transformation graduelle du zymogène (par une lente oxydation directe); elle est seule- ment sensiblement ralentie par ce véhicule, sur lequel la glycérine concentrée l'emporte sous ce rapport; mais, comme le retard de la digestion causé par la glycérine est un inconvénient très grave, et qu'on est obligé de la diluer d’au moins deux fois son volume d'eau (ce qui permet la lente transformation du zymogène), j'ai voulu voir si le zymogène contenu dans le liquide borique résisterait davantage après asphyxie des animaux au moyen de l'inhalation d'acide carbonique ou d'oxyde de carbone. J'ai fait deux doubles expé- riences avec chacun de ces gaz : 1° Deux chiens, l'un à jeun, l'autre en pleine digestion, sont tués par inhalation de CO?; le pan- créas du chien à jeun ne manifesta qu'une digestion extrêmement tardive et lente; celui du chien en pleine digestion offrit le pouvoir digérant habituel dans ces conditions; ainsi le CO? ne nuit pas à la trypsine et ralentit seulement l'oxydation de la la protrypsine. ! Cette oxydation spontanée du zymogène pancréatique a in- duit en erreur plus d'un observateur; elle constitue le danger des longs séjours à l'étuve : à la longue, foules les infusions linissent par digérer, et mème celles des animaux à jeun plus que les autres, puisqu'elles contiennent plus de zymogène. 2° Deux chiens, l’un à jeun, l’autre en pleine digestion, sont tués par inhalation de CO; le pan- créas du chien jeûnant ne digéra absolument rien; celui du chien en pleine digestion se montra, lui aussi, absolument inactif. Ou bien ces deux chiens étaient malades, et leur pancréas ne contenait point de zymogène, ou bien le CO avait détruit ferment et proferment, Non, car sous l'influence d’un courant d'oxygène (que j'ai cependant dû prendre plus abondant et plus prolongé que d'habitude), ces deux infusions acquirent un pouvoir digérant très considérable. Donc, le CO ne nuit pas à la protrypsine, il en empêche seulement l'oxydation; de plus, il réduit la trypsine; enfin, comme il faut, pour la recons- tiltuer, employer un courant d'oxygène beaucoup plus abondant et prolongé qu'avec les liquides protryptiques ordinaires, il est clair que le CO ne chasse pas simplement l'oxygène de la trypsine, mais se met à sa place : j'avais dans mes infusions de la protrypsine oxycarbonée. J'ai donc ainsi trouvé, chemin faisant, un phénomène qui est le pendant de ce qui se passe avec l'hémoglobine sous l'influence de CO. J'ai plusieurs fois répélé ces expériences avec le même résultat; mais le CO? n’offrant qu'un avantage insignifiant et le CO délruisant toute possibilité de faire les expériences comparatives qui étaient mon vrai but, je les ai abandonnées. Revenons au zymogène de Heidenhain. Le fait établi par cet éminent physiologiste, de la formation et de l'emmagasinage continus de la protrypsine dans le pancréas, et sa transformation en trypsine active pendant la phase culminante de la digesiion prouvait irréfutablement que celte substance avait une origine indépendante de toute influence extérieure au pancréas lui-même, et semblait, par conséquent, renverser tous les résultats de Schiff relativement à l'intervention de la rate. Cependant, les faits constatés par Schiff subsistaient quand même ; on se trouvait en face de deux séries de faits, en apparence contra- dictoires; je dis ex apparence, car les faits bien observés ne peuvent pas être en contradiction les uns.avec les autres, et, lorsqu'ils semblent l'être, cela vient de ce que nos théories explica- tives de ces faits sont fausses ou incomplètes. IL me sembla qu'en modifiant l'hypothèse de Schiff relativement à la manière dont la rate intervient dans la tryptogénie, ou arriverait facilement à concilier les faits établis par Heidenhain avec les faits établis par Schiff, et à montrer que, loin de s'exclure, ils se corroborent réciproquement. Sans doute, le zymogène se forme continuelle- ment et, par conséquent, indépendamment de la rate et de sa congestion périodique; il s’accumule 502 A. HERZEN — LA DIGESTION TRYPTIQUE DES AL BUMINES dans les cellules glandulaires pendant le jeûne et se trouve en abondance dans le pancréas d’ani- maux privés de la rate; mais il ne se transforme en trypsine active qu'en présence de la rate et en proportion directe avec la dilatation splénique; il se pourrait donc que la rate produisit pendant sa congestion fonctionnelle une substance inconnue (une véritable « sécrétion interne », comme on s'exprime aujourd'hui), substance qu, entrainée par le courant sanguin, allät transformer le zymo- gène inerte, déposé dans le pancréas, en trypsine active, destinée à passer dans le suc de la glande, et que l’influence exercée par ce produit splénique sur le zymogène fül une condition sie qu& non de la transformation de celui-ci en trypsine, du moins dans le pancréas vivant, puisque, dans le pancréas mort, il se transforme par oxydation directe. Cette hypothèse était confirmée par le fait qui ressort des recherches de Schif et de Heidenhain, à savoir que le contenu du pancréas en zymogène est, à un moment quelconque du jeûne ou de la di- gestion, toujours en proportion inverse avec son contenu en trypsine, et vie versa, landis que son contenu en trypsine esten proportion directe avec la dilatation splénique. Le tableau IT rend la chose évidente : RE — reuses; au point de vue de mon but spécial, elles ont même constitué une série d’insuccès, bien que toutes aient été de brillantes confirmalions des ré- sultats de Schiff, et soient, à ce point de vue, fort instructives !. Comme j'ai plus tard considérable ment perfectionné la méthode et obtenu des résul- Lals dont la netteté ne laisse rien à désirer, il me paraît inutile de m’arrêter ici sur mes expériences de Florence, et préférable de passer fout de suite à celles que j'ai faites à Lausanne. Entre celles-là et celles-ci, j'avais constaté les qualités précieuses de l'acide borique au 4 à 5°}, comme véhicule des infusions digestives, et j'ai fait une série d'essais de digestion tryptique de la fibrine ; les infusions boriques digèrent beaucoup plus vite que les gly- cériques, et la fibrine cède beaucoup plus vite que l’albumine à l'influence de la trypsine. C’est pour- quoi j'ai adopté exclusivement l'usage de l'acide borique en solution aqueuse, saturée à 43 ou 20° C., et j'ai toujours conduit de front deux essais pour chaque liquide digérant : l'un avec la fibrine. l’autre avec l’albumine. Les expériences avec tri- turation des deux viscères ayant toujours donnéle même résultat que celles avec mélange de leurs infusions préparées séparément, je les ai abandon- nées, comme étant superflues. Enfin, pour avoir Tableau II MOMENT DE LA MORT CONTENU EN ZYMOGÈNE A jeun Maximum. 2 ou 3 heures après le repas. Id. Env. 4 heures » Diminution. 6 à Theures » Minimum, 8 à 10 heures ) Id. Ausmentation. Maximum. 12 à 16 heures 24 heures CONTENU EN TRYPSINE DILATATION SPLÉNIQUE Rien ou minimum, Minimum. , Id. Commencement. Apparition. Maximum. Maximum. - Diminution. Diminution, Minimum ou rien. Minimum. d. Id, IV Quelque probable que fût mon hypothèse, il fal- lait en démontrer la justesse par des expériences directes ; je me proposai d'essayer de saisir dans la rate elle-même la mystérieuse substance fournie par sa sécrétion interne, non pas pour l'isoler chi- miquement (nous ne savons pas même isoler Ja pepsine, ni la trypsine), mais pour en constater la présence en la faisant agir sur du zymogène. J’en- trepris donc des expériences consistant soit à trilu- rer ensemble un morceau de pancréas inaclif avec un morceau de rate congestionnée, pour infuser ensuite ce mélange des deux organes, soit un mor- ceau de chacun d’eux séparément afin de voir si la première infusion ou le mélange des deux der- nières seraient actifs. Mes premières tentatives ne furent pas très heu- dans les liquides à comparer la même dose initiale de zymogène, j'ai toujours ajouté à la portion d'in- fusion pancréatique qui devait agir seule, le même volume de véhicule simple que celui de l’infusion de rate que je mélangeais à la portion destinée à révéler l'influence du ferment splénique. Plusieurs chiens ont été Lués à différentes époques de la digestion stomacale et leurs pan- créas immédiatement infusés dans environ dix fois leur volume de solution boriquée:; deux rates forte- ment congestionnées ont été infusées, l’une dans de l’eau distillée bouillie, l'autre dans la solution boriquée {je ne parle que de ces deux rates, parce que ce sont elles qui m'ont servi dans les exemples suivants). Toutes les infusions sont préparées en l Voir pour les détails, A. Herzen, Sulla funz. dig.d. milza « Imparziate ». Firenze, 1877, ou « Moleschott's Untersuchun- sen »,v. XIL, fase, 1. ÉD) dit de _ les tenant 16 à 18 heures à l’étuve à 40°; de cha- cune des infusions pancréatiques, je mets à l'étuve huit échantillons (quatre pour la fibrine et quatre pour l’albumine) dilués ainsi : No 1, avec deux fois son volume d’eau distillée bouillie. NP:2, Nr — de solution boriquée. No 3, — — — d’infusion boriquée de rate. No 4 — — — d’infusi No #4, infusion aqueuse de rate. _ J'observe les progrès de la digestion au bout de . L'heure, 3 heures, 6 heures et 24 heures; les deux . premières observations sont les plus importantes, . surtout pour la fibrine qui se digère très vile, les deux dernières le sont surtout pour l’albumine qui se digère très lentement. J'ai complètement A. HERZEN — LA DIGESTION TRYPTIQUE DES ALBUMINES 503 l. Infusion pancréalique presque inactive. DIGESTIONS AU BOUT DE A — 1 heure 3 heures 6 heures 24 heures ï 6 10 (Ne «| 0 MD ne NUS 0 (l 1 1 Fibrine., [Re 3- i 8 10 No xs 1 10 "5 ae (l (0 (l 2 . No:9:;: (0 0 0 0 Alt e & Albumine No 0 i s 5 No’. (0 2 5 8 2. Infusion pancréalique presque inactive. DIGESTIONS AU BOUT DE D — 1 heure 3 heures 6 heures 24 heures ce { \o ñ 1 Ne renoncé aux réactions chimiques sur les produits | Fibrine.. | Ÿ < ù Ê 1 # de la digestion, ainsi qu'aux pesages des restes PÈRE 5 10 . d’albumine ou de fibrine, soumis à l’essiccation; N° 1. 0 (D 0 1 avec un peu d'habitude on estime très exactement | Albumine À Ê° 5: ÿ À £ à l'œil nu pour la fibrine, avee une loupe pour No 4. 0 3 6 8 F# F3 F'la2 10 9 - & | 7 A4 6 2 4 A3. # il | 3 2. «A1 à 1 2 0 Re 6” 127 24° % Fig. 1. — A signifie albumine et F fibrine. N° 1, infusion boriquée de pancréas, plus deux volumes d’eau; No 2, la même, plus deux volumes d'acide horique au #4 à 5 °/,; N°3, la mème, plus deux volumes d’infu- sion boriquée de rate congestionnée; N° 4, la même, plus deux volumes d'infusion aqueuse de la même > rate. À gauche, sont les dixièmes de la dose habituelle d'albumine ou de fibrine; en bas, les heures 1, l’albumine (en cas de doute) la marche et l’éner- gie de la digestion. Comme je prends toujours la même quantité de liquide digérant et de subs- tances à digérer, toutes mes expériences sont comparables entre elles, et je puis indiquer en - dixièmes de la quantité initiale de fibrine ou d'al- . bumine celle qui, au moment de l'observation, a été digérée ; cela n’est sans doute qu'une indica- tion approximative; mais les différences dont il s’agit sont tellement grandes que cela suflit; au fond, nous n'avons besoin que de savoir si tel ou lel liquide digère vite et beaucoup, peu et lente- ment, ou pas du tout. Cela dit, voici deux exemples de mes expé- viences :" "date lt Et ht - ! On en trouvera un certain nombre dans le travail que j’ai publié, en 1883, dans le vol. XXX des Archives de Pflüger. Dans ces deux expériences, l'énorme laccéléra- tion de la digestion de la fibrine sous l'influence des deux infusions spléniques est de toute évi- dence; quant à l’albumine, elle n’est digérée d’une facon tant soit peu appréciable que sous cette in- fluence ; comme c’est le n° 4 qui digère le plus, on pourrait ètre tenté d'attribuer son action à là neutralisation de l'infusion pancréatique borique - par l'infusion splénique aqueuse ; à ce soupçon, le n°3 constitue une réponse suffisante: en outre, lorsqu'il y a de la trypsine active dans le pancréas, l'acide borique ne retarde la digestion que fort peuet pas toujours: il l’accélère même quelque- 1 La seule indication qui ne soit pas absolument exacte ici, c’est celle du moment où foute la substance à digérer disparait; il est probable, par exemple, que le No 3 avait tout dissous au bout de 7 ou 8 heures et le N° # au bout di 4 ou 5 heures. Mais c'est le commencement qui importe et non la fin. 504 A. HERZEN fois, sans qu'il m'ait été possible de déterminer les fait; enfin, j'ai ob- résullals avec faites conditions dans lesquelles il le des avec tenu exactement les mêmes infusions pancréaliques el spléniques de la glycérine neutre. Dans quelques-unes de mes expériences, la di- gestion par le mélange des deux infusions à été encore beaucoup plus rapide; j'ai quelquefois vu disparaitre toute la dose habituelle de fibrine au bout de la première heure: quelquefois j'ai, dans ce cas, ajouté une nouvelle dose de fibrine, et je lai souvent vue troisième heure: alors, elle aussi, plus rapide, mais elle a rarement totalité, mème au bout de disparaitre à son tour avant la la digestion de l'albumine était élé dissoute dans sa 24 heures. La figure 1 représente graphiquement la marche habituelle, moyenne, d'une telle expérience. LA DIGESTION TRYPTIQUE DES ALBUMINES ou d'animaux en pleine digestion) exercent sur les infusions pancréaliques peu ou point actives, la mème influence que les infusions de rates conges- tionnées et dilalées, mais à un bien moindre degré, si bien que quelquefois elle est inappréciable. J'ai aussi trouvé quelques irrégularités dans le pan- présence d’une certaine quantité de lryp- sine alors qu’il ne devait pas y en avoir; ce sont les cas ou le repas PESSQens n'a pas élé assez copieux et où le pancréas n’a pas expulsé toute la trypsine qu'il a produite; c’est contre de telles irrégularités qu'on se prémunit au moyen d’un repas préparatoire très abondant. Il serail dificile d'obtenir une riences plus concordantes entre dant, en outre, plus parfaitement, aussi bien avec celles de Schiff qu'avec celles de Heidenhain. Je me crois donc autorisé à conclure que : Dans le créas : série d’expé- elles, et concor- Fig. 2. Digestion par le mélange de deux infusions. Fibrine, 3 heures d'étuve. et 4. Quantité primilive, conservée dans l'alcool. &œt conservé dans l'alcool. La figure 2 flacons d'une expérience semblable; le volume réel du liquide digérant est, en proportion avec la masse à digérer, deux fois plus considérable que celui de l'alcool dans cette figure. L'infusion pancréalique provenant d'un animal en pleine digestion (six à sept heures après le repas) fait ordinairement à peu près ce que font dans cet exemple les numéros 38 el 6, et souvent bien plus encore. Le nombre total de mes expériences dépassail de beaucoup celui des exemples que j'ai publiés en 1883 ; je elles ne les ai souvent répélées depuis, et jamais m'ont fait faux bond, — sauf, naturelle- ment, les cas, peu fréquents d'ailleurs, où la con- gestion de la rate ne se produit pas, el qui on utilité; en effet, les infusions de rates contractées et anémiques (d'animaux jeünant aussi leur grande représente fidèlement l'uspet des Atbumine, 12 heures d’étuve. et 5. Reste laissé par l’infusion pancréalique seule, rincé et conservé dans l'alcool. et 6. Reste laissé par le mélange des infusions du même pancréas el d'une rate congeslionnée, rincé et pancréas vivant, lu protrypsine se transforme en t'yp- sine active sous l'influence d'une substance qui se pro- duit dans la rate, en quantité proportionnelle à l'inten- silé de sa congestion. J'ai exposé, au Congrès des Médecins allemands, tenu à Strasbourg en 1886, quelques flacons sem- blables à ceux qui sont figurés plus haut ; les phy- siologistes qui les ont examinés ont lous reconnu que les différences entre les restes laissés par les infusions pancréaliques seules et le mélange des infusions pancréalique el splénique, sautaient aux yeux ; un des physiologistes les plus éminents d'Allemagne me fit à ce sujet, dans une conversa- tion particulière, une objection qui me fit des- cendre l'âme dans le talon, comme on dit en russe : zymogène pancréalique est « très avide d'oxygène: d'autre part, la rate con- « lient beaucoup de sang, et, notamment pendant « Vous savez que le E Ÿ « sa dilatation, elle en est gorgée; vos infusions « spléniques sont intensément colorées d'hémoglo- « bine dissoute ; dès lors, l'accélération incontes- « table et considérable de la digestion que vous « obtenez en les mélangeant à des liquides pro- « tryptiques, pourrait s'expliquer tout simplement « par la rapide oxydation du zymogène aux « dépens de l’hémoglobine. » : Bien que celte objection n’atteignit en aucune facon les expériences si nombreuses el si variées de Schiff, et bien que j'eusse à lui opposer des arguments de probabilité, tels que la vénosilé bien connue du sang contenu dans la rate, l'identité des résultats obtenus après asphyxie par CO?, et même par CO, elle ne laissa pas que de m'embarrasser fortement ; elle méritait, en tout cas, une mise à l'épreuve expérimentale directe; aussi m'empres- sai-je, dès mon retour à Lausanne, d'exécuter l'ex- périence suivante : Le pancréas d'un chien normal, à jeun, est in- fusé dans de la glycérine pure; cette infusion, une fois prête à être examinée, est divisée en huit par- lies égales: ces huit portions sont mélangées à huit échantillons de sang reeu directement dans un volume double de glycérine et dont quatre pro- venaient d'un autre chien à jeun, el quatre d'un chien en pleine digestion, avec une rate fortement dilatée. Les quatre échantillons furent pris, pour chaque animal, de l'artère et de la veine fémorales, et de l'artère et d’une grosse veine spléniques ; les huit flacons sont mis à l'étuve à 40° avec la dose habituelle de fibrine. Il est évident que le sang artériel, fémoral et |! Splénique des deux animaux contenait plus d’oxy- hémoglobine que leur sang veineux; il devait done, d’après l'objection de mon collègue, exercer sur le zymogène une influence puissante et égale; au contraire, d’après mon explication, c’est le sang veineux splénique qui devait seul exercer cette influence, et surtout celui de l’animal digérant. Voici le résultat de l'expérience : Au bout d’une heure de digestion, il n’y avail encore aucune {race visible de digestion sous l'in- fluence du sang fémoral, artériel ou veineux, ni du sang splénique artériel du chien jeunant; pre- mières traces de digestion sous l'influence du sang splénique veineux de cet animal; digeslion assez avancée sous l'influence du sang fémoral, artériel ou veineux, et du sang splénique artériel du chien digérant ; fibrine presque entièrement disparue sous l'influence du sang splénique veineux de l’animal digérant !. La réponse ne saurait être plus claire: le produit de la sécrétion interne de la rate, celui du moins 1 Voir Semaine Médicale 1887. A. HERZEN — LA DIGESTION TRYPTIQUE DES ALBUMINES 205 qui concerne la rapide transformation de la pro- trypsine en trypsine active, esl entrainé par le cou- rant sanguin; il se trouve dans le sang de la cireu- lation générale en quantité appréciable, mais faible pendant la dilatation de la rate, pendant laquelle il est abondant dans le sang splénique veineux: lorsque la rate est contractée, il y en a des traces dans le sang splénique veineux seulement. Cette expérience, plusieurs fois répélée, m'a toujours donné le même résultat. Ce n’est donc pas le sang comme tel qui favorise la transformation du zymogène pancréatique en -trypsine; c’est le sang en lant que véhicule de la substance inconnue qui jouit de cette propriété et qu'il puise dans la rale. Je ferai observer, en conclusion, que cette fonc- lion digestive de la rate n'exclut nullement les fonctions hématopoïétiques que la plupart des physiologistes lui attribuent : elle pourrait bien, au contraire, être intimement reliée à ces fonctions. Jusqu'à présent, je n'ai pas rencontré, dans la littérature physiologique, de critique sérieuse des recherches que je viens d'exposer succinctement ; je n'ai vu que deux ou trois courtes allusions dubi- latives, sans faits à l'appui, ou avec une seule observalion, défectueuse el dénuée de toute va- leur ; à deux de ces allusions j'ai répondu en 1893 et 4894 !: il est inutile d'yrevenirici. Mais en voici une nouvelle : Dans le n° d'avril 1895 des Archives de Physiologie, MM. Carvallo et Pachon relatent une très intéressante expérience qu'ils ont faite sur un chat : ils ont réussi à extirpercomplètement l'esto- mac età suturer l'æœsophage au duodénum ; l'ani- mal a guéri et se porte bien, ilestseulement un peu délicat quant à la qualité des aliments; loutes les albumines dont son organisme a besoin sont donc digérées presqueexelusivement par le suc pancréa- tique (en petite partie, sans doute, aussi par le suc brunnerien et entérique). Les auteurs se proposent de pratiquer chez ce chat l'extirpation de la rate, et croient que cela constituera un « experimentum crucis » pour ou contre les résultats de Schiff et les miens : pour, peut-être ; mais contre certainement pas ; car c'est une de ces expériences qui sont déei- sives en cas de résultat positif, mais quine prouvent rien en cas de résultat négalif; en effet, l'alterna- tive est celle-ci :'’ou bien, après la splénectomie, le chat mourra d'inanition, ou bien il survivra el continuera tant bien que mal à se nourrir ; dans le premier cas il sera prouvé une fois de plus, et par une nouvelle méthode, qu’en l'absence de la rate, le pancréas ne digère pas les albumines; dans le se- cond cas, les microbes, que les auteurs font inter- RE — 1 Rate et Pancréas, C. R. des séances de la Sociélé de Biologie, S. du 29, 7,93. Le Jeüne, le Pancréas et la Rate, Archives de Physiologie, n° de janvier 1894. 506 venir pour une si large part dans les expériences faites avec des infusions, et qui seront plus abon- dants que jamais dans l'intestin de leur chat, pour- ront donner libre cours à leur action protéoclaste, et, aidés des sues intestinaux, ils réussiront peut- être à conjurer une inanition rapide, ce qui ne prou- vera absolument rien contre l'absence de trypsine. D'ailleurs, ni Schiff, ni moi, nous n'avons jamais prétendu que le zymogène se transforme en tryp- sine exclusivementsous l'influence du fermentsplé- nique, et l’on sait qu'il se transforme peu à peu « spontanément », dans le pancréas abandonné au contact de l'air, rapidement dans les infusions aqueuses et lentement danslesinfusions boriquées; il suffit peut-être que le pancréas, surchargé de zymogène, en déversàl une partie dans l'intestin, avec les autres constituants de son suc, pourqu'il s'y transformät en trypsine; cela n’est cependant guère probable, car rien de pareil ne s’est produit dans les expériences de Schiff au moyen de fistules duodénales et dans le duodénum converti en réci- pient passif chez ses chiens dératés. Quant aux microbes, leur ingérence élail assuré- ment très dangereuse à l’époque où l’on se servait de l'eau comme véhicule des infusions:;: je la crois insignifiante ou nulle dans les infusions glycériques etboriquées ; je les ai souvent conservées avec des restes non digérés au fond, des semaines et des mois | y LE SOUDAN FRANÇAIS entiers, sans y constater la moindre trace de putré- faction ; elles finissent seulement, si elles sont mal bouchées, par se couvrir, à la longue, d’une couche de moisissure. Ne serait-il pas fort curieux, d’ail- leurs, que les microbes s’'introduisissent seule- ment dans les flacons contenant des infusions pan- créatiques aclives ou des mélanges d’infusions spléno-pancréatiques, et point dans ceux qui con- tiennent des liquides protryptiques inactifs ? Tout cela ressemble, à s'y méprendre, à un retour du spectre de la putréfaction, sous le nom plus moderne d'influence des microbes. On oublie seu- lement une chose : c’est que le suc et les infusions pancréatiques aqueuses se putréfient d’autant plus facilement et rapidement qu'ils sont moins actifs. La méthode des infusions mélangées est la seule qui puisse résoudre définilivement la question dont nous nous sommes occupé, et, à mon avis, elle l’a résolue. Le liquide protryptique seul ne digère pas, ou très tardivement et lentement; l’ex- trait splénique ne digère absolument rien; le mé- lange des deux digère vite et beaucoup; voilà le fait. On ne veut pas de notre explication. Qu'on en fournisse donc une meilleure, et nous serons, Schiff et moi, les premiers à la reconnaitre. A. Herzen, Professeur de Physiologie à lUniversité de Lausanne, QUESTIONS D'AFRIQUE LE SOUDAN FRANCAIS On discute beaucoup en ce moment du Soudan et à propos du Soudan. Le régime militaire et le régime civil auxquels notre colonie a été successi- vement soumise trouvent d'ardents défenseurs, De là des polémiques plus ou moins passionnées qui, comme toutes les polémiques, dépassent souvent leur but. On nous permettra peut-être d'apporter, au milieu de ces divergences de vues, la note posi- tive à laquelle sont habitués les lecteurs de la Æe- Vue. Le Soudan (fig. 1, p. 509) n’est pas de ces heu- reuses colonies qui n’ont pas d'histoire : il en a une, glorieuse, très glorieuse même, où tous les corps de la marine ont prouvé à nouveau, par nombre d'actions d'éclat, leur vaillance, leur en- durance el leur héroïsme. Officiers et soldats, tous ont accompli leur devoir avec l'énergie et le dé- vouement qui caractérisent les lroupes francaises. Au début de cette étude, c’est un hommage que nous nous empressons de leur rendre, précisé- ment parce que nous serons amené à discuter de très près la valeur de l’œuvre-matérielle qu'ils ont accomplie. I. — Du SÉNÉGAL AU NIGER. Ce qui déconcerte, en effet, quand on étudie la marche de nos affaires en Afrique occidentale, c’est la comparaison entre le programme inilal et le {ra- vail réalisé. De quoi s’agissait-il tout d’abord? De joindre l'Atlantique au Soudan central par une voie ferrée. On était en 1879, au moment où l'on discutait les tracés du chemin de fer transsaharien, et les Sénégalais, le brave général Faidherbe en tête, opposaient au chemin de fer parlant du Sud- algérien une ligne ayant le Sénégal comme point de départ. Comme il arrive souvent en France quand deux solutions sont présentées pour un seul problème, on mit tout le monde d’accord en acceptant le principe des deux voies de pé- PP RP CURE QT nt Le - nélralion. Le colonel Flatters partit d'Algérie et périt misérablement au cours de son second voyage d'exploration : son désastre amena l’ajour- nement indéfini des projets de transsaharien, re- . pris depuis avec une louable persévérance, mais il faut l'avouer, sans beaucoup de chances de succès, Ë Du côté du Sénégal, on ne rencontra pas au - début les mêmes diflicultés. On put reconnaître 3 topographiquement les territoires à traverser jus- - qu'au Niger, et dresser un avant-projet de voie de 4 pénétration. Cette voie devait être mi-ferrée, mi- fluviale. De Dakar. notre grand port sur l'Allan- tique, un chemin-de fer, aboutissant à Saint-Louis … (263 kilomètres), permettait d'éviter les inconvé- - nien{s de la barre du Sénégal. De Saint-Louis à … Kayes, le fleuve Sénégal, quoique n'étant navigable - que pendant quelques mois, présentait des facilités de transports suffisantes pour ajourner la construc- lion d’une voie ferrée de 500 à 900 kilomètres sui- vant qu’on eût coupé au plus court à travers le désert de Ferlo ou qu'on eût suivi le cours du Sé- négal. À partir de Kayes, par un second chemin . de fer de 550 kilomètres environ, on pouvait at- - teindre le Niger à Bammako, c’est-à-dire près du _ point où le grand fleuve africain commence à | être navigable. Le programme se résumait ainsi dans la cons- truction de 800 kilomètres de chemin de fer, qui - ouvriraient au commerce français tout le Soudan occidental. - Le Parlement se rendit avec réserve aux raisons qui lui furent présentées. À partir de l’année 1880, - il vota des crédits assez importants en vue de - commencer la ligne de Kayes au Niger, que l’on - S'accordait à juger assez facile à établir, d’après les reconnaissances faites en 1879-1880 par diverses - missions topographiques. Seulement, l'expansion de la colonie du Sénégal vers le Niger ne conserva pas le caractère pacifique qu'on s'était plu à lui attribuer tout d'abord. Aussi, le Parlement, après - avoir voté les crédits aflérents à la première sec- tion de la ligne, — celle de Kayes à Bafoulabé, — se montra réfractaire à pousser une expérience qui lui parut devoir être fort onéreuse pour ses linances métropolitaines. Il ne faut pas oublier qu à ce moment, la France était engagée un peu - partout : au Tonkin, à Madagascar surtout, et que - les affaires du Soudan devaient alors être menées - avec la plus extrême prudence. On regrettera i peut-être qu'il n'en ait pas toujours été ainsi. II. — LA QUESTION TOUCOULEURE, Il n'est pas difficile de montrer les origines des » résistances du Parlement. OUnconnail El Hadj Omar, le prophète toucouleur, né au Sénégal, près du poste de Podor, vers 1840, LE SOUDAN FRAN(AIS 507 el qui, après des guerres fort sanglantes, s'élail créé un vaste empire dans le Haut-Sénégal et dans le Moyen-Niger. EL Hadj Omar échoua dans ses entreprises contre le Sénégal, fut battu par Faidherbe, et ne put ainsi rallacher à ses possessions les provinces toucou- leures du Bas fleuve, celles où il avait vu le jour. Par contre il imposa sa domination aux popula- tions du Moyen-Niger, depuis les contreforts du Fouta Djallon jusqu'aux abords de Tombouctou. Sil ne conserva pas Tombouctou, qui échappa à son influence après sa défaite, près du marigot de Goundam, par les Touareg, par contre, il réussit à s'implanter dans le Macina. Et, bien que les Peulhs de ce pays, dépossédés par El Hadj Omar, aient fini par tuer leur vainqueur, les Toucouleurs se maintinrent dans le Macina grâce à l'appui des Habés, population d'humeur indépendante, puis- sante dans la région et que El Hadj Omar avait, en somme, délivrée de la tutelle des Peuhls. L'empire toucouleur ne survécut pas à son fon- dateur, en tant qu'empire unitaire, Mais les pays conquis restèrent sous la domination de la famille d'El HadjOmar. Trois des fils du conquérant furent rois. Ahmadou eut la plus belle part : le Haut-Séné- gal (avec les places fortes de Nioro dans le Kaarta. de Goubanko dans le pays de Kita, de Koundian dans la vallée du Bafing) et le Moyen-Niger avec Ségou. A Tidiani, échut le royaume du Macina. Agui- bou reçut en partage le pays de Dinguiray entre le Haut-Sénégal et le Haut-Niger. Les fils d'El Hadj Omar et les chefs toucouleurs se rappelaient les lultes soutenues contre les Fran- çais du Sénégal. En vingt-cinq ans, on n'oublie pas des défaites retentissantes. Aussi, quand, en 1880, nousrésolimes de nous avancer du Bas-Sénégal vers le Niger, nous nous trouvämes en face de la puis- sance toucouleure.Ily avait à résoudre une question toucouleure. Voyons comment elle fut résolue. Une mission toute pacifique, confiée au capi- taine Galliéni, partit du Sénégal à la fin du mois de janvier 1880. Elle passa à Bafoulabé, à 130 ki- lomètres de Médine, où l’on construisait un nouveau poste sur k ligne de Kayes-Médine au Niger: elle constata l'hostilité de la place forte toucouleure de Goubanko, voisine du village malinké de Kita, avec lequel elle signa un trailé de protectorat, et elle arriva au commencement du mois de mai dans le pays bambara du Bélédougou. Jusque-là le voyage s’élail fait sans encombre : il n’en fut plus de même quand la mission s’approcha du Niger. Le 41 mai, à deux jours de marche de Bammako. la petite troupe du capitaine Galliéni fut assaillie par les Bambaras : elle eut 15 tués, 16 blessés et 7 dis- parus. Les assaillants furent toutefois repoussés, 508 et le capitaine Galliéni, précipilant sa marche, put rejoindre le lendemain, à Bammako, deux sections secondaires de sa mission qui avaient exploré d’autres routes. L'avertissement élait sérieux. Néanmoins le capitaine Galliéni, n’écoulant que son courage, sui- vant d’ailleurs ses instructions, traversa le Niger et se dirigea vers Ségou où résidait Ahmadou, le prin- cipal chef des Toucouleurs. Or, Ahmadou recul la nouvelle mission française comme il avait reçu, en 1864, la mission du lieutenant de vaisseau Mage que Faidherbe lui avait envoyée: pendant neuf mois, du 1° juin 1880 au 1° mars 1881, le capi- taine Galliéni et ses compagnons furent en quelque sorte internés à Nango, à 40 kilomètres à l’ouest de Ségou. Aux avances qui lui furent faites, Ahmadou répondit par des fins de non-recevoir jusqu'au jour où il prit peur en apprenant la marche en avant d'une colonne française. Le lieutenant-colonel Borgnis-Desbordes, de l'artillerie de marine, nommé commandant supé- rieur du Haut-Sénégal, à la fin de l’année 1880, avait formé une colonne de 83#hommes, dont 424 combattants, afin d'assurer le libre parcours sur la ligne de Kayes au Niger. Il se proposait de cons- truire un poste à Kila, à 300 kilomètres de Kayes, à 180 kilomètres environ de Bafoulabé, et à 200 kilomètres à peu près du Niger navigable. Kita était peuplé de Malinkés hostiles aux Toucouleurs de Goubanko. C’est même pour cela que les chefs de la vilie avaient traité avec le capitaine Galliéni quelques mois auparavant, cer- tains ainsi d'être protégés contre les Toucouleurs qui les avaient asservis depuis une trentaine d’an- nées. Le colonel Borgnis-Desbordesfitconstruire un fort à Kita,et, pendant quele personnel non combattant procédait à cette édification, il partit en colonne contre Goubanko, qui témoignait toujours de son hostilité. Après un bombardement de quatre heures, l'assaut fut donné: la ville fut prise après une lutte acharnée qui nous coùla des pertes sen- sibles. Cela se passait le 7 février 1881. L'événement eut un retentissement énorme dans tout le Soudan. Les Toucouleurs de Ségou, en ap- prenant la destruction de Goubanko, demandèrent à Ahmadou de mettre à mort la mission Galliéni. Mais le sultan savait que c'était provoquer la marche d'une colonne francaise sur Ségou : il pré- féra signer le traité d'amitié que lui proposait le capilaine Galliéni. Le 1% mars 1881, l'accord était conclu; vingl jours après, la mission pouvait quitter les États d’'Ahmadou. et l’on put penser alors que la pénétralion vers le Niger allait pouvoir dorénavant s'effectuer quand survinrent de nouveaux ei graves évènements. pacifiquement, | LE SOUDAN FRANCAIS —_—_—_—_—_—_—_—_———…——…—…—…—…—…"…"—…"…"…—"—"—"…"—"—"…"—"—"—"…"—"—"—"— — ——— ————— III. — PREMIÈRE GUERRE CONTRE SAMORY. Depuis plusieurs années un nouvel El Hadj Omar terrorisait la rive droite du Haut-Niger: c’était Samory, un Malinké, d'abord marchand, puis petit. chef de guerre, qui était parvenu, en quelques années à se tailler un vaste royaume tout autour de Bissandougou, le centre du pays de Ouassoulou. Samory est un conquérant soudanais qui, quand il est vainqueur, brûle les villages, tue les hommes âgés, prend les jeunes gens pour en faire des guerriers, emmène les adultes etles femmes pour en faire des esclaves. En 1881, Samory opérail dans le nord de ses États, etses bandes de sofas as- siégaient la ville de Kéniéra, située à 40 kilome- tres de Siguiri, à 200 kilomètres au sud de Kita. Les indigènes effrayés craignaient une invasion de Samory dans le Haut-Sénégal. Ils demandèrent qu'on surveillät les agissements du chef malinké et qu'au besoin on protégeàt les gens de Kéniéra. C’est dans ces conditions que le commandant supé- rieur, par intérim, envoya en mission auprès de Samory le lieutenant indigène Alakamessa. C'était une mission évidemment pacifique : on demandait à Samory d’épargner Kéniéra. Le conquérant, qu'Alakamessa dut aller trouver loin du Niger, à Galaba, prit la démarche comme un ordre d’avoir abandonner ses projets de conquête. Alakamessa, menacé de mort, revint à grand'peine à Kayes. C'était incontestablement une grave injure in- figée au prestige de l'autorité militaire française. Peut-être que la sagesse eût consisté à laisser Samory tranquille, quitte à se défendre énergi- quement s'il avait franchi le Niger et menacé notre mouvement vers le Niger. Mais le colonel Borgnis- Desbordes pensa qu'il était de notre intérêt «le laver l'injure faite à notre oflicier et de tenter d'arrêter, par une campagne énergique, la marche éventuelle de Samory sur la rive gauche du Niger. C'est dans ces condilions que la colonne du Haut- Sénégal, dont l'objectif pour la saison 1881-1852 était le simple ravilaillement des forts de Bafou- labé et de Kita, fut dirigée contre Samory. Partide Kita, le 16 février 1882, avec deux cents hommes de troupe, le lieutenant-colonel Borgnis-Desbordes se dirigea sur Kéniéra où il arriva le 26. L'armée de Samory avait, suivant la mode soudanaise. édifié deux réduits fortifiés (sagnés), d'où elle sur- veillait la ville assiégée. La pelite troupe francaise enlève le sagné du nord; Samory évacua avant l'allaque du sagné du sud : c’élait un succès, mais sans profit, car, depuis plusieurs jours, les défen- seurs de Kéniéra s'étaient rendus à Samory. Et, quand la pelite colonne revint sur ses pas, elle fut poursuivie par les troupes de Samory, don elle ne fut délivrée qu'après le combat de Koba. PRE PE NP UP DE . Aussi, franchissant le N Elle revint à Kita le 11 mai 1881, sauvé les gens de Kéniéra, n'ayant pas et ayant décidé _Samory à entrer en hostilités avec nous. La péné- tration de la France vers le Niger cessait d'être pacifique. C'est à main armée qu’elle allait déci- _ dément avoir à se faire. Samory n'élait pas un homme à reculer devant nous. Son échec du marigot de Koba n'était pas de LE SOUDAN FRANCAIS | 309 Soudan. Le fort de Bammako, commencé le 1° fé- vrier, fut terminé à la fin du mois de mars c'est au moment où la colonne du colonel Des- bordes se préparait à rentrer à Kayes que l’on signala la marche des bandes de Samory : 4.000 fan- tassins el 200 cavaliers, commandés par Fabou. s'avançaient vers Bammako. Le lieutenant-colonel _ Desbordes les attaqua sur la route de Kita, au marigot d'Oneyako, les 2, 3 et 5 avril 1883. Le 12 Pakel hioneahar: (2 Kay es de Bafoutabe — KA Er al 1% en || SIERRA Ne Rage re na ’ X Ÿ Yilodètpes RE | °APnafà ca a à buassbô À Fararra Bisanlougek AVioro ROPA Armes ACIN A | Bandiagara RES: "22 Hondou YATENGA & } CHita Vhaxgabæ fl $ ÉTATS DE NY °Sikaso , TIEBA ARE wat val > Bobo Diortase. P TNT 0 four LOUER EX of Sedo ge Aer oui fre Ocienné * S « j \ nm ] \ Jastayu 9 À ke) 4 S 1 j Ÿ f F 2 $ Ê KI abat Jéquelr \ “ Fig. 1. — Le Soudan francais. telle nature qu’il pût désespérer de nous vaincre. iger,ilenvoya un de ses lieu- nt. Fabou, menacer directement la colonne qu'au printemps de 1883 le lieutenant-colonel Borgnis-Desbordes dirigeait de Kita sur Bam- mako. Cette colonne ne comprenait pas moins de . 540 hommes. Elle commenca par enlever la place forte toucouleure de Mourgoula, au sud-est de Kila, la place bambara de Daba, avant de fonder, sur le Niger, le fort de Bammako, point terminus de notre voie de pénétration du Sénégal vers le lieutenant de Samory fut baltu ; toutefois laduréede la lutte indique assez son opiniätrelé. Fabou tenta de revenir à la charge : il fut encore battu trois fois. Mais Samory en était quitte pour reformer de nouveaux contingents. Kabou resta sur la rive gauche du Niger, à la hauteur de Tangabé, à 100 ki- lomètres sud-ouest de Ségou : la ligne de Kita- Bammakou n’était pas encore garantie contre les attaques de Samory! L'année 1884 ne fut signalée par aucun événe- ment de guerre important. Mais un fait politique 510 grave se produisit : Ahmadou quitta Ségou pour se rapprocher du Sénégal, et il alla se fixer dans le Kaarta, à Nioro, d'où il put nous surveiller de plus près. Il menacait nos communications au nord, tandis que Samory nous inquiétait vers le sud-est. Le commandant Combes, commandant supérieur du Haut-Sénégal pour la saison 1884-1885, marcha sur Samory, qui assiégeait le petit poste français de Nafadié, au Sud-Est de Niagassola, où s’édifiail un fort. La lutte fut chaude : en peu de temps, dix combats furent engagés jusqu'à ce que Samory, battu au marigot de Kokoro (13 juin 1885), songeal à se replier. Mais c'était pour revenir plus en forces l'année suivante. Il fallut que le lieutenant-colonel Frey l’attaquàäl à nouveau. Cetle fois, la déroute d'une de ses colonnes, dispersée à Fatako-Djingo,amena l'almamy à trai- ler el à nous reconnaitre la possession des térri- loires situés au nord du Niger et de son affluent de gauche. le Tankisso. INT — T'ACCALMIE. Cetle paix nous permit de nous débarrasser d'un nouvel adversaire, le prophète Mahmadou-Lamine qui agita la vallée supérieure du Sénégal, et dont le lieutenant-colonel Galliéni nous débarrassa au cours de la campagne de 1887-1888. Elle eut aussi l'avantage d'amener Ahmadou à traiter égalementet à conclure, en mars 1887, une convention en vertu de laquelle il placait ses États sous notre protectorat. Une ère de tranquillité s'ouvrit ainsi pour le Soudan. On profita de celle accalmie pour orga- niser nos nouvelles possessions. Le Haut-Sénégal et le Haut-Niger furent détachés de la colonie du Sénégal et formèrent la colonie du Soudan fran- cais. La reconnaissance du Niger fut commencée par la canonnière Viger, commandée par le lieute- nant de vaisseau Caron. Binger partit pour son beau voyage à travers la boucle du Niger. Enfin, on s’occupa de prolonger, par un pelit chemin de fer Decauville de 0,50, l& ligne de chemin de fer de Kayes à Bafoulabé. Ajoutons que Samory fit preuve alors de dispo- silions conciliantes. Il avait envoyé en Franée son fils, le célèbre Karamokko. Il consentit, à son tour, à signer, avec le capitaine Péroz, un second traité par lequel il nous abandonnait le pays situé entre le Tankisso et la rive gauche du Niger. De celte manière, les Élats élaient séparés de la colonie anglaise de Sierra-Léone, ce qui facilitail la conclusion d'un arrangement fixant au sud- ouest la frontière du Soudar français. V. — NOUVELLES CAMPAGNES CONTRE ATIMADOU. Cet élat de paix pouvait-il durer en raison du 9 caractère lurbulent des populalions soumises LE SOUDAN FRANÇAIS Les uns prétendent que oui. D’autres affirment le contraire. Ce qui est certain, c’est que la lutte reprit avec Ahmadou d'abord, avec Samory en- suile. Le commandant Archinard, de l'artillerie de ma- rine, commandant supérieur du Soudan en 1888- 1889, s'attacha tout d’abord à compléter l'organi- sation administrative de la colonie, à s'occuper du chemin de fer, à envoyer le lieutenant de vaisseau | Jaime en mission vers Tombouctou avec le Niger et le Wage. Plus tard, il dut rouvrir la période des guerres, à la suite de l'affaire de Koundian. Koundian était une ville forle toucouleure, une des anciennes citadelles que El Hadj Omar avail construiles dans le pays Bambara, et qui s'élevail dans la vallée du Sénégal, à 60 kilomètres dans le sud-est de Bafoulabé. Les gens de Koundian auraient voulu continuer leurs déprédations habituelles chez les populations voisines, qui étaient jadis sous leur dépendance. On leur fil des remontrances. amicales d'abord, plus énergiques ensuite, Les Toucouleurs, toujours prêts à la lutte, se laissèrent entrainer par les fanatiques de leur race. Koun- dian devint un centre de résistance. Rien ne dit qu'il n'aurait pas élé possible d’avoir raison des Toucouleurs de Koundian par l'intermédiaire du chef des Toucouleurs, notre protégé Ahmadou, sultan de Ségou et de Nioro. Mais on préféra trailer isolément la question de Koundian. Des fautes furent commises pendant un intérim de gouvernement; les gens de Koundian commencè- rent les hostilités et on dut finalement avoir recours à la force brutale, Le commandant Archi-: nard marcha contre la ville, qui fut canonnée et enlevée d'assaut après un vif combat. Ce fut, il est vrai, le seul acte de guerre de la sai- son 1888-1889, mais il eut les plus graves consé- quences. Ahmadou, qui est loin d'être un homme de guerre, poussé par les chefs de son royaume, se prépara à entrer en lutte ouverte avec nous. Il fil alliance avec Abdoul Boubakar, le chef du Fouta sénégalais, avec Samory, el bientôt un mouvement hostile se manifesta sur toute notre ligne depuis le Moyen-Sénégal jusqu'au Niger. Le lieutenant-colonel Archinard ne voulul pas attendre que la coalition pût nous assaillir de toutes parts. Il se prépara résolument à la guerre en allaquant d’abord les Toucouleurs. À la fin de l'année 1889. il concentra une colonne avec laquelle, le 6 avril 1890, ilenleva Ségou à Madani,qu'Ahmadou son frère, avait laissé dans ses provinces du Niger. Puis ilrevint vers le Kaarla, où Ahmadou concen- trait ses troupes; il prit les forteresses toucouleures d'Ouossébougou à l’est de Kaarla, de Koniakary, au sud-ouest de ce même pays, remettant à l’an- née suivante la suile de ses opérations de guerre. or MAN à PR ni LL Kong QE DÔME 5 ar cons A lin Pr du td ah aus HÈ LE LE SOUDAN FRANÇAIS o11 Le 1% janvier 1891, il entrait à Nioro, évacué par Ahmadou; le 3 du même mois,ilsurprenait à Youri les Toucouleurs désorientés par la vigueur avec laquelle ils étaient attaqués. Ahmadou, défait, s'enfuit auprès de son frère Tidiani dans le Macina, et les Toucouleurs du Moyen-Niger durent se rési- gner à revenir vers le Sénégal, en abandonnant les provinces qu'El Hadj Omarleur avait conquises. Cet exode, dont on à beaucoup parlé à l'époque, ne laissa pas d’agiter tout le pays. Le lieutenant- colonel Archinard dut retourner à Ségou complé- ter la soumission des pays voisins de l’ancienne capitale d'Ahmadou, et, marchant brusquement vers le sud-ouest, il alla fondre sur les conlingents que Samory concentrait dans la vallée du Milo, à proximité de notre poste de Siguiri. VI. — NOUvELLE GUERRE CONTRE SAMORY. Samory, battu, abandonnaKankan où un nouveau poste fut fondé, battit en retraite sur Bissandougou, son ancienne capitale, qu'il livra aux flammes après les combats de Kokouna et de Diamanko (9 avril 1891) où il opposa une vive résistance à notre colonne. Nos troupes, épuisées par celte audacieuse cam- pagne, revinrent sur leur base d'opération. Leur chef, atteint d’une bilieuse hématurique, ren- tra en France fatigué — on le serait à moins — par ses trois commandements consécutifs, et, pendant ce temps, les bandes de Samory, reconstituées, viennent prendre position autour de Kankan. C'est une nouvelle guerre en expectative! Au lieutenant-colonel Humbert, qui eut le com- mandement du Soudan pendant la saison 1891-92, ‘échut la lourde tàche de commencer la désorga- nisation des troupes de Samory qui avait pu, avec le concours des Anglais de Sierra-Leone, se créer des {roupes d'élite, armées de fusils à répélition, et largement approvisionnées de munilions de guerre. Kankan est débloqué, Bissandougou est réoccupé, les villes de Sanankoro et Kérouané sont prises et conservées comme bases d'opérations pour la pro- chaine campagne, campagne remarquable à tous égards au point de vue militaire et qui fit le plus grand honneur au commandant de la colonne : le lieutenant-colonel Combes. Dans un raid fantastique de 900 kilomètres, la colonne Combes parcourut le pays qui s'étend à l’ouest du Milo jusqu’au Baoulé, affluent de droite du Niger et jusqu’au fleuve Cavally, qui s'écoule dans l’océan Atlantique. La partie principale des troupes de Samory fut atteinte, bousculée, pour- suivie l’épée dans les reins, disloquée finalement, - pendant que, dans le Haut-Niger, les capitaines Briquelot et Dargelos, à la tête de colonnes secon- daires, traitaient de la même manière les bandes avec lesquelles Samory tenait les provinces voi- sines de Sierra-Leone. En quelques semaines, toute la région qui s'étend entre le Niger, la république de Liberia et le Haut-Cavally était conquise et maintenue sous notre autorité par les postes de Farannah, de Kissidougou et de Beila. Samory perdait toutes les provinces qui étaient le berceau de sa puissance. Pendant ce temps, au nord, le colonel Archi- uard, revenu au Soudan, formait une colonne, tra- versait le Kaarta, passait à Ségou, écrasait à Djenné ceux qui voulaient menacer nos possessions du Moyen-Niger, allait à Mopti, et à Kori-Kori, près de Bandiagara, la capitale du Macina, met- tait en fuite les contingents qu'Ahmadou avait pu grouper autour de lui, après avoir succédé à son frère Mounirou, lequel avait hérité de Tidiani. La double et brillante campagne de Combes el d’Archinard détruisait ainsi au Soudan toute résis- tance sérieuse contre nous. On put espérer que dorénavant le Soudan conquis, et bien conquis, l'œuvre de pénétration économique allait re- prendre. On se prit à penser à nouveau au chemin de fer du Niger. On prépara une mission hydrogra- phique sur le fleuve; on substitua le gouvernement civil au gouvernement militaire pour bien montrer que l’ère des conquêtes militaires élait close. Les détracteurs systématiques du Soudan n'avaient guère de motifs pour continuer leurs critiques, quand une catastrophe vint tout remettre en question. VII. — ESPÉRANCES ET DÉCEPTIONS L'anéantissement de la colonne Bonnier à Dou- goï (12 janvier 1894), quelques jours après l’oceu- pation militaire de Tombouctou, montra à tout le Soudan stupéfail, au lendemain même des reten- tissantes victoires d’Archinard et de Combes, que les Français n'étaient pas invincibles. Nos adver- saires reprirent d'autant plus confiance que le Gouvernement, afin d'éviter le retour de ces pé- nibles événements, avait donné des ordres formels pour que les garnisons de nos postes restassent sur la plus expresse défensive : cela se comprenail d'autant mieux que toutes les forces disponibles furent envoyées dans la région de Tombouctou, dont la garnison exige, avec les postes voisins, un bataillon de troupes indigènes. Samory, que le colonel Bonnier avait battu, le 4 décembre 1893, à Faragara, près de Ténétou, re- prit espoir. Chassé du Haut-Niger, il pensa retrou- ver dans les territoires Tiéba une compensation aux pertes qu'il avait éprouvées; il concentra une partie de ses bandes dans la vallée du Bagoé, mena- çant Sikasso, la capitale de Babemba, le fils et successeur de notre allié Tiéba. En même temps, son lieutenant Sékouba hâtait sa marche, au sud, vers le pays de Kong, que Binger a, on s'en sou- vient, placé sous notre protectorat. Les derniers événements de la Côte d'Ivoire, l'é- chec de la colonne du lieutenant-colonel Monteil aux environs de Kong (février-mars 1895), la re- traite que nos troupes ont dû subir devant Sa- mory, montrent que notre vieil adversaire, si sOu- vent battu, est, aujourd'hui, plus puissant que jamais. Nous lui avons pris ses États du Haut- Niger, c’est vrai : seulement il s’est refail un royaume aux environs de Kong et il a pour luile prestige que lui donnent à la fois ses derniers succès et nos récents désastres. Voilà dans quelle situation se trouve aujourd'hui le Soudan après quinze ans de luttes! Notre péné- lration vers le Niger a abouti à une guerre de con- quêtes dont on ne prévoit pas la fin. Sans doute, nos arrière-neveux nous devront cette colonie dont ils sauront évidemment tirer de larges profils. Mais notre généralion, tout en songeant à l'avenir, doit-elle se rappeler les mots d'Horace : Quid ferre recusent, quid valeant humeri? Or l'examen de nos dépenses pour le Soudan prête à de sérieuses méditations. En voici le relevé annuel depuis l’o- rigine. RES ADO PR dote 1.300.000 francs ABS EE CE 6.685.000 CP NEOE Dont 8.173.000 BRAS COCA RE 1.690.000 ASE Eee te: >.631.000 LRO dc o0c .000 Tor te be th .000 IST RER eepee ou .000 LSSSE Te met PrN eee 2.000 MSSOSAE. t'es arte 89.000 ASDD sas ae RPM EE .457.000 ARS. NE ere 1.983.000 RPM 7.529.000 LO0BEE bes ehe 8.009.000 BOAT E is re 12.230.000 soil, au total, plus de 84 miilions de francs. Évidemment, il ne faut pas exagérer la valeur, comme élément d'appréciation, de semblables cal- culs. Ce serait un jeu enfantin que de comparer entre elles les additions des différents services civils et militaires de notre pays. Mais, en ce qui concerne le Soudan, on voit les dépenses tripler en quelques années, alors qu'on cherche vaine- ment la contre-partie des sacrifices imposés au pays. El, de plus, ce qui prouve la situation abso- lument anormale, c’est que les dépenses supplé- mentaires sont passées de 2.340.000 francs en 1892 et 2.289.800 francs en 1893 à 6.011.000 en 1894. VIII. — NOTRE ŒUVRE ÉCONOMIQUE AU SOUDAN Qu'est devenu le programme du général Faid- herbe au milieu de cetle série d’expéditions mili- LE SOUDAN FRANÇAIS D NO Re TES VE laires sans cesse renouvelées? Peu de chose pour le moment. Certes, on a construit la ligne de Dakar à Saint- Louis, ligne dont l'exploitation donne des résultats très satisfaisants. Elle a assuré la pacification totale du Cayor, et, chaque année, on voit diminuer les charges imposées à la métropole à titre de garanties diverses. Le lotal de ces garanties était de 2.676.000 francs en 1886 : il est descendu à 1.268.000 francs en 1892 et à 1.174.000 francs en 1894. De Saint-Louis à Kayes, la navigation du Séné- gal s'effectue très facilement dans la période des hautes eaux. « Du 15 juillet au 15 septembre, écrit le commandant Andry, des navires de mer de 1.500 à 2.000 tonneaux, peuvent remonter jusqu'à Kayes. Depuis 1890, les approvisionnemens de l’État pour le Soudan sont transportés directement de Bor- deaux à Kayes par des steamers de 2.000 ton- neaux. « Du commencement de juillet au 15 octobre, des navires de 400 tonneaux ont accès à Kayes avec un lirant d’eau de 2",50 : enfin, des bateaux de 50 tonneaux peuvent alteindre la capitale du Soudan français jusqu'au 15 novembre. Le voyage, aller et retour, de Saint-Louis à Kayes est de 10 jours. « On pourrait évacuer, chaque année, par le Sé- négal, 100.000 tonnes de marchandises, dans chaque sens. » : A cet égard, de réels progrès ont élé réalisés et il importe de signaler encore la création, en 1891, d’un service régulier de bateaux à vapeur entre Saint-Louis et Kayes. Mais où en sont les travaux du chemin de fer du Niger? Aux débuts de la conquête du Sou- dan, on a commencé la construction de la ligne de Kayes à Baloulabé: seulement dans quelles conditions? Au moment où se formaient des co- lonnes qui allaient guerroyer dans le Haut-Pays ! A la fin de 1886, on n'était encore arrivé qu'à Dia- mou, à 54 kilomètres de Kayes, el c'est gräce à l’activité du colonel Galliéni qu'en 1888, on par- vint à Bafoulabé. À ce moment, on avait dé- pensé 13.745.471 francs pour les 132 kilomètres exécutés. Depuis il à fallu procéder à une réfection par- tielle de certains passages défectueux, modifier quelques parties du tracé, ce qui à occasionné une dépense supplémentaire de 41.200.000 à 1.300.000 francs. En somme, cest seulement à partir du 1° janvier 1893 que la voie a pu être ouverte à l'exploitation commerciale. D'après les renseignements qui nous ont élé communiqués, les recettes du chemin de fer ont élé les suivantes : ; L | 3 È : | n Àd u NT ERREUR + bobsis.Q L' @M @ N) DA dS A. 07 129.600 fr. 17 269.365 fr. 83 À Bafoulabé était le point terminus de la pre- mière section de la ligne du Sénégal au Niger. Les colonels Galliéni et Archinard, désireux de faciliter les ravitaillements de nos postes, ont fait établir un Decauville le long de la route qui va de Bafoulabé _ à Badumbé. En 1887 et 1888, on a consiruit une ligne de O m. 50 entre Bafoulabé et Dioubéba (43 kilomètres). Cette voie à faible échantillon (4 k. 500 par mètre courant) a rendu de très grands services, mais elle a été bientôt hors d'usage. On lui a substitué en 1890-91 sur les 38 premiers kilo- -mèêtres, une voie de O0 m. 60 sur lesquels on a d'abord effectué une traction à l’aide de mulets. Plus tard, en raison de la grande mortalité de ces animaux, on a remplacé la traction animale par la traction mécanique. Les cinq derniers kilomètres de la voie de 0 m. 50 ont été récemment remis à la voie de 0 m. 60, en attendant une transforma- tion inévitable en voie de 1 mètre : curieux témoi- gnage de l’unité de vues qui préside à nos affaires du Soudan. - IX. — LES VOIES DE COMMUNICATION AU SOUDAN En vue de remédier aux inconvénients divers résultant du ravitaillement de nos ports par les moyens actuels qui sont lents, pénibles et onéreux. on a décidé d'étudier très soigneusement le pro- longement de la ligne actuelle. Dans le courant des années 1891 à 1893, les commandants Marmier et Joffre ont procédé à une étude sur place du chemin de fer, lequel serait à la largeur de un mètre, la seule qui con- vienne pour les pays chauds où les orages sont si nuisibles à la plate-forme des voies. La longueur de la ligne serait de 433 kilomètres groupés en trois sections : Bafoulabé à Kita par Badumbé (200 kilomètres), Kita à Bammako (196 kilomètres), Bammako à Toulimandio (42 kilomètres, dont 5 empruntés à la section précédente), de manière à .- aboutir à un point où le Niger est navigable de dut tél 1 | | | juillet à janvier, pour les bateaux calant de 1,50 à 2 mètres. Entre Bammako et Toulimandio se trouvent les roches de Sotuba, qui sont un obstacle très sérieux à la navigation. Que coûterait ce chemin de fer? 39 millions, disent les auteurs des projets, en majorant de 40.000 francs le coût kilométrique » de la voie Dakar-Saint-Louis qui, prévu pour 68.000 francs, a finalement atteint 70.000 francs. Evidemment, dans le Haut-Sénégal le travail est autrement difficile que dans le Bas-Fleuve, et on peut se demandersi cette majoration est suffisante. Or, si les 54 premiers kilomètres de la voie de Kayes LE SOUDAN FRANÇAIS 513 à Bafoulabé sont revenus à 156.500 fr., par contre, les derniers, matériel roulant compris, n’ont coûté _ que 83.500 fr. On peut donc penser qu'avec l’expé- rience du passéle chiffre des prévisions pourra être d'autant plus adopté définitivement que les tra- vaux d'art sont très peu nombreux, et que les officiers qui ont tracé les plans, appartenant-au régiment des chemins de fer, sont particulièrement compétents dans l'espèce. Le commandant Andry, qui a été longtemps chef du bureau militaire au Ministère des Colonies, a, à ce propos, fail une étude économique du Soudan. Il pense que le chemin de fer, quand il aura atteint le Niger, pourra réaliser un produit kilométrique de 9.315 francs, alors qu'avec 8.200 francs on couvrirait les frais d’exploitation et les charges du capital. Nous donnons ces chiffres à titre d'indication, ne voulant pas les discuter et n’ayant même pas besoin de les dis- cuter. La question du chemin de ferdoit,en effet,serégler par des considérations autres que celles tirées de calculs plus ou moins exacts sur le développement éventuel du commerce soudanais, car le Soudan est aujourd'hui un pays dévasté par un demi- siècle de guerres incessantes. Il possède des régions actuellement riches, telles les vallées supérieures du Niger et les contreforts du Fouta- Djallon; il présente de sérieuses espérances dans le Moyen-Niger, grace aux plaines inondées chaque année entre Ségou et Tombouctou où, parmi les produits naturels, le coton se rencontre en abon- dance. Avec la paix, les indigènes repeupleront leurs villages déserts et l’action du soleil africain sur les alluvions fertilisantes du fleuve ramènera la richesse signalée jadis par les voyageurs du moyen àge, avant les conquêtes des Musulmans du Nord. Mais ces considérations sont pour l'avenir. Le _présent exige de plus positives raisons : le Soudan n’a pas présentement une grande valeur écono- mique. Si sa conquête était à refaire, il est de toute évidence qu’on procéderait autrement; mais ces regrets sont superflus, et l’on doit se demander simplement si l’on peut, si l'on doit maintenant abandonner nos acquisitions. La réponse est aisée. On ne peut évacuer le Soudan sous peine de compromettre toute notre œuvre en Afrique : c'est menacer l'existence de nos colonies du Sénégal, de la Guinée et de la Côte d'Ivoire, c’est laisser, dans toute l'Afrique du Nord, libre carrière à nos rivaux, à nos ennemis ; c'est s’exposer à recommencer un jour dans des conditions autrement lourdes notre œuvre d'expan- sion africaine. 14 H. MOISSAN — SUR LA PRÉPARATION DU CARBURE DE CALCIUM [l faut se résigner à rester à Tombouctou,àSégou, | prolongement éventuel de 120 kilomètres sur à Bammako et à Beila, et à protéger contre les Samorys un front de bandière d'environ 1.500 kilo- mètres. Comment dès lors ravitailler des postes éloignés les uns des autres de centaines de kilo- mètres? De Toulimandio. à Tombouctou il y a, par le Niger, de 7 à 800 kilomètres : pour tenir le fleuve et ravitailler nos postes, il faut des canon- nières et des chalands; or, l'expérience du Haye et du Viger prouve qu'on ne fera œuvre sérieuse que le jour où l'on pourra arriver facilement aux bords du fleuve. La construction méthodique du chemin de fer est la conséquence même de l'obligation où nous sommes de garder nos conquêtes. Chose singulière, qui eût paru monstrueuse aux initiateurs du pro- gramme de 1879, les transactions commerciales viendront par surcroit. Elles atténueront simple- ment les charges d’exploilation de cette voie essentiellement militaire. Sans doute, il y a d’autres choses à faire. Le Ministre des Colonies annonce l'ouverture d'une route de 400 kilomètres allant de Konakry (Gui- née-Française) à Farannah sur le Niger avec un Kouroussa. Cette voie dait ravitailler le Haut- Niger, mais elle ne servira pas à grand’chose pour la vallée moyenne du fleuve. En effet, car elle ne saurait sérieusement êlre opposée à la route de Bafoulabé à Bammako et encore moins au chemin de fer de Kayes au Niger. On parle encore du Transnigérien du capitaine Marchand, allant de la côte d'Ivoire à Mopti par le Bandama, fleuve qui se déverse dans l'Atlantique, et le Bagoë, le grand affluent du Niger; 200 kilomètres du chemin de fer relieraient les biefs navigables des deux cours d’eau. Seulement, car il y a un seulement, Samory devra être vaincu avant que l’on songe à utiliser celte voie que le puissant chef musul- man menace de ses nouvelles possessions de Kong. Il faut donc s’en lenir au programme de 1879 et poursuivre le chemin de fer du Niger; ce sera le seul moyen pratique de réduire les dépenses mili- taires de la colonie et de hâter l’apparition de ce jour fortuné où le Soudan rendra un peu de ce qu’il aura coûté! XXX. SUR LA PRÉPARATION INDUSTRIELLE DU CARBURE DE .CALCIUM Dans un article paru dans le dernier numéro de la Revue générale des Sciences, M. Urbain attribue, d’après le D' Suckert, la préparalion électrolytique du carbure de calcium à M. L. Wilson, de la Caro- line du Nord. M. Urbain fait remarquer que les recherches de M. Wilson ont été commencées en 1888, puis il donne d'intéressants détails sur le four électrique de M. Wilson. Je tiens sur ces différents points à faire une réclamalion priorité. 1° M. Wilson assure qu'il a commencé ses séries d'expériences dès 1888. Comme il n'a rien publié sur ce sujet à cette époque, celte date ne peul avoir aucune signification. En science, la publica- tion seule établit la priorité. 2° M. Wilson a pris en Amérique une patlente n° 492.317 du 21 février 1893) ayant pour titre : Réduction electrique des composés métalliques réfrac- laires. de Je ferai remarquer que ma première recherche sur le four électrique à réverbère et à électrodes mobiles a élé publiée aux Comptes Rendus de l'Aca- démie des Sciences à la date du 12 décembre 1892. Dans cette première Note, je signale la réduc- tion par le charbon, sous l’action de la chaleur de l'arc, des oxydes regardés jusqu'ici comme irréductibles : « L'oxyde d'uranium, qui est irréductible par le charbon aux plus hautes températures de nos fourneaux, est réduit de suite à la température de 3000. En dix minutes, il est facile d'obtenir un culot de 120 grammes d'uranium. Les oxydes de manganèse, de chrome sont réduits par le charbon en quelques instants. » Je cite aussi, dans cette Note, la formalion acci- dentelle du carbure de calcium par l’action des vapeurs de calcium sur les électrodes de charbon. Examinons maintenant ce que renferme la patente n° 492.377 de M. L. Wilson. Je ne discuterai pas la forme de son four, qui rappelle, à s’y méprendre, le four Cowles et le four Grabau; je ne veux retenir que la valeur des résultats. D'ailleurs, M. Wilson n’a pas séparé dans son four l’action calorifique de l'arc de son action électrolytique. Cela se reconnait facilement à ce qu’il dit de la magnésie. Dans la descriplion de son brevet, M. Wilson H. MOISSAN — SUR LA PRÉPARATION DU CARBURE DE CALCIUM 15 insiste longuement sur l’action de l’are électrique sur la magnésie, sur un mélange de charbon et d'alumine ou de charbon et de magnésie. Ilindique que la magnésie oul’alumine peuvent être amenées à l'état liquide sous l’action de l’arc et il détaille avec soin les difficultés que présente, pour la « machinerie », la résistance d’un semblable bain au passage régulier du courant. C'est alors, — et là est le fond même de son brevet, — qu'il ajoute du charbon en poudre pour former une masse _ fritée et éviter tout bain liquide. Il doit ensuite reprendre le métal produit en faisanttomber, sur le mélange précédent, du cuivre liquide qui four- nira un bronze d'aluminium. Voilà le point impor- tant du brevet de M. Wilson.'Il insiste beaucoup sur ce qu'il ne se produit pas de bain de fusion. En passant, et à la fin de son brevet, il dit seule- - ment: «Je crois mon invention applicable à la réduction « des métaux suivants, à savoir: Baryum, Calcium, « Manganèse, Strontium, Magnésium, Titane, Tungstène « et Zirconium. Dans la fabrication des bronzes, je me « propose de l’appliquer à la préparation des bronzes « contenant du Silicium et du Bore. » = Pas un seul procédé de préparation, pas une analyse des produits obtenus. Et plus loin M. Wilson ajoute : «J'ai déjà employé mon invention pour la réduction «de l'oxyde de calcium et la production du carbure de « calcium. » Un point, c'est tout. — Sans dire s'il existe un ou plusieurs carbures de calcium, M. Wilson insiste à nouveau, dans ses revendications, sur ce fait qu'il ajoute assez de charbon pour ne jamais obtenir un bain fondu. Il regardait à cette époque la prépa- ration du carbure de calcium commeélectrolytique. Du reste, M. Wilson, en 1895, a changé d'avis, car, dans une demande de brevet faite en Allemagne en janvier 1895, il dit textuellement : « Jusqu'à présent, on considérait la fabrication du « carbure de calcium non comme un procédé de fusion, « mais comme une opéralion électrolytique; j'affirme « cependant que la formation du carbure de calcium, « réalisée dans les conditions ci-dessus, doit être con- « sidérée comme un simple procédé de fusion, » D'un brevet à l’autre, les idées de M. Wilson ont complètement changé;cela peut tenir à la Note que j'ai publiée, en mars 1894, à l’Académie des Sciences de Paris, Note dans laquelle j'ai étudié complètement la préparation régulière, les pro- | priétés physiques et la composition chimique du carbure de calcium. Du reste, dans sa patente de 1893, M. Wilson, qui n'a su trouver qu’un mot pour le carbure de calcium, qui n'a même pas indiqué qu’il était dé- composé par l’eau en donnant de l’acétylène, a breveté une grande partie de la Chimie minérale. Je lui ferai sur ce point une seule remarque. Il in- siste beaucoup sur ce que les produits obtenus sont des poudres et non pas des matières fondues. Dans ces conditions, il est impossible d'obtenir le Titane, que M. Wilson dit avoir préparé. Ou il n’a pas fait l’expérience, ou il n’a fait aucune ana- lyse du produit recueilli. Après mes premières re- cherches sur le Manganèse, le Chrome, le Tungs- tène, le Molybdène, l'Uranium, j'ai passé deux années à étudier cette préparation du Titane. Je la regarde comme une des plus difficiles de la Chimie minérale, et, lorsque l’on n'opère pas la fusion des corps (ainsi que M. Wilson le réclame si bien), il est impossible d’obtenir le Titane. Dans un brevet qui traite particulièrement de la fabrication des alliages d’Aluminium et de Magné- sium, cette revendication touchant le carbure de calcium, la préparation du Baryum, Calcium, Stron- lium, Manganèse, Magnésium, Titane, Tungstène el Zirconium, me parait exagérée. Cette revendica- tion est une de ces phrases banales que l'on em- ploie souvent à la fin d’un brevet lorsque l’on veut englober un certain nombre de questions à étudier. Elle ne peut avoir aucune valeur au point de vue de la priorité des découvertes. J'ai élé surpris que tous les chiffres relatifs aux propriétés physiques et chimiques du carbure de calcium pur et cristallisé cités par M. Lewes, à Londres, el reproduits par M. Hempel, à Berlin, aient été tirés de ma Note à l'Académie des Sciences du 5 mars 189%, sans qu'on ait rappelé que ces expériences m'appartenaient. Pour en revenir au brevet de M. Wilson, je n’ai qu'un mol à ajouter : La science ne se contente pas d'une assertion, elle demande des preuves. Il ne suflit pas de dire: « J'ai obtenu tel ou tel corps », il faut donner la méthode de préparation, les ana- lyses des produits obtenus, leur formule de consti- tution et leurs propriétés. C'est ce que M. Wilson, dans son brevet, a oublié de faire. H. Moissan, de l'Académie des Sciences, Professeur à l'Ecole Supérieure de Pharmacie, 516 ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES LES TRANSPORTS DE FORCE ET LES TRANSFORMATEURS DE GRANDE PUISSANCE — TRAITEMENT ÉLÉCGTROLYTIQUE DES SELS D'ALUMINIUM == COMMUTATEUR AUTOMATIQUE = L'emploi de l'électricité à rendu réellement pratique, au point de vue industriel, l’utilisation des chutes d’eau. En France, nous en trouvons quelques exemples, mais c’est surtout en Suisse, pays beaucoup plus favorisé sous ce rapport, qu'il faut les chercher. La Suisse s’est cou- verte, depuis une dizaine d'années, d'une multitude d'usines, empruntant à des sources naturelles l’énergie qui leur est nécessaire, Nous en avons donné, l'an dernier !, une liste déjà longue, mais cependant très incomplète et n'offrant qu'une faible idée du nombre presque colossal des installations hydrauliques qui ont surgi chez nos voisins. On connait, d'autre part, la gigantesque entreprise des Américains : ils vont uti- liser une partie des chutes du Niagara; les travaux d'aménagement sont sur le point d'être terminés. C'est par milliers de chevaux qu’ils comptent l'énergie dont ils bénéficieront. Malheureusement, il arrive très souvent qu'il est impossible d'installer une usine industrielle à Pendroit même de la chute d’eau, Les raisons peuvent en être très diverses : c’est, par exemple, la difficulté des moyens de communication. Ou bien encore, la somme d'énergie fournie par la source est trop grande pour être complètement utilisée sur place. On a recours alors à un transport de force, problème dont l’électri- cité offre une solution qui est souvent la plus simple et la plus économique, et quelquefois aussi la seule possible pratiquement : c’est ainsi que le courant fourni par les dynamos du Niagara sera utilisé à des distances de plusieurs centaines de kilomètres. Mais ce n’est pas impunément que l’on transporte la force de cette facon; il y a perte en route. Quelle est la valeur de cette perte, et comment peut-on la réduire à un minimum ? La puissance fournie par une génératrice est propor- tionnelle au produit EI du courant I qu’elle fait naître par la différence du potentiel Eà ses bornes. Il en est de même de la puissance utilisée par un moteur, I étant, dans ce cas, le courant qu'il recoit. D’autre part, le long d'un circuit, l'énergie perdue est proportionnelle au produit RI? de la résistance électrique R du circuit par le carré du courant qui le parcourt, Que faut-il donc pour diminuer la perte de charge dans un transport de force? Il faut évidemment diminuer R et I. Dimi- nuer R, c'est-à-dire augmenter la section des conduc- teurs, n’est pas en général une solution économique. Elle exige des dépenses de cuivre exagérées ; elle est, en outre,peuavantageuse, puisque R n’entre qu’au premier degré dans l'expression de la perte d'énergie. C’est done I qu’il importe surtout de diminuer. Mais alors, à égalité de puissance, il fautaugmenter E dans la même proportion que l’on diminue I, ce qui conduit à l'emploi des dynamos à très haut voltage, On s’est aventuré avec prudence dans cette voie : on se bornait avant ces der- nières années à destensions ne dépassant pas 1.000 où 1.500 volts. C’est qu’en effet, si les tensions de quelques centaines devolts sont inoffensives, les tensions élevées sont terriblement dangereuses. Aujourd’hui cependant, on envisage avec sérénité des tensions de 3.000 et même 5.000 volts. Mais on n’emploie jamais directe- ment le courant fourni sous de grandes différences de potentiel. On abaisse celles-ci au moyen des transfor- mateurs avant de livrer le courant aux clients. Le trans- formateur recoit, par exemple, un courant de 10 am- pères sous une tension de 5.000 volts; il rend, abstrac- 1 Revue gén. des Sciences du 30 novembre 1894, t, V, p. 874. tion faite des pertes inévitables, un courant de 500 am- pères sous une tension de 100 volts, Des deux côtés le produit EI est le même et égal ici à 50,000, La puissance utilisable reste donc aussi la même : théori- quement, le transformateur rend intégralement lé- nergie qu'on lui fournit, mais sous une autre forme. En pratique, il en absorbe un peu. Nous laisserons de côté, pour l'instant, la trans- formation des courants discontinus en courants continus, en courants polyphasés, etc., pour ne nous occuper que de la transformation des courants alter- natifs simples en courants alternatifs simples — cas qui comprend d’ailleurs la transformation, phase par phase, des courants polyphasés. Les appareils qui réalisent cette transformation, c’est-à-dire ceux que lon a plus particulièrement l'habitude d'appeler des transformateurs, sont, théoriquement et pratiquement, les appareils les plus simples que l’on puisse imaginer. Ils ne présentent aucune partie mobile et sont ainsi à Pabri d’une importante cause de perte d’énergie, due aux frottements et résistances passives des pièces en mouvement. Mais d’autres causes viennent absorber un peu de l'énergie qu’on livre à ces appareils : ce sont les aimantations et désaimantations du fer, les cou- rants qui circulent à travers les fils des transforma- teurs, puis ceux que l’on appelle courants de Foucault et qui naissent toujours à l’intérieur du noyau, quels que soient les soins que l’on prenne pour les éviter. Cette absorption d'énergie produit de la chaleur, qu’il peut être intéressant d'enlever au transformateur, tant au point de vue de son rendement qu'à celui de sa con- servation. Cette question, à peu près négligeable cepen- dant pour des transformateurs de puissance relative- ment faible, devient excessivement importante lorsque cette puissance augmente, soit que l’on ait à éclairer un secteur très peuplé et très resserré, soit que l’on ait à fournir l'énergie nécessaire à une grande usine, Les deux hypothèses se réalisent très souvent lorsqu'il s’agit d’un réseau gigantesque tel que celui du Niagara. On obtient alors une dépense d'installation bien plus faible et un rendement bien meilleur en employant des transformateurs aussi puissants que possible. On en construit qui sont de 100, 150 et même 200 kilowatts.… 150 et 200 kilowatts correspondent respectivement à environ 200 et 270 chevaux-vapeur. De tels transfor- mateurs, lorsqu'ils sont en service, doivent être refroidis par un artilice quelconque. On a proposé, tantôt une circulation d'huile, tantôt une circulation d’eau, Le liquide, huile ou eau, est refroidi à sa sortie du trans- formateur et y retourne ensuite. De telles méthodes sont efficaces, sans doute, mais-ne laissent pas d’être un peu compliquées, surtout lorsque la masse à re- froidir est considérable. La General Electric Company eut récemment à étudier de puissants transformateurs pour Ja Cataract Construction Company. Elle s’inspira du mode de refroidissement des grandes dynamos, refroidisse- ment dù au courant d’air engendré par la rotation de l'armature. Les transformateurs ne présentant aucune pièce en mouvement, il fallait produire artificiellement un courant d'air, À cet effet, elle adjoignit un venti- lateur spécial au transformateur convenablement tra- versé par des canaux à travers lesquels est poussé l'air froid, La puissance qu'il est nécessaire de fournir au ventilateur varie avec la distance à laquelle il se trouve du transformateur, en même temps qu'avec la capacité de celui-ci, En moyenne, il n’absorbe guère nant À ant. +. TS OO I PE ll ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 51 ——— plus qu'un quart ou un demi °/, de l'énergie fournie au transformateur. L'air peut être envoyé sous lappa- reil par les conduits qui servent à loger les câbles pri- maires ou les câbles secondaires. La disposition est alors simple et peu coûteuse. L'Industries and Iron décrit un procédé tout nouveau de traitement électrolytique des sels d'aluminium. La méthode con- siste à soumet- s tre , comme dans le procé- dé Minet, à l’ac- F tion du courant électrique un mélange fondu de ces sels . Dans la masse plonge un tu- yau H (fig. 1), amenant de la vapeur d’eau. Les sels qui semblent don- ner les meil- leurs résultats sont le chlo- rure et le fluo- rure, On ob- tient un mé- lange satisfai- sant en em- ployant, par exemple, le chlorure d’alu- minium et de sodium avec de la cryolithe, et un excès de chlorure de sodium, dans les proportions suivantes : . Chloruredouble d'aluminium etde sodium 145 °/, Cryolithe 55 Chlorure de sodium.................... 30 Voici un autre mélange où une partie du chlorure de sodium est remplacée par du chlorure de potassium : LE OEM EE on PSE eo E Chlorure d’aluminium PSE Chlorure de sodium... Chlorure de potassium Naturellement, ces proportions ne sont pas fixes; elles peuvent varier selon les circonstances. On peut aussi employer un mélange de chlorure d'aluminium et de chlorure d’un métal alcalin ou alcalino-terreux avec le fluorure d'aluminium et le fluorure de sodium. L'emploi de la cryolithe ou des deux sels qui la constituent, — fluorures d'aluminium et de sodium — donne l'avantage que l'aluminium fond et coule en globules, tandis que les chlorures employés seuls don- nent un aluminium en poudre qu’il faut traiter une seconde fois avant de pouvoir l’employer. Un excès de chlorure de sodium rend le bain plus liquide et favo- rise la dissolution de la cryolithe, L'appareil employé dans ce procédé d'électrolyse est représenté dans la figure 1. F est un fourneau ayant un foyer f ouvert dans le haut; les bords de cette ou- verture portent un creuset tronconique A; T est une chaudière fournissant dela vapeur d’eau par le tube H, dont le débit est réglé au moyen d’un robinet f, Le - creuset A est un récipient en fer doublé d'une couche de charbon aggloméré L, qui sert de cathode. Une borne S’ et un conducteur N établissent la connexion avec le pôle négatif d’une machine dynamo-électrique ou d’une autre source d'électricité 0. L'anode G est un … tube en charbon suspendu à une barre de fer D posée sur des supports en bois EE, rattachée par la borne S et le conducteur P au pôle positif de la source d’élec- tricité. Au lieu d’un seul tube en charbon, on peut évidemment en employer plusieurs disposés côte à côte. Les matières destinées à former le mélange électrolytique peuvent être fondues séparément et in- troduites à l’état mou dans le creuset. Quand le cou- rant passe, l'aluminium libre va se déposer à la ca- thode, le chlore et le fluor se dégagent à l’anode. En même temps, par le tube G, ou par un tube particulier, si on le préfère, arrive un courant de vapeur venant de la chaudière T, L'eau se dissocie et fournit de l’hydro- gène, qui transforme le chlore et le fluor en acide chlor- hydrique et acide fluorhydrique. Une hotte J et une cheminée K sont disposées au-dessus du creuset pour favoriser l'évacuation des gaz ainsi formés, dont l’action sur les organes respiratoires est pernicieuse, On peut également tendre des étoffes humides, l'eau dissolvant de grandes quantités d’acide chlorhydrique ou fluorhy- drique. La température de fusion du mélange est le rouge sombre. — Ce procédé ne diffèreessentiellement de celui de M. Minet que par l’adduction de la vapeur d’eau au sein de la masse fondue, Beaucoup d'opérations où l'électricité est utilisée exi- gent une surveillance particulière, notamment pour régler le temps pendant lequel le courant doitagir. Par exemple, dans les industries électrolytiques, un ouvrier est chargé de fermer ou d’ouvrir, à certaines heures déterminées, les circuits électriques, C’est pour sous- traire ce service aux erreurs dues à la négligence, que The Charls Plumb Electrical Works, de Buffalo, viennent de le rendre tout à fait auto- matique 4, Ces usines fabri- quent, à ceteffet, le commuta- teur quereprésentelafigure 2. Un ressort D tend à faire tourner autour de son pivot P le levier S. Ce mouvement est contrarié par un levier C, ca- pable lui-même de tourner au- tour de p et retenu par deux lames-ressorts FF, rattachées aux extrémités d’un circuit auxiliaire dont nous verrons tout à l'heure le rôle. Lesbor- | nes 1 et 2 sont en communi- cation avec un réseau ou une génératrice électrique, les bornes 3 et4avecles appareils d'utilisation. D'autre part, un poids B est sus- ceptible de glis- ser le long d’une , -E tige t. Ce poids © | est retenu par JC] l’armature A d'un électro-ai- mant qui est in- NE yat tercalé dans le circuit auxiliaire. Ce circuit,comprenant un , ou deux éléments de Der | pile, se ferme lorsque Tr l'aiguille d’une horloge Drm! | convenablement pré- D parée occupe une cer- Pie, 2 taine position. À ce NAT ee ; RE moment, l’armature A est attirée; le poids B, devenu libre, tombe sur le re- pos » et, dans sa chute, fait pivoter le levier C. Ce mouvement rend libre le commutateur S et lui permet de céder à l'action du ressort D. Le circuit principal est ainsi rompu. Le circuit auxiliaire l’est aussi de son côté, aux bornes FF. On évite ainsi la décharge trop prolongée des piles. Pour remettre l’appareilen état de fonctionner, il suffit de ramener à leur première po- sition le poids B, le levier C et le commutateurs. A. Gay, Ancien élève de l'Ecole Polytechnique. 1 The Electrical World, No du 5 janvier. 518 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques. Greenhill (A.-G.), Professeur de Mathématiques au Collège de Woolwich, membre, de la Société Royale de Londres. — Les Fonctions elliptiques et leurs Applications, traduit de l'anglais, par M. J. Griess, Professeur au Lycée d'Alger. — Un volume in-8° de 572 pages. (Prix : 15 fr.) G. Carré, éditeur. Paris, 1895, Le goût naturel et l'éducation dé beaucoup d’étu- diants francais les portent, quelquefois avec excès, vers les idées générales. Pour ne parler que de Mathéma- tiques, quel professeur n’a rencontré des élèves de nos Ecoles et de nos Lycées parfaitement instruits des théories générales et incapables d’en faire une applica- tion précise, cependant très facile, possédant, par exemple, la notion d’intégrale définie dans toute sa rigueur, sans savoir effectuer les quadratures les plus élémentaires. IlLest utile que quelques ouvrages viennent réagir contre ces tendances; pour cela, on ne peut trouver mieux que les livres anglais, dans la plupart desquels les idées générales sont amenées peu à peu par l’étude des faits mathématiques ou des questions posées par les sciences physiques. C’est à ce titre que se recom- mande l’ouvrage de M. Greenhill; dont on ne peut mieux caractériser l'esprit qu'en reproduisant la pensée de Fourier qui lui sert d'introduction : ; « L'étude approfondie de la Nature est la source là « plus féconde des découvertes mathématiques. Non « seulement cette étude, en offrant aux recherches un « but déterminé, a l'avantage d'exclure les questions « vagues et les calculs sans issue; elle est encore un « moyen assuré de former l’Analyse elle-même et d’en « découvrir les éléments qu’il nous importe le plus de « connaître et que cette Science doit toujours conser- « ver. Ces éléments fondamentaux sont ceux qui se re- « produisent dans tous les effets naturels. » M. Greenhill se place ainsi à un tout autre point de vue que les auteurs des excellents traités francais sur les fonctions elliptiques : Briot et Bouquet, Halphen, MM. Tannery et Molk. 1] renonce aux avantages d'unité et d’enchainement logique que ces auteurs obtiennent en établissant d’abord, par des considérations générales ordinairement empruntées à la théorie moderne des fonctions, les formules et les théorèmes relatifs aux fonctions elliptiques, pour les appliquer ensuite à la Mécanique, à la Physique mathématique, à la Géomé- trie, à l’Arithmétique; mais il trouve, en revanche, l'avantage bien précieux d’intéresser immédiatement le lecteur qui n’est pas un pur mathématicien, en lui fournissant, dès les premières pages, de belles et im- portantes applications des fonctions elliptiques. L'auteur suit en ceia une méthode d’exposilion ana- logue à celle de M. Hermite, qui, dans son beau Mé- moire Sur quelques applications des fonctions elliptiques, commence par montrer comment un problème sur Ja chaleur conduit aux fonctions doublement périodiques de seconde espèce, M. Greenhill, en traitant d’abord des questions entiè- rement élémentaires, montre de même que les fonc- tions elliptiques s'imposent à l'Analyse pour la résolu- tion de problèmes simples de Mécanique, Géométrie, Physique mathématique. Il commence par les anciennes méthodes de Legendre, Abel, Jacobi, en partant de la notion de l'intégrale elliptique et de la fonction inverse; il ne suppose donc chez le lecteur aucune connaissance sur la théorie générale des fonctions, ni sur la théorie particulière des fonctions elliptiques; et il l'amène peu à peu, par l'étude de problèmes élégamment choisis, sans caractère artificiel, à posséder tous les points essentiels du sujet. La traduction de M. Griess n’est pas entièrement conforme à l'édition anglaise : M. Greenhill en a aug- menté l'intérèt par des remaniements et d'importantes additions, notamment par un appendice de 50 pages en- tièrement nouveau, — Voici une analyse sommaire de l’ouvrage : Le livre débute par l'étude des oscillations du pen- dule simple; les expressions des coordonnées de lex- trémité du pendule en fonction du temps conduisent à la définition analytique des fonctions elliptiques d’une variable réelle et à leurs représentations géométriques et mécaniques. La périodicité du mouvement pendu- laire conduit naturellement à la notion de la période réelle des fonctions elliptiques, sn, en, dn, et aux formules donnant les valeurs de ces fonctions, quand on ajoute à l'argument la demi-période. La période imaginaire est ensuite introduite et interprétée méca- niquement, comme le produit de à par la période de l’os- cillation d'un pendule décrivant l'arc supérieur dumême cercle, sous l’action de la pesanteur changée de sens. Après une courte digression sur la dégénérescence des fonctions elliptiques en fonctions circulaires ou hyperboliques, Pauteur revient au mouvement pendu- laire, et, par la comparaison des mouvements de deux pendules, dont l’un fait des révolutions complètes, tandis que l’autre exécute des oscillations, il établit les formules qui correspondent à l'échange du module avec son inverse. Puis, viennent quelques applications élégantes, surfaces minima, équation d’Euler, desti- nées à graver les premières formules dans l'esprit du lecteur. Dans le second chapitre, l'auteur considère les inté- grales elliptiques de toutes les formes possibles; il donne leurs valeurs au moyen des fonctions elliptiques inverses ; il introduit la notation de Weierstrass, quand le polynôme sous le radical est du troisième degré. Ces premières notions, dans le cas de la variable réelle, suffisent. pour l'intelligence des applications géométriques et mécaniques auxquelles est consa- cré Je chapitre 11. La variété des problèmes choisis en rend la lecture très intéressante, et contribue à familiariser Le lecteur avec le maniement des formules. Le chapitre 1v traite du théorème d’addition. Ce der- nier est encore rattaché au mouvement simultané de deux pendules en retard l’un sur l'autre; l’auteur en déduit la construction de Jacobi, et une application des plus intéressantes à la construction des polygones de Poncelet, inscrits à un cercle et circonscrits à un autre. M. Greenhill, après avoir très heureusement modifié et complété la partie relative aux pentagones, montre comment ses résullats peuvent être identifiés avec ceux qu'Halphen a trouvés dans le 11° volume de son Traité, et donne quelques théorèmes nouveaux. Une dernière application se rapporte à Ja Trigonométrie sphérique et conduit au tableau des 33 formules données par Jacobi dans ses Fundamenta. Le chapitre v envisage le théorème d’addition sous forme algébrique; sa lecture suppose la connaissance d’un certain nombre de théorèmes d’Algèbre supérieure relatifs à la théorie des formes. Le chapitre suivant conduit aux intégrales de deuxième et troisième espèces et aux fonctions Z (u) et x (u, 4). 4 Dans le chapitre vit paraissent les fonctions £u et ou de M. Weierstrass. Elles servent à compléter la solution de problèmes qui n'avaient pu être terminés précé- demment (chainette en rotation, élastique gauche algé- | | F D. do BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 19 brique, pendule sphérique, toupie). Le théorème d’ad- dition pour les intégrales elliptiques de troisième espèce est élabli par une extension de la méthode d’Abel, précédemment employée : elle conduit tout naturellement à la considération des intégrales pseu- do-elliptiques. Toute celte partie a.été profondément remaniée par M. Greenhill; les calculs ont été plus développés et appliqués à la détermination de certaines herpolhodies algébriques (déjà faite partiellement par Halphen), ainsi qu’à l'élastique gauche. La double périodicité des fonctions elliptiques est mise en évidence par la considération des ovales de Descartes (chapitre vin). Puis, vient un chapitre très original,sur les développements des fonctions elliptiques en produits de facteurs et en séries ; ces problèmes sont rattachés à des questions de Physique mathématique, et en particulier aux théories électriques de Maxwell. Le dernier chapitre se rapporte à la théorie de la transformation. Après l'avoir d’abord rattachée aux considérations physiques du chapitre précédent, l’au- teur reprend la théorie algébrique générale, en suivant la méthode indiquée par Jacobi dans ses Fundamenta. Un nombre considérable de résultats sont indiqués dans ce chapitre. L’appendice contient l'étude de l'angle apsidal dans les petites oscillations d’une toupie, la théorie du mouvement d’un solide de révolution dans un liquide indéfini, l’étude de la chaïnette sphérique et de quel- ques cas particuliers du mouvement d’un corps pesant le révolution suspendu par un point deson axe. | En résumé, le principal caractère du livre de M. Greenhill est d’intéresser le lecteur aux fonctions elliptiques, en montrant comment leur théorie se rat- tache à la résolution de toutes sortes de problèmes de Géométrie, de Mécanique, de Physique. Cet ouvrage rendra de grands services à tous ceux qui désirent étudier cette théorie : aux Physiciens et aux Ingénieurs, il fournira un instrument de calcul puissant, avec des exemples variés sur la manière de l'appliquer ; aux étu- diants en Mathématiques, il facilitera l'intelligence des débuts de la théorie et inspirera la curiosité de lire les grands traités. Mème pour des candidats à la licence mathématique et physique, la lecture des cinq premiers chapitres sera des plus aisées; elle leur apprendra rapidement le maniement des fonctions elliptiques avec les notations de Jacobi et de M. Weierstrass. - Terminons en signalant la facon particulièrement élégante dont M. Greenhill a donné des exemples d’in- tégrales pseudo-elliptiques, notamment dans le mou- vement du pendule conique, dans celui d’un corps pesant autour d'un point fixe, dans le problème de la chainette sphérique, dans l'étude du mouvement d'un solide de révolution dans un liquide indé- fini : ces exemples sont en partie nouveaux, en partie tirés d’un mémoire étendu sur les intégrales pseudo- elliptiques, que M. Greenhill vient de publier dans les Proceedings of the London Mathematical Society et qui se rattache directement aux paragraphes correspondants de son livre. Un autre point, sur lequel M. Greenbill a fait des recherches personnelles d’un grand intérêt, est la théorie des équations modulaires; le mémoire ori- pre de l’auteur, cité avec éloge par Halphen, vient ’être traduit par M. Laugel dans les Annales de l'Ecole Normale Supérieure. P. APPELL, de l'Académie des Sciences, Professeur de Mécanique rationnelle à la Sorbonne. Niewenglowski (B.), Professeur de Mathématiques spéciales au Lycée Louis-le-Grand. — Cours de Géo- métrie analytique. Tome IL — 1 vol. in-8° de 292 payes avec 180 fig. (Prix : 8 fr.) Gauthier-Villars, éditeur, Paris, 1895. M. Floquet a analysé, dans la Revue du 15 mai der- nier, le premier volume de cet ouvrage. Le second, concu dans le même esprit, vient de paraitre. Il traite de la construction des courbes planes et des complé- ments relatifs aux coniques. 2° Sciences physiques. Demarçay (Eug.), Ancien Répétiteur à l'Ecole Poly- technique. — Spectres électriques. — 1 vol. in-4° de 92 pages avec 1 atlascontënant 40 planches. (Prix :25 fr.). Gauthier-Villars et fils, éditeurs, Paris, 1895. L'analyse spectrale, de date si récente, est-déjà de- venue une science considérable : elle est, en particu- lier, d’une application, non pas seulement'avantageuse, mais tout à fait nécessaire, dans les recherches de Chimie minérale, Dans toutes les sciences, le perfectionnement des méthodes d'observation entraîne, à coup sûr, le progrès de nos connaissances et le développement consécutif de nos idées, : Pour ce qui concerne l'application de l’analyse spec- trale aux recherches courantes de Chimie minérale, il est essentiel de se borner à l'emploi de procédés simples, faciles d'exécution et rapides. Si ces condi- tions ne sont pas remplies, le chimiste a, dans son la- boratoire, de fort beaux instruments. .…. dont il ne se sert pas. En analyse spectrale chimique, on ne saurait, il est vrai, se contenter d’un seul procédé; mais le nombre des modes opératoires doit être restreint au minimum absolument indispensable. Dans l’état actuel de la Chimie minérale, les mé- thodes spectrales pratiques paraissent se réduire aux suivantes : 1° Flammes activées ou non par des souffleries ; 20 Etincelle des bobines du genre Ruhmkorff, avec ou sans condensation du courant induit ; 3° Bobine à court fil de M. Demarcay. L'étincelle, non condensée, des bobines Ruhmkorff, donne de bons résultats pour beaucoup de corps, mais elle est impuissante, ou peu avantageuse, dans l’analyse spectrale de certaines substances et, en particulier, dans celle des métaux réfractaires tels que : Ti; U; Ts: Si; Ir; Di; Th, etc. L'’étincelle Ruhmkorff condensée donne bien les spectres de tous les corps, mais les raies brillantes qui appartiennent en propre à cette étincelle, jaillissant dans l'air, compliquent les résultats, rendent les re- cherches laborieuses et ôtent de la certitude à l’obser- vation, car plusieurs des raies du corps étudié peuvent être masquées par celles de l'air. L’arc électrique offrirait des avantages, si son emploi était à la portée de tous les chimistes et ne nécessitait pas une installation coûteuse et compliquée. Un procédé permettant d'obtenir des effets voisins de ceux de l’arc, mais d’une facon simple et réellement pratique, était, il y a encore peu d’années, un deside- ratum pour les spectroscopistes. C'est, dirigé par le désir de combler cette lacune de l'analyse spectrale, que M. Demarcay fit des recherches et eut la très heureuse idée de diminuer considérable- ment la tension des étincelles induites et d'en aug- menter de beaucoup la quantité ; la bobine qu'il a fait construire à pour caractères : la brièveté des circuits inducteur et induit; la grosseur des fils; enfin, la grande surface du condensateur du courant primaire. Cette bobine fournit des étincelles fort courtes, mais très nourries, dans lesquelles les métaux réfractaires se volatilisent et donnent généralement des spectres de lignes d'une merveilleuse beauté, tandis que le spectre secondaire de l’air est absent et que le spectre primaire de l’air est lui-même assez faible. En écartant un peu plus les pôles de la bobine De- marcay, on développe souvent des spectres de bandes très brillants, ainsi que cela se voit, par exemple, avec le chlorure de gadolinium. On peut dire qu’en général, les spectres de la bobine Demarcay sont assez analogues, comme constitution, à ceux des étincelles non condensées des bobines à long fil, mais ils possèdent toutefois une plus grande inten- sité relative et absolue, dans les régions bleues et violettes. 1e) BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX En tenant compte de cette particularité, les spectros- copistes pourraient, à la rigueur, se servir de la bobine Demarcay, tout en ne possédant que des dessins spectraux faits avec les étincelles non condensées des bobines à long fil, mais cela exigerait quelque attention et quelque peine, Aussi, M. Demarcay a-t-il pensé que les chimistes auraient intérêt à pouvoir consulter des des- sins représentant spécialement les raies fournies par la bobine à court fil, surtout dans la partie la plus ré- frangible du spectre, région où ces raies sont généra- lément le plus développées. Un recueil de dessins spectraux bien faits exige, pour ètre confeclionné, beaucoup de temps et de travail : M. Demarcay a jugé que le mieux était de concentrer tous ses efforts sur la partie du spectre dans laquelle les effets de sa bobine sont le plus caractéristiques el de donner des images spectrales très soignées et très étudiées; il a donc exécuté son travail au moyen de la photographie, et il s’est borné à reproduire les raies depuis le vert-bleu jusqu'à l’ultra-violet avancé. M. Demarcay a consacré de nombreuses années à cette recherche, et ses amis scientifiques savent quels soins et quelle conscience il y a apportés. Ceux qui ont fait des dessins de spectres peuvent seuls apprécier un: pareil travail à sa juste valeur. On a publié bier des spectres photographiques, mais, à part peut-être quelques heureuses exceptions, ces documents n’ont guère d'intérêt que pour les spectros- copistes de profession; leur application pratique par les chimistes est souvent bien difficile, la photographie donnant toutes les raies produites dans l’étincelle : celles des impuretés aussi bien que celles du corps étudié. Le triage des raies photographiques est donc nécessaire, et c’est un travail aussi long que fastidieux. Bien que les raies de l’air soient très atténuées dans le procédé de M. Demarcay et que cet auteur ait em- plové des substances aussi pures que possible, l’usage pratique des belles photographies publiées aujourd'hui exigerait encore une certaine prudence, si le triage des raies n'avait pas été fait, Mais l’auteur n’a pas manqué d'indiquer, sur les planches et dans le texte, toutes les raies étrangères jusqu'à un ordre de grandeur qui dépasse de beaucoup celui auquel on s'arrête dans Îles observations spectrales courantes. L'ouvrage de M. De- mareay à, par cela même, un caractère vraiment clas- sique, et il sera certainement consulté avec fruit par les personnes qui se servent du spectroscope. LEcoQ DE BoisBatDRaAN. 8° Sciences naturelles. Poirault (G.). — Recherches anatomiques sur les Cryptogames vasculaires.Thèse pour le doctorat de la Faculté des Sciences de Paris. — 1 vol. in-8° de 150 p. avec fig. G. Masson, éditeur, Paris, 189%. Le groupe des Cryptogames vasculaires a déjà fourni un grand nombre de travaux anatomiques ; tous les or- ganes, tous les tissus ont été l’objet de recherches at- tentives; M. Poirault a su cependant y trouver les élé- ments d’une thèse fort intéressante en étudiant certains détails de structure de plus près que ne l'avaient fait ses devanciers, Il a divisé son travail en chapitres cor- respondants aux différents organes végétatifs, dans lesquels il expose ses observations relatives à tel tissu ou à tel détail histologique mal connu ou controversé; à vrai dire, ce n’est pas uneétude d'ensemble du groupe, mais plutôt une série denotes histologiques surun grand nombre de plantes du groupe. L'auteur y fait preuve, non seulement de connaissances bibliographiques très étendues, qui lui permettent de faire des rapproche ments aussi documentés qu'intéressants avec les Pha- nérogames, mais aussi d'une incontestable habileté d'histologiste, A cause de la diversité des sujets traités, il est impossible d'en donner une analyse détaillée et je citerai seulement quelques résultats. On sait que l’endoderme, et celui de la racine par- ticulièrement, présente autour de ses cellules un cadre subérifié ou lignifié qui, en section transversale, si- mule un épaississement, sur les parois radiales, appa- rence qui est due non à un épaississement, mais à un plissement de ce cadre. Or, d'après les uns, ce plisse- ment existerait réellement sur les cellules vivantes et serait dû à une diminution de la tension cellulaire, les parties cellulosiques pouvant revenir sur elles-mêmes et le cadre, moins élastique, se plissant pour suivre la membrane dans son raccourcissement. D'après les autres, les plissements ne se montreraient pas dans la racine vivante, ils ne seraient pas un phénomène physiologique, mais un simpleaccident de préparation. Or, M. Poirault a constaté, chez diverses plantes, des faits qui éclairciront peut-être laquestion : c’est la pré- sence d'endodermes non plissés, mais dont le cadre est rompu transversalement en divers points et dont les lèvres de rupture sont garnies d'un dépôt calleux ; ceci indique en effet que le phénomène a lieu durant la vie de la cellule, et se traduit par un plissement ou par des fentes suivant l'élasticité du cadre, mais ne nous en montre pas la cause intime. Bien que le liber de la racine des Cryptogames vas- culaires ait été souvent décrit, on n'avait pas encore réussi à y démontrer la présence de tubes criblés; l'auteur, en appliquant les procédés histologiques les plus récents, a prouvé qu'il en était pourvu et que l’on y retrouvait les deux sortes de tubes désignés par M. Lecomie sous les noms de type Courge et de type Vigne. É M. Poirault insiste aussi sur les communications protoplasmiques de cellule à cellule, dont il donne des dessins très probants, sur la généralité de la présence des cristalloïdes dans les noyaux, sur la terminaison des nervures dans les feuilles... etc... Son travail, comme nous le disions en commencant, renferme un grand nombre de résultats intéressants ; la lecture en sera indispensable non seulement à ceux qui auront à étudier les Cryptogames vasculaires, mais aussi à tous ceux qui s'occupent de biologie cellulaire: malheu- reusement l’auteur n'a pas cherché à faciliter cette lecture, car il a omis les résumés et les conclusions d'usage, qu'on ne trouve nià la fin de chaque cha. pitre ni à la fin du volume. C. SAUVAGEAU. Paulhan (Fr.). — Les Caractères. — 1 vol, in-S° de 250 pages (Prix : 5 francs). Félix Alcan, éditeur, 108, boulevard Saint-Germain, Paris, 1895. Ce livre de M. Paulhan est la suite naturelle de ses travaux sur l’activité mentale et les éléments de l’es- prit. Après avoir formulé un ensemble de lois abs- traites, régissant d'après lui les combinaisons les plus générales qui existent entre les phénomènes psychiques, représentations et tendances, il cherche aujourd'hui à montrer comment « les diverses manifestations de ces lois abstraites produisent des catégories différentes de types psychiques ». Ces lois, au nombre de quatre : lois d'association systématique, d'inhibition systéma- lique, d'association par contraste, d'association par ressemblance et contiguité, se ramènent — les trois premières, du moins — à une loi générale de finalité. On pourrait, au reste, sans faire intervenir aucune con- ception de cet ordre, les interpréter comme de simples lois de mécanique psychique, comme l’expres- sion des rapports généraux qu'élablissent entre nos tendances leurs différences de grandeur et de direction. Toutes les formes de caractère se laissent ramener, pour M, Paulhan, à n'être que des formes particulières de l'association systématique. « Les qualités générales du caractère, son allure propre, ne proviennent que de la perfection relative de cette association et de l'aspect que prennent corrélativement les manifestations de l'autre grande loi de l'esprit, l'inhibition systématique, ainsi que les associations par contraste ou par conti- suité et ressemblance, » Quant au fond du caractère, il résulte de la nature même des tendances : d'une part. des qualités générales que peuvent offrir les tendances : PET | stade PR leur pureté (au énergie, leur persistance, leur souplesse, leur « sensi- bililé », et aussi leur nombre; d’autre part, de leurs objets divers. Un même caractère, pour être connu dans son ensemble, doit être envisagé successivement sous ces divers aspects, et il est telles appréciations diffé- rentes, d'une même personne, qui désignent des ma- nières d'être qui ne sont ni semblables, ni opposées, mais absolument hétérogènes, et qui, par conséquent, peuvent être simultanément exactes. On peut être simul- tanément capricieux, gourmand, et mou, « Si nous jugeons une personne capricieuse, nous mettons en lumière les rapports généraux des diverses tendances qui sent en elle, la facon dont elles s'associent, se com- battent et se remplacent », dans le cas particulier, leur défaut de cohésion, La mollesse, c’est une qualité géné- rale du caractère qui tient à la faiblesse des tendances: la gourmandise, c’est la prédominance, l'intensité par- ticulière, au milieu de tendances généralement faibles, d'une tendance relativement forte, le goût des saveurs agréables et l'impulsion à les rechercher. Le degré de cohésion des tendances et la forme particulière de leur association nous permettra d'établir les types suivants : {1° les équilibrés, « chez lesquels la syslématisation résulte non pas de la prépondérance d'une tendance qui se soumet toutes les autres, mais de J’harmonie des tendances fortes, bien développées et qui s’équilibrent, et forment un ensemble unifié sans que l’une d'elles cherche à dominer plus ou moins longtemps qu'il ne faut pour conserver l’harmenie générale », 2° Les unifiés, chez lesquels l'harmonie résulte de la subordination de l’ensemble des tendances à l’une ou à quelques-unes d’entre elles. 3° A côté de ces formes où prédomine l'association systématique, viennent s’en ranger d'autres qui résultent de la prédominance de l’inhibilion systématique : les réfléchis, les maitres d'eux-mêmes. Ce sont, en réalité, el M. Paulhaa le reconnait lui-même, des unifiés chez lesquels l'inhibition des tendances adverses est moins parfaite, chez lesquels, en d'autres termes, la diffé- rence d'intensité des tendances est moins grande : il y aura donc chez eux des luttes intérieures. des conflits, mais dont l'issue ne sera pas douteuse. 4° Lorsque les tendances luttent à forces égales, un autre type apparaît : celui de l'inquiet, du nerveux, du con- trariant, de l'agilé. Le conflit est alors permanent, l’équi- - libre loujours instable, l'harmonie définitive impossible, 59 Si la cohésion des tendances continue à diminuer, ce relâchement du lien d’association qui avait permis les luttes intérieures les supprime en augmentant encore: les tendances se satisfont chacune pour son compte, sans être entravées ni empéchées par les tendances opposées : on a alors affaire aux impulsifs, ou, si chaque système de tendance est en lui-même cohérent et unifié aux com- posés, aux mulliples, le débauché chaste, l'amateur de courses de faureaux, plein de pitié pour les souffrances des animaux, ete. 6° Mais ce défaut de cohésion, qui était exceptionnel chez l’impulsif et ne se manifestait que lorsque telle ou telle de ses tendances revêtait ane spé- ciale intensité, qui, chez le multiple, n’atteignait pas l'intégrité de chacune de ses synthèses partielles, peut s'étendre à l'esprit tout entier, et on est alors en pré- sence du type de l'incohérent, de l'émielté, qui revêt mille aspects divers : le faible, le suggestible, V'étourdi, le distrait par légèreté, ete., et qui trouve sa plus com- plète expression dans le caractère hystérique. Si nous passons maintenant à l'examen des qualités générales des tendances elles-mêmes, nous verrons se dégager de nouveaux types : l'abondance et la multiplicité des goûts et des tendances nous donnera les caractères amples et riches, leur pelit nombre les caractère étroits et fermés, ce que les Anglais appellent one-sideness. Remarquons que les tendances elles-mêmes peuvent être plus ou moins complexes. Chez l’un, l'amour se réduira à l'instinct sexuel; chez l’autre, ce sera une tendance synthétique où des sentiments esthétiques, des sentiments tendres, de l'estime, de la reconnais- sens psychologique du mot), leur 921 sance, des affinités intellectuelles, etc., entreront en composition. Ces éléments psychiques, ces tendances, peuvent être composés de tendances élémentaires, cohérentes entre elles et harmoniques, ou bien, au contraire, d'instincts et de goûts dont l’unité finale est le résultat d’un conflit, d’une lutte : cela nous donnera, d’une part, les tranquilles, et de l’autre les troublés, Suivant que les tendances dans leur ensemble seront faibles ou fortes, énergiques ou languissantes, nous se- rons en présence des passionnés, des entreprenants, des audacieux, d'une part; des indifférents, des paresseux, de l’autre, De la persistance des tendances, résultent l’obstination, la constance, la persévérance : de leur mobi- lité, la faiblesse, l'inconstance. Mais une tendance peut revêtir des formes indéfiniment diverses et s'adapter, restant en son fond toujours identique à elle-même, aux changements incessants des circonstances, et l’on a affaire alors à la souplesse de caractère, ou demeurer toujours invariable, ne s'adapter point : c'estle propre des caractères raides, raideur qui se voile de douceur ou se trahit par une rudesse extérieure, Remarquons enfin que, parmi des hommes doués de passions égale- ment fortes et tenaces, les uns sont plus aisément que les autres déterminés à l’action, ou, pour mieux dire, plus rapidement : la rapidité de la réaction est indé- pendante de son intensité et de sa durée. Si nous nous placons à ce point de vue, nous rangeons dans une ca- tévorie les vifs, les impressionnables, etc.; dans une autre, les froids, les lents, les flegmatiques. Notons tou- tefois que les réactions lentes sont d'ordinaire celles qui correspondent aux tendances les plus persistantes, les plus tenaces. Si, enfin, nous nous placons au point de vue de l'objet des tendances, la classification des caractères sera celle même des inclinations et des ins- tincts; on les peut répartir en trois grands groupes : types déterminés par la prédominance des tendances vitales, types déterminés par la prédominance des ten- dances sociales, types déterminés par la prédominance des tendances supra-sociales; quelques exemples pris dans chaque groupe indiqueront nettement à quoi cor- respond cette classification : dans le premier groupe, nous trouvons le gourmand, le sexuel, l'homme chez qui prédominent les jouissances esthétiques de l'œil ou de l'oreille, l’intellectuel, ete.; dans le deuxième, l'amant, l’ami, le patriote, le mondain, l'avare, le vaniteur, le modeste, l'ambitieux, V'humble, eic.; dans le troisième, les mystiques, les hommes épris de la vérité, etc. Il ne faut pas confondre l’homme qui aime le vrai avec le simple intellectuel. « Ce que celui-ci aime surtout, c’est l'exercice de son intelligence; ce qu'aime l’autre, c’est l'objet de cet exercice. » M. Paulhan a consacré la dernière partie de son livre au caractère individuel. Il montre que, chez un même individu, plusieurs types coexistent normale- ment. « Les types purs sont extrêmement rares, et la pureté absolue n'existe pas. » A côté de la ten- dance maitresse, il subsiste toujours des goûts parti- culiers qui ne s’harmonisent qu'incomplètement avec elle; il n'est pas d'homme au caractère si impulsif qu'il ne soit, à certaines heures, maître de lui-même ; il n’est pas d’incohérent, à moins de nous adresser à des cas franchement pathologiques, qui ne con- serve encore dans sa conduite quelque cohésion, A côté de tendances amples et souples, il peut y en avoir, chez le même individu, qui soient très raides et très pauvres de contenu. Il faut aussi établir avec grand soin la nature des relations que chaque tendance ou système de tendances soutient avec tout l’ensemble, et tenir compte de l’état transitoire ou relativement définitif de ces tendances : une tendance significative chez un vieillard, l’ardeur amoureuse, ne l’est pas chez un jeune homme, et, si c’est un trait de caractère à noter chez un enfant que d’être réfléchi, le même degré de con- centration intellectuelle demeurera sans signification et sans portée chez un adulte, Il ne faut pas non plus perdre de vue les substitutions de tendances qui se peuvent produire en raison des circonstances dans un 222 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX caractère déjà relativement équilibré : toutes ne sont point possibles, parmi les tendances, celles-à seules peuvent émerger et recouvrir les tendances actuelle- ment dominantes, qui se manifestent déjà obscurément dans un caractère : en observant, par exemple, de quelle manière un jeune homme est amoureux, on peut prévoir s’il sera ou non ambitieux. M. Paulhan à terminé son livre par une analyse du caractère de G. Flaubert où il s’est efforcé de mettre en pratique les règles générales de méthode qu'il a formulées et de trouver une illustration aux lois abs- traites qu'il a établies, Il y aurait certes plus d’une critique à adresser à cet ouvrage, mais elles porteraient soit sur sa forme, sur les vices de composilion qu'on y pourrait aisément relever, sur la confusion très grande qui règne dans les détails et qui contraste avec la clarté et la netteté de l’ensemble, soit sur l'interprétation que M. Paulhan a donnée des lois générales d'association qu’il a étu- diées avec une si pénétrante originalité; mais les unes et les autres seraient ici hors de leur place, et, tel qu'il est, le livre de M. Paulhan renferme à la fois la plus scientifique analyse de ce qui constitue le caractère et la meilleure classification des divers types psychiques qu’un psychologue francais ait encore publiées. L. MARILLIER. 4° Sciences médicales. Dryepondt (D'G.).— Guide pratique hygiénique et médical du voyageur au Congo. (Publications de l'Etat indépendant du Congo.) — Un vol. in-8° de 130 pages. Imprimerie van Campenhout, 13, rue de la Colline. Bruæelles, 1895. Publié par les soins de l'Etat indépendant du Congo, ce manuel a été écrit non pour les médecins, mais pour les Européens qui, pendant leur séjour au Congo, peuvent, et le cas est fréquent, se trouver éloignés de tout secours médical, L'auteur s'est efforcé de résu- mer, dans une langue simple, en s’abstenant soigneu- sement des termes techniques, les principales notions acquises sur la pathologie des pays intertropicaux. La première partie est consacrée à de brèves consi- dérations sur les règles d'hygiène que devra suivre le voyageur (vêtements, couchage, nourriture, etc.). L'auteur passe ensuite en revue les affections spé- ciales qu'on rencontre le plus communément au Congo, indiquant pour chacune d’elles les principaux symptômes et le traitement. La malaria et, après elle, les maladies de l'appareil digestif dominent toute la pathologie. Bien que n’admettant pas le traitement préventif de la fièvre par la quinine, l’auteur ne peut s'empêcher de reconnaître qu'il est utile de prendre pendant une huitaine de jours un demi-gramme de quinine chaque fois qu'on change d'habitat, et de même après une marche forcée ou après avoir traversé ul pays marécageux. Après quelques courtes notions de petite chirurgie, l'opuscule se termine par quelques indications prati- ques sur le bagage médical du voyageur. L'Etat du Congo a adopté de petites pharmacies portatives dans lesquelles les médicaments sont pres- que tous en tabloïdes, c’est-à-dire comprimés. Ce mode de préparation a le double avantage de réduire le volume des médicaments, tout en assurant mieux leur conservation. Cet ouvrage, destiné, dans la pensée de l’auteur, à être une sorte de vade-mecum du voyageur au Congo, sera consulté avec fruit par tous les Européens des- tinés à vivre dans les régions tropicales. D' ALVERNHE. WVurtz (R.), Chef du Laboratoire de Pathologie expéri- mentale à la Faculté de Médecine de Paris. — Précis de Bactériologie clinique. — 1 vol. in-16 de 500 pages avec 42 fig. (Prix : 6 fr.). G. Masson, éditeur, Paris, 1895. Cet ouvrage se divise en trois parties, Dans la pre- mière sont exposées les méthodes générales d'analyse bactériologique et d'examen microscopique. Les procédés de culture et les inoculations, ainsi que la technique des prélèvements à faire sur le cadavre en évitant, suivant les judicieux préceptes que l’on doit à M. Wurtz lui-même, d'attribuer un rôle pathogène aux microbes adventices qui se sont développés après la mort ou pendant l’agonie; l'étude bactériologique du sang et du pus complètent ces premiers chapitres. Les manifestations viscérales des maladies infec- tieuses font l’objet de la seconde partie, dans laquelle nous signalerons notamment la question si impor- tante des pleurésies et celle des angines. Toutes les connaissances nécessaires pour le diagnostic bactério- logique de ces affections y sont résumées, et l’on est mème frappé des nombreux renseignements qui ont pu être réunis dans ce Précis de Bastériologie clinique. Enfin, dans la troisième parlie, sont traitées les ma- ladies infectieuses générales ou locales telles que l’érysipèle, la fièvre typhoïde, le choléra, le tétanos, la diphtérie, etc. Chaque microbe pathogène est l’objet d’un tableau synoptique dans lequel sont très heureu- sement condensés ses caractères morphologiques et biologiques. | Les étudiants en médecine et tous ceux qui s'inté- ressent aux applications indispensables de la bactério- logie à la clinique trouveront, dans l'excellent ouvrage de M. Wurtz, un exposé très clair des connaissances les plus utiles pour l'isolement, l'étude et la détermi- nation des microbes pathogènes. Et ceux, même, qui sont familiarisés davantage avec les notions de la bac- tériologie, y apprendront maints détails de technique, personnels ou inédits, qui leur permettront de bénéfi- cier ainsi de la pratique si compétente de leur auteur. D' H. ViINcENT. 5° Sciences diverses. Beauregard (H.), Assistant de la Chaire d'Anatomie comparée au Muséum. — Nos Bêtes. Animaux utiles et nuisibles. — Ouvrage paraissant en livraisons les 5 et 20 de chaque mois. Chaque livraison, contenant 8 pages de teæte et une planche en couleur, est vendue séparément 90 centimes. A. Colin, éditeur, 5, rue de Mé- zières, Paris, 1895. ‘ Dans cet ouvrage, l’auteur s’est proposé de vulga- riser un certain nombre de connaissances précises sur les animaux qui nous entourent et dont les plus com- muns sont en général fort mal congus. Chaque espèce est l’objet d’une étude sérieuse et attrayante. Les premières livraisons parues sont consacrées à l'étude des différentes races de chiens et de chevaux qui se trouvent en France, La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des Sciences, des Lettres et des Arts, paraissant par livrai- sons de #8 pages grand in-8 colombier, avec nombreuses figures intercalées dans le texte et planches en cou- leurs. 526° et 527° livraisons. (Prix de chaque livrai- son, 1 fr.) H. Ladmirault et Cie, 61, rue de Rennes, Paris, 1895. Les 526° et 527° livraisons de la Grande Encyclopédie renferment : une étude de M. À. Joannis sur les Len- tilles sphériques, le calcul de leurs formules, la discus- sion de ces formules et la construction des images données par les lentilles convergentes et divergentes, étude suivie de quelques mots de M, Knab sur la fabri- cation des lentilles; un article sur les Lémuriens ac- tuels et fossiles, par le D' Trouessart; une description de la famille de végétaux fossiles connus sous le nom de Lépidodendrées, par MM. Harn et Jobin; une mono- graphie de l’ordre des Lépidoptères (papillons), avec la description de leur métamorphose et de leurs mœurs, leur classification et leur distribution géographique, par M. A. Jobin; un article sur la lèpre, par M. H. Four- nier ; les biographies de Léon XII, par M. E. Vollet; de Léopold I: et Léopold Il, rois des Belges, par M. E. Hubert; de Lesage, par M. Ph. Berthelot, FT ff mme int à à ven à ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANT DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 6 Mai 1895. M. le Secrétaire perpétuel annonce le décès de M. Carl Vogt, Correspondant de la Section d’Anatomie et de Zoologie. Il signale parmi les pièces imprimées de la correspondance : le Bulletin de la Société d'Etude des Sciences naturelles de Nimes, 1894; une brochure de M. Galien Mingaud ; les années 1891 à 189% de la Bibliotheca Mathematica ; dix notices de M. A. Favard; une note de M. G. Enestrom. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. M. G. Bigourdan dé- montre que l'orbite de la comète de 1771, considérée jusqu'ici comme hyperbolique, est au contraire ellip- tique ; cette question constitue un point intéressant la recherche de l’origine des comètes. — M. Bouquet de la Grye lit un rapport sur la table des nombres trian- gulaires de M. Arnaudeau. Cette table permet de faire rapidement les opérations numériques et donne des produits de dix chiffres: elle remplace avantageuse- ment les tables de logarithmes. — M. G. Kæœnigs com- plète une note qu'il à communiquée le 22 avril. IL dé- montre que toute condition algébrique imposéé au mouvement d’un corps, est réalisable par le moyen d’un système articulé. Cette proposition peut être géné- ralisée : Soient n points M,,M,..., M,,soumis à des liai- sons algébriques, c’est-à-dire représentées par des équations algébriques entre les coordonnées de ces points; il est toujours possible de réaliser ces liaisons par un système articulé reliant entre eux les n points donnés. Le même théorème est vrai si, au lieu de points, on prend des corps solides soumis entre eux à certaines liaisons algébriques. — M. de la Rive définit un espace à quatre dimensions et en établit les pro- priétés générales: comme application, il obtient le volume de l’ellipsoide à trois axes inégaux et retrouve les propriétés de trois diamètres conjugués de cette surface. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Gaston Tissandier pré- sente quelques observations sur le projet d'expédition en ballon aux régions arctiques de M. S.-A. Andrée. Les pertes de gaz, par suite des variations de température, n'ont pas permis jusqu'ici des voyages aériens de plus de vingt-quatre heures; pour rester en l'air plusieurs journées consécutives, il faudra des constructions nou- velles des aérostats. — M. Aimé Girard confirine, par ses expériences nouvelles sur l'application systématique de la pomme de terre à la nourriture du bétail, ses conclusions précédentes : la pomme de terre riche et à grand rendement doit être considérée comme un four- rage de premier ordre. — M. A. Müntz étudie les effets de la fumure sur la qualité des vins : quand le rende- ment n’est pas artificiellement poussé, par le mode de taille, au delà d’une certaine limite, la qualité des vins ne se ressent pas de lexagération des fumures; en demandant à la vigne de plus fortes récoltes, par l'effet combiné de la fumure et de la taille, on n’obtient que des vins inférieurs. —M. A, Ponsot communique une note intéressante sur les cycles isothermes fermés ré- versibles et équilibrés par la pesanteur ; il fait remar- quer, en terminant, que la relation fondamentale de Van ’Hoff : xv — iRT, applicable seulement à quelques solutions, ne l’est que dans un cas très particulier du phénomène osmotique. — M. Albert Colson, partant de ce fait que la pression a pour effet de relever le point de congélation des liquides qui se contractent en se solidifiant et, d'autre part, qu’à pression constante, le point de fusion de liquides renfermant quelques centièmes de matières étrangères s’abaisse en raison inverse du poids moléculaire du corps étranger dissous dans le liquide, a cherché expérimentalement s’il existe une relalion entre le poids moléculaire d’un corps dissous et la pression nécessaire pour ramener le dis- solvant à se solidifier à une température fixe, constante. L'abaissement de température de congélation des dis solutions, plutôt que le poids moléculaire du corps dissous, est lié à la pression compensatrice, — M. A. Schuster soumet à l’Académie les raisons qui le por- tent à croire que M. Poincaré (Comptes rendus, p. 758) a tiré d’une analyse incontestable un résultat qui lui paraît faux. La régularité des vibrations, mise en évi- dence par les observations de MM. Fizeau et Foucault, n'existe pas dans le mouvement lumineux, mais esl produite par l'appareil spectral. — M. A. Cotton cite un certain nombre de corps actifs qui absorbent inégale- ment les deux sortes de rayons, l’un circulaire droit, Pautre gauche, se propageant avec des vilesses diffé- rentes. Il décrit un mode d'observation permettant de comparer entre elles la différence de vitesse des deux rayons et la différence de leurs absorptions. — M. H. Moissan n'a pu obtenir de combinaison de l’argon avec le bore et le titane qui s'unissent directement à l’azote ; le lithium et l’uranium n’ont pas d'action sur ce gaz. A la température ordinaire ou sous l’action d’une étin- celle. d’induction, un mélange de fluor et d’argon n'entre pas non plus en combinaison. — M. Raoul Varet rend compte de ses expériences sur la détermi- nation des chaleurs de formation des sulfate, nitrate el acétate mercureux et cite les nombres obtenus. — M. P. Schützenberger communique les nouveaux ré- sultats quil a obtenus dans l’étude du sulfate de cérium préparé par la méthode Debray; Foxyde de cérium est accompagné, dans la cérite, de petites quantités d'une autre terre à poids atomique plus faible, 1437 ou 134, susceptible, comme l’oxyde de cérium (Ce?203), de se convertir par oxydation en un bioxyde dont le sulfate, isomorphe avec celui de cérium, forme, comme ce dernier, des sulfates doubles insolubles avec les sulfates alecalins et dont le bioxyde calciné pré- sente une couleur brun rougeâtre, même sans l’inter- vention du didyme., — M. Eugène Gilson a reconnu la présence, dans la membrane cellulaire des champi- #nons, d'un corps possédant toutes les propriétés de la chitine. Ue fait est intéressant; jusqu'ici on n'avait trouvé la chitine que dans le règne animal, sa présence dans la membrane cellulaire des champignons con- stitue un nouveau point de rapprochement entre ces êlres et les animaux, Dans tous les champignons ana- lysés, Ja cellulose fait défaut; elle y est remplacée par la chitine, qui joue, dans la membrane, le rôle de sub- stance squeleltique, comme la cellulose dans la mem- brane cellulaire de toutes les phanérogames et d’un grand nombre de cryptogames, C. MATIGNON. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. Blanchard présente une notice sur les travaux de James Dana, et M. Dau- brée rappelle les travaux minéralogiques et géologi- ques de ce savant. — M. Blanchard présente une no- tice sur les travaux du z0ologiste Carl Vogt qui vient de mourir, — M. Künckel d'Herculais, reprenant l'étude des appareils odorifiques, les compare dans les différents groupes d’Hémiptères hétéroptères. — M. Wallerant montre que, au moins à l’époque charmoutienne, le massif vendéen fut, comme le pla- teau central, recouvert en grande partie par les eaux marines jurassiques. — MM. Camus et Gley ont recherché l'influence du sang asphyxique et de quel- ques poisons sur la contractilité des vaisseaux lym- phatiques et ont trouvé que les influences toxiques ACADÉMIES KT SOCIÈTÉS SAVANTES provoquent des changements de calibre des vaisseaux. — M, d'Espine conclut de ses études à la présence d'un streptocoque spécial dans le sang, au début d'une searlatine typique. J. MARTIN. Séance du 13 Mai 1895. 1° SGIENGES MATHÉMATIQUES. -— M. André Markoff, pro fitaut d'un extrait des papiers laissés par l’auteur, ré- tablit la démonstration d’un théorème de Tenébychef : Soit y le plus grand diviseur premier des nombres 1492, 1442, 1 +6? , 1-4 NE, le rapport £ croît indéfiniment avec N. — M. F. de PP N Salvert présente sous une forme plus simple les for- mules de transformation des fonctions elliptiques de troisième espèce et les formules relatives à l’expres- sion des fonctions complètes qu’il a données dans une note précédente. — M. A.-J. Stodolkievitz complète une note sur l'intégration du système des équalions différentielles. — M. Lippmann décrit un cœlostal donnant une image du Ciel immobile par rapport à la terre, Il se compose d’un miroir plan monté sur un axe qui repose sur des coussinets fixes. Le miroir et son axe sont parallèles à la ligne des pôles. Un moteur fait tourner leur système avec une vitesse uniforme d’un tour en quarante-huit heures sidérales, dans le sens du mouvement des étoiles. L'auteur indique les avantages de cet appareil. 20 SciENGES PuYsiQues, — M, L, Hartmann décril un comparateur automatique enregistreur pour mesures à bouts et en fait ressortir les nombreux avantages. — M. Cornu fait remarquer que les travaux de MM. Hart- mann et Mengin apportent à la Commission internatio- nale du mètre de nouveaux éléments pour terminer les études relatives aux prototypes à bouts. — M. Gouy rappelle que, dans les expériences d’interférence faites sans le secours du spectroscope, la différence de marche est limitée par la complexité du mouvement lumineux, Il montre que l’on peut reculer presque in- définiment cet obstacle, avec les sources de lumière actuelles, par une disposition expérimentale appro- priée. — M. A. Cotton a été conduit par des mesures de pouvoir rotatoire, au moyen de la méthode qu'il à indiquée précédemment, au phénomène de la disper- sion anormale des corps absorbants, beaucoup plus gé néral que celui de l'absorption inégale. — M. Bernard Brunhes publie les conclusions très intéressantes de l'application qu'il à faite, à l'absorption cristalline, de la théorie électromagnétique de la lumière. — M. Bir- keland a trouvé le système d’intégrales des équations de Maxwel pour un milieu absorbant homogène et iso- trope; il indique quelques résultats de ses recherches. _ M, Etard conclut de ses expériences : 1° que les sels de chrome et les sels rouges de cobalt possèdent, à la facon des terres rares ct des sels d'uranium, de fines bandes spectrales; 2° que les spectres de ces imé- taux, tout au moins, sont des spectres de molécules, à la facon de ceux fournis par les matières organiques, telles que les chlorophylles; 3° l'hypothèse d’après la- quelle, à chaque bande du spectre d’une terre rare, correspondrait un élément, n'est pas nécessairement vraie, d’après l'exemple du cobalt; # les bandes peuvent se déplacer notablement ou cesser d'exister pour un même élément, selon la nature des molécules en dissolution où du composé observé. — M. Raoul Varet a complété ses recherches sur les sels de mer: eure en reprenant l'étude thermochimique des chlo- rure. bromure, iodure et oxyde mercureux; il donne les chaleurs de formation de ces composés. — M. Ram- say a constaté la présence de l’argon et de l’hélium dans le gaz emprisonné dans une météorite. — M, H Le Chatelier présente une note rectificative sur la combinaison définie des alliages cuivre-aluminium. — M. Campredon expose une méthode très rapide pour le dosage du soufre dans les fontes, les aciers et les fers, — M. Maxime Cari-Mantrand montre que l'on peut facilement purifier l'alcool dénaturé. Le procédé est basé sur la solubilité, dans le tétrachlorure de car- bone, des impuretés pyrogénées des méthylènes com- merciaux et sur la séparation de l'acétone et de l'al- cool méthylique, mélangés à l'alcool vinique, par une distillation en présence d’un chlorure alcalin en disso- lution. — M. Tanret a constaté l'existence de trois états isomériques du glucose ordinaire, caractérisés par le pouvoir rotatoire de leurs dissolutions, faites à froid et observées immédiatement: il les désigne par les lettres &, 8, y: pour le glucose «. p -+106°;pour vOg": œ 52%; pour le glucose y 5— + 22, 5 y D, x 1 le glucose B=—+ Les dissolutions des glucoses x el y, abandonnées à elles- mêmes, au bout de cinq à six heures, acquièrent un pouvoir rotatoire identique à celui du glucose 6. Le même pouvoir rotatoire se développe instantanément, lorsqu'on ajoute à l’une ou à l’autre de ces dissolutions une trace de potasse, La eryoscopie a donné pour ces trois glucoses le même poids moléculaire. — M. Ber- thelot a mesuré la chaleur de transformation des trois slucoses, préparées par M. Tanret, les uns dans les autres. Dans l’état anhydre, le changement du glucose * en glucose 8 absorberait — 121,55, Le changement du glucose y en glucose & absorberait — 0°*,67, Dans l’é- {at dissous, les différences sont bien moindres et ne surpassent guère les erreurs d'expérience. — M. Grif- fiths a déterminé la composition chimique d’un pig- ment brun retiré des élytres de la calandre cuivrée; sa formule est CI4H 15470; l’auteur lui a donné le nom de cupréine, — M. Louis Mangin a. vérilié, par l'analyse de l’atmosphère du sol, que le défaut d'aération du sol est un des facteurs du dépérissement des arbres dans les villes. ï C. MaArIGNoN. 30 SGIENCES NATURELLES. — M. J. Leroux, dans ses recherches sur l'éclosion de l'œuf des sexués du Phylloxéra, conclut que le temps minimum nécessaire à l’éclosion est non seulement supérieur à quarante jours, mais qu'il est au moins égal à quarante-quatre, si ce n'est à quarante-huit. Le procédé de préservation des vignes, consistant en deux pulvérisations insecti- cides, l’une au commencement de septembre, l’autre à la fin d'octobre, est donc applicable, — M. L. Mangin, poursuivant ses recherches sur l’aération du sol dans les promenades et plantations de Paris, montre l'im- portance de la composition de Vair dans le sol sur le développement des feuilles des diverses essences. Le retard dans la feuillaison provient d’un appauvris- sement en oxygène, — M Cayeux démontre lexis- tence de nombreux cristaux de feldspath orthose dans la craie du bassin de Paris, dans toutes les assises du Turonien et du Sénonien. L'orthose s’est formée in situ. — M, Paquier fournit un certain nombre de docu- ments sur les gypses des environs de Serres (Hautes- Alpes) et de Nyons (Drôme). — M. Douxami, dans une étude sur le miocène des environs de Bourgoin et de la Tour-du-Pin, montre que tous les cailloutis des plateaux du bas Dauphiné septentrional.ne sont pas pliocènes ; la plus grande partie estlacustre et diffère des poudingues marins à cailloux impressionnés de Voreppe, — M. A. Guébhard fournit des documents sur la présence d’Ostrea (Exogyra) virgula dans le Juras- sique supérieur des Alpes maritimes. J, Mani. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 21 Mai 1895. M. Cornevin (de Lyon) est élu Correspondant natio- nal dans la III division (médecine yélérinaire). — M. Le Dentu lit un rapport sur un mémoire de M. Quénu concernant deux cas d’anévrisme, l'un de l'artère iliaque externe, l’autre de la fémorale com- mune, existant sur le même sujet, traités au moyen de l'extirpation et guéris. — M. À. Chatin à trouvé que PE 7 V7 2 VA déni “a nn émis ets sm date he 3 A éesné, ste st té os there hé) de ET \ ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES non seulement jes coquilles d'huitres, mais aussi la chair de ces animaux renferme une notable proportion de phosphore. La coloration verte de certaines huîtres est due à la présence de diatomées. — M. Hervieux fait l'historique de la variolisation ancienne et moderne; il étudie ses procédés divers, les accidents et les dangers qu’elle entraine, — M. Dieulafoy répond aux observa- tions de M. Cornil à propos de la tuberculose larvée des trois amygdales. Il montre que la plupart des grosses amygdales sont tuberculeuses ou sont un récep- tacle pour le bacille. — M. le D' Commenge lit un travail sur les maladies vénériennes dans l’armée fran- caise et anglaise, — M. le D' Garnault lit un travail sur le massage rythmé des muqueuses dans le traite- ment des affections du nez, de la gorge et des oreilles. Séance du 28 Mai 1895. MM. Esmarch (de Kiel) et Durante (de Rome) sont élus Correspondants étrangers dans la If° division (chi- rurgie). — M. J. Chatin fait une communication sur le chromatisme chez les Huîtres et son processus his- tologique. — M. Péan communique une observation de vessie et urètre surnuméraires congénitales chez une jeune fille de 15 ans. — M. Vallin étudie la ques- tion des intoxications alimentaires, Il indique les ma- ladies du bétail qui rendent les viandes dangereuses pour l’homme, et il montre la protection insuffisante de la législation actuelle et des règlements sur la police sanitaire des animaux. — M. Hervieux conclut à la non-identité de la vaccine et de la variole et à l’impos- sibilité de remplacer la première par la dernière, — M. le D' Delorme cite un cas de névrite traumatique ascendante guérie par la compression forcée. — M. le D' Poncet (de Lyon) communique un nouveau cas d'ac- linomycose de la face guéri par la médication iodurée. SOCIETE DE BIOLOGIE Séance du 18 Mai 1895. M. Roger montre que, si les produits microbiens favorisent en général le développement des infections, ils peuvent exercer quelquefois une action thérapeu- tique. — Par injection de toxine pyocyanique, M. Char- rin est parvenu à produire expérimentalement chez un lapin lépilepsie spinale. — MM. Sellier et Jolyet ont montré que l'hyperglobulie qui se manifeste aux hautes allitudes n’est pas due à la diminution de pression de l'air respiré, mais à la diminution de tension de l’oxy- sène dans le mélange oxygène-azote respiré.— MM. Bar et Rénon communiquent un cas d’ictère grave ayant amené la mort chez un nouveau-né atteint de syphilis hépatique. — M. Contejean montre que l’ablalion de la zone motrice du cerveau chez un chien produit non seulement une diminution de la sensibilité tactile, mais aussi une diminution de la sensibilité réflexe. — M. Fabre-Domergue croit que les injections de sérum dans le traitement du cancer n’exercent pas une action vraiment curative, mais simplement une action modi- licatrice en détruisant soit l'élément néoplastique, soit l'élément leucocytaire et en diminuant ainsi la tumeur. — M. Langlois expose ses recherches sur l'action comparée des sels de cadmium et de zinc dans la marche de la fermentation lactique. — M. Guénard envoie une note sur l’action cardiaque de la morphine. — M. Soulié adresse une communication sur la struc- ture des ligaments de l'utérus et la migration des uvaires chez la femme. & Séance du 25 Mai 1895. M. Mangin est élu membre de la Société, — M. Ri- chet défend la sérothérapie du cancer contre les eri- liques de M. Fabre-Domergue, Les injections ne sont pas faites dans la tumeur même, ce qui détruit l’argu- mentation de ce dernier. — M, Souques décrit une dégénération ascendante du faisceau de Burdach con- sécutive à l’atrophie d’une racine cervicale postérieure. — M. Féré a constaté que la diminution de l’ampli- tude de l'onde diphragmatique qui se produit du côté D29 paralysé est surtout marquée dans l'hémiplégie infan- tile, — M. Luys montre les photographies de nouvelles fibres qu’il a rencontrées dans la région protubéren- tielle, — MM. Lapicque et Auscher ont constaté la présence de fer dans le pigment du diabète bronzé. — M. Rey Pailhade expose ses nouvelles recherches sur le philothion. — M. Delezenne a constaté l’absence, dans le pneumogastrique, de fibres motrices pour l'utérus et la vessie. SOCIETE FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séances des 17 et 19 Avril 1895. M. C. E. Guillaume à, dans unarticlespécial, rendu compte de l'exposition des expériences et appareils ré- cents faite par la Société en ces séances de Pâques, Pendant ces séances la Société a entendu quelques communications, une remarquable conférence et fait une très intéressante visite industrielle dont nous allons rendre compte. Le17avril, M. N.Delaunay, professeur à Novo-Alexan- dria (Russie), a fait une communication sur la représen- tation géométrique du mouvement d’un corps pesant autour d’un point fixe dans le cas traité par Mme Sophie Kowaleski et présente des modèles en carton de mécanis- mesarticulés d’une remarquable ingéniosité.— M.Raoul Pictet a exposé un travail théorique et expérimentalsur le point critique des liquides. Tout d’abord il montre que la mesure de la température critique d’un liquide fournit une méthode sensible pour déceler la présence d’impuretés. IL observe la température critique et le point d’ébullition de certains liquides tels que le chlo- roforme, le chloréthyle, le pental, l’éther sulfurique, d’abord à l’état de pureté, puis après y avoir ajouté un peu d’alcool, d’aldéhyde, d’eau oude camphre. Il en ré- sulte une variation du point critique dix à soixante fois plus grande que celle de la température d’ébullition. D'autre part, M. Pictet a cherché à déterminer expéri- mentalement quelle est la puissance dissolvante des vapeurs des liquides portés à une température supé- rieure à leur point critique. Il a étudié les dissolutions dans l’éther du camphre sous ses trois états allotropi- ques et plus spécialement le bornéol, puis du phénol, du gaïacol et de l’iode. Ces expériences l’ont conduit à des conséquences inattendues sur le pouvoir dissolvant des vapeurs surchauffées. On constate que tous les corps cités restent dissous dans la vapeur d’éther, Ils forment donc une solution gazeuse. De même les vapeurs d’al- cool ont la propriété de dissoudre lalizarine comme l'alcool liquide, Ces nombreuses expériences viennent à l'appui de la théorie formulée par M. Pictet en 1877 et dans laquelle il admet que laliquéfaction des vapeurs se présente sous deux formes distinctes, l'une à des températures supérieures au point critique et qui se produit au centre des vapeurs en des points dont le nombre est proportionnel à la pression ; l’autre, au- dessous du point critique, à la pression de la vapeur saturée. La pesanteur n’agitque dans Le second cas pour rassembler au fond duréservoir la masse de gouttelettes permanentes. É . Le 19 avril, la Société est allée visiter l'installation de distribution de force et d'éclairage par courants po- lyphasés, aux ateliers Weyher et Richemond, à Pantin. M. Boucherot, en présentant cette instaliation, en a fait ressortir les principaux avantages : d’abord, dans les grandes usines, l'électricité seule permet de concentrer en un seul point la production de force mo- trice, car elle seule fournit le moyen de la répartir ensuite à volonté, Puis les courants biphasés ont été préférés au courant alternatif simple pour plusieurs raisons. Les génératrices et les moteurs polyphasés ont une puissance spécifique plus grande et un rendement plus élevé que les génératrices et moteurs à courant alternatif simple. Les moteurs polyphasés ont un dé- marrage, comme celui des moteurs à courant continu, beaucoup plus facile que celui des moteurs monophasés à arlifice de démarrage dans lesquels le couple à ce 926 ACADÈMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES moment est environ le dixième du couple en charge. Enfin, par l'introduction de résistances variables däns l'induit, on peut faire varier la vitesse comme dans le cas des courants continus, ce qu'on ne pourrait faire avec des courants monophasés. Les courants biphasés ont été préférés aux triphasés, carils se prêtent mieux à des distributions mixtes de force et d'éclairage. Les deux circuits des courants biphasés n’ont pas besoin d’être équilibrés très rigoureusement. D'autre part les cénératrices et moteurs biphasés sont d’une construc- tion beaucoup plus simple. Les machines adoptées sont du type Brown. Les trois allernateurs sont de 130 che- veux chacun. L'un d'eux est muni d’un embrayage ma- gnétique de Bovet, qui permet de ne le mettre en route qu'en temps opportun. Ils sont montés en série. Quant aux moteurs à champ tournant, il fautprendre queiques précautions au démarrage, Un moteur supérieur à trois chevaux ne peut pas être mis directement sur une ca- nalisation. Les artifices varient suivant le type de mo- teurs et ont été l’objet d’une étudespéciale, notamment pour les moteurs destinés au pont roulant, Edgard Haunié. SOCIÈTE CHIMIQUE DE PARIS Séance du 1° Mai 1895. M. Levat donne quelques indications sur la produc- tion des phosphates dans le monde, et s'étend toul d’abord sur les produits de la Floride. Il aborde ensuite la question des phosphates algériens et étudie les conditions de leur exploitation. Il termine sa commu nication en donnant quelques indications sur l’indus- trie des scories basiques obtenues dans le procédé d’affinage Thomas-Gilchrist, — D'après M. Joffre, les plantes absorbent surtout les combinaisons solubles dans l’eau de l’acide phosphorique. Cette absorption à notamment lieu lorsque la plante, ayant utilisé les matières de la graine, n’est pas encore assez déve- loppée pour évaporer par ses feuilles une grande quan- tité d’eau et utiliser ainsi les substances peu solubles qui y existent. Ces résultats expliquent les faits re- connus par MM. Schlæsing et Prunet relativement à l'action des engrais agissant mieux, mis en raies, que mélangés à la terre. Dans le premier cas, en effet, les parties solubles se transforment moins rapidement en composés insolubles. M. Joffre a constaté expérimen- falement sur les betteraves que l'absorption d'acide phosphorique, en employant des superphosphates comme amendement, est bien supérieure à celle que l’on constate en faisant végéter la plante dans la cendre d'os. Er. CHARON. SOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE Séance du 15 Mai 1895. M. Laisant présente, au nom de M. Maupin, une note sur une question de probabilités traitée par d'A: lembert dans l'Encyclopédie, et une note sur une ap- plication de la règle des partis au jeu de la manille aux enchères, — M. Bioche étudie les surfaces du troisième ordre à trois points doubles et à centre. — M. Ray signale uné identité relative aux courbes unicursales. — M. Goursat cherche tous les arcs com- mensurables avec la circonférence et dont une ligne trigonométrique a pour carré un nombre rationnel. Il montre que ces ares sont les ares de 0°, 30°, 45°, 6°, 90°, et ceux-là seulement pour le premier quadrant. SOCIETE PHILOMATIQUE DE PARIS Séance du 11 Mai 1895. M. D. André fait une communication sur fa struc- ture des permulalions circulaires, comparée à celle des permuütations rectilignes. — M. Léon Vaillant : Sur une espèce de torlue de Madagascar. — M. Kœæ- nigs : Sur la réalisation du mouvement d'un solide de révolution autour d’un point fixe et sur les systèmes articulés, Ch. Broone. SOCIETE ROYALE DE LONDRES 1° SCIENCES PHYSIQUES Alfred WW, Sorter, — La question de l'hysté- résis diélectrique. — Dans la charge et la décharge alternative d'un condensateur, il y a une dissipation supplémentaire d'énergie; dans une expérience faite avec un condensateur de cinq microfarads, on a trouvé que la dissipation de l’énergie, déduite de l’amortisse- ment des oscillations électriques, est égale à celle qui aurait eu lieu si on avait ajouté 59 ohms à la résis- tance du circuit. Les expériences qui suivent ont eu pour objet de chercher si celte dissipation supplémen- taire est due simplement à la viscosité du diélectrique ou à une véritable hystérésis, à un retard à la charge par rapport à la différence de potentiel établie entre les plateaux. Les intéressantes expériences de Riccardo Arno et de P, Janet ne peuvent décider la question. Une pile de 11 volts est en communication perma- nente avec un rhéostat de 850 ohms. Le condensateur peut être relié à deux contacts, l’un fixé à l’une des extrémités À du rhéostat, l’autre en un point variable, intermédiaire B, du même rhéostat. Le point B peut être déplacé d’une manière continue et réglé avec soin. Un commutateur permet de charger le condensateur et de le décharger alternativement dans un balistique. On fera croître très lentement la f.é, m. aux bornes du condensateur, de O à la moitié de la f. 6, m. maxi- mum; ce sera, par exemple, ici 5 volts, 5. La courbe représentative obtenue, en prenant pour abscisses les f.é. m, et pour ordonnéesles charges correspondantes, atteint ainsi un certain point P. Si, à partir de là, on décharge brusquement, on a une impulsion au balis- tique; mais impulsion n’est pas celle qui correspon- dait à la décharge totale; cela peut tenir à la viscosité ou à l’hystérésis, On laisse le condensateur fermé sur le galvanomètre un moment : puis on fait croitre de nouveau la f. 6. m. entre les plateaux, en partant encore de O volt, et allant cette fois jusqu'au maximum 11 volts, toujours très lentement. On atteint un point S de la courbe représentative, On repart de S en faisant décroître très lentement la f.é, m. jusqu’à 5 volts 5. Ces opérations se font en déplacant le curseur mobile B sur le rhéostat, On atteint alors un point Q qui a la même abscisse que le point P. Si ces points sont con- fondus, c'est qu'il n’y a pas d’hystérésis appréciable ; si, au contraire, ils sont distincts, si leurs ordonnées sont inégales, c’est qu'il y a hystérésis : on à dans ce cas une courbe analogue à celle qui représente l'ai- mantation d’un morceau de fer en fonction du champ magnétique. Pour voir s'ils sont confondus, un fois arrivé à ce point Q, on décharge brusquement le con- densateur, L'expérience prouve qu'on a exactement la même impulsion que quand on provoquait la décharge brusque à partir du point P. A f. é. m, égales, on a donc la même quantité d'électricité, mise en jeu dans la dé- charge, que la valeur de la f. é. m. soit atteinte en crois- sant ou en décroissant. On en conclut que le conden- sateur présente des effets de viscosité diélectrique, mais qu'on n'a pu y découvrir aucune trace d'hysté- résis. 2° SCIENCES NATURELLES G.Massee, Assislant principal, Royal gardens, Kew.— Note sur la maladie des choux et plantes similaires, connue sous le nom de « Doigt et Orteil » (Finger and Toe). etc, — La maladie connue en différentes par- tiesde la Grande-Brelagne sous le nom de « Doigt et Or- teil» (Finger and Toe), « renflement », tumeur (clubbing où anbwry) attaque les navets, les raves, les choux, les radis, en un motla plupart des plantes sauvages, cultivées de l'ordre des crucifères; elle atteint en outre plusieurs plantessauvagestelles que laravenelle, le vélar, la bourse- à-pasteur, l’alliaire (sisymbrium alliaria). La maladie est caractérisée par la formation de nombreux nodules sur la racine qui se contourne et meurt bientôt en formant uné masse gluante et fétide, Berkeley étudia Le premier ACADÈMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES D27 cette maladie, etses recherches lui révélèrent l'existence d’un élément morbigène iusque-là inconnu, mais qu'il ne put déterminer avec précision ; il constata l'effet utile des cendres de bois et l’attribua aux sels de potasse qu’elles contiennent. Woronin établit que la maladie avait pour cause un micro-organisme, apparenté aux champignons, auquel il donna le nom de plasmodiophora brassicæ. Voelcker montra que la maladie ne se dévelop- pait point sur les plantes qui poussaient dans un terrain riche en chaux. L'auteur à repris la question dans une série d'expériences prolongées à Kew pendant # ans. — I. Des plants de choux sains plantés dans un sol qui avait produit deux années auparavant une récolte de choux malades, devinrent malades à leur tour. Des plants témoins provenant des mêmes semences et cul- tivés dans un sol stérilisé demeurèrentindemnes. Som- merville a déjà démontré que des navets sont atteints par la maladie quand ils sont semés dans un sol pro- venant d’une zone infectée. A. Expériences faites dans uñe solution stérilisée d'engrais stable. — IH. Le contenu de deux flacons fut infecté par l’addition de tubercules écrasés de racines de choux malades. On ajouta dans Fun des flacons 2 °/, d’une solution saturée d’hydrate de potassium et dans l’autre 2°/, d'acide sulfurique du commerce, Un jeune plant de choux parfaitement sain fut placé dans chaque flacon; au bout de deux mois, le plant placé dans le flacon contenant l’hydrate de potassium était très vigoureux et parfaitement exempt de toute maladie; l’autre, au contraire, était for- tement atteint, beaucoup pius que les plants témoins cultivés dans un sol infecté qui n'avait point été traité par l'acide. Des expériences semblables poursuivies consécutivement pendant plusieurs années ont toujours douné le même résultat. — III. Deux jeunes plants de choux montrant des symptômes nets de la maladie ont été placés dans des flacons contenant les mêmes pro- portions d'hydrate de potassium et d'acide sulfurique que précédemment. Au bout de deux mois, le plant cultivé dans la solution contenant l'hydrate de potas- sium était parfaitement sain, les nodules de la racine avaient disparu; l’autre plant était très malade, Des résultats analogues furent obtenus en substituant à l'hydrate de potassium de l’hydrate d’ammonium et à Vacide sulfurique de l'acide chlorhydrique. — IV, Deux plants de choux atteints de la maladie furent placés dans deux flacons de la solution stérilisée. Le liquide de l’un de ces flacons fut saturé pendant une semaine - d'acide carbonique, l’autre flacon ne fut soumis à aucun traitement particulier. Au bout de deux mois la maladie s'était développée au même degré dans les deux plants, ce qui prouve que le CO? n’exerce pas d’action sur le développement des Plasmodisphoræ. B. Expériences faites dans un sol stérilisé — N. Deux pots de terre stérilisée à la vapeur furent infectés avec des racines écrasées de choux malades. La terre d’un des pots fut mélée à de la chaux vive, celle de l’autre à de l’engrais d’os ayant une réaction acide. Un plant de chou sain fut planté dans chacun des deux pots, et au bout de äeux mois le plant cultivé dans le pot contenant de la chaux vive était resté parfaitement sain tandis que l’autre était très malade.— VI. Deux potscontenant l’un de la terre mêlée de chaux vive, l’autre de la terre mêlée d'engrais d’os acide recurent chacun un plant de chou malade, Au bout de deux mois, la maladie était plus développée sur chacun des deux plants qu’au moment où ils avaient été plantés, ce qui prouve que la présence de la chaux ne suffit point à arrèter le développement de la maladie une fois déclarée. Les observations et expériences pré- cédentes prouvent :-1. Qu’outre les plantes cultivées, plusieurs plantes sauvages, de l’ordre des crucifères, sont attaquées par la Plasmodiophora, d'où la nécessité de détruire ces plantes dans les champs et le long des haies. 2. Les germes de la maladie subsistent dans le sol qui a produit une récolte malade et conservent leur vitalité au moins deux ans. 3. Le développement de la Plasmodiophora est favorisé par la présence des acides et entravé par celle des alcalis, ce qui les rapproche davantage à ce point de vue des champignons que des bactéries, 4. Pour stériliser un sol infecté, on peut employer soit la chaux, soit un engrais contenant des sels de potasse; ce dernier procédé est le meilleur, car non seulement il détruit les germes qui sont dans le sol, mais arrête également la maladie dans les plants qui en sont atteints, et ces sels constituent de plus un des aliments nécessaires à la croissance des navets. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 27 Mars 1895 M. le D' Amstrong, président, rend compte de la marche de la Sociélé pendant la dernière session; il rappelle la remarquable découverte. de lord Rayleigh et du Pr Ramsay et remet à lord Rayleigh, au nom de la Société de Chimie de Londres, la médaille Faraday « en reconnaissance des services qu'il a rendus à la science par la découverte de l’Argon ». — M. le Pr Ramsay fait ensuite une communication sur l& découverte de l'hélium ! dans la clévite, et M. Crookes sur le spectre du gaz retiré de la clévite. — M. le Pré- sident continue ensuite son rapport sur la marche de la Seciété et fait l’éloge des membres défunts durant l'exercice de ses fonctions. — La Société vote, par acclamations, des remerciements à M. le Dr Amstrong et passe à l'élection de son bureau pour la session qui vient de s'ouvrir. — M. A. Vernon Harcourt est élu président. MM. Atkinson, Ph. D., Horace, T., Brown, FE. R. S., FE. R. Japp, F. R:S., Ludwig Mond, F°R.S,;, C. 0. Sullivan, FE, R. S., W. C. Roberts-Austen, F. R.S. sont nommés vice-présidents, Sont élus secélaires : MM. J. M. Thomson, W. R. Dunstan, F. R. S., Raphaël Meldola, F. R.S., trésorier : M. T. E. Thorpe, F. R. S. Séance du 23 Avril 1895 MM. William A. Tilden F.R.S. ct O. Forster ont trouvé que, dans la réaction du chlorure de nitrosyle sur les amides, le groupe AzH? est d’abord remplacé par le chlore; mais,comme il se forme en même temps une molécule d'eau, le chlorure qui résulte de cette réaction est transformé en un acide correspondant de formule plus ou moins compliquée suivant les condi- tions de l’expérience. L’acétamide, la benzamide, Ha malonamide, l'acide aspartique, l’urée et l’uréthone suivent cette règle. La glycosine et l’asparagine don- nent un acide chloré correspondant aux dérivés amidés. Du fait que la glycosine et l'asparagine peu- vent échanger le groupe AzH? contre un atome de chlore, les auteurs concluent que ces substances doivent être représentées par des formules les faisant dériver des composés amidés des acides acétique et suceinique. — MM. William A. Tilden F.R.S. et B. C. Marshall, dans leurs recherches sur les produits obtenus par l’action du chlorure de nitrosyle sur l'as- paragine en solution dans l'acide chlorhydrique, et miéux, en solution dans l'acide chlorosuceinique, ont obtenu un corps fondant à 174° et doué d’un pouvoir rolatoire [x] — — 19.67 à la température ordinaire. Ils ont préparé les sels d'argent et de cuivre de cet acide qui, par son point de fusion, semble être l’iso— mère de l’acide chlorosuccinique dextrogyre, obtenu par Walden en partant de l’acide malique. Les valeurs des pouvoirs rotatoires des deux composés sont à peu près les mêmes, car l’acide obtenu par Walden a un pouvoir rotatoire de 20,6 à 20°,8. La légère différence pour l'acide lévogyre est due probablement à une dis- sociation partielle dans l’eau. — M. Lewis T. Wright publie ses recherches sur les produits gazeux de la partie non lumineuse d’un bec de gaz.— M. J.-J. Sud- borough prépare les acides benzoïques diorthosubs- titués en chauffant les nitriles avec l'acide sulfurique à 120°-130°. Les acides amidés ainsi obtenus sont con- vertis en acides correspondants au moyen du nitrite de sodium suivant le procédé Bouveault. L'auteur a pu + PAGE 7e 5 ET TRE ER EE 1 Voir Revue générale des sciences, n° 7. p. 297. x préparer ainsi toute la série des acides bromoben- zoïques. — M. J.-J. Sudborough, dans la préparation des dérivés substitués de la deoxybenzoïne, CSI CO CH? CS H*, qui consiste à chauffer un mélange de déoxÿbenzoïne, d’éthylate de sodium et de différents halogènes en tube scellé à 450 160°, a remarqué la formation constante d’une grande quantité de slilbène. Ses expériences le portent à croire que ce corps provient de l'action de l’éthylate de sodium, L'analyse montre que le corps produit à côté du stilbène est de l'hydroxydibenzyle. Si l’on emploie le méthylate de sodium il ne se forme pas trace de stilbène; le méthylate de sodium, joue en effet le rôle d'un agent substituant — MM. A. G. Perkin el J. Geldard ont trouvé que les principes colorants contenus dans les baies de Perse sont formés de rham- nazine (éther diméthylique de la quercitine), de rham- nétine (éther monométhylique du même corps) et de quercitine même CI54007, — MM. E. Divers F. R.S. et T. Haga, d'après leurs recherches sur le nitrosulfate de potasse, sont convaincus qu'il ne peut exister un isomère du corps obtenu par Pelouze par l’action de l’oxyde d'azote sur le sulfite de potassium; ceci con- trairement à l'opinion de Houtsch. soutenant que le sel obtenu par Raschig est un mélange de denx isomères. Les auteurs croient pouvoir conclure que les nitr sul- fates n'ontaucuneanalogieaveclesisonitramines comme le pense Traube, mais qu'ils ont plutôt une constilu- tion analogue à celle d'un sulfate, Ils leur attribuent la formule : KO.4720.S0%K, contraire à celle de Hantsch KO Az. Az. SOSK N74 O0 “qui en ferait des sulfonates. SOCIETE ROYALE D'EDIMBOURG 17 Avril 1895. M. Flinders Petrie fait une communication sur une nouvelle race en Egypte; il expose les résultats de son travail en Egypte durant la dernière saison. La végion où il s'est engagé est à environ 30 milles au nord de Thèbes, sur la rive ouest du Nil. En étudiant le plateau près de Thèbes, à environ 1400 pieds au- Séance du dessus du niveau actuel du fleuve, on a découvert des restes de l’homme paléolithique, Jusqu'ici les pierres, trouvées dans les sables, étaient arrondies par l’action de l’eau, Ou a trouvé sur le plateau des pierres tailiées à arêtes aussi vives que Jorsqu’elles sortaient des mains des artisans paléolithiques, qui venaient habiter sur les coteaux quand le fleuve remplissait la vallée sur une largeur de 8 ou 9 milles et à une profondeur de 100 pieds. Les pierres sontde même type (en forme de feuilles et en forme triangulaire) que celles des galeries d'Europe. M. Pelrie est retourné à la place où il avait travaillé cette année, parce qu’il y a vu les ruines d'une petile ville égyptienne et d'un temple dont les antiquités sont resiées intactes. C'était un temple dédié au dieu Set, qui représente l'esprit du mal. Autrefois les Fgypliens adoraient en même temps les frères Set et Horus, mais plus tard l'adoration de Set fut interdite, Elle dura jusqu'à la dix-hnilième dynastie, environ 1550 avant Jésus-Christ Dans le temple on a trouvé une table sculptée sur laquelle est une représentation de Set, avec une tête d'animal, donnant la vie au roi, I n'y a pas trace de la dernière occupalion grecque. Mais la découverte de cette ville, appelée Nubl où Ombos, explique un passage obscur de la 15° salire de Juvénal. On a trouvé des vases et d’autres articles sous les fondations du temple, qui est supposé dater du temps de Thothmès II, La poterie est très importante au point de vue de la fixation des Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17 ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES dates de l’histoire ancienne de l'Egypte. Environ à un quart de mille de la ville et du temple sont les ruines d'une autre ville, dans laquelle on trouve des objets dont aucun n'élail connu dans aucune autre ville égyplienne, Trois où quatre milles plus loin, une autre ville où également il n’y à aucune ruine égyptienne. Dans la première, on a trouvé 2000 tombes dont 1600 ont ét» étudiées dans le détail par M. Petrie. On pen- sait, au début, qu'elles pouvaient appartenir à la race qui existait avant l'établissement de la civilisation égyplienne, mais il n'en est pas ainsi. Les Egyptiens couchaient Le corps tout de son long et l'embauimaient, et les tombes élaient assez creusées pour que la terre ne touchàt pas le corps Dans le cas actuel, le corps est couché sur le côté et plié, les coudes touchant les genoux, et la tète du côté du sud, la face tournée à l'ouest, et pas de trace d'embaumement, La tombe est une tranchée ouverte, et la Lerre est rejelée sur le corps. Ces tombes ressemblent à celles trouvées par Schliemann, à Mycènes. Les crânes sont très déve- loppés, le front très haut, les sourcils et les os du nez fortement marqués, et les dents droites ne présentent aucune trace du type nègre. Les femmes ont de longs cheveux, dont quelques échantillons sont très bien conservés, Tout cet aspect correspond au type libyen- amorile, reconnu par le professeur Sayce et d’autres savants, On à trouvé dans les tombes des vases rouges pleins de cendres de bois, Il n’y à pas trace de créma- lion; les « grands feux » dont parle la Bible, et qu'on faisait aux funérailles de certains des rois juifs s nt, sans doute, une imitation de ceux que faisaient les Amorites, voisins des Israëlites, Il y a des rayures sur ces vases, mais point d'hiéroglyphes. Les tombeaux de celle race sont dans le passage qui conduit aux tombes des Egyptiens de la quatrième dynastie ; ainsi cette race à existé après la première grande période de la civilisation égyptienne, D'autre part, on trouve des restes de la douzième dynastie au-dessus des tom- beaux de cette race. Il est probable qu'elle à été con- temporaine des seplième, huilième et neuvième dy- rastlies, etqu'à cerlains égards elle était aussr civilisée que les Egyptiens, dont elle envahit le pays, el avec lesquels elle n'avait aucune relation La date de cette invasion est d'environ 3000 ans avant Jésus-Christ, Les formes ressemblent à celles qu’on trouve à Malte et qu'on suppose généralement être de la race des Phé- niciens, mais que M. Petrie croit être des Libyens. Dans lenterrement, la tèêle est souvent séparée du corps; quelquefois le bras est coupé, des os sont arra- chés et l’on a extrait la moelle, Ce qui prouve que celle race.praliquait au moins le cannibalisme dans ses cérémonies; une partie du corps élait partagée ‘de facon que les vertus du défunt passent aux vivants. L'usage du tour à polerie élail inconnu; lous les vases sont faits à la main et ont une forme gracieuse. C’est un signe évident que la race n'avait pas de relation avec les Egyplens, qui se servaient du tour pour faire leurs poteries. Dans leurs représentations des oiseaux, les piedsnesontjamaisfigurés ; tandis que, chezles Egyp- tiens, les pieds sont toujours en évidence La race ne vient pas du sud, ear elle n’a aucun rapport avec la race nègre, Elle ne vient, sans doute, pas du nord, car la civilisation égyplienue est sans interruplion à Mem- phis à partir de la quatrième dynastie. Elle vient pro- bablement de l’ouest, car Ja région occupée élait op- posée à l’ousis de lPouest, d'où une race envahissante parlait pour marcher vers l’est. M. Pelrie pense que les Amorites de Svrie et celte race appartiennent tous deux à la race libyenne qui habitait le nord de l'Afri- que, et qui, vers la fin de la dixième dynastie, se bilurqua en deux branches, lune allant vers la Syrie, l'autre s'avancantsur là région ouest du Nil, détruisant les populalions qui y habilaient, mais incapable de les refouler vers le nord et de s'étendre jusqu'à Memphis. W. Pepe, Le Directeur-Gérant : LOUIS OLIVIER PR OT CPI RS OO ES SR RS ed Lande chtis mé, a j 6° ANNÉE KE 12 30 JUIN 1895 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER LES ALLIAGES MÉTALLIQUES Les alliages métalliques occupent dans l’indus- trie une place très importante. Ils sont presque toujours employés de préférence aux métaux purs, en raison des qualités spéciales qu'ils possèdent. La dureté considérable de l'acier, du bronze, du laiton, rend précieux tous ces alliages pour la confection des pièces mécaniques, et les font em- ployer de préférence au fer, au cuivre et au zinc: la fusibilité et la fluidité de la fonte et du bronze permettent d'obtenir très économiquement, par … moulage, des pièces compliquées qu'il serait diffi- cile de préparer avec le fer ou le cuivre pur. Ges qualités des alliages ont élé reconnues depuis les temps les plus reculés : les Grecs et les Romains employaient un alliage complexe et assez variable, connu sous le nom d'arain; plus anciennement encore, on fabriquait déjà un métal semblable qui a donné son nom à une période des temps préhis- toriques : l’âge de bronze. La question des alliages peut done, en tout temps, être considérée comme un sujet d'actualité ; mais les progrès considérables faits depuis quelques années dans la métallurgie de cerlains métaux, difficiles à obtenir jusque-là, ont rendu cette actualité plus grande que jamais. L'abaissement du prix de revient de l'aluminium et du nickel employés déjà sur une grande échelle dans la fabrication du lailon à l'aluminium et de l'acier au nickel, l'obtention au four électrique du silicium, du chrome et d'autres métaux rares, per- mettent d'espérer que des progrès importants se- ront réalisés d'ici peu d'années dans l'industrie des alliages. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. D'un autre côté, la période de tätonnement de la science, dans ses applications aux alliages, semble (oucher à sa fin. On parviendra certaine- ment, à très bref délai, à débrouiller définitivement une question restée assez obscure jusqu'ici. Tandis que les progrès faits par la Chimie depuis le com- mencement de ce siècle ont donné à un grand nombre d'industries une impulsion toute nouvelle, l'industrie des alliages a échappé à ce mouvement: elle continue à progresser lentement par l'emploi de méthodes empiriques peu supérieures à celles qu'employaient nos ancêtres. Chaque progrès est le résultat de tätonnements en nombre illimité que des notions scientifiques précises permettraient sinon de supprimer complètement, au moins de réduire dans une très large mesure. La science, en effet, en établissant, comme cela est son objet exclusif, des relations générales entre les différents faits particuliers, permet d'arriver à la connaissance des phénomènes naturels complexes par l’observa- tion directe d’un beaucoup plus petit nombre des faits élémentaires qui les composent. Pour se rendre compte combien, dans l'état ac- tuel, les notions scientifiques relalives aux alliages sont peu répandues, il suffit d'ouvrir un traité quelconque de Chimie générale. C’est à peine si l’on consacre quelques lignes à ces corps malgré leur importance capitale, el ce que l’on en dit est tout à fait vague ou même incompréhensible, quand cela n'est pas inexact. On invoque des résullats d'expé- riences remontant déjà à un demi-siècle, on insiste gravement sur ce que la densité des alliages n'est 12 530 H. LE CHATELIER — LES ALLIAGES MÉTALLIQUES = APS APE TTTTE pas exactement la moyenne de celle des métaux consliluants, comme si une moyenne semblable se rencontrail jamais dans aucun mélange chimique, soit combinaison, soit dissolulion. On est bien d'accord pour admettre l'existence de combinai- sons définies dans les alliages, mais on ne donne pas la composilion d'une seule d’entre elles, et les raisons mêmes invoquées pour prouver leur exis- tence sont presque toutes erronées; on donne tantôt l'accroissement de fusibilité des métaux par leur mélange, ce qui est, au contraire, le caractère de l'absence de combinaison, ou bien encore l’exis- tence de temps d'arrêt au refroidissement, qui n'ont en réalité rien à faire avec les combinaisons définies. On serait porté, d’après cela, à penser que les recherches expérimentales sur les alliages métal- liques ont été jusqu'ici fort peu nombreuses el dépourvues d'intérêt. En fait, il existe sur cette question des travaux très importants, dus, pour le plus grand nombre, à des savants anglais : Crace- Calvert, Mallet, Matthiessen, Roberts-Ausien, Lodge, Kamenski, à côté desquels il faut rappeler ceux d’un savant français, M. Riche. L'objet de éet article est de résumer les plus intéressantes de ces recherches et de montrer comment elles ont établi définitivement quelques vérilés très importantes, notamment l'existence et la formule chimique des composés définis qui existent dans certains alliages usuels : les bronzes, les lai- tons, ete., et surtout comment elles ont défini, en en prouvant l'efficacité, un certain nombre de mé- thodes d'investigation applicables à tous les cas semblables. J Le problème qui se pose dans l'étude scienti- fique des alliages aussi bien que dans leur étude industrielle, est de rattacher leurs différentes pro- priétés aux causes immédiates dont elles dépen- dent, c’est-à-dire de trouver une relation entre la dureté, la malléabilité, la fusibilité, la conducti- bilité électrique des alliages, et cérlains fac- teurs élémentaires plus simples el plus généraux. On peut, dès à présent, considérer comme un fait acquis que les deux facteurs élémentaires les plus importants de beaucoup, et peut-être même les seuls à envisager, son : 1° La constitution chimique, c'est-à-dire la nature el la proportion des métaux mélés, la nature des cie combinaisons diverses eldes mélanges isomorphes qu'ils forment, enfin l'élat chimique de ces diverses malières : élal crislallisé ou amorphe avec leurs différentes variélés allotropiques. 2° La conslhitution physique où structure, c'est-à-dire la forme et la dimension des divers cristaux, des diverses agglomérations élémentaires dont la réunion conslitue la masse solide et compacte du métal. Constitution physique. — L'expérience des usines a fait voir depuis longlemps que l’on modifiail considérablement les propriétés mécaniques des métaux par un choix convenable des procédés de travail employés dans la fabrication, leur constitution chimique restant d'ailleurs inva- riable. Un métal fondu et un métal forgé n'auront pas la même malléabilité; un métal écroui el un métal recuil n'auront pas la même limite élas- tique. Mais la complexité des procédés de tra- vail rend impossible l'établissement de lois pré- cises rallachant les qualités du métal au travail qu'il a subi. Heureusement la même expérience des usines a montré que le travail mécanique des métaux modifie en même temps leur structure physique, qui est accessible à l’expérimentalion directe et conserve les traces permanentes des transformalions successives du métal pendant son élaboration. Pendant longtemps on s’est contenté, pour caractériser cette structure, de l'aspect des cassures. Mais aujourd'hui on a recours à l'examen microscopique, beaucoup plus précis, des surfaces métalliques, altaquées, après un polissage préa- lable, par des réaclifs convenables. Sorby, l’auteur de cette méthode, employait, pour les fers et les aciers, une attaque à l'acide; pour les mêmes mé- taux, M. Osmond emploie simplement un polissage très prolongé, qui laisse en relief les parties les plus dures du métal; M. Guillemin emploie, pour les bronzes, l'oxydation à température ménagée, qui produit une coloration différente des divers élé- ments constlitulifs de l’alliage; M. G. Charpy, pour tous les alliages du cuivre, constitue une pile avec l’alliage étudié el un alliage de composition voi- sine, ce qui permet de limiter strictement l'attaque aux éléments les plus altérables du métal. L'une ou l’autre de ces méthodes, complétée par la repro- duction photographique des surfaces atlaquées, permel une étude très précise de la structure du métal. Mais, jusqu'ici, il ne s'est encore dégagé de ces études aucune conclusion générale, c'est-à- dire d'ordre scientifique. Pour ce motif, il ne sera pas parlé, dans cette étude, desrecherchesrelalives à la structure, malgré les services qu'elles ont déjà rendus à l’industrie. Constitution — Les propriélés des alliages dépendent de la nature et des proportions des métaux alliés; c’est là un fait tellement évident qu'il n’y a pas lieu d’y insister plus longtemps. Mais la composition chimique élémentaire ne sufit pas, à elle seule, pour délinir toute la constilution chimique. ’ eur a H. LE CHATELIER — LES ALLIAGES MÉTALLIQUES 534 chimique : il faut tenir compte de l’état de com- binaison des éléments en présence. Pour définir la constitution chimique d’une roche naturelle, d’un granite, par exemple, il ne sufñlit pas de se reporter à son analyse chimique élémen- taire, il faut connaitre les combinaisons définies {mica, feldspath, etc...) qui y existent. De même, pour les alliages, il se forme des combinaisons dé- finies qui doivent nécessairement intervenir dans la déterminalion des propriétés du métal. En fait. cette influence est considérable et la démonstra- tion de cette influence a été le résultat le plus im- portant des recherches qui vont être résumées ici. Il suffira, pour le moment, d'indiquer que la dureté considérable de quelques alliages des métaux mous est la conséquence de l'existence de certaines com- binaisons définies qui n'ont rien gardé des pro- priélés des métaux constituants. Les différents états allotropiques d’un métal ou d’une combinaison ont des propriétés très diffé rentes; ce sont les différents états d'un carbure de fer qui entrainent les différences profondes existant entre les propriétés de l’acier trempé el de l'acier recuit. De même le ferro-nickel, ou alliage de fer et nickel à 25 % de nickel, existe sous deux modifications allotropiques, dont l’une est magné- tique et l’autre ne l’est pas, dont l’une possède une très grande dureté, l’autre, au contraire, esl remarquable par sa grande malléabilité, Ces quelques exemples suffisent pour montrer le rôle capital de la constitution chimique des alliages, el, par suite, l'intérêt que présente son étude complète ainsi que celle des relations qui existent entre cette constitution et les principales propriétés des alliages. Mais cette étude présente une difficulté spéciale qu'il faut bien mettre en lu- mière pour faire comprendre l'obscurité qui règne encore sur la question des alliages et les raisons qui ontempêéchélestravaux remarquables faits jusqu'ici, de porter les fruits qu’on était en droit d’en espérer. L'ordre logique à suivre dans une semblable étude, serait d'étudier d’abord la constitution chi- mique des alliages, et, une fois cette constilution connue, de chercher quelle influence elle aura sur les propriétés plus complexes des mêmes métaux. Mais il n'existe aucun moyen direct d’éludier cette constitution : les méthodes d'analyse immédiate dont dispose la Chimie minérale, sont tout à fail rudimentaires et inapplicables dans la majeure partie des cas. On arrive bien à séparer quelques combinaisons définies par l’action des acides sur certains alliages renfermant excès d’un métal faci- lement attaquable; mais on a rarement la certilude dissoudre tout le métal libre. à dissoudre une certaine combiné; celle mé- d'être arrivé à sans avoir commencé quantilé du même mélal thode peut donner des indications intéressantes, mais ne saurait conduire à une conclusion certaine, et surtout elle n’est applicable que dans des cir- constances exceptionnelles. D'autre part, l’opacité des métaux met en dé- faut, d’une façon absolue, les méthodes optiques qui permettent, en pétrographie, par un examen rapide au microscope, de reconnaitre immédiate- ment la constitution chimique d’une roche. On est obligé, dans l'étude des alliages, dé pro- céder au rebours de l’ordre logique, de commencer à éludier leurs propriétés complexes : propriélés mécaniques, électriques, magnétiques, etc., et de tirer ensuite des faits ainsi observés des induc- tions relatives à la constitution chimique, ce qui nécessite l'intervention d'hypothèses plus ou moins arbitraires dans lesquelles le sentiment personnel tient une large part. Il en est résulté que les con- clusions des diverses recherches sur les alliages ont été parfois contradictoires, et n’ont fait souvent qu'augmenter l'obscurité apparente de la ques- tion. C’est là sans doute le motif du silence gardé sur ce sujet dans tous les traités de Chimie. Si, au lieu de n’envisager à la fois qu'une seule propriété des alliages, comme l'ont fait les diffé- rents expérimentateurs qui les ont étudiés jus- qu'ici, on fait intervenir à la fois toutes leurs pro- priétés, le problème se simplifie immédiatement : on reconnait que certaines induclions relatives à la constitution chimique sont identiques, quelle que soit celle des propriétés du mélal prise comme point de départ, et peuvent, en conséquence, être considérées comme définitivement acquises; pour les autres, au contraire, il y a désaccord absolu; il ne faut donc y voir que des hypothèses erronées. On passera rapidement en revue les études faites jusqu'ici des différentes propriélés des alliages er indiquant seulement celles de leurs conséquences qui semblent définitivement établies. Il Conductibililé électrique. — Les expériences sur la conductibilité électrique sont au nombre de celles qui ont jeté le plus grand jour sur la constilution chimique des alliages. ' Il semble à priori que, dans le cas d’alliages conslilués par la juxtaposition de cristaux des deux métaux, la conductibilité doive être la somme des conductibilités propres des quantités des deux métaux entrant dans l’alliage. Celte conséquence se vérifie, d'après les expériences de Matthiessen, pour un certain nombre d’alliages dont la courbe de conductibilité est formée par la droite joignant la conductibilité des deux mélaux pris à l’élal de pureté. Le graphique de la figure 1 (page 532 résume ces résultats. 532 H. LE CHATELIER — LES ALLIAGES MÉTALLIQUES Mais en général, la conductibilité des alliages est bien inférieure à celle qui serait ainsi calculée par À do > + > Zn! | dc PR 2er : | " ad! = En (4 2 20 LT = 2 L à | ne | Se Sn >. TI Sn RSS LORS nor à Re C *& | nn 0 = À | | È | ( SD = Last LE È Î S o dc 28 100 Composition en volume de T'alliaye Fig. 1. — Courbes de conduclibililé d'un cerlain nombre d'alliages. la règle des mélanges, et, de plus, il suffit de l'ad- dilion de très peliles quantités d'un métal à un excès d’un autre, pour produire une chute déjà Conductbilité rapporté à Ag= 200 Fig. 2. — Courbes de conductililé des alliages Pb-Bi, Pb-Sb, Sn-Bi, Sn-Sb. considérable de conductibilité, comme le montrent les graphiques des figures 2 et 3 reproduisant d'anciennes expériences de Matthiessen. Ag Cu | Conductibilité rapporté à Ag = 100. 100 o 20 Composition ex volume de l'alliage . Fig. 3. — Courbes de conductibililé des alliages Au-Ag, Au-Cu. On ne peut, jusqu'ici, rattacher d’une façon cer- {aine celle parlicularilé à la constitution chimique de l’alliage, sans faire des hypothèses discutables. Malthiessen avait conclu à l'existence de transfor- mations allotropiques, mais cette conclusion est contredile par l'étude des autres propriétés. Il semblerait plutôt que cet accroissement de résis- tance doive être allribué à la produetion de mé- langes isomorphes. Cette conclusion semble diffi- cilement contestable dans le cas des alliages du fer avec le nickel et le manganèse, de l'argent avec l'or. Dans certains cas, les courbes de conductibilité Cu) S À | | à = Jo | Û /) > 10 | SbCu* / L à 1 7 l à | | E - SP | à | He FAT L CE Ê © À 50 100 Corposiion #1 volirre ds L'aiiage : Fig. 4. — Courbe de conduclibililé de l’alliage Sb-Cu. présentent une allure plus irrégulière encore : on observe, pour une certaine composition, un relève- ment de la conductibililé; la courbe présente un maximum anguleux : c'est le cas des alliages dont Q Q : CCu {l ] | is | (l ] F RCA + 60.| L à 3 à E S $ à (re | ÿ | à | à DR — —5 7 —5 7 | LS 0 50 ; 100 Composition: en volurre de alliage . Fig. 5, — Courbe de conductibililé de l'alliage Sn-Cu. les courbes sont reproduites dans les figures 4, 5 ci-dessus el 6 (page 533). A première vue, l'existence de ce maximum semble bien correspondre à une combinaison dé- finie ; l'exactitude de cette interprétation est dé- montrée par le fait que l'on retombe ainsi, pour ces combinaisons, sur les mêmes formules que par les autres méthodes; ainsi, pour les alliages élain-cuivre, on lrouve la formule Sn Cu? à 61,8 °/, \ H. LE CHATELIER — LES ALLIAGES MÉTALLIQUES 233 _de cuivre, à laquelle conduisent également l'étude des densités, des dilatations, des forces électromo- trices, et les méthodes de séparation chimique. 100 5 = Ag Au < Û S + 60 E "à Ë à à Sn Au Ê Sr | So È | Ex lue QUI Dre SE 5o 109 Composition en volume de l'alliage , Fig. 6. — Courbe de conduclilité des alliages Sn-Au, Ag-Cu. L'étude des conductibilités électriques permet encore de caractériser d'une facon très nette Les transformations allotropiques que les métaux éprouvent sous l'influence d'une élévation de tem- péralure. Chaque variété allotropique possède une courbe de conductibilité distincte en fonction de la température, et le point d'intersection des > Resistance electrique Température Fig. 1. — Résistance électrique du fer, du nickel et de leurs alliages. courbes deux à deux donne la température de transformation de ces variélés l’une dans l’autre, L'étude des mèmes courbes permet de reconnaitre l'influence de la trempe sur la conservation, à la température ordinaire, des variétés normalement stables à chaud. Voici, à titre d'exemples, quelques courbes semblables relatives au fer, au nickel, et à un certain nombre de leurs alliages (fig. 7). La comparaison des points de transformation des métaux purs avec ceux deleurs alliages permet, en outre, de reconnaitre si, dans les alliages, les métaux existent simplement juxtaposés ou à l’état soit de combinaisons, soit de mélangesisomorphes. Dans le premier cas, on doit retrouver les points de transformation propres à chacun des métaux à leur température normale; dans le second cas, on doit observer, en outre, les points de transforma- tion de la combinaison, si elle en possède; enfin, dans le troisième cas, les points de transforma- tion se déplacent d'une façon continue avec la composition de l’alliage; cette condition, qui est remplie dans les alliages de fer et nickel, esl une preuve certaine de l’isomorphisme de ces métaux. La force électromotrice de dissolution des alliages donne les indications les plus précises sur l’exis- tence des combinaisons définies. Si les cristaux des différents métaux sont simplement juxtaposés, sans aucun mélange chimique, la force électro- motrice observée est pour toutes les compositions celle du métal le plus facilement attaquable. S'il se forme une combinaison définie, la force électro- motrice du métal le plus facilement aftaquable ne s’observe que pour les proportions de ce métal dans l’alliage supérieures à celle qui correspond à la combinaison définie ; pour cette composilion, il se produit un changement brusque dans la valeur de la force électromotrice. Les expériences de Laurie, faites par cette méthode, dont le principe est dû à OErstedt, ont permis d'établir avec certi- Sn Cu’ | Force électromatrice ER TR Dep IE Cu % en poids Fig. 8. — Force électromolrice de l'alliage Sn-Cu. tude l'existence des combinaisons définies sui- vantes : Sn Cuÿ — Zn? Cu — Sn Au La courbe de la figure 8 se rapporte aux alliages du cuivre et de l’étain. Enfin, dans le cas des mélanges isomorphes, il semble que la force électromotrice doive varier D94 H. LE CHATELIER — LES ALLIAGES MÉTALLIQUES d'une façon continue avec la composition de Pal- liage. Le pouvoir thermo-électrique des alliages varie d’une facon considérable avec leur composition: mais on n'a signalé jusqu'ici aucune relation définie entre cette variation et celle de la constitution chimique; les mesures de pouvoir thermo-élec- trique ne semblent donc pas utilisables, pour le moment, dans une étude d'ensemble sur les al- liages métalliques. Les propriétés magnétiques, moins étudiées encore, sont, pour le même motif, sans applicalion ac- Luelle. Densité. — La densité d’un mélange mécanique ne peut différer beaucoup de la moyenne des densilés des corps constituants; il en est rarement ainsi, au contraire, dans les mélanges homogènes chimiques combinaison ou dissolution). On peut dont espérer tirer quelques indications des mesures de densité. Des expériences extrêmement nombreuses ont élé faites dans celte voie, mais sans conduire à aucun résultat bien intéressant. Les variations de densité résultant des combinaisons entre corps similaires sont toujours très faibles; en fait, dans les alliages métalliques les écarts entre les densités observées el les densités calculées par la règle des mélanges ne dépassent pas 3%, c'est-à-dire sont de lordre des variations de densité qu’un métal pur peul éprouver. Aussi les expérimentateurs les plus habiles n'arrivent-ils qu'à des résullals très dis- cordants ; M. Riche, dans une étude sur les alliages de cuivre el d’étain, a mis en évidence l’impor- tance de ces écarts et a montré que, si l'on pouvait, dans une certaine mesure, les atlénuer, on ne pouvait espérer les supprimer complètement. IL a fait voir queles densités prisessur des barreaux sont out à fait différentes de celles que l’on observe sur la limaille. Voici quelques-uns des résultats obtenus par ce savant (Tableau |) : Tableau I oo COMPOSITION DE L'ALLIAGE BARREAU X LIMAILLE | eee lÉtainmure tr. trente SES MÉbortran vue He 1.32 SRLCUR se be ET ire 7.8# IISILOURS EP 7.93 DIN OUS... ER Mreotre 8.23 Sn Cu, 8.99 Sen EE Te Ut LE 8.Sà RSR. ÉÉRTEE e 8.73 SOUL NOM ETS 9.04 | Les causes de ces irrégularités ne sont pas com- plètement connues; la plus importante pour les alliages riches en cuivre semble être la variation de densilé de ce métal qui, à l'élat pur, d'après Marchand, pourrait aller de 7,7 à 8,94. En outre, il existe dans les barreaux des vides résultant soit des bulles de gaz dégagées pendant la soli- dificalion du métal fondu, soit des solutions de continuité amenées par l’inégale contraction des cristaux juxtaposés qui n'ont pas le même coel- licient de dilatalion. Ces deux causes d'erreurs peuventêtre supprimées par l'emploi de la limaille, - mais de nouvelies causes d'erreurs remplacent les précédentes. La désagrégalion du métal ne peul ètre oblenue sans un écrouissage qui fait varier irrégulièrement sa densilé; enfin, les phénomènes bien connus de liquation font que la limaille n'a pas la même composition et par suite la même densité suivant le point où elle a été prise. Les expériences faites par M. Riche sur la limaille d’alliage de cuivre et d’étain montrent nettement, malgré les discordances des résultats, qu'on ne saurait admettre que ces alliages soient conslilués par la juxtaposition de cristaux de cuivre et d'élain. La densité reste à peu près cons- lante el égale à 8,9 depuis le cuivre pur jusqu'à l'alliage Sn Cu’, puis, pour les teneurs en cuivre moindres, elle décroit régulièrement jusqu'à la densité de l’élain 7,3. Le graphique de la figure 9 résume ces résullals : : el Sn Cus œ l Densité an ren ec | Cu % enpoids Fig. 9. — Courbe des densiles de l'alliage Sn-Cu. Ces résultats s'expliquent très simplement si l'on admet l'existence de la combinaison Sn Cu’ en lui altribuant une densité égale à celle du cuivre. Coefficient de dilatation. — Des expériences faites par Crace-Calvert sur la dilatation des alliages de cuivre et élain ont donné les résultats résamés dans le diagramme de la figure 40 (page 535. Le maximum de cette courbe correspond à la méme composition Sn Cu’. On ne peut expliquer celle allure de la courbe de dilatation sans admettre l'existence de la combinaison définie correspondante. Un mélange mécanique de cuivre et d'élain aurait nécessairement donné une courbe continue. Mais les expériences semblables ont été jusqu'ici fort peu nombreuses. L'usibilité, — L'étude de la fusibilité des alliages, H. LE CHATELIER — LES ALLIAGES MÉTALLIQUES BBÈE qui à à peine été abordée jusqu'ici, semble appelée à fournir des renseignements très précis sur leur constitution en raison des renseignements très - nombreux que l’on possède déjà sur la fusibililé de mélanges similaires : mélanges d'eau et de sels ou dissolutions ordinaires, mélanges de sels entre eux, mélanges de composés organiques. Cocfficient de dilatation 100 Cu % en poids Fix. 10. — Courbe des valeurs du coefficient de dilatation de l’alliage Sn Cu. Un premier fait qui résulte de l’étude des fusi- … bililés est que les alliages ne sont pas des corps .amorphes à la facon des verres ou des résines, mais . des agrégats des corps cristallisés constitués à la facon des roches naturelles ou encore des mélanges - de sels obtenus par fusion. Les corps amorphes - passent progressivement de l’état amorphe à l'état fondu en traversant l’état pâteux sans qu'aucune absorption brusque de chaleur latente vienne “accuser une discontinuité quelconque du phéno- … mène. Rien de semblable dans la solidification “des alliages, qui commence brusquement par la » formalion de cristaux parfois discernables à la vue, et affirmant dans tous les cas leur existence par un dégagement subit de chaleur latente: De là cette conséquence très importante qu'il est permis d'élendre aux alliages les fails observés - dans l’action de la chaleur sur différents mélanges _ crislallisés. —_ Un mélange semblable fondu, puis soumis au … refroidissement, ne se solidifie pas en totalité à une empérature constante, comme le fail un corps … isolé. La solidification commence à une tempéra- … Lure déterminée, qui dépend de la composition du à mélange, puis ne progresse qu'au fur er à mesure “que la température s'abaisse, et devient finale- _ ment complèle à une seconde température égale- … ment déterminée. Le point de solidification com- … mencante est celui qui doit être considéré comme è le point de fusion ou de solidification du mélange, …— de l'alliage étudié. Il correspond au point de cris- … tallisation des solutions aqueuses. La correspon- … dance des températures de solidifcation et des compositions des mélanges est représentée habi- tuellement par ce que l’on appelle la courbe de solubilité des sels ou la courbe de fusibilité des mé- langes. Si l’analogie existant entre ces phénomènes échappe parfois, c'est en raison des méthodes expé- rimentales différentes que l’on est conduit à em- ployer dans le cas des solutions aqueuses et des mélanges à point de fusion élevé. Dans le premier cas, il est plus facile de déterminer à une tempé- rature donnée la composition du liquide qui lais- serait déposer des matières solides par un chan- gement très faible de sa composition, et, dans le second cas, la température à laquelle commence à se solidifier un mélange de composition donnée; mais il est bien évident que les courbes obtenues par ces deux procédés sont identiques. On sait aujourd'hui d'une façon certaine que les courbes de solubilité ou de fusibilité semblables jouissent de la propriété suivante. Elles sont composées de la réunion d'autant de branches dis- tinctes qu'il peut, du mélange liquide, se déposer de corps solides à un état chimique différent. Cha- cun des corps en présence, chacun de leurs états allotropiques différents, chacune de leurs combi- naisons chimiques différentes ont des branches distinctes, qui se coupent deux à deux. Elles ne peuvent, en laissant à part les cas exceptionnels de sursaturation, être observées expérimentale- ment en dehors de la région limitée par leurs points muluels d'incersection. Dans le cas de corps isomorphes, qui peuvent donner naissance à une infinité de mélanges solides chimiques différents, on observe une courbe unique sans points angu- leux, qui est en réalilé l'enveloppe d’une infinité de branches de courbes correspondant à chacun des mélanges isomorphes qui se forment. Les conséquences de celte loi, ou, si l’on préfère, les faits particuliers qu'elle résume, sont les suivant(s : 1° Cas de deux corps ne donnant ni états allotro- piques différents, ni combinaisons, ni mélanges isomor- phes. La courbe complèle de fusibilité (solubilité) sera composée de deux branches correspondant l’une au dépôt de l'un des corps à l’état solide, l'autre au dépôt du second. Ce sera le cas, par exemple, de la solulion de chlorate de potasse dans l'eau, du mélange de chlorure de sodium et de carbonate de soude fondus. Dans le premier mélange, la courbe totale se compose de la courbe proprement dite de solubilité du chlorate de po- tasse partant du point de fusion de ce sel, et de la courbe de congélation des solutions diluées, qui part du point de fusion de la glace. Pour le second système, les deux branches de courbe partent, l’une du point de fusion du chlorure de sodium, — elle correspond à la cristallisation de cesel, —et l’autre du point de fusion du carbo- 536 H. LE CHATELIER — LES ALLIAGES MÉTALLIQUES nate de soude. Elles sont l'une el l'autre limitées à leur point d'intersection commun. Un certain nombre d'alliages métalliques présen- tent une courbe de fusibilité semblablé, composée de deux branches partant chacune du point de fusion d'un des mélaux purs. On peut par analogie en con- clure que l’alliage solide est constitué par la juxta- position de cristaux des deux métaux constituants. Tel est, par exemple, le cas des alliages d'étain avec le zinc, le plomb, le bismuth, dont les courbes de fusibilité déterminées par Rudberg, Person, ele., sont reproduites dans la figure 11. Zn Lu 5 5 Pb Pe Bi É Sn Æ + ARR EE ET 109 Fig. 11. — Courbes de fusibililé des alliages Sn-Bi, Sn-Pb, Sn-Zn. Aux lempéralures inférieures à celles du point d'intersection des deux courbes il ne peut exister aucun mélange liquide des deux corps en pré- sence. Le mélange correspondant à ce point-limite, se trouvant à la fois sur les deux branches de la courbe, laisse déposer à la fois les deux corps mêlés et dans les proportions mêmes où ils exis- tent dans le mélange liquide. La cristallisation n'allère donc pas lacomposition de ce liquide et il se solidifie par suite entièrement à température constante. Ces mélanges à température de solidi- fication constante ont été désignés par Guthrie sous le nom de mélanges ou alliages eutectiques. Des mé- langes semblables ont souvent, en raisonde la fixité de leur point de fusion, été pris à Lort pour des combinaisons définies. Les mélanges d’une composition quelconque, soumis au refroidissement, laissent cristalliser d'abord celui des deux corps qui est en excès, par rapport à la composilion du mélange eutectique, el peu à peu la composition de la partie liquide se rapproche ainsi de celle de ce mélange ; en même temps la température s'abaisse jusqu’à celle de solidification correspondante. De sorte que, pour des alliages de composition quelconque, la soli- dification s'achève toujours à la même tempéra- ture, celle de solidification de l’alliage eutectique. 2° Mélanges de corps donnant des combinaisons. — Lorsque les corps mélés peuvent se combiner comme le font les sels avec l’eau en donnant des hydrates, ou les sels entre eux en donnant des sels doubles, la courbe de fusibilité (solubilité) est formée de plusieurs branches distinctes, comme cela a été établi, pour la première fois, par les expériences classiques de Læwel sur la solubilité du sulfale de soude, du carbonate de soude, du sulfate de magnésie. La branche relative aux com- binaisons présente, dans certains cas, une forme particulière tout à fait caractéristique. Si la com- binaison peut fondre, sans se décomposer, en abandonnant un de ses constituants à l’élat solide, condilion réalisée pour quelques hydrates, en très petit nombre, il est vrai : le dihydrate de chlorure de calcium, le pentahydrate d’hyposulfite de so- dium et pour un très grand nombre de sels doubles obtenus par voie ignée tels que le carbonate de lithium el potassium, le sulfate de cuivre et de po- tassium, ete.,— la branche de la courbe de fusibilité se rapportant à la combinaison présente générale- mentun maximum de température pour un mélange de composition peu différente de celle de la combi- naison. Cette tempéralure maxima, qui est voisine de celle de fusion de la combinaison, peut d'ail- leurs être supérieure à celle de fusion de chacun des constiluants. L'existence d'un semblable maximum doit être considérée comme l'indice cerlain d’une combi- naison; mais la réciproque ne serait pas exacte, c'est-à-dire que l'absence de maximum ne prouve- rail nullement l'absence de combinaison. C'est ainsi que Roberts-Austen a caractérisé l'existence des combinaisons SbAI et AuAl° par leur point de fusion, qui est supérieur à celui de chacun des métaux consliluants. Voici (fig. 12, page 537) les courbes de fusibilité de quelques alliages semblables. Ces courbes de fusibilité conduisent à admettre les combinaisons définies Sn Cu’, Al? Cu Al Cui, Sb Cu, et 3° Mélanges isomorphes. — Certains corps fondus ensemble ont la propriété de crislalliser ensemble, par refroidissement, en se mélant dans les cris- taux en proporlions variables; ce fait, dans le cas des corps transparents, se reconnait facilement par l'examen optique, notamment par la mesure de l’angle des axes, dont l’écartement varie d’une facon continue avec la composition des cristaux. Les expériences de fusibililé de mélanges sem- blables faites sur des composés organiques fon- dant vers 100° ou sur des sels fondant au rouge, ont montré qu'alors la courbe de fusibililé est continue et tend à se rapprocher de la droite, joi- gnant les points de fusion des deux corps consti- tuants. Par suite, dans le cas des corps isomorphes à points de fusion voisins, les mélanges n'auront pas une fusibilité plus grande que les corps séparés. third sm x dédait dn don dx à a É-dÉ C'est ce qui arrive pour les alliages de fer et nickel, métaux certainement isomorphes. La courbe de Courbes de fusibihté E AG ÂAllisges Aluminium-Cuivre —— Ætan-Cuivre ———— Animoine-Cuivre tures eral 4 Temp 109 5 Equivalent de Cuvre Z Fig. 12. — Courbes de fusibilité des alliages Al-Cu, Sn-Cu, Sb-Cu. fusibilité des alliages d'argent el d'or présentant le même caractère, on est conduit, par analogie, à admettre dans les alliages de ces métaux la forma- lion de mélanges isomorphes. Voici, d’après Scher- tel, la courbe de fusibilité de ces alliages (fig. 13). 1100! 1000° Fig. 13. — Courbe de fusibililé des alliages d'or el d'argent. 11 est un cas complexe d'isomorphisme encore peu étudié jusqu'ici, mais certainement beaucoup plus fréquent qu’on ne le suppose, dans lequel un corps donné se mélange isomorphiquement avec une de ses combinaisons qu'il forme sans que les deux corps en combinaison soient isomorphes entre eux. Cette propriété a élé découverte par M. Bakhuis Roozeboom, dans le chlorure d’am- monium, qui se mêle isomorphiquement au chlo- rure double de fer et d'ammonium sans le faire avec le chlorure de fer en excès; la même propriété existe dans le sulfale de soude qui, par fusion ignée, se mêle isomorphiquement avec le sulfate double de calcium et de sodium, peut-être aussi dans le chlorure de sodium avecun chlorure dou- ble de sodium el d'argent. Les courbes de fusibi- lité sont, dans ce cas, assez complexes, mais n’ont H. LE CHATELIER — LES ALLIAGES MÉTALLIQUES 537 puisse définir leur allure caractéristique. Il ne se- rait pas impossible que la plupart de nos alliages usuels (bronze, laiton, etc.\ appartiennent à celle dernière catégorie. Liquation. — Le phénomène bien connu de la liquation est la conséquence immédiate du mode de solidification des alliages qui a été rappelé plus haut. Les premières parties qui se solidifient sont un mélal pur ou une combinaison et les dernières un alliage eutectique de composition tout à fait dif- férente. Si les différences de composition d'un point à l’autre d’un lingot sont aussi faibles qu'elles le sont souvent, cela lient aux faibles différences de densité que présentent parfois les métaux alliés, et surtout à un mode de cristallisation spécial rap- pelant celui des solutions sursaturées. Le premier métal qui se dépose cristallise en lamelles ou ai- guilles très fines qui restent en suspension dans le liquide et forment un feutrage au milieu duquel la solidification totale s'achève. Sans cela, si les choses se passaient comme pour les solutions aqueuses où le sel se dépose en gros cristaux au fond des vases, on devrait toujours retrouver dans une région du lingot une partie avant la composi- tion de l’alliage eutectique, ce qui, en fait, n’arrive que d'une façon exceptionnelle et seulement pour les alliages de métaux dont les densités sont très différentes, comme le plomb et le cuivre. Les différences de composition dues à la liquation ont été étudiées avec une grande précision par plu- sieurs savan{s : Levol, Péligot, Roberts-Austen, en raison de l'importance considérable de cette ques- tion dans la fabrication des monnaies. Ces savants ont reconnu qu'il existait généralement pour deux mêmes métaux plusieurs alliages sans liquation; ils ont parfois conclu à l'existence d’autant de combinaisons définies distinctes; c’est là une er- reur qu'il importe de signaler. L'absence de liqua- tion appartient non seulement aux combinaisons définies, mais encore à tous les mélanges eutecti- ques à point de fusion minimum, à certains mé- langes isomorphes, et même à des mélanges quel- conques dans lesquels la précipitation du premier métal a commencé à se faire d'une façon uniforme dans toute la masse et en cristaux suffisamment petits pour que le défaut d’homogénéité puisse échapper à l’analyse chimique. Proprièlés mécaniques. — On ne peut guère men- tionner que les recherches déjà anciennes de Crace- Calvert comme ayant eu pour objet de mettre en évidence les relations existant entre les propriétés mécariques d'un alliage el sa composition chi- mique. Si les alliages sont constitués par la juxla- pas encore élé suflisamment étudiées pour que l'on ! position de cristaux des métaux constituants, on REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. 12° D38 H. LE CHATELIER — LES ALLIAGES MÉTALLIQUES peut supposer que leur dureté est intermédiaire entre celles des métaux constiluants et varie sui- vant leurs proportions relatives. Pour comparer la dureté des différents alliages, Crace-Calvert mesu- rait l'effort nécessaire pour y faire pénétrer une pointe d'acier donnée d'une quantité déterminée. Voici, à litre d'exemple, lareproduction des résultats de deux séries d'expériences relatives, l’une aux alliages du zine et de l’étain, l’autre du cuivre el de l'étain (Tableau I). Une colonne donne les efforts observés, l’autre les effets calculés par la règle des mélanges en parlant de la composition chimique. L'unité employée pour exprimer les efforts a été choisie de telle sorte que le chiffre correspondant à la fonte grise soit égal à 1.000, Tableau II COMPOSITION DURETÉ de ëe l'alliage — observée calculée On voit que, dans le cas des alliages de zinc el d’étain, l’accord du calcul et de l'expérience est assez satisfaisant; pour les alliages da cuivre et de l'élain, au contraire, il n’y a aucune concordance. Il semble donc, à première vue, n’y avoir aucune conclusion générale à déduire de ces expériences contradictoires. Mais si, au lieu d'envisager isolé- ment le mémoire de Crace-Calvert, on le rapproche des autres recherches failes depuis sur les mêmes mélaux, la conclusion est lout autre. Les expé- riences plus récentes montrent en effel que, si l’'alliage zinc-élain est bien constilué par la juxta- position de cristaux de zinc el d’étain, il en est tout autrement pour les alliages de cuivre et d’élain dans lesquels existe une combinaison définie répon- dant à la formule Cu Sn. Les alliages riches en élain sont constitués par la juxtaposition de eris- laux d’étain et de la combinaison en queslion; ceux riches en cuivre renferment du cuivre et la Le donc en réalité, être fait dans le premier cas en méme combinaison. calcul de la dureté doit partant des chiffres relatifs à l'élain et à la combi- naison ; dans le second cas relatifs à la combinaison et au cuivre. En altribuant à cette combinaison le nombre 1500, on aurait, entre le calcul et l’expé- rience, un accord analogue à celui qui existe pour les alliages d'élain et de zinc. Il semble done bien exister une relation directe entre la dureté d’un alliage et sa constitution chi- mique. En Lous cas, cet exemple suffit à montrer que les combinaisons définies des alliages métalliques ont une influence capitale sur leurs propriétés mecaniques. Analyse chimique immédiate. — Les méthodes chi- miques auraient pu être appliquées les premières à l'étude de la constitution chimique des alliages ; en fait, ce sont les dernières que l’on ait songé à uliliser. Pour isoler les combinaisons définies existant dans les alliages, on peut employer des procédés analogues à ceux que met en œuvre l’a- nalyse organique immédiate. Généralement les combinaisons sont moins facilement attaquables que le plus attaquable des éléments constituants; on pourra donc, dans un alliage préparé avec un excès du métal le plus attaquable, dissoudre la partie non combinée au moyen d'un réactif conve- nable. Ainsi, dans les alliages cuivre-étain avec excès d'étain, on dissout l'excès de ce métal par l'acide chlorhydrique concentré qui laisse inal- térée la combinaison SnCu’: dans les alliages cuivre-zine avec excès de zine, on dissout le zinc par le chlorure de plomb qui laisse inaltérée la combinaison Zn? Cu. Mais celle méthode a élé peu employée jusqu'ici; elle n'a guère servi qu'à con- trôler les résultats obtenus antérieurement par des procédés différents. Conclusion. — En résumé, le fail saillant qui se dégage de l'ensemble de ces études est l'existence, dans un certain nombre de cas, de combinaisons définies, qui ont une influence capitale sur toutes les propriétés des alliages : dureté, fusibilité, con- ductibilité électrique, ete. Les méthodes qui ont été mises en œuvre pour caraclériser ces combi- naisons pourront, sans difficulté. être employées dans tous les cas semblables. Un second fait, qui ne se dégage pas aussi netlle- ment, mais se laisse cependant entrevoir, esl qu'à côté des combinaisons définies il doit exis- ler des mélanges isomorphes, c'est-à-dire des espèces de combinaisons à proportion variable dont l'importance ne serait pas moindre que celle des vérilables combinaisons. Les recherches à venir diront ce qu'il y a de fondé dans celle suppo- silion. — Dans Lous les cas, il n'entrerait, dans la conslilulion des alliages que des métaux eristal- lisés, c'est-à-dire que l’assimilalion souvent faile des alliages aux dissolulions et aux verres serail dénuce de lout fondement. H. Le Chatelier, Ingénieur en chef des Mines, Protesseur à l'Ecole Supéricure des Mines. PV) PPS ES PES SN TE PER Fr | | ds bateau Lei r æ R. LEZÉ — LA LAITERIE MODERNE © Co (=) LA LAITERIE MODERNE ET L'INDUSTRIE DU LAIT CONCENTRÉ L'utilisalion industrielle des produits du lait est venue, dans ces dernières années, apporter de nouvelles et bienfaisantes ressources à nos agri- culteurs, qui ont tant à souffrir dans leur lutte pour la vie. Que l'on considère, en effet, soit les pays pro- ducteurs du blé, que l’avilissement des prix frappe de coups si cruels, soit les vignobles des Charentes, _ de la Vendée, du Poitou, dont le phylloxera a di- _ minué, presque jusqu'à l’anéantissement, les beaux revenus d'autrefois, on aperçoit dans les régions malheureuses les industries du lait s'établir peu à peu, se répandre et faire entrevoir le salut dans une situation paraissant fort compromise. Mais ce n'est plus la laiterie d'autrefois qui au- rail été suffisamment rémunératrice pour contri- buer à redonner la vigueur dans les exploitafions agricoles et à ramener la fortune. Ce ne sont pas les quelques litres de lait que la ménagère utili- sait naguère de son mieux, dans de peliles pièces noires el humides, qui pouvaient devenir une source de bénéfices, de taille à figurer dans les comptes de nos grosses fermes d'aujourd'hui. Les laiteries se sont transformées ; celles qui se sont élevées dans les pays dont nous parlions sont de grandes et belles usines, propres el — aérées, et dans lesquelles l’activilé et la science des ingénieurs, des mécaniciens, des chimistes, a lrouvé un vaste champ pour s'exercer. La lailerie moderne est devenue une industrie “comme la sucrerie, la distillerie, et elle a grandi en groupant autour d'un centre des efforts et des capilaux qui, isolés, se trouvaient d'avance con- damnés à demeurer éternellement stériles: vw- Jjourd'hui l'industrie de lu luiterie égale en importance et en mouvement de capitaux notre célèbre industrie viticole. D'immenses progrès ont élé réalisés : on a appris par l’analyse à connaïilre la malière première mise en œuvre; au moyen de l'écrémage mécanique, on est parvenu à traiter le lait aussitôt après la traite eLà préparer ainsi un champ d'une pureté parfaite et des plus convenablement appropriés pour recevoir les ferments que l’on aura à ÿ ensemen- cer. Ce sont ces perfeclionnements, dans lesquels la science a la belle part, que nous nous proposons de passer rapidement ep revue dans cet article, en in- sistant plus particulièrement sur les procédés peu connus ou nouveaux et surtout sur celle belle in- dustrie du lait concentré qui nous parail si pleine d'avenir. J: — ANALYSE DU LAIT. On peut dire qu'il y a quelques années à peine, la composition du lait n'était pas connue : dans les traités spéciaux, on se repassait d'âge en âge d'anciennes analyses que chaque auteur rééditait sans contrôle. On assignail presque une composi- tion immuable au lait de vache, et il a fallu les méthodes, si délicates, de M. Duclaux, les autres procédés, si rapides et si pratiques, d'Adam et de Marchand pour que l’on se trouvät en silualion de mulliplier les essais et d'étudier les influences si intéressantes de la nourriture et des races des animaux sur le produit qu'ils fournissent. Dans ces derniers temps, on a découvert des procédés d'analyse pratiques el encore plussimples que les précédents. L’acide acétique (de Laval, l'acide chlorhydrique (Lezé), l'acide sulfurique (Babcock, puis Gerber) ont élé proposés pour isoler la matière grasse du lait, el aujourd'hui un dosage se fait en quelques minutes. Les acides dissolvent ou détruisent la caséine, la matière grasse s’isole sans peine, et l’on parvient à réunir les globules en un tout unique en chauffant quel- que peu et surtout en augmentant la tendance à la séparation par l’applicalion de la force centrifuge. La qualité du lait fait l'objet d’un autre genre de recherches; on sait combien ce précieux liquide s’altère vite sous l'influence des agents de fermen- lation; il apparait de l'acide lactique, et, lorsque la proportion de cet acide atteint 4 à 6 grammes par litre, le lait tourne, la caséine se précipite. Lés laits en voie d'altéralion sont des laits ma- lades, et leur introduction dans le travail d'une laiterie est dangereuse : car les fermentations se propagent vile et le lait atleint peut devenir la source d'une contamination générale et l’origine de désastres difliciles à réparer. On se rend compile de l’état de bonne ou mau- vaise santé des laits, soit en dosant leur acidilé en acide lactique (Dornie , soit en les gardant à l'é- tuve, en notant les phénomènes de tourne, d'o- deur, etc., soit enfin en les essayant par la présure (Lezé). Ce dernier procédé est d’une grande sim- plicité : on prend 100 ec. du lait à essayer, on les chauffe à 35° dans un bain-marie et on leur ajoute ! Oce. i de présure diluée dans neuf fois son vo- | lume d’eau, soit done 1 cc. de présure ordinaire commerciale au 1/10. On note exactement, sur un compteur à secondes, le moment de cette addi- tion, puis celui de la coagulation; les laits normaux se coagulent avec une bonne présure du commerce en trois ou quatre minutes ; un lait qui se coagule beaucoup plus vite ou plus lentement doit être re- gardé comme suspect ; l'essai de la présure indique déjà très bien si le lait est altéré, si on y a ajouté de l’eau ou des sels alcalins pour le conserver, elc. La matière première étant connue, il faut exa- miner le parti qu'on devra en Lirer et les traile- ments industriels que l’on pourra lui faire subir. Le lait peut être consommé comme lait et vendu en nalure, ou transformé en beurre ou en fromage La consommation du lait en nature a augmenté dans ces dernières années dans des proportions énormes : les médecins l'ont ordonné fréquem- ment dans nombre de maladies et d'autant plus volontiers que le commerce du lait s’est notable- ment moralisé, Nous n'en sommes plus, à notre époque, à ces étranges mixtures dont nous par- laient nos livres d'autrefois. On ne met plus dans le lait ni cervelle de cheval, ni amidon, et la seule fraude courante — conséquence d'une mesure adoptée au Laboratoire municipal — est l'écré- mage suivi d’une addition d’eau. D'après le Labo- ratoire municipal, un lait contenant 32 grammes de matière grasse par litre est considéré comme naturel; quelques marchands de lait ne se gènent pas alors pour écrémer au quart du lait renfermant 42 à 45 grammes de matière grasse etune addition de 15°/, ou 16 ‘/, d’eau ramène la densité à son taux normal de 1,031 environ ‘. Mais, celte petite fraude écartée, il reste pour le vendeur une grosse question à résoudre : la conservation du produit. II. — CONSERVATION ET TRANSPORT DU LAIT Le lait est malheureusement assez instable; sa structure, $on harmonie ou sa composition chi- mique changent soit sous l'influence du temps, soil sous l’action, plus destructrice, des organismes mi- croscopiques. Avec le temps, la crème se sépare el monte à la partie supérieure du liquide ; mais, dans ce cas, une simple agitalion peut reconstituer le lait avec toutes ses propriélés primitives. Si les microbes ont com- mencé dans le liquide, très favorable à leur dévelop- pement, leur œuvre désorganisatrice, le malheur est irrémédiable : la caséine, qui était à l'état de 1 Nous ne pouvons nous empêcher de déplorer la fameuse moyenne du Laboratoire municipal. Nous la voudrions plus élevée : 31,5 ou 40 grammes par litre par exemple ; et, si les laitiers disaient que il y a des vaches, les Hollandaises, qui ne donnent que 30 grammes, ce qui est vrai, on leur ré pondre ait de les vendre et d’en acheter de meilleures. Avec la moyenne de 32 grammes, il y a une porte ouverte à la fraude ; à ,0 grammes, on serait peut-être conduit à vendre le lait un peù plus cher, mais le consommateur y gagnerait encore. R. LEZÉ — LA LAITERIE MODERNE suspension, se précipite; elle se sépare du sérum devenu acide : le lait est tourné et impropre à l'alimentation. Or, ces germes malfaisants sont partout : on les trouve dans l’air, dans les eaux ; ils se rencontrent sur les parois des vases qui recoivent le lait, sur les vêtements des ouvriers, sur leurs mains, el il est si diflicile que la contamination du lait ne se pro- duise pas que l'on peut, au contraire, affirmer d'avance qu’elle est inévitable et que le lait gardé à l'air sans précautions spéciales se désorganisera tôt ou tard, mais se désorganisera sûrement. Pour le commerce de Paris ou des grandes villes, on se contente ordinairement de pasteu- riser le lait à une température de 70° à 75°; on en prolonge ainsi la conservation pour un ou deux jours, et c’est un délai suffisant dans la pratique. On trouve également dans le commerce des laits conservés par le froid et qui ne subissent aucune altération sensible tant que la température reste basse. Ce sont ces laits pasteurisés ou refroidis que consomme surtout la ville de Paris ; l’on sail qu'il s'en vend, tant en bidons qu'en bouteilles, jusqu'à à et 600.000 litres par jour en hiver. Le transport s'effectue sans grandes précaulions dans des wagons ouverts, eLil est à regretter que l’on n’ait pas encore adoplé en France les wagons réfrigérants des Américains. A Paris, on con- somme du lait arrivé en bidons et détaillé par les marchands spéciaux, les crémiers ou les épiciers et du lait livré en bouteilles fermées, cachetées même. Les bouteilles viennent de l’exploitation et ar- rivent emplies et cachelées, ou bien on les emplit à Paris. À cause des énormes dangers et des frais de casse, c’est ce dernier procédé qui est le plus employé. Ce commerce dulait en bouteilles parait, au pre- mier abord, très rémunérateur pour le vendeur : car le prix du litre varie de 40 à 60 ou 70 centimes. Cependant il reste limité, car le transport des bouteilles ne laisse pas que d'être assez coûteux et difficile. On peut dire qu'en général le lait ainsi offert au consommateur est très pur, très frais ; mais son prix est aussi bien élevé; on a quelque peine à payer un litre de lait 60 à 70 centimes, alors que le détaillant de lait, l'épicier qui mesurent le litre de lait exactement dans des éprouvelles maintenues très propres, le livrent à 30 ou même à 20 centi- mes. Il faut ajouter toutefois que ce prix de 20 cen- times est un prix de réclame, car nous ne croyons méme en très à 23 centimes le pas qu'il soit possible de livrer, 99 à 24 grosses quantilés, à moins de litre, du lait de bonne qualité. ein: rs Ge VENT 1 à R. LEZÉ — LA LAITERIE MODERNE 941 Les prix varient, du reste, quelque peu suivant les saisons. En hiver, lorsque les vaches sont nourries au sec à l’étable, c’est le moment où les demandes se produisent soit pour la fabrication des froma- ges mous, Brie, Camembert, soit pour la consom- mation dans les villes; le prix du lait est alors plus élevé. Les différences sont de 3 à 4 centimes entre les cours d'hiver et d'été. Les laitiers nourrisseurs ont aussi à Paris un assez fort commerce de lait en nature, et de lait réellement bon. Il faut mettre au rang des préju- gés ou des souvenirs les vaches phtisiques, nour- ries dans des étables malpropres avec des débris de légumes ramassés sur les {as d'ordures. Au- jourd'hui la plupart des nourrisseurs possèdent de beaux établissements dont ils sont fiers et qu'ils aiment à laisser visiter !. En résumé, les grandes villes, Paris entre autres, sont abondamment alimentées de lait de bonne qualité et à prix raisonnable. Mais, ce résultat étant acquis, il est un autre problème dont l'hygiéniste et l'industriel doivent aussi se préoccuper. Depuis longtemps on cherche à assurer au lait une conservation plus prolongée. Les moyens pour cela sont tout indiqués : il faut ou soustraire le lait à l’ingérence des microbes, ou bien détruire ou immobiliser les organismes existant dans le liquide. Pratiquement, il paraît impossible d'éviter l’ensemencement: on a beau apporter dans les manipulations les précautions les plus grandes, les soins les plus attentifs, filtrer le lait, on ne fait que prolonger relativement peu l'existence de ce liquide fragile. Nous ne parlons pas de l'emploi des antiseptiques dans cette question de la conservation : ces sub- stances, quelles qu’elles soient, sont nuisibles à la santé du consommateur ou dénaturent le goût du liquide ; elles devraient être absolument proscrites. La stérilisation par la chaleur apporte une solu- lion au problème : il est évident que du lait bien stérilisé, et gardé dans des vases disposés de telle sorte que toute contamination nouvelle devienne impossible, se conserverait indéfiniment. Mais, si cette solution assure, en réalité, la con- 1 Qu'il nous soit permis de ne pas partager cette opinion de notre distingué collaborateur. Nous avons plusieurs fois visité les étables où les nourrisseurs de la banlieue de Paris entretiennent des vaches laititres, et, loin de trouver partout les conditions d’espace et de propreté que requiert l’hy- siène la plus élémentaire, nous avons souvent été frappé et de l’entassement exagéré des bestiaux dans des locaux insuf- fisamment aérés, et surtout de ce fait que les animaux y sé- journent d’une facon presque continue, jour et nuit, pendant des semaines et des mois, sans aller au pâturage, qui, en effet, n’existe pas aux alentours. Dans ces conditions la tu- berculose a beau jeu, et les statistiques de vaches pomme- lières publiées, depuis quelques années, par M. Nocard montrent bien le danger que peut faire courir à la santé pu- blique le lait produit dans beaucoup de ces vacheries, vraiment défectueuses à ce point de vue. (Nole de la Direction.) servation cherchée, elle n’est cependant pas abso- lument satisfaisante. La stérilisation exige, pour être complète, une température de 102° au moins, el déjà à 75° ou 80° le lait s'altère, la caséine change de nature, et du lait chauffé dans les en- virons de 100° brunit et prend un goût de cuit désagréable : ce n’est plus le lait primitif, à la cou- leur crémeuse et à l'arome si délicat. Il n'est pas devenu impropre à l'alimentation, tant s’en faut; les enfants se trouvent très bien de la consomma- tion de ce lait, et l'emploi de cet aliment stérilisé a déterminé, dans certaines circonstances, une diminution sensible dans la mortalité infantile !. Mais les inconvénients signalés n’en subsistent pas moins, et ils sont nombreux. Dahl, en Suède, a imaginé un moyen de stérili- sation qui, tout en restant bien efficace, parfait, ne dénature pas le lait traité. Ce savant a remarqué qu’à la température de 75° on détruit à peu près tous les organismes nuisibles, mais que cette tem- pérature n’atleint pas les spores de ces orga- nismes. Il a alors institué le procédé suivant : Il chautfe le lait à stériliser à 70° environ pendant une demi-heure; il le laisse refroidir ensuite et le conserve un nombre d'heures variable avec la température ambiante, jusqu’à ce que la plupart des spores soient devenues adultes: c’estune affaire de quelques heures seulement dans l’étuve à fer- mentation, ou d’une journée entière si la tempé- rature est relativement basse ou si l’on place les vases hermétiquement clos qui contiennent le lait, dans une chambre à 12° ou 15° seulement. Alors, on fait subir au lait une deuxième chauffe à 70°, suivie d’un nouveau refroidissement, el l’o- pération est ainsi répétée jusqu'à cinq fois de suite ?. Le lait de Dahl se conserve plusieurs années sans allération aucune : il est frais et doux, parfaitement inaltéré; mais le procédé est d’une application délicate et l’auteur n’a pas donné tous les rensei- gnements sur les temps el les températures. Enfin, dernier gros inconvénient, ce procédé est d'une application lente et coûteuse. En résumé, on voit que la stérilisation du lait n’est salisfaisante ni par les unes ni par les autres de ces méthodes: il a fallu chercher autre chose. C'est un Français, Martin de Lignac, qui, vers le milieu de ce siècle, a eu le premier l’idée heu- reuse de conserver le lait par la concentration ou, 1 Voir, dans la Revue générale des Sciences, les articles du D' Budin sur la stérilisation pratique du lait pour l’alimen- tation de la petite enfance (Revue du 15 novembre et du 15 décembre 1893). 2 Le principe de cette méthode a été imaginé.par Tyndall, puis vulgarisé par le D: Koch. Il est aujourd’hui d'usage courant dans les laboratoires pour stériliser la gélatine. (Note de la Direction.) 5142 R. en d'autres Lermes, par le départ de la plus grande quantité d'eau que renferme normalement ce li- quide. Sur ce principe est aujourd'hui fondée une grande industrie, qu'ilnous fautmaintenant décrire. III. — INDUSTRIE DU LAIT CONCENTRÉ La réalisation de lPidée conçue par Marlin de Lignac semble au premier abord des plus faciles, puisqu'il suffit théoriquement de faire bouillir le LEZÉ —— LA LAITERIE MODERNE Puis, le lait, après avoir été pasteurisé (fig. 1.) est concentré dans le vide partiel, car l’évaporation à l'air libre présenterait les inconvénients du cuit. que nous avons signalés. L'appareil à concentrer (fig. 2), photographié dans la grande condenserie de MM. Genvrain frères, est semblable à celui des sucreries ou des raffine- ries : c’est une grosse chaudière de cuivre chauffée par un double fond et des serpentins. Les vapeurs Fig. 1. — Ensemble des appareils à pasteuriser el à sucrer le lail destiné à la condensation. — Sur la gauche se voient TE À: RUE 2 s : 3 : te pe les appareils destinés à pasteuriser le lait; le lait est ensuite sucré dans les cuves figurées à droite, puis il est aspiré, jar le tube qui plonge dans l'une des cuves, jusqu’à l'étage supérieur, où il est envové dans les appareils 4 condensa- : £ Jusq { | ; À ton. lait pour en séparer l’eau. En pratique, la question est un peu plus complexe, l'opération assez déli- cate. L'expérience a montré que la concentration ne peut donner de bons résullats que si l’on opère sur des laits parfaitement sains. D'où la nécessité d'examiner el d'analyser les laits traités, de re- Jeter les laits malades, et, enfin, de pasteuriser les laits reconnus bons par les essais préalables. Les analyses sont des plus simples, étant entendu qu'elles ne doivent porter que sur la qualité du lait. On les exécute pratiquement par le dosage de l'acidité, el mieux par la présure, ainsi que nous l'avons proposé. du liquide amené à l’ébullition sont condensées au contact de l’eau froide ; l'injection est faile dans nos appareils aussi près que possible de la chaudière à cuire; cette disposilion nous a donné en pratique des résultats d'autant meilleurs que nous avons pris la précaution de placer la chaudière à 7 ou 8 mètres du sol pour soulager la pompe à air. Il est inutile d'insisier sur ces détails, mais il nous parait intéressant de décrire comment se fail une cuile de lait, cette opération étant restée jus- qu'à présent enveloppée d'un certain mystère par les ouvriers cuiseurs, qui ont intérêt à faire valoir leurs talents. R. LEZÉ -— LA LAITERIE MODERNE Nous supposons donc que nous disposons de l'appareil à cuire avec son condenseur, d’une abon- dante source d’eau fraîche el d’une pompe à air met en marche la pompe à air et on amène le vide à 62 centimètres de mercure environ, c’est-à-dire que, si l’on faisait communiquer l’appareilavec un Fig. 2 — Appareil pour opérer la concentration du lait. (Cet appareil est situé à un étage supérieur à celui de la figure 1}. — La chaudière, visible au centre de la figure, est, par sa partie supérieure, mise en communication avec l’appareil de condensation formé par le grand cylindre vertical placé auprès d'elle. Les vapeurs aqueuses chassées par l'ébullition circulent dans le tube central qui tra- verse ce cylindre. Dans l’espace annulaire compris entre le tube et son manchon est violemment injectée l’eau froide destinée à déterminer la condensation. el à eau pour enlever les eaux et les vapeurs. Nous disposons également de lait encore chaud venant d’être pasleurisé. L'appareil à évaporer étant vide, bien propre, on long tube plongé dans une cuvelle à mercure placée à l'air, le mercure s’élèverait dans le tube à 62 centimètres; les appareils que nous faisons construire permettent, sans difficulté, de pousser D41 Fr R. LEZÉ — LA LAITERIE MODERNE le vide jusqu'à 71 ou 72 centimètres. Après s'être assuré de l'étanchéité de l'appareil, on ouvre le robinet d’adduction de lait chaud; on commence l'injection de l'eau dans le condenseur. La tempé- rature s'élève peu à peu dans le vacuum, sous l'influence du lait chaud ; toutes les pièces s'échauffent:; on arrive à 52° et à 68 centimètres de vide. On commence à donner la vapeur dans le double fond, au moment où celui-ci est recouvert par le lait; il se fait une ébullition tumultueuse, le lait s'envole (suivant l'expression vulgaire) et l'ouvrier cuiseur est obligé d'apporter la plus grande attention pour éviter les pertes de lait par entrainement dans le condenseur. Il ouvre, de temps à autre, le robinet de rentrée d’air pour apaiser celte ébullition, il surveille le robinet de vapeur du double fond, celui de l’arrivée du lait. Cette mise en marche est très délicate et exige de l'habileté et du sang-froid. Peu à peu l’ébullilion s'apaise et le cuiseur règle tous les robinets pour que, l'admission du lait se faisant d’une façon continue, la température reste dans les environs de 50° à 52° et la pression de 66 à 68 centimètres. Le cuiseur ne doit pas quitter un moment son appareil, car il a à surveiller les températures, les pressions, l'alimentation de la vapeur el du lait, la bonne arrivée d’eau dans le condenseur et l’é- vacuution de cette eau à température normale. Si les fonctions de cet ouvrier ne sont entourées d’au- cun mystère, elles ne laissent pas que d'exiger beaucoup d'attention et d'expérience. [ne faut pas perdre la tête dans ce poste : on cuit à la fois plu- sieurs milliers de litres de lait, et ce sont plusieurs centaines de francs qui sont en jeu; une cuite manquée est bonne à jeter ou à donner aux pores, car son introduction sur le marché pourrait porter un coup désastreux à la renommée de la marque du fabricant. Toutes choses étant bien réglées, l'alimentation du lait se faisant continuellement, l’ébullition est active; on voit, par les lunettes de l'appareil, le lait soulevé en vagues tumultueuses et violemment agilé : des gouttelettes s'éparpillent en poussière au-dessus du liquide, sans cependant qu'il y ait d'entrainement au dehors. Peu à peu le niveau monte, le liquide devient plus visqueux, s'étale en larmes sur les glaces qui servent de regard. On donne la vapeur dans les serpentins aussitôt qu'ils sont recouverts, el on continue à emplir la chaudière jusqu’à ce que le lait atteigne environ la moitié de la capacité totale. Lorsqu'on a condensé le volume voulu, on prend des échantillons au moyen de la sonde et on exa- mine la consistance de la pâle. Il est nécessaire d'apporter une grande attention à cette épreuve, car elle est destinée à renseigner sur la qualité de la cuite faite. Le cuiseur doit tendre à concentrer autant que possible ; mais il ne faut pas, cependant, qu'il dé- passe la limite de solubilité du sucre de lait; si celui-ci se dépose, le lait est sableux : les petits cristaux de lactose produisent à la dégustation une sensation de sable dans le liquide päteux. Il faut essayer, à plusieurs reprises, si la pâte, ramenée à la température ordinaire, est bien liée, filante comme la mélasse et onctueuse. Le point précis est difficile à atteindre : aussi le bon cuiseur doit-il rester en decà et ne terminer la concentration qu'au dernier moment. A cet effet, lorsqu'il approche du point voulu, il coupe la vapeur de chauffage et active le courant d’eau dans le condenseur; la température baisse à 45° et le vide at!eint 70 ou 71 centimètres. On écoule la pâte dans un refroidissoir approprié et on l'amène lentement, en 1 heure à 2 heures, à la température ambiante, tout en l’agitant tou- jours, mais sans brusquerie. Il est d'usage de sucrer le lait avant de le con- centrer (fig. 1) :le sucre agit comme antiseptique el contribue, d'autre part, à donner à la pâte cette consistance sirupeuse que recherche le consom- mateur ; le lait bien condensé ressemble à du miel, il en a le goût et est à peine plus fluide. Nous en avons examiné un assez grand nombre d'échantillons et nous avons trouvé qu’en moyenne de bons lails non écrémés ou écrémés à peine {les fournisseurs s’acquittent parfois de ce soin) don- nent à la concentration un produit dont le la- bleau [ ci-joint résume la composition. - TABLEAU 1. — Composition du lait concentré. Composition DENSITÉ ENVIRON 1,30 en 100° Beurreil(matiéreprasse) ASE Tree 7 10 Sucreide lait (lactose): 2. RES TELE 12 Sucre decanne (aJOuté]):.%--.:-"-""-e"# 38 Mat. albuminoïdes (caséine, etc.)........... 10 Cendres/(mat. fixes) "RC UE PEER ER ERREC TE 2 Da, RO ER nr Rec cCde 28 100 Dans la pratique, en ajoutant la quantité de sucre de canne convenable, on peut admettre qu’il faut 1 litre 200 à 300 pour faire une boite de lait con- centré de 450 grammes, correspondant au volume de 350 centimètres cubes si la densité est 1,3; c’est- à-dire que, si l’on défalque le sucre ajouté (133 grammes ou 84 centimètres cubes, par boite de 430 grammes\, il reste 350 — 84— 266 centimètres cubes qui ont été fournis par le lait primitif. Done, 1.300 centimètres cubes de lait naturel donnent : 266 centimètres cubes de lait concentré, à" 4 ne F2 R. LEZÉ — LA LAITERIE MODERNE 545 sans sucre ; 350 centimètres cubes de lait concen- 2 ; à tré sucré. IV. — DÉRIVÉS DU LAIT. On obtient pratiquement 70 à 73 boiles de lail BEURRES ET Fe bn concentré par 100 litres de lait travaillé, et, si l'on Beurre. — Le beurre est fabriqué en barattant la considère le prix de vente du lait concentré dans le commerce, il est facile de se convaincre que l'industrie dont nous avons démontré l'utilité, est aussi rémunératrice. Cependant, ici se pose naturellement une grosse question : Ce lait concentré trouve-t-il acquéreur? Nous répondrons : Oui, l'acquéreur est partout: la consommation n'ira qu'en augmentant. Le lait concentré régénère le lait naturel par une simple addition d'eau; le lait naturel se reconstitue avec Loutes ses propriétés premières : son goût dé- licat, sa bonne odeur, douce et agréable; mais. cependant, ilest sucré. Ce n’est pas un grave défaut, car le lait n’esl qu'exceplionnellement consommé sans sucre; on sucre le thé ou le café auxquels on ajoute du lait; on sucre le lait donné aux pelils enfants, et que d'avantages alors viennent com- penser et au delà le petit désagrément de cette pré- sence presque inévitable du sucre. Le lait concentré ou condensé se conserve presque indéfiniment: il est toujours prèt, on l’a sous la main, une boîte entamée ne s’allère qu’en un temps très long, elle peut rester ouverte plusieurs jours sans aucun in- convénient, et, enfin, dernière considération, qui a bien sa valeur; on est cerlain de la bonne qualité du produit, car, du lait qui aurait élé malade : ou contaminé seulement , aurail tourné dans l'appareil à cuire au moment de la concentra- tion. Aussi, déjà voyons-nous cette consommation du lait concentré aller rapidement en augmentant: en Angleterre, chaque ménage a sa provision de quelques boîtes de lait condensé et trouve un avantage énorme à ne pas êlre obligé de compter sur le lailier, qui peut faire défaut. L'industrie du lait concentré parait aussi appelée à un grand développement en France. Puisque nous nous trouvons, — avec notre climat doux et humide, notre sol riche et largement arrosé, nos belles races indigènes laitières, — dans les meil- leures conditions pour produire par énormes quan- lités un lait savoureux, nous devrions chercher à profiter de celte situation pour développer encore notre production laitière en vue de cette applica- tion tout indiquée. C'est un débouché nouveau qui nous est offert, débouché énorme, puisqu'il aboutit non seulement à la consommation locale, mais qu'il atteint aussi etsurtoutle commerce d'exportation, l'alimentation de nos marins et de nos colonies, qu'il s'adresse à ces gros consommateurs qui sont le Brésil, l'Inde, etc. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. crème, et il est intéressant de constater les progrès faits dans l'exécution des opérations de cette indus- trie. Dans les belles laiteries modernes, la crème est ensemencée avec des ferments purs et on arrive à l'amener au point précis de sa meilleure utilisa- tion. On observe maintenant les températures, les acidilés: tout est si bien étudié que l’on ne ren- contre plus dans la fabrication les manques ou les mécomptes que lon attribuait autrefois aux orages où aux odeurs mauvaises. Si l'on n'a pas fait de grands progrès dans la construction des barattes, on a cependant étudié de plus près leur fonctionnement, et le temps n'est pas éloigné où l’on se convainera de cette vérité que le barattage est surlout intéressant au point de vue desréactions chimiques qui se passent dans la baratte. On commence à entrevoir les effets el les conséquences de l'acidité qui s'y développe et l'on arrive à préparer des beurres d’un arome très fin, d’un goût exquis, en observant lesphases de l’acidification et en mettant à profit l'action de l'acide apparu. Nous avons apporté d'Amérique les plans d'un nouveau malaxeur, le #argo (Simon et fils, cons- tructeurs à Cherbourg), que l’on a adopté partout aux Etats-Unis et au Canada. Avec un fargo, on fait, sans supplément de force, le travail de trois ou quatre malaxeurs à table. L'industrie du beurre a subi depuis quelques années une transformalion complète : au lieu de l'écrémage spontané si incertain, on a adoplé presque partout l’écrémage au moyen de la force centrifuge. Les appareils construits dans le but d'effectuer cette séparalion mécanique de la crème légère et du liquide plus dense, qui est le lait sans matière grasse, ont surgi nombreux et ont élé de jour en jour plus perfectionnés. La dernière écré- meuse centrifuge parue, l'afa-colibri (fig.3), permet de traiter 50 à 60 litres de lait à l'heure en faisant tourner à la main et sans aucune fatigue un petit appareil facile à manier. Avec les écrémeuses, avec la possibilité d'obtenir sûrement des crèmes fraiches et pures, les fabri- cants se sont préoccupés davantage des soins de propreté dans la lailerie, au grand profit de l’amé- lioration de la qualité de leurs produits. Le beurre fin, délicat, bien présenté, est mar- chandise courante maintenant, au grand agrément du consommateur, et, de ce fait, la consommation tend à augmenter quelque peu. Cependant elle reste encore bien faible, et à Paris, en particulier, 122% Réservoir à lait____ Ouverture pour la soupape Coupe régulateur __ Flotteur en Pointe pour tenir 1e bOI_ 4 __Soupape à tige avec crochet _Tube d'alimentation Sortie de la crême__----— "0" Sd DR Ferblanteries Vis du lait écrémé---—- Tube central HN Disques Alfa Bol ET A PA) *_ Crème , Lait écrémé__# f | Axe du bol | Coussinet Anneau en caoutchouc pour coussinel—""" ‘La | __ Protecteur de la roue d'entraînement Bague en caoutchouc pour joint du bol____ 7 _Roue d'entrainement Douille supérieure _____ —- te ”_Cliquet d'arrêt de la roue se 2 3 -Manche de la lanière Rondelle en acier____ mr Ress Or tee—— Boîte renfermant le ressort____ Bâti__ _— à ÈS DS à Plomb_____ Le Vis pour fixer la lanière Vis pour fixer lécrémeuse ___ __. X Feutre pour huiler = = fl mms ‘Axe de la roue d'entraînement Fig. 3. — Écrémeuse centrifuge alfa-colibri. R. LEZE — LA LAITERIE MODERNE DAT elle n’est guère que de 8 à 9 kilos par lêle el par an, alors qu’elle atteint 15 ou 16 kilos à Londres. Il serail à désirer pour l’industrie de notre pays Dans ces dernières années, la production a recu un accroissement rapide : le nombre des vaches a augmenté d'une vingtaine de mille tous les ans: il que laconsommation indigène s’accrûüt encore : car | doit être à peu près, à l'heure actuelle, de 6.700.000 AANCOREPRESR SE RLRSE LONDRES M A À Cherbour L 3 . 8 F 4; Fe N ( 0217, MS RKK N NS NS ESNRNRNS EN KKK ee "LOIBEIRFE ’ 2 1 { SARTHE), à / f € NESSZ SA = £ \ LRESES À L'HÆVIEX 1 Tes ‘ \ KE Na Es SC / » Leo Ce N 1 | / EN er WE ‘ GER SY\\ ù: N 7 4 Vs eo dl -GAF50 ) he ! \ ? u \ y 1 à * À 1 li #4 3} b:4 Margarine e « , ON Lait concentré ® Ports d'exportation D U Ne OR D ISN —_— “LOIRET ) 6 Se 3 DORE " Lo mem et PE NY 7 Vs 774 K NS far ar-voue NN NN LEE < TP RAS Doi LOIR c LED RCE É L'ET-CHER ES e \ TET-LOLRE *.__."* CHER are DZ F N Le et --"CORREZE x : \DORDOGYE Z / 255 H LT COR U w << MER ÿ 2 j RE nPEs à f xosxE \ ) / LAS nn / CÔTE| D'OR } NIÈVRE ALLTER DE. iZ XD CE + Fove É ire | ARDÈCRE AOC LOZÈRE | + V4 G RAULT PÉTER ER AN NUE PBE M É D E.Oberlin ZZ } Fromages K Beurres Fig. 4. — Carle montrant la réparlilion, en France, des industries du lail ‘beurre, fromage, luil concentré, margarine À, la facililé, le bas prix d’inslallalion des beurreries ont multiplié singulièrement le nombre de nos pro- ducteurs. Examinons de plus près cette question : 1 Cette carte a été dressée sur le cancvas d’une carte muette obligeamment prètée à la Revue par la maison Delagrave. à 6.800.000 sur toute l’étendue de notre territoire: | c'est done une production de 75 à 80 millions d'hectolitres de lait par an. Notre commerce d’exportalion n'a pas suivi la marche ascendante de notre production: il a subi, AS R. LEZÉ — LA LAITERIE MODERNE au contraire, dans le cours des vingt-cinq der- nières années, d'étranges fluctuations, dont les raisons n’ont pas élé toujours connues. Le ta- bleau 11 indique quelques chiffres de minima ou de maxima : T\ncrac I, — Exportations de beurre frais, fondu ou salé. — Valeurs en millions de francs. 1872... : te 56.1 1816. 103.8 1879 67.4 1882. 114.7 1887 74.4 1890. 109 ARR LE ER Dre ete 66.9 IL semble que la baisse s'accentue désormais el pour un temps bien long : car notre principal marché, l'Angleterre, recoit des quantités de plus en plus fortes de beurres d'Australie, de Nouvelle- Zélande et du Canada. Cetle concurrence est ter- rible pour notre produelion indigène; elle a déter- miné une baisse générale des prix, el, la consom- malion n’allant nulle part en augmentant aussi vile que la production, la baisse durera peut-être longtemps encore. C'est dans ces raisons économiques inéluelables que l’on trouve l’origine de la dépréciation des marchandises; elles ont baissé de valeur comme les blés, comme les sucres, les alcools et il est inutile de rechercher ailleurs l’origine de la dimi- nulion constante des prix. On a cependant songé à passer la mauvaise humeur sur quelque chose el on accuse la marga- rine de quantité de méfaits. La margarine est fa- briquée avec la graisse des Bovidés et le lait comme malière première, La graisse, qui doit êlreextrèmement fraiche, est scindée en deux pro- duils : après avoir subi une fusion préalable et une cristallisalion par le repos, on sépare, au moyen de presses hydrauliques, une matière grasse fondant à basse température, l’o/éo, d'une autre graisse fondant à température plus élevée, le swif pressé, qui consisle en majeure partie en sléarine et est employé dans la fabrication des bougies. L'oléo est reprise et barattée avec du lait, L'émul- sion des deux matières est refroidie brusquement en vue d'en immobiliser la structure, et le produit oblenu est délaité, puis malaxé comme le beurre nalurel. La margarine, dans la plupart des usines, est fabriquée avec un très grand souci des soins de propreté et elle constitue alors un produit très sain, d'un goût et d’un parfum agréables et que 1 Voyez à ce sujet l’article de MM. F, et J. Jean sur l'in- dustrie des Suifs comestibles el industriels dans la Revue du 15 mai dernier, (Note de la Réd.) l'on a bien souvent peine à distinguer du beurre naturel, Comme son prix reste inférieur au prix du beurre, des gens de mauvaise foi n’ont pas tardé à songer à préparer des mélanges qu'il à été ensuite très facile de faire accepter pour du beurre pur. Il y avait tromperie sur la qualité de la mar- chandise et les fraudeurs tombaient sous le coup de la loi, On a poursuivi et frappé durement quelques-uns d’entre eux; mais on à gardé pour beaucoup d'autres — et surtout pour les puissants — une scandaleuse complaisance. On pouvait se retrancher, pour laisser les coupa- bles impunis, derrière une difficulté réelle : la mar- garine ressemble beaucoup au beurre; elle en est, si l'on voulait nous pardonner un jeu de mots, la sœur de lait; elle possède presque toutes les pro- -priétés du produit naturel dont il est diflicile de la distinguer; l'analyse chimique est presque im- puissante, car on en est arrivé, dans la fabrication moderne, à imiter les réactions de la nature el à faire du beurre véritable !rès analogue à celui de la vache, C'est cette margarine que l’on a alors accusée d'être la cause première de l’avilissement des prix, et quelques intéressés que l’audace n'ef- fraie pas ont même élé jusqu'à conseiller, jusqu'à demander la suppression de l’industrie. Le Gouvernement à répondu oui et non. Oui, pour satisfaire les demandeurs, et non parce que les gens sensés voient sans peine que celle sup- pression serait une faute, que les industries chas- sées de France iraient à notre détriment se réédi- fier à l'étranger, et que l'Agriculture ne pourrait que souffrir de l’abaissement conséculif, inévitable, du prix des graisses, dont la margarine est le seul débouché, et aussi peut-être un peu d'ane dépres- sion dans le prix du lait, Il faut bien remarquer, en outre, que la marga- rine n'intervient probablement pas beaucoup dans la cote des marchandises naturelles. On fabrique à peu près en France par an 160 à 200 millions de kilogrammes de beurre. La production de la mar- garine doit être d'environ 20 millions de kilos. Il paraitra démontré que son influence est bien faible si nous ajoutons que les prix sont en parlie régis par le marché anglais et que l'Angleterre, en 185, a importé pour plus de 304 millions de francs de beurre. Cependant, les Danois el les Suédois nous four- nissent un enseignement dont il serait bon de pro- fiter, En Danemark, en Norvège, en Suède, loin de poursuivre la fabrication de la margarine, on: l'a plutôt encouragée : ouvriers, pelits bourgeois, agriculteurs, ont consommé ce produit, el les beurres de qualité supérieure et de prix élevés ont pris le chemin de la Grande-Bretagne, Nous occupions, il y a quelques années à peine, le premier rang parmi les importateurs dans ce pays. Aujourd’hui, c'est le Danemark qui a conquis la première place; nous avons, malgré la position géographique et la qualité de nos produits, été dépassés par celte intelligente nation *. < En résumé, nous voyons que la margarine ne devrait pas porter le poids des péchés dont on la charge, et qu'il est complètement inutile de tra- vailler si laborieusement à édifier une loi nouvelle pour poursuivre des fraudeurs que l’on ne veut pas atteindre, puisqu'on pourrait les frapper avec les lois existantes et qu'on ne le fait pas. Les industriels raisonnant bien ont laissé de côté Loutes les récriminalions inutiles et se sont appli- qués à améliorer leur commerce autrement que par des plaintes stériles : ils se sont efforcés de supprimer les intermédiaires, dont les bénéfices sont énormes, et se sont adressés directement aux consommateurs. La vente aux particuliers s’est développée, s’est généralisée, et les deux parties les plus intéressantes y ont trouvé leur compte. Mais celle vente directe est souvent bien difi- cile; elle ne peut être abordée que par de puis- sants producteurs fabriquant plusieurs centaines de kilos de beurre par jour, el consentant à faire dans les villes les frais d'installation d’une bou- tique et de tout un matériel de chevaux et de voi- tures pour les livraisons à domicile. Quelques industriels y ont pleinement réussi, et le consom- mateur a bénéficié de la concurrence. Fromages. — La production fromagère n'a pas progressé si rapidement que les deux autres indus- lries du lait. Si nos excellents fromages de table, si renommés dans le monde, ont conservé leur vieille répu- lalion, on n’a guère éludié ni amélioré les an- ciens procédés d'une préparation demeurée empi- rique. Il est cependant facile de se convaincre que c'est dans ces préparalions surtout que la science aurait à intervenir, escorlée de son outillage bactériolo- gique ?, 1 Voyez, à ce sujet, les statistiques publiées par MM, F. et 3. Joan dans leur article sur l'industrie du suif, cité plus haut. (Note de la Direction). = Nous pensons, cependant, que la science francaise com- mence à être bien orientée, dans celte voie, sräce surtout R. LEZÉ — LA LAITERIE MODERNE 549 Peut-être le Lemps n'est-il pas loin où les grosses fromageries industrielles feront suivre toutes les réactions, loutes les cullures d'organismes dans des laboratoires spéciaux; les élèves de nos Écoles d'Agriculture contribueront sans doute à ces désira- bles progrès. el les écoles spéciales, nouvellement instituées par le Gouvernement, formeront des praticiens instruits, comprenant tout l'intérêt des recherches scientifiques dans cette industrie. Il existe maintenant plusieurs de ces excellentes écoles à: Pétré, dans la Vendée; Mamirolle, dans le Doubs: Coigny, dans la Manche; Coëtlogon, près de Rennes; et Kerliver, dans le Finistère, cette dernière école étant réservée aux jeunes filles, Espérons que nous ne serons plus, comme il y à quelques années, encore obligés de chercher à l'Étranger nos directeurs d'établissements, et que notre industrie nalionale profitera de la science de nos nationaux, NV. — CONCLUSION. Nous avons essayé, dans cel arlicle, de mettre en relief les services déjà rendus par la science dans des fabrications qui sont de son domaine. Nulle part ailleurs, on ne voit si constamment intervenir le rôle des organismes, el l’on n’a pas davantage à se préoccuper des moyens de les uli- liser ou de les combattre. C’est par la science, par la diffusion de l’ensei- gnement, par la création de stations expérimen- tales, par une élude plus approfondie de nos dé- bouchés, que nous pourrons ressaisir, dans celle spécialité de la laiterie, la première place, celle que nous devrions incontestablement occuper, en raison des avantages que nous donnent et notre climat et notre sol; mais, pour lous ces progrès, c’est sur nous-mêmes que nous devons compter. Souhaitons le développement des associations, des sociétés coopératives, de l'initiative. indivi- duelle en vue de ce but désiré. Déjà, on peut le dire, quelques beaux résullats, obtenus par des sociétés actives ou des syndicats, sont venus nous faire bien augurer d'un avenir plus heureux pour la prospérité de notre Agriculture. R. Lezé, Professeur d'Indüstrie agricole à l'Ecole Nationale d'Agriculture de Grignon. aux importants travaux de M. Duclaux ct à l'impulsion qu'ils ont donnée à la rénovation de notre industrie fromagére. \ole de lu Direction . DoÙ C.-M. GARIEL — REVUE ANNUELLE DE PHYSIQUE REVUE ANNUELLE DE PHYSIQUE Nous ne pouvons, pas plus que les années pré- cédentes, avoir la prétention de passer en revue, même sommairement, tous les travaux se rappor- lant à la Physique, qui ontété portés à la connais- sance du monde savant depuis un an. Nous sommes obligé de faire un choix qui, malheureusement, ne peut être qu'arbitraire, el nous devons nous excuser dès le début des omissions que pré- sentera notre travail, omissions qui en diminue- ront l'intérêt, mais qui sont cependant nécessaires. Sur quelques points, notre silence s’expliquera, parce que les sujels correspondants ont élé déjà traités dans la Revue, ce qui est un avantage, car non seulement, ainsi, les lecteurs sont renseignés plus tôt qu'ils ne l’auraient été par nous sur les questions d'actualité ; mais, de plus, ils ont eu des indications plus complètes que celles que nous eussions pu donner. Mais aussi, par là, notre revue annuelle, dépouillée des sujets les plus actuels el les plus intéressants, n'en sera que plus lerne. C'est ainsi que nous échappe l'indication de Ja découverte si intéressante de l’argon : sans parler de l'importance capitale de la preuve faite de l'existence d'un corps si répandu et qui avait échappé à toutes les recherches faites jusqu'à pré- sent, combien n'aurait-il pas été ulile à divers points de vue d’insister sur les travaux de Lord JW. Rayleigh et de M. William Ramsay pour montrer le rôle de la Physique et des données pré- cises qu'elle a fournies dans cette découverte qui, au premier abord, parailrail devoir intéresser sur- tout la Chimie. N'est-ce pas, en effet, le fail que la densité de l'azote extrait de l'air est loujours supérieure à celle de ce gaz retiré de l’ammoniaque ou d'un autre composé azolé qui a conduit à penser que les deux sortes de gaz n’élaientpas identiques ? Les dif- férences étaient faibles : le poids de 1 litre d'azote extrait de l’air est de 1 gr. 2572, celui de 1 litre d'azote retiré d'une combinaison est seulement de 1 gr. 2505. Mais la discussion des méthodes em- ployées permellait de conclure que cette différence ne pouvait être allribuée à des erreurs d’expé- rience. ainsi N'est-ce pas, d'autre part, l'emploi de la diffu- sion, suivant la méthode de Graham, qui fournit une preuve que l'azolé atmosphérique est un mé- lange de deux gaz ? L'étude du spectre de l'argon, celle de la solubi- lité de ce gaz et de l'azote atmosphérique, celle du point crilique, du point d'ébullilion, du point de solidificalion, sont des recherches qui sont enlière- ment du domaine de la Physique, el qui ont cepen- dant fourni les preuves les plus évidentes de l'argon comme élément distinct de l'azote. Nous ne pouvons que renvoyer à la lecture des mémoires originaux ! pour l'examen des méthodes employées; et nous nous bornerons à insister sur l'importance des déterminations précises en Physique. Comme on l’a dit, en une boutade spiri- tuelle, la découverte de l’argon est le triomphe de la troisième décimale. Nous signalerons encore, parmi les travaux qu'il convient de relire pour avoir une idée des progrès de la Physique, les articles suivants : Les expériences de M. Raoull sur la tonométrie el la eryoscopie? ; l’article de M. L. Poincaré sur les rayons cathodiques et l'hypothèse de la matière radiante *; enfin l’article sur la récente exposi- tion de la Société de Physique, Il reste encore assez de travaux pour que la Revue annuelle de Physique puisse présenter de l'intérêt, el nous ne pourrons nous en prendre qu'à nous-même si nous ne savons en lirer parli. l Ainsi que nous le remarquions déjà en 1894, l’A- coustique parait une partie un peu négligée par les physiciens, el nous aurons peu de choses à signa- ler. M. Neyreneuf a poursuivi ses éludes sur la pro- pagation du son et, notamment, il a mis en évi- dence le phénomène de la réfraction par l'action de lentilles; la substance réfringente étant l’eau. les lentilles employées produisent un effet inverse de celui que produirait pour la lumière une len- lille de même forme. M. Neyreneuf réalisa une lentille biconcave par une ingénieuse disposition, et put mettre en évidence l’image acoustique du corps sonore, en explorant l’espace avec une flamme sensible. L'étude de la voix a donné lieu à des recherches de M. G.-J. Burch et de M. Hermann : le premier reliait la plaque d’un léléphone à un électromètre capillaire dont les indications étaient recueillies par la photographie. M. Hermann a utilisé les tra- cés phonographiques, en fixant un miroir sur un style parcourant le sillon du phonographe. Un fais- ceau de lumière fine se réfléchissait sur ce miroir el allait impressionner une plaque photographique | Rev. gén. des Se., 1895, p, 89. 2 Ibid, 1894, p. 409. Ibid, p. 701. Ù Ibid, 1895 p. 374. C.-M. GARIEL — REVUE ANNUELLE DE PHYSIQUE ol à distance, de manière à amplifier considérable- ment le déplacement du style. Nous n'avons pas vu que des résultats généraux nouveaux aient élé obtenus. Enfin, nous croyons savoir que, en France, de . nouvelles recherches ont été faites sur la vitesse de Ë propagation du son; mais nous devons attendre, . pour en parler, qu'elles aient été publiées ou au moins annoncées. Il - Il ne semble pas que la construction des instru- ments d’ Optique ait réalisé de sensibles progrès, … soit que les questions de cet ordre aient été quelque peu négligées, soit que les appareils dont on dispose maintenant répondent d'une manière - suffisante aux besoins des observateurs, des expé- rimentateurs: Il serait injuste, toutefois, de ne pas signaler les recherches poursuivies avec constance par M. Ch.- NV. Zenger qui pense que les constructeurs, pour obtenir de bons résultats, auraient intérêt à s’ins- . pirer des condilions dioptriques de l'œil, c'est-à- dire employer des milieux peu réfringents et dont la dispersion soit à peu près identique. M. Zen- . ger propose l'emploi de deux crowns, les moins . réfringents et dispersifs, de verre phosphaté plus : réfringent et moins dispersif, que le erown, boraté. … La première lentille est plus convexe, la seconde — plus concave, ce qui permet d'obtenir à peu près le … minimum d'aberration sphérique. 2 Le système préconisé par M. Zenger et auquel il a donné le nom d' objectifs apochromatiques symé- triques doit présenter de réelles qualités; nous souhaiterions qu'il pût être réalisé et étudié prati- quement. Le problème de la détermination de la distance focale, et, par suite, de la puissance d'une lentille Bou d’un système de lentilles a déjà reçu diverses solutions; il aexercé, cette année particulièrement, lingéniosité des chercheurs, et de nouveaux foco- . mètres ont été imaginés; nous croyons intéressant de les signaler sommairement. M. A.-L. Herchoun s’est occupé spécialement des - objectifs photographiques, c'est-à-dire des sys- * tèmes convergents. Il étudie les faisceaux qui ont traversé deux fois l'objectif après s’être réfléchi Sur un miroir plan perpendiculaire à l'axe de zelui-ci, et il cherche à réaliser les conditions sui- vantes : 1° l'image coïncide avec le point lumineux ; 2? le faisceau émergent est parallèle. Les résultats fournis par ces deux observations permettent de déduire la distance focale et la position des points nolaux. - M. Th. Guilloz a eu principalement en vue la dé- - Lermination rapide de la puissance dioptrique des verres de lunettes : pour y arriver, il regarde à travers un trou sténopéique devant lequel on place à une distance variable la lentille àexaminer, dont la partie utile est limitée par un diaphragme à ouverture circulaire. De l’autre côté de la len- üille est un écran dans lequel est percé un trou de même diamètre que le diaphragme. Le trou pourra Loujours être vu nettement, quelle que soit la dis- tance à laquelle se fasse son image, puisque les faisceaux arrivent à l'œil par un trou sténopéique. Le champ visible sur l'écran est limité par la surface du cône qui a pour base la portion utilisée de la lentille et pour sommet le trou sténopéique. L'image du trou, d'autre part, est variable avec la position de la lentille par rapport à ce trou. Une discussion simple montre que, si la lentille est à une distance du trou moindre que la distance fo- cale, on voit une partie de la carte en dehors du trou: celle partie diminue quand la lentille s’é- loigne de l'œil, et les bords du trou disparaissent pour la position pour laquelle le foyer coïncide avec le trou sténopéique. En continuant l’éloigne- ment, le champ est d'abord moindre que l’image du trou; il lui devient égal de nouveau, et les bords de l'écran réapparaissant, et au delà, le trou de- vient visible dans le champ qui croit. Sans qu'ilsoitnécessaire d’insister, on comprend qu'il y ait possibèlité d'appliquer ces résultats à la détermination de la distance focale. M. Guilloz, en se basant sur cette idée, a cons- truit un appareil simple qui donne directement, par simple lecture, la puissance d’un verre et qui, dans le cas de verres cylindriques ou sphérocylin- driques, indique la direction des génératrices du cylindre et la puissance des méridiens principaux. Les valeurs sont obtenues avec une approxima- tion suffisante pour la pratique. Le focomèêtre de M. Weiss présente plus de gé- néralité que les précédents dans son emploi et plus d'exactitude en même temps. Il comprend un objet de grandeur connue qui doit être placé au foyer de la lentille ou du système étudié, de telle sorte que les faisceaux qui auront traversé celui-ci soient parallèles ; ils tombent alors surune lentille de puis- sance connue et forment une image au foyer. Réci- proquement, si l’image se produit au foyer de cette dernière, c'est que l’objet est au foyer du système étudié. D'autre part, on reconnait immédiatement que les grandeurs de l’objet et de l’image sont proportionnelles aux distances focales du système et de la lentille fixe : il suffit done de mesurer la grandeur de l’image pour en déduire la distance cherchée. A cet effet, celle image est regardée à l'aide d’un oculaire qui permet également de voir un réticule placé dans le plan focal de la lentille fixe; ce rélicule cs! mobile à l'aide d’une vis micro- 592 C.-M. GARIEL -— REVUE ANNUELLE DE PHYSIQUE mélrique qui permel de mesurer l’image avec exactitude. La condition essentielle, c'est que l’image se lasse dans le plan du rélicule : on arrive à satis- faire à cetle condition plus facilement qu'on ne pourrail le croire, en faisant varier la posilion de l'image jusqu'à ce que Loule parallaxe ait disparu. L'expérience montre que, en répétant la mesure plusieurs fois, on arrive à la mème valeur avec une grande exactitude. L'appareil a élé construit de manière à pouvoir servir pour des lentilles et des systèmes quel- conques el, nolamment, à pouvoir être adapté directement à la monture des microscopes et per- mettre la mesure de la puissance de l'objectif. C'est un appareil qui est appelé à rendre des ser- vices réels et qui permellra, on peut l’espérer. d’avoir surles microscopes des renseignements plus précis que ceux qui sont donnés ordinairement. Nous rappellerons que M. Weiss a montré quelle signification il convenait de donner à la puis- sance d'un système pour que la définition puisse s'appliquer à tous les cas. Mais il n’y à pas lieu d'insisler, la question ayant élé trailée entière- ment dans la Æerue yénérale des Sciences \, La détermination des indices de réfraclion est une queslion qui présente un grand intérêl à divers points de vue. On utilise notamment cette donnée pour se renseigner sur les modificalions intimes qui se produisent dansles corps sous des influences diverses, sous l'influence la chaleur, par exemple, sous celle de la proportion des subs- tances dissoutes., ele. M. W. Hallwachs, étudiant les dissolulions du sel marin dans l’eau, a cherché la différence des indices de réfraction. Pour cela il emploie une cuve dont le fond est constitué par une glace pleine et qui est divisée en deux parties par une autre glace perpendiculaire à la première : les deux liquides à comparer sont placés de part el d'autre de celle dernière. On fait arriver dans l’un d'eux un rayon rasant la surface de cette glace, de manière qu’il passe dans l’autre liquide et sorte par le fond : on détermine l'angle que fait le rayon de émergent avec la normale. el la connaissance de cel angle permet de trouver la différence des in- dices des deux liquides par une formule simple. La méthode interférentielle permet d'arriver à des résullats précis lorsqu'il s'agit de comparer deux subslances dont les indices sont peu diffé- renls: deux faisceaux. émanés d'une même source, lraversent une même épaisseur des deux subs- el, étant donnent franges d'interférence dont la position dépend des lances réunis ensuile, des indices à comparer, Pour pouvoir déterminer ce 1 Hev. gén. des Sc., 189% 976 tome V, p. déplacement, en éliminant les causes étrangères, comme la différence de dispersion entre les deux substances examinées, il convient d'opérer gra- duellement, en partantde deux parcours identiques; c'est ce que l’on oblient aisément pour les gaz dont, gräce à leur compressibilité, on peul faire varier à volonté la quantilé dans un espace donné. Pour les liquides. il n'en est pas de même: M. A.-H. Borghesius, qui a fait des recherches sur les solutions de sels alcalins, a levé ingénieusement la difficulté: dans une cuve fixe en verre, contenant le liquide dissolvant, il place deux petites cuves reliées entre elles et contenant la solution à étu- dier : les cuves sont mobiles et leurs déplacements sont égaux et de sens contraire. Les deux fais- ceaux qui doivent interférer traversent ces deux cuves (oujours sous la même épaisseur de liquide : mais, en déplaçant les petites cuves, on remplace progressivement d’un côté le liquide dissolvant par la solution et inversement de l’autre côté. Le déplacement des franges est donc continu et facile à suivre, et on en déduit aisément la différence des indices de réfraction. La même méthode a été appliquée par M.James Chappuis pour l'étude de la variation de l'indice de réfraction de l'acidé carbonique dans le voisi- nage du point critique. Dans une cuve d'eau est placé un bloc d’acier percé d’une cavité eylin- drique fermée par des glaces épaisses et dans la- quelle on introduit l'acide carbonique: l’un des faisceaux traverse celle cavité, l’autre passe dans l’eau de la cuve, dans laquelle il rencontre une lame de verre qui compense l'action des regards du réservoir à acide carbonique. Nous reviendrons sur les résullals obtenus. I Les faits relalifs à la vision intéressent les phy- siciens aussi bien que les physiologistes; nous croyons done devoir signaler l’apparilion des images anaglyphes, qui donnent l'impression du - relief par vision directe el sans stéréoscape. On sait que, pour avoir la nolion du relief, il faut que chaque œil voie une image ayant une perspeclive spéciale et que les deux images soient fusionnées: la photographie donne directement des images avec le point de vue convenable à chacune, el, dans le stéréoscope, l'emploi de prismes ou de lentilles prismaliques assure la fusion des deux images. Celle-ci peut d’ailleurs êlre oblenue par des miroirs convenablement disposés, comme dans le stéréos- cope de Wheatstone, qui vient d’être ingénieuse- ment modifié par M. Cazes pour oblenir un grand champ, en vue spécialement de l'application de la méthode stéréoscopique à la topographie. Mais tout autre moyen de réaliser ces conditions ME Mmes :E Li +4 De, même résultat. M. Ducos de Hauron fait imprimer sur un papier blanc les deux images stéréoscopiques, l’une en rouge, l’autre en bleu ; ces deux images, correspondant à des points doit conduire au _ de vue différents, ne se superposent pas. Si on Lu de - garde avec un verre bleu, seuls les traits rouges regarde cette planche en couleurs avec un verre rouge convenablement choisi, les traits rouges ne se distingueront pas et se confondront avec le fond blanc, qui sera vu rouge également; maisles traits bleus apparaïtront en noir. Inversement, si on re- seront distincts et paraïtront noirs. Si donc, on place un verre rouge devant un œæilet un verre bleu devant l’autre, chaque œil ne verra que le - dessin de la couleur opposée à celle de son verre et le verra noir. On aura donc deux images dis- _linctes et elles se fusionneront naturellement, LL puisqu'elles sont vues au même endroit; c'est, en effet, ce qui se produit, et le relief apparait très neltement. Nous devons dire que l'idée n’est pas nouvelle absolument et que l'application en a été faite à Ja Société de Physique, si nous ne nous trompons, il y a bien des années; les images étaient des épreuves photographiques de stéréoscope ordinaire qu'on projetait à travers des verres colorés etqu’on regardait comme on le fait pour lesimages ana- glyphes. Signalons sans insister l'apparition à Paris du kinétoscope d'Edison ; on sait que ce n'est qu’un phénakisticope dans lequel les images sont très nombreuses et correspondent à des instants très “rapprochés. Aussi, a-t-on l'impression du mou- P vement réel et voil-on se dérouler des scènes rela- tivement de longue durée. Disons également que MM. Lumière sont arrivés à réaliser le même effet en projection d'une ma- nière satisfaisante, Enfin indiquons le chalumeau à lumière oxy- éthérique de Molteni, d’un emploi fort commode - pour les projections ; il utilise les vapeurs d’éther ou de gazoline ; l'oxygène est fourni par un réser- voir facilement transportable où il est comprimé. Les mesures photométriques, qui, pendant long- -Lemps, ont été assimilées à des expériences de laboratoire, sont entrées peu à peu dans la pratique au fur et à mesure que, de nouvelles sources lurni- D | Mau neuses étant découvertes, il devenait nécessaire de les comparer au point de vue du rendement. M. Blondel, qui s'est occupé spécialement de ces questions, a inventé et fait construire un appa- reil destiné à la mesure du flux lumineux; il a introduit cetle expression, par analogie avec celle employée dans l'étude de la chaleur rayonnante, pour la substituer à celle de quantité de lumière, qui est encore employée quelquefois : il a donné le nom C.-M. GARIEL — REVUE ANNUELLE DE PHYSIQUE D) | de lumen-mètre à cet appareil dont Ja description à été donnée récemment dans la Revwe p. 319). Pour la photométrie, l'unité théorique esl celle qui a été proposée par M. Violle. Sa valeur est-elle absolument constante? Et, dans le doute, ne pourrait-on pas adopler une autre unité qui pourrait être toujours reproduite identique à elle- mème d'une manière cerlaine? MM. Lummer et Kurlbaum ont donné une ingénieuse solution de la question : ils proposent d'adopter pour étalon une plaque de 1 centimètre carré de platine porté à une température telle que, pour le faisceau émis, il existe un rapport invariable entre son intensité observée directement et celle qu'on observe après le passage d’une couche d'eau d'épaisseur fixée à l'avance. Pour réaliser cet étalon, ils emploient une petite lame de platine traversée par un courant électrique dont on pourra faire varier l'intensité d'une manière continue pour faire varier aussi continûment la tempéralure. Le faisceau traverse une cuve dont les parois, en quartz de 1 milli- mètre d'épaisseur, sont distantes de 2 centimètres; le faisceau tombe ensuile sur un bolomètre qui permet de faire deux observations successives, l’une quand la cuve est vide, l’autre quand elle est pleine d'eau. Ils proposent d'amener la tempé- rature de platine à une valeur telle que l'intensité dans le second cas sera réduite à 0,1 de sa valeur primitive. L'idée est ingénieuse el pourrait être avantageusement adoptée s’il est vrai que l'erreur ne puisse dépasser 0,3 °/,. Les comparaisons photométriques ne peuvent se faire dans le cas de colorations différentes : M. D. N. Rovel y est pourtant parvenu dans une étude sur la mesure du pouvoir réfléchissant des mélaux : son appareil était composé d'un disque, tournant assez rapidement autour d'un axe perpendiculaire à son plan. Ce disque était recouvert par moitié par les substances étudiées, qui renvoyaient à l’observateur, par réflexion, la lumière qu’elles recevaient d'une source placée dans le voisinage. Lors de la rotation, l’observa- teur percevait une impression spéciale : celle d'une espèce de vacillement, lorsque les faisceaux réfléchis différaient de plus de £ de leur valeur; cette sensation disparaissait pour une différence moindre, et cela quelle que fût la couleur de ces plaques. Cette observalion, quoiqu'elle paraisse ne pouvoir être utilisée que dans des cas bien spéciaux, demanderait confirmation. M. G. Lemoine a continué les recherches qu'il avait entreprises sur la mesure de l’action chi- mique des radiations solaires, en utilisant la dé- composition que produisent celles-ci dans un mélange d'acide oxalique et de chlorure ferrique. L'application de cette méthode n'était pas sans soulever quelques objections basées sur ce que, la réaction qui se produit étant exothermique, il n’y a pas une relation nécessaire entre les grandeurs de la cause et de l'effet. M. Lemoine, s'appuyant sur ce que la chaleur dégagée est faible et se dissémine rapidement dans la masse, conclut que, dans les conditions de ses expériences, il doit y avoir proportionnalité. Sans entrer dans le détail des mesures el des corrections qu'il faut faire subir à celles-ci, nous dirons que, pour la lumière naturelle du Soleil, les nombres ont varié dans le rapport de 1 à 30 environ entre le 21 dé- cembre el le 16 mai : M. Lemoine a étudié égale- ment l'effet des lumières colorées comparativement à celles de la lumière naturelle. Il importe de remarquer que les résultats obtenus fournissent des renseignements sur l’in- tensité de l’action chimique, mais ne peuvent rien apprendre sur l'intensité lumineuse, car il n’exisle aucune relation entre ces éléments: la forme trop abrégée du titre du travail présenté par M. Le- moine pourrait donner une idée inexacte du but qu'il s’est proposé. M. Janssen, en vue principalement de l’appli- cation à la Photographie des corps célestes, a employé un nouveau procédé pour comparer les radiations émises ou diffusées par les astres, en déterminant les Lemps nécessaires pour produire, dans une plaque sensible, un dépôt d’une opacité déterminée. Les intensités de ces deux sources seraient entre elles en raison inverse des durées nécessaires pour obtenir le même résultat. Bien entendu, il ne s'agit pas de mesures photo- métriques proprement dites, mais de mesures de l'activité chimique; mais, même à ce point de vue, etce n’est pas sans quelque embarras que nous l’avouons, nous n'avons pas bien compris le prin- cipe de la méthode, étant donné que la loi qui lie les effets photographiques à la durée de la pose est compliquée, autant qu'il résulte des observa- tions faites. M. Maréchal, en collaboration avec M. Rigollot, a entrepris l'étude des actions électrochimiques de la lumière; l’actinomètre qu'il a employé com- prend une petile cuve, contenantde l'eau salée, dans laquelle plongent deux lames métalliques, l’une de cuivre pur, qui est soustraite à l’action des ra- diations, l’autre de cuivre oxydé, qui recevra celles- ci ; les lames sont reliées à un galvanomètre: c'est donc une disposilion analogue à celle de l’actino- mètre de Becquerel. Nous ne pouvons indiquer les résullals expérimentaux déjà obtenus ; mais nous signalerons que M. Maréchal a montré que son ap- pareil peut être utilisé comme un véritable relais lumineux très sensible, permetllant d'enregistrer, C.-M. GARIEL — REVUE ANNUELLE DE PHYSIQUE sur un appareil télégraphique quelconque, les signaux lumineux émis par le miroir des instru- ments délicats. Ajoutons, d'autre part, que les observations faites sur la lumière du jour ont con- duit M. Marchal à émettre une hypothèse, qui mé- rite d'être étudiée, sur une relation qui peut exister entre les variations diurnes du magnétisme ter- restre et la luminosité du ciel aux diverses heures du jour. La question controversée de la température minima à laquelle apparaissent des radiations susceptibles de donner naissance à la sensation lumineuse a donné lieu à quelques recherches. M. S. Téréchine a montré qu’un fil de platine émet une faible lumière jaune gris-à 358°. M. P. Gray est arrivé à un résullat analogue et donne 370° comme température minima de la luminosité : mais le phénomène n'est perceptible que si l’obser- vateur est resté préalablement, pendant un temps assez long, dans une chambre noire; pour une moindre durée, la luminosité n’est appréciable qu'à 470, IN Jusqu'à ces dernières années, par suile sans doute des besoins de l’industrie, on a recherché spécialement les moyens d'obtenir de hautes tem- péralures, et on a étudié les phénomènes corres- pondants; ce n’élait que très exceplionnellement qu'on réalisait des abaissements de température, et, en général, ils étaient très limités et on ne les utilisait que dans des cas très restreints. Mais, notamment depuis les recherches de M. Caillelet et de M. Pictet, les conditions ont changé, et la production du froid est devenue d’un usage cou- rant; non seulement on est arrivé à utiliser, même -dans l’industrie, la soustraction de grandes quan- tiltés de chaleur, mais encore on est parvenu à de très basses températures : tous les gaz ont été liquéfiés, et l’on sait que M. Dewar, par exemple, emploie Pair liquide d'une manière courante ou à peu près. Une question se pose nécessairement : comment vont varier, à ces températures très basses, les phénomènes qui dépendent des conditions calori- fiques? Les lois physiques ne peuvent être valable- ment appliquées que dans les limites des expé- : riences qui ont servi à les obtenir, el il n'est pas prudent de les appliquer par extrapolalion en dehors de ces limites, dès qu’on s’en écarte d’une manière sensible. On n’est donc pas en droit d’uli- liser leslois obtenues, jusqu'à présent, à des tem- pératures inférieures de 100 et 200" à celles aux- quelles ont élé faites les mesures qui ont conduit à l'adoption de ces lois. On conçoit qu'il y a là un très vaste champ d'étude, qui réserve sans doute fs à | | 1 j ; | É x 6 E de Ven rirs pére C.-M. GARIEL — REVUE ANNUELLE DE PHYSIQUE Or ©Oc bien des surprises; malheureusement, les condi- tions à remplir pour ces recherches sont loin d'être faciles à réaliser et il n'y a que peu de laboratoires qui soient outillés en vue des expériences aux- quelles nous faisons allusion. M. Pictet, qui a à sa disposition une installa- tion importante, a déjà commencé à explorer cette voie et y a trouvé des résultats intéressants qui s'écartent, souvent sur bien des points, de ceux - qu'on connaissait: c'est ainsi qu'il a montré que, … àtrès basse température, l’affinité chimique n'existe plus; les corps qui, à la température ordinaire, _ se combinent le plus énergiquement, sont sans action les uns sur les autres à —100°. Nous trouve- rons plus loin diverses recherches que M. Pictet a pu faire et qui présentent un réel intérêt. Mais nous tenons à signaler ici certains résultats relatifs à la propagation de la chaleur à basse tem- pérature, résultats qui correspondent à des ano- malies apparentes et qui sont dus, en sommie, à ce que, à ces basses températures, tous les corps deviennent plus diathermanes. Aussi, par rapport à ce que nous connaissons, les faits sont plus com- plexes et paraissent-ils difficilement explicables tout d’abord. Nous ne pouvons résumer toutes les expériences de M. Pictet à ce sujet el nous nous bornerons à en citer quelques-unes. M. Pictet a recherché quelle était l'influence, sur le réchauffement, des substances considérées ordi- nairement comme s'opposant au passage de la chaleur. A cet effet, un vase était refroidi vers — 165° et abandonné dans l’atmosphère à la tem- pérature du laboratoire(+11°); tantôt ce vase était nu, tantôt il était recouvert de coton en couches variant de 10 à 50 centimètres, ou de bourre de soie, ou de laine, ou de sciure de bois, ou de liège räpé, etc. Sans entrer dans le détail, nous dirons que de — 165° à — 100° environ, le réchauffement se fait presque absolument de la même manière dans tous les cas, qu’il y ait ou non une substance isolante, quelle que soit la nature de cette subs- tance, et quelle que soit l'épaisseur de la couche. De — 100° à —70°,on commence à distinguer une différence, mais elle est faible et, pour une même substance, n'est pas du tout en rapport avec l’é- paisseur de la couche isolante. La différence s’ac- croit à mesure que la température s'élève, mais il faut arriver jusqu’à — 20° pour que les effets obser- vés soientà peu près proportionnels aux épaisseurs des enveloppes protectrices. La cristallisation du chloroforme est utilisée d'une manière courante, par M. Pictet, pour obte- nir absolument pur ce liquide en vue de l’anesthé- sie : ce phénomène a donné lieu également à des effets curieux dont nous signalons les principaux : Une éprouvette, contenant le chloroforme et un thermomètre, est introduite dans un réfrigérant à — 120° ou —125°: la température du chloroforme s'abaisse, et, quand elle a atteint — 6895, la cris- tallisation commence; quand les trois quarts du chloroforme sont cristallisés, on arrêle l’opéra- tion ; la température est — 69° ou — 69°,5, tandis que la température du réfrigérant a été maintenue à — 125° par l’action des compresseurs. En répétant l’expérience dans un autre réfrigé- rant plus grand où la température peut être main- tenue à — 80°, il semblait qu'on devait être assuré de la cristallisation du chloroforme à —69°, Mais il en fut tout autrement : la température dece liquide atteignit —80° sans donner trace de cristallisation ; ce n’était pas le phénomène de surfusion, car des cristaux de chloroforme obtenus d'autre part à —68°5 furent projetés dans le liquide à — 80° sans amener la cristallisation, et même ils fondirent. Enfin une éprouvette à — 68°, contenant des cris- taux contre la paroi etdu liquide au centre, futintro- duite dans le grand réfrigérant à — 80°. La tem- pérature s’abaissa dans l’éprouvette jusqu'à — 80° et les cristaux fondirent successivement. L'expérience plusieurs fois répétée donna les mêmes résultats. Mais, d'autre part, une éprouvette, contenant du chloroforme en partie liquide et en partie cristal- lisé, et dans laquelle était plongé un thermomètre, fut abandonnée à l’air, pour une pesée, puis sou- mise à l’action des rayons solaires. La température s’éleva à — 48°, puis à — 34°, sans que les cristaux fondissent, quoique leur point de fusion fût de —68°. Ces faits curieux nous ont paru mériter d’être signalés avec quelques détails, tant ils sont con- traires à ce qui se produit ordinairement. M. Pictet en a donné l'explication en admettant que, aux très basses températures, le chloroforme liquide ou cristallisé est diathermane pour les radiations peu réfrangibles, pour la chaleur obscure : cette explication n’est pas immédiate, d’ailleurs, et il faut faire intervenir l'écart de température entre le point de cristallisation et la température de l'enceinte; nous ne pouvons nous y arrêter et nous devons renvoyer au travail de M. Pictet!. Nous signalerons l’action sur les êtres vivants qui, au point de vue physiologique, est bien inté- ressante, et nous nous bornerons à dire que M. Pictet, avec des vêtements chauds et couvert d’une pelisse, a pu rester pendant 8 minutes dans un grand réfrigérant à —10%°, la tête en dehors, de manière à respirer l'air du laboratoire, n'ayant presque aucune impression de froid à la peau. Nous passons sous silence les autres effets, curieux 1 Arch. des Sc. phys. el nat. de Genève, 1894. 290 également, d'ailleurs; mais ce résultat parail sin- gulier. Il peut s'expliquer cependant. L'évaluation des basses températures ne se fait pas aisément : à moins d’une installation spéciale, on ne peut guère utiliser le thermomètre à hydro- gène, et les indications données par le thermo- mètre à alcool sont inexactes; M. Chappuis, qui s’est occupé de la question, a reconnu que, dans les appareils de ce genre fournis par les constructeurs, l'écart avec le thermomètre à hydrogène pouvail atteindre 7° à la température de — 79°. Ces thermo- mètres ne sont même pas comparables entre eux, et, à celte température, leurs indications peuvent différer de 1°, M. Chappuis propose de remplacer l'alcool par le toluène; les thermomètres construits avec ce liquide restent comparables à 0°,04 près: il y a donc lieu d’en généraliser l'emploi. - M. Marchis s’est proposé d'améliorer le thermo- mètre en supprimant le déplacement du zéro, qui est dû, comme on le sait, à un travail moléculaire lent qui a lieu dans le réservoir : il a supprimé cel inconvénient en consiruisant des réservoirs en pla- tine auxquels on soude des tiges en verre. Dans ces conditions, le zéro est presque absolument in- variable, ainsi qu'il résulte d'observations variées el nombreuses, qui montrent que le zéro est inva- riable à 0°,001 près. On peut se demander, il est vrai, si ce réservoir, dont les parois sont assez minces en somme, ne pourra être déformé par des chocs, des pressions, et si la variation de volume du réservoir qui en résultera n’amènera pas de graves perturbations dans la position du zéro, malgré les dispositions adoplées pour éviler ces accidents; on peul craindre aussi l’atlaque lente du platine par le mercure, surtout si l'appareil est maintenu pendant un certain temps à des températures élevées. Mais ce thermomètre se met rapidement en équilibre de lempéralure à cause de la faible épaisseur et de la conductibilité des parois du réservoir, el c'est là un avantage très réel dans un certain nombre de cas où le thermomètre de M. Marchis pourra être utilement employé. Disons, d’ailleurs, que, en vue de ce résultat, des thermomètres analogues avaient déjà été construits antérieurement, surtout pour les usages médicaux, mais leur emploi ne s’est pas étendu. Des procédés divers ont élé utilisés pour la me- sure des lempératures élevées : M. Daniel Berthe- lot en asignalé un nouveau, basé sur les variations des propriétés opliques des gaz. Il obtient des franges d'interférences produiles par la réunion de deux faisceaux ayant traversé chacun un tube rem- | pli d’un gaz; l’un de ces tubes est placé dans le milieu dont on veut déterminer la température, l’autre est en dehors el soumis à la température C.-M. GARIEL — REVUE ANNUELLE DE PHYSIQUE ordinaire. Les franges occupent des positions qui varient avec les températures: on peut, en faisant varier la pression du gaz soumis à la température ordinaire, ramener le système de franges à la posi- lion qu'il occuperait si, dans les deux tubes, le gaz avait la même pression et la même tempéra- ture. De la variation de pression, on déduit aisé- sément la température cherchée, en se basant sur la proportionnalité qui existe entre la réfraction et la densité, quelles que soient les causes de varia- tion de celle-ci. Les expériences de vérification, basées sur la détermination des points d'ébullition de divers corps, ont montré que la méthode pro- posée présente une grande exaclitude. Elle est intéressante en ce qu'elle est indépendante de la forme et du volume du récipient qui contient le gaz: seules, les positions des points d'entrée et de sortie du faisceau dans le gaz chaud, doivent êlre bien déterminées ; aussi, semble-t-il que celte mé- thode pourra être ‘utilisée dans les opérations industrielles. V. La délerminalion des coefficients qui caracté- risent certaines propriétés des corps a été l’objet de diverses recherches; parmi celles-ci, nous cite- rons l'étude de la chaleur de vaporisalion, faite par le Professeur Ramsay et M'° Dorothy Marschall. Dans leurs expériences, le liquide à vaporiser est placé dans un tube plongé dans une atmosphère de la vapeur du même liquide, de telle sorte que, après un certain temps, le liquide est porté à son point d’ébullition. Dans ce liquide se trouve une spirale de platine dans laquelle on fait alors pas- ser un courant : la chaleur qui se dégage sertentiè- rement à provoquer le changement d'état. Une pesée donne la quantité de liquide vaporisé; pour déterminer la quantité de chaleur correspondante, on répète une expérience analogue avec un liquide dont la chaleur de vaporisation est connue, comme l’eau ou l'alcool. Il est clair qu'on peul alors cal- culer aisément la chaleur de vaporisation du liquide étudié. MM. P.J. Hartoget J. A. Harker se sont occupés spécialement de la chaleur de vaporisation de l'eau sous la pression atmosphérique : ils ont em- ployé l'appareil de M. Berthelot, mais ont adoplé des dispositions spéciales pour obtenir un rayon- nement constant pendant les diverses phases de l'opération. Le nombre 525, qu'ils ontoblenu ainsi, est inférieur à celui qui a été donné par Regnaull : mais il satisfait bien à la relation théorique en admettant, pour les autres données qui y entrent, les valeurs fournies par les recherches les plus récentes. : La mesure de la chaleur spécifique de l'eau a élé C.-M. GARIEL — REVUE ANNUELLE DE PHYSIQUE 551 ë l’objet de plusieurs séries de travaux : on sait, d'ailleurs, que la question est importante, puisque - ‘cette donnée est liée à la valeur de l'équivalent _ mécanique de la chaleur. Nous ne pouvons entrer dans le détail des expériences et nous nous bor- - nerons à citer quelques résultats obtenus. Des recherches de M. Griffiths on déduit, pourla . valeur de l'équivalent mécanique de la calorie, le nombre 427 kilos 25, qui ne diffère que de +, de la . valeur trouvée par Rowland, et de = de celle due à Joule. MM. A. Schuster et William Gannon ont trouvé un nombre très voisin de celui de M. Griffiths. On est peu renseigné sur la chaleur spécifique - des liquides en surfusion et l’on ne peut guère citer * que les recherches faites par M. Martinetti pour l’eau juqu'à la température de — 6°. M. Louis Bruner s'est proposé d'obtenir des résultats sur une plus grande étendue en opérant sur des liquides orga- niques : il a choisi le thymol, dont le point de fu- sion est 49°,5, et le paracrésol, qui fond à 33°. Pour le premier, il a pu maintenir la surfusion jus- qu'à 9° ; pour le second jusqu'à 6°. Il serait sans intérêt, dans ce rapide résumé, de reproduire les nombres qu'il a obtenus, et nous nous bornerons à dire que, pour ces deux corps, la courbe représen- tative tourne sa concavité vers |’ æ posilif. Le même auteur a étudié, d'autre part, la cha- leur de solidification de l’hydrate de bromal, et il a vérifié que, comme l'a indiqué M. Berthelot, ce corps, quoique cristallisé, ne revient pas immédia- tement à l’état d'équilibre moléculaire définitif et qu'il ne rend que peu à peu la chaleur qu'il a absorbée lors de la fusion. L'hydrate de bromal ne se dissolvant dans l’eau qu'avec une faible absorp- tion de chaleur, il a utilisé l’action de la potasse, qui décompose ce corps en bromoforme et formiate de potasse. Il a reconnu que la quantité de chaleur dégagée varie avec le temps qui s’est écoulé depuis la solidification : ainsi la réaction, qui dégage 12 calories environ avec l'hydrate de bromal non fondu, en dégage 14,68 si l’on opère sur un échan- tillon solidifié depuis une heure et broyé, et en dé- gage jusqu'à 16,12 après le même lemps si le corps n'a pas été broyé. Les différences mesurent les quantités de chaleur qui avaient élé retenues. En faisant varier les conditions, on reconnait que la chaleur retenue n’est rendue que successivement et avec une vitesse variable suivant le cas. M. L. Bruner a étudié le thymoletle menthol au même point de vue et n’a rien trouvé d’analogue : il y a là un phénomène intéressant, qu’il serait eu- rieux de voir étudier sur d'autres corps. La déterminalion de la température du maximum de densité de l’eau a donné lieu à diverses recher- ches. MM. Anderson et Mac Cleland ont étudié l'in- fluence de la pression el, en se servant du dilato- mètre, ils ont obtenu les températures de 4°,1844 : 4°,1823 el #,1156 respectivement, pour des pres- sions de 1 atmosphère, 1,5 atmosphère et 2 atmos- phères. M. de Coppet a borné ses recherches à l'étude du phénomène à la pression ordinaire; mais il en a minutieusement discuté les conditions. Il a em- ployé la méthode primitive de Hope et de Tralles, reprise plus tard par Despretz; mais il a reconnu que l'observation des thermomètres, par le refroi- dissement seul du liquide ou par son seul réchauf- fement, entrainail nécessairement une cause d'er- reur, et qu'il fallait combiner les deux actions et coupler les résultats obtenus. IL a fait un grand nombre de mesures, desquelles, toutes corrections faites, il a déduit la valeur de 3°,982 pour la tem- pérature du maximum de densité de l’eau : ce nombre se rapproche beaucoup de ceux donnés par M. Scheel, 3°,960, et par M. Krestlung, 3°,973. La connaissance du point critique peut être uti- lisée pour reconnaitre la pureté des corps sur les- quels on opère. M. Pictet, qui a fait des recherches à ce sujet, a reconnu que cette mélhode donne des résultats très supéricurs à ceux que fournit la dé- termination de leur point d'ébullition : d'après ce savant, la sensibilité serait de 10 à 60 fois plus grande. C’est ainsi que, pour le chloroforme pur. auquel on ajoutait une petile quantité d’alcool, le point crilique a passé de 258°,8 à 255°, soit une différence de 3°,8, tandis que la température d'ébul- lition variait seulement de 0°,1 à 0°,2. Pour le chloréthyle, auquel on mélangeait également de l'alcool, le point critique s’abaissait de 6°, tandis qu'il n’y avait qu'une variation de 0°,6 pour le point d’ébullition. Enfin, pour le pental, qu'on addition- nait d'aldéhyde, l’abaissement du point critique était de 1°,7; le point d'ébullition se déplaçait de moins de 0°,1. Il y a là une constatation qui peut rendre des services dans certains cas. Cette influence nolable des impuretés par rap- port au point critique a été étudiée, à un autre point de vue, par M. J.-P. Kuenen, qui attribue à des matières étrangères des phénomènes singu- liers observés par divers auteurs et desquels M. Galitzine avait conclu que, au-dessus de sa température critique, l'éther sulfurique peut exis- ter sous deux états de densité très différente. En opérant sur de l’éther purifié avec le plus grand soin, M. Kuenen a observé des différences vingt fois moins considérables que celles qu'avait signa- lées M. Galitzine ; M. Kuenen pense que ces diflé- rences, faibles d'ailleurs, sont dues probablement à ce que, au moment de la fermeture du tube à la lampe, une petite quantité d’éther serait décompo- sée par l’action de la chaleur. M. Villard est arrivé à des résultats analogues; 598 C.-M. GARIEL — REVUE ANNUELLE DE PHYSIQUE en opérant sur des gaz très purs, protoxyde d’a- zote, acide carbonique, dans un appareil sem- blable à celui employé précédemment par M M. Cailletet et Colardeau, il a été conduit à con- clure que l'appareil contient un fluide homogène : il n’y a donc qu'une seule densité. Suivant cet au- teur, les résullals opposés qui ont élé signalés doivent être expliqués par des impuretés : un cal- cul simple montre que la présence d'un gaz étran- ser, même en quantité minime, suffit à expliquerles irrégularités constatées. M. Villard a exécuté d'autres expériences du même genre, dans lesquelles il a utilisé la disso- lution de l'iode dans l'acide carbonique; il en a conclu nolamment que l'acide carbonique en vapeur, pour se colorer par l'iode, n'a pas besoin d'être saluré, encore moins d'être mélangé de liquide. M. Piclet opérant sur des dissolulions élhérées de divers solides, de bornéol, par exemple, a vu que, à la température critique, alors que toute la masse devenail gazeuse, aucun dépôt de solide ne se pro- duit : doit-on en conclure que, dans ce cas, à une température inférieure au point de fusion du solide et malgré la pression, le solide passe tout entier à l'élat gazeux et se mélange à la vapeur? M. Pictel nee pense pas, et, reprenant une hypothèse qu'il avait formulée antérieurement, il admet que la li- quéfaction des gaz peul se faire de deux façons : au-dessous du point critique, à la pression de la vapeur salurée, où au-dessus du point critique ; mais alors l'équilibre obtenu n’est pas stable, il se produit seulement de petites gouttelettes qui dis- paraissent successivement par évaporation, mais qui sont remplacées immédiatement par d’autres goulteleltes qui prennent naissance. Dans le cas de l’expérience citée plus haut, le bornéol serait en dissolution dans ces gouttelettes liquides. On voit que les recherches de M. Villard sonten contradiction avec cetle-hypothèse. M. James Chappuis a pensé que l'indice de ré- fraction devait présenter un changement caracté- ristique à la température critique; en employant la méthode interférentielle dont nous avons parlé plus haut, il a éludié la variation de l'indice de réfraclion de l'acide carbonique en le comparant à celui de l’eau. II a trouvé que de 35° à 31°,61 iln'y a pas de varialion dans les franges : la réfraction ne change pas; mais, au-dessous de cette dernière température, les franges se déplacent : la réfrac- lion diminue. C’est ce changement qui caracté- riserait le point critique, dont la température serait ramenée à 31°, 40 après les corrections exi- gées par le {hermomètre employé : cette valeur est très voisine de celle de 34°,35 donnée par M. Amagat. VI Le phénomène de la dissolution des solides dans les liquides présente un intérêt surtout en ce qu'ii est insuffisamment connu actuellement; avant de pouvoir en faire une théorie complète, il faul avoir des données numériques nombreuses el pré- cises. Dans cet ordre d'idées nous signalerons les recherches de M. Étard, qu'il est impossible de ré- sumer, car les résullats oblenus consistent, en somme, dansle tracé de courbes desolubilité; disons seulement que M. Étard est arrivé à représenter les faits plus simplement qu'on ne le faisait aupa- ravant, en prenant pour coeflicient de solubililé le poids du sel compris non dans 400 parties d'eau, mais dans 10) parties de la solution saturée. M. G. Charpy s'est également occupé des solu- lions : pour caractériser la concentration, il prend le nombre de molécules du sel contenues dans 100 molécules du mélange, et il cherche la relation entre les densités et la concentration. Il est arrivé à cel énoncé simple : La densité d'une solution sa- line croit proportionnellement à la concentration, si l’on admet que le poids moléculaire de l'eau à 0° est environ de 3 X 18. M. J. de Kowalski a cherché à vérifier la théorie de la miscibilité des liquides de Van der Waals, théorie d’après laquelle le mélange peut se faire à une certaine pression, pourvu que celle-ci soit assez grande. Pour éviter des difficullés que présentail l'expérience, M. de Kowalski a employé les mé- langes ternaires, et il est arrivé à penser que, pro- bablement, il existe une température au-dessous de laquelle un mélange complet par compression est impossible. On possède peu de renseignements précis surles liquides troubles et les gaz nébuleux, c’est-à-dire les liquides qui contiennent des particules solides en suspension, émulsions, liquides écumeux, el sur les gaz qui contiennent en suspension des par- ticules solides ou liquides. M. Garcia de la Cruz à étudié les propriétés mécaniques de semblables mélanges, et il est arrivé à ce résullat simple, el qui nous parail mériter d'êlre signalé spécialement, que ces mélanges se comportent à ce point de vue comme des liquides clairs ou des gaz également clairs, dont la densilé serait la densité moyenne du corps considéré, c'est-à-dire le quotient de la somme des masses mélangées par le volume du mélange. VII L'étude des varialions des propriétés magné- tiques, a donné lieu à divers travaux parmi lesquels nous signalerons les importantes recherches de M. Ewing, déjà analysées dans la Æevue". 1 Rev. gén. des Sc., 1895, p. 385. C.-M. GARIEL — REVUE ANNUELLE DE PHYSIQUE 550 M. Curie a étudié le fer doux à ce point de vue entre 20° et 1350° et a signalé que des variations rapides se manifeslaient particulièrement vers 750, 860 et 1280°; cette remarque est intéressante, _ parce que ces températures sont à peu près . celles pour lesquelles on a été conduit à admettre : : x que ce mélal subit des modifications allotro- . piques. M. Pictet a recherché l'influence du froid sur -l’aimantation de l'acier, et il a trouvé que la force portante augmente quand la température diminue: pour un barreau aimanté, du poids de 490grammes environ, dont, à l’aide d’une balance, il mesurait la force portante à travers une lame de glace de 3 mil- _Jimètres, il a trouvé que cette force, qui était de 57 grammes à 30°, atteignait 65 grammes à — 30° et 76 à — 105°. Les propriétés chimiques du fer et de l'acier varient avec l’aimantation; pour ce dernier corps, M. T. Andrews a reconnu que la corrosion par le chlorure cuivreux était supérieure de 3 °/, pour l’acier aimanté à sa valeur pour l'acier non aimanté. Cette différence d’action, qui avait déjà été signa- lée, conduisait à penser que, dans un même li- -quide, entre le fer aimanté et le fer non aimanté, il doit exister une certaine force électromotrice : la question a été étudiée avec soin par M. Hur- muzescu, qui a cherché à éviter les causes princi- pales d'erreur en prenant pour électrodes de fins fils de métal, pour avoir plus d’'homogénéité, el en mesurant les forces électromotrices à l’aide d’un “électromètre capillaire. Il a opéré sur le fer, le >. Q + nickel et le bismuth, qu’il plongeait dans des solu- tions très faibles d'acide acétique ou d'acide - oxalique. L'un des fils était placé dans un champ magné- tique dont la valeur a varié de 400 à 7.000 unités CGS ; l’autre fil était en dehors du champ. M. Hurmuzescu a trouvé d’abord que, pourle fer - et le nickel, l'électrode aimantée est toujours posi- tive par rapport à l’autre, tandis que c’est l'inverse pour le bismuth. D'autre part, la force électromo- trice croit avec l’intensité du champ magnétique, variant pour le fer de 5 à 229 dix-millièmes de - volt. Ce sont là des résultats intéressants. MM. Cailletet et Colardeau ont étudié un effet - particulier qui se produit dans l'électrolyse : la - condensation des gaz sur les électrodes métalliques. 4 ! On sait que, dans l’électrolyse de l'eau acidulée, - les jaz oxygène et hydrogène n'apparaissent pas immédiatement sur la surface des électrodes en platine : ils y existent cependant à l'élat de con- - densation, puisque, si on réunit ces électrodes par - un fil conducteur, celui-ci est traversé par un . courant d'une très courte durée d’ailleurs. MM. Cailleltet et Colardeau ont pensé que les effets seraient augmentés si l’on-substiluait de la mousse de platine aux lames ordinairement em- ployées et qu'ils seraient plus considérables encore si l'on opérait sous pression ; ces prévisions ont élé justifiées par des expériences dans lesquelles la pression s'est élevée jusqu'à 600 atmosphères : dans ces conditions l'appareil est devenu un puissant accumulateur d'énergie électrique. La force électromotrice, qui est environ de 1,8 volt, décroit d'autant plus lentement que la pression est plus considérable; cette chute de potentiel n’est pas continue d’ailleurs : elle est rapide au début jusqu'à ce que la force éleetromotriceatteigne 1 volt environ, puis reste constante pendant un temps d'autant plus long que la pression est plus forte, et décroit ensuite lentement jusqu'à 0°. En calculant la capacité d'un accumulateur ainsi formé, MM. Cailletet el Colardeau ont trouvé que, en la rapportant à 1 kilogramme de mousse de platine, elle est de 56 ampères-heure pour une pression de 580 atmosphères. Le rendement serait très élevé, car il atteindraitl 95 à 98 °/,, à la condition de ne pas pousser la charge jusqu'à ses dernières limites et en lui faisant succéder immé- diatement la décharge. ; Des effets analogues ont élé observés pour l'iridium, le ruthénium, le palladium. Pour ce dernier métal, les résultats sont supérieurs à ceux que donne le plaline : la capacité de 1 kilogramme de mousse de palladium est de 176 ampères- heure à la pression de 600 atmosphères. Pour les aulres métaux essayés et le charbon, l'action esl du même genre, mais il se produit en même temps une altération chimique qui trouble le phénomène. VIII Les actions chimiques exercées par les courants ont élé utilisées dans nombre de circonstances el ont donné lieu à d'importantes applications indus- trielles ; mais elles peuvent être nuisibles égale- ment. Tel est le cas qui peut se produire, qui s’est produit, lorsque, dans une ligne de tramways, le retour se fait par la terre : des actions électro- lytiques se manifestent et peuvent donner lieu à une attaque de tous les circuits métalliques placés dans le sol et pouvant servir de conducteurs à des courants dérivés : les canalisations d'eau, de gaz, les câbles à armature en plomb peuvent être corrodés. Le fait a été signalé aux États-Unis el récemment encore à Londres. Ces actions onl donné lieu à diverses recherches parmi lesquelles nous signalerons un important mémoire de M. Farnham, qui a donné lieu à une intéressante discussion devant la Société américaine des Ingé- nieurs civils. D'autre part, le major Cardew a 560 C.-M. GARIEL — REVUE ANNUELLE DE PHYSIQUE vérifié directement que la perte à la Lerre, dans un système de distribution de l'électricité par cou- | rants alternatifs de haute tension, peut donner iieu à travers la terre à un courant de direction unique, de telle sorte que ce système de distribu- lion ne met pas à l'abri des inconvénients que nous signalions plus haut. L'action chimique des courants a été ingénieu- sement ulilisée par M. Janet pour l'étude des cou- rants alternatifs. Sur un cylindre enregistreur on enroule une feuille de papier imprégnée d'une solution de ferrocyanure de potassium et d’azotate d'ammoniaque : un stylet en fer frotte sur le papier : le stylet et le cylindre sont mis en com- municalion respectivement avec deux points entre lesquels existe une différence de potentiel alterna- live. Chaque fois que le courant passera, on obtien- dra une trace bleue sur le papier, trace dont l’é- paisseur variera avec l'intensité du courant, tandis que la coloralion ne se produira pas quandle courant sera interrompu. On aura donc, si le cylindre tourne assez vite, une ligne discontinue | dont les maxima, très nets, correspondront aux maxima de la différence de potentiel. Comme M. Janet l’a montré pour un certain nombre de cas, cette méthode se prête très bien à l'étude des courants alternatifs. M. Janet a, d'ailleurs, perfectionné sa méthode en étudiant la signification précise des traits obtenus : en employant une série de stylets qui présentent entre eux des différences de potentiels détermi- nées, on obtient des tracés présentant la même disposition générale, mais dont les traits ont des longueurs variant d'un stylet à l'autre. La compa- | raison de ces traits permet d'obtenir exactement la courbe représentative de la loi du courant con- sidérée. Nous ne pouvons insister sur ce fait, el nous dirons seulement, comme on l’a fait remar- quer, que c'est l’applicalion, dans un cas tout diffé- rent, du principe sur lequel M. Marcel Deprez a basé son indicateur de pression pour les machines à vapeur. Le problème dont M. Janet a donné une solution présente une grande imporlance; aussi a-t-il sol- licité l'attention des physiciens: nous ne nous arrêlerons pas, faute d'espace, aux solutions mécaniques indiquées par M. Flemming et par M. Hicks, mais nous signalerons des procédés basés sur l’action produite sur la lumière polari- sée. M. Pionchon emploie un saccharimètre à pé- nombre ; entre l'analyseur el le polariseur, il place un tube contenant, soit du sulfure de carbone, soit mieux une solulion d'iodure de mercure et d'io- dure de polassium, et entouré d’un solénoïde dans lequel on fait passer le courant à étudier. Les éclairements varient avec l'intensité du courant el changent à chaque instant; mais, au moins pour les courants industriels, ces varialions sont très rapides et ne peuvent être perçues; on arrive à les distinguer par la méthode stroboscopique, et, en réglant la période de visibilité convenablement par rapport à la période du courant, on peutsuivre avec facilité les changements, qui paraissent se produire lentement. M. A. C. Crehore se base sur le même principe : un tube contenant du sulfure de carbone et entouré d'un solénoïde traversé par le courant, est placé entre un analyseur et un polarisseur sur lequel arrive un faisceau de lumière blanche. La lumière, à sa sortie de l'analyseur, traverse un prisme: il se produit un spectre dans lequel apparait une raie obscure dont la position dépend de l'intensité du champ magnétique : celle raie se déplace donc périodiquement, ses déplacements suivant les va- riations d'intensité du courant. Si donc on projelte ce spectre sur une plaque photographique, qui se déplace uniformément dans une direction perpen- diculaire au spectre, on obtiendra une courbe cor- respondant à l’ensemble des positions de la raie noire et dont l'étude fera connaitre la loi de varia- tion du courant. Les courants hertziens ont donné lieu à des tra- vaux dont beaucoup sont intéressants, mais qui sont tellement nombreux qu'il est impossible de les citer tous et qu'il est difficile de choisir. Nous dirons seulement que, d'une manière générale, les analogies, signalées dès le début, avec les phéno- mènes lumineux se multiplient, que les interfé- rences sont obtenues dans des conditions variées, que les indications sur les longueurs d'onde se précisent, que des effets ont été observés qui prouvent l'existence de la double réfraction, que, par l'emploi de réseaux en grils convenablement disposés, on à pu mettre en évidence des faits qui doivent être rapportés à la polarisation circulaire ; que les mesures d'indice de réfraction se multi- plient et donnent des résultats concordants, soit entre eux, soit avec l'application de la loi de Max- well, etc. Nous regrettons de ne pouvoir insister et d'être obligé de passer sous silence les noms des savants qui ont obtenu d'intéressants résultats. Mais la question est trop importante el mériterait une étude d'ensemble ; outre que celte étude sera plus utile, croyons-nous, dans quelque temps, alors que cerlains points seront mieux précisés, il serail fàächeux de l’écourter, et il nous parait préférable de la réserver. C.-M. Gariel, Professeur de Physique à la Faculté do Médecine de Paris, Membre de l'Académie de Médecine. à ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 561 ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES : NOUVEAU SYSTÈME DE DISTRIBUTION D'ÉLECTRICITÉ : SYSTÈME MONOCYCLIQUE pu D' L, BELL . Les courants immédiats produits par une machine - dynamo sont des courants alternatifs, c'est-à-dire que … les courants qui passent dans une section donnée de … linduit sont, à chaque instant, différents en intensité et en signe. Pour recueillir des courants continus, il faut une disposition particulière. Il semble donc que . Pémploi de l'électricité sous cette dernière forme ait dù être postérieur à l'emploi des courants alternatifs. Et cependant, pendant longtemps, ces derniers cou- rants out été très peu en faveur. On en citait de rares — applications. Quelles étaient les causes de cette exclu- sion ? Elles étaient assez nombreuses. Les courants alternatifs étaient relativement mal connus, ils jetaient … les électriciens dans de cruels embarras en se met- > tant, à chaque instant et comme à plaisir, en contra- diction avec toutes les lois de la physique électrique. Mal connus, ils étaient mal conduits et mal réglés. Aussi peut-on citer d'anciennes stations à courants alternatifs qui ont un rendement déplorable, moins de 50 °/,, dit le Dr Louis Bell dans un mémoire que nous citerons tout à l'heure; en ces stations, le réglage-de la tension est aussi absolument mauvais et tout à fait DNS Fig. 4. — Dislribulion monocyclique à deux fils. — Poids de cuivre employé = 100.— Les fils sont ici représentés schématiquement par les deux lignes parallèles horizon- — iiles. Perpendiculairement à ces lignes se voient trois fils secondaires alimentant chacun une lampe. -intolérable. Cesexemplessontsurtoutnombreuxchezles Américains, qui, plus audacieux que nous, se sont lancés dans l'inconnu avec moins d’hésitation. En —… outre, les courants alternatifs ne pouvaient être appli- $ qués ni pour l'électrolyse, ni pour produire la force motrice, etc, Ils semblaient cependant posséder — par exemple, pour les fransports de force à grandes Fig. 2. — Distribulion à trois fils. — Poids de cuivre employé = 31,25. « distances — certains avantagestellementimportants que «les chercheurs et les inventeurs ne les ont point aban- donnés. Et nous avons assisté à une sorte de renais- sance des courants alternatifs d’abord lente et contes- tée, aujourd’hui bruyante et absolument reconnue. —…._ À mesure que notre expérience s’est fortifiée, nous avons élé conduits à adopter des modes divers de-dis- tribution : distribution par courants alternatifs simples à 2 et 3 fils, distribution par courants polyphasés, etc. Chacun de ces systèmes offre ses avantages et ses inconvénients, qui diffèrent d’ailleurs selon l'usage que Von fait de l'électricité produite, Il arrive souvent - même que telle modification, qui estun avantage lors- qu'il s’agit d'une distribution de lumière, est un ennui dans une distribution de force motrice. Les stations d'électricité ayant un grand intérêt, au point de vue D à de la bonne utilisation de leur matériel,-à distribuer en même temps la lumière et la force, les recherches continuent donc toujours dans le but de trouver un système qui satisfasse également bien à cette double condition. À Le D: Louis Bell a lu dernièrement devant la Cleve- land Convention un mémoire dans lequel il expose les avantages d’un système de distribution qu'il appelle système monocyclique. L'auteur commence par examiner en quelques lignes les systèmes principalement ap- pliqués jusqu’à ce jour. Suivons-le, La figure 1 représente schématiquement la distri- bution à deux fils par courants alternatifs simples. En regard est inscrit un nombre proportionnel au poids de cuivre employé, la puissance transmise restant la mème ainsi que la perte en ligne. Admettons le chiffre 100 pour ce premier système. La distribution à rois fils par courants alternatifs simples (fig. 2) ne demande qu’un poids de cuivre égal à 31,25, en admettant que le fil neutre n'ait qu'une Fig. 3. — Distribution biphasée à quatre fils. — Poids de cuivre employé — 100. Entre les deux fils horizontaux mé- dians est figurée la dynamo produisant le courant biphasé. Les deux fils secondaires perpendiculaires alimentent cha- cun une lampe. section équivalente à la moitié de la section de chacun des fils extrêmes. Cè système est done excessivement économique, et par suite recommandable, au moins pour la production de la lumière. Nous n'insistons pas sur quelques détails de réglage. Malheureusement, comme tous les systèmes à courants alternatifs Fig. 4. — Distribution biphasée à trois fils. — Poids de cuivre employé = 72,8. simples, il se prête assez mal à la conduite des mo- teurs. Sous ce dernier rapport, les courants polyphasés sont préférables : on emploie les courants biphasés ou triphasés avec canalisation à 3 ou 4 fils. La figure 3 représente la distribution à # fils par courants biphasés. Le poids de cuivre est égal à 100. C'est beaucoup. En outre, si les deux circuits sont employés à l'éclairage et si les deux charges ne sont pas égales, les pertes sont différentes et le voltage n’est plus constant aux bornes des lampes. Lorsqu'on veut le régler, on est conduit à des solutions coù- teuses et peu pratiques, les deux circuits recevant la même excitation. La canalisation à troisfils par courants biphasés (fig. #) demande moins de cuivre — 72,8 — et semble, à priori, | offrir certaines facilités de réglage. Mais des phéno- mènes secondaires interviennent, dus au décalage de phase d’un circuit par rapport au circuit voisin : par exemple, à charge égale, la perte en ligne n’est pas la méme sur l’un et l’autre circuit. Le système triphasé, à trois circuitsdistincts, est théo- riquement possible, mais il n'est pas appliqué. On adopte généralement le dispositif représenté par la ligure 5. Le poids de cuivre exigéest de 75. Les lampes se branchent entre deux quelconques des fils. L'inégalité Lis. 5. — Distribution lriphasée à trois fils. — Poids de fil employé = 15. de charge des circuits peut faire naître des différences de voltage qu'il est malaisé de compenser. Enfin, on peutemployer, pour chaque circuit de la ca- nalisation triphasée, un systèmeanalogue au système à trois fils de la figure 2. En confondant en un seul les Lrois fils neutres, on a finalement le système triphasé Fiu. 6. — Distribulion briphasée à quatre fils. — Poids de cuivre employé = 29,2. à quatre fils (fig. 6), qui permet de marcher à une Len- sion plus élevée et donne lieu à une économie consi- dérable de cuivre, puisque le poids de ce métal ne dépasse pas 29 !/,, lorsque le fil neutre n’a qu'une sec- tion égale à la moitié de la section des fils extrêmes. Ce système a été appliqué avec succès à Saint-Hyacinthe (Canada). Fig. 7. — Dislribulion monocyclique dile à deux fils. — Poids de cuivre = 100. — AB, enroulement principal. — OC, enroulement auxiliaire. = En résumé, la distribution par courants alternatifs simples est d'une grande simplicité, mais se prête mal à la conduite des moteurs. Les courants polyphasés, au contraire, résolvent cette dernière question, mais exigent des circuits plus compliqués et donnent lieu à un réglage un peu difficile. Le système monocyclique NN Fig. S, — JDislribulion monocyclique dile à trois fils. — Poids de cuivre = 31, participe à la fois des deux précédents, et ila la pré- lention de posséder tous leurs avantages sans offrir aucun de leurs inconvénients, En principe, il consiste, étant donné un réseau à courants alternatifs simples, à créer à côté de lui d’autres circuits qui seront uni- quement employés pour la conduite des moteurs, el 62 ACTUALITES SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES dont les forces électromotrices seront décalées d’une quantité voulue par rapport à la force électromotrice du circuit principal. Dans ce but, linduit de lalterna- teur porte, outre l'enroulement principal, un enroule- ment auxiliaire attaché par une de ses extrémités au milieu du premier enroulement et produisant une force électromotrice dont la valeur est déterminée à l'avance par des considérations que nous énumérerons tout à l'heure. Les forces électromotrices des deux enroulements ont une différence de phase de 90°, La : T % 74 Vé B, Fix. 9, — Composition des forces élechromolrices principale (0A,, OB;) et secondaire (OC). — Od;, Od,, résullantes. figure 7 représente un schéma d’une distribution mono- cyclique où le circuit de lumière est à deux fils, et, pour cela, dite elle-même à deux fils. Si nous représentons à un moment donné la diffé- rence de potentiel entreles points O et A (lg. 7) par E sin 4/, nous aurons au même moment : l Diff. pot. OC = e sin (- + = Diff pot. OB = — E sin &{ ; et, par suile, Diff. pot. AC = — E sin af + e sin (a + S): Diff, pot. BC = E sin a«{ + e sin (a + = 2 | Fig, 10, — Distribulion monocyclique à deux fils avee lampes et moteur triphasé. — En bas, à droite, dynamo fournis- sant le courant triphasé. — A, B, C, bornes primaires; A, B,, C1, bornes secondaires du transformateur, — En bas, à gauche, lampes placées dans le circuit secondaire. Nous pouvons écrire : — E sin al +esin (2 + :) = FE, sin (ol +n, ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES | 563 E sin at +esin (a + 5) = E, sin (ai + n:), = ou : — E sin af He cos af = E, cos à, sin af + E, sin 7, cos af, > Esin at +e cos af = E, cos » sin &{ + E, sin n, cos o/, ou bien encore: (— Ê = E, cos »; lue —E; sin, ; E = E cos e — E, sin mn. 54 er) Fig. 11.— Forces électromotrices aux bornes primaires du lrans- è ormateur dans la distribution monocyclique de la fig. 10. Par conséquent, si nous donnons à priori »,, c'est- à-dire la différence de phase entre la force électromo- trice résultante AC et la composante OA, nous tirons successivement les valeurs de e, E,, »,, E,, au moyen des équations: e=—Etg, # He bons : cosn à d e à tone == ——Ug $ E 5 E roulement auxiliaire, obtenir une différence de phase quelconque enire les divers circuits. - Le procédé graphique nous aurait amené d’une ma- mière plus rapide et plus frappante, aux mèmes résultats “qui sont résumés A Le pouvons donc, par un choix convenable de l’en- BA et BC de la figure 10 sont représentées par OA et OC (fig. 11). Donc, aux bornes des secondaires, en admet- tant que les différences de phases n’ont pas changé : Force élect. C,B, de la fig. 10 est représentée par OC, (fig. 12) Force élect. A,B, de la fig. 40 est représentée j ar OA, (fig. 12) 120% | 120? : AE ; #7 ee 6 SES ; 30° > oEe ru PR si >. A, C> | y" Fig. 12. — Forces éleclromotrices aux bornes secondaires du transformateur. et la résultante C, B, + A, B, étant dirigée suivant Oy, la force électromotrice B, C, l’est suivant Oy. Les angles C, Oy, yOA,, A,OC, sont égaux à 120°; nous avons par conséquent trois bornes C, A, B, (fig. 10), pouvant être reliées aux trois bornes un moteur triphasé. Des dimensions différentes de l’enroulement auxi- liaire nous auraient permis d'obtenir deux forces élec- tromotrices décalées de 90° et de commander par suile des moteurs biphasés. Les circuits peuvent évidemment êlre élablis de beaucoup d’autres manières. La figure 13, par exemple, montre une distribulion monocyclique à deux fils avec réseau secondaire à trois fils. Ici les transformateurs sont montés de facon à reproduire exactement la dis- position des deux enroulements de l'alternateur, le transformateur AB correspondant à l’enroulement prin- cipal, le transformateur CD à l’enroulement auxiliaire. Les moteurs, branchés sur de tels circuits, peuvent par- faitement être des moteurs monophasés. Le fil auxi- liaire sert simplement à provoquer le démarrage; après quoi, il est séparé du moteur. Le système monocy- clique est, en somme, l’extension, à tout un réseau, du circuit auxiliaire que l’on est obligé de créer pour cha- que moteur mono- dans la figure 9. Les angles sont comp- lés à partir de l'axe OX; le droites OA,, OB,, OC,, représen- tent les forces élec- lromotrices maxi- ma entre les points Oet A,OetB,Oet C (fig. 7) et-tour- _nentautour du point “O\(fig. 9). Les résul- tantes (AO, OC) et 1BO, OC) (fig. 7) sont données respective- ment à l'instant{par sur la même figure. La relation suivante peut généralement être adoptée: es forces électromotrices résultantes sont décalées de plus et moins 60° par rapport à la force électromotrice de l'enroulement auxiliaire. Dans ces conditions, il est “acile d'obtenir des courants triphasés au moyen d’un sroupement convenable des secondaires des transfor- Mmateurs. Supposons que la distribution soit faite sui- vant le schéma de la figure 10. Si, à un moment donné, la force électromotrice de l’enroulement auxiliaire est dirigée suivant Oy (fig. 11), les forces électromotrices yen A phasé, älimenté par des courants alter- natifs simples, en décalant le courant au moyen d’un ar- tifice quelconque, bobine à self-induc- tion, condensateur, etc. Remarquons qu'il est possible et même avantageux de ne jamais sup- primer complète- ment le circuit au- xiliaire, Il suffit de disposer les enrou- Fe proies Od,, 04, Fig. 13. — Dislribulion monocyclique à deux fils avec réseau secondaire à lements de telle (ix.9). Les angles n, trois fils. — AB, transformateur correspondant à l’enroulement principal. SOrte que ce circuit et n, sont indiqués — CD, transformateur correspondant à l’'enroulement auxiliaire. n’absorbe que très peu de courant, lorsque le moteur tourne à sa vitesse normale. De celte facon, si, pour une raison quelconque, une surcharge brusque est appliquée et que la vitesse diminue, le troisième fil redevient actif et tend à rendre au moteur sa marche normale. Quant à la valeur propre du système du D' L. Bell. nous ne pouvons donner d'opinion personnelle, n'ayant aucun résultat d'exploitation sous les yeux. A. Gay, Ancien élève de l'Ecole Polytechnique. ee: LAN PE 277 ANNE, En un mot, la théorie de la fonction &(s) ne doit pas être considérée comme isolée dans l'Analyse : un cer- tain nombre de théorèmes démontrés sur cette fonc- lion correspondent à des propriétés communes aux 564 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques. Cahen (E.). — Sur la fonction £(s) de Riemann et sur des fonctions analogues (Thèse pour le doc- torat de la Faculté des Sciences de Paris), — 1 vol, gr. in-4° de 93 pages. Gauthier- Villars et fils, Paris, 1895. On connait les propriétés remarquables de la fonc- tion £ (s) introduite par Euler et appliquée depuis Riemanx à l'étude de la distribution des nombres pre- miers. M. Cahen se propose de généraliser ces pro- priétés et de les étendre à d’autres séries de Ja : à an forme FA > ju En premier lieu, l'auteur étudie les conditions gé- | S nérales de convergence des séries de la forme NAT où les} sont une suite quelconque de nombres posi- tifs indéfiniment croissants, et constate l'existence d’une droite de convergence, Cette constatation ne laissait pas de présenter quelque difficulté, étant donné que la série n'est pas en général absolument conver- gente au delà de la droite en question. Dans la seconde partie, M. Cahen revient à la fonc- tion £ (s) pour reprendre les résultats connus et en ajouter de nouveaux. Parmi ceux-ci, nous signalerons celui qui est relatif à la valeur asymptotique de la somme des logarithmes des nombres premiers infé- rieurs à la limite +, et qu'Halphen avait déjà cherché à établir. La démonstration ne peut être acceptée dès à présent comme complète, car elle suppose acquis le théorème sur la réalité des racines de la fonction. € (t) de Riemann, théorème qui n’a pu encore être prouvé rigoureusement. Mais l’auteur, avec raison, n’a pas vu là un motif suffisant pour passer sous silence l'analyse qu'il avait obtenue. C’est dans la troisième partie qu'est introduit tout un ensemble de fonctions renfermant £ (s) comme cas par- Le te lle Re : NN ticulier, Ce sont les séries de la forme 23% « pério- =) diques », c'est-à-dire où les 4, se reproduisent de p en p. Il est aisé de calculer le nombre des séries -pério- diques indépendantes, en excluant celles qui ne sont pas « premières», c’est-à-dire qui peuvent s'obtenir en multipliant d’autres séries de la même forme par des sommes d’un nombre fini de termes. Parmi les séries ainsi trouvées, certaines possèdent des relations fonctionnelles tout à fait analogues à celle qui lie £ (s) et & (1—s). De ce nombre est la série [n y id n° Legendre. Relativement à ces séries, il est possible de cons- truire une théorie tout à fait semblable à celle de la fonction £(s) en définissant une transcendante holo- morphe qui correspond à la fonction & (t) de Riemann. Il s'introduit également des fonctions qui jouent Je S À 5 nr rôle de la fonctiong{x)= 26 et par lesquelles, comme pour Ÿ (x), on démontre des relations corres- on où p est premier, (5) étant le symbole de u I : pondant au changement de x en -, fonctions qui se T rattachent d'ailleurs aux fonctions el au groupe modu- laires, séries périodiques. Tel est le sens général du travail de M. Cahen et des résultats qu'il a présentés. J. Hapamarp, Chalon (P.-F.), Ingénieur des Arts et Manufaclures. — Aide-Mémoire du Mineur. — { vol, in-1? de 270 p. avec fig. (Prix relié : 6 fr.) Baudry et Cie, éditeurs, 15, rue des Saints-Pères, Paris, 1895. En 270 pages de petit format, M. Chalon à condensé un grand nombre de renseignements utiles sur: les diverses espèces minérales, leurs formules d'achat et leurs méthodes d'essai; le programme d’une explora- tion, le sondage, l'abatage, le percement des galeries et le boisage, le foncage des puits, la ventilation, l'éclai- rage, l’asséchement, les transports, l'extraction, là translation des ouvriers, les applications de l'air com- primé et de l'électricité, les méthodes d'exploitation, le levé de plans de mines, et la législation francaise des mines. Aux 17 chapitres dont se compose cet ou- vrage, sont annexées des tables renfermant les princi- pales données dont peut avoir besoin un ingénieur de mines pour la résolution des problèmes courants (lignes trigonométriques, puissances etracines, surfaces, flèches et cordes des arcs), y compris des tables de conversion des mesures francaises en mesures anglaises, espa- gnoles et russes, des tables de comparaison des di- vers thermomètres, et des tables de transformation des pentes par mètre en degrés du cercle, et inverse- ment. Enfin, le volume se termine par un glossaire français-anglais-espagnol. Par le nombre de renseignements numériques, de ta- bleaux, de formules et d'indications de prix et de di- mensions usuelles, condensés dans un petit format, cel ouvrage est appelé à rendre de grands services. Toute- fois, on peut regretter qu'il soit, à certains points de vue, incomplet, particulièrement en ce qui concerne les mines de houille grisouteuses. L’exposé relatif à l'aménagement de ces mines, dans les chapitres de la ventilation et de l'exploitation, est loin de correspondre à toutes les exigences de la sécurité; d'autre part, les diverses lampes de sûreté ne sont guère considérées qu’au point de vue de leur pouvoir éclairant, et il n’est rien dit des explosifs de sûreté. À un autre point de vue, les formules relatives aux càbles plats à section décroissante en aloès, d’un usage si répandu en France eten Belgique, trouveraient peut-être utile- ment leur place dans cet Aide-mémoire, Enfin, en ce qui concerne l'aérage, et sans parler des résultats des derniers travaux de M. Murgue sur la résistance des galeries, qui ont fourni des données numériques pré- cieuses, il est vraiment injuste de ne pas mème faire mention du ventilateur Rateau, alors qu'une place ho- norable, parfaitement justifiée d’ailleurs, est faite aux ventilateurs Ser et Mortier. E. pe Btecy, Ingénieur au Corps des Mines, Professeur à l'Ecole des Mines de Saint-Etienne. Hirsch (A.) — Comptes rendus des séances de la Commission permanente de l'Association géodésique internationale, réunie à Innsbruck du 5 au 10 septembre 189%, rédigés en français et en alle= mand, suivis des Rapports sur les Travaux géodé- siques accomplis dans les différents pays pen- dant la dernière année. — 1 vol. in-8° de 255 payes avec Teartes et planches. G. Reimer, éditeur, Berlin, 189%. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 265 2° Sciences physiques. Istrati (D°C.), Professeur de Chimie à l'Université de Bucharest. — Cours élémentaire de Chimie, rédigé J conformément à la nouvelle nomenclature proposée par À le Congrès de Genève. Traduit d'après la deuxieme édi- L tion roumaine par M. Æ. Adam, Professeur au Lycée de Charleville, avec une préface de M. Ch. — Friedel, Membre de l'Institut. —1 vol. de 560 pages, É avec 25% fig. (Priæ :12 francs.) G. Carré, éditeur. - 3, rue Racine, Paris, 1895. — Ainsi que l'annonce son titre, le traité de M. Istrati s'adresse aux commencants. Par un choix judicieux . des corps décrits, par son exposition claire et métho- … dique, qui est rendue plus attrayante encore grâce à plus de 250 figures intercalées dans le texte, cet ou- -. vrage est un des meilleurs qui ait paru dans ce genre, en ces dernières années. Rédigé d’abord pour les besoins de l’enseignement en Roumanie, ce cours élémentaire aurait pu être — écrit en francais par l’auteur, qui a fait ses études à Paris et fut un des plus brillants élèves de M. Friedel. - M. Istrati a préféré faire traduire son œuvre et confier - la revision de la traduction aux soins de M. Adam, agrégé de l’Université, qui l’a complétée et enrichie dans plusieurs parties. Il est superflu d'ajouter que la notation adoptée est la notation atomique. Dans sa magistrale préface, M. Friedel constate « que la théorie dite atomique. est enfin entrée d’une manière courante dans l’ensëi- gnement secondaire, comme dans l’enseignement su- … périeur, en France; mais ce n’est pas sans avoir fait préalablement la conquête de tous les autres pays, sauf l'Espagne, où la lutte semble n'être pas encore terminée ». Le triomphe de la théorie atomique n’est pas aussi complet que semble le croire M. Friedel. Nombreuses, … en effet, sont encore les chaires de lycées et de col- Jèges où l’ancienne théorie des équivalents seule est —… d’un usage courant. Il en sera malheureusement ainsi, —_ ant que l'enseignement sera subordonné aux exi- —…__sences de nos Ecoles de Paris, toujours inspirées, il estyrai, par des personnalités éminentes, mais per- … sonnalités considérées comme les seuls arbitres dans les questions de doctrines et dont l’obstination à ne - trouver bonnes que leurs méthodes a eu les consé- … quences les plus funestes et pour la science et pour … l’industrie francaises. Dans son Essai sur l'Histoire générale des Sciences pendant la Révolution francaise (1803), Biot disait : « Quelque sentiment que l'on conserve sur l’ancienne « Université de Paris, il faut convenir qu'elle était en «arrière de plusieurs siècles pour tout ce qui con- « cerne les sciences et les arts. Péripatéticienne « lorsque le monde savant avait renoncé, avec Des- « cartes, à la philosophie d’Aristote, elle devint carté- - « sienne quand on fut newtonien..……. ” Sans doute, il serait excessif de faire un rapproche- … ment quelconque entre l’ancienne Université et l'Uni- versité actuelle, mais on ne saurait cependant s’empé- cher de constater qu'il existe encore, dans certaines … sciences, des traces de cette tendance d'esprit des … siècles passés. …—_ Le traité de M. Istrali a encore un autre mérite, On y trouve, dans l'exposé de la Chimie organique, l’ap- plication des principes de la nouvelle nomenclature, » tels qu'ils ont été posés à Genève, en 1892, par une d Commission internationale dont l’auteur faisait par- Die. A notre connaissance, c'est le premier traité didac- tique élémentaire où l’on ait adopté cette nomencla- « ture. La jeunesse désireuse de s'initier à cette mé- thode rationnelle trouvera donc dans ce livre un guide aussi sûr que clair et précis. + A. HALLER, é Correspondant de l’Institut, Directeur de l'Institut Chimique de Nancy. Rey (Jean), Docteur en médecine. — The Increase in Weight of Tin and Lead on calcination (1630). — 1 vol. in-8°, crown de 56 pages. (Prix : cartonné : 1 fr. 90.) W. EF. Clay, éditeur, 18, Teviot-Place. Edimbourg, 1895. Nous signalons avec plaisir au lecteur cette petite plaquetie, faisant partie d’une collection des écrits principaux des anciens chimistes, que l’éditeur édim- bourgeois William F. Clay a entrepris de réunir. L'œuvre de Jean Rey est de celles que la postérité aura toujours profit à consulter. Jacquet (Louis), Ingénieur des Artset Manufactures. — Fabrication des Eaux-de-vie. — Un vol. petit in 8° de 228 pages, de l'Encyclopédie .scientifique des Aide-Mémoire, dirigée par M. Léauté, membre de l'Ins- titut.(Priæ : broché 2 fr. 50, relié 3 fr.) Gauthier- Villars et fils et Masson, éditeurs, Paris, 1895. Depuis longtemps, tous les ouvrages qui traitaientdes alcools ne relataient guère, d’une facon détaillée, que la fabrication des spiritueux dans la grande industrie, c’est- à-dire leur production, soit par fermentation et distilla- tion des jus de plantes ou de pulpes sucrées : betteraves, cannes à sucre, mais, sorgho, mélasses, soiten partant des substances amylacées : pommes de terre, froment, avoine, orge, riz, sarrasin, etc., qui doivent subir une saccharification préalable. Les procédés semi-indus- triels au moyen desquels on obtient les eaux-de-vie fines et de bonne qualité étaient un peu délaissés par les auteurs. Il faut savoir gré à M. Jacquet d’avoir ré- paré cet oubli, et d’avoir exposé d'une facon très claire les méthodes employées en France et principalement dans l’Angoumois, pour l'obtention des produits qui ont fait sous ce rapport, à notre pays, une réputation universelle et méritée. L'ouvrage que nous analysons traite uniquement de l’eau-de-vie de vin, qui est Le type des bons alcools de consommation. I! débute par quelques préliminaires relatifs à lhistorique de la distillation, à l'origine de l'alcool et à la classification des eaux-de-vie francaises, et notamment des crus charentais ; un chapitre sur l’al- coométrie indique l’emploi de l'alcoomèêtre de Gay- Lussac et de l’hydromètre anglais de Sykes. L'auteur éludie ensuite la composition du moût avant et après fermentation, le choix des vins de chaudière et l'ana- lyse sommaire de ces vins : dosage de l'alcool par Fa- lambic ou lœnobaromètre Houdart, enfin examen des fraudesaltérantla qualité ou la quantité de l'alcool du vin. C'est alors que commence le sujet principal de l’ou- vrage. Après quelques notions théoriques sur la distil- lation et la rectification se trouvent l'examen des appa- reils et procédés de distillation intermittente et con- tinue : procédés charentais et au premier jet, alambics charentais, Savalle, Deroy, Egrot, puis l’utilisation des marcs, lies, vinasses, etc., en vue d'en retirer l’eau-de- vie. Ce chapitre se termine par l'exposé de diverses questions accessoires relalives au sujet traité : chauf- fage, accidents de distillation, prix de revient, Dans les pages suivantes, M. Jacquet s'occupe de la composition, du vieillissement naturel ou artificiel des eaux-de-vie et de leur bonification, du mouillage et du remontage des spiritueux; un appendice final est con- sacré au mesurage des spiritueux et des vins par le pesage. La marche des opérations relatives à la distillation par les diverses méthodes est décrite soigneusement et avec grands détails; un certain nombre de tableaux et de figures complètent heureusement l'ouvrage ; nous avons la conviction que ce livre atteindra le but que se propose l’auteur dans sa préface et qu'il sera « utile à tous ceux, fért nombreux aujourd'hui, qui, à un titre quelconque, ont à s'occuper de la production des eaux- de-vie ». A. HÉGERT. Berthier (A.). — Manuel de Photochromie inter- férentielle. —- 4 vol. in-12 de 170 pages avec 25 fig. (Prix : 2 fr. 50.) Gauthier-Villars et fils, Paris, 1895 ee Re BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 5606 8° Sciences naturelles. Martel (E, À). — Les Abîmes. (Les eaux souter- raines, les cavernes, les sources, la spéléolo- gie). — 1 vol. in-4° de 580 pages avec 4 phototypies et 16 plans hors texte, 100 gravures d'après photographies el 200 curtes plans et coupes (Prix : 25 fr.) Ch. Delu- grave, éditeur, Puris 1895. Il y a quelques années, la science des grotles élait encore à l’état embryonnaire, Certainement, on con- naissait quelques cavernes, et certaines d’entre elles avaient été aménagées. Parfois même il s’était trouvé un homme s’attachant à une grotte particulière, la dé- couvrant et lPétudiant au prix de grands sacrifices ; mais ce n'élaient là que destentatives isolées etsans au- cun lien, qui ne pouvaient guère servir à autre chose qu'à satisfaire la curiosité des voyageurs. Pour que l’étude des grottes devint véritablement ulile, il fallait en entreprendre l'exploration systéma- tique. Il fallait prendre successivement chaque contrée, en explorer toutes les cavités et descendre jusqu'au fond de chacune d'elles, quelles que puissent être les difficultés rencontrées. On reconnaïitrait sans doute entre elles certains points communs, certaines res- semblances qui permettraient de deviner leur mode de formation, Maiscombien de cavernes faudrait-il explo- rer avant d'arriver aux théories générales! Tel est le programme devant lequel n'a pas reculé M. Martel, programme immense, qu'il a exécuté seul avec quelques amis, et dont il nous donne les résultats dans son livre sur les Abimes. Dans l’espace de quelques années, M. Martel à ex- ploré jusqu’au fond 230 cavernes de tout genre et de toute profondeur, grottes, avens, puits verlicaüx, rivières souterraines, etc. Il est le premier qui ne se soit laissé arrêter par rien, ni par les fatigues, ni parle danger, nipar la longueur des explorations, ni par l’eau, ni par les cas- cades, ni par la profondeur des puits. De chaque explo- ration, il a rapporté un plan de la cavilé étudiée, et de précieuse observations, dont l’ensemble lui a per- mis de découvrir les théories générales de la forma- tion des grottes et de l’origine des sources. Avant lui, on se figurait que les montagnes recélaient de vastes réservoirs, servant à alimenter les sources pendant la saison sèche, Il n’en estrien cependant, et les recherches de M. Martel ont démontré que l’eau des sources est fournie par un réseau de canaux ca- pillaires, amenant les eaux de suintement dans les galeries plus spacieuses, qui les réunissent et forment les sources extérieures. Le nouveau livre de M. Martel renferme la descrip- lion de ses explorations souterraines; il est suivi des théories de cette science spéléologique qu'il a créée de toutes pièces. De nombreuses gravures illustrent le texte, qui est accompagné des plans et coupes de toutes les grottes visitées. Le lecteur est d’abord transporté à Vaucluse, puis visite les grottes de l'Ardèche, du Gard et de l'Hérault; il explore ensuite en détail les Causses, la Terre promise des spéléologues, Après avoir ré- clamé son tribut à la Provence, M. Martel nous con- duit en Autriche, dans le Karst, puis en Grèce, où ses exploration dans les Katavothres ont été continuées avec succès par M. Sidéridès. Cet ouvrage n’est pas une sèche nomenclature, ni un guide du voyageur, pas plus qu'un journal d’ex- ploration. C’est un véritable traité, dans lequel la science est cachée sous des fleurs, Les recherches sou- terraines y sont décrites avec leur difficultés et leurs dangers si fréquents, Ceux qui veulent entreprendre des travaux semblables y trouveront de précieux conseils ; quant aux personnes étrangères à ces études, elles y rencontreront la description d’un monde nou- veau, et des épisodes d'exploration aussi intéressants que les péripéties du roman le plus attachant, J. VALLOT, Directeur de l'Observatoire du Mont-Blanc. Pabst (Camille), Ingénieur Agronome. — Electricité agricole. —1 vol. in-8° de 380 p. (Price : 5 fr.) — Ber- ger-Levraull et Cie, éditeurs, Paris, 5, rue des Beaux- Arts,et Nancy, 1895. On n’apprend pas, parait-il, aux élèves des Ecoles d'Agriculture quelles sont les applications agricoles de l'électricité, et l’auteur, en écrivant ce livre, a eu l’in- tention de montrer qu'elles ‘mériteraient cependant de faire l'objet d'un cours. Il à réuni un nombre con- sidérable de documents surl'électricité atmosphérique, les applications de l'électricité à l’économie rurale, à l’électro-culture et l’électro-horticulture, Le lecteur trouvera dans ce dernier chapitre un résumé des tra- vaux de M, Berthelot sur la fixation de l'azote par les végélaux sous l’influence de l’électricité atmosphé- rique, de ceux de l’abbé Nollet et de l'abbé Bertholon, au siècle dernier, sur l’utilisation de l'électricité at- mosphérique et ceux tout récents de M. Grandeau et d’autres auteurs, des recherches entreprises pour déter- miner l’action de la lumière électrique sur la végéta- ton par Hervé-Mangon, MM. Prillieux, Siemens, Dehé- rain, etc., mais il regrettera l'absence totale de figures et le trop petit nombre d'indications bibliographiques. Le livre de M. Pabst n’a pas la prétention d'être un exposé de ses recherches personnelles, mais plutôt un recueil de faits, de résultats, d'observations empruntés à un grand nombre d'auteurs, et quelques-uns de ces faits, 1l faut avouer, n’ont pas un caractère très pra- tique. L'auteur prouve qu'il y aurait beaucoup à apprendre aux futurs agronomes et surtout qu'il ÿ à encore beaucoup à trouver dans la voie des applica- tions de l'électricité à l’agriculture. j C. SAUVAGEAU. Joergensen (Alfred), Directeur du Laboratoire pour la Physiologie des Fermentations à Copenhague. — Les microorganismes de la fermentation. Traduit par M. Paul Freund, — 1 vol in-8° de 320 p. avec 56 fig. (Priæ : 5 fr.) Société d'Edilions scientifiques, 4, rue Antoin2-Dubois, Paris, 1895. Le livre de M. Joergensen a acquis en Allemagne et en Angleterre une grande et légitime notoriété, et la traduction faile par M. Freund vient permeltre à cet intéressant ouvrage de prendre en France une place importante, On peut le considérer, en effet, comme un vrai traité de bactériologie appliquée aux industries de la fermentation et qui sera d'un grand secoursrau bras- seur et au distillateur. Après avoir décrit les procédés de stérilisation, les méthodes et les milieux de culture, M. Joergensen consacre un chapitre aux analyses bactériologiques de l'air et de l’eau; pour cette dernière, il donne la pré- férence à la méthode essentiellement pratique de Hansen, qui permet de déterminer directement quels sont les ferments de l’eau qui peuvent se développer dans les moûts de brasserie ou de distillerie. Les chapitres suivants comprennent la description, accompagnée de dessins soignés, d'un certain nombre de bactéries, des moisissures les plus communes, et une étude très détaillée des ferments alcooliques, Le volume se termine par l'exposé des résultats pra- tiques obtenus par les recherches scientifiques, exposé qui comprend les appareils de propagation des levures pures. Ajoutons que l'ouvrage de M, Joergensen comprend uue bibliographie complète et consciencieuse, el que la partie historique et critique ne le cède en rien à la partie descriptive. Enfin, si l’auteur donne, comme il convient, une large place aux recherches si suggestives de Hansen, il rend pleine justice au génie de Pasteur, le grand initiateur de la science des fermentations. C'est donc là un livre très intéressant, et il faut savoir gré à M. Freund de l'avoir mis à la portée du lecteur francais. $ PAPE: Directeur de l'Ecole de Brasserie à Nancy. PPT CRT NT ET ht ten ea lite: Li ; ; 4° Sciences médicales. Hartmann (D° H.), Professeur agrégé de lu Faculté - de Médecine de Paris, Chirurgien des Hôpitaux, et _ Quénu(E.). — Chirurgie du Rectum. — Un vol. - grand in-8° de 452 pages avec de nombreuses figures et » planches en couleurs dans le texte. (Prit : 16 fr.) - (r. Steinheil, éditeurs. Paris, 1895. … MM. Hartmann et Quénu ont résumé dans cet-ouvrage, dont parait aujourd'hui la première partie, l’ensemble des recherches qu'ils poursuivent depuis plusieurs an- nées sur le rectum normal et pathologique. S'ils ont mis largement à contribution les travaux de leurs devanciers, ils ont eu la rare originalité d’y apporter tout une note, un document ou une idée personnels. clinique leur a fourni un riche dossier d’observa- tions inédites; leur pratique chirurgicale étendue leur permis de faire une crilique raisonnée des procédés Dr et de perfectionner leur technique ; le labo- aloire leur à donné une foule d’apercus nouveaux en iatomie et en bactériologie. C’est avec ces éléments ils ont produit une des plus substantielles monogra- phies qu’il nous ait été donné de lire depuis long- temps. L'ouvrage débute par un exposé anatomique très complet de la région. MM. Hartmann et Quénu, au rebours des classiques, ont étudié les rapports du rectum d’arrière en avant, estimant nécessaire pour le - chirurgien, de bien connaitre la voie par laquelle il l’aborde aujourd’hui plus volontiers. Suit un court cha- - pitre clinique relatif aux moyens d'exploration et de … diagnostic, et les auteurs entrent dans leur sujet - Les processus infectieux font l’objet des matières contenues dans ce premier volume. A ce titre sont étu- . diées les lésions dites inflammatoires, la blennor- . rhagie, la tuberculose, la syphilis. (Nous eussions aimé woir figurer ici le cancer, réservé pour le second vo- “lume.) À côté, sont groupés les ulcérationis, les fistules et les rétrécissements, qui ne sont que les consé- quences des altérations précédentes. Enfin, dans le même cadre, prennent encore place les hémorrhoïdes, dont l’origine infectieuse paraît établie. Nous passerons rapidement sur les rectites non spé- iliques. La rectite chronique présente ceci de particu- lier qu’elle amène une transformation de l’épithélium Qui, de cylindrique, devient pavimenteux, stratifié. Quant à la variété proliférante, elle ne guérit que par Pablation des végétations. . La blennorrhagie ano-rectale, rare, peut aboutir dans certains cas à des ulcérations à peu près indolentes, mais rebelles. Les auteurs en possèdent une belle ob- servalion. Quant à la syphilis, elle peut se présenter sous la forme de chancres ano-rectaux, d'accidents secondaires ou tertiaires. Les ulcérations tertiaires sont, comme les syphilomes, particulièrement rebelles au traitement médical. L’anus iliaque ou l’extirpation per- mettent, seuls, d'obtenir la guérison. . Un long chapitre est consacré à la tuberculose du rectum et de l'anus. Les ulcérations tuberculeuses, les bcès péri-anaux et péri-rectaux, les fistules, sont suc- cessivement étudiés avec soin, Nous renvoyons pour oute cette partie de l'ouvrage à l’analyse que nous avons publiée ici même (Rev. gén. des Se., 1894, n° 20, age 767), de l'important travail de M. Hartmann sur e sujet. Les rétrécissements du rectum sont divisés en rétré- cissements périrectaux, cicatriciels ou inflammatoires. es premiers peuvent succéder à une inflammation péri-utérine. Les seconds relèvent surtout du trauma- Misme. Quant aux derniers, les auteurs se sont attachés à préciser les lésions anatomiques et histologiques qui les distinguent. Ils signalent, en particulier, l'extrême areté de l’ulcération de la- muqueuse, au delà ou au niveau du rétrécissement. De plus, un examen appro- fondi d’un grand nombre de rétrécissements paraissant liés à la syphilis ou à la tuberculose montre que, sou- ent, loin d’être sous la dépendance d’une lésion lo- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 567 : cale, ils sont le résultat d’une rectite sténosante dans l'étiologie de laquelle la syphilis et la tuberculose ne sont intervenues qu’en permettant aux processus infec- tieux de pénétrer la muqueuse. Il en est de même du rétrécissement dysentérique dont on à de beaucoup exagéré l'importance. Le traitement de choix des rétrécissements inflam- matoires est l’extirpation par la voie sacrée, lorqu’elle est possible, Mais cette méthode même n’est pas tou- jours suivie de succès. La récidive survient fréquem- ment à des intervalles plus ou moins éloignés. L’anatomie et la physiologie pathologiques des hé- morrhoïdes ont été également l’objet d'investigations attentives. L’altération fondamentale des veines, des veinules et des capillaires, débute par l’endothélium pour s'étendre à toute l’épaisseur de la paroi. C’est une véritable phlébite variqueuse dont l’aboutissant est latrophie des parois vasculaires et la dilatation consé- cutive. Quant au phénomène de la fluxion, il est dù également à un processus infectieux : un malade opéré à cette période était porteur, au fond de ses bourrelets hémorrhoïdaires, de caillots dans lesquels l'examen bactériologique décela la présence du Staphylococcus albus et du-Bacterium Coli. Pour le traitement, les au- teurs accordent leurs préférences au procédé de Whi- tehead, tel qu'il a été modifié par M. Quénu. Le livre se termine par l'examen de diverses formes d’ulcérations de l’anus et du rectum parmi lesquelles la fissure tient la première place. MM. Hartmann et Quénu ont traité par l’excision un certain nombre de fissures : ils ont constaté que les filets nerveux sous- jacents à l’uleération étaient altérés, mais n’en ont jamais trouvé à nu. à la surface de la fissure elle-même. La guérison est obtenue par la dilatation qui met fin à la contracture du sphincter. Tels sont les points les plus saillants de cetle pre- mière partie de l'ouvrage. On s’apercoit, par cette simple énumération, de l'intérêt exceptionnel qu’elle présente et dont la lecture seule permet de se rendre compte. La deuxième partie, qui doit paraitre avant longtemps, comprendra les néoplasmes, les vices de conformation, les traumatismes, les corps étrangers, et, pour terminer, cette résultante possible d’altéra- tions très diverses : le prolapsus du rectum. Sou- haitons au second volume le succès et la perfection du premier, D' Gabriel MAURANGE, 5° Sciences diverses. La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des Sciences, des Lettres et des Arts, paraissant par livrai- sons de 48 pages grand in-8° colombier, avec nombreuses figures intercalées dans le texte et planches en cou- leurs. 528° et 529° livraisons. (Prix de chaque livrai- son, 1 fr.) H. Ladmirault et Cie, 61, rue de Rennes, Paris, 1895. Les 5282 et 529° livraisons renferment des articles sur les lexucomaïnes, par le D° P. Langlois ; sur la lévu- lose, ses différentes modifications, leurs propriétés et leur synthèse due à M. E. Fischer, par M C. Matignon; sur la levure, par M. L. Knab; sur les roches appelées leucitites et lherzolithes, par M. Ch. Vélain; sur le levier, par M. L. Knab; une monographie du Lias, due à M. E. Haug, avec la description de ses caractères généraux, de ses divisions, des faciès qu'il présente dans les différentes régions où il se trouve et des prin- cipaux fossiles qu'il renferme ; une étude botanique sur les lianes, par le D'L. Harn; des articles sur la lettre de change et les dispositions législatives qui en régissent emploi, par M. L. Didierjean; sur la liberlé de conscience et de culte, par M. E.-H. Vollet; sur le libre-échange, par M. A.-M. Berthelot; enfin les bio- graphies du grand astronome et mathématicien fran- çais Le Verrier et de F. de Lesseps, par M. L. Lagnet, et celle du célèbre auteur allemand G.-E. von Lessing, par M. A. Bossert. 568 CRT IE 24 Le ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 20 Mai 1895 M. le Président annonce à l’Académie la perte qu’elle vient de faire dans la personne de M Ludwig corres- pondant de la Section de Médecine. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. le Secrétaire perpé- tuel signale un ouvrage de M. A.-G. Greenhill, ayant pour titre : Les fonctions elliptiques et leurs applica- tions, traduit de l’anglais par M. Griess. — M. H. Faye expose les principaux résultats des mesures de la gra- vité de la pesanteur, effectuées par M. G.-R. Putnam en vingt-six stations de l'Amérique du Nord. Les ano- malies obtenues disparaissent en grande partie quand on effectue les corrections fondées sur la théorie de M. Faye, mais M. Putnam prétend dégager cette cor- rection de toutes les hypothèses sur la constitution physique du globe sur lesquelles elle s'appuie. M. Faye insiste, au contraire, sur l'utilité de ces hypothèses au point de vue de la Géologie et de la Géodésie. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. Ch. Meerens adresse un travail sur les vrais rapports numériques des sons mu- sicaux, — M. Moëssard discute les conditions aux- quelles doivent satisfaire les images stéréoscopiques d'un même sujet pour donner au spectateur l'illusion d'un objet unique en relief dans l’espace, et les ap- plique au cas des projections stéréoscopiques. — M. H. Deslandres à fait l’élude comparative des spectres du gaz de la clévéite et de l'atmosphère so- jaire ; il a reconnu que la clévéite émet, outre la raie D,, plusieurs autres raies fortes de la chromosphère, et, en particulier, la raie 447,18, qui est permanerte, si bien que le nombre des raies permanentes du soleil, non reconnues sur la terre, se réduit à deux. D’autres raies fortes de la clévéite n’ont, dans l’atmosphère solaire, ni la même intensité relative, ni la même fré- quence que la raie D,; aussi on est conduit à penser que le gaz est un mélange ou un composé. — M. Raoul Varet donne le tableau des chaleurs dégagées dans les métamorphoses réciproques des sels de mercure dans leurs états isomériques. — M. V. Thomas à étudié Paction du peroxyde d’azote sur les sels halo- gènes d’antimoine; il a pu obtenir les composés Sb'ONAZ?CI" et SbiO!5Azi, dont les formules typiques seraient : = 12 (SbO) | Az O2) [0° (SbO)' (03 2 (SbO CI?) } | — MM. Berthelot et Rivals ont effectué de nouvelles recherches sur les relations thermochimiques entre les aldéhydes, les alcools et les acides; ils ont opéré sur les séries salicylique, camphénique et pyromu- cique. Le changement d'un aldéhyde proprement dit en alcool, parfixation de H?, dégage en moyenne 15 cal. environ dans la série grasse, et cela, aussi bien pour les alcools polyatomiques que pour les mono- atomiques; dans la série aromatique, le nombre s'élève jusqu’à 30 cal. Le changement d’un aldéhyde en acide par fixation de O dégage de 60 à 68 cal, — M. Rivals a déterminé les chaleurs de formation du chlorure de benzoyle et du chlorure de toluyle. — MM. A. Chatin el Müntz ont reconnu l'existence du phosphore en proportion notable dans la chair des huîtres, et parti- culièrement dans celle de l'huitre portugaise qui de- vient ainsi un aliment ferrophosphoré, au plus haut point reconstituant. — M. Lecoq de Boisbaudran ex- pose une nouvelle classification desélémentschimiques, constiluée par Jui depuis longtemps, et qui permet de prévoir l'existence de deux nouveaux corps, l'hélium et largon, avec des poids atomiques voisins de ceux qui sont connus, — MM. Friedel et Moissan con- firment les résultats prévus par M. Lecoq de Boisbau- dran, lequel avait attribué les nombres 20 et 3,9 comme poids atomiques des éléments nouveaux. — M. Nor- mann Lockyer donne les résultats de létude, par l'analyse spectrale, des gaz dégagés parcertains miné- raux. — MM. Haller et Minguin ont étendu l'étude de l’action déshydrogénante des alcoolates de sodium à certains corps à fonction cétonique, et, en particulier, à Ja désoxybenzoïine, la benzophénone, l’anthraqui- none, etc. — MM. A. Grandval et H. Lajoux ont étudié, au point de vue chimique, les différentes es- pèces de senecon et découvert dans le Senecio vulgaris deux alcaloïdes nouveaux, la sénécionine et la séné- cine,squi sont doués de propriétés chimiques très dif- férentes. La senécionine a pour formule C'SH264706, — M. Ch. Rabaut a fait agir le permanganate de po- tasse et l’acide azotique étendu sur la benzène sulfoor- thotoluidine ; ce corps présente une grande résistance à l'oxydation, ainsi qu'une stabilité remarquable en présence des acides étendus ef à chaud, malgré son caractère d’amide, — M. Thezard donne l'analyse d’un os de momie trouvé dans une tombe avoisinant la pyramide à degrés de Sakkarah, — MM. Griffiths et Massey décrivent uné nouvelle leucomaïne, extraite des urines dans l’Angina pectoris, dont la formule est C'OH9AZO!, — M. G. Liévin signale la propriété qu'of- frirait le pétrole brut de prévenir les incrustations dans les chaudières à vapeur, — M. Barbey adresse une note relative à l'histoire chimique de la cuscute et de ses principes immédiats. — M. Ch.-V. Zenger si- gnale la concordance des catastrophes de Titel en Banat et de Mendoza (République Argentine) avecune période d'activité des taches solaires. C. MATIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Léon Germe présente une série d'études sur l’activité de la diastole des ventricules, sur son mécanisme et ses applications physiologiques et pathologiques, démontrées par des expériences sur le cœur cadavérique et par des abser- -vations faites sur l’homme au moyen de la plessimétrie. M. Guébhard fournit de nouvelles données critiques sur les partitions anomales des fougères et maintient l'influence de la piqûre d’un parasite pour produire les divisions anomales, — M. Bleicher indique quel- ques perfectionnements apportés à la préparation et à l'étude de plaques minces de roches sédimentaires cal- caires. J. MARTIN. Séance du 27 Mai 1895. M. Frankland est élu Associé étranger en rempla- cement de M. Van Beneden. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. de Jonquières s'esl demandé si, dans la formule a —en — En où à, b, c sont des quantités non transcendantes plus grandes que zéro, # un nombre entier positif et «a = pq, il es possible d'exprimer e et b par des fonctions alsébriques de p et q, telles que l'identité littérale s’établisse fina- lement entre les deux membres, Pour n>2 ces fonc- tions binômes ou polynômes n'existent pas; les formes. monôûmes font seule exception, mais à la condition que les indéterminées soient réduites à deux dans la for- mule, la troisième étant nécessairement alors l'unité, Cette forme devient elle-même incompatible si les trois indéterminées 4, b, e doivent être des nombres entiers, comme l'exige l'énoncé de Fermat, — M, Belliard soumet au jugement de l'Académie un mémoire sur 4 | . > l'encastrement des arcs paraboliques et circulaires et . de son influence sur la résistance de ces arcs. ._ 2° ScrENCES PHYSIQUES. — M. H. Deslandres a appli- . quéle spectroscope à l'étude de la rotation de Saturne È et de ses änneaux. Les résultats obtenus sont d'accord avec la théorie; ils fournissent une seconde vérification de la loi du déplacement double subi par la lumière des planètes. — M. de Montessus a éludié la relation entre le relief et la sismicité ; il conclut la double loi suivante : Dans un groupe de régions sismiques adja- - centes, les plus instables sont celles qui présentent . les plus fortes différences de relief, c’est-à-dire les plus fortes pentes générales. Les régions instables accompagnent les grandes lignes de corrugation de l'écorce terrestre, émergées ou immergées. Ces lois - sont complétées par les remarques suivantes: 1° Les — pays de montagnes sont généralement plus instables “que les pays de plaines; 2 le flanc court et raide … d'une chaîne est le plus instable ; 3° le flanc court et “instable l’est surtout en ses parties les plus raides ; -, les côtes des mers rapidement profondes, surtout - sielles bordent une chaine importante, sont instables, tandis que sont stables celles des mers à pente douce, surtout si elles continuent un pays plat ou peu acci- deuté. — M. Ch. V. Zenger transmet de nouveaux documents sur les perturbations atmosphériques et séismiques du mois de mai dernier et sur leurs rela- tions avec des phénomènes solaires. — M. Goguet adresse une note sur un appareil de photométrie. — M. E. Maumené adresse un mémoire sur les sulfures d'arsenic. — M. P. Schutzenberger a cherché à isoler les nombreux métaux du groupe de la cérite eu suivant une méthode qui est une extension du procédé Debray. L’oxyde de lanthane peut être partagé au moins en deux terres, dont l’une aurait comme poids atomique du métal correspondant un nombre . voisin de 138, et l’autre un nombre voisin de 135. Le poids atomique du didyme est compris entre 143 et 143,5, — M. Aimé Girard S’est demandé si, du fait de l'accumulation du cuivre dans le sol par suite de l'emploi des bouillies cuivriques des- tinées à combattre les maladies parasitaires de la “vigne, de la pomme de terre, etc., on ne devait pas #raindre de voir d’une part les récoltes diminuées, lune autre les produits récoltés pénétrés par le cuivre dans une proportion nuisible à la santé de l’homme et -des animaux. Les expériences de l’auteur et celles d'expérimentateurs antérieurs établissent nettement que le cuivre ne peut avoir aucune mauvaise influence. — MM. Paul Sabatier et J. B. Senderens ontétudié la réduction de l’oxyde azotique par le fer ou le zinc humides et reconnu, à côté de la formation de l’oxyde _azoteux, une production importante d’azote provenant d’une réduction plus avancée de l’oxyde azotique, — - M. Vigouroux a repris l'étude de l’action de l’alumi- nium sur la silice pulvérisée ou fondue et obtenu un silicium cristallisé en lamelles. parfois très minces, douées d'un bel éclat métallique et possédant les «propriétés chimiques du silicium amorphe. Il y a donc deux variétés de silicium, l’une amorphe el VPautre cristallisée. — M. A. Lodin signale quel- ques propriétés des réactions du sulfure de plomb : 1° le sulfure entre en fusion seulement à 935, mais sa tension de vapeur est considérable à des températures bien inférieures ; 2 Cette dernière propriété suffit à “expliquer les phénomènes de volatilisation attribués par M. Haunay au composé hypothétique PbS?0? ainsi que le développement actif des réactions de PS sur PDO et PbSO' à des températures inférieures à 935»: ° A ces lempératures, les formules admises depuis longtemps pour expliquer les réactions de la métal- lursie du plomb au réverbère se vérifient exactement. — M. A. Béhal, à propos d’un travail récent de M. K. Tiemann sur les dérivés campholéniques, compare les résullals qu'il a obtenus antérieurement avec ceux de ce savant ; il insiste sur les points communs et les dif- -férences qui portent surtout sur le point de vue 0 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 269 théorique et sur les formules de constitulion propo- sées, — M. Ferdinand Roques a repris l'étude de la cinchonine et a pu l'obtenir cristallisée ainsi qu'un certain nombre de ses combinaisons : le chlorozincate, le chlorocadmiate, le chlorométhylate, l’iodo, le bromo-éthylate de cinchonine. — M. L. Simon a étudié les transformations diverses du phénylglyoxylate d’a- niline comparativement à celles du pyruvate d’aniline. 1° Sous l’action de l'alcool méthylique, à froid, le phénylglyoxylate d’aniline se transforme intégrale- ment en acide anilphénylglyoxylique. 2° L’acide anil- phénylglyoxylique est transformé intégralement par l’eau bouillante en phénylglyoxylate d’aniline. Ces faits ne se reproduisent pas avec les sels d'ammo- niaque et les toluidines. — M. Adolphe Renard a étudié le mode de préparation et les propriétés du corps explosif, l'ozobenzène, formé par l'action de l'ozone sur le benzène, Le corps ne se forme qu'avec la benzine pure ; il détone au contact de l'acide sulfu- rique concentré, de l’AzH, de la potasse concentrée: sa composition correspond à la formule C6H6O6, ce qui fait de l’ozobenzène un produit d'addition du benzène dans lequel les 6 atomicités supplémentaires du noyau benzénique sont saturées par 6 alomes d'oxygène reliés les uns aux autres, deux à deux par une ato- micité. — M. Gaston Rouvier à reconnu que, tandis que les amidons de blé et de riz, fournis par la même famille végétale, se comportent en présence de l’iode de la même manière, l’amidon de pomme de terre, fourni par une famille très éloignée se comporte d’une manière différente. — M. Oechsner de Coninck a étudié l'élimination de la magnésie chez les rachiti- ques et reconnu que cette élimination était beaucoup plus faible qu’à l’état normal. C. MariGNoN. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Gréhant montre que l’on peut injecter jusqu'à 49#72 d'alcool absolu dans le sang veineux d’unchien, pourvu que l'injection soit faite lentement. De plus, la proportion de ce corps dans le sang cinq minutes après l'injection et pendant plus de S heures devient absolument constante. — M. Vail- lard montre le parti que l’on peut lirer de l'emploi du sérum des animaux immunisés contre le tétanos, et recommande l’usage de cette méthode prophylactique après toutes les opérations qui tendent à ouvrir les portes au tétanos, castration, amputation de la queue, opérations sur le pied chez les’animaux domestiques. J, MARTIN. = ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 4 Juin 1895. M. E. Nicaiïse fait une communication sur un pro- cédé d’anesthésie de la vaginale, au moyen de la cocaine, dans le traitement de l’hydrocèle par l’injec- tion irritante, — Au sujet de la précédente communi- calion de M. Vallin sur les intoxications alimentaires, M. Nocard fait remarquer qu'il n’y a pas lieu d’allonger encore la liste des maladies qui, au terme de la loi de 1881, doivent empêcher la viande d'être comestible, Il émet le vœu suivant, qui est adopté à l’unanimité par l’Académie : « Toute viande destinée: à l’alimenta- tion publique ne peut être mise en vente et colportée que pourvue d’une estampille prouvant qu'elle a été reconnue saine par un inspecteur compétent ; l'inspec- tion doit être faite partout, dans les villages comme dans les villes; on peut l’organiser aisément et à peu de frais, sur des bases analogues à celles qui sont adoptées en Belgique ». — M. le D' E. Kirmisson lit une observation de double pied plat valsus douloureux avec opération d Ogston sur le pied gauche; lé résultat orthopédique et fonctionnel est très salisfaisant, — M. le D" A. Darier donne lecture d’un mémoire sur la possibilité de voir son propre cristallin et l'utilité de la phakoscopie pour le diagnostic des fines opacités cristallines et pour l’étude du développement de la cataracte.-— M, Noë lit un travail sur la palhogénie du phosphorisme, 570 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Séance du 11 Juin 1895. M. Dieulafoy fait une communication sur l’angine diphtérique à forme herpétique et formule les conclu- sions suivantes : 1° L’angine diphtérique, essentielle- ment polymorphe, peut revêtir les allures trompeuses de l’angine herpétique; 2° il est impossible, clinique- ment, d'affirmer qu'une angine dite herpétique est ou n’est pas de nature diphtérique; 3° l'examen bactério- logique seul peut nous permettre d'affirmer la nature de l’angine. Cet examen bactériologique doit toujours ètre fait: il est notre guide le plus précieux; c’est d’après l'examen bactériologique qu’on peut aflirmer le diagnostic, porter le pronostic et instituer le traite- ment. — M. A. Robin fait une communication sur le traitement du diabète par la médication alternante. Le traitement est divisé en trois étapes: Le médicament essentiel de la première étape est l’antipyrine, qui diminue la désassimilation générale; une contre-indi- cation est la présence d’albuminurie ; comme adjuvant, l'huile de foie de morue. Les médicaments de la seconde étape sont: le sulfate de quinine, les arseni- caux, la codéine, les alcalins; comme adjuvants, l'huile de foie de morue et l’eau minérale bicarbonatée. Enfin, les agents de la troisième étape sont les opiacés, la valériane, le bromure de potassium, La première élape dure 5 ou 6 jours, la seconde 15, la troisième autant, S'il y a encore du sucre après celle-ci, on re- commence la série. M. A. Robin a déjà obtenu des résultats très satisfaisants par cetraitement.— M.Gaube lit un mémoire sur la théorie minérale de l’évolution et de la nutrition animale. — MM. Despagnet et Va- lois communiquent un travail sur la stérilisation et la désinfection par la vapeur d’eau surchauffée. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 1e7 Juin 1895. M. Richet a recherché le pouvoir toxique des injec- lions intra-veineuses faites avec le suc des tumeurs épithéliales. Les tumeurs non ulcérées n’ont qu'un effet bénin; les tumeurs ulcérées sont extrèmement toxiques. — MM. Gilbert et Fournier communiquent 7 cas de cirrhose hypertrophique du foie avec ictère chez les enfants. — M. Pachon a pratiqué l’extirpation totale de l'estomac chez un chat; l'animal digérait très bien, mais refusait de manger. Le siège de la sensation d'appétit parait donc bien résider dans l’estomoc. — M. Ceschner de Coninck adresse une note sur l’élimi: nation de la magnésie par l'urine. Elle est considérable chez les enfants rachitiques. — M. Soulié envoie une observation d’uretère double chez un fœtus humain. Séance du 8 Juin 1895. MM. Arloing et Laulanié ont étudié l'influence de l'injection des toxines diphtériques sur la température du corps, les combustions respiratoires et la thermo- “enèse. Ils formulent les conclusions suivantes : L’in- toxication diphtérique détermine successivement de la fièvre et des troubles hypothermiques; l’hyperthermie n’est point la mesure ni l'expression des combustions respiratoires et de la thermogenèse; elle coincide pendant un certain temps avec une diminution des combustions respiratoires. L’hypothermie est secon- daire et résulte de la dépression vitale imprimée à l'organisme ; elle coïncide toujours avec l’abaissement de l'intensité des combustions respiratoires. — M.d’Ar- sonval fait remarquer qu'il a déjà montré que le ther- momètlre ne saurait rendre compte à lui seul des varia- tions de la thermogenèse.— M. Boix a constaté l’action hypothermisante des toxines du bacterium coli. On pourrait conclure de ce fait que les ictères graves avec hypothermie sont des colibacilloses à détermina- lion hépatique, — M. Yersin envoie une note sur la fièvre bilieuse hématurique,— MM, Déjerine et Sottas décrivent un nouveau cas de dégénérescence rétrograde dans les cordons antérieurs et latéraux de la moelle, SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 3 Mai 1895. A l'occasion du procès-verbal, M. Foussereau rec- tifie un point particulier de sa dernière communica- tion, Les résultats du calcul relatifs à la première focale d'une lentille infiniment mince doivent être mo- difiés. Le rayon de courbure au point situé sur l'axe à 1 Er et non pas L D'ailleurs tous les au- tres résultats et la portée de ses considérations subsis- tent sans aucun changement. — M. Ponsot éludie divers cas d’équilibres osmotiques, dans le but de com- parer une formule, qu’il a donnée antérieurement pour exprimer la pression osmotique, avec une formule plus récente, proposée par M. Leduc dans sa communica- tion relative à une nouvelle méthode pour déterminer le point de congélation d'une dissolution, Ces formules ont pour but d'établir des relations entre l’abaissement du point de congélation, la diminution relative de Ja tension de vapeur et la concentration. La formule employée par M. Ponsot est générale ; elle s'applique à tous les dissolvants et à toutes les températures. Elle dérive de la formule de MM. Gouy et Chaperon, que ces physiciens ont établie en supposant seulement que, lorsqu'un tube est fermé à sa partie inférieure par une paroi semi-perméable, s’il y a équilibre osmotique à la partie inférieure, il y a aussi équilibre de distillation au sommet, c’est-à-dire que la lension de vapeur émise par la dissolution est la même que celle qui règne à la même hauteur dans la vapeur émise par l’eau pure. Il résulte de cette hypothèse que la hauteur osmotique (distance du niveau de la solution à l’eau pure), est indépendante de la forme du vase et de la profondeur à laquelle il est immergé. Elle ne dépend que de la con- centration ou de la tension de vapeur de la dissolution au sommet de l'osmomètre, Quant à la pression osmo- tique, elle varie avec la profondeur à laquelle esl immergée la paroi semi-perméable. La formule de Van t'Hoff: 7 V —=iR Tne saurait être considérée comme applicable dans tous les cas. On démontre, en effet, pour valeur que, pour quelques solutions, la pression osmolique est proportionnelle à la température absolue; mais c'est dans le cas où la pression exercée sur l'eau n’est ques celle de la vapeur saturante et non une pression quel- conque. Aussi M. Ponsot n'a-t-il appliqué la formule de Van t’Hoff que dans ce cas particulier. L’auteur montre ensuite quelles sont les nouvelles hypothèses qui doi- vent être faites pour passer de l’équilibre osmotique de MM. Gouy et Chaperon à celui de M. Leduc. Il montre que, pour ce dernier, on ne se trouve plus dans les conditions où la formule de Van L’Hoff est légitimement applicable. II faut remarquer toutefois que M. Leduc ne l'applique qu’à la limite où la pression osmotique est infiniment petite. M. Ponsotest couduit à la considéra- tion d’un équilibre particulier auquel il avait été déjà amené l’an dernier lorsqu'il cherchait une expression de la hauteur osmotique d’une solution à son point de congélation!, Mais cet équilibre ne peut en donner qu’une valeur limite. Cependant la discussion des causes de l’équilibre mit l'auteur sur la voie du cyele iso- therme qui lui permit de trouver la formule générule, applicable à tous les corps. Mais tandis que, pour l’eau, ce cycle isotherme est représenté par un équilibre où le corps lui-même se comprime, il ne peut en être de même pour les autres corps parce qu'on ne peut sup: poser le corps solide comprimant le liquide et étant en équilibre de fusion avec lui. M. Ponsot étend ces con- sidérations aux solutions. A ce propos, il précise la déli- nition du point théorique de congélation de la dissolu- tion. C'est, par exemple, la tempéralure à laquelle la ulace et la dissolution sont en équilibre de fusion sous la tension de vapeur de la dissolution, laquelle est la mème que celle de la glace à la même température, 1 C. R., nov. 1894. hinsral shit DAS érudit POS PO UV PP PERS TE NT D - ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 5 1! = - C’est donc un point triple. Le point de congélation expérimental en est très voisin, et l'abaissement théo- rique du point de congélation est sensiblement égal à J'abaissement expérimental. Puis M. Ponsot considère un nouveléquilibre : celui d'une dissolution séparée de la vapeur d’eau par une paroi semi-perméable etil montre que le tube de l’osmomètre peut être supposé fout entier semi-perméable ; alors, à chaque niveau, la pression osmotique est représentée par la différence entre le poids de la dissolution et la différence de ten- sion de la vapeur à ce niveau et au sommet. C’est donc “encore là un exemple qui montre que la pression - osmotique dépend non seulement de la concentration, de la température, mais encore de l’état physique du -dissolvant, liquide ou en vapeur, de sa densité aux deux - états ou de sa pression. La relation de Van &’Hoff, appli- -cable seulement pour certaines dissolutions dans le as où la pression exercée sur l'eau est celle de sa fapeur, n’est pas applicable à ce cas. Il est donc inexact ‘de donner à la pression osmotique une cause analogue celle de la pressian des gaz. Autrement dit la pres- ‘sion osmotique n’est pas la pression exercée par le corps dissous sur les parois du vase qui renferme la “ dissolution. —M. Chauveau poursuit depuis plusieurs _ années déjà une série de recherches sur l'électricité atmospliérique au sommet de la tour Eiffel. Il expose aujourd'hui les procédés d'observation qu'il a em- ployés et en quoi ils diffèrent des procédés ordinaire- ment en usage au niveau du sol. Il indique en même temps le moyen d'éliminer des causes d'erreur nota- bles qui subsistent dans les méthodes ordinaires. L'inscription du potentiel pris en un point donné par - l'appareil ordinaire à écoulement se fait généralement - au moyen d'un enregistreur photographique muni - d'une horloge. Ce procédé est très bon, mais encom- brant et cher, M. Chauveau a d’abord perfectionné - l'appareil à écoulement. Le potentiel qu'on mesure _ étant celui du point où le jet se sépare en gouttelettes, … ilest bon, pour que ce point soit fixe, de produire . l'écoulement avec un niveau sensiblement constant. C'est ce qui a été réalisé. D’autre part, l'électromètre ascart présente, pour l2s observations continues, inconvénient que son zéro se déplace; il faut très équemment renouveler l’acide sulfurique. Après une rie d'essais, M. Chauveau a réussi à rendre le zéro fixe en faisant plonger le flotteur suspendu à l’aiguille dans un vase contenant de la glycérine, et dans lequel - plonge aussi le fil relié au corps dont on veut mesurer le potentiel. La glycérine conduit suffisamment pour cet usage. Ce vase est placé au milieu du vase ordi- - naire à acide sulfurique. De cette facon, au lieu d’être obligé de changer l’acide tous les deux ou trois jours, on peut le laisser plusieurs mois. Puis, pour un service continu, la pile à eau destinée à charger les secteurs, se polarise notablement. Comme pile constante à un - seul liquide, la pile Gouy étant trop chère, il s'est très bien trouvé de la pile Damien à sulfate de mercure. els sont les perfectionnements qu'il convient d’ap- porter à la méthode relative au sol. Au sommet de la tour, le seul endroit dont disposait M. Chauveau était à la base d’un des grands arceaux. Cette situation entre le paratonnerre du sommet et ceux de la grande plate- forme supérieure semblait peu favorable à de pareilles recherches, et au début l’auteur n’espérait pas observer de grandes variations. Puis il éprouvait des craintes sur la possibilité de réaliser un bon isolement. A sa grande surprise, l'isolementse produit très facilement, La paraffine, pourvu qu’elle reste propre, le verre, le même acide sulfurique pendant toute une saison, iso- -lent très bien. Les vibrations continuelles de la tour ‘empêchant emploi d'un enregistreur à horloge, il a adopté l’enregistreur ordinaire Richard, à condition de » tourner la face sensible du papier vers le dedans afin d'éviter les taches produites par les duigts. Les poten- tiels obtenus sur la tour dépassent de beaucoup les - valeurs relatives au sol. Au niveau du sol, à deux mè- tres d'un mur, le potentiel varie en moyenne entre | 150 volts en été et 500 en hiver. En temps orageux, le potentiel ne dépasse pas 800 volts. Sur la tour, à f”50 de Ja carcasse, ce sont des milliers de volts qu’on a à mesurer, Mais M. Chauveau a observé, et le fait avait déjà été constaté par Hopkinson, puis Ayrton et Perry, que l’électromètre a quadrants présente une déviation limite, atteinte pour 3.000 volts environ. L'existence de cette limite est une conséquence des formules de M. Gouy. Comme l'appareil ne peut pas être parfaite- ment symétrique, elle est due à l'existence du couple directeur électrique, M. Chauvean a tourné la diffi- culté en réduisant le potentiel à une fraction déter- SECTE à : minée, = par exemple, au moyen d'un condensateur en cascade. La disposition la meilleure à donner à ce condensateur est celle d’une pile de Volta, Ljauteur, par des expériences comparatives, a vérifié que les courbes obtenues par réduction sont bien identiques aux courbes directes. Il a vérifié aussi que l'isolement des cascades reste parfait pour des potentiels aussi élevés. — M. Cazes présente un nouveau stéréoscope à grand champ et à réglage. Cet instrument a été étudié dans un but scientifique, celui de pouvoir tracer par la stéréoscopie les courbes de niveau, conformé- ment à la méthode topographique du colonel Laussedat. Les stéréoscopes ordinaires donnent des courbes de niveau symétriques. Elles ne sont pas redressées. M. Cazes les ramène dans le même sens grâce à une réflexion sur un miroir plan. Puis l’appareil permet de réaliser la condition indispensable que la distance des yeux aux images virtuelles soit égale à la distance focale des objectifs. Le relief obtenu avec cet appareil est très parfait. Edgard Haupié. SOCIÈTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 10 Mai 1895. M. Tanret expose le résultat de ses recherches sur les modifications moléculaires du glucose, Il y en a trois, bien déterminées par leurs pouvoirs rotatoires la modification « pour la quelle ar — -- 1060, la mo- dification $ pour laquelle a = + 52,5 et enfin y avec än — + 22,5, La modification « est le glucose ordinaire, dont le pouvoir rotatoire, pris rapidement, est an — + 106. En maintenant à 9$ du glucose amorphe, ou en précipitant une solution aqueuse de glucose à froid par de l'alcool absolu refroidi à 0°, on obtient le produit 8 bien cristallisé de pouvoir än = + 529,5. À 110° le glucose amorphe cristallise et donne un nouveau produit, qui, convenablement pu- rifié, est une nouvelle modification y pour laquelle an = + 22, Ce dérivé y en solution dans l’eau se transforme en dérivé B, exactement comme le fait le dérivé «. D'autre part, la solution aqueuse du dérivé 8, en cristallisant à froid, redonne le dérivé «. Ces trois modifications peuvent donc être transformées les unes dans les autres. — M. Maumené fait quelques obser- vations relatives à l’application de sa théorie générale. — M. Paul Sabatier a adressé à la société une note sur les chlorures métalliques hydratés. E. CHarox. SOCIETE ROYALE DE LONDRES 1° SCIENCES PHYSIQUES G. Macdonald et A. M. Kellas. — L’Argon se trouve-t-il dans les substances animales ou végé- tales. — Les deux auteurs ont entrepris les expé- riences qui suivent sur les conseils du P* Ramsay. Voici la méthode qu'ils utilisaient : Quelques grammes de substance étaient broyés en poudre fine, puis des- séchés à 110° jusqu’à poids constant. On en evtrayait l'azote d’après la méthode de Dumas, en supposant que les combinaisons de l’argon étaient décomposées et que l’argon s’échappait avec l'azote. Le gaz obtenu et recueilli dans un gazomètre sur une solution de po- tasse caustique bouillie, passait ensuite et repassail plusieurs fois sur du magnésium chauffé au rouge qui ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES absorbait l'azote, Le résidu était transvasé dans un pe- tit tube mélangé avec de loxygèneet soumis à l’action de l'étincelle électrique pour enlever les dernières traces d'azote. On absorbait l'oxygène en excès au moyen du pyrogallate de potasse. L'expérience fut faite avec des pois, comme type de végétal, et avec des souris, comme type d'animal. Dans les deux cas, après l’absor- ption de l'oxygène par ie pyrogallate de potasse, il ne resta qu'un résidu absolument insignifiant, composé surtout des impuretés renfermées dans l'oxygène additionné au gaz. On conclut donc que les animaux et les végétaux ne renferment pas d’argon appréciable, à moins que les combinaisons de l’argon ne soient pas décomposées par la méthode de Dumas. 20 SCIENCES NATURELLES Charles Devereux Marshall. FR. CS. — Sur les modifications du mouvement et de la sen- sation déterminées par l’hémisection de la moelle épinière chez le chat. — Le but de ces recherches à été de déterminer plus exactement l'origine et la na- ture des convulsions épileptiformes et les voies que suivent dans la moelle l’influx moteur et l'influx sen- sitif. La méthode employée à été la suivante : L'hé- misection de la moelle a élé faite dans la région dorsale inférieure du côté droit, les animaux ayant été anesthésiés avec de l’éther, et de rigoureuses pré- cautions antiseptiques observées. Des animaux ont été conservés vivants pendant des périodes de temps va- riables après l'opération, et l'action produite par cette opération sur les mouvements volontaires, la sensibi- lilé et les mouvements réflexes, a été soigneusement observée. Après la mort, les moelles épinières ont été recueillies et examinées après durcissement el colo- ration par la méthode de Marchi. La lésion et les tractus dégénérés ont été éludiés histologiquement. Voici les résultats des seize expériences faites. Mouvements. — Après l'hémisection de la moelle, il ÿ à une paralysie immédiate du membre inférieur du même côté. Cette paralysie persiste pendant un cer- tain temps ; il y a alors une restauralion graduelle du mouvement qui est parfois si complète qu'on à quel- que peine à savoir quel était le membre paralysé. Dans d’autres cas la faiblesse persiste d’une façon plus ou moins durable dans le membre de telle sorte que l'animal boîte ; il semble de plus ne point appré- cier exactement la position qu'occupe sa patte. — Les réflexes sont en général considérablement exagérés dans ce membre et, parfois, pendant une fort longue période. Dans un grand nombre de cas ils s'affaiblis- sent avec le temps; il arrive quelquefois qu'ils soient plus faibles que du côté sain. — Sensibilité, — Elle est toujours troublée du côté de la lésion; les sensations douloureuses, telles que celles produites par une piqûre d’épingle, où par l'application sur la patte d’un fil de fer légèrement chauffé sont senties de chaque côlé, et cela était fort net chez les singes dont on s’est servi pour des expériences de contrôle. Mais il semble que ces sensations douloureuses soient plus rapide- ment senties du côté sain que du côlé paralysé, el que l'animal ne puisse pas les localiser avec autant de précision du côté de la lésion que de l’autre. Les sensa tions tactiles et les sensations thermiques (seusalions de froid) ne sont percues que du côté sain. — Exramen histologique. — Dégénérescences descendantes. — Ces dé- générescences sont presque entièrement limitées au côté de Ja lésion ; elles occupent le faisceau pyrami- dal direct et le faisceau pyramidal croisé, On retrouve quelques fibres dégénérées éparses dans les fais- ceaux antéro-latéraux des deux côtés, dans le cas surtout où une petite partie de l’autre moitié de la moelle à élé accidentellement lésée. — Degénéres- cences ascendantes. — Elles ne sont point entièrement limitées au côté de la lésion. Les faisceaux qui con tiennent le plus de fibres dégénérées sont le cordon de Goll, le faisceau cérébelleux direct et le faisceau antéro-latéral. On trouve d'ordinaire des libres dégé- nérées dans le cordon de Goll et le faisceau antéro- latéral de l’autre côté. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 2 Mai 1895. MM. W.-P. Wynneet Henry-E.-Armstrong F.R.S. ontrepris leurs recherches sur les dérivés trisubstitués du naphtalène; ils ont pu préparer le dernier terme de la série, le trichloronaphtalène 1: 2:14", corps jusqu'ici inconnu. Ils l’ont obtenu en partant des deux dichloro- naphtols décrits par Erdmann et Schwechten ; la pré- paration de ces deux corps a été effectuée au moyen de l'acide dichlorophénylisocrotonique. Le dichloro «naph- tol 14:2:1", distillé avec du pentachlorure de phosphore donne un produit formé par un mélange contenant prin- cipalement du trichloronaphtalène et un peu de tétra- chloronaphtalène, que l’on sépare par cristallisation dans l'alcool méthylique. En partant du dichioro &-naph- tol2:3:1", on a obtenu, par le même procédé, le trichlo- ronaphtalène 2:3 :1", — Les auteurs étudientles diffé- rentes propriétés ainsi que plusieurs dérivés du trichlo- ronaphtalène dérivé du chlorure de nitrochloronaphta- lène sulfonique décrit par Clève. Ils décrivent le tri- chloronaphtalène dérivé du chlorure d’a-nitronaphta- lène 2:2 disulfonique, corps obtenu en partant du chlorure de l'acide chlorodisulfonique correspondant eten le distillant sur du pentachlorure de phosphore. Ils publient leurs recherches relatives à Ja constitution de l’acide a-naphtylamine 2:72 disulfonique de Freund Germann, auquel ils attribuent la formule : SOSH SO'H N/ Az? Ils n'ont pu préparer le trichloronaphtalène fusible à 79°,5 décrit par Alène; ils pensent que le corps - obtenu par cet auteur était impur; ils ont préparé, à l'état pur, un trichloronaphtalène fusible à 80°,5 qu'ils pensent être identique à celui de Alène, — M. E.-P. Perman à étudié les solubilités des gaz en solution dans l’eau sous des pressions variées, Les expériences faites sur des solutions de chlore, de brome, d'acide carbonique et d'hydrogène sulfuré, montrent que ces gaz suivent la loi de Henry. Il n'en est pas de même des solutions d'ammoniaque, d'acide chlorhydrique et - d'acide sulfureux qui s'écartent beaucoup de cette loi. Ces anomalies proviennent, suivant l’auteur, de ce que ces corps forment avec l’eau de nouvelles combinai- sons. Dans une deuxième communicalion, l’auteur éla- blit la formation d'hydrates et de composés doubles dans les solutions aqueuses des gaz, En dissolvant dans 50 centilitres d’eau 4,43 d’ammoniaque, 11,23 de sul- fate de sodium hydraté (Na?SOi-H 10H20), la pression fournie par Ja solution gazeuse ne varie pas ; mais, si l'on met dans la même solution du sulfate anhydre, la pression augmente considérablement, et celte aug- mentation est proportionnelle à la quantité d’eau absorbée pour former l'hydrate Na? SOi+10H29.Le chlo- rure d'argent, au contraire, mis dans une solution d'ammoniaque, abaisse la pression de cette solution et forme vraisemblablement le composé Ag CL3AzH%. — MM. Stanley Kipping et O.-F. Russell décrivent le p-heptyltoluène C6HCOCSHiMe et ses différents composés. — M. Robert-E. Barnett, en sublimant le pentachlorure de phosphore commercial sur de la mousse de platine dans un courant d'oxygène, a oblenu une substance insoluble dans l'ean régale. L'analyse lui assigne pour formule PIP°07, C’est une poudre amorphe, insoluble dans l'eau et les alcalis, décomposable par la fusionavec les carnonates alcalins. Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17 Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER N° 13 15 JUILLET 1895 PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER LES MOTEURS A PÉTROLE DE FAIBLE PUISSANCE Après s'être consacrés pendant plus d’un demi- siècle à l'étude presque exclusive et au perfection- “nement des machines à grande puissance, les in- “cénieurs semblent aujourd'hui très préoceupés “ d'obtenir des moteurs de quelques chevaux à peine juisoient pratiques et économiquement utilisables. révolution, si elle se réalise, sera plus grande Wil ne semble au premier abord. Notre siècle a s'élever d'immenses usines où s’engoufirent chaque malin des centaines d'ouvriers des deux sexes ; l'expérience a très clairement démontré qu'une telle agglomération et une telle promiscuité ont été funestes à leur santé et à leurs mœurs. Nous pourrions ajouter aussi funestes sinon à leur intel- -ligence, au moins à leur bon sens, et nous n’en “voulons pour preuve qu'un certain nombre des grèves qui ont éclaté au cours de ces dernières années. Les moteurs à faible puissance rendraient la vie aux petits ateliers et même aux ateliers d’ap- “partement, où l’ouvrier, vivant au milieu de sa fa- mille, se sentirait meilleur époux, meilleur père et meilleur citoyen. Sans doute, un bon nombre d’in- dustries, par leur nature, se refusent à cette dis- persion. Mais nécessité fait loi; peut-être plus tard d’autres remèdes viendront-ils? Aujourd’hui, -le mal n’est vaincu qu'en partie, soit; mais n’est- ce pas déjà un immense progrès ? » Il est une autre grande classe de travailleurs auxquels les petits moteurs pourraient rendre d’é- 4 clatants services. Ce sont les agriculteurs, classe . peu favorisée jusqu'ici par les progrès de l’indus- - trie. C’est qu’en effet, les machines agricoles ne REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. 4 demandent, en général, qu'une très faible force. Les moteurs qu'il était possible d'employer, — locomobiles ou moteurs fixes — étaient coûteux et encombrants comparativement à leur puissance ; ils exigeaient, marchant à la vapeur, un chauf- feur-conducteur spécial, produisaient de la famée et des étincelles, et avaient un rendement détestable. Bref, on ne les adoptait que dans les grandes ins- tallations où la rapidité du travail est une condi- tion de première importance. Partout ailleurs on avait recours au travail animal propre travail de l’homme. En fait, cette situation ne s’est pas encore sen- siblement modifiée. Maïs l'instruction et la science ayant aujourd'hui pénétré davantage dans les cam- pagnes, il s’est trouvé des hommes qui ont fait de leur métier de cultivateur une étude complète, qui ont choisi et adopté leurs méthodes de travail sur des bases certaines, sur la théorie, l'expérience et ou même au le raisonnement et non plus sur une antique et inintelligente routine. C'est à leur influence que nous devons l’activité qui règne aujourd’hui dans la science agricole et qui se manifeste par des “expositions, des concours, des constructions d’é- coles, etc. Le concours international qui s’est tenu l’an dernier à Meaux s’est montré particu- lièrement intéressant. Il réunissait les moteurs utilisant le pétrole lampant d’une densité de 800 à 850, ininflammable à la température ordinaire ; ces moteurs, de faible puissance, ont tous été e ; ssayés avec le même pétrole, à vide, à 2 , à 4 chevaux en- viron et à la puissance maximum. On comprend fa- 13 D74 A. GAY — LES MOTEURS A PÉTROLE DE FAIBLE PUISSANCE cilement l'utilité et la sagesse de ces règles : la pre- mière a pour but d'éliminer les moteurs consom- mant les pétroles légers, — gazoline, essence de pétrole — qui, dans une ferme, offriraient de trop grands dangers d'incendie. Les dernières ont per- mis de comparer équitablement les divers moteurs concurrents et à une puissance quelconque. C'était là un point important; une comparaison faite à une seule puissance, à la puissance maximum, par exemple, n’eût donné que des résultats er- ronés, les moteurs devant ètre très souvent appelés à travailler à demi- charge ou à quart de charge seule- ment. Les essais ont été faits, avec un soin parfait et sui- vant une méthode profondémentétu- diée,sous la direc-: tion de M. Ringel- mann, professeur A \(THEHORNSBY-AKROYD' PATENT communication est fermée avec le cylindre; le piston comprime le mélange qu'il vient d’aspirer. 3° Course : Course d'arrière en avant. — Le mélange comprimé est enflammé, il se produit une explosion qui pousse le piston en avant. 4° Course : Course d'avant en arrière. — Une soupape s'ouvre qui laisse s'échapper les produits de la combustion. Les tiroirs plans ont élé supprimés dans les mo- teurs à pétrole, comme étant d'un entretien trop délicat. La distri- bution s'effectue au moyen de sou- papes maintenues par des ressorts et mues par des ca- mes qui sont com- mandées par un arbre, dit de dis- tribulion , tour - nant deux fois moins vite que l'arbre de couche, puisqu'ellesne doi- vent fonctionner à l'École Natio- que tous les deux nale d'Agriculture tours du volant. deGrignon,aurap- port de qui nous a- vons emprunté les détails et figures qui vont suivre !. Les différents moteurs soumis au concours élaient au nombre de huit : 1° Moteur mi-fixe Hornsby-Akroyd, 20 — Niel, 3° Locomobile Grob, 4° — Merlinet Gi, 50 — Niel, 6° Moteur mi-fixe de Winterthur, de — Grob, 8° — Griffin et Cie. Tous ces moteurs sont à simple effet et du cycle dit à quatre temps, c'est-à-dire que le diagramme complet est fourni par une période de quatre courses du piston pouvant se décomposer ainsi : le Course : Course d’arrière en avant, — Le piston, tendant à faire le vide derrière lui, aspire un mélange convenable d'air et de vapeur de pé- trole. 9e Course : Course d'avant en arrière. — Toute 1 Bulletin du Syndicat agricole de l'arrondissement de Meaux (15 juin 4894). — Bulletin de la Société d'encourage- ment pour l’industrie nalionale, tome X, 4° série, n° 110. Fig, 1. — Moteur Hornsby. — L'arbre de distribuüon est la tige horizontale qui court d’un bout à l’autre de la figure et passe un peu au-dessous du moyeu du volant. À gauche du volant et au-dessus du cylindre est placé le graisseur, actionné par une petite corde qu’on voit à sa droite.et qui prend son mouvement sur l'arbre de distribution. A gauche du cylindre se trouve I le vaporisateur; entre ces deux organes et au-dessus de l’extrémité de l'arbre de distribution, on apercoit le régulateur à boules. . la méthode d’inflammation du Les principaux points par les- quels les moteurs que nous avons à éludier diffèrent entre eux sont l’arrivée du pé - trole et de l'air , 4 mélange explosif, la méthode de refroidissement des parois du cy- lindre, le mode de régulation et la mise en route. 1. — Moteur Hornsby (figure 1). — Les cames de l'arbre de distribution commandent les soupapes d'admission et d'échappement au moÿen de leviers. Le levier de la soupape d'admission de l'air con- duit en même temps une pelite pompe chargée de prélever, au moment voulu, le pétrole nécessaire dans un réservoir contenu dans le bâti et de le refouler dans le vaporiseur par l'intermédiaire du pulvérisateur. Le piston de cette pompe peut n'être … entrainé que pendant un certaine partie de la course de levier, ce qui permet de régler la quan- tité de combustible fournie au moteur. L'allumage se fait spontanément par suite de la chaleur dé- gagée par la compression et surtout de la tempé- rature à laquelle se trouvent portées les parois du vaporiseur, température due aux explosions suc- cessives qui s’y produisent. Aussi, au démarrage, A. GAY — LES MOTEURS A PÉTROLE DE FAIBLE PUISSANCE 515 - est-on obligé de chauffer ce vaporiseur au moyen bd’ une lampe à pétrole spéciale, placée au-dessous . . de lui. En même temps on tourne un volant pour mettre en jeu les différents organes du moteur. Le cylindre est muni, en vue d'assurer son refroidis- . sement, d’une enveloppe à circulation d’eau froide. . L'eau provient, comme dans la plupart des moteurs fixes, d'un réservoir voisin, pénètre à la partie inférieure du cylindre et s'échappe à la partie réglable à volonté et commandée par une came de l'arbre de distribution. L’allumage se fait au moyen d'un petit tube en porcelaine maintenu au rouge et mis, aux moments voulus, en RU avec le mélange explosif. La vaporisation du pé- trole se fait dans un petit cylindre à ailettes inté- rieures, qui est également maintenu chaud, La partie la plus originale de ce moteur est le régula- teur, formé d’une lame d’acier qui, selon qu’elle a Niel. à la gauche duquel sont clavetées les cames servant à la manœuvre des divers organes. 2,7— Moteur supérieure pour retourner au réservoir. Ce courant - est produit par la différence de densité entre l’eau chaude qui entoure le cylindre et l’eau plus froide - du réservoir. Le régulateur est un régulateur à boules qui, lorsque la vitesse devient trop grande, ouvre une soupape latérale permettant au pétrole de s'échapper avant de pénétrer dans le vaporisa- . Leur et de retourner au réservoir par ticulier qui se trouve dans le bâti. - Les pièces comprises dans le mécanisme sont . peu délicates; le moteur est robuste. : À : 2.— Moteur Niel (fig. 2).— Dans le moteur Niel, le pétrole, placé au-dessus du cylindre, s'écoule par son propre poids lors de l'ouverture d’une soupape REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. — À la partie inférieure du cylindre on apercoit l'arbre de distribution, ou qu'elle n’a pas le temps de se redresser pendant un tour de l’arbre, embecquette ou laisse passer la came manæuvrant la soupape d'écoulement du pé- trole. Ce moteur est simple et occupe peu de place. 3. — Locomobile Grob (fig. 3). — Elle comprend un moteur vertical type pilon, placé vers l'arrière d’un chariot en fer. Elle porte en outre un réservoir à eau (à droite, dans la figure) et un réservoir à pétrole (à gauche, dans la figure). Le gazéificateur est une sorte de tube en V à axe horizontal dont l'extrémité inférieure est maintenue au rouge par une lampe placée au-dessous. L'air arrive dans le cylindre par suite de l'aspiration produite par le piston. Le pétrole y est poussé au moyen d’une 13* A. GAY — LES 916 MOTEURS A PÉTROLE DE FAIBLE PUISSANCE petite pompe à air qui établit, dans le réservoir, une pression d'environ 0 250. Un clapet règle son introduction. Le régulateur est à force centrifuge. mais la masse se meut dans un plan vertical. Il agit, lorsque la vitesse devient trop grande, en déclenchant la tige de commande du clapet, de sorte que le pétrole ne peut plus pénétrer dans le des différentes pièces cylindre, Le mouvement est qué non plus par des ca- provo cs) mes,mais au moyen d'u- ne combi - naison d'ex- centriques , de biellesel de manivel- Celte disposilion, les . un peu COM- pliquée, é- vite le-bruil produit par cames . la mi- les Pour se en train. on établit la pression né- cessaire dans le ré- servoir d'a- 4. — Locomobile Merlin et Cie (Gg. 4). — Le moteur vertical, du type pilon, est placé au-dessus de l'essieu d’arrière ; en avant se trouve le réservoir à eau, sorte de caisse en forme de parallélipipède droit. Le réservoir à pétrole se trouve sous le moteur et le liquide monte au cylindre, comme dans l'exemple précédent, sous l'effort d’une pres- sion obtenue au moyen d’une petite pompe à air. La ,disposi - lion la plus intéressante de celte lo- comobile est l'action donnée au régulaleur sur la pom- pe à eau, sorle que celle-ci ces- se de fonc- lionnerlors- que les ex- plosions ne se produi - sent pas el que vile de Fe Il TT ai CN I] CNE: l’on é- un re- froidisse- mentexagé- ré des parois du cylindre. limenta- Celle loco - lion, le pé- mobile offre role arrive une très àlalampe el grande sta- dès que Île r bilité pen- rare na À < a PQ — BOX ifica » 3. — Locomobile Grob. — En allant de la gauche à la droite on voit sur le chariot le dant le tra teur est suf- voir à pétrole, le moteur, la cheminée, qui communique avec le cylindre par l'inter- vail. a 1 médiaire d’un pot d'échappement: invisible sur la figure et logé entre les longerons du fis : nt l PI sammen chariot. Enfin à droite se trouve le réservoir à eau. Entre celui-ci et le moteur on apercoit chaud, on la courroie de la petite pompe centrifuge assurant la circulation de l'eau. L'axe de cette STE + é pompe est vertical. Deux galets visibles près de l'ouverture pratiquée à la partie inférieure ; fait tourne du réservoir donnent à la courroie la direction nécessaire comobile l'arbre mo- Miel. — Le teur au moyen d'une manivelle à rochet. Le refroi- dissement des parois du cylindre est obtenu par une l’on détermine au moyen d'une petite axe vertical, placée à la partie inférieure du réservoir. La masse circulalion d’eau, que pompe centrifuge à d'eau emportée par la locomobile étant assez faible (80 litres), de l'enveloppe du cylindre est répartie par un tourniquet hydrau- : puis elle celle qui sort lique sur des claies où elle se refroidit retourne au réservoir Le moteur peut être enfermé dans une enve- mis ainsi à l'abri -des pous- loppe en tôle el sieres. moteur est analogue au moteur du même nom que nous avons vuplus haut, sauf que l'arbre de distribution est parallèle à l'arbre moteur au lieu de lui être perpendiculaire, que le régulateur est à boules et à force centrifuge et que le mode de refroidissement est basé sur le même principe que celui de la locomobile Grob. 6. — Moteur de Winterthur.—1est du type vertical pilon el est complètement enfermé dans le bâti, de sorte qu'à l'extérieur on n'aperçoit que le régulateur. Sous le rapport formation du mélange volant et le disque du de l'allumage et de la A. GAY — LES MOTEURS A PÉTROLE DE FAIBLE PUISSANCE 1 © 1 explosif, il est analogue au moteur Niel. Il est robuste et capable de fournir un travail salisfai- sant dans un endroil rempli de poussières. 1. — Moteur Grob (fig. à). — Ce moteur est ana- logue au moteur porté par la locomobile du même système. Il a un peu plus de hauteur, le piston s'ar- ticulant à la bielle par l'intermédiaire d’une tige. La tige était supprimée dans la locomobile. D’autre part, la pom- peà air adis- paru, le cy- lindre et la lampe rece - vant le pétrole de deux réser- voirs diffé - rents placés au-dessus de la machine. 8.— Moteur Griffin et C'° (fig. 6). — Ce moteur pré- sente quel - ques détails intéressants. Les gaz d’é- chappement sortent à une … température maussi élevée - que possible (en pratique, 50 à 70°) et servent à * chauffer une enveloppe cy- lindrique dans laquelle est injecté le pétrole. IL s’y vaporise et forme avec l'air qu'il y trouve le mélange explosif aspiré ensuite dans - le cylindre. Pendant cette vaporisation, il se - produit une distillation, par suite de laquelle - une parlie des huiles lourdes se dépose. Elles - sortent par un purgeur et servent au graissage * de la machine, sauf cependant à celui du eylin- - dre qui est effectué automatiquement par la por- - tion entrainée avec le mélange explosif. L’air - nécessaire est fourni au moteur et comprimé à la - pression de O0 k,820 par une pelite pompe com- mandée par l'arbre de distribution. Le régulateur agit en bloquant la soupape d’ad- - mission el-la soupape d'échappement, de sorte n 4 P Fig. 4. — Locomobile Merlin. — Le moteur vertical est à droite de la figure; sur l'avant du chariot se trouve le réservoir à eau. que, jusqu'au rétablissement de la vitesse conve- nable, le moteur comprime et laisse se dilater alternativement les gaz de la chambre d'explo- sion. Tels sont les principaux points qui distinguent les différents moteurs soumis au concours. Ilest des détails que nous avons passés sous silence, ne voulant metlre en vue que ceux dont l'originalité est bien mar- _ quée: la mise en roule, par exemple, que nous n'avons pas signalée pour quel - ques-uns d’entre eux, se fait évidem- ment loujours à la main. Il Les études et essais ont porlé sur le prix derevient de la journée de travail (a- morlissement de la machine, entrelien frais de mé- canicien, con- sommation d'huile , de graisse et de chiffons), sur la construc - tion et Le fonc- tionnement (possibilité de marche aux différentes puissances, régularité de vitesse, facilité d'allumage, temps d'allumage), et enfin sur le rendement thermique qui était évalué en comparant le pétrole consommé par heure (représentant un certain nombre de calories, déter- miné par l'étude préalable du pouvoir calorifique du pétrole) avec le travail fourni, mesuré au frein et transformé en calories. Le frein employé devait salisfaire aux conditions suivantes : 1° Pouvoir être appliqué sur le volant de chacune des machines, quels qu'en soient le diamètre, la largeur et la vitesse. 2 Être automatique. Les essais devant, en effet, durer plusieurs heures chacun, il convenait de 518 A. GAY — LES MOTEURS A PÉTROLE DE FAIBLE PUISSANCE d'éviter toute source de réclamations à ce sujet ; | 3° Agir sous l’action d’un poids et non d'un res- sort, afin d'éviter les difficultés de lecture qu'au- raient pu présenter les oscillalions d’une aiguille. Fig, 7. — Principe du frein de M. Ringelmann. — O, centre de rotation; R, volant de la machine; P, poids; 4, a!, a", positions diverses occupées par le crochet d'attache du poids P. Voici (fig. 7) quel à été le frein adopté par M.Rin- gelmann. Il est formé d’un ruban de fer feuillard Fis, 5. — Moleur Grob. — On voit très peu de chose des et maintenu par un poids P suspendu à un cro- organes de ce moteur. Une enveloppe métallique de forme se : 7 4 LONCOnQe cache les articulations qui relient le volant | Chet #. Sile travail moteur augmente, le frein tend au cylindre situé à la partie supérieure. à être entrainé dans le-sens du mouvement et le ne pas faire faire à la main le réglage du frein. | crochet passe, par exemple, de « env’. Au contraire, La solution adoptée avait, d’ailleurs, l'avantage ! il passerait de & à 4” si le travail moteur diminuait. À murs, / 7 Has | Flg. 6. — Moteur Griffin. — Dans fe socle de la machine se trouve logée l’enveloppe cylindrique à l'intérieur dem laquelle se forme le mélange explosif. On apercoit à la droite de la figure la conduite qui relie cette enveloppe au cylindre. De l’autre côté du moteur sont placés l'arbre de distribution et les différents organes de commande, invisibles par conséquent en grande partie sur notre figure. A. GAY — LES MOTEURS A PÉTROLE DE FAIBLE PUISSANCE 519 Le problème est d'utiliser ces déplacements pour ployé. On emploie trois réservoirs À, B et I. Le opérer le réglage. Dans ce but, le frein est formé ! réservoir B est muni d'un trop-plein 4 et d’un 22 22 a no DER IE 2N Ü * P CL L L LL CL, 7 DEN IN) WF RAT) W CLHRLON HT), HD ne DE TR fl CET HAN D) AU NIV) ZA DZ 77 LTD ND MANS DE CIN LL LOU % 4 WI (74 Fig. S. — Montage du frein de M. Ringelmann sur un moleur à pétrole. — À et B, rubans de fer feuillard composant le …._ frein; V, vis de réglage du frein; E, entretoise réunissant les deux parties du frein; SS’, secteur servant au réglage - automatique; & et b, cordes; n, petite poulie auxiliaire; p, poids auxiliaire; », petit tendeur à treuil servant de point - d'attache pour la corde a; Q, poids du frein; C, crochet d’attache du poids Q; #, petit tube amenant l’eau de savon néces- “saire au graissage. Le moteur a été représenté par une silhouette couverte de hachures, excepté le volant qui a été - laissé en blanc. eux parties, À et B (fig. 8), réunies d'un côté | robinet R par oùs’écoule l’eau de savon. Cette eau une vis V, qu’on règle, une fois pour loules, tu commencement de chaque expérience, et, d’un autre côté, par une entretoise E, solidaire d'un sec- eur SS'. Ce secteur est maintenu par deux cordes maS et S'bnp. La corde m«aS est fixée en Set en #, qui esi un point fixe où elle s’enroule autour d'un pelit tendeur à treuil destiné à faciliter le réglage primitif. La corde S'bnp est fixée en S’, passe sur une poulie » et est tendue par un poidsp. On règle la position moyenne du secteur, de ma- nière que ? puisse venir dans le prolongement de a. Si, au cours de l'essai, le frein est entrainé, point O s’abaisse légèrement (fig. 9), le secteur roule sur la corde ab et le point O' vient en O',, allongeant le frein d'une quantité y, Si, au con- traire, un desserrement avait eu lieu, l’action in- verse se sèrait produite. k : : . . | Fig. 9. — Principe du secteur effectuant le réglage automa- Afin de n'avoir point, pendant le cours d'un essai lique du frein. —SS!, secteur de réglage; OO!, extrémités de l’entretoise reliant le secteur au frein; 0',,seconde posi- #1 toucher a la vis V (fig. 8); il élait nécessaire tion du point O'; y, quantité dont le frein s’est allongé l'avoir toujours un graissage uniforme. [Il était après le déplacement du point O'. La partie recouverte de sf s ; Op hachures représente une portion du volant; la flèche, son effectué au moyen d'eau de savon s’écoulant par DS ECO. e tube 4 (fig. 8), et l’on avait arrangé les choses de manière à obtenir une charge d’eau constante. | tombe d’un réservoir supérieur À par un robinet r La figure 10 fait bien comprendre le disposilif em- | et traverse un filtre f. Le robinet > aun débit supé- 580 A. GAY — LES MOTEURS A PÉTROLE DE FAIBLE PUISSANCE rieur à R, de sorte que la charge sur celui-ci reste toujours constante et égale à 4. L'eau, qui se déverse par le trop-plein #, est conduite par un tube » dans le réservoir inférieur 1, d'où, au moyen d'une pompe P, on la ramène en A. Un petit niveau x permet à chaque instant de se Fig. 10. — Appareil pour la lubrification aulomatique du frein. — À, B, I, réservoirs à eau de savon; d, trop-plein du réservoir B; R, robinet par lequel s'écoule l'eau de savon allant au frein; {, tube conduisant au frein; ?, ro- binet par lequel j’eau de savon s'écoule du réservoir A; f, filtre ; m, tube conduisant l’eau de savon du réservoir B au réservoir ]J; P, pompe à main servant à refouler le liquide du réservoir 1 dans le réservoir A; »#, petit tube de niveau. rendre compte de Ja quantité d’eau qui reste dans ce dernier réservoir. «Pensant, dit M. Ringelmann. < que ce frein pourra rendre des services dans les « ateliers de construction, je le laisse dans le « domaine public, ne voulant par cette Note que « prendre date et en faire connaitre le principe.» Tous les moteurs, nous l'avons dit, ont été essayés avec le même pétrole etil a été fourni aux concurrents, sans limitation d'aucune sorte, les quantités qu'ils ont demandées.Ce pétrole avait élé préalablement minutieusement étudié: au point de vue de la densilé du point d'éclair (flashkiny- point), du point d’'inflammalion (burning-point) et de la distillation fractionnée. par M. A. Riche, membre 2 [20% gr a) € \ Ÿ me L 15% = De Pr, S Î bile) Èè / Grob (locomoëi ns « ÿ Ÿ % &/ SN Y = $ È / À Lo S > 7 : / QI $ 1 Lross / L » } ÿ piel_fiocerobe è 7. à /, ss f 5 = Ê / k5% / 1 < / S 4 v / a ( SJ / S|ù 31e ILE S|È #|s Puissance au frein Fig. 11. — Courbes de rendement thermique des moteurs. de l'Académie de Médecine,directeur du Laboratoire des Expertises au Ministère du Commerce et de l’In- dustrie, — au point de vue de la détermination de son pouvoir calorifique, par M. P. Mahler, ingé- nieur civil des Mines, Enfin, M. J. Crochetelle, répéliteur de Chimie à l'École Nationale d’Agricul- Lure de Grignon, ancien élève de l'École munici- pale de Physique et de Chimie de la Ville de Paris, en avait fait l'analyse el avait déterminé la quan- tilé d'air nécessaire à sa combustion complète. Ajoutons encore que les concurrents ont eu Loul le temps qui leur a élé nécessaire pour régler leurs moteurs. C’est seulement sur leur propre invila- tion que les essais proprement dits commencaient. an E A. GAY — LES MOTEURS À PÉTROLE DE FAIBLE PUISSANCE Certains réglages onl même duré plusieurs jours. Les chiffres donnant le résultant des essais ont été fournis à M. Ringelmann par la moyenne de 6, 10, quelquefois 15 observations, faites de 10 en 10 minutes. Ces chiffres permettent d'établir un certain - nombre de courbes correspondant aux diverses propriétés que l’on veut étudier. La figure 11 reproduit les courbes de rendement thermique d'où l’on déduit, pour un travail exact de 4 che- D vaux : Grob (mi-fixe) Rendement 17.1 % Merlin 16 Niel (mi-fixe) 15.3 ! Griffin 1be4 ; Winterthur 14.1 ; Grob (locomobile) 12.8 Hornsby Er à Niel-(locomobile) 1.6 Si l'on cherche à se rendre compte de la répar- lition de la chaleur fournie et qu'on fasse le cal- cul pour 4 chevaux, on trouve les proportions données par la figure 12. Les figures 13 et 44 2 LES" 700 | | | | ee È È | Æ S ë ” & = 8 |> Ni Fe Ÿ & e | L75 KL & S a Se ES à Èè à & S = à | LS > S © D |: È à S CS È Le LI N » è Ÿ | È ; let | À 50 | F | | | FE == = [Een RE | LS = S Ê | E—. | CE | a LE Se L25 S ® FS {| ë | | < | \ , | J Ss 5 à D Lo S 0 EX — Réparlilion de la chaleur fournie au moteur pour un travail exact de 4 chevaux. bFig. 12: | “nous donnent respectivement la courbe de con- -sommalion horaire du pétrole et la comparai- son des consommations journalières. Pour établir -ces derniers chiffres, il a été admis, d’après des observalions antérieures, qu'un moteur de 4 che- - vaux travaille en 10 heures : { heure à vide 2 — à 2 chevaux 6 — à4 — LME — IIL Ce qui caractérise les essais de M. Ringelmann, c'est non seulement le soin serupuleux avec lequel il les a faits, mais c'est aussi l’enseigne- ment qu'il a cherché à en retirer. Tel moteur avail un mauvais rendement thermique, tel autre un rendement meilleur. La comparaison des détails consomme T D & S à S à à à Ÿ Ê &| 2 Su : SI IE x | 3 x|S a |è = a|< ES S|8 RS sé SUP Se Oo L Lo SIER Sd EN NI Du Le) w | Puissance au frein Fig. 13. — Courbes donnant les quantités consommées par chaque moteur en une heure et aux différentes forces. de construction et de fonctionnement faisait con- naitre les causes du défaut chez le premier, de la qualité chez le second, de sorte que public et cons- tructeurs, tout le monde a pu trouver un réel pro- fit dans les résultats du concours. Ce n’est pas là un mince mérite. Écoutons, par exemple, les obser- 582 G. CHARPY — LES ACTIONS CHIMIQUES DE LA LUMIÈRE ET DE LA CHALEUR vations suggérées par l'examen des courbes de rendement thermique : 4 304. 20#| # 10° S TT à RS È & à S S & £ è à è | 1 = È o © & e à o o = È S = c S R © È Ê © è 7 ES 5 3 Q a ES & & = = ÈS LC] = © LS = È 0 Fig. 14, — Comparaison des consommations journalières de pétrole pour chaque moteur. 1 Grob mi-five. — La quantité d'air était suffi- sante aux faibles charges, mais diminuait en approchant du maximum. Merlin. — Refroidissement exagéré vers le maxi- mum. Niel mi-fixe. — Refroidissement régulier; quan- tité d’air convenable. Griffin. — Trop de pétrole et pas assez d'air vers le maximum. Winterthur. — Quantité d'air insuffisante, refroi- dissement irrégulier. Hornsby.— Quantité d'air trop forte; refroidis- sementexagéré. Rappelons que, dans ce moteur, la température du vaporiseur est entretenue par la chaleur déga- gée dans les explosions successives de sorte que, lorsque le nombre decelles-ciestinsuffisant, comme aux faibles charges, le mélange air et pétrole ne s'enflamme plus et le moteur s'arrête fréquem- ment. Grob locomobile. — Refroidissement exagéré : admission d'air irrégulière et insuflisante aux fai- bles charges. Niel locomobile. Refroidissement quantité d'air insuffisante. exagéré, « Nous regrettons, dit quelque part M. Rin- gelmann, de ne pouvoir indiquer dans ce Rap- port toute une série de recherches entreprises sur les moteurs concurrents el résullant de nos essais comparalifs; ce sont des considérations générales, d'ordre scientifique, sur les moteurs à pétrole, qui sont pour ainsi dire étrangères au classe- ment !.» A. Gay, Ancien élève de l'Ecole Polytechnique. COMPARAISON DES ACTIONS CHIMIQUES DE LA LUMIÈRE ET DE LA CHALEUR MÉTHODES DE Les actions chimiques produites sous l'influence de la lumière sont relativement nombreuses et quelques-unes présentent une grande importance. Telles sont : l'oxydalion des substances organiques par certains sels métalliques, notamment les sels d'argent, les sels chromiques, les sels ferriques: l’action du chlore et des halogènes sur l'hydrogène el les composés hydrogénés ; l’action de la chloro- phylle sur l'acide carbonique ; ete. Toutes ces actions sont bien connues qualitali- vement, mais elles ont donné lieu à très peu d’élu- des quantilalives ; ce sont, d'ailleurs, pour la plu- M. G. LEMOINE part, des réactions exothermiques irréversibles ; elles portent sur des systèmes primilivement hors d'équilibre, maintenus dans leur état actuel par des résistances passives, et la lumière agit seule- ment en détruisant ces résistances, en amenant les corps du système à un élal tel qu'ils puissent réagir entre eux. Dans toutes les réactions qui se produisent sous l'influence de la lumière, cet agent n'intervient que pour produire un travail prélimi- ! Les clichés des figures insérées dans cet article ont été obligeamment prètées à la Revue par la Sociélé d'Encourage- ment pour l'Industrie nalionale. “ G. CHARPY — LES ACTIONS CHIMIQUES DE LA LUMIÈRE ET DE LA CHALEUR PIERRE TRUST PO dit te en NP 50700 RDA D83 naire, el fournit, par suite, une quantité d'énergie qui n’a aucune relation avec l'énergie mise en jeu par la réaction produite. Mais cela ne veut pas dire que l'énergie fournie par la lumière ne présente - pas de relation avec l'effet produit à chaque instant, c’est-à-dire avec la marche de la réaction. Lorsque - les dégagements de chaleur, produits par une . réaction, seront suffisamment faibles pour être 1 Béeutralisés par le refroidissement dù au contact des corps extérieurs au système, la réaclion, quoi- que exothermique, ne s$ raécélérera pas d’elle- … même, ne deviendra pas explosive et prendra une marche parfaitement régulière dans des conditions … déterminées. Dans ce cas, il y aura une relation “entre l'énergie fournie au système et la quantité _de substance modifiée. : Les conditions nécessaires pour que l’on puisse . étudier l'énergie fournie par une source, au moyen de la marche d’une réaction exothermique, ont été indiquées nettement par M. Georges Lemoine !. Au point de vue de l'étude de l’action chimique de la lumière, ce résultat a une importance capitale, puisque l’on ne connait pas de réaction non exo- thermique se produisant sous l'influence de cet agent. La réaction du chlorure ferrique sur l'acide oxalique, qui répond à la formule : D Fe?CI5 + C201H2 = 2FeCl? + 2HCI + 2C0? … remplit toutes les conditions nécessaires à une étude de ce genre; à froid, dans l'obscurité, elle se “produit avec une vitesse praliquement nulle (d’a- près M. Lemoine, au bout d'un siècle, à 15°, le “quart seulement des substances mélangées aurait réagi). Sous l'influence de la lumière, la réaction commence immédiatement, suivant une marche régulière et cesse instantanément quand on sup- prime l’éclairement. La quantilé de substance dé- “composée par unité de temps, la vitesse de la «réaction sera, dans ces conditions, une fonction de l'intensité lumineuse ; on peut admettre, comme «…. première approximalion, qu'il y a proportionna- lité entre ces deux grandeurs. …—. La réaction peut aussi se produire dans l’obscu- » se prêle donc à une comparaison entre la chaleur … et la lumière au point de vue de l’action chimique. “Cette étude, dont la réalisation présentait de grandes difficultés, a été effectuée dans ces der- nières années par M. Georges Lemoine, qui en a “fait l'objet de plusieurs publications dans les 1 G. Lemoixe. — Mesure de l'intensité lumineuse par l'ac- ion chimique produite ; expériences avec les mélanges d’acide moxalique et de chlorure ferrique. Comptes Rendus de l'Aca- démie des Sciences. 25 février 1895. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, 112488 Comptes Rendus de l'Académie des Sciences et les Annales de Olimie et de Physique. Le samedi 18 mai, M. Lemoine a résumé ses recherches dans uneconférence faite devant la So- ciélé Chimique de Paris. Nous essaierons de donner une idée des principaux résultats fournis par ce remarquable travail. I. — ETUDE DE LA RÉACTION PRODUITE DANS L'OBSCURITÉ Considérons un mélange d’acide oxalique et de chlorure ferrique en proportions équivalentes. Ce mélange, maintenu dans l'obscurité à une tempé- ralure constante supérieure à 50°, donne lieu à une réaction régulière dont on peut suivre la marche, soit en observant le volume d’anhydride carboni- que dégagé, soit en prélevant de temps en temps une petite quantité de liquide dans laquelle on dose, au moyen de permanganate de potasse, le chlorure ferreux formé. M. Lemoine a trouvé que la marche de la réac- tion pouvait toujours être représentée très SE proximativement par la formule : dy K : ) 6 2 s. — = KN —»1 r dl P y) [= ou ee DES à , Vs log (: Do \ 2 dans laquelle p représente la quantité. totale de ? mélange employée, y la portion de ce mélange qui a réagi au bout du temps 4, K une constante numé- rique qui dépend uniquement des conditions de l'expérience, mais garde la même valeur pour des conditions déterminées et que l’on fixera au moyen d'une des observations faites dans chaque cas !. Pour faire voir quelle concordance il y a entre les résultats de l'observation et ceux fournis par cette formule, nous reproduisons (Tableau [) l’un des nombreux tableaux établis par M. Lemoine ; il est relatif à une expérience faite à 100° sur 40°° du mélange des solutions normales (1 molécule par litre) : TARLEAU I NES VOLUME DE CO? | vorume pe CO? TS OBSERVE CALCULÉ — es 30° 40 ce. 31 1 heure 13 71 1 heure 30° 103 102 2 heures 132 131 3 heures. 183 donnée 1 Cette formule, qui exprime que la quantité de substance décomposée par unité de temps est proportionnelle à la masse active, a été donnée par M. Berthelot dans ses re- cherches sur l'éthérification. 132 584 G. CHARPY — LES ACTIONS CHIMIQUES DE LA LUMIÈRE ET DE LA CHALEUR Le dernier chiffre observé a été employé pour calculer la constante K. L'ensemble des expériences effectuées permet d'établir des formules qui expriment la variation de K en fonction de la température # et de la di- lution. La formule qui donne la variation de K en fonc- tion de la température / est la suivante : 121 — 4, lon RERO mer 273 +4 Voici quelques valeurs de K relatives à diffé- rentes tempéralures : 49° 0.000025 71e 0.0006! 850 0.0071 9140 0.0165 940 0.0270 9905 0.0667 108° 0.20 1150 0.50 12305 1.05 Pour tenir compte de la dilution, on emploie la formule : K = 0,968 1,533 log (A + 0,03) dans laquelle A représente la dilution, par rapport aux liquides normaux, c'est-à-dire que A — 10 pour les liquides 4 normaux (+ de molécule par litre. Ces formules s'appliquent très sensiblement dans tous les cas, c'est-à-dire que la formule relative à la température conserve la même forme, quelle que soil la concentration, et que la formule relative à la dilution n’est pas considérablement modifiée par la température. On voit donc que la marche de la réaction, par- faitement régulière, est complètement délerminée au moyen d'une seule constante, constante qui peut d’ailleurs être calculée au moyen de deux formules simples quand on connait les conditions de l’expé- rience. On voit aussi qu'au-dessous de 50°, la réaction dans l’obscurité est pratiquement nulle: cette Llem- péralure n’élant presque jamais dépassée dans un liquide exposé au soleil, tout l'effet observé dans ce cas sera donc attribuable à la lumière. II. — ETUDE DE LA RÉACTION PRODUITE SOUS L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE L'étude de la réaction produite sous l'influence de la lumière est rendue très délicate par les phénomènes d'absorption, qui font que l'inten- sité lumineuse aux différents points du liquide varie avec la forme du vase et la coloration du li- quide. Si la loi simple, trouvée pour la chaleur, subsiste, ce n’est évidemment que pour une masse de liquide d'épaisseur assez faible pour qu'on puisse la considérer comme soumise à une même intensité lumineuse en ses différents points. La vérification de celte loi constitue donc un problème qui peut se poser de la façon suivante : Comparer avec l’expérience les résultats calculés pour la dé- composition produite au bout d’un temps déter- miné dans un vase de forme connue el pour une dilution donnée, si l’on admefquela loi élémentaire de décomposition est représentée par la formule : dy : : RE PU) K dépendant de la dilution et de l'intensité lumi- neuse, qui est elle-même fonction de l’épaisseur de | liquide traversée, de la forme du vase el du temps, puisque la coloration se modifie à mesure que la réaction s'avance. Ce simple énoncé montre quelle est la complexité de la question et quelle énorme suite de déterminations il faudra faire pour l'élu- cider complètement. Nous ne pouvons indiquer ici que quelques-uns des points les plus impor- tants. On concoit d’abord qu'il suflit de considérer une tranche mince rectangulaire de liquide, la section d'un vase quelconque pouvant toujours être divisée en éléments rectangulaires. L'intensité de la lumière solaire peut être regardée comme constante pendant la durée d’une même expérience, dans des conditions conve- nables, el la variation d'une expérience à l’autre sera éliminée si l’on a soin d'opérer toujours com- parativement sur un mélange-type placé dans des condilions invariables. L'étude de l'absorption est effectuée en partant de ce fait d'observation que la transparence de l’eau et de l'acide oxalique peut être regardée comme complète et que, par suite, l'absorption du mélange d'acide oxalique et de chlorure ferrique est la même que celle d’une solution de chlorure ferrique contenant la même quantité de fer. On peut alors étudier la décomposition opérée, dans des cuves déterminées pour un même mélange, en interposant des épaisseurs variables de chlorure ferrique plus ou moins dilué et éclairant, soit par de la lumière blanche, soit par de Ja lumière trans- mise à travers divers milieux colorés. L'ensemble des résultats obtenus ainsi peut se ‘résumer de la facon suivante : Si l'on prend comme unité l'intensité de la lumière incidente, et si l’on désigne par #, #',n", elc….., la proportion des différentes radiations qui la composent, l'intensité, après une couche de liquide d'épaisseur à, sera : : } a #7 À ina HN + NE +... Praliquement, on pourra se contenter d’une G. CHARPY — LES ACTIONS CHIMIQUES DE LA LUMIÈRE ET DE LA CHALEUR 8 © ©e formule à 4 termes, ce qui revient à considérer la lumière blanche comme formée de quatre groupes de radiations pour chacun desquels il n’y aurait qu'une loi d'absorption; par exemple, pour le mélange de liquides normaux, la formule de trans- mission correspondant à la lumière émise par un ciel pur, dans la belle saison, sera : 1 SUR He À à — 0,01 (0,986) +-20,07 (0,40) +0,13 (0,10) — 0,79 (10—40) Cette formule donne l'intensité lumineuse et, - par suite, la décomposition produile dans une tranche infiniment mince; pour avoir l’ensemble de la décomposition dans une tranche d'épaisseur 1, il faudra intégrer entre 0 et /. La décomposi- lion produite dans cette tranche sera représentée par la formule : 2 1, SÉArEE ) | a + ri] RS 1 { al : , > n [l dH+n MURS JE Cette formule permet de calculer la décomposi- tion relative pour des cuves de différentes épais- seurs. Le tableau IT ci-joint donne pour quelques cas les valeurs calculées et les valeurs observées. On à pris comme unité la décomposilion pro- duite dans une cuve de 4 millimètres d’épais- seur : TaBLeau IT >|tempsnébuleux 5| brume générale très beau temps … Cecise rapporte au début de la réaction, c'est-à- dire à un temps assez court pour que la réaction ne modifie pas sensiblement la couleur de la solu- - lion. Connaissant l'absorption relative aux diffé- rentes dilutions, on peut déterminer d'une façon complète la marche progressive de la réaction pour un temps quelconque. La formule à laquelle conduit le calcul est : Par exemple, pour la décomposition dans un tube circulaire de 14 millimètres de diamètre, con- tenant des liquides normaux, M. Lemoine donne la formule : Ké — 21.457 1.159 © — log (2) et le tableau IIT ci-contre contient les résultats fournis par cette formule et par l'expérience pour les temps nécessaires au dégagement de diffé- rents volumes de gaz. TARLEAU III VOLUME DU GAZ DÉGAGÉ | TEMPS OBSERVÉ | TEMPS CALCUL ns | ns 26.5 {7m 61 32 -8 96 52 52.9 119 67 158 96 donnée 93.2 M. Lemoine a cherché, en outre, à comparer l'influence de la dilution dans le cas de la lumière et dans le cas de la chaleur; il a trouvé une varia- tion de même ordre et même des coefficients très voisins les uns des autres. La concordance entre les résultats de l’observa- tion et ceux du calcul montre donc que la même loi élémentaire représente la marche de la réaction, que celle-ci se produise dans l'obscurité ou à la lumière. L'influence de la lumière consiste done à augmenter la vitesse de la réaction à une tempéra- ture déterminée. Au point de vue général, la conclusion qui se dégage de ces patientes recherches est que la marche d'une réaction, produite dans des condi- tions très variées et sous l'influence de causes diverses, peut se calculer au moyen de formules simples ne comportant qu'un petit nombre de coefficients indéterminés. C’est là un résullat im- portant, si l’on considère que le but le plus immé- diat de la Chimie consiste à rassembler des lois, des règles, des formules permettant de prévoir quali- tativement et quantilativement les modifications que subira un système donné placé dans des condi- tions déterminées. La plupart des savants qui poursuivent ce problème font porter leurs efforts sur l'étude des réactions réversibles et des équi- libres chimiques. Les belles recherches de M. Le- moine montrent que le calcul peut également suivre dans ses détails la marche des réactions irréversibles. Georges Charpy, Docteur ès sciences. 86 L. ROULE — LA PHAGOCYTOSE NORMALE LA PHAGOCYTOSE NORMALE De nos jours, les termes de « phagocyle » ec de « phagocytose » font presque partie du langage cou- rant ; ils sont compris, non seulement des spécia- listes, mais encore de toutes les personnes qui s'intéressent aux choses de la biologie et de la mé- decine. La première de ces expressions (tirée du grec) veut dire cellule mangeante. C’est bien le nom qui convient: les phagocytles sont, en effet, chargés de dévorer et de détruire, par cela même, les élé- ments dont l'organisme doit se débarrasser. Ils ne se forment point spontanément,et ne sont pas permanents; ils proviennent de plusieurs des tis- sus qui existent déjà dans l'économie, résultent d'une transformation des cellules de ces derniers, et se montrent seulement lorsque leur fonction est nécessaire ; leur rôle rempli, ils meurent et dispa- raissent. La phagocytose est l’ensemble des phé- nomènes qui conduisent à la production des pha- gocytes, à leur multiplication, et à leur emploi. La mieux connue de ces utilisations est la résis- tance aux microbes. Les micro-organismes patho- gènes, capables de déterminer des troublesgraves par leur pénétration dans le corps, sont entravés dans leur pullulation par les phagocytes ; ceux-ci prennent naissance dans les Lissus où les microbes sont parvenus, les entourent, et les détruisent, si possible. Cette lutte intime est l’un des procédés par lesquels l’économie s'oppose à l’envahisse- ment des germes infectieux. Une telle fonction, si importante sous le rapport pathologique, explique pour quelle raison la phagocytose est prise, d'ha- bitude, comme un phénomène de l’ordre médical. Son nom éveille implicitement, dans l'esprit, les idées de l'infection microbienne el du conflit cel- lulaire qu'elle soulève. Souvent même, elle n'est considérée qu'à ce litre unique, comme si ce rôle élait le seul qui lui incombâat. Cependant, tel n'est pas le cas. La phagocytose n’est point, d'une manière stricte, un fait patho- logique, lié à la résistance aux microbes. Elle re- présente, dans la réalité, une fonction habituelle et constante; elle est utilisée dans certains cas, par exemple dans celui d'un afflux de micro-orga- nismes, pour lutter contre eux et les détruire; mais sa portée est plus générale. Elle est destinée à assurer l'élimination des éléments devenus inu- üles, dont la nature empêche la sortie directe et immédiale par les émonctoires habituels. Grâce à elle, ces éléments sont réduits en menues parcelles, morcelés, puis dissous; les parties nutritives sont conservées, et les autres rejetées. Étant donné cet emploi, l'adulte utilise peu, dans l'état normal, une telle fonction, et ne s'en sert guère que pour amener la destruction des cellules mortes dans la profondeur des lissus. Ces dernières commencent par se fragmenter; puis elles sont entourées par les cellules conjonc- tives voisines, ou par des globules lymphatiques ; ceux-ci atlaquent les parcelles ainsi engendrées, les dissolvent, conservent pour eux ce qui est ali- menlaire, et expulsent le reste dans le plasma circulatoire. Un phénomène de ce caractère est relativement d'une faible portée, sauf chez les ani- maux inférieurs, où son action, plus intense, est d'une efficacité réelle dans la désassimilation. Il s'adresse seulement, chez l'adulte, à des cellules isolées, ou à des groupes cellulaires d'un faible vo- lume. Il n'en est pas de même pour l'embryon. Ce dernier possède, assez fréquemment, des appareils qui lui appartiennent en propre, et qui doivent disparaitre au moment où il arrive à l’élal par- fait. Devenus inutiles, ils s'atrophient et cessent. « 4 d'exister. Cette résorption est effectuée, d'ordi- - naire, au moyen de la phagocytose. C’est ainsi que se manifeste la haute valeur de cette dernière, car elle s'exerce constamment sur ces appendices embryonnaires, et s'accomplit aux dépens d'or- ganes volumineux d'habitude, dont les fonctions se trouvent bien déterminées. Ï Les annexes embryonnaires sont des plus va- riés, suivant les animaux. Leur présence a pour résullat de donner au corps une forme bien diffé- rente de celle qu’il aura lors de l’état adulle. Ainsi, les embryons d’un grand nombre de Vertébrés portent, appendue à leur face ventrale, une vésicule remplie d’une substance nutrilive. Les têtards des Grenouilles et ceux des Crapauds sont munis de queues, alors que les adultes en sont privés. Les larves des Oursins possèdent des tentacules allon- gés, semblables à des balanciers destinés à soute- nir les petits êtres dans l’eau de la mer. Ces quelquesexemples, choisis parmilesplusfréquents, suffisent pour dénoter la variélé de ces appendices el l'importance de leur rôle. Les uns servent à la nutrition: ils sont chargés d'alimenter l’éco- nomie, grâce aux matériaux qu'ils contiennent; lesautres sont destinés à permettre les déplace- ments des individus ; enfin, les derniers ont un emploi mixte, à la fois de locomotion et de sou- tien. En cette occurrence, les formes, ainsi que les fonctions, sont des plus diverses. Mais tous ces organes offrent deux caractères communs: d'une , PET PR Le TE 7 L. ROULE — LA PHAGOCYTOSE NORMALE D87 part, leur taille est assez grande, et leur aspect assez particulier pour donner à l'embryon une _ allure souvent très dissemblable de celle qu'il aura par la suite; de l’autre, ils atténuent leurs dimen- sions et s’atrophient, à mesure que l'individu » passe à l’étal adulte. Inuliles alors, soil que le but . réalisé par eux cesse d’être nécessaire, soit qu'ils _se trouvent remplacés par d’autres appareils . mieux utilisables, ils interrompent leur accrois- sement, diminuent: et disparaissent en définitive. È AN ox N Mrculese | F7 N 1 0 1 ‘ 1 Dans beaucoup de cas, cette destruction s'accom- plit par la phagocytose. Les premiers exemples d’un tel phénomène ont … été étudiés sur les larves des Oursins. Ils furent observés par E. Metschnikof'; cet auteur s’est servi d'elles en les étendant et les complétant, pour éta- blir son principe de la résistance aux microbes “ par le moyen de la phagocytose. — Ces larves, -nommées des Plufeus, se trouvent fort différentes des adultes; au lieu d'être sphériques ou ovalaires, et couvertes de piquants, leur corps, revêtu de cils vibratiles, offre l'aspect d'un cône, dont la base rd porte plusieurs paires de longues expansions cylin- € driques, dites les bras (fig. 1). Ces annexes servent de Fÿ Par soulien dans l'eau, où nagent ces pelits êtres ; la plu- part sont rigides, et doivent cette qualité à ce qu'ils possèdent, dans leur intérieur, de longs bätonnets calcaires. Ainsi pourvus, ces petits organismes se- laissent entrainer par les courants marins et pour- suivent, à mesure, le cours de leur développement, Au moment où doit arriver la métamorphose finale, quiles convertiten adultes (fig. 2), leurs bras se raccourcissent progressivement, et s'atrophient. Les baguetles calcaires, inertes à cause de leur Fig. 1. — Larve d'oursin (Pluteus), avant sa mélamorphose. — Ce petit être, fort grossi, se soutient dans la mer à l’aide de ses grands bras qui contiennent un squelette formé de longs spicules calcaires et treillissés. nature minérale, ne peuvent s'opposer à cette di- minution, car elles sont rongées par les cellules environnantes, vrais phagocytes qui les dévorent et les font disparaitre. Les bras sont ainsi élimi- nés, avec divers autres organes spéciaux à l’em- bry;on; et la phagocytose joue, dans ce fait, le rôle primordial. Metschnikoff, poussant plus loin ses recherches. voulut se rendre compte si des faits semblables, qui se ramènent, en somme, à une destruction sur place de parcelles solides situées dans la profon- deur des tissus, ne se retrouvent pas chez d’autres animaux. Il fit pénétrer des substances inertes, réduites en une poudre fine, soit dans l'appareil 588 circulatoire de certains Mollusques, soit dans le mésoderme des larves de plusieurs Vers plats. Le résultat fut identique; les cellules, groupées dans le voisinage immédiat des particules pulvérulentes, se mirent à les entourer et à les ronger. De là vint, dans son esprit, l'idée de remplacer les poussières fines par des microbes: et il commença ses pre- mières expériencessurlaphagocylose pathologique. D'autres observateurs ont persévéré dans la voie indiquée par Metschnikoff. La notion d'une pha- gocytose constante, normale, s’est ainsi affirmée peu à peu. Les éléments devenus inutiles, soil qu'ils n'aient plus aucune fonction à remplir, soit qu'ils se trouvent arrivés au terme de leur exis- tence particulière , sont détruits par plu- sieurs cellules qui Les entourent, et qui agissent en qua- lité de phagocytes. Elles absorbent les substances nutritives que ces éléments con- tiennent encore, et permettent aux au- tres d’être éliminés, en les rendant solu- bles dans les liquides de l'organisme. Ce phénomène n'a pas seulement pour fin une destruction, mais encore une utilisa- tion de tout ce qui peut servir d’aliment; ils’accompagne d'une sorte d'assimilation intime, élémentaire, qui s’ef- fectue dans la profondeur des tissus. En ce qui concerne plus spécialement les em- bryons, l'exemple des larves d'Oursins est déjà caractéristique. D'autres faits du même ordre ajoutent en cela de nouvelles preuves. — La plu- part des Insectes subissent, avant d'arriver à l’état parfait, des métamorphoses souvent compliquées. Leurs larves, privées d'ailes, s’accommodent de milieux où elles ne peuvent plus se maintenir dès qu'elles se convertissent en adultes; le mode de nutrition, et certaines des fonctions de relation, diffèrent parfois à l'excès entre ces deux moments de l'existence d’un même individu. Ainsi, les che- des Poele __ hi Fig. 2. nilles des papillons se nourrissent de végétaux, et possèdent, à ceteffet, des pièces masticatrices des- tinées à broyer les aliments; tandis que les adultes, 697 — Achèvement de la métamorphose finale d'une larve (Plu- teus). — La figure montre une larve au moment de sa métamor- phose finale, qui la convertit en adulte; le corps devient globuleux, produit ses premiers piquants, et perd ses bras, qui s’atrophient, leurs spicules calcaires étant détruits par phagocytose. su | L. ROULE — LA PHAGOCYTOSE NORMALE munis d'une longue trompe, se bornent à aspirer le nectar des fleurs. Le dernier changement em- bryonnaire est donc considérable, puisqu'il a pour but de remplacer un organe par un autre conformé d'une manière très dissemblable, et d'entrainer la production de plusieurs appareils dontlesembryons sont privés. Beaucoup d'Insectes ne procèdent pas à ce phénomène en modifiant simplement les sys- tèmes déjà présents, et leur donnant une nouvelle structure. La métamorphose est plus radicale. Les appareils préexistants, tube digestif, muscles, centres nerveux, se détruisent; ils se dissocient en leurs cellules consti- tutives, qui se désa- 7 grègent, et devien- nent libres dans l'in- térieur du corps. Par- mices éléments, ceux qui sont trop spécia- lisés dans leurs fonc- tions pour se prêter à une multiplication, comme les fibres musculaires par £ exemple, disparais- = sent: les autres aug- mentent rapide - > ment en nombre , Contours tout en utilisant Îles Tr matériaux nutritifs Paëeus fournis parles débris des précédents, se permettre cetaccrois- sement numérique, et s'agencent en de nouveaux organes, é- difiés sur le plan par- ticulier à l'adulte. La destruction des systèmes inutiles s’accomplit par la phagocylose (fig. 3 et 4); et les phagocytes sont précisément les cellules capables de se multiplier. Tout en proliférant, ces dernières enveloppent les éléments voués à la disparition, les rongent, et s’assimilent leur substance: puis elles se différen- cient, et s'établissent dans leur disposition défini- tive. Un tel changement d'un lissu par un autre mieux adapté, et précédé par la destruction phagocylaire du premier, se trouve chez les Vertébrés supé- rieurs. Lesembryons de ces êtres ont un squelette, dont les parties principales sont cartilagineuses ; le tissu de ces dernières doit disparaitre au cours du développement, pour être remplacé par de la substance osseuse. Cette modification s’accom- pagne d'une élimination de la gangue cartilagi- segmentent pour - ments des Lissus à fonctions spéciali - sées , L. ROULE — LA PHAGOCYTOSE NORMALE 89 neuse ; et les éléments chargés de ce rôle, pris parmi les cellules mèmes du cartilage primordial, se comportent comme de vrais phagocytes. Dans tous ces cas, l'appareil détruit se trouve remplacé par un autre; mais il en est où, cette substitution n’intervenant pas, la disparition s’ac- complit sans retour. Ce fait se présente, par exemple, chez les tètards des grenouilles el des cra- pauds; leur queue s'atrophie au mo- ment de ia méta- morphose dernière, et d'une façon dé- finitive. Telles en- core les larves de beaucoup d'Asci - dies; elles possè - dent également une queue, dont elles se servent pour nager, et la perdent lors- qu'elles passent à létatadulte.Lapha- gocytose joue le principal rôle dans ces phénomènes . Les globules de la lymphe, avec cer- taines des cellules conjonctives , s’at- laquent aux élé - comme les muscles , agissent vis-à-vis d'eux à la manière de phago- cvtes, et entraïnent leur destruction complète. La phagocytose des embryons n’a pas toujours, com- me but unique, l’é- limination d’orga- nes devenus inuliles; elle sert parfois à permettre l'absorption des substances alimentaires contenues dans l’œuf, et conservées dans l’économie du petit être. Chez un assez grand nombre d'animaux divers, appartenant à tous les groupes, l'œuf renferme une quantité considérable de granulations vitellines, destinées à nourrir l'embryon durant son dévelap- pement, et absorbées sur place à cet effet; l’en- semble de ces granules constitue la vésicule vilelline, nommée la vésicule ombilicale en ce qui regarde plus spécialement les Vertébrés, appendue au corps, et vantes. Fig. 3. — Larves d’Insecles Orthoptères el Diptères. — Ces dessins mon- trent, en silhouettes noires, plusieurs types de larves d’Insectes, dont les tissus sont appelés à se détruire par phagocytose, pour se régé- nérer par la suite, — En haut (n° 530) se trouve une larve d'Ephémère; à côté (n° 531) une larve de Moustique; encore plus à droite (n° 532) une larve de grosse Mouche; tout en bas, et à gauche (n larve de Puce; à côté, sur la droite (n° 533) la larve d’une Cécidomye, insecte voisin des Moustiques. — Les phénomènes de la destruction des tissus et de leur régénération sont indiqués par les figures sui- diminuant de volume à mesure que progresse l’évolution embryonnaire. Cette restriction cons- tante, allant jusqu'à la disparition complète, est une conséquence de l’absorption des granules dont elle se compose; et il m'a été donné de voir en plusieurs cas, notamment au sujet des Arthropodes (Crustacés et Insectes), qu'elle s’accomplit en ma- jeure part au moyen de la phagocytose. Les couches cellulaires, situées au contact de celte matière nutritive,se comportent comme des amas de pha- gocytes, et détrui- sentles granules de proche en proche: elles s’alimentent à leurs dépens, et font passer aux autres régions de l’écono- mie les produits ainsi obtenus, afin d'en faire profiter la totalité du corps de l'embryon. Un tel emploi de la phagocytose ne s'écarte pas du rôle habituel . Celui-ci est double : d’un côté, il consiste en une destruction d'appareils ; de l’au- L tre en une absorp- tion de ce qui peul servir comme ali- ments dans ces or- ganes attaqués. Les vésicules vitellines étant seulement composées de subs- tances nutrilives , cette dernière uti- lisation prend la prédominance. Ail- leurs, mais plus rarement, la première est la plus importante. Le fait existe, à en juger d’a- près les remarquables études entreprises par Mathias Duval, dans la placentation de certains Mammifères (fig. 5). La région embryonnaire, qui doit édifier le placenta, commence par s'attacher à la paroi de l’utérus maternel ; mais les échanges, qui s'établissent par osmose entre les parties ainsi mises en contact, n'étant pas suflisants pour alimenter le fœtus, la zone extérieure du placenta s'avance dans l’épaisseur de la paroi utérine pour ° 534) une 299 arriver au niveau des vaisseaux sanguins, les enve- lopper, et rendre plus aisée la diffusion nutrilive. Celte zone, pour pénétrer ainsi, est obligée de détruire les tissus qui la séparent des vaisseaux utérins ; au lieu de consister en cellules distinc- tes, elle se com- pose d’éléments fusionnés, unis en un plasmode, et fonctionne comme un pha- gocyle gigantes- que. Nommée par Mathias Du- val, à cause de sa structure, la couche plasmodiale du placenta, elle ronge et détruit de proche en pro- che les assises épithéliales et conjonclives de l'utérus, jusqu’à ce qu'elle par- vienne dans la région vaseulai- re: elle entoure alors les canaux sanguins, Se substitue à leur propre paroi, el puise directe - ment dans le sang maternel, sans aucun 0bs- tacle interposé, les matériaux u- tiles à la nutri- lion embryon - naire. Dans cette phagocytose, qu'il serait pres- que permis d’ap- peler de péné- tration, la des- est le principal but à accomplir truction la couche plasmodiale fait disparaitre tout ce qui l'empêche de parvenir à l’assise vasculaire de l'utérus. Ces données, d'ordres divers, conduisent à une même conclusion : la phagocytose est un phéno- L. ROULE — LA PHAGOCYTOSE NORMALE JS62 = 07 Disque. IR AGYTHAUX Pere arreter — ! = ; CYA clogersne es disques ; L cloderrrie t0UYe2Z L Fig. 4. — Hystolyse et disques imaginaux des pupes d'Insectes. — Ces figures ex- prunent, d'une manière diagrammatique, et d’après des coupes transversales pratiquées dans le corps, les phénomènes de la destruction des tissus des larves d'Insectes, dont une partie s’accomplit au moyen de la phagocytose, et de leur récénération. — Jn suivant la série des cinq premiers dessins, partant du haut et de la figure de gauche pour terminer en bas, on voit les organes se mor- celer, se réduire en fragments, dont plusieurs sont résorbés par la phagocy- tose, puis se régénérer à l’aide d'appareils spéciaux, nommés des disques ima- ginaux., — La’ dernière figure (n° 565) montre un de ces disques très grossi, afin de dénoter sa structure, et de représenter les cellules de son mésoderme, qui agissent, dans ces phénomènes, en qualité de phagocytes. rent, suivant le cas, les origines at Lu 4 mène des plus fréquents dans le développement embryonnaire des animaux, toutes les fois où un organe doit être éliminé, quelle que soit sa nature. L'appareil ne disparail pas par ses propres forces, par une sorle de dégénérescence atrophique ac - complie par ses propres moyens, et où il serait seul intéressé . Un tel fait existe en réalilé, mais il est subordonné à la phagocytose, sous le rapport de l'importance des résullals . L'organe voué à la destruction perd ses capaci- tés vitales et ses propriétés fonc- lionnelles: il de- vienlinerteetin- différent ; sa pré- sence dans l’é- conomie déler - mine une réac- lion, qui se tra- duit par la pha- gocytose. Les é- lémentis conser- vés, pourvus de leur vitalité en- envoient vers lui quel- ques-uns d’entre eux, chargés d’a- mener sa dispa- rition, en ulili- sant ce qu’il peul con!enir de ma- tériaux nutritifs. Uuère , IT Les notions précédentes per- metlent de con- cevoir jusqu'à quel point diffè- des phagocytes. Parmi ces derniers, les uns dérivent de feuillets embryonnaires à peine façconnés, et les autres, de tissus déjà bien formés; d’un côlé, ils nais- sent d'une gangue conjonctive ou d'un plasma hp 2 L. ROULE — LA PHAGOCYTOSE NORMALE 591 % : à À circulant; de l’autre, ils découlent d'assises épi- | gions où leur rôle est utile, aux dépens des élé- + Lhéliales. Aucune provenance fixe, déterminée et |! ments préexistants qui avoisinent l’objet à élimi- de À é Proi ulirint a ! ' ll Li E Hire se 4 ulorine el Ses PE NS RE Là ; Co02p0® fs —. = 0 1000 Ex ex R tn | Re sde = SE / - ? CHE. ERP NR SENTE l'écloplacen be 44 ae Péas7r02Lale 4 ze deu Dolacerle Z Fig. 5. — Développement du placenta chez le Lapin. — Ces trois figures, établies d'après les recherches faites par Mathias Duval, sont consacrées aux premiers phénomènes du développement du placenta chez le Lapin. — Le numéro 998 | montre une section de l'utérus d’une Lapine contenant un ovule. Le numéro 999 représente une partie de cet ovule, ‘ déjà transformé en un jeune embryon et grossie; cette partie s'accole à la paroi utérine et s’enfonce dans sa substance, en la détruisant à mesure, pour arriver au niveau des vaisseaux utérins, et les envelopper afin d’y puiser les matériaux nutri- d tifs qui sont nécessaires Au développement du petit; la zone de pénétration, assimilable à un phagocyte gigantesque, est * teintée en noir. Le numéro 1000 exprime, à un grossissement plus fort encore, afin de mieux préciser les phénomènes, la bande limitée par une circonférence dans la figure du milieu. constante chez lous les animaux, n'existe pour | ner. La seule condition commune, dans celle eux; ils sont engendrés sur place, dans les ré- | genèse, est que les éléments ne soient pas trop dif- a 6 mr 92 férenciés en vue d'une fonction particulière ; aussi, les seules matrices des phagocytes sont-elles des couches épithéliales, ou plus fréquemment encore des tissus conjonctifs. Malgré cette grande diversité d’origine, les pha- gocytes se ressemblent tous : ils ne se distinguent guère que par la taille; l'identité fonctionnelle entraine, à leur égard, une similitude d'aspect. Au lieu d’avoir des contours arrêtés el permanents, ils changent sans cesse de forme. Ils 36 émettent des pro- longementsennom- bre variable, qu'ils allongent ou rac- courcissent cons - tamment , durant leur vie entière, et Pro: dont ils se servent, de la soit pour se dépla- CARRE cer, soit pour en- tourer les particu- les qu'ils veulent ronger. Ces expan- sions sont, de tous points,comparables aux pseudopodes des animaux unicel- lulaires les plus Fig. 6. — Evolulion des protospores el des deulospores des Sporozoaires L. ROULE — LA PHAGOCYTOSE NORMALE détruire est trop volumineux pour une cellule pha- gocylaire réduite à ses propres moyens, plusieurs s'associent et se confondent en une seule masse, assez grosse pour envelopper le corps auquel elle s'attaque. Ce fait a été signalé dans la phagocytose pathologique ; il existe, mieux marqué encore, dans la phagocytose embryonnaire. La couche plasmodiale du placenta des Mammifères est, en réalité, un amas énorme de cellules unies, qui pénètre dans la pa- 52 roi de l’utérus ma- ternel pour arriver aux vaisseaux san- guins ; elle agit, en celle occurrence , comme un seul pha- gocyle colossal. Les œufs de divers Crus- tacés, ceux des Clo- portes par exemple, possèdent des cica- tricules, masses su- perficielles d'un protoplasme actif, dont les bords, composés par la soudure d’une grande quantité de cellules non 40 41 L Brudopidies : simples, à ceux des Amœæbiens, par ex- emple; cette res- semblance est telle que l’on dit sou- vent des phagocytes qu'ils sont munis de pseudopodes , ou encore qu'ils ont un aspect amæboïde amphigéniques. — Ces figures expriment l’évolution vitale d'un animal unicellulaire, parasite, appartenant à l’ordre des Coccidies, et nommé l'Eimeria falciformis. Cet être se loge dans une des cellules du corps de son hôte, et détruit au préalable son protoplasma, dont il se nour- rit, pour prendre sa place ; en cette qualité, il agit comme un phagocyte, et sa manière de faire constitue une sorte de phagocytose des plus élémentaires. — La figure portant le n° 36 représente l'animal contracté et modifié en une protospore, qui se subdivise pour en- cendrer des descendants, nommés des deutospores. La figure voisine, n° 37, montre une deutospore rendue libre. Les quatre dessins du bas offrent, en allant de gauche à droite, la série des changements subis par la deutospore pour devenir un individu capable de se dépla- cer à l’aide de ses pseudopodes, et pour se convertir en un phagocyte. Les phagocytes, dans tons les cas, ressemblent, par leurs caractères essentiels, à l'individu qui termine à droite la rangée inférieure des dessins, et qui peut servir de type. — (Ces figures, comme les précé- encore distinctes , s'étalent à la sur- face ovulaire , el l'enveloppent peu à peu dune ma- nière complète. Ce- pendant, ces phé- nomènes sont Îles moins fréquents ; d'ordinaire, le pha- fig. 6. Une pareille communauté est, sans doute, une conséquence de l'extrême simpli- cité avec laquelle se manifestent, dans les deux cas, les fonctions de la locomotion et celles de la nutrition ; le phagocyte, bien qu'appartenant à un animal élevé en organisation, retourne, à cause de son rôle et de la façon dont il l’effectue, à la structure des êtres les plus inférieurs. D'habitude, chaque phagocyte est une seule cel- lule capable de se multiplier et de donner nais- sance à des descendants, qui se séparent les uns des autres, en devenant des phagocytes à leur tour. Tant que durent les circonstances favorables, cette prolifération manifester, et le nombre de ces éléments augmente sans cesse, Pourtant, dans certains cas, lorsque l'objet à continue à se dentes sont empruntées à mon traité d'Embryologie comparée.) gocyte est une cel- lule simple. TI Toutes ces constalalions, de natures diverses, conduisent à une même loi. La phagocytose n'est pas seulement l'un des moyens par lesquels l’or- ganisme résiste à l'invasion des microbes : elle vaut davantage. Son importance est à la fois plus grande et plus continue. Elle répond à une fonc- tion normale de l'économie, et à l’une des formes suivant lesquelles se manifeste l'élimination. Les malières liquides et gazeuses sont excrélées par diffusion, et rejetées dans les milieux environnants: il ne peut en être ainsi pour les corps solides, aux- quels ne s'applique aucune osmose directe. Le but est alteint d’une façon délournée : par la phago- cytose. Des cellules vivantes, produites par les tis- sus voisins, s’atlaquent à ces corps, et les détrui- sent sur SR elles les rongent peu à peu, et déterminent leur dissolution de proche en proche. Ces cellules mangeantes, ces phagocytes, conser- vent les substances nutritives qu’elles absorbent, s’en servent pour s’accroitre et se multiplier, les font revenir ainsi dans le circuit vital; elles rejet- tent les autres dans les plasmas circulants, d’où elles parviennent au dehors par la diffusion. La phagocytose est donc l’un des procédés d’élimina- tion des composés solides, et, sans doute, le plus important : àcetitre, elle doitêtre considérée comme faisant partie des fonctions d’excrétion, et comme - ayant dans l'organisme un rôle constant. - _ L'emploi de la phagocytose est d’une haute va- leur chez les embryons d’un assez grand nombre d'animaux, où elle est utilisée pour effectuer, au moment des dernières métamorphoses, la dispari- tion des organes qui ne doivent point persister chez l'adulte. Il existe également, durant toute la vie, dans l’économie achevée, mais ne s'adresse É LÉ es jai dant Co SUR L’EXPANSION FRANÇAISE EN AFRIQUE 293 plus à des appareils entiers. Les phagocytes s’at- taquent aux éléments morts après avoir accompli le cycle de leur vitalilé, ou à ceux produits à la suite d'une prolifération anormale, ou encore à des composés d’excrétion qui s’amassent dans cer- tains tissus ; ils les détruisent dans la mesure du possible. En cela est l'emploi courant, normal et essentiel, de la phagocytose. Les microbes, intro- duits dans l’économie, jouent le rôle d'éléments étrangers, solides, et déterminent contre eux une réaction phagocytaire. Mais cette dernière n'est point un phénomène nouvean, adéquat à cette seule invasion microbienne; elle répond à l'utilisation, dans un but de résistance organique, d’une fonc- Lion habituelle et continue dans le temps. Ce nou- vel emploi prend, il est vrai, des allures particu- lières, suivant les qualités des objets misen cause; mais c’est là un fait d'adaptation, quinedoit point masquer le caractère primordial, relatif à la cons- lance. Louis Roule, Professeur à la Faculté des Sciences de Toulouse, QUESTIONS D'AFRIQUE — L'expansion coloniale de la France, tant en Afrique qu'en Asie, a suscité nombre de criliques. Les uns l’ont dénoncée comme attentatoire aux intérêts vitaux du pays, parce que la reprise del’Al- sace-Lorraine devait être le but exclusif de notre politique extérieure. D'autres, guidés par des . mobiles d’un tout autre ordre, l'ont combattue comme pouvant être, à un moment donné, la cause de graves difficultés économiques en ce sens que les produits coloniaux pourraientconcurrencertrop - fortement les produits métropolitains. D'autres, - enfin, s’y sont opposés en déclarant, de plano, que la France n’était pas une puissance colonisatrice. - Toutes ces critiques ont été facilement réfutées. Aux premières il a été répondu qu’un pays comme la France, qui veut continuer à jouer un grand rôle dans le monde, ne peut se désintéresser des problè- mes qui occupent, à juste litre, les grandes puis- sances européennes, et qu'il doit, de même que - les autres nations, amies ou ennemies, prendre sa - part dans le partage du monde qu’effectuent depuis … 20 ans les peuples les plus forts. Est-ce un moyen … d'avancer l'heure des «réparations nécessaires » . que de s’isoler du concert des peuplesetde repous- … ser à priori toute politique permettant d'opposer à certains coalitions des groupementspondérateurs di LL: A SUR L’'EXPANSION FRANÇAISE EN AFRIQUE où l’on peut jouer un rôle digne de son rang et de sa puissance ? Aux secondes, on a opposé la possibilité de sous- traire la France aux obligations où elle se trouve d'acheter des matières dans tel ou tel pays. On a montré les avantages qu'elle aurait à se procurer du coton, du café, du thé dans ses colonies. La production coloniale ne suffirait peut-être pas à satisfaire à tous les besoins de la consommation métropolitaine, mais elle permettrait, en tous cas, lors des négociations commerciales, de mieux défendre les intérêts du commerce d’exporlation parce qu’on ne serait pas tributaire économique- ment des pays avec lesquels on trailerait. Enfin, à la troisième objection, on a répliqué en montrant la permanence de l'œuvre accomplie par les Français au Canada et à la Louisiane. On a signalé les constatalions rassurantes des voya- geurs élrangers qui-ont parcouru l'Afrique sep- tentrionale et qui ont admiré les résultats obtenus en moins d'un demi-siècle par les colons d'Algérie, en moins de quinze ans par les colons de Tunisie. Et là, les problèmes de colonisation étaient ardus. Il ne s'agissait pas, comme en Australie, en Nou- velle-Zélande, en Afrique australe, de substituer une population européenne immigrée à une popu- SUR L’EXPANSION FRANÇAISE EN AFRIQUE lalion indigène refoulée ou supprimée. Il fallait trouver le moyen de faire vivre côte à eôle les éléments européens et les éléments africains, la civilisalion chrélienne et la civilisalion musulmane. Nous ne nous dissimulons pas que des fautesont été commises, que notre politique coloniale ait là, comme ailleurs en Afrique, manqué de méthode. Quelques dogmatiques censeurs le disent volon- liers : ils auraient voulu que la science présidät à notre expansion dans le monde. La méthode scientifique, il la faut observer dans toutes les manifeslalions de l’activité humaine : elle est la seule base d’un progrès cerlain. Mais le tout est de savoir si, en matière coloniale, les circon- stances voulaient qu'on s’en servit. Théoriquement, la prise de possession d'un ler- riltoire aurait dû être précédée d'une élude com- plète du pays au point de vue de sa valeur écono- mique et de son importance politique. Avant de soumeltre au Président de la République la ralifi- cation d’un traité comportant l'entrée d'un État africain dans la sphère des intérêts poliliques de la France, il aurait fallu dresser le bilan présent et futur de celte nouvelle acquisition ; connaitre ses ressources naturelles comme sous-sol, flore, faune, populalion:; apprécier les charges militaires et poliliques assumées par la puissance protec- trice ; bref, se livrer à l'examen approfondi que ne: manque pas de faire l'amateur judicieux quiachète un objet d'art ou l’éleveur prudent qui marchande une belle tête de bétail. Celle théorie est parfaite. Si on l'avait suivie dès la période qui a précédé l'occupation militaire de Tombouctou, il est de toute évidence que l'on se fût gardé contre les déceptions éprouvées mainte- nant el aussi contre les catastrophes qu'un peu de perspicacilé aurait pu prévenir! Il ne faudrait pas pourtant qu'on fit de son inobservalion la caracté- ristique de la politique coloniale francaise. Est-ce que l'Angleterre, elle, dont on vante toujours en France la sagesse et la méthode politiques, n’a pas fait preuve des mêmes errements en ce qui con- cerne son expansion dans l'Afrique australe? Elle a commencé par engager une lutte armée contre les Boers du Transwaal ; puis, elle s'est décidée à traiter, malgré les échecs retentissants qu'elle à éprouvés, et à évacuer les conquêtes qu'elle avait commencé à faire. Eût-elle agi ainsi si elle avait connu la valeur minière du Transwaal et, au lieu d'arrêler son corps expédilionnaire en marche vers les contingents Boers, n'eût-elle pas renforcé ses effectifs pour conquérir #4nu mililari ces riches placers qui déterminent aujourd'hui une fièvre d’or plus intensive que celles qu'ont provoquées les mines de l'Australie et de la Californie ? Ainsi, dans un cas, la méthode scientifique eût conseillé l’abstention, et dans l’autre eût justifié l'action. Voilà des faits que les théoriciens de l’ex- pansion coloniale scientifique peuvent donner à l'appui de leur thèse. Mais, qu'on nous permelte de dire que ce ne sont que des arguments de thèse, car l'examen des conditions dans lesquelles s'est commencé et se poursuit le partage de l’A- frique montre que les circonstances ont imposé à toutes les nations la prise de possession politique d'un pays avant la reconnaissance économique. C'est à une vérilable course au clocher que se sont livrées les puissances européennes dans leurs conquêtes africaines, el cette course ne leur a pas permis de faire application d’une méthode d'ex- pansion coloniale. Elles ont agi comme elles ont pu et non comme elles ont voulu. Cette constata- lion molivera évidemment les plus extrêmes ré- serves des criliques historiques, géographiques et aulres : mais quoi ? La reconnaissance scientifique d’un pays in- connu d'Afrique exige un effort considérable. Il faut dresser la carte de la région, fixer la posilion exacte des systèmes hydrographiques et orographiques. Il faut joindre à cette première carte un relevé sommaire de la carte géologique. Pendant ce temps, les naturalistes examinent les ressources naturelles du pays et les techniciens en apprécient l’utilisation. C'est à une œuvre de cette nature que s'est adonné le célèbre Institut d'Égypte. C'est un travail analogue que l’on pro- jette pour Madagascar. Mais ne voit-on pas que ces deux Instituts auront eu pour auxiliaires pré- cieux, indispensables dirons-nous, les troupes des corps expédilionnaires qui assuraient le calme sans lequel ne pourraient travailler des savants! Est-il possible de venir dans un pays inconnu, se livrer à des travaux de ce genre, sans l’assentiment des maitres naturels du pays? Et cet assentiment, comment l'obtenir, sinon par des négociations où la politique joue naturellement un grand rôle? Le nègre est défiant de sa nalure. Il a peur du blane, qu'il sail être plus fort, plus puissant que lui, disposant de moyens quasi surnaturels pour sanctionner ses volontés. C’est à force de pré- cautions oratoires, de cadeaux qu'on obtient son concours. Il vend quelques vivres, facilite des pas- sages, et là il fait assez souvent preuve de bonne volonté; mais, quand il s’agit de fixer des routes, de déterminer des ilinéraires, que de mécomptes pour les explorateurs et combien la lecture de leurs journaux de marche est édifiante à cet égard! Les chefs de village redoutent la prise de posses- sion de leur pays et s’alarment souvent pour la moindre chose. Qu'on nous permette une anecdote à ce sujet. Le docteur Maclaud, un des compagnons de route a capitaine Binger dans son second voyage à Kong, nous racontait que les indigènes d’un pays de la vallée de la Comoé faillirent faire un mauvais parti à la mission. Ils s’inquiélaient des allées et venues des Européens, le soir, après le campe- ment. Sans nul doute, les feuillels de papier aban- donnés dans les bois ne pouvaient être que des fé- tiches laissés par eux pour faciliter la conquête de leurs villages ! - Voit-on, dans ces conditions, l'effet que produi- rait une grande mission ne braquant sur les constellations célestes les luneltes méridiennes el les théodolites ! Ces instruments scientifiques de- viendraient, dans l'imagination des noirs, de ter- ribles pièces d'artillerie, et une hostilité en règle devrait être la seule réponse convenant à de pa- reilles manifestations! Qui nous dit encore, que, profitant de l'émoi ressenti chez les Rio ènes, un voyageur étranger, se promenant sans appar ail avec quelques por- teurs, et les mains pleines 4 présenis, ne viendra pas tirer parli de cette situation et conclure cun traité politique avec les chefs, pendant que, ‘en France, les autorités les plus etes seraient sollicitées de venir donner leur avis sur la «valeur économique » de la colonie projetée ! Il faut en prendre son parti : la conquête poli- tique a dû précéder l'investigalion scientifique. Ainsi ont fait les Égypliens dans le Soudan, les Ilaliens en Abyssinie, les Allemands dans l'Est africain, au Damaraland, au Cameroun et au Togo- land, les Anglais dans le Sud africain. Si l’Angle- - Lerre a eu moins de mécomples que d’autres puis- -sances, € ’est qu'elle a su profiter de l'expérience acquise par autrui. Dans le Bas-Niger, elle a repris les établissements d’une Compagnie française dont elle redoutait la concurrence, ce qui lui a permis de prendre position dans les régions inférieures du bassin du Niger, celles que les explorateurs du commencement et du milieu du xix° siècle avaient reconnues être les plus riches de l'Afrique centrale. Elle à repoussé la France vers le Sahara, de + même qu'après s'être assuré la plus grande partie “ de la région des Grands Lacs, elle a donné à l'Ita- » lie les soliltudes du pays des tree ? | Tarde venientibus ossa. Pour éviter d'avoir, dans le partage africain, la part des convives altardés, la France a dû mulliplier ses entreprises colo- niales. Les gouvernements ont agi suivant leur tempérament politique, suivant leurs conviclions, - au sujet du rôle que la France coloniale peut rem- - plir dansle monde. ; Oh certes! ce n'est pas l'esprit de suite qui a brillé. Les hommes qui se sont succédé à la tête de - l'administration des colonies étaient loin derepré- + sentier les mêmes opinions. MM. Dislère, Grodet, LEbbll ns moi péé. di Li dr dé MARS PP NP ‘ Ms C7 af TAN RDS, Cote à à, SUR L'EXPANSION FRANÇAISE EN Une bd de 295 comme directeurs des colonies ; MM. Félix Faure, De la Porle, Elienne, Jamais, Delcassé, Maioce Lebon, comme sous- sebrétairend? Etal; MY. Boulan- ger, Delcassé et Chaulemps, comme ministres, ne représentent pas, à proprement parler, la même aclion coloniale. L'activité des uns est contre- balancée par l'extrême prudence des autres. Quelquefois c’est la plus décevante des irrésolutions qui domine toute une administration. Des retards préjudiciables à nos intérêts politiques sont cons- tatés dans la marche des affaires adminis(rativ es, relards que nos concurrents savent mettre à profit! Dans un gouvernement d'essence parlementaire, l’action personnelle d'un ministre, responsable devant les Chambres, doit être et est Aurelien prépondérante dans nb donnée à tout un . département ministériel. Que devient alors, dans ces conditions, la politique suivie dans telle ou telle Ne) grand exemple nous ont donné les Anglais dans leur pénétration dans le bassin du Haut-Nil! Le ministère libéral de Lord Rose- bery, tout en montrant moins d'activité coloniale que le ministère Salisbury, n'a rien abandonné des visées anglaises sur l'Ouganda, l'Ouniyoro et l'Equatoria. Lord Salisbury, revenant au pouvoir, trouve lesaffaires d’ Afrique Fate une telle situation qu'il peut reprendre de suite l'exécution de son programme personnel. Voilà des sujets de médilalion pour ceux qui pro- fessent aujourd'hui les nuuveaux dogmes de l’ex- pansion scientifique. Voilà des enseignements dignes d'être enseignés, car, outre qu'ils sont con- formes aux faits matériels, ils permettent de mieux apprécier l'œuvre de ceux qui, au lende- main de nos malheurs, n'ont pas douté de la puis- sance de rayonnement de la France. Il convient, ces points élablis, de s’efforcer de procéder maintenant, partout où cela est possible, dans les territoires placés définitivement sous notre influence, à une série d'enquêtes scientifiques permettant de Frame un inventaire fidèle de notre domaine d'outre-mer. Si la méthode n’a pu prési- der à nos acquisitions coloniales, il importe, par contre, d'y avoir recours pour ce utilisation. Il faut se häter de classer nos colonies ou certaines parties de nos colonies d’après l'opportunité de leur mise en valeur. Des missions confiées à des savants de tout ordre doivent donc être successivement dirigées sur nos divers établissements de la côle d'Afrique, pour que l'Administration des Colonies puisse concevoir un programme raisonné de colonisation. C'est à celte seule condition qu'on évitera des er- reurs d'appréciation fort préjudiciables aux inté- rèls de la métropole et des colonies elles-mêmes. XX x © © [er] ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES SUR L'EXTENSION Après avoir conquis, par d'importantes applications, droit de cité dans la grande industrie, l'Electro-Chimie voit aujourd'hui s'ouvrir devant elle le plus brillant avenir. Elle est en train de pénétrer dans nombre de fabrications où, jusqu’à ces dernières années, les res- sources ordinaires de la Chimie étaient seules interve- nues. Cette transformation mérite toute l'attention du savant et de l'ingénieur. En attendant la série des ar- ticles plus développés que la Revue compte consacrer à l’Electro-Chimie industrielle, il ne sera pas sans intérêt de signaler les principales nouveautés qui la concernent, et de jeter un rapide coup d'œil sur les voies où elle se trouve actuellement engagée Î. — ELECTRO-MÉTALLURGIE, De toutes les branches de l’Electro-Chimie, l’électro- métallurgie est de beaucoup la plus connue. Elle infé- resse aujourd'hui plusieurs industries d’extraction. Aluminium, — IL est inutile de rappeler ici dans quelle large mesure la substitution des méthodes élec- trolytiques (méthode de Minet, etc...) aux anciens pro- cédés purement chimiques (procédé Deville, etc.) dans le traitement du minerai, à fait baisser le prix de l'aluminium. Aussi le perfectionnement du système électrolytique fixe-t-il, à l'heure actuelle, les efforts des industriels. Parmi les plus heureuses tentatives récemment faites dans ce sens, il convient de citer celles de M. Héroult. Des renseignements très complets viennent de nous être donnés à ce sujet. Nous y relevons ce résultat : Les 4.000 chevaux-vapeurs que donnent les chutes du Rhin en Suisse ont permis de fabriquer, grâce au pro- cédé Héroult, trois tonnes d'aluminium par jour. Ce métal vient, d'autre part, d’être l’objet d’un ap- plication particulièrement intéressante de l’Electro- Chimie, M. J. Darling, de Philadelphie, a recouvert électrolyliquement d'aluminium 10.000 mètres carrés du fer destiné à la tour des nouveaux Public Buildings de cette ville, Les colonnes, etc., sont d’abord récou- vertes de cuivre par la méthode ordinaire; puis, au moyen d’un bain dont la composition reste secrète, recouvertes d’une couche d'aluminium de 0,0015. Cette dernière opération dure 72 heures avec une densité de courant de 10 ampères par 0,10 carrés de l’anode, et de 70 ampères par même unité de surface à recouvrir, La force électromotrice employée était de 8 volts pour chaque bain, Antimoine el arsenie. — Siemens et Halske traitent les sulfures naturels de ces métaux par une solution d'un sulfure alcalin qui les dissout en donnant des sulfures doubles. La solution est ensuite électrolysée ; l'arsenic ou l’antimoine se déposent en laissant en dissolution un sulfhydrate alcalin. La réaction est la suivante : Sb2S3, 3Na?S -L 3H20 — Sb? + 6Na SH + 30. L'anode est séparée de la cathode par un diaphragme, le pôle positil (destiné à recevoir l’oxygène) est en charbon ou en platine. (Brevet allemand, n° 67.974.) 3, Chrome, Mançganèse, Tungstène. — Les oxydes de manganèse, tungstène el chrome ont été réduits dans le four électrique par M. Moissan, Un courant de 300 ampères sous 60 volts, traversant pendant 6 mi- nutes un mélange d'oxyde de manganèse et de car- DE L'ÉLECTRO-CHIMIE INDUSTRIELLE . — L'ÉCLAIRAGE A L’ACÉTYLÈNE bone, donna 100 à 120 grammes de manganèse renfer- mant 6 à 14 °/, de carbone. Le même courant, passant pendant 10 minutes à travers un mélange d’ oxyde de chrome et de charbon, donna 100 à 110 grammes de chrome contenant de 8,6 à 11,9 °/, de carbone. Cette fonte chromée, mélangée avec de l’oxyde de chrome et chauffée dans Îe four, “donna du chrome pur. L’acide tungstique ‘donna de la même manière un carbure de tungstène à 17 à 19 °/, de carbone, qui permit de préparer le tungstène Dur, D'autre part, le chrome “métallique peut être obtenu en grandes quantités par le procédé électrolytique de Placet et Bonnet. A une solution diluée d’un sel de chrome, on ajoute des sulfates ou chlorures alcalins ou alcalino- terreux, avec quelques substances organi- ques telles que la gomme arabique ou la dextrine, ces substances étrangères représentant quatre fois le poids du sel de chrome. La solution est chauffée, et on em- ploie une cathode beaucoup plus petite que l’anode pour obtenir une grande densité de courantsur la sur- face où se dépose le chrome sans recourir à une puis- sance considérable. 30 à 40 volts sont nécessaires pour la décomposition. Pour obtenir les alliages de chrome, on ajoute à la solution le sel du métal à mélanger au chrome en poids égal à celui du sel de chrome. Avec un bas voltage, le métal étranger se dépose seul (le fer par exe mple) et, avec des voltages plus élevés, on obtient des quantités de chrome de plus en plus grandes, si bien qu’on peut obtenir un alliage en pro- portions variables. On peut encore déposer le métal à allier en premier lieu au moyen d’un bas voltage, puis la quantité voulue de chrome au moyen d’un voltage plus élevé, et fondre la plaque ainsi obtenue pour avoir l’alliage désiré, 4, Cuivre, — L’aïlinage électrolytique du cuivre est. maintenant employé sur une immense échelle. Une usine à Baltimore et une autre à Butte (Montana) pro- duisent chacune cinquante tonnes par jour, etl’'époque est prochaine où la totalité du cuivre manufacturé sera épurée par l’électrolyse du sulfate de cuivre. Un perfectionnement récent consiste à séparer le sulfate de fer de la solution en la chauffant et y faisant passer un courant d'air qui précipite le fer à l’état de sulfate ferrique basique, ». Or, — L'or, extrait du minerai par une solution de cyanure de potassium, est déposé de cette solution au moyen d’une cathode de plomb et d'une anode de fer, les anodes de carbone se désagrégeant trop rapide- ment. Les plaques de fer donnent du bleu de Prusse et peuvent durer longtemps ; les anodes sont placées verticalement et sont enveloppées d’un canevas pour recueillir le bleu de Prusse et l'extraire du liquide. Les plaques de plomb sont placées entre deux plaques de fer avec 37 millimètres d'intervalle entre les élec- trodes. Les plaques de plomb sont retirées tous les mois et fondues avec l'or qu’elles supportent (2 à 12 °/, d'or), puis traitées par coupellation. 6. Magnésium. — La méthode de préparation du ma- gnésium au moyen du sodium a été complètement rem- placée par une méthode électrolytique qui consiste à fondre le chlorure double de magnésium et de potas- i Sium en présence de gaz réducteurs introduits par le couvercle du creuset pour éviter l’inflammation du PTS magnésium. On a récemment introduit dans le com- merce un alliage appelé Magnésium-Zinc qui peut rem- placer le magnésium pur. Il contient 62°/, de magné- sium, 26 °/,de zinc et12°/, de fer. Cet alliage, très fragile, peut aisément se pulvériser et répond, aussi bien que le magnésium, aux besoins de la pyrotechnie et de la photographie, bien qu'il soit d'un prix de revient beau- coup moins élevé. La méthode de fabrication consiste . à électrolyser le chlorure double de magnésium et de - potassium fondu dans un creuset qui contient au fond - une couche de zinc fondu servant de cathode. On intro- - duit dans le bain, après obtention de l’alliage, un peu - de chlorure de fer, que l’alliage réduit en donnant la - proportion de fer convenable, 7. Sodium. — Le sodium métallique s’obtient mainte- nant par l’électrolyse, en particulier par le procédé de Castner. Un bain de soude caustique fondue est main- tenue à la température de 313° C. dans des récipients …._ spéciaux où passe un courant de 1.000 ampères sous “ Là 5 volts. La température n'étant pas de plus de 30 degrés supérieure au point de fusion de la soude, la résistance électrique est faible. L'opération se fait très régulièrement et le sodium fondu vient surnager. Ce dernier point est particulièrement avantageux, parce qu'il évite la distillation du sodium. Ls sl" de 8. Soude caustique. — On électrolyse une solution concentrée de sel marin, et l’on obtient de la soude caustique et du chlore, ce dernier étant utilisé pour la préparation du chiorure de chaux. Le voltage néces- saire est de 2 volts 1/2. Les difficultés pratiques con- sistent à trouver une anode qui résiste à l’action com- binée du chlore et de l'oxygène naissant, et à cons- truire un diaphragme poreux qui conserve la soude caustique autour de la cathode et l’empêche de se recombiner au chlore. Différents procédés ont été proposés pour résoudre ces difficultés. Greenwood et Casiner émploient des charbons agglomérés de fabrication spéciale. Hôüpfner préconise des électrodes de ferrosilicium. Hargreave emploie comme diaphragme une toile métallique très fine en cuivre, sur laquelle on a tassé des fils d’a- miante. On a proposé de transformer immédiatement la soude caustique en bicarbonate ou en savon, suivant - l'usage qu'on en veut tirer. 9. Zinc. — Cassel et Kjellin, de Stockholm, proposent le procédé suivant pour extraire le zinc des minerais sulfurés. La blende est grillée jusqu'à transformation aussi complète que possible en sulfate et reprise par l’eau, Le récipient destiné à l’électrolyse renferme un vase poreux où une anode de fer est placée dans une solution de sulfate de fer, tandis que la solution de sul- “ jate de zinc entoure la cathode. Lorsque le courant “ passe, le zinc est déposé, tandis qu'une quantité cor- respondante de fer se dissout. La force électromotrice … nécessaire estégale à la différence entre la force électro- - motrice de décomposition du sulfate de zinc et celle du - sulfate de fer, c’est-à-dire d'environ 1/3 de volt. On évite ainsi la décomposition de l’eau de la solution. Heinzerling propose de griller les minerais de zinc à l’état d'oxyde, et de dissoudre l’oxyde dans une solu- tion concentrée de chlorure de magnésium à tempéra- ture élevée, et sous une pression de 2 à 3 atmosphères, L’électrolyse sépare le zinc et laisse le chlorure de - magnésium, qui peut reservir. … Un autre procédé employé en Ecosse (Usine Watson, : Lardlaut et C°, Glasgow) consiste à électrolyser une né sé solution chaude d’oxyde de zinc dans la potasse caus- tique. 10. Céruse. — Stevens électrolyse une solution à 15 °/, d'acide nitrique avec des électrodes de plomb en fai- … sant passer un courant continu d’anhydride carbo- nique. ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 597 . 11. Chlorate de potasse. — En électrolysant une solu- tion chaude de chlorure de potassium et en facilitant le mélange de la potasse caustiqueet du chlore produits, on obtient du chlorate de potasse. 12. Acide chromique. — Placet et Bonnet, de Paris, pro- duisent l'acide chromique en électrolysant le chromate neutre ou le bichromate de potassium en solution, au moyen de l’électrode charbon, L’alcali, qui se réunit autour de la cathode, est remplacé de temps en temps par de l’eau pure. L’acide chromique formé cristal- ise, 13. Phosphore. — Un mélange de phosphate acide de calcium et de charbon, est chauffé au blanc dans un four électrique, et le phosphore distille. II. — ELECTROLYSE DES MATIÈRES ORGANIQUES. À côté de ces applications métallurgiques, d'autres, moins connues, sont entrées dans la pratique pour la fabrication de certaines substances organiques et pour le blanchiment. 1. Chloroforme.—- La méthode électrique est si écono- mique et si expéditive qu'elle se substitue rapidement aux autres. Une cornue de tôle émaillée, munie d'un double fond et chauffée par de la vapeur, contient 2 lames de plomb formant électrodes. Elle est remplie d'une solution à 20 °/, de sel marin portée à l’ébulli- tion, Un courant d’acétone passe d’une manière con- tinue dans lasolution électrolysée. Le chlore, produit par l’électrolyse du sel marin, réagit sur l’acétone en donnant du chloroforme, qui dislille, Le produit ainsi obtenu ne renferme aucun autre composé chloré. Cent parties en poids d’acétone donnent 190 parties de chloroforme, alors que le rendement théorique serait de 206. C’est là un résultat très remarquable au point de vue non seulement du rendement, mais aussi de la pureté. Tous les chirurgiens savent, en effet, combien il est difficile d’obtenir à un état suffisant de pureté le chloroforme du commerce vendu par le pharmacien. 2. Couleurs d'aniline. — L'emploi du courant élec- trique, pour produire des réductions ou des oxydations dans la manipulation des colorants organiques, s’est généralisé de telle facon qu'il est impossible d’en énu- mérer toutes les applications. En général, l’électroly- seur est divisé en deux parties par une cloison poreuse, et la substance à traiter est placée au contact de l’anode, si l’on veut produire une oxydation, et de la cathode pour une réduction, IIT, — ELECTROLYSE DES COLORANTS MINÉRAUX, 1. Jaune de cadmium. — On l’obtient facilement en électrolysant une solution de sel marin avec des élec- trodes de cadmium, en même temps qu’on fait passer dans la solution un courant d'hydrogène sulfuré. Le chlore produit décompose l'hydrogène sulfuré, et le soufre donne du sulfure de cadmium, dont la teinte varie avec les conditions de l’électrolyse. 2. Vermillon. — Un réservoir en bois d’un mètre de hauteur et de deux mètres de diamètre est muni, près du fond, d’une tablette sur laquelle sont placés des récipients contenant du mercure. Ce métal est réuni au pôle positif d’une dynamo; le pôle négatif de la ma- chine est relié à une plaque de cuivre reposant sur le fond du réservoir. Celui-ci est rempli d’une solution aqueuse de 8 °/, de nitrate d’ammoniaque et autant de nitrate de sodium. Un tube perforé amène de l’hydro- gène sulfuré dans la liqueur, qu'un agitateur main- tient en mouvement. De temps en temps on retire le vermillon précipité. 3. Vert de Scheele (arsénite de cuivre). — Une solution à 8°/, de sulfate de sodium est électrolysée avec des électrodes de cuivre; le bain est chauffé par un serpen- 598 tin à vapeur, et un petit sac contenant de l'anhydride arsénieux est suspendu dans le liquide. Le courant en passant forme du sulfate de cuivre aux dépens ,des plaques et de la soude caustique qui dissout l'acide arsénieux en donnant de l’arsénite de soude. Ce der- nier sel réagit sur le sulfate de cuivre pour précipiter le vert de Scheele en régénérant le sulfate de sodium. Il suffit de remplacer les plaques de cuivre et l’anhy- dride arsénieux. 4%. Vert mélis (arséniate de cuivre). — 11 suffit de rem- placer dans la préparation précédente l’anhydride arsénieux par l'acide arsénique. Celui-ci étant soluble, on ajoute lentement une solution d'acide arsénique dans le bain au voisinage de l’électrode négative (ca- thode). 5. Rouge juponais. — Gelte couleur est un oxyde de plomb coloré par de l’éosine. On obtient en électroly- sant une solution à 40 °/, d’acétate de sodium avec des plaques de plomb et ajoutant continuellement une solution d’éosine : ce produit se sépare par décantation. 6, Vert Berlin. — Gæbel précipite une solution de ferro- cyanure de potassium au moyen d’un sel ferreux; met le précipité en suspension dans l’eau, et l’électrolyse. La solution est acidifiée avec 5 °/, d’un acide et placée dans le compartiment de l’anode. Sous une action prolongée, la couleur bleue disparait et donne le pro- duit désiré. IV. — OPÉRATIONS DIVERSES. 1. Blanchiment. — Le procédé Hermite consiste à décomposer une solution de chlorure de. magnésium par l’électrolyse. On obtient de l’hypochlorite de ma- unésium, que l'on peut faire agir, dans l’électrolyse même sur la substance à blanchir ou conserver, Les fibres animales ne se prêtent pas à ce mode de blan- chiment; il réussit, au contraire, pour le coton, le lin, le jute, la päte à papier. Le blanchiment électroly- tique coûte environ moitié moins que l’ancienne mé- thode au chlorure de chaux. Le docteur Goppelsræder montre que quelques ma- tières colorantes sont détruiles par le courant, d’au- tres changent, et d’autres sont produites au moyen de substances non colorées. Il propose dès lors d'employer des électrodes d’une forme convenable appliquées sur le tissu et produisant des dessins, 2, Tannage. — On a reconnu que l’action de Pélec- tricité facilite l'absorption du tannin par les peaux. Une usine installée à Orbe, en Suisse, à pu, en une semaine, préparer complètement trois cents peaux. 3. Traitement électrolytique des jus sucrés. — Un jus impur étant soumis à l’électrolyse, les matières orga- niques colorantes sont détruites par oxydation, et beau- coup de sels inorganiques peuvent ètre extraits au moyen d’électrodes convenables. Un sirop chauffé à 70 ou 759 C., soumis à un courant de 50 à 60 ampères sous 4 volts entre des électrodes de zinc où d'aluminium, ayant une surface totale de 12 ou 1% mètres carrés, le récipient ayant environ 11/2, le pôle négatif s’est recouvert d’un enduit gommeux d'albumine presque pure, Ce dépôt augmentant la résistance électrique, on l'évite en inversant le sens du courant toutes les deux ou trois minutes; après une dizaine de minutes de traitement, le sirop est extrait et traité comme à l'ordinaire, ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES L'avantase de ce traitement réside dans la diminu- tion du lait de chaux et dans la suppression complète du noir animal, Les électrodes sont attaquées en donnant des sels qui précipitent les impuretés du sucre, et l’alumine entraine les matières qui restent en suspension. Mentionnons enfin que l’électrolyse des eaux livrées à la consommation détruit les germes, comme l'ont montré les expériences faites sur les cultures de la diphtérie et de la tuberculose, Dans un récent article paru ici même,! nous avons fait connaître à nos lecteurs les principes d'une nou- velle industrie qui est en train de se créer : la fabrica- lion en grand du carbure de calcium pour la produe- tion de l’acétylène. Nous avons fait voir Les avantages de ce dernier sur le gaz d'éclairage ordinaire : son énorme pouvoir éclairant, son prix de revient moindre (à pouvoir éclairant égal), sa facilité de production à partir du carbure de calcium, la faculté qu'on a de le liquéfier à une pression relativement peu élevée, fa- culté qui permet de le conserver en assez grande quan- tité dans de petits récipients el qui assure un transport facile. Toutefois, ces considérations n’ont pas élé sans sus- citer de nombreuses critiques, et plusieurs personnes vont jusqu'à dire que la crainte de voir un jour le gaz d'éclairage remplacé par l’acétylène n’est aucunement fondée. On objecte ? que-le carbure de calcium pur ne pourra pas être livré à moins de 150 francs les 1.000 kilogs, qui produisent, dans de bonnes conditions, 300 mètres cubes d’acétylène. Or, le prix de la carcel-heure obtenue par cet éclairage est égal à celui de la même unité de lumière produite par le bec Auer avec le gaz de houille à 30 centimes le mètre cube. Et l’on fait observer que ce sont là des conditions exceptionnelles de prix et de rendement, car, actuellement, en Alle- magne, le carbure de calcium est vendu de 550 à 600 francs les 100 kilogs et il ne fournit guère que 120 à 180 mètres cubes d'acélylène par tonne, En outre, les lampes à eau et carbure de calcium présen- teront des inconvénients de poids et de volume, et les lampes à acétylène liquéfié ne seront guère d’un usage courant, le maniement de récipients contenant un gaz à la pression d’une quarantaine d’atmosphères présentant de réelles difficultés. Nul doute que plusieurs de ces critiques soient assez sérieuses et qu'il faille, pour se prononcer en parfaite connaissance de cause, attendre les résultats pra- tiques d'essais faits sur une grande échelle. Nous croyons cependant que, lorsque l’industrie naissante se sera développée, on parviendra, par un choix approprié des matières premières et par des perfec- lionnements répétés dans la conduite des opérations, à produire un carbure de plus en plus pur et à des prix de moins en moins élevés, et que l’acétylène, par ses précieuses propriétés, sera de plus en plus appelé à être utilisé dans l'avenir. Edouard UrBaix, Chimiste industriel. 1 KE. UrBain. Une Révolution dans l'Eclairage au gaz : utilisation industrielle et commerciale du carbure de calcium pour la production de l'acétylène (Revue générale des Sciences du 30 mai 1895, tome VI, pages 446 à 458). 2 Science et Commerce (Revue pratique de l'Electricilé, n° du 6 juillet 1895, p. 260). Schlesinger (Prof. Dr L.), Privat-docent an der Uni- versitüt zu Berlin. — Handbuch der Theorie der linearen Differentialgleichungen. Tome 1. — 1 vol. gr. in-8° de 488 pages (Prix : 20 fr.) B. G.Teubner, édi- teur. Leipzig, 1895. —_._ M. Schlesinger s’est proposé de réunir, en un traité … de deux volumes, la théorie des équations différen- - Lielles linéaires, sous sa forme actuelle, telle qu’elle . résulte particulièrement des belles recherches de … MM. Fuchs, Frobénius, Picard, Poincaré et Lie, en la - rattachant aux travaux plus anciens de Lagrange, de - Laplace, de Cauchy et de Riemann. Le tome premier, qui vient de paraitre, est entière- mentconsacré aux méthodesd’intégration des équations différentielles linéaires à coefficients algébriques. Depuis le célèbre mémoire de M. Fuchs, il ne s’agit plus de ramener simplement l'équation proposée à des quadratures, mais la théorie des équations différen- tielles consiste plutôt à déduire, directement de l'équation, la facon dont son intégrale se comporte dans le plan. C’est également le problème poursuivi dans ce volume. L'auteur ne s’est cependant pas attaché à un exposé purement systématique, afin de pouvoir suivre le développement essentiellement his- torique. Les questions difficiles, non encore résolues, n'ont pas été omises; elles se trouvent, au contraire, … signalées à l'attention des analystes. Quant aux renseignements bibliographiques, si im- portants dans un pareil ouvrage, ils ont été placés. dans la table des matières, en regard de chaque cha- pitre, comme l’a fait Lacroix dans son Traité de Calcul ifférentiel et intégral. La théorie des équations différentielles linéaires a pris, depuis une trentaine d'années, un développement si considérable, grâce aux progrès de l'Analyse, qu'un traité tel que celui de M. Schlesinger, est appelé à rendre de grands services. C’est un guide précieux pour tous ceux qui veulent comprendre et poursuivre les découvertes de cette branche des Mathématiques. H. Feur. | L 1° Sciences mathématiques. Debaïins (A.), Ingénieur des Arts et Manufactures, P: de Génie Rural à l'Ecole Nationule d'Agriculture «du Grand-Jouan. — Instructions pratiques sur l’uti- lité et l'emploi des machines agricoles sur le terrain. — Tome I : Labours. Tome 11: Semailles. Tome IIT : Récoltes. — 3 vol. de ?00 pages avec une centaine de fiqures chacun. (Prix : cartonnés, 12 francs). Société d'éditions scientifiques, Paris, 1893-95. ner i à Li dns: né és Éd: La raréfaction de la main-d'œuvre à la campagne, lélévation naturelle de son prix; l'avantage d'exécuter rapidement les travaux; les procédés de culture per- fectionnés que seul permet l’usage de certaines ma- chines, des semoirs par exemple ; la nécessité absolue d’abaisser le prix de revient des récoltes ; enfin, Je dé- sir légitime de l’homme de diminuer sa peine, de 4 n'exercer que l'effort minimum : voilà les principaux - faits quiont généralisé l'emploi des machines agricoles. L'industrie et le commerce se sont vite engagés dans la voie nouvelle qui leur était offerte, 7 La statistique de 1881, dressée par les soins de * M. Tisserand, directeur de l'Agriculture, enregistre les « progrès réalisés dans l'emploi des machines agricoles … depuis 1852. Nous en extrayons quelques chiffres ca- - ractéristiques. Le nombre des houes à cheval em- ployées dans la culture est passé de 25.846 à 195.410; be de “ont Cu matter tit) BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 599 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX celui des machines à battre de 100.733 à 211.045; celui des faucheuses de 9.442 à 19,147. Et depuis 1882 les chiffres ont certainement aug- menté dans de fortes proportions. Parmi toutes ces machines, combiensont nombreuses les variétés du même type ! | Et combien de types différents de charrues, de se- moirs, de moissonneuses-lieuses! Comment le cultivateur s’y reconnaitra-t-il ? Comment fixera-t-il son choix sur les instruments qui répondent le mieux à ses besoins ? Certes, bien souvent, le nom même du constructeur est une garantie. Mais il n’en est pas moins désirable que le cultivateur soit toujours capable d'apprécier et la machine qu'il achète, et le travail qu'elle fournit, M. Debains s'efforce de lui en procurer les moyens, d’une manière simple, sans faire appel à des connais- sances spéciales généralement ignorées. En outre, M. Debains lui donne des renseignements précieux en ce qui concerne la conduite des machines sur le ter- rain : l'appropriation des divers instruments aux dif- férentes conditions culturales, leur réglage, leur con- servation et leur entretien. Le réglage des machines, condition sine qua non de leur bon fonctionnement, est trop souvent négligé. On saura gré à l’auteur de s'être particulièrement étendu sur celte partie de son pro- gramme. Dans un pareil ouvrage, il ne peut être question d'historique, partie intéressante dans un traité général, mais inutile, et même incommode dans un traité des- tiné à des praticiens. L'auteur prend le matériel agri- cole sur le vif, tel qu'il est aujourd'hui, après la révo- lutïon qui l’a transformé. Il met le lecteur au courant des inventions les plus récentes et des procédés de construction les plus perfectionnés. La nature même de son livre lui a permis d'abandonner les planches expli- calives, toujours compliquées, qui majorent le prix des traités de machinerie agricole. Il les a remplacées par de simples schémas. Ceux-ci reproduisent avec clarté les organes actifs des machines et suffisent parfaitement à l'intelligence du texte. Malgré le point de vue spécial auquel l’auteur s’est placé, son livre ne contient pas moins de très intéres- santes études personnelles; plusieurs chapitres trou- veraient place dans des traités plus considérables; citons, en particulier, les travaux de M. Debains sur le prix de revient des labours; les descriptions des appa- reils qu'il a imaginés pour les labourages à vapeur et à treuil ; enfin, documents précieux, le prix de revient par hectare des travaux effectués par les machines. L'ouvrage comprendra 4 parties formant 4 volumes : 4° Instruments destinés à la préparation mécanique du sol (charrues, herses, rouleaux); 2° Distributeurs d'engrais, semoirs, houes à cheval; 3° Outillage propre à la récolte des fourrages et des céréales (faucheuses, faneuses, etc.) ; 4° Appareils destinés à la récolte des racines et des tuber- cules. Les trois premiers volumes ont paru. Le tome III comprend les descriptions des faneuses, des faucheuses, des moissonneuses et des moissonneusses-lieuses, ces machines ingénieuses qui coupent, gerbent et lient les récoltes. M. Debains à traité d'une manière remar- quable cette partie de son ouvrage, la plus difficile sans doute en raison de la multiplicité des organes des machines, des problèmes ardus posés à chaque instant, et que les constructeurs n'ont résolus qu'à force d’ingéniosité. G. WERy, Directeur des Etudes à l'Institut National Agronomique. 600 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 2° Sciences physiques. Thompson (Silvanus P.), Directeur du Collège tech- nique de Finsbury à Londres. — L'Electro-Aimant et l'Electro-Mécanique (Traduit de l'anglais par Æ. Boistel) . — 1 vol. in-8° de la Bibliothèque élec- trotechnique. 575 p. et 221 fig. avec un portrait de l'au- teur. —(Priæ : 10 fr.) J. Frütsch, libraire-éditeur, 30, rue du Dragon, Paris, 1895, C'est dans les pays de langue anglaise que le magné- tisme à été le plus étudié dans ces dernières années, et les auteurs anglais sont à la source immédiate des renseignements sur les principaux progrès de cette science, Nul n’était mieux à même de les rassembler que l’auteur, auquel on doit de remarquables travaux sur la question, et surtout un grand nombre d’études de détail sur le cireuit magnétique. L'ouvrage que nous présentons à nos lecteurs, dans l'excellente traduction qu'en a donnée M. Boistel, n'est nullement didactique; le plan en est difficile à saisir, et l'exposé de la théorie y est un peu indécis, Mais, en revanche, il est admirablement documenté, écrit d'une facon simple et claire, et rempli de rensei- gnements pratiques. La description y va droit au but, et les données numériques relatives aux appareils sont reproduites sous leur forme immédiatement utilisable, Le peu que nous venons de dire suffit pour montrer que cet ouvrage est, avant tout, destiné aux praticiens, auxquels sa lecture sera éminemment profitable. L’or- donnance, qui laisse peut-être un peu à désirer, ne les sènera nullement, puisque la table des matières et l'index très complet leur indiqueront l’endroit précis où ils auront à chercher le document dont ils ont besoin. Une courte introduction historique contient la des- cription des électro-aimants les plus remarquables, soit par la date de leur construction, soit par leurs di- mensions extraordinaires, Puis vient une étude som- maire, relative à la forme des électro-aimants et aux matériaux employés dans leur construction, On revien- dra plus en détail sur ces deux points au cours de l'ouvrage; au chapitre suivant, déjà, on étudie les pro- priétés du fer au point de vue magnétique. Les méthodes d'essai sont décriles avec un détail suffisant pour être nettement comprises, et les résultats des recherches modernes y sont rapidement consignés. C’est seulement au chapitre IV qu'apparait définiti- vement la notion du circuit magnétique, à laquelle se rallie le reste de l'ouvrage; puis, à partir du cha- pitre VI, on entre dans la pratique immédiate, c'est-à- dire dans la construction des appareils. Ce sont d’a- bord des règles pratiques pour le bobinage et les études de construction d’électro-aimants spéciaux, comme ceux à action rapide destinés aux appareils vibrateurs ou aux relais; puis viennent les bobines à plongeurs, ensuite quelques mécanismes complets et la description des curieuses expériences que l’on peut faire à l’aide d'un électro-aimant excité par un cou- rant allernatif. Les moteurs électro-magnétiques sont traités dans un court chapitre, ainsi que diverses ma- chines-outils dans lesquelles l’électro-aimant joue Île rôle principal. L'auteur donne ensuite les moyens d’'é- viler les étincelles, puis indique l'emploi de l'électro- aimant en chirurgie. Ce chapitre, inattendu dans un ouvrage qui ne s'égarera que peu sur la table des mé- decins, contient d’intéressants détails historiques sur l'emploi de l'aimant à l'extraction de parcelles de fer plantées dans la cornée où même intérieures au globe de l'œil. En général, on se sert d’un électro-aimant spécialement adapté à ce but, pour attirer peu à peu le fragment de métal magnétique à un endroit con- venable, au-dessous de la sclérotique, que l’on incise alors pour le retirer. Mais il arrive aussi que l’on puisse l'attirer à l'extérieur par la seule action de l’aimant, L'auteur cile, entre autres, le cas d'un mineur dont l'œil gauche fut perforé, du côté interne, par un éclat de fer, qui voyagea à travers l'humeur vitrée, et vint se loger dans la rétine. On put, en pratiquant un léger élargissement de la plaie, introduire dans l'œil lui- mème le pôle de l’extracteur, qui ramena, au second sondage, le corps étranger, cause du mal, Il n'est que juste, après avoir résumé {rop sommai- rementle contenu de cet ouvrage, de dire la perfection rare avec laquelle le traducteur l’a adapté. M. Boistel s’est fait, en quelque sorte, une spécialité de ce genre de travaux, dans lequel il excelle. Un mot maintenant à l'éditeur pour n'oublier per- sonne. M. Fritsch en est, croyons-nous, à ses débuts dans ce genre d'ouvrages, et il a conquis d'emblée une place honorable par une exécution typographique soi- snée. Il nous permeltra cependant une critique de détail : l’économie faite sur les marges était d'autant moins indiquée que l'ouvrage dont nous parlons est de ceux que l’on annote volontiers; et puis, il aurait mieux valu, quitte à augmenter de deux sous le prix du vo- lume, éviter de mettre une annonce au verso de la der- nière page de texte. Cela n’est qu'un détail, mais qui à son importance. Que l'éditeur considère cette critique comme un simple conseil, etilne nous en voudra pas, nous en sommes persuadé. Ch.-Ed, GUILLAUME. La Baume-Pluvinel (\. de), — La Théorie des Procédés photographiques. — 1 vol. pelit in-8° de 230 pages de l'Encyclopédie scientifique des Aide-Mé- moire, publiée sous la direction de M. H. Léauté, de l'Institut. (Priæ : broché, 2° fr. 50; cartonné 3 fr.) Gauthiers-Villars et fils et G. Masson, éditeurs. Paris, 1895. Les traités de Photographie publiés jusqu'à ce jour envisagent seulement, dans la grande majorité des cas, le côté pratique des procédés qu'ils enseignent : les considérations théoriques qui s’y rattachent sont fort rarement abordées et presque toujours suceinc- tement et incomplètement exposées; de sorte que là connaissance de la théorie de ces procédés exigeait jusqu'ici des recherches bibliographiques considé- rables. < L'ouvrage que M. de la Baume-Pluvinel vient de pu- blier dans la Bibliothèque scientitique des aide-mé- moire comble très heureusement cette lacune, en réunissant les principales idées théoriques qui se rap- portent aux procédés photographiques. Pendant de longues années, les premières méthodes qui ont utilisé la lumière pour produire des images ont été appliquées par des praticiens qui se sont fort peu souciés d'en rechercher et d'en approfondir le mécanisme ; on peut dire que l’empirisme a régné en maitre et que la théorie de ces méthodes a été presque complètement négligée. Ces conditions ont certaine- ment retardé, dans de très larges limites, l’évolution de la photographie, ; Aujourd’hui encore bien peu des personnes qui emploient à chaque instant la Photographie connais- sent les lois et les hypothèses sur lesquelles elle s'appuie. En attirant l'attention des expérimentateurs sur le côté théorique des procédés photographiques, en réunissant les renseignements qui ont été publiés Jus- qu'ici dans cet ordre d'idées, M. de la Baume-Pluvinel a rendu un réel service à la Photographie. Dans le chapitre 1 de son ouvrage, l’auteur s'occupe d'abord de l’action des radiations sur les corps en gé- néral ; il énonce et développe à ce sujet, avec la plus complète clarté, les grands principes scientifiques de la théorie mécanique de la chaleur et de la thermo- chimie. Les chapitres suivants sont consacrés aux divers procédés aux sels d'argent ; les théories de la forma- tion de Pimage latente, du développement de lortho- chromatisme, s'y trouvent particulièrement traitées avec soin. Le principe interférentielle de de la méthode M. Lippmann y est également exposé, accompagné de considérations fort intéressantes. Enfn, la théorie des divers procédés de photocopie termine l'ouvrage. Il y a lieu de regretter que cette dernière parlie soit moins complète que les précé- dentes : les sels métalliques autres que les sels d’ar- gent, si l’on en excepte les sels de chrome, n'ont guère fourni, il est vrai, jusqu'ici d'applications pra- - iques, et c’est sans doute celte considération qui à - engagé l’auteur à abréger cette partie de son ouvrage. 1 Cette observation, d'importance fort minime, n’en- e à & nt diner ad Lu déve, - Jève ni le grand mérite, ni l'originalité d’une œuvre dont la lecture s'impose à toules les personnes qui s'occupent sérieusement de Photographie, Auguste et Louis LuMèRE. Cross (C.-F), et Bevan (E.-J.) — Cellulose, an Outline of the Chemistry of the structural Ele- . ments of Plants. — 1 vol. in-12 de 312 pages avec 14 microphotographies. (Prix : cartonné, 15 fr.) Long- mans and C°, éditeurs, 39, Paternoster Row, Lon- dres. 1895. On a dit quelquefois que la cellulose, malgré le rôle capital qu'elle joue dans l'économie de la Nature, pos- sède peu d’attraits pour le chimiste; que ses combi- naisons, ses produits de décomposilion sont, en général, dépourvus de ces caractères accentués qui font la joie des chercheurs. Et pourtant, la liste bibliographique, qui se trouve à la fin du livre que nous analysons. contient les noms de plus de 140 auteurs, dont {es travaux sont répandus dans la littérature chimique. Peu à peu, en effet, les matériaux se sont accumulés, et MM. Cross et Bevan, qui ont largement contribué, par leurs propres travaux, à nos connaissances sur la cellulose, ont senti que le moment élait venu de discuter et de coordonner tous les faits acquis qui la concernent, D'autre part, tandis que, dans d’autres domaines de la . Chimie, le champ d’études a été éclairé par des théo- ries d’une utilité et d’une fécondité inestimables, … comme la formule de la benzine de Kékulé pour la — série aromatique, et la théorie du carbone asymétrique ; Lebel et van t’Hoff avec ses conséquences stéréo- chimiques pour les carbohydrates, — la chimie de la cellulose à marché jusqu'ici à l’aventure, sans guide et sans flambeau. Ciasser tous les documents épars sur la cellulose, - instituer un système rationnel d’expérimentation et en déduire les conséquences théoriques tendant à l’éta- blissement de la formule constitutionnelle, indiquer - enfin les voies à suivre pour effectuer la résolution. définitive du problème, tel est le but de la présente monographie. La classification des méthodes y est conforme aux … idées les plus récentes; celle des différentes celluloses «— se recommande d'elle-même. D'une part la cellulose - pure et simple, avec le coton blanchi pour type, d’autre À part les celluloses composées, les ligno-celluloses — ayant pour {ype le jute et comprenant les bois, les pecto-celluloses représentées par le lin, les adipo- celluloses représentées parle liège, — forment le sujet des deux premières sections du livre. | Présenté sous celte forme méthodique, le sujet, - qu'on s'attendait à trouver aride, devient, au contraire, … plein d'intérêt. On est frappé tout d’abord du carac- tère robuste de cette molécule cellulosique si difficile à attaquer et si différente en cela de celle de l’amidon, qui se laisse, pour ainsi dire, démolir, pierre par pierre, sous l'influence de l’hydrolyse, C’est après avoir cons- laté cette différence fondamentale, que les auteurs ont adopté la tactique opposée et se sont rejetés sur les réactions synthétiques, Ils ont étudié successivement - les acétates, les benzoates et finalement les xanthates ou thiocarbonates, et ont ainsi obtenu des données et établi des analogies d'une importance capitale. Le fait dominant qu'ils ont découvert consiste dans » la réaction du sulfure de carbone sur l’alcali-cellulose. Se fondant, d'une part, sur cette considération que la o BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 601 cellulose peut être envisagée comme un alcool, d'autre part, sur celte observation de Mercer que cette même cellulose est susceptible de former avec la soude caus- lique une combinaison — peu stable, il est vrai, — les deux chimistes eurent l’idée de soumettre la cellulose mercérisée où alcali-cellulose à l’action du sulfure de carbone, en vue d'arriver au xanthate correspondant. Ils furent ainsi amenés à constater que la cellulose, traitée par moilié de son poids d’une solulion, con- venablement concentrée, de soude caustique, puis additionnée de 40 °/, de sulfure de carbone, donne un corps päteux d’un intérêt tout particulier. Ce corps est, selon eux, le sel sodique de l'acide cellulose-xanthique ou thiocarbonique. Très soluble dans l’eau, il forme avec elle un liquide d'une viscosité extraordinaire. La solution jouit de cette propriété intéressante que, si elle.est abandonnée à elle-même, le thiocarbonate de soude se décompose lentement : le sulfure de carbone, précédemment engagé en combinaison, est peu à peu mis en liberlé, en même lemps que de la cellulose in- soluble se dépose. Celle-ci constitue alors une gelée ré- sistante ; exposée à l'air, elle se dessèche en se con- tractant et finit par ressembler à de la corne. Versée sue-une surface unie, la solution ne tarde pas à mani: fester son aptitude à former des pellicules continues, bien homogènes, transparentes et remarquablement résistantes. Cetle précieuse propriété a tout de suite suggéré à MM. Cross et Bevan la possibilité de nom- breuses applications aux arts industriels : collage du papier (en pâle ou en feuille), appcèt et imperméabili- sation des étoffes, préparation de pellicules de toutes sortes, fines ou grossières, de toute épaisseur et de toute couleur pour l'emballage, la reliure, les tentures décoratives, la confection de sacs et d’étuis, de plaques photographiques rigides et légères, etc., ete. La Revue compte revenir, en temps opportun, sur les détails techniques de ces industries naissantes. MM. Cross el Bevan ont eu l’amabililé de nous en montrer les pre- miers produits, il y a environ un an, dans leur labora- toire à Londres, et nous avons été frappé de la souplesse de leur procédé, susceptible de s'adapter à beaucoup d'usages. En raison de la facilité avec laquelle il peut être appliqué et du peu de frais qu'il exige, ce procédé nous parait destiné à rendre de {rès prochains services à quantité de fabrications, La deuxième partie de l’ouvrage traite des ligno-cel- luloses et, en particulier, du jute. Les réactions spé- ciales et les caractères chimiques de ces substances y sont exposés en détail. Signalons ce résultat principal que les celluloses lignifiées ne sont pas, comme on l’a cru si longtemps, des rélanges de cellulose et de lignine, mais des composés définis avec le groupe kéto- hexène, une sorte d’éther composé. On lira aussi avec intérêt la discussion des différentes méthodes analy- tiques, surtout de celles qui déterminent les groupes fournissant le furfurol (furfuroses et furfurosanes), le méthoxyl, etc. : Dans la troisième partie du livre sont décritesles mé- thodes pratiques : examen et identification des fibres, analyse et dosage des éléments constitutifs. C’est tout un recueil de renseignements précieux à l’usage du savant et de l'industriel, et qui se trouvent réunis ici pour la première fois. Morpholôgie de la cellulose, recherche des matières fibreuses brutes, analyse des textiles et du papier, extraction et séparation des fibres, pro- cédés de filature, de blanchiment, de teinture, tous ces sujets sont traités avec le souci constant d’élucider les questions théoriques et surtout la question fondamen- lale de la constitulion de la molécule cellulosique. Citons sur ce point les conclusions des auteurs : « Comparant la cellulose à l’amidon, nous trouvons qu'elle résiste à l'hydrolyse et à l'acétylation, maïs qu'elle se prête à la réaction si caractéristique des thiocarbonates. Ce sont là des differences, d'une part, de fonction et de réactivité des groupes OH, et de l'autre, de l’enchainement des groupes uni-moléculaires C$H*010. Il s’agit de savoir si ces diffé- rences sont suflisantes pour imprimer au groupe cellulose 602 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX fe CMP UN ie Cd tes — +" le cachet d'un type constitutif spécial. Nous croyons que oui. Partant du groupe uni-moléculaire C6H 100$ et l'envisageant, ainsi que nous en avons le droit d’après les faits acquis, comme C6H60O (OH)#, nous n'avons guère de choix, et nos conclusions peuvent s'exprimer en termes généraux de la facon suivante : «1. — Les atomes C des groupes C6H1005 sont liés l’un à l’autre de manière à former une chaine fermée, « 2. — L’enchainement des groupes eux-mêmes s'effectue, non entre les O, mais entre les C. « La synthèse des groupes CSH1005 entre eux doit se pro- duire par l’union du CO d'un groupe avec le CH? d’un autre, donnant la forme alternative CH — C (OH). » Si obscures étaient restées jusqu'à présent les ques- tions de cette sorte que, malgré les importantes recherches consignées dans l'ouvrage de MM. Cross et Bevan, il serait sans doute imprudent de considérer toutes leurs conclusions comme absolument adéquates à la réalité des phénomènes. Ceux-ci semblent être extrèmement complexes et demander encore bien des études. Quoi qu'il en soit, d’ailleurs, des vues, en partie hypothétiques, auxquelles les auteurs ont été conduits, on ne saurait méconnaitre le haut intérêt de leur œuvre : ils ont apporté au sujet de nouveaux éléments de discussion et les résultats pratiques qu'ils ont acquis semblent témoigner aussi, du moins en une certaine mesure, de la conformité de leur théorie avec les faits. Disons enfin que le livre est orné de 1% planches admirablement exécutées d’après des microphotogra- phies de M. I. Christie, et représentant des coupes des libres typiques décrites dans le cours de l'ouvrage. L. O. 3° Sciences naturelles. Gérardin (Léon), Professeur aux Ecoles Twrgot et Monge, el Guède (Henri). — Botanique. Anatomie et Physiologie végétales. — 1 vol. in-5° de 4S0 p. avec 335 fig. (Prix : 6 fr.), J.-B. Baillière et fils, édi- teurs. Paris, 1895. Cet ouvrage répond, pour la Botanique, au pro- gramme du Certificat d’études physiques, chimiques et nalurelles, qui vient de remplacer le baccalauréat ès sciences restreint. C’est done un livre élémentaire, écrit, selon la bonne méthode pédagogique, avec le souci d'exposer la science à des jeunes gens qui la connaissent peu, assez documenté néanmoins pour initier aux études de botanique élevée les candidats à la licence ; ils y trouveront un bon résumé du savoir actuel sur l'anatomie et la physiologie des plantes. Les descriptions sont claires et illustrées de figures bien choisies, empruntées aux bonnes sources, souvent à de récents mémoires. Il faut louer les auteurs d’avoir su mettre dans leur livre beaucoup de faits intéres- sants, sans pourtant l'encombrer, ce qui devient de plus en plus l’écueil du genre. -Jammes (Léon), Préparateur à la Faculté des Sciences de Toulouse, — Recherches sur l’organisation et le développement des Nématodes. — Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris. —1 vol. gr. in-8° de 200 p. avec 12 fig. et 11 planches hors texte. Imp. P. Schmidt, 25, rue du Dragon, Paris. M. Jammes vient de publier le résultat des « Recher- ches sur l’organisation et le développement des Néma- todes » qu'il a exécutées au Laboratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences de Toulouse, sur neuf espèces de ces vers, libres ou parasites, etsur l’embryogénie de deux d’entre eux, L'auteur schématise d'abord en quelques pages d’une grande clarté l'organisation des Nématodes telle qu'on la concoit actuellement, ce qui permet ensuite d'intercaler dans ce cadre, en jugeant de leur impor- tance, les nombreux faits nouveaux qu'il a constatés. M. Jammes à divisé en deux parties son remarquable travail, La première est l'exposé affirmatif des résultats de ses recherches; la seconde est, en quelque sorte, -plein au début, se creuse bientôt de la lumière intesti- l'appui démonstratif de la première, qui s'adresse aux naturalistes désireux de contrôler par le menu tous les points de l'ouvrage; elle est exposée sous forme d'explication très détaillée des planches, Un des faits les plus intéressants qui résulte de ce mémoire est la solution de la question si controversée de la réalité du système nerveux des Nématodes en tant qu'organe délimité, M. Jammes semble avoir dé- finitivement établi que le système nerveux est unique- ment représenté par une couche ectodermique diffuse composée d'éléments neuro-épithéliaux. La cuticule qui recouvre la peau est formée de 1 à 4 couches dont les dispositions sont variables d’une es- pèce à une autre et pour un même individu, selon les conditions diverses de son habital. L'appareil excré- teur flottant dans la cavité générale chez les Néma- todes libres, est inclus, chez les parasites, dans l’ecto- derme, où il peut se ramifier, sans avoir de rapports avec les autres feuillets, La structure si peu claire de l'élément musculaire des Nématodes est élucidée d’une manière définitive ; c'est un des résultats les plus importants du travail de M. Jammes. Chaque élément se compose d’une partie musculaire, contractile, nettement striée, et d’une por- tion non contractile, tournée vers l’intérieur-du corps. pourvue d’une membrane, et contenant le noyau; si la partie musculaire est aplatie, celte portion non con- tractile est formée d’une substance homogène peu éle- vée qui devient lacuneuse et plus haute à mesure qu’elle recouvre des cellules plus renflées du côlé de la cavité générale, Ces éléments musculaires sont in- nervés par des fibrilles venues des éléments nerveux de l’ectoderme; ils sont en outre reliés à l'intestin par des tractus très délicats traversant la cavité générale, Les tubes sexuels acquièrent des proportions va- riables selon que les vers appartiennent à des espèces plus ou moins grandes. Une sorte de sillon externe, se traduisant intérieurement par un bourrelet saillant, se remarque le long de l'intestin. L'étude de l’embryogénie a conduit M. Jammes à des conclusions entièrement nouvelles et d’un grand inté- rêl. L'œuf quise segmente à l'abri d’une coque de con- sistance variable selon la nature des milieux, donne naissance à une morula régulière qui se transforme en une planula à deux couches dont l’interne est compacte et donne en se divisant deux couches (endoderme et mésoderme définitifs) par un clivage circulaire déter- minant la cavité générale. L'endoderme, cylindrique et nale, Aucune phase gasthrula n’a été constatée. L’ectoderme, primitivement épithélium continu, se transforme en divers éléments : nerveux, fibrilles et granulations. La cuticule débute par une plaquette exsudée par chaque cellule ; leur réunion secondaire pi has dique détermine la cuticule, Le mésoderme produit les élé- w ments musculaires qui rapidement augmentent en di- mension, mais non en quantité; il produit encore les À filaments du mésenchyme qui s'étirent à mesure de la croissance de l’animal. Enfin l’auteur expose divers points nouveaux de rap- prochement entre les Plathelminthes et les Némathel- minthes qui semblent si éloignés les uns des autres. Ce n’est pas un des chapitres les moins intéressants de cette thèse, dont il n'a été possible en ces quelques lignes que de donner un trop rapide aperçu. Un mot encore sur les dessins à la plume dont M. Jammes, depuis longtemps passé maitre en ce genre d'illustrations, à complété son mémoire; les uns constituent onze planches, les autres sont intercalés dans le texte, et tous, exécutés par la même méthode, sont d'une lecture frappante et d’une grande perfec-. tion, On était d’ailleurs en droit de la demander à M. Jammes qui a déjà, comme l’on sait, exécuté récem- ment toutes les belles figures du Traité d'Embryologie de M. Roule, 2m DELA Fit Se L. Jouin. 4° Sciences médicales. Brocq (L.), Médecin des Hôpilaux de Paris, et Jac- - quet (L.), Ancien interne de l'Hôpital Saint-Louis. — _ Précis élémentaire de Dermatologie. Tome III : Dermatoses microbiennes. Néoplasies. — 1 vol. petit in-8° de 232 pages de l'Encyclopédie scientifique des Aide-Mémoire, publiée sous la direction de M. H. Léauté, de l'Institut. (Prix : broché, 2 fr. 50; cartonné, . 3 francs.) Gauthier- Villars et fils et G. Masson, édi- _ teurs, Paris, 1895. - Le présent volume, deuxième partie du Précis de «Dermatologie en cours de publication, traite particu- ièrement des dermatoses microbiennes et des néopla- sies. Les diverses formes de la tuberculose cutanée sont exposées avec leurs caractères essentiels. Elles ont distinguées en deux groupes : 1°les lésions tu- berculeuses cutanées résullant de l'inoculation di- #ecte du bacille, tels les tubercules anatomiques, la tuberculose verruqueuse de Riehl et Paltauf, les lupus; 20 les tuberculoses secondaires à une infection géné- rale de l’économie et se manifestant par les ulcéra- tions tuberculeuses de la peau et les gommes scrofulo- … tuberculeuses. Le lupus érythémateux est classé parmi les affections tuberculeuses, comme l’admet sans res- triclion M. E. Besnier. Après la tuberculose, vient [a lèpre, dont M. Jacquet a fait une intéressante élude sommaire; puis le rhinosclérome, la morve, la pustule maligne et Fædème charbonneux, Les folliculites et périfolliculites sont décrites avec leurs multiples va- riétés, De courts chapitres sont consacrés aux affec- - tions des pays chauds : bouton d'Orient, ulcère anna- _ mile, pian. : k M. Jacquet a réuni sous la rubrique psorospermoses . les diverses affections qui sont actuellement rapportées aux coccidies. Sans entrer dans les discussions étiolo- - siques, il admet comme établie la nature psorosper- “mique de l'affection de Darier et de la maladie de “Paget, comme probable ou même douteuse celle du “molluscum contagiosum et des épithéliomas cutanés. Le osis fongoide, l’actinomycose, le pied de Madura a perlèche terminent le volume. et ouvrage tire sa valeur de la compétence incon- leStée de ses auteurs dans les affections cutanées. Ils ont manifesté une tendance marquée à la simplifica- lion des descriptions el des notions pathogéniques, omme le commandait d'ailleurs le but purement pra- que de ce précis. D' A. LÉTIENNE. Morax (D° V.), Ancien Interne des Hopitaux de Paris. » — Recherches bactériologiques sur l'étiologie des conjonctivites aiguës et sur l’asepsie dansla chirurgie oculaire. — Un vol. grand in-8 de 112 pages, avec une planche en couleurs. (Prix :5 fr.). . Soc. d’édit. scientif. Paris, 1895. Des recherches de M. Morax, il résulte que l'examen “microscopique de la sécrélion conjonctivale permet, “dans tous les cas, de poser un diagnostic étiologique ertain. Le bacille observé par Wecks en Amérique, “Koch et Kartulis en Egypte, isolé, cultivé et inoculé par Morax en France, est l’agent pathogène de la con- jonctivite aiguë contagieuse. Le gonocoque démontre la nature blennorrhagique de l’inflammation conjonce- “hivale et se trouve aussi dans le type leucorrhéique. Il une autre à streptocoques, dite lacrymale, parce qu'elle est toujours liée à l'existence d'une phlegmasie de même nature des voies lacrymales. Partant de ces données, l’auteur voudrait que la bac- ériologie füt la base de la classification des conjoncti- ätes aiguës. L’inconvénient de cette méthode, d’ail- leurs logique, est évident : dans l’état actuel de nos Connaissances, nombre de conjonctivites aiguës n’en- trent pas dans les quatre classes décrites par M. Morax.Il udrait donc créer une 5° classe: conjonctivites à bac- existe encore une variété bénigne à pneumocoques et BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 603 tériologie inconnue, dans laquelle se rencontreraient les types les plus disparates, et notamment ceux pré- sentant les mêmes symptômes que ceux des classes précédentes, | IL en résulterait une certaine confusion dans l’his- toire clinique de cette affection. Mais, si nous pensons qu'il serait prématuré d'adopter pour le moment cette classification, nous devons reconnaître qu’elle a été le point de départ des intéressantes recherches que nous présente l’auteur dans sa thèse. M. Morax à réussi à isoler le bacille de la conjonctivite des armées, ca- tarrhale, épidémique, qu'il propose d'appeler simple- ment infectieuse. I] l’a cultivé, en a fixé la morphologie et en a déterminé les propriétés pathogènes par des expériences d’inoculation poursuivies jusque sur lui- même. La seconde partie de l'ouvrage est moins importante : elle démontre pour la chirurgie oculaire ce qui était déjà admis en chirurgie générale, à savoir que l’usage des antiseptiques est inutile sinon nuisible ; que la so- lution physiologique stérilisée répond à tous les desi- derala, et que les seules conditions de succès résident dans l'emploi d'instruments et d'objets de pansements parfaitement aseptiques. D' Gabriel MauRANGE. Dupuy (Edmond), P' à lu Faculté de Médecine et de Pharmacie de Toulouse, — Cours de Pharmacie. Tome II. C Pharmacie chimique. 1° Fuscicule. Mé - dicarents chimiques appartenant à la chimie minérale. — 1 vol. in-8° de 610 p. avec 29 fig. (Prix : 10 fr.) — L. Batlaille et Cie, éditeurs, 23, Place de l'Ecole de Méde- cine, Paris, 1895. C’est un livre pour les étudiants, fort bien disposé au point de vue de la clarté de l'exposition, et de la facilité pour la recherche d’un renseignement. Chaque médicament forme un petit chapitre, avec un certain nombre de paragraphes signalés par une rubrique bien apparente. Il est regreltable que l’une de ces rubriques , Action physiologique, ne recouvre souvent que des données trop vagues, empruntées à des auteurs trop anciens. Mais c'est déjà une excellente tendance que d’avoir introduit ces notions dans un traité de phar- macie, Non seulement, ce volume sera fort apprécié des élèves pour préparer leurs examens, mais il sera fort commode aussi comme aide-mémoire pour les prati- ciens et les hommes de laboratoire. Toutes les formules sont données à la fois en équi- valents et en atomes, L. Lapicoue. 5° Sciences diverses. La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des Sciences, des Lettres et des Arts, paraissant par livrai- sons de 48 pages grand in-S° colombier, avec nombreuses figures intercalées dans le texte et planches en cou- leurs. 530° et 531° livraisons, (Prix de chaque livrai- son, 1 fr.) H. Ladmirault et Cie, 61, vue de Rennes. Les 5308 et 531€ livraisons renferment la monographie des Lichens par M. H. Fournier; la monographie du genre Liévre, par le D' E. Trouessart: une étude sur la théorie des limites en mathématiques par M. H. Lau- rent; une monographie complète du lin, au point de vue de la culture, des récoltes et du commerce par M. A, Lar- baletrier; au point de vue de l'industrie, de ses mani- pulations et des métiers qui servent à le tisser, par M. Riegel ; des articles sur les villes de Lille, de Limo- ges, leur histoire, les principaux monuments qu’elles renferment, par M. A. Leroux; une étude sur les Li- gures, par M. L. Will; un article sur le lied et son évolution äans la musique par M. A. Ernst; l’histoire de la Sainte-Ligue par M. P. de Vaissière; la biogra- phie de Lincoln, le célèbre président des Etats-Unis, par A. M. Berthelot. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 4 Juin 1895. M. le Secrétaire perpétuel annonce à l’Académie la erte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Neumann, correspondant de la Section de Géomé- trie. — M. Bertrand rappelle en quelques mots les tra- vaux de ce savant physicien el mathématicien, profes- seur à l'Université de Kôünigsberg. 10 SCIENCES MATHÉMATIQUES, — MM. Rambaud et Sy adressent leurs observalions de la planète BX (Char- lois). faites à l’'équatorial coudé de l'Observatoire d'Alger. — M. A. Pellet énonce quelques propriétés relatives aux centres instantanés de rolalion des déve- loppées d’une figure plane dans son plan. — M. R. Levavasseur adresse une nole sur une calégorie de groupes de substitulions associés aux groupes dont l’ordre égale le degré. — M. F. de Salvert énonce deux ‘formules connexes concernant les fonctions complètes de troisième espèce, relatives à des modules complémentaires, — M.A. Lucas soumet au jugement de l'Académie un mémoire sur les forces centrifuge el centripète et sur une nouvelle valeur de la gravité g. 20 SGENcES PHYSIQUES. — M. Lecoq de Boisbaudran donne une nouvelle méthode pour déterminer le volume des sels dans leurs dissolutions aqueuses; on opère la dissolution dans un dilatomètre, appareil plein de liquide et muni d'une tige graduée sur laquelle on lit les valeurs absolues des changements. L'erreur est beaucoup moindre que par la méthode du flacon à densité. — M. Daubrée signale la présence de M. le Dr Otto Nordenskiold, neveu de l'explorateur, et met au courant de l’intéressant vovage qui se prépare en Suède pour l'exploration de la Terre-de-Feu.— M.Faye lit un rapport sur le projet d'expédition en ballon aux régions polaires de M. J.-A. Andrée. Il discute cha - cune des données du problème et conclut à la possi- bilité de le résoudre, tout en faisant remarquer que le retour présente de bien grandes difficultés. = M. A. Haller expose quelques généralités sur l'influence acidiliante des radicaux dits négatifs et propose une classification particulière pour les acides non car- boxylés. Il indique la préparation des combinaisons : CAz H?AzAzH.C5H® SSD R.CH = COH.C — COR H? Az.AzH C5H° en traitant, en solution éthérée, une molécule d’éther acyleyanacétique par deux molécules de phénylhy- drazine : il décrit successivement les composés formés à partir de l'acétocyanacétate de méthyle, d'éthyle, du propionyleyanacétate d'éthyle, du butyryl et de Piso- butyryleyanacétate d'éthyle. — M. Bonnal soumet au jugement de l'Académie un pèse-vin dosantsimultané- ment l'alcool et l'extrait dans les vins. — M. Clève annonce que M. Langlet a déterminé la densité de l’hélium : 2.02 pour H =1. — MM. Paul Sabatier el J.-B. Senderens ont réduit l’oxyde azoleux gazeux maintenu sur le mercure en présence du fer humide, ou sa dissolution aqueuse mise au contact de divers métaux, magnésium, zinc, cadmiun, fer, L’oxyde gazeux est réduit avec dégagement simultané d'hydrogène ; l’oxyde dissous est transformé aussi en azote, mais il y a formation d'un peu d’ammoniaque. Le gaz, au con- lacet des métaux humectés d’eau, se comporte de la mème facon. — M. de Forcrand a préparé de l'acéty- Lure de sodium à partir de l’acétylène et du sodium et déterminé sa chaleur de formation. L'acétylène a une acidité plus faible que les alcools même tertiaires; ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES - phosphorés, mais que ce n’est pas non plus le phos- F P ; I LD 2 2 mais la différence thermique correspondant à ces . alcools est petite et à peine supérieure à celle qui sépare ces alcools des alcools primaires et bien infé- rieure à celle qu'on observe entre les alcools primaires et les phénols. — M. Paul Rivals conclut de l'étude thermique du chlorure de phtalyle qu'il n’est pas un chlorure d'acide bibasique, mais un isomère dissymé- . trique du chlorure de phtalyle symétrique ; l’étude du phtalide conduit aux mêmes conclusions. — M. 9. Guinchant a éludié la conductibilité de quelques élthers cétoniques; ceux qui présentent une conducti- lilité notable sont ceux dans lesquels on devrait admeitre, d’après M. Brubhl et d'après M. Perkin, l'existence du mème groupement = C—OH à double liaison qu’on trouve dans les acides carboxylés, les phénols, l'acide cyanique normal, le carbostyrile, ete. Les sels de soude présentent une conduchbilité nor- male obéissant à la loi de M. Ostwald. — M. E. Burcker a entrepris une série de recherches en vue de contrôler le degré d’exactitude que comporte, lors du dosage des acides volatils dans les vins, la méthode de distillation à l’aide de la vapeur d’eau et de recher- cher quelle était la part qui pouvait revenir, dans l'acidité du produit distillé, aux différents acides fixes ainsi qu'aux sels d'acides qui existent naturellement dans le vin ou qui peuvent s'y rencontrer à la suite. d'altéralions ou de falsifications. 1° La méthode donne des résultats suffisamment exacts et comparables à ceux que l'on obtient par le procédé beaucoup plus long de l'évaporation dans le vide ; ?° La limite maxima d'acidité volatile pour les vins de France sains ne dé- passe pas O gr. 7 par litre, exprimée en SO*H?; celte limite pour les vins d'Algérie et de Tunisie doit être portée à 1 gr. 6. — M. C. Chabrié résume quelques recherches sur les phénomènes chimiques de lossifi- cation qui le portent à attribuer une influence de pre- mier ordre aux globules du sang et à lateneur en urée de ce liquide; ces faits font comprendre pourquoi, dans les maladies par ralentissement de la nutrition, le squelelte est si souvent menacé; ils démontrent en outre que ce n'est pas le phosphore des phosphates qui se dépose sans l'aide des composés organiques phore organique qui se tixe en nature sur les Llissus. C'est le phosphore organique qui précipite le phos- phore minéral. C. MATIGNON. 3 SCIENCES NATURELLES. — M. Zeiller a étudié la flore des dépôts houillers d'Asie Mineure et indique la pré- sence du genre Phyllotheca. C’est une flore westpha- lienne représentée par des Calamites, des Lépidoden- W drons et des Sigillaires cannelées: Grâce à l’élude de nouveaux échantillons, l'auteur range ces dépôts à la limite entre l’étage inférieur et l’étage moyen du West- phalien, c’est-à-dire tout à fait au sommet de la zone du Nevropteris Schlehani. — MM. Gastine et Degrully ont fait l'étude chimique détaillée des centres de feuilles de vignes chlorosées et non chlorosées; ils concluent de cette analyse que, dans le mode de traitement par le & sulfate de fer en solutions concentrées, le fer ne peut jouer aucun rôle, de sorte que c'est l'acide sulfurique qui produirait les bons effets du traitement, Des trai- lements comparatifs faits avec le sulfate de fer et l'acide paraissent en effet donner jusqu'ici les mêmes résultats. — MM. Charrin et Ostrowsky montrent l'oidium albicans comme agent pathogène général. Son inoculation révèle au point de vue de la pathogénie, de la physiologie pathologique des désordres mor-m bides, toute une série de processus propres à ce cham-" pignon. J. Martix. 5 Séance du 10 Juin 1895. 1° SGIENCES MATHÉMATIQUES. — M, le Secrétaire perpé- … fuel signale, parmi les pièces imprimées de la corres- 1 pondance, la Carte du ciel de la France (Paris) le pi juillet, par M. 9. Vinot. — M. J. Guillaume com- muniqueles observations du Soleil faites à l'observatoire A de Lyon (équatorial Brunner), pendant le premier tri- mestre de 1895. Le nombre de groupes de taches a beaucoup diminué en même temps que l'étendue su- perficielle totale a augmenté; les groupes de facules continuent à diminuer eu nombre et en étendue. — M. J. Janssen annonce que la grande coupole de l'Ob- servatoire d'Astronomie physique de Meudon est prêle à - fonctionner ; il rappelle les travaux accomplis à l'Ob- * servaloire depuis sa fondation en 1876: la créalionde la photographie solaire, de la photographie des comètes et de la photométrie photographique, l'étude des at- mosphères planétaires de Mars, Vénus el Jupiter. — [. J. Boussinesq élablit que toute houle de mer simple, à mouvements évanouissan(s aux grandes pro- fondeurs, a la forme nécessairement pendulaire quant à l'expression des déplacements de chaque particule en fonction du temps et se trouve ainsi régie, sans au- - cyn doute, par les lois de Gersiner. — M. E. Cosserat, reprenant la proposition établie par M. Maurice Fou- ché, à savoir que la recherche des courbes alsébriques à torsion constante revient à la détermination de deux fonctions algébriques v et f(u) d’une variable « véri- fiant la relation: Av ——— = fi Fe u — v): / fait remarquer que ce résultat trouve sa véritable ori- gine dans celte proposition que la détermination des surfaces minima algébriques inscrites dans une sphère revient à la recherche des courbes algébriques à tor- sion constante. On en déduit cette conséquence qu'il y - aactuellement une infinité de surfaces minima algé- briques inscrites dans une sphère. — M. P. Pépin énonce un grand nombre de nouveaux théorèmes d’a- ithmétique. — M. Jules Andrade reprend le problème de Poinsot fournissant une preuve expérimentale de la fotation de la terre à l’aide d'un système explosif; il corrige certaines inexactitudes et montre que le mode d'explosion à une influence que l'on peut d’ailleurs diriger et qui permet d'indiquer un lype d'expérience propre à déterminer non seulement la colatitude, mais encore la direction du méridien. — M, A. Laussedat rend compte des levers photographiques exécutés en 89% par les ingénieurs canadiens et le Service du « Coast and geodesic Survey » des Etats-Unis pour la “délimitation de l’Alaska et de la Colombie britannique. L'auteur démontre que la photographie peutrendre des “services non seulement dans les conditions exception- mnelles de ces opérations, effectuées au milieu de mon- tagnes élevées couvertes de glaciers, mais encore dans “les conditions les plus ordinaires de ces levers géodé- siques. —…. © SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. Deslandres a fait d'étude spectrale des charbons du four électrique; les morceaux les plus éloignés de l’are montrent les raies “des impuretés ordinaires du charbon qui sont les mé- “aux alcalins et alcalino-terreux avec le cuivre, le fer le silicium; mais, lorsqu'on se rapproche de l'arc, les raies d’impuretés diminuent peu à peu et finalement disparaissent. Les parties les plus pures des deux pôles Sont les champignons qui sé forment au pôle négatif, EE M. E. Bouty communique un cerfain nombre d'ex- périences relatives aux flammes tranquilles, mais prêtes à ronfler sous diverses influences: les effets curieux obtenus peuvent s'expliquer en admeltant les deux Propositions suivantes : 1° Sur la périphérie de la ré- sion troublée, le mélange de gaz et d'air se fait d’une Manière irrégulière et des portions très petites du mélange peuvent échapper à la combustion immé- ate ; 2° la production d’un son facilite l'explosion ACADÉMIES ET SUCIÈTÉS SAVANTES 605 d'un mélange, si la période du son est suffisamment voisine de celle du bruit explosif. — M. P. Villard a préparé de l’acétylène tout à fait pur par le procédé de M. Moissan et étudie ses propriélés physiques, sa tension de vapeur en fonction de la température, à l’état solide et à l’état liquide, son hydrate dont la formule est C*H?. 6H20 et la chaleur de formation de cet hydrate. — M. Louis Henry donne un procédé de formation synthétique des alcools nitrés, lequel con- siste à faire agir molécule à molécule le nitro-méthane sur les adéhydes en présence du carbonate de potasse ou de la potasse caustique. Le chlorure d’acétyle donne l’acétate correspondant à l’alcoo! nitré et le pentachlo- rure de phosphore, le chlorure dérivé. Cette réaction d'addition devient de plus en plus difficile à obtenir quand on s'élève dans la série, — MM. Ph. Barbier et L. Bouveault ont poursuivi leurs recherches sur la condensation des aldéhydes et des acétones non saturées avec les aldéhydes propionique, isobutylique et isovalérique, acétones qui peuvent être condensées elles-mêmes avec l’amido-guanidine suivant un procédé indiqué par Baeyer. L’acétone ordinaire seule se con- dense facilement avec les aldéhydes: d'autre part,quand le poids moléculaire des aldéhydes augmente, l'aptitude à la condensation avec l’acétone diminue, et la réac- tion principale devient la condensalion de l’aldéhyde ellemême, — MM. Cazeneuve et Haddon ont éludié les causes de la coloration et de la coagulation du lait par la chaleur, Ils résument les résullats de leurs ex- périences dans les conclusions suivantes : {°Le jaunis- sement du lait est dû à l'oxydation de la lactose en présence des sels alcalins du lait. 2° La lactose, dans celté oxydation, donne des acides et, entre autres, de l’a- cide formique facile à constater, dont la présence suffit à expliquer la coagulation du lait comme il arrive avec n'importe quel acide. 3° La caséine coagulée n’est pas altérée dans ces conditions mais simplement teinte en jaune par les corps bruns formés aux dépens de la lactose. — MM. Ph. A. GuyeelCh.Jordan ont préparé un grand nombre d’éthers des acides 4 - oxybutyriques actifs dans Je but de faire l’élude de leurs pouvoirs rotaloires. La formule simplifiée du produit d'asymé- trie estinsuffisante, dans la plupart des cas, pour rendre compte des valeurs trouvées. La règle de la superpo- sition des effets optiques se lrouve vériliée dans le cas de trois carbones asymétriques. — M. Battandier ap- porte quelques contributions à l'histoire des alealoïdes des Fumariacées et des Papavéracées. — M. Th. Schlæ- sing fils s’est demandé si la germination entraine une perte sensible de l’azote des semences à l’état ga- zeux; ses expériences, fondées sur la mesure et l’ana- lyse exactes des atmosphères enfermées dans les récipients où se développent les êtres étudiés, établis- sent neltement que la germination des graines de blé et de lupin n’a pas entrainé une perte appréciable d'azote à l'état gazeux. — M. Effront a constalé que l'infusion de grains crus favorisait la saccharification, de même que l’asparagine, les sels d'aluminium et de vanadium, etc. Cette action est manifestée par le pou- voir saccharifiant tandis que le pouvoir liquéfiant est peu ou pas influencé. L’exaltation du pouvoir saccha- nfiant atteint son maximum äu moment où 25°}, de la quantité soluble de l'amidon mis en contact sont transformés en maltose ; au delà de ce degré de saccharification les substances étrangères exercent une action beaucoup moindre, et, en présence d'une proportion d’amylase, apte à provoquer une saccha- rification profonde (60 à 70 de maltose), leur action de- vient nulle. — M. Ch. V. Zenger signale la simullanéité des phénomènes météorologiques qui se sont produits en Bohème, et du tremblementde terre de Laibach et de Florence, — M. Albert Trubert adresse unenoteayant pour titre : Détermination des proportions de carbo- nate de chaux et de carbonate de magnésie dans les terres riches et marnes magnésiennes, cendres, dé- pôts, etc, — MM. Joué et Crouzel adressent une note sur la décoloration des vins blancs provenantde cépages 606 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES rouges, — M. Maumené adresse une note intitulée : Sur l’action de l’eau et du sucre. C. MATIGNON, 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Marchal montre qu’une cécidomya nouvelle, Cecidomya avenæ, attaque l’avoine comme la cécidomye destructive attaque le blé, Le seigle et l'orge. Néanmoins, le fléau se trouve enrayé par ee fait que les larves de la cécidomye sont parasilés par les larves de Platygasters et de Chalcidiens.— M. J.Chatin étudie la cellule épidermique des Insectes, son proto- plasma et son noyau, surtout celles affectées aux inser- tions musculaires. Là le noyau s’allonge, se contourne, faisant croire à une division directe, — M, de Launay montre la relation des sources thermales de Néris el d'Evaux avec les dislocations anciennes du Plateau central. — M. Welsch indique la succession des faunes du Lias supérieur et du Bajocien inférieur dans le détroit du Poitou. Le Toarcien à marnes gris bleu, alternant avec des calcaires marneux en bancs, montre six zones, le Bajocien quatre, toutes nettement carac- téristiques. — MM. S. Duplay et Savoire ont fait des recherches sur les modifications de la nutrition chez les cancéreux. L’azoturie est normale dès qu'on assure l'alimentation avec le régime lacté. — MM. Phi- salix et Bertrand étudient l'emploi et le mode d’ac- tion du chlorure de chaux contre la morsure des ser- peuts. Ce sel n’a qu'une action locale. IL détruit le venrn et mortifie les tissus et met ainsi obstacle à l’ab- sorption du toxique. J. MarniN, ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 18 Juin 1895. M. le Président annonce à l’Académie le décès de M. Verneuil, membre de la Section de Chirurgie, — M. Nicaïise donne lecture du discours qu'il a prononcé sur sa tombe. La séance est ensuite levée en signe de deuil. Ë Séance du 25 Juin 1895. M. Regnard est élu membre de l'Académie (Section de Physique et Chimie médicales), — M. Cadet de Gassicourt insiste sur la nécessité de l'examen bac- tériologique dans le diagnostic des angines diphté- riques où à forme herpétique et il émet le vœu que des laboratoires d'examen bactériologique soient créés dans le plus bref délai, — M. Ch. Périer présente deux malades qui ont subi, sans trachéotomie préalable ni consécutive, l'opération de la laryngotomie pour lu- meurs du larynx. — M. J. Rochard, à propos de Ja question de la prophylaxie de l’alcoolisme, estime qu'on ne doit pas seulement s'occuper du préjudice causé à la santé publique par l’impureté des alcools, mais qu'on doit aussi diminuer la consommation de ce produit, et cela par deux mesures : 4° en rétablissant l'autorisation préalable pour l’ouverture des cabarets ; 2° en élevant les droits sur l'alcool et en réprimant la fraude avec sévérité. — M. Bordas lit un mémoire sur le pouvoir antiseptique du permanganate de chaux, SOCIETE DE BIOLOGIE Séance du 15 Juin 1895. M. Tarchanow, après avoir décapité un canard et établi la respiration artificielle, a constaté des mouve- ments automatiques spontanés des ailes et du corps, mouvements qui ont duré plusieurs heures. — M. Char- rin à constaté la présence du Proteus vulgaris dans un cas de pleurésie chez une femme enceinte; la femme mourut et son enfant est resté chétif. Il semble donc que linfection exerce une action sur le produit de la conception, — M, Abelous élablit, par de nouvelles expériences, le pouvoir antitoxique des capsules sur- rénales, — MM. Déjerine et Sottas ont étudié la répartition des fibres endogènes du cordon postérieur de la moelle et la constitution du cordon de Goll. — M. Tarchanow a déterminé les effets de la chlorofor- misation sur les grenouilles. — M. Starch montre que les matières albuminoïdes ne peuvent transformer l’'amidon en sucre que si elles sont le véhicule de mi- crobes ou de ferments solubles, : Séance dut 22 Juin 1895. M. Boïinet (de Marseille) a constaté que les orga- nismes cancéreux offrent une moins grande résistance - que les organismes sains aux injections intraveineuses de suc cancéreux provenant de tumeurs ulcérées. — MM. Hanot el Lévi ont observé pour la première fois la présence d’un tubercule dans la membrane interne de l'aorte, — M. Marinesco présente une malade alteinte d'acromégalie avec hémianopsie bitemporale et diabète sucré. — M. Nepveu (de Marseille) signale la présence de l’indol et de l’indican dans le tissu des tumeurs cancéreuses. — M. Laborde (de Bordeaux) envoie une note relative à l’action d’une moisissure nouvelle sur le maltose. SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Séance du 17 Mai 1895. M. Daniel Berthelot fait connaitre une nouvelle méthode pour la mesure des températures. C’est une méthode optique, fondée sur les propriétés des gaz, et qui offre de précieux avantages. Elle permet de prendre la température d’un milieu par le simple examen d’un rayon lumineux qui l’a traversé. Elle est indépendante de la nature de l'enveloppe thermométrique, ainsi que de sa forme et de ses dimensions. Elle est applicable à toutes les températures, mais offre un intérêt par- « ticulier pour le cas des hautes températures. Parmi les méthodes actuelles applicables à ce cas, une seule est directe, c'est celle du thermomètre à gaz; les autres, fondées sur les propriétés des solides, sont d'un emploi plus facile, mais ce sont des méthodes indirectes fon- dées sur des formules empiriques et qu’on étend par extrapolation. Telles sont la méthode du couple ther- moélectrique, les méthodes photométrique et calori- métrique. Cette extrapolation n'est pas toujours légi- time, car, au delà de 1000°, les diverses méthodes pré- sentent entre elles des divergences considérables, L'auteur a eu recours aux propriétés des gaz. Les gaz offrent l'avantage d’obéir à des lois simples; puis, comme une élévation de température les rapproche des gaz parfaits, ils vérifient de mieux en mieux ces lois aux températures élevées. L'étude des indices de réfrac- tion montre que la réfraction n — 1 d’un gaz varie exac- tement comme la densité. Cette loi est vraie également pour les gaz facilement liquéfiables et pour les autres, “etelle se vérifie aussi bien lorsqu'on modifie la densité par un changement de pression (Mascart, Chappuis et Rivière) que par un changement de température (Chap- puis et Rivière, Benoit). Donc, à une densité donnée correspond toujours un même indice de réfraction, la température et la pression pouvant être différentes. C'est là le principe de la méthode nouvelle de M. Ber- thelot. Par une méthode interférentielle, on sépare un faisceau lumineux en deux parties qui traversent deux tubes remplis d’un même gaz, primitivement à la même température. On porte l’un des tubes à la température à mesurer : il en résulte un déplacement des franges. On les ramène à leur position primitive, soit en dimi- nuant la pression dans le tube froid ou en l’augmen- tant dans le tube chaud. De là deux formes pour ce thermomètre interférentiel, le thermomètre à pression constante où à densité constante. La principale diffi- culté dans la réalisation de cet appareil consiste à séparer suffisamment les deux faisceaux pour leur permettre de traverser des milieux portés à des tem- pératures très différentes. La méthode de M. Michelson a l'inconvénient d'exiger des surfaces optiques très parfaites et de nécessiter un réglage compliqué. M. Berthelot a préféré un dispositif un peu différent, résultant de l'emploi combiné des miroirs de Jamin et des parallélipipèdes de Fresnel. M. Mascart n'avait em- ployé les parallélipipèdes que dans le cas d’une lu- at mnittocttnsent lotte À. 3 rayons tombe sur l’un des parallélipipèdes, est réfléchi . deux fois totalement, et sort parallèlement à sa direc- » tion primitive. L'autre parallélipipède rétablit la dis- . tance primitive des deux rayons, un peu en avant du second miroir de Jamin. On peut disposer ainsi d’un * écartement de 92 millimètres entre deux rayons; sur lun est placé un tube relié à une machine pneu- matique ; sur l’autre, le tube, chauffé en son centre par - un manchon où circulent différentes vapeurs, et re- froidi à ses deux extrémités, L'influence des deux régions à température variable s'élimine par compen- sation au moyen de deux expériences successives sur deux tubes qui ne diffèrent que par la longueur de la région centrale. M. Berthelot a déjà éprouvé sa mé- thode par trois séries d’expériences destinées à me- surer les températures d’ébullition de trois liquides sous des pressions variables, Pour l'alcool et l’eau, c’est-à-dire vers 78°,2 et 100°, les écarts avec les tempé- ratures calculées sont inférieurs à 5 de degré. Pour l’a- niline, c’est-à-dire au voisinage de 1849, les écarts sont de = à = de degré. M. Berthelot se propose d'appli- quer cette méthode nouvelle à l'évaluation des hautes températures et à l'étude de la vitesse du refroidisse- ment dans les gaz. — M. Cornu signale à ce propos la difficulté d'obtenir, dans le cas des grandes diffé- rences de marche, des franges stables. À cause de l'imperfection des supports, elles se déplacent avec le temps parfois de plusieurs franges, et la réduction à la position initiale est assez incertaine, Pour éliminer cette cause d'erreur, M. Cornu a eu recours à un pro- - cédé qu'il a publié seulement dans le Bulletin de la Sociélé Philomatique. Il consiste à fairé passer dans l'un des tubes un faisceau et la moitié de l’autre. On obtient ainsi un zéro variable; il suffit d'opérer les mesures à partir de ce zéro. — M. Berthelot, qui opère dans les caves du laboratoire de M. Bouty à la Sor- bonne, a à sa disposition des piliers de maçonnerie massive très stables, et il n’observe aucun déplace- ment sensible, si ce n’est celui qui est dù à une lente variation thermique des supports. — M. Pellat a be- soin, pour ses recherches actuelles, de pouvoir mesurer le pouvoir inducteur spécifique des solides et des li- quides. Il fait connaître le nouvel appareil qu’il a com- biné dans ce but. C’est essentiellement un électro- mètre absolu de lord Kelvin. Les deux plateaux mo- biles, égaux et parallèles, sont solidaires, et-leur en- - semble est suspendu à un fléau de balance, À l'autre - extrémité du fléau est un plateau muni d’un amortis- - seur à air du système de M, P. Curie. Les deux an- neaux de garde sont également réunis par un cylindre | | métallique, et l’ensemble forme une boîte, percée seu- lement des ouvertures nécessaires, En regard des pla- teaux mobiles sont deux plateaux attirants qui com- muniquent aussi entre eux, mais l’un de ces plateaux » étant fixe, l’autre est porté par une vis micrométrique ._ avec limbe gradué, Toutes les autres pièces sont reliées à la cage de l'instrument et sont au même potentiel que la cage. Les plateaux attirants seuls sont portés à un autre potentiel. La position du système des deux plateaux mobiles est déterminée par l'observation au microscope d’un réticule porté par la tige qui relie ces deux plateaux Le microscope porte lui-même un réti- cule, et l’appareil est réglé de telle sorte que les croi- sées de fils des deux réticules coïncident quand le pla- teau mobile supérieur est rigoureusement dans le . plan de son anneau de garde. La balance est sensible au su de milligramme, et pour parfaire la tare, on agit sur un petit treuil sur lequel s’enroule une des extré- mités d'un petit ressort en fil d'argent très fin dont l’autre extrémité est attachée à l’un des bras du fléau. On installe la lame diélectrique par trois petites cales ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES —— 607 | de verre bien travaillées, sur la face supérieure de l'anneau de garde, et on règle la tare de manière que les réticules coïncident quand, d'abord, tout est au même potentiel. Puis on établit une différence de potentiel, et on soulève par la vis micrométrique le plateau attirant supérieur jusqu’à obtenir légalité d’at- traction des deux plateaux mobiles. On répète la même opération après avoir retiré la lame diélectrique. Si e est l'épaisseur de la lame, et a la quantité dont il a fallu rapprocher le plateau inférieur, la constante dié- lectrique est donnée par =: L'appareil est sen- sible à un déplacement de 1 ou 2 microns, Dans ce mode opératoire, la balance est instable : mais, grâce à l’amortisseur, on arrive au zéro sans oscillations et dans un temps très court. Comme dans cette méthode, les deux forces antagonistes sont toutes deux des forces électriques, il n’est pas nécessaire de chercher à main- tenir constante la différence de potentiel, car les deux forces antagonistes varient alors dans le même rap- port, La position d'équilibre se maintient, quelles que soient les variations du potentiel. L'appareil convient aussi au cas des liquides. On immerge alors toute la partie inférieure dans le liquide. La constante diélec- "2 trique est donnée par = d et d’ étant les distances du plateau attirant supérieur à l'anneau de garde, d’abord quand l’appareil est tout entier dans l’air, puis quand la partie inférieure est immergée. La capillarité et la viscosité du liquide ne diminuent pas la sensi- bilité. On observe sur l’ensemble des plateaux d’abord un déplacement très brusque, dù à ce que les mé- nisques jouent le rôle de ressorts, puis un déplace- ment très lent dù à la viscosité, Cet appareil permet d'étudier le pouvoir diélectrique en fonction du temps, M. Pellat a constaté qu’il est aussi fonction de l’inten- sité du champ. Edgard Havpié, SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES M. Bernard Dyer a expérimenté la méthode de Kjeldahl pour la détermination de l'azote dans un grand nombre de composés. Il a remarqué qu’elle était insuffisante dans beaucoup de cas et il propose de se servir de plusieurs modifications suivant les corps à analyser. Il recommande la modification de Jodlbauer lorsqu'il y à présence de nitrates ou de composés nitrés. Cette modification consiste à introduire, dans l’acide sulfurique servant à l’oxydation, une petite quantité de phénol ou d'acide salicylique. L’azote forme avec ces composés des dérivés nitrés facilement décomposables. Lorsqu'il y a présence de nitrate, on se sert avec avantage de la méthode Kjeldahl-Gunning ; on ajoutera toutefois une goutte de mercure. — M, T. K. Rose a remarqué que, bien qu'on ne trouve aucune ligne de séparation définie dans la solidifica- tion des alliages d’or, d'argent et de cuivre, on pouvait arriver à une sorte de séparation de ces métaux en rendant l’alliage cristallin et cassant par l’addition de petites quantités de bismuth et de plomb (0,2 à 0,4°/,). Les variations de composition observées dans les diffé- rentes parties d’un alliage ainsi composé lui ont mon- tré qu'il se trouvait dans le bismuth ou le plomb un alliage d’or et d’argent restant liquide bien après que le reste du métal s’est solidifié, — MM. Purdie et J. Wallace Walker ont préparé l'acide lactique actif et étudié le pouvoir rotatoire de ses sels métalliques en solution. Les sels étudiés sont ceux de lithium, so- dium, potassium, argent, calcium, strontium, baryum, magnésium, cadmium et zinc-ammonium, Tous ces sels en solution aqueuse jouissent d’un pouvoir rota- toire de sens opposé à celui de l'acide dont ils dérivent. Leur activité optique augmente avec la dilution, sauf dans le cas du sel d'argent. 608 NOTICE NÉCROLOGIQUE NOTICE NÉCROLOGIQUE A. VERNEUIL Le professeur Verneuil, que nous avons conduit le 1% juin à sa dernière demeure, laisse dans la science française un vide qui ne sera pas comblé de sitôt. Ce wétait pas seulement un grand chirurgien, c'était un homme de progrès, de labeur opiniâtre, un savant, dans la plus haute acception du mot, et parfois même un précurseur. | É ns: Né à Paris le 23 novembre 1823, élève interne à vingt ans, il avait franchi, par la voie du concours, tous les échelons de la hiérarchie universitaire ; il était arrivé, jeune encore, au professorat et à l’Académie de Méde- cine. Plus tard, l’Institut lui a ouvert ses portes, sans qu'il ait eu besoin d'en solliciter les suflrages, et la croix de commandeur lui a été donnée sans qu'il la de- mandàt. : Son ambition était alors complètement satisfaite, et beaucoup d'hommes de science, lorsqu'ils n’ont plus : rien à demander à la vie, se reposent sur leurs succès et renoncent aux rudes labeurs à l'aide desquels ils les ont obtenus : Verneuil à fait tout le contraire. Jamais son activité enthousiaste, sa soif de découvertes, n’ont été plus ardentes qu’à la fin de sa carrière. Son œuvre estconsidérable, Pendant les cinquante an- néesqu'il a passéessur la brèche, la Chirurgie à traversé la plus brillante période que son histoire ait enregis- trée, et, parmi les questions que cette merveilleuse évolution a soulevées, il n’en. est pas une qui ne porte l'empreinte du puissant esprit de Verneuil, La simple énumération de ses travaux dépasserait les bornes d'une notice comme celle-ci, aussi me bornerai-je à rappeler leur côté Le plus original. LAN Dans la dernière phase de sa vie scientifique, il s'é- tait fait un domaine à part dans le champ des connais- sances médicales. Son esprit généralisateur lui avait permis de saisir leurs caractères communs, et il avait rèvé de ramener l’art deguérir à son unité primitive, par l'alliance plus étroite de la Médecine et de la Chirurgie. Dans ce but, il s'était adonné à l'étude des graods problèmes d'étiologie générale ; il avait abordé la ques- tion des diathèses, en l’envisageant plus spécialement au point de vue des indications et des _contre-indica- tions opératoires. L'Académie de Médecine se souvient encore de ses communications sur le parasitisme 1nicro- bique latent, sur la gravité des traumatismes et des opé- rations chez les alcooliques, les diabétiques, les paludo- diabétiques, les phosphaturiques et les cardiaques ; de ses discours sur l’ictère trauwmatique, les épistaxis liées aux maladies du foie, Vorigine équine du tétanos, elc., etc. ; mais, à la fin de sa vie, il s'était consacré d’une ma- nière exclusive à deux sujets qui l’ont obsédé jusqu'à sa dernière heure: la tuberculose et le cancer, ces deux opprobres de la Médecine et de la Chirurgie. On n'a pas oublié que c'est par son initiative que la ligue contre Ja tuberculose s’est fondée, et qu'un congrès s'est réuni pour étudier cette question, ! ES Ces vues originales, ces conceptions ingénieuses, mais parfois un peu hâtives, n’ont pas toutes obtenu I assen- timent général; mais elles portaient l'empreinte d’un esprit synthétique et passionné pour le progrès. L'ardeur communicative avec laquelle il éxposait ses idées à la tribune charmait ses auditeurs, même quand ils n'étaient pas convaincus. C'était un admi- rable orateur. Lettré, amoureux de la forme et ne dé- daignant pas l’art démodé du bien dire, il se plaisait à développer ses idées dans un style irréprochable. Ardent, parfois passionné dans la discussion, il s'y montrait toujours d’une sincérité et d’une courtoisie parfaites. L’élévation du caractère et la noblesse des sentiments étaient chez Verneuil à la hauteur de l'intelligence La bienveillance et la bonté formaient le fond de cette nature droite et généreuse. Nul n’a été plus constant dans ses affections. Sa tendresse pour ceux qu'il aimait allait jusqu'à lui dissimuler leurs défauts. Ses amis n'avaient pas une imperfection à ses yeux; ses élèves n'avaient jamais une défaillance ; aussi défendait-il les uns et les autres avec une ardeur qui puisait sa source dans sa sincérité même. Ses deux qualités dominantes étaient l'amour passionné de la science et le désinté- ressement. Jamais il n’a sacrifié son enseignement ni ses travaux de cabinet, jamais il n’a délaissé ni l'hôpital, ni les sociétés savantes pour l'exercice plus lucratif de la clientèle. En s’élevant dans la hiérarchie scientifique et universitaire, il est resté fidèle à ses habitudes et à la simplicité de ses goûts; son luxe a toujours consisté dans les bienfaits qu'il répandait autour de lui. Ses élèves et ses malades en ont eu maintes fois la preuve. Son désintéressement égalait sa générosité, et s’il s'est montré parfois sévère à l'égard de ceux qui ne professaient pas le même culle pour la dignité professionnelle, il en avait le droit parce qu’il préchait d'exemple. À Verneuil était arrivé, comme nous l'avons dit, à la plus haute situation chirurgicale; il avait été le maître incontesté de toute une génération; il avait obtenu toutes les distinctions qu’un homme de notre profession puisse convoiter et il avait encore devant lui quelques années pour jouir en paix des avantages qu'il avait si loyalement conquis; mais, fidèle aux engagements qu'il avait pris avec lui-même, il n’a pas voulu profiter des dernières faveurs de la fortune, Il a pris sa retraite en 1892, avant d’être atteint par la limite d'âge, aimant mieux, comme il le disait, descendre de sa chaire que d’en tomber. G Cet acte d’abnégation et de désintéressement, dont bien peu de professeurs ont donné l'exemple, le grandis- sait encore dans l'esprit de ses élèves et de ses amis, mais il le condamnaità une inaction dont il n'avait pas suffisamment calculé le poids. Get homme, qui n’avait vécu que par l’activité et le travail, n’a pu supporter le repos qu'il avait si longtemps désiré et il s’est éteint le 12 juin dernier, dans sa pelite villa de Maisons-Laffite, près de la compagne qui avait assisté à toutes ses luttes, qui avait partagé ses bons et ses mauvais jours, au milieu de la verdure et des fleurs qu’il aimait passionnément,. Verneuil était le dernier survivant d'une triade jadis célèbre et qui a laissé dans la science des traces pro- fondes de son passage. Follin et Broca sont descendus prématurément dans la tombe, mais Verneuil est mort plein de jours, son œuvre accomplie, et laissant parmi nous le souvenir d’un grand talent uni à un noble ca- ractère. D: Jules Rocxarp, de l'Académie de Médecine. Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17 Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER EE RE subi ne: à - RS RS nt Æ 6° ANNÉE N° 14 30 JUILLET 1895 : REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER IDÉES NOUVELLES SUR LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS. D'APRÈS LES DERNIERS TRAVAUX DE M. OTTO WIENER Quelques mois avant la séance où M. Lippmann présentait à l’Académie des Sciences sa première - photographie du spectre, M. Olto Wiener publiait son mémoire sur les ondes lumineuses stationnaires et la direction de la vibration dans la lumière polarisée. Au début de son mémoire, M. Wiener cilait, en insistant sur son importance, le livre déjà ancien de Zenker sur la photographie des couleurs. Edmond Becquerel, Seebeck, Poitevin, avaient obtenu, par divers procédés, des épreuves colo- rées : Zenker, le premier, eutl’idée de les attribuer - à la production d'ondes stalionnaires; mais son explication, que n’appuyait aucune expérience nou- elle, était loin d’être à l'abri de toute critique, et Schultz-Sellack lui adressa des objections que per- sonne n'avait levées. Depuis la brillante découverte de M. Lippmann, qui, le premier, obtint des épreuves colorées sus- expérimentalement que ses épreuves étaient bien » dues à la formation d’ondes stationnaires, M. Otto » Wiener, convaincu que toutes les expériences * anciennes de photochromie ne devaientpas rentrer dans le même ordre de faits que les expériences de Lippmann, a repris l’examen critique de ces expériences ; et, continuant de méditer les travaux de Zenker, il vient d'établir cette importante con- clusion, qu'il y a, jusqu'ici, deux espèces de pho- tographies des couleurs: celle où les couleurs de l’épreuve sont des couleurs d’interférence, des cou- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. ceptibles d'être conservées el fixées, et qui montra leurs d'apparence, et celle où les couleurs de l'é- preuve sont descouleurs d'absorption, des couleurs réelles propres au corps qui a subi l’action de la lumière colorée. Il vient de publier les résultats de ses recherches dans un mémoire, paru dans le dernier cahier des Annules de Wiedemann, et qui a pour titre : « Pho- tographie des couleurs par couleurs propres aux corps, et mécanisme de l’adaplation à la couleur dans la Nature ! ». Comme dans tout ce qu'a déjà publié M. Wiener, ses expériences ont un caractère de simplicité con- vaincante, et ses déductions sont un modèle de logique. À la description de ses expériences, il ajoute ici des considérations hypothétiques qui, sans doute, donneront lieu à des discussions entre physiciens, chimistes et physiologistes, mais qui ouvrent tout un monde d'idées, et provoqueront à coup sûr de nouvelles découvertes. Nous nous proposons de montrer brièvement ce qu'il ya de vraiment nouveau dans ce travail capital. I M. Wiener a photographié le spectre en em- ployant un spectroscope de Steinheil, dont l’ocu- laire est remplacé par une petite chambre photogra- phique. La fente du collimateur a une largeur qui a varié de 1 millimètre à 0"®, 5. La largeur du 1 Wied. Ann., t. 55, p. 225, juin 1895, 14 610 B. BRUNHES — IDÉES NOUVELLES SUR LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS spectre, de la raie À à la raie H, est de 19 millimè- tres, sur une hauteur limitée ordinairement à 15 à 18 millimètres. La source de lumière employée est une lampe à arc. L'expérience de Seebeck consiste à exposer du chlorure d’argent en poudre à la lumière: on prend du chlorure d'argent pur, préparé dans l’obscurilé par précipitation, puis séchage; on le met entre deux lames de verre dont on colle les bords à la cire. On expose le tout à la lumière blanche, jus- qu'à ce que la poudre ait pris une coloration vio- lette pas trop foncée; elle est alors prête à servir. Pour répéter l'expérience de Becquerel, on prend une lame de cuivre ou de laiton argenté, ou mème une plaque d'argent; on la plonge dans une solu- tion d’acide chlorhydrique étendu, et on la prend comme électrode positive ; on fait passer durant quelques secondes un courant de 2 à 4 ampères, pour une surface de 30 centimètres carrés. On sèche ensuite la plaque avec du papier buvard et on la frotte avec une peau très douce. L'expérience de Poitevin a été faite en baignant du papier non collé, deux minutes dans une solu- tion de sel marin à 10 %, puis une minute dans une solution de nitrale d'argent à 8 7. La feuille, après un lavage rapide, est soumise, dans une so- lution de chlorure de zinc à à %, à la lumière dif- fuse du jour, jusqu'à ce qu'elle soit devenue foncée, mais pas trop cependant ; puis on la baigne dans un mélange d’une partie d'une solution concentrée de bichromate de potasse pour deux parties d’une solution concentrée de sulfate de cuivre, on la presse entre des doubles de papier-filtre.Ilestbon, une fois le papier un peu sec, de l'humecter avant l'exposition à la lumière. Naturellement, aucun de ces procédés ne comporte de développement ; les couleurs apparaissent par la simple exposition à la lumière colorée. On n’est pas non plus arrivé à fixer, ce qui pour la dernière expérience est pos- sible à un faible degré. Sans nous arrêter à l'étude chimique de l'action de la lumière sur le chlorure d'argent, telle que l'ont faite Guntz et Carey Lea, mortrons comment M. Otto Wiener a réussi à prouver que les épreu- ves de Becquerel sont dues à des ondes stalion- naires. celles de Seebeck et de Poitevin à des colo- rations propres à la couche sensible. On connait l'expérience de M. Lippmann, qui consiste à mouiller d'alcool une photographie du spectre ; les couleurs se déplacent, et, à mesure que l'alcool sèche, elles reviennent progressive ment à leurs places : c'est la preuve irréfutable que l’on esten présence de couleurs d’interférences, de couleurs de lames minces. Il suffit, d'ailleurs, de regarder le spectre sous une incidence très oblique tions sur le cliché : toutefois, ce déplacement, celle variation de couleurs, est assez faible, car l'indice de la couche sensible du milieu réfringent interposé entre les lamelles réfléchissantes, est assez élevé, et l’on n'a jamais de rayons émergents qui, dans l'intérieur même du milieu, aient pu ètre très obliques. L'inconvénient serait encore plus grave avec des couches sensibles comme celles dont on a décrit ici la préparation, et qui atteignent des indices pouvant aller jusqu'à 3 et 4. Aussi M. Wiener a-t-il imaginé un artifice permet- tant de déceler une varialion de coloration par variation de l’incidence,qui soit appréciable même pour une couche qui aurait un indice égal à 5. L’artifice consiste à couvrir la moitié de l'épreuve avec un prisme rectangle isocèle en verre très ré- fringent: on pose la face hypoténuse sur l'épreuve, l'arête coupant à angle droit la direction des lignes d'égale couleur. L’œil del'observateur(fig. 1) N NT TRE His est dans le prolongement de la face latérale 1, de sorte que pour le jaune, par exemple, il aperçoit deux demi-lignes, l’une à travers le prisme de verre, l’autre vue directement, qui, s'il s'agis- sait d'un spectre peint simplement sur une feuille de papier ou sur une lame de verre, seraient exac- tement dans le prolongement l'une de l’aulre. S'agit-il, au contraire, d'une frange recliligne de lames minces, qui soil jaune, qui apparaisse jaune à l'œil nu, sous cette incidence la moitié couverte par le prisme de verre n'apparaitra plus jaune. - La longueur d'onde est changée dans un rapport qui dépend des indices du prisme et de la couche sensible et qui est d'autant plus différent de 4 que l'indice du verre est plus grand et celui dela couche sensible plus petit. L'indice du verre du prisme est 1,75 pour la raie D. Remarquons qu'il suffit que ce rapport soit égal à 0,90 pour que le jaune du sodium fasse place au rouge voisin de la raie C du spectre.Ce rapport, fût-il mème 0,98, qu'on ver- rait encore nellement une différence de couleur entre les deux moiliés de la ligne coupée par le prisme : celte valeur 0,98 est celle qu'on obtiendrait encore avec un indice de la couche sensible égal à 5. Pour recueillir les rayons obliques quisubiraient la réflexion totale au sorlir de la couche sensible, s’il y avait une mince couche d'air entre l'épreuve pour apercevoir un léger déplacement des colora- [ et le prisme, on y introduit une goutte de benzine. d éémée u mu sosie dt d Dans l’expérience de Seebeck, on a eu soin, avant l'exposition à la lumière, de noyer dans de la ben- zine la poudre de chlorure d'argentinterposée entre les deux glaces de verre. Avec les épreuves sur papier de Poitevin, il faut prendre quelques pré- cautions pour que tout le papier ne soit pas im- bibé de benzine. On plie la feuille. en relevant à 45° l'une des moitiés et l'appuyant contre un prisme auxiliaire Il (fig. 2) ; l'autre moitié reste horizontale et on ypose le prisme réfringent I: au moment de l'expérience on verse la benzine entre le prismeletla partiehorizontale de l'épreuve fig. 2). Si l’on pose le prisme sur une épreuve de Bec- querel, on voit immédiatement une discontinuité entre les deux moitiés du spectre séparées par l’arête : le jaune sous le prisme devient vert, un trait rectiligne tracé dans le jaune apparait, sous le prisme, dans le vert : un autre, tiré à la limite du vert et du bleu, est, sous le prisme, en plein dans le bleu. = Au contraire, avec les épreuves obtenues au même spectroscope et dans la même chambre pho- tographique, par les procédés de Seebeck et de Poitevin, si on fait l'expérience du prisme en pre- nant les précautions indiquées, on n'« jamais pu 0b- server lemoindre déplacement des couleurs dans le spectre par linterposition du prisme. Done dans les épreuves de Becquerel, on a des couleurs de lames minces ; dans celles de Seebeck et de Poitevin, on a obtenu, au contraire, une pein- lure véritable. Une autre expérience conduit exactement à la même conclusion : on a pu réussir, en employant de la gélatine, à isoler une couche sensible de Bec- querel et à l'enlever de la plaque d’argent qui la supporte; la couche transparente ainsi détachée présente des colorations frès différentes par transpa- rence de celles qu'elle présente par réflexion. On a le même effet qu'avec les spectres colorés de Lippmann. Est-ce à dire qu'on ait exactement par transpa- rence et par réflexion des leintes complémen- taires? Non, car, en réalité, si le phénomène des ondes stalionnaires est ce qui domine dans les épreuves de Becquerel, il se complique toujours, dans une certaine mesure, de production de cou- leurs propres à la couche colorée. Il en est sans doute ainsi dans les expériencesde M. Lippmann, et l'on expliquerait de la sorte les particularités qu'y à signalées M, Meslin. B. BRUNHES — JDÉES NOUVELLES SUR LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS 611 Les épreuves de Poitevin, au contraire, donnent, en lumière transmise, exactement les mêmes colorations et aux mêmes places qu'en lumière réfléchie. IL Il y a donc des couches sensibles susceptibles de se peindre en prenant la couleur de la lumière qui les a frappées. Ce sont ces couches que M. Wiener appelle Frbenempfangliche, et qu'on pourraitappeler chromosensibles, si l’on n'avait scrupule à introduire dans la terminologie scientifique un mot mal bâti de plus. Quel est le mécanisme de cette action de la lumière colorée? x M. Carey Lea a montré que le chlorure d'argent exposé à la lumière est susceptible de donner des combinaisons colorées présentant toute la gamme des couleurs spectrales, et cela sans qu'il soit tou- Jours nécessaire d’avoir fait agir la couleur corres- pondante. Ces combinaisons colorées paraissent être de véritables teintures où l'agent actif serait un sous-chlorure d'argent capable de prendre des couleurs très variées, et de teindre ainsi une couche de collodion ou de gélatine, que le chlorure ordinaire servirait à mordancer. Comment se fait-il que la couleur développée par l'action de la lumière colorée soit précisément la même que celle de cette lumière ? C'est là ce qui était tout à fait inconnu, et c’est là que M. Wiener apporte une explication bien intéressante : sur ces couches sensibles si ondoyantes, la lumière qui exercera le moinsune action modifiante ou destruc- tive sera celle qui sera le moins absorbée, le plus complètement renvoyée par réflexion ou diffusion. Si l’on fait tomber de la lumière rouge suruneplage colorée en vert, la couche absorbe le rouge, et elle est modifiée par l’action de cette lumière : sa com- position ou sa couleur change. Si elle est rouge, au contraire, elle renvoie sans l’absorberla lumière rouge, et, par suite, n’est pas modifiée par elle. La seule couleur stable, celle qui pourra seule durer dans une pareille couche exposée à des rayons rouges, ce sera le rouge. Et voici une expérience à l’appui de cette expli- calion : On fait tourner la couche sensible où se forme le spectre, de 90° dans son plan, et sur le spectre déjà peint on fait ainsi tomber un spectre dont les raies sont à angle droit avec celles du précédent. L'expérience a été faite avec des couches sensibles de Seebeck et de Poitevin. Sous le rouge du second éclairement, il ne se conserve que le rouge du premier spectre; les autres colorations sont détruiles jusqu'à ce qu’on arrive au commence- ment de l’ultra-violet; à partir de là la coloration rouge envahit tout. De même pour les autres 612 B. BRUNHES — JDÉES NOUVELLES SUR LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS couleurs, notamment pour le bleu, qui fait dispa- raitre toutes les colorations du premier spectre, sauf dans la région du bleu et du violet. Pour le jaune, qui, ailleurs, vient moins bien que le rouge et le bleu, le phénomène est moins net. Lacoutheckromosensible idéale serait, pour M.Wie- ner, une substance noire absorbante, composée de diverses substances absorbantes, chacune absor- bant toutes les couleurs sauf une couleur donnée, et impressionnée par les couleurs qu'elle absorbe: il en faudrait au moins trois, correspondant à trois couleurs simples, suffisamment différentes pour pouvoir, par leur combinaison, redonner du blanc. La lumière blanche détruirait les diverses subs- tances élémentaires, et la couche deviendrait blanche; dans l'obscurité, elle resterait noire. Si on éclaire avec une seule des trois couleurs fonda- mentales, la lumière est absorbée parle corps noir, el les diverses substances colorées apparaissent : celles dont la couleur ne coïncide pas avec la couleur de la lumière qui éclaire absorbent cette lumière. et sont, par hypothèse, décomposées par cette lu- mière qu’elles absorbent. Seule, la substance colo - rée répondant à la couleurincidente, n'absorbe pas la lumière et reste inaltérée. C’est la seule qui per- sisle, pour une durée d’exposilion suffisante; elle estseulementlavée d’une certaine quantité de blanc. Pour une couleur composée, telle que le vert, en supposant quelejauneetle bleusont, pourlacouche employée, deux couleurs fondamentales, on a la même explication. Les substances les moins alla- quées sont celles qui réfléchissent le mieux le vert, c'est-à-dire celle qui est jaune et celle qui est bleue. Elles donnent un mélange de couleur verte. Remarquons, en passant, qu'on aurait ainsi, su- perposées et mélangées en une couche unique, les trois couches sensibles du procédé Ducos de Hauron et Cros. Cette constitution idéale de la couche chromo- sensible est-elle bien la constitution dont se rap- prochent, plus ou moins exactement, les couches sensibles des épreuves de Seebeck et de Poitevin? L'expérience des spectres croisés fournit, à l'appui de cette manière de voir, un argument intéressant : mais il est clair qu'il ne faudrait pas encore être là-dessus trop aflirmatif, en raison de l'insuffisance évidente de notre savoir actuel en la matière, insuffisance qui commande une extrême prudence. Il n'en reste pas moins l'indication d’une voie nouvelle où l’on peut chercher la solution du pro- blème de la photographie des couleurs : il reste- rail seulement, une fois obtenues des couches chromosensibles parfaites, à pouvoir fixer les épreuves oblenues. Ce serait l'affaire des chi- mistes et des personnes qui s'occupent de la tech- nique photographique. sion III L'idée d’une sorte d'adaptation de la eouche chromosensible qui arrive à prendre la couleur de la lumière qui la détruit le moins, fait penser na- turellementaux phénomènes d'adaptation que nous présente la Biologie. Aussi M. Otto Wiener con- sacre-t-il une partie de son élude aux phéno- mèênes d'adaplation à la couleur que nous offre le règne animal, Darwin, Weismann, plus récemment Poulton et divers autres naluralistes ont appelé l'attention sur les changements de couleur que présentent certains animaux dont la peau arrive à prendre la couleur du milieu où ils vivent, Darwin raltachait ces changements de couleur à la sélec- lion naturelle, qui fait persister les animaux les plus aptes à échapper; or, les animaux dont la couleur ne tranche pas sur le milieu où ils vivent sont plus difficiles à prendre. Certains de ces animaux, Batraciens ou Pois- sons, ont la propriélé de changer de couleur avec le milieu; mais cette propriété est liée à leur vue : s'ils perdent les yeux par hasard, ou qu’on les leur enlève pour faire une expérience, ils perdent du même coup la facullé de s'adapter à la couleur. Mais il en est d’autres, des chenilles, deschrysa- lides, pour lesquels le changement de couleur ne saurait être attribué à cette cause. Les chrysalides du Zanaïs Chrysippus, qui dans la nature sont vertes, peuventdevenirblanches, rouges, orangées, noires ou bleues, quand on les met dans des en- ‘ceintes tendues de papier coloré. Etil semble bien qu'on à affaire à une substance chromosensible contenue dans l'épiderme ; Poulton a pu faire sur certains de ces animaux une expérience de succes- de couleurs analogue à l'expérience des spectres croisés. Darwin et Barber avaient fait sur la chenille du Papilio nireus une expérience consistant à la placer entre un morceau de bois et une pierre colorés diffé- remment,eltavaient trouvé que les deux faces de la chenille prenaient une coloration différente ; mais sur ce point on nest pas définitivement fixé, et Poulton a trouvé, au contraire, qu'en pareil cas la peau de la chenille prendune coloration uniforme, qui est une couleur mixte, dont la teinte dépend du rapport des deux surfaces diversement colorées. Faut-il penser que l'action dela lumière sur une cel- lule de la peau détermine un influx nerveux, ana- logue à un courant électrique, et qui va produire la méme décomposition dans toutes les cellules de la peau ? Il y aurait alors un transport de l’action lumineuse à distance, comparable à celui qu'a pour objet le problème de la vision ou de la photogra- phie à distance par l'électricité. On voit combien de questions sont soulevées par mu éédrerts dust: témAalé. asamtttés A. WITZ — LES DERNIERS PROGRÈS DE LA MACHINE A VAPEUR 613 aa ces nouvelles expériences. M. Wiener estime que la _paroleest aux biologistes, de même quelalächedes chimistes d'une partetdestechniciensetdesarlistes de l’autre, est, désormais de préparer des couches chromosensibles bien orthochromatiqueset donnant des images susceplibles d'être fixées. — Le rôle du … physicien était de mettre hors de doute la possi- bilité d'une reproduction des couleurs par des cou- leurs objectives réellement peintes sur le cliché. En remplisant ce rôle, M. Otto Wiener ajoute une découverte importante à celle quia déjà illustré son nom. Bernard Brunhes, ; Chargé de Cours à la Faculté des Sciences de Dijon. LES DERNIERS PROGRÈS DE LA MACHINE A VAPEUR M. le professeur Thurston fixait l’an der- ier avec autorité le record de consommation des machines à vapeur : le cheval-heure indiqué avait _ été obtenu par 5*, 159 de vapeur saturée sèche à - 6 atmosphères, soit par 3.379 calories, en estimant à 655°%1,062 la chaleur totale de la vapeur à cette pression ; le rendement thermique, — rapport des calories utilisées aux calories dépensées, — s'élait élevé à 0,188. Ce résultat remarquable avait été - fourni par une machine A//is à lriple expansion, installée à Milwaukee et appliquée à une élé- vation d'eau. M. Dwelshauvers-Dery, qui a ana- - lysé dans celte Revue le mémoire de notre illustre ; confrère américain!, ne nous a pas fait connaitre les dimensions de cette machine, ni sa puis- sance, qui doit èlre estimée, d’après le volume d'eau élevé en 24 heures, à plus de 700 chevaux: mais il a déclaré, et nul n'était mieux que lui en siluation de le faire, que les moteurs de Milwaukee réalisaient toutes les condilions théoriques et pra- tiques recherchées aujourd'hui: vapeur sèche, pression élevée, longue détente, faible pression au condenseur, répartition égale du travail entre les cylindres, receivers bien conçus, enveloppes ef- ficaces et complètes de vapeur autour des cylin- dres, conduites et lumières de grande section, es- paces morts exceplionnellement réduits, distri- bution à déclic et fermeture rapide. En un mot, ces machines élaient la dernière expression des idées dominantes à ce jour : le succès obtenu pouvait être considéré à bon droit comme une con- sécralion des principes qui avaient présidé à la construclion de ces moteurs, car cetle consomma- lion de 5*,159 n'avait pas encore été atteinte jus- que-là. I . Combien de temps les machines Allis devaient- elles détenir ce record si brillamment établi? Bien peu de jours, attendu que, dans le courantde cette même année 1894, MM. Schneider, de Grahl, 1 Revue générale des Sciences pures el appliquées, n° du 5 juillet 1894. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, 1 | Schôttler, Lewicki, Schotte et enfin M. Schrüter de Munich publiaient dans diverses Revues alle- mandes ! des procès-verbaux d'expériences, dont les résullats dépassaient ceux qu'avait relevés le professeur d’Ithaca. En effet, il sufüt de jeter les yeux sur le tableau ci-dessous pour reconnaitre que l'Allemagne possède en ce moment la machine à vapeur la plus économique : ——————_—_—_——————_——pa à CONSOMMATION PUISSANCE : PRESSION |DE VAPEU Su EXPÉRIMEN- [TRAVAIL] . DE VAPEUR) PAR HUE TATEUR INDIQUÉ | peur _— ch. h. | ch. h. indiqué |effectit en 3 chev..|Schneïder. ..| 4 ex. 92[7,90atm.| 9 k.47| 14,7 20 chx...|Schotte..….... 8,2 id. Schôüttler.... 8,8 40 chx...|de Grahl....| 41,47 8,9% 7,39 7,71 id. Lewicki:..-" 14) 60 chx... |Schrôter..…... 76,37 | 11,90 4,55 5,5 La chaleur totale de la vapeur d’eau à 44%, 9 étant égale à 663%!,42, un calcul bien simple dé- montre que 4*,550 de cette vapeur équivalent ther- miquement à 4,600 de vapeur à 6 atmosphères, pression à laquelle M. Thursion à rapporté la consommation des machines Allis ; or, 4*,600 au lieu de 5*,159, 3.052 calories au lieu de 3.379, — cela correspond à une réduction de consommation de 0%,559 sur 5*,159, de 327 calories sur 3.379, soit de 9,7 pour cent. Le rendement de Milwaukee était de 18,8 pour cent; le moteur allemand rend plus de 20, 8 pour cent; et pourtant, la première ma- chine avait une puissance de 700 chevaux environ, alors que la seconde ne développe que 60 chevaux ; l'avance oblenue est donc d'autant plus marquée el elle caractérise un progrès considérable, Le fait est par suite dûment constaté: ce n’est plus Allis qui détient le record des machines à vapeur. L'heureux champion de ce concours, qui intéresse si vivement savants el industriels, est 1 Signalons entre autres la Zeilschrift des Verbandes der Dampfhkessel Uberwachung, Janv. 94, et la Zeitschrift des Vereines deulscher Ingentieure, Tome XXXIX, 1894, 14* dr 614 A. WITZ — LES DERNIERS PROGRÈS DE LA MACHINE A VAPEUR M. W, Schmidi, ingénieur civil de Wilhemshôhe, aujourd'hui constructeur à Aschersleben (Prusse). Son idée a pris corps en ces dernières années, el il existe déjà un cerlain nombre de machines, qui fonclionnent depuis trois ans sans démentir les résullats des expériences dontnous avons donné ci- dessus le tableau comparatif. On trouve donc réel- lement des petites machines de à 4 chevaux, don- nant le cheval-heure effectif par deux kilos envi- von de charbon; or, on évaluail généralement cette dépense au triple. Quant aux machines Schmidt de 60 chevaux, elles consomment 700 grammes, el ce résullat était absolument in- connu, non seulement pour des machines d’aussi faible puissance, mais encore pour les grands moteurs de l'espèce de ceux de Milwaukee. C'est par la surchauffe de la vapeur qu'est obte- nue cette marche si économique : le moyen n'est cerles pas nouveau, mais il faut bien reconnaitre qu'il est appliqué ici d'une façon nouvelle, puis- qu'il conduit à une utilisation. du calorique plus parfaite que par le passé. A cet égard, la machine Schmidt mérile toute l'attention des théoriciens el des esprits plus positifs, épris du fait acquis. Il Le principe de la surchauffe est posé depuis longtemps !: elle doit ètre avantageuse, parce qu’elle permet d'augmenter la chute de tempéra- ture de la chaudière au condenseur (du foyer au réfrigérant), d'où résulle une amélioration du ren- dement théorique, en vertu du principe de Carnot. Mais la surchauffe est sans doute plus eflicace encore, parce qu'elle supprime la condensation de la vapeur à l'admission et qu'elle réduit, par suite, au minimum les pertes par les parois el surtout la perte au condenseur. Il est vrai que la pratique n'a pas toujours con- firmé ces prévisions théoriques, el tous les ingé- nieurs on£ retenu l’aveu si franc de Hirn racontant l'insuceès qu'il eut d’abord : « L'avantage de la surchauffe me semblait devoir être général, dit-il. Un industriel des environs » (du Logelbach) « m'offrait d'essayer la vapeur surchauffée : sa machine était à deux cylindres et sans enveloppe de vapeur, L'échec le plus complet m’attendait cepen- dant au bout de cette expérience : le résullat écono- mique fut non-seulement nul, mais négatif. Bien loin de gauner ce que j'attendais, la machine consommait 3 ou # pour cent de plus ?, » Hirn pril néanmoins un brevet, le 12 novem- 3 D'après M. Rallard, l'inventeur des surchauffeurs serait un mécanicien alsacien, nommé Becker, dont le brevet re- monte au 20 novembre 1827. 2 Erposilion analytique et expérimentale de la Théorie mé- canique de la Chaleur, par G. A. Hirn, tome I], page 84, 3e édition, Paris, 1876 bre 1855, pour un surchauffeur, qu'il appela un hyper-thermo-générateur : il est intéressant de re- lever les dispositions générales de cet appareil, qui a été plus ou moins heureusement copié el modifié depuis lors. Entre la chaudière et le cy- lindre moteur était interposée une série de tuyaux logés dans les carneaux, dans lesquels la vapeur se séchait et se surchauffait. La fumée élait dé- viée par des valves, de manière qu'on püt ré- gler et modérer à volonté la température de la vapeur. Ces tuyaux étaient en fonte, et l’on es- complait l’inallérabilité de ce métal. Avec une sur- chauffe à 210°,on constatail une économie de 20 % et l'on atteignit 47 % pour 245°. Ces chiffres n’ont pas de sens bien précis, allendu qu'une économie de 47 % dans la consommalion d'une machine détestable peut ne pas conduire à une consommation fort réduite ; loutefois ils témoi-.. gnent de l’eflicacité de la surchauffe. Personne ne nie d’ailleurs, parmi les mécani- ciens, qu'il yaitintérèt à surchauffer la vapeur avant son admission au cylindre, el l'on a accueilli der- nièrement avee faveur les appareils Uhler,Schwœ- rer, Gehre, et autres, qui ont permis de réaliser plus aisément celte opéralion si délicate. Dans un | important mémoire présenté à l'Association alsa- « cienne par M. Walther-Meunier !, cet ingénieur . distingué a démontré par des chiffres indiscu- -Lables qu’on diminue même de 20 à 30 % la con- sommation de vapeur des machines Woolf ou Compound, en les alimentant de vapeur à 235° ; ainsi, une machine Compound à condensation, du système Frikart, alimentée par des chaudières de Nœyer et un surchauffeur Uhler, faisant 555 che- 1 vaux indiqués, a consommé 6 kil. 15 avec sur-. chauffe, alors qu'elle dépensait 8 kil. 50 sans, PA surchauffe. Le rapport constate qu'en. employant ; des garnitures métalliques aux presse-étoupes el de l'huile de bonne qualité pour le graissage des 4 cylindres, il n’y à aucun inconvénient pratique à élever la température de la vapeur à 235°. Mais c'était un maximum que l’on n’osail guère dépasser. On se bornait; en somme, au degré de surchauffe … nécessaire pour avoir de la vapeur sèche au cy- lindre à la fin de l'admission; Hirn n'avait pas cherché autre chose, et l’on suivait fidèlement les u tradilions de l’illustre maître. 9 On ne pouvait assurément choisir de meilleur guide ; mais on avail abouti à un système mixte, qui n'élait pas rationnel. On conservait les enveloppes de vapeur, dont l'utilité est pourtant bien discu- | table du moment que les condensalions intérieures M sont supprimées, el qui seront une superfélalion | 1 L 1 Bulletin de la Sociélé industrielle de Mulhouse, oc tobre 1891, page 590. ñ 3 A mm ——2————a——-— | coûteuse dans: des machines à détente multiple (Woolf, Compound ou Triplex), quand elles seront | alimentées de vapeur réellement surchauffée. Mais, pour réaliser celte condition, ce n'était pas une surchauffe à 235° qu'il fallait: il était néces- E de monter à 360° et de ne pas perdre la sur- chauffe dans les tuyaux qui relient les chaudières au cylindre. Enfin, il importail de construire des machines pouvant tolérer une température d’ad- mission aussi élevée. nl _ el était le problème. M. Schmidt l’a résolu. Il créé une chaudière nouvelle et une machine ouvelle ; les deux contribuent également au succès remarquable qu'il a obtenu. _ Sa chaudière, qui peutêtre verticale ou horizon- _ tale, est faite pour être installée au pied de la che- _minée, de manière à supprimer tous les carneaux inutiles ; lesurchauffeur doit être considéré comme une partie intégrante de lachaudière. C’est unser- pentin, formé d’un épais tube de fer étiré, composé . de deux parties: l'une destinée à sécher la vapeur, la - seconde opérant la surchauffe ; la première, qui est exposée au contact de gaz très chauds, et qui _pourrail se brûler, est traversée par un courant de 1m 00 d OUUOD == —+ TES | W \AXYA ME serpentlin dans une chaudière verticale. A. WITZ — LES DERNIERS PROGRÈS DE LA MACHINE A VAPEUR 615 vapeur chargée d'eau vésiculaire: la seconde est | is. 1. — Fiqure schématique représentant la disposition du isposée de manière à opérer un chauffage métho- ique de la vapeur qui la parcourt, et, à cet effet, le courant de vapeur marche en sens inverse des gaz chauds. Il résulte de ces dispositions que la partie dangereuse du serpentin est sauvegardée par la vaporisalion des gouttes d’eau entrainées; la se- conde partie est, au contraire, installée en vue dela meilleure récupération du calorique, etelle permet de surchauffer la vapeur à 360° en portant à la che- minée des gaz à 300° et même à 250. Voici dès lors comment est constitué le serpen- lin : prenons le cas d’une chaudière verticale, (fig. 1). Les deux serpentins sont placés au-dessus de cettechaudière ; lepremier (Vorüberhitzer) n'est formé que de deux rangées de tuyaux ; il recoit la va- peur humide de la chaudière, et la remise en dans le large cylindre AB, où elle achève dese dessécher mécaniquement. Le second{Hauptüberhitzer), com- prenant au moins dix rangées, est alimenté de vapeur par le haut, en C, et il la conduit, de haut en bas, vers l'orifice 4, par lequel elle va à Ja chaudière. MM. Schneider et de Grahl ont relevé les tempé- ratures suivantes dans les diverses parties de Ia chaudière de 35 chevaux soumise à leur examen: BresHOon dé A VAPEUR.eser eee t bear eineiste 9,02 atm Température de la vapeur dans la chaudière, 1780,9 Température de la vapeur à l’entrée du sur- CETTE PME RS ETS PRNCE AES 2170 Température de la vapeur à la sortie du sur- chauffeur te ÉCOLE 3640 Température des gaz à la base de la cheminée. 333 Un essai de M. Schrôter sur une chaudière plus puissante nous fournit des données plus délaillées et par suile plus suggestives encore: Pressontdelt Vapeur 2-22 2 ere 11x,90 Température de la vapeur dans la chaudière. 1890,9 — dans le premier serpentin.:.... 3110 — àla sortie du sécheur mécanique 274 — à la sortie du surchauffeur..... 3570 — à l'entrée de la machine........ 3%40 Température des gaz à la fin du {er serpentin 7u0° — dans Ja cheminée. 3.42 -770 1819 Dans cette chaudière, un réchauffeur lubulaire, placé au-dessus du surchauffeur, contribue à l’uti- lisation complète du calorique ; on remarquera la tempéralure relativement basse des gaz à leur en- trée dans la cheminée. F Les dimensions des diverses parties de ce géné- rateur sont les suivantes : Surfacotde la ipriles 2e UAR CEE EEE 0,70 m. q, Surface de chauffe baignée d’eau........... 7,00 — du premier surchauffeur..,....... 6,00 — du second surchauffeur........... 32 50 — duréchaufteur: "5... 42,00 Cette chaudière a produit 7,929 de vapeur à 11*,9 de pression, surchauffée à 357°, par kilo- gramme de charbon, d'un pouvoir de7,154 calories, renfermant 2,87 °/, de cendres. C’est un excellent résultat, étant donnée la qua- 616 A. WITZ — LES DERNIERS PROGRÈS DE LA MACHINE A VAPEUR lité du charbon, qui était médiocre et laissait beaucoup de cendres et de scories. IV M. Schrôler a relevé la température de la va- peur à l'entrée de la machine :elle était encore égale à 344°, supérieure de 454° à la température de saluration. Une machine à vapeur constituée d’après le type ordinaire n'eût pu supporter sans inconvénient celte température considérable: aussi M. Schmidt a-t-il créé un type nouveau. Il n'a pas eu à faire un grand effort d'invention, car les moteurs à gaz convenaient parfaitement aux conditions nouvelles, etil n’ÿ avait qu'à s'inspirer de ce qui avait été fait avec Lant de succès dans cette voie. M. Schmidt a donc adapté le moteur à gaz à la fonction spéciale imposée par la surchauffe : il a conservé la marche à simple effet, le piston long, creux et largement ouvert, énergiquement ventilé, muni de segments sur l'avant, dans la partie la moins chaude du cylindre, où le graissage est pos- sible ; la bielle est directement articulée sur le pis- ton. Pour les petits moteurs, l'admission se fait à travers une soupape, ainsi que l’échappement. La première est automobile etd'un modèle particulier et fort bien étudié. Des ressorts tendent à la main- lenir toujours soulevée de son siège, de telle sorte que la vapeur puisse agir surle piston dèsle début de la course mobile. Tant que la vitesse du piston reste faible, la vapeur afflue assez librement au cylindre pour qu'il y ait équilibre de pression sur les deux faces de la soupape; mais, la vitesse du piston croissant, il se produit bientôt une dépres- sion dansle cylindre, et, dès que cette différence de tension égale celle des ressorts, ceux-ci laissent retomber la soupape, qui restera appliquée sur son siège pendant Loute la période de détente et dans la phase de décharge consécutive, jusqu’à ce que, la soupape d’échappementse fermant, la com- pressioncommence el force de nouveau la soupape d'admission à s'ouvrir. Le régulateur intervient en limitant plus ou moins la levée de la soupape : l'admission s’allonge quand cette levée augmente. L'échappementse fait d’abord à travers un ori- fice percé dans la paroi du cylindre, vers son ex- trémilé avant; la vapeur s'échappe aussitôt que cet oriliceest démasqué par le piston. Une soupape à ressorts, analogue à celle d'admission, se soulâve alors à la suite de la dépression produite par cette évacuation, et elle reste ouverte jusqu'à ce que la marche rétrograde du ‘piston détermine dans le cylindre une compression suffisante pour vaineére la résistance des ressorts. Il est à remarquer que celle distribution entièrement automalique per- met de tourner dans le sens que l’on veut, ce qui est-avañtageux pour les pelits moteurs, | | | - Fig. 2, — Schéma de la machine Schmidt à triple effet de Les machines plus importantes de 20 et 40 che- vaux ont pour organes distributeurs deux tiroirs à piston : l’un d'admission, l’autre de décharge; le premier est rafraichi par la vapeur d’échappe- ment, qui estobligée de le traverser avant d’arriver à l'air. — Ces moteurs sont à décharge libre, sans coudensalion. Pour une puissance de 60 chevaux, M.. Schmidt recourt à la condensation et il l'applique à une détente multiple : le type auquel ses études l'ont conduit est d'une remarquable ingéniosité. Deux ANNNNNNNINNRTERNRINNO RRQ (es) 60 chevaux. cylindres verticaux À et B (fig. 2) sont superposés en tandem: l’un d’eux est à simple effet, l’autre est à double effet. Un piston à triple action reçoit la poussée de la vapeur, sur 4b d'abord, puis sur cd el enfin sur la surface annulaire e f. Lors de la pre- mière course descendante, la vapeur, admise par la soupape automobile S, travaille sur la face supé- rieure ab et elle y subit une première détente; elle passe ensuite à la partie inférieure du grand €y-" lindre B et fait remonter le piston. Un tiroir con- ; duit enfin la vapeur sur la face efannulaire; elle s'y détend une troisième fois, en même temps que lan partie inférieure du grand cylindre est mise en communication avec le condenseur ; le piston des- cend par conséquent. Il est à remarquer que la dé-. tente dansle petit cylindre refroidit assez la vapeur : pour qu'on puisse, dès lors, opérer la distribution … par tiroirs à la façon ordinaire, Lada C’est cette machine à triple effet qui a donné le superbe rendement signalé ci-dessus, c’est le meil- _ leur qui ait été réalisé à ce jour : mais il est pro- baäblé que les machines Schmidt de 100 et de 150 chevaux, qui viennent d’être mises en marche, . dépasseront encore ces résultats. Nous attendons impatiemment de connaitre les chiffres relevés dans les derniers essais qui ont été faits. % \ Les documents que nous possédons suffisent pour nous permettre d'apprécier l'œuvre du mé- canicien allemand: elle mérite assurément d'ar- rêter l'attention des praticiens et des savants. Les premiers se disputent déjà la faveur d’une licence de construction ; les seconds éludieront avec inté- rêl ce moteur constitué comme un moteur à gaz, donnant un diagramme analogue (fig. 3), fonc- ir ic. 3. — Diagramme d'entropie de la machine Schmidt. - 4 . “ionnant entre des limites de température très “écartées, délendant la vapeur sans qu'il se pro- duise de condensations et sans exiger de dispen- dieuses enveloppes; quel beau champ d’études ouvre pour les chercheurs et quelles précieuses indications fournira l'application du diagramme d’entropie de Belpaire! - Un événement d'une portée considérable va arquer une nouvelle étape dans l’évolution de la hysique contemporaine : il s’agit de la liquéfac- on complète de l'hydrogène et de la détermina- ion précise des conditions de cette liquéfaction. ette détermination, ardemment attendue en ison de son haut intérêt pour la philosophie - naturelle, vient d’être l’objet de fructueuses in- yes ist “E. MATHIAS — LA LIQUÉFACTION DE L'HYDROGÈNE dd 2, dut ie DE nl On Aar d'OS LUS AL V'T Te + L A L Fe , = - 617 Mais il faudra quelque temps pour poursuivre ces curieuses études. Pour l'instant, contentons-nous de relever le fait qui se dégage des premières expériences, à savoir la faible consommation de charbon. Voilà donc une machine à vapeur de 60 chevaux qui ne con- somme plus que 695 grammes de charbon à 7.000 calories environ par cheval-heure effectif et 574 grammes par cheval-heure indiqué. Ces chiffres pourront encore être abaissés pour les machines puissantes; mais, dès maintenant, le rendement total est déjà supérieur à 13 pour cent (du travail effectif sur l’arbre, au travail équiva- lant aux calories du combustible), et il n'y avait eu jusqu'ici que des moteurs à gaz, alimentés au gaz pauvre, qui eussent pu donner de tels résultats, Le moteur Schmidt est la revanche de la machine à vapeur sur son heureux concurrent. Il revendi- quera cerlainement pour lui l'avantage d'employer n'importe quel charbon, gras ou maigre, gaille- teux ou menu: la vapeur surchauffée pourrait donc retarder quelque peu le triomphe définitif des gaz pauvres et des gaz mixtes. L'incandescence appliquée au bec Auer a barré de même, pendant dix ans, le chemin à l'électricité. C'est un nouvel épisode de la lutte engagée entre les machines à feu. Quoi qu’il en soit du dénouement, l’industrie se | voit dotée de moteurs dont le concours devient de jour en jour moins coûteux, en même lemps qu'il est plus régulier et plus sûr. Au point de vue so- cial, l'importance de ce progrès est aussi grande qu'au point de vue économique el scienlifique, car les producteurs trouveront ainsi le moyen de réduire leurs prix de revient sans toucher aux salaires de leurs ouvriers. Aimé Witz, Docteur ès sciences, Professeur à la Faculté libre des Sciences, à Lille. LA LIQUÉFACTION DE L'HYDROGÈNE DÉTERMINATION DE LA TEMPÉRATURE CRITIQUE ET DE LA TEMPÉRATURE D'ÉBULLITION NORMALE DE L'HYDROGÈNE vestigalions théoriques et expérimentales, dues à MM. L. Natanson et K. Olszewski, professeurs à l’Universilé de Cracovie. Leurs deux mémoires, tout récemment présentés à l'Académie des Sciences de Cracovie, écrits en polonais et encore inédits, vont nous servir de guides pour donner aux lecteurs de cette Revue la primeur de leur découverte. 618 E. MATHIAS — LA LIQUÉFACTION DE L'HYDROGÈNE I L'origine des recherches que nous avons à dé- crire est le problème de la liquéfaction des gaz dits autrefois permanents, problème résolu depuis que M. L. Caillelet a montré, par l'emploi de la détente, la possibilité de la liquéfaction de ces corps. À partir d’une pression initiale suffisante, tous les gaz parfaitement secs donnent par dé- tente un brouillard, signe évident de leur liquéfac- tion. Pour l'hydrogène ce brouillard est partieu- lièrement sublil et difficile à apercevoir, et il a fallu un éclairage spécial pour le mettre en évi- dence la première fois MM. Wroblewski et Olszewski, ensemble ou séparément, ont com- plété l’œuvre de M, Cailletel en obtenant les an- ciens gaz permanents sous forme de liquides sta- tiques, c’est-à-dire terminés, dans un tube étroit, par un ménisque. Seul l'hydrogène avait jusqu’à présent fait exceplion. Même refroidi dans l’oxy- gène bouillant sous la pression de 15"" de mer- cure (— 210°C.),ilrestait incoercible, quelle que fût la pression, preuve que sa température critique était inférieure à — 210°. Sous l'influence de la dé- tente, ilse liquéfiait en gouttelettes ruisselant sur les bords du tube-laboratoire, mais s'évaporant avant d’être rassemblées en un tout limité par un ménisque. Il restait donc à connaitre les condi- lions précises de la liquéfaction de l'hydrogène, c'est-à-dire la température et la pression critiques de ce gaz. C'est ce double problème que M. Olszewski a résolu par la voie expérimentale en généralisant la méthode de la détente imaginée par M. L. Cail- letet. Les derniers travaux de MM. L. Natanson et K. Olszewski reposent sur la détermination ex- périmentale préalable de la pression critique de l'hydrogène, que M. Olszewski admet être égale à 20% environ. Si l’on délend, en effet, de l'hydro- gène porté à — 211°,au moyen de l'oxygène bouil- lant dans le vide, l’ébullilion de l'hydrogène se produit invariablement sous la pression de 20%, que la pression iniliale soit 80, 100, 120 ou 440%tm, Pour une pression iniliale inférieure à 80%, l’ébul- lilion se produisait à une température inférieure à la température crilique, et la pression sous la- quelle se produisait l’ébullition descendait à 18, 16, 14% lorsque la pression initiale élait seulement 70, 60 ou 50m, S'il en est bien ainsi, l'hydrogène, partant d’une température initiale 4, — — 214° et d'une pres- sion iniliale p, — 80%, arrive par détente adiaba- lique à la température critique inconnue l, sous la pression critique p, = 20%», Si, la température absolue étant — 273, l'on pose T, — 273 + f,, T, — 273 + 4, etsi l’on ap- pelle le rapport des deux chaleurs spécifiques de l'hydrogène, qui est égal à 1,40 environ, on trouve aisément par la (hermodynamique la relation : Pi (x) - (2) h = Ti — 213 = — 23400, fe D'où : Ce raisonnement, dû à M. L. Natanson, donne. donc pour la tempéralure critique de l'hydrogène : lb =—2310C. IL est possible de retrouver ce même nombre par une tout autre voie, en se servant, comme M.L. . Natanson l’a fait, de la loi des états correspondants ", due à M. Van der Waals. L’équalion des gaz parfaits : pv — RT peul se mettre sous la forme : M étant le poids moléculaire du gaz et G une nouvelle constante indépendante de la nature du corps ; T est la température absolue. Si l'on ex-. prime, avec Van der Waals, p, v et T en fonction des constantes criliques # , w , Te, l'existence d'une isotherme réduite commune à tous les corps exigera la relation : Î À (1) A À étant une nouvelle constante identique pour tous les corps. M. L. Nalanson a vérifié la cons- tance de A d’une façon très satisfaisante sursix corps. dont les éléments critiques sont connus avec quel- que précision. La valeur moyenne de À élant con- nue ainsi que M et. , la relation (1) donne T, , pour- vu que l’on connaisse v, . À cet effet, on remarque que l'équation p{v-b) — RT qui,d’après M. Amagat, représente très bien la compressibilité de l'hydro- gène dans de larges limites, est un cas particulier de l'équation de Van der Waals, et qu'on a par suile:v, — 3 b. Or,les expériences de M.Amagalsur l'hydrogène ont élé calculées par M. Withowski, qui w a fait connaître la valeur exacte de 4. On-en tire », , puis Te. qui concorde exactement avec le calcul précé- dent, el prouve une fois de plus la haute valeur de la loi des états correspondants. Te = AMpetve, Il Ce qui précède est purement spéculatif; M. K, Olsze wski y a ajouté la décisive sanction de l’ex- périence. Soit à mesurer la température critique M 1 Consulter à cet effet l'article de M. Ph. A. Guye, Jievne générale des Sciences, t. 1, p. 365. TR E. MATHIAS — LA LIQUÉFACTION DE L'HYDROGÈNE et la température d'ébullition de l'hydrogène sous Fig: 2. ure de la figure 4, on voit une bou- teille en acier, éprouvée à 220atm, Dans cette bouteille pénètre, à la partie supé- rieure gauche, un tube qui amène, après détente, de l'hydrogène gazeux prove- nant d’une bouteille de fer de 3 litres, où la pression initiale du gaz était de - AZüatm, Ce tube traverse un - bouchon destiné à fermer un flacon de verre à triple parvi, non représenté ici, qui entoure la bouteille en … acier et qui est plein d'oxy- … gène bouillant dans le vide. À l'intérieur de la bouteille en acier se trouve un sup- - port en mica ou en ébonite sur lequel est enroulé le fil de platine thermométrique. Celui-ci communique par une de ses extrémités avec un tube métallique traver- sant le bouchon mentionné ci-dessus et communiquant avec la borne horizontale, qui est reliée par un fil métallique à une des bornes d’un pont de Wheatstone, non figurée ici, L'autre borne communique par un fil avec la borne verticale supérieure de la figure, de laquelle part un fil de cuivre bien isolé, traversant l’inté- rieur du tube métallique, et se reliant à l’autre extré- mité du fil de platine ther- mométrique. On a ainsi un circuit fermé, où la résis- tance principale est celle du fil enroulé sur le support, résistance qui est mesurée par le pont de Wheatstone. La figure 2 donne une vue perspective détaillée du sup- port et de l’enroulement du fil thermométrique. la pression atmosphéri- que. Pour cela il fallait deux choses : d’abord produire l’ébullition de lhydrogènesousla pres- sion critique ou la pres- sion atmosphérique, puis mesurer exacle- ment et rapidement la température de cesébul- litions fugilives. L'’ébullition étant pro- duite par la détente lente du gaz fortement comprimé et refroidi à — 911° par l'oxygène bouillant dans le vide, on réglait la détente de façon que l’ébullition se produisit sous la pres- sion finale de 20** ou de 1°, laquelle se main- tenait constante quel- ques instants, pendant lesquels il fallaitprendre la température de l'hy- drogène bouillant. Ilne saurait être question, pour ces températures si basses, du thermo- mètre à {hydrogène ga- zeux, auquel la loi de Mariotte n’est plus ap- plicable, ni des couples thermo-électriques, peu sensibles à ces tempé- ratures el dont la sou- dure n’est pas assez fine pourprendreinstantané- ment la température du gaz environnant, Une seule méthode parail propre à la mesure de ces températures si bas- ses : c'est la méthode des résistances électri- ques, proposée et expé- rimentée par MM. Cail- letet et Colardeau, per- fectionnée dans ces der- niers temps par M. Wi- thowski. Sous sa der- nière forme, la méthode consiste à plonger dans - le mélange dont on cherche la température un fil 619 de plaine très fin dont les spires sont soigneuse- ment enroulées sur un support isolant, et à mesu- rer la résistance avec un pont de Wheatstone. La loi de variation de cette résistance avec la tempé- rature, étant connue par des expériences prélimi- naires, donnera pour une résistance donnée la va- leur de li température. La difficulté est iei que les températures à mesurer étant les plus basses de toutes, il faut absolument exérapoler la loi de varia- lion de sa résistance électrique, ce qui peut laisser un doute très sérieux. Ce doute est-levé en grande partie si l’on considère : 1° que la loi de variation est très sensiblement linéaire pour les spirales de platine employées ; 2° que les températures ex- trapolées sont assez peu distantes de la plus basse (—208°,5) des températures connues, em- ployées pour la graduation des spirales ; 3° qu'en extrapolant on a pris comine coefficient de varia- tion de la résistance pour 1° celui qui se rapporte à la température de — 208°, 5. Le disposilif expérimental employé par M. Ols- zewski permet de retrouver à 1° près les tempé- ratures d’ébullilion de l'oxygène sous des pres- sions données, températures connues par ses tra- vaux antérieurs et évaluées au moyen du ther- momètre à hydrogène. M. Olszewski a trouvé ainsi : Température critique de l'hydrogène, — 234,5 Température d’ébullition normale 2439,5 La température critique trouvée expérimentale= ment concorde très suffisamment avec les nombres théoriques de M. L. Natanson. Par contre, il y à un désaccord notable en ce qui concerne le point d’ébullilion normal. Les figures 1 et 2 représentent en projection verticale et en perspective l'appareil thermomé- trique de M. Olszewski, dont le fonctionnement est suffisamment indiqué par la légende, Peut-être l’intérèt que présentent les détails de la produclion des très basses températures au moyen des gaz liquéfiés augmentera-t-il si j'a- joute que cette question est à l'ordre du jour, que M. Raoul Pictet a installé à Berlin et ins- talle en ce moment à Paris un laboratoire où l'on pourra manipuler à volonté des kiiogram- mes d’air liquide, et que, dans les autres pays, le P' Dewar en Angleterre, et Le D' Kamerlingh Onnes! à Leyde, ont réalisé dans le même ordre d'idées des installations qui laissent peu de chose à désirer. E. Mathias, Professeur de Physique à la Faculté des Sciences de Toulouse. 1 Voir : Revue générale des Sciences, le n° 2 de cette année, p. 86. ; 620 H. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE Trois études composent cette revue annuelle, Chacune d'elles représente une des formes diver- ses sous lesquelles se manifestent actuellement les progrès de la Géographie. Certains géographes tentent de réunir en une synthèse tous les faits connus relatifs à une con- trée, à un soulèvement montagneux, à un grand fleuve. A cette catégorie de travaux appartient le livre récent de M. Elisée Reclus sur le Æleure des Amazones, objet de notre premier chapitre. D'autres s'efforcent de suivre, à travers les siè- cles, les conceptions humaines sur l’ensemble de la Terre ou sur l'une de ses parties. Cel ordre de recherches est représenté ici par l'étude de l'ou- vrage de M, Rainaud sur le Continent austral. Enfin les explorateurs se donnent pour mission de découvrir des fails nouveaux. Et l’exposé des résultats scientifiques de plusieurs voyages ré- cents, accomplis dans l’Afrique orientale allemande, offre un exemple de cette forme particulière de l'activité géographique. [, — LE FLEUVE DES AMAZONES. On a la satisfaction de retrouver dans le nou- veau volume de M. Reclus les qualités qui ont à juste litre établi sa réputation ‘. Son érudition est toujours aussi vaste. S'il n'avait pas laissé de côté l'ancien, mais précieux voyage de Pæœppig *, on pourrait affirmer qu'il a la connaissance de lous les documents de valeur relatifs à son sujet. Ses descriplions ont toujours conservé le même éclat. Peut-être dans ses paysages de l’Amazonie a-{-il même élé mieux inspiré encore que d'habi- tude. Il a eu l'avantage de visiter personnellement une partie des contrées qu'il dépeint; eLil état de longue date familiarisé avec son sujet, puisque, parmi ses premiers travaux géographiques, figure une étude sur l'Amazone *. Toutefois, il faut bien ajouter que ce volume n’esl pas exempt d’un défaut, à notre sens, d’ailleurs, commun à l’œuvre entière, M. Reclus décrit avec bonheur les phénomènes naturels, il ne cherche pas assez à les expliquer. Il enchante souvent l'imagination du lecteur, il satisfait plus rarement son raisonnement. Trailant des Amazones, il en caractérise avec justesse, par exemple, chacun 1 L'Amazonie el la Plata. Tome XIX de la Nouvelle géo- graphie universelle, Hachette et Cie, éditeurs, ? Reise in Chile, Peru, und auf dem Amazonen Slrome. Leipzig, 2 vol. in-40 1813-35. # Le Bassin des Amazones el les Indiens. Mondes, n° du 45 juin 1862. Revue des Deux des affluents, il dépeint le choc des eaux fluviales el marines dans l'estuaire, en termes si bien choisis qu'on croil voir se développer les volules de ce mascaret gigantesque. Mais, dès qu'on se reprend, dès qu'on échappe au rythme des phrases et qu'on se demande: «Par quel concours de circonstances naturelles ce fleuve se forme-t-il? Pourquoi roule-t-il une masse d'eau aussi colos- sale des Andes à l'Atlantique? », on s'étonne de chercher vainement la réponse dans ces mêmes pages qui, quelques instants avant, provoquaient l'admiration. Les géographes ne doivent cependant pas se proposer uniquement de décrire la Terre. Il y aurait certainement du ridicule de leur part à affecter trop d’austérité, à se complaire dans l'abstraction, à éviler de parti pris la couleur et les termes qui ont la vertu de projeter les choses devant les yeux. Mais ils se diminueraient en restant simplement des paysagistes littéraires. Leur mission est plus haute, puisqu'ils se pro- posent d'étudier les rapports des phénomènes gé0o- logiques et orographiques, hydrographiques et cli- matologiques, de la vie végétale et de la vie ani- male entre eux, et surtout de rechercher leur action sur l'existence économique, sociale el historique de l'humanité. Les faits rassemblés par M. Reclus dans son ou- vrage permettent cependant d'exposer l'élal ac- tuel des connaissances sur le fleuve des Ama- zones, sur les causes de sa formation et sur son régime. Si l’on estime l'importance des fleuves à la lon- gueur de leur cours, l'Amazone ne peut pas être regardé comme le plus considérable du globe. Le Nil vient en première ligne avec un développement de 5.940 kilomètres, etle Missouri-Mississipi (5.582) en seconde. À l'Amazone appartient seulement la troisième place. Entre le Lauri-Cocha, petit lac andin, d’où il sort sous le nom de Maranon, et son embouchure, sa longueur est de 5.400 kilomètres. Si, au contraire, la masse d’eau qu’un fleuve apporte à l'Océan détermine son rang dans l'hydro- graphie générale, il n’en est aucun qui puisse prévaloir sur l’'Amazone. Pour exprimer d'un mot ses proportions colossa- les, les Brésiliens l'ont surnommé le Fleuve-mer. Le fleuve des Amazones est bien, en effet, un bras de mer au milieu du continent.Il en a les propertions. Sa largeur atteint déjà cinq kilomètres, au con- fluent de la Madeira, et seize en face de Sanlarem. Dans l'estuaire, cinquante kilomètres séparent ses Bb ot-mpand e n H. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE 621 ee” deux rives (fig. 1). Le Pas de Calais est étroit en comparaison, puisque du cap Gris-Nez à Douvres _ la distance est de trente-quaire kilomètres. Comme la mer, le fleuve a ses tempêtes péril- _leuses, qui obligent les navires à s’abriler dans les eriques. Comme elle, il transforme le continent. En | certains points, il l’érode et le diminue; en d’autres, _ il l’accroit par ses apvorts. A l’époque de la baisse _ des eaux, l’Amazone dégrade ses rives. De véri- _ tables îles descendent au fil du courant. Un autre grand fleuve tropical, le Nil, présente un spectacle . analogue. Il charrie des amas d'herbes qui parfois _s'agglomèrent et forment le zdd, cetie barrière végélale qui en 1870 arrêla pendant des mois Samuel Baker, en 1880 bloqua Gessi-Pacha, un 10 aclion est continue. Contrairement au phénomène qu'on observe dans l'océan Indien, où les pluies transportées par la mousson, qui souffle tantôl vers le nord-est et tantôt vers le sud-ouest, se par- tagent entre l'Asie méridionale et l’Afrique orien- tale, la totalité des nuées originaires de l'Atlan- tique se condense sur l'Amérique du Sud. La disposition du relief du bassin de l'Ama- zone (fig. 1) contribue aussi à en accroître l’'humi- dité. Les Andes se dressent à son extrémité occi- dentale. Grâce à son altitude, à sa forme concave, à sa disposition en gradins, cette barrière monla- gneuse arrête les vapeurs apportées par les alizés. Rien ne passe, et la côte du Pérou est parmi les contrées les plus sèches du globe. Une partie des VÉ É NÉ Z ÜÉL. À Y Bove GUYANE X \ Se it à 1 ER À HOLLANDS GUYANE" \ Axe 1,58. Ly erbacees ) Hanaas Fleuvê fille Bet} ASS RK Fig. 1. — Carte du bassin de l'Amazone. autre Européen au service du Khédive, etfinalement lui coùla la vie. Mais, sur l'Amazone, toutes choses s'amplifient. Le fleuve n’entraine pas seulement des herbes flot- tantes : il arrache des pans de rivage. De longs ra- deaux de troncs entrelacés, auxquels s'accroche toute une flore d'espèces herbeuses, passent au fil de l’eau. Des oiseaux perchent sur les arbres, des serpents sont suspendus aux branches. C’est un jardin zoologique qui voyage. Puis une ile ou un promontoire fait obstacle : le radeau est arrêté ; les lianes s’entrelacent el atta- chent l'ile flottante au rivage. L’Amazone, travail- leur perpéluel, a démoli là-haut. Ici il reconstruit. Plusieurs causes contribuent à la formation de - ce fleuve géant: D'abord, son bassin est entièrement situé dans la zone des pluies tropicales. Les vents alizés y arri- vent, chargés de la vapeur d’eau qu'ils ont balayée sur l'Atlantique. Or ils soufflent toute l’année. Leur REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, nuages se condense sous forme de neige, et, par la fonte, retourne à l’Amazone. Le reste est rejeté dans la plaine, réfléchi par les Andes, qui font l'office d’un écran colossal, Les précipitations sont donc partout abon- dantes. Elles atteignent annuellement, sauf en quelques districts peu étendus, la hauteur de 1",30 au minimum. Une large bande terriloriale qui s’é- tend au pied des Andes et épouse leur concayité, reçoit 2 mètres d’eau; et même, à Iquitos, on cons- tate 2,62. Ces chiffres ne présentent cependant rien d’ex- cessif. On peut même les considérer comme modé- rés. D'autres contrées tropicales sont bien plus arrosées. Le pluviomètre du Jardin Botanique de Buitenzorg (Java) recueille une quantité d'eau an- nuelle de 4%,50 ; et il existe un point sur le globe, Tcharrapoungi (Inde Anglaise), où il en iombe normalement plus de 12 mètres!. 1 Supan, Grundzuege der Physischen Erdkunde, p. 95. Ta 22 H. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE [=] Si l’Amazone constitue un phénomène hydrogra- | piques, le Soleil passe au zénith. Quand la pluie | phique unique, c'est donc moins à cause des quan- | tombe dans la partie du bassin appartenant à tilés d’eau qui tombent sur son bassin qu’à cause | l’hémisphère boréal, elle cesse dans la partie aus- | de l'étendue même de ce bassin. Aucun fleuve au | trale, etréciproquement. L’Amazone bénéficie, par monde ne draine une pareille superficie. Le bassin | l'intermédiaire de ses affluents de gauche, des 4 du Yan-tse-Kiang est de 3.240.000 kilomètres car- | précipitations de l'hémisphère boréal, et de celles rés, celui du Mississipi de 3.300.000, celui du Nil | del’hémisphère austral parses affluents de droite. de 3.340.000. La surface de celui de l’'Amazone s’é- I n'ya qu'un grand fleuve tropical, le Congo, ! tend sur 6.500.000 kilomètres carrés. dont la disposition générale soit analogue. Grèce … Certains cours d’eau, tels que le Gange, | au travail colossal des explorateurs européens, et l'Iraouaddi, le Barito de Bornéo ont un tel débit, | en particulier des Français et des Belges, depuis qu’en proporlion de leur aire de drainage ils sont | quinze ans le réseau hydrographique du Congo. supérieurs à s'éclaircit de l' Amazone. | DEEE : Jour en jour. Mais celui-ci ? Et l’on sait. est seul à bé- : SC | maintenant. néficier de la | K/ 742 y GS. LL que l'Ouellé- masse d'eau À Z ZT LL F7. Oubangui et entière qui, laSanga.,afflu- ailleurs, se ré- ents venantdu partit entre nord , jouent . plusieurs fleu- un rôle ana- ves. C’est logue à celui. pourquoi il du Yapura el est, d'une ma- du Rio Negro, nière absolue, et que le Lo-. le plus consi- mami, le San- 1 dérable du kuru, le Kas- globe. saï et le Kou- Sagrandeur ango qui vien: j résulte encore nent du sud, de la disposi- correspon-. tion extrême- dent au Pu = ment réguliè- CPerron rus, à la Ma- re de ses af- L7Z deira elau Ta-* fluents. La Zone des affluents amazoniens en amont des chutes. pajoz. comparaison Fig. 2. — Dépression amazonienne el zone exlérieure des cularactes \, On com Ti classique L mence done à | d’après laquelle on assimile un fleuve et ses | saisir nettement les causes de la formation de. affluents à un tronc d'arbre orné de ses bran- | l'Amazone. 4 ches, s'applique admirablement à l’Amazone,. Certaines particularités de son régime sont éga- . Tributaires de gauche : Iça, Yapura, Rio Negro, | lement bien connues. Comme tous les fleuves tro- Trombetas; tributaires de droite : Purus, Madeira, | picaux, l'Amazone croit et décroil d'une manière Tapajoz, Xingu, viennent symétriquement se con- | régulière. Mais, tandis que les autres éprouvent fondre dans le fleuve principal (fig. 2). Le Pô et la | seulement une crue annuelle, l'Amazone en subit Moldau, l’affluent bohémien de l’Elbe, sont peut- | deux. Sa participation aux pluies de l'hémisphère M être les seuls cours d'eau qui présentent une ra- | austral d’abord et de l'hémisphère boréal ensuite, M mure hydrographique aussi parfaite. explique celte anomalie. Or, dans un pays tropical, une pareille dispo- Le fleuve grossit du début de mars au mois de sition à un intérêt exceptionnel. Les pluies n’y | juillet. Il reçoit alors le tribut de ses affluents de tombent pas, comme on le sait, uniformément | droite. Puis, d'août à oclobre, il diminue. Mais, à M) pendant toule l'année. Mais leur chute en un lieu | cette époque, les affluents de gauche ont, à leur coïncide avec les époques où, dans ses mouve- | lour, alteint leur point maximum. Grâce à leur M ments apparents de déplacement entre les Tropi- | apport, le fleuve se gonfle derechef. Celle nouvelle 1 Ce cliché, extrait du grand ouvrage de M. Reclus, a été crue dure de novembre à janvier. Pendant le moisde obligeamment prèté à la Revue par MM. Hachette et Cie. février se manifeste une seconde époque de baisse. H. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE Le niveau de l'Amazone ne s'élève pas également sous l'influence de ces deux crues. Celle de mars- juillet est plus forte que celle de novembre-jan- vier. Le cours proprementdit de l'Amazone est, en -efret, situé au sud de la ligne équatoriale. En outre, ses affluents de droite sont bien plus développés que ceux de gauche. Les affluents supérieurs de la Madeira plongent dans la zone australe jusqu’au 18°, alors que le point le plus SH drainé par le Rio Branco est si- lué par 5° de latitude N:Les pluies de la zone australe exercent donc sur le niveau de l’Amazone une action plus sensible _ que celles de _ la zone bo- réale. _ La crue ne Ja£o da Curie DT pes se SION 623 en un endroit absolument sec, il se réveilla tout à coup dans l’eau. En quelques heures, la rivière avait silencieusement débordé et s'était répandue dans les bois. La baisse est aussi soudaine. D’après le même voyageur, un petit vapeur amarré à un tronc d'arbre, un soir, fut retrouvé le malin la proue soulevée et l’arrière baïignant dans l’eau, tant la rivière avait rapidement décru pendant la nuit. L'hydrogra- phie amazo - nienne est ca- ractérisée 6- galement par la facilité avec laquelle se creusent , à côté du dit principal, les canaux secon- daires . Une fois dégagé des Andes , l’Amazone tra- verse des ter- rainséminem- ment meu - ans toutes NÉE bles, dans les- es parties du a quels les flots fleuve. À Tef- D se fraient ai- fé, la différen- ee sément pas - ce entre les a sage. De plus; niveaux ex - MCE la pente du trèmes est or- HS RATE F- RE bassin est très dinairement Ge. PL AO peu accen - é = E de 12 mètres. a. See tuée. Lesflots, Elle atteint au lieu de se guêre 9 mètres. Lors des basses eaux, des iles innombrables se ouvrent de végélation. Les plantes se hätent de se développer. Puis Ja crue se produit, les canaux du fleuve se remplissent de flots jaunes. Herbes et leurs disparaissent sous les eaux. Quelques points plus élevés émergent seuls à la surface, et servent de refuge à des animaux de toute espèce. Dans certains affluents, les crues sont très ra- pides. Crevaux raconte que, s'étant endormi, pen- ant la nuit du 18 mai 1879, sur les bords de l’Ica, 1 Ce cliché, extrait du grand ouvrage de M. Reclus, a été obligeamment prèté à la Revue par MM, Hachette et Cie, parfois 16 mè- SL :: Bart LR précipiter vers tres et excep- Sn — son ED la mer, sem- tionnellement + 3°] blent s’attar- 47. À Iquitos, “0 | der. Des com- cette différen- Ouest de Greenwich 64°45: 54: 304 munications ce ne dépasse Fig, 3. — Canaux de l'Amuzone. Teffé e! le confluent du Yapura 1. singulières el ‘ anormales s’é- tablissent donc entre le fleuve et ses affluents, et entre les affluents eux-mêmes. En aval de San Antonio, un canal, l’Auaty Parana, se dé- tache de l'Amazone et se jelle dans le Yapura, avant que celui-ci ne se soit confondu dans l’A- mazone. C'est donc le fleuve qui est tributaire de son affluent. La plaine de l'Amazone, sillonnée de canaux infiniment ramifiés, est un vrai dédale hydrogra- phique ; si les deux mols ne s’excluaient récipro- quement, on pourrait la définir : un continent aqualique (fig. 3). L'absence de delta forme encore un trait curieux de la géographie de l’Amazone. On pensait naguère qu’un della consiste dans le partage d’un fleuve aboutissant à la mer entre deux ou plusieurs branches. On admet mainte- nant qu’un fleuve possède un della quand il cons- truit, par agglomération de ses alluvions, de nou- velles parcelles de continent !. L'Ebre, par exemple, ne se jette dans la Médilerranée que par une seule bouche, et cependant il a un della, puisqu'il a formé cette péninsule qui se détache d’une manière caractéristique de la côte de Catalogne. Or, l'ile de Marajo, devant laquelle se divise l’Amazone, n'est ni formée ni agrandie par les apports actuels du fleuve. Il n'a donc pas de delta, et c'est par un esluaire grandiose qu'il se jette dans l’Océan. Cependant, plusieurs des conditions nécessaires à la formation des dellas ne manquent pas à l’A- mazone. La masse de parcelles solides qu’il con- tient en suspension, est colossale. D'autre part, il a une telle force d'expansion qu’il pénètre au mi- lieu des eaux de l'Océan et forme cette « mer douce » qui, déjà en l'an 1500, avait tant sur- pris Pinzon et ses compagnons. L'Amazone semblerait donc apte à construire au large une digue solide et à combler par ses apports l’espace compris entre elle et la terre ferme. Mais il est nécessaire, pour que les alluvions se déposent, que les eaux soient calmes. Or,ducap San Roque au Yucatan, la côte d'Amérique est balayée par le courant sud équatorial. Il possède une grande force. Il ronge la côte, et certainement il a diminué la longueur de l’Amazone. Naguèëre les deux bras du fleuve se rejoignaient en aval de l'ile de Marajo, el la rivière du Tocantins, au lieu de se jeter directement à la mer, se déversail dans l'Amazone. Le courant empêche donc le dépôt des alluvions. Il les entraine, pour les déposer peut-être fort loin dans le Nord. M. Reclus émet l'hypothèse ingé- nieuse que les flèches de sable qui bordent la côte des États de Floride et des Carolines, pourraient bien être consliluées par ces alluvions, que là se- rait le vérilable della des Amazones. Le réseau navigable de l’Amazone et de ses affluents est un des plus développés qui existent au monde. Il ne joue cependant qu'un rôle infime dans les relations commerciales du globe. Quelle différence sous ce rapport entre ce fleuve géant et ces ruisseaux qu'on nomme la Seine et la Ta- mise! C'est que l’Amazonie est parmi les pays les moins peuplés de la Terre. Un voyageur qui des- cend le fleuve à l'impression d’une solitude infinie. Les indigènes, peu nombreux, sont répandus sur 1 G. R. Crenxer, Die Dellus, Cahicr supplémentaire, n° 56, des Pelermanns Geographische Miltheilungen. Gotha, 18178. H. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE un immense territoire, el partant très clairsemés. L'émigration européenne ne s’est pas portée vers celle région. Seule Manaos avec ses 50.000 habi- tants est une véritable ville ; mais les autres pré- tendues « villes » sont des bourgs : Santarem a 2,000 habitants, et Teffé 1.800. L'homme semble accablé par l'intensité de la vie végétale. Il faudrait des légions de pionniers … pour défricher l’'Amazonie. 5 Dans d’autres régions du globe, les générations successives ont, par leur travail incessant, rendu la terre non seulementhabitable,mais encoreagréable à habiter. Ici, un pareil travail d'aménagement du sol n’est même pas commenté. Cependant, si jamais l'accroissement de l'huma- nité oblige à mettre en valeur de nouveaux terri- toires, l'Amazone jouera un rôle. Il facilitera la. pénétration dans le Far-West de l'Amérique méri- dionale. L'homme a toujours trouvé dans certaines forces naturelles un secours contre d'autres forces naturelles. Une semblable union se reverra sous une forme nouvelle. Le fleuve sera l'allié de l’homme contre la forêt. : IT. — LE CONTINENT AUSTRAL. C'élail une idée répandue chez les hommes les plus distingués de l'Anliquilé grecque et romaine, qu’à la partie de la Terre connue el habitée, à l'ÆEcumène, en correspondait une autre, l'Antichtone, siluée au delà de l'Océan. Au Moyen Age, l'hypothèse de celle Lerre aus- trale continua à préoccuper les esprits. Du xvom au xvin® siècle, elle suscita parmi les savants » maints débats et controverses. Elle disparut seu-" lement lorsque Cook eut prouvé, par la plus écla- tante des démonstrations expérimentales, qu'elle” ‘ n'élail pas fondée. Pendant que les géographes diseulaient,les navi-" gateurs s’élaneaient dans les mers à la recherche de ce continent. Ils ne le découvrirent nalurelle- ment pas, puisqu'il existait seulement dans leur imagination. Mais leurs tentalives eureut pour ré- sullat d'accroître considérablement les connais- sances sur la partie du globe située au sud de l'Equaleur. L'idée de «Terre Australe » a donc suscité d'une part des éludes théoriques, et de l'autre des croi" sières marilimes. Suivre à travers les siècles l'évo- lulion de celte idée et les progrès des découvertes, rechercher en même temps les influences réci- proques des théories sur les voyages, voilà préci- RS PO nt ur dns ff ES sément ce que s'est proposé M. Armand Rainaud dans son ouvrage intitulé : Hypothèses el Découvertes ?. Le Continent Australk à 1 Un vol. in-8°., Armand Colin et Cie,éditeurs. Paris, 1894. H. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE 625 ; Son livre est solidement documenté. Il témoigne de recherches fort étendues. Peut-être même serait- on tenté de reprocher à M.Raïnaud un défaut de sobriété. Le désir de ne sacrifier aucun détail, de raconter par le menu les grands voyages de la fin du xy° siècle et du commencement du xvr°, lui fait parfois perdre de vue son idée principale. Tout compte fait, cet ouvrage forme une très bonne con- tribution à l’histoire des idées géographiques. … L'existence de la terre australe fut admise par beaucoup de penseurs de l'Antiquité. L’imagina- tion la faisait surgir des profondeurs de la mer Erythrée (océan Indien), de même qu'elle laissait entrevoir au delà des colonnes d’Hercule, très loin dans l'Atlantique, un continent que Platon nom- mait l’Atlantide, Théopompe la Méropide, et Plu- tarque le Continent Cronien. Pour les Pythagoriciens, l'hypothèse résultait de leur conception de l'harmonie de l'Univers. Si le globe terrestre forme un tout bien ordonné, il * est vraisemblable que l'hémisphère austral repro- duit les dispositions de l'hémisphère boréal, avec ses terres et les peuples qui l'habitent. L’argument le plus souvent invoqué était fondé sur les besoins de l'équilibre : un groupe de terres-australes pa- ‘ raissait nécessaire pour contrebalancer celui des terres boréales et maintenir l'équilibre du globe. Ptolémée essaya de fixer la situation de cette terre inconnue. Elle enferme, dit-il, au sud la mer Erythrée et relie la côte orientale d'Afrique à l’ex- “trémité méridionale du pays des Sines. F Mais les conceptions ne sorlaient pas de l’a priori t les voyageurs furent impuissants à les confirmer ou à les infirmer. Il est permis de douter de tous S prétendus périples autour de l'Afrique. Eu- loxe de Cyzique parait s'être avancé plus loin qu'aucun des Anciens vers le sud, le long de la côte ccidentale (n° siècle av. J.-C.) ; or, il ne dépassa faisemblablement pas l'entrée du golfe de Guinée. Dans l'océan Indien, il y eut des explorations plus lointaines. Des navigateurs grecs réussirent vrai- emblablement, entre les années 70 et 90 après J:-C., à franchir l’Equateur. Mais aucune certitude e pouvait résulter des données extrêmement va- gues rapportées par les voyageurs. La question du continent austral se posa donc absolument intacte devant les hommes du Moyen Age. Elle sollicila l'attention des Orientaux comme celle des Occidentaux. Mais ils furent aussi inca- pables les uns que les autres de la résoudre. - Du v° au x° siècle toute science disparait en Occident. Une seule autorité domine : celle de la Bible. La Géographie participe à la décadence générale. Tout l’art des cartographes se borne à composer des rowelles, esquisses grossières sur lesquelles les continents partagés en segments sont entourés par une circonférence : l'Océan. Les questions intellectuelles n'étaient cepen- dant pas universellement négligées. Selon la belle expression de Renan, il semble, quand le flam- beau de l'esprit humain va s’éteindre entre les mains d’un peuple, qu'un autre se trouve là pour le relever et le rallumer. Les écoles d'Italie et de Gaule deviennent désertes et silencieuses ; mais un brillant mouvement intellectuel se produit dans certaines villes d'Orient, telles que Harran et Bagdad. Aristote, Euclide, Galien, Ptolémée sont traduits du grec en arabe. Les musulmans, dépositaires du trésor de la science antique, eurent le mérite de ne pas le dilapider. Mais ils ne l’ac- crurent pas. Ils adoplèrent sans critique les idées des Anciens. En matière de Géographie, Plolémée fut l'autorité incontestée. Ses vues personnelles sur le continent austral furent acceptées comme les autres. Quant aux marins, ils ne se risquèrent pas dans les parages éloignés de l'océan Indien ou de l’océan Atlantique. Ils étaient paralysés par les légendes effrayanies qui représentaient la zone torride comme inhabitable et les Océans comme couverts de ténèbres. La contribution des géographes et des naviga- teurs arabes à la connaissance des terres australes fut donc nulle. Au moment où, à leur tour, les peuples musul- mans commencaient à subir une décadence dont ils ne se sont jamais relevés, les Occidentaux renais- saient à la vie intellectuelle. Les ouvrages les plus importants de la science arabe sont traduits en la- Lin. « Dès les premières années du treizième siècle, l’Aristole arabe fait dans l’Université de Paris son entrée triomphante. » La question de la terre aus- trale s’imposa à l'attention des érudits. Les œuvres d'Albert le Grand, de Roger Bacon, de Vincent de Beauvais témoignent des discussions qu'elle suscita. Cependant, aucun fait récent ne renouvelait le débat. L’Antiquité continuait à le défrayer. C'é- taient toujours lès mêmes arguments, que se lan- caient partisans el détracteurs de ia terre australe, et qui rebondissaient d’un camp dans l’autre. Au début du xv° siècle, l'hypothèse de l’Antichtone se posait donc dans les mêmes termes qu'à l'époque des Alexandrins. Les idées relatives au continent austral subirent profondément le contre-coup des grands événe- ments maritimes du xv° siècle: voyages de Barthé- lemy Diaz, de Vasco de Gama, de Christophe Colomb. Le voile, qui bornait la vue des Européens, se déchirait. Quantité de préjugés disparurent. On cessa de croire la zone torride inhabitahle, et les Océans impossibles à franchir. Et puis un si grand nombre de terres inconnues 626 avait été révélé en quelques années, que de nou- velles découvertes paraissaient vraisemblables. Au scepticisme exagéré d'autrefois succédait désor- mais une confiance illimitée. La comparaison entre les obstacles rencontrés par Colomb, en 1492, et les facilités qui entourèrent le départ de Magel- lan, en 1519, permet de mesurer le progrès ac- compli par les idées. L'opinion publique était donc favorablement disposée à l'hypothèse dela terre australe, quand plusieurs découvertes mal interprétées vinrent à point pour fortifier les convictions. En traversant le détroit qui porte son nom (1520), Magellan lais- sait au sud la Terre de Feu. En 1526, le Portugais . TT teats Mora ee ARE DEL ZVR H. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE ——_—_—_—_—__—_—_—_—_—_—_— ——p a —_—…———— rins étaient préoccupés uniquement de chercher de nouvelles voies vers les îles des Épices. Ils croyaient avoir aperçu ses promontoires avancés, mais c'était beaucoup moins volontairement que par le hasard des navigations. - Au contraire, les premières années du xvn‘siècle marquent dans l'histoire du Continent Austral le début d'une ère nouvelle. Désormais, on s’efforcera de l’atteindre méthodiquement. La découverte de cette terre sollicile d'autant plus les aventuriers intrépides, qu'ils sont convaincus « priori qu'elle” renferme de grandes richesses. L'un d’eux la décrit ainsi en substance : « L'argent, les perles, la nacre n'y sont pas rares. On y trouve même de l'or, Le ET RE ee Lo MARE Le : INDIA — Terre Asvinolu anpe ee _Crreut Aitone feu Fig. 4. — Les Terres australes, d'après les mappemondes Mercatoriennes. 1. Georges de Meneses découvrait la côte septentrio- nale de la Nouvelle-Guinée. Enfin, à une époque difficile à préciser, mais certainement antérieure à 1555, des marins français ou portugais recon- nurent la côte orientale de la terre appelée main- tenant Australie el nommée, au xvi° siècle, Grande Jave. Or, toutes ces découvertes restaient vagues. Ici un cap avait élé aperçu, ailleurs on avait longé quelques milles de côtes. L’incertitude même des données rapportées par les navigaleurs, autori- sait toutes les audaces des cartographes. Ils réu- nissaient par des lignes imaginaires les côtes entrevues. Et c’est ainsi que, sur la mappemonde de Mercalor de 1569, s'étend de l'Ouest à l'Est et sans interruption une terra australis (fig. À). Jusqu'alors le continent Austral n'avait pas été l'objet d’explorations systématiques. Les ma- 1 Ce cliché, extrait du livre de M. Rainaud, nous. a “été obligeamment prêté par l’auteur. "TERRAIN SNA climat y est très sain. On y voit beaucoup de: vieillards. » ; Ces peintures enchanteresses de pays inconnus n’ont rien de surprenant. flles apparaissent à toutes les époques où l’expansion européenne a été vigoureuse. Nos yeux y sont accoutumés, Que de fois on s’est plu, depuis quinze ans, à vanter, avec force détails, les ressources de contrées afri= caines encore à peine explorées ! De tous ces conquistadores, aucun ne déploya plus d'énergie, pour atteindre le Continent Austral,M que le Portugais Fernandez de Queiros. Son exis- tence parait ne pas avoir eu d'autre objet. Il ya peut-être quelque emphase dans le litre de « héros de la Terre Australe » que lui décerne M. Raïnaud ; mais jamais, assurément, idée géographique ne rencontra de défenseur plus convaincu. Un premier voyage dans la mer du Sud, en 1595, l'avait tiré de pair. En 1603, il obtint du roi d'Espagne un H. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE 627 nouveau commandement. Son exploration fut con- duite avec méthode. 11 décrivit une ligne brisée dans l'Océan Pacifique entre l'Équateur et le » 30° latitude S. et découvrit l'ile du Saint-Esprit groupe des Nouvelles-Hébrides) qu'il supposa un - fragment du continent rêvé. Il rentre en Europe; mais, jaloux d'achever sa découverte, il solli- cite sans relâche l'armement d'une nouvelle ex- pédition. Il accable les membres du Conseil d'Etat - d'Espagne de projets et de mémoires. Enfin, las d'être toujours rebuté, ilse préparait à partir à ses frais, quand il mourut (1614). Au moment où l’ardeur des marins s'éteint en Portugal et en Castille, elle s'allume dans les Pays- Bas. Les Hollandais ont élé attirés en Extrème- Orient par l'ambition d’arracher au roi d'Espagne _ la possession des iles de la Sonde. - La question du continent Austral s’est imposée par surcroît à leur attention. Parmi les nombreux voyages qu'ils accomplirent dans l'Océan Pacifique, les plus importants furent celui de Le Maire et Schouten et celui de Tasman. , … Le négociant d'Amsterdam Jacques Le Maire et Je navigateur Guillaume Schouten s’associèrent f et armèrent en 1615 deux bâtiments, avec l’inten- — Lion de «trouver un autre passage que le détroit - de Magellan pour entrer en la mer du Sud et dé- couvrir nouvelles terres et iles vers le Sud ». La “découverte la plus mémorable de cette campagne fut celle du çp qui termine l'Amérique, et qui ful nommé Æorn, en souvenir de la ville où Schou- - ten élait né. … L'objet principal de la mission dont Tasman avait été investi par le gouverneur des Indes néer- …_ landaises, Van Diemen, était de longer la côte du Continent Austral. Au sud de la Grande Jave, il découvrit la terre à laquelle fut attribué son “ nom : la Tasmanie. Il reconnut ensuite la côte occi- + dentale de la Nouvelle-Zélande, qu’il avait appelée Terre des États en l'honneur de « Leurs Hautes Puis- sances les États des Provinces-Unies ». Ces voyages, comme beaucoup d’autres, étaient aussi défavorables que possible à l'hypothèse du Continent Austral. Chacun d'eux lui portait un … nouveau coup. En vain les vigies scrutaient alten- « tivement l'horizon. Elles n'apercevaient jamais le “rivage de la terre promise. Au sud de l'Amérique, comme au sud de cette Grande Juve, désormais nommée pour deux siècles Vouvelle-Hollande, la … mer était libre et ouverte. — On ne se résignait cependant pas à renoncer à “| hypothèse tradilionnelle. La vieille forteresse lait cimentée de convictions si solides que, ballue cn brèche, ébranlée de tous côtéset même déman- … Lelée en plus d’un point, elle restait quand même … debout. Voici comment s'exprime le Hollandais Varenius, une des autorités géographiques du xv!r° siècle, dans sa Geographia generalis in qua affec- tiones generales telluris erplicantur (Amsterdam, 1664): « Cette terre (australe) se rapproche de l'Ancien Monde dans les régions qui avoisinent la Nouvelle- Guinée, et de l'Amérique ou Nouveau Monde dans les régions qui limitent le détroit de Magellan. » Un siècle après, les hommes les plus distingués restent encore obslinément attachés à l’idée de l'existence d’un Continent Austral. Dans son exposé de la Théorie de la Terre, qui forme .le tome pre- mier de son Histoire Nalurelle (1749), Buffon laisse entendre qu'à son avis, on rencontrera dans les espaces inexplorés des mers australes un conli- nent aussi étendu que l'Ancien Monde. Buache affirme dans un mémoire lu le 12 no- vembre 1757 devant l’Académie des Sciences,qu'une ligne de côtes continue relie la Nouvelle-Guinée à la Terre de Feu. Enfin, l'hydrographe anglais Dalrymple, en 4770, s’avançait jusqu'à donner la superficie des Terres Australes, qu'il déclare égales «à toutes les régions civilisées de l’Asie depuis la Turquie jusqu'à la Chine». On était d’autant plus enclin à persister dans des idées erronées qu'un argument nouveau et d'apparence scientifique venait au secours des anciens : Les marins rencontraient beaucoup de glacesflottantes. Or, c'était une opinion absolument répandue que l’eau demerne gèle pas loin des côtes. Il existait done certainement un continent d'où ces glaces se détachaient. Cependant, au moment même où l'on s’ingéniait à les édifier, le capitaine Cook vint ruiner ces fra- giles échafaudages d'arguments. Il fallut se rendre à l'évidence. Dans son premier voyage (1768-71), Cook démontra, en faisant la circumnavigation de la Terre des États ou Nouvelle-Zélande, qu'elle ne pouvait pas être la partie orientale du Continent Austral. Mais ce fut surtout son second voyage (1772-75, qui anéantit définitivement l'hypothèse consacrée et fit triompher la vérité sur des erreurs courantes depuis des siècles. Cook poussa une série de pointes dans les mers antarctiques. Il s’avança ainsi dans l'Atlantique jusqu’à 59° 13', dans la mer des Indes jusqu’à 67° 15', dans le Pacifique jusqu'à 71° 10" « sans rencontrer nulle part les promontoires avancés du Continent Austral ». Il élait autorisé à écrire en revenant : « J'ai fait le tour de l’hémis- phère austral dans une haute latitude, et je l'ai traversé de manière à prouver, sans réplique, qu'il n’y a pas de continent, à moins qu'il ne soit près du pôle et hors de la portée des navigateurs. » Ainsi était fermé le débat, Ce ne fut pas la seule conséquence des voyages de Cook. Ils en eurent une autre bien inattendue: 628 H. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE ils favorisèrent indirectement l'exploration de l'A- frique. Nous sommes un peu surpris que M. Rai- naud n'ait pas développé cette idée. L'Association Africaine, ou plus exactement 7e Association for promotinqg the Discovery of the interior Parts of Africa, fut fondée à Londres en 1788, c’est- à-dire neuf ans après la mort de Cook. À sa tête figuraient quelques-uns des membres les plus en vue de l'aristocratie. Naguère comme aujourd’hui, les Anglais aimaient à placer les sociétés scienti- fiques sous la protection de nobles patrons. Mais en réalité l'homme qui lui donna la vie et, pendant plus de trente ans, veilla sur elle avec une sollici- tude paternelle, fut Sir John Banks. Or, c'élait ce même Sir John Banks qui avail accompagné Cook en qualité de naturaliste pendant le voyage de 1768-71. L’éminent géographe viennois Supan à naguère signalé cette coïncidence, mais il importe d'y insister. C’est le même homme qui a contribué à anéantir l'hypothèse du Continent Austral et à créer l'Exploralion africaine. Les termes par lesquels s'ouvre le premier volume des Proceedings de l’Association, donnent une preuve encore plus convaincante du rapport existant entre les deux événements géographiques. L'intérêt de la citation excusera sa longueur: « De toutes les recherches qui ont le pouvoir de solliciter notre attention, il n'yen a peul-êlre pas qui excite autant la curiosité du jeune homme ou du vieillard, que le savant et lignorant désirent autant approfondir, que la nature el l’histoire des parties de la Terre encore actuellement inconnues. Feu le capitaine Cook a si heureusement répondu à ce vœu que, sur mer, à l'exception des régions polaires, ilne reste plus rien à découvrir; mais sur les continents un tiers des régions habitées reste encore à explorer. Car une grande partie de l'Asie, une plus grande de l'Amé- rique etyresque toute l'Afrique est encore non visitée et inconnue. » Et plus loin: «La carte de l’intérieur (de l'Afrique) est une grande tache blanche sur laquelle le géographe, s'appuyant sur l'autorité de Léon l’Africain et de l'écrivain nubien Edrisi, inscrit d'une main hésitante quelques noms de fleuves inexplorés et de peuples incertains. » La curiosité humaine est insatiable. Elle exige sans cesse des alimentsnouveaux.Aumoment même où le problème du Continent Austral est résolu, les questions africaines se posent. HI. — L'AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE Voici juste dix ans que les Allemands se sont établis dans l'Afrique orientale. C'est le 27 fé- vrier 4885 que Guillaume I‘ plaçait sous son pro- lectorat les territoires que le jeune D' Karl Peters venait d'acquérir dans l'Ousagara, au cours d’une éexpédilion aussi rapide qu'audacieuse. Ce domaine- primitif s'est bientôt élargi dans des proportions considérables. Les Allemands ont réussi à sous- traire le hinterland de Zanzibar aux Anglais, qui déjà en escomplaient la possession. Ils se sont taillés entre l'océan Indien etle lac Tanganika, les lacs Victoria et Nyassa, un beau morceau de terre africaine, dont la superficie est égale environ au double de celle de l'Empire. L'établissement de cette colonie a eu d’impor- tantes conséquences sur le progrès des connais- sances géographiques de celte région. Au lieu de se disperser, comme naguère, sur l’ensemble du con- nent, beaucoup d’explorateurs allemands ont concentré sur elle leurs efforts. Ils ont ainsi obéi à une tendance générale. L'Afrique a élé partagée entre les nalions européennes. Sa carte politique reflète celle de l'Europe occidentale et centrale. Elle la déforme, de même que certains mi- roirs altèrent les proportions des objets qu'ils re- produisent: elle en réfléchit pourtant l’image. L'A- frique devient de moins en moins un champ inter- national d'activité. Chacun travaille chez soi et pour soi. La plupart des explorations françaises se sont groupées dans le sud de l'Algérie, dans le Soudan, dans le Congo et à Madagascar. De même, aucune lâche n’a paru plus urgente aux Allemands que la reconnaissance de leurs domaines particu- liers : Togo, Cameroun, Sud-Ouestafricain, Afrique orientale. Parmi les explorateurs de cette dernière colonie, Fischer, Hans Meyer, Stuhlmann, von Schele, sont les plus célèbres. Un long voyage a été accompli en 1891-1893 par Oscar Baumann, qui s'élail déjà signalé par {rois expéditions en Afrique, el notamment par une reconnaissance détaillée de l’'Ousambara !. Il a atteint le lac Tanganika en traversant des ré- 9 gions pour la plupart inconnues ?. En rappro- chant ses observalions de celles de ses prédéces- seurs, il est possible de tenter l’esquisse de la géographie physique de l'Afrique orientale alle- mande. La côte est bordée par une succession de mon- tagnes. Leur direction générale élant nord-est sud-ouest, et celle de la côte parallèle au méri- dien, la bande de terrain plat qui les sépare de la côte, va en s’élargissant du nord vers le sud. Elle est de 30 kilomètres à hauteur de l'Ousam- bara, de 100 à hauteur de l'Ousagara et de 500 en face du lac Nyassa. L'allilude des montagnes se maintient généralement aulour de 2.000 mè- tres. Elle fléchit dans le Ngourou, où elle descend 1 Usamnbara und seine Nachbargebiele. Un volume in-8e, Berlin, Reimer, 1891. 2 Durch Massailand zur Nilquelle. Un volume in-8°, Ber- lin, Reimer, 1894. H. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE 629 _ à 4200 mètres; mais, sur les bords du Nyassa, elle se relève et atteint peut-être 3.000 mètres. - Ces montagnes jouent un rôle très important . dans l’hydrographie de l'Afrique orientale : elles _ arrêtent une grande partie de la vapeur d’eau pro- venant de l'océan Indien. Le régime des pluies sur la côte est encore mal expliqué. Il y a deux saisons 30 Le long de leurs bords et sur Le flane oriental des montagnes se développe une végétation luxuriante. Baumann décril dans les termes suivants un coin de forêt de l'Ousambara : « Pendant des heures, on circule au milieu des troncs gigantesques, dont les couronnes de feuillage s'épanouissent à une grande hauteur. Autour d’eux serpentent de nombreuses 35 Rûvenzori O U G AIN D A re à £ Ez. er 2 Do - S - LAISE # L.Watrori 7 MDonyo Na 2100 Nerrobi = Wembèré mt aftos 2100 Smtoufiomi \ 25007 . dE = fs Q\U° E | Jgondaæ- Rérngoua ; =) 0 R' PER TAË £ pluvieuses, une grande et une petite; mais elles ne coïncident pas, comme onpourraits’yattendre,avec l’époque où souffle la mousson du nord-est. Quoi qu'il en soit, ces montagnes font certainement l’of- fice de Rene C'est sur leur flanc que prennent naissance le Ouami, le Roufidji, le Ro- . vouma, et, si le Pangani provient du Kilimand- jaro, beaucoup de ses affluents se forment dans les monts de l'Ousambara. Le lit de ces fleuves con- . tient de l'eau toutel’année, mais ils sont embarras- és de rapides, partant peu utiles à la navigation. | : F Fig. 5. — Carte de l'Afrique orientale allemande. | lianes ; sur eux, croissent des plantes parasites aux feuilles brillantes. Des herbes et des broussailles couvrent le sol comme d’un feutre épais, et, dans les éclaircies, elles sont presque infranchissables. La végétation est particulièrement enchanleresse au bord des ruisseaux. Des fougères arborescentes se développent sur les rives, et de fantaisistes lianes aériennes les couvrent en forme de voûte f. » Dans la plaine s'étendent des savanes. Le sol 1 Usambara und seine Nachbargebiele, p. 166-7 630 H. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE est couvert d'herbes hautes d'un mètre, d'où sur- | vane, quelque chose d’insolite. Les porteurs dépo- gissent des arbres isolés ou des bouquets d'arbres. Le paysage donne l'impression d’un immense parc. En certains points apparaissent aussi des steppes où les rivières coulent par inlermittence, où croissent palmiers doum et acacias épineux. Au delà des montagnes commence le plateau qui s’étend sur la plus grande partie de l'Afrique. Jusqu'au Victoria et au Tanganika, sa structure géologique est simple. Aux schistes cristallins du pays des Massaï font suite les granits de l'Ounya- mouési,auxquelssuceèdent de nouveau des schistes cristallins dans la région dite « entre lacs ». Son altitude oscille entre 1.000 et 1.500 mètres aud-essus du niveau de la mer. Sa surface est généralement plane; cependant il s’est produit des affaissements, et des rides se sont dessinées. La plus importante de ces fissures est celle connue sous le nom de « grande faille de l’Afrique orientale ». Elle est ja- lonnée par les lacs Manyara et Natron, puis, au delà des limites de la colonie allemande, par les lacs Rodolphe et Stéphanie et par la dépression de l’Afar, à l'est du plateau abyssin. Elle se poursuit ensuite par le golfe d’Akaba jusqu’à la mer Morte, et forme une des importantes lignes de dislocation de l'écorce terrestre. Le rebord oriental de ce fossé n'apparait plus nettement. Le mont Geleï, le mont Oufiomi en demeurent les seuls vestiges. Au con- traire l’arêle occidentale n’a pas été effacée. Un trait vigoureux et partout visible la dessine, Comme il arrive fréquemment, des manifestations volcaniques se sont produites le long de cette ligne de dislocation. Et sur le bord de la lèvre occidentale de la faille émergent les cônes du Do- ryongaï el du Gouroui. Aux côlés de cette grande fissure s’en sont formées deux autres de dimensions moindres : 4° à l’est la faille du Kilimandjaro, que suit la vallée supé- rieure du Pangani et sur le bord de laquelle s'élève le massif d’où on l’a nommée; 2° à l’ouest la faille Wembéré, en partie occupée par le lac Eiassi. Les contours de cette faille Wembéré sont très accusés. Au nord, son rebord estextrêémement abrupt. Bau- mann resla stupéfail le jour où il découvrit cette échancrure du plateau. La simplicité de son récit témoigne de l'intensité de son impression : « Le 23 mars (1892), au matin, nous nous avancions sur le plateau froid et brumeux de Nei- robi, toujours à travers ces belles prairies dont le sol gras est profondément sillonné par des sen- tiers à bétail. À notre gauche s’élevaient.des émi- nences gazonnées. Le pays élait beau et riche, mais les collines herbeuses se succédant sans fin lui donnaient un aspect monotone. En tous cas, rien ne faisail prévoir un changement. « Tout à coup, je remarquai, à la tête de la cara- saient leurs charges et, de leurs gestes, ils mon- traient le sud.Je me dirigeai rapidement vers eux et ne pus relenir un eri d'étonnement lorsque je fus arrivé sur la colline. À nos pieds s'élendait une extraordinaire fissure avec des parois abruptes el rocheuses, une faille au sens géologique, où l’on voyait littéralement qu'un morceau du plateau avait glissé de 1000 mètres. Sur le plafond de cette faille s’'étendait un lac bleu (l'Eiassi), entouré de rives de sable et se confondant au sud avec l'ho- rizon !. » Ce plateau est médiocrement arrosé. Il y pleut tous les ans, mais en petile quantité. Seules les par- lies les plus élevées du bord occidental de la grande faille reçoivent beaucoup d’eau. Il ne faut pas en- core songer à évaluer ces précipitalions en chiffres. Dans l’ordre des découvertes géographiques, ce sont toujours les observations météorologiques qui sont faites les dernières. On sait déjà, cependant, qu'il n'y a pas deux saisons pluvieuses, comme sur la côte, mais une seule. Comme tous ceux des régions tropicales, les fleuves du plateau varient beaucoup de volume selon les saisons. Mais les différences qui se mani- festentdanslesautres, à l’époque sècheelàl'époque humide, sont encore bien plus fortement accusées dans ceux-ci. Pendant la saison sèche, l’eau ne continue à courir que dans le chenal de quelques- uns d’entre eux, tels que le Mlagarasi, qui aboutit au Tanganika, le Roubana, le Mara, qui se jettent dans le lac Victoria, et dans les petits torrents qui alimentent le lac Manyara. Sans doute, ils s'ap- pauvrissent, mais ils restent, au sens propre du mot, des cours d'eau. Les autres se transforment, pour la plupart, en un chapelet de lacs, où se réfu- gient hippopotames, crocodiles et poissons. Dans les terrains d’alluvion, qui forment d'étroites bandes au sud du Victoria, ou s'étalent au sud de l'Eiassi, il y en a même qui se dessèchent complè- tement. Le lit du fleuve témoigne seul de son exis- tence. Il faut creuser le sol pour trouver de l'eau. li existe au Sahara de semblables fleuves souler- rains. Au pied de l'Atlas, « l'oued el Arab, l’oued Abiod, l'oued Djedi, renferment toute l'année, sous terre, un filet d'eau excellente, qui alimente une partie des oasis du Zab ? ». Dans certaines régions tropicales de l'Afrique, il y a donc des rivières analogues aux ouadi saha- riennes. Ce n'est pas là une des observations les moins curieuses faites par les explorateurs. Pendant la saison humide, l'aspect du pays change complètement le Mlagarasi, le Mara gonflent el inondent leurs rives. Le Mara à été 1 Durch Massailand zur Nilquelle, p. 34. 2 A SoniRMER, Le Sahara, p. 172. vu à deux différentes époques de l’année, en jan- vier (1886) par Fischer, en mai (1892) par Bau- mann. Dans le premier cas il contenait « un peu d'eau couleur d'argile dans un lit profond et large ». Dans le second, «il inondait ses rives et était diffi- cile à passer ». Les marais, tronçons de fleuves . séparés les uns des autres et comme égrenés pen- dant la saison sèche, s'unissent et se transforment _ en véritables cours d’eau. De l’eau coule dans les _ gouttières habituellement desséchées. Les lacs qu'alimentent quelques-unes de ces rivières, subissent des fluctuations analogues. Lors de la sécheresse, l’Eiassi et le Manyara baissent _ coùsidérablement. Réciproquement l’Eiassi inonde de grandes surfaces à l’époque: des pluies. La composition des roches formantle plateau a vraisemblablement une influence marquée sur ce régime. Ce n’est pas la règle dans les régions tro- picales : l'hydrographie y est souvent indépendante de la géologie. Les plantes vivantes, les détritus de végétaux accumulés, forment une véritable cou- verture. Sous celle masse spongieuse qui arrête l’eau, il importe peu que les roches soient ou non perméables, Mais le plateau Massai-Ounyamouési est, sinon complètement dénudé, au moins couvert d'une végétation assez maigre. Sur les parties élevées s'étendent de grasses prairies, et même, par places, des lambeaux de forêts tropicales. Mais, généralement, c’est une végélation de steppe qui domine, caractérisée par des acacias à l’est el des Cæsalpiniacées à l’ouest. Ici donc, la nature minéralogique du sol n’est pas indifférente. Or le plateau Massaï-Ounyamouési est composé surtout de roches imperméables. L'eau tombe, coule vers les dépressions, s'accumule dans les cuvettes. Une très petite quantité s’infillre dans le sous-sol. Les sources sont de faible débit. Les voyageurs souffrent de leur absence : « Pen- dant la sécheresse, l’Ounyamouési n’est guère plus facile à traverser que la steppe Massaï. Les sources donnent de l’eau mauvaise et en petite quantité. Dans les solitudes qui s'étendent entre les villages, il faut souvent, au campement, se passer d'eau !, » Rien ne vient donc atténuer pendant la saison sèche les terribles effets de l’évaporation. Ainsis’expliquentles écarts de niveau que subissent rivières et lacs aux différentes époques de l’année. La partie de l'Afrique orientale allemande située entre la rive occidentale du lac Victoria d’une part, l'extrémité nord du Tanganika, et le lac Kivou d'autre part, est de beaucoup la moins bien connue. Les renseignements recueillis sur l’orographie et le climat de cette contrée sont peu nombreux et contradictoires. On sait cependant qu'elle est tra- versée par une grande rivière, la Kagéra, qui doit 1 Baumanx, Durch Massailand, etc., p. 143. H, DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE 631 retenir l'attention, à cause de certaines particu- larités de son régime et de son rôle dans l’hydro- graphie générale de l'Afrique. Le caractère singulier des affluents de la Kagéra, c'est de former un type hydrographique intermé- diaire entre l’eau courante et le lac, d'être, d'un mot qu'il faut créer, des rivières-marais. Chaque vallée se compose d’une succession de gradins. Chaque bief est occupé par un marais couvert de papyrus et séparé du précédent et du suivant par une ou plusieurs marches. L'eau suinte lentement au travers du réseau végétal, arrive au rapide, le franchit avec fracas, puis continue à s’écouler len- tement dans le marais inférieur. Celte forme hydrographique parait d’ailleurs commune à tout le plateau « d’entre lacs ». Le capi- taine Lugard— cet officier anglais sans scrupules qui, le 30 janvier 1892, mitrailla nos malheureux missionnaires de l’Ouganda — a aussi décrit ces rivières-marais vaseuses, couvertes de papyrus, et qui s’élalent paresseusement!. La Kagéra offre encore un autre intérêt. Elle représente le Nil sous sa forme primitive. Le Nil blanc résulte de la conjonction de trois groupes de cours d’eau : le premier formé par les rivières qui se jettent dans le lac Victoria, le second de celles qui aboutissent au lac Albert et dont la Semliki est de beaucoup la principale, le troisième de celles qui se réunissent dans Le Bahr el Ghasal. Or, la source d'aucun de ces cours d’eau n’est aussi éloignée du Delta que celle de la Kagéra. La source du Nil se confond donc avec la sienne. Le 19 septembre 1892, Baumann a vu le confluent de deux pelits ruisseaux dont la réunion forme la Kagéra. La montagne de près de 3.000 mètres de hauteur où ils prennent naissance, porte le nom de Misosi ya Mouesi, ce qui signifie Monts de la Lune. Le Nil viendrait donc bien des monts de la Lune. Il serait piquant que les explorations mo- dernes aient ainsi parfaitement confirmé une des hypothèses des anciens géographes. Il ne faudrait cependant pas exagérer l’impor- tance de celte découverte. Elle n’est pas compa- rable à celle de Speke. Baumann n’a pas donné la solution d'un grand problème géographique, comme le fil Speke en 1860. Néanmoins, il est inté- ressant de connaitre le pointinitial de cet immense fleuve qui se développe sur une longueur de 35 de- grés et sous les formes les plus variées: rivière marécageuse d’abord, puis fleuve torrentiel dans une parlie de l'ancienne province équatoriale, fleuve de plaine ensuite, et, enfin, pendant sa tra- versée du désert, grandiose oued saharienne dans laquelle se mirent les bouquets de palmiers. PE DER De D RSR ER Se 1 Cap. Lucar», The rise of our Eusl African Empire, t. U, p- 118. 632 H. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE IV. — TRAVAUX DIVERS. Dans son ouvrage intitulé les Pyrénées", M.Trutat a mis habilement à profit les travaux des géologues. L’Apereu de la structure géologique des Pyrénées, de MM. de Margerie et Schrader, lui a notamment rendu grand service. Mais il a, en outre, tenu à faire œuvre de géographe. Il y a réussi, comme le prou- vent ses chapitres sur les phénomènes de l'atmos- phère, la flore, la faune et l’homme. La connaissance des pays d'Europe, ZLéender- kunde von Europa, cette encyclopédie à laquelle collaborent, sous la direction d'A. Kirchhoff, les géographes les plus distingués de l'Allemagne et de l'Autriche, vient de s'enrichir d’un nouveau volume ?. Il est divisé en deux parties de Ion- gueur très inégale. Dans la première (60 pages), M. P. Lehmann traite de la Æowmanie, étude con- cise, mais nerveuse. La seconde, beaucoup plus développée, a pour sujet les Péninsules méridionales de l'Europe. Elle est signée de M. Théobald Fischer et bien telle qu'on devait l’attendre d'un homme à qui le monde méditerranéen est si familier. Cette collection contenait déjà d'excellentes études, celle de Fr. Hahn sur la France, les Iles Britan- niques et la Scandinavie, par exemple. Le nouveau volume est digne des précédents. L'exploralion de beaucoup la plus importante, accomplie l'année dernière en Afrique, est celle du comte von Gætlzen et du D' von Preltwitz. Ces deux voyageurs ont traversé l'Afrique de l'est à l'ouest, de Pangani à l'embouchure du Congo. Ils ont découvert entre les lacs Albert-Edouard et Tanganika : un volcan en activité, le Kirunga, etun nouveau grand lac, le Kivou. En outre, l'itinéraire de MM. von Gœtzen et von Prettwitz coupe la con- trée, longue de 700 kilomètres, qui s’étend de l’Aroubhimi à la Loukouga, et que jamais Euro- péen n'avait traversée avant eux. On n'a encore sur celte exploralion que des renseignements très brefs, mais ils suffisent à prouver son intérêt; et il y aura cerlainement lieu d’y revenir. M. Marcel Monnier a publié le récit du voyage accompli par la Commission française de délimi- tation dans l'arrière-pays de la Côte d'Ivoire : c'est une contribution à la connaissance des pays du golfe de Guinée *. M. Paulitschke, déjà connu avantageusement par ses travaux sur le Soudan, a fait parailre une élude ethnographique sur les peuples de la Corne de l'Afrique, Danakil, Galla, Somali {. bonne 1 Paris, J.-B. Bailière, 1893. 2 Lænderkunde von Europa, herausgegeben unter fach- mænnischer Milwirkung, von Alfred Kircanorr. 2er Band, 5er Hællte. Vienne, Prague, Leipzig, 1893. 3 Mission Binger, France Noire (Côte d'Ivoire et Soudan). Paris, Plon, 1894. 1 Elhinographie Nord-Ost Afrikas. Berlin, 1893. M. Wauters a essayé de faire la synthèse des faits connus, relatifs à l’orographie du Congo. Sa brochure « Ze Relief du bassin du Congoet la genèse du fleuve » ! constitue une tentative intéressante. Ses vues sur les rapports entre le fleuve et les quatre lacs du bassin supérieur, — dont deux, Tanganika et Moero, existent encore, et deux. Djuo et Kinialla, se sont desséchés, — sont origi- nales. Parmi les ouvrages relatifs à l'Asie, nous cite- rons les suivants : une bonne monographie de M. C. Imbault- Huart sur r //e Formose ?; une étude de M. Naumann sur l'Orographie du Japon ? ; V Irri- gation en Asie centrale de M. Henri Moser; la publi- cation des Pésulluts scientifiques du voyage accompli par le comte Szechenyi dans l'Asie orientale de 1877 à 1880 ‘. M. A. Baslian a terminé l'étude ethnographique qu'il avait commencée depuis plusieurs années sur les Zles de l'Archipel Malais *. En donnant comme esquisse son intéressant lra- vail sur la géographie physique et économique de l'État de Californie, M. Hilgard a fait preuve d’une modestie exagérée. L'ouvrage © tient plus que ne promet le titre. Un collaborateur de la-Aevue, M. Jean Brunhes, a exposé, dans une étude très solidement docu- mentée, les eflorts tentés aux États-Unis pour mettre en valeur la région dite aride, qui s'étend à l’ouest, depuis la zone des prairies jusqu'à la bor- dure littorale du Pacifique *. M. Ratzel a publié une nouvelle édition du second volume de son grand ouvrage sur Îles États-Unis $. Les races, l'expansion et l'accrois- sement de la population, les questions écono- miques, le gouvernement, l’église et l'école, la vicintellectuelle, lasociélé : telles sont les divisions de ce volume. Avant de devenir l’ardent et fécond professeur de l'Université de Leipzig qu'il est maintenant, M. Ratzel a, dans sa jeunesse, lon- guement séjourné aux États-Unis. Nul n’est plus qualifié que lui pour en suivre les rapides et cons- tantes transformations. Henri Dehérain. 1 Articles parus dans le Mouvement géographique, puis réunis en brochure. Bruxelles, 1894. 2 Paris, in-4°, Leroux, 1893. 3 Naumanx, Neue Beilräge zur Geologie und Geographie Japans. Petermanns Mrrreis. Ezgz. N° 108. 1893. 4 Die wissenschaftlichen Ergebnisse der Reise des Grafen Bela Szechenyi in Osl Asien. Vienne, 1893. » Indonesien oder die Inseln des Malayischen Archipels. Berlin, 1894. 5 Skizze der physikalischen und industriellen Geographie Californiens. Verhandlungen Gesell. Erdkunde. Berlin, 1893. Nos 2 et 3. 7 Les urrigalions dans la « Région aride » des Elats-Unis. Ann. Géographie. IV, pp. 12-29. 8 Die Vereiniglen Slaalen von Amerika. 2er Band. Poli tische und Wirtschaftliche Geographie. Munich, 1893. LC A A FN # Les N} D LONETI Alone F1 4 | pi Yet NT VAE À AU VI ENTER ML UT TRS EE Pb Wir E |A TOUR PAST ET ai NAS DAME |A 10, Mk iiu MELLE PETITE hi $ pet, did 1h Te tion n A, | PL l'E Ci “RE PTE UE s#hnitel Le ro Mt Du wérttrest À Am RTL LIL EIRE 1 me é : LA ANT LLCITE ENT 3 VND EE ALLER De Et #4 an ET re ; >): i DS T4 F * £ = s TIR ZETIE ZETYU Si HN LE © 5 s TREUNIL LE Fig. 4. — Æyayment de lx bande pelliculaire positive qui passe dans le Cinémalographe. Article de M. Gay sur le Cinématographe de MM. A. et L. Lumière (page 633). REVUE GENÉRALE DES SCIENGES PURES ET APPLIQUÉES, numéro du 30 juillet 18935 (page 633). EE ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES à ACTUALITES SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES LE CINÉMATOGRAPHE DE MM, AUGUSTE ET LOUIS LUMIÈRE Le problème qu'ont résolu MM. A. et L. Lumière par l'invention de leur Cinématographe est celui-ci : prendre d'une scène animée un nombre très grand de photographies à des mtervalles excessivement rappro- chés ; tirer de ces négatifs autant de positifs, enfin pro- jeter ceux-ci sur un écran, en faisant que les images se succèdent exactement à la même place et selon des intervalles de temps égaux à ceux qui ont séparé les poses. La durée de pose de chaque cliché est de 1 à 7 de seconde. On prend une photographie de celte sorte à chaque = de seconde, Le épreuves obtenues est de 900 par minute. Il s’agit, les positifs étant tirés, de les projeter dans les conditions que nous venons de dire. Ce problème renferme de nombreuses difficultés qui ont pendant longtemps déjoué les efforts des chercheurs : le Ciné- matographe, qui les a toutes vaincues, est merveilleux de précision et de simplicité. Aussitôt que la photographie eut fait assez de pro- urès pour devenir instantanée, les savants songèrent à l’employer dans le but de fixer des scènes fugitives qu'ils pourraientensuite étudier longuementet méditer ; c'est ainsi qu'en 1874, M. Janssen se servit de son revolver photographique pour l'observation du passage de Vénus sur le Soleil; M. Muybridge, de San Fran- cisco obtint, vers la même époque, des séries de photo- graphies d’un objet en mouvement, prises au moyen de - 40 chambres noires munies d’objectifs dont les obtu- rateurs étaient déclenchés électriquement à des inter- valles convenables. Depuis cette époque, M. Marey a constamment utilisé la chronophotographie pour étudier la locomotion animale, le vol des oiseaux et divers phénomènes physiologiques. On sait qu'il a imaginé dans ce but un grand nombre de dispositifs fort ingénieux qui ont fait de cette branche de la pho- nombre des - tographie un très précieux auxiliaire des sciences. Parmi les travaux les plus importants dirigés dans le même sens, nous devons citer ceux de MM. Anschutz, général Sébert, Démény, Londe, etc. Tous ces auteurs se sont généralement attachés à produire des épreuves successives, en nombre relativement restreint, for- mant une décomposition, une analyse du mouvement et destinées à ètre étudiées séparément ou comparées les unes aux autres. On considérait, et avec raison, comme un problème dont la solution était encore loin- taine,la reconstitution, la synthèse de ce même mouve- . ment, Les tentatives faites danscesens par quelques-uns des expérimentateurs cités plus häut consistaient seu- lement dans la recomposition de 25 à 30 épreuves. Tout récemment, on a vu arriver d'Amérique des appareils qu'Edison à appelés Kinéloscopes et qui montrent à des spectateurs isolés de longues séries d’é- preuves se succédant à des intervalles très courts, réa- lisant ainsi cette synthèse. On voit de petites scènes animées fort curieuses et durant une demi-minute environ. Mais la bande pelliculaire sur laquelle ces scènes sont prises, étant animée d’un mouvement con- tinu, chaque épreuve, pour donner une impression nette, ne doit être vue que pendant un temps très cour! : il est d'environ un sept-millième de seconde. Dans ces conditions, l'éclairement est extrêmement faible ; un objectif très lumineux est nécessaire, les Scènes n’ont que peu de profondeur et se déroulent devant un fond noir; il faut au moins trente épreuves par seconde pour donner sur la rétine une impression continue. Le cinématographe n’a pas ces inconvénients : il permet d’abaisser le nombre des épreuves à quinze par seconde, de montrer à toute une assemblée, en les proje- tant sur un écran, des scènes animées durant près d’une minute; la profondeur sous laqueile on peut saisir des objets mobiles n'est plus limitée et l’on arrive à représenter le mouvement des rues, des places publiques, d'une facon absolument saisissante de vérité. MM. Lumière, avec une bonne grâce dont nous les re- mercions sincèrement, nous ont mis leur appareil entre les mains et nous ont donné toutes les explications que nous avons demandées. Supposons obtenue — et nous verrons tout à l'heure par quels procédés — la bande pelliculaire positive (fig. 1, Planche ci-jointe) sur laquelle les images se présentent sous l’aspect d'une pholographie ordinaire, les tons clairs étant représentés par des Lons clairs, et les tons sombres par des tons sombres. Celle bande a 15 mètres de long ou plus, et 3 c. m. de large environ. Des deux côtés sont percés des trous équidistants cor- respondant à chaque image. Les aiverses épreuves — obtenues à des intervalles de un quinzième de seconde — sont rigoureusement semblables, c’esi-à-dire que, si l'on superpose deux images quelconques, les parties représentant des objets immobiles viennent coïncider exactement, et que les parties représentant des objets mobiles ont des positions dont la différence représente le mouvement accompli entre les moments où ont été tirées les deux épreuves. Celle bande P, enroulée sur elle-même (fig. 2 et fig. 3), et enfermée dans une boîte B placée au-dessus du cinémalographe, est soutenue par une petite tige mélallique 8 (lis. 2). Elle sort par une ouverture y, descend verticalement, contourne une gorge G, remonte, passe au-dessus d’une tige < et va s’enrouler autour d'une {roisième tige T. Le mouvement de la bande est obtenu au moyen d'une manivelle M qui, par l'intermédiaire d’un système de multiplication, commande un arbre w, (représenté par une simple ligne horizontale dans la figure 2 et vu en bout dans les figures 3 et #). Sur cet arbre sont fixés : un système de renvois qui fit tourner la tige T (fig. 2), un excentrique triangulaire G (lig. 2, 3et 4), un tambour V (fig. 2et 3), un double disque D, d(fig..2et 3). | s Les détails du mouvement de l’excentrique C qui conduit un cadre L (fig. 3, 4, 5; sont donnés par la figure 5. Si cet excentrique comprend deux por- tions wu,, vu, de circonférence de cerele raccordées par des courbes convenables, pendant le temps qu'il passera de la position 4 à la position ?, le cadre L restera immobile, puisque la distance du point w. aux deux côtés horizontaux est invariable; à partir de la position ?, lecadre descend,ainsiquele montrelalizure3. Puis, pendantletempsquelarc de cercle y, pv, metlra à glisser le loug du côté horizontal inferieur, L restera de nouveau immobile pour remonter ensuite. D'autre part, en choisissant convenablement les courbes de raccord pu, etu, um, on comprend que l’on puisse faire en sorie que le mouvement du cadre salislasse à des conditions déterminées d'avance, par exemple que la vitesse, en partant de zéro, augmeute très progressi- vemeni pour s'éteindre ensuite de même. Le cadre L porte deux dents & et x (fig. 2 et fig. 3, dans la fig. 2, la dent « est seule visible) qui sont susceptibles d’un mouvement de va-et-vient suivant une direclion per- pendiculaire au plan de ce cadre qui leur est commu- 634% niqué par deux rampes RR portées par le tambour V. Cela dit, nous allons pouvoir suivre ce qui se passe pendant une révolution de l'arbre w (fig. 2, 3, 4 et 5). Le cadre L arrive à sa position inférieure et devient immobile ; les dents « et 4 sont enfoncées dans deux trous de la pellicule situés sur la même ligne horizon- tale ; mais la rampe R commence à les ramener vers le & CL TP re 77/71) LODTIIIIIIIT LIT ITETR À "MU DD DOM MM " Fig. 2. — Coupe longitudinale du cinémalographe. P, pellicule se déroulant. — B, petite boite placée au-dessus du cinématographe. — 6, tige de fer soutenant la bande P. — y, ouverture de sortie de la pellicule. — G, gorge guide de 1 pellicule. — €, tige guide la pellicule. —°T, tige sur laquelle vient s'enrouler la pellicule. — M, manivelle mo- ttice. — w, arbre de rotation. — C, excentrique triangu- laire. — V, tambour, — D, double disque, — E, O, ouver- tures servant au passage des rayons lumineux. — +, dent du radre mobile, — 5, ouverture servant au passage de la pellicule avant son enroulement. — B', boîte dans laquelle la pellicule vient s'enrouler, — R, R, rampes portées par le tambour V. — H, ouverture servant au passage de la pellicule négative lors du tirage de la positive. — L'appa- reil repose sur un trépied quelconque. tambour V de sorte qu'ils sont complètement dégagés au moment où le cadre L commence son mouvement vers le haut, Ce mouvement est tel que le cadre se déplace exactement de la quantité qui sépare deux trous, 3 el 4 par exemple, de la figure {, de sorte qu'au moment où 11 s’arrêle dans sa position supérieure, les dents sont rigoureusement en regard des deux trous im- médiatement placés au-dessus de ceux qu’elles viennent de quitter. Pendant la nouvelle période d’immobilité, ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES la seconde rampe R pousse les dents dans ces trqus, de sorte qu’à la descente elles entraînent la pellicule. Le à tambour P cède à la tension et se déroule; le tambour P' (fig. 2), sollicité par la rotation de la tige T, s'en-® « Fig. 3. — Coupe transversale et verticale (oplique). P, pellicule se déroulant ; B, petite boite placée au-dessus du Cinématographe; {, trou latéral de la pellicule; M, mani- velle motrice ; w, arbre de rotation: €, excentrique trian- gulaire; V, tambour. — D, 4, doubles disques. — E, ou- verture servant au passage des rayons lumineux. — I, cadre mobile conduit par l'excentrique. — #, @/, dents por- tées par le cadre mobile (position inférieure) ; — &1, & dents (position supérieure). — A, chemin parcouru par l’une des dents. — R, R, rampes portées par le tambour V. — L'ap- pareil repose sur un trépied quelconque. S roule, et, lorsqu'à l’immobilité suivante du cadre L les dents & et « quitteront encorela pellicule, une épreuve aura succédé à l'épreuve précédente devant l'ouver- ture E (fig. 2 et 3),sitvée sur le trajet des rayons qui les projeltent sur l'écran, Tous ces mouvements. si longs à expliquer, s’accomplissent dans l'exemple que nous avons pris au début de cet article en un quin- zième de seconde. Un nouveau tour de l'arbre w amè- nera une nouvelle épreuve, et ainsi de suile, à raison de 900 épreuves par minute. On se représente facile- ment Ja précision qu'il a fallu mettre dans la cons- truclion de l’appareil pour que, dans tous ces mouve- -ments, la bande pelliculaire pourtant si délicate et qui doit pouvoir servir un grand nombre de fois, reste ab- _solument intacte. Dans ce but, la vitesse de départ et la vitesse d'arrêt des dents, solidaires du cadre L, sont aussi progressives que possible ; le mouvement en ar- rière ou en avant de ces mêmes dents ne commence qu'après l’arrèt absolu de la pellicule afin de ne pas en détériorer les trous; enfin celle-ci, avant de s enrouler Sur elle-même en P’, passe par la tige supérieure e (fig. 2). Fig. 4. — Détails de l'excentrique el du cadre. d w, arbre de rotation. — C, excentrique. — L, cadre. Voici la raison de cette disposition : lorsque la pelli- -cule s'arrête, la tige T qui continue à tourner tend à — l'entrainer et produit un effortde traction qui est d’au- fant moins violent — la pratique l’a démontré — qu'il S’exerce suivant une tangente plus rapprochée de l'ho- rizontale. On s’est arrangé de manière que la tangente ‘Au tambour P’ issue de < et donnant à peu près la di- rection suivie par la pellicule soit horizontale à la fin ‘de l’enroulement, c’est-à-dire lorsque la masse, succes- “sivement arrêtée et mise en mouvement, est la plus #rande, Pendant l’immobilité de la pellicule, une pe- tite plaque placée près de Eet moin- fa | tenue par un léger | Celle-ci reste donc immobile pendant les 2/3 du temps; elle emploie le dernier tiers à descendre. Que les rayons lumineux arrivent sur l'écran pendant les périodes d’immobilité, c’est parfait; mais s’ils-y arri- vaient aussi pendant les périodes de mouvement, à l’image fixe se mêleraient des impressions dues à la descente de cette même image; il en résulterait des trainées lumineuses correspondant aux parties clai- res. IL faut, par conséquent, que les rayons lumineux soient masqués pendant le dernier tiers du temps. C'est le rôle du double disque D, d, (fig. 2 et 3) fixé Ini aussi sur l'arbre, ainsi que nous l'avons dit. Il se compose de deux segments de cercle 4 w b, c w e (fig. 6) super- posés et pouvant glisser l’un sur l’autre de manière à présenter un vide & w e variable à volonté. Tout le temps que les parties pleines du disque passeront devant l'ouverture E (fig. 2 et 3), les rayons projetants seront interceptés et n'arriveront pas à l'écran, On fait l’angle a c b e (fig. 6) égal à 1209 et on s’arrange de manière que ce disque commence à passer devant l'ou- verture E au moment précis où la pellicule prend son mouvement de descente. De la sorte ne sont projetées sur l'écran que des épreuves immobiles se succédant, œ ( [2 er segment isolé d e LT} 2e segment isolé segments réunis Fig. 6. — Détails du double segment D, d. par exemple, au nombre de 900 par minute. A cause de la persistence des impressions lumineuses sur la rétine, l'œil n’apercoit pas du tout les noirs qui séparent chaque projection, êt, d'autre part, la lumière passant pendant les deux tiers du temps total, on n’a pas besoin d'un éelairement particulièrement fort, La résultante des impressions successives sur l’œil est une image saisissante de réalité où les différences entre les épreuves, différences dues au mouvement des person- nages ou des objets pendant la pose, se traduisent par a l'illusion complète d'unmouvement de la part des person- 2 CEST - a | % red | Lee | ] > ressort(cetteplaque | x ee | | AC {t M \s | Deper ras objets -etceressortnesont L TS Peel Val : | | A 2 je (ne pi RS me cs est dE ee HP PRE (E | expliquer comment he a) Fo DATE EE on obtientl’épreuve » pêche de céder à la ques FOR pe opt faible traction due 2. Res De ET négative et com- ; ’ t de T Position 1 Position 2, S ment Ha er HG a 4 posent 2 Fis. 3. — Posilions diverses de l’excentrique pendant son mouvement de positive. Pour la n ue rotalion. — Le sens de rotation est indiqué par la flèche. — C, excentrique; première opéra - angle uwu,(Üg.5) Rp AE CARRE tion, on enroule la courbe y, u, corresponde parconséquent à une rota- tion de 120, nous pouvons, en commençant comme fout “à l'heure au moment oùlecadre L arrive à sa position inférieure, distinguer les périodés suivantes dans un . tour de l'arbre w : k {ro Période. — Rotation de 60°. — Le cadre L est “immobile ainsi que la pellicule, les dents abandonnent . celle-ci. …. 9e Période. — Rotation de 120°. — Le cadre L se “meut de bas en haut, la pellicule est immobile. 3e Période. — Rotation de 60°. — Le cadre L est immobile ainsi que la pellicule; les dents saisissent celle-ci. 3 &e Période, — Rotation de 120. — Le cadre L se meut de haut en bas entraînant la pellicule. sur latige 6 (fig. 2) une pellicule sensible, et une chambre noire rem- place devant l'ouverture E la lanterne fournissant les rayons lumineux de l'expérience précédente. Les mouvements des organes sont les mêmes que ceux que nous venons de déerire. On prend par suite 900 photo- graphies instantanées successives d’une même scène. La seule différence est qu'on diminue l’espace vide laissé par le double disque D d (fig. 2, 3, 6). IL est inu- tile, en effet, il serait même nuisible que l'ouverture E (fig. 2 et 3) restàt démasquée pendant un temps supé- rieur à celui qui est nécessaire à l’obtention de l'épreuve. La boîte B' (lig. 2), dans laquelle s’enroule la pellicule, est soigneusement close, Pour former une épreuve posilive, on place sur le cinématograpke une boîte B (fig. 7) pouvant contenir 636 deux rouleaux P et P’. P est l'épreuve négative; P"une pellicule sensible qui va s’enrouler en P° comme dans les premières expériences, tandis qu’au contraire P, pouvant saus inconvénient être exposé à l’air, s'échappe à l'extérieur par une ouverture D. Le mouvement simul- — Disposition adoplée pour le tirage des posilifs. JC À P!', bande positive. — P, bande négative. — B, boîte conte- nant la bande positive et la bande négative avant le dérou- lement. — E, ouverture devant laquelle passent les diffé- rentes parties de la bande sensible et où elles sont sou- mises à l'action des rayons lumineux. — O, ouverture pratiquée dans la boîte contenant le cinématographe. — G, gorge servant de guide à la bande positive. — P', bande positive après son enroulement. — D, ouverture par la- quelle sort la bande négative. tané des deux pellicules superposées s'obtient absolu- ment de la même facon que nous obtenions tout à l'heure celui d’une seule. La lanterne est ici suppri- mée comme dans le cas précédent et l'ouverture E est éclairée par des rayons directs. Tel est dans ses détails l'appareil de MM. Lumière. On voit parfaitement quel auxiliaire précieux il sera dans l'étude des mouvements. Non seulement nous pos- sédons le moyen de saisir ceux ci pendant leurs diverses périodes; mais nous sommes en mesure de les recomposer en faisant varier à volonté leur vitesse, l'arbre moteur étant entraîné à la main. Ils seront ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES lents, très lents, si nous le désirons, de manière qu'aucun détail ne nous échappe; puis, dans les repro- . ductions suivantes ils s’accéléreront de plus en plus, si nous le désirons, jusqu'à la vitesse normale. Nous aurons alors la reproduction absolument parfaite des mouvements réels, Et si quelque lecteur était tenté de. croire que nous exagérons en parlant de perfection, nous en appellerions au jugement de la nombreuse assemblée qui, le 11 juillet dernier, à la Revue générale des Sciences, a si chaleuresement applaudi l’un des in. venteurs, alors qu'il montrait son appareil etles résul: tats qu'il en obtient. pi Ces résultats, les voici : Le cinématographe étant éclairé à la lumière électrique au moyen d’une lan- terne Molteni, ses images étaient projetées sur un écran : éloigné de 5 mètres. Cet écran était constitué par une” toile fine et transparente, tendue dans l’embrasure d'une porte séparant deux salons. Dans l’un les spec- tateurs voyaient les images par réflexion; dans l’autre ces mêmes images apparaissaient avec la même netteté, mais par transparence. L’obseurité ayant été faite dans les deux pièces, voici quelques-unes des scènes qui se. sont successivement déroulées sous les yeux de l’as- sistance : | Ce fut d’abord une séance de voltige exécutée par des cuirassiers avec toute la maestria des soldats de cette arme; puis une brimade dans une ca- serne, l'incendie d’une maison où l'on vit succes-. sivement les flammes gagner l'édifice, la fumée obscurcir le ciel, les pompiers arriver, asperger le bâtiment embrasé et parvenir enfin à éteindre le feu. Des forgerons, qui semblaient en chair et en os, se livrèrent ensuite à l'exercice de leur métier; on voyait le fer rougir au feu, s’allonger à mesure qu’ils le bat- taient, produire, quand ils le plongeaient dans l’eau, … un nuage de vapeur qui.s’élevait lentement dans Pair et qu'un coup de vent vint chasser tout d’un coup. C'était, suivant le mot de Fonteelle, la nature même prise sur le fait. Une vue de Lyon, la place des Cordeliers, ne suscita pas moins l’admiration : piétons allant et venant, pas- sant dans la rue, entrant dans les boutiques, tramways, liacres, élégantes victorias ou grosses voitures faisant le service des maisons de commerce, circulant en tous sens, Ainsi transportés à Lyon, nous y vimes de la même facon les ouvriers et ouvrières de MM. Lumière sortant de leurs ateliers à midi, les filleltes se garant des voitures et des bicyclistes, courant isolées ou par groupes, toutes joyeuses de se senlir, pour un temps, rendues au gai bavardage et à la liberté. Une petite fille, représentée en grandeur naturelle, obtint un succès particulier, Elle dinait en plein air à. côté de ses parents, qui la faisaient manger. Rien de plus curieux que ces petites mines de l'enfant heu- reuse, savourant avec toutes les grâces de son âge les. friandises que son père lui offrait et rabattant de ses petites mains sa bavette soulevée par le vent. Le même bébé réjouit encore l'assistance en essayant, mais vai- nement, d'attraper à l’aide d’une cuiller des poissons contenus dans un bocal de verre, Mais à quoi bon prolonger ces descriptions? Ceux qui n'ont pas eu la bonne fortune d'assister à ce spectacle, dont la Revue générale des Sciences a offert la primeur à ses collabo- rateurs et amis, se représenteront diflicilement qu'on puisse atteindre à une telle perfection et donner à ce point la sensation saisissante du mouvement réel et de la vie, A. GAY, Ancien élève de l'Ecole Polytechnique 1° Sciences mathématiques. orel (Emile), Ancien Elève de l'Ecole Normale Supé- rieure. — Sur quelques points de la Théorie des Fonctions. Thèse pour le Doctorat de la Faculté des » Sciences de Paris. —1 vol. in-8° de 47 pages. Gauthier- - Villars et fils, imprimeurs-libraires, Paris, 1895. Quoique la thèse soit courte, M. Borel (et c’est son #rand mérile) remue beaucoup d'idées, soulève beau- oup de questions, dont il résout quelques-unes, mais lont la plupart ne se laisseront probablement pas ré- soudre de sitôt. Le but est de montrer que dans l'étude es fonctions transcendantes uniformes il y a place, non seulement pour le procédé classique (développe- ment taylorien et « continuation » des séries), mais _ encore pour d'autres méthodes capables de devenir fé- condes., Sont introduites des fonctions de la variable complexe z : n—SO Ie > An (5) = ——— — La (z — an)" n=1 mn = entier positif, limité. La série représentera, par définition, la même fonc- ‘tion pour toutes les valeurs de z où la convergence subsistera. Non seulement la définition n’est pas une tautologie (car une même expression analytique peut représenter des fonctions différentes, suivant les régions du plan - où voyage la variable complexe), mais même elle donne -malière à une certaine polémique. Le fait est que le - plan est découpé en deux zones par une ligne L «.sin- sulière essentielle » qu'on ne peut franchir en « con- hHinuant» les séries tayloriennes. Or, M. Poincaré a construit deux fonclions « continuables » dont la somme se confond de part et d'autre de L, avec deux fonctions différentes, admettant L pour ligne singulière essentielle, mais d’ailleurs choisies arbitrairement à lavance. Prolonger une fonction au delà d’une ligne ingulière essentielle, semble ainsi une locution vide de sens. Afin de lever l'objection, M. Borel signale quelle obscurité entraine pour la notion d’uniformité la présence d’une ligne L. La simple addition modifie Vuniformité : car on obtient quelquefois une fonction uniforme en ajoutant à une fonclion uniforme une autre qui ne l’est pas. … Quoi qu'il en soit, voici quelques propriétés de + (z): Deux points du plan peuvent être réunis par une in- finité non dénombrable de courbes C telles que, sur chacune, + (z) et K. des premières dérivées sont conti- nues. Quelquefois Kest infini. On peut aussi intégrer 2 (z) le long de C. Moyennant certaines conditions, ç ne peut s’évanouir dans une région du plan sans évanouir - sur fout le plan. Telle est la matière du premier chapitre, Dans le se- - cond on développe en série, pour z réel, f (2) = ZE (Anz+ Bncosnz + Cnsin n2) n . toute fonction qui admet des dérivées de tout ordre, Chemin faisant, sont signalées plusieurs proposilions à apparence parado\ale : f (z) peut avoir, pour z — 0, loutes ses dérivées égales à des nombres arbitraires choisis à l'avance; la fonction représentée par une -somme de séries de Taylor peut n’avoir aucun rapport -axec la somme des fonctions représentées par chaque - Série respectivement. Ë * | cn BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 637 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX Dans la conclusion, M. Borel indique l'intérêt qu'il y aurait à introduire, en Physique mathématique, pour formuler des lois expérimentales, des fonctions telles que + (z), ou plus généralement des fonctions définies autrement que par le développement taylorien. La nature qui, suivant le mot de Fresnel, ignore les diffi- cultés d'analyse, se préoccupe encore moins de l’ap- plicabilité de la série taylorienne. Cette applicabilité ne peut se déduire ni de l'expérience, ni même de l’existence admise des dérivées de tout ordre. Dans la théorie des fonctions transcendantes, dès que l’on veut approfondir les choses, il ne reste presque rien qui ne soit difficile et cbscur; la défiance est de rigueur, même vis-à-vis de certainés évidences, Espé- rons donc que l'esprit subtil et délié dont M. Borel fait preuve dans sa thèse, l’aidera encore, dans des pu- blications ultérieures, à jeter un peu de lumière sur celte matière souverainement délicate. Léon AUTONNE. 2° Sciences physiques. Curie (P). — Propriétés magnétiques des corps à diverses températures. — (Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris.) — 1 vol in-8° de 120 pages avec 15 fig. Gauthier-Villurs et fils, éditeurs. d5, quai des Grands-Augustins. Paris 1895. La thèse présentée à la Faculté des Sciences de Paris par M. P. Curie est bien le beau mémoire que l’on pou- vait attendre de la part de ce physicien si distingué, de l’auteur de tant d'ingénieuses recherches et d'élégants travaux. Le sujet abordé est l’un des plus intéressants de la Physique, l’un des plus travaillés, mais aussi lun des plus difficiles, sans doute, si l’on juge la diffi- culté à l’inutilité de bien des efforts : l’etude des pro- priélés magnétiques des corps, tant de fois abordée par l'expérience ou par la théorie, n'a pas encore fourni sur tous les points des résultats définitifs, et bien des obscurités subsistent. Au point de vue ma- gnétique, on peut ranger les corps en {rois groupes : 1° les corps diamagnétiques, ce sont la plupart des corps simples et composés; 2° les corps faiblement ma- gnétiques parmi lesquels se trouvent par exemple l'oxygène, le platine, les sels de fer ; 3° les corps ferro- magnétiques, c’est-à-dire le fer, le nickel, le cobalt, la magnélite, l'acier, la fonte et divers alliages. Mais quelle est la valeur de celte classification? La sépara- tion est-elle absolue entre les groupes, les phénomènes sont-ils différents dans leur essence même, ou bien au contraire n'a-t-on affaire qu’à un seul et même phéno- mène se manifestant de plusieurs facons? Le problème posé par Faraday n’a pas encore recu de solution dé- cisive; pour tâcher de le résoudre, M. Curie a pensé qu'il conviendrait d'étudier les propriétés magnéliques de divers corps dans des conditions aussi différentes que possible de température, de pression, d'intensité de champ magnétique ; il a réussi pour certains corps à faire varier la température depuis la température ambiante jusqu'à 4370, La méthode employée pour mesurer l'intensité d’ai- mantation spécifique !, c’est-à-dire le moment magné- 1 Le coefficient d'aimantation ainsi défini, rapporté à la masse, semble bien le cocfficient spécifique du corps, celui qui donnera le mieux l'idée de sa propriété magnétique; M. Curie a été tout naturellement amené à le considérer uni- quement. [1 nous semble toutefois qu’à d'autres égards, le coefficient er volume a aussi grand intéret; c'est lui d’ail- leurs que la théorie envisage le plus souvent, c'est lui qui per- mettra de calculer immédiatement la perméabilité du milieu 638 tique divisé par la masse ne diffère pas en principe de celles qu'ont utilisées Becquerel et Faraday ; mais, jus- que dans les détails les plus menus, les dispositifs accessoires d’une expérience, vont apparaître la rare habileté et la grande ingéniosité de l’auteur; on ne saurait malheureusement indiquer ici toutes. ces adresses et ces élégances, il faut se contenter de don- ner un apercu général des procédés de mesure. Pour les corps diamagnétiques ou faiblement magnétiques, la force diamagnétisante provenant de l’aimantation du corps est insignifiante et l’on calcule aisément la valeur du coefficient d’aimantation d’un corps de pe- tit volume placé en un point d’un champ magnétique qui n’est pas uniforme en fonction de la force agissant sur ce corps, de la valeur du champ au point consi- déré, et de sa dérivée dans la direction de la force. Au point de vue expérimental, il faudra donc déterminer cette force, qui est très petite, dans des conditions par- ticulièrement difficiles, puisqu'il faudra pouvoir main- tenir le corps à des températures extrêmement éle- vées; on à recours, pour mesurer les actions magné- tiques, à la torsion d’un fil soigneusement étudié au préalable; le corps est placé en petits fragments dans une ampoule portée par une charpente en cuivre accrochée au fil de torsion, et qui soutiendra du côté opposé, d'abord une palette servant d’amortisseur, puis une aiguille portant à son extrémité un micro- mètre que l’on observera à l’aide d’un microscope; les déplacements de l'ampoule se déduiront facilement de ceux du micromètre ; l’ampoule sera placée dans un petit four en ‘porcelaine que l’on chauffera à l’aide d’un courant électrique ; ce mode de chauflage est le seul praticable eu égard à la situation de cette ampoule, qui va être placée entre les branches d’un électro-aimant et soutenue par l'équipage mobile d’une balance de torsion. Pour procéder à une détermination, il faudra connaître la température, le champ, sa dé- rivée et la valeur de la force agissante; la température est mesurée à l’aide d’un couple Le Chatelier soigneu- sement gradué, la force par le moyen de la torsion ;le champ et sa dérivée seront étudiés au préalable; il est malheureusement impossible de faire directement la mesure au moment de l’expérience ; on devra définir l'intensité du champ par le courant circulant dans les bobines de l'électro-aimant, en s’astreignant, bien en- tendu, à faire varier constamment le courant dans le fil suivant un cycle toujours le même. Lorsqu'une série de mesures aura été effectuée, il faudra encore recom- mencer les mêmes expériences avec l’ampoule vide, pour corriger les résultats obtenus de l'influence du magnélisme de l'air ambiant, en profitant de l'étude faite pour l'oxygène à différentes températures. Malgré tous les soins, toutes les précautions prises par l’auteur, les déterminations résultant d’un si grand nombre de mesures extrêmement délicates comportent, à son avis, une incertitude de 3 ou #°/, pour les va- leurs absolues de 1 à 2 °/, dans la comparaison des coefficients d’aimantation de deux corps différents; on pourra piulôt considérer tous les nombres donnés comme rapportés à l’eau pour laquelle on aurait adopté 0,79 X 10 —6 comme valeur du coefficient d’aimantation spécifique : aussi bien le but poursuivi élait beaucoup plus une investigation générale sur la manière d'être d’un très grand nombre de corps au point de vue magnétique qu'une détermination très précise du coefficient d’aimantation pour certains d’en- tre eux seulement. Les résultats obtenus par M. Curie sont dignes des peines qu'il a dû dépenser pour les obtenir, et ce n’est pas en vain qu'il sera parvenu à surmonter tant de dif- ficultés, Des nombreuses mesures qu’il a effectuées et définie comme à l’ordinaire. I] faudrait pour le connaitre multiplier les nombres donnés par la densité du corps à cha- que température; la dilatation étant très petite pour les so- lides et les liquides, les conclusions resteraient, sans doute, généralement les mêmes, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ‘priétés du fer jusqu’à la température de 770°, du nickel des nombreux nombres qui sont consignés en détail dans son mémoire, nous chercherons seulement à dé- gager le conséquences les plus générales et les plus importantes. Pour les corps diamagnétiques le coefti- cient d’aimantation spécifique est indépendant de l’in- tensité du champ, et généralement aussi de la tempé= rature; le plus souvent aussi un changement d’élat, physique ou chimique, n’a qu'une influence insisni- fiante sur les propriétés diamagnétiques. Ces conclu- sions n’ont cépendant rien d'absolu, car la fusion rend pags le bismuth le coefficient jusqu’à 25 fois plus fai: le, et, pour le même corps, le coefficient diminue ra- pidement quand la température augmente. Les corps faiblement magnétiques ontaussi un coefficient d’aiman- tation invariable, quel que soit le champ; mais la loi de variation à une allure hyperbolique, et, pour l'oxygène, le palladium et les sels magnétiques, comme l'avaient déjà remarqué divers auteurs, Île coefficient varie sen-. siblement en raison inverse de la tempéralure absolue. La différence d’action de la température est donc assez tranchée pour les deux classes de corps, et M. Curie considère ce résultat comme favorable aux théories qui attribuent le magnétisme et le diamagnétisme à des. causes de natures différentes, La conclusion ne s’im- pose pas toutefois comme une certitude, la distinction ne nous semble pas absolue, puisque, pour bien des corps magnétiques, la variation avec la température n’est pas semblable à celle que subit le palladium ou l'oxygène, et que, d'autre part, pour les diamagnétiques, le coefficient d’aimantation est souvent lellement petit que ses variations ne sauraient être déterminées d'une facon précise; aussi pensons-nous que les personnes à qui sont chères les idées d'unité et de simplicité dans les causes peuvent encore conserver au moins l’espé- rance de ne pas voir s'établir une séparation définitive, irrémédiable entre ces deux phénomènes : magnétisme. et diamagnétisme. Pour les corps ferro-magnétiques, M. Curie est ar- rivé à des résultats nouveaux et plus intéressants en- core, Le calcul des expériences relatives à ce cas est plus complexe: ici intensité d’aimantation dépend de : la forme du corps placé dans le champ magnétique, et change d’ailleurs avec la valeur du champ et la facon même dont il varie ; en se placant dans des conditions. bien déterminées, en effectuant diverses corrections, . M. Curie a pu obtenir des mesures ayant une signili- cation tout à fait précise et ajouter ainsi un imporlant complément au travail classique de M. Hopkinson. Tandis que cet éminent physicien avait ulilisé des: champs variant de 2 à 46 unités, et étudié les pro- jusqu’à 340°, M. Curie a pu se servir de champs variant de 25 à 1.350 unités et suivre les propriétés du fer. jusqu’à 1.3700. Les transformations par où passe le fer quand on le chauffe ont, comme on sait, une grande importance théorique et pratique; lesrésullats obtenus par M. Curie viennent apporter une précieuse contri- bution à l'étude de ces transformations, objet dans ces denières années de nombreuses et belles recherches : en plus du premier point de transformation magné- tique de 745°, les expériences indiquent entre 8609 el 890° une baisse très rapide et anormale des propriétés magnétiques, à 1.288° un accroissement brusque du coefficient d’aimantation. Au point de vue des pro- priétés générales, l’auteur arrive à un résultat des plus remarquables : il établit que les propriétés des corps ferro-magnétiques et celles des corps faiblement ma- gnétiques sont intimement liées les unes aux autres; un corps ferro-magnétique se transforme prosressive- ment quand on le chaufe, et prend les propriétés d’un corps faiblement magnétique. Pour la magnétite, qui ne présente pas d'anomalies, le fait est des plus nets, le coefficient d'aimantation finit même par varier sensi- blement en raison inverse de la température absolue, c’est-à-dire suivant la même loi de variation que pour un corps faiblement magnétique. Convenablement in- terprétées, les expériences sur la fonte, sur le nickel et BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 639 * mème sur le fer tendent à prouver la généralité de la conclusion. . Le mémoire se termine par un curieux rapproche- ment; M. Curie fait remarquer l’analogie qui existe - entre la fonction qui lie l'intensité d’aimantation, la … valeur duchamp et la température, etla fonction qui lie la densité d’un fluide, la pression et la température; cette analogie très étroite est mise en évidence en comparant aux courbes obtenues celles qu'a tracées - M. Amagal pour les fluides. L’analogie n’est pas à coup . sûr une identité, et l'auteur signale lui-même quelques différences appréciables; mais le point de vue est tout à fait suggestif, inspire immédiatement l'idée de cer- . taines expériences. La lecture de ce beau travail finit ainsi comme elle avait commencé : elle provoque une réelle admiration pour l’ingéniosité de l’auteur, : Lucien Poincaré, 3° Sciences naturelles. Bordas (H.). — Appareil glandulaire des Hymé- noptères. (Glandes salivaires, Tube digestif, Tubes de Malphigi et Glandes venimeuses). Thèse pour le Doc- torat de la Faculté des Sciences de Paris. — Un vol. in-8° de 360 pages, avec 11 planches hors texte. G. Mas- son, éditeur. Paris, 1895. La thèse de M. Bordas est divisée en quatre cha- pitres dans lesquels il étudie successivement les glandes salivaires, le tube digestif, les tubes de Mal- pighi et les glandes venimeuses des Hyménoptères. Le premier chapitre est le plus important et tient, à lui seul, plus de la moitié du travail. Les glandes salivaires des Hyménoptères n'avaient, jusqu'à main- tenant, fait l’objet que d’un nombre très restreint de travaux et, sauf chez les Apinés, étudiés par Schie- menz, elles étaient fort mal connues. M. Bordas a cons- taté chez les Hyménoptères l'existence de dix systèmes différents de glandes salivaires, situées les unes dans - le thorax, les autres dans la tête ou ses appendices. On _ trouve en eflet : j Des glandes {horaciques, très volumineuses, très cons- à tantes, qui sécrètent un liquide faiblement alcalin; des glandes postcérébrales, à sécrétion légèrement alca- line, également très constantes; des glandes latéropha- Myngiennes, qui n'existent que dans quelques groupes ; . des glandes supracérébrales, toujours très développées … et dont la sécrétion, abondante, est légèrement acide ; des glandes mandibulaires sécrétant un liquide à odeur très forte; des glandes mandibulaires internes qui n’exis- tent que dans quelques familles; des glandes sublin- - quales dont la sécrétion arrive dans une excavation pré- … buccale, où s'accumulent les débris recueillis par la languette, etoù ces débris subissent l’action de la salive … avant de pénétrer dans le pharynx; des glandes lin- guales dont la sécrétion, épaisse et gluante, sert à | agglutiner les substances alimentaires; des glandes paraglossales qui se trouvent chez les Vespidés; des glandes mazxillaires qui n'existent que dans quelques groupes. Les trois premiers systèmes comprennent des glandes en grappes, dont les canaux efférents offrent inté- rieurement un fil chilineux spiralé; les autres sont formés d’acini monocellulaires. Tous ces systèmes ne _ se trouvent jamais réunis chez le même type. , On peut rattacher ces diverses glandes aux six » zoonites ou segments, dont l’ensemble constitue la tête - des Insectes. M. Bordas établit la correspondance des E glandes et des zoonites de la manière suivante : Glandes thoraciques et postcérébrales correspondant au segment oculaire ; glandes supracérébrales corres- . pondant au segment des antennes; glandes sublin- : DNS correspondant au segment labial ; glandes man- dibulaires externes et internes correspondant au seg- | ment des mandibules ; glandes maxillaires correspon- dant au segment de la mâchoire supérieure; glandes linguales correspondant au segment de la màchoire inférieure, Ces dispositions compliquées contrastent avec celles observées chez les larves où les glandes salivaires sont simplement constituées par deux longs tubes spi- ralés. Le deuxième chapitre du travail: de M. Bordas est consacré à l’étude du tube digestif, Chez la larve cet organe consiste en un tube à parois plissées, qui se termine en cæcum à quelques millimètres de la partie postérieure du corps. A ce stade, le rectum est une simple invagination portant à son extrémité quatre longs tubes de Malpighi. Les différentes parties du tube digestif de l'adulte restent assez constantes dans tout le groupe. Une des plus caractéristiques est l’appareil masticateur qui fait suite au jabot et qui est composé de quatre puissantes mächoires garnies de piquants ou de dents. Dans le troisième chapitre, M. Bordas étudie les tubes de Malpighi. Ces glandes sont de simples évagi- nations de l'intestin terminal, Pendant la nymphose, les tubes larvaires disparaissent et font place à ceux de adulte, qui sont beaucoup plus nombreux. M. Bor- das étudie la structure de ces tubes, et il analyse leur contenu, qui estformé d'acide urique, d’urates desoude, de chaux et d’ammoniaque, et d’oxalate de chaux. Le quatrième chapitre traite des glandes venimeuses. On sait que l'appareil venimeux des Hyménoptères a surtout été étudié chez l’Abeille, où l’on a reconnu la présence d’une glande acide et d'une glande alcaline; mais cet appareil a été fort peu étudié dans les autres genres, et la présence d’une glande alcaline a été niée par Carlet chez les Hyménoptères à aiguillon lisse. D'après M. Bordas, l'appareil venimeux de tous Îles Hyménoptères comprend deux et quelquefois trois glandes : la glande acide, la glande basique ou de Du- four et la glande accessoire. La première débouche dans un réservoir qui manque à la seconde; elles dif- fèrent aussi l’une de l’autre par leur structure histolo- gique, la glande acide offrant un épithélium stratifié et la glande basique un épithélium à une seule couche de cellules. La glande accessoire, constituée par un petit massif granuleux, n’existe que dans quelques familles (Crabroninés, Philanthinés). Les recherches de M. Bordas ont porté sur près de 200 espèces d’Hyménoptères appartenant à une cin- quantaine de genres pris dans les principales familles de Térébrants et de Porte-aiguillons. Les conclusions qu'il en tire peuvent donc être appliquées à l'ordre tout entier. Son travail complète les notions, très sommaires en somme, que nous possédions sur les dif- férents appareils glandulaires des Hyménoptères; en particulier l'étude qu'il a faite des glandes salivaires est très intéressante, De la lecture de son mémoire, on conserve l'impression qu'il a été écrit par un natu- raliste très consciencieux, sachant observer, possédant une grande habileté manuelle et une connaissance ap- profondie dela technique histologique. M. Bordas a su ürer bon parti d’un sujet qui, au premier abord, pou- vait paraître quelque peu restreint et assez aride, et il y a trouvé matière à une thèse intéressante et riche en faits nouveaux. Que cet exemple soit un ensei- gnement pour les jeunes gens en quête de sujets de thèse de doctorat ès sciences; dans un groupe comm? celui des Insectes, qui a déjà fait l’objet de tant de travaux el où l’organisation parait parfois si uniforme, il y a encore bien des observalions à revoir et bien des faits à découvrir, N’est-il pas étrange, en effet, de cons- tater que c'est en 1894 seulement qu'un zoologiste, Kowalevsky, découvre, chez un Insecte aussi commun que la Locuste, une disposition aussi extraordinaire que la pénétration d’un tube de Malpighi dans le cœur? L'étude anatomique des Insectes a été, bien à tort, un peu délaissée dans ces dernières années. M. Bordas a été bien inspiré en dirigeant ses recherches dans ce sens. Son travail trouvera sa place à côté des bonnes thèses de doctorat ès sciences ; il fait honneur à son auteur et au laboratoire dans lequel il a été fait. R. KŒuLER, 4° Sciences médicales. Mesnil (F.\, Préparateur à l'Institut Pasteur, Agrégé des Sciences naturelles, — Sur le mode de résistance des Vertébrés inférieurs aux invasions miCro- biennes artificielles (Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris). —1 vol. in-8° de 64 pages avec une planche en couleur. Imprimerie Charaire, 68, rue Houdan, à Sceaux, 1895. Le travail de M, Mesnil apporte une confirmation importante à la théorie phagocytaire de M.Metchnikoff. Plusieurs savants, tout en admettant l'ingestion et la digestion des microbes par les phagocytes, faits abso- Jument incontestables, ont prétendu que ces phéno- mènes jouaient un rôle peu ou pas important dans le mécanisme de l'immuunité, en soutenant que les mi- crobes englobés étaient préalablement morts, el que les phagocytes remplissaient seulement la fonction de nécrophages ; ces auteurs attribuaient le rôle principal dans l'immuuilé à des substances bactéricides exis- tant dans les humeurs, substances auxquelles ils ont fini par accorder cependant une origine leucocylaire quand ils n’ont plus pu nier l'imporlance de ces élé- ments histoloziques dans la résistance de l'organisme aux invasions microbiennes. Devant l'impossibilité évidente de persister dans cette voie de la théorie bac- téricide des humeurs, les adversaires de M. Metchnikoff ont imaginé une nouvelle théorie de l'atténualion de la virulence des bactéries sous l'influence directe des humeurs, M. Mesnil s'est appliqué à démontrer que, chez les animaux dont il s’est occupé, les microbes du charbon et de la septicémi: des souris sont englobés par les phagocytes à l'état vivant et virulent, et sont détruits par ces phagocytes, qui jouent ainsi un rôle effectif dans le mécanisme de l’immunité. L'auteur s’est adressé pour son étude aux Vertébrés à tempé- rature variable, qui présentent, à cet égard, plusieurs avantages : d’abord, les phénomènes sont plus lents et plus faciles à analyser que chez les Mammifères ; en- suite, les phénomènes de réaction à linvasion micro- bienne peuvent varier avec la température de lexpé: rience ; enfin, les espèces cellulaires qui peuvent jouer un rôle microbicide sont plus simples. C’est ainsi que chez la Perche, par exemple, qui n’a dans le sang que deux espèces de leucocytes, une seule espèce de ces leucocytes se trouve dans lexsudat du point d’inoculation, et c’est naturellement cette espèce qui est douée de propriétés phagocytaires. La Perche ne contient pas de leucocytes à granulations, et celà est important, car MM. Kanthack et Hardy ont essayé de prouver que : chez la Grenouille, les microbes ne sont englobés par les leucocytes ordinaires qu'après avoir été tués par une sécrétion spéciale provenant des leu- cocyles à granulations ou éosinophiles. De l'absence de ces éléments chez la Perche et chez d’autres Téléos- téens, de leur rareté chez les autres Poissons, M. Mesnil conelut qu'on ne saurait leur attribuer un rôle dans la destruction des bactéries. Il démontre, d’ailleurs, que la lymph2 des Poissons ne présente ni propriétés bactéricides, ni propriétés atténuantes ; il fait cette démonstration in vibro el in vivo, certains auteurs ayant tiré du seul examen à vitro des conclusions erronées. Les bactéridies char- bonneuses, introduites dans le corps d’un poisson, sont donc ingérées à l’étal vivant et virulent par les leucocytes, dans lesquels on constate leur destruction, et c'est bien, grâce au processus phagocytaire, au sens où entend M. Metchnikoff, que les Poissons sont réfractaires au charbon. Chez la Grenouille, M. Mesnil établit la même chose pour le charbon ; pour la septicémie des souris, il démontre que M. Lubarsh a admis à tort une action chimiotactique et une action phagocytaire presque nulles, et que, en réalité, la Grenouille se com- porte, vis-à-vis de celle maladie, absolument de la même manière que vis-à-vis du charbon. Au point de vue de l'action de la chaleur, l'auteur reconnaît, après M, Lubarsh, qu'à 35°, les Grenouilles BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX a — ! meurent de la même facon, qu’elles soient ou non ino- culées avec du charbon; les Rana esculenta ne meurent pas ; les Rana temporaria meurent au bout d’un temps variant de douze heures à quatre jours, à moins qu'on les acclimate peu à peu à cette température. Pour cette dernière espèce, lorsque la mort survient au bout de deux ou trois jours, les phagocytes perdent leur pro- priélé phagocytaire au moment de l’agonie avant que tous les microbes aient été détruits, et alors les mi- crobes encore vivants se développent abondamment dans le sang et les organes, car la lymphe des Gre- nouilles n’a pas plus de propriétés bactéricides ou alténuantes à 35° qu'à la température ordinaire. Ce serait une erreur de croire que l'animal a succombé au charbon dans cés conditions, parce qu’on trouve à son intérieur une culture de charbon généralisée. M. Mesnil montre encore, chez la Grenouille, qu’il y a ingestion très rapide des microbes inoculés directe- ment dans le sang; le paénomène se produit cepen- dant moins vite que chezles Mammifères; au contraire, l'ingestion est beaucoup plus tardive quand l’inocu- lation est faite dans le sac dorsal. M. Gabritchewsky à montré, d'ailleurs, que les propriétés chimiotactiques des Jleucocytes de la Grenouille sont bien moins puis- santes que celles des globules blancs du lapin. Les cellules endothéliales du foie jouent un rôle très considerable dans la destruction des microbes, tandis que la rate n’a, à peu près, aucune action; or les leu- cocytes éosinophiles se rencontrent en bien plus grande quantité dans la rate que dans le foie, ce qui tend à prouver leur peu d'importance à ce point de vue. L'auteur établit cependant que ces leucocytes, chez la Grenouille et le Lézard, sont doués de chimio- taxie positive (moindre que celle des leucocytes ordi- naires) et peuvent englober et digérer des microbes (au moins en partie). Il n’admet pas le rôle bactéricide par sécrétion extracellulaire que leur attribuent MM. Kanthack et Hardy. Pour ce qui est de la prove- nance des granulations qu’on observe dans ces leuco- cytes, M. Mesnil admet absolument leur origine extra- cellulaire ; il à vu, avec la plus grande netteté, la transformation de microbes ingérés en granulations éosinophiles chez les Lacerta viridis, M. Metchnikoff avait déjà vu des vibrions devenir éosinophiles après ingestion par les phagocytes de cobayes vaccinés contre le choléra, L'auteur pense que les granulations éosi- nophiles sont des matières de réserve. Félix Le Danrec, 5° Sciences diverses. La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des Sciences, des Lettres et des Arts, paraissant par livrai- sons de 48 pages grand in-S° colombier, avec nombreuses figures intercalées dans le texte et planches en cou- leurs. 532° livraisons. (Prix de chaque livraison, 1 fr.) H. Ladmirault et Cie, 61, rue de Rennes. La 532 livraison renferme une étude sur Ja lin- quistique par M. Julien Vinson; la description du lion par M. le D'Trouessart; un article sur les fleurs du lis dans l'art héraldique par M. Gourdon de Genouillac; une monographie de la ville de Lisbonne avec le plan et les vues des principaux monuments, due à M. A. M. Berthelot; des articles sur le lithium, par M. C. Ma- tignon et sur la lithographie, par M. B. Gausseron. Beauregard (H.), Assistant au Muséum. — Nos bè- tes. Animaux utiles et nuisibles. — Ouvrage pa- raissant en livraisons les 5 et 20 de chaque mois. Chaque livraison, contenant 8 pages de texte et une planche en couleurs, est vendue 90 centimes. A. Colin, éditeur, 5, rue de Mézières, Paris, 1895. Les dernières livraisons parues renferment la des- cription de la chouette, du hibou, de la pie-grièche, du traquet, de la bergeronnette, du rouge gorge, du gobe- mouche, de l'hirondelle, du flamant, etc., du lézard, de l'orvet, de la couleuvre, de la grenouille, du crapaud et de la salumandre. | € ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES GA ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS n Séance du 17 Juin 1895. M. le Président annonce à l’Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Verneuil, mem- bre de la Section de Médecine et de Chirurgie.— L’Aca- - démie présente, au Ministre de l'instruction publique. en première ligne, M. Bouvier: eu seconde ligne, M. Brongniart, pour la chaire d’Entomologie vacante au Muséum d'Histoire naturelle. — M. Newcomb est élu Associé étranger, en remplacement de M. vou Helm- … holtz. — M. Backlund est nommé Correspondant dans la Section d’Astronomie, en remplacement de M. R. Wolf. — M. Kowalewsky est nommé Correspondant dans la Section d’Analomie et de Zoologie, en rempla- cement de M. Cotteau. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Boussinesq fait une communicalion sur la forme nécessairement pen- dulaire des déplacements dans la houle de mer, même quand on ne néglige plus les termes non linéaires des équalions du mouvement. Les lois de Gerstner sont donc celles de toute houle cylindrique simple où s'ob- serve l’évanouissement asymptotique du mouvement aux grandes profondeurs, du moins quand les déplace- ments ont d'assez faibles amplitudes. — M. F. Roguel soumet au jugement de l'Académie un mémoire inti- tulé : Sur quelques relations numériques. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Janssen, par de nou- velles observations faites dans le Sahara algérien, a vérifié que la loi, suivant laquelle le pouvoir absorbant - de l’oxygène pour la lumière s'exerce à l’égard des — bandes non résolubles de son spectre, est bien celle qu'il avait déjà indiquée, c'est-à-dire que le pouvoir —… absorbant du gaz oxygène, relativement à ces bandes, est proporlionnel à l'épaisseur de la masse gazeuse multipliée par le carré de la densité. — M. Deslandres 2 % 2 È À al = » LS. à découvert une troisième radiation permanente de Patmosphère solaire (À — 706,55) dans le spectre du — Laz de laclévéite, —M. C. Lagrange a fait, pendant les T4 trois dernières années, à l'Observatoire de Bruxelles, . des observations comparées de déclinomètres à mo- ments magnétiques différents. Les différences de décli- - naison qui se présententontun caractère systématique; on retrouve, modifiées en amplitude, les mêmes ondu- —… lations; mais, ce qui est remarquable, ces ondulations sont amplifiées par la diminution (dans certaines li- — mites) du magnétisme des appareils. — M. Berthelot, “ en poursuivant ses recherches sur l’argon, à élé con- duit à reconnaitre la combinaison directe, en présence du mercure et sous l'influence d’effluve ou d’étincelles … électriques, de l'azote libre avec les éléments du sul- h fure de carbone. On à probablement : 2CS2 + 2Az + Hg — (CS? Az)? He — M. Berthelot a également, dans les mêmes conditions, constaté la combinaison de l’argon avec le sulfure de — carbone. Le produit obtenu, soumis à l'action de la chaleur, s’est décomposé en ses éléments. Cette expé- rience capitale démontre que l’argon peut entrer dans une combinaison et en être régénéré avec ses pro- …. priétés initiales. — M. H. Moissan est parvenu à pré- — parer le molybéène pur. Il chauffe dans un four Perrot du molybdate d'ammonium pur, réduit en poudre, qui se transforme alors en oxyde Mo0?; cet oxyde, addi- tionné de charbon de sucre en poudre, et soumis pen- …_ dant 6 minutes à l’action calorifique de l’are vollaïque, —… donne le molybdène pur. Si l'opération dure plus long- temps, il se produit une fonte de molybdène, très dure et cassante ; s’il y a un excès de charbon, il se forme _ À ee Du ACADEMIES ET SOCIETES SAVANTES JE DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER un carbure de molybdène Mo?C. Le molybdène, à l’état pur, a une densité de 9,01; il est aussi malléable que le fer; il brûle dans l'oxygène pur; il est attaqué par le chlorate et le nitrate de potassium en fusion. — M. A. Haller a étudié l’action de l’isocyanate de phénile sur les acides campholique, carboxyleampholique et phta- liques. Le premier se comporte comme les acides mo. nocarboxylés; avec le second on obtient une dianilide- L'acide isophtalique fournit aussi une dianilide; l’acide téréphtalique ne réagit pas. —M. Recoura a démontré l'existence de deux variétés d'hydrate chromique diffé- rant entre elles par leur capacité de saturation par les acides ; l’une, l’hydrate chromique normal, peut fixer six molécules d'acide chlorhydrique; l’autre, l'hydrate chromique précipité des dissolutions vertes, n’en fixe que quatre; or; le fait de dissoudre lhydrate chro- mique dans une lessive alcaline a pour elfet de dimi- nuer sa capacité de saturation par les acides, et cela d'autant plus que la dissolution a été plus prolongée. — M. Tassilly a préparé de nouvelles combinaisons halogénées basiques des métaux alcalino-terreux : un oxybromure de strontium, SrBr?,Sr0,9H20; un oxyio- dure de strontium, 2Srl2,5Sr0,30H20 ; un oxybromure de baryum, BaBr? Ba0,5H°0 ; un oxyiodure de baryum, BaJ?,Ba0,94,0.— MM. A. Joly et E. Leidié ont pré- paré l’azotite double de potassium et d'iridium et l'ont décomposé par la chaleur; la réaction peut s'exprimer par la formule : 3{Ir2(Az02?)l2Kt] — (Ir0)505(OK?) + SAZO?K Æ SAZOSK + 19A70 —Æ A7, A une fempérature un peu élevée, on oblient le sel 121r0?,K°?0, — M. L. A. Hallopeau, eu versant goutte à goutte de l’'ammoniaque en excès dans une solution froide et concentrée de paratungstate de soude : 12TuO%, 5Na20 + 28H20, a obtenu un abondant précipité cristallisé de tungstate . ammoniaco-sodique : 16 Tu 0®, 3Na° 0, 3(AzHi2 0 L2H20; les eaux-mères laissent, par concentration, déposer un second précipité de paratungstate ammoniaco-sodique : 12 Tu 03, 4Na° O, (AzH1)2 0 L25120. MY. Ph. A. Guye et À. P. do Amaral ont étudié le pouvoir rotatoire de quelques dérivés amyliques à l’état liquide et à l’état de vapeur. A l’état liquide, le pouvoir rotatoire diminue en général avec l'élévation de température. Les corps non polymérisés à l'état liquide ont des pouvoirs rotatoires un peu plus faibles à l’élat gazeux qu’à l’état liquide, à l'exception de Pal- déhyde valérique. Les corps à molécules polymérisées ont à peu près le même pouvoir sous les deux états. — M. J. W. Pickering confirme les expériences de M. Grimaux relatives à la synthèse de trois colloïdes, à leur propriété de coaguler le sang et à leur digestibi- lité. — M, Ch. V. Zenger signale de nouveau la coiïnci- dence des perturbations magnétiques avec de forts mou- vements sismiques. C. MATIGNON. 3° SGIENCES NATURELLES. — M. Crotte adresse une note relative à l'emploi de l’aldéhyde formique pour la guérison de la phtisie, — M, de Launay signale un nouveau gisement de cipolin dans les terrains archéens du Plateau central. — MM. Kilian et Penck, dans une étude sur les dépôts glaciaires et fluvio-glaciaires du bassin de la Durance, montrent qu'une série de trois glaciations est intervenue dans ce bassin. — M. Haug montre la coexistence, dans le bassin de la Durance, de deux systèmes de plis conjugués d'âge différent. — M. Nolan étudie le Jurassique et le Crétacé des îles Baléares. — MM. Revil et Douxami fournissent des documents sur le Miocène de la vallée de Novalaise. — M. Dastre, dans ses recherches sur le sucre et le glyco- uène de la lymphe, montre que celle-ci contient une quantité appréciable de glycogène, que ce dernier est détruit par la lymphe, en moins de 24 heures, par un ferment (lymphodiastase) et que le glycogène paraît entièrement fixé sur les éléments figurés et absent du plasma liquide, —M .Lecercle montre les modifications de la chaleurrayonnée par la peau sous l'influence des courants continus, — M. Charles Henry démontre, à l'aide d'un nouveau pupillomètre, l'action directe de la lumière sur l'iris. — M. Delbet fait la démonstration complète de la nature infectieuse du lymphadénome à l’aide de la reproduction expérimentale par l'inocula- tion de cultures pures d’un bacille particulier. — M. Gibier a pratiqué la sérothérapie dans le cancer, — M. Venukoff envoie la description de l'ile de Kildine et de ses particularités hydrologiques. J. MARTIN. Séance du 24 Juin 1895. M. Fuchs est nommé Correspondant dans la Section de Géométrie en remplacement de M. Weierstrass. — M. Nansen est nommé Correspondant dans la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de M. Nordenskiüld. — M. Laveran est nommé Gorres- pondant dans la Section de Médecine et de Chirurgie, en remplacement de M. Hannover. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Martinet adresse les énoncés et la démonstration de plusieurs théorèmes relatifs à la théorie des nombres. — M. J. Boussinesq présente un travail dont le but est de déterminer, pour le cas particulièrement intéressant d’une houle de haute mer, les variations de la demi-hauteur H des vagues avec leur distance à la région où elles naissent par l’effet, soit de coups de vent, soit d’impulsions pé- riodiques quelconques, et en outre de montrer comment l'agitation confuse, due à un mélange de houles de di- verses longueurs produites en un même lieu, se simpli- fie dans les régions assez éloisnées de ce lieu, par le fait de la longévité ou grande persistance de la plus longue des houles données, comparativement aux autres, et de l'extinelion relativement très rapide de toutes celles-ci. — M. Ludwig Schlesinger commu nique une note sur l'intégration des équations linéaires à l'aide des intégrales définies. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. Maneuvrier a rèpris la délerminalion du rapport des deux chaleurs spéci- fiques de l'air par la méthode de Clément et Desormes, modifiée de facon à maintenir la constance de la tem- pérature et de la pression ambiantes el à réaliser exac- tement l’adiabatisme de la transformation. Les calculs sont faits pour des gaz réels et non pour des gaz par- faits, L'auteur donne la descriplion de l'appareil utilisé dans le cas des trois gaz : air, acide carbonique et hydrogène. — MM. J. Violle et Vautier ont fait de nouvelles expériences sur la propagation du son dans un tuyau cylindrique de 3 mètres de diamètre et de 3 kilomètres de longueur, Le son conserve ses qualités acoustiques à de grandes distances, c’est-à-dire sa por- tée. Les harmoniques s’éteignent avant le son fonda- mental êt se séparent nettement de ce son; il en re- sulte que le son acquiert, après un cerlain parcours, un caractère musical spécial. — M. Adolphe Borel à élu- dié la réfraction et la dispersion des radiations ultra- violetles dans quelques substances cristallisées mono- réfringentes : le sel zemme, le chlorate desoude, Palun sulfurique d’alumine et de potasse. — M. Faurie à défini autrefois l'écrouissage par la différenceF—R don- née par l’équalion : L + al où Rest Ja force par mm ?de la section primitive par la- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES quelle commencent les déformations permanentes, F la force par mm? de la section actuelle qui produit sur la longueur L du barreau de preuve l'allongement per- manent {, et enfin K et « deux constantes dépendant. de la nature et de l’état du métal. L'auteur est arrivé depuis à la conclusion importante, que K était propor- tionnel à «, ce qui fournit la formule nouvelle : ! F_R= y CHERS er [2 M. Ch. Fremont a fait l'étude expérimentale du poin- connage; ses conclusions sont les suivantes : {° l'effort maximum dans le poinconnage est indépendant du jeu dans les conditions habituelles de la pratique indus trielles ; 2° le jeu est fonction de l'épaisseur du métal à. poinçonner et non pas du diamètre du poincon; 3° ce jeu est aussi fonction de l'allongement du métal, mais en moindre proportion; 4° ce jeu doit être environ 1/5 de l'épaisseur du métal à poinconner. — M. Berthelot a étudié d’une facon plus approfondie les conditions de la combinaison de l’argon avec la benzine sous l'in- fluence de l’effluve électrique et celle de la fluores- cence spéciale qui l'accompagne. La combinaison s'ac- complit avec le concours du mercure qui y intervient sous forme de composé volatil. La fluorescence actuelle n’est pas la même que celle de l'aurore boréale, cepen- dant son développement et le rapprochement des raies qui précèdent établissent une relation probable entre le météore et l'existence de l’argon dans l'atmosphère. Il se produit dans la réaction un équilibre complexe entre les composants. — MM. Berthelot et Rivals ont déterminé la chaleur de combustion des lactones ou olides campholéniques de M. Béhal. Ces lactones ont des chaleurs de formation notablement plus fortes que celles des acides isomères. — M. Berthelot a mesuré les chaleurs de dissolution et de neutralisation des acides campholéniques. — M. Henri Moissan établit que, sous l’action de l'arc électrique, la silice est réduite par le charbon et fournit du silicium, et si la tempéra- rature n’est pas trop élevée, une partie du silicium peut échapper à l’action du carbone el se retrouver sous forme de globules ou de cristaux fondus. La vapeur de silicium refroidie au moment de sa produc- tion peut se condenser. On à ainsi un nouveau procédé de préparation du silicium. — M. C. Friedel fait quel- ques réserves sur les conclusions de MM. Barbier et Bouvexult relatives aux produits de condensation de l'aldéhyde valérique sous l’action de la soude étendue soit aqueuse, soit alcoolique. — MM. Villard et Jarry ont déterminé le point de fusion et les propriétés op- tiques de l'acide carbonique solide. La vapeur émise par la neige carbonique possède, à —79°, une force élastique égale à la pression atmosphérique. Contrai- rement à ce qui à été affirmé, l'éther mélangé à la neige carbonique n’en abaisse pas la température. Sous un vide de 5 mm. de mercure, le thermomètre, plongé dans la neize, descend jusqu'à —125°, ce qui permet de liquéfier l'oxygène. — M. A. Colson persiste à penser que non seulement la formule de Guye, don- nant le pouvoir rotatoire, n’est pas fondée, mais que le sens de ce pouvoir ne sera pas indiqué d’une façon satisfaisante par une formule basée uniquement sur des hypothèses chimiques. — MM. G. Bouchardat et Tardy ont étudié les dérivés d'un térébenthène droit, l'eacalyptène, contenu dans l'essence d’Eucalyptus glo- bulus. Les auteurs concluent qu'il sera peut-être pos- sible d'établir que les carbures extraits de divers téré- benthènes naturels ne sont que des mélanges de deux térébenthènes actifs, droit et gauche, se rencontrant souvent en proportion variable, — MM. Ph. Barbier et L. Bouveault donnent la préparation de deux acétones obtenues dans la condensation d’aldéhydes à une liai- son éthylénique avec la diméthyleétone; les acétones formées avec l’acétone et la méthylacroléine d’une. part, la isopropyl-6-isobulylacroléine d'autre part, - ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 643 sé transforment par voie de déshydratation en deux ydrocarbures aromatiques, le pseudocumène et méta- sopropyleymène. — M. G. Perrier a pu obtenir trois üombinaisons différentes formées par le chlorure d'aluminium avec chaque nitrile appartenant, soit à la série grasse, soit à la série aromatique. La composi- tion du produit obtenu dépend dans chaque cas des conditions de l'expérience. Les expériences sont moins nettes avec le cyanogène qu'avec les autres nitriles. — M. V. Martinaud a étudié l’action de l’air sur le oùt de raisin à l’abri de toute fermentation; il for- mule ainsi ses conclusions : 1° De fous les éléments du moùût, le plus oxydable est la matière colorante rouge oluble. 2 Dans les raisins du type du Petit-Bouschet, ilexiste une matière colorante oxydable par l'air, etune ui l’est moins ou pas du tout et qui n'empêche pas l’ac- “tionde l'air de se poursuivre sur les autres éléments du —… moût. 3° Le bouquet du vin est non seulement dù aux bou- quets qui existent tout formés dans le raisin, à ceux léveloppés pendant la fermentation, mais aussi, pour quelques variétés, à l’oxydation des éléments contenus - dans le moût. 4° La coloration des vins blancs et leur - goût de madère sont dus à une oxydation du moût et ne proviennent pas de la fermentation. 5° Il est pos- sible de préparer des vins blancs avec des raisins noirs en extrayant la totalité du liquide qu'ils peuvent. donner et soumettant celui-ci aux opérations suivantes avant de faire fermenter : refroidissement et arrêter les fermentalions, aération pour précipiter la matière colorante et enfin filtration du liquide pour empêcher . une recoloration pendant la fermentation. — M. Bai- - Jand établit que le blé se conserve longtemps avec ses qualités sans éprouver de modificationssensibles dans sa composition chimique; la farine au contraire se modifie rapidement. Il y aurait intérêt à augmenter considérablement les approvisionnements de blé desti- . nés auxarmées deterre et de meret à diminuer d'autant … lesréserves en farines. — M, Kilian communique les … observations sismiques faites à Grenoble le 14 avril 1895, “ainsi que les expériences entreprises pour s'assurer de a valeur de ces observations. — M. Fouqué ajoute quelques remarques sur les observations de M. Kilian. — MM. André Delebecque et Alexandre Le Royer font déterminé la quantité de gaz dissous au fond du lac “de Genève. La quantité de gaz dissous dans l’eau du ac est indépendante de la pression de cette eau; elle “tend à être légèrement plus grande dans les profon- deurs qu’à la surface à cause de l’abaissement de tem- mpérature. — M. A. Poincaré conclut de l'examen des übservations météorologiques faites en 1883 que le déplacement des points de rupture de la ceinture des - calmes, dans la distribution des pressions entre les méridiens de la zone de 10° à 30° de latitude, est sous … la dépendance de la révolution diurne et de la révolu- tion syuodique de la lune. Les effets de passage au … périgée et à l'apogée varient beaucoup avec la situation “et la marche de la trace de la lune. C. MATIGNON. —._ 1° SCIENCES NATURELLES. — M. Vayssière meten relief le dimorphisme sexuel des Nautiles par l’examen d’un certain nombre de coquilles ; on constate que l’ouver- “ture est large, arrondie chez les mâles etcomprimée chez —… les femelles; le dernier tour de la coquille est plus — renflé chez les mâles, — M. Charles Henry étudie les variations de l'éclat apparent avec la distance et la loi - deces variations en fonctionde l'intensité lumineuse. — -M. Calmette, dans une note au sujet du traitement des -morsures de serpents venimeux par le chlorure de chaux et par le sérum antivenimeux, réfute un certain nombre d'opinions prêtées à l’auteur par MM. Phisa- —….lix et Bertrand. Il fournit quelques données montrant «l'utilité pratique du chlorure de chaux pour détruire - le venin, J. MaRHIN. Séance du 1% Juillet 1895. M. le Président annonce à l’Académie la perte qu'elle “ient de faire dans la personne de M. Huxley, corres- pondant pour la Section d’Anatomie et de Zoologie. — MM. Schwarz, Muller et Engelmann, sont élus Cor- respondants dans les Sections de Géométrie, Botanique et Médecine, en remplacement de MM. Neumann, Pringsheim et Carl Ludwig. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. Emile Picard, qui a démontré antérieurement qu'une équation linéaire aux dérivées partielles du second ordre, et à deux va- riables indépendantes, dont les coeflicients sont des fonctions analytiques des deux variables réelles x et y, a toutes ses intégrales analytiques dans une région du plan (x, y) où les caractéristiques sont imaginaires, généralise cette proposition en considérant une équa- tion aux dérivées partielles d'ordre quelconque, le nombre des variables étant toujours égal à deux, — M. J. Boussinesq, continuant l’étude de la formation de la houle de mer, donne les lois d'extinction d'une houle simple en haute mer. Le coefficient d'extinction (avec la distance) d’une houle simple est inversement proportionnel à la cinquième puissance de sa demi- #9 x . 5 ériode ou à là puissance + de la longueur de ses va- = : gues. — M. Cosserat énonce la propriété suivante : Les surfaces pour lesquelles le problème de la re- cherche des courbes tracées sur une surface, et dont la sphère osculatrice est tangente en chaque point à la surface, admet une intégrale entière homogène du premier degré, sont celles pour lesquelles toutes les lignes de courbure sont des cercles géodésiques; la cyclide de Dupin et les surfaces, telles que le tore, dans lesquelles elle peut dégénérer, sont les surfaces pour lesquelles ilexiste une infinité de pareilles intégrales. — M. Etienne Delassus démontre plusieurs propositions concernant les équations linéaires aux dérivées par- tielles, et en déduit les théorèmes suivants 1° Toute singularité d'une équation F — 0, distincte de ses sin- gularités fixes et située dans une région où F a ses caractéristiques réelles, est de première catégorie. 2° Dans une région où toutes les caractéristiques sont imaginaires, les singularités mobiles des intégrales analytiques ont lieu le long de lignes quelconques, et sont forcément de seconde catégorie. — M. Alf. Guld- berg fait quelques remarques concernant les fonetions qui possèdent la même propriété que le mulliplicateur d'Euler, utilisé pour l'intégration des équations diffé- rentielles ordinaires, et qui permettent de transformer l'équation différentielle donnée en une équation aux différentielles totales complètement intégrable. — 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Schrader donne la des- cription d’un nouvel instrument (tachéographe) servant au tracé et au levé direct du terrain, sans aucune construction, par le seul fait de la transformalion mé- canique de chaque visée en ses deux coordonnées, horizontale et verticale. Les résultats obtenus indi- quent un degré de précision supérieur à celui qu'on demande généralement à ce genre d'appareils; l'erreur d'estime varie entre a etre de la distance. — M. Fréd, 4000 Hesselgren soumet un mémoire sur une gamme mu- sicale à sons fixes basée sur la vraie gamme natu- relle, — MM. Lœwy et Puiseux font une longue communication sur les photographies de la lune prises à l'aide du grand équatorial et amplifiées par M. Wei- nek ; ils insistent beaucoup sur les procédés à suivre pour tirer des clichés photographiques des conclusions à l'abri de toute critique. Un seul cliché, pris le 14 mars, donne 67 cratères nouveaux non douteux. — MM. J. Violle et Th. Vauthier énoncent quelques-uns des résultats obtenus dans leur étude sur la propaga- tion du son dans un tuyau cylindrique de 3 mètres de diamètre. Les sons fondamentaux présentent des dif- férences considérables quant à la longueur du trajet au bout duquel ils cessent d’être perceptibles à l'oreille. La portée des sons fournis par les instruments usuels diminue notablement des notes graves aux notes éle- vées. Dans tous les cas, l’altération du timbre précède l'extinction du son. A partir d’un certain trajet, un train d'onde perd son caractère musical; la destruction est d'autant plus rapide que le son est plus aigu el a. > Æ = ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES plus intense. — M. Gouy établit que les forces appa- rentes qui s’exercent entre des conducteurs de charges données, dans un diélectrique liquide, résultent : 1° de leurs attractions et répulsions mutuelles, qui sont les mêmes que dans le vide; 2° de la pression hydrosta- tique, produite par la force qui attire la diélectrique dans le sens où l'intensité du champ s’accroit le plus vite, Cette pression hydrostatique parait jouer un rôle essentiel dans certains phénomènes tels que la con- traction électrique des gaz, ou la tension maximum des vapeurs dans le champ électrique. — M. Bordier donne une nouvelle méthode de mesure des capacités électriques basée sur la sensibilité de la peau. — M. Louis Bruner a comparé directement les soluhilités de l’hyposulfite de soude solide et surfondu dans l’al- cool plus ou moins étendu, et reconnu que la solubilité du sel surfondu est régulièrement plus grande que la solubilité du corps solide, comme la théorie le prévoit, Le même auteur a déterminé la chaleur spécifique des sels surfondus; la courbe des chaleurs spéci- liques présente, au voisinage du point de fusion, un maximum très sensible. — M, Ad. Carnot expose un nouveau procédé de dosage de petites quantités d’ar- senic. La méthode consiste à précipiter l’arsenic à l’état de sulfure, puis à transformer celui-ci par l'am- moniaque, le nitrate d'argent et l’eau oxygénée en acide arsénique, qui est lui-même dosé ensuite sous forme d’arséniate de bismuth, composé bien insoluble dans l’acide azotique étendu et dont le poids est près de cinq fois égal à celui de l'élément à doser. Les écarts sont inférieurs à 0mg.05. —M. Dehérain a étudié les quantités d’air et d'eau contenues dans les molles de terre, dans le but de reconnaitre les causes auxquelles il faut attribuer la nitrification excessive des terres bien pulvérisées, Pour une même terre, la somme de l’eau et de lair reste constante, mais celte somme varie d’une terre à l’autre. Pour que la nitrification s'établisse, l’air et l’eau sont nécessaires ; il faut que la terre soit humide et aérée, et comme les deux élé- ments air et eau varient en sens inverse, il n’y à pour la terre en mottes qu'un temps très court pendant le- quel l’air et l'eau se trouvent en proportions favorables. — M. A. Haller a reconnu que le benzylidène-camphre, le benzylcamphre, comme le camphre lui-même, ne se prèlent pas à la substitution de groupements nitrés dans le noyau benzénique. L'action de l’acide azotique et du permanganate de potasse sur ces composés leur fait subir une rupture au point d'attache du radical aromatique, et les deux noyaux se comportent alors dans le milieu oxydant comme s'ils étaient libres, — M. L.-A. Hallopeau donne le moyen d'obtenir com- modément des solutions d'acide paratungstique nrésen- tant toutes les réactions connues des paratungslates et setransformant en acide métatungstique sous l'influence de l’ébullition, de la même facon que les paralungstates se transforment en métatungstates. La simple concen- tration de lacide le dédouble en acide tungstique et eau, -- M. Henri Lasne donne un nouveau procédé de dosage de l’alumine dans les phosphates, à la fois commode et précis. Il repose sur la propriété que pos- sède la soude de dissoudre l’alumine en présence d’un excès d'acide phosphorique ; toutes les bases qui l’ac- compagnent habituellement : chaux, magnésie, fer, manganèse, sont, dans ces conditions, entièrement précipitées soit à l’état de phosphates, soit à l'état de sesquioxydes. L'acide phosphorique doit être employé en excès. — M. de Forcrand a préparé l’amidure de sodium dans le but d’en faire l’étude thermique, Il signale quelques propriétés nouvelles de ce corps : Az H5 + Na sol. = Hgaz + Az H?Na sol. + 20084. On arrive aussi à la relation : AzH° sol, + H gaz = AzHi sol, — 16eut qui permet de ne pas désespérer de trouver des con- ditions favorables pour réaliser la réaction, — M. J. Cavalier a préparé les éthers phosphoriques de lal- toxique de la digitale et des digitalines, — M. Gréhant cool allylique par l'action directe de l’anhydride phos- phorique sur lalcool dilué dans Péther. L’éther dia- cide PO'C#HSH? donne deux séries de sels, des sels neutres POÏC3#H5M? et des sels acides PO*C*H5HM dont l’auteur donne la description et les propriétés. — M.:J. Guinchant donne la préparation et la conduc- tibilité de nouveaux éthers cyanométhiniques. La con- ductibilité va en décroissant à mesure que le poids moléculaire s'élève, — M, Michel Lévy a vérifié que la loi de Tschermak relative aux plagioclases ne s’ap- plique pas rigoureusement au point de vue optique : légal éclairement total ne se produit pas rigoureuse- ment quand on examine des plagioclases présentant de grandes variations de composition ; néanmoins les anomalies, importantes au point de vue théorique, confirment que la loi s'applique avec une approxima- tion suffisante aux propriétés optiques des feldspaths intermédiaires, l’auteur donne un nouveau procédé d'orientation et de diagnostic des feldspaths en plaque mince, C. MATIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES,— M,Ad. Chatin fait connaitre de nouvelles espèces de truffes (Terfas) du Maroc et de la Sardaigne, — M. Chauveau fait la comparaison de l'échauffement qu'éprouvent les museles dans les cas de travail positif et de travail négatif. De nombreuses expériences, il ressort que le travail négalif (mouve- ment de descente) produit un moindre échauffement que le travail positif (mouvement de montée). J, MARTIN. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du ? Juillet 1895. M. Ferrand est élu membre titulaire dans la IV° sec- tion (Thérapeutique et Histoire nalurelle médicale). — M. Dieulafoy communique cinq nouvelles observations d’angines diphtériques à forme herpétique; il insiste sur la nécessité de la création de laboratoires d'examen bactériologique et émet le vœu que les études bactério- logiques prennent à l'avenir une place plus importante dans les Facultés de Médecine et Ecoles de Pharmacie. — M.C. A. François-Franck expose le résultat de ses recherches expérimentales et critiques sur l’action cardiaque de la digitale et des digitalines, Il montre d’abord l’évolution des effets produits sur le cœur par la digitale aux doses physiologiques et aux doses toxiques jusqu'à la mort du cœur, Il recherche ensuite le mécanisme de ces effets et trouve que la digitale agit en même temps sur l'élément musculaire et sur les éléments nerveux. Enfin, l’auteur compare Pactivité lit un mémoire sur les injections à doses fortes d'alcool éthylique et de glycose dans le sang veineux, — M. le D' Soulier rapporte un cas d’exostoses ostéogéniques ou de croissance, considéré à tort comme un cas de myosile progressive ossifiante. Séance du 9 Juillet 1895. M. Reclus est élu membre titulaire dans la V* Sec- tion (Médecine opératoire). — M. Hervieux lit le Rap- portde l’Académie au Ministre de l’Instruetion publique sur la vaccination en France; il demande fa gratuité complète des vaccinations et l'augmentation du nombre des inspecteurs — M. Panas fait un rapport sur un travail du D' F, Lagrange (de Bordeaux) relatif à l’électrolyse dans le traitement des rétrécissements des voies lacrymales. — M. Panas fait un rapport sur un travail du D' Darier relatif à un procédé d’autopha- koscopie applicable à l’étude du développement de la cataracte, — La discussion sur la prophylaxie de Pal- coolisme continue, M. Motet montre le développement de plus en plus considérable de la criminalité d’origine alcoolique, Il pense que, dans la lutte contre l’alcoo- lisme, on doit non seulement chercher à réprimer le mal, mais aussi à le prévenir en s'adressant aux enfants et en leur montrant les conséquences funestes de ce vice.— M, Daremberg pose les conclusions suivantes: CP CE QE AE no RAT ASS PAG AR » 4 Le ‘ravages de l'alcool ayant deux origines : 1° l'alcool, 2 les impuretés de l'alcool, il importe donc : dé faire “diminuer la consommation de l’alcool; de fixer un maximum d’impuretés (pour les alcools, vins, eaax-de- vie, liqueurs), au-dessus duquel la consommation sera interdite. PNR Roc SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE { Séance du 29 Juin 1895. MM.Bar et Rénon ont constaté la présence du acille de Koch dans le sang de la veine ombilicale de tus humains issus de mères tuberculeuses. — M. Meyer, après avoir inoculé à des lapins plusieurs xirus, surtout celui du bacille pyocyanique, leur a in- “jecté des sérums de provenances diverses ; les uns, pro- enant d'animaux immunisés contre d’autres microbes, etardent la marche de l'infection; les autres, recueillis éz des malades et provenant soit d’épanchements, it de la circulation d’urémiques, rendent l'affection plus prompte et plus grave. — M. Raïchline a observé près la contracture, la réapparition des réflexes ten- -dineux chez un tabétique hémiplégique. — M. Gaube à étudié la minéralisation du lait, — M. Boiret a ob- servé que l’ablation des capsules vraies et accessoires chez un rat d’égout lui permet cependant de résister à un surmenage considérable. — MM. Langlois et Athanasiu communiquentleurs recherches sur l’action physiologique des sels de cadmium. — M. d’Arsonval a constaté que l’ozone n’avait pas les proprietés micro- - bicides qui lui ont été attribuées. - Séance du 6 Juillet 1895. MM. Déjerine et Mirallié décrivent des altérations … de Ja lecture mentale chez les aphasiques moteurs cor- ticaux. — MM. Thomas et Roux communiquent éga- lement leurs recherches sur les troubles latents de la - lecture mentale chez les aphasiques moteurs corlicaux, — — MM. Charrin et Ostrowsky ont étudié un bacille “qui produit le brunissement de la vigne et qui est, en mème temps, pathogène pour le règne animal. — M. Boinet (de Marseille) a essayé le traitement de la berculose humaine par le sérum dechèvres inoculées © la tuberculine. Les résultats sont bons dans la berculose lente apyrétique; nuls dans la tuberculose à la troisième période ; l'injection aggrave la maladie dans le cas de tuberculose aiguë. — M. Gley a fait “quelques expériences pour provoquer le sommeil chez les grenouilles. — MM. Tissot et Contejean font une communication sur la persistance, après l'isolement de la moelle, des modifications apportés dans le fonc- “tionnement de cet organe par un traumatisme expéri- mental de l'écorce cérébrale, — M. Mislawsky expose -ses recherches sur les modifications histologiques des …_ “landes salivaires pendant la salivation. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 7 Juin 1895. M. Arnoux présente les nouveaux voltmètres et am- —péremètres qu'il a étudiés avec la collaboration de “M. Chauvin. Il expose les qualités par lesquelles ces nouveaux modèles se distinguent des appareils ana- …logues. L'équipage est formé d’un cadre placé dans un “champ magnélique. Ge dispositif est préférable à celui d'une palette de fer doux, mobile entre les mächoires “d'un aimant. Il donne plus de sensibilité et l’élalonne- ment est plus durable. Le.champ est produit par un aimant d'un seul morceau, et sans pièces polaires apportées. Cette forme d’aimant élimine les réactions mutuelles qui s’exercent entre les divers éléments des “aimants feuilletés et est la meilleure pour obtenir un champ magnétique bien permanent et intense, Le cadre mobile est formé d’une bobine dont les deux extrémités aboutissent à deux bagues de cuivre qui servent à donner de la solidité au système et à amortir les “oscillations, grâce aux courants de Foucault. On obtient ainsi un mouvement de l’aiguille sensiblement apério- dique, On ferme le circuit magnétique en intercalant (1 Le ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 645 à l'intérieur de la bobine une bille d'acier. Le couran est amené par deux ressorts spiraux bañdés en sens contraire, afin d'assurer au repos la fixité de l'aiguille au zéro. Ces appareils sont disposés pour se prêter à toutes les exigences industrielles. Îls permettent de mesurer des différences de potentiel et des intensités qui peuvent varier de 1 à 3000. À cause de leur sensi- bilité, on ne peut les faire traverser par un courant su- périeur à 0,005 ampère ; aussi intercale-t-on des résis- fances étalonnées, et constituées par du fil à faible coefficient de température. Ainsi le cadre d’un voltmètre ayant une résistance de 75 ohms, on doit, pour mesurer une différence de potentiel maxima de 150 volts, inter- caler en série une résistance de 29.925 ohms, On peut très nettement subdiviser l'angle d'écart en 150 divi- sions pour obtenir une échelle en volts. Les différentes résistances correspondant aux différentes sensibilités sont logées dans la boîte même du voltmètre qui, ce- pendant, ne dépasse pas 15°® sur 5m, Les ampèremètres ont un cadre mobile d'une résistance dix fois plus faible. Ils doivent être shuntés, mais les shunts peuvent être très courts et très portatifs. Tous les shunts portent l'indication de leur résistance propre en microhms et de l'intensité maxima pour laquelle ils sont construits. Leur étalonnage, effectué à l’aide d’un pont double de Thomson que M. Arnoux présente aussi à la Société, permet de les rendre interchangeables, c’est-à-dire qu’on peut effectuer des mesures exactes en reliant un shunt quelconque à un ampèremètre quelconque du système Arnoux. Pour cela la résistance du circuit de chaque ampèremètre est réglée pour que l'aiguille donne la déviation maxima de son échelle pour une différence de potentiel invariable de 0,04 volt, et on règle la résistance de chaque shunt, de facon qu'elle soit égale au quotient de 0,04 volt par le cou- rant maximum poinconné sur la plaque du shunt. Il est entendu que l’emploi des shunts, dont la capacité maxima poinconnée sur la plaque est un multiple ou un sous-mulhple simple du chiffre maximum de la craduation de J’ampèremètre, est cependant préfé- rable aux autres, car on s’évite par là tout calcul. En terminant, M. Arnoux signale les inconvénients de l'emploi d'éléments Daniell pour effectuer les gradua- tions. Ils ne restent constants qu’à la condition de ne pas être choqués. Il est bien préférable de leur substi- tuer simplement de grands éléments Leclanché, à > : AE A 1 condition de leur faire débiter très peu, d’ampère. Ces éléments restent constant à plus de ne — M. Pel- lat est de l’avis de M. Arnoux sur l'élément Daniell: A son avis, un instrument excellent, c’est l'accumula- teur. Il a une force électromotrice remarquablement constante, surtout dans le cas de faibles débits. — M. Moëssard étudie le moyen d'obtenir des projections stéréoscopiques. Lorsqu'on projette à la fois les deux images sur un écran, il faut, pour obtenir la sensation du relief, que chaque œil n’apercoive que l’épreuve prise du point de vue correspondant et que les deux impressions fournies par les deux yeux parviennent à se confondre. Divers procédés ont été déjà signalés, notammentautrefois par d’Almeida, mais ils présentent des inconvénients divers. L'auteur à mis en œuvre un procédé fondé sur l’emploi des prismes. On projette les deux images l’une au-dessus de l’autre, et on les re- garde avec un instrument appelé par l'auteur la stéréo- jumelle. Ce sontdeux prismes de petit angle et d’un verre peu dispersif pour ne pas détruire l’achromatisme. Ils sont tournés en sens contraire, le premier abaisse l’une des images, Le second remonte l’autre et les deux images peuvent ainsi arriver à se superposer. Des diaphragmes convenablement placés cachent à chaque œillesimages parasites. La déviation à obtenir au moyen des prismes dépend de la distance du spectateur. Pour cela les deux prismes sont mobiles et commandés par un mou- vement unique. L’auteur distribue un certain nombre d'appareils afin de permettre d'apprécier sur des sujefs variés les résultats obtenus. Edgard HAwdié, ’ SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 2% Mai 1895. M. Tanret a recherché avec différents sucres s’ils ne présentaient pas des phénomènes comparables à ceux qu'il a signalés pour le glucose. Avec le sucre de lait, il a obtenu cristallisées les modifications 8 (an = + 55°) et y {an = “+ 34°), différentes des modifications anté- rieurement signalées. Le galactose, l'arabinose, l'iso- dulcite, le xylose, le maltose ne lui ont encore donné que la modification $, provenant de la transformation dans l’eau du produit primitif &. Il en conclut que le. phénomène de Ja multirotation des sucres est mainte- nant bien expliqué. Si le pouvoir rotatoire du glucose ou du galactose en solution aqueuse tombe par exemple detus— 210604, —12%0%59%05 ou denap—. 1 1490 à 4 = + 82,5, c’est qu'il s'est formé dans la solution de nouveaux dérivés, qu'on peut obtenir cristallisés en suivant la méthode qu'il a indiquée antérieurement. — M. Tiemann ayant publié sur la série campholénique des faits en contradiction avec ceux qu'avait communi- qués M. Béhal, celui-ci répond à M. Tiemann. Il a ob- tenu, lui aussi, le composé auquel M. Tiemann a donné le nom d’isoamidocamphre et qu'il obtient dans l’action de lacide sulfurique sur le nitrileactif. Ce corps, à fonc- tion amine primaire, donne l’amide inactive par l’action des acides. M. Béhal l’a obtenu par l’action des acides chlorhydrique et iodhydrique sur l’amide active. D'après M. Tiemann l'acide chlorhydrique est sans action sur la camphoroxime, c'est cependant à l’aide de cet acide que M. Béhal prépare le nitrile inactif. IL a de plus reconnu que l’acide campholénique inactif distille facilement sans décomposition notable ; mais, si l’on opère en présence d’une trace de sodium, il donne immédiatement du campholène, D'après M. Tiemann, l’action du sodium dans ce cas serait nulle, et la dé- composition serait due à la lactone campholénique existant dans l'acide employé. La lactone décrite anté- rieurement par M. Béhal serait un produit impur ren- fermant de la campholénamide, Ce dernier fait obser- ver que M. Tiemann a confondu les deux lactones inactives et actives. M. Béhal communique ensuite les résultats qu'il à obtenus dans l'oxydation par l'acide azotique de l'acide campholénique inactif. Il a pu iso- ler les composés suivants : l’acide hydroxycamphoro- nique fondant à 167°-168°, déjà obtenu par MM. Ka- chler et Spitzer, et un acide fondant à 85° de formule CHi60$, se décomposant avec perte d'eau en un acide bouillant à 275° et fondant à 39°.— En collabora- tion avec M. Blaise, M. Béhal a étudié l'action de l'hypoazotide sur l'acide campholénique inactif. Il y a d'abord fixation et formation d'un corps bleu intense. En présence d’un excès d’hypoazotide, il se dégage de l'acide carbonique du bioxyde d'azote, et l’on obtient un corps neutre répondant sensiblement à la formule de l'acide nitrocampholénique fondant à 173°, composé déjà connu. — M. Maumené a étudié les sulfures d’ar- sénium et présente quelques-uns de ces corps qu'il a préparés. L’existence de ces divers termes est une nou- velle preuve à l'appui de sa théorie générale, — M. Jay présente au nom de M. Dupasquier, un nouveau pro- cédé de séparation analytique du baryum, du strontium et du calcium. On fait agir sur un mélange de sels de ces métaux une solution renfermant à la fois du sul- fate d'ammonium et un tartrate alcalin. Le baryum et le strontium donnent des sulfates insolubles, tandis que le calcium, transformé en tartrate, peut, après la- vase des sulfates, être facilement séparé à l'aide d'acide chlorhydrique étendu, — M. Jay, après avoir fait res- sortir l'importance du dosage des acides volatils et des acides fixes des vins, donne un procédé qui lui a réussi pour atteindre ce but. On distille 20 centilitres de vin en présence de vapeur d’eau, puis on titre le liquide distillé (acides volalils) et le résidu de la distillation (acides fixes). — M. Berlemont présenie un nouveau tube à distillation fractionnée consistant tout simple- ment en un serpentin de verre assez large. Cet appa- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES - puis, en suivant l’ancien procédé de Berzélius, il a re- reil, moins volumineux et moins fragile que les tubes à boule, se nettoie facilement et permet de pousser, sans enveloppe, une distillation fractionnée jusqu'à 300°. — M. Raoul Varet a reconnu la constance pour un même groupe de sels de la chaleur de formation des combi, naisons du cyanure de mercure avec les sels, chlo- rures, bromures, iodures des métaux alcalins et alca-, lino-terreux, On pourra donc, pour ces composés, cal- culer la chaleur de formation à partir des éléments en. appliquant la loi des modules. — M. Prud' homme, en traitant le paranitrotétraméthyldiamidotriphénylmé- thane par la poudre de zinc en solution chlorhydrique a obtenu une matière colorante teignant en violet la soie, la laine et le coton mordancé au tanin. D’après Gattermann, Bamberger et Wohl le nitrobenzène, ré- duit dans certaines conditions, donne de la phénylhy- droxylamine, qui est immédiatement transformée par: les acides minéraux en paraamidophénol. M. Prud’=, homme se trouverait en présence d'une réaction du mème ordre: il aurait eu d’abord l'hydroxylamine cor- respondante au dérivé nitré qu'il étudiait; mais loxy- gène du groupement AzH?.0H, trouvant la position para, occupée et ne pouvant donner un paraamidophénol, donne un hydroxyle avec l'hydrogène du méthane. La leucobase devient base colorable et matière colorante en solution acide. — M, Burcker à adressé une note. sur le dosage des acides volatils dans les vins. 3 Séance du 5 Juin 1895, M. Halphen passe en revue les divers procédés d’a-m nalyse des corps gras et discute notamment l’applica- tion de la méthode de Hübl à l’analyse des graisses animales. — M. Dupont a trouvé dans l’huile de coton une substance sulfurée existant en proportion notable et entraînée très lentement par la vapeur d’eau. — MM. Cambier et Brochet reconnaissent qu'antérieu- rement à leurs communications sur la question, M. Losckann avait publié la formule de constitution. qu'ils ont donnée à l'hexaméthylènetétramine, Séance du 1% Juin 1895. - à M. Lauth développe les différents essais qu'il à ten- tés, sans beaucoup de succès, pour arriver à obtenir, sur laine et sur soie, des noirs d’aniline résistants, IL espère que ces renseignements pourront être utiles aux chimistes travaillant dans cette voie. — M. Friedel a repris l'étude de lapophyllite. En suivant un pro- cédé analytique dù à M. Carnot, il avait cru pouvoir conclure à l’absence de fluor dans ce minéral; de- connu la présence du fluor dans les échantillons analysés, — M. A. Combes décrit un appareil, permet- tant de mesurer sous des pressions réduites variables les points d’ébullition des différents dissolvants. — M. Engel revient sur la question de l’allotropie de l'arsenic. Le corps brun se formant dans la réduction des composés arsénicaux et considéré encore dans les ouvrages classique comme de l’hydrure solide d’arse- nic est bien, ainsi que l'avait reconnu dejà M. Engel, une modification allotropique de l’arsenic. Ce serait la M modification correspondant au phosphore blanc. Geu- « ther avait contredit certaines parties des recherches de M. Engel. Il avait notamment donné à ce produit la densité 3,7 au lieu de 4,7 trouvé par l’auteur de cette communication. La question a été reprise tout récem- ment, el on a reconnu le bien-fondé des observations. de M. Engel. E. Caron. SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS Séance du 22 Juin 1895. M. Franchet. présente des diagnoses de nombreux Careæ de l'Asie orientale et de la Chine occidentale, Il insiste sur l'intérêt que présente la flore de ces ré- | gions où la flore des Alpes européennes trouve sa plus complète expansion. — M. Bioche expose un pa- radoxe de géométrie élémentaire, Cu. Biocne. SOCIETE ROYALE DE LONDRES ; SCIENCES PHYSIQUES Minchin, — Mesure électrique de la lumière des ! étoiles. Observations faites à l'Observatoire de Dara- -mona House, Westmeath, en avril 1895. — La méthode consiste à mesurer la quantité de lumière qui arrive des étoiles à la Terre, par la déterminalion de la force élec- “tromotrice produite par cette lumière dans certaines piles photoélectriques, dont le carré de la force élec- tromotrice est proportionnel à l'énergie de la lumière in- lumière incidente est formée par une mince couche de sélénium déposée sur une lame d’aluminium, et “immergée dans un vase de verre rempli d'énanthol, On prend un tube de verre AB (fig. 1), dont le diamètre est Fig. 4. de 1 millimètre, ou plus petit; on prend un morceau | court, AL, de fild’aluminium, qui remplit à peu près le tube, et à son extrémité L, on attache un fil de platine LP, dont le bout sort en B, du tube de verre. On chauffe au bec Bunsen pour fondre le verre autour de l’alumi- nium afin que le contact soit parfait et le fond du tube étanche ; malheureusement on n’a pu réaliser parfaite- _ ment jusqu'ici cette condition, dont la réalisation don- | nerait une pile photoélectrique constante. Jusqu'ici, à R cause de ce défaut d'étanchéité, on n’a pu conservercons- tants ces éléments plus de quatre semaines. On prend | alors le tube AB, en tenant l'extrémité A en haut ; on _le met entre deux plaques presque verticales d’asbeste, la pointe A dépassant un peu les coins des plaques; au -milieu du fil d'aluminium en A, on met un très pelit morceau de sélénium (environ de la grosseur d’une mioute petite tête d’épingle); on chauffe l’asbeste au moyen d’une lampe à esprit-de-vin ou d’un bec Bunsen qu’à ce que le sélénium fonde sur l'extrémité À. On it avoir soin d'écarter la flamme du sélénium même, our que ce soit lachaleur du fil d'aluminium qui fonde e sélénium. Alors la surface noire prend une couleur uniforme brun gris, puis on continue de chauffer avec grand soin jusqu'à ce que le sélénium en fondant donne un liquide noir. On cesse alors de chauffer et l’on souffle sur la surface du sélénium ; la surface est alors àson état le plus sensible. On laisse refroidir le tube à l'abri de la lumière, puis on le placera dans un flacon d’énanthol, La pile à énantnol est un petit tube de verre (fig. 2), de 3 centimètres de lon- gueuret1 centimètre de diamètre , avec deux petites glaces de verre fixées aux côtés oppo- sés: l’une a une fenêtre de quartz QQ, cimentée avec de l'acide acéti- que et de la gélatine, ou bien de la glu et de la glycérine ; l’autre est fermée par un bouchon CC où passe le pelit tube AB. La pile est fer- mée à un bout par un bouchon de verre S, età ; l’autre on a scellé un fil de platine P’. Les deux pôles de la pile sont P et P'. La lumière d’une étoiletombera sur la fenêtre de quartz et au centre de la surface sensible À, qui est placée au foyer lun télescope ou mieux un peu en arrière du foyer de acon que la lumière couvre entièrement la surface du [= ACADÉMIES ÊT SOCIÉTÉS SAVANTES sélénium. Le siège de la force électromotrice étant la surface de contact du liquide et du sélénium, le sélé- nium se charge positivement et le liquide négativement, P estrelié à l’in des pôles d’un électromètre et P’ à l'autre, et sil y à une portion du sélénium qui ne soit pas exposée à la lumière, cette portioninerteagira sim- plement comme un conducteur transportant une partie de la charge positive au mauvais pôle de l’électromètre et diminuera ainsi l'effet observé. La pile, soumiseaux diverses radiations du spectre, s’est montrée sensible à tous les rayons, de l'extrémité du rouge, jusqu’au delà du violet, la f. é.-m. maximum se produisant dans le jaune, mais la grandeurde la f. é.-m. ne varie pas beau- coup jusqu'à ce qu'on atteigne le violet, À cet égard la pile à sélénoaluminium diffère de toutes lesautres piles photoélectriques, car lasensibilité de la plupart d’entre elles estréduite au bleu. On peut signaler toutefoisle fait que la pile, obtenue en immergeant des lames d'argent dans unesolution d’éosine, donne des forces électromotri- ces de signes opposés pour les rayons rouges etlesrayons bleus. L'énergie incidente sur la pile photoélectrique est proportionnelle au carré de la force électromo- trice. Si une bougie tenue à une certaine distance de la pile donne une différence de potentiel E entre les pôles P et P', deux bougiestenues l’une à côté de l’autre don- nent une différence de potentiel E \ 2. Si on connait les parallaxes p et p' de deux étoiles on aura donc pour le rapport ÿ de leurs éclats intrinsèques : Ep NA D se) On a employé un électromètre à quadrants d'alu- minium. En faisant l'expérience avec diverses étoiles, on a obtenu : Régulus ATOUT ESA ee ne eee nine e SU ER te ae En tenant compte des dernières déterminations des parallaxes des étoiles, on trouve qu'Arcturus envoie dans le même temps 75 3/4 fois autant d'énergie que Régulus. D’autres observations ont été faites sur diverses étoiles et planètes. Les résultats concordent bien avec ceux qui sont déduits de la considération de l’ordre de grandeur des étoiles. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES La Société a récemment recu les communications suivantes : MM. Augustus E. Dixon et R. E. Doran ont obtenu la succynyldithiocarbimide en chauffant du thiocyanate de plomb avec du chlorure de succinyle et du benzène sec : 5 C?H#(COCI)? + Pb (SC Az)? = PbCI2 + C2H4 (CO AzCS)? Ils ont pu préparer toute une série de dérivés de ce corps en faisant réagir sur lui les différentes bases aro- matiques. Par exemple, ils ont obtenu par réaction de la phénylhydrazine, la succinyldiphényldisemithiocar- bazide C?H(CO.AzH.CS.AzH.AzHCG6H5)”. En partant du chlorure de phtalyle, ils ont semblablement obtenu avec le thiocyanate de plomb, la phtalyldithiocarbi- mice. MM. Raphaël Meldola F. R.S.et E R. An- drews, en faisant réagir l'acide nitreux sur la dibro- maniline CSH$BrBrAzH? 1 : 2:4, ont obtenu un produit fondant à 234— 2359. L'analyse a montré que c'était un composé diazoamidé et lui donne pour formule: Br Br CADRE CAGE) ; Br Br ou bien : Br Br Az?.Az HR Br Br 648 MM. Harry Ingle et Harold H. Mann, par l'action de l'iode sur un mélange de benzylphénylhydrazone et d'éthylate de sodium en suspension dans léther, ont obtenu deux corps séparables par l’éther ou l'acétate d'éthyle. Le corps insoluble est identique à la dibenzyl- diphénylhydrotétrazone décrite par Minunni et Pech- mann; il a pour formule : CSH®.Az.Az — CH.CSH° C5 Hal 45 — CH:C5H5 La partie soluble dans l’éther semble être un stéréoiso- mère de la benzylosazoneet commeil est moins stable, les auteurs l’ont appelé le benzylsynosazone. Ils lui donnent pour formule : C6HS.C + Il Az. Az HC6H5 CSHS.H Az.Az MM. J. Walker et E. Aston publient une nouvelle mé- thode pour déterminer la force comparative des diffe- rentes bases organiques. — M. Augustus E. Dixon décrit toute une série de dérivés de substitution de l’urée et de la thiourée. — MM. W. R. E. Hodgkinson et N. E. Bellairs ont étudié l’action de quelques mé- taux sur les sels ammoniacaux. Ils se sont servis des nitrates et sulfates d'ammonium. Le cuivre métallique réagit immédiatement sur ces sels en fusion et mel en liberté du gaz ammoniac et un peu d'hydrogène. Lorsqu'on maintient la température à 160° environ, le résidu est un mélange de nitrate et sulfate de cuivre avec un excès des sels ammoniacaux. Le nickel et le cobalt réagissent de même, mais il se sublime en plus du sulfite et la quantité d'hydrogène est moindre. L'ar- gent est dissous facilement par ces deux sels; la quan- lité d'ammoniaque déplacée est à peu près équivalente à la quantité d'argent dissous comme sulfate où ni- trate. Le palladium est presque aussi actif que l’ar- gent; mais il se forme un sel double de palladium et ammonium. On voit donc que, dans presque tous les cas, le groupe ammonium est déplacée par le métal. ACADÉMIE DES SCIENCES D’AMSTERDAM Séance du 25 Mai 1895. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. J.-C. Kapteyn : Sur la distribution des vitesses cosmiques. L'auteur attri- bue l’insigniliance des résultats obtenus jusqu'à pré- sent par rapport à la constitution de l'univers à la défectuosité des hypothèses, en partie invraisemblables, en partie sensiblement fausses, dont on s’est servi, Il cherche à démontrer qu’au contraire, un petit-nombre d’hypothèses admissibles peut déduire des observations une première approximation : {° de la loi de distribu- tion des vitesses linéaires absolues ; 2 de la loi de va- riation de l'accumulation des étoiles avec la distance au soleil ; 3° de la loi de la distribution des étoiles de différente clarté absolue. Jusqu'ici l’auteur s’est oc- cupé principalement de la première loi. Il la fait dé- pendre des trois hypothèses suivantes :4) Dans le mou- vement des étoiles 1l n’y a pas de préférence pour une direction déterminée. b) La loi de la distribution des vitesses est indépendante de la distance à notre sys- tème solaire. c) La fonction de la probabilité d’une vitesse linéaire de grandeur donnée n'admet qu'un seul maximum, De la première hypothèse on ne saura se défaire qu'autant qu'on dispose de méthodes pour déterminer exactement des parallaxes annuelles inférieures à 0”,01; elle nous oblige à exclure les sys- tèmes à mouvement propre commun, comme les Hyades et les Pléiades, La seconde hypothèse obtien- drait une grande vraisemblance, si l’on eût démontré que la vitesse linéaire moyenne ne varie pas avec la distance au soleil, Au contraire, M. Ristenpart prétend avoir trouvé que cette vitesse moyenne augmente avec Ja distance; cependant on prouve sans peine que la méthode de M. Ristenpart ne saurait mener qu'à des C.CSH° om Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17 —————— ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES a OU CS EE CNT ARR 2 000 résultats illusoires, Une démonstration directe de l’exac- titude de cette hypothèse pour certaines limites de la distance s'obtient par la comparaison des vitesses linéaires moyennes des étoiles de Bradley du second type avec celles des autres types spectraux. Contraire au résultat de M. Ristenpart, celte comparaison a fait trouver une différence extrêmement petite entre les vilesses moyennes des étoiles à des distances très con- sidérables, Ensuite, l’auteur fait voir que l'hypothèse € est nécessaire pour l’approximation de la fonction de probabilité f (s) de la vitesse linéaire s. — M. P. H, Schoute présente un mémoire de M. M. van Overeem dr, intitulé : Sur les points remarquables des polygones inseriptibles. Sont nommés rapporteurs MM. J. de Vries et P, H. Schoute. 20 Sciences PHYSIQUES. — M. J. D. van der Waals s’occupe des caractères distinctifs par rapport à la forme de la courbe de plissement dans le cas d’un mé- lange de deux matières. Dans le cas d’un mélange de deux matières, dont la température et la pression ont été déterminées de manière que les deux phases co- existantes se correspondent en composition et en den- sité, on donne le nom de courbe de plissement à la ligne qui fait connaitre la relation entre ces valeurs de r et p pour des degrés variables de composition. Ce nom fait allusion à la circonstance qu’un mélange se trouve dans la condition indiquée, si par son volume et par sa composition, il occupe la place du point de plis- sement sur la surface 4. Quoique à présent il n’est pas encore possible de déduire l'équation de cette courbe, la théorie en donne l’équation différentielle dans la forme : dp D?V 'AMDPE HSE dar pr qui permet d'en trouver les particularités les plus saillantes. Dans la présente communication l’auteur s'occupe de deux points particuliers de la courbe, Dans le premier, la courbe touche la ligne des poins de ten- sion maximum; dans le second, la tangente est paral- lèle à l’un des axes, — M. J. D. van der Waals pré- sente un mémoire de M. W. H. Julius : Sur un dispo sitif pour protéger les instruments de mesure contre les tremblements du sol. Les galvanomètres sensibles ou d’autres appareils dont les systèmes mobiles, extrême ment légers et suspendus d’une manière délicate, se trouvent souvent dans un état de branlement contin par suite des vibrations du sol, peuvent être protégés presque complètement contre celles-ci quand on le dispose de la manière suivante, L’instrument est fixé à un support suspendu par trois fils d'acier égaux et parallèles de 2 à 3 mètres de longueur. Ces fils des- cendent de trois points A, B, CG (d’une poutre ou d’une console), situés aux trois sommets d'un triangle équi- latéral horizontal et aboutissent aux points A, B', C! sur des pièces métalliques saillantes du support. On a soin de faire coincider le centre de l’inertie du système suspendu (savoir de l’ensemble du support et de l'ins- trument) avec le centre du triangle A’,B',C'. Pour y par- venir on place l'instrument de telle sorte que son centre de gravité se trouve dans l’axe de l'appareil total et l’on ajuste en sens vertical à l’aide d'une masse mobile à crémaillère le long de cet axe. Afin d’amortir les mou-= vements oscillatoires de longue durée, il y a autour de l'appareil trois petits vases remplis d'huile où plongent des systèmes de deux plaques croisées que l’on fixe au support par des tiges recourbées, Après avoir démon- tré que les forces perturbatrices, auxquelles linstru- ment ainsi disposé est assujetti, sont très petites et que les mouvements nuisibles qui en résultent seront négligeables, lauteur finit par lexposé du résultat assez satisfaisant de quelques expériences faites avec un radiomicromètre (selon M, C. Vernon Boys) à cir- cuit léger et très mobile qu'il installe d’abord sur un pilier fondé sur le sol et qu’ensuite il suspend suivant les conditions décrites, P. H. Scxours. Le Directeur-Gérant : LouIS OLIVIER, N° 15 15 AOUT 1895 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER L'ÉTUDE SCIENTIFIQUE DE MADAGASCAR Au lendemain de la conquête, qu’aurons- | légèrement acceptés par le publie. C’est, — nous à faire à Madagascar? comme on va le voir, — selon la bonne mé- … C'est à la Science, non à la Bureaucratie, | thode scientifique, d’après des faits d'observa- qu'il appartient de l'indiquer, — et tel est | tion positive, que sont appréciées, dans les Mobjet des articles qui vont suivre. pages qui vont suivre, les ressources natu- relles de l'ile. La juste estimation de ces res- Ces articles exigeaient de multiples compé- | sources doit être à la base de l'œuvre écono- D: les uns sont l'œuvre d'Explorateurs, mique et sociale que la France à désormais d'Agriculteurs, d'Ingénieurs, d'Administra- | mission d'accomplir à Madagascar. Heurs et de Médecins ayant longtemps résidé à Tousles articles de fonds du présent numéro Madagascar; les autres sont dus à des Savants | sont, pour cette raison, consacrés à l’étude jui ont appliqué toutes les ressources de nos | scientifique de la question malgache et aux laboratoires à l'étude des produits rapportés | enseignements qui en découlent pour notre par les Voyageurs. | politique coloniale. Is nous font connaître le monde malgache, les différentes races humaines qui habitent la Il nous à paru indispensable de documenter grande île, leurs mœurs, leur degré de civii- | ces articles de cartes spéciales et de nom- tion et leurs besoins. Ils nous renseignent, | breuses photographies. 93 simili-gravures, dune façon précise, sur le climat du pays, | jointes au texte de nos collaborateurs, ont été Bétat du sol et les conditions diverses, — sani- | faites d’après des clichés ou épreuves prove- ires ou autres, — qui permettent ou em- | nant de collections privées et de l'Exposition pêchent de l’exploiter. de Madagascar au Jardin des Plantes. Nous Hant d'opinions fantaisistes ont été émises | devons, à ce sujet, des remerciments particu- : les richesses de Madagascar qu'il importait | liers à MM. Grandidier, Alluaut, de Faymo- breviser, à ce sujet, des jugements aussi in- | reau et à la Direction du Muséum. onsidérément portés par les chroniqueurs que (Note DE LA Direcrtox.) REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. 15 650 E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE LE MONDE MALGACHE GÉOGRAPHIE ET ASPECT GÉNÉRAL DE MADAGASCAR — LE SOL, LA FLORE ET LES FORËTS — LES RACES MALGACHES ET LEUR CIVILISATION Pendant que nos soldats «montent à Tananarive » el pendant que nous suivons pas à pas leur marche en avant, il importe que les Français, soucieux de l'avenir de leur pays, puissent connaître Madagas- car au point de vue scientifique et économique. Il faut que les savants, les explorateurs, les agri- culteurs et les commerçants qui ont étudié celte grande ile, viennent éclairer le public sur les res- sources naturelles de ce pays, sur ce qui a été fait, el sur ce qui reste à faire. Il faut que ces hommes préparent et organisent la conquête économique de ce pays, tandis que notre armée en achève la con- quête militaire. C'est alors seulement que les sacrifices de sang et d'argent consentis par le Gouvernement français ne resteront pas infructueux, el que celte colonie pourra apporter à la métropole un supplément de force politique et de vigueur économique. Mais, pour atteindre ce but, il ne faut pas s'ap- puyer exclusivement sur le concours du Gouverne- ment; il faut faire appel aux hommes de bonne volonté, exciter leur initiative, les renseigner sur ce que vaut exactement Madagascar et ce qu'ils peuvent y tenter. C'est ce qu'a bien compris la Direction du Muséum d'Histoire naturelle en organisant une Ex- position ethnographique, zoologique, botanique et géologique de Madagascar, el en complétant cette Exposition par une série de conférences faites par des savants tels que MM. Milne-Edwards, Hamy, Stanislas Meunier et Bureau. Nous applaudissons sans réserve à cette mani- festation de notre grand établissement scientifique qui, au lieu de conserver pour quelques privilégiés les richesses dont il dispose, fait profiter de ses précieuses collections tous ceux qui s'intéressent à notre expansion coloniale, et leur donne ainsi des renseignements pratiques et sûrs. A cette heureuse initiative du Muséum, le public , d’ailleurs, répondu avec un louable empresse- ment, et la preuve, c'est que l'Exposition, pendant les mois de juin et juillet, a eu environ 40.000 visi- teurs. Ajoutons que plus de 1.200 auditeurs assis- taient à chaque conférence el nous aurons montré qu'il existe chez le public un désir ardent de s'instruire el de sc renseigner. Il est juste de dire que cette Exposition estremar- quable à un double point de vue : et par la va- leur des pièces, dessins, photographies et docu- d ments divers qu'elle renferme, et par la facon dont ces documents s’y trouvent classés et commentés. Elle est riche, parce qu'elle a été faite avec les collections rapportées depuis 30 ans par les explo- rateurs français MM. Grandidier, Humblot, Catat, Maistre, Foucart, Douliot, Alluaud, Gautier, Grevé, etc. Plusieurs innovations des plus ingé- nieuses y ont été introduites. Les photographies, par exemple, ont été disposées par régions, et ac- compagnées de notices explicatives et de cartes géographiques, sur lesquelles est teintée la région à laquelle ces photographies se rapportent. Près de chaque groupe d'animaux, une carte géogra phique indique la répartition de chaque espèce, et une notice manuscrite donne des renseignements sommaires, mais précis, sur les mœurs et l'utilité des principaux types. Grâce à cette nouvelle disposition, qui permet au visiteur d'observer, de s'intéresser à tous les objets, l'Administration du Muséum, tout en con servant à l'Exposition son caractère essentiell ment scientifique, l'a rendue accessible au grand public. Il serait injuste de ne pas dire que le Di- recteur du Muséum, M. Milne-Edwards, a été mer-« veilleusement secondé par la précieuse et active collaboration de M. A. Grandidier, qui, depuis de nombreuses années, se consacre, comme on sait à l’étude de Madagascar. À côté des apports faits à l'Exposition par les autres explorateurs, les: siens tiennent incontestablement le premier rang. Nous allons essayer d'indiquer ici, d’après ces voyageurs el ces savants, l'état actuel de nos con- naissances sur l’ensemble de Madagascar, la cons= litution géographique et géologique de l'ile, sam flore et sesrichesses forestières, les races humaines qui la peuplent et leur état de civilisation. —- Nous® passerons complètement sous silence toutes les questions qui demandaient à être traitées chacune par un spécialiste, et que les articles qui suivron cette rapide étude ont pour but d'exposer. Nous n'avons pas non plus à parler de l'histoire des explorations à Madagascar, ce sujet étant traité plus loin par M. le Professeur Milne-Edwards. [. — ENSEMBLE DE L'iLE, GÉOGRAPHIE ET GÉOLOGIEM L'ile de Madagascar (fig. 1), qui s'étend entre les 12° et 26° degrés de latitude sud, est située à peu de distance de la côte orientale d'Afrique: E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE 654 . C'est une des plus étendues du globe : sa superficie, . évaluée approximativement à 600.000 kilomètres carrés, équivaut à celle de la France et de la Bel- _gique réunies (fig. 2). Sa longueur du nord au sud est d'environ 1.600 kilomètres, tandis que sa plus $ 1. — Région orientale. La région orientale comprend: tout le versant est de la grande chaîne de montagnes qui s'étend le long de la côte, depuis le pays de Diego-Suarez jusqu'à Fort-Dauphin, sur une largeur r s Le ses à Comore 15 Glorieuses JS R LT ; - [15 comoRès , | MoilyS: ‘Anjopan À A eS AE STONE DS. ve Maskora "A #8 PlBarrom { moyenne de 100 kilomètres. Cetterégion , très montagneuse lors- qu'on s’écarte des bords de la mer, est principalement formée d’argile rouge, au milieu de laquelle apparaissent des roches primitives (gneiss, micaschistes) et des cou- lées de basalte. Les pluies y sont très abon- Fig. 2. — Superficie comparée de la France el de Madagascar. dantes, pour ainsi dire continues, et, en certains endroits, il ne tombe pas moins de 3 mètres d’eau par an. Aussi les pentes des montagnes, malgré leur mince couche d’humus, ont-elles une végétation her- bacée assez vigoureuse, et les hauts du | versant sont-ils bordés par une large bande de forêts. D € Fig. 1. — Carte générale de Madagascar. “grande largeur n’atteint pas 600 kilomètres. Elle est séparée de l'Afrique par le canal de Mozam- “bique, large de 400 kilomètres; elle est baignée à l'est par l'océan Indien, où se trouve, à 600 kilo- “ mètres, notre possession française de la Réunion. — L'ile peut être divisée en trois régions bien dis- tinctes par leur aspect physique, leur constitution “séologique, leur faune et leur flore, Ce sont : la région orientale, la région occidentale et la région D (fig. 3). Les vallées sont marécageuses et de- manderaient à être drainées à grands frais si l’on voulait les utiliser pour la culture. Le décor de tout ce versant oriental, avec ses forêts puissantes, ses nombreux cours d'eau et ses torrents (fig. 4), est des plus pittoresques et fait avec raison l'admiration des voyageurs. Ce qui manque surtout au sol de cette région, comme à celui du massif central, ce sont, d'après les renseignements que nous tenons de M. Gran- didier, les calcaires et les marnes, sans lesquels la fertilité n’est pas durable. C’est un point dont les 652 futurs pianteurs feront bien de tenir compte, s'ils ne veulent éprouver de trop grandes déceptions. Les fleuves du versant oriental sont, à cause de la déclivilé brusque du sol, des torrents. On peut citer : le Manompa ; le Maningoro, qui forme le lac Alaotra long de 30 kilomètres et qui fut jadis, E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE entre elles et créer une navigalion intérieure qui suppléerait aux obstacles de la barre et permettrait le cabotage. Vers Mahanoro (fig. 5), dans la région moyenne, la lagune est très poissonneuse, et la pêche est organisée par les habitants, qui éta-. blissent de grands barrages à l'aide de bran- ches entrelacées, a- d'après E. Reclus,une & merintérieure longue | de plus de 300 kilo- mètres, le Mangoro, qui est le plus consi- dérable et qui, large WGdeComore 15 COMORES Moely®: Anjouan 84 Pamansi Mayotte & Zacudr et peu profond, coule PR: sont excessivement norords cou 7 o . entre les deux bandes l'Radama VE LÀ intonpons | Malsaines, et c'est là forestières en une Brèrane Be que la fièvre fait ses belle vallée où les A aintataba | Plus grands ravages villages entourés de jardins se perdent Ma dans les feuillages. | ci LES Après avoir traversé | CS nr EN cette plaine, une lon- | À gue etpuissante chai- | Marotondr AY È EX ne de montagnes ap- HAT parait comme uu mur gigantesque : c’est le | ere? rebord du massif cen- pes tral. La côte est plate et peu découpée ;ellene présente que la ma- gnifique baie de Die- go - Suarez (fig. 1, page 718), celles d'Antongil et de Fé- nerifa. Une barre, droite et régulière, règne sur toute la côte et rend les dé- barquements diffi - ciles et dangereux. Les gros navires Masoru mouillent au large NT De DE > . SAN > Zrütrarnandraà RE o et le débarquement Pt, s'opère dans des piro- EE CS Marie 15 Glorieuses vec des nasses dans. les ouvertures (fig. 6). Ces plaines basses el marécageuses qui avoisinent la mer, CdAmbre 5° PA ViZiam rs 2 Bsde Dig oSuarez I.NossiBe NE TN à 2 9 in à e Polerrerr X Ds 3) À (fig. 7). Au nord de la côte & orientale se trouve NEA notre colonie de Die- go-Suarez , avec sa baie magnifique et sa capitale Antsirane ; sa situation particu- lière l’a fait appeler justement la Citadelle de l'océan Indien. À une faible distance se trouve la montagne d’'Ambre,surlesflanes de laquelle se sont établis des colons français, originaire du Jura; leur habita- tion est entourée de jardins dans lesquels ils font de la culture maraichère (fig. 8). Les principales vil- les du littoral sont : Vohemar, Fenerifa , Tamatave, Mahano- ro et Fort-Dauphin. Tamatave, qui à une é CEst & er “i ESC Masaola a Ambodfototra F 2 Tamatave ÉaErEc Carorrtn, a 44 Andovoranto 9 déeparasy De AMahanoro gues à balancier d’une finesse extrême (fig. 10, page 658). Tamatave est le seul port où l’embarquement puisse se faire aisément (fig. 4, page 722); encore est-il exposé aux cyclones pen- dant deux mois de l’année. Sur le bord de la mer se trouvent d'immenses lagunes, peu larges et peu profondes, retenant une eau saumätre, stagnante et liède, où poussent des nénufars et des roseaux. De loin en loin, une communication avec la mer. On pourrait, avec quelques travaux, faire communiquer ces lagunes Fig. 3. — Carte des Lrois grandes régions géographiques de Madagascar. population de 20.000 habitants, est le port le plus important de Madagascar (fig. 9 et 11). Les Malgaches et surlout les Indiens Malabars y. font un commerce actif. De Tamatave partent des caravanes pour Tananarive : plus de 900 porteurs ou borizana marchent entre les deux villes, trans- portant voyageurs et marchandises. $ 2. — Région occidentale. Cette région est relativement plate, avec, çà et là, des collines et de petites chaines de monta=- -U9110) Sodarara sop adj o7 uotq steu ‘g[0st se9 un sed uou L ‘18H 9109 faquasaadox 191 I 2p soon ud ju91407 9T — :. 1D9S$DbDPDIN 2P )PjUa110 JUPSU0Q NP JU9LLO] 7 on RÉ ES RS SE DS ne = ne es CT =. g. 5. — Mahanoro, ville de pécheurs sur la lagune de la côte orientale, dans la région moyenne de Madagascar. ST 2P SAlQIAU Sa) SUDp UosS10d 27 aupuaud Anod stayund a sabn..1ng — *9 *StY Die . 1. — Plaine marécageuse d'Anamarika (Baie de nombreuses petites les formant une s go-Suarez). — > ine est le type des régions à découpures s, à fond ar ux, où leau ne » 3 n système de nialals pt stilentiel. ‘Sa88DQ SuorbauTsap sapnindur 52 quarbn au a$ n0 Wnn4101DUNS np Ssn0ssap-nn ‘a7u1qn70s ap sapin fan SUO17PU09 S9p Sup ‘a1qup D aubnjuopy DJ ANS 9PN]1)D,P Saljaut D00'T © s2PSuD1] suooo 9P JUAUASSYQ0IT — 8 514 BU ‘2ADJDUINL — "6" “sauobipur Sa) An 39/1qQM4 ‘27910 2771910 NP] 9 24 658 . CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE gnes. Elle est plus élevée dans le sud que dans l’ouest. Son climat très sec, — car il n’y tombe pas plus de 30 à 40 centimètres d’eau par an, — ne permet la culture que sur les bords des fleuves. Celte vaste zone est caraclérisée par des plantes” qui ne craignent pas la sécheresse : Baobabs, Ta- mariniers, Arbres de Cythère, Lataniers épineux et ra- bougris, Zuphorbiacées arborescentes, Didierea, ete. Absolument aride et désolée dans le sud et le } sud-ouest, cette région s'améliore vers le nord. Dans le Ménabé, par exemple, sont de vastes pà- | turages où les Sakalaves élèvent les plus beaux" bœufs de Madagascar. Presque tout l’ouest, d’après les récents travaux" de M. Gautier, qui a exposé une carte géologique OR ss 1 Fig. 10. — Pirogue à balancier. ‘dontnous reproduisonsune esquisse (fig. 12, p.660), appartient aux roches sédimentaires (grès, argiles et calcaires). On trouve aussi, en divers points, des, basaltes, ce qui prouve que les éruptions basalti=" ques ne sont pas spéciales à la côte est, comme on le croyait. Des fossiles jurassiques, crétacés et ter- liaires, recueillis par divers explorateurs ont per- mis d'établir l'âge de ces différents terrains. Ces dépôts sédimentaires, qui ne sont jamais plissés, ont été coupés par des failles; d’où il ré- sulte que dans l’ouest malgache les horizons sont rectilignes, les accidents de terrain sont de vrais plateaux, et les vallées, des gorges, des couloirs étroits à parois verticales. Cette région, qui est l'habitat des tribus indé- pendantes, est, par suite, la partie la plus mal con- nue de l'ile. Dans le sud, cette plaine sakalave est recouverte d’argiles colorées et sillonnées de fail- les par lesquelles s'écoulent des sources bitumi- neuses et des sources de poix. 660 E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE Au sud, trois grands plateaux séparés par les rivières Saint-Vincent et Saint-Augustin. Le plus septentrional a été exploré par M. Grandidier et présence de sel gemme dans les montagnes de l'Isalo; puis, enfin, les rivières Saint-Vincent e Saint-Augustin. Re par Douliot; il est bordé à l’est par la ST de Comore chaine del Isalo, dont |;:Ÿ’comores le versantorientalest | may: ‘Anjouan un des plus pittores- ques par ses gorges et ses cañons qui le coupent et laissent des parois hautes de 409 mètres. L'ouest malgache, dans son ensemble, estparcouru par deux vents de direction et Pamanst ! / " Pilemar.s G CS'AnAr ETS d'influence contrai - Marotondro=) | ES (Q res : par l'extrémité ER Jalombof—# $\ nord du canal de Mo- MS LS zambiqueentrentdes 22 moussons chargées | Zen Re? de pluie; par l’extré- si L j is arren DE S mité sud, des vents ram dE j qui, ayant passé par- dessus les mers an- tarcliques, sont frais et asséchants. Aussi, à mesure qu'on S'a- vance vers le sud, les pluies sont-elles moins abondantes : au nord, six mois de sl Liitmanendrafo$f jL C ©= HA Ltrrpastland 1 CSL | Vincent | (LE ÿ À pe Lu w D pluie; à Majunga , |... trois mois; plus au | xraré PTE sud, les plantes gras- |: Ke ses apparaissent, el, à l'extrême sud, des années entières se passent sans pluie, et les embouchures ©, Oman CS Marie 1 Hanakæranx 5 Fort Dauphin 15 Glorieuses Cd'Armbre s Re È gedeDiégoSuare, | YOMPU par des rapi- RES vane des et ne sont, par 5Mino “9 I.Nossi-Be tn è conséquent,pasnavi- cependant, naviga-M ble pendant 150 kilo mètres (sur 800), est utilisé en ce moments par nos chaland pour assurer le ra= vitaillement de nos SA PS CE 134 EL Masaola €. Ce, Honpes dont le cen- pisteMarie | tre d'opération esb Étméotforore | établi à Suberbies Fe ville. EYoule Fornte En résumé, il n°y à pénétration fluviale Les côtes du nord ouest, avec leurs fa laises crayeuses € leurs nombreuses. baies, offrent de beaux ports à l'abri des cyclones de l'o=. céan Indien : tel le port de Majunga, oi nos troupes ont opé- ré leur débarque ment. Les côtes basses et sablonneuses du Mé- nabé n'offrent aucun bon port, l'embou chure des fleuves 6= Masomeloka Yéruvelona SN Hangatsiaotras despetitsfleuvessont souvent à sec. Les fleuves soniplus développés que dans l'est ; on peut citer le Majamba. Le Betsi- boka et l'Ikopa(fig.3, p- 120), passant à Ta- nanarive, se Terrain éroptif récent (basslte, trachyte). sie: Terrain cristallin, Terrain jurassique, rejoi- gnent près de Suber- bieville pour se jeter dans la baie de Majunga. C’est la route suivie en ce moment en sens inverse par notre expédition militaire. Plus au sud, on trouve le Fiherana, qui aurait à sa source un certain degré de salure, attestant la .— Carte géologique de Madagascar, d'après tant obstruée de bar- res formidables. | Sur la côte dus sud-ouest, l'absence: d’embouchure favo= rise le développe ment des coraux, qui. empätent et accrois=M} sent continuellement la côte. 4 | Le Saint-Augustin débouche par un grand es tuaire qu'entretiennent les vagues de l'océan An larctique, tandis que, dans tout le reste de la côte occidentale, les fleuves se terminent en dellas ve= couverts de Palétuviers. Terrnin inconnu, probablement sédi- mentaire, Terrain tertiaire. Terrain crétncé. M. E. Gaulier. ‘au17709 n] 9p ANA ‘DAJOYDIOYUF ——; 4 "DU EL + 2 : : ; “ et T'ullear. Au su se Re l'ile de Mossi- Bi avec Helleville (fig. 2, p. 7119) pour chef-lieu; c'est un poste important comme entrepôt de marchandises, ét qui comprend environ 10.000 habitants. S 3, — Région centrale. C'est un vaste chaos de montagnes, qu'on a comparé, non sans raison, à une mer agitée, qui aurait été subitement figée. Cette région monta- gneuse est surtout formée de roches cristallines pri- milives (gneiss et micaschistes), au milieu desquelles apparaissent des affleurements de bosalles et plus rarement de calcaires cristallins. Ce massif est isolé dans l’île comme un xid d'aigle, suivant l'expression pilloresque des Hovas. Son altitude moyenne est de 1.500 mètres; un grand massif, l'Ankaratra, qui domine tout le pays au sud-ouest de Tananarive, a 2.600 mètres d'altitude. C'est une région absolument dénudée. Aussi les Hovas qui l'habitent portent-ils, en malgache, le nom d’Ambanylanitra, c’est-à-dire « sous le ciel », ce qui signifie, d'après une étymologie sakalave contestable du reste, « ceux qui n’ont d'autre abri que la voûte du ciel, pour qui l’ombre des arbres n'existe pas ». On ne trouve d'arbres, en effet, que dans les vallées étroites, le long de petites ri- vières qui leur fournissent l'humidité nécessaire. La sécheresse dure d'avril en octobre. Dans le fond des vallées se trouvent des rizières fertiles (fig. 12, page 732); sur les coteaux des troupeaux de bœufs, elun peu partout des maisons en terre et en briques. Le sol est une argile rouge, dure, parsemée de blocs de granit. Le massif central se lermine presque partout à l’ouest par un abrupt de 7 à 900 mètres; c’est le Bongolava ; mais, sur les deux routes allant de Ma-- junga à Tananarive; celle du Betsiboka et de l'Ikopa, la montée se fait progressivement, sans ressaut brusque (fig. 2, page 716). C’est par ce chemin que notre armée arrivera à Tananarive, Le climat, qui y est tempéré, permet aux Européens de s'y accli- mater parfaitement et d'y travailler manuellement, Cette région comprend comme villes impor- tantes : Tananarive, Ambohimanga et Fianarant- SOa. T'ananarive, situé à 300 kilomètres de Tamatave et à 450 kilomètres de Majunga, et dont la popula- tion dépasse 100.000 habitants, s'élage sur un massif isolé dans une vaste plaine (fig. 14). Sur le point culminant (1.420 m.) est bâti Le palais de la Reine (fig. 43, page 689). Les principaux édifices apparaissent au milieu des bouquets de manguiers et de lilas de Chine; mais, si l'aspect extérieur est riant, l'intérieur de la ville est désenchanteur; les rues sont de véritables fondrières (fig. 15); E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE la ville Eu . de Hors “bu est là que, ous par nos soldats, ils nent dit-on, se réfugier. est une région essentiellement agricole. $ #. — Passé géographique et passé géologique de l'île Si l’on ajoute au remarquable travail de M. Gran- didier sur l’histoire de nos connaissances géogra= phiques les données acquises par les récents explorateurs, on aura un ensemble à peu près complet. M. Grandidier a exposé au Muséum uné série curieuse d'anciennes cartes (du xrr° sièele à 1865), parmi lesquelles on remarque la premiè carte donnant une idée exacte de la position et de la configuration générale de cette île, et qui re: monte à 4517 ; à côté se trouvent de belles cartes modernes, dressées par M. Grandidier et par les R. P. Roblet et Colin. L'histoire géologique de Madagascar est inté- ressante : elle montre, en effet, d'une manière très nette, les relations géologiques de cette île avec le continent indien. D'après Oldham, la similitude des flores fossiles du trias du Sud africain et de l'Inde, prouve l'existence d’un continent indo africain, qui devait occuper une large partie du Pacifique actuel. D'autre part, on sait, d’après Neumayr — et les récentes éludes géologiques ap- puient l'hypothèse du savant autrichien, — que les dépôts jurassiques de l'Afrique orientale et de côte occidentale de Madagascar semblent bié s'être formés dans une grande mer intérieure, uné Méditerranée Ethiopique, qui aurait été séparée di Pacifique par une presqu'île indo-malgache. Enfin d'après Oldham et de récentes observations de M. Boule, le crélacé supérieur de Madagascar, pa son faciès biologique, se rapproche de celui dem l'Inde, et montre qu'une connexion terrestre a dû exister, pendant cette époque géologique, entre le continent africain , Madagascar et l'Indous: tan. À En somme, par son passé géologique, Mada: gascar doit être rattachée à la région indienne: L'étude de la faune, de la flore et aussi des races humaines, conduira aux mêmes conclusions. IT. — FLORE ET FORÈTS. La flore de Madagascar offre un caractère ori= ginal, qui a été bien mis en évidence parles beaux He de M. Grandidier et de Baillon : parmi les 500 plantes connues et classées, les unes rap= as les végélaux d'Afrique, d'autres ceux de l'Amérique du Sud ou de l'Australie; mais c'est u MST 2P 2NQ ‘AMUDUDUN]T — ‘Y{ SU fe mes el . 15, — Rue à Tananarive. :E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE 665 surtout des plantes asiatiques qu'elles se rap- prochent le plus. La végétation de Madagascar varie beaucoup suivant les régions. On peut, à ce point de vue, comme nous l'avons fait pour la géologie, diviser l'ile en trois régions : 1° La région orientale, avec une végétation fores- tière puissante et variée ; | 2° La région occidentale qui, exposée aux vents desséchants de l'Afrique, est aride el brous- sailleuse ; | 3° La région centrale, qui est privée d’arbres et qui est un pays essentiellement agricole. que les Betsimisarakas utilisent pour faire des sortes de cruches à eau; pour cela, ils percent avec une sagaie les cloisons du bambou, sauf la dernière, qui sert de fond à ce vase cylindrique, dont la longueur peut aller jusqu’à 4 mètres (fig. 17). Sur les collines, on trouve le fameux « Arbre des voyageurs » ou « Ravinala » (Urania speciosa). Cet arbre, très voisin des bananiers, a le tronc lisse, élevé et surmonté d'un magnifique éventail de larges feuilles vertes, au nombre d'une vingtaine, et longues de 2 mètres environ, sur 50 centi- mètres de largeur; ces feuilles ont de longs pétioles qui, comme les rayons d'une roue gigantesque, + Fig. 16. — Arbre des Voyageurs. $1.— La Flore. 1° Région orientale. — La flore varie suivant qu'on l'étudie sur les côtes, dansles plaines marécageuses ou sur les collines. Le long des /aqunes existe une végétation spéciale, formée de nombreux Vakoa (Pandanus), solidement —ancrés par leurs racines fourchues, et dont les feuilles, repliées en cornet, font d'excellentes cuil- “lers; des Brekmia spinosa, dont les fruits ont une pulpe très estimée des indigènes; de nombreux “palmiers et autres arbres recouverts de magnifiques orchidées parasites, Dansles lagunes, aux environs de Mahanoro, croit le copalier (Æymæna verrucosa), bel arbre dela famille des Légumineuses, qui sécrète la gomme. On trouve, enfin, denombreux bambous, REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. s’encastrent les uns dans les autres. De profil, cet arbre se réduit à une simple ligne; de face, il se déploie en un colossal éventail fig. 16). Il doit son nom à ce que l’eau atmosphérique, rassemblée dans les replis du pétiole, sert, paraïit-il, à rafraichir le voyageur altéré ; cette explication n’est guère ad- missible, car cet arbre ne pousse que dans le voi- sinage des cours d’eau, et jamais dans les régions arides. Il sert, comme le Raphia, dans la cons- truction des cases; sa feuille fraiche sert de plal aux indigènes, et, avec ses jeunes feuilles, une soupe très indigesle. Get arbre est caractéristique de loute la région orientale; on ne le trouve jamais, cependant, au- dessus de 600% d'altitude. Le Raphia (Raphia Madaguscariensis, Saqus Ruphia 15* on fait bn à ed à om sat GES SSSR Sd M ne pr SR PAT MEL TIE HE a $ Æ ; À # 4! Fig. 17, — Femmes Belsimisaralias allant chercher de l'eau dans des tiges de bambou, qui leur servent de vases. *1DISDODPNIY 2p pAiou UOrbau ny ap (1191p1pUDAN DIUOSUNPF) Q0QO0PT — ‘8 "SIA Fig, 19. — Baobab (Adansonia Z&) répardu dans le nord de la région cecidentale. nn Fig. 20.— Baobab (Adansonia Madagascariensis) surtout répandu dans le sud de la région occidentale de Madagascar. 670 est un palmier au port gracieux, qu'on rencontre partout à Madagascar, sauf sur le Massif central. Son tronc, couvert d’aspérilés, qui marquent l'at- tache des anciennes feuilles, porte à son sommet un bouquet de belles feuilles atteignant parfois de 5 à 6 mètres de longueur, et composées d’un grand nombre de folioles insérées à angle droit sur la nervure médiane. On utilise toutes ces parties : les nervures donnent de solides perches pour la cons- truction des cases (fig. 11, p. 731) et la fabrication des filanjanas, chaises à porteurs (fig. 7, p. 725 et fig. 9, page 726) ; le bourgeon terminal, comme le chou palmiste, est un comestible très goûté ; enfin, la fibre du Raphia est un textile souple et résis- tant, qui sert aux indigènes pour fabriquer des vêtements grossiers, des cabanes; ces fibres brutes, mises en paquets, sont expédiées en Europe, où elles sont utilisées par les viticulteurs et les jardi- niers, qui les préfèrent aux jones. Vers 400" d'altitude les Raphias et les Ravinalas disparaissent : on entre alors dans la première zone foreslière, qui sera décrite plus loin. Sur le versant oriental, les lianes à caoutchouc (Vahea gommifera Madayascariensis) sont très com- munes dans les forêts. 2% Région occidentale. — Cette région, qu’on pour- rait appeler la région de la brousse, occupe les trois quarts de l'ile. La végétation est loin d’atteindre la puissanceetla splendeur dela forêtorientale. Elle est recouverte d'herbes sèches, dures, qui, au mois de mars, peuvent avoir 250 de haut. Il faut. faire exception pour les beaux päturages du Ménabé. Vers le sud apparaissent les plantes grasses et épineuses, dont le suc remplace l’eau dans l'ali- mentation indigène. Le Satrana (Æyphœna Madagascariensis), qui est le Latanier de Madagascar, caractérise l’ouest saka- lave, comme le Ravinala caractérise l’est. Le gigantesque Baobab donne aussi à cette ré- gion un cachet bien spécial. Il est représenté à Madagascar par plusieurs espèces qui peuvent être distinguées par leurs fruits, et dont les principales son : Adansonia digitata, très grand arbre à fruits bl > 5 allongés et gros ; Adansonia Madagascariensis, à fruits arrondis (fig. 20); Adansonia Grandidieri, dont les fruits ont une forme ovale (fig. 18) ; Adansonia Za (Gg. 19). Le Didierea, que Baïllon classe dans les Sapin- dacées, est un arbre de 4 mètres de haut, à l’aspect « cactiforme » et simulant un gigantesque Lyco- pode ; il forme de véritables champs dans les plaines. arides du sud-ouest : ses graines con- E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE ACT tiennent un alcaloïde voisin de la caféine, el, comme celte dernière, il provoque la mort par té-… tanisme. Le T'anghenia venenifera (Apocynées), qui … fournit une amande contenant un poison qui, à la. dose de quelques milligrammes, tue l'homme par arrêt du cœur; aussi a-Lil servi à fabriquer le « poison d’épreuve malgache : le /{anguin. | Enfin larégion dusud,trèsaride, n'offre plus que » quelques «Arbres de Cythère »,entre lesquelsappa- « raissent des nids de Termites qui peuvent avoir M jusqu’à 60 centimètres de hauteur. 3° Région centrale. — Celle région, qui représente le cinquième de l'ile, est dénudée. Quelques arbres se rencontrent seulement dans les gorges étroites. Les habitants de cette région, Hovas et Betsileos, ont détruit de grands bois, soit pour mieux aperce- voir l'ennemi, soit pour faire paitre leurs immenses troupeaux de bœufs. Enfin, dans les vallées, se trou- vent d'immenses et fertiles rizières. $?., — Les Forêts. Les forêts sont une des principales richesses dem Madagascar ; elles forment, autour del’île, une large ceinture longue d'environ 4.000 kilomètres (fig. 21). 1° Région orientale. — Dans cette région, la bande forestière a une largeur de 40 à 70 kilomètres, pou vant même aller jusqu’à 100 kilomètres (baie d’An-« tongil). Cette bande, qui est proche de la mer au nord etausud, s’en éloigne dansla parliemoyenne, et, sur plusieurs centaines de lieues, elle suit une ligne de hauteurs variant entre 500 et 1.000 mètres. Les arbres, toujours très beaux quand ils trou= vent unterrain volcanique, sontsouventrachitiques etrecouvertsdelichens lorsqu'ils croissent en pleine argile. Les essences les plus communes sont: le Pa= lissandre, l'Ébène, le Manguier, le Bois de rose, le Bambou, l'Arbre à caoutchouc, etc. à Les Pan trop serrés nr n en hauteur, et, sous les voûtes sombres de leur feuillage, s'atta=s chent des lianes puissantes, poussentdes Fougères arborescentes et des Palmiers nains, Les arbres gigantesques, les ruisseaux, les cascades, un si= lence mystérieux font de cette région une mer= veilleuse forêt (fig. 22). De temps en temps, appa rait une clairière où les indigènes fixent leurs cases el créent un village. , Séparée de cette bande de forêts par la vallée d Mangoro, une deuxième zone forestière, parallèle | à la première, apparail avec une végétation diffé= rente; elle n’a que quelques kilomètres d'épaisseur Le climat y est plus tempéré, et souvent le brouil=n lard forme dans les vallons des trainées qui ral pellentnos paysages d'automne. Pour cultiver le riz, l'indigène incendie souvent la forêt : c'est une ne qu'il faudra supprinell : > 2e Région occidentale. — La forêt est broussailleuse ; _ce n’est plus la splendide végétation de l’est. Et il _ faut aller jusqu'aux Comores, à Mayotte, pour re- trouver la belle végétation, les fougères arbores- “centes (fig. 23), si E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE 671 7 millions, est composée d'un grand nombre de tribus, dont une moitié estincomplètement connue. Le Malgache, généralement caractérisé par sa petite taille et par sa coloration foncée, doit être considéré comme un _ communes lelong de la côte orientale. La hé Comore Be 15 COMORES verdure se concentre Moëly@ Yanjeuan le long des fleuves Pranse 8 ? Mayotte À Panee et c’est surtout sur le versant occidental des chaines côtières que se développent les forêts. Vers le sud, on tréuve deux bandes forestières : l’une sur la côte, et l’autre sur versant occidental ’Isalo. Une dispo- sition analogue se retrouve plus au _ nord et montre qu'à Madagascar, c’est Îles * ñ À B. toujours le même HET principe qui règle la … distribution des fo- | Fraererar rêts: les versants ac- cessibles aux vents t aux influences rilimes, seuls, sont isés. Entre les deux z0- es de forêts, s'étend ne savane parsemée de Lataniers et d’Ar- bres de Cythère. Au sud, se trouve une Euphorbiacée à caoutchouc, qui a pris récemment une mporlance considé- mélange de nègre et de jaune. Notre émi- nent anthropolo - giste, le Professeur Hamy, fait remar- quer que la géologie, aussi bien que la faune et la flore, ont montré que Mada- gascar avait été re- liée, à certaines épo- ques géologiques , avec l’archipel Ma- lais, ce qui le porte à émeltre l'hypothèse que l'origine du Mal- gache doit être re- cherchée dans la race indonésienne, qui vient de l'Hymalaya orien- 15 Glorieuses ES ÆYouleFornte K < amatave D +) roy indoncranto € etomeanry. tal. Sr Plusieurs argu — ments ethniques ap- puient celte manière de voir :. la Zanque malgache se rappro- che de la langue ma- laise; comme les Ma- lais, les Malgaches portent des véterents faits d’écorces bat- tues ou de fibres tissées du Raphia ; comme les Indoné- siens des Célèbes, ils ont la pirogue à bu- luncier; comme tous CS! Marie D Oo. les Orientaux, ils ai- Do er Forêts, ment passionnément la musique, et leur En résumé, les fo- Fig. 21. — Distribution des forêts à Madagascar. instrument préféré êts, surlout si le oltage est organisé pour amener les arbres à la le, seront une importante source de richesses, Il. — POPULATION — ÉTAT DE LA CIVILISATION — k INDUSTRIE. $ 1. — Origine de la population malgache. . Lapopulationde Madagascar, estimée parM.Gran- idier à 5 millions d'habitants, et, par M, Catat, à est la valiha, sorte de guitare à clavier de bambou, identique aux instruments du Laos des îles de la Sonde fig. 24 ; leur fatouaye, ainsi que l’a montré M. Grandi- dier, se fait par piqûres, comme celui des In- donésiens et non par coupures, comme chez les peuples africains; le salut est identique : à Madagascar, comme en Polynésie, on se frotte le nez pour s’embrasser, et la salutation du pied porté sur la nuque s'observe dans les deux pays. aspect d'une forél du versant 07 ie ntal , dans la région moyenne di l'ile. | | E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE 673 Enfin, on retrouve chez certains Malgaches les En résumé, aussi bien par sa langue, par ses mêmes rifes funéraires que chez les Indiens : les | mœurs et ses usages, que par sa faune, sa flore et morts sont placés dans des troncs d'arbres creusés | son passé géologique, Madagascar se rattache à et recouverts d'une sorte de toit (fig. 25); les cada- | l'Indonésie et non pas à l'Afrique, comme le voi- res, habillés d'étoffes, sont tournés vers l'est, car | sinage de cette terre pourrait le faire croire, Fig. 23. — Lianes et Fougères arborescentes à Combani. oü 7 cest dans cette direction qu'ils doivent apercevoir les ombres des ancêtres; l'exposition du mort y est Re eee très longue, et c'est seulement après que les par- Les tribus qui peuplent cette ile peuvent étre lies molles se sont détachées et qu’on s’est livré à | groupées en deux catégories : des pratiques répugnantes en grattant le squelette, l° Les Aoras, nos ennemis d'aujourd'hui, et les "qu'on procède à l’inhumation de ce squelette. peuples qui leur sont soumis ; doter te drahannct ns ré thés à, Fig. 24. — Fiancés Belsimisarakas. — Le jeune homme joue de la valiha, sorte de harpe cylindrique très harmonieuse, £ E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE 675 2° Les Sukalaves et les peuples indépendants. Hovas et peuples soumis aux Hovas. — Ils oc- cupent à peine la moitié de l’île, comme le montre bien la figure 26. Les Betsileos, les Betsimisarakas, les Antakares, les Antsianakas, les Bezanozanos et les Antaimoros sont les principaux peuples domi- nés par les Hovas. Hovas. — Au nombre d'environ 1 million, ils habitent le centre de l’île, l’Zmerina ; leur véritable nom est Anlimerina. M. Grandidier a publié ici Les lypes Andriana et Hova se conservent avec une certaine pureté, car les usages ne permettent pas de chercher sa femme en dehors de son clan. Mais, depuis le commencement de ce siècle, les Hovas ont élabli leur autorité sur les autres castes, et, dans la pralique, leur nom s'applique à tous les habitants de l’Imerina. lis ont le type malais: cheveux noirs et lisses, teint jaunâtre, yeux en amande, tête ronde et face large. Les jeunes filles portent les cheveux 1om- bant sur le dos, et les femmes tressent leurs che- Fig. 25. — Cimetière Betsimisaraka à Mainlenandry (Côle Est. même ! une remarquable étude sur les Hovas et nous ne pouvons qu'y renvoyer le lecteur. Disons “cependant que les Hovas ne représentent que l’une des trois castes qui composent la population de lmerina el qui sont: 1° les Andrianas ou nobles, d’origine malaise ; 2 les AÆovas ou bourgeois (fig. 27), qui viennent de la race indonésienne et qui occupaient le Massif central avant la venue des Malais; 3° les Andevos ou esclaves, qui descendent des prisonniers de guerre ou d'individus volés dans les razzias, et chez lesquels se trouvent mélangés le sang du Jaune avec celui du Noir et parfois même avec celui du Blanc (fig. 28). | Revue générale des Sciences, numéro du 30 janvier 1895. veux avec un soin des plus minutieux et que ne renieraient pas nos plus élégantes Parisiennes (fig. 29, page 678). Le Hova se jette avec avidité sur tout ce qui a une origine européenne. Aussi a-t-il abandonné son costume national pour adopter notre costume, sous lequel il est souvent grotesque : c’est ainsi que l’on voit des gouverneurs hovas revêtus tan- tôt d’un uniforme de lycéen, tantôt d’un costume de général de division, ou bien encore d’un habit de suisse d'église, Ils s’habituent à s’asseoir sur des chaises et à manger avec une fourchette. Des siècles de tyrannie, et aussi une exploitation éhontée de la part de leur gouvernement, les ont F — | TEE DEEE rereS os Comore 15 Glorieuses né Cd'Ambre COMORES pat ; Via re 03 8° deDIégeSuarez | DE ÿ S = | Moely®+ ‘Anjouan ; / A sirane A ” | SE LPamensi L Ù En A4 | Mayotte Ce aude. met 7 F5 | 2: 2? Vlorrembato % | Ne CAN SES Woneman ; A. BA 3 f 6 # I*Radama ce ga Anderpona ; ü ,; b œtolaba mx a ; SE Ê n V4 KE S oœuleFornte AR TX atomanctryy D | “he Vangatsiantra » 1 Se |A lLaryahiro La = Le «| Sy SE k y ? . 2 \ DA V4 ro SP D L Ç CAT ef 4) “ £ / , { { es Are ey ND'R Ÿ SU À Lu ALL FA SES Ë s f takaloga-"? Fort Dauphin PlBarrom ANA E LATE Y Fig. 26. — Distribution. à Madagascar, des races hovas et des peuples sownis aux Hovus. Reume = - eee) [ Es | \ | Po: 9 | ess) Hovas ———— Betsileos XN ] Betsimisarakas CSS] Bézanozanos EEE =) SN) LH C2 ss [II BH / ptsianakes | akara Ju yQaT ntaimoros ï à L | œpncs os Fig. 27. — Famille Hova (Bourgeois). Eselaves porleurs d'eau dans l'Imerina lig. 28 TA .Q ni 63 “DULMAULL,] SUDP' 42//109 98 ap satarumu ses 678 E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE rendus hypocrites et fourbes. C’est qu'ils ont cher- ché à sauvegarder leur existence par tous les les avoir forment ils guère de justice et d'humanité qui moyens ; notions ne peuvent donc la base de notre société. Voilà leurs défauts. Mais ils ont aussi des qualités. Ils aiment les enfants et respectent les vieillards; ils sont bons - patriotes, el, lorsqu'ils partent en voyage, ils emportent souvent un peu de terre prise dans » leur case natale. Ils sont aussi très disciplinés : ils ont toute une hiérarchie d'honneurs, au som- met de laquelle est le premier ministre, univer- sellement craint. Leur gouvernement est mauvais, - mais il est redouté. C’est à ce gouvernement inca- « pable et détesté que nous faisons la guerre, et il. importe de ne pas le confondre avec le peuple hova : qui, si nous le voulons, pourra devenir notre auxi- liaire. Chez eux, les fonctionnaires, comme le dit M. E. | Gautier, ont le monopole du vol: on vole ses infé- rieurs et on est volé par ses supérieurs, qui sont L volés par le premier ministre. De sorle que ce. sont les Hovas qui travaillent, et c’est le PR ! LÉ ÿ JS : L k sp ministre qui est payé. Ils sont laborieux et persévérants dans leurs entreprises ; leurs maisons sont spacieuses, elles ont des fenêtres le plus souvent non vitrées, et sont construites en briques crues ; ce n'est Fibe la. vague case malgache des she régions de l'ile. 1 Les produits de leur industrie, exposés au Muséum, nous montrent chez eux de réelles” qualités. Ils forgent le fer avec habileté, et fa- briquent des haches que ne désavoueraient pas nos meilleurs laillandiers. La forge malgache rap- pelle celle qu'on trouve en Malaisie : un feu de charbon de bois est activé par un soufllet que forment deux troncs d'arbres creusés, placés ve ticalement, et dans lesquels se meuvent deux pis tons en bois garnis de rondelles d'étoftes; de ce deux troncs partent deux conduits en bois se réu nissant bientôl en un tube uniqué, qui amène l@« courant d'air sur le feu; c'est souvent une grosses pierre qui sert d’enclume (fig. 31). È Les femmes tissent des étoffes avec de la soie indigène ou avec du coton, et elles en font leur vêtement national, le Dites qui va depuis less épaules jusqu'aux genoux. Elles fabriquent aussi des dentelles, mais dont les modèles sont pe variés. Tous ces produits sont échangés, chaque semain@é à jour fixe, sur des marchés (zomn4) où arrivent de longues Be de piétons chargés de marchan dises diverses. : La fameuse cérémonie du Bain de la Reine est la grande fête nationale des Hovas: c’est le fau= droana, qu’on célèbre le 22 novembre. Au milieu des courtisans assemblés, la Reine apparaît, vêtue du lamba national, puis elle prend son bain (der= un rideau), et la cérémonie se termine pan assistants avec l’eau dans rière l'aspersion de tous les jours pour célébrer cette fête qui marque de premier jour de lan malgache (fig. 30). est la trêve des bou- rascar, des cadeaux de bœufs remplacent nos traditionnels sacs bonbons. Plus de 1.000 bœufs sont im- Malgaches, com- > dit le P. Abinal, ont lieu lors, sont originales t rappellent plutôt es manœuvres d’en- semble de nos bal- * : : in les lois sont très rigoureuses à leur égard. | aquelle la Reine a plongé sa royale personne. Des réjouissances publiques ont lieu perdant plusieurs |! L hers, car, à Mada-’ E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE de l'année malgache. Fig. 30. — Féte de la Reine à Tananarive au premier jour Fig. 31. — Forge Hova à Tananarive. uSsi le Hova se grise-t-il chez lui: la loi sur | la race wresse publique a créé l'ivrognerie à domicile. indonésienne. En résumé, c'est grâce à leur activité et à leur intelligence relalive, que les Hovas ont établi leur autorité sur les peu- ples que nous avons cités plus haut et que nous allons rapide- ment étudier. Betsileos. — Au nom- bre de 1.200.000, les Betsileos habitent le sud du Massif central. Chez eux, l’infiltration noire est plus grande: ils sont de plus grande tailleet ont les cheveux bouclés. Ils ont un goût prononcé pour l’agriculture; aussi ont-ils creusé de nom- breux canaux qui leur ont permis de transfor- mer en rizières la moi- tié du pays. Betsimisarakas. — Au ets modernes que des pas de couples isolés. | nombre d'environ 800.000, ils habitent la côte Malgré la fête, on ne rencontre pas d’ivrognes, | orientale depuis la baie d'Antongil jusqu'à Maha- noro. Pour M. Catat, c’est le type le plus pur de Ils sont très sociables, aiment beaucoup la musique et la danse. Ils mon- E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE 681 trent du goût pour la navigation et un certain nombre s’adonnent à la pêche (fig. 32 et 33). Ils sont très doux, mais très paresseux. Antakares (fig. 34 et 35). — Ils occupent l’extré- milé nord de l'ile et confinent à nos possessions de Diégo-Suarez. Ils vivent de la pêche et de l’éle- vage des bœufs. Ces peuples, d’origine musulmane, : goro, entre les deux zones forestières. Placés sur le trajet de Tamatave à Tananarive, ils fournissent la plupart des porteurs; leur force et leur agilité sont, du reste, remarquables. Antaimoros. — Is habitent le sud dela côte orien- tale,-et sont encore appelés les Auvergnats de Mada- gascar, à cause de leurs qualités laborieuses. Chaque Fig. 33. — Burque de Pécheurs Belsimisarakus. “ont toujours donné des preuves de sympathie à la France, mais les Hovas se sont élablis en maitres “chez eux. Sur la côte ouest, vit le roi Tsialana, notre allié, qui, pendant la guerre de 1885, nous a fourni “900 volontaires. Antsianakus. — Au nombre de 250.000, ils occeu- mpent la région forestière et marécageuse située autour du lac Alaotra. Bezanozunos. —1s vivent dans la région forestière à l'est de l’Imerina, et aussi dans la vallée du Man- | REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. année un grand nombre d'entre eux quittent leur pays pour aller louer leurs services dans d’autres parties de l'ile. Ce seront d'excellents ouvriers pour les cultivateurs et les industriels qui s’instal- leront à Madagascar. L'armée Hova (fig. 36 et 38). — Les Hovas ont établi, chez euxet chez tous les peuples qui leur sont soumis, le service militaire obligatoire pour tous les hommes libres de plus de 18 ans, et la 15°"* Fig, 34, — l'emunes Antankares (Nord du Madayascar d de Madugascar F Pa {nlankares n 'ot = lAnjouan LPämans Most d Paola” LE SU rrembato 0 7 rene Anornontseou IRadama cçtf Le Anderpon . a TTC / ki À 7 »] ru S trtalaba D, BitrananWn [Lens tn = Fig. 37, — Répartition, à Mada , des Sakalaves et des peuples indépendants des Hovas. Saknlaves Bares : Antanaln TT] { TA a L' EE | SUR VA Maty À aniandros E. CAUSTIER -- LE MONDE MALGACHE 685 “durée de ce service est de 5 ans. L'armée peut se composer d'environ 30.000 hommes, qui doivent s'habiller, se nourrir et se loger à leurs frais! La - série des grades est complète depuis le simple sol- dat, qui est 1°" honneur, jusqu’au Maréchal, qui est “12: honneur; il parait même que, pour salisfaire “certaines ambitions, il a fallu créer quatre grades » supérieurs à celui de Maréchal. “ L'armée Hoya possédait il y a quelques années 20.000 fusils se chargeant par la culasse et 10.000 fusils à pierre ; mais, depuis 4892, un Anglais, le occupent la plus grande partie de l'ile et peuvent être rangés en deux groupes : ceux qui sont en partie soumis aux Hovas, comme les Sakalaves, les Antanossy, les Tanalas et les Bares ; et ceux qui sont complètement indépendants, comme les An- tandroy et les Mahafaly. Sakalaves. — Au siècle dernier, ils étaient le peuple le plus puissant de l’île; mais leurs dissen- sions divisèrent leur autorité, et aujourd'hui, ils subissent en partie la domination des Hovas. Ils s'étendent depuis le nord de l'ile jusqu’à la baie Fig. 38. — Garde du corps de la Reine Ranavalona III. k colonel Shervington, a complété cetarmement, qui Maujourd'hui comprend, avec des fusils plus per- Hectionnés, environ 300 bouches à feu, dont des mi- trailleuses, des canons-revolvers, des hotchkiss et “des pièces de campagne. En somme, nous pouvons dire que l’armée Hova, mal organisée, peu belliqueuse, sera un faible obstacle pour notre armée. La grosse difficulté, c'est Lapprovisionnement de nos troupes dans cette ré- Igion de l’ouest, qui està peu près dépourvue de res- Sources, et l’on peut dire que c'est l'administration Militaire qui est chargée de remporter la victoire. Sakalaves et peuples, indépendants (fig. 37) . — Ils de Saint-Augustin, occupant ainsi presque toute la région occidentale, mais surtout le voisinage des côtes et des grands cours d’eau navigables. Les villages sakalaves s’éloignent rarement à plus d'une soixantaine de kilomètres de la côte. Les esclaves introduits par les Arabes ont fait prédominer l’élément nègre : aussi ont-ils les che- veux crépus et les lèvres épaisses. Les principales tribus sakalaves sont, du nord au sud : le Bouéni, l'Ambongo, leMénabé etle Fihere- nana. Les Sakalaves du Bouéni, de l’Ambongo et du Ménabé font de l'élevage; ceux des côtes sa- blonneuses du Ménabé se consacrent à la pêche et au cabotage dans de grandes pirogues. 686 E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE On a dit qu'ils étaient les alliés de la France ; cela est vrai pour le nord-ouest, où ils nous témoi- gnent leur sympathie dans l'espoir d’une protec- lion contre les Hovas. Maïs, en réalité, ilserait peu prudent de s'appuyer sur ces peuplades, qui ont des instincts no- mades et un a- SRE mour extraordi- naire du pillage. M. Gaulier cile un Mé- nabé qui, chaque roi dü année, se mel à la tête de bandes armées pour al- lerranconner ses voisins; il ra- masse ainsi de quoi vivre pen- dant la belle sai- son, else repose pendant la sai- son pluvieuse. Le peuple ne se conduit pas autrement et a des habitudes in- vétlérées de bri- gandage. Les fa- meux brigands malgaches , les Fahavalos , sont des Sakalaves. Ce sont eux qui rendent inhabi- tables ces vastes étendues qu'on peut prendre,sur les cartes, pour des déserts, mais où en réalité il y a de l’eau et de la verdureaulant qu'ailleurs. Chez les Saka- laves et dans la plupart des tri- bus indépendan- tes du sud, dit M. Gautier, qui a bien étudié toutes ces régions, on vole et on tue comme on respire, c’est unefonction naturelle. En résumé, l’ouest et le sud de un vérilable repaire de brigands où le pillage est à la fois géné- ral et mutuel Madagascar constituent Antanossy (fig. 40). — Ce sont les Malgaches des environs de Fort-Dauphin, au sud-est de l'ile. Un Fig. 39. — Jeune fille Tanala (frontière Betsileo). cerlain nombre, plutôt que de subir la domination des Hovas, ont émigré sur les rives du fleuve Saint- Augustin ; mais, depuis quelques années, apprenant k que Fort-Dauphin est devenu le centre d’une ex- ploitalion importante de caoutchoue, ils y re- viennent. Leurs (rails sont délicats, et leurs cheveux fins el bouclés se distinguent des cheveux. plats des Hovaset dela lignasse crépue des Sakalaves. C'est surtout chez eux que les éléments sémi - liques se sont mélangés à la race indonésien-\ ne, el c'est pro- bablement à ce mélange qu’il faut attribuer leur supériorité, intellectuelle, - T'analas (Mig.39). L Ils habitent" A —— l'est du pays Bet- ù sileo, au milieude » . la grande forêt. C'est une ra bien constitu et aux forme harmonieuses ,. mais elle est fort peu nombreuse: Baras (fig. 4 et 42). C'est un peuple guer- rier qui habite le sud du central, e les Hovas n'ont encore pu sou- mettre complè= tement. Chez eux" le sang africain prédomine. Leurs cheveux crépus; roulés en boule, sont surmontés d’une sorte de toi= ture formée par un mélange de terre blanche et den bouse de vache, et le tout est orné d'un plumet. Chez eux, comme chez les Sakalaves, l'anarchie a créé le brigandage; aussi produisent-ils des brigands. | aussi émérites que les Sakalaves. 1 Enfin, les tribus indépendantes des HMahafaly el : E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE 687 des Anfandroy occupent la région stérile de la pointe sud, entre le cap Sainte-Marie et la baie Saint-Augustin. Ce sont des tribus à demi barbares et fort pauvres. Les Antandroy cependant élèvent - des moutons. Le. _… AS Fig. 40. — Jeune fille Antanossy. Pour terminer, nous devons ajouter que notre possession de la Réunion et aussi l'ile Maurice, qui est française de langue et de cœur, envoient de nombreux colons à Madagascar. Ces deux iles surpeuplées forment évidemment une pépinière de colons qui pourront civiliser Madagascar sous la protection de notre patrie, et faire valoir les richesses naturelles de cette grande ile. $ 3. — Les Missions et les Ecoles. Il n’est peut-être pas de peuple qui soit aussi rebelle à toute idée religieuse que les Malgaches. Leur conception du merveilleux s'arrête aux « es- prits » et aux sorciers. Aussi bien le Malgache, malgré les efforts des missionnaires, est reslé pro- fondément sceptique. L'influence musulmane ét l'influence chrélienne ont essayé toutes deux leur action. L'influence musulmane s'est exercée surtout chez les Sakalaves. En Afrique, où le musulman estun puissant civilisateur, le rayonnement du Sou- dan s'étend peu à peu vers le centre-du continent. A Madagascar, l'échec a été complet: et tous les Sakalaves, depuis les rois jusqu'aux esclaves, ont conservé leurs fétiches et leurs sorciers.’1l n'y a pas d’écoles arabes ; les Sakalaves ne savent ni lire ni écrire et ne se doulent pas de l'existence du Fig. 41. — Brigand de race Bara. Coran. On retrouve cependant, chez ces peuples, certaines coutumes musulmanes, par exemple l'horreur de la viande de porc et la pratique de la circoncision. En somme, actuellement, l'influence musulmane est nulle. En revanche, les missionnaires chrétiens on! trouvé chez les Hovas un terrain particulièrement favorable. Ils obtinrent du premier ministre une loi défendant les pratiques du fétichisme et imposant à tout sujet de la Reine l'adoption de la religion chrétienne. Les missionnaires anglais firent adopter à la Reine, en 1869, une sorte de protestantisme faconné à son usage et dont elle fut le chef. Dès lors la religion de la Reine devait être la meilleure pour tous les Hovas. Les missionnaires de Madagascar peuvent êlre rangés en trois groupes : les Anglais et les Norvé- giens, qui sont protestants, el les Français qui sont catholiques. Ils ont couvert le pays des Hovas de leurs établissements, qui, depuis trente ans, ont fait 688 E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE faire aux idées européennes des progrès énormes. Quelle a été l'influence respective de chacun de ces groupes? C’est une question d’une grosse impor- tance politique, et qui, peut-être, a élé un peu exa- gérée dans ces derniers temps. Nous allons essayer de la résoudre et de la ramener à sa juste valeur. 1° Etablissements Anglais. — Les missions proles- lantes anglaises sont les plus anciennes de l'ile. Aujourd'hui elles comptent 68 missionnaires, envi- ron 6.000 auxiliaires indigènes, 92.000 élèves dans | leurs écoles,310.000 2° Etablissements Norvégiens. — Les missions an- glaises ne sont pas les seules missions protestantes à Madagascar; il faut ajouter les missionnaires ” norvégiens de Norway Mission Society, qui sont Lu- thériens et dont les sentiments sont moins hostiles à la France que ceux des « méthodistes ». Ils sont aunombre de 44, qui évangélisent chezles Betsileos, | les Sakalaves etles Bares. Ils ont 1.120 pasteurs in- digènes, environ 37.000 élèves et 50.000 adhérents. 3° Etablissements Français. — La Mission Catholique est représentée par adhérents, 1.176 é- coles et plus de 1.300 temples; elles ont25diocèses, dont 15 dans l’Imerina, 7 chez les Betsileos et 3 dans les autres provinces; elles pos- sèdent 3 imprime- ries, 2 hôpitaux et une léproserie; el- les disposent d'un budget annuel d'en- viron 4 million. Par desrétribulionssco- laires etpar des qué- tes, elles augmen- tent leurs ressour- ces, ce qui leur per- met chaque année de créer de nou- veaux élablisse — ments qui attestent leur puissance. Les missionnaires anglais appartien- nent à trois sectes : Quakers, Anglicans et Indépendants. Les Qualers, représentant la société Friend's fo- reing Missionary Association, ont une influencepeu considérable, Les Anylicans, représentant la Society for the pro- pagation of the Gospel, ont été les pionniers de l'in- fluence anglaise à Madagascar et ont toujours usé de procédés corrects à l'égard de nos missionnai- res. Aujourd'hui, du reste, ils ont laissé la direc- tion du culte nouveau, qui a la Reine pour chef, à leurs coreligionnaires, les Zndépendants. Aussi leur influence a-l-elle considérablement diminué. Les Zadépendaunts de la London Missionary Society, oules J/é/hodistes, comme nous disons, ont montré à nos missionnaires une hostilité invariable et hai- neuse.Leurinfluenceestcertainementconsidérable. Fig. 42. — Guerriers Sukalaves. Prince Bara et l’un de ses soldats. des Jésuites arrivés dans l'ile vers 1830. Elle se compose de 114 Français, G4L instituteurs indigè- nes, 17.000 élèves répartis dans 600 écoles primaires , 9 écoles normales, I collège;ellecomp- « te 130.000 adhé - rents. Il est inté- ressant de voirquels sont les résultats obtenus par ces mis- sionnaires avec leur budget annuel de 200.000 francs, dont 20.000 francs sont fournis par le Gou- vernement français. Ils ontédifié à Ta nanarive une belle cathédrale en pierre dure (fig. 43); ils ont établi à Ambo- hipo, près de Tana- narive, un collège, qui est en même temps une ferme-école où l’on essaie d’acclimater les produits européens. Dernièrement encore M. Paul Camboué, procureur de cette mission, M adressail à la Sociélé nationale d'Acclimatation des notes fort intéressantes sur la culture du blé, de la vigne, de la pomme de terre, etc. Enfin, ils ont élevé sur la colline d’Ambohipo un Observatoire astronomique et météorologique « (fig. 46), que le R. P. Collin dirige en parfait savant. \ Cet observatoire, bien installé, est pourvu de la. plupart des instruments scientifiques perfectionnés … par la technique moderne de nos constructeurs :. baromèlres, aclinomètres, actinographes, anémo-. mètres, etc. ! En résumé, sur 8.000 maitres d’école indigènes, = n 20UDUDUD n 9077709 D] IS SUOUNA ap olt9)]0{ 19 ou 21] n 2p SD) 3 11P91909 — ‘£y "51H 690 E. CAUSTIER — LE 0] à dy l'E ads hé | MONDE MALGACHE nos missionnaires français n'en ont que 640; el sur les 150.000 élèves, 17.000 seulement appar- liennent à nos écoles. L'influence anglaise semble donc être considé- rable en même temps que funeste à nos intérêts. N'y aurait-il pas là un danger menaçant pour l'avenir de notre future colonie ? Je ne le crois pas ; car les Malgaches vont, selon leur intérêt, à l’église ou au temple. Dans une même famille, comme le fait remarquer M. E. Gautier,un fils va chez les Anglais, un autre chez les Norvé- Fig. 44. , Fig. 4% el 45. — Fillelle Hova, pensionnaire des Ecoles européennes de Tananarive. giens, un troisième chez les Français. Le Hova se contente de prendre dans l’enseignement reiigieux un peu d'instruction pratique; les controverses dogmatiques l’inquiètent fort peu: c'est un utili- laire avant tout. Le jour prochain où le pays nous appartiendra, il suflira d'établir que les écoles françaises, seules, donneront accès aux fonctions publiques, pour que le lendemain nos écoles soient débordées. Les Anglais, cetle fois, auraient travaillé pour nous! $ 4. — Industrie des Produits animaux. D’autres collaborateurs de cette Revue diront plus loin les exploitations qui pourront être ten- tées à Madagascar; indiquons seulement ici quelles industries pourront y utiliser les produits animaux, si riches en ce pays Parmi ces derniers nous devons ciler en pre mière ligne la viande des bœufs, si abondants à même à l’élal sauvage en troupeaux nombreux L'élevage du bœuf se fait surtout en pays saka= lave : pendant la journée les bœufs errent dans 1 gènes ; aussi ce sont eux qui fournissent aux iles voisines de Madagascar leur provision en viande fraiche. L'élevage de ces animaux pourra prend une plus grande importance el faire une concurs rence sérieuse aux produits des colonies austra= liennes et des États de la Plata, beaucoup plus élois gnés de l'Europe. | Un bœuf gras, pesant environ 300 kilogrammes, se vend de 30 à 40 francs; si l’on lient compte des prix de la viande sera de 8 à 10 centimes | kilogramme. C'est ce qui avait décidé une société | « la Graineterie française », à établir près de | | Diégo-Suarez une usine (fig. A7) pouvant traiter | | "UAPUDUN], D anlbogorvajaut ja anbuvouo1sD auo7nauasqo — ‘95 ‘ST 692 E. CAUSTIER — LE MONDE MALGACHE 250 bœufs par jour el capable d’approvisionner en excellente viande de conserve toute notre armée. Pour de nombreuses raisons, indépendantes du pays, celle usine a cessé de fonctionner; mais il est probable qu'après l'expédition elle sera remise en activité, el cela dans l'intérêt même de la colo- nie française. Il est bon d'indiquer les raisons qui semblent avoir empêché la réussite de cette entre- prise : munie du matériel le plus complet, même d’une tannerie électrique, son installation avait coûté 8 millions ; de plus, un des directeurs ayant fait, au début de la saison sèche, un achat trop con- sidérable de bœufs, environ 6.500, l'herbe man- qua à ces bêtes qui perdirent de leur embonpoint, et firent baisser le rendement et la qualité des pro- duits. En même temps, l’on se montrait très rigou- Fig. 47. — Un des élablissements de la Graineterie française pour la fabrication de conserves de bœuf, à Antogobula\ (17 nai 1893), reux au Ministère de la Guerre, et les conserves étaient refusées. C'est, du reste, à celte époque qu’un député français déclarait, à la tribune de la Chambre, que les conserves de bœuf bouilli étaient faites avec de la corne de bœuf, comme l'indiquait l'étiquette des boites « Corned beef » !!! Enfin un dernier coup fut porté à cette industrie par l'application des droits de douane : bien que Diégo-Suarez soit une colonie française, l'administration imposa les con- serves à leur entrée en France, à raison de 20 francs les 100 kilogrammes, sous le prétexte un. peu sublil que la colonie ne produisait pas assez de bœufs pour alimenter la fabrication, et que par suite on tuait des animaux provenant de pays de protectorat. Celte question des droits à l’entrée en France a été soumise au Conseil d'Etat, et le résultat de la campagne actuelle en amènera sans doute la prompte solution et facilitera ainsi la reprise des travaux. C'est, nous dit M. Frot, ancien directeur de cet élablissement, une affaire industrielle de premier ordre, tant pour ses collaborateurs que pour la colonie où elle est implantée. î Pour terminer ce qui a rapport aux produits … animaux, j'ajouterai que l’industrie de la soie 4 devra subir une transformation complète par la. culture judicieuse du mürier, par l'élevage rai- sonné du Bombyx et par le choix des repro- A ducteurs. ? Enfin, on pourrait essayer d'introduire à Mada- « gascar des oiseaux de la Nouvelle-Guinée, tels que les Oiseaux de Paradis, les Gouras et les Pigeons Nicobar. L'absence de grands Carnassiers, de Si- nges el de Reptiles, qui sont très friands d'oiseaux . et de leurs œufs, faciliterait cette acclimatation. « L'industrie plumassière serait ainsi assurée d’une ressource qui pourrait lui manquer bientôt, en rai- son du massacre continu qui se pratique en Nou velle-Guinée. IV. — ConcLusIoxs. | En somme, Madagascar n’est ni l'Eden que quels ques-uns se sont plu à nous dépeindre, ni le « ci melière des Européens », dont ont parlé des critiques lement. : Enregistrons aussi cet enseignement de l'obser= vation scientifique que nous devrons, pour y étas blir notre influence, nous appuyer sur les peuples| d'origine malaise et non sur les nègres. C'est alors,| que nous pourrons faire à Madagascar, avec les | Hovas, ce que nos voisins les Hollandais ont fait, avec les Malais, dans les Indes néerlandaises. | E. Caustier. Agrégé de l'Université, . Professeur au Lycée de Versailles. A. MILNE-EDWARDS — LES ANIMAUX DE MADAGASCAR MESSIEURS, … Cette série de conférences que nous nous pro- posons de faire sur l'Histoire naturelle de Mada- 8 asear, comme complément de l'Exposilion organi- sée dans les Galeries de Zoologie, pourra, je l’es- père, fournir d’uliles renseignements à ceux que préoccupel’avenir de cette grandeîle, vers laquelle, en ce moment, nos pensées se reportent sans cesse. Et pendant que nos soldats combattent au loin pour assurer, dans un Lemps prochain, la sécurité de nos compatriotes au milieu d’un pays pacifié, faut que, de notre côté, agissant dans une bien odeste sphère, nous facilitions, aux hommes e bonne volonté, l'exploitation des ressources qui demain seront à leur disposition ; il faut que nous leur apprenions ce qu'est cette mystérieuse terre, que nous leur donnions des indications pré- _cises sur ses races humaines, ses animaux, ses lantes, ses richesses minérales, car l'étude de Sloire naturelle d’une contrée doit toujours serviront aujourd'hui, par un juste retour, à éclai- er ceux qui voudront suivre les exemples laissés Nous aurons ainsi rempli notre tache : la mission u Muséum a été nettement indiquée lorsque — il parler, voulurent grouper dans le nouvel éta- blissement toutes. les études relatives à l’His- e plus élevé et de plus abstrait, mais aussi dans eurs diverses applications; ils voulurent que les D Cette conférence a été faite le dimanche 30 juin dans le land amphithéâtre du Muséum d'histoire naturelle. Elle a suivie de trois autres lecons : Le jeudi 4 juillet. — Les races humaines, par M. E. Hany. Le dimanche 7 juillet. — Le sol et ses richesses minérales, “par M. SranISLAS MEUNIER. «Le jeudi 11 juillet. — Les plantes, par M. E. Bureau. - Fondé en 1635. 8 Le Muséum d'Histoire naturelle fondé en 1193. LES ANIMAUX DE MADAGASCAR À CONFÉRENCE FAITE AU MUSÉUM : et des déconvenues regrettables. Nous reslerons donc dans le rôle: qui nous a été tracé, en cher- chant à représenter sous des couleurs exactes un PaÿS que nous avons un véritable intérêt à con- naître, puisqu'il va devenir bientôt un champ où s’exercera cette énergie coloniale qui nous animait jadis et qui, restée quelque temps comme assoupie, semble, de nos jours, se réveiller. N'est-il pas désirable, en effet, que des hommes instruits, d'une probité sévère, d'un caractère digne de représenter cette France dont l'esprit chevale- resque et loyal n’est jamais contesté, se décident à peupler nos colonies et nos pays de protectorat el à y faire fructifier leurs capitaux, — fortune per- sonnelle ou fonds confiés à leur honneur, — ne de- mandant au Gouvernement que justice et liberté et comptant pour réussir sur leur propre initiative? I Madagascar est située dans l'océan Indien, près de la côte orientale d'Afrique, et souvent on l’ap- pelle la Grande île africaine; mais ce nom ne lui convient pas, et nous aurons l’occasion de dire pour quelles raisons. Elle est séparée du continent par le détroit de Mozambique qui, dans sa partie la plus resserrée, mesure encore 400 kilomètres de largeur. Sa superficie est supérieure à celle de la France entière et elle s'étend du 11° 57! au 25° 34" de latitude sud. Sa longueur est d'environ 1.600 kilomètres. Elle fut cCécouverte, au commencement du xvI° siècle, par un navigateur portugais et nommée l'ile de Saint-Laurent. Les opérations des Portu- gais se bornèrent à la traite des esclaves et à quelques essais de propagande religieuse, aux- quels ils renoncèrent bientôt. En 1642, la France y prit pied et le cardinal de Richelieu concéda Ma- dagascar et les iles adjacentes à la Société d'Orient « pour y ériger colonies et commerce el en prendre posses- € sion au nom de Sa Majesté très chrétienne ». M. de Pronis, agent de la Société, occupa alors l’ile Sainte-Marie, la baie d'Antongil, et, quelques années plus tard, il construisait Fort-Dauphin. En 1658, le sire de Flacourt — l’un des directeurs de la Compagnie — publiait une Æistoire de la grande Ile de Madagascar, dans laquelle se trouvent des détails très exacts non seulement sur l'état po- litique et économique du pays, mais aussi sur les animaux et les plantes. Chacune des espèces esi décrite d’une manière reconnaissable, el l'auteur 694 A. MILNE-ED WARDS — LES ANIMAUX DE MADAGASCAR se montre d’une sincérilé d'autant plus méritoire, qu'à cette époque il était difficile de contrôler les récils des voyageurs et qu'ils justifiaient souvent le dicton : « À beau mentir qui vient de loir. » Nous devons payer à Flacourt un tribut de reconnais- sance, et il est juste que son image paraisse à l’occasion de cette conférence. ( Projection.) l'lacourt n'élait pas naturaliste, et il ne pouvait élablir de comparaison entre les productions de Madagascar et celles des contrées voisines: l'at- lention n’a élé atlirée que beaucoup plus lard sur les caractères tout à fait spéciaux des êtres vivant dans cette ile et sur les différences qui les séparent de ceux de l'Afrique, cependant si proche. C'est en 4770 qu'un homme, dont le nom doit ètre prononcé avec respect par tous ceux qui ho- norent les serviteurs dévoués deleur pays — Phili- bert Commerson, — après avoir visilé l'Amérique, les îles de l'Océanie et celles de l'Inde, débarquait à l'ile de France pour y réparer ses forces ébran- lées par trois années de navigalion. Mais sa répu- lation l'avait précédé, el Poivre, alors intendant de celte colonie, insista pour le garder afin qu'il püt éludier les productions de Madagascar. Il faut entendre le cri que jetté Commerson en arrivant sur celle terre : il eutcomme la révélation d'un monde nouveau et en ressentit une vive im- pression. « Quel admirable pays que Madagascar, « écrit-il à un de ses amis ; il mériterait à lui seul « non pas un observateur ambulant, mais des « Académies entières. C’est à Madagascar qu'est « la vérilable terre de promission pour les natu- « ralistes; c’est là que la Nature semble s'être reti- «rée comme dans un sanctuaire sparticulier pour y travailler sur d’autres modèles que ceux aux- « quels elle s’est asservie ailleurs : les formes les plus insolites s’y rencontrent à chaque pas. » Aussi se consacra-t-il tout entier à son œuvre d'exploration ; les notes et les dessins s’accumu- laient dans ses carlons, mais il ne put achever la tâche qu'il s'était proposée et, le 143 mai 1773, il mourail à peine âgé de 46 ans. { Depuis celle époque, combien de Français ont parcouru les mêmes régions, confirmant ce qui avait élé exprimé, avec tant d'éloquence, par Com- merson el joignant de nouvelles découvertes aux siennes !Nous citerons: Sonneratqui, revenant d'un voyage en Chine et aux iles de l'Inde, s'arrêta, en 1774, à Madagascar, où un court séjour lui suffit pour réunir d'importantes collections et rapporter en France des animaux inconnus, dont la plupart existent encore dans les Galeries du Muséum ; Sganzin,en 1840, puis Bernier et Goudot qui, à leur tour, éludièrent la faune. Mais, la prise de posses- sion scientifique de l'ile, nous la devons à M. Alfred Grandidier qui, de 1865 à 1870, l'a parcourue - L'ensemble de cette partie de l'ile est très pittoresque et en diverses directions, choisissant les ilinéraires ignorés, apprenant la langue et rassemblant des documents de toutes sortes qui, non seulement font la richesse denotre Musée, mais ont aussi fourni les éléments d’une œuvre magistrale intitulée : Æis- toire physique, politique et naturelle de Madagascar, dont 30 volumes ou fascicules ont déjà paru,et à laquelle nous ferons de fréquents emprunts. La profonde connaissance du pays qu'avail M. Grandidier a été largement mise à contribution lorsqu'il s'est agi, il y a quelques mois, de déter- miner la marche de notre Corps expédilionnaire, el les renseignements qu’il a pu donner ont été pré- cieux. Madagascar se présente sous des aspects fort divers suivant les parties que l’on étudie. Le cli- mat, la nature du sol tracent des frontières respec- tées par les animaux, elil est facile de reconnaitre trois provinces zoologiques différentes, correspon- dant à la région orientale !, à la région centrale ? el à la région occidentale et méridionale ?, ! La région orientale comprend tout le versant Est de la. grande chaine qui s'étend, le long de la côte, depuis Vohe- mar jusqu’à Fort-Dauphin, sur une largeur moyenne d’une « centaine de kilomètres. Cette région, très montagneuse dès qu’on s'écarte du bord de la mer, est principalement formée d’argile rouge, au mi- … lieu de laquelle apparaissent des roches primitives (gneiss, « micaschiste) et des coulées de basalte. Les pluies y sont très abondantes; en certains endroits, il ne tombe pas moins de 3 mètres d’eau par an. Aussi, malgré le sol argileux, très pauvre en alcali et que recouvre une mince couche d'humus, les pentes des montagnes ont-elles une végétation herbacée | assez vigoureuse, et les sommets du versant sont-ils bordés, par une large ceinture de forêts où les arbres, parfois très. beaux lorsqu'ils rencontrent un terrain volcanique ou basal tique, sont le plus souvent rachitiques ou couverts de mousses et de lichens quand ils croissent en pleine argile. Les vallées sont marécageuses et devront être drainées. fait l'admiration des voyageurs. 2? La région centrale est un vrai chaos de montagnes, qu'on à comparé, non sans raison, à une mer agitée qui aurait été soudainement figée. De nombreux cours d’eau l’arrosent, et elle est formée d'une puissante masse d’argile, au milieu de laquelle apparaissent des afleurements de gneiss, de mica- schiste, de granit, de basalte, et plus rarement de calcaire crétacé. Les arbres et même les arbustes y sont extrème- ment rares; on n’en voit guère que dans certaines vallées étroites, le long des petites rivières qui leur fournissent l'hu- midité nécessaire. La sécheresse, qui dure d'avril à octobre, empéche, en effet, le développement de toute végétation arbo- rescente dans ces argiles dures et compactes, et presque ne en ge qu ee 2 partout dépourvues d’alçali. La chute des pluies, qui a licu principalement de novembre en avril, varie de 1 mètre à 1m,34. 3 La région occidentale et méridionale est relativement plate, présentant seulement çà et là quelques collines et de petites chaines de montagnes. Elle est plus élevée dans le sud que dans l'ouest, et formée, excepté dans le sud-est, par des urès et des calcaires secondaires; elle est traversée par quelques grands fleuves venant du massif central et par dé petites rivières qui ont peu d'eau ou sont mème desséchées sec ; il n’y tombe pas plus de 30 à 40 centimètres d'eau par an (de décembre à mars), aussi la culture ne semble guère r! pendant la plus grande partie de l’année. Le climat y est très ll æ Partout, d'ailleurs, la faune a ses caractères ropres ; elle n’emprunte, pour ainsi dire, rien à JAfrique ; Madagascar n’est pas un morceau déla- “hé de ce continent, elle est elle-même. En Afrique abondent les singes, les grands fauves, les anlilopes, les girafes, les dromadaires, les zèbres, les éléphants, les rhinocéros. Dans les plaines se trouvent des autruches, des grues, des marabouts, des secrétaires ; les serpents venimeux ny sont pas rares. A Madagascar, le décor change ; il est moins arié, moins grandiose, les animaux sont de plus élite taille, leurs types sont moins divers; mais ner une idée. Il Ilny à pas un seul singe; ils sont remplacés par des Jakis ou Maques, qui vivent dans les bois, Fig. 1. — Mains de l'Indris brevicaudalus. mpent aux arbres avec une agilité surprenante else nourrissent surtout de feuilles et de fruits. Je Nous parlerai d'abord du plus grand, celui que l’on pourrait appeler l’anthropomorphe de ce groupe, à ause de sa marche dressée et de ses proportions ; S jambes sont hautes, terminées par des mains rmes (fig. 1), ses bras petits, sa queue courte : t le Bubakoute des Malgaches, l’Zndris des natu- listes (fig. 2). Sonnerat l'a découvert et en a rap- porté un exemplaire que nous conservons au Mu- Sêum avec un soin pieux, quoiqu'il soit bien laid et bien râpé, car ila servi aux premières descriptions. Matäctérisée par des plantes qui ne craignent pas la séche- 2sse : Baobabs, Tamariniers, Sakoas ou arbres de Cythère, mälaniers épineux, Euphorbiacées aroorescentes (Tamata et Laro), Songo Didicrea. Absolument aride et désolée dans le sud et dans le sud- muest, cette région s'améliore dans le nord. Au Ménabé, il ade vastes pâturages où les Sakalaves élèvent les plus beaux dxufs de Madagascar. A. MILNE-EDWARDS — LES ANIMAUX DE MADAGASCAR 695 Les Indris habitent seulement les grandes forêts de la côte est!, où ils vivent en bandes de quatre ou cinq individus, et l’on remarque chez eux une grande tendresse pour leurs petits. Ils ontun cri à la fois violent et lamentable, dû à un sac laryngien spé- cial, Certaines peuplades croient que ce sont des Fig. 2, — Babakoute (Indris brevicaudatus). hommes réfugiés jadis dans les bois, d’autres leur témoignent une grande reconnaissance et ont fail vœu de les toujours respecter, car il est de tradi- tion chez elles que, par suite de l'éveil donné par les cris stridents de ces animaux, une surprise ennemie avait été évilée. Les Propithèques se distinguent des Indris par 1 Depuis la baie d’Antongil, au nord, jusqu’à la rivière Masova, au sud, c'est-à-dire sur la moitié environ de cette partie de la côte. 696 A. leur longue queue; ils ont les mêmes mœurs, le même genre de vie que ceux-ci, auprès desquels plusieurs espèces habitent les forêts de la côte orientale. Ce sont le Propithèque à diadème !, le Propithèque d'Edwards et le Propithèque soyeux, dont les formes sont identiques, mais dont le pelage diffère. Il est tantôt jaune et gris, tantôt noir, tantôt d’un blanc pur. D'autres habitent la région occidentale ; ce sont le Propithèque de Ver- reaux ?, celui de Decken? (fig. 3), celui de Coquerel* et le Propi- thèque couronné *. Chacune de ces variétés vit à part et en petits groupes de sept ou huit. Les jeunes sont cramponnés aux flancs de la mère et y restent at- lachés malgré des bonds de 9 ou 10 mètres. A lerre, on les voit souvent sauter à pieds joints; en- fin, pour achever leur portrait, ils ne peuvent supporter la capti- vilé, ils sont doux, tristes, et rien n'est plus curieux, paraît-il, que leur facon d’entr'ouvrir les bras, au lever du soleil, comme dans un acte d’adoralion (fig. #) Au xvu° siècle, Flacourt avait déjà signalé le Propithèque de Verreaux. « Il y a une espèce de Guenuche blanche, dit-il, qui a un chaperon tanné et se tient le plus souvent sur ses pieds de der- Fig. Fig. 5. — Propilhecus Verreauxii. rière, on l'appelle Sue. » Cet animal était, pour- Le Propithèque à diadème habite les mêmes forêts que l’Indris. Le Propithèque d'Edwards se trouve au sud de la rivière Masova et le Propithèque soyeux a été rencontré au nord-est, près de Sambava. Habite le sud-ouest depuis rivière Tsidsoubou. ÿ Se trouveentre s Mananbolo et Mananzagaray. i À été découvert au nord de la rivière Be tsikoka. » Cette espèce n’a été signalée que danse le pays de Boeni, entre les rivières Betsiboka et Mananzagaray. Fort-Dauphin jusqu'à la les rivières MILNE-EDWARDS — LES ANIMAUX DE MADAGASCAR 4. — Propilkecus coronalus. lant, resté inconnu jusqu’en 1866, lorsque, près du cap Sainte-Marie, M. Grandidier en rencontr quelques-uns dans une immense plaine couverte. d'Euphorbiacées, de petits arbustes épineux et de quelques bouquets de bois (fig. 5); mais, au moment où, afin de la conserver, il enle vait la peau du premier qu'il avait tué, les sauvages qui l’entou- raient s’y opposèrent et, pour les apaiser, il dut enterrer la chair du Propithèque et planter dés nopals sur la tombe. Pendant la nuit, au clair de lune, on voit souvent, dans les forêts de l'Est, courir sur les branches de petits animaux qui semblent une réduction du Pro pithèque; ce sont les Avis ou Makis à bourre, découverts aussi par Sonnerat. Ils n’ont pas l’agi- lité des précédents et sont lents dans leurs mouvements. Tous ces animaux sont rares, tandis que les Makis véritables ou Lémurs proprementdits,abon- | dent dans les forêts ; on les voit partout et il n’es pas un voyageur à Madagascar qui ne les ait observés. Leur museau fin et allongé, leur attitude horizontale, leurs doigts libres et non palmés à la base, leurs dents plus nombreuses les rattachent à un genre différent de ceux que nous venons d’élu- ils aiment les œufs, les petits oiseaux, les reptilesi les PR OAS ils vivent en Hemies a nombres fig. 6). dns le ec est pie, parfois tacheté de roux. La variété rouge de ce Maki a été longtemps regardée, par les naturalistes, comme une espèce distincte et décrite sous le nom de Lemur ruber mais nous avons aujourd'hui toutes les transition A. MILNE-EDWARDS — LES ANIMAUX DE MADAGASCAR 697 ‘qui rattachent l’une à l’autre ces deux colora- _ tions différentes. Le Mongous est plus petit et généralement d’un run fauve; sa lête est souvent couverte d’une calotte noire (L. nigrifrons), ou blanche (Z. albi- rons), ou rousse (Z. rufifrons), ou grise (ZL. cine- reus). Les poils, simulant des favoris, sont quelque- ois roux (Z. ollaris;, et l’on peut dire qu’il n'existe pas deux individus de cette espèceexactementsem- lables, ce qui explique les contradictions appa- ntes des descriptions faites par les naturalistes. Quelques-uns de ces Makis sont intéressants en aison des différences de couleur qui permettent e reconnaitre le mäle de la femelle; le Macaco ile est toujours entièrement noir, la femelle est rousse, teintée de gris, et sa tête est entourée d’un Fig. 7. — Maki à ventre roux. lier également gris. Aussi a-t-on cru à l’exis- lence de deux espèces. -Un autre, appelé le Lémur très noir |L. niger- Winus), ne mérite pas toujours ce nom, car la “emelle est rousse; il se distingue du précédent ar l'absence de poils formant pinceaux sur les reilles, el par ses yeux, qui sont d'un vertbleuàtre, au lieu d'être brun clair comme d'ordinaire chez pelage dans les deux sexes, mais moins tranchés. Le Maki couronné, ainsi nommé pour le diadème que + son front, est de tous le plus petit; enfin le Æmur-Chat (fig. 8) a, en effet, la couleur grise, les oreilles droites, la queue annelée du chat. C’estun fort joli animal qui habite les collines broussail- leuses et souvent dénudées du sud et du sud-ouest. “—. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. Si les Indris et les Propithèques meurent rapi- dement en captivilé, les Makis, au contraire, peu- vent vivre longiemps à côté de l'homme, à condi- lion d’y trouver une température convenable. Ils s’apprivoisent facilement et deviennent plus cares- sants qu'un chien, ne quittant pas, à moins d'y être forcés, l'épaule de leur maître, accourant à son appel et lui prodiguant des marques d'amitié. J’ai connu, pendant de longues années, chez M. Henry Berthoud, un Mongous parfaitement apprivoisé et d’un commerce fort agréable: son extrême agilité lui permettait d'atteindre les plus hautes cor- niches pour s’y blottir, et ses mouvements étaient si bien mesurés, qu'à moins de surprise ou d’effroi, il sautait sur tous les meubles sans rien briser autour de lui. Parfois les Makis se reproduisent dans ces conditions et c’estun spectacle charmant que de voir le petit. tantôt attaché au travers de la poitrine de sa mère, tantôt fixé aux poils de son dos et ne la quittant jamais, malgré ses courses légères. Fig. 8. — Le Lemur-Chatl (Lemur calta). Chez eux, ils vivent en troupes, cantonnés dans certains domaines, et, si un intrus s'égare dans une parlie qui lui est interdite, tous ses congénères l’attaquent. À Madagascar, M. Humblot, notre rési- dent aux iles Comores, avait mis à profit l'achar- nement avec lequel les Makis d'un bois chassent les Makis du bois voisin; il attachait l'un de ceux- ci à une branche et il était sûr de voir bientôt les propriétaires légitimes du lieu accourir et se pré- cipiter sur le nouveau venu, sans se préoccuper du chasseur, qui pouvait alors, à l’aide d’un lacet, en prendre autant qu'il le voulait. Les Hapalémurs, les Lépilémurs et les Chiro- gales sont des Makis nocturnes dont l’organistion présente des caractères sensibles de dégradation. Non seulement leur taille est moindre, mais ils ont quatre mamelles au lieu de deux et leur intel- ligence est peu développée. Les Hapalémurs ha- ES 698 A. MILNE-EDWARDS — LES ANIMAUX DE MADAGASCAR - bitent les fourrés de bambous el se nourrissent de pousses tendres; les Chirogales font la chasse des insectes et des jeunes oiseaux; l’une de ces espèces est plus petite qu’un rat. Ils construisent leurs nids dans les arbres et souvent au milieu des feuilles de Ravenales. Pendant la saison sèche, ils ne trouvent guère de nourriture et risqueraient fort de mourir de faim, s’ils n’élaient sujets à une sorte d’engourdissement comparable au sommeil hibernal des Marmottes et des Loirs; ils vivent alors aux dépens d'une provision de graisse qui s'est accumulée dans leur queue, transformant cet appendice en une sorte d’énorme saucisson qui diminue peu à peu et n’a plus que ses dimensions ordinaires, quand celte période de torpeur est passée. C’est la bosse graisseuse du chameau trans- portée dans la région caudale et servant au même usage. Le plus bizarre de tous les Lémurs, c’est l'Aye- aye ; l’exemplaire rapporté en 1781 par Sonnerat resta jusqu'à 1840 unique dans son genre, et il fut l'objet de controverses sans fin de la part des na- turalistes. Ses fortes incisives el sa queue, couverte de longs poils, le faisaient considérer par les uns commme un Écureuil, tandis que d'autres, — Cu- vier, Geoffroy, — le raltachaient aux Makis. Cette dernière opinion aélé confirmée par les recherches récentes faites sur cette espèce à ses différents âges; grâce aux soins de M. Humblot, nous pos- sédons enfin bon nombre de Aye-ayeseltnous avons pu étudier le développement, ainsi que la succes- sion des dents de cetanimal, qu'on doit regarder comme un Maki dont l’organisation se serait adap- tée à des besoins particuliers. L'Aye-aye est nocturne, elil se nourrit des larves de certains insectes qui creusent les troncs pourris des arbres des forêts de l’est. A l’aide de ses dents antérieures, grandes et pointues, il entame le bois et.met au jour les galeries de ces larves, qu'il en extrait au moyen de son troisième doigt. Celui-ci, très grêle et fin comme un stylet, ne sert plus à préhension, mais reste toujours relevé; l'Aye-aye l'introduit dans les trous et ramène, à l’aide de la griffe terminale, les Insectes mous, dont il fait ses délices. M. Humblot rapporta vivants plusieurs de ces curieux animaux, qu'on a pu conserver pendant quelques mois, et la manière dont ce voyageur est arrivé à les nourrir mérite d’être racontée. M. Humblot, jusqu'alors, avait vu mourir en peu de jours tous les Aye-ayes qu’il capturait, faute de pouvoir leur donner des aliments appropriés : car il était bien difficile de trouver les larves, dont ils sont si friands. Après des essais infructueux, M. Humblot eut l'idée de goûter à ces larves et ayant remarqué que leur saveur rappelle celle de 41 la crème, il vida leurs peaux et les remplit de lait … conservé, puis il les placa à côté de l'Aye-aye qui, = trompé d’abord par leur aspect, puis par leur … goût, n’hésilta pas à les dévorer et consentit bien- È tôt à faire usage de lait concentré, sans qu'il fût nécessaire de le déguiser. Il devenait alors aisé de M nourrir l'animal ; mais, pourle ramener en France, M une autre difficulté surgissait, celle de se procurer. une cage assez solide pour résister aux dents ter- ribles qui avaient vite fait un trou aux planches les plus épaisses; il fallut blinder celles-ci, et c’est dans ces conditions que trois Aye-ayes firent leur entrée au Muséum, où ils devinrent l’objet d’une élude suivie, mais d'autant plus difficile qu'ils attendaient, pour sortir de leur cage, que l’obscu- rilé füt presque complète. 4 Les Malgaches ont d’eux une terreur supersli- tieuse ; ils les croient animés par des esprits malfai- santset ne se prêtent pas volontiers à leur capture. Tous ces animaux, depuis les Indris jusqu'aux Aye-ayes, forment un même groupe naturel. Si les Makis de Madagascar ont jamais eu cons-. cience que les zoologistes les apparentaient à la. famille des Singes, ils ont dù en être fort peinés elpenser, certainement, que ces prétendus TR ignoraient le premier mot de la question. Ils au. raient pu leur faire observer que les rapprocher. des Singes, parce qu'ils ont des mains aux quatres, pattes, c'est-à-dire parce qu'ils sont quadrumanes, … c’est se laisser guider par un caractère dont la. valeur zoologique est faible, — car on le retrouve dans des familles très différentes, el il existe chez les Primates, aussi bien que chez les Marsupiaux/ qui sont les derniers des Mammifères, — tandis que leur mode de développement, la disposition dem leur tube digestif, leur dentition, leur cerveau indiquent pour eux une tout autre filiation. | En effet, si je ne craignais d’exagérer ma pensée je dirais que ce sont des Pachydermes grimpeursl etqu'ils se rattachent, parune longuesuite de géné=M rations, à certains animaux du commencement de l'époque tertiaire, appelés Adapis et qui broutaient” FRéEEe des prairies. PE nt Singes, leur noblesse remonte plus haut etils ne seraient pas embarrassés pour justifier d'un bo) nombre de quartiers de plus. En outre, s'ils sont moins intelligents, ils ont, au point de vue morals une grande supériorité. Les Singes, par leur caraë@ tère irascible, fantasque et incohérent, semble des délraques vicieux ; les Makis, au contraires vivant à l’écart dans les forêls, montrent une dou ceur et, si je puis dire, une égalité d'humeur par=) faite, et l’on comprend que les Malgaches vénèrent | et protègent le tranquille Babakoute, le pacifique Simpoune et le calme Sifac. 1 STE Les A. MILNE-EDWARDS — LES ANIMAUX DE MADAGASCAR I] Je ne vous parlerai qu'en passant des Chauves- Souris, dont une espèce alteint la taille considé- rable des Rousseltes de l'Inde (Pteropus Ediwardsii Fig, 9. — (iulidie élégante. el vit des fruits sauvages des grands arbres. Les autres diffèrent peu des Chauves-Souris d'Afrique. Les carnassiers sont plus remarquables, quoi- Fig. 10. — Fossane de Daubenton. Qu'il n'y ait à Madagascar ni lions, ni tigres, ni Panthères, ni hyènes, ni loups, ni renards. On peut 699 parcourir en toute sécurité d’'épaisses forêts au mi- lieu d'animaux inoffensifs, el le Foussa, le plus puis- sant des Carnivores malgaches, n’attaque jamais Fig. 11. — Euplère de Goudot. l'homme. Les naturalistes lui ont donné le nom peu euphonique de Cryptoproclu fero, en raison des glandes cachées à la base de sa queue et de ses Fig. 12. — Lricule épineux. habitudes sanguinaires ; maïs il n’est féroce que pour les cabris el les poules. Si l’on cherche à démèéler sa généalogie, on reconnait que cel ani- 700 mal, si bas sur pattes et à forme de fouine ou de belette, est apparenté de très près aux chats; c'est, en effet, un chat plantigrade, ce qui semble une antithèse. Les autres bêtes de proie ressemblent un peu 13.— Hemicenleles de Madagascur. Fig. aux Mangoustes, mais elles constiluent cependant des genres spéciaux à Madagascar : ce sont les Galidies (fig. 9) et les Galidielis; la Fossane ((renetla Jossu) (lig. 10) se rapproche des Genetles ; enfin un . 14. — Bœufs (Photographie Zébus dans leurs prairies de M. Catat). Chat et une vraie Genetle paraissent avoir été importés d'Afrique el s'être développés dans le pays. L'Zuplère, de pelile laille, se fait remarquer par sa queue touflue et par ses dents si faibles | A. MILNE-EDWARDS — LES ANIMAUX DE MADAGASCAR qu'il ne pourrait se nourrir de mammifères ou d'oiseaux etse contente de vers; c’est le Fanalouck des Malgaches (fig. 41). k Beaucoup de petits Insectivores, dont l’aspect rappelle celui des Hérissons, se trouvent à Mada-. gascar; leur dentition indique des différences im- M porlantes avec les espèces du continent el ils for- } ment une famille particulière; ce sont les Tanrecs, les Ericules (fig. 12, les Hemicentetes (fig. 13), à Fig. 15. — Bœufs Zébus parqués dans les enclos (Photogra- phie dé M. Catat). poils transformés en piquants, puis d’autres à four- rure ordinaire, mais semblables aux précédents . par leur organisation. Il en est qui vivent sous terre comme les Taupes : les Oryzocyles ; il y en à qui courent à la surface du sol : les Géogales etles Microgales. Toutes ces formes sont propres à la faune mal gache. Les gros Herbivores autochtones font défaut dan Fig, 16. — Bœufs Zébus foulant le sol d'une rizière (Photos ; graphie de M. Catat). l'ile : car les bœufs, qui paissent fort nombreux dans a r che päturages du Ménabé (lig.14), appar= tiennent au même lype que les Zébus, ou bœufs à bosse de l’{nde, et c'est probablementavec l homme qu'ils sont venus dans cette région. Ils constit la principale richesse des habitants et sont lobe jet d’un commerce important (fig. 15 ; on les ex= Ê Ne A. MILNE-EDWARDS — LES ANIMAUX DE MADAGASCAR 101 5) - porte à l'ile Maurice et à la Réunion par troupes - considérables, et leurs cornes servent à fabriquer des cuillers et divers autres ustensiles. On emploie aussi ces animaux à fouler le sol marécageux où le … riz doit être planté (fig. 16) et, depuis quelques … années, on les utilise comme monture. Je puis vous - montrer un de ces Zébus qu'un Hova a enfourché - (fig. 17). Pour leur donner une certaine ressem- Fig, 17. — Bœuf Zébu de selle (d’après M. Catat). - blance avec le cheval, leurs propriétaires pratiquent - sur eux de cruelles amputations ; ils coupent les … cornes et enlèvent une partie de la bosse et du fa- non, ce qui, souvent, amène la mort du pauvre animal. Dans les forêts humides, on trouve un San- Fig. 18. — Potamochærus Edwards. in tr “lier assez semblable à celui de l'Afrique, mais “appartenant à une espèce différente, le Chæropo- lame à poils durs et jaunes (fig. 18). - Ce sont là les seuls herbivores. _ Ona cru longtemps qu'il n'existait aucun Ron- geur à Madagascar, et effectivement ces animaux y sont d’une extrême rareté. Cependant, M. Gran- didier avait découvert, sur la côte ouest, un gros Muride qui vit dans des galeries souterraines, l’Hypogeomys, et, depuis cette époque, on en a signalé d’autres espèces : les Nesomys, les Bra- chytarsomys, les Eliuromys. Maïs, si l'on compare cette pénurie de formes à la richesse des types de Rongeurs en Afrique et en Asie, on en est très frappé. IV Les Oiseaux, grâce à leurs ailes, peuvent sou- vent franchir des espaces considérables, et leur présence sur tel ou Lel point du globe n'indique pas qu'ils y aient pris naissance ; ils peuvent être arrivés de très loin. Les oiseaux à ailes faibles et incapables de voler longlemps fournissent, au con- Fig. 19. — Brachypleracins squamigera. traire, des renseignements très précieux et leur étude doit être poursuivie avee soin. Nous remarquons que Madagascar possède 35 genres et 120 espèces qui lui sont propres; Je vous signalerai les Perroquets noirsou Vazus, une sorte de chouette (l'Æeliodilus\, les Couas aux longues pattes formant, dans la famille des Cou- cous, un groupe bien défini et représenté par un grand nombre d'espèces, les unes organisées pour percher, les autres pour marcher; les Zepto- somes et les Brachypteracias (Mig. 19) qui rattachent les Rolliers aux Guêpiers; les Æalculies à bec très arqué (fig. 20): les Méodrépanis (fig. A); les Eu- ryceros et beaucoup d'autres Passereaux; les Fw- ninqus, ou pigeons de couleur sombre, qui semblent confinés dans la région madécasse; les Zophotibis, bien différents des Ibis véritables (lig. 22); les Anastomes ou Bec-ouvert; les Hésites rapprochés par leur forme de certains Passereaux, mais qui 102 cependant prennent place dans le groupe des Ràles (fig. 23). Quelques espèces rappellent celles de l'Extrème- Orient, et les ressemblances générales sont plus marquées avec la faune indienne qu'avec la faune africaine. Ces oiseaux sont surtout nombreux sur le littoral où la végétation est abondante, tandis A. MILNE-EDWARDS — LES ANIMAUX DE MADAGASCAR a ces : l’une ! se trouve dans tous les lacs et dans les grandes rivières: l'autre est confinée dans la ré" gion centrale ?. Ils atteignent une taille considé- rable et on en voit qui dépassent 6 mètres de long. M Fig, 20. — Falculia palliala. qu'ils deviennent rares au centre de l'ile, où l’on ne trouve guère que des espèces de haut vol, car ces montagnes arides ne sauraient donner asile à beaucoup d'animaux. = Fig. 21. Neo epants COrUSCAns. Si nous passons maintenant aux Reptiles, nous voyons que le seul qui soit redoutable à Madagas- car, c'est le Crocodile, dont on compte deux espè- Les Malgaches les craignent beaucoup, car les accidents sont fréquents, el souvent les femmes qui puisent de l’eau à la rivière, ou les hommes qui s'engagent dans un gué, sont enlevés par ces terribles reptiles. Après avoir saisi leur victime, e Fig. 23. — Mesiles variegalu. ils l’entrainent sous l’eau et la déposent dans} 1 Crocodilus Madagascariensis. [ 2? Crocodilus robustus. | | (l . soit suffisamment faisandée, pour revenir la dé- vorer quand ils jugent qu’elle doit être à point. … Grâce à ce goût particulier, il n'est pas rare que (4 des hommes aient pu être retirés vivants du … garde-manger des Crocodiles. MD Les Lézards, les “ Geckos sont en … grandnombre, mais les Caméléons sur- tout altirent l’atten- tion. Ces reptiles, si bizarres d’aspect et d'allures, sont plus répandus et plus va- riés à Madagascar que parlout ail- leurs; près des trois … quarts des espèces _ connues se trouvent … localisées sur celle … Lerre, et ce sont cer- - tainement les plus - grandes et les plus ‘% uclque anfractuosité, attendant que la chair en (à A. MILNE-EDWARDS — LES ANIMAUX DE MADAGASCAR 703 — Les Serpents sont inoffensifs; le plus grand, dont la longueur atteint parfois 3 mètres, appar- lient à la famille des Couleuvres et se nourrit principalement de Tanrecs épineux. Les Tortues terrestres ou de marais, très recher- chées pour l'alimentation, y sont communes, mais de proportions mé- diocres. Dans les rivières el dans les lacs pul- lulent les Poissons, principalement ceux de la famille des Chromides; on y voit même de su- perbes Écrevisses lig.26),supérieures aux nôlres comme taille, dont deux es- pèces sont spéciales à Madagascar el plus rapprochées de celles de l'Aus- … belles: on en voit - mesurant presque … ! mètre (fig. 24), et quicontrastent avec des Camé- à léons très petits, de vrais pygmées. Quelques-uns semblent avoir un masque de carnaval : leur tête se prolonge en une sorte de nez énorme et bifide (lig. 25); d'autres ont le front surmonté d’un imier élevé. Il est difficile de les apercevoir au Fig. 25, — ‘ "À Caméléon à nez bifide. «milieu des feuilles, dont ils revétent les diverses “leintes ; leur queue, enroulée autour des branches, est comme une liane, et leurs mouvements sont si “lents qu’ils ne décèlent pas leur présence. Leurs yeux seuls roulent en dehors des orbites, obser- ant les évolutions des insectes ailés, qu'ils saisis- sent el ramênent dans leur bouche d’un coup de langue, dardé avec la rapidité d'une flèche. | | | tralie que de celles du continent. Dans les maréca- ges, dans les prairies humides, sur le sol détrempé des forêts, rampent d'énormes Mollusques plus ou moins semblables au Colimacon : ce sont des Aga- Fig. 24, — Caméléon d'Oustalet. Fig. 26. — Ecrevisses de Madagascar. thines. Sur les herbes, on trouve l'Hélice verte, dont les indigènes apprécient la saveur délicate. Flacourt nous avait appris déjà que des Che- nilles malgaches se tissent un cocon dont on peul retirer la. soie pour en fabriquer des étoffes de VILrATit du fond, au is, du n Wuséi oiseau La œros œuls que 1 l’on voi l - prix. Les naturalisles ont étudié ces insectes !, et - nous connaissons aujourd'hui les procédés em- _ ployés pour les élever. Nous savons que certaines espèces vivent-en société sur les acacias, construi- “ sant des nids où les cocons sont serrés les uns contre les autres, el forment des masses qui ont parfois près d'un mètre de long; la soie ne peut - pas se dévider, elle est simplement cardée et filée _à la quenouille. Ces chrysalides sont un aliment recherché, comme d'ailleurs celles des Guêpes, de gros Hannetons d’un blanc de neige, et des grands Cerambyx. On les mange crues ou cuites dans l'huile, et leur goût agréable rappelle celui de la cervelle de mouton. Un Bombyx atleint des dimensions extraordi- Fig. 28. — Aclias comeles. naires ; ses ailes mesurent 20 centimètres d’enver- gure et portent, en arrière, une queue longue et étroite : c'est l'Avlius cometes (fig. 28), dont la pos- session est désirée par tous les collectionneurs. Des moustiques au dard aigu rendent la tra- versée des forêts très pénible, et leur piqûre de- ient une vérilable souffrance. Mais je suis forcé d'abréger, et je n’insisterai pas sur la variété des Abeilles, des Termites ou des Araignées de Ma- dagascar. Leur étude, pourtant, révèle des faits cu- rieux, et elle confirme les résultats que nous avait onnés celle des Vertébrés, c’est-à-dire que la plu- art des types trouvés à Madagascar lui appartien- nent, el que, siquelques-uns viventaussien Afrique, un nombre plus important d'espèces est commun avec la région indienne. V 4 Re | — La faune actuelle de Madagascar offre, comme “ous le voyez, un intérêt considérable au zoologiste ; * ; — | Bombyx Radama. — Bomby» Diego (Coquerel). A. MILNE-EDWARDS — LES ANIMAUX DE MADAGASCAR 105 mais la faune ancienne réserve des découvertes inattendues, et les faits qui ont été signalés dans ces dernières années semblent ouvrir de nouveaux horizons; ils permettront peut-être d'établir ce qu’é- tait autrefois Madagascar et de saisir les relations qui la rattachaient à d’autres terres dont elle a, depuis, été séparée. Dans des terrains d’une origine récente, au mi- lieu de marécages ou d’alluvions superficielles, datant d’une époque peu reculée, on a trouvé de nombreux ossements, à l’aide desquels on peut reconstituer les animaux dont ils proviennent, élu- dier leur caractère et reconnaitre que, non seule- ment ceux-ci ont complètement disparu, mais encore qu'ils appartiennent à des formes dont il n'existe plus de représentants. Fig. 29. — Æpyornis ingans !. Le premier indice recueilli sur ces animaux date de 1851 ; le capitaine d’un navire marchand avait apporté en France des œufs énormes et quelques ossements qui furent décrits par [. Geoffroy Saint- Hilaire et attribués à un oiseau gigantesque : l'Æ- pyornis maximus. Les œufs (fig. 27), d’une capacité de 8 litres et demi, étaient six fois plus gros que ceux de la grande autruche, et les os indiquaient un animal ayant des pattes énormes; malheureu- sement, aucun n’étail complet; aussi les natura- listes furent-ils divisés d'opinion sur la place que l’Æpyornis devait occuper dans les classifications, et, tandis que les uns le rapprochaient des Brévi- pennes, qui sont des oiseaux privés de la faculté de voler, d’autres, à l'exemple d’un zoologiste ita- lien, Bianconi, le considéraient comme un vautour colossal et en faisaient l'oiseau Roc de Marco Polo. Les contestalions auraient pu durer longtemps encore si, en 1867, M. Grandidier, en pratiquant des fouilles sur la côte ouest, à Ambolisatra, 1 D’après un dessin publié dans le journal « 4 Nature ». 30 ‘je à l'Exposition « A. MILNE-EDWARDS — LES ANIMAUX DE MADAGASCAR 107 - n'avait trouvé de nouveaux ossements parfaitement … conservés et provenant d'une patte entière. Dès . Jors, il n'y avait plus de doute possible : l’Æpyornis était un oiseau terrestre, incapable de voler, et il . devait se nourrir de substances végétales et non … de viande. Deux espèces plus petites de ce genre, … l'Æpyornis modestus ei l Æpyornis medius avaient été _ retirées du même gisement. - Cette découverte, suivie de beaucoup d'autres, - nous à fait connaitre le squelette entier des Æpyor- è nis (fig. 29). M. G. Muller en a recueilli de nombreux débris à Antsirabé, et, s’il n'avait pas péri si misé- rablement, assassiné par les Fahavalos,ilaurait con- - tinué des explorations qui nous ont déjà fourni de - précieux documents, car ses collections n’ont pas été . perdues et elles sont parvenues entre nos mains. Sur la côte ouest, M. Samat et M. Grevé, notre malheureux compatriote pris comme otage par les - Hovas et fusillé au mois de février dernier, recher- 5 chaient des ossements du même genre, et bientôt - les matériaux d’études abondaient au Muséum ; nous pouvions constater qu'à une époque relative- ment récente et où l’homme occupait déjà l'ile, Madagascar était habitée par une grande variété d'oiseaux de taille colossale dont les pattes mas- . sives rappellent, par leur puissance, les jambes des éléphants et des gros pachydermes, dont les ailes élaient atrophiées, dont la tête était petite et le bec faible; la taille des uns dépassait 3 mètres de hau- “teur, d’autres leur cédaient à peine $ous ce rap- port, mais ils étaient plus grêles, d’autres encore avaient seulement les dimensions de l’Autruche ou même du Casoar. On en compte au moins douze, se rattachant à deux types : celui des Æpyornis et celui des Mullerornis, ainsi nommé en souvenir de G. Muller. On ne doit pas les considérer comme des Au- truches , mais ils ressemblent beaucoup aux Casoars de l’archipel Indien, et ils ont d’étroites aflinités avec les Dinornis, grands oiseaux de la - Nouvelle-Zélande. A côté d’eux, vivaient des mammifères différents de ceux qui Point aujourd'hui Madagascar. M. Grandidier y a trouvé de nombreux restes d’un petit Hippopotame (fig. 30), notablement plus “grêle que celui d'Afrique, et on a exhumé, de gise- ments analogues, des ossements se rapportant à de grands Makis, dont quelques-uns ne devaient pas grimper aux arbres, mais rester à terre comme les Adapis des temps tertiaires. M. Filhol les à étudiés et il a décrit plusieurs genres et plu- … sieurs espèces remarquables. \ 3 t % ? D'immenses tortues terrestres, dont la carapace atteint 1 mètre et demi de longueur, vivaient dans les mêmes conditions et indiquent des animaux d’une taille et d’un poids supérieurs à tout ce que la nature actuelle peut fournir. Des Crocodiles, dépassant 8 mètres, y ont été également rencon- trés. Tous ces animaux ont disparu, sans laisser de traces dans les légendes populaires, et cependant leur extinction est peu ancienne, car il est facile de voir, sur beaucoup d’ossements d'Hippopotames ou d’'Æpyornis, des entailles très nettes faites de main d'homme. Ils vivaient ensemble sur le bord des marécages ou des étangs et la présence des Hippopotames,des Crocodiles, à côté des Æpyornis, indique quelles étaient alors les mœurs de ces oiseaux,et d’ailleurs le nombre des ossements, provenant de très jeunes individus, montre qu'ils demeuraient dans cette localité et qu’ils n’y ont pas été enfouis, lors d'un passage. L'existence de tant d'animaux aussi puissants semblerait prouver qu'à cette époque Madagascar avait une élendue plus considérable que de nos jours: car il y a une proportion indéniable entre la taille des êtres vivants et celle des terres qu'ils habitent, et on est en droit de supposer que, par suite d’un affaissement, une partie du sol à disparu sous les eaux de l’Océan. Nous savons que ce n’est pas du côté de l'Afrique qu'il faut chercher les relations, mais plutôt du côté de l'Inde et de l'Australie, et j'ai fait remarquer, à plusieurs reprises, les similitudes fauniques qui existent à cet égard. Les analogies des Æpyornis avec les Casoars et les Dinornis donnent plus de proba- bilité encore à cette manière de voir. Des questions scientifiques d’une grande impor- tance se trouvent donc ainsi posées ; elles ne seronl résolues que par une étude minutieuse de l’His- toire naturelle de Madagascar ; mais cette étude, nous pourrons certainement la faire. Lorsque l'expédition militaire aura porté tous ses fruits, ce sera alors à nous de continuer son œuvre en levant les voiles qui cachent encore ce coin du globe. Espérons que bientôt, sur les che- mins tracés par notre coùrageuse armée, une mis- sion scientifique se mellra à l'œuvre et que viendra ce moment, —que j'appelle de tous mes vœux, —où nous aurons achevé la conquête de cette grande ile appelée il y a déjà deux siècles : Z« France Orien- tale. A. Milne-Edwards, de l’Académie des Sciences, Directeur du Muséum d'Histoire Naturelle. … d'tf : ANRT TR VE ER 4 108 A. DE FAYMOREAU D'ARQUISTADE — LES GRANDES CULTURES A MADAGASCAR LES GRANDES EXPLOITATIONS AGRICOLES A MADAGASCAR CANNE A SUCRE. — COTONNIER.- —VANILLIER. — PIGNON D'INDE. — CAFÉIER, — CACAOYER, — TABAC. — ALOËS ET AGAVÉ. — RIZ ET AUTRES CULTURES Malgré. les conditions fâcheuses que créent à l'écoulement des produits agricoles l'absence ou le très mauvais état des routes, certaines cullures sont depuis longtemps pratiquées à Madagasear et y ont déjà acquis une assez grande extension. Nous indiquerons à grands traits le régime de ces cullures, et nous insisterons notamment sur la possibilité, non douteuse, de créer ou de déve- lopper à Madagascar la grande exploitation agri- cole telle qu'elle existe, dans des conditions iden- tiques de sol et de climat, à Mayotte. Cette ile, voisine de Madagascar, mais où l'influence fran- caise a pu s'exercer plus librement, est aujour- d'hui couverte de plantations très rémunératrices, où nous devons chercher le modèle de ce qu'il y a à faire sur le sol, demain français, de Madagascar. ÏI. — CULTURE DE LA CANNE A SUCRE. La cullure de la canne à sucre, encore insuffi- samment représentée à Madagascar, est la plus importante et la plus ancienne des cultures de l'ile Mayotte {colonie francaise), dont les terres et les conditions atmosphériques sont celles mêmes de sa grande voisine. C'est à la Réunion et à Maurice qu'ont été em- pruntés les procédés de culture de la canne àäsucre et les usines à sucre de Mayotte ontété copiées sur celles de ces deux colonies. Une variété infinie de cannes a élé introduite à Mayotte, où elles ont eu le sort qu'elles avaient eu à la Réunion; la monoculture a, en effet, pour résultat d'amener promptement la dégénérescence des espèces dont le remplacement s'impose rapi- dement; c’est ainsi que les premières variétés de cannes vigoureuses el riches en sucre, — comme les cannes blanches, les cannes rouges, — ont élé remplacées par des variétés plus rustiques, mais moins riches, telles que les cannes dites : ruba- nées, Guingham et bambou. Aujourd'hui les va- riétés dites Lousier el Port-Makay, qui sont les seules cullivées à Maurice, viennent de faire leur apparilion à Mayotte pour v remplacer les cannes rubanées. La reproduction de cannes à l’aide des graines, longtemps jugées slériles, vient de réussir à Mau- Gréles, première année, les cannes venues de graines grossissent rice. presque filiformes la beaucoup lorsque, la seconde année, elles sont re- produites par le bouturage; elles deviennent alors comparables aux cannes ordinaires la troisième année. Les variétés ainsi obtenues seraient même infiniment plus robustes que les anciennes espèces toujours reproduites par bouturage et résisteraient mieux aux sécheresses si redoutables sous les tro- piques; de plus, elles fourniraient un jus plus riche que les variétés actuellement cultivées. L'on espère, à Maurice, régénérer complètement la cul- ture à l’aide de ces cannes. Voici, très sommairement, comment se cultive actuellement la canne à sucre : Mises en terre d'octobre à février, les boulures de cannes (en général les sommités) donnent naissance à des souches, dont les cannes peuvent ètre récoltées dix-huit mois après; après cette première récolte, les souches donnent naissance à des rejetons qui peuvent être récollés douze mois après ; de nouveaux rejelons sont encore produits les années suivantes, et il n’est point rare, dans un sol ferlile et vierge de cultures de cannes, de voir sept à huit récoltes faites ainsi avantageuse- ment, sans grands frais, — les facons à donne élant réduites à deux ou trois labours, chaque année. Ces labours, la charrue vigneronne, rem= plaçant la houe à main, permet de les donner à un prix très réduit. Seule, la plantation faite la première année en- Lraine d'assez grands frais. Le bœuf à bosse de Madagascar fig. 1), doux et intelligent, se dresse très vile, admirablement, à ces travaux, et parfois dès le premier jour. Ce fait avait beaucoup frappé un ingénieur de Grignon, l'un de mes directeurs, qui déclarait ce bœuf supé- rieur au bœuf de France, tant il le trouvait fort, docile, obéissant à la voix de son conducteur! Après plusieurs années de monoculture, le sol s’épuise rapidement, et à! faut recourir aux enyraisn de ferme el aur engrais chimiques; puis, malgré tous les procédés de culture les mieux compris, 14 production s’amoindrit, et le sol refuse de pro) duire. C’est ainsi qu'à Maurice tout le littoral de l'ile, si merveilleusement fertile autrefois, a été, arides par celle monocullure incessante, intensive S'éloignant de plus en plus du littoral, la culture A. DE FAYMOREAU D'ARQUISTADE — LES GRANDES CULTURES À MADAGASCAR 109 de la canne à sucre a gagné les parties haules de île, primitivement couvertes de forêts; cantonnée là, cette culture ne s’y soutient qu’à grands frais, à l'aide d'engrais coûteux, dangereux parce qu'ils préparent, dans un avenir prochain, la ruine de ce sol nouvellement livré à la culture. _ C'est aussi ce qui arrive, en ce moment, à Mayotte, chez ceux qui, ayant des Lerres de vallées des plus merveilleuses, y ont cultivé exclusivement la canne à sucre depuis quarante années. Tout autre a été le sort des propriétaires qui, ayant des terres peut-être moins fertiles, mais plus étendues, ont pu donner un long repos, sous bois vu sous assolements, à leurs terres, en les assujet- tissant à des rotations régulières. _ C'est ce que l’expé- rience commandera de faire à Madagascar, si lon y tente en grand la culture de la canne. Il faudra, avec une su- perficie déterminée , ne mettre en culture _ qu'une partie du sol, à prévoyant que les as- - solements devront re- - présenter, au moins, … les trois quarts de la superficie destinée à la anne à sucre. Il n’y a pas lieu de S’effrayer de ces gran- des propriétés, de ces lutifundia que nécessi- tera la culture de la canne : Ce sera une né- essité inéluctable, mais ce sera aussi la garantie de la réussite de pareilles entreprises. Les conditions du marché sucrier en Europe sont telles, aujourd’hui, que les sucres de bonne qualité sont seuls certains d'y trouver un débouché légulier, assuré; ces sucres ne peuvent être pro- d uits que par des usines perfectionnées, du type bourbonnien, par exemple, l'heure n'étant pas encore venue de la diffusion directe de la canne. Les usines comprennent deux forts moulins broyeurs, dont le second fait la repression de la £anne. Ces deux moulins permettent d'extraire Ds …. Les jus (vesous) extraits sont déféqués dans des | appareils chauffés à la vapeur, dits défécateurs. Puis décantés, filtrés et renvoyés, soit dans des appareils à feu nu, dits batteries Grimard, soit dans des appareils à triple effet, pour y être con- _Centrés à 25° Beaumé, et, enfin, ie travail se ter- Fig. 1.— Bœufs à bosse de Madagascar au travail. nine dans les appareils à cuire dans le vide. De ce dernier appareil, la masse cuite est envoyée dans de grands réservoirs, et en dernier lieu, les turbines centrifuges font la séparation des sucres et des sirops. Il ne reste plus, après cet essorage, qu'à sécher les sucres avant leur mise en sac !. 48-60 heures suflisent pour retirer, de la canne prise au champ, le sucre de premier jet et le livrer à la consommation. Quels sont les rendements en canne et en sucre à l’hectare? Dans les terres vierges, sans aucune fumure, le rendement peut être évaluée à : 60 à 70.000 kg. de cannes en première coupe; 50.000 kg. » coupe des 1crs rejetons: 30 à 40.000 » » 2e, 3e, 4 rejetons. Ce qui, à raison d’un rendement moyen de 9 % ,en sucres de tous jets, donne 6.300 à ».400 kilos de sucre à lhectare, pour la pre- mière année, 4.500 ki- los pour la seconde, etc. Tous ces résultats approximalifs, mais très voisins de la réa- lité, seront suscepli- bles de légères dimi- nutions ou d'augmen- tations, suivant le sol, les procédés de cul- ture, et, aussi, suivant la perfection des moyens d'extraction employés dans l'usine. Doit-on s’effrayer, outre mesure, de l'avilisse- ment du prix des sucres en Europe? Je ne le crois pas. Jusqu'à ces dernières années le sucre s'était vendu à des prix tels qu'une infi- nité d'usines coloniales, produisant 100.000 kilos de sucre, de qualité inférieure, pouvaient vivre el donner des revenus; mais, de même que les usines européennes produisant moins d'un million de ki- logrammes de sucre sont fatalement condamnées, de même ces petites usines coloniales devront dis- paraitre, faisant place aux usines centrales, qui, seules, peuvent produire économiquement les beaux sucres de cannes, et, dans cette lutte entre la canne et la betterave, il n’est point dit que la canne ne triomphera point de sa rivale. Aussi, malgré l'intensité de la crise sucrière ac- tuelle, l’on peut assurer que la création de grandes usines à sucre doit réussir à Madagascar. Le choix 1 Voyez à ce sujet les articles de MM. Lindet et Urbain dans la Revue générale des Sciences du 15 mars 1895. 110 A. DE FAYMOREAU D'ARQUISTADE — LES GRANDES CULTURES A MADAGASCAR de terrains convenables dans les belles vallées de la grande ile africaine, une culture intelligente, l'établissement d'usines perfectionnées, puissantes, économiquement établies, permettront de produire le sucre à un prix rémunérateur. Les vivres nécessaires aux travailleurs, les bœufs nécessaires aux transports s’y trouveront à un prix avantageux ; enfin, les travailleurs, comme les Andi- mours, par exemple, qui vont offrir au loin leurs bras à un prix extraordinaire de bon marché, constitueront pour ces entreprises des conditions très avantageuses. Je n’hésite donc pas à conclure qu'une grande exploitation sucrière à Madagascar, bien conçue, bien dirigée, donnerait les plus brillants résultats, malgré la concurrence du sucre de betterave. Près de ces usines, qui devront mettre en culture de grandes surfaces de lerre, et, par suite, ne pourrontètre créées que pardes sociélés puissantes, il conviendrait de voir s'établir des planteurs qui, avec une faible mise de fonds, créeraient des plan- tations et porteraient leurs cannes à l’usine cen- trale. L'avenir même de ces grandes usines serail de se désintéresser peu à peu de la culture pour rester uniquement des fabriques de sucre, réalisant ainsi l'idéal de cette industrie, qui doit tendre à séparer la fabrication de la culture. Les mélasses, résidus de la fabrication sucrière, sont presque sans valeur; l'achat des appareils distillaloires, leur montage, les constructions à élever sont de peu d'importance : c’est pourquoi l'établissement de grandes fabriques de sucre a pour conséquence nécessaire l'installation de dis- lilleries pour produire des rhums et des tafias. Cent mille kilogrammes de sucre donnent comme résidu des mélasses pouvant produire 8 à 10.000 litres de rhums. Une usine à sucre, comme celle dont nous conseillons la création, faisant 4 à 5 mil- lions de kilogrammes de sucre, permettrait done de produire de % à 500.000 litres de rhums. Les rhums de Mayotte et de Nossi-Bé ont eu, de tout temps, une vérilable renommée dans les pa- rages de la mer des Indes, et, sans aucun doute, les rhums fabriqués à Madagascar jouiront du même renom. A l'heure actuelle, les esprits sont, à juste litre, préoccupés du danger de cerlains alcools; il est done utile de rappeler que les rhums de cannes sont exempts d’alcools supérieurs et d’éthers, qui rendent si dangereux l'usage de cerlains alcools d'industrie; ce fait a été signalé depuis longtemps par le savant Professeur Le Dentu. On peut, par suite, espérer que, ce fait peu connu se vulgari- sant, les rhums et lafias produits par la canne à sucre remplaceront, dans une large mesure, les alcools d'industrie si pernicieux pour la santé. “le placement. La première et la seconde année, ils IT. — CULTURE DU COTONNIER. Le cotonnier existe presque partout, à Mada- gascar et aux Comores, à l’état sauvage. On [8 rencontre à la porte de beaucoup de villages, dans ce pays, sous forme d’arbuste vivant plusieurs an- M nées; mais la fibre de ce cotonnier est courte et grosse el ne convient guère qu'à la fabrication des M lambas, et surtout à celle des oreillers et des ma- telas indigènes. Le climat semblant favorable à celte culture, j'en tentai l'essai de 1886 à 1888. La première difficulté fut de trouver des renseignements sérieux sur le. mode de plantation du cotonnier et sur les soins à lui donner. Aucun ouvrage sérieux n'existait écrit ên langue française, et je dus recourir aux ouvrages publiés en Amérique; c’est aussi d’Amé- rique que je fis venir, par l'entremise de MM. Vil- morin, les graines de coton des variétés Sea Zslund et Géorgie lonque-soie. | Semées au mois de novembre, au commence- M ment de la saison pluvieuse, ces graines produi- sirent des colonniers très vigoureux donnant leurs fruits, exactement, cinq mois après. De plus, ces cotonniers, laillés après la récolle, ont pu vivre trois années, donnant,-pendant ce temps, des ré- coltes annuelles assez sérieuses. Après trois années d'essais, l'expérience était acquise, et je pus, dans une notice manuscrile, fournir tous les renseignements sur le mode des semis, les soins à donner aux plantations, et sur la cueillelte des fruits, point délicat. 4 Envoyés en Europe, ces catons n'arrivèrent pas en quantilé suflisante pour que des essais sérieux pussent être fails avec eux seuls ; et les courtiers chargés de leur vente en trouvèrent diflicilemen furent vendus 1 fr. 20 le kilogramme; la 3° année, ils obtinrent le prix de 1 fr. 80 le kilogramme. Ce dernier prix élait presque rémunérateur;M mais, ayant alors tenté beaucoup d’autres cultures, « et rebuté par les prix obtenus les deux années pré-« cédentes, je cessai ces essais au moment même où ces produits commençaient à être appréciés el où les prix de vente allaient rendre possible la culture en grand. F Au même moment, ces cotons, dont de nom- breux spécimens avaient été envoyés à l'Exposilionm permanente des Colonies à Paris, élaient exposésé par elle au Havre et à Paris. Deus de l'Exposi=" tion du Havre, en septembre 1887, reconnaissant la bonne ae de ces produits, leur décernait" une médaille de bronze, et, au Concours généralk agricole de Paris, en 1888, le jury donnait une mé= daille d’argent à ces cotons, dont la variélé Seam Island était reconnue particulièrement belle. A. DE FAYMOREAU D'ARQUISTADE — LES GRANDES CULTURES A MADAGASCAR 711 Les essais faits à Mayolle, la beauté des produits obtenus, les quantités récoltées à l'hectare (250 ki- los de coton et 750 kilos de graines), sont des encouragements sérieux pour répandre celle cul- ture à Madagascar. Les essais montrent que le sol et le climat de Madagascar conviennent admirablement au coton- nier, el que le coton peut y acquérir des qualités comparables à celles des produits américains, et je n'hésite pas à conclure que le colonnier pourra faire l’objet d’une grande culture rémunératrice à Madagascar. SO ee ee à Fig 2. III. — CuLTURE DU VANILLIER. Importée de la Réunion, la culture de la vanille à pris, en ces dernières années, une certaine im- “portance à Mayolle. Les premiers essais de culture, faits trop scrupu- leusement conformes aux pratiques en usage à la Réunion, n’avaient point été très heureux ; aujour- d'hui, l'expérience a modifié ces procédés, el la culture de la vanille doit être placée au premier rang des cultures secondaires à tenter dans ces régions. Une température plus chaude, plus humide, une Yégélation plus active semblent même eréer à Mayotte des conditions très favorables au vanillier : de plus, les vanilles de ce pays sont, en ce mo- ment, classées au premier rang, immédiatement après celles du Mexique, avant celles de la Réu- nion. Alors que partout ailleurs la fleur de la vanille ne fructifie qu'après une fécondation artificielle, — au Mexique, son pays d'origine, le vanillier produit naturellement son fruit. C’est, probable- ment, à ce fait qu'il faut attribuer la grande supé- riorité des produits du Mexique sur tous les au- tres; il est aussi probable que le terrain et le climat donnent aux vanilles leurs parfums spé- — Vanilles enroulées sur pignon d'Inde. ciaux, de même qu'ils donnent aux vins leurs bouquets si variés. L'espèce cultivée dans tout l’océan Indien est la Vanilla planifolia, originaire du Mexique. Comme on le sait, le vanillier est une orchidée; c’est une plante parasite qui vit en s'enroulant sur les arbres ou tuteurs mis à su portée, et qui ne se reproduit, en culture, que par le bouturage. La bouture, grosse comme l’annulaire et longue d'un mètre environ, est couchée sur le sol et en- terrée à cinq centimètres de profondeur sur une longueur de vingt centimètres; le reste de la lon- gueur de la bouture est dressé verticalement contre le tuteur, sur lequel elle est fixée par un lien. Le tuteur par excellence, dans ces régions, est le petil 712 A. DE FAYMOREAU D'ARQUISTADE — LES GRANDES CULTURES A MADAGASCAR pignon d'Inde (Jatropha cureus, — Euphorbiacées) qui, Lrès vigoureux, sert à la fois d’abriet de tuteurau vanillier. De chaque côté des feuilles du vanillier naissent des griffes qui servent uniquement à fixer la plante sur son tuteur. La plante est nourrie par les racines qui naissent sur les nœuds de la partie de la bouture enterrée ; ces racines sont superficielles et s'enfoncent à peine dans le sol, c’est pourquoi une épaisse couche de paille ou de détritus végétaux doit recouvrir le sol pour les protéger. Le vanillier Fig. 3. — Plant de 5.000 vanilliers à l'hectare. — Les va ne redoule point le soleil, bien au contraire, tan- dis que ses racines ont besoin d'être très protégées contre les sécheresses et l'ardeur du soleil. Des racines adventives naissent parfois sur le vanillier et descendent jusqu'à terre pour s'y implanter: mais ces racines advenlives n'apparaissent que lorsque les racines principales périclitent ou sont insuflisantes pour nourrir la plante: elles m'ont loujours paru indiquer la souffrance du vanillier. Dix-huit mois après sa plantation, le vanillier fleurit pour la première fois, mais il serail impru- la fructifi- calion prémalurée pourrait amener la mort du dent de féconder ces premières fleurs : mois que l'on doit commencer à pratiquer la fécon- dation des fleurs, et, encore, doit-on la faire avec ménagement, proportionnant le nombre de fleurs fécondées à la force du vanillier. Une disposition spéciale séparant les élamines des anthères, jamais, à Mayolle, la fécondation n'a lieu naturellement : chaque fleur est fécondée à la main. C'est une opéralion délicate qu'il est inutile de décrire ici : un homme jeune, de préférence un nilles enracinées en terre sont enroulées sur pignon d’Inde. enfant, féconde 2.000 fleurs dans sa malinée: l'après-midi la fécondation est mauvaise ; 800 fleurs fécondées donnent environ, chez moi, 3.500 gram- mes de vanille verte, quicorrespondent à 1.000 gram2 mes de vanille préparée ; il est utile d'ajouter qu'un grand nombre de fleurs, quoique fécondées; ne fructifient pas. .‘ Commencée duns le cours de juillet, la féconda= lion est terminée à la fin d'octobre. Deux mois après la fécondation, la gousse den vanille acquiert à peu près loute sa longueur, ebm cependant, elle reste encore quatre à cinq mois, sur le vanillier avant d'arriver à malurité parfaites ë 4 4 jeune plant; ce n'est donc qu'au bout de trente w 3 + A. DE FAYMOREAU D'ARQUISTADE — LES GRANDES CULTURES A MADAGASCAR 713 La cueillette des fruits commence au mois - d'avril de l’année suivante el s'achève dans le _ cours de juin; puis vient la préparation de la va- - nille, qui demande environ quatre mois; aussi les “expéditions de vanille ne peuvent-elles avoir lieu - avant fin d'octobre. Quatorze mois en moyenne se 4 sont donc écoulés depuis l’époque de la féconda- - lion jusqu'au moment où la préparation est termi- née. IL est impossible de décrire ici les détails d'une préparation aussi minulieuse; pour dire tout ce qui est relatif à la culture, à la fécondation, à a préparation de la vanille, il faudrait ones la longueur de celte nolice sommaire. - Rien n’est attachant comme cette culture déli- te, rien n'est rémunéraleur comme elle, quand les choses sont faites avec soin et dictées par l’ex- “périence. Un heclare de vanilliers comprenant nviron 5.000 plants donne 100 à 150 kilogrammes vanille préparée, qui, au cours de 30 à 40 francs logramme, représentent un produit énorme à hectare : de 3.000 à 6.000 franes. Mais celte cul- | Lure minutieuse demande beaucoup.de soins, beau- coup de bras; il faut aussi observer que le pre- | miers LE n'ont été obtenus que dans le cours | de la 4° année el que le vanillier meurt après “avoir donné trois à cinq récoltes au maximum. Le monde entier n'a produit, en 189%, que 170.000 kilos de vanille, et, sur cette quantité, la éunion seule a Fr environ 70.000 kilos (la récolte s'est élevée parfois à 85.000 et à 90.000 ki- los à la Réunion). La production de laRéunion règle lonc le cours des prix de la vanille, qui demeurent bordonnés à l’abondance de ses récoltes, Une Surproduction amènerait promptement une baisse Mirrémédiable des prix, que l’on a vus, parfois, déjà aux environs de 10 francs le kilo. - La culture de la vanille, si minutieuse, si déli- endre # ans avant de récoller; pratiquée en grand, le ne semble pas devoir donner d’heureux résul- IV. — CULTURE pu PIGNON D'INDE, Le pignon d'Inde (/vtropa cureus), employé comme Luteur du vanillier, devient un véritable arbre: nais, quand il supporte les vanilliers, il fleurit et ctifie à peine. «D'une venue admirable sous le climat de Mada- güscar, le pelit pignon pourrait assurément être üllivé en vue de sa graine. Marseille et Bor- Heaux reçoivent, actuellement, de grandes quan- bilés de ces graines sous le nom de pwlgaires ou Mrgaires (de purgure probablement, les graines le pignon étant fortement purgalives, émétiques), 1895. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, provenant da Sénégal et des régions voisines: ces graines sont employées par les savonneries. La culture de cette Euphorbiacée donnerait cer- tainement des résultats avantageux, étant donnée la vigueur étonnante de cette plante dans ces ré- gions et son rapide développement. V. — CULTURE Du CAFÉIER. L'Hemileia vastatrir, qui a détruit les caféiers de Ceylan, de la Réunion et de Nossi-Bé, a fait dispa- raître les espèces anciennes produisant les excel- lents cafés qui avaient fait la renommée de la Réu- nion. Dans ces dernières années, l'on a tenté, à la Réunion, la reconstitution des caféières à l’aide d'une espèce nouvelle très vigoureuse, le caféier Zi- beria, originaire d'Afrique; le caféier Libéria se dé- veloppe merveilleusement, quoique sa feuille soil envahie par l’Æemileiu, et il y a là quelque chose d’analogue à la vigne américaine supportant le phylloxéra el vivant avec ce parasite. Le caféier Libéria ceroil rapidement el devient presque un arbre; aussi faut-il arrèler son développement en pinçant les sommilés ; au bout de deux ans, il commence à fleurir, puis, à partir de ce moment, il fleuri deux fois par an, en juillet et en dé- cembre. Les premières récoltes sont, toutefois, sans importance, el ce n'est guère qu'au bout de quatre ans qu'elles deviennent sérieuses. À la Réunion, le Libéria a remplacé presque toutes les anciennes espèces : il resle à savoir si le fruil de ce nouveau caféier aura la saveur de l'an cien café Bourbon, el s'il sera apprécié comme l'était l’ancienne espèce, variété du Moka, qui avait fait la fortune el le renom du café Bourbon. Les installations pour la décortication de la féve sont très simples, les frais d'entretien des planta- tions et la récolle des fruits sont peu coûteux; mais, trois à quatre années s'écoulant entre la plantation el la première récolle, celte culture ne pourra être lenlée que par des personnes dispo: sant de quelques capilaux. La loi douanière du 11 janvier 1892 a créé des avantages sérieux aux cafés provenant des colo- nies françaises en les exonérant de la moitié du droit de douane ; c’est, par suile, un avantage de Ofr. 78 par kilogramme accordé aux cafés francais. SiMada- gascar devient colonie française, elle jouira, de plein droit, de cette faveur: mais, si celte grande ile est simplementsoumise au protectorat, elle sera privée de cet avantage, et, chaque année, un décret devra, comme pour la Tunisie, fixer la quantité de produits admis à jouir de ce régime de faveur. La même observation doit ètre faite pour les sucres, cacaos, vanilles, qui seront traités comme produits étrangers, si Madagascar devient pays de protectorat, aulieu d’être déclarée colonie française. LH 714 A. DE FAYMOREAU D'ARQUISTADE — LES GRANDES CULTURES A MADAGASCAR VI. CULTURE DU CACAOYER. Le cacaoyer, originaire d'Amérique, est peu cul- livé dans les régions de l'océan Indien. Sa culture est fort restreinte à la Réunion, et c'est à peine si elle commence aux iles Comores et à Madagascar. La véritable raison de ce fait est la croissance lente du cacaoyer. Le cacaover se développe très lentement et reste chétif jusque vers la septième année: à peine, à ce moment, atleint-il la taille de deux mètres, ayant demandé jusque-là des soins minulieux. Vers la septième année le cacaoyer commence à fleurir et peut se passer des soins in- cessants qu’il a demandés dans son jeune âge. Les fleurs et les fruits couvrent l'arbre pendant huit mois de l’année, naissant sur le tronc et les grosses blanches. L'arbre atteint 7 à 8 mètres de hauteur à Madagascar vers la vingl-cinquième année et peut y vivre jusqu'à 40 ans. Une fois en rapport, le ca- caoyer donne régulièrement de beaux revenus; la cueillette et la préparation du cacao n'’offrent au- cune difficulté et n’occasionnent pas de grands frais. Altendre sept à huit ans avant de récolter est donc le grand ennui de celte culture, qui ne peut être conseillée qu'à des colons pouvant dé- penser pendant cette longue période de temps sans compter faire aucune recette. Mais, au bout de ce temps, les résultats sont tels qu'on ne sau- rail trop conseiller à toute personne faisant d'au- tres cultures de planter, chaque année, une par- celle de ses Lerres en Cacaoyvers. TABAC. VII. — CULTURE DU En 1885 el 1886, j'ai fait des essais de culture de Labac, choisissant les espèces de La Havane et de. Sumatra les plus en renom. Les quantités de tabac récollées à l'hectare, la longueur et la finesse des feuilles étaient très remarquables; mais ces tabacs avaient deux grands défauts : ils brülaient mal et contenaient de trop fortes proportions de nicotine. Une fumure riche en sels de polasse aurait pu donner à ces tabacs les qualités nécessaires pour les faire mieux brûler, et une préparation mieux comprise aurait pu ramener la nicotine à une pro- portion convenable. C'est ce que je n'ai pu tenter, n'avant pas élé encouragé, dans mes essais, par l'Administration des Tabacs de France, à laquelle j'avais envoyé ces produits. Si l'Administration voulail bien encourager des essais de cultures de labacs à Madagascar, il est probable qu'elle pour- rail trouver là les produits qu'elle est forcée d'a- cheter, chez nos voisins, et ce se- rait un beau résultat de nous affranchir ainsi d’un tribut de 80.000.000 de francs versés, chaque année, à l'étranger. à grands frais, à l'extraction des fibres. VIII. — CULTURE DE L'ALOËS ET DE L'AGAVÉ: L'aloës el surtout l’agavé ont élé cultivés, ces dernières années, à la Réunion et à Maurice, en vue d'en extraire la fibre. Au bout de 6 à 8 ans, Pagavé feurit et meurt, mais les bulbilles sans nombre qu'elle a produites, lancées au loin par la plante, poussent, envahissantles environs, élouffant herbes el plantes. La culture de l'agavé est donc facile el se fail sans frais appréciables; mais la baisse du prix de vente de la fibre et le faible rendement des. feuilles en fibres rendent aujourd'hui cette cul- ture peu rémunératrice. Les usines élablies à la Réunion et à Maurice pour extraire la fibre d’a- gavé sont peu prospères. C’esl pour ces raisons qu'après avoir planté une quantité considérable d’agavé, je n’ai pas cru devoir, la malurité venue, monter l'usine, peu coûteuse cependant, nécessaire La feuille de l’agavé contient de à à 7°, de son poids de fibre. Les machines actuelles, très impar faites, n'extraient que 2 !/;°/,de cette fibre. Qu'une machine mieux comprise en extraie 4 °/, el, du coup, celle industrie deviendra prospère; ce pro blème ne semble pas impossible à résoudre. IX. Riz ET AUTRES CULTURES. Les cultures que j'ai tenté de décrire sont celles de plantes tropicales. Possibles et rémunératrices. dans la partie nord et sur les côtés est et ouest de Madagascar, plusieurs seraient impraticables su les plateaux très élevés du centre et dans le sud de l'ile. Mais ces régions moins chaudes pourraien ètre employées à d'autres cultures : le blé et k vigne y réussiraient à merveille, ce que l'expés rience à, d'ailleurs, établi à Tananarive et à Fina ran{soa. Si je n'ai rien dit du riz, si répandu au sul comme au nord de l'ile, © ét que la prospérité di cette culture à Madagascar est telle qu'il n’y à pas lieu de plaider sa cause. Le riz de Madagascal alimente, en effet, en partie la Réunion, Maurice Les EE Zanzibar el une e longue él sais del de vue A AP ui M, Foueart. ji A. de Faymoreau d'Arquistade. T5 È Madagascar renferme de nombreux filons auri- fères. La distribution de ces gisements est en rapport évident avec la structure géologique gé- _nérale de l'ile. Pour cette raison, nous indiquerons out d'abord les principaux caractères de celte structure. | à Ï. — DiSPOSITION GÉNÉRALE DES SÉDIMENTS. # Les roches primitives, granite, gneiss, mica- schistes, constituent la base même de l'ile de Ma- dagascar. Elles forment la grande chaine de mon- | lagnes qui se dirige du sud au nord, divisant l'ile en deux versants bien distinéts : l'un, le versant est, à pente très raide; l'autre: le versant ouest, à pente relativement douce. AMBODIRAKA ——"\ SUBERBIEVILLE ALLUVIONS ANCIENNES BESEVA LES GISEMENTS AURIFÈRES DE MADAGASCAR Il. — VEiNULES. PÉbPITES ET PAILLETTES D'OR. Les gisements métlallifères abondent à Madagas- car : le fer, le cuivre, le plomb, le zinc, l’antimoine sont signalés dans un grand nombre de localités : quant à l'or, il se rencontre à peu près dans toules les formations. Il existe dans les filons de quartz et de diorite à l’état de veinules, de mouches, de particules invisibles, et dans les alluvions à l’état de pépites et de paillettes de toutes dimensions. Les filons sont très nombreux et constituent une véritable zone aurifère qui commence à Suberbie- ville (fig. 1), à la séparation des terrains de dépôt el du terrain primitif. Dans le terrain cristallin, cette zone est constituée par une bande de 50 kilomètres ALL. ANCIENNES MOROVOAY AMBANIHO MAJUNGA TERRAINS MODERNES M PRIMITIFS TES BASALTE = JURASSIQUE BASALTE Casse ms qe JURASSIQ| Eï LE FUAVE VOLCANIOUE S— a ASSISES JURASSIQUES 3 Fig. 4. — Coupe géologique de Majunga à Suberbieville. Autour de ces roches sont venus se déposer les Lerrains stratifiés, et l’on trouve des représentants -de toutes les époques géologiques. Le terrain silurien, quoique sans fossile, a élé reconnu dans le sud de l'ile: on y a signalé aussi la présence du terrain houiller. Celui-ci a été éga- ement découvert dans le nord, aux environs de Nossi-Bé, mais on n'ya pas constaté -de houille exploitable. Le trias, le lias, le jurassique sont mieux connus. ‘On considère les gypses d'Amparihihe comme triasiques; nous avons découvert le long du Me- vanana, aux environs d'Ambalasaracomby, des li- nites que l’on rattache au lias. Enfin, on rencontre des aflleurements de terrain jurassique à Setsabori, à Belalitra. Le terrain crélacé est remarquable par ses fos- iles caractéristiques, et couvre de vastes étendues. . Le terrain tertiaire se trouve un peu partoul, notamment sur la côte est et à Fort-Dauphin. Mais, de tous les terrains, c'est le quaternaire qui pris le plus grand développement, au moins dans a partie médiane du versant ouest de l'ile. - Enfin, on a reconnu l'existence d'anciens volcans et de nombreux dykes de basalles. Ce sont ces roches éruptives, qui, jointes auxroches primitives, “ont donné à l'orographie de l'ile un caractère | Spécial. a Fr sa de largeur, que des explorateurs ont suivie sur une longueur de plus de 100 kilomètres parallè- lement à la ligne de faite de l'ile. Cette bande se prolonge sûrement vers le sud, car les dernières prospections de nos agents à la limite-sud de nos concessions (Zmaelsamena) ont accusé des teneurs aussi bonnes que dans le centre. Cette bande est sillonnée de filons de quartz de direction géné- rale 45 est-ouest. Des essais, fails sur des quartz en place, ont donné des teneurs supérieures à une once par tonne. L'or se trouve aussi quelquefois dans le granite, comme nous l'avons constaté à Setsakifenjy, dans le micaschiste à Amposiny, dans le gneiss, comme l'ont montré les cailloux roulés dans le Nandrozia, enfin dans des bandes de gneiss pourri, ayant plusieurs kilomètres de longueur ; mais ces ren- contres ont toujours été faites au voisinage im- médiat des placers de quartz. L'or est toujours accompagné de pyrite de fer. Quand les conditions de formation des métaux onl été telles que l'or ne se dégageait pas de la pyrile au moment de la formation du cristal pyriteux, l'or estresté inclus dans le cristal, et, après la des- truction de celui-ci par l'oxydation, l'or s'est dégagé à l'état de poudre {or fin. Lorsque, au contraire, les conditions ont été telles que l'or a pu se dégager au moment de la formation de lapyrite, feg 2 due y” ef à Écler < à ee tx .a ni] *ORIDUDUN], D pbun£ont 2p UNUAY9 D 40 tA—°2 Colleres te ) Tsenarror dry LÀ Qté de Ærengalave {0 f & 2 Arnéok Deaortic ue de Firéreqte lac £ Gllines de Miargara 25 Atarigare IST 4 aajues eung AE bre uu È re bortso 72 D Mihariclazn i $ MS Le Mare lehy NN et Ange uo 1460 En VÉrRetesz ES Arrkazobe. Frio Ardrancbe Massif dre es Tsiafaxba lala , 4 ?. Cotlènes te T'Pures S JE > Arnbohiprara EH digues Andrianta ny LR SN È Placnes de N N ù NN CBetsrrelafalra | ù NI Trial. e lapre raña RS SE Zsolry TANANARIVE CE 4 21 L9)2) SEM En CR à % SR 'Harmeiterx è È s LS RP RE à ñ à à S 5 È Ë Dtenpr1to6/ 5227, fi Are arts 20 te Felsrbn « coalarara {100 7 Suberbrevrlle. DES Peha THOAITE --20ç7 LACS NOM ID T Arnoasrrrh va Ve lag Wa roialoku ; He XX | p Andrxbal 1000") SN hemisy Arcdre ba > SÈ © Mnroeharona RS Cscaate it 73e J Ctllires de | Mmparafare |) Zetsiloka FT E Mevararre { Æizteres Marais Ja lorrreus Fœ\ Le) = = Le 3 SR S à 9 Y à LE j & à Mauvau passage SE Arnrbotirrange —., À B Ê . J Er Maha dorée. = ) AS — ê ae S Su RUN ET esse AS CE QUE LR APT OUTRE s È © A Tai lakanene. x Xancary Rio. Aiv. L. SUBERBIE — LES GISEMENTS — AURIFÈRES DE MADAGASCAR 71 Ê il à crislallisé en gros éléments |or gros. pépites. * Tous les filons n’ont pas élé travaillés. Deux s seulement ont été mis en exploitation. L'un, de faible épaisseur, a donné de belles . Leneurs, et son exploitation n'a été interrompue - que par des circonstances absolument étrangères au travail. L'autre, plus épais, d’une puissance de 4 mètres et d'une bonne teneur moyenne, est connu par ses aflleurements sur une longueur de 8 à 10 kilomètres, el rien que dans la partie en montagne, située au-dessus du niveau de la vallée du Nandrozia, on peut v préparer des élages sur plus de 100 mèlres de hauteur. La destruction parles érosions descrètes defilons el des terrains primitifs aurifères a donné nais- sance à de nombreux dépôls alluvionnaires à di- verses époques géologiques, dépôts qui se conli- nuent encore de nos jours. … La coupe figurative ci-jointe (fig. 1, page 715 montre la disposition de ces alluvions ainsi que - la géologie générale de Suberbieville à Majunga. . D'autre part, la figure 2 indique le relevé général des couches, avec cotes, de Majunga à Tananarive. . Quant aux coupes véritables prises sur le terrain, . on en rencontre rarement. En voici cependant une - qui a été prise aux environs de Mevalanana : ; 1° A la base, gneiss et micaschistes formant les - substructures ; 2° Une couche de schistes chloriteux de 1 mèlre: 3° Une couche de galets de 0 m. 50: %° Une couche de 6 à 8 mètres d'arène blanche provenant de la décomposilion d'un granite à mica blanc: les parties de feldspath sont décomposées: - »° Au sommet, une couche d'argile rouge sablon- neuse, avec godets de quar!z roulés, renfermant de l'or. Ainsi que le montre notre figure 4. on distingue deux sorles d'alluvions : les alluvions anciennes et les aliuvions modernes, auxquelles il faut encore joindre les alluvions acluelles ou lits de rivières desséchés ou non. - Les aliuvions anciennes sont très variées, elles se présentent souvent en masses considérables ayant de 20 à 30 mètres de puissance et couvrant de vasles élendues. Les recherches faites sur ces masses ont donné desrendements de plus de { gr. d’or par mèlre cube. Il en est de même desalluvions modernes : celles- i sont formées, comme les précédentes, de la des- “les débris des alluvions anciennes. Lérequ elles reposent directement sur la roche primitive auri- Îère, granite, gneiss, micaschiste, diorile, la par- “lie dE de l’alluvion, celle qui est immédia- _ Lement en contact avec la roche primitive, est de “ruction de toutes les autres formalions, y compris | Élieaucoup la plus riche. La roche primilive aurifère, lors de l'érosion, à subi un vérilable lavage : les parties argileuses, faciles à délayer et légères, ont été enlrainées au loin par la violence du courant: les parties lourdes, et notamment l'or, sont restées à la place eù elles avaient été formées, et l'alluvion les a recouvertes. Quant aux alluvions actuelles ou lits de rivières, ce sont des banes de sable d’une épaisseur relati- vement faible, 3 à 4 mètres, et présentant des échantillons de toules les roches de la contrée. Les remaniements de chaque crue, entrainant plus fa- cilement les parties légères que les parties lourdes, produisent un enrichissement partiel de la masse, surtout sur la partie amont des ilols que forme la rivière. — En plus de l'or, on trouve, dans ies allu- vions, des pierres précieuses telles que la topaze, l'émeraude, le rubis, le saphir: mais ces pierres sont généralement sans valeur. III. —— EXPLOITATION MINIÈRE. Depuis fort longtemps on connaissait l'existence de l'or à Madagascar ; mais les exploralions \ étaient non seulement difficiles, mais dangereuses, par suite des peines édiclées à ce sujet par le gou- vernementHova. Cependant, dès 1874, nous avions déjà pu, dans nos divers voyages dans l’est, le centreet la partie ouest de l'ile, nous rendre compte de l'importance des gisements el nous faire une idée approximative de leur leneur moyenne; mais ce n'est qu'en 1886 que nous avons pu décider le gouvernement à trailer avee nous el ànous donner la concession que nous possédons aujourd'hui, C'est à cette époque queles recherches méthodiques ont commencé. En présence des résullats favorables que nous donnaient nos nombreuses prospeclions, nous n'avons pas hésilé à nous imposer de lourds sacri- fices pour doter ces immenses gisements des appa- reils d'exploitation les plus perfeclionnés, les fai- sant venir d'Europe et d'Amérique. Pour créer le grand mouvement industriel que nous entrevoyions très clairement dès le premier jour, il nous a fallu faire des chemins, organiser toute une batellerie, construire une usine de trai- tement des minerais, dériver lesrivières, uliliser les nombreuses chules d'eau du pays, bälir des maisons pour logerle personnel européen, créer des villages pour les indigènes, etc. Celte courte énumération donnera une idée de l'imporlance du capilal déjà immobilisé dans cette entreprise, ainsi que de la somme d'énergie et de ténacité qu'il a fallu montrer au milieu de difti- cultés de tous genres et de populations trop sou- vent hostiles. Léon Suberbie, Directeur de la Compagnie coloniale des Mines d'Oi de Suberbieville et de l'Onest de Madagascar, 118 Cr. FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE A MADAGASCAR L'ÉTAT DU COMMERCE A MADAGASCAR ET L'AVENIR ÉCONOMIQUE DE L'ILE Les articles qui précèdent ont fait connaitre la géographie, la faune, la flore, les cultures, les mines, les populations et l’état de civilisation de Madagascar. Pour compléter le tableau du pays, il reste à en montrer la valeur économique et aussi à exposer les raisons qui permettent d'espérer que celte valeur, restée en partie latente jusqu'à pré- sent, s’accroitra beaucoup si l’œuvre de la coloni- sation est conduile d’une manière convenable. Ce sera, en dehors de toute considération politique, la meilleure justification des importants sacrifices que notre nalion s'impose pour s'assurer la pos- session définitive de la grande ile africaine. Nous examinerons donc successivement les res- sources qu'on peut tirer de Madagascar et les dé- bouchés qu'y doil trouver notre commerce. Mais auparavant, il est nécessaire de dire quelques este Paleéluvier nouillent Les grands navires. espèce mots de ce qu'on pourrait appeler l'outillage éco- nomique du pays, particulièrement en ce qui con- cerne la facilité des échanges, la commodité, la rapidité el la sürelé des communications tant avec l'extérieur que dans l'intérieur de l'ile. La question des transports, surtout de ceux entre les côtes et le centre, a d'autant plus d'importance à Madagascar que rien n'y a encore été fait pour la résoudre, C'est une des premières dont le Gouver- nement aura à s'occuper quand sera vaincue la ré- sistance que nous opposent les Hovas. Il entrail dans la politique de nos ennemis de laisser subsis- ter Lous les obstacles qui pouvaient arrêter la marche d'une armée envahissante, et ce sont ces obstacles qui, en entlravant les communications, ont retardé pendant de longues années le déve- loppement commercial et industriel de Madagascar. au premier plan, près des L'arbre, photographié très répandue dans Pile G. FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE À MADAGASCAR 719 1. — COMMUNICATIONS EXTÉRIEURES ET INTÉRIEURES. s $ 1. — Relations avec l'extérieur. …. Service des transports maritimes. — Les côtes de … Madagascar sont peu découpées et ne présentent … qu'un petit nombre d'abris; ce sont, en général, … des rades foraines dont aucun travail humain n'a amélioré les conditions naturelles, souvent … défectueuses au point de vue de la tenue et de la protection contre le vent et la houle. Excepté à Diego-Suarez et, depuis peu, à Majunga, les navires - ne trouvent dans les ports malgaches ni facilités 1 pour le débarquement, ni moyens de réparer des m…_avaries, ni possibilité de s’approvisionner de — charbon. Aucun phare ne guide le marin pendant … |a nuit, aucun signal n’aide l'atterrissage pendant …. le jour. Dans ces conditions, ne s’arrêtent à Mada- _gascar que les navires qui ont à y prendre ou à y déposer des marchandises. À moins d’un cas de —…. force majeure, les autres n’y relâchent pas. “ Les seuls points du littoral fréquentés par des _ navires au long cours sont : au nord, Diego-Suarez … fig. 1), à l'est, Vohimarina, Tamatave, Vatomandry, Mahanoro, Mananjary, au sud Fort-Dauphin, à l’ouest Nossi-Vé, Morondava, Majunga el Nossi- Bé (fig. 2). Les autres ports ne sont visités que par des caboteurs, par des bateaux allant à Maurice ou à la Réunion et par des boutres arabes venant des Comores ou de Zanzibar. De ces ports, le plus important jusqu’à présent a été Tamatave (fig. 4, page 722) où s'arrêtent annuellement une quarantaine de vapeurs, 20 à 30 voiliers et environ 150 côtiers, représentant en tout à peu près 75.000 tonneaux. Ces navires sont francais, anglais, allemands et américains du Nord. Le port de Majunga prendra probablement, après la guerre, une place qu'il n'avait pas jusqu'ici; en dehors d’un vapeur français qui faisait un service régulier avec Nossi-Bé et la côte occidentale, il ne recevait habituellement que des boutres et des goélettes. Des communications maritimes régulières re- lient Madagascar à l'Europe, à l'Afrique et aux iles voisines, Maurice et la Réunion. Elles sont assurées par les vapeurs des Messageries maritimes, de la Compagnie havraise péninsulaire et de l'Union and Castle lines Company. o Fig, 2, — Rade d'Helleville à Nossi-Bé. — [Vue prise de l'Agence des Messageries Marilimes | 6 À ° 4 : x L M à 2 hi — Barques pour le transport des voyageurs et des paquels sur la rivière llkopa. F . FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE A MADAGASCAR 121 nn. paquebots des Uessageries maritimes (carte Fa 651) partent de Marseille le 12 de chaque mois el, après avoir louché à Port-Saïd, Suez, Obock, Aden, Zanzibar, Mayotte et Nossi-Bé, font escale à Diego-Suarez, à Sainte-Marie de Médagasuar el à Tamalave; le trajet jusqu'à ce dernier point du- rait 26 jours. Le bateau allait ensuite à Maurice et à la Réunion. . On peutaussi aller à Madagascar parune voie indi- ecle en empruntant jusqu'à Mahé le paquebot d'Aus- brulie partant de Marseille le 1° de chaque mois; de fahé un vapeur annexe conduit à la Réunion, où Von prend au retour le paquebot de la ligne directe. Actuellement cesilinéraires sont un peu modi- iés ; les paquebols des /essageries maritimes vont irectement à Majunga, tandis qu'avant la guerre ranco-hova, ce port n'élait relié que par un pelil apeur parlaut de Nossi-Bé, s’arrêlant d'abord à Morolsanga et allant ensuite à Maintirano, Moron- Ava, cap Saint-Vincent et Nossi-Vé, desservant nsi les ports principaux de la eôle occidentale de Madagascar. # ; Le prix du voyage de Marseille à Tamatave est - de 1:450 fr. en première, de 915 fr. en seconde el de 450 fr. en troisième. Pour les marchandises, le fret pär mêtre cube ou par 1.000 kilogrammes varie de 48 à G0 fr. suivant les calégories de mar- .chandises, Les pelils colis sont transportés d’après 44 un larif spécial, qui est proportionnellement plus - La Compagnie havraise péninsulaire à également un service direct pour Madagascar; les navires, deaux-Pauliac et à Marseille. Les escales sont suite les mêmes que celles des bateaux des Messageries, sauf celles de Mayotte et de Nossi-Bé, qui nexislent pas. Acluellement la Compagnie Wawraise péninsulaire dessert directement Majunga, arrive fréquemment que ce lemps n'est pas suf- sant pour débarquer toutes les marchandises qu'ils doivent déposer dans le port; ils ne les remel- nt au destinataire qu'au relour. De là des retards | rès préjudiciables, qui font que les commerçants | Bréfèrent souvent l’autre ligne. — Par les voiliers, le prix de fret d'Europe à Ma- dägascar varie entre 30 et 35 fr. par tonneau pour les chargements en plein. Les vapeurs aflrétés en 4 vue de l'expédition ont fait le transport du maté- | riel de guerre à un prix sensiblement plus haut. Les bateaux de l'Union and Custle lines, qui par- tent de Southampton pour Madère et le Cap. vont toules les quatre semaines à Madagascar; le porl desservi est Tamalave ou Vatomandry; depuis deux ans, certains navires anglais font même escale à Fort-Dauphin. Câble de Majunya à Mozambique. — C'est seule- ment depuis quelques mois que l'ile de Mada- gascar est reliée au réseau (élégraphique uni- versel par un câble qui va de Majunga à Mozam- bique, où il se rattache aux lignes de l'Zustern and South African (®?. Ge càble pour lequel une dépense de trois millions avait élé prévue dans les crédits demandés aux Chambres en vue de l'expédition. fonctionne depuis le commencement d'avril. $ 2. — Communications intérieures. A l’intérieur de Madagascar, les communicalions par les voies terresires et par les voies fluviales sont très difficiles. Voies fluviales. — En général, les fleuves ne sont pas navigables ou ne le sont que dans une partie limitée de leur cours. Ceux du versant oriental. notamment, sont fréquemment inlerrompus par des cascades et par des chutes: la rapidité de leur pente el l'irrégularilé de leur profondeur empêé- chent qu’ils puissent rendre de grands services: d’ailleurs, sauf le Mangoro el le Mananara, ils prennent leur source à peu de distance de la mer. se jelant dans plus long et Les fleuves de l'ouest Ex. : le canal de Mozambique, ont un cours débilent un plus fort volume d'eau. Le Betsiboka el le Tsiribihina, nolamment, une fois descendus du Massif central, où ils prennent naissance, cou- lent dans la plaine sakalave sans ètre coupés par trop d’obslacles. Ils sont alors navigables pour des embarcalions ayant un faible Lirant d'eau. Le Belsiboka, qui a son embouchure près d’une grande ville (Majunga) et dans une grande rade, conslilue la plus importante voie de pénétlralion ; pendant une partie de l’année, le plan d’eau au- dessus des seuils rocheux, est assez haut pour que des chaloupes à vapeur puissent faire un service régulier entre Majunga et Mevalanana, à environ 140 kilomètres de la côle: pendant les mois de la le fleuve cesse d'être navigable à fig 3 saison sèche, Marowoay. Le plan de la campagne actuelle comportait une large ulilisalion du Belsiboka, qui permel de faire par eau le tiers environ du trajet entre Majunga el Tananarive ; par suite de retards dans le {ransport et dans le montage du matériel qui devail être em- ployé. nos troupes ont élé forcées de s'en passer el “d1n)DtUDI 2p 1Dn() 19 Sy204 — FOUCART — L'ÉTAT 122 CG. DU COMMERCE A MADAGASCAR d'effectuer dans les régions côlières, qui sont les plus chaudes el les moins saines, une marche longue et fatigante. Sur le Massif central, cerlains cours d'eau peuvent servir aux transports; c'est ainsi que les matériaux de construction parviennent à Tananarive par la rivière l'Ikopa. Sur la côle orientale, il existe, à une petite dis= lance de la mer, une ligne presque continue de la gunes, qui s'élend sur plus de 300 kilomètres dem me ee Ces au sont navigables et ne sonb dec ouper; on nn ainsi es de Fe aval j et le surcroit de dépense qu'occasionnent actuelle: ment le débarquement des marchandises et leur lions qui les contenaient, jusqu’au point où les pi rogues peuvent êlre remises à flot. Communications par terre. — Par suite de la na Lure et du relief du sol de la plus grande partie de Madagascar, les communications par terre sont pénibles: Aucun travail n'a été fait jusqu'à présent pour rendre plus commodes la traversée des forêts, l'ascension des montagnes, le passage des marais et des rivières. Il n'existe ni routes, ni ponts. Dés simples pistes, capricieusement tracées, nullement entretenues, résultant uniquement d'un parcours. répélé sur les mêmes points, relient les village | et donnent accès à l'intérieur du pays. Elles son encombrées d'obstaclés, ravinées par les pluies toutes les dénivellations du terrains Durant lhivernage, elles deviennent vérila Ie ment impraticables, particulièrement dans less régions accidentées de la forêt, où les montées” et les descentes se succèdent sans interruption. un tronc d'arbre est quelquerois jeté d'une rive à l'autre, si la diss et suivent A la rencontre des 2ours d'eau, n'en existe-L-il pas à Madagascar. Quant aux anis maux, jusqu à présent ils n’ont élé employés qu d'une manière exceplionnelle pour le transport des marchandises el des voyageurs, lequel se fai Loujours à dos d'homme. Les marchandises sont presque forcément dis lribuées en un grand rombre de paquets. En géné ral, un homme est nécessaire pour 40 à 50 kilos grammes, el le fardeau doit, autant que possibles élre divisé en deux parties, qu'on allache au“ norme TA . Quand le colis estindivisible,on réunit la charge de deux hommes. extrémilés d'un long el gros bambou, placé sur l'épaule du porteur fig. à el on suspend le fout au milieu d’un bälon porté à lourd, 1e transport devient diflicile el même impralicables chaque bout. Lorsque l'objel est très Les porteurs ainsi chargés ne peuvent faire que des étapes variant entre 15 el 20 kilomètres par jour. Ils s'appuient, en marchant, sur une sagait DUDYDpPUF D DD 2p Sa4qA 9) SANOJU0Y — ‘QG ‘TM SUHO}IOY — ‘9 IS. 8 o0pjjpia un SUDp 2)j5y jupsin{ sjonbod ap À 4% É PEN re LP ee Op BP re LT je PRE) < L à ee DS] LOS PA # AE 2 +: LA 2? . Le 126 G. FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE À MADAGASCAR dont l'extrémité opposée à la pointe est garnie d’un fer aplati servant à tailler des gradins dans l'argile glissante des mon- lées. Les poids indiqués précédemment se rapportent aux mar- chandises propre - ment dites. Quand un transport rapide est nécessaire,parexem- ple quand de bagages accom- pagnant des voya - geurs, les porteurs ne doivent pas être chargés de plus de 20 à 25 kilogrammes ; dans ces conditions. ils peuvent, sur les sentiers frayés, par- courir 50 kilomètres par jour. Pourlesvoyageurs. le véhicule adopté est le #lanjana, formé de deux brancards de trois mètres de lon- gueur soutenant vers le milieu un siège en il s’agit loile fig. 7 et 9). Quatre hommes, deux à l'avant, deux à l'arrière, soutiennent l'appareil sur les Fig. épaules. Dans les grands trajets. on emmène six à huitporteurs qui se relaient, même en courant, sans Fig. S. — Passeur Belsimisaraka opérant la traversée, d'une rive à l'autre. dans les rivières peu profondes de la côte Est. à eux. 9. — Passage, en filanjana, du pont conduisant à Mandrossa, dans l'Imérinu. que le voyageur éprouve de trop fortes secousses: Les porteurs de filanjana ont besoin de beaucoup de prévenances pour les voyageurs qui se confient Prix des transports par terre. — Pour donner ut aperçu des prix des transports, je prendrai comme. de vigueur el so toujours des hommes jeunes; on n’en voil que rarement ayanl plus de 23 ou 24 ans. Plus tard ils se font porteurs de marchan: dises et exercent ce métier jusqu'à l’âge de 50 ou 55 ans. Les Malgaches qui font les transports se nomment borizany @l formentune corpora lion assurant, au moyende cotisations; certains avantages à ses membres, Par leur entente, ils arri- vent à maintenir le prix des transports à un taux relativement élevé: maisilest juste de dire qu'ils pren- nent toujours soin des marchandises qui leur sont remises el qu'ils sont remplis ns Se LT GR Cat D GS SE ÉD A7 La al in G. FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE À MADAGASCAR 127 exemple la route de Tamalave à Tananarive, qui est la plus fréquentée de l'ile. Les porteurs se “paient à forfait 17 fr. 50 à la montée et 12 fr. 30 à la descente, soil, en moyenne, 45 francs pour un - parcours d'environ 300 kilomètres: en admet- ‘ tant une charge de 40 kilogrammes par homme, le prix de transport de la tonne est de 375 ee ou 1 fr. 25 la tonne kilométrique. En réalité, le prix -est plus élevé à cause des emballages qui repré- entent un poids mort notable. - En faisant le même calcul pour la route de Ma- junga à Tananarive, qui a 440 kilomètres, et pour laquelle les porteurs exigent rarement moins de 25 francs, on arrive àenviron 1 fr. 50 pour la tonne kilométrique. La différence vient de ce que cette roule est moins sûre que l’autre, et de ce que les porteursn'aiment pasà lasuivre à cause des cailloux “quartzeux qui, dans certaines parties du trajet, ren- dent la marche pénible et même dangereuse. Un voyageur qui se rend de Tamatave à Tanana- —ive est forcé d'emmener huit hommespour le filan- -jana et quatre au moins pour les bagages, les pro: . visions, le couchage et la batterie de cuisine. Avec les frais accessoires, la dépense est d'au moins x 250 francs. _ En ce qui concerne spécialement les marchandi- ses, ces prix élevés, qui s'accroissent encore pour les outes peu fréquentées, ont mis jusqu'à présent le commerce dans des conditions défavorables.Seuls, es produits ayant une grande valeur et un faible poids peuvent arriver à la côte pour être exportés, sans être grevés de frais rendant tout bénéfice im- possible. Dans l’état actuel des choses il ne faut pas songer, par exemple, à exporter le riz, bien qu'il soit à bas prix et très abondant dans l’Imérina. Les mêmes raisonsempêchent d'envoyer dans le entre del’ile certaines marchandises qui y seraient très appréciées. La verrerie, les ustensiles de mé- nage en porcelaine et en faïence auraient certaine- entun grand débitchezles Hovas, sil’onpouvaitles vendre à un prix serapprochantde leur valeurréelle e fabrication; actuellement les frais de transport ésultant du poids et de la fragilité de ces produits majorent trop fortement le prix de vente. La difficulté des MÉDIANE explique aussi le bon marché de la vie à Tananarive pour celui qui se ontente de ce que le pays fournit. L'Imérina est une région de grande production, dont toutes les denrées doivent être consommées sur place. La nourriture d'un indigène ne lui coûte pas deux sous par jour ; mais l’Européen qui mange du pain, qui oit du vin, dépense au moins dix fois plus. Mouvement des marchandises entre les côtes et l'in- _ lérieur. — Tout en étant forcément limité, le mou- _vement des marchandises entre les côtes et l’inté- rieur est assez actif. Certains produits, tels que le caoutchouc, les cuirs, le raphia à l'exportation, les étoffes, les liquides, le sel el beaucoup de menus articles peuvent supporter des frais de transport élevés. Les premiers n'ont pas d'usages dans le pays ou n'y trouveraient que des débouchés insuf- fisants ; les seconds sont devenus des objets de pre- mière nécessité pour la plupart des populations de l'intérieur : c’est ainsi que, chez les Hovas et dans plusieurs autres tribus, les cotonnades importées ont complètement remplacé les tissus‘indigènes. Les évaluations qu'on a faites de l'importance du trafic entre Tamatave, port principal de Madagas- car, et Tananarive, centre considérable de produc- tion et de consommation, sont assez variables. En me basant sur le nombre des porteurs qui arrivent journellement aux points extrêmes de la roule, je l'ai fixé à environ 6.000 kilogrammes par jour à la descente et à la montée, au tolal, environ 4.300 tonnes par an. Pour avoir le tonnage global des transports entre les côtes et l Imérina, il fau- drait y ajouter le trafic qui se fait avec Vatomandry et Mahanoro sur la côte orientale. Quant à la route de Majunga, ce qui y passait jusqu'ici était insigni- fiant. Il n'y avait de mouvement commercial appré- ciable qu'entre Majunga et Mevatanana. soit. Eventualité d'une voie ferrée. — Même si l'on double le chiffre indiqué, le tonnage esl bien faible pour alimenter un chemin de fer reliant la côte à la capitale; il est faible surlout si l’on considère que l'établissement d'une voie ferrée rencontrerait des difficultés techniques coûteuses à surmonter ; quels que soient le tracé et le sys- tème adoptés, le mouvement des lerres et les ou- vrages d'art entraineraient d'énormes dépenses. Il est vrai que l'existence d’une voie rapide, commode et plus économique, développerait certainement le trafic actuel ; mais il semble difficile qu'avant un temps assez long, un chemin de fer puisse être exploité sans une garantie d'intérêt du capital en- gagé dans la construction. C’est ce que visent pro- bablement ceux qui ont présenté des projels, et c'est ce qu'il faudra accorder à celui qui en exécu- tera un, si, pour des motifs politiques et militaires, plutôt encore que commerciaux, on se décide à établir immédiatement un chemin de fer. Dans ce cas, il se ferait probablement sur le versant occi- dental; le trajet serait plus long que par la côte est, mais les difficultés seraient moindres. La conséquence d'une telle décision serait, à brève échéance, la ruine de Tamatave, que sup- planterait Majunga. On peut donc s'attendre à des luttes ardentes quand la question sera soulevée. Routes à construire. — Qu'on fasse ou non ce che- 128 FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE À MADAGASCAR min de fer, il faudra construire des routes ; elles | accessoires, s'imposent également. sont indispensables et elles peuvent suffire pour | est un pays où, au point de vue des travaux tenir le pays au point de vue militaire et pour en lirer parti commercialement. Ces routes pourront êlre élablies économique- ment au moyen de la corvée, forme d’impôl à la- quelle les Malgaches sont habitués et dont le général Metzinger s’est peut-être trop pressé d'an- noncer la suppression dans la proclamation qu'il leur a adressée en arrivant à Madagascar. En évi- tant, bien entendu, les abus que les Hovas ont faits dans ces dernières années de cette institution, en donnant même aux travailleurs une légère done nité, on aura la main-d'œuvre suflisante pour transformer rapidement les sentiers en routes per- mettant la cireulalion des voitures ou, au moins, dans certains cas, des mulets et des bœufs por- leurs. Sans parler des premiers de ces animaux, qui, de méme que les ânes et les chevaux, vivent bien à Madagascar, quoiqu'on ait dit le contraire au dé- but de l'expédition, les bœufs pourront, quand ils auront été dressés, rendre.de grands services pour les transports. [ls sont nombreux dans le pays el appartiennent à une race robuste et rustique. Même sans l'éducation spéciale, qui est indispen- sable, ils ont été d’une sérieuse utilité à la colonne qui est descendue de Tananarive à Majunga en novembre dernier. Pour le tracé des routes, il suffira le plus souvent de partir, en y faisant les modifications et les amé- liorations nécessaires, des sentiers actuels, qui cor- respondent à des courants commerciaux établis depuis longtemps. Parmi les plus importants, on peut citer les chemins qui relient Tananarive à Tamalave, par Moramanga et Andovoranto {avec une bifurcation vers Vatomandry, à partir d'Irihi- tra) ; à Mahanoro, par Beparasy et Anosibe; à Am- batondrazaka et au lac Alaotra, par Mandanivatzy ; à Majunga, par Mevatanana ; à Fianarantsoa, par Ambositra ; à Ankavandra, à Betafo et à Thosy. La Fianarantsoa à Mananjary, par Alaka- misy et Tsiatosika, est aussi assez fréquentée, ainsi que des pistes côtières restant à peu de distance de la mer; ces dernières, parcourant des terrains plals sont relativement assez praticables et sont faciles route de à meltre en bon état. Autres travaux publics à effectuer, — Ues lravaux, dont il faudra entreprendre l'exécution à bref délai, Pour ne parler que des principaux el de ceux qui on! sont loin d'être les seuls nécessaires. une influence directe sur le développement du commerce, Ja construction de ponts, l'installa- lion de bacs, l'amélioration de certaines voies fluviales, la création des ports, avec tous leurs _il installe un télégraphe. Quand nos troupes oo Madagascar publies, tout est à faire. Ce vaste programme reçoit déjà en ce moment un commencement de réalisation. Comme trace visible et persistante de son passage, le corps ex- péditionnaire qui se dirige sur Tananarive laissera une routeet des ponts; un wharf a été élabli à Majunga et, en quelques mois, la ville a été trans- formée. C’estun bon exemple pour l’avenir ; quand ceux qui combattent seront remplacés par ceux qui administrent, ceux-ci n'auront qu'à suivre cel exemple et ils ne devront jamais perdre de vue qu'à notre époque un pays ne peut se développer au point de vue économique que s’il possède un oulillage lui permettant d'entrer en lulte avec ses concurrents dans de bonnes conditions. $ 3, — Postes et télégraphes à l'intérieur de l'ile. L'organisation du service postal et l’établisse- ment d'une ligne télégraphique allant jusqu’à la capitale sont à peu près les seules choses qu'on puisse meltre à l'actif du protectoral qui à fonc-, , lionné à Madagascar de 1885 à 189%. La ligne télégraphique, Lerminée en 1887, suit à peu près, entre Tamatave et Tananarive, la route habituelle, dont elle évite seulement quelques dé-. tours. En dehors des bureaux extrêmes, Lenus par des employés francais, il existe, avec des employés indigènes, un bureau intermédiaire à Tanimandry, ville voisine d'Andovoranto, ainsi que des poses de coupure à Moramanga et à Beforona. Le tarif était de 0 fr. 25 par mot,et la Laxe mini mum perçue pour une dépêche, de 2 fr. 50. A mesure que le corps expédilionnaire avance, F à Tananarive, la ligne reliée à celle du versant, oriental, — qui actuellement est coupée, — éta= blira, dans le prolongement du càble allant à. Mozambique, une communication continue de l'ouest à l’est de Pile. Le service postal, placé sous l'autorité du Rési- dent général, qui l'avait établi, était fait par des agents de l'Administration française, par le pers, sonnel des résidences, par les représentants du, Comptoir National dE rompte par des fonctionnaires \ hovas et enfin par des particuliers. | Tamatave, Tananarive, Majunga, Nossi-Vé et. Fianarantsoa possédaient des bureaux de plein exercice ; des bureaux auxiliaires et des entrepôls existaient dans un nombre de localités, n principalement sur les côtes. . Étant données les ressources dont on disposait" el les conditions particulières du pays, le service était bien fait et répondait à tous les besoins. Les courriers parlaientrégulièrementel, en général, ar- Cr de cerlain G. FOUCART — L’ÉTAT DU COMMERCE A MADAGASCAR 129 | rivaient dans les délais prévus. Ils élaient dirigés par des Zsimandou, messagers du gouvernement .- hova qui réquisilionnaient des hommes dans les villages pour porter les paquets. Sur la ligne de Tamatave à Tananarive, il yavait, dans chaque sens, un courrier par semaine et un courrier supplémentaire correspondant avec le | passage du paquebol-poste. De même, sur la ligne - de Tamatave à Mananjary, qui desservait la côte. Un courrier par semaine établit les commu- nications entre Fianarantsoa et Mananjary : Un courrier par mois entre Tananarive et Fia- . naran{soa, entre Tamatave et Fénoarivo; : Un courrier par mois entre Tananarive et Ma- junga, entre Vohimarina et Diego-Suarez. Après l'expédition, il n'y aura qu'à réorganiser le service sur les mêmes bases et à l’étendre à mesure que les besoins le nécessiteront. IT. — IMPORTANCE DES PRODUITS INDIGÈNES. L'ile de Madagascar produit ou peut produire -tout ce qui est nécessaire aux besoins de ses habi- tants el fail des importations susceptibles de prendre une grande extension. C'est done un pays … appelé à devenir riche. ÿ - Toutefois, il ne faut pas, ainsi qu'on l’a fait trop “souvent, exagérer cette richesse future. Le sol est “loin d'avoir la fertilité merveilleuse dont parlent nou d'enthousiasles qui ne l'ont jamais vu et qui le représentent comme n'attendant qu'un “coup de bêche pour laisser jaillir des trésors. Les ressources minérales qu’il renferme exigent, pour être mises au jour, beaucoup de travail, aussi bien que sa culture et l’élevage des animaux qu'il peut nourrir. Dans les régions où règne déjà une cer- laine aisance, l'indigène se donne de la peine, et le colon qui ira à Madagascar doit s'attendre égale- ment à en prendre. Il y trouvera seulement, ainsi qu'on le verra par l'exposé des productions du pays, un vaste champ ouvert à son activité. $ {. — Produits mineraux. Le sol renferme un grand nombre de gites métallifères qui, non seulement ne sont pas xploités, mais encore ne sont pas bien connus. Le ouvernementHova, loin d'en favoriser la recherche et l'étude, a, à plusieurs reprises, édicté des peines Sévères contre ceux qui l’entreprendraient. L'or est abondant, particulièrement dans l’Anka- ratra, dans l’ouest à Mevatanana, dans le voisi- age du lac Itasy et dans le Betsileo. Il est exploité Soit en cachette par les indigènes pourleur propre compte, soit par le gouvernement Hova, soit par des Européens qui ont recu de lui des concessions moyennant la promesse d'une partie des produits. Êe REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. La question des mines d'or étant trailée dans un article spécial, je ne m'y appesantirai pas. Je remarquerai seulement qu’une heureuse influence sera exercée sur la colonisation par l'existence de ces mines, qui attireront des capitaux à Madagas- car et qui permettront, avec la part des bénéfices légitimement réservée à l'administration locale, . d'exécuter d'uliles travaux publics sans qu'il en coûte rien à la métropole. Dans le sud de l’Imérina existent des gisements de galène argentifère; on a également signalé l’ar- gent dans la région du lac Alaotra. Le cuivre se trouve au sud d’Ambositra à Amba- tofangahena et dans l’ouest à peu de distance de Mojanga. Quant au fer, les minerais qui le contiennent se rencontrent partout; les plus riches sont dans l’Imérina, le Betsileo et le Menabé. Les indigènes connaissent depuis longtemps l’art d'extraire et de travailler le métal : ils emploient des procédés se rapprochant de la méthode catalane et façonnent le fer en masses et en barres, que les forgerons’ transforment ensuite en outils pour les différents métiers et en ustensiles agricoles. Les combustibles minéraux existent à Anbavatoby dansla baie d’Ampassindava, mais en couches d’une trop faible puissance pour être utilement exploi- tables. La nature du terrain dans la plus grande partie de Madagascar ne permet pas d'espérer qu'on y puisse trouver de la houille. La force motrice indispensable pour les diverses industries qui s’établirontdansle pays devra donc être fournie par des machines à vapeur alimentées au bois ou par les nombreuses chutes d’eau des régions mon- tagneuses. Dans le voyage qu'il terminé récemment, M. Gautier a vu, près d'Ankavandra, des sources de bitume qui lui donnent lieu de croire que le pétrole existe à Madagascar. Bien qu'en dehors du Massif central et de quel- ques autres points les habitations se fassent ordi- nairement en bois, les matériaux de construction ne manquent pas dans le sol. Le granit et le gneiss sont les roches les plus communes. On exploite les carrières par un pro- cédé indigène, qui consiste à étendre surla pierre une couche de bouse de vache séchée, qu'on fait brüler lentement pendant un temps plus ou moins long ;on oblient ainsi des morceaux d'une grande régularité d'épaisseur et dont les dimensions ne sont limitées que par les difficultés du transport ; dans les tombeaux hovas on voit souvent des dalles pesant plusieurs milliers de kilogrammes, et les pierres dressées qu’on rencontre dans beaucoup de parties du pays n’ont pas un poids moindre. Par suite du travail qu'exige la taille, le granit L5*kxxx+ 730 G. FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE A MADAGASCAR est assez coûteux, même dans les régions où il est le plus abondant; aussi en limile-t-on, autant que possible, l'emploi dansles constructions ordinaires; à Tananarive on ne fait en pierre que les soubas- sements, les seuils, les appuis de fenêtre et les colonnes soutenant les balcons extérieurs. Les calcaires se lrouvent en masses plus ou moins considérables au milieu du terrain primitif, notamment à l’est de la capitale, à Andranolanitra, à l'ouest d’Ambositra et dans le sud à Helakelaka près de Fort-Dauphin. Ils abondent dans le ter- rain secondaire, qui constitue le sol de toute la Les constructions en pisé se font par assises de 0,50 à 0®,70 de hauteur ; comme elles n’oppose- raient pas une suffisante résistance aux pluies, elles sont recouvertes extérieurement d’un enduit dans lequel il entre de la bouse de vache, Les briques crues, qui reviennent à environ 2 fr. 50 le mille, sont moulées à la main, séchées au soleil, et façonnées généralement sur le lieu d'emploi. Les briques euiles sont plus résistantes, mais beau- si oméiiné cime tt coup plus chères, La fabrication, limitée actuelle- « ment au centre de l'ile, pourrait se faire partout où existe la malière première. Fig. 10, — Village de Bücherons, à la lisière de la grande forêt de l'Est. partie occidentale de l'ile, et ils sont exploités en quelques points. À Majunga, beaucoup de maisons sont en pierre. Il existe aussi des grès, des schistes ardoisiers, des diorites et des syénites, des travertins, qui seraient utilisables. Les basaltes émergent dans beaucoup d’endroits et forment des massifs énor- mes à la limite de l’Imérina et du Betsileo, ainsi qu'au sud chez les Antandroy. La chaux, qu’on fabrique dans le centre, est de mauvaise qualité el se vend à un prix élevé; elle vient surtout d'Antsirahé, L'argile, qui, dans une grande partie de l’île, forme la couche superficielle du sol, est employée dans l’Imérina pour faire des constructions en pisé terre comprimée) el des briques. Les tuiles que font les Hovas sont poreuses, irré-" gulières de forme et lourdes. Aussi préfère-t-on généralement les feuilles de kerana pour la couver- ture des maisons. Les poteries fabriquées dans l’Imérina et dans les autres provinces sont aussi de qualité médio- cre ; elles sont perméables aux liquides et résistent” mal au feu. Les essais tentés depuis quelques années par les Européens montrent que ces dé- fauts tiennent à l'emploi de procédés vicieux el non à la matière première. $ 2. — Produits végétaux. Au point de vue de l'avenir du pays, les produc- Lions végétales sont celles qui ont le plus d’impors tance. L'exploitation des ressources naturelles l i | G. FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE A MADAGASCAR 731 que renferment les forêts et le développement de l’agriculture doivent être, surtout au début, les principaux objectifs des colons. Les forêts, dont la répartition a été indiquée ci- dessus (page 671) par M. Caustier, renferment une grande variété d’essences dont il est inutile de citer les noms. Je dirai seulement qu’on y trouve de l'ébène, du palissandre, du teck et beaucoup de bois précieux pour la marine, la charpente, la menuiserie, l’ébénisterie; plusieurs de ces bois, à rieusement mises en valeur et qui fournissent des produits pour l'exportation. En dehors de ce commerce avec l'extérieur, qui prendra certainement plus tard un grand dévelop- pement, il y aurait aussi intérêt à exploiter les forêts du côté du centre en vue de l’approvisionne- ment de la capitale. Actuellement, iln’y arrive que des bois débités d’une manière absolument défec- tueuse et provenant de la forêt d’Ankeramadinika, qui est la plus proche. Les bücherons (fig. 10) ne se Fig. 11. — Case malgache aux environs de Diego-Suarez. cause de leurs vives couleurs, sont déjà employés, en Europe, dans la construction des wagons et voitures de luxe. La difficulté des transports a rendu presque im- possible, jusqu'à présent, l'exploitation des forêts. Dans ces dernières années, un grand nombre de concessions ont élé accordées par le gouverne- ment Hova à des étrangers; la plupart ont dû les abandonner ou ne font quelques travaux que pour conserver des tilres à l'indemnité qu'ils espèrent qu’on leur versera quand ils seront dépossédés. Il ny a guère que les forêts voisines de la mer, comme celles de la baie d’Antongil, qui soient sé- servent pas de la scie de long; avec leurs instru- ments primitifs, ils ne tirent d’un tronc d'arbre qu'une solive ou une planche, dont ils diminuent autant que possible la section pour n'avoir pas un poids trop lourd à porter. Les anciennes cases étant en char- pente, les ouvriers de l’Imérina ont conservé cer- taines traditions, et on en trouve lravaillant con- venablement le bois. Certains arbres de grandes dimensions, pa: exemple la ravinala sur le versant oriental, le sakoa et le satrana dans l’ouest, poussent en de- hors des forêts, et sont employés par les indigènes hovas 132 G. FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE A MADAGASCAR BE LT CA I RO Te 5 a à la construction des cases (fig. 5 11). Cest aussi avec ces maté- | riaux que les colons, installés loin des centres, devront éle- ver leurs habitations, qu'ils. pourront rendre suffisamment confortäbles en introduisant quelques modifications dans l'architecture malgache. Le caoutchouc est, dès à pré- sent, un des plus importants articles d'exportation de Ma- dagascar. Il provient soit de plantes sarmenteuses et de. lianes qui croissent dans les zones foreslières, soit d’un. liguier, soit d’une euphorbia- cée très répandue dans les. forêts épineuses du sud. Pour la récolte, on incise les arbustes et on coupe les lianes. Le latex recueilli dans un vase est coagulé par le jus de ci- S = à e 2 =: = & = 2 = PA & à En PA _ œ > œ œ & A = < a " V2 Le] ? tron, par le se] marin et quel- Es quefois par l'acide sulfurique. Es Le caoutchouc de Madagas- Eu car, el qu'il est préparé ac- ci tuellement par les indigènes, F8 contient de l'humidité et des 85 impurelés souvent ajoutées avecintention. C’estce quiem- pêche le produit d’atteindre un prix élevé sur les marchés européens. A Tamatave, le caoutchouc. du nord vaut 4 fr. 50 à 5 francs le kilogramme , tandis qu'à Fort-Dauphin, le caoutchouc du sud, qui estde moins bonne qualité , se vend seulement 2 fr. 50. Depuis que ce dernier. a été découvert, l'exportation lolale doit alleindre 4 à 5 mil- lions. Dans les régions où le caout- choucestproduitparuneliane, il faudrait arriver à empêcher les indigènes de la détruire, comme ils le font souvent, en coupant les racines, où ils trou- vent une certaine quantité d suc; dans celles où il provient d'un arbre, il faudrait appren= dre aux Malgaches d'autre méthodes de préparation; on emploierait peut-être avec sue Ed Le = @ Q œ = Le] ‘104 05 ‘orqdersojoqd o91n0qu9 op QUO EL ‘eanpioa op sjonbno( G. FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE À MADAGASCAR 133 - cès le procédé du fumage, qui donne de si bons résullats au Para. La gomme copal est produite par des arbres le plus souvent réunis en groupes dans le voisinage de la mer. La gomme, qui suinte‘par des incisions pratiquées dans le tronc ou qui s’accumule entre _ les racines, est recueillie par les indigènes, triée et nettoyée par eux, puis vendue aux commercants européens. Tamalave en exporte annuellement _ pour une quarantaine de mille francs. Autrefois le copal était plus abondant, mais beaucoup d'arbres _ ontété détruits par le feu. Dans l’ouest, il y a, - parait-il, des copaliers encore inexploités. _ Le rofia vient aussi d'un arbre qu’on trouve en _ dehors des forêts. Les grandes feuiiles penninerves de ce palmier, divisées en étroites lanières et dé- barrassées de la partie qui constitue les parois externes, fournit une fibre qu’on exporte en Europe, où elle est employée par les jardiniers et les viti- culteurs pour lier les plantes. Le rofia se vend sur la côte environ 40 francs les 100 kilogrammes; à cause de son grand volume, »il arrive en Angleterre et en France grevé de frais de transport considérables. - Dans le pays, le rofia est employé pour la fabri- cation d’étoffes, nommées rabanes, servant à faire - des vêtements et des sacs ; ces sacs sont exportés à Maurice et à la Réunion. Certaines rabanes - lissées dans l’Imérina et ornées de raies de diverses - couleur sont employées en France dans l’ameu- . blement. - Leyiz, base de la nourriture des Malgaches, est - cultivé dans la plus grande partie du pays, mais nulle part aussi bien que chez les Hovas. Dans les vallées où s’est accumulée de la terre végétale, ils ont établi des rizières (fig. 12) qui sont aménagées de manière à mettre les plantes dans les conditions d'humidité et de sécheresse dont elles ont succes- sivement besoin pourfournir d'abondantesrécoltes. Le riz est conservé en paille dans des greniers ou dans des silos et il est décortiqué par le pilage dans un mortier au moment de l'emploi (fig. 43). Dans les autres régions, le riz est planté sur les coteaux; quand le sol est épuisé, les Malgaches cherchent un nouveau terrain, qu'ils préparent Fig. 13. — Femmes Belsiléos d'Ambalomainty pilant du riz (Sud de Madagascar). trop souvent en incendiant des parties de la forêt. Il existe deux espèces principales de riz : le blanc et le rouge. À Tananarive, le premier, qui est le plus cher, vaut, décortiqué, environ 0 fr. 40 le kilogramme. Sur la côte, les prix sont sensiblement plus élevés. Le blé ne peut pousser que dans le Massif central, à une altitude de 1.200 à 1.500 mètres. Des essais sérieux donnent lieu de croire que cette culture pourra prendre du développement quand l’oceu- pation française amènera la présence à Tana- narive d’une plus importante population euro- péenne qui, seule, consommera du pain. Au moment où les hostilités ont commencé, un moulin pour la préparation de la farine était en construction aux environs de Tananarive; il devait être actionné par les eaux de l’Ikopa. Le mais réussit dans plusieurs régions, mais il n’a jamais été cultivé qu’en petite quantité. d'inondation (dans l’Imérina Fig. 14. — Repiquage pratique par des femmes dans une grande rizière } è Le manioc, dont la racine tuberculeuse entre dans l'alimentation indigère, vient presque partout. … Cultivé en grand, il donnerait la matière première … pour la préparation du tapioca. “ La plupart de nos légumes ont été acclimatés - dans le Massif central, où ils trouvent une tempé- - rature suffisamment basse. Les arbres fruitiers …— d'Europe réussissent moins bien; néanmoins le figuier et le pêcher sont assez répandus; la vigne - exige de grands soins et ne tarde pas à dégénérer. Les fruits indigènes et tropicaux sont nombreux : - à l'intérieur on trouve des ananas, des oranges, - des citrons, des bananes, des mangues, des bi- . basses. Le pamplemoussier, le jacquier, l’arbre à - pain, l’avocatier ne prospèrent que dans certaines parties du littoral. Quelques fruits de Madagascar pourraient cer- lainement recevoir des applications industrielles ou servir à la fabrication de conserves, qu'on _exporterail. La canne à sucre, dont nous n’avons pas à parler, - après M. de Faymoreau, est très répandue et pousse presque spontanément. Elle sert à la pré- paration d’une boisson indigène nommée befsa- betsa, d’un sucre grossier et d’une liqueur alcoo- lique. Le café est cultivé depuis longtemps. Les plan- - lations faites sur la côte orientale ont d'abord donné d'excellents résultats, puis ont dépéri ; elles ont été achevées par un champignon parasite qui attaque les caféiers. On reconnait maintenant que, sur le littoral, la température est trop chaude, le - climat trop humide pour eux; ils rencontrent de - meilleures conditions à une certaine altitude. Les petites plantations indigènes qui sont dans le voi- sinage de certains villages sur la route de Tama- lave à Tananarive donnent avec continuité de - bonnes récoltes, qu'il faut attribuer aussi aux - soins dont elles sont l’objet et à la fumure qu'on leur fournit. - Comme le montre l'exemple d’une grande plan- Bu: 350.000 pieds, établie depuis quelques « années à Ivato, à environ 1.400 mètres au-dessus $ du niveau de la mer, Le café réussit même dans le …. Massif central; toutefois, à cette allitude, les ar- bustes prennent moins de développement et four- - nissent moins de fèves. — Actuellement, on plante surtout à Madagascar … le café Liberia, qui est l'espèce résistant le mieux aux parasites. Le rendement moyen est de plus - d’un demi-kilogramme par pied. De la vanille et du cacao, nous n'avons rien à ajouter aux détails si intéressants donnés ci-dessus {pages 711-713) par M. de Faymoreau. L’arbuste à fé a été planté par les Anglais dans le Massif central et à environ 900 mètres d’alti- G. FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE A MADAGASCAR 135 tude dans la vallée du Mangoro. Le produit est de médiocre qualité. Parmi les plantes textiles, on peut citer le chanvre el le cotonnier. Les fibres du premier servent aux indigènes à tisser des étoffes grossières. Le cotonnier était autrefois assez répandu; mais, depuis qu’on importe des toiles à bon marché, les indigènes ont abandonné la culture et le tissage du coton: ils ne font plus que des lamba rayés, employés comme vêlements dans certaines céré- monies; encore se servent-ils fréquemment pour cet usage de coton efliloché provenant de vieux tissus d'importation. Etablir de grandes plantations de coton et des usines pour la filature et le tissage rapporterail certainement des bénéfices considérables, puis- qu’on trouverait sur place un débouché assuré. L'entreprise exigerait des capitaux importants, de sérieuses connaissances techniques et du temps. Beaucoup de plantes telles que le rocou, le chanvre de munille, V'aloès, le 2020r0, servent à divers usages dans le pays ou sont exportées comme ma- tières premières. Le erin végétal, où -piassava esl aussi l’objet d'importantes affaires. Malgré le peu de soins que les indigènes lui donnent, le fabuc réussit partout; il n’est pas pré- paré pour être fumé, sauf par les Hovas, qui fa- briquent des cigares. Comme plantes tinctoriales, Madagascar a plu- sieurs variétés d'indigotiers, et l’orseille, qui est surtout abondante dans le sud-ouest; cette der- nière ne donne plus lieu maintenant qu’à de faibles exportations. $ 3. — Produits animaux. Les bœufs sont nombreux à Madagascar, parli- culièrement à l’intérieur dans l'Imérina, le Betsi- leo, sur la côte orientale aux environs de Vohi- marina et de Mananjary, dans le sud, près de Fort-Dauphin, et surtout dans le Menabé, qui est la région la plus riche en gros bélail. Les bœufs de Madagascar sont des zébus ou bœufs à bosse (V. p. 700). Dans le centre et dans l'est, ils ne dépassent pas le poids de 300 kilo- grammes, mais dans l'ouest, ils sont plus gros. La race est rustique : les animaux se passent de soins et restent toujours dehors, même pendant la saison des pluies. Les reproducteurs de races européennes, qui on! été introduits, s'acclimatent aisément pourvu qu'ils soient bien soignés; par le croisement ils donnent de bons produits. Les bœufs de Madagascar sont exportés en grand nombre à Maurice et à la Réunion. Dans les ports d'embarquement, ils se vendent 40 à 45 francs et dans l'intérieur 25 à 30 francs, seulement. Ceux ig. 15. — Femme Hova lissant un lamba de soie (dans l'Imé rina ). G. FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE A MADAGASCAR 13 qui dépassent ce prix sont des animaux de choix | 200.000 le nombre des peaux qui sortent annuel- engraissés pour la consommation locale. lement par Tamatave et par Majunga. Elles sont, du Mentionnons ici, pour être complet, l'usine de | centre, portées à dos d'homme (fig. 16) jusqu'aux conserves de viande de bœuf, établie en 1889 à | ports d'embarquement. Rendues à bord, elles Fig. 16. — Porteur de peaux de bœufs allant de Tananarive à Tamalave. Diego-Suarez et dont M. Caustier a ci-dessus !; valent environ 50 francs les 100 kilogrammes. (page 692) entretenu le lecteur. | Les cornes se vendent 15 francs les 100 pièces, Les peaux des bœufs tués pour la consommation | et sont exportées par Tamatave et Mananjary. intérieure sont exportées après avoir été prépa- Les moutons de Madagascar appartiennent à la rées au sel, séchées et pliées. On évalue à ! race sééatopyge à grosse queue. Ils n’ont pas de 738 laine et fournissent une viande sèche, coriace et désagréable. Le versant oriental, à cause de l'hu- midité de son climat, ne convient pas aux mou- ons; ces animaux sont surtout nombreux dans le centre, où ils se vendent 2 fr. 50. La peau, seule, a une certaine valeur. Des essais pour l'introduction de moutons étrangers ont été faits à diverses époques et ont donné d'assez bons résultats. 11 faudrait les re- prendre pour arriver, comme nous le faisons ac- tuellement en Tunisie, à remplacer par une autre race la race indigène, qui est absolument défec- tueuse. Les chèvres se trouvent surtout dans l'Imérina, le Betsileo et les provinces de l’ouest. La chair entre dans l’alimentation indigène, et la peau est exportée en Angleterre, où elle est employée dans ‘la cordonnerie. Les pores sont nombreux partout où les Hovas sont établis. Ailleurs la viande de ces animaux est considérée comme impure. Quelques porcs vivants sont exportés par Tama- lave dans les îles voisines. Toutes les vo/ailles d'Europe sont acclimatées à Madagascar. Les indigènes en élèvent dans tous les villages. Les vers à soie originaires de l'ile fournissent une soie résistante, mais cheveteuse, rugueuse, manquant de finesse et de brillant. Les espèces étrangères s’acclimatent aisément et peuvent donner des produits salisfaisants. Les abeilles de la zone forestière donnent une cire de qualité équivalente à celle du Sénégal; elle vaut de 2 francs à 2 fr. 50 dans les ports de la côte orientale. $ #. — Sortie des produits indigènes. On voit par ce qui précède que Madagascar peut fournir des matières premières à beaucoup d’in- dustries et alimenter un grand commerce d'ex- portation. L'importance qu'a eue jusqu'à présent ce commerce est difficile à évaluer. Des statistiques n'existent que pour les six ports de Tamatave, Mananjary, Valomandry, Vohimarina, Fénoarivo et Majunga, où les opérations de la douane hova élaient surveillées par des agents du Comptoir Na- Lional d'Escompte. En 1890, le Lotal a été d'environ 4 millions, mais ce chiffre ne représente certaine- ment qu'une faible partie des exportations de Madagascar. Même dans les ports où les douanes élaient contrôlées, les fraudes étaient nombreuses; dans les autres, elles étaient la règle et là, d'ail- leurs, il n'était dressé aucun relevé par les Hovas. Les droits à la sortie variaient suivant la nature des marchandises. Les bœufs payaient 15 francs par tête ; les pores, 2 fr. 50; les moutons et les G. FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE À MADAGASCAR chèvres, 1 fr. 50; les cuirs salés, 25 francs pa 100 pièces; les rabanes, 3 francs; les nattes, 4 fr. 50; la cire, 10 francs par 100 livres; Len caoutchouc, 12 francs ; le café, 8 francs; la gomme copal, 6 francs; le tabac, 2 fr. 50. Les marchan- dises non larifées acquittaient un droit de 10 °/,, ad valorem. A Tamatave, le caoutchouc représentait 43 °}, de la valeur lotale des exportations, les cuirs, 24, la cire, 10, les bœufs vivants, 7, et le rofia, 6. Cette proportion variait sensiblement dans les différents ports : le rofia, à Valomandry, les cuirs, à Ma- junga, dépassaient la moitié de la valeur des mar chandises sortantes. A Tamatave, le tiers seulement des exportalions se faisait sous pavillon français. À Majunga, notre marine chargeait la presque totalité des marchan- dises, mais elle n’emportail presque rien de Vohi- marina, de Mananjaryÿ et de Vatomandry. III. — NATURE ET VALEUR DES PRODUITS IMPORTÉS. Les marchandises importées à Madagascar sont destinées, les unes aux Européens établis dans le pays, les autres aux indigènes. Les premières ont un débit forcément très limité: et susceptible seulement de s’accroitre avec les nombre des colons; un courant d'émigration no- table se portera certainement vers notre possession après la campagne; mais, pendant longtemps el peut-être toujours, la population européenne res tera peu considérable. Pour les articles qu'elles seule consomme, les importations ne progresse= ront que lentement. Les objets ou les produits à l'usage des indi gènes, peuvent, aucontraire, assez rapidement trou- ver de plus grands débouchés : les capitaux qui seront employés à Madagascar procureront aux habitants une certaine aisance, la modification de l'état politique leur assurera, mieux que par le passé, la libre disposition de ce qu'ils gagnent, et le contact des Européens, devenus plus nombreux leur inspirera d’autres goûts, leur donnera plus de besoins. En outre, des populations qui, jusqu’à présent, sont restées étrangères à tout mouvemen commercial, y participeront peu à peu, à mesure qu’on entrera en relalion avec elles. Si la quantité des marchandises importées aug= mente, leur qualité restera longtemps la même ce seront toujours des marchandises communes de travail qui leur donneraient plus de ressources pécuniaires, les articles qui leur sont envoyés doivent pouvoir se vendre à bas prix ; les indis. DR A PR SE) = > Éd 2 caen E k FNJUANOU D) 3p ja 7as np JuUnpuan “ SJUDIRQUD SPUDYOUDIY — *Ly "BtY G. FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE À MADAGASCAR gènes ne font aucune dépense de luxe et, le plus souvent, c'est le bon marché seul qui les guide dans leurs achats. $ 1, — Alimentation. Le sel consommé à Madagascar est, pour la ma- jeure partie, d’origine étrangère. Expédié de Mar- seille et de Hambourg, il arrive dans tous les ports, notamment à Tamatave, à Vatomandry et à Manan- jary, et est distribué en diverses parties du pays par des marchands ambulants vendant de la nourriture fig. 17). Sur la côte ouest, on en recoit peu ; les Saka- lava se contentent, malgré ses impuretés, de celui qu'ils préparent ; en dehors de la région, ce sel indigène, qui contient beaucoup de matières ter- reuses, n'entre pas dans l'alimentation et ne sert qu'à la conservation des peaux. Des salines, dont commence seulement l’exploi- tation, longtemps relardée par des contestations entre des concessionnaires voisins, se trouvent sur le territoire de Diego-Suarez et approvision- neront dans l'avenir une partie au moins du mar- ché malgache. Bien que l'établissement de salines sur d’autres points du littoral puisse y contribuer dans une cerlaine mesure, l’abaissement du pri du sel à l’intérieur de l'ile et, comme conséquence la vente de plus grandes quantités de ce produit de première nécessité viendront surtout de l’amé lioration des moyens de transport. Les conserves alimentaires et la farine sont unique ment consommées par les Européens. La dernière qui vient d'Amérique ou d'Australie, ne trouve un certain écoulement qu'à Tamatave et à Tananarive Pendant quelques années, l'arrivée de nouveaux colons et la présence d’une garnison dans la capi tale feront augmenter les importations; mais elles diminueront ensuite, parce que la culture du blé su les hauts plateaux du centre prendra de l'extension Le vin se trouve dans les mêmes conditions rela tivement aux consommateurs ; mais l'importation ne pourra que s’accroitre, car il est peu probable qu'on arrive à en faire dans le pays. Celui qui est bu actuellement vient de la Provence et du Bordelais; il se vend environ 150 fr. la barrique à Tamatave et, de là, est transporté à l'intérieur dans des dames-jeannes d’une contenance de 18» litres. Les vins fins arrivent en bouteilles. ; La bière, de provenance française ou anglaise Fig. 18.— Café de Paris à Antsirane (gouvernement de Diego-Suarez). } Du AU] D 2771 ajyad auns [l CA 9//0]9 San uaa ? troc 1) U12 d L ? f UDP Sjuauun 79 S2J4U9p sa// FE] à UaU P] 599 11/07 ‘ap aju D? od ‘4 à [! nc Du ad 49 PUOUDN — *6Y “SA FPT 6. 2 Pret id PT A 142 G. FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE À MADAGASCAR n'a de débit que dans les ports. À Tananarive, elle est trop chère! Rien, du reste, n'’empêcherait d'installer une brasserie dans cette ville. Le rhum est originaire de Maurice, Il arrive en füts de 220 litres, qui se vendent 80 fr. dans les ports de débarquement. A l’est comme à l’ouest, les habitants de la eôle en consomment de grandes quantités; ceux du centre, beaucoup moins. Quoique les populations qui ne font pas usage de rhum d'importation aient diverses liqueurs alcooliques qu’elles préparent avec la canne à sucre ou les fruits du tamarin, je dois dire que, d’après ce que j'ai vu, l’ivrognerie est un vice Fig. 20. moins répandu à Madagascar qu'on ne le dit géné- ralement. Il y a un intérêl à ne pas l’amener à se développer, intérêt supérieur, qui prime l'intérêt commercial qu'on trouverait à encourager, outre fabricalion sur place du rhum. Au moyen de droits élevés frappant les alcools, à l’en- trée, de droits plus modérés appliqués à ceux dis- lillés dans le pays, on pourrait favoriser l’indus- trie locale, tout en maintenant sa production dans les limites convenables, L’absinthe, le vermouth, l’amer Picon, s'importent en grandes quantités et trouvent des acheleurs parmi les indigènes comme parmi les Européens (fig. 18, page 740), mesure, la etc., At $ 2, — Vêtement, Les éloffes de coton de fabrication étrangère, — Boutique malgache à Tamalave. qui sont maintenant d'un usage presque général à Madagascar font l'objet d’un commerce considéss rable. 1 Les cotonnades écrues sont celles qu’on vend le plus ; yards. 30. Dans le port de débarquement, les premières! valent en moyenne 400 fr. les 1.000 yards, secondes 300 fr. La plus grande partie de ces toiles vient d'Amé» rique et est fabriquée à Boston; il en arrive aussi de Manchester, mais l'Angleterre écoule surtout Madagascar des colonnades blanches, avec ou sans apprèt, qui ont aussi un grand débit, bien qu'elles soient de qualité assez médiocre. Les cotonnades imprimées sont en pièces t 2% yards el ont 28 pouces anglais de largeur, S vant les régions dans lesquelles elles doivent étre vendues, leurs dessins diffèrent. Les Betsimisas rakas aiment les éloffes à grands carreaux blancs et rouges ou blancs et bleus ; les Sakalaves font leurs vètements avec des pièces de mouchoirs ou avec des colonnades blanches ornées de raies rouges! sur les bords; les Hovas achètent beaucoup de tissus à petits dessins roses. Presque partout les indiennes dites Patna en petites pièces de 6 yards,| dont chaque ballot renferme un assorliment varié comme dispositions, trouvent à s'écouler aisémenl.\ Pour quelques tribus, on importe aussi des colon- a ‘ G. FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE A MADAGASCAR nades bleues unies. Ces lissus se vendent et dans es boutiques des grandes cités commerçantes (fig. 20), ef, avec diverses denrées, sur les marchés “en plein air des petites villes (fig. 19, page 741). . C’est Leur bas prix qui assure une vente facile à ous ces tissus. Ceux que nous fabriquons sont in- “contestablement de qualité supérieure, mais ils sont trop chers. — Pour les cotonnades unies, la lutte paraît impos- * mais elle pourrait être sérieusement entre- rise pour les indiennes imprimées. Dans le choix “que l'acheteur en fait intervient une question de goût ; il peut se décider à payer un peu plus cher si on lui présente des étoffes dont l'aspect répond aux exigences de son esthétique. En général les Malgaches aiment les grands dessins se détachant n couleurs vives et même un peu criardes sur un nd blanc; en dehors de quelques types tradition- els, ils recherchent la nouveauté et la variété des ispositions ; cette tendance est surtout nettement ceusée chez les Hovas. A Majunga, on importe de Bombay et de Man- chester des mousselines à fleurs. … L'Imérina, en raison de son climat relativement Mroid, est la seule région où l’on doive envoyer des lainages. Les flanelles unies et à grands carreaux, les draps légers noirs ou de fantaisie se vendent D Les vêtements confectionnés trouventdes acheteurs parmi les Hovas qui s’habillent à l’européenne, “ Les!soieries pour robes n’ont qu’un débit très restreint. Les femmes, en effet, onl conservé beaucoup plus fidèlement que les hommes les modes nalionales; mais, avec l’ancien costume, elles portent souvent des chaussures européennes “à bon marché, quoique d’une apparence élégante. Au contraire, il n’est pas rare de voir un Hova Dre d'une ee et marchant pieds nus. La bijouterie en imitalion est peu estimée à Ta- anarive ; les montres à bon marché commencent ‘à s’y vendre, mais uniquement là. Les Hovas sont seuls assez Ho pour apprécier la valeur du Hemps et avoir besoin de le mesurer. — Les verroteriessontemployéesseulement dansles “échanges avec quelques populations du sud qui ne Se servent pas comme monnaie de la pièce de cinq Wrancs coupée en menus morceaux, dont on fail usage dans la plus grande partie du pays. Ces ver- loteries, qui viennent d'Allemagne et qui sont en- lwoyées à Fianarantsoa et à Fort-Dauphin, sont ! sujettes à de fréquentes variations de mode : une | perle estimée à un moment par une peuplade n’a \Souvent plus chez elle aucune valeur quelques $ 3, — Habitation. Pour les habitations, les seuls articles à impor- ler et seulement chez les Hovas, sont le verre à 745 vitres, le papier de tenlure et ta quincaillerie. Tou- tefois les cadenas grossiers se vendent à peu près partout. La faïence, la porcelaine et la verrerie auront certainement un grand débit quand les transports seront plus économiques; les ustensiles de mé- nage qu'on importera alors remplaceront avanta- geusement les poteries indigènes, qui sont toutes de mauvaise qualité. On expédie à Madagascar une certaine quantité de feuilles de fer-blanc qui.servent aux indigènes à façonner des objets d’une grande variété; les Hovas utilisent aussi, comme matière première, le métal des boîtes dans lesquelles arrivent le pétrole et les conserves. Sur la côte, la tôle est employée par les colons pour couvrir les habitations et les magasins; elle vient généralement d'Angleterre. Les marmites en fonte sont l’objet d’un com- merce important; elles sont en usage presque par- tout. Les clous, qui sont nécessaires pour la construc- tion des boutres sur la côte ouest, s’importent par Majunga et viennent de Bombay. Les outils sont peu demandés par les indigènes: quand ils connaîtront mieux nos méliers, ils en auront besoin. Les fusils et la poudre se vendent surtout aux Sakalaves. Le seul instrument de musique à importer esl l'accordéon, dont beaucoup de Malgaches savent jouer convenablement. Sur la côte orientale, le modèle préféré est de forme rectangulaire ; dans l’Imérina, il est hexagonal; le premier est de fa- brication allemande, le second de fabrication anglaise. La papeterie est d’origine anglaise; la mercerie, la bimbeloterie et la parfumerie sont presque ex- clusivement françaises. $ 4. — Droits d'entrée. D'après les relevés des douanes, les importations par les six ports indiqués précédemment, n'au- raient été, en 1890, que de six millions environ. En raison des nombreuses fraudes qui se produi- sent à l'entrée comme à la sorlie, ce chiffre devrait être fortement majoré. Pour avoir la valeur totale des marchandises entrant à Madagascàr, il fau- drait y ajouter les importations qui se font par les ports où les douanes ne sont pas contrôlées el aussi par ceux où les Hovas n'ont pas de postes. A l'entrée, les marchandises élrangères sont uniformément soumises à un droit de 10 °/, «d valorem, qui, dans quelques ports hovas, peul se payer en nature. Dans les territoires indépendants, les chefs locaux, pour permettre de débarquer les 1 Ta ES marchandises, de les transporter dans l’intérieur ou de les vendre, exigent des cadeaux variables, qui peuvent être considérés comme léquivalent des droits de douane. On donne de l'argent, et plus souvent, du rhum, de la poudre ou des étoffes. A Tamalave, les lissus représentent 66 °/, du Lotal des importations, les liquides 13, les pro- duits alimentaires, 3, les vêtements confectionnés, 3, la mercerie et la parfumerie 2, les métaux bruls et ouvrés, 2. Cetle proportion varie quelque peu suivant les ports. Ainsi, à Mananjary, le sel forme le dixième du total. Mais partout les cotonnades et les liquides sont des articles occupant les pre- miers rangs sur la liste. À Tamatave, les importations sous pavillon français et sous pavillon américain ont une valeur sensiblement équivalente et représentent 72 °/, du total, La part des bâtiments anglais est de 21°}, La proportion change suivant les ports. Il en existe plusieurs que ne fréquente ins notre marine marchande, IV. — CONCLUSION. Les statistiques des douanes sont si erronées et si incomplètes qu'on ne peut faire que des hypo- thèses assez vagues sur la valeur totale du com- merce de Madagascar. D’après l’ensemble des ren- seignements, je ne crois pas que, dans ces der- nières années, les transactions avec l'extérieur aient atteint 25 millions. Le cinquième seulement de ce trafic se ferait avec la France, un autre cin- quième avec l'Amérique, près de la moitié avec l'Angleterre et les possessions anglaises. Ces estimations peuvent n'avoir pas une exacti- tude absolue ; mais ce qui est certain, c’est que l'ensemble du commerce de Madagascar n’alteint pas encore un chiffre élevé et que, dans ce chiffre, la France entre pour une trop petite part. Les efforts du Gouvernement et des particuliers doivent tendre à modifier cet état de choses. La làche, rendue plus facile qu'autrefois par la situalion pré- pondérante que nous occuperons à Madagascar après l'expédition, n'en reste pas moins assez ardue, On ne peut attendre un sérieux accroissement des affaires que de changements économiques profonds résultant de l'intervention d’autres que les indigènes pour mettre en valeur, mieux que par le passé, les ressources variées du pays qu'ils habitent et qu'ils laissent inexploité. Dans l'avenir le commerce se développera parallèlement à la et tout ce qui favorisera celle-ci aura pour effet de donner plus d'importance aux échan- ges avec l'exléricur : une organisation polilique colonisation, G. FOUCART — L'ÉTAT DU COMMERCE À MADAGASCAR assez solidement et assez nettement établie pour enlever toute crainte d’un nouveau conflit avec les populations de l'ile ; une administration aussi simple et aussi économique que possible; le rét blissement de la sécurité compromise, dans ces dernières années, par l'extension du brigandage# la réforme de certaines inslitulions locales, dont le maintien empêcherait les Malgaches de devenir pour nous d'uliles auxiliaires; la possibilité d'ac- quérir la propriété du sol, soil par voie d'achat, soit par voie de concession ; la faculté pour les pelits capitaux de s'employer à Madagascar sans se mettre au service de puissantes sociétés qui accapareraient le pays; l'exécution de grands tra vaux d'utilité générale imposée aux bénéficiaires de l'exploitation d'une partie du domaine publie; la création de voies de communications commodes et rapides; l'assimilation des produits de Madagas car, à leur entrée en France, à ceux des colonies et la réduction, à un taux aussi modéré que le per. mettront les traités conclus avec les autres nalions, des droiis à payer par les marchandises françaises importées à Madagascar, — voilà ce que réclament également ceux qui veulent aller s'établir dans la grande ile africaine et ceux qui veulent y étendré notre commerce. Mais ces derniers, pour ne parler que d'eux, ne doivent pas compter uniquement sur le concours que leur donneront les pouvoirs publics. Il faut qu'ils aient de l'énergie, de l'iniliative et qu'ils abandonnent les vieilles routines. Que les com merçants, au lieu de se cantonner dans certaines villes où ils sent trop nombreux et où ils se ruinent en se faisant concurrence, pénètrent dans des régions moins exploitées et se mettent en co lact avec des populations, comme celles du sud qui sont restées jusqu'ici en dehors du mouvemen des affaires ; que les industriels, au lieu de croire qu'il n’exisie pas de produits supérieurs à ceux qu'ils sont habitués à fabriquer, et de vouloir les imposer, s’inspirent des goûts de la clientèle mal gache et imitent les étrangers qui sont arrivés à 4 satisfaire pour les prir qu'elle peut payer. C'est ces conditions seulement qu'ils pourront obteni pour la France une part plus grande dans le coms merce de Madagascareltque,—lorsque cecommercé aura pris une importance en rapport avec la supers ficie du pays, le nombre de ses habitants et le richesses qu'il renferme, —tous les bénéfices résuls lant de l'augmentation n'iront pas à l'étranger. Georges Foucart, Ingénieur des Arts et Manufactures, Secrétaire adjoint de la Société d'Encouragement pour le Commerce français d'Exportation, Ancien chargé de Mission à Madagascar: Hi ÊTE : ARE ; q" # D' LACAZE — PATHOLOGIE DE MADAGASCAR 745 . Cette étude a pour but de fournir quelques indi- cations sur la pathologie de la région traversée dans le trajet de Majunga à Tananarive. Elle porte Spécialement sur la province du Boéni, région qui m'est la mieux connue, et qui, d’ailleurs, par suite de son climat torride et de sa sévère morbidité, omprend la portion vraiment insalubre du trajet . Des trois grandes classes d'affections qui frap- bent les armées en campagne : affections pulustres, dysentériques et typhiques, le premier groupe seul est un facteur important de la morbidité dans “le Boëni. L'endémie palustre y est sévère, mais la -dysenterie assez peu fréquente chez l'indigène et - généralement bénigne et rare chez l'Européen. Les affections typhiques (typhoïdes,typho-malariennes) y sont exceptionnelles. Dans l’Zmérina, Tendémie palustre ‘est bien oins intense ; mais les affections dysentériques y sont assez fréquentes, du moins chez l'indigène, et la fièvre typhoïde y est observée même sous forme épidémique, sans que cette constatation nosogra- phique doive faire perdre de vue la supériorité “incontestable et reconnue de la salubrité de l'Imé- rina considérée en général. I. — OBSERVATIONS DE MORBIDITÉ. Mortalité. — Mon relevé de mortalité porte sur 107 Fi ayant séjourné ex moyenne dans la “région Je an6 5 mois et Fjaur chacun, soit 1 an 55, , 2 EN EN Sen de mortalité de Tran 6.62 % ©: Les causes de ces décès se répartissent ainsi : Affections palustres aiguës ou chroniques... 6 Hépatite : péritonite consécutive. ............ ! Pleuro-pneumonie aiguë (non palustre)...... 1 Tuberculose pulmonaire 2 EST TOO EE 1 1 Le Dr Lacaze, auteur de cet article, vient d'exercer pen- dant trois ans à Madagascar, principalement dans ia région pù évoluent actuellement nos troupes, et fait à l'heure pré- Sente, en qualité de médecin militaire, partie du Corps expé- itionnaire. C'est à ses études, encore inédites, sur la patho- wie de Madagascar que se rapporte le présent résumé. 2 Sur Il décédés, 4 avaient séjourné plus ou moins long- tëmps dans diverses autres colonies (Panama, Guyane, la union, Algérie); 5 présentaient des antécédents ou tares Mpathologiques (alcoolisme, insuflisance mitrale, tuberculose ] ulmonaire, accidents palustres antérieurs à l’arrivée, dysen- ie antérieure). REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. PATHOLOGIE DE MADAGASCAR CONDITIONS SANITAIRES DE MAJUNGA À TANANARIVE HYGIÈNE DU SOLDAT ET ACCLIMATEMENT DU COLON Morbidité. — Pour les indications suivantes, j'ai eu deux éléments d'appréciation, à la fois admi- nistratifs et médicaux : le rapatriement el l'indisponi- bilité au travail. Pour les 107 Européens cités à propos de la mor- talité, 10 ont quitté la colonie pour raison de santé justifiée, soit pour cent et par an (1 an 55 de sé- 10 100 NE IPN NE 07 X155. jour en moyenne chacun), rapatriements. Sur ces 10 rapatriés, 8 présentaient un degré plus ou moins marqué d'unémie puludo-tropicule. Mais celle-ci n'a été la cause exclusive ou princi- pale du rapatriement que dans 4 cas. Dans les six autres cas, la cause à été : EysfiterchrOnIqUe ere Hicére de yambes =. 27.657. 1 ervation ! 1 Tuberculose pulmonaire....... 2 I 1 © Er D Hydarthrose chronique......... Accidents secondaires graves... M'étant servi, pour apprécier la morbidité, de mes cahiers d’exemption et des contrôles de la Direction, je la compte, non en rapportant le nombre de cas au nombre d'individus qui les ont fournis, mais en divisant le nombre de journées de maladie par le nombre d'hommes formant la pépulation observée. Mon relevé, qui s'étend sur ? années, de juin 4892 à juin 1894, porte sur les Européens résidant habi- tuellement à Suberbieville, ou ayant fait un séjour continu d'au moins un mois à Suberbieville. J'ai eu aussi en observation 50 individus ayant fourni une résidence totale de 511 mois el repré- sentant donc _ — 21,2 pendant deux ans. Le nombre de journées de maladie notée a été 1037 An: : NE : - OX X de 1037, soit par Lomme el par an = Ki — 24,4 sujets en séjour continu Journées de malwitie. Les jours de maladie de ce relevé ne compren- nent que les jours ouvrables, dimanche excepté: si l’on complète cette lacune parle calcul, on trouve MENT 14 XX T — 928,1 6 qui correspondraient à 4 journées de maladie par homme et par cr. 100 »£ 28.4 =—— — 1,1indisponi- bilités journalières pour cent. 1 Un seul des rapatriés mort à bref délai de l’aflection pour laquelle il était rentré en France. Les autres sont encore vivants actuellement ou ont été longtemps suivis. 15144 xxx% 746 D' LACAZE — PATHOLOGIE DE MADAGASCAR Relativement à l’âge, les sujets figurant à ce re- levé comprennent : {xthormmes de. 2... 20 à 30 ans 28 D MR LE UE 30 à 40 7] SE A ET 40 à 50 I PE EE ND au-dessus de 50 ans Quant à la profession, il s'agit, en grande partie, d'employés sédentaires, ou n’ayant qu’un travail de direction ou de surveillance (comptables, ingé- nieurs, chefs de travaux, surveillants), exception faile pour les ouvriers d'art [ajusteurs, charpen- tiers), dont la proportion variable n’est guère que du quart de l'effectif observé. Les affections chroniques externes ou inlernes figurent dans la morbidité pour environ 20 °/. Il convient de noter que le rapatriement porte sur- tout sur cette classe d’affections, dont l'apport est ainsi diminué. Parmi les affections non chroniques, les aflec- tions externes légères figurent pour environ 8 °/,: les affections internes légères autres que les affec- lions palustres, pour environ 12°/,; le reste, soit 60 °/,, appartient aux formes diverses de l’impalu- disme aigu et en très grande partie à la forme intermittente. Znmunité. — La période de l’immunité de l'im- migrant à l'égard des affections palustres, — la grande et la seule endémie du Boéni, — est très courte. Je mai rien observé ici qui me rappelâl la description des fièvres dites d'acclimatement. La première manifestalion pathologique présentée par l’immigré est lrès généralement la fièvre in- termittente franche. Je n’ai pas vu d'Européens séjourner ici un an sans en être alleints, très excep- lionnellement l'être après six mois, et la grande majorité, la presque totalité plutôt, sont impalu- dés, je veux dire font leur premier accès dans les trois premiers mois de séjour. Ils ne tardent pas, dès les premiers accès d’intermittente, à présenter un degré variable, mais toujours appréciable, d’ané- mie paludo-tropicale, et à prendre l’Atbilus coloniul. Du troisième au sixième mois, la lransformation est déjà marquée dans la majorilé des cas. À ne tenir compte que des changements physiologiques diminution de l'appétit et de l'aptitude au travail physique et intellectuel, fatigue plus rapide, déco- loration du teint, diminution de l’embonpoint, irrilabilité nerveuse plus grande), c’est du sixième au douzième mois que l'Européen prend définiti- vement le nouvel état qu’il conservera, sauf varia- lions accidentelles, s’il s'astreint à une vie modé- y rée, à une hygiène convenable. Cela s’applique à l’Européen dans les conditions déjà énumérées où je l’ai observé et à l’Européen émigrant pour la première fois et exempt de toute lare pathologique, et j'ai pu noter l'influence fächeuse d'emblée du séjour dans la région che les cardiaques et les tuberculeux, même au débu de leur affection. Il en est de même pour les sujets. impaludés antérieurement, lesquels sont loin de bénéficier d’une prétendue accoutumance. Et indépendamment de l'infériorité où le régime mililaire seul met les troupes comparativement à l'Européen sédentaire et isolé, il faut tenir compte aussi de la composition particulière des troupes coloniales, dont une partie plus ou moins forte de l'effectif a déjà subi les atteintes palustres, Cette question de l’acclimatement perd de son importance à mesure qu'on s'élève dans le haul pays. Et il est d'observation courante, dans la co- lonie européenne de Tananarive, que l’acclimate- ment s’y fait d'emblée avec des modifications phy siologiques peu marquées. IL. — AFFECTIONS PALUDÉENNES. Le paludisme, ai-je dit, est la grande endémie du pays. D'après les chiffres que j'ai déjà cités, la fré- quence des cas.v ressorlissant serait appréciable ainsi : .s ; 6.62 X 6 Pre MOTLUTUE RENE ESA TT — 3.61 Ÿ par an 6.02X 11 RaApalrieMeEnt. 1.0. ie ni 28.4 X 60 ; ' : MON DIQITE EEE nn —17journéesde maladie par honme. etparan,soil4,66°/, d'indisponibilités journalières. Influences éhioloyiques, recrudescences saisonnières. — Parmi les #nfluences lopoyraphiques, je me borne à, signaler : l'existence de nombreux marais, soit per- manents, soit temporaires (saison des pluies), dans les vallées de la région (vallées principales de l'Ikopa el du Betsiboka, vallée du Firingalava, du Mamokomila, du Ménavava, cours inférieur du Nandrona et du Kamoro, plaine ét vallée du Maro- voay), le mélange des eaux douces et des eaux salées à l'embouchure des affluents etsur les berges basses (saison des pluies), dars le cours inférieurs du Betsiboka, jusqu'au-dessus de Marovoay. Parmi les évfluences météorologiques, indépendam- ment de la température, il reste à apprécier l'in fluence de la svison des pluies et des vents dominants, les recrudescences saison-m principalement sur nières. | L'endémie palustre se fait sentir sévèrement toute l’année : les recrudescences météorologiques périodiques existent, mais n'ont pas l'amplitude qu’elles présentent d'ordinaire en pays tropical. A D'une facon générale, on peut dire que la saison des pluies duns son ensemble, d'octobre à avril D' LACAZE — PATHOLOGIE DE MADAGASCAR 741 s'accompagne d’une recrudescence de l’endémie pé udéenne. Elle n’est pas trop forte, et si j'étais obligé de traduire en chiffres l'impression géné- e que m'ont laissée trois hivernages, j'hésiterais eur altribuer : des cas, en plus des cas de la sai- n sèche. Quant à la rémission dans la recrudes- nce hivernale, signalée dans la période de plein ivernage, elle est encore moins marquée. Je tiens d’indigènes très intelligents, vieux rési- lents du pays, la remarque que l'établissement vents du sud et du sud-est (mai) augmente cas de fièvre. Le fait m'a paru exact et peut irnir, à l’occasion, une indication pour l’installa- n des logements temporaires à affecter aux upes. Quant aux influences éliologiques individuelles, iterai simplement la fatigue exagérée, surtout e provenant de l'exercice musculaire en plein eil, l'exposition prolongée, soit à la chaleur du oleil, soit à la chaleur obscure dans des logements nal conditionnés, le refroidissement (pluie), cou- änt d'air (nuit à la belle étoile), les excès de tout genre (travail, alcool, débauche). Ces causes, aales d’ailleurs, n’offrent rien de particulier dans a région, sinon la constance de leur action. Il est inulile d'ajouter que toutes les affections peu graves, surtout les affections douloureuses, ar suite de l’insomnie et de la fatigue qu’elles provoquent, s’accompagnent d'accès palustres. IL est de tradition constante dans le pays que endémie palustre diminue d'intensité à mesure e l'on s'élève vers Tananarive, et le fait est act, tant pour l'Européen que pour l'indigène. ‘Cependant, dans une Note insérée dans l’4n- aire de Madagaseur (1894), le docteur Villette isnale les indigènes du Vonizongo comme forte- ent impaludés, et les résidents anciens de Suber- ieville m'ont souvent parlé d’un détachement de DO soldats venus d'Ankazolé (centre et chef-lieu Vonizongo) à Mévatanana, il y a quelques nnées, et dont beaucoup présentaient des signes Bpaludisme chronique (rate hypertrophiée, ané- iie palustre). J'ai eu occasion de traverser la région inerimi- (région d’Ankazolé). Le pays est nu, de très pauvre végélalion, et son altitude plus élevée, sa émpérature moins haule, sembleraient devoir lui issurer, à l’égard des affections palustres, un avan- &e sensible sur le bas pays. Mais, faule d'obser- alions médicales, je ne puis qu'accepter et relater Kception faite sur ce point. À ormes de l’inloxication paludéenne dans la région. De toutes les formes de l'intoxication palu- éenne aiguë, les fèvres solilaires sont les plus fré- [Muentes, et, parmi les Jièvres bilieuses et gastriques, forment, pour ainsi dire, la totalité des cas, avec prédominance marquée en faveur des fièvres simples. Le type de fièvre simple le plus fréquent est l’i- termittente quotidienne, puis la remittente, et enfin la fièvre intermittente à {ype lierce (rare). Les accès, surtout chez les anciens résidents, se bornent souvent à l'élévalion de température avec courbature ou lassitude générale, sans frisson ini- tial et sans sueurs abondantes. Les fièvres yastro-bilieuses sont surtout caractéri- sées par l’état saburral des premières voies, des vo- missements bilieux plus ou moins abondants, el une teinte ictérique peu marquée. De durée plus longue que l’accès simple, elles laissent pour un certain temps une alonie digestive marquée aux malades, même après retour de la température à la nor- male. Dans la région, je ne les ai vues que rarement accompagnées de l'ictère franc (ictère bronzé, jau- nisse) (six cas européens en trois ans), et, dans ces cas, la durée de la maladie et de la convalescence m'a paru être en rapport avec l'intensité de l'ictère. — Pas de décès. Quant aux fièvres solitaires graves, à forme typhoïde ou adynamique, je les ai observées seule- ment chez l’indigène de race hova; j'ai vu une dou- zaine de cas en trois ans, sous la forme assez nette de remittente typhoïde ou adynamique. Ces formes typho-adynamiques, rares il est vrai, m'ont paru graves et ont fourni : des décès; je n’en ai pas ob- servé chez l’'Europten. Quant aux fièvres comitées, j'ai observé une fois chez un Européen, une fois chez un eréole et quinze fois environ chez l'indigène de race hova, la fièvre comilée ou accès pernicieux, à forme céré- brale, soit comateuse, soit délirante, la forme coma- leuse paraissant un peu moins fréquente ; deux fois chez l’indigène, j'ai observé les comilées alqules sous forme d'avcès syncopal. Ges 20 cas, traités par l'injec- tion hypodermique (solulion à l'acide lartrique, chlorhydro-sulfate en solutionsimple), m'ont donné > décès. Dans ie cas du créole, l'accès pernicieux coïnci- dait avec l’insolation; je ne saurais dire, vu la dif- culté d’avoir un renseignement précis, si cette coïncidence était fréquente dans les cas indigènes. Je n'ai observé ni les accès pernicieux à forme cholérique, ni l'accès pernicieux à forme dysenté- rique. J'ai noté cinq cas de fièvre bilieuse hémoglobi- nurique (alternance des urines claires et rouges, coagulation massive d’albuminurie rougeàälre par la chaleur et l'acide azotique); un cas chez un Européen antérieurement alteint de cette fièvre au Sénégal ; lrois cas chez des créoles venus de là 148 D' LACAZE — PATHOLOGIE DE MADAGASCAR Réunion; un cas chez un indigène de race hova. Chez l’un des créoles, l'accès hémoglobinurique présentait le type tierce. Traitement : quinine, ipéca, infusion de café vert. — Pas de décès. Enfin, j'ai observé chez l’indigène un seul cas mortel de bilieuse hémorrhagique. L'intoxicalion paludéenne chronique se traduit surtout par l'anémie palustre el l'Ayperméyalie splé- nique. L'anémie palustre, souvent en rapport immédiat avec l'accès qui la provoque ou l’aggrave, est, à un degré plus ou moins marqué, constante chez l'im- paludé. Elle m'a paru, dans la région et chez l'Eu- ropéen, se modifier assez facilement sous l'in- fluence des préparations ferrugineuses solubles, du quinquina el de la quinine répétée à faibles doses. L'Aypermégalie splénique, avee sensibilité plus ou moins marquée, est assez fréquente chez l'indi- gène. Le fait tient, sans doute, au petitnombre des Européens, anciens résidents de la colonie; mais je ne l'ai notée, du moins sous forme accen- luée, que rarement chez l'Européen, dans une pro- portion certainement moindre que _ de l'effectif observé. Les cas aigus de fièvres bilieuses s’accompagnent d'une augmentation du volume du foie, avec sensibi- lité douloureuse; mais je n'ai pas noté chez l'Euro- péen l'hypertrophie chronique de cause palustre. Elle n’est pas rare chez l’indigène. Quant aux récidives de fièvre, elles sont surtout sous la dépendance de l'état général. J'ai noté aussi l'influence des affections concomitantes, celle de la tuberculose pulmonaire en particulier. Quant aux /ièvres larvées, j'ai observé assez fré- quemment, chez l’indigène, la névralgie des branches sus et sous-orbilaires, la névralgie intercos- lale; j'ai noté aussi deux fois, chez l'indigène, la coïncidence de l’urticuire avec la fièvre intermit- tente simple. Je n'ai que trois cas de névralgies palustres chez l'Européen (faciale 1, intercostale 2). J'ai assez fréquemment noté, chez l'indigène chroniquement impaludé, les palpilations el l'hyper- trophie du cœur. Chez l'Européen, je n’ai observé que des palpitations sans hypertrophie appréciabie. J'ai aussi observé chez l'Européen les souffles anémiques cardiaques ou carotidiens, et les épistaxis, el ceci avec un degré d'anémie palustre relative- ment peu marqué, eb bien avant la période de cachexie palustre. Le fait est encore plus fréquent chez l'indigène. Mes observations de cuchexie paludéenne chronique chez l'Européen sont rares, le rapatriement étant de règle avant celte période. J'en observé cependant trois cas, dont un terminé par la mort (pneumonie cachectique). ai Quant aux cas de cacherie paludéenne chronique chez l'indigène, depuis la forme confirmée jusqu'aux formes les plus graves, ils sont fréquents dans Ja région el portent exclusivement sur l'indigène de race hova, sur les soldats surtout. Ils présentent leur symptomatologie habiluelle : anémie profonde: épistaxis, suffusions séreuses, hypermégalie splé: nique, accès irréguliers, à forme fruste, fréquents Elle est très souvent aggravée du fait de la syphilis fréquente dans la population indigène, et se ‘com: plique fréquemment aussi de /uberculose pulmonaires qui m'a paru l’aboulissant commun de ces cas, J'ai observé chez l'indigène quelques cas de cacherie aiguë avec hydropisie ou gangrènes locales Dans deux cas, je l'ai observée chez l'Européen! ‘hydropisies sans gangrène); je n'en ai jamais vu un seul Cas pur. Mais, si la cacherie aiguë proprement dite est rar mon impression est que l’anémie palustre et la cachexie palustre sont susceptibles dans la région chez l'Européen, et surtout chez l'Européen anté rieurement surmené el en état de misère physiolos gique, sont susceplibles, dis-je, d'aggravations à marche rapide, et que, dans ce cas, le rapatriement hätif doit être de règle. Parmi les énflammaltions palustres, j'ai noté pat ordre de fréquence chez l'indigène : la congestion pulmonaire et la broncho-pneumonie palust l’hépalite palustre, la péritonite localisée (foie rate), la pneumonie palustre aiguë. La néphrite forme brighlique, avec œdème généralisé et albw minurie, n'est pas très rare, mais la part de l’élé ment palustre est difficile à déterminer. Chez l'Européen j'ai constaté seulementquelque cas de congestion pulmonaire ou de broncho-pnet monie (foyers mobiles de räles fins avec soufliel coïncidant avec des accès de fièvre simple el diss paraissant avec eux, et un seul cas de péritonite localisée (splénique, douleurs à forme névralgiqué frottement pleural perceptible au toucher et l’auscultation). EL d'une facon générale, tant chez l’indigèn® que chez l'Européen, les érflammations pulmonaires: d'apparence palustre, doivent être l’objet d’ur diagnostic différentiel attentif avec les inflam tions pulmonaires spécifiques. Thérapeutique de la malaria dans la région. — EI n'offre rien de spécial, je me bornerai aux rema ques suivantes en ce qui concerne la thérapel tique préventive ou prophylaxie des groupes, sur tout des groupes militaires : Tenir compte, dans la mesure du possible dans les limites que comporte son intensité, # la recrudescence saisonnière de la saison G- D' LACAZE — PATHOLOGIE DE MADAGASCAR 149 É k | pluies; tenir compte, en ce qui concerne les mou- P: Dents, de ne de la fatigue physique, de Ë exposition prolongée au soleil et du refroidisse- | » Autant que possible, écarter les sujets antérieu- ement impaludés ou du moins ayant subi des atteintes marquées : - Dans le même ordre d'idées, écarter tout sujet spect de tuberculose pulmonaire, même latente, d'affection cardiaque, même muette ; En ce qui concerne l'hubitation, préférer les hauteurs ; c’est d’ailleurs la pratique indigène soit pour les sédentaires, soit pour les troupes en vents dominants, surtout dans la saison des vents 5: et S.-E. ; éviter le couchage sur le so! nu. Si l’on admet généralement qu'en pays paludéen, il y a avantage à ne commencer les marches et les ravaux qu'un certäin temps après le lever du Soleil, dans la région du Boéni cet avantage serait conitre-balancé du fait de l'exposition plus longue rait être appliquée dans la région de l'Imérina. | On admet, d'expérience générale, que l'usage des aux courantes de la région, ne demande pas de précautions particulières ; quant à la prophylaxie dividuelle, indépendamment des règles qui dé- oulent de la prophylaxie générale, elle se résume ns l’écart de tout excès, la précaution de ne pas rtir le matin à jeun (café légérement alcoolisé, ec, de préférence, un peu de nourriture solide, pain ou biscuit) et enfin dans l’usage habituel du tin de quinquina et de la guinine préventive. * Mon observation personnelle m'a permis d’en onstater les bons effets, Au début de ma pratique, lje la conscillais à la dose quotidienne de 0,20 à 0,25 centigrammes. Je serais porté à admettre aintenant que cette dose, une fois tous les deux jours, est suffisante, Dans les formes simples le sulfate de quinine, nné à dose de 1 gramme pendant 3 à 4 jours, is à dose journalière de 50 centigrammes, agit ec efficacité. Sauf embarras gastrique ou surcharge bilieuse arquée, la médication évacuante ne parait pas ndispensable. Chez les anciens fébricitants, il est souvent cessaire de porter la dose de quinine à 1 gr. 25 où 1 gr. 50 ; dans ce cas il vaut mieux la frac- onner en deux prises. Je n’ai jamais dépassé la ose de 1 gr. 50, préférant recourir à l'injection hypodermique, pour laquelle le sel guinique le plus ie a pproprié.(facilité, certitude d'action) m'a Di ètre le chlorhydro- sulfate de quinquina, que j'ai ee: à une température élevée. Cette précaution pour-. Dans le traitement lonique del’anémie palustre, j'ai suivi les règles habituelles et n'ai à signaler que les détails suivants : Les préparations solubles de fer m'ont paru franchement efficaces, je me suis surtout servi de tartrate de potasse et de fer. L'extrait mou de quinquina en pilules est une préparation facile, bien tolérée et m'a élé très utile. Enfin, j'ai retiré de bons effets de l’adminis- tration continue de sulfate de quinine à faible dose. ITT. — AFFECTIONS DYSENTÉRIQUES. Sous ce titre, je donne les indications suivantes sur la dysenterie proprement dite et les diverses diarrhées, c'est-à-dire les affections entériques en général. A l'inverse de l’endémie palustre, qui va s’affai- blissant à mesure que l'on monte de la côte vers le haut pays, les affections intestinales augmen- tent de fréquence, mais sans jamais atteindre, même en Imérina, l'importance pathologique des affections palustres, et cette remarque ne doit pas faire perdre de vue la supériorité hautement reconnue de la salubrité du haut pays. D'une façon générale et même en ce qui concerne l’indigène, la dysenterie dans la région du Boéni est relativement rare, grave par exception seule- ment, le plus souvent bénigne. Quant à la dysenterie chez l'Européen, jedirai, pour fixer les idées, qu'en trois ans de pratique aux Mines d'or, je n’en ai observé que quatre cas. Dans ces quatre cas, ils’agissait d'Européens ayant tous subi antérieurement des attaques dysen- tériques dans une autre colonie (Algérie 1, la Réunion 2, Tunisie 1.) et ces quatre cas furent tous bénins. Je n'ai pas encore vu un blanc, arrivé indemne de dysenterie à Suberbieville, en être atteint sur place. Et cette particularité m’a conduit souvent à me demander si les cas observés chez l’indigène ap- partenaient à la dysenterie proprement dite ou ne ressortissaient pas plutôt aux diverses formes de diarrhées dysentériques palustres. IV. — AFFECTIONS TYPHIQUES. La fièvre typhoïde, même sous forme épidé- mique, existe à Tananarive et dans la région voi- sine de l’Imérina. Dans la région et chez l'Européen, je n’ai eu qu'une seule fois l'occasion de poser le diagnostic de fièvre typhoïde, et je l’ai maintenu, quoique le cas soit isolé, à cause de la netteté des symptômes observés, d'autant plus nets qu'il n’y eut pas de complications palustres. Guérison. La difficulté de l'observation journalière chez l'indigène, de l'observation de la température en D: LACAZE — PATHOLOGIE DE MADAGASCAR séries régulières, l'impossibilité des autopsies, ne me permeltent pas d'établir la distinction des castyphiques ou des caspaludéens à forme typhoïde dans les rares observations que j'ai faites. Cependant, j'ai huit cas indigènes de fièvres re- mittentes, rebelles au sulfate de quinine, accom- pagnées d’adynamie marquée et de symptômes plus ou moins nets : gargouillement dans la fosse iliaque, bronchite concomitante, subdelirium, langue et gencive fuligineuses, etc. Durée de 1 à 4 semaines, 2 décès. Ces observations sont évidemment insuffisantes pourpermetltre d'affirmer l'existence, dansie Boéni, des affections typhiques ou typho-malariennes ; mais, jointes à la notion certaine de l’existence de ces affections dans le hautpays, ellesme paraissent devoir attirer l’attention. V. — AUTRES AFFECTIONS DES PAYS CHAUDS. Ce serait entrer dans une distinction purement théorique que de vouloir considérer ici l’anémie tropicale, indépendamment de ce que j'ai déjà dit de l’anémie palustre dans la région du Boéni. En effet, s’il faut faire la part de la température élevée du climatdans une certaine mesure,on peut dire que l’anémie ne progresse etne prend la forme grave, amenant l’invalidité du sujet, qu'autant qu'elle est provoquée et aggravée par des at- leintes répétées de fièvre palustre, dont l'influence pathogénique est de beaucoup prépondérante. J'ai déjà eu occasion de dire que je n’avais pas observé dans la région les fièvres dites climatériques, soit en lant que fièvres saisonnières, soit en tant que fièvres d'acclimatement. Le beri-beri, surlout sous la forme hydropique, existe à Nossi-Bé; il a été noté aussi sur la grande terre (Segard): quoique l’ayant recherché cheztous. les malades présentant des hydropisies ou des pa- ralysies, je n’en ai pas observé de cas indigènes dans la région, aussi est-ce sous toutes réserves que j'ai cru pouvoir diagnostiquer dans deux cas, chez l'Européen, le beri-beri aigu à forme sèche. Quant aux manifestations dites Zlymphateriques (corre), j'en ai observé quelques cas chez des créoles de la Réunion habitant la région (acténo- lymphocèle inguinale 1, éléphantiasis du scro- tum 1, éléphantiasis de jambe au début 1). J'ai observé chez l'indigène quelques acténo-lym- phocèles el quelques cas d'éléphantiasis de jambe peu développés, et où la part d’influences autres (ulcères) était à faire. Quant à l'Européen, je n’ai aucun cas de ces affeclions à noter chez lui. La lèpre, assez fréquente dans la population in- digène de l'Imérina, est rare dans le Boéni, où je n’ai observé que deux cas de lèpre tuberculose chez deux Sakalaves ; chez les indigènes de race hova, j'ai noté un peu plus souvent uneaffection spéciale d'ordinaire localisée à la main et au pied, dont la peau, après une période de desquamation variable prend par plaques l'aspect de la peau du blanc. Cette affection a été considérée comme une variété de pre décolorante. Il est presque inutile que j'ajoute n'avoir observé aucun cas de contagion lépreuse chez l’Européen Quant à l'efhyma où bouton malgache, observé chez l'Européen par Jaillet sur la côte Est, je dois dire que, dans la région du Boéni, l'ecthyma el sa forme plus grave, le rupia, sont communs che l'indigène de sang hova plus ou moins mêlé. Je l'ai constamment vu, pour ne pas dire toujours: coïncider avec la syphilis, et le seul casquej'aiob servé chez l’Européen élait dans les mêmes con ditions spécifiques. : Quant à l'ulcère malgache, Vulcère des membres inférieurs, surtout l’ulcère périmalléolaire, du 4/3 inférieur de la jambe ou du pied, est assez fré= quent dans la population indigène; mais l'in fluence des causes prédisposantes mauvais élat gé néral, syphilis, anémie -palustre, misère physio: logique) ou occasionnelles (régions découvertes traumalismes répétés, malpropreté, lésions lé: gères banales négligées au début) m'a paru suffi sante pour qu’il soit inutile d'attribuer à l’ulcèrt malgache aucun caractère spécial de malignil climatérique ou régionale. J’en ai beaucoup ob servé el traité chez les ouvriers indigènes de mines d'or. Ramené aux conditions d’une plai simple par la cautérisation, quand cela est né: cessaire, et pansé régulièrement, l’ulcère ma gache, même étendu, guérit bien. Il est beaucoul plus rare chez le créole que chez l’indigène et plu encore chez l'Européen que chez le créole. La gale est fréquente dans les basses classes d la populalion indigène, et présente fréquemmen la forme eczémateuse où purulente. Les cas rares ob servés chezl' Européen étaientdes cas de gale simple Une variété d'ecthyma très contagieuse à élé obser vée par le D' Jaillet sur la côte Est. J'ai vu signalé d’une façon générale, dans les pays chauds, la fr quence de diverses variétés d’Aerpès contagieuses. à n’ai pas d'observations régionales de cas analogues? sauf en ce qui concerne l’herpès labial febrile, que] n'ai pas trouvé ici chez l'Européen différer autre ment de l’herpès labial d'Europe. Quant aux Æntozoaires, le ténia existe, parait dans la région de l” Porte J'en ai vu un seul cas chez un Européen, qui rendit ici des cucurbitin pour la première fois; il n'avait que trois mois di résidence, et il est impossible de dire s’il s'agl d'un cas régional ou d’un cas importé. Je n’ai noté chez l'indigène (enfants) que l’asca ride lombricoïde et l'oxyure vermiculaire. D' LACAZE — PATHOLOGIE DE MADAGASCAR 151 Maisje crois devoir faire mention importante d'un cas de kyste hydatique du foie (mort par affection intercurrente. à l'hôpital de Nossi-Bé, autopsie). Il s'agissait d’un cas régional, le sujet habitant le - Boéni depuis son enfance (indigène). Les premiers - symptômes perceplibles (voussure hépatique, dé- “ mangeaisons) remontaient à quinze mois environ - au moment du décès (avril 1894). - Le #lanos a été signalé à Nossi-Bé, à la Réunion - et sur la grande terre. Le D' Jaillet en a observé 8 - à 10 casà Tamalave, dans le courant de 1893. 4 Je n’ai que quatre observations de cowp de cha- - leur chez l'Européen, trois fois par insolation - directe, une fois par chaleur obscure : ce furent quatre cas à forme syncopale, peu grave; le coup - de chaleur est donc peu fréquent, rare même chez l'Européen, malgré l'élévation de la température et l’état habituel de la lumière. Mais il s’agit ici d'Eu- ropéens marchant ou travaillant isolément, dans une tenue dégagée, habitant aussi isolément, et le coup de chaleur est sans doute à prévoir plus fré- quent chez le soldat, marchant en formation plus oumoins dense, soumis à la gène d’une tenue moins libre, de l'équipement et du poids des armes, et ha- bitant en commun. Il faut tenir compte, en outre, . dans cette comparaison, de l’accoutumance réelle, dont bénéficie, à cet égard, l'Européen acclimaté, acclimatation qui manque aux nouveau-venus. Quant aux formes locales de l'insolation, &y- thème léger des parties découvertes, mains, avant-bras, cou, elles sont assez fréquentes et n'offrent, d’ail- leurs, aucune gravité. à : . VI. — AFFECTIONS INTERNES NON SPÉCIALES AUX PAYS CHAUDS. Je. ne donne d'indications que pour celles de ces affeclions offrant quelque intérêt pour mon sujet. Maladies infectieuses communes à l'homme et aur animaux. — La rage canine existe à Madagascar; elle est connue dans la région, et des indigènes m'ont cité un cas de rage humaine (femme mordue par un chien enragé, morte avec des symptômes délirants et convulsifs, trois semaines après la morsure ??). Malgré la faible durée de l’incubation, lecas n'est pas invraisemblable ; mais il est néces- saire de faire quelques réserves, il peut être aussi interprété comme un cas de tétanos. La « tuberculose » est assez fréquente chez les Hovas, sous formes de tuberculose ganglionnaire, osseuse et pulmonaire. Les affections dites « sero- fuleuses » revêtent chez l’indigène une forme et une gravité particulière du fait de leur association presque constante avec la syphilis. La {uberculose pulmonaire, dans sa première et deuxième périodes (ulcérations caverneuses, cachexie tubereuleuse), l m'a paru être à marche rapide, et j'ai presque constamment vu la tuberculose des indigènes com- pliquée et aggravée par des accès palustres. Quant à l'Européen et au créole tuberculeux (six cas), je résumerai mon impression ainsi : Le elimat leur est défavorable, la tuberculose latente se révèle, la tuberculose confirmée s'aggrave. Cette remarque peut fournir une indication pour l'examen el la sé- lection à opérersurles troupes destinées à agir dans la région. Affections infectieuses de l'homme. — Parmi celles-ci, Je placeraïi en tête les « fièvres éruptives ». La vwriole est endémique dans la région. Et si elle n'exerce pas de plus nombreux ravages, c'est que les indigènes poussent etabandonnent danslacam- pagne sans ménagement nihésitation tout individu atteint, aussitôt le mal reconnu. Aussi n'est-ce qu'accidentellement qu’on peut l’observer. Je n'ai vu que des cas de variole diserète ou co- hérente à forme commune (1 cas compliqué de pa- raplégie variolique, guérison complète), mais les indigènes m'ont fail une description exacte de la variole hémorrhagique, qu'ils paraissent connaitre. Antérieurement à mon arrivée, il y a eu un décès par variole dans le personnel créole des mines d'or (vaccination). J'ai observé, chez deuxautres créoles vaccinés, 1 cas de variole discrète (guérison) et un cas de varioloïde (guérison). Je n’en ai pas vu, ni recueilli de cas européen. Parmi les autres fièvres éruptives, la rougeole est assez fréquente à Tananarive. Elle est très rare dans le Boéni, où je n'ai pas encore observé de seurlatine. Une épidémie de grippe a sévi l’année der- nière sur toute l'ile. Elle a frappé toute la région de Tananarive à Majunga. Il m'a été donné de l'observer sur {out ce parcours. Elle m'a paru sévir plus fortement à Tananarive et dans le haut pays que dans le bas pays (du 15 juillet au 15 sep- tembre 1893). Elle a été très générale. J'ai observé chez l’indigène quelques rares cas à forme ner- veuse, la forme thoracique dominant presque exclusivement. C'est celle que j’ai observée chez les Européens, je n'ai pas eu de cas grave. Dans un seul cas, chez un créole tuberculeux, à la deuxième période, la grippe a déterminé une broncho-pneumonie grave, rapidement mortelle. Je n’ai pas observé, dans une pratique de trois ans, un seul cas d’érysipèle chirurgical ou médical. Maladies du tube digestif. — Y'ai observé chez l'Européen la s{omatite catarrhale et la stomatite aptheuse (rares). En outre, le #auguet s’observe chez l'enfant 152 D' LACAZE — PATHOLOGIE DE MADAGASCAR indigène, et j'ai quelques observations chez l’indi- gène el le créole de stomatite ulcéro-membraneuse. Je ne fais, par cette dernière désignation, que tra- duire l'aspect symptomatique de ces cas sans en affirmer la spécificité. L'angine calarrhale aiguë simple s'observe chez l'Européen, mais bien plus rarement qu'en pays tempéré chez l’indigène ; j'ai noté, en outre, l'en- qine (amygdalite) phleymoneuse. L'angine diplhérique est assez fréquente à Tana- narive. Je n'en ai pas observé dans la région, ni non plus aucune autre manifestation dipthérique. Il serait dificile et peut-être oiseux de vouloir distinguer l'embarras gastrique, simple ou fébrile, des embarras gastriques qui précèdent, accompagnent et suivent les accès de fièvre intermittente. Toutes ces formes, dans la région, sont justifiables du même traitement (médication évacuante, et admi- nistration du sulfate de quinine). J'en dirai autant de la dyspepsie chronique (ano- rexie avec dégoût marqué pour la viande, ren- vois, ballonnements indolent ou douloureux de l'estomac, diarrhée lientérique ou non), qui parait toujours être liée étroitement à l’ancienne tropico- paludéenne, ou provoquée par des alteintes ré- pétées coup sur coup de fièvre palustre. Le trai- tement tonique (quinquina ferrugineux, amers), le changement de régime alimentaire et au besoin de résidence, par leurs bons effets habituels, con- firment, je crois, celte appréciation. Maladies de l'appareil respiratoire. — Les indigènes sont assez sujets, en toute saison, mais surtout au commencement de la saison sèche, au coryzt aiquë, qu'on observe aussi chez l'Européen, mais moins accentué et moins fréquent que dans les pays tempérés. Ces remarques s'appliquent aussi à la bronchile aiquè simple, assez fréquente chez l’indigène pen- dant la saison des pluies et pendant la période qui est pour lui le froid de la saison sèche. La /aryn- gite aiguë simple, plus rare, s’observe aussi. J'ai observé, l’année dernière, chez les enfants de la région, une douzaine de cas épidémiques de coque- luche, et j'ai noté chez l'indigène trois cas d'asthme essentiel. Assez fréquemment on note chez l’Européen, au cours des fièvres palustres, des foyers de congestion pulmonaire el même de broncho-pneumonie. Mais, sauf un cas de pleuro-pneumonie aiguë, je n'ai observé les inflammations pulmonaires ou pleu- rétiques franches des climats tempérés. J'ai déjà signalé chez l’'Européen un cas de décès par broncho-pneumonie à la période terminale de la cachexie palustre. J'ai à peine quelques observations de pleurésie à épanchement chez l’indigène, et seulement deux . cas de pneumonie aiguë lobaire {signes stéthosco- piques classiques, crachats rouillés). Maladies de l'appareil circulatoire. — On observe, et non très rarement, chez l'indigène de race hova, l’aortile chronique avec dilatation de la crosse plus ou moins marquée, où anévrisme constitué. On observe aussi chez les Hovas venant de l'Imé- rina, où le rhumatisme articulaire aigu est assez fréquent, l'insuffisance mitrale. Je ne dirai rien. de ces cas, sinon que ces malades, et les mitreux plus que les aortiques, paraissent mal supporter le séjour du pays. Je ne parle, bien entendu, en ce moment, que des cas encore à la période de compensation. J'ai fait la même remarque chez deux Européens ainsi atleints, el qui ont été particulièrement éprouvés par le climat, quoique leur lésion fût en- core complètement compensée.” L'hypertrophie cardiaque simple el les palpitations accompagnées ou non d'hypertrophie s'observent aussi chez l’indigène. J'ai seulement observé des palpitations chez l'Européen. J'ai déjà signalé ces faits à propos des affections palustres. Maladies du rein. — La néphrite aiguë et les di- verses formes du mal de Bright s’observent chez l'indigène. J'en ai observé chez le personnel (1 créole, 1 Européen) 2 cas importés : il est à noter que, malgré la température du climat, ils ont offert les complications pleuro-pulmonaires communes dans les pays lempérés (bronchite, pleurésie séreuse, épanchement faible, bronchite, ædème et congestion des poumons). Maladies de l'appareil locomoteur. — Le rhuma- : tisme articulaire aigu, assez fréquent, parait-il, chez l’indigène à Tananarive, est rare chez l’indi- gène né ou depuis longtemps sédentaire dans les bas pays, el ne se présente que sous forme atténuée. Les divers cas de douleurs musculaires ou arti- culaires auxquelles on accorde facilement la dési- gnation de « rhumatismales » dans les consul- tations un peu hälées, se présentent assez fré- quemment chez l'Européen dans la région. Mais je n'ai réellement rencontré, chez l'Euro- péen, que deux cas où la multiplicité, la morbi- dité et la marche de déterminations articulaires m'aient rappelé, sous une forme très atténuée quant à l'intensité de la douleur et des phéno- mènes généraux, la polyarthrite-rhumatismale aiguë des climats tempérés. Dans l’un des cas je notai, en outre, malgré des phénomènes fébriles et douloureux peu accusés, TT RL RES A EN RE TT AU haie“ 6 : dE. à 7% j L. OLIVIER — CONCLUSION PRATIQUE 1 © ce me-aggravation subite de l’anémie préexistante. | très fréquentes chez l'indigène de la région. Je Ces deux malades avaient, antérieurement à | dois spécifier qu'en ce qui concerne la syphilis, leur arrivée, souffert du rhumatisme aigu (anté- | elle est surtout fréquente chez l'indigène de race cédents nets). s hova plus ou moins pure. Le Sakalave et le Makoa 3 2 jouissent, mais non jusqu’à exemption complète, Maladies vénériennes. — Je donne ces indications | de l’immunité ordinaire des races noires. en prévision des cas où des troupes seraient sta- Indépendamment de la liberté des mœurs, cette lionnées dans des conditions telles que la facilité | fréquence reconnail aussi pour cause l’indiffé- de leurs rapports avec l’indigène peut créer un | rence individuelle relative pour ces affections, la anger de contagion vénérienne. Aussi parlerai-je | promiscuité, les habitudes de la vie commune xclusivement des affections vénériennes chez | indigène {communauté des objets mobiliers et 'indigène. même des vêtements). Les trois classes d'affections vénériennes, — D' Lacaze, ë ee Médecin du Corps expéditionnaire blennorrhagiques, echancrelleuses, syphilitiques, — sont AM TT CT QUE CONCLUSION PRATIQUE LA POLITIQUE FRANCAISE A MADAGASCAR - Les études qu'on vient de lire ! comportent une | l'attention du Parlement et du Pouvoir exécutif. - conclusion pratique : plusieurs enseignements s'en | Nous ne saurions mieux faire que de publier à ce - dégagent pour notre politique coloniale. sujet les conseils du savant le plus autorisé en la « Allons-nous, au lendemain de la conquête, trans- | matière, notre éminent collaborateur M. A. Gran- “porter à Madagascar, comme à un nouveau Port- | didier, qui a consacré sa vie à l'étude et à la des- Breton, cette multitude de colons indigents qui se | cription de la grande ile. laissent si facilement prendre au mirage d'un pa- M. Grandidier fait remarquer tout d'abord qu'il radis lointain et que la misère seule détermine à | convient de ne point confondre le peuple Hova et s'expatrier? Allons-nous peupler l'ile de fonc- | son gouvernement. Ce dernier a indignement violé tionnaires français, de neveux de députés, de sé- | le traité de 1885. C'est à lui seul que nous faisons nateurs et de ministres, réserve et pépinière élec- | la guerre. Quant au peuple, notre devoir est de le lorale que les Sakalaves auraient le plus grand | diriger dans la voie du progrès moral et social : tort de nous envier? Allons-nous imposer nos | nousne voulons pas l’asservir. institutions européennes à des peuplades pliées, depuis une longue suite de générations, à « ILn'est pas douteux », dit l’éminent savant, «que les un tout autre état de civilisation? Allons-nous, Hova ont un fonds de qualités sérieuses rue possè- sou-prétexte de colonisation, grever es nances | D Ps Mag md de que cl qu era con de la France pour restaurer celles des Ménabé el | Guence naturelle et heureuse de notre protectorat, des Mérina? amènera forcément une prompte et profonde transfor- La connaissance que nous commençons à avoir mation dans leur état moral et dans leur caractère, "des races malgaches, une saine appréciation des au pars grand bénéfice et an plus grand contentement d'eux-mêmes et de notre pays. D diverses de leur pays, nous préserve- « Suivant l'heureuse expression de l’un de nos voya- -ront, espérons-le, d'une telle folie. geurs africains les plus méritants et les plus éner- Tout récemment, lorsque notre gouvernement | giques, M. Mizon, la colonisation est une association s'est trouvé entrainé à une expédition militaire où, en échange du sol et du travail que fournit l'indi- Æ - scène, l’homme civilisé apporte son intelligence, sa JOY H vantsui 0 Ë SRE r D nomme de Noysgenrs el “E nt science et ses capitaux. Or, notre association avec les ayant vécu à Madagascar s’est constitué * en Vue | Merina (Hova) sera certainement prospère ; car, intelli- . d'appeler sur ces questions d'importance capitale | gents et désireux de s'élever à notre niveau, ils en comprendront vite tous les avantages dès que le ré- po: Voyez aussi l’article de M. A. Grandidier sur les Hova, gime XARAUE SE les/a Fiçonnés à DESERT, de “ublié dans la Revue générale des Sciences du 30 janvier mensonge et à l’avarice, aura, par notre initiative, fait 1895. place à un gouvernement meilleur, qui garantira 2 Comité de Madagascar, ayant son siège au ne8 de la rue | effectivement la propriété individuelle, qui rétribuera de Tournon à Paris. les fonctions publiques et réprimera les concussions, EL 4 °” = 7154 L. OLIVIER — CONCLUSION PRATIQUE qui, tout en respectant les mœurs et les coutumes, abolira toute corvée autre que celle nécessaire pour l'exécution des routes et des travaux publics, notam- ment la corvée militaire, que remplacera avantageuse- ment le recrutement volontaire. « Cette nouvelle organisation politique, qui sera cer- tainement très appréciée des Mérina (Hova), stimulera leur activité el donnera un grand essor à leur industrie et à leur commerce. Grâce à l’étendue considérable de la région aurifère, qui mesure plus de 100 lieues de long sur 50 lieues de large, et que de nombreuses sociétés viendront exploiter, nous avons confiance que ce pays, aujourd'hui pauvre, s’enrichira, et que sa richesse facilitera et hâtera l’œuvre de civilisation qui a été si bien commencée par les missionnaires et que nous pourrons mener à bonne fin sans avoir à faire appel aux finances de la France. Les mines d’or sont comme le coffre-fort d’où l’on tirera l'argent nécessaire à l'exécution des routes et des chemins de fer, sans lesquels la mise en valeur de cette ile serait impos- sible, à « On pourra alors tenter utilement à Madagascar des entreprises agricoles. Dans la région orientale et dans la région centrale, où le climat est le plus favo- rable à une végétation puissante et où la population est le plus dense, le sol manque, en beaucoup d’en- droits, de certains éléments utiles à la plupart des cultures, notamment de calcaire, et il est indispensable que de bonnes voies de communication permettent lé apport à bon marché des amendements indispensables au succès des plantations et à l'écoulement de leurs produits, Les routes, qu’on pourra faire vite et bien. grâce à la richesse aurifère des provinces centrales de Madagascar, sans qu’il en coûte rien à la métropole, permeltront de mettre promptement en exploitation rémunératrice des terres qui sont actuellement infer- tiles, mais qu'on transformera facilement par un trai- tement approprié. « Il n’est pas toutefois inutile d'insister sur ce que ce n’est point avec des vagabonds et des mendiants qu'on peut coloniser; espérons que le gouvernement n'encouragera pas, au moins au début, l'exode de ces familles misérables, plus riches d'illusions que d’ar- gent et de science, qui ne pourraient que végéter ou même périr de maladie et de besoins. Avant que l'ère de la colonisation individuelle ou familiale ne s’ouvre, il faut que ceux qui, avec raison, voudront utiliser les ressources minières ou agricoles de Madagascar, pos- sèdent les capitaux nécessaires et soient outillés ma- térielMement et scientifiquement pour faire les études préparatoires nécessaires à toute entreprise coloniale en pays neuf et pour attendre patiemment le moment où Ja semence confiée à cette terre encore inconnue produira la moisson prévue. » On ne saurait trop insister sur la sagesse d’un tel conseil, Le Comité de Madagascar, adoptant plei- _bliques, le chemin de Madagascar, si la possibilité nement les vues de M. Grandidier, amis en tête de son Bulletin celte importante déclaration : è 1 à « Le Comité pense qu'il y aurait danger à appeler immédiatement des immigrants sans ressources. e A de très rares exceptions près, ces immigrants ne peuvent lutter contre la main-d'œuvre indigène, tom- bent dans la misère, sont une charge pour la colonie et, par leurs récriminations, jettent sur elle le dis- crédit. Il convient, au contraire, d'encourager les. colons qui sont en situation d'attendre quelques : années les résultats de leurs efforts, Si leurs entreprises réus- sissent, comme il y a lieu de s’y attendre, ils attireront naturellement à eux leurs compatriotes, avec toutes garanties de bien-être et de succès, » Ainsi se produira, sans préjudice pour nos na- tionaux, sans atteinte à nos finances, la mise en valeur des richesses du sol malgache. Si, comme. le veut M. Grandidier et, avec lui, le Comité de Ma- dagascar, À demeure bien entendu que l'ile devra trouver en elle-même les conditions de son déve- loppement économique, « vivre de ses seules ressources el suffire à Lous les besoins de son ad- ministration ! », nul doute qu'elle ne devienne, dans un avenir prochain, une colonie très pros- père. Si ces idées prévalaient, si le public avait cellen confiance que tel ne cessera d’être le principe de notre politique à Madagascar, il est probable que de grandes Compagnies, traitant avec l'État, se formeraient à l'effet d'exploiter les richesses fores- tières de l'ile, d'y faire de la culture, de l'élevage et du commerce. Ces Sociétés rendraïent à l'ile ce service inestimable d'y pratiquer des routes, d° établir des voies ferrées, d’y améliorer la naviga= tion fluviale, d’assainir des régions maréca- geuses; et, en rémunération de ces travaux d'intérêt public exéculés à leurs frais, elles deviendraient proprièlaires où tout au moins conces= sionnaires de territoires déterminés à l’origine du contrat. Les capitaux français prendront volontiers et très utilement pour eux et pour les affaires pu= matérielle d’y fructifier leur est ainsi valablement assurée, Louis Olivier. ! Bulletin du Comilé de Madagascar, Le . n° 1, page mo HO le aitiitté ff ét at v hdi rai à des RTS à di BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 755 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques. Vallier (E.), Chef d'escadron d'Artillerie, Correspondant de l'Institut. — Balistique des nouvelles poudres. — | vol. petit in 8° de 180 pages avec fiqures, de l'En- cyclopédie scientifique des Aide-Mémoire, publiée sous la direction de M. H. Léauté, membre de l’Institut. (Prix : broché, 2 fr. 50 ; cartonné, 3 francs.) Gauthier- Villars et fils et G. Masson, éditeurs. Paris, 1895. La fabrication des armes de guerre et des bouches à feu de gros calibre a pris de nos jours. et notamment en France, un développement considérable; elle cons- lüitue une branche importante de l’industrie métallur- gique et exerce sur ses progrès une influence bienfai- sante dont les arts les plus pacifiques sont les premiers à profiter. Aussi les notions qui président à l'étude des condi- tions d'établissement des bouches à feu ne sont-elles plus l’apanage exclusifdes ingénieurs d'Etat, et voyons- nous les publications industrielles discuter la puissance et le rendement d’une bouche à feu comme les élé- ments d’un moteur thermique quelconque. M. le commandant Vallier s’est proposé de réunir, sous une forme concise, les données théoriques et expérimentales indispensables pour de pareilles re- cherches, et il a indiqué, par le titre de sonouvrage, le point de vue général auquel il s’est placé qui est l’étude de l’adaptation aux bouches à feu des explosifs balistiques à grande puissance, introduits depuis une dizaine d'années dans les armements européens. Les éléments qui interviennent dans le fonctionne- ment d’une bouche à feu sont de deux sortes; les uns définissent l’arme : ce sont le calibre, le volume de la chambre à poudre, la longueur d'âme, le poids du pro- jectile; les autres définissent l’explosif qui sera utilisé dans cette arme : ce sont, le poids de la charge. la force de l’explosif, la durée et la loi de sa combus- tion. Toutes ces variables interviennent simultanément dans la valeur de la vitesse initiale communiquée au projectile et dans la valeur de la pression développée dans la bouche à feu. De la vitesse initiale dépend la puissance de la pièce, de la pression maximum dépend la sécurité de son fonctionnement. Toutes les études de balistique intérieure ont pour but de calculer la valeur de ces deux éléments lorsqu'on connaît le tracé du canon et du projectile et la nature de l’explosif, L'auteur, après avoir résumé dans les premiers chapitres, les principes de thermodynamique et de thermochimie qui régissent le fonctionnement complexe de ces machines ther- miques, établit par une théorie nouvelle les relations fondamentales qui lient la vitesse initiale et la pression maximum aux éléments du tir. Toutefois l’incertitude où nous sommes encore rela- tivement au mode de fonctionnement de certains explosifs ne permet pas d'introduire, dans les formules, les caractéristiques de ce fonctionnement comme des données de la question, et c'est sous forme de cons- tantes déterminées pour chaque explosif particulier par des tirs préalables, dans des armes d’ailleurs quel- conques, que les éléments force, durée et loi de com- bustion sont introduits dans les formules. Il existe donc encore une lacune importante dans ces théories; mais, sous leur forme actuelle, elles sont appelées à rendre d'importants services parce qu’elles permettent de tirer, d'expériences restreintes, des données qui conduisent à la prévision des effets dans les armes les plus diverses. L'ouvrage de M. Vallier se recommande donc d’une facon toute particulière à l'attention des artilleurs el des ingénieurs spécialistes. P. VIEILLE, Ingénieur en Chef des Poudres et Salpêtres. Répétiteur à l'Ecole Polytechnique. Bigourdan (G.), Astronome à l'Observatoire de Paris. — Sur la mesure micrométrique des petites distances angulaires célestes et sur un moyen de perfectionner ce genre de mesures. — 1 bro- chure grand in-8° de 32 pages. Gauthier-Villars et Jils, éditeurs. Paris, 1895. M. Bigourdan, qui a fait une étude approfondie des erreurs qui se produisent dans les mesures d'étoiles doubles, propose, dans son nouvel ouvrage, une mé- thode qui donnera des résultats d’une plus grande pré- cision que celle qui a généralement été employée jus- qu’à présent. Pour déterminer la distance des compo- santes d'un système stellaire, on place chacune d'elles sous un des fils du micromètre et, dit M. Bigourdan, si l'étoile est faible, elle est cachée complètement par le fil: si elle est brillante, sa lumière mord le til de chaque côté, et peut même le faire disparaître complè- tement. Comme les difficultés de mesure s’atténuent quand le diamètre des fils devient plus faible, l’auteur propose de les supprimer complètement et de les rem- placer par des pointes très fines, constituant dans le plan du micromètre un véritable compas à verges. M. Bigourdan donne le moyen d'obtenir des pointes convenables et de les fixer dans le micromètre; il s’est servi de pointes en verre dont la construction est très simple, leur diamètre à l'extrémité n'est que de 6 mil- lièmes de millimètre, c’est-à-dire inférieur à l’épais- seur des fils ordinairement employés dans les mesures d’étoiles doubles. L'auteur, qui a expérimenté son pro- cédé pendant plus d’un an, cite de nombreux exemples qui montrent tout l'avantage de l’emploi des pointes pour la mesure des distances des composantes des étoiles binaires, au moins lorsqu'il s’agit de couples serrés; quand la distance angulaire des étoiles dépasse 3" ou 4", la nouvelle méthode, qui consiste à déplacer les pointes, l’une par rapport à l’autre, au moyen de la vis micrométrique, jusqu'à ce que les étoiles semblent se trouver sur leur prolongement, n’est, en général, as plus avantageuse que l’ancienne. M. Bigourdan a également recherché le meilleur pro- cédé pour la mesure des petits diamètres, tels que ceux des satellites de Jupiter. L'auteur, après avoir discuté les diverses méthodes employées (fils simples, fils doubles, micromètres à double image, etc.), donne les résultats que lui à donnés l’usage des pointes pour les mesures des quatre gros satellites de Jupiter, dans di- verses conditions d’éclairement; la faiblesse des écarts de chaque valeur individuelle avec la moyenne montre que la méthode de mesure préconisée par M. Bigour- dan est susceptible de donner des résultats d'une grande précision. Enfin, quelques essais, faits en vue de mesurer les petits détails qui se présentent à la surface des pla- nètes, ont montré que la précision est plus grande el l'observation plus aisée lorsque l’on fait usage de pointes. On pourrait peut-être se servir avantageuse- ment de cette méthode pour déterminer la largeur des divers anneaux de Saturne et les dimensions des dé- tails que l’on apercoit à leur surface. Il ne nous semble pas douteux que les résultats ob- tenus par l’auteur ne décident les astronomes à se ser- vir de ce nouveau procédé pour toutes les mesures de petites distances angulaires célestes. P, STROOBANT, "PAS ON 156 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 2° Sciences physiques. Hinrichs (Gust.-D.), Professeur de Chimie à l'Ecole de Pharmacie de Saint-Louis (Etats-Unis). — The Ele- ments of Atom-Mechanices; 1% vol. : The true atomic Weights of the chemical Elements and the Unity of Matter. — 1 vol. in-8° de 260 p. avec planches et diagrammes. (Prix : 45 francs.) C.-G. Hin- richs, éditeur, à Saint-Louis, et B. Westermann, à New- York, H. Le Soudier, 174, boulevard Saint-Germain, Paris, 1895. Depuis environ deux ans, M. Hinrichs a publié, dans les Comptes rendus de l'Académie des Sciences, de nombreuses notes relatives, pour la plupart, à la déter- mination des poids atomiques; le volume qu’il vient de faire paraître est en grande partie le développement de ces notes. M. Hinrichs se propose de démontrer que l’hypo- thèse de Prout n’est nullement contredite par les déterminations de poids atomiques, c'est-à-dire que ces poids atomiques sont tous des multiples exacts de la moitié de celui de l'hydrogène. C’est la concep- tion qui avait été proposée par Dumas et que l’on a généralement regardée comme une simple approxima- tion après les recherches de Stas. M. Hinrichs ne con- teste pas l'exactitude des analyses de Stas, mais il pro- teste contre le peu de cas que l’on fait des résultats d'autres expérimentateurs habiles tels que Dumas, Marignac, etc. Pour lui, les analyses de ces divers savants ont la même valeur, et il considère que les écarts qu'elles présentent proviennent de ce qu’elles ont été faites dans des conditions différentes, notam- ment avec des poids très différents de matière; le poids atomique trouvé varierait donc d’une facon régu- lière avec la quantité de substance employée à la détermination. Cette remarque qui n'avait jamais été faite est certainement logique; il est naturel d'admettre que, dans un dosage, les conditions de solubilité, de volatilité, interviennent plus ou moins suivant que l’on opère sur des masses plus ou moins grandes. M. Hin- richs représente graphiquement cetle variation du poids atomique trouvé en fonction du poids de subs- tance employé, et trouve que les points correspondant aux diverses expériences se placent sur une courbe de forme parabolique. Cette courbe donne, par extrapola- tion graphique, le poids atomique correspondant à une opération idéale, portant sur une quantité de matière nulle; c’est ce que M. Hinrichs appelle le poids ato- mique vrai déterminé par la méthode limite. Or, les poids atomiques vrais, ainsi déterminés d’après les résultats des principaux analystes, se trouvent être des multiples exacts de la moitié du poids atomique de l'hydrogène. Les idées de M. Hinrichs soulèvent bien quelques objections, mais elles nous semblent mériter une dis- cussion approfondie ; la remarque relative à l'influence des quantités de substance employée dans les analyses peut avoir une grande importance pour la chimie de precision, Voici, comme exemple, un tableau résumant les re- cherches de Stas sur la synthèse du nitrate d'argent. La colonne I contient le poids d'argent employé, et la Fa Il la valeur du poids atomique trouvé pour ‘azote : Le livre de M, Hinrichs contient en outre une étude historique et critique des différentes recherches rela- lives aux poids atomiques; étude dans laquelle l'au- teur exprime ses opinions avec beaucoup d'énergie et de franchise, Ses grandes admirations sont pour Berzé- lius et Dumas, quoiqu'il accuse celui-ci d’avoir « plié le genou devant Baal » en usant du « consommé Pe- louze ». (Cela signifie faire un dosage au moyen d'une liqueur titrée d'argent.) Il regarde Stas comme un manipulateur très habile qui a mal interprété ses résultats et s'est fait, vis-à-vis des chimistes peu ver- sés dans les mathématiques, une réputation de ma- thématicien en appliquant la méthode des moindres carrés à sept ou huit nombres déterminés dans des condilions différentes; mais M. Hinrichs est surtout plein de mépris pour l'école allemande, pour ces chi- mistes qui sont devenus si exclusivement « chloru- rants » (chlorinating), qu'ils semblent avoir perdu la faculté de raisonner, Quoique ces formes de discussion soient peu en usage dans le monde scientifique, ou peut-être à cause de cela, le livre est intéressant; il contient pas mal de digressions, mais il renferme une idée, Cela vaut bien la fameuse pièce dans laquelle il y avait un beau vers. G. CHARPY, Fayollat (J.). — Recherches sur quelques dérivés tartriques de structure dissymétrique. (Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Genève.) — 1 brochure in-8° de 60 pages. Imprimerie Dubois, Ge- nève, 1895. On se rappelle le travail de M. Freundler sur les éthers tartriques substitués, dont la Revue a donné ré- cemmentun résumé succinct : l’auteur s’y était attaché surtout à l'étude des dérivés symétriques dont le dia- cétyltartrate d’éthyle offre l'exemple le plus simple. M. Fayollat a voulu compléter ce travail en y joignant les données relatives aux éthers monosubstitués ou bisubstitués dissymétriques de la forme : CO?R — CH (OA) — CH (OH) — COR et CO2R — CH (OA) — CH (OB) — CO?R, si l’on désigne par A et B deux radicaux acides diffé- rents, ainsi qu'à quelques sels, alcalins ou alcalino- terreux, de l'acide éthyltartrique. La préparation de ces corps est en général difficile, et, dans beaucoup de cas, leur purification est impos- sible. Il en résulte que les données polarimétriques relatives aux dérivés en question ne peuvent qu'être approximatives, et M. Fayollat insiste plus sur la partie pratique de son travail que sur les conclusions théo- riques qui en découlent, Les pouvoirs rotatoires des éthers tartriques monosubstitués sont intermédiaires entre ceux des mêmes éthers purs et bisubstitués, tout en se rapprochant davantage des premiers ; il en est de même pour les pouvoirs rotatoires des éthers tar- triques bisubstitués à deux radicaux différents, qui sont toujours compris entre les pouvoirs rolatoires des dérivés bisubstitués symétriques correspondant aux deux radicaux mis en œuvre, L. MAQUENNE. Gascard (Albert). — Contribution à l'étude des gommes laques des Indes et de Madagascar. — Un vol. in-8° de 125 p. avec 1 planche. Société d’édi- tions scientifiques, 4, rue Saint-Antoine, Paris, 1895. La chimie des gommes laques était peu avancée jus- qu'à ces dernières années; elle est demeurée station- naire de 1830 à 1886, époque où M. Gascard l’a reprise. Le faitle plus important qui ressorte du présent tra- vail, c’est la présence, dans la gomme laque, d'un prin- cipe cristallisé, ayant les propriétés physiques des. cires, mais formé d’un acide azoté susceptible d’être éthérifié par l'alcool myricique; il démontre que l'in- secte intervient activement dans la production de la cire; le rôle de la cire est de protéger les stigmates de l'insecte contre l’envahissement de la résine et d'assu- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 757 . rer l'accès de l'air aux organes respiratoires; l'alcool myricique estidentique à lui-même quelle que soit son origine, la cire d’abeilles est donc la même que la cire de gomme laque. _ M. Gascard étudie aussi une nouvelle gomme laque originaire de Madagascar. Signalée en 1661, par Fla- court, sous le nom de Lilin Bitsie, cette substance est - restée inconnue depuis. Comme la gomme laque des Indes, elle renferme une cire azotée relativement abon- . dante, dont l’étude n’a pu être poussée aussi loin qu’on pourrait le désirer, à cause de la rareté du produit, - Les échantillons étudiés ont pour support les rameaux . d’une Lauracée, … Le professeur Targioni-Tozzetti, de Florence, rapporte _ Ja Coccidée qui produit la laque de Madagascar à un - nouveau genre Gascardia, voisin des Curteria, de la tribu des Lecanidées. F. Janix, Professeur agrégé à l'Ecole supérieure de Pharmacie de Montpellier. - Haller (A.), Correspondant de l'Académie des Sciences, Directeur de l'Institut chimique de Nancy. — L’Indus- trie chimique. — 1 vol.in-8° de 350 puges avec figures de l'Encyclopédie de Chimie industrielle. (Prix, car- tonné : 6 francs.) J.-B. Baüllère et fils, éditeurs. Paris, 1895. - x M. Haller a reproduit dans ce livre son Rapport sur Pndustrie chimique à l'Exposition de Chicago, dont notre éminent coilaborateur M. H. Moissan a rendu compte ici-même!; l'auteur y a ajouté d'importants docu- ments acquis depuis l'apparition de ce Rapport et rela- » tifs aux récents progrès des industries chimiques, prin- . cipalement à l'étranger. Cet ouvrage est actuellement le plus complet qui existe sur la matière. Il rappelle, dans chaque chapitre, les faits d’ordre scientifique les plus récemment acquis qui servent de base à l'industrie décrite. Et, d'autre part, les dispositions typographiques adoptées permet- tent de consulter la partie technique du manuel avec la même facilité qu’un dictionnaire. - Si nous ne nous étendons pas davantage sur ce livre, c’est que le Rapport qui en constitue la partie fonda- mentale a été analysé dans la Revue et est actuelle- ment dans les mains de tous les fabricants de produits chimiques. E. 0: 3° Sciences naturelles. Faurot (L.), Docteur en Médecine. —Etudes sur l'ana- tomie, l’histologie et le développement des Ac- tinies.(l'hèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris.) — Un volume in-8° de 220 pages, avec 29 fi- gures et 42 planches hors texte. Archives de Zoologie ex- périmentale, 3° série, vol, IIL. np. À. Hennuyer, T, rue Darcet, Paris, 1895. L'auteur s’est proposé de faire des recherches com- paratives sur l’anatomie et le développement des Ac- tinies fixées (Teulia, Sagartiadées et Zoanthides) et des Actinies pivotantes, c’est-à-dire celles qui ne sont pas fixées au sol par une base aplatie (Édwarsies, Cé- rianthe). Il étudie successivement une douzaine de enres d’Actinies, surtout des pivotantes, pour chacun esquelsil indiqueavec minutie les caractères extérieurs de forme et de couleurs, le nombre et la disposition relative des tentacules et des cloisons, considérés chez l'adulte et les jeunes individus, Ces monographies sont précédées d’un chapitre plus général sur l'anatomie, ’histologie et le développement des espèces étudiées. Je me bornerai à signaler les résultats nouveaux ou . d’un intérêt général; au point de vue histologique, Faurot s'occupe surtout de la structure du mésoderme ; il est formé de membranes superposées, composées elles-mêmes de fines fibrilles; bien qu'il n’y ait rien là qui puisse être comparé à du muscle, Faurof ne peut 1 Voyez la Revue du 15 novembre 1894, page 829. croire que ce mésoderme soit inerte, et admet que c'est grâce à sa contractilité que les Actinies peuvent mo- difier leur forme et se déplacer. A la base des cellules ectodermiques du Cérianthe, il observe de petits sphé- rules brun foncé qui seraient destinés à se transformer en némalocystes, sans qu'aucune cellule épithéliale ne les accompagne dans leur transformation. Les aconties, longs filaments attachés aux cloisons des Sagartiadées, et capables d’être rejetés au dehors par la bouche ou des pores spéciaux, ont surtout pour but d'augmenter la surface digestive des cloisons et ne sont pas utilisés uniquement comme arme défensive. Au point de vue anatomique, les cloisons sont dé- crites quant à leur nombre.et à leur. développement avec beaucoup de détails. Chez les jeunes individus, il y a d’abord 8 cloisons (stade 8), puis # autres (stade 12), qui présentent ce caractère commun d’ap- paraitre par couples, c’est-à-dire une à droite et une à gauche de l’animal, symétriquement par rapport au plan médian, Ensuite, il se forme un nombre variable d’autres cloisons, mais apparaissant toujours par paires, c'est-à-dire deux à côté l'une de l’autre, sauf probablement chez le Cérianthe. On avait cru jusqu'à présent que le stade 8 du développement des Actinies se conservait sans modification chez l'Edwarsia adulte; ce n'est pas tout à fait exact; il y a bien, en effet, 8 grandes cloisons munies d'organes génitaux, mais elles sont accompagnées par de très petites cloisons stériles, 8 ou même 12, remarquablement rudimen- taires chez l’'Edwarsia Adenensis. Les Cérianthes présentent des caractères tellement spéciaux qu'il convient de les isoler des autres Actinies poar en former un groupe spécial : existence de deux couronnes de tentacules, l’une buccale, l'autre margi- nale: disposition spéciale des cloisons, arrangées par groupes de 4 de taille différente et alternant régulière- ment, les? plus grandes possédant des organes génitaux, les 2 plus petites restant stériles; enfin les cloisons ne présentent pas les muscles longitudinaux saïllants des autres Actinies. Il est probable que l’Actinie nageante, appelée Arachnactis brachiolata, west qu'un jeune Cé- rianthe. A signaler aussi quelques observations biologiques intéressantes : les Actinies pivotantes sont capables de ramper lentement sur le sol par des mouvements de reptation, la bouche restant en arrière; quelques-unes, comme Peachia, Halcampa et Ilyanthus, peuvent même s’enfoncer verticalement dans le sable ou la vase. Toutes ces Actinies et les Cérianthes sécrètent soit du mucus, soit une gaine plus ou moins épaisse, qui pro- tège leur colonne. - On sait que quelques Actinies vivent fixées à de- meure sur Les coquilles habitées par certains Pagures ; c’estun simple commensalisme pour la Sagartiu parasi- tica et les Pagures, une véritable symbiose pour Adamisia palliata et le Pagurus Prideauxi. Faurot a observé dans les deux cas qu’un Pagure, lorsqu'il a été séparé de ses Actinies, quitte son gite pour une autre coquille pourvue de ces animaux; il sait même arra- cher les Actinies fixées qu'il rencontre par hasard, en les malaxant entre ses pinces et ses pattes marcheuses ; lorsque l’Actinie est détachée, le Pagure l’enserre entre ses pattes et sa coquille, jusqu’à ce que le disque pé- dieux se soit fixé sur sa demeure. Tandis que la Sagartia peut vivre isolée, l'Adamsia ne peut subsister qu’associée à son Pagure; lorsqu'on l’en sépare, elle meurt infail- liblement dans le courant du deuxième ou du troisième mois qui suit; on sait, d’ailleurs, qu’elle est déformée- d’une manière toute spécigle, de facon à épouser com- plètement le contour de-la coquille habitée par son symbiote. L. CuÉNor. De Laplanche (M. C.), de la Société Mycologique de France. — Dictionnaire iconographique des Cham- pignons supérieurs d'Europe, Algérie et Tunisie. — 1 vol. in-12 de 540 pages. Paul Klinsieck, éditeur. 52, rue des Ecoles. Paris. 1895. 4° Sciences médicales. Élatau (D: Edward). — Atlas du cerveau hu- main et du trajet des fibres nerveuses, à l'usage des Médecins et Etudiants en Médecine, avec une Préface | le P' Mendel, 29 — A vol, gr. in-4 avec francs.) Paris, Georges Carré ; de M. 10 planches. (Prix : Berlin, S. Karger. 1894, Cet Atlas comprend sept planches de photographies de la surface et des coupés du cerveau humain, frais, non modifié par les liquides conservateurs, dont les détails et les dimensions représentent par conséquent le plus fidèlement la nature. Nous nous associons aux éloges que le Pr Mendel, dans le laboratoire duquel ces planches ont été faites, accorde en la Préface au travail de E. Flatau. On possédait déjà, en France comme en Allemagne, d'aussi magnifiques Atlas du cerveau humain. Le grand mérite de l’œuvre de Kla- tau, c’est qu’il s’y trouve un fort bon chapitre sur le trajet des fibres nerveuses dans le névraxe tout entier. L'anatomie macroscopique n’a guère fait de progrès depuis longtemps ; au contraire, l'anatomie comparée, la physiologie expérimentale, ef, par-dessus tout, la - découverte des méthodes de coloration des éléments du système nerveux, de Golgi et d'Ebrlich, ont renou- velé, on le sait, toutes nos connaissances sur la struc- ture et sur les connexions de ces éléments, les neu- rones. Le Tableau schématique qui rend sensible le trajet des fibres nerveuses, des voies sensilives, Senso- rielles et motrices, du système nerveux central, sera d'un grand secours pour ceux qui abordent cette vaste mer, la théorie des neurones, où tant d’iles el d'archipels merveilleux surgissent chaque jour de l'inconnu, L'étudiant, qui ne connait l'anatomie line que par les manuels classiques, où l'histologie du sys- ième nerveux est encore traitée à la manière de la paléontologie, se convaincra, en ouvrant ce livre, que la science est vraiment conquérante, qu'elle a décou- vert un monde nouveau de formes et de rapports, d'où est sortie une interprétation nouvelle des phénomènes les plus élevés de la vie, et que, pour la première fois, l'étude scientifique de la structure et des fonctions du cerveau et de la moelle épinière est devenue possible. Ce chapitre préliminaire, assez étendu, sur les voies nerveuses du névraxe, en général très exact et très informé, comme il convient, renferme en outre quelques vues ingénieuses et fines semées au cours de l'exposition. C’est ainsi, par exemple, que l’auteur si- unale, dans les cellules des noyaux grêle et cunéiforme, l'analogue des cellules des cordons de la moelle épi- uière : les unes et les autres, en effet, recoivent des excitatious que, de la périphérie, leur transmettent les fibres des faisceaux postérieurs, en d’autres termes, la voie sensilive de premier ordre. Tout ce qui à trait à la constitution du faisceau sensitif, au ruban de Reil cortical médian, est fort bien concu et suflisamment exact. La description des voies nerveuses de chacun des nerfs cräniens est devenue presque lumineuse à force de rigueur et 4# méthode. Le cervelet n'est pas moins bien étudié que le cerveau et la moelle, tou- jours quant au trajet des fibres nerveuses, Que lau- leur me permette pourtant d'appeler son attention sur le paragraphe consacré au trajet des fibres des nerfs acoustiques. Quoiqu'il connaisse fort bien les (ravaux de Flechsig, de Held et de Sala sur ce sujet (pourquoi n'avoir point même nommé Forel ?), iln'a point réussi, dans son texte surtout, à éclairer cette obscure pro- vince de Ja science, comme il a fait les territoires du nerf optique et du nerf olfactif. Jules Soury. Klartelius (T. J.), Professeur à l'Institut central de Gymnastique de Stockholm. — Traitement des mala- dies par la Gymnastique suédoise. — Traduction française par M. Æ. Fick et le D' €. Vuillemin. — 1 vol. in 8° de 360 pages avec 100 fig. (Priæ : 6 fr.) Société d'Editions scientifiques, 4, rue Antoine-Dubois. Paris, 1895. BIBLIOGRAPHIE — | ANALYSES ET INDEX Moussous (A.), Professeur agrégé à la Facullé de Médecine de Bordeaux. — Maladies congénitales du cœur. — 1 vol. petit in-8° de 240 pages, de l’'Encyclo- pédie scientifique des Aide-Mémoire, dirigée par M. H. Léauté, de l'Institut (Prix :broché, 2 fr. 50; cartonné, 3 fr.) Gauthier-Villars et fils et G. Masson, éditeurs. Paris, 1895. Il est souvent malaisé de préciser le point de départ et la cause réelle d’une affection cardiaque. Ces der- : nières années, on s’est préoccupé à juste raison des malformations congénitales du cœur. Certaines d’entre elles se manifestent par des signes spéciaux ; d’autres, par des symptômes exactement semblables à ceux que produisent les cardiopathies acquises. Aussi la diffé- renciation, le diagnostic rétrospectif de la cause sont-ils souvent difliciles à établir, M. Moussous a eu le mérite dans le présent volume de retenir l'attention sur les maladies congénitales du cœur, qui forment actuelle- ment une des parties les plus intéressantes de la pa- thologie cardiaque. Au début, M. Moussous expose les notions d'embryo- logie cardio-vasculaire nécessaires pour la compré- hension des affections congénitales du cœur, L’anato- mie des lésions prend une grande part de l’ouvrage, Citons aussi le chapitre destiné aux théories patho- géniques dont les principales sont la théorie de l'endo- cardite fætale et celle des arrêts de développement. M. Moussous tend à admettre que l’endocardite est secondaire à la malformation, que celle-ci même « est un appel à l’endocardite ». L'auteur passe ensuite à l’'étiologie et à l'étude symptomatique et clinique des diverses malformations cardiaques. Dr A. LÉTIENNE. Lortet, Doyen de la Faculté de Médecine de Lyon, et Vialleton, Professeur agrégé à la Faculté de Méde- cine de Lyon. — Etude sur le Bilharzia hæmato- bia et la Bilharziose. — { vol. in-8° de 120 pages avec S fig. et 8 planches hors texte, extrait des An- nales de l’Université de Lyon. (Prix : 10 francs.) G. Masson, éditeur. Paris, 1895. La maladie due à la présence, dans la veine porte et ses branches, des intéressants Trématodes appelés Bil- harzia, du nom de celui qui les a découverts en Egypte, a déjà été étudiée par plusieurs savants. Le livre de M. Leuckar : « Die Parasiten des Mens- chen » en contient une excellente description due aux travaux de M. Loos à Alexandrie. .MM. Lortet et Vialleton reprennent et confirment les résultats des savants antérieurs; leur ouvrage cons- titue une excellente monographie accompagnée de très belles planches. Les auteurs ont vainement essayé, par de nombreuses expériences, de se rendre compte du, mode d’infec- tion et des migrations du parasite; celte intéressante question reste donc encore pendante. 5° Sciences diverses. Beauregard (Henri), Assistant dé lu Chaire d'Ana- tomie compurée au Muséum. — Nos Bêtes. Animaux utiles et nuisibles. — Ouvrage paraissant en livrai- sons les 5 et 20 de chaque inois. Chaque livraison conte- nant 8 pages de texte et une planche en couleurs, est vendue séparément 90 centimes. A. Colin, éditeur. 5, rue de Mézières, Paris, 1895. ; Dans la 9e livraison, qui vient de paraitre, commence l'étude des Insectes, el en particulier des insectes utiles à l'agriculture. Ce sont ceux dont le régime est car- nassier : ils détruisent, en effet, beaucoup d’espèces , nuisibles, À ce groupe appartiennent un grand nombre de Coléoptères : le staphylin, le dytique, £enre aqua= tique ainsi que le gyrin ou lourniquet, les carabes, la cicindèle, les bombardiers, les lampyres où vers luisants et les coccinelles ou bêtes à bon Dieu. Parmi les Ortho- ptères, la mante religieuse estlobjet d’une note spéciale. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 159 ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS À Séance du 8 Juillet 1895. - M. Cohn est nommé Correspondant dans la Section de Botanique, en remplacement de feu M. de Saporta. 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Paul Painlevé dé- montre, dans le cas des liaisons simples assujettissant les solides, que lorsqu'on applique les lois ordinaires du frottement de glissement à l'étude du mouvement d’un système quelconque, on arrive à un résultat singulier : dès que le frottement devient un peu considérable, pour certaines conditions initiales les équations du mouve- ent définissent plusieurs mouvements possibles, au lieu qu’elles sont incompatibles pour les autres condi- tionsinitiales. Des singularités analogues se présentent quand on introduit, avec le frottement de glissement, le frottement de roulement et de pivotement. Les lois empiriques du frottement sontdonc logiquement inad- “missibles (même pour des vitesses et des pressions ordinaires), dès que le frottement devient assez notable. Il y aurait intérêtà en reprendre l'étude au point de vue expérimental, — M. J, Boussinesq ex- - plique la façon dont se régularise au loin, en s’y rédui: - sant à une houle simple, toute agitation confuse, mais 3 périodique des flots. La houle fondamentale jouit, com- -parée à ses harmoniques, d’une longévité qui lui assure sur elles une survivance presque infinie, Les calculs supposent seulement que les vagues sont assez peu aiguës à leur sommet ou d’une hauteur assez faible “comparativement à leur longueur. — M. Sarran lit “un rapport sur un mémoire de Félix Lucas intitulé : …Ltude théorique sur l'élasticité des métaux. La théorie “indique qu'une lame étirée, ramenée au repos avec allongement permanent, conserve non seulement’ sa densité, mais aussi son coefficient d'élasticité primi- ifs ; l'expérience vérifie cette conclusion, En outre, de ès grandes, déformations n’altèrent pas sensiblement a densité et l’élasticité des métaux. -29 SCIENCES PHYSIQUES, — MM. Lœwy et Puiseux in- Sistentsur la valeur des clichés de la Lune amplifiés pour embrasser d’un coup d’œil des régions étendues et constater un certain nombre de faits difficiles à recon- maitre sur les épreuves originales. Lesaccidents super- liciels de la Lune comparés à ceux de la Terre pré- entent une moins grande variété de types : la forme circulaire y estconstamment prédominante, tandis qu'à côté d'elles paraissent, en nombre relativement faible, de traits rectilignes, vallées, sillons ou traînées. En reconstituant l’histoire de notre satellite, MM. Læwy et Puiseux parviennent à donner une explication de cet état de choses particulier à la Lune. — M. Alexis de bisme moyen à la surface du globe se réduit à une formule simple : c’est celle que donnerait un aimant Situé au ceutre de la Terre dont l'axe coinciderait avec laxe de rotation du globe et dont la valeur H, serait …ésale à 0,328 dynes. Les valeurs observées s'accordent alors parfaitement avec les valeurs calculées. — : LecoqdeBoisbaudran établit que lescorps, comme le chlorhydrate d'ammoniaque, qui éprouvent une ilatation quand on les dissout dans l’eau à la tempé- …rature ordinaire, ne doivent pas être considérés comme “présentantune anomalie, mais doivent simplement être rangés à l'extrémité supérieure d'une série continue dont l'extrémité inférieure serait occupée par les sels “donnant les plus grandes contractions. Les change- “ments de volume accompagnant les dissolutions dépen- “lraient surtout : 1° de la dilatation qui résulterait de là fusion du sel sans décomposition et à la tempéra- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ture de l'expérience; 2° de la contraction provenant de la combinaison du sel avec le dissolvant, combinai- son de plus en plus avancée à mesure qu’on dilue da- vantage ou qu’on abaisse la température, — M. Pallas adresse un travail intitulé : Surpression dans les mines de houille. — M. P. Villard expose un ensemble d’ex- périences sur les effets de mirage et les différences de densité qu’on observe dans les tubes de Natterer. L'auteur conclut que tous les phénomènes observés s'expliquent facilement par les différences de tempéra- ture qui se manifestent au moment du passage de l’état liquide à l’état gazeux, sans recourir aux nom- breuses hypothèses faites à ce sujet. — M. R. Swynge- dauw déduit d'expériences faites sur les potentiels ex- plosifs statique et dynamique la conclusion suivante : Si les potentiels explosifs de deux excilateurs différents sont égaux dans la charge statique, ils restent égaux dans la charge dynamique. Ce résultat indépendant de la différence de forme des excitateurs rend probable le principe généralement admis que le potentiel explosif dynamique d’un excitateur est égal à son potentiel ex- plosif statique. L'auteur a reconnu que la lumière ultra- violette abaisse les potentiels explosifs dynamiques dans des proportions beaucoup plus grandes que les po- tentiels explosifs statiques. — M. E. Grimaux a étudié l’action du chlorure du zinc sur la résorcine seule; il se forme environ 1 °/, d’ombelliférone ou methoxycoumarine C?H60% qui présente une fluores- cence bleue dans les solutions aqueuses froides et surtout dans les solutions alcalines, et un autre com- posé C#H 1805 qui résulte de l'union de quatre molé- cules de résorcine avec élimination de trois molécules d’eau, mais ne paraît pas rendre naissance par perte d’eau aux dépens des groupes OH de la résorcine. .— MM. À. Haller et A. Guyot ont étudié la diphenyl: anthrone C#H$0, l’un des produits de la réaction du dichlorure d’orthophtalyle sur le benzène. La consti- tution de ce corps une fois établie, on doit attribuer au tétrachlorure de phtalyle, fondant à 889, le schéma sui- vant qui en fait une molécule dissymétrique : el \coci et qu'entin le dichlorure de phtalyle renferme du tétra- chlorure. — M. À. Duboin envoie deux mémoires por- lant pour titres : « Sur quelques méthodes de repro- duction des fluorures doubles et des silicates doubles formés par la potasse avec les bases », et : « Analyse de la leucite et dela néphéline purement potassique. » — M. A. de Gramont a reconnu que l’étincelle con- densée, jaillissant à la surface d'un composé salin quelconque, le dissocie en donnant un spectre de lignes ordinairement très vives où chaque corps, mé- tal ou métalloïde, est représenté par les raies carac- téristiques de son spectre individuel; les raies de Pair sont alors très affaiblies en présence des éléments vola- tilisés. Sans condensateur et avec la bobine seule, au contraire, on a dans le cas des sels, des spectres com- plexes caractéristiques de l’espèce chimique et dus vraisemblablement à la molécule non dissociée. Ils varient alors d’une combinaison à l’autre. — M. Arc- towski s’est efforcé de poursuivre les déterminations de solubilité dans le sulfure de carbone jusqu'à des températures très basses en opérant sur des matières organiques. La solubilité n’est pas nulle au point de congélation du dissolvant; en outre les lignes de solu- bilité des différents corps ne tendent pas vers un même point qui aurait pu correspondre à un abaisse- 760 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ment du point de congélation. Le point de fusion du dissolvant n’est pas un point essentiel de la courbe de solubilité, car celle-ci doit se poursuivre bien au delàfde ce point, — M. A. Besson a constaté que l'oxygène sec et pur agissant en présence du soleil sur C°Cli donne les mêmes produits que l'oxygène ozonisé, c’est- à dire le chlorurede trichloracétyle CCICOCI et comme produit accessoire COCP. Le trichlorure, le tribromure et les iodures de phosphore, absorbent aussi peu à peu l'oxygène en présence de la lumière solaire. — M. V. Thomas a étudié l’action de l’oxyde nitrique sur quelques chlorures métalliques. Le chlorure ferreux donne un corps rouge 5Fe?Cl'.Az0 et un corps jaune brun Fe?Cl*.A70 ; les chlorures de bismuth et d'anti- moine fournissent des composés jaunes BiCIAz0 et Al2CI6Az0. — M. A. Brochet a examiné l’action des halogènes surl’alcool méthylique pur. Le chlore donne naissance à l’oxyde de méthyle dichloré symétrique, à de l’oxyde de carbone et de l'acide carbonique; l’ac- tion du brome est négligeable ; l’iode transforme rapi- dement de grandes quantités d'alcool méthylique en oxyde de méthyle. — M.Georges Darzens expose une nouvelle théorie des perceptions lumineuses en ac- .cord avec les récents progrès de l'optique et dela phy- siologie, Un rayon lumineux, après avoir traversé les différentes couches de la rétine, atteint normalement la couche pigmentaire de cette membrane; là il se ré- fléchit et vient interférer avec le rayon incident. Il doit yavoir en avant de la couche pigmentaire un système à à : » d'ondes stationnaires dislantes de = comme dans les expériences de Wiener et Lippmann. Les faits ne contredisent pas cette théorie. C. MATIGNON. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. Chauveau interprète les résultats fournis par la comparaison de l’énergie mise en œuvre par les muscles dans les cas de travail positif et detravail négatif correspondant. On est forcé d'admettre que le travail négatif réclame l’emploi de moins d'énergie que le travail positif, parce que l'effort musculaire qu'exige celui-ci est plus considérable. — M. Kowalewsky signale une nouvelle glande lympha- tique chez le scorpion d'Europe. Elle forme deux troncs symétriques situés entre la glande lymphatique de Blanchard et les conduits des glandes génitales. Cette nouvelle glande a despropriétés phagocytaires et avait été prise par Muller en 1828 pour une glande salivaire, — M. d'Hubert signale la présence et le rôle de l’amidon dans le sac embryonnaire des Cactées et des Mésembryanthémées, L’amidon joue un rôle capital de nutrition etconserve au sac embryonnaire l'état qui caractérise le sac mür et apte à être fécondé. — M. L. Bertrand poursuit ses recherches sur Ha tecto- nique de la partienord-ouest du département des Alpes- Maritimes. — MM. L. Roule et J. Regnault décrivent un maxillaire inférieur humain trouvé dans une grotte des Pyrénées. — M. Thézard adresse une note relative à la fertilisation du sol dans les promenades et plan- tations de Paris, — M. Diard adresse une note relative à la conservation des viandes. J. MARTIN. Séance du 15 Juillet 1895. Sir William Flower est élu Correspondant pour la Section d'Anatomie et Zoologie en remplacement de M. van Beneden, — M. Sabatier est élu Correspon- dant pour la Section d’Anatomie et Zoologie en rempla- cement de M. Dana, — M. Ramsay est élu Correspon- dant en remplacement de M. Frankland pour la Section de Chimie. — M. Darboux dépose sur le bureau le discours prononcé par M. J. Bosscha à la célébration du deux centième anniversaire de la mort d'Huygens. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P.-E. Touche déduit de l’équation d’une trajectoire fluide celle de la courbe orthogonale aux trajectoires, dans le cas d’un fluide symétrique autour d’un axe, et n'ayant pas de rotation autour de cet axe, à supposer que le mouvement soit permanent, la densité constante, et que l’on néglige les forces extérieures, — M. Fr. Lesska adresse une note écrite en langue allemande sur diverses questions. de calcul intégral. 4 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. d’Arsonval a effectué des recherches sur la décharge électrique de la tor-" pille, La contraction musculaire et la décharge de For-. sane électrique s’éclairent l’un par l’autre et semblent reconnaitre la même cause. La décharge de lPorgane , électrique n’est que l’exagération de l’oscillation élec-. trique constatée dans le muscle lors de sa contraction. La décharge n’est pas continue ; elle se compose de. six à dix décharges successives qui s’additionnent au. a . 5 : | . à début en se suivant à environ x de seconde. [’inten- sité atteintson maximum, en général, après la troisième décharge partielle et va ensuite en diminuant graduel- » | lement jusqu’à zéro. Le courant va loujours dans le. mème sens, de facon que le dos de l'animal est tou-. Jours positif, et le ventre toujours négatif. — M. Marey, à propos de la note précédente, fait remarquer qu'il. est possible d'espérer que là production d'énergie mécanique et celle d'énergie électrique s’éclaireront . l'une par l’autre, car il semble y avoir identité de phase dans les deux phénomènes. — M. Duez donne une démonstration simple des formules qui élablissent l'anologie entre les moteurs à courant continu et les moteurs à courants polyphasés. L'expression du couple moteur est égale à W— N,I,® dans les deux cas, tandis qu'on peut écrire par les moteurs à courants polyphasés : Nw,® —LR, + N,w,b. Tout se passe donc comme si l’on avait affaire à un moteur à courant con- tüinu, dont la différence de potentiel aux bornes serait | N,w,P!, Cette dernière forme est absolument analogue à celle employée par les courants continus. — MM. Li- veing et Dewar ont recherché si les bandes diffuses d'absorption se développent aussi bien quand la den- sité de l'oxygène est produite par labaissement de température sous la pression atmosphérique, que quand le gaz est comprimé à des températures plus élevées. L’intensité des bandes est beaucoup plus développée par 0,4% d'oxygène liquide que par une épaisseur cinq fois plus grande d'air liquide; la loi de Jamsen parait s'appliquer encore dans le cas de l'oxygène li- quide, — M. H. Rigollot a étudié l’action des rayons infra-rouges sur le sulfure d'argent et recherché si la sensibilité du sulfure aux radialions était une action : thermoélectrique ou tenait à toute autre cause, Deux lames d'argent sulfuré plongeant dans une solution saline forment un actinomètre électrochimique quand on éclaire par les radiations infra-rouges l’une des . lames; la lame éclairée est toujours négative par rap- port à l’autre, quelle que soit la solution employée. Ces phénomènes paraissent manifestement distinets des phénomènes thermoélectriques. — M. Adolphe Carnot donne la description d’un gisement de phos- phates d’alumine et de potasse trouvé en Algérie, el l'analyse des produits qu'on y rencontre. L'étude chimique de ces produits, leurs dispositions relatives, permettent d'établir une assez grande analogie entre le gisement oranais et celui découvert par MM. Armand et Gaston Gautier, el paraissent de nature à apporter une confirmation à la théorie de M, Gautier. Il suftit d'admettre l'existence d'infiltration d'eaux qui au- raient amené les produits de la décomposition des matières organiques et de la dissolution des matières minérales de la surface pour expliquer tous les faits évidence la laccase, l’action oxydante qu'elle exerce sur le laccol, l’hydroquinone, le pyrogallol et la colo- ration bleue qu’elle donne à la résine de gayac. L’au- teur à pu reconnaitre, soit en isolant la laccase, soit par les réactions colorées, que cette diatase est si répandue qu'elle existe vraisemblablement chez tous les végétaux; toutefois, ce sont, en général, les organes en voie de développement rapide qui sont les seuls riches en laccase, — MM. Barbier et Bouveault ont soumis à un examen chimique très complet une quan- tité importante d'essence de sinalose; ils y ontreconnu | | | | | observés. — M. G. Bertrand à utilisé, pour mettre . 90 pour 100 de licaréol, 2 pour 100 de licarhodol, de . petites quantités de terpènes diatomique et tétrato- . mique, et des traces de méthylhepténone. Une faible “ partie du licaréol existe dans le mélange à l’état d'éther acétique, une trace à l’état d’éther d’acides su- * périeurs, C. MATIGNON. 39 SCIENCES NATURELLES. — M. P. Teissier a constaté, - chez un homme atteint de fièvres intermittentes à la suite d’un séjour à la Guyane, la présence de nombreux émbryons de vers trématodes dans le sang et celle d'an- guillules stercorales dans les matières fécales. Il est . probable que la fièvre a été déterminée par la présence de ces embryons dans le sang. — M. J. Chatin a ob- -servé dans la sclérotique du Gecko une forme nette de passage entre le tissu cartilagineux et le tissu osseux. — MM. L. Boutan et E. Racovitza ont pratiqué à Banyuls-sur-Mer des pêches pélagiques à différentes profondeurs. Ils établissent l’existence de deux formes de Plankton : un Plankton côtier et un Plankton de haute mer. — A ce propos, M. de Lacaze-Duthiers rappelle les observations déjà faites au Laboratoire de Banyuls-sur-Mer et les importants résultats qui y ont _été obtenus. — MM. G. Poirault et M. Raciborski ont trouvé que la karyokinèse des Urédinés est typique- ment celle des plantes supérieures. J, MARTIN, ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 16 Juillet 1895. M. Azam (de Bordeaux) est élu Associé national. — MM. Bergeron et Laborde apportent de nouvelles contributions à la question de la prophylaxie de l’alcoo- lisme. -— M. Ch. Abadie cite un cas de désorganisa- tion du corps vitré, ayant produit la cécité pendant dix-huit mois; on pratiqua une ponction du corps vitré avec électrolyse et la vision fut rétablie. — M. le D' Mourier (de Tours) lit un mémoire sur quatre cas - d’actinomycose. Séance du 23 Juillet 1595. L'Académie procède à l'élection de deux Correspon- dants étrangers dans la première division (médecine). MM. Perroncito (de Turin) et Adamkiewiez (de Vienne) sont élus. — M. Worms, dans ses études cli- niques sur le diabète, est arrivé aux conclusions sui- vantes : 1° Le diabète à évolution lente est très com- mun. Il existe 10 % de diabétiques de cette -catégorie dans le milieu social intellectuel, 2° Les formes graves et organiques sont rares chez les adultes qui se soignent à temps. 3° Le traitement réussit mieux chez les diabé- tiques qui ne sont pas inquiets sur leur état; toute préoccupation aggrave leur situation. — MM. Lalesque et Rivière ont trouvé que des mesures de nettoyage et de désinfection bien comprises (désinfection des tissus à l’éluve et lavage des meubles et parois à l’eau bouillante et à la solution de sublimé), pratiquées dans des locaux occupés par des phtisiques pulmonaires, sont parfaitement efficaces et suffisent à prévenir la contagion de la tuberculose par inhalation des pous- sières. — M. Magnan, par une magistrale étude des asiles d’alcooliques à l'Etranger, montre la nécessité de créer en France des établissements similaires spéciaux, seuls capables d’amender et de guérir les victimes de Palcoo!l. — M. Laborde termine son étude sur l’action dangereuse qu'exercentles impuretés contenues dans les alcools livrés à la consommation. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 13 Juillet 1895. M. Charrin a établi l’action différente des toxines sur l'organisme suivant la voie de pénétration. L’intro- duction directe dans la circulation a une action beau- coup plus toxique que l'introduction par la voiediges- tive. — M. Trouillet expose ses recherches sur la grippe el le micro-crganisme de cette affertion, — M. Luys décrit un faisceau de fibres cérébrales des- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. COUV TT om mb don sit Ladies ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 761 cendantes, allant se perdre dans les corps olivaires.— MM. Bourquelot et Gley ont trouvé que la transfor- mation du tréhalose en glucose a lieu dans la partie moyenne de l'intestin gréle, mais seulement quand l'animal est en pleine digestion. — M. Debierre envoie une note sur l'innervation des muscles de la face. — M. Guinard a mesuré la pression artérielle chez les animaux morphinisés. Séance du 20 Juillet 1895. M. Luys donne quelques renseignements sur la mé- thode du clivage et du moulage appliquée à l’étude du système nerveux. — M. Rénon a essayé d’immuniser les animaux contre l'affection tuberculeuse due à lAs- pergillus fumigatus par l'injection de toxines, sérums et spores plus ou moins modifiées; mais les résultats ont été presque tous néygalifs. — M. Contejean commu- nique ses recherches sur les phénomènes qui se pro- duisent dans un muscle privé, par section, de ses nerfs sensitifs. — MM. Lévi et Hanot ont appliqué la mé- thode de Golgi-Cajal à l’étude du foie de l'homme. — MM. Bourquelot et Bertrand ont constalé, dans beau- coupdechampisnons, la présence d’un ferment oxydant qui produirait le changement de couleur qu’on observe quand on les coupe. — M. Guinard envoie une note sur les modifications de la vitesse du courant sanguin chez les animaux morphinisés. — M. Féré commu- nique ses recherches sur la dissociation du mouvement des doigts. SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Séance du %1 Juin 1895. Les cristaux dichroïques, tels que la tourmaline, ab- sorbent inégalement les deux rayons, ordinaire et extraordinaire, quise propagent avec des vitesses difié- rentes. Dans les corps doués du pouvoir rotatoire, on considère de même, depuis Fresnel, deux rayons cir- culaires, droit et gauche, doués de vitesses différentes. M. Cotton s’est demandé s'il n’y aurait pas de corps colorés actifs absorbant inégalement ces deux rayons circulaires. Il a effectivement trouvé, parmi les tartrates doubles sur lesquels on ne possédait encore aucun nombre, des dissolutions possédant cette propriété. Tel est le tartrate double de cuivre et de potassium, qui absorbe le jaune du spectre. On produit un champ di- visé en deux régions polarisées circulairement en sens contraire, eton interpose la dissolution, En lumière monochromatique, on voit une différence d'intensité entre les deux plages; en lumière blanche, une diffé- rence de coloration. Cette différence est bien due à une absorption, car, en interposant unelame demi-onde, qui intervertit le sens de la polarisation circulaire, les in- tensitéset les colorations s’intervertissent aussi. Si on découvrait une substance possédant cette propriété à un haut degré, elle pourrait servir à former un polari- seur circulaire ne laissant passer que l’une des deux vibrations. L'inégalité d'absorption des deux rayons à été mesurée en faisant traverser le liquide par de la lumière polarisée rectilignement. Les deux rayons, iné- galement absorbés, donnent lieu à deux vibrations cir- culaires avec des inteusités inégales qui, par leur in- terférence donnent une vipration elliptique. Il suffit alors d’avoir à sa disposition un procédé assez sensible pour mettre en évidence desellipses très allongées. L’au- teur peut déceler des ellipses dont le rapport desaxes west que de 10‘. L'auteur a recoursauxfranges de Fizeau et Foucault, mais il ne pouvaitemployerici le procédé de M. Macé de Lépinay. On obtient plus de sensibilité en prenant une lame de quartz divisée en deux parties dont les axes sont à angle droit. Les deux parties de la frange se déplacent alors en sens contraire. On peut alors élargir la fente du spectroscope. Il y a avantage, au point de vue de la sensibilité du déplacement, à prendre des lames très minces de facon à n'avoir dans le champ qu'une ou deux franges. Cette méthode per- met encore, en se servant d'un quart d'onde, de mesurer Ebilhiit 762 le pouvoir rotatoire. On mesure donc à la fois l’ellipti- cité, c’est-à-dire l'inégalité d'absorption, et le pouvoir rotatoire. Enfin, M. Cotton a constaté un fait général pour tous les corps inégalement absorbants. Tous pré- sentent une dispersion rotatoire anomale. En terminant l'auteur projette des photographies de franges de Fizeau et Foucault coupées en deux et très nettes. — M. Cornu insiste sur le grand intérêt de ces expériences. Lui- même a déjà montré, il y a quelques années, la réalité de la décomposition de Fresnel en deux vibrations cir- culaires, Les expériences deM. Cotton le montrent d’une facon plus évidente encore, et fournissent une démons- tration décisive. — M. B. Brunhes a poursuivi ses re- cherches sur la réflexion interne dans les cristaux en les étendant au cas des corps doués du pouvoir rota- toire. IL rappelle un de ses résultats antérieurs, Etant donné un premier rayon incident qui donne par ré- flexion deux rayons réfléchis, on sait qu'il existe un second rayon incident, appelé le conjugué du premier, qui donne les deux mêmes rayons réfléchis. Dans le cas de la réflexion partielle, il ne s’introduit pas de différence de phase éntre les deux rayons réfléchis. Mais, dans le cas de la réflexion totale ou métallique, il yaune différence de phase variable. Entre les deux rayons incidents, la différence de phase est la même qu'entre les deux rayons réfléchis. M, Brunhes a étudié ce phénomène dans le cas des corps doués à la fois de la double réfraction et du pouvoir rotatoire. Il a d’abord apporté un perfectionnement à son prisme à liquide en donnant un léger mouvement à la lame cristalline à l'intérieur de laquelle se produit la réflexion. Il peut ainsi amener la section principale exactement dans le plan d’incidence. Il compare la réflexion sur l'alcool, qui est partielle, et la réflexion sur l'air, qui est totale, et par suite donne lieu à une différence de phase, Les deux conjugués, dans le casd’un milieu biréfringent et actif, ne seront plus deux rayons rectilignes polarisés sensiblement à angle droit : ce seront deux elliptiques transmettant des vibrationsconjuguées. Dans le cas des rayons propagés suivant l'axe du quartz, ce seront deux circulaires, l’un droit, l’autre gauche. Dans les deux cas de lPalcoolet de l’air, c’est-à-dire même dans le cas de la réflexion totale, la différence de phase ne varie pas quand on passe d’un rayon incident au rayon con- jugué. M. Brunhes en a obtenu une vérification plus précise dans le cas du quartz au moyen du spectre can- nelé. Ce spectre était fourni par un faisceau incident dirigé suivant l'axe, Les deux incidents conjugués sont alors les deux rayons circulaires droit et gauche. Les bandes ne se déplacent pas dans le spectre quand on passe du circulaire droit au circulaire gauche. , Pour plus de précision, l’auteur opérait avec une seule bande dans toute l'étendue duspectre. M, Brunhes avait déjà démontré cette propriété générale dans le cas des cristaux biréfringents en se servant de la formule de Mac-Cullagh sous la forme que lui a donnée M, Potier. On peut encore la démontrer approximativement dans le cas général en s'appuyant sur ce que la réflexion totale ne polarise pas la lumière, — M. Bouty présente à la Société quelques expériences nouvelles relatives aux curieuses propriétés des flammes sensibles. Ces flammes se produisent toujours quand le gaz a une pression de 6 à 7°" d’eau et s'échappe par une ouver- ture circulaire de 4 à 2%. On sait que ces flammes, longues de 40 à 50%, ont la propriété de s’agiter, de se former en panache à la partie supérieure sous l’in- fluence d’un bruit aigu, un sifflement, un bruit declefs, produit même à une grande distance. On peut remar- quer que, dans cette nouvelle forme, le débit ne change pas, etla partie inférieure sur une hauteur de 5°" reste parfaitement tranquille. M. Bouty signale des moyens variés de provoquer le panache. On peut augmenter la pression, disposer un ajutage, insuffler de petites quan- tités d’air dans la base de la flamme, comme dansla lampe d'émailleur. Inversementune flamme sensible excitée par un procédé quelconque peut servir de lampe d’émailleur. Isuffitpar exemple de siffler, La flamme estpeu sensible ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES “des tubes à ampoules qui donnent une flamme en pa- aux sons graves, La forme et les dimensions du tube abducteur sont sans importance. Puis la flamme ré- pond aussi bien à un son quand on en supprime la, partie supérieure par une loile métallique. Quel que soit le mode d'excitation, on peut constater au miroir tour- nant que la partie supérieure est discontinue, On peut, par un tube, aller puiser du gaz dans la région centrale de la flamme, et allumer ainsi à distance une autre” petite flamme. Lorsque la prise a lieu à la partie infé- rieure, la petite flamme reste tranquille, mais il n’en est plus de même à mesure qu'on élève la prise. Après cet examen des principales propriétés d'une flamme sensible, M. Bouty s’est demandé si elle ne constitue pas un résonateur. Elle ne peut être assimilée à un ré- sonateur déterminé, car un résonateur nerépond que pour certains sons particuliers et non pour les sons voisins, La comparaison avec les flammes alimentées par un tuyau à anche confirme cette opinion. Deux flammes, de dimensions très différentes, montées sur le mème tuyau, répondent également bien. M. Bouty a pu réaliser d’autres flammes qui constituent réellement des résonateurs. Elles sont données par des tubes à am- poules ou des tubes recourbés un certain nombre de fois. On percoit plus nettement le son rendu par la flamme en y introduisant une toile métallique. La base de la flamme vers le milieu de l’espaceobseur présente un ventre de vibration, mais près de l’orifice on ne rencontre rien. Cer- tains tubes rendent plusieurs harmoniques; on semble reconnaitre dans la flamme plusieurs concamérations, mais les phénomènes sontcompliqués. Il y a, en par- ticulier, la température qui augmente la vitesse du son. Certains jets de gaznon allumés chantent d’eux-mèmes. Comme interprélation, au moins provisoire, M. Bouty admet que c’est la combustion qui joue un rôle prédo- . minant. Dans une grande flamme, il peut y avoir des parcelles de mélange inflammable qui échappent d’abord à la combustion, et nes’enflamment que plus haut, Puis un mélange explosif, qui présente un retard à l’inflam- mation, ne s’enflamme-t-ilpas plus facilement si on lui donne le son correspondant àson bruitexplosif? Avec ces deux hypothèses, toutesles circonstances observées peu- vents’expliquer. Le faitquelesflammessonttoujours sen- sibles au-dessus d’une note déterminée s'explique par l'observation suivante : des volumes décroissants d’un même mélange détonant font explosion en rendant un bruit de plus en plus aigu. Dans une flamme, il doit y avoir constamment des détonations prêtes de tautes les dimensions, et une flamme doit probablement rendre le son avec lequel on l’excite, et en outre beau-. coup d’autres sont plus élevés. Cette explication ingé-. nieuse soulève cependant quelques objections. Il y a nache pourdes sons très aigus particuliers. Cette expé- rience est importante : il doit y avoir la superposition de deux phénomènes. D’autres causes agissent sans. doute; cependant l'hypothèse d’une ceinture de petits détonateurs doit jouer un rôle prépondérant.— Les re-. cherches de M. Moissan sur la préparation de Pacéty-. lène par le carbure de calcium ayant ramené l'attention. sur ce gaz, M. Violle.a fait des mesures photomé- triques sur la flamme de l’acétylène. Elle parait sus: ceptible de fournir un étalon photométrique pratique, Avec un brûleur convenable on obtientune flamme très, blanche, d’une grande fixité, et présentant üne région. étendue d’un éclat uniforme, en tout comparable à l’étalon absolu et très propre aux mesures usuelles. : Edgard Haunié. | SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS Séance du 13 Juillet 1895. ; M. Bioche : Représentation sur le plan de la surface du troisièmeordre à # points doubles, d'après une défi- nition géométrique de la surface. — M. Bouvier fait une communication sur les Lithodinés des genres Derma= turie et Hapalogaster et montrent que chacun de ces, genres correspond à un mode d'adaptation différent. … GONE NAT te SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES àr i SNL SCIENCES NATURELLES » R. Fraser, M. D. F.R. S.; Professeur de Ma- tière médicale à Université d Edimbourg, et Joseph Millie, M. D. F. R. E., Chargé d'un cours de Phar- mia ologie expérimentale à l'Université & Edimbourg. L'Acokanthera Schimperi, histoire naturelle, cs mie et pharmacologie — Les auteurs ont réussi à ablir que le poison de flèche dont se servent les Wa- Nyika et autres tribus de l'Afrique orientale provient du bois de l’Acokanthera Schimperi. Ce poison de flèche contient un glucoside cristallisé actif qui est identique au principe actif que les auteurs ont direc- nent extrait du bois de l’Acokanthera Schimperi. 1 stallise dans l’eau en forme de tablettes quadrangu- ires, incolores et transparentes, et dans l'alcool en iguilles minces et incolores qui se groupent d’ordi- naire en touffes et en rosettes. A la température de 43 à 15° C., il est soluble dans la proportion de 0,33 °/o dans l’eau distillée, et de 2,4 °/, dans l'alcool dilué. Aux températures plus eee il se dissout en beau- oup plus larges proportions dans l’eau et dans l'alcool. É est entièrement insoluble dans l’éther éthylique et “dans le chloroforme. Une solution saturée dans l’eau Hroide est insipide et de réaction neutre, L’acide sul- furique fort produit une coloration rouge, et ensuite une coloration verte. Le point de fusion est à environ 300 C. Traité par l’acide sulfurique dilué, il donne la réaction d'un glucoside. Des combustions concordantes faites pour les auteurs par le D' Dobbin, du Laboratoire de l'Université, montrent que, séché à 1000 C., il con- tient C. 58,46 GER H, 7,71°4; ce qui correspond à la - formule C# HS O1. Les auteurs résument les re- cherches faites sur des glucosides provenant d’autres espèces d’Acokanthera en 1882 par MM. Rochebraune et Arnaud, en 1888 par M. Arnaud, en 1893 par Lewin et “par Merek. Le principe désigné sous le nom de Oua- …_paine et isolé par Arnaud présente des caractères très semblables à celui du glucoside cristallisé préparé par es auteurs. Les auteurs proposent de substituer au nom de Ouabaïne celui d’Acokantherine ; ils résument les plus importantes observations générales faites par les divers physiologistes qui ont étudié l’action phar- macologique de ces poisons de flèche dont l’origine botanique n'était point alors déterminée. Les travaux d’Arnottet Haines en 1853, Ringer (1880), Rochebraune et Arnaud (1881), Laborde (1887). Langlois et Varigny, ley et Rondeau, Gley (1888), Seiler (1891), Pasch= _kis (1892) et Lewin sont passés en revue. Le groupe des poisons de flèche qui doit son activité à des ex- traits de plantes du genre Acokanthera possède une action identique à celle du Strophantus, mais quelques- uns des auteurs cités signalent une action plus intense sur les centres cardio- respiratoires du bulbe et d’autres une action plus intense exercée directement surlecœur, L'étude pharmacologique minutieuse de l’acokanthé- ine n'a pas permis d'établir de différence importante entre son action et celle de la strophantine. De petites doses soigneusement réglées déterminent un grand ra- lentissement du cœur, même lorsque le pneumo-gas- ique est coupé ou quand l'animal est atropinisé : 1er es mouvements diastoliques et systoliques du cœur “peuvent subir un grand accroissement sans que la pression sanguine moyenne subisse aucun changement. Toute élévation de pression qui suit l'administration de ces doses faibles s'accompagne d’un si grand ralen- lissement et d’une telle augmentation d'intensité des pulsations, que l’on ne peut” guère songer à une cons- friction des vaisseaux. Aussi l'élévation de la pression sanguine doit-elle être attribuée à l'accroissement de Vamplitude et de l'énergie des mouvements du cœur et à Ja plus grande quantité de sang chassée dans les ar- tères, Les hautes doses produisent une élévation de la pression sanguine qui est due probablement à une action exercée sur les centres vaso-moteurs ou les anglions périphériques et non sur les museles des ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES vaissaux, L'action prédominante de l'acokanthérine s'exerce sur les muscles striés, et en raison de cette action, et peut-être d’une action sur les ganglions propres du cœur, cette substance a surtout un effet énergique sur le cœur, tandis que l'influence qu’elle exerce sur les centres cardio- -respiratoires du bulbe est relativement faible. Fr. WW. Mott et C. S. Sherrington, F.R.S. — Expériences sur l'influence des nerfs sensitifs sur le mouvement et la nutrition des membres. — Dans une série d'expériences faites sur les singes et en par- ticulier sur le Macacus Rhesus, les auteurs ont étudié l’action de la section de toutes les-racines sensitives qui innervent un membre sur les mouvements et la nutrition de ce membre. Les expériences ont porté sur le membre supérieur et les membres inférieurs, mais les résultats ont été plus nets dans ce second cas. — I. Effets sur le mouvement. — Par toute la série des racines sensitives qui appartiennent à un membre, les auteurs entendent, pour la région brachiale, là série des racines qui vont de la quatrième cervicale à la qua- trième thoracique inclusivement ; pour la région lom- baire, celles qui vont de la seconde à la dixième post- thoracique. Dès que la section a été effectuée, et aussi longtemps que dans la vie de l'animal, les mouvements de la main et du pied sont abolis, ceux du coude et du genou, de l’épaule et de la hanche sont beaucoup moins troublés. Le membre antérieur est à demi fléchi au coude, le membre postérieur fléchit à la hanche et au genou. L'animal ne peut se servir du membre dont la sensibilité est abolie, ni pour courir, ni pour grimper, ni pour saisir sa nourriture. Quand les animaux survivent plusieurs mois, il peut se pro- duire des rétractions fibro-musculaires qui s'opposent à l'extension du membre. Cette impotence motrice qui croit régulièrement de la racine du membre à son ex- trémité libre, ressemble beaucoup aux troubles de la motilité que détermine l’ablation du territoire cortical qui préside aux mouvements du membre; mais chezle singe, la paralysie est dans le premier cas plus com- plète encore. Les auteurs ont pu constater cependant que des mouvements rapides et assez forts, de la main même et du pied, peuvent être accomplis par l’animal avec le membre dont la sensibilité est abolie, si on peut l’amener à «lutter», à se débattre. Cependant, même en ce cas, les mouvements de flexion des doigts sont rares. Les mouvements d'ensemble du membre (Mitbewe- gungen) sont donc beaucoup moins lésés que les mou- vements indépendants et plus délicatement ajustés, qui mettent en usage les masses musculaires plus petites et plus individualisées de la main et du pied. L’inter- prétation donnée par les auteurs de ces phénomènes, c’est que les volitions qui se rapportent aux mouve- ments du membre ont été rendues impossibles à l’ani- mal par la perte localisée de toutes les formes de sen- sibilité. La section de toutes les racines sensitives qui innervent un membre ne diminue pas et semble au contraire accroître légèrement l’excitabilité du terri- toire cortical correspondant. Cette excitabilité a été éprouvée à la fois par les excitations électriques et par les injections intra-veineuses d’absinthe destinées à produire l’épilepsie. Ces observations montrent la pro- fonde différence qui existe entre la production des mouvements les plus délicats des membres sous l’ac- tion dans un cas de l’influx volontaire et dans l’autre de l’excitation expérimentale de l’écorce. Les expé- riences des auteurs semblent établir que non seule- ment l'écorce, mais tout le tractus sensitif depuis la périphérie jusqu'à l'écorce cérébrale est en acti- vité lors du mouvement volontaire. — Effet de la section d'une seule racine sensitive. — Lorsqu'on sec- tionne une seule des racines sensitives qui inner- vent un membre, les mouvements ne semblent en être en aucune manière froublés. Ce fait tient sans doute au chevauchement des aires d’innervation cuta- née les unes sur les autres, mais même lorsque la sec- 164 À tion d'une racine, celle par exemple des septième, hui- tième ou neuvième post-thoraciques, ou de la septième et huitième cervicales, ou de la première et deuxième thoraciques, détermine l'apparition de zones d’anesthé- sie complète, les troubles moteurs du membre demeu- rent comparativement faibles. Si cependant les racines sectionnées sont celles qui innervent l'extrémité du membre, c’est-à-dire la main ou le pied, les troubles du mouvement sont presque aussi grands que lorsque toutes les racines sont sectionnées, En revanche, si ces racines demeurent seules intactes, les mouvements s’accomplissent presque comme si elles avaient toutes conservé leur intégrité. On peut se demander quelle part incombe au sens musculaire dans les résultats observés, Les fibres nerveuses afférentes provenant des muscles passent, dans tous les cas où on les a étudiées, par les racines sensilives qui correspondent aux racines motrices innervant le muscle. Il est done possible, pour le pied et la main, de sectionner les racines sensitives qui innervent les muscles en laissant relativement intactes les fibres sensitives qui viennent de la peau, des articulations, ete. — I. Effets sur la nutrition. — Aucun trouble trophique de la peau ne résulte de la seclion des racines sensilives; les muscles subissent un certain degré d’atrophie, mais ne changent pas de couleur etcontinuent à répondre aisément à l'excitation des nerfs moteurs. Après la mort. les contractions mus- culaires produites par l'excitation des nerfs moteurs persistent plus longtemps én certain cas que du côté sain ; la rigidité cadavérique met aussi plus de temps à apparaître. E. Frankland, F., R.S. — Sur les conditions qui agissent sur la vie des Bactéries dans les eaux de la Tamise. — Des observations, systéma- tiquement poursuivies depuis mai 14892, ont permis à M. Frankland d'établir que le nombre des microbes, dans les eaux de la Tamise, dépend du débit du fleuve en un temps donné ou, en d’autres termes, de la quan- tité de pluie, et très secondairement, si même elle en dépend du tout, des variälions de la température et de l’insolation. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 6 Juin 1895. MM. J. H, Gladstone F. R. S. et Walter Hib- bert ont repris l'étude de Ja réfraction molécu- laire des sels et des acides en solution aqueuse. Voici leurs conclusions : lorsqu'un sel ou un acide sont dis- sous dans l’eau, la loi dela permanence de l'énergie de réfraction spécifique doit être considérée comme exacte; mais, dans beaucoup de cas, plusieurs causes apportent quelques dérogations à cette loi, Ces écarts se présentent surtout au moment où le composé solide ou liquide commence à se dissoudre. Dans beaucoup de cas, il se produit un changement dans le pourvoir de réfraction, changement qui s’accentue jusqu'à un cer- tain point, à mesure qu’on augmente le degré de dilu- tion. Les causes de ces changements, dansle pouvoir de réfraction, ne sont pas encore connues ; toutefois il est probable que, sous l'influence de l’eau, il se produit “raduellement une modification dans l’arrangement des atomes ou molécules qui constituent le sel ou l'acide. IL doit de plus y avoir une relation entre la grandeur de l'énergie spécifique de réfraction des sels eux-mêmes, — M. S. U. Pickering F.R. S. publie les travaux comparatifs qu'il a faits sur les propriétés phy- siques de l'acide acétique et de ses dérivés chlorés et bromés. Ses recherches portent principalement sur le point d'ébullition de ces corps en solution dans l’eau et sur leur chaleur de fusion et de solidification. — M.F.D. Chattaway a obtenule 88 dinaphtyle en faisant réagir le sodium sur le 8 chloronaphtalène en solution dans du xylène bouillant en présence d'une petite quantité d’acétate d’éthyle, On peut préparer également Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ce corps par l’action de la poudre de zinc sur le sul fate de B diazonaphtaline en solution dans l'alcool, En dissolvant ce corps dans l'acide acétique glacial puisl’oxydant au moyen del’acide chromique, l’auteur à pu préparer deux quinones.La première de cesquinones est la 6 naphtylnaphtoquinone; elle peut être repré:- sentée par la formule suivante : é do du La deuxième quinone, qui s'obtient par l’action pro» longée de l'acide chromique sur le 6 8 dinaphtyle, est la 8 6 di-x-naphtoquinone ; elle a pour formule : O0 0 0 l (00 0 ee Ne OH HO (0) 0 0 (e] re M.Georges Young, en évaporant à siccité des solu= tions alcooliques de benzaldéhyde et de phénylsemicar- bazide, a pu préparer le diphényloxytriazol, qui se pro= duit suivant l'équation : | CTH°Az#0 + CTH6O + O0 = C'AH11A73SO + 2H20 Le rendement est considérablement augmenté par l'addition d’un agent oxydant tel que le chlorure fer: rique. Le produit est faiblement basique, mais possède aussi des propriétés acides. {1 a pour formule : CGH5.A7—AzH | >C0 C6H.C—= A7 Onen afaitle sel d'argent C!*Hf! A73 OAg + H, O etle chlorhydrate C!*H11 Az? OHCI--2H°0. Réduit, ce corps donne le diphényltriazol : C5H°— A7—Az Ncx CGH5— C—A7/ qui est un corps faiblement basique. — M. N.F. Deer publie une note sur la chaleur latente de fusion des. différents éléments, — MM. A. G. Perkin et Pate onf étudié l’action de différents acides minéraux sur quel ques matières colorantes naturelles. Ces produits don: nent généralement des composés d’addition de couleur orangée. Par exemple la quercitine donne avec H?S0‘le corps: C5H'0 OTH=SO" ; avec H Br : CS HOT HBr; avec HI : CS HO OT HT; la rhamnazine donne C!TH!# 07 H?S04# mais les acides bromhydrique, chlorhydrique, iodhy: drique ne fournissent pas avec elle de produits d’'addi= tion. 11 en est de même pour la rhamnétine, la lutéo lide, ec. — M. Herzfelder a remarqué que, si l’on chauffe à 270° l’x nitronaphtalène avec 25 2/,de soufre il se produit üne vive réaction avec dégagement d'acide sulfureux et il se dépose une masse blanche solide L'auteur en a isolé une substance qui à pour formule C'OH6S et pour poids moléculaire 158. Elle ne possède pas les popriétés d'un mercaplan ; trailée par le brome, elle donne de l’ux dibromonaphatalène. Sa formule probable peut être représentée par : CHAIC $ no \°/1Ncn HC\ /cx | 70H CHEN C C’est donc un + thionaphatalène. ErRatTum: Dans notre dernier numéro, une erreut s’est glissée dans la légende de la figure 3 de l’article de M. Witz (page 617); dans cette légende, le mot Pentropie est à supprimer, : Le Directeur-Géran! : Louis OLIVIER N° 16 30 AOÛT 1895 REVUE GÉNÉRALE +? DES SCIENCES æ PÜRES" ET: APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER 12 AVIS Un prochain tirage à part des articles de la REVUE sur Madagascar 5 Tel a été le succès du dernier numéro de la Ce volume constituera une véritable œuvre d'art, “Revue, consacré à l'état actuel de nos connais- | aussi remarquable par l'éclat de son illustration “sances sur Madagascar, qu'il nous & été impos- | que par la haute valeur des études qui y seront msible de satisfaire à toutes les demandes du | réunies. Il sera muni d'une Table des gravures et public. d'un Répertoire analytique assez détaillé pour WE A ce sujet nous avons reçu de France et | rendre facile et rapide la recherche de tous Les d Algérie, d'Angleterre et d'Écosse, de Belgique, | Sujets traités dans ses différents chapitres. de Hollande, d'Allemagne, d'Italie, etc, une Cet Ouvrage aura pour titre : “multitude de lettres auxquelles nous regrettons de “ne pouvoir répondre autrement que par le pré- Me CE QU'IL FAUT CONNAITRE ….sent AVIS. - L DE —… Force nous est de réimprimer à part l'ensemble “de nos articles sur Madagascar ; nous en faisons MADAGASCAR 3 9 “un second tirage sous la forme d'un livre indé- “Pendant, édité par la maison Ollendorf, imprimé , re “pendant, édité par la maison endorÿ, imprimé Dans quelques jours il sera, par les soins de la sur beau papier de bibliophile, pourvu d'une pagi- | maison Ollendorff (28 bis, rue de Richelieu, “nation spéciale et d'une couverture de luxe. Paris), mis en vente au prix de 3 fr. 5Q chez Pre —… Les cartes et photogravures iointes au texte | tous les libraires de la France et de F Etranger. “de nos collaborateurs seront, dans cet Ouvrage, ntirées sur glacis de façon à obtenir des clichés la (NOTE DE L'ADMINISTRATION.) transcription de tous leurs menus détails. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. 16 166 LE PROGRÈS DES STABILITÉ Le litre de cet article est celui d’un livre paru à New-York, où l’auteur, M. O. Chanute, définit lui- mème dans une courte préface le but qu'il s’est proposé en publiant, depuis le mois d'octobre 1891, cette série de 27 articles dans 7he American En- yineer, sur les progrès des machines volantes, à l'exclusion des ballons. L'objet de l’auteur en pré- parant ces articles était triple : 1° Reconnaitre si, dans l’état actuel de notre science et de notre industrie mécanique, surtout quant aux moteurs légers, les hommes peuvent raisonnablement espérer voler dans l'air. Oui. 2° Eviter aux inventeurs el expérimentaleurs l'inutile dépense d'efforts qu'entrainel'essaide dispositifs déjirecon- nus défectueux, et, autant que possible, indiquer les causes d'insuecès. Réunir et disculer toutes les relations d'expériences dont on a pu avoir connaissance. 3° Décrire avec quelque détail les appareils ré- cemment essayés « qui rendent les tentatives de vol moins chimériques qu’il y a quelques années ». Exposer assez clairement les principes appliqués et les résultats obtenus pour permettre au cher- cheur de disting guer entre un projet mort-né et un autre Re DE digne d'être pris en considéra- ion, et même — après essais préliminaires — d’être expérimenté en grand. Il faut lire l'ouvrage même pour sentir à quel point il était devenu nécessaire, quelle somme énorme d'efforts a déjà été dépensée en pure perte à la répétition de tentatives déjà vingt fois con- damnées. Jamais peut-être on n’a vu tant d’ardeur, le passion et d’audace déployées à contre-sens; Jamais les inventeurs n'ont imaginé de plus ingé- nieux mécanismes, et n'ont eu si peu de souci des vraies condilions dynamiques du problème; jamais practique n'a tant dédaigné {éorique, el n’a payé son dédain de tant de catastrophes. Ge n’est que depuis bien peu d'années que les travaux de laboraloire, conduits avec une méthode vraiment scientifique, ont fait connaitre d’une manière à peu près défini- Hive la loi d'action de l'air sur une surface plane qui glisse d’un mouvement rapide presque paral- lélementà son plan. Cest cette loi qu'appliquent tous ceux qui font toile, fer el bambou, ou, suivant leurs ressources, des jouets el de simples projets sur le papier. des machines en le fait fondamental élabli par toutes les expé- viences depuis une vingtaine d'années est le sui- M. BRILLOUIN — LE PROGRÈS DES MACHINES VOLANTES MACHINES VOLANTES - vilesse V?: POP ES RO ET PORTE EEE vant: une lame plane de grande envergure et de faible largeur, un ruban transversal, comme di le commandant Renard, qui se meul dans l'air sous une incidence presque rasante, presque pa= rallèlement à son plan, éprouve une résistance normale à son plan sensiblement proportionnell au carré de la vitesse, el vu sinus de l'angle com pris entre la direction de lu vilesse et le plan mobile # au lieu du sinus carré admis sur la foi d’un sem- blant de raisonnement, etqui ne s'applique qu'aux surfaces allongées dans la direction de la vilesse !. Cette loi, déjà donnée par Bossut et Duchemin, } des plans minces de grande envergure, X compris les plus récentes, celles de Langley. La meilleure dis- cussion de ses conséquences est celle du comman- dant Renard. 4” Si l’appareil de soutien élail infiniment mince, si la plate-forme et l'appareil moteur, ainsi queles accessoires nécessaires pour assurer l# stabilité, ne subissaient aucune résistance de la part de l'air, si, enfin, il élait possible de marcher avec sécurité sous des incidences très rasantes, on pourrail, comme l’énonce Langley avec un oplimisme exces- sif, diminuer indéfiniment le rapport de la puis- sance de la machine au poids total supporté, en employant des incidences de plus en plus ra= santes. Le poids constant supporté P est pro- portionnel au produit de l'angle d'incidence très pelil œ, par la surface S et par le carré de l& pour un même appareil, la vitesse varie donc en raison inverse de la racine carrée de l'angle d'incidence. La résistance au vement est égale au poids supporté, mulliplié par l'angle a; “nie le travail à dé ‘penser par se conde pour maintenir celle vilesse est égal produit de la résistance par la vitesse; d'où résulte que la puissance de la machine est propor- P2? tionnelle à Tv: c'est-à-dire diminue indéfiniment | à mesure que l'incidence devient plus rasante els. la vitesse plus grande. Malgré sa forme excessive ce résultal estassez exact en gros pour justifier cel. aphorisme d’un intérêt capital dans la question ï ! Dans la navigation aérienne par aéroplanes, les vi=« lesses économiques sont les très grandes vitesses. EL 4 C'est le contraire pour les ballons. De là résulte l’intérèt que prennentàlanavigalion par aéroplanes… 1 Ct Renan», Soc. française de Physique, 1889. M. BRILLOUIN — LE PROGRÈS DES MACHINES VOLANTES 167 Nr. tant d’inventeurs, même en dehors de la élientèle _ ordinaire des ministères militaires, patrictes, _ puffistes, ou hommes d'argent prêts à vendre au plus offrant les moyens de destruction aussi éner- giques que variés. Le vrai rôle des «éroplanes, c’est le service postal. © Avant cinquante ans, peut-être plus tôt, le service | des nn rondasces transocéaniques et trans- “ sahariennes sera fait par des aéroplanes à grande vitesse ; la durée du transport sera réduite au cin- quième, peut-être au dixième du temps actuelle- ment nécessaire, grâce à la vitesse et au trajet rec- tiligne. - C'est à dessein que j'ai donné à l'énoncé de la propriété spéciale aux aéroplanes une forme vague, t non pas la forme précise rééditée récemment par M. Langley, et qui serait : « Les plus grandes « vitesses sont les plus économiques. » Sous peine e déceptions graves, il faut examiner de plus près “ce que deviendra cette propriété dans les applica- “tions. La machine motrice, les voyageurs, les mar- . chandises, seront logés dans une nacelle, nécessai- . rement assez grande; l’aéroplane de grande surface _exigera une charpente, des agrès. Il y aura donc - une résistance horizontale à ajouter à celle qui pro- “vient de l’inclinaison de l’aéroplane ; Le travail cor- respondant croit comme le cube de la vitesse. Une . machine volante une fois construite, je suppose -qu'on l'essaie sous différentes inclinaisons du _ planeur; sous chaque inclinaison du planeur, il y a “une vitesse pour laquelle la route est horizontale. . Le travail correspondant diminue d’abord quand 4 devient de plus en plus faible, et la Nitesse de plus en plus grande; puis le travail _ passe par un minimum pour une certaine vitesse. “et devient ensuite de plus en plus grand pour les “vilesses croissantes. Pour une machine volante de poids fire, il y & une “vitesse de transport horizontal plus économique que toutes les autres. - el est le théorème du commandant Renard !, “déjà un peu moins favorable que le premier, el qu'il faut restreindre encore. Est-ce en effet le poids total de la machine volante qu'on se don- _nera dans un projet? Non, mais le poids à trars- porter, voyageurs et marchandises, et, par la nature “ème des choses, ce poids sera toujours une très petite fraction du poids total, le dixième ou le vingtième peut-être ? Connaissant le mode de cons- _ truction le plus léger par mètre carré pour le pla- neur du type adopté, et par cheval-vapeur pour là machine motrice, on cherchera à transporter, avec une vitesse fixée à l'avance, un certain poids . de marchandises et de voyageurs. Dans le problème L lievue de l’Aéronaulique, 1889, Masson. réel le poids total n’est donc pas fixe comme dans le problème du commandant Renard. Sous cette forme, en admettant un poids voisin de 2 kilo- grammes par mèêtre carré, et de 4 à 10 kilogrammes par cheval-vapeur, on Féconniat facilement que le minimun du commandant Renard n'existe plus. J'énoncerai done uniquement la proposition sui- vante plus restreinte : Dans la navigation maritime, ow dans la navigation aérienne par aérostats dirigeables, le prix de transport d'un poids utile donné entre deux stations est proportion nel au carré de lu vitesse. Dans la navigation aérienne par aéroplanes, ce prix croît moins vite que le carré de lu vilesse; la différence est d'autant plus grande que le poids uhle est plus grand par rapport au poids total. L'avantage des aéroplanes reste ainsi bien mar- qué, pourvu qu'ils ne soient pas trop grands, c'est- à-dire pourvu que la solidité du planeur n’exige pas une trop lourde charpente. Il faut donc de toute nécessité construire un pla- neur léger et solide, et une machine motrice légère, puissante et peu encombrante; l'imagination des inventeurs peut se donner carrière dans cette double recherche, et les résultats acquis dans ce sens sont forl encourageants; mais ce n'est pas tout : il faut que la machine volante puisse prendre son vol, s’avancer sans accidents, en _équilibre stable, malgré les rafales verticales, latérales ou frontales, et enfin atterrir. Comment, et jusqu'à quel point a-t-on réalisé jusqu'à présent l'équilibre des aéroplanes libres, ou retenus par des cordes ? C'est cela seul que je veux examiner, avec l’aide de M. Chanute. Com- mencons par je PORT relenus par des cor- dages. Il Les premières études méthodiques sur les cerfs- volants paraissent dues, d’après M. Wenham, à George Pocock, de Bristol, qui cherchait, il y a plus de cinquante ans, à en faire des observatoires aé- riens pour les officiers. La première personne qui osa se risquer dans l'espèce de fauteuil suspendu à un de ces énormes cerfs-volants fut une dame. Plusieurs cordes maintenaient et orientaient le cerf-volant, déjà lancé ; le fauteuil fut attaché à la corde centrale, la dame y prit place, fut enlevée à une centaine de mêtres de hauteur et redescendit charmée. Peu de temps après, le fils de M. Pocock réussit à prendre pied au sommet d’une falaise abrupte de 70 mètres de hauteur, au moyen d'un cerf-volant de 10 mètres de haut, et à en redes- cendre en se laissant glisser le long de la corde. Les cordages directeurs étaient manœuvrés de terre; ils auraient aussi bien pu l'être par le voya- geur lui-même. M. BRILLOUIN — LE PROGRÈS DES MACHINES VOLANTES M. Wenham a aussi indiqué à M. Chanute le bre- vet de E. J. Cordner, prêtre catholique irlandais, et ses essais. Un cerf-volant hexagonal, en toile, sans queue, est lancé le premier; quandil est bien dans le vent, on attache à la corde un second cerf- volant de même forme, mais plus grand, dont le lancement n'offre plus aucune difficulté; on fait de même avec un troisième plus grand encore, el ainsi de suite jusqu'à ce que la force portante soit devenue suffisante. Plusieurs personnes furent ainsi transportées une à une d’un roc isolé jusqu'à la côte, par-dessus les vagues. Dans l'intention de l'inventeur, l'appareil devait servir au sauvelage des navires portés à la côle parun vent violent, auquel cas le cerf-volant, lancé du navire, permet- trait à un premier matelolt de se transporter au- dessus de la côte, de s’y laisser descendre, et d'y amarrer les cordages nécessaires pour établir la navette du navire naufragé à la côte. Il ne semble pas que cel appareil ni d’autres analogues propo- sés à diverses reprises aient été essayés par mau- vais temps; c’est la stabilité qu'il faudrait assurer malgré les coups de vent. En juillet 1880, notre compatriote M. Biol a dé- crit un cerf-volant sans queue un peu. compliqué, à la vérité. mais dont la stabilité s’est montrée tout à fait remarquable en toute circonstance. Le cerf-volant est elliptique (40°" de grand axe, 20°" de petit axe, environ); il porte au haut du grand axe, à droite et à gauche, deux trones de cône, la grande ouverture face au vent (dispositif japo- nais), eten bas du grand axe une hélice à deux ailes, qui tourne rapidement sous l'action du vent. Les deux cônes assurent la stabilité latérale. L'hé- lice était absolument nécessaire pour la stabi- lité longitudinale, et jouait le même rôle que la queue ordinaire des cerfs-volants, soit par une action gyroscopique, doit par la traction longitu- dinale énergique qu’elle exerçait surle cerf-volant, ce qui est bien certainement le rôle de la queue ordinairement attachée à ceux-ci. Sous l’action d’un vent de 30 kilomètres à l’heure, le cerf-vo- lant enleva 1.500 mètres de corde, se maintenant deux heures en l'air. Des vents plus forts permirent de dérouler 2.000 et même 2.500 mètres de corde, donnant le spectacle curieux d’une ascension en ligne brisée, par suite de la présence de plusieurs couches superposées de vents différents. Des es- sais de vol plané entrepris en grand en 1887 n’ont pas été déerits. La stabilité a été obtenue plus simplement par divers expérimentateurs soit en repliant la partie arrière du cerf volant un peu vers le haut (Bar- nett), soit ajoutant à l'arrière et en dessous une quille longitudinale perpendiculaire à la surface (Boynton), soit n calquant le cerf-volant Malais - gueur. Les troislattes formentainsiun triangle équi-. (Bazin, Eddy). Dans ce cerf-volant, la tige trans- versale est allachée à angle droit sur la tige lon- gitudinale, au cinquième de sa longueur environ à partir de Pextrémilé supérieure; la tige transver- sale est généralement la | plus longue. Le tout est recouvert de papier en forme de quadrilatère symétrique. M. Bazin fléchit la tige transver- sale en arc, la concavité en arrière. M. Eddy flé- chil aussi la lige longi- tudinale dans le même sens ; la surface exposée au vent est alors convexe. Depuis longtemps les Chinois ont adopté des formes de ce genre plus larges que hautes, mais généralement concaves- convexes, en forme de selle (fig. 1). L'ouvrage de. M. Chanute ne donne pas d'indications sur le, mode d'attache de la corde de retenue. On se rappelle les essais, d'ailleurs infructueux el pour cause, effectués au Texas en 1891 pour la production artificielle de la pluie. Des cartouches de dynamite devaient, par leur explosion à grande hauteur, décider la vapeur d'eau à se condenser en nuages d'abord el ensuite à se précipiler en bienfaisantes averses sur le sol desséché. Ce sont des cerfs-volants hexagonaux sans queue, étudiés par M. Myers, qui ont enlevé ces cartouches dans l'atmosphère. Deux lattes de sapin de 1" 80, den 6 millimètres sur 6 au sommet, el6 sur 12 à la base sont croisées à 60 centimètres du sommet environ et maintenues par une petite cheville et quelques tours de ficelle. À 13 centimètres du croisement est placée une troisième latte de 1"45 seulement de lon Fig. 1. — Cerf-volant chinois. latéral, de13 centimètres de côté, environ au milieu de la surface, et la rigidité est bien mieux assurées que si les trois lattes se croisaient au même point: Pour limiter l'hexagone, une ficelle court du boul, d'une latte à la suivante. Les cordes d'attache sont fixées à la latte transversale à 30 centimètres de chaque bout; aux longues lattes, à 15 centimètres du bout supérieur el à 75 centimètres du bouts inférieur. Enfin, pour réunir ces cordes ensemble et les lier à la corde unique du cerf-volant, on place celui-ci à lerre, un pied sur le croisillon,. et prenant tous les cordes en main, bien tendues, on les noue de facon que la verticale du nœud tombe à mi-chemin entre le sommet des longues barres et la barre transverse. La carcasse, recou-\ verte de calicol rouge bien collé et tendu, est lé-= gère et rigide en haut, un peu plus lourde et élas=" tique en bas. Le centre de figure et le centre de, gravité sont au-dessous dupointd'altache (Chanule … mhn = Cv M. BRILLOUIN — LE PROGRÈS DES MACHINES VOLANTES 169 s. 187). La description est presque complète : ilne . manque que la distance du nœud au cerf-volant, probablement 1 mètre à 1" 50 d’après le mode opé- ratoire indiqué. Des règles empiriques. pas toujours précises, voilà tout ce qu'a pu réunir M. Chanute, à grand’- peine, sur le cerf-volant; mais pas trace d'une Lhéorie de l'équilibre stable. Sil'on songe que le cerf-volant est retenu, et qu'il reçoit le vent sous n angle toujours considérable, 30° à 60°, tandis que l’aéroplane est libre, et doit manœuvrer sous des incidences aussi rasantes que possible, pour l'économie de puissance motrice, on ne peut guère s'étonner que lant d'appareils volants aient fini ar se retourner tète-bêche au moindre coup de -périmentateurs aient échoué dans leurs entatives pour re- produire des appa- - reils dont le succès élait infaillible entre - les mains de léurin- - venteur. Il reste dans “les meilleures des- - criplions une partie mal délerminée, un - (àtonnement dans le- quel les uns réussis- sent presque à coup publié le résultat de ses recherches dans un vo- lume, Le vol des oiseaux, fondement de l'art du vol (1889), et dans des communications annuelles au Journal de V' Aéronautique (Zeitschrift für Luftschif- fahrt). Le livre se termine par trente aphorismes dont voici les principaux: En air calme, l’homme ne peut voler par ses seules forces. Dans les conditions les plus favorables, il fau- drait encore qu'il pût produire 1 cheval et demi. L'homme pourra s'élever dans l'air et planer avec un vent de 40 kilomètres à l'heure. : L'appareil doit être une reproduction agrandie des ailes des oiseaux les plus grands et les plus haut-pla- neurs. On peut faire porter 10 à 12 kilogrammes par mètre carré. On peut construire en bois de saule et toile un appa- reil solide de 10 mètres carrés pesant environ 15 kilogrammes. Un homme muni de cet appareil aurait un poids total de 90 kilo- grammes, soil 9 kilos par mètre carré, à peu près la proportion des grands oiseaux. La section transver- sale des ailes doit être courbée, la concavitée vers le bas. La flèche de fluxion doit être un douzième de la largeur (d'avant en arrière) pour corres- sûr où les autres 6- chouent. Tel estlecas de l'oiseau artificiel imaginé par M. Lancaster après cinq années de séjour dans les solitudes de la Floride $S W, consacrées à l'observation des grands oiseaux planeurs. « J'ai fait, dit-il, des centaines de ces oi- _seaux avec loutes sorles de succès: tantôt Lous les modèles présentés au vent s’élevaient sans difficulté et parcouraient en remontant le vent plusieurs “centaines de mètres jusqu’à 300) avant de perdre équilibre et de tomber à terre ; tantôt l'essor était impossible. » Il s'agit d'un oiseau artificiel pré- sentant au ventunesurface de carton fixe de 15 dé- “cimètres carrés environ (60° sur 25°") représen- - lant les ailes étendues et immobiles de l'oiseau | véritable. A 45°® en arrière est une queue verticale (en long ou en large?) et à 45°" en dessous, à l'avant, un poids de près d’un kilogramme. a IT —. Ilfaut arriver aux expériences mémorables de — M.Lilienthal pour trouver enfin desessais conduits — avec une méthode sûre, et vraiment scientifique. … M. Lilienthal, dont vingt-cinq années d'efforts ont - été récemment couronnés d'un plein succès, a Fig. 2. — Sommet duquel M. Lilienthal s’élançait avec son appareil. pondre à celle des oi- seaux. La courbure doit être parabolique, la plus prononcée à l'avant, la plus aplatie à l'arrière. D'ailleurs l'expérience indiquera le meilleur rapport entre l’envergure et la largeur des ailes, ainsi que la meilleure courbure. Préceptes relatifs aux ailes batantes. Ainsi préparé par ses éludes antérieures, M. Li- “lienthal a fait une série importante d'expériences en 4891! (fig. 2). Outre la courbure d'avant en ar- rière, les ailes ont une forme sinueuse de droite à gauche.Unesortedequille verticale dans le plan de symétrie, et une queue à peu près horizontale, mais relevée en arrière, assurent la stabilité. De rema- niements en remaniements, la surface des ailes fut peu à peuréduite de 10 mètres carrés à 8 mètres carrés. L'appareil complet pesait alors 18 kilo- grammes. Au cours de ses exercices préparatoires, d’abord dans son jardin, puis sur des coïlines gazonnées des environs de Berlin, M. Lilienthal, en cou- rant contre le vent sur une longueur de 8 mètres, 1 Voyez à ce sujet, dans la Revue du 30 déc. 1893, p. 802, l'article de M. Runge sur les expériences de M. Lilienthal. 770 M. BRILLOUIN — LE PROGRES DES MACHINES VOLANTES réussit à se laisser porter, et à franchir d’un bond 20 à 25 mètres. L'appareil cessail d’être maniable lorsque la vitesse du vent dépassait 20 kilomètres à l'heure. « Souvent, même avec cette surface « réduile, des rafales soudaines m’enlevaient, et, « si je n'avais pu me délacher instantanément de « mon appareil, je me serais rompu le cou, aulieu « d'attraper de simples entorses, ce qui arrivail « au bout de peu de semaines. » L'année suivante(1892), muni d'ailes de 16 mètres carrés de surface, M. Lilienthal réussit, en prenant un élan à la course face à un vent de 28 à 30 kilo- mètres à l'heure, à acquérir une vitesse relative suflisante pour s'élever, planer horizontalement, et atterrir légèrement. En 1893, les essais furent re. pris du haut d'une tour de 10 mètres, située au semmet d'une colline en pente vers l’ouest. Quand le vent frappe latéralement. tout lap- pareil s'incline, le centre de pression se déplace du côté exposé au vent, qui se relève; pour ra- mener l’horizonlalité, l'aéronaute doit porter son poids de ce même côlé, au vent !; cela rendrait peu sûr l'emploi d'ailes de trop grande enver- gure, et a conduit à adopter 7 mètres comme li- mile maximum. De même, si le vent prend en dessous, le centre de pression recule, et il faut pou- voir compenser cel effet par la flexion du torse et la projection des jambes en avant ou en arrière (fig. 3), ce qui limite la largeur acceptable à 2",50. Les ailes, arrondies aux bouts, ont alors environ 14 mètres carrés, et pèsent 20 kilogrammes, ce qui, avec l'aéronaule, porte le poids total à 100 kilo- grammes environ. Les préceptes fondamentaux sont les suivants : Pour éviter tout accident par rafales, s'exercer aux manœuvres qui conservent l’équilibre en com- mençant avec des ailes de faible surface, et n'aug- ‘ L'habitude d'étendre les bras et les jambes du côté où on se sent pencher, pour se garer du choc contre la terre, est tout à fait funeste ici, et précipite le renversement: il faut, pa- rait-il, une forte attention pour tinclif. éviter ce mouvément ins- menter la surface qu’autant qu'on est devenu par- failement maitre de l'équilibre avec les ailes les plus petites. C’est une habitude à acquérir com celle de l'équilibre sur un bicycle. On peut décrire une courbe à droite ou gauche en portant le poids du corps d’un côté o de l’autre, mais il faut toujours atterrir face à vent. On doit porter les jambes en avant, et a moment mème où les pieds vont toucher le sol, re jeter promplement le corps en arrière, ce qui re- lève le front des ailes, présente toute leur surface inférieure au vent el arrête le mouvement en avant; on prend terre aussi doucement que si l’on avait. sauté, sans ailes, du haut d'une chaise. La figure 3 montre en d ele vol en air calme, sous une pente de 9 à 10°; en 4 f avec un vent de 4 à 5 mèlres par seconde (15 à 18 kilomètres à l'heure), la pente n’est plus que de 6 à 8°; enfin. avec un vent de 7à 8 mèlres par seconde (25 à. 30 kilomètres à l'heure) qui exige une certaine lutte contre le vent, M. Lilienthal s’est à plusieurs reprises trouvé soutenu immobile dans l'air pen- dant plusieurs secondes, et quelquefois subitemen enlevé de plusieurs mètres par une rafale (4. M. Lilienthal annonce avoir construit un moteu à vapeur de deux chevaux, pesant 20 kilogrammes tout compris ; il se propose de l’adapter à son appa- reil volant pour en faire mouvoir les ailes. Comme il est tenace el patient, on ne peut guère douter qu’il réussisse en peu d'années à faire une machine volante, à ailes baltantes, capable de porter le poids d'un homme, el suffisamment stable. On remarquera, d’abord, que la stabilité de l’ap- pareil est suflisante pour donner le temps à l’aéro- naute de rétablir l'équilibre par des mouvements simples; mais rien ne prouve que la stabilité sub- sisterait si la masse suspendueélaitinerte!. Enfin, . M. Lilienthal attribue une importance capitale à la courbure des ailes d’avant en arrière : « Dans les 1 Ce doute ne semble que trop justifié par l'accident ré- cent dont M. Lilienthal a été victime, au cours de ses essais de cet été. M. BRILLOUIN — LE PROGRÈS DES MACHINES VOLANTES 111 « petits modèles, de moins d’un mètre carré, une « flèche de 1/12 de la largeur fournissait les meil- … « leursrésultats; avec les ailes de 14 mètres carrés, « de nombreux essais ont montré qu'il faut réduire -« la flèche à 1/18 ou 1/20 de la largeur... » . Qu'est-ce que les « meilleurs résultats » ? C’est ce que je ne trouve pasclairementexposé dans le livre de M.Chanute, ni à propos des expériences de M.Li- lienthal, ni àproposdecelles de M. Hargrave (p.230), “ni à propos des brevets de M. Philipps (p. 165-170), “qui tous concluent à la supériorité des surfaces con- | caves sur les surfaces planes. — M. Lilienthal, dans son livre, l'expose claire- en Angleterre, et qui a déjà élé soumise à d'impor- tants essais partiels. Après des expériences sur la résistance de l'air et sur les meilleures formes d'hélices propulsives, M. Maxim a construit un pla- neur de 500 mètres carrés de surface totale, d’une longueur de 44 mètres. Comme le montre la gra- vure ci-jointe, le planeur supporte tout un échafau- dage avec chaudière à vapeur, moteur, etc.; la machine pèsera de 2.500 à 3.000 kilogrammes. Les expériences sur la résistance de l'air ayant montré x et 1 : « qu'une incidence de ü est pratique, une force pro- pulsive des hélices de 180 à 220 kilogrammes serait Se = AS 71 à œ D HAN: PRE £ 7 ae DA n ù { |! (DS I Wen TR" 4 CALE PEUT CRE TT D OP — _ Cr OZ, NU Zars NTe RS lue TL ES NE q ut = Fig. 4. — Vue générale de l'aéroplane de M. Maxim. ment. Ses expériences montrent un changement considérable dans l’allure de la résistance de l’air -en fonction de l'incidence (comptée à partir dela corde qui joint le bord antérieur au bord posté- rieur). Cette résistance conserve sa plus grande valeur sur plus de 60° de part et d’autre de l'inci- - dence normale et tombe très rapidement, sans être encore nulle, lorsque le vent est parallèle à la corde. En outre, elle change beaucoup d'orientation par rapport à cette corde, et, sous les faibles incidences, . le rapport de la composante horizontale à la com- posante sustentatrice verticale est inférieur à la tangente de l'incidence, et par là même très favo- rable, IV Je ne veux pas terminer sans dire quelques mots de l'énorme machine construite par Hiram Maxim, suffisante; la machine étudiée produit jusqu’à 150 kilogrammes; et pourtant il semble que M. Maxim ait éprouvé quelques déceptions de ce côté; il faut en effet tenir compte de la résistance horizontale, très difficile à évaluer, due à tout l'échafaudage qui donne de la rigidité au planeur, ainsi qu’à la plate-forme et à la machinerie. Le progrès capital réalisé, c’est la construction d’un moteur puissant et léger, sur lequel M. Maxim fournissait dans une lettre adressée à M. Chanute, le 6 octobre 1892, des indications assez détaillées (p. 21-243). Disons seulement que le poids total de la machine (chaudière, pompes, générateurs et condensateurs, y compris toute l’eau qui y cireule atteint à peine 4 kilogrammes par cheval-vapeur, pour une machine de 300 chevaux. Toute la machine est montée sur des roues ct peut courir sur une voie ferrée rectiligne d’un kilo- 112 M. BRILLOUIN — LE PROGRÈS DES MACHINES VOLANTES mètre, dont la première moitié estcomplétée pardes rails parallèles aux premiers, placés au-dessus des roues, pour les empêcher de se soulever. Des dyna- momètres placés aux quatre coins delaplate-forme font connaître la force soulevante. Dans un pre- mier essai, à la vitesse de 46,% kilomètres à l'heure (obtenue par les machines agissant sur les hélices aériennes), l'essieu de devant fut soulagé de 1.040 ki- logrammes, celui d’arrière de 860. Dans une se- conde course à 50 kilomètres à l'heure (après quelques modifications) on obtint 1.130 kilo- grammes à l'avant, et 4.260 à l'arrière. Le centre de gravité, qui était trop à l'arrière dans le premier essai, avait été trop avancé dans le second. Dans un troisième essai, la machine entière fut soulevée. Il me parait inutile d'entreprendre une descrip- Lion détaillée d’un appareil d'essai, à chaque instant remanié; mais je Liens à bien convaincre le lecteur de l'esprit méthodique, audacieux certes, mais nullement aventureux, qui guide M. Maxim. Pour poursuivre utilement ses expériences, M. Maxim estimait que cent mille livres sterling élaient nécessaires, el voici comment il traçait en juin 4892, dans le Century Magasine, le progranime de ses essais : 1° Etude de la machine à vapeur et des hélices. sur rails à toutes les vitesses entre 35 et 180 kilo - mètres à l'heure. Poussée des hélices. Fonction- nement du condensenr et température de l’eau qui en sort, à toutes les allures. 2° Cela fait, mise en place de la soie sur le pla- neur, et essais d'équilibre, d’abord à petite vitesse, et déplacement de la chaudière et du moteur sur la plate-forme, jusqu'à ce que la force soulevante soil la même à l’essieu d'avant qu’à l’essieu d’ar- rière. Nouveaux essais à des vilesses de plus en plus grandes. 3° Gouvernails, pour la marche recliligne el horizontale, (A l’aéroplane on fixera deux longs « bras vers l'arrière; à ces bras on articulera un « gouvernail, très grand et très léger, garni de soie, commandé de la plate-forme par des cordes, « une course d'essai montrera alors si le change- ment d'inclinaison du gouvernail change la ré- tenus dans le livre de M. Chanule sur une questio contribué à préparer la solution, nous éclipserons- «partition des charges entre l’essieu d'avant et « l’essieu d’arrière ; si le gouvernail d’'arrière ne: «suffit pas, on en mettra un deuxième à l'avant» « On s'arrêtera quand on pourra faire varier l& « charge sur chaque essieu de 15 °/,. Dispositif analogue à droite et à gauche pour empêcher le renversement par excès de roulis. Pour tourner à droite ou à gauche, on accélérera une des hélices, et on ralentira l’autre ; 4 Enfin on cherchera à effectuer un vol libre. Pas de plan d'essais sur la manière d’atterrir. Tout cela est extrêmement sérieux et M. Maxin réussira plus ou moins vite selon qu'il saura profile des enseignements de M. Lilienthal; mais la forme même de son aéroplane {1893) est défectueuse, et doit être changée du tout au tout; il n'obliendra qu'unestabilité précaire avec un planeuralourdi par les longs bras destinés à supporter les gouvernails. Je n'ai fait que résumer les renseignements con- très particulière; j'espère en avoir assez dit pour” engager tous les curieux d’aéronavigation à le lire. et relire. C'est d'ailleurs un véritable plaisir pour un Français ; aucune nation n’a tant fait pour trans-M farmer la chimère en réalité; toutes les formes de la passion aéronautiqüe se sont incarnées dans quelques-uns de nos compatriotes, depuis la folle témérité des Besnier (1678), de Bacqueville (1742), et la fine el patiente observation des d'Esterno, des Mouillard, des Weyher, jusqu'à la savante analyse. expérimentale de M. Marey et à l’ingénieuse syn- thèse des d'Amécourt (1863), Mouillard (1865), Trouvé (1870), Pinaud (1871), Jobert (1871), Hureau de Villeneuve (1872), Tatin (1876), Dandrieux (1879), Pichancourt (1889), sans compter ceux que j’aidéjà cités dans le cours de cet article. Après avoir tant nous discrètement au moment d'en recueillir l'hon neur? Laisserons-nous à d’autres, faule d’un su- prême effort, la gloire et, peut-être, le bénéfice du succès définitif? | Marcel Brillouin. Maitre de Conférences de Physique à l'École Normale Supérieure. - Un ingénieur américain, M. E. T. Adams, ancien lève de l’Institut Sibley, dirigé à Ithaque (New- York) par l'illustre professeur Thurston, vient de publier, dans un récent numéro du Cussier's Maya- ne, une nolice d’une haute portée sur la tempéra- “ture des parois métalliques des cylindres à vapeur, “notice sur laquelle nous croyons devoir appeler l'attention des nombreuses personnes qui s’occu- pent de la physique et de l’économie des machines “à vapeur. Il ne s’agit plus ici de considérations “ihéoriques, plus ou moins bien étayées sur des “hypothèses; il s'agit de faits réels, révélés par des expériences failes avec toutes les garanties d'exac- Litude dans le laboratoire de l'École de Sibley. 1] - s'agit d’un diagramme de la température du métal au point en observation, tracé automatiquement - comme celui de la pression de la vapeur. M. Don- kin, l'auteur des plus grands progrès dans cette “voie, avait bien observé les températures »107ennes à différentes profondeurs dans l'épaisseur du métal, “mais il n'en avait pas donné les variations à chaque “instant d'un tour représentées par un diagramme “automatiquement tracé. d É [ M. Adams ouvre une nouvelle ère aux investiga- “lions des chercheurs. Maiheureusement il est fort “sobre de détails sur les moyens qu'il a employés our alteindre un but visé sans succès par ses “devanciers. Voici tout ce qu'il nous en apprend : —. Un couple thermo-électrique était placé dans épaisseur du métal, à un quart de millimètre de la surface interne de la paroi, el de manière à ne pas obstruer le passage de la chaleur en ce point, soit que le flux fût dirigé de l’intérieur vers l'exté- rieur ou en sens inverse. La température de la sou- “dure froide du couple était maintenue constante et prise pour zéro. L'intensité du courant élec- lrique élail ainsi proportionnelle à la température de la soudure chaude, et produisait des déviations galvanométriques également proportionnelles à la température du même point. Un rayon de lumière était projeté sur le miroir du galvanomètre, d’où il était réfléchi sur une plaque sensible. Par l'inter- médiaire d'une liaison cinématique convenable avec le réducteur de course de l'indicateur de pression, la plaque sensible se mouvail dans un REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1893. 2 tv Éd IT ME ANT “er L'ARES : * Cr . V. DWELSHAUVERS-DERY — PROGRÈS DE LA MACHINE À VAPEUR 113 Re INSCRIPTIONS DES VARIATIONS DE LA TEMPÉRATURE DES PAROIS MÉTALLIQUES DES CYLINDRES A VAPEUR plan perpendiculaire au plan engendré par le rayon lumineux réfléchi du galvanomètre. Ainsi. ce rayon tracait sur la plaque un diagramme dont les abscisses représentent les déplacements du pis- ton et dont les ordonnées représentent les varia- tions de la température du métal, au point consi- déré. Il parait que de telles expériences se poursuivent au Laboratoire d'Ithaque ; mais il est à espérer que les détails de l'installation seront bientôt livrés à la publicité de manière à intéresser tous les labo- raloires au même sujet el à provoquer une accu- mulation de faits qui trancheront définitivement la question de la température des parois, et, par suite, celle de son influence sur l'économie de la machine. En attendant, il est utile de reproduire ici les révé- lations que M. Adams a bien voulu nous faire. Il donne d'abord un diagramme (fig. 2), reproduil CN un Fig. 4. — Diagramme des pressions de la vapeur. À, com- mencement de l’admission: D, commencement de la dé- tente ; E, commencement de l’émission: C, commencement de la compression. d'après l'épreuve originale négative, des variations de la tempéralure relevée en un point situé dans le mélal, à un quart de millimètre de la surface interne du couvercle du cylindre. Chaque point du métal a son diagramme propre el caractéristique de sa position. M. Adams estime que l’aire de ce diagramme est à peu près proportionnelle à la perte de chaleur due à la condensation de la vapeur sur la porlion de paroi dont ce point peut être pris comme centre. D'après les allures de ces dia- grammes, on peut classer en deux grandes caté- gories les différents points de la paroi où se pro- duisent des échanges de calories entre la vapeur el le métal : d'abord, les surfaces balayées par le piston, qui présentent deux cycles de tempéra- tures par tour de la machine; ensuite les autres surfaces, qui n'ont qu'un cycle par tour. Le dia- 16* V.. DWELSHAUVERS-DERY Æ] 1 re PROGRÈS DE LA MACHINE A VAPEUR gramme de température de la figure 2 est relevé en un point appartenant à la seconde catégorie. Comme ces points sont exposés le plus longtemps à la chute maxima de température, ils ont évi- demment le maximum d'influence sur les échanges de chaleur et, par suite, sur les condensations dans le cylindre. (ll En regard du diagramme des Llempératures de ce point du métal, M. Adams mel un diagramme des pressions, qu’il considère comme représentant suffisamment le diagramme des températures de la vapeur; c’est celui-même de la figure 1. Les deux diagrammes sont les reproductions, à la même échelle, des deux courbes relevées simulla- nément sur la machine expérimentale, une machine Fig, 2. — Diagramme des lempéralures d'un point de la uroi mélallique. À, commencement de l'admission ; ), commencement de la détente; E, commencement de l'émission ; C, commencement de la compression. à un seul cylindre, à condensalion, à excentrique fixe. La pression de la vapeur était de 50 livres par pouce carré, soit 3 kg. à par cent. carré; le nombre de révolutions, 40 par minute. Le diagramme de température de la figure 2 montre qu’au commencement de l'admission A le mélal va s'échauflant presque jusqu’au commence- ment de la détente D: que, pendant la détente et une partie de l'émission anticipée, la température du mélal va baissant graduellement ; puis que, vers la fin de la course directe E, il y a une chute brusque. Au commencement de la course rétrograde, la température s'élève d'abord visiblement, puis s’a- baisse plus lentement, jusqu'au commencement de la compression G, où l'augmentation est de plus en plus prononcée Jusqu'à la fin de celle course. Le phénomène du relèvement de la courbe dans le premier quart de la course rétrograde s'explique par les considérations suivantes : Quand la lumière d'émission est largement ouverte, l’eau saturée qui lapissail la paroi métallique s'évapore rapi= dement el passe au condenseur, De là un abais- sement brusque de la température du métal qui touchait à cetle eau, abaissement qui se propage dans les autres couches, mais pas très profondément à cause de la brièvelé de la durée du phénomène el de la lenteur de la transmission à lravers le métal, Mais ce refroidissement des couches métal: liques internes produit un vigoureux appel chaleur des couches externes; et c’est le flux couche interne est de beaucoup supérieure à celle de la vapeur en contact, phénomène nalurel parce que, à ce moment, il n'y a plus du lout d’eau sa= turée en contact avec le métal; la (transmission su= perficielle a lieu par contact d'un métal avec un gaz, procédé lent; tandis que la transmission, quand elle se fait entre un métal et un liquide à l’état d saturalion, s'opère avec une rapidité incalculable ou tout au moins jusqu'ici incalculée. La chute brusque du diagramme à la fin de la course directe prouve qu'à ce moment le mélal était recouvert d'une importante couche de rosée d’eau à la tempé-M rature de saturation et qui s'est vaporisée presque instantanément. Ces diagrammes confirment les idées que Hirn a émises el que je n'ai cessé de défendre. Ils montrent l'importance qu'il faut attacher à bien protéger le cylindre contre les refroidissements; à en entretenir la haute température par le moyen d’enveloppes complèles à vapeur ; à diminuer, aulant que possible, les conduits que doit suivre la vapeur et les surfaces métalliques que touche la vapeur dans ces conduits : enfin à enduire celles de ces surfaces qui ne sont pas exposées au frottement du piston d'une substance quelconque, huile ow vernis, qui arrête la transmission de la chaleur eb augmente la résistance de la couche superticiell du métal, méthode préconisée par le Professeur Thurston. ; La notice de M. Adams ne nous révèle que le début des applications d'une méthode nouvelle d'investigation ; mais ce simple début promet de tels progrès que nous avons cru devoir le signaler de suite aux lecteurs de la Revue. V. Dwelshauvers-Dery, Professeur de Mécanique appliquée à l'Université de Liège. À el 2 à | | | | | Ls Les recherches hislologiques sur les tumeurs | cancéreuses. néoplasmes cancériformes, carcino- mes et épithéliomas, etc., ont amené un grand nombre de savants à considérer ces productions “ pathologiques comme le résultat de l'invasion de l'organisme par des parasites spéciaux, qu’ils se sont généralement accordés à rapporter au grand ‘sroupe des Sporozoaires. Nous n’avons pas l’in- tention de discuter, dans cet article, le fondement d'une théorie qui donne lieu à tant de contro- “verses: nous voulons seulement donner aussi suc- 4 Ês cinctement que possible une idée exacte des êtres «bien connus dont on rapproche les parasites ou pseu- - doparasites des cancers !, : 1. — Cour D'oIL SUR L'ÉVOLUTION DES CYTOZOAIRES. Les Sporozoaires que l'on peut réunir dans - le groupe des (yfozouires, parce qu'ils passent à l'intérieur d’une cellule au moins une partie de leur existence, sont aujourd’hui définitivement connus pour la plupart. Une étude générale de ces Cyto- zoaires (Grégarines, Coccidies, Gymnosporidies, Hémosporidies) fail reconnaitre une très remar- - quable uniformité dans leur cycle évolutif; c’est, “somme toute, ce cycle évolutif caractéristique qui . en fait un groupe bien défini. Au point de vue de » Ja constitution. il n'y a certes aucun rapport entre - une (régarine polycystidée adulte et une Æemamæba de la fièvre paludéenne; la dernière est de tout - point comparable à un Æhizopode ; la première, très 1° Les lecteurs de la Revue n'ont pas oublié un article écrit …_ sous ce titre : « Carcinomes et Coccidies », en 1892 (ne 18), par M. Metschnikoff. La publication, dans ce journal, d'un + iravail signé d’un tel nom semblerait devoir rendre inutile iout nouvel exposé de la question, si la question elle-même n'avait subi depuis lors des modifications profondes ; les tra- … vaux se sont multipliés sur les êtres si intéressants et si peu connus du public qui constituent le groupe des Sporozoaires, et l’on peut considérer aujourd'hui comme définitivement élucidés miles points de leur histoire qui semblaient encore très obs- curs en 1890. C'est ainsi que Léger, continuant les travaux de Schneider, a prouvé qu'il n'y a pas d'exception au cycle évolutif établi par cet auteur pour les Grégarines et que la pseudofilaire de Van -Beneden doitdisparaitre de la science ; Labbé, établissant définitivement que le Polymilus des Gymnosporidies est dû à un simple accident de préparation, a montré que le cycle évolutif de ces parasites est absolu- ment parallèle à celui des Coccidies vraies. Le regretté Thé- Johan a suivi la genèse des spores de Myxosporidies et à rapproché de ces êtres les Microsporidies, etc., etc. Les Myxosporidies forment un groupe très fermé, défini par des caractères anatomiques tout à fait constants, et l’on n'a jamais songé à leur comparer les parasites ou pseudo- parasites des cancers: les Sarcosporidies sont encore bien —_peu connues et ce ne serait guère avancer la question que de comparer à des ëtres aussi mal définis des éléments dont on veut prouver l'individualité. Ilen est de même des Amœæbo- sporidies de Schneider, auxquelles Pfeiffer a proposé de rat- tacher les parasites de diverses maladies, F. LE DANTEC — LES COCCIDIES 115 LES COCCIDIES compliquée en organisation, est au contraire ce que Ed. Perrier appelle un Périzoaire, ayant une forme déterminée et une membrane limitante externe. Il est donc difficile de voir réellement un groupe 20ologique dans les Cytozouires. Les groupes zoologiques doivent réunir des êtres qui ont entre eux une certaine parenté phylogénique et le groupe des Cytozoaires semble composé d'êtres d'origines très diverses qui seraient arrivés, par un phéno- mène de convergence, à parcourir à peu près le même cycle évolutif, Quoi qu'il en soit de la parenté de ses divers membres, le groupe des Cytozoaires est très bien défini. On sait très bien de quoi l’on parle quand on compare à un Cytozoaire déterminé un parasite trouvé dans une tumeur maligne ; malheureusement il est bien difficile, sinon tout à fait impossible, de suivre optiquement l'évolution d’un parasite, — authentique ou supposé tel, — rencontré dans une tumeur cancéreuse, puisque les conditions normales de son existence ne sont plus réalisées dès que l’ablation a eu lieu. Alors, comment faire entrer un être dont on ne peut suivre le cycle évolutif, dans un groupe défini par son cycle évolutif? On doit se contenter, jusqu’à ce jour, de comparer à Lel ou tel cytozoaire considéré à tel ou tel stade de son évo- lution les diverses figures anormales que l’on ob- serve dans les préparations histologiques des tu- meurs. On peul considérer d’une manière générale que le lerme de l'évolution d'un cytozoaire est la formation de corps reproducteurs, dans les- quels passe toute la substance du parasite {ou au moins la partie la plus importante de cette subs- tance, le reste étant falalement destiné à se détruire pelit à petit. De deux choses l’une : ou bien ces corps reproducteurs pourront se déve- lopper à l'intérieur même de l’hôte qui a hébergé leur père, et alors la reproduction aura pour effel une généralisation de l'infection parasitaire dans l'hôte lui-même : c’est le développement erdogène; ou bien ils ne pourront se développer que dans un nouvel hôte, après avoir passé un temps plus ou moins long dans le milieu extérieur; dans ce der- nier cas, il faudra que les corps reproducteurs soient doués d’une résistance considérable pour pouvoir conserver l'espèce malgré les causes de destruction auxquelles ils sont exposés : c'est le développement exogène. Dans les deux cas, les premières phases de l’évo- lution sont identiques, sauf quelques différences de détail, jusqu'au stade de la formalion des. corps 116 F. LE DANTEC — LES COCCIDIES NAS ET ER ER Re reproducteurs; on a admis longtemps sans le moindre doute, et l’on admet encore en général qu'une espèce déterminée de Cytozoaires parcourt toujours le même cycle évolutif endogène ou exogène, et que ce cycle est caractéristique de l’es- pèce; une théorie récente, que nous étudierons tout à l'heure, considère au contraire comme fré- quente, ou mêmecomme générale, l'existence, pour chaque espèce, des deux cycles endogène el exogène, dont l'un assurerait la multiplication des parasites dans un même hôte, l’autre la conserva- lion de l'espèce et la transmission d'hôte à hôte. Étudions chacun de ces cycles séparémeni, comme s’il était certain qu'une espèce déterminée ne peut parcourir qu’un seul d'entre eux. IL. — ÉVOLUTION EXOGÈNE. Tout cylozoaire est, au début de son existence, un pelit corps appelé sporozoile, composé d’une pe- tite masse protoplasmique, de forme déterminée, avec un noyau réduit, le plus souvent, à une petite masse de chromatine, appelée à tort nucléole. Le sporozoïte, d'abord libre dans une cavilé orga- nique de l’hôle, pénètre dans une cellule hospi- lalière et se loge dans son protoplasma; il s’y dé- veloppe peu à peu, et. pendant sa croissance, son noyau se modifie ; une aire claire apparait autour de la masse chromatique initiale, qui se trouve bientôt ainsi au centre d’une masse sphérique non colorable par les couleurs d’aniline. Cette masse de substance achromalique préexistait dans quelques cas chez le sporozoïte: elle s’entoure, le plus sou- vent, d’une membrane (membrane ele aire) qui la sépare du protoplasma ambiant: le noyau adulte done une struclure vésieulaire caractéristique , toute sa masse chromalique étant rassemblée au centre de la vésicule où elle affecte des formes va- riables. A ce moment il peut se présenter deux cas : Ou bienle cylozoaire pousse vers l'extérieur de la cellule hospitalière un bourgeon qui, traversant la paroi de celte cellule, proémine librement dans une cavité organique de l'hôte et finit par acquérir un volume bien plus considérable que celui de la partie restée intra-cellulaire : c’est le cas d’une Grégarine polyeystidée ! (fig. 1). Le noyau s'avance pelit à pelit vers l'extrémité distale de ce bourgeon où il se trouve enfermé définitivement par l’appa- rition d'une cloison transversale (Dicystidées, Léger) 1 Nous mettons à part les Grégarines Monocyslidées vraies ; les sporozoïtes de ces êtres passent di- rectement du tube digestif dans le cœlome des hôtes, sans s'arrêter dans une cellule ; ils n’auraient donc pas de phase primitive intra-cellulaire et se développeraient directement dans le cœlome; ce n’est qu’une hypothèse vraisemblable. Dans tous les cas, au bout d’un certain temps, les mono- cystidées s’enkystent comme les autres Cytozoaires. Léger admet que segments dont le plus ancien est fiché dans la cel= lule nutritive et dépourvu de novau, dont l'autre, quand il n'y en a que deux, ou le plus éloigné des deux autres, quand il y en a trois, contient le noya Fig. 1. — Développement d'une Grégurine polycyslidée (d'a= près Schneider). — 1. Sporozoïte libre. — 2, 3. Déve- loppement intracellulaire. Bourgeonnement. — 6. Céphalin complet. — 4, à. du eytozoaire. La partie extra-cellulaire se détache de la partie intra-cellulaire et tombe dans la cavité organique (le tube digestif fowjours pour les Gréga-, rines polycystidées) el y mène une existence libre" plus ou moins longue {nous n'insistons pas sur ce. cas des Grégarines qui sont exclusivement para- sites des Invertébrés). Au bout d'un temps plus ou moins long, cette Grégarine libre s'entoure, seule ou en compagnie d’une autre Grégarine (pseudo= conjugaison), d’une paroi résistante généralement sphérique; c’est alors ce qu'on appelle un kyste. Ou bien, le Cytozoaire intra-cellulaire, ayant” épuisé la cellule nourricière, s’arrondit à son inté-, rieur et s'y enkyste directement : c'est le cas des, | Coccidies. | Dans les deux cas nous arrivons à un kyÿsle en- touré d'une paroi résistante: ce kyste estlibre dans une cavité organique chez les Grégarines: il est intra-cellulaire chez les Coccidies; tous les phé- nomènes ultérieurs sont comparables dans les deux cas. Pour simplifier la description, supposons que la Grégarine se soit enkystée seule (s’il y avait deux Grégarines dans le kyste, chacune d'elles se com porterait isolément comme la masse lotale, quand il n'y a qu'une Grégarine enkystée). Alors, qu'ils, s'agisse d'une Grégarine ou d’une Coccidie, nous [1 nee aux ro suivants, bien certains dans tous les cas, complètement connus. Le noyau perd sa DeMPrANES et l'aire claire ail , entourait son wwcléole ?) devient indistincle. Ré- duil ainsi à une masse ie il émigre vers la périphérie de la masse protoplasmique, laquelle s'est détachée par contraction de la paroi du kyste. Œ Puis il se divise (par karyokinèse?) en deux, ‘+ äu périphérie de la masse protoplasmique (fig. 2). …— Ce travail de division nucléaire achevé, une A sphère de protoplasma se condense autour de cha- z 3 4 5 ge œ E?) “) g. 2. — Formation des Sporoblastes dans un kyste de «: LL — 1. Enkystement de la Coccidie à l'intérieur d’une cellule. — 2. Le noyau commence à se diviser à la périphérie du corps protoplasmique contracté dans le kyste. —3,4 Formation des Sporoblastes (on a représenté seule- ment ce qui se passe dans un plan diamétral). — 5. Spo- - roblastes formés; x, reliquat de segmentation. -roblaste; il y a donc autant de sporoblastes qu'il s'est produit de noyaux. - Toute la masse protoplasmique du kyste peut être employée à la constitution des sporoblastes, - ou bien il peut en resler une partie inemployée, qu'on appelle le reliquat de segmentation. “ Voilà donc les sporoblastes libres dans le kyste: - chacun d'eux est d'abord une sphère de proto- plasma muni d'un noyau, puis prend une forme déterminée pour chaque espèce et s’entoure d'une paroi résistante : il devient ainsi une spore. Dans la spore vont se passer des phénomènes identiques à ceux qui se sont passés dans Le kyste; -son contenu proloplasmique, muni d'un noyau, va donner, en fin de compte, un nombre déterminé de etites masses nucléées, qui seront les sporozoites, et, le plus souvent, une partie inemployée et dé- pourvue de, noyau, qui est appelée le reliquat de différenciation ‘. Quand la spore contient ces divers éléments, on dit quelle est #ure. Le Le des spores formées dans un kyste est ‘lrès considérable et indéterminé chez les Gréga- rines el les Coccidies polysporees ; il est réduit chez les Coccidies oligosporées à quatre (tétrasporées) ou à deux (disporées). Nous avons suivi la sporulation à à l’intérieur du. - kyste, sans nous préoccuper de l'endroit où se … lrouvait ce kyste ; dans certains cas, la sporulalion . n’alieu qu'après que le kyste a quitté l'organisme £ è de l'hôte; pour les Grégarines polycystidées, par exemple, on ne trouve de kystes presque mürs que — dans le rectum, de kystes mûrs que dans les fèces: + kyste de la Coccidie du foie de lapin est rejeté FF 1 Une Grégarine, celle de l'intestin du homard, fait excep- lion à cette règle genérale de la constitution des spores; ses spores sont sphériques et aues; elles comprennent un reli- muquat de différenciation central, entouré d’une couche con- “tinue de sporozoïtes juxtaposés sans membrane pour en pro- … téger l'ensemble. F. LE DANTEC — LES COCCIDIES EE. puis plusieurs noyaux, qui se répartissent | avec les fèces, alors que les sporoblastes sont à peine formés à son intérieur; la maturation n’a lieu qu'à l'extérieur. Dans d’autres cas, le kyste mürit dans l'hôte, quelquefois même à l'intérieur de la cellule où il s’est formé. Cela a lieu particu- lièrement chez les Coccidium des Poissons. On cons- tate alors, en relation avec cette durée plus longue du séjour intra-cellulaire, une diminution de plus en plus grande de l'épaisseur de la paroi du kyste, qui devient presque insignifiante chez quelques espèces. Dans ce cas, ce n'est plus le kysle qui protège l'élément reproducteur contre les causes extérieures de destruclion, c’estla spore elle-même qui est la forme de résistance. Dans tous les cas, le kyste est rejeté à l'extérieur, ou bien il attend, sans modification, que la destruction du corps de son hôte le mette en liberté. La spore ne s'ouvre, pour mettre les sporozoïtes en liberté, que lorsqu'elle est introduite dans une cavité organique (l'intestin le plus souvent, pro- bablement) d'un hôte de même espèce que celui où a évolué le parent d’où elle provient. Le spo- rozoïle, mis en liberté, se meul la pointe en avant il a généralement la forme d'un fer de faux, d'où le nom de corpuscule falciforme, qu'on lui donnait autrefois), ec pénètre dans une cellule hospila- lière. Le cycle évolutif est fermé. On voit que, dans lous les cas précédemment décrits, même quand le kyste mürit à l’intérieur de la cellule hôte, mème quand la sporulation est intérieure, le cycle évolutif est exogène, c'est-à-dire que du sporozoiïle d'une génération au sporozoïte libre de la génération suivante il y a forcément une période pendant laquelle le parasite est dns le inilieu extérieur. Quand l'évolution se poursuit selon ce mode normal, une spore ingérée par un hôte ne peut infester, au maximum, qu'un nombre de cellules de l'hôte égal au nombre de sporo- zoïtes qu'elle contient.-Ce nombre est aussi le nombre maximum des kystes pouvant provenir d'une seule spore. Dans des cas d'infection aiguë, Labbé a décrit pour les Coccidies des Oiseaux (et cela a probablement lieu pour d’autres Coccidies un mode de proliféralion endogène par bipartition intra-cellulaire de la jeune Coccidie avant l'enkys- tement; chaque sporozoïile pourrait donc alors donner naissance à plusieurs Coccidies, dont cha- cune donnerait un kyste. Ce mode de multiplica- üon à l’intérieur de l'hôte, nous amène au eycle évolutif endogène. Avant de l’aborder, rappelons les principaux traits de l'évolution exogène des Cytozoaires. {° Phase d’accroissement intra-cellulaire du spo- rozoïite. 2e L’accroissement intra-cellulaire se poursuit chez les Coccidies ; il se continue par une phase libre dans 118 le tube digestif chez les Grégarines polycystidées !, 3° L'être s'enkyste. ° Le noyau se porte à la périphérie de la masse protoplasmique légèrement rétractée dans le kyste, et se divise en autant de parties qu’il y aura de spores, 5° Le contenu du kyste se divise en sporoblastes uninucléés, avec ou sans reliquat de segmentation dépourvu du noyau. 6° Chaque sporoblaste devient une spore en s'en- tourant d'une paroi de forme déterminée. T Le contenu de la spore donne un nombre dé- terminé de sporozoïtes uninucléés, avec un reliquat de différenciation en général. III, — ÉVOLUTION ENDOGÈNE. Les premiers stades de l'évolution endogène sont identiques à ceux de l’évolution exogène; le sporozoïle grandit à l’intérieur d’une cellule hospi- talière, son noyau prend la structure vésiculaire s'ilne l'avait déjà au début. Il devient adulte dans la cellule où il a grandi, et, à partir de ce moment, nous trouvons encore deux cas dans la suite de son évolution. Ou bien lecylozoaire adulle présente la structure d'une Grégarine monocystidée ; il peut alors sortir de la cellule où il a grandi (cette cellule est, dans le cas actuel, un globule sanguin ou un élément his - tologique d'organe hématopoïétique et se mouvoir librement dans le sérum. C'est alors une Æémospo- ridie où Hémoyrégarine; elle peut se souder à une congénère rencontrée dans sa course et former avec elle, par fusion complète, un nouvel être ne différant des premiers que par une laille un peu plus considérable. Un tel être ou un être simple ne résultant pas de la conjugaison de deux hémo- grégarines pénétlrera ensuite dans un nouveau glo- bule sanguin et s’y enkystera en s’arrondissant el s'entourant d’une membrane. Ou bien le cytozoaire adulte à une structure plus simple et ne quitte pas la cellule où il à grandi, Dans ce dernier cas il peut se produire plusieurs phénomènes diflérents suivant les es- pèces : 1° Le cytozoaire s'arrondit dans la cellule hôte. a. Ils'y enkyste en s’entourant d'une paroi plus ou moins résistante |Zmeria\; la cellule hôte est alors, en général, une cellule épithéliale limitant une cavité organique tube digestif, tubes de Mal- pighi des Insectes, ele.) ; on constatedansles diver- l Le passage est établi entre les Grégarines polycystidées et les Coecidies par les formes cœlomiques des premières. Dans certaines conditions, le jeune cytozoaire, parasite d’une cellule épithéliale du tube digestif de Phôte, se déplace vers le cœæ- au lieu de bour- et poursuit son évolu- lome en refoulant les tuniques digestives geonner vers la lumitre de l'intestin), tion dans ces tuniques où il s’enkyste; c’est le kyste mür qui tombe dans la cavité générale. L'évolution des G. monocys- tidées serait une exagération de ce processus ; le sporozoïte traverserait les tuniques intestinales sans s'y arrèter et évo- lucrait dans le cœlome. F. LE DANTEC — LES COCCIDIES ses espèces du genre Zimeria, depuis £. fulciformis, de l'intestin de la souris, jusqu'à Z. nepæ, de la nèpe cendrée, une diminution progressive de la paroi du kyste : ce qui nous amène au cas sui= vanl. 6. Il ne s’entoure pas d'une paroi, mais reste à. l'état de corps sphérique nu. La cellule hôte est le: plus souvent un globule rouge de sang (Æ/emamæba de la fièvre paludéenne|. 2° Le cytozoaire s'allonge, son noyau se divise, et chacun des deux nouveaux noyaux gagne une. extrémité du corps protoplasmique qui prend, petit. à petit, la forme d'une hallère, composé qu'il est de deux sphères nues et nucléées, unies par une partie allongée dépourvue de noyau; la partie allongée se détruira petit à petit (reliqual de seg- mentalion :; chacune des deux sphères nucléées se comportera comme la sphère nue d'une Æemamabu. C'estle cas des Æalleridium du sang des Oiseaux. Dans tous les cas que nous venons d'énumérer, que nous ayons affaire à une //émogrégurine, une Eimeria, une Hemamaba où un Æalteridiun, nous voici arrivés à un état où le parasite se compose. soit d'une, soit de deux sphères protoplasmiques uninucléées, entourées ou non d’une paroi kys- tique. ; Chacune de ces sphères protoplasmiques pré- sentera désormais les mêmes phénomènes. Le noyau se portera à la surface de la sphère (après avoir perdu sa paroi el son apparence vési- culaire) ets’ y divisera en un nombre généralement très grand de parties, qui se répandront, soit sur toute la surface de la sphère, soit sur une moitié seulement de celte surface (quelques Zimeria . Puis, autour de chacun de ces noyaux supertfi- ciels, le protoplasma se condensera en petites masses,comme nous avons vu que cela se produi- sait dans le cas de l’évolulion exogène pour la formation des sporoblastes. Seulement, ici, ce ne sont pas des sporoblastes qui se consliluent, ce sont des sporozviles où corpuscules falciformes, c'est-à-dire de jeunes Cytozoaires. Dans certains cas, chez les Zimeria à kyste solide, -parexemple, ilest possible quele kyste soit rejeté à l'extérieur avec les fèces el puisse ainsi trans- mettre le parasite à un nouvel hôte ; mais, le plus souvent, même pour ces espèces à kyste solide, toujours pour les espèces dépourvues de kystes, les sporozoïles sont mis en liberté directement dans l'hôte où a vécu leur parent, par destruction de la cellule hospitalière (et du kyste s’il y en avait un). Ces sporozoïles mis en liberté, soit dans le tube digestif, soit dans le sang, soit ailleurs, pénètrent dans une nouvelle cellule et y recommencent le cycle évolutif que nous venons de parcourir. L'in-. fection se généralise dans un même hôle. F. LE DANTEC — LES COCCIDIES IV. — ESSAIS DE CLASSIFICATION. Schneider considère le kyste d'une Æimeria comme une spore et admet que toute la masse du parasile se transforme, par conséquent, en une spore | unique : d'où le groupe, créé par lui, des Coccidies monosporées. Il faudrait alors considérer comme une spore nue l'ensemble d'une Æemamwba divi- De en sporozoites et reliqual de différenciation. | deux spores nues l'ensemble d'un Æalteri- din à la fin de son évolution. … La classification des Cytozoaires est donc, d’a- | près Schneïder {si l'on y ajoute les D el les Gymnosporidies| : &2 | 0e" x : À 1° Espèces à forme adulte libre : FE z. Espèces polysporées : Grégarines polycystidées ES “et monocystidées. mu 4. Espèces monosporées : … grégarines,. à Hémosporidies ou Hémo- —… 2° Espèces sans forme adulte libre : «. Espèces donnant un nombre indéterminé de spores : Coccidies polysporées. 8. Espèces donnant un nombre déterminé de spores : . Coccidies oligosporées. = a. Quatre spores : Tétrasporées. b. Deux SERRES 1. Spores à paroi résistante: Dispo- rées vraies. 2. Spores nues : Gymnosporidies disporées. D Y. Espèces donnant une seule spore : a. Spore entourée d’une paroi: Monosporées vraies - (Eimeria). …—._ L. Spore nue : Gymnosporidies monosporées. Labbé s'est élevé contre cette classification et on ‘admet pas les Monosporées, prétendant que l'on ne saurait assimiler à une spore le kyste d’une … Eimeria. On peut, si l'on veut, classer tous les Cyto- …oaires en les divisant d'abord en deux grands . groupes à cycle évolutif endogène et exogène : | Évolution exogène. Le bourgeonnement du corps “ protoplasmique produit des sporoblastes qui devien- « iront des spores résistantes. a. Une forme adulte libre : Grégarines. … b. Pas de forme adulte libre; tout le développement … est intra-cellulaire. …—_ Un nombre indéfini de spores : Coccidies polyspo- — rées vraies. 4, Un nombre défini de spores (2 ou 4): Coccidies oli- sosporées vraies. : 2, Évolution endogène, Le bourgeonnement du corps protoplasmique produit des SpUrozoites 5 Une forme adulte libre : Hémogrégarines. b. Pas de forme adulte libre. x. Une paroi au kyste (anciennes monosporées yraies) : Limeria. &. Pas de paroi : Gymnosporidies. V. — DiMORPIHISME ÉVOLUTIF. Une théorie récente due au D’ Pfeiffer établit un parallélisme complet entre l'évolution exogène et l’évolution endogène. Chaque espèce de Cocci- dies (et même de Sporozoaires, serait susceptible d’un développement endogène. chargé de répandre l'infection dans un même hôte, et d’un développe- ment exogène, chargé de conserver l'espèce et de répandre l'infection d'hôte à hôte, On se demande. en effet, comment peut ne pas disparaître l'espèce des Coccidies à évolution endogène, lesquelles n’ont pas de forme de résistance capable de s’op- poser à la destruction, une fois que leur hôte n'existe plus. Le sporozoïte n’est pas une ‘orme de résis- tance et ne peut se développer que dans une cel- lule d'hôte déterminé. Au contraire, la spore ré- siste parfaitement à la dessication et, à toules les causes qui détruiraient les sporozoïtes; elle ne s'ouvre et ne met ses sporozoïles en liberté que dans un milieu approprié à leur évolution ulté- rieure, quand elle a elle-même été introduite dans l'hôte nécessaire. De là la théorie du D' Pfeiffer, qui, il faut bien le dire, s’est réclamée d’abord d'observations recon- nues depuis erronées. et ne s'appuie encore que sur des hypothèses. Mingazzini a décrit deux modes d'évolution du Klossia octopiana, Coccidie polysporée parasite du Poulpe. Mais il est possible qu'il se soit trompé et ait confondu, avec un cycle évolulif erdogène de Klossia, le cycle normal d'une Æimeria parasite du même hôte !. Pfeiffer a décrit un bourgeonnement direct de nombreux sporozoïtes à la surface du,corps proto- plasmique d'un kyste de Coccülium |Coccidie tétra- sporée ; mais Schneider a montré que ce que le sa- vant allemand a pris pour des noyaux de sporo- zoïtes, ce sont simplement des granulations chro- matoïdes superficielles, coexistant avec le noyau cen- tral non modifié. Ici l'erreur est done manifeste. Pour les autres cas de parallélisme, aucune obser- vation directe n'existe; on a seulement constaté la présence simultanée, dans ce même hôte, d'une Coccidie à spores véritables et d'une Zimeria, el l’on a supposé que ce pouvaient être deux formes évolutives différentes d’une même espèce parasi- taire ; mais ce n’est qu'une hypothèse. Voilà, rapidement résumée, l'histoire aujour- d’hui connue des Cytozoaires; on voit qu'il y a de grandes similitudes dans le cycle évolutif des diverses espèces exogènes et endogènes, que l'évolution du noyau, par exemple, est très carac- téristique. Il est probable que, si l'on arrive à identifier à des Coccidies des parasites ou pseudo- parasites du cancer, ce sera dans lesGymosporidies qu’on devra les placer; mais il faudra, pour en avoir le droit, connaître leur eycle évolutif qui, seul, serait caractéristique, et cela paraît fort difficile. 1 Labbé considère comme des spores avortées les sporo- zoïtes du développement endowène attribué aux K lossiaæ par Mingazzini. 180 A. ÉTARD — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PURE VI. — Hapirar. ROLE PATHOGÈNE. Les Grégarines habitent les Invertébrés et n’in- téressent done pas particulièrement ceux qui veu- lent étudier les néoplasmes cancéreux. Toutes les Hémosporidies el Gymnosporidies aujourd'hui con- nues, ainsi que toutes les Coccidies tétrasporées, ha- bitent les Vertébrés. On connait le rôle pathogène des Æemamaæbu de la fièvre paludéenne. L’Æ. Laverani var. quartana évolue en soixante-douze heures, et les accès de fièvre correspondant aux époques de sporulation se reproduisent de lrois en trois jours fièvre quarte); l’/7. L. lertiana évolue en quarante-huit heures (fièvre tierce). Il est probable que ces êtres n'agissent pas seulement sur l'organisme de l'homme par la destruction des globules rouges où ils habitent, mais qu'ils produisent une substance toxique donnant lieu à des accidents généraux. Au contraire, d'autres Gymnosporidies semblent n'avoir qu'une action mécanique de destruclion du globule. On connait le rôle palhogène des Cocci- dies des lapins etdes poules, Coccidies qui ont pu, dans certains cas, causer des accidents mortels aux hommes observation classique de Gübler). Nous n'insistons pas sur ces questions très connues. Une observation de Thélohan peut intéresser ceux qui éludient les affections cancéreuses. Cel: auteur à décrit, en effet, chez les Poissons, des tis- sus d'apparence tout à fait anormale qui conte- naient des Cocidies lélrasporées ; 1 y a vu d’abord des néoplasies dues à une action spéciale sur le poisson de ces Cytozoaires parasiles ; mais il s'est rendu compte -ensuile que ces tissus anormaux pouvaient, exister chez des Poissons dépourvus de Coccidies, et que les mêmes Coccidies pouvaient se trouver dans des tissus non modifiés des Poissons. Il en a conclu que ces lissus anormaux préexistaient à. l’'envahissement parasilaire et constituaient sim- plement un milieu favorable au développement des Coccidies. F. Le Dantec, | Maitre de Conférences de Zoologie à la Faculté des Sciences de Lyon, REVUE ANNUELLE 1. — (ÉNÉRALITÉS Si les découvertes d’une importance capitale se produisent dans un pays quelconque, les lecteurs de cette ARevue en sont aussitôt informés par un exposé émananl le plus souvent de l’auteur même. Cette situation est agréable pour le lecteur, mais diflicile pour ceux qui, dans chaque science, sont chargés de résumer ici les progrès accomplis. En ce moment la Chimie organique découvre des milliers de substances, quelquefois ‘utiles, en épuisant toutes les ressources de Lhéories déjà an- ciennes. Son symbolisme d'apparence algébrique reste le même. Les idées qui en feront plus que l’anatomie ou la topographie limitée des molécules, se font attendre ; elles viendront, sans doute, de la Chimie physique et de la Chimie biologique,les deux réservoirs nalurels et inépuisables de notre science. La Chimie physique, de conslilution récente. n’a pas fail, en ces derniers Lemps, de progrès comparables à ceux des années précédentes; elle discuteses propres bases. En présence d'innombra- bles constantes, elle cherche à en pénétrer le sens: les faits y sont, en effet, complexes comme l’ensem- ble des mouvements d'une foule. Sur ce Lerrain, les meilleurs esprits commencent par donner une équation représentalive simple; leurs successeurs, aussi compétents, passent des années à compli- quer l'équalion primilive de lermes nouveaux. DE CHIMIE PURE C'est ainsi que la formule de Van der Waals est une créalion primesaulière de l'esprit abstrait, bientôt transformée par les réalités expérimen- lales d'Amagat, qui ont plus fait pour la théorie. des gaz que des années de calculs. Les brillantes hypothèses relatives aux #0ns, aux solutions, aux. indices de réfraction, à la stéréochimie, ont élé formulées el exposées ici même : mais on ne sail combien de temps il faudra attendre le jugement impartial du temps. La Chimie physique et la Chimie organique ae- tuelles ne reposent pas en tout point sur le terrain ferme des vérités démontrées; il y a toujours à la base une hypothèse, au moins, sur laquelle les esprils aventureux en échafaudent d’autres jus- qu’à perdre pied. L'usage de ces hypothèses est on ne peut plus ulile, même dans l’enseignement, si on les renouvelle souvent el les manie avec l’es- prit du doute cartésien le pluslarge. En accordant trop de valeur dogmatique à ces idées destinées à passer, on risquerail de retarder les jeunes, qui éludient maintenant pour créer plus tard une doctrine scientifique qu'il ne nous sera, proba- blement, pas donné de connaitre. C'est, peut-être, en appréciant d'une facon quelque peu analogue l'état des choses qu'un brillant retour s’est fail en faveur de la Chimie minérale, et que MM. Ram- say en Angleterre el Moissan en France ont mon- tré tour ce qu'il y a là de faits tangibles, plus aptes à faire approcher la science de l'inconnu = A. ÉTARD — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PURE dr pe 0e ce AL teste À , / on 181 qu'elle cherche qu'un demi-siècle de conjectures. Signalons aussi une autre tendance qui procède ‘du mème sentiment et concerne les laboratoires. Pendant longlemps nous n'avions pas en notre pays un nombre suflisant de laboratoires; on peut dire aujourd'hui qu'il y en a trop par rapport au nombre des travailleurs qui les fréquentent. Trop “peu de jeunes bacheliers aisés y viennent prendre “le goût de la Nature et orienter une vie humaine “valant la peine d'être vécue. Un trop grand nom- bre d'étudiants, dans toutes les nations d'ailleurs, traversent les laboratoires en courant seulement après un diplôme qui leur permette de reproduire une autre éclosion de diplômés. . La plupart des laboratoires d'Europe, créés, il y trente ans, surtout en vue de faire des expé- riences de cours, ne sont plus en état de rivaliser “comme moyens avec l'industrie moderne. Il fau- “drait pouvoir changer l'outillage d'un laboratoire “comme on change un armement vieilli : c'est ce “que commencent à faire quelques laboratoires - étrangers, recevant de la canalisation électrique ; de la ville un câble qui anime de nombreuses ma- - chines, permet la fusion des métaux ou l'éleetro- lyse des sels les plus réfractaires. - Devant les résultats de la pratique, les savants - ne comptent plus faire en laboratoire du fer, du … cuivre, de l'aluminium, du chrome, ete. “quement purs », comme on le disait un peu pompeu- “sement autrefois. L'aflinage en grand peut seul approcher du résultat, bien que rien ne soit chi- - miquement pur pour un bon analyste.Il est à sou- - haiter que quelques laboratoires de nos grands …centres soient dotés des puissants moyens que la “science moderne exige: sans eux, on ne peul “mieux faire qu'autrefois, il n'y a pas de grand | “progrès. On revient donc à l’idée de laboratoires “ayant leur réputalion spéciale, comme cela était au | siècle dernier. Ne voit-on pas M. Ramsay envoyer “l'argon à Paris pour passer à l'effluve au labora- toire de M. Berthelot, et faire liquéfier ses corps “simples à Cracovie chez M. Olszewsky? Cette “année-ci le lilane n'a pu être isolé à Paris que dans un de nos plus puissants secteurs électriques où M. Moissan avait installé son four de réduc- “lion. Deux chimistes français, M. Manhès pour le “cuivre et M. Minet pour l'aluminium, ont puissam- “ment changé la métallurgie de ces éléments en . dehors des laboratoires de recherches insuffisam- ment oulillés. L'attention des savants ne saurait “trop se porter sur l'appui que la science et l’indus- aie ont intérêt à se prêler mutuellement. #- U. « chimi- — CuiMIE GÉNÉRALE ET MINÉRALE En Chimie générale, il n'y a pas. cette année, de découvertes, ni même d'observalions d’un (très Ha a TA à grand intérêt. Tout le personnel disponible de celte science est occupé à faire des mesures en fa- veur ou en défaveur des théories avancées. Quel- ques faits bien surprenants se manifestent pour- tant. Hannay et Hogarth, les premiers, puis Ramsay ont montré que des solides dissous dans des liquides très volalils les suivent sous la forme de molécules gazeuses au delà du point eri- tique. C'est ainsi qu'un sel ne fondant qu'au rouge, 640°, l'iodure de potassium, un véritable solide, dissous dans l'alcool, passe à l’état de vapeur au point critique de ce dernier, à 240°, Aucun résidu salin ne reste dans le tube, alors que, s'il était seul, l'iodure métallique ne pourrait se volatiliser qu'à un millier de degrés plus haut, au rouge blane. M. R. Pictet vient de faire des expériences semblables avec un corps coloré. l’alizarine, fu- sible à 290° el qui, à 240°, passe brusquement à l'étal gazeux en suivant la vapeur d'alcool. On s’oceupe beaucoup à l'étranger d’un nouveau pyromèêtre de précision, fondé sur l'accroissement de résistance du platine en fonction de la tempé- rature. MM. Heycock et Neville ont étalonné une série de fils de platine pur montrant la faible in- fluence du métal. Les mesures se font par la mé- thode du pont de Wheaslone et des résistances, qui ne laisse rien à désirer. Avec l'appareil cons- titué. ils ont dû résoudre le point le plus impor- lant : savoir si l'accroissement de résistance est proportionnel à la température. Pour cela, ils ont comparé les résultats donnés par leurs fils avec ceux obtenus dans la méthode du thermomètre à gaz par Troost et Hautefeuille, puis V. Meyer, ainsi qu'avec les méthodes calorimétriques de Violle et celle des couples thermoélectriques de Becquerel et H. Le Chätelier. Tous ces essais leur ont montré la parfaite régularité de l'accroisse- ment des résistances, et MM. Heycock et Neville ont pu donner, gräce à cela, des points de fusion vers 1.000° qui comportent toute la précision des mesures électriques et ne s'écartent pas de 1° de la vérité. En raison de la sensibilité des mesures, bien des points ont pu être reclifiés, notamment l'antimoine fusible de 450° à 440°, d’après les au- torités de Cornelly et de Pictet, et qui notoirement ne pouvait être liquéfié qu'au four Perrot. Cet an- limoine fond à 6299. Voici la liste des points de fusion relevés par les auteurs : Se— Au — 1061.7 Tn-= Cu —= 1080.5 My — K2S0t — 1066 Sb = Na2SOt — 883 Nr = Na2CO — 850 Ag — Tous les grands succès de l’année apparliennent 182 A. ÉTARD — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PURE à la chimie inorganique. Lord Rayleigh et M. Ram- say ont découvert l'argon — A: bientôt après, M. Ramsay isolait l'hélium — He, corps simple ca- raclérisé par une raie jaune, D,, visible dans le spec- tre du Soleil (Hélios), mais qu'on n'avait vue dans la lumière émise par aucune matière du globe ter- restre; c'était le mystérieux corps simple du So- leil. Mais l'analyse spectrale stellaire, puis celle des météorites nous apprennent que les corps simples sont en quelque sorte diffusés dans l’uni- vers; l'hélium ne pouvait être exclu de notre terre. MM. Ramsay. Collie et Travers montrent, dans un travail récent, qu'il existe nombre de mi- néraux chargés d'azote, d'hydrogène, d'argon et d'hélium, à peu près comme le bioxyde de manga- nèse est chargé d'oxygène. Les pierres hélifères sont des minerais d’ura- nium, comme la pechblende, la brôggerite, la clé- véile ou d'autres minéraux complexes, ceux des terres rares, où la Nature semble avoir accumulé tous les déchets inséparables et précieux de sa chimie. C’est ainsi que l’orangite ou silicate de thorium hydralé, la samarskile et surtout la mo- nazite (phosphate de Ce, La, Yt, Th, Er, Nd, Pr...) nous apparaissent comme des minerais d’hélium. L'air atmosphérique ne contient que de l’argon sans hélium. Enfin, le D' Palmieri avait déjà vu, en étudiant les gaz sortant de la lave du Vésuve, une raie À — 587.5. Les déjections des profon- deurs du globe, aussi bien que la surface du So- leil, contiennent donc de l'hélium. L'hélium, l’argon et peut-être un troisième corps qu'on prévoit nous révèlent une famille d'éléments encore totalement inconnus en Chimie. Seule, la classification par familles indépendantes de Dumas est assez large pour faire place à ces nouveaux venus. La classification de Mendeleef, si féconde pendant vingt ans par les travaux qu'elle a suggérés, se prête difficilement à l'ad- mission des deux gaz qu'on vient de découvrir. L'enthousiasme provoqué par des succès mérités a fait oublier que ce système classait le chrome à côté du soufre, le manganèse près du chlore. Le tellure désobeit déjà au principe fondamental de la table : la distribution par ordre croissant de poids atomique, qui tire son origine du livre de B. de Chancourtois. Et maintenant il faut absolu- ment le vouloir pour trouver dans les colonnes du tableau périodique une place raisonnée et analo- gique à l'hélium He — 4,26 et à l'argon A—39,9 !, gaz plus éloigné du chlore 35,5 que du cal- cium 39,9, qui est un métal solide. Il est bien démontré maintenant que l'argon el 1 La densité de l’argon est 20 par rapport à l'hydrogène ; mais, sa molécule ayant été démontrée simple, le poids ato- nique est double et s'éloigne de celui du fluor. l'hélium sont des corps simples; ils ont servi de fluide thermométrique ; on connait leur loi de dila- tation et ils satisfont à l'équalion des gaz, PV —RT entre — 88° et + 250°, On à déterminé sur eux le C Le rapport — des chaleurs spécifiques par une mesure 7 de vitesse du son. et, si l’on admet avec Clausius que l'énergie totale E d'un gaz est liée à lé nergie - affectée seulement à la translation de ses C— 6 : rue molécules par la relation ES D n A , On arrive à celte conclusion que e — E. Il n’y a donc dans les gaz de la nouvelle famille, selon les idées actuelles, qu'une énergie de trans- lation, sorte d'énergie balistique pourvoyant à l’agitation des molécules et ne leur laissant que peu ou point d'activité chimique disponible. En fait, l'hélium et l'argon ne se combinent sponta- nément à rien. L'argon, malgré son poids ato- mique élevé (39,9), ne se maintient liquide qu'à 187° au-dessous de zéro, plus bas encore que l'oxygène (16). C’est un liquide incolore, ayant une densité de 4,5 et se solidifiant à — 189. En présence des propriélés nettement établies de ces corps et des difficultés de classification dont il vient d'être question, il convient de si- gnaler dans les Comptes Rendus de l'Académie un important mémoire du savant le plus autorisé dans ces questions. M. Lecoq de Boisbaudran, par des considérations de classification et de spectro- métrie, a fixé le poids atomique du gallium qu'il découvrait bientôt après. Son système lui a permis précédemment de calculer d'avance le poids ato- mique du germanium, et aujourd'hui il signale par cette même voie le poids atomique 3.89 pour l'hélium. M. de Boisbaudran admet l'existence de fa- milles naturelles, avant toutes l'hydrogène pour origine, composées de cinq corps dont un prépon- dérant formant un point nodal. A litre d'exemple, il réunit les familles qu'il a étudiées jusqu'à présent le plus spécialement dans l'ordre sui- vant : ñ Br. Ph qi Ba CS + l Mo SbasSn In Sr Rb © Br Se As Ge Ga Série Ca K à Cl S.Ph Si Al nodale Me Na y FI (e] Az C Bo GT 8 À œ H H HIS H H H H Les lettres grecques représentent les corps à découvrir, parmi eux $ vient d'être trouvé : c’est l'hélium, premier terme de la famille : hélium, argon.… En dehors du point de vue théorique, il devient expérimentalement certain que le plomb doit être mis dans les classifications à la suite de létain et î | | | 1 1 3 À lé glucinium dans le groupe des bases alcalines ebnon de l’alumine. Ce dernier point a élé confirmé par M. À. Combes, qui a pris la densité de vapeur d'un dérivé bien défini, l’acétylacétonate de gluci- nium Gl(C*H70?}. Un autre pointse pourrait peut- être trancher par cette voie, celui de l’atomicité es terres rares. telles que la Scandine, l'Yltria… pour lesquelles on admetsans preuves assez solides e type de formule X?0*, Parmi les conquêtes de l’année scientitique se rouvent la préparalion du lilane et du molybdène en lingots de métal affiné. Le titane était jusqu'à ce jour une de ces « poudres grises » de compo- sion vague que, depuis Berzelius, on décorait du om de métaux, sans doute pour ne pas paraitre ignorer des éléments dont les composés nous élaient bien connus. Mais aucune puissance de laboratoire ne permettait d'obtenir ces corps sim- ples avant que M. Moissan n’eûl inslitué la réduc- Lion de tous les oxydes réfractaires au moyen de son four électrique relié à des machines donnant un courant de 800 ampères sous 60 volts, soil 48.000 watts longtemps soutenus. Dans ces cendi- lions l’acide titanique Ti0? et l'acide molybdique MoO*, d’abord réduit à l'élat de MoO:, ont laissé cou- ler des kilogrammes de métaux purs. Avec une ma- chinerie moyenne, le charbon ne réduit l'acide tita- “nique qu'à l’état d’oxyde bleu inférieur; une plus grande énergie conduit à de l’azoture de Litane el il faut atteindre les températures extrêmes où lazoture titanique se dissocie pour avoir du métal coulant. Le molybdène, moins difficile à oblenir, moins susceptible à l’azote de l'air, a donné un mélal doux qui se lime et se polit; il forme des carbures susceptibles de trempe par cémentation ou fusion sur le charbon. On sait que les substances capables de préci- + piter le sodium de l’un de ses sels quelconques sont d’une excessive rareté. Le pyroantimoniate acide de potassium de Frémy est le seul réactif du sodium couramment connu. De nouveaux travaux n été faits par M. Fenton (Chem. Society, 1895) - sur l'acide dioxytartrique de Gruber, dont la for- mule parait être CO?H—!{C(OH}?|PCO*H. Selon l’au- “leur, cet acide, en présence de soiutions salines, perciniterait quantitativement le sel CHAN a°085, 2 H°0. te IIT. — CHIMIE ORGANIQUE …—._ La Chimie organique proprement dite tend, entre des mains habiles, à renoncer au rôle aride Diet sans but d’une algèbre dont le degré de com- … plication sur le papier n'apporte pas une lumière - correspondante dans la nature des fails. Un jour, bel. & mÉE 4 3 4 A. ÉTARD — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PURE 183 sans doute, celle parlie de la science ne sera que la préparation, obligée et relativement simple, de la Chimie biologique. Dans cet ordre d'idées M. E. Fischer (Ber. t. 27) revient sur une hypo- thèse qu'il avait émise précédemment et selon laquelle les seuls groupes chimiques des cellules vivantes qui puissent faire fermenter un sucre donné, doivent avoir la même configuration ou disposition des fonctions que lui. Les travaux, uni- versellement connus. de M. Fischer ont créé la chimie théorique des sucres et montré, par une suite de synthèses, la relation existant dans ces corps entre les propriétés optiques et la dispo- sition plus ou moins symétrique des groupes sa- turants. Afin d'éclaireir ces faits connus, je rap- pellerai les formules du glucose vulgaire ou dex- troglucose (d.-glucose) : ERA DES CÉTON) LOS CE CE C OH OH H OH — COH et du iévoglucose (l.-glucose), aldéhyde qui lui est exactement comparable : OHMOHMHEANUH GEO) ICE CECI 0e CO H H OH H Le lévulose ordinaire : H+ H 0H CHRONO COCO: OH OH H si fréquemment mélangé au glucose dans la na- ture, apparlient à une fonclion chimiquement distincte : celle des acétones. Mais, pour les deux premiers sucres ou leurs éthers méthyliques (méthylglucosides), comportant eux-mêmes une isomérie pour chaque sucre, il suflira de la simple différence dans la disposition des (OH) pour que certaines sécrétions cellulaires puissent ou ne puissent pas les faire fermenter. Les principes aclifs de ces sécrétions paraissent ainsi porter en eux des dispositions semblables à celles des molécules qu'ils attaquent ou des dispositifs al- ternes.Il peut donc y avoir stabilité ou mise en mou- vement des principes de cellules vivantes selon l’accord ou le désaccord simplement stéréo-chimi- que avec une molécule étrangère. On voit poindre là une base d'étude expérimentale sur les poisons. Les toxines et les antitoxines, ces redoutables agents de maladie ou de guérison, ne sont encore à nos yeux que des albumines, corps bien analo- gues aux produits protoplasmiques vivants ou de déchet. On peut les concevoir inoffensifs; mais, sous de très faibles influences, des corps chimiques, aujourd'hui bien connus dans leur formule déve- loppée, changent leur disposition dans l’espace, deviennent vénéneux ou cessent de l'être. A la clarté encore faible de ces notions, on se prend à 187 A. ÉTARD — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PURE ne ed Si, penser que l’atténuation des virus, l'immunilé el la sérumthérapie sont des phénomènes de stéréo- chimie d'une extrème délicatesse. Du dexlroglucose dérivent la-méthyl-d.-gluco- side et le $-méthyl-d.-glucoside. M. E. Fischer, qui a obtenu ces corps, a observé en fait que l’émul- sine, suc cellulaire non figuré, fait fermenter le dérivé £ : c'est un poison pour lui. Le dérivé 4 n’est pas entamé ; iln'y a que l’invertase, suc de la levure de bière, qui le détruise, alors qu'il est sans effet sur £. Ilen va de même pour de nombreux com- posés cilés dans le mémoire de l’auteur. L'heure vient d'étudier avec de puissants moyens les poi- sons microbiens: car on ne sait rien sur la nature chimique développée de l’émulsine, de l'invertase et des Loxines. L'usage institué par les fondateurs de la Chimie organique en malière de formules de constitution était de réunir tous les faits connus, de les dis- cuter el de construire une formule schématique les représentant fous. Un fait établi contrairement à la formule déployée entraine sa déchéance. L'application stricte de ce système exige beaucoup de travail ulile el fail souvent changer les for- mules, images passagères. En ce moment, le cam- phre reste loujours un sujet de discussion. MM. Haller à Naney, Béhal à Paris el Tiemann à Berlin étudient la question d’une manière appro- fondie, qui conduira sans doute à une formule assez durable. Mais, à côté de ces travaux de grand mé- rile, on manie beaucoup trop de formules, ne re- présentant qu'un petit nombre de faits et qualifiées couramment de eraisemblables. M. Curtius, dont on connait les remarquables travaux sur l'acide azot- hydrique et les dérivés polyazotés, découvre un corps C'H'Az'0!, et celle expression recoit bientôt la formule probable : COR DS C0 AzH—AzH—C0O d'après un trop pelit nombre de réactions con- nues. Alors que la constitution de la benzine CSHS est Loujours un problème en discussion, on ne sail que penser de ces cycles où noyaux oclogones, in- troduits peu à peu dans l’usage sans démonstra- lion rigoureuse. Celle question des cycles polygo- naux a cependant beaucoup occupé l'opinion, et une théorie de Baeyer sur leur tension de flexion interne ne semblait pas accorder de stabilité aux polygones d'un grand nombre de mailles. C'est sans ennui que je vois disparaitre peu à peu celle théorie, mais avec l'espérance qu'on diseutera au fond cetle importante question des cycles, très abandonnée, el pratiquée seulement de confiance. Que penser encore d'une formule telle que : CH?=C0=0—CH2—CH2=0 C0 CH | | CH C0 = 0=CH2 CH 0 CO CH2 donnée par M. D. Vorländer ! el fondée sur un faiLe de synthèse succinoéthylénique? IL est peut-être | juste d'abandonner la notion des eyeles trop li- milés, mais encore faudrait-il élucider cette ques- lion. Avant qu'on ne connûül les matières colorantes … artificielles de la houille, et dès lPAntiquité, la teinture faisait usage des extraits de végélaux co- lorants, Lels que ceux de gentiane, de gaude, de graine de Perse, des Rhamnées, des Quercinées, puis ensuile des bois de campêche et du Brésil. L'emploi de ces matières n'a jamais cessé, malgré le succès des produits artificiels dérivés surtout du triphnéylméthane. Mais l’impureté des extraits el la complexité des formules faisait dédaigner l'étude de ces principes naturels. D'ailleurs, la Chimie des couleurs ne possédait même pas de type synthétique auquel on püt les rattacher. De- puis quelque temps, un nouveau groupe colorant a pris de l’importance dans ces questions. C’est la xanthone ou diphéno--pyrone, sorte d’anthraqui- none incomplète : CO 0 PES ANR | | | | | | ua/ © Vos | soit CuHi }0, NE al d. GAYS cod Co Co Anthraquinone Xanthone Xanthone En disséquant davantage ces molécules, on y reconnait les groupes : Co (e) f) \/ Co co Quinone Pvrone On sail que l’anthraquinone est la substance mère de la garance rouge; de mème on commence à voir aujourd'hui que la daliscine, la gentisine gentiane), la chrysine, le fustet, el probablement le brésil et le campèche sont des molécules plus ou moins complexes nées de la xanthone. Après la reconstitution synthétique de la garance, puis de l’indigo, on a renoncé pendant des années à tout effort sur les aulres couleurs de la teinture ancienne, le chimiste ne discernant là aucun des radicaux auxquels il était accoulumé. Récemment Monatshefte, 1895) S. v. Kostanecki et Tambor un ont repris ces éludes la couleur jaune de voie de condensalion l_{nnalen, 1. 280, 1894, el refait de pleine synthèse la gentiane en unissant par l'acide hydroquinone carbo- Sr. RES rat taire. A. ÉTARD — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PURE 185 nique (OH,OH;CO*H,) avec la phloroglucine, tri- aux. Il se fait ainsi une lrioxyxanthone dont le monométhyléther : O ù : 4 XD OH CH50 N \/ CO OH ést la couleur cherchée. La datiscéline, selon Schunck et Marchlewsky, appartient au mème type. Enfin, dans l'important laboratoire de re- cherches dû entièrement à l'initiative privée des “ailleurs anglais — Clothworkers Research Lubo- rutory — À. G. Perkin, accumulant les matériaux purs nécessaires, a rectifié les anciennes analyses des colorants naturels et établira, cela n’est plus douteux, la constitution de ces matières. On ne saurait trop faire attention en France à ce mouve- “ment qui pousse cerlaines associations de travail- “leurs à se créer des laboratoires qui assureront la suprématie à leur aptitude professionnelle. Par uneautre voie, dans notre pays, l'accès de labo- ratoires de recherches est ouvert à tous. L'École municipale de Physique et de Chimie notamment | possède un service à cet usage. et il est à souhaiter - que le monde des inventeurs et des chercheurs en prenne de plus en plus le chemin. Les lerpènes, analogues à l'essence de lérében- thine, ont tous une même formule très simple C!H!6. Cependant il est incontestable, d'après leurs propriétés, qu'ils sont on ne peut plus nom- - breux: selon les végétaux d’où ils dérivent, ces propriétés changent. La Chimie plane ne peut - ccrire d'après ses règles qu'un nombre très insuf- lisant de formules pour les représenter. Mais, en surchargeant chacune de ces formules des isomé- ries stéréo-chimiques qu'elle comporte, on aura bien probablement autant de représentations ra- tionnellement élablies que de faits naturels connus. Un tel travail pour les terpènes serait comparable - à celui déjàréalisé par M. E. Fischer pour les sucres. - C’est à cette tâche que selivre depuis quelque temps M. A. von Baeyer dansses notes intitulées : « Orien- lation dans la série des terpènes ». et publiées dans les Berichte. Ce travail considérable est fondé sur la détermination des posilions vis el /rans des groupes substitués dans les molécules terpéniques : il ne pourra être exposé que lorsque ces recher- ches, de nature et d'interprétation fort délicates, auront donné un résultat en quelque sorte statis- _ tique. L’exactitude de la théorie sera alors confir- mée par le nombre de ses coïncidences avec les faits. phénoi symétrique très fréquent dans les végé- | Les nouvelles fonclions qu'on a trouvées en chimie organique sont tellement nombreuses qu'il y a moins de curiosité à s'en occuper. Tous les groupes constants qu'on retrouve par une dis- location moléculaire partielle dans une série de corps se nomment fonctions et sont mis entre parenthèses ou reconnus par un œil exercé dans les formules. Une chose plus intéressante est d'obtenir ces fonctions par des réactions simples et inattendues. MM. R. Nietzky et Braunsweig !. en faisant agir la potasse sur un corps depuis longtemps bien connu. l’orthonitrophénylhydra- zine AzH—AzH? (1 # VA CO: Naz0? (2 ont observé une réaction très intense : il s'est fait le sel d’un corps de nature acide, qu'ils nomment un wzimidol : Az es K CSH re AZ; type d'une nouvelle série de matières s’unissant aux métaux. Il est curieux de remarquer que OH fixé sur un seul azote est fortement basique dans les ammoniums, et qu'il est acide dans ces fortes agglomérations d'azote, comme H est acide dans l'acide azothydrique Az#H de Curlius. Souvent, dans toutes les branches de la Chimne, on est amené à considérer combien sont grandes les analogies de l'iode et de l’azole. On connait déjà les iodoso-dérivés de V. Meyer, comparables aux nitrosés. Dans l’un deux : ‘l'iode joue même exactement le rôle de l'un des azoles de l'azimidol ci-dessus et fait partie d’un cycle pentagonal. M. W. Ranm |Berichte, &. XXVII, p. 3232) a voulu que l'iode fit partie d'un noyau hexagonal., comme cela est fréquent dans la Chimie aromatique, et il y est arrivé en construisant la substance : HV DICO Ce genre de Chimie est une véritable architecture : c'est l’art de bâtir avec des matériaux quelconques des édifices de divers styles. A. Étard, Répétiteur de Chimie à l'Ecole Polytechnique, 1 Berichle 1, XXVIL, p. 3381. 786 ———- ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES TORPILLEUR EN ALUMINIUM — ACTION DES COURANTS ALTERNATIFS A HAUTE TENSION SUR L'HOMME L'aluminium est lent à s'affirmer comme métal pra- tique et industriel, Les applications sérieuses en sont encore excessivement rares. Il est vrai qu’il a donné lieu tour à tour aux plus grandes espérances et aux plus grandes déceptions. Et aujourd’hui, non seule- ment nous ne savons pas le produire à bon marché; mais toute question de prix de revient mise à part, les spécialistes en sont encore à chercher pour chaque application quel est le meilleur alliage, Car on sait que l'aluminium ne peut guère s’employer pur. I faut, pour une application donnée, le mélanger ou le com- biner avec d’autres mélaux. L'emploi de lPaluminium dans la construction des navires, notamment, a donné lieu pendant ces derniers temps à des discussions passablement obscures. Les uns ont prétendu, preuves en main, que lPaluminium ne pouvait être employé au contact de l’eau de mer. Les autres, au contraire, assuraient qu'il pouvait l’être etils possédaient, paraït-il, des preuves non moins certaines que les premiers, Le cas évidemment est embarrassantet mérite un examen approfondi, À priori, il n’en résulle qu'une chose : c’est que très probable- ment l'aluminium est attaqué par l’eau de mer dans des circonstances encore mal définies et mal connues de nous. En attendant que cette question soit scientifi- quement éclaircie, nous pouvons noter que de petits bâtiments en aluminium ont déjà été mis à l’eau et leurs constructeurs affirment qu'ils tiendront parfaitement. Le gouvernement francais possède même un bateau torpilleur de seconde classe dont la coque est faite de ce métal, Ce navire a dernièrement été l’objet d’une communication de M. A.-F, Yarrow à l'Institution of Naval Architects, communication intéressante en ce sens qu'elle donne lhistorique de la construction et des essais qu'elle a provoqués. Nous lui avons em- prunté les documents qui vont suivre. C’est il y a environ deux ans que le gouvernement français résolut d'introduire dans sa marine des torpil- leurs de seconde classe destinés à former une partie de l'armement des grands cuirassés ; il fit appel aux cons- lructeurs pour un premier essai de ce genre. La légèreté, dans ce cas, est évidemment un point de première importance: d’abord, elle diminue le déplace- ment d’eau et augmente Ja vitesse ; ensuite, elle donne plus de facilité pour hisser le bateau à bord du navire qui doit le porter et pour l’en descendre; enfin, elle aug- mente la stabilité de celui-ci, D'ailleurs les conditions imposées par le Gouvernement francais élaient, paraît-il, assez sévères sous le rapport de la vitesse et du poids. Les constructeurs pensèrent qu'il y avait là une occasion d'essayer les qualités de l'aluminium et firent dans ce sens des offres qui furent acceptées. Ils donnèrent aux plaques de métal une épaisseur de moitié plus grande que dans les cas habituels, et, la densité de l'aluminium élant un tiers de celle de lacier, le poids total devait ètre ainsi diminué de 50 °/,. Mais l'emploi de l’alumi- nium pur fut impossible, ainsi qu'on en peut juger par les chiffres du tableau I. Les deux séries d'expériences ont été faites en sui- vant deux directions rectangulaires : lune parallèle à Ja direction du laminage, l'autre perpendiculaire. Les chiffres qu’elles ont donnés ne sont pas assez élevés pour faire accepter l'aluminium. Il a done fallu cher- cher à le rendre plus résistant en l'alliant à d’autres métaux, sans toutefois lui faire perdre sa grande qua- lité de légèreté qui le rendait si précieux dans notre cas, Après différents essais, les constructeurs se sont arrètés à un alliage contenant seulement 6 2/, de cuivre, c'est-à-dire une très faible proportion de métal lourd, Tableau I liésullals des erpériences de résislance à la lraction failes sur des plaques d'aluminium pur. CHARGE CHARGE CORRESPONDANT DE ALLONGEMENT RAPPORT XLR DES DEUX \ LA LIMITE RUPTURE | 1 Le D'ÉLASTICIT en kil. | SARGES | mesuré % (en kil. par #2) | par %*) 4] sur 0m,25 il 6.946! 12.035 Per 0,0G# 25.5 1.030! 11.868 5982 Om,062 24.8 MOYENNES: 6.988] 11.951 58.45 0,063 25.4 9. 1152 0,034 13.2 9.22 11.986 17 0®,0133 5.3 MOYENNES : 9.172] 12.396 14.1 0m,0236 9:29 Le tableau IT donne les résultats des essais de traction qui ont été faits sur des plaques de cet alliage. Tableau II Résullats des expériences de résistance à la traction faites sur des plaques daliminium à 6 ©), de cuivre. CHARGE CHARGE RAPPORT ALLONGEMENT CORRESPONDANT DE ; DES DEUX RUPTURE LARG Xe CHARGES en kil. 5 par %°) (7 A LA LIMITE D'ÉLASTICITÉ (en kil. par %?) mesuré % sur 0m,25 (J 23.719 S8.3 26,185 89.8 0,009 3.6 02,0095 3.8 MOYENNES:22.232| 24.952 89.05 Om,00925 pal Om,0075 0®,0075 3 MOYENNES: 23.609! 26.321 89.8 0®,0075 3 Après un recuit : 6.148! 19.002 32.4 07,052 20.9 La dernière ligne du tableau montre de quelle grande quantité varient les propriétés du métal selon la ma nière dont on le traite, Recuit, il atteint sous une très. faible charge sa limite d’élasticité et donne un allonge- ment considérable; complètement dur, ou trempé si l'on veut, sa résistance augmente énormément, mais il de- vient tout à fait cassant, L'alliage finalement choisi à été un alliage demi-doux donnant 25 à 26 kg. par mmè et un allongement très faible, On peut très facilement le marteler à froid et le plier sous -un angle aigu sans qu'il présente aucun signe de craquement,. ( | | É ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES Mais la question de résistance n’élait pas la seule en - jeu; il y avait aussi celle de l’attaque du métal par à l’eau de mer, Nous avons dit quelles contradictions existent sur ce sujet parmi les spécialistes. M. Yarrow est de ceux qui croient à la neutralité de l’eau de mer vis-à-vis de l'aluminium, pourvu cependant qu’elle ne soit provoquée par aucune action galvanique due au contact entre l'aluminium et un autre métal, le cuivre - par exemple. Des plaques sont restées 12 mois en expérience sans présenter de traces sérieuses d’altéra- tion. Et ces plaques n'étaient pas peintes; les parties extérieures des navires, au contraire, ne sont point lais- sées à nu. M. Yarrow cite à l’appui de son affirmation sur l’action galvanique l'exemple du Vendenesse, petit yacht à voile en aluminium construit à Paris il ya près de deux ans. Il s’est très bien conservé. sauf en quelques endroits, où des piècesen cuivre avaient été mises en contact direct avec l'aluminium. En ce point … l'attaque à eu lieu. Une action du même genre était ; J s observée quand le yacht se trouvait amarré près d’un autre bateau dont le fond présentait quelque partie euivrée, Le contact entre les deux métaux était obtenu par l'intermédiaire des chaines qui se mélaient au même point d’altache. ” ns à is: ne él ind Par suite de cette observation, toutes les parties de la coque qui devaient être soumises à l’action de l'eau salée, ont été réunies par des rivels en aluminium. Par- tout ailleurs, on a employé des rivets en fer doux. Les alcalis sont aussi des ennemis de l'aluminium. En conséquence, il faut éviter de l’employer aux endroits où il pourrait être attaqué par eux. D'un autre cité. les températures élevées le détruisent rapidement par oxydation. À basse température, l'oxydation, au con- taire, n’est que toute superficielle, et la première couche d'oxyde protège les parlies intérieures. Dans la machinerie on a employé, chaque fois que cela a été possible, le bronze d'aluminium et le bronze au manganèse. Les machines elles-mêmes ne présen- tent rien de très original; elles sont à triple expansion et peuvent développer 275 à 300 chevaux. Les conditions du marché étaient que le bateau aurait 18 mètres de longueur, 280 de largeur et ne pèserait pas plus de 11 tonnes, machines comprises, Avec une charge de 3 tonnes il devait, pendant un essai de deux heures, fournir une vitesse d'au moins 18 nœuds 3/#. La réception eut lieu le 20 septembre dernier: la vi- Lesse moyenne obtenue fut de 20 nœuds 558; le bateau pèse 10 tonnes. La machinerie complète, comprenant l’eau contenue dans la chaudière et le condenseur, atteint à peine le poids de 18 kg. par cheval indiqué. L'emploi de plus en plus fréquent des courants al- ternatifs, l'usage qui en est fait par la justice améri- caine, les objections soulevées par M. AE les discussions qu'elles ont provoquées, les curieuses expé- riences entreprises sur les courants à très grandes fré- quences par le savant que nous venons de citer, tout a contribué, en ces dernières années, à diriger l’atten- tion des chercheurs vers les effets produits par le cou- rant alternatif sur le corps et sur le cerveau de l'homme. Lorsqu'un ouvrier, accidentellement intercalé dans un circuit à haute tension — et le cas se présente mal- heureusement trop souvent — a le bonheur d’être rap- pelé à la vie, il devient immédiatement l’objet de nombreuses questions. On l’interroge minutieusement sur les moindres détails des sensations qu'il à pu éprouver. Contrairement à ce qu'on pourrait pen- ser, le cerveau ne se trouve pas absolument para- lysé ! ; il reste aux victimes, malgré la perte totale apparente des sens, au moins une notion du temps qui s'écoule, et on les voit souvent apprécier celui , 4 Bien entendu, nous ne prétendons pas rouvrir ici un débat à propôs de l’électrocution Nous parlons seulement des per- - sonnes chez qui le passage du courant à haute tension amène une mort apparente, sans nous inquiéter de savoir s’il peut quelquefois amener une mort complète et immédiate, pendant lequel elles ont été en contact avec le circuit. D'ailleurs, cette appréciation est toujours erronée et, chose curieuse, erreur est de même sens chez tous les individus : le tempsannoncéestinvariablement plus long que le temps réel. Cette curieusé observation vient d'acquérir une nouvelle importance à la suite d’une expérience involontaire faite sur lui-même par M. Lud- wig Gutman, membre de The American Instilute of Electrical Engineers. Soit que la tension à laquelle il a été soumis ait été moins forte que dans les précé- dents accidents, soit pour une tout autre cause, M.Lud- wig Gutman a pu étudier avec plus de détails les sen- sations qu'il a éprouvées et nous apporter mieux qu'une fausse évalualion d’un temps. Cest dans Electric Power qu'il nous raconte son acci- dent, « Ayant, dit-il, terminé quelques expériences sur un nouveau type de transformateur, je sortis de la salle où j'étais pour aller ouvrir le commutateur comman- dant le circuit primaire, et revins, ne pensant pas que quelqu'un pût derrière moi le refermer immédiatement; aussi, sans prendre aucune précaution, je séparai l'une des bornes du fil qui y aboutissait; mais le courant avait été rendu à l'appareil, de sorte que, par ce mouvement, je m'intercalai dans le circuit à haute tension. Pendant un instant, je fus complètement étourdi ; puis, je revins à la conscience de mon existence, mais je me sentais incapable de respirer, d'appeler au secours, de me mouvoir même. Tous mes muscles étaient contractés. Le bruit d’un atelier voisin me semblait très faible ; j'entendais à peine les coups d’un marteau qui d’ordi- naire faisait cependant un si grand vacarme, Je ne songeais pas le moins du monde au danger dans lequel j'étais. Mes bras étaient secoués comme par l'effet de la vigoureuse et joyeuse poignée de mains que m'aurait donnée quelque géant : c'étaient les impulsions suc- cessives du courant qui me semblaient se succéder lentement, Je sentais parfaitement chaque secousse naitre à l'endroit de la main et remonter le long du bras. Un temps passablement long s’écoulait jusqu’à la secousse suivante. » Enfin. les fils ayant profondément brûlé la peau, les contacts devinrent plus mauvais, les mains de M. Gutman s’ouvrirentet il se trouva libre. Il ne lui restait de son accident qu'une grande faiblesse dans tous les membres et la sensation d’une chaleur brà- lante. Il s'était trouvé, d’ailleurs, dans des circonstances particulièrement favorables et soumis à une tension relativement faible, puisqu'il était, par rapport aux bornes de l'alternateur, donnant environ 1150 volts, en série avec la bobine primaire du transformateur. Dans de tels accidents, une petite partie du cerveau conserve donc, au détriment de tout le reste, sa vie complète, mais avec d'importantes modilications — nous sommes lentés de dire avec d'importants per- feclionnements — ; elle recoit le pouvoir de difléren- cier des sensations qui se succèdent avec une vitesse beaucoup plus grande que la vitesse au delà de la- quelle dordinaire eiles se confondent. Dans le cas que nous signalons aujourd'hui, il y avait 16,000 alter- nances par minute, c'est-à-dire que le cerveau du pa- uent élait capable de séparer nettement des coups entre lesquels il n'y avait qu'un 266° de seconde. De là vient l’explicalion de l'erreur commune à tous les foudroyés : ils jugent de la longueur du temps par la manière dont ils ont pu apprécier les sensations qu’ils ont éprouvées. D'ailleurs, M. Ludwig Gutman déclare qu'il n’était pas en son pouvoir d'appliquer son atten- tion à compter les secousses successives qu'il recevait bien que les distinguant parfaitement. Le phénomène est curieux et inattendu : nous le livrons aux méditations des physiologistes et des psy- chologues, s'ils pensent qu’il est capable de les intéres- ser. Nous le rapprocherons toutefois de cette autre observation que nous nous contenterons d'énoncer : les songes qui nous paraissent durer plusieurs heures du- rent à peine quelques secondes. A. Gay, Ancien élève de l'Ecole Polytechnique 788 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques. Véronèse (Giuseppe), Professeur à l'Université de Padoue. — Grundzüge der Geometrie von mehre- ren Dimensionen. (Principes fondamentaux de la Géo- imétrle à plusieurs dimensions), übersetzt von Schepp. — 1 vol. gr. in 8°, de XLVIJI-T10 pages 25 fr.). B. G. Teubner, éditeur, Leipzig, 1895. C'est dans les applications de lAlgèbre à la Géoiné- trie que l’on doit chercher l'origine de la Géométrie à n dimensions. Au point de vue analytique, ces applica- tions étaient limitées à la Théorie des fonctions de une, deux, ou trois variables (ou à la Théorie des formes bi- naires, ternaires ou quaternaires). Mais l'esprit de gé- nérälisation, si puissant chez nos savants modernes, engagea les géomètres à s'affranchir des liens que le monde physique semble imposer à l'esprit humain, el ils envisagèrent l’espace à n dimensions. D'autre part, le postulat d'Euclide à donné lieu, pen- dant ce siècle, à une série de {ravaux sur la conception de l’espace; nous citerons, entre autres, les célèbres mémoires de Lobatschewsky, de Bolyai et Riemann, qui renferment les principes fondamentaux de celte partie de la science désignée aujourd'hui sous Le nom de Géométrie non euclidienne. La notion d'un espace à x dimensions est, par son origine el par son but, essentiellement analytique. Elle apparait déjà dans les travaux de Cauchy, et, encore de nos otre Valle ne joue en aralyse que le rôle d'un simple langage répondant à un besoin de généralisa- tion. C'est à Plücker que revient le mérite d’avoir donné à cette notion une forme géométrique, grâce à sa re- marque qu'à notre espace on peut attribuer un nombre quelconque de dimensions, suivant l'élément généra- teur que l’on considère, M. Cayley traca une autre voie, très féconde également, dans laquelle on examine la théorie au point de vue projectif; ses idées furent re- prises beaucoup plus tard par M. Clifford dans son étude générale sur les courbes dans l’espace à n di- mensions, Mais cette branche nouvelle de la science géométrique n'est définitivement établie que depuis les travaux remarquables de M. Véronèse qui est par- venu à la constituer en un véritable corps de doctrine. C'est la traduction allemande de ce trailé qui fail l'objet de ce compte rendu. L'auteur nous présente la Géométrie à plusieurs dimensions dans un exposé pu- rement synthétique, analogue à celui de la Géométrie euclidienne, Il tient à confimer de cette facon la côn- ception essentiellement géométrique de l’espace à n dimensions. Un grand nombre de propositions, leur groupement et leurs développements sont dus à M, Vé- ronèse. Après avoir consacré, comme latroduclion, deux cents pages aux principes fondamentaux des formes mathé- matiques abstraites, le géomètre italien commence par établir les éléments de la Géométrie ordinaire, sans avoir recours au Cinquième axiome d'Archinède, qui re- pose uniquement sur des considérations pratiques. La première partie est entièrement destinée à l'étude de la droite, du plan el de l’espace à trois dimensions dans l’espace général. On y trouve, comme cas parti- culiers, les systèmes de Lobatschewsky et de Rie- ann. La seconde partie traite de l'espace à quatre el à n dimensions considéré dans l'espace général. L'auteur montre comment un espace S\ peut être engendré à l’aide d'in espace Sn1 et d'un point choisi en dehors de ce der- nier ; puis il passe à l'étude des principales propriétés de l’espace euclidien à » dimensions, (Prix : BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Adolf L'Appendice contient plusieurs notes avec de nom- breuses indications bibliographiques, el, en particu- lier, un intéressant exposé vrilique des mémoires les plus importants sur les principes de la Géométrie. Ces quelques lignes ne peuvent donner qu’un aperçu très imparfait des richesses géométriques contenues dans cet imposant travail. L'ouvrage de M. Véronèse sera non seulement lu avec beaucoup d'intérêt par les géomètres, maisil mérite encore d’être signalé aux phi- losophes, bien que, dans cel exposé “systématique, l'auteur ait, à priori, écarté toute considération d’un. caractère essentiellement philosophique. H, Feur. 2° Sciences physiques. Bedell (F.) et Crehore (A. C.), Professeurs à l'Univer- silé de Cornell(Etats-Unis). — Etude analytique et graphique des Courants alternatifs. — Traduit äe la deuxième édition anglaise par J. Berthon. — 1 vol. in-8. de 26% pages avec figures (Prix : 10 francs.) G. Carré, éditeur. Paris, 1895. L'usage de plus-en plus répandu dans l'industrie des courants alternatifs pour les transmissions de l'énergie oblige actuellement l'Ingénieur électricien à appro- fondir la théorie analytique de la propagation de ces courants. Les problèmes qui se présentent sont souvent difficiles et, lorsque les circuits, sur lesquels les cou- rants périodiques ont à se propager, présentent une certaine complication de groupement, pour peu que des phénomènes d'induction, de self- induction, de ca- pacité interviennent, la recherche de la solution par le calcul seul devient très laborieuse et parfois même inextricable. Heureusement des procédés ingénieux ont été imaginés, permettant de substituer aux calculs l'usage de constructions graphiques. L'étude du pro- blème se fait alors simplement, en quelque sorte méca- niquement, et bien des conséquences intéressantes qui eussent échappé au calculateur, apparaissent très nettement sur le papier, à mesure que se développent les constructions géométriques. Le traité de MM. Bedell et Crehore expose avec grands détails, peut-être un peu Jonguement, la théorie ma- thématique des courants périodiques. L'emploi des méthodes graphiques, particulièrement développé. est expliqué très clairement, chacun des problèmes les plus usuels étant présenté séparément. Ce livre comble une lacune. On à beaucoup écrit sur les courants alternatifs, en France et à l'Etranger, on à mème beaucoup controversé; mais lés différentes études publiées l'ont été dans ‘des périodiques, en articles séparés très spécialisés, et le praticien qu'inté- ressait la solution d'un problème bien défini dévait compulser des documents disséminés et aborder lui- même un travail de eritique fort difficile. Le traité traduit par M. Berthon évitera désormais celte perte de temps, en mettant à la disposition des électriciens un choix raisonné de méthodes sûres et d'un usage pratique. F, DE NERVILLE, Goguel (M.-H.), Maitre de Conférences à la Faculté des Sciences de Bordeaux. — Contribution à l'étude des arséniates et des antimoniates cristallisés pré- parés par voie humide. Thèse pour le Doctorat de la” Faculté des Sciences de Paris, — 1 vol. in-8° de 80 p. Dnpr.G. Gouncuilhou, 11, rue Guiraude, Bordeaux, 1895. M. Goguel s'est proposé de compléter l'étude cristal- lographique des arséniates qui avait déjà fait l'objel de divers travaux de MM, Dufet, Colordano, Lefèvre. ete., Dre en vue de fournir les données nécessaires pour caracté- —riser ces corps au moyen du microscope polarisant et ppléer ainsi à l'analyse chimique. Ce procédé d’ana- yse micrographique, fortement préconisé par M. Beh- rens, ne sera vraiment pratique que lorsqu'on aura effectué, pour les différents corps, .une série complète de recherches du gènre de celles qui font l’objet du mémoire de M. Goguel. Ce travail comprend deux parties : 1° la synthèse des différents arséniates que M. Goguel a réalisée, soit par des méthodes déjà indi- “quées, soit par des méthodes nouvelles, notamment Vaction de l'acide arsénique sur un oxyde, un azotate où un acétate; ces méthodes ont permis d'obtenir tous les arséniates connus et une quinzaine d’arséniates mon encore préparés à l’état cristallisé; 2° l'analyse de ces corps, la détermination de leurs propriétés physi- ques et cristallographiques., M. Goguel a essayé d’é- tendre ce travail aux antimoniates qu'il eût été inté- ressant de comparer aux arséniates, mais n'a pu en préparer que trois : les antimoniates de cobalt, de nickel et de magnésium, qu'il a également étudiés au point de vue cristallographique. L'étude de M. Goguel renferme un grand nombre de faits précis et bien observés, et constitue une excellente monographie des arséniates cristallisés. G. CHARPY. Landauer (J.), Membre de l'Académie Impériale alle- . mande des Naturalistes. — Analyse au Chalumeau. . Edition francaise publiée par J.A. Montpellier. — 1 vol. in-8 écu de 300 pages avec figures, (Prix : 5 fr.) G. Carré, éditeur, Paris, 1895. Le chalumeau, par ses propriétés de donner facile- ent, avec une simple bougie, de hautestempératures et des atmosphères oxydante ou réductrice, peut per- mettre, dans certains cas, d'obtenir des résultats “immédiats sur la nature des substances minérales à analyser; mais souvent il ne sert qu'à faciliter des “opérations ultérieures de voie humide. Il est d’autres circonstances où, grâce à des disposilifs spéciaux, les “essais peuvent être exécutés sans chalumeau tout en étant très analogues à ceux qu'on obtient avec cel instrument. Il est donc assez difficile de fixer les limites précises où s'arrête l'analyse au chalumeau. - M. Landauer les a dépassées, sans doute, dans son livre, en particulier en décrivant les méthodes -pyrognostiques de Bunsen; mais on ne peut que l'en féliciter. IL faut signaler également le résumé sous forme de tableaux, dont la lecture est beaucoup plus rapide au laboratoire que celle d’un texte: 1° des réactions spéciales à chaque corps, et 2° de la marche systématique d'une analyse complète qui est exposée par deux méthodes différentes. On pourrait souhaiter de trouver. à la fin du volume, quelques indications sur les applications du chalumeau à l'analyse quantitative; mais il faut dire que les pro- .cédés étudiés dans ce but par Plattner et d’autres savants se sont peu répandus. Par suite leur étude n'est pas absolument nécessaire dans un traité pra- tique comme celui que M. Landauer a voulu — et su — faire. En le traduisant M. Montpellier a donc rendu service aux chimistes francais. Paul JAxNETTAZ. é : Répétiteur à l'Ecole Centrale. 3° Sciences naturelles. - Radaïs (Maxime), Agrégé à l'Ecole de Pharmacie de Paris. — Contribution à l'étude de l'Anatomie comparée du fruit des Conifères (Thèse pour le —. Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris). Ann. … Se. nat. Bot. t. XIX, 1895. … On a beaucoup écrit sur les Conifères. Sans compter les travaux sur l'appareil végétatif, on peut considérer … comme très étendue la bibliographie qui concerne leur appareil reproducteur. Encore faut-il ajouter que c’est - sur la fleur femelle que se concentre lattention des BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 189 | chercheurs, préoccupés surtout par l'interprétation morphologique des différentes pièces qui la consti- tuent ou l’accompagnent. Là s’arrète l'effort, sans que l'accord complet intervienne d’ailleurs, et le peu qu'on nous apprend du fruit et de son développement n’en comprend guère que la morphologie externe, utilisée, comme on sait, par les classificateurs. - Si l’on excepte quelques rapides indications, fournies par les anatomistes qui ont étudié la fleur femelle, le processus interne de maturation des enveloppes a été laissé dans l'ombre. Il était permis de penser que les caractères histologiques de ces enveloppes pourraient à leur tour fournir d'importants éléments de classifi- cation. D'autre part, les collections paléontologiques renferment de nombreux fruits fossiles qu'on peut, mais avec doute, rapporter aux Gymnospermes. La connaissance exacte de la structure de nos Conifères serait d’un précieux secours pour comparer cette flore ancienne à la flore actuelle. C’est à ce double point de vue que M. Radais a étu- dié la morphologie interne du fruit des représentants actuels de ce groupe. Toutefois, son mémoire comprend seulement une partie des Pinoïdées (Eichler). Il con- sacre tout d'abord un important chapitre aux travaux de ses devanciers : c’est en même lemps qu'une revue carpologique, un résumé complet des travaux publiés sur la fleur femelle des Conifères. Il était en effet im- possible de séparer.: dans les descriptions données et les interprétations proposées, ce qui se rapporte à la fleur de ce qui appartient au fruit, car dans ce groupe les premiers phénomènes de différenciation des or- ganes qui doivent concourir à protéger les graines se manifestent longtemps avant la fécondation, Cette sorte d'introduction, qui comprend 32 pages, est faite avec un grand soin, et est un excellent tableau de l’état actuel de cette difficile question si souvent dé- battue et controversée ; elle sera longtemps consultée par tous ceux qu'intéresse la morphologie florale. M. Radais décrit ensuite rapidement les procédés d’enrobage et de dissection qui lui ont permis d’étu- dier les organes souvent très résistants qui protègent les graines pendant leur maturation. On comprend que des difficultés de cet ordre aient jusqu'ici arrêté des recherches que les paléontologistes réclament depuis longtemps déjà. Ces procédés, aussi simples qu'ingé- nieux, ne nécessitent pas la déshydratation préalable des objets à étudier et pourront s'appliquer à tous les cas analogues, Nous renvoyons à ce sujet le lecteur au mémoire original. L'ordre suivi dans l'étude histologique est celui du Genera plantarum de Bentham et Hooker. Pour chaque genre une espèce surtout est décrite avec détails, d’abord à un stade jeune, vers l'époque de la féconda- tion, puis à l’état adulte, à la maturité des graines, et cela pour les différents pièces du cône. Un cer- tain nombre de caractères histologiques, précis et faciles à mettre en évidence, tels que la distribu- tion des canaux sécréteurs, le degré de coalescence des appendices, et le mode d'insertion vasculaire des graines, délimitent les Abiétinées par rapport aux groupes voisins. D’autres caractères, de moindre va- leur systématique, séparent les genres entre eux. Enfin, ies phénomènes physiologiques d'occlusion et de déhiscence du cône recoivent une explication satisfaisante de l’examen de certaines régions du tissu de soutien qui sont l’objet d’une différenciation toute spéciale. Cette anatomie du cône confirme la délimi- tation des genres telle que Bentham et Hooker l'ont établie à une exception près, se rapportant d’ailleurs à une plante qui a déjà soulevé des discussions, le Kete- leeria Fortunei qui est un Abies pour ces auteurs et un genre indépendant pour M. Carrière (caractères des écailles) et pour M. Van Tieghem (caractères anato- miques); désormais il faudra en faire un genre à part. Incidemment, l’auteur signale et figure un appareil conducteur différencié dans le tégument séminal de ® quelques Abiétinées (Abies, Cedrus). Cette constatation 790 est importante, Jusqu'ici en effet, on a toujours consi- déré les graines des Conifères (sauf les Taxoïdées) comme dépourvues de faisceaux conducteurs, Ceci met- tra les paléontologistes en garde contre une assimila- tion trop hätive d’une graine fossile de Conifère à une graine de Taxoïdée, Une étude analogue du cône des Taxoïdées et des Araucariées (B. et H.) amène l’auteur à disloquer cette dernière tribu pour en extraire les deux genres Cun- ninghamia et Sciadopitys ; le premier se relierait aux Taxodiées par une parenté intime avec les Athrotaæis ; le second formerait à lui seul une tribu avec des carac- tères intermédiaires aux Abiétinées et aux Taxoïdées. Quant aux Araucariées, elles restent représentées par les seuls genres Araucaria et Agatiis. Ces modifications, que l'étude de la morphologie interne du cône apportent au classement adopté par Bentham et Hooker, confirment au contraire, à très peu près, l’ordre proposé par Eichler dans les Pflanzenfa- milien d'Engler et Prantl. Ce mémoire, accompagné de 15 planches gravées, représentant 194 figures anatomiques, seratrès apprécié non seulement des botanistes, mais aussi des pa- léontologistes qui y trouveront de précieux éléments de comparaison ; il fait honneur à l’auteur et au labo- ratoire dans lequel ces recherches ont été entreprises, mais nous regretterions que l’auteur s’en tint là et qu'il n'étendit pas son étude au groupe entier des Conifères. C. SAUVAGEAU. 4° Sciences médicales. Flechsig (D' Paul), P'à la Faculté de Médecine de l'U- niversilé de Leipzig. —Gehirn und Seele. Discours «le Rectorat. — 1 vol, in-4°, Leipzig. Alex. Edelmann, 1895. Ce discours présente les grandes lignes d’une théorie nouvelle de l’anatomie et de laphysiologie du cerveau, théorie qui s’élabore à cette heure dans le Laboratoire de la Clinique psychiatrique de Leipzig, mais dont il est déjà possible de comprendre la nature et l’impor- tance, si toutefois l'étude ultérieure des faits anato- miques et des observations pathologiques sur lesquels elle s'appuie confirme et établit la vérité des idées de Flechsig. Des considérations historiques qui ouvrent ce tra- vail, nous ne voulons retenir qu’une sorte de réhabili- tation, tout à fait légitime, de la doctrine de Gall. Certes la doctrine moderne des localisations cérébrales n'arien de commun avec la phrénologie ; mais, avant d’être physiologiste, Gall était anatomiste, et, lors- qu'on sait quel était l'état des études d'anatomie cérébrale à l’époque où parut ce précurseur, alors que Sæmmering lui-même, sous l'influence des idées de Descartes, localisait le siège de l’âme dans le liquide des cavités ventriculaires du cerveau, on ne saurait trop admirer que Gall ait considéré les circonvolntions cérébrales comme le substratum de l’activité psychique et insisté sur l’hétérogénéité fonctionnelle de ces cir- convolutions. L'œuvre de KFlourens, malgré tout le génie de cet expérimentateur; demeure, en somme, une réaction malheureuse, La méthode et les résultats ont été trouvés incomplets et erronés. A la doctrine de l’ho- mogénéité fonctionnelle du cerveau dans toute sa masse, a succédé celle de l’hétérogénéité de ses parties. Bouillaud, Dax, Broca, même avant la grande décou- verte de Fritsch et Hitzig, origine de la doctrine mo- derne des fonctions du cerveau, avaient scientifique- ment établi cette diversité de fonctions du cerveau et déterminé quelques centres distincts sur l'écorce céré- brale. La substance grise de cette écorce est-elle la condi- tion unique de la conscience, « ce phénomène d’ac- compagnement » ? M. Flechsig ne croit pas définitive la réponse affirmative qu'on fait d'ordinaire à cette question. Les sensations d’origine externe et les repré: BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX sens externes ont projeté leurs faisceaux sur lécorce sentations du monde extérieur et de notrépropre corps appartiennent seules exclusivement aux hémisphères cérébraux, Mais la conscience des sensations internes organiques, telles que la faim, la soif, le besoin d'oxy* gène et les états de bien-être où de mal-être qui les accompagnent, existent certainement sans le cerveau Les expériences célèbres de Goltz sur les chiens décé rébrés nous ont précisément appris quelles fonctions peuvent encore exercer les parties inférieures de l’en= céphale quand les hémisphères ont été enlevés. Um mammifère sans cerveau, quoique ne possédant plus ni mémoire, ni pensée, ni organes internes dessens qui lui permettent de trouver les objets du monde exté® rieur nécessaires à ses besoins, ou même d'avoir aucune représentation consciente de son propre corps, laisse pourtant paraître des symptômes d’une vie « psychique », Il réagit aux impressions externes (pression, lumière, bruit) et aux sensations internes (sens musculaire, faim, soif, etc.), par des expressions: variées (agitation, fureur, morsure, hurlement, apai sement, repos, sommeil), tout à fait appropriées aux états affecüfs correspondants chez l'animal dont le cerveau est normal. Ces expériences ont donc montré: que les tendances et les impulsions d’un organisme à persévérer dans lêtre, à satisfaire les besoins essen= tiels de la vie, à réagir par des mouvements de défense contre toutes les causes nuisibles du milieu, peuvent se manifester sans vie psychique de représentation. An coup sûr, on pénètre ainsi plus avant dans les méca- nismes cachés de la vie des animaux. | 1lenest d’ailleurs de même pour l’homme. Fiechsig,s dont on connait les beaux travaux sur ce sujet, rap= pelle que le nouveau-né, surtout s'il est venu avant terme, alors que les fibres nerveuses de son cerveau sont encore presque complètement privées de myéline, ressemble d’abord à un animal sans cerveau, Pourtant, dès la première inspiration, il tend de tout son être à la satisfaction des besoins dont dépend son existence. Ces besoins satisfaits, l'espèce de conscience organique du nouveau-né s'évanouit, pour reparaître sous l'in- fluence de nouveaux stimuli externes ou internes, — de tous points comme chez le fameux chien décérébré de Goltz. Ces tendances et impulsions organiques per- sistent d’ailleurs très Join dans la vie, et les organes des sens, presque exclusivement « à leur solde », semblent épier toutes les occasions de les satisfaire La vie du plus grand nombre a-t-elle d'autre but que cet assouvissement des premiers besoins de toute vie animale ? Lorsque, de l’olfaction à l'audition, les organes des cérébrale, désormais pourvue d'organes internes de la sensibilité générale et spéciale, d’autres voies ner veuses, de direction inverse, c’est-à-dire centrifuge commencent à se former, qui vont de l'écorce au tha= lamus opticus, au pont de Varole, à la moelle épinière. Les centres corticaux des organes des sens internes, où le milieu interne et externe de l’homme arrive à la conscience, s’arment en quelque sorte de prolonge- ments capables de transmettre les impulsions volon- laires aux appareils moteurs, aux museles des organes. périphériques des sens et à ceux des organes préhen- siles, La masse des conducteurs issus des territoires. corlicaux des organes internes de la sensibilité tactile et musculaire est si considérable, qu’elle ne laisse pas: de donner au cerveau humain sa forme générale, en particulier l'élévation des régions frontales, C’est de ces territoires de l'écorce, aflectés à la sensibilité gé= nérale et spéciale, que le corps, déjà représenté dans les régions inférieures de l'encéphale, se réfléchit une seconde fois dans toutes ses parties, comme objet, grâce aux sens externes, comme sujet se sentant immé- diatement, grâce aux sensations internes des muscles, et des viscères : c’est de là que partent tous les mous vements « volontaires » en rapport avec les tendances organiques et les besoins de Pêtre, tels que respira-. tion, mastication, déglutition, préhension, etc. - Un tiers au plus de l'écorce du cerveau humain est en rapport direct avec les conditions de la conscience “des impressions des sens internes et externes et avec celles des excitations centrales des mécanismes moteurs. Voilà quelles sont les régions du cerveau qui agissent quand nous sentons et réagissons. — Quelles sont, maintenant, les parties de cet organequi “participent à l'élaboration de la pensée, c’est-à-dire des processus psychiques de représentation? Ces ter- ritoires comprennent environ les deux tiers du cerveau humain. Non seulement ces régions de l'écorce céré- brale ont des fonctions distinctes de celles des centres “dits de sensibilité (Sinnescentren) : ils sont déjà recon- naissables à leur structure histologique. Tandis que les premiers, qui n’occupent, je le répète, qu'un tiers de l'écorce, ont une structure dont la constitution rap- pelle, comme celledes sphères visuelles, avecsescouches de grains, le caractère histologique des organes des sens externes, rétine, etc., auxquels correspondent les différents territoires sensoriels de l'écorce cérébrale, es centres intellectuels, les organes de la pensée “(Denkorgane), présentent le type histologique à cinq “couches, quoique ceux-ci occupent sur la surface du cerveau les régions les plus différentes. Les quatre centres psychiques ou intellectuels, or- 0h de la pensée, sont, suivant Flechsig, le lobe pré- frontal, une grande partie du lobe temporal et du lobe … pariétal, enfin l'insula de Reil. Ces territoires corti- caux n'auraient rien à faire avec les impressions ve- -nues du milieu externe, ou du monde, et du milieu - interne, ou du corps, non plus qu'avec les impulsions motrices. - Outre celte particularité histologique, ces quatre - centres se distinguent anatomiquement des cinq autres centres de sensibilité par le retard de leur maturité : ils sont encore privés de myéline que les autres centres ont déjà, depuis longtemps, atteint leur développe- ment. Ce n’est qu'après ce développement, quand les centres de sensibilité ont leur structure physiologique, “que, peu à peu, s'éveille l’activité des centres intellec- tuels : on constate alors que, des différents centres corticaux de sensibilité générale et spéciale, d'innom- - brables fibres nerveuses pénètrent dans les centres intellectuels et s'y terminent par des arborisations libres. Les centres intellectuels sont des appareils qui synthétisent en unités supérieures les activités des … divers organes des sens internes et externes de l'écorce … cérébrale. Ce sont des « centres d’association », des - territoires où s’associentles perceptions des sens, vue, - ouie, toucher, etc. L'observation clinique vérifie, selon Flechsig, l’exac- . Litude de cette hypothèse anatomique. L'objet propre - de la psychiatrie, ce sont les maladies des centres | d'association, On les trouve altérés, ces centres, dans - les maladies mentales que nous connaissons le mieux, la démence paralytique, le ramollissement céré- bral, etc. Ces centres sont le substratum organique de ce qu’on appelle expérience humaine, savoir, con- … naissance, langage, sentiments esthétiques, mo- ni etc. Car le sentiment moral est, comme le senti- ; ment de la douleur, une fonslion de l’écorce cérébrale. Dans l'avenir, la transformation de la psychologie, qui a d’ailleurs commencé, dépendra surtout de l'analyse scientifique des quatre centres psychiques, des « organes psychiques » proprement dits. IL apparaîtra “alors au psychologue que, « de même que la surface e de la Terre se compose de mers et de continents, l'é- “corce cérébrale est constituée au moins par neuf territoires bien distincts anatomiquement ». L° « or- Prane de l'esprit », c’est-à-dire l'écorce grise du cer- “veau, possède une « constitution collégiale » : ses conseillers siègent dans deux sénats. Seulement les “membres de ces sénats ne sont plus, comme dans l’an- mi phrénologie, intitulés : amour, courage, fer- ; BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 191 meté, prudence, etc. Des noms qu'ils portent, les uns sont déjà connus ; ce sont ceux des organes internes des sens : vision, olfaction, audition, etc. Les autres, dont la signification sera en rapport avec la fonction spéciale à dénommer, désigneront les quatre centres d'association, Déjà Flechsig estime que ces derniers sont loin d’être homogènes. La pathologie cérébrale enseigne, en effet, que la propriété de synthétiser en idées générales les impressions variées de la sensibi- lité et d'avoir une connaissance des rapports naturels des choses, dépend d’autres centres que celle d’ex- primer ces idées et ces rapports au moyen du langage, puisque celui-ci peut être altéré sans que notre con- ception des choses le soit, et, inversement, qu'avec un langage en apparence correct le cerveau. peut délirer ou tomber dans la démence, Dans les fonctions très complexes de l'intelligence, les quatre centres agiraient de concert : les innom- brables faisceaux de fibres qui relient ces centres entre eux assurent cette synergie fonctionnelle. Ge qu’on doit appeler l'unité des fonctions du cerveau, le méca- nisme qui assure et sauvegarde ce consensus, ce sont toujours, en effet, les millions de conducteurs isolés, «mesurant ensemble des milliers de kilomètres », qui constituent l'énorme masse médullaire du cerveau humain. Ces fibres assurent les connexions : 1° des centres de sensibilité entre eux; 2 des centres de sen- sibilité avec les centres intellectuels; 3° des centres intellectuels entre eux. La destruction des centres intellectuels entrainant toujours la perte de la mémoire dans une étendue plus ou moins grande, point de doute que les éléments normaux de ces centres ne soient le substratum même de nos souvenirs. De quelque nature que soient les traces ou résidus de la mémoire, ils sont bien d'es- sence matérielle, puisque, sous l'influence d’agents chimiques, de poisons tels que l'alcool, ils s’évanouis- sent temporairement ou pour toujours si les cellules et les fibres nerveuses des quatre centres psychiques ont perdu, avec leur structure, leurs fonctions, Qu'il s'agisse de. l’éveil de sensations élémentaires, faim, soif, ou des plus grandioses constructions idéales du poète ou du savant, ce sont toujours de purs processus mécaniques qui entrent en activité. Comme les impul- sions et les tendancesles plus obscures de l’organisme retentissent sur l'écorce cérébrale par l'intermédiaire du faisceau sensitif et s'irradient directement des organesinternes des sens (Sinnescentren) sur les centres intellectuels (geistige Centren), la lutte des sens et de la raison, des instincts aveugles et des idées morales, a pour théâtre le cerveau de l'homme. Mais, lorsque les centres supérieurs sont paralysés par un poison ou détruits par la maladie, il n'y a plus de conflit pos- sible : les passions peuvent se déchaïner, la violence et la colère peuvent sévir ; on ne saurait plus parferde moralité. L'abus prolongé des boissons alcooliques, avec son cortège de lésioris profondes et généralisées des centres psychiques, fait déjà d’un nombre immense de créatures humaines des êtres « décéré- brés ». Quant à l'accord des fonctions les plus élevées du cerveau humain, telles que la raison et la logique, avec l’ordre de l'univers, il repose presque tout entier, en dernière analyse, sur la constance et l’uniformité des phénomènes naturels, dont le retour périodique modèle en quelque sorte le cerveau humain et lui imprime, par le fait de l'addition des mêmes impres- sions indéfiniment répétées, la marque de son unité. Ainsi se forment, dans l'esprit, des associations dont la solidité augmente encore avec les ans, au point, ajouterai-je, d’avoir fait croire à quelques philoso- phes qu'ils n'avaient qu’à descendre dans leur cons- cience pour y retrouverles lois primordiales de la lé- gislation de l'Univers, Jules Soury. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 22 Juillet 1895. M. Retzius est nommé Correspondant pour la Sec- lion d’Anatomie et Zoologie, en remplacement de M. Carl Vogt. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Emile Picard fail hommage à l'Académie du deuxième fascicule du tome II] de son traité d'Analyse. -—M. V. Ducla adresse une note sur une méthode rapide pour trouver toutes les racines commensurables d'une équation de degré quelconque, 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. F.-M. Raoult a entrepris des recherches sur les causes des phénomènes osmo- tiques; il signale quelques faits intéressants qui se produisent quand les deux liquides soumis à l’osmose sont l’éther et l'alcool: 1° L’osmose, entre deux liquides déterminés, peut non seulement varier beaucoup en énergie, mais encore changer de sens avec la nature du diaphragme. 2° Le mouvement osmotique des corps à travers le diaphragme peut être absolument indé- pendant de leur poids moléculaire et de leur qualité de corps dissous ou de dissolvants. — M. R. Swynge- dauw a repris les expériences de Jaumann sur les potentiels explosifs statique et dynamique, en leur donnant une forme susceptible d'interprétation simple et facile: il a reconnu que l'abaissement des poten- tiels explosifs par la lumière ultra-violette est beau- coup plus considérable pour les potentiels dyna- niques que pour les potentiels statiques. L'auteur con- clut, contrairement à la loi de Jaumann, que le poten- tiel explosif d’un excitateur placé à l’abri des radiations ultra-violettes n'est pas diminué d’une facon appré- ciable pour des variations très petites et très rapides du potentiel. — M. Gaston Séguy a observé un phé- nomène de phosphorescence dans des tubes contenant de lazole rarélié, après le passage de la décharge électrique. La lueur a son éclat maximum aussitôt après le passage du courant et disparait graduellement au bout de 18 à 20 secondes. — M. C. Limb a utilisé sa méthode de mesure des forces électromotrices en valeur absolue pour déterminer la valeur des étalons Clark, Gouy et Daniell. La valeur trouvée par l'élément ps 1 Er Clark ne diffère pas de de la valeur trouvée par lord Rayleigh, en partant d'une méthode absolument différente de celle de l’auteur. — M. Gouy précise les conditions à remplir pour observer les phénomènes dus à laclion de la pesanteur au voisinage immédiat de l'état crilique. — M. Dehérain présente un ouvrage intitulé : « Les engrais, les ferments de la terre », — M. l'abbé Maze communique quelques renseignements concernant le premier thermomètre à alcool utilisé à Paris : il a pu retrouver comment Boulliau s'était pro- curé ce thermomètre, fabriqué à Florence, — MM. Aimé Girard el L. Lindet donnent les principaux résultats d'un long travail entrepris pour déterminer la compo- sition des raisins des principaux cépages de France. Le nombre de cépages à raisins colorés et à raisins blancs, soumis à l'étude, est de vingt-cinq; ils ont été pris dans chacune des grandes régions viticoles et choisis parmi les cépages les plus répandus. Pour chacun d'eux, on a déterminé d’abord les proportions relatives de rafles et de grains; puis, en disséquant ceux-ci, on à séparé la pulpe, la peau et les pépins. Chacune des parties constituantes a été ensuite sou- mise à une analyse chimique complète. 1° Les rafles et les pépins contiennent une matière résineuse dont la saveur, âpre au début, devient douceâtre avec le ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER temps; elle doit jouer un rôle dans la transformatio que le goût du vin subit avec l’âge. 2° Dans la pulpe l'acide tartrique libre ne figure qu'en petite quantité; l'acide malique y domine, au contraire, 3° Les peaux renferment une matière odorante caractéristique pou chaque cépage. 4° Les pépins contiennent jusqu'à 1 °/ de leur poids d'acides volatils appartenant à la série grasse, 5° La proportion des rafles ef des grains varie» du simple au double, suivant les cépages. 6° Les diffé rents cépages portent des grains dont le poids moyen varie dans des limites très grandes : O0 gr. 78 pour 1e Pinot noir et 3 gr. 69 pour l'Aramon. 7 La teneur en bitartrate de potasse de la pulpe donne une caracté ristique assez nette aux cépages principaux de chaque région. $° À part les cépages de l'Yonne, beaucoup plus riches, les peaux des raisins colorés donnent une proportion de tanin à peu près constante. — M. A. Hal- ler à étudié l’action de lisocyanate de phényle sur les acides cyanacétique, méthylsalicylique, anisique, phénylglycolique, benzoylbenzoïque; les deux pre- miers conduisent à l’anilide correspondante, sans qu'il paraisse se former les anhydrides; l'acide anisique four- nit l'anhydride anisique quand on arrèle la réaction ; l'acide 0-benzoylbenzoïque se comporte comme une lactone alcool et comme un acide cétone. —- M. Ch. Dufour envoie un mémoire sur les réfractions anor- males à la surface de l’eau qu'il a pu observer sou-« vent sur le lac Léman ; quand leau est plus froide que l'air, la trajectoire du rayon lumineux tourne sa concavité contre l’eau, et l’on voit alors des objets qui, . dans la règle, sont cachés par la rondeur de la terre. Il y à de ce fait une erreur grave quand on prend en mer la hauteur du soleil au-dessus de l'horizon. — M. A. Mourlot applique la haute température de l'arc électrique à la reproduction des sulfures cristallisés; il prépare un sulfure de manganèse identique au sul fure naturel, l’alabandine. Ce sulfure cristallise en cubes ou en octaèdres dérivés; le fluor ne l'attaque qu'au rouge ; il s’enflamme dans l’oxygène au-dessus du rouge. Le charbon est sans action sur lui sous l’in- fluence d'un courant de 1000 ampères et de 50 volts. — M. V. Thomas a examiné, au point de vue de la dis- sociation, les trois composés solides qu'il a pu obtenir par l’action directe du bioxyde d’azote sur le chlorure ferreux ; à la température ordinaire, aucun d'eux n'a une tension de dissociation sensible, L'auteur a étudié aussi l’action de l’eau, des alcalis, de l'azotate d'argent sur les composés; tous les faits observés semblent indiquer une différence très netle entre les composés obtenus par M. Gay à l'état de dissolution et les corps préparés par voie sèche. — M. C. Hugot a préparé des combinaisons du phosphore avec les mélaux alcalins… en étudiant l'action du phosphore sur le sodammo- nium et le potassammonium dissous dans un excès d’ammoniaque liquélié. Les deux phosphures obtenus P5K et P3Na sont décomposés par l'air humide avec dégagement de phosphure d'hydrogène; ils restent comme résidu quand on décompose par la chaleur les P5K, 3AZH5 et P3Na. 3AZH formés tou! d'abord. — MM. Massol et Guillot ont délerminé les chaleurs spécifiques des acide formique et acétique surfondus. 1° Les chaleurs spécifiques à l'état solide sont de beau coup supérieures aux chaleurs spécifiques à l'état liquide, 2° La chaleur spécifique à l'état liquide diminue avec la température, 3° A l'état de surfusion, la cha= leur spécilique augmente légèrement, mais reste dans l'ordre des chaleurs spécifiques à l'état liquide. Les auteurs exposent les modifications à apporter au ther- mocalorimètre de Regnault en vue de la détermination s chaleurs spécifiques d’un grand nombre de liquides urfondus. — M. Louis Henry a continué l’étude de action des paraffines nitrées sur les aldéhydes ali- hatiques; l’auteur expose, dans cette note, les pro- riétés des produits formés avec le méthanol agis- ant successivement sur le nitrométhane. le nitro- éthane et le nitropropane à la température ordinaire en présence d'une trace de carbonate de potasse. Ce sont des corps solides non volatils : la glycérine nitro- ‘He FREE (Az0? Ar Ces Var le et enfin l'alcool isobutylique mononitré tertiaire : (CH) (AzO* ?C Ke H:0H Sous lPaclion du carbonate bipotassique ou des alcalis, le méthanol et les aldéhydes voisines s'ajoutent aisé- ment avec d'autres corps, où un hydrogène fixé au arbone possède le caractère basique. — M. A. Béhal a étudié les produits d'oxydation de Pacide campholé- nique inactif : outre les composés intermédiaires, une itrosocampholénolactone et un acide campholénique, on oblient comme produits de l'oxydation complète n acide tribasique C’H1206, identique à l'acide - hydroxycamphoronique; deux acides bibasiques, l’un répondant à la formule C7 H®20', l’autre à la for” _mule CSHP0*; enfin un acide monobasique, l'acide “isobuiyrique., — M. E. Fleurent présente les conclu- “sions Les plus intéressantes de son étude de l’action de lPhydrate de baryte, en vase clos : 4° sur le gluten, la caséine ef la fibrine végétales. la légumine et l'albu- mine végétales; 2 sur Tes acides aspartique et gluta- mique. Les matières protéiques végétales se séparent “cn deux groupes distincts : celles pour lesquelles le rapport de la quautité d'azote dosé à l'azote calculé est plus grand, et celles pour lesquelles ce rapport est plus petit que l'unité. Dans le gluten, la caséine et la fibrine végétales, il existe un groupement g glutaminé ; dans la légumine et l’albumine végétales. un groupe- ment asparagène. Ce sont ces groupements qui pro- por dans les deux cas la rupture du rapport Az dosé » Az calculé . matières albuminoïdes végétales. C. MAriëox. 39 SGIENCES NATURELLES. — MM. Binet et Courtier ont étudié l'influence de la respiration sur le tracé volu- - métrique des membres à l’aide des plethysmographes de MM. Hallion et Comte. — M. Lecercle à observé les modifications de la chaleur rayonnée produites par la faradisation, non pas avec un tétanos généralisé, mais concentrant l’action du courant faradique sur une = 1, trouvé par M. Schutzenberger pour les surface cutanée richement innervée. — MM. Teissier et Guinard montrent, à l’aide de nombreuses expé- riences, J’aggravation des effets de certaines toxines microbiennes par leur passage dans le foie; ce fait peut s'expliquer par deux hypothèses : ou ‘bien au contact de la (oxine, qui lui arrive en masse, le foie est fonctionnellement altéré et perd le pouvoir qu'il a de détryre les poisons; ou bien, la toxine arrivant D nent dans un organe qui, phy siologiquement, représente un foyer actif d'élaboration, provoque- t-elle mieux ou plus vite l'élaboration des poisons qui causent l’auto-intoxicätion. — MM. Künstler et Gru- vel fournissent de nouveaux éléments à l’étude histo- logique des glandes unicellulaires chez les Hippérines. — M. Michel-Lévy présente une note sur l’évolution des magmas de certains granits à amphibole. J. MARTIN. Séance du 29 Juillet 1895, - M. Berg est élu Correspondant pour la Section d’A- hatomie et de Zoologie en remplacement de M, Huxley. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 19 SCIENGES MATHÉMATIQUES. — M. Darboux présente le troisième fascicule du tome IL et le premier fas- cule du tome IV d2 ses « Lecons sur la théorie géné- rale des surfaces et les applications, géométriques du calcul infinitésimal. » — M. Levavasseur signale un certain nombre de types de groupes de substitutions dont l'ordre égale le degré. — MM. G. Castelnuovo et F. Enriques énoncent quelques théorèmes relatifs aux surfaces algébriques admettant un groupe continu de transformations birationnelles en elles-mêmes. 1° La surface contient un faisceau de courbes de genre un, toutes ayant le même module, et n’a pas de points simples fixes, ou bien elle contient un faisceau de courbes de genre zéro, et (d'après M. Nôther) elle peut être transformée en une «urface réglée ou en une surface ayant un faisceau de coniques, 2° Ces sur- faces peuvent être transformées en une surface réglée ou en une surface avec un faisceau de coniques quand le groupe dépend de plusieurs paramètres et est une seule fois transilif. 3° Lorsque le groupe dépend de deux paramètres et est deux fois transitif, ou bien les transformations sont deux à deux éc hangeables, et la surface appartient à la classe des surfaces hy perellip- tiques, ou, le contraire arrivant, lasurface est ration- nelle. — M. Léonardo Torrès expose une théorie générale des machines algébriques et déduit de cette théorie la conception de certains mécanismes nou- veaux. L” ET présente en même temps un modèle calculant à !/,,, près les racines réelles des équations: 29 + A +B 0 a + Ant + B 0. M. D.-A. Casalonga adresse une note intitulée : Des causes de la marée directe, de l'antimarée, et du retard de leur passage au méridien lunaire. 20 SciENCES PHYSIQUES. — M. de Tillo fait hommage d’un volume intitulé : Beobachtungen der russischen Polarstalion an der Lenamündung. — M. J. Janssen, à la suite des observations de M. Campbell concluant à la non-présence de la vapeur d’eau dans l’atmos- phère de Mars et des discussions qui ont suivi, rappelle, en les développant, les expériences qui l'ont amené, le premier, à annoncer l'existence de cette vapeur d’eau ; il insiste, en outre, sur les conditions les plus propres à assurer le succès de ces recherches qui sont d’uneextrème difficulté. — M. Maurain a étudié les mo- difications d'un diapason placé dans le champ magné- tique. Quand le diapason à son axe perpendiculaire au champ et son plan de vibration parallèle, le nom- bre des vibrations diminue à mesure que le champ augmente ; si l’axe et le plan de vibrations sont tous deux perpendiculaires au champ, c'est le contraire qui se produit : le nombre de vibrations augmente avec le champ ; enfin, lorsque l'axe est parallèle au champ, le nombre des vibrations augmente. Les vibrations s’amortissent d'autant plus rapidement que le champ est plus intense. — M. Piltschikoff adresse. plu- sieurs photographies d’éclairs faites à Odessa; ces éclairs se rangent en trois catégories : les éclair- bande, éclair-tube et éclair-trompe; les deux premiers lypes se rencontrent dans tous les orages, le troisième parail très rare, Les machines électrostatiques n’ont pu re- produire des clichés semblables. L’éclair en bande parait avoir une corrélation intéressante avec les dra peries des aurores boréales. — M. Morisot signale un nouvel élément de pile d'intensité sensiblement cons- tante et de force non plus grande que celle des couples usuels, 2 volts 5. Le pôle positif est une lame de charbon de cornue plongée dans un volume d'acide sulfurique mêlé à trois volumes d’eau saturés de bichromate : un diaphragme en terre poreuse im- mergé dans le liquide dépolarisant contient une dis- solution étendue de soude caustique; enfin la lame de zinc amalgamé, pôle négatif, plonge dans un second diaphragme intérieur au premier contenantunesolution concentrée de soude caustique. — M. Maurice Fran- çois a étudié l’action de l’aniline sur l’iodure mercu- reux; il y a mise en liberté de mercure et formation du composé Hgl?(C6(H$AzH??. La décomposition de l'iodure mercureux par l’aniline est limitée; lorsque l'état d'équilibre est atteint, le liquide contient tou- jours pour la température de l’ébullition de l'aniline (1829), 26gr. 35 d'iodure mercurique pour 100 grammes du mélange. Si l’on prend des proportions convenables d'iodure et d’aniline, il y a simplement dissolution et non décomposition, la dissolution donne par re- froidissement l’iodure cristallisé. — MM. Béhal et Blaise ont examiné l'action de l’hypoazotide sur l’acide campholénique ; il se forme deux modifications isomériques d’un composé de formule C!H15Az05, auxquelles les auteurs donnent les noms de céruléo- nitrosocampholénolide et leuconitrosocampholénolide, L'étude des propriétés de ces nouvelles substances conduit à admettre les formules suivantes tautomères pour la nitrocampholénolide : R R | O=Az—0—C. OZA7—C\ d S ie NY /R DA do-cæ_ cf do-cn2 cf M. L. Kohn a étudié les produits de condensation de l'aldéhyde isovalérique sous l'influence de la potasse alcoolique; ses résultats concordent avec ceux de M. Friedel. — MM. Jay et Dupasquier donnent la description d’une méthode de dosage de l'acide bori- que fondée sur le procédé à l'alcool méthylique. Des essais effectués pour contrôle établissent la sûreté de la méthode, L’acide fluorhydrique seul apporte une légère augmentation d'acide borique, mais en pratique cette cause d'erreur est négligeable. Les vins de Bour- sogne, de Bordeaux, contiennent de 0 gr. 0105 à 0 gr. 022 par litre d'acide borique, les cidres de 0 gr. 011 à O0 gr. 017, — M. Oechsner de Coninck à étudié l'élimination de la chaux et de la magnésie chez les rachitiques: l'élimination de la chaux aug- mente quand celle de la magnésie diminue ce qui amène à conclure au remplacement partiel de la chaux par la magnésie dans le système osseux des en- fants rachitiques. — M. Boudouard à fait l'étude des sables monazités de la Caroline; les premiers résultats obtenus établissent l'existence de terres didymiques ayant des poids moléculaires plus faibles que celles extraites de la cérite. Plus le poids moléculaire est faible, plus le nitrate résiste à la décomposition pyro- génée. La même différence de stabilité existe pour les sulfates :ceux qui correspondent aux poids atomiques les plus petits se décomposent avec une extrème difli- cullé et seulement au rouge presque blanc. C. MAarTIGNON. 3% SCIENCES NATURELLES. MM. Langlois el Mau- range montrent l'utilité des injections d’oxyspartéine avant lanesthésie chloroformique, car, en injectant une heure avant l’anesthésie 4 à 5 centigrammes de spartéine où 3 à # centigrammes d’oxyspartéine el { centigramme de morphine, on obtient toujours une narcose rapide, facile à maintenir avec un peu de chlo- roforme et un cœur régulier, énergique même, quand la respiration devient superficielle. — M. Charrin montre l'influence des toxines sur la descendance de l'homme, — M, Jammes, dans ses recherches sur la structure de l’ectoderme et du système nerveux des Plathelminthes parasites (Trématodes et Cestodes), éta- blit que l’ectoderme présente dans sa structure de zrandes ressemblances avec les Némathelminthes, Il y à des cellules épithéliales, des cellules nerveuses, des librilles et des granulations, — M. Pizon fournit de nouveiles contributions à l’'embryogénie des Ascidies simples, en étudiant l’origine de la cavité péribran- chiale, les relations de la vésicule sensorielle avec les parties avoisinantes et l'existence d'un épicarde ana- Joue à celui des Ascidies composées. — M, Boule PFTA, A 62 nr SP ne FRE ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES vulgaris. — MM. Cadiot et Gilbert publient l’observa- annonce la découverte de débris gigantesques d'élé” phants fossiles faite par M. Le Blanc, dans la balla tière de Tilloux (Charente). J, MARTIN. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 30 Juillet 1895. MM. Hoppe-Seyler (de Strasbourg) et Dragendorf (de Dorpat) sont nommés correspondants étrangers dans Ja IV: Division (Physique et Chimie médicales, Pharmacie). — M. Lucas-Championaière recommande l'emploi du gaïacol pour l’anesthésie locale (analgésie),« en remplacement de la cocaine. — M. Landouzy fait. une communication sur la nécessité de reviser la nosographie des angines et d'assurer leur diagnostic par le contrôle bactérioscopique ; il donne les résul-" tats d’une enquête bactérioscopique portant sur 860 cas d’angines et ayant donné 42,32% de diphtérie et 57,68% de non-diphtérie. —- L'Académie adopte à l'unanimité le vœu suivant : 1° que des laboratoires d'examen bactériologique dirigés par des savants spé- ciaux soient ouverts dans le plus bref délai, et que tous les médecins en soient avisés par la plus large publicité; 2° que les Facultés de Médecine, les Ecoles de plein exercice et les Ecoles secoudaires de Méde- cine et de Pharmacie soient pourvues de laboratoires bactériologiques, destinés à faire dès maintenant les examens, et à instruire les médecins et les pharma- ciens dans les recherches spéciales. — M. Daremberg cherche à montrer par des expériences physiologiques que les eaux-de-vie de vin, même de grande marque, sont plus toxiques que les eaux-de-vie communes. — M. Gréhant lit un travail sur l’analyse de l'air de la gare souterraine du Luxembourg, — M. Kirmisson. relate un cas d’épispadias, chez une petite fille de dix- huit mois, qu'il a opéré et guéri, SOCIETE DE BIOLOGIE Séance du 27 Juillet 1895 M. Trouessart est élu membre de la Société. — M. A. Broca à traité des lésions tuberculeuses cuta- « nées par le sérum de chiens à tuberculose locale, et à obtenu de bons résultats dans les cas de lésions peu profondes. — MM. Roger et Josué montrent que l’æ- dème n’est pas directement en rapport avec les lésions veineuses, Il se produit un œdème persistant par in- jection dans l'oreille des produits solubies du Proteus tion d’un cheval atteint de morve pulmonaire avee cirrhose du foie, — MM. Babes et Kalindero commu niquent leurs recherches sur la distribution des ba- cilles de la lèpre dans les tissus. On les trouve surtout nombreux dans les nerfs, ce qui explique les symp- tômes nerveux de la maladie. — M. Rénon a étudié l'influence de l'affection aspergillaire sur la gestation ; le passage du bacille de la mère au fœtus dépend du . degré plus ou moins prononcé de l'infection. — MM. Courtade et Guyon ont étudié l’innervation du muscle vésical et la puissance des sphineters interne et externe de la vessie. — MM. Phisalix el Bertrand ont trouvé que limmunité du hérisson contre le venin de vipère provenait d'une substance spéciale contenue » dans son sang; en effet, le sérum sanguin du hérisson, injecté à un cobaye, le rend réfractaire à l’inoculation du venin de la vipère. — M. Pillet a trouvé que le formol, injecté à fortes doses, s'élimine par l'intestin et le rein en produisant des lésions congestives. — MM. Courmont et Doyon décrivent les lésions hépa- tiques engendrées chez le chien par la toxine diphté- rique, — M, Déjerine rapporte une observation de compression de la queue de cheval de la moelle épi= nière causée par une tumeur du sacrum, d’origine sarcomateuse. (La Société entre en vacances jusqu'au milieu d'Oc- tobre.) SOCIÉTÉ FRANGAISE DE PHYSIQUE 4 Séance du 5 Juillet 1895. M. Pierre Weiss a étudié l'allure particulière de mantation dans la magnétite cristallisée, Il a décou- ert que, dans ce corps, Fe“O#, appartenant au sys- e cubique, l’aimantation n’est cependant pas iden- ique dans toutes les directions. Les cristaux sont des dodécaèdres ou des octaèdres et ne dépassent pas 2°, | a d'abord taillé, dans un octaèdre du Tyrol, deux prismes, l’un suivant un axe binaire, l’autre suivant une direction perpendiculaire, et a cherché la courbe d'aimantation en fonction de l'intensité du champ. La mesure du champ présentait quelque difficulté, car le Champ est modilié par la présence de la magnétite elle-même, La méthode ordinaire, qui consiste à prendre un tore, un ellipsoide ou un cylindre indé- fini n’est pas directement applicable, Il s’est fondé sur ce que le champ magnétisant est continu quand on tra- verse la surface du corps; on peut donc le mesurer au voisinage de l’aimant au moyen d’une petite bobine et lun galvanomètre balistique. Une seconde bobine en- tourantl’aimantservira à mesurer l'intensité d’aimanta- tion. IL plaçait bout à bout trois barreaux de magnétite prolongés aux deux extrémités par deux tiges de fer, de facon à n'avoir, dans le barreau central, qu'une riation lente du champ. On trouve ainsi que la courbe d'aimantation n’est pas identique suivant l'axe qua- ternaire et suivant l'axe binaire. La courbe relative au second cas est l’amplification de la première dans le rapport de 5 à #. M. Weiss à vérifié par plusieurs méthodes ce résultat imprévu. Toujours il a trouvé des différences de même ordre. Une expérience qui, sans oute, n'offre pas un haut degré de précision, mais a “l'avantage d’être très directe, consiste à tailler des “disques de magnétite, à les entourer d’une bobine de “il, et à les faire tourner d’angles connus entre les pôles d'un aimant. On mesure ainsi les différences d’aimantation suivant les différentes directions. Les ourbes obtenues accusent des différences très grandes entre les différentes directions. On trouve un maxi- num d'aimantation suivant les axes ternaires. Au con- raire, un disque taillé suivant une face de l'octaèdre “donne une courbe qui est rigoureusement un cercle pour toutes les orientations, En résumé, la surface “l'aimantation à saturation dans les différentes direc- “tions présente la forme d'un cube dont on aurait ar- rondi les arètes et creusé les faces, M. Weiss présente mi la Société une expérience curieuse qui met nette- ent en évidence les inégalités d'aimantation.On fixe un petit disque de magnétite sur un disque de verre et on e place entre les branches d’un aimant. Les directions uivant lesquelles s'oriente spontanément le disque donnent les maxima d’aimantation. Un disque paral- lèle aux faces de l’octaèdre ne présente aucune direc- Lion privilégiée. Pour obtenir la direction de l’aiman- lation par rapport au champ, on détermine les courbes qui donnent les composantes suivant la direction du “champ, et perpendiculairement. Leur aspect est celui d'un folium à branches multiples et de différentes randeurs. On trouve que l’aimantation est oblique par rapport au champ quand la direction de celui-ci ne coïncide pas avec l’un des axes. Ce résultat apparait très visiblement sur les spectres de limaille dont . Weiss projette des photographies. Les lignes de force sont déformées quand la magnétite est placée “dans une disposition dissymétrique. En résumé, l’iden- uité des phénomènes optiques dans toutes les direc- Hiuns ne se retrouve plus pour les propriétés magné- ques. Et il semble qu'il y ait des réserves à faire sur es théories qui supposent que, dans les corps, avant aimantation, les éléments magnétiques existent, mais ne sont pas alignés. La théorie d'Ewing ne semble pas Suflisante, — M. Massieu demande à M. Weiss s’il n’a amais constaté de faces hémiédriques. M. Mallard en à obtenu sur la boracite, qui, elle aussi, est cubique, “ais ne se comporte pas en lumière polarisée comme ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES en cristal cubique, du moins à la température ordi- naire. Lorsqu'on chauffe, les anomalies disparaissent. Il serait peut-être intéressant de rechercher comment les phénomènes si curieux éludiés par M. Weiss se modifient avec la température. — Rien n’a révélé à M. Weiss une hémiédrie dans la magnétite. D'ailleurs, elle appartient aux spinelles, et, dans cette famille, on ne connait pas de phénomènes pseudocubiques. D'autre part, la magnélite n’est pas seulement à très peu près cubique; elle l’est bien réellement. Ses oc- taèdres offrent non pas seulement la symétrie qua- dratique, mais bien la symétrie cubique. — M. P. Vil- lard et M.R.Jarry ont éludiéet précisé les propriétés de la neige carbonique. Ils ont eu soin d’abord de tou- jours distiller le gaz; cette opération se .fait sans dif- ficulté et n’exige pas plus de 20 minutes. En refroi- dissant convenablement le récipient, ils obtiennent un rendement en neige de 35 °/,. Ils ont d’abord repris le point de fusion de cette neige, fixé par Faraday à — 57, Ils se sont servis d’un thermomètre à toluène, et ont opéré par refroidissement et par réchauffement. Le réservoir à acide carbonique fondant était protégé contre le rayonnement par une enveloppe de papier d'étain. Il était lui-même placé dans un tube argenté intérieurement, et le tout dans une enceinte vide d’air. La température a été de — 570,1 et la pression correspondante 5at® 1, Les résultats sont les : mêmes soit pour la neige ordinaire, soit pour des cristaux de dimensions notables. Ce sont des cristaux cubiques : au contact de l'air ils ne se couvrent pas de givre à cause de la gaine d'acide carbonique gazeux. A l’état solide, la densité est plus grande qu'à l’état liquide. La température de la neige carbonique en vase ouvert est de — 79°, nombre très voisin de celui de Regnault. Cette température est évidemment le point d'ébullition sous la pression atmosphérique. En effet. la pression maxima observée pour la vapeur est bien la pression atmosphérique. La température — 60°, proposée 1l ya quelques années, est donc inadmissible. À cette tem- pérature, la pression maxima est de 4 atmosphères. La neige sèche étant incommode à manier, on l’em- ploie, depuis Thilorier, mélangée à l'éther. Il faut avoir soin de refroidir l’éther. On croit communé- ment que la température est beaucoup plus basse qu'avee la neige seule, Il n’en est rien. Le thermo- mètre reste stationnaire quand on verse de l’éther sur la neige solide. Regnault n’attribue à l’éther qu'une action de contact. Effectivement, il n’a qu’un rôle dis- solvant inappréciable, et ne forme pas de mélange réfrigérant. Lorsque la dissolution est saturée de neige, l’abaissement atteint à peine 1°. L'expérience de la solidification d'un tube de Natterer dans un mélange de neige et d'éther, réussit tout aussi bien avec la neige seule. Avec le toluène, les phénomènes sont les mêmes qu'avec l’éther; mais ils sont tout différents avec le chlorure de méthyle, On oblient un véritable mélange réfrigérant, car la température est plus basse que celle du plus froid des deux corps employés. IL y a dissolution, et, à la saturation, le thermomètre marque — 85°. En dépassant la saturation, la tempé- rature remonte, Par le passage d’un courant d’air, on peut abaisser ce mélange réfrigérant à — 90°. MM. Vil- lard et Jarry ont ensuite cherché à atteindre des tem- pératures beaucoup plus basses en ayant recours au vide. Par ce moyen, M. Pictet avait déjà atteint — 1189. On atteint facilement — 125° sous la cloche de la ma- chine pneumatique, et on peut maintenir cette tempé- rature pendant plusieurs heures. On à donc là un point de départ suffisant pour arriver à — 200° avec les moyens ordinaires d’un laboratoire et réaliser ainsi l'expérience de la liquéfaction de oxygène. — M. Guil- laume précise la valeur des indications du thermo- mètre à toluène, En utilisant des travaux encore inédits de M. P. Chappuis, on peut admettre comme très exactes les indications de ce thermomètre jusqu’à — 88; à — 1250, elles sont encore certainement vraies à 5° , près. Puis M. Guillaume signale des résultats nouveaux » d TT sh HORS - à ee Se - 196 obtenus par M. Olszewski. Par sa méthode, publiée il y à quelques années, pour la détermination du point critique de l'hydrogène, il a obtenu — 23#,5 en faisant détendre jusqu'à 20 atmosphères, et — 245° en pous- sant la détente jusqu'à 4 atmosphère. On pourra donc encore obtenir des températures plus basses, — M. Bouty signale un travail contenu dans le numéro de Juin du Journal de Physique, et d’après lequel on est parvenu à 30° du zéro absolu. Edgard Haunié. SOCIÈTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 28 Juin 180%, L'action de l'hypoazotide sur le trichlorure d’anti- moine en solution sulfocarbonique ou chloroformique a donné à M. Thomas un composé auquel ses analyses permettent d'attribuer la formule suivante : 2Sb0?, 2SbOCI?, Az205, La même réaction, essayée avec le tri- bromure etle triiodure d’antimoine, donne un composé répondant à la formule : (Sb20%2a7:05:. MM. Béhal et Blaise ont étudié la réaction de l'hypoazotide sur l’acide campholénique inactif, Une molécule d’hy- poazotide se fixe sur lacide, et, si on traite le pro- duit obtenu par le bicarbonate de soude, on obtient un corps solide, bleu, fusible à 133° et de formule C10 H1ï Az 0%, Si l'hypoazotide continue de réagir, on observe-un abondant dégagement gazeux. Le produit final de la réaction est solide, fusible à 175°, de com- position CIC H15 Az Of; il a déjà été obtenu par MM. Ka- chler, Spitzer, Swarts et Zürrer, qui le dénommèrent acide nitrocampholénique. Ce corps ne possède pas de fonction acide. MM. Béhal et Blaise ont en effet observé qu'il n’agit pas sur le tournesol en solution alcoolique ; il ne décompose pas les bicarbonates alcalins. Ce n’est pas non plus un dérivé nitré: car, à l'ébullition avec les bicarbonates, on peut en éliminer tout l'azote à l’état d'azotite. On obtient comme produit de la réaction une lactone fusible à 30°, CH! 0?, Par les alcalis cette lac- tone donne un produit cristallisé, fondant à 126°-127, décomposant les bicarbonates, de formule G10 H'6 03. C’est l’oxyacide correspondant. Ce composé posséderait une fonction alcoolique sur une liaison éthylénique et se transformerait en donnant l'acide cétonique isomé- rique. Pour MM. Béhal et Blaise, l'azote de l'acide nitrocampholénique existerait dans la molécule sous forme d’éther nitreux. L'ensemble des réactions précé- dentes pourrait s'expliquer par les trois formules sui- vantes : R R R ul | | O=A7—0—C C (GC! ZON 4 Ÿ O CH—-R O C—R - CH—R' LEGS fes: | CO—CH? CO—CH? CO?H—CH? Acide nitrocampholénique Lactone Oxyacide Si l'acide nitrocampholénique réduit par l’étain et l'acide acétique a donné à MM. Kachler et Spitzer de l'acide amidocampholénique, ce fait s'explique, d’a- près MM. Béhal et Blaise, en admettant la formation d'hydroxylamine aux dépens du groupe éther nitreux. Cette hydroxylamine donne une oxime avec l'acide célonique et, par réduction, une amine qui n’est autre chose que l'acide amidocampholénique.—M.Guerbet a étudié les dérivés de l'acide isocampholique isolé par lui des eaux-mères de la préparation de l'acide cam- pholique. 11 décrit divers sels métalliques et divers éthers de ce composé. IL à anssi préparé le chlorure d'acide et l'amide correspondant, — L'oxydation de l’acide campholénique inactif a donné à M. Béhal de l'acide nitrocampholénique et de l'acide hydroxycam- pholénique comme l'ont trouvé MM. Kachler et Spitzer. On obtient surtout dans cette réaction un acide biba- sique correspondant à un acide triméthylsuccinique fondant à 82°, donnant un anbydride fondant à 39°. On n’a pas réussi à identifier ce composé avec les acides A Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES - ment du latex de l'arbre à laque, mais encore des en CTH20# connus, M. Béhal se propose d'en établir ls formule de constitution, Il se forme en même temps dans cette oxydation un peu d'acide butyrique. | Séance du 3. Juillet 1895. M. Dupont a étudié l'application des divers procé dés d'analyse des saindoux à des produits américains de provenances diverses. Les constantes sur lesquelles on se base pour affirmer la pureté d’un produit fran cais sont sans valeur dans le cas des saindoux améri cains. Ces derniers proviennent, en effet, des diverses parties de Panimal et non exclusivement de la panne et ils donnent des chiffres variables d’après leur prove nance. — M. Ferdinand Jean analyse les saindoux en déterminant successivement les caractères physiques et chimiques de la graisse brute et des acides gras séparés par le procédé Lear. On peut ainsi très facile=« ment reconnaitre l'addition d'huiles végétales, même si la falsification se complique d’addition de graisses animales concrètes, — M. G. Bertrand présente à nom de M. Grandjean un nouveau filtre dans lequel ! paroi filtrante est constituée par un disque de cellu lose pure que l'eau traverse sous pression, Ce disqué est préparé en défibrant du papier de coton et en com- primant à la presse la pulpe obtenue. Dans les plus. mauvaises conditions, ce disque arrête les bactéries pendant deux ou trois jours. Au bout de ce temps, on change le disque, de valeur très minime, sans avoir à faire de nettoyage, opération très délicate et toujours nécessaire avec les filtres actuels, Séance du 12 Juillet 1895. L’acide pyruvique réagissant sur les bases aroma- tiques primaires à donné à M. Simon l'acide anilpyru: vique et ses homologues. On obtient en outre, des pro= duits plus complexes. Avec l'acide pnénylglyoxylique on obtient des sels proprement dits; cependant, par l’action des divers alcools, du benzène, du chloroformen à chaud on obtient l'acide anilphénylglyoxylique par migration du phénylglyoxylate d'aniline. Cette réaction M n'est pas générale pour les bases aromatiques, car, si la paratoluidine et la 6 naphtylamine agissent comme laniline, avec l'orthotoluidine et la métaxylidine on n'observe pas de migration et l'x naphtylamine ne parait donner ni sel ni produit de migration acide. — M. Cavalier a préparé divers dérivés phospho-ally liques ; il donne la préparation des divers sels de l’az cide mono-allylphosphorique. PO‘-C#H5-H?, —M. G: Bertrand à reconnu que l’on peut extraire la diastase oxydante ou-laccase, qu'il a fait connaître, non seule- plantes les plus diverses, Une solution alcoolique de. résine de gaiac constitue un réactif très sensible de ce: produit, car au contact même d'une trace de laccase, on obtient une solution blanche bleuissant rapidement par oxydation de la résine sous l'influence continue de l'air etde la laccase, M. Bertrand à aussi reconnu que ce produit est moins sensible à l’action de la chaleur que la plupart des diastases connues, de plus un chauffage modéré augmente son activité. —M,Grimaux a essayé d'obtenir l’éther oxyde de la résorcine (HO) CéHi-0-CSH (OH), en traitant ce diphénoi par le chiorure de zinc. Cette réaction lui a donné unes oxycoumarine identique à l’ombelliferone, un composé C#H1805 dans lequel les molécules sont soudées par les carbones, et une résine non étudiée. Cette conden= sation curieuse à lieu à température relalivemenb basse (160°).— M. Prud'homme se réserve d'appliquer au paranitrodiamidotriphénylméthane, au paranitro-ami- dodiphénylhydrol et à leurs dérivés-alcoylés la réae= tion qu'il a signalée pour le paranitrotétraméthyldia= midotriphénylméthane. — MM. Lescœur et Lemaire ont remis une note sur le dosage volumétrique de sels de zinc, et M, Perrot une note sur la dissociation, des solutions aqueuses de chlorure de zinc. E. CHARON. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER A LT) 15 SEPTEMBRE 1895 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENC PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER LE RÉCENT CONGRÈS DES SOCIÉTÉS D'INSTRUCTION POPULAIRE à ; 31 AOUT-1e" SEPTEMBRE La Société havraise d'Enseignement par l Aspect a pris - une heureuse inilialive en provoquant la constitu- lion d'un Congrès libre des Sociétés Instruction et d'Education populaires. Ge congrès vient de tenir sa première réunion au Havre sous la présidence - d'honneur de M. R. Poincaré, ministre de l’Ins- - iruction publique, et avec le concours de MM. Gréard, Liard, Rabier, Buisson et Zévort. Un grand nombre d'éducateurs, d'instituteurs et de - professeurs de cours d'adultes, venus de tous les points de France, notamment de Normandie, de la région parisienne (surtout de Seine-et-Marne) et.de nos départements de l'Est, ont pris part aux travaux de l'Association. Ces travaux se sont trouvés grandement facilités par le soin qu'avaient pris les organisateurs du congrès de demander aux adhérents des mémoires sur les principaux sujets qui intéressent l’ensei- gnement populaire. Classés sous quatre chefs - (Cours d'adultes, Conférences populaires, Ensei- - gnement par l'aspect, Patronages scolaires), ces + mémoires ont fait l'objet de quatre Rapports des- linés à les résumer.et à synthétiser les vœux que les différents auteurs s’accordaient à exprimer. . Ces Rapports ont élé ensuite soumis au Congrès ; s ils y ont suscité d’ardentes discussions. On con- . coit qu'en une première réunion l'assemblée n’ait — pu se metlre d'accord sur tous les points, et il - conviendra de laisser mürir, avant de les juger d’une facon définilive, certaines des idées émises avec plus ou moins de circonspection au REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. e cours des débats. De nouvelles assises seront né- cessaires pour reprendre utilement l'examen des diverses proposilions mises aux voix parle Bureau. : Aussi est-ce moins sur des vœux, formulés peut- être d’une façon un peu hâtive, que sur les ques- lions soumises à la discussion qu'il importe au- jourd'hui d'attirer l’attention. — Voici parmi les questions agitées, les principales : 4. — La loi du 28 mars 1882 sur l'obligation scolaire doit-elle être complétée par certaines dispositions rela- tives à la fréquentation obligatoire des cours d'adultes? 2. — Doit-on demander à l'Etat l’organisation d’un examen des recrues militaires fait au point de vue de leur instruction primaire, et assurant aux soldats les plus instruits, aux diplômés de l'Enseignement popu- laire, certaines prérogatives? 3. — Y a-t-il lieu d’obliger les Conseils municipaux à laisser les instituteurs ouvrir, dans les écoles, et en dehors des classes réglementaires, des cours d'adultes”? 4. — Doit-on désirer que plusieurs des délégués des Sociétés d'enseignement populaire, reconnues d'utilité publique, fassent partie de droit du Conseil supérieur de l'Instruction publique? 6. — La création d’un Certificat de capacité électorale, délivré aux adultes après un examen, serait-elle de nature à servir la fréquentation des cours du soir? 7.— Qu'une circulaire de M. le Ministre de l’Instruction publique invite MM. les Inspecteurs d'Académie à faire organiser par les instituteurs, dans toutes les com- munes, des conférences publiques à raison d’une par quinzaine ou par semaine, invite les maires à prêter dans ce but les salles de mairie aux instituteurs. 9. — Qu'il soit imprimé par l’Imprimerie Nationale une encyclopédie populaire, destinée à fournir aux instituteurs la substance de leurs conférences, 10. — Qu'on fasse des conférences commerciales et industrielles. 11, — Que les illettrés ne soient pas inscrits sur les listes électorales. 17 de ce qu'elle élait autrefois et notamment beau- 198 . L. ROOS — ÉTAT ACTUEL DE LA VINIFICATION EN FRANCE ÉTAT ACTUEL DE LA VINIFICATION EN FRANCE [. — SITUATION DE LA VITICULTURE La viliculture française a subi, du fait du phyl- loxera, une effroyable erise. La perte complète d’un vignoble, le plus important du monde, el sa reconstilulion sur un pied, sinon égal, lendant du moins à le devenir à brève échéance, lels sont les deux faits dominants de l'histoire de la viticulture en France pendant la dernière moilié du siècle. Actuellement de nouvelles souches couvrent le sol, c'est vrai, mais tout est changé, Aux méthodes: de eulture très simples d'autrefois ont succédé des procédés beaucoup plus complexes. La nécessité impérieuse d'annihiler l'effet dis- traclif du phylloxera impose en effet : soit l'adop- Lion de plants qui ne meurent pas de ses attaques, tels les plants américains; soit l'établissement de vignes francaises dans des sols réfractaires par nature au développement de l'insecle, tels les sa- bles ; soil encore, dans les terrains qui s’y prêtent, l'adoption de pratiques luant périodiquement le parasite, lelle Ja submersion hivernale, D'une facon très générale, la première de ces méthodes a servi à la reconstitution du vignoble français, mais nombreuses sont les difficultés contre les- quelles se sont heurtés les viliculteurs. La substi- Lution de la vigne américaine à la vigne francaise, préconisée par nombre de savants, en tête des- quels il faut nommer Planchon, ne fut pas aussi simple qu'elle le semble. Tous les cépages améri- cains ne présentent pas une égale résistance au phylloxera; cerlains même ne résistent pas plus que la vigne française, el l'engouement qui äccom- pagne invariablement loule nouveauté en France devait amener bien des insuecès, bien des déboires, après lesquels beaucoup de viticulteurs se lrou- vaient sans force et souvent, hélas! sans argent pour tenter une nouvelle reconstilulion sur des bases plus solides. Les vignes américaines, essayées tout d'abord comme producteurs directs, n’ont fourni que des différents, tellement comme qualité el comme quantilé, à nos bons vins semblait une vins tellement inférieurs, de France, que recourir à elles ulopie. Le greflage de bois français sur souches américaines nous à rendu nos vins, jeunes encore, il est vrai, mais possédant toutes les qualités des vins jeunes d'autrefois. La culture de la vigne est redevenue possible en France, mais elle est aussi radicalement différente coup plus coûteuse. Plus robuste au point de vue du phylloxera, la vigne américaine se montre plus diflicile que la vigne française en ce qui concerne le sol. Certains cépages, et ce sont malheureusement des meil- leurs comme résistance, vivent mal ou ne vivent pas du tout dans des sols où la vigne francaise élait autrefois très prospère. Il y a là une difliculté d'adaptation du cépage au sol qui a causé bien des mécomples. Aujourd'hui une connaissance plus complète des cépages américains et des conditions de leur vitalité, la découverte de l’action très spé- ciale des sels de fer qui atténuent ce défaut d'a- daptalion, mettent la viticulture à l'abri de nou- veaux mécomptes. J La silualion du vigneron est cependant lrès dure. Les frais annuels de culture de l'unité de surface sont singulièrement augmentés, qu'il s'a- gisse d'ailleurs de ceps américains, producteurs directs ou greffés, de vignes francaises en sables, ou soumises à la submersion hivernale, ou même d'anciennes souches défendues contre le phyl- loxéra à grand renfort de sulfure de carbone. Des maladies cryptogamiques, inconnues aulre- fois ou n’exercant qu'une action très limitée, sont venues s’adjoindre à l’oïdium; toutes nécessitent un traitement spécial, partant, des frais de main- d'œuvre, de remèdes, d'appareils pour les appli quer, bref, un ensemble de charges qui élèvent en moyenne à mille franes les frais actuels de la cul ture d'un hectare de vigne, dans les régions qui fournissent les vins de grande consommalion, c'est-à-dire les vins payés à très bas prix au pro- ducteur. ; Les rendements ne sont pas d’ailleurs, dans la grande majorité des cas, assez élevés pour com- penser le bas prix des vins. On à beaucoup de Len-. dance dans le nord de la France à attribuer des. rendements fantastiques aux vignobles méridio- naux. Dans le département de l'Hérault, il atteint à peine en moyenne 40 hectolitres; il y a loin, on -le voit, de ce chiffre aux 200, 250 et même 300 que nombre de personnes, peu au courant de la viti= culture méridionale, lui accordent très généreuse=, ment. La culture de la vigne est possible en France dans loute la partie du territoire comprise au sud. d'une ligne parlant de Saint-Nazaire, passant par Paris et allant rejoindre la frontière belge aux en-. ons de Givet; mais, tandis que celte culture occupe guère que des coteaux à partir de la vallée du Rhône, elle se fait en plaine dans toute a région méridionale, notamment sur le littoral éditerranéen. La viticulture n'est vraiment la ulture dominante que dans cette dernière région le Bordelais. Les départements des Pyrénées- ientales, de l'Aude, de l'Hérault et du Gard four- 199 mum de rendement ; les cépages de qualité entrent pour une proportion bien plus forte dans les nou- velles plantalions que dans les anciennes, compo- sées surtout de cépages à grand rendement; enfin, certains cépages américains n'ont pas pour le greffon qu'ils portent une affinité parfaite, et la conséquence de ce défaut d’affinité se traduit par | une moindre fécondité, crise phylloxéri- que a produit le plus de ruines. C'est aussi celle qui s’est relevée le plus prompte- ment et le plus largement. Un simple coup d’œil Sur les diagrammes ci-joints (fig. 1) montre à la Lois l’étendue du désastre et l’activité prodigieuse des viticulteurs. J On remarquera dans ces diagrammes une diffé- rence très notable entre la production moyenne d'autrefois et celle d’aujourd'hui, par unité de surface plantée. Cette disproportion tient à lrois tauses : le vignoble, jeune encore pour une no- able partie, n’est pas encore arrivé à son maxi- | REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, | | Fig. 4. — Diagramme montrant, pendant Les 25 dernières années, d’une part la L=] 4 ? * production du vin, d'autre part la surface plantée en vignes française el amé- ricaine, dans le déparlement de l'Hérault. à eux L'étude que euls, plus du [1 : T l nous allons faire iers de ja pro- 15.000.000 | — del’étatactuelde duction Lotale, TT la vinificalion Celte portion du s’appliquera sur- vignoblefrançais 3 (out aux pays st, de ce fait, la ÈS [0.000.800 qui fournissent première intéres- 8 les vins de gran- sée à toutes les $ de consomma- questions de vi- À | tion, les vins du nification; aussi 5.000 000 A | Midi, si peu con- est-ce là que se - [j, nus malgré leur trouvent nom - ER TAN] En | | abondance !,. breuses les ins- | F | | Es s |! 1} Cest là seule- tallations vinico- 2970 | F1 ment, en effet, les perfection - que celte élude nées. | peut présenter -Le départe - Et de l'intérèt. Les ment de l’Hé- . pays à vins fins rault,dontla pro- vinifient depuis duction a atteint tel A A A des siècles sui- _ autrefois E3B) up p Le [ [TJ | | | vant des règles 15.000.000 d'hec- 1001900 el |__|} | immuables, fort tolitres, qui pro- È - T æ| | À ne bonnesd’ailleurs duit actuelle - EE Ed FLN T1. pour traiter des ment environ la Ÿ Pal ET ITS | | | | masses relative- moitié de ce chif- ee | | EE L SRE Le ment peu consi- fre, tient, sans | - Ft LE à ES A | = - dérables de r'ai- contredit, le pre- F TT] Ï oh pale Ed Lao fs] - sins. Le prix de mier rang parmi | Miele [Es SE Bi 2 1 ER | fabrication d’un les départements 200 000 ] si) Bal 2! L | A LS LEA certes hectolitre de vin vilicoles. C’est la | : 3i | Les Eur || peutètre plus ou portion du sol ES El Î is . + + + moins élevé de français où la A Obertn. Gr. Pa j 7 quelques centi- mes, cela n’in- fÎlue pas beau- coup sur le re- venu lotal. Il en est de mème dans les pays qui, tout en ne faisant que des vins communs, en fonl assez peu pour qu'ils se consomment sur place: Dans la région méridionale, c’est autre chose. Les frais culturaux sont considérables, les rende- 1 Le consommateur croit volontiers que les vins du Midi sont épais, chargés en couleur ct en alcool, imbuvables en nature. Rien n’est moins vrai; ils sont, au contraire, fruités, légers, très agréables au palais et constituent d'excellent vin de table sans mélange aucun. Il serait très désirable de rec- tifier cette opinion erronée, bonne pour les gros vins d'Es- pagne, non pour les nôtres. 800 ments beaucoup moindres, je l’ai dit, que ne le croient les personnes peu versées dans ces ques- lions spéciales. L'industrie de l'alcool ne permet plus d'espérer un bénéfice de la distillation des vins, il faut donc faire des vins de bonne tenue et à bon marché. Pour en arriver là, on rogne de tous côtés pour réduire au strict minimum le prix de revient de la fabrication, et c'est dans ces écono- mies forcées qu'il faut voir la raison de la trans- formation de l'outillage et de la substitution de la mécanique à la main de l’homme dans les grandes caves actuelles. — J’examinerai, dans cette étude, la vinificalion en blanc et en rouge, je décrirai l’ou- üillage actuel des celliers et j'en montrerai l'appli- cation dans quelques grandes exploitations créées récemment dans la région méditerranéenne, la ré- gion des vins de grande consommation. II. Le phénomène dominant de la vinification ou {ransformation dû raisin en vin est la fermentation, caractérisée par la disparilion du sucre et l'appa- rition de l'alcool. Étudier en détail la fermentation vinique serait sortir du cadre de cet article. Je me borne à rappeler que la fermentation vinique est l'œuvre d'un organisme vivant, Saccharomyces ellip- soïdeus, qui se rencontre naturellement surle raisin à maturité. Comme tout être vivant, celui qui nous occupe travaille mal où bien suivant les conditions dans lesquelles il se trouve placé. Ces condilions optima, d'hui des viticulteurs, sont : 1° Une aération abondante de la vendange avant le départ de la fermentalion pour favoriser la pro- lifération du ferment. Elle s’oblient plus ou moins parfaitement pendant le foulage. 2 Une tempéralure comprise entre 25 -elt 30°, pour les vins rouges au moins. On emploie, pour réaliser celle condition, différents moyens. 3° Un milieu d’un litre acide convenable, qu’on véalise le plus souvent dans le Midi par des ven- danges hätives. ° Une aération ménagée de la masse pour ré- veiller une fermentation paresseuse, et qu'on ob- lient par un soulirage du moût au bas de la cuve, faisant traverser l'air au jet avant de le ramener à la partie supérieure du récipient. J'ajouterai, enfin, qu'une propreté scrupuleuse est la règle dans tous les celliers des propriétaires” soucieux de — FERMENTATION VINIQUE bien connues aujour- faire des vins de bonne tenue. La généralisation de ces soins de propreté est peut-être le plus puissant facteur de tion des vins, la conserva- bien plus sûre aujourd'hui, quoi qu'on puisse en penser, qu’elle ne l'était autre- fois, dont le résultat est une augmentalion très consi- PAPA TS DETTES ete ET 74 FH ru L. ROOS — ÉTAT ACTUEL DE LA VINIFICATION EN FRANCE Les procédés de transformation du raisin en vin. L varient à l'infini dansles détails, suivant qu'il s agit. 1 de telle ou telle région, quoique dans les grandes lignes ils restent loujours les mêmes. Ils varient encore suivant le type de vin à produire, et, en ce qui concerne les vins de liqueur, beaucoup sont du domaine de la cuisine ou de la confiserie plutôt. que de la vinificalion, qui comporte toujours la fermentation. Nous ne nous occuperons que de ceux qui se rapportent aux vins courants, et l’on. peut, en envisageant seulement ce côté de la’ question, diviser la vinifieation en deux sortes principales : la vinificalion ex blanc el en rouge. Quel que soit le produit visé, il est des opéra- tions, — telles que le foulage ou broyage des raisins et le pressurage, — qui sont communes à toutes les vinificalions. $ 1. — Vinification en blanc. Elle s'opère en partant, soit de raisins blancs, soil, moins communément, de raisins rouges à ne incolore. Dans les deux casles raisins sont d’abord brovés, égouttés, puis soumis à un pressurage immédiat, après lequel le moûtl oblenu est entonné et Ds donné à la fermentation spontanée. Je reviendrai» plus loin sur les conditions qu'on cherche à réaliser pour obtenir de bonnes fermentalions. Les conditions de la récolle du raisin varient avec les pays: quelquefois, comme dansla région de Sauterne ou du Rhin, on dépasse volontaire-. ment la maturité De laissant les fruits sur souche jusqu'à ce qu’ils soient envahis par une. moisissure spéciale, Botrylis cinerea où pourriture noble. Je n’ai pas à examiner ici l’action de cette moisissure : je me borne à indiquer le procédé, dérable de la richesse du moût en sucre. Dans les régions à vins fins, celles que je viens de citer entre autres, la fermentation s'opère dans des fûts de faible capacité, le plus souvent dans des barriques ordinaires; celle fermentation, souvent très lente, est suivie de nombreux souli- rages qui débarrassent le liquide de toutes les impuretés en suspension, et fournissent enfin le vin brillant qui séduit l'œil avant le palais. Dans les autres régions, la région méditer- ranéenne notamment, la fermentalion s'opère dans des récipients de grande capacité. Les moûts. y sont quelquefois envoyés sans antre manipula- tion; mais le plus souventils n’y arrivent qu'après un débourbage, c'est à-dire une séparalion des grosses impurelés, qui s’oblient de la facon sui- vante : On retarde le départ de la fermentation de 18 ou 20 heures par l'emploi ménagé de l'acide sulfureux provenant de la combustion du soufre à ‘air. Le moût chargé d'acide sulfureux en faible quantité (3 à 5 centigrammes par litre) est aban- donné pendant quelques heures, au bout desquelles un soutirage le sépare de sa grosse lie; c’est ainsi -débourbé qu'on l'envoie dans les récipients de fer- mentation. Dans le Midi ce sont des foudres de “contenance variable, mais très fréquemment de 200 à 300 hectolitres de capacité. La fermentation établit immédiatement après l’entonnage, si lacide sulfureux n’a pas été trop abondamment employé. Le débourbage des moûts est une opéra- ion très recommandable à tous- égards; le vin btenu présente plus de finesse, son dépouillement est aussi plus rapide. — S'il s’agit de vinifier en blanc des raisins rouges, la chose est un peu plus complexe. Il est bien entendu qu'il ne faut pas songer à vinifier de la sorte des cépages à jus coloré, tels que le Teinturier ou les divershybrides -Bouschet; mais, même avec des raisins rouges à ‘jus incolore, ondoit prendre de grandes précau- Lions pour ne pas dissoudre de matière cclorante. Il ya, pour arriver à ce résultat, deux conditions . indispensables : il faut une très grande rapidité - de manipulation pour éviter tout commencement - de fermentation pendant les opérations de foulage el de pressurage, et il faut encore éviter de désor- …saniser les pellicules des raisins par un foulage trop complet. En réalisantces deux condilions, on fera toujours ‘du vin très blanc; mais il y a aussi la contre-partie : e rendement sera faible. Il est préférable, à mon avis, d'oblenir moins et plus beau en blanc, quitte “à faire cuver avec d’autres raisins rouges les $ moûls non épuisés pour blanc. Le débourbage des mots de raisins rouges vinifiés en blanc présente une double importance. Quelles que que soient les précautions prises, les moûls entrainent toujours quelques fragments de pellicules, souvent très petits, suffisants cepen- “dant pour donner une teinte rose à la masse, la “'ermentation une fois terminée: le débourbage assure donc ici non seulement la finesse, mais encore la non-coloration par la séparation de ces fragments de pellicules. J'ai établi son action très réelle dans ce sens par quelques expériences !. J'ajouterai que si, malgré toutes les précautions rises, le vin possède une très légère teinte rose à “peine appréciable, on parvient à l'en priver par la pratique courante usitée pour les vins blancs : le “outirage dans un récipient #éché, c'est-à-dire plein d'un mélange de gaz sulfureux et d'air. Il existe bien d’autres moyens capables même de décolorer “entièrement des vins rouges faibles, mais ils sont du ressort du tripotage et je n’en veux pas parler. Î À ! Revue internationale de Vilicullure el d'OŒnologie, 1894. L. ROOS — ÉTAT ACTUEL DE LA VINIFIGATION EN FRANCE ADN Dr 801 S 2. — Vinification en rouge. La fabrication des vins rouges diffère essentielle- ment de celle des vins blancs, en ce que, pour cette dernière, on s’altache à séparer les organes solides du fruit avant tout départ de fermentation, tandis pour la première, c’est en présence de tout ou partie de ces organes solides que le phénomène s'accomplit. Comme pour la vinification en blanc, la pre- mière opération que subit le raisin vinifié en rouse, c’esl le foulage. Quelques viticulteurs s’af- franchissent de celle manipulation, surtout lors- qu'il s’agit de raisins à pellicule très mince; mais, s'il n’ya pas foulage à proprement parler, en réalité une partie très nolable des grains sont écrasés : cela suffit à déterminer le départ de la fermenta- tion, et l’élévalion de température qui en est la conséquence faitéclaterles grains restés indemnes, Cette manière d'opérer, bien que plus simple, est cependant peu suivie. Les résultats obtenus ne paraissent pas valoir ceux qui suivent un bon foulage et j'ai remarqué personnellement que les vins de presse qui proviennent de (elles vendanges contiennent loujours du sucre. Après le foulage, la vendange est soit entonnée telle quelle, soit soumise à l'égrappage. On trouvera plus loin la description des appareils d'égrappage : je me borne à dire ici que ce procédé n'est adopté que par un petit nombre de viticulteurs dans les pays producteurs de vin de grande consommation. La fermentalion a lieu soit dans des cuves ouvertes en pierre ou bois, soit dans des récipients faiblement ouverts, cuves ou foudres. La capacité des récipients et leurnature varient beaucoup suivant les pays. Tandis que les viticul- teurs producteurs de vins fins font cuver dans des récipients de faible dimension, ceux des pays méridionaux utilisent fréquemment des cuves en maconnerie cimentée ou à revêtement de verre, ou des foudres de très grande capacité, allant jusqu'à 600 hectolitres. Au moment de l’entonnage, la masse est homo- gène; mais, dès que la fermentation commence des bulles d'acide carbonique se logent dans les cavités des pellicules, diminuent ainsi très nota- blement la densité, de sorte que tout lemarc ne tarde pas à remonter et flotte véritablement sur la nappe liquide. Le marc ainsi aggloméré forme le chapeau. 1 faut absolument éviter le contact de ce chapeau avec l’air pur ou mélangé d’acide car- bonique, contact qui amènerait à la surface le dé- veloppement de nombreuses moisissures et orga- nismes, au nombre desquels il faut placer le #7yco- derma aceti. I est donc nécessaire soit de réduire suffisamment l'ouverture des récipients pour que le 802 L. ROOS — ÉTAT ACTUEL DE LA VINIFICATION EN FRANCE gaz carbonique, qui ne peut dès lors être balayé au fur et à mesure de sa production, surmonte seul le chapeau, soit d'empêcher le marc de remonter au moyen de claies, de filets ou de tout autre artifice. Ces dernières fermentalions, dites à chapeau sub- mergé, sont recommandables à tous égards; les principes solubles contenus dans le marc passent plus facilement dans le vin, lui donnent plus de vigueur sans lui imprimer de défauts, si les cuvai- sons ne sontpas trop prolongées. La durée de la cuvaison varie de 3 à 10 jours dans la majorité des cas. Les vins dits de macération cuvent beau- coup plus longtemps, mais leur äpreté toute part- culière s'oppose à leur ulilisalion immédiate, Quand on juge la cuvaison suffisante, on soulire le vin dit degoutle, elles mares soumis au pressurage fournissentles vins dits de presse. À la sortie du pres- soir les marcs sont ordinairement ulilisés pour alcool, soit en les distillant directement, — ils fournissent alors l’eau-de-vie de mure, très estimée dans plusieurs régions, — soit, ce qui vaut mieux, en leur faisant subir un lavage méthodique qui fournit une piguette, d'où la distillalion retire un alcool franc de goût. Le résidu, enfin, constitue soil un engrais, soit un produil d'alimentation très bien accepté par divers animaux, notamment le mouton. III. — OUTILLAGE DES CELLIERS L'oulillage des celliers n’est pas très complexe; il se compose : 1° D’appareils broyeurs du raisin : fouloirs: 2° D’appareils de séparation ou d'extraction : égrappoirs, pressoirs ; 3° De récipients de fermentation el de conserve; 4° De pompes et conduites de circulation. $ 1. — Fouloirs Un bon appareil broyeur du raisin doit réaliser deux conditions : ne laisser intact aucun grain de raisin, et n'allérer ni les rafles ni les pépins; l’écrasement de ces éléments permettrait la disso- lution dans le vin de principes de nalure à en at- ténuer la qualité. Le fouloir à pieds d'homme, une grande auge en bois dans laquelle on piétine le raisin, très ana- logue à un vasie pélrin, était autrefois presque universellement adopté. Il l'est encore aujourd'hui dans quelques petites exploitations. Le foulage à pieds d'homme est excellent, il permet une abon- dante aération de la vendange, et c’est une condi- tion très favorable à un bon départ de la fermenta- lion. Les rafles et les pépins sont inaltérés; mais si on veut broyer tous les grains, il esl très long et, par suile, peu économique. Celle méthode pré- sente. en outre, un caraelère un peu répugnant, ._ fait satisfaisante. puisqu'il s'agit de la fabrication d'une boisson: aussi tend-il, malgré ses qualités, à disparaitren des caves modernes, où l'antique pétrin de nos pères ne se verra bientôt plus. L'appareil broyeur le plus généralement adopté est le fouloir à cylindres. Il se compose essentiel-" lement de deux cylindres à axes horizontaux et parallèles, tournant en sens inverse l’un de l’autre el porlant des cannelures à leur surface. Le plus courant comporte deux cylindres : l’un cannelé parallèlement à l'axe, l’autre dont les cannelures sont hélicoïdales. L'écartement des cylindres est réglé avec soin. Trop faible, le fou- loir fournit peu de travail et prend beaucoup de force; avec un écartement exagéré, le loulage est insuflisant. Les cylindres sont animés d’une vitesse de rola- * tion différente, dans le rapport de 1 à 3, le cylindre à cannelures hélicoïdales tournant le plus vite. Ils sont mus soit par la main de l'homme, soit méca- . niquement, el fournissent d’ailleurs un travail d'autant plus parfait que leur alimentation est » plus régulière. Les fouloirs à cylindres mus à … bras d'homme sont presque toujours mobiles el se placent sur l’ouverture mème du récipient à remplir. Dans ces conditions, l’aération de la ven- « dange est imparfaite, le contact de la vendange - foulée avec l’air ambiant étant à peu près nul. Un gros inconvénient des fouloirs à cylindres ré- side en ce fait que l’introduction accidentelle d'un corps äur, une pince, par exemple, dans la ven- dange peut amener la rupture de l’un des deux cyiindres. On a cherché par divers dispositifs à atténuer ce grave défaut, mais on ne peut pas dire que l'on ait tourné la difficulté d’une façon toul à La manœuvre d'un fouloir à cylindres est pé- nible, les hommes qui l’actionnent doivent être fréquemment relevés; mais c’est là un inconvé- nient inhérent à la nalure du travail à faire. Un fouloir aclionné par quatre hommes se remplaçant ne peut guère fournir plus de 3.000 kil. de ven- dange foulée à l'heure. Le rendement en jus, qui, pour un cépage donné, est fonction de la perfec- tion du foulage, est assez faible avec le fouloir simple à deux cylindres. Ce n’est là un défaut que s’il s’agit de vinifica- tion, surtout de vinificalion en blanc de raisins rouges. Si la vendange passe successivement à … travers deux fouloirs simples, ou mieux dans un | fouloir à quatre cylindres superposés deux à deux. le rendement en jus s'améliore notablement, Les appareils broyeurs à eylindres sont, en y somme, de bons instruments qui resteront long- » temps encore les plus pratiques pour la petite et li moyenne propriété. Ahdbvatirintln 8 Rd ithes 4e sic dette LC she) fine sé EE - M 2e CA LL 24 L. ROOS — ÉTAT ACTUEL DE LA VINIFICATION EN FRANCE 803 ginal en ce qu'il est fondé sur un principe non ppliqué en viniticalion jusqu'ici, est l’appareil 4 porn turbine aëro-foulante par son inventeur, | Bien qu'à TE agé de trois ans, ce fouloir a déjà ri reçu de son inventeur quelques none de détail. Je donne ici (fig. 2 et 3 le croquis des derniers modèles de cet appareil, et je veux tout de suite em- prunter au rapporieur de la Section des Appareils au Congrès international vilicole de Montpellier, la description à la fois très simple et très claire qu'il donne de la turbine aéro-foulante. - Fig. 2. — Schéma de la turbine aéro-foulante. — À, Cylindre fixe; B, Disque horizontal, faisant 250 tours à la minute environ, portant des saillies qui projettent le raisin contre À; C, Croisillon soutenant l’axe de B Voici en quels termes le décrit Le Rapport: « Contentons-nous de rappeler que l’écrasage du « grain, l’égrappage et la libération du moût sont ob- “ tenus en projetant le raisin par la force centrifuge « contre les parois cylindriques fixes de la turbine. De « cette façon et avec une vitesse de rotation convena- « blement déterminée, on est sûr de la désorganisa- « lion de tous les grains, et on est, chose très impor- « tante, certain que soit les grappes, soit les pépins, « sont restés absolument intacts, puisqu'il faudrait, « pour entamer les tissus qui les constituent, une vi- « tesse incomparablement plus considérable. « C’est le point original et important de l'invention « de cet appareil, cette sélection parfaite entre la ma- « Lière qu'il faut broyer et celle dont le broyage est non seulement inutile, mais nuisible. » J'ajouterai à ces avantages si nettement exposés celui qui résulte d’une aération parfaite de la ven- dange. Le moût sortant de la turbine est une véri- lable émulsion d'air. Je n'ai pas personnellement déterminé cette quantité d'air ainsi émulsionné, mais il résulte de notes publiées par l'inventeur qu'elle alteindrait > °/, en volume. Ce sont là, évidemment, des conditions tout particulièrement favorables pour préparer un bon départ de la fermentation. L'ensemble des qualités de cet appareil de foulage vraiment original justifie le succès non encore démenti qui l’a accueilli dès son apparilion. La turbine aéro-foulante est mue mécanique- ment pour les grands modèles, à l’aide d’un ma- nège ou à bras d'homme pour les modèles réduits. Le travail qu’elle peut fournir est considérable. Dans les premières expériences effectuées, la tur- bine a broyé journellement plus de 250 tonnes de raisins. Elle avait un diamètre de 1 m. 40. Le disque horizontal tournait à 250 tours par minute, et cette vitesse n'a jamais eu besoin d'être dé- passée. On se rend aisément compte d'ailleurs qu'avec celle marche la vitesse tangentielle est largement suffisante pour assurer la désorganisa- lion parfaite de tous les grains. $ 2. — Égrappoirs Ce sont des appareils essentiellement composés d’un axe hérissé de tiges disposées autour de lui en hélice, qui tourne dans un cylindre horizontal formé dans sa moilié inférieure d'une tôle perforée de trous assez grands pour laisser passer les grains broyés, mais non les rafles. Du fouloir la vendange passe dans l’égrappair; la disposition en hélice des tiges opère le transport des rafles, qui sont re- jetées, tandis que le jus et les pulpes sont con- duits par une gouttière dans les cuves de fermen- tation. L'utilisation des appareils d'égrappage est très restreinte. La valeur de cette méthode de vinifica- tion n’est pas, en effet, bien netlement établie: beaucoup pensent, et je suis du nombre, que, si l’égrappage imprime au vin cerlaines qualités, il ne laisse pas d’avoir quelques défauts. Au reste, cette méthode ne présente pas la même utilité avec tous les cépages, el je pense personnellement que les vins de la région méridionale n’en tirent aucune amélioration sensible. L'égrappoir est très généralement annexé à un fouloir, qui porte alors le nom de fouloir-égrappoir. M. Paul a réalisé avec sa turbine un fouloir- égrappoir dont je donne un croquis (fig. 3), et qui présente cette particularité d’être successivement, à l’aide d'une manœuvre (rès simple, fouloir seule- ment, fouloir-extracteur de moût ou fouloir-égrap- poir. Au-dessous de la turbine esl disposé un cylindre dont l'axe, hérissé de tiges en hélice, constitue un transporteur. La moitié inférieure de ce cylindre est mobile et peut être enlevée à la façon d’un ti- roir. Pour le foulage simp'e, ce tiroir est en tôle pleine: pour l'extraction du moût, il est en tôle perforée de trous assez petits pour que les pépins même n’y passent pas; enfin, pour l'égrappage, il est en tôle perforée de trous d’un diamètre assez fort pour laisser passer pulpe, pépins et pellicules, 1) S19p03 % ANoJUAYIST \ QAR | | mel = ÈS SN NKKKKKKK 0D SHOSSON-NV NE JT LL ee Il À \L — ET = Ve l'A PT LU = 7 ul OUTQUUT, =: CC K “pjuojoù » anaddnibg no inaymandos anoyiodsunuy paan ajumynof-oumn DUIQUIUL — *E SU a) TA Me le Res Mr Aie = L. ROOS — ÉTAT ACTUEL DE LA VINIFICATION EN FRANCE 805 _ J'ajouterai qu’il s'agit là d’un appareil qui ab- . sorbe assez de force et qui ne me semble pas pou- . voir être actionné à bras d'hommes. $ 3. — Pressoirs discontinus _ Quand la fermentation est terminée, on procède … au soulirage du vin, c’est-à-dire qu'on sépare des parties solides du fruit tout le vin qui s’en peut écouler spontanément. On obtient ainsi le vin dit “de goutte. Le marc, qui forme une partie plus ou moins considérable de la masse totale suivant le cépage employé, retient après l'égouttage environ 90 °/, de son po‘ds. Le pressurage a pour effet de - forcer l'écoulement d’une bonne partie de ce vin. Le pressoir est donc un instrument d’une très . grande importance: À l'origine, des planches el quelques grosses i pierres constituaient les pressoirs; mais on n'oble- … nait ainsi qu'une pression par trop insuflisante. - C'est sous forme de pressoir que la Mécanique - s'est introduite déjà depuis des siècles dans les . celliers, el le type ancien, avec quelques modifiea- tions de détail, est encore de nos jours le plus usité. , Le pressoir actuel se compose essentiellement d’une vis verticale fixée sur un plan horizontal, mai, et le long de laquelle se meut un écrou qui constitue l'appareil de serrage. Le marc à presser est étendu sous une épaisseur variable sur la maie . autour de ia vis; parfois il est soutenu latéralement par une claie à claire-voie; on le surmonte d’un couvercle, chapeau, et d’un certain nombre de pièces de bois, madriers ou poutres, /« charge, qui transmet à la masse la pression oblenue par le serrage de l’écrou. Le serrage s’oblient au moyen de leviers de différentes formes; les uns sont actionnés tou- jours dans le même sens; les autres, et ce sont les plus usités, sont allernativement actionnés dans un sens et dans l’autre, mais agissent toujours . dans le même sens sur l’écrou, grâce à un rochet qui renverse le mouvement. La maie est en bois, en métal (fer), ou en ciment. Celles en bois se- raient excellentes, si l’étanchéité était facile à obtenir; celles en fer sont très bonnes, mais il faut garantir le métal par un enduit protecteur quel- conque pour éviter de mauvais goûts: celles en ciment bien établies sur béton sont parfaites et pour ainsi dire inusables. La charge d’un pressoir doit toujours présenter une certaine élasticité. La charge constitue, en effet, une sorte d’aceu- mulateur de pression. Si l’on pressait du mare de raisin surmonté d’une charge non élastique, une fois arrivé à la limite de serrage que comporte l'appareil, il faudrait continuer sans interruption à l’actionner pour obtenir un bon rendement. Avec une charge élastique, l'appareil peut être aban- donné à lui-même, la pression se continue, resti- tuée par l’élasticité de la charge, et le temps pen- dant lequel l'appareil peut être ainsi abandonné est proportionnel à la déformation subie par la charge sous l'influence de la pression, Les pres- soirs à charge en bois sont supérieurs sous ce rapport à ceux dont la charge est en fer. L'adjonction, entre un chapeau non élastique et l'écrou, de ressorts d'une grande énergie, idée qui appartient à M. l'ingénieur Crassous', constitue un perfectionnement remarquable des pressoirs (fig. 4 et 5). Le chapeau et l’écrou remontent d’un même mouvement et redescendent de même; c’est là déjà une simplification très notable de la manœuvre; mais où l'avantage devient plus appréciable en- core, c’est dans le jeu des ressorts. Ces ressorts sont du type de ceux usités dans les tampons des locomotives de chemins de fer; leur résistance à l’affaissement est nominalement de 20.000 kil. et leur course de 14 à 15 centimètres. Ils affectent une forme que donne très bien la figure 4. Ils s’affaissent sous la pression el continuent à faire descendre le chapeau de toute la hauteur qu'ils avaient primitivement quand on abandonne le serrage Cette course, comme je l'ai dit, est voi- sine de 1% à 15 centimètres, et cela représente un temps assez long pour que les ouvriers du cellier ‘puissent vaquer utilement à d’autres besognes. En effet, tandis qu'un pressoir ordinaire à charge en fer ou bois nécessite un supplément de serrage, un quart d'heure au minimum après qu'il a été abandonné, — le pressoir à ressorts accumulateurs de pression continue à travailler de lui-même pen- dant quatre à six heures suivantle degré duserrage. Le nombre des ressorts est variable avec la sur- face des pressoirs, et cette surface est elle-même fort différente suivant la pression qu’on se propose d'obtenir. En général, on retaille une charge de marc sur ses bords et sur une largeur de 30 ou 40 centimètres suivant les cas. Le marc ainsi re- taillé est rejelé sur le gàteau restant, et on reprend le serrage. La pression en valeur absolue reste la même; mais, comme elle est alors distribuée sur une surface bien plus faible, la pression par unité de surface est beaucoup plus considérable, On s’est beaucoup trop préoccupé, d’après l'o- pinion de nombre de spécialistes, d'obtenir des pressions énergiques. Le rendement en jus d'une quantité donnée de mare est, en effet, fonetion de deux facteurs : de la pression et du temps pendant lequel celte pression s'exerce. Or, le second de ces ! Cette idée a été mise en pratique par M. Paul, qui cons- truit couramment ces pressoirs. 806 facteurs ne peut en aucun cas être remplacé par le premier. Il vaut mieux laisser plus longtemps du marc sous le pressoir en le soumettant à une pres- sion modérée que de le soumettre pendant un temps plus court à une pression beaucoup plus éner- gique. Le type usité (pressoir à ressorts accumulateurs de pression) dans la cave de M. Eug. Thomas, au château de Poussan-le-Haut près de Béziers, com- porte une maie de trois mètres de diamètre (fig. 5). On y dispose couramment le mare d’un foudre de 120 hectolilres , mais il n’a pas EL, ROOS — ÉTAT ACTUEL DE LA VINIFICATION EN FRANCE avec cette quan- lité sa charge tains celliers, des pressoirs mobiles sur deux rails dans l'allée centrale, pouvant, par suite, se. placer successivement devant toutes les cuves à décharger ; il résulte de cette disposition un état de malpropreté général très difficile, sinon impossible à éviter, el c’est là un inconvénient capital. De. plus, la mobilité entraine avec elle une légèrelé relative qui rend ces instruments moins solides, plus sujets à quelque accident toujours difficile à réparer en temps de ven- dange. $ 4. — Pressoirs continus Le pressurage complète. On y pourrait mettre facilement Île mare de 600 hec- tolitres d'un mé- lange de Cari- gnan et Aramon qui constitue la majorité des vins rouges de ce ,do- maine, Le marc est complète - ment enfermé dans des claies qui facilitent l’é- coulement du vin: claies inférieure, latérale et supé- rieure. Le temps de pressée est de dix-huit heures. La cuverie très importante dont on trouvera une photographie plus loin (fig. 10), possède deux pressoirs de ce Lype qui suffisent aux besoins d’une exploitation de plus de 10.000 hectolitres de vin. Une pressée de dix-huit heures est très suffisante pour qu’il n'y ail pas lieu de retailler le marc dans le but de diminuer la surface el, par conséquent, d'augmenter la pression. L'asséchement est aussi bon que lorsqu'on se livre à cette dernière ma- nœuvre et il y a une réelle économie de main- d'œuvre à ne pas le faire. J'ajouterai, pour en finir avec cette descrip- lion rapide des pressoirs d'aujourd'hui, qu’ils sont ordinairement fixes dans les caves de quelque importance. La mobilité éviterait bien le trans- port du marc de la cuve au pressoir, mais ce n’est pas là un gros avantage. J'ai vu, dans cer- ( = "11 Al Fig, 4, — Grand pressoir à charge montante avec ressorls accumulaleurs de pression. (Modèle de M, Crassous.) ordinaire, tel que je viens de le dé- crire, donne de fort bons résul- tats. L'asséche- ment du marc est loin d'être com-" plet, puisque, tel qu'il sort du pres- soir, il contient. encore environ. 60°/,deson poids de liquide. Est-ce bien désirable d'aller plus loin? C'est ce que je ne pense pas, mais ce que pen- sent les partisans despressoirs con- linus : car ils inscrivent au nombre des: avantages de ces instruments , un meilleur asséchement des mares. - En somme, les pressoirs continus ont été ima- ginés dans le but : 1° De réduire la main-d'œuvre ; 2° De réduire l'outillage par la suppression des pressoirs ordinaires, qui doivent être, pour une quantité égale de vendange à traiter, plus nom- breux, plus coûteux el surtout plus encombrants que les pressoirs continus; 3° De réduire le temps de pressée: %° D'augmenter le rendement en vin de presse Presque tous les pressoirs continus connus actuellement, bien que de formes extérieures très diverses, travaillent de la même manière. Ils se composent d'un ou plusieurs jeux de cylindres faisant office de fouloirs s'ils travaillent [A L H | " Ul LE RNNNENNNNRNNRNNRRRERRRRRRALEEEE] ue \ NN > =SSs SERRES LLLNTNTUNNEE TENUE M LD ë m PSnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnInnnnnnnt nn ot 7 NZ AL /11 / VILIIPS. F 2j #) G UY, - 4 1 #7 / 7 NN NE TN LAINE, / L 7 (p. / = NO TE TLLLLU D) V JOLI) VI LLLLL, 2 NYSE, F7 GA <£ ANAL CCE DT 7 CYLESLE — ÉZ 4 on —— É = Z g. 5. — Coupes horizontale el verticale d'un pressoir à ressorts accumulaleurs de pression. — A la partie supérieure on voit, en coupe verticale, le couvercle portant les ressorts accumulateurs, tendus entre ce couvercle et le chapeau. — La artie inférieure de la figure est la projection horizontale des ressorts sur le couvercle. D — # * REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. 808 L. ROOS — ÉTAT ACTUEL DE LA VINIFICATION EN FRANCE de la vendange fraiche, {ravaillant comme com- | presseurs légers s’il s'agit de vendange fermentée. En quittant le cylindre, la vendange ou plutôt les parties solides de la vendange sont prises par une vis sans fin, qui les accumule dans un conduit d’une section de plus en plus faible se terminant par une ouverture calculée assez pelite pour qu'un bouchon de marc formé à l'orifice ne puisse sortir | que sous une pression intérieure très énergique. La vis transporte incessamment de nouvelles quan- tités de mare contre ce bouchon, qui joue le rôle de paroi fixe tant que la pression derrière lui n’est pas suffisante pour le chasser. Une nouvelle quan- lité de marc prend alors sa place, joue le même rôle el cela dure indéfiniment tant que l'appareil est alimenté. Les conduits peuvent être soit des tubes coniques formés de lames d’acier et dont on peut faire varier la conicité par le déplacement des colliers en fer qui les entourent, soit, comme dans le pressoir du type Debouno, un tube à section rec- tangulaire fermé à son extrémité par un cylindre obstructeur. Ce cylindre, dont l’axe est horizontal et perpendiculaire à la direction suivie par le marc, se soulève sous la poussée de celui-ci en lui oppo- sant une résistance qu'on peut faire varier à vo- lonté en chargeant plus ou moins de poids addi- tionnels un ou deux leviers reliés à son axe. L'emploi des pressoirs continus est particulic- rement séduisant dans la vinificalion en blanc : car il s’agit ici, comme je l'ai rappelé ci-dessus, d'ob- tenir en peu de temps une séparation aussi com- plète que possible des parties liquides et solides du fruit. Il y a malheureusement, dans le travail qu'ils fournissent, un défaut qui n’est pas négli- geable. À pression égale supportée par le mare, le vin d’un pressoir continu est moins fin que celui d'un pressoir fixe. Quel que soit le mode d’action du pressoir con- linu,dans le trajet que le marc opère @e l'entrée à la sortie, il frotte énergiquement contre les sur- faces de l'appareil. Il résulte de ces frottements une désorganisalion souvent très accentuée des ralles surtout, souvent des pellicules et des pépins, et les sucs végétaux renfermés dans les cellules de ces organes passent partiellement dans le vin. Nous avons vu, en parlant des fouloirs, qu'il était important de laisser intacts ces éléments du raisin; il est bien évident que celte importance persiste dans les pressoirs; les pressoirs continus actuelle- ment connus n’évilent pas cet inconvénient. S'il s’agit de vinification en blanc de raisins rouges, ce défaut apparait d’une facon évidente. Je ne connais pas de pressoirs continus capables de donner avec des raisins rouges une quantité de moût blanc égale à celle qu’on peut obtenir du foulage suivi d’un pressurage ordinaire, À propor- vient se réunir par divers caniveaux ou par des tion égale de moût obtenu, celui qui vient du pres-. soir continu est plus rose que l'autre. Ce phéno-" mène est tout à fait inattendu : car, d’une façon, générale, il est admis que le facteur le plus impor-" lant de la non-coloration des moûts réside dans law rapidité du traitement des raisins. C’est un fac-. teur, il est vrai, mais ce n’est pas le seul. On ad- | met, en général, que la matière colorante du raisin n'est soluble que dans l'alcool, et que si on évite | toute fermentation, il n'y aura pas de coloration." Ce n'est pas tout à fait exact. La matière colorante » enfermée dans ses cellules ne traverse pas les pa-* rois tant qu'elles ne baignent que dans du moût, c'est vrai; mais si l'on vient à mettre au contact. du moût incolore des cellules déchirées, pleines de matière colorante, celle-ci se dissout notable- ment. En somme, comme l’a montré M. Duclaux, « on ne peut pas dire que la matière colorante du ; raisin soil insoluble dans le moût, mais seulement » que ce liquide est impuissant à la dissoudre à tra- | vers une enveloppe cellulaire. Ce sont là des in-" convénients dont les constructeurs triompheront » | dans l'avenir, j'en suis certain: les pressoirs con- » | 1] tinus deviendront alors des appareils qui s’impose- » ront par leurs avantages, désormais incontestables. $ 5. — Récipients, pompes et conduites | Je ne m'altarderai pas à décrire cette partie de l'outillage des celliers. Les récipients, cuves en » maçonnerie ou en bois et foudres, sont de dimen- sions très variables, Les celliers de quelque importance ont généra- lement une canalisation (tubes de cuivre étamés intérieurement) desservant tous les foudres etfixée , à demeure. Il en est de même des pompes, qui sont fixes et puisent le liquide dans un conquet où il conduites mobiles parlant du bas des récipients. M Le matériel est, d’ailleurs, presque toujours com- « plété par quelques peliles pompes mobiles mues à bras d'homme. IV. — DESCRIPTION DE DIVERS CELLIERS $ 1. — Cellier de la Compagnie des Salins du Midi La Compagnie des Salins du Midi possède deux domaines viticoles d'une très grande importance. Ils sont constitués l'un et l’autre par des vignes francaises cullivées en sable et situés, l'un sur la bande de lerre qui sépare la mer de l'étang de Thau entre les Onglous et Cette, l’autre aux envi- rons d’Aigues-Mortes. C'est le cellier du premier de ces domaines que je vais décrire comme lype. d'installation vinicole affectée à la production du vin blanc. S L. ROOS — ÉTAT ACTUEL DE LA VINIFICATION EN FRANCE 809 se meuvent les élévateurs à godets (fig. 6 et 8). Le vagonnet est donc en premier lieu pesé ; son poids est enregistré automaliquement, et ce n’est des raisins blancs des cépages Picpoul et Terret- Bourret, avec dominance de Picpoul. La cueillette dure environ trois semaines. Les 1 Chambre des ? Machines r Fig. 6. — Plan du Cellier de Villeroy (Compagnie des Salins du Midi). —1, Bascule ; 2, Fosses des élévateurs à godets: 3, Fouloirs; 4, Chambre d'égouttage; 5, Pressoirs; 6, Système de rails pour la charge et la décharge des pressoirs:; 1, Ascenseur; 8, Cuves en sidéro-ciment pour traitoment des marcs; 9, Rails pour la charge des cuves ; 10, Rails pour la décharge des cuves. coupeurs el coupeuses, très nombreux, emplissent | qu'après cette opération que le raisin est enfin des raisins cueillis les vagonnets amenés près du | versé dans la fosse des élévateurs (C, fig. 8). champ d’action. On forme ainsi des trains de raisins Parlesélévateurs (D. fig.8)leraisin arrive à la hau- “a. — Fig. 7. — Cellier de Villeroy. Vue des fouloirs et des ouverlures supérieures des chambres d’égoullage. Se composant d'une dizaine de vagonnets, qu'une | teur d'un troisième élage environ et tombe à ce ni- Seule bête amène au cellier. Les trains sont aiguil- | veau dans laturbine aéro-foulante E qui opère le fou- IéS sur une voie spéciale passant sur une bascule, | lage. Au sortir de la turbine, la vendange est con- puis au bord de la fosse cimentée dans laquelle | duite au moyen de couloirs dans une quelconque des ‘ € CO [9 le: smpuo [ ‘O :SastoJntu ‘N *SINOUL S9p anot. ApA00 NEYAIULI ‘f :97N08 9p sn 9 np 210ou4aa adno y jonbuos ne qur ‘opuepuoa e[ JUe[NOy outqan] ‘> na S STITOsso1d sop sxorued 1049717A 9D 192779 EM y = 4 )UTId UorsstWSULA ‘YX ÉSOIPNO] AA soduod ‘y { SP UIA 9[ JUUA9I9I NE - T7 '# 78 NMITY 810 L. ROOS — VINIFICATION EN FRANCE 1 k] chambres d’égouttage (G, fig. 8), dont on voit les ou- vertures béantessur la photographie ci-jointe (6118 Les parois de ces chambres sont faites de tôles. perforées de trous assez fins pour retenir même } les pépins. Les moûts se séparent en subissant uns véritable filtrage à travers le mare; ils tomben sous les chambres (en H), se réunissent par diver , caniveaux dans un conquet unique (K), etsont alors repris par des pompes (L) qui les montent soit aux appareils de mutage (M), soit dans les foudres {R)M Les mutoises (N) qui servent à charger le moùû d'une petite quantilé d’acide sulfureux pour re. tarder la fermentation et permettre le débourbage* sont des appareils très simples. Elles sont essen tiellement consliluées par des surfaces inclinées” les unes sur les autres, disposées en chivanes dans* l'intérieur d'un prisme reclangulaire en bois, chi-« canes sur lesquelles le moût tombe en cascade, tandis qu’un courant d'air chargé de gaz sulfureux" parcourt l'appareil de bas en haut. Au sortir des mutoises, les moûts sont mis env foudres (R) pour 18 ou 24 heures, après lesquelles” un soutirage les débarrasse de leurs grosses lies. I n'y a plus maintenant qu'à les envoyer dans less foudres(R),où ils resteront sans autre manipulations. jusqu’à ce que la fermentation soit Lerminée. Revenons maintenant aux mares restés dans les chambres d'égouttage. | En face de ces chambres (5, fig. 6,et P, fig. 8),4 sont disposés en ligne six pressoirs. Il s’agit, dans" le cas particulier, de pressoirs hydrauliques pou-" vant donner à volonté 3 à 6 kil. de pression par. centimètre carré. Les maies de ces pressoirs, mo-" biles sur rails Decauville, viennent tour à tour se charger aux chambres d’égouttage par des ou- vertures ménagées à cet effet, retournent à leur place, et la pression est donnée. Les moûts de presse sont conduits à un conquet, (K, fig. 8) par une canalisation spéciale (Q) et sont l'objet d’un traitement analogue à celui qu'on a. fait subir aux moûts de premier jet. | Les gàleaux de marcs ne sont cependant pas complètement épuisés. Le marc retient encore en-« viron 60 % de son poids de liquide, qu'il importe de ne pas perdre. A cet effet, les charges des pressoirs sont re- montées et les maices dirigées, au moyen de rails et de plaques tournantes, sur un ascenseur qui élève le Lout au niveau des ouvertures d’une série de cuves en sidéro-ciment, construites spécialement pour le traitement de marcs pour alcool. Les gà- teaux sont divisés, jetés dans l’une de ces cuves et arrôsés d'eau; la fermentation s'établit bientôt dans la masse, et le produit du lavage des marcs,! lavage qui s'opère méthodiquement en faisant passer les eaux d’une cuve dans l’autre, est un L. ROOS — ETAT ACTUEL DE LA VINIFICATION EN FRANCE 811 | liquide contenant 4 à 5 ‘/, d'alcool, en volume, | à M. Eug. Thomas, bien connu par divers travaux qu'on en retire par distillation. en œnologie, est constitué en majeure partie par | Les marcs épuisés, déchargés des cuves, sont | de la vigne américaine greffée, et quelques vignes |, ex A HS a he SE nd 2 à A Fig. 9. — Cellier de Villeroy. Chambre des Machines. enfin entassés pour servir ultérieurement d'engrais. | francaises que le sulfure de carbone dispule en- È Tout l'outillage que je viens de décrire est actionné | core au phylloxéra, mais qui sont destinées à être «par des machines locomobiles (fig. 9), qui servent | remplacées à brève échéance par des souches s en d’autres lemps à américaines. “ divers travaux agri- On fait à Poussan- coles. Cette installa- le-Haut du vin blanc lion suffit au traite- et du vin rouge,avec - ment journalier de prédominance de ce l'énorme quantité de dernier. 600,000 kil. de raisin La cuverie, dont je - par jour. Elle estcom- donne une photogra- plétée par une cave phie intérieure (fig. . de conserve compre- 10),est en partie creu- nant trois grandes sée dans le roc d'un travées de plus de coteau. La façade au 100 mètres de lon- sommet du coteau gueur, le long des- s'élève à peine de quelles sont disposés quelques mèêtres au- sur deux rangs des dessus du niveau du foudres qui, pour la sol, tandis qu’à l’op- . grande majorité,sont posé elle atteint la d’égale contenance hauteur d'un bon . (environ 300 hect.)et deuxième étage. La dans lesquels peu- Fig. 10. — Cellier de Poussan-le-Haut. Vue prise dans la cuverie. cave de conserve, vent être enfermés construite de même, plus de 40.000 hectolitres de vin. lui est parallèle ; elle comporte deux étages de fou- dres : le premier établi sur le sol même, le second sur un plancher métallique. Le domaine de Poussan-le-Haut, situé à quel- La vendange arrive au cellier en comportes ques kilomètres au sud de Béziers, et appartenant | chargées sur des charretles, et au sommet du +: PS 1 +: 7 a $ 2. — Cellier du château de Poussan-le-Haut. 812 coteau, sur lequel ouvrent de larges baies. En face de l’une d'elles se trouve le fouloir (fig. 41). La cuverie rectangulaire comprend deux rangées distantes de 8 à 10 mètres de foudres, dont la con- tenance moyenne est 450 hectolitres. Un plancher, supporté par des colonnes métal- liques, est établi au-dessus de tous les foudres et sous le fouloir. Il porte une voie Decauville, qui suit son bord intérieur el qui, comme lui, affecte une forme elliptique. Au-dessous du plancher et contre la paroi à la- quelle est adossé le fouloir, on voit tout un sys- tème de conduites alimentées par deux pompes à L. ROOS — ÉTAT ACTUEL DE LA VINIFICATION EN FRANCE tourillons lui permettant de basculer facilement. L'ouverture du foudre, de 30 centimètres de côté, est garnie d’un entonnoir en bois à seclion pyra- midale, assez vaste pour assurer l’'entonnage sans perte. On fait basculer le wagonnet dans cet en- tonnoir, puis il continue sa route jusqu'à ce qu'il. revienne se placer sous la turbine après avoir. effectué tout le tour de la cuverie, Ce système est très simple ; trois hommes sufli- sent dans la cuverie pour vider les wagonnets que la turbine remplit incessamment, et le travail est si rapide qu’en cinq minutes une charrette chargée de 14 ou 15 comportes contenant chacune environ Fig. 11. — Cellier de Poussan-le-Haut. Vue du fouloir, prise du plancher surmontant les foudres. \u-dessous du fouloir, visible vers le centre de cette photographie, se voient les wagonnets qui passent successivement au- dessous de lui. On voit au coin à droite l'écrou d’un des denx pressoirs; le second occupe une position symétrique. vapeur, qui puisent les vins dans des conquets en maçonnerie à revélement de verre occupant le fond de la cuverie. Dans les deux angles sont ins- tallés les pressoirs à charge montante el ressorls accumulateurs de pression. La figure 11 montre à droite l’écrou d'un de’ ces pressoirs, la figure 10 laisse voir le bord inférieur des maies. Cela posé, voici maintenant comment on procède à lentonnage de la vendange. Les charrettes arri- vent au sommet du coteau au niveau du fouloir. Les comportes, prises par deux hommes, sont ver- sées une à une dans la turbine en mouvement, qui emplit de vendange foulée des wagonnets dispo- sés au-dessous, Dès qu'un wagonnet est plein, il est sans interruption remplacé par un autre, tandis que le premier, poussé par un seul homme jusqu’en face du foudre à remplir, va y vider son contenu. L'opération est très simple. Le réservoir du wagonnet est monté sur deux 1 80 kilos de raisin, est vidée et prêle à repartir pour la vigne. Quand la fermentation est terminée, à Poussan- le-Haut, après quatre ou cinq jours on procède au décuvage. Des clapets inférieurs du foudre le vin est conduit aux conquets, d'où les pompes l’en- voient dans les foudres, où il restera sans autre manipulation jusqu'au premier soulirage qui le séparera de sa lie !, Quand le foudre cesse de couler, la porte, assez large pour donner passage à un homme, est ouverte et on procède à la décharge du mare, qui a lieu dans des wagonnets allant sur une voie mo- bile du foudre au pressoir. Tout le marc d’un même foudre est porté sur un seul pressoir qui n’a même pas ainsi sa charge complète. La pres- sion est commencée aussitôt le foudre vidé el se ! Ce premier soutirage a lieu, suivant le temps, 15 jours à un mois après le décuvage. 7, nactlite : Ï (gr ‘$y 2040 À) ‘aropuoy np 49 o$en059,p oaqueyo ef op ‘sarossoad oaqenb sop uoryisod ur ‘opequozmoy uotooloid uo ‘oxquoux À JuoUTYA 00 0P OjUAJUOO UOLBQL ET ‘UOTEqUOUNO] 0p soAn9 s0[ aud 9dn990 JS0 [EU0#0JO0 quowtyeq np anojamod 97 — ot ADNO[ 9p AUDUOP ND 491789 RP UDII — ‘84 ‘SLA 134 j $ HA 4] 149 : À E, st | ; 8 8, FR CP i m 1 le0Cp SD ST ; PEL at) ONCE ï D > v : Ee F6 ù EAN EE i 0 LE NOBYVHO! cu ie Yn09) 3 | m Er ES à «= +3 PER O ï 4 RE & & == — Le | 314371711S iQ Re fi . SANIHOVN SPP SIdWOd S2P 3771YS FH rss fteenrembsrerede F RE a 7 El fl | Fr ch #\ ds 7. hi à Ho) [Ô] (O) 9) ‘ | ————— a — CRE — PERTE PE PIE VETEE S1% L. ROOS — ÉTAT ACTUEL DE LA VINIFICATION EN FRANCE continue sans interruption, tant par la manœuvre du levier de serrage que par le jeu des ressorts, pendant 18 heures. Le lendemain, le pressoir dé- chargé peut déjà être utilisé pour un nouveau dé- cuvage. S'il s'agit de faire des vins blancs, l’opé- ration à partir de la turbine est également très simple. Dans ce cas les wagonnets sont supprimés, el la vendange foulée conduite directement sur les pressoirs par un couloir spécial. Le pressoir est alors une chambre d'égoultage et fonctionne comme telle pendant toute la durée du charge- ment. Celui-ci terminé, on donne le serrage, qui assèche le mare, tandis que les moûls de presse suivent le même chemin que ceux de goutte, c'est- à-dire se rendent aux conquets, d'où les pompes les envoient en foudres. Le dispositif que je viens de décrire fonctionne depuis deux ans. Il avait été établi provisoirement d'une facon un peu fruste, comme le montre bien la charpente grossière surmontée par le fouloir. Les résultats qu’il a donnés sont tels que l’instal- lation définitive est maintenant décidée. Rien de fondamental ne sera changé; le système recevra seulement quelques modifications de détail qui augmenteront ses avantages, tout en lui imprimant un peu plus d'élégance. Ajoutons qu'à Poussan- le-Haut les marcs sont utilisés pour alcool d'abord; puis, les résidus de ce traitement sont ensilés pour servir d'alimentation aux moutons d'une ber- gerie annexée au domaine. $S 3. — Cellier du domaine de Jouarre. Le domaine de Jouarre, situé dans le départe- ment de l'Aude et appartenant à M.L. Roudier, est constitué par un important vignoble en plaine, dans lequel on fait du vin blanc et du vin rouge. Ce n'est pas le cellier actuel que je vais décrire, mais bien celui qui va lui succéder, Ce sera done, il est vrai, une description avant la leltre, mais la conception parliculièrement originale de cette installation vinicole me parait mériter cet honneur. Le cellier, alimenté par des charrettes amenant le produit de la cueillette, est contenu dans un bâli- ment octogonal de 20 mètres de rayon (fig. 12et13). Tout le pourtour du bâtiment est occupé par les cuves de fermentation en maconnerie recouverte d'un enduit de ciment silicaté à la surface, et pré- sentant une seclion trapézoïdale. Les ouvertures supérieures de ces cuves forment le premier étage, tandis qu'elles sont, par la partie inférieure, en com- munication avec un caniveau qui centralise les vins dans un conquet où puisent des pompes à vapeur. Au centre de l’octogone se trouve une chambre d’égouttage, octogonale aussi, entourée de 4 pres- soirs de grand modèle et surmontée d’une plate-. forme qui constitue le second étage et sert de sup- port à la charpente des fouloirs, lesquels forment le troisième élage. Les fouloirs, au nombre de deux. sont alimentés par deux élévateurs à godets dis- posés parallèlement et puisant dans des fosses cimentées qui reçoivent le raisin. Cela posé, voyons la méthode du travail. Les comportes déchargées à l'entrée du cellier sur une sorle d’estrade, {éâtre, sont vidées de là dans des wagonnets qui conduisent la vendange à une bas- cule d’abord, qui en enregistre le poids, aux fosses des élévateurs ensuite. Un système d’aiguillage permet le mouvement de va-et-vient des wagon- nets en évitant les rencontres. Les élévateurs montent le raisin des fosses aux fouloirs, où la vendange est broyée. S'il s’agit de faire du vin rouge simplement, la vendange foulée est dirigée de la turbine dans les cuves du pour- tour par un système de couloirs mobiles. Si on veu faire de la vendange égrappée, on met en marche l’égrappoir, visible au-dessous des fouloirs, en le munissant d’une tôle perforée d'assez grands trous. e ; S'il s’agit, au contraire, de faire des vins blancs, la tôle de l'égrappoir est remplacée par une autre perforée de trous de petit diamètre, et l'appareil fonctionne alors comme extracteur de moût, le liquide étant conduit par couloirs dans les cuves de fermentalion ou dans des mutoises, tandis que les marcs, par un autre couloir presque vertical, gagnent la ehambre d'égoutlage en attendant le moment d'être soumis au pressurage. Quatre portes de charge s'ouvrent de Ja chambre d’é- gouttage sur les pressoirs. Tout un système de conduites, au niveau du sol par caniveaux, el aériennes par lubes en cuivre, complètent cet ou- lillage, qui comprend, en outre, dans les dépen- dances du cellier, une distillerie alimentée par le produit du lavage des mares obtenu dans deux batteries de cuves ad hoc installées des deux côtés du bàtiment. Le cellier de Jouarre sera établi pour vinifier en deux semaines la récolle d’un domaine dont la produelion atteindra 30.000 hectolitres. Les dis- positions en paraissent assez ingénieuses pour qu'il soit permis de dire que ce résultat sera obtenu sans coup férir. L. Roos. Directeur de la Station œnologique de l'Hérault. Stéiénaih d NU ATUCE) ‘(apnÿ) 2tuHDRof 2) aWDWOp NP 209 9 4917997) — ‘EI ‘ot ER ‘ UOTEIUOUAU} OP SOAUL jonbuon AOSSONT ATOSSOUT uO1JUJUaULUHT ep SOA) 7 A « ju D am = \Æ, ER ZAIPIL LA LALLDILISGE x # AMIE, 1e LA 7 DLL 816 L. VIVET — LE CONGRÈS DES « NAVAL ARCHITECTS » À PARIS LE CONGRÈS DES « NAVAL ARCHITECTS » A PARIS EN JUIN 1895 L'Institution des Naval Architecls a coutume de tenir deux sessions chaque année : la première, à Londres, un peu avant Pâques; l’autre, en été, dans l’un des principaux ports du Royaume-Uni. Par une heureuse innovation, elle avait choisi cette année Paris comme lieu de cette seconde réunion. La cordialité de l’accueil que ses membres ont trouvé auprès de leurs collègues français de l’Asso- ciation Technique Maritime et de l'Association des Tn- génieurs rivils, les égards et les honneurs dont ils ont été l’objet de la part des autorités et des corps constitués, de la Chambre de Commerce, du Conseil municipal, de l'Université, du Ministère de la Ma- rine, qui ont rivalisé d’empressement pour fêter leurs hôtes, ont pu convaincre les ingénieurs an- glais de la haute estime en laquelle le talent et la science sont toujours tenus chez nous. Le Président de l'Institution, Lord Brassey, a su d’ailleurs le reconnaitre avec une rare urbanité, en donnant à la visite des Naval Architerts le ca- ractère d’un hommage rendu à la France, et en consacrant son discours d'ouverture, prononcé dans notre langue, à la glorification de la science et de l’industrie françaises, à l'historique des pro- grès qu'elles ont réalisés dans les constructions navales. Il a mis en relief, avec une impartialité absolue et une parfaite bonne grâce, l'esprit d'initiative du pays qui a construit le premier na- vire de guerre à vapeur et le premier cuirassé, fabriqué les premières plaques de blindage en acier comme aussi les plus épaisses, employé pour la première fois l'acier doux dans la construction des coques, créé et perfectionné les chaudières aquatubulaires, que l’Amirauté anglaise, après des années d’hésitation, vient aujourd’hui acheter en France. M. de Bussy, membre de l’Institut, inspecteur général du Génie Maritime en retraite, a répondu en anglais à Lord Brassey, au nom de l'Associa- lion Technique Maritime, dont il est le Président. Il a rappelé à son tour ce que l’art des construc- lions navales doit aux ingénieurs anglais et, en particulier, à l’Institution des Naval Architects, dont les travaux depuis trente-cinq ans ont été si féconds en progrès de toutes sortes. En termi- nant, il a exprimé le vœu que l'Association Tech- nique Murilime, prenant modèle sur la grande So- ciété britannique, pütrendre à l'Architecture navale autant de services que son ainée. La lecture et la discussion des mémoires ont occupé lrois matinées. Nous rendrons compte un peu plus loin de ces diverses communications. Mais auparavant, nous voudrions dire quelques mots de l'impression générale ressentie par les audileurs français qui assistaient aux séances. En Angleterre, les ingénieurs de la Marine de l'État jouissent d’une latitude inconnue aux nôtres pour publier leurs travaux. Il en résulte un contraste frappant entre les mémoires si riche- ment documentés qui sont lus dans les Sociélés maritimes anglaises, et ces notes, d’ailleurs rares, où les ingénieurs français hasardent timidement sur un théorème de géométrie des réflexions soi- gneusement contrôlées par l’autorité supérieure. De même pour la discussion : d'un côté, incertaine el stérile; de l’autre, aisée et fructueuse. C'est qu'en effet une longue pratique de la li- berté de la parole a appris aux Anglais à ne pas redouter la divulgation de tels détails techniques auxquels on attache en France une si grande im- porlance. On peut croire cependant, d’après leur exemple, que la propagalion des idées nouvelles, en matière de construclion navale comme en beaucoup d’autres choses, n'offre pas ce péril dont nous sommes hantés, el qu’elle présente, au contraire, certains avantages, dont nous ne savons pas profiter. Tandis qu'ici règne cet esprit de méfiance qui fait voir la patrie en danger dans la moindre ba- gatelle livrée à la publicité, là-bas circule un large souffle de liberté qui dissémine partout la semence du progrès. Rien de plus topique à cet égard que la série des mémoires où, depuis 1889, Sir William White, Directeur des Constructions Navales, a soumis à l'appréciation des Naval Architects les idées géné- rales du programme des nouveaux cuirassés, leurs plans dans les grandes lignes, les résultats obtenus, les défauts constatés, les remèdes pro- posés. Il ne semble point que la défense nationale en ait été compromise. Quel enseignement pour nous! Malheureusement, en France, les entraves offi- cielles paralyseraient les meilleures volontés, lors même qu’une « sweeping legislation » ne viendrail pas reculer encore le jour où, en dehors du cercle privilégié des compélences non galonnées, on pourra discuter les qualités d’un bâliment de guerre, sans tomber sous le coup d’une loi de salut pu- blic. mt tent at ed ra rh te À RS née) ét D Éd dd St ER I. — Rourrs. De l'amplitude du roulis sur houle non synchrone, … par M. E. BERTIN, Directeur de l'École d’Applica- … tion du Génie Maritime. — M. Bertin avait espéré _ présenter une étude des mouvements de roulis - et de tangage analysés par la photographie ins- tantanée à l'aide de l'appareil de M. Marey. Par suite de circonstances défavorables dues à l'état de la mer, il n’a pu obtenir qu'un nombre - insuffisant de clichés qu'il se contente de montrer à litre de curiosité. 11 donne ensuite lecture d’une courte note, com- plément de celle qu'il avait présentée l’année der- nière, et où il expose une méthode graphique . pour calculer les amplitudes successives du roulis, et, en particulier, l'amplitude maxima de chaque série, ou roulis d’apogée, pour un navire placé sur une houle non synchrone. Il démontre que les quilles latérales doivent avoir une influence sur l'extinction du roulis relativement bien plus forte dans les grands navires que dans les pe- tits, expliquant ainsi les résultats de l'expérience récemment faite en Angleterre sur les grands cui- rassés type « Royal Sovereign », résultats qui avaient causé un certain étonnement. Sir WW. White fait l'éloge de la méthode suivie par M. Bertin, qui tient compte d’un élément trop négligé jusqu'ici dans l'étude du roulis : la résis- lance de l’eau au mouvement. Il croit qu'il y a encore beaucoup à faire pour réduire l’amplitude du roulis, et dit que l’accord entre les conclusions de M. Bertin et les expériences de l'Amirauté an- glaise permet de bien augurer de recherches ultérieures entreprises ainsi parallèlement par l'investigalion mathématique et lobservation des phénomènes. M. Martel se félicite de voir les heureux résul- tats de la liberté que laisse le Gouvernement an- glais pour rendre compte des expériences entre- prises par l’Amirauté. On sait depuis longtemps, dans la marine marchande, que les quilles latérales réduisent beaucoup le roulis; mais personne n’au- rait pu croire que, sur des cuirassés de premier _ rang, munis de quilles aussi peu importantes que celles dont a été doté le type Royal Sovereign, la réduction d'amplitude püt être aussi considérable. Il faut féliciter Sir W. While d’avoir prouvé l'existence de ce fait, comme aussi M. Bertin de l'avoir expliqué. II. — DouBLAGe DES NAVIREs. Sur le doublage en cuivre des navires en acier, par Sir Wicciam We, Directeur général des Cons- tructions navales. — Sir William White, après avoir rappelé à quel ordre d'idées obéissaient les L. VIVET — LE CONGRÈS DES « NAVAL ARCHITECTS » A PARIS 817 premiers promoteurs du doublage en cuivre des coques en fer ou en acier, décrit tour à tour les divers procédés qu'ils employèrent. Le but était d'empêcher que l’action galvanique ne s'établit par l'intermédiaire de l’eau de mer entre le cuivre et le bordé en fer, au détriment de celui-ci. On avait alors recours à une double épaisseur de bois; le revêtement intérieur était fixé sur le bordé, tantôt, comme sur l'Znconstunt, par des pri- sonniers fixés dans les couvre-joints et dans des bandes de tôle rivées à mi-hauteur des virures, tantôt par des boulons traversant le bordé et munis d’écrous, comme sur le Volugeet l’Active ; le revête- ment extérieur était vissé à bouts perdus sur le premier. Cependant, l'expérience ne confirma pas sur tous les points les craintes du début. Lorsque l’auteur fut chargé, en 1887, de faire une enquête sur les résultats obtenus depuis vingt ans, afin d'arrêter la marche à suivre pour les nouveaux projets, il constala que le double revêtement en bois n'avait jamais réussi à assurer l’étanchéité, et que néan- moins le bordé en fer ou en acier n'avait jamais souffert d’une façon sensible de la communication qu’établissait, entre lui et le doublage en cuivre, l’eau de mer infiltrée entre les différentes surfaces. En revanche les boulons d'attache du premier plan de bois, qui étaient en fer, s’élaient usés rapide- ment et avaient souvent dû être changés. L'absence de corrosion du bordé était due à ce que l’eau infiltrée restait prisonnière, et, ne se renouvelant pas, perdait rapidement son action corrosive. Ces remarques amenèrent Sir W. White à pro- poser l'emploi d’un seul revêtement de bois tenu sur le bordé au moyen de boulons en bronze de la Marine. Il pensa qu'une épaisseur de teck de 8 à 10 centimètres permettrait un bon calfatage, et que, même si l'eau pénétrait sous le bois, elle ne serait pasplus nuisible pour le bordé qu’avec l’an- cien système, qu'en tout cas elle ne rongerait plus les boulons. Ce procédé a donné les meilleurs ré- sultats sur plus de trente navires de la Marine britannique, qui ont été doublés ainsi, entre autres les cuirassés d’escadre Centurion, Barfleur et les croiseurs à grande vitesse Lels que le Crescent. Seize autres navires,actuellement en construction, vont également recevoir le doublage à simple revê- tement de bois. Le succès est assez complet pour que l’on puisse étendre le nouveau système aux plus petits bâtiments construits jusqu'ici d’après le système composite. Sir William est d'avis que le doublage en bois doit être considéré comme contribuant à la solidité générale de la coque, et autorise par suite une cer- taine réduction sur l'épaisseur des tôles du bordé. Le bois constitue, en outre, une protection très 818 efficace de la coque contre.les chocs violents et les ragages résultant, par exemple, d’un échouement. Après avoir passé en revue les tentatives faites pour substituer à l'acier un métal inattaquable à l'eau de mer, l’auteur termine en affirmant la né- cessité du doublage en cuivre pour tous les na- vires de guerre destinés à tenir la mer longtemps sans passer au bassin. Au bout de cinq ou six mois une carène exige un accroissement de puissance de 20 à 25 °/, pour maintenir sa vitesse; au bout d'un an, 40 à 50°/,. L’accroissement du prix de revient des navires doublés ne saurait être mis en balance avec les avantages à retirer du seul pro- cédé qui leur permette de conserver longtemps leur valeur militaire. Dans la discussion qui a suivi la lecture de ce mémoire, Sr Nathaniel Barnaby, prédécesseur de Sir W. While, a rendu hommage à la tentative hardie de ce dernier, qui lui avait d’abord causé une cerlaine appréhension. M. Yartell dit que, dans la marine marchande, la construction composite a élé abandonnée à cause de son prix excessif. Il confirme, par l'exemple du Sant- George, les bons résultats dus au système White, qui a été appliqué à ce vapeur. L'amiral Aytsaouleff, Directeur de l'Arsenal de Sébastopol, donne des indications sur les résultats obtenus en Russie par l'emploi du doublage. L'amiral #izyerall proclame la nécessité de dou- bler tous les navires en cuivre, quelle que puisse être la dépense qui en résulte. III. — SrapiciTé. Sur la délermination expérimentale de lu position du centre de gravité par rapport au mélacentre, par M. ARCHIBALD DENNY. — M. Archibald Denny donne la description d’un petit appareil destiné à fournir rapidement aux capilaines la hauteur du méta- centre au-dessus du centre de gravité de leurs navires. [consiste en un niveau à bulle d’air, muni d’une vis micrométrique qui permet de lire les angles d'inclinaison avec beaucoup plus de com- modité et de précision que le pendule ordinaire- ment employé dans l'expérience de stabilité. Une règle, pivotant sur une planchetle qui porte les gr'duations nécessaires, effectue graphiquement le calcul de la hauteur cherchée, dont elle donne la valeur par une simple lecture. En raison de la simplicité de son emploi, cet instrument peut êlre mis entre les mains de tous les capitaines, qui pourront vérifier en quelques inslants, avant chaque départ, l’état de stabilité de leur bateau et en modifier le chargement selon les besoins. Bien que cette note de M. Denny ne renferme rien d'absolument nouveau au point de vue tech- L. VIVET — LE CONGRÈS DES « NAVAL ARCHITECTS » A PARIS nique, el n'ait donné lieu à aucune discussion, ses conséquences pratiques peuvent être, croyons- nous, d’une extrême importance, et méritaient de mieux fixer l'attention. Bon nombre de navires, el surtout de grands voiliers, se perdent, en effet, chaque année par défaut de stabilité. Parmi les raisons mulliples auxquelles est dû cet élat de choses, l'ignorance de la position exacte du centre de gravité est sans doute la principale. Simplifier, à l'usage des commandants, le maniement un peu délicat des calculs de stabilité, leur fournir au moins un procédé rapide et clair d’en déterminer l'élément le plus essentiel, c'est faire plus pour la sécurité de la vie humaine que de limiter, comme le fait une bizarre législation anglaise, le tirant d'eau des bäliments. Aussi doit-on savoir gré à MM. Denny frères de l'iniliative qu’ils ont prise de- puis plusieurs années, en dressant, pour chacun des navires sortis de leurs chantiers de Dumbarton, un devis de tous les éléments qu'il importe au capi- taine de connaitre. L'instrument décrit par M. Ar- chibald Denny et qui sera désormais remis à chaque capitaine avec des instructions détaillées, s'ajoute heureusement à l’ensemble de ces dispo- sitions si sages arrêlées par MM. Denny frères, dispositions que lous les chantiers de construction devraient aujourd’hui se faire un devoir d'adopter. Pour les compléter, il resterait encore à trouver un moyen également simple de calculer l'angle de chavirement d'un navire, car cet angle peut être très faible, même avec une forte stabilité initiale. li ne serait sans doute pas bien difficile d'y parve- nir si les constructeurs voulaient bien fournir, avec les plans de chaque bätirnent qui sort de leurs chantiers, ses courbes pantocarènes de stabilité. Connaissant ces courbes d’une part, d'autre part la position du centre de gravité fournie par l'ins- trument de M. Denny, un graphique très simple permettrait au capitaine de connaître l'angle de chavirement. IV. — Ecnerze pe SoriniTé. Sur l'utilité de la construction de l'échelle complète de solidité des navires, par M. Daymarp, Ingénieur en Chef de la Compagnie Générale Transatlantique. — M. Daymard appelle l'attention sur l’importance d'un élément de la coque que les constructeurs ne prennent pas toujours la peine de calculer, à sa- voir, son volume extérieur lotal. Il développe trois raisons pour lesquelles il serait utile d'établir l'échelle complète de solidité : 1° Au point de vue de la stabilité, il importe d'é- tudier les forces de redressement dans toutes les posilions; or le volume total et son centre jouent un rôle des plus utiles dans le tracé des courbes pantocarènes qui servent à celte élude, et dontl’au- tuthéoéd.. LÉ Dé D RSS SR Sd nd nn de K 1 ; Û À | *. d , L. VIVET — LE CONGRÈS DES « NAVAL ARCHITECTS » A PARIS teur a établi le principe dans son célèbre mémoire de 1884. 2° La mesure des tonnages légaux actuels con- duit à des anomalies invraisemblables. L'auteur _proposerait de prendre pour le tonnage légal le volume extérieur total. Du moins ce volume servi- rait de base pour tarifer les droits actuellement perçus sur le tonnage brut et correspondant à l’idée d’encombrement. Quant à ceux qui sont acquittés sur le tonnage net, comme répondant à l’impor- tance des opérations commerciales, ils seraient réglés sur le tonnage ou lepoids des marchandises. 3° Pour la ligne de charge, l'échelle de solidité donnerait plus simpiemeat et plus exactement que les tables de franc-bord dressées par le Board of Trade, le tirant d’eau correspondant à une réserve de flottabilité donnée. M. Hartell a soulevé une objection sur le second point, sans apporter d’ailleurs, à l'appui de son dire, d'autre argument que les difficultés rencontrées par les Commissions qui, en Angleterre, ont tenté d'établir une base rationnelle pour le tonnagelégal. Sur le troisième point également, il s’en réfère aux travaux du Comité de la Ligne de Charge. Pour qui à pu apprécier la valeur de ces travaux, l’argu- mentation de M. Murtell paraitra absolument in- suffisante. Après lui, M. Archibald Denny exprime l'avis qu’il yaurait lieu de modilier dans les règles du franc- bord bien autre chose que le calcul de la réserve de flottabilité signalé par M. Daymard ; il ajoute que, pour les grands navires, en particulier, les tables du Board of Trade donnent des tirants d’eau inacceptables. V. — CLASSIFICATION DES NAVIRES. Sur les vapeurs à faibles échantillons, par M. B. Mar- TELL, Ingénieur en Chef du Lloyd. — Le but de M. Martell, en présentant ce mémoire, élait de répondre à un vœu formulé à la session précédente par M. Rickard. Ce dernier avait exprimé l'espoir” que les sociétés de classification s’occuperaienlt quelque jour de la construction des navires de rivière à échantillons très légers. Estimant, par l'effet d’une susceptibilité qui a paru un peu exa- gérée, que la Société qu'il représente était atteinte par cette critique indirecte, M. Martell affirme que le Lloyd est prêt à classer tous les navires de ce genre, que leurs échantillons soient ou non con- formes au règlement ordinaire, pourvu qu'ils aient été jugés par le Comité du Lloyd propres au ser- vice auquel ils sont destinés. Une description som- maire de quelques bateaux classés au Lloyd dans ces conditions termine ce plaidoyer pro domo, sans d’ailleurs infirmer ce fait que le règlement du Lloyd ne donne aucune règle spéciale de construc- 819 tion, ni aucun tableau d'échantillons pour les na- vires en question. Le D' Ælyar remercie l’auteur des renseignements _ qu’il a fournis et des plans qu'il a mis à la disposi- tion de l’Institution. Il pense, toutefois, que, dans les navires de construction légère, on devrait mul- tiplier les cloisons étanches aussi bien en vue de la solidité que de la sécurité. M. Arch. Denny regrette la divulgation de plans qui sont le fruit de nombreux travaux et d’une expérience chèrement conquise par plusieurs cons- tructeurs. Il relève de grandes différences d’échan- tillons entre des navires analogues, semblablement classés par le Lloyd. M. Yarrow, le célèbre constructeur de torpilleurs, laissant de côté toutes ces questions personnelles, donne une intéressante description du système qu'il a employé pour permettre de monter à flot un bateau démontable en plusieurs tranches, cons- truit par lui pour le compte du Gouvernement français. Chaque tranche, terminée par une cloison transversale, constitue un flotteur séparé. Les cloisons sont percées d'avance des trous nécessai- res pour le boulonnage. Pour empêcher l’envahis- sement de l’eau par ceux de ces trous qui sont situés au-dessous de la flottaison, la varangue voi- sine de la cloison est légèrement surélevée. L'eau ne peut donc occuper que l'intervalle d'une maille à chaque extrémité de la tranche, et, comme le tirant d’eau est naturellement très faible, on peut aisément passer la main sous l'eau pour assujettir les écrous des boulons. Grâce à ce procédé, le montage est extrêmement rapide. Pour deux ba- teaux construits récemment, le marché prévoyait une durée de 2% heures. Le montage ful achevé en 71 heures seulement. VI. — CHAUDIÈRES. Sur l'accouplement de chaudières de différents types. par M. P. Sicaupy, Ingénieur en Chef des Forges et Chantiers de la Méditerranée. — Dans ce mémoire, l’auteur rend compte d’une expérience récemment faite au Havre sur un remorqueur, où l'on a fail fonctionner simultanément deux chaudières de types différents : l’une du type ordinaire à retour de flamme, l’autre,aquatubulaire, du système Nor- mand. La condition imposée d'une rapide mise en pression avait conduit à l'adoption de cette der- nière. La machine était placée entre les deux chau- dières, disposition peu favorable, en elle-même, à un bon fonctionnement. Aucune précaution particulière ne fut prise pour les tuyaux de vapeur et d'alimentation; un seul tuyau élablissait la communication. Les essais ont été des plus satisfaisants. Ce résultat doit encou- rager ceux qui ont encore des préventions contre 820 les chaudières aquatubulaires, et les inviter à en essayer au moins l'emploi concurremment avec les chaudières d’ancien type. M. Thornycroft félicite l’auteur de sa communica- tion. L'avenir est aux chaudières aquatubulaires: mais il faut qu'on s'y accoutume, et la combinai- son des deux types constituera la meilleure des transitions. M. Yarrow parle dans le même sens, et ajoute qu'une disposition analogue à celle décrite par M. Sigaudy vient d’être adoptée sur certains croi- seurs hollandais. La puissance de 2.000 chevaux, . dont ils ont besoin en service courant, est fournie par des chaudières ordinaires; mais ils doivent développer 9.000 chevaux dans la marche à ou- trance, et l’on a eu recours à huit chaudières à tubes d’eau, de 1.000 chevaux chacune, pour faire. face à la différence. — Sir W. White dit que la combinaison des deux types de chaudières a fait l'objet d’études approfondies de la part de l’Ami- rauté, à propos du Powerful et du Terrible. On s’est finalement arrêté à l'emploi exclusif de chau- dières Belleville, jugées préférables pour ces deux grands croiseurs. Mais le principe de la combi- naison parait très rationnel sur bien des navires de guerre. Sir W. White lui-même a recommandé naguère l'emploi simullané de chaudières à retour de flamme et de chaudières type locomotive, sur certains navires de la marine britannique. Sur les chaudières aquatubuluires, par M. J. A. Nor- MAND. — De mème que la plupart des communica- tions du célèbre constructeur, ce mémoire se dis- lingue par une abondance d'idées et une concision de style qui enrendentl'analyse difficile. Nousnous bornerons à indiquer quelques-uns des points les plus saillants. L'intensité de la chauffe dans les chaudières aquatubulaires est limitée par la formation de poches de vapeur et par les efforts provenant de la dilatation des tubes. L'auteur recommande quatre précautions fondamentales contre la formation des poches de vapeur : 1° La direction des tubes, surtout dans leur par- Lie inférieure, doit se rapprocher autant que pos- sible de la verticale. 2° La circulation doit être très active. 3° Le rapport de la longueur des tubes à leur dia- mètre ne doit pas être trop grand. 4° La section des tubes de retour de l’eau doit étre très grande. À l'appui de chacune de ces recommandations, M. Normand apporte un ensemble de considéra- lions théoriques et de résultats d'expérience. La répartition des pressions dans un milieu hétéro- gène aussi complexe que l’eau et la vapeur dans L. VIVET — LE CONGRÈS DES « NAVAL ARCHITECTS » À PARIS une chaudière multitubulaire constitue un pro- blème que les physiciens n’ont pas encore élucidé ; aussi les idées de M. Normand sur ce sujet offrent- elles un grand intérêt. Quant aux efforts dus à la dilatation des tubes, on peut les atténuer soit au moyen de dispositifs spéciaux, comme sur les chaudières Belleville et Collet-Niclausse, soil en donnant aux tubes eux- mêmes une longueur el une courbure suffisantes. Une circulation active facilite la transmission de la chaleur, grâce au renouvellement des points de contact de la surface de chauffe avec l’eau, mau- vaise conductrice de la chaleur. De là l'utilité des réchauffeurs de l’eau d'alimentation. En ce qui concerne la combustion, M. Normand est d'avis qu'il faut éviter tout refroidissement pro- gressif des gaz et ne pasredouter la dissociation de l’acide carbonique et de la vapeur, pourvu que l’on assure assez largement l’arrivée de l'air pour per- meltre la recombinaison des éléments dissociés. Il préconise donc l’emploi de boîtes à feu spacieuses, où les gaz chauds se mélangent bien et séjournent aussi longtemps que possible avant d'entrer dans le faisceau des tubes. Enfin, la section de passage des gaz doit être ré- duite, et leur parcours augmenté dans la mesure compalible avec le Lirage dont on dispose. L'auteur montre ensuile comment il a appliqué ces prin- cipes sur la chaudière qui porte son nom, et qui, adoptée sur les plus récents torpilleurs, a donné sur le 185 les remarquables résultats suivanls : PLOSSIONT NA EEE CRTC CE EK 0 Surface der crille. "#70... 3226 Surface de chaufle............ 171220 Puissance par m? de grille........ 462ch Consommation par m? de grille... 326K À la vitesse de 14 nœuds, la consommalion par cheval-heure n'a pas dépassé 450 grammes. M. Normand reconnait, en terminant, que de bons résultats ont été obtenus sur des tÿpes de chaudières basés sur des principes entièrement différents : tubes presque horizontaux, boîtes à feu réduites, grande section de passage et faible parcours des gaz. Mais il pense que l'application des principes généraux posés plus haut pourrait seulé permettre de répondre aux exigences erois- santes de jour en jour. Et, en fait, il ne voit aucune difficulté à pousser beaucoup plus loin l'intensité de la combustion dans les chaudières de son sys- tème, à tel point que ce ne sont plus les tubes, mais les barreaux de grille et les briques qui, pour lui, limitent aujourd'hui cette intensité. La lecture de ce mémoire aurait sans doute pro- voqué une discussion des plus intéressantes, si le temps n'avait malheureusement fait défaut. M. Thornycroft a pu seul prendre la parole. Tout Ve Se ts LUE mer ES 2 ea À Lis en rendant hommage au succès incomparable des - chaudières Normand, il a formulé quelques réser- “3 xes, d’ailleurs plutôt humoristiques, sur la théorie - de la circulation développée par l’auteur. Il est, en “effet, malaisé de comprendre en quoi cette théo- -rie peut être infirmée par l'assertion, au moins paradoxale, de M. Thornycroft, que la gravité est la seule force en jeu dans le phénomène de la circu- lation de l’eau. M. Thornycroft persiste, en outre, à | penser que les tubes doivent déboucher au-dessus du niveau de l’eau dans le réservoir supérieur, et non pas au-dessous, comme le veut M. Normand. ” - Sur la chaudière aguatubulaire Niclausse, par . M. Marx Rogwsox. — Après avoir donné une des- . cription détaillée de cette chaudière, l'auteur rend . compte des expériences instituées par lui-même, aux ateliers Willans et Robinson, sur une chau- dière de ce type et de fabrication francaise, dans le but de vérifier: 4° L'étanchéité des joints coniques dans toutes les conditions de température et de pression; . 2° L'absence de dépôts nuisibles dans les tubes; 3° Le pouvoir évaporaloire, dont le rendement était douteux, vu que les gaz ne passant qu'une seule fois entre les tubes doivent s'échapper en- core très chauds : 4° La sécheresse de la vapeur. Des essais prolongés et répétés ont donné sur tous ces points les résultats les plus satisfaisants. VII. — PRIX DE REVIENT DES NAVIRES, Le prix de revient des navires de querre, par le Pro- fesseur Francis ELGaRr, ancien Directeur des Arse- naux de S. M. Britannique. — Des modifications introduites, il y a quelques années, dans le sys- tème de comptabilité des Arsenaux anglais ont permis tout récemment d'établir pour la première fois une comparaison des prix de revient des difté- rents types de navires de guerre, construits soit à l'État, soit à l’industrie. Le D' Elgar indique les principes de cette comptabilité nouvelle créée par l’Amirauté, après enquête faite dans la plu- part des grands chantiers privés, et mise en usage à partir de 4887. Il donne ensuite les chiffres qui se rapportent aux navires construits d’après le Naval Defence Act de 1889. Il en ressort que les cuirassés de premier rang construits par les arse- aux coûtent beaucoup moins cher que ceux construits par les chantiers privés. Cependant la différence en faveur des arsenaux semble devoir diminuer, à en juger par les évaluations compa- rées des nouvelles constructions en cours d’exé- cution, le Magnificent et le Majestic, d'une part, le Jupiter et le Murs, de l'autre. Pour toutes les autres classes de navires, c’est, L. VIVET — LE CONGRÈS DES « a. Class. pd À NAVAL ARCHITECTS » A PARIS 821 au contraire, l'industrie qui produit à meilleur marché. Cela tient sans nul doute à ce que les conditions d'existence et de fonctionnement d’un arsenal de l’État et d'un chantier privé sont entiè- rement différentes. Celui-ci a été créé spéciale- ment en vue du travail de construction et de répa- ration. Toutes les charges y sont proportionnées à ce travail. Au contraire, un arsenal est un énorme établissement qui doit répondre à une foule d’exi- gences accessoires, entre autres et surtout à la possibilité de faire face subitement; en temps de guerre, à n'importe quels travaux de réparation, d'armement, d'approvisionnement pour un nombre considérable de navires de guerre. Ces condilions entraînent des frais généraux, dont une portion, qu'il est d’ailleurs très difficile de déterminer, incombe aux constructions neuves. Le Capitaine /aques, de la marine des États-Unis, fait remarquer que le prix du cuirassement, qui va en augmentant en Angleterre,décroit en Amérique. — Sir Nathaniel Barnaby fait observer que certaines modifications apportées après coup à Lel ou tel élément d'un navire peuvent occasionner des frais considérables dont on devrait tenir un compte spécial, sous peine de fausser les véritables prix. Il cite comme exemple le changement des canons se chargeant par la bouche en canons se chargeant par la culasse, changement qui a été fait beau- coup trop tard dans la marine anglaise et a en- trainé des remaniements de coques, et, par suite, des frais énormes.— M. Serton rappelle les services rendus par le D° Elgar, à qui sont dues les utiles réformes dont son mémoire a pu faire apprécier les résultats. Il fait remarquer que la lutte entre les arsenaux etles chantiers est beaucoup plus dure pour les derniers qu’on ne le croit d'ordinaire. M. Bienaymeé, Inspecteur général du Génie Mari- time, dit que les différences signalées par le D: Elgar n'existent pas en France au même degré. {l en avait été frappé, en parcourant les évalua- tions budgétaires anglaises pour 1893-94, mais n'avait pu en découvrir la raison. Le mémoire de M. Elgar la fait ressortir. C’est qu'en France l'or- ganisalion des chantiers privés se rapproche beau- coup plus de celle des arsenaux qu’en Angleterre. Il reconnait, du reste, que les conditions du travail sont beaucoup moins favorables en France, aussi bien à l'État qu'à l’industrie. M. Murtell s'élève contre les insinuations de la presse tendant à faire croire que la réduction des frais à laquelle sont parvenus les arsenaux, serait due à un abaissement de la qualité de la main- d'œuvre. Il a constaté par lui-même à Chatham que l'exécution du travaii ne laissait absolument rien à désirer. Léon Vivet, Ingénieur civil des Constructions navales. 822 ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES LA MESURE DES PETITS ALLONGEMENTS Il est utile, lorsque l’on fait des essais de traction sur un métal, de ne pas se borner à mesurer, par exemple, sous quelle charge par millimètre carré il se rompt. La mesure de son coefficient d’élasticité, de la charge correspondant à la limite d’élasticité et des allongements produits lorsque cette charge est dé- passée, offre aussi un grand intérêt. On emploie dans ce but des instruments qui donnent l'allongement cor- respondant à une charge quelconque. Si, au moyen des nombres ainsi lus, on trace une courbe en prenant pour abscisses les charges, et pour ordonnées les allon- sements, on obtient une figure semblable à la figure 1. Supposons d’abord que lon ait appliqué des charges P, P, P, P, p, Croissant sans interruption, on trouve une courbe à, &, 4, «, #, qui, se confondant d’abord avec une droite, s'élève ensuite au-dessus de cette droite prolongée, Si, au contraire, on applique les charges en revenant à zéro après chacune d’elles, on a une courbe brisée correspondant au tableau suivant (tableau D : DANS LES ESSAIS DE RÉSISTANCE DES MÉTAUX vrages anglais désignent le coefficient d’élasticité sous formule que la nôtre. Mais ces deux formules identiques se traduisent par des nombres différents, parce que nous comptons les charges en kilogrammes par millimètre carré et que nos voisins les comptent en tonnes par pouce carré. Les instruments appelés extensomètres où encore élasticimètres, destinés à la mesure des allongements dans les essais de métaux, doivent satisfaire à plu- sieurs conditions importantes, D'abord, ils doivent être très sensibles, parce que les quantités à évaluer sont excessivement faibles. Ensuite, il est nécessaire que leurs mesures soient faites sur la fibre centrale de la barre étudiée ou puissent s’yrapporter, et non point effet, les efforts appliqués sur une pièce de métal ou d'autre matière ne sont jamais tellement symétriques que les déformations soient les mêmes pour toutes les Tableau I Le coefficient d'élasticité, ordinairement désigné par la lettre E, se déduit des mesures faites pour des charges inférieures ou, au plus, égales à p,, par exemple pour p,. Il a pour valeur : on Pi OR Fa uS Onvoitque cet- le valeur reste constante tant que le rapport Pi reste Jui- æ mème cons - tant, c’est-à- dire fant que l’on ne dépasse pas la charge P,, qui est celle qui correspond ‘* à la limite d’é- lasticité. En de- cade CefeNVa Een leur, etlorsque la charge appli- quée disparait, les allonge - ments produits 6 fibres ; elles sont, au contraire, assez différentes ef, pour faire un raisonnement juste, on est obligé de considérer leur moyenne. Dans ce but, un certain nombre d'instruments permettent de faire des mesures pour deux fi- bres diamétra- lement 0ppo - sées, tandis que d’autres sont disposés de tel- le facon que la lecture , faite une seule fois, indique immé- diatement la moyenne des deux mesures précédentes. Celui qui a été présenté der - nièrement à Ja Royal Society par le P* J.-A. £wing rentre dans cette der- nière classe . Il offre quel - ques détails nouveaux elin- P: s’'annulent ri- goureusement, fig. 4. ainsi que Je — PiPoPsPaPs. Charges. — iaoasuixsY montre notre différentes charges et en diverses circonstances tableau; au de- là, la barre conserve toujours un allongement werma- nent qui croit de plus en plus avec la charge. Les ou- 1 Z, longueur initiale de la barre; S section de cette barre. Pa Ps — Courbe des allongements d'une barre métallique en fonction des charges. Ps Ps téressants el semble capa- ble, en même temps, d’une grande sensi- bilité et d'une grande exactitude, En voici le principe : Deux pièces Bet C (fig. 2) sont fixées sur la barre A, soumise aux essais, chacune par une paire de vis de pression (sur notre figure, on ne voit que deux vis de :0:05820,8;. Allongements produits sous sur une fibre quelconque de la surface extérieure. En le nom de module de Young, et l'expriment par la même M hot n chts HU ÉÉle) dÉS SEE to cé fit bte... $ tasses Li Gibier te te à dt sin de bal mms | _ Un microscope pi sé AMIE ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 823 —= Il = | nr Fix, 2.— Principe de l'appareil du Prof. Ewing. — À, Barre soumise aux essais. — O, O’, vis de pression. — B, pièce portant la vis O', un microscope M, un bras B', une vis micrométrique V et un arrondi P; — C, pièce portant la vis O, un logement pour l'arrondi P et un petit fil tendu Fig. 4. — Appareil servant à mellre en place l'élasticimètre. sur la face plane A vis-à-vis du microscope M. pression O et O'; les : deux autres sont pla- cées derrière la barre A). A la pièce B est attaché un bras B, qui porte à son ex- trémité inférieure un arrondi P, qu’on peut f abaisser ou élever à volonté , et d'une quantité évaluée ri- “oureusement au moyen d’une vis V à tête graduée. L’ar- rondi Ps’engage dans une fente où un trou correspondant (nous verrons tout à l'heure quelle est celle de ces deux solutions qui est la meilleure) creusé dans la pièce C. Celle- - ci se termine de l’au- tre côté par une face plane Q, présentant une petite cavité, en travers de laquelle est tendu horizonta- lement un petit fil très fin. Lorsque la barre À s’allonge, la pièce G pivote autour du point P, et le fil tendu en Q se déplace d’une quantité qui est à l'allongement de A comme la longueur PQ est à longueur PO. M, porté par la pièce B, permet de mesurer très exactement la va- Fig. 3. — Délails de l’élasticimètre. — A, Barre à essayer; B, C, pièces portant les vis de pression telles que O; Q, face plane portant le fil visé par le microscope; B',B', montants verticaux; P, extrémité arrondie; D, D', contre-poids; E, axe autour duquel tourne le bras portant le microscope; F, vis ser- vant à la mise au point du microscope. — H, bras formant le corps de l’appareil; G,G, vis de pression; les pièces B et C sont celles qui étaient marquées des mêmes lettres dans la figure précédente. leur du déplacement .Il arrive souvent que, outre l'effort de traction ou de com- pression, la barre A subit un léger effort de torsion sur elle-même. La pièce B tend alors à se déplacer dans un plan perpendiculaire au plan de la figure, en- traïnant avec elle B et l’arrondi P. Ce- lui-ci doit, par suite, avoir pour loge- ment non un simple trou, mais une fente transversale creusée dans la pièce G. Mais cette solution a un grave incon- vénient : le moindre défaut de parallé- lisme entre cette fente et les axes des paires de vis O et 0’ amène des frotte- ments et des efforts parasites qui gé- nent le fonctionnement de l'appareil. Aussi le P' Ewing a-t-il préféré adopter un trou pour loge- ment de P et mettre à la rencontre de B et B' une articula- tion permettant à ces deux pièces de prendre un petil mouvement de ro- tation l’une autour de l’autre. Les divisions de l’échelle micromé- trique du micrescope M correspondent au déplacement de —… de pouce (0®/»,00508) du fil placé en Q. Les di- xièmes de division étant facilement 1 apréciables, on peut donc lire le == de pouce ou = de millimètre, La vis V sert, au début de l'expérience, à mettre l’image du-fil dans une position convenable du champ, ou encore à l'y ramener lorsqu'elle en est sortie au 824 cours des essais, La graduation de la tète de la vis per- met d'évaluer le déplacement imprimé à la pièce C. La figure 3 représente l'instrument complet appliqué sur une éprouvette À, La pièce B' de la figure 3 est ici représentée par deux montants verticaux B' B', situés de part et d'autre de la barre à éprouver. Le bras hori- zontal supérieur reliant les deux montants porte un logement destiné à recevoir un axe faisant corps avec la pièce B et donnant à ces deux parties de lappareil le jeu dont nous avons parlé, rendu nécessaire par les légers mouvements de torsion de A. Une vis F sert à mettre au point le microscope au moyen de la rotation du bras qui le supporte autour de l'axe E. Un contre- ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES (% de pouce). L'échelle du micromètre porte 140 di- visions, ce qui permet d'évaluer des allongements cor- respondant à 1400 unités, Les essais préliminaires dem calibrage ont montré qu'il ne fallait pas employer les dix dernières divisions à chaque extrémité de lé chelle, pour qu’il y ait une proportionnalité rigoureu-" sement exacte entre les déplacements de l'image eb ceux de l’objet, ‘4 Enfin, nous signalerons une disposition particulière M de l'appareil, représentée dans la figure 5. Elle permet: de le fixer sur des barres placées dans n'importe quelle position, inclinée, par exemple, comme celle de la figure, Le principe reste le même, mais toutes les parties de l'appareil sont d’un même côté de la barre. L'image du filtendu en Q est ramenée dans le microscope par une série de prismes à réflexion totale con- tenus dans une boîte N. Une visJ sert, pour. poids D permet d'obtenir l'équilibre de l'appareil, la barre A étant dans une position verticale ; au moyen d’un second contrepoids D’, on finit l’opération. qui n’a été que grossièrement achevée avec D. L’équilibre est bon si, lorsqu'on abaisse iégèrement à la main la partie gauche de la pièce C, l’arrondi P n’a plus aucune ten- dance à se mouvoir. Dans ces conditions la pièce C reste appliquée contre P par l'effet d’un léger excès de poids donné à sa partie droite. Les pointes des vis portées par les pièces B et C se trouvent à une dis- lance verticale de 203 millim. 2 (8 pouces), Afin de les ajuster rapidement, elles se séparent du reste de l'appareil et s'engagent dans des mächoires portées par un bras H (fig. 4), qui leur donne en même temps la distance et le parallélisme nécessaires On les fixe alors à Ben serrant deux vis GG, Le tout est porté sur la barre en expérience, contre laquelle on appuie les vis des pièces B et C; on desserre GG et on enlève le bras H. é é : 508 TS : Le pas de la vis V (fig. 2) est de Gi de millimètre les transports, à fixer l'arrondi P dans son logement On le rend libre au moment des M expériences, et l'appareil fonctionne comme précédemment, Les lettres communes aux. figures 3 et 5 représentent les parties cor-, respondantes des deux instruments, : Nous donnons ci-dessous les résultats d’un des nombreux essais cités par Île Pr Ewing. La barre expérimentée était faite d’un acier fondu spécial, employé par certains constructeurs an- glais pour les armatures de dynamos. Elle était ronde et avait 19 miliim, 126 de diamètre, Tableau 11 CHARGES SUCCESSIVES EN TONNES (1 tonne angl. = 1015 kil.) LECTURES SUR L'ÉCHELLE ë PAR MICRO - MRGRSE MÉTRIQUE ALLON- GEMENTS PERMANENTS DIFFÉRENCES 200 — 237 31 273 36 310 31 341 37 384 37 423 39 204 — 424 — 168 à 470 44 à 46 528 à 540 58 à 70 249 — 545 à 550 — 670 — 715 après une demi-minute 158 après 2! (585 après 9 RAR Etocy de 447 —— LR None 198 — > 1200 (hors de l’échelle) Ces différents nombres donneraient une courbe de la forme de celle qui est reproduite dans la figure 1. Ils montrent que la limite d’élasticité est atteinte sous une charge d'environ ? tonnes 1/2. A. Gay, Ancien élève de l'Ecole Polytechuique. | | | 4 ph HET NAT TUO LLC ON ST 3 1° Sciences mathématiques. Bardey (D' Ernest). — Zur Formation quadratis- - cher Gleichungen. Zweile Auflage. — 1 val, in-8° de 400 p. (Prix 3 fr. 75.) B. G. Teubner, Leipzig, 1895. Cet ouvrage contient des méthodes très fécondes non seulement pour la formation des équations du second “degré, mais encore pour leur transformation. Il ren- ferme en particulier un exposé très complet des “équations que l’on peut faire dériver des équations homogènes et symétriques du #° degré. . Comment ces équations prennent-elles naissance ? Quelles sont les relations qui existent entre elles? Y a-t-il plusieurs méthodes de formation ? Une forme gé- nérale étant donnée, comment la spécialiser pour qre “les racines aieut une forme donnée? Telles sont les principales questions traitées par l’auteur des Alge- braische Gleichunyen (équations algébriques). H. Feur, Richard (Gustave , Ingénieur civil des Mines. — Les Moteurs à Gaz et à Pétrole, en 1898 et 1894.— 1 n volume mn-8° de 318 pages, nvec 486 figures (Prix 10fr.). — Ve Ch. Dunod et P. Vicq, éditeurs, Paris, :895 Les ouvrages de M, Gustave Richard occupent une place considerable et distinguée dans la littérature scientifique des moteurs à gaz : voici le quatrième vo- lume qu'il fait paraître depuis 1884 et le nombre des - moteurs quil a décrits dépasse trois cents. Il en estsans . doute plus d’un parmi ceux-ei qui n’a guère été et ne - serajamais connu que par la description que M. Richard je daigné en faire; mais cette nomenclaturesi riche et si compièle constitue une source précieuse de documents, - qui est consultée par tous ceux qui rêvent de devenir à leur tour inventeurs de moteurs à gaz. Je ne crois pas qu’un seul moteur patenté en Angleterre ait échappé à l'attention de l’auteur; il n’est aucun autre ouvrage auquel on puisse rendre ce témoignage ; les données principales des spécifications sont reproduites avec soin, et, si elles ne sont pas toujours parfaitement in- telligibles, le lecteur a, du moins, toute facilité pour - obtenir des renseisnements plus détaillés, attendu que à tous les brevets portent leur numéro officiel d'inscrip- tion. Le volume que nous nous proposons d'analyser est le troisième supplément au premier ouvrage, paru en 1884, sous le titre de « les Moteurs à gaz »; M. Richard publie » ainsi tous les trois ou quatre ans un appendice à son - livre, dans le but de tenir ses lecteurs au courant des 4 nb. Rs ne. Di progrès de l’industrie des moteurs à gaz et à pétrole. Le présent ouvrage se compose de quatre chapitres : Chapitre I : Description de quelques moteurs nou- veaux (pages 9 à 30). Chapitre II : Détails de construction (30 à 99). Chapitre III : Les moteurs à pétrole (99 à 187). Chapitre IV : Applications des moteurs à gaz et à pétrole (187 à 275). Le second et le troisième chapitre sont les plus in- téressants : les mécaniciens de profession puiseront notamment d’utiles indications dans les descriptions . des appareils de distribution, d'allumage, de régulari- sation, de mise en train, ete, Dans le chapitre consacré aux moteurs à pétrole, nous avons relu avec plaisir le » compte rendu des concours de Meaux et de Cambridge. - Les multiples applications relatées dans le dernier cha- pitre témoignent des services que rendent à l’industrie ces ingénieuses machines, dont nous nous efforcons, depuis si longtemps, de faire ressortir les mérites. C’est dans sa préface que M Richard expose ses idées : jen que nous soyons en désaccord avec lui sur quel- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 825 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX ques points de détail, nous sommes heureux de consta- ter néanmoins que nos divergences d’opinion sont en voie de s’atténuer, Le succès indéniable de tous ceux qui ont copié Otto dans son cycle, sans se préoccuper des stralifications plus ou moins réelles des gaz dans le cylindre, a nui à la théorie des tranches; on se con- tente aujourd’hui de préconiser l'allumage au voisinage le plus immédiat du canal d’admission, ce qui est lo- gique, M. Richard parait un peu moins hostile que par le passé aux fortes compressions et aux grandes vitesses que nous avons recommandées à la suite de nos éfudes sur les actions de paroi et sur les explosions de gaz tonnants, en 1878 et 1883, Il semble mieux disposé en faveur des puissants moleurs mono- cylindriques dont le Simplex de la maison Malter (et non Mather) de Rouen détient présentement le record.Il reste sceptique comme nous devant les caleuls de M Diesel, dont le moteur ne devait consommer que 100 grammes de charbon par cheval-heure indiqué; certes, tous les ingénieurs souhaitaient de grand cœur le succès de l'inventeur allemand, car il constituerait un immense progrès; mais l'expérience montre, une fois de plus, qu’il ne faut pas s’abandonner à de trop décevantes illusions L’auteur fait des réserves sur la dernière disposition des moteurs Crossley adoptée par les cél-bres constructeurs anglais, sur l'initiative de M. Atkinson, dans le but d’expulser du cylindre les gaz brûlés de l'explosion : « Nous ne pensons pas qu'il y ait, dit-il, du moins au point de vue de l'écono- mie, grand intérêt à cette expulsion »; cetle opinion est discutable, mais on ne tardera pas à être fixé sur ce point par l'expérience, car plusieurs de ces moleurs sont montés en France et leur consommation sera prochainement connue. Le résultat intéresse vivement la théorie des moteurs à gaz. Cette brève analyse permet de juger de l'actualité du dernier ouvrage de M. Richard: nous sommes heureux d’avoir eu l’occasion de Iui rendre hommage et d'en faire ressortir la valeur. Aimé Wairz. 2° Sciences physiques. Sorel (E.), Prof sseur suppléant au Conservatoire des Arts et Métiers. — La Distillation.— 1{ vol. petit in-8° de 250 pages uvec 20 fig.de l'Encyclopédie scientifique des Aide-Mémotüre publiée sous la direction de M. H. Lévuté, de l'Institut. (Prix: broché 2 fr. 50; cartonné, 3 fr.) Gauthier-Villarset fils et G. Masson, Paris, 1895 Cet ouvrage sur la distillation forme un ensemble complet avec celui que M. Sorel a déjà publié sur la rectification de l'alcool dans la même collection, En effet, si la distillation y est traitée d’une facon générale, du moins les exemples y sont pris dans l’industrie si importante de l'alcool, Les constantes physiques de ce corps sont réunies dans une série de tableaux au com- mencement du volume: puis vient l'étude des alam- bics ordinaires ef des appareils à effets multiples. Dans la troisième partie l’auteur examine le problème de Ja distillation d'un mélange deplusieursliquides, d'abord pour le cas simple où les corps en présence sont inso- lubles Pun dans l’autre, puis ensuite pour les cas com- plexes où il y a solubilité réciproque. la question de la distillation continue est traitée avec des dévelop- pements en rapport avec son intérêt pratique. Enfin l'étude des moyens de préparer l'alcool brut pour la reclification termine cel ouvrage, qui sera également apprécié par les hommes de science et les industriels, auprès desquels l’auteur jouit de la même autorité. j PauL JANNETTAZ. 520 Arnold (J.-0.), F. C. S., Professor of Metallwrgy at the Sheffield Technical School. — Steel Works Ana- lysis. — 1 vol. in-12 de 350 p. avec 22 fig. (Prix : relié, 10 s., 6 d., ou 13 fr. 10.) Whiltaker and C°, 2, White Heart Street, Paternoster Square, London E. C., 1895. M. Arnold, professeur à l'Ecole Technique de Shef- lield, a rassemblé dans cet ouvrage les méthodes d'analyse des différents produits que le chimiste doit examiner dans la fabrication du fer et de l'acier; on y trouve l’indication de procédés d’analyse des fers et aciers courants, des aciers spéciaux, des fontes riches en éléments autres que le fer, si employées aujour- d'hui, des matériaux réfractaires, des minerais, des laitiers, etc. : d’autres chapitres indiquent comment il laut procéder pour déterminer certaines constantes physiques telles que la densité de l'acier, Le pouvoir calorique des combustibles, etc. Le savant professeur de Sheffield, bien connu par ses travaux sur la métal- lurgie, a fait là une œuvre vraiment originale et non une simple compilation. Beaucoup des procédés indi- qués lui sont dus, et tous ont été soumis par lui à une épreuve expérimentale. La description de chaque ana- lyse comprend : 1° l'indication des réactifs et liqueurs litrées nécessaires, de leur mode de préparation et des essais auxquels ils doivent être soumis; 2 l’exposé détaillé des opérations successives et des précautions à prendre; 3° la théorie du procédé et une discussion sur la précision du résultat; 4° les chiffres fournis par une application de la méthode à un produit industriel. G. CHarpy. Beaudet (L.), Pellet (H.) el Saïllard (Ch.), Ingénieurs chimistes de sucrerie, — Traité de la Fa- brication du Sucre de betteraves et de cannes. — 2 vol. de 1277 pages et 429 fig. J. Fritsch, éditeur, Paris, 1895. Nous ne saurions trop féliciter MM. Beaudet, Pellet et Saillard de leur puissant effort. Jusqu'à ce jour, les traités spéciaux sur l’industrie sucrière, très nombreux à la vérité, ont presque fous ce caractère commun de n’envisager que le côté pratique de la question. Les auteurs du nouveau traité de la fabrication du sucre ont, indépendamment des appareils et des méthodes d'analyse, laissé une large part à la théorie. Les auteurs ont commencé par traiter des sucres en général. Le premier chapitre est un exposé de leurs fonctions chimiques ; les quelques mots consacrés à la théorie du carbone asymétrique donneront aux chi- mistes de sucrerie un moyen de se guider, lorsque l'analyse polarimétrique deur fournira des chiffres anormaux. Cependant, à côté de si bonnes choses, il est regret- table de trouver la malheureuse formale saccharogé- nique de M. H, Leplay, si discutable au point de vue scientifique. La théorie du phénomène de la diffusion n’est pas très complète, ni très au courant des derniers travaux touchant la question. Pour avoir voulu faire un traité complet de l’industrie sucrière, il n'était peut- être pas nécessaire -d’accumuler des hypothèses plus ou moins justifiées, pouvant laisser une mauvaise im- pression aux lecteurs au courant de la question et dérouter les débutants, Les différentes théories de la double carbonatation, des appareils de filtration mécanique, d'évaporation de cuite sont bien présentées, et la description des appareils est très complète. Dans cet ouvrage très bien conçu nous ne croyons pas qu'aucun procédé et appareil nouveau ait été passé sous silence, mais nous aurions aimé connaître sur chacun d'eux l'avis d'auteurs aussi compétents. Le chapitre traitant de la partie analytique et, fai- sant suite, l'étude de la sélection des betteraves sont à louer sans réserve, Cette question si capitale est mise au point, tous les renseignements désirables sont don- nés, et nous ne pouvons que rendre hommage à la lar- seur de vues de M. H, Pellet. : BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX jour, À : des Gastéropodes appartiennent à deux types qu'on ob Les chapitres consacrés à la fabrication du sucre de cannes et du rhum sont remarquables par la facon dont l'équilibre est maintenu entre le côté théorique et le côté pratique. à Eufin nous ne pouvons que regretter que, dans lé chapitre précédent, l'étude de la sucrerie coloniale, les auteurs n'aient pas cru devoir traiter plus longuement la partie économique de cette industrie si à l'ordre du Edouard URBAIN, Chimiste de sucrerie. 3° Sciences naturelles. Nabias (B, de). — Recherches histologiques et organologiques sur les centres nerveux des Gas- téropodes. (Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris.) — Un vol. in-8° de 195 pages, avee 5 pl. doubles, Bordeaux, Imprimerie Durand, 1895. Le travail de M. de Nabias ne s'étend point, comme on pourrait le croire d’après le titre, au groupe tout entier des Mollusques gastéropodes ; il se limite aux seuls Pulmonés terrestres, et encore ne comprend-il, dans ce sous-ordre, que quelques genres des plus communs : les Helix, les Arion, les Limax et les Zorites, Etant données la difficulté et l'étendue des recherches auxquelles s’est livré l’auteur, on ne saurait lui faire un grief d’avoir restreint son sujet à un petit nombre dem formes ; mais il semble qu’en circonserivant le champ de ses études, M. de Nabias ait en mème temps tracé la même limite au champ de ses comparaisons, enle- vant, par là même à son travail un caractère de géné- ralité qu'il aurait pu facilement avoir, et négligeante certaines questions importantes, que lui aurait certaine ment suggérées un souci plus constant des connais: sances actuellement acquises sur les autres groupes de Gastéropodes. Je me hâte d'ajouter que celte critique n'a trait qu'à la partie anatomique de son travail, la plus courte et certainement la moins importante; la partie histologique, au contraire, est à tous égards fort soignée; les lacunes y sont très peu nombreuses, ets tous les travaux importants sur la structure interne du système nerveux y sont soumis à une analyse minu- tieuse d’où se dégagent des essais de généralisation fort intéressants, Les opinions émises dans ces travaux élant nombreuses et souvent contradictoires, je me. bornerai à rappeler ici, sans discussion aucune, les résultats histologiques très précis auxquels est arrivé l’auteur. Les cellules nerveuses des centres ganglionnaires serve également chez les Vertébrés et chez les Arthro-ù podes; dans le premier de ces types, qui est celui dem Deiters, le cylindre-axe conserve son individualité et sem continue avec une fibre centrifuge ; dans le second, qui est celui de Golgi, le prolongement cellulaire se divise rapidement en ramifications arboriformes complexes. Les cellules de Deiters sont de beaucoup les plus ré-. pandues dans le système nerveux; elles se distinguentm par la couche épaisse de protoplasma qui envelOppem leur noyau; les cellules de Golgi ne se trouvent au con traire que dans le protocérébron et dans les ganglions affectés à la sensibilité spéciale (cellules de l'otocyste, ganglions tentaculaires, etc.); elles sont de petite taille et revêtues d’une couche protoplasmique extrê-" mement mince, 4 Les prolongements cellulaires sont des émanations directes, non du noyau (contr, à Haller), mais du pro- toplasma; ils sont composés de fibrilles pleines qui ne sont point, comme le pensent Nansen et Saint-Rémy des tubes névrogliques pleins d’hyaloplasme. Le pros longement principal, ou cylindre-axe, est toujours dés pourvu de gaine de myéline; à mesure qu'il s'éloigne de la cellule, il se ramifie en émettant des fibrilles; {antôt cette division ne s'effectue qu’à l'extrémité du prolongement, tantôt beaucoup plus près de la cellule; quelquefois même la division s'effectue au niveau de BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 827 Ma cellule elle-même, qui devient alors bipolaire. Ces cellules bipolaires sont rares dans le type de Deiters, “fréquentes dans le type de Golgi; à l'exemple de Vial- es, l'auteur les considère comme des cellules diffé- nciées qui dérivent de cellules unipolaires. Les cel- Mules mullipolaires font complètement défaut. Quelle “que soit l'importance du prolongement cellulaire et de Ses ramifications, la structure reste toujours la mème, et la cellule se comporte comme une unité morpholo- gique parfaitement caractérisée, que l'auteur, avec Waldeyer, désigne sous le nom de neurone ; l'indépen- dance des neurones est telle que leur prolongement et leursramifications restent toujours distincts sans jamais ontracter d'anastomose. La substance ponctuée gan- #lionnaire, formée par ces ramifications, n’est donc point un réseau, mais une trame de fibrilles simplement juxtaposées. Au moyen d’un grand nombre de coupes parfaitement orientées et étudiées avec soin, M. de -Nabias montre, contrairement à un très grand nombre d'auteurs, queles nerfs ne prennent nullement naissance “dans la substance ponctuée, mais se détachent directe- nent des cellules ganglionnaires. Pour les fibres centri- juges, cette origine directe est masquée par une anse plus ou moins longue que forment les fibres à leur ori- gine; mais il suffit d'orienter la coupe dans le plan de “ces anses pour suivre ies fibrilles nerveuses jusqu'à la cellule qui leur donne naissance. Quant aux fibres -centripètes, elles ont leur origine dans des cellules ganglionnaires périphériques (cellules de la rétine, de lotocyste); elles viennent former des arborescences dans la substance ponctuée du cerveau, mais ellés n’ont aucune connexion directe avec les cellules de ce » ganglion nerveux ; il en est de même, du reste, chez les * Vertébrés. Ces faits ont évidemment une très grande -importance, et l'auteur s’en sert pour déclarer inexact « le réflexe classique dans lequel on admet qu’une fibre centripète aboutit à une cellule sensitive, qui * entre à son tour en relation avec une cellule motrice - pourvue d’un cylindre-axe centrifuge. La cellule sensi- «live, dit-il, doit être supprimée dans cette situation; * elle est à l’origine de la fibre centripète, à la périphérie, par conséquent, et non à sa terminaison. Le réflexe, - dans ces conditions, n’en est que plus parfait, parce - que toute excitation portée par les fibres centripètes - pourrase transmettre en même temps, par le fait - même des bifurcations, à un plus grand nombre d’élé- ments. Cette transmission ne pourra avoir lieu par con- tinuité, puisque nous reconnaissions l'indépendance des cellules nerveuses, mais par contact. » Si, comme on est en droit de l’espérer, les recherches histologiques de M. de Nabias sont confirmées par des observations nouvelles, elles auront fait faire, à coup sûr, un grand pas à la science. Je pense toutefois, qu'il y aura lieu d'étudier encore de très près la subs- . tance ponctuée afin d'y découvrir, si c'est possible, les - anastomoses nerveuses qu'ont décrites {ant d'auteurs; il y aura lieu, surtout, d'étudier encore les cellules . du type de Golgi, dont l’auteur n’a pu « préciser d’une . facon absolue le mode de terminaison ». Il sera bon également d'étendre à un très grand nom- . bre de types les recherches de topographie cérébrale que Viallanes a poussées si loin chez les Arthropodes et que . M. de Nabias, le premier pour ainsi dire, a effectuées chez les Gastéropodes Ces recherches sont trop techniques pour pouvoir être résumées ici, mais elles l'ont conduit déjà à quelques résultats intéressants. Elle lui ont permis de montrer, notamment, que les variations de structure cérébrale -sont limitées au protocérébron, que le développement de ce dernier est en rapport avec le degré d’évolution des Gastéropodes, enfin que les centres cérébroïdes sont parfaitement symétriques, . qu'ils émettent toujours le même nombre de nerfs, et qu'un certain nombre de cellules, sinon toutes, y occu- pent -une position déterminée et parfaitement cons- _ lante. Tous ces faits n’ont pas la même importance et quelques-uns mêmes (symétrie externe des ganglions cérébroïdes, nerfs en nombre constant) étaient pres- sentis ou connus avant les recherches de M. de Nabias. Mais certains d’entre eux, surtout ceux relatifs à la symé- trie cellulaire, sont entièrement nouveaux et ne man- queront pas d'attirer l'attention de tous les biologistes ; il y a évidemment localisation chez ces êtres, mais cette localisation s'étend peut-être à une cellule seule et non à une région cérébrale tout entière, Toutefois il ne faudrait pas seleurrer sur l'importance de ces études de topographie cérébrale, et compter beaucoup sur elles pour établir « sur des bases solides les affinités réelles et peut-être la généalogie des principaux groupes » ; ce sont-des résultats auxquels peuvent conduire, beaucoup plus directement, l'anatomie et même la morphologie pure et simple des Gastéropodes : quand M. de Nabias, grâce à la topographie cérébrale, arrive à considérer les Pulmonés sans coquille (Arion, Limax), comme moins primitifs que ceux qui en ont une (Helix), il arrive purement et simplement à un résullat qu'avaient de- puis longtemps énoncé les anatomistes et même cer- tains conchyliologistes, A côlé des généralisations précédentes, qui parais- saient sérieusement établies, il en est d'autres qui sont moins fondées parce qu’elles reposent sur des éléments de comparaison beaucoup trop restreints. Pourquoi M. de Nabias semble-til croire « que la cellule nerveuse diminue progressivement de volume à mesure qu’on s'élève dans l’échelle zoologique ? Cela n’est certaine- ment pas vrai pour les Gastéropodes, car on sait que les Prosobranches inférieurs, qui ont servi de point de départ aux Pulmonés par l'intermédiaire des Opisthobranches, ont des cellules nerveuses infiniment plus petites que celles des animaux de ces deux derniers groupes. Il me reste à signaler quelques lacunes que la topo- graphie cérébrale aurait très heureusement comblées, si Pauteur avait porté plus d’attention sur les études anatomiques déjà faites dans les autres groupes de Gas- téropodes. M, de Nabias nie l’existence de la commis- sure subcérébrale que M. Amaudrut a trouvée chez un grand nombre de Pulmonés, et qui existe à l’état dis- tinct chez la plupart des Opisthobranches ; on peut lui faire un grief de n'avoir pas cherché ce qu'était devenue cette commissure qui, vraisemblablement, n’a pas dis- paru. M. de Nabias considère également les ganglions commissuraux comme dépourvus de tous nerfs; mais il n'aurait pas été aussi affirmatif s’il avait su que ces ganglions émettent des nerfs importants chez tous les Prosobranches, chez beaucoup d’Opisthobranches et chez un certain nombre de Pulmonés aquatiques ; enfin son travail ne fait aucune mention du nerf mé- dian qui part du milieu de la commissure pédieuse postérieure chez tous les Gastéropodes où cetie commis- sure est bien distincte; il aurait été intéressant de chercher quel déplacement peut subir ce nerf, dont le champ de distribution parait toujours bien déter- miné., Je touche ici à la lacune la plus importante du travail de M. de Nabias, qui a complètement négligé l'étude des nerfs issus des ganglions pédieux -et vis- céraux. Je sais bien que cette étude aurait singuliè- rement augmenté l'étendue de son travail; mais pourquoi l’auteur n’a-t-il pas dit, dans sa préface el dans son titre, qu'il limitait ses recherches aux seuls ganglions cérébroïdes ? Je ne veux pas insister sur ces critiques, qui tendent surtout à montrer combien sont multiples et impor- tantes les questions qu'a traitées M. de Nabias. Son travail n’est point une thèse banale, et je suis persuadé qu’elle comptera parmi les meilleures publiées à notre époque. Quand l’auteur aura comblé les lacunes qué j'ai signalées plus haut, quand il aura étendu ses recherches à des formes plus nombreuses et plus va- riées, les critiques précédentes n'auront plus de raison d’être, et M. de Nabias aura donné à la science un ensemble de documents absolument neufs qui lui feront occuper une des meilleures places parmi les bio- logistes actuels, E. L. Bouvier, Professeur au Muséum, 528 4° Sciences médicales. Van Renterghem (A.-W.)et Van Eeden (F.). — Psycho-thérapie C mpte rendu des résultats obtenus dans tu clinique de Psychothérapie suggestive d’Ams- terdam (1889-1893). — 1 vol. in-8° de 301 p. (Prix: 1 fr. 50), Société d'Erditions scientifiques. Paris, 1895. Ce livre se divise en trois parties : 1° une Introduc- tion consacrée à la discussion de la légitimité et de l’efticacilé des méthodes psycho-thérapiques; 29 la sta- listique des cas traités à la clinique psycho-thérapique d'Amsterdam, du 1° juillet 1859 au 3 juin 893, suivie d'un résumé général de la statistique ües cas traités du 5 mai 1887 au 30 juin 1893; 3° un choix de 110 ob- servations cliniques. MM. Van Renterghem et Van Eeden font, dans leur pratique, une large place à la suggestion à l’état de veille à côté de la suggestion hypuotique : il faut aussi, d’après eux, attacher la plus haute importance au milieu où est placé le malade, au genre de vie qu'on lui fait ad, pler, au régime qu'on lui prescrit. Leur thérapeutique n’est donc pas seulement une thérapeutique sugseslive, c'est une thérapeutique où l’on met à profit toutes les in- {luences qui peuvent agir directement ou indirecte- ment sur l'esprit du malade. Ils n'ont pas, au reste, la prétention de substituer la psycho-thérapie à toute autre médication : c’est un trailement qui a, comme tous les autres traitements, ses indications et ses contre-indicalions ; mais leur expérience de sept années leur permet, disent-ils, d'affirmer que, pour toutes les névroses et la plupart des psycho- -névrosés, c'est l’un des plus efficaces, et, à coup sûr, le plus inoffensif. Ne rendrait-il d'autre service que de sup- primer l'abus des médicaments et de faire perdre aux malades habitude de combattre tour à tour les dou- leurs dont ils souffrent avec toutes les armes que renferme lParsenal thérapeutique, qu'il contribuerait encore, dans une très large mesure, à hâter leur réta- blissement, Mais l efficacité des sugseslions, dans un grand nombre de cas, est dès maintenant chose éta- blie; la possibilité de faire disparaître par suggestion certains accidents hystériques, Lels que les paralysies, n'est plus mise en doute par personne : la seule ques- tion qui reste ouverte, c'eside savoir quelle est étendue de ce pouvoir de la suggestion; de déterminer, par exemple, si les affections organiques du système ner- veux peuvents’amender sous l'influence de sugzestions appropriées. Le médecin devra done recourir, toutes les fois que cela sera possible, à la psycho-thérapie : c'est, en effet, un traitement toujours inoffe 1sif et sou- vent eflicace, et Le premier devoir du médecin, c’est de chercher à guérir son malade. La science pure et la pratique médicale sout choses fort différentes, et le médecin devrait ne point hésiter à employer la sug- gestion dans Île traitement des maladies nerveuses, quand bien mème son mode d'action sur l'organisme lui paraitrait inintelligible ; mais il n'en est pas ainsi : nous w’avons à opposer aux faits que nous apportent ceux qui ont pratiqué eux-mêmes la psycho-therapie que des arguments d'ordre mé taphysique ; si nous ne coimprenons pas comment peut s'exercer l'action de l'âme sur le corps, c'est que nous sommes emprisonnés dans une conception schématique de la nature que la nécessilé de concevoir mécaniquement les relations des phénomènes nous a obligés d'admettre, mais nous avons cependant des seuls phénomènes psychiques une conscience directe; les phénomènes matériels, nous ue Îles connaissons que par inférence, Le moi est seul immédiatement présent à lui-même et il se saisit lui-même comme actif, IL nous faut bien l’ad- mettre, que cela s'accorde ou non avec la théorie scientifique que nous avons construite. Rien alors de plus aisé à accepter que l’action médicatrice de | âme. Remarquons, au reste, que, dans la longue chaîne de phénomenes qui unit, dans le réflexe, la sensation au mouvement, prennent place des facteurs purement psychiques. Pourquoi les jugerions-nous arbitraire- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ment comme étant les seuls qui soient dépourvus d’ef- ficacité? D'ailleurs, les agents thérapeutiques, phy- siques et chimiques n'agissent pas directement, eux. non plus, sur le phénomène qu'il s’agit de modifier :. ils n'agissent « jamais que par l’intervention de l’ac- tion propre du plasma »; cette puissance médicatrice de l'organisme que les ‘médicaments stimulent, c’est elle aussi que met en jeu la suggestion. Il faut bien admettre l'existence, dans tout organisme, d’une force particulière qui le répare, l’entretient, le défend contre les dangers du dehors; si on considérait, en effet, le corps comme une machine, et si on ne faisait une place à l'énergie vitale, les effets de l'exercice et de l’en- durcissement deviendraient inintelligibles. C’est pour avoir laissé s’obscurcir et tomber presque en désué- tude cette notion de la vitalité, que l’on en est venu, en médecine nerveuse, à cette thérapeutique palliative qui n'a d'autre but « que de procurer au patient, dans le plus court délai, un état de b'en-être el un sem- blant de santé », Tel est le résumé des idées présen- tées par MM. Van Renterghem et Van Eeden dans leur Introduction. Bien des objections se présentent d’elles- mêmes à l'esprit. Rien n'est moins clair que cette idée d'énergie vitale où ressuscite le vieux principe vital d’autrelois, et de ce qu'une pensée ne saurait être confondue avec un phénomène physico-chimique, il ne s'ensuit pas que ce ne soient point les deux aspects corrélatifs d'un même événement, Ces longues chaines de phenomènes psychiques qui unissent souvent une sensation périphérique à un mouvement, sont, il ne faut pas l'oublier, des enchaïnements de phénomènes cérébraux : du dehors, ce ne sont que des modifications physico-chimiques de la substance nerveuse, du de- dans, des faits de conscience, Ces deux aspects d’un mème événement sont indissolublement unis; nous ne pouvons les séparer que par abstraction, Tout cela importe peu du reste à la thérapeutique sugsestive. Ce sont des questions d’une haute généralité qui ne pouvaient être traitées, dans une Introduction de cette espèce, ni avec assez de précision, ni avec assez d’am- pleur Il ne faut pas chercher dans cette statistique clinique autre chose que ce qu'on y peul trouver, non point des analyses, ni même le récit d'expériences méthodiquement conduites, mais seulement des résul- tats bruts, Tels quels, ils semblent assez encoura- geant : sur 1089 cas traités par eux, MM. Van Ren- terghem et Van Eeden ont oblenu 320 guérisons et 276 « améliorations notables ». Il faut noter que, dans tous les cas où il s'agissait d’affections orga- niques. l'échec a élé complet, que les meilleurs succès ont été obtenus avec des hystériques et des neuras- théniques, et que, si les deux auteurs peuvent apporter de très beaux résultats en ce qui concerne le traite- ment des diverses phobies des dégénérés, il importe de ne pas oublier qu'elles disparaissent souvent spon- tanément pour faire place à d'autres. Or, c’est là ce qui se produit fort habituellement chez les malades qu'ils ont traités. On ne peut que malaisément alors parler de guérison, Les résultats du traitement psy- chique des diverses névralgies, des ties, de lPasthme nerveux, de l'alcoolisme, ont été bons; il a été d’une frappante efficacité pour guérir les enfants de l’incon- tinence d'urine diurne et nocturne. En ce qui concerne les maladies mentales, leur expérience personnelle a amené MM. Van Renterghem et Van Eeden à se ranger à l’avis de Forel et de Bernheim : ce traitement est le plus souvent sans effet, Dans quelques-uns des cas où ils ont réussi, il semble qu'on ait affaire à une guérison spontanée ; ailleurs, il s’agit peut-être de folie inter- mittente, Le véritable intérêt de cet ouvrage est dans les observations cliniques qui le terminent et dont quelques-unes constituent une utile contribution à l'étude de la neurasthénie, que les auteurs confondent sans cesse, du reste, dans leurs descriptions, avec la dégénérescence meutale, — Le livre est criblé de fautes d'impression et de fautes de francais, mais cependant écrit très clairement, MaRILLIER. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 829 ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Seance du 5 Août 1895, M. le Secrétaire perpétuel annonce la perte que la science vient de faire dans la personne de M. G. Basso, -membre de l’Académie des Sciences de Turin. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. Maurice Lévy pu- blie une note importante sur la construction des ‘grands barrages. Ce travail débute par des considé- rations praliques où l’auteur propose un moyen pour ‘empêcher l’eau de rester sous pression à l'intérieur des barrages; il consiste essentiellement à ménager en amont du massif du barrage des espaces vides de deux mètres de largeur séparés par nne distance égale: toute fissure se traduirait alors par une pénétration à d'eau. Eu outre, il conviendrait que la pression à l'ex “ {rémité amont d’un joint soit superieure à la pression de l’eau du réservoir en ce point. Les assises de ma- “connerie devraient être élevées suivant les lignes 1s0- “ slatiques de Lamé, qui possèdent la proprielé de sup- porter les pressions les plus grandes. L'auteur examine ensuite le problème au point de vue théorique; il - calcule la résistance et donne la valeur du glissement suivant une section horizontale, le poids minimum - de maconnerie, les compressions au droit du parement d'aval et au droit du parement d’amont, les forces élastiques sur les éléments horizontaux et verticaux ; … il examine ensuite le problème en supposant que le parement amont n'est pas vertical, 2% ScikNCES PHYSIQUES. — M. Cornu à entrepris une — étude expérimentale des vibrations transversales des cordes; les premiers résultats obtenus se résument ainsi : Les vibrations transversales d'une corde, excitée d'une manière quelconque, sont toujours accompa- … snées de vibrations tournantes, l’élasticité de torsion | de la corde entrant en jeu au même titre que la com- 7 posante transversale de la tension. Chacun des points ‘d'une corde pincée se meut suivant la résultante des trois déplacements : 1° rotation autour de l’axe de la corde ; 2 translation parallèle à un plan de symétrie * perpendiculaire ; 3° translation parallèle au plan de sy- » métrie de la corde. Les cordes mises en vibration par + unchocéprouvent un mouvement aussi complexe; celles | qui sont frappées par un archet ont un mouvement - vibratoire plus simple et sont susceptibles, si les vi- » brations tournantes deviennent importantes, de donner + naissance à des sons de hauteur moindre que la hau- - teur habituelle, appelés par l’auteur sons anormaux. … La seconde partie de ce travail contient en détail la - méthode d'étude suivie; elle consiste essentiellement à fixer à la corde un petit miroir de légèreté extrême et à enregistrer les mouvements du rayon réfléchi en- voyé par un point lumineux fixe. Le phénomène est - d’ailleurs étudié en fonction du temps à laide de » l'artifice suivant : Le rayon lumiueux traverse des … trous percés régulièrement sur la circonférence d’un disque; les interruptions de la courbe, tracée alors en pointillé, se font à intervalles de temps égaux définis … par la vitesse du disque. — M. F.-A. Forel, président - de la Commission internationale des Glaciers, résume l'ensemble des connaissances acquises sur leurs varia- - tions et précise le problème soumis aux naluralistes … du monde entier : Y a-t-il simultanéité ou y a-t-il al- - térnance ou n'y a t-il pas concordance dans les varia- + lions glaciaires : 1° dans les divers glaciers d’un même continent; 2 dans les divers glaciers d’un même hémisphère au uord ou au sud de l’équateur ; “ 3° dans les divers glaciers du globe? — M. L. Des- croix adresse une série de tableaux numériques por- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L’ETRANGER tant pour titre : Etudes sur le climat de Paris, 2° série. — M. C. Maltézos établit, en s'appuyant sur les ex- périences de Bliss et les siennes, que le mouvement brownien est un phénomène capillaire, — M, A. Witz a mesuré la quantité d'énergie nécessaire pour illu- miner des tubes de Geissler dans le but de se rendre compte de la valeur de l'éclairage par luminescence. .La luminescence produite par les courants de haute tension dépense une énergie considérable; celle que donnent les courants d’une machine de Holtz est plus coûteuse encore; mais elle a l’avantage de donner une chaleur rayonnée très faible, correspondant seulement au cinquième de l'énergie totale, c’est-à-dire plus faible que dans lout autre foyer. — M. V. Ducla adresse un mémoire relatif à des expériences diverses sur l'électricité. — M. le Secrétaire perpétuel signale un ouvrage de M. F -A. Forel intitulé : Le Léman, monographie séismologique. GC. MATIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. Poirault et Raci- borsky éludient les noyaux des Urédinées. Ils mon- trent, par l’étude du développement, comment les deux noyaux que l’on trouve dans les téleutospores du Puccinia asarina arrivent à se fusionnner. Voici la principale différence entre la division conjuguée des noyaux des Urédinées et la caryokynèse ordinaire : l'anaphase, des segments chromatiques, qui restent isolés cans le premier cas, s'unissent, dans le second, pour former un noyau unique. — MM. Guérin et Macé, d'après les analyses qu'ils ont faites sur lanti- Loxine diphtérique, montrent que la substance active paraît être de la même nature que les ferments solu- bles qu'on réunit actuellement sous le nom de dias- tases, — M. Gourfein a extrait des capsules surrénales une substance toxique qui produit chez la grenouille une série de symplômes amenant la mort dans un délai très bref, en agissant probablement sur le sys- tème nerveux central. — M. J. Chéron produit de lhyperglobulie instantanée par stimulation péri- phérique. J, MARTIN. Séance du 12 Août 1895. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Téguor adresse un théorème propre à séparer les racines des équations numériques de tous les degrés. — M. Coggia envoie les observations de planètes faites à l'Observatoire de Marseille (équatorial de Om.26) pendant le mois de Juillet. — M. Paul Painlevé indique les résultats aux- quels il est parvenu dans l’étude des surfaces algé- briques qui admettent un groupe continu ie transfor- mations birationnelles. Toutes les surfaces ren'rant dans la catégorie étudiée sont les suivantes : 1° La sur- face est uniformément unieursale. 2° La surface cor- respond birationnellement au cylindre G(E, n) — 0, la courbe G étant de genre p = 1. 3° La surface cor- respond birationnellement à la multiplicité ë, n, u,U, dé- finie par les équations : GE nm} = 0; U= V{i—4?)(1 — Au). %° Les coordonnées s'expriment en fonction abélienne (à trois ou quatre périodes) de deux paramètres x et v. Les résultats, qui s’étendent à un nombre quel- conque de variables, épuisent la recherche des groupes birationnels. 20 SciENCES PHYSIQUES. — M. le Secrétaire perpétuel signale les deux cartes du ciel de Mars pour Paris et pour Saint-Petersbourg, à 9 heures du soir, dressées par M. J. Vinot. — M. Limonet, dit Lefrançais, en- voie un mémoire relatif à une réforme à introduire 830 dans les signaux destinés à éviter les abordages en mer, — M, Ch. Frémont réussit à produire l’éclaire- ment d’un objet opaque observé au microscope par l'intérieur du tube même du microscope et à travers l'objectif, de sorte que la méthode s'applique aux plus forts grossissements. — M, Marey fait remarquer l'im- portance de ce dispositif pour les rechercher chrono- photographiques où l’on était obligé jusqu'ici de photo- graphier les objets non éclairés sur un fond éclairé, et par suite, sur une pellicule mobile; au contraire, les photographies successives d’un objet éclairé sur champ obscur peuvent être réunies sur une même plaque immobile. — M.H. Le Châtelier discute la va- leur des points de fusion de l’or et de l'argent admis aujourd'hui et leur application à la graduation des py- romètres électriques. Il conclut que le point de fusion de l'or, 10459, déterminé par M. J. Violle, est certaine- ment un peu bas, mais que l'erreur ne dépasse pas 20° ; que, néanmoins, aucune des expériences failes jus- qu'ici ne présente une précision suffisante pour justi- fier l'adoption d’une température de fusion différente de 10459. — M. E. Kern adresse une note relative à un arc-en-ciel blanc observé Le lundi5 août, à 10 heures du soir, à Ver-sur-Mer (Calvados). — M. Ch. Astrea étudié l’action du potassium sur la quinone et l’hydro- quincne en solution éthérée ou benzénique; il a pu obtenir ainsi les composés [C6H*KO(OH)|C#H 100, C6H#(KO)(OK)CSH4O(OK)et CH (OK)(OH),CéH'(OH 2. Tous ces corps sont très instables en présence de l’air et de l'humidité ; ils font explosion au contact d’une goutte d'acide, C. MATIGNON. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 6 Août 1895. MM. A. Chipault, J. Braquehaye et Laborde com- muniquent leurs recherches sur le mécanisme des fractures indirectes de la base du crâne; il se rap- proche de celui des fractures irradiées vulgaires, — M. Pinard expose l’histoire d’un cas de grossesse extra-utérine, diagnostiquée au sixième mois el opérée à une époque rapprochée du terme. L'opération fut suivie de l'extraction d'un garcon vivant; les suites furent heureuses pour la mère et l’enfant. L'auteur donne quelques indications sur la marche à suivre dans les cas de grossesse extra-utérine, — MM. Debove et Soupault ont étudié les fonctions de l’estomac chezun malade atteint de cancer du pylore et gastro-entéroto- misé. L’estomac était le siège d’une stase alimentaire. L'acide chlorhydrique faisait défaut ; la bile et le suc pancréalique refluaient dans l’estomac, mais ce reflux était sans inconvénient, — M. le Dr Guermonprez de Lille) lit un travail intitulé: Hystérectomie abdo- minale totale substituée à l'opération de Porro. — M. R. Blache lit un travail sur la protection de l’en- fance dans le département de la Seine. Séance du 13 Août 1895. M. V. Babes fait une communication sur la vaccina= tion par des toxines latentes contrebalancées par des antitoxines sanguines. — M. Babes signale la présence du botriocephalus latus en Roumanie : il y produit des anémies graves et mortelles avec tous les signes de l’'anémie pernicieuse. — M. Lancereaux montre que l'abus du vin, surtout du vin plus ou moins falsifié dé- bité à Paris, produit plusieurs affections graves, no- tamment la cirrhose hépatique, le tremblement, le delirium tremens, la prédisposition à la tuberculose, I y aurait donc lieu d'exercer une surveillance atten- tive sur le vin livré à la consommation et les falsifica- tions qui peuvent le rendre nuisible. — M, Ferrand communique une étude physiologique sur la musique. Séance du 20 Août 1895, M. le Président annonce la mort de M. Hoppe-Seyler récemment nommé correspondant étranger, — M. le Dr Ledé lit un travail sur les habitations des nourrices ACADÉMIES ET SOCIËTÉS SAVANTES et les rapports des conditions d'hygiène de ces habi- tations avec la mortalité des enfants confiés à ces. nourrices. — M, le D' Fontan lit un travail sur le traitement des abcès du foie, SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Séance du 19 Juillet 1895. M. C. Limb expose son travail sur la mesure directe des forcesélectromotricesenunitésélectromagnétiques. La méthode ordinaire pour obtenir des forces électro- motrices en valeur absolue consiste à mesurer en va- leur absolue les résistances et les intensités et à ap- pliquer ensuite la loi de Ohm. Pour obtenir la mesure directe d’une force électromotrice, M. Limb la compare à la force électromotrice d’induction produite par la rotation d'un faisceau magnétique à l’intérieur d’uxe longue bobine à une couche, On connaît, en effet, l'expression de cette force électromotrice sinusoïdale en fonction de la valeur H du champ magnétique créé par l'unité de courant, du moment magnétique M de l'aimant et de la vitesse angulaire de rotation. D'autre . part, on sait que H=#xn, n étant le nombre de spires par unité de longueur, M. Limb indique le procédé # ingénieux qui lui a permis de mesurer n au moyen d'un barreau témoin, fileté sur le tour, en même temps - que la bobine. Puis il a apporté la correction des bouts. . et a tenu compte de l’excentrage de l’aimant par rap- : port à l’axe de la bobine. La carcasse de la bobine est À . pa 3 cas ntr LE en ébonite et recouverte de fil de +. M a été déterminé. par la méthode de Gauss, qui consiste à mesurer MII ef Le nombre de tours par seconde se mesure en inscrivant sur un cylindre les étincelles d’une bobine de Ruhmkorff dont le primaire est fermé à chaque » tour de l’aimant. La bobine et l’aimant constituent. un élément dont la force électromotrice varie propor- tionnellement à la vitesse. On pourrait donc songer à opposer &irectement la force électromotrice maximum induite à la force électromotrice à évaluer. M. Limb à préléré comparer, au moyen du potentiomètre de » Clark modifié, chacune des deux forces électromotrices à une autre. Les deux bobines de ce potentiomètre … sont en ferronickel, et on peut profiter de la seconde région pour produire un rhéostat d’ajustement. L’électromètre destiné à constater l'équilibre est celui de M. Lippmann. Le modèle employé est sensible ÊI 1 r LG L « rt) de volt, et présente une tubulure permettant - de le vider, afin que le tube soit toujours mouillé sous la partie utile. M. Limb a apporté plusieurs perfec- tionnements à la méthode de Gauss pour la mesure du moment magnétique. Pour MH, au lieu de faire osciller dans le champ terrestre, il a préféré équilibrer le couple par la torsion d'un fil d'argent. Le coefficient de torsion de ce fil a fait l’objet d’une importante étude particulière, On suspend au fil une masse de moment d'inertie connu par rapport au fil et on en mesure ensuite la durée d'oscillation. Une difficulté. se présente : le coefficient cherché prend des valeurs \ différentes suivant la nature et les dimensions de la, masse cylindrique suspendue, Cela tient au défaut inévitable de centrage de la tige de suspension, Mais l’auteur à pris soin d'adopter pour les cylindres des dimensions relatives, telles que l'inclinaison de l'axe de révolution sur celui d’oscillation soit sans influence, La mesure de = a été effectuée en prenant trois dis: tances. Le magnétomètre est formé de deux petils. aimants en U dont les pôles de même nom sont en. regard, et dont l’ensemble fonctionne comme un aimant rectiligne., L'amortisseur est un cylindre en, cuivre électrolytique. La détermination du méridien. magnétique a élé effectuée en prenant une seconde bobine tournée avec le même soin que l’autre, On la, dispose sensiblement dans Je plan du méridien, et on ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES 931 ève le réglage par tàätonnements successifs jusqu'à “que, en lancant un courant, on n'obtienne plus Aucune déviation. Les expériences de M. £imb ont Morté sur l'étalon Latimer-Clark, le Gouy et le Daniell, modèle Fleming. Tous ces étalons out élé mesurés fans la glace fondante, Le Gouy et le Clark apparais- nt comme bien supérieurs au Daniell. Le Gouy est s robuste. Lorsqu'il a élé malmené, il suffit de le sser reposer; le lendemain, il est revenu à son nombre primitif. Le Clark est d'une remarquable “éoustance. Les variations ne sont que de l’ordre a M. Limb adopte définitivement les valeurs vantes : pour le Clark, 1 volt 4535; pour le Gouy, volt 3928 ; pour le Daniell avec un cuivre récemment ré, 1 volt 0943. Dans ces trois nombres, la qua- ème décimale doit être considérée comme douleuse, Le Daniell est à rejeter pour des mesures absolues, Mais cependant, en le faisant lravailler sur une résis- nee. il offre une grande constance. — M. A. Broca Vréalisé de curieuses expériences sur l’étincelle élec- ique. Il les reproduit devant la Société et en déve- “loppe la portée. On sait que, si un circuit est suscep- ible de donner des étincelles, la longueur de l’étincellle est plus grande quand le circuit est relié au sol que lorsqu'il est isolé. Ce phénomène est connu sous le “nom d'étincelle latérale. Il est singulier de voir Le po- lentiel augmenter dans ces conditions. M. Broca en a recherché la cause. Il excite unipolairement de longs ubes à vide, analogues à ceux de Tesla, et compare, Ce qui se passe lorsque l’étincelle jaillit entre les bornes de la bobine, ou lorsqu'elle n’a pas lieu. Les tubes sont plus brillants dans le premier cas, par uite le potentiel maximum devient plus élevé quand 'étincelle jaillit. L'étude électrométrique montre, “l'autre part, que le carré du potentiel moyen est infé- Tieur à celui du train d'onde qui existerait S'il n'y avait as d’étincelle. De là résulte que, quand létincelle aillit, il doit se produire dans le circuit des oscilla- lions de période plus courte que celles du circuit énérateur, et d’ailleurs très rapidement amorties. La motion de période d'un cireuit n'est donc pas aussi simple qu'on pourrait le croire. L'état vibratoire d’un circuit ne semble pas unique. Il peut s'y propager des ondes plus rapides. L'auteur a cherché ensuile com- Ment ces ondes peuvent se produire. Il opère avec une bobine cloisonnée de Foucault, et met Ie tube en ‘communication unipolaire successivement avec les “Iranches successives du circuit secondaire de cette “hobine. Quand il n'y à pas d’étincelle. l'illuminalion “lu tube diminue de la première à la dernière borne. “Lorsqu'il y a étincelle, c’est au contraire la borne la plus éloignée qui donne le plus de lumière. Lorsque … l'étincelle jaillit, c'est donc bien, à partir de cette étincelle mème que se propagent les oscillations, et elles vont en s’amortissant. Si l’étincelle n'est plus disruptive, elle ne peut plus être le siège de cette illumination rapide ; aussi, quand on produit un véri- table are stable, le tube en communication unipolaire cesse d'être lumineux. Lorsqu'on interpose dans larc un diélectrique, un carton, l’étincelle redevient dis- ruptive, et le tube prend un éelat très considérable “ chaque fois que le carton est percé. En variant les excitateurs, et prenant des excitateurs à pétrole et à “divers liquides, on obtient toujours des phénomènes du même genre. L'auteur a ensuite recherché si les oscillations actuelles offrent quelques-uns des carac- P lères des oscillations de haute fréquence. Comme pour les tubes de Tesla, en touchant à la main le tube en son milieu, on voit qu'une partie notable de la lumière se propage jusqu'au fond du tube, et que, si on supprime les étincelles, la main diminue beaucoup plus l'illumination. Si on monte un dispositif analogue à celui de Hertz, en attachant des fils aux deux côtés de l'étincelle, ces fils se couvrent d'aigrettes lumi- “neuses sur une longueur considérable. Cette illumi- nation n'a plus lieu quand les étincelles ne jaillissent pas. Ces aigrettes présentent une série de nœuds et de ventres espacés de 5 à 6°%, Puis on peut arriver à les dévier. On a donc dans ces fils des oscillations de haute fréquence, mais le toucher suffit pour montrer qu'on n'a pas que celles-là. Au contraire, on obtient des oscillations rapides bien épurées en placant un fil entre deux étincelles, à l'exemple de Lodge, qui place une sphère entre les deux pôles d'une bobine. Ce fil se couvre complètement d'aigrettes. On peut le tou- cher impunément, On peut alors prendre dans l’autre main un tube de Tesla : on le voit s’illuminer. De toutes ces expériences résulte que l'étincelle est le siège d’oscillations rapides. L’éther doit jouer un rôle prépondérant. En effet, contrairement aux idées recues, le vide absolu peut être traversé par l'électricité. M. Broca est parvenu à produire dans un tube de Hittorf des rayons cathodiques, puis à faire jaillir une véritable étincelle entre les deux électrodes. M. Broca émet alors L hypothèse que lors du passage d’une étin- celle, l’éther, écarté brusquement de sa position d'équilibre, y revient par des oscillations rapides et ce sont elles qui se-propagent le long des fils. Le A entre en vacances jusqu'au mois d’oc- opre, Edgard HaAvnté. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES La Société a recu récemment les communicalions suivantes : MM. Horace T. Brown F.R.S. et G. Harris Mor- ris ont repris les travaux de C, J. Lintner sur liso- maltose. D’après leurs recherches, l’isomallose dccrite par Lintner n'est pas un corps parfaitement défin! : car on peut, par des moyens spéciaux (distillation fractionnée ou séparation par les ferments) arriver à en isoler un mélange de substances diverses à pouvoir rotaloire dextrogyre, Ces substances appartiennent à la classe des corps amylacés.De plus, l’isomaltososazone dé Lintner ne semble pas être un corps chimiquement pur, mais bien une substance formée par l'action de la phénylhydrazine sur les différents composés constituant son isomaltose. — MM. Arthur R. Linge et Julian L. Baker ont étudié l’action de la diastase sur l’ami- don et cherché à établir la constitution chimique de l'isomaltose de Lintner. Pour eux l'isomaltose de Lintner est simplement formée d'un mélange de mal- tose et de dextrine C2H10010, II n’y a pas formation de glucose dans les produits résultant de laction de la diastase sur l’amidon lorsque la diastase est retirée du malt légèrement desséché. Celte mème diastase est également sans action sur la maltose. En partant d'une diastase provenant d'un malt séché au four à 70°, les auteurs ont pu préparer un corps qui à pour compo- silion CISHMO!(AZHPh?), qu'ils regardent comme un dérivé de l'hexatriose. — MM. James Walker el F. J. Hambly ont pu régénérer du cyanate d’ammo- nium en partant de l’urée obtenue elle-même en par- {ant du cyanate. Cette transformalion suit les lois relatives aux réactions bimoléculaires. Ceci s'explique par le fait que le cyanate d'ammonium est complète- ment dissocié en ions ammonium ef en ions cyaniques. __M. J.H. Fenton s’est également occupé de la trans- formation du cyanate d’ammonium en urée. Il a déjà démontré que l’urée, traitée à froid par l'hypochlorite de soude en présence de soude caustique liquide, ne cède plus que la moitié de son azote; l’autre moilié de l'azote reste sous forme de cyanate qui ne fournit plus d'azote avec l’hypochlorite ou l'hypobromite. Ceci per- met à l’auteur d'établir une formule d’après laquelle on peut, connaissant le volume d’azote fourni par Vac- tion de l’hypobromite sur un mélange de cyanate et d'urée, caleuler la quantité exacte de cyanate translor- mée en urée. —————_—]————— ——"…— ———]—"——]— CORRES PONDANCE CORRESPONDANCE SUR UN PARALLÈLE ÉTABLI ENTRE Nous avons déjà appelé attention des lecteurs de la Revue sur la nécessité de bien définir l'unité par laquelle on exprime généralement Ja consomma- tion des machines à vapeur, c'est-à-dire le kiloyramme de vapeur par cheval-heure. Ce n’est pas de l'eau que consomme la machine, ce sont des calories. I faudrait donc, une fois pour toutes, dire combien de calories où entend représenter par un kilogramme de vapeur ; ou mieux, il faudrait exprimer la consommation en calories par cheval-heure, Mais cette dernière manière s’écarterait trop des habitudes, et nous en revenons à notre proposition de prendre pour unité une consom- mation de 655,062 calories et de l'appeler kilogramimne de vapeur, parceque ce nombre représente la cha- leur totale du kilogramme de vapeur saturée à 6 at- mosphères de pression, Lu nécessité de définir complètement l'unité de con- sommation saute aux yeux lorsqu'il s’agit d’une ma- chine fonctionnant à très haute pression et surtout à vapeur surchauffée, L'exemple puisé dans ce que l’on dit de la marche économique de la machine Schmidt à cet égard est: frappant. M. Schræter, l’un des plus savants et des plus habiles expérimentateurs de ce jour, trouve qu'un moteur Schmidt de 60 chevaux a consommé effectivement 4 kg. 55 de vapeur par cheval- heure ; et certes on n'élait Jamais descendu à ce chiffre loin de là. La machine Allis, de Millwaukee,qui passait pour détenir le record de consommation, dépense 5 kg, 459 de vapeur; elle paraît donc singulièrement distancée, Or ce qui parait n’est pas; on le voit elaire- ment lorsque, au lieu d'exprimer la consommation en kilogrammes de vapeur, on Pexprime en calories, Eu effet, pour la machine Allis. les 5 kg, 159 de va- peur représente nt chacun 655 cal. 062 la consomma- tion est donc de : 5,199 x 659,062 — 3319 calories par cheval-heure. Mais la vapeur, dont la ma- te Schmidt a consommé # kg. 55 par cheval-heure, était à la pression de 11 kg. 9 par en bite carré el surchauflée de la température de saturation 185°,7 cor- respondante, jusqu à la température de 357%, La cha- leur totale du kilogramme de cette vapeur se compose donc de deux parties : lune, la chaleur du RIRE de vapeur saturée ou 663, 42 cal.; ; et l'aufre, la-chaleur de surchauffe 0,485 (357 — 18: 7) — — 83 cal. 08. (Nous admettons,avec la plupart des auteurs,le chiffre 0,485 pour représenter la chaleur spcuique moyenne à pression constante de la vapeur.) La chaleur totale du kg. de vapeur surchauffée est donc de : 663,42 83,08 — T4Gcal,5 ; et la consommation de la machine Schmidt est de 4,05 x 146,5 — 3397 calories par cheval-heure, soit de 48 calories où d'un demi pour cent plus élevée que celle de la machine Allis. Certes la différence est petite ; elle tombe dans les limites des erreurs d'expérience et des données numé riques, el il n’y a aucune supériorité marquée ni pour l'une ni pour l'autre; mais ces machines diffèrent beau- coup. Celle d'Alis ne présente aucune nouveauté sail- lante, rien qui n'ait été depuis longtemps mis à lé- preuve ; elle est simplement bien concue, bien proportionnée, bien exécutée : elle présente tous les EE ROnEoNte possibles dans ses détails. Celle de Schmidt, au contraire, sort de l'ordinaire ; elle est Paris. — Imprimerie F, Levé, rue Cassette, 17 LES MACHINES Mais le rendement du cycle ALLIS ET SCHMIDT. sujelle à des aléas sur lesquels l'expérience seule ren seignera sûrement; lehaut degré de surchauffe, malgré les | précautions si ingénieuses qui ont été prises, peut devenir une source d'inconvénients non encore prévus Notre appréciation, le lecteur le verra, diffère d celle de M. A. Witz (pages 613 et suiv.). Mais nous sommes d'accord sur les conclusions que ce savant & développées à la fin de son mémoire, lorsqu'il attribue l’économie de la machine Schmidt aux mêmes causes générales que © elle des machines à gaz. Voici quelques chiffres à l’appui : La machine Allis fonctionne à une pression de95,5 kilog. par mètre carré. La LPRRAE centigrade de saturation correspondante est de 176°.9 et la tempé rature absolue, 1760,9 + 2720,9 — 449 8. La tempéra= ture de l’eau froide de Conlcosion est supposée de 15° C ou 287°,9 abs, Le rendement du cycle de Carno serait donc de : 449,8 — 287.9 0.360 = uit 449,8 ; Or, le rendement thermique tolal, c'est-à-dire le rap= port de la chaleur qui a fourni un cheval-heure, soit 270.000 RARE | rioset ,Soit3.379 cal est égal à : cal, à la chaleur totale dépensée el 0.000 — 0,188. 2515 3379 0 Il en résulte que le degré de perfection du cycle réel, comparé à celui de la machine parfaite de Carnot, est exprimé par le rapport : 0,188 ——— = 0.522. 0,360 Pour la machine Schmidt, le rendement thermique total est à fort peu près le mème : 270.000 = QABT, 425 x 3.397 de Carnot serait tout dif= férent, Prenant encore 15° pour la température de l'eau de condensation, la chute de température est de 3970 — 159 — 3420, EL la température absolue la plus élevée : 357° + 2:3° — 630°, Le rendement du cycle parfait serait dont: de : 312 A0: 630 *S Le degré de perfection du cycle réel se chiffre done par : 0,187 —— = 0,344, 0,543 au lieu de 0,522, C’est donc à la haute température d'admission que l’économie du moteur Schmidt est due, tandis que c’est à la perfection du cycle, et à l haute pression, qu'est due celle de la machine Allis Ira-t-on plus haut dans la première ? Reste-til encore beaucoup à perfectionner dans la seconde? Il y a tout lieu, de croire que l'on est à peu près arrivé au terme de part et d'autre. $ V. Dwecsnauvers-Deny, Professeur de Mécanique appiqt à l'Université de Liège. Le Directeur-Gérant : Louis Ouvren DES QU OC RE Kw: SERV N° 18 30 SEPTEMBRE 1895 REVUE GÉNÉRALE SCIENCE PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER lu … Ce n'est pas aux lecteurs de la Revue générale des “Sriences qu'il est nécessaire de démontrer l’impor- tance toujours croissante de la bibliographie, sans 4 il n’est pas possible de faire un travail “Scientifique sérieux. On ne se contente plus main- “ienant de citations de seconde main : on veut, el on sans raison, l'indication des mémoires origi- On sait égalemént combien ces recherches sont longues, combien souvent il est difficile de retrou- er un livre, un article dont on connait l'existence; les difficultés se multiplient lorsque l’on veut faire la bibliographie complète d'un sujet déterminé, étant donné que ce sujet a été traité, toujours peut-on dire, par des savants de nationalités di- verses el souvent à des époques très différentes. Aussi serait-il d'une utilité incontestable et gé- nérale qu il pût être créé une Bibliographie univer- selle et internationale. Les services qu'elle rendrait seraient énormes et justifieraient les dépenses qui pourraient être failes pour la réaliser, dépenses qui seraient certainement considérables. Mais, indépendamment de la difficulté de ré- _soudre cette question de la dépense, on peut se . demander si un pareil travail est pratiquement réalisable, si, par suite du nombre énorme de «livres, de mémoires, d'articles qui ont été publiés jusqu'à présent et qui se publient journellement, on nerencontrerait pas de difficultés de classement et «A installation quirendraient le travail irréalisable. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. £ % | d'établir, entre toutes les LES TRAVAUX DE LA CONFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE DE BRUXELLES Ce sont ces dernières questions qui ont été trai- lées spécialement à la Conférence Bibliographique Internationale réunie à Bruxelles au commence- ment de septembre 1895 et dont la conclusion générale a élé que ce vaste projet était pratique- ment possible. La question qui, comme on le verra, peut, dès à présent, intéresser directement {ous les savants, nous parait assez importante pour que nous croyions devoir donner un résumé des points qui ont été traités dans cette Conférence. I La question capitale consiste évidemment dans la classification à adopter : l’ordre alphabétique, utile dans certains cas, ne saurait être adopté dès qu'il s’agit de matériaux très nombreux et se rap- portant à des sujets de nature très variée. Il im- porte absolument d'avoir un classement métho- dique. Le principe en est aisé à concevoir : il s'agit connaissances dans le cas actuel, une première division en un certain nombre de parties, en embranchements, dirons- nous par analogie avec les termes employés en Zoologie, chacune de ces parties étant caractérisée par un signe spécial; de même on établira des divisions dans chaque embranchement et l’on for- mera des classes dont chacune sera représentée par un signe déterminé; puis, dans de nouvelies subdi- 18 831 C.-M. GARIEL — TRAVAUX DE LA CONFÉRENCE PRURT LR BIBLIOGRAPHIQUE DE BRUXELLES visions, dans des ordres, seront réparties les ma- tières de chaque classe et, de même, un signe sera affecté à chaque ordre; el ainsi de suite, s'il est nécessaire. On comprend alors qu'un sujet déter- miné rentrera dans une certaine subdivision qui sera caractérisée par un pelit nombre de signes. Dans une classification vraiment rationnelle, qui serait basée sur les relations vérilables qui existent entre les divers sujets, ces divisions et subdivisions n'auraient rien d'arbitraire et s'imposeraient abso- lument. Une semblable classification peut-elle exister maintenant, pourra-t-elle exister Jamais ? Il est possible d'en douter, car elle exigerait la connaissance absolue des relations qui existent entre les diverses sciences, entre les parties des diverses sciences. Ce qui est certain, c'est que pour la première division, pour la classification des sciences, pour ce que nous avons appelé les em- branchements, des systèmes divers ont été pro- posés, systèmes intéressants el ingénieux, mais dont aucun n’a été adopté d’une manière générale, M. Melvil Dewey qui, certainement, à vu ces difficultés, qui, d'autre part, s'est rendu compte de l'embarras que présenterait l'emploi de signes divers affectés à chaque classe de subdivisions, a eu l’idée, que l'on à qualifiée de géniale, d’appli- quer purement el simplement le système de la numération décimale, Il à divisé l’ensemble des connaissances humaines en 10 embranchéements, numérotés de 0 à 9; chaque embranchement a été divisé de même en 10 classes, également numé- rotés de 0 à 9 el ainsi de suite. De telle sorte qu'une subdivision quelconque est représentée par un nombre comprenant plus ou moins de chiffres, suivant qu'il s'agit d'ure subdivision plus ou moins limitée. Voici, par exemple, comment il a établi la pre- mière division, avec les chiffres correspondants : 0. Ouvrages généraux. 1. Philosophie. 2, Religion. 3. Sociologie. 4. Philologie. 5. Sciences, 6. Sciences appliquées. 1. Beaux-Arts. 8. Littérature. 9. Histoire. Considérons les sciences, caractérisées par le chiffre 5; elles ont été subdivisées ainsi qu'il suil : . Sciences en général. Mathématiques, . Astronomie, . Physique. . Chimie. 5. Géologie. 50. 67. DS. 5 99! Paléontologie. Biologie. LR. Botanique. il Zoologie. Prenons maintenant une science spéciale, Je Physique, par exemple : elle est subdivisée de 1 manière suivan(e : 531. Mécanique. 532. Liquide. Hydrostatique. 033. Gaz. Pneumatique. 534. Son. Acoustique. Lumière, Optique. Chaleur. 537. Électricité, 538, Magnétisme. 539. Physique moléculaire. 5939: D30. Et ainsi de suite ; on comprend que chacune de ces divisions pourra elle-même se subdiviser en 10 branches, dont chacune sera caractérisée par un nombre de 4 chiffres. | On voitque, à la condition, bien entendu, d'avon une table de référence, on pourra toujours, étan donné un nombre quelconque, savoir à quel ordre de questions il se rapporte. Inversement, pour trouver le nombre qui correspond à un ‘sujet dé- terminé, il faut avoir un dictionnaire de référence dans lequel, en face du mot caractérisant le sujet, on trouve le nombre correspondant. Il y a quelque chose de fächeux dans celle néces-« sité absolue de devoir recourir à cette table de ré- férence et à ce dictionnaire. L'idéal serait que la méthode de classification fût telle qu'il y eût une relalion obligée entre le sujet et le nombre cor- respondant, de telle sorte que la connaissance de l'un conduisit nécessairement à la connaissance de l’autre. Ce serait le propre d'une classification na- turelle; nous avons dit qu'elle semble impossiblem actuellement, il faut donc accepter une celassifica- tion artificielle avec ses inconvénients. La méthode décimale s'applique immédiatement lorsqu'on peut diviser une classe quelconque en 10 subdivisions; mais il n’en est pas loujours: ainsi, Comment opère-t-on dans ce cas? Il n'y a aucune difliculté si le nombre de divi- sions est inférieur à 10: on les numérote dans l'ordre adopté et il reste seulement des chiffres non employés, ce qui est sans inconvénient. Mais il n’en est pas de même quand le nombre des subdivisions est supérieur à 10. Prenons, par, exemple, l’histoire de l'Europe qui correspond au nombre 9%. Le nombre 940 sera affecté à l'histoire de l'Eu- rope en général (le signe 0 correspond toujours aux généralités); on affectera les chiffres de 1 à 8 qui doivent suivre les caractéristiques 94aux prin- cipaux pays el groupes de pays comme suit : 1 RE Che el” + Le RE NT ct ue . 941. Écosse, Irlande. 942. Angleterre, Pays de Galle, 943. Allemagne. Autriche. 944- France. 945. Italie. 946. Espagne. Portugal, 947. Russie. 948. Norvège. Suède, Danemark. l’on classera, sous un même numéro 949, tous les autres pays qui seront distingués les uns des dutres par un 4° chiffre; on aurait par exemple : 9491. 9492. 9493. Zélande, Hollande, Belgique, etc. On voit que ce procédé peut s'appliquer à lous “les cas et qu'il permet une classification qu'on peut étendre à la volonté, puisque rien ne limite nombre des chiffres que l’on emploie. L'expérience d’ailleurs a prononcé : la méthode » s'est étendue progressivement. leurs s’en rendre comple, au moins pour un sujet “restreint. MM. Lafontaine et Ollet ont, en effet, ““raphie dessciences sociologiques, etnousavons pu “constater combien les recherches y étaient faciles. Nous ajouterons que nous avons donné le prin- cipe de la méthode de la classification décimale, ans vouloir entrer dans certains détails d’applica- Lion qui nous auraient entrainé trop loin, mais qui Sont cependant importants. C'est ainsi que, par “exemple, on peut retrouver, sur un sujel déter- “miné, tout ce qui se rapporte à celle question dans un pays donné. On conçoit que c’est là un avantage qui n'est pas à négliger. II …—_ La méthode de M. Melvil Dewey est ingénieuse, On le voit, et on comprend par l'exposé que nous en avons fait qu'elle puisse êlre utilisée pratiquement. “Ajoutons qu'elle présente le grand avantage que es symboles employés sont connus de tous et uti- isés dans tous les pays; elle a donc un caractère international qui présente une grande importance fau point de vue du but que l’on se propose d’al- leindre. « Mais il faut reconnailre qu'elle n’est pas à l'abri -de toute critique. La première, celle qui avait frappé le plus vive- “ment cerlains des membres de la Conférence, por- ait non sur le principe, mais sur la manière dont il avait été appliqué. On trouvait que les subdivi- “sions avaient été mal choisies, qu'elles semblaient REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, Les membres de la Conférence ont pu d'ail- faites, sur certains points au moins, par des per- sonnes connaissant mal les sciences correspon- dantes et qui avaient élabli des PE par trop arbitraires. D'autre part, l'impossibilité d'obtente toujours dix subdivisions établit un manque d’homogénéilé dans la représentation numérique. 11 y a quelque chose d'un peu chaquant à ce que l’histoire d’un pays d'Europe soit représenté tantôt par un nombre de trois chiffres, tantôt par un nombre de quatre chiffres : 944 s’il s’agit de Ja France, 9493 s’il s’agit de la Belgique. Il serait plus salisfaisant pour l'esprit que des sujets de même ordre fussent représentés par des symboles de même forme. Aussi, certains membres de la Conférence étaient arrivés avec la pensée de demander l’adoption du principe de ia classification décimale, en insistant sur la nécessité d'abandonner les subdivisions éta- blies et de les remplacer par d’autres, choisies d’une manière plus rationnelle, et dont l’indica- lion serait demandée à des Commissions choisies de manière à présenter une compétence spéciale et absolue dans chaque ordre de connaissances. Mais, si ces idées furent indiquées, elles ne furent pas défendues, et, à l'unanimité, la Confé- rence vola l’adoption de la classification décimale avec les divisions actuellement existantes. La raison qui décida ce vote unanime est que, seule, cette classificalion permet d'espérer qu’on arrivera sur ce point à une entente internationale unanime. IL faut dire, en effet, que, si cette classification est encore peu connue en Europe, elle est déjà appliquée depuis dix-sept ans en Amérique, dans un grand nombre de bibliothèques; qu'il existe une table de référence comprenant environ 10.000 têtes de chapitres et un dictionnaire com- prenant 22.000 mots. D'autre part, une bibliographie des sciences so- ciologiques a élé établie en Belgique et ne com- prend pas moins de 400.000 articles. Il est impossible de ne pas tenir compte de ces faits. On ne peut espérer que si, en Europe, où il n'existe rien de fait dans cet ordre d'idées (sauf en Belgique, comme nous venons de le dire), on propose de changer quelque chose à la classifica- tion Dewey, on soit suivi par les Ainéricains qui auraient à refaire sur de nouvelles bases le travail considérable qu'ils ont déjà accompli. Si l’on veut arriver à une entente internationale, il faut, de toute nécessité, accepter ce qui existe déjà, étant donné que, si elle n'est pas sans défaut, la mé- thode de classification décimale de M. Melvil Dewey est d’une application pratique, comme le montre son emploi depuis dix-sept ans. 1" 836 C.-M. GARIEL — TRAVAUX DE LA CONFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE DE BRUXELLES Ds “hi Hs +, 1 AA Ye MR A 2 C'est en se plaçant à ce point de vue que la Conférence bibliographique a voté les deux propo- silions suivantes : T. La Conférence considère la classification décimule comme donnant des résultats pleinement satisfaisants au point de vue pratique et international. IT. La Conférence constate les applications conside- rables déja fuites de la classification Dewey el recom- mande son adoption intégrale, en vue de favoriser à bref délai une entente internahionale. Il convient d'ajouter, el cette indication a con- tribué à faire émettre le vote des conclusions pré- cédentes, que, indépendamment des bibliothèques où la classification décimale est déjà appliquée, on sait que la Société zoologique de France a décidé d'adopter ce système pour une bibliographie spé- ciale qu'elle se propose de faire; que la bibliogra- phie géologique dont s'occupe M. Mourlon sera également classée suivant la méthode de M. De- wey. Ce ne sont là, il est vrai, que- des projets, mais il y avait évidemment lieu d'en lenir grand compte. Le Congrès de Bibliographie des Sciences ma- thématiques de 1889 a adopté, pour la Bibliogra- phie actuellement en cours de publication, une classification méthodique: cette classification nous parait sur cerlains points meilleure que celle de M. Dewey; elle nous semble plus rationnelle. On ne pouvait cependant songer à la mettre en com- paraison avec celle dernière; outre qu'elle est spéciale et que son extension à l’ensemble des connaissances humaines ne parait pas pouvoir se faire aisément, elle emploie comme symbole, non seulement des chiffres, mais encore des lettres ro- maines et grecques, et c'est là un inconvénient réel au point de vue de l’internationalité. Il est à craindre que les mathématiciens ne re- noncent point au système qu'ils ont adopté: c'est fâächeux; mais, en somme, il suffira d'établir un tableau de concordance entre les symboles des mathématiciens et ceux correspondant à la classe 51 de la classification de M. Dewey. Il Le principe adopté, la conférence s'est occupée du mode de réalisation pratique du Répertoire de Bibliographie universelle, et voici les conclusions générales de la discussion. Le soin de faire ce Répertoire el de le maintenir au courant serait confié à un Office internalional de Bibliographie qui serait subventionné par toutes les nations civilisées. L'organisation de cet Office ne peut êlre que le résultat d'une entente diploma- tique, et la Conférence a émis le vœu que le gou- vernement belge s'adressäl aux autres gouverne- ments pour oblenir la réunion d’une Conférence internationale, qui étudierait les condilions dans lesquelles ce nouvel organe serait créé. Il existe des exemples d’une entente analogue dans d’autres: as, et on peut espérer, vu l'intérêt capital ques présenterail la publication d’un Répertoire biblioæ graphique universel que, dans un délai plus ous moins long, il pourra intervenir une solution fa vorable. : L'Office international de Bibliographie aurait à faire le recolement de tous les ouvrages parus jus-A qu'à ce jour; il utiliserait, dans ce but, tous les cu talogues, toutes les oo nans bee ou spéciales, qui sont des documents permettant ae) faire la bibliographie complète, et il les classerails d’après le système Dewey. Il y aurait là un travail L de longue haleine, cela est certain; mais il est évident qu'il est LL de le mener à bonne fin. Il va sans dire qué, dans laréalisalion matérielle, on abandonnera entièrement la publication de ca- talogues en volumes; il est inutile d'insister sur les inconvénients de ce système, qui ne permet pas les intercalations el qui, dès ls rend les re- cherches longues et difliciles, pour ne pas dires impossibles, dès que le nombre des volumes est un peu considérable, et il le sera nécessairement, fût-ce que par les publicalions qu'il conviendra faire chaque année. Le Répertoire serait formé a des fiches dont chacune correspondrail à un ou- vrage où à un article et qui seraient rangées d'après leur ordre numérique de la classifica- tion décimale. Ces fiches, dont les dimensions et la disposition seraientdéterminées d’une manière uniforme, seraient imprimées de manière à pou- voir être ee soit en lotalilé, soil pour une partie se rapportant à une ou Ron branches: il y aurait là un avantage très réel pour les biblio- thèques générales ou spéciales, mais nous ne pouvons insister sur ces détails. L'Office international de Bibliographie aurait, d'autre part, à enregistrer de la même façon, Pen entendu, tous les ouvrages, et mème tous 1e ar- Licles de revue, au fur et à mesure de leur publi- “uion. À cet effet, il recevrait Lous les ouvrages. parus, soit qu'ils soient fournis par le dépôl légal, dans les pays où celui-ci existe, soil qu'ils soient acquis à prix d'argent ou de toute autre façon; mais il faudra absolument, el ce ne sera pas la difficulté la plus facile à résoudre, croyons-nous, que toutes les publications, sans os par- viennent à l'Office international. Telest le plan général : la Conférence n'a pu aller plus loin dans celle voie. L'œuvre est consi- dérable, elle exigera de grandes ressources et ne pourra être réalisée que par une entente des gou- vernements, , C.-M. GARIEL — TRAVAUX DE LA CONFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE DE BRUXELLES 837 Mais, en attendant cette réalisation, bien des questions peuvent être étudiées, discutées, qui - trouveront leur application lors de la création de } l'Office international de Bibliographie. Dans le - but de permettre celte étude, la conférence a … décidé la fondation d’un Znslitut inlernational de … Bibliographie, dont peuvent faire partie toutes les personnes qui s'occupent de bibliographie “ ou de bibliothéconomie, et qui se réunira, tous … les ans, en congrès. La Conférence a pensé, — d'ailleurs, que cet Institut, composé de personnes Spéciales, compétentes, serail tout indiqué pour “établir les règles générales de fonctionnement de _ l'Office international, et pour indiquer les modifi- cations qui seraient rendues nécessaires. Ces deux … organes, dont l’un est libre, et dont l’autre serait inter-gouvernemental, seront, en réalité, absolu- - ment indépendants l'un de l’autre. Mais, naturelle- - ment, l'Office, organe de réalisation matérielle, aura tout intérêt à utiliser les indications fournies par l’Instilut. IV IL importe de faciliter, dès à présent, le travail futur de l'Office international, c'est-à-dire de lui préparer la besogne, si l’on veut nous passer celle expression. Aussi est-il à désirer que, sans tarder, toutes les bibliographies qui seront publiées, tous les catalogues qui seront édilés adoptent la classi- ficalion décimale. Il n’y a pas de diflicullé réelle, à proprement parler, car, au besoin, si l’on ne veut changer l’ordre - dans lequel figurent les ouvrages, il suffit de mettre en face de l'indication de chacun d’eux le nombre correspondant de la classification décimale, ce qui est facile par l'emploi du dictionnaire spécial dont nous avons parlé : il y a là seulement une légère perte de temps pour la recherche de ce nombre. Il est vrai que le dictionnaire, actuellement, existe seulement en anglais; mais, par les soins de l'Ins- titut international de Bibliographie, des éditions en français, en allemand et en italien paraïitront successivement. Il serait même intéressant que le nombre de la classification figuràt sur le Lilre de ouvrage même. Il y a là une habitude qu'il parait facile d’adopter, mais il serait bon quil y eût quelque uniformité dans la manière dont ce symbole numérique serait présenté, sur sa place, ele. Il semble que cette queslion pourrait être mise à l’ordre du jour du prochain Congrès de l’Institut international de Bibliographie. Comme nous l'avons dit, le Répertoire universel de Bibliographie devra contenir aussi l'indication de tous les articles de revue : il convient donc de prendre dès à présent pour ceux-ci la même règle que pour les ouvrages : il faut que, dans les tables ou les sommaires des journaux ou des revues, l’in- dicalion de chaque article comprenne le symbole correspondant de la classification déeimaie; mieux encore, il faut que ce symbole figure dans le titre même de chaque article. Il n’y a à cela aucune dif- ficulté : le Bullelin de la Société mathématique de France et les Comptes Rendus de l'Association française pour l'Avancement des Sciences insèrent, pour chaque article, le symbole de la classification adoptée par les mathématiciens et, sans doute, dès celte année la dernière publication donnera, pour chaque article, le symbole de la classification Dewey !. Nous croyons savoir également que, dans les fiches de la Bibliographie scientifique qu’il a fondée et qu'il dirige, M. le D' Marcel Baudouin donnera également celte indication. Nous espérons que ces exemples seront suivis et que la plupart des journaux scientifiques, recon- naissant l'importance de cette disposition, consen- üront à l’adopter, malgré la petite complication qu’elle entraine. ÿ Abordant le côté absolument pratique, nous ne voyons aucune difficulté à ce que l'auteur d’un livre indique le symbole numérique correspondant au sujet qu'il a traité : il pourra toujours avoir la possibilité de se renseigner pendant qu'il écrira le manuscrit ou pendant qu'il s’occupera de l’impres- sion. Mais il n’en sera pas toujours ainsi dans le cas d'articles de journaux ou de revues. Ces articles, dont souvent l’actualilé est un élément essentiel, sont fréquemment écrits au courant de la plume et l’auteur peut n'avoir ni le temps ni même la possi- bilité de faire les recherches nécessaires pour déterminer le symbole numérique correspondant au sujet qu’il traite. Dans ce cas, ce sera le secré- taire de la rédaction qui aura à faire celte déter- mination, si le symbole est placé en regard du titre de l’article; ce sera la personne chargée de la con- fection de la table, si les symboles numériques figurent seulement dans celle-ci. Dans ces conditions, des erreurs sont à craindre. car souvent la personne qui aura à déterminer le symbole n'aura aucune compétence relativement au sujet traité; lors même qu’elle sera compétente, il arrivera fréquemment qu'elle n’aura pas le temps de lire l’article ou le mémoire et qu’elle devra se décider d’après le titre seul. Que d’erreurs n’en résultera-t-il pas! car nombre de titres sont mal 1 Cette disposition serait certainement adoptée si l'impres- sion n’était déjà commencée; on peut espérer cependant qu'elle pourra figurer, sinon en face de chaque article, au moins à la table des matières. 838 C.-M. GARIEL — TRAVAUX DE LA CONFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE DE BRUXELLES choisis, sont trop longs, ne mettent pas nettement en évidence le sujet traité effectivement. Ce qu'il faudrait, c’est que l’auteur ait constitué le titre de son article ou de son mémoire de manière que les points essentiels ressorlissent immédiatement; dès lors, la détermination du symbole se ferait sans erreur possible, en recou- rant au dictionnaire de référence dont nous avons signalé l'existence et l'emploi. Au congrès tenu à Bordeaux par l'Association française pour l’Avancement des Sciences, celte question avait élé traitée, après qu'une commis- sion spéciale eût fait un. Rapport qui servit de base à la discussion. Le but à atteindre n’était pas de préparer le travail du Répertoire de Bibliogra- phie universelle, la question avait été jugée trop vaste pour un congrès national et n'avait pas élé posée. Mais le procédé recommandé au congrès de: Bordeaux donne précisément une solution à la diflicullé que nous indiquions tout à l'heure. Nous n’insisterons pas sur la première proposi- tion adoptée à Bordeaux, quoiqu'elle corresponde à une réforme nécessaire. Dans cette proposition, le congrès de Bordeaux recommandait de simpli- lier les titres, en supprimant les mots vagues et généraux, et de les préciser en indiquant le plus brièvement possible le sujet traité. Ce sont là des remarques générales dont l'utilité est incontes- table. C’est surtout la seconde proposition qui doit nous intéresser ici : le congrès de Bordeaux demandait que, à l'avenir, dans tous les titres d'articles ou de mémoires, le mot important, celui qui représente le sujet essentiel, soit indiqué par un signe spécial dans le texle imprimé. Après discussion, il a été reconnu que le procédé le plus simple consisie à souliguer par un trait ce mot essentiel; c'est une petite complication au point de vue de l'impression, mais ce n’est pas une diffi- culté. Il va sans dire que c’est l’auteur lui-même qui,sur son manuscrit, indique le mot quidoitêtre souligné ; nul mieux que lui ne peut savoir à quel point de vue il s’est placé dans son travail el quel est le mot qui caractérise le mieux ce point de vue. Dans ces conditions, la détermination du sym- bole numérique devient presque mécanique; elle n'exige aucune connaissance spéciale, elle se fait simplement par une recherche dans le diction- naire de référence. à Comme il est possible que le travail corresponde à plusieurs idées, il va sans dire que plusieurs mots peuver être soulignés, ce qui montre immé- dialement que plusieurs symboles doivent être appliqués à ce travail. Le Congrès de Bordeaux est même alle plus loin ; il à admis que, parmi plusieurs mots signalés, il pouvait s’en trouver qui n'avaient pas la même importance. Aussi a-l-il recommandé la disposi- … tion suivante : À Dans le titre imprimé d’un travail le mot {ou les mots) qui caractérise le point essentiel doit être souligné dans toute sa longueur; s'il y a un mot ou des mots) caractérisant un point important, mais moins essentiel que le précédent, il doit être souligné dans la moitié de sa longueur; enfin si même il est un mot (ou des mols) caractérisant un point moins important encore, mais qui mérite cependant d'être signalé, il sera indiqué par un point placé au-dessous. Comme nous l'avons dit, ces disposilions, recom- mandées aux savants par le Congrès de Bordeaux, sont de nature à facililer la confection du Réper- | toire bibliographique universel en ce qui concerne les publications périodiques. Aussi la Conférence | Bibliographique de Bruxelles a-t-elle formulé le … vœu suivant : | La Conférence émet le vuu que les propositions «dop- tées pur le Congrès de l'Association française pour F'A- vancement des Seiences, réuni à Bordeaux en août 1895, relativement aux indications à fournir par les auteurs pour les titres des travaux'scientifiques, soient adoptées d'une manière générale. Nous avons dû laisser de côté un certain nombre de questions de détails : on peut voir cependant que la Conférence Bibliographique de Bruxelles a … posé les bases d’une œuvre dont l'importance est absolument capitale el a indiqué les principes qui devaient la régir. Cette œuvre sera-t-elle réalisée? et quand? c'est ce que nul ne peut prévoir; celle réalisation dépend d’une entente internationale, non des savants el des écrivains, ce qui ne serait peut-être pas facile, mais des gouvernements, ce qui est moins facile encore et ce qui sera long très probablement. Mais il fault espérer que celle en- tente se fera. En tous cas, il importe à (ous ceux qui écrivent de faciliter le travail qui incombera à l'Office de Bibliographie lorsqu'il sera créé, el pour cela il suffit d'adopter et d'appliquer les dispositions qui sont recommandées par la Conférence Bibliogra- phique de Bruxelles. C’est dans le but principa- lement d'obtenir une adhésion effective à ces pro- posilions que nous avons cru devoir résumer les travaux de cette Conférence. Il serait injuste de ne pas signaler les noms des personnes qui ont provoqué en Europe le mouve- ment d'opinion qui s'est traduit par la réunion de la Conférence Bibliographique de Bruxelles : les noms de MM. Lafontaine et Otlet, de Bruxelles, qui, forts de leur expérience acquise en constituant le otfitét d- Ce L' a Vù can EL E. SOREL — ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DE L'ACIDE SULFURIQUE EN FRANCE 839 « Répertoire bibliographique de Sociologie, ont dé- fendu devant la Conférence les idées qui ont pré- valu, el celui de M. le chevalier Descamps, de nn qui a présidé les débats avec compétence, tact et fermelé. Ajoutons que le bureau de l’Institut international de MM. Descamps, Lafontaine et Otlet, à qui il con- viendra de s'adresser pour toutes les questions relatives soit à l'Institut même, soit au Congrès qui se tiendra à Bruxelles en 1896 !. \ C. M. Gariel, de l’Académie de Médecine, Professeur de Physique à la Faculté de Médecine de Paris. ÉTAT ACTUEL ñ | 4 1 ; Slalistique qui vient d'être fondé est composé to dit à nd tnutte 2 d La fabrication de l'acide sulfurique, dont la pro- duction industrielle remonte à peine à la fin du _ siècle dernier, n’avait à ses débuts qu'un intérêt médiocre. Elle répondait seulement aux besoins des indienneurs anglais ou normands. : Aussi est-ce en Angleterre d’abord, puis à Rouen que cette fabricalion prit, au début de notre siècle, . un caractère semi-industriel. Mais, si les premiers appareils montés sur le continent furent établis par les fils des producteurs anglais, c'est à des . industriels et à des savants français que nous devons les premières améliorations réalisées, et c'est à des savants allemands et français que nous sommes redevables des derniers perfection- nements et des théories exactes qui ont permis de réaliser, dans le cours de ces dernières années, de remarquables améliorations. L'acide sulfurique est produit d’une façon cou- rante par l'oxydation du soufre. Ce n’est pas le lieu ici de rappeler comment on obtenait cette oxyda- tion complète, il y a quelque cinquante ans, en parlant du soufre natif. C’est à peine, en effet, si le soufre des terrains volcaniques ou des solfatares est utilisé aujourd'hui pour ce travail. Les gaz provenant de la régénération des mares de soude sont quelquefois ulilisés, soit qu'on emploie le procédé Schaffner et Helbig, comme dans quelques usines du Midi, où l’on trouve moyen d'utiliser ainsi et les marcs de soude etles dernières _éaux-mères des marais salants, soit qu'on recoure, comme chez MM. Chance à Oldbury, à la réaction de l'acide carbonique sur le monosulfure de calcium pour obtenir de l'hydrogène sulfuré, que l’on brûle 1 A la fabrication de l'acide sulfurique se trouve aujour- d'hui réunie, dans beaucoup d'usines, la fabrication des Superphosphates. Cette industrie, si importante pour le développement de notre agriculture, sera, dans la Revue, l’objet d'une monographie spéciale. (N, de la Dir.) DE L’INDUSTRIE DE L’ACIDE SULFURIQUE EN FRANCE dans les fours Claus afin de le transformer en acide sulfureux. Mais la production d’acide sulfureux ayant celte origine est très limitée. Dans l’état actuel de l’in- dustrie chimique, en présence des progrès cons- tants du procédé dit de la soude par l'ammoniaque, el des craintes que ne cesse de causer l'emploi de l’électro-chimie, peu de grands industriels ont osé se lancer dans la voie de lPutilisation du soufre résiduaire. La plus grande partie de l'acide sulfurique obtenu dans les pays industriels est tirée des sulfures métalliques. C’est à des Français, les frères Perret, de Lyon, et à leur beau-frère, M. Olivier, d'Avignon, que nous sommes redevables de ce grand progrès. Mais toute médaille a un revers : nous avons pu, il est vrai, longtemps vivre en France aux dépens des admirables gisements de la vallée du Rhône. Ces gisements ont fait la fortune des importantes sociélés qui en étaient propriétaires et qui, par le fait même, monopolisaient en quelque sorte }a fabricalion de l'acide sulfurique et des divers pro- duits alcalins et décoloranis qu'avaient montré à fabriquer nos compatriotes Le Blanc et Bertholet. Il y a quelque vingt ans, la situation industrielle s'est modifiée : aux pyriles recueillies sur notre territoire, on est venu opposer les pyriles étran- sères, surtout celles d'Espagne et de Portugal, les unes cuivreuses, les autres purement ferrugineuses, et, lorsque la fabrication des superphosphales eut pris en France, tardivement il est vrai, l'essor 1 La question paraît devoir marcher plus rapidement qu’il n’était possible de l’espérer : pendant la composition de cet article, il a paru dans le Monilewr, (belge) du 17 septembre un arrêté royal qui prend acte des vœux de la Conférence Internationale de Bibliographie et qui institue, à Bruxelles, un Office international de Bibliographie, sur le mode de fonctionnement duquel nous ne sommes pas encore renseigné complètement, 840 auquel elle avait droit, les fabricants d'engrais de quelque importance ne lardèrent pas à se dégager du tribut qu'ils payaient aux fabricants d’acide sulfurique, de consommateurs d’acide sulfurique devinrent producteurs et s'adressèrent les uns aux mines françaises, les autres aux mines de pyrites étrangères. La concurrence fit baisser rapidement le prix de l'acide sulfurique commer- cial, et de là naquirent nombre d'études et de per- feclionnements que nous passerons plus loin en revue. Mais, sur ce changement économique, dû à la vulgarisation d'une industrie éminemment utile,est venu se greffer un perfectionnement métallurgique qui peut causer, dans notre France, des perlurba- tions considérables. Nous ne possédons sur notre lerritoire que la pyrite de fer; comme il a été dil plus haut, nous avons importé des pyriles cuivreuses permettant de diminuer, par la mise en valeur du cuivre, les frais de production de l'acide sulfurique. Pendant longlemps, les gisements si importants de blende {sulfure de zinc) qui existent en Bel- gique et en Westphalie élaient les uns négligés, les autres uniquement exploités au point de vue mélallurgique : dans ce dernier cas, on grillait tant bien que mal le minerai, on employait l'acide sulfureux suffisamment concentré à la fabrication de l’acide sulfurique, puis on achevait l'oxydation dans des fours à moufle spéciaux, où le restant du soufre élait brûlé, mais donnait des gaz lrop pauvres pour pouvoir être ulilisés. Ces gaz étaient donc lächés dans l'atmosphère. L'épuisement des mines de calamine (hydrosili- cale de zinc) de Belgique d’une part, et, d'autre part, l’invention de fours de grillage plus parfaits causent actuellement, chez nos voisins et dans le nord de la France, une révolulion industrielle imporlante : à l'heure présente, presque toutes les blendes sont grillées en tête d'appareils à acide sulfurique, puis traitées par le mélallurgiste, si bien que déjà l'acide sulfurique belge, — pour lequel le prix du soufre est presque nul, landis que le soufre forme environ les 5/9 du prix de fabrica- tion de l'acide sulfurique français, — commence à arriver jusqu'à Paris et inonde naturellement le nord de la France. Nous pouvons donc prévoir que, dans un avenir assez rapproché, nous cesserons d'assister à ce paradoxe industriel consistant à faire venir aux portes de Paris des pyrites de la vallée du Rhône, d'Espagne ou de Portugal d’une part, des phos- phates de l'Auxois ou de la vallée de la Somme d'autre part, pour réexpédier dans l'Est ou dans le Nord les superphosphates fabriqués dans notre banlieue. E. SOREL — ÉTAT ACTUEL DE L’INDUSTRIE DE L'ACIDE SULFURIQUE EN FRANCE Cette question préoccupe naturellement déjà les industriels prévoyants, et les a amenés à per- feclionner leurs appareils et la marche de leurs usines, de facon à économiser à la fois sur les dé- penses de matières premières et sur les frais de premier établissemen£. Passons donc en revue les organes actuels d'une fabrique d'acide sulfurique et voyons comment les progrès de la Chimie industrielle ont permis d'y réaliser un surcroil de production avec une dimi- nulion des pertes longtemps réputées inévitables. [. — FABRICATION DE L'ACIDE ÉTENDU. Le minerai est grillé dans des cuves ou des fours : à élages, soil simples, soit à moufle, suivant les difficultés qu'il oppose à sa lransformation en oxyde. Les minerais de fer ou de cuivre en frag- ments cohérents sont encore souvent griliés dans les fours à cuve peu profonde, dits fours anglais: les minerais complexes du Harz le sont dans des fours à cuve profonde du type Kiln; mais, le plus souvent, les pyrites dont on veut assurer un gril- lage parfait, ou qui se délitent au feu, ou qui sont nalurellement en poussière, sont travaillées à la main dans les fours à dalle. De ces fours nous di- rons peu de chose : car leur descriplion se trouve maintenant dans {ous les livres; nous nous con- tenterons de relaler que, par l’observalion atlten- live des phénomènes calorifiques, on est arrivé à régler l’'écartement des dalles de facon à obtenir, dans le bas, une oxydalion plus parfaite et une destruclion plus complète du sulfate de fer, et à réaliser, dans le haut, une combustion active sans atteindre la température de fusion du mono- sulfure de fer. Des cloisons en briques creuses, élablies entre les compartiments d'une même bal- Lerie de fours, ont permis de refroidir les élages supérieurs, tout en donnant de l'air très chaud sur les étages du bas. Aux fours simples à étages, parfaitement con- venables pour le grillage de pyrites ferrugineuses ou cuivreuses, on a substitué des fours à élages plus compliqués, à doubles dalles chauffées comme un moufle pour le traitement des blendes. Tantôt les moufles existent à chaque élage, tantôt on se contente de les établir à la base du four pour dé- truire le sulfale de zinc. Tous ces fours sont à travail manuel. Toutefois, les Américains paraissent avoir résolu la question du travail mécanique, et Frash semble avoir par- faitement réussi dans celle voie en modifiant l’an- cien four Mac Dougal par lapplicalion d’une circulation d’eau dans l'arbre et les bras. Le four Frash, complété par des brûleurs à pétrole, permet, d’après M. Lunge, de griller les minerais réfractaires. Le PO. SE Le a 0 0 Go ph Poe ne et eg aile sd \he-# LL. PRES D Bye eg 8 Dis, | À la suite des fours viennent des chambres à k oussière ; ; puis nous lrouvons la tour dénitrante pt concentrante de Glover, dont l'usage ne s’est répandu sur le continent que depuis 1871. De nom- reuses discussions ont eu lieu à celle époque devenue plus intensive. Au début, elle Sp un rûle considérable comme appareil de concentra- son rôle primitif d'appareil dénitrant. Pour cela, on a une tendance à augmenter ses dimensions lransversales, eL nous connaissons, aux portes de … Paris, des tours de Glover ayant én plan 3 mètres “sur 7, et alimenlées par des doses formidables d'acide sulfurique niltreux concentré à 60° Baumé. Ces tours énormes correspondent à des capacités Tes faibles de chambres : 4.500 mètres _ environ. Comme l’auteur du présent article l’a one on ne doit pas exagérer la hauteur de la tour de Glover en mème temps qu'on en augmente {a sec- lion. Une hauteur lolale de 8 mètres, correspon- dant à une hauteur ulile de 5",50, est largement suffisan!le. La tour de Glover recevant des acides de plus en plus concentrés, les chambres sont de moins en moins alimentées de vapeur d’eau en têle, ce quia donné un résullat pratique favorable, conformé- ment aux nouvelles théories. On a élé amené à supprimer les injections mas- sives de vapeur d’eau en Lête de la première cham- bre el à refroidir l'atmosphère intérieure sur- chauffée par la production intensive d’acide sulfu- rique, en fournissant l’eau nécessaire non plus sons pre de vapeur, mais à l’élal liquide. . Les tentatives dans ce sens sont déjà anciennes, | mais elles élaient infructueuses, parce qu'on re- _ courait à un procédé mixte consistant à pulvériser . l'eau par un jet de vapeur, si bien qu’à moins d’em- . ployer de l’eau très pure, on voyait bientôt la buse se boucher, elles appareilsétaient constamment dé- rangés. On recourt maintenant à la pulvérisation . d’eau filtrée sous sa propre pression, soit en injec- . Lant directement l’eau par un tube élroit en platine sous une charge de 3 à 4 kilogrammes et la forçant àse diviser par son choc sur un pelit disque de pla- line, soit en l'obligeant à prendre, sous la même charge, un mouvement gyratoire violent dans un posé concentriquement une pièce portant en sail- lie une hélice conique à pas très court. Le premier dispositif est adopté par MM. Schnorff à Uetikon (Suisse) ; le second a été proposé pàr M. Benker. On ne peut pasjuger de l'efficacité de ce procédé, comme l'a cru M. Lunge, en étudiant l’abaissement detem- péralure de la chambre, mais en voyant s’il facilite les réactions. De ce côlé le succès parait complet dans les appareils àmarcheintensive; nous devons, en effet, abandonner les antiques règles praliques fixant la température maxima à adopter dans les chambres pour leur bonne marche, depuis que les travaux del'auteur de cet article ont établi que l’oxy- dation de l’acide sulfureux est une fonction des dif- férences de température à l'intérieur et à la paroi, et non de la température absolue d’un point de la section {ransversale de la chambre !, Pour réaliser les conditions favorables à une oxydation rapide de l'acide sulfureux, c'est-à-dire la possibilité de la production desulfate de nitrosyle à l'intérieur des chambres {au moins en tète del’ap- pareil) et d’hydratalion de ce sulfate de nitrosyle se détruisant sous l’action de l'acide sulfureux, on a dû s'astreindre à créer un roulement nitreux de plus en plus considérable d’un bout à l’autre des chambres de plomb. Mais le fabricant, sans cesse lalonné par l'obligation de faire des économies, a réalisé ceroulement non pas en augmentant la con- sommalion d'acide nitrique ou de nitrate de soude cette consommation tend au contraire à diminuer notablement), mais en activant de plus en plus la circulation des acides entre les appareils de Gay- Lussac, chargés de récupérer les produits nitreux, et l'appareil de Glover, chargé de les restituer. Aussi, le volume des appareils de Gay-Lussac, ou, pour parler plus rigoureusement, la surface utile de ces appareils a-t-elle crû en même temps que l’on faisait augmenter le rôle de la tour de Glover. Les petites tourelles garnies de coke des anciens appareils ont disparu et sont remplacées par des appareils gigantesques. Au coke capable, comme l'a montré M. Lunge, de réduire une partie de l’a- cide nilreux, on a d'abord substitué la brique de silice ou de grès vitrifié; puis, sont venues les co- lonnes à plateaux de Lunge-Rohrmann, d’une part, les cylindres cannelés de M. Devorex, d’autre part. Dans le type Lunge-Rohrmann, les gaz sont forcés de traverser des cloisons horizontales de grès per- forées, tandis que le liquide absorbant (acide à 60°-62° Baumé) circule en sens contraire en léchant les parois des tubes ménagés à travers les plaques. Il est toutefois à craindre qu’on crée ainsi des ré- sistances considérables au passage du gaz. Dans le 1 Voyez à ce sujet la Revue générale des Sciences du petit tube conique à axe horizontal, où l’on a dis- ! 15 juin 1893. 842 système Devorex, perfectionnement de certaines douches employées à l'importante usine d'Aussig, on fait circuler les gaz à travers des empilages de cylindres verticaux en grès vernissé, dont lasurface cannelée ralentit la chute de l’acide concentré ser- vant de dissolvant, et facilite ainsi l'absorption. D'autre part, les expériences presque simulla- nées de MM. Lunge et Sorel, faites sur des appa- reils dont la production par mètre cube était très différente, ont élabli l'existence d’espaces morts dans ces appareils, et montré, par suite, qu'on devait modifier les dispositions empiriques adop- tées, si l’on voulait oblenir d'un cube donné le maximum de production. La théorie de M. Sorel ‘ rend compte de cet accident et montre que l'arrêt de fabrication est dû à une température exagérée en queue de chaque compartiment de l'appareil : si l’on fait intervenir une cause de refroidissement, comme la séparation de deux compartiments par un couloir ou la circulation des gaz par un tuyau, de suite on voit l’oxydalion de l'acide sulfureux reprendre une nouvelle intensité. On doit donc, d’après l’auteur, revenir au système de nombreux compartiments, autrefois adopté, mais adopté pour des raisons qui n'existent plus aujourd'hui. En Eu- rope, il y a peu de systèmes de chambres où l’on ait tenu comple de ce point. Il paraît qu'il en est autrement en Amérique. M. Lunge cite même ?, dans la relation de sa visite à l'Exposition de Chi- cago, un syslème de douze pelites chambres, longues de 820, dans lesquelles on travaille très bien, avec un cube très petit et une consommation très faible de nitrate, ce qui corrobore notre théorie. Mais cetle disposition ne nous parail pas absolu- ment recommandable, au moins en ce qui concerne les chambres de tête. Si, en effel, on ne (ravaille pas avec les fours mécaniques continus dont il est question plus haut, la composition des gaz fournis par les fours à pyrites subit forcément des varia- tions périodiques, et, comme l'apport des produits nitreux et de ia vapeur d’eau est, au contraire, constant, il y a lieu de craindre une attaque du plomb des premiers tambours, par suite de La for- mation périodique d'acide nitrique. Nous croyons donc essentiel de conserver en Lête un tambour de grande dimension où, par suile de la vilesse de diffusion des gaz, l'atmosphère puisse conserver une composition suffisamment constante. Il parait de beaucoup préférable de sectionner les chambres aux points où les observations con- cordantes de MM. Lunge et Sorel ont montré un arrêt de fabrication, et d’intercaler entreles parties restantes les tours que l’auteur de cet article a in- l Revue générale des Sciences du 15 juin 1893. 2 Zeilschrift für angewandte Cheinie, 4cT mars 1894. E. SOREL — ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DE L'ACIDE SULFURIQUE EN FRANCE diquées dans son ZYaité de fabrication de l'acide sul Jurique en 1887. : Pour fixer les idées, au lieu de l’ancien type d chambres où le premier compartiment avait tes 3/7 du cube total, et le second un peu plus des 2/7, on devrait réduire le cube du premier com- partiment aux 2/3 environ, et celui du deuxième compartiment aux 3/% des volumes indiqués cei- dessus, el substituer aux parties supprimées des tourelles. Au sujet de l'utilité de ces tourelles, il n'y a plus de contestation: il n’en est pas de même au sujet de leur emploi. M. Lunge préconise l'emploi de tours à plateaux perforés du système Lunge-Rohr- mann, uniquement arrosées avec de l'acide à 509= 52°, Dans ces tours, qui nous paraissent n'agir sur- tout que comme réfrigérants, et jouent déjà par ce fait un rôle très ulile, — il ne doit pas pouvoir, à cause de la faible concentration de l'acide employé, se produire celte accumulation de produits nitreux préconisée par M. Sorel; il est fort probable qu’elles seraient fort économiquement remplacées par des. luyaux de communication développés et refroidis. M. Benker à repris l'idée de l’auteur : il arrose ses tours avec de l'acide plus concentré et chargé de produits nitreux. Il recommande même de gar- nir intérieurement la paroi des lourelles de maté- riaux mauvais conducteurs de la chaleur, pour éviter tout rayonnement. Le refroidissement est donc uniquement oblenu en haut par l'apport d'acide ; en bas on injecte de la vapeur d’eau, eton règle celte injection et l'apport d'acide de façon que l'acide recueilli au bas de chaque tourelle soit encore légèrement nilreux. Que se passe-t-il dans ces conditions? En bas, sous l’action de la vapéur d’eau, l'acide est presque enlièrement dénitré : il a donc cédé à l'atmosphère de l'acide nitreux, qui active énergiquement l’action … de l'acide sulfureux, mais se réduit à l’état de. bioxyde d'azote : en haut les gaz, en partie dessé- chés par la formalion d'acide sulfurique hydraté, rencontrent un acide froid et suffisamment concen- tré pour permettre la formation de sulfate de ni- trosyle, qui s'y dissout et y forme une solution slable dans les conditions de marche, dont la teneur en produils nitreux est d'autant pius grande que l'atmosphère est plus riche et le dissolvant plus froid; ce liquide, descendant, à son tour, dans les zones chaudes et humides, s’y dénitre en metllant en liberté, non seulement les pro- duils nitreux introduits par le fabricant en haut de la tourelle, mais ceux qu'il avait fixés, el ainsi. se crée vers le milieu une zone éminemment oxy= dante, et on reproduit identiquement les réactions chimiques qui se passent avec une intensilé si re- | marquable dans la tour de Glover. Ainsi appliquées, les tourelles intermédiaires mt permis de remédier à un inconvénient notable e la marche intensive. Cette marche, en effet, LL: l’a montré l'auteur, “rs on veut l ee «du bioxyde d'azote, à marcher dans cette première chambre à une concentration plus grande, de facon à contrebalancer l'influence d’une température for- ément plus élevée. Ces deux conditions réunies font que l'acide Liré en tête de la première chambre st assez fortement nitreux; il n’en résulte qu'une légère perte pour le fabricant, mais, si celui-ci con- “centre son acide à 66°, il risque d'attaquer ses ap- pareils de platine, à moins de recourir à l'emploi de doses considérables de sulfate d'ammoniaque ; enfin, la moindre erreur des surveillants expose à une attaque rapide des plombs en tête de l’ap- | pareil. En employant les Lourelles, on obvie à cel incon- vénient : on n'introduit dans la tour de Glover qu'une parlie de l'acide nitreux récupéré dans l'appareil de Gay-Lussac, de façon que le tambour de têle, relativement pelit, ait une marche légère- - ment sulfureuse, et on introduit le restant des produits nitreux dans les tourelles qui suivent le premier tambour, … Les industriels qui emploient ce procédé décla- - rent qu'ils atteignent une production plus grande par mètre cube, tout en ayant une marche plus Ë régulière et consommant moins de nitrates. ; Mais loute médaille à son revers: dans les ap- * pareils intensifs il faut, avons-nous vu, augmenter - le stock des produits nitreux en roulement: or, - dans le tambour de queue, ces produits, ne ren- contrant que des traces d'acide sulfureux et un excès notable d'oxygène, tendent forcément à piormer de l'acide nitrique qui attaque le plomb, sion ne veille pas,avec un soin extrême, à mainte- . nir partout une densité d'acide convenable à la - production d’acide nitrososulfurique. De plus, les - gaz sortant de ce tambour pour arriver à l'appareil - de Gay-Lussac sont chargés d'acide hypoazotique, . corps peusoluble dans l'acide sulfurique concentré ; on laisse donc échapper dans l'atmosphère des produits nitreux non récupérés, dont l'existence est accusée par un panache rouge à la sortie des appareils de tirage. On est donc exposé à uneusure du matériel et obligé de subir une perte de pro- duits nitreux. Ces inconvénients paraissent supprimés dans . une imporlante usine ue Saint-Denis, gràce à une modification apportée au procédé déjà ancien de MM, Lasne et Benker, par ce dernier ingénieur. Dans ce procédé on injectait dans le bas de la co- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, lonne de Gay-Lussac un peu d’acide sulfureux pour réduire l'acide hypoazotique en acide azo- teux soluble dans l'acide sulfurique à 60°. Mais le mélange était imparfait et le résultat précaire. Actuellement, M. Benker utilise un petit injec- teur, d'unremplacement (rès facile, à l'introduction d'acide sulfureux dans le tambour de queue. Cet injecteur est alimenté par un jet constant de va- peur, et on règle, au moyen d’un registre, la quan- tité d’acide sulfureux appelée, de façon à amener aux environs de 55° l'acide des témoins intérieurs du tambour de queue. Dans ces conditions, les produits nitreux se dissolvent à l’élat d'acide nitroso-sulfurique, soil dans l’acide du tambour de queue, soit dans l’acide qui ruisselle dans la co- lonne de Gay-Lussac, et les gaz sont complètement décolorés à la sortie de celle-ci. L’acide du Gay-Lussac est réparti, comme nous l'avons vu, sur le Gloverel les premières tourelles, l'acide du tambour de queue sur la seconde série de tourelles. Pour que les réactions se passent avec toute la régularité que demande une marche intensive, il faut que l’on introduise constamment des quan- tilés normales des réaclifs nécessaires; le fabri- cant dispose à volonté de la distribulion de la vapeur d’eau et des produits nilreux : avec des fours bien construits et bien surveillés, il est sûr de fournir la quantité voulue d'acide sulfureux avec une régularité suffisante; mais, s’il compte sur le tirage naturel de l'appareil pour fournir la quantité voulue d'oxygène, il peut, par certains tempe, tout au moins, éprouver de graves mé- comptes : il faut, en effet, fournir aux chambres une quantité d'air telle que l’oxygène constitue au moins les quatre centièmes du volume sortant ; mais, si l’on exagère cette quantité, l'allure des fours se modifie, et les gaz n’ont plus un temps convenable de séjour dans les chambres pour l’ac- complissement intégral des réactions. Aussi commence-t-on, en France, mais surtout à l'étranger, à substituer au tirage naturel l'emploi de ventilateurs mécaniques dont la caisse est plombée intérieurement et dont les palettes sont fortement goudronnées. Tantôt ces ventilateurs sont intercalés entre la tour de Glover et la pre- mière chambre (ce qui paraît être la meilleure position), tantôt on les place à la sortie du con- denseur de Gay-Lussac. On voit que la théorie, laborieusement établie, de cette importante fabricalion a permis de réaliser de nombreux progrès depuis quelques années. Ces progrès ont amené un abaissement nolable du prix de revient et exercé une heureuse influence sur nombre d'industries de première nécessité. Mais 18** 844 nous devons nous en féliciter également au point de vue de l'hygiène : car, aucun gaz délétère ne s'échappant des appareils modernes, la fabrication de l'acide sulfurique ne cause plus aucune gêne pour le voisinage immédiat, Il est à espérer que ces appareils se répandront dans toutes les usines. Il ne restera dès lors plus qu'à souhaiter que l’appli- cation de fours mécaniques supprime le travail manuel, très pénible, des fours à pyrites. En dehors du procédé classique plus où moins modifié que nous venons de décrire, il y a peu de dispositifs à citer. Les derniers ont eu pour but, comme celui de Brulfer (br. fr. 220.402), de K. Walter et E. Boeing (br. all. 71.908), de multiplier les surfaces de con- tact, comme dans l'appareil Hemptine. Il semble que les auleurs successifs de ces brevets se sont figuré que l'acide sulfurique ne se forme qu'autant qu'on amène les molécules gazeuses mécanique- ment en contact, par une sorte de brassage. Cetle opinion doit être rejetée depuis les analyses mi- nutieuses de Lunge et de Mactear, qui montrent que, dans chaque section transversale d'une chambre,la composition de l'atmosphère est pour ainsi dire identique, el depuis la théorie de Lunge et de Sorel qui prouve que la production de l'acide sulfurique est due à des différences de tempéra- ture dans chaque section transversale et que les chocs mécaniques ne peuvent avoir pour résultat que de réunir sur une paroi solide l'acide déjà formé antérieurement, mais non d'aider à sa for- mation. “ Dans un autre ordre d'idées, nous citerons les procédés Barbier et de Staub (brev. fr. n%217.844 et 226.798) qui rappellent, avec quelques améliorations, le procédé bien connu de Péligot, depuis longtemps tombé dans loubli. Les deux inventeurs suppriment les chambres de plomb, et les remplacent par des tourelles où se trouvent des cuveltes d’évaporation spéciales ou d’autres obstacles. Ces tourelles sont parcourues de haut en bas par le mélange d’air et d'acide sul- fureux, ainsi que par un mélange d’eau et d'acide nitrique. Enfin, le courant gazeux traverse une colonne de Gay-Lussac alimentée par de l'acide à 60°, produit par la concentration des acides des tourelles sur le canal des fours. de Il est fort probable qu'on obtient dans les tou- relles une réduction de l'acide nitrique et nitreux el une formation d'acide nitroso-sulfurique qui se dissout dans l'acide sulfurique formé, ou s’y dé- :ompose si l’hydralalion est suffisante et la tem- péralure assez élevée, et que le passage des gaz dans les luyaux de communicalion détermine la produclion d'acide sulfurique étendu, et le refroi- dissement nécessaire à la reprise de la fabrication E. SOREL — ÉTAT ACTUEL DE L’INDUSTRIE DE L’ACIDE SULFURIQUE EN FRANCE = . & dans la lourelle suivante : toutefois, comme nous ne possédons encore sur celle question que des ï renseignements assez vagues, les uns publiés par M. Barbier lui-même, les autres communiqués par M. Boissieu à la Société Chimique de Paris, nous. croyons qu'il faut considérer la question comme réservée. ILest à penser que la conduite de tels. appareils est très délicate; cependant, ce procédé peut rendre des services dans certains pays étran- gers, où l’on ne peut faire qu'une production très restreinte, et où le prix de vente de l'acide sulfu- rique est si élevé que l’on n’a réellement pas à tenir compte de perles de fabrication, qui pour- raient êlre ruineuses en Europe, II. — CONCENTRATION DE L'ACIDE. Ainsi que l'indique la théorie, il est impossible d'obtenir directement dansles chambres de plomb de l'acide concentré : suivant l'allure donnée aux chambres, c’est-à-dire suivant la production par mètre cube que l’on obtient, on peut avoir de l'acide sulfurique titrant de 52° à 56° Baumé. Cet acide est parfaitement suflisant pour certaines applications, comme pour la fabrication des super- phosphates, où le degré Baumé est le plus souvent » fixé entre 50° et 53°. Mais la fabrication de l’acide chlorhydrique et de l'acide nitrique ordinaires” demandent déjà de l'acide sulfurique à 60° B, que l'on peut, ilest vrai, oblenir par l'emploi de la tour de Glover. D'autres industries exigent depuis longtemps ce que l’on appelle l'acide à 66°B., titrant ordinairement 93-94 °/, d'acide mono- hydraté. Le développement de la fabrication des matières colorantes a amené progressivement la clientèle des producteurs d'acide sulfurique à réclamer des acides de plus en plus concentrés, -Litrant jusqu’à 98 °/, d'acide monohydraté, puis des acides chargés d'anhydride, et enfin un com- posé crislallisé litrant jusqu'à 99,5 °/, d’acide anhydre. De ce dernier nous parlerons peu : car, depuis quelques années, sa fabricalion n’a guère présenté de modifications, sauf qu'on paraît renoncer à la René. détente dt. Hé Gt ph. Sd So dissocialion de l'acide sulfurique, pour revenir à la. production directe d'acide sulfureux pur el à sa. combinaison avec l'oxygène atmosphérique, en. présence d’un noir de platine plus actif, obtenu par. la réduction du chlorure platinique par la formal- déhyde en solution alcaline. Enfin, à côté de la production d'acide concentré, aux dépens de l'acide des chambres, nous avons actuellement à régénérer de grandes quantités. d’acide concentré, provenant des acides plus ou moins souillés qui ont servi à la production de la nitrobenzine et des composés similaires, à la puri- ficalion des pétroles, ele. # en rappelant les appareils de concentration dont la description se trouve dans tous les traités clas- “ siques. Jusqu'à 60°B, on continue généralement à faire … la concentration définitive dans des vases de verre, … de porcelaine ou de platine. — Lesappareils en verre, relativement peu coûteux, - se trouvent encore dans nombre d'usines anglaises —…. et américaines, ainsi qu à la fabrique de Mülheim. “On à, d’ailleurs, généralement supprimé les incon- -vénients inhérents au remplissage et à la vidange — alternatifs de ces appareils, en les disposant en une balterie de concentration continue et, dans - quelques usines, on évile tout coup de feu par - l'emploi de brüleurs aux gaz pauvres. — Les appareils de platine ont longtemps tenu le premier rang, et, lant qu'on ne produisait que de l’acide à 93 % &Ge monohydrate, la perte de métal - précieux élait relativement faible, pourvu qu’on prit la précaulion de détruire les produits nitreux avant concentration. : Mais cette perte cesse d'être négligeable dès que l'on cherche à obtenir des acides très concentrés et, d'après M. Scheurer-Keslner, elle atteint 7 grammes de plaline par tonne d'acide sulfurique à 98 % produite, ce qui est très considérable, élant donnée la baisse de prix des acides concen- . Lrés et l'augmentation de valeur du métal. … Ona bien songé à utiliser une ancienne obser- vation de H. Sainte-Claire Deville et à recourir à “l'emploi du platine iridié, beaucoup moins atta- quable ; mais cet alliage est aigre et cassant, et les essais ont été abandonnés. Dans un autre ordre d'idées, les Anglais avaient M eu recours au platine doré; maisle résultat n'avait pas été salisfaisant : en effet, l'or élait déposé gal- vaniquement, et formait plutôt un réseau qu'une - couche continue, si bien que le plaline sous-jacent -s’atlaquail peut-être même plus vite, par suite d'une “action galvanique, et que la couche d’or se déta- . chait. La maison Herœæeus, de Berlin, a tourné la difi- culté en coulant directement de l’or fondu sur des barres de platine chauffées à la température de Mfusion de l'or, puis laminant les barres de facon que l'or eût 1/10 de millimètre d'épaisseur. On a reconnu rapidement que toutes les pièces de l’ap- |: pareil devaient êlre ainsi protégées; mais, pour les parties qui ne sont pas en contact avec le bain d'acide, on peut réduire l'épaisseur de la couche d’or à 1/40 de millimètre. Dans ces conditions, Heræeus affirme que la consommation d'or est de Vingt à quarante fois plus faible que celle du pla- line pendant la concentration à 98 % : ce chiftre doit être assez exact, car les appareils de ce genre c D : E. SOREL — ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DE L’ACIDE SULFURIQUE EN FRANCE Nous ne faliguerons pas l’altention du lecteur 845 se répandent assez rapidement en Allemagne el aux États-Unis. Tous les praticiens ont remarqué que la solubi- lité du sulfate de fer dans l'acide sulfurique décroit très rapidement dès que l'acide titre plus de 90 », de monohydrate. Il résulte même de là une cause notable d'usure des alambics de plaline. Celte observalion à été mise à profit des deux côlés de l'Atlantique pour achever dans des vases en fonte la concentration de l'acide sulfurique. 1] faut toutefois que la fonte ne soit nulle part en contact avec les vapeurs condensées ou petites eaux qui, étant d'un degré plus faible, peuvent corroder le métal. A Thann, M. Scheurer-Kestner a tourné la diffi- culté en protégeant les parties non immergées de la cuvette par un rebord intérieur en platine qui plonge dans le bain acide, et conservant un cou- vercle en platine. Dans quelques usines des États-Unis, on a adopté une solution encore plus radicale. Tout l’alambie est en fonte, mais on empêche lx condensation des vapeurs, soit en faisant lécher le couvercle par les gaz de la combustion, soit en le recouvrant d’une couche isolante d'amiante. Quelques appareils sont construits de façon à assurer une circulation mé- thodique et continue de l'acide, ce qui diminue ou plutôt localise l'attaque du métal. Ainsi que nous l'avons vu, la fonte ne peut être employée qu'au contact d'acide déjà lrès concen- tré : aussi l’opéralion est-elle scindée en trois. On commence par concentrer l’acide, comme d’ha- bitude, dans des cuvetles en plomb, jusqu’à ce qu'il marque de 60° à 62° B : ces cuvettes, suivant l'usage auquel on destine l'acide, sont chauffées par le dessous ou par la surface : de là, l'acide passe dans un ou deux alambics en platine où il arrive à 64°-65° B, et il est conduit enfin dans les chaudières de fonte. à Ces chaudières durent généralement plusieurs mois; mais leur surface se recouvre peu à peu, sur- tout vers l'entrée, de croûtes très dures de sulfate ferrique qui gènent la transmission de la chaleur. et pourraient amener la rupture du métal, si onne les enlevait de temps en temps. On obtient ainsi un acide très pur : car il ne con- tient guère que 10 grammes de fer dans 100 kilo- grammes d'acide à 97-98 °/. D'autre part la con- sommation de combustible est très faible, puisque M. Lunge à vu un appareil composé d’une chaudière en fonte et de deux chaudières en platine produi- sant 10.000 kilos par jour d’acide à 66° B, qui ne consommait que 7 k. à d'huile minérale 100 kilos d'acide. Ce dispositif se prête bien à la concentration | d'acides souillésde fer et, paraît-il, d'acides conte- pour 846 E. SOREL — ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DE L'ACIDE SULFURIQUE EN FRANCE nant des produits nitreux; mais la fonte s'attaque généralement quand on veut y trailer les acides goudronneux provenant de lapurification des huiles minérales. L'appareil Négrier à cuvettes hémisphériques en porcelaine spéciale, disposées en cascades, se prête, au contraire, à ce travail aussi bien qu'à la con- centration de l'acide ordinaire. On a reproché au début à ce type d'appareils une rupture trop fré- quente des cuvetles inférieures ; mais on a remé- dié à cel inconvénient en remplaçant le foyer uni- que primilif par trois pelils foyers que l’on charge toutes les heures avec un poids connu de combus- üible. L'appareil Négrier est d’un bon usage quand on a soin de faire la garnilure de sa chambre de vapeurs en lames de laves. Il permet même detrai- ter les acides provenant des fabriques de nitro- benzine et de récupérer une grande partie de ce produit; mais, sous sa forme actuelle, il devient très encombrant dès qu'on a en vue une produclion considérable. À côté de ces appareils basés sur la distillation de l'acide sulfurique soit à sa température d’ébul- lilion, soit à une lempéralure voisine(ce qui limite beaucouple choix des matériaux formant l’alambic), il convient de citer les appareils où l’on utilise sim- plement la tension de vapeur, et où l’on fait l’éva- poralion et Ja concentralion à température plus basse. De Hemptine et Kessler avaient essayé autrelois la concentration Gans le vide: l'idée était trèsjuste, mais avait dû êlre abandonnée par suite de nom- breuses difficultés praliques. Gossage avait tenté de concentrer l'acide dans une véritable tour de Glover, chauffée par les gaz d'un four à soufre : il arriva malheureusement au momentoù les fours à soufre disparaissaient devant les fours à pyriles, el la quantité de poussières ferrugineuses entrainées par les gaz de ces derniers fours fit abandonner les recherches dans ce sens. Toutefois, dans les usines où l’on brûle de l’hydro- gène sulfuré, on paraîl revenir à l'étude de ce pro- cédé de concentration. C’est le but des expériences de M. Falding, Il intercale, entre les brûleurs et la tour habituelle de Glover, une seconde tour de même construction, mais plus petite, qui est par- courue de haub en bas par l'acide dénitré el con- centré à 60°, de bas en haut par les gaz des brûleurs. L'emploi de la chaleur du four ayant été provi- soirement abandonné, on chercha à faire la con- centralion à £empéralure relativement basse et ê dans des tours formées de matériaux réfractaires " de peu de valeur : chose étonnante, il n’y eut pas d’essais faits avec une tour de Glover. Nobel tenta de faire circuler l’acide sur des plaleaux de porce- laine disposés en cascade dans une tourelle tra- versée par des gaz chauds : sans doute, lessurfaces de contact étaient insuffisantes et les passages de gaz trop grands : l'appareil fut abandonné. Le principe était cependant juste, comme en témoigne le succès confirmé des appareils de MM. Faure et Kessler. Les gaz chauds, produits dans un énorme gazogène, n'y peuvent prendre une vilesse ascensionnelle suffisante pour entrainer les cendres : ils pénètrent à une température voi- sine de 300° degrés dans l'appareil de concentra- lion ; là, ils sont forcés de passer en lame mince à la surface de l'acide, léchauffent à 160° et le déshydratent en se chargeant du mélange de va- peur d’eau et d'acide sulfurique correspondant à cette tempéralure; puis ils s'élèvent dans une sorte de colonne de distillation continue, analogue aux colonnes dislillatoires pour l'alcool, mais qui. en diffère en ce que les gaz ne barbotent pas dans les liquides des divers compartiments; ils ne font que lécher ces liquides en lames minces. Ren- contrant de compartiment en compartiment un acide de plus en plus froid et étendu, ils laissent condenser les vapeurs sulfuriques et ne conservent que de la vapeur d’eau et des traces d'acide sulfu- rique entrainées mécaniquement (on sait, en effet, qu'on peut faire bouillir de l'acide sulfurique à 50° sans qu'il distille d'acide sulfurique). L’acide entrainé est relenu par frottement sur des parti- cules de ponce, et retourne à l'appareil, tandis que les gaz chauds s’échappent saturés de vapeur d'eau. Ce dispositif permet de supprimer les anciennes. chaudières de plomb et les vases de platine et se prêle bien à la concentration à 66° de l'acide ordinaire, ainsi qu'à celle des résidus de fabrica- tion de la nitro-benzine et de la nitro-glycérine. Il parait d'ailleurs économique au point de vue” de la consommalion de combustible. E. Sorel, Ancien Ingénieur des Manufactures de l'État, Ancien Directeur aux Usines do Saint-Gobain, Professeur suppléant ; au Conservatoire des Arts et Métiers. J'adopterai, comme l'an dernier, la division en chapitres affectés chacun à l’un des grands sys- Lièmes organiques : système squelettique ou de soutien; système nerveux; système de nutri- tion, etc. Chacun de ces chapitres sera subdivisé lui-même, si cela est nécessaire, en plusieurs ali- néas, afin de séparer les Vertébrés des autres em- branchements. J'avais songé un instant à grouper également les travaux dont j'ai à parler, suivant qu'ils sont plus spécialement d'ordre embryolo- ; gique, histologique ou d'anatomie descriptive ; - mais, en vérité, l'Embryologie et l'Histologie sont - des branches de l’Anatomie qu’on ne saurait sépa- » rer l’une de l’autre, non plus que distraire de la - description des organes adultes, et, le plus souvent, - un mémoire d’embryologie renferme des données histologiques ou d'anatomie topographique d’un réel intérêt, tant ces sciences tendent à se réunir parce qu'elles se complètent. Aussi, ai-je rejeté finalement l’idée d’une division dans ce sens, pour - m'en tenir à celle que je viens d'indiquer. Je n’ai pas besoin de dire que je n’ai pas la prétention de - donner même un tableau succinct des nombreuses - recherches qui ont été entreprises, et dont les ré- - sultats ont été publiés. Je me suis surtout attaché mA + à résumer les questions qui semblent à l'ordre du - jour, et dont j'avais eu déjà à m'occuper l'an der- nier, et à choisir, parmi les autres, celles qui m'ont - paru avoir une portée plus grande ou contenir une - solution définilive. the: à Ë I. — SYSTÈME SQUELETTIQUE Nous avons peu de choses à noter à propos du _ squelette. Vertébrès. — Chez les Vertébrés un travail de - Gaupp !, qui continue ses recherches sur la mor- - phologie du crâne par une étude du squelette - hyo-branchial des Anoures et de ses transforma- . tions. On sait, en effet, que, chez les larves des gre- - nouilles, l'appareil hyo-branchial offre une compli- - cation particulière en relation avec l'existence de branchies, tandis qu'à l’état adulte la grenouille n’a plus de branchies, mais des poumons; partant - un système hyoïdien bien différent. L'auteur a suivi avecsoin les métamorphoses del’appareil hyo-bran- - chial. Il voit dans les processus latéraux de la large plaque de cartilage calcifié qui représente le corps de l'hvoïde chez l'adulte, des formations secon- * daires,apparaissan{ lardivement etnon pas, comme 1E. GaupP. —1I.Beilräge zur Morphologie des Schädels. — 11. Das Hyo Branchial-Slelets der Anuren und seine Um- … wandlung. — Morphol. Arbeit. Schwalbe 3 Bd. 3 Hft. D: H. BEAUREGARD — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE 347 REVUE ANNUELLE D’ANATOMIE on l’admet, les restes des arcs branchiaux larvaires presque totalement disparus. Ces restes ne seraient représentés que par les processus thyroïdiens et postéro-médians de la plaque hyoïdienne en question. Un autre mémoire, sur des régions du squelette voisines de la précédente, est celui de Pollard ! qui reprend le problème de l’homologation du suspen- sorium chez les Poissons et les Amphibicens. Par- tant de cette observalion que Huxley en 1858 (Croonian Lectures) homologuait l'appareil suspen- seur (suspensorium) de la mâchoire inférieure des Poissons à l’are de la mâchoire supérieure du têtard, tandis qu’en 1876 (Proced. Zoo!. Soc.) le même ana- tomiste arrivait, en comparant le crâne du Cera- todus (poisson dipnéen) avec celui des autres Ver- tébrés, à séparer les Amphibiens et les Dipnéens, sous le nom «d’autostylie », des poissons Téléostéens et Élasmobranches (squales et raies), considérés comme « kyostylic », conclusion qui est en oppo- sition avec ses premières vues, Pollard s’est pro- posé de rechercher laquelle de ces deux opinions est la plus probable, d'établir si le suspensorium des Téléostéens est homologue de celui des Élas- mobranches, et enfin, de voir si ces deux der- niers groupes peuvent être réunis sous la ru- brique « Ayostylie ». Sans entrer dans les détails, ce qui nous entrainerait trop loin, rappelons que le suspensorium des Téléostéens est constitué par une chaine d'os (hyomandibulaire, symplectique et os carré), dont l’une des extrémités est articulée avec le crâne et l’autre avec la mandibule. Chez les Élasmobranches, tout cel appareil est forl ré- duit, et chez quelques-uns (Wotidanus Heptanchus), la mandibule cartilagineuse s'attache directement à la pièce cartilagineuse unique qui porte les dents et qu'on désigne sous le nom de palato-carré. Dans ce cas, fait observer Pollard, il faut rechercher la région homologue de l'hyomandibulaire des Téléos- téens dans la portion articulaire du palato-carré, c’est-à-dire dans la partie proximale du cràne. Mais, chez les raies, il y a un degré de complica- tion : il existe une pièce distincte qui unit la man- dibule au crâne et on l’homologue ordinairement à l'hyomandibulaire des Téléostéens. Pollard pense que cette homologation n'est pas justifiée, et que le soi-disant hyomandibulaire des Élasmobranches est en réalité le stylhyal. L'homologie entre le soi-disant hyomandibulaire des Élasmobranches et celui des Téléostéens ne 1 Dr H. B. PorrarD. — The suspension of the Jaws in Fishes. — Anal. Anz.t. X, 1894, n° 4, p.17. 548 D' H. BEAUREGARD — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE saurait être admise, ajoule-{-il, car, d’une part, l'articulation au cräne des pièces considérées à tort comme homologues ne se fail pas au même point; d'autre part, leurs rapports avec les muscles et les nerfs sont out différents. Dans ce cas le grou- pement proposé par Huxley ne saurait être admis. Chez les Élasmobranches, le suspensorium est cons- titué par le stylhyal : Pollard en fail le groupe « hyostylie ». Chez les Téléostéens et l'esturgeon, d'une part, chez les Amphibiens, le Ceratodus et la Chimère, d'autre part, le saspensoriumest cons- titué par l'hyomandibulaire : l’auteur les groupe sous les noms respectifs de « mélaautostylice» et « autostyliea ». Invertébrés. — T'ai eu l’occasion, l'année dernière, de dire deux motsdes recherches de Schimkéwitsch sur l'erdosternite des Arachnides. C'est une pièce solide qui forme, pour la plus grande part, le sque- lette interne chez un grand nombre d’Arachnides. Or, parmi celles-ci, il existe un groupe, celui des Galéodes, qui, par certains caractèresanatomiques, semble établir une transition entre les Insectes et les Arachnides. En particulier, les Galéodes n’ont point d'endosternite, mais des apodèmes qu'on a pensé pouvoir homologuer avec la pièce squelet- lique des autres Arachnides. Schimkéwitsch ! s'élève contre cette tentative d'homologation, malgré les ressemblances qui peuvent exister entre ces deux formations et qu'il reconnait d’ail- leurs. Mais il fait observer que les apodèmes des Galéodes sont d’origine ectodermique tandis que, dans son mémoire de l'an passé, il a démontré que l’endosternite des Arachnides est formé, chez les très jeunes individus qu'il a examinés, d'élé- ments mésodermiques. Ce seul fait suffirait à faire rejeter l'homologie entre les deux formations. IT. — SYSTÈME NERVEUX. ORGANES DES SENS. Vertébrés. — Le nombre des recherches ayant trait au système nerveux est considérable; pour une bonne part ce sont des applicalions des mé- thodes récentes de Golgi, de Ramon y Cajal, etc., que j'ai exposées assez longuement dans une pré- cédente Revue. En particulier, il en est ainsi d'un mémoire de Elliot Smith ? surles connexions entre le bulbe olfactif et l'hippocampe, ainsi que des recherches de P. Jacques * sur les nerfs du cœur chez la grenouille et les Mammifères. Les études sur le développement du système nerveux des Mammifères sont par contre assez 1 Sur la signification de l’endosternite des Arachnides. Zool. Anzeig., 189%, p. 125. 2 The connection between the Oltactory Bulb and the Iippocampus. Anal. Anz., 1894, n9 15. 3 P, Jacques, Journ. de l'Anat. el de la Physiol., 1894, n° 6. rares; toulefois nous trouvons un travail de À. Prenant sur le développement des corps oli- vaires !, Parmi les organes encore énigmatiques, il y a lieu de ranger les formations olivaires (olive principale, olive interne ou noyau pyramidal el olive externe) du bulbe rachidien. M. Prenant s'est proposé d'en étudier le développement, el il a poursuivi celle étude chez le porc, le mouton et le lapin. Au total, l'olive externe serait une formation secondaire, probablementissue de l'olive princi- pale. Cette dernière, de son côté, apparait après le noyau pyramidal (olive interne) et indépendam- ment de lui. Enfin, et ce fait a une importance qu'on appréciera aisément, la constitution histo- logique de l’olive principale est toute différente de celle du noyau pyramidal. Ce dernier est formé d'éléments qui le font ressembler à un amas ter- minal sensitif, tandis que les éléments constitutifs de l'olive principale ont tous les caractères des cellules des noyaux moteurs. À l’Analomie, dit l’auteur en terminant, de rendre complètement compte de ces ressemblances et de ces différences histologiques que l'étude des stades embryonnaires nous montre d'une manière frappante. Il est cer- tain en effet qu'il y a là üne indication intéressante el une voie nouvelle ouverte aux recherches. Parmi les travaux sur l’encéphale des Saurop- sides je relève : un mémoire de Brandis sur le cerveau des Oiseaux ?; une contribution à l'étude du lobe olfactif des Reptiles, par Læœwenthal5, et de Rabl-Rückhard, des recherches sur le cerveau du Python molure “, danslesquelles l’auteur décrit, à la partie ventrale du cerveau moyen, un double entrecroisement fibreux. Au sujet des Poissons, en dehors d'une bien longue polémique entre R. Burckhardt et Studnicka Ÿ à propos du cerveau antérieur, nous … relevons une étude du système nerveux des Téléos- téens par van Gehuchten f, dans laquelle l’auteur étudie la structure des lobes antérieurs, l'origine des fibres du pédoncule cérébral, les éléments constitutifs des lobes optiques, l’origine et la ter- minaison des principaux nerfs cràniens, elc. Enfin, des recherches anatomiques sur le sys- tème grand sympathique de l'Esturgeon, par R. Chevrel”. L'Esturgeon est un sujet d'études par- ticulièrement bien choisi, car, par son organisation Note préliminaire sur le développement des corps olivaires du Bulbe rachidien des Mammifères. C.R, kebd. de la Soc. de Biologie. 1894, p. 393. 2 Brannis, Arch. für mikrosk. Anat., 189%. 8 LœwenraaL, Journ. de l'Anat.et de le Physiol., t. XXX, n° 3. 4 Razr Rücrnarp, Silzgsber. Ges. Nal. Fr. Berlin, 1894, n° 2. 5 Anal. Anzeig., t. X. 6 Van Genucnren, La Cellule, 1. X, fase. 2. 7 R. Cnevrer, Arch. de Zool. expériment. 189%, p. 401. st nat de. ne D' H. BEAUREGARD — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE 849 générale, il tient précisément le milieu entre les Élasmobranches et les Téléostéens. M. Chevrel était d'autant mieux placé pour tirer d'intéressantes conclusions de ces recherches, qu'il a déjà étudié spécialement le grand sympathique chez les Élas- mobranches et chez les Téléostéens. De ses études, ilressort que le grand sympathique de l'Esturgeon érive de celui des Élasmobranches, dont il con- erve même le facies général; mais il offre un dé- eloppement plus considérable et une disposition plus parfaite. « S'il ne rappelle pas encore le grand sympathique des Téléostéens, il montre une ten- ance évidente à l’imiter. C'est un système de transition, ayant peu de caractères propres, n'ayant déjà plus tous ceux du sympathique des Élas- mobranches et ne présentant qu'un petit nombre de ceux qui caractérisent celui des Téléostéens. » … Dans un chapitre intitulé : « Essai sur la phy- logénie du système nerveux grand sympathique “des Poissons », nous relevons surtout un exposé - très suggestif des transitions qu'on observe dans l’organisation de ce système, depuis l’'Ammocète Ésau aux Téléostéens. …— Chez l'Ammocète, le caractère fondamental du grand sympathique est : 1° d'être entièrement et “uniquement abdominal; 2 d’avoir ses ganglions latéraux isolés les uns des autres. Chez les Téléostéens qui occupent l’extrémité opposée de l’échelle, le grand sympathique pos- “ède une partie céphalique parfaitement consti- uée, comportant un nombre variable de gan- glions, suivant les groupes que l’on examine; de plus, le cordon latéral, parfaitement constitué, s'étend depuis la Him du trijumeau du crâne, jusqu ’à la partie postérieure du canal caudal. . Chez l'Esturgeon, il y a une ébauche céphalique L aussi un système caudal rappelant les Poissons nu“ = ui: « On remarquera, ajoute l’auteur, que le cordon ympathique, chez les Poissons, se développe en deux sens opposés. Le point mort correspond à eu près au ganglion qui donne naissance au nerf - splanchnique. A partir de ce point, le cordon croît a “d'abord d'avant en arrière, puis d’arrière en avant; sa partie postérieure, au moins celle qui est See “dans la cavité abdominale, se forme beaucoup plus -rapidement que sa parlie antérieure. Il est pro- _bable que cette progression se maintient; mais jus- qu'à ce jour les termes de passage D défaut, et l'on assiste tout à coup, chez les Téléostéens, au développement intégral et parfait des deux extrés mités terminales du cordon. » Au cours de ses études sur la morphologie des fosses nasales, P. Garnault! a été conduit à des 1 P. GarnauLr, Contribution à l’étude de la morphologie recherches embryologiques fort intéressantes sur un organe assez énigmatique, l'organe de Jacob- son. Nous résumerons rapidement ce travail qui nous paraît jeter une vive lumière sur une ques- tion passablement obscure. On sait que l'organe de Jacobson est constitué par deux cavités nasales accessoires qui communiquent directement ou in- directement avec la cavité buccale. Ces organes, découverts par Jacobson chez les Mammifères, consistent, de chaque vôlé el à la base de la cloison du nez, en un lube prolégé par une capsule cartilagineuse (cartilage de Huschke). Ce tube, aveugle en arrière, débouche en avant dans la cavité buccale, par un conduit creusé dans l'os incisif (conduits incisifs.. Jacobson n’avait pas trouvé ces organes chez l'homme; mais Ruysch, puis Sæmmering et Küllikeren constatèrent l'exis- tence, et ce dernier, en particulier, démontra qu'ils existent très souvent chez l'embryon humain el qu'ils y reçoivent, comme l'organe de Jacobson des autres Mammifères, des filets de l’olfactif. Cependant, Gegenbaur repoussa l'homologie, ad- mise par Külliker, entre ces formations de l’em- bryon humain et l'organe de Jacobson des Mam- mifères, sous prétexte qu'elles y ont perdu leurs relations avec les carlilages de Huschke, et que ces relations sont fondamentales. Pour Gegenbaur, les soi-disant organes de Jacobson de l’homme doivent être homologués à la glande seplale qu'il a décou- verte chez certains Prosimiens (S/enops). L'opinion de Gegenbaur semble avoir été acceptée, car Wie- dersheim, dans son Yanuel d'Anatomie comparée 4890), dit que, « chez l’homme les organes de Jacobson semblent ne plus même apparailre pen- dant la période fœtale; ce que jadis on prenait pour eux, est le rudiment d'une glande nasale de la cloison semblable à celle qui existe, par exemple, chez les Prosimiens (Gegenbaur). L'existence du cartilage vomérien de Huselke, ajoute Wieder- sheim, prouve, d’ailleurs, que les ancêtres de l'homme ont dû posséder jadis un organe de Jabobson ». Je rapporte celte citation, bien qu'un peu longue, parce qu’on y trouve, à mon sens, une nou- velle preuve du peu de confiance qu'il faut avoir dans ces déduclions à priori, où nous engageons nos ancêtres sans les avoir connus, alors que nous n'avons qu'à éludier nos contemporains pour trou- ver la solution du problème posé. D'une part, en effet, M. Garnault, par ses recherches embryologiques , montre que les organes de Jacobson, comme l'a avancé Külliker, existent chez les embryons humains de deux ou des fosses nasales. L’organe de Jabobson. C. R. hebdom. de la Soc. de Biologie. Mai, 1895. 850 trois mois, et qu’à cet âge « leur structure est ab- solument identique à celle que présente, chez les Mammifères pris à une époque comparable de leur développement, l'organe de Jacobson le mieux dé- veloppé ; il reçoit des filets nerveux de l’olfactif…., il reçoit également, par sa partie postérieure, un filet du naso-palalin de Scarpa. Tous ces filets dis- paraissent par la suite ». D’autre part, Garnault estime que la connexion entre l'organe de Jacobson et les cartilages de Husthke n’est pas essentielle, ces cartilages étant des organes de soutien qui ne deviennent qu’acci- dentellement organes de protection pour le tube de Jacobson, si bien que, de l'existence de ces car- lilages, il n’y a nullement lieu de conclure à l’exis- tence des organes de Jacobson chez nos ancêtres, non plus que de nier la présence de ces organes chez l'homme actuel. Mais il y a plus : l’auteur a pu suivre les pre- mières phases du développement de l'organe de Jacobson chez le rat, et il a vu qu'il se développe par une fente relativement très large, tapissée d’un épithélium semblable à celui qui revêt la région olfactive des fosses nasales. « Le tube de Jacobson, ajoute Garnault, ne se développe donc pas par une invagination tubulaire à la facon des glandes. » Bien qu'il dise quelque part, dans sa note, que peut- être la glande septale des Prosimiens doit être homologuée à l'organe de Jacobson, il me semble, au contraire, que le mode de genèse du tube de Jacobson exclut la possibilité de cette homologa- tion, à moins qu'il soit démontré que la glande septale des Prosimiens n'est pas une glande, ce qui est encore bien possible. Ce qui est plus important, en tous cas, c’est que le mode de formation de l’or- gane de Jacobson chez l'embryon du rat semble fournir un point d'appui sérieux pour homologuer l'organe de Jacobson des Mammifères avec le cul- de-sac nasal interne des Amphibiens anoures. Cette manière de voir aurait le grand avantage de recon- nailre une même origine aux diverses formations décrites comme organes de Jacobson chez les Ver- tébrés où on en rencontre ; mais que devient alors l'hypothèse de Wiedersheim qui homologue la cavité nasale accessoire des Amphibiens anoures au sinus maxillaire des autres Vertébrés? Il semble bien qu'elle ira rejoindre l'opinion de Gegenbaur citée plus haut, parmi la déjà trop riche collection d'hypothèses avancées sans bases solides. Tnverlébrés. — Nous trouvons un mémoire impor- ant de À. Binet! sur le système nerveux sous-in- teslinal des Insecles. 1 Contribution à l’étude du système nerveux sous-intestinal des Insectes, par A. BiNer. Journ. de l'Anal. el de la Physiol. 1894, n° 5. D' H. BEAUREGARD — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE ! rendent dans la colonne ventrale et lelobule ventral. 4 $ Les méthodes de Golgi et d'Ehrlich ont été, nous è l'avons déjà dit, un élément de progrès considé- rable dans nos connaissances sur le système ner- veux des animaux; mais ces procédés ne peuvent donner que des notions d'une nalure assez res- treinte ; ils n'interviennent guère qu’au point de … vue topographique et ne laissent découvrir, tant À s’en faut, aucun détail de la structure histologique intime des éléments nerveux. Par la méthode de Golgi, ces éléments sont totalementremplis par les . précipités, et ‘c’est précisément l’opacilé ainsi oh- tenue et l’intense coloration uniforme de leurs « diverses parties (corps cellulaire, dendriles, cy- lindre-axe) qui favorisent les études d'anatomie descriplive microscopique auxquelles tant de cher- cheurs se sont livrés depuis qu'ils sont:en posses- sion de cetle technique nouvelle. On en peut dire autant, pour des raisons d’un autre ordre, de la méthode d'Ehrlich. Aussi pensons-nous qu'il n’est pasinutile d’insis- … ter sur un travail qui attire l'attention sur une technique plus récente et qui a donné, entre les mains de son auteur, des résullats excellents pour l'étude de la constitution intime de certains élé- ments nerveux (il s’agit plus spécialement des cel- lules nerveuses ganglionnaires des Crustacés et de quelques Insectes). La méthode à laquelle nous faisons allusion est celle de Viallanes (mordancage au sulfate de cuivre etcoloration à l'hématloxyline), modifiée par Binet, qui obtient une double colora- lion au moyen de la safranine, dont on fait succé- der l’action à celle de l'hématoxyline. L'auteur a pu, dans ces conditions, obtenir des colorations très tranchées, d’une part du proto- plasma de la cellule, d'autre part du noyau et des fibrilles qui forment le cylindre-axe. On peut suivre alors aisément ces fibrilles jusqu'à l’intérieur du protoplasma des cellules, et les voir, tantôt décrire. une spire autour du noyau, tantôl s'irradier dès leur pénétration dans les couches corlicales du protoplasma; en un mot, on peut éludier dans tous ses détails le trajet des fibrilles et leurs rela- tions avec les diverses parties de la cellule ner- veuse. M. Binet ne s’est d'ailleurs pas contenté de celte élude histologique pure; il à éludié encore, avec beaucoup de soin, la structure des ganglions de la chaine nerveuse abdominale des Insectes, montrant que chaque ganglion comprend: d'une part, deux colonnes ventrales et un lobule ventral inférieur: d'autre part, un lobe dorsal formé, comme les précédentes parties, d'une substance fibrillaire, mais moins dense et plus grossière que chez celles- ci. Le nerf abdominal correspondant possède trois racines, dont une est dorsale el les deux autres se Considéré dans son ensemble, le ganglion thora- cique peut être ramené à un ganglion abdominal auquel se surajoutent latéralement deux lobes cru- TAUX. + M. Child’ a publié des recherches assez étendues « sur les organes sensilifs antennaires des Insectes. Chez la guêpe (vespa vulgaris), l'organe sensitif siège dans le deuxième segment de l'antenne, à l'exclusion de tout autre. Il en est de même, et avec la même structure, chez beaucoup d’insectes appartenant aux groupes les plus variés : Bombus, Musca, Panorpa, Melolontha, Libellula, etc. _ Chez les Hémiptères homoptères, l'appareil siège - au même endroit, mais il est moins développé, les - cellules ganglionnaires et les bâtonnets étant peu nombreux. Chez certains Diptères (Culicides et Chirono- mides), l'organe sensitif se trouve dans un segment sphérique situé à la base de l'antenne et plus volu- | mineux chez le màle que chez la femelle. Cet - organe est d'une structure très complexe, mais . surtout chez la femelle il offre une ressemblance évidente avec les organes sensitifs des insectes ci-dessus désignés. Quant aux fonctions de ces appareils, nous les connaïtrons lorsque l’auteur - aura publié les résultats des recherches physiolo- . giques qu'il se propose d'entreprendre. III. — SYSTÈME VASCULAIRE Parmi les travaux d'embryologie relatifs au sys- tème vasculaire, nous devons donner quelques détails sur les recherches de M. Duval ? relative- ment aux relations qui existent chez les Mammi- fères entre la mère et le fœtus, au point de vue des échanges sanguins. Nous avons rendu compte déjà, dans la Revue générale des Sciences (1893), des . études de M. Duval sur le placenta des Rongeurs, études qui lui ont permis de démontrer l’origine ectodermique du placenta fætal et d'établir que cet organe est, chez les Rongeurs, un ecfoplacenta, ca- ractérisé par ce fait que les cellules épithéliales se fusionnent bientôt en une masse protoplasmatique continue, véritable plasmode ectoplacentaire qui en- globe les vaisseaux capillaires maternels. Bientôt les parois de ces vaisseaux se résorbent et le sang maternel circule dans les lacunes creusées en plein plasmode ectoplacentaire. M. Duval a spécialement étudié, parmi les Car- nassiers, le chien et le chat, et ñ s'est trouvé ainsi en présence de deux types nouveaux, un peu dif- férents l’un de l’autre, sinon au point de vue de l'origine du placenta, au moins eu égard à la des- 1 Beiträge zur Kenntniss der antennalen Sinnesorgane der Insecten, von C.-M. Cuir». Zool. Anzeig, 18%, p. 35. ? Le Placenta des Carnassiers, par M. Duvac. Journ. de l'Analomie et de la Physiologie 1891. D' H. BEAUREGARD — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE 851 tinée des cellules épithéliales fœtales, ces deux types établissant un passage du placenta des Ron- geurs à celui des Ruminants el permettant d’ex- pliquer ainsi d’une manière très salisfaisante la composition si complexe de organe en question chez ces derniers animaux. Chez la chienne, la formation ectoplacentaire se comporte d’abord comme chez les Rongeurs : elle se transforme plus ou moins complètement en plasmode que pénètrent les vaisseaux maternels ; mais tandis que chez les Rongeurs la paroi de ces vaisseaux est, comme nous le rappelions plus haut, lotalement résorbée, elle persiste chez la chienne, et la formation placentaire comprend ainsi un élé- ment de plus que celui des Rongeurs, à savoir les cellules endothéliales des vaisseaux maternels. C'est ce que M. Duval appelle un angioplasmode, terme heureux qui rappelle bien la composilion fondamentale du placenta fœtal du chien. Chez la chatte, les choses se passent à peu près comme chez la chienne, sauf loulefois que les cellules ectodermiques fœætales ne se fusionnent pas en plasmode ; elles conservent leur individua- lité et le placenta comprend dès lors, en outre des éléments énumérés ci-dessus chez la chienne, des cellules épithéliales disposées par couches et re- présentant un véritable type d’épithélium vascu- laire. Nous ne pouvons résister au désir de transerire les conclusions générales de l'auteur : car elles jettent un jour d’une grande clarté sur la structure et la genèse des placentas si variés des Mammi- fères plecentaires. « Ces dispositions du placenta fœtal chez les Carnassiers,dit M. Duval,c'est-à-dire la présence de formations ectodermiques conte- nant des vaisseaux avec leurs parois endothéliales et non de simples lacunes sanguines, comme chez les Rongeurs, ces dispositions représentent une forme de transition entre le placenta des Rongeurs d’une part et d’autre part celui des Ruminants et des Pachydermes. «Chez les Rongeurs, entre le sang maternel et le sang fœtal ne sont inlerposées que la paroi capil- laire fœtale et les couches ectodermiques ; chez les Carnassiers, les parties interposées entre ces deux sangs sont, outre la paroi capillaire fœtale et l’ec- toderme, la paroi endothéïiale vasculaire mater- nelle ; qu'à ces parties s’ajoute encore l’épithélium utérin conservé, el nous aurons le type structural du placenta des Pachydermes et Ruminants. C'est ce que nous montrerons par de prochaines études, c'est du reste ce qui est bien connu de par toutes les descriptions classiques ; seulement les auteurs quise sont occupés du placenta, partant de celui ‘des Ruminanis, où la persistance de l'épithélium utérin est évidente,ont hàtivement généralisé cette Doté Si BUT SET Cr "77 gén ce CRAN AE NOUS RE nd TT 17! Les, 852 disposition, et se sont efforcés de retrouver cet épithélium ulérin chez les Carnassiers aussi bien que chez les Rongeurs. » On sait combien on est loin d’être d'accord au sujet du mode de développement des vaisseaux; cependant on admet d'une facon assez générale qu'ils sont formés par des bourgeons endothéliaux pleins, émanés de vaisseaux préformés; mais on ne s'entend plus sur la façon dont se creuse la lumière du vaisseau dans ce bourgeon. Suivant Greene, les cellules axiales du bourgeon s’écartent, et il se forme ainsi des vacuoles qui s'unissent pour conslituer la lumière du conduit vasculaire; d’après Arnold et H. Field, les cellules centrales du bourgeon se transforment en globules sanguins ; enfin, suivant Renaut, le bourgeon est un amas de protoplasma avec noyaux endothéliaux. M. H. Mar- tin ‘, pour apporter un nouvel élément à nos con- naissances sur ce point, s’est proposé l'étude spéciale du développement de l'artère coronaire chez l'embryon de lapin. L'examen de séries bien graduées d’âges divers lui a permis de suivre pas à pas la formation de cette artère. C'est à partir du douzième jour que l'auteur trouve les pre- mières traces de l'organe, sous la forme d'un bour- geon plein mesurant 1/20 de millimètre de long sur 1/30 de millimètre d'épaisseur el formé de trois rangées longitudinales de cellules répondant, par leurs caractères, aux cellules endothéliales de la région postérieure du bulbe aortique où s'attache le bourgeon. Le mode de développement par bourgeon pour les vaisseaux parait donc bien être un fait acquis. Reste à savoir comment se creuse ce bourgeon. M. H. Martin admet qu'il se produit des vacuoles intercellulaires dans la rangée axiale et que les deux autres rangées deviennent l'endothélium du nou- veau vaisseau. Les cellules axiales nelui paraissent pas contribuer à former les hématies. Parmi les nombreux (ravaux d'anatomie des- criplive et comparée auxquels a lieu le système vasculaire, signalons les recherches sur la distribution artérielle dans les membres infé- rieurs des Primates par M. Popowsky *: cette étude dans laquelle l’auteur utilise, outre ses propres recherches, celles d’un certain nombre d'anatomistes et particulièrement du regretté Rojecki, auteur d'un mémoire sur le même sujet d'après les dissections qu’il avait failes dans notre donné 1 Note sur le premier développement des artères coronaires cardiaques chez l'embryon de lapin, par M. H. Marrix. C. R. hebd. de la Soc. de Biologie, t. NT, 189%, p. 83. ? Das Arteriensystem der unteren Extremitäten bei den Primaten, von Prof. P. Popowsky. Anal. Anz. 1. X, 1894, nos 9, 3 et 4. D' H. BEAUREGARD — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE laboratoire au Muséum, cette étude, disons-nous, est à signaler pour son excellente bibliographie etses descriptions détaillées qu'accompaguent de bonnes figures explicatives. Dans le Bulletin du Muséum (1895, p. 45), nous trouvons une note de M. Boulart sur « des plexus thoraciques veineux du Phoque commun ». On pourrail croire que, chez ces animaux, dont l'ana- tomie à été faile avec assez de détails, il ne reste plus rien à glaner. Cependant M. Boulart a eu la bonne fortune de reconnaitre et de préparer, chez deux sujets d'âge différent, des plexus veineux situés de chaque côté de la pointe du cœur el reposant en partie sur le diaphragme, en partie sur le péricarde. Ces faits s'ajoutent à ceux qu’on connait déjà de dispositions vasculaires spéciales (plexus, réser- voirs, etc.) favorisant la stase du sang veineux chez les Mammifères à vie aquatique. Dans le même ordre d'idées, nous trouvons dans le même recueil une note de M. Henri Gervais sur la circulation périrénale de l'Æyperoodon rostratus {Bulletin du Muséum, p. 146) et une note de M. Neu- ville sur des sinus veineux intrahépatiques qu'il a découverts chez le Castor du Rhône (#bid. p. 46. Enfin, j'ai publié moi-même en collaboration avec M. Boulart une note sur un plexus veineux de l'œil de Balzænoplera musculus ‘. On sait qu'il existe chez les Cétacés un riche réseau artériel qui forme autour du nerf optique un manchon presque continu, le séparant du musele choanoïde. Nous avons trouvé chez B. musculus, en outre de ce réseau arlériel, un plexus veineux très riche séparé de ce dernier par le muscle choanoïde. Ce plexus formé de veines scléroticales et de branches musculaires s’ajoute aux nombreux plexus vascu- laires déjà décrits chez les Cétacés. J'ai eu, d'autre part, l’occasion, dans mes re- cherches sur l'oreille ?, de décrire un plexus vei- neux également très fourni, enveloppant l'artère carotide inlerne dans son passage à lravers la bulle auditive el s’irradiant dans les nombreux sinus aériens que j'ai décrits au voisinage de l'oreille moyenne des Cétodonteset des Mysticètes; il paraît donc bien de plus en plus évident, comme je le rappelais tout à l'heure, qu'il existe une rela- tion entre la vie aquatique des Mammifères et le développement de dispositions vasculaires spé- ciales, principalement dans le parcours du sang veineux. Pour en finir avec le système vasculaire, je dira quelques mots d’un excellent travail de M. CL. Re- 1 H. BraureGarp, et R. BouLarr. C. R. hebdomad. de la Sociélé de Biologie, 1894, p. 715. ? H, Braurecarov. Journ. de l'Anal. el de la Physiol. 1893 et 1894. D' H. BEAUREGARD — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE 853 -gaud ! sur les vaisseaux lymphatiques des glandes | mammaires. La reprise des recherches sur le sys- h jème lymphatique, avec lesprocédés dela technique histologique, s'impose : « Dans l’état actuel de la science, en effet, dit M. Renaut?, le savant profes- seur d'Histologie de la Faculté de Médecine de Lyon, ui a inspiré l'étude dont nous parlons, il ne suffit as, pour affirmer en un point quelconque du tissu conjonctif la présence de trajets lymphaliques, d'avoir développé un réseau par des injections co - orées; il faut avoir montré, en outre, par une im- régnation de nitrate d'argent, que ce réseau répond bien à des canaux limités sur tout leur par- cours par l'endothélium découpé en jeu de patience, … qui, seul, caractérise les voies et espaces lympha- {. tiques vrais, tandis qu'une injection colorée ne “donne rien que la forme des espaces interorga- Ein le long desquels elle s'est répandue. Or, - parfois l'ensemble de ceux-ci, lorsqu'ils ont été remplis par la matière à injection, simule, à s'y …— méprendre,unréseaulymphalique quin’exisle pas.» 4 M. Regaud a eu mille fois raison de s'inspirer de ces - sains principes d'anatomie dans ses recherches. “ Qu'on injecte interstitiellement une masse au bleu - de Prusse, comme le faisait Langhans, ou une s0- - lution chloroformique d'asphalte, comme l’a pro- posé Sorgius, ou du mercure à la façon des anato- mistes d'antan, il est impossible de se rendre compte de la valeur scientifique des résultats ob- « lenus. Suivant la pression employée, suivant les qualités de pénétration des matières à injection usitées, on obtient des figures bien différentes; de là des divergences nombreuses entre les observa- - Leurs, de là l’ignorance réelle dans laquelle nous . sommes encore aujourd'hui sur la distribution * vraie des lymphatiques. > La méthode très simple du professeur Renaut nous parait répondre à tous les desiderata. On mé- lange la solution argentique à un fixateur éner- - gique, le liquide osmio-picrique, et on pratique . avec ce mélange des injections interstitieiles. La double action du sel d'argent et de l'acide osmique donne des préparations d’une grande netteté. Dans le cas particulier de la glande mammaire, deux opinions sont actuellement en présence; les uns (Waldeyer,Kolessnikow, Creighton, Sorgius) admettent que l’origine des lymphatiques glandu- laires est, dans les espaces périacineux, à l'énté- rieur des lobules; les autres (Langhans, Coyne) nient que les lymphaliqnes pénètrent dans les lobules et admettent qu'ils n’ont avec les acini que des rap- 1 CL. Recau», Etude histologique sur les vaisseaux lympha- tiques de la glande mammaire. Journ. Ge l'Anat.et de la Phy- . siol., 4894, n° 6. ? J. Renaur, Traité d'Hislologie pratique, 2° fasc., 1893, p. 898. ports médiats. C’est avec ces derniers que se range M. Regaud. Ses préparations démontrent, en effet, que les espaces lymphatiques et les canaux qui forment les deux élements du système lymphatique de la glande mammaire sont absolument extra-lo- bulaires. IV. — SYSTÈME DE NUTRITION, — APPAREIL DIGESTIF. Vertébrés. — D'un mémoire critique et historique d’un grand intérêt, que vient de publier M. La- guesse ! sur la structure et le développement du pancréas, nous reliendrons surtout, pour en parler ici, ce qui a trail à la genèse de cet organe, les connaissances récemment acquises sur ce point, et, pour une bonne part, grâce aux recherches de l’auteur, permettant, dès maintenant, d'expliquer d’une façon très satisfaisante les dispositions si variées qui s'observent dans la série des Ver- tébrés. Jusqu'à ces dernières années, on pensait que le pancréas provenait d’un seul bourgeon dorsal de la région duodénale de l'intestin, tandis que le foie provient d’un bourgeon ventral de la même région, en un point à peu près exactement opposé au pre- mier. « Aussi, dit M. Laguesse, s'expliquait-on fort mal la présence, chez beaucoup d'animaux, de plu- sieurs canaux excréteurs, débouchant en des points différents, les uns isolés, les autres réunis à ceux du foie. Chez l’homme même il était quelque peu étonnant de voir, sur l'adulte, converger en une même ampoule terminale (ampoule de Vater) un canal pancréatique et un canal cholédoque, nés sur l'embryon, l’un dorsalement, l'autre ventra- lement, aux deux parois diamétralement opposées de l'intestin. » Les recherches de nombreux obser- vateurs ont établi que deux autres bourgeons pan- créatiques ventraux se développent en outre du bourgeon dorsal. C’est chez les Batraciens que le fait fut aperçu d’abord (Goette), et, depuis lors, on retrouva ces bourgeons ventraux chez tous les Vertébrés; M. Laguesse, en particulier, les décrivit chez la Truite ; en même tempsils furent découverts chez les Reptiles, les Oiseaux et les Mammifères. Ces deux bourgeons ventraux naissent sur le conduit hépatique primilif (ventral, comme nous l'avons dit), à son point d'’abouchement dans l’in- testin. Au cours du développement, ce conduit hépatique se porte à droite et entraîne ainsi avec lui les deux pancréas ventraux, qui bientôt vont se fusionner avec le dorsal, pour ne plus former qu'une seule glande. Cette glande a, dès lors, deux ca- naux excréteurs, un dorsal (canal de Santorini) qui 1 E. Lacuesse, Structure et développement du pancréas, d’après les travaux récents. Journ. de l'Anat. et de la Physiol., n°s 5, 6, 1894, 854 provient de l’ébauche primitive pancréatique dor- sale, et un ventral {canal de Wirsung), qui dérive de la soudure des deux canaux issus des pancréas primitifs ventraux. Celui-ci débouchera alors, soit directement dans l'intestin, soit en commun avec le canal cholédoque. « La découverte des bourgeons ventraux, dit M. Laguesse, nous permet de comprendre l’exis- tence de conduits multiples, leurs anomalies, leurs varialions spécifiques individuelles, les rapports de ces conduits avec ceux du foie et des deux or- ganes entre eux. Si, chez l'homme et chez beaucoup d'animaux, le canal de Wirsung vient s'ouvrir en commun avec le cholédoque dans l’ampoule de Vater, c'est qu'il est né des parois mêmes de celui- ci. S'il existe un canal de Santorini accessoire, in- constantet décroissant généralement de sa réunion: au principal jusque vers son embouchure (d'où le nom de canal récurrent : Cl. Bernard), c’est que ce canal représente la voie d’excrélion dorsale primilive de tous les Vertébrés, voie dont l’atro- phie commence partout à l'embouchure pour remonter vers la glande. Enfin, on s'explique les rapports presque constants, chez les Vertébrés, du canal cholédoque avec le pancréas qui l’entoure plus ou moins complètement et aussi les anasto- moses mulliples et variées existant chez quelques Batraciens et surtout chez les Reptiles (voyez, Boulart: C. R. hebd. de lu Societé de Bioloyie, 1888, p. 22%), non seulement entre les canaux excréteurs des deux organes à leur terminaison, mais entre leurs ramifications (canaux hépatiques, cystiques, biliaires) et la vésicule. etc.» C'est là un exemple excellent du rôle important que joue l'Embryogénie dans la solution des pro- blèmes d’Anatomie comparée que la Morphologie est impuissante à élucider. Mais il y a plus; de ce que les ébauches pancréaliques ventrales prennent naissance sur le bourgeon hépatique, on peut penser à& priori qu'il existe d’étroites relations entre le pancréas et le foie, et c'est en effel ce que vient démontrer l’observalion. Dans deux groupes de Vertébrés, les Cyelostomes d’une part (von Kup- fer) et les Sélaciens de l’autre (Laguesse) ! , il ar- rive que les ébauches ventrales de l'intestin qui représentent les formations pancréatiques ven- trales susdites, donnent du foie et non du pancréas par la suite du développement. Il semblerait done que ces deux glandes annexes du tube digestif, le foie el le pancréas, doivent être considérées comme une différencialion secondaire d'une même formation glandulaire primilive. « Nous rappel- lerons, dit Laguesse, que beaucoup d’auteurs con- 1 Lacuesse, Développement du pancréas chezles Sélaciens. Bibliographie anatomique, n° 3, 1894. D' H. BEAUREGARD — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE . sidèrent l'organe désigné sous le nom de foie chez les Invertébrés, comme un hépato-pancrèas possé- dant des fonclions mixtes. Ne peut-on supposer . que,chez les ancêtres des Vertébrésactuels,existait ‘sans doute aussi un hépato-pancréas dont les dif- férentes parties, par complication graduelle des actes digestifs el autres (sécrétions internes), et par division du travail de plus en plus complète, se sont isolés fonctionnellement et morphologique- ment l’un de l’autre. Le foie et le pancréas nous apparaissent de plus en plus, au triple point de | vue anatomique, physiologique et embryologique. comme les deux parties d’un même tout. » L’histologie comparée du tube digestif fail, de- puis plusieurs années déjà, le sujel des études suivies de À. H. Pilliet. Je relève du même auteur une note sur la structure de l'estomac du Phoque et de l’Olarie ! qui me parait intéressante à plus d’un titre. De ces recherches il résulte que l’esto- mac des Amphibies, estomac simple, formé d’une poche unique, est un véritable estomac de Carnas- sier, el les quelques particularités de structure qu'il présente ne sauraient l’éloigner de ce type. En tous cas, aucune de eelles-ci n’est de nature à le rapprocher du type de l'estomac des Cétacés. Cette conclusion très précise vient à l'appui de la manière de voir de ceux qui, et je suis du nombre, se refusent à suivre les zoologistes obslinés à rat- tacher les Célacés aux Carnassiers par l'intermé- diaire des Cétodontes (voire du Zeuglodon) d’une part et des Amphibies de l’autre. Plus on étudie l'anatomie des Cétacés, plus on se convaine que c'est là une erreur. J'ai insisté ailleurs sur ce point el j'ai donné les raisons qui me paraissent plaider en faveur d'une relation génétique entre les Céta- cés et les Equidés, si toutefois des relations de celte sorte ont jamais existé entre les Cétacés el les Mammifères terrestres. Nous trouvons, en outre d'un mémoire de Schwalbe ? sur les théories des dentilions, où cel anatomisle donne un résumé des recherches de Kükenthal, une note de ce dernier * dans laquelle nous relevons une sorte de profession de foi qu'il croit devoir exposer lui-même en réponse à un travail de Leche *. Leche admet, chez les Mammi- fères, quatre denlilions, dont une dentition prélactée qui ne laisse que des traces chez les de la Sociélé de Biolo- 1 A, H. Pine, C. R. hebdom. gie, 1894, p. 745. ? ScnwaLge, Ueber Theorien der Dentition. Verhandl. der Anal. Gesellsch. in Strasbourg, 1894. #3 Zur Dentition Frage, von Willy KükENruaL. Analom. Anzeig., 1895,n9 20, p. 653. i Lecne, Zur Entwickelungsgesch. des Zanhsystems des Saugethier. Bibliotheca Zoologicaherausgegeben von Leuc- kart und Cheun. Heft 17, 1895. à ammifères les plus inférieurs, tandis que la deuxième dentition (dentition de lait des auleurs). S'adaptant aux exigences nouvelles, prend un grand ‘développement. La troisième dentition (deuxième des auteurs ou dentition permanente, de remplacement) serait une acquisition nouvelle, qui n'aurait plus rien à voir avec les dentilions des prédécesseurs des Mammifères, et, enfin, la uatrième dentilion en serait encore àses premiers développements. _ Kükenthal protesie contre ces nouveautés et s'élève en parliculier contre l'idée de Leche de considérer la dentition de remplacement comme une nouvelle acquisilion des Mammifères. C'est à ce propos qu'il croit devoir rappeler que, chez tous les Maminifères, on trouve seulement deux - dentitions qui se succèdent et qui, toutes deux, | sont un hérilage des Vertébrés prédécesseurs des | Mammifères. En réalité, les Mammifères sont caractérisés par une réduction graduelle du nombre des dentitions qui, assez élevé chez les ancêtres polyphyodontes) de cette classe, se réduit graduel- lement en même temps que les dentssespécialisent dans les groupes les plus élevés en organisation. Ces idées ne sont pas nouvelles évidemment ; il n'était, toutefois, pas mauvais de les rappeler. Nous n’y insislons pas aujourd'hui, comptant pro- chainement entretenir plus longuement les lecteurs . de la Rerue de cetle question de la succession des dentitions chez les Mammifères, à propos de recherches que nous devons publier incessam- ment. Inverlébrès. — Nous ne ferons que signaler, car la Revue l'a longuement analysé, un travail plein de faits de M. Bordas !, sur les glandes annexes de l'appareil digestif des Hyménopières. Le grand nombre d'espèces étudiées. {près de 200) donne à ces recherches un intérêt spécial. ! Borpas, Appareil glandulaire des Hyménoptères (glandes salivaires, tube digestif, tubes de Malpighi et glandes veni- meuses), Thèse en Sorbonne, Paris, 1895, et Anatomie des “landes salivaires des Hÿménoptères de la famille des Ich- neumonides. Zool, Anzeig., 1894, p. 131. D' H. BEAUREGARD — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE 855 V. — APPAREIL RESPIRATOIRE. D'un travail ‘important sur deux orang-outangs adultes, publié par un certain nombre de natura- listes du Muséum*, nous retenons quelques cha- pitres d'anatomie. Une étude très consciencieuse a permis à M. de Pousarguesde trouver, dansl’examen des organes génitaux de ces deux individus mâles, un certain nombre de caractères qui distinguent ces organes de ceux de l’homme. En particulier, les vésicules séminales, la prostate, les canaux éjaculateurs offrent des différences assez mar- quées. MM. Deniker el Boulart ont étudié les sacs laryn- giens etles excroissances adipeuses qui proéminent si singulièrement de chaque côté de la face. Les singes anthropoïdes sont les seuls à posséder des sacs laryngiens développés aux dépens des ventri- cules de Morgagni, c'est-à-dire au-dessus des cordes vocales, comme c'est le cas ici pour l’orang-ou- lang; chez Lous les autres singes qui possèdent des sacs aériens en relation avec le larynx, c’est au-dessous des cordes vocales qu'ils se développent ou bien c’est une poche sous-épiglottique comme chez les Pilhéciens. Quant aux excroissances qui s’élalent de chaque côté de la face, ce sont des formations adipeuses, où les éléments cellulo-graisseux très abondants sont contenus dans une trame fibreuse compacte. Les rapports anatomiques de ces excroissances, étudiés avec soin par MM. Deniker el Boulart. leur permettent d'homologuer, pour une part au moins, ces formations à la boule graisseuse de Bichat qu'on retrouve, on le sait, même chez les hommes les plus émaciés. D' H. Beauregard, Assistant au Muséum. 1 Nous placons ce travail sous la rubrique « Appareil res- piratoire », parce qu'il s’agit surtout de sacs en relation avec le larynx, mais nous ne voulons rien préjuger de leur rôle. 2 Observations sur deux Orang-outangs adultes morts à Paris, par MM. Muixe-Epwarps, J. Deniker, R. BourarT, E. DE PousarGues, F. Dezisce, in Nouvelles Archives du Muséum d'Histotre Naturelle. Paris, 1895. ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES LA CÉMENTATION DES LINGOTS DESTINÉS AUX PLAQUES DE BLINDAGE, — LES USINES A TRANSMISSIONS ÉLÉCTRIQUES AUX ÉTATS-UNIS, — UN MOTEUR-ALTERNATEUR DESTINÉ AUX RECHERCHES DE LABORATOIRE A UNIVERSITY COLLEGE (LONDRES). L'expérience à montré que les plaques de blindage employées pour résister au chee des obus doivent, pour bien salisfaire à leur destination, offrir celle par- ticularité de n'être point chimiquement homogènes dans loute leur épaisseur. La face qui recoit le projectile doit être plus riche en carbone que les parties pro- fondes, Il faut donc, après avoir fait subir à l’acier de la plaque l’épuration métallurgique ordinaire, arri- ver à dissoudre dans le fer de la face exposée au choc et un peu au-dessous de celte face une petite quantité de carbone, et empêcher ce carbone d’addition de pé- nétrer {rop profondément dans la plaque. C’est cette opération qui constitue la cémentation. La pratique de la cémentation est relativement fort ancienne; mais, jusqu'à présent, la carburation, en laquelle elle consistait, était produite par l'effet du contact du arrière du lingot et à l’intérieur duquel peut être éta- blie une circulalion d’eau, afin d'augmenter encore la rapidité de ce refroidissement. Les deux garnissages perpendiculaires servent de transition entre la paroi mauvaise conductrice et la paroi bonne conductrice. … Ils se composent donc de prismes en matières réfrac- taires EF, dont Parète vient aboutir à la paroi métal- lique. La forme contournée donnée à la lingotière tient … compte des différences de refroidissement au centre el sur les côtés du lingot, et permet d'obtenir un refroi- dissement progressif par tranches parallèles à Ja paroi | métallique. Il en résulte que la couche d'acier cémenté est à peu près uniforme sur toute la surface dure du lingot. La préparation spéciale du pisé de matières carbu- rantes, qui sont complètement débarrassées de leurs gaz. elsa gran- charbon avec = le métal, ce- lui-ci restant solide et étant porté seule - mentà la tem- pérature du Jaune (11000). NN LS EMPLACEMENT DU de dureté,sont telles qu’il est possible de couler l'acier sans avoir à craindre la moindre effer- vescence, Le Dans ces con- ea métalnebouil- ditions la pro- Are © \ LINGOT : \| F lonne pas el fondeur de la E:# & Ë F reste aussi cal- carburation KiN C NN me que sil est fonction NN \ était coulé du temps. :’est ainsi que, pour ar- river, dans le dns une sim- ple lingotière à parois mé- talliques. procédé Har- vey, à cémen- ter d’un cen- timètre à un centimètre et demi une plaque d'acier doux de 20 centimètres d'épaisseur, 15 à 20 heures sont nécessaires. Or, voici un procédé tout nouveau, qui réalise, à ce point de vue, un progrès évident. Il est dù à un mé- tallurgiste bien connu, M. Emile Demenge, qui vient de l'appliquer, aux usines de Pamiers, à la cémenta- tion des plaques de blindage, Le principe de la méthode est de carburer directe- ment l’une des faces du lingot lors de la coulée (à 1400c) en garnissant de matières carburantes l'une des parois verticales de la lingotière, et d'empêcher cette carbu- ration de se propager trop profondément à l'intérieur du lingot, en refroidissant énergiquement la paroi verticale de la lingotière opposée à la paroi carburante, afin qu'à son contact l’acier devienne très vite pâteux et ne puisse absorber le carbone qui commence à se dissoudre. La lingotière dans laquelle l'acier extra-doux estcoulé, a donc l’une de ses parois AB (fig. 1) garnie d’un pisé de matières carburantes et, de ce côté, l'épaisseur de la couche mauvaise conductrice de la chaieur, située en arrière des matières carburantes, peut varier sui- vant l'énergie que l’on veut donner à la cémentation : on peut même y ménager des carneaux qui seraient parcourus par des gaz chauds. La paroi opposée, CD, est, au contraire, constituée en matière bonne conduc- trice : c’est un bloc en fonte d’une certaine épaisseur, agissant par sa conductibilité pour refroidir la partie Fig. 1. — Coupe horizontale de la lingotière. Tous les cé- ments ulilisa- bles ont été 6- tudiés, depuis le charbon de cornue jusqu’au noir ani- mal, et, en faisant varier le mélange des différentes matières carburantes dans le pisé qui constitue la paroi, on peut obtenir des variafions correspondantes dans la cémentalion. Par exemple, la cémentation obtenue avec le coke est à peu près moitié moindre que Ja cémenta- Lion avec le charbon de bois. Des matières inertes, telles que Ja chaux ou l'argile, peuvent également entrer dans la composition du pisé pour retarder le commencement de la cémentalion, ces malières étant mélangées au charbon à la surface seulement du pisé et devant disparaître en donnant des scories fusibles. Le lingot peut être coulé avec la masselotte néces- saire. On évite donc toute trace de relassement dans la partie utilisable. La surface cémentée du lingot obtenu est un peu rugueuse, mais, au forgeage, dès la première chaude. toute irrégularilé disparaît. Le forgeage de ce métal hétérogène se fait dans de très bonnesconditions,etsans autres précautions qu'une température relativement modérée. La presse doit être prélérée au pilon, La plaque, terminée au laminoir, ne se déchire pas. Enfin, la trempe de ce métal, qui, malgré son hété- rogénéilé, présente des tranches de duretés progres- sives, ne provoque pas de lapures. Des lingots de 500 kilos à 3.000 kilos ont été coulés dans des lingotières établies d’après le principe décrit plus haut, mais dont la paroi refroidissante n’était £ Fa DE constituée que par une masse métallique sans circula- | tion d’eau: cetle paroi n’agissait, par conséquent, que par sa conductibilité propre, — Un lingot de 3.000 kilos de 400 millimètres d’épais- k . seur, réduit par le forgeage et le laminage en une pique de 109 millimètres d'épaisseur, renfermait les FA quantités de carbone suivantes (prises faites sur la - plaque même) : Ë 1 TENEUR EN CARBONE De0à 5%, à partir de la surface dure 5 û UGS SDOSQCCSCr Cr: (t'a . = 19 C2 in M Où © NO CE a La courbe ABCD (fig. 2) donne la représentation de - ces différentes teneurs rapportées aux épaisseurs à É: > 175 À Tinieur Te T T T F = +, » Fig. 2. — Teneur en carbone en fonction de l'épaisseur. EQ partir de la surface dure. Le point C, origine de la chute du carbone du côté de la surface douce, peut ètre rapproché du centre de la plaque, si l’on aug- mente la rapidité de refroidissement par une circu- lation d’eau froide. L'économie de ce procédé, comparé au procédé Harvey, est évidente. Au lieu d'exiger un long séjour dans un four à très haute température, ce qui est très préjudiciable à la bonne qualité du métal, la cémen- tation se fait de suite à la coulée et peut être aussi prononcée que l’on veut. Quant à la partie arrière de la plaque, elle est aussi douce que possible, puisqu'elle se compose de l'acier extra-doux originaire, dans lequel on ne laisse pas au carbone le temps de se dif- fuser. On doit done pouvoir employer du métal ordi- naire sans nickel ni chrome, D'autre part, le procédé Harvey ne permet pas de proportionner l'épaisseur de la couche d'acier de cémentation à l'épaisseur de la plaque, et c’est pour cela que les résultats obtenus sur les plaques Harvey de gros calibre ne sont pas aussi satisfaisants que sur les plaques d'épaisseur moyenne, Avec le procédé Demenge,on concoitque le même inconvénient puisse ètre évité, car la cémentation sera toujours plus pro- noncée sur un lingot de grosse masse, L'emploi des transmissions électriques se répand de plus en plus tous les jours, quoique un peu trop lentement peut-être au gré des électriciens, D'ailleurs, beaucoup d’industriels et d'ingénieurs en sont en- core à douter des avantages du système. Le fait est étonnant, mais exact. Sans se livrer au calcul très | ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES __ ———————————— ——= = — — EE + simple qui montrerait dans chaque cas particulier quel est le système qui donnerait le meilleur rendement, ils préfèrent se dire qu’à priori il est absurde, au lieu d’accoupler directement la machine motrice à la ma- chine-outil, d’intercaler entre elles une dynamo géné- ratrice et une réceptrice. Il en résulte qu'on peut voir encore, même dans de nouvelles usines, cet enchevé- trement d’une multitude d’arbres de transmission et de courroies si laid, si encombrant, si dangereux et souvent si coûteux. Lorsqu'il s'agit de la transforma- tion d'anciennes usines, la prudence est encore plus grande, et elle se comprend mieux; ear ik faut tenir compte de la dépense de transformation qui peut, dans ce cas (mais il n’en est pas toujours ainsi), compenser les avantages que lon relirerait d’un meilleur rende- ment des transmissions électriques. Cette prudence n’est cependant pas générale, et nous enregistrons de temps en temps avec plaisir l'exemple d'un industriel que le progrès n’a pas effrayé. La jeune et téméraire Amérique nous en offre évidemment beaucoup plus que la vieille et défiante Europe. La construction des usines hydrauliques du Niagara était à peine commencée que déjà, dans les pays environ- nants, s’élevaient une multitude d’autres usines où n’entrera pas un gramme de charbon et qui utiliseront uniquement le courant produit par les premières. Mais, en dehors de celles-là, qui sont d’un genre tout à fait particulier, puisque l'énergie qu’elles emploient leur est directement fournie sous forme de courants électriques, nous en trouvons un grand nombre d’au- tres qui ont adjoint à leurs chaudières et à leurs ma- chines à vapeur ües dynamos et des moteurs électri- ques. The Engineering and Mining Journal cite deux établissements destinés au déchargement et à l’'emma- gasinement du charbon amené dans les grands ports. Ces établissements sont de véritables usines. L'un d'eux, situé à San Francisco, comprend plusieurs grues destinées au déchargement proprement dit et un réseau de petites voies sur lesquelles circulent des wa- gonnets tirés par des locomotives électriques et distri- buant le charbon dans les divers dépôts. Tout cela fonctionne depuis plus de six mois de la manière la plus satisfaisante. Trois chaudières multitubulaires fournissent la vapeur à deux machines Mac Ewen tandem-compoud, de la force de 135 chevaux, tournant à 135 tours par minute et conduisant, au moyen de courroies, deux dynamos hypercompoundées de 90 kwts, 250 volts, du type multipolaire de la General Electric Company. Ces machines sont soumises à un régime assez pénible, puisqu'il arrive souvent que leur charge varie en une ou deux secondes de quelques chevaux à 100, ou de 130 à zéro. Un autre exemple, cité par l’American Machinist, est peut-être encore plus digne d’être retenu. Il s’agit de The Baldwin Locomotive Works, de Philadelphie. Ces usines, déjà anciennes, possédaient autrefois les transmissions ordinaires qu’elles viennent de remplacer entièrement par des transmissions électriques. L'auteur qui nous signal, ce fait, charmé des avantages qui en sont résullés, le signale en termes presque dithyrambiques, mais cepen- dant peu suspects de partialité, car ils n'émanent pas d'un électricien. Les ingénieurs de The Baldwin Locomotive Woris, ayant constamment à transporter à trase rs leurs usines les lourdes pièces de locomotive qu'ils tournent, montent, ajustent, ete., eurent l’idée. pour économiser la main-d'œuvre, d'installer des ponts roulants. Mais ils étaient gènés par Jes courroies qui s’'entrecroisaient dans tous les sens. Ils résolurent de les supprimer, et furent ainsi conduits à l'adoption des transmissions électriques. Cette transformation fit tout d’abord tomber de 500 chevaux à 250 la force motrice totale nécessaire. Ensuite, les ateliers y gagnèrent beau- coup en propreté et en clarté. Le travail s'en ressentit : il se fit plus facilement et plus vite, C’est ce dont ne tardèrent pas à s'apercevoir les ouvriers qui, tous, tra- vaillent au x pièces. Nous pouvons ajouter aussi que les risques d'accidents ont été grandement diminuées. 558 ACTUALITES SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES La commande des machines par un courant élec- trique offre aussi cet avantage qu’on peut les placer à l'endroit de l'atelier où il semble le plus facile de les faire fonctionner. On les flanque d'un petit moteur. [Il suffit dès lors d’un mince cäble pour amener le courant et pour les mettre en route. Un rhéostat de réglage rend l’ouvrier maître de la vitesse de son outil. Le travail fini, une petite clef à tourner, et tout reste immobile. Les travaux de laboraloire nécessitent souvent l'u- sage de courants alternatifs dé fréquences diverses. Le moyen le plus simple et le moins coùteux pour se les procurer est l'emploi d’un alternateur capable de marcher à différentes vitesses. Et ilest bon, il est même chaque côté de l’armature, ceux de même nom en re- gard. Quand ces alternateurs marchent à la vitesse de 1250 tours, ils donnent une force électromotrice de 100 volts. Des rhéostats, intercalés d’une part dans le circuit d’excilation de l'alternateur, d'autre part dans le circuit d’armature du moteur à courant continu, permettent de régler la force électromotrice produite ainsi que la vitesse, c'est-à-dire le nombre de périodes du courant. Les deux groupes de machines ont leurs arbres situés dans le prolongement l’un de l'autre et disposés de manière à pouvoir êlre facilement accouplés ou sé- parés. L'accouplement, en particulier, peut donner lieu à plusieurs combinaisons : selon que l’on avance une armature d'une quantilé plus ou moins grande par Fig. 3. — Vue du molewr-allernateur installé au Laboraloire des recherches électriques à Universily-College (Londres). — Au premier plan, on apercoit les deux groupes de machines dynamos destinées à produire le courant éléctrique: au second plan se trouve le moteur à vapeur avec ses deux grands volants et les courroies servant à transmettre le mouvement aux axes des machines dynamos. nécessaire que la fréquence et par suite la vitesse puissent varier d'aussi petites quantités que l'on vou- dra. Un moteur à courant continu répond, à ce pointde vue, aux plus grandes exigences. C’est ainsi qu'on en a jugé à University College de Londres. Notre figure 3, em- pruntée à The Electrical Review, représente l'installation faite au laboratoire des recherches électriques, Celle ins- tallation est double, c'est-à-dire qu’elle comprend deux sroupes de machines semblables nettement visibles au premier plan de notre figure. Elles ont élé exécutées d’après les calculs et dessins de MM. Fleming et Kapp. Les moteurs à courant continu marchent sous une tension de 100 volts, et sont d’une force de 5 chevaux. L’armalure peut donc supporter de 35 à 40 ampères. Elle est du type à anneau, formée de 216 tours de fils et raltachée à un commutateur à 72 lames. Les noyaux des électro-aimants sont en acier fondu et ont 45 cen- timètres de diamètre, Les armatures des alternateurs ont une âme en fer el sont composées de 8 bobines ayant chacune 16 tours de fils. Les pôles, au nombre de huit, sont placés de rapport à l'autre, on décale les courants produits d’un angle variable à volonté. Si l’on a convenablement choisi le nombre et la place des boulons d'assemblage, il est possible, par exemple, d'obtenir soit des cou- rants en concordance de phase, soit des courants bi- phasés ordinaires, décalés de 90», Depuis leur installation à University College, ces machines ont étécomplétées par quelques petits oppa- reils accessoires. L'un d'eux sert à inscrire la forme du courant alternatif, Un autre est un indicateur hydrau- lique de la vitesse, Il est formé par une pelite pompe centriluge qui est accouplée à l'arbre des dynamnos et qui refoule de l’eau colorée dans deux tubes dont l’un se trouve près des machines et l’autre dans la salle des es-ais électriques. La hauteur à laquelle l’eau se maintient dans ces tubes est fonclion du nombre de tours effectués par minute el sert à le mesurer. L'ins- trument est, paraît il, d’une grande sensibilité et ca- pable d'accuser une variation de moins de un pour cent dans la vitesse de rotalion. A, Gay, Ancien élève de l'Ecole Polytechnique. dd aan de dé unie ES MÉX dr ui Set É En AE er Rp ie ae ait tn cts tata dat née RSR DS SE Se CU on Éd SG Sd OS SD) ie no dd nt à à nat: 1 hate BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 859 1° Sciences mathématiques. D (Hermann), — Gesammelte mathema- tische und physikalische Werke, herausqegeben von Fr. Engel, 1° volume, 1° parlie : Die. Aus- » dehnurgslehre von 1844 und die geometrische “ Analyse. — 1 vol. gr. ir-8° de 435 pages avec 35 fig. ” et un portrait de Grassmann. (Prix : 15 fr.) B. G. Teubner. Leipzig, 1895. Les travaux de Grassmann sont restés pendant longtemps méconnus des mathématiciens. Ce n’est qu'à la fin de sa vie que le savant géomètre et philo- « logue a eule bonheur de voir ses idéesreprises et déve- Ë loppées par quelques auteurs. Ilest vraique ses premiers mémoires ne sont guère d'une lecture facile ; cela doit . Être atiribué au grand nombre de notions nouvelles - que l’on y rencoutre, et au formalisme si abstrait qui | enveloppe leur exposé. Grassmann avait devancé ses > contemporains. Cependant beaucoup de ses résultats + nous sont aujourd'hui très familiers; ils ont élé re- trouvés sur une voie différente par d’autres géomètres. Le peu d'importance qu'on altacha d’abord aux re- cherches de Grassmann fut suivi d’une réaction, bien méritée, qui arracha de l’oubli cet éminent professeur - du Collège de Stettin. Ce mouvement vient de recevoir une heureuse impulsion, grâce à l'initiative de la So- ciété scientifique royale de Saxe, qui entreprend la pu- . blication des Œuvres mathématiques et physiques de Grassmann, Lalâche a été confiée à M. Engel, qui » s’est assuré la collaboration de plusieurs savants, et, + à en juger d’après le volume dont nous avons à rendre - compte, cette publication est dirigée avec beaucoup de soin. Ce n’est pas une simple reproduction des tra- i : vaux de Grassmann ; chaque mémoire est accompagné de notes explicatives et critiques, qui ont pour but de faciliter leur étude. - Le tome premier a été divisé en deux parties, dont - la première ‘seule vient de paraitre. Elle contient: . 1° [a théorie publiée en 1844 sousle nom de Ausdeh- - nungslehre ; 2° l'Analyse géométrique (1846). La seconde partie sera consacrée au volume publié en 1862, dans . lequel Grassmann expose ses idées sur une base nou- * velle plus facilement abordable aux mathématiciens. La théorie de Grassmann (Ausdehnungslehre) peut ètre désignée sous le nom de Science extensive. L'au- - teur la considère comme une branche nouvelle des - mathématiques. Il s’est proposé de constituer une + théorie des fondements abstraits de la science des | grandeurs, sans avoir recours à la Géométrie, qui n’est qu'une application de son système à l’espace. Ses . propositions ne doivent pas être considérées comme . une simple traduction des faits géométriques dans un langage abstrait; elles ont une importance tout à fait générale. On se trouve ainsi conduit à un procédé de Ë calcul, qui, appliqué à la Géométrie, devient très ‘fécond. C’est une méthode à la fois synthétique et analytique; elle permet la résolution immédiate d'une foule de problèmes qui se présentent non seulement en Géométrie, mais encore dans toutes les branches dépendant de la science de l'étendue. L'auteur con- sacre en particulier plusieurs paragraphes à l’examen - des principes de la Statique. Signalons aussi ses - applications à la Cristallographie. - L'Analyse géométrique remporta en:846.leprix dela Société Jablonowski qui avait proposé le problème sui- - vant: Reconstiluer et développer .e calcul geometrique de * Leibnitz, ou établir un calcul ana ogue. Dans ce travail - Grassmann prend comme point de départ les caracté- ristiques de Leibnitz, en s'appuyant sur les principes Lué 166 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX qu’il venait d'exposer dans son traité de 18#4, Ce mé- moire doit même être envisagé comme la suite de cet ouvrage; il contient la théorie de la multiplication intérieure avec ses applications à la Géométrie et à la Mécanique. En France, les idées de Grassmann sont encore très peu connues. Elles ont toutefois trouvé un défenseur en la personne de M. Carvallo, qui a su les présenter sous une forme remarquablement simple, dans une série de notes insérées dans les Nouvelles Annales (voir en particulier l’année 1892). La lecture de ces notes pourra servir de préparation à tous ceux qui voudront s'initier aux belles méthodes que l’on doit au savant professeur de Stetlin. H. Fer. Minel (P.), Ingénieur des Construelions navales. — Régularisation des moteurs des Machines élec- triques. — 1 vol. petit in-8°°de l'Encyclopédie scienti- fique des Aide-Mémoire, publiée sous ludirection de M. H. Léauté, de l'Institut. (Prix : broché,-2 fr. 50; cartonné, 3 fr.) Gauthier- Villars et fils et G. Masson, Paris, 1895, Conserver aux bornes des lampes électriques une différence de potentiel constante, quelle que soit la charge, telle est la condition essentielle de tout bon éclairage: des dynamos bien compoundées maintien- nent cette constante, à la condition que leur vitesse ne change pas elle-même; mais on ne rencontre pas toujours des moteurs capables d’assurer à ces dynamos une allure régulière et indépendante de leur charge. La régularisation de cesmoteurs est donc restée la plus grosse difficulté de la question. M. P. Minel a réussi à donner une solution pratique et sûre du problème, et les essais exécutés, à bord du Neptune et du Borda, ont témoigné de la perfection de sa méthode. Les principes sur lesquels elle repose sont exposés avec une grande clarté dans ce petit volume de la collection Léauté. Le savant ingénieur ne considère dans son étude que les machines à vapeur munies de régulateurs à force centrifuge avec ressort antagoniste, agissant non pas sur la détente, mais sur la pression de va- peur : c’est la disposition adoptée généralement dans la marine. Mais la solution du problème serait étendue aisément aux autres modes de régulation. Après avoir décrit le fonctionnement des régulateurs, l'auteur énonce des considérations générales sur ces appareils, sur leur isochronisme et leur stabilité ; il fait ressortir l'influence décisive de la forme des valves sur la marche d’une machine dans ses divers états de régime. La sensibilité des régulateurs est ensuite étu- diée avec soin. Toutes ces questions sont élucidées à l’aide de courbes très suggestives, qui représentent aux yeux les divers phénomènes et parlent plus claire- ment à l'esprit qu'une analyse compliquée. La seconde partie du livre est consacrée au fonction- nement, la troisième à l'installation des régulateurs : l'ouvrage se termine par l'établissement d'un avant- projet qui résume pour ainsi dire tout le travail. Le livre de M. Minel, bien qu'il n’envisage qu’un cas particulier de la régulation des moteurs, présente un vif intérêt et il a une grande portée scientifique. M. Léauté en a écrit la préface : c'est un titre de plus à l'attention des lecteurs. A. Wirz. Schülke (D' A.). — Vierstellige Logarithmen-Ta- feln, nebst mathematischen, physikalischen und astronomischen Tabellen, für den Schulgebrauch. — 1 vol. in-8 de 20 pages. (Prie :0 fr.75.) B.-G. Teubner. Leipzig, 1895. à CAMES 860 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 2° Sciences physiques. Camichel (Charles). — Étude expérimentale sur l'absorption de la lumière par les cristaux. {Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris.) — Gauthier- Villars et fils, éditeurs. Paris, 1895. L'absorption de la lumière par un milieu anisotrope cristallisé est un phénomène des plus intéressants; l'étude des conditions dans lesquelles il se produit peutfournir de précieuses indications sur les propriétés de la lumière et sur la constilution des cristaux: aussi le pléochroïsme (c’est le nom par lequel on désigne le phénomène) a-t-il été l’objet de nombreux travaux, tant expérimentaux que théoriques; mais on n’est pas encore fixé sur toules les particularités de cette absorp- tion, et les connaissances expérimentales, définilive- ment acquises, restent insuffisantes pour permettre un choix incontesté entre les diverses théories propo- sées. On a démontré que l'absorption, comme toutes les propriétés physiques, satisfait aux conditions de symétrie cristalline, qu’elle ne dépend que de la direction de la vibration, mais peut-elle se calculer en admettant, par exemple, la loi de l’ellipsoide d’ab- sorption de Mallard? Sur ce point si important et d’au- tres encore, les expérimentateurs ne sont pas en par- fait accord; le travail très consciencieux de M. Cami- chel élucide quelques points intéressants de la question. Pour faire de bonnes mesures d'absorption de la lumière, il faut avoir à sa disposition, comme appareil fondamental, un bon spectrophotomètre d'une sensibi- lité sultisante et permeltant d'opérer dans une région peu étendue du cristal, de facon à éviter la fâcheuse influence des défauts d’homogénéité, M. Camichel a obtenu de très bons résultats en modifiant habilement l'excellent spectrophotomètre de M. Gouy; il a pu ainsi arriver à des conclusions précises. Tout d’abord, il peut répondre à cette question primordiale : les équations de la lumière sont-elles {oujours linéaires dans les milieux absorbants? Pour tous les cristaux étudiés, tourmaline, épidote, ferrocyanure de potassium, andalousite, la réponse est neltement affirmative. L'auteur montre ensuile qu'une seule exponentielle suffit pour représenter l’absorption d’une vibralion oblique par rapport aux axes d'élasticilé optique, et que, si la théorie de l’ellipsoïde représente bien les phénomènes dans les cristaux symétriques, elle ne convient plus pour les cristaux dissymétriques, ou tout au moins il faudrait admettre que les axes de l'ellipsoide d'absorption ne coïncident pas avec ceux d’élasticité optique. Toutefois, celte obliquité des axes, qui est un fait général dans les cristaux naturels ou à coloration propre, n'existe plus dans les cristaux dis- symétriques colorés artificiellement (sel de De Sénar- monl) On doit louer M. Camichel d’avoir soigneusement indiqué et discuté la précision de ses expériences; elle surpasse, sans doute, celle qu'avait atteinte les pré- cédents expérimentateurs, mais il se pourrait qu’elle n'ait pu encore être portée assez loin pour trancher cerlaines questions. Ainsi, d'après M. Carvallo, la loi d'absorption de Mallard ne se vérifierait que dans une première approximation, et même la superposi- tion du pouvoir rotatoire à l'absorption rendrait obli- ques entre eux lesaxes principaux d’absorption. En attendant que de nouvelles méthodes photométriques permettent de pousser plus loin les recherches de ce genre, le travail de M, Camichel demeurera parmi ceux que devra consulter tout expérimentateur ou tout Ihéoricien qui voudra étudier cette intéressante question de l’absorption de la lumière par les cristaux. Lucien Poincaré. Guerronnan (A.). — Dictionnaire synonymique français, allemand, anglais, italien et latin des mots techniques et scientifiques employés en photographie. — 1 vol. gr. in-8° dè 180 pages. (Prix : 5 fr.) Gauthier- Villars et fils. Paris, 1895. Barral (EL), Agrégé à la Faculté de Médecine de Lyon. — Recherches sur quelques dérivés surchlorés . du phénol et du benzène (Thèse pour le Doctorat de la Facullé des Sciences de Paris). — 14 vol. in-8° de 130 pages. Imprimerie Legendre, 14, rue Bellecordière, Lyon, 1895. M. Barral étudie spécialement dans sa thèse les pro- duits singuliers que lon oblient en chlorant à fond le phénol ordinaire : l'un d'eux, vulgairement appelé hexachlorophénol, à cause de sa formule brute CéCISO, était jusqu'ici considéré comme un hypochlorite de perchlorophényle CI-0-C5CF, bien qu'aucune de ses propriétés chimiques ne soit d'accord avec cette hypo- thèse. M. Barral, après avoir donné un mode de prépara- tion pratique de ce corps, montre qu'il se transforme avec la plus grande facilité en chloranile, sous l’action de l'acide azotique, de l'acide sulfurique, ou même de l'eau pure à 160°. Ce premier fait montre qu’il existe une relation étroite entre la quinone et l'hexachloro- phénol., Avec les anhydrides d'acides organiques ou leurs chlorures, cette fois en présence du chlorure d’alumi- nium, l'hexachlorophénol donne les éthers du phénol perchloré ,CiCISOH; sur les alcools il agit comme oxydant et donne, suivant les cas, un aldéhyde ou un acide. Avec le perchlorure de phosphore, enfin, il se change en parabichlorure de benzène hexachloré G5C, ainsi que le chloranile lui-même. Ce nouveau chlorure re- vienf d’ailleurs à l’état de chloranile sous l’action de l'acide azolique ou de l'acide sulfurique. Il résulte de là que c'est au chloranile qu'il faul rapporter la formule de structure de l’hexachlorophénol et du parabichlorure de benzène hexachloré, et comme ce dernier prend naissance dans les condilions mêmes où les acélones se transforment en hydrocarbures bi- chlorés, il est naturel de considérer le chloranile comme une diacétone 1.4. Cette conclusion s'étend naturellement jusqu’à la quinone elle-même, et ce n’est pas la moins impor- tante du mémoire de M. Barral, car elle permet de décider entre les deux formules de Fittig et de Graebe, qui en faisaient soit la cycloheradiène-dione 1.4, soit le dioxy 1.4 phène. ' En conséquence, le chloranile et les corps étudiés par l’auteur doivent s’écrire ; Co co CCE nu Je eo sn 1e a PR is ciC\ CCI CIC\ 7CC1 CIC\ 7 CCi Co CCI? CCR Tébrachloro- Hexachloro- Oclochloro- hexadiène-dione 1.4 hexadiène {.4one hexadiene 1.4 En poursuivant jusqu’à refus l’action du chlore sur le phénol, en présence du chlorure d’antimoine, M. Barral a oblenu trois dérivés isomériques sur- chlorés, répondant à la formule brute CtCISO et dont les propriétés ressemblent sur certains points beau- coup à celles de l'hexachlorophénol; ce sont sans doute encore des composés acétoniques; l’auteur les désigne sous le nom de trichlorures de pentachlorocyclo- hexudiénone. Tout cela est fort intéressant, mais en vérilé pour- quoi faire intervenir une nouvelle nomenclature dans la dénomination de ces corps, sisimple avec les seules conventions de Genève? J'avoue que, pour ma part, il west impossible de concevoir un chlorure de chlorocy- clohexadiène, surtout quand il s’agit de l’octochloro- phénol CéCISO, qui est en réalité une octochlorocyclohexe- none n'ayant plus la double liaison caractéristique du cycloheæadiène. C’est d’ailleurs la seule critique que je puisse faire au mémoire de M, Barral : le travail est bon et les con- clusions excellentes. L. MAQUENNE. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX APPEL SNL PE 27, S61 agnin (Ant), Professeur à la Facullé des Sciences de Besançon. — Les lacs du Jura. N° 1 : Généralités sur la limnologie jurassienne. { vol. in-8° de 96 … pages avec 17 fig. et 1 carte hors teute, N° 2 : Végé- tation des lacs du Jura Suisse. 1 vol. in-8° de 2% pages avec à fig. et 2 planches. H. Georg, à Lyon, … ct J.-B. Baillière, à Paris, 1895. M. le D' Magnin, professeur à la Faculté des Sciences “de Besancon, vient de publier deux nouvelles brochures “sur les lacs du Jura, — La première (Généralités sur la mnologie jurassienne) est une monographie où l’au- eur nous donne tous les renseignements géographiques, éologiques, physiques, chimiques et botaniques qu'il pu recueillir sur les lacs de sa région favorite, Elle n'est pas, d’ailleurs, seulement, une compilation des plus instructives; elle comprend aussi de nombreuses recherches faites par M. Magnin, à qui l’on doit l’explo- bration topographique de 66 petits lacs du Jura, et d'exploration botanique d'un nombre beaucoup plus grand encore. Les savants, voire mème les amateurs et les touristes, trouveront de précieuses indications dans “cet ouvrage de M. Magnin. - La deuxième brochure (végétation des lacs du Jura Suisse) s'adresse plutôt aux botanistes de profession. auteur s'occupe de la distribution de Ja végétation dans les lacs du Jura Suisse (lacs de Joux, lac Brenet, Jac Ter, lac des Tallières et lac de Chailleron; ce der- nier sur la frontière Franco-Suisse). Il montre com- - ment celte végétation varie, soit dans les diverses ré- gions d’un même lac, soil encore d’une année à l’autre. “ Le travail de M. Magnin est une contribution impor- «tante et très intéressante à la limnologie francaise, Ru A. DELEBECQUE. “Queva (Ch.), Docteur ès sciences. — Recherches sur l’Anatomie de l'appareil végétatif des Taccacées et des Dioscorées. — 1 vol. in-8° de 460) pages avec 18 planches contenant 702 fig. Imp. L. Danel, Lille, 1895. Les Taccacées et les Dioscorées représentent, dans l’ordre des Liliflores, deux petits groupes particuliè- rement intéressants. Les Taccacées ont un port si par- ticulier que des botanistes sagaces, comme R. Brown et Endlicher, les ont considérées jadis comme formant des types intermédiaires aux Monocotylédones et aux ‘Dicotylédones. On n'hésite plus à les placer à côté des maryllidées ; elles s’en distinguent pourtant, indé- pendamment du port, par des caractères importants; les Taccacées présentent, en effet, une disposition par- ticulière du filet staminal, disposilion qui, s’exagérant chez plusieurs d’entre elles, produit au-dessus de l’an- thère un appendice en capuchon. On ne trouve rien “de pareil chez aucune autre Liliüflore. En outre des préfeuilles constituant la spathe, chaque fleur possède une pelite bractée chez toutes les Taccacées. Les dix ‘espèces qui constituent cette petite famille homogène manifestent, d’ailleurs, l'ancienneté de la famille par leur distribution géographique ; car presque loutes les D régions tropicales ont leur petite part d’es- pèces propres. Leur appareil végétatif s'éloigne peu, “quant à l'aspect, du type que nous avons coutume de voir chez les Liliacées et les Amaryllidées. d Les Dioscoracées sont moins éloignées des types “ordinaires, au point de vue de la symétrie florale ; elles “occupent un rang intermédiaire entre les Liliacées et les Amaryllidées ; mais elles se rapprochent aussi des … Taccacées par les Stenomeris aux fleurs hermaphro- …. dites, aux ovules nombreux ; elles représentent aussi un terme ancien dans le monde, s’il faut en croire la répartition géographique et les documents paléonto- “: logiques. Leur port est, du reste, remarquable à beau- coup d'ésards; elles sont grimpantes; les longs entre- nœuds de leurs tiges aériennes portent des feuilles … pétiolées à nervation réticulée, qui rappellent celles “des Smilax, mais elles en diffèrent beaucoup par la 4 structure, ; Les grandes difficultés des problèmes que propose l'anatomie comparée de ces plantes ont tenté M. Queva; on doit lui savoir gré de les avoir affrontées. Ajoutons tout de suite qu'il s’est montré à la hauteur d’une tâche aussi difficile. IL se défend, tout d'abord, d’entre- prendre un travail d’analomie systémalique; il en- tend seulement déterminer le lype d'organisation des deux familles en mellant en évidence ce qui semble appartenir à la forme originelle et ce qui indique des adaptations ultérieures. M. Queva a soin de commencer ses études par celle du développement de la jeune plantule lors de la germination, chaque fois qu'il le peut. Ses observa- tions anatomiques sont suivies avec rigueur; COMmpo- sition histologique des faisceaux aux différents stades ; parcours, extinction et réparalion des faisceaux ; déve- loppement des organes, sollicitent également son atten- tion. 11 s'attache surtout à connaître, par la voie du développement, la nature du tubereule dans le cas où il s'en forme. Celui du Tacca pinnaltifidu a la valeur d’une tige invaginée. Il n’en existe pas de cette sorte chez les Dioscorées, où la nature morpholosique du tubercule est souvent malaisée à déterminer. Ceux du Tamus communis et du Dioscorea sinuata sont unique- ment conslitués par des productions secondaires ; ce ne sont ni tiges ni racines; ils sont dus à une hyper- trophie localisée dans la région dorsale de l’axe hypo- cotylé et des deux premiers entre-nœuds de la tige principale; c’est au même type qu'il faut rattacher, ce semble, le gros tubercule épigé du Testudinaria, dont l’auteur n’a pu suivre le développement, Les tubercules de l'Helmia presentent des caractères qu'on ne trouve que dans les liges, mais ils en diffèrent par leur point végétalif et par l'absence de feuilles, Les Dioscorea repanda, Kita et Butatas représentent un troisième type; ils ont un point végélalif de racine et des faisceaux comme ceux des tiges ; ils ne rentrent dans aucune des catégories établies pour les organes des plantes vasculaires. Au contraire, le tubercule du Dioscorea quinqueloba est un rhizome couvert d’écailles très réduites. M. Queva insiste avec raison sur l'intérêt que pré- sente, au point de vue de la morphologie générale, l'apparition de nouveaux organes ne répondant pas aux définitions classiques, et cela dans une famille où l’on est unanime à trouver l’une des expressions les plus élevées du type Monocotylédone. Que les phénomènes physiologiques soient soumis d’une manière immuable aux lois physico-chimiques, que ces lois physico- chimiques s'appliquent même rigoureusement aux phénomènes fondamentaux de la morphologie, per- sonne ne songe à le contester; mais les organismes vivants subissent à tout instant de leur évolution, et chaque organe subit sans cesse l'influence multiple des milieux ; ilsn’échappent pas davantage à l'influence constante et indéniable de l’hérédité; celte double intervention fait subir de singuliers écarts aux pré- tendues lois morphologiques. Tout esprit attentif qui étudie la nature dans la nature a élé frappé de ces écarts: des travaux tout récents nous les révèlent jusque dans la structure intime du noyau; l'exemple sur lequel M. Queva appelle notre attention est remar- quable. : Quant aux conclusions de l’auteur relativement aux affinités des Taccacées et des Dioscorées, elles ne changentrienauxrapports admis entre les deux familles. Ce point est, du reste, de peu d'importance ici. Nous nous trouvons en présence d'un travail qui révèle de la part de son auteur des qualités exceplionnelles ; il serait difficile d'appuyer des conclusions posilives sut une plus grande masse d'observations et de supposer une étude plus savamment documentée. Cette thèse (car il s’agit d’une thèse soutenue devant la Facullé des Sciences de Lille) est un témoignage des bienfaits qu’on peut attendre de la décentralisation universi- taire, Ch. FLanaAuLT. 862 Peytoureau (S.-A.), Docteur en médecine, Prépara- teur à la Faculté des Sciences de Bordeaux. — Contri- bution à l'étude de la Morphologie de l’armure génitale des Insectes. Thèse pour le Doctorat ès sciences de la Faculté des Scienres de Paris. —M vol. in-8° de 250 pages, avec 43 fig. et22 planches hors texte. Imp. Durand, 20, rue Condillac, Bordeaux. 4895. L’armure génitale des Insectes comprend des pièces très dissemblables dont les homoïogies ont toujours été fort discutées, La plupart des auteurs se sont, en effet, contentés d'étudier les formes adultes sans tenir compte des données embryogéniques; c’est ce qu'a fait en particulier Lacaze-Duthiers, dont l'ouvrage, quoique très ancien, est encore ordinairement suivi en France, Ce naturaliste a laissé de côté l'embryologie ; il ne s’est occupé que des pièces chitineuses et il a négligé les parties molles et les membranes; il a été ainsi con- duit à admettre, sans preuves suffisantes, que l’armure génitale femelle des insectes était constituée par le neuvième anneau el ses appendices transformés. Cette conception de Lacaze-Duthiers a été longtemps admise, et elle est encore reproduite dans les ouvrages fran- cais; quelques auteurs, notamment Packard, ont for- mulé une autre opinion et ont cherché à démontrer que les pièces génitales élaient des appendices de plusieurs anneaux. Nous ne possédons pas d'observations suffi- santes pour qu'il soit possible de choisir, en connais- sance de cause, entre ces deux opinions, car, malgré le uombre des auteurs qui se sont occupés de ce sujet, il y en a fort peu qui aient cherché à synthétiser leurs résultats (qui, d’ailleurs, sont contradictoires le plus souvent). Il y avait donc lieu de reprendre la question en comparant les armures génitales dans les deux sexes et dans les différents groupes d’Insectes. aux différents stades du développement. C'est ce que s’est proposé de faire M. Peytoureau, qui publie aujourd'hui ses ob- servations sur les Orthoptères, les Lépidoptères et Les Coléoptères. Les Orthoptères présentent, dans les deux sexes, à l'état adulte comme à l’état embryonnaire, onze seg- ments abdominaux dont le dernier diffère des autres, L’armure génilale femelle est entièrement formée aux dépens des huitième et neuvième sternites et de mem- branes intersegmentaires; elle est formée de trois paires d’appendices principaux et de pièces accessoires. Chez le mâle, l'appareil copulateur souvre après le neuvième anneau. Chez les Lepidoptères, l'abdomen a dix anneaux dans les deux sexes, et c’est toujours au delà du neuvième sternite que débouche le canal génital. Chez les Coléoptères, il y a deux types dis- tincts, Pun à neuf anneaux (Dytique), et l'autre à huit (Hydrophile). La position de l'oviducte est variable, du septième au huitième espace intersegmentaire, tandis que le pénis se trouve toujours sur le dernier anneau. Pendant le développement embryonnaire, Pabdomen se segmente en onze anneaux; cette division est défi- nitive d'emblée, et le onzième anneau n’est nullement formé par le dédoublement tardif du dixième, comme quelques auteurs l'ont cru. Ce chiffre de onze n’est jamais dépassé; il est conservé dans les Insectes pa- léozoïques et chez les types inférieurs; dans les ordres plus spécialisés, il peut descendre à dix, à neuf et même à huit, mais jamais au delà, Plus les segments postérieurs sont métamorphosés, plus la famille s'élève dans la classe des Hexapodes et s'éloigne du type ancestral. Sauf le onzième anneau qui n'existe que dans les types inférieurs, il est très rare qu'un anneau disparaisse en entier. L'ouverture génitale femelle présente un siège varia- ble, mais toujours dansune membrane intersegmentaire après le septième ou Le huitième anneau ; l'orifice mâle occupe une position absolument fixe, dans tous les groupes, au bord postérieur du neuvième sternite. L’ar- mure femelle est constituée d'après un type constant dans toute la classe; elle est formée par des bourgeons hypodermiques, sortes de disques imaginaux à déve- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX - du plus haut intérêt scientifique. Le D' Paul Kemmile loppement tardif, qui apparaissent au début de la vie nymphale sur les huitième et neuvième anneaux; la paire postérieure se dédouble ordinairement dans 1 suite. Outre ces parties apophysaires, il y a encore des pièces accessoires en nombre variable, L'appareil ca pulateur est un pénis formé par la terminaison chitis nisée du canal éjaculateur ; il est entouré le plus souvent de pièces accessoires, qui, chez les Orthoptères, se dé veloppent sur le bord postérieur du neuvième sternite comme les apophyses femelles et il en est probable ment de même chez les Lépidoptères et les Hémiptères® Il résulte des recherches de M. Peytoureau que 1 conception de Lacaze-Duthiers, d’après laquelle l’ar: mure génilale des Insectes aurait la valeur d’un zoonite complet, est erronée et qu'elle doit être désormais rejetée. Mais l’auteur n'est pas aussi affirmatif que Packard sur la valeur des apophyses qui dounent nais sance à ces armures, el il n'ose pas les homologuer, d’une manière absolue, à des appendices : « Ce sont" dit-il, des formations secondaires se développant comme des membres, tout en n’en étant pas. » À Les conclusions de M. Peyloureau s'appuient sur l'observation d'un grand nombre d’Insectes à l’état adultes et à l’état embryonnaire, Sontravail, très documenté, esb accompagné de nombreux dessins qui faciliteront la lee- ture, parlois un peu aride, de la partie descriptive, Le sujetqu'ila abordé, et dont l’étude exige une grande hab leté manuelle, n’était pas facile à traiter; il aura eu le mérite de jeter le jour dans une question très obscure, M. Peytoureau nous fait -espérer de nouvelles re cherches sur les ordres d’Insectes qui ne sont pas traités dans son travail, el on ne peut que l’encourager à per- sister dans une voie où il a débuté d'une manière si heureuse, Il importe que des études approfondies nous: fixent exactement sur la structure de l’armure génitales dans tous les ordres d'Insectes. Il y à là un vaste champ à exploiter, où M. Pevtoureau trouvera certainement malière à observations intéressantes. : ] D' R. KœuLEr. 4° Sciences médicales. Pr D: €. Wernicke, Director der Klinik. — Arbei- ten aus der psychiatrischen Klinik in Breslau, Heft IL. —1 vol. in-8° de 130 pages avec 4% fig. hors texte et 21 planches. (Prix : 12 fr, 50.) G. Thieme, éditeur, 31, Seeburgstrasse, Leipzig, 1895. S Ce deuxième fascicule des Traviuæ de la Clinique psychiatrique de Breslau, publiés sous les auspices de M. le professeur G. Wernicke, renferme quatre mémoires ouvre ce recueil par un travail Sur les attaques convul= sives avec contractions rhythmiques synchrones au pouls dans la paralysie progressive, phénomène resté jusqu'ici presque inapercu., À propos de Deux cas de lésion cor- ticale, GC. Wernicke publie une importante Contribution à la localisation des représentations. Le D' Heinrich Sachs" étudie le Cerveau du malade de Fœrster, frappé de cécité corticale. Le D' E, Hahn a fait une Etude anatomopa- thologique du cas de cécité psychique publié par Lissauer., Les deux cas de lésion corticale publiés par G, Wer-. nicke ont un intérêt assez général pour piquer la curio- silé de tous ceux qui étudient en naturalistes les fonctions du cerveau. L'épicrise qui suit ses observa=" tions à une très grande portée psychologique; nous en reproduisons ici les principaux termes. É Il s’agit, dans ces deux cas, de lésions corticales net- tement délimitées, siégeant également à gauche, dans le tiers moyen des deux circonvolutions centrales et. surtout de la PA. Dans les deux cas, la cause de lan lésion destructive était de nature traumatique (violence extérieure, hémorragie interne avec destruction locale de substance cérébrale). La localisation élant la même, le symptôme elinique principal ne pouvait différer : 11 consistait en une paralysie du tact de la main droite avec altération, relativement légère, de la sensibilité générale et de la motilité, et troubles du langage, rap: pelant ceux de la paralysie générale, évidemment dus rh rconvolution de Broca, et qu'on doit rapporter à un ouble d’innervation motrice transcorticale. = Ces deux cas, en somme, ne présentent guère de dif- érences essentielles, et le symptôme principal, la paralysie du tact, était si semblable, qu'il dépendait manifestement de la destruction d'un mème point de Pécorce. Le phénomène de déficit, mis en évidence par observation clinique, consistait donc dans la perte des Teprésentalions tactiles de la main droite. « Que des es- èces déterminées de représentations se perdent par 1 destruction de certains points déterminés du cer- “eau, on ne l'avait sûrement établi jusqu'ici par l'ob- Servalion cliuique que pour deux territoires de l’écorce, a circonvolution de Broca pour les représentalions motrices du langage, et la T, gauche pour les images tonales des mots. Il faut y joindre maintenant ce terri- toire de l’écorce cérébrale qui a été trouvé lésé dans nos deux cas et qui appartient au liers moyen des cir- “convolutions centrales, en particulier de la PA. » » En réalité, les deux malades n'avaient pas entière- ‘nt perdu les représentations tactiles des choses, uisqu'ils étaient capables de reconnaitre, avec la main buauche, ce geure de propriétés des corps. Mais cela prouve seulement, selon Wernicke, que les représen- Miations tactiles sont doublement représentées dans le “cerveau, suivant qu'elles ont été acquises par la main “droite ou par la main gauche. La représentation tactile “des objets, ou lPélément tactile qui entre dans leurs “représentations, peut donc être absolument perdu. | quand la lésion destructive affecte à la fois Les deux ré- | sions corticales identiques dont nous parlons sur les bdeux hémisphères. On peut encore dire que, dans ce cas, les représentations des choses ne peuvent être évo- bquées par le tact. Par représentations tactiles, il faut donc entendre désormais, avec Wernicke, les images ommémoratives des sensations tactiles d'objets con- crets, revenant constamment, pour les mêmes objets, ans les mêmes conditions. On a le droit de rapporter la perte de ces images tout cas de paralysie tactile, ’est-à-dire d’abolition de la faculté de reconnaitre es objets par le tact, toutes les fois que des troubles de la sensibilité générale pouvant expliquer ce symp- ôme ou manquent complètement, ou sont trop mini- mes pour en rendre raison. On rencontre, quoique rarement, des troubles de “sensibilité capables de déterminer une paralysie tactile (Tastlähmung). La cause de cette rareté, c’est que, seuls, “les troubles les plus graves de la sensibilité peuvent “produire cet effet, troubles qui équivalent à peu près à la solution complète de continuité des voies ner- “veuses de la sensibilité. La sensation cutanée, grâce à laquelle nous nous orientons sur notre propre corps, la sensation articulaire, qui nous renseigne sur la posi- tion de nos doigts, participent évidemment à la recon- naissance des impressions tactiles : les troubles des remières doivent retentir sur celles-ci. L'anesthésie, vec perte totale de la sensation de contact et de la faculté de localisation dans l’espace, s’observe très souvent consécutivement aux lésions des troncs ner- ‘eux périphériques. Si la sensation de position est ieux conservée, le tact ne sera que peu alléré : la: lupart des objets, et surtout ceux de grande dimen- ion, seront reconnus par ce sens, les yeux étant fer- és. La perte complète de la sensibilité doit naturel- “lement abolir aussi le tact; car la communication de “l'organe du tact avec l'écorce, lieu des représentations, “est alors tout à fait interrompue. Ajoutez que, le fais- “ceau sensilif s’irradiant dans l'écorce cérébrale, la des- “iruction de l'écorce qui abolit le tact interrompt en “même temps certaines voies de la sensibilité. … Ure première question est celle-ci: Où localiser “dans l'écorce le substratum anatomique des représen- “lations tactiles? Là où elles ont été acquises, là où pour chaque objet concret les mêmes sensations se “ont répétées, toujours dans le même ordre et avec la “mème suite, toutes les fois que le processus tactile a e BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 863 la lésion en foyer située en arrière et au-dessus de la |! eu lieu. Les groupes de sensalions percues ainsi, fonc- tionnellement associées au moyen de faisceaux d’asso- ciation, ont pour substratum anatomique les cellules nerveuses de l’écorce représentant ces sensations. Les représentations tactiles de la main doivent donc être localisées, sous forme de pareils groupements cellu- laires reliés entre eux par des fibres nerveuses, dans la région de l'écorce affectée de lésion destructive chez les deux malades de Wernicke. L'éminent clinicien remarque ici que, tous les mou- vements isolés ou combinés de la main droite et des doigts étant revenus, on ne peut dire que les représen- talions motrices aient subi chez ces malades quelque grave dommage. L'usage défectueux qu'ils faisaient de leur main droite, les yeux fermés, dépendait bien plus de la perte de leurs représentations tactiles, Le moyen, en effet, de bien manipuler les objets qu'on ne recon- naît pas, les yeux clos, par le tact? Une grande partie de la maladresse de ces malades à boutonner leur habit, peut être, à la vérité, attribuée à la perte des images motrices correspondantes; ce qui est sûr, c'est que Pocclusion des yeux intervenait ici, car le même mou- vement était bien exécuté avec les yeux ouverts, et il ne pouvait être question de représentations tactiles. La représentation tactile, plus différenciée, a dù dis- paraître avant la représentation motrice, Munk a éta- bli, en effet, et l'observation patholosique le confirme, que les fonctions les plus complexes de l’écorce sont perdues les premières. Chez l'un de ces malades, les sensations de douleur et de température ne présentaient aucune altéralion, mais la sensation de contact, au moins pour les con- tacts légers de la main et de l’avant-bras, élait abolie, quoique conservée sur le bras. Quelques jours plus tard, les contacts légers étaient percus partout, mais ne pouvaient être localisés sur la main et sur les doigts, La sensibilité cutanée est donc affectée aussi, comme la motilité, dans des lésions circonscrites de l'écorce. Enfin, fait très intéressant, chez ces deux malades, les mouvements de l'écriture sont redevenus normaux. L'un d’eux pouvait même écrire les yeux fermés. Ce retour de la faculté d'écrire a coïncidé simplement avec celui des mouvements des doigts et de la main. Il en résulte, dit Wernicke, que « des représentations motrices graphiques » font partie les représentations de toutes les espèces de mouvements spécialisés, qu'ils se perdent et réapparaissentavee ceux-ci. « L'existence d’un centre spécial. localisé, des mouvements de l’écri- ture, analogue au centre des mouvements d’articula- tion localisé dans la circonvolution de Broca, admise par Charcot el par ses élèves, est donc absolument invraisemblable. » Jules Soury. 5° Sciences diverses. La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des Sciences, des Lettres et des Arts, paraissant par livrai- sons de 48 pages grand in-8° colombier, avec nombreuses figures intercalées dans le texte et planches en cou- leurs. 533° et 33£° livraisons. (Prix de chaque livraison, 1 fr.) H, Ladmirault et Cie, 61, rue de Rennes. Nous signalerons particulièrement dans les 533e et 534 livraisons une monographie très complète de la Locomotive, due à M, E. Desdouits. L'auteur passe suc- cessivement en revue : l'historique de la découverte, le principe du fonctionnement des locomotives (adhé- rence), la description générale (chaudières et acces- soires, machine motrice, coulisse pour changement de marche, chàssis), la puissance et leffort moteur, la vitesse et le rendement économique. Il indique en outre une classification des machines, décrit les prin- cipaux types actuellement en usage et les perfection- nements qu'on y à apportés récemment, et donne quelques renseignements sur le service des locomo- lives. Dans les mèmes livraisons on remarquera une étude physiologique de la locomotion, par M. P. Langlois. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES 19 Août 1895. 1° SCIENGES MATHÉMATIQUES. — M, Paul Serret ap- pelle, par analogie, équilatère toute courbe d'ordre n 0 = Hu = no + Bn-s (r, y dont les asymptotes forment un faisceau régulier : Po — 0, et, à défaut d’un terme mieux approprié, il convient d'appeler centre d’une telle courbe le point de concours O0 de ses asymptotes. IL étudie les pro- priétés de ces courbes par la théorie des foyers, comme représentation des tangentes isotropes issues de ces points, et en vertu de la notion antérieure du groupe conjugué de » droites, appliquée spécialement aux plus simples de ces groupes ou aux faisceaux ré- guliers d'ordre n, — M. Faurie continue l'étude des déformations permanentes et de la rupture des corps solides, Il déduit d’abord, des formules établies par lui antérieurement, les valeurs des allongements aux mo- ments des ma\ima de la charge et montre que ces allongements sont égaux aux allongements observés. Le même auteur considère deux nouvelles charges voisines de la charge de rupture, désignées sous les dénominations de maximum d'énergie potentielle élastique et de maximum d'énergie cinétique de trac- tion, charges spéciales que l'expérience met bien en évidence. 29 SGtENCES PHYSIQUES, — M. Ch.-V. Zenger donne la description des nombreux orages et tremblements de terre ayant eu lieu en Autriche pendant le mois de juin. L'auteur résume ainsi l'ensemble des obser- valions : 1° L'activité solaire a été très grande; 2 les perturbations magnétiques très amples et très fré- quentes ; 3° les tremblements de terre, les orages cycloniques, de violence extraordinaire, ont concordé avec l'apparition de bolides nombreux et brillants et avec le passage de nombreuses étoiles filantes. — M. Ch. Fiesse adresse, de Washington, un mémoire relatif à un nouveau carburateur, applicable à divers moteurs et ulilisable pour la navigation aérienne, — M. G.-T. Lhuiïllier à repris l'étude de la conductibi- lité des mélanges de limailles métalliques et de dié- lectriques. 1° Le diélectrique ne devient pas conduc- teur, même sous une épaisseur inférieure à 1 #, et les gaines liquides considérées jusqu'ici ne jouent qu'un rôle mécanique. 2° Dans le cas des diélectriques orga- niques, la conductibilité est établie concurremment par des particules métalliques entrainées et par des particules de carbone provenant de la décomposition du diélectrique; dans le cas du soufre, elle l'est par les premières seules. — M, Raoul Varet expose l'é- tude thermique des combinaisons du cyanure de mer- cure avec les chlorures et discute la constitution des chlorocyanures. L'auteur utilise l’action de l'acide picrique et des picrates sur les cyanures métalliques pour distinguer si, dans ces combinaisons, le cyano- sène resie uni au mercure ou se combine à l’autre métal; les résultats obtenus par cette méthode con- cordent complètement avec ceux fournis par l’étude thermique. — M. Delaurier rappelle les progrès qu'il a réalisés, par l'emploi du bichromate de soude, dans la construction des piles. — M. Th. Schlæsing a fait une étude chimique des allumettes à pâte explosive. Le chlorate de potasse, parmi les comburants, et le phosphore rouge, parmi les combustibles, tiennent le premier rang; leur mélange est un explosif dange- reux quand il est sec, alors même qu'il est tempéré par la présence d'un colloïde et d'une forte proportion DE PARIS Seance du ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES -imdication de plus pour déceler le vin de raisins secs, de matières inertes; néanmoins, ce sont tous deux des éléments nécessaires à la constitution d'une pâte, Les corps à combustion fusante, soufre, hyposulfite de plomb, sulfures d’antimoine, atténuent la rapidité de Ja combustion. L'étude des fumées à montré qu'elles contenaient de grandes quantités de phos- phore, d'antimoine et de plomb, ce qui impose la né- cessité d'éviter les inflammations accidentelles pen- dant leur fabrication. La substitution des pâtes explosives aux pâtes à phosphore blanc est donc un problème encore fort complexe et nullement résolu. M. Paul Lemoult à entrepris l'étude thermo- chimique de lacide cyanurique ; il donne la chaleurs de combustion de cet acide, les chaleurs de dissolu- tion de l'acide anhydre et hydraté, puis la chaleur des neutralisation pour les acides dissous. Comme l'acide. phosphorique, l'acide cyanurique est un acide mixte où les trois molécules de base, successivement unies à l'acide, le sont à des titres différents. — M,J.Guin- chaut a étudié la chaleur de combustion de quelques éthers 8-cétoniques, jouant le rôle d'acides, afin de se rendre compte si, comme cela a lieu pour les acides carboxylés, la chaleur de combustion est toujours in- férieure à celle des isomères neutres. Les résultats montrent que la formation de ces dérivés acides a lieu avec un excès de dépense d’énergie, fait qui pourrait s'expliquer par la transformation du groupe acé- tyle CH3.C0 en groupe CH?— COH. — M, A. Bouf- fard, dans le but de remédier à l'obstacle apporté à la vinificalion des pays chauds par les hautes tempé-. ratures de fermentation, a déterminé directement là quantité de chaleur dégagée dans la fermentation alcoolique. La détermination directe montre que la chaleur est comprise entre 24 et 32041 par 180 grammes de sucre, nombre éloigné de 71°!, quantité admise: il en résulte que des appareils d’une puissance réfrigé- rante modérée pourront suffire pour améliorer la vini-. fication des pays chauds. MM. G. Nivière et A. Hubert ont repris l'étude de la gomme des vins; ils indiquent son mode d'extraction et ses principales \ propriélés; son dosage dans les vins donnerait une Cette gomme est différente de la gomme arabique; elle parait résulter de la condensation de à molécules de galactose soudées ensemble avec élimination d’eau. GC. MATIGNON. 1 3° SCIENCES NATURELLES. — M, Vaudin étudie la mi- gration du phosphate de chaux dans les plantes, Ce sel est maintenu en dissolution par le sucre à laide: des malates. Au fur et à mesure de la transformation M du sucre en amidon, les phosphates se déposent et les malates se détruisent en même temps ou persistent à l’état de succinates, — M, Sappin-Trouffy fournit une note sur l'origine du noyau dans la formation des spores et dans l'acte de la fécondation chez les Urédi-, nées; les résultats de l’auteur diffèrent de ceux de MM, Poirault et Raciborsky. Les cellules du mycélium ont un ou deux noyaux par cellule : les cellules hymé- niales, qui donnent naissance aux téleulospores, ren- ferment normalement deux noyaux frères. J. MARTIN. Séance du 26 Août 1895. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Le Cadet adresse ses observations de la comète Swift (20 août 1895), faites à l'équatorial coudé (0,32) de l'Observatoire de Lyon. — M. Borrelly envoie ses observations de la Phao, faites à l'Observatoire de Marseille planète ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES -(équatorial de 0®,26 d'ouverture). — M, Paul Serret . continue l’étude des propriétés des faisceaux réguliers et des équilatères d'ordre », 1° Le lieu du centre des équilatères du faisceau : + 0 = Hh 5 À1Hn= H'h (4 LS * est un cercle pour n quelconque, comme pour n = 2. 20 Si les équilatères H,,H', qui déterminent un fais- - ceau ont leurs asymptotes parallèles, le cercle, lieu du “ centre, se réduit à une ligne droite; en même temps, is des courbes du faisceau s’abaisse au degré n —1, - qui n'est plus un équilatère proprement dit, hors le cas OÙ n — 3. : 1 20 SGIENCES PHYSIQUES. — M. G. Nodel adresse une … note relative à un appareil électrique destiné à pré- - venir les accidents sur les lignes de chemins de fer. = M. Ch.-V. Zenger décrit son appareil électrodyna- - mique modifié, qui permet de démontrer facilement … les lois suivantes : 1° Que le mouvement planétaire - suit les lois électrodynamiques de Gauss; 2° que l'axe - de l’orbite planétaire est fixe, tant que la force de . l'électroaimant est constante, et d'une certaine gran- deur, qui dépend de la force magnétique de l’électro- aimant et de la grandeur de la sphère ; 3° que la prin- cipale action du troisième pôle perturbant le mouve- - ment orbiculaire elliptique est le changement de position du grand axe de l'orbite. — M.Ch.-V. Zen- ger, pour supprimer les sons amphoriques produits dans l’espace rempli’d’air du stéthoscope, a construit un appareil en bois plein, qui a la forme d’un ellip- soïde de révolution coupé par deux plans perpendicu- laires au grand axe passant par les foyers. — M. Paul Lemoult donne la chaleur de dissolution et de forma- tion des cyanurates de sodium et de potassium. L’au- - teur a pu préparer les trois cyanurates de soude et deux seulement des sels de potasse. L'eau est sans action sur leurs solutions. — MM. Rietsch et Her- - selin ont étudié comparativement la fermentation apiculée et la fermentation elliptique et l'influence de … l'aération dans cette dernière fermentation à haute … température. 1° Pour les liquides fermentés ayant - plus de 4, l'alcool formé par les levüres apiculées coûte plus de sucre que celui dû aux levûres ellip- - tiques. 2 L'aération est favorable par l’oxydation qu'elle détermine, indépendamment de l’abaissement de température qu'elle procure en même temps dans la pratique. 3° Le refroidissement au-dessous de 30° a des effets bien plus prononcés que l’aération, — M. Balland communique les résultats de quelques observations sur les ustensiles en aluminium. 1° Le poids des ustensiles n'a pas l’uniformité qu'il devrait avoir; les écarts tiennent au décapage à la soude, 20 Dans les conditions ordinaires de la vie du soldat, les ustensiles offrent une résistance suffisante à l’ac- tion des mets et des liquides. 3° L’eau ordinaire at- laque lentement l'aluminium partout où le métal retient des métaux étrangers. 4° Dans l’eau salée, les mèmes effets se reproduisent, mais à un degré. plus prononcé. C. MariGNoN. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Ad. Chatin présente une note sur les truffes de Chypre, de Smyrue et de La Calle. D’après les récoltes de M. Gennadius, il résulte bien que la truffe existe sûrement en Grèce, dans la Thessalie, à l’ile de Chypre ; c’est la Terfezia Claveryi qu'on retrouve partout, même en Algérie. — M. Devi- Vaise adresse une note relative à l'utilité de l’emploi de Vaileron ou bourgeon anticipé de la vigne. — MM. F. Gley et Pachon montrent le rôle du foie dans l’action anticoagulante de la peptone, Liant sur le chien les vaisssaux lymphatiques qui sortent du loie, on injecte dans une veine une solution de peptone, Dans cette condition, l'effet de la peptone est annihilé : le sang reste coagulable. C’est donc dans le foie que se forme la substance anticoagulante. J. MARTIN. 865 ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 27 Août 1895, M. G. Colin (d’Alfort) revient sur la question de la toxicité de l’alcool. Il montre que les expériences faites jusqu'ici ont été très défectueuses et ne peuvent con- duire au but qu'on se proposait ; il indique ce qui de- vrait être tenté pour y arriver. — M, Javal insiste sur la nécessité d'introduire dans l’enseignement l'écriture droite, comme plus favorable au développement de la vue normale, Séance du 3 Septembre 1895. M. Moncorvo fait une communication sur la valeur hypnotique du trional chez les enfants, Son action lui a paru la plus prompte et la plus sûre et c’est le corps qui a été le mieux toléré. Cemédicament possède d'ail- leurs une action sédative sur le cerveau dont on pourra profiter pour combattre des phénomènes d’excitation nerveuse ou psychique. Séance du 10 Septembre 1895. M. le D'Huguet envoie une note sur un cas de mas- tite traumatique observé par lui chez l’homme. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Dernières communications. M. Béhal, à côté des produits qu'il a fait connaitre antérieurement, a obtenu un acide bibasique en Cf, Cet acide fond à 143°-14%°, et donne, par distillation, un anhydride fondant vers 22°; il correspond à l'acide dimétaylsuccinique dissymétrique, ainsi que M. Bébal s’en est assuré, en préparant ce dernier à l’aide du bromo-isobutyrate d’éthyle et du malonate d'éthyle. M. Béhal expose ensuite les résultats des recherches qu’il a poursuivies en collaboration avec M. Blaise sur les produits de l’action de l’hypoazotide sur l'acide campholénique inactif. Le dérivé bleu, déjà signalé antérieurement, ou dérivé céruléo-campholénique, dis- sous dans l’alcool ou l’éther, donne un composé blanc, insoluble. Fondu, ce dérivé blanc redonne le corps bleu. Ces deux produits, le blanc étant un polymère du bleu, sont des nitrosocampholénolactones, La potasse alcoolique les réduit et donne un dérivé azoïque ou azoxique que l’amalgame du sodium transforme en une hydrazine, Avec l’étain et l’acide acétique, on ob- tient une amine identique à celle fournie par le nitrite de campholénolactone. — M. Burcker a obtenu un composé de formule CH20? par l’action de l'anhy- dride camphorique sur le benzène en présence du chlorure d'aluminium. Ce corps se forme avec élimi- nation d'oxyde de carbone. C’est un acide faible; sa formule de constitution et ses propriétés le rapprochent de l’acide campholénique. Ses sels sont, en effet, décom- posés par l'acide carbonique, et il donne, avec les alcools méthylique et éthylique, des éthers cristallisés, très difficilement saponifiables par les alcalis, — MM. Villiers et Fayolle communiquent un procédé extrêmement sensible pour la recherche de l'acide borique. On chasse ce composé des cendres des pro- duits analysés en les distillant avec un excès d'alcool méthylique en présence d’acide sulfurique, On en- flamme la solution méthylique obtenue et on obtient, en présence de traces d'acide borique, une magnifique coloration verte. Cette méthode, appliquée à l’analyse de vins francais et de vins algériens, ne donne pas la réaction de l'acide borique; en raison de son extrème sensibilité, on peut conclure que, lorsque ces vins ren- ferment ce composé, il résulte d’une addition de subs- tances étrangères. — M. Maumené discute les réac- tions de la lampe sans flamme, dite lampe de Tollens, destinée à la préparation de l’aldéhyde méthylique ; il discute également le travail de M. Schutzenberger re- latif au poids atomique du cérium. — M. Engel analyse une note de M. Massol sur les points de fusion des acides de la série grasse. Ces points de fusion peuvent à , 866 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES se ranger en deux séries, suivant que le nombre des atomes de carbone est pair ou impair. Les courbes représentant ces deux séries, après une incurvation préliminaire, deviennent sensiblement parallèles, — M. Hébert a trouvé un gallate ou un fannate de fer dans la sève de la liane à eau du Congo francais. De la sève du bananier, de même origine, lui à donné une matière colorante déjà signalée par Boussingault, et une certaine quautité d'acide oléique à l’état de sel alcalin. Dans la sève de la vigne, il a reconnu l’exis- tence du glucose et d’un tanin particulier, — M, Charon a reconnu que l’aldéhyde crotonique préparé, soit par la méthode de Lieben, soit par celle de MM. Newbury et Orndorff, est un produit unique et non un mélange des deux stéréo-isomères. En oxydant, en effet, cette aldéhyde par l’oxyde d’argent au-dessous de 50°, on obtient un produit unique, l'acide crotonique solide, et cela, avec un rendement atteignant 90 /,. Des pro- duits de l'oxydation spontanée à l'air, on ne peut éga- lement extraire qu'un seul produit acide, l'acide ero- tonique solide. Hydrogénée par le couple zinc-cuivre en solution acétique, cette aldéhyde donue environ 10, d’aldéhyde butylique normale, 25 °/, d'alcool cro- tonylique et 50 à 60 °/, d’un glycol non saturé en C$.. CH3—CH=CH—CHOH—CHOH—CH=CH—CHS. Il a été déposé à cette séance deux notes de M. Thomas- Mamert sur la non-existence de la sléréo-isomérie dans les dérivés aminobutènedioïques et sur les ami- nobutèneamidoates d’éthyle; une note de M, Granger sur l’action des combinaisons halogénées du phos- phore sur le cuivre ; une note de M. Fouzes-Diacon sur une nouvelle préparation du glycérose ; une note de M. Delacre sur la tryphényléthanone et la triphé- nyléthanolone, Er. Cnarox,. SOCIÈTÉ ROYALE DE LONDRES SCIENCES PHYSIQUES L. Mond,F. KR. S., WW. Ramsay, EF. R. S'et «3. Shields : Sur l'occlusion de l'hydrogène et de l'oxygène par la mousse de platine. — Voici les résultals des expériences des auteurs : 1° La mousse de platine, séchée à 1009, retient en général 0,5 0/, d'eau; celle-ci est seulement chassée en chauffant à environ 400° dans le vide. La densité de la mousse de platine séchée à 1009 est de 19,4 et, en tenant compte de l’eau qu’elle retient à cette température, de 21,5, 2° La mousse de platine contient environ 100 fois son volume d'oxygène ; celui-ci ne commence à se dégager en grande quantité qu’en chauffant dans le vide à 300; à 4000, il est en majeure partie chassé, mais ce n’est qu'au rouge qu'il est complètement expulsé. 3° En dé- terminant la quantité d'hydrogène occlus par la mousse de platine, il faut soigneusement distinguer entre l'hydrogène destiné à former de l’eau par sa combinaison avec l’oxygène toujours occlus dans le platine et l'hydrogène réellement absorbé par le pla- tine per se. Le platine absorbe environ 310 fois son voluine d'hydrogène, mais 200 sont destinés à former de l’eau et il n’y en à que 110 réellement occlus. Une partie se dégage déjà à la température ordinaire dans le vide; la plus grande quantité s'échappe entre 250°- 300°, mais la chaleur rouge est nécessaire pour une expulsion complète. La quantité d'hydrogène absorbé est fortement influencée ‘par les plus légères impu- retés. 4° Les auteurs ne croient pas qu'il y ait de rai- sons suflisantes pour admettre l'existence de composés chimiques P1%0H3 et P(#0H?, indiqués par Berliner et Berthelot. De plus, l'opinion des auteurs est que les chaleurs de combinaison de l'hydrogène et du platine, déterminées par Berthelot et Favre, n’ont aucune va- leur, el que la chaleur que ces savants ont mesurée est due pour la plus grande partie, si ce n’est entière- ment, à la formation d’eau par combinaison de l'hy- drogène avec l'oxygène occlus dans le platine, SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES La Sociélé a récemment recu les communications suivantes : M. S.-P. Thompson : passée inapercue. Ampère fit, en 1822, une expérience qui, s’il l'avait soigneusement poursuivie, l’eût conduit à la découverte de lPinduction dix ans avant la pupli- cation des résultats de Faraday. En cherchant à dé- couvrir la présence d’un courant électrique dans un. conducteur situé au voisinage d’un autre conducteur parcouru par un courant électrique, Ampère fit l'ex- périence suivante : Une bobine, formée d’une bande de cuivre isolé, était fixée avec son plan vertical, etun an-. neau de cuivre était suspendu par un fil de métal très fin, de facon à être concentrique à la bobine et à être dans le même plan. Un barreau aimanté élait disposé de telle sorte que « si un courant électrique eùt été induit dans l’anneau suspendu, il y aurait eu une dévia- tion de cet anneau ». On n’en observe aucune. En 1822, Ampère répéla l'expérience avec de De la Rive, en employant, au lieu du barreau aimanté, un puissant aimant en fer à cheval. II décrit l'expérience dans les « Le circuit fermé étant soumis à l'in- termes suivants : iluence du courant de la bobine, mais sans connexion avec elle, était attiré et repoussé alternativement par l'aimant, et l'expérience conduirait ainsi à ne pas douter si l’on n'avait pas soupconné la présence d'une petite quantité de fer dansle cuivre dont l'anneau état formé, » Après la publication des résultats de Faraday en 1831, » Ampère décrivait de nouveau son expérience de 1822: « Au moment où l’on reliait la pile aux bornes du con- ducteur, l'anneau était attiré ou repoussé par lPaimant, suivant le pôle qu’on présentait à l'anneau.» — M. G. Rhodes : Théorie du moteur synchrone. L'auteur part de l'équation de l'énergie : p + eR = cE cost où pest le travail moteur, R la résistance de larma- ture, c le courant dans l’armature, E la f. é., m. appli- quée aux bornes, et 4 la différence de phase entre e et E. Il déduit de ses calculs la démonstration théo- rique du fait observé par M. Silvanus Thompson, qu'un moteur synchrone, qui recoit un excès d’excitation, agit comme un condensateur, et lend à faire prendre de l'avance au courant par rapport à la f. 6. m. du géné- rateur. M, S. Thompson déclare qu'il faut retenir de cette analyse les deux résultats suivants : d'abord, que le courant maximum à puissance nulle est le mème que si le circuit était sans induction; ensuile, que le courant maximum à puissance nulle est le double du courant correspondant à un travail extérieur maxi- num, — M. Bryan : Surune interprétalion graphique simple de la relation fondamentale de la dynamique. — M, Herroun : Sur un voltamètre à iode. A l’excep- tion du mercure à l’état mercureux, aucun corps n'a un plus grand équivalent électrochimique que liode; et, en outre, en titrant une liqueur par l’hyposultite de soude, il est possible de déterminer la quantité d’iode mise en liberté avec une plus grande exactitude qu'on n’en peut avoir en pesant un dépôt de cuivre ou d'argent. La solution voltamétrique employée est une solution d'iodure de zine à 10 ou 15 °/,. L'anode est un plateau de platine situé au fond du vase, la ca- thode consiste en un barreau de zine amalgamé. On emploie une solution d'hyposultite telle qu'un centi- mèlre cube corresponde à la quantité d’iode mise en liberté par le passage de 5 coulombs. La solution contient 128r,8375 d'hyposulfite de soude pur cristallisé par litre. En comparant avec un voltamètre à argent, on à obtenu d’une part Oamp,264, d'autre part Oamp,266 pour le même courant. M. Silvanus Thompson re- marque qu'on a des nombres encore plus concordants en prenant pour le poids atomique de l’argent la va- leur 107,7 au lieu du nombre approché 108. — M. Sharp: Nouvelle méthode d'analyse harmonique. Une expérience d'Ampère. de la production des courants électriques par induction " ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 867 » _ SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES La Société a recu récemment les communications . suivantes : … M. Alfred C. Chapman décrit quelques-uns . des dérivés de lJ’humulène et s'étend spécialement - sur le chlorhydrate de l’humulène-nitrol-pipéride … (G!SH2AZOAZCH'OHCI), sur l’humulène-nitrol-benzy- … Jamine (CSH2AzO0OAZHCH2C6HS), sur le nitrosate d’hu- mulène CI#H2?4A720* et le nitrosite CISH214720%, — - M. Edna Walter publie une note sur les thiodérivés de l'acide sulfanilique., —M. William Ramsay F.R.S. J. Norman Collie et Morris Travers font une deuxième communication sur l’hélium qu'ils ont re- trouvé dans plusieurs minéraux contenant de l’ura- -nium. Ils ont déterminé la densité de ce corps sur des - échantillons provenant l’un de la clévéite, l’autre de la broggérite chauffée seule, le troisième de la broggérite - chauffée dans l'hydrogène et le sulfate de potasse, On a observé dans toutes ces expériences que l'hydrogène - n'est pas entré en combinaison avec l’hélium. Ge corps à pour poids atomique 4,4; sa solubilité dans l'eau - est de 0,007 à 18° : c’est donc le gaz le moins soluble - dans ce liquide. — M. H. Fenton, en partant de l'acide > C'H06.2H20 déjà décrit par lui, a trouvé que, sous … l'influence de diverses circonstances, il se transformait - en aldéhyde glycolique et acide carbonique suivant l'équation : - CiH105 — C2Hi0? + 2C02. i £ 11 s’est assuré de la présence de cette aldéhyde-en l’'oxydant. Il a obtenu ainsi l'acide glycolique ; de plus, - avec un excès d’acétate et phénylhydrazine, il a pré- - paré la phénylosazone du glyoxal : CH—AZ2HC5H° | E CH—AZHC5H® Cette décomposition pourrait servir à préparer facile- . ment cette alhéhyde. — M. M. James Walker et J. R. Appleyard publient leurs travaux sur la stéréo- chimie des éthers-sels de l'acide éthanetétracarboxy- … lique. — MM. Philipps Bedson et Saville Shaw signa- … lent la présence de l’argon dans les gaz extraits du sel - marin provenant des environs de Middlesborough. — …— M. K. Rose a étudié la dissociation du chlorure d’or … dont il a mesuré la tension de dissociation à diffé- « rentes températures jusqu'à 3329, L'action chimique limite est représentée par l'équation : ACTA IC … Les pressions totales observées lorsqu'on chauffe en vase clos un mélange de AuCI$ et AuCI sont beaucoup plus élevées que les tensions de dissociation. Cela est — dù à la pression de la vapeur de AuCI, qui augmente À considérablement entre 200et 390°, Les pressions maxi- … mum sont de beaucoup diminuées si l’on a laprécaution … de séchersoigneusementles substances à expérimenter. … Le même auteur a déterminé quelques propriétés … physiques des chlorures d’or. Le point de fusion du … trichlorure est de 288° pour une pression de chlore - égale à deux atmosphères; sa densité est de 4,3, tandis que celle du monochlorure est de 7,4, Ces détermina- tions tendent à prouver que le volume atomique du … chlore, dans ses combinaisons avec l’or, est de 4 X 5,1 au lieu de 3 X 5,1, comme l’a dit Schrôder pour quel- ques autres composés. — M. J, Tudor Cundall, étu- … diant la dissociation du peroxyde d'azote liquide, a dé- terminé l'influence du dissolvant. Ses expériences ont porté sur 14 liquides indifférents. La température joue un rôle considérable dans la dissociation, L'auteur a également remarqué que la constitution du dissolvant a une influence sur la dissociation ; il'a trouvé, en par- ticulier, que le chlorure d’éthylène est moins actif dans ce cas que le chlorure d’éthylidène, — M, Fran- cis R. Japp F.-R.-S. et Druce Lander ont obtenu, en chauffant un mélange de benzile et d’acétoacétate d’éthyle avec l’alcoolate de sodium, un produit de con- densation qui se forme d’après l’équation : 2CHH1002-LCFH100%—C31H2805-H20. C’est l'anhydrodibenzylacétoacétate d’éthyle, fondant à 210-211°; on n'a pu arriver à en isoler l'acide cor- respondant; on en a fait les dérivés éthylés, isobutylés, ete, Oxydé avec l'acide chromique, le produit de con- densation fournit l’acide monobasique C2? H16 O* qui, chauffé à 200°, donne comme produit de décomposi- tion, le corps C2H16 0? ; on peut assigner à ces deux composés les formules suivantes : : CéH*CO CéH5CO | | C5H5—C—CO0H et C5H5—CH | | C5H5—CO C5H5—CO Acide phényldibenzoyl- Phényldibenzoyl- acétique. méthane. MM. H.-R. Hirst et J.-B. Cohen : La formamide réa- git avec les amines aromatiques primaires en présence de l'acide acétique glacial en donnant des dérivés for- myliques. La réaction a lieu suivant l'équation : R'AzH?-ÆHCOAZH?+CH3CO?H=R'AzH. COH+CH*CO?ZAzHi Les amines aromatiques secondaires ne réagissent qu'à chaud ; les amines tertiaires ne réagissent pas même à l’ébullition. Les mêmes auteurs ont publié leurs tra- vaux sur une modification de la méthode de Zincke. — MM. W.-H. Archdeacon el J.-B. Cohen ont pré- paré l’acide cyanurique en chauffant l'urée avec du chlorure de carbone, en solution dans 20 2/, de toluène, dans un tube scellé porté à 190° et 2309, La réaction probable est la suivante : 3CO(AzH??+L3COC= 2(COAZH)5 + 6 HCI, M. C.-M. Luxmoore publie ses recherches sur les oximes de la benzaldéhyde et leurs principaux dérivés qu'il étudie au point de vue stéréochimique. — M. Ed- ward H. Rennie a retiré de la Lomatia ilicifolia et de la Lomatia longifolia, une matière colorante qu'il croit ètre formée par l'hydroxylapachol. — MM. P. Wynne et A. Greeves décrivent six dichlorotoluènes et leurs acides sulfoniques. — MM. W. P. Wynne etJ. Bruce publient leurs recherches sur les acides disulfoniques du toluène et sur l'ortho et parachlorotoluène, — MM. Wyndham R. Dunstan F.-R.-S. et Francis H. Carr ontétudié les alcaloïdes dérivant de laconit; ils s'étendent surtout dans cette communication sur la pseudo-aconitine dont ils cherchent à établir la consti- tution. Ce corps est le plus toxique de ceux qui se trouvent dans l’aconilum ferox ; sa formule est : C36 H49 AzO?? : saponifiée, elle donne la pseudaconine et l'acide véra- trique ; chauffée au-dessus de 104-1059, eile se transforme en pyropseudo-aconitine. La pseudo-aconitine est donc un corps analogue à l’aconitine ; la seule différence qui les distingue, c’est que le groupe benzoyle qui se trouve dans l’aconitine est remplacé par le groupe vératryle dans la pseudo-aconitine. ACADÉMIE DES SCIENCES D’AMSTERDAM La Société a recu récemment les communications suivantes : 1° Sciences paysiques. — M. H. Kamerlingh Onnes présente un mémoire de M. W. Einthoven intitulé : Sur un disposiuif servant à isoler un objet quelconque des tremblements d’alentour. Le dispositif consiste essentiellement en une grande plaque de fer qui, sur- 568 nageant sur le mercure, supporte les instruments à isoler. Pour faire juger du degré d'isolement, l’auteur fait usage d’un godet rempli de mercure. Lorsque le godet est placé sur une table fixe, la surface du mer- cure se ride; sitôt qu'on le place sur la plaque flot- tante, la surface redevient lisse. La plaque porte un électromètre capillaire et un microscope. Les mou- vements du ménisque de mercure dans le tube capil- laire sont photographiés, et, quoique l'image projetée soit huit cents fois plus grande que le ménisque lui- mème,on n'observe aucune trace de tremblement dans les courbes obtenues. A l’aide d’une série d’expé- riences, l'auteur croit avoir trouvé les conditions sous lesquelles tout objet flottant est isolé autant que pos- sible des tremblements d’alentour. — Ensuite M. Ka- merling Onnes présente un mémoire de M. J. P, Kue- nen intitulé : Influence de la pesanteur sur les phénomènes critiques des substances simples et des mélanges, Pour les substances simples, l'influence de la pesanteur se manifeste en ce que, dans un tube ver- tical, entre deux volumes voisins situés de part et d'autre du volume critique, le ménisque disparaît et reparaît à une certaine distance des bouts du tube; quand on fait changer la température. Mais ce phéno- mène se montre toujours précisément à la mème tem- pérature : la température critique, Pour une substance pure, la pesanteur ne peut donc pas changer la valeur qu'on trouve pour la température critique par la mé- thode du ménisque. Cette méthode se trouve donc entièrement justifiée. Employée avec soin, elle donne en mème temps une valeur très rapprochée pour le volume critique. Dans Je cas d’un mélange, au con- traire, la pesanteur modifie les phénomènes critiques de la manière suivante, Entre deux températures voi- sines de part et d'autre de la température du point de plissement (voir les mémoires précédents de l'auteur, Rev. gén. des Se., t. IV, p. 719, 750; €. V, p. 855, 595, 771, 1007), les phénomènes critiques des mélanges, par exemple la condensation rétrograde de première et de seconde espèce, ne se manifestent pas complètement, parce que, sous la compression, le ménisque disparait avant qu'une des deux phases ait entièrement disparu. Au point du tube où le ménisque disparait, la compo- sition et la densité du mélange sont celles qui appar- tiennent au point de plissement de la température choisie. De cette manière la pesanteur peut, dans cer- tains cas, troubler les phénomènes critiques des mé- lauges. Cependant ces phénomènes des mélanges, sous l'influence de la pesanteur, se déduisent tout de même entièrement de la théorie de M. Van der Waals. 20 SCIENCES NATURELLES. — M. Th. H. Behrens : Sur le dichroïsme artificiel. Le dichroïsme artificiel res- semble à celui des expériences de Sénarmont. Les expériences de l’auteur portent sur des fibres de lin, de chanvre, de paille, de coton. de laine et de bois, sous l'influence de diverses malières colorantes. A l'exception des vases de bois, la courbe la plus foncée des fibres correspond à des vibrations dans la direction longitudinale des fibres. En général, le dichroiïsme comporte une polarisation considérable; la soie et la laine font exception à celte règle. D'après l’auteur, le phénomène est d’un caractère plus compliqué que les expériences de Sénarmont ne le feraient présumer ; la combinaison de l'absorption et de la double réfraction ordinaires ne suffit pas à l'expliquer. — M. Th. W. En- gelmann : Sur la conduction réciproque et irréci- proque d'excitations des fibres musculaires dans la théorie du mouvement du cœur. Dans les circons- tances normales, l'excitation, cause de la contraction, se propage aussi facilement du ventricule à l’oreillette que de l'oreillette au ventricule ; seulement quelques Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17 jours contre la difficulté suñante : ACADÉMIES ET SOCIËÈTÉS SAVANTES moments avant la mort, et sous l'influence de poisons, « on remarque des différences considérables entre les” vitesses de conduction dans les deux sens. Jusqu'ici l'on n’a pu donner l'explication de cette différence, con- statée plusieurs fois. En supposant, avec M. Gaskell, que la propagation de l’excitation du cœur est une consé- quence de conduction musculaire, on s'est heurté tou-. c'est que cette conduction musculaire comme celle des nerfs n’a. pas de préférence pour l’une des deux directions. A présent, l’auteur croit pouvoir lever cette difficulté en supposant que l'irritabilité et le procédé d'irritation dans les diverses parties des muscles conducteurs ne sont pas les mêmes. En effet, les fibres des oreillettes . diffèrent tant morphologiquement que physiologique- . ment des fibres des ventricules, et toutes deux elles dif- fèrent des fibres épaisses entre oreillette et ventricule. Quand toutes les parties conductrices de la trajectoire sont formées de la même manière, le procès physiolo- tique, qui se propage comme excitation dans les par- ties qui s'influencent l’une l’autre, ne saurait différer ni en qualité ni en quantité d’un lieu à l’autre et cette excitation doit se répandre avec la mème facilité dans les deux directions. Mais à la séparation de l'oreillette et . du ventricule, où trois espèces différentes d'éléments musculaires sont en contact l’une avec l’autre, les con- ditions sont différentes. Ce cas est comparable à celui de l’extrémité d’une fibre musculaire ou nerveuse, à celui du contact des arbres extrèmes d’une branche cellulifugale de nerf avec les dendrites ou le corps d’un ganglion. Dans les derniers cas, la conduction irréci- proque prévaut. Dans le cas du cœur, elle ne se déve- « loppe que sous l'influence de certaines matières qui augmentent les différences d’abord insensibles. La plus longue durée des battements «spontanés » et de l’irrita- bilité de l'oreillette, comparée avec celle du ventri- cule, en donne une preuve. Parce que les muscles des ventricules gauche et droit ne possèdent pas les mêmes propriétés, surtout ou au moins quelques moments avant la mort, ordinairement la conduction réciproque se change alors en conduction irréciproque. Ceci ex: plique les cas rares du battement indépendant du ven- tricule gauche ou droit. L'hypothèse de l’auteur fait. présumer qu'on serait à même de changer la conduc- tion réciproque des fibres musculaires à rides trans- « verses en une conduction irréciproque en mettant les différentes parties de la fibre sous des circonstances physiologiques différentes. Des expériences sur le _muscle sartorius curarisé ont tout à fait affirmé cette présomption comme le prouvent les myogrammes ori- ginaux montré par l’auteur, Il se propose d'étendre ces expériences à des nerfs. Probablement son principe donnera l’explication de quelques phénomènes, inex- pliqués jusqu'ici, par exemple, de l’absence apparente d'irritabilité électrique directe en présence de conduec- tibilité de Pexcitation physiologique normale qu'on a observée dans des liges nerveuses régénérées et dans les nerfs entourés localement par une atmosphère de CO,. Probablement, dans ces cas, l'irrilation produite par l'excilation électrique ne se propage pas à cause de son caractère irréciproque; peut-être cela mènera-t-il à trouver une autre excitation artificielle qui conserve la faculté de se propager sous les circonstances défa- vorables indiquées. — Ensuite M. Engelmann présente un mémoire de M. H.J. Hamburger : Ein Apparut, welcher gestattet die Gezetzse von Filtration und Üsmose stroemender Flüssigkeiten bei homogenen Membranen zu studiren (Un appareil qui permet d'étudier les lois de filtration et d’osmose de fluides coulants à travers des membranes homogènes), Sont nommés rapporteurs MM. Engelmann et T. Place. P, ScHouTE. Le’ Directeur-Gérant : Louis OLIVIER | À 2 FA N° 19 15 OCTOBRE 1895 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES or DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER L. PASTEUR PUBLICATION DE SES ŒUVRES COMPLÈTES La dernière livraison de cette Revue sortait de la presse quand lu mort de Pasteur fut annoncée. Après tant d'hommages rendus de tous les points du monde à la mémoire du grand homme, la Revue, s'associant au deuil de la Science, de la Patrie et de l'Humanité, ne peut que répéter le cri de l'universelle douleur. Elle fait appel à tous ses amis, à tous ses lecteurs, à l'effet d'élever à la mémoire du sublime génie que la Science vient de perdre, deux monuments dignes de sa gloire : Il faut que la statue de Pasteur, placée, non seulement à l'Institut qui porte son nom, mais en plein Paris, au milieu des foules occupées de leurs affaires on de leurs plaisirs, leur rappelle la vie laborieuse du grand savant passionné de science et d'humanité ; Il faut que la publication de ses Œuvres, synthèse complète de ses écrits dispersés, permette à tous ceux que touche le progrès de l'esprit humain, de se nourrir de là pensée du Maître, d'apprendre, dans la familiarité de ce puissant et bienfaisant génie, à pratiquer la science et à servir l'humanité. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, 19 870 E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L’ACIER ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L’ACIER PREMIÈRE PARTIE : FORGEAGE ET LAMINAGE On désigne généralement sous le nom de forge tout atelier où l'on faconne soil à bras d'homme, soit au marteau à main, soil à l’aide d'engins mé- caniques, lels que marteaux, pilons, laminoirs, presses el à l’aide du feu, toutes les pièces de fer et d'acier employées dans les diverses industries. Toutefois, l’on réserve plus spécialement le nom de Jforgeuge à l'action statique qui agit sur le métal soit pour en chasser les scories interposées entre les molécules, soit pour rapprocher les unes des autres ces molécules, soit même pour souder entre elles les diverses parties hétérogènes qui peuvent composer la masse métallique. Les faces en con- tact avec le marteau et l’enclume ne subissent guère que des pressions normales. Dans les con- ditions ordinaires, c’est dans la zone intermédiaire que se produit l'effet d'étirage et de diminution de section par le refoulement ou l'écoulement la- téral des molécules du métal. Dans le /aminage, au contraire, l’action est dyna- mique. La masse métallique est bien soumise à une pression dans son passage entre les cylindres ou à travers les cannelures; mais, en même temps que les zones centrales sont refoulées, les couches extérieures sont soumises à un effort tangentiel et poussées en avant par le frottement et le mou- vement de rotation «les laminoirs. I. — HISTORIQUE. Le’ travail du fer et de l'acier par forgeage, c’est-à-dire à l’aide du marteau et de l’enclume, remonte à la plus haute antiquité. Il n’en est pas de même du laminage. L'invention du laminoir est attribuée à Bruckner, qui, en 1553, l’appliqua, pour la première fois, à la Monnaie de Paris. Son procédé fut très lent à se propager : l'Angleterre n'eut qu’en 1663 son premier laminoir ; il fut éta- bli à Shew près de Richemond, Le moteur des cylindres fut d’abord une simple manivelle, puis le cheval, puis une chute d’eau et enfin la vapeur, qui transforma complètement la puissance de ces en- gins et permit d'en développer la variété. Jusqu'en 1840, les seuls marteaux mécaniques employés élaient des pièces métalliques soulevées par un moteur indépendant à une certaine hauteur, toujours la même, quel que soit le travail à effec- tuer, et relombant par leur propre poids sur la pièce à forger. Tels étaient le martinet ou marteau à bascule, le marteau à soulèvement ou à l'alle- mande et le marteau frontal anglais exclusivement fonte, depuis le fer le plus doux, c’est-à-dire con- à employé jusque vers 1840. Le marteau à vapeu de Bourdon fut alors une invention capitale qui modifia complètement l’industrie du forgeage en lui permettant d'aborder la fabrication de pièces. de grandes dimensions. La puissance de ces mar- teaux, depuis cette époque, s’éleva graduellement, età ce sujet il est intéressant de rapprocher le pre mier marteau de Bourdon construit au Creusot,qui élait de 2.500 kilos avec 2 mètres de levée, de celui qui existe actuellement aux mêmes usines, qui pèse 100 tonnes et a 5 mètres de levée, el aussi de celui des frères Marrel à Rive-de-Gier, qui pèsem 100 tonnes et a 5"200 de levée. La presse hydraulique, bien connue pour ses innombrables emplois dans les arts industriels, a été appliquée en 1861 par M. Harwell. Mais ce n’est que dans ces dernières'années que son action a été mise en parallèle avec celle du pilon et que l’on à été amené à lui donner des puissances énormes. Ces quelques préliminaires posés, nous allons décrire l'état actuel de cetteindustrie qui asuivi et même entrainé d'une façon constante les progrès incessants des chemins de fer et de l’armement.. Il est nécessaire, avant tout, d'établir nette ment la distinction entre le fer et l'acier, consi- dérés au point de vue de la forge : Depuis les procédés d'affinage modernes, on peut obtenir à l’état fondu un terme quelconque. | de la série continue qui existe entre le fer et la tenant moins de 0,10 °/, de carbone jusqu'aux aciers extrêmement durs (1,50 à 2°/,). Quel que « soil done son degré de carburation, tout métal « coulé à l'état de lingot subira au forgeage, de la part des outils auxquels il sera soumis, une aclion » mécanique identique, Les conditions de Llempéra- ture seules varieront, le métal {rès doux pouvant èlre beaucoup plus chauffé que le métal dur. Au contraire, s’il s'agit de métaux, fer ou acier, obtenus par ce brassage dans la flamme qu'on nomme le puddlage au four !, le travail de forge consiste : d’abord à expulser les scories, puis à 1 Rappelons, à ce sujet, que, dans le four à puddler, la fonte, maintenue, au-dessus d’une couche d’oxyde de fer, à l’état de fusion par une flamme qui lèche sa surface, est, au moyen de ringards, brassée dans cette flamme. Dans cette opération l'oxyde de fer brûle une partie du carbone répandu dans Ja masse du métal impur. En même temps que s'opèrent ainsi la réduction du fer oxydé et l'expulsion d'une partie du carbone sous forme d’oxyde de carbone, il y a action réci- nc rates dt en dede STE: à'Uré Le Pad 5e .. ‘inoy np onpaod anofego ef 081 UO “OfOU99T 0491149 — ‘Sd97ppnd 42] ap sattnq Sp juouuop quatre ; STA SO] dO18A JUOJ onb uotssoud oun snos ‘onp onbeyo 9p sou ‘o sa] 2 Auf] ‘eanst} E[ 9p a! ad8A ? auto ef aed snu aut ) S104] s oun,p a} 9,) ‘2Énpppnd ap win of aed $ q no sind ‘ ppnd op anoÿ np 110$ 497 op odnof y — ‘puowDy}-quins 2p dp ojins vf sut -U8QU æAnsspu So ‘o8eo onbego 9p sn oubrunu I 29 9P ayones LA 14 999 quassed sçonbsar axjue Jo ‘sonp ua sojuo j9 soro09s sossoig su[d sor aout Ipnego ‘ropppnd e sa 1,P Sa9Pa) $ 19p jueuuop Le AnOUX OT 119 TRDISSDUL put Un « JTJIJA 9191PUEUD SUN 7 [40 $ ut} 4S9 ‘721 AU odkk Lo F 2490790 CT AD OMUAUNN) Sa: ANDITAAV LA SHUNd SHONHIOG SA A'IVUANAO TIANYT E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER 871 souder entre elles les différentes parties de fer ou d’acier, de façon à en former un bloc absolu- ment comparable à un lingot de métal fondu. C'est ce travail de forge que nous étudierons en premier lieu. : JI. — TRAVAIL DES MÉTAUX SORTANT DU FOUR A PUDDLER. Le (ravail mécanique, soit par forgeage, soit par Jaminage, fait partie intrinsèque de la fabrication proprement dite du métal puddlé au four. C'est la dernière étape des opérations de puddlage, soit du fer, soit de l'acier. On expulse, en les cénglant, les silicates que contiennent les loupes retirées des fours ; on obtient ainsi un petit parallélipipède assez impur, que l’on transforme en barre plate au laminoir. Cette barre n’est pas encore suffisam- ment purgée de ses scories, ainsi qu'on peut le cons- later aux criques qui règnent le long de ses bords. Le du fer brut : on la découpe alors en troncons, qu'on réunit dans un même paquet, lequel est porté au blanc soudant, puis passé de nouveau au laminoir. Le produit oblenu est le fer marchand. - Pour le cinglage, on emploie exclusivement aujourd'hui le marteau-pilon, qui consomme, il est vrai, beaucoup de vapeur, mais qui permet de faire varier lacompression suivantles besoins.Les pilons cingleurs ont, en général, une force de 1.500 à 2.000 kilos; pour les loupes du four Bouvard on em- ploie, par extraordinaire, des pilons de 10 tonnes. .Ces pilons sont le plus souvent à simple effet. & Le laminoir (fig.1, PL. I) employé pour exprimer du métal puddlé ses scories, est, en général, en duo, c'est-à-dire qu'il comprend seulement une paire de cylindres. Les formes des cannelures de ces cy- Jindres sont très simples, leurs dimensions vont en diminuant; les déyrossisseuses sont généralement ovales dans le but d’une compression plusuniforme, Jes Jinisseuses-carrées, puis rectangulaires plus ou Donne rapport d'une section àla suivante est de : la longueur des cylindres est de 4",20 à D,50. - On à cherché, en ces derniers temps, à s’affran- chir de quelques-unes des nombreuses opérations que nous avons décrites plus haut pour obtenir le fer marchand laminé en profilés spéciaux, feuil- lards, et fils dits machine, ete. Indiquons comment procèdent les Forges de Champigneulles : Les fontes employées au puddlage sont de bonne qualité blanche, chaude ou truitée-blanche. Les additions de fondants ou de ferros sont faites non plus seu- ————————————————————————_——_— proque du carbure et des silicates basiques de fer compris dans la masse en fusion. C'est en cela que consiste le pud- dlage au four. Ce puddlage purifie, comme on voit, le métal, mais laisse néanmoins, cà et là, dans la masse, des concrétions Silicatées, des scories, que les opérations mécaniques ont ensuite mission d'expulser. (Nele de la Direction.) lement en vue d'améliorer la qualité, mais aussi en vue de simplifier beaucoup le laminage. L'essentiel est de terminer le puddlage très chaud et de ne pas laisser aux scories lé temps de se figer dans les opé- rations de cinglage et de laminage. La loupe est cin- glée commeprécédemment, mais est de suite trans- formée, d’une seule chaude et sur un seul train, en laminés de toute nature, sans passer par l’ébau- chage au train brut, ni par le paquetage des ébau- ches. Le prix des laminés quelconques est ainsi ramené à celui du fer brut. Dans certains cas, il est nécessaire de faire passer quelques minutes le lopin cinglé dans un four à souder avant de l’en- voyer au laminoir, mais il n’en est pas moins évi- dent que les frais de la transformation du métal en ébauchés à découper, à paqueter et à réchauffer, sont par ce procédé complètement évités. Nous ne nous arrèêterons pas plus longtemps sur les procédés de forgeage ou de laminage qui se rapportent à la fabrication des fers et aciers pud- dlés. Les aciers puddlés ont à peu près disparu pour laisser place à l'acier produit sous forme de lingots. Quant au fer, iltend de plus en plus à être remplacé par l'acier extra-doux, obtenu également à l’état fondu. Néanmoins, ilest encore employé sous forme de tiges de pilon, de profilés divers, de fils et même de plaques de cuirassement ; mais son finissage soit au pilon, soit au laminoir ne diffère en rien de l'élaboration de l'acier, que nous allons passer en revue en suivant l'ordre chronologique et en commençant par le forgeage. IIT, — FORGEAGE DE L'ACIER EN LINGOTS Le forgeage de l'acier à des températures con- venables a pour résultat remarquable de modifier sa structure et d'augmenter considérablement sa ténacité. Depuis les belles études de M. Osmond sur l'analyse micrographique des aciers, on peut se rendre compte des qualités du métal d’après l’as- pect de sa cassure : on sait comment sa structure varie avec les teneurs en carbone, comment elle se transforme sous l'influence de la température ou de la vitesse de refroidissement (fig. 2 et 3). On a donc à la fois un guide et un contrôle au traite- ment physique,et les limites entre lesquelles telle nature de métal doit être traitée sont désormais bien définies. Nous n’entrerons pas dans le détail de ces travaux si remarquables, ce qui nous entrai- nerait beaucoup trop loin. Indiquons seulement que la structure de l'acier coulé comprend des grains de fer à peu près pur, reliés par un ç ciment » de carbure de fer. Ces granulations s’agglomèrent pour constituer des aiguilles prismatiques limitées par une série de lignes brillantes. La structure du même métal forgé présente un aspect général sem- blable, mais où les dimensions absolues du réseau 872 E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L’ACIER sont naturellement réduites. Le forgeage done, | dement encastrée, et le résultat obtenu au moyen S'il est elfectué dans les conditions normales, | d'un pilon balistique, dans lequel le pilon comme: c’est-à-dire à des températures appropriées au degré de dureté, pétrit le métal et augmente sa densité, en achevant mécaniquementla distribution du ciment commencée par le chauffage. Procédés de Forgeage en France. — Deux procédés sont utilisés pour ce travail: de pétrissage et tous deux ont leur raison d'être. D'un côté, c'est le for- geage par choc oblenu au moyen du marteau-pilon (fig. 6 à 12); de l’autre, c’estle forgeage par la pres- sion lente et progressive, que. fournit la presse hy- draulique (fig. 4et5).Ilestassezdificile, étantdonné l’enclume sont suspendus à la facon des pendules: L'essai eut lieu sur de pelits cylindres de cuivres coupés sur une même tige de 12"%,5 de diamètre à 46%%,9 de longueur. On sait que l'énergie totale dépensée est déterminée par le produit P H(P poids Deux sériesu d’ éprouvettes identiques furent soumises à l'ac-m tion l’une d’un pilon, l’autre du second, de façon! e PAU gra indé déformation fut nécessairement obtenue avec l'en du marteau, H hauteur de chute). à recevoir des chocs égaux. Une clume encastrée, En évaluant la proportoin d’éner- gie transmise en plus à l'enelume du pilon balis- Fig. 2. Ë Fig. 2 et 3. — Mélallophologrammes oblenus par M. (fig. 3). La figure 2 (coupe faite dans le sens du forge: voir la réduction et la fragmentation de cette dispo l'agrandissement de 100 diamètres. geage. La maille du premier est très large, cel ) montre un réseau à mailles moyennes. sition, résultant du-recuit à 10150. Fig. : acier forgé (fig.: 2), acier recuit le du second très réduite. S'il s'agit d'acier doux, les parois de la maïlle,m {ans les deux cas, sont du fer à peu près pur, et le contenu du carbure de fer. un pilon déterminé, d'établir quelle serala puissance d'une presse équivalente ; le mode d'action des deux outils est trop dissemblable pour arriver à une équivalence rigoureusement exacte. Le mieux est de se baser sur des résultats acquis par l'expé- rience, qui permet de calculer la pression maxima dont on à besoin dans chaque cas. Ainsi, si l’on se donne la surface de métal sur laquelle on veut presser, il faut compter qu'une pression de 500 à 800 par centimètre carré suivant la température, est nécessaire au forgeage. Une presse de 4.000 Lon- nes équivaut comme puissance de production à un pilon de 120; mais il n’y a pas de rapport exact à établir puisque, dans cette proportion, n'intervien- nent ni la hauteur de chute ni le poids de la chabotte fondation supportant lapièce frappée) dans le pilon. Le docteur F. Fick à comparé l'effet produit par un pilon ordinaire, frappant sur une enclume soli- tique, on trouva qu'elle s'élevait à 30 °/,. Pour une dépense d'énergie donnée, la puissance du choc dépend de la résistance qu'offre la pièce frappée ; plus cette résistance est-faible, plus le travail absorbé par l'enclume est considérable. Le poids à adopter pour les chabolles doit être de 7 à 10 fois celui du marteau suivant la grosseur du pilon. L’enclume reçoit au moins 20 ?/, de la force produite et le reste se perd en vibrations. Dans la presse, au contraire, les fondations sont insignifiantes, et l'effort du piston du pol de presse est transmis intégralement au lingot. Il en résulte que les lingots peuvent être travaillés plus froids, par conséquent plus longtemps, et que le métal subit moins de chaudes ! qu’au pilon où, dans ces conditions, l’on aurait à craindre la rupture 1 La chaude esi la double opération qui consiste dans Le chauffage du lingot et le forgeage consécutif. " Osmond el reproduits ici en simili. — Ces deux microphotographies montrent la différence de structure interne qui distingue l'acier à deux stades du travail : 4 La figure 3 (métal recuit) fait M \ Ces photogrammes ont été faits à — On obse Êre des différences non moins tranchées entre l'acier avant et après le for- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES (Numéro du 15 Octobre 18 2 Reugeser Ms repelse 4. — Presse Davy (Puissance : 4.000 /onnes) de. visible sur cette figure, un sommier situé au-dessot supérieur, visible . par 4 colonne à travers lequel on voit le fond de 1 (visibies dans l’espace vide et variable) viennent pousser la /raverse, grosse pièce que l'on voit au-dessus et contre-maitres photographiés ici. Derrière leur tête se voit l’enclume ou panne qui effectue le forgeage. — L: est guidé d'une part, aux 4 coins, par des colliers qui embrassent les colonnes, d'autre part par une colonne ver- ticale et médiane qui s’engage dans une gaine du sommier supérieur. Le relevage de la traverse se fait hydrauliquement, ace à ylindres invisibles ici et attachés latéralement au sommier supérieur. Au-dessus de la presse « ns Je fond are on voit un pont électrique de 150 tonnes. iéries de Saint-Chamond. — La presse comprend, outre la partie du plancher. Ce sommier intérieur est fi et relié au sommi (Le sommier supérieur commence au-dessus de l’espace vide, variable, sommier supérieur porte deux cylindres hydrauliques dont les ] ns CNT CNRS « + hu D <> LA ie D ve k x < F : PRE ON MN CA RCE FRE tan: SEL NE nd Sheet Ti es Lu L nl REVUE G (AT qu Il ALL {ll ENÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES (Nuinéro du 15 Octobre 1895) == M is h a Ju (7 Ja ES | > & fort du]syslème Breuer, Schumacher et Cie, de Kalk, construile par MM. à simple Fic. — US?'ESS à Ferrière-la-Grande (Nord). — Cette presse se Compose essentiellement de deux parties : le compresseur, de la figure, et la presse nent dite. Le compresseur est constitué par le cylindre et au-dessus par un « ] ique en acier forgé, relié au cylindre à vapeur au moyen de quatre € forgé. La distribution de la vapeu yÿ fait à l’aide d'un tiroir cylindrique équilibre, La vapeur, ontenu dans le conte inférieur, le fait monter, et la tise de ce piston, qui iu dans | ylindre hydraulique install ur la paesie proprement dite. Celle-ci, comme les IX Soin reliés ide ment p ir quatre Colonnes en acier forgé. Le cylindre hydr: iulique, é ul porté par le sommier supérieur Le piston hy ntche du pot de rmédiaire d'une traverse HObE que l'on relève à l'aide de deux petits cylindres à vapeur s du sommier supérieur, Aussitôt que la pression est terminée, le le Ja pesanteur et ja vapeur passe sur l’autre face du piston pour réchauffer le cylindre. Ut g. Delaltre situé à & à vapeur vertical qui est à la base, olonnes en acier intré te sous le piston forme elle-même piston hydr: iulique, ‘ autres presses, ou pol de presse, es presse agit suc le marteau forgeur par eltet placés au- pist nn à vapeur redescend automatiquement sous F E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER 813 RE —— ———————————————————————…—"—"—…—"—…"—"—"—"…"…"…"…"…"…"—"—"—"…"…"…"—"—"—"—"—"—"—"—"—— des Liges, l’'enfoncement de la chabotte et beau- goup d’autres inconvénients. Au point de vue dela construction, les pilons pré- sentent sur les presses l'avantage de la simplicité et, par conséquent, de grandes facilités d'entretien. Mais, d’un autre côté, les frais d'installation des presses sont bien moindres, et, d’ailleurs, Lous les . sols conviennent à ces installations. Il est à re- Do à ce sujet, que les usines anglaises n'ont …pas monté de pilons monstres, comme on en ren- . contre dans quelques usines du continent, mais pre toutes emploient des presses. Au point de vue du forgeage, les résultats oble- - nus sont loin d’être identiques : la presse orge à cœur, c'est-à-dire agit profondément, landis que l'action du pilon se fait plutôt sentir à la surface. Sur un lingot un peu gros, le forgeage de la partie centrale peut donc être défectueux, ou bien, pour éviter ce défaut, il faut proportionner la puissance du pilon à ie du Hngoi, ce qui n'est . pas toujours possible. La presse, d'autre part, a l'inconvénient de ne pas décaper d'elle-même le mélal, comme le fait le pilon : il faut nettoyer constamment la surface à forger, ce qui exige des relards et plus de main- d'œuvre. Il résulle de ce qui précède que les deux outils doivent être employés concurremment : la presse pour ébaucher, le pilon pour finir. Grâce à la rapi- . dité de travail qui caractérise la presse, celle-ci - permeltera de chauffer moins souvent le lingot et, ….par conséquent, de ne pas nuire à la qualilé du - mélal, à la condition toutefois que l’on opère par . petites passes et que l’on évite les déformations trop grandes, qui amènent les criques et les veines sombres. Puis la pièce sera terminée, pa- rée, comme disent les forgerons, à l’aide du pilon, dont on peut apprécier le travail d'autant plus » facilement que le marteau se relève très vite et que la surface du métal est immédiatement décapée. En ce qui concerne les travaux de matricage, la presse et le pilon sont également employés. Quant … à l'emboulissage, il se fait à la presse avec une fa- cililé remarquable. 2 + Ce ÉR UE Presses. — Différents systèmes de presses hydrauliques sont aujourd'hui en usage ; le cadre de cet arlicle ne nous permetlant pas d’en faire la des- criplion détaillée, ni d’en montrer les principales différences, nous nous bornerons à indiquer ce qui les caractérise particulièrement : Dans une étude très complèle présentée à la Société de l'Industrie Minérale, M. Dufour a classé les presses en quatre catégories : 4° Presse à course continue avec accumulateur ; 2° Presse à course continue sans accumulateur ; REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES 4895. 3° Presse à course partielle variable; 4° Presse à course partielle invariable. Le type de la 1" catégorie est la presse Tannett Walker. Les pompes refoulant l'eau non seule- ment pendant la période de pression, mais aussi pendant les arrêts jusqu'à remplissage de l’accu- mulateur, leurs dimensions peuvent être moindres, à vitesse et à puissance égales, que s'il n’y avait pas d’accumulateur. Mais ce système offre un gros inconvénient : c'est de ne pouvoir qu'imparfaite- ment proporlionner le travail fourni à la résis- tance du lingot à forger. La 2° classe est représentée par la presse Davy (fig. 4, PI. IT). Il n'ya pas d'accumulateur. La machine à vapeur qui commande les pompes n'a pas de volant. Il en résulte des variations de vitesse consi- dérables, qui sont très fatigantes pour les organes. Néanmoins, cette presse est bien éludiée, elle est très complètement guidée et peut forger absolu- ment en porte-à-faux, gràce au mode d'attaque de la traverse mobile par des contacts sphériques, qui conservent aux pistons leur vertlicalité. Cette presse est l’une des plus employées. La presse Breuer-Schumacher reñtre dans la 3° caté- gorie (fig. 5, PI. IN). Les pompes dans cette presse sont remplacées par Le compresseur: c'est un cylin- dre à vapeur vertical, et la tige de son piston forme piston hydraulique dans un corps de pompe placé au-dessus. Si l'on admet la vapeur sous le piston, l’eau est refoulée dans le pot de presse. On peut donc produire dans le lingot une empreinte pro- portionnelle à la course ou piston à vapeur, qui est variable. Le relevage de la presse se fait à la vapeur, tandis que, dans les deux types précédents, il était hydraulique et à basse pression. Ce système a l’a- vantage d’être simple et robuste et d'exiger fort peu de frais d'entretien. Il se développe de plus en plus, notamment dans le Nord de la France. La dernière catégorie est relative à la presse de Galloway, dont un seul type existe aux Ateliers Bessemer. Pilons. — Jetons maintenant un coup d'œil sur les pilons. Disons d’abord que les marteaux-pilons sont à simple effet ou à double effet, suivant que la vapeur sert seulement à relever le marteau, ou qu’elle ajoute encore son action et vient augmenter l'énergie du choc, et que les marteaux d'une cer- laine puissance sont généralement à simple effet. Le marteau pilon du Creusot (fig. 12, PI. VI), dont tout le monde a pu admirer le modèle en bois à l'Ex- position de 1878, aétéaugmenté depuis et porté de 80! à 100" avec une hauteur de chute de 5 mètres. C'est à ce pilon que sont forgés actuellement les gros lingols d’acier de 50! et DIRE, qui fournis- 19° 814 E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER sent les plaques de tourelles et de ceinture de nos cuirassés, ainsi que les grands canons de la Marine. La chabolle, qui pèse 720 tonnes et qui, sous les coups de pilon reçus depuis cetle époque, était descendue d’envi- ron 0®,60, a élé réparée l'an der- nier. On y a rap- porté une pièce de la même épaisseur en acier martelé, pièce qui lient par- faitement. Depuis quelques années , le Creusot a con- curemment intro- duit dans le for- geage l'emploi des presses à forger, lesquelles peu- vent, en un certain nombre de cas, se substiluer aux marteaux-pilons . En dehors de ses presses à gabarier dont l’une a une puissance de6.000 tonnes et l'autre de 41.200 tonnes, le Creusot possède unepresse Tannell de 2.000 tonnes el doit installer pro- chainement une nouvelle presse Whitworth de 3.000 tonnes. Les usines Mar- rel, de Æive-4de- (rier et des £laings, comportent, elles aussi, un oulillage en pilons des plus remarquables . Nous donnerons quelques détails sur le marteau pilon de 100',dont le modèle au L figurait à l'Expo- sition universelle de 1889 (fig. 6, 7 et 8). La cha- botte est composée de 4 assises, les trois infé- rfvéce de vapeur PTIT AT ANT Te Fig. 6. — Diagramme de l'élévalion du grand pilon de 100 {onnes des Usines Marrel frères, montrant l'admission de vapeur pour la com- mande du pilon. A rh rieures pesant chacune 90 tonnes et la dernière, selle du dessus, qui recoit immédiatement le tas ou l'élampe, pèse 125 lonnes et est d'une seule pièce. L'ensemble, y compris les frettes, alteint le poids de 760 tonnes. Cette chabotte est placée sur un massif en bois de chêne, reposant sur une maçonnerie qui forme un tout compact avec le ro- cher subjacent. La hauteur lotale de celte chabotte est de 4",700. Le diamètre du cy- lindre à vapeur est de 2 mètres, celui de la tige de 310 millimètres ; la course maxi- ma du piston, de « 5190. La distri- 4 bution de la va- peur s'opère par un liroir cylindri- que et la pression de celle-ci doit être d'au moins 3*,900. Nous don- uerons une idée de l’imposant as- pect de cel outil en ajoutant que la hauteur de la con- struclion, au-des- sus du sol, est de 48,800. C’est aux usines de Suint-Chaumond que nous consla- tons l’oulillage le plus homogène et le mieux entendu . au point de vue du forgeage. A côté d'un marteau-pi - lon de 100 tonnes (fig. 9, 10 et 11) se trouve une pres- se Davy de 4.000! Aux usines de Saint-Jacques , à Montluçon, la pré- férence est toul entière donnée au forgeage àla pres- se. C'est là que fut installée la première presse de 4.000 tonnes fonctionnant en France, et le système adopté est celui de Tannett Walker el C°. Procédés de Forgeaye à l'Etranger. — Les Anglais donnent la préférence à la presse: l'usine Cannuell, de Sheffield, forge avec une presse Davy de 4000". ET APPLIQUÉES (Numéro du 15 Octobre 1695) a = = 5 a a = a) Z a = PA] a = € = LT 2 - Pr. IV 2% | El > 1 SK PPS So Lin @ + N@ NON | PS & NQ NON A EE. u | LCA. RH ee ITR Vue extérieure du grand pilon montrant en même temps les grues de manœuvre, Diagramme donnant la vue extérieure du grand pilon de 100 tonnes. Fig. 1. — Marteau-pilon des Usines Marvel frères aux Etaings, près de Rive-de-Gier, REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES (Numero du 15 Octobre 1895 Fier. 8. — Vue extérieure du grand Marleau-Pilon de 100 lonnes à l'atelier de grosse forge de l'Usine des Elaings, de MM. Marrel freres (de Rive-de-Gi Cette figure représente une sCance de forgeage. Un lingot de 50 tonnes, qui doit donner un corps de canon de #2 centimètres de calibre, subit une sixième chaude destinée à l’étampage. On peut voir le manchon qui sert à l’amarrage du linsot, le ringard chargé de rondelles contre poids percées de trous où les hommes intro- duisent successivement leurs leviers, le vreur suspendu au pont roulant, qui transmet son mouvement de rotation à la chaine formant jarrelière et par conséquent au nanchon sur lequel cette dernière est enroulée. Au premier plan, à droite, sont f ur rie de pant jui peuy les étampes employées pour la chaude actuelle. Sur la gauche, on aper- empla( s chaudières verticales des fours à réchaufier E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L’ACIER 875 Les usines Brown, Firth, de Sheffield, Lotwian Bell, de Middlesbrow, etc., emploient exclusivement la pression hydraulique pour le forgeage des grosses pièces. La plupart des usines anglaises font usage _ de presses horizontales jointes aux presses verli- _ cales. Le lingot est successivement soumis à l’ac- _ tion de ces deux outils et, en quelques minutes, se trouve complètement dégrossi sur ses quatre _ faces, sans qu'il y ait eu nécessité de le faire tourner sur champ, c'est-à-dire de 90°, ce qui n'est pas toujours une manœuvre commode, dès - qu’il s’agit de pièces un peu lourdes. M. Pierre Arbel sur l'Exposition de Chicago les renseignemens suivant(s : Les usines de Befhléem dans le canton de Nor- thampton (Etats-Unis) ont à leur disposition un pilon de 125 tonnes et une presse à forger de 1.4000 tonnes. En ce qui concerne le pilon, le poids total de la chabotte est de 2.150 tonnes, le dia- mètre du cylindre de 1",930 avec une course de > mètres, el la pression de la vapeur d'environ 8 kilos. La tige du piston en acier forgé, de 0®,43 de diamètre, est creuse sur loute sa longueur, qui est de 12%,200. La hauteur totale du pilon au- … Fig. 9, — Marteau-pilon de 80 tonnes des Usines de Suint-Chamond, vu de face. — À, pilon de 80 tonnes; B, grue; C, che- valement d'appui des grues; F, plateforme du pilonier; G, levier de prise de vapeur; H, lingot en martelage, Il y a de nombreuses presses installées dans les usines de la Ruwkr en Allemagne, et là, comme en France, elles sont employées en même temps que les pilons. Les premières presses employées er Allemagne y ont élé importées d'Angleterre; les grands constructeurs de la région en fabriquent aujourd'hui des lypes très appréciés. Nous cite- rons la presse de 6000! à 2 compresseurs alter- nalifs du type Breuer Shumacher et C!° qui fonc- tionne aux usines Krupp, à Zssen. Une presse de 1,500! du même système forge aux usines de Couil- (5 EE Sur les plus puissants engins de forgeage qui existent dans les grandes usines du monde, nous emprunterons à la très intéressante brochure de dessus du sol est de 27",430 et sa plus grande largeur de 11",500. Cet outil fonctionne depuis 1891 et sert au forgeage des blindages, des canons, des arbres coudés ou forgés sur mandrin. Il a forgé le gros arbre de la roue Ferris, la grande attrac- tion de l'Exposition de Chicago, arbre qui n'avait pas moins de 0,813 de diamètre et 13,325 de lon- gueur. La presse de 14.000!, destinée spécialement à la fabrication des blindages, vient d'être terminée : elle est du système de Withword modifié par M. John Fritz. Elle se compose de deux cylindres hydrauliques de 1,270 de diamètre, indépendants l'un de l’autre, à rotules, de sorte que le forgeage conique peut se faire facilement sans” l'emploi d’étampes spéciales. La pression de l’eau est de S7ü E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L’ACIER 500 kilos par cenlimètre carré : celle-ci est fournie | On voit que, dans presque tousles pays, les deux par 4 pompes de 16.000 chevaux de puissance ; les | engins de forgeage sont employés; mais il est Fig. 10. — Marleau-pilon de 0 lonnes des Usines de Saint-Chamond, vu de côté. — À, Pilon de 80 tonnes; D, D, Fours à gaz. cylindres à vapeur des machines motrices ont | cerlain que la force hydraulique permettra plus 2",286 de diamètre; la course de piston est de | facilement d'atteindre ces pressions formidables UE I VO entier Brut der + D = Fig. 11. — Marteau-pilon de 80 tonnes des Usines de Saint-Chamond, vu par-dessus. — B, B, Grues ; C, Chevalement d'appui des grues; D, D, Fours à gaz. 1 mètre et le nombre de tours de 80 par minute. | que rendent de plus en plus nécessaires les exi- Les cylindres des pompes ont 0,280 de diamètre | gences de l'armement et les résullantes de cette el une course de piston de 1",43, lutte toujours ouverte entre le canon el la cuirasse. trorodsuer À oTuoDsopurout a991d ef Suns e1Y oATeure Vo Esvrop ae nb moy np amons “ amnuos ormod 519de uo IUOp S4n0/ Sop 2 A € — _ ss "nROITEUT 07 SN0S o0o1d 27709 Joquosord rA Erota os ans TUBUTOY fona$ ®[ 19 ] ad ‘oq n / ap uon4tol() — suogid Sap) 419179]} ‘J0SnNa4") HP SUIS TND ‘] (GG8T 2490700 SF D wunN) DITddV LA SANNd SHONHIOS SAG AIVY 9 ANA E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER 87 IV. — OPÉRATIONS ANNEXES DU FORGEAGE. Après avoir passé en revue les outils prinei- paux de forgeage, il nous parait utile de com- pléter la description dumatérielemployé, en disant quelques mots au sujet des fours qui servent à réchauffer le métal avant de le soumettre à l'ac- tion mécanique des pilons ou presses, ainsi que des appareils destinés à faciliter la manutention des pièces à forger, lesquelles sont parfois d'un poids considérable, done peu maniables. Fours à réchauffer. — Un sait qu'un lingot, une fois coulé, se refroidit el sesolidifie beaucoup plus vite à l'extérieur qu’à l’intérieur : il en résulte une contraction dela partieinférieure dulingot, contrac- tion qui détermine dans le haut une sorte de cavité appelée l'entonnoir de retassement. Il en résulte éga- lement une tension moléculaire centrale qui serait préjudiciable à la bonne tenue au feu du métal si celui-ci était brusquement porté à haute tempéra- ture et si les parties internes n'avaient pas le temps de recevoir assez de chaleur pour se dilater et suivre les mouvements de la surface. On voit donc la nécessité d'un chauffage très soigné et, pour éviter les déchirements internes qui se produisent avec un bruit de cloche, —ce que les forgerons expriment en disant que les lingots sonnent, —l'obligation de ne jamaisintroduire une pièce froide dans un four chaud. Les fours à ré- chauffer (P1. VI ont des formes et des dimensions qui varient nécessairement avec celles des lingots ou des pièces à forger. Ce sont des fours à réverbère plus ou moins surbaissés, suivant la température plus ou moins élevée à laquelle on veut porter les pièces. Ils sont chauffés soit directement à la houille, soit au gaz avec gazogènes et régénéra- teurs Siemens (D, fig. 10et 11). Les fours à gaz per- mettent l'emploi de combustibles de mauvaise qua- lité, mais exigent une continuité absolue dans les travaux de forge, attendu que l'allumage de- mande beaucoup de temps. Aussi, malgré les avanlages de ces derniers, préfère-t-on les fours à grille ordinaire : leurs flammes perdues sont alors utilisées pour chauffer les chaudières qui donnent la vapeur aux marteaux et aux machines. Le lingot à forger est, en général, muni d’une queue d'amarrage, sorte d’appendice ménagé à l’une de ses extrémités, que lon saisit soit avec un #anchon, si la pièce ne doit subir aucun choc pendant le travail, soil avec une paire de griffes reliées à la queue par des freltes placées à chaud et serrées au moyen de coins, si la pièce est des- linée au pilon. Un long ringard est emmanché dans l’axe soit du manchon, soit des gritles et supporte à son autre extrémité une série de ron- delles, contrepoids qui font équilibre au lingot. On comprend, dès lors, qu’en suspendant lout ce sys- tème en son centre de gravité au crochet d'une grue où d’un pont roulant, on puisse l'amener du four au pilon ou à la presse et inversement. De plus, en plaçant un certain nombre d'hommes à l'extrémité du ringard, ceux-ci peuvent, après un coup de pilon, faire abattage, c'est-à-dire sou- lever la pièce pour la déplacer légèrement en arrière et soumettre au forgeage les parties voi- sines qui n'ont pas encore subi l'action de l'outil. Dans bien des cas etsurtout lorsqu'ils’agit de gros lingots pour blindages, la fosse de coulée (PI. VIT ne permet pas d'y ménager une queue d'amarrage ; on doit done employer, pour les entrer et sortir, de longues (enailles à une ou deux branches, parfai- tement équilibrées dans le haut, que l’on passe sous les lingots. On forge ceux-ci en les soute- nant de part el d'autre du pilon ou de la presse à l’aide de jarretières suspendues au pont roulqnt, ou au moyen de tabliers releveurs munis de repous- soirs comme ceux que l'on a installés à la presse de 4.000 tonnes de Saint-Jacques. On a beaucoup simplifié les condilions d'entrée et de sortie des fours en rendant mobiles certaines parties de ces fours, ce qui permet aux appareils de levage de manœuvrer au-dessus même des pièces qui y sont placées. Il existe des fours à sole mobile et des fours à voûte mobile. Dans les premiers la sole est constituée par la plate-forme d'un chariot s’intro- duisant dans des rainures encastrées dans les pié- droits : un treuil, hydraulique ou à vapeur, situé à l'arrière, met enmouvement lechariot, —les joints entre les parties fixe et mobile étant soigneusement bouchés par du sable argileux. Dans les fours à voûte mobile, au contraire, la sole est fixe, mais la calotte supérieure du four peut être déplacée sur un chemin de roulement supérieur,au moyen d'un pont roulant ou plus simplement d’un treuil fixe. Appareils de levage. — Ces appareils sont le plus souvent des grues dans les ateliers à pilons et des ponts roulants s'il s'agit de desservir les presses. Nous citerons les grues à col de cygne des Usines Marrel (Voir PI. V), les 4 grues qui desservent le pilon de 100! du Creusot Voir PI. VI), dont 3ont une puissance de 100 tonnes et l’autre de 160 tonnes, el les grues à double pivot deSaint-Chamond (fig. 11). Les premières ont un seul pivot et sont maintenues à la hauteur du sol; elles portent un moleur à vapeur qui fait tourner l’arbre commandant la rotation de la grue, le treuil de levage, le chariot se déplaçant le long du col ainsi que le vireur qui retourne la pièce sur elle-même. L'une des deux grues à col de cygne, qui desservent le pilon de 100 tonnes des Usines Marrel, peut être 878 E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER considérée commele plus puissant appareil existant dans ce genre. Elle a une puissance de 180 tonnes avec une porlée maxima de 10" et une hauleur au- dessus du sol de 9%,700. Les grues à double pivot ne travaillent pas à l’élasticité comme ces der- nières. On doit donc interposer un certain nombre de rondelles Belleville entre le moufle et la chaine, qui porte la pièce à forger. Toutes ces grues mar- chent en général à la vapeur, les grues hydrauliques étant plutôt réservées pour les ateliers de fonderie. Parmi les mentionnons celui des aciéries de Terni, qui pivote autour du pilon, l’une des extrémités restant fixe, l’autre reposant sur un chevalet mobile sur une voie circulaire. Cette disposilion participe à la fois des avantages des grues et des ponts roulants proprement dits, c’est à-dire mobiles sur rails parallèles, et pou- vant parcourir foule l'étendue de l'atelier. Les ponts roulants sont maintenant très répan- dus et rendent de grands services en permettant de mulliplier les fours et de les disposer hors de la portée des grues placées immédiatement autour de l'outil. Ils peuvent effectuer quatre mouvements : levage dans le sens de la hauteur; direction dans le sens de la largeur; translation dans le sens de la longueur; enfin, virage, c’est-à-dire mouvement de rotalion permeltant de présenter successive- ment chacune des faces du lingot sous le marteau. La force motrice se transmet aux ponts roulants de bien des manières : certains ponts sont abso- lument indépendants de l’extérieur, possèdend leur chaudière, leur machine, et sont comparables à une locomobile quelconque; la présence de ces mécanismes est un gros inconvénient dans un ate- lier : elle y amène bruit el fumées et nécessite, en raison du poids supplémentaire qu’ils ajoutent à celui du pont, des poutres de roulement beaucoup plus considérables. Un autre procédé, encore très employé, consiste à placer la machine motrice en dehors de l'atelier; la transmission se fait, soit par cäble sans fin (ce qui n’est guère économique, en raison de l'usure des càbles), soit par arbre carré, comme en Angleterre, système préférable, mais qui ne peut convenir qu'à des translations relativement peu étendues. L'électricité a rendu, ici comme en beaucoup de cas, de signalés ser- vices. Aujourd'hui, dans toutes les grandes forges, les ponts sont électriques ; le Creusot (PI. VIT) n’a pas hésité à modifier la plupart de ses ponts rou- lants qui marchaïient à la vapeur et à les transfor- mer en ponts électriques ; aux usines de Saint-Cha- mond, la presse à forger de 4.000 tonnes est des- servie par deux ponts électriques de 120 tonnes de puissance (PI. VIII), établis à 11 mètres au-dessus du sol. L'emploi du courant électrique permet un ponts roulants mouvement de translation aussi développé que l’on veut; la manœuvre est remarquablement simple, el la vitesse des différents mouvements peut êlre considérable; en outre, le pont roulant est mis en marche aux moments seulement où l’on en a besoin ; le bruit continu d’une transmission méca-. nique n’est donc plus là pour étouffer les comman- - dements du marteleur, ce qui présente un gros intérêt au point de vue des accidents. Nous sorti- rions de notre programme en nous étendant plus « longtemps sur cetle question; mais il élait néces- saire de ne pas passer soussilence celte application de la science électrique, qui concourt aux perfec- « tionnements de l’industrie du forgeage comme à ceux de la plupart des grandes industries. V. — LAMINAGE DE L'ACIER. Ainsi que nous l'avons indiqué au début de cette étude, le travail du laminoir est double : à côté de la pression stalique, qui résulte de l’espace libre laissé entre les cylindres ou les cannelures des cylindres, et qui refoule les couches centrales du métal, le mouvement de rotation des cylindres produit un effort tangentiel qui entraine les couches superficielles. Il est facile de prévoir que l’on peut faire varier ces deux éléments, pression et vilesse des cylindres, suivant les produits que l’on veut obtenir. Dans le laminage ordinaire, on s'arrange pour que la vitesse de refoulement des couches cen- trales soit lamême que la vitesse d'entrainementdes couches extérieures. Mais, si l’on augmente considé- rablement celle-ci par rapport à la première, un creux tend àse former à l’intérieur dulingotpendant son passage au laminoir ; c’est le principe du pro- cédé Mannesmann pour fabriquer des tubes sans soudure. De même, on peut faire varier la vitesse de l’un des cylindres par rapport à l’autre dans les cas où l’on a à traiter des lingots hétérogènes (acier dur d'un côlé, acier doux de l’autre). Au point de vue de la pression, le lingot d’acier ne doit pas être traité comme le paquet de fer. Le premier est un bloc homogène, capable de. mieux résister à la compression et à l’étirage qu'un pa- quet de barres puddlées, présentant de nombreux vides dans l'intervalle des mises que le laminage est destiné à souder entreelles. L’aciersoudé pourra et devra donc être moins fortement comprimé que le fer soudé et la décroissance des cannelures sera plus faible dans le premier cas que dans le second. Cages de laminoir.— La cage (PI. 1) est l’ensemble formé par deux cylindres animés chacun, autour : d'un axe horizontal, d’un mouvement de rotation - inverse l’un de l'autre et tournant entre deux supports verticaux sur lesquels ils reposent par leurs tourillons ; un {rain de laminoir comprend du 15 Oclo es aui dessert la fosse de coulée des gros lingols aux aciéries is de MM. Schneider el Cie, au Creusot. "synno nb OYMAJSUO9 JUAUIIIIOANOU 9T[EUH E[ JI9SS9P I] ‘S921)QUI QOY 2P anonsuot LD S977947107 Sap abpquowu 2p «4917970 7 supp Souu07 (9 9pP anbru 1979 Junpnout Ju04 — ‘41 "D1A TIIA ‘1d (GGg] 9490790 GT NP OU9UNN) SAHNdITdAV LA SAUNA SHONAHIOS SA HIVUANAHO HNA I] ; £ | x. $ L LL —. | v F- $ A - 4 < : E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L’ACIER 879 “une ou plusieurs cages. La génératrice des _ cylindres peut être une ligne droite c'est le cas du laminoir à plats, à tôles, à blindages. Elle peut être formée par une ligne brisée présen- tant des rentrants (cannelures) ou des saillants (cordons); c’est le cas du laminoir à blooms, billettes, profilés divers, rails, traverses, pontrelles, fils, ete. Dans certains cas le cylindre supérieur peut prendre une certaine obliquité par rapport au cylindre inférieur horizontal, les axes de cylindres restant dans le même plan; un tel laminoir per- met la fabrication de plaques trapézoïdales ou pen- lagonales, comme les plaques de ceinture de nos _cuirassés. Quelquefois les axes des cylindres sont verlicaux au lieu d'être horizontaux, comme dans certains laminoirs à bandages où dans les laminoirs universels. Enfin, les axes des cylindres sont quel- quefois placés dans des plans différents, ce qui produit l’étirage du lingot en tube, ainsi que nous l’expliquerons plus loin à propos du laminoir Mannessmann, ï Parmi les cannelures, on distingue les canne- lures ogives, plales, polygonales, profilées, soudantes, élargisseuses, finisseuses, dont les noms suffisent à expliquer le but. On comprend qu'avec deux cylindres le passage de la tôle ou de la barre ne peut se faire que dans un sens.et que, par conséquent, le rendement d'un tel oulil doit être faible. Deux moyens permettent d'éviter cet inconvénient et d'opérer le laminage dans les deux sens: le premier consiste en l’em- ploi d'un #ri, c’est-à-dire trois cylindres super- posés au lieu de deux; les cannelures sont ainsi formées par le cylindre du milieu avec chacun des cylindres extérieurs, et la barre est laminée à chaque passage. Mais cette disposition entraine une complication dans l'outillage et particuliè- rement des releveurs à bras ou mécaniques (sui- vant le poids des lingots) placés d'un côté des cylindres et desservant le passage supérieur. La machine motrice est alors ordinairement à un cylindre, attelée directement à l'axe médian du laminoir. On peut aussi changer Le sens de la rota- tion des cylindres, changement de marche qui se fait soit directement par embrayage, soit par la machine motrice elle-même. Dans le premier cas, le moteur tournant toujours dans le même sens, la somme des masses à mettre en mouvement ou à arrêter est beaucoup moindre ; mais, au moment où l'on fait l'embrayage, il se produit un choc considérable. Si, au contraire, onrenverse la vapeur dans la machine motrice, qui dévient alors rever- sible, ilfaut supprimer le volant, parce que la mise en mouvement d'une pareille masse serait trop lente, et attaquer les cylindres de laminoirs soit directement, soit par l'intermédiaire d'engrenages robustes. La machine motrice doit donc être très puissante et comporter de gros cylindres afin de compenser l'absence du volant. Au train de blindages des usines Saint-Jacques (Soeiété des Forges de Châtillon et Commentry) (PL. X) le changement de marche se fait par em- brayage : l'appareil de changement, interposé entre le moteur et la cage des pignons qui transmettent le mouvement aux deux cylindres, se compose de deux cages, l’une à deux, l’autre à trois pignons, qui entrent alternativement en jeu lorsque les cylindres tournent dans un sens ou dans l’autre. Les griffes d'embrayage sont commandées par la tige de piston d’un cylindre hydraulique spécial, qu'actionne une simple pédale placée à portée de l’ouvrier. Les machines réversibles sont aujourd'hui {rès répandues; elles ont des puissances de 1.500 à 5.000 chevaux. Nous citerons : celles des aciéries d’Æssen, qui sont à deux cylindres conjugués ayant chacun 1%,30 de diamètre, 1,75 de course, marchant à120 tours, alors quele laminoir ne marche qu’à 48 tours au plus (plaques minces); celle du Creusot (PL. IX), qui est également à 2 cylindres conjugués et qui a une puissance de 3.000 chevaux ; le diamètre des cylindres à vapeur est de 1%,20, la course des pis- tons de 1,50; les machines Compound des Acié- ries de Jœuf et d'Hayange; enfin, les machines Audemar Kraft, à détente variable avec distribu- tion, employées aux usines Cockeril, à Seraing (Belgique), à #Saint-Chamond, à Valenciennes, etc. Quand leur vitesse de rotation ne doit pas dé- passer 100 tours par minute, les cylindres sont mis en mouvement directement par la machine motrice ; au delà de cette vitesse, il faut employer des engrenages comme intermédiaires. Enfin, lors- qu'il s’agit de vitesses considérables (plusieurs centaines de tours par minute), — comme pour les trains-machine qui servent à la fabrication d’un pro- duit appelé #achine, sorte de gros fil d'acier ou de fer, de 2"/" à 4"/° environ de diamètre, employé dans les tréfileries comme matière pre- mière, — les engrenages sont remplacés par des courroies ou par des càbles. Trains de Blindage. — En passant en revue les dif- férents laminoirs, nous insisterons seulement sur leurs caractères saillants. En première ligne, comme puissance, viennent les trains qui servent au laminage des plaques de blindage. Nous en citerons quelques-uns en faisant remarquer que certains sont dits wniversels parce que ce sont des laminoirs dans lesquels il existe non seulement deux cylindres horizontaux dont on fait varier l’écartement, mais en même temps deux cylindres verlicaux que l'on rapproche ou qu'on éloigne à 880 E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER volonté de façon à exercer une pression latérale sur les cans. De tels trains peuvent done laminer des plaques, des Lôles ou des plats de toute épais- seur et de toute largeur, sans que l’on soit forcé de changer les cylindres. Le train à blindages ,des usines de Swint-Jarques à Montluçon (PI. X), dont on à pu admirer, à l'Exposition de 1889, la cage à pignonsspéciale, présente le grand avantage de pou- voir laminer même en inelinant le cylindre supé- rieur. La longueur de table des cylindres horizon- taux est de 4 mètres et leur diamètre de 1 mètre. Chacun d'eux est en acier forgé et pèse environ 30 tonnes. La longueur de table des galets verticaux estde 1*,300 etleur diamètre.fde 0",500. Ces dimen- sions permettent de laminer sans difficulté des pa- quets de? mètres de hauteur. Un repoussoir hydrau- lique à l’avant et à l'arrière du train, commandé par un cylindre souterrain, remet les pièces en prise sous le laminoir à chaque changement de marche. Le train à blindages des Æ#ings (PL XI) vient d'être transformé : il comporte maintenant des cylindres horizontaux de3",300 de longueur de table et de 1,050 de diamètre, des cylindres verticaux de 1,130 de longueur et de 0",500 de diamètre. Au (Creusot, les cylindres verticaux ont élé supprimés; des rouleaux entraineurs amènent le lingot aux cylindres horizontaux et, lorsqu'on veut le tourner de 90°, un petit élévateur qui forme pla- que tournante le soulève de 40°" au-dessus des rouleaux et le dépose dans sa nouvelle position; à l'avant du train un culbuteur hydraulique peut re- tourner rapidement la plaque, ce qui est très com- mode pour le chauffage. Le laminoir à blindages du Creusot (PI. IX) se compose de 2 cylindres hori- zontaux de 9%,950 de diamètre et de 3 mètres delon- gueur de table. Ces deux cylindres peuvent être écartés de 0%,750, On peut y laminer des plaques de 35 à 40 tonnes. On peut adjoindre aux cylindres horizontaux 4 cylindres verticaux (2 AV et 2 AR). Le ripage, le transport et le retournement des paquets se font mécaniquement. La disposition des cylindres permet aussi de laminer des plaques à section trapézoïdale, 2 ponts roulants, l’un de20 et l’autre de 60 tonnes, de 19" de portée, desser- vant ces deux trains el les fours qui les alimen- tent. Ce train est plutôt un train à grosses tôles qu'un train à blindages. Aux Aciéries de Swint-Étienne, le train employé pour les plaques minces est analogue. Les cylindres en fonte truilée grise ont 2",700 de ongueur et 999 "/" de diamètre. Le supérieur peut se lever de 600 m/m cylindre Aux usines Cammell, à Sheffield, le (rain à blin- dages est robuste, très simple et même un peu primitif: les cylindres ont 900% de diamètre ; les abords sont de part et d'autre légèrement inclinés el quelques rouleaux suivent les mouvements de la plaque durant le laminage:; pour sortir les plaques des fours placés parallèlement aux cylindres, la manœuvre est rudimentaire: on se sert du train comme d’un treuil; on enroule une chaine autour du cylindre supérieur du train et, en faisant mar- cher la machine, on tire la plaque sur un chariot; celui-ci, entrainé brusquement par un attelage de 4 à 5 chevaux, jette la plaque entre les cylindres . Trains à tôle. — Ces trains rentrentdans le même genre que les précédents, avec cette différence que les organes sont moins robustes et plus simplifiés. Nous parlerons, seulement à titre d'exemple, des installations de la tôlerie aux usines de Barrow (Angleterre), parce qu’elles comportent une série d'accessoires des mieux compris pour réduire la main-d'œuvre etdiminuer la fatigue de l’ouvrier. Le train comprend un ébaucheur et un finisseur con- duits par deux machines Compounds à 4 cylindres. L'ébaucheur a 2 cylindres de 70) ”/" de diamètre sur 2 ou 3 mètres de longueur, le finisseur 2 cylin- dres de 850 "/" de diamètre sur 3 mètres de lon- gueur. Un appareil hydraulique sort les slabs (brames forgées) des fours à réchauffer et les dé- pose devant les cylindres ébaucheurs sur un tablier mobile qui, en s'inelinant, permet à la pièce de s'engager. Devant les cylindres sont disposées deux séries parallèles de petits rouleaux; chacune d'elles peut recevoir des mouvements directs ou inverses l'une de l’autre. Lorsque tous les rouleaux mar- chent dans le même sens, ils font avancer ou recu- ler la brame ; si ceux de l’une des séries changent de sens ,les autres tournant toujours de même, l'ébauche, qui est placée au-dessus de Lous les rou- leaux,recoitun mouvement de rotation. Lorsqu'elle a parcouru 90°, on rend uniforme le sens de la marche des rouleaux et la pièce s'engage dans les cylindres en suivant une direction perpendicu- laire à la précédente, sans que l’on ail eu recours à aucun levier. Dès que la brame est dégrossie, un transbordeur hydraulique, pouvantse déplacer dans une fosse au-dessous des rouleaux, la pousse sur les rouleaux du laminoir finisseur à l’aide de four- chelles mobiles verticales dépassant le niveau du sol. On est surtout frappé, dans cet alelier, de l'absence presque complète d'ouvriers : c'est le même machiniste qui mel en marche les différents appareils hydrauliques servant aux mouvements des brames et des cylindres. À sa sortie du finis- seur, la Lôle est tirée le long d'un chemin aérien par un cabeslan hydraulique et amenée en un point du chantier, où elle est mesurée et tracée pour le cisaillage. À l'usine PBorsigwerk (Haute- Silésie!, il existe un train pour grosses tôles dont REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES (Numéro du 15 Octobre 1895) Fig. 15. — Vue d'un train réversible avec sa machine, aux usines de MM. monté en duo. L’écartement des cylindres peut être réglé à volonté au moyen de la crémaillère, visible à la partie supérieure et mue par un ouvrier. Les rouleaux, situés à droite de la figure au niveau du sol, et animés également d'un mouvement de rotation réversible, donnent aux pièces les mouvements de va-et-vient nécessaires pour les faire passer entre les deux cylindres du laminoir, schneider el Cio, au Creusot. — Les parties g \ L r ‘ DE L +1 Ft TE | a | ; en 0 (] 0 L L e DR D nt A nd home om me A een manne mt mm A9p 998çd JS0 xnvofnOr ® OX 011849 uf] 8 SoT NEA 2QueAqUO JS0 19-0/[09 J9 JOUTUEL R 0091] ET © 1rodans Ir furer of que BJ % QJUOIOA & JATIPA mod quoure 0 27 son puy) 9pS f. 4 | NT LALTLL e2 LA AU Luel à i ne Lin D te AN état rEriEtts NET RE E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L’'ACIER 881 les cylindres ont 800 */" de diamètre et une lon- gueur de table de 3,500, permettant de laminer des tôles ayant jusqu’à 3,200 de diamètre. Le trio Lauth, inventé primitivement pour le laminage des tôles minces, a été appliqué par le Creusot à la fabrication des tôles fortes. Dans ce système, le cylindre médian est équilibré, et un mouvement hydraulique le fait monter ou des- cendre pour l’appuyer contre les cylindres supé- rieur ou inférieur. Des tabliers releveurs, placés devant et derrière, se meuvent verticalement en restant horizontaux : leur mouvement est com- biné avec celui du cylindre médian, ce dernier ayant un diamètre plus faible que celui des autres; ainsi, chez Krupp, à ÆZssen, les cylindres supé- rieur et inférieur ont 600 millimètres de dia- mètre; le cylindre médian a 380 millimètres de diamètre pour une longueur d’action de 1865 mil- timètres. L'inconvénient de celte disposition est l'usure beaucoup plus rapide du cylindre du mi- lieu soumis à un travail deux fois plus grand. Aussi, aux Forges de Pompey, a-t-on donné le même diamètre aux trois cylindres. Trains pour fers plats. — Pour les fers plats de 300 à 600 m.m. de largeur, on emploie presque partout les laminoirs universels: aux Aciéries d’Essen, les cy- lindres horizontaux ont 600 millimètres de diamè- tre, les verticaux environ les 2/3 du diamètre des horizontaux. Aux Aciéries de Longwy, les cylindres horizontaux ont 700 millimètres de diamètre et 2 mètres de longueur, les cylindres verticaux 550 de diamètre et 670 millimètres de longueur. Les rouleaux entraïneurs sont mus par une machine réversible spéciale. Les barres, à la sortie, passent sur la plaque à dresser, dont les taquets sont commandés par une vis sans fin; de cette plaque, elles sont amenées par une tireuse sur la grille, puis transportées parallèlement par des chaines sans fin. Le mouvement de serrage des taquets, le tirage et la translation sur la grille sont pro- duits par une machine réversible horizontale, semblable à celle du mouvement des rouleaux. Les taquets ainsi commandés ne marchent pas par la vapeur assez vite, et le serrage hydraulique, comme il se fait au Creusot, est de beancoup préférable. Trains Blooming pour barres et rails. — Ces trains font le dégrossissage des lingots destinés à la fa- brication des rails, billettes ou autres barres pro- filées, travail qui, autrefois, s'exécutait au pilon. Grâce à ces engins, en général très puissants, on peut employer des lingots d'un poids relative- ment élevé pour obtenir des produits de faible section. Les bloomings sont constitués, en Amé- rique, par des #ris avec releveurs automatiques REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. et, en Europe, par des duos réversibles. La forme des cannelures est un peu évasée dans le sens de la hauteur, afin que le lingot ne puisse se coin- cer. Des rouleaux entraïnent les lingots: on peut même donner quartier au lingot quand on se sert de trios avec tabliers releveurs, en amenant sous le tablier, dans une position convenable, un chariot muni de petites plaques verticales en fer qui passent entre les rouleaux du tablier: Si l’on abaisse ce dernier, le lingot, si lourd qu'il soit, porte sur les plaques et se tourne automatique- ment de 90°. — À la suite d’un train blooming est toujours installée une cisaille découpant à chaud le bloom, qui a 7 à 8 mètres de longueur, et le sectionnant en 5 ou 6 lopins de poids déterminé, Pour un train à gros rails, le duo réversible est plus indiqué que le trio, en raison de la plus grande longueur des barres : il doit, en outre, marcher avec une grande vitesse, si l’on veut éviter un ré chauffage. Le matériel employé pour la fabrication des rails à Barrow mérite d'être cité comme un modèle du genre. Le train àrails comprend un ébau- cheur (cogging) de 0,900, entrainé par une machine réversible à deux cylindres (D —1.000 L — 1.500), un dégrossisseur (roughing) de 0.700 mis en mar- che par une machine réversible à deux cylindres (D— 1.200 L—1.370) à action. directe, enfin un finisseur (finishing) de 0.660 avec une machine de même type (D—1.270L— 1.370). Ces trois ma- chines développent une force totale de15.000 che- vaux environ. Elles permettent, en travail cou- rant, d'avoir loujours trois barres en prise. Le lingot (350°>< 1,300), amené du Bessemer au four à réchauffer, en est tiré mécaniquement et envoyé au cogging, puis directement aux autres laminoirs par des rouleaux rapides. La pièce étant mécani- quement guidée depuis la dernière passe dans un cylindre jusqu'à la première passe dans le suivant, le travail manuel se trouve réduit au minimum. Au train finisseur, deux longs chéneaux inclinés, en tôle, établis à l'avant et à l'arrière des cylindres et allant jusqu'au-dessus des fours à réchauffer, permettent à la barre de se développer, sans pour cela gènerle train ébaucheur et les scies à décou- per.Ces chéneaux, comme ceux des aciéries d’Es- ton et des aciéries du Nord et de l'Est, sont mu- nis de rouleaux de manière à laisser remonter les -barres qui viennent de passer au finisseur et à les laisser redescendre par leur propre poids dans une nouvelle cannelure au moyen d'aiguillages commandés hydrauliquement. Cel artifice ingé- nieux permet de fabriquer des barres qui at- teignent la longueur de 40 mètres. Le rail, coupé à longueur, est déposé sur le banc de refroidisse- ment et roulé à l’atelier de finissage où il est ébouté, fraisé, foré et contrôlé. La production des rails, 19** Cu iis PAU COTES CON UR Ne TU Sn a 2 Eu Are à 882 E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER —_——— .——.._———_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—a—a—aEaEZEE dans celte usine, est de 4.000 tonnes par semaine. Tran Machine. — Tous les laminoirs précédents rentrent dans le genre que l'on désigne sous le nom de « gros mills »; ce sont £eux où la section des barres laminées dépasse 5 à 600"%2, Il existe, en outre, les moyens mills (qui laminent de 600 à 2002) et les petits mills en dessous de 200%. Une des variétés les plus intéressantes des pelits mills est le #rain machine, dont nous avons déjà donné la définition. Le produit est cette petite verge ronde, vendue en bottes circulaires et ser- vant de point de départ à la fabrication du fil el de tous ses dérivés, tels que pointes, vis, fil télé- graphique, cordes de piano... Ce genre de lami- nage s'est beaucoup développé en Amérique, en Westphalie, etmême en France. Le systèmeanglais, qui mettait sur la même ligne dégrossisseurs et finisseurs et admettait par conséquent une vitesse uniforme, done trop réduite pour la fin du travail, a élé complètement abandonné. L'idée de com- muniquer aux cages des vitesses progressives à été heureusement appliquée par les usines allemandes, et M. Mussy, ingénieur en chef des Mines, à intro- duit avec succès ces perfectionnements aux Acié- ries de Longwy. Dans cette usine, le train se com- pose d'un premier dégrossisseur à une cage, d'un second dégrossisseur à deux cages et d’un finis- seur à neuf cages, tous conduits par la même ma- chine horizontale compound de 650 chevaux, à con- densation indépendante. Le premier dégrossis- seur, dont le diamètre primitif est 385, est com- mandé directement par la machine etfait 120 tours. L'arbre du second dégrossisseur reçoit par lin- termédiaire de 9 câbles en chanvre de 50 milli- mètres de diamètre, une vitesse de 275 tours; enfin. le finisseur est conduit avec une vitesse de 518 tours, au moyen de 7 càbles de 45 m. m. Un bobinoir, commandé par une petite machine pilon et muni de 2 bobines, marche à 300 tours. Trains pour chaines sans soudure. — Nous ne nous arréterons pas à Loules les installations de laminoirs pour profilés quelconques, fers àT, fers à U, fersà I, poutrelles, cornières, feuillards ; nous dirons seule- ment quelques mots du laminoir pour chaînes sans soudure, système Aury, perfectionné récemment par M. Klasse, aux Laminoirs Germania de Neu- wied, On lamine une barre à section cruciforme; celle-ci ensuile dans deux paires de cylindres à rainures creusées de vides exactement rapportés. Le produit est une chaine presque finie, dans laquelle les maillons ne sont plus réunis que par une mince Loile, que l’on enlève au moyen d’une poinçonneuse; on achève la sépara- tion à la presse à forger après réchauflfage. La passe seule difficulté consiste dansleréglage descylindres. Laminoirs à bandages. — Ges laminoirs sont ca- ractérisés par ce fait que la cannelure est unique, emboilante et se modifie, pendant le laminage même, par le rapprochement d'un galet formant l'extrémité de l’un des cylindres et venant s'ap- puyer sur la ‘face intérieure du bandage jusqu à ce que ce dernier soil du diamètre voulu. Il y à une grande différence entre ce genre de laminage el les précédents: on n'a plus la facilité de pou- voir retrancher l'excès de malière après le pas- sage aux cylindres afin d'arriver à un poids dé- terminé. Puisque la pièce est sans soudure, il faut nécessairement que le poids de la rondelle qu'on veut soumettre au laminage soit calculé très exac- tement à l’avance. Un /rain à bandages comprend un ébaucheur et un finisseur construits de la même manière et con- duits par la mème machine à vapeur. Le mouve- ment est transmis aux deux cylindres par des roues dentées, à chevrons, auxquelles on donne une grande longueur pour que le rapprochement se fasse, les dents restant en prise. En France, on peut disposer les cylindres de deux façons diffé- rentes; mais ils sont, en général, placés horizonta- lement, et le bandage se fabrique alors verticale- ment. En Amérique, en Allemagne el en Autriche, les axes des cylindres sont, au comtraire, verli- caux, de sorte que le bandage se lamine hori- zontalement au niveau du sol.Ajoutons que plusieurs usines françaises, telles que Firminy, Pamiers, ont adopté des laminoirs dans les- quels l’ébaucheur est horizontal et le finisseur vertical. Pour terminer celle rapide nomenclature, nous mentionnerons le train à bandages de M. James Munton (États-Unis) dans lequel le cylindre vertical extérieur est muni, à sa partie supérieure, d’un plateau taillé en biseaux, qui sert à affranchir le haut du lingot, pendant le la- minage même. Laminoir pour tubes d'acier sans soudure. — Ge nou- veau genre de laminoir, employé par M. Maness- mann comprend deux cylindres horizontaux À, B, enlaillés de rainures en spirales, dont les axes ne sont pas dans le même plan et font entre eux un angle 2x; la vitesse de rotation des cylindres est considérable (250 à 300 tours par minute). Le lin- got est introduit de façon que son axe fasse un an- gle x avec les axes de chacun des 2 cylindres A et B; si V désigne la vitesse de rotation de ces cylin- dres à leur circonférence, le lingot doit prendre un mouvement de rotation égal à V cos & et un dépla- cement longitudinal V sinz. On s'oppose à ce dé placement longitudinal du lingot, ainsi qu'à la pauses = me de eh L3 1 er jo soutueaso js onu 93e9 oun,p Spiod of ‘OOEm 2P 159 XNVJUOZHIOW SOIPUIÉO SI IXEU à ET 19 (08m£ 2p 359 xne9 Soiput[{9 ST XBUI ANONBUOT ET — * : 94 anod oSnef es said : : 19,p AUOTA de onbeçd oun,p or — ‘(sauau/ jam) sbwnjg sep auisny ap ‘abnpuuq ap sanbmid sap uounougn] my mod : (GG31 2490700 ST AD OMAN) SAHAdITAAV LA SAUNA SHONAIOS SIG MIVUANHO ANA E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L’ACIER 883 marche de la partie centrale, à l’aide d’un man- drin fixé suivant l’axe, et les couches superficielles, immédiatement en contact avec les rainures hélicoïdales, sont entraïinées avec la vitesse V sin x. La machine motrice, de la force de 12.000 che- vaux, est munie d’un lourd volant avec jante en fils d'acier enroulés sur des bras constitués par des tôles courbées et rivées aux deux plateaux. À l'usine de Landorre (pays de Galles) la jante pèse 10 tonnes et marche à 240 tours avec une vitesse tangentielle de 75 mètres par seconde, ce qui cor- respond à une puissance vive dépassant 20 mil- lions de kilogrammètres. Un train Mannessmann comporte généralement un préparateur desliné à transformer les lingots en tubes ébauchés, ainsi que nous venons de le voir; et un finisseur avec disques rotalifs, construit d’une façon analogue, a pour but d'élargir les tubes ébauchés et de les amener aux dimensions demandées. VI. — OPÉRATIONS ANNEXES DU LAMINAGE. Afin de compléter l'étude du matériel de lami- nage, il nous reste à indiquer les fours employés au réchauffage des lingots, ainsi que les engins servant à la manutention des lingots et des cylin- dres ; comme les fours décrits au sujet du for- geage, ceux-ci sont presque tous à grille ordinaire, sous la condition d'être suivis de chaudières soit verticales, soit horizontales, qui utilisent les flum- mes perdues au réchauffage. Pour réchauffer les lingots pour blooms, rails, etc., on installe généra- lement des fours continus, système Bicheroux ; les lingots froids, chargés du côté de la sortie des gaz, doivent sortir chauds du côté du foyer, prêts pour le laminage : aussi de nombreuses portes, ména- gées sur les côlés, permettent le retournement de ceux-ci, qui, au fur et à mesure de leur réchauffage, descendent la sole, dont la pente est de 1/4envi- ron pour faciliter le travail. Sans nous arrêter aux nombreux systèmes de fours chauftés au gaz na- turel ou au pétrole, nous dirons que, dans les usines qui fabriquent elles-mêmes leur métal, la tendance générale est de réchauffer les lingots en les posant sur leur plus petite face dans des fosses disposées au milieu d'un massif en maçonnerie réfractaire et de recouvrir chacun de ces puits (puits Gjers) par un couvercle qui empêche le contact de l’air. Les briques sont bientôtamenées par la chaleur de l'acier à une haute température, de telle manière qu'une demi-heure après leur exposilion dans ces puits, les lingots deviennent également chauds dans toutes leurs parties, En sortant des puits, ils sont dans un état très pro- pice au bon laminage, puisqu'ils sont toujours au moins aussi chauds au centre qu'à l'extérieur. Pour la manœuvre des lingots, la disposition des fosses Pits et, en général, des fours placés au-des- sous du sol, permet d'employer l'engin de levage le plus simple : une pince manœuvrée hydrauli- quement et portée par une grue ordinaire suflit amplement. Au contraire, pour charger les fours à sole horizontale, les appareils usités sont bien plus compliqués : dans bien des cas, c’est un pont rou- lant qui porte la pince; d’autres fois, ce sont des chariots à vapeur avec pompes pour effectuer la manœuvre hydraulique de la tenaille. Dans cer- . taines usines américaines, le chariot porte, outre la pompe, deux dynamos directrices qui prennent leur courant sur une conduite principale ; un seul homme suffit à son service. Les chemins de fer aériens sont d’un grand usage pour le transport des tôles, des bandages, etc.; nous signalerons à ce sujet la disposition adoptée à Homestead pour déplacer les tôles : de distance en distance, en quinconce, sont placées des barres de fer verti- cales, espacées de 0",40 à 0%,50 et hautes de 0,80 à 1 mètre. Chaque barre est coiffée d’une roulette, et toutes ces roulettes, situées dans le même plan horizontal, peuvent prendre des orientations quel- conques, de façon que la tôle glisse très aisément, manœuvrée par les hommes qui la poussent. VII. — TREMPESs ET RECUITS. L'étude des appareils et procédés de la forge ne serait pas complète, si nous ne signalions les opé- rations indispensables qui précèdent ou suivent le travail mécanique auquel est soumis le mélal, tout en regreltant de ne pouvoir ici qu'effleurer la question. Nous avons dit, au début, que le forgeage avait pour résultat d'augmenter la densité du métal en distribuant mécaniquement le carbure de fer, c’est-à-dire le ciment, entre chaque amas de glo- bules, qui, au retrait, lors du refroidissement après coulée, l'avait obligé à s'échapper et à se placer très irrégulièrement dans la masse. Il est évident que cette condition n'est atteinte que si le forgeage se fait à une température inférieure à celle de la fusion de ce carbure, qui, sans cela, pourrait s’é- couler sous le choc du marteau. De même, cette opération effectuée au-dessous de la température à laquelle Le carbure de fer commence à se disso- cier, ne produirait que l’écrouissage du métal, c’est- à-dire une désagrégation du ciment et, en même temps, une transformation moléculaire du fer, ana- logue à celle dont nous allons parler au sujet de la trempe et caractérisée par une absorption de chaleur, une élévation de la limite d’élasticité et une diminution de malléabilité et de densité. Depuis les belles recherches de Tchernoff, Kars- ten, Caron, Akermann et Osmond, on sait que le carbone, qui fait partie intrinsèque des aciers et 884 E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER des fontes, peut exister sous trois formes dis- tineles : 4° Le carbone réellement combiné au fer, qui domine dans l'acier en lingots ou dans l'acier forgé recuit, dont il constitue le ciment, et appelé pour cette raison carbone derecuit; 2° le car- bone simplement dissous dans le fer, qui domine dans les régions périphériques des aciers ou des fontes trempés, c'est-à-dire brusquement refroidis, et désigné sous le nom de carbone de trempe: 3° le carbone qui reste lorsque le fer en a dissous au- tant qu'il pouvait le faire; c'est le graphite des fontes ou carbone libre. On sait, en outre, que le fer peut exister sous plu- sieurs états moléculaires différents, que l'on dé- nomme æ&, &, y. Le fer « domine dans l'acier recuit, les fers £ ou dans l'acier écroui ou trempé. Si done on refroidit brusquement le métal avant le point a, température où le carbure de fer se dissout et où le fer & se transforme en fer , ce métal ne prend pas la trempe, et ses propriétés physiques ne sont au- cunement modifiées. Si on l'amène à une tempéra- ture comprise entre « et b, température de fusion du ciment, et qu'on le refroidisse brusquement par la trempe, on empêche le carbone de se re- combiner et le fer £ de repasser à l'état 4, on mo- difie toutes les propriétés du métal, qui est alors réellement trempé et qui devient excessivement dur et très cassant. Si, au contraire, on laisse le métal, amené entre & et b, se refroidir lentement, le carbone se recombine;avec le fer, et le fer 6 rede- vient x. Celte dernière opéralion, qui constitue Le recuit, pourrait paraitre inutile; elle a cependant une grande imporlance dans les forges. Nous avons vu que les effets de l’écrouissage peuvent être comparés à ceux de la trempe, et que, d'autre part, le travail que l’on fait subir soit par forgeage, soit par laminage, se termine le plus souvent à des températures relativement basses et inférieures à a. Le réchauffage, suivi de refroidissement lent, est donc nécessaire pour rétablir l'équilibre, per- mettre la diffusion du carbone et restiluer le ci- ment dans les régions qui en sont devenues dé- pourvues (Voir les figures 2 et 3 qui montrent la différence de structure d’un acier forgé avant et après recuil). 1] est également employé pour atté- nuer les effets de la trempe : c'est alors le revenu; mais, dans ce cas, il faul bien se garder de réchauf- fer le métal à une température égale ou supérieure à celle où a eu lieu la trempe. M. Osmond a fait de nombreux essais pour dé- terminer la valeur de « dans les différentes qualités de métal, depuis le fer contenant 0,08 de C jusqu'à la fonte blanche de Suède à 4,10 de C. Il a constaté qu'en général, et surtout dans les aciers doux, la valeur dean’est pas simple, el les multiples points critiques qu'il a appelés 4,, w,, 4,, correspondent, soit à la transformation du carbone de recuit en carbone de trempe, soit à la transformation du fer et aux mélanges, en diverses proportions, de fer z, de fer £ et de fer +. Voici, rapidement résumées, les principales valeurs de ces points critiques, en soulignant les plus visibles : Nombre de points critiques Carbone Points critiques Fer électrolytique 0.08 a, =660 a—=1204;—=855 ..3 Acier extra-doux 0.16 a, =660 a—130a;—820 ..3 Acier doux 029,4, — 680 720072 Acier mi-dur 0.57 a, =660 «> = 22 Acier dur 1.25 a — Gi — cu | Fonte blanche 4.10 a == UN: —699 Le point #, correspond au changement d'état du carbone (recalescence); les points 4, et 4, indi- quent la transformation bien graduelle de fer « en fer Ê, et de fer £ en fer ; au-dessus de a, tout le fer est à l'état y, et, entre a, et à, il est à l’état 6. On voit, d'après les chiffres qui précèdent, que la présence du carbone de trempe maintient le fer aux états $ et y, à une température d'autant plus basse que la teneur en carbone est plus élevée. D'a- près M.Osmond, ce serait la persistance du fer £ ou qui donnerait à l'acier trempé ses propriétés carac- téristiques ; il faudrait donc pratiquer l'opération de trempe à une tempéralure supérieure à 730°, par exemple, pour l'acier dur. Ajoutons que les chiffres que nous avons donnés ont été obtenus par la mé- thode de refroidissement. Ils ne sont pas tout à fait semblables si on les recherche par la méthode inverse de réchauffage. M. Charpy a fait tout récemment de nouvelles expériences à ce sujet en employant un four élec- rique comme appareil de chauffage et en trem- pant des aciers à diverses teneurs, soit à l’huile, soit à l’eau. Il a trouvé que la varialion des pro- priétés mécaniques du métal se produit toujours d'une façon presque complèle dans un intervalle très étroit autour de 700°. Suivant lui, ce serail done surtout le point 4, qu’il faudrait considérer au point de vue de la trempe, et l’on ne gagnerait pas grand'chose en chauffant au delà de 750°; mais ici intervient la grosseur des pièces à tremper, qui est un facteur important à observer. Quoi qu'il en soit, tous ces travaux ont jeté la lumière surles phénomènes, autrefois si complexes, de /rempe, de recuit et de revenu, que l'on ne met- lait en œuvre qu'à tout hasard dans l’industrie du fer et de l'acier. Aujourd’hui les trois opéra- tions, recuit avant trempe, trempe, recuit après trempe ou revenu, sont employées presque générale- menl:le recuit après forgeage, dans le but de régu- 1 Jariser les effets du forgeage en achevant la transfor- PS E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER 885 mation des gros grains du mélal en grains fins; la trempe, pour modifier plus ou moins les pro- priélés mécaniques du métal, par une vitesse plus ou moins grande de refroidissement, en changeant complètement le grain, qui devient encore beau- coup plus fin; enfin, le recuit après trempe ou revenu pour supprimer les tensions intérieures déterminées par le refroidissement brutal, tempé- rer l'effet de la trempe et même le détruire, sui- vant que la température à laquelle se fait cetle dernière opération est inférieure ou égale à celle de la trempe. Les fours à recuire ne sont jamais chauffés par des générateurs Siemens; ils ont toujours plusieurs foyers à grille qui permettent de régler le chauf- + ER LEURS Pers 900. eradure + V2 Lem + Dès que la pièce prend des couleurs lumineuses, on peut faire usage des appareils optiques tels que la lunette de MM. Mesuré et Nonel, basée sur les phé- nomènes de polarisalion rotatoire, ou le spectro- cope d’après les principes indiqués, en 1862, par M. Edmond Becquerel. Enfin, l'appareil le plus exact, employé actuellement dans les grandes forges, est le pyromètre thermo-électrique de M. H. Le Chatelier, qui permet d'atteindre une ap- proximation de 5 à 10° dans l'évaluation des tem- pératures. > Ajoutons toutefois que l’on se contente le plus souvent d'estimer les températures à l'œil, d'après la nuance des radiations émises. Voici l'échelle de ces températures : 0 chauflage ï refroidissement temps E Fig. 18. — Diagramme montrant la marche de la lempéralure pendant l'opération du recuit. fage et de l'obtenir régulier, quelles que soient les ROUES RAsSOn SAS En AMP AC OT he ee CE ÉREPAC SEE À ‘hs ROUTE UT ESS ODIDEE EEE Ce TER ti K 6000 variations d'épaisseur des pièces. Sue capacité est ROUBPISUIDbER ERP ER RP PR EEE T00° très grande; les autels sont surélevés; enfin, la | Rouge sombre dépassé... ................... 50° disposition symétrique des foyers et des carneaux Rouge cerise naiSsant.................. JE se A . £ oufe c2rise = p “ ; ; mr g cd ienansano tea op ceci sue 20 permet une équivalence absolue de tempéralure | Rouge cerise mi-clair....:........ AT ur! 930e dans toutes les parties de leur enceinte. ROUPPECETISeICLA RE DEC 1.000 Au début, on conduit le chauffage très lente- ue OTANGE............................ re ment jusqu'à ce que l'on ait dépassé la tempéra- | Banc... 1300 ture de 400°, qui correspond à celle de fragilité de | Blanc suant............................ 1 .400° Blanciébloutssant PAPER EE Re 1.500° l'acier; on aclive ensuite progressivement jusqu’au point maximum (en général 900°); puis, on provoque ordinairement une chute rapide de température jusqu'à 700° (Cie P.-L-M.) en ouvrant les portes du four; et l'on termine par un refroidissement lent, soit en laissant la pièce dans le four, soiten l’enfouis- sant sous une couche épaisse de fraisil. La figure 18 montre les différentes phases del'opération. Nous ne pouvons décrire ici tous les procédés qui sont mis à la disposition des ingénieurs pour déterminer exactement les diverses températures de chauffage. Au-dessous de 500°, on emploie habituellement des alliages fusibles composés de plomb, d’étain, de zinc, dont on connait exacte- ment les points de fusion. Le bois de peuplier sec, frotté fortement sur la pièce, indique approxima- tivement les tempéralures de 300°, 380° et 450°, selon qu'il devient fumant, étincelant ou flambant. Les fours pour la trempe sont horizontaux ou verticaux : pour certaines pièces telles que les ca- nons et les gros blindages, les seconds sont pré- férés et sont chauffés soit par les produits gazeux de la combustion de la houille, soit par le gaz d'éclairage. Nous avons déjà fait remarquer qu'en outre des considérations théoriques, il y a lieu de tenir compte des dimensions des pièces à tremper. Le refroidissement ne se transmet pas immédiate- ment dans toute la masse du métal; les molécules extérieures sont amenées à un état d'immobililé, empéchées qu'elles sont de se rapprocher par les “parlies centrales non encore refroidies; celles-ci, venant ensuite à se contracter, produisent des ten- sions sur les molécules extérieures. S'il s’agit d'acier dur, ces tensions peuvent déterminer des ruptures apparentes ou internes, qu’on appelle 880 CH.-ED. GUILLAUME — LA CONVENTION DU MÈTRE lapures. Pour les éviter, un procédé consiste à arrêter le refroidissement rapide lorsque la tempé- rature est arrivée en # el à laisser ensuile le refroi- dissement s'achever plus lentement. Il se produit alors une sorte de recuit lent, allant de l’intérieur vers l'extérieur, qui tend à rétablir l'équilibre. Un autre moyen réside dans l'emploi de plusieurs bains d> températures et de conductibilités différentes; suivant le degré de durelé du métal et la grosseur des pièces à tremper, on fait usage, soit de l’eau, soit de l'huile, soit du plomb fondu à 400°. L'eau employée peut elle-même être refroidie en-dessous de 0° ou chauflée jusqu’à 100° ; la couche de vapeur isolante qui se produit autour de la pièce et se condense plus ou moins rapidement, d'après la température de l’eau, fait varier la durée du refroi- dissement et il résulte de nombreux essais que la trempe dans l’eau chauffée à 70° est analogue à la trempe à l'huile. Quant à la trempe au plomb, elle évite toute production de vapeur et produit un refroidissement moins rapide, dont la température ne peut descendre au-dessous d’un certain niveau : le plomb reprend lentement à la masse une cer- taine quantité de chaleur et donne à toutes les molécules le temps de se remettre en équilibre. C’est une trempe plus limitée que les précédentes el par suite moins énergique. Au contraire, la mo- bilité du liquide trempant, son agitation méca- nique, ou son arrivée sous pression en jets nom- breux à la surface de la pièce, sont autant de moyens pour activer la vitesse du refroidissement el par conséquent obtenir le maximum d'effet que l'on recherche dans la trempe. Ainsi, la trempe des plaques de blindage harveysées se fait par aspersion de jets d’eau glacée, et, lorsque la tem- pérature s’est abaissée au rouge sombre, l’opéra- lion s'achève par une immersion dans un bain d'huile jusqu'à complet refroidissement. Dans un prochain arlicle, nous lerminerons ce travail par l'étude des Produits de Forge et des conditions économiques de cette industrie. Émile Demenge, à Ingénieur civil, Ancien Élève de l'Ecole Polytechnique. LA CONVENTION DU MÈTRE La Conférence générale des Poids et Mesures, ouverte par M. Hanolaux, ministre des Affaires étrangères, el présidée par M. Marey, vient de clore ses délibérations, qui ont trouvé un écho sympathique dans la presse quotidienne. On a parlé, à ce propos, des travaux récents du Bureau international, dont la Conférence a pris connais- sance, et des recherches futures dont elle a sanc- tionné le plan. Si l’on a moins insisté sur les ori- gines de l’entente internationale d'où est sorti l'établissement du Pavillon de Breteuil, c'est qu'elles sont déjà lointaines et n’offrent plus l’in- térêt d'actualité auquel les jorunaux s’attachent avant toul. Elles n’en sont pas moins intéressantes, comme fail eL comme enseignement, nous allions dire comme morale. L'importance croissante du Bureau international des Poids el montre que ses promoteurs avaient vu juste, et qu'en dehors des bureaux nationaux, un établissement indépendant avait sa place marquée pour coor- Mesures donner des résultats, centraliser des efforts épars, unifier, plus complètement qu'on n’eût pu le faire sans cela, des mesures d'où dérivent toutes les autres. I Aujourd'hui, nous sommes trop imprégnés de la connaissance du système métrique pour en admirer encore la surperbe ordonnance. Tout son agence- m nt nous parait une chose nécessaire, el nous ne comprenons pas qu'il puisse exisler des systèmes praliques dans lesquels les subdivisions ne soient pas décimales, et où les unités de surface, de capa- cité, de volume et de masse ne soient pas reliées entre elles par des rapports simples. Pour nous rendre un compte exact de ce que nous devons aux Monge, aux Laplace, aux Borda, aux Condorcet, aux Lavoisier, qui édifièrent de toutes pièces le nouveau système, il faut chercher à pénétrer les mystères des systèmes brilannique ourusse, si com- pliqués que, ainsi que l’affirmail un rapport récent d'une Commission de la Chambre des Communes, il faut une année entière d'étude pour les posséder à fond. On comprend dès lors l'immense importance que l’on attache, surtout dans les pays qui sont venus tardivement à ce système, à en asseoir les bases sur un terrain solide. La grandiose devise inscrile au fronton de l'édifice : À tous les lemps, à tous les peuples, est à elle seule un programme, dont chaque jour poursuit l'accomplissement. L'unifica- tion réelle du système, sa permanence, sa diffusion élaient subordonnées à une permanence parfaile el àäune extrème précision dans la déterminalion des copies destinées à devenir les étalons natio- naux du sysième. C'est déjà sur ces conditions que l’on insisla au sein de la Commission géodésique internationale, lorsque, vers l’année 1867, on se proposa de cons- à : F d Éd A et truire un mètre international, avant même que la création d’un bureau fût sérieusement discutée. Pour l'Association géodésique, la question géné- rale des poids et mesures était reléguée au second plan. Le travail important devait consister dans l'étude des règles destinées à la mesure des bases d’où l’on part pour la géodésie et la topographie. La triangulation des pays contigus avait montré, dans la comparaison des côtés communs situés le long des frontières, qu’il devait exister des difré- rences systématiques entre les bases de départ; malgré les erreurs nombreuses auxquelles les trian- gulations sont soumises, il paraissait difficile, en effet, d'admettre qu'elles fussent suffisantes pour expliquer la totalité des différences trouvées. Il con- venait donc de comparer au même élalonles règles servant aux géodésiens, et, tout d'abord, de créer cet étalon qui serait leur propriété commune. Nous verrons combien les travaux récents ont donné raison au plan de travail qui fut discuté il y a bien près de trente ans. Sans aucun doute, les savants qui, dans les der- nières années du siècle passé, s'occupèrent de la construction des étalons métriques, firent un tra- vail admirable pour l'époque, et qui put être cité longtemps comme un modèle non dépassé. Mais, dass un siècle où la science a pris le plus prodi- gieux développement que l’on ait jamais vu, il était naturel qu'une œuvre intimement liée aux sciences d'observation vieillit à son tour. En 1834, l'incendie du Parlement avait détruit les étalons anglais, et une Commission, dont Airy fut le rappor- leur, fut chargée de les rétablir. Le travail dura près de vingt ans, et aboutit à une reconstitution du yard et de la livre avec de nombreux perfection- nements dans leur construction. Bessel, d’un autre côté, dont les travaux métrologiques avaient sur- tout la géodésie pour but, Kupffer, qui rétablit les étalons russes et les compara à tous les étalons étrangers, le capitaine Clarke dans son laboratoire de Southampton, avaient mieux précisé les condi- tions que doit remplir un étalon, et perfectionné les procédés de leur comparaison. La Commission anglaise, surtout, en affirmant la supériorité des éta- lons à traits sur les étalons à bouts, et en adoptant franchement les fibres neutres et les règles robustes, avait fail faire à la question un pas décisif. Aussi, lorsque l'Association géodesique d’une part, l'Aca- démie de Saint-Pétersbourg d’aulre part, cette der- nière sollicitant la collaboration de l’Académie des Sciences de Paris, se proposèrent de construire un Mètre européen copié sur celui des Archives de France, trouvèrent-elles des documents en abondance pour poser les premières bases de ce nouveau travail !. 1 Voici les termes de la décision prise par la Conférence géodésique internationale en octobre 1861 : CH.-ED. GUILLAUME — LA CONVENTION DU MÈTRE 887 La construction du mètre européen donna lieu à d’homériques discussions, provenant d'un simple malentendu. Chevreul partit en guerre pour le mètre des Archives. Si on veut le changer, disait-il, c'est qu'on le trouve mauvais; pourquoi, dès lors, se propose-l-on de construire un étalon qui en diffère aussi peu que possible ? La confusion pro- venait de-ce qu'on n'avait peut-être pas insisté suf- fisammentsur les deux caractéristiques de l’étalon : sa forme et sa longueur. La Commission géodé- sique se proposait de conserver la longueur tout en changeant la forme. C'est le 8 août 1870 que la Commission interna- tionale, convoquée par le Gouvernement français, se réunit pour la première fois au Conservatoire des Arts et Métiers. Dès la première séance, elle adopta la résolution suivante : « La Commission internationale du mètre, dans l'intérèt même de sa mission, croit devoir renvoyer toute décision définilive à une époque ultérieure plus favorable. «En attendant, eile profite de sa réunion actuelle pour diseuler, à titre d’études préliminaires, les principes d’après lesquels le nouveau prototype du mètre devra être construit. » Les séances eurent lieu journellement jusqu’au 13 août. On voit que, dans les premières discussions, il n’était question que du mètre. C'est seulement lorsque la Commission fut de nouveau appeléeà siéger, en septembre 1872, que le programme des travaux fut étendu au kilogramme et aux questions de métrologie générale. Jusqu'à cette époque, la question dela création d'un Bureau international n'avait pas élé sérieu- sement agitée. Elle prit corps au cours des réu- nions de 1872, et se précisa dans les années sui- vantes. Toutefois, dans toute cette première période de travaux préliminaires, la Section française de la Commission eut une part prépondérante dans les recherches. Par ses mémorables travaux sur les métaux de la mine de platine, Henri Sainte-Ciaire Deville avait été amené à produire des alliages ré- pondant aux exigences les plus dures qu'on püt Arr. 7. Afin de définir l'unité commune de mesure pour tous les pays de l’Europe, et pour tous les temps aussi exac- tement et aussi invariablement que possible, la Conférence recommande la construction d’un nouveau ètre prololype européen. La longueur de ce mêtre européen devrait différer aussi peu que possible de celle du mètre des Archives de Paris, etil doit, en tous cas, lui être comparé avec la plus grande exactitude. Dans la construction du nouvel étalon prototype, il faut avoir surtout en vue la facilité et l’exacti- tude des comparaisons nécessaires. Arr. 8. La construction du nouveau mètre prototype, que la confection et la comparaison de ses copies destinées aux différents pays, devrait être confiée à un Comité inter- national, dans lequel les Etats intéressés seraient représentès. ainsi 888 imposer à un métal destiné à la confection d’étalons de premier ordre. H. Tresca avait éludié la répar- tilion la plus favorable de la matière dans une barre répondant à des conditions données de rigidité ; M. Fizeau, grâce à l'admirable méthode qu'il avait imaginée dix ans auparavant, avait pu suivre pas à pas les travaux de Sainte-Claire Deville et mon- trer qu'en plus des propriétés mécaniques et de l'inaltérabilité chimique, le platine iridié proposé par l'illustre chimisie possède une dilatation relativement faible, condition importante, puisque les erreurs commises sur la mesure de la tempéra- ture des barres sont d'autant moins sensibles. Il La Convention du Mètre fut signée à Paris le 20 mai 1875. Par celte convention, les hautes par- ties contractantes s'engagent à fonder et à entre- tenir, à frais communs, un Bureau international des Poids et Mesures, scientifique et permanent, dont le siège est à Paris (Art. 4°) !. Il est stipulé, de plus, dansla convention, que le Bureau fonctionnera sous la surveillance d’un Comité international?, placé lui-même sous l’autorité d'une Conférence générale des Poids et Mesures, formée de tous les délégués des États contractants, et pré- sidée par le Président en exercice de l'Académie des Sciences de Paris. La convention devenait exécutoire à partir du 1% janvier 1876. A cetle époque déjà, le programme des travaux du Bureau international était fixé par un règlement annexé à la convention, el par une série de déci- sions de la Commission internationale, Parmi les décisions de la Commission, les plus impor- lantes et les plus précises sont celles qui con- ! La Convention fut conclue entre les États suivants: Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, Confédération Argentine, Danemark, Espagne, États-Unis d'Amérique, France, Italie, Pérou, Portugal, Russie, Suède et Norvège, Suisse, Turquie, Vénézuéla. Le Royaume-Uni de Grande- Bretagne et d'Irlande, le Japon, le Mexique, la Roumanie, la Serbie y ont adhéré à diverses époques, tandis que la Turquie s’en est retirée. Le budget du Bureau international a étè de 100.000 francs par an jusqu’en 1889. A cette date, il a été réduit à 75.000. Les Etats ÿ contribuent au prorata du chiffre de leur population multipliée par les coeflicients 1, 2 ou 3, suivant le régime de icur législation relativement au système métrique. Le coefli- cient le plus élevé est attribué aux États qui possèdent le système métrique obligatoire; les deux autres se rapportent au système facultatif ou à l'absence de législation relative au système métrique. ? Les membres du Comité international despoids et mesures sont actuellement : MM. Færster (directeur de l'observatoire de Berlin), président; Hirsch (directeur de l'observatoire de Neuchätel), secrétaire; Arndtsen (Christiania): De Arril- lage (Madrid); J. Bertrand (Paris): de Bodola zudapest) ; Chaney Londres); Ferraris (Turin) : Gould Cambridge, Mass) ; Hepitès (Bucparest); von Lang (Vienne) : de Macedo (ministre plénipotentiaire du Portugal, à Madrid); Mendeleef (Saint- Pêtersbourg); Thalen (Upsal). CH.-ED. GUILLAUME — LA CONVENTION DU MÈTRE étalons . cernent la définition des nouveaux La première se rapporte au mètre, « qui doit être copié sur le mètre des Archives dans l'état où il setrouve »; el, de mème, l’article 22 est ainsi conçu : « Le kilogramme international sera déduit du kilogramme des Archives dans son élat actuel. » Nous n'avons point à entrer dans l'exposé des motifs de cette double décision, qui a été générale- ment approuvée par l'opinion. Quelques théori- ciens seulement eussent préféré que l’on déduisit des mesures modernes un nouveau mètre el un nouveau kilogramme conformes à la définition à laquelle les fondateurs du système s’élaient effor- cés de satisfaire. Cette manière de voir fut sage- ment écartée en raison du trouble qui en serait résulté dans l'application du système métrique, el des retouches incessantles auxquelles il n'aurait pas manqué d'être exposé à tout nouveau progrès de la métrologie. Hàtons-nous d'ajouter qu'il a fallu près de vingt ans de travaux pour déterminerune nouvelle valeur plus correcte du méridien dans les divers pays de l'Europe, et qu'aujourd'hui encore, si l'on est fixé sur le sens de l'erreur commise dans la construction du kilogramme, on connait bien mal sa grandeur. Ainsi, pour obtenir un accord un peu plus parfait entre les définitions théoriques et les valeurs pratiques des étalons mé- triques, on eût retardé de près d’un quart de sièele l'adoption du système. Nous avons déjà indiqué les difficultés aux- quelles donna lieu le passage du mètre des 47- chives au nouveau ètre international. Nous allons entrer dans le cœur de la question. Le mètre des Archives de France se compose d'une barre plate en platine pur aggloméré en martelant de la mousse chauffée au rouge blanc; ses extrémités sont légèrement arrondies, el c'est la distance du milieu de ses faces qui définit le mètre à la température de 0°. Mais déjà à l'époque où l’on disceuta pour la pre- mière fois l'extension du système métrique, on s’étail arrêté à l'opinion, qui n’a pas été démentie depuis lors, que la distance des extrémités d’une règle ne peut pas être déterminée à beaucoup près avec une exactitude comparable à celle que l’on obtient dans la mesure de la distance des deux traits fins tracés sur un métal poli. Les recherches de la Commission anglaise avaientmontré, de plus, comme nous l'avons dit, les avantages de posséder des barres robustes, tracées sur le plan des fibres neutres (fig. 1). Ce plan, qui contient le centre de gravité de la section droite de la barre, possède en effet, une longueur indépendante du mode de sup- port de la règle. Dans les étalons anglais, ce plan était atteint à l'aide de deux puits arrivant au mi- lieu de la section. Dans la construction des règles té là ds ts te de . à PS POS métriques, on voulut être plus radical. On mit le plan des fibres neutres entièrement à découvert, de façon à ce que l’on pût obtenir, sur une même ligne droite, touteslessubdivisions du mètre. _ Pour les métaux peu coûteux, la section en H est 1 Fig. 1. — 1 et 2. Règles supportées par le milieu el par les bouts; dans les deux cas, la ligne des fibres neutres L L conserve la même longueur. 3. Coupe longiludinale d’un yard étalon. Les traits sont tracés sur le plan des fibres neutres, au fond des puits P P. 4 et 5. Règles en x el en x; sections transversales adop- tées par le Bureau international. Ces sections mettent à découvert le plan des fibres neutres. tout indiquée par sa symétrie el la facililé avec laquelle on l’oblient par rabotage ou fraisage. Mais - le platine iridié coûle près de 3.000 francs le kilo- gramme, elil convenait de l’économiser autant que possible, quitte à augmenter un peu les frais de confection des étalons : c'est pour cela que l’on s'arrêta à la forme en X, indiquée par Tresca. Mal- gré la forte densité du métal, une règle de un mètre suivant ce profil, inscrit au carré de 20 mil- limètres, ne pèse guère plus de trois kilogrammes, el coûte environ dix mille francs. Nous insisterons moins sur la confection des ki- logrammes, qui sont de petils cylindres dont la hauteur est égale au diamètre, et dont les angles sont arrondis. La grande dureté du métal est une condition essentielle de leur conservation. II Les premiers travaux scientifiques du Bureau international datent de 1878. Les quelques appareils installés dès cette époque CH.-ED. GUILLAUME — LA CONVENTION DU MÊTRE A PRE DR A eg NSP PL. PRET LE à à 7 Dé LE LIT ASS : ; Ps 889 dans les salles du Pavillon de Breteuil, généreuse- ment mis par la France à la disposition du Comité, servirent à vérifier d'une manière plus complète les qualités métrologiques du plaline iridié à 10 °/, proposé par Deville. Cet alliage soulint victorieusement toutes les épreuves, et aujourd’hui même, après dix-sept années de travaux de tout genre, effectués en tous pays, on ne lui a reconnu aucun défaut. Puis on s’atilacha à mettre le Bureau en posses- sion de ses étalons. Une commission mixle, com- posée de membres du Comité internalional et de la Seclion française !, fut chargée de ce travail. Nous ne nous arréterons pas à la reproduction du kilogramme, au sujet duquel on ne rencontra au cune difficulté sérieuse. Un rodage fait avec le plus grand soin amena progressivement, el après de nombreuses retouches, un cylindre de la forme prévue, à la masse exacte du kilogramme des Ar- chives ; la limile de divergence des deux étalons fut trouvée inférieure à un centième de milli- gramme. Pour le mètre, la chose élait plus difficile Un étalon à traits arrive du premier coup à sa valeur définitive, que l'on ne peut plus modifier qu'en effaçant les trails et en recommençant tout le tra- vail, et l'on eût couru à un échec à peu près cer- lain, si l’on s'élait proposé d'amener d'emblée l'é- talon du mètre à la valeur exacte de celui des Archives. On se contenta donc d’un étalon pro- visoire, du resle très approché, puisque les com- paraisons lui assignèrent une valeur de 6 mi- crons seulement supérieure au mètre. Les comparaisons entre le nouvel étalon et le le mètre des Archives étaient rendues particulière- ment difficiles par leur mode de construclion es- sentiellement différent. Les deux élalons étant placés parallèlement l'un à l’autre dans l’auge d'un comparateur (nous donnerons plus loin la des- criplion de cet instrument), on munit le mètre des Archives de pelites armatures de platine, termi- nées par des pointesextrèmement fines, placées en regard de ses extrémités. Un miroir disposé au- dessous éclairait le champ et laissait voir dans le microscope la pointe et son image formée dans le bout de la règle. On bissectait l'intervalle de ces deux images et l’on considérait le milieu de leur distance comme étant la véritable extrémité de la règle. Il en est ainsi, en effet, si l'expérience est par- faitement réglée. Mais ce réglage même demande des soins minutieux, comme l'ont démontré MM. Fi- 1 La Commission mixte était composée de MM. Broch, Foerster et Stas, membres du Comité international, et de MM. Dumas, H. Tresca et Cornu (rapporteur). Les comparai- sons des règles ont été faites en majeure partie par MM. Be- noit et G. Tresca. 890 CH.-ED. GUILLAUME — LA CONVENTION DU MÈTRE zeau et Cornu, qui ont indiqué en même temps les meilleurs procédés pour y parvenir. A partir de cette époque, les attributions de la Section française et du Bureau international furent nettement délimitées. Tandis quela première avait pour mission de veiller à la confection des étalons, pour laquelle le Gouvernement français avait fait une importante avance de fonds, le Bureau n’eut plus qu'à s'occuper que de leur vérification. diverses manipulations qu'ilsubit au Bureau inter- national. Examiné avec grand soin, au point de vue : de la qualité des surfaces polies, des traits et de sa longueur, il est accepté s’il satisfait aux condi- tions imposées par la Commission internationale. Hätons-nous de dire que le travail d'achèvement des élalons a été fait par M. Gustave Tresca, avec un si grand soin qu’un seul mètre dut être retracé. L'étude du mètre va maintenant comporter di- | ji) = De one Fig. 2. — Comparateur à dilalalion. — Les deux microscopes, fixés à des piliers de pierre, indépendants du bätiment, servent à comparer les règles placées dans deux auges remplies d’eau, dont la température peut étre modifiée à volonté. Les barres destinées à devenir des mètres pro- tolypes, extraites d'un lingot fondu au Conserva- Loire des Arts et Métiers, ou fournies par la maison Johnson Matthey de Londres, étaient amenées au profil exael par un tirage au banc, puis polies et tracées. Cette dernière opération s’effecluail en co- piant, aussi bien que possible, un élalon vérifié au Bureau internationol. Chaque règle porte six traits seulement, trois à chaque extrémité. Le trait cen- tral de chaque groupe marque l’un des termes du mètre, tandis que les deux autres, qui en sont à une distance de 0"%,5, fournissent ensemble des étalons du millimètre. Suivons maintenant un élalon du mètre dans les verses opérations que nous allons indiquer briève- ment. La première consisle dans la mesure de sa dila- lalion, que l'on effectue à l’aide d'un comparateur ad hoc représenté dans notre figure 2. La règle à éludier estplacée sur deux rouleaux dans une auge remplie d'eau et munie de quatre thermomètres. L'eau ayant été amenée à la température conve- nable, que l'on maintient à peu près constante à l’aide d’un thermo-régulateur, esl d'abord vigou- reusementagitée par le moyen de deux pelites tur- bines aclionnées par des moteurs électriques. Une autre règle, placée dans une seconde auge, servira de terme de comparaison. Dans des expériences ….sures, une longueur constante. L'appareil est complété par deux microscopes munis de micromètres destinés à pointer les traits des règles. Ils sont pourvus de fils d'araignée paral- lèles et très rapprochés, que l’on amène, dans un pointé, à égale distance du trait dont on veut fixer la position, et qui est ainsi compris entre deux plages lumineuses étroiles, dont l'observateur ap- -précie l'égalité. Le tour de la vis du micromètre correspond sensiblement au dixième de milli- mètre, el la division du tambour indique à très peu près le micron. Cette valeur est, du reste, déter- minée de temps à autre, en mesurant l’image d'un millimètre tracé sur une règle, et donton connait la longueur exacte. Une mesure à wne température consiste alors en six pointés de l’une des règies, alternant avec cinq pointés de l’autre, et des mesures correspondantes de la température. On en déduit une équation de la forme : Règle A, à T,°, moins règle B à T°, — x. Le second terme du premier membre est sensi- blement constant, etle devient absolument par une réduction, toujours très peu importante, à la même température pour toutes les séries. Lorsqu'on possède un nombre suffisant d'équa- tions de cette forme, on peut procéder au calcul d'une formule qui indiquera l'accroissement de lon- gueur de la règle À pour toutes les températures comprises entre les limites des expériences. Le nombre d'équations que l’on établit ainsi va- rie suivant la précision que l’on veut obtenir. Pour le mètre international, on a fait 80 observa- lions complèles, ayant fourni un nombre égal d'équations. Les dilatations des règles sont soumises à une autre vérification. Nous avons déjà fait allusion au procédé extrêmement ingénieux imaginé par M. Fizeau pour la mesure de petits allongements (fig. 3). L'avantage de cette méthode est de s’appli- quer à de faibles longueurs, grâce à l'extrême sen- sibilité de la mesure interférentielle qu'elle met en œuvre, et qui est devenue aujourd'hui d'un usage très général. Les règles livrées au Bureau international sont primilivement trop longues de quelques cenli- mètres. On en détache, à chaque extrémité, un tronçon d’une quinzaine de millimètres de lon- gueur, sur l’un desquels on répète les mesures faites sur la règle entière; ces mesures fournissent un précieux contrôle de l'homogénéité du métal. La deuxième opération est la mesure de l’équa- tion d'une règle, c’est-à-dire de sa valeur par rap- port au prototype international. Cette opération ne diffère de la précédente que parce qu'elle est faite à la température ambiante, les deux règles étant Fig. 3. — Appareil Fizeau (modifié par M. Benoit) pour la mesure de la dilatation de pelits échantillons de matière. — Le trépied muni d’une plate-forme, que l’on voit au centre de l’instrument, sert à recevoir le corps à étudier (ici un cube). Les franges d’interférence que l'on établit entre sa face supérieure et le plan de verre porté par les vis du trépied, servent de mesure aux allongements différentiels de ces vis et de l’échantillon. I, A, ampoules d’un ther- mo-régulateur; P, V, piliers et vis de calage; B, C, enve- loppes en cuivre épais; E, enveloppe en verre; D, prisme à réflexion totale, permettant d'observer dans une direc- tion horizontale; &, b, c fenètres; €, € thermomètres. placées côle à côte dans la mème auge remplie d'eau. Les premières opérations de cette nature étaient indéterminées. Il fallait, du même coup, fixer la valeur du prototype international, et celle de tous les autres étalons par rapport à lui. Voici comment on procéda : Le nombre des élalons de premier ordre à dé- terminer s'élevait à 30. On disposa leurs numéros conformément au tableau suivant, en laissant de côté le mètre provisoire internalional n° 2, désigné par le symbole I,. On compara alors entre elles toutes les règles d'une même ligne el d’une mème 592 colonne, puis tous les étalons furent délerminés en fonction de I. Chaque comparaison comprenait elle-même quatre mesures complètes de deux règles placées dans quatre positions différentes l’une par rap- port à l’autre, de manière à éliminer les petites erreurs systématiques de position. Le calcul de cet ensemble de comparaisons montra que plusieurs des règles tracées par M. Tresca s’approchaient à moins d’un micron de la valeur que l’on s'était efforcé de réaliser. Au- cune d'elles ne s’en écartait de 3 microns et l’une d'elles, le n°6, concordait à moins de 0y.,1 avec cette valeur. Ce mètre fut dès lors choisi comme proto- type international, placé à côté de I, hors du diagramme, et remplacé dans le lableau par une autre règle. Tous les étalons furent comparés au prototype international, el la nouvelle règle subit le sort commun, la comparaison avec celles de la première ligne et de la dernière colonne. Nos lecteurs nous pardonneront-ils cette longue énumération? Elle élait en quelque sorte néces- saire pour bien montrer sur quelles bases solides a élé fondée l'unificalion des mesures métriques, et pour faire ressortir la parfaite uniformité qui en résulle pour Lout le système dans les pays qui ont pris ces élalons comme point de départ. Un travail lout semblable a été fait pour les kilogrammes. Pour ces derniers, la mesure de la dilatation est superflue, Landis que la détermina- tion préliminaire la plus importante est celle du volume, permetlant de calculer la poussée de l'air. La pesée est peut-être la plus délicate des opé- rations de la Physique, gràce à la merveilleuse sensibilité de la balance. Le moindre défaut d'équilibre de la température, le déplacement de corps d'une cerlaine masse dans le voisinage, sans parler des poussières microscopiques qui s'at- lachent aux poids, troublent les résultats et doivent êlre évilés. C'est pourquoi les pesées sont entou- rées des plus minutieuses précautions. La salle dans laquelle elles sont effectuées est maintenue à une Lempéralure très constante et aussi uniforme CH.-ED. GUILLAUME — LA CONVENTION DU MÈTRE | que possible. L'observateur ne s'approche des | balances que dans l'intervalle des opérations pour les préparer, el, chaque fois que la cage de la" balance a élé ouverte, l'instrument est abandonné à lui-même, pour ne servir qu'après plusieurs heures. $ Bien entendu, la lecture des élongations se fait à l'aide d'une lunette et d'une échelle réfléchie dans un petil miroir porté par le fléau. De plus, la | pesée étant double, les poids sont d'abord placés sur les plateaux, et comparés; puis, immédiate- | ment après, un mécanisme de transposition les 4 échange sur les plateaux et la pesée est recom- « mencée dans celte nouvelle position des poids. Cerlaines opérations de contrôle sont faites à l’aide d’une balance enfermée dans une cage de - cuivre épais donton peut relirer l'air, tout en con- servant la possibilité de transposer les poids, et | mème d'ajouter sur l'un ou l’autre des plateaux de » petits poids additionnels pour établir l'équilibre ou déterminer la sensibilité de l'instrument. - Ilne nous reste qu'un mot à dire sur la précision atteinte dans les diverses opérations dont nous venons de parler. Une discussion rigoureuse de tous les ravaux divers qui conduisent au résullat final montre que l’on oblient, dans la détermina- tion de l'équation d’une règle par rapportau mètre internalional, une exactitude qui est de l’ordre de … deux divièmes de micron pour toutes les tempéra- : tures auxquelles les règles peuvent être exposées | dans les opérations usuelles. Pour les kilo- grammes, la précision est d’une fraction de cen- tème ‘de milligramme, soit d’un cent-millionième en valeur relative. IV Les opérations fondamentales dont nous venons de parler ne sont pas les seules dont s'occupe le Bureau international. Nous avons déjà dit, dans un arlicle publié il y a quelques années dans la Revue |, quel en avait été le rôle dans le perfection- nement de la thermométrie moderne. Nous ajou- Lerons, pour n'yplus revenir, que, depuis cetle époque, les recherches ont élé poussées dans deux directions opposées. D'une part, le thermomètre à mercure à élé comparé au thermomètre à gaz jusqu’à 200°, de manière à étendre les limites de l'unification de l'échelle thermométrique normale; d'autre part, le Bureau s'est occupé, à la demande de la Commission météorologique internationale, de la mesure pratique des températures infé- rieures à la congélalion du mercure. Après avoir essayé un cerlain nombre de liquides, on s'est | modernes de la Thermo- II, pages 74 à 80 1 C. EL. Guiczaume, les Idées métrie, Revue générale des Sciences, t. n° du 16 février 1893). a ne ht à dé de ns CH.-ED. GUILLAUME — LA CONVENTION DU MÈTRE 893 arrêté, pour la construction des thermomètres des- tinés à ces mesures, au toluène, dont les propriétés sont : une grande fluidilé, un point d'ébullition élevé (111° environ) et un point de congélation extrèmement bas. Dans l’état de pureté absolue, il est suffisamment fluide à—125°. C’est le coup de - grâce du thermomètre à alcool, que beaucoup de . constructeurs ont déjà abandonné. En partant du mètre, les mesures peuvent être _ élendues de part el d’autre de celte longueur fondamentale. Une échelle divisée n’est jamais parfaitement correcte. Dans une règle d'un mètre il se trouve _ peu de millimètres auxquels les mesures n'as- signent une erreur plus ou moins grande. Ce sont ces erreurs que l’on détermine, par une opération semblable en principe dans lous les do- . maines des mesures, et que l’on nomme calibrage ou élalonnage. Comparant entre eux les décimètres d’une règle, on détermine les erreurs de chacun d'eux; puis on passe par le même procédé du déci- mètre au centimètre et du centimètre au milli- LE dans la géodésie européenne. Il a suffi, pour cela. de comparer leurs quatre mètres successifs à un étalon du mètre. Leur dilatation a été mesurée par le procédé même qui avait été employé pour les étalons en platine iridié, à cela près que les di- mensions très considérables de l'appareil né- cessitaient des moyens d'action plus puissants: C'est ainsi qu'ont été mesurées les constantes des règles géodésiques de France, d'Espagne, d'Allemagne, d'Italie, de Suède, de Norvège et de la Confédération Argentine, et les doubles-toises d'Autriche et de Russie, en mème temps que celles qui avaient servi à Borda dans les mesures célèbres qu'il entreprit il y a juste un siècle. Les doubles-toises étaient des étalons à bouts: on les mesura en leur ajoutant de petites pièces de contact (A et B, fig. 4) portant des traits, et qui les amenaient à quatre mètres. Les abouts A et B étant ensuite appliqués l’un contre l’autre, on détermi- nait la distance des traits qui avaient servi dans la première opération. Cette mesure se fait avec une précision sensiblement moindre que lacomparaison B| | Fig. 4. — Diagramme de la comparaison d’une double-loise avec une règle de 4 mèlres. mètre. Par une série d'opérations longues et fasti- diceuses, on arrive ainsi, de proche en proche, à connaître les valeurs exactes de toute une série de longueurs tracées sur une règle, et donnantla pos- sibilité de tout mesurer, depuis le millimètre jus- qu'au mètre. C'est sur cet élalonnage que reposentla délermi- nation des unilés étrangères par rapport aux lon- gueurs métriques, la mesure de la valeur millimé- trique des vis qui servent dans toutesles comparai- sons, en un mot toutes les déterminalions qui ne se rapportent pas au mètre entier. En dehors de quelques rares opérations de labo- ratoire, la connaissance des multiples du mètre trouve son application la plusimportante à la géodé- sie. Dans les mesures de bases qui comportent la dé- termination d’une longueur deplusieurs kilomètres, il y a tout avantage à diminuer autant que possible le nombre des reprises; c'est pour cela que, dans l’ancienne géodésie, on se servait de règles de deux toises, et, aujourd'hui, de barres de quatre mètres. En alignant cinq microscopes sur de solides piliers monolithes, et en complétant l'appareil par une auge volumineuse de plus de quatre mètres de longueur, on est parvenu à déterminer avec précision la longueur des diverses règles employées de deux règles à traits; mais il ne faut pas oublier que l’on a affaire ici à des étalons anciers ayant servi à des mesures dont la précision est beaucoup dépassée aujourd’hui. L’exactitude de leur mesure est au moins égale à celle de leur emploi, et c’est tout ce qu'on peut raisonnablement demander. Parmi ces règles ainsi mesurées, il en est deux qui méritent une mention spéciale ; cesont la Toise du Pérou, ancien étalon des mesures françaises, et la Toise de Bessel, comparée autrefois au mètre, et qui était devenue le point de départ de la géodésie de l'Est de l'Europe. La nouvelle valeur de cet étalon, déterminée par M. Benoit, une fois con- nue, le premier soin des géodésiens fut de recal- culer les triangulations qui en dépendraient; et le résultat fut de faire disparaitre complètementles divergences jusqu'alors inexpliquées entre les di- vers réseaux européens. Ainsi se trouvait fermé le cycle des mesures, par une concordance presque 1 inespérée de 500000” V Ce n’est point le lieu d’entrer dans des détails plus circonstanciés sur la technique des mesures dont nous venons de parler ; nous avons passé sous silence plus d’une question importante, nous pro- posant seulement de donner une idée générale du 894 CH.-ED. GUILLAUME — LA CONVENTION DU MÈTRE genre des travaux confiés au Bureau international, dont l’histoire administrative et scientifique com prend aujourd'hui quarante-cinq volumes !. Nous n'avons rien dit du magnifique travail par lequel M.Michelson est parvenu àratlacher le mètre à la longueur d'onde des radiations du cadmium, et dont il a lui-même rendu compte dans cette Revue. Nous n'avons pas parlé non plus dela station impor- tante qu'y a faile le colonel Defforges pour la mesure de l'accélération de la pesanteur en un point qui deviendra un rendez-vous pour la com- paraison des pendules. Il faudrait parler aussi des recherches de M. Benoit sur la dilatation des corps et la détermi- nalion de l'indice de réfraction de l'air et de sa variation avec la température, faite à l’aide de l'appareil Fizeau ; des expériences de M. P.Chappuis sur les constantes de l'équation caractéristique des gaz ; d'une détermination, faite par M. Thiesen, de la variation de l'intensité de la pesanteur avec la hauteur, détermination dont l'utilité est rendue évidente par le fait que la balance est susceptible de donner des indicalions différentes si l’on place successivement deux kilogrammes l’un sur l’autre et l'un à côté de l’autre. Nous passons sous silence également les travaux en cours sur la masse du décimètre cube d’eau, la détermination directe, par une méthode nouvelle, imaginée par M. Benoit, d’étalons du centimètre et du millimètre, fondée en partie sur les procédés mis en œuvre au Bureau par M. Michelson. Nous voudrions surlout,en terminant cet article, insister sur quelques faits propres à faire ressorlir l'importance attribuée en tous pays à l'œuvre d’uni- ficalion dont les premières bases furent jetées en 1867, el dont la Conférence générale de 1889 à marqué la première étape. Cette Conférence générale des Poids et Mesures eut pour mission principale de sanctionner le mètre international, reconnu depuis cette époque comme seul élalon fondamental du système métrique. Puis les étalons furent tirés au sort entre les États de la Convention, et furent emportés, les uns immé- diatement, d’autres dans le courant de l’année sui- vante dans leurs pays respectifs. L'histoire de la plupart de ces transports a élé écrite, afin que l’on 1 Travaux el mémoires du Bureau internalional des poids el mesures, t. 1 à XI (à l’exception du t. IX, en cours d'im- pression). Procès-verbaux des séances du Comilé inlernalional, 1875 à 1K94. Rapports aux gouvernements des Etals signalaires de la Convention du mètre; seize rapports, 1876 à 1892. Les deux premières collections sont seules en vente (Paris, Gauthier-Villars, éditeur). Les travaux préparatoires sont consisnés dans une douzaine de volumes de procès-verbaux de la Section francaise et de la Commission internationale du mètre. sessions de eût un document certain dusoinavec lequelle trans-n fert avaitété effectué, et de la conservation des éla- lons. Toutefois aucun pays ne fit, à ces précieux représentants du système métrique, un accueilcom- " parable à celui qu'ils reçurent aux États-Unis. A. leur arrivée les caisses qui les contenaient, el que » les délégués n'avaient pas perdues de vue pen- danttoutle voyage, furent déposées au White-house, » où elles furent ouvertes en présence du président Harrison, qui signa le procès-verbal d'arrivée, contre-signé par toutes les notabilités scientifiques de Washington. Puis, pour fêter dignement ces premiers prototypes authentiques du système mé- » trique arrivés dans la grande république, on dansa en leur honneur, en témoignage de sympathie pour les mesures qui deviendront prochainement légales dans l'Union. Les législateurs ont aussi fait une large place aux représentants matériels du système métrique. Dans la plupart des pays qui reçurent leurs étalons en 1889, les unités métriques sont aujourd'hui légalement définies par ces étalons. Le texte des lois relatives au système des poids et mesures a, dans un certain nombre d’Élals, la forme suivante : « L'unité de longueur est le mètre représenté par la distance, à 0°, des traits du prototype en platine iridié déposé au Bureau international des Poids et Mesures. Cetle unité sera léga- lement représentée, dans ce pays, par la copie SSD dont la longueur à 0° est reconnue égale à 1 mètre...» Une rédaction semblable est appli- quée au kilogramme. Si nous insistons sur cette question, tout admi- nistrative, de la légalisation des étalons, c'est qu’elle a une grande importance au point de vue de l'unité et de la cohérence parfaite du système métrique dans tous les États qui l’ont adopté. Le passage du Mètre des Archives au prototype international devait être consigné dans un texte de loi; non point qu'il en résulte aucune disconti- nuité, aucune fissure dans le système; il n'est pas d'expérience, basée sur le Mètre des Archives, dont la précision soit comparable à celle avec laquelle s'est effectué le passage de celui-ci au mètre provisoire et au prototype international, et, désormais, le système entier sera défini avec une sécurité plus grande, en même temps que, par le lien que l'on à élabli entre les étalons et certaines constantes naturelles, il sera plus immuable. Ch.-Ed. Guillaume, Docteur ès sciences, Physicien au Bureau International des Poids et Mesures. ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 895 ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES La mise en service de la première locomotive élec- - trique de la Baltimore and Ohio Railroad Company vient de ramener l'attention sur la solution adoptée pour la traversée des tunnels de Baltimore. Ce n’est pas la question d'économie qui, dans ce cas, a guidé les - Américains, car les locomotives électriques ne seront pas Î employées au service d’une ligne complète : elles seront uniquement utilisées sur un troncon de # kil. 500 en- viron. En decà et au delà ce sont des locomotives ordi- . naires qui couduiront les trains. Il y a donc eu à créer tout un matériel supplémentaire et fort coûteux à construire. La voie traverse la ville de Baltimore sur une longueur de 4.500 mètres en- viron, dont 2.300 sont en tunnel et 2,200 sont à ciel ou- vert. Il s'agissait d'éviter le dégage- ment de la vapeur et de la fumée tani sous les voütes du tunnel que dans les rues dela ville. C’est LES LOCOMOTIVES ÉLECTRIQUES DE LA BALTIMORE AND Ouio RaiLzroap Company. croyons utile de signaler particulièrement l'essai de Baltimore. Nous avons donné,au commencementde cette année ! la description des locomotives qui y sont employées, et qui étaient alors en construction. Nous ajouterons aujourd'hui quelques détails complémentaires sur la station génératrice et sur la transmission du courant aux moteurs ?, La slation génératrice est un bâtiment à un seul étage divisé en deux parties. Dans la première se trou- vent 42 chaudières tubulaires de 250 chevaux cons- truites par the Abendroth and Root Manufacturing Com- pany. Dans la se- conde ont été pla- cées toutes les ma- chines. Elles sont partagées en deux groupes : l’un réser- vé à la production du courant néces- saire aux locomoti- ves; l’autre, à l’é- clairage du tunnel. Celui-ci comprend, pour les lampes à arc, 8 générateurs l'électricité qui a paru offrir la meil- leure solution du problème. On ré- solut d'en tenter l'essai. Cette ques- tion intéresse tout | L T particulièrement les Parisiens. Ils ont une ligne sou- terraine qui vient jusqu’au Luxem - bourg, uneautre qui est encore en cons- z truction et qui finira aux Invalides. On a parlé d’en tra- cer une troisième tout le long du boulevard Saint-Ger- main. Enfin, l'Exposition de 1900 va très certainement faire naître une foule de projets d'organisation des moyens de transport. La Compagnie de l'Ouest, jusqu’au Champ de Mars, n’a pris aucune précaution spéciale et répand à travers Paris d’abondants flots de fumée. Con- tinuera-t-elle jusqu'aux Invalides et plus loin encore, si elle est amenée à prolonger son réseau? La Compagnie d'Orléans, ayant entre la gare de Sceaux et celle du Luxembourg une voie entièrement souterraine, a dû supprimer aussi complètement que possible la vapeur et la fumée. Elle emploie des condenseurs sur ses lo- comotives et chauffe celles-ci au coke. Des hottes spéciales ont été placées à chaque station pour évacuer la fumée, inévitable pendant les chargements. D'autre part, pour ne paslaisser séjourner les produits gazeux résultant de la combustion, elle a installé un puissant ventilateur au Luxembourg et elle a construit sur le boulevard un très grand nombre de prises d’air. Ce sont là des mesures très ennuyeuses, parfois très coû- teuses et qui, somme toute, ne résolvent pas d’une manière absolument parfaite le problème qui avait été posé. Et puis, ce genre de solution, possible sur une courte ligne comme celle du Luxembourg, le serait-il encore sur une longue ligne traversant tout Paris ? On nous permettra d’en douter. C’est pourquoi nous Fig. 1. teurs. — Mode de suspension des conducteurs à l'intérieur du tunnel. — M, voûte du tunnel; U, x, tiges soutenant une traverse V; T, £, tiges soutenant deux étriers C et c; «, b, premier conducteur; À, B, second conducteur; J, j, premier groupe d’isolateurs; I, ë, second groupe d'isola- Thomson Houston de 50 lampes, mus au moyen de cour- roies par deux ma- chines compound Armington et Sims de 250 chevaux ; deux machines sem- blables conduisent deux alternateurs capables séparé - ment de produire l'énergie totale né- cessaire aux 1.000 lampes à incandescence de 32 bougies (candles), qui sont réparties le long de la ligne. A p A B N ZI, Fig. 2. — Appareil de prise du courant de la locomotive électrique. — N, navette glissant le long'du conducteur. — ad, de, be, cf, bras articulés en a, b, c, d,e, f.—T, toit de la locomotive. 1 Revue Générale des Sciences, n° du 15 février 1895. 2 Ces détails sont empruntés à The Electrical World, vol. XX VI, n° 2. oanarmadns anard e[ Y 654 Sal Juauuat] 07 9]]00N0N :SYONAI} XN9P : le dat *‘opuruuo9 2p ]9 aoau09 QT Iottuoaud ny -Jed 2 Les machines destinées à la production de la force motrice sontdesdynamos multipolaires de500kilowatts, accouplées directement à des machines horizontales tandem-compound tournant à 110 tours à la minute. - Le courant n’est pas produit au voltage ordinairement hauteurs différen - tes suivant les en- : droits:ilestà 5m.10 admis pour les réseaux de tramways; les dynamos donnent 600 volts à vide et 700 à pleine charge. Elles sont en ce moment au nombre de 4; des fondations sont prêles pour en recevoir une cinquième aussitôt que le besoin s’en fera sentir. - La partie la plus originale du nouveau réseau est formée par le conducteur aérien sur lequel les locomo- -tives prennent le -courant qui leur est nécessaire. Les in- génieurs ont été a- menés à placer ce conducteur à des -du sol dans le tun- mel et à 6 m. 60 à l'extérieur. Tantôt aussi il se trouve exactement dans l'axe de la voie; tantôt au contraire il est rejeté sur le côté. Dans ces con- dilions, on n’a pu ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 897 est portée par un losange articulé en abedef, de sorte qu’elle est susceplible de mouvements de bas en haut ou de haut en bas et de mouvements de gauche à droite ou de droite à gauche. Elle est ainsi capable de suivre le conducteur dans ses posilions différentes par rap- port à la voie sans pouvoir aucunement l’abandonner. Le retour du courant a lieu par les rails. Des feeders y sont rattachés de distance en distance. D’autres sont également rattachés au conducteur aérien. Ils sont placés au milieu de l'intervalle C c (fig. 1) et supportés par des traverses spéciales, x Les figures 3 et 4! montrent la locomotive de côté et de face et per- mettent de se ren- dre compte de la manière dont elle est rehée au con- ducteur, Une seule loco- motive est en ce mement terminée; deux autres sont encore en construc- tion. La mise en service de la pre- mière à eu lieu au commencement de LE] « \ juillet. Elle fut a- } menée, par une lo- } comotive à vapeur, » jusqu’auprès du -uliliser le système tunnel de Camdem ordinaire de trolley. Street. Là, à un si- Le conducteur em- £nal donné, les cir- ployé est formé de cuits des moteurs deux barres de cui- yre ayant une sec- don en Z(AetB de la fig. 1, par exem- ple). Ces barres sont ‘posées par tron - cons de 9 mètres, ‘dont le mode de suspension est va- riable. Notre figure 4 représente celui qui à été adopté à l'intérieur du {un- vel. Deux tiges U et furent fermés, un léger bruit se fit en- tendre dans le con- ducteur et la lour- de machine se mit en marche sans ef- fort apparent, trai- nant à la remorque la locomotive à va- peur ?. Les ingénieurs français ne peuvent se désintéresser de ces expériences. Ils LNTLS doivent les suivre u, profondément scellées dans la voù- avec attention et 4e, soutiennent une traverse métallique Y dont elles sont séparées par des isolateurs J et 7. Sur cette traverse V sont fixées, par l'intermédiaire d’un second groupe d'’isolateurs 1,4, deux autres tiges Tett munies d'étriers C et € qui supportent les con- ducteurs AB, d’une part et ub d’autre part. Ces sup- ports sont placés tous les 4 mètres et au-dessus de l’entrevoie, intervalle qui sépare la voie montante de la voie descendante. À chacune de celles-ci est affecté un des conducteurs. Dans les partiés de la ligne qui sont à ciel ouvert, des pylones portent des barres transversales auxquelles sont fixées des chaînes ayant des portées de 45 mètres et composées d’une suile de tiges de fer ; à ces chaînes ont été suspendus les conducteurs, Les figures 3 et #4 montrent enfin un troisième système qui offre, avec les deux premiers, ce caractère commun que les barres conductrices sont isolées au moyen de deux groupes successifs d’isola- ‘teurs : ce sont, dans la figure {, avons-nous dit, en premier lieu J j et en second lieu I à. La prise de courant se fait au moyen d'une sorte de navette N (fig. 2) glissant dans la rainure formée par les deux barres composant le conducteur. Cette navette Fig. #4. — La locomotive électrique vue de l'avant. — Mode de liaison entre la locomotive et le conducteur situé en haut et à gauche. utiliser les ensei- gnements qu'elles donneront. La pra- tique révélera pro- bablement des dé- fauts, indiquera quels sont les détails à changer ou à perfectionner. Déjà quelques incidents ont été signalés. Par les temps humides le contact entre le conducteur et la navette se fait mal et celle-ci est portée au rouge par les étincelles qui se produisent 3. Ce sont là des points faibles qui ne sont pas pour nous surprendre. Ne les ren- controns-nous pas dans tous les premiers essais? Les améliorations viendront peu à peu, etilnous appartient, à nous qu'intéressent les problèmes soulevés par les ingénieurs américains, d'étudier soigneusement leurs travaux afin d’être en mesure d’en profiter et de pou- voir marcher un pas plus certain lorsque nous croi- rons utile ou nécessaire d'entrer dans les voies nou- velles qui viennent de nous être indiquées, A. Gay. Ancien élève de l'Ecole Polytechnique, 1 Ces figures sont empruntées à Engineering, vol. LX, n° 1542. ? The Electrical World. 3 The Electrician, n° du 2 aout, 898 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques. Resal (H.), Membre de l'Institut, Inspecteur général des Mines. — Traité de Mécanique générale. 2° Edi- tion. Tome 1: Cinématique. Théorèmes généraux de la Mécanique. De l’Equilibre et du Mouve- ment des corps solides. — 1 vol. in-8° de 304 pages avec #7 figures. (Prix: 6 fr. 50.) — Tome II : Frotte- ment. Equilibre intérieur. Elasticité. Hydrosta- tique. Hydrodynamique. Hydraulique. — 1 vol. in-8° de 166 pages avec #1 fiqures. (Prix: 3 francs.) Gauthier-Villars et fils, éditeurs. Paris, 1895. Les modifications apportées aux programmes de l’enseignement à l'Ecole Polytechnique ont amené mon savant maitre à remanier son cours de Mécanique. C’est le fruit de ce travail qu'offre la nouvelle édilion. Le tome I contient Ja mécanique rationnelle, ciné- matique, statique et dynamique. Les vecteurs y sont heureusement appliqués, comme dans la première édi- tion; mais nous regrettons que l'auteur m’ait pas adopté tout le calcul géométrique de Grassmann, comme l’a fait avec avantage M. Castellano, professeur à l'Académie Militaire de Turin (Lezioni di Mecanica razionale, 1894). La théorie des chocs qui termine le volume est présentée avec une grande généralité, envi- sageant deux corps libres, de formes quelconques et imparfaitement élastiques. Les cas- particuliers sont déduits des formules générales. C’est la méthode de l'auteur d'entrer tout droit dans le sujet, avec toute la généralité possible, par une synthèse rapide. Sédui- sante el instructive pour les esprits mürs,elle présente des difficultés aux élèves. Considérons, par exemple, l'équation générale de la Mécanique (théorème des travaux virtuels). C’est la clef de l'ouvrage : tout, en dynamique, comme en statique, est déduit de ce théorème par de simples particulari- sations de la formule générale. J'ai entendu des per- sonnes compétentes affirmer que le théorème en ques- tion n'est pas démontré par M. Résal. Cherchons la cause d’une opinion si radicale. — Envisageant les machines, où des corps solides réagissent les uns sur les autres, on est conduit, dit l’auteur, à considérer un système matériel dont certaines molécules sont assu- jetties à rester sur des surfaces fixes... Pour les dépla- cements compatibles avec les liaisons, le travail de la réaction est nul. — Certes, c’est peu pour affirmer que le travail virtuel total sera nul dans toutes les machines. La presse hydraalique, la poulie avec sa corde ne sont même pas envisagées. D'autre part, considérons une bille au repos. La réaction du sol sur elle est dirigée vers le haut. Soulevons par la pensée cette bille : c’est un déplacement compatible avec la liaison, Le travail de la réaction est positif; il n’est pas nul. Enfin le pas- sage de la statique à la dynamique est trop rapide : dans la réciproque du théorème, on admet que le déplacement réel est compatible avec les liaisons. C'est exact parce que les liaisons sont supposées fixes en stalique; cela devient faux en dynamique,où les liaisons peuvent être variables avec le temps. Il impor- terait d'appeler l’attention sur ce fait un peu para- doxal, puis de montrer que le théorème n'en est pas moins applicable à la dynamique. Ces lacunes sont regrettables, mais il est excessif de nier la démonstration, Je ne crains même pas de déclarer que je la préfère encore, avec ses défauts, aux poulies de Lagrange et aux tiges d'Ampère. Correctes, mais trop habiles, les démonstrations de ces géo- mètres voilent derrière un échafaudage d’artitices cette loi naturelle qui n'a pas échappé à M. Résal : Lorsque la résistance élastique des corps n’est pas vaincue, elle ne peut jamais fournir un travail négatif. Cette loi est équivalente au théorème des travaux virtuels com- pris dans toute sa généralité. Elle est aisée à établir en partant de l'hypothèse moléculaire, avec le princive de l’action et de la réaction, Mieux vaudrait encore l’ad- mettre comme postulat que la remplacer par des habi- letés de géomètre, Le frottement, l’élasticité, l'équilibre et le mouve- ment des fluides formentla matière du tome If, malière plus digne que la Mécanique rationnelle de l’esprit pénétrant de mon éminent maitre. Je signalerai les équations de léquilibre intérieur. L'exposition est simple et correcte, mais rapide et sobre, au point que chaque mot, dans les titres mêmes, doit être bien pesé par le lecteur. E. CARVALLO. Albeilig (M.), Ingénieur de la Marine, et Roche (C.), Ancien ingénieur de la Marine. — Traité des Ma- chines à vapeur. Tome I. — 1 vol. in-8° de 600 pages avec 408 fig. de l'Encyclopédie industrielle de M. C. Lechalas. (Prix : 20 fr.) Gauthier-Villars et fils, édi- leurs. Paris, 1895. Le plan général de cet important ouvrage a élé tracé conformément au programme du Cours de Machines -professé à l'Ecole Centrale, Bien qu'il soit rédigé à un point de vue surtout pratique, la partie théorique n’a pas été négligée. Partout où elle est nécessaire ou utile, la théorie a recu les développements les plus complets, comme par exemple dans le chapitre 1 où sont exposés les principes de la Thermodynamique et l'application de ces principes aux gaz et aux vapeurs; comme aussi dans la théorie des coulisses et méca- nisme de distribution (chap. vu); ou bien encore, comme au chapitre vur, dans la théorie de la conden- sation et le calcul des pompes, des turbines, des injec- teurs, elc.…. Mais il faut savoir gré aux auteurs de n’avoir pas cédé à la tentation de multiplier à tout propos les formules, et d’avoir traité aussi simplement les choses simples, que savamment les questions plus ardues. Nous signalerons comme particulièrement étudiée et ingénieuse la théorie pendulaire des indicateurs (chap. 1v). Les lois du mouvement oscillatoire, aux- quelles les auteurs parviennent par le calcul, les con- duisent à formuler d’une manière simple les meilleures conditions de fonctionnement d’un indicateur. L'étude du diagramme totalisé est également fouillée avec soin (chap. nt). Avec le chapitre v, on aborde le calcul des organes de la machine à vapeur, les dispositions pratiques qu'ils comportent, les essais auxquels certains d'entre eux doivent être soumis. Une description sobre et claire, des figures nombreuses et variées distinguent ce chapitre. Le chapitre vi est consacré au problème délicat de la régulation et des diverses épures de distribution et de détente; signalons un paragraphe des plus utiles sur la manière de procéder au relevé des éléments de la distribution sur la machine et sur l'étude deserreurs que l’on peut commettre dans cette opéralion. Les mécanismes de distribution et de changement de marche sont décrits dans le chapitre vir. Enfin, dans le chapitre vit, l'étude des condenseurs à injection et des condenseurs à surface, la théorie de l'alimentation et la description très complète des injecteurs et des diverses pompes terminent ce pre- mier volume, que nous croyons appelé à rendre de grands services. L'AVIVET. s 2: usa 4 nie ot AE AN 2° Sciences physiques. Houllevigue (L.), Maitre de Conférences à la Faculté … des Sciences de Lyon. — Del'influence de l’aimanta- tion sur les phénomènes thermo-électriques. (Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de . Paris.) — Gauthier- Villars et fils, éditeurs. Paris, 1895. _ J'aimantation modifie la plupart des propriétés … physiques des corps et particulièrement les propriétés … électriques. M. Houllevigue a entrepris sur l’une des plus remarquables de ses actions une étude très soi- née et fort adroitement conduite. Il a limité son tra- vail à l'influence du magnétisme sur les phénomènes thermo-électriques; c’est une question dont plusieurs physiciens s'étaient déjà occupés, et, pour ne citer que le plus illustre, lord Kelvin a consacré à ce sujet une «bonne partie de l'un de ses mémoires, le plus juste- ment célèbre; mais, derrière le grand savant, il res- tait encore à glaner, et M. Houllevigue a su recueillir encore presque une moisson, L'auteur étudie d’abord l'influence de l’aimantation sur Ja force électromotrice des piles thermo-électri- ques où l’un des métaux est du fer ou de l’acier; le dispositif de l’expérience est analogue à celui qu'avait déjà adopté M. Chassagny dans un bon travail sur ce sujet; mais ici les champs que l’on pourra atteindre seront beaucoup plus intenses. Le principe de la mé- thode consiste à comparer les forces électromotrices de deux piles semblables, dont l’une est placée dans un champ connu, tandis que l’autre n’est pas soumise . à l’aimantation; la mesure de la force électromotrice se fait par comparaison avec une dérivation prise sur “un élément Gouy, la mesure des champs avec l’appa- reil de M. Leduc. Peut-être pourrait-on regretter que la complicalion déjà grande des expériences n'ait pas permis à l’auteur d'effectuer la mesure des champs au moment où il procédait aux mesures électriques ; il est un peu fàcheux aussi que les échantillons employés “n'aient pas été complètement étudiés au point de vue magnétique ; il eùt été intéressant de déterminer leurs coefficients d'aimantation, nécessaires d’ailleurs pour connaître la véritable valeur du champ au moment des expériences. Les résultats généraux obtenus sont bien nets: la posilion du fer et de l’acier dans la série thermo- électrique est modifiée par l’aimantation. On peut déduire de là, par raisonnement, les variations qu'é- prouve. avec le champ, l'effet Peltier au contact du fer ou de l'acier avec un autre métal non magnétique; - pour le fer doux, ces résultats prévus par la théorie - sont corroborés par une étude expérimentale, M. Houl- levigue a pu étudier l’effet Peltier en le produisant au contact d’une des faces d’une pile thermo-électrique très sensible, et en équilibrant son action par un » échauffement produit sur l’autre face à l’aide d'un - courant variable à volonté, et traversant une résistance … constante. Une autre conséquence, très intéressante, b découverte par l’auteur, est l’existence d'une variété - d'effet Thomson qui se produit, sans variations de températures, entre deux parties inésalement aiman- tées d’un même corps magnétique; celte conséquence » du calcul est directement vérifiée pour le fer doux. … Enfin, l’auteur montre que cette nouvelle forme d’effet - intervient dans certaines expériences de sir W,. Thom- … son,et que l'interprétation de ces expériences, qu’avail - donnée l’illustre savant, n'est pas complètement … exacle. : —_ N'oublions pas de signaler, au début de la thèse, « un excellent historique, et aussi, et ce n’est pas un des moindres mérites de ce bon travail, un chapitre où sont établis, avec une simplicité, une rigueur et un ordre parfaits, les relations entre les diverses quan- tités qui seront envisagées dans le cours des recher- . ches; Les définitions sont données avec une rare pré- - cision, et tout le mémoire est clairement et nettement _ rédigé. . Lucien Poincaré. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 899 Serres (Louis), Professeur de Chimie à l'Ecole Jean- Baptiste Sa, — Traité de Chimie, avec la notation atomique, à l'usage de l'Enseignement primaire supérieur. Métalloïdes. Métaux. Chimie organique. — { vol. in-8° de 520 pages avec nombreuses figures dons le texte. (Prix : 10 fr.) Baudry et Cie, éditeurs, Paris, 1895. L'adoption de la notation atomique dans l’enseigne- nement universitaire a provoqué la publication d’un grand nombre d'ouvrages élémentaires de Chimie écrits dans le système atomique.Quelques-uns de cesouvrages ne sont que la traduction d'éditions précédemment notées en équivalents, d’autres sont réellement des œuvres nouvelles, Le traité de M. Serres appartient à cette dernière catégorie, et il y gagne de l’homogénéité. Ce volume contient les matières qui forment le pro- gramme de la classe de Mathématiques élémentaires ; l'étude des métalloïdes et des métaux forme les deux premières parlies. La {roisième partie, consacrée à la chimie organique, est sensiblement plus développée que dans la plupart des ouvrages analogues. L'auteur a cherché à la rédiger conformémentauxidées modernes; il emploie les formules de constitution sans en abuser et indique même les principes de nomenclature tout récemment adoptés au Congrès de Genève. G. Crarpy. Marie (T.), Professeur agrégé a la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Toulouse. — Recherches sur les acides cérotique et mélissique. (Thèse dela Faculté des Sciences de Paris.) — 1 vol, in-8° de 106 pages. Gau- thier-Villurs et fils, éditeurs, Paris, 1895. Les acides gras à poids moléculaire élevé sont encore mal connus; leur préparation à l’état pur est, en effet, difficile, et l'intérêt qui s'attache à leur connaissance plus approfondie assez médiocre. M. Marie étudie dans ce travail les acides de la cire d’abeilles; en soumettant cette substance, d’abord à l’action de l’alcool, puis à celle de la chaux potassée, qui décompose la myricine, il obtient un mélange d'acide cérotique et d’acide mé- lissique, qu'il arrive enfin à séparer par l'alcool méthy- lique, dans lequel l’acide mélissique est presque inso- luble. L’acide cérotique pur fond à 77° 5, température non corrigée, Pourquoi cette lacune, d'autant plus grave ici que le point de fusion de l'acide cérotique est la plus intéressante de toutes ses propriétés ? Il est vraiment regrettable de voir encore de nos jours négliger à ce point la précisiondes mesures, et l’on se demande pour- quoi, devant uu pareil résultat, M. Marie s’est donné la peine de vérifier son thermomètre avec autant de soir. L'acide cérotique s’éthérifie par les méthodes ordi- naires ; il donne un chlorure, un amide et un nitrile, enfin, par l'acide iodhydrique, un hydrocarbure qui paraît répondre à la formule C# H°?; il en résulte que cet acide doit s’écrire C?5 H50 0° et non C?7 Hÿi O?. Cette nouvelle formule concorde d’ailleurs exactement avec les analyses. Le brome donne des dérivés bromés, transformables en acides oxy, amino et nitrilocérotiques ; ce dernier se transforme naturellement, par saponilication, en un acide G?* H'8 (CO? H)? de la série malonique. L'acide mélissique fond à 90° (non corrigé); ses pro- priétés chimiques sont en tout semblables à celles de ses homologues inférieurs et son analyse confirme la formule adoptée C30 H® O?, Par oxydation, ces deux corps fournissent les mêmes produits que les acides des graisses, c’est-à-dire un mé- lange complexe d'acides inférieurs, à chaîne normale, monobasiques ou bibasiques. L. MAQUENNE. Serrant (Emile), Ingéniewr-Chimiste. — Applica- tions de la Chimie à l'Art militaire moderne. — 1 vol. in-12 de 132 pages avec planches hors texte. E. Bernard et Cie, édilewrs, 53 ter, quai des Grands-Au- gustins. Paris, 1895. 900 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ”i 1 8° Sciences naturelles. Bernard (Félix), Assistant au Muséum d'Histoire na- turelle, docteur ès sciences, agrégé des sciences natu- relles. — Eléments de Paléontologie. Seconde par- tie, pages 529 à 1168, avec 231 figures dans le texte. — J.-B. Baillière et fils, éditeurs.Paris. 1895. Cette seconde partie termine dignement les Elé- ments de Paléontologie de M. Félix Bernard, qui sont déjà entre les mains de tous les étudiants en sciences naturelles. Elle contient la fin des Invertébrés (La- mellibranches et Céphalopodes), les Vertébrés et un aperçu succinct de la Paléontologie végétale, Le cha- pitre relatif aux Lamellibranches est un des meilleurs de tout l'ouvrage, et l'on sent que l’auteur y a apporté une compétence toule particulière ; on y trouvera une classification nouvelle, basée à la fois sur l'anatomie des parties molles et sur la morphologie de la char- nière. M. Rémy Pecrier à prêté sa collaboration à M. Bernard pour le chapitre des Mammifères, qu'il a rédigé presque en entier. Emile Hauc. Binet (Alfred), Directeur-adjoint du Laboratoire de Psy- chologie physiologique des Hautes-Etudes à la Sorbonne. — Contribution à l'étude du Système nerveux sous-intestinal des Insectes. Thèse pour le Doc- torat de la Faculté des Sciences de Paris. — 1 vol. in-8° de 132 pages avec fig. et planches en couleurs. F. Alcan, éditeur. Paris, 189%. Les travaux de Dietl, Flügel, Berger, Bellonei, etsur- tout les belles recherches de Viallanes, nous ont fait connaitre Ja structure des ganglions cérébroïdes des Insectes ; celle de la chaine sous-intestinale nous était à peu près inconnue : le mémoire de M. Binet vient heureusement combler cette lacune et enrichir nos connaissances sur l’histologie des centres nerveux chez les Arthropodes, de faits nouveaux très intéres- sants. M. Binet a examiné un certain nombre de types appartenant à l'ordre des Coléoptères (Dytisceus, Melo- lontha, Rhizotrogus, Lucanus, Geotrupes, Carabus, Blaps, Timarcha), à l’ordre des Orthoptères (Gryllus, Gryllo- talpa, Blatta), un Muscide (Mesembrina meridiana) et un Homoptère (Cicada Orni) ; il a en outre étudié compara- tivement, au point de vue histologique, quelques Crus- tacés (Astacus, Homarus, Palinurnius, Oscus, ete.) Les méthodes techniques qu'il a employées dans ses re- cherches sont celles qui avaient donné à Viallanes les meilleurs résultats, c’est-à-dire les coupes en séries des ganglions, préalablement convenablement durcis, soit par les liquides de Flemming ou d'Hermann, soit par le sublimé. En colorant le tissu nerveux, à l’état frais, par le bleu de méthylène, suivant ia méthode d'Ehrlich, il a pu établir les relations qui existent entre les différentes cellules, ce que ne permet pas générale- ment l'étude des coupes. Après avoir rappelé brièvement les travaux de ses prédécesseurs sur la constilution du système nerveux des Arthropodes, M. Binet consacre la première partie de son mémoire à l'étude de la structure des éléments histologiques, cellulesetfibres nerveuses. À ce point de vue, les ganglions des Crustacés sont beaucoup plus favorables que ceux des Insectes, dans lesquels les ra- mifications des trachées gènent beaucoup l’observa- tion et peuvent occasionner de nombreuses erreurs d'interprétation. Grâce à une technique particulière, en colorant suc- cessivement les coupes d'abord par lhématoxyline, après mordancage par le sulfate de cuivre, puis par la safranine, M, Binet est arrivé, chez les Crustacés, à obtenir une coloration du protoplasma de la cellule nerveuse différente de celle du cylindre-axe qui part de cette cellule. Cette double coloralion lui a permis de suivre le trajet des fibrilles nerveuses du cylindre- axe dans le protoplasma et de constater qu'elles n'entrent pas en relation avec le noyau, comme l'ont admis plusieurs auleurs, Dans certaines cellules, à ces fibrilles restent réunies en faisceau et décrivent une spire autour du noyau avant de se séparer(cylindre axe intercellulaire); dans d’autres cellules nerveuses” les fibrilles s’écartent régulièrement les unes des autres, dès leur pénétration dans la cellule, et dé crivent des lignes spirales dans les couches les plus superlicielles, corticales, du protoplasma; les régions du protoplasma qui sont les plus voisines du noyau sont pauvres en fibres nerveuses et se colorent autre- ment que les régions périphériques. La majorité des cellules nerveuses des Insectes sont piriformes, unipolaires, et émettent un prolongement" d’un calibre régulier, d’où partent latéralement des branches fines qui se ramifient; parfois le prolonge-# ment primitif se divise en deux prolongements secon- daires, placés symétriquement. Le prolongement pri- mitif des cellules de grande dimension, qui peut être suivi dans un certain nombre de cas, se continue dans les nerfs périphériques ou dans les connectifs. Les ganglions de la chaine sous-intestinale sont construits d’après le même plan que les cérébroïdes : différence à noter avec le système nerveux des Verté- brés, chez lesquels les fibres et les cellules nerveuses ne présentent pas la même répartilion anatomique « dans la moelle épinière et dans le cerveau. Les éléments cellulaires occupent la périphérie du ganglion, où-ils forment, suivant les points, ure ou plusieurs couches; la région centrale du ganglion est occupée par la substance ponctuée des auteurs, ou subs- tance fibrillaire, qui paraît être constituée par un réseau inextricable de fines fibrilles, mais dont la struc- ture n’a malheureusement pas été étudiée par M. Binet. » L'auteur s’est contenté, en effet, de faire l'anatomie " microscopique de la substance ponctuée, c’est-à-dire de rechercher la manière dont cette substance est répartie en lobes eten lobules dans l’intérieur d'un” ganglion, de suivre les nerfs qui pénètrent dans ce ganglion, de décrire le nombre, la direction et la ter- minaison de leurs racines, et enfin de déterminer le trajet intra-ganglionnaire des connectifs, qui vont d’un ganglion à l’autre. _ Chaque ganglion de la chaine sous-intestinale pré- sente, à peu de chose près, la même disposition inté- rieure, On peut y distinguer deux colonnes ventrales et un lobule ventral inférieur, formés d'une substance fibrillaire très dense et très fine, et un lobe dorsal formé d’une substance fibrillaire plus clairsemée et plus grossière, traversé par trois groupes de connectifs dorsaux. Le nerf abdominal a trois racines, dont une est dorsale et les deux autres se rendent dans la co- lonne ventrale et le lobule ventral inférieur. Un ganglion thoracique n’est pas autre chose, consi- déré dans son ensemble, qu'un ganglion abdominal auquel se surajoutent latéralement deux lobes cruraux, " Le nerf crural se compose de deux genres de fibres : des fibres très fines, noircissant sous l'influence de l'acide osmique et ne se colorant pas par le carmin après fixation par le sublimé, et des fibres plus épaisses, se colorant par le carmin : les premières de ces fibres se rendent dans la partie ventrale du gan- glion, et les secondes dans la partie dorsale, Le nerf alaire a deux racines principales : une dor- sale, qui contourne la face dorsale du ganglion et s'y perd, et une ventrale, qui aboutit à la colonne ventrale, Chez lesespèces aptésiques, c’est-à-dire qui ont perdu la faculté de voler (Blaps mortisaga, Timarcha tene- bricosa, Carabus auratus), dont les élytres sont immo- biles et les ailes membraneuses atrophiées, il se pro- duit une réduction : la racine ventrale du nerf alaire du second ganglion thoracique persiste seule; on peut en conclure que c’est là une racine sensitive. Le nerf alaire correspondant à l'aile atrophiée est représenté par un nerf grêle à deux racines, l’une ventrale, l'autre dorsale supérieure’; ce nerf devient alors un nerf pariétal du type des nerfs abdominaux; de même, dans l’état larvaire, le nerf alaire est représenté par un nerf du | type abdominal, F:| - Chez les Diptères qui possèdent un balancier, le nerf -{rès volumineux qui part de cet organe traverse la masse des ganglions thoraciques et se rend dans les “Sanglions de latête; M. Binet le considère pour cetle “raison comme un nerf de sensibilité spéciale, … Dans le premier ganglion abdominal de la Cigale, il existe un lobe vocal qui paraït être uniquement moteur. … Le ganglion sous-æsophagien résulte de la coales- cence de trois ganglions, qui, de même que pour les -cérébroïdes, sont soudés et fusionnés aussi bien chez la larve que chez l'adulte. Les trois ganglions sont : le “vanglion mandibulaire, le ganglion maxillaire et le . ganglion labial. “ Si l’on compare les ganglions abdominaux des “Insectes à ceux des Crustacés, de l’Ecrevisse par “exemple, on retrouve, dans ces derniers, les mêmes “dispositions générales. La principale différence parait “consister dans la présence, chez l'Ecrevisse, de tubes “nerveux géants qui parcourent les ganglions et les “connectifs, en traversant la région supérieure du lobe “dorsal ; ces tubes géants, qui sont à rapprocher de » formations analogues chez les Vers, n’ont point d’équi- «valent chez les Insectes. …. Après avoir étudié l'anatomie des ganglions des “Insectes, M. Binet a entrepris sur ces animaux quelques “expériences physiologiques relatives au mouvement de “manège et aux troubles de sensibilité et de mouve- “ment qui succèdent à une lésion des ganglions thora- _ciques. … Le mouvement de manège peut être provoqué arti= ficiellement chez les Insectes par lésion des ganglions et, en particulier, par une lésion des ganglions céré- broiïdes. Une lésion unilatérale du cérébroïde droit, par exemple, fait décrire à l'animal des cercles en sens “inverse des aiguilles d'une montre ; l’Insecte se dirige constamment vers la gauche; il fuit pour ainsi dire sa lésion. Cette rotation persiste longtemps, pendant des mois, jusqu’à la mort de l’animal, On peut faire apparaître le mouvement de manèg “chez un Insecte, sans faire subir de lésions à son sys- {ème nerveux, en placant un poids sur l’un des côtés du corps ; la marche de manège se produit alors lou- » jours vers le côté où la charge a été placée. La rota- “tion est le résultat de l'amplitude plus grande du pas avec les pattes du côté du corps opposé au sens de la - rotation, M. Binet attribue cette amplitude plus grande à une irrilalion qui retentit sur les pattes du côté opéré La cause primitive du mouvement de manège consiste donc, d’après lui, dans une excitation inégale des deux côtés du corps, excitation qui réveille, par association fonctionnelle, le mécanisme moteur du . fournoiement volontaire. Par une série d’autres expériences physiologiques, M. Binet a confirmé les données déjà anciennes de Dugès, Yersin, Newport et Faivre, à savoir que chaque ganglion de la chaîne sous-intestinale réunit à la fois les fonctions motrice et sensitive, et que, dans chacun - d’eux, le lobe ventral est sensible, tandis que le lobe dorsal est moteur. _ Cette courte analyse du mémoire de M. Binet, dans laquelle nous n’avons pu que signaler les faits Les plus saillants, suffira à montrer que l’auteur, auquel nous devons déjà de nombreux et importants travaux de psychologie, est en même temps un habile anatomiste et un physiologiste expérimenté. Ces brillantes qualités nous font regretter que M. Binet n’ait pas complété ses recherches en étudiant le développement du système sous-intestinal et ses transformations pendant le pas- sage de l’état larvaire à l’état adulte; il aurait certai- nement enrichi la science de données précises à cet égard. F, HENNEGUY. Meunier (Victor). — Sélection et perfectionne- ment animal. — 1 vol. de l'Encyclopédie scientifique des Aide-Mémoire, publiée sous la direction de M. H. Léauté. (Prix : cartonné, 3 fr.; broché, 2 fr. 50.) G. Mas- son et Gauthier-Villurs. Paris, 1895, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 901 4° Sciences médicales. Wiiquel (P.), Chef du Service micrographique à l'Obser- vatot'e de Montsouris. — De la Désinfection des poussières sèches des appartements au moyen de substances gazeuses et volatiles. — 1 vol. in-8° de 192 pages. (Prix : 4 fr.) G. Carré, éditeur, 3, rue Racine, Paris, 1895. La désinfection d’un appartement est toujours une opéralion délicate, Si, dans les grandes villes, il est possible d'organiser un service de désinfection présen- tant des garanties suffisantes, dans les petites villes et surtout dans les campagnes il est matériellement im- possible d'obtenir de tels résultats. Et encore les hygiénistes sont-ils loin d'admettre que les procédés adoptés actuellement par nos agents sanitaires officiels réalisent l'idéal du progrès. Les pulvérisations de sublimé corrosif par les appareils du type Geneste el Herscher, sont loin d’assurer une aseplisation complète, el l’on comprend que, seules, des vapeurs ayant à la fois et un pouvoir microbicide suf- fisant et une force de pénétration considérable, peu- vent remplacer la chaleur humide. M. Miquel s'est attaché à l'étude pratique des diffé- renls gaz ou vapeurs proposés. Le champ d'étude était vaste, car il ne se passe pas de jour où des industriels n'annoncent la découverte d’un nouveau désinfeclant réunissant tous les deside- rata réclamés. M. Miquel fait justice à bon droit de la plupart de ces spécialités, qui ont l'inconvénient de coûter très cher, de masquer sous un nom d'em- prunt des substances toxiques et de donner enfin une illusion de sécurité. Nous ne pouvons analyser ce long mémoire; mais il nous suffira de mentionner quelques points particu- liers qui montreront l'intérêt de cet ouvrage essen- tiellement pratique. Abandonnant l'étude de l'action des antiseptiques sur les microbes cultivés en bouillon ou en plaques humides, l’auteur s’est surtout attaché à l'étude de la désinfection des poussières sèches. C'est sous cette forme principalement que les microbes pathogènes sont dangereux. L’acide sulfureux, si vanté jadis, n'a pu résister aux épreuves expérimentales. Bien mieux, les acides sul- fureux, phénique,+thymique, qui constituaient jadis les agents les plus en vogue, doivent céder leur place à des agents que l’on aurait crus moins actifs : telles les essences de camphre, de romarin, de lavande. Des linges trempés dans ces essences peuvent être em- ployés avec succès pour désinfecter un appartement. Voilà le bouquet de lavande de nos pères presque réhabilité, et des prescriptions qui nous semblaient si étranges contre la peste trouvent presque leur justifi- cation dans les travaux minutieux de M. Miquel. Le chlore, le brome, l’iode, trouvent grâce devant le distingué bactériologiste; mais il ajoute qu'ils ne peuvent être employés que dans des endroits dépouillés de tout objet susceptible de se détériorer. En réalité, ils sont à peu près impralicables. De toutes les substances employées, l'aldéhyde for- mique parait donner les meilleurs résultats. Il à été assez parlé déjà, dans celte Revue, des travaux de M. Miquel et de ses élèves et de ceux M. de Trillat pour que nous ne croyions pas devoir revenir sur cette partie du présent ouvrage. L’aldéhyde formique réunit, en effet, toutes les con- dilions demandées à un désinfectant pratique : effica- cité, maniement facile et non dangereux, modicité du prix de revient. Dr P,. LanGLois. Viau (G.), Professeur à l'Ecole Dentaire de Paris. — Formulaire pratique pour les maladies de la bou- che et des dents. suivi du Manuel opératoire de l’anesthésie par la cocaïne en chirurgie dentaire. __ 1 vol, in-1$8 de 512 pages. (Prix : 5 fr.) Societé d’E- ditions scientifiques. Paris, 1895. 102 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX a —_—_— EE ZE Péan (D'), Membre de l’Académie de Medecine, Chirur- gien des Hôpitaux. — Leçons de Clinique chirurgi- cale, professées à lPHôpital Saint-Louis pendant les années 1889 et 1890, — 1 fort vol. in-8° de 1.550 pages avec 19 figures (Prix : 25 francs.) Félix Alcan, éditeur. Paris, 1895. Ce volume, le neuvième de la série, est divisé, comme les précédents, en trois parties, La première comprend dix lecons consacrées aux rétrécissements non cancé- reux du pharynx, aux tumeurs vasculaires du méat urinaire chez la femme, aux kystes de là région thyro- hyoidienne, aux tumeurs multiples des mâchoires, au traitement chirurgical qu'il convient d'appliquer aux tumeurs des maxillaires étendues aux parties molles de la face, aux affections dentaires dans quelques ma- ladies des mâchoires (ostéite, nécrose phosphorée, cancer), enfin au pincement appliqué à la cure des anévrysmes des gros vaisseaux. Signalons, parmi les plus intéressantes de ces lecons, celle qui a trait à un Cas, Croyons-nous, unique dans la science, d'oblitéra- tion complète de l’isthme du gosier de nature syphili- tique. L'auteur décrit cette affection sous le nom d'anhylose glosso-palatine el propose, pour y remédier, un procédé opératoire qui présente pour principaux avan- tages d’être applicable à toutes les adhérences vicieuses du voile du palais, quelle que soit leur origine, de pro- curer un résultat immédiat sans exposer le malade à l'asphyxie où nécessiter la trachéolomie préalable, entin de rendre à ce même voile du palais sa forme el sa mobilité normales, condition indispensable pour que le timbre de la voix ne soit pas altéré. La malade qui fait l'objet de cette lecon a été opérée et guérie par cette méthode, Dans la seconde partie de l'ouvrage se trouvent résu- mées les observations de tous les malades indistincte- ment qui ont passé dans le service de M, Péan en 1889 et 1990, Cette statistique intégrale, qui occupe à elle seule 1.02% pages du volume, comprend 2.124 cas, dont 1.013 ont été l’objet d'un traitement opératoire. La mortalité brute à été de 2,17°/,; mais sur cette pro- portion 7 décès seulement semblent avoir été la consé- quence de l'acte opératoire, ce qui abaisse la léthalité absolue à 0,69 ‘4. Si cet exposé complet de la pratique hospitalière d'un chirurgien tel que M. Péan a de l’in- térêt en raison de la personnalité de l’auteur, on peut regretter l'extension donnée à la relation de cas qui constituent la monnaie courante d’un service de chi- rurgie et au traitement desquels aucune amélioration n'a été apportée, aucun procédé nouveau n’a été ap- pliqué. De beaucoup plus attachante est la lecture des tableaux qui constituent la troisième partie ou-appen- dice. L'auteur y a réuni les opérations de sastrotomie, (y compris les hystérectomies et les hyslérotomies) pratiquées pour des tumeurs de l'ovaire, du ligament large et de l'utérus, du mésentère, du péritoine et des principaux viscères abdominaux. Au nombre de 583, elles élèvent le chiffre de ces sortes d'opérations faites par M. Péan depuis 14864 au 12° janvier 1892, à près de 2.100. On peut ainsi se rendre compte des perfec- tionnements apportés par l’auteur à la technique de ces interventions. Le choix de la voie vaginale pour le traitement opératoire d’un certain nombre d'affections de l'utérus ou des annexes, la méthode du morcelle- ment systématisée et généralisée, marquent les prinei- pales étapes des progrès réalisés par le chirurgien de Saint-Louis. Les lableaux placés à la fin de son livre contiennent la meilleure et la plus éloquente démons- tration de l’excellence des procédés qu'il a ou créés ou puissamment contribué à vulsariser. Dr Gabriel MaAurANGE. Demelin (Dr), Chef de Clinique d’Accouchement à la Faculté de Médecine de Paris. — La mort apparente du nouveau-né. — 1 vol. in 18 de 115 pages. (Prix, cartonné : 3 fr.) Société d'Editions scientifiques, 4, rue Anloine-Dubois. Paris, 1895. 5° Sciences diverses. Lombroso (Cesare), — Grafologia.—1 vol. in-12 de 2%5 p. avec T0 fac-simile. M. Hæpli, Milan, 1895. Quoique ce petit manuel, d’ailleurs élégant et léger, . paraisse surtout destiné aux gens du monde et aux amateurs d’aultographes, on peut s'étonner que lillustre anthropologiste italien qui l’a signé n'y ait imprimé nulle part la marque si forte et si originale. de son esprit. Pas une page marquée au coin de Cesare Lombroso. Alors que les bons juges estiment que la. graphologie, c'est-à-dire l'étude des rapports des formes de l'écriture individuelle avec les différents états mentaux, congénitaux ou acquis, avec le carac- tère propre et individuel, la structure et les fonctions du cerveau de chaque homme, tout en pouvant devenir une science, manque encore de principes et de mé- thode, si bien qu'il n'existe pas plus de psychologie que de physiologie scientifique de l’écriture, Lombroso aborde ce difficile sujet sans le moindre embarras et prend pour bon argent sonnant et trébuchant les théo- dti dan ar rh En lé état ries graphologiques de Michon et de Crépieux-Jamin, Le livre est divisé en deux parties. La première « traite de l'écriture chez les individus normaux; Ja 1 seconde, chez les anormaux, les malades, les aliénés, 4 les hommes de génie, les criminels et les hypnotisés. A peine pourrait-on citer les premières lignes qui » ouvrent ce livre, et qui m'ont rappelé quelques consi- dérations sur le même sujet d’un auteur que cite d’ail- leurs Lombroso, W.Preyer (Handschrift und Charakter). Un grand nombre de mouvements inconscients de nos muscles et de nos viscères, mesurés et enregistrés au moyen des appareils de Mosso et de Marey, nous ren- seignent, en même temps que sur les différents états émotifs,sur les conditions mêmes de l'intelligence. Le vague de ces expressions ne saurait faire comprendre que le papier est un appareil enregistreur, très sen- sible, de tout un ordre de manifestations inconscientes de l'individu, comme l'a très bien dit M, Héricourt, que « ne cite pas Lombroso. Les graphismes sont au scrip- teur ce que le sphygmogramme est à l’état du pouls,ce « que le cardiogramme est à l'état du cœur : la gran- deur, la vitesse, le rythme et jusqu'aux moindres os- M cillations de la circulation se trouvent ainsi fixés par une écrilure autographique, de tous points compa- rable à celle du cerveau, quoique infiniment plus simple et moins compliquée. Voilà bien, ce semble, les vrais termes du problème de la graphologie. En attendant, il y avait une étude de la plus haute portée à résumer, tout au moins : celle des centres pont dé uÉ A rt de st ts. “psychiques de lexpression graphique des idées et des ( Ë | 4 * sentiments. «Il y a, dit Lombroso, des faits qui nous « forcent d'admettre un centre cérébral spécial de | « l'écriture, » Lombroso prend évidemment parti pour Exner, Charcot, Marie, Pitres, Souques, etc., contre Wernicke, Déjerine, P. Sérieux, Berckan, etc. C'est : son droit. Mais il ne dit mot des observations cliniques et des arguments d'ordre physiologique pour ou contre une localisation des images motrices graphiques du langase. A côté des agraphies sensorielles, que tout le monde admet, Lombroso paraît tenir pour l’exis- tence d’un centre graphique moteur indépendant, Quelle preuve nouvelle en apporte-t-il? Aucune. Il a écrit le nom de Marcé qui, dès 1856, avait établi l'indépendance respective de la parole et de lécri- ture. Mais combien le chapitre consacré à l'écriture « chez les aliénés paraît faible et superficiel à côté du travail de Marcé (186%) sur le même sujet! Des caractères de l'écriture communs aux hommes de génie, aux fous, aux épileptiques et aux criminels, mieux vaut ne rien dire. Parmi les génies, Lombroso cite Léo Lespès, A. Houssaye, Léon XIIL et Sarah Bern- hardt (p.176). Certaines analogies de l'écriture per- mettent à l’auteur de rapprocher Gyp, Charles Richet et Guizot, et tous les trois de Timothée Trim! Le cha- pitre le plus curieux de ce manuel est à coup sûr celui l des fac-simile des écritures decriminels. Jules Soury. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 903 ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS 1 Séance du 2? Septembre 1895. - {° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Paul Staeckel s’est proposé de déterminer toutes les substitutions d'une certaine forme qui transforment chaque couple de surfaces applicables l'une à l’autre dans un couple de a même nature, et il a reconnu que toutes les subs- titutions forment un groupe continu de transformations vec vingt-huit paramètres, semblable au groupe de rayons réciproques d'une variété de six dimensions. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Ch. V. Zenger adresse une nouvelle note relative à la possibilité de prévoir … de grandes perturbations atmosphériques ou sismiques, i endant le passage des essaims périodiques d'étoiles flantes, quand on observe en même temps une grande activité à la surlace solaire. Le même auteur donne la description de son éclipsoscope, appareil pour voir -la chromosphère et les protubérances solaires. — M. Pech de Cadel adresse une note relative à l’em- - ploi des explosifs comme moyen de propulsion dans « la navigation aérienne. — M. Janssen donne des noy- … velles des travaux entrepris par la Société de l’Obser- - vatoire du Mont-Blanc. M. Bigourdan a déterminé « l'intensité de la pesanteur en plusieurs points et ! M. de Thierry a fait quelques études au sommet sur l'ozone et la microbiologie. — M. Ch. Bouchard a = constaté la présence de l’argon et de l'hélium dans - cerlaines eaux minérales connuessous le nom d’uzouues ; = les gaz diffèrent suivant la provenance et contiennent soit seulement l'hélium, soit les deux gaz argon et hélium, peut-être avec d'autres éléments. — MM. Troost et Ouvrard reconnaissent la présence de l'hélium et de l'argon mélangés à l'azote en employant des tubes - de Plücker à fils de magnésium et une bobine de …_Ruhmkorf munie d’un interrupteur Marcel Deprez; on les fait agir directement sur l8 mélange : l'azote est « d'abord éliminé, les raies de l'hélium et de l'argon - äpparaissent et finalement ces deux gaz se combinent - aussi au magnésium sous l'influence de l’effluve. Le platine s> comporte de la même facon. — M. Raoul » Varet a poursuivi ses recherches thermiques sur les … sels doubles que forme le cyanure de mercure avec - les bromures alcalins, alcalino-terreux etles bromures . de zinc et de cadmium. Il déduit de cette étude « la constilution des bromocyanures, constitution - qui se trouve en parfait accord avec celle que font - prévoir certaines réactions chimiques, en particulier la formation des isopurpurates, — M. H. Pélabon a étudié la dissociation de l'acide sélénhydrique en tenant compte de l'absorption de ce gaz par le sélénium chauffé; pour chaque température, il a déterminé la valeur du rapport e de la pression partielle de l'hydro- » os an . , ” A . . gène pur à la pression partielle de l'acide sélénhydrique dans le mélange obtenu. Ces valeurs sont bien repré- sentées par une équation de la forme : M : L : = +NIET+S, équation déduite de l'étude thermodynamique de la dissociation. On déduit de là l'existence d’un maximum correspondant à la température de 575°, maximum donné par l'expérience, et, enoutre, la valeur de la cha- - leur de formalion de l'acide sélénhydrique; les valeurs « calculée et trouvée antérieurement par Fabre con- cordent parfaitement. — M. Paul Lemoult a étudié … l'action de l’acide carbonique, de l’eau et des alcalis Er de ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER sur l'acide cyanurique et ses sels de sodium et de potassium dissous. Les résultats donnés par l'expé- rience sont en parfait accord avec les prévisions ther- miques déduites de l'étude préliminaire de l'acide cyanurique. C. Marion. Séance du 9 Septembre 1895. M. le Président annonce à l'Académie la perte qu’elle vient de faire dans la personne de M.Lovéen, de Slock- holm, correspondant pour la Section d’Anatomie et de Zoologie, décédé le 3 Septembre dernier. 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P. Tacchini adresse le résultat des observations solaires faites à l’Obser- vatoire du Collège Romain pendant le premier se- mestre 1895. Le phénomène des taches solaires reste stationnaire et s'approche lentement du véritable minimum. Il semble aussi que les protubérances passent par le même minimum. L'auteur n'a pas observé d’éruptions métalliques. — M. Deslandres à étudié expérimentalement les efforts développés par les différences de température entre les deux semelles d’une poutre à travées solidaires. Il ressort de ces expériences que les différences de température donnent lieu à des efforts supplémentaires de compression et d'extension atteisnant fréquemment, pendant la saison chaude, le chiffre de 2k. par millimètre, Dans les pays chauds, l'effet peut être encore plus énergique et met les poutres à travées solidaires dans un état d’infériorité notable par rapport aux poutres à travées indépendantes, — M. Maurice Lévy insiste sur le tra- vail de M. Deslandres et fait voir qu'en substituant au calcul abrégé de l'auteur une étude plus approfondie du sujet, les résultats numériques obtenus ne sont pas exagérés, mais seront en général dépassés. La fin de la note présente un complément de la théorie classique des poutres droites tenant compte des fiuts précé- dents. — M. Mendeleef énonce un théorème permet- tant de représenter simplement l'aire d'une surface comprise entre un arc de parabole et deux ordonnées pour celle d’un trapèze commode à consiruire. 20 Scrgxces puysiques. — M. de Nicolaiew adresse une note portant pour titre : Sur latentative pour mani- fester les courants du déplacement électrique et sur l'induction magnétique du fer à l’état alternatif. — M. Montessus de Ballore. en se fondant sur les nom- breusesobseryations de tremblements de terre effectuées au Japon en 600 stations distinctes, détermine la limite supérieure de l'aire moyenne ébranlée par une secousse séismique ; il la trouve égale à environ 1.200 kilo- mètres carrés, équivalente à un cercle d'ébranlement de 19km. 54 de rayon ou à deux fois et demie la surface du département de la Seine. — MM. C. Matignon et Deligny ont étudié la chaleur de combustion des dérivés nitrés avec liaison au carbone ; ils concluent des résultats obtenus : 1° Les isomères de position, comme on l’a toujours trouvé jusqu'ici, ont la même chaleur de combustion aux erreurs d'expérience près; 2% Le travail de la substitution nitrée avec liaison au carbone est très sensiblement constant etindépendant de la fonction ou des fonctions du corps où l’on effectue la substitution, — M. L. Maquenne a étudié la for- mation et la propagation de l’onde explosive dans les gaz endothermiques seuls en opérant sur le protoxyde d'azote et l’acétylène. Le protoxyde d’azote fait explo- sion sous l'influence d’une trace de détonateur et l'onde explosive se propage régulièrement L'acétylène, au contraire, n'éprouve une décomposition que sous l'influence d’un poids élevé de fulminate et, dans des tubes de 3 centimètres de diamètre, l'onde explosive 904 ACADEMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ne se propage pas. Il y aura lieu de tenir compte de ces faits dans les applications industrielles de lPacéty- lène. C. MATIGNON. 3 SCIENCES NATURELLES. — M. P. Fauvel signale l'in- fluence de l'hiver 1894-95 sur la faune marine, En dehors des effets directs du froid, qui a fait périr sur place un grand nombre d'animaux marins de tous les groupes, lant au voisinage de la surface qu’en pro- fondeur où Paction du froid semblerait ne pas devoir se fairesentir, des constatations d’un haut intérètont été faites sur les variations de la faune surtout à St-Vaast- la-Hougue. C’est ainsi que l'effet du froid a été de faire apparaitre à la côte un certain nombre d'espèces qui vivent soit plus profondément, soit dans les régions bien plus septentrionales. C'estainsi que, tout près du Labo- ratoire maritime, on pouvait recueillir l'Amphioæus lan- ceolatus, l'Ampharele Grubei, Amphicteis Gunneri, Phyl- lodoce teres, elec. — M. Sauzier décrit une gigantesque tortue terrestre, d'après un spécimen vivant des îles Egmont. Cette espèce serait Testudo Daurdinii ; Sa hau- teur est de 0 m. 76 et l'animal mesure 4 mètres de cir- conférence à la base. Son poids est de 240kilogrammes, — M. Depéret fourniiles résultats des fouilles paléon- tologiques dans le Miocène supérieur de la colline de Montredon, près Bize(Aude).A côté du Dinotherium très abondant, on a trouvé l'Hipparion gracile, le Simocyon diaphorus, parmi les Carnassiers qui n’avaient pasencore été découverts en France, enfin diverses pièces d'un Ursidé dans lequel l'auteur est porté à voir un type In- termédiaire entre les Hyænuwretos du Miocène etles ours pliocènes. J. MARTIN. Séance du 16 Septembre 1895. 1° SCIENCES MATHÉMATHIQUES. — M. Paul Serret énonce un certain nombre de théorèmes concernant les équilatères. — M. le Secrétaire perpétuel présente le tome VI des Œuvres de Christian Huygens, publiées par la Sociélé de Harlem, et annonce en mème temps la mort de M.Bierens de Hahn, qui avait pris une part importante à la rédaction de ces mémoires. 90 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. H. et A. Malbot ont effec- tué des recherches sur Les phosphates d'Algérie; ils ont reconnu à Bougie l'existence d’une roche phosphatée pré- sentant la composition d'un superphosphate, et l'étude analytique de ces minéraux les a conduits aux conclu- sions suivantes : 4° La présence de matières organiques peut produire une erreur en moins, quand on dose l'acide phosphorique par précipitation directe à l'état de phosphate ammoniaco-magnésien, en liqueur ci- trique, et cette erreur n’estpas toujours atténuée quand on évapore préalablement le phosphate avec de Pacide azotique, au bain de sable, 2° La mème erreur ne se produit pas quand on dose l’acide phosphorique par précipitation préalable à l’état de phosphomolybdate d'ammoniaque. 3° L'accord entre les deux méthodes devient absolu quand on détruit la matière organique par calcination au rouge. — Ch. V. Zenger adresse une note signalant les perturbations atmosphériques qui se sont produites les 10 et 11 Septembre en certains points de l’Europe centrale, conformément à ses pré- visions. GC. MATIGNON. 30 SCIENCES NATURELLESs, — M. Alex. N. Vitzou, en poursuivant ses recherches sur la physiologie des lobes occipilaux, a pu découvrir la présence de cellules et de fibres nerveuses dans la substance de néoformation, chez le singe, après Pablation complète des lobes occi- pilaux depuis deux ans et deux mois, On sait que l'ablation totale des lobes occipitaux amène, chez le singe et le chien, une perte complète de la vue. En répélant cette expérience sur un singe, l’auteur à remarqué que l'animal commencait, vers le quatrième mois, à apercevoir les personnes et les objets, Au bout de deux ans et deux mois, le singe devenait capable d'éviter les obstacles. En répélant lopération, après avoir dénudé le crâne et enlevé avec précaution la couche fibreuse conjonclive qui fermail les anciens orifices de trépanation, l’auteur à pu voir l’espace occupé auparavant par les lobes occipilaux, rempli » complètement par une masse de substance nouvelle- ment formée dans laquelle on à pu constater la pré- sence de cellules nerveuses pyramidales et de fibres nerveuses. Ce fait démontre donc la possibilité de la régénération du tissu nerveux dans le cerveau, et, par là, l'amélioration, quoique très imparfaite, du sens de la vue. J. MaRTIN. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 17 Septembre 1895. M. Ferrand termine ses essais physiologiques sur la musique et conclut qu’elle est capable d'agir sur le lieu des sensations motrices et auditives et sur le lieu des images qui correspondentà ces sensations, capable, par conséquent, de susciter les idées sensibles et les » sentiments qui s'y raltachent. — M, le D'Corlieu lit un mémoire sur les anciens bâtiments de la Faculté de Médecine de Paris. SOCIETE ROYALE DE LONDRES SCIENCES NATURELLES NVilliam HR. Jack M. D. — Sur l'analyse des mouvements volontaires à l’aide de certains ins- truments nouveaux. — Le but de ces recherches était de déterminer la plus grande rapidité que pouvaient atteindre les mouvements volontaires et dans quelle mesure cette rapidité peut être affectée par l’âge et l'éducation; elles ont été limitées à l’étude des mou- vements des doigts qui ont été analysés au moyen de l'appareil enregistreur imaginé par le professeur Mac Kendrick, — Les mouvements étudiés ont été les suivants : {° La contraction simple d'un seul doigt; 2 la contraction simple des doigls se con- tractant simultanément; 3° les mouvements de l'écri- ture, Les expériences ont porté sur 25 personnes, dont deux constiluaient des cas pathologiques. Les sujets normaux comprenaient : 5 personnes qui avaient recu une éducation manuelle spéciale (musiciens), 9 qui avaient recuune éducation manuelle moyenne (gens cultivés), et 9 une éducation manuelle intérieure (ou- vriers habitués seulement à de gros ouvrages). Les vitesses données ne représentent pas les vitesses réelles des mouvements, mais les conditions expérimentales étant les mêmes pour tous les sujels, ces vitesses. peuvent être utilement comparées entreelles. Les résul- tats obtenus ont été les suivants — : Mouvements com- binés des doigts (aucun tracé n'a été pris sur les musi- ciens). 1° Chez les gens d’une éducation manuelle in- férieure, la vitesse est égale pour les deux mains, 2° Chezles gens d'une éducalion manuelle moyenne, la vitesse est plus grande pour la main droite; l'auteur, dont les deux mains ont élé également exercées, à la même vitesse avec les deux mains. 3° La vitesse est plus grande pour la main droite chez les gens d’éduca- tion manuelle moyenne que chez ceux d'éducation manuelle inférieure, # La vitesse de la main gauche est la même pour les gens des deux catégories, — Con- traction isolée d'un seul doigt : 4° La vitesse des deux premiers doigts est à peu près égale et supérieure à celle des troisième et quatrième doigts qui ont, eux aussi, une vitesse presque égale, 2 La vitesse de chaque doigt est pratiquement identique aux deux mains. 3° La vitesse des mouvements des doigts n’est pas modifiée d’une facon appréciable par l'éducation. 4° La vitesse des mouvements de flexion est,en moyenne, un peu plus grande que celle des mouvements d’exten- sion, mais, dans 2 cas sur les 8 qui ont été examinés, ces deux vitesses étaient identiques. 5° La vilesse des mouvements isolés des doigts est plus grande que celle de leurs mouvements combinés. — Mouvements de l'écri- ture : 1° La vitesse moyenne est pratiquement la mème chez les musiciens et chez les gens qui ont reçu une éducation manuelle moyenne, 2° Lavitesse des ouvriers est beaucoup moindre que celle des gens des deux autres dde: LE . + classes. 3° La vitesse est toujours très inférieure à celle … des mouvements combinés des doigts. 4° Les parties - courbes des lettres et des figures sont tracées plus len- “ tement que les parties rectilignes et la rapidité avec … laquelle une courbe est tracée varie, à peu près, comme £ le rayon de courbure. L'influence de l’éducation est S donc maxima sur les mouvements de l'écriture, mini- … ma sur les mouvements isolés des doigts. La rapidité - des mouvements diminue et la différence entre les diverses classes de sujets s’accroit à mesure qu'il s’agit 4 de mouvements plus complexes. — Influence de l’'äge. “ 4° La rapidité des mouvements de l'écriture diminue à “ mesure que l’on s'approche de la vieillesse. 2° Elle est maxima de 20 à 29 ans et décroît avec chaque décade “ à partir de ce moment. 3° Ce ralentissement est plus marqué chez les hommes qui n'ont pas d'éducation de . Ja main. L'influence de l’âge est beaucoup moins mar- quée sur les deux autres classes de mouvements. Les _ résultats fournis par les deux cas pathologiques (H. #1 ans, sclérose latérale; H. 50 ans, tremblement . des mains consécutif à une syphilis), ont été tout à fait semblables. Dans d’autres recherches, M. W. R. Jack a appliqué à l'étude des phénomènes de fatigue un nou- vel instrument qu'il a imaginé. Il consiste en une longue barre d’acier, fixée solidement dans un tenon de fer et portant à son extrémité, attachée par uncram- pon, une plaque de verre fumé de 6 pouces carrés. Elle est mise en mouvement par un électro-aimant, par le- quel passe le courant d’une batterie d'accumulateurs, -et fait par seconde 54 vibrations doubles. On adapte un ergographe de Mosso à l'instrument, dont la partie enregistrante peut lentement glisser sur des rails de dessous le levier enregistreur, qui inscrit les mouve- . ments du doigt chargé. Une série de contractions et de relàächements, partagés par les oscillations de la barre : . 1 ie er _èn de seconde, est ainsi enregistrée sur chaque plaque. Quatre sujets normaux et deux sujets patholo- giques ont été étudiés ; des séries de tracés ont été . pes avec des poids de 1/2kilog., 1 kg., et 2 kg. les montrent que la fatigue diminue à la fois l’inten- sité et la rapidité des contractions. Cette diminution est graduelle et uniforme avec de petits poids ; avec des poids plus considérables, elle se produit plus vite et ne suit pas une progression régulière. H. Charlton Bastiau F. R.S., Professeur de Cli- nique médicale à University College (Londres). — Note sur les relations des impressions sensitiveset des cen- tres sensitifs avec les mouvements volontaires. — Dansune communication récente à la Société Royale sur l'influence des nerfs sensitifs sur le mouvement et la nutrition des membres, MM. Mott et Sherrington ont misen lumière des résultats de la plus haute impor- tance. Ils ont montré que la section de toute la série des - racines Sensitives qui innervent un membre détermine immédiatement une paralysie motrice durable dans le membre ainsi anesthésié, L'interprétation de ces résul- tats semble à première vue très difficile. Les auteurs du mémoire, après avoir rapporté les vues que M. Bastian a émisesrelativement à l'importance fondamentale des im- pressions sensitives pour la production des mouvements volontaires, proposent l'explication suivante : « Nous pensons que ces expériences ont une portéeplus grande encore que ses arguments pour établir l'influence des sensations sur les mouvements volontaires, car elles in- diquent que, non seulement l'écorce, maistous les trac- setus nsitifs, depuis la périphérie jusqu’à la corticalité cérébrale, sont en activité pendant les mouvements vo- -Jontaires. M. Bastian ne peut accepter cette interpréta- tion, qui est encontradiction avec des faits d'ores et déjà nettement établis. Les recherches cliniques ont prouvé que, dans les cas d’hémianesthésie dus aux lésions ou aux troubles fonctionnels de la partie postérieure de la capsule interne, non seulementil n'ya pasparalysie des membres ainsi privés de toute sensibilité, mais encore il n’y a qu’une faible diminution de l'aptitude à accom- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 905 plir les yeux ouverts les mouvements les plus délicats. Ce qu'il faut donc expliquer, c’est : comment la section des racines sensitives détermine une paralysie que ne détermine, à aucun degré, la sectionintra-encéphalique des conducteurs sensitifs. Depuis plusieurs années, M. Bastian a soutenu, enopposition aveclesthéories gé- néralement acceptées, qu'il n’y avait aucune preuve de l’existence de centres moteurs dans l'écorce céré- brale ;tandis que, d’autre part, ilyavaitdes raisonsnom- breuses de supposer que les régions de l'écorce, que lon supposeêtre motrices, constituent en réalité des centres sensitifs du type kinesthétique. IL a tenté de montrer que les impressions sensitives et l’activité des centres sensitifs ont précisément le rôle attribué aux préfendus centres moteurs corticaux, et que c’est une erreur fon- damentale de supposer qu'il existe des centres moteurs corticaux pour l’accomplissement des mouvements vo- lontaires, à part des centres des mouyements réflexes. En d’autres termes, M. Bastian a soutenu qu'il n’y a de véritables centres moteurs que dans la protubérance, le bulbe etla moelle, et que ces centres peuvent être mis en activité par les excitations qui viennent, soit de l'écorce (mouvements volontaires), soit des appareils sensitifs périphériques (mouvements réflexes). C’est de la première catégorie de mouvements qu'il y a seule- ment à s’occuper ici. L'auteur a étéle premier, en 1869, à affirmer, en opposition avec les idées physiologiques alors en cours, l'existence decentres sensitifs distincts dans l'écorce cérébrale. Il a montré comment cette hypo- thèse suffisait àexpliquer les diverses formes detroubles dela parole, etil a été suivi dans cette voie par Broadbent,. Si l’on se place à ce point de vue, les mouvements d’o- rigine corticale peuvent se diviser en deux catégories : 1° les mouvements du langage, qui sont dus, comme on sait, à l’action combinée des centres auditifs et kines- thétiques ; 2 les mouvements des membres et les autres mouvements du corps, qui sont dus à l’action combinée des centres visuels et kinesthétiques. Les centres kines- thétiques semblent ne pas avoir d'action indépendante, mais réagir simplement à l'excitation qui leur vientdes centres auditifs ou visuels. — Mouvements de la parole. Lesimages qui constituent le mot semblent être princi- palement des images auditives, et, si les mots ont été prononcés, des excitations partant des centres auditifs doivent passer par des fibres d'association aux parties des centres kinesthétiques qui leur sont directement reliées, et constituent ce que l’auteur a appelé centres glosso-kinesthétiques, centres situés dans la partie postérieure de la troisième circonvolution frontale et à son voisinage, Si l’on admet, comme les faits ana- tomo-cliniques semblent l’établir, que la portion des cen- tres auditifs, destinés à l'enregistrement des images ver- bales, est située à la partie postérieure de la circonvo- lution temporale supérieure, les fibres d'association en question devraient passer, pour atteindre le centre glosso-kinesthétique au-dessous de l’insula de Reil. De cette région, les excitations combinées iraient atteindre, à travers la capsule interne, les véritables centres moteurs du langage, situés dans le bulbe. On a prouvé que des mouvements de la parole peuvent être paralysés par des lésions portant sur un point quelconque de cet ensemble de fibres et de cellules. Des lésions de l’un ou l’autre des deux centres sensitifs détermine l’aphasie tout aussi certainement que les lésions du centre bulbaire. Si la lésion porte sur le centre auditif verbal, elle produira la cécité verbale aussi bien que la perte de la parole; si elle porte sur le centre glosso-kinesthétique, elle produira seulement la perte de la parole. En opposition à la doctrine de la stricte localisation de l’aphasie, qui en fait un symp- tôme lié toujours et uniquement à une lésion de la troisième crconvolution frontale, l’auteur a depuis longtemps soutenu que des troubles exactement sem blables pouvaient résulter de la destruction des fibres commissurales en un point quelconque de leur trajet, ce qui fournit une explication des nombreux cas rap- portés par Meynert et d’autres auteurs où l’aphasie a 906 eu pour cause une lésion de l’insula de Reil. On sait, d'autre part, aepuislongtemps, que les lésions des fibres internonciales peuvent déterminer une paralysie des mouvements de la parole identique à celle causée par les lésions des centres moteurs bulbaires. Pour la lec- ture à haute voix, une autre série de centres entre en jeu. Les impressions visuelles provenant de la page imprimée, exercent leur action sur le centre visuel et sont transmises de là, par les fibres commissurales, à la partie du centre auditif où elles aboutissent, et de là, l'excitation transformée passe au centre glosso- kinesthétique, puis au bulbe. La conséquence, c’est que, lorsqu'une lésion porte sur les fibres visuo-audi- tives, le sujet est incapable de lire à haute voix, de nommer les objets ou même de simples lettres, bien qu'il puisse répéter immédiatement les mots ou les lettres qu'on prononce devant lui. Rien ne saurait mieux montrer qu'il faut localiser dans des centres sensitifs les excitations qui donnent naissance aux mouvements volontaires. — Mouvements des membres. Le sens visuel, dans le cas des mouvements des membres, joue le même rôle que le sens auditif pour les mouvements du langage. C'est dans une large me-. sure, grâce au sens visuel, que nous apprenons de nou- veaux mouvements ; les sensations visuelles sont, du reste, assistées dans cette tâche par les sensations kines- thétiques quileur sontassociées. Lorsque, dans la suite, nous voulons répéter un mouvement, ce désir s’accom- pagne d’une conception du mouvement, c’est-à-dire d’une réviviscence, dans la mémoiresubconsciente, des impressions visuelles et kinesthétiques qui sont liées à cemouvement. Les mouvements des membres comme les autres peuvent être paralvsés soit par des lésions organiques, soit par des troubles fonctionnels. — A. Lésions organiques. Si les centres kinesthétiques en relation avec le membre sont détruits, la paralysie du membre en résulte en même temps que la perte du sens musculaire et de toutes les impressions kinesthé- tiques. Jusqu'à présent, il n’y a pas d'exemples, chez l'homme, de paralysie des mouvements des membres consécutifs à une lésion du centre visuel ou des com- missures qui existent entre lui et les centres kinesthé- tiques, comparables à la paralysie des mouvements de la parole consécutive aux lésions du centre audi- tif ou des fibres commissurales audito-kinesthétiques, sauf cependant en un cas, celui des mouvements de l'écriture. Mais ilest certain que la destruction du centre visuel verbal gauche rend incapable le sujet d'écrire un mot ou même une simple lettre. Des expé- riences sur des animaux tendent à montrer que la sec- tion des fibres visuo-kinesthétiques détermine la même paralysie des membres que la destruction des centres kinesthétiques eux-mêmes. M. Marique a constaté, et ses résultats ont été confirmés par MM, Ener et Paneth, que l'isolement des centres kinesthétiques, par la sec- tion des fibres qui les unissent aux autres centres sen- sitifs de l’écorce détermine une paralysie identique à celle que cause l’extirpationde ces soi-disant centres moteurs, Marique a, de plus, constaté que les mêmes contractions musculaires étaient produites par l’exci- tation électrique des centres kinesthétiques après qu'ils avaient été ainsi isolés, ce qui montre qu'ils avaient conservé leur excitabilité et leur connexion avec les faisceaux pyramidaux. — B. Troubles fonction- nels. Les troubles fonctionnels déterminant la pa- ralysie des membres peuvent siéger soit dans Île cerveau, soit dans la moelle : a. Troubles fonctionnels cérébraux. À cette catégorie appartiennent les cas de paralysie hystérique, où des troubles temporaires dans la nutrition des centres kinesthétiques déterminent l'apparition de troubles moteurs temporaires et curables (monoplégies, hémiplégies ou paraplégies), toujours associés à une perte correspondante du sens musculaire et à des troubles plus ou moins marqués de la sensibilité générale. Ces formes de paralysie fonctionnelle sont souvent combinées avec une hémi- anesthésie complète, simple ou double, due probable- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ment à des troubles de nutrition de la région sensitive de la capsule interne. Dans certains cas, les malades peuvent accomplir des mouvements aussi longtemps qu'ils ont les yeux ouverts; mais ils deviennent inca- pables des mouvements les plus simples dès qu'ils ont les yeux fermés. Ces’ faits peuvent s’expli- quer par l'existence de troubles de nutrition moins marqués des centres kinesthétiques, Ces centres pourraient fonctionner sous l'influence de l’excita- tion plus forte qui leur viendrait des centres visuels lorsque leurs yeux sont ouverts, tandis qu'ils ne pour- raient être mis en action par des excitations plus faibles que leur transmettent les centres visuels lorsque leurs yeux sont fermés. — b. Troubles fonction- nels médullaires. C’est dans cette catégorie qu’à l’opi- nion deM. Bastian, viennent se ranger les formes de paralysie qu'ont déterminées MM. Mott et Sherrington par la section de toutesles racines sensitives des nerfs qui se rendent à un membre. On connaît depuis long- temps des formes de paralysie due à des lésions por- tant sur les grandes cellules de la corne antérieure, résultant, par exemple, de la poliomyélite, L'auteur a cherché à établir qu'ilexiste des cas de paralysie fonc- tionnelle de types médullaires, qui sont dus à des troubles fonctionnels des mêmes régions de la moelle, qu'il faut distinguer nettement des troubles d’origine cérébrale, désignés d'ordinaire sous le nom de troubles hystériques. Les expériences de MM. MottetSherrington semblent fournir la preuve expérimentale de l’exis- tence de l’une de ces formes de paralysie fonctionnelle d’origine spinale, Au lieu d’une activité fonctionnelle diminuée des centres kinesthétiques cérébraux, nous avons affaire ici à une activité fonctionnelle diminuée des centres moteurs de la moelle, de telle sorte qu'ils ne sont plus capables de répondre aux excitations qui viennent de l'écorce. Tous Îles détails fournis par MM. Mottet Sherrington concordent avec l'hypothèse que l’animal n’est point devenu incapable de vouloir, mais que les centres moteurs sont, en raison du défaut d’excitation provenant de la périphérie, devenus inca- pables de réagir aux excitations d’origine corticale. Le fait que la paralysie n'apparaît que lorsque toutes les racines sensitives sont coupées et qu’elle va crois- sant de la racine à l’extrémité du membre, le fait aussi que les mouvements les plus indépendants et les plus délicatement adaptés qu'emploient les masses mus- culaires plus petites et plus individualisées du pied et de la main, sont ceux qui sont les plus complètement entravés, bien qu’ils puissent sembler confirmer lin- térprétation de MM. Mott et Sherrington, à savoir que c'est la volition même qui est ici lésée, s’expliquenttout aussi bien dans l’hypothèse de l’auteur: on le com- prendra si on a présent à l'esprit le chevauchement des champs d’innervation des racines sensitives et le fait que les excitations très délicates qui vont à de très petits muscles doivent être, de toutes, les plus impuis- santes à mettre en activité les centres médullaires pa- resseux., MM. Mott et Sherrington ont constaté que, lorsque l’animal pouvait être amené à « lutter », les mouvements reparaissaient, par exemple lorsqu'il se débat parce qu'on le tient maladroitement. Le fait peut s'expliquer dans l'hypothèse émise ci-dessus. Les muscles, incapables de réagir aux excitations volition- nelles ordinaires, peuvent répondre à ces excitations lorsqu'un appoint émotionnel les rend plus intenses. L’excitation électrique des centres kinesthétiques dé- termine aisément des mouvements du membre dont toute l’innervation sensitive a été ainsi supprimée. Mais c’est que cette excitation électrique doit être dif- férente de celle qui se transmet normalement de l’écorce aux centres moteurs de la moelle pendant un acte volontaire. Ces faits et les interprétations qu’en donne l’auteur montrent qu’on est arrivé à une po- sition bien différente de celle où l’on était placéil y a vingt ans, alors que l’on considérait les centres corticaux des mouvements volontaires comme de véritables centres moteurs. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM La Société vient de recevoir les communications suivantes : 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — Rapport sur le mémoire - de M. M. van Overeem, Jr. : Sur les points remarqua- bles des polygones inscriplibles. Ce mémoire forme un - nouveau supplément à la géométrie moderne du . triangle étudiée dès 1873. Tandis que MM. Fucker, _Neuberg et Casey ont étendu la géométrie dutriangle, et surtout les propriétés du cercle de Brocard, aux É polygones harmoniques, que l’on obtient en appliquant … sur les polygones réguliers la transformation par — rayons vecteurs réciproques, l’auteur étend à des poly- 1 gones inscriptibles les propriétés qui se rapportent à La droite d'Euler et au cercle des neuf points. — À M. J.-A.-C. Oudemans offre le tome IV de sa Triangu- …_ lation de Java (examen minutieux des instruments, } étude judicieuse des fautes de division, détermination L.-d FM" | de la longitude de Batavia par rapport à Greenwich, FT 445,5). 2% SciENCES PHYSIQUES. — M. J.-D. van der Waals con- tinue son étude des caractères distinctifs par rapport à la - forme de la courbe de plissement dans le cas d’un mé- … ange de deux matières (Rev, gén.des Sc. VI, p.648). D'a- è bord, il donne une déduction nouvelle de l’équation différentielle de la courbe. Ensuite, il trace le chemin qu’on aura à suivre pour parvenir à la connaissance de … p, V, = à l’état critique, en fonction de x, æ et 1 — x indiquant le rapport des deux matières constituantes. — M. H. Kamerling Onnes présente une note de - M. J.. Verschaffelt (Gand) sur l'ascension des gaz liquéfiés dans un tube capillaire. Les expériences ont été entreprises dans le but de soumettre à une nou- - velle vérification la théorie de la capillarité, donnée » par M. van der Waals. Les gaz employés sont l’anhy- dride carbonique et le protoxyde d’azote; ces gaz, qu'on trouve dans le commerce, ont été purifiés d’après un - procédé déjà décrit de M. Kuenen. La méthode d’ob- - servation est essentiellement la même que celle em- ployée par M. de Vries, dans ses recherches sur la ten- - sion superficielle de l’éther. Les observations ont été - faites au voisinage de la température ordinaire et à la température d’ébullition du chlorure de méthyle (en- viron-24°). L'énergie superficielle a été calculée au moyen de la formule & = 9 (çv — pa) r; la hauteur d'ascension vraie est déduite de la hauteur observée en y apportant deux corrections relatives aux ménis- ques; les densités # et pa ont été empruntées aux tra- vaux de MM. Cailletet et Mathias. ‘3 ; Anhydride carbonique Protoxyde d'azote t— "200,9 oc — 1,00 ergs GEL o— 1,14 ergs 15932 ,82 140,4 2,50 8°,9 2,90 —249,0 992 D'après M. van der Waals, les valeurs de & doivent vérifier la formule 5 — A (1 — m}", m étant la tempé- rature réduite, À et B des constantes indépendantes de Ja nature des liquides; au voisinage de la tempéra- ture critique, B doit être égal à = Or, les résultats précédents sont parfaitement représentés par une pa- reille formule si l’on pose : , Pour CO? ; Pour Az?0 : log A — 1,934 log À — 1,945 Bai B —1,333 Les valeurs des constantes sont sensiblement les mêmes que pour d’autres liquides; les valeurs de B sont même plus rapprochées de la valeur théorique. 2 M; ; L'énergie superficielle moléculaire est ox = 6 2 (gv)s sa dérivée par rapport à { doit avoir même valeur pour ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 907 tous les liquides non associés. Pour CO?, on trouve 2,22, et pour Az?0 2,20, deux nombres très rapprochés de la valeur moyenne 2,27 trouvée par MM. Ramsay et Shields. — M. A.-P.-N. Franchimont présente les résultats de l’examen de M. C. Lobry de Bruyn sur la préparation et les propriétés de l’hydrazine libre. L’hydrazine libre AZ2H*, dont les sels et l'hydrate Az-H60O ont été découverts par M. Curtius, était in- connue jusqu'ici. L'auteur a préparé cette base : 1° en décomposant le sel Az2H*HCI dissous dans l'alcool méthylique absolu, au moyen de méthylate de sodium; 2° en chauffant l’hydrate avec de l’oxyde de baryum à une température de 1009 (voir Recueil, t. XIII, p. 433; t. XIV, p. 88). L’hydrazine libre est un Hquide un peu épais, présentant [a même odeur que l’hydrate. Elle peut être portée à l’ébullition sans subir une décom- position. Son point d’ébullition est de 413°,5 à 761 mil- limètres, et de 56° à 71 millimètres, Refroidie dans un mélange de glace et de sel, elle se solidifie; son point de fusion est environ <- 2°,3, Le poids spécifique (d a) est de 1,0075, par conséquent à peu près égal à celui de l’hydrate (qui bout à 119). Exposée à l'air, la base fume fortement et s’oxyde facilement en faisant naître de l'azote. Elle brèle à l'air. L’hydrazine est de beaucoup plus stable que l’hydroxylamine, et, con- trairement à cette base, non explosive.Les particularités ultérieures de cette recherche qui se continue seront publiées bientôt dans le Recueil des travaux chimiques des Pays-Bas. — M. J.-M. van Bemmelen fait une seconde communication se rapportant à ses recherches détaillées sur la forme de la courbe isotherme (p, €) de l'hydrogel de l'acide silicique à 15° (p = pression de la vapeur d’eau, « — teneur en eau de l’hydrogel), savoir la courbe de déshydratation, de rehydratation et de redéshydratation. Sur cette courbe, il a trouvé un point singulier, où le gel homogène se trouble et devient opaque, pour redevenir translucide après, et où la courbe prend sur une certaine étendue un cours presque horizontal. Il fait voir comment la po- sitio de ce point remarquable de la courbe varie avec les modifications que l’hydrogel a subies, dépendantes de l’état initial (à son tour variable avec la méthode de préparation du gel}, de l’âge du gel et de la marche plus ou moins accélérée de déshydratation. Encore, la position de ce point détermine le cours du reste de la courbe d’hydratation jusqu'à la pression zéro, et de même le cours des deux autres courbes de rehydrata- tion et de redéshydratation. Enfin, l’auteur démontre quelles parties de la courbe sont réversibles et quelles parties ne le sont pas. Sur les dernières, il a remarqué un phénomène d’hystérèse, fait probablement nou- : veau en chimie, — M. E. Mulder présente deux mé- moires : 4° sur des compositions dérivées de l’acide tartrique, et sur l’acide pyro-tartrique para; 2° sur l'influence perturbatrice de l'acide sulfureux de la flamme du gaz d'éclairage sur la détermination quali- tative et quantitative de quelques matières et sur une méthode à y porter remède. 30 SCIENCES NATURELLES, — Rapport sur le mémoire de M. H.-J. Hamburger sur un appareil qui permet d'étudier les lois de filtration et d’osmose de fluides constants à travers des membranes homogènes. L'au- teur se sert de membranes artificielles de gaze métal- lique plongée. dans une solution de gélatine ou de col- lodion. — M. K. Martin fait une communication sur le terrain tertiaire de Java. Il indique où l’on trouve les dépôts quaternaires, le pliocène, le miocène plus récent, et en conclut qu'en général, les couches nou- velles se sont formées à l’extérieur des couches exis- tantes, ce qui exige que, depuis le temps du pliocène plus récent, un déplacement négatif de la plage ait mis à sec les dépôts miocène, pliocène et quaternaire. D’a- près les fossiles de Njaliendoung, trouvés à une hau- teur de 910 mètres au-dessus de la mer, ce déplace- ment doit avoir été très considérable. Ensuite, M. Mar- tin communique que MM. Wing Easton et J. Bosscha 908 lui ont envoyé des fossiles intéressants] de Bornéo occidental, qui prouvent que ces terrains sont des couches mésozoïques, — M. M.-W. Beyerinck s'occupe de la biologie de Cynips calicis, sa métamorphose (gé- nération alternante) et ses galles. — M. B.-J. Stokvis présente la thèse du D' Langemeyer : Sur l'influence de la nutrition avec du sucre sur le travail musculaire. A l’aide de l’ergographe de M. A. Mosso, l’auteur trouve le résultat négatif des chiffres suivants en travail ergographique, CHRONIQUE L'UNIFICATION DES MÉTHODES D’ANALYSE DANS LES TRANSACTIONS DE LA SUCRERIE Les chimistes de sucrerie se préoccupent plus que jamais du dommage que cause, aux transactions de leur industrie, l'absence d’unification des méthodes des- tinées à déterminer la richesse saccharine des sucres. Et, tout récemment, l'Association de ces savants a fait place aux réclamations de ses membres en publiant, à . ce sujet, les résultats tout à fait discordants de méthodes diverses !, La question est trop importante pour que nous la passions ici sous silence. Avant d’être vendus aux raffineurs, les sucres sont, de la part de la Régie, l’objet d’une analyse qui fixe la richesse saccharine de chaque lot(100 sacs de 100 kgs.) et détermine ainsi l'impôt à payer, D’autre part, les raffineurs font faire l’analyse des mêmes sucres par des chimistes agréés du commerce,'et c’est celte ana- lyse qui sert de |base au prix d’achat. | La méfiance à l'égard de la Régie semble à priori singulière, Elle s'explique cependant par ce fait que les chimistes du commerce indiquent toujours un rendement en raffiné sensiblement inférieur au rende- ment donné par la Régie. Peut-être l’écart est-il dû à la différence des méthodes d'analyse, Méthode de la Régie. — La méthode adoptée par la Régie a été instituée par deux chimistes d’une compé- tence indiscutable et indiscutée, MM. Riche et Bardy: On pèse 32 gr. 40 de sucre, on dissout dans 200 centi- mètres cubes d'eau. Sur 100 centimètres cubes on dose le sucre °/,; puis, sur les 100 centimètres cubes, préalablement filtrés, on dose les cendres parincinération de 10 centimètres- cubes de liqueur. Les 10 centimètres cubes représentant un certain poids de la prise d'échantillon, on en déduit aisément, après l’incinération, le pourcentage des cendres du sucre ana- lysé. Pour obtenir le rendement en raffiné, on multiplie ces cendres par le coefficient 4, et l'on retranche le produit du sucre °/,. Méthode du Commerce. — Cette méthode offre ceci de commun avec la précédente que le pourcentage du sucre, au début de l'opération, s’y détermine de la même manière, Mais la suite du procédé est différente : On pèse 5 grammes de sucre, qu'on incinère ; on en déduit les cendres °/, que l’on multiplie par le coefficient #4; la dif- érence entre le produit ainsi obtenu et le taux du sucre °/, donne le rendement en rafliné, Comme on le voit, la méthode de la Régie indique seulement les cendres solubles, les seules intéres- santes, puisque le sucre, devant être raffiné, est d'abord refondu, puis filtré. — Au contraire, la méthode du Commerce donne les cendres totales, Les raffineursont évidemment tout avantage à recou- rir à ce mode d'évaluation. Aussi, malgré les réclama- tions de M, le sénateur Macherez, se sont-ils énergique- ment opposés à l’unification des méthodes d’analyse, 1 Bulletin de l'Association des Chimistes de Sucrerie, n° de juillet 1895. Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 11. CHRONIQUE Le matin (sans sucre)........ 13,200 (moy.de 17 expériments) ; L’ap.-midi (avec 100 gr.sucre) 12,642( » » » Le matin (sans sucre)....... 13,322( » 11 » Y4 L’ap.-midi (avec200 gr.sucre) 12,483 ( » » » ) Travail ergographique depuis 9 h. 30 jusqu'à 5 h. 30 : . Jours sans sucre : main droite 168,640 ; main gauche 185,388 » avec 250 gr. » 147,486 » 154,628 M. Th.-W. Engelmann présente le mémoire Die Physio- logie des Geruchs (la Physiologie de l’odorat), de M. H. Zwaardemaker. P.-H. SCHOUTE. : Il résulte de cet état de choses que l'impôt dont est grevé le sucre vendu par le fabricant porte sur une quantité de matière supérieure à celle que paie le raffineur. L'’anomalie est flagrante, d'autant plus préjudiciable au fabricant que la différence entre la quantité impo- sée et la quantité sur laquelle se fait le paiement, est parfois très considérable. Il arrive, par exemple, qu’un sucre se trouve titré à 88° pour l'impôt, alors que le raffineur ne paie ce même sucre que suivant le titre de 85°, On nous communique à ce sujet quelques chiffres (tableau 1) déterminés sur les mêmes produits | par la Régie ct par le Commerce : TABLEAU I. — ANALYSES Régie Commerce SUCRES ROUX (3° jet) 1 SUÉTE RE Te ane ae FO Cendres Rendement en raffiné 95,04 1.465 89°280 92.95 2.46 Voici encore (tableau Il) quelques rendements : TaBLeAU II. — RENDEMENTS Régie | Commerce Rendement........ race Vs : 89.63 88.70 ET - Data ato ANS CD OS = 90.12 88.10 Dent re RAT Ne nero Re È 88.15 S5 A CCE A 89.20 85.67 Ces chiffres se passent de tout commentaire !, Et une conséquence s'impose : il faut réglementer l’ana- lyse des sucres, instituer l'unification de cette opé- ration. Nous voudrions appeler sur l'urgence de cette réforme l'attention des hommes de science qui siègent à la Chambre et au Sénat: c’est à eux surtout qu'il appar- tient de la proclamer. Is le feraient d'autant plus utile- ment pour le bien public que, jusqu’à présent, la puis- sante voix des raffineurs semble avoir couvert, au Parlement, les justes doléances de la sucrerie française” et de ses chimistes. Louis OLIVIER. 1 A la vérité, les différences sont plus grandes sur les : sucres roux que sur les blancs, mais il faut pourtant bien que le sucrier écoule son « cinquième restant », seule partie de. la fabrication qui, de par les conditions de la loi de 1884, laisse quelque bénéfice. Le Directeur-Gérant : LouIS OLIVIER -6° ANNÉE N°20 30 OCTOBRE 1895 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER L’'ENTROPIE, SA MESURE ET SES VARIATIONS PREMIÈRE PARTIE Science, ordered knowledge. H. Wap. Antérieurement aux travaux du physicien alle- - mand Clausius, il n’élait question, dans les recherches relatives à la chaleur, que de tempéra- ture et de quantité de chaleur. Clausius a défini une troisième espèce de grandeur physique, l’en- tropie ‘, dont il est fait aujourd’hui un certain usage, surtout à l'étranger, dans des théories chi- miques importantes. L'entropie exprime une _ notion essenlielle sans laquelle il n’est point pos- sible de marquer les traits communs aux phéno- mènes de la chaleur et à ceux du mouvement, sans laquelle, par conséquent, il est aussi impos- sible de préciser que de faire bien comprendre les principes de la science de l’énergie. La considération de l’entropie n'est pas seule- ment indispensable, au point de vue théorique, pour combler, dans le domaine des idées générales, une lacune aussi importante que celle qui résul- terait de l'absence d’idée de force ou de travail en Mécanique. Elle est aussi nécessaire au point de vue pratique : au professeur, elle permet d'apporter l'ordre, la rigueur et en même temps la simplicité dans l’exposé des principes de la Thermodyna- mique et dans la démonstration de ses théo- rèmes; au savant, physicien ou chimiste, elle pro- cure un outil d’un maniement plus facile que les formules usuelles, elle facilite l'application des © 4 C'est aussi la fonction thermodynamique de Rankine, REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. MÉTHODE , LOIS FONDAMENTALES principes de Carnot, dont l’entropie n'est, au fond, que l'expression condensée ; bien plus, elle lui impose l'obligation de tenir compte de ces prin- cipes, s’il pouvait être tenté de s’y soustraire. Cependant, ni dans les recherches de labora- toire, ni dans l’enseignement, la notion de l’en- tropie n’occupe la place qu’elle devrait avoir. Subordonnée, dans les exposés didactiques, au principe de l’équivalence entre la chaleur et le travail, principe qui a trait pourtant à un ordre de choses très différent, reléguée dans les fins de chapitre, elle n’est, en général, considérée que comme une fonction exclusivement mathéma- tique, une intégrale conventionnelle, dépourvue de toute signification physique, mais qui, par le plus grand des hasards, apporte une simplification dans l'écriture des formules dont la Thermodynamique se trouve si abondamment pourvue. Aussi bien le physicien et surtout le chimiste attribuent-ils à l'entropie juste autant de valeur objective qu'à la quatrième dimension de l’espace. Quant aux lois explicites de ses variations dans les différentes catégories de phénomènes, elles sont à peine tou- chées, ou même considérées comme douteuses, alors que, masquées sous la forme du principe de Carnot, elles sont accueillies et appliquées sans hésitation. Enfia la fonction même de l’entropie, comme devant servir à caractériser le pur changement thermique, est généralement passée sous silence. 20 910 I. — CONSIDÉRATIONS DE MÉTHODE. L'étude sommaire que nous présentons je, dontle germe se trouve dans notre étude antérieure sur l'œuvre de Sadi Carnot !, a déjà élé esquissée dans une note subséquente ?; elle est une tentative pour suppléer, dans une certaine mesure, à l'in- suffisance des explications courantes sur les prin- cipes de la chaleur. Nous chercherons à donner de l'entropie une définition simple, mais rigou- reuse, surtout une définition qui fasse bien sai- sir son caraclère de grandeur physique, de gran- deur concrète, et qui permette de justifier le rôle essentiel qu’elle joue dans les phénomènes de tous ordres : mécaniques, physiques, électriques, chi- miques, etc. Nous nous astreindrons, pour atteindre ce but, aux règles suivantes : Premièrement, suivre la filiation naturelle des idées et le développement logique de la connais- sance en se gardant principalement d'appuyer les lois de la science pure de la chaleur sur les théories plus complexes de la Thermodynamique, science des relations entre la chaleur etle mouve- ment. Secondement, appliquer strictement la méthode positive, quiinterdit tout recours, dans l'explication ou l'interprétation des phénomènes, à des entités métaphysiques aussi bien qu'à des hypothèses sur la constitution de la matière el la nature intime de la chaleur. Troisièmement, éviter de réduire, par contre, la science de la chaleur à un aride enchainement d'é- quations,etproscrire autant que possible les formu- les mathématiques. Non seulement inutiles dans les exposés de principes, celles-ci sont même nuisibles en ce qu'elles contribuent à développer une sorte de paresse, sinon d'impuissance intellec- tuelle, vis-à-vis de tout ce qui n’est pas une combi- naison de lettres, de chiffres et de symboles, c’est- à-dire vis-à-vis du réel. La méthode qui nous inspirera sera cependant la méthode mathématique, parce qu’elle sera dé- ductive, analogue à celle que l’on suit dans la Géométrie, dans la Mécanique, à celle qui ouvre au chercheur scientifique des voies nouvelles ?, et qui, dans l’enseignement, seule permet de conden- ser les faits et de décharger la mémoire des élèves. Un mot sur cette méthode, qu’on est tenté par- fois de rejeter quand il est question des sciences physiques, parce qu'on ne la juge applicable 1 Voyez la Revue du 15 juillet 1892, t. III, p. 465 à 472. 2 Comples rendus de l’Académie des Sciences (26 fé- vrier 1894). 3 Les fondateurs de la science de la chaleur, Black et Sadi Carnot ont procédé par déduction, G. MOURET — L’ENTROPIE, SA MESURE ET SES VARIATIONS EEE —————_ _——_— —_—’—’_'— ——_— _—_—_—_— << — phénomènes du monde extérieur, et que ce que qu'aux seules vérités mathématiques, soi-disant ürées de la raison pure. Elle consiste à prendre pour point de départ les inductions les plus éten- dues, les axiomes généralissimes de Bacon, qu'on. appelle axiomes en Géométrie, principes en Méca- nique, et lois fondamentales dans les sciences plus complexes et d'origine plus récente. Toute science achevée, et c’est le cas de la science de la chaleur, du moins de cette partie dela science qu'on peut appeler statique thermique, ne comporte plus, en effet, de lois empiriques, provisoires ou approxi- matives, lois régissant des cas spéciaux et n'ayant pas d'autre portée, elle ne comporte que des lois fondamentales qui sont celles régissant les cas les plus simples et desquelles cependant on peut tirer par le” raisonnement, en les combinant les unes aux autres, conformément aux principes de la logi-. que, les règles applicables aux cas les plus com- plexes. Ce sont des lois générales, si l’on veut, non. parce qu'elles s’appliqueraient à un phénomène. quelconque, — elles ne s’y appliquent pas isolé- ment considérées, — mais parce qu'elles sont d’un emploi obligatoire pour traiter un phénomène quelconque, c’est-à-dire démontrer un théorème : général. Lois générales quant à leur utilité, elles sont particulières quant à leurs objets. Hätons-nous d'ajouter, pour ne pas être taxé de métaphysique, que les lois fondamentales n’ont, pas, plus que les lois empiriques, un caractère de nécessité rationnelle; comme celles-ci, elles sont tirées des faits. Ce ne sont pas dés principes évi- dents par eux-mêmes, car l'évidence ne peut être dite que des raisonnements; ce ne sont pas davantage des intuitions que nous sortons de. notre propre fonds, puisque ce sont des lois des nous appelons le monde extérieur, c’est tout ce qui. ne vient pas de nous, échappe à notre pouvoir et. limite notre activité. Ce sont donc des lois expé- rimentales. Souvent, il est vrai, ce ne sont que des lois théoriques, s'appliquant, comme les prin- cipes de Newton, à des cas trop simples pour se trouver réalisées dans la Nature ou être réali- sables, mais même ces lois théoriques doivent comporter une vérification par l'accord des con- séquences qu'on en lire avec l'observation des faits. Ce sont, d'ailleurs, dans ces cas théoriques, comme dans les autres, des lois el non de pures hypothèses qui concordent avec les faits. Ces lois ont une valeur positive; ce sont des lois imposées par les faits, des lois nécessaires en ce sens que non seulement les conséquences lirées deces lois s'accordent avec ce que nous apprend l’observa- lion ou l'expérience, mais encore que les consé- quences logiquement tirées de la négation de ces lois sont G. MOURET — L'ENTROPIE, SA MESURE ET SES VARIATIONS 911 7 opposé des faits. Une loi nécessaire au point de vue positif n’est autre qu’une loi dont la négative, ‘sans être inconcevable, puisqu'elle résulte d'une déduction logique, est incompatible avec les faits. Cette impossibilité de la négative est le critérium qui permet de séparer la loi de l’hypothèse. =. D'autre part, on comprend qu'il existe une infi- nité d'énoncés généraux qui contiennent l'en- sembledes faits et dont la négation estincompatible avec ces faits. Tous ces énoncés, possibles comme lois, comportent une partie commune, et c’est “celle-ci qu'il faut extraire et présenter comme La loi véritable, si l’on ne veut dépasser les faits. Les faits, rien que les faits. C'est pourquoi l’on “3 dire, avec le Professeur Mach, que les lois fondamentales ne sont ou ne dent être que “le mode le plus simple, le plus abrégé, le plus r économique, d'exprimer les faits dans les li- -mites de précision que comportent nos observa- “tions et nos expériences. Les lois de la Nature sont - simples surtout parce que nous choisissons, parmi - tous les modes possibles de les exprimer, le mode le plus simple. Les lois fondamentales sont ou doivent être uniquement établies par induction; la méthode - déductive n’exclut donc pas la méthode inductive; elle lui succède. La déduction suppose une induc- Lion préalable. Toute science, comme l’a si bien montré le grand philosophe que nous venons de citer, passe par deux phases: l’une où l’on remonte par induction des faits particuliers sans cesse accumulés aux lois fondamentales que la philoso- | phie de la science en dégage ; l autre où l’on redes- -cend déductivement des lois fondamentales aux théorèmes généraux qui englobent les faits particu- liers observés antérieurement el des faits particu- liers non encore observés. La science revient alors à - son point de départ, mais en l’élargissant d'une ma- nière illimitée. En ce qui concerne lascience de la chaleur, grâce aux travaux de Sadi Carnot, Robert Mayer, Joule, William Thompson, Clausius, Helmholtz, Gibbs, Berthelot, eic., il faut consi- dérer la période d'induction comme terminée. Les lois fondamentales sont atteintes et vérifiées ; on peut même admettre qu'elles ont subi l’œuvre du: temps et que leur exactitude se trouve être désor- mais à l'abri de toute discussion. Sans doute, il reste encore à en donner, ce que nous essaierons de faire, des énoncés à la fois simples et précis, n'empiélant pas les uns surles autres; mais ne - peut-on pas en dire autant des principes de la Mé- canique? Dans cet essai, nous ne nous préoccuperons | donc point d'établir la validité des lois fondamen- - tales de la chaleur. Nous admettrons ces lois, . comme en Mécanique on admet les principes de Galilée et de Newton. À la marche historique généralement suivie, mélange confus d’induction et de déduction, nous substituerons une marche rationnelle du simple au composé. Elle seule con- vient à notre but, qui est de donner au lecteur scientifique au courant des fails principaux, mais peu versé dans les mathématiques, une idée d'ensemble, correcte et précise du phénomène thermique, et de faciliter à l'étudiant l'entente, entre autres, des beaux ouvrages de MM. Ber- trand, Lippmann et Poincaré sur la Chaleur et la Thermodynamique. II. — LES LOIS FONDAMENTALES. Les lois fondamentales dela chaleur, considérée au point de vue statique, en dehors des conditions de sa propagation, ne sont qu'au nombre de quatre, abstraction faite de la loi de continuité qui régit tous les phénomènes physiques sans exception. Les deux premières lois, parfois énoncées vague- ment et alors admises comme évidentes par elles- mêmes, sont plus généralement passées sous silence. Elles ont trait, l’une à l'égalité de tem- pérature ou équilibre thermique, l’autre au phé- nomène de conduction de la chaleur qui s'opère entre des corps à des températures différentes. Ces lois sont les suivantes : Le LOr FONDAMENTALE. — Deux corps, respectivement en équilibre de température avec un troisième, sont en équilibre entre eux. 2 LOL FONDAMENTALE. — Quand la chaleur passe, par conduction, d'un corps à un autre, par l'intermédiaire d'un troisième corps qui revient à son état initial en sui- vant le même cycle qu'à l'aller ?, l'état final de l'un des deux corps ne dépend que de l ‘état final de l'autre corps, et est le même que si la chaleur avait passé directement d'un corps à l'autre. On tirerait de ces lois la justification de la concordance des mesures faites avec des thermo- mètres différents, en ce qui concerne la tempéra- ture, — avec des calorimètres différents, en ce qui concerne la quantilé de chaleur. Nous considére- rons ces deux points comme acquis, el nous Sup- poserons que la température et la quantité de chaleur répondent à des notions connues el rigoureusement définies. Les deux autres lois sont d'origine moins an- cienne; elles sont contenues implicitement dans les principes établis par Carnot. Elles n'ont pas encore conquis leur autonomie parce qu'elles se trouvent enchevêtrées dans les principes de la Thermodynamique, mais il est facile de les en dé- ES PS PP 1 Ces corps étant astreints à suivre des cycles déterminés. ? Dans la loi de conservation du calorique due à Black, on omettait cette condition essentielle du retour par le mème chemin. 912 G. MOURET — L'ENTROPIE, SA MESURE ET SES VARIATIONS gager, et si ce travail n’a pas encore été fait, c'est que l'attention des auteurs s’est portée plus sur le développement de la science que sur la critique de ses principes. Ces deux lois régissent les échanges de chaleur qui s'opèrent entre des sources de chaleur à des températures fives et déterminées, à l'aide de machines thermiques en rapport uniquement avec des systèmes ré- versibles. Voilà trois notions fondamentales, réversibililé, sources de chaleur et machines thermiques, bien con- nues, et sur lesquelles cependant il ne sera pas inutile de donner quelques explications avant d'é- noncer les lois qui y ont rapport. $ 1. — Réversibilité. La notion de changements réversibles est due à Sadi Carnot. Est réversible toule transformation d'un corps, toute opération sur un système, qui peut se faire indifféremment dans les deux sens, de l’état inilial à l’état final, et de l’état final à l'état initial, le corps ou le système repassant erac- lement au retour par les mêmes états intermédiaires définis par la pression, le volume, la tempéra- ture, etc.) qu'à l'aller. Un exemple simple de réver- sibilité est la chute d'un corps : si ce corps ren- contre un obstacle parfaitement élastique, il re- bondil jusqu'au point d’où il était tombé, et il possède, dans son mouvement ascensionnel, en un point quelconque, la même vitesse en valeur abso- lue que celle qu'il avait, au même point, dans sa chute. Est àrréversible toute transformation d’un corps, toute opération sur un système qui ne peul s'ac- complir que dans un sens déterminé, de sorte que, pour revenir à son élat inilial, le corps ou le sys- tème ait à suivre nécessairement un cycle différent de celui qu'il avait suivi de l’état initial à l'état final. Parmi les transformalions irréversibles, on peut citer les déformations des systèmes matériels qui comportent des frottements, des corps vis- queux, les combinaisons chimiques, les courants électriques dans un conducteur, etc. Le phéno- mène de la conduction offre un exemple frappant d'irréversibilité, car la chaleur ne peut remonter directement d'un corps froid à un corps chaud. Ajoutons, pour prévenir toute confusion, qu’une opération irréversible peut être entièrement com- posée de transformations réversibles des corps sur lesquels on opère ; c’est précisément le cas d’un phénomène de conduction entre des sources de chaleur, car les pertes et gains de chaleur de ces sources, isolément considérées, sont des transfor- malions réversibles, bien que le phénomène de conduction, c'est-à-dire la corrélation entre ces pertes et gains, soil irréversible !. 1 Ce serait peut-être un abus de langage de conclure de là Parmi les transformations réversibles d'un corps detempérature el pression uniformes, on dis- tingue les transformations adiabatiques, qui sont celles du corps enfermé dans une enceinte imper- méable à la chaleur et lentement comprimé ou détendu !, et les transformations 2sofhermes, qui sont celles du corps, maintenu toujours en équi- libre de température avec un milieu à température » que des varialions » constante, et ne subissant lentes de pression et de volume. Toutes les autres transformations réversibles, quelles qu'elles soient, peuvent, grâce à la loi de continuité, être considérées comme la limite d’une succession de transformations infiniment petites, alternativement isothermes et adiabatiques, de sorte qu'il doit suflire de connaitre les lois qui régissent les transformations fondamentales, et leurs relations mutuelles, pour en déduire, par la méthode infinitésimale, les théorèmes généraux applicables à une transformation réversible quel- conque. Une propriété essentielle des changements iso- thermes consiste en ce que, suivant le sens de ces transformations isothermes, le corps absorbe ou cède de la chaleur au milieu. Une propriété essentielle des transformations adiabatiques est, par contre, qu'il n'y a pas d'é change de chaleur entre le corps et le milieu, mais ce n'est pas la seule; elle ne peut suflire à définir la véritable transformation adiabatique; il faut y ajouter la condition de réversibilité. La compression brusque, le choc ne donnent pas lieu à des transformations adiabatiques au sens pré- cis et restreint du mot, parce que ce sont des phénomènes irréversibles. Au reste, il en est de même des transformations isothermes; la cons- tance dela température ne suffit pas pour définir une transformation isotherme, au sens où nous emploierons ce mot; il faut aussi y ajouter la con- dition de réversibilité. Lorsqu'on représente l’élat d'un corps, gra- phiquement, c’est-à-dire par un point dont les qu'il y a deux sortes de réversibilité des transformations d’un système, la réversibilité complète, et la réversibilité par rapport au système lui-même (Poincaré, Thermodynamique, p. 209). Dans le second cas, la réversibilité est limitée à la transformation du système; dans le premier cas, elle s'étend aux moyens employés pour opérer la transformation, c'est-à- dire qu’elle caractérise la transformation du système total qui comprend, outre le système considéré, les sources de chaleur. Au lieu de parler d’une transformation réversible complète d’un système, il serait plus correct dedire une transformation opérée par voie réversible (et par conséquent réversible elle- même). C’est le langage que nous emploierons ici. 1 Tous les corps, même comprimés lentement, ne sont pas susceptibles de transformations réversibles adiabatiques. Les corps visqueux, ceux dont l'élasticité est imparfaite, et dont une partie des déformations est permanente, elc., subis- sent même, dans ces conditions, des transformations irréver- sibles. | | | | | Re: CIS G. MOURET — L’ENTROPIE, SA MESURE ET SES VARIATIONS 913 coordonnées sont proportionnelles, par exemple, au volume spécifique et à la pression du corps, les transformalions réversibles qui viennent d'être définies sont représentées par des lignes distincles, dites adiabatiques et isothermes. Quand nous dirons, pour abréger le langage, qu’un corps suit une isotherme A B,une adia- batique A A', nous vou- drons dire que ce corps subit une transforma- tion réversible à tempé- rature constante de l'é- tat A à l’étatB,une trans- formation adiabatique de l’état À à l’état A'. Nous venons d’expli- quer qu'une transforma- tion réversible quelcon- que À B', qui n'est ni isotherme ni adiabatique, peut être considérée comme la limite d’une série de transformations infiniment petites, alternative- ment adiabatiques et isothermes; ajoutons que la chaleur dégagée ou absorbée dans cette transfor- mation est la limite de la somme des chaleurs déga- gées ou absorbées dans les transformations iso- thermes élémentaires. S 2. — Sources de chaleur. Une source de chaleur est constituée par tout corps de température, pression et tension élec- trique uniformes, de constitution chimique inva- riable, ou à l’état d'équilibre chimique. On sup- pose ce corps complètement isolé du milieu ambiant, ou en équilibre mécanique et électrique avec ce milieu. En un mot, c'est un corps à l’état complet d'équilibre intérieur et extérieur, mais, de plus, susceptible seulement de changements réversibles. On admet, d’ailleurs, que cet état d'uniformité et d'équilibre subsiste à tout instant des opérations, ce qui revient à supposer celles-ci infiniment lentes, ou les conductibilités thermi- ques, chimiques, etc., infiniment grandes. On attribue aux sources de chaleur une pression, une température et une tension électrique constantes, el, par conséquent, en général, une masse infinie. Les sources de chaleur jouent, dans la science de la chaleur, le rôle que jouent les forces cons- tantes dans la Mécanique. Ce sont des corps qui ne peuvent subir que des modifications d'ordre purement thermique, ou dont les autres modifica- tions, si elles en subissent, sont exactement com- pensées sous la même forme à l’extérieur. Ce sont donc des réservoirs inépuisables d'énergie d'une seule espèce, à tension fixe; ce sont des corps dont les changements présentent, au point de vue de la chaleur, le maximum de simplicité. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES 1895. L'air ambiant, la glace d’un calorimètre, sont des sources de chaleur. Le gaz enfermé dans le double cylindre de l'expérience de Hirn n'est pas une source de chaleur. $ 3. — Machines thermiques. Les machines thermiques sont des corps qui ne sont pas assujetlis, comme les sources, à la con- dition d’être dans un élat d'équilibre, quoiqu'ils puissent s'y trouver; ce sont des corps qui peu- vent subir toute espèce de transformation, réver- sible ou irréversible. Trois conditions seulement les définissent, et ne caractérisent que leur fonc- tionnement. La première est que ces corps n'é- changent de chaleur qu'avec les sources ; la seconde est qu'ils soient revenus exactement à leur élat initial quand l'opération accomplie sur les sources de chaleur est terminée. La troisième est qu'ils ne se trouvent extérieurement en rap- port qu'avec des systèmes mécaniques ou autres ne comprenant que des changements réversibles. De la sorte, les changements survenus et définitifs se trouvent localisés, et dans les sources et dans le milieu ou ces systèmes extérieurs. Les premiers de ces changements, en raison des conditions imposées aux sources de chaleur, se réduisent, abstraction faite des changements compensés directement, à des pertes et des gains de chaleur. Les seconds consistent en travaux accomplis grâce aux varia- tions de volume sous pressions variées, ou en toute autre espèce d'énergie potentielle dépensée ou créée. Nous n’aurons pas ici à nous préoccuper de ces changements extérieurs. Ceux-ci font l’objet de la Thermodynamique, ou de l'Énergétique, et les lois de la chaleur ne peuvent concerner que les rela- tions mutuelles des changements calorifiques sur- venus dans les sources. De tels corps, revenant à leur état initial après avoir emprunté ou cédé de la chaleur auxsources, ont élé appelés machines thermiques, parce qu'ils sont susceptibles d'accomplir du travail en utilisant directement la force motrice de ia chaleur. Mais le seul fait que ces corps servent à opérer des échanges de chaleur entreles sources, sans subir eux-mêmes de changements permanents, suffit à justifier l'emploi du mot #achine, indépendamment de ce qui peut se passer à l'extérieur, et quand bien même la chaleur ne développerait aucune force motrice. La machine à vapeur ordinaire peut servir à donner une idée de ce que sont les machines ther- miques ; le corps qui, dans la machine à vapeur, joue très sensiblement le rôle d’une machine ther- mique, est l’eau passant par la chaudière et les cylindres, et que le conducteur ou l'atmosphère 20° 914 G. MOURET — L’'ENTROPIE, SA MESURE ET SES VARIATIONS ramène à son élat inilial. Les sources sont, d’une part, les composés gazeux à haute température contenus dans le foyer et les tubes, et provenant de la combustion du charbon; d’autre part, l'air, le condenseur et les organes de la machine qui concourent au refroidissement de la vapeur et de l'eau condensée. Parmi les machines thermiques, il convient de signaler les machines réversibles, c'est-à-dire celles à l’état complet d'équilibre intérieur et extérieur et qui, comme lessources, ne sont susceptibles que de transformations réversibles. Les opérations failes avec ces machines ne sont cependant pas nécessairement réversibles ; ellessont irréversibles s’il existe des écarts finis de température entre la machine et toute source à laquelle elle emprunte ou cède de la chaleur. Les machines thermiques réversibles sont des machines toutes théoriques, comme le sont d’ail- leurs les types de machines étudiés dans la Méca- nique rationnelle, Leur fonctionnement réversible est aussi tout théorique. Mais quoique, en Méca- nique, el par suite des habitudes acquises, la ré- versibilité du fonctionnement d’une machine soit une chose admise sans hésitation, il n’en est pas de même dans le cas des machines thermiques, et ilest peut-être utile de rappeler ici les explica- tions usuelles sur ce point. Nous y trouverons d'ailleurs l'occasion d’énoncer les deux dernières des lois fondamentales de la chaleur. Soit le cas le plus simple de deux sources, el d'une machine qui n'absorbe ou ne dégage de chaleur qu’à température constante. La machine est d'abord mise, à l’état À, en con- tact avec la source chaude à une température T, supérieure à celle de la machine. Puis on opère la détente de ia machine de manière à maintenir la température constante au fur et à mesure que la machine absorbe, par conduction, la chaleur empruntée à la source. La machine suit done l'iso- therme AB (fig. 2), et emprunte finalement une quantité de chaleur égale à g. On l’isole ensuite de la source, par voie adia- batique, et l'on conti- nue la détente, de ma- nière (ligne BB’) à a- baisser la température, sans toutefois que celle- ci devienne égale à la température de lasour- B° ce froide. On amène a- Fig. 2. lors la machine en con- lact avec celte source, puis l’on exerce une compression graduelle en maintenant la (empérature constante au fur el à mesure que la machine cède de la chaleur à la source froide. On arrête l'opération à un moment convenablement choisi, de manière à pouvoir faire revenir la machine à l’état À, en l'isolant de la source froide et continuant la com- pression par voie adiabatique. Ainsi, après avoir, dans son contact avec la source froide, suivi l’isotherme B'A', la machine suit l'adiabatique A'A, et a, en définitive, accompli le cycle ferméréversible À BB'A'. En suivant ce cycle, qui la ramène à son état initial, la machine a emprunté à la source chaude une chaleur 9, et cédé à la source froide une chaleur g'. Voilà un exemple simple d'opération irréver- . sible, accompli sur un système de sources par une machine thermique réversible. Or, quelle que soit la nature de la machine, l'expérience prouve qu'on ne peut la ramener à son état initial qu'à la condition de céder de la chaleur à la source froide si l’on a emprunté de la chaleur à la source chaude. Pour concevoir l'opération toute théorique d’é- change réversible de chaleur entre des sources, ül faut examiner ce qui se passe quand on n’établit, entre la machine et les sources, que de très faibles écarts de lempérature. Ayant accompli la première opération ABB'À', il est-possible d'accomplir une opération presque semblable, mais de sens opposé, en abaissant par voie adiabalique la température de la machine jusqu’à ce qu’elle soit légèrement inférieure à celle de la source froide ; puis, après que la machine a emprunté à la source la cha- leur g',, égale à g' ou peu différente de 7', on relève sa tempéralure jusqu’à ce qu’elle soit légèrement supérieure à celle de la source chaude, et alors la machine revient à son état initial en cédant à cette. source une certaine quantité de chaleur g,, peu dif- férente de g. Si l’on rend les écarts de température de plus en plus petits, et sil’onfait tendre les quan- tités g', g',, elc. vers une limite commune (', les quantités 4, g',, etc. auront une limite Q, en vertu de la loi de continuité des phénomènes physiques. Ces quantités, malhématiquement définies, Q etQ, peuvent donc être considérées comme la limite commune des résultats dus à des opérations de sens inverse, el l’on peut abréger le langage et les raisonnements, en les considérant elles-mêmes comme le résullat d'un échange réversible de cha- leur, opération fictive ! accomplie à l'aide d’une machine thermique fonctionnant aux températures mêmes des sources. Le cycle suivi dans ces con- ditions et formé de deux isothermes et de deux adiabatiques est dit cycle de Carnot, et l'on remar- quera que, comme conséquence de ce qui a lieu dans le cas du cycle suivi par voie irréversible, les 1 C'est, en Mécanique, ce qu'on appellerait une opération virtuelle, G. MOURET — L'ENTROPIE, SA MESURE ET SES VARIATIONS 915 . quantités de chaleur empruntées aux deux sources _ sont de signe contraire. Ainsi donc, deux sources à des températures dif- _férentes sont nécessaires au fonctionnement réver- sible d'une machine thermique, et, si l’une des | sources absorbe de la chaleur, il faut que l’autre en perde. C'est là le premier des principes posés J par Carnot, et c’est ce principe qui, étendu à un . nombre quelconque de sources, et à une combi- | naison quelconque d'opérations réversibles sur ces . sources, devient, pour nous, la troisième des lois fondamentales de la chaleur, que l’on peut énoncer . sous une forme générale comme il suit : TROISIÈME LOI FONDAMENTALE. — Dans toute opéra- . tion réversible, accomplie sur des sources de chaleur à - L'aide de machines thermiques, on ne peut enlever (ou - céder) de la chaleur à une source sans réder (ou enle- ver) de la chaleur à une autre source. Il faut donc, ou bien que toutes les sources soient . à la fois revenues à leur état initial, ce que l'on . peut réaliser, ou bien qu’au moins deux des sour- . ces aient subi des changements et que ces change- ments soient de sens contraire. En particulier, toutes les sources ne peuvent, à la fois, avoir gagné . ou perdu de la chaleur. De même, dans un sys- tème matériel en équilibre, un travail positif ne peut être virtuellement accompli en un point qu’au . prix d'un travail négatif en un autre point. C'est pourquoi, dans un cycle Carnot, qu'il soit accompli, d’ailleurs, par voie réversible ou irré- versible, il y a nécessairement perte et gain de chaleur. Ce principe, admis d'ordinaire sans ré- flexion, n'est pas, cependant, plus évident que ne l'est, en Mécanique, le principe de l'égalité de l'action et de la réaction. Il ne s'impose que parce que l’on ne peut le nier sans se mettre en contra- . diction avec les faits observés. Géométriquement, il se traduit par cette propriété des lignes adiaba- tiques de ne jamais se couper. On peut aussi lui donner, en se plaçant à un autre point de vue, un énoncé qui conduit tout naturellement à la quatrième et dernière des lois fondamentales de la chaleur. En effet, enlever de la chaleur à une source par une machine ther- mique, sans en rendre à une autre, c'est détruire de la chaleur, et la loi sur la réversibilité montre que, par voie réversible, on ne peut pas plus dé- truire intégralement la chaleur empruntée à une source qu'on ne peut céder de la chaleur à une source sans en avoir emprunté, au moins une par- tie, à une autre source. Il y a là une autre double impossibilité. Dans le cas des phénomènes irréversibles, il n'en est pas de même. Si la première de ces im- possibilités subsiste, la seconde n’a plus lieu. Il est possible de créer de la chaleur de toutes pièces, . 4 b d ; par exemple au moyen du choc, du frotlement, d’une compression brusque, de la combustion, etc. Mais, de plus, et c'esl là ce qui caractérise les phénomènes irréversibles, du moins ceux que nous avons observés jusqu'à ce jour, non seulement cela est possible, mais cela est même inévitable, étant bien entendu que les corps soumis au choc, au frot- tement, etc., reviennent à leur état initial. Dans ce cas, la source unique avec laquelle les corps considérés échangent de la chaleur ne peut reve- nir à son état initial : finalement elle nepeut avoir perdu de chaleur; de toute nécessité elle en a gagné. Dans les conditions en question, on peut donc dire que l'irréversibilité se manifeste toujours par un dégagement de chaleur. Sans doute, si l’on opère sur plusieurs sources, quelques-unesd’entre elles, parmi celles quinesont. pas revenuesàleur état initial, peuvent avoir perdu de la chaleur. Mais il faut qu'au moins les autres aient gagné de la chaleur. D’ailleurs, si toutes ne peuvent, à la fois, avoir perdu de la chaleur, toutes peuventen avoir gagné, ce qui ne saurait avoir lieu dans les opérations réversibles. On estdoncconduit, en fin de compte, à énoncer la loi suivante qui englobe ces différents cas : QUATRIÈME LOI FONDAMENTALE. — Dans toute opéra- tion irréversible, accomplie sur des sources de chaleur à l'aide de machines thermiques, l'une des sources, au moins, & gagné de la chaleur \. Cette loi, admise implicitement par Sadi Carnot pour le cas des phénomènes de conduction, éten- due dans les formules de Clausius à tous les cas 1. Je dois cette forme d’énoncé, très voisine, d’ailleurs, de la forme du principe du travail maximum de M. Berthelot, à M. le commandant du génie Ariès. M. Ariès enferme les deux dernières lois fondamentales de la chaleur dans un énoncé commun, en disant que, dans une opération quelcon- que, réversible ou irréversible, toutes les sources ne peuvent, à la fois, avoir perdu de la chaleur. On déduit facilement de cet énoncé la loi sur la réversibilité, et la théorie se trouve simplifiée dans une certaine mesure. Je préfère cependant séparer les deux lois, parce qu’elles n’ont pas le même carac- tère. L'une, la loi sur la réversibilité, est spéciale à la cha- leur; elle ne saurait être subordonnée à la loi sur l'irréversi- bilité, qui a une tout autre portée. Celle-ci devrait, en toute rigueur, être considérée plutôt comme une définition des phénomènes dits irréversibles que comme une loi. C'est que la définition usuelle des phénomènes irréver- sibles est purement négative. Rien ne prouve que les phénomènes, considérés comme irréversibles, ne puissent, un jour, être reconnus réversibles. Alors lirréversibilité ne saurait plus fournir de caractère distinctif aux phénomènes. J'aurais pu me placer dans cet ordre d’idées qu'impose presque la théorie de l'énergie et présenter la théorie de la chaleur sous sa forme la plus générale en distinguant trois classes de phénomènes : ceux qui satisfont à la condition exprimée par la troisième loi fondamentale, ceux qui s'accomplissent avec dégagement de chaleur et ceux, non encere observés, qui s'accomplissent avec absorption de chaleur. Si je n’ai pas suivi cette voie plus large, c’est que je n'ai pas voulu, en dépassant les faits, m’écarter des vues habituelles et prêter au reproche d'introduire, dans la physique, l'esprit de la géométrie non euclidienne. 916 d'irréversibilité, énoncée explicitement, quoique sous une forme imparfaite, par M. Berthelot, pour le cas de l'irréversibilité due aux actions chimi- ques, cette loi est absolument générale et vraie de tous les genres de phénomènes non réversibles. Elle est surtout connue par ses corollaires de Thermo- dynamique: maximum de rendement des machines thermiques, théorème de Clausius sur la fonction , ete. Son exactitude n'est donc pas douteuse, rdQ É mais il était indispensable, pour le but que nous poursuivons, de la dégager de Loute considération sur le travail ou la force motrice de la chaleur. S 4. — Conclusion sur les lois fondamentales. En résumé. toute la science de la chaleur repose sur les quatre lois suivantes, savoir : 1° Loi sur l'équilibre, qui remonte aux temps les plus anciens de la science moderne ; 2 Loi sur la conduction, qui a pour bases les spé- culations et les expériences de Black; 3 Loi sur la réversibilité, due à Sadi Carnot; 4 Loi sur l'irréversibilité, à laquelle il faut surtout rattacher les noms de Clausius et de W. Thom- son. Aucune de ces lois ne peut être démontrée, c'est- à-dire ramenée à une loi plus simple: ce sont des lois fondamentales. Mais, tandis que les deux pre- mières, qui ont rapport à des corps quelconques, se trouvent directement vérifiées par le fait de la possibilité des mesures thermométriques el calo- rimétriques, les deux autres, qui ont uniquement pour objets les «sources de chaleur », ne sont pas, dans beaucoup de cas, directement vérifiables, en raison des difficultés pratiques d'expérimentalion. En réalité, elles n’ont jamais été directement véri- fiées, et la preuve, d’ailleurs parfaitement sufli- sante, de leur exactitude réside dans l'exactitude de leurs corollaires propres, c’est-à-dire de ceux qui sont logiquement incompatibles avec la néga- tion de ces lois. Les deux lois sur la réversibilité et l'irréversibi- lité conduisent immédiatement à un premier corollaire concernant les propriétés du cycle de Carnot. Si, dans l'opération réversible, Q est la quantité de chaleur empruntée à la source chaude à la température T, et Q'Ila quantité de chaleur cédée à la source froide à la température T', le Q : : m à rapport pr ne dépend que des températures T et T', mais nullement de la nature du corps qui sert de machine thermique: car, s’il en était autrement, el si, avec une seconde machine thermique consti- tuée par un corps différent, on pouvait, en em- pruntant à la source chaude la chaleur Q, trans- mettre à la source froide une chaleur Q", différente 4 G. MOURET — L'ENTROPIE, SA MESURE ET SES VARIATIONS de Q!', il serait possible, en se servant successi- vement des deux machines thermiques travaillant en sens opposé, d'enlever ou de céder à la source froide la chaleur Q, — Q',, sans rien céder ou en- lever à la source chaude, ce qui serait contraire à la première loi. De plus, le rapport constant & que Sadi Carnot supposait à tort égal à l'unité, est supérieur à l'unité: car, après avoir emprunté la chaleur Q’ à la source froide et avoir cédé à la source chaude la chaleur Q, on peut ramener cette dernière source à son élat initial en laissant la chaleur Q reçue par cette source s'écouler direc- tement sur la source froide qui, en définitive, se trouve avoir gagné la chaleur Q — Q', et il faut que cette quantité soit positive, d’après la deuxième loi. La loi sur la réversibilité comporte aussi un second corollaire sur lequel, ainsi qu’on le verra, repose la possibilité de définir l’entropie. On sait que, si un phénomène de conduction s’accomplit entre une source $ et une source plus froide S', et que, si la source S' est ramenée à son état ini- tial à l’aide d’un second phénomène de conduc- tion accompli entre cette source S'et une source S"' encore plus froide, le changement subi par celte source S” sera le même que si la conduction s'était directement opérée entre la source S et la source S’. Or ce principe des trois sources, qui esl l'un des corollaires de la seconde loi fondamentale de la chaleur, et qui conduit à la notion précise de la quantité de chaleur, est aussi vrai des opérations réversibles. En effet, après qu’une première opéra- lion réversible a élé accomplie sur les sources $ el S’', l’une S perdant la chaleur Q, l'autre S' gagnant la chaleur Q', et qu’une seconde opération réver- sible a été accomplie sur les sources S'etS”, opé- ration par laquelle la source S' revient à son étal initial, et la source S” gagne une quantité de cha- leur Q”, on peut, par une troisième opéralion ré- versible, ramener la source S”à son état initial, et il faut alors, d’après la loi sur la réversibililé, que la source $ revienne aussi à son état initial, c’est- à-dire regagne la chaleur Q qu'elle avait perdue dans la première des opérations. Ainsi donc la cha- leur Q” gagnée par la source S” à la suite des deux premières opérations est la même que si l’on avail directement emprunté la chaleur Q à la sourceS, sans passer par l'intermédiaire de la source S". L'état final de la source S" ne dépend, d'une ma- nière générale que de l’état final de la source, et nullement des intermédiaires. Voilà pour le der- nier des corollaires que nous avions en vue. Ayant élabli, sans invoquer aucun principe étranger à la science de la chaleur, les propriétés ; Q du cycle de Carnot, à savoir que le rapport ni \ CRE PT TT Chase it de tn ÈR onto tot un tes en : D » k nf a! ÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLiQuéEs (Numéro du 30 Oclobre 1895). PESTE REVUE GE A 2 £ Fr. 1. — Lresse Davy à gabarier (Puissance : 3,500 Lonnes) des Acierres de Sainlt-Chamond. — Cette presse donne à chaud et sous pression (gabariage) la forme que doivent avoir les plaques de blindage. Deux étampes (formes) sont employées à cet effet. Comme le-montire cette photographie, l'une repose sur la chabotle (table) de la presse, l’autre est attachée à la traverse horizontale sur laquelle presse le piston. L’étampe supérieure fait fléchir la plaque d'acier et lui Dans le cas!présent, les étampes figurées ici servent à gabarier les plaques fait épouser la forme de l’étampe inférieure. de peütes tourelles, tourelles servant à lozer des canons de 1# centimètres.) Suivant la forme à donner au blindage, les étampes varient. Il n'y a cependant qu’un petit nombre d’étampes, de sorle que dans bien des cas on modifie la forme du blindage en intercalant entre lui et l’étampe de larges las, sortes de tables rectangulaires sur lesquelles on fixe dans les rections convenables une ou] lusieurs palettc s. ne dépend que des températures et est supérieur à J'unité, nous avons (erminé avec la partie tech- nique de notre travail, avec les questions de fait; nous pouvons aborder maintenant son objet prin- CS _ cipal: la définition et les lois de l’entropie. Ce n’est plus qu'aflaire de raisonnement, & E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L’ACIER CL Dans un prochain article, où nous étudierons l'application de ces lois, nous nous attacherons spécialement à la définition physique et à la mesure de l’entropie. G. Mouret, Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées. ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER ‘ Nous avons, jusqu'ici, décrit le matériel et les procédés généraux en usage dans les forges actuelles; nous avons étudié à part, dans des chapitres différents, ce qui se rapporte au Aor- geage, au laminage et aux procédés subséquents. . Maintenant que nous connaissons les principaux éléments des opérations de la forge, nous passe- rons en revue chacun des produits en usage soil dans les constructions navales, soit dans l’artillerie, soit dans les chemins de fer, soil dans les indus- tries diverses, en indiquant brièvement la marche que l’on suit actuellement pour les fabriquer. — Nous éludierons ensuite les conditions géogra- phiques et économiques de l'industrie du forgeage et du laminage. + « I. — PRODUITS DE FORGE. Les produits de forge comprennent: blindages, tôles, arbres, canons, obus, rails, bandages, es- sieux et centres à rais. $ 1. — Blindages. Autrefois tous les blindages étaient en fer et étaient obtenus par laminage de paquets: leur épaisseur ne dépassait pas alors 0",25. Le dévelop- pement qu'a pris la fabrication de l’acier coulé Siemens ainsi quela puissance, toujours croissante, des engins de transformation, ont permis l'emploi de l'acier à tous ses degrés de durelé. Toutefois les plaques en fer laminé sont encore employées pour les calottes des coupoles terrestres, dans les- quelles les trous d’embrasures sont obtenus le plus souvent par un simple emboutissage. Les plaques de pont, d’une épaisseur de 30 à 100%/"*, sont exposées au tir plongeant et doivent pouvoir s'emboutir sans déchirure. Elles sont, par conséquent, en acier de nuance extra-douce à 0,10 °/, de carbone. Les lingots qui leur‘ donnent naissance sont laminés au jaune orange avec un 1 Voyez, pour la première partie : Revue générale des Sciences, tome VI, pages 870 à 886 (n° du 15 octobre 1895). DEUXIÈME PARTIE : PRODUITS DE FORGE. — CONDITIONS GÉOGRAPHIQUES ET ÉCONOMIQUES DE LA PRODUCTION corroyage de 7 à 8, c'est-à-dire que le rapport entre la section moyenne du lingot coulé et celle de la plaque laminée est de 7 à 8. Les plaques sont recuites avant trempe à 900°, {rempées deux fois à l’eau à 1000°, gabariées à 800° et recuiles définitivement à 600°. Le gabariage est l'opération de presse qui a pour but de donner aux plaques, plus généralement aux pièces d'acier, la forme définitive qu’elles doivent offrir. Les presses employées à cet effet diffèrent peu de celles que nous avons décrites à propos du forgeage !. La planche I ci-contre représente l’un de ces puissants engins : la presse Davy, aux Aciéries de Saint-Chamond. Sa traverse horizontale, sur laquelle presse lepiston, porte à sa partie inférieure une élampe destinée à faire fléchir la plaque à gabarier, et à lui faire épouser sa forme. Au-dessous de la plaque à gabarier se trouve une autre éfampe, reposant sur la chabotte de la presse. Ce sont ces deux élampes et leurs pièces annexes qui donnent à la plaque sa forme définitive. Cette opéralion est exécutée à 800°. L'obligation du recuil après gabariage est une grosse difficulté : car, si l’on dépasse une certaine température nécessaire pour supprimer les ten- sions du métal, la plaque se déforme et doit être gabariée à nouveau. Les plaques de tourelles et de ceinture qui doi- vent résister aux coups directs et ne pas se laisser traverser, tout en conservant assez de malléabi- lité à l'arrière pour qu'il ne se produise pas de fentes, ont une épaisseur bien plus considérable que les précédentes et qui atteint 500 "/*. Elles étaient fabriquées jusqu'ici surtout en métal Com- pound soit d’après le procédé de Wilson, qui cou- lait l'acier liquide sur un sommier en fer porté au rouge, soit d'après le système Ellis, dans lequel la couverte en acier était formée de deux parties, l’une en acier très dur, l'autre constiluée par de DRE D IUT ET TR US, 7 NE PUR EN RNREN Er 1 Voyez Revue générale des Sciences, t. VI, p. 8173 (numéro du 15 octobre 1895). 918 E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FEK ET DE L’ACIER l'acier liquide qui servait à souder les deux plaques. Dans l’un et dans l’autre cas, l’ensemble, une fois soudé, d'avant et d’arrière, fer et acier très dur, formait une sorte de lingot qui était recuit à 1000°, puis, soit laminé, soit de préférence forgé à 1000”; la plaque était gabariée à 1000° et recuite à 700. Seul parmi toules les usines françaises, le Creusot oblenait des résultats analogues à ceux des plaques Compound avec des plaques en acier homogène, mais de qualité spéciale. En présence des progrès incessants auxquels on est arrivé dans le domaine de l'artillerie, il fallut augmenter dans les plaques la résistance à la pénétration, et l’on y parvient maintenant, lantôl en cémentant l’une des faces des plaques en acier homogène (d’après le procédé Harvey), tantôt en forgeant des lingots d'acier cémentés eux-mêmes pendant la coulée, d'après un procédé récemment décrilici-même !. Quelle que soit la méthode suivie pour obtenir une plaque cé- mentée,celle-ci doit être recuite avanttrempe à 950°, gabariée, trempée à l’eau vers 800 à 900", soit par immersion, soit par aspersion, et enfin recuile à 600 ou 700°, réchauffage dont on profite pour les retouches, Le corroyage exigé par la Marine pour ces plaques épaisses est d'au moins 4. Ajoutons maintenant que les plaques sont pres- que toujours trempées verticalement, par asper- sion. Les plaques minces sontchauffées horizontale- ment, puis saisies par deux trous praliqués sur un des bords dans la rognure lalérale: les plaques épaisses sont chauftées verticalement dans un four à sole mobile et enlevées avec un palonnier à 4 branches. Dans une bâche verticale, on a la faci- lité de renouveler constamment l'eau à la surface du métal et de pouvoir augmenter la quantité de liquide au centre des plaques, puisque les bords se refroidissent beaucoup plus vite. En France, la fabrication des blindages se répar- tit entre cinq grandes usines : le Creusot, Saint- Chamond, Rive-de-Gier, Montluçon el Saint- Étienne. Cette dernière usine ne peut d'ailleurs livrer, avec son outillage, que des plaques minces. $ 2. — Tôles. Les tôles de fer sont encore couramment em- ployées dans la construction des chaudières; car, si les Lûles d'acier coûtent moins cher à égalité de résistance, leur préparation demande beaucoup plus de précautions. Néanmoins la Marine a adopté exclusivement l'acier, aussi bien pour la construc- tion des coques que pour celle des chaudières. Il s’agit alors de chaudières de grands diamètres ou à très hautes pressions, et les tôles de fer seraient 1 Voyez à ce sjet l’article de M. Gay dans la Revue du 30 septembre dernier. tellement épaisses que le travail de rivetage lais- serait à désirer. La plupart des grandes forges francaises fabriquent des tôles en fer ou en acier, mais on doit ciler en première ligne les Aciéries de Saint-Étienne, dont l'installation de tôlerie passe à juste raison pour un modèle. Un corroyage suffisant est une condilion essen- tielle pour que les tôles en acier aient les qualités voulues ; il faut que le lingot à laminer ne soil pas trop plat. On comprend dès lors toute l'importance pour une usine d’avoir à sa disposition des lami- noirs où les cylindres aient une grande levée (600 /*), Mais on est conduit, dans ce cas, à re- noncer aux releveurs et à adopter le mouvement réversible. Le plus souvent l'insuffisance de levée oblige à dégrossir le métal et à marteler des bra- mes qui sont ensuite laminées. Le travail à chaud des tôles en acier ne doit jamais se terminer au- dessous du rouge, car la température de 350 à 400° donne au métal un état rouverain qui l'expose à la rupture sous le moindre effort. Après dressage au maillet de bois et planage,; les tôles sont cisail- lées, puis soigneusement recuites. La fabrication de tôles durcies en acier chromé, destinées à servir d'écrans contre le tir au fnsil, se développe de plus en plus dans la Loire et dans le Centre. Enfin les tôles en acier doux, étamées, tendent à remplacer le fer-blanc en fer, el bien des usines françaises complètent l'opération de l’éla- mage en décorant, par impression de couleurs, ces tôles, dont on fait un si grand usage pour les conserves. $ 3. — Arbres. L'acier s’est également substitué au fer dans la construction des arbres droits et soudés ainsi que dans celle des autres pièces de machines, telles que bielles, manivelles, chapes, pièces de gouver- nail, tiges de piston, etc. Les tiges de pilon elles- mêmes, soumises à des chocs successifs, se font en acier forgé. Toutes ces pièces qui travaillent soit à la compression, soit à la compression et à la tor- sion, s'emploient souvent à l'état creux après for- geage, ce qui a le grand avantage de les débar- rasser des parties centrales qui peuvent ne pas être d'une homogénéité aussi parfaite que le pourtour. Les lingots servant à la fabrication des gros arbres de marine ont quelquefois des poids très considérables : 50 à 60 tonnes. Ils sont ébauchés à la presse, sur les pannes droites, en octoyones de 600 à 300 %/", puis é{ampés à la presse ou au pilon et, pendant ce travail, absolument nettoyés des oxydes par aspersion d'eau. L'arbre, une fois obtenu, subit un bon recuil et parfois même une trempe, soit à l’eau, soit à l'huile, suivie d’un recuil. La fabrication des arbres coudés demande cer- dci dite LY ds RÉ tds dde étant i 1: E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER tains tours de main dans le détail desquels il nous est impossible d’entrer. Nous dirons seulement que, lorsqu'il s’agit d'obtenir plusieurs coudes, qui ne sont pas dès lors dans le même plan, on peut le _ faire par #aillage, c’est-à-dire par torsion de la pièce, ou directement, en se ménageant suffisam- ment de matière autour de l’axe pour pouvoir dé- couper les différents coudes. Les forgerons de la Loire ont acquis dans ces travaux une juste réputation, et l’on peut dire que c’est cette main-d'œuvre habile qui retient encore dans la région une industrie qui, pour tant de raisons économiques, tend à se déplacer et à se porter du côté du nord et de l’est de la France. $ 4, — Canons. Depuis 1873, époque à laquelle l’artillerie fran- çaise a adopté l'acier pour la fabrication de ses bouches à feu, toutes les grandes aciéries fran- caises fournissent à l'État les éléments de canons, tels que tubes et frettes, qui sont usinés ensuite à Bourges et à Ruelle. Nous citerons, parmi ces usines, le Creusot, Saint-Chamond, Marrel, Saint- Étienne, Firminy, Saint-Jacques, Unieux et Pa- miers. Le métal à canons doit avoir, à la rupture et au choc, une résistance assez considérable pour supporter l’action des gaz de la poudre ; un allon- gement suffisamment grand pour indiquer la fatigue de la pièce: une limite d’élasticité assez élevée pour ne pas nuire à la justesse de l'arme. Les éléments de canons, tels que tubes, corps, viroles, etc., se font en acier mi-doux fondu, forgé et trempé, du moins dans les cas ordinaires ; car, depuis l'emploi des nouveaux projecliles à explo- sifs, il y alieu de rechercher maintenant des aciers de qualité toute spéciale. Le poids du métal à uti- liser par lingot ne dépasse pas 60 °/, et le cor- royage est de 4. La section horizontale des lingots affecte une forme polygonale à côtés légèrement concaves, ce qui permet auretrait de l’acier de s’ef- fectuer sans provoquer, surles angles, des amorces de fissures. Du reste, avant le forgeage, on a soin d'enlever par burinage les criques extérieures qui peuvent exister. Le forgeage comprend l’ébauchage et l’étampage. Les pièces sont recuites avant trempe, tournées extérieurement, forées, trempées à l'huile ou à l’eau à 70° et recuites après trempe. Des rondelles sont détachées à l’avant et à l'arrière après les différentes opérations et fournissent des barreaux au contrôle. L’artillerie de terre, pour ses canons de 240 mil- limètres, 270 millimètres et320 millimètres, et l’ar- tillerie de marine, pour tous ses canons, emploient des frettes en acier fondu, forgé et trempé de qualité analogue à celle des tubes. Le lingot, forgé à huit faces, est tranché à chaud en tronçons égaux: cha- 919 cun d'eux, destiné à une frette cylindrique, est percé à froid d’un trou central, puis mandriné à chaud, bigorné et laminé au laminoir à bandages. S'il s’agit de fabriquer une frette à tourillons, on prépare, dans le lingot ébauché, l'un des touril- lons ; on sépare la frette du lingot: on ébauche le second tourillon et on pratique à froid, dans le centre du bloc, une saignée d’une certaine longueur dans laquelle on passe une série de mandrins d’a- bord allongés, puis ronds, qui amènent la frette à la forme voulue. Les autres opérations se pour- suivent comme pour les tubes. Les frettes en acier puddlé sont encore em- ployées par l'artillerie de terre pour les pièces de petit calibre. Les paquets, chauffés au blanc sou- dant, sont transformés en barres de section tra- pézoïdale dont les deux bases sont dans le rapport des rayons extérieur et intérieur de l’enroulage qu’on veut obtenir. L’enroulementse fait immédia- tement sur un mandrin tronconique, placé à la suite du laminoir. Les diverses spires sont ensuite soudées au pilon dans une matrice; enfin les blocs obtenus sont laminés ou forgés suivant que la frette estcylindrique ou à tourillons. Les frettes sont recuites au rouge cerise clair et trempées dans de l'eau à 70°. $ 5. — Obus. Pour pénétrer dans les blindages en acier et les traverser, les projectiles en fonte trempée ne suf- fisent plus. Il faut avoir à sa disposition des obus en acier très dur, forgés et trempés. L'usine Holtzer, d'Unieux, entreprit, la première, la fabrication des obus en acier chromé. Elle fut bientôt suivie par Firminy, Saint-Chamond, Saint- Étienne, Marrel et Montluçon. Depuis quelques années, d’autres usines de moindre importance, telles que Claudinon et Pamiers, ont également recu des commandes de la Guerre et de la Marine, et tous ces établissements rivalisent de soin et de patience afin d'arriver à produire des projectiles à peu près parfaits. Les lingots, coulés soit en acier au creuset, soit en acier Siemens, sont livrés chauds à la forge. Leur ébauchage se fait en deux ou trois chaudes, à des températures progressives à partir de 800° ; puis on étire, à l'arrière du lingot, une queue d’amarrage, ou, préférablement,on ypratique un trou carré dans lequel on introduira unetige en acier remplissant le même but. L'étampage s'opère en matrices fermées affec- tant en creux la demi-forme du projectile avec des dégagements à la pointe et au culot pour le métal en excès. Ce travail s’effectue en une ou quatre chaudes d’après le calibre. Lorsque les projectiles sont arrivés à la dimension demandée, on les porte dans un four chaud à la température de 900°, que l’on maintient pendant 6 heures. 920 E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L’ACIER Ce recuit, qui détruit les tensions créées par le forgeage, est suivi d'un refroidissement lent. Les obus sont ensuite tournés, forés et subissent deux trempes : 4° une trempe totale, soit dans le plomb fondu, soit dans l'huile; 2 une trempe partielle de l'ogive à l'eau. Voici comment s'effectue cette der- nière opération : après la première trempe, les projectiles sont retirés du bain au rouge sombre et refroidis dans le fraisil ; l’ogive est polie et recou- verte d’un chapeau afin de ménager le chauffage de la pointe ;: on les place dans un four disposé pour ne chauffer que l’ogive, un jet de vapeur, placé à l'intérieur, permettant de régler la hauteur à chauffer, Quand la température du rouge cerise franc est atleinte, on dispose les obus verticale- ment sur un jet de vapeur et on les coiffe d'un ap- pareil distributeur d’eau qui refroidit l’ogive en commençant par la partie la plus épaisse. Dans quelques usines, les opérations se terminent par un recuit de la partie cylindrique arrière ou même par une trempe partielle au plomb de cette portion de l’obus. $S 6, — Raïls. Les rails, qui constituent, au point de vue du ton- nage, l’article le plus important du matériel des chemins de fer, sont maintenant fabriqués en acier; le fer n'a pu soutenir la concurrence et a été complètement abandonné depuis 1885. Cette subs- ütution était d'autant mieux indiquée que l’on est très exigeant sur les conditions de résistance d'un bon rail, aujourd'huique l’on marche à grande vitesse et que l'on fait usage des freins instantanés. Doit-on employer de l'acier doux ou de l'acier dur? Les avis sont très partagés. Il est évident que la douceur du métal est une garantie contre les ruptures, mais en même temps une cause d’u- sure très rapide. Il est possible d'arriver à réunir à peu près tous les avantages avec certains aciers siliceux ; mais, comme pour les plaques de blin- dage, la vérité est encore dans l'emploi de lingots très doux, cémentés progressivement à parlir d'une de leurs faces etlaminés de telle sorte que la surface extérieure du champignon corresponde à la partie extra-dure et le patin à la partie extra-douce. On cherche à abaisser, par tous les moyens pos- sibles, le prix de revient dans une fabrication dont les centres de production se sont tellement multi- pliés en même temps que les besoins diminuaient: aussi a-t-on augmenté les diamètres des cylindres, et les a-L-on disposés de façon à pouvoir laminer des barres de 20 à 30 mètres de longueur qui don- nent rapidement 2 à 3 rails avec un très faible déchet. Nous avons parlé précédemment de l’outillage employé pour celte fabrication. La plupart des usines françaises sont montées pour faire des rails : mais, actuellement, cette spécialité s’est concen- trée sur quelques-unes seulement, grosses pro- ductrices d'acier, parmi lesquelles il faut citer : Denain, Isbergues, Jœuf, Mont-Saint-Martin, le Boucau. Le petit matériel d'attache, qui comprend les éclisses, boulons, tirefonds, etc., se fabrique dans les mêmes usines, généralement en acier doux. Enfin, les traverses métalliques en acier doux, dont la raison d’être, malgré leurs qualités, est surtout la création d’un débouché pour la produc- tion croissante du métal et l'utilisation des cylindres sans travail, ne sont cependant pas assez répandues en France pour que nous nous y arré- tions. Nous dirons seulement que c’est à l’occasion de cette fabrication que l’on a fait application de la méthode de laminage à profil variable, c’est-à- dire à calibre périodique, qui produit des traverses présentant une certaine inclinaison des surfaces d'appui et un renforcement du tablier en ces en- droits. $ 7. — Bandages. Comme pour les rails, l'acier fondu s’est complè- tement substitué au fer et même à l'acier puddlé dans la fabrication des bandages. Ces pièces doi- vent présenter à la fois une dureté à l'épreuve du frottement sur le rail, et une ductilité permettant l’embattage des roues et assurant, pendant le rou- lement, toute sécurité au voyageur. Néanmoins les compagnies de chemin de fer ne sont pas absolument d'accord surle degré de dureté auquel il convient de commanderle métal. La Com- pagnie P. L. M. prend de préférence des bandages assez doux; l'Orléans, le Midi et l'Ouest, des ban- dages plutôt durs. Certaines d’entre elles font même des essais pour l'emploi de bandages en acier chromé. D'autres préfèrent des bandages en acier Siemens basique ayant recu deux trempes successives à l’eau, et, de fait, ce procédé est très économique el donne des résullats analogues. Toutes les grandes usines de la Loire et du Centre, auxquelles on peut ajouter le Boucau et Pamiers, fabriquent des bandages. Toutefois cette fabrication, comme celle des pièces de forge, tend à se déplacer et à s'établir sur les points où le mélal à l’état brut est d’un revient plus avantageux. Déjà actuellement plusieurs des usines qui trailent les minerais phosphoreux par le procédé Thomas el se servent des nombreux riblons résidus pour alimenter leursfours basiques, sont devenues four- nisseurs des Compagnies de chemins de fer du Nord et de l'Est, et leurs laminoirs font une sérieuse concurrence à ceux de la Loire, dont quelques-uns ne travaillent plus qu'à de rares intervalles. Les lingots ont, en général, la forme de poires rondes ou polygonales, avec ou sans masselottes, nm sit tn dote hontdttmstecteon à at de né dE LS ES nr tait ns E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER 924 suivant qu'ils doivent donner des bandages de machines ou de wagons. Ils sont martelés à un pilon de 8 à 10 tonnes, d'abord légèrement sur les côtés pour supprimer les arêtes, puis dans le sens vertical, de facon à être réduils à peu près à moilié de leur hauteur. Les galettes obtenues sont poin- gonnées au centre et transformées.en rondelles. Un bigornage, c'est-à-dire un forgeage des côtés sur mandrin, agrandit le vide des rondelles tout en ébauchant déjà une certaine inclinaison sur la sur- face extérieure. Enfin les rondelles, planées et nettoyées par burinage des pailles ou autres dé- fauts, sont laminées ainsi que nous l'avons décrit. Quelques usines, comme Saint-Jacques ou le Creusot, dont la nouvelle installation fonctionne, fabriquent en deux chaudes: la première pour le martelage et le bigornage, la seconde, pour le laminage. D’autres, comme Saint-Étienne, ne bigornent qu'après burinage, ce qui les oblige à une chaude de plus. Après laminage, les bandages sont ovales et légèrement coniques ; on les passe au #4@drin hydraulique qui les arrondit au diamètre voulu. Enfin, on les soumet généralement soit à un recuit plus ou moins élevé, soit à une trempe à l’eau ou à l'huile, suivie d’un recuit, soit à deux trempes à l’eau consécutives. Un perfectionnement qui nous parait devoir sim- plifier beaucoup cette fabricalion, est l'application du procédé James Munton. Au lieu d’être plein, le lingot, qui peut contenir un ou plusieurs bandages, comporte ur trou central ; il est traité directement au laminoir spécial, qui découpe à la fois les ban- dages, les met au diamètre et enlève la masselotte. La caractéristique de ce procédé est donc la sup- pression du forgeage et du bigornage. La seule difficulté consiste dans l'oblention d'un lingot circulaire homogène, sans tensions localisées el sans amorces de criques. C’est dans ce but que, pour céder au relrait du métal, le moule comprend un noyau légèrement compressible et que la cou- lée se fait en jet circulaire, afin d'éviter des inéga- lités de température dans les différents éléments de la circonférence. Avant Munton, on avait fait en France bien des essais dans ce sens ; nous pensons que, s'ils n'ont pas abouli, cela lient aux imper- fections de la coulée. Le lingot en forme de cou- ronne est appelé à remplacer la poire habituelle des bandages; il dispense d'opérations coûteuses et permet l'application d’un procédé quelconque de cémentation sur la partie extérieure qui correspond à la surface de roulement. $ 8. — Essieux. Les compagnies dechemin de fer ont mis une cer- pas bien longtemps que la Compagnie P.L.M. s’est décidée pour le métal homogène fondu. Cette der- nière a même cru devoir exiger, au début, jusqu'à 15 de corroyage, afin de s’entourer de toutes les conditions de sécurité désirables, mais elle a vite reconnu que la précaution était illusoire. Aujour- d'hui, tous les essieux se font en acier, plutôt mi- dur que doux, et les essais énergiques de ployages et de redressements auxquels ils sont soumis ainsi que les bandages, sont une sûre garantie de leurs qualilés et de leur bon usage. La plupart des grandes forges fabriquent des essieux de wagons et de machines. En général, les lingotls pour essieux de wagons ont une section carrée à angles abattus et pèsent 260 à 300 kgs. Ils sont martelés à un petit pilon en blocs octogones de 160 millimètres de dia- mètre, puis on procède à l'estampage du corps et des fusées en deux ou trois chaudes. Pour les essieux de machine on étire ordinairement à un pilon de 20 à 25 tonnes de gros lingots qui four- nissent plusieurs pièces, celles-ci sont étampées en trois chaudes. Le recuit se fait toujours au rouge cerise. $ 9. — Centres à rais en fer. Nous ne ferons que signaler ce produit de forge d'un si grand usage dans les chemins de fer et qui fait Honneur à notre industrie française, puisque ce sont quelques établissements de la Loire, et particulièrement les usines Arbel de Couzon, quien ont entrepris et perfeclionné la fabrication. Les diverses pièces en fer: le moyeu, les bras et la jante, sont soudées en matrice dans une ou deux opérations, et la roue, qui ne forme plus qu’une pièce unique de forge, est ensuite livrée pour l’ébarbage à des machines-outils spécia- les. Tous les produits que nous venons de signaler, forment le principal appoint de la production de nos grandes forges. Pour compléter cette énumé- ration, il faudrait encore citer la fabrication de la machine ou verge d’acier el des tréfilés qui en sont les dérivés (la plupart des grandes aciéries faisant du métal basique), la fabrication des chaines (Nord, Loire, Midi), des càbles (usine de Tronçais Firminy), celle des tubes obtenus soit par recou- vrement (usine Mignon-Rouart à Montluçon, usines d'Hautmont), soit par emboutissage (usines Brunon à Rive-de-Gier), soit enfin par laminage spécial (procédé Mannesmann). Le cadre de cet article ne nous permet pas d'aborder tous ces sujets, et nous terminerons cette étude par quelques considéra- lions statistiques et économiques sur l’ensemble de l’industrie du forgeage et du laminage en laine lenteur à adopter desessieuxenacier,etiln'ya |! France. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. 20** II. —— CONDITIONS GÉOGRAPHIQUES ET ÉCONOMIQUES DU FORGEAGE ET DU LAMINAGE. Les forges francaises dont le tableau I (page 923) donne l'énumération et résume la distribution, se répartissent dans un pelit nombre de régions bien distinctes, que l’on peut grouper de la façon suivante : 1° Larégion du Nord(fig.2)correspond aux bassins is SNS NS NS NS de ee = E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L’ACIER laminés tels que rails, traverses, poutrelles, larges plats, tôles slriées, cornières, blooms, billettes, ressorts, tubes soudés par recouvrement, chaines, fils, emboutis pour obus. Les Aciéries du Nord et de l'Est à Valenciennes, la Providence, Maubeuge, Vézin-Aulnoye, reçoivent les fontes de leurs hauts fourneaux de Meurthe-et-Moselle ; les Forges de Denainetd’Anzin traitent sur place des minerais de Meurthe-et-Moselle, de Bilbao, de Motka, et les a — Distribution des forges françaises dans le bassin de la Seine et celui de l'Escaut\. — Les régions où se trouve le minerai sont coloriées en rouge ; les régions à houille sont représentées en bleu. houillers du Nord et du Pas-de-Calais et comprend les Aciéries de Valenciennes et de Denain, les Forges, moins importantes, de la Providence à Haut- mont, de Vézin-Aulnoye,de Maubeuge, de Louvroil, de Crespin, de Saint-Amand-les-Eaux, de Ferrière- la-Grande, dans le département du Nord; les Acié- ries d'Isbergues, dans le Pas-de-Calais; les Forges de Saint-Roch-lez-Amiens, dans la Somme. Toules ces usines fabriquent spécialement des produits 1 Ces cartes, ainsi que celles des figures 3 à 9, ont été faites d'après un canevas muet qui nous a été obligeamment prété par la maison Delagrave. Nous sommes heureux de l'en remercier ici, (Note de la Direction.) Aciéries d'Isbergues exclusivement des minerais de Bilbao. Quelques-unes de ces usines ont éga- lement des laminoirs à bandages et de petits pilons pouvant forger des pièces peu impor- tantes. Mais, au point de vue du forgeage, il n'existe encore aucun élablissemement spécial, el nous devons signaler l’apparilion prochaine des Forges de Douai, actuellement en construc- tion, qui, avec leurs nombreux pilons et leur ou- tillage remarquable, vont importer une industrie pour ainsi dire nouvelle dans celte région si pri- vilégiée sous le rapport des combustibles et du métal. Tableau I LISTE DES FORGES FRANCAISES PAR RÉGIONS I. — Grou Forges de la Providence à Hautmont (Nord). Forges et aciéries du Nord et de l'Est à Valenciennes. Hauts Fourneaux, forges et fonderies de Maubeuge. Forges et aciéries de Denain et Anzin, à Anzin. Forges de Douai. ’ Société d'Escaut-et-Meuse à Valenciennes. Laminoirs de l’Espérance à Louvroil (Nord). Laminoirs de Vezin-Aulnoye à Maubeuge. Société de fabrication des tubes de fer et acier à Louvroil. Société Gustave Dumont et Cis à Louvroil. Etablissements métallurgiques de Ferrière la Grande. ; II. — Groupe Usine de Laval-Dieu près de Monthermé (Ardennes) (Ferry Curicque et Cie). Forges de Flize (Ardennes). Usines de Messempré ct Carignan (Boutiny) (Ardennes). Forges et ateliers de la Cacheite à Nouzan (Ardennes). Forges et clouteries des Ardennes à Mohan. +46++- pe du Nord Fabrique de fer de Maubeuve. ' Forges et laminoirs de Saint-Amand-les-Eaux (Dorénieux). Forges de Crespin près de Blanc-Misseron (Ferry Curicque er Cie). Forges-et ateliers de Taza-Villain à Anzin. Laminoirs à tubes d'Hautmont. Boulonneries Sirot-Mallez à Thiant près Denain. Aciéries d’Isbergues (Pas-de-Calais | Aciéries de France]. Laminoirs de Biache-Saint-Waast par Vitry (Pas-de-Ca- lais). | Forges et laminoirs de Saint-Roch à Amiens (Somme). des Ardennes Forges de Sedan. ; Usines de Givet (Société des métaux. Fabrication des tubes en acier sans soudure). Société des boulonneries de Bogny-Braux (Ardennes). Forges et laminoirs de Stenay (Meuse IT. — Groupe de l'Est Aciéries de Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle) [Acié- ries de Longwy]. Société métallurgique de Gorey près Longwy. Aciéries de Micheville près Villerupt (Meurthe -et-Moselle) (Ferry Curicque et Cie). Aciéries de Jœuf près Bricy. . Forges et aciéries de Pompey (Meurthe-et- Moselle) (Fould). Forges de Morvillars (Belfort). Forges d’Audincourt (Doubs) {Saglio]. Forges de Fraisans (Jura). Forges et toleries de Chenecières (Côte-d'Or). Forges Sirodot à Bezs (Côte-d'Or). V. — Group Forges de Fourchambault (Nièvre) [Commentry-Four- chambault]. Forges de Bigny à Chäteauneuf (Cher). Forges de Tronçais (Allier) [Chätillon-Commentry]. VI. — Group Aciéries de la Marine ct des Chemins de Fer à Saint-Cha- mond (Loire). Usine des frères Marrel à Rive-de-Gier (Loire). Forges Brunon à Rive-de-Gier. Forges de Couzon (Arbel) près Rive-de-Gier. Forges Deflassieux à Rive-de-Gier. Forges Lacombe à Rive-de-Gier. Acièries d'Assaillÿ (Loire) [Aciéries de la Marine! je Laminoirs de Champigneulles près Nancy (Société métal- lurgique de Champigneulies et Neuves-Maisons), Forges de Commercy (Meuse). Forges de Rachecourt et de Marnaval (Haute-Marne) [For- ges de Champagne]. Forges d'Eurville, à Eurville (Haute-Marne). Forges de Rimaucourt {Haute-Marne). Forges de Closmortier à Saint-Dizier. IV. — Groupe de Franche-Comté et de Bourgogne Forges, tréfileries et pointeries de Sainte-Colombe, Am- pilly, Mussy et Charmesson (Côte-d'Or) [Châtillon-Com- .. mentry|]. ? Usines du Creusot [Schneider] (Saône-et-Loire). Forges de Geugnon (Saône-et-Loire). e du Centre Usines de Saint-Jacques à Montlucon (Allier) [Châtillon- Commentry]. Forges de Commentry (Allier) [Chätillon-Commentry]. Usines Rouart à Montlucon. e de la Loire Forges de Lorette (Loire). : Forges et aciéries de Saint-Etienne au Marais, près Saint- Etienne. Forges et aciéries de la Chaléassière, près Saint-Etienne. Forges d'Onzion, près Saint-Chamond. Forges et aciéries Claudinon et Cie au Chambon (Loire). Aciéries de Firminy (Loire). Aciéries d'Unieux (Loire). VII. — Groupe du Midi Forges d'Allevard (Isère). Usines de Decazeville (Aveyron) [Commentry-Fourcham- bault]. Usines d’Aubin (Aveyron [Aciéries de France]. Usines du Saut du Tarn à Saint-Juiry (Tarn). Forges de la Capelette à Marseille [Marrel frères!. Fonderies et forges d’Alais à Bessèges (Gard), Usines de Tamaris (Gard) [Cie d’Alais], Forges de Ria, près Prades (Pyrénées-Orientales). Usines de Pamiers (Ariège). Forges de Lacombe et du Ressec, près Tarascon (Ariège). Forges et tréfileries de Toulouse. Forges de l’Adour au Boucau '(Basses-Pyrénées) [Aciéries de la Marine|. Forges et ateliers de Labouneyre (Landes). Forges et fonderies d'Uza à Uza (Landes). Forges de Beaulac par Bazas (Gironde). VIII. — Groupe de l'Ouest Forges de Sireuil (Charente). Forges et aciéries de Trignac, près Saint-Nazaire (Loire- Inférieure). Laminoirs de Couëron (Loire-Inférieure). IX. — Groupe Parisien Forges de Persan (Seine-et-Oise). Société des forges de Montataire (Oise). Forges et aciéries de Basse-Indre à Basse-Indre Inférieure). Aciéries d'Hennebont (Morbihan). Forges de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord). Loire- Laminoirs de Grenelle [Aciéries de France]. Forges Coutant à Ivry-Port (Seine). 924 E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER 2 Le groupe des Ardennes (fig. 3, en partie) se trouve à peu près placé à égale distance entre la houille du Nord et le minerai oolithique de l’Estet se compose de nombreux pelits laminoirs qui fa- briquent surtout des produits en fer. Toutefois, la proximité des aciéries de l’Est et du Nord permet facilement l'approvisionnement en lingots d'acier, et plusieurs de ces laminoirs ont été acquis ou loués£par{de grandes usines de l'Est. Nous citerons RE couche épaisse de minerais hydroxydés, oolithi- ques, siliceux oucalcaires, correspondant à l'étage toarcien, s'étend de Nancy à Longwy et, au delà, dans le Luxembourg. Ce minerai, malgré les faci- lités de son exploitation et son prix de revient très bas, n'était employé autrefois qu’à la fabrication de fers de secord choix en raison de sa faible teneur en fer et du phosphate de chaux qu'il renferme. Le procédé Thomas, permettant d'affiner en bons ÉASSINS DU/RHNAS ee ETDELAM USE Le Fig. 3. — Distribulion des forges françaises dans le bassin du Rhin et celui de la Meuse. — Les régions où se trouve le minerai sont coloriées en rouge; les régions à houille sont représentées en bleu. les usines de Laval-Dieu, de Mouzon, de Vireux- Molhain, qui fournissent des verges à clous, fers fendus et machine, des tôles d'acier, des tôles lus- trées, des feuillards, des fers marchandset profilés, des tôles de fer, des poutrelles. Lesusines de Stenay, siluées dans la Meuse, peuvent être rattachées à ce groupe. Ces dernières préparent elles-mêmes une partie de leur acier de consommation avec de pe- ils convertisseurs Robert. 3° Larégion de Meurthe et-Moselle(fig.3, en partie) occupe actuellement le premier rang en France pour la production de la fonte et de l'acier en lingots. Une aciers les fontes les plus phosphoreuses, transforma complètement le pays. De nombreux hauts four- neaux à grande capacité s'élevèrent,etles usines de Mont-Saint-Martin et de Jœuf installèrent des con- verlisseurs en même temps que des laminoirs puissants pour l'ébauchage et la transformation de leurs lingots. Pour ces usines, le combustible arrive de Belgique, d'Allemagne ou du nord de la France. Le brevet Thomas vient de tomber dans le domaine public, et de nouvelles aciéries vont se joindre aux deux premières el fabriquer l’acier en lingots et en ébauches non seulement pour leur usage personnel, mais encore el surtout afin de E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER 9925 l'exporter dans les régions de France moins pri- vilégiées où se trouvent des forges importantes en plein fonctionnement. Déjà le minerai, la fonte ou l'acier sortent en grande quantité du départe- ment et nous avons cité plusieurs forges du Nord qui possèdent des hauts fourneaux en Meurthe-et- Moselle et d’autres qui traitent sur place les mi- nerais phosphoreux qui leur en viennent. À part quelques pilons de faible importance, qui se trou- vent à Pompey et à Mont-Saint-Martlin, les usines de Meurthe-et-Moselle sont surtout pourvues de gros laminoirs et fabriquent des tôles de fer et d’acier, des blooms, des billeltes pour les lami- noirs plus faibles, des rails, des larges plats, des poutrelles, des profilés, du fil machine. Pompey livre également des crochets de traction et ten- deurs d’attelage, Dieulouard des outils d’agricul- ture et de taillanderie, Champigneulles des fers de moulures et de vitrages. Nous rappellerons, en pas- sant, que ce sont les usines de Pompey qui ont fabriqué les fers de la tour Eiffel. 4° La région de la Haute-Marne (Voir fig. 2) ren- ferme-également une couche de minerai oolithique, qui se trouve à la partie supérieure des argiles os- tréennes de l'étage néocomien et qui, avec le mine- rai hydroxydé de Lorraine,forme l’aliment principal de ses hauts fourneaux. Les laminoirs à citer sont ceux des Forges de Champagne (Marnaval, Rache- court), d'Eurville, de Closmortier el de Rimaucourt qui fabriquent des tréfilés, feuillards, fers à ai- lette, tubes en fer. Plusieurs de ces usines trans- forment des lingots d'acier que leur envoient les aciéries de l'Est ou qu'elles produisent au Marlin. 5° Le groupe de Franche- Comté comprend un certain nombre de forges qui, depuis fort long- temps, trailaientdans des fours spéciaux les mine- rais de fer en grains du système éocène et sont devenues des laminoirs importants dont la proxi- mité du bassin de Ronchamps (Haute-Saône) faci- lite le développement. Les Forges d’Audincourt (Doubs) et de Fraisans (Jura), pour ne mentionner que les plus importantes, forgent des chaines et des roues en feret laminent des tôles, profilés, fers marchands, feuillards, fers Zorès, traverses. Toutes ces usines achètent dans l'Est, pour les transformer, de nombreux lingots d'acier Thomas. 6° La région de Saône-et-Loire correspond aux bassins houillers de Montceau-les-Mines et du Creusot, et constitue un centre de forgeage et de laminage des plus importants. C’est là que sont installées les magnifiques usines de M. Schneider, qui font l'admiration des étrangers, etcomprennent dans leur ensemble {ous les éléments de la fabri- cation du fer et de l’acier, depuis les hauts four- neaux jusqu'aux ateliers de construction les plus perfectionnés, en passant par tous les genres de forgeage et de laminage. Nous avons eu l’occa- sion de dire quelques mots de l'outillage vraiment remarquable de cette grande forge. Là aussi les minerais de l'Est fournissent leur contingent et sont trailés à la cornue basique. Mais, pour les produits destinés à la guerre, à la marine et aux chemins de fer, les fontes employées proviennent des minerais purs d'Espagne el d’Allevard (Isère). T° Le groupe du Centre (fig. 4, en partie) est carac- térisé surtout parles Forges de la Compagnie Châtil- lon-Commentry, à Montlucon et à Commentry (Al- lier), et celles de la Compagnie Commentry-Four- chambault à Fourchambault et JImphy (Nièvre. Les premières sont situées sur les bassins houillers de Saint-Eloi, Bézenet, Doyet; les secondes, sur celui de Decize. Les minerais d’alluvion du Berry sont encore utilisés dans le pays. Mais la plupart des fontes employées aux Siemens pour les fabrications spéciales, telles que blindages, canons, obus, ban- dages, essieux, tôles, elc., proviennent des mine- rais purs d'Espagne ou des Pyrénées, traités aux hauts fourneaux de Saint-Nazaire ou de Tarascon- sur-Ariège. Déjà, pour les produits marchands, l'Allier est tributaire de l'Est et y achète des lin- gols d’acier basique. 8° Le groupe de la Loire (fig. #, en partie), le vé- ritable centre de l’industrie du forgeage, compte un grand nombre d'usines dont les noms sont si connus que nous croyons inutile d’insister sur cha- eune d'elles. Ce sont les forges de Saint-Chamond, de Rive-de-Gier, d’Assailly, des Etaings (Marrel), de Saint-Etienne (usine Barrouin), d’Unieux (Holt- zer), de Firminy, du Chambon-Feugerolles, qui, toutes, rivalisent pour les fabrications de la Guerre, de la Marine et des Chemins de fer ; et, dans un genre plus spécial : les Forges Arbel, Desflassieux (roues), Lacombe (essieux coudés), Brunon (tubes emboutis). Nous avons déjà signalé les caractères principaux de cette région industrielle, considérée au point de vue mélallurgique. Placées au centre d'un bassin houiller qui, jusqu'en 1870, avait gardé une suprématie marquée, les usines de la Loire se sont successivement développées et ont entrepris tous les genres de fabrication avec un personnel d'élite; mais, comme elles se servaient surtout de minerais riches d’Espagne, d'Algérie ou de Sardaigne, qui sont transformés en fontes d'affinage, soit sur place, comme à Firminy, soit plutôt dans des hauts fourneaux situés sur la Méditerranée ou l'Atlantique, et que, d'autre part, les exigences de leurs ouvriers augmentaient, 926 E. DEMENGE — ETAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L’ACIER * le prix de revient du lingot d’acier est devenu si élevé qu'il ne leur est plus possible de lutter, sauf pour les produits supérieurs. Quant au métal or- dinaire, les usines trouvent aujourd'hui grand avantage à faire venir de l'Est les fontes et les lin- gots. Aussi, tandis que la production des bassins houillers du Nord et surtout du Pas-de-Calais grandit rapidement, celle du bassin de la Loire est-elle tombée au troisième rang ; alors que le age Ve LRU y RSS SNS NS NS RS NN encore ceux analogues d'Allemagne et de Luxem- bourg, de nouvelles aciéries à grande produetion s'y créent et vont inonder de leurs produits bruts les autres régions telles que la Loire, où se trouvent des usines bien outillées pour la transformation par forgeage ou par laminage. 9° Nous faisons entrer, pour abréger, dans le groupe du Midi plusieurs usines situées dans des RES Au 3 > NS Onélukon | Dé f P(érmenty L'PIP ENS DÉ À R À ZZ # % 4 Fig. 4. — Distribution des forges francaises dans le bassin de la Loire. — Les régions où se trouve le minerai sont coloriées en rouge; les régions à houille sont représentées en bleu. prix moyen de la houille sur les lieux d’extrac- | régions très différentes et qui ont une situation tion n'est en France que d'environ 11 fr. 50 et en particulier dans le Nord et le Pas-de-Calais de 10 fr. 36, ce prix, fortement influencé dans la Loire par l'accroissement graduel des salaires, s'élève à plus de 14 francs la tonne. Il est certain que cet abaissement de production de la houille continuera, el que la situation qui en résulle pour l'industrie dont elle est une des bases, ne fera que s'accentuer dans l'avenir. Maintenant que notre plus grand centre métallurgique est situé près de la frontière de l'Est et qu'il ab- sorbe non seulement ses propres minerais, mais économique bien spécialisée. Dans le bassin de Decazeville (fig. 5), les usines d'Aubin (Aveyron) appartiennent, comme Isbergues, à la Société des Aciéries de France : elles traitent les minerais du pays, du Périgord et de l'Ariège et font surtout des produits laminés. Il en est de même de celles de Decazeville, qui sont devenues la propriété de la Compagnie Commentry-Fourchambault. — Les Forges de Pamiers, installées à proximité de leurs hauts fourneaux de Tarascon-sur-Ariège, mais à une distance assez grande des points d'extraction de la houille (Carmaux), continuent la fabrication » " E. DEMENGE — ETAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L’ACIER 927 de choix qui a valu au fer de l’Ariège une si grande renommée ; la grande pureté de leurs minerais de _Puymorens et de Rancier, jointe à sa haute teneur en manganèse, leur permet d’aborder des fabri- cations spéciales comme celles des canons, obus, bandages, essieux, qui étaient jadis le monopole des grandes usines de la Loire et du Centre. Les Usines du Boucau, ou Forges de l’Adour, furent créées en 1882, par les Aciéries de la Marine et des affinent des fontes très pures, provenant de leurs minerais carbonalés spathiques. Leurs aciers à ressorts, bien connus, joignent une très haute limite d’élasticité à un corps et à un nerf tout à fait remarquables. Enfin nous mentionnerons, pour mémoire, les Forges de Tamaris (Gard) (fig. 6), à proximité des bassins de Bessèges et des minerais d’Alais, et celles du Saut-du-Tarn, dans le bassin de Carmaux. x CARE TMS) e-Fillols..- Oligiste pulvérulent Fig. 5. — Distribution des forges françaises dans le bassin de la Garonne. — Les régions où se trouve le minerai sont coloriées en rouge ; les régions à houille sont représentées en bleu. Chemins de fer en un point du littoral où les mine- rais si renommés d'Espagne et des Pyrénées et les combustibles anglais leur parviennent dans des conditions des plus faciles. Les installations de laminoirs, étant récentes, ont été établies sur un plan bien étudié d’après les derniers perfection- nements. Rails, grands profilés, fers marchands et machines, bandages, tels sont les produits qui sortent de ces grandes usines et peuvent lutter avantageusement sur le marché étranger. Les Forges d'Allevard (fig. 6), dans l'Isère, lesquelles comptent parmi les plus anciennes de France, Quant aux Usines de Saint-Montant que la Compagnie Châtillon et Commentry avait établies en 1873, à Beaucaire, pour la fabrication des rails et des tôles, elles sont complètement arrêtées depuis quelques années et leur matériel a été transporté dans l'Allier. 10° Le groupe des Usines de l'Ouest, qui, commeles Forges del’Adour, sont situées surle bord de l’Atlan- tique (Voir figure 4), reçoivent par mer la plupart de leurs matières premières. Les forges de Saint- Nazaire fabriquent surtout des produits laminés 928 E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L’ACIER tels que rails, poutrelles, tôles; celles d'Hennebont (Morbihan), des tôles, fers-blancs et emboutissages. 11° Le groupe parisien (fig. 2) comprend les quelques forges qui sont venues s'installer près du centre de consommation. IIT. — RENSEIGNEMENTS STATISTIQUES. L'industrie de la forge s'adresse d’abord à la houille qui sert au puddlage, au réchauffage et fournit la vapeur, puis, comme matières pre- mières, au fer puddlé ou à l'acier en lingots, ces Ware Ne RSS RK ane NS . RS Fig. 6. — Distribution des forges françaises dans le bassin du Rhône. — Les régions ‘où se trouve le minerai sont coloriées en rouge; les régions à houille sont représentées en bleu. Parmi ces forges, il convient de nommer en première ligne celles de Montataire (Oise), qui af- finent leurs fontes de Frouard et d’Outreau et lami- nent des profilés, tôles embouties, ondulées, galva- nisées; ies Laminoirs de Grenelle (Aciéries de France), les Forges d'Ivry-sur-Seine, de Pantin, etc., qui alimentent aux environs de Paris, notamment à Saint-Denis, dans la Seine et aussi dans l'Oise, d'importantes usines de construction mécanique. derniers provenant de la fonte d’affinage, qui est elle-même fonction de la houille et du minerai. Nous allons éludier, d'après l'Album des Travaux Publics pour 1893, l’état statistique correspondant à chacune de ces matières, — houille, minerai, fonte d'aflinage, — qui entrent dans les prix de revient de la forge, et nous en lirerons des in- dications utiles pour l'industrie qui nous oc- cupe. ; | _S 1. — Houille. Nous avons vu que la plupart des grandes forges basis ne dial done 14. ie, ne SE RS 7 sont installées sur des bassins houillers ; il n’est Tableau II Région Production Prix moyen < (mille tonnes) francs Nord et Pas-de-Calais... 13.586 10 36 LONGER Re os 3 506 14 36 LRU SSSR SR ER EE 2.005 12 48 Bourgogne et Nivernais... 1.979 41 91 Tarn-et Aveyron......... 1.419 Per BOUTDORN ASS AS de 1.106 42 75 LITRES RE 325 12 67 D'ERSRSRRRRSS 25.172 11 54 . fait exception que pour certaines usines, comme celles de l'Est ou de l'Ariège, qui ont préféré se rap- procher des minerais, et également pour celles du littoral, qui peuvent profiler de tous les avantages des transports marilimes. À Chacun sait l'essor extraordinaire pris depuis quelques années par les houillères du Nord et du Pas-de-Calais ; les productions du Gard,de la Bour- gogne et du Nivernais, du Tarn et de l’Aveyron, progressent d’une façon uniforme, tandis que celles des bassins de la Loire et du Bourbonnais décli- nent ou demeurent stationnaires. Les quelques chiffres du tableau IT indiquent les quantités de houille ou anthracile extraites dans les princi- pales régions où se trouvent des forges, ainsi que les prix moyens sur place. On voit que les départements du Nord et du Pas-de-Calais sont les seuls où le prix du charbon soit au-dessous de la moyenne. La consommation totale en France s’est élevée E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER 929 Ce sont surtout les régions de l'Ouest, siluées sur l'Atlantique et la Manche, qui sont tributaires de l'Angleterre. Quant aux départements de Meur- the-et-Moselle, des Ardennes et de la Meuse, ils ne consomment pas plus de 25 ?°/, de houilles fran- çaises et recoivent le complément de Belgique et d'Allemagne. Tableau III Houille importée de : tonnes BOIRE ren isa ML. IC RE889:000 AR RIC TELLE Rene 4.434.000 AITÉTDAONEL NL mener cor 2.037.000 ADD SPAS ne tnt 41.000 11.401.00 $ 2. — Minerais. Depuis les nouveaux procédés de déphosphora- lion qui permettent l'emploi des minerais hy- droxydés oolithiques de Lorraine, du Luxembourg et d'Allemagne, l'extraction des minerais de fer en Algérie a beaucoup diminué, et les minerais riches d'Espagne ont élé importés dans des pro- portions beaucoup moindres. Le tableau IV montre ia répartition en France de la production des mi- nerais. On peut remarquer combien est bas le prix moyen de la tonne en Meurthe-et-Moselle ainsi que l'importance de la production. Les minerais importés représentent environ la moitié de la production française, soit 1.600.000 tonnes et comprennent spécialement : 1.089.000 Minerais allemands et luxembourgeois... 260,000 Minerais d'Espagne... 1... les premiers, minerais à bon marché, venant s'a- Tableau IV Minerai hydroxydé oolithique (Ex.: Meurthe-et Moselle). ...... Hématite brune (Ex.: Ariège, Pyrénées-Orientales)............... Autres minerais hydroxydés (Ex.: Cher, Lot-et-Garonne, Gard)... Hématite rouge (Ex.: Calvados), fer oligiste (Ardèche) . ..... Fer carbonaté spathique (Ex. : Isère)............. Production Prix moyen Proportion (tonnes) francs 3.094.000 PANEN 88 17.000 9 70 2 166.000 6 99 o] 134.000 6 99 4 EC LS FI MODS CC 46.000 9-52 ! 3.517.000 3 J2 100 à 39.379.000 tonnes et l'industrie du forgeage et du laminage a brûlé pour sa part 2.139.000 tonnes. Ces chiffres montrent que nous avons dû importer dans notre pays plus de 11.000.000 tonnes, car nos exportations sont insignifiantes. Ces importations se répartissent comme l'indique le tableau III. Dans ce tableau, le charbon importé sous forme de coke y a été exprimé en houille. jouter à ceux de la Lorraine, les seconds alimen- tant les usines de la Loire et du Centre après avoir été réduits dans les hauts fourneaux du lit- toral. Les minerais exportés ne s'élèvent qu'à 300.000 environ. Ce sont surtout des minerais algériens qui se dirigent vers l'Angleterre el les Pays- Bas. AUNAGOLIENTNENRNRESE DUR De LONDRES Sd Ê =, E- Û AL 7 “T-ET-LOIRE ER : "eg É U ENS Let Ÿ a NS ouss }»* Le] ù er NIEVRE ra = à \ À linpre Fe LEE Fe ! { VENDEE \x W l e le CA EN RW BA EEE*< S N7 1 N Rf à NS la? [ \ De de wi: HARENTE } ? RUE) einer 'OHARENTE / qe RNE —. L { DRE \ ANNEE Re SU “1 5" CORREZE PJ). S _ Re ? En DA Te CANTAL \ Hæ-f0IRE IDORDOGFME »-"\ Ç! \ Ÿ e \ FE GIRONDE / Ÿ--— 2 — MLor gr = £ SCAMRRE -X > PANDEIS = XL = £ GERS = A. DS k de NE NH 1 , # h sy TGA LB PYRENÉES ver : se. n 5 Î cf | É £ 3" S P E 4 Départements produisant de. nee 1 .. 0 à 10 000 tonnes — = En aies ee ee collecte 10 à 40.000 » — = se .... 40 à 70.000 » — — nee ianre : . 70 à 100.000 » Département du Nord produisant................ 200.000 » I ( de Meurthe-et-Moselle produisant. 900.000 » Ï Fig. 7 — Carle montrant la production des fontes d’affinage el leur répartilion dans les différents] départements français. ‘ Production et prix moyen des rails en France depuis 1860. | Re " (U2 EE — _ _ ee || Diagramme 7e - oL un » PR Re a DV TES | Rae RS #22\\\\\N: y LE a. _ 2 CRE RQ _ re ee 7 _ À ue | : as us É DE : | =. 720 AN ÿ- me | E . | DES) 77 TZ depuis 1860. France D — À = = 0y Fig. 8. — Production el prix m 932 $ 3, — Fontes d’affinage. La fabrication de la fonte au charbon a presque complètement disparu. En outre, le nombre des hauls-fourneaux au coke a diminué de moitié depuis une trentaine d'années el lous ces pelits fourneaux, établis autrefois dans le voisinage des houillères de façon à n'avoir à payer que le transporl des minerais, ont élé éteints pour faire place à un petit nombre de grandes ins- lallations marchant à haute puissance productive résultant à la fois des dimensions des appareils.de l'emploi de Fair chaud et de la composition des lits de fusion, et situées dans des conditions essen- tiellement différentes : soit dans l’est de la France où l’on peut amener à bon marché les charbons belges ou allemands sur les gisements immenses de minerais phosphoreux, soit sur le bord dela mer où les minerais et combustibles étrangers parviennent à bas prix et où l’on trouve toute facilité pour l'exportation. Depuis cette période de transformalion, la production tolale de la fonte d'afinage en France s'est fortement accrue ; elle est aujourd'hui de 1.522.100 tonnes. et le départe- ment de Meurthe-et-Moselle atleint presque pour sa part les 6/10 de cette production, soit près de 900.000 tonnes. Nous donnons sur la carte de la figure 7 un aperçu de la répartition de cette production entre les 2% départements français qui renferment des hauts fourneaux, On peutvoir qu'après Meurthe-et-Moselle viennent le Nord avec 206.000 tonnes, puis Saône- et-Loire, le Pas-de-Calais, les Landes, le Gard et la Loire-Inférieure avec une production de 90 à 46.000 tonnes. Le prix moyen des fontes d’affinage s'est abaissé en 1893 à environ 57 francs la tonne. $S 4. — Fers. La fabrication des fers s’est arrêtée dans son essor normal au moment de la découverte de Bes- semer. À dater de cette époque, l'acier est venu faire concurrence au fer, d’abord pour les rails, puis pour les tôles de construction, plaques de blindage, produits marchands, bandages, es- sieux, etc. Nous reproduisons (tig. 8, page 931) le E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L’ACIER que, dès 1863, les rails en acier obtenus par les pro- cédés Bessemer et Siemens-Marlin font leur appa- rilion; ils remplacent totalement les rails en fer à parlir de 1886. Quant à la production des fers " marchands el des tôles de fer, elle a diminué de 1/3 depuis 10 ans. Le lableau V donne le poids et la valeur de ces produits. La carte de la figure 9 montre que cette industrie n'est intensive que dans un très pelit nembre de départements. C'est dans le Nord que la fabrication est la plus importante (300.000 tonnes); viennent ensuile la Saône-et-Loire (86.000), les Ardennes (81.000), la Haute-Marne (64.000), et la Meurthe-et- Moselle (50.000). Le nombre des forges en activité est de 152. $ 5. — Aciers. Les 96/100 des aciers ouvrés sont obtenus par le laminage ou le martelage de lingots Thomas, Bessemer et Siemens-Marlin. Le tonnage de ces lingols, produits en France en 1893, se répartit comme le montre le tableau VI. Tableau VI tonnes Bessemerte ANNOMES RER 493.011 MAR ÉERL 9e 20 Te 296.841 789.832 La carte de la figure 10 donne les indications nécessaires sur la provenance de ces lingots. Les aciéries qui ont coopéré à cette production sont au nombre de quarante, et les plus importantes sont celles de Jœufet de Mont-Saint-Martin (Meurthe-et- Moselle), de Denain (Nord), du Creusot, d'Isbergues (Pas-de-Calais), etc. Du reste, la plupart d’entre élles transforment elles-mêmes les lingots en acier ouvré. Les 4/100 restant des aciers ouvrés proviennent de 25.200 tonnes d’acier divers, tels que les aciers puddlés, cémentés, fondus au creuset, ou obtenus par réchauffages de vieilles matières. Les aciers ouvrés, produits en 1893, ont été classés, dans le Rapport de l'industrie minérale, de la facon suivante (lableau VIT : Tableau V Tableau VII | Prix moyen | Poids Prix moyen Poids de vente | — — = — tonnes francs [ee ; tonnes francs ENCRES HAS a ne mes 207,300 142 | Fers marchands et spéciaux. 690.000 165 Aciersmarchands et spéciaux, 323.000 307 | RÔLES AS Eee DR NEO 111.000 226 LTOleSS RAR M Eee 133.700 285 | sus. OUU diagramme indiquant la production et le prix moyen des rails en France depuis 1860. On verra | 664,000 On voit que le tonnage des tôles en acier dé- passe maintenant celui des tôles de fer. Quant à la Pre rt À PERRET EE) MŒLE ANGLETERRE LONDRES ADOS CR ENS f AESTÈRE COTES DU NOR | Le. ee PT me -&re NS <1|||| [LU 1 $ W à L:ET-LOIRE > < VILAINE FA D £ 777 LOIRET ; g À / CET, PT kr, x Nes à x LOIR «7 2e re pc 1 a} < Ÿ (ET-CHER, 1 URA ee | 240. ae v CorRèzE "a gl à SAVOIE Qllr* nan SR 1.7 Il IAE 5 à î ÿ RENE \CREUSE ni S < É HARENTE } ; & ” 2 Nr tres ('CHARENTE | HE RME Loi 7 À 1 sp à E \ Lozère \ARDÈCRE 5 é D uso A ag | QE Il III = | jui ; : ù se MS } à \ \. CE MIENDOISIVEN RUR A UNEELE E.Oberlin M Départements produisant de ..,.. ù à 12.000 tonnes D x = eee 30.000 » co 50 à 65.000 » (Allier, Loire) S1 à 86.000 » és 300,000 » Fig. 9. — Carte montrant la production totale des fers (tôles, fers marchands et spéciaux, rails) et sa répar- lilion en France. AUNAGATIENMTNENR ARE LONDRES o Salisbury ! znusrène! S =] pu: 1 \COTES-DU-NORD /iLLE-E nn Lt ! AR ADE/s SARTHE, ! ne O1RET } “ Lx A # 5 MALE ET LOIRD / HEACRERe Le es ER ES) an SK © ù IEVRE | CS NS NZZ ? € | APNE ET oi / À 1 C2 7 pren IÉ RE EUR ma: N CHARENTE 2 CREUSE” KR Ve La Sur c DHARENTE ? Se Qui Ÿ LE VIENNE CS pUY-DE-DÔME HACEN > La CORREZE ie ie NN > NE a ce nocrEl ee Yeanrau À am. QIRE / ; ' 1 " >. _. \ LOT Fra EDS 2 \ Ÿ à ALÈES & x non uote DRÔME (” É HUE À NS + 7 -AALPES / 4 À D . VADÇLUSE |. A\ css DU DS k 2) B 4 = D— R ÔNE; a . G + 4 + BS PYRÉNÉES / É \ VAR LAPS Qu x FF: À CORSE e Dane n “ie $ ÊNEES ot j P Dane D a MEE DIET TIENRERTAMN : A G N a E E.Oberlin Départements produisant de ,.................... 0 à 19.000 tonnes — —= = ObA0 00e ed oMAT 20 à 60.000 » — Se Pere e-et- nee 7ù à 90.000 » Département du Nord produisant ............,......, 130,000 » — de Meurthe-et-Moselle produisant ...... 250.000 » Fig. 10, — Carte montrant la production des lingots (Bessemer, Siemens-Martin el Thomas) dans les divers déparlements français. E à tré mnhantt-t1en AT dd one es ERP OT NT CU OU JA. Li boat tutti ACNCG AE" TOENR CRE LONDRES T = 1 tee 1 -DU= ! SR — \COTES DUSORD ILLE-ET-) na n 1 1 U \ j Ë Ke £'SARTHE/ À De | | es NN NS + ? > : : 2 NS ETNE® LS ù Ê NX N 1 sis eh De CHARENTE Ÿ D -inre l'CHARERTE y : { L 4 —7"LBUY-DE-DOME VY ! D \DORDOGFE as +, > = } £,B=*PYRENÉES F < / 19.000 tonnes 40.000 » 60,000 » $0.000 » ER: Département du Nord produisant....... 105.000 » Fig. 41. — Carte montrant la production des aciers ouvrés (rails, aciers marchands, tôles), dans les divers départements français. 936 production des rails en acier, elle a diminué de plus de 100,000 tonnes en 1886, et de 100.000 autres dans les trois années suivantes, en raison de l'achèvement des grands travaux de chemins de fer et de la plus grande durée des rails. Tou- tefois cette décroissance n'a pas occasionné de ra- lentissement apparent dans le travail des aciéries, parce qu'elle à été compensée par une augmenta- tion simultanée de la production des tôles et des aciers marchands et spéciaux. Nous indiquons sur la carte de la figure 141 le clas- sement des départements pour la fabrication des aciers ouvrés. Il estinltéressant de rapprocher cetie carte de la précédente et d’en tirer certaines conclu- sions au point de vue des importations des lingots d'acier des départements producteurs dans les autres départements qui n'ont que des usines de transformalion ou qui trouventleur intérêtäne plus produire le métal. Parmi les départements pro- ducteurs qui exportent, il faut citer, en première ligne, celui de Meurthe-et-Moselle (Mont-Saint- Martin, Jœuf), dont la production de lingots a été de 250.000 tonnes, alors que celle des aciers ou- vrés n’a élé que de 80.000 tonnes. La plupart des régions avoisinantes, et même celles de la Loire et du Bourbonnais, trouvent avantage à lui acheter des lingots en métal Thomas. Saône-et-Loire (Creu sol) exporte des lingots Siemens; l'Ariège et le Morbihan, également ; la Loire-Inférieure (Saint- Nazaire), des lingots Bessemer et Siemens. Les principaux départements qui dépendent des grosses aciéries dont nous venons de parler sont les suivants : l'Oise achète 18.000 tonnes delingots Bessemer et Thomas, et 2.000 de lingots Siemens ; la Haute-Marne, 18.000 {onnes de lingots Thomas ; le Doubs, 16.000 tonnes de lingots Bessemer et Thomas; les Ardennes, 20.000 tonnes de lingots Thomas. Depuis 1892, les départements de la Loire et de l’Allier recoivent chacun 2.000 tonnes envi- ron de lingots Thomas, pour les transformer en aciers marchands, La production totale des fers et des aciers est résumée dans le tableau VIII, qui indique égale- Tableau VIII Combustible consommé Nombre Produits Poids d'ouvriers Fers marchands, rails, tôles... Aciers ouvrés de toutes sortes., .200 25,700 1.088.000 4.000 24,100 1.051.000 2.200 49.800 2.139.000 ment en tonnes la consommation en combustibles, etle nombre d'ouvriers des forges francaises pour l'année 1893. E. DEMENGE — ÉTAT ACTUEL DU TRAVAIL DU FER ET DE L'ACIER une reprise depuis 1889; celles des aciers, au con- Nous terminons ces questions de statistique, en disant quelques mots des importations et exporta- tions des fers et aciers qui, d'ailleurs, sont peu importantes. Depuis 4883, ainsi que l'indiquent les diagrammes 2) et (3) (fig. 12), les importations des Ë Si È È & | | | | | sf En | space”) 123 _ 115 | 126 | 175 a) 215} 219 | 196 | 161 | 130 Ur 269 | 134 | 103 | 88 | 97 | 86 | 50 |#9 108 | 115 | no SSII 1 | ë 5 E|\ x |P b rite 4 io ds “ de Lin a ' EReRÈRE $ PE ee D - : RE LEA = ovt : & — + ré! 19,6 lp 63 22, ‘ AE [ES iles Je Fig. 12. — Importation et Exportation des Fers et Aciers ouvrés en France depuis 1883. fersetdesaciersont diminué.Celles des fers accusent traire, ne se relèvent pas. Les exportations, après être passées par un maximum en 1889 pour les fers, et en 1887 pour les aciers, vont constamment en décroissant. Cependant on signale un petit revi- rement pour 1894. Les principaux produits impor- É tés de l'étranger sont : des fers au bois élirés en barres, des fers el aciers machine, des tôles d'acier, des fers-blancs (Angleterre), des essieux et ban- dages de roues bruts de forge, des fils d'acier pour cordes d'instruments. Quant aux matières exportées, ce sont principa- lement des fers au coke étirés en barres, des cor- nières et des fers à T, des feuillards en fer et en aciers, des fils de fer ou d'acier, et surtout des rails $ en acier. Un certain nombre d'entre elles ont été ê importées à l’état de fontes ou matières brutesen… admission temporaire el réexportées après main- d'œuvre. ben ES lt ne Emile Denon el Ancien Elève de l'Ecole Polytechnique, Ingénieur civil des Ponts et Chaussées. D' H. HARTMANN — REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE 937 REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE Ï. — SÉROTHÉRAPIE ET TOXICOTHÉRAPIE. Pendant l'année qui vient de s'écouler, la séro- thérapie a conslitué une des grandes préoccupa- tions du monde médico-chirurgical. Il ne faut pas oublier cependant que le principe sur lequel re- pose cette méthode remonte à plusieurs années déjà. Dès novembre 1888, MM. Ch. Richet et Héricourt communiquaient à l’Académie des Sciences des recherches établissant en principe l'importance des traitements hémothérapiqurs; constatant que le chien était réfractaire à l’inoculalion d’un staphy- locoque très toxique pour le lapin, ils pensèrent que l’on pouvait rendre le lapin réfractaire en lui inoculant du sang de chien. Leurs expériences élablirent que le sang des chiens inoculés préala- blement, puis guéris, conférait une innocuité plus complèle que le sang des chiens intacts. Convaincus que le sang des animaux réfractaires conférait l'immunité, Richet et Héricourt résolu- rent d'appliquer ce principe à la tuberculose. En 1889, ils montraient que la transfusion péritonéale du sang de chien ralentit, dans une certaine me- sure chez le lapin, l’évolution tuberculeuse. Les applications à l’homme, failes les années sui- vantes, ne donnèrent que peu de résultats. . Entre temps, MM. Bouchard et Charrin mon- traient, au cours de recherches sur le bacille pyo- cyanique, que le sérum était à peu près aussi aclif que le sang, que, par suite, on pouvait, aux pro- cédés hémato-thérapiques, substituer les procédés sérothérapiques plus simples. En 1890 deux Japonais, Ogata et Jasuhara, indi- quaient que le sérum d'un animal réfractaire, le chien dans l'espèce, pouvait guérir un animal in- feclé, la souris inoculée avec du charbon dans leurs expériences. Bon nombre de points de la sérothérapie étaient dès lors acquis expérimentalement. La méthode n’élait toutefois pas entrée dans la pratique. Elle y entra avec l'important mémoire de Behring et Kitasalo qui, par une série d'expériences bien con- duites, forcèrent la conviction.'Tls constatèrent que le sérum d’un animal vacciné contre cerlaines in- feclions, le tétanos et la diphtérie, présentait la propriété remarquable de neutraliser l'effet de la toxine correspondant à ces infections, lorsqu'on injectait à un animal neuf, successivement ou si- multanément, le sérum et la toxine. Pour les infections où le rôle de la toxine est considérable, ils démontrèrent que le sérum d’un animal, accoutumé par des injections successives et pro- gressives de toxine, neutralise la toxine comme le ferait un alcali d’un acide. Tel est, si ce n’est l’in- terprétation exacle des réactions produites, du moins la traduction grossière du phénomène. Behring pensa qu’au fur et à mesure que l’ani- mal s’accoutumait à la toxine, il se formait dans Forganisme une antitoxine, qui était capable de la neutraliser. Il montra qu'on pouvait, par des in- jections successives, augmenter progressivement la quantité des antitoxines du sang, que ces anti- toxines étaient surtout contenues dans la partie liquide de ce sang, que les globules n’en conte- naient pas, que, par suite, il était tout indiqué d'employer en thérapeutique le sérum. La séro- thérapie était définitivement établie. En réalité, les phénomènes ne sont pas aussi simples que l'avait supposé Behring. Nous ne vou- lons toutefois pas discuter ces questions dans une revue de chirurgie, el nous nous contenterons d'in- diquer ici les résultats que donnent ces méthodes dans les diverses affections. A côté de la sérothé- rapie du tétanos et des infections streptococciennes qui, comme celle de la diphtérie, reposent sur des bases précises, sur la connaissance du microbe en cause, sur ses réactions biologiques et expérimen- tales, nous parleronsdes tentatives sérothérapiques faites contre les diverses tumeurs. Ici, pas de données expérimentales positives, pas de rensei- gnements sur le parasite. L'étude clinique est la seule donnée actuelle; on comprend donc les hési- tations que l’on peut encore avoir à conclure. Nous dirons où en sont actuellement les observations sur ce point. Enfin nous terminerons par un exposé de la toxicothérapie des tumeurs malignes, méthode fondée sur des principes absolument différents. Tétanos. — Nous avons eu déjà l’occasion de par- ler de la sérothérapie du f#tanos'. Les résultats qu'on en a obtenus n’ont pasété bien brillants. Aussi Roux et Vaillard, en présence des difficullés ren- contrées à guérir cette redoutable infeclion, ont-ils conseillé de chercher à la prévenir. On doit, disent- ils, injecter préventivement de l'antiloxine toutes les fois qu'on se trouve en présence d’une plaie susceptible de donner le tétanos, lors de plaie souillée de terre par exemple. De petites doses suffisent, en effet, pour prévenir le tétanos, alors que de grandes peuvent ne pas le guérir. Certains chirurgiens ont, depuis quelques années, suivi cette pratique et n’ont pas observé de tétanos ; mais on sait combien celte maladie est rare aujourd'hui dans nos services hospitaliers. Aussi ne peut-on affirmer que les injections, qu'ils ont faites, ont 1 Revue générale des Sciences, 1893, p. 670. 938 D: H. HARTMANN — REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE 4 4 prévenu des tétanos qui, sans elles, se seraient déve- loppés. Ces injections préventives devront être faites d'une manière systématique lors de tétanos épidémique, en temps de guerre, par exemple, en particulier lorsqu'on opère dans des contrées où le télanos existe d’une manière endémique. Alors seulement, si elles donnent ce qu'on est en droit d’en attendre, on pourra affirmer leur absolue efti- cacité !, Infections à streptocoques. — Bien que la fièvre puerpérale et l'érysipèle traumatique aient à peu près disparu de nos services hospitaliers, on à en- core quelquefois l'occasion de les y observer sur des accouchées du dehors ou sur des blessés pansés sans soin antérieurement. Aussi est-il intéressant pour le chirurgien de connaitre les avantages qu'il peut tirer des injections de sérum antistreplococ- cique préconisées presque à la mème époque par MM. Marmorek et Roger. Il semble à peu près dé- montré actuellement que le sérum antistreptococ- cique, provenant d'animaux immunisés au moyen de cultures soit actives, soit stérilisées, ne présente aucun inconvénient et qu'il donne des résultats d'autant meilleurs qu'on intervient plus tôt. Tuberculose. — Dans quelques cas d'ulcérations tuberculeuses cutanées, des injeclions de sérum de chiens rendus tuberculeux par Charrin et Poltevin ont, entre les mains d’Auguste Broca, donné des résultats appréciables. Associées, au besoin, à l'in- tervention chirurgicale, ces injections, faites au- dessous de la lésion tuberculeuse locale, consti- tueraient un modificateur efficace de certaines ulcérations cutanées. On ne peut encore se pro- noncer à l'égard de ces injections, d'une manière définitive, la durée d’observalion n'étant pas en- core suffisante dans une affection d'évolution aussi lente que la tuberculose. Cancer. — Deux méthodes de trailement non opératoire ont été préconisées dans ces derniers temps contre le cancer. Depuis longtemps, on sait que le développement d'un érysipèle chez un ma- lade porteur d’une tumeur peut avoir pour résullal d'amener la nécrose, l’atrophie, voire même la guérison radicale de la tumeur, ce qui lui a valu le qualificatif d'érysipèle curateur. Se fondant sur ces données de la clinique, Fehleisen, après la découverte du streptocoque, eut recours à l'in- 1 L'expédition de Madagascar serait actuellement un ter- rain d'études excellent pour cette question, le tétanos y étant, de notion courante, d'une grande fréquence, et y ayant été observé non seulement à la suite de blessures, mais même après de simples injections de morphine. Nous espérons que le corps expéditionnaire s'est largement pourvu à l'Institut Pasteur de sérum antitétanique ct qu’au cours de lacampagne on n'aura pas eu à enregistrer de mort par télanos. jection de cultures de ce microbe pour la cure de” tumeurs malignes: sa méthode fut rapidement abandonnée. 7 Il était difficile d'obtenir et d'entretenir des cul-” tures de streptocoques virulentes. De plus, la mé- thode n'était pas sans dangers. Un malade inoculé… par Janike succomba des suites de l’inoculation. Aussi, lorsque l’étude des produits de sécrétion des microbes eut révélé que ces produits, injectés aux animaux, pouvaient reproduire le tableau « symptomalique de l'infection par les microbes eux-mêmes, on songea à rechercher si les toxines. du streptocoque n’'exerceraient pas sur les tumeurs » malignes la même action que l’érysipèle. Lassar à (de Berlin), bientôt suivi par Spronck en Hollande et par Coley en Amérique, eut recours à ces injec- tions de toxines. Il est aujourd’hui établi que les toxines sireptococciques, injeclées en n'importe quel point du corps chez un malade porteur d'une tumeur maligne, provoquent habituellement dans la tumeur une dégénérescence rapide qui peut aller jusqu’à la nécrose, et qui semble même pou- voir, à la longue et dans quelques rares cas, ame- ner la guérison. En avril de cette année deux expérimentateurs allemands, Emmerich el Scholl, annoncèrent qu'ils avaient guéri des cancers récidivés et des sarcomes par du sérum de mouton inoculé au moyen de cultures d'érysipélocoques. Leur com- munication n’a malheureusement pas lardé à re- cevoir des faits un éclatant démenti. Bruns (de Tubingue) dit avoir constaté des accidents à la suite de ces injections (fièvre, dyspnée, cyanose, affai- blissement du cœur, vomissements) et n'avoir obtenu aucun résullat thérapeutique. Il en a été de même dans le service de Thiersch. Enfin le pro- fesseur Angerer (de Munich) porta à cette méthode un coup encore plus violent en annonçant que les résullats oblenus n’élaient pas conformes à ceux publiés par Emmerich el Scholl, que, bien plus, une des malades, publiée par eux comme guérie, était en réalité morte de sa récidive cancéreuse. En juin, notre ami, M. Répin, publiait de son côté, les résullats qu’il avait obtenus à Paris. In- jectant sousla peau un bouillon de culture streplo- coccienne, stérilisé soit par la filtration sur bougie de porcelaine, soit par chauffage, il vit la toxine, injectée à distance, produire sur la tumeur une action élective et amener dans un cas de sarcome une nécrobiose partielle du néoplasme, qui cepen- dant repullula. Dans aucun cas il n’obtint de gué- rison véritable. Tandis que Coley admettait que la toxine agissait en détruisant le parasite (hypothé- tique) des tumeurs malignes, Répin croit qu'il s’a- git d'une véritable intoxication élective des tissus néoplasiques. Les injections de toxines agissent D' H. HARTMANN — REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE 939 utant plus facilement que la tumeur est plus “olumineuse, plus exubérante, jouissant d’une vi- alité cellulaire plus affaiblie, offrant, par suite, une rise plus facile au poison. Les résultats seraient, ivant lui, plus évidents, si l’on pouvait obtenir ne intoxication brusque et continue, analogue à “celle de l'érysipèle, au lieu de l'intoxicalion inter- nittente des injections qui ne tardent pas du reste à perdre toute action, l'immunisation suivant rapi- dement leur emploi. à - Dans un autre ordre d'idées, MM. Richet et Héri- court, supposant que le suc des tumeurs malignes uc de sarcome. Avec le sérum de l'animal ainsi raité, ils ont fait des injections à deux malades atteints l’un de tumeur de l'estomac, l’autre de Sarcome lhoracique récidivé et, dans les deux cas, “ont obtenu de réelles améliorations. Si l'avenir découvertes les plus importantes de notre époque. “La gravité du cancer, l'impuissance dans laquelle “nous sommes souvent en présence de cette terrible affection, font que nous souhaitons vivement de … voir de nouvelles observations affirmer la réalilé … de ce traitement. Malheureusement rien encore ne nous permet de voir là un fait établi. Peut-être le cancer de l'estomac n'était-il qu'une gastrite avec … périgastrite ? Peut-être le sarcome coslal n'élait-il _ qu'une tuberculose à forme néoplasique ? En 1890, Billroth à Vienne, nous-même et Pilliet à Paris, appelions l’altention sur certains cancers de l'intestin qui n'étaient en réalité que des formes - spéciales de tuberculose ; plus récemment le pro- … fesseur Cornil, trouvant des bacilles dans un ostéo- - sarcome à myéloplaxes, a pu en affirmer la nature - luberculeuse ; quoique peu connues, ces formes de - tuberculose simulant des néoplasmes n’en existent pas moins et doivent nous mettre en garde contre des faits jusqu'ici isolés. Les recherches de MM. Richet et Héricourt ont - été presqu'immédialement reprises par Boinet, qui injecta soit dans les veines, soit dans le tissu cel- lulaire sous-cutané de 4 ânes et de 10 chiens des tumeurs cancéreuses non ulcérées, et inocula aux malades le sérum d'animaux injectés avec la même variété anatomo-pathologique de cancer. Il a ainsi obtenu une diminution des douleurs et des hémor- ragies, en même temps qu'une amélioration de l’état général. Jamais il n'a obtenu de guérison complète. En somme, pas de résultat définitif. Aussi devons-nous jusqu'ici être réservé à l’é- gard de ces traitements sérothérapiques, qui ne reposent pas sur des bases aussi bien établies que ceux de la diphtérie, du télanos ou de l'infection streptococcienne. Nous devons l'être d'autant plus que Ferré aurait vu la congestion périphérique d'un ulcère cancéreux diminuer et ses bords s’affaisser à la suite d'injection de sérum d'âne non immunisé. Nous resterons dans la même réserve à l'égard du trailement sérothérapique deslymphadénomes, pratiqué par M. Delbet. Toutes ces tentatives de sérothérapie contre les diverses formes de cancer (carcinomes, sarcomes, lymphadénomes) deman- dent confirmalion, d'autant que la nature micro- bienne de ces diverses affections n’est pas encore élablie, que, pour quelques-unes même, elle res- terait problématique. Le plus sûr est encore de faire un diagnostic précoce et une ablalion large du néoplasme. Celle-ci peut donner des résultals définitifs excellents, comme le prouve la statistique récente de Halsted, qui, enlevant largement les mamelles cancéreuses avec la peau, la portion thoracique du grand pectoral et le contenu de l’aisselle depuis son sommet, obtient 13 pour 400 de guérisons définitives. II. — CRANE Er Racnis. Trépanation du crâne. — Les observations de tré- panation pour tumeurs cérébrales, pour fractures, se multiplient chaque jour. La question est aujour- d’hui tranchée, et le chirurgien n'hésite plus à in- tervenir. Ce qui est, au contraire, beaucoup plus discuté et beaucoup plus discutable, c’est l'utilité de la trépanation dans les aliénations mentales. A cet égard nous devons mentionner un mémoire très documenté de M. R. Sémelaigne qui a réuni la plupart des observations étrangères. La lecture des faits nous monlre que nous n’en sommes encore actuellement qu'à la période empirique el expérimentale. L'avenir seul nous dira si la trépa- nation mérite d'acquérir droit de cité dans la thé- rapeutique de l'aiiénaltion. Appareil auditif. — W y a deux ans, nous avons eu l’occasion de parler ici même du curage de la caisse, préconisé par Stacke ". Depuis cette époque, la chirurgie de la caisse et de l’apophyse mastoïde a fait l’objet de nom- breux travaux, parmi lesquels nous signalerons particulièrement ceux d'Aug. Broca et de Lubet- Barbon. La lrépanation limitée à l’apophyse suffit pour les suppurations mastoïdiennes consécutives aux otiles aiguës, la caisse guérissant ensuile d'elle-même. Mais il n’en est plus ainsi, quelle que soit l’acuité de la lésion apophysaire, lorsqu'à l'origine du mal est une suppuration chronique de la caisse. En pareil cas, on ne tarit la suppuration que si l’on assèche sa source, et cette source est dans la caisse. De là l'indication d’agir sur celle-ci en même temps que sur l’apophyse. Tantôt on constate une lésion mastoïdienne ma- ! Revue des Sciences, 1893, p. 670. 940 D' H. HARTMANN — REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE nifeste, abcès ou fistule, et, après avoir évidé l'apophyse, on pousse la brèche jusque dans la caisse; tantôt, après avoir abordé directement la caisse atteinte de suppuralion chronique par l’opé- ration de Slacke, on trouve dans l’aditus, dans l'antre, dans les cellules de la pointe, des lésions cliniquement lalentes que l’on poursuit de proche en proche, et finalement on évide l'apophyse. Dans les deux cas, le résultat final est le même : une vaste cavilé rélro-auriculaire qui conduit librement jusqu'au fond de la caisse. Ainsi con- duite, l'intervention donne des résultats excellents. Ablation du ganglion de Gasser. — Certaines né- vralgies faciales, par leur intensité et par la résis- tance qu'elles opposent aux divers modes de trai- tement, aulorisent des interventions sanglantes. Lorsque la névrotomie périphérique échoue, on se trouve amené à faire la résection intra-cranienne du nerf, à exlirper le ganglion de Gasser. Un récent mémoire de Beck permet de se faire une idée de la valeur de cette intervention. La voie temporale semble la meilleure; le danger est la déchirure de la méningée moyenne au mo- ment où J'on soulève le fragment osseux. 41 opé- ralions ont donné 35 guérisons et 6 morts. Chirurgie du rachis. — La chirurgie du rachis ne semble pas faire grand progrès. Portée à Lyon devant le dernier Congrès de Chirurgie,cette ques- tion reste encore pleine d'inconnues. A l'heure actuelle, ce n’est, comme l’a dit le rapporteur, M. Kirmisson, qu'une chirurgie d'exception. Quel- ques faits, apportés dans la discussion par Gross, Vincent, Michaux, etc., élablissent cependant quelques points. Il est indiqué de débrider les plaies par armes à feu pour en faire l'antisepsie, les simplifier, les débarrasser des corps étrangers, projectiles et esquilles, en assurer l'hémoslase. Si l’on arrive sur un fragment d'os enfoncé vers la moelle, il est possible de le relever ou de l’extraire, comme l'a fait avec succès Tillenbaum dans un cas. Lors de lésion médullaire consécutive à un mul da Pott, il faut aborder le canal rachidien par une incision latérale. Ce point, bien mis en relief par Vincent, il y a quelques années, est acceplé aujour- d'hui par les divers opérateurs. La voie latérale est la meilleure voie d'accès vers les parties anté- rieure et latérale des corps vertébraux. A propos des wbcès rétro-pharynyiens, nous men- tionnerons le plaidoyer de J.-J. Reverdin en faveur de l'opération de Burckhardt. Celui-ci incise le long du bord interne du sterno-mastoïdien, au ni- veau du larynx; passant entre la carotide interne et le larynx, il arrive très facilement dans l’espace rétro-pharyngé. Ce procédé serait d’une exécution. beaucoup plus aisée qu'on ne le suppose au pre= mier abord. | La ponction lombaire du rachis a été préconisée par Quincke comme ayant une réelle valeur théra- peutique. Il semble qu'il n'en soit rien. Sa valeur diagnostique même est contestée. Certes, dans lan méningite tuberculeuse, le liquide peut étre clair ) et contenir des bacilles; dans la méningite sup- purée il peut être trouble, purulent, et contenir des microbes pyogènes. Mais il n'y a rien d’absolu,M el, dans deux cas, où, par la ponction, il avait reliré un liquide clair, Stademan a trouvé à l'au-« topsie une méningite suppurée. | IT. — Cou. (roitre. — Malgré l'obscurité qui règne encore sur la physiologie normale du corps thyroïde, les travaux publiés sur sa pathologie deviennent de jour en jour plus nombreux. Nous ne parlerons- pas ici de l'exfirpation du yoitre. La question est aujourd'hui tranchée, et l'important travail de Kocher relatant 1.000 opérations pratiquées par lui, avec une mortalité de 1 pour 400, n'a fait ; qu'apporter une slalistique de plus à la question aujourd'hui bien tranchée de l’exlirpalion du goitre. L'exothyropezie que nous avons décrite l’an dernier, lors de son apparition !, ne semble pas devoir se subslituer à la méthode plus radicale de l’ablation. L’imperfection des résultats, la longueur " du traitement, font que les chirurgiens lui préfè- rent en général l’extirpation; c'est toutefois une | ressource ulile dans certains cas déterminés. Pour notre part, nous y avons eu recours dans un Cas. de goitre suffocant où l’extirpation aurait été im- ! possible, et où, pour parer à des accidents d'as- -phyxie immédiate, l'exothyropexie nous a paru loire que la trachéolomie palliative jusqu'alors pratiquée. Dès que le corps thyroïde goitreux a été amené à l'extérieur, les accidents ont cessé. C'est donc une méthode que nous croyons devoir re- commander en pareille circonstance. Les traitements anciens du goitre par les injec- tions sont aujourd'hui abandonnés par le plus grand nombre des chirurgiens. Dangereux dans certains cas, ils ne semblaient guère avoir d'action que dans la variété de goitre dite goitre paren- chymateux, sorte d'hypertrophie générale du corps thyroïde; or il vient d’être démontré que ces goitres parenchymateux peuvent guérir par un trailement purement médical. Des expériences sur les animaux, failes sous la direction de Kocher, ont montré que l'alimentation thyroidienne prolongée délerminait une atrophie du corps thyroïde, et $ ; un moyen plus simple, plus rapide et moins aléa- 1 Revue générale des Sciences, 1894, p. 688. ns emma t es ent ins éécuoneen bete à nt tt ÉTÉ le Lt à Le ÿ qu'elle pouvait même arriver à supprimer ses - fonctions. Il était donc indiqué de recourir, dans . le cas de goitre, à l'alimentation thyroïdienne; - c'est ce qu'ont fait Kocher (de Berne) et Bruns (de Tubingue). Ce dernier donne, au début, 10 grammes . de glande fraiche pendant fuit jours pour les adultes, 5 grammes pour les enfants; puis il se contente de l’ingestion de tablettes d’extrait thy- roïdien préparées suivant la méthode de White. Sur 60 malades ainsi traités il a obtenu 14 guérisons, 20 disparitions presque complètes, 9 améliora- tions ; 17 fois seulement le traitementest resté sans résultat. Ces faits se passent de commentaires. Les résultats, nuls dans les formes colloïdes, kystiques, fibreuses, seraient bons dans les goi- tres diffus, d'autant meilleurs que le goitre serait plus récent et l'individu plus jeune. Les récidives pourraient se produire après cessation de l’alimen- tation thyroïdienne. Se fondant sur les grandes analogies qui existent entre la glande thyroïde et le thymus, Mickuliez a remplacé l’ingestion de corps thyroïde par l’admi- nistration de thymus de mouton finement haché et étendu sur du pain, à la dose de 15 à 25 grammes, trois fois par semaine. Les résultats ont été bons {une disparition complète, neuf diminutions, un in- succès). Les interventions chirurgicales, jusqu'à ces der- niers temps frès rarement praliquées dans la #u- laie de Basedow où goitre exophthalmique, sont de- venues plus fréquentes. Trendelenburg, Rydigier, Mikuliez, ont eu recours à la ligature des artères thyroïdiennes. Le plus grand nombre des chirur- gienssesontattaqués directementaucorpsthyroïde. Krünlein et Kocher, en Suisse, Championnière, Gérard, Marchant, Tuffier, en France, se sont atta- qués au lobe le plus hypertrophié et ont fait des thyroïdectomies partielles, qui ont élé suivies de succès. Ces opérations, pratiquées à l’état isolé et d'une manière empirique, il y a une quinzaine d'années, deviennent, en quelque sorte, rationnelles aujourd'hui, la maladie de Basedow élant pour beaucoup d’observateurs le résultat d’une hyper- sécrétion thyroïdienne. Tubage dans le croup. — Jusqu'à Pan dernier, le tubage du larynx dans le croup, pratiqué pour la première fois à Paris, en 1858, par Bouchut, n'a guère été employé dans notre pays, malgré les nombreux travaux publiés en Amérique à la suite des communications d'O'Dwyer. Si quelques mé- decins l’employaient, tel le D' Jacques (de Mar- seille), ils restaient isolés, et la trachéotomie ré- gnait en maitresse. Chose intéressante à noter, c’est, non pas un médecin, mais un bactériologiste, partant un savant non imbu des idées régnantes, D' H. HARTMANN — REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE 941 qui, frappé des résultats obtenus par le tubage, l’a préconisé et l'a fait triompher dans notre pays. Depuis que, dans sa communication de sep- tembre 1894, au Congrès de Buda-Pesth, sur la sé- rothérapie de la diphtérie, Roux a exprimé l'espoir de voir l’intubation du larynx remplacer la tra- chéotomie, on s’est mis dans les hôpitaux à recou- rir largement au tubage. Actuellement la question est encore à l'étude; mais tout fait prévoir que, sous peu, la trachéotomie sera délaissée, au grand bénéfice des enfants. IV. — ABDOMEN. Estomac. — Dans ces dernières années, de nom- breux procédés ont été préconisés pour arriver à empêcher d’une manière complète la déperdition du suc gastrique et du contenu stomacal après la gastrostomie. Hahn fait, pour découvrir l'estomac, une pre- mière incision au-dessous du rebord costal ; puis, par une deuxième incision, au niveau de la partie interne du huitième espace intercoslal, en un point que n’atleint jamais la plèvre, il passe la main, saisit l’estomac et l’attire. Les cartilages costaux agissent sur la bouche stomacale, pratiquée à ce niveau, comme la pince-robinet de la pipette de Mobr, et empêchent l'élargissement de la fistule. Von Hacker cherche à fermer la fistule en l’enser- rant dans une boutonnière musculaire; son inci- sion verlicale passe à 2 ou 3 centimètres à gauche de la ligne médiane. Il attire l'estomac à travers une boutonnière du muscle droit antérieur. D’autres ont cherché simplement à constituer un canal assez long. Frank fait une première incision le long du rebord costal, et, parallèlement à lui, attire dans cette incision un cône stomacal qu’il y fixe ; à 3 centimètres au-dessus il fait une deuxième incision d'un centimètre et demi, y passe une pince el attire à son niveau le cône stomacal, constituant ainsi un trajet sous-cutané. Com- binant le procédé de Hahn à celui de Frank, Gec- cherelli incise la peau au niveau du septième es- pace intercostal, puis pénètre dans l'abdomen par le huitième. L'estomac, attiré dans ce trajet coudé, se réfléchit sur la septième côte. On aainsi,comme dans le procédé de Hahn, la possibilité d'attirer une partie d'estomac voisine du cardia et une pince costale; on a un trajet assez long comme dans le procédé de Frank; enfin ce trajet, coudé sur la côte, est ainsi pourvu d’une sorte de valvule. Le procédé de Witzel cherche à réunir des avan- ages identiques par d’autres moyens. Witzel in- cise la peau obliquement lelong du rebord costal; il divise longitudinalement le muscle droit, puis transversalement le transverse. Les trois incisions de la peau, du grand droit et du transverse se 942 D: H. HARTMANN — REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE croisent en étoile, ce qui assure la compression du trajet. Pour donner à celui-ci une certaine lon- gueur, Witzel constitue, au-dessus de l'orifice sto- macal, un canal par l’adossement de deux plis sto- macaux réunis, au-dessus d’un drain, par des points passés suivant la méthode de Lambert. Peu importe pour nous le choix du procédé. Pour ne pas voir s'écouler à l’extérieur les liquides stomacaux, il faut un canal muqueux d’une cer- taine longueur et un orifice petit, point bien pré- cisé par le professeur Terrier, restant petit, résul- lat auquel on n'arrive qu'en supprimant, comme nous l'avons dit il y a déjà cinq ans, les obtura- teurs, qui n'aboutissent qu'à dilater la fistule. Parmi les questions de chirurgie stomacale qui ont été particulièrement étudiées depuis notre dernière revue, nous devons mentionner le #raile- ment chirurgical de l'ulcère de l'estomac. La résection de l’ulcère n'a élé pratiquée que dans un très petit nombre de cas. L'opération est souvent difficile ou mème impossible, à cause du siège de l’ulcère, de son étendue trop considérable, de la faiblesse ex- trème du malade en cause. La divulsion digitale de Loretaet l'opération pyloroplastique de Heineke- Mikulicz ne trouvent guère leur indication. Il semble que, dans la majeure partie des cas, ce soit à la gastro-entérostomie qu'on doive avoir re- cours. On remédie ainsi à la dilatation de l'estomac, au spasme réflexe du pylore, et l’on facilite la guérison de l’ulcère, qu'on met ainsi au repos. L'indicalion opératoire, en dehors des cas rebelles aux traitements médicaux, se trouve quelquefois fournie par une complication des gastrorrhagies, une perforation de l'estomac. Dans ce dernier cas, il ne faut pas s’attarder à chercher une occlusion parfaile de l’ulcère ; il faut nettoyer la cavité ab- dominale, limiter autant que possible un fover juxta-stomacal et le drainer largement. Un malade que nous avons ainsi opéré #n extremis, el qui a guéri, montre le bien-fondé des pratiques simples et rapides en pareil cas. Foie. — La question des affections des voies bi- liaires continue à faire l’objet des travaux des chi- rurgiens. Cette année, c'est le canalcholédoque qui a particulièrement alliré l'attention : son anatomie a élé étudiée par M. Quénu, qui a bien précisé les rapports de ses deux portions, sus-duodénale et rétro-duodénale. Sa pathologie a fait l’objet d’une série de travaux résumés et bien classés dans la thèse fort intéressante d’un élève du Professeur Terrier, M. le D' Jourdan Dans son travail, M. Jourdan montre l'impor- tance qu'il y a à établir des distinctions entre les divers cas de cholédochotomie, La cholédochoto- mie primitive, associée ou non à une intervention sur la vésicule, est beaucoup plus grave que la cholédochotomie secondaire à une fistule biliaire complète. Le fait s'explique facilement, la réten- tion biliaire et les accidents infectieux, qui exis-. tent dans le premier cas, cessant à la suite de l’éta- blissement d'une fistule. De là l'indication d'utiliser la cholécystostomiecomme opération préliminaire, ce qui, malheureusement, peut être souvent impos- sible par suite de la rétraction @e la vésicule et de l’imperméabilité du canal cystique. V. — RECTUM. Rétrécissements, — On sait combien la nature des rétrécissements du rectum est encore discutée. La difficulté que l’on a dans la détermination des anté- cédents pathologiques des malades explique faci- lement cette indécision en l'absence d'examens anatomo-pathologiques de ces lésions. Jusqu'ici on ne possédait guère que quelques examens isolés, disséminés çà et là. Les ablations plus fréquentes du rectum, la possibilité d'avoir ainsi des pièces fraiches ont, dans ces derniérs temps, rendu cette , élude plus facile. Plusieurs mémoires que nous. avons publiés avec M. Toupet, un travail important de M. Sourdille, ont, par la comparaison d’une série d’une vingtaine de pièces, permis de tracer. l'histoire anatomique de cette lésion. Les rétrécissements du rectum présentent lrois types pathologiques : Type inflammatoire diffus, type syphilitique à nodules gommeux, type tuber- culeux où l’on retrouve des follicules caractéristi- ques. Ces lésions, en quelque sorte spécifiques, occupent le tissu sous-muqueux; dans les trois cas le revêtement de la région subit des modifica- lions identiques disparilion de l'épithélium cylindrique normal de la région, glissement, sur la : région dépouillée, de l’épithélium pavimenteuxstra- tifié venu de l'anus, quelquefois formation de pseudo-papilles, si bien qu’onassiste, dans les rétré- cissements du rectum, à la genèse d’une véritable pachydermie rectale. Fistules recto-vaginates. — Le traitement des fis- tules recto-vaginales larges et haul-situées était resté difficile, etles tentatives opératoires n'étaient malheureusement pas suivies de succès dans un grand nombre de cas. Aussi devons-nous signaler l’ingénieux procédé qu'a imaginé M. Segond, et qui nous parait destiné à remplacer tous les autres. Après dédoublement de la cloison reclo-vaginale, toute la partie sous-jacente à la fistule est extirpée, et le bout supérieur abaissé est sulturé à la peau. La communication rectale se trouvant par le fait supprimée, l'ocelusion de la perforation vagi- nale avivée est assurée par quelques points de suture. D: H. HARTMANN — REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE 943 Dilatation de l'anus. — Par une série d'expé- -riences sur des chiens, M. Quénu a montré que la dilatation de l'anus ne s’accompagnait d'aucune lésion anatomique appréciable du muscle, d’au- cune altération physiologique de l’appareil neuro- musculaire. Ces constatations l’ont amené à conelure que la diminution momentanée de toni- cité sphinctérienne ne pouvait être rapportée qu'à une cause centrale. Quand on pratique la dilata- tion forcée del'anus, on agit à distancesur la moelle, nous dit-il. On paralyse le centre ano-spinal par l'intermédiaire des nerfs sensitifs ; à l’aide d’une excitation violente de ces nerfs, on provoque, en un mot, un phénomène d'inhibition. VI. — APPAREIL URINAIRE. Hypertrophie prostatique. — L'an dernier nous avons mentionné les tentatives faites par White, de Philadelphie, et par Ramm, de Christiania, pour guérir l’'hypertrophie prostatique par la castration double. Les opérations se sont depuis lors multi- pliées, et, dans un travail récent, Launois et Piquois ont pu en réunir 53 cas. Ces 53 cas ont donné 8 morts, soit une mortalité de 15 0/0 environ. C'est dire que la castration double chez le vieillard n'est pas absolument innocente. Dans plusieurs cas la mort a suivi une crise de manie aiguë. - Jusqu'ici ces tentatives opératoires n'ont guère été pratiquées en France. On leur oppose divers arguments. Les uns sont d’ordrescientifique; l'hy- pertrophie de la prostate n’est pas une lésion loca- lisée; c’est, comme l'ont montré le Professeur Guyon et ses élèves, une partie d'un processus dégénératif qui intéresse tout l'appareil urinaire des vieillards. En mème temps que la cirrhose hypertrophique de la prostate, on trouve une sclé- rose généralisée à tout l'appareil urinaire, à la ves- sie, aux urelères et aux reins ; d’autres arguments sont d'ordre sentimental et découlent de ce fait que l’homme éprouve la plus grande répugnance à se laisser priver des attributs palpables de son sexe. On sait que, chez certains malades, on a dû insérer dans le scrotum des testicules postiches en celluloïde, en verre, en gutta-percha, en aluminium. Aussi comprend-on que cerlains chirurgiens aient cherché à obtenir des effets identiques à ceux -de la castration double en conservant au malade ce que l’on pourrait appeler des Lesticules moraux. Harrison, Francis Haynes, Mears, ont fait la section des canaux déférents pour obtenir l’atrophie des testicules. Le professeur Guyon a de même eu re- cours à la résection étendue des canaux déférents, faisant ce qu’il appelle une castration physiolo- gique par opposition à la castration anatomique. Dans le même ordre d'idées, Mac Munn a pra- tiqué la ligature de l'artère spermatique, Richmond lebistournage, Isnardi la ligature des deux cordons. Mac Cully a déterminé l’atrophie du testicule en y injectant de la cocaïne pendant. deux mois. Les résultats, oblenus jusqu'ici par ces divers procédés, ne nous permetlent pas de poser de conclusion. Il semble, d'après les observations publiées, que les résultats fonctionnels ont été le plus souvent satisfaisants. Mais il faut bien savoir que bon nombre de prostatiques arri- vent souvent, au bout d’un temps variable, à se passer de la sonde, et à uriner spontanément sans castration et sans ligature des artères iliaques. Aussi attendrons-nous encore avant de suivre les chirurgiens étrangers dans la voie où ils se sont peut-être un peu témérairement engagés. De lu sonde à demeure. — À une époque où bon nombre de chirurgiens, en province surtout, sont prêts à prendre le bistouri au moindre incident, il est bon de connaître ce qu'on peut obtenir de petits moyens, tels que la pose d’une sonde qu'on laisse à demeure. L'utilité de la sonde à demeure après la taille, la lithotrilie, l'uréthrotomie interne, l'uréthrotomie externe,lesfaussesroutesuréthrales, n’est pas à démontrer. Le bénéfice qu'en peut re- tirer le malade prostatique est, au contraire, ac- tuellement discuté. Sans vouloir rejeter l’opéra- tion de la cystostomie que nous avons conseillée, il y aura bientôt dix ans, avec notre maitre, le P' Guyon, dans le traitement des cystites doulou- reuses, que nous acceptons avec Poncet dans certains cas d'hypertrophie prostalique, nous pen- sons que l’on en a notablement exagéré les in- dications. Souvent le malade retire un bien plus grand bénéfice du simple emploi raisonné de la sonde. Dans un récent mémoire, MM. Guyon et Michon en ont montré les avantages chez les prostatiques infectés. Alors qu’en pareil cas l’em- ploi de la sonde à demeure à Paris ne donne qu'une mortalité de 23 °/,, dans les mêmes condi- tions la cystostomie donne à Lyon 35 ‘/, de morts. Chez quelques malades la sonde, outre son rôle de drain vésical, en a encore un autre : celui de modeler en quelque sorte le canal, de faciliter le passage des instruments dans un urèthre devenu plus ou moins diflicile. La sonde peut cependant être cause d'accidents variés. Mais ces accidents sont, dit M. Guyon, le plus souvent le fait du chirurgien. La sonde est doulou- reuse parce qu'elle fonctionne mal, parce qu’elle est trop enfoncée ou qu’elle est obturée ; elle déter- mine des abcès dans la racine du pénis, parce qu’on a laissé la verge pendre, se couder, créant ainsi une compression continue de l’urèthre contre la sonde, au niveau de la coudure. Elle cause l'infection de l’urèthre et de la vessie, parce qu'on n'a pas usé 9%% D: H. HARTMANN — REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE de précautions antiseptiques, parce qu'on n’a pas fait les lavages qui chassent les germes patho- gènes. En résumé, on a le droit de dire que, si la sonde à demeure peut avoir des inconvénients, il est non seulement possible, mais même facile d'y obvier ou d’y remédier. Grâce à ces diverses pré- cautions, sur lesquelles vient, très justement, d'insister le P'° Guyon, on peut non seulement éviter au malade une opération inutile, mais même le guérir plus sûrement et à moins de frais. Émasculation totale. — Dans une communication au dernier Congrès de Chirurgie, M. Chalot (de Toulouse) semble adopter les conclusions récem- ment posées par Morisani, qui, en présence d’un cancer du pénis, enlève la verge et les bourses, alors même que le cancer n’a pas encore envahi toute la longueur de la verge. Les testicules se- raient un encombrement inutile et leur suppres- sion ne pourrait avoir aucune influence sur l’orga- nisme général, puisque le cancer ne s'observe que chez des gens âgés et que le type masculin est devenu fixe. Nous sommes étonnés que ces chi- rurgiens n'aient jamais été à même d’observer les effets de la castration double chez l'adulte, et nous croyons qu'il est préférable de conserver les testicules toutes les fois que leurs enveloppes sont saines. Rien n’est plus simple que d'enlever la verge en entier avec les racines des corps caver- neux et le bulbe, après fente médiane des bourses. En pareil cas, nous avons terminé l'opération en rapprochant les testicules séparés, et en fixant le bout vésical de l’urèthre à la limite postérieure de notre incision, faisant ainsi une uréthrostomie pé- rinéale. Le résultat a été excellent, et notre malade enchanté d’avoir conservé les attributs de sa vi- rililé. Uretère. — La chirurgie de l’uretère a fait l’objet de nombreux travaux. Sans nous arrêter à décrire les diverses opérations pratiquées sur ce conduit, nous nous contenterons de parier du traitement des fistules de la partie terminale de l’uretère, plus fréquentes depuis que la vulgarisation de l’hysté- rectomie vaginale a conduit le chirurgien à blesser ce conduit au cours de l’ablation de l'utérus. Les procédés autoplastiques ne réussissent en général pas, ce qui tient à ce que l’uretère est oblitéré au- dessous de la fistule. La néphrectomie est certes un mode de guérison, mais elle supprime un organe sain, L'uretéro-colostomie, conseillée par Bardenheuer, Novarro, Reed et Chaput, expose d’une part à l'infection du rein, d'autre part à l'irrilation de l'intestin par l’arrivée continue de l'urine. L'idéal était de conduire de nouveau les urines de l'uretère dans la vessie. C’est ce qu'ont fait avec succès en France M. Bazy, en Italie No- varro. Tous deux, par des procédés un peu diffé- rents, ont greffé le bout supérieur de l’uretère dans la vessie, faisant ce que Bazy à appelé une ure- téro-cyslo-néostomie, opération qui a élé bientôt reprise par d’autres chirurgiens. Cystites. — La pathogénie des eyslites s'est en- richie de faits jusqu'ici peu connus. A côté des cysliles ascendantes, par ascension d’un agent pathogène à travers les voies urinairesinférieures, et des cystites par propagation directe à travers, les parois vésicales, ona décrit des cystiles descen- duntes, survenues, en particulier, au coursdes épi- démies de grippe. M. Mathieu a, de plus, montré que l'emploi du bicarbonate de soude à doses éle- vées peut être le point de départ de poussées légères de cystite du col. VIT. — GYNÉCOLOGIE. Endométrites. — La question de la puthogénie des endométrites est actuellement à l'étude. Une grande discussion a eu lieu sur ce point, en juin dernier, au Congrès de la Société allemande de Gynéco- logie. Les opinions les plus diverses s’y sont fait jour. Pour le rapporteur, Winckel, il faut diviser les endométrites en : 1° Simples, non bactériennes, résultant de troubles de la circulation, d'intoxications, d'infections gé- nérales, endométrites déciduales, endométriles | exfoliatives ; 2% Purulentes, bactériennes, déterminées par le gonocoque.le bacille tuberculeux,lesstreptocoques, les staphylocoques, les colibacilles, les sapro- phytes, etc. . Nous ne croyons pas que l'avenir sanclionne la classification établie par le gynécologiste allemand. Une autre question, celle du {raitement des endo- métriles, a été aussi abordée en France et en Alle- magne. La tendance qui se dégage des diverses communications faites, c'est que, pendant ces der- nières années, on à abusé du curettage, el qu’on lui a demandé plus qu’il ne pouvait donner. Fibromes utérins. — Les procédés d'ablation des fibromes utérins continuent à se succéder, ce qui prouve qu’on ne possède pas encore le procédé dé- finilif. Un point toutefois semble s'établir, c'est que l’hystérectomie abdominale totale est une bonne opération. Chaque année on voit de nou- veaux chirurgiens s’en déclarer partisans. Aussi peut-on, dès maintenant, se demandersil'ablation totale de l'utérus fibromaleux n’est pas la mé- thode de l'avenir. D' Henri Hartmann, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine, Chirurgien des Hôpitaux, L 3 : La Commission internationale du mètre à élabli dé- LR en 1889 une règle de platine portant à ses extrémités deux traits dont l'intervalle représente le mètre étalon. Les beaux appareils installés au Bureau Fr Poids et Mesures permettent d'établir des copies » et des subdivisions de cet étalon, et de réaliser, avec - une très grande précision, l'unification des mesures . portant sur des règles à trait. L'industrie se servant surtout, pour ses mesures de précision, de règles à bout, c'est-à-dire de règles dont la longueur est définie par l'intervalle entre les sur- faces terminales, ces mesures ont dù être rapportées au mètre à trait. Le Bureau des Poids et Mesures em- . ploie, dans ce but, la méthode de Fizeau, qui consiste à viser, au moyen du microscope du comparateur, le milieu de l'intervalle compris entre une pointe fine et son image dans la surface terminale de la règle. Cette méthode, d’une application délicate, n’est pas suscep- tibie d’être introduite dans les ateliers de précision où l'on fait plus communément usage d'appareils à con- lact mécanique, tels que le pied à coulisse, le compas palmer, etc. Le service de l'artillerie, à la suite de lon- gues recherches, a pu établir, pour les règles à bout, un comparateur donnant une précision inférieure à celle des comparateurs à visée, mais largement suffi- sante dans la pratique. Cet appareil a été établi par l'atelier de précision de la Section technique de l’Artil- lerie, dirigé par M. le chef d’escadron Hartmann et M. le capitaine Mengio. Il a déjà conduit à beaucoup de remarques intéressantes, et son étude n’est pas épuisée. M. Cornu, en le présentant à l’Académie des Sciences, l’a apprécié de la facon suivante : « Les mesures obtenues avec ces appareils, éfudiés et construits pour les besoins de l'artillerie, ont con- duit à des conclusions qui dépassent de beaucoup, comme portée, le but spécial auquel ces appareils sont destinés. « Parmi les résultats dont la métrologie tire un profit immédiat, on doit citer celui-ci : la comparaison des règles à bout s’effectue au millième de millimètre, lorsque les deux règles comparées sont faites du même métal et offrent à peu près la même forme; dans ces conditions, la différence des longueurs mesurées est sensiblement indépendante de la pression exercée par les pièces de contact (appelées palpeurs dans les com- parateurs de ce genre); mais, lorsque les règles sont constituées par des métaux différents, la mesure diffé- rentielle dépend, dans une proportion considérable, de la pression des palpeurs. « Cette difficulté, signalée depuis longtemps et évi- dente « priori, était restée, comme tant d’objections valables en théorie, sans base sérieuse pour définir la limite pratique des erreurs à craindre : le mode d’ob- servation, si simple et si rapide, fourni par le compara- teur automatique de M. le commandant Hartmann, a permis d'étudier méthodiquement cette cause d’erreur et d'en apprécier la gravité. « Ce résultat, qui donne une infériorité notable à toutes les mesures absolues faites avec des règles à bouts, justifie l'exclusion de ce genre de règles pour les mesures de haute précision, dans tous les cas où la longueur à mesurer n’est pas déterminée par les sur- faces extrêmes d’un corps solide. «Il explique certaines divergences singulières recon- nues dans Îles anciennes comparaisons de règles étran- gères (construites en différents métaux)avec les étalons métriques francais en platine, divergences qu’on attri- Maé di à. | mt ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 945 ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES LE COMPARATEUR AUTOMATIQUE ENREGISTREUR DE M. LE COMMANDANT HARTMANN. buait volontiers aux observateurs, dont l’habileté et la conscience étaient pourtant à l’abri de tout soupcon. On voit clairement aujourd’hui que ces anomalies sont la conséquence inévitable de la matière des règles sur lesquelles l’opération a été effectuée. » | Indépendamment de ces conclusions si intéressantes au point de vue scientifique, l'appareil de M. le com- mandant Hartmann fournit une solution pratique de l'unification des mesures pour l'industrie avec une précision qu'il était impossible d'atteindre par les moyens actuels, et dont on a besoin néanmoins dans plusieurs genres de construction. C’est là un résultat des plus importants; aussi croyons-nous devoir donner une description sommaire de cet ingénieux dispositif. Le comparateur automatique enregistreur (lig. 1, page 946) comprend quatre organes principaux : 4° L'appareil de mesure; 2: L'appareil enregistreur; 3° L'appareil moteur; 4° L’appareil d’alternance, 1° Appareil de mesure. Un banc en fonte porte deux poupées, l’une fixe P,, l’autre mobile P,, terminées toutes deux par des pis- tons /, !, entre lesquels se placent les règles à com- parer #. Sur la poupée fixe P, se trouve un manchon-écrou H qui recoit une vis filetée à gauche, du pas de 1°" en- viron. Cette vis est constamment sollicitée dans le sens du vissage par un poids # de 70 grammes agissant à la circonférence d’un plateau R calé sur son extrémité. La vis appuie sur la tranche intérieure du piston /, par l'intermédiaire duquel elle transmet la pression du poids de mesure sur la règle comprise entre les deux poupées. La poupée mobile P,, qui renferme également une vis et un piston, peut être déplacée à l’aide d’un vo- lant S monté sur une vis du pas de 5x, logée dans l’in- térieur du banc, et la distance des tranches des pistons des deux poupées est indiquée à un moment quel- conque par une division tracée sur un mètre souple qui se déroule devant un index. 20 Appareil enregistreur. Le plateau R, calé sur l’extrémité de la vis de mesure, est muni de dix aiguilles « terminées à volonté par des crayons ou des plumes qui se déplacent de 27" pour une avance de la vis de 0®#,001. Ces plumes peuvent marquer sur une feuille de papier placée sur un tambour T mû par un mouvement d'horlogerie. Quand le plateau R est arrêté, une tige courbe à vient appuyer sur le cylindre enregistreur l'aiguille qui se trouve en regard du tambour qui y, marque un point. Les aiguilles sont numérotées de 0 à 9; les déplace- ments du plateau sont comptés entre l'aiguille zéro d’une part et le trait zéro de la feuille de lenregistreur d'autre part, qui sont en coïncidence quand la vis est vissée à fond. Dans ces conditions, si, avec une règle interposée entre les pistons des deux poupées l'aiguille 6 vient en regard de la division 34 du tambour, le nombre de divisions compris entre la pointe de l’aiguille-origine et le zéro de la graduation, est 600 + 3%. 3° Appareil moteur. Une petite dynamo, de 10 kilogrammètres environ, 946 actionne automatiquement les divers organes du com- parateur, . Au moyen de divers renvois de mouvement, indi- qués sur la figure, on obtient le résultat suivant : la règle à étudier étant placée entre les pistons L, £, et la machine mise en marche, la vis prend un mouvement uniforme, sous la tension du poids +, jusqu’à ce que les deux pistons appuient sur les extrêmités de la règle ; à ce moment le plateau s'arrête et la tige courbe à vient appuyer l'aiguille sur le tambour, où elle marque un point; puis la vis se met en mouvement en sens inverse, les pistons cessant d'appuyer sur les extré- Fig. 4. — Vue d'ensemble du comparaleur automatique enregistreur. — P;, ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES par le moteur électrique et, à tour de rôle, déposent sur les pistons des poupées et reprennent les règles qu'ils supportent. Les deux règles à comparer étant placées sur l'appa- reil et la machine mise en marche, on obtiendra sur le tambour deux tracés pointillés, dont l’écartement correspond à la différence de longueur des deux règles, L'allure des tracés permet de constater que l’on est dans des condilions satisfaisantes, notamment que la température est restée sensiblement constante, toute variation se traduisant par un déplacement du point figuratif. Quand les températures des règles sont bien poupée fixe; P;, poupée mobile; R, plateau porte-aiguilles ; 4, aigailles: T, tambour enregistreur; x, poids de mesure; 7, », règles à comparer; S, volant de la poupée mobile; /;, L, pistons entre lesquels se placent les règles à comparer ; i, tige courbe appuyant sur les aiguilles. mités de la règle, et quand la vis a été écartée d’une certaine distance, son mouvement change de sens el recommence sous l'influënce du poids x, comme au début de l’opération. L'appareil fournira donc automatiquement une série de mesures dont chacune sera inscrite par un point marqué sur le tambour. 4° Appareil d’alternance. Cet appareil est disposé de facon à présenter alter- nativement, entre les extrémités du piston, l’une et l’autre des deux règles à comparer. Pour cela, deux bras articulés parallèles à l'axe du banc sont actionnés égales, les deux courbes qui correspondent à chacune d'elles restent équidistantes, tandis que si l’une est à un moment donné plus chaude ou plus froide que le milieu ambiant, il se produit une modification mo- mentanée de l'intervalle des courbes. En résumé, le comparateur automatique permet d'obtenir la comparaison des mesures à bouts à = de millimètre près. Il effectue cette mesure automatique- ment, en enregistrant toutes les mesures, et élimine ainsi les erreurs accidentelles, ainsi que l'influence de l'observateur, ce qui en fait un appareil véritablement pratique. G, CHarpy, Docteur ès sciences. | ‘ V ere EUR { Los nai dan à ds 1 É J dit» 1 Lame dt Croneau ; BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques. Delemer (Jules). — Sur le mouvement varié de l'eau dans les tubes capillaires cylindriques évasés à leur entrée, et sur l'établissement du régime uniforme dans ces tubes. (Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris.) — 1 vol. in-8° de 8 pages. Gauthier- Villars et fils, Paris, 1895. La part des Mathématiques pures dans la thèse de M. Delemer n'est pas très considérable. Nous serons donc assez bref sur un travail qui appartient plutôt à l’hydraulique de laboratoire ou, si l’on veut, à la Phy- sique, et ne rentre qu'incomplètement dans notre com- pétence. — On connaît les recherches de M. Boussinesq sur l’écoulement de l’eau dans les tubes fins, à régime permanent ou varié, à sections simples diverses, M. De- lemer, évidemment élève de M. Boussinesq, applique ces méthodes générales aux phénomènes du régime graduellement varié qui se produisent à l'entrée des tubes. Les méthodes d'intégration que nous rencontrons dans la thèse n’ont rien de bien nouveau et particulier à M. Delemer ; les hypothèses simplificatives sont d’ori- gine expérimentale; les calculs sont surtout numé- riques. Une dernière partie est consacrée à la discussion approfondie des expériences faites en 1842 par le Dr Poiseuille sur l’écoulement de l’eau dans les tubes fins. En un mot, le travail est de nature à intéresser plus les physiciens que les mathématiciens. Léon AUTONNE, (A.), Ingénieur des Constructions navales, Professeur à l'Ecole du Génie maritime. — Construc- tion pratique des navires de guerre. Tome I: Plans et devis. Matériaux. Assemblages. Différents types de navires. Charpente. Revêtement de la coque et des . ponts. Tome II : Compartimentage. Cuirassement. Pavois et garde-corps. Ouvertures praliquées dans la coque, les ponts, les cloisons. Pièces rapportées sur la coque. Ven- tilation. Service d’eau. Gouvernails. Corrosion et salis- sure. Poids et résistance des coques. 2vol. gr. in-8° de 810 pages avee 76% figures et 1 atlas de 2 planches. (Prix : 33 fr. Gauthier-Villurs et fils, éditeurs. Pa- ris, 1895. Si l’on fait abstraction des publications spéciales, telles que le Mémorial du Génie Maritime ou le Bulletin de l'Association Technique Maritime, qui ne sont pas entre les mains de tout le monde, on doit reconnaître que la littérature relative à l'architecture navale n’est pas très abondante. Elle n’est surtout pas en rap- port avec le développement considérable qu'a pris l'art de la construction dans ces dernières années. Le traité de M. l'Ingénieur de la Marine Hauser remonte à 1884, et tant d'idées nouvelles se sont fait jour depuis cette époque, tant de tentatives ont été faites avec des succès divers dans toutes les directions, que la nécessité se faisait vivement sentir de coordonner les faits accumu- lés et de mettre au point les progrès accomplis. C’est ce que vient de faire M. Croneau, dont l'impor- tant ouvrage, concu dans un esprit un peu différent de celui de ses devanciers, offre une description très complète et détaillée de toutes les principales solu- tions auxquelles ont douné lieu les types si divers des navires modernes, Bien que ce traité vise spécialement les bâtiments de guerre, les premiers chapitres renferment des consi- dérations générales dont tous les constructeurs de navires pourront faire leur profit. Nous citerons en particulier ceux qui concernent les matériaux de cons- truction et le rivetage. L'auteur entre ensuite dans l'étude de la charpente et du bordé extérieur. Il passe en revue, pour chacune des pièces de la coque, les systèmes adoptés par les différentes marines sur les divers types de navires : cuirassés, croiseurs, avisos, torpilleurs, paquebots. Bien que cette méthode d’exposition présente l’incon- vénient d'entraîner quelques longueurs, elle permet de bien saisir la valeur relative des procédés employés, qu'il importe de connaître, Ce n’est, en effet, que par des séries de comparaisons faites à plusieurs points de vue, que J’on peut se faire une idée nette du mérite d’un système, dans une structure aussi complète que celle d’un navire de guerre. Le tome I se termine par l’étude du bordé en tôle et du blindage des ponts. Le tome II est consacré au compartimentage, au cui- rassement et aux parties accessoires de la coque, On lira avec intérêt le chapitre traitant la question si débattue du cuirassement. 11 n’est peut-être pas de point sur lequel se soient produites plus de diver- gences d'opinion et d'exécution. Mais quoique les con- ceptions qui ont donné naissance à des systèmes très variés ne soient pas dépourvues de valeur, celles qui ont prévalu dans la marine francaise paraissent sou- tenir avantageusement la comparaison, Un appendice à ce chapitre renferme les calculs relatifs au blindage des ponts obliques. Il est suivi de la description des plaques de cuirasse et de leur mode d’attache. L'étude des ouvertures pratiquées dans la coque, dans les ponts et dans les cloisons a recu un dévelop- pement considérable. l’auteur décrit longuement les tubes de sortie des arbres porte-hélices, les tubes de jaumière et les diverses prises d’eau, les dalots, sa- bords, hublots, écubiers, les panneaux des ponts, les portes et vannes des cloisons étanches, les passages étanches des arbres, chaînes, cäbles électriques, etc. Puis, après un chapitre sur les quilles de roulis, les supports d'arbres et autres pièces rapportées sur la coque, vient une description des plus détaillées des services si complexes de la ventilation et des pompes, et des appareils à gouverner, Le tome II se termine par une revue des moyens employés pour combattre la corrosion et la salissure des carènes et par une étude générale des efforts aux- quels les coques sont soumises. Peut-être trouvera-t-on que le plan de cet ouvrage laisse un peu à désirer, que certaines parties ont été trop sacrifiées à d’autres de moindre importance. Néanmoins l'abondance des détails donnés sur chaque question, le choix judicieux des exemples, le soin avec lequel tous les points ont été mis à jour font du livre de M. Croneau un guide aussi intéressant que précieux à consulter. L. Vive. Holzmüller (G.), Director der Gewerbeschule zu Hagen i. W. — Methodisches Lehrbuch der Elementar- Mathematick. — Œrster Theil. Zweite Auflage. — 1 vol. in-8° de 230 pages avec 142 fig. (Prix cartonné : 3 francs.) B. G. Teubner, édilewr, Leipzig, 1895. Nous signalons à nos lecteurs la seconde édition de cetouvrage, qui a obtenu un grand succès en Allemagne dans l’enseignement des Ecoles professionnelles et réales, auxquelles il est surtout destiné. Il contient les principes fondamentaux de la Géométrie, de l’Arith- métique, de la Trigonométrie et de la Stéréométrie, accompagnés de nombreuses applications pratiques. 918 2° Sciences physiques. Brunhes (Bernard), Chargé de Cours à la Faculté des Sciences de Dijon. — Cours élémentaire d’Electri- cité. (Lois expérimentales el principes générauæ. Intro- duction à l'Electro-technique). Lecons professées à l’Ins- titut industriel du Nord de la France. — 1 vol, in-8° de 265 pages avec 137 figures. (Prix : 5 fr.) Gauthier- Villars et fils. Paris, 1895. Au sortir de l'Ecole Normale, tout en remplissant les fonctions de préparateur à la Sorbonne et s’occu- pant activement de l'étude de la réflexion cristalline, M. B. Brunhes avait fait en 1892-93, aux officiers de marine détachés à l'Observatoire de Montsouris des conférences d'électricité. Nommé maitre de confé- rences à la Faculté des Sciences de Lille, et accessoi- rement chargé d'enseigner les éléments d'électricité aux élèves de la Section du Génie civil à l’Institut in- dustriel du Nord de Ja France, M. Brunhes n’a eu que peu de modifications à apporter à ses premières lecons pour les approprier à son nouvel auditoire. Aux uns et aux autres, M. Brunhes à pensé qu'il fallait apporter des notions expérimentales, surtout au début du livre, surtout dans les définitions, et qu’il ne suflisait pas pour cela de résumer quelque bon ouvrage francais ou étranger sans changer l’ordre des chapitres; on peut ainsi supprimer les paragraphes théoriques, mais on se condamne à les remplacer par des notions vagues et qui laissent le lecteur ou l’auditeur dans l’incerti- tude sur la vraie nature des principes exposés, On ne saurait, en conservant le plan d’un ouvrage d'ensei- nement supérieur, faire un vrai livre élémentaire, C’est Le plan qu'il faut d’abord mûrir, et c'est l’origina- lité du plan qui fait l'originalité du livre de M, Brunhes, le détail étant nécessairement bon. Tout le monde sait à peu près comment est cons- truite une pile électrique, quels effets se produisent dans un fil métallique continu qui joint le charbon au zinc, dans une solution métallique où plongent les extrémités de ce fil coupé. Ces effets donnent la défi- nition expérimentale du mot « courant électrique »; les lois de Faraday précisées fournissent immédiate- ment la définition de l'intensité de ce courant en am- pères. La loi de Joule fournit la notion de résistance, et permet la mesure de celle-ci en ohms; les applica- tions numériques sont possibles dès les premières pages. Les expériences de Pouillet, enfin, conduisent à la notion de force électromotrice; on donne de suite la description des voltmètres électrostatiques. Ces trois notions fondamentales dans la pratique électrique sont introduites, dès le début, avec toute la précision nécessaire, sans passer par la voie détournée des définitions électrostatiques, en faisant appel à des notions déjà familières à tous. La suite du chapitre premier est occupée par le développement de ces no- tions. Le Magnétisme forme le chapitre II. Après quelques notions sur les forces newtoniennes, l’auteur arrive rapidement aux propriétés des corps aimantés, à la définition de l'intensité d’aimantation, avec exemples détaillés, empruntés comme de juste à Ewing, puisque, en baptisant du nom d’hystérésis le vieux phénomène de l’aimantation résiduelle, et en faisant méthodique- ment des cycles, comme Wiedeman — pour ne pas remonter au delà — Ewing est devenu le père du ma- gnétisme pour les industriels. OErstedt, Biot, Savart, Laplace et Ampère ont con- servé leurs droits sur l’électromagnétisme; ici, on doit au génie d'Ampère cette rare bonne fortune que l’ordre historique est aussi l’ordre logique; dn peut simplifier, on ne saurait changer le mode d’exposition des principes. La simplification, due essentiellement à Maxwell, résulte de l'emploi systématique de la notion du travail électromagnétique et à l'acceptation, sans discussion déplacée dans un tel ouvrage, de l'identité des champs magnétique et électromagnétique. Après les électro-aimants, après la notion du prix du champ BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX magnétique, nous arrivons à l'induction magnétique et au circuit magnétique. M. Brunhes insiste autant qu'il est nécessaire sur la conservation du flux d’induction, et sur l’utile emploi de cette propriété pour le calcul rapide des électro-ai- mants, toujours avec exemples numériques à l’appui. C'est seulement à la fin du chapitre IV, Mesures électriques, que se trouvent, à propos des condensa- teurs, les notions très réduites d'Electrostatique qui sont indispensables. Le chapitre V traite de l’Induction, de la combi- naison des courants périodiques, des pertes par hysté- rèse, Dans le chapitre VI, Unités électriques, il ne reste qu'à coordonner ce que l’on a appris peu à peu à propos de chacun des phénomènes; peu de pages y suffisent. Nous voici aux deux tiers du livre; toutes les idées fondamentales sont acquises: le lecteur arrive bien préparé aux Principes d'Electrotechnique, chapitre VI, qui débute par quelques très bonnes pages sur le rôle industriel de l'Electricité. A signaler aussi les notions sur la production du champ dans les dynamos, les ca- ractéristiques d’'Hopkinson, et les propriétés générales des moteurs à courant continu (sections 1I-VI), Le chapitre se termine par une étude rapide des alterna- teurs et des moteurs à courants périodiques ou poly- phasés, et quelques mots sur l’éclairage électrique. Enfin, dans un court appendice M. Brunhes donne un apercu des conséquences du principe de Carnot, appliqué aux piles électriques. On peut voir, d'après cette rapide analyse, que ce livre est bien fait pour les lecteurs auxquels il est destiné. Il est nourri d'exemples numériques choisis et complets, et, comme tel, il pourra être plus utile- ment étudié que maint recueil de problèmes d’é- lectricité. De telles publications, dont plusieurs jeunes professeurs de nos facultés de province ont donné l'exemple depuis quelques années, montrent bien qu'une forte culture mathématique ne détruit pas né- cessairement le sens de la logique expérimentale, et que ce sont ceux qui connaissent le mieux le fond des choses qui sont les plus capables d'adapter le plan d'exposition à l'auditoire, et d'enseigner la même science le mardi à l'Institut industriel tout autrement et dans un tout autre esprit qu'ils n’ont fait le lundi à la Faculté, Bien que M. Brunhes, devenu chargé de cours à Dijon, ne soit plus leur professeur, je ne doute pas que les élèves de l’Institut industriel de Lille ne soient fidèles à son enseignement et ne fassent à son livre le succès qu'il mérite. Marcel BriLLOUIN. Limb (Ciaudius), J'réparateur de Physique à la Faculté des Sciences de Paris. — Essai sur la préparation du Baryum métallique. — Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris. — Gauthier- Villars et fils, éditeurs. Paris, 1895. A son important mémoire « Sur la mesure directe des forces électromotrices en unités absolues électro- magnétiques »!, qui constitue sa principale thèse, M. Limb a joint un second travail d’électrochimie con- tenant déjà des résultats fort intéressants et laissant espérer plus encore pour l'avenir. L'auteur indique un dispositif qui pourra, selon toute vraisemblance, servir à préparer couramment le baryum métallique par électrolyse du fluorure double de baryum et de so- dium; il montre la production du baryum par électro- lyse de l'hydrate de baryte en fusion, indique la pro- duction d’un baryum pyrophorique se combinant spontanément à l'azote de l'air, donne un mode de préparation d’un alliage de zine et de baryum, et fait nettement ressortir la propriété qu'ontles sels haloïdes de baryum de se combiner avec leur propre métal. Lucien Porxcar£. 1 La Revue donnera prochainement l'analyse détaillée da cet important Mémoire, 2 È 8° Sciences naturelles. “ Girard (Jules), Secrétaire-adjoint de la Société de … Géographie. — La Géographie littorale. — 1 vol. gr. in8° de 231 p. avec 81 fig. ou cartes. (Prix : 6 fr.) …— Société d'éditions scientifiques, 4, rue Ant.-Dubois. Paris, 1895. Dans cet ouvrage, M. Jules Girard a tenté de faire la - synthèse des observations relatives aux phénomènes dont les rivages sont le théâtre : érosion, dépôt d’allu- - vions, mouvements lents des côtes. Il commence par étudier les mouvements des eaux de la mer : ras de - marée, courants superficiels, propagation de la marée - le long des côtes, courants de marée. Le second cha- - pitre est consacré à l’érosion littorale. L'auteur donne - des exemples de l'influence destructive exercée par - les vagues et les courants d'une part, et de l’autre par . les vents dominants; ilétudie ensuite les phénomènes . d'érosion sur les falaises de la Manche et sur les côtes - des Pays-Bas. Il traite dans les deux chapitres suivants des formations littorales : bancs de sable, cordons littoraux, flèches, dunes, îlots et récifs coralligènes. Des considérations sur les deltas et sur les estuaires des grands fleuves forment le sujet des chapitres Vet NI. Enfin l'étude des variations du mouvement du sol sur les côtes termine l'ouvrage. IL est illustré de figures souvent heureusement choisies, Mais il ne con- tient ni index, ni bibliographie générale. Les personnes qu'intéresse la géographie physique des côtes appartiennent à des professions très diverses. C’est un domaine commun d’études pour les marinset les géologues, les océanographes et les ingénieurs hydrographes. Leurs observations sont dispersées dans des documents très nombreux. En cherchant à les rassembler, M. Girard s’obligeait à un labeur considé- rable, Il a rendu vraiment service en présentant les faits réunis sous une forme systématique. Toutefois, nous nous permettrons quelques légères critiques. D'une facon générale, les références ne sont pas données avec assez de soin. Les ouvrages en langue allemande, défigurés par des barbarismes, sont souvent méconnaissables. Nous avons contracté maintenant de telles habitudes de précision, qu'en cette malière le laisser-aller n’est plus permis. On s'étonne de lire (p. 29) la phrase suivante « Adam de Brême rapporte qu'au xvu* siècle on y faisait des récoltes » (dans l’île d'Héligoland), puisque Adam de Brême, auteur d’un Traité sur la Géographie du Danemark, a vécu au xi° siècle et non au xvire, Malgré de petites négligences, l'ouvrage de M. Girard estutile et, en bien des points, intéressant, Et puis on publie en France si peu de travaux de Géographie gé- nérale que les essais däns le genre du sien sont dignes d'encouragement, Henri JJEHÉRAIN. De Villars (E.), Surveillant à l'Ecole Nationale Supé- rieure des Mines. — Statistique générale des ri- chesses minérales et métallurgiques de la France et des principaux Etats de l'Europe. — 1 vol. in-4° de 250 p. (Prix : relié, 15 fr.) Vue Ch. Dunod et P. Vicq, éditeurs. Paris, 1895. 6 M. de Villars a entrepris la tâche ingrate de rassem- bler et de classer méthodiquement une foule de ren- seignements sur les principales mines et usines mélal- lurgiques d'Europe. Il a ainsi produit un travail qui sera fort utile à beaucoup de personnes par le nombre d'indications qu'il contient tant au point de vue tech- nique qu’au point de vue économique. Cet ouvrage donne pour chaque mine l'indication des minerais, la superficie, la production, le nombre d'ouvriers employés, la situation financière; pour les usines mélallurgiques, les produits usuels, les princi- paux appareils de fabrication et de travail, le nombre d'ouvriers, etc. Un grand nombre de tableaux comparatifs complè- tent cette utile compilation G. C. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 949 Caullery (Maurice), Agrégé-préparateur à l'Ecole Normale Supérieure. — Contribution à l'étude des Ascidies composées. (Thèse pour le Doctorat de ln Faculté des Sciences de Paris.) — Un vol. in-8° de 158 pages, avec T planches hors texte. (Bulletin Seienti- fique de la France et de la Belgique, tome XXVII.) Im- prüimerie L. Danel, Lille, 1895. M. Caullery s’est proposé l'étude de quelques points négligés de la biologie et de la morphologie des Asci- dies composées ; dans une première partie, il examine le phénomène de 1 hivernage et un certain nombre de cas d'histolyse; dans une seconde partie, il compare la régénération et le bourgeonnement chez les diverses Synascidies, ce qui le conduit à des conclusions inté- ressantes au point de vue général sur la spécificité des feuillets embryonnaires. Pendant l'hiver, l'aspect général des colonies change souvent beaucoup; parfois la génération estivale dispa- raîit complètement (Cücinalium) ; le bourgeonnement est moins intense et le développement des organes génitaux s'arrête. Mais les modifications que l'on re- marque à cette saison ne sont pas bien profondes en somme, et sont dues vraisemblablement à la vieillesse des individus après la reproduction sexuée; ceux-ci meurent et tombent en histolyse dès le mois de sep- tembre; l'hiver survient alors, qui retarde la croissance des bourgeons de remplacement, d'où l'aspect si partli- culier des colonies. Les Ascidies présentent de nombreux exemp'es d’histolyse, organes génitaux après la saison de ponte, vieux individus de la colonie au début de lhiver- nage, etc. ; M. Caullery a examiné #n détail le pro- cessus histologique de ce phénomène dans l’un et l’autre cas, En règle générale, il semble que l’histo- lyse commence par une dissociation des éléments anatomiques; ces éléments, mis en liberté, dégénèrent en se réunissant secondairement par paquets, leurs noyaux subissant le processus régressif de la chroma- tolyse; enfin la phagocytose survient par l'immigration de nombreuses cellules mésenchymateuses, qui en- tourent et font disparaitre les éléments préalablement histolysés. Le travail de M. Caullery apporte surtout une con- tribution de valeur à une question très controversée, celle du bourgeonnement : on sait qu'un bourgeon d’Ascidie est constitué à l'origine par une vésicule creuse, dont la paroi externe est constituée par l’ecto- derme du parent, la paroi interne par un autre épithé- lium, et la région moyenne par du mésenchyme inler- calé. Les divers modes de bourgeonnement peuvent se grouper en trois catégories : 1° les bourgeons appa- raissent sur la paroi extérieure de la cavité péribran- chiale (Botrylles); 2° ils se forment sur des stolons (Claveline); 3° chaque bourgeon se constitue par deux ébauches distinctes, au-dessous de la branchie (Diplo- somiens). Non seulement ces bourgeons, dont l'état ultime est identique, se forment dans des régions dif- férentes, mais ces régions elles-mêmes sont constituées par des feuillets différents : chez les Botrylles, par exemple, l’épithélium interne du bourgeon est le revè- tement de la cavité péribranchiale, et par conséquent de valeur ectodermique (ce point a élé mis en doute par Pizon, mais Caullery confirme les données anté- rieures); chez les autres Synascidies, cet épithélium interne provient de l'organe appelé épicarde, qui n’est qu'une partie de l’endoderme de la larve séparé de la cavité branchiale, Or, dans les deux cas, cetépithélium interne, de valeur ectodermique chez les Botrylles, endodermique chez les autres, donne naissance à des organes homologues : tube digestif, cavité péribran- chiale, etc. De plus, il ressort également de ces faits qu’un même organe, considéré chez l'oozoiïte né du développement de la larve, et chez le bourgeon, peut avoir une ori- gine toute différente : ainsi, chez les oozoïtes, la cavité péribranchiale est toujours formée par une invagina- 4». 950 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX tion de l’ectoderme : chez les bourgsons (sauf Bo- trylles), elle est formée par des diverticules endoder- miques. Le ganglion nerveux, le pavillon vibratile et la glande hypoganglionnaire des oozoïtes sont un complexe dérivant d'une unique ébauche ectoder- mique : chez les bourgeons (sauf Botrylles), ce com- plexe est d’origine endodermique comme la cavité péribranchiale. Il en résulte que la notion des feuillets embryon- naires, si utileet si vraie en embryologie, ne peut être appliquée à la blastogénèse; n'importe quel feuillet peut donner naissance à n'importe quel organe. La blastogénèse est un phénomène essentiellement secon- daire, épigénétique, dû à l'existence d'un tissu proli- féraleur ayant réacquis la plasticité embryonnaire, et devant, quelle que soit son origine, régénérer des or- ganes identiques à ceux du parent, Chez les Aplidiens et Didemniens, le tissu proliférateur est l’épicarde, dont le plan de symétrie est celui de lindividu pro- géniteur, et il intervient aussi bien dans la régéné- ration d’un Circinalun coupé qu2 dans le bourgeon- nement proprement dit,ce qui montre lesliens étroits qui existent entre les deux processus ; chez les Bo- trylles, la zone de prolifération est le pourtour de la cavité péribranchiale, et les bourgeons n’ont aucune relation avec le plan de symétrie de l'individu progé- niteur. L. Cuéxor. 4° Sciences médicales. Garnier (D' L.), Professeur à la Faculté de Méde- cine de Nancy. —Chimie médicale.Corps minéraux, Corps organiques. (Manuel de l'Etudiant en médecine.) — 1vol. petit in-8° de 500 pages. Rueff et Cie, éditeurs, 106, boulevard Saint-Germain, Paris, 1895. Voici un petit livre qui, sous un faible volume, con- tient, fort bien présenté, un résumé général de l'étude des principaux corps de la Chimie minérale et de la Chimie organique considérés au point du vue médical. L'ouvrage se divise naturellement en deux grandes parties : substances minérales et organiques. La pre- mière partie, après un exposé succinct des bases de la théorie atomique, aborde la description des métalloides et métaux et de leurs principaux composés, et, comme applications, donne l’examen des eaux et de l'air. Après un chapitre de généralilés, la Chimie organi- que indique les propriétés des substances de la série grasse et de la série aromatique et étudie à part, d’une facon assez détaillée, les alcaloïdes végétaux etles ma- tières albuminoïdes qui présentent en médecine un grand intérêt, Comme le fait remarquer l’auteur dans sa préface, cet ouvrage pourra rendre d'autant plus de services aux étudiants auxquels il est destiné que lenseignement préparatoire des sciences, qu'ils devront suivre d’après les nouveaux programmes, permettra d'étendre dans les Facultés de Médecine les études de Chimie biologi- que; ces dernières études exigeront la connaissance d'éléments spéciaux que l’on trouvera exposés dans le livre de M. Garnier. Tout en louantcomme il le mérite l'ouvrage quenous présentons, nous devons dire qu'il renferme quelques inexacliludes: pourquoi notamment avoir fait figurer l'arabinose dans les sucres en C6 quand il est établi depuis longtemps qu’elle est en C5? Cette légère cri- tique sera d’ailleurs facile à éviter dans une prochaine édition qui, en raison de la valeur de l'ouvrage, ne se feracerltainement pas attendre. A. Hégerr. ay (D' H.). — La Syphilis des centres nerveux. 1 vol, petit in-8° de 204 payes de l'Encyclopédie scien- tifique des Aide-Mémoire, publite sous la direction de M. H. Léauté, de l'Institut. (Prix : broché, 2 fr, 50 ; cartonné, 3 francs.) Gauthier- Villars et G. Masson, édi- Leurs, Puris, 1895. Les études personnelles antérieures de l’auteur, les recherches approfondies auxquelles il s’est livré sur l'anatomie pathologique du système nerveux donnent au livre de M. Lamy sur la syphilis des centres nerveux un intérêt particulier, Il a exposé dans ce volume l’é- tat actuel de nos connaissances sur les manifestations précoces ou lointaines de la syphilis cerébro-spinale. Un historique rapide montre les progrès successifs de la science : la notion de la syphilis nerveuse pres- sentie par les Anciens, démontrée par l’histologie pa- thologique ; les artérites cérébrales prouvées, enfin et plus recemment, la syphilis médullaire. M. Lamy dé- crit ensuite les caractères des lésions syphilitiques nerveuses, l’infiltration embryonnaire autour des capil- laires sanguins, l’évolution sclérogène des lésions ou leur fonte granulo-graisseuse, la possibilité d'aboutir à une cicatrisation ou à la formation d’un foyer ca- séeux enkysté et, dans l’un cet l’autre cas, à une lésion fike, non progressive, s’alliant avec la guérison. Après ces considérations générales qui dominent tout len- semble de la question, M. Lamy étudie la syphilis céré- brale, puis, en une partie distincte, lasyphillis médul- laire ; il examine les diverses lésions anatomiques qu'elles provoquent, lésions des enveloppes, des vais- seaux, de la substance nerveuse, des nerfs qui en partent; il décrit avec méthode les symptômes si va- riés qui les accompagnent, les groupe en formes cli- niques et en établit le diagnostic. Un chapitre termi- nal traite des moyens thérapeutiques à employer pour combattre ces manifestations nerveuses de la syphilis; les détails du traitement spécifique y sont exposés avec les moyens généraux et adjuvants. Ge livre où l'anatomie pathologique et la clinique sont menées dans un parallélisme constant et se prêtent l'appui le plus logique, trouvera auprès du public médical l'accueil favorable dù à son mérite. D' A. LÉTIENNE. Reclus (Paul), Professeur agrègé de la Faculté de Mé- decine de Paris, Chirurgien de l'Hôpital de la Pitié. — La cocaïne en chirurgie. — 1 vol. petit in-8° de 192 pages de l'Encyclopédie scientifique des Aide-Mé- more, publiée sous la direction de M. H. Léauté, de Pinstitut. (Prix : broché, 2 fr. 50; cartonné, 3 fr.) Gauthier- Villars et G. Masson, éditeurs, Paris, 1895. M. P. Reclus a repris dans ce petit volume l'apologie de l’analgésie locale par la cocaïne. Il a tena à préci- ser, encore une fois, son manuel opératoire et les in- dications de sa méthode. Il a plaidé avec son talent prestigieux la cause de la cocaïne, dont lapplication reste, bien malgré lui, limitée aux interventions dites de petite chirurgie, et aux opérations ophthalmologiques. Et cependant,si d’aucuns peuvent encore être gagnés à la thèse de M. Reclus, ils le seront assurément par cet Aide-Mémoire, reflet d'une conviction sincère et écrit dans une forme aussi élégante que châtiée. D' Gabriel MAURANGE. 5° Sciences diverses. La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des Sciences, des Lettres el aes Arts, paraissant par livrai- sons de 48 pages grand in-8° colombier, avec nombreuses figures intercalées dans ie texte et planches en cou- leurs. 535° livraison. (Priæ de chaque livraison, 1 fr.) H. Ladmirault et Cie, 61, rue de Rennes. La 535° livraison contient d’intéressantes monogra- phies des départements de la Loire, de la Haute-Loire et de la Loire-Inférieure, par M. A. M. Berthelot. Beauregard (H.), Assistant au Muséum. — Nos Bêtes, Animaux utiles et nuisibles. — Ouvrage paraissant en livraisons les 5 et 20 de chaque mois. Chaque livraison contenant 8 pages de texte el une planche en couleurs, est vendue 90 centimes. A. Colin, éditeur, 5, rue de Mézières, Paris, 1895. La livraison 13 renferme, sous la dénomination d’a- nimaux producteurs, ta description de l'abeille (miel) et celle du bombyx du mürier (ver à soie). ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 951 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 23 Septembre 1895. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la correspondance, une brochure inti- _tulée: Les limites actuelles de notre science, discours pro- noncé par le Marquis de Salisbury,traduit par M. W. de Fonvielle. 1° SciENCES PHYSIQUES. — M. Henri Moissan présente un échantillon de carbone noir rencontré dans les ter- rains diamantifères qui se trouvent entre la rivière « Rio de Rancardor » et Le ruisseau « das Bicas» dans la pro- . vince de Bahia, au Brésil. Cet échantillon, qui pèse 630 grammes, est le plus gros échantillon de carbone trouvé jusqu'ici. — MM. A. B. Griffiths et C. Platt ont déterminé la composition chimique du pigment violet de la Méduse; les résultats de l’analyse corres- pondant à la formule C2H17Az07, Les solutions ne donnent pas de bandes caractéristiques d'absorption, C. MATIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. R. Lépine montre lexistence de la glycosurie phlorizique chez les chiens ayant subi la section de la moelle; ainsi, ayant coupé la moelle à différentes hauteurs, l’auteur injecte aux animaux une solution alcaline de phlorizine. Quatre heures après, la glycosurie se produit ; elle ne diffère pas de celle observée chez les chiens sainsaprès l’ad- ministration de la phlorizine. J. MARTIN. Séance du 30 Septembre 1895. M. le Secrétaire perpétuel donne lecture d’une lettre de M. J.-B. Pasteur, qui annonce la mort de son père Louis Pasteur, décédé à Villeneuve-l’Etang (Garches), le 28 septembre 1895. — M. A. Cornu, pré- sident, se fait l'interprète des sentiments de l’Acadé- mie et lève la séance en signe de deuil. — M. le Se- crétaire perpétuel donne lecture des télégrammes - adressés à l’occasion de la mort de Pasteur. 1° ScrENCES PHYSIQUES. — M. le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la correspon- dance une « Etude sur la théorie mécanique de la cha- leur » par M. Ch. Brun. — M. d'Abbadie transmet certaines informations d’aprèslesquelles le Fr'amaurait été apercu par des Esquimaux sous 65°45° de latitude, Le Fram est le navire où s’est embarqué, il y a deux ans, M. Nansen pour atteindre le pôle Nord. — M. G. van der Mensbrugghe, ense fondant sur l’évaporation spontanée des liquides, établit que toutes les théories capillaires de Laplace de Gauss, de Poisson, de Neu- mann, de Mathieu, de Van der Wals, etc., sont en dé- saccord complet avec l'expérience ; il insiste sur l’im- prudence des auteurs de ces théories qui ont négligé de tenir compte dans leurs calculs des propriétés phy- siques les plus élémentaires des liquides.— M. Camille Faure signale un nouvel engrais azolé, le cyanate de calcium, susceptible de remplacer avantageusement le nitrate de soude. On soumet à l'arc électrique un mélange de calcaire et de charbon en présence d’azote, on termine par une oxydation avec le secours de Pair. —M. P. Jourdain adresse quelques réflexions à propos du discours de lord Salisbury sur les limites actuelles de notre science. —M. Emile Blanchard faitquelques remarques au sujet du même discours. Il insiste sur l'impossibilité, dans l'état actuel de la science, de concevoir une explication sur l’origine des êtres, et sur la possibilité de pouvoir espérer distinguer entre le transformisme et la fixité des espèces. Jusqu'ici aucune expérience ne permet de conclure au transformisme. — M. T. Klobb, par l’action de la potasse sur le phé- nacylcyanacétate d’éthyle, isole l'acide correspondant, lequel se décompose en présence d’un grand excès de potasse en acide phénacylacétique et ammoniaque. — M. A. Behal étudie la constitution des acides produits dans l'oxydation de l'acide campholénique inactif. L’a- cide CSHi00i est l’acide diméthylsuccinique dissymé- trique (diméthyl — 2,2 — butanedioïque); l'acide C'H!°0' est l’un des deux acides diméthylglutariques ; des expériences sont en cours pour fixer quelest celui de ces deux acides. — M. A. Poincaré communique un ensemble d'observations relatives à des effets des ré- volutions synodique et anomalistique de la lune sur la distribution des pressions dans la saison de printemps. — MM. G. Hermiteet Besançon donnent des détails sur une double ascension nocturne, exécutée le 4 sep- tembre. L'existence des deux courants aériens super- posés et de sens inverse ont permis aux aérostats de marcher volontairement dans des directions opposées et de revenir au point de départ. G. MATIGNON. 20 SCIENCES NATURELLES. — M. R. Lépine fournit les résultats qu'il a observés sur la glycosurie consécutive à l’ablation du pancréas spécialement dans les trente premières heures à partir de l'opération. Sur quatre- vingts expériences, laglycosurie débute, chez la moitié des chiens opéréset soumis à l'inanition absoïue, dans les cinq premières et, chez les trois quarts, avant la neuvième heure. Dans la grande majorité des cas, la glycosurie acquiert rapidement une grande intensité. Enfin, le rapport du sucre à l’azote de l'urine a été étudié. Si on représente par { la quantité d'azote par litre, on trouve, au moment du maximum de la glyco- surie, entre 5, 7 el3, { (moyenne 3,8) de sucre par litre chez les chiens antérieurement bien nourris, et entre 4, 3 et 1, 5 (moyenne 3,2) de sucre chez les chiens antérieurement mal nourris. À partir du moment où décroit la glycosurie, le chiffre du rapport du sucre à l'azote diminue dans tous les cas où il était supérieur à 2,8, c’est-à-dire chez presque tous les animaux. J. MARTIN. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 24 Septembre 1895. M. Henrot, s’inquiétant des ravages causés par le paludisme parmi les troupes françaises envoyées à Madagascar, pensant, d'autre part, que la principale cause de lamaladie est la pénétration des hématozoaires par les voies respiratoires, propose l'adoption, par les troupes, d’un masque respirateur en toile métallique, doublé de coton qui arrête les éléments figurés du paludisme. Une discussion générale s'engage, à ce sujet, sur la prophylaxie du paludisme. On objecte à M. Henrot la gène causée par son masque, qui souvent le fera abandonner par les soldats. En outre, il est fort probable que le paludisme se répand non moins par l’eau que par l'air, Dans ce cas, le masque n’est d’au- cun secours. Séance du 1°" Octobre 1895. M. le Dr Mignot envoie une note sur l’état sanitaire à la campagne pendant les grandes chaleurs de l'été de 1893. — Le Présidentannonce à l’Académie le décès de M. L. Pasteur, associé libre. La séance est levée en signe de deuil. Séance du 8 Octobre 1895. Le président annonce à l'Académie la perte qu’elle vient de faire en la personne de M. le baron Lar- rey, associé libre. La séance est levée en signe de deuil. 14 32 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES J. Norman Lockyer,F. R.S.: Sur lenouveau gaz extrait de l’uraninite.— Le 28 mars, le professeur Ramsay eut la bonté de m'envoyer un tube rempli d'un uaz qu'il avait extrait de l’uraninite (cléveile); ce gaz présentait une raie dans le jaune qui se trouve être identique à la ligne D, que j'avais découverte en 1868. Le Dr Franklandet,quelquetempsaprès,moi-même,nous émimes l'opinion que celte raie pouvait être une raie de l'hydrogène, invisible dans les expériences de labo- ratoire ; mais l'étude du soleil prouvera par la suite que cette idée n'était pas soutenable, bien que le gaz qui donne naissance à la raie fût certainement associé à l'hydrogène. Par la suite on à observé des raies de la chromosphère qui varient avec la raie jaune et le gaz hypothétique qui leur donne naissance à recu provisoirement le nom d'hélium, pour le distinguer de l'hydrogène. Il était donc d'un grand intérèt pour moi d'établir si le nouveau gaz était véritablement celui qui cause le phénomène solaire en question; et je m'empressai d'adresser mes plus vifs remerciements au professeur Ramsay pour l'envoi du tube qui devait me permettre de me faire une opinion sur ce sujet. Malheureusement, on s’en était servi avant de me l'adresser, et le verre était tellement noirci que la lumière était invisible dans un spectroscope de dis- persion suffisante pour trancher la question. Le29 mars donc, le professeur Ramsay étant à létranger, je résolus, pour ne point perdre de temps, de chercher si le gaz qui avait été obtenu par des procédés chimi- ques, se produisait en chauffant dans le vide, suivant la méthode indiquée par moi à la Société en 1889, et M. L. Fletcher eut la bonté de me donner quelques parcelles d’uraninite (brogzérite) pour me permettre de faire l'expérience. Je la fis te 30 mars et elle réussit; le gaz qui donnait la ligne jaune se produisit associé à une notable proportion d'hydrogène. ai obtenu depuis des photographies de spectres du gaz obtenu, tant avec des tubes à vide, soumis à l’action de la trompe de Sprengel, qu'à la pression atmosphérique sur le mercure. Aujourd'hui je me bornerai à présenter deux de ces photographies. L'une d'elles contient une série de spectres fins pendant que la pompe fonction- nait, Les deux spectres inférieurs révèlent l'introduc- tion de l'air par une fuite due à un éclat du tube capil- laire au voisinage d’une des armatures de platine ; on y voit sur la même plate le spectre de bandes et le spectre de raies de l'air, Ceci prouve qu'il n'y’avait pas d'air dans le tube quand on à pris le quatrième spectre, Cette photographie n’a pas encore été étudiée complètement, mais un examen préliminaire à prouvé que la plupart des raies sont dues au spectre de l'hydro- gène, mais qu'elles n’en font pas toutes partie. Parmi Jes raies auxquelles on ne peut attribuer cette origine, il y a deux voisines respectivement de À 4471 et de 4302, qui ont été observées dans la choromosphère ; 44714 est aussi importante que D? elle-même au point de vue théorique, pour l'étude de la physique solaire. Pendant qu’on photographiait le spectre n° 4, on fai- sait des observations dans un autre spectroscope dirigé Jatéralement. Je donne, d’après mon carnet de labora- toire, les observations que j'ai faites pendant que je faisais la photographie n° 4, pour montrer que la liyne jaune a été visible pendant toute la durée de la pose. JEUDI 4 AVRIL 1895, PLAQUE F, POSE #. 10 minules de pose 4.42 Commencement de la pose 4.43 La raie jaune prend un éclat considérable. ,.44 Subitement aussi brillante que celle de l'hydrogène. 4.45 Raie jaune double. Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17 4.46 La comparaison avec D donne pour la raie jaune la position de D3. 4.41 Pompe beaucoup moins pleine, J. c. c. de gaz recueillis. Raie jaune beaucoup plus brillante. 4.48 On met un interrupteur. Raie encore visible, maïs très faible. Les raies de l'hydrogène prennent de l'éclat et quelques raies doubles apparaissent dans le vert. 448,5 On enlève l'interrupteur et la bouteille de Leyde. On ne voit plus que la raie jaune, qui est aussi. brillante que C. Une raie dans le vert est la seule _ autre visible. On remet la boutcille. Raie jaune brillante, les autres raies plus réfrangibles, également brillantes. .52 Trés brillante. Sommet du tube presque rempli de gaz. 4.50 S Voici les raies qui apparaissent à la fois dans les photographies du tube capillaire et dans celles du gaz recueilli sur le mercure. Les raies notées d’un astérisque sont voisines des raies observées dans la chromosphère par M. Young et moi-même et photo- graphiées pendant l'éclipse de 1893 : LONGUEUR D'ONDE (ROWLAND) DIVISION DU MICROMÈTRE .493 Pot Uyi .981 :23% .316 .146 .140 .S84 .933 .139 .176 .262 .290 G OO Où 0x 0 Ur + O9 C0 NO 19 IS En ce qui concerne les observations dans le spectre visible, je n'ai pas trouvé que le gaz de l’uraninite pro- duisit les raies de l'argon, telles que les a données M. Crookes; pas plus qu’à l'exception de la raie jaune, je n’ai obtenu des raies spéciales qu'il a notées dans le gaz. (Quatre d’entre elles, sur dix, me semblent pouvoir être dues à l'hydrogène.) Mais j'obtiens réelle- ment des lignes presque en coïncidence avec les lignes de la chromosphère que j'ai découvertes en 1868. Le 6 novembre de cette année, j'ai soupçonné l'existence d'une raie plus réfrangible que C, et assez voisine -d’elle pour qu'elles semblassent former un couple quand elles apparaissent loutes les deux avec éclat, comme D dans un spectroscope du pouvoir dispersif moyen. Plus tard, j'ai découvert une autre ligne à 6678,3 (R.) qui se montre variable en même temps que D. Il y a une ligne en cet endroit, avec la disper- sion employée dans le spectre du nouveau ga. Cette ligne a été également vue par Thulin, comme l’a indi- qué le professeur Clève dans une communication à l'Académie des Sciences de Paris (C. R. 16 avril, p. 835); mais je n'ai pas observé les autres raies qu'il a don- nées (sauf peut-être celle de 5016). Bien que je n’aie pu actuellement faire des comparaisons définitives avec les raies de la chromosphère, les mêmes fournies jus- qu'ici donnent certainement un grand poids à la con- clusion que le nouveau gaz donne réellement quelques- unes d’entre elles, et les photographies font penser que les raies de l'hydrosène constituent les autres. Je puis indiquer sous réserves que j'ai déjà obtenu la preuve que la méthode indiquée par moi peut finale- ment nous fournir d'autres gaz nouveaux dont les raies sont également associées à celle de la chromosphère. MM. Fowler, Baxandell, Shockleton et Buttler m'ont aidé dans diverses parties de ces recherches. Le Directeur-Gérant : LOUIS OLIVIER in Premiere P. Lerés rte CPS EN ee ge ANNÉE N° 21 15 NOVEMBRE 1895 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER LA DÉROUTE DE L’ATOMISME CONTEMPORAIN De tout temps on s’est plaint d’être si peu d’ac- cord sur les questions fondamentales qui intéres- sent le plus l'humanité. C’est de nos jours seule- ment que ces plaintes se sont tues : en fait, chose rare à toute autre époque, il règne aujourd’hui, à part quelques divergences encore, un accord presque complet en ce qui concerne la conception du monde extérieur. Notre siècle est le siècle du naturalisme. Interrogez le premier venu, pénétré des idées naturalistes, depuis le mathémalicien jusqu'au médecin praticien; demandez-lui son avis sur la constitution intime du Monde. La réponse sera invariablement la même : « Toutes choses sont formées d’atomes en mouvement; ces atomes et les forces qui agissent entre eux sont les dernières réalités dont se composent les phéno- mènes particuliers. » Partout on répèle, en ma- nière d’axiome, que seule la Mécanique des atomes peut donner la clef du monde physique. Matière et mouvement, tels sont les deux concepts auxquels on ramène en dernière analyse les phé- nomènes naturels les plus complexes. A celte théo- rie, on peut donner le nom de #altérialisme physique \. Je veux exprimer ici ma conviction que cette manière de voir, malgré tout son crédit, est insou- tenable; que cette théorie mécanique n'a pas 1 Remarquons que ce « matérialisme physique » ne doit pas être confondu avec le matérialisme philosophique. Il s'agit exclusivement ici de phénomènes d'ordre physique, de la conception atomique de la matière; toute considération psychologique ou métaphysique se trouve hors de cause, ainsi que l’auteur lui-même prend soin de l'indiquer plus loin, (Note de la Direclion.) REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. atteint son but, car elle se trouve en contradiction avec des vérités tout à fait hors de doute et univer- sellement acceptées. La conclusion s'impose : il faut l'abandonner et la remplacer, autant que faire se peut, par une autre meilleure. On se demandera naturellement : En existe-t-ilune meilleure ?A cette question, je crois pouvoir répondre par l'affirma- live. Ma lâche se divisera donc en deux parties, suivant la règle : démolir d’abord, reconstruire ensuile. Iei encore, la première lâche est plus aisée que la seconde. La théorie mécanique est insufti- sante, il est facile de le démontrer : la nouvelle théorie, à laquelle je donnerai le nom de théorie énergétique, est-elle suffisante? Il est plus difficile de le prouver. Cependant, disons-le tout de suite, cette dernière a trouvé déjà l’occasion de se véri- fier dans le domaine des sciences expérimentales, le plus favorable à un examen impartial. Sans éta- biir l'entière exaclilude de la nouvelle conception, celte épreuve suffit, au moins, pour lui conquérir droit de cité. Il ne me parait pas superflu d'insister sur un point : c'est que, dans ma pensée, il s'agit unique- ment ici d'une queslion de science positive. Je déclare expressément faire abstraction complète de toutes les conclusions qu'on pourra tirer de ce chef, concernant les questions morales ou reli- gieuses. Non pas que je méconnaisse la valeur de pareilles conclusions : mais le résultat auquel je veux parvenir est indépendant de telles considéra- tions et repose exclusivement sur le terrain des sciences exactes. 21 954 I Tous les phénomènes du monde réel, en dépit de leur infinie variété, ne sont que des cas parti- culiers et bien définis de toutes les possibilités que nous pouvons concevoir. Distinguer, parmi les cas possibles, les cas réels, telle est la signification des lois naturelles. Toutes se ramênent à la même forme : trouver un #variant, c'est-à-dire une gran- deur qui demeure invariable quand toutes les autres varient entre les limites possibles, limites assignées par la loi même. L'histoire de la science nous montre le développement des grandes idées scientifiques toujours lié à la découverte et à la mise en œuvre de tels invariants: ce sont les pierres milliaires de la voie qu'ont parcourue les connaissances humaines. La musse est un de ces invariants d'une signifi- cation générale. La masse nous donne les cons- tantes des lois astronomiques; mais nous la trou- vons aussi constante dans les transformations chimiques les plus profondes que nous puissions faire subir aux corps du monde extérieur. Par conséquent, celle notion nous apparait comme très propre à devenir le pivot des lois naturelles. A la vérité, elle s’est trouvée trop pauvre par elle- même, pour servir à la représentation de Lous les phénomènes, et il a fallu élargir la conception pre- mière : on a donc confondu avec cette notion pure- ment mécanique toute la série des propriélés qui, d'après l'expérience, sont proportionnelles à la masse. Ainsi prit naissance l’idée de matière, sous laquelle on comprend en bloc tout ce qui, pour nos sens, est lié indissolublement à la masse, comme le poids, le volume, les propriétés chimiques; la loi physique, conservation de la masse, à ainsi dégénéré en un axiome mélaphysique: la conser- valion de la matière. Cette extension, il est important de le remar- quer, a introduit une foule d'éléments hypothéli- ques dans une conceplion qui, primitivement, ne renfermail pas trace d'hypothèse. En particulier, sous l'empire de celle théorie, on admit, conirai- rement à toute évidence, que la matière, subissant une réaction chimique, ne disparait pas pour faire place à une autre, douée de propriétés différentes. Bien plus, cette façon de voir contraignait à admettre que, dans l'oxyde de fer, par exemple, le fer et l'oxygène existent encore, quoique loutes leurs propriétés organoleptiques aient disparu : ils ont seulement acquis des propriétés nouvelles. I] nous est aujourd'hui difficile de sentir l’étrangeté, l'absurdité même d'une pareille conception, telle- ment nous y sommes accoutumés. Réfléchissons un peu cependant: tout ce que nous pouvons Connaitre d'une substance définie, ce sont ses propriétés; W. OSTWALD — LA DÉROUTE DE L'ATOMISME CONTEMPORAIN n'est-ce donc pas un non-sens, ou peu s’en faut, de prétendre qu'une substance définie existe encore, sans plus posséder aucune de ses propriétés? En fait, cette hypothèse de pure forme n’a qu’un bul: mettre d'accord les faits généraux de la Chimie, en particulier les lois de Ja Stœchiométrie, avec la notion, toul à fait arbitraire, d’une matière inalté- rable en soi. Mais, en dépit de cette conception élargie de la malière, en dépit des hypothèses accessoires qui s'y grefflent forcément, il est impossible de résu-. mer sous celle idée l’ensemble des.phénomènes, même en se bornant à la nature inorganisée. On se figure, en effet, la malière comme quelque chose d'inerle, d'invariable en soi, landis que l'Univers va sans cesse se modifiant. 11 faut donc compléter cette idée par une autre qui exprime celle conli- nuelle évolution, et est complètement indépen- dante de la première. Cette idée est celle de la force, due à Galilée, le créateur de la Physique scientifique. Dans les phénomènes variables de la chute, libre ou non, Galilée découvrit un énvariant de la plus haute importance : la pesanteur, force cons- tante, dont les effets, sans cesse se répélant el s’a- joutant, suffisent à expliquer tous ces phénomènes. Cette conceptionavailune énorme portée,etNewton le fit bien voir quand il conquit à la science tout l'Univers étoilé par celte idée que la même force agil entre les corps célestes, mais varie stivant une Jonction de la distance. Ce succès fil naître la convic- tion qu'à l'exemple des phénomènes astrono- miques, tous les phénomènes physiques s'expli- queraient par ce moyen. La confiance dans la fécondité de la théorie newtonienne s’accrul en- core beaucoup au début de notre siècle. À cette époque, une pléiade d’astronomes éminents, fran- çais pour la plupart, démontrèrent que la loi de la gravilalion universelle explique les mouvements des corps célestes, non pas seulement dans leurs grands traits, mais que, si l'on y regarde de plus près, elle rend aussi compte, avec la même sûreté et la même précision, des perturbations ou petits écarts par lesquels les mouvements réels s'éloignent des formes canoniques. Soumettre les atomes aux lois du mouvement démontrées pour les corps cé- lestes, telle fut l'idée-mère de la théorie mécanique de l'Univers. Vérifiées dans le monde inorganique, ces lois devaient être étendues logiquement à la nature vivante. Cetle conception a recu sa forme classique dans l’idée de la «formule universelle» due à Laplace. De ceite formule pouvait se déduire, conformément aux lois mécaniques et par une analyse rigoureuse, tout phénomène passé ou futur. Sans doute cette Läche exigerait un esprit bien su- périeur à l'esprit humain, mais qui néanmoins n'en différerait pas essentiellement. ss. mt tie tit Le de. Le p W. OSTWALD — LA DÉROUTE D'ordinaire, on ne prend pas garde à quel point cette manière de voir, si répandue, est tout hypo- thétique, toute métaphysique. Nous sommes ac- coutumés à la considérer comme le dernier mot de l'exactitude. Il faudrait, au contraire, rappeler avec . insistance qu'une conséquence immédiate de cette théorie n’a jamais pu être vérifiée, même dans un - cas particulier, par exemple, cette conséquence que : les phénomènes de la chaleur, du rayonnement, de l'électricité, du magnétisme, de la chimie, sont, _ en réalité, de nalure mécanique, malgré les appa- rences. Or, pareille vérificalion ne s'est jamais faite. Chaque fois qu'on a cherché une représenta- tion mécanique de ces phénomènes, chaque fois, sans exception, on est venu se heurter à une con- tradiction inévitable entre les faits constatés par l'expérience et les faits prévus par la théorie. Cette contradiction peutrester cachée plus ou moins long- temps; mais, Lôt ou tard, elle éclate au grand jour, et de la théorie il ne reste que les morceaux; on peut prédire sûrement le même sort à tous ces symboles ou analogies, qu’on décore aujourd'hui du nom de théories mécaniques. L'histoire de l'Optique nous fournit un exemple remarquable à l'appui de ce que je viens de dire. Tant que l’'Optique se bornaïit aux phénomènes de réflexion et de réfraction, la théorie de l'émission due à Newton élail suflisante. La théorie des on- dulations, autre conception mécanique imaginée par Huyghens et Euler, pouvait rivaliser avec elle, non la détrôner. Mais la découverte des interfé- rences et de la polarisation mit hors de pair la théorie des ondulations, dont les principes per- mettaient de calculer, au moins en gros, les nou- veaux phénomènes. Pourtant, les jours de la théorie des ondulations étaient aussi comptés; à notre époque celte théo- rie a été enterrée sans bruit, pour faire place à la théorie électro-magnétique. Faisons l’autopsie de son cadavre: la cause de la mort nous apparaitra évidente; elle a péri par ses parties mécaniques. L'éther hypothétique, auquel était confiée la tâche de vibrer, devait s'en acquitter sous des conditions bien difficiles à remplir. Les phénomènes de pola- risation exigent que les vibrations soient lransver- sales, autrement dit, que l’éther soit un solide. Or, il résulle des calculs de lord Kelvin qu’un solide, constitué comme doit l'être l'éther, ne serait pas stable et ne peut, par conséquent, avoir d’exis- tence réelle. Pour épargner pareil sort à la thé6o- rie électromagnétique, actuellement adoptée, l'im- mortel Hertz, auquel elle doit tant, renonce expres- sément à y voir autre chose qu’un système de six équations différentielles. Cette conclusion parle plus puissamment que je ne pourrais le faire contre tous les essais de théorie mécanique tentés auparavant, DE L'ATOMISME CONTEMPORAIN Il Jusqu'à présent, je n'ai formulé que des conclu- sions négatives. Cependant, on peut lirer quelque profit de ce qui précède, et le profit ne paraitra pas mince pour lever un obstacle qui a causé à beaucoup de graves soucis. Je veux parler des déclarations fameuses concernant l'avenir de notre connaissance de la Nature, que Du Bois- Reymond, le célèbre physiologiste de l’Université de Berlin, a faites d'abord au Congrès des Natura- listes à Leipzig, ensuite dans quelques mémoires plus étendus, et dont le point saillant est cet « Zyno- rabimus » tant commenté. Dans la longue polé- mique suscitée par cette parole, la victoire est reslée, me semble-t-il, à Du Bois-Reymond, car tous ses adversaires s’appuyaient sur le principe même dont il avait déduit son iynorabimus, et ses conclusions valaient ce que vaut ce principe lui- même. Ce principe, qu'à ce moment personne ne songeait à mettre en discussion, c'est la conception mécanique de l'Univers; c’est la supposition que le dernier stade auquel peut parvenir notre explica- tion du monde, est de le ramener à un système de points matériels en mouvement, Si ce principe dis- parait, et il doit disparaitre, comme nous l’avons vu, l'ignorabimus tombe et la route se rouvre à la science. Je ne pense pas que cette conclusion étonne qui que ce soit : si j'en juge par moi-même, aucun physicien ou naturaliste n’a cru fermement à l’iynorabimus, sans en reconnaitre peut-être le point faible, que je viens de signaler. Ce que j'ai exposé au sujet d'un cas particulier a une portée beaucoup plus grande. Rejeter Ja cons- truction mécanique de l'Univers, c’est porter atteinte au principe même de la conception maté- rialiste générale, au sens scientifique du mot. C'est une entreprise vaine, qui a pileusement échoué devant toute expérience sérieuse, de vouloir rendre compte par la Mécanique de tous les phéno- mènes physiques connus; cette entreprise peut bien moins réussir si elle s'attaque aux phénomènes incomparablement plus compliqués de la vie orga- nique. La tentative n’a même pas la valeur d'une hypothèse auxiliaire : c'estune erreur pure etsimple. L'erreur saute aux yeux dans le fait suivant : Dans toutes les équations mécaniques, le signe de la variable représentant le temps peut changer; en d’autres termes, les phénomènes de la Méca- nique rationnelle peuvent suivre le cours du temps ou le remonter. Dans le monde de la Mécanique rationnelle, il n’y a ni passé ni avenir, au même sens que dans le nôtre : l'arbre peut redevenir reje- ton et graine; le papillon, chenille; le vieillard, enfant. Pourquoi ces faits ne se produisent-ils pas dans la réalité ? La théorie mécanique ne l'explique de] ©7 [er] W. OSTWALD — LA DÉROUTE DE L'ATOMISME CONTEMPORAIN pas; et, en verlu même des propriétés des équa- tions, elle ne peut l'expliquer. Le fait que, dans la Nature réelle, les phénomènes ne sont pas réver- sibles, condamne ainsi sans appel le malérialisme physique. Alors, dira-t-on, s'il faut renoncer aux atomes, à la Mécanique, quelle image de la réalité nous restera-t-il? Mais on n'a besoin d'aucune image, d’aucun symbole. Ce n’est pas notre affaire de voir le monde plus ou moins déformé dans un miroir courbe; il faut le voir directement, autant que le permettent nos forces intellectuelles. Établir les rapports entre des réalités, c'est-à-dire des gran- deurs tangibles, mesurables, de telle sorte que, les unes étant données, les autres s'en déduisent, voilà la tâche de la science : et la science ne l’a pas remplie quand elle se paie d’une image plus ou moins hypothétique. III Sans doute, la voie est longue et pénible, mais elle est la seule sûre. D'ailleurs nous pouvons la suivre, sans faire appel à notre abnégation per- sonnelle, sans nous soulenir par l'espoir qu’elle conduira au but nos arrière -neveux. C'est à nous- mêmes qu'échoit le bonheur, et notre siècle mou- rant fait au siècle naissant le legs scientifique le plus fécond en espérances : il lui lègue la (héorie énergétique. Remarquons-le bien : il ne s'agit pas ici d'une chose absolument inédite, car, depuis un demi- siècle, nous la possédons, sans nous en apercevoir. C'estle cas, ou jamais, de dire : mystère évident, chaque jour nous pouvions le lire et nous ne le comprenions pas. Quand, il y a cinquante ans, Robert Mayer dé- couvrit l'équivalence des différentes forces natu- relles, ou, comme nous disons dans notre langage actuel, des différentes formes de l'énergie, ül fit dans celte direction un pas décisif. Mais, — loi constante de la pensée humaine, — jamais on n'ac- ceple une nouvelle découverte, claire el nette, telle qu'elle se présente. Celui qui la reçoit, qui n’a pas intimement vécu le progrès, mais le prend à l'ex- térieur, s'efforce, avant Lout, de relier tant bien que mal la nouveauté à ce qui existait dans son espril. L'idée nouvelle est ainsi défigurée, et sinon même doublement faussée, du moins dépouillée de sa meilleure force. L'inventeur lui-même n'échappe pas à celte loi. La puissante intelligence de Co- pernic a su {ransposer les rapports du Soleil et de la Terre, mais non s'affranchir, pour les autres pla- nètes, de la théorie régnante des épicyeles. Même histoire pour Mayer. Comme presque toujours, la génération suivante a dû dégager, pièce à pièce, de tous les accessoires inutiles la pensée première, pour qu'elle püt apparaître dans son imposante simplicité. L'idée de Mayer élait étrangement simple, trop. simple pour être accueillie immédiatement. Bien plus, les trois savants qui ont le plus fait pour la défense de la loi de l'équivalence, Helmhollz, Clau- sius, William Thomson, lui ont donné la même interprélalion : ils ont cru que toutes les formes de l'énergie élaient, au fond, une seule et même chose : à savoir, l'énergie mécanique. De cette manière on réalisait ce qui semblait le plus pres- sant : rattacher la nouvelle idée à la théorie méca- nique alors régnante, mais l’idée perdait son prin- cipal caractère. Il a fallu un demi-siècle pour faire la lumière et montrer que, par celte hypothèse accessoire, loin d'ajouter à la loi, on renonçait à son caractère le plus précieux : la liberté laissée à toute hypothèse. Mais, dira-t-on, comment, avec celte idée si abstraite de l'énergie, se faire une conception de l'Univers, qui puisse rivaliser de clarté et de net- teté avec la conception mécanique? La réponse est facile : Comment connaissons-nous le monde extérieur, sinon par nos sensations? Toutes nos sensations ont un caractère commun et un seul : elles correspondent à une différence d'énergie entre les organes des sens et le milieu qui les entoure. Bans un Univers, dont la température serait uniformément égale à la température de notre cGrps, il nous serait impossible d’avoir aucune idée de la chaleur, pas plus que nous ne ressentons la pression atmosphérique constante, sous laquelle nous vivons : nous n’en acquérons la connaissance qu'après avoir éprouvé l'effet de milieux où règne une pression différente. - Tout le monde est prêt à admettre cette explica- tion, mais on ne veul pas renoncer à la matière, parce que l'énergie a besoin d'un véhicule. Et pourquoi donc? Si le monde extérieur ne se révèle à nous que par des rapports d'énergie, pour quel motif vouloir y loger quelque chose que nous n'a- vons jamais pu percevoir? Pourtant, objectera-l-on, l'énergie n’est qu'une idée, une abstraction, tandis que la malière est la réalité. C'est justement tout le contraire. La matière est une invention, assez imparfaile d’ailleurs, que nous nous sommes forgée, pour représenter ce qu'il y a de perma- nent dans loules les vicissitudes. La réalité effec- tive, c’est-à-dire celle qui fait effet sur nous, c'est l'énergie, comme nous le verrons en cherchant dans quel rapport se trouvent ces deux concepls. Mais, avant d'aller plus loin, récapilulons en deux mots l’évolution que nous venons d'indiquer: L'idée de la matière est une extension de l’idée de la masse. À celle conception insuffisante, Galilée dut joindre celle de la force, pour expliquer l'évo- _lution incessante de l'Univers. Mais la force ne possédait pas l'invariance et, après la découverte de ces invariants partiels force vive et travail, Mayer découvrit l'invariant le plus général, l'évergie, qui gouverne toules les forces physiques. Toujours, dans toute leur histoire, la matière et l'énergie restent côte à côte, et tout ce qu’on savait de leurs relations, c'est que, la plupart du temps, elles vont de concert, la matière étant le véhicule, le réser- voir de l'énergie. IV Cependant l'énergie et la malière sont-elles deux choses réellement différentes, comme l'âme et le corps, ou n'est-ce pas plulôt que ce que nous . savons el disons de la matière soit déjà compris : dans l’idée d'énergie? À mon sens, la réponse n’est pas douteuse. Que trouvons-nous, en effet, dans - l'idée de matière ? En premier lieu, la musse, c'est- à-dire ia capacité pour l'énergie cinétique; ensuite, l'émpénétrabilité où énergie de volume, le poids où énergie de position sous la forme particulière qui se présente dans la gravitation universelle, enfin les propriétés chimiques ou énergie chimique. Partout, il n’est ques- tion que d'énergie, et, si nous séparons ces diffé- rentes formes d'énergies de la matière, celle-ci s'évanouit : elle n'a plus même l'espace qu'elle occupait, car cet espace ne nous est connu que par la dépense d'énergie nécessaire pour le pénétrer, La matière n’est autre chose qu'un groupe de dif- férentes énergies, rangées ensemble dans l’espace, et tout ce que nous voulons en dire, nous le disons de ces énergies seulement. La question que je veux éclaircir ici est si importante qu'on me permettra de chercher encore, par une autre voie, à la serrer de plus près et de prendre l'exemple le plus frappant que je puisse . trouver. Vous recevez un coup de bâton. Que res- sentez-vous, le bàlon ou son énergie? Le bâton est assurément la chose du monde la plus inoffensive, tant que personne ne le brandit. Nous pouvons tout aussi bien nous heurter à un bâton immobile: mais, dans tous les cas, ce que nous ressentons. je l'ai dit déjà, ce sont les différences d'énergie entre l'extérieur et nos organes : que le bâlon s’abatte sur nous ou nous sur le bäton, peu importe. Au contraire, si nous possédons une vitesse égale à celle du bâton et dans la même direction, le baton n'existe plus pour notre toucher, car il ne peut avoir avec nous ni contact, ni échange d'énergie. Cet exposé montre, je l'espère, que la notion d'énergie peut servir à expliquer tout ce qu’on expliquait autrefois.par les notions de matière et de force et même davantage : il suffit de reporter à l’une les propriétés et les lois qu'on attribuait aux autres. Cela offre le grand avantage de sup- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. W. OSTWALD — LA DÉROUTE DE L'ATOMISME CONTEMPORAIN primer les objections que j'ai signalées au début. Nous faisons une seule hypothèse sur la dépen- dance mutuelle des différentes formes de l'énergie : c’est qu'elles obéissent à la loi de la conservation. Nous avons ensuite toule liberté d'étudier objec- tivement les propriétés particulières de chacune d'elles : en classant ralionnellement ces propriétés, nous créerons un système des formes de l'énergie, qui aura une portée scientifique bien plus grande que le système où elles sont toutes confondues, sous prétexte qu'elles sont, au fond, identiques entre elles. Voyons, par exemple, ce qu'on fait aujourd'hui dans la théorie cinétique des gaz, qui jouit encore d’un certain crédit. D'après cette théorie, la force élastique des gaz provient du choc de ses molécules en mouvement. Seulement, la force élastique est une grandeur qui n’est pas dirigée dans l’espace : car le gaz presse également dans toutes les directions ; un choc,au contraire, provient d'un corps en mouvement, et ce mouvement a une certaine direction. Il est doncimpossible de ramener immédiatement l’une de ces grandeurs à l’autre. La théorie cinétique esquive la difficulté en admet- tant que les chocs se produisent uniformément dans toutes les directions, ce qui revient, en somme, à enlever arbitrairement au choc la pro- priété d’être dirigé. Dans ce cas, on parvient, par ce! artifice, à identifier deux formes différentes de l'énergie: mais cetle identificalion n'est pas toujours possible. Par exemple, le potentiel et la masse électriques, c'est-à-dire les deux facteurs de l'énergie élec- _trique, sont des grandeurs que j'appellerai polaires ; elles ne sont pas de simples quantités numériques : elles ont, de plus, un signe tel que deux quantités égales, mais de signe contraire, ont une somme nulle. La Mécanique ne connaît pas de grandeur polaire : aussi il est impossible de trouver une hypothèse mécanique qui explique en entier les phénomènes électriques : pour ce faire, il faudrait au moins avoir une grandeur mécanique douée de polarité, ce qui n’est peut-être pas impossible et mériterait en lout cas d’être approfondi. Si, réellement, les lois naturelles pouvaient se ramener aux lois des diverses formes de l'énergie, nous y trouverions de grands avantages. D'abord la science de la Nature serait affranchie de toute hypothèse. Ensuite, point ne serait besoin désor- mais de nous inquiéler de forces, dont nous ne pouvons démontrer l'existence, agissant entre des atomes que nous ne pouvons voir, mais des quan- tités d'énergie mises en jeu dans le phénomène étudié. Celles-là, nousles pouvons mesurer, et tout ce qu'il nous est nécessaire de savoir est sus- ceptible de s'exprimer sous cette forme. Qui donc méconnaitrait l'énorme avantage de 210 958 A. LARBALÉTRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON celte méthode, parmi ceux dont la conscience scientifique s'est soulevée devant cet amalgame incessant de faits et d'hypothèses, que la Physique et la Chimie actuelles nous présentent comme une science rationnelle? C'est en suivant le chemin de l'Énergétique que nous répondrons au véritable sens de l'appel de Kirchhoff si souvent mal inter- prélé : «A la prétendue explication de la Nature, substituer la descriplion des faits. » L'absence d’hypothèse donne à l'Énergétique une unité de méthode inconnue, il faut bien le dire, jusqu’à présent : unité non moins précieuse pour l’enseignement et l'intelligence de la Science, qu'elle ne l’est au point de vue philosophique. Pour n’en donner qu'un exemple, toutes les équa- tions qui lient l’un à l’autre deux ou plusieurs phé- nomènes d'espèces différentes, sont forcément des équations entre des quantités d'énergie ; il ne sau- rait y en avoir d’autres, car, en dehors du Llemps et de l’espace, l'énergie est la seule grandeur quisoit commune à tous les ordres de phénomènes. Je ne puis ici entrer dans le détail et énumérer toutes les relations, les unes connues déjà, les au- tres nouvelles, qui s’écriront immédiatement, sans exiger de calculs compliqués. Je ne puis davan- tage exposer sous quelles nouvelles faces se sont montrés, à la lumière de l'Énergétique générale, les théorèmes de la Thermodynamique, partie la plus étendue de l'Énergétique. Cependant, je ne saurais omeltre une dernière question : L'énergie, si utile, si nécessaire à l'in- telligence de la Nature, suffit-elle entièrement à la tâche? Je réponds: Non. Quels que soient les avantages de la théorie énergétique sur la théorie mécanique, il reste quelques points qui échappent aux principes actuellement connus et qui semblent indiquer l'existence de principes plus élevés. L'É- nergélique n’en subsistera pas moins, à côlé de ces nouveaux principes; mais elle cessera d’être ce qu'elle doit être encore pour nous, c'est-à-dire le cadre le plus vaste dans lequel nous faisons ren- trer les phénomènes naturels : elle deviendra un cas particulier de relalions plus générales, rela- tions dont il nous est à peine possible actuellement . de pressentir la forme. Je ne pense pas avoir ravalé, par ce que je viens . de dire, le progrès dont j'avais parlé d’abord, mais l'avoir plutôt rehaussé. Car il nous répugne d'assi- gner une borne aux progrès de la Science. Au milieu du combat pour un nouveau domaine, il ne faut pas perdre de vue les vastes plaines qui s’é- tendent derrière le sol convoité et qu'il faudra occuper aussi plus tard. Cela pouvait passer jadis, quand la poussière etla fumée du combat empri- sonnaient le regard dans les limites étroites du champ de bataille. Aujourd'hui cela n’est plus permis : nous tirons avec la poudre sans fumée — ou du moins nous aurions à le faire — et,en même temps que la possibililé, nous avons le devoir de ne pas relomber dans les fautes du temps passé !. W. Ostwald, Professeur de Chimie physique à l'Université de Leipzig. ÉTAT ACTUEL DE LA CULTURE DE L’ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON EN FRANCE Quoique très dissemblables en ce qui concerne les procédés agricoles qu'elles comportent, la cul- ture de Orge et celle du Houblon sont cependant intimement liées au point de vue industriel, car personne n'ignore qu'elles fournissent les deux ma- üères premières indispensables à la fabrication de la bière. À ce point de vue, le seul que nous envisa- gerons ici, leur importance ne saurait être mécon- nue, car la consommalion et la production de cette boisson en France En effet, on sait que non seulement la bière sert de boisson courante aux populations de sont en voie d’accroissement notable. nos départements du Nord, mais qu'elle devient, depuis quelques années, d'un usage assez général dans le reste de la France; or, non seulement la fabrication française a plus que doublé depuis 1830; mais, en oulre, tandis que nous exportions encore de la bière en 1860, nous en avons importé depuis, et le chiffre des importations s'est accentué d'année en année. Ilne nous appartient pas de rechercher iei les diverses causes de ce changement, d’ailleurs très diversement appréciées par les économistes ; mais il n'est pas hasardé de dire que la crise subie par la viticulture française depuis une trentaine d'années n’est pas restée étrangère à cet élal de choses: l'augmentation de la production et de laconsomma- ! Cet article, écrit en allemand par l’auteur, a été traduit en français par M. Lamotte, agrégé de l'Université, attaché au laboratoire de M. le Professeur Bouty à la Sorbonne. A. LARBALÉTRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON 959 lion du cidre en serait une preuve suflisante, à dé- - faut d'autre. Quoi qu'il en soil, il n’en est pas moins _vraiqu'il ya, dans ce fait économique, unesitualion - dont l’agricullure de nos régions du nord peut tirer pari : l'orge et surtout le houblon, qu'on a juste- ment dénommé « la vigne du nord », sont, en effet, des cullures éminemment septentrionales, suscep- - Libles de hauts rendements lorsqu'elles sont con- duites d'une manière raisonnée el scientifique, partant capables, dans la grande majorité des cas, de prendre la place d’autres cultures naguère flo- rissantes et qui aujourd’hui, par suite de mulliples circonstances d'ordre économique et agricole, ne sont plus en état de donner des produits suffisam- ment rémunéraleurs. D'ailleurs, à l'heure actuelle, la France a recours à l'étranger pour obtenir les houblons et les orges nécessaires à la brasserie et que notre agriculture ne peut fournir nien quantité suffisante ni souvent de qualité voulue. — Il est, croyons-nous, possible et même facile de remédier _à cet état de choses, et c’est là ce que nous vou- drions surtout élablir en cet article. - $ à- è L : hé RSS en da dés fn ni di à hi nent à I. — ORGE DE BRASSERIE. La culture de l'orge de brasserie n’a pas, en France, toute l'importance qu'elle mérite; notre production est insuffisante : nos brasseurs vont acheter tous les ans une nolable partie de cette céréale en Algérie et en Russie, tandis que, par une culture intelligente, nous pourrions, non seu- lement suffire à notre éonsommation, mais encore devenir exportateurs. Les agriculteurs français seraient assurés de trouver un débouché certain non seulement à quelques heures de nos côtes, en Angleterre, mais encore aux États-Unis, où la production est également insuffisante; les belles qualités d'orge y étant appréciées et recherchées, un prix rémunérateur serait assuré à la vente. Pendant près d’un mois, les orges françaises, plus précoces et plus vite sèches, peuvent profiler des prix plus élevés accordés aux produits de la nou- velle récolte, qui font prime. Gette considération a d'autant plus d'importance que notre climat elnotre sol sont très favorables à cette culture, que cette céréale végète lrès rapidement, qu'elle esl d'une grande ruslicité et que ses exigences sont moindres que celles de l’avoine et du blé, lesquels occupent-une surface bien plus considé- rable. Un point cependant mérite d'être plus sérieuse- ment approfondi: c'est la qualilé des produits. En effet, si les belles orges de brasserie sont d’une vente en général facile, par contre les orges de qualité inférieure sont le plus souvent à bas prix et ïl exisle toujours une différence de 1 à 2 francs, si ce n’est plus, aux 100 kilos, en faveur des premières. Ce sont donc de belles et bonnes orges appropriées à leur destination spéciale qu'il faut chercher à produire. Or, cela n'a rien de bien difficile, et, comme le dit M. H. L. de Vilmorin, les quelques dépenses qu'entraine une culture bien soignée et bien faite, sont mieux payées par une récolte d'orge de choix que celle d’une culture insuffisante par une récolte de qualité ordinaire. I. — QUALITÉS DES ORGES DE MALTERIE. Examinons tout d’abord les qualités d’une belle orge dite de brasserie. Dans la pratique, les malteurs ne s'attachent guère, en général, qu'aux caractèresexlérieurs, qui, il faut le reconnaitre, ont une réelle valeur, quoique l'analyse chimique, plusrarement employée, puisse donner ici de non moins précieuses indications. La grosseur du grain, son poids et sa couleur viennent en première ligne. Le grain doit être bien renflé, plutôt court, plein, à écorce fine; celle-ci ne doit pas dépasser 10 °/, du poids total du grain. Le poids, qui varie entre 62 et 71 kilogrammes par hectolitre et, exceptionnellement, entre 72 et 74 ki- logrammes, est pris en très sérieuse considéra- lion : on admet qu'une bonne orge de brasserie ne doit pas peser moins de 67 kilogrammes; en effet, plus l’orge est lourde, plus elle est riche en subs- tances utiles; mais il ne faudrait pas croire, cepen- dant, que la richesse en matière amylacée soit en raison directe du poids, comme le prétendent beaucoup de malteurs ; les expériences de Schulze, de L. Marx et nos propres analyses ont manifeste- ment prouvé le contraire. La couleur doit être aussi claire que possible, d’un jaune-paille ; ce point a une telle importance qu'assez souvent des commerçants peu scerupuleux soufrent les orges afin de cacher la teinte jaune- foncé ou brune qui résulte de l’action des pluies lors de la récolte effectuée dans de mauvaises con- ditions. En cassant un grain, l’amande peut être fari- neuse, demi-farineuse ou vitreuse; les orges dont la cassure est tendre et farineuse, sont les plus recherchées par la plupart des brasseries. IL va sans dire que le grain sera propre, exempt de graines élrangères, sec et glissant facilement dans la main quand on le serre; ici encore, la fraude intervient parfois; car il n’est pas rare qu'on enduise les grains d'huile pour donner à ceux qui sont humides le coulunt caractéristique d'une bonne siccité. Celle tromperie, comme la précédente, est d'ailleurs facile à reconnaitre. Mais, ce qu'on ne peut conslaler de visu, c'est la faculté germinalive, l'énergie de la germination et la composition chimique, points quelestransactions 960 A. LARBALÉTRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON courantes ne peuvent mettre en évidence sur les marchés et qui nécessitent le concours des labora- toires de chimie ;nous n'y insisterons pas davantage. Ces diverses qualités d’une bonne orge de mal- terie peuvent être obtenues dans la pratique cul- turale : 4° par le choix des variétés ; 2° par le mode de culture, qui ont une égale importance et se com- plètent l’un l’autre. Il. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS D'ORGES DE BRASSERIE. Les espèces du genre Aordeum sont très nom- breuses ; mais, contrairement à ce qui a lieu pour le froment, il y a plus de variétés de printemps que d'hiver. Toutefois, cette différence, il ne faut pas l'oublier, est essentiellement relative : car, dans le Midi et en Algérie, par exemple, nos orges de printemps se sèment à l'automne. Toutes les variétés d'orges ne sont pas aptes à donner du grain propre à la fabrication de la bière. A ce point de vue, les orges à grain vé{w, c’est-à- dire dont les glumelles sont adhérentes au grain, sont seules recherchées. Parmi celles-ci, les unes sont à deux rangs, ou distiques (Æordeum distichum), les autres à six rangs (Æordeum tetrastichum). Parmi les variétés les plus estimées, que le cadre de cet article ne nous permet pas de décrire, nous nous contenterons de citer : l’Orge Chevalier, surtout appréciée en Angleterre ; l'Æscourgeon ou Sucrion, préférée dans le nord de la France ; l'Orge Tnpériale, que M. Heine, — qui, en Allemagne, s'est surtoutoccupé de l’amélioralion desorges, —signale comme une des meilleures; les orges de Moravie, notamment la Zannapedigree et Orge Scholeys Warp:; l'Orge de Bohème, plus connue sous le nom d’Orge du Danube, VYOrge à deux rangs Richardson, V'Orge Hallels pedigree, ete.; enfin l'Orge de Laponie et celle d'Algérie, qui paraissent être des variétés de l’Æs- courgeon de printemps. Les orges de printemps sont toujours moins pro- ductives que celles d'hiver, dans le nord de la France et en Belgique,ces dernières sont préférées !; mais, en Allemagne, et surtout en Bavière, on cul- live davantage les variétés de printemps. Mentionnons à ce sujet un caractère distinctif signalé par le Professeur Damseaux, mais sans y ajouter une confiante absolue : c'est qu'on peul dégager du sillon médian des orges d'hiver, en agissant par relèvement sur la pointe du grain, une pelite arêle qui y est couchée el porte un léger plumet, tandis que l’arête est glabre dans les orges de printemps. 1 Cependant, dans nos départements septentrionaux, les variétés de printemps mürissent fort bien, car leur végétation est très rapide. On les cultive d’ailleurs davantage depuis AMIC* quelques années. La nature de la variélé influe très sensiblement. sur l'aspect du grain el sur sa composition, ainsi que le montrent les analyses que résume le ta bleau 1, dues à Boussingault, Munts, Girard et Garola : Tableau I. — Composition suivant la Variété. ORGE ———— — ESCOURGEON | D’ALGÉRIE [DE SAUMUR ERNEST 00 80 3.0 13.50 11.46 Matières azotèes..... 3.4 8.98 9.06 — GRASSE PE 2.8 1.16 2.414 -- amylacées 63.7 49.92 60.40 = non az 8 18.54 10.35 Cellalose:..:..... 2-6 4.85 4.16 Cendres:-."7# 4.5 445 1.53 Acide phosphorique. » » 1.04 POfASSR RECETTE » » 0.69 CDAUXS PAT 4 » » 0.17 À ces analyses nous joignons (tableau II) les analyses, effectuées par nous, de sepl variétés cultivées sur la même terre et dans les mêmes conditions par M. D. Dickson, directeur de l'École d'Agriculture du Pas-de-Calais : Tableau 1I. — Qualités suivant la Variété. CO MPOSITION CHIMIQUE POIDS DE L'HEC- malières A amidon azotees do TOLITRE Orge à2rangs Richardson 62 k. 115.08] 12.75 | 67.10 Orge Chevalier francaise. 7% 14.05| 13.12 | 68.30 O. Hanna pedigree Mo- TAVIC Eee eee 74 14.30| 12.50 | 68.40 O. carrée de printemps. 73 14.00! 14.06 | 68.20 O. à 6 rangs de printemps 68 13.04/ 14.10 | 68.40 O. à 2 rangs Hallet’s pe- directe: met 10 13.20] 12.60 | 66.50 O. Scholeys Warp Che- VAlICL PAR eee 69 Le choix de la variété a, comme on le voit, une imporlance capitale, et à ce point de vue on donnera la préférence, à qualité égale, aux variétés précoces qui permettent au producteur d'arriver bon premier sur le marché. III. — EXIGENCES CULTURALES DES ORGES DE BRASSERIE. La plupart des variélés citées plus haut, connues aujourd'hui et à juste litre sous le nom de variétés perfectionnées, demandent, pour donner les résul- tats qu’on est en droit d'allendre, une culture ra- tionnelle, notamment un sol approprié, bien tra- vaillé et convenablement ferlilisé. L'orge n'a pas de préférence bien marquée en ce qui concerne la nature agrologique du sol; cepen- dant, c’est dans les terres argilo-calcaires ou ar gilo-marneuses, surtout celles désignées dans les “Flandres sous le nom de ferres à orge, que celte cé- -réale réussit le mieux ; c'est la présence du carbo- » nale de chaux qui semble avoir une action prépon- _ dérante dans cette culture, et nous avons été à même, il y a quelques années, de constater une différence de 29 à 38 hectolilres dans le rendement d'un hectare, dont une moitié de la couche arable - dosait à l’élat initial 3 ‘/, de calcaire, tandis que autre avait été amenée à une teneur de 9,8 °/, par l'apport d'écumes de défécation provenant de su- creries. D'ailleurs la Champagne, dontles terressont - éminemment calcaires, fournit à Paris une partie très notable de ses orges de brasserie. Ce qui, ensuite, importe le plus, c’est la prépara- » tion du terrain : aucune céréale ne réclame, autant que l'orge, une terre ameublie et bien nettoyée, l'orge se défendant mal contre les mauvaisesherbes. Nous ne pouvons donner aucune indication sur le - nombre et la nature des façons aratoires à appli- * quer à l'orge : elles sont subordonnées à la nature - de la récolte qui aura précédé cette céréale dans - l’assolement adopté. | La question des engrais mérile de nous arrèler plus longtemps. A ce sujet, on aura déjà une bonne indication en considérant qu'une récolte moyenne, c’est-à-dire 25 hectolitres par hectare !, enlève au sol, d'après MM. Muntz et Girard, les quantités d'éléments utiles que dénombre le tableau I : Tableau III. — Éléments pris au sol (en kilog.). GRAIN | PAILLE | TOTAL = ——— LANTERNE 24.1 13.4 38.1 Acide phosphorique.......... MuUlcy: EE) 17.0 HE Sr RO one (RTS 26.0 33.8 RS ner cu rt awtas ete 0.8 9 10.0 MARÉES TE En ee dede 2.9 3.4 6,0 Ce tableau montre, tout d’abord, que, dans une culture véritablement rationnelle et scientifique, l'analyse chimique du sol doit précéder toute autre opération culturale. Cependant, en Angleterre, où cette culture est, en général, très bien comprise, Lawes et Gilbert, ont été amenés à reconnaitre, tout au moins en ce qui concerne l'Orge Chevalier, que ses besoins sont presque identiques à ceux du froment. Il résulte, en outre, des expériences de cessavants et de beaucoup d'autres qui sont venues les confir- mer, que la quantité de grain est surtout influen- cée par la somme totale d'azote, tandis que sa qualité el surtout son poids dépendent plutôt des sels minéraux, parliculièrement de la proportion 1 Correspondant à 1625 kilogrammes de grain, et 2800 ki- logrammes de paille. A. LARBALÉTRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON 964 d'acide phosphorique. C’est ainsi que 250 à 275 ki- los de superphosphate de chaux à l’hectare ont été suffisants pour assurer l’efficacité de l’azote fourni par 190 à 250 kilos de sulfate d’ammoniaque ou par 220 à 280 kilos de nitrate de soude. Il y a divergence entre les expérimentateurs et les praticiens sur la question de savoir sous quelle forme l’azote doit être fourni au sol; tou- tefois, d'après les expériences nombreuses des sa- vants anglais, le nitrate de soude est plus efficace que le sulfate d’ammoniaque, surtout dans les années de sécheresse. D'autre part, s’il est vrai que l'azote organique a donné de très hauts rendements à Rothamsted, no- tamment, sous forme de tourteaux, expériences dans lesquelles la qualité de l'orge n’a pas été prise en considération, il n’en est pas moins vrai que M. Grüber, de la Société d'Agriculture de Stras- bourg, exclut, pour la culture de l'orge de brasserie, toute fumure azotée directe de fumier de ferme, de matières fécales ou de purin. Des expériences de cet agronome poursuivies pendant douze années à la Société d'Agriculture de Strasbourg, il ressort que, lorsqu'on applique directement les engrais sur l'orge, il faut recourir aux engrais chimiques si l'on veut éviter le développement des parties herbacées au détriment du grain. Ces essais ont fait voir deux récoltes d’Orge Chevalier se succéder sans exiger d'autre apport que la restitution de phosphates et de sels potassiques la seconde année. Le fumier de moulon surtout, et à fort.ori le par- cage, sont tout à fait contraires à l'orge cultivée en vue de la malterie. D'un autre côlé, d’après les essais de M. Garola en Eure-et-Loir, la fumure direcle n’est pas à recommander, même en ce qui concerne la quan- tité. S'il faut en croire ce professeur, dans les expé- riences anglaises ce sont vraisemblablement les résidus des fumures antérieures qui ont réagi sur le rendement, tandis que dans les siennes, qui se rapprochent beaucoup plus des conditions de la pratique courante, le fumier n’a pas eu le temps d'agir. Dans d’autres expériences faites à l'Ecole d’Agri- culture du Pas-de-Calais, qui ont donné un ren- dement moyen de 38 quintaux de grain à l’hectare, d'excellente qualité d’ailleurs, comme on s’en est assuré, la fumure a été fournie par 20.000 kilo- grammes d’écumes calcaires de sucrerie, 1.000 ki- logrammes de phosphates de chaux naturels, le tout enfoui avant l'hiver lors du premier labour, et 200 kilogrammes de nitrate de soude incorporés par un coup d’extirpateur huit jours avant le semis. La terre étant convenablement fumée et prépa- rée, l'orge doit être semée le plus tôt possible, 962 A. LARBALÉTRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON lant pour les variétés d'automne que pour celles de printemps; les semis lardifs ne sont nullement à conseiller. Il va sans dire que les graines seront disposées en lignes, à raison de 250 litres en moyenne parhectare; ceslignes devront êlre orien- tées, autant que possible, de l’est à l’ouest. — Les autres pratiques culturales, sarclages, récoltes, etc., sont les mêmes pour l’orge de brasserie que pour l'orge ordinaire; disons seulement que la coupe doit être faite un peu prématurément en laissant la dessiccation s’opérer en dizeaux ou en moyelles. IV. — RENDEMENTS ET ÉTENDUE CULTIVÉE. COMPARAISON AVEC L'ÉTRANGER. D'après la dernière statistique décennale, le ren- dement moyen de l'orge en France est de 18"25 par hectare. Toutefois, dans les départements de la Seine, des Pyrénées-Orientales el surtout d’Eure- et-Loir et Loir-et-Cher, les rendements moyens sont voisins de 35 hectolitres. En Belgique, le rendement moyen est de 30 hec- tolitres. En Angleterre, M. Ronna l’évalue à 44hec- tolitres dans les années ordinaires el 57hectolitres pour une bonne année. Le rapportdu grain à la paille varie entre 65:35 et — %5 : 75: dans les meilleures variétés de bras- serie on a même conslalé un rapport — 50: 506, notamment pour l'Orge Hallets pedigree. Les rendements, ici comme d’ailleurs pour la plupart des autres cultures, ne dépendent pas seu- lement de la nature du sol et de la quantité des en- grais; mais ils sont encore dans une notable me- sure sous la dépendance de la variété cullivée. C'est ainsi que, d'après M. Grandeau, les chiffres du ta- bleau IV peuvent être regardés comme une bonne moyenne : Tableau IV. — Rendements suivant les qualités cultivées. GRAIN EN HECTOL. PAILLE EN KGR. POIDS DE L'HECTOL. 2500 |62 à 7 2200 |62 à 7 1500 |50 à 6 Orge d'hiver Orge à deux rangs. Orge à quatre rangs... Tableau V. — Rendements et Qualités. RENDEMENT POIDS NOMBRE A L'HECTARE DE GRAINS VARIÉTÉS CC DE CONTENUS DANS kilos | hectol. |L’HEecroL.| 100 cr. Orge à 2 rangs Ri- chardson......... 28 2 k. 205 Orge Chevalier fran- CASE Free 2300 | 44.59 14 1936 O. Hanna pedigrec (Moravie)."" "0". 3600 | 48.64 14 1932 O. carrée de prin- O. à 2 rangs Hallet's EEE OANS 0 212 38.85 132 O. Scholeys Chevaliern®.-""""27 cultivée pour la France dans ces dernières années : hectares En 1840 l'orge était cultivée en France sur 1.200.000 AB DL nr die ml er CET TE 1.000.000 SGD AS RME PTE EE 1.000.000 CE Re à aa 1.100.000 ASS ste ee SC rer ER ET 1.057.506 18805: Fran dec eee ER EE 955.616 BBB RE ne Se TOR CONCCET 946.700 RE en M De CAE e DA io 934.416 SAS Mrs ins Mn ele ee Le 893.700 ABSUL ER EE ee ee EL 871.521 RE RE ue CSC 10 oc 1.223,160 AB SR crée Te RCE LT 916.112 EE PR ne bd on A 0 874.636 PR D in lo a en 00 0) 890.314 Les départements qui cullivent le plus d'orge sont ceux d'Ille-et-Vilaine, de la Manche, de la Mayenne et de la Sarthe. Voici pour ces départe- ments les étendues ensemencées en 1893 d’après le Bulletin officiel du Ministère de l'Agriculture (la- bleau VI) : Tableau VI. — Production maximum en quatre départements. PRODUCTION TOTALE DÉPARTEMENTS SURFACE a hectares hectol, 10 Mayenne... 471.114 659.596 Do Sarihe ner 420.108 304Manche se. +. 501.732 40 Jlle-et-Vilaine............. 541.616 Dans les expériences faites à l'École d’Agrieul- ture du Pas-de-Calais, en 1893, dans les mêmes conditions de culture, les rendements ont été, pour les sepl variélés essayées, ceux qu'indique le tableau V. La statistique agricole ne faisant pas de distinc- tion entre les orges d'hiver el les orges de prin- temps, ni entre les orges communes et celles de brasserie, force nous est de les confondre toutes dansles chiffres qui suivent, qui donnent Ja surface Les départements qui en cultivent le moins sont le Rhône (180 hectares — 3.000 hectolitres); le Morbihan (105 hectares — 1.575 hectolitres) et la Gironde (5 hectares — 51 hectolitres). Enfin, dans deux départements, cette culture fait complètement défaut : ce sont la Dordogne et le Lot-et-Garonne (1893). La production totale de l’orge en France varie 1 En 1895 l'orge a été cultivée sur 917.985 hectares. La production totale a été de 11.496.880 quintaux métriques. A. LARBALÉTRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON 963 - annuellement entre 20.000.000 27.000.000 d'hec- | 2° Groupe de Bourgogne; _ tolitres. 3° Groupe du Plateau central ; Les départements qui contribuent à l'alimenta- 4° Groupe de la Touraine et de l'Anjou; CAEN ENRAR . E LONDRES + = THE ra b er Litftpestt VALPES ;+ are t CS AL + D + HT + + ir Poe AR Dpt ptits + HEPYALPES l 5 VE Le LU) J1B* PYRENEES MSERD) TT ET NN ROA NET ÿ E EP Pre Départements ne cultivant Départements cultivant pas d'orge. de 2.000 à 5.000 hect. Départements cultivant Départements cultivant moins de 500 hect. - de 5.000 à 10.000 hect. +T+T+ Départements cultivant ELSE TH de 500 à 2.000 hect. Départements cultivant plus de 20.000 hect. Départements cultivant de 10.000 à 20.000 hect, Fig. 1. — Carte montrant la répartition de la cullure de l'Orge en France. lion de nos brasseries, peuvent être répartis en >° Groupe du Nord. cinq groupes principaux : Les deux premiers groupes, et surtout le pre- 1° Groupe de Champagne; mier, livrent d'excellentes orges industrielles, ne 964 A. LARBALÉTRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON le cédant parfois en rien sous le rapport de la qua- | principalement, conduiraient à des résultats meil- lité, suivant la remarque de M. J. Troude !, aux | leurs encore. L'installation de quelques champs bonnes orges autrichiennes. Une sélection plus | d'expériences fournirait aussi d'excellentsrésultat G'LESUTIE RIEME | T: LONDRES =; 3 SAVOIE+ = 7 ra de l l 13 F CRE ++ + + +++ en +++ ME D I TE) ROR AIN EE rs oter le 22 Départements où le rendement oscilleentre 15 et 20 hectolitres par hectare. Départements où le rendement Départements où le rendement moyen est inférieur à 10 hec- oscille entre 20‘et2ë hectolitres Départements ne cultivant pas d'orge. tolitres par hectare. par hectare. Départements où le rendement Er moyen oscille entre 10 et 15 hectolitres par hectare, Départements où le rendement est supérieur à 25 hectolitres par hectare. Fig. 2, — Carte montrant le rendement moyen de l'Orge par hectare en France. parfaite des semences el un emploi bien entendu | elle est vivement désirée par la population de l'Est. des engrais concentrés, des engrais phosphalés Les orges du Plateau central, du Puy-de-Dôme , - S 7 i 5 = 1 JATRourr, La production de l'Orge. (L'Agricuiture nou |. ©! d'Auvergne sont souvent parfaites et très recher velle, n° 234). chées par les malteurs du Centre. 5h pi ré 22 sr ENS SG Te Ce A CE pe RE SE CS RE ONE ni, = A. LARBALÉTRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON 965 Quant aux produits de la Touraine et de l'Anjou, 6 Rue à Tableau VII. — Importations. _ ils sont généralement de bonne qualité el la ma- ———— a ——————————— jeure partie es! consommée par la brasserie an- D. 1887 4891 | 1892 1893 _ glaise. : …_ Les deux cartes ci-jointes (fig. 1 et 2, pages 963 ; Met 96) montrent, d'une part l'étendue consa- | [Riel on em) om en crée à l'orge dans les départements français, ANS CL ETRES 128.002! 28.433] 16.032] 249.266 . d'autre part les rendements moyens à l'hectare | || Turquie: D RE al Me ee (en 1893). Algérie... 385.562] 965.433] 785.707] 370.887 à HR AN x , Tunisie. .... » 235.156 104.392 96.900 Le pays d'Europe qui produit le plus d'orge est Autres pays.| 217.510 85.055 36.0/8| 206.934 Ja Russie, avec 6.434.875 hectares, soit une pro- Totaux .….….| 1.388.175] 1.368.271) 1.084.139) 2.464.845 _ duction totale de 103.285.000 hectolitres ; puis Valeur en fr.|51.400.967/23.823.042/18.315.568|38.946.872 vient l'Allemagne, avec 1.690.096 hectares, soit | | - 24.207.260 hectolitres; l'Autriche consacre 1.123.980 hectares à cette culture, mais ne produit . que 11.729.210 hectolitres, landis que la Hongrie Pour la France, les importations et exportations. sont résumées dans les tableaux VIT et VIII. _ avec une étendue moindre, soit 4.112.730 hec- Tableau VIII. — Exportations + tares, donne 22.537.600 hectolitres; l'Angleterre * cultive 928.000 hectares avec une production de 1887 1891 1892 1893 . 24.000.000 hectolitres ; le Danemark, qui consacre ÉTÉ UN | l'E PPT ARENA EME ET = = F ; Le C 9 q.m. q- m. q- m. q. m. 297.897 hectares à l'orge, à produit 9.032.000 hec- | |'Angleterre.| 326.952) 513.540| 510.600! 106 337 tolitres. Enfin, les États-Unis d'Amérique cultivent Belgique....| 200.001! 385.763| 330-560] 10.281 Re : 9 s Ve Allemagne. . 41.673 144.223 174.829 2.442 cette céréale sur 1.302.000 hectares et produisent Suisse . 12,725 95.288 83 108 # 911 9% 622.100 hectolitres Autres pays. 12.190 99.026 67.361 6.049 Comparativement à leur superficie territoriale, Totaux...| 622.841| 1.227.840) 1.198.258] 131.050 É L Valeur en fr.|10.899.718|23.3 0.860122.161.773/2.512.426 les pays qui consacrent la plus grande étendue à : la culture de cette céréale peuvent êlre classés dans l’ordre suivant (fig. à) : Il est à remarquer qu’antérieurement à 1892 le Z Z ÿ FA oi 6 7 c à N - - D im L. NN A ù NÙ NN KW Fe] Danemark Autriche- Allemagne Angleterre France Hollande Belgique Ltalie Russe États Crus liongrie Fis. 3. — Rapport de la surface cullivée en Orge à la superficie territoriale en chaque pays. C'est l’Autriche-Hongrie qui fournit la plus forle | malt, c’est-à-dire l'orge germée, figurait dans les proporlion d'orge de brasserie par rapport au | statistiques avec l'orge en grains; depuis il a élé chiffre de la récolle totale : environ 14 à 45 °/,. | séparé. Les quantités importées ont été les sui- C'est également ce pays qui donne les meilleures | vantes : qualités. Les orges de Moravie, de Bohème, de Quantités q. m. Valeur en fr. Slowackie, et surtout quelques provenances de la Mal | OR ur ras . = E 3 JD ,.. 40 .+ o d ,+ Hongrie, employées particulièrement dans les D) EP brasseries de Vienne, sont très estimées. | Orgeen | 1592... 38.548 1.156.440 j grains ! 1893... 14.617 438.510 V. — COMMERCE. — EXPORTATIONS. — Prix Comme pour le grain, l'exportation du malt est Comme on peut le voir par les carrés ci-dessus | beaucoup plus faible. (fig. 3), ce ne sont pas les pays qui fabriquent Le plus Quant au prix de l'orge, il a subi de nombreuses de bière qui cultivent le plus d'orge ; cela nous | fluctuations depuis un demi-siècle; le diagramme montre de suite que celte céréale est l’objet d’un | de la figure 4 donne quelquesindications à ce sujet: commerce très aclif. La France, l'Angleterre, l’Alle- | néanmoins,comme il s'applique aux orges en géné- magne el surtout les États-Unis ne produisent pas | ral, on aura assez vraisemblablement le prix des assez d'orge et en importent de grandes quantités | orges de brasserie en majorant de 1 fr. 25 à 2 fr. tous les ans. par hectolitre. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES 1895. PA lol 966 A. LARBALÉTRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON A litre de renseignementet pour finir, nous don- nons (fig. 4 el lableau IX) le prix des orges au 20 décembre 1890 sur les différents marchés de la France et des autres pays. 10.70 10.30 10.44 10.1 4 8.6o 2 (ni) LES ra Le 8/25 Années 1840 52 62 70 71 73 74 78 80 83 86 88 89 90 91 92 95 94 95 Fig. 4. — Prix moyen de l'Orge de 1840 à 1895. Tableau IX. — Cours de l'orge au quintal mé- trique le 20 décembre 1890 sur les principaux marchés de France et de l’étranger. PATIS eme nest RONDES EN emE Une Le Mans ATLAS Eee = Sedan... Limoges... Montargis .. Dijon Toulouse . .... Cahors... Nimes Oran (Algérie) Londres....... ANVÉLS eme ee Bruxelles..... Namur I. FRANCE : IT. ETRANGER : houblonnières d’une étendue de 2 ou 4 hectaresne sont pas précisément rares en Bavière et en Bohème, elles ne dépassent que rarement un hec- tare en France: car non seulement cette culture exige un nombreux personnel d'ouvriers très ex- périmentés, mais elle demande encore une mise de fonds très élevée; l'évaluation de cette dépense, contrairement à ce qui à lieu pour les autres cul- tures, peut êlre assez facilement déterminée, le houblon oceupant le même emplacement pendant de nombreuses années et étant de ce faithors asso- lement. Î[. — PRODUCTION DU HOUBLON. STATISTIQUE Gomme pour l'orge, notre production en houblon est insuffisante pour les besoins Loujours croissants de la brasserie, et tous les ans nous avons recours à l'étranger. C'est ainsi qu'en 1889 nous avons importé 3.145.047 kilogrammes de houblon, venant surtout de Belgique et d’Allemagne, soit une valeur de 6.919.105 francs. 5 Quoique dans ces dernières années les impor- talions aient quelque peu diminué en quantité, par contre, la valeur en argent des produits importés s’est accrue dans une certaine mesure, car en 1892 nous avons demandé à l'Étranger 2.904.414 kilogrammes valant 9.294.125 francs, el en 1893, 2.321.538 kilogrammes, représentant une valeur de 7.428.195 francs. D'un autre côté, nos exportalions, qui n'ont jamais élé lrès consi- dérables, vont tous les ans en diminuant, comme le montrent les chiffres du tableau X : Tableau X. — Exportation des houblons français. QUANTITÉS VALEURS .681.574 fr. -964.911 -393.302 002.651 .338.4#72 1.000.937 k. 949.967 1.154.237 928.019 866.101 19 19 CE 19 = I. — HOUBLON La culture du houblon (Æuwmulus lupulus) dif- fère essentiellement de celle de l'orge. Cependant elle n’esl guère moins ancienne : car, s'il est vrai que Pline considère l'orge comme la plus ancienne des céréales, l'histoire constate, par contre, que la culture du houblon était déjà pratiquée dans les Flandres au temps des Carlovingiens. En raison du nombreux personnel qu’exige celte culture, elle est particulièrement pratiquée par les pelits cullivateurs aisés et elle ne s'étend que sur des surfaces assez limitées. En effet, si les Comme on le voit, nos importalions dépassent de beaucoup nos exporlalions, et, suivant la juste remarque de M.F. Convert, on ne peut guère se dissimuler qu’elles ne pèsent sur les cours. Les droits de douane qui frappent les houblons exo- tiques ont été longlemps de 54 francs par 400 kilos, Nos traités de commerce les avaient réduits à 12 fr. 50; ils ont été fixés par notre nouveau tarif à 30 francs (tarif minimum). Par rapport au prix des houblons importés, qui sont presque toujours chez nous des houblons de choix de provenance alle- mande, c'est une laxe qui ne dépasse pas 10°/,: par rapport au prix des bières, dans la fabrication » 14] d y" “ * | | | . A. LARBALÉTRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON 967 desquelles il entre de 350 à 500 grammes de hou- _blon par hectolitre, la surcharge qui en résulte est de 0 fr. 45 au maximum, de 0 fr. 08 seulement par rapport au dernier tarif conventionnel. Ces droits ne sont pas ceux que réclamait le Syndicat de Bourgogne, qui était dans son rôle en insistant pour obtenir 60 francs, mais ils n’en ont pas été moins bien vus par les cultivateurs. Le champ des amélioralions ouvert au perfec- tionnement des méthodes culturales à adopter pour le houblon est vaste. C’est en pressant les progrès qu’on rendra confiance aux planteurs maintenant hésitants, et qu'on maintiendra dans notre pays, comme le dit M. Convert, une cullure qui conserve devant elle de larges débouchés. La cullure qui nous occupe est, comme nous l'avons indiqué, limitée à d’assez faibles surfaces en France; de plus, elle est localisée dans des districts qui s y adonnent plus spécialement. En effet, on ne la rencontre à l'heure actuelle que dans qua- torze départements, dans lesquels elle occupait en ces dernières années les surfaces respectives qu'énumère le tableau XI: 46.000 hectares à cette culture; puis vient l'Angle- terre avec 24.000 hectares ‘. Le houblon occupe : en Autriche-Hongrie 14.000 hectares; en Belgique 4.200; aux Élats-Unis 20.000. Les houblonnières françaises peuvent être classées en trois groupes ou régions, surtout carac- térisés par le mode de culture et la qualité des produits. Ce sont : la région du Word, celle de la Bourgoyne et celle de la Lorraine (fig. 5). La région du Nord comprend deux centres prin- cipaux : l’un aux environs de Busigny, et l’autre en Flandre, surtout près de Bailleul et d'Haze- brouck. Les houblons qu’elle produit sont, d'une manière générale, de moins bonne qualité que ceux de la Lorraine. Dans cette dernière région, les houblonnières se trouvent surtout dans les contrées avoisinant Rambervillers, Gerbevillers, Lunéville, Toul et Dieulouard. Les houblons de Bourgogne sont les plus appréciés de tous les produits français; ils sont bien supérieurs à ceux d'Alsace et de Belgique, tout en restant inférieurs à ceux de Bavière et de | Bohème. Les plantations se répartissent surtout Tableau XI. — Superficies cultivées en houblon DÉPARTEMENTS 1891 hectares 97 6 1012 Indre-et-Loire RE Ta male ie cie Meurthe-et-Moselle Nord SUPERFICIE CULTIVÉE EN : PRODUCTION TOTALE EN : 1893 1891 hecta . Mais on peut constater que, si la surface totale consacrée au houblon depuis 1889 a diminué, en revanche la somme des valeurs créées a presque triplé, ce qui prouve en faveur de la qualité des produits français. Avant 1870 la surface plantée, accusée par les statistiques, élait plus considérable; cette diminu- lion reconnait surtout pour cause la perte de l'Alsace et de la Lorraine, qui cultivaient et cul- livent encore beaucoup de houblon. Quoi quil en soit, l'Allemagne, l'Angleterre, la Belgique, l'Autriche-Hongrie et les États-Unis d'Amérique sont des producteurs autrement impor- tants que la France. L'Allemagne consacre aux environs de Selongey, de Seurre, de Saint- Seine et d'Is-sur-Tille. Comme on peut le voir, les houblons, d'un pays à l’autre, sont de qualité fort différente, ce qui ! Dans ce pays, la culture du houblon, naguère encore si prospère, subit, depuis quelques années, les effets d'une crise qui s’est traduite par une notable diminution des plan- tations. Cette diminution toutefois n’a pas été générale : elle a surtout affecté les comtés de Sussex et de Kent. Cet état de choses semble surtout produit par la dépréciation des cours, qui, de 212 francs les 100 kilogrammes, en 1870, sont descendus à 165 francs en 1890; cette dépréciation s’est aggravée sous l'influence des importations de l'étranger, surtout de la Belgique et de l'Allemagne, qui ont remplacé, en grande partie, les produits indigènes dans la consomma= tion intérieure. 968 A. LARBALÉTRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON tient non-seulement aux conditions climatériques, mais encore au mode de culture, aux variétés adop- iées, et surtout à la nature.du sol. IL. — PROPRIÉTÉS ET CARACTÈRES D'UN BON HOUBLON. La qualité des houblons est non moins impor- tante en brasserie que celle des orges ; aussi devons- nous tout d'abord énoncer les caractères distinctifs des produits de bonne qualité, les seuls que le plan- teur doive aujourd'hui s'attacher à produire. La graine, qui se trouve au bas des folioles des cônes, doit faire défaut ou à peu près; s’il en était antrement, le houblon, comme le fait remarquer M. L. Marx, serait de qualité inférieure, et son arome ne saurait être fin. Enfin, la résine est aussi un élément très important: le bon houblon doit en renfermer de 12 à 18 °/,; plus il en contient, meil- leur il est. Voici, d'après Rautert, la composition centési- male d’un bon houblon provenant d’Ellingen : Indépendamment de la siccité, qui estla première Hunletessen tele PPPPEREEP EEE REP ERREE 0.50 qualité d’un bon houblon marchand, qualité qui Nane: séssreseree nent 10 dépend, avant Lout, du mode derécolteel de séchage Gornme. 00e AVI AUS € LP MNT et qui ne doit pas laisser subsister dans les cônes nee ÉRHACENES he ae a ; x L Cellulose et substances insolubles.…. 48.3: Ë 9 0 ? n 1 ts plus de 8 à 12°/, d'eau, les caractères d un bon SRE co luble ee DAT MR SRE 0 23 houblon sont : lafraicheur (les houblons de l’année ain LR ee RP EC EE 14,50 0 Jtetéut === CRE “ s P R Fosen Eu 25 2 er TER ‘8 Dresde : D FES n. se OPusseldorf lena© Fa PS, SR Fe nr. s TS ofaax ÈS Ve ee 6Routers ne REA x Vans - ji © Toul 6 Star” Gerbeviller. Sins © Chaumont Fist e SUeuSe F Fa pee Der UMR NE LOS ' © € To Heidelberg antsruhe Xurèmberg pa Jucttqard “pal " Munich ” © NB ON EU E Pise 2, jo Jalxbourg o Cratx HART ATE HO N GNRUIQE ES à ; - qu Ho | Fig. 5. — Carte des districts houblonniers d'Europe. étant toujours préférés), la finesse des bractées, la viscosité, les cônes bien fermés, une coloration jaune verdätre, mais non verte, brune ou rouge, enfin une odeur aromatique bien prononcée, Il ne faudrait pas croire que la valeur d’un houblon dépenae uniquement, comme on l'a dit souvent, de la proportion de Zupuline qu'il ren- ferme, celle-ci oscillant entre 8 et 16 °/,; mais, ce qui importe aussi, c'est la Leneur en tanin, qui varie entre 2 et 6°/,; plus la quantité de ce der- nier principe sera Éots meilleur sera le hou- blon !. 1 Il convient de remarquer que le tanin du houblon n’est pas identique avec celui de la noix de galle, il se rapproche plutôt de celui du bois jaune (acide marin-tannique). Son rôle principal dans la fabrication de la bière consiste à faci- liter la clarification des moûüts en précipitant les matières albuminoïdes. Le tanin est surtout réparti dans les bractées, tandis que la lupuline, l’huile essentielle qu’elle renferme et la résine, se trouvent dans les granulations. C’est d'ailleurs à l’huile essentielle que, suivant Rautert, il faut attribuer Avec le temps, el s’il est conservé dans de mau- vaises conditions, le houblon perd son arome el change d'aspect; il devient, en général, plus sombre et se couvre de taches : au bout d'un an. il a déjà perdu de sa valeur, et, au bout de six ans, suivant le D' L. Gautier, il est devenu com- plètement inodore et brun. III. — VARIÉTÉS CULTURALES : SOL ET ENGRAIS. Nous ne donnerons pas les caractères botaniques et végélatifs du houblon, qui sont bien connus: qu'il nous suflise de rappeler que c'est une plante divique, grimpante, sinistrorse, vivace par ses racines, qui sont {très abondantes et profondément enfoncées dans le sol ; elles émettent de nombreux rejetons dès le premier printemps. La végélalion du houblon est très vigoureuse et peu de plantes presque tous les effets pour la production desquels le hou- blon est employé dans la préparation de la bière. ont dit. ut - croissent avec autant de rapidité. C’est ainsi que, - d’après Früwith, lorsque le temps est chaud, en . une heure l’extrémité d’un plant de houblon croit de l'étendue d’un cercle ayant 10 à 15 centimètres _ de rayon. Les variélés culturales sont assez nombreuses, _ mais encore insuffisamment étudiées. On peut - néanmoins les ranger en deux groupes nettement caractérisés tant au point de vue agricole qu’au point de vue industriel : les houblons hâtifs d’une part, et les tardifs de l’autre. Parmi les uns et les autres on en trouve ayant la Lige verte, d’autres Payant rougeàtre ; mais ce qui les différencie sur- tout, c’est que les variétés hàlives ou précoces mürissent leurs cônes environ quinze jours plus _ tôt que les autres; par contre, et sauf quelques exceplions, cet avanlage est compensé par la qua- lité un peu moindre des produits. Il serait trop long d’énumérer les variétés agri- coles de cette plante; nous ne citerons donc que les principales, dont le nom même rensergne le plus souvent sur les caractères saillants; c’esl ainsi qu'il faut mentionner : le %oublon à tige blanche de Poperinghe, variété hâtive: le Aoublon carneau, à tige verte, moins hâtive, mais plus productive; le Aätif de Spalt et le tardif de Spalt (Bavière); le grape's et le godling's, variétés fixes obtenues depuis peu en Angleterre. Un grand nombre d’autres variétés nouvelles, également bien fixées, obtenues en Bohème, ont été essayées dans ces dernières années dans les cultures françaises, } notamment par M. Guichard à Dracy près de Cha- lon-sur-Saône, par M. Binq en Bourgogne, et, plus récemment, par MM. Comon et Cassiez-Duflos à Busigny (Nord). Ces essais culturaux, portant sur- tout sur des variétés précoces et à grands rende- ments, ont donné, en général, des résultats très encourageants; bon nombre sont, d’ailleurs, encore actuellement à l'étude. Le houblon occupant le même sol pendant long- temps, de dix à vingt ans, et son système radicu- laire étant très développé, il lui faut une terre non seulement fertile, mais encore profondément défoncée. Quoique cette plante vienne à peu près dans tous les terrains, pourvu qu'ils réunissent les conditions ci-dessus et quelle que soit d’ailleurs leur dominante minéralogique,elleestgénéralement exclue des terres fortes et humides; dans les sols très sablonneux etsecs, le houblonest, en général, de bonne qualité, mais c’est dans lesterres d’alluvion fertiles, surtout dans les vallées, que le houblon donne les meilleurs résultats, comme quantité et qualité. La nature du sous-sol a également une grande importance en raison même du développe- A. LARBALÉTRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON 969 ainsi quelessous-solsimperméables de toute espèce, ceux d'argile, de tourbe ou de gravier sont absolu- ment contraires au houblon. D’après ce qui a été observé en Angleterre, le houblon se plait fort bien sur certaines couches géologiques du terrain crétacé inférieur, très riche en débris animaux et en phosphates fossiles. M. L, Gossin a eu occasion de constater que, dans le département de la Meuse, le houblon sauvage se développe à un point extraordinaire sur ces ter- rains, et qu'il produit, quoique non cultivé, des cônes très larges et très riches en lupuline. Avant l'hiver, la terre destinée au houblon doit être défoncée à une profondeur qui varie entre 40 et 80 centimètres, parfois même un mètre lorsque la chose est possible. En Bourgogne, on va assez souvent à 80 centimètres, et bon nombre de plan- teurs de cette région considèrent que la durée de la houblonnière est en raison directe de la profon- deur du terrain, ce qui, toutefois, n’est vrai que si la fumure est proportionnée à la profondeur et appropriée aux besoins de la plante. Dans la région du Nord, où les labours profonds ne sont pas toujours possibles, en raison de la nalure du sous-sol, on ne défonce que rarement au-dessous de 40 centimètres. A Careney et à Saint-Nazaire en Artois, dans le Pas-de-Calais, bon nombre de houblonnières sont établies sur des sols remués à 30 centimètres de profondeur seule- ment, et, cependant, leur durée dépasse commu- nément une quinzaine d'années. En Lorraine, surtout dans les terres triasiques, la profondeur des labours de défoncement varie entre 35 et 40 cen- timètres. Dans tous les cas, la terre destinée à l’établisse- ment d’une houblonnière doit recevoir une fumure abondante, et celle-ci variera avec la nature du sol et celle des récoltes précédentes, qui sont, en géné- ral, des plantes sarclées ou des défrichements. Toutefois, on ne doit pas perdre de vue que le hou- blon est une plante épuisante: car une récolle moyenne enlève par hectare à peu près la quan- tité suivante (tableau XII) d'éléments utiles, que la , plante devra trouver dans la terre dès son établis- sement : Tableau XII. — Éléments pris au sol. AC. AZOTE | PHOSPHO-|POTASSE | CHAUX RIQUE es | | ns | 1400 kil. de cônes...... 45 k. 15.5 32 15 La plante entière coupée TAZ-IOPLE . 2... 8e 93 k. 28.0 63 69 Ce qui convient particulièrement à cette plante, ment considérable du système radiculaire : c’est ‘ c’est la vieille force ou vieille graisse provenant de 970 l'accumulation antérieure de fortes fumures orga- niques. À défaut de celles-ci, on a recours à diverses matières fertilisantes. La plus employée est le fumier de ferme; mais, à ce point de vue, celui des bêtes bovines est préférable à tout autre, à condition qu'il ne soit pas trop frais. Des doses de 35.000, 40.000 et même 45.000 kilos de fumier par hectare sont fréquemment appliquées, et, quand celle quantité ne peut êlre réalisée, on complète la fumure par des composts ou terreaux provenant de la décomposition lente de débris organiques divers. Dans les Flandres, on met souvent des lourteaux, surtout ceux de colza, à des doses très variables, mais qui ne sont jamais moindres que 1.200 kilos par hectare. Les déchets de laine ou de cuir, associés à de la chaux en A. LARBALETRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON cation du malt réussissent également très bien. Quelques planteurs, comme le fait observer M M. A. Damseaux, enfouissent chaque année au * printemps 1.000 à 1.500 kilos de superphosphate de chaux et 400 à 500 kilos de chlorure de potas- sium ; ce dernier engrais serait toutefois plus avan- tageusement remplacé par 250 à 300 kilos de sul- fate de potasse. Le nitrate de soude, employé à forte dose, nuit manifestement à la qualité du hou- blon, comme l'a démontré E. Pott; mais de faibles quantités de ce sel, n'excédant pas 150 à 200 kilos, ou, ce qui est encore bien préférable, du sulfate d’ammoniaque à raison de 300 à 400 kilos, répandu en juin, à l'approche de la floraison, sont des plus utiles dans les houblonnières qui réclament un supplément de fumure d’une action rapide. Nord 2 = o : o) o o o o RE Be 4 0.0 0 © Ce] e) co 2 o o o o C) o Q ù ste o oo 00 9.0 c [e] o [o] [o] le] É x à ) 0 © Oo © CE) o-0 oo ‘4 * r KT SJ SI s a g Le Ÿ L o o o o o o Ÿ “ 00 oO o o CA oo oo 00 o oO o o e] o Lo] j ER _ o 0 o o «© | o o o o a o o (o] ) Oo © 9 9 © J'ud Disposition en carre Disposttion er qu AnLONCE Fig. 6. — Disposilion schématique des plants de houblon, pelile quantilé, sont également très favorables en raison de leur lente décomposition. Cette fumure abondante, nécessitée par l’établis- sement d'une houblonnière, est très onéreuse pour la première année, qui ne donne, d’ailleurs, qu'un pro- duit nul ou insignifiant ; les avances nécessitées ne sont pas inférieures à 1.000 francs par hectare, tant pour les engrais que pour les travaux de plantation et de défoncement, qui sont souvent très coûteux. À cette dépense initiale s'ajoutent, d’ailleurs, les dépenses annuelles qui, indépendamment des soins demain-d'œuvre loujours élevés, comprennent encore des fumures additionnelles, ce qui exigeun capital d'exploitation élevé; aussi, peu de cultures sont-elles aussi coûteuses. Les fumures d'entretien, dans le nord de la France et en Belgique, consistent en l'apport de fumier de ferme ou d'engrais flamand, ou encore de purin dans lequel on a délayé des tourteaux oléagineux ; les touraillons de brasserie provenant de la fabri- Ilest toujours bon de tenir en réserve des en- grais actifs, de préférence de nalure chimique, pour soutenir les pieds languissants et les amener à une maturité parfaile. C'est d'ailleurs avec raison que quelques planteurs recommandent de ne pas appliquer ces engrais directement sur la plante, mais de les placer au- tour des plants, sans les toucher. IV. — ÉTABLISSEMENT D'UNE HOUBLONNIÈRE, — PLANTATION, — SOINS D'ENTRETIEN. Le houblon ne se propage pas de graine; on plante les houblonnières au moyen de boutures ou fragments de tiges qu'on détache des pieds femellesau printemps lors de la taille. Ces pousses, : qui sont de véritables boutures herbacées, sont de la grosseur du doigt et mesurent 10 à 15 centi- mètres de longueur; elles doivent porter quatre ou cinq yeux bien sains. La plantation alieu au printemps, ou plutôt à la be. is. on: ei dbste ét à it tits à Aaron des RU SE à de ds À. LARBALÉTRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON fin de l'hiver, car le houblon entre en végétation _ de très bonne heure. On dispose les plantes, soit en carrés, soit en quinconces (fig. 6); cette dernière disposition est la plus fréquente et la plus avantageuse : car elle offre un accès plus facile à l’air et à la lumière. Autant que possible, les lignes sont orientées dans la direction nord-sud; les deux parties de la figure 6 montrent ces deux dispositions. Les pieds de houblon sont espacés en tous sens de 4 m. 60 à 1 m. 80 et même 2 mètres suivant les habitudes locales. La mise en place se faitau plan- toir et l'emplacement est désigné d'avance au moyen de pelils piquets. Suivant l'espacement adopté, on a de 4.500 à 2.500 pieds par heclare. En Bohème on compte généralement 4.000 pieds, en Angleterre 3.200; en Lorraine, les plants sont, en général, très serrés, ce qui présente de graves inconvénients. En effet, comme le dit Eralh, « celui qui s'imagine que plus il y a de pieds, plus on récoltera de houblon, se trompe très gravement. C’est plutôt un espacement convenable qui permet le libre accès de l’air et de lalumière. Un piedisolé donne jusqu'à 500 grammes de cônes. On peut en obtenir autant dans les hou- blonnières où les pieds sont espacés à 1 m. 74. Si la plantalion est sensiblement plus serrée, on ne peut compter par pied que sur un produit moitié moindre, et les maladies sont plus fréquentes. » Les jeunes tiges se montrent dix à quinze jours après la plantation, qui se fait le plus souvent en triangle, un seul plant étant insuffisant pour les cas de non-réussile. Si, après la mise en place, la terre est tropsèche, on arrose soit avec del’eau pure, soit avec de l’eau purinée, en opérant de préférence le soir. Comme la terre reste nue pendant la première année, les intervalles entre les pieds sont souvent utilisés pour la culture de pommes de terre ou de choux pommés. Cependant, il serait préférable de renoncer à celle manière de faire : car cesrécolles ne peuvent être obtenues qu'aux dépens du déve- loppement ultérieur du houblon. Les travaux d'entretien à partir de ce moment sont très nombreux, etaucune plante, à l'exception de la vigne, n’en nécessite autant. Nous nous con- tenlerons de les résumer : tout d’abord les binages el sarclages qui sont donnés en nombre indéter- miné, aussi souvent que le besoin s’en fait sentir ; on a eusoin de placer dans le voisinage des souches des gauleltes provisoires servant de tuteurs autour desquels la plante s’enroule. Vers le mois d’oclobre on enlève ces tuteurs, on coupe les tiges à quelques centimètres au-dessus ducolletet on butte les pieds pour les préserver de l’action des grands froids. A partir de la seconde année, on pratique tous 971 les ans au premier printems l’opération appelée châtrage, taille ou habillage, qui consiste à enlever les parties mortes, à supprimerles jetsinutiles. On ne laisse sur chaque pied que deux ou trois pousses, les plus vigoureuses. C’est à ce moment qu'on donne la fumure annuelle dont nous avons parlé. L'habillage est suivi du placement des tuteurs définitifs. Ceux-ci consistent en perches, diles perches à houblon, en chène ou en châtaignier, dont la longueur varie entre 8 et 12 mètres; elles doivent être préalablement goudronnées ou sulfalées pour en prolonger la durée. Tandis qu’en France, et sauf de très rares exceptions, l'emploi des perches en bois est partout dominant, en Allemagne et dans quelques districts de Belgique on préfère les fils de fer, qui sontbeaucoup pluséconomiques. D'après Schlipf !, les houblonss’enroulent mieux autourde ceux-ciet il n’y a pas lieu de lesratlacher aussisou- vent; les fils de fer forment, en outre, un ensemble qui offre une plus grande résistance au vent; Pair y circule mieux que dans les plantations soutenues avec des perches, et les cônes sont de meilleure qualité. Après le perchage, lorsque les pousses mesurent de 50 à 60 centimètres de longueur, c’est-à-dire vers le mois de mai, on procède à l’accolage, qui ne doit pas être relardé si l’on veut éviter l’enche- vêtrement des tiges. On pratique l'accolage avec des brins de paille mouillés. On garnit uniformément les luteurs de 2 à 4 pousses d’égale vigueur ; toutes les autres sont supprimées. En juin on fait quelquefois un buttage pour maintenir plus de fraîcheur au pied. A la fin de juillet, lorsque la plante a 5 ou6 mètres de longueur, on supprime les pampres inférieurs : c’est la rognure, qui, cependant, n’est pas pratiquée partout. Pendantsa végétation le houblon peutêtre attaqué, surtout lorsque la culture est mal soignée, par plusieurs maladies cryptogamiques el insectes, qui diminuent souvent les rendements dans une notable mesure. Signalons seulement la moisissure (Sphærotheca Castagnei), le noir (Fumayo salicina) la rouille (Puccini humilis), puis l’araignée du hou- blon (Zetranychus telarius) dont la présence occa- sionne l'accident appelé brûlure, le puceron (Aphis humilis) qui produit la miellée ou mouchetit, l’hé- piale du houblon (Æepiulus humilis), lépidoptère dont la larve est très nuisible, etc. Enfin, le houblon est très sensible aux influences atmosphériques : la sécheresse surtout contrarie sa végétation; mais l'humidité excessive lui est également très funeste, surtout en ce qui concerne la qualité; enfin les vents violents sont tout à fait défavorables à cetle culture. 1 Scazter, Populæres Handbuch der Landwirtschaft. Ber- lin, 4885. 972 A. LARBALÉTRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON l HO Dee . ve pédoncules et des feuilles, qui déprécient toujours V. — RÉCOLTE. — RENDAMENTS: — PRÉPARATION le produit. DES CONES. — FRAIS DE CULTURE. Les houblonnières ne sont en plein rapport qu'à la troisième ou quatrième année, et le produit se maintient dix, quinze et même vingt ans, si la cul- ture est bien conduile ; Loutefois, à partir de ce mo- ment le rendement faiblit et le défrichement s’im- pose. La récolte du houblon estune opération très im- portante, qui nécessite beaucoup de monde et beaucoup de soins. L'époque de la maturité des cônes varie, non- seulement avec les années, mais encore avec les variétés et la nature du sol. Dans le Nord, les hou- blons précoces se récoltent de Ja fin d’août au 10 septembre, et les lardifs du 10 au 20 ou 25 du même mois. Ilest, d’ailleurs, très important de saisir l'époque convenable pour procéder à la cueillette. En effet, si l’on récolte trop tôt, les cônes sont peu odorants, maigres, trop aqueux, et le séchage est diflicile. Opérée trop tard, la récolte donne des produits brunètres, les cônes sont entr'ouverts et laissent perdre la lupuline. C'est donc un moyen terme qu'il faut saisir : lors- que les cônes sont de couleur jaune doré, que leurs écailles sont encore fermées, en pointe el vis- queuses, les Liges el les feuilles de la base sont jaunes. Il faut faire la récolte par une belle journée et lorsque la rosée a disparu ; il est surtout essentiel, pour avoir un produit homogène, de mener la ré- colle rapidement; à cet effet, on disposera de beaucoup de bras, d'autant plus que l’on ne cueille généralement que pendant les heures les plus chaudes de la journée. | Le premier lravail de la récolte est le déperchage, qui consiste à enlever les perches et à les déposer soit directement sur le sol, soit sur un chevalet. Mais quelques heures avant de procéder à celle opéralion, on à eu soin de couper les tiges du hou- blon à environ un mètre du sol. Le déperchage se fait au moyen d’un levier ou de tenailles-pinces. Une fois Ja perche et le plant de houblon qui l’enroule posés sur le chevalet ou même sur les genoux du cueilleur assis à Lerre ou sur un esca- beau, d’autres ouvriers ou ouvrières enlèvent les cônes, en coupant de manière à ne laisser qu'un pédoncule d'environ un centimètre. Cet enlève- ment se fail, soit avec l’ongle, soil à l’aide de ci- seaux. En Bavière, nous avons vu employer à cet effel une pelile coiffe en fer-blanc à bord acéré qu'on placesur le pouceet qui faitl'office de l’ongle. Il faut avoir soin de ne pas froisser les cônes et les écailles; on évitera aussi de leur laisser de longs Un ouvrier peut cueillir par jour de 4 à 5 kilos . de cônes. Au fur et à mesure que ies cônes sont détachés, on les met dans des paniers, sans les tasser. Le panier une fois rempli, son contenu est déversé dans une grande corbeille ou sur une civière et porté au séchoir ; les rameaux sont don- nés aux vaches, qui en sont très friandes; avec cette nourriture elles produisent, paraît-il, un lait excel- lent. Les perches nues sont relevées el disposées en faisceaux solides; un peu plus tard elles sont ren- trées à la ferme. Quelquefois, en Belgique surtout, dans les pe- tites houblonnières, dès que les perches sont enle- vées de terre, on dégage les lLiges, on en forme des bottes non serrées, que l'on rentre; à la ferme on a soin de délier aussitôt, afin d'éviter tout échaufte- ment; l'épluchage a alors lieu dans la ferme, sous abri. È A Saaz, localilé renommée pour ses houblons, la cueillette est l’objet de soins tout particuliers. Chez M. le D' A. Ricard elle est conduite de la manière suivante : chaqüe famille a sa ligne de houblon, coupe le pied de la plante, et le houblon- nier arrache la perche avec son levier; là se borne le travail du houblonnier. Le cueilleur doit ensuite tirer la perche, la dépouiller de la plante et couper celle-ci en rameaux de 50 centimètres de longueur, afin de faciliter la cueillette. Trois houblonniers sufisent de celle manière à arracher les perches pour cent cueilleurs. Deux houblonniers mettent les rameaux en ordre ; deux hommes aident aux sécheurs dans les greniers. Ainsi une équipe de huit hommes est nécessaire au travail de cent cueilleurs. Les cônes récollés sontencore verts, très aqueux ; abandonnés à eux-mêmes ils s'alléreraient rapi- dement; il faut donc les soumeltre à la dessicca- tion pour les rendre marchands. Ce séchage peut se faire, soit à l'air libre, soit au moyen de séchoirs spéciaux ou tourailles. En France, où le houblon est le plus souvent cultivé sur de pelites surfaces, la dessiccation na- turelle est la plus généralement appliquée. Elle s'opère dans des greniers bien aérés où le soleil ne pénètre pas; car son action, en activant le desséchement des cônes, leur enlèverait la cou- leur et une partie de l'arome. C’est donc à l'ombre qu'on dispose les produits, en couches minces, sur le plancher bien sec ou sur des châssis disposés en. étages les uns au-dessus des autres. Les couches ne doivent pas avoir plus de six ou huit centi- mètres d'épaisseur pour éviter la fermentation et la moisissure qui en résulterait. Lorsque le temps est sec, on ouvre toutes les ouvertures du grenier pour produire un courant d'air; mais on les liendra fermées par les temps pluvieux et pendant la nuit, à cause de la fraicheur. _ _ Dans de bonnes conditions de température, les -cônes sont suffisamment secs au bout de deux ou trois jours pour pouvoir êlre mis en couches plus épaisses, d'environ 30 centimètres ; trois semaines après, on peut alteindre 50 ou 60 centimètres; enfin on donne un mètre d'épaisseur; mais il faut avoir soin de remuer chaaue jour les tas avec de petites gaules ou un ràteau de bois pour éviter l'échauffement. Dans les circonstances ordinaires, ce séchage dure environ deux mois. : Lorsque la dessiccation est complète, ce qu'on reconnait à la crépilation des écailles quand on froisse les cônes dans la main, le las est recouvert de toiles propres, pour éviter le dépôt de pous- sières et la volatilisalion de l’arome. Toutes ces opéralions sont conduites avec pré- caution, et surtout sans secousses, pour éviter que . la lupuline ne se perde. Quand le houblon a été récolté dans de bonnes conditions, 3 kilos de cônes frais donnent environ un kilo de cônes secs. On compte qu'il faut une surface d'environ un mètre carré pour sécher un ki- logramme de cônes frais. En Angleterre et en Bel- gique, on pralique assez souvent le soufrage du houblon pendant le séchage. L'action du soufre tue les germes de moisissures, jaunit les cônes et leur donne du brillant. Or, on s’est demandé si le . houblon soufré destiné à la fabrication de la bière peut être nuisible à la santé. La question ayantété posée il y a quelques années aux chimistes experts pour la brasserie de Vienne et de Prague, ils ont déclaré qu'au point de vue sanitaire l'emploi du houblon soufré, surtout quand son usage ne suit pas immédiatement le soufrage, n’est nullement nuisible. Arrivons maintenant aux rendements du hou- blon. Ceux-ci sont très variables et influencés par une foule de circonstances, notamment par les circonstances météorologiques et par le nombre de pieds cullivés par hectare. En général, on ne peut guère compler sur plus d’une bonne récolle tous les deux ou trois ans. D'après M. G. Heuzé, dans les bonnes et moyennes années, chaque perche donne de 50 à 300 grammes de cônes bien secs; il faut des années exceptionnelles, ou cultiver le houblon sur des terres d’une grande fécondité pour espérer obte- nir par perche 400 ou 450 grammes de cônes mar- chands. Un hectare qui contient 3.500 perches, c'est-à-dire dont les pieds sont espacés à 1 m. 70, doit donc produire, quand la récolte est bonne, A. LARBALÉTRIER — CULTURE DE L'ORGE DE BRASSERIE ET DU HOUBLON 973 de 900 à 1.000 ou 1.200 kilogrammes de houblon. En Belgique les rendements sont plus élevés et atteignent 1.400 à 1.500 kilos dans les mêmes con- ditions, soit de 400 à 500 grammes par perche. Lesfrais qu'entraine la culture du houblon sont quelque peu variables; nous donnons ici deux comptes de culture recueillis par M. Convert et qui s'appliquent, l’un à la région du Nord, l’aulre à la Bourgogne. 1° Compte délaillé des dépenses qu'entraine la cul- ture d'un hectare de houblon, contenant 3.500 pieds ! : LENCO ENIE EEE Er PCR et 200 fr. MPOPIONCIR RP Are 30 Remplacement des perches (10 % par an). 390 Engrais : { voiture de fumier à { cheval par 70 ou 80 pieds par av, à 8 fr. la voi- ture, ou 2 voitures tous les 2 ans...... 250 Cultures de printemps et d’été, taille, plan- tation des perches, liage des pousses à raison de 10 fr. les 100 pieds.......... 350 Cueillette, touraillage, charbon, soupe; entretien des tourailles, à raison de 18 RES MAUTIpIeUs FE Lee nee 630 Culture d'automne, soins des perches à raison de 2 fr. les 100 perches......... 70 Frais d'emballage, àraison de fr. les50 kg. 25 IRAN See ae eo une 2,005 fr. ou 2.000 fr. en nombre rond, 20 Compte des dépenses d'un hectare de houblon en Bourgogne (Côte-d'Or) ?. Loyer de la terre à 3.000 fr. intérêts et IMPOSER rame enr dec 150 fr. 3000 perches à 1 fr. 10; intérêts et amor- TISS OT R DRM sde MR celtes e ne 165 Séchoirs et matériel de séchage, pour 1 hect. : 2000 fr.; intérêts et amortisse- MENT eee sl ue ec 100 Main-d'œuvre et frais divers; défoncage à à la main, 1000 fr. par hectare à répartir sur 20 années; intérêts et amortisse- MED EMEA eee do Gaeie ee oies 100 HaCOnS de MAREC(ATE EE CREER ere 450 Cueillette et séchage : 1200 kil. à 0 fr. 35 ONE pe aecces 420 1/10 des perches à remplacer par an..... 330 20 m. c. de fumier, sur place... ......... 140 TOUR ER EE AE eh 1.850 fr. Voilà pour les frais; voyons maintenant les pro- duits. Si les rendements sont variables d’une an- née à l’autre, ainsi que nous l’avons vu plus haut, les prix auxquels on vend le houblon ne le sont pas moins, ce qui rend celte culture très aléa- toire. On sait que le houblon se vend aux 50 kilos. Le prix en a varié depuis 1881 de 40 à 350 francs ; mais ce prix de 350 francs, applicable à l’année 1882, est tout à fait exceptionnel, et depuis lors le chiffre de 200 francs n’a pas été dépassé; on peut donc admettre comme prix moyen de vente 90 fr. les 50 kilos ou 180 francs les 100 kilos pour les 1 À Busigny, selon M. Cassiez-Dufos. 2 D’après le Syndicat des Houblons de Bourgogne. houblons d'excellente qualilé, ce qui porte le produit annuel à 4.800 francs par hectare, en sup- posant un rendement de 1.000 kilos par hectare. Comme on le voit, la cullure du houblon doit arriver à de grands rendements, 1.200 à 1.500 kilos à l'hectare, pour être profitable, surtout lors- qu'elle est faite sur de grandes surfaces. Il est vrai que, dans la pratique, celle culture étant faite sur de petites étendues et par des cultivateurs qui paient beaucoup de leur personne, employant sur- tout les ouvriers de la ferme ou leur famille pour les travaux de culture et de cueillette, produisant eux-mêmes le fumier, qui, de ce fait, n'a pas besoin d’être acheté, la culture du houblon peut être plus rémunératrice qu'il n’a élé dit plus haut, Mais il ne faut pas oublier que le prix de vente D' M. SPRINGER — LES PROGRÈS DE LA PATHOLOGIE GÉNÉRALE des houblons varie aussi suivantla qualité de ce produil; nous n’en donnons comme preuve que les. courssuivants prissurles mercuriales de novembre. 1892. Les 50 kilogr. AIOST RTE RE RER 90 à 100 fr. BOuUr£O MEET EEE O0 MG 0 Boperimehe = ever 90 à 100 Wurtemberg.. 145 à 135 Dpalt.:. ete cri Er 160 à 150 Nuremberg 145 à 160 Dans de pareilles conditions, la culture du hou- blon est plus généreuse el paie assez largement le producteur de ses peines. A. Larbalétrier, Professeur à l'Ecole d'Agriculture du Pas-de-Calais, LES PROGRÈS DE LA PATHOLOGIE GÉNÉRALE D'APRÈS UN LIVRE RÉCENT : ; « Nous vivons dans un temps où il est bon de vivre quand on s'intéresse aux choses de la Méde- cine. » C'est par ces mots que M. le Professeur Bouchard inaugurait ses lecons sur les auto-intoxi- cations en 1887, et l’on peut dire que personnne, par ses travaux, n'a mieux que lui justifié cette af- firmation. Il suffit de parcourirle Trailé de Pathologie générale qui vient de paraitre pour juger de la part importante prise par M. Bouchard non seule- ment dans les progrès récents de la Médecine, mais encore dans la rénovalion de cette science. On répète volontiers qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil, et cette maxime profondément banale est devenue le bréviaire des esprits cha- grins ou paresseux qui, sous prélexte que tout a été dit, se refusent à s'aventurer dans les sen- liers récemment ouverts. M. Bouchard se heurta, dès le début de ses recherches, à cet état d’àme moins rétrograde que slalionnaire. L'ironie el les sarcasmes même qui accueillirent ses pre- mières publications sur la nature parasilaire de la tuberculose le laissèrent indifférent. Plu- sieurs années avant la découverte du bacille de Koch, il établissait l’origine infectieuse de cette maladie et il en tirait toutes les conséquences avec une telle logique déductive que, si, depuis lors, on a un peu ajouté à ses travaux, on n’en peut rien retrancher. Le traitement pathogénique par la créosote est mème resté, en attendant la médi- calion spécifique, plus efficace. En présence de ses premiers adeptes, — et parmi ceux-ci, on ne 1 Trailé de Pathologie générale, publié par Ch. Boucnaror. Tome 1, — G. Masson, Paris, 1895. saurail passer sous silence le nom de M. Landouzy, qui fut un de ses plus ardents disciples, — M. Bouchard reportait tout le mérite de sa doc- trine à deux hommes qu'il admirait : Villemin et Pasteur. Aujourd'huila victoireest définitivement acquise, puisque tout le monde est enrôlé sous la même bannière, et il serait injuste de ne pas rappeler les luttes du début, oubliées surtout par ceux qui fu- rent les plus véhéments contradicteurs. L’apparilion du 7Yrailé de Pathologie générale marque une étape importante dans l’histoire de la Médecine. Nous voudrions prendre occasion de la publicalion de cel ouvrage pour indiquer, suivant le plan même du livre, quelques points intéres- sants de la pathologie contemporaine. I A l’exceplion de la préface, M. Bouchard n’a écril personnellement aucun des chapitres du nou- veau volume publié sous sa direction. A côlé de quelques professeurs qu'il s'est adjoints, comme M. Mathias Duval et M. d'Arsonval, la plupart de ses collaborateurs sont ses élèves. L'absence d'u- nité qu'on pourrail reprocher à leur ouvrage, véri- table mosaïque d'écrivains différents, se trouve alténuée par la forte empreinte personnelle du maitre. Cependant cette influence est suflisamment discrèle pour permettre à chaque auteur de faire valoir, suivant son mode de réaction personnel, sa part d’originalité. C'est qu'en effet la plupart de ces auteurs ne sont guidés par aucun ouvrage précédent, la patho- re générale, telle qu'elle est envisagée aujour- _ d'hui, différant totalement de l'enseignement qui a porté ce nom jusqu'ici. Broussais, au commence- "ment du siècle, s’engageail, avec la fougue d’un combattant ce dans une voie qui devait aboutir à l’anéantissement des doctrines du passé, dans lesquelles la métaphysique occupait le pre- mier rang. Mais le « physiologisme », édifié sur une base qu'ébranlait la méthode expérimentale, ne lardait pas à s’effondrer. C’est avec Andral que celle méthode commença à se faire jour; toutefois, la pathologie générale de ce fin clinicien gravita surtout autour de l'observation etde l'anatomie pa- thologique. Les doctrines de Chauffard ramenèrent la pathologie à une période mystique, etles vérités traditionnelles devinrent momentanément des dogmes!. Avec M. Bouchard s'élève une École - nouvelle : la pathologie générale se dépouille _ définitivement de son caractère sacerdotal pour - devenir la synthèse des faits expérimentaux. Dès lors, essentiellement mobile et mouvante, elle suit | les étapes du progrès, toujours en évolution, et se faconnant suivant les faits démontrés par des expé- riences incessamment renouvelées. Ainsi transfor- mée, elle n’est plus, comme autrefois, le point de départ des doctrines : elle devient l'aboutissant des faits. Ce n’est pas à dire que l'hypothèse soit bannie de la pathologie générale; elle est, au contraire, indispensable pour coordonner les observations qui ne comporlententreelles d'autre lien que ceux que l'esprit yapporle; mais sa valeurn'’est appréciée que suivant son degré de vraisemblance et, ce qui est bien la caractéristique de notre époque, c’est l’im- portance momentanée etrelative qu’on lui attribue. Hier encore les maladies infectieuses étaient domi- nées par la lutle pour l'existence entre les cellules de l'organisme envahi et les germes vivants. Au- jourd’hui déjà la doctrine humorale reprend faveur et la maladie, comme la guérison, relèvent des réactions chimiques. Ce n’est passeulement sur le terrain des maladies infectieuses que M. le Professeur Bouchard a édifié la pathologie actuelle; dans ses recherches sur les maladies par perversion de la nutrition et par auto- intoxicalions, il a orienté l'étude des causes pa- thologiques vers la chimie biologique et l'histochi- mie, sciences dont on n'apercçoit pour l'instant que les premières lueurs, mais qui sont sûrement des- | 1 | | | ! Remarquons, toutefois, que, mème du vivant de Chauf- fard, l'influence de ses doctrines ne s’exerca pas sur tous les esprits; fortement atteintes par le courant scientifique créé par Magendie, les doctrines de Chauffard ont été définitive- ment détruites et bannies de la science par notre illustre philosophe expérimental Claude Bernard. (Note de la Direction.) D° M. SPRINGER — LES PROGRÈS DE LA PATHOLOGIE GÉNÉRALE 975 tinées à porter la plus vive lumière dans l'étude de la pathogénie. Il Présenter en quelques pages la pathogénie géné- rale del’embryonetlatératogénie, c’est là certes une tâche fort ardue. Ce sujet, difficile à comprendre, à cause de l’obscurité profonde qui règne encore sur cette science, est devenu, sous la plume de M. le Professeur Duval, d’une clarté et d'une précision surprenantes. Ce n'est pas trop dire que d'affirmer qu'il fallait tout le talent d'exposition de M. Duva! pour rendrela tératogénie d'une lecture attrayante. Mais ce n’est pas seulement par la simplicité dans la forme que se distingue ce travail; c'est également par l'exposé critique des faits ainsi que par l’apport des recherches personnelles. Le tératogénie est présentée sous un jour nou- veau : dès l’abord, M. Duval, se plaçantsur le terrain de la pathogénie, s'efforce de démontrer comment, chez l'embryon, les causes morbides, frappant des organes non pas en fonctions, maisen voie de forma- tion, déterminent des troubles de développement, des malformations et des anomalies d’organisa- tion. Il s'élève contre les théories qui supposent des organes déjà constitués normalement et dont la maladie vient altérer les formes et la constitu- tion histologique; pour lui, ce développement anormal détermine la maladie même, puisque l'embryon ne traduit sa vie et ses fonctions que par des actes de développement. Les monstruo- sités sont d'autant plus considérables que leurs causes agissent à une époque plus primitive et sur des phénomènes plus essentiels. Après avoir dé- montré pourquoi les expériences de Geoffroy- Saint-Hilaire n’eurent pas de résultat, M. Duval insiste sur l'importance des faits révélés par les recherches de M. Dareste. On sait que ce savant a produit des monstres, en soumettant l'œuf de la poule à des températures un peu supérieures ou un peu inférieures au degré fixe indispensable au développement normal, ou bien en troublant la respiration de l'embryon, en obturant les pores de la coquille sur une étendue variable à l'aide du vernissage. Enfin, il a fait incuber des œufs dans des conditions anormales de position et de mouve- ment {agitation et vibrations transmises). D'autres recherches, qu'on doit à M. Féré, portent princi- palement sur les effets de l'intoxication, les œufs ayant été soumis à l'influence de l'éther, de la morphine, de l’absinthe, de certaines toxines. Les résultats observés autorisent quelques rap- prochements avec les faits révélés par la clinique. M. Duval nous montre l'influence de la lumière sur certaines régions de l'œuf. Quant à l’action des traumatismes, elle est surtout intéressante par ce fait que Fol a pu réaliser une monsiruosité déter- 976 D' M. SPRINGER — LES PROGRÈS DE LA PATHOLOGIE GÉNÉRALE minée d'avance. — L'espace nous fait défaut pour suivre M. Duval dans son exposé substantiel de la pathogénie générale de l’embyron, et d'ailleurs l'analyse ferait disparaitre la clarté et la netteté élégante qui sont la caractéristique de l’enseigne- ment du professeur d'histologie de la Faculté de Médecine de Paris. Rappelons cependant qu'après une discussion serrée des faits, M. Duval adopte la conclusion formulée par Paul Bert : « En fait de monstres, il n'y à point de genres ni d'espèces, il n'yaque des individus ». TI M. Roger, dont le titre modeste de secrétaire de la rédaction implique une somme de travail consi- dérable, a rédigé plus de la moitié de l'ouvrage. Ses premiers chapitres sont consacrés à des sujets philosophiques et littéraires afférents à l’art mé- dical. En les parcourant, on est bientôt séduit par son style où la finesse de l'expression est le reflet de l'esprit critique. Après les définitions d'usage sur la vie, la force vilale, la malière vivante, M. Roger arrive aux conceptions de M. Bouchard, qui considère la ma- ladie comme « l’ensemble des actes fonctionnels et secondairement des lésions anatomiques qui se produisent dans l’économie, subissant à la fois les causes morbifiques et réagissant contre elle ». La diathèse doit être définie « un trouble permanent des mutations nutritives qui prépare, provoque, etentretient des maladies différentes comme forme symplomalique, comme siège anatomique, comme processus pathogénique »; elle dépend du tempé- rament, qui est la caractéristique dynamique de l'organisme, résultant de tout ce qui concerne les variations individuelles des activités nutrilives. M. Roger s'élend avec raison sur la pathologie expérimentale, devenue le complément indis- pensable de la clinique, puisque les progrès de la bactériologie ont fourni le moyen de faire naître à volonté chezles animaux un grand nombre d’infec- lions. Mais il met l’expérimentateur en garde contre la tendance qu'il peut avoir d'appliquer à l’homme les résultats obtenus chez les animaux, el, lors- qu'il s’agit d'un médicament nouveau, il con- seille au médecin de l'essayer d’abord sur lui- même avant de le prescrire à des contemporains. Les causes de la mutabilité des types cliniques sont une des parties les plus intéressantes du tra- vail de M. Roger. Il démontre comment la civilisa- lion intervient pour modifier la pathologie, et le rôle important du commerce par la navigation pour transporter el acclimater les agents patho- gènes des différents pays. À ces transaclions cor- respondent des échanges de matières toxiques et virulentes. D'autre-part la grande activité intellec- tuelle, et surtout les préoccupations qui lui sont afférentes, jouent un rôle important dans le déve- loppement des névropathies et de la dégénéres-. cence. L'étude des intoxications est traitée avec am=. pleur, et M. Roger y révèle son talent d’expéri- mentateur et ses qualités d'exposition. Il se meut à l'aise dans une science à laquelle il a consacré. de nombreuses années de travail, et où ses tra- vaux personnels ont apporté un fort contingent de fails nouveaux. Il s'efforce, dès le début, de préciser par une définilion le sens du terme #xoxicalion. La com- plexité d'un phénomène biologique, qui englobe tant de faits dissemblables, rend presque impos- sible l'expression concise d’un énoncé exact. D'a- près lui, une substance est loxique quand elle est capable de troubler la vie des éléments anato- miques en modifiant, directement ou indirectement, le milieu qui les contient. Celte définition est certes très large, mais elle n'implique pas suffisamment la nocivité qui s'attache au poison. Il est vrai que la toxicité dépend souvent moins de la nature de la substance que du pouvoir d'élimination de l’or- ganisme, d'où résulte qu'un même élément devient Lour à tour, sans changer de composition, bienfai- sant ou nuisible. Le corps des animaux est un véritable labora- toire de poisons; envisagée sous ce jour, la vie consiste à fabriquer des toxines et à les éliminer. La source de ces dernières est multiple : la vie cellulaire déverse dans l'organisme les sécrétions et les déchets résultant de la désassimilation. D'autre part, les différentes phases par lesquelles passent les aliments pour être assimilés, les amènent à des états constitutifs transitoires, dont l'utilisation dans ces états est nuisible; une grande part dans ces élaborations revient aux microbes, habitant normalement le tube digestif. Leurs as- socialions, leur virulence, exaltée le plus souvent par l’arrivée de nouveaux venus ou simplement par des modifications fonctionnelles passagères dans leur habitat naturel, deviennent une source infinie de variantes dans la gamme de l'intoxication. Il faut ajouter les matières toxiques introduites dans l'organisme, les seuls poisons connus autrefois. M. Roger décrit avec soin les poisons alimen- laires, habituels et accidentels. 11 étudie successi- vement le rôle de l’eau, du vin, de l'alcool, des végélaux avariés, de la viande des animaux malades ou surmenés. Il insiste à juste titre sur la toxicité de la chair de poisson. C'est là un fait que nous avons vérifié nous-même dans des recherches inédites. Étudiant la toxicité urinaire, par injection de l'urine dans le système veineux du lapin, suivant la méthode de M. Bouchard, nous vd dd à avons constaté que, de tous les aliments, le poisson est celui qui rend l'urine toxique au plus haut degré. Il nous a paru vraisemblable qu'il s’agit de plomaïnes, et nous pensons que le poisson, absorbé - immédiatement après sa mort, ne donnerait pas on coefficient urotoxique aussi élevé que celui que | : nous avons trouvé. : C’est qu'en effet les poisons putrides apportent un contingent important à la pathologie : les uns sont absorbés, déjà formés dans la chair des ani- maux qui servent à notre alimentation; mais le plus grand nombre est élaboré dans l'organisme - même et résulle de notre chimie intérieure, dans Ruelle les fermentations revendiquent une large _ part. . Sous le titre de poisons journaliers non alimen- - taires, M. Roger passe en revue l’action nuisible de l'air confiné, de l'acide carbonique qui se dégage des appareils de chauffage à combustion lente, de la respiration des malades, puis celles qui relèvent d'habitudes individuelles comme l'usage de tabac, Dune, opium, cocaïne, éther, et les inloxi- calions professionnelles produites par le plomb, le cuivre, le phosphore, le mercure, l'arsenie, pour ne parler que des plus fréquentes. Les auto-intorications à l'état normal constituent un chapitre où se trouvenl,exposées avec beaucoup de méthode et de clarté, les leçons de M. Bouchard publiées en 1887. Partant de cette loi, élablie par Claude Bernard, que toute manifestation vitale est nécessairement liée à une destruction organique, M. Roger nous fait parcourir les conséquences . multiples de ce phénomène d'ordre général : pro- duction des leucomaïnes, poisons urinaires, Loxi- cité des sécrétions, etc. Dans celte étude de l’ana- lyse chimique appliquée à la pathologie, l’auteur nous présente le bilan des connaissances actuelles ; ce bilan est peu fourni et une grande obscurité - règne encore sur ce lerrain. Cependant les clartés que la Chimie projette déjà sur la pathologie nous font entrevoir que c’est dans cette direction que l’étude des maladies doit désormais s'engager. nn. à so éd: IV Ea lisant l’article de M. le Professeur d’Arson val sur l'énergie électrique et la matière vivante, on trouve exposés des faits si intéressants et des vues si personnelles, que l’on regrette que celte partie ne soit pas plus développée. Après avoir élabli que la matière est le support de l'énergie, mais qu'elle en reste dislincte, M. d’Arsonval montre qu'à l'énergie mécanique thermique il faut ajouter l'énergie électrique, qui renferme toutes les formes anciennement connues de l'énergie. De plus, toutes les formes de l'énergie peuvent se transformer en électricilé. Il considère D' M. SPRINGER — LES PROGRÈS DE LA PATHOLOGIE GÉNÉRALE 977 l'être vivant comme un transformateur d'énergie ayant un Aodus faciendi qui lui est propre. L'élec- lricité possède le pouvoir de meltre en jeu toules les propriétés vilales de la matière organique. Elle peut traverser le corps sous forme de courant permanent où de courant variable. Variable, le courant détermine une excilation violente des nerfs et des muscles; s'il est permanent et modéré, lout reste au repos; s'il est fort, l’action électrolytique se produit. L’ampèremètre permet de doser son intensité. L'élal permanent à basse tension s'obtient par la vollaïsation produite par la pile: les hautes tensions constituent la franklinisation et sont produites par la machine slalique. Après avoir formulé la loi suivant laquelle l'intensité de la réaclion motrice ou sensilive est proportionnelle à la varialion du potentiel au point excité, M. d'Arsonval introduit celte notion nouvelle en Médecine : qu'une excitation électrique donne des résultats toujours les mêmes quand sa forme est la même, que cetle excilalion provienne d'une source électrique quelconque, machine stlalique, pile, bobine d'induclion, etc. Ainsi disparait celte idée erronée que les effets physiologiques diffèrent suivant la source employée. L’excilation produile par deux courants iden- liques, mais de sens inverse, se succédant sans interruption à travers les tissus, ne délermine au- cune destruction organique par électrolyse. C’est ainsi que M. d'Arsonval a été amené à introduire en Électrothérapie l'usage des courants alternatifs sinusoïdaux pour l'élat variable, courants dont les propriélés sont fort précieuses, puisque, à basse fréquence et à bas potentiel, leur passage à travers l'organisme n'est pas senli, tandis qu'il augmente considérablement les échanges nutritifs; d’aulre part, à fréquence et à potentiel moyens, ilfaitcon- tracter violemment lous les muscles tant à fibres lisses qu'à fibres striées, et cela sans douleur. En augmentant le potentiel, on a des courants qui semblent donner la mort; mais celle-ci n'est qu'apparente, élant due à une simple inhibition de la respiration. Et, en effet, les Américains ont pu ramener à la vie plusieurs de leurs criminels élec- trocutés. Enfin, à fréquence et à potentiel très élevés, les courants alternatifs sinusoïdaux donnent naissance à des phénomènes bien inattendus et qui paraissent devoir être mis à profit par la (héra- peutique. Ces faits, qui ont été complètement exposés dans cette Aevue !, n'ont pas encore donné des résullats applicables à la clinique: mais ils nous permettent d'entrevoir la portée qu'ils peuvent peut-être un jour acquérir dans le traite- 1 Voyez à ce sujet. L. Ozrvier : Les propriétés physiques et physiologiques des courants électriques alternatils, dans la Revue du 15 mai 1894, t. V, pages 313 à 321. 978 D: M. SPRINGER — LES PROGRÈS DE LA PATHOLOGIE GÉNÉRALE ment des maladies infectieuses, puisque MM. d’Ar- sonval et Charrin, ayant injecté dans les tissus d’un animal vivant des bacilles pyocianiques, ont obtenu une atténuation sur place. V M. Marfan, abordant « la fatique el le surmenage », nous amène sur un terrain d’aclualilé. Sile terme de surmenage n'est pas nouveau, on lui a certes donné une extension qu'il n'avait pas eue jus- qu’alors. Les médecins d'abord, puis les psycho- logues, qui constituent la catégorie des roman- ciers, ont jeté dans le public cette idée que la vie moderne, par les efforts constants qu’elle nécessite, joints aux excilalions répétées des agréments de l'existence, amène les faibles au surmenage et peut créer de loutes pièces la prédisposition qui s'accuse dans la descendance. CI. Bernard a fixé le premier anneau de cette chaine pathologique en démontrant que toute ma- nifestalion vilale est liée à une destruction de malière vivante. L'accumulalion des déchets amène la fatigue; si les conditions qui réalisent celle-ci sont poussées à un degré plus élevé, le surmenage passager apparait; que la cause per- siste, et l’élat de surmenage se trouve consli- tué. Suivant l'organe soumis au travail, le sur- menage prédominera sur tel ou tel appareil; mais son influence se diffuse dans tout l’orga- nisme, car il s’agit d’un poisonqui,pours'éliminer, emprunte la voie du milieu intérieur. Peter, dans sa lutte entêlée contre les doctrines pastoriennes, avait invoqué un fait d'observation que les recherches expérimentales ont confirmé : c'est qu’à côté de la fièvre typhoïde, maladie spéci- fique, il existe toute une gamme d’états typhoïdes résultant de l’auto-typhisation, dans la pathogénie desquels le surmenage reverdique la première place !. Cependant le problème n’est pas encore complètement élucidé : car, si la fatigue et le sur- menage font naître dans l'organisme des poisons cellulaires, il con vient de ne pas négliger l'apport des toxines bactériennes résultant de la virulence que peuvent acquérir, grâce à cette dystrophie, les habitants qui constituent la flore microbienne in- testinale à l’état physiologique. Ce sont là des faits que le D' Marfan n’a pas peu contribué à répandre: car, depuis plusieurs années, dans des publications diverses,il est revenu sur ce sujet. Les expériences sur lesquelles ilappuie ses démonstralions sont em- ! C'était là, contre les doctrines pastoriennes, un pitoyable argument. Pasteur n'avaitil pas établi — notamment par la célèbre expérience du refroidissement des poules — que la maladie microbienne est fonction de ces deux variables indé- pendantes : l’état du micro be et l’état de l'organisme? C’est à Pasteur que l'on doit la notion scientifique de l’état de T'ÉCEp= livilé, (Note de la Direction.) prunlées aux lecons de M. Bouchard sur les auto- intoxications, qui, parsesrecherchessurles poisons de l'organisme et sur latoxicité urinaire en rapport: avec le surmenage, a le premier posé nettement la. question. Dans les quelques pages que M. Marfan consacre aux causes et aux effets du surmenage mental, M se trouvent habilement amalgamés une foule de faits d'apparence disparale, mais dont la réunion . apporte quelque lumière à un sujet resté jusqu'ici plein d’obscurité. NI Aborder l'étude de la prédisposition et de l’im- munité, c’est là un terrain ardu, hérissé de diffi- cultés, d’incerlitudes, d'obseurités même.Les quel- ques pathologistes qui se sont aventurés dans celte voie ont été arrêtés par les objections qui surgis: sent de toutes parts. M. Bourcy s’est tenu habile- ment à l’abri des critiques dans ce périlleux sujet. Il a exposé avec clarté el méthode les faits apportés par la tradition, qu'il a reliée d’une façon fort inté- ressante aux recherches contemporaines. Cepen- dant M. Bourcy ne s’esl pas contenté d'enregistrer le bilan actuel de nos connaissances : on rencontre dans chacun de ses chapitres des discussions très judicieuses et, à défaut de conclusions, une mise au point parfaite des questions ainsi soulevées. Dans l’étude de la prédisposition M. Bourcy passe en revue l'influence de l'âge, du sexe, de la race, de la constitution, du tempérament, des pro- fessions, du climat et des maladies antérieures. Le rôle de la prédisposilion est si imporlant pendant la période de croissance, que la pathologie infan- tile présente des maladies et des modalités mor- bides uniquement altribuables à la nature du ter- rain en voie d’accroissement. L'athrepsie, le rachilisme, les ostéomyélites, la chorée, la chlorose, elc., sontdes affections liées à l’évolution. L'influence du sexe n’est pas moins intéressante à constater : la menstruation, la gros- sesse, la laclalion, la ménopause, créent des con- ditions physiques et morales en rapport avec les fonctions. La prédisposition dépendant des races était connue dès la plus haute antiquité. La race nègre présente une pathologie spéciale dépendant de causes multiples : la race, le milieu, le climat, s'associent pour réaliser des conditions morbides particulières. Dans la race blanche les Anglo- Saxons ont des aplitudes spéciales pour la goutte et surtout pour la scarlaline, particulièrement grave pour les Anglais, même lorsque cette maladie est contractée à l'étranger. En France, dans les provinces qui ont élé longtemps soumises à la dominalion anglaise et où la race anglo- saxonne à marqué son empreinte, la scarlaline est hésité Sont SRE 4 shéesistst plus fréquente que dans les autres régions. En ce “qui concerne la race juive, M. Bouchard considère que les prédispositions spéciales qu'on lui a attri- _ buées, relèvent moins de la race que de l’exis- ge _Lence de citadins que les Juifs mènent depuis des “siècles et que les mariages entre eux transmettent et concentrent. Cependant M. Zambacco cite un exemple qui révèle un véritable attribut de race. L Constantinople, les Juifs d’origine sémilique sont fréquemment atteints par la lèpre, tandis que les “Juifs karaïtes restent toujours indemnes; or M. Lagneau a établi que ceux-ci n’ont adopté le judaïsme que vers le milieu du virr° siècle. Siles documents de valeur sur la prédisposition sont rares, il n’en est pas de même de l’émmunile, C'est là une question déjà traitée par plusieurs “savants dans la Revue générale des Sciences. M. Bou- chard en a fait un exposé magistral au Congrès de “Médecine de Berlin et, depuis lors, la sérothérapie est devenue une méthode d’une valeur désormais ‘incontestable. VII 3 Le rôle de l’Aérédité dans la pathologie générale est un sujet vaste, prètant aux considéralions phi- -losophiques et pour lequel les siècles passés ont - apporté une ample moisson de documents. C'était une tâche difficile que de discerner, parmi tant - de matériaux, ceux qui présentent un intérêt . réel. Grâce à M. Legendre, celte question est de- - venue claire, précise et d’une lecture des plus agréables. Le style élégant etlaforme très littéraire, qui font considérer M. Legendre comme un des - plus brillants écrivains médicaux de notre époque, . ne contribuent pas peu à faire valoir cette partie . de l'ouvrage. Suivant cet auteur, l'hérédité est la transmission à l'être procréé des caractères, attributs et propriétés des généraleurs. Le secret de l'hérédité réside dans la généalogie ininterrompue des différentes parties de la cellule. Parmi celles-ci M. Bouchard considère qu'au protoplasma est dévolu un rôle capital : car, sila matière qui le constitue se renou- velle, par contre sa composition chimique est stable et héréditaire ; or c’est d'elle que relève le type nutrilif. Cet héritage ancestral d'un nouvel être se modifie par les différentes influences de milieux : alimentation, climat, mode d’existence, elc.,et par les intoxications, Charrin ayant délerminé l’infan- tilisme expérimental à l’aide de produits solubles pyocyaniques. L'action de l'alcool dans le cas du virus syphililique constitue une expérience réalisée journellement par la clinique. Dans la goutte et les affections dites arthritiques, le rôle du ralentissement de la nutrition transmis par les ascendants est aujourd'hui un fait démontré. ° M. SPRINGER — LES PROGRÈS DE LA PATHOLOGIE GÉNÉRALE 9719 Recherchant le rôle de l'hérédité dans les dys- trophies élémentaires, M. Legendre envisage son action dans la chlorose, l’hémophilie, le purpura, l’artério-sclérose, le rachitisme, ele. L’hérédité du cancer est discutée à l'aide d'arguments ingénieux ; après avoir cité des exemples qui démontrent l’al- ternance entre les grossesses gémellaires et le can- cer, il signale la considération suivante : le can- céreux peut engendrer des enfants qui portent déjà leurcancer, tandis que les enfants des tuberculeux naissent avec la prédisposition à contracter la lu- berculose. Pour établir l'hérédité dans les maladies du sys- tème nerveux, l’auteur a puisé dans l'abondante bibliographie réunie dans la thèse d’agrégation de M. Dejerine. Le côté philosophique et social est bien mis en relief dans les pages consacrées à l'hérédilé de la tendance au vol, des pas- sions, du jeu, de l'avarice, du libertinage, du suicide, etc. Indiquant les stigmates physiques et psychiques de la dégénérescence, M. Legendre nousconduitrapidementàtraversses étapes, depuis l'idiot complet jusqu à l'imbécile, au débile et au dégénéré supérieur, dont certains écrivains moder- nes nous ont montré la présence prédominante dans les classes sociales qui s’intitulent dirigeantes. Si la dégénérescence est fàcheuse pour l'individu, elle est, par contre, bienfaisante pour l'espèce. Car les dégénérés sont frappésavec prédilection par les agents pathogènes, quiempêchentainsi l'extension indéfinie de nouveaux types pathologiques. Les descendants des individus trop tarés sontinféconds ou meurent jeunes. La loi d’'hérédité morbide est donc défensive au point de vue social. Mais le médecin, n'étant pas appelé à envisager des faits d’une si haute portée, est, au contraire, convié à lutter contre les effets désastreux de l’hérédité sur l'individu. M. Legendre montre, par un exemple probant, que leclinicien peut agir activement contre les tares héréditaires au point d'annuler leurs funestes effets. En profond moraliste, il considère l'hérédité comme la solidarité entreles généralions successives: « Elle pourrait être, dit-il, le plus puis- sant facteur du progrès humain, si chacun était convaincu que les actes de sa vie doivent retentir sur sa descendance. » Cette notion n'est certespoint d'acquisition récente, et, pour le prouver, M. Le- gendre à fort spirituellement choisi comme épi- graphe ce passage de l'Écriture, emprunté à un prophète qui s’est acquis une certaine réputation par ses prédictions lamentables : Les pères ont mangé des raisins verts, Et les dents des enfants en ont été agacées. D' Maurice Springer, Chef de laboratoire à la Clinique médicale de la Charité. 980 ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES LE RETOUR DU COURANT DANS LES LIGNES DE TRAMWAYS ÉLECTRIQUES ET LA SOUDURE DES RAILS — EXEMPLES DE TRANSPORT D'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE À GRANDE DISTANCE . Un grand nombre de systèmes de tramways élec- triques ont déjà été mis en exploitation : systèmes à accumulateurs, à conducteur souterrain, à conducteur aérien. Ge sont ces derniers que nous prendrons cons- tamment comme exemple, bien que ce que nous allons dire puisse, en général, s'appliquer aux tramways à conducteur souterrain. Les tramways à conducteur aérien sont d’ailleurs de beaucoup les plus répandus. Un fil est suspendu en l’air au-dessus et tout du long de la voie. C’est lui qui amène le courant. Celui-ci, par l'intermédiaire du trolley, petite poulie qui est portée par la voiture et qui roule au contact du fil, se rend dans les moteurs des essieux et les actionne. Il s’agit maintenant de lui permettre de getourner à la dynamo. On a parfois adopté dans ce but un second trolley et un second fil parallèle au premier, à Cincinnati (Etats- Unis), par exemple. Cette solution, parfaite au point de vue électrique, a le grave inconvénient de doubler le réseau de fils aériens, Aussi l’usage ne s’en est-il pas répandu, En général, on se sert tout simplement, comme circuit de retour, des roues de la voiture et des rails. Mais celle question n’est pas aussi simple que ne le croyaient, au premier abord, les ingénieurs électriciens. Les rails sont formés de petits bouts de quelques mètres, 8 ou 10 par exemple, réunis par des éclisses et des boulons, Ces points de jonction offrent une grande résistance au passage de l'électricité, On avait bien compté sur la terre pour aider le courant à aller d'un troncon de rail au suivant. Mais la terre, en dépit de l’excellente réputation qu'on lui fait à ce sujet, est très mauvaise conductrice. Pour diminuer la résistance du joint, on a placé un fil de cuivre, dont les extrémités étaient serrées par les têtes des boulons des éclisses. C’est le système employé par les Compa- snies américaines de Chemins de fer. Il suffit parfai- tement pour l'envoi de leurs signaux électriques, qui utilisent que de faibles courants. Mais il est insuffi- sant pour les forts courants que nécessitent les tramways. Et l'on s’en apercut bientôt. Les conduites d’eau et de gaz, ainsi que les câbles téléphoniques sous plomb passant aux environs des voies, présentèrent, au bout de très peu de mois, un nombre de fuites ou de défauts tout à fait anormal, Et, quand on les eut mis äu jour, on conslata qu'en beaucoup d’endroits ils élaient complètement rongés, comme par l’action d’un acide. Evidemment, c'était l'électricité qui était la coupable. Le courant, trouvant trop de résistance à chaque joint, se répandait à travers le sol, trouvait les tuyaux métalliques qui lui offraieut une voie facile, et les suivait aussi longtemps que possible pour re- tourner ensuite à la dynamo, Par électrolyse, il met- tait en liberté, au voisinage des tuyaux, les acides de certains sels contenus dans le sol. Les Compa- gnies du Gaz, des Eaux et des Téléphones firent entendre des réclamations vives et fondées. Il fallut chercher à faire disparaître le mal. On s’efforca tout d’abord de trouver des combinaisons capables de dimi- nuer l'attaque des tuyaux métalliques. Mais ce ne pou- vait être là qu'une demi-mesure. Le véritable remède était de former avec les rails un circuit continu aussi peu résistant que possible. On a augmenté, dans ce but le diamètre et le nombre des fils de cuivre con- nectant les troncons de rail, et on a cherché à obtenir une surface de contactaussi grande que possible entre ceux-ci et le cuivre, tout en conservant une facilité de pose suffisante, Nous ne nous étendrons pas aujour- d'hui sur les systèmes qui dérivent de ces idées, etils. sont nombreux ; nous aborderons immédiatement lé- tude d’une méthode toute différente et beaucoup plus . radicale, Les jonclions des troncons de rail étaient les » points défectueux et d’où venait tout le mal, Un excel-. lent parti était de les supprimer en les soudant. Il y. eut toutefois une grande hésitation avant que les ingé- … nieurs s’y résolussent. Dans la méthode ordinaire de pose des rails, on sait que, entre un troncon et le sui- . vant, on laisse un petit vide qui permet au métal de . se dilater librement pendant les chaleurs. Si le vide n'est pas suftisant, les deux extrémités peuvent venir au contact, et, la chaleuraugmentant encore, le rail est. exposé à se soulever et à se tordre. Que se passerait-il, si un rail était continu dans toute sa longueur ? Admet-. tons un rail de {10 kilomètres de long, une augmen-. tation de température de 10° et un coeflicient de dila- tation linéaire de 0,000011, ce qui est à peu près exact. D'après ces conditions, l'allongement, d'après la for- mule bien connue !, sera en mètres : dl = 10.000 X 0,000011 X 10 = 1,10. Il était impossible, on le comprend, de songer à laisser prendre au rail uñ tel allongement. Ses bou- lons d'attache et les nombreuses courbes qu’en général il fait, ne le permettraient pas. La dilatalion ne pou- vaut se produire, le métal développerait, contre tous les obstacles qui l'empêcheraient, une résistance con- sidérable, mais dont on n’avait et dont on ne pouvait. avoir qu'une idée approximative. Et si ces obstacles n’élaient pas suffisants, ne se produirait-il pas un jour … de grande chaleur les plus graves accidents? les rails se soulèveraient et se briseraient, les pavés, tout du long de la voie, seraient enlevés et projetés, les voi- tures en circulation seraient renversées. Tout cela n'était pas certain, mais était parfaitement possible. Devant une telle perspective, on avait le droit d'hési- ter; et chacun, désireux de connaitre le’ résultat de l'expérience, comptait sur son voisin pour l’exécuter, Ce sont les ingénieurs américains, avec leur audace ordinaire, qui se sont les premiers résolus à tenter l'aventure. Un certain nombre de Compagnies com- Fig. 1. — Schémamontrant la disposilion adoptée dans les premières soudures électriques. — R, R, coupe ho- rizontale de deux extrémités de rail; E, E, éclisses particulières adoptées pour la soudure; p, petite plaque d'acier entrée à force entre les deux rails ; S,S, $, S, Soudure. mencèrent d'abord par juxtaposerles troncons du rail, sans autre souci de l'allongement produit par la cha: leur que de construire la voie aussi solidement que possible, Il ne parut résulter de cette pratique aucun inconvénient, La Johnson Company de Johnstown (Pen- RARE CRUEL D D QE RER TE RER ‘ di. allongement; «, coef. de dilatation; {/, températures > ' deux fois, chaque _ bout de rail étant _sylvanie) alla plus loin et entreprit de souder les ails. Elle fit une première expérience pratique sur un ù troncon de ligne de la West End Street Railway Com- -pany de Boston, Massachusetts !. Voici comment elle “opérait (fig. 1): les éclisses étaient enlevées et les extrémités des rails RR soigneusement nettoyées au moyen d’une petite meule en émeri por- + ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 981 Si un bout de rail, par exemple, avait basculé sous l'action du poids de la voiture, l'une des extrémités se serait relevée, et le joint, outre que par son défaut d'horizontalité il aurait rendu la voie mauvaise, se serait trouvé exposé à des efforts (trop considérables qui l’auraient brisé en peu de temps. Dans une voiture possédant en même tée au bout d'un ar- breflexible. Un coin T d'acier p était en- tré à force entre les deux troncons de rail, et, de chaque temps les appareils moteurs des voitu- res ordinaires, é- taient contenus les appareils nécessai- res à la soudure. La côté, étaient alors placées des éclisses EE d’une forme par- _ticulière, La sou- dure se faisait en _ séparément soudé électriquement aux éclisses. Celles-ci, pendant l'opéra - tion, étaient main- tenues en place et serrées par les mà- choires d'un fort étau servant en mèê- me temps à amener un courant de fai- ble voltage mais de très forte intensité, qui portait en quel- ques minutes au rouge ques en contact où lui relativement grande. La F, fil de trolley; T, trolley: rupteurs; G, ampèremètre ; le retour du courant extérieur. blanc les surfaces métalli- était offerte une résistance pression exercée suflit alors pour former la soudure, Le premier essai ne fut pas très heureux. Un grand nombre de joints se brisè- rent bientôt, non pas à l'endroit même du joint, mais à quelques centimètres à côté. Les ingénieurs de la Johnson Company ne se découragèrent pas. Ils ne vou- lurent voir, comme cause de leur insuc- cès, qu’un mauvais pro- cédé de tra- vail et se mi- rent à cher- cher des per- fectionne - ments à leur méthode, Un second essai fut fait sur le Baden and Suint - Louis Railway de Saint - Fouis, Mississipi. Lavoie, qui présente de nombreuses courbes, fut complète - mentposécet les rails soigneusement mis en place avant de com- mencer les soudures. C’est, qu’en effet, si on les avait faites au fur et à mesure de la construction de la voie, Les rails auraient été insuffisamment assujettis, la voiture contenant les appareils de soudure les aurait dérangés, et le joint aurait eu une position défectueuse. Coupe du rail à l'endroit du joint. Fig. 3. — Délails des disposilions employées pour la soudure électrique des rails. — RES EC 1 Se 2 QUIGE Se R, R', extrémités des deux troncons de rail; Ty, To, Ta, T,, tasseaux d’acier qui for- D MR A AS CRT | DNA É LS meront après la soudure de jonction des deux bouts de rail; e, partie supérieure du joint; un bourrelet s'y forme pendant la soudure, bourrelet que l’on fait ensuite dis- paraître à coups de marteau-pilon. 1 P. Dawson. Electric traction (s'rie d'articles parus dans Engineering). Fig. 2. — Montage des GRpareils pour la soudure électrique du rail. — À, interrupteur automatique ; I, l', inter- M, moteur transformateur produisant le courant alternatif; B, bobine de self-induction à noyau mobile servant de rhtostat; S, transformateur ; D, circuit à gros fil de transformateur ; r, rail à souder maintenu entre deux tasseaux {, l';R, rail servant pour figure 2 donne le schéma deleur mon- tage. Le courant continu, pris sur le fil F,. passe, par l'intermédiaire du trolley T, d'un in- terrupteur auloma- tique À, d’un inter- rupteur ordinaire I el d’un ampèremè- tre G, dans un trans- formateur - moteur M,et de là retourne à la machine géné- ratrice par le cir- cuit des rails R. Le moteur M fournit un courant alterna- tif à basse tension, alimentantle circuit à Gil fin d’un transformateur ordinaire S qui abaisse la tension aux bornes du gros fil D à 2 ou 3 volts. Un inter- rupteur l' permet de supprimer le courant, et une bobine de selfinduction à noyau mobile, de le régler. La voiture qui porte ces appareils pèse en tout 30 tonnes. Elle est précédée par une autre qui porte des arbres flexibles et de petites roues à l’émeri et prépare l'o- pération en polissant les extrémités des rails sur une largeur de 5 centimètres de chaque cô- té. Ensuite vient la « voi- ture-soudeu - se ». Elle pas- se tout en- tière sur le join pepe soude de l’ar- rière. Ce mo- de d'opérer lui permet de conlinuer son travail sans avoir à pas- ser sur un joint nouvel- lement fait et encore chaud . Les extrémités des rails à souder sont rapprochées autant qu'il est possible en enfoncant un coin dans le joint suivant. La soudure se fait en deux fois, au moyen de quatre petits tasseaux d'acier T, T, TI, T, (fig. 3). T, et T,, serrés par les mâchoi- res d'un étau, sont d'abord soudés; puis T, et T,. Quelques tours de main sont nécessaires pour me- ner à bien ces deux opérations successives, dont la seconde , par l’échauffement qu'elle produit, pour- rait nuire aux résultats de la première. Quand le ] Rail vu de côté à l'endroit du joint. 982 joint est terminé, un marteau-pilon, porté par la voi- ture, en bat la partie supérieure ce (fig. 3) afin d’aplatir le bourrelet qui s’est formé. Pour préparer un jointet l’exécuter, il faut de 12 à 15 minutes; la soudure pro- prement dite n’en demandant qu'une ou deux. Son prix de revient est de 15 à 18 francs. Le courant continu, pris sur la ligne du trolley à la tension de 500 volts, estde 250 ampères. Il est transformé en cou- rant alternatif, et la tension est ensuite abaissée à 2 ou 3 volts, ce qui correspond, avec les pertes, à une intensité probable de 40.000 à 50.000 ampères,. La soudure électrique a également été adoptée par The Nassau Electric Railway Company de Brooklyn, New- York. Le système employé est, à peu de choses près, celui que nous venons de décrire. Iln’y à que quelques différences de détails. Les appareils sont portés par deux voitures; le moteur-générateur se trouve dans la première, le transformateur dans la seconde. Les tas- seaux, un peu plus larges que dans le cas précédent, sont maintenus hydrauliquement au lieu de l'être par un étau. Enfin, le rail, aux environs du joint, est recou- vert d’une composition ignifuge, dans le but d’éviter les déperditions de chaleur pendant l'opération. A côté du procédé électrique de soudure des rails, en à surgi un autre, employé par The Falk Manufactu- ring Company, de Milwaukee, qui paraît être plus simple el probablement moins coûteux. Le système consiste à couler autour du joint un bloc de fonte, L'appareil- lage se compose d’une petite fonderie roulante com. prenant un cubilot, une chaudière, une machine à va- peur et un ventilateur. Les extrémités à réunir sont parfaitement nettoyées; puis, de chaque côté, on place un moule en fonte, garni intérieurement d’une compo- silion particulière et préalablement chauffé au rouge. Le fond est formé d'une couche de sable, et les rem- plissages latéraux sont faits au moyen d’argile. On coule la fonte, on attend une dizaine de minutes que le tout soit suffisamment refroidi, eton enlève le moule. Une équipe de six à huit bommes, disposant d’un seul cubilot peut faire plus de cent soudures par jour. Cha- cune d'elles revient à environ 15 francs. Quel est l’avenir réservé à ces diverses méthodes ? Il est encore trop tôt pour se prononcer, 12 à 13 kilo- mètres de rails ont été soudées à Saint-Louis, et 100 environ à Brooklyn, dans le courant de l’année der- nière. Jusqu'ici toutes ces voies paraissent s'être bien comportées. Mais elles n’ont pas encore subi l'épreuve d’un assez long temps pour que l’on puisse escompter le résultat qu’elles ont donné, si encourageant qu'il soit, La soudure est, certes, une solution parfaite au point de vue électrique. Les circonstances permettront- elles qu’elle soit universellement acceptée? Un doute semble subsister dans lesprit des ingénieurs. M. P. Dawson, après son retour d'Amérique, où il avait soi- sneusement étudié la traction électrique, disait, en Octobre 1894, au Comité de l’Associalion des anciens élèves de l'Institut Electro-technique Monteliore « En renouvelant les pavés, il faut avoir soin de ne pas découvrir une trop grande section à la fois, sinon les rails s’élèveraient et iraient peut-être se projeter dans le second élage des maisons. » Voilà certes une pers- pective qui invite à la réflexion et à la prudence. L'un des molifs qui pourraient faire rejeter une transmission d'énergie à longue distance serait le ren- ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES dement dérisoire de l’installalion. Mais Ja perte en ligne diminue, toutes choses égales d’ailleurs, au fur et à mesure que la tension augmente, Par conséquent, … pour une distance donnée, il ÿ à un certain voltage qui permet de faire la transmission dans des conditions économiques acceptables. Lors de l'établissement des . premiers réseaux à haute tension, on ne dépassait pas 2 à 3.000 volts; puis quelques audacieux se sont aven- turés jusqu'à # ou 5.000. Et, l'expérience ayant réussi, on est allé jusqu’à 10.000. Nous citerons deux exemples d'emploi de cette dernière tension. Le premier nous est fourni par une communication de M. G.-H. Winslow, au 12° Congrès de The. American Institute of Electrical Engineers (Juin 1895). L'auteur à dirigé, vers la fin de 1892, la construction d’une usine hydraulique utilisant les chutes de la montagne San Antonio. Cette usine alimente deux sous-stations si- tuées l’une à Pomona, à une distance de 13 miles 3/4, et l’autre à San Bernardino (Californie), à une distance de 28 miles 3/4; 13 miles 3/# et 28 miles 3/4 valent respectivement de 22 à 25 kilomètres, et de 46 à 52 ki- lomètres selon le genre de miles dont il s’agit. Il n’exis- tait tout d’abord qu’un seul alternateur de 120 kilo- wats (160 chevaux). En Janvier 1894, on en a ajouté un second !, Ces alternateurs produisent J2 courant sous une tension de 1.100 volts environ, que des transfor- mateurs élèvent ensuite à 10.000. La méthode employée est originale et mérite d'être signalée. À chaque alter- nateur est relié un groupe de 20 transformateurs. Les primaires sont mis en quantité et reliés aux bornes de la génératrice. Les secondaires, dont les bornes respec- tives présentent une différence de potentiel de 560 volts, sont au contraire réunis en série, Aux sous-stalions, par une disposition analogue, on abaisse la tension à 1.000 volts. Une telle manière de procéder étail exces- sivement prudente et aurait permis, par un autre groupement des transformateurs, d'employer le long de la ligne une tension moins forte, si la pratique avait fait rejeter celle de 10.000 volts. American Machinist? nous cite un second exemple plus récent, mais aussi beaucoup plus important : celui de Sacramento (Californie). L’usine génératrice est à une distance de cette ville de 24 miles (38 à #4 kilo- mètres). Les turbines sont au nombre de 4, accouplées directement à des dynamos triphasées de 1.000 che- vaux chacune, Des transformateurs élèvent le voltage initial (dont la valeur ne nous est pas donnée) jusqu’à 10.000 volts, et c’est sous cette tension qu'est transmis le courant au moyen de càbles aériens. La perte en ligne est de 20 °/,, de sorte que la puissance utilisable représente environ 3.2: 0 chevaux. C’est, parail-il, beau- coup plus qu’il n’en faut. Aussi l'énergie électrique, qui se vend certainement à très bas prix, est-elle em- -ployée à tous les usages : éclairage, production de la force motrice, chauffage des appartements et des fourneaux de cuisine, etc. La mise en service de l'installation a eu lieu le 15 Juillet dernier avec plein succès. Nous souhaitons que le succès soit durable : des exemples heureux de transmission à si longue dis- tance et à si haut voltage ne peuvent qu'être favorables au développement de lélectricité. À. Gay, Ancien élève de l'Ecole Polytechnique. 1 Western Electrician, n° du 17 Août 1895. 2 No du 95 Juillet. 1° Sciences mathématiques. Poincaré (Henri), Membre de lInstitut, Professeur à | la Facullé des Sciences de Paris. — Les Oseillations i | ANALYSES ET INDEX è électriques. Lecons professées pendant le premier tri- mestre 1892-1893, rédigées par Ch. Maurin, Agrégé de l'Université, — 1 vol. in-8& de 350 p. avec fig. (Prix : 12fr.) G. Carré, 3, rue Racine, Paris, 1895, La science des oscillations électriques, née d'hier, est encore dans sa prime jeunesse : les contours s’en des- sinent vaguement, et l’œuvre expérimentale dans ce domaine est (rop peu avancée pour permettre que chaque problème qui s’y rattache soit l’objet d’une investigation mathématique rigoureuse. Nous n'y trouvons point, comme dans les sujets - exposés déjà par lillustre mathématicien, — les théories de l'élasticité et de la propagation de la cha- leur par exemple — un terrain solide, permettant d’échafauder avec sécurité des calculs dont le résultat sera l'expression exacte d'un phénomène. On défriche encore, cherchant en gros la voie que, plus lard, on rendra carrossable, Aussi les mathématiques, accompagnant l'exposé des expériences qu'elles expliquent et complètent, sont- elles rarement ici d’une rigueur qui eût été superflue, Souvent le problème est côtoyé par des moyens d’une - extrêmes mplicité, el l’on reste émerveillé de la facilité « avec laquelle on est conduit tout près de la solution, aussi près du moins que l'expérience le permet, tandis qu’en voulant s'approcher encore davantage, on cour- rait à d'inextricables et inutiles difficultés. L'ouvrage classique de Maxwell, d’où procèdent nos notions modernes de la science électrique, laisse l’es- prit un peu dans le vague. On y retrouve des vestiges des anciennes théories amalgamées aux idées dont le grand physicien de Cambridge fut le promoteur et Japôtre. Hertz entreprit d’abord d'en unilier l'idée. Sans s'attacher trop au texte, il admit que les théories de - Maxwell étaient caractérisées par les équations aux- quelles il arrive, et il chercha à les retrouver en par- - tant d’un point de vue unique. C’est aussi de là que part M. Poincaré, et, pour ceux qui ont été élevés dans - la terminologie ancienne, il en résulte un instant . d’embarras, L’électricite n'existe plus que comme résultat d’un calcul; la chose simple, c’est la force élec- trique qui permettrait d'épuiser le sujet sans que l’ex- pression analytique représentant ce que les anciennes théories nomment l'électricité y soit une seule fois posée. Les hypothèses de la nouvelle théorie, qui sont dis- cutées au début de l'ouvrage, sont d'abord : l’unité du champ électrique et du champ magnétique, la conser- vation de l'électricité et du magnétisme, la conserva- tion de l'énergie, les lois de Joule et d'Ohm, La première hypothèse consiste à admettre qu'un champ magnétique produit par un courant possédera toutes les propriétés d’un champ dû à un aimant, et de même pour un champ électrique; les deux espèces de champs sont alors entièrement définis par deux sys- tèmes de vecteurs, auxquels il suffira d'imposer les conditions prescrites par les autres lois. Ces principes, exposés dans les premiers chapitres du cours, sont rapportés à la notation de Hertz; mais, pour la facilité de la comparaison, les équations de Maxwell sont aussi indiquées. C’est alors seulement que l’on aborde l'étude des oscillations électriques par l'exposé de la théorie de Lord Kelvin, les expériences de Feddersen et de M. Moutonet enfin celles de Hertz. Dirons-nous comment l'importance de la découverte de l’étincelle excitatrice est rendue pour ainsi dire tan- COS PT A BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 983 BIBLIOGRAPHIE sible? « Pour faire oscillerun pendule, il faut l’écarter de sa position d'équilibre, et faire disparaître la cause qui le maintenait écarté de celte position. Mais il faut que celle cause disparaisse rapidement, en un temps petit par rapport à la durée d’une oscillation. Si, par exemple, ce temps était le quart de la durée d’une oscillation complète, le pendule serait justement revenu à sa position d'équilibre et n’oscillerait pas. » C’est pour cette cause que l’étincelle, d’une durée totale beaucoup moindre que celle d’une oscillalion, provoque celte dernière, ce qu'aucun dispositif méca- nique n’eùt permis de réaliser pour des oscillations dont la longueur d'onde fût inférieure à des centaines de kilomètres. Les premières expériences de Hertz per- mettaient déjà d'affirmer que la durée de l’étincelle excitatrice était inférieure à un milliardième de seconde. Les recherches récentes de M. Lebedef, qui a abaissé la longueur de l’onde électrique jusqu'à quelques milli- mètres, nous montrent que celte étincelle peut ne durer qu'un trillionième de seconde. Herlzétait loin, par conséquent, d’avoir épuisé Paction du merveilleux ins- trument qu'il avait découvert d'une facon toute fortuite. La première objection qui se présente à l'esprit à propos des expériences de Hertz, se rapporte à la capacité et à l'induction propre de la bobine reliée au primaire. M. Poincaré montre que celte cause pertur- batrice n'intervient pas; puis il indique les petits écarts que l’on trouvera en tenant compte de la capacité du fil et de la répartition cinématique de l'électricité sur les boules de l’excitateur. Toutes ces petites erreurs, négligées par Hertz, ne modifient pas sensiblement les résultats auxquels il est arrivé, comme on peut s’en rendre compte, en calculant, avec toute la rigueur que le problème comporte, ces corrections pour des dispo- sitifs donnés, celui de M. Blondlot en particulier. Le courant de déplacement autour du fil, qui se tra- duit par la radiation de l'énergie dans l’espace, et dont la théorie élémentaire ne tient aucun compte, pourrail introduire des erreurs plus considérables, Le calcul, comparé à l'expérience, montre que cette cause pertur- batrice peut être à peu près négligée, si l’on s'en tient à la durée de l'oscillation. Mais les courants de déplacement consomment l’éner- gie de l’oscillation, qui s'éteint rapidement. C’est, comme on sait, la cause de la résonance multiple, découverte par MM. Sarasin et de la Rive, et dont M. Poincaré a donné la première théorie exacte etcom- plète. L’amortissement, considérable dans le primaire, très faible dans le résonateur, suffit pour expliquer ce singulier renversement des rôles, le phénomène visible dépendant avant tout du récepteur. Cette idée de M. Poincaré a, du reste, été vérifiée par M. V. Bjerknes et M. Pérot, par une étude de l’amortissement dans les diverses parties de l'appareil, puis confirmée par lesexpériences de M.Nils Strindberg, qui, en modi- fiant convenablement l’excitateur et le résonateur, est parvenu à changer le rapport des amortissements, de ma- nière à obtenir une longueur d’onde apparente égale à celle de l’un ou l’autre des organes. La première partie du cours de M. Poincaré est consacré à l'étude de toutes les questions relatives aux appareils; la méthode con- siste à prendre l’un après l’autre les divers instruments employés par les expérimentateurs et à en calculer les effets. Le raisonnement s'appuie ainsi sur quelque chose de tangible, et l’on est toujours à même de comparer le résultat du calcul avec celui de l’expérience, Cette pre- mière partie se termine par la relation des expériences sur la vitesse de propagation des actions électrodyna- miques, et par quelques applications de la théorie, 984 Au chapitre VIT, nous quittons la propagation dans l'air pour aborder les mouvements dans les corps pos- sédant un pouvoir inducteur spécifique différent. C’est ici que l’on trouve pour la première fois la confirma- tion éclatante de l'idée de Maxwell, relative au pouvoir inducteur spécifique comparé au carré de l'indice de réfraction. Les dernières expériences ont réservé bien des surprises, en montrant que certains écarts trouvés en se servant d'ondes optiques disparaissaient comme par enchantement lorsqu'on avait recours aux ondula- tions électriques. Toutefois, il reste une fissure à com- bler en ce qui concerne quelques liquides dont l'indice de réfraction optique et électrique est d’un ordre de grandeur différent, Ce sont de ces-mystères d'aujourd'hui, sur lesquels l'avenir nous apportera sans doute quelques lumières. Déjà, depuis que M. Poincaré a terminé son cours à la Sorbonne, de nouvelles expériences ont éclairci plus d'un point resté obscur. Il en est tenu compte dans un chapitre additionnel éerit pendant l'impression de l'ouvrage. Le cours de M. Poincaré est, sans doute, trop près de l’époque où les oscillations électriques vinrent si à propos populariser l’œuvre de Maxwell, trop contempo- rain au développement de cette branche de la science électrique pour en être l'expression définitive. I] a bien plutôt servi de guide aux recherches, en coordonnant le travail déjà fait et en donnant la première vue d’en- semble sur des faits encore épars et, pour la plupart, insuffisamment discutés. C’est le livre d’une époque, auquel il faudra toujours recourir lorsqu'on voudra se rendre compte du développement de nos idées sur cette question des oscillations électriques. Ch.-Ed. GUILLAUME. 2° Sciences physiques. Fuchs (Gotthold). — Anleitung zur Molecularge- wichstsbestimmung nach der Beckmann'schen Gefrier-und Siede-punktsmethode (Guide pour la détermination du poids moléculaire par les méthodes cryoscopiques et ébullioscopiques de Beckmann).—1 vol. in-8° de 40 p.(Priæ : 1 fr. 50.) Engelnann. Leipzig, 1895. Cette petite brochure de 40 pages contient la des- cription détaillée du mode opératoire adopté au labo- ratoire de M. Beckmann pour effectuer les mesures cryoscopiques et ébulliscopiques. En principe, les ap- pareils employés par ce savant, surtout pour la cryos- copie, ne différent du dispositif de M. Raoult que par des détails de construction qui simplifient l'opération. De nombreux expérimentateurs ont modilié, chacun à son point de vue spécial, l’appareil classique de M. Raoult, sans que personne leur ait attribué pour cela le mérite de la découverte de la cryoscopie. Si l’auteur de ce petit opuscule-tenait à nous faire con- naître les procédés employés plus spécialement au la- boratoire de M. Beckmann, auquel on doit un très grand nombre d'observations fort bien faites, il nous semble qu'il eût été correct de laisser un peu moins dans l'ombre les noms des deux savants auxquels la science est redevable de ces ingénieuses méthodes : M. Raoult pour la découverte de la cryoscopie, M. Van’t Holf pour les développements mathématiques qu’elle comporte. Ces réserves faites, nous nous empressons de reconnaître que la brochure de M. Gotthold Fuchs contient tous les détails qui intéressent le prati- cien : description des appareils avec figures, méthodes de calcul, choix des dissolvants, anomalies, enfin des tables dans lesquelles on trouvera réunies les cons- tantes des principaux dissolvants, au nombre de 28 pour la cryoscopie et de 34 pour l’ébulliscopie; ces tables nous ont paru très complètes; nous n’y relevons qu'une seule omission, facile à réparer dans une nou- velle édition : l'oubli de la constante cryoscopique de l'acide sulfurique hydraté, un excellent dissolvant employé récemment avec succès par M. Lespiaud. Ph.-A. GUYE. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Garçon (Jules), Ingénieur-Chimiste, Licencié és sciences. — La Pratique du Teinturier. Tome I : Les Mé- thodes et les Essais de Teinture. Le Succès en Teinture. Tome II : Le Matériel de Teinture. 2 vol. in-8° de 150 p. et 400 p. avec 245 fig. (Prix es. 3 fr. E0 et 10 fr.) Gauthier- Villars, Paris, 1894-95. L'auteur de cet ouvrage, qui comprendra un troi- sième volume, est fort au courant de tout ce qui con- cerne non seulement la teinture, mais en général les fibres textiles.Sous le titre de : Bibliographie de la Tech nologie des fibres textiles : propriétés, blanchiment, tein- ture et matières colorantes, impression et appréts, il a publié, en 1893, un ouvrage couronné par la Société Industrielle de Mulhouse, répertoire aussi complet que possible de toutes les publications, périodiques ou autres, traitant de ces divers sujets. M. J. Garçon ne s’est pas contenté d’énumérer les titres des nombreux ouvrages qu'il a dù cataloguer. Il a lu les principaux d’entre eux : les deux volumes de la « Pratique du Tein- turier » sont le fruit et le résumé de ce labeur. Le premier volume, après quelques pages d’Intro- duction historique, entre directement dans le sujet par l'exposé des méthodes de teinlures, envisagées par rapport à la nature de la matière colorante et à celle de la fibre, Ces considérations générales mènent l’au- teur à passer en revue les opérations qui précèdent la teinture (dégraissage, blanchiment, mordancage, etc.), … celles qui constituent la teinture proprement dite, et enfin celles qui suivent Ja teinture (avivage, savon- nage, vaporisage, apprêts, elc.). Ün chapitre spécial est consacré à la solidité des couleurs teintes. Les anciens travaux de Chevreul sur la résistance que présentent les matières colorantes nalurelles à la lumière {dans le vide, en présence d’air sec ou humide, ou dans une atmosphère d'hydro- gène), et sur laction de la chaleur et des agents atmosphériques, y sont analysés. Puis viennent les travaux récents de Hummel, qui à parfaitement défini la solidité des couleurs, en la. considérant comme fonction du rôle que doit remplir à l’usage l’objet teint, et qui, le premier, à méthodi- quement éludié la résistance des couleurs artificielles, si nombreuses aujourd'hui, à divers agents (lumière, frottement, foulonnage, chlorage, acides, etc.). La série des expériences de M. Frusher sur la résistance des couleurs fixées sur laine est également mentionnée. L'auteur donne en appendice, à la fin du volume, un résumé de la théorie de la teinture. Les dernières dis- cussions, entre les partisans de la théorie chimique et ceux de la théorie mécanique, y sont exposées, avec les arguments expérimentaux produits de part et d'autre. Les relations entre la couleur des corps et leur cons- titution chimique, telles que M. 0. N. Wittles a éta- blies le premier, sont aussi indiquées. Cet intéressant volume se termine par des éléments de chromatique, résumé des travaux de Chevreul, de Rood, de Rosenstiehl, etc., sur « la science de la cou- leur ». Toute cette partie théorique, fort attachante, ne paraitra pas déplacée, bien que le livre s'adresse sur- tout aux praticiens. Le second volume est consacré tout entier à l'étude du « Matériel de teinture ». Il renferme deux cent qua- rante-cinq dessins ou croquis des machines et des dis- positifs les plus importants. Il ne saurait être résumé que par l'indication, empruntée à la table systéma- | tique des matières, des sujets traités par l’auteur. En voici l'énumération : Epuration des eaux dans les tein- tureries. — Du chauffage et de la production de la vapeur. — De la circulation des liquides. — De l'extraction des bois de teinture. — Dégraissage, blanchiment, mordan- çage. — Teinture des poils, rubans, bobines, cannettes, chaines, écheveaur, tissus, — Du lavage, de l'essorage, du séchage. — Opéralions diverses. : Le volume à paraitre sera consacré aux «Recettes et procédés spéciaux de teinture ». Nul doute qu'il ne soit à la hauteur des précédents et ne complète digne- ment la série. Maurice PRüuD'HOMME. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 985 = 8° Sciences naturelles. othelier (A.). — Recherches anatomiques sur les épines et les aiguillons des plantes. Influence de l’état hygrométrique et de l'éclairement sur les tiges et les feuilles des plantes à piquants. - Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris. — Brochure in-S° de 147 pages avec 8 planches. Lille, imprimerie Le Bigot frères, 1895. Voici un sujet d'anatomie physiologique à l’ordre du jour. On sait que beaucoup de plantes transforment en épines leurs rameaux, leurs feuilles et parfois leurs racines. Au moment où il est à la mode d'attribuer la moindre particularité morphologique à une adaptation plus ou moins hypothétique, une étude comme celle- ci doit attirer l'attention. Pour se préparer à faire une étude critique de la question, M. Lothelier s'est pro- posé de déterminer par quels moyens les rameaux trans'ormés en piquants acquièrent les caractères de résistance qui les distinguent des rameaux normaux ef . quels sont les lissus qui concourent à leur donner leur rigidité particulière ; c’est évidemment par là qu'il | - faui commencer. L'auteur examine successivement les rameaux et les feuilles transformés en piquants, les . aiguillons d’origine corticale ou épidermique dépour- vus de faisceaux libéroligneux, et quelques organes de - même nature dont l’origine est douteuse. Lorsque des rameaux se transforment en épines (Ajone, Colletia, Citrus triptera, Aubépine), la lignifiga- tion porte surtout sur le cylindre central; les tissus conducteur et assimilateur se réduisent; au contraire, - les fibres du bois, lescellules de la moelle et des rayons médullaires se sclérifient et forment un tissu de sou- . tien très puissant. Les feuilles passent fréquemment à l’étatde piquants, - partiellement où en totalité (Cirsium, Berberis, elc.); - elles présentent alors les mêmes transformations que … les rameaux-épines ; fait remarquable, la symétrie bila- É. térale y est souvent altérée et les stipules épineuses de | - beaucoup d'Acacias ont une symélrie axile semblable à celle du rameau. Voici encore un cas où les préten- dues lois morphologiques sont en délaut,. Les aiguillons du Càprier, des Rosiers, des Ronces, de certains Groseilliers, les piquants des Cactus sont produits par l’épiderme et les assises corticales ; elles font hernie au dehors; les couches les plus externes - de l'écorce sont sclériliées et donnent à.ces organes leur rigidité. Suivant M. Lothelier, les piquants qui - hérissent le fruit du Châtaignier, du Datwra stramo- nium, du Ricin, elc., représenteraient des dents de feuilles. Nous souhaiterions que cette étude anatomique por- tt sur un plus grand nombre de types appartenant aux | régions les plus sèches; les plantes désertiques pré- sentent, à cet égard, des variations si nombreuses que cette première partie du travail de M. Lothelier ne peut êlre considérée que comme une ébauche ; il s’est lui aussi, plié aux exigences du milieu et n'a pu étudier que les espèces susceptibles de croître sous des cli- mats tempérés ; il n'importe! nous avons là un point de départ utile. Partant de la connaissance de la structure anato- mique, l’auteur se demande quelles sont les causes qui agissent dans la production de ces variations. Est-ce la nature du sol, l'état hygrométrique de l’air ou la lu- _ mière? Laissant de côté l’action du sol, il s’est proposé de rechercher quelle est l'action de l'état hygromé- trique et de l’éclairement sur les tiges et les feuilles des plantes à piquants. Des expériences sur de pareils sujets peuvent être difficilement des expériences de laboratoire. Il est naturel que des plantes désertiques se prêlent assez mal à une vie prolongée sous cloche ; en outre, l'atmosphère brumeuse du bassin de Paris est peu favorable à l'étude de l’action d’un éclairement intense sur la vie végétale. Toutefois l'essai est louable et encouragera sans doute ceux qui se trouvent dans des conditions meilleures à reprendre cette étude avec | : plus de chances d'arriver à des résultats probants. En attendant, les indications que fournit M. Lothelier ne sont pas inutiles. IL est évident que, si des plantes aussi peu désertiques que quelques-unes de celles dont il est question dans ce mémoire, ont varié toujours dans le même sens, ce résultat deviendra bien plus frappant lorsqu'on expérimentera sur des espèces franchement xérophiles et dans des conditions expérimentales con- venables pour une étude de cette sorte. Nous savons dès maintenant que les piquants d’ori- gine foliaire ou caulinaire ont une tendance à reprendre le type normal, dans air saturé d'humidité; lorsqu'ils proviennent d'organes qui ne sont pas indispensables à la vie de la plante, ils tendent à disparaître par voie de régression. L'appareil tégumentaire, les tissus de soutien, de protectionet d’assimilation sont moins dif- férenciés dans une plante cullivée dans l’air humide que dans la même plante cultivée dans l'air normal. Les différences entre les plantes cultivées au soleil et à la lumière diffuse se manifesteraient dans le même sens;la plante est moins différenciée à ombre qu'au soleil; la réduction porterait spécialement sur les organes ter- minés en pointe. En somme, dans les conditions expé- rimentales où s’est placé M. Lothelier, tout démontre que les plantes ont été affaiblies. La diminution des üssus sclérifiés, du tissu en palissade, la formation tardive du liège, ne sont-elles pas la conséquence d'une assimilation diminuée par l'abri opaque « ouvert sur la face nord » destiné, dans la pensée de l’auteur, à pré- server la plante de la lumière directe du soleil ? C. FLAkAULT. Van Gehuchten (A), Professeur d'Anatomic à l'Université de Louvain. — De l'origine du Pathétique et de la racine supérieure du Trijumeau. — Bruxelles, F. Hayez, 1895. Dans un article sur l’Origine du quatrième nerf céré- bral et sur un point d'histophysiologie générale qui se rat- tache à cette question !, l’illustre anatomiste de Pavie, C. Golgi, dont le procédé de coloration noire a élé le point de départ de la transformation de l’histologie du système nerveux, signalait une espèce de cellules ner- veuses centrales, g'obuleuses, à contours nets, de 60 à 80 y, différant complètement, disait-il, du type général des cellules nerveuses centrales, car les prolongements protoplasmiques faisaient complètement défaut. Avec Deiters, Golgi rapprochait naturellement ces cellules unipolaires de celles des ganglions cérébro-Spinaux en général (ganglions intervertébraux, ganglion de Gasser, elc.). Quant à la question de savoir si l’unique prolongement de ces cellules, prolongement nerveux, à revêtement myélinique, se comportait d'une manière identique à celui des cellules de ces ganglions périphé- riques, s’il présentait, par conséquent, la division en deux rameaux à direction opposée, Golgi ne pouvait encore se prononcer à ce sujet. Les prolongements nerveux, uniques, de ces cellules unipolaires centrales, appartenant surtout à la substance grise centrale des éminences bigéminées, deviendraient les fibres radi- culaires du nerf pathétique et sortiraient du tronc cé- rébral après entre-croisement dans la valvule de Vieus- sens. Pour Kolliker, au contraire (Handbuch der Gewebe- lehre des Menschen, 1893),ces cellules vésiculeuses sont de véritables cellules multipolaires : en outre,elles repré- sentent pour lui les cellules d’origine des fibres de la racine supérieure du trijumeau, racine motrice, comme en témoignent | « épaisseur de ces fibres » et « la grosseur de leurs cellules d'origine ». - Quelle importance spéciale Golgi attachait:l à sa découverte? Les critiques très vives qu'il dirige cette fois encore contre la théorie de Ramon y Cajal et de van Gehuchten touchant la valeur fonctionnelle des prolongements protoplasmiques, vontnous l’apprendre. Îl croit avoir enfin trouvé, dans l’existernce de ces cel- 1 Archives ilaliennes de Biologie, XIX, 1893, p. 453 et suiv. 986 lules vésiculeuses dénuées de dendrites, un fait qui doit ruiner la doctrine de la conductibilité nerveuse cellulipète des prolongements protoplasmiques, appa- reils de réception des courants nerveux, dans la nou- velle école, alors qu'il continue à considérer ces pro- longements comme en rapport avec les fonctions tro- phiques dela cellule nerveuse. En effet, si, conformément au principe de la polarisation dynamique des éléments uerveux, la direction du courant, pour toutes les caté- sories de cellules nerveuses, ne va plus du prolonge- ment cylindraxile à la cellule, mais du prolongement protoplasmique à la cellule, ce n’est rien de moins qu'une « révolution », dit expressément Golgi, dans la manière de considérer la signification des différentes parties du neurone. Or, si les appareils de réception, indispensables pour la théorie, font défaut ici, puisque voici des cellules centrales sans prolongements proto- plasmiques, comment s'accomplira, à travers les neu- rones, le cycle des courants nerveux cellulipètes et cel- lulifuges? « Je ne peux me dispenser de faire observer, écrit Golgi, que les cellules nerveuses spéciales dont ne pale caractéristique consiste dans l'absence des pro- longements protoplasmiques, représentent, par rapport à la théorie de la polarisation dynamique, un véritable point d'interrogation. » Le grand nom de Camille Golgi imposait aux histo- logistes dissidents un examen approfondi du fait au- quel le savant Italien attachait une si haute importance. M. van Gehuchten, poursuivant ses recherches sur l’organisation interne du système nerveux de la truite au moyen de la méthode de Golgi, a obtenu, impré- unées par le sel d'argent, dans un cerlain nombre de préparations, des cellules d’origine et des fibres radi- culaires du nerf pathétique, ainsi que les éléments constitutifs de la racine supérieure el de la racine in- férieure du nerf trijumeau. Les cellules nerveuses du noyau d'origine du nerf pathétique sont bien des cel- lules unipolaires, à prolongement nerveux unique. Quant aux cellules globuleuses voisines de la racine supérieure du trijumeau, racine motrice (Kôl- liker), elles sont unipolaires ou bipolaires (chez la truite). Des deux cellules de cette espèce représentées dans des figures de van Gehuchten, l’une, unipolaire, est pourvue d’un prolongement unique très épais, d’où sortent, à une petite distance du corps cellulaire, quelques courts prolongements protoplasmiques ascen- dants ; Vautre, bipolaire, outre son prolongement des- cendant cylindraxile, possède un prolongement ascen- dant de natwre protoplasmique. Après avoir émis un cerlain nombre de collatérales, les prolongements cylindraxiles de ces deux cellules nerveuses pénètrent dans la racine périphérique du nerf de la cinquième paire. Voici la conclusion du mémoire de van Gehuchten : « Ces cellules sont pourvues de prolongements proto- « plasmiques el d’un prolongement cylindraxile. « L'existence de proiongements protoplasmiques à ces « cellules vésiculaires mérite d'être relevée d’une fa- « con spéciale, Elle enlève toute valeur à l'objection for- « mulée par Golgi contre la théorie de la polarisation dyna- «mique des éléments nerveux, D'ailleurs, l'existence, dans «le système nerveux central, de cellules uniquement « pourvues d’un prolongement cylindraxile, ne dimi- «nuerail en rien la valeur de la doctrine que nous « avons émise avec Ramon y Cajal, vu que l’appareil « de réception d’un élément nerveux est constitué à la « fois el par le corps cellulaire et par les prolonge- «ments protoplasmiques ». Jules Soury. Magnin (l' A.), Professeur à la Faculté des Sciences de Besançon, — Florule adventive des saules tétards de la région lyonnaise, — 1 brochure in-8° de 48 pages avec 5 planches en phototypie, H. Georg, li- braire-éditeur, Lyon, 1895. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX j'ai reproduit plus haut une figure et dont la prinei- 4° Sciences médicales. Mesnet (D'E.). — Le Somnambulisme provoqué et. la Fascination (Etude médico-légale). — 1 vol. in-S° de xxiv-267 pages. (Prix : 5 francs.) Ruceff et Cie,« éditeurs. Paris, 1894. ; Tardieu, dans son étude médico-légale sur les attentats aux-mœurs, posait la question suivante : Une femme peut-elle être déflorée ou violée sans le savoir? C’est à la résoudre que s'attache M. le D' Mesnet. Tardieu admettait, cela va sans dire, qu’une femme en. état de léthargie ou d'ivresse ou bien endormie d'un sommeil toxique, sous l'influence de lopium, de l’éther, du chloroforme, ete., pouvait subir à son insu toutes les violences sexuelles: il admettait aussi qu'il. en est de même pour les idioles et pour certaines imbéciles, chez lesquelles du moins le souvenir de. acte dont elles ont été victimes ne subsiste pas, si elles en ont eu, au moment où il s’accomplissait, une obscure conscience. Mais la question qui demeurait pour lui ouverte, c'était de savoir si pendant le som-, meil hypnotique la perte de la conscience pouvait être assez complète pour qu'un viol fût pratiqué sur la per- sonne endormie saus qu'elle en sût rien et si, pendant un accès de somnambulisme naturel où provoqué, la volonté normale pouvait être abolie à tel point que le sujet fût hors d'état d’opposer la moindre résistance à celui qui voulait lui faire violence; il était amené à se demander enfin si, en ce cas, tout souvenir de ce qui se serail passé disparaîtrait de la mémoire normale de la victime. À ces questions, aucune réponse bien nette ne pouvait alors être faite et, en France surtout, la connaissance très incomplète que l’on avail encore de tout ce qui touchait à l'hypnotisme commandait de se tenir sur une très prudente réserve. M. Mesuet estime que les choses ont changé et qu'il est maintenant possible de démontrer que tout souvenir d’un viol, accompli sur une femme hypnotisée, peut et “doit s'ef- facer entièrement de son esprit dès qu'elle s’est éveillée. Il apporte à l'appui de sa thèse des preuves de diverse nature. Tout d’abord il insiste sur ce fait du dédoublement ou de la scission de la mémoire, qui est le résultat caractéristique et constant des pratiques hypnoliques; il montre que cette double vie, ces deux séries d’élats de conscience qui s’entre-croisent sans cesse sans se mêler jamais,se retrouvent dans le som- nambulisme naturel comme dans le somnambulisme provoqué, et que cette abolilion à l’état normal (en condition première) du souvenir de tout ce qui s’est passé pendant le sommeil (condition seconde), cette reviviscence, au contraire, des images et des événe- ments qui ont occupé l’esprit en condition seconde à chaque phase nouvelle du sommeil constituent l’essen- liel des phénomènes hypnotiques. C’est sur cet état particulier de la mémoire, bien plus que sur les anes- thésies diverses ou Paptitude à recevoir des sugges- tions, que doivent surtout porter les recherches lors- qu'on veut, en médecine légale, établir que Pacte dont un sujet à pu être la victime a dù être accompli pen- dant qu'il était en un accès de somnambulisme. M. Mesnetl signale enfin les différences qui séparent à ce point de vue le malade atteint de somnambulisme de l’hypnotisé. Chez le premier, il y a un rétrécisse- ment spontané du champ de la conscience pendant les accès et une double vie mentale, mais il reste en: core en une certaine mesure en communication avec le monde extérieur; l'hypnotisé, au contraire, quil ait les yeux fermés ou soit en élat de fascination, ne sait et ne percoit rien de ce qui l'entoure que par l’in- termédiaire de son hypnotiseur; il n’a donc que les M souvenirs qu'il plaît à celui qui l’a endormi, L’hypno- tiseur peut, du reste, les abolir tous par suggestion et faire que soit effacée et détruite en lui cette heure de sa vie. Après avoir donné quelques exemples de ces troubles de la mémoire et de la volonté, puisés dans sa propre expérience clinique, M. Mesnet expose alors en grand délail le cas d’un hystérique du nom de hs diam … ia had fiat tte à tons Didier qu'il avait eu longtemps dans son service et - qui fut traduit en police correctionnelle sous l'incul- - pation d’outrage à la morale publique; il présentait de la manière la plus nette cette scission des souve- C4 P - nirs, caractéristique du somnambulisme, et, condamné en première instance, il fut acquitté en appel sur un rapport médico-légal de M. Motet. On admit que, s’il avait commis les actes incriminés (ce qui était au reste, d’après l’ensemble des faits de la cause, fort dou- teux), il les avait commis pendant un accès de som- nambulisme et qu'il ne pouvait en conséquence en êlre à son état normal tenu pour responsable. Les conclusions qu’on peut dégager de cette première partie du travail de M. Mesnet sont les suivantes : 19 tout hypnotisable est sinon un malade, du moins un prédisposé aux affections névropathiques, chez lequel existe déjà un certain degré de déséquilibration cérébrale iles opinions de M. Mesnet sur ce point se rapprochent bien davantage de celles de l’école de la Salpêtrière que de celles de l’école de Nancy et de la plupart des neurologistes et psychologues anglais et allemands); 2° le somnambulisme, naturel ou provo- qué, est essentiellement caractérisé par une altération de la mémoire; 3° cette altération de la mémoire est de telle nature que tout souvenir des acles accomplis pendant la condition seconde est aboli à l’état normal; 4° cette scission des souvenirs, constante à la suite du sommeil hypnotique, permet de répondre affirmati- vement à la question que s'était posée Tardieu. | M. Mesnet, serrant alors de plus près encore le sujet spécial qu'il s’est donné pour tâche de traiter dans ce mémoire, rapporte un certain nombre de faits qui tendent à établir que, pendant le sommeil hypno- tique, les organes génitaux d’une femme peuvent se trouver dans un état d’anesthésie tel qu’il permette d’abuser d'elle sans qu’elle en ait conscience. M. Mesnet à pu ainsi pratiquer l’examen au speculum d’une malade atteinte de métrite du col sans qu’elle ait senti l'introduction de l'instrument, et cela malgré que cette malade eût la résolution bien arrêtée de ne pas se laisser examiner. Au réveil, tout souvenir de ce qui s'était passé avait disparu. Il en fut de même avec deux autres jeunes femmes, qui semblèrent même n'avoir aucune conscience de l’examen auxquelles elles étaient soumises et qui se déshabillèrent et se rhabillèrent automatiquement et sans que visiblement leur intelligence réfléchie eût à intervenir. L’insensi- bilité des organes sexuels peut devenir assez complète sous l'influence des pratiques hypnotiques pour per- mettre à une femme d’accoucher sans accuser de dou- - leurs vives : M. Mesnet rapporte une observation d’a- nalgésie hypnotique de ce type. Il cite également une observation de eystocèle vaginale opérée à l'insu de la malade pendant le sommeil provoqué. Dans les deux cas, Ja scission des souvenirs a été observée. Ces faits rendent donc très aisé à admettre qu'une jeune fille, dont M.Mesnet raconte tout au long l’histoire clinique, ait pu être violée, presque sans le savoir, durant une crise de sommeil hypnotique et soit devenue enceinte sans parvenir à se rendre compte comment elle avait pu le devenir. Il y avait abolition complète du souvenir de ce qui s'était passé, tandis qu'elle était endormie, ét ce ne fut qu’en l'endormant de nouveau qu’on put faire revivre en elle la mémoire de tout ce morceau de sa vie, effacé de sa conscience: elle raconta alors avec précision la violence dont elle avait été victime. M. Mesnet cherche: à montrer ensuite que le sujet hypnotisé ne peut pas ne pas obéir à son hypnotiseur; il y a bien des velléités de résistances, certains actes ne sont accomplis qu'à regret, à contre-cœur, après une sorte de lutte de la volonté du sujet contre celle de l’hypnotiseur; mais, en fin de compte, le sujet finit toujours par céder, il ne peut pas ne pas céder, il ne S’appartient pas à lui-même. M. Mesnet, d'accord en cela avec M. Durand (de Gros), ne croit pas à la dis- tinction des crimes de laboratoire et des crimes réels, et il juge l’hypnotisé encore plus incapable de se BIBLIOGRAPAIE — ANALYSES ET INDEX 987 refuser à subir un acte qu'à en accomplir un. « La volonté de l’hypnotisé est plus apparente que réelle; c’est une volonté fruste, qui peut résister au premier assaut, mais qui est incapable de se maintenir en face d’un expérimentateur qui sait vouloir et commander. » M. Mesnet,après avoir ainsi prouvé ou tenté de prouver le bien-fondé de la thèse dont la démonstration cons- tituait l’objet principal de son livre, consacre un cha- pitre à établir l'identité psycho-physiologique de la fascination (somnambulisme les yeux ouverts) avec le somnambulisme ordinaire. Il étudie le rapport spécial qui unit le fasciné au fascinateur par l'intermédiaire duquel seul il est en communication avec ce qui l’en- toure; il ne voit, ne sent que les objets et les gens que touche l'opérateur, il n'entend que la voix de ceux qui sont en contact avec lui. De ces faits qu'il étudie som- mairement, M. Mesnet ne tente au reste nulle expli- cation. Le chapitre se termine par l'observation d’un chef de gare qui se laissa écraser par une machine dont les cuivres éclatants l'avaient fasciné. Le livre se termine par un chapitre consacré plus spécialement à l'étude médico-légale du sujet. Repre- nant dans leur ensemble les faits analysés, les grou- pant, M. Mesnet arrive à la conclusion qu’il faut ré- pondre très nettement par l’affirmative à la question posée par Tardieu : une femme peul être violée dans le somnambulisme provoqué sans être en état d'op- poser de résistance efficace, et elle ne gardera d'ordi- naire nul souvenir de l'attentat dont elle aura été victime. Le médecin, pour s'assurer de la véracité des dires de la femme qui se dit la victime d’un viol, accompli en ces conditions, devra spécialement exa- miner l’état de sa mémoire dans les deux conditions mentales différentes où elle se peut trouver, sans né- gliger, bien entendu, d'étudier avec soin les anesthésies diverses qu’elle peut présenter, sa suggestibilité, le degré d'énergie de sa volonté, etc. Le livre de M. Mesnet n'apporte rien de très nou- veau et qui ne fût déjà en partie connu; mais il met très clairement en lumière l’importance, au point de vue médico-légal, de ces altérations de la mémoire où l’auteur à cru avec raison devoir particulièrement insister, et il renferme quelques observations dont la précision et lampleur ne laissent rien à désirer. M. Mesnet semble avoir raison lorsqu'il soutient que la volonté de l'hypnotisé est abolie, et que l'hypnotisé est comme un instrument docile aux mains de son hypno- tiseur, Ce n’est pas une règle sans exception, et il est bon nombre d’hypnotisés, hypnotisés incomplets, qui n’obéissent que dans la mesure où ils y consen- tent, mais il en est ainsi souvent, el il est certain, contrairement à l’opinion de M. Gilles de la Tourette, que des violences peuvent être exercées sur une femme endormie, sans qu’elle soit capable de « vouloir » même se défendre, et cela malgré l'horreur que l'acte dont elle est victime lui inspire. M. Mesnet aura rendu service en prêtant à une thèse exacte l’appui de son nom, que font considérable sa longue expérience cli- nique et ses belles recherches sur les troubles de la mémoire et de la personnalité. $ L. MARILLIER. 5° Sciences diverses. La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des Sciences, des Lettres et des Arts, paraissant par livrai- sons de 48 pages grand in-8° colombier, avec nombreuses figures intercalées dans le texte et planches en cou- leurs. 535° livraison. (Prix de chaque livraison, 1 fr.) H. Ladmirault et Cie, 61, rue de Rennes. Nous trouvons dans la 536° livraison une intéressante monographie du département du Loir-et-Cher par M. A.-M. Berthelot, puis une importante description topographique et historique de la ville de Londres, avec un plan au 1/90.000° et de belles illustrations. Nous signalerons également un article sur l’anatomie de la région lombaire dù à M. Ch. Debierre. 988 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 7 Octobre 1895. M. le Secrétaire perpétuel donne communication de télégrammes de condoléances, adressés à l’occasion de la mort de M. Pasteur. {° SCIENCES MATHÉMATHIQUES. — M, Paul Staeckel. à propos d’une classe de problèmes de dynamique, dont les équations différentielles s'intègrent par des quadratures d’après une note antérieure, donne la vé- ritable généralisation qui permet d’uliliser tout pro- grès dans l'intégration des équations de Hamilton, pour trouver des {ypes nouveaux d'équations inté- grables ou, en d’autres termes, pour former de nou- veaux élémenis linéaires dont on peut déterminer les lignes géodésiques. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Janssen donne le récit d’une ascension au sommet du Mont-Blanc et résume les travaux exécutés, pendant J’été de 1895, dans le massif de cette montagne. L'observation du disque so- laire, effectuée au sommet du mont, par une tempéra- ture de 0°, avec un point de rosée abaissé à — 180, montra le spectre absolument dépouillé de ses raies d’origine aqueuse ; tout le #roupe D était absent ainsi que celui de C; « était si pâle qu'on avait peine à déci- der s’il était à sa place. — M.Chrétienadresse une note relative à l'emploi de lentilles à liquides, pour les ins- truments d'optique. — M. Resal communique un extrait d'un mémoire adressé à M. le Ministre de la Guerre par la Direction de l’Artillerie de Besancon sur l'orage du 1** juillet 4895. Le mémoire semble établir que la concentration de l'orage est due à un tourbillon résultant de la rencontre de courants dans les deux branches de la vallée du Doubs qui viennent se rac- corder par une courbe d’un faible rayon, — M. Del- valez établit que, lorsqu'on fait passer un courant dans un liquide contenant une électrode parasite, les pro- duits de l’électrolyse apparaissent sur celles-ci et y forment des figures électrochimiques satisfaisant aux lois suivantes : 1° la forme des lignes isochromatiques dépend de la forme du conducteur parasite et de sa position par rapport aux électrodes; 2° une lame de cuivre ou de plomb présente les mêmes dépôts métal- liques qu'une lame de laiton identique, mais la deuxième moitié ne se colore pas; 3° la nature du dé- pôt varie avec l'intensité du courant; 4 si lon fait va- rier la longueur des lames parasites, on constate des effets analogues à ceux produits par la varietion de l'intensité du courant, — M. Georges Charpy a étu- dié les propriélés mécaniques des alliages de cuivre et de zinc : 4° pour les métaux bruts de coulée, la résis- tance dépend, de la température de coulée et de la vitesse de refroidissement; 2 l'échelle des tempéra- tures de recuit peut être partagée en quatre zones d'étendues variables pour les différents alliages. La première zone, à partir des basses températures, com- prend les températures pour lesquelles on n’a pas de recuit sensible : c'est la zone de non recuit; dans la deuxième, la grandeur de la modification des pro- priétés mécaniques, produite par le recuit, varie d’une facon continue avec la température ; la troisième zone est caractérisée par un recuit constant; enfin, aux températures très élevées voisines du point de fusion, on produit souvent une détérioration du métal dont la ré- sistance diminue en même temps que l'allongement. — M. Henri Moissan à repris l'étude de quelques météorites métalliques où holosidères, pour recher- cher si toutes contenaient du carbone et sous quelle forme elles renfermaient ce métalloïde. Dans quelques ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES météorites, il n'y à pas de carbone; dans d’autres, on. rencontre soit du carbone amorphe, soit un mélange. de cette variété et de graphite; enfin, dans une seule météorite jusqu'ici, celle de Canon-Diablo, l’auteur a trouvé réunies les trois variétés de carbone : diamant noir el transparent, graphite et carbone amorphe. — M. R. L. Devaux adresse une note relative àun moyen d'annuler l'inflammabilité du grisou, par le mélange avec l'acide carbonique. — M. P. Lebeau a préparé, à la haute température du four électrique, le carbure de glucinium pur et cristallisé. Les propriétés de ce car- bure, et plus particulièrement l’action de l’eau, qui le décompose à froid avec dégagement de méthane, le rapprochent tellement du carbure d'aluminium C#Al, que l’auteur à été amené à lui attribuer la formule C3GIE, Dans ces conditions, la glucine devient un ses- quioxyde G0#. — M. Raoul Varet a examiné les iodo- cyanures au point de vue thermochimique; il déduit de cette étude la constitution de ces sels doubles et la vé- rifie par des méthodes purement chimiques fondées sur la formation des isopurpurates et sur laction des réactifs colorés. — Le même auteur a constaté que les florures, les chlorures, les sulfates, les azotates, les carbonates, les acétates, les picrates des métaux alca- lins et alcalino-terreux ne font pas la double décom- position avec le cyanure de mercure; avec les iodures et les sulfures, il y a décomposition. — M. V. Mar- tinand, après avoir montré que l’action de l'air sur le moût de raisin provoque l'oxydation de la matière colorante, la rend insoluble et développe des parfums particuliers, établit que ces réactions sont dues à l'existence d’un ferment soluble ou diastase, analogue à la laccase de M. Bertrand. Ce ferment per- met de réaliser promptement la décoloration du moût, ladisparition du gout foxédes raisins américains el le vieillissement anticipé des vins. — M. C. Faure adresse une note relative à l'emploi du cyanale de cal- cium en agricullure. C. MATIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. R. Lépine étudie l'hy- perglycémie et la glycosurie comparées, consécutives à l’ablation du pancréas. L'hyperglycémie n’atteint souvent son maximum quevers la trentième heure. — M. R. Kœhler, dans une note préliminaire, montre qu'avec un matériel peu coûteux et peu compliqué, ila pu effectuer des dragages profonds, à bord du Caudan, dans le golfe de Gascogne pendant le mois d'août 1895, et rapporter des collections et des documents considé- rables, — M. Jourdain signale les effets de l'hiver de 1894-1895 sur la faune des côteset en particulier sur le crustacé comestible Maia squinado qui, au prin- temps, était d'une rareté extrême. J. MARTIN. Séance du 14 Octoùre 1895. M. le Secrétaire perpétuel donne lecture d’une lettre annonçant que, à l’occasion du Centenaire de l'Institut, une cérémonie religieuse, en mémoire des membres décédés, sera célébrée le 23 octobre, dans l’église Saint- Germain-des-Prés., — M. le Président annonce la perte faite par Académie dans la personne de M, le baron Larrey. — M. Emile Blanchard ajoute quelques mots sur la carrière de ce chirurgien, — M. le Secrétaire perpétuel donne communication de nouvelles dépêches de condoléances, adressées à l'Académie à l’occasion de la mort de M. Pasteur. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Aug. Fabre adresse un mémoire intitulé : « Intégration de l'équation aux dérivées partielles du premier ordre, à une fonction æ et à n variables indépendantes, — M. J. Janssen pre: 4 | «tt éd ente, au nom du Bureau des Longitudes, le volume de la Connaissance des temps pour 1898. Ce volume con- ent, pour Maïs, une fable donnant les éléments qui ermettent de calculer la position de ses satellites à un moment donné. Les lables de Jupiter sont enrichies de nouveaux diagrammes, indiquant l'entrée des sa- tellites dans l'ombre de la planète; enfin l'éclat des étoiles, supérieures à la première grandeur, se trouve indiqué en prenant pour unité celui d’Aldebaran. — M. Fizeau fait remarquer que les nombres des princi- pales étoiles évaluées aujourd'hui concorde avec le nombre indiqué par certains textes anciens relatifs à Véclat des principales étoiles du temps du patriarche Jacob et de Joseph. — M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la correspon- dance, une brochure de M. $S. Kantor intitulée : heorie der endlichen Gruppen von eindeutigen Trans- formationen in der Ebene, — M. H. von Koch indique ‘succinctement quelques résultats relatifs aux équations Gi Ja forme :- Le 2 D Pose d?: as + 2bxy >= dz d= ray PTE +2 +-qy 7 +os— 0, où + est une fonction de æ et de y assujettie à la “seule condition d'être développable dans un domaine donné, selon les puissancss positives et négatives de æ et de y. En particulier, il est possible de trouver une intégrale de cette équation de la forme : 1 eu (eu) « 8 æ 7 G a 2 Y Lis) # À a,f où p et y sont deux constantes arbitraires liées par une seule équation D (e,u) — 0 et la série étant conver- gente dans le même domaine que &. — M. A. Thybaut étudie les propriétés des surfaces dont les lignes de - courbure forment un réseau à invariants ftangentiels — égaux et établit plusieurs théorèmes les concernant. | 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Jules Andrade donne —…. la description d'un appareil qui lui permet de mettre — en évidence et même d'amplifier la composante hori- — zontale de la rotation de la Terre, Les expériences re- … posent sur la chute d’un mélange d’eauet de glycérine, mais une chute dissymétrique à l'égard de la verticale autour de laquelle l'appareil doit tourner. — M. Aug. Coret donne le détail d'expériences faites avec un ap- pareil hydraulique dans le but de fournir une dé- — monstration expérimentale du mouvement de rotation de la Terre; il donne,en outre, la description de l’avant- projet d’une fontaine monumentale qui, tout en partici- pant au mouvement général autour de l’axe terrestre, se fixerait par rapport à l’espace ettournerait sur elle- mème en sens inverse du mouvemt de rotation de la Terre. — M. Fizeau présente, au nom du P. Colin, une photographie de l'Observatoire de Tananarive. —M. G. Quesneville élablitqu'il y a une distinction fondamen- tale entre les cristaux biréfringents qui acquièrent, comme le spath d'Islande, la réfraction elliptique dans un champ magnétique et le quartz dans le voisinage de l'axe. La théorie d’Airy ne convient pas aux premiers cristaux ; les conséquences auxquelles elle conduit sont en désaccord avec les faits. — M. Th. Schlæsing fils donue la description d'un dispositif permettant de sé- parer facilement l’argon de l’azote et de l'oxygène avec lesquels il est mélangé ; l'absorption se fait parle cuivre et le magnésium. Ce dispositif évite d’opérer sur de grandes quantités d’air, et permet d'isoler complète- ment l’argon contenu dans 1 litre 5 d'air. D'une facon générale, la disposilion présentée par l’auteur permet- 2 tra de doser avec précision l’argon contenu dans une atmosphère donnée. — M. R. Engel a approfondi l’ac- tion de l’acide chlorhydrique sur le cuivre ; il a observé les faits suivants : 4° La décomposition n’a plus lieu lorsque la solution acide a pour densité 1,083 et répond sensiblement à la composition HCI + 10H20. 2° L’at- on DE ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 989 taque devient très lente, lorsque l'acide répond à une concentration de beaucoup supérieure à celle repré- sentée par HCI.10H°0. 3° Un courant d’acide gazeux sec, dirigé dans l’eau en présence du cuivre et du chlorure cuivreux, donne lieu à une réaction rapide malgré la présence de ce dernier corps ; l’acide anhydre est donc toujours décomposé par le cuivre. — M. Ch. Astre à étudié l’action de la potasse et de l’éthylate de potas- sium sur la bensoquinone; il a pu obtenir une benzo- quinone monopotassique CFH?KO0?.H?0, mais non le dé- rivé bipotassique, car ce corps, très instable, s’oxyde rapidement. Ces faits sont en accord avec la fonction dicétonique de la quinone. — MM. G. Patein et E. Dufau ont examiné les combinaisons formées par l’antipyrine avec les diphénols, la pyrocatéchine, la résoreine et l’hydroquinone; les ortho et paradiphénols se combinent avec deux molécules, le méta avec une seule. La fixation se fait sur un des atomes d’azote par l'intermédiaire de l’oxhydryle phénolique, qui perd cette propriété à mesure que son hydrogène est rem- placé par un métal ou un radical. Les propriétés phy- siques des nouveaux composés sont décrites en détail. — M. Nastukof a vérifié le pouvoir réducteur des le- vures pures et cherché à voir si ce pouvoir était le même chez différentes races. Deux procédés de réduc- tion différents ont manifesté des pouvoirs réducteurs variables d’une levure à l’autre. C. MATIGNON. 3° SGIENCES NATURELLES. — M. Edm. Jandrier adresse une note sur la sève sucrée de l’Agave americana. J. MARTIN. Séance du 21 Octobre 1895, M. le Secrétaire perpétuel annonce à l’Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Hell- riegel, correspondant pour la Section d'Economie rurale, — M. Berthelot rappelle les recherches de ce savant sur la fixation de l’azote par les légumineuses. — M.le Ministre de la Guerre invite l’Académie à lui désigner deux de ses membres pour faire partie du Conseil de perfectionnement de l’École polytechnique au titre de membre de l’Académie des Sciences. — M. AI. de Tillo donne lecture des adresses de félicita- tions, envoyées par diverses Sociétés russes à l’occa- sion du Centenaire de l’Institut de France. — M. À. de Baeyer, qui s'élait fait inscrire comme comptant prendre part aux fêtes du centenaire de l'Institut, exprime son vif regret d’en être empêché. : 1° SGIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Vallier présente un volume qu'il vient de publier sous le titre de: Balistique extérieure. — M. Faye fait hommage à l'Académie de la troisième édition de son ouvrage sur l’Origine du monde, théories cosmogoniques des Anciens et des Modernes. — M. Tisserand fait hom- mage du tome XXI des Annales de l'Observatoire de Paris, Mémoires. — M. Ad. Perrin adresse une note sur l'expression de l’accélération en mécanique. — M. D. A. Casalonga adresse une analyse graphique des mouvements de la Terre et de la Lune autour de leurs centres de gravité. — M. Haton de la Goupil- lière rappelle dans quelles conditions a été instituée la Commission pour l'Etude des Méthodes d'essai des Matériaux de construction en vue d'obtenir l'unification de ces méthodes: il résume l’ensemble des questions étudiées jusqu'ici et présente, au nom de M. le Ministre des Travaux Publics, quatre volumes qui renferment les travaux de cette Commission. — M. G. Leveau établit que l'inégalité à période de quarante ans dans la longitude de Mars, signalée par Le Verrier, présente des anomalies remarquées par Newcomb; lesquelles ne sont pas dues, comme le suppose celui-ci, à des inexac- titudes dans le calcul de l’argument, mais bien à des causes jusqu'ici inconnues. — M. Paul Adam établit le théorème suivant sur la déformalion des surfaces en désignant par & et 5, deux surfaces applicables l’une sur l’autre, © le lieu du milieu de la corde joignant les points correspondants de ces deux surfaces et *, le lieu de l'extrémité du vecteur parallèle à cette corde 990 et égal à sa moitié. Si la surface Y est un cylindre, le couple o, 5, estcomposé de deux surfaces réglées appli- cables l’une sur l’autre avec parallélisme des généra- trices correspondantes ; ces deux surfaces ont d’ailleurs une orientation relative quelconque; la surface 3, est une surface réglée à plan directeur; les lignes de stric- tion se correspondent sur les trois surfaces 5, 64 et »,; enfin, en désignant par 0 l'angle des génératrices cor- respondantes de £ et des, et par & et II, les paramètres de distribution de s et de Y, on a : M. le Secrétaire signale les ouvrages suivants de M. Cruls, de Rio-de-Janeiro: 1° Posicôes geographicas: 20 Les éléments climatologiques de Rio ; 35° Eclipses de soleil et occultation. — M. Perrotin entretient l'Aca- démie de l'Observatoire installé définitivement au sommet du Mounier à 2.741 mètres d’altilude ; il indique en même temps les observations de Vénus effectuées avant le passage de la planète à sa conjonction infé- rieure, desquelles il résulte que la planète n’a pas une durée de rotation aussi rapide que celle de vingt- quatre heures, Une station météorologique est adjointe à la station astronomique. 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. Al. de Tillo fait hommage d'un atlas des isanomales et des variations séculaires du magnétisme terrestre, Les conclusions générales sont les suivantes : 1° Les changements des éléments s'effectuent de manière que, dans une moitié du globe, les changements soient positifs, tandis que, dans l’autre partie, ils sont négatifs; 2° il existe une grande res- semblance entre le tracé des isanomales et celui des lignes d'égale variation séculaire, — M. Norman Lo- ckyer présente quelques photographies du spectre des étoiles; le spectre de Bellatrix indique la présence de l’hélium et, d’une facon générale, l'absorption due aux atmosphères des étoiles, présentant peu de lignes, est due à l'hydrogène et à l'hélium. — M, Jacolin adresse un projet d’une disposition destinée à capter l’électri- cité des nuages, — M. Ch. Dupuis adresse une note relative à une expérience d’hydraulique. — M. Aug. Coret présente un complément à sa communication précédente sur un appareil hydraulique propre à mettre en évidence le mouvement de rotation de la Terre, — M. Eginitis déduit, de nombreuses observations hygrométriques faites à l'Observatoire d'Athènes, outre l'existence bien connue du maximum et du minimum d'humidité du matin et du soir, un deuxième maximum et un deuxième minimum ayant lieu le premier à 7 heures du soir en hiver et à 8 heures en été et le deuxième, de 2 à #% heures après le premier. — M. Martel a effectué de nouvelles observations dans le gouffre de Padirac (Lot); il donne la description et le plan de ce gouffre ainsi que le régime des eaux qui y circulent. Malgré la grande sécheresse de cette année, le niveau liquide n'a pas varié sensiblement, — M. Scheurer-Kestner donne quelques mots d’histo- rique sur l'usage des thermomètres métastatiques imaginés par Walferdin et sur la correction à apporter dans la lecture de ces thermomètres lorsqu'on veut dé- terminerlatempérature à près de 5 de degré. — M. W. Louguinine à continué ses études sur les chaleurs Ja- tentes de vaporisation des acétones de la série grasse, de loctane, du décane et deux éthers de l'acide carbonique. La loi de Trouton, définie par la rela- MS tion T = C, s'applique très exactement aux corps de mêm?> fonction. Au contraire, la valeur de la cons- tante varie d’une manière notable (de 26,5 à 19,8) pour les divers groupes de substance, — M, Henri Moissan a étudié un graphite provenant d’une pegma- tite de l'Amérique, arrivée à la surface du sol après avoir été portée à une haute température, Ses proprié- tés caractéristiques le rapprochent entièrement des ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES échantillons de graphite foisonnants obtenus dans les métaux en fusion, Il a dû être produit dans ies mêmes conditions et, au momentoù la pegmatite s’est formée, il a été moulé par les cristaux de quartz et de feldspath qui l’environnaient et a laissé sur ces derniers les im- pressions qui se trouvaient à sa surface. — Le même auteur a comparé ce graphite à différents échantillons de graphites naturels, et il a reconnu que tous les gra- phites peuvent être divisés en graphites foisonnants et non foisonnants, Les premiers paraissent avoir été produits sous l’action de bains en fusion, et, en parti- culier, de bains métalliques et les seconds peuvent être dus à l’action d’une température élevée sur une variété quelconqne de carbone amorphe. — M, Ch. Astre a étudié les produits ultimes de l'oxydation des : dérivés obtenus en faisant agir la potasse en solution alcoolique sur la benzoquinone. Les deux composés obtenus ont pour formules C£K?206 et CéKHOS; l'étude de leurs propriétés montre que la benzoquinone ne renferme dans sa molécule que deux atomes d’'hydro- gène remplacables par un métal. Les résultats mettent en évidence la nature dicétonique de la benzoquinone. … — M. Balland a étudié la composition des principales. variétés de riz décortiqués que lon trouve sur les mar- chés francais, Il conclut de ses recherches que le riz est un aliment plus nutritif qu'on ne l’admet générale- ment, et qu'il y aurait avantage pour lPalimentation publique à restreindre l'usage des riz glacés et à favo- riser la consommation des grains naturels simplement dépouillés de leur enveloppe. Les analyses de riz ayant une dizaine d'années prouvent qu’il se transporte faci- lementet se conservebien; il pourrait avantageusement accroître nos réserves de guerre, C. MATIGNON. 3° SCtENCES NATURELLES. — M. Gréhant a fait une série d'expériences en vue de déterminer la toxicité de l'acétylène préparé à l’aide de carbure de calcium. L'auteur fait respirer à des chiens des mélanges titrés d'acétylène, d'air et d'oxygène renfermant toujours 20,8 d'oxygène comme l'air atmosphérique. Les mélanges successivement employés étaient à 20, à 40 et 79 0/0. Ils deviennent toxiques à partir de 40 0/0 et l’acétylène peut se retrouver dans le sang. En comparant la toxicité de l'acétylène à celle du gaz de l'éclairage, les expé- riences ont permis de montrer que ce dernier gaz est beaucoup plus toxique que l’acétylène. — MM. Héri- court et Ch.Richet ont étudié, avec l’aide de plusieurs médecins, les effets de la sérothérapie dans Île traite- ment du cancer, Les injections de sérum chez les ma- Jades diminuent les douleurs ; les plaies se détergent et la cicatrisation peut se pousser très loin ; les tumeurs diminuent de volume et dans les cas même les moins favorables, l’évolution de la maladie est retardée, Ce- pendant, quoique l’état s'améliore, l'amélioration ne va pas jusqu'à la guérison. — M. Félix Bernard décrit un lamellibranche nouveau, Scioberetiaaustralis,commensal d’un échinoderme, le Tripylus excavatus Phil., prove- nant des collections recueillies par lPexpédition du Cap Horn en 1882-1883. Grâce à l’état de bonne con- servation, l’auteur a pu faire aussi l'anatomie de ce mollusque dont la branchie est un des organes les plus intéressants. — M. Noguès s'est occupé de l’âge des terrains à lignites du Sud du Chili : le groupe d’Arauco, équivalent chilien du groupe de Laramie et de Chico- Tejon de l'Amérique du Nord, J. MARTIN. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 15 Octobre 1895. M. Hanriot présente le rapport de la Commission du prix Alvarenga. — M. Henrot insiste sur le fait | que la pénétration des germes du paludisme a lieu surtout par les voies aériennes. Il propose l'adoption de masques-respirateurs chargés d’ouate, d'amiante, de charbon pulvérisé ou d’éponge humide, et il désire- rait voir faire de nombreuses expériences à ce sujet. — M, Daremberg continue ses expériences sur la me- Lay À A tt it. dE Faut be SA LS dd Sc din sure de la toxicité comparée des diverses boissons alcooliques par l'injection intra-veineuse chez le lapin; il conclut que le vin semble être proportionnellement plus toxique que l’eau-de-vie et que les sels de potasse introduits normalement ou artificiellement dans le vin peuvent être redoutables. — M. L. Prunier présente une étude comparée des formes sous lesquelles le soufre est employé en médecine. Le soufre ordinaire ou cristallisé est moins actif que le soufre en fleur et surtout que le soufre précipité et lavé. Cela tient à ce que ces deux dernières variétés contiennent un com- posé de nature différente, mais d'activité marquée: le persulfure d'hydrogène; celui-ci disparaît peu à peu en dégageant de l'hydrogène sulfuré. Les combinaisons de soufre et diode paraissent devoir présenter le soufre dans des conditions favorables aux applications médicales. — On a récemment attribué aux tiques ou ixodes, grands Acariens parasites, la propagation d’une maladie très répandue chez les ruminants américains : la fièvre du Texas ; on regarde également ces insectes comme la cause d’une maladie grave de l’homme : - l'ixodisme. M. P. Mégnin, qui à spécialement étu- dié ces parasites, s'élève contre le rôle pathogénique , . . D “ qu’on veut leur faire jouer, et montre, au contraire, qu'ils sont des plus inoffensifs, Séance du 22 Octobre 1895. M. Nicaise donne lecture du discours qu'il à pro- noncé, au nom de l’Académie, aux obsèques du baren Larrey. — M. Hervieux lit le « Rapport général sur le service de la vaccine en France en 1894.» — M. A. Ro- bin litle rapport de la Commission du prix Perron. — M. Laveran lit le rapport de la Comission du prix Adrien Buisson. — M, Péan communique l’observa- tion d’un cas de rhinosclérome ayant pris une énorme extension. Il pratiqua l’ablation totale du nez, de la cloison des fosses nasales, des cornets, des méats et des sinus maxillaires et ethmoïdaux. On laissa la plaie se cicatriser et on remplaca ensuite les parties enle- xées par un appareil prothétique, dù à M. Michaels. — M.E. Nocard fait une communication sur la sérothé- rapie du tétanos. Il conclut que, siletraitementcuratif du tétanos est encore à trouver, on pourrait, du moins, grâce aux injections préventives de sérum antitoxique, réduire, dans une large mesure, le nombre des vic- times de cette terrible maladie. — M. le D' Audain (d'Haïti) envoie l'observation d’un cas de hernie lom- baire congénitale. — M. le D' Poncet signale deux nouveaux cas d'actinomycose humaine. M. le Dr Abadie lit un mémoire sur le traitement du glau- come chronique simple. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 19 Octobre 1895. M. Féré rapporte un fait qui témoigne en faveur de l'influence des chocs moraux sur les intoxications: chez un individu qui supportait de hautes doses de belladone, la tolérance cessa complètement à la suite d’une émotion vive pour faire place à une intoxication aiguë. — M. Féré communique le résultat de ses re- cherches sur la sensibilité de la pulpe des doigts en rapport avec leur empreinte, — M. Rousseau montre que les altérations pulmonaires qu’il avait signalées chez des lapins thyroïdectomisés se retrouvent, en gé- néral, chez la plupart deslapinsnormaux. — MM. Chau- veau et Pillet font remarquer que les lésions de cir- rhose tuberculeuse et vermineuse sont très fréquentes chez les animaux fournis aux laboratoires. — M. Dastre expose de nouveaux faits relatifs à la digestion de la gélatine par les solutions salines. — M. Kaufmann a pratiqué de nouveau l’extirpation du foie ou son élimi- nalion par ligature et a constaté que la quantité de sucre diminuait dans le sang; au contraire, quand on enlève seulement l'intestin, elle ne se modifie pas, Ces recherches confirment les idées antérieures de l’auteur sur la fonction hyperglycémique du foie, — M. Grim- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 991 bert à constaté la présence du coli-bacille en assez fortes proportions dans la bouche d'individus sains. — M. Dareste montre la photographie d’une mons- truosité rare chez les oiseaux; il s’agit de deux sujets (embryons de poulets) unis par la cavité thoracique. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES SCIENCES PHYSIQUES J Normand Lockyer, F.IR.S. — Sur le nouveau gaz extrait de l'uraninite. (Seconde note à la Société.) — « Depuis l'envoi de ma communication sur le gaz extrait de l’uraninite (brôggerite) !, j'ai suivi la méthode décrite dans plusieurs directions, en par- ticulier pour déterminer si le spectre du gaz indique une origine simple ou complexe. J'ai été conduit à faire cette recherche spéciale par suite de la différence entre la fréquence de l’apparition dans la chromo- sphère solaire de D, et celle des autres raies indiquées dans la première communication. Par exemple, si on prend les raies D,, 4.471 et 4.302, les fréquences sont, d’après M. Young, dans les rapports : 100 (maximum 100 3 D D; 4471 4302 On aurait donc le droit de supposer que D, et 4.471 sont dues au même gaz. tandis qu'il est probable que 4.302 doit son origine à un gaz différent. Mais une nouvelle expérience m'a donné un cas dans lequel D, apparait brillante, tandis que #.474 est entièrement absente, Je puis aussi ajouter qu’une raie aussi impor- tante que 4.471, celle de 4026,5, avec la dispersion employée, apparaît dans lespectre de la brôggerite, et que ces deux raiessont larges et floues, comme les raies de l'hydrogène et qu'elles semblent être renversées. La raie 4.026,5 n’a pas été indiquée par M. Young, bien que, comme il a été dit, la fréquence des apparitions de 4.471 représente le maximum; en outre, l'intensité de ces raies dans les spectres des étoiles les plus chaudes n'est pas surpassée même par celle des raies de l'hydrogène. Par suite, on ne peut plus continuer à admettre qu’elles repré- sentent le même gaz. De plus, j'ai photographié une raie à 4.388, qui semble coiïncider avec une autre raie importante pour les mêmes étoiles. Qu’elles proviennent d'une même source ou de deux, nous avons, dans ces trois raies vues avec D, dans le gaz extrait de la brog- gerite, les raies les plus importantes du spectre des étoiles du groupe III, qui est le seul où nous trouvions D, renversée. Si ces résultats venaient à être confirmés, l'importance du gaz ou des gaz qu'elles représentent, à une certaine période de l’évolution des soleils et des planètes, se déduira de la photographie de Bellatrix. Autre est le cas d’une raie à À 667; elle est associée à D, dans la brôggerite et la clévéite, mais la raie jaune a été fournie par la monazite sans À 667. Il est ainsi presque certain que ces deux raies repré- sentent deux gaz. On ne pourra arriver à une certi- tude que quand on aura obtenu une plus grande quan- tité de gaz. D'autre part, la raie rouge à À 657,5, voi- sine de C, citée dans ma précédente communication, a été vue à la fois avec la gummite et avec la brôggerite; mais dans un cas (gummite), on l’a vue sans D,, et dans l'autre, avec D, ; dans un cas (broggerite), sans ? 614, et dans l’autre, avec elle. Les conclusions précédentes sub- sistent donc ici. La raie } 614, qui coïncide peut-être avec une raie de la chromosphère, a été observée avec la gummite et la broggerite. On l’a vue avec D, (dans la brüggerite) et sans elle (dans la gummite). J'en ai dit assez pour indiquer que ces constatations prélimi- naires mènent à penser que le gaz extrait de la brog- gerite par ma méthode a une origine complexe. Je vais maintenant montrer que la même conclusion subsiste pour les gaz extraits par les professeurs Ram- ———_—_—_—_———————————— 1 Voir Rev. gén. des Sc. du 30 octobre 1895, page 952. say et Clève de la clévéite. Les déterminations finales des raies du gaz tiré de la clévéite par MM. Ramsay et Clève n'ayant pas encore été publiées, je prends celles qu'ont données M. Crookes et M. Clève, d'après Thalèn. Ce sont les suivantes, sauf la raie jaune : CROOKES THALÈEN entree 6677 568,05 ee 566,41 O0 516,12 nb S Fo arie . 5048 So ree 5016 500,81 pe bic 1922 450,63 Loc setrotle 4743.5 Le résultat le plus précis et le plus frappant obtenu jusqu'ici est que, dans les spectres des minéraux qui donnent la raie jaune que j'ai examinés jusqu'ici, je n'ai pas encore vu une seule fois les raies indiquées par MM. Crookes et Thalèn dans le bleu. Ceci prouve que le gaz extrait de certains échantillons de celévéite par des méthodes chimiques diffère beaucoup de celui qu'on tire, par ma méthode, de certains échantillons de brüggerile; le spectre du gaz extrait de la clévéite étant, au point de vue des raies bleues, plus complexe que celui du gaz de la broüggerite, le gaz lui-même ne peut être plus simple. Les lignes bleues elles-mêmes, au lieu d’apparaître en bloc, varient énormément dans le soleil, les apparitions se produisant : £929 (4924,3) — 30 fois 4713 (4712,5) —H2NMO0IS Ce ne sont pas les seuls faits qu'on puisse alléguer en faveur de l'idée que le gaz provenant de la cléveite est aussi complexe que celui de la brüggerite; mais tandis que, d’une part, l'idée de la nature simple des gaz ob- tenus par les professeurs Ramsay et Clève et par moi- mème doit être abandonnée, si l’on s'appuie sur les raies spectrales, les observations que j'ai déjà faites sur divers minéraux, indiquent que les gaz qui com- posent les mélanges ne sont nullement les seuls que nous puissions espérer obtenir. Cette partie des re- cherches sera étudiée plus spécialement dans une communication subséquente. Je puis remarquer, pour conclure, que, dans cette étude préliminaire, on n’a fait aucun essai pour séparer les gaz qui pourraient être nouveaux des gaz connus qui se produisent en même temps qu'eux; par suile les raies sont, dans certains cas, très fines, et l'emploi des fortes disper- sions est impossible. Les longueurs d'onde, surtout dans le spectre visible, ne sont qu'approximativement connues; mais l'opinion que nous avons réellement affaire à des gaz qui jouent un rôle dans atmosphère solaire est corroborée par le fait que, des soixante raies qui jusqu'ici ont été observées comme nouvelles dans les minéraux examinés, la moitié environ se trouve au voisinage des longueurs d'onde assignées aux raies de la chromosphère dans la table d'Young. Je sais qu'on a récemment attribué au fer la plupart des raies de la chromosphère (Scheiner); mais je crois que ce résultat ne repose pas sur des comparaisons directes, et qu'il est entièrementopposé aux conclusions qu'on doittirer des travaux des observateurs italiens aussi bien que des miens propres. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du ?8 Septembre 1895. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M, le Vice-Président rend hommage à la mémoire de feu le Prof. D. Bierens de Haan, décédé dans les vacances d'été. — M. J. de Vries s'occupe du théorème d’addition des intégrales elliptiques. En suivant le chemin tracé par Abel, il trouve les relations entre les limites supérieures de quatre intégrales elliptiques de première espèce, à ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES “variation séculaire de la déclinaison du magnétisme Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17 l’aide de la courbe variable y — ax? + bæ + ce. Pour ec — 1, le théorème d'addition de trois intégrales se présente. Pour la somme de trois intégrales de seconde espèce, il trouve — Æ2x,x,+,, les limites supérieures L,, 2, &, élant liées par les mêmes relations que celles des intégrales de première espèce, Même la somme de trois intégrales de la forme : Fey o] dx RSR ——_— se réduit à une expression simple. — M. G. van Die- sen fixe l'attention sur une carte de la Hollande sep- tentrionale en possession de l'Académie, de grande. signification par rapport à la question du mouvement. rétrograde de la côte, — M. P.-H. Schoute présente un mémoire de M. J.-C. Kluyver, intitulé : « Sur une sur- face minima à connexion double, » Sont nommés rap- porteurs : MM. W. Kapteyn et Schoute, 29 SCIENCES PHYSIQUES, — M. H, Kamerlingh Onnes communique les expériences de M, A. Lebret, faites au laboratoire physique de Leide, « sur la variation avec la température de l'effet de Hall et de la résistance. électrique du bismuth. » Les températures extrêmes étaient —740 et + 247. Dans l’un des spécimens, l’effet de Hall avait un maximum à —20°, dans l’autre, le maximum se serait montré probablement à une tempé- rature plus basse, La résistance électrique d’unespirale de bismuth fondue dans un tube de verre fut examinée entre les mêmes limites de température. — Sur le désir de MM. Cohn de Strasbourg et P. Zeeman de Leide, M. Onnes présente un mémoire « sur la propagation des ondes électriques dans l’eau », Le résultat de cé travail se résume dans les deux théorèmes suivants, En variant le nombre des vibrations de 27 à 97 millions à la seconde, l'indice de réfraction reste le même; donc, il. n'existe pas de dispersion, Pour des vibrations de moins de 100 millionsàlaseconde,ilya égalité entre laconstante diélectrique, mesurée par les méthodes statiques, et le carré de l'indice de réfraction, Ensuite, M. Onnes com- munique encore une « détermination de l'indice de ré- fraction du platine incandescent », faite au laboratoire de Leide, par M. P. Zeeman. Au moyen du compensa- » teur de Babinet, on a constaté que la variation de l’in- dice avec la température ne saurait être que très petite, Enfin, M. Onnes présente un travail de W. van Bem- melen sur « la représentation graphique générale de la terrestre » et la thèse de M. A. Lebret : Mesures du phénomène de Hall dans le bismuth. — Au nom de MM. C.-A. Lobry de Bruyn et W. Alberda van Eken- stein, M. A.-P.-N. Franchimont présente une note « sur. la transformation réciproque du glucose, du fructose et du mannose sous l'influence des alcalis», Dans cha- cune des réactions, le fructose est le produit intermé- diaire. Cependant, un vrai équilibre n'est jamais pro- duit parce qu'en même temps il se forme un acide, Toutes ces transformations se présentent comme des transpositions intramoléculaires d'atomes. Le mannose fut reconnu sous forme d’hydrazone et de méthyl man- « noside, le glucose sous celui de méthyl glucoside et d'acide saccharique. Le fructose fut séparé comme fructosate de calcium. Les détails des recherches se publieront sous peu dans le Recueil des travaux chi- miques des Pays-Bas. — M. E. Mulder présente un tra-=M vail de lui-même et un mémoire de M. J. Heringa, 30 SCIENCES NATURELLES, — M. H. Kamerlingh Onnes présente un travail de M. V. Becker : les Recherches” géologiques récentes dans le diluvium du Brabant septen-" trional et du Limbowrg.-- M.B. Stokvis offre la seconde partie du tome second de son Geneesmiddelleer (Manuel M des médicaments). — M, P.-P.-C. Hœk présente son Guide zoologique, communications diverses sur les Pays- Bas etle Bulletin du 3° Congrès international de Zoologie à Leide. P.-I. ScnourTe. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER 6° ANNÉE 4 $ ? N° 22 30 NOVEMBRE 1895 REVUE GÉNÉRALE } DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES 7 \ CUS CR LL D Le. À DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER LE PLACENTA DES CARNASSIERS D'APRÈS M. LE PROFESSEUR MATHIAS-DUVAL Bien que depuis longtemps l’Anatomie comparée nous ait appris que tous les organes de l’homme sont, sans exception, représentés à des degrés divers dans un ou plusieurs autres animaux, les anthropologistes et les médecins praliciens pen- sent et agissent encore comme si l’homme cons- liluait un être absolument isolé du reste de l’ani- malité. Ainsi qu'aux siècles passés, les accoucheurs continuent à voir dans le placenta de notre espèce un organe à structure spéciale sans analogue chez les autres Mammifères. Sans nier que ce placenta offre des variations et des adaptations parlicu- lières, on peut néanmoins affirmer qu’il se ramène incontestablement à l’un des plans généraux qu'on peut observer chez les Quadrapèdes. La recherche de ses relations, éclairée par l'Anatomie comparée, n'offre pas seulement un intérêt philosophique : il importe même au prati- cien de les connaitre. Toute recherche susceptible d'éclairer le problème doit, à ce double titre, fixer l'attention. Pour cette raison, il nous parait utile d'indiquer aux lecteurs de la Revue les enseigne- ments qui se dégagent d'un récent Mémoire de M. Mathias-Duval sur le placenta des Carnivores !. Nous avons déjà décrit iei même les recherches de l’éminent professeur sur le placenta des Ron- 1 Journal de l'Analomie et de la Physiologie, années 1893- 1895. Avec 46 figures dans ke texte et un Atlas de 13 planches en taille douce. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. geurs !. Des différences existent entre ces deux groupes d'animaux; il sera intéressant de les signaler, puis de chercher à nous représenter, par la synthèse d'observations diverses, les types va- riés de placentalion dans la classe des Mammi- fères, et celui qui est commun à certains de ces animaux et à l'homme. Comme pour les Rongeurs, M. Mathias-Duval a étudié la formation placentaire des Carnivores à tous les stades, depuis sa première apparition jus- qu'à son complet achèvement ?. Au sujet des pre- miers développements de l'œuf (Chien et Chat), il fait remarquer que, de même que chez les Ron- geurs, toute la portion de l'ectoderme qui n'a pas pris part à la formalion de l'embryon continue à s’accroitre : elle donne lieu à la membrane séreuse ou chorion, et une série de plis se développe et contribue à former une double enveloppe : l’une interne ou aruuos, l'autre externe ou chorion. D'autre part, on voit se produire une évagi- nalion de la partie postérieure de l'intestin sous la forme d’une vésicule appelée allantoïide. L’al- lantoïde, accompagnée des deux artères allantoï- 1 Voir cette Revue, 30 juillet 1892, n° 14, p. 503 et sui- vantes. 2 Si ce mémoire sur les Carnivores a paru après celui des Rongeurs, c’est qu’il à fallu plus de temps pour avoir la collection des pièces sériées. Il cst en effet difficile de faire reproduire les chiennes et les chattes conservées en captivité. 22 991 diennes (plus lard ombilicales), s'étend rapide- ment et vient s'appliquer contre la face interne du chorion, à laquelle elle apportera des vais- seoaux. IL nous faul insister sur les points suivants, qui sont particuliers aux Carnivores, el rendent comple de la forme spéciale de leur placenta. Le chorion se j couvre de cour- tes villosilés sur toute la surface de l'œuf, sauf anx deux exlré- milés, aux deux pôles, qui res- tent lisses. Les villosités choria- les manquent 6- galement dans la région qui prend part à la formalion replis amnioli - des ques. La région recouverlie de courtes villosités dessine ainsi une zone ou ceinture enveloppant lar- gement l'équa - teur de l'œuf. Comme le pla- cenla ne se for- mera que celte région vil- dans leuse, il aura lui- méme la forme zonaire, figurant une bande au - tour de l’équa- teur de l'œuf. L'allantoide , en s'élendant la dans cavilé cœlo- mique, n'alleint pas les deux pô- les de l’œufelse limile, où à peu près, à la zone villeuse du cho- rion. Aussi le placenta ne se produira-t-il que sui- vant celle zone. La forme du placenta, caractéristique chez les Carnivores, résulle ainsi de deux faits, à savoir : 1° ce fait que le chorion ne développe de villosilés el ne contracte d'adhérence avec l'utérus que selon une bande en ceinture qui laisse libres les deux extrémilés de l'œuf; 2 ce fait que l'allantoïde D' E. RETTERER — LE PLACENTA DES CARNASSIERS ! \ No Fig. 1. — Seclion de l'ulérus, chez la chienne, au moment de la gestation. — M, musculeuse; P, couche des glandes permanentes; 1, couche homogène; S, couche spongieuse; C, couche compacte; D, couche des détritus; Ep. u., épithélium utérin; Ect. f., ectoderme fœtal; CC, couche des capillaires ; Vm, vaisseaux maternels. lui-même n'apporte de vaisseaux qu'à la région adhérente du chorion. - l. — DÉVELOPPEMENT DU PLAGENTA, Muqueuse utérine. — Après avoir considéré les phé- nomènes évolutifs qui ont lieu dans les membrane. de l'œuf, voyons, sur la chienne, les modifications que subissent les. | jp Dee ml éjà, à l’épo- AE que, : tes les couches de l'utérus aug- mentent d'épais- surtout sa mu- queuse qui pré- sente une hyper- trophie considé- rable. Les glan- existent déjà chez la chienne vierge , s'allon- gent énormé- ment (ylandes lon- de nouveaux lu- bes épithéliaux se forment dans leur intervalle : ce sont les glan- des courtes, dé- signées sous le nom de eryples. Aussi con- vient-il, dès le début de la ges- lation, de consi- dérer {rois cou- ches distinctes dans la muqueu- se ulérine, au ni- veau de chaque renflement uté- rin (fig.1):1°une couche profonde, c'est-à-dire voisine de la musculeuse (M) renfer- mant lJ'extrémilé ou fond des glandes perma- nenles (P);2° une couche moyenne (M), d'aspect homo- gène, formée essentiellement de tissu conjonelif embryonnaire; 3° une couche superficielle ou couche des cryptes {S), dans laquelle le tissu conjonctif em- bryonnaire est parcouru de vaisseaux capillaires. Celte dernière est recouverte elle-même par une assise de cellules épithéliales de forme cubique. seur; mais c'est des ulérines, qui ques); de plus, man bte eu ts nt. nad) à “fn à nn A & D' E. RETTERER — LE PLACENTA DES CARNASSIERS 495 | Les modifications les plus remarquables qui . vont survenir se produisent dans la couche des … cryptes. Les glandes {longues et courtes) qu’elle renferme se dilalent peu à peu et lui donnent un aspect spongieux; d’où le nom de couche spon- …yieuse (S). De plus, l’épithélium de ces glandes … s’hypertrophie, de facon que leur embouchure est - obstruée par un amas cellulaire (C et D). En même lemps, l’épithélium de la surface uté- - rine (Æp. w.) devient pâle, homogène; ce sont là _les premières indications de l'atrophie de l'épi- - thélium, atrophie qui va aboutir à sa résorption et à sa disparition ultérieure, partout où il sera en contact avec le chorion fœ- tal. - Pendant que - ces modifica - lions ont lieu - dans les glan- . des et dans l'é- . pithélium uté- | rin, la portion superficielle du derme de la _ muqueuse se vascularise de _ plus en plus, _ grâce au déve- loppement des capillaires ; ceux-ci devien- nent si abon- dants qu'ils sont pressés les uns contre les autres et sépa- rés seulement par un peu de substance amorphe CC). C'est ainsi que prend naissance la couche des capillaires (V'm), au-dessus de laquelle l’épithélium utérin dégénère et tend à disparaitre en se résorbant, Telles sont les transformalions que l’on peut constater dans la muqueuse utérine depuis le début jusque vers Le 18° jour de la gestation, laquelle est de 60 jours en moyenne. Chorion fatal. — Du côté de l'œuf, Yectoderme du chorion, formé d'une assise unique de cellules cubiques (Zrt. f.), s'unit de plus en plus intime- ment à la muqueuse utérine; par places, on voil les cellules ectodermiques se diviser el se super- poser sur deux rangs. Il se forme, par ce procédé, de véritables végétations ectodermiques qui, en s'allongeant, s'insinuent dans la muqueuse utérine. Telles sont les premièresindications de la manière REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES 1895. Fig. 2. — Porlion de l’'ulérus de la chienne à la période de fixation de l'œuf. — S, couche spongieuse ; Ü, couche compacte ; D, couche des détritus; CC, couche des capillaires renfermant les vaisseaux maternels (PV); L, lobes; Ect. f., ectoderme fætal; VC, villosités choriales ; BB, bourgeons ectodermiques inter- placentaires à leur début. dont l’ectoderme se fixera sur la muqueuse en la pénétrant par une série de prolongements cellu- laires. Elles seront l'origine de l’ectoplacenta. Sauf de légères variations, l’évolution de l'œuf et de l'utérus est la même chez la chienne et chez la chatte au début de la gestation, c’est-à-dire avant que le chorion contracte des adhérences. Il. — PÉRIODE DE FIXATION. Muqueuse uférine. — Chez la chienne, à mesure que l’épithélium disparait, les glandes courtes on cryptes et le tissu conjonctif interglandulaire sont le siège de transformations nombreuses (fig. 2). Le fond ou par- tie profonde des cryptes s'é- tend considé - rablement el les lumières glandulaires se dilatent, de fa- con à accen- tuer l'aspect spongieux (S) dont nous par- lions plus haut. Dans la partie moyenne des cryples, l’épi- thélium glan - dulaire se mul- tiplie, sans di- latalion du ca nal. Bientôt on voitdisparaitre la lumière du canal, qui est rempli par un épithélium à grosses cellules (couche compacte C). Enfin, du côté libre de la muqueuse, vers les embouchures des glandes, ces grosses cellules se fusionnent el dégénèrent en une masse homo- gène, qui oblitère la lumière (couche des détritus glandulaires D, fig. 1 et 2). Dans l'intervalle des cryptes, le tissu conjonctif interglandulaire subit une vascularisation de plus en plus prononcée. Les vaisseaux sanguins sont accompagnés de tissu conjonctif jusqu'au niveau de la couche spongieuse; mais, à mesure que les capillaires se multiplient en montant dans les eloi- sons inlerglandulaires, on voit le tissu conjonctif diminuer etdisparaitre presque complètement (F»). Au niveau de la couche des détrilus glandulaires, les capillaires deviennent de plus en plus serrés el adondant{s et forment une couche vasculaire super- ficielle qui déborde l'embouchure oblitérée des 22** 996 D' E. RETTERER — LE PLACENTA DES CARNASSIERS eryptes (CC). C'est à la surface de cette couche des capillaires que vient s'appliquer l'ectoderme fætal, qui se substitue à l’épithélium utérin et constitue un revêtement nouveau à la muqueuse. La couche des capillaires (CC) est uniquement composée de vaisseaux placés côte à côte; leur ensemble représente une substance spongieuse, dont les mailles correspondent à la lumière des capillaires sectionnés; entre ces capillaires, il n'y à aucun des éléments du Lissu conjonctif, ni cellules, ni fibres. Dans la paroi de-ces eapil- laires, formés de cellules endothéliales, commence à apparaître une disposition qui, plus tard, s’ac- centuera bien davantage , savoir : l’aug- mentation de volume des no- vaux cellulai- res et leur sail- lie dans la lu- mière du vais- seau. à 90049 o A © 5° 0 Chorion fatal. Du côté de l'œuf, on assiste à des change- ments morpho- logiques paral- lèles aux pré- cédents. À me- | chevêtrement de ces deux sortes de villosités. Partout où l'ectoderme du chorion est en contact avec la surface de lacouche des capillaires, il pousse des bourgeons cellulaires (B; B), comme cela se passe, par exemple, dans le développement des glandes. Ces bourgeons ectodermiques s’allongent, s'insinuent dans l'intervalle des parois vasculaires et se moulent sur les dépressions dessinées entre les capillaires les plus superficiels. Il en résulte une sorte d’engrènement entre la couche des capil- laires utérins et l’ectoderme fœtal, engrènement qui produit la fixation solide et définitive de l'œuf à la muqueuse ulérine. Le tissu qui se développe de celte façon est donc composé d'éléments d’o- rigine mater - nelie (capillai- res), et d’ori- gine fœtale (ec- toderme inler- posé). Bientôt les cellules ec- todermiques se fusionneront en une masse homogène par- semée de no- yaux , comme chez les Ron- geurs; c'est le plasmode ecto - sure que la dermique. couche a- te ; < Chez la chatle Æ % des se Fig. 3. — Formation de l'angio-plasmode chez la chienne. — C, couche spon- ? pillaires ulé - gieuse; D, couche des détritus; B B, bourgeons ou saillies ectodermiques on observe des . 3 . . interplacentaires : M "AISSEAUX g û G à t : PL anvio-plas a à 4 rins s’épaissit interplacentaires ; Vi, vaisseaux maternels des lobes {L); PI, angio-plasmode ; modifications e VC, villosités choriales. dens l’inter - valle de l'embouchure des cryptes, l’ectoderme du chorion fœtal est soulevé au même niveau par ces saillies vasculaires; mais, en regard de l’em- oouchure même des glandes, l’ectoderme reste appliqué à la surface des détritus glandulaires. Il en résulle une série de saillies ou lobes (L. L.) et lercavations (NV. C.) qui alternent régulièrement à la muqueuse. Tant que le mode de développement de ces par- lies restait ignoré, il était difficile, sinon impos- sible d'établir la part qui revient aux saillies ou aux excavalions dans l'édification placentaire. Il est nécessaire cependant de dire immédiatement que les saillies ou lobes (L) qu'on regardait comme restant constitués uniquement par du tissu maternel, por- taient le nom de villosilés maternelles, landis que les excavations s’appelaient les illosités choriales (N.C). Jusqu'à M. Mathias-Duval, on pensait que le placenta résultait de la pénétration ou de l’en- analogues : l'é- pithélium des eryptes s'hyperlrophie, sans que les couches ainsi formées arrivent à oblilérer la lumière glandulaire. Plus tard cet épithélium hypertrophié tombera également en détritus. Lei comme chez la chienne, l'embouchure des glandes disparait non seulement à cause de bouchons épithéliaux , mais en raison de ce fait que le tissu conjonctif immédiatement sous-jacent à l'épithélium utérin prolifère,forme une couche qui déborde les embouchures glandulaires et constitue la limite superticielle continue de la muqueuse ulérine. Autrement dit, la face libre de la mu- queuse ulérine a un aspect lisse, de sorte que l’ectoderme du chorion s'y élale en lame continue ;. on ne voit plus, chez la chatle, ces prolongements ou villosités creuses qui, chez la chienne, s’avan- cent du côté de l'embouchure des glandes. La muqueuse ulérine de la chatte présente une autre différence : à mesure que l'épithélium utérin | : | | : [1 Î 4 ; | L : _ et la chatte, la couche superfi - D: E. RETTERER — LE PLACENTA DES CARNASSIERS 997 disparait, la couche superficielle de la muqueuse est constituée, non point uniquement par un lacis _ de capillaires maternels, mais par une trame de tissu conjonctif jeune parcouru de nombreux ca- _ pillaires. Chez la chatte, l’ectoderme fœtal vient . donc reposer sur une couche maternelle formée alternalivement de capillaires et de cellules con- jonctives. Enun mot, le tissu utérinsurlequelvient se greffer _ le chorion forme, chez la chienne cielle de la mu- queuse hypertro- phiée; mais, chez la chatte, les vais- seaux maternels sont soutenus par une trame con- jonctive, tandis “que, chezla chien- ne, il y a exubé- rance des capil- laires et dispari- tion plusou moins complète du tissu conjonclif quileur est interposé. JIL — FORMATION DE L'ANGIO-PLAS- MODE PLACEN - TAIRE. L'ectoderme qui tapisse les vil- losilés creuses ne Un processus analogue préside à la formation de l'ectoplacenta des Rongeurs‘; mais l'évo- lution ultime est différente chez les Carnivores. Chez les Rongeurs, les capillaires maternels, en- veloppés par ce plasmode, perdent leurs parois endothéliales et se transforment ainsi en sinus creusés dans la subslance plasmodiale (sinus ou canaux et canalicules sangui-maternels); chez les Carnivores (chienne), au contraire, les capillairesma- ternelsconservent leurs parois pro- pres endothélia- les.L'ectoplacenta desRongeurs n'est constitué que par des éléments ana- tomiques fœtaux, avec du sang ma- ternel; l’ectopla- centa des Carnivo- res est formé par des éléments fœ- taux etpar des élé- ments maternels, à savoir la paroi endothéliale des vaisseaux uté- rins. Le plasmode placentaire, outre le sang maternel, contient done ici des parois vascu- laires d’origine é- galement mater - nelle. Cetteédification ectoplacentaire prend nulle part à la formation du plasmode. Au ni- veau des lobes, au contraire, les bourgeons cellu- laires, dont nous avons indiqué plus haut le début, prolifèrent et s’insinuent de plus en plus pro- fondément entre les capillaires utérins : c'est ainsi que prennent naissance les swillies ectodermi- ques interplacentaires (B, B, fig. 3); ces saillies pénè- trent entre les capillaires superficiels et les entou- rent plus ou moins complètement. Le tissu nou- veau (Pl) qui se développe de cette facon résulte donc d’une part de l’enchevêtrement des capillaires d'origine maternelle, parcourus par le sang maternel, el, de l’autre, des saillies eclodermiques fœtales. Pour ce motif M. Mathias-Duval l'appelle wagio- plasmode. Fig. 4. — Achèvement de l'angio-plasmode chez la chienne. — C, couche compacte; Vm, vaisseaux maternels; PI, angio-plasmode ; Mf, mésoderme fœtal avec les vaisseaux fœtaux (Vf); lm, lamelles mésentériformes. s'étend rapide - ment; c'est ainsi qu'au vingt-qua- trième jour letiers de la couche des capilaires est en- vahi par les poussées plasmodiales de l’ecto- derme, et les cloisons plasmodiales arrivent jus- qu'au niveau de la couche des détritus glandu- laires. L’angio-plasmode de la chatte se développe d’une façon analogue, si ce n'est au début; en effet, chez la chatte, l'ectoderme pénètre dans la muqueuse non pas sous forme de petites saillies intercapillaires, mais par de grosses poussées qui se ramifient largement, comme chez la la- pine. DR SES SR RE PE NE PE 1 Voyez la Revue du 30 juillet 1892, loc. cit. 998 D' E. RETTERER — LE PLACENTA DES CARNASSIERS IV.— ACHÈVEMENT ET REMANIEMENT DE L'ANGIO-PLASMODE. Comme chez les Rongeurs, l'achèvement de l'angio-plasmode se fait grâce à la pénétration des vaisseaux fœtaux (fig. 4). ‘ Du trentième au trente-deuxième jour, les vais- seaux allantoïdiens (Vf), accompagnés de tissu con- jonctifembryonnaire(1/f),aprèss’être étendussurla face fœtale de l’ectoderme, c'est-à-dire de l'angio- plasmode, émettent, de distance en distance, des prolongements qui y pénètrent et les subdivisent en une série de lamelles secondaires. Au trente- cinquième jour, chaque lobule est ainsi pénétré dans toute son intimité par des cloisons mésoder- miques fœtales (1f) qui le décomposent en un grand nombre de travées d’angio-plasmode anas- tomosées les unes avec les autres. Cette formation compliquée mérite le nom de complezus labyrinthique. Au contact de l’angio-plasmode, le lissu con- jonetif de l'utérus disparait peu à peu en se résor- bant. Il y a là une substitution graduelle des for- mations fœtales aux formations maternelles, les premières augmentant d'épaisseur à mesure que les secondes s'amincissent et se détruisent. Pendant le remaniement de l’angio-plasmode, toutes les couches des formations utérines situées au-dessus de la couche spongieuse sont graduel- lement résorbées; les culs-de-sacs glandulaires de la couche spongieuse se transforment en d’im- menses cavités, séparées par des cloisons minces ou lamelles mésentériformes (/m), el, comme les parois supérieures de ces cavités sont également. résorbées, les formations fœtales arrivent à repo- ser sur les extrémités libres des lamelles mésen- tériformes et à n'adhérer qu'en ces points seu- lement aux lissus maternels. Ce sont les- par- ties profondes des lobules d'angio-plasmode qui s’attachent en ces points, les arcades ectoder- miques venant correspondre aux grandes cavités de la couche spongieuse et en former le couvercle. Pendant ce temps l’angio-plasmode a été remanié par la pénétration du mésoderme el des vaisseaux allantoïdiens, de telle sorte qu'il a été graduelle- lement décomposé en lamelles labyrinthiques, lesquelles sont formées d'un réseau de capillaires maternels, sur les deux faces duquel est étalée une couche de plasmode. Les capillaires fœtaux rampent dans les interstices des lamelles labyrin- thiques. Les lamelles labyrinthiques sont largement anastomosées les unes avec les autres; pour sim- plifier on peut réduire tout le placenta en un com- posé de lamelles dont chacune est formée par un réseau capillaire étalé en un seul el unique plan, réseau qui, sur ses deux faces et dans ses inter- valles, est soutenu par du plasmode ectoplacen- taire. Qu'on se figure, dit M.Mathias-Duval, un gril- lage métallique à mailles étroites; que, sur les deux faces de ce grillage, on étende une pâte quel- conque, qui remplisse les intervalles du grillage et en englobe complètement les travées, mais de manière à en dessiner cependant la saillie à la surface : on aura ainsi une lame qui schématisera exactement la lamelle labyrinthique. Chez la chatte, l'ectoplacenta pénètre en masse dans la muqueuse ulérine, comme chez les Ron- geurs; à mesure qu'il s'étend et s’accroil, l’angio- plasmode se substitue peu à peu à la couche des glandes utérines, dont les zones superficielles tombent en détritus et sont résorbées. Mais, chez la chatte, les capillaires maternels qui sont englobés dans la formation ectoplacentaire conser- vent, comme chez la chienne, leurs parois propres, tandis que ceux des Rongeurs perdent leur paroi endothéliale et passent à l’élat de lacune sangui- maternelle, | En quoi les dispositions ci-dessus décrites dif- fèrent-elles des assertions des auteurs qui se sont occupés du placenta des Carnivores ? Les auteurs classiques admettent que le pla- centa des Rongeurs et des Carnivores est formé par la pénétration réciproque des saillies fœtules du chorion (villosités creuses ci-dessus décrites) et les saillies de la muqueuse utérine (illosités maternelles). Ces dernières seraient unique- ment constituées par l’hypertrophie de la mu- queuse utérine el continueraient à rester revêtues par son épithélium persistant. Au contraire, si l'on suit, graduellement et sans interruption, l’évolution des parties fœtales et ma- ternelles, on voitque les soi-disant villosités mater- nelles sont essentiellement d'origine fœtale; après la disparition de l’épithélium utérin, l’ectoderme du chorion fœtal s'applique sur le tissu utérin dénudé, prolifère et pousse des prolongements (plasmode) qui, se substiluant aux éléments conjonctifs mater- nels, englobent les parois des vaisseaux maternels. En un mot, le plasmode ectoplacentaire est tou entier d’origine fœtale, sauf les parois des capil- laires utérins : c'est là l'angio-plasmode. Dans l'intervalle des saillies ou lobes plasmo- diaux et en regard des glandes utérines, l’ecto- derme du chorion fœlal constitue des cavités en doigt de gant (villosités creuses), qui ne pénètrent nullement dans les orifices des glandes et ne pren- nent point part à la formation du placenta. Plus lard cet angio-plasmode est remanié, grâce à l’arrivée du mésoderme fœlal et des vaisseaux allantoïdiens. Done, si nous Lenons comple de ces deux faits, — disparition de l'épithélium utérin, contact in- “ À ; : : ; due née is él ads dis à 24 PT IN 1 » dt D' E. RETTERER — LE PLACENTA DES CARNASSIERS 999 time des capillaires maternels avec l'ectoplacenta fœtal, — nous pouvons dire : Il n'y a d’interposé entre les capillaires fœætaux (en négligeant le tissu conjonclif très rare qui les entoure) et les capil- laires maternels qu’une seule formation : la couche plasmodiale ectodermique; c'est-à-dire que, dans le placenta fœtal, là où les vaisseaux maternels et _fœlaux viennent s’intriquer, il n’y a, sauf la paroi . des capillaires maternels, rien que des formations d'origine fœtale. Ainsi, landis que le placenta des Rongeurs ne contient absolument aucun élé- ment de tissu d’origine maternelle, le sang mater- nel circulant, sans parois propres, dans dés tubes plasmodiaax ectoplacentaires; chezles Carnivores, le placenta contient des parois vasculaires ma- ternelles, parce que sa formation première est due à un angio-plasmode et non à un plasmode pur. Ces dispositions essentielles ne sont pas chan- gées quand, plus tard, l’angio-plasmode pénètre dans la profondeur et que les arcades ectoder- miques arrivent à faire saillie dans les grandes ca- vités de la couche spongieuse. V. — VARIÉTÉ DES RELATIONS ENTRE LES TISSUS MATER- NELS ET LES TISSUS FOETAUX CHEZ LES MANMIFÈRES. Les observations de M. Mathias-Duval nous don- nent, enfin, des renseignements plus circonstanciés sur les relations des tissus maternels et fœtaux.Jus - qu’à lui, on s'était contenté des résultats fournis par les examens en surface et par l'étude histolo- gique de quelques rares stades, pour distinguer : 1° le placenta diffus (porc, cheval), chez lequel des villosités simples et courtes s'enfoncent dans des fossettes ou dépressions de la muqueuse hy- pertrophiée; 2 le placenta cotylédoné du bœuf, du mouton, ete., chez lesquels les villosités sont réu- nies en groupes, formant des saillies ou cofylédons qui sont reçus dans des cupules de la muqueuse utérine; 3° le placenta zonaire des Carnivores et le placenta discoïde des Rongeurs. D'autre part, on avait constaté que dans les pla- centas diffus et cotylédoné, il y a, lors de la partu- rition, séparation des parties fætales et des parties maternelles, tandis que, pour les placentas zonaire el discoïde, des relations si intimes existent entre les tissus maternels et le chorion qu'il en résulte une déchirure amenant la chute d’une portion de la muqueuse utérine. Il y a ainsi, dans ce dernier cas, une véritable cuduque, c’est-à-dire qu’une par- tie de la muqueuse utérine accompagne l’expul- sion de l'œuf. Or, les recherches de mon éminent maitre per- mettent d'affirmer qu'il y a des différences essen- lielles et plus profondes dans la constitution du pla- centa chez les divers Mammifères. Actuellement, M. Mathias-Duval a vérifié les données des auteurs qui se sont occupés du placenta des Pachydermes et des Ruminants. Bien que la publication de ces recherches ne soit pas faite, il déclare, dans son travail sur les Carnivores (p. 162), qu'elles sont entièrement d'accord, sauf quelques détails histo- logiques, avec les descriptions classiques. Nous pouvons donc d'ores et déjà jeter un coup d'œil d'ensemble sur la constitution variable du placenta chez les divers types de Mammifères. Celte revue nous montrera que le fait essentiel réside, non pas dans la forme de l’organe, mais dans les relations diverses qu'affectent les tissus utérins et fœtaux, permettant des échanges plus ou moins faciles entre le sang de la mère et celui du fœtus. Chez les Pachydermes (porc, cheval) etles Rumi- nants (bœuf, mouton), il se forme des villosités choriales, qui pénètrent dans les intervalles de saillies analogues produites sur la muqueuse uté- rine. La muqueuse utérine devient plus vascu- laire au niveau de ces saillies, mais la surface de ces dernières, ainsi que lesespaces intermédiaires, restent, pendant toute la durée de la gestation, recouverts par l’épithélium utérin. Le fait fonda- mental a la mêmesignification, que cet épithélium reste haut et cylindrique, comme chez les Rumi- nants, ou bien qu'il s'aplatisse comme chez les Pachydermes. Les échanges nutritifs se font donc pour les groupes précédents à travers : 1° l’endo- thélium des vaisseaux maternels; 2’ le tissu con- jonctif de la saillie ou villosité utérine ; 3° l'épithé- lium utérin; 4 l'ectoderme de la villosité fœtale ; 5° le tissu mésodermique et l'endothélium de la villosité fœtale. Chez les Carnivores etles Rongeurs, aucontraire, l’épithélium utérin disparaît partout où l'ecto- derme fœlal vient s'appliquer à la surface de l’u- térus. Cet ectoderme fœtal prolifère et développe une épaisse couche plasmodiale, qui reçoit el enveloppe les capillaires émanés des couches ma- ternelles sous-jacentes. La fixation de l'œuf se fait ici au moyen des cellules ectodermiques du fœtus, qui ont englobé les vaisseaux maternels. Plus tard, les vaisseaux fœtaux pénètrent également dans le plasmode. Chez les Carnivores, les vaisseaux maternels conservent pendant toute la gestation leur paroi propre, de sorte que leur placenta où angio-plas- mode résulte d’un enchevétrement de capillaires maternels et de trainées ectodermiques fœtales. Le sang maternel n'est donc séparé chez eux que par : 4° la paroi endothéliale des capillaires maternels; % les cellules ectodermiques du plas- mode; 3° la paroi endothéliale des vaisseaux fœtaux entourés d’un peu de tissu conjonctif. 1000 D: E. RETTERER — LE PLACENTA DES CARNASSIERS Chez les Rongeurs enfin, les rapports deviennent plus intimes et plus faciles encore, parce que la paroi des vaisseaux maternels disparait elle-même, partout où elle est circonscrite par les cellules ectodermiques du plasmode, de sorte que le sang maternel circule dans des tubes conslilués par le tissu fœtal lui-même (sus ou lacunes sanqui- maternelles). On le voit, il s’agit ici, non point de conceptions imaginaires et d'interprétations plus ou moins arbitraires, mais de faits parfaitement positifs et coordonnés d'après l’enchainement de leurs évo- lutions successives. VI. — ORIGINE DES ÉLÉMENTS DU PLACENTA HUMAIN. A la fin de celle étude se pose la question de la valeur des éléments qui constituent le placenta humain. Quelle est l’origine, maternelle ou fœtale, des couches cellulaires qui séparent le sang ma- ternel du sang fœtal? Bien que de nombreuses recherches aient été faites sur ce sujet, des opinions aussi nombreuses que contradictoires ont encore cours à l'heure actuelle; ces divergences sont dues à des causes mulliples, notamment au mauvais état des matériaux d'étude et à l'examen d’un nombre tout à fait insuffisant de stades évolulifs. Il est vrai que nous n’aurons des résultals vrai- ment posilifs que le jour où un observateur, après avoir réuni les phases principales du développe- ment du placenta humain, consacrera le temps nécessaire à l’élude de la série complète de pièces depuis l’origine de l'organe jusqu'à sa constitution définitive. Ici, comme pour tous les tissus el forma- lions complexes, l'anatomie et l’histologie de l'un quelconque des stades évolutifs sont impuissantes à nous renseigner suflisamment. Pour définir la nature d'un organe, il est absolument indispen- sable d'appliquer la technique histologique à l'étude de fous les stades de son évolution. Quoi qu'il en soit, en tenant compte des faits isolés publiés jusqu'à ce jour et des aflinités zoolo- giques qui relient l’homme aux autres Mammifères, on peut donner le schéma suivant de l’origine et de la constitution probables du placenta humain : Une fois que l’œuf est logé dans l’un des replis de la muqueuse hypertrophiée, les villosités du chorion fœlal s'appliquent à la surface de l'épi- thélium utérin; à son contact, cet épithélium dégé- nère el disparait. L'ectoderme qui tapisse les villosilés développe de nombreuses assises cellulaires, qui pénètrent dans le Lissu con- choriales jonclif utérin, et entourent les vaisseaux mater- nels. Ceux-ci se dilatent en sinus sanguins dont les cellules endothéliales sont conservées comme chez les Carnivores ou disparaissent dans la suite, par résorption, comme chez les Rongeurs. En un mot, le placenta humain (sérotine) serait essentiellement constitué par du tissu d'origine fœtale, qui aurait végété au-devant des vaisseaux maternels et les aurait englobés dans sa masse. Ce qui, outre les faits déjà cités, plaide en faveur de cette interprétation, c'est la facon dont se détache le placenta. On sait que, dans le placenta humain, la ligne de séparation passe par la couche spongieuse. Chez les Rongeurs, toute la portion de la sérotine qui a élé pénétrée par l’ectoplacenta s’en va également.avec le placenta. Un récent tra- vail de H. Strahl montre qu'il en est de même chez la chienne !; de plus, ce travail nous fournit des éclaircissements sur le mode de régénération de l'épithélium utérin. Le placenta se sépare chez la chienne d'avec la muqueuse utérine à peu près au milieu de la couche spongieuse, de telle sorte que la moitié profonde de cette couche est conservée, tandis que la moitié superficielle se délache. Les minces lamelles de tissü conjonctif (mésentéri- formes) qui se lrouvent entre les dilatations de la couche spongieuse sont seules mises à nu, c’est-à- dire dépourvues de tissu épithélial, lors de la par- turition. Il est vrai que la contraction de l'utérus qui survient après le part réduit ces plaies à des points imperceptibles en même temps qu'elle détermine la formation de nombreux plis. En un mot, la restauration de la muqueuse uté- rine a lieu par ce fait que, sur toute la surface dénudée, le fond des glandes utérines persiste. Les portions dépourvues d'épithélium sont d'une étendue si faible qu'il est fort diflicile de les découvrir après la rétraction de l'utérus; dès lors, la réparation de ces petites plaies peut se faire avec une très grande facilité. On voit combien ces études d'Embryologie el d'Histologie comparées sont utiles pour apporter quelque lumière à la question, si importante el encore si obscure, de lévolution intra-utérine dans l’espèce humaine. D' Ed. Retterer, Professeur agrégé d'Embryologie à la Faculté de Médecine de Paris, 1 Der puerperale Ulerus der Hündin (Anat. Heften de Merkel et Bonnet, 1895). so lttitod à; (e" Les. À ! Lens D ds ie dede sûe #17. G. MOURET — L'ENTROPIE, SA MESURE ET SES VARIATIONS 1001 L’ENTROPIE, SA MESURE ET SES VARIATIONS ‘ DEUXIÈME PARTIE : MESURE DE LA RÉVERSIBILITÉ DES TRANSFORMATIONS ISOTHERMES I. — L'Exrropte. On mesure les quantités de chaleur avec le calo- rimètre. Soit le calorimètre à glace; pour mesu- rer, par exemple, la quantité de chaleur dégagée par le refroidissement de l’eau, de la température 4 à la température {', on opère le refroidissement dans le calorimètre, et le nombre de kilogrammes de glace fondue est la mesure d’une certaine quan- lité physique, qui, par définition, est la quantité de chaleur. Le principe des trois sources prouve, d’ail- leurs,que,quelquesoit le calorimètlre, quellequesoit la nature du changement du corps calorimétrique, le résultat comparalif des mesures reste toujoufs le même, c'est-à-dire que le rapport des quantités de chaleur dégagées par deux transformations données différentes d'un même corps ou de deux corps dis- tincts et mesuré respeclivement avec ces divers calorimètres, est invariable. La mesure des quantités de chaleur par le calori- mètre s'applique à toute espèce de transformations, isothermes ou non isothermes. Mais, s'ils'agitexclu- sivement d'une transformation isotherme, on peul concevoir la possibilité, tout en faisant usage d’un _calorimètre, de changer radicalement le mode de mesure. Au lieu de laisser la chaleur Q du corps qui subit la transformation isotherme (par exemple la condensation de la vapeur d’eau saturée) s’écouler directement dans le corps calorimétrique, on peut, théoriquement du moins, opérer la transmission de la chaleur par l'intermédiaire d'une machine de Carnot fonctionnant d'une manière réversible, c’est-à-dire à la température de la vapeur d’eau, puis à celle de la glace. La machine absorbera la chaleur Q perdue par la vapeur d’eau, mais elle ne rendra au calorimètre qu'une quantité de chaleur Q' plus faible que la quantité Q, et par suite le poids de la glace fondue sera moindre que dans l’opéra- tion calorimétrique ordinaire. L'interposition d’une machine Carnot modifie donc le résultat des mesures, et la mesure réversible ainsi effectuée, définit, par conséquent, une nou- velle espèce de quantité physique, tout à fait dis- tincte de la « quantité de chaleur ». En effet, non seulement les nombres obtenus par voie réversible sont différents des nombres obtenus par les me- 1 Voyez 1'e partie dans la Revue du 30 Octobre. sures calorimétriques proprementdites ; mais, dans le cas général, ils n’y sont point proportionnels. IL suffit, pour le prouver, de montrer que deux transformations isothermes, accomplies à des tem- péralures différentes, et qui dégagent la même quantité de chaleur, n’auront nécessairement pas la même mesure par voie réversible. Soit, par exemple, la condensation de la vapeur d’eau satu- rée à 100° et la condensation de la vapeur d'éther saturée à 35°5,etsupposons, pour simplifier, que les poids de chaque substance soient inversement pro- portionnels aux chaleurs latentes de vaporisation, c’est-à-dire que les deux opérations de conden- sation dégagent la même quantité de chaleur Q. Prenant l’eau à l’état de vapeur et l’éther à l’état liquide, nous pouvons donc vaporiser l’éther à l’aide de la chaleur Q empruntée directement à la condensation de la vapeur d’eau, opération qui est irréversible. Puis nous ramenonsl’éther à l'état liquide par voie réversible en cédant au calori- mètre la chaleur Q', et l’eau à l’état de vapeur, éga- lement par voie réversible, en empruntant au ca- lorimètre la quantité de chaleur Q". Les quantités Q' et Q", proportionnelles aux poids de glace fondue, sont les mesures réversibles des deux trans- formations considérées, et ces deux quantités sont nécessairement inégales, car du système des trois sources de chaleur, deux sources, l’eau et l’éther, sont revenues à leur état initial, et il faut, puisque l'opération totale est irréversible, que la troisième source, qui est le calorimètre, ait gagné de la cha- leur. Donc la quantité Q' est supérieure à la quan- - tité Q, c'est-à-dire que la condensation de l’eau en- traine, par voie réversible, la fusion d’un poids de glace supérieur au poids de glace qui serait fondue dans les mêmes conditions, à l'aide de la chaleur empruntée à la condensation de l’éther ?. La mesure réversible d’une transformation con- duit à des résultats différents des mesures calori- métriques ordinaires, mais pour conclure de là que ce procédé de mesure définit une quantité, il faut que, si l’on change l'appareil de mesure, si, par exemple, l’on substitue le calorimètre à mercure au calorimètre à glace, les résul- tats des mesures réversibles ne soient modifiés 1 On peut répéter le même raisonnement sur deux masses d’eau, à condition de les prendre à des températures et sous des tensions de vapeur différentes. 1002 G. MOURET — L'ENTROPIE, SA MESURE ET SES VARIATIONS que proportionnellement. La question est la même que pour la quantité de chaleur, et elle se lranche de la même manière, par l'application du principe des trois sources. Soient, en effet, deux transformations, par exemple la condensalion de la. vapeur d’eau et la condensation de la vapeur d'éther, les poids des substances élant alors tels que les deux transformations ont la même mesure réversible au calorimètre à glace, et par suite que les chaleurs gagnées par le calorimètre dans les deux opérations de mesure sont toutes les deux égales à une même quantité Q. En condensant donc l’eau, par voie réversible, dans le calorimètre à glace, nous fournissons à ce calorimètre la quantité de chaleur Q; nous pouvons ensuite ramener le calorimètre à glace à son élal initial par voie réversible en lui enlevant avec la machine cette quantité Q et en cédant au calorimètre à mercure une certaine quantité de chaleur Q". D'après le principe des trois sources, le résullat sera le même que si nous avions directement opéré la condensation de la vapeur d’eau, par voie réversible, dans le calorimètre à mercure. D’ail- ( Q lures de deux calorimètres. Si Q'"est la mesure réversible de la condensation de la vapeur d’éther leurs le rapport = ne dépend que des tempéra- dans le calorimètre à mercure, le rapport - dépend aussi que des mêmes températures. Les deux rapports sont dune égaux, ce qui entraine l'égalité des quantités Q' et Q”,‘et par suite l'éga- lité des mesures faites au calorimètre à mercure. Ainsi donc la mesure réversible des transforma- tions isothermes ne dépend pas de l'appareil de me- sure, mais définit une quantité physique nouvelle, une quantité qui n’est pas la quantité de chaleur. Il y a entre ces deux espèces de quantités une différence absolument fondamentale. Quand nous parlons des quantités de chaleur, c'est que nous considérons comme équivalentes deux trans- formalions qui, direclement opérées dans le calori- mètre, fondent respectivement le même poids de glace. Quand nous parlerons de la nouvelle quan- lité, c’est que nous considérerons comme équiva- lentes deux transformations qui détermineraient respectivement la fusion d’un même poids de glace par l'intermédiaire d'une machine de Carnot. La différence entre les deux quantités a donc pour fondement la différence entre le phénomène de la conduction et celui de la lransmission réversible de chaleur ; mais, si celle-ci entraine celle-là, si les deux modes de mesure conduisent à des résul- tats différents, si, par conséquent, il y a en cha- leur une autre espèce de quantité que la quan- lité de chaleur, c’est en raison de la loi Clausius, ne c'est parce qu'un même système thermique hors d'équilibre, suivant qu'il se transforme par voie. réversible ou par voie irréversible, ne passe pas par les mêmes états, ne suit pas le même cycle, et ne peut parvenir au même état final. Telle est. aussi la raison profonde pour laquelle la Chaleur | est une des formes de l'Energie. Dans le cas des mesuresréversibles, comme dans le cas des mesures calorimétriques ordinaires, il faut faire choix d'une certaine unité. S'il s'agit des mesures calorimétriques ordinaires, l’unité choisie, c’est l'échauffement de 0° à 1° d’un kilog. d’eau: on l'appelle la Calorie. Dans les mesures réversibles, on pourrait conserver la mème unilé, qu'on appel- lerait Cluusie pour rappeler le nom du grand physi- cien qui a su le mieux mettre en évidence la nou- velle quantité. Mais nous verrons plus loin qu'au point de vue de la simplicité des formules, et pour éviter l'emploi d'un coefficient, ilconvient de choisir une unité de transformation différente de la trans- formation qui sert à définir la calorie. Dans tous les cas, le changement d'unité n’entraine que la mulliplicalion des mesures par un facteur constant. La nouvelle quantité jouit d’une propriété bien remarquable, qui n'appartient pas à la quantité de chaleur. Celle nouvelle quantité reste la même pour deux transformations isothermes ab et «' 0", d’un mème corps, accomplies à des températures différentes { el {', quand ces transformations sont comprisesentreles deux mêmesadiabatiques(fig.1). En effet, nous pouvons accomplir la transfor- S S malion «b par voieré- ‘ versible, à l’aide d'une | machine de Carnot qui emprunte au calorimè- \e tre la quantilé de cha- ,- leur Q. Puis, après a- : \ {8 voir amené le corps à st 1e l'état d' par une dé- KA tenteadiabalique nous \e ë| pouvons accomplir la À \ transformation d'a! à l'aide de la même ma- chine ou d'une autre, en cédant au calorimè- : tre la quantité de chaleur Q'. Enfin, par compres- sion adiabatique nous ramenons le corps à son état inilial. L'opération totale étant réversible, il faut que le calorimètre revienne aussi à son élal inilial, c'est-à-dire que les quantités Q et Q' soient égales. Mais ces quantités sont la mesure déversible des transformalions 4b et a! b'; donc les mesures ré- versibles de ces transformations sont égales, ce qu'il fallait démontrer. On peut exprimer ce résultat en disant que la Fig, 1: 1003 ee i À ; | | | « ne dépend pas de la température de la trans- formation, mais seulement de l'adiabatique initiale et finale. La nouvelle quantité peut ser- vir à définir, en quelque sorte, l’espacement de deux adiabatiques, indépendamment de toute considéralion de température. C'est là un rôle - que ne saurait jouer la quantité de chaleur, car cetle quantilé ne reste pas la même pour toules - les transformations isothermes limilées aux . mêmes adiabatiques; elle est d'autant plus grande que la température est plus élevée, toujours en r . verlu de la quatrième des lois fondamentales. Il devient, par suite, possible de rapporter toutes les adiabatiques d'un corps à une adiaba- tique déterminée prise pour origine, comme on . rapporte toutes les températures au zéro centi- grade. Appelons ENTROPIE : {4 grandeur définie par la mesure réversible des transformations isothermes qui ont pour adiabatique initiale précisément celle adia- batique arbitrairement choisie comme origine. Convenons, en outre, de compter positivement les mesures des transformations isothermes qui absor- bent de la chaleur, négalivement ies mesures de celles qui dégagent de la chaleur. À toute adiaba- tique répondra alors une valeur déterminée de l’'entropie, et une seule, valeur positive si l’adia- balique est à droite (dans le cas le plus commun), . négative si elle està gauche. Réciproquement, à loute valeur déterminée de l’entropic, valeur posi- live ou négative, répondra une adiabatique détermi- née, et une seule, située à droite ou à gauche de l'adiabatique origine. L’entropie est donc bien une quantité capable de représenter, de désigner les adiabatiques d’un corps, d'en définir la position relative. È Maintenant, observons ceci: si une valeur déter- minée de l’entropie répond à une adiabatique déterminée, elle répond par là même à tous les élats représentés par les points de cette adiaba- lique, comme la même température est commune à tous les états représentés par les points d’une même isotherme. Et comme deux adiabaliques n'ont aucun point commun quand deux étais distincts sont représentés par des points situés sur des adiabatiques différentes, les valeurs de l’entropie des deux étais ne sont pas les mêmes. La grandeur « entropie » devient ainsi un élé- ment numérique caractéristique de l’état d’un corps, et il est permis de dire que, sous tel élat, le corps possède telle entropie. Aussi, pour décrire d'une manière vérilablement complète l’état d'un corps, il ne suffit pas de faire connaïlre son élal physique, chimique et électrique, et d'indiquer son volume, sa pression et sa tempéralure; il faut cet élément est aussi essentielle que l’est celle des autres éléments, et notamment de la température: car il n'y a pas plus de raison de se dispenser de considérer les adiabatiques, qu’il ne peut yen avoir de négliger les isothermes. Les unes et les autres ont un égal titre à être appelées transfor- malions fondamentales. Puisque l’entropie est un élément numérique caractéristique, cette grandeur peut servir de va- riable indépendante. On sait, par exemple, que. lorsqu'un corps n’est pas susceptible de change- ment d’élat physique, chimique et électrique, deux variables indépendantes suflisent à définir son état. On choisit d'ordinaire le volume et la pres- sion, mais on pourrait, on le voit, tout aussi bien définir cet état par le volume et l’entropie. Étant données les valeurs de ces deux quantités, les va- leurs des autres — pression, température — se trouvent nécessairement déterminées. IT. — LE CHANGEMENT D'ENTROPIE L'entropie élant une grandeur caractéristique de l'état d’un corps, on se trouve autorisé à parler d'une différence d’entropie entre deux états, même quand il y a entre ces deux états un écart de tem- pérature. La différence d’entropie ne se rapporte plus à une différence entre les états initial et final d’une transformation isotherme, ni même d’une transformation réversible quelconque; c’est une différence qui peut se constater dans une trans- formation quelconque, réversible ou irréversible. Lorsqu'un mobile s'éloigne, suivant une trajec- toire courbe, de sa position iniliale, nous ne fai- sons aucune difficulté de parler de la distance entre les deux positions initiale et finale du mobile, distance cependant qui ne peut être me- surée que suivant une trajectoire rectiligne; ce n’est pas le chemin effectivement suivi qui fail la distance, c'est un certain chemin qui aurait pu être suivi. Pareillement, ce n’est pas la transfor- mation réellement accomplie qui mesure la varia- tion d'entropie, c'est une transformation d'une espèce particulière, par laquelle le corps aurait également pu parvenir de l’état initial à l’état final. On parle de la force d'un corps en mouve- ment, en voulant signifier l'effort que le corps exercerait s’il n’élait point en mouvement. Le lan- gage ne se compose guère que d’abstraclions(c'est- à-dire de simplifications) de ce genre. Mesure du changement d'entropie. — Mais puis- qu'un changement d'entropie peut avoir lieu à la suile d'une transformation quelconque, et puisque nous ne connaissons ici qu'un procédé de mesure de ces changements, applicable seu- encore indiquer son entropie. La connaissance de ! lement aux transformations isothermes, il est REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. 22* 100% G. MOURET — L'ENTROPIE, SA MESURE ET SES VARIATIONS naturel de se demander comment il est possible de mesurer un changement d’entropie dans les autres cas, notamment dans le cas d’une transfor- mation irréversible d'un état B à un état À (fig. 2). Le procédé est S simple en théorie. s' Il consiste à faire \M \ revenir le corps, es par voie réversible, ; de l’état À à l’état \ B, suivant un cycle formé de deux adi- NS NE . abatiques , BN et T MA, et d’une iso- | © NT" therme NM, à une ENS __ - température arbi - trairement choisie. La mesure réver- sible de cette dernière transformation est celle de la différence d’entropie entre les adiabatiques S et S', et, par suite, entre les deux états re- présentés par les points A et B de ces adiabati- ques. Mais même il n’est point nécessaire de s'as- treindre à faire suivre au corps un cycle aussi déterminé que l’est le cycle BNMA; il suffit de lui faire suivre un cycle réversible quelconque entre A et B ; cela demande toutefois quelques mots d’expli- cation. Quand un corps passe successivement de l'état À à l’état A', de l’état A à l’état A”, et ainsi de suile, jusqu’à l’état B,et qu'on mesure, par le moyen qui vient d’être indiqué, ses variations successives d’entropie, on trouvera que la somme de ces va- riations est égale à la variation totale d’entropie de À à B, mesurée de la même manière. Par consé- quent, cette somme est constante et ne dépend pas des états intermédiaires A', A”, etc. C’est la consé- quence de la loi sur la réversibilité. Nous ne répé- terons pas le raisonnement, qui est toujours le même. Ce raisonnement prouverait aussi qu’il est pos- sible de simplifier les opérations successives de mesure, et qu’au lieu de mesurer séparément cha- cune des transformations isothermes, en rever- sant chaque fois de la chaleur au calorimètre, on peut procéder en bloc et faire une opération uni- que. Cette opération consiste à effectuer immédia- tement la série des transformations isothermes en amenant successivementla machine aux différentes températures du corps. Ramenant ensuite la ma- chine à la température du calorimètre, l’on com- plétera le cycle, et le poids de glace fondue dans cette dernière opération sera égal à la somme des variations partielles d’entropie, ou à la variation totale, ce qui revient au même, Fig. 2. Or, on peut considérer un cycle quelconque AB, nous l’avons déjà dit, comme la limite d’une alter- nance de transformalions isothermes et adiaba- tiques infiniment petites, qui font passer le corps successivement de l’état À à l’état A, à l’état A”, à l'état A", etc. (fig. 3). La mesure réversible, directe- A AUS: ni AN \ÈS EN A y" A M' M Fig. 3. menteffectuée suivant le evele formé de ceséléments d'isothermes et d'adiabatiques, ne cessera pas, d'après ce qui vient d’être expliqué, de représenter la variation totale d’entropie; mais, considérée à sa limite, cette opération n’est pas autre chose que la mesure même du cycle considéré, mesure réver- sible, l'égalité de température setrouvant à chaque instant maintenue entre le corps et la machine thermique. Il suit de là que la mesure directe de la variation d’entropie d’une transformation réver- sible quelconque.est une opération {théoriquement possible, et qui ne diffère pas essentiellement de celle faite à l’occasion d'une transformalion iso- therme. Elle se trouve toujours ramenée à la me- sure d’un changement physique d’une espèce dé- terminée, accompli à une température également déterminée, c'est-à-dire à une simple mesure calo- rimétrique. Le théorème précédent équivaut, par consé- quent, à la proposition que la variation d'en- tropie mesurée le long d'un cycle réversible ne dépend pas de la forme du cycle, mais seulement des états extrêmes, ce que l’on exprime encore el sous une forme mathémalique, en disant que la quantité infiniment petite (considérée comme fonction de deux variables indépendantes, volume et pression) qui représente la variation d’entropie d’une lrans- formation élémentaire A" A” est une différentielle exacte. Le fait à retenir, sous ces formes diverses de langage, c’est que, si un corps passe par une trans- formation quelconque de l'élat À à l’état B, toute transformation réversible de l’état B à l’état A permet de mesurer directement la différence des entropies du corps sous ces deux élals. Ce qu'est la chaleur. — Mais revenons au chan- gement d'enlropie considéré en lui-même, indé- RS de ns ont de à bn cité de joints, du à ne / G. MOURET — L'ENTROPIE, SA MESURE ET SES VARIATIONS 1005 pendamment des procédés de mesure et cherchons à en bien faire ressortir l'autonomie. Dans le casle plus général, une variation de tem- péralure accompagne la variation de l’entropie, mais ce n'est là qu’une association accidentelle. Le changement d'entropie peut avoir lieu sans que la température varie; il se produit toujours si la transformation à température constante est réversible ; il peut se produire si elle est irréver- sible : ce serait le cas des réactions chimiques qui s’accompliraient sans dégagement ni absorption. de chaleur. Le changement d’entropie est donc absolument distinct du changement de température, et cela, d’ailleurs, ressort immédiatement de sa définition. Il n’est pas moins distinct du changement qui con- - siste en pertes ou gains et de chaleur. Par exemple, l'entropie d’un corps est susceptible d'augmenter sans que le corps emprunte de la chaleur, — c'est le cas des phénomènes de choc, de détente ou de compressions brusques, des réactions chimiques proprement dites,etc., —ou même quoique le corps perde de la chaleur ; et quand il y a à la fois aug- mentation d’entropie etgain de chaleur, il n’y a pas ordinairement de rapport numérique défini entre les valeurs de ces deux variations. Si le changement d’entropie a souvent lieu sans que la température varie ou sans que le corps perde ou gagne de chaleur, il peut aussi avoir lieu sans que la température varie e{ sans que le corps perde ou gagne de chaleur. Quand un gaz parfait se dé- tend dans le vide, son entropie augmente !, et ce- pendant sa température finalement n’a pas changé et il n’a pu emprunter ni céder de la chaleur. S'il étail matériellement possible d'amener un corps au zéro absolu et de l'y maintenir, ce corps, qui conserverait une températureinvariable, serait ce- pendant encore susceptible de changement d'état ; probablement sa pression et son volume varie- raient, mais certainementson entropie subirait des changements. Ce serait là le changement d'entropie dans toute sa simplicité, dégagé de toute associa- tion avec des changements plus apparents el ce- pendant pas plus essentiels. Il n'y a pas, en définitive, de connexion inva- riable entre le changement d’entropie et les autres changements dus à la chaleur; le changement d'entropie est lui-même une nouvelle espèce de changement thermique, un changement sui generis, qui peut avoir lieu concurremment avec les autres changements, mais qui peut aussi se manifester isolément, même au zéro absolu. Il est, à vrai dire, le changement fondamental, le véritable change- 1 En effet, pour luifairereprendre sa pression et son volume initial en le comprimant lentement et sans changer sa tem- pérature, il faut lui enlever de la chaleur. ment thermique, celui sans lequel aucun dépla- cement d'énergie n’est possible sous forme de chaleur. De même donc que le fait caractéristique, fon- damental, constant, du changement mécanique, est le changement de volume, le changement d’entro- pie est le fait caractéristique du changement ther- mique. Un phénomène complexe, un phénomène qui n’est pas exclusivement d'ordre mécanique, ne peut être considéré comme suflisamment ex- pliqué ou décrit, si l'on n'a point fait connaitre le sens et la valeur des changements d’entropie, comme on fait connaitre la dilatalion ou la contrac- tion, l’élevation ou l’abaissement de température, la variation de pression, la perte ou le gain de la chaleur, etc. La considération de l’entropie n’a pas ainsi le seul avantage de simplifier les raisonnements et les formules ; elle a, avant tout, l'avantage de nous faire pénétrer plus profondément dansle cœur des phénomènes de la chaleur, de nous en faire mieux comprendre la nature, et cela, sans avoir recours à aucune hypothèse, par conséquent de nous révé- ler la véritable « forme » de la chaleur, suivant l'expression de Bacon. Mais, même si l'on n’admeltail pas celte préten- tion, si l’on pensait — je crois celte opinion fon- dée — que la chaleur, étant une source de radia- tions qui interfèrent, doit êlre ramenée à la considération d'une succession de changements périodiques d’un cerlain ordre {peut-être de chan- gements électriques), d'une durée et d’une am- plitude extrêmement faibles, l’entropie n'en conserverait pas moins son ultililé essentielie, en exprimant très certainement, soit une propriété commune à tous ces changements, soil un lienentre eux, soit l'une des conditions générales auxquelles ils sont soumis. En tout cas, pour le moment, cette notion nous permet de préciser notre idée des phénomènes thermiques, tels que nous croyons les observer, el d'apporter par là à nos raisonne- ments la rigueur en même temps que la clarté, à notre langage la précision en même temps que la correction. Et le langage surtout en à be- soin. Il est usuel, par exemple, de parler de la cha- leur d’un corps, de la quantité de chaleur qu'il contient à un état donné, de l'augmentation ou de la diminution de sa chaleur; et, quand la tempé- rature varie, au lieu de se contenter de constater simplement le fait, on l’interprèle en disant qu'il y a dégagement ou absorption de chaleur, alors même que le corps se trouve isolé thermiquement et qu'il ne peut céder de chaleur à l'extérieur, pas plus qu’il ne peut en emprunter. Toutes ces expressions, dernières traces de la 1006 G. MOURET — L'ENTROPIE, SA MESURE ET SES VARIATIONS théorie du calorique, n’ont pas seulement le défaut d'être vagues; elles sont incorrectes. Les quanti- tés de chaleur perdues ou gagnées par un corps dépendent, entre le même état initial el final, et de la lempérature de la transformation et du mode de transformation, c'est-à-dire qu'elles va- rient avec le eyele suivi et le procédé employé pour le suivre. Ces quantités ne peuvent done se cumuler comme se cumulent les variations d’en- tropie, et tl serait sans signification de dire que, sous tel élat, un corps possède une quantité de chaleur déterminée , même relativement à un élal déterminé choisi pour point de dé- part. Relalivement à cet état, on peut cependant dire qu'un corps, à un état quelconque, possède une entropie déterminée. L’entropie, par le fait, répond précisément à la notion vaguement entrevue quand on parle de la chaleur d'un corps, à la notion qu'il y a, dans un corps, quelque chose qui n’est ani la température, ni l'énergie intérieure, et qui varie cependant quand le corps perd où gagne de la chaleur. Bien des théories inexactes ou simplement nuageuses deviennent exactes et pré- cises, si au mot vague « chaleur » on substitue le mot bien défini «entropie ». La théprie élablie par Sadi Carnot eût été par- faite s'il eût parlé de conservation de l'entropie, au lieu de conservalion du calorique; le principe du travail maximum de M. Berthelot ne prêterail à aucune critique si l’on remplaçait l'expression « dégagement de chaleur » par l'expression « aug- mentation d'entropie Lotale ». Enfin, parmi les raisons qui contribuent à justi- fier la nécessité de la notion de l’entropie, nous ne devons pas négliger celles d'ordre général. Sans la considération de l'enlropie, la Science de l'Éner- gie n’est pas possible, du moins elle perd tout fon- dement rationnel et elle se lrouve réduite, avec la Thermodynamique, ou à des recherches mathéma- tiques sur la mécanique insuflisante de systèmes matériels hypothétiques,ou à un ensemble peucohé- rent de principes vagues, de notions mal définies qui prêlent trop aisément à des dissertations banales et sans portée. Mais c'est là un sujet qui mérite- rail un examen spécial !. ! Cet examen se trouve déjà fait, à un point de vué parti- culier, dans une étude intéressante et approfondie que notre | ati, M. H. Le Chatelier, a consacrée à la question de l'in- toduction de la théorie de l’Energie dans l’enseignement secondaire, et où ce savant chimiste a signalé la nécessité de bien asseoir les fondements de Ja théorie. Nous reviendrons peut-être un Jour sur ce sujet, pour exposer la doctrine qui nous est propre, el que nous avons déjà fait pressentir dans notre étude précitée sur l’œuvre de $S. Carnot (note de la page 22 et conclusions) et appliquée à un cas Spécial, dans un essai sur la démonstration du principe d'équivalence cuire la chaleur et le travail, III. —— RELATIVITÉ DE L'ENTROPIE. Pour mesurer la différence d'entropie entre les” élats À el B d’un corps, il faul faire passer le corps de l’un des états à l’autre par voie réversible, ce qui implique pour le corps une transformation réversible. La question, maintenant, est de savoir si, élant donnés deux états quelconques d’un même corps, d'une même portion de matière, il est toujours possible de passer de l'un à l'autre par une trans- lormalion réversible. Tant qu'il s'agit de gaz ou d'autres corps parfaitement élastiques, il n'y a pas de doute à avoir sur ce point. La difficulté n'existe que lorsqu'il s’agit de corps susceptibles de chan- gements de composition chimique ou de structure moléculaire. On peut d’abord observer, en ce qui à trail à ces corps, qu'il n'existe aucun fait nous obligeant à nier ou nous empêchant de concevoir la possibi- lité de transformations réversibles. Les impossibi- liltés d'ordre pratique que nous constatons acluel- lement dans un grand nombre decas, peuvent donc tenir simplementäaune imperfeclion denosmoyens, à des lacunes dans nos connaissances: nous ne sommes pas certains que ce soient des impossibili- Lésabsolues. Mais il y a plus: car au furet à mesure que la science progresse, nous trouvonsles moyens d'effectuer par voie sensiblement réversible un nombre de plus en plus grand de changements que nous n'observions et ne pouvions réaliser jadis que d’une manière irréversible. Presque tous les ordres ou types de changements nous offrent maintenant des exemples particuliers de transfor- mations réversibles, el ces exemples sont si nom- breux, si variés, que nous ne saurions plus avoir de difficulté à généraliser les cas de réversibilité dans une proportion illimitée. Sadi Carnot, le pre- mier, a parlé explicitement de réversibililé, en ne considérant que les changements de tempéra- ture, les purs pertes el gains de chaleur. La réver- sibilité des changements d'état physique, fusion, volalilisation, et, en général, des phénomènes de saturalion, est depuis longtemps connue. Mais c'est Sainte-Claire Deville qui, en découvrant les faits de dissociation et en établissant leur caractère de réversibilité, à contribué, plus qu'aucun autre savant, à faire concevoir la possibilité d'opérer un changement quelconque sur une masse donnée de matière d'une manière qui soit réversible, et sur- tout qui satisfasse à la loi thermique sur la réversi- bililé que nous avons exposée dans un des para- graphes précédents. La réaction chimique pro- prement dite, par exemple la combinaison de l'oxygène et de l'hydrogène dans les condilions ordinaires el leur transformation en eau, est un | : 1 LR G. MOURET — L'ENTROPIE, SA MESURE ET SES VARIATIONS 1007 phénomène irréversible; cependant, on peut main- tenant concevoir la possibilité de passer, par voie réversible, de l'état initial à l’état final du système des deux gaz oxygène et hydrogène, en propor- tion convenable, au système eau. Pour fixer les idées, supposons que deux réci- pients différents contiennent : l’un 1 gramme d'hydrogène, et l’autre 8 grammes d'oxygène; puis réunissons ces deux gaz dans le même récipient, _et introduisons la mousse de platine; il y aura brusque combinaison et formation du corps com- posé, l’eau. Quelle peut être la différence d'’en- tropie entre cette eau et le corps hétérogène, au point de vue chimique, formé de 1 gramme d'hydrogène et de 8 grammes d'oxygène à la même Lempérature et sous la même pression? Cette différence se mesurera dans la succession des opérations suivantes : On portera séparément chacun des deux gaz à la température très élevée à laquelle la vapeur d'eau se trouverait intégralement dissociée. A celte température, les deux gaz seront doné en équilibre chimique; on laissera alors la diffusion s'opérer ; puis, quand elle sera complète, on abais- sera la température, de manière à rompre à chaque instant l'équilibre, mais sans chute brusque. Les deux gaz se combineront en proportion graduelle- ment croissante, et, à une température suflisam- ment basse, la combinaison pourra être considérée comme complète, et le récipient ne contiendra plus que de l’eau. On réchauffera finalement cette eau jusqu'à une température égale à celle de l'eau qui aurait été oblenue par combinaison directe sous l'influence de la mousse de platine. Toutes ces transformations sont réversibles, et si l'on a eu soin de les accomplir dans le calorimètre, mais par l'intermédiaire d’une machine de Carnot, le poids de glace fondue mesurera, à un facteur constant près, la différence d’entropie cherchée !. Ou bien encore, on peut se dispenser d'une ma- chine de Carnot, à la condition de mesurer à chaque inslant la température des gaz ou de l’eau et le poids de glace fondue. On verra plus loin que ces données suffisent à calculer la variation d'en- tropie. N'insistons pas davantage sur le sujet; le peu que nous en avons dit suflit pour faire com- prendre la généralité de la notion de l’entropie et la possibilité de mesurer ou calculer la différence d’entropie entre deux états quelconques d'unmême corps, ou de corps différents, mais ayant une composition chimique brute identique. On peut admettre, en effet, en ce qui concerne ce second 1, Nous négligeons ici la variation très faible d’entropie due à la diffusion des deux gaz. point, que deux masses égales d'une même subs- lance, sous le même état, ont la même entropie. Mais là s'arrètent nos connaissances sur l’entro- pie. Quand il s'agit de deux corps ayant une com- position chimique brute différente, notamment quand il s’agit de deux corps simples tels que l'hydrogène ou l'oxygène, nous n'avons plus aucun moyen de définir une différence ou une égalité d’en- tropie. Nous ne pouvons pas passer de l'un à l’autre par voieréversible, nous n'y pourrons même passer par aucune voie, lant que les chimistes n'auront pas découvert la pierre philosophale, et conslaté l'unité de substance. Qui nous dit d’ail- leurs que laloide Lavoisier surla conservation de la masse serait applicable à ce cas? Dans ce domaine notre ignorance est complète, et les diverses hypo- thèses qu'on peul imaginer sur les différences d’entropie des corps simples pris à l’élat critique, au zéro absolu, ou à tout autre état particulier, se- raient sans intérêt scientifique. L’entropie, eomme la Lension électrique, comme la quantité d’électri- . cilé, comme l'énergie intérieure, n’a qu’une valeur relative. On ne peut, à ce point de vue, assigner à l'entropie une valeur absolue qu’à la condition de la considérer comme une fonction contenant une constante arbitraire, ou plutôt une constante in- connue, ce qui est un pur artifice d'écriture. Ilest à peine utile d'ajouter que si l’entropie est une grandeur relative, iln'en est pas de même des variations d'entropie. Celles-ci ont toujours une valeur absolue, car nous pouvons comparer les variations d'entropie de deux corps tout à fait distincts. ° L'entropie n’a pas seulement une valeur relative par l'impossibilité de mesurer la différence d'en- tropie de deux substances différentes. La valeur est encore relative en ce sens que, pour un Corps déterminé, elle dépend de l'état arbitrairement choisi pour repérer le zéro d'entropie. C'est aussi le cas de la température thermo- métrique, et, comme la température, l'entropie est susceptible de valeurs dites, par extension, posi- tives ou négalives suivant que l’adiabatique, ré- pondant à l’état considéré, se trouve après ou avant l'adiabatique qui répond au zéro. Il ne faudrait pas cependant conclure de là que l'entropie soit une quantité « complexe » et que, comme la force, la vitesse, les vecteurs de la géométrie, etc., elle soit susceptible de deux sens. Il n’y à quesa varia- tion qui jouisse de cette propriété. L’entropie est une quantité « simple », une quantité qui ne peut ètre ni positive, ni négative, qui ne comporte ni le signe —. ni le signe —, pris avec leur signification strictement mathématique. Et c’est probablement celte propriété commune à la température et à l'entropie qui explique la loi sur l'irréversibilité. 1008 P.-P. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE D'AGRONOMIE Au point de vue pratique, le choix, pour un corps déterminé, de l'état qui repère le zéro d’entropie est indifférent. Il suflirait de définir cet état par une pression suflisamment forte, ou une tempéra- ture suflisamment basse, de manière à éviter l’em- ploi, dans les cas de la pratique, des valeurs néga- tives de l’entropie. Mais il est intéressant, au point de vue théorique, de se demander s’il ne serait pas pas possible de prendre pour origine des mesures le zéro absolu d’entropie, c’est-à-dire de rapporter les mesures de l'entropie à l’adiabatique limite, qui enveloppe toutes les isothermes. La question revient à savoir si la différence d’entropie entre celte adiabatique el une adiabalique quelconque est infinie ou finie, ou, ce qui revient au même, si d'un corps maintenu à température constante on peut extraire ou non de la chaleur en quantité croissant sans limite finie. Des données précises font défaut Sur ce point, car on ignore les lois particulières qui régissent les corps aux très basses températures; à s'appuyer sur jes analogies, on serait conduit à accueillir la seconde de ces suppositions et à admettre, en conséquence, que si l’entropie peut varier à l'infini dans le sens posilif, sa variation, dans le sens négatif, est limitée. Rapportés à cette valeur limite, les nombres qui mesurent l’entropie seraient toujours finis et positifs; ils seraient, relativement à un corps donné, la mesure absolue de son entropie. Nous n'avons voulu, dans cet arlicle, qu'indi- quer le sens physiqne des idées qui se rapportent à l’entropie. Il conviendrait, pour compléter cette élude, de montrer comment se rattachent directe- ment à ces notions les résultats fondamentaux auxquels la Thermodynamique est, de son côté, parvenue par une voie délournée. Nous le tenle- rons sans coule ici quelque jour. G. Mouret, Iugénieur en Chef des Ponts et Chaussées, REVUE ANNUELLE D’AGRONOMIE Î. — LE TRAVAIL DU SOL ET LA NITRIFICATION Le travail de la terre est aussi ancien que le monde, et cependant ce n'est que lentement, pé- niblementet tout à fait dans ces dernières années, que nous arrivons à bien comprendre l'utilité des .pratiques que les cultivaleurs se transmettent les uns aux autres depuis l'antiquité la plus reculée. Quand, à l'automne, les récoltes ont été enlevées, que la terre est découverte, il faut sans tarder préparer les cultures prochaines : on laboure ; facile sur les terres légères, le travail de la char- rue est impraticable sur les terres fortes, que les chaleurs de l'été ontrecouvertes d’une couche dure, compacte, impénétrable aux instruments, et il faut attendre que laterre ait élé ramollie, assouplie par quelques ondées ; il faut choisir, en outre, un moment propice : si la terre est trop humide, elle se lisse sous le versoir et forme de grosses molles qui durcissent el deviennent difficiles à briser, ce sont des terres difficiles « à prendre », suivant l'excellente expression des laboureurs. Il est aisé de comprendre l'utilité de ces pre- miers travaux. Les végétaux herbacés et notam- ment nos plantes de grande culture sont de ter- ribles consommateurs d'humidité; on calcule que, lorsqu'ils ont élaboré un kilogramme de ma- tière sèche, il a circulé au travers de leurs tissus de 250 à 300 kilogrammes d’eau, que les feuilles ont évaporée. Quand un hectare porte une récolle moyenne de 2.000 kilos de grain de blé et de 4.000 kilos de paille, il a dû fournir à cette récolte 1.509 mètres cubes d’eau,qui, répartis sur la surface d'un hectare, représentent150 millimètres de hauteur de pluie;les précipitations aux environs de Paris sont d'environ 500 millimètres; il tombe done beaucoup plus d’eau que n’en consomme la médiocre récolte dont nous venons de parler, mais toute l’eau tombée est bien loin d’être utilisée: les pluies d'été, arrivant sur des terres échauffées par les radiations solaires, s'évaporent rapidement, le sol n’est mouillé qu'à une très faible profondeur, il faut des averses for- midables pour que l’eau traverse le sol et arrive jusqu'aux drains; il est rare de les voir couler pen- dant l'été; il en est tout autrement pendant l'au- tomne et l’hiver : c'est à ce moment que la terre forme les réserves d'humidité nécessaires aux plantes pour qu’elles puissent traverser sans pâtir les périodes de sécheresse. Or, les pluies d'automne qui tomberaient sur une terre durcie par les chaleurs de l'été, non ouverte par la charrue, glisseraient sans pénétrer ; si la terre est ameublie, au contraire, elle -s’imprègne d'humidité, l’eau descend des couches superfi- cielles jusque dans les profondeurs, l’imbibilion est complète, Ces réserves d'humidité ne sont pas seulement précieuses en elles-mêmes:elles contri- buent, en outre, à l’ameublissement du sol; pen- dant les froids de l'hiver, l'eau gèle et la force P.-P. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE D'AGRONOMIE 1009 … expansive de la glace pulvérise les mottes saturées _ d'humidité. . Ce premier travail d'ameublissement est cepen- … dant tout à fait insuflisant ; les semoirs, dont l’em- —… ploi est si avantageux, ne peuvent fonctionner que — sur une surface bien aplanie; aussi met-on en … jeu, après la charrue, les rouleaux qui écrasent les mottes, les scarificateurs, les herses qui pulvé- risent le sol. Ce travail, que les cultivateurs habiles exécutent avec le plus grand soin, les binages qui suivent la . levée des graines, ont-ils seulement pour but de permettre le fonctionnement des semoirs ou la destruction des mauvaises herbes ? C'est là une . question qui me préoccupe depuis plusieurs an- nées et sur laquelle je veux insister. _ Ala fin de 1892, j'ai exécuté une expérience que je rappellerai brièvement. Des lots de 30 kilos de terres restées sans engrais depuis plusieurs années, ont été étalés dans le bâtiment de la sta- tion de Grignon ; après six semaines on a pris des échantillons et dosé les nitrates qui s'étaient formés dans ces terres étalées ; on en a trouvé une - quantité prodigieuse. ‘ Cette expérience a élé répétée au printemps der- - nier, sur une terre provenant de la Guadeloupe et sur une autre qui m'avait été envoyée quelques années auparavant de Seine-et-Marne; ces terres étalées sur deux ou trois centimètres d'épaisseur sur les dalles du bâtiment de la station, ont été maintenues en poudre et arrosées une fois ou deux avec parcimonie. L'expérience a commencé le 23 mars: de ce jour- là au 11 avril, 100 grammes de terre de là Gua- deloupe ont formé 0"! 9% d'azote nitrique, et 100 grammes de terre de Seine-et-Marne 1136 ; la nitrification fit ensuite des progrès sensibles, mais très irréguliers : landis que, du 18 avril au 2 mai, la terre de la Guadeloupe donne 4"! 38 et celle de Seine-et-Marne 6" 88, — du 2 au 15 mai la Guade- loupe monte à 31! 25 et Seine-et-Marne à 15" 09 ; pendant la fin de mai et le commencement de juin, la Guadeloupe reste à peu près stationnaire et Seine-et-Marne monte à18 milligrammes; enfin, pendant la période du 13 au 27 juin, la Guade- loupe donne 68%! 75 et Seine-et-Marne 311195, Un premier point — et,à mon sens, très intéres- sant — ressort de l'examen des nombres précé- dents c’est que des terres qui n’ont reçu depuis plu- sieurs années aucun engraisazoté,peuventproduire, par leurs seules ressources, quand elles sont con- venablement traitées, des quantités d'azote nitrique infiniment supérieures à celles quisont nécessaires aux récoltes les plus abondantes. En effet, le 17 juin la terre de la Guadeloupe donne 6811 75 d'azote nitrique pour 100 grammes ou 687 milli- grammes par kilo, 687 grammes par tonne,et,si la couche superficielle d’un hectare, à laquelle on peut attribuer un poids de 1.000 tonnes, nitrifiait comme la terre en expériences, on en obtiendrait 687 kilos d'azote nitrique, c'est-à-dire cinq ou six fois plus que n’en exigent les plus fortes récoltes de betteraves ou de blé. La nitrification est moins active dans la terre de Seine-et-Marne, mais elle donnecependant 311 3* le 17 juin, c’est-à-dire qu’en calculant comme pour la terre de la Guadeloupe, un hectare de terre de 1.000 tonnes fournirait 312 kil. 5 d'azote ni- trique. À quelle cause attribuer cette nitrification exces- sive ? La température dans le bâtiment a été peu élevée, on a donné aux terres quelques coups de ràteau pour les ameublir; mais le succès parait dû seulement à ce que les terres, humides et bien ameublies, sont restées exposées à l'air pendant trois mois. Visiblement, ces conditions ne sontpas réalisées dans les terres en place, puisque, pour obtenir de bonnes récoltes, nous sommes obligés derépandre du nitrate de soude; cherchons donc à préciser les différences que présentent les terres en place et les Lerres étalées dans le bâtiment de la station. Or, il suffit d'examiner quelques instants un champ récemment hersé pour voir que, si bien préparée qu’elle puisse être par nos instruments, la terre n’y est pas en poudre, mais bien en mottes de diverses grosseurs ; or, il n'était pas certain, à priori, que, dans ces molles, l’airet l’eau fussenien proportions favorables à la nitrification. Il fallait s’en assurer. Pour déterminer la quantité d’air contenue dans une motle de terre, on lui donne avec un couteau une forme telle qu'elle puisse pénétrer dans un flacon à large ouverture, qu'on remplit ensuite de mercure ; si on a pesé la motte avant son immersion et qu'on la pèse après, en détachant les quelques gouttelettes de métal -qui restent fixées sur les parois, on ne (rouve pas qu’elle ait augmenté de poids : c’est donc que le mercure n’a pas pénétré dans la motte pour en chasser l'air qui y est contenu. On adapte au flacon rempli de mercure un bon bouchon en caoutchouc muni d’un tube à robinet de verre, qu'on laisse ouvert; au moment où on enfonce le bouchon, le mercure monte dans le tube ; on ferme alors le robinet, on adapte l’extré- mité du tube à une trompe à mercure, el on fait le vide dans tout l'appareil au-dessus du robinet; quand le vide est fait, on place une cloche à gaz sur le bec de la trompe et on tourne le robinet ; aussitôt, le gaz contenu dans la terre s'échappe, on l’entraine et on le recueille. Si, d'autre part, on détermine la quantité d’eau 1010 contenue dans la motte examinée en desséchant à 110°, on obtient un résultat très intéressant : les deux quantités sont complémentaires; l'air et l'eau se remplacent : une terre très humide n'est pas aérée, une terre bien aérée est sèche. Considérons une motle de terre soumise à une bonne pluie qui l’imbibe sans la déliter: la nitrifi- cation ne peut s’y établir, car elle est saturée d’eau, elle n’est pas aérée; supposons qu'à la pluie succède un temps sec: la motte perd de l’eau, qui est remplacée par un même volume d’air,et les proportions favorables à la nitrification sont réa- lisées; mais elles ne persistent que pendant un temps relativement court: car, si la pluie se fait attendre, peu à peu la motte se dessèche; or, dans une terre sèche, tout s'arrèle; si, au contraire, la pluie arrive, l'humidité est suffisante ; mais c’est l'air qui fait défaut, la nitrification ne peut donc faire que peu de progrès dans une terre en mottes. Quand, au contraire, une terre esl réduite en poudre, une des conditions favorables est réalisée : toutes les molécules de terre sont baignées d'air, et, s'il arrive des pluies opportunes, modérées, qui ne roulent pas les molécules de terre les unes sur les autres, ne les soudent pas, n’en forment pas des masses compactes, si la terre humide reste en poudre, la nitrification progresse comme elle l’a fait dans les lerres étalées dans le bâtiment de la stalion de Grignon. Quand ces conditions favorables se trouvent réunies, les récoltes sont abondantes, puisque de tous les agents de fertilité les nitrates sont les plus puissants; on conçoit donc quel avantage trouve le cultivateur à travailler la terre, à briser les mottes qui s’y forment, à la pulvériser; sans doute, ce travail acharné n’est pas toujours récom- pensé, la récolte est encore à la merci de pluies opportunes ; mais toutes les opérations agricoles sont aussi sous la dépendance étroite des condi- tions atmosphériques..; il faut toujours mettre au jeu sans être jamais sûr de gagner. Les conditions fayorables à une aclive nitrifi- calion sont réalisées dans la culture maraichère: le nom l'indique, les maraichers ne s'établissent que là où l’eau est assez abondante pour permettre de copieux arrosages, et, comme les surfaces cul- tivées sont de médiocre étendue, que sans cesse on y prodigue les façons, qu'on n’abandonne larro- soir que pour prendre la bêche, on transforme le sol en une vérilable nitrière; aussi les récoltes se succèdent-elles rapidement et la masse de matière végélale produite est-elle énorme. La puissance productrice d'une terre humide est enraison de la perfection du travail à laquelle elle est soumise, P.-P. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE D'AGRONOMIE Il. — EMPLOI DES PHOSPHATES L'histoire de l'emploi agricole des phosphate: est certainement une des plus curieuses qui se puissent imaginer. — Au commencement du siê- cle, Th. de Saussure signale la présence de l'acide phosphoriqué dans les cendres des végétaux; il va plus loin et écrit, dans ses Recherches chimiques sur. la Végélation, en l'an X : « J'ai trouvé le phosphate de chaux dans les cendres de toutes les plantes que j’ai examinées, el il n’y a aucune raison de supposer qu'elles puissent exister sans lui. » Cette. opinion, singulièrement avancée, passe inaperçue;. c'est par pur empirisme qu'à partir de 4820 envi- ron, on emploie comme engrais le noir animal, ou. les os; on ne se doute même pas de la raison de l'efficacité deces os, ou de ce noir animal, et c’est. seulement en 1843 qu'un grand seigneur anglais, le duc de Bedford, démontre que c’est le phosphate de chaux qui en est la partie active; Liebig, à cette époque, imagine de trailer les os par l’acide sulfu- rique, il augmente ainsi leur efficacité comme engrais et crée cette industrie des superphos- : phates, qui devait prendre de nos jours un si pro- … digieux développement. Pendant longtemps les seuls phosphates em- ployés ont été les débris d’origine animale, les os; la quantité en était singulièrement limitée, les prix s’élevaient; l'inquiétude était grande : l’état des esprits à cette époque se montre clairement dans un Mémoire que publia Elie de Beaumont dans le recueil de la Sociélé nationale d'Agricul- ture; il est intéressant d'en citer quelques frag- ments : « Si l’on réfléchit à ce que pourrait devenir un jour le besoin de phosphate de chaux, lorsque l'épuisement général des terres serait plus sen- sible et mieux apprécié, on comprendra que la découverte de cette substance dans l'intérieur de la terre serait non seulement un service rendu aux vivants, mais encore l’accomplissement d’un devoir pieux envers les cendres des morts. L « Si l’on ajoule que, suivant toute apparence, le phosphate de chaux renfermé dans les sépultures n'est qu'une fraction peu considérable de la quantité que le sol de la France en a perdu, on verra que, pour pouvoir lui rendre la vigueur végélative qu'il possédait au temps des Celles et. des Gaulois, il faudrait que l'exploitation des couches qui contiennent du phosphate de chaux devint une branche importante de Pindustrie minérale. « Colbert avait dit que la France pourrait périr faute de forêts, et tout le monde conçoit que sans la houille sa prédiction serait en voie de s’accom- plir. De son temps, on aurait moins facilement faute de phosphore; c'est cependant ce qui finirait par arriver, si l'on ne parvenait pas à trouver dans la nature minérale des substances qui seraient en quelque sorte pour l’agriculture ce que la houille est pour l'industrie. » L'appel d'Élie de Beaumont fut entendu ; l'année 1 même de la publication de son Mémoire (1856), un industriel francais, de Molon, signala la présence de bancs de nodules de phosphate de chaux dans l'Argonne, dans le Pas-de-Calais à la limite du ter- rain jurassique et du terrain crétacé. Dès cette époque ces gisements à fleur de terre, très faciles à exploiter, commencèrent à apporter sur le marché de la poudre de nodules: chose cu- - rieuse, au lieu d’applaudir à cette découverte, la - presse agricole se montra défiante; on prétendit, _avant lout essai, que ces phosphates fossiles n'é- laient pas assimilables, qu'ils ne serviraient qu'à frauder le noir animal et il fallut quelques efforts . pour ramener l'opinion un moment égarée!. | Au reste, les essais de ce nouvel engrais sur-les - terres de défrichement de la Bretagne furent cou- ronnés d’un tel succès que bientôt l'emploi de la . poudre de nodules se généralisa et que les re- cherches des gisements devinrent de plus en plus actives ; sous celte forme, les phesphates sont très répandus, on en {rouve non seulement en France, en Angleterre, en Allemagne, mais aussi dissémi- » nés en Russie, à la surface du sol, sur d'immen- ses étendues. ; Les recherches se multiplièrent ; il y a une tren- laine d’années on découvrit des phosphates en roche, dans le sud de notre pays, dans le Lot, Tarn-et-Garonne, le Tarn, le Gard, l'Ardèche; ces exploitations eurent un moment de prospérité. Plus récemment on reconnut que des sables * calcaires de la Somme, de l'Oise, du Pas-de-Calais, longtemps employés aux usages les plus vulgaires, renferment des quantités de phosphales suffi- santes pour permettre une fructueuse exploi- tation. Et ce n'est pas seulement en France que les gise- ments de phosphates se sont trouvés abondants : au Canada d’abord, dans la Caroline du Sud en- suite, on découvrit des bancs de phosphates qui, à partir de 14889, apportèrent sur le marché, chaque année, 500.000 tonnes; bientôt après furent recon- nus les gisements de la Floride, qui paraissaient devoir être les plus riches du globe ?, quand un vétérinaire de l’armée, M. Philippe Thomas, véri- 1 An. Boiure, Sur la solubilité du phosphate de chaux fossile dans l'acide carbonique. (Comptes rendus, A85T.) — DenéRAIN, Sur la solubilité des phosphates de chaux fossiles dans les acides du sol, C.R. 1851. 2 Voyez à ce sujet l'article de M. Wilson (de New-York) sur les Phosphates de la Floride dans la Revue du 15 janv.94, P.-P. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE D'AGRONOMIE 1oif » compris comment un grand pays pourrait périr | fiant les idées émises par l'ingénieur des Mines Tissot, signala d'importants gisements de phos- phate de chaux en Tunisie (1885) !. Celte découverte suscila en Algérie de nouvelles recherches, qui conduisirent à constater la pré- sence de phosphates exploitables sur d'énormes étendues. Les travaux de M. Philippe Thomas ont décelé, en Tunisie et en Algérie, l'existence d'une richesse jusque-là inconnue et qui dans peu d’années mé- tamorphosera complètement notrè France afri- caine. Il est curieux de constater quel chemin à été parcouru depuis la publication du Mémoire d'Élie de Beaumont en 1856 : il y a quarante ans la pé- nurie de phosphates est telle qu'on pense à faire rentrer dans la circulation les phosphates conte- nus dans les ossements des Parisiens qui tapissent les longues galeries des Catacombes, à troubler le repos des morts, àexploiterles cimetières, etaujour- d'hui les découvertes de gisements de phosphatesse sont tellement multipliées que les prix se sont effon- drés et que nombre d'exploitations sont arrêtées par impossibilité de produire, aux prix actuelle- ment pratiqués sur le marché. L'agriculture est donc largement approvisionnée ; on lui offre non seulement de la poudre de nodules, des scories de déphosphoralion finement moulues, mais encore, et à des prix très bas, des superphos- phales. Que choisir? Pour le savoir, il convient de cher- cher comment l'acide phosphorique est assimilé par les plantes. Le phosphate de chaux des os, des nodules, des scories, est complètement insoluble dans l'eau; celui des superphosphates, soluble après la fabri- cation, redevient insoluble lorsqu'il est introduit dans le sol, de teile facon qu'il faut concevoir comment ces composés sont, malgré leur insolubi- lité, saisis par les racines. On a cru pendant longtemps que cette disso- lution était due exclusivement à l’action des acides du sol; dès 1846, Dumas, puis Lassaigne mon- trèrent que le phosphate de chaux des os se dis- sout dans l'acide carbonique; la solubilité y est faible : elle augmente naturellement quand, au lieu d'agir avec une dissolution étendue d'acide carbo- nique, on emploie un liquide plus chargé. L'action dissolvante de l'acide carbonique est, en outre, d'autant plus énergique aue le phos- phate mis en expérience est plus pauvre en car- bonate de chaux; en effet, quand la dissolution d'a- cide carbonique attaque un mélange de carbonate se RE ee QT 1 Gisements de phosphate de chaux des hauts plateaux de la Tunisie, par M. Prizippe Taomas. (Bulletin de la Société Géologique de France, 3° série, tome XIX, p. 390.) 41012 el de phosphate de chaux, on trouve que la quan- lité de chaux dissoute surpasse de beaucoup celle qui correspondrait à l'acide phosphorique dosé dans le liquide. C’est sur le calcaire que porte sur- tout l’action dissolvante de l'acide carbonique. Les phosphates des os, ceux des nodules sont particulièrement efficaces dans les terres de lan- des, dans les défrichements, et, tandis qu'on trouve grand avantage à distribuer sur ces terres les phos- phates fossiles simplement pulvérisés, on n’en oblient souvent aucun avantage sur les terres de- puis longlemps cullivées. Peut-être ces différences d'action sont-elles dues, en partie au moins, à l'absence du calcaire dans les lerres de défriche- ment, ce qui permet à l'acide carbonique de porter toute son action dissolvante sur le phosphate; on trouverait un appui à celte manière de voir dans. une vieille observation des cultivateurs bretons : quand ils reconnaissent que leurs landes bénéfi- cient de l'emploi des phosphates et de celui de la chaux, ils ont grand soin de ne jamais distribuer ensemble ces deux malières fertilisantes, et, au moment où le noir animal était le seul engrais phosphaté dont ils fissent usage, ils disaient : « La chaux brûle le noir »; en d’autres termes, le noir animal, les phosphates ne produisent pas d'effet quand ils sont mélangés à la chaux. M. Paturel, di- recteur de la Station Agronomique du Lezardeau, qui a récemment étudié avec beaucoup de soin l'influence qu'exercent sur les sols de Bretagne les divers phosphates employés comme engrais, rap- porte que les phosphates de la Somme riches en calcaire sont beaucoup moins efficaces que les phosphates des Ardennes ou du Pas-de-Calais, dont la teneur en calcaire est très faible !. Il semble toutefois que ce ne soil pas seulement à l’action dissolvante de l'acide carbonique que soit due l'efficacité des phosphates fossiles dans les terres de défrichement; dans ces terres les dé- bris organiques accumulés ne donnent pas seule- ment naissance à de l'acide carbonique, mais aussi à de l’acide acétique; j'ai reconnu la présence de ce dernier acide dans une terre de bruyère du Loiret, il y a bien des années, et M. Paturel à relrouvé l'acide acétique dans le sol des landes de Bretagne plus récemment. Or, quand on fait agir sur de la poudre de no- dules de l'acide acétique en présence d'acide car- bonique, on dissout des quantités nolables d’acide phosphorique, surtout quand cette poudre de nodules est restée exposée à l'air pendant quelque temps et que l'oxyde de fer qu’elle renferme s’est suroxydé. Dans les sols de défrichement les phosphates 1 Annales agronomiques, tome XX, 316. P.-P. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE D'AGRONOMIE naturels réussisent donc sans qu'il soit besoin de leur faire subir aucune préparation avant de les em- ployer; mais, ainsi qu'il vient d'être dit, il n’en est plus de mème dans les lerres depuis longtemps cultivées ; il faut souvent attendre plusieurs an- nées pour voir ces phosphates exciter la végétation, tandis qu'au contraire sur ces mêmes terres les superphosphates, c’est-à-dire les phosphates mi- néraux trailés par l'acide sulfurique, élèvent les rendements. Les phosphates minéraux renferment de l'acide phosphorique uni à de la chaux, à de l’oxyde de fer, de l’alumine ; on sait que l'acide phosphorique présente des capacités de saturation variables : il est uni tantôt à trois, tantôt à deux, lantôt à une partie de base; l’acide sulfurique, employé à la fabrication des superphosphates, enlève par- tiellement ou complètement ces bases, et on peut considérer un superphosphate comme un mélange de phosphate soluble, d'acide phosphorique libre et de sulfate de chaux ; quand ce mélange est in- troduit dans le sol,l’acide phosphorique s’unit à la chaux des calcaires, aux sesquioxydes des argiles et ne larde pas à perdre toute solubilité dans l’eau ; mais les phosphates insolubles ainsi formés par précipitation sont bien différents des pierres : dures,compactes, qui ont servi à la préparation du superphosphate. Quoi qu'il en soil, assez rapidement l'acide phosphorique redevient insoluble, et il reste à con- cevoir comment les racines peuvent s'en emparer. Pendant longtemps on a cru que la dissolution des phosphates gélalineux produits par la précipi- lation de acide soluble des superphosphates élait due à l'acide carbonique provenant de l'oxy- dation des matières organiques du sol ; mais dans ces derniers temps une autre opinion à élé émise, el il convient de la discuter. Tout le monde connait la jolie expérience de J. Sachs, qui a été reproduite bien souvent : au fond d’une de ces terrines peu profondes qu'em- ploient les jardiniers pour les semis, on place une plaque de marbre bien polie, on recouvre d'une couche de sable, dans lequel on sème quelques graines : haricot, blé, avoine, puis on arrose ; les graines lèvent, les racines se développent, tra- versent le sable humide el viennent bientôt buter contre la plaque de marbre, elles y rampent, et si, après quelques semaines, on mel fin à l'expérience, on trouve la plaque de marbre sillonnée de minces stries qui reproduisent fidèlement toutes les rami- fications de la racine. Visiblement cetle racine a sécrélé un acide qui a corrodé, dissous le marbre. Quel est cet acide ? On a cru d'abord que c'était tout simplement de l’acide carbonique, mais bien- LÔL on a songé à un acide fixe, el un agronome _ anglais, M. Bernard Dyer, a délerminé l'acidité du sue de différentes racines, qu'il a évalué en acide . citrique; l’auteur admet, sans l'avoir démontré, que l'acide des racines est cel acide citrique com- 1 dans le règne végétal et qu'on trouve, en effet, . dans quelques tubercules, et notamment dans ceux de la pomme de terre. —…_ Si nous admetlons avec M. Bernard Dyer que % l'acide sécrété par les racines est de l'acide citri- que,nous concevrons comment les phosphales gé- - latineux, provenant de la précipitation de l'acide phosphorique soluble des superphosphates, peut être dissous par la racine, puis assimilé par la _ plante. Il faut bien reconnaitre cependant que cette - manière de voir est encore purement hypothétique. - En effet, il faudrait tout d'abord s’assurer que la - racine sécrète bien cet acide citrique ; or, jusqu'à - présent la démonstration n'a pas élé faite. Quel- » ques essais que j'ai tentés l’an dernier pour isoler . cet acide citrique de racines variées ont complè- - tement échoué, et, sans nier que la racine ne puisse dissoudre des phosphates, il reste douteux que cette dissolution soit la cause habituelle de las- É similation de l'acide phosphorique. À Avant d'indiquer une autre manière de voir, j'ai - besoin de rappeler quelques faits qui montrent F 4 Ye à + combien sont variées les réactions qui se produi- sent dans le sol. _ Il ya une vingtaine d'années, j'ai semé dans - de grands pots à fleurs, renfermant de la terre de jardin, des haricots d'Espagne; quand ils eurent acquis une certaine hauteur, je les arrosai avec des dissolutions de plus en plus concentrées de sel marin, de chlorure de sodium ; naturellement les haricots finirent par périr; on les sécha, on les … réduisit en cendres, dont on fit l'analyse; elles ren- … fermaient une énorme quantité de chlorure de potassium, et pas de chlorure de sodium : les hari- cots étaient morts d'une pléthore de chlorure de potassium. Je ne retiens de cette expérience que le point suivant: on a introduit dans le sol du chlorure de sodium; celui-ci a réagi sur le carbo- nate de polasse toujours contenu dans les terres argileuses: il y a eu double décomposition, forma- Lion de chlorure de potassium, qui seul a été assi- milé par la plante. Celle expérience fournit un exemple éclatant des métamorphoses que pré- sentent dans le sokles matières introduites comme engrais. Or, l'acide phosphorique subit facilement de semblables métamorphoses ; il y a déjà très long- Lemps que le baron P, Thénard, examinant une terre qui avait recu l’année précédente une forte fumure de noir animal, fut très frappé de n'y plus retrouver le phosphate de chaux que le noir ru FEAR P.-P. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE D'AGRONOMIE 1013 y avait introduit,mais bien des phosphales de ses- quioxyde de fer et d'alumine. J'ai eu moi-même occasion d'observer le même fait pour une terre de Sologne qui avait reçu du noir animal: les acides minéraux permettaient bien d’en extraire de l'acide phosphorique; mais l’acide acétique, qui dissout les phosphates de chaux et de magnésie sans attaquer les phosphates de sesquioxyde, était sans action; le phosphate de chaux du noir employé avait été transformé en phosphate de fer ou d'alumine. Cette transformation est facile à réaliser dans le laboratoire. Qu'à l'imitation du baron P. Thé- ‘ nard, on place dans un appareil à eau de Seltz une petite quantité de phosphate de chaux et une cin- quantaine de grammes de terre argileuse ; puis, qu'après quelques jours on recueille le liquide, on n y trouvera plus d'acide phosphorique dissous. Le phosphate de chaux esl cependant soluble dans l’eau chargée d'acide carbonique : mais cette dis- solution réagit sur les oxydes gélatineux du sol, qui lui arrachent son acide phosphorique. L'expérience réussit également en remplaçant la terre par de l’alumine et de l’oxyde de fer en gelée. A ces expériences de laboratoire j'ajouterai une observation recueillie au champ d'expériences de Grignon, il y a déjà quelques années. Quelques- unes des parcelles de ce champ d'expériences, lais- sées sans engrais depuis 1875, ne donnèrent plus, à partir de 1887 et 1888, que des récoltes très médiocres ; le dosage de l’acide phosphorique to- tal avait accusé 1 gramme environ par kilogramme de terre, et, comme habituellement les superphos- phates n’exercent aucune action sur notre sol de Grignon, on ne supposait pas que ce fût la pénurie d'acide phosphorique qui déterminät la diminution des récoltes; cependant, pours’assurer que l'acide phosphorique se trouvait en quantilésuflisante, on répandit en 1889, peut-être un peu tardivement, sur du trèfle rose, la valeur de 200 kilogr. de su-. perphosphate à l’hectare, sur la moitié d’une par- celle, et sur la moitié d’une autre la valeur de 200 kilogr. de superphosphate et de 200 kilogr. de chlorure de potassium. L'effet sur le trèfle ne fut pas très marqué, mais il fut, au contraire, très sensible sur le blé qui lui succéda en 1890, puis- qu'on recueillit seulement la valeur de 8 quintaux métriques de grain à l’hectare sur la parcelle qui n'avait pas reçu d'acide phosphorique, 22 quin- taux quand on employa seulement les superphos- phates et 24 quintaux métriques quand on distri- bua à la fois de l'acide phosphorique et de la potasse. Or, dix ans auparavant, on avait analysé le sol des parcelles sur lesquelles les superphosphates venaient de si bien réussir. À cette époque on avait 1014 trouvé par kilogr. 0 gr. 300 d'acide phosphorique soluble dans l'acide acétique, par conséquent so- luble également, mais à un moindre degré, dans l'acide carbonique; si l’on admet que la terre d’un hectare pèse jusqu'à une profondeur de 35 centi- mètres 4.000 tonnes, on voit que l’hectare renfer- mait à cette époque 1.200 kilogr. d'acide phospho- rique qui certainement n’ont pas éléconsomméspar les maigres récoltes obtenues sur ces parcelles res- lées sans engrais; en cherchant de nouveau en 1890 l'acide phosphorique soluble dans l'acide acétique, on n’en trouva plus. Visiblement cet acide s’étail transformé ; il avait contracté avec les sesquioxydes quelques-unes de ces combinaisons insolubles dans les acides faibles qui ne sont plus assimilables. Comment se fait-il que, cependant, lessuperphos- phates aient exercé une action marquée, puisqu'ils. forment aussi de ces combinaisons insolubles? Il est à remarquer d’abord que la saturation de l’a- cide phosphorique libre des superphosphates a lieu au moins partiellement parles calcaires, et que par suite il se forme du phosphate de chaux soluble dans l'acide carbonique, et par conséquent assi- milable; il est bien probable cependant que l'acide phosphorique soluble des superphosphates s'unil dans le sol à de l’oxyde de fer et à de l’alumine et produit ainsi des phosphates insolubles dans les acides faibles, mais ces phosphates sont attaqués par d’autres réactions. Si, en effet, le phosphate de chaux soluble et même les phosphates de potasse ou d'ammoniaque peuvent être décomposés par les sesquioxydes, la transformation inverse est égale- ment possible ; si on place dans un flacon du phos- phate de sesquioxyde de fer et du carbonate de potasse, on trouve en dissolution de l'acide phos- phorique ; de même, si on immerge dans de l’eau de Seltz ce même phosphate de fer et du carbonate de chaux, on trouve également de l'acide phospho- rique en dissolution, et on conçoit que dans un milieu aussi peu homogène que la lerre arable, des réactions inverses puissent se produire suivant les proportions des matières réagissantes. Il est bien à remarquer, en outre, que, lorsqu'on fait usage de fumier de ferme, on apporte non seu- lement à chaque distribution de l’acide phospho- rique, mais aussi du carbonate de potasse, qui maintient à l’état soluble dans l’eau ou dans les acides faibles l'acide phosphorique du sol. Or, toutes ces réactions sont bien plus faciles quand elles portent sur les phosphates récemment préci- piltés des superphosphates que sur les pierres dures qui constituent les phosphates minéraux non traités. De là l’utilité de cette transformation des phosphates minéraux ou même des os en superphosphales. Il est donc vraisemblable que les réactions qui P.-P. DÉHÉRAIN — REVUE ANNUELLE D'AGRONOMIE se produisent dans le sol ont une part importante dans le maintien de l'acide phosphorique à l'état assimilable: mais il faut reconnaitre que la plante. elle-même intervient: quelques-unes sont capables d'utiliser des phosphates que d'autres ne peuvent s'assimiler; j'en citerai un exemple, encore em= prunté au champ d'expériences de Grignon : En 1891, de l’avoine dite des salines a été culti- vée sur une parcelle divisée en deux parties : l'une reeut du superphosphate de chaux à la dose de 200 kilogr. à l'hectare, landis que l’autre resta sans addition. On a obtenu les résultats suivants en grains, Caleulés à l'hectare : 30 q. m. { Superphosph. en 1891 pi Ainsi, tandis que le blé qui ne reçoit pas de su- perphosphate ne donne plus, sur les parcelles res- tées toujours sans engrais, que 8 quintaux mé-. triques de grain, etmonte à 22 par l’addition de su- perphosphate, que larécolte devient presque triple, l'avoine sans addition donne 28 quinlaux et ne pro- gresse qu'à 30 quand on lui a ajouté des super- phosphates; il est donc manifeste que, pour celle plante, le sol des parcelles épuisées renferme de l'acide phosphorique à l’état assimilable, tandis qu'il n'en contientplus qu’une quantité insuflisante pour le blé. On serait donc conduit à supposer que les racines des divers végétaux exercent sur les phosphates des actions dissolvantes variées. J'ai insisté peut-être trop longtemps sur celle question non encore élucidée; je m’excuserai sur l'importance agricole qu’elle présente, et, en outre, sur l'intérêt qu'il y aurait à la reprendre de nou- veau pour démêler l'action des acides du sol et celle des acides des racines sur la dissolution et l’assi- milation des phosphates. III. — LES EXIGENCES DE LA VIGNE. Les ravages du phylloxera, ceux des maladies cryptogamiques qui se sont abattues sur la vigne on£ provoqué de nombreux travaux : on a combattu le phylloxera,lemildiou, l'antrachnose,elc.,etc.,on a, en outre, étudié les procédés de vinification par- ticulièrement en Algérie et en Tunisie où elle pré- sente de sérieuses difficultés; on a cherché, enfin, comment devaient être employées dans nos dif- férents vignobles les matières fertilisantes, et c’est là le sujét dont je veux m'occuper aujourd'hui. Vi- siblement, le point de départ de cette recherche re- … pose sur la connaissance des exigences de la vigne, c'est-à-dire des quantités d'azote, d'acide phospho- rique, de potasse que consomme un hectare de vigne dans les diverses régions de la France. M. Muntz, dont le nom est bien connu des lecteurs P.-P. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE D'AGRONOMIE 1015 À , 4 L de ce recueil, s'est livré depuis plusieurs années à un travail considérable pour élucider cette impor- - tante question ‘. M. Muntz, détermine, pour un cer- lain nombre depieds, le poids dela vendange, celui … des feuilles, celui des sarments, suivant le mode de taille usité; il analyse séparément chacune de ces parlies et,en rapportant à l'hectare,il peut calculer ce que chacun de ces éléments consomme de ma- üière fertilisante, puis, en faisant la somme, ce qu'exige la récolte entière. En comparant les ré- sultats obtenus dans les diverses régions, il arrive à des conclusions curieuses : il constate que les grandes récoltes obtenues dansle Midi de la France, - qui s'élèvent à 190 hectol. à l'hectare pour les vignes - soumises à la submersion, à 80 pour les vignes de montagne, ne dossomiment, par hectolitre de vin - produit, que de O0 k. 900 à O0 k. 512 d'azote, que - Ok. 095 à O k. 187 d'acide phosphorique et que - Ok. 296 à 0 k. 500 de potasse. Les vignes du Rous- sillon donnent des chiffres analogues; mais il en - est tout autrement des grands vins du Médoc : ils > fournissent, en moyenne, 25 hectolitres à l'hectare ; mais, pour produire un hectolitre, la vigne con- . somme 1 k. 640 d’azote, O0 k. 560 d'acide phospho- : rique et 2 k. 120 de potasse; les grands vins de Bourgogne consomment un peu moins, tandis que les vignes de la Champagne, qui ne produisent en moyenne que 20 hectolitres à l'hectare, utilisent, pour chaque hectolitre produit, % k. d'azote, 0 k. 4178 d'acide phosphorique et 2 k. 174 de po- tasse. — Au premier abord, ces différences parais- sent paradoxales ; la vigne semble exiger d'autant plus qu'elle produit moins; pour comprendre ces résultats singuliers établis par des analyses et des pesées nombreuses, il faut savoir comment ces divers éléments sont répartis entre les produits que donne l'hectare de vigne; c’est là ce que M. Muntz va nous enseigner. Il est à remarquer d’abord que le vin, le seul produit exporté du domaine, ne prend qu'une très faible fraction des quantités totales que nous venons d'indiquer. Voici, en effet, quelle est la composition d’un litre de vin du Bordelais pris au vignoble de Vergnes, dans le canton de Sainte-Foy-la-Grande : ÉVANCÉC PERRET Ogr103. Cendres......-- 6,820, renfermant : EDR DSph.-5..., DA TAGRAUX EE 1: 2 20 0,133 | ETRCEERSSRPE A,3181) Mapnésie 20..." 0,095 Après avoir analysé séparément chacun des pro- 1 Comples rendus, tome CXX, p. 514; miques, tome XVIII, p. 145; Bulletin du Ministère de l'Agri- culture, XIVe année, p. 504, etc , etc. Cette revue était écrite au moment où M. Muntz a fait paraitre un ouvrage d'un haut intérét : Les Vignes, dans lequel il a réuni toutes ses obser- vations; ce volume (Berger-Levrault) est trop important pour étre analysé dans une note rapide. J'y reviendrai. P. P. D. Annales agrono- duits provenant de la récolte d'un hectare, M. Muntz a pu dresser pour la récolte de 1891 le tableau I : Tableau I. — Quantités de matières fertilisantes absorbées par hectare de vigne. A] Cole E 2 a 2 a a ä £ a Oo n =) ro © = > < “ Zz = CE È es | < SE ë ë , chine < Vin #4 hectol. 300...| 0.457| 0.639! 6.099! 0.679! 0.042 Marcs de pressoir, DAS KE SECS 2. 0 #.314| 1.671| 2.669| 41.9%4| 0.292 Marcs de chapeau, DA KE SCCSS ES Ja 0.432| 0.151! 0.305| 0.218! 0.038 Rañfles enlevé 2 670 sèches 0.2%4| 0.068| 0.351| 0.122] 0.029 Feuilles 1566 k. sèc.|32.268| 7.206/13.000! S0.670117.074 Sarments 11755 k.secs|10.524! 3.686/14.918! 20.006! 4.562 MOtAUxS ES |48.299/13.427/37.322/103.639/22.027 On voit que ce sont les feuilles qui renferment la majeure partie des matières fertilisantes totales. Or, ces feuilles tombent sur le sol et s'y décompo- sent; par conséquent les matières qu'elles ren- ferment ne sont pas exporlées du domaine; les sarments sont habituellement brülés, leurs cendres reviennent au tas de fumier, ainsi que les mares et les rafles ; en sorle que les 44 hect.39 de vin seuls exportés n'emportentavec eux qu'environ 1/2kilog. d'azote, pas sensiblement plus d’acide phospho- rique et 6 kilos de potasse. Ainsi, la vigne est une des cultures qui épuisent le moins le sol; elle a pu se maintenir pendant des siècles sur les terres les plus pauvres et continuer à y donner des récoltes. En s'appuyant sur ces résuilats, il semblerait que les fortes fumures sont inutiles; et cependant les vignerons champenois, notamment, donnent à leur sol des quantités considérables de matières fertilisantes, dans certains vignobles la dépense d'engrais est notable; non seulement à la troi- sième année de sa plantation la vigne reçoit des quantités considérables de fumiers et des terrages, mais, en outre, chaque année, des RAS de ren- ment de 150 à 60 k. d'azote, de 150 à 47 k. d'acide phosphorique et de 218 à 147 k. de polasse. Ces quantités dépassent de beaucoup les exi- gences de la vigne. « Mais ces principes ne s'accu- mulent pas indéfiniment dans le sol. En effet, les terres qui sont en exploitation depuis de longues années et qui ont reçu les fumures dont nous ve- nons de parler, ne sont pas, comme on pourrait le croire, exceptionnellement enrichies. Il est vrai qu’ellesrenferment beaucoup d’acide phosphorique, cet élément restant acquis au sol; elles contien- nent aussi beaucoup de potasse, quoique la terre de la Champagne soit pauvre sous ce rapport. Mais l'azote est en faible proportion : il nitrifie 1016 rapidement et se trouve enlevé par les eaux plu- viales : celui qu’on donne en si grande abondance est donc rapidement perdu. » Ces fortes fumures n’ont pas cependant d’in- fluence sensible sur l'abondance des récoltes, et on obtient des rendements analogues de terres rece- vant des fumures qui varient du simple au double. « Cherchons la raison pour laquelle les vigne- rons de la Champagne donnent des fumures si fortes qu'elles peuvent paraitre exagérées en com- paraison des besoins de la plante. De pareilles pratiques culturales, qui ont la consécration du temps, ont presque toujours leur raison d’être : elles sont basées sur une longue observation des faits et les sacrifices qu'elles imposent donnent de fortes présomptions de leur utilité réelle. » Ces fumures azotées paraissent, au premier abord, d'autant plus exagérées que la plus grande partie de l'azote absorbé par la vigne se retrouve dans les feuilles qui restent sur le domaine; mais c'est qu’en réalilé ce ne sont pas les vignes qui absorbent les doses considérables d'azote ajoutées chaque année, ce sont les eaux, qui lavent la terre et s’infiltrent dans le sous-sol, qui les enlèvent, Nous nous trouvons en présence d'une lutte incessante du viticulteur contre cette cause inces- sante de déperdition. Il apporte d’une facon con- linue et en forte proportion des matières azotées, parce que celles-ci sont entrainées graduellement par les pluies à l’état de nitrates. «S'il arrêtait cet apport de matériaux azolés, nous verrions rapidement le sol s’appauvrir, puis- que, déjà, malgré ces apports considérables, nous le trouvons pauvre en azote. Ces terres dévorent, pour ainsi dire, les engrais organiques, elles détruisent l’azote ainsi que la matière humique qui l'accom- pagne el qui est brûlée rapidement. Si l’on inter- rompait trop longtemps les fumures, le sol ne contiendrait plus qu'une partie insignifiante de ce qui lui à élé donné, et la plante n'y trouverait plus à sa suffisance de quoi nourrir lout le système foliacé et, par suite, le végétal tout entier ne tar- derait pas à péricliter. » Les faits constalés par M. Muntz présentent le plus haut intérêt; on en peut déduire que, lorsqu'on veut calculer les quantités de matières fertili- santes que consomme une récolle, il faut tenir compte et des exigences de la plante elle-même, et des pertes de nitrates dues au lavage du sol. Ces pertes varient d’une terre à l’autre: une terre bien travaillée, meuble, en poudre, humide, perd infiniment plus qu'une lerre compacte ou qu'une lerre sèche. Ces pertes varient sur la même lerre d'une‘année à l’autre, suivant l'abondance des ré- colles et la distribution des pluies. La quantité de nilrate formée dans une terre esl tout à fait indé- P.-P. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE D'AGRONOMIE pendante de la récolle sur pied; si la récolte est abondante, la plus grande partie des nitrates for- més est retenue, les eaux de drainage sont pauvres; si, au contraire, un élément fait défaut dans le sol; si, par exemple, la fumure azotée est copieuse et les phosphates rares, la récolte est misérable et les eaux de drainage très chargées. Les déperdilions varient, en oulre, d’une année à l’autre ; si les pluies sont abondantes pendant l'été elrares en hiver, la quantité d’eau qui traverse le sol est minime et les proportions de nitrates en- trainés très faibles : c'est ce que j'ai nettement observé en 1894; il en avait été tout autrement en 1893 : la sécheresse a sévi pendant toute la belle saison, tandis que l’hiver a été humide; les quan- Lités de nitrates enlevés ont été considérables. Les études auxquelles je me suis livré sur ce su- jet depuis plusieurs années m'ont conduit à ces deux règles : 1° Les pertes d'azote nitrique par les eaux de drainage sont en raison inverse de l’abon- dance des récoltes. 2° Elles sont en raison directe de l'abondance des pluies d'automne et d'hiver. Ces notions peuvent servir de guide aux culli- valeurs dans l'emploi des engrais azotés : en 1893, nous avons eu sur les cases de végélalion de Gri- gnon une mauvaise récolte de blé; celle de 4894, au contraire, a été assez bonne ; on pourrait croire que le sol est plus épuisé après la récolte de 1894 qu'après celle de 1893, il n’en est rien : si l’on ajoule … à l’azole contenu dans la faible récolle de 1893. celui que renfermaient les eaux de drainage, on. trouve que la mauvaise récolle de 1893 à plus épuisé le sol que la bonne récolte de 1894, eton reconnait quelle erreur on commettlrail si l’on se bornait, pour calculer les pertes du sol, à ne lLenir. compte que des exigences des récoltes. S'il est facile d'apprécier la richesse d'une terre en acide phosphorique et en polasse, en retran- chant des engrais distribués les prélèvements des récolles, puisque pour ces matières bien retenues par la terre arable il n’est pas de causes occultes . de perte, — il n’en est plus de même pour les ma- lières azotées, puisque, aux quantités prises parles récolles, s'ajoutent les entrainements des nilrales par les eaux de drainage, entrainements qui sont essentiellement variables d'une terre à l’autre, d'une saison à l’autre. Celle déperdition d'azote par les eaux de drainage fait comprendre com- ment les apports d'engrais azolés ne sont pas réglés seulement par les exigences de la plante à cuitiver, mais aussi par la nature du sol sur lequel. celte culture est placée; et c'est ce que démontre M avec une rare précision l’élude récente que vient de faire M. Muntz du vignoble de la Champagne. P. P. Dehérain, Membre de l'Académie des Sciences, ht à ace dé # É : | É ; : 1 Les lecteurs de la Revue générale des Sciences ont été tenus au courant des divers travaux auxquels à donné lieu la mémorable découverte de lord Rayleigh et du Professeur Ramsay !. Pour compléter les rensei- ynements donnés dans la Revue, à plusieurs reprises, il nous à paru intéressant de reproduire les appareils employés dans ces belles recher- ches, appareils qui ont désormais un caractère historique comme ceux de Lavoisier, de Dumas et de Stas - pour l'analyse de l'air et de l’eau. La figure 1 représente le premier appareil employé pour répéter l’ex- périence de Cavendish sur la com- position de l'air atmosphérique au moyen des étincelles électriques. Les essais effectués dans ce tube eudiométrique ont montré que le résidu signalé par Cavendish était proportionnel à la quantité d'air em- ployé et représentait par suite un composant constant dé l'air atmos- phérique. La figure 2 représente le premier appareil construit pour extraire l’ar- son de l’air atmosphérique en ab- sorbant l'azote par le magnésium chauffé au rouge. Le tube A est rempli de tournure de magnésium légèrement tassée; B contient de l’oxyde de cuivre, C de la soude caustique, D de Panhy- dride phosphorique. E est un me- sureur gradué et F un gazomètre contenant de l'azote atmosphéri- que. Les tubes étaient d’abord chauffés et vidés au moyen de la pompe Sprengel, Quand labsorption des gaz se ralentissait, on recueillait tous les gaz au moyen de la pompe de Sprengelet on changeait le tube Fig. 1. ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 1017 ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES LA TECHNIQUE DE LA SÉPARATION DE L'ARGON ET L'ANALYSE DE L'AIR, APPAREILS DE LORD RAYLEIGH ET DU PROFESSEUR WILLIAM RAMSAY, me le tube E, qui est maintenu au rouge, contient à la fois du cuivre poreux réduit et de l'oxyde de cuivre en grains. F contient de la soude en grain et G du ma- gnésium en tournure chauffé au rouge, H renferme de l’anhydride phosphorique et I de la soude. Les dix litres d'azote employés, ayant été réduits par les absorptions effectuées dans cet appareil à 1.500 cent. cubes, furent traités, pour obtenir une absorption plus complète, dans l'appareil re- présenté par la figure 4, qui évite le contact du gaz avec de grandes masses d’eau. La pompe de Sprengel et les appa- reils C et G permettaient de faire passer le gaz un grand nombre de fois dans les tubes, qui contenaient, D et B de la soude et de l’anhydride phosphorique, E du cuivre métal- lique et de l’oxyde de cuivre, F du magnésium. Cet appareil permit d'obtenir 200 cent. cubes d’un gaz dont la densité par rapport à l'hydregène fut trou- vée égale à 19,086. Le spectre de ce gaz donnait encore les raies de la- zote, plus un certain nombre de raies n'appartenant à aucune substance connue. — Appareil employé pour ré- La figure 5 représente l'appareil employé pour la préparation en grand de l’argon au moyen du ma- snésium. La disposition est tout à fait analogue à celle des appareils précédents; mais, pour faciliter la préparation, le mouvement du gaz, à partir du réservoir B à travers les tubes de purification et d'absorption C, D, E, est produit automatique- ment par un circulateur indiqué sur la gauche de la figure. Le mer- cure d’un petit réservoir b s'écoule à magnésium. La première expé- rience faite au moyen de cet appa- reil fournit 50 cent. cubes d’argon presque pur, sur lesquels on put effectuer une mesure de densité. On monta alors l'appareil repré- senté par la figure 3 pour opérer sur une plus grande échelle. Aet B ont des gazomètres en yerre de 10 litres de capacité. C est un dispositif permettant d'introduire dans A le gaz contenu dans un tube péter l'expérience de Cavendish sur la composition de l'air atmosphérique. — A. éprouvette retournée sur une solution de potasse caustique, et ren- fermant à sa partie supérieure l'air à analyser ; B, vase contenant une solu- tion diluée de potasse caustique ; CC, tubes de verre renfermant les fils de platine conducteurs du courant élec- trique; D D, extrémités des fils de ptne entre lesquelles jaillit l’étin- celle. goutte à goutte en entrainant le gaz qu'il abandonne dans ua réservoir e: il passe de là dans un tube d d’où il est aspiré par une trompe à eau et ramené en b. Cet appareil permet d’absorber environ 30 litres d'azote par jour. Dans une des expériences effectuées, 93 litres d'azote atmosphérique fu - rent absorbés par 409 grammes de magnésium, et produisirent 921 cent. cubes d’argon pur. à essai, Le tube D est rempli à moitié de soude caus- tique et à moitié d’anhydride phosphorique; de mê- 1 Voyez : Lorn J. W. RayLeiGn et M. Wicram Ramsay: La préparation et les propriétés de l'Argon, nouveau cons- tituant de l'atmosphère. Revue générale des Sciences du 15 février 1895; tome VI, pages 90 à 99. M. Wiciam Crookes: Les spectres de l’Argon. Revue géné- rale des Sciences du 15 février 1895, tome VI, pages 99 à 101. M. K. Ocszewskr: La liquéfaction et la solidification de VArgon. Revue cénérale des Sciences du 15 février 1895, tome VI, pages 101 à 103. s Discussion sur l’Argon à la Société Royale de Londres. La combinaison de l'azote avec l'oxygène, sous l'in- fluence des étincelles éiectriques, peut être employée Revue générale des Sciences du 15 février 1895, tome VI, pages 103 à 107. M. Louis Ozrvier : Les discussions sur l'Argon. Opinions de MM. Gladstone et Lecoq de Boisbaudran. Revue générale des Sciences du 98 février 1895; tome VI, pages 199 et 200, M. G. Carry : Les nouvelles découvertes du Prof. Wil- liam Ramsay sur l'Argon et la découverte de l’Hélium. fe- vue générale des Sciences du 15 avril 1895 , tome VI, pages 297 et 298. Fig. 2. — Premier appareil construit pour extraire FArgon de l'air atmosphérique. — À, tube à combustion rempli de tournure de magnésium; B, tube renfermant de l’oxyde de cuivre ; C, tube contenant de la chaux sodée ; D, tube contenant de l'anhydride phosphorique ; E, volumètre gradué; F, gazomètre contenant de l'azote atmosphérique ; G, dispositif permettant d'introduire dans E le gaz contenu dans un tube d'essai. Fig. 3, — Appareil destiné à exlraire l'Argon de l'air en assez grande quantilé.— AÀ,B, gazomètres d'environ 10 litres de capacité; C, dispositif permettant d'introduire dans A le gaz contenu dans un tube d'essai; D, tube contenant de la chaux sodée (a) et de Panhydride phosphorique (b); E, tube contenant du cuivre poreux (4) et de l'oxyde de cuivre granulé (b); K, tube à chaux sodée; G, tube renfermant de la tournure de magnésium; H, tube à anhy- dride phosphorique; 1, tube à chaux sodée. B 218 pompe & ÿ de Sprengel ; ta) (b) Fig. 4. — Aulre appareil pour la production de l'Argon en grandes quantilés. — A, gazomètre; B, D, tubes con- tenant de la chaux sodée (4) et de l'anhydride phosphorique (b); G G, réservoirs à gaz; E, tube contenant, en partie du cuivre métallique, en partie de l’oxyde de cuivre; F, tube contenant de la tournure de magnésium ; H, dispositif permettant d'introduire ou de retirer du gaz de l'appareil. : l \ ACTUALITES SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 1019 placées à environ deux centimètres de la soude caus- MES de Springel HR à dar Dans un appareil monté à l’Institution Royale de Londres, le ballon avait une capacité de 20 litres. Un Fe courant alternatif de 100 volts et environ 22 ampères Fig, 5. — Appareil destiné à extraire de l'air de grandes quantités d’Argon. — Il offre une disposition analogue à celle des appareils précédents. Un circulateur A facilite le mouvement des gaz. à isoler l’argon si l’on opère avec des appareils élec- | passait dans un transformateur, qui permettait d’ob- triques suffisamment puissants. La figure 6 représente | tenir surles pôles de platine une différence de potentie! le dispositif employé ; le mélange gazeux arrive dans | d'environ 1.500 volts, Dans ces conditions on obtenait un ballon, de grande capacité, à moitié rempli par une | l'absorption de sept litres par heure du mélange gazeux — = ; ED Solution de soud, À 0/ Fig. 6. — Appareil desliné à extraire l'Argon de l'air par combinaison de l'azote avec l'oxygène. — A, ballon renfermant à sa partie inférieure une solution de soude caustique et fermé par un bouchon B percé de 4 trous: C, tube pour l’entrée des gaz; D, tube pour l'extraction de l’argon; E, F, tubes de verre renfermant les fils de platine conduisant le courant électrique ; G, H, électrodes entre lesquelles jaillit l’étincelle; I, manchon où circule un £ourant d'eau destiné à refroidir la partie supérieure du ballon A. solution de soude caustique et refroidi à la partie supé- | contenant onze parties d’oxygène pourneuf parties d'air rieure par un courant d’eau. atmosphérique, L'étincelle produite par une bobine de Ruhmkorff ou G. CuarPy, un transformateur éclate entre deux pointes de platine DPee ur es nets 1020 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques. Laisant (C.-A.)et Lemoine (E.), Directeurs de l'In- termédiaire des Mathématiciens. — Traité d’Aritmé- tique, suivi de Notes sur l'Ortografie simplifiée, par P. MALVEzIN. — 1 vol. petit in-8° de 175 pages. (Prix : 5 fr.) Gauthier- Villars et fils, Paris, 1895. On ne saurait, en parcourant ce petit traité d’Arith- métique que viennent de faire paraitre MM. Laisant el Lemoine, leur reprocher de suivre des sentiers battus. Et c’est là une remarque qu’on a bien rarement occa- sion de faire à propos d'ouvrages d’un caractère aussi élémentaire, Car, ce n’est point un livre savant qu'ont entendu écrire nos auteurs, mais un traité très élémen- taire pouvant être mis entre les mains de personnes n'ayant aucune notion sur l’arithmétique.On n’y trouve aucune théorie nouvelle, mais l'exposition des prin- cipes faite d’une facon très simple, grâce à la précision donnée à la notion de nombre restée jusqu’à ce jour assez obscure dans les ouvrages didactiques. MM. Laisant et Lemoine définissent le nombre sim- plement comme une locution ou un signe destiné à désigner une quantité et toutes celles qui lui sont égales, de manière à les distinguer nettement de celles qui sont plus grandes ou plus petites ; il suffit de par- courir leur livre pour se convaincre que,par cette défi- nition, les auteurs ont rendu plus facile la numération des entiers, des fractions et même des quantités in- commensurables, tout en se maintenant sur un terrain accessible à tous les esprits, Ce petit livre n’est pas, au surplus, moins original par la forme que par le fond, les auteurs ayant adopté l'orthographe simplifiée que préconise la Société «filo- logique » francaise. Cette manière d'écrire va contre nos habitudes ; aussi ne laisse-t-elle pas que d’un peu nous surprendre au premier abord; mais il faut se mettre en garde contre cette première impression, car on ne tarde pas à reconnaître que cette nouvelle ortho- graphe est infiniment plus logique que celle de l'usage, ou plutôt qu’elle est logique, alors que l’autre ne l'est pas. Ce n’est point là une qualité faite seulement pour complaire à des esprits précis et rigoureux ; elle com- porte, en outre, l’inappréciable avantage de soulager le bagage dont on s’est plu, jusqu’à ce jour, à surchar- ger le cerveau des enfants, en leur épargnant l’étude de règles de pure convention venant compliquer comme à plaisir des notions qui devraient logiquement ètre réduites au maximum de simplicité. L’apôtre de cette réforme de l'orthographe, M. Malvezin, a, dans un appendice, résumé les motifs parfaitement fondés qui justifient les principales simplifications réclamées dans l'orthographe usuelle. M. D'OCAGxE, Hatt(Ph.), Ingénieur hydrographe de la Marine. — Les Marées.— 1 vol. petit in-8° de 225 pages, de l'Encyclo- pédie scientifique des Aide-Mémoire, publiée sous la di- rection de M. H. Léauté, de l'Institut. (Prix : broché, 2 fr. 50; cartonné, 3 fr.) Gauthier- Villars et fils et G. Masson, éditeurs. Paris, 1895. M. Hatt a publié de nombreux travaux sur les ma- rées, et depuis longtemps déjà il dirige l'Annuaire qui permet de les calculer à l'avance. La rédaction du Manuel que nous annoncons ne pouvait donc être con- fiée à un auteur plus compétent, Elle offrait d’ailleurs de nombreuses difficultés : car le problème à exposer est des plus ardus et il est loin d’être résolu dans toute sa généralité, L'observation superficielle des marées qui se pro- duisent dans les mers d'Europe montre que ce phéno- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX DE Y 4 - théorème de Laplace, une relation entre les forces mène est dù à l’action combinée de la Lune et du Soleil; et c'est la cause à laquelle les anciens attribuaien déjà le flux et le reflux. Aucune théorie n’était done possible avant la découverte du principe de l’attraction: universelle : aussi la première théorie analytique du. phénomène est-elle due à Newton qui chercha la figure momentanée d'équilibre prise par la masse des eaux sous l'influence attractive d’un astre: ce serait celle d’un ellipsoiïde dont le grand axe passerait constam- ment par cet astre, et, par suile, ferait le tour de la Terre en vingt-quatre heures environ. Mais ce mouvement est trop rapide pour que le pro blème puisse être ainsi considéré à un point de vue purement statique : il faut avoir égard à la théorie du. mouvement des liquides et c’est ce qu'a fait Laplace, qui, en partant des principes de l’hydrodynamique, pose les équations différentielles du mouvement dans le cas le plus général. Ne pouvant intégrer ces équa- tions, il étudie les oscillations d’une masse fluide recou-. vrant un sphéroïde doué d’un mouvement de rotation; même dans cette hypothèse spéciale, les équations du mouvement n’ont pu être intégrées, et, malgré tous les efforts des géomètres, la théorie pure n’a pas subi de. modifications sensibles depuis Laplace. : Il a donc fallu étudier des cas plus simples, dans lesquels l'intégration est possible, L'ouvrage de M. Hatt s’est trouvé ainsi divisé naturellement en trois parties : I. — Théorie générale de Laplace: établissement des équations générales du mouvement et étude du cas particulier des oscillations de la mer sur un globe « entièrement recouvert d’eau. Perfectionnements de. MM. Thomson et de Darwin. i IL. — Mouvement oscillatoire d'un liquide dans un canal" horizontal de section rectangulaire. Ce cas, dans lequel. l'intégration est possible, s'applique seulement à l'étude des marées dans les rivières et dans les canaux. IX, — Théorie générale de la marée. Cette dernières partie pourrait être appelée la théorie des marées au“ point de vue pratique, car on y obtient empiriquement la formule de la marée en établissant, au moyen d’un | | | | | | astronomiques et le mouvement de la mer, La formule de la marée s'obtient ainsi exprimée par une série de termes périodiques dépendant des mul- tiples successifs de l’angle horaire de lastre qui pro- duit la marée ; autrement dit, la marée totale est ainsi une somme d'ondes de périodes déterminées. Dans la théorie faite par Laplace, à ce point de vue, tous ces termes sont condensés en groupes ; Thomson, au contraire, a considéré chaque terme isolément et a déterminé par l'observation l'amplitude et la situation de chacune de ces ondes : c’est ce qui constitue son Analyse harmonique des marées. Et la troisièmé parties de l'ouvrage de M. Hatt est consacrée à l’exposition des. théories de Laplace et de Thomson, au point de vue particulier que nous venons d'indiquer. Les coefficients'des termes sensibles étant déterminés: pour un lieu, il devient alors possible de calculer pour ce lieu toutes les circonstances de la marée. Mais cela exige des calculs fort longs, qui sont considéra- blement abrégés par une ingénieuse machine imaginée par sir W. Thomson et connue sous le nom de Tide predicter. Malheureusement cette machine est fort coù- teuse et n’a élé construite encore que pour l’India- Office ; espérons que bientôt une machine analogue pourra être acquise par le Dépôt de la Marine, obligé” aujourd'hui à consacrer une assez forte somme an-.… nuelle au calcul des données qu'il publie dans son Annuaire des marées. G. BIGOURDAN. 2° Sciences physiques. *erreau (F.), Maitre de Conférences à la Faculté des Sciences de Nancy. — Etude expérimentale de la Dispersion et de la Réfraction des Gaz. (Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris.) — Gauthier-Villars et fils, éditeurs. Paris, 1895. La connaissance de la dispersion permet de sou- - mettre au contrôle de l'expérience les diverses théories que l'on peut proposer pour expliquer la marche de Ja lumière dans un milieu pondérable, et, comme les az sont les milieux les plus simples, ceux dont les propriétés mécaniques sont les mieux connues, il y a, malgré les graves difficultés que doit présenter une “semblable étude, un véritable intérêt à déterminer la dispersion des gaz. D'autre part, la connaissance de la réfraction de l’air permettrait de réduire au vide les …déterminations de longueur d’onde effectuées dans l'air ; M. Michelson, dans l’admirable travail que con- naissent bien les lecteurs de la Revue !,a pu mesurer la longueur d'onde de la lumière rouge du cadmium avec une incroyable précision; la mesure de l'indice de réfraction de l'air devrait être poussée jusqu'à la même approximation, si l’on voulait utilement faire une semblable réduction, Sur ce point, M. Perreau n’a pu que donner une valeur qu'il estime ètre déterminée “avec une précision du même ordre que celle des nom- « bres précédemment trouvés; c’est un résultat qui n’est - point inutile, puisqu'il fournit un élément de plus à un calcul de moyennes; mais l'intérêt principal du “travail est incontestablement l'étude habilement pour- . suivie de la dispersion de l'air, de l'hydrogène, de l’oxyde de carbone et de l'acide carbonique. La méthode employée par l’auteur est la méthode interférentielle déjà utilisée par Arago, Jamin, « MM. Fizeau, Benoît, Mascart, et, comme M. Mascart l'avait … déjà fait dans son grand travail classique sur la réfrac- … tion des gaz, M. Perreau a recours à la production d’un - spectre cannelé; mais, par une très simple modifica- tion, le spectre cannelé existera, que le retard ait lieu sur l’un ou sur l’autre des deux faisceaux interférents, … ce qui permettra de compter les franges dans deux … spectres qui ont le même aspect. Pour obtenir des points de repère dans le spectre, on place devant la « fente du collimateur du spectroscope deux fils de cad- - mium entre lesquels on fait éclater une étincelle d’in- duction. Les gaz sur lesquels ont porté les mesures ont été très soigneusement préparés, très consciencieusement - analysés ; tous les calculs des expériences sont con- duits avec méthode et rigueur ; le résultat obtenu, et que constate l’auteur avec une certaine mélancolie, est que la dispersion va en croissant dans l'ordre sui- vant : air, acide carbonique, nydrogène, oxyde de - carbone; il n'y a donc aucun lien entre cette constante et la densité ou la réfraction, et celte conséquence fait penser qu'une théorie de l'influence de la matière pondérable sur les vibrations de l’éther doit être sin- gulièrement difficile à édifier. La thèse est clairement rédigée, mais M. Perreau n’est pas de ceux qui abusént dans la rédaction des titres alléchants et des sous-titres présomptueux, qui multiplient les chapitres et les paragraphes, et dont le travail a pour principal mérite une pompeuse table de matières. Dans son mémoire, historique, expé- riences, calculs, conclusions se suivent en ordre, par- fait sans doute, mais-trop dissimulé; le lecteur aven- tureux qui entreprendra la lecture intéressante de ce travail ne devra compter sur aucun guide, sur aucun poteau indicateur pour faciliter son exploration. Cette très légère critique n’enlève rien au mérite de l’auteur. M. Perreau a eu le courage de s’attaquer à une question difficile, un peu délaissée aujourd’hui, et ses efforts ne sont pas restés infructueux. Lucien Poincaré. = 1 A. Mreuersox : Les Méthodes interférentielles en Métro- logie. Rev. gén. des Sc. du 30 juin 1893, t. IV, p. 369 à 377, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1021 Etard (A), Répétiteur de Chimie à l'Ecole Polytechnique. Les nouvelles Théories chimiques. — 1 vol. pelit in-8° de 200 pages avec 56 figures de l'Encyclopédie scien- tifique des Aide-Mémoire, publiée sous la direction de M. H. Léauté, de l'Institut. (Prix : broché, 2 fr. 50 ; car- tonné, 3 francs.) Gauthier- Villars et fils, et G. Masson, éditeurs. Paris, 1895. La Chimie théorique, qui, il y a quelques années à peine, se résumait dans quelques considérations géné- rales placées en tête des ouvrages de Chimie, a pris de- puis peu un développement considérable et s’est cons- tituée en une branche spéciale de la Science ; des ou- vrages étendus, tels que ceux de Lothar Meyer, de M. Ostwald et de M. Mendelejeff, lui ont ‘été consacrés, dans lesquels se trouvent développés les principaux résultats acquis, ainsi que les chapitres actuellement à l'étude; des manuels relatifs à la technique des mé- thodes les plus”’usuelles ont aussi été publiés; enfin, un journal dirigé par MM. Ostwald et Van’tHoff, qui parait depuis 1887, s’est fait l’organe de tous les tra- vaux relatifs à la physico-chimie. Le spécialiste dispose donc de tous les moyens né- cessaires pour travailler utilement les diverses ques- tions à l'ordre du jour dans ce riche domaine. Il nous manquait cependant un ouvrage plus con- densé, dans lequel le chimiste qui ne se voue pas d’une facon spéciale à ce genre d’études püût s'initier aux grauds principes de la physico-chimie sans être obligé de suivre, dans tous les détails etdans tous les dévelop- pements, les progrès de cette science. C’est cet ouvrage que M. Etard vient d'écrire pour l'Encyclopédie scien- tifique des Aide-Mémoire. Après avoir défini les actions chimiques générales, l'auteur aborde: l’étude de la théorie atomique et de la théorie cinétique, les propriétés chimiques des molé- cules dépendant des états physiques (densités de va- peur, dissociation, théorie de Van der Waals, cristallisa- tion, théorie des solutions, etc.); enfin les éléments de la mécanique chimique, de la thermo-chimie, de la pho- to-chimie et de l’électro-chimie. On voit par ce court apercu que toutes les questions importantes sont passées en revue. Ajoutons qu'elles sont présentées sous une forme claire, rapide et con- cise, que les grandes lignes se dégagent toujours net- tement de l’ensemble du sujet, qu’enfin, lorsque la ma- tière à traiter devient plus particulièrement abstraite, l’auteur soutient l'attention du lecteur par des compa- raisons aussi heureuses qu'originales, qui font de ce petit livreune lecture facile ef attrayante. Nous ne dou- tons point que cette impression ne soit partagée par tous ceux qui se serviront de ce guide pour s'initier aux questions actuelles en physico-chimie, Ph.-A. GUYE. Gramont (Arnaud de), Docteur ès sciences — Ana- lyse spectrale directe des Minéraux. | Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris.) —1 vol. in-8° de 20% pages avec 3 planches hors texte. Baudry et Cie, éditeurs, Paris, 1895. Le spectroscope n’occupe pas encore, dans les labo- ratoires de Chimie minérale, la place qu'il eût dû con- quérir depuis longtemps. M. Arnaud de Gramont, qui vient de montrer, dans la thèse que nous analysons, tout le parti qu'on peut tirer du spectroscope pour l'analyse qualitative directe des minéraux conducteurs ou volatilisables dans l’étincelle d’induction, convena- blement condensée, va contribuer probablement à gé- néraliser l'emploi de ce précieux instrument, Les minéraux se comportent, dans ces conditions, comme des alliages métalliques, aux raies desquels viennent s'ajouter les spectres de lignes des métal- loïdes qu’ils renferment. Quoique le spectroscope or- dinaire à un prisme permette de caractériser un grand nombre de minéraux par cette méthode, l’auteur a employé pour ses recherches le modèle de spectro- scope à vision directe de M. Cornu, formé, comme on sait, de deux prismes composés et armé d’un oculaire 1022 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX à fort grossissement. Avec cette dispersion, l’écarte- ment des deux raies D du Sodium atteint une division du micromètre, et l’on obtient des mesures suffisam- ment exactes jusqu’à la région violette, Par la préci- sion et l'abondance des détails, la thèse de M. Arnaud de Gramont sera d’un grand secours à {ous ceux qui apprécient l’économie de temps que le spectroscope peut donner dans les recherches analytiques. La partie la plus nouvelle de ce travail est celle re- lative à la formation directe, dans l'air, des raies carac- téristiques des métalloides,grâce à l’étincelle condensée, L'auteur montre, en effet, que le Soufre, le Sélénium, le Tellure, l’Arsenic, l'Antimoine, le Phosphore, le Chlore, etc.., donnent, dans les conditions ci-dessus mentionnées, des spectres de raies semblables à ceux obtenus avant lui, à l'abri de l’air, soit dans les tubes de Plücker, soit dans les tubes à gaines de Salet; cette découverte permet donc de reconnaître d'emblée l'ensemble des éléments qui forment l'espèce miné- rale examinée, puis d'observer seulement les métaux en supprimant l’emploi du condensateur. Je ne puis donner ici la liste des nombreux minéraux passés en revue par M. de Gramont dans la troisième partie de cette thèse, car il a étudié près d’une centaine d'es- pèces, principalement les sulfures, arséniures, sélé- niures et tellurures; mais je signalerai, en terminant, l'intérêt que présente sa méthode, pour la recherche de faibles quantités d'éléments accessoires contenus dans les minéraux tels que : l’Argent et le Zinc dans les galènes, le Germanium dans l’argyrodite de Freiberg, le Sélénium dans la chalcopyrite, Ie Thallium dans la Phillipsite et la Dufrénoysite, le Cobalt dans l'Ulman- nite, Or dans Ja Nagyazite, le Phosphore dans les météorites, etc. Cette énumération suffit pour faire apprécier tout l'intérêt qui s'attache à cet excellent travail, qui a déjà recu la sanction de la pratique aux mines du Transvaal et dans plusieurs usines mé- tallurgiques de Westphalie. A. VERNEUIL, Etaix (L.), Préparateur à la Faculté des Sciences de Paris. — Contribution à l'étude de quelques Acides bibasiques. (Thèse de la Faculté des Sciences de Paris.) — Un vol. in-8° de 66 pages. Gauthier- Villars et fils, édileurs. Paris, 1895, Le travail de M. Etaix fait suite à celui de M, Auger, dont nous avons donné ici un extrait, il y a quelques années (Revue générale des Sciences, t. I, p. 520). On se rappelle que ce dernier auteur a étudié, au point de vue de la dissymétrie possible de leurs chlorures, un certain nombre d'acides bibasiques: sa conclusion était que, vraisemblablement, les seuls acides capables de fournir des chlorures dissymétriques sont ceux dont les carboxyles sont en position 1.4; mais il est évident que, dans un mémoire de thèse, M. Auger n'avait pu passer en revue tous les acides bibasiques décrits ; M. Etaix étend ses recherches à d’autres, notamment à l'acide adipique, à l'acide subérique et à l'acide azé- laïque, qui correspondent, comme on le sait, à l'hexane, à l’octane et au nonane normaux. L'auteur indique en passant quelques tours de main facilitant la préparation de ces corps, puis il examine leurs principaux dérivés, anhydrides, chlorures , amides, etc., dont la plupart élaient encore inconnus. I nous est impossible de le suivre dans l’énumération et la description de ces corps: les méthodes employées n'ont d’ailleurs rien de spécial, et la marche du travail est la même qu'avait déjà suivie son prédécesseur, M. Auger. La conclusion est que les chlorures des acides biba- siques normaux en Cf, C8 et C? sont symétriques. Les anhydrides correspondants sont tous assez instables, et aucun d'eux ne fournit d’imide. | [n'y à donc, en définitive, que les acides oxalique et malonique qui ne donnent pas d’anhydrides, et les acides étudiés par M. Auger paraissent bien être les seuls dont les chlorures soient susceptibles de dissy- métrie. L. MAQUENNE. 3° Sciences natufelles. Æhiriet (A.), Professeur au Collège de Sedan. — Re cherches géologiques sur le Lias de la bordu sud-ouest du Massif ardennais. (Thèse pour Doctorat ès sciences nalurelles de la Faculté des Sciene de Paris.) — 1 vol. in-8° de 220 pages avce 30 figures et 1 grande planche hors tete. Imprimerie Anciaux, Charleville, 1895. : 210 De Hirson à Montmédy, en passant par Mézières et Sedan, s'étend une bande continue d’affleurementslia siques qui bordent le massif ancien de l’Ardenne, Tan dis que le Lias des régions voisines du Luxembourg et de la Lorraine avait fait l'objet d'études monogra phiques, il n’en élait pas de même pour la bordure dé l'Ardenne francaise, de sorte que M. Thiriet a comblé une véritable lacune en étudiant en détail les dépôts liasiques de cette bordure. < Le point de départ de son travail a été l'étude de coupes naturelles fournies par le démantèlement de la place de Sedan, coupes qui lui ont permis d’observe la succession de tous les niveaux du Sinémurien et de marquer la position exacte de toute une série de fos siles. Abstraction faite de la Souabe, où, grâce aux efforts de Quenstedt, l'analyse des assises jurassiques aété depuis longtemps poussée très loin, il n'existe pas de région où les différents horizons du Lias inférieur. aient été fixés avec la précision que M. Thiriet a mise M à ses recherches, de telle sorte que le bord ardennais servira désormais de terme de comparaison dans toutes. les études sur le Lias. < Le travail de M. Thiriet aurait gagné à êlre considé- rablement écourté et allégé de nombreuses répétitions. L’index bibliographique ne répond ni à une bibliogra= phie complète de la région ni à une bibliographie. du Lias; lauteur y fait figurer des titres de publica- tions périodiques, sans d’ailleurs indiquer même les volume consulté, tandis que, d'autre part, pour plu- sieurs ouvrages, les références sont tout à fait insuffis. santes. E. Hauc. Gain (Edmond), Préparateur à la Sorbonne. — Recher-« ches sur le rôle physiologique de l'Eau dans la. Végétation. (Thèse de Doctorat ès sciences naturelles }— 1 broch. in-8° de 160 p. avec fig. et pl. Extrait des An- nales des sciences naturelles, T° sér., Botan.,t. XX, avec 4 pl. G. Masson, éditeur, 220, boulevard Saint-Germain. Paris, 1895. ; On sait depuis longtemps que l’eau est nécessaire à « la végétation ; mais il reste bien des problèmes à ré- soudre sur son mode d'action, sur la quantité d’eau nécessaire aux différentes périodes de la vie et suivant les conditions extérieures; sur l’action exercée par un excès d'humidité ou de sécheresse ; comment cette: action s'exerce sur les différents organes de la plante, etc. * Des problèmes d'un intérêt tout différent se ratta- chent à cette question. Dans quelle mesure, par exemple, les espèces sont-elles réparties, dans leurs stations spontanées, suivant les conditions les plus … favorables à leur développément individuel? Les con- « ditions les plus favorables au développement de l’indi- vidu sont-elles en même temps les plus favorables au développement de l'espèce ? est l'influence de l’eau sur l'accroissement en poids, sur la croissance, sur la propagation et l'avenir de l'espèce, Les résultats auxquels il est arrivé sont tels qu'on peut les prévoir par l’observation directe des … faits de tous les jours; mais l’auteur les formule avec la précision qui convient à des résultats expérimen- £ taux. Il n’a d’ailleurs mis en expérience que des végé- taux phanérogames ; les Champignons et beaucoup d’Alguës lui auraient, croyons-nous, fourni l’occasion . d'être plus rigoureux dans ses conclusions. De 4. . k. 4° Sciences médicales. ï armier (Louis), — Sur la Toxine charbonneuse. » (Thèse pour le Doctorat ès sciences naturelles de la Fa- _ culté des Sciences de Paris). — Brochure in-8° de 50 …— pages. Imp. Charaire, 68, rue Houdan, Sceaux, 1895. _— On connaît maintenant les propriétés physiologiques “es substances solubles élaborées par les microbes de la diphtérie et du tétanos dans les milieux de culture; cest grâce à cela que l’on concoit bien les symptômes l’évolution des maladies produites par ces microbes, On est moins avancé en ce qui concerne la bacté- idie charbonneuse, et pourtant c’est la première bactérie pathogène bien connue. Les travaux sont déjà “nombreux, mais les résultats sont contradictoires. Le “dernier travail en date et le plus important, celui de M. Hankin et Wesbrook, parle d’une substance retirée de certains milieux de culture, surtout toxique pour “les animaux réfractaires au charbon; elle vaccine les ‘animaux sensibles immédiatement et à des doses très “faibles. Ce dernier caractère la rapproche des anti- toxines. Les résultats obtenus par M. Marmier ne s’ac- “cordent pas avec ceux des deux savants anglais. — M. Marmier a cherché d’abord un milieu de culture assez bien défini où le microbe charbonneux élabore “une substance toxique soluble. 11 emploie une disso- …lution dans l’eau de sels minéraux et de vraie peptone “ne précipitant ni à chaud ni à froid par le sulfate d’ammoniaque. A 20°, la bactéridie pousse dans ce mj- lieu; maisles cultures y sont toujours chétives. Au bout … de trois semaines, le liquide filtré est toxique pour cer- …tains animaux tels que le lapin; et la substance toxique st tout entière contenue dans le précipité par le sul- fate d’ammoniaque. C’est en pesant ce précipité que M. Marmier se rend compte des doses qu’il inocule. —._ À partir d'une certaine dose, le lapin meurt en pré- sentant des phénomènes asphyxiques, comme dans infection charbonneuse. Quelquefois la mort survient au bout de deux jours, mais souvent aussi apres huit ou “quinze jours. Il y a réaction du côté de la température, surtout le deuxième jour, et principalement réaction & côté du poids; les animaux peuvent perdre plus d’un tiers de leur poids. A des doses inférieures à la dose mortelle, il y a aussi « baisse de poids, fièvre; mais l’animal se rétablit. Et “alors il est apte à supporter une dose plus forte que la première ; et ainsi de suite. M. Marmier arrive de celte … facon à avoir des animaux vaccinés contre le charbon, … résistant à des inoculations successives du microbe. …_ Le lapin est donc un réactif sensible de la toxine -charbonneuse. Il a permis à M. Marmier d'étudier les … variations de toxicité de sa substance, quand on lui . fait subir l’action de divers agents physiques et chi- miques. Après l’action de la chaleur (110-1202) la toxi- cité a diminué notablement, Le chlorure de chaux, les hypochlorites alcalins, les chlorures d'or et de pla- tine, la sotution de Gram altèrent fortement la toxine, A ce point de vue, elle se rapproche d’autres toxines mierobiennes, telles que les toxines diphtérique et téta- nique. Elle est intermédiaire entre celles-ci (détruites complètement par le chauffage) et d’autres, telles que la tuberculine, que la chaïeur n’altère pas. . Les autres animaux sensibles au charbon sont aussi sensibles à la toxine : tels la souris, le rat blanc, le rat d'égout, le cobaye, De très fortes doses tuent le pigeon, et amènent une baisse de poids momentanée, mais très forte, chez la poule. ” Ileût été illusoire de chercher à caractériser chimi- quement celte toxine charbonneuse. M. Marmier s’est contenté de montrer que le précipité par le suliate d’ammoniaque qu’il employait ne renfermait ni albu- minoïde, ni alcaloïde, ni diastase, Enfin, M. Marmier à reconnu que la toxine ne diffuse dans le milieu de culture que quand la bactéridie se - trouve dans des conditions de vie médiocres. Dans de bonnes conditions, la toxine reste dans le corps des microbes : M, Marmier en a retiré, en effet, par macé- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1023 ration dans l’alcool faible, une substance ayant les propriétés que nous venons d'énumérer. Cette étude très complète montre qu’un microbe qui produit une maladie scepticémique, élabore dans les milieux de culture, une toxine spécifique, Mais, avec cette toxine charbonneuse, on ne repro- duit pas complètement le tableau de la maladie mi- crobienne; l’intoxication est rarement aiguë. D’autres facteurs entrent évidemment en jeu dans l’action du microbe sur l'organisme. Il se peut aussi que la toxine retirée des cultures ne soit pas identique à celle pro- duite dans le corps de l'animal. F. Mesxir. Laurent (D'E.). — Les Bisexués : Gynécomastes et Hermaphrodites. — 1 vol. in-8° de 233 pages. (Priz : 5 fr.) — G. Carré, Paris, 1895. M. Laurent avait consacré sa thèse inaugurale (1888) à l’étude des gynécomastes, sur lesquels les observa- tions de Lacassagne, Lereboullet, Martin et Jagot et le travail publié en 1880 par Olphan avaient déjà attiré l'attention, Il avait fait paraitre antérieurement et il a fait paraître depuis lors d’autres travaux sur le même sujet et des sujets connexes : De la mammite doulou- reuse hypertrophique chez l’homme (Gazette médicale de Paris, 1883); De la mammite douloureuse des ado- lescents et des adultes (Gazette médieale de Paris, 1889); De l'hérédité des gynécomastes (Ann. d'hygiène pu- blique et de médecine légale, 1890). Ce sont ces divers mémoires qu'il a refondus et combinés avec sa thèse pour en faire le présent livre. M. Laurent définit la gynécomastie « une anomalie qui consiste dans le développement exagéré et perma- nent des mamelles chez l’homme, au moment de la puberté, avec arrêt du développement des testicules ». Cette définition, fort exacte, différencie nettement la gy- nécomastie de certaines affections qui offrent avec elle des ressemblances extérieures et que plusieurs auteurs ont eu,en conséquence, une tendance à confondre avec elle: la marnmite de la puberté, par exemple. La gynéco- mastie vraie est,pour M.Laurent,—et son interprétation semble s'imposer, —un stigmate de dégénérescence; elle se rencontre surtout chez des sujets qui ont derrière eux une hérédité névropathique. Ce développement anomal des mamelles a pour cause, aux yeux de l’au- teur, l’atrophie relative dontsontatteintsles testicules; :l trouve une confirmation de cette opinion dans le fait que l'on a pu observer une véritable hypertrophie des mamelles à la suite de certaines orchites qui ont amené l’atrophie complète des testicules. Les mamelles des gynécomastes sont parfois constituées seulement par du tissu adipeux, mais souvent aussi elles présentent nettement la structure glandulaire : ce sont donc de vraies mamelles et non des tumeurs fibreuses siégeant au niveau des seins. Parfois même elles sécrètent du lait, Les gynécomastes ont d'ordinaire des formes à demi féminines, et, bien qu'ils conservent souvent quelque aptitude génitale, ils semblent fréquemment atteints d’un véritable enfantilisme. Leur élat mental est celui de tous les dégénérés, mais il semble que ce soienten général des dégénérés inférieurs, des débiles. M. Laurent, dans une seconde partie, assez inutile- ment grossie de chapitres accessoires, passe en revue les divers types d’hermaphrodites.Ilétudierapidementleurs aptitudes génitales et leur état mental et consacre quelques pages aux dégénérés infantiles et aux invertis sexuels. Le livre de M. Laurent sera commode à con- sulter, parce qu’il renferme, réunies et condensées, un certain nombre d'observations qu'il fallait aller cher- cher en divers recueils; mais il faut avouer que ce qui en fait l'intérêt, ce sont uniquement les chapitres qui traitent de la gynécomastie et qu'il n’apprendra rien de très neuf sur l’hermaphrodisme etles hermaphro- dites aux naturalistes ni aux médecins. Les quelques observations originales qu'il contient donnent cepen- dant une valeur à cet ouvrage, dont il convient de louer la bonne ordonnance et la clarté. L. MARILLIER. 102% ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES Séance du SCIENCES DE PARIS 28 Oc'obre 1895. M. le Président invite, au nom de l’Académie, Les Associés et les Correspondants nationaux et étrangers à adresser leurs portraits photographiques au Secréta- riat. — Lord Kelvin prononce un discours en réponse à l’allocution du Président de l'Institut, à l'occasion du Centenaire, — M. leSecrétaire perpétuel donne lecture des adresses de félicitations recues à l’occasion du Cen- tenaire de l’Institut de France; il donne également communication d'une lettre de condoléance adressée à l'Académie par la Faculté de Médecine de l’Université de Coïmbre à l’occasion de la mort de M. Pasteur. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. le Secrétaire perpétuel signale le dix-neuvième volume des « Acta mathema- tica ». — M. Rossard adresse ses observations de la comète (1895, août 20) et de la planète Wolf (1895, oc- tobre 43) faites à l'observatoire de Toulouse (au grand télescope et à l’équatorial de 0"25), — M, Perrotin donne le résumé succinet et le résultat des opérations exécutées dans le courant de l’année 1889 sous les aus- pices du Bureau des Longitudes, par MM. Hatt, Drien- court et Perrotin, en vue de la détermination télégra- phique de la différence de longitude entre un point de la Corse et l'Observatoire de Nice, Les résultats obtenus trouvent une vérification précieuse en comparant les opérations faites successivement à Nice et à l’Ile- Rousse par un même observateur, avec celles effec- tuées par M. Driencourt, en même temps, à Ajaccio. Différence de longitude Ajaccio-Paris : 25"33s8. — M. Brioschi s’est proposé de résoudre la question sui- vante : Quelles sont les propriétés et les valeurs des covariants et des invariants de f (x) dans le cas où un nombre » de racines de l’équation f (x) = 0 sont égales. Les deux théorèmes suivants répondent à la question : Un covariant quelconque de f (x), covariant de l’ordre m et du degré p, peut s'exprimer en fonction entière et rationnelle de covariants et d’invariants de 9 (y), fonction de l’ordre m + rp et du degré p. Un invariant quelconque de f (x), invariant du degré p, peut s’ex- primer en fonction entière et rationnelle de covariants et d'invariants de + (y) de l’ordre rp et du degré p. — M. le général A. de Tillo présente la carte hypsomé- trique de la partie occidentale de la Russie d'Europe et des régions limitrophes de l'Allemagne, de l'Autriche- Hongrie et de la Roumanie. 2° SCIENCES PHYSIQUES, — M. Alfred Angot pense que la double oscillation de l'humidité relative, à Athènes, signalée par M. Eginitis, est un phénomène intéressant, mais qui parait se rattacher directement à l'influence des brises de mer. L’explication complète du phéno- mène exigerait la jonction des courbes de la tempéra- ture et de la direction du vent à celle de Ia variation diurne de l'humidité. — M. Mettetal donne la descrip- tion d’un phénomène électrique observé à Grenoble le 20 Octobre. — M, Félix Mignet adresse une note rela- live à la désinfection des meubles et des vêtements par l'emploi de la benzine pure. — M. Armand Gautier présente le second volume de son Cours de Chimie. Cette deuxième édition contient une description mé- thodique de l’ensemble des corps organiques, de leurs rapports et de leurs réactions, la stéréochimie, ete. — M. Marqfoy établit la loi suivante : Les équivalents actuels de la chimie sont les nombres premiers com- pris dans la sérre naturelle des nombres entiers de 1 à 300.11 donne une théorie constitutive des corps fondée sur l’unité de la matière et introduit dans la considé- ration des volumes l'élément porosité, La chaleur spé- joue un rôle nutritif pour les filaments longitudi- cifique multipliée par la densité égale la porosité, — M. Raoul Varet a complété la thermochimie du groupe. des cyanures métalliques en étudiant les cyanures de lithium, de magnésium, de cuivre. L'auteur conclut de. cette étude des renversements d’affinité curieux des. acides chlorhydrique, bromhydrique et iodhydrique, vis-à-vis l'oxyde cuivreux, renversements d’affinité que l'expérience vérifie en tous points. — M. Louis Henry, à propos de la note récente de M. Lebeau sur le car- bure de glucinium, fait remarquer que l’analogie entre. les propriétés des carbures d'aluminium et de gluci- nium n'entraine pas leur analogie de composition, Le. glucinium bivalent à pour poids atomique un nombre voisin de 9, comme le montrent la densité de vapeur du chlorure de glucinium et la composition du dérivé. glucinique de l’acétylacétone. — M. P. Lebeau donne la composition de l’émeraude et expose la méthode , employée pour l'analyse ; l’auteur a découvert quelques éléments qui n'avaient pas encore été signalés dans lémeraude de Limoges, notamment le manganèse, l'acide phosphorique, l'acide titanique et le fluor libre, — M. Th. Schlæsing fils a déterminé la propor: tion d'argon contenue dans l'atmosphère à diverses hauteurs et dans des lieux différents; son taux ne. change que d’une manière à peu près insensible à l'analyse. 1400 volumes d’air contiennent 0.941 d’argon. Les gaz extraits du sol sont un peu plus pauvres en argon. L'auteur a vérifié incidemment que le cuivre, l'oxyde de cuivre, l'acier, la porcelaine, l'amiante n’ab- sorbent pas l'argon. — M. E. Burker, en faisant réagir l'anhydride camphorique sur le benzène en présence du chlorure d'aluminium, a isolé un nouvel acide céto- nique de formule C'SH20?; sa constitution se déduit nettement de celle qui a été assignée par M. Friedel à l'acide camphorique et fournit une nouvelle preuve de cette dernière. s CSH° | COH CO CH? CH—CSH7 CH? cH? L'auteur expose l'étude chimique de ce nouveau com- posé. CG. MATIGNON. 3° ScrENGES NATURELLES: — M. Marion fait hommage à l'Académie du quatrième volume des Annales du Musée d'Histoire naturelle de Marseille : Travaux du Labo- ratoire de Zoologie marine. — M. Ch. Janet : L'examen de la structure intime des fibres musculaires des Four- mis, des Guèpes et des Abeilles a donné à l’auteur des. résultats qui concordent avec ceux obtenus par van Gehuchten sur d’autres Insectes. L'examen porte sur chacune des parties constitutives de la fibre : le sarco- lemme, gonflé par une substance de remplissage, qui naux et les filaments rayonnants qui y baignent, —. MM. Weiss et Dutil étudient sur le cobaye le dévelop- pement des lerminaisons nerveuses (fuseaux muscu- laires et plaques motrices) dans les fibres striées, et le mode suivant lequel les fibres nerveuses entrent en contact avec les fibres musculaires en voie de forma- tion, Is lirentcette conclusion que les faisceaux reuro= M musculaires sont des organes terminaux particuliers. Is ne prennent aucune part au développement des fibres musculaires ni de leurs plaques motrices. Ils ne représentent nullement, comme on l'a avancé, un stade. du développement de ces éléments anatomiques ou ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1025 une production pathologique. Ils constituent, selon toute vraisemblance, des terminaisons nerveuses de na- ture sensitive, qu'il convient de rapprocher des terminai- sons tendino-musculaires de Golgi., Leur mode de déve- - loppement et celui des fibres nerveuses qui y abou- tissent, leur structure intime, leur persistance dans les muscles dont l’atrophie relève d’une lésion destruc- tive et sytématique des cellules des cornes antérieures, paraissent plaider en faveur de cette interprétation. — M. Woronine étend ses recherches sur la valeur biolo- sique de la leucocytose inflammatoire, aux animaux invertébrés. L'auteur a examiné, au Laboratoire mari- time de Saint-Vaast-la-Hougue, la réaction des vaisseaux - ét la leucocytose localisée chez les Perophora, dans les lacunes du pied des Mytilus edulis. Dans ces deux - exemples, la brûlure par l'aiguille chauffée, le nitrate d'argent, ne laissent observer aucune réaction de vais- seaux. La réaction des vaisseaux n’a donc pas une va- leur biologique générale. IL en est de même de la leu- cocytose inflammatoire localisée. Ces deux phénomènes, actifs chez les Vertébrés seulement, sont liés aux condi- tions particulières que présente chez eux la circulation du sang.— M. Imhof adresse un projet de travail sur la structure de l’épiderme des doigls. Séance du # Norembre 1895. M. Brouardel est nommé membre de la Commission du Concours des Arts insalubres en remplacement de feu M. Larrey. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. de Laigue, de Rot- terdam, transmet une copie de l’éloge de M. Morand par Condorcet et une lettre autographe de Con- dorcet du 11 février 1785, accompagnant l’envoi de cette copie à M. Morand. — M. de Freycinet présente un ouvrage intitulé « Essais sur la philosophie des sciences » qui contient un apercu philosophique, en langage ordinaire, sans formule, ni figures géomé- triques, sur l'Analyse infinitésimale et la Mécanique rationnelle. — M. Schulhof a calculé les éléments de la comète Swift, 1895, IL Ils diffèrent de ceux de la comète de Lexell, mais l’origine de ces deux comètes parait commune. — M. Michel Petrovich envisage l’équation différentielle binôme du premier ordre : dy\® a (& Re U)e | : ; À d | où R est rationnel en #, X, y, en supposant x et X liés par une relation algébrique G (x, X) — 0, et établit qu'il ne peut y avoir d’intégrales uniformes et trans- cendantes en # que si le polynôme G en x et X est de degré 1 en X; s’il n’en est pas ainsi, toute intégrale uniforme en æ est rationnelle, mais il peut y avoir des intégrales uniformes et transcendantes en æ et X et même l'intégrale générale peut être de cette nature, — M. Manuel Vazquez Prada expose une méthode nou- elle toute différente de celle que l’on enseigne actuel- > lement pour extraire une racine d'indice quelconque d'un nombre entier. Cette méthode est d’une remar- quable simplicité, tant au point de vue théorique que dans l'application. Elle conduit tout droit au but, en évitant les lâtonnements qui compliquent et alour- dissent les procédés ordinaires. — M. Bertrand de Fontviolant donne l’expression de la charge suppor- tée par l'arbre d’une turbine hydraulique en marche et énonce le théorème suivant relatif à l'effet dyna- mique de l’eau sur les aubages. A un facteur constant rh éh S s dé MODS de dé tit st tie ol d = ù 00 Q près, égal à la masse liquide © débitée par se- conde, l’effet dynamique de l’eau sur une turbine parallèle est représenté en grandeur, direction et sens, par la résultante de la vitesse relative (ou abso- lue) d'entrée et d'une vitesse égale et contraire à la vitesse relative (ou absolue) de sortie. 29 SGIENGES PHYSIQUES. — M. Coret adresse un com- plément à sa note: «Sur unappareil hydraulique propre à mettre en évidence le mouvement de rotation de la terre, » — M. Deslandres montre, en en faisant l’ap- plication à l’étoile d’Altaïr, comment l'analyse spec- trale d’une étoile peut faire connaître, d'une part, la lumière spéciale de son atmosphère, d'autre part le nombre, la période et la quantité de mouvement rela- tive des astres secondaires qui gravitent autour d'elle. L'étoile Altair est’au moins triple. — M. Eginitis adresse une communication sur la marche de la pluie à Athènes, La marche annuelle présente une très grande irrégularité et varie d’une année à l’autre dans le rapport de 1 à #.— M. Moissan a étudié l’action du silicium sur les métaux à haute température, Cette action donne suivant les cas trois résultats différents : 1° Le silicium solide peut, grâce à sa tension de va- peur, s’unir au métal solide et donner,-par une action analogue à la cémentation, un véritable siliciure, dont le point de fusion est moins élevé que celui du métal. 2° Le silicium liquide peut s'unir au métal fondu au four électrique. 3° Le silicium se dissout dans le métal liquide, ne forme pas de combinaison avec lui ou en produit une très instable et se dépose à l'étal cristallin au moment de la solidification de ce métal. L'auteur décrit les propriétés des siliciures de fer et de chrome SiFe? et SiCr?. — M. Lebeau indique plu- sieurs modes de traitement de l'émeraude pour arriver rapidement à la glucine pure. 1° L'émeraude chauffée au four électrique laisse comme résidu, après quelques minutes de chauffe, une matière fondue constituée par un silicate plus basique que l’'émeraude et directement attaquable par les acides. 2° Un mélange d’émeraude et de fluorure de calcium fondus est attaqué vivement par l'acide sulfurique avec élimination de la silice sous forme de fluorure de silicium. — M. F. Par- mentier a reconnu que toutes les eaux à goût bitumi- neux, existant aux environs de Clermont, contiennent de l’ammoniaque et même quelquefois dans des pro- portions notables (0 gr. 0454 par litre). D’autre part un usage prolongé de ces eaux permet d'établir que cette ammoniaque ne produit aucun effet fâcheux ; au contraire, la substitution de ces eaux dans un quar- tier a amélioré l'état sanitaire de ce quartier. — M. Manceau établit que les méthodes de dosage du tanin dans les vins, fondées sur l’action de la géla- tine, du perchlorure de fer, de l’acétate de zinc, ne donnent jamais de résultats concordants, et qu’en outre les résultats obtenus dépendent de la dilution, de la température, de la proportion d'alcool, des acides et des sels, L'auteur propose une nouvelle méthode très sensible, reposant sur l'emploi combinéide la corde à boyaux et du permanganate de potasse; elle est d’ail- leurs d’une exécution facile qui en rend la pratique courante. La méthode peut s'appliquer au dosage des tanins commerciaux. — M. André Brochet à fait agir le chlore sur l'alcool propylique normal en opé- rant commeaveclesalcools méthylique et isobutylique ; il a pu isoler du produit de la réaction l’oxyde de pro- pyle dichloré dissymétrique, laldéhyde chloropro- pionique « et le propional dipropylique chloré. L'au- teur énonce les propriétés physiques et chimiques de ces composés. — M. Adolphe Renard, en faisant agir l'ozone sec sur le toluène pur, a obtenu un composé explosif, l’ozotoluène, analogue à l'ozobenzène. C’est un corps blanc amorphe, de formule C'H$O6, qui en fait l’'homologue de l’ozobenzène ; ilest moins stable que ce dernier et fait explosion dans les mêmes conditions. Le xylène ortho donne un ozoxylène analogue. — M. Konovaloff a étudié l’action de l'acide nitrique sur le menthone et obtenu le nitromenthone C!0H17(A70?)0, liquide jaunâtre dont l’odeur rappelle celle du men- thone; sa formule de constitution serait représentée par le schéma suivant : C3H7 | CAz0? CH? Co CH? CH? CHCHA* 1026 M. Omelianski s’est appliqué à isoler le microbe spé- cifique de la fermentation cellulosique en employant le procédé de culture élective imaginé par M. Wino- sradsky. C'est un bacille extrêmement mince et ténu, à articles droits ou légèrement sinueux, longs de 6 à 7 p, larges de 0 & 2 à 0 3 seulement. — MM. G. Rivière et Bailhache ont repris l’étude de la fabrica- tion de l'alcool à partir de l’Asphodèle rameux et du Scille maritime ; en usant des procédés de défécation qu'ils indiquent et en employant des levures cultivées et pures, ils ont pu modifier complètement les produits signalés autrefois et obtenir des alcools de bon goût. Comme ces plantes croissent abondamment, à l’état spontané, en Algérie et en Tunisie, les résultats précé- dents paraissent motiver l’établissement d’une industrie nouvelle dans nos deux colonies. — M. Raoul Bouil- hac s’est proposé de rechercher les améliorations à apporter aux terres de bruyère de la Dordogne pour leur mise en culture. L'auteur résume ainsi l’en- semble de ses recherches : 1° Une analyse de terre est incomplète sans l’analyse du sous-sol, lequel intervient dans la nutrition minérale de la plante. 2 Les engrais de polasse sont inutiles sur un sol pauvre en potasse: quand le sous-sol en contient suffisamment. 3° La pré- sence des bactéries est insuffisante à assurer la crois- sance d’une légumineuse dans une terre où la propor- tion d’acide phosphorique est très faible. 4° L'acide phosphorique favorise au plus haut point le dévelop- pement et la puissance des bactéries fixatrices de l'azote ; il permet de transformer les terres de bruyère en prairies de valeur. C. MariIGNon. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Bordas fait l'anatomie de l'appareil digestif des Orthoptères de la famille des Forficulidæ. Cet appareil est d’une grande simplicité, et l’auteur étudie successivement chacune de ses régions, l'intestin antérieur, moyen et postérieur. — M. Sta- nislas Meunier essaye l’application de la méthode ex: périmentale à l’histoire orogénique de l'Europe. On peut imiter alors les cassures, les soulèvements, des structures imbriquées comprenant des chevauchements du genre de ceux des Préalpes et du Chablais. — MM.Charrin et Gley, en poursuivant des recherches qui durent depuis plusieurs années, sont arrivés à re- produire expérimentalement des difformités congéni- tales, Les malformations ne sont pas les uniques con- séquences des antécédents pathologiques, — M, Cor- neau adresse une note relative au mode d’incubation et d’éclosion des œufs de vipère, J, MARTIN. Séance du 11 Novembre 1895. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. le Secrétaire: perpé- tuel signale l’Album de Statistique graphique de 1894, publié par le Ministère des Travaux publics, — M. José Ruiz-Castizo soumet un mémoire intitulé : Le plani- mère cartésien à évaluation tangentielle. Nouvel intégra- teur mécanique de précision. — M. Goursat examine les systèmes d'équations linéaires auxquelles on est conduit quand on veut calculer la valeur des dérivées successives du point commun à deux courbes données quelconques, par lesquelles doitpasser l'intégrale cher- chée d'une équation aux dérivées partielles du second ordre : F (x, Vs 21 Dig Tr, 8, =; il signale quelques résultats curieux relatifs à la dis- cussion des équations linéaires qui déterminent les coefficients. — M. Léon Autonne considère une subs- litution de Cremona : et NC IP E) où les &. son! des coordonnées homogènes et les 4 des formes ternaires en æ. du même degré, et démontre ce que deviennent les deux propositions suivantes quand on ne fait aucune hypothèse spéciale sur les allures de let de A au pointw. [w est un point fondamental, c ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES c'est-à-dire un point fixe de la courbe générale p € du réseau : Ze gi = 0]: 1° Lorsque «w est un point pure de l,, Sans autre par- ticularité, s fait correspondre à w non un point unique, mais une courbe fondamentale unicursale de degré p.. 2° Lorsque w est un point oil sans autre particularité pour une courbe algébrique A, le degré de la courbe … image de A s’abaisse de wo unités, — M. G. Floquet, en utilisant les décompositions symboliques, étudie une expression générale des équations différentielles linéaires homogènes d'ordre m, dont les intégrales sont uniformes dans tout le plan des x, sans autre sin- gularité essentielle que le point c. 2° SGIENCES PHYSIQUES. — M, Delauney adresse un mémoire ayant pour titre : Comparaison des races fran- çaise, anglaise et allemande à l'aide des tables de morta- lité. — M. Delmas adresse une note relative au poids de l'atmosphère. — M. Moret de Montjou envoie un mémoire intitulé : De la formalion des réflecteurs et des réfracteurs courbes à l'aide de miroirs plans et de surfaces planes transparentes. — M. de Bernardières expose le plan d'étude et d'observations entrepris sous la diree- tion du Bureau des Longitudes pour la construction de nouvelles cartes magnétiques. Six missions sont orga- nisées ; elles doivent, dans l’espace de deux ans, faire un ensemble d'observations simultanées sur une surface considérable de la Terre. — M.. A. Poincaré donne le tableau de la distribution des pressions pendant les mois d'été 1883 et maintient les relations frappantes qui existent entre ces pressions et la révolution syno- dique de la Lune, — M. F. Osmond a étudié la consti- tution des aciers extra-durs dont la teneur en carbone dépasse 1,30 %. L'examen microscopique de la dureté, l’action des réactifs chimiques montre que ces aciers sont constitués au moins par deux corps distincts sé- parés par le carbure défini CFeÿ. L'un des deux cons- tituants est celui qui compose à peu près exclusivement l'acier trempé à 1 °/, de carbone; pour avoir un mé- lange égal des deux constituants, il est nécessaire de refroidir le plus rapidement possible à partir de 1.000°, Un tel mélange est peu magnétique. L’examen de M. Osmond a porté en particulier sur un fragment de plaque de blindage obtenu par M. Demenge d’après de, plaq age R Ê 5 P son procédé de carburation directe de lacier à la coulée, décrit récemment dans la Revue. — M, Vigou- roux à préparé les siliciuresde nickel et decobalt par le même procédé qui a permis à M. Moissan d'obtenir les siliciures de fer, de chrome et d’argent : ce sont des corps d'aspect métallique qui résistent aux plus hautes températures sans se décomposer. Les formules sont SiNi et SiCo?, — M. Dufau a préparé dans le fourélec- trique de M, Moissan le chromite neutre de chaux cris- tallisé, Cr? 0%, Ca O, par l’union directe du sesquioxyde de chrome et de la chaux ; c’est un composé bien eristal- lin et stable aux plus hautes températures; sa densité est de 4,8 à 180; il résiste à l’action des acides les plus énergiques. — M. Lescœur a préparé des alcoolates en faisant agir le sodium sur l'alcool et mesuré la ten- sion des mélanges obtenus, La variation de cette tension avec la composition du mélange parait indiquer lexis- tence ducomposé C? H$Na0,2C2H60, — MM.Bourquelot et Hérissey ont repris l'étude du ferment soluble sus- ceptible de dédoubler certains glucosides que l’on ren- contre dans la plupart des champignons ; ils ont reconnu que c’est la même émulsine qui paraît exister chez tous les cham pignons et qu'il n’y à aucun argument déli- nitif permettant d'affirmer qu'elle diffère de l’'émulsine des amandes. — M. J, Winter a étudié, par la cryose copie, la concentration moléculaire d'un certain nombre de liquides de l'organisme; il a constaté la propriété suivante fort remarquable : Le sérum sanguin et leJait sont équimoléculaires, et leur concentration moléculaire est la même chez les diverses espèces animales examinées. Ce fait, de la plus haute importance, nous Vire a — montre tout l'organisme en équilibre osmotique et la vie cellulaire sous la dépendance d’un même état limite qui se reproduit constamment, La méthode eryoscopique devient la méthode la plus sensible pour le contrôle de la pureté du lait, — M. Grimbert a étudié les fermentations provoquées par le pneumo-bacille de Friedländer, lesréactions obtenues des transformations reconnues par Frankland : il existe donc au moins deux pneumo-bacilles de Friedländer, morphologique- ment semblables, mais différant entre eux par leurs actions fermentatives. — M. Bonnet a trouvé que les oxydes de zinc, de cuivre, de cobalt et de fer nydratés peuvent être fixés directement par les fibres végétales et par suite utilisés pour le mordancage direct. CG. MariGxoN. 3° SCIENCES NATURELLES, — M. Félix Gayon fait hom- mage à l'Académie du tome/Il de la troisième édition de ses Lecons cliniques sur les Maladies des voies uri- naires. —M. Leroux adresse de Tenès (Algérie) une note sur la défense dela vigne contre le Phylloxéra. — MM. Nivière et Hubert soumettent au jugement de l’Académie un mémoire ayant pour titre « Contribution à l'étude des ferments ». — M. Termier a observé des lam- beaux de terrains cristallins d'âge probablement ter- tiaire, dans les Alpes brianconnaises; ce sont trois lambeaux constituant l’un la montagne de l’Eychauda, le deuxième la montagne de Sèvre-Chevalier.J. MARTIN. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 29 Octobre 1895. M. Le Roy de Méricourt lit le rapport de la Com- mission du prix Barbier. — M.Prunierlitle rapport de la Commission du prix Nativelle. — M. Paul Berger fait un rapport sur une communication du D' Kirmis- son relative au traitement d’un double pied plat valgus douloureux. M. Kirmisson a pratiqué l'opération d’Ogston sur le pied gauche et a obtenu un résultat orthopédique et fonctionnel satisfaisant. M. Berger, tout en reconnaissant les heureux résultats immédiats de l'intervention chirurgicale, ne les croit pas toujours très durables. Il pense que le traitement orthopédique du pied plat valgus est trop négligé en France. Peut- être y aurait-il lieu d’insister davantage sur ce traite- ment, et de ne recourir à une autre méthode que lors- qu'il aurait donné des résultats absolument inefficaces. — M. À. Mossé lit un travail intitulé : recherches sur la greffe osseuse hétéroplastique. » — M. Galezowski fait une communication sur les atro- phies des papilles d’origine glaucomateuse et leur traitement par les sclérotomies répétées. — M, Halt lit un travail sur le traitement de l’ophtalmie purulente par les grands lavages. — M. M. Bloch lit un mé- moire sur un procédé d’hématothérapie dans la tuber- culose non héréditaire. Séance du 5 Novembre 1895. L'Académie procède à l'élection de deux correspon- dants étrangers dans la 4° Division (Pharmacie). MM. Nencki (de Saint-Pétersbourg) et Ludwig (de Vienne) sont élus. — M. le D' Jonnesco (de Bucha- rest) lit une observalion d’abcès par congestion àtriple poche (deux poches fessières, une poche pré-sacrée) avec mal de Pott dorso-lombaire, Il pratiqua l'incision et le raclage des poches fessières, puis la trépanation du sacrum et le raclage de Ja poche pré-sacrée et ob- tint la guérison du malade. — M. le Dr Viard lit une contribution à l'étude de l’ostéomyélite et de sescauses. — Le reste de la séance est consacré à la lecture des rapports sur les prix décernés par l’Académie. Séance du 12 Novembre 1895. M. Laborde présente à l’Académie un nouveau marteau percuteur du D E. Toulouse, desliné à pro- duire le réflexe patellaire ou autre dans les maladies nerveuses. — M. J.Rochard présente un rapport sur un mémoire du D' Fontan relatif à la méthode du cu- « Nouvelles | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1027 rettage dans le traitement des grands abcès du foie. Ce procédé, qui est un perfectionnement important de la méthode de Little, a donné 86 °/,de succès, proportion inconnue jusqu’à présent. — M. Blache lit un rapport sur la cure d’air dans le {raitement de la tuberculose à l'Hôpital d'Ormesson, SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 26 Octobre 1895. MM. Charrin et Nobécourt citent un grand nombre d'exemples montrant que, chez les rejetons issus de mères malades, la croissance s’effectue beaucoup moins vite que dans les cas normaux. — M. Féré a constaté que certaines substances toxiques, employées à faible dose, donnent aux couvées une suractivité réelle, — M. Marinesco relate l'observation d’un diabétique pré- sentant le syndrome de Weber (ptosis de la paupière gauche et paralysie complète du moteur oculaire com- mun avec hémiparésie gauche). — M. Rénon cite deux cas de tuberculose aspergillaire chez des peigneurs de cheveux. L’aspergillus provenait de la farine de seigle dont ils se servent dans leur métier et dont la pous- sière flotte constamment autour d’eux. — M. Mossé a observé un cas d’acromégalie avec tumeur de la pitui- laire et hypertrophie du corps thyroïde et du thymus. — M. Claisse présente des pièces de dilatation bron- chique expérimentale obtenues chez le lapin au moyen d’un nouveau procédé. — M. Onimus décrit un procédé pour démontrer la pénétration de la lumière dans les tissus vivants. — M. Pillet communique le résultat de ses recherches sur l’anatomie pathologique de la rate mobile. — M. Chassevant a reconnu que la benzine ne détruit pas les micro-organismes, mais les empêche de se développer dans les milieux fermentescibles. — M. Laguesse étudie le développement du pancréas chez les Mammifères. — M. Arthus indique un nou- veau procédé pour obtenir rapidement de beaux cris- taux d’hémoglobine. — M. le D° Garnault cite un cas d'hémorrhagie post-opératoire réflexe de la caisse du tympan chez le pigeon. Séance du 2 Novembre 1895. M. Lapicque montre que le fer introduit dans lor- ganisme par la voie veineuse ne s’élimine qu'en petite quantité par les reins, et que la plus grande partie s'élimine par l'intestin. — M. Pillet a constaté, dans dans le foie et dans l'intestin, des zones d'activité fonctionnelle différente se traduisant par des diffé- rences de sécrétion des glandes. — M. Marchaux a recherché l'existence d’un sérum anti-charbonneux : le sérum de lapin a seulement des propriétés préventives ; le sérum de mouton a également des propriétés cura- tives, à condition qu'il ne soit pas employé trop tard. — M. Pierre Bonnier présente quelques observations sur le signe de Romberg, le sens musculaireet le sens des attitudes d'équilibre. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 8 Novembre 1895. M. Freundler a dédoublé, par les sels de strychnine, l'acide dioxystéarique correspondant à l'acide oléique. Le sel de l'acide gauche est beaucoup moins soluble dans l'alcool que le sel de l'acide droit. Il a étudié aussi le pouvoir rotatoire de ces acides en solution. Ce pouvoir esttrès faible: [x], = -+ 2,1.M. Freundler a éga- lement étendu aux chloracétyltartrates et aux dichlo- racétyltartrates les études sur les variations du pou- voir rotatoire qu'il avait commencées sur les éthers tartriques. Il a pu constater que la présence du chlore dans la molécule faisait naître de nombreuses anoma- lies dans les variations de [a]... —M. Moureu a étudié quelques dérivés de la série de l’eugénol. On donnait jusqu'ici à ce corps la formule d’un allylgaïacol sans preuves synthétiques à l'appui de cette manière de 1028 voir, Par l’action de l’iodure d’allyle sur le vératrol, en présence de poudre de zinc, M. Moureu à réalisé la synthèse de l’éther méthylique de l’eugénol : ,CH?—CH=CH? (1) CHiZOCHS (3) NOCHS (4) Cette synthèse démontre bien la nature allylique et non propénylique de la double liaison. — M, Urbain a étudié les produits de condensation de laldéhyde isobutylique. Il effectue cette condensation en trai- tant cette aldéhyde par son poids d'une dissolution alcoolique de soude à 5 %. Si l’on élimine l'alcool au bain-marie et la soude par des lavages successifs, on obtient les produits qu'aobtenus M. Fossek, en traitant l'aldéhyde isobutylique par l'acétate de soude en tubes scellés. L'auteur s'est proposé d'établir la constitution de ces composés. Le corps répondant à la formule CSH!:0 ne s'obtient qu’en très petite quantité. IL bout à 440°, Son oxydation facile à l'air doit le faire consi- dérer comme le triméthylpenténal : CHS CH? \ ec —CH0 CH” | CH Le corps répondant à la formule C* H15 0? (diisobu- tyraldéhyde de Fossek) bout à 1250-130°, sous 14 milli- mètres: traité par le chlorure d'acétyle, il donne un éther monoacétique bouillant à 230-235°, ce qui met en évidence sa nature alcoolique, Ses propriétés réduc- trices et son aptitude à se combiner aux bisulfites alca- lins doivent le faire considérer comme une aldéhyde ou une acétone, Ii estinaltérable à l'air et fournit par oxydation de l'acide isobutyrique. Traité par le sodium en solution éthérée, il donne le glycol obtenu par Fos- sek en traitant l’aldéhyde isobutylique par des solu- tions concentrées de potasse. Ge glycol ayant la cons- titution suivante : ‘He CH CE CH-cHOH-CHOH—CH£ , CH5/ NCH3 il résulte de cette dernière réaction et des précédentes que la diisobutyraldéhyde de Fossek est la diméthyl- hexanolone : HE CH \ CH On obtient également danscette réaction un corps eris- tallisé bouillant vers 180°, sous 1% millimètres. Ge corps n'a pas encore été étudié. L'auteur à montré, de plus, que l’on obtient des produits différents en modi- fiant le traitement de la manière suivante : on traite l’aldéhyde par la même dissolution sodique, mais on élimine la soudepar un courant d'acide carbonique et on chasse ensuite l'alcool, On obtient ainsi, outre les produits décrits précédemment, un corps bouillant à 95° sous 14 millimètres. Isomère de la diméthylhexanolone, ce corps doit être considéré comme le triméthylpenta- nolal : CES CH—CO—CHOH—CH ; NC CH CH | NCH—CHOH—C—CHO CH5” CH3 11 s’altère rapidement à l’air et est décomposé par la moindre élévation de température en présence d’alca- lis. Son éther acétique bout à 2100. Il donne par réduc- tion le triméthylpentanediol : ne CH: | N CH—CHOH - C—CH? 0H CH3/ CH Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17 EE ———.". ———"—"— OU NS ; ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES F0 dont la diacétine bout à 410-115° sous 14 millimètres. — M. Wyrouboff a décrit, il y a quelque temps, les. tartrates neutres de rubidium, doués du pouvoir rota-. toire à l’état solide et en solution. Il à constaté de plus que les rotations sous ces deux états sont de sens in- verse. Il fait ressortir les difficultés que l’on éprouve si l’on veut faire cadrer ces faits avecles théories ac- tuelles et la contradiction qu'il relève dans un travail. de M. Traube. Ce dernier, après avoir formellement déclaré que le sens de la rotation devait nécessairement ètre Le même que celui de la solution, trouve mainte- naut que cette particularité du tartrate de rubidium n’a rien d'extraordinaire : le sens de la rotation changeant très souvent pour un même corps avec le dissolvant, avec la nature des substilutions et Pétat d'agrégation. E. Cuanon. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 10 Octobre 1895. 7 L Le président annonce le décès de MM. Louis Pas- teur de Paris, membre d'honneur étranger ; Moriz Willkomm de Prague, correspondant, et Sven Ludwig Loven de Stockholm; il résume les travaux de ces sa- vants, — M. Grobben de Vienne est élu membre ordi- naire, M. Wirtinger d'Innsbrück est nommé corres- pondant, et MM. Berthelot de Paris et Engelmann d'Utrecht sont élus correspondants étrangers. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Ernest Blaschke : Etudes de cinématique. — M. C. Paschl : Sur le pro- blème de la théorie de la chaleur. 20 SGiENCES PHYSIQUES. — M. Albert v. Obermayer : - Action du vent sur les surfaces faiblement arrondies. — M. Georg Gregor : Action de l’iodure d'éthyle sur le B-résorcylate de potassium. En solution alcoolique, il se forme l’acide monéthyl 6-résorcylique, qui paraît dériver non de la forme bitertiaire de la résorcine, mais de la forme secondaire-tertiaire, — MM. Guido Goldschmiedt et Franz Schrawhofer : Hydrazone de … la phlorone et ses produits de substitutions. Les au- teurs étudient l'influence de Ja position et de la na- ture des groupements substitués pour la formation des hydrazones. Les dérivés chlorés, bromés, iodés, nitrés donnent facilementdeshydrazones.—M.CarlBrunner: Nouvelle base obtenue à partir de l’isobutylidenhy- … drazine. Au lieu du diméthylindol, l’auteur obtint un composé borique C!0H'1A7 dont il donne les propriétés. — M. Robert Hirsch : Sur l'aldoxime papavérique.Ce composé se présente sous deux modifications stéréo- isomères fournissant des chlorhydrates bien distincts. — M. Max Baczewski : Recherches chimiques sur la semence de Nephelium lappaceum et sur les matières grasses qui y sont contenues; l’auteur donne la com- posilion quantitative et qualitative des produits chi- miques isolés. — M, Carl Glücksmann : Formation de la pinacoline de l’isobutyrate de calcium. La pina- coline signalée par Barbaglia et Gucei ne se forme pas dans la distillation du sel précédent, mais bien une acétone isomérique avec elle. 4 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Steindachner: Les pois- sons d’eau douce dans la presqu'ile des Balkans, — M. Sibenrock : Le squelelte de l'Agamidæ. — M. Zic- Kkal : Recherches morphologiques et biologiques sur les lichens. — M. Franz Roula : Etudes géologiques dans l’est des Balkans et conclusions de. l’ensemble des recherches effectuées par l’auteur dans cette ré- gion. —M. Czapek : Recherches sur la direction suivie . par les diverses parties des plantes à organes plagio- tropes. Séance du 17 Octobre 1895. 1° SCIENCES NATURELLES. — M. Alfred Nalepa : Nou- veaux microphthires de la bile (12 communication). — M. v. Ebner : Anatomie de la corde dorsale de l’'Amphioæus lanceolatus. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER 15 DÉCEMBRE 1893 REVUE GÉNÉRALE JES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER SOUSCRIPTION INTERNATIONALE POUR ÉRIGER, À PARIS, UN MONUMENT A L. PASTEUR — HOMMAGE A LA MÉMOIRE DE LOBATSCHEVSKY La Revue exprimait récemment le vœu qu'une statue de L. Pasteur fût érigée en plein Paris, « pour rappeler aux foules occupées de leurs affaires ou de leurs plaisirs la vie laborieuse du grand sa- vant passionné de science et d'humanité ». Ce vœu vient de recevoir uncommencement de réalisalion. Le Présidentet les membres du Conseil del'Instilut Pasteur ont réuni, mercredi dernier, un Comité composé de savants, d'écrivains, d'artistes et de quelques hommes poliliques. pour élever à Paris. par voie de souscription tarternationale, un monu- ment à la mémoire de Pasteur. Le Conseil a jugéavec raison que la souscriplion devait être internationale, afin de permettre à tous les peuples d'exprimer leur reconnaissance à l’homme dont les travaux ont rendu tant de ser- vices à l'humanité. La Revue tiendra ses lecteurs au courant des mesures prises pour assurer le fonctionnement de la souscription. Dès à présentles engagements de ver- sements peuvent être adressés à l'Institut Pasteur. En vue de perpétuer le souvenir du grand réno- vateur de la Géométrie, Lobatschevsky, un Comité, composé des plus éminents mathémaliciens du monde entier, se forma en 1893 à Kazan et ouvril à cel effet une souscription. Le Comité vient de publier son rapport, duquel nous extrayons les renseignements suivants : La somme aujourd'hui disponible s'élève à 8.840 roubles (un peu plus de 35.000 francs). L'im- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895, portance de celte somme a conduit le Comité à adopter le double projet suivant : {1° fondation d'un prix international pour les travaux géométriques (spécialement ceux qui se rapportent à la Géomé- trie non Euclidienne); 2 érection d'une statue à Lobatschevsky. Le prix, qui consiste en une somme de 500 roubles (environ 2.000 francs), sera décerné tous les trois ans au meilleur Mémoire ou Ouvrage sur la Géométrie. Les mémoires devront être écrils en russe, français, allemand, anglais, ilalien ou latin, ét adressés à la Société Physico-Mathéma- tique de Kazan, une année au moins avant la col- lation du prix. Le premier prix sera décerné le 22 Octobre (3 Novembre) 1897, La seconde partie de la souscription sera affec- tée à l'érection de deux statues à Lobatschevsky, l’une devant l'Universilé de Kazan, l’autre à l'inté- rieur de la même Université. La première stalue. avec son piédeslal, coûtera 3.000 roubles, dont 2.000 pris sur les fonds de la souscriplion et 1.000 fournis par le Conseil municipal de la ville de Kazan. Les frais de la seconde stalue seront sup- portés en partie par les Professeurs de l’Universilé de Kazan. Tousles Ouvrages et Mémoires se rapportant à Lobatschevsky et à sa Géométrie, y compris le œuvres imprimées et manuscrites du grand géo- mètre lui-même, seront réunis en une collection séparée, qui portera le nom de « Bibliotheca Lo- batschevskiana ». 23 1030 A, CORNU — RÉPONSE A « LA DÉROUTE DE L’ATOMISME CONTEMPORAIN À LE MONDE MÉCANIQUE ET LE MONDE ÉNERGÉTIQUE de la Stéréochimie, que la Revue a également. exposées, — ne sauraient aller sans provoquer … d'ardentes controverses. Suscilant la sympathie . Nous publions ci-après deux réponses à un ré- cent arlicle de M. W. Ostwald!. Le titre de cet article, tel que l’éminent savant l'avait libellé en allemand, était : Die Überwindung des wissenschaft- lichen Materialismus. Comme la traduction litté- rale n'eût pas exprimé le sens de ces mots, nous avons essayé d'en indiquer l’idée par celte rubrique: « La Déroute del Alomisme contemporain ®.» M.Oslwald combat, en effet, dans cet article la théorie classique de la matière, et en soutient une autre qui, sous le nom d'Énergétique, attire depuis quelques années l’altention des physiciens et des chimistes. La Æevue a eu soin de tenir ses lecteurs au courant des dis- cussions soulevées à ce sujet, el plusieurs savants, MM. G. Charpy, A. Étard, H. Le Chätelier, Ph. A. Guye, etc., ont signalé ici même l'impor- lance des doctrines du hardi novateur. Ces doc- trines, — pas plus que les théories, tout contraires, des uns, l’indignation des autres, la curiosité de tous, elles s'imposent aujourd'hui à l'examen, et il est naturel qu’en ces difficiles problèmes, aux- quels personne ne peut se flatter d'apporter une solution globale ec définilive, la critique s'exerce sous toutes les formes, suivant les tendances scientifiques et le tempérament de chacun. Cette diversité d'appréciation apparait jusque chez des esprits formés aux mêmes disciplines, et souligne l'inlérét des réponses suivantes faites, à deux points de vue un peu différents, par M. A. Cornu et M. Brillouin aux récentes affirmations du célèbre professeur de Leipzig. (LA DIRECTION.) QUELQUES MOTS DE RÉPONSE A « LA DÉROUTE DE L'ATOMISME CONTEMPORAIN » En lisant dans la Revue, àla première place, sous la signature d'un professeur d'Université allemande, M. Ostwald, la Déroute del Atomisme contemporain, j'ai éprouvé un sentiment pénible : ce sentiment sera partagé, j'en suis sûr, par tous les lecteurs qui pen- sent que l'œuvre scientifique léguée par les plus grands génies dont la science s’honore est chose res- pectable, et ne mérile à aucun titre le persiflage arrogant dont ce prétentieux article estassaisonné. Qu'un feuilletoniste irresponsable choisisse un litre baroque et fasse le bel esprit sur des sujets respectés, c'est affaire sans conséquence : mais, qu'un homme de science, ayant charge d’âmes, écrive dans une Revue sérieuse un article tapa- geur, pour railler des notions claires et fécondes au profit d'aspiralions vagues ou banales, c’est, à mon avis, un acte regrettable el peu digne d'un vérilable savant. Le public, confiant à juste titre dans le jugement des collaborateurs de la Revue, n'a, d'ordinaire, nile Lemps ni les moyens de con- trôler les opinions qu'on lui présente ; il risquera donc d'accueillir comme démontrées les affirma- tions erronées ou les insinuations railleuses accu- mulées par l'auteur pour prouver la prétendue « déroule ». Après cette lecture, le public ne gardera dans l'esprit que le doute et le ridicule 1 Voyez la Revue du 15 Novembre 1895. ? M. Ostwald, qui n’a pu corriger les épreuves de la traduc- tion française,nous a écrit, après l'apparition de son article, qu’il jetés sur la valeur des efforts dépensés depuis trois siècles pour ramener l'explication des phé- nomèênes nalurels aux lois de la Mécanique. Or, c'est précisément le sentiment inverse qu'il fau- drait inspirer au lecteur, un sentiment d’admira- lion respectueuse pour les résultats obtenus depuis Galilée, dans cette voie, par Descartes, Huygens, Newton, Euler, Laplace, Fresnel, Gauss, von Helmholtz. Bien loin d'être « une erreur pure et simple », comme le prétend l’auteur de la « Déroute », bien loin d’être stérile, la conception cartésienne est, au contraire, en pleine floraison : chaque jour voit disparaitre un des agents physi- ques, une de ces entilés provisoires créées pour résumer les faits : le Son, la Lumière, la Chaleur, l'Électricité et le Magnétisme viennent se ranger peu à peu dans le domaine soumis aux axiomes de la Mécanique rationnelle : bien plus, dans chaque branche de science en voie de formation, c’est par la proportion des faits représentés par les conceptions mécaniques qu'on mesure le degré d'avancement et la marche du progrès. Que signifie alors l'affirmation suivante (p. 955) : «C'est une entreprise vaine, qui a piteusement échoué devant toute expérience sérieuse, de vouloir rendre comple, par la Mécanique, de tous les phénomènes connus, » Où donc M. le P' Ostwald a-t-il vu tant d'échecs piteux? Est-ce dans la Mécanique céleste, dans la eût préféré pour titre: «La Réforme de la Physique générale». À théorie du Son ou de la Lumière, dans la Thermo- PE PTS PE NU OO RE DV IT ON SPP ET NI NUE CN I VRP TUE Fe PE | 6 dynamique? Toutefois, la démonstration a dû lui paraître insuffisante, car il s’est cru obligé de la reprendre par des arguments mathématiques : «Dans toutes les équations mécaniques, lesigne de la 4 1 Fa variable représentant le temps peut changer ; en … d’autres termes, les phénomènes de la Mécanique ra- tionnelle peuvent suivre le cours du temps où le re- —. monter. Dans le monde de la Mécanique rationnelle, n il n'y ani passé ni avenir, au même sens que dans le nôtre : l’arbre peut redevenir rejeton et graine; le pa- pillon, chenille; le vieillard, enfant. Pourquoi ces faits ne se produisent-ils pas dans la réalité ? La théorie mécanique ne l’explique pas; et, en vertu même des _ propriétés des équations, elle ne peut l'expliquer. Le fait que, dans la nature réelle, les phénomènes ne sont - pas réversibles, condamne ainsi sans appel le matéria- lisme physique. » Une condamnation « sans appel » ! Quel langage de polémiste aux abois! Mais ce qui touche au grotesque, c’est la désinvolture avec laquelle l’au- teur traite la théorie ondulatoire : .… «Pourtant, les jours de la théorie des ondulations étaient aussi comptés : à notre époque, cette théorie a été enterrée sans bruit pour faire place à la théorie électromagnétique. Faisons l’autopsie de son cadavre : la cause de la mort nous apparaïtra évidente : elle a péri par ses parties mécaniques... Pour épargner pa- zeil sort à la théorie électromagnétique, actuellement adoptée, l’immortel Hertz, auquel elle doit tant, renonce expressément à y voir autre chose qu'un sys- tème de six équations différentielles. » Ce badinage est d’un goût exquis : la conclusion se chante sur l’air de Marlborough : La théorie des ondes est morte, Est morte et enterrée; J’lai vu porter en terre Par quatre-z-équations. Ainsi, d'après M. Ostwald, il ne reste rien de l’œuvre de Fresnel, de cette admirable théorie des ondes lumineuses dont l’influence a été si étendue et si féconde depuis trois quarts de siècle : voilà ce que retiendront certainement les lec- teurs de la Revue. Ils se diront que cette théorie devait être bien médiocre pour que la théorie électromagnétique l'ait « enterrée sans bruit »; ils se diront encore que la théorie électromagné- tique git également au cercueil, puisque l’immortel Hertz l’a réduite au squelette de six équations différentielles; mais alors, — ce que n’a pas osé avouer M. Ostwald, — l’immortalité de Hertz est bien compromise, car son vrai titre de gloire est d’avoir ramené, par une expérience célèbre, l'in- duction électrique dans l’espace aux ondulalions à vibrations transversales et d’avoir montré qu'elle se propage par le même mécanisme et avec la même vitesse que la lumière. Tout cela ne serait-il, comme le veut l’auteur de la « Déroute », qu'un fantôme évanoui dans les ombres de la mort? Heu- reusement pour Hertz, pour Maxwell, qui a eu le premier l'idée de cette belle synthèse électro- optique, heureusement pour Fresnel et pour l’hon A. CORNU — RÉPONSE A « LA DÉROUTE DE L'ATOMISME CONTEMPORAIN » 1031 neur de notre siècle, il n’en est rien. La théorie ondulatoire moderne est bien. vivante, car elle réside tout entière dans ces deux faits : propaga- tion par ondes des ébranlements lumineux ouélec- triques ; transversalilé du vecteur qui représente dans les moindres détails les phénomènes si déli- cats de l’Optique ainsi que l'induction dans l’espace. Peut-on nier que celte représentation, qui em- brasse des phénomènes si nombreux et si divers, ne soit pas essentiellement mécanique? Et alors, que pensera le lecteur en relisant la phrase : « C’est une entreprise vaine qui a piteusement échoué devant toute expérience sérieuse, de vouloir rendre compte par la Mécanique de tous les phénomènes phy- siques connus, » Évidemment fous les phénomènes physiques ne sont pas encore expliqués; mais la marche de la science, depuis un siècle surtout, est assez rapide pour qu'on soit en droit d'espérer des généra- lisations de plus en plus étendues. Le grand obstacle auquel on vient se heurter au fond de toutes les théories est l'ignorance où nous sommes de la structure intime des corps pondérables et du milieu impondérable existant jusque dans le vide. Dans quelle mesure la connaissance exacte de cette constitution est-elle nécessaire pour expliquer mécaniquement les phénomènes physiques? C'est là le grand problème : pourquoi désespérer de le résoudre et le déclarer absurde à priori? Comme les géomètres, les physiciens y travaillent avec ardeur, chacun avec ses moyens propres; bien des résul- tats partiels sont déjà acquis et toujours dans le sens d’une réduction aux lois ordinaires de la Mécanique. Et, si l’on doit s'élonner d'une chose, c'est de voir la Mécanique rationnelle, avec des éléments si restreints et si simples, — points ma- tériels et aclions réciproques, — arriver à rendre un compte si fidèle de tant de phénomènes divers et compliqués. J'aurais bien d’autres critiques à adresser à l'ar- ticle de M. Ostwald; je me suis borné au point essentiel : ayant eu à traiter, quelques semaines auparavant. des questions de même genre ! dans un esprit diamétralement opposé, j'ai peut-être été, plus qu'un autre, blessé par la lecture de la « Déroute » : aussi n’ai-je pas pu m'empêcher de protester de toutes mes forces contre la négation railleuse des principes qui, depuis trois siècles, ont donné tant de preuves de leur fécondité et dans lesquels, naguère encore, Green, Cauchy, Gauss et von Hemholtz puisaient leurs plus remarquables inspiralions. A. Cornu, Vice-Président de l’Académie des Sciences 1 Notices de Ann. du Bur. des Longit.(1896) swr Les forces à distance et lesondulatiens, etles travaux de Fresnelen Optique. 1032 M. BRILLOUIN — POUR LA MATIÈRE POUR LA C'est un sujet d'étonnement perpétuel, que cette inévitable oscillation de l'esprit humain entre des opinions extrêmes, dont les dernières années nous fournissent un nouvel exemple. — Après la ban- queroule de la Science, la déroute de l’Atomisme !! Titres à effet, qui exagèrent certainement, sinon la pensée des auteurs, au moins la part de vérité qu'elle contient. Il y a quelque quinze ans. alors que les théories aujourd'hui en vogue, n'avaient pas conquis la faveur publique, je crois avoir pré- muni quelques généralions de jeunes gens, dans la mesure de mon aclion comme professeur, contre les excès de représentation matérielle auxquelles on se livrait souvent, en électricité surtout; je crois qu'il est temps maintenant de réclamer un peu pour celle pauvre malière que nous ne connaissons que par ses qualités, je le veux bien, mais dont nous ne connaitrions guëre les qualités si elle n'existait pas. Et, après tout, que connaitrions-nous donc, si nous ne nous per- meltions pas de conclure des qualités, et, en par- ticulier, de celles qui se révèlent par des formes variées de l’énergie, à une substance qui possède ces qualités? Et n'est-il pas aussi utile pour la clarté et la brièveté du langage, que pour la net- telé des conceptions, d'accorder quelque crédit à l'existence de cette matière? Dans l’état actuel de la science chimique, il y a encore des corps simples irréductibles les uns aux autres; il y en a même beaucoup. C'est à cette notion expérimentale que répond l'idée que, dans l'oxyde de fer, l'oxygène et le fer existent côte à côte. On peut bien glisser, el n'en point parler; mais, dès qu'on en parle, dès qu’on se rappelle que lous les procédés employés pour décomposer l'oxyde de fer ne font pas retrouver autre chose que de l'oxygène et du fer, je ne crois pas qu’on puisse se soustraire à la conviction que l'oxygène ét le fer y sont restés distincts. Il n'y a pas tant d'années que celle idée est conquise, et que la transmulation des métaux est devenue chimé- rique. C'est une loi d'expérience que la conserva- lion de la matiére, et elle est plus vaste que celle de la conservation de lu masse. — Ce n’est pas seulement la masse totale de l'oxyde de fer qui est égale à la somme des masses de l'oxygène et du fer; c’est individuellement la masse de l'oxygène qu’on en peut extraire, ainsi que celle du fer, qui sont cha- 1 Voyez l’article de M. Ostwald dans la Revue du 15 no- vembre dernier, t, VI, page 953 et suiv. MATIÈRE cune invariables. D'ailleurs, les propriétés de cha- cune des matières consliluantes ne disparaissent pas si complètement que M. Ostwald le déclare aujourd'hui pour les besoins de la cause, Il suffit d'ouvrir important traité de l'éminent professeur de Leipzig, pour y trouver, réunies et décrites, toute une série de propriétés physiques des com- posés, que lui-même a baptisées additives, parce que le nombre qui les mesure dans le composé est la somme des nombres correspondants pour les constituants. Ces propriétés se sont conservées dans la combinaison. On à raison de parler de la conservation de la #utière. Nous en pouvons et devons parler au même litre que de la conservation des facteurs premiers d'un nombre entier. De même la monnaie, billon, argent, or, introduite dans une tire-lire, se con- serve non seulement au total, comme à la caisse d'épargne, mais en détail. La notion d'une matière inaltérable en soi, est bien une conquête de l'expérience, et si récente que nous n'avons pas encore le droit d’en faire fi et de la noyer dans la notion incomplète de con- servalion de la masse. IT N'est-ce pas aussi une bien rapide exécution que celle de la théorie mécanique des ondulations : et, pour quelques diflicultés qu'on y rencontre, faut- il la sacrifier sans regret? Ce serait à croire que la théorie électromagnétique de la lumière s'établit sans difficultés ni hypothèses; ceux qui en con- naissent autre chose que la fin, ne seront peut-être pas de cet avis, et serappelleront peut-être combien le commencement el les étapes d'intermédiaires prêtent à la discussion. — Aux yeux de beaucoup de gens, la gloire de Hertz ne serait pas immor- telle, tant s’en faut, s’il n'avait à son aclif que « d'avoir renoncé à voir dans la théorie électro- « magnélique autre chose qu'un système de six « équations différentielles ». Heureusement pour lui, il avait fait autre chose auparavant, et fort heureusement aussi Maxwell lui en avait fourni l’occasion par une audacieuse interprétation d'é- quations hypolhéliques. Et puis, vraiment, le bon billet qu'a La Châtre! Parce que nous parlons d'équations différen- Lielles, la question de stabilité est-elle supprimée ? ou résolue? Est-ce que l’idée de stabilité est si exclusivement mécanique, qu'il suflira de dire : « Nos équalions différentielles ne se rapportent « plus à un phénomène mécanique ; il n’y a plus à = oui as ace a LR à hé : M. BRILLOUIN — POUR LA MATIÈRE 1033 s'occuper de stabilité »? Est-ce une de ces idées superflues, introduites par.la représentation mé- canique, ou une idée fondamentale, liée aux phé- nomènes eux-mêmes? N'est-ce pas, au contraire, sur cette diflicile question de la stabilité en géné- ral que portent les principaux efforts de tout un groupe de physiciens, qui combattent d'ailleurs souvent du même côté que fait M. Ostwald aujourd'hui, et parmi lesquels je tiens à citer M. Duhem à cause de sa connaissance appro- fondie des sujets qu'il ne dédaigne pas de vulga- riser, et de sa haute conception de la connaissance scientifique ? É III J'aurais bien envie de partir encore en bataille pour les théories cinétiques ; quand on fait l’« au- topsie » de la théorie des ondulations et qu'on la remplace par la théorie électromagnétique de la lumière, comme plus cohérenteet mieux enchainée, on ne saurait tenir rigueur à la théorie cinétique des incontestables difficultés qu’elle soulève. Bien au contraire, on doit admirer quel merveil- leux parti Clausius a su tirer d’une notion unique, — inévitable conséquence de la diffusion spon- tanée des gaz malgré la pesanteur — celle du mouvement propre des parties constituantes du gaz. Je ne crois pas qu'aucune idée simple se soil montrée si féconde, et ait permis, parson dévelop- pement logique, de rattacher l'une à l’autre tant de propriétés distinetes, depuis la loi de compres- sibilité au repos, jusqu’à la loi du frottement interne dans les mouvements lents, et, même, par une représentation mécanique des phénomènes thermiques, depuis la loi de dilatation jusqu'aux lois de conductibilité. EN: Mais voilà la grande question : cette image, cette représentation du monde, avons-nous le droit de nous en occuper? « On n’a besoin d'aucune « image, d'aucun symbole. Ce n’est pas notre «affaire de voir le monde plus ou moins déformé « dans un miroir courbe; il faut le voir directe- « ment, autant que le permettent nos forces « intellectuelles. » Directement, c’est bientôt dit. Que voyons-nous donc directement? Que savons- nous directement? Nos connaissances son! essen- tiellement personnelles et subjectives. Tout au plus, et par un singulier effort, pouvons-nous les rendre impersonnelles, et faire éprouver à d’autres la même impression que nous ressentons nous- mêmes en présence des phénomènes. Quant à parvenir à une connaissance objective du phéno- mène lui-même, je n’en connais pas le moyen: qu'on le veuille ou non, ce n’est donc pas le phénomène lui-même que l’on connait, c'est une REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. représentation qu'on s’en fait. Le moindre défaut de ces représentations du monde est donc, à mon avis, d’être inévitables. D'ailleurs, chacun les choisit à son gré, suivant sa nature d'esprit. Les uns préfèrent une représentation purement intel- lectuelle et verbale; poussée à son extrême degré d’abstraction, c’est la représentation numérique, algébrique, ou sous forme d’équations différen- tielles. Mais c'est toujours une représentation, c'est une sorte de table à double entrée, avec des mots ou des signes d'un côté, et de l’autre des recettes détaillées pour la production de phéno- mènes définis, — définis quand le manuel opéra- toire est complet. Tout le monde ne se joue pas facilement dans l’abstraction et, — sans contester que ce soit un exercice utile par sa difficulté même, — on peut bien choisir un autre tableau de correspondance entre les phénomènes extérieurs el d’autres phénomènes plus simples, qu'on connait mieux, dont on saisit mieux l’enchainement. Il ne parait guère contestable que, dès le début de la vie, l'expérience quotidienne familiarise un très grand nombre de personnes avec les phénomènes méca- niques. Pour celles qui ont quelque habitude de voir lesphénomènes mécaniques, de les enchainer intuitivement, — comme d’autres font pour les mots ou les équations différentielles, — je ré- clame donc le droit d'employer les images méca- niques, et de dresser le {tableau à double entrée, — images mécaniques d’un côté, faits physiques de l’autre, — sans être excommuniées ou traitées de retardataires. Et quand il leur arriverait d’em- ployer une représentation un peu plus déterminée que le phénomène auquel elle se rapporte, je laisserais à celui qui se sent sans péché analogue, et qui n'a jamuis détourné les mots de leur accep- tion propre, le soin de leur jeter la pierre. Si lord Kelvin, von Helmholz, Clausius, à qui l’on ne refusera certes pas la faculté d’abstraction, ont toujours trouvé très utiles pour leur propre usage les images mécaniques du monde, permettons à d’autres de faire comme eux. Reconnaissons pourtant, — et sur ce point je m'associe entièrement à la campagne de l’éminent professeur de Leipzig, — que trop souvent l'image qu'on se fait du monde est exclusivement géomé- trique, sans aucune idée dynamique. Il faut consi- dérer, dans toute machine, un mécanisme et la transformation d'énergie qu’il effectue; les deux points de vue méritent une égale attention dans l'étude de la Nature, M Que faut-il donc exiger, puisque nous ne pouvons certainement pas connaître le monde tel qu’il est? 23* 1034 C'est que chacun choisisse une manière de raison- ner sur le monde, qui soit juste autant que pos- sible, c'est-à-dire qui donne une exacte correspon- dance entre l’enchainement des faits et l’enchai- nement des symboles — et surtout qui soit rapide, intuitive et féconde; il est impossible qu'une seule et unique méthode convienne à tons. Qui oserait contester à Faraday le choix de sa représentation A. ET L. LUMIERE — LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS du monde, et qui donc saurait s'en servir après | lui? £ Après le plaidoyer de M. Ostwald pour l'énergie, deux mots résumeront cet article, écrit moins pour le combattre que pour rétablir l'équilibre : Pour la liberté et pour la matière. Marcel Brillouin, Maitre, de Conférences de Physique à l'Ecole Normale Supérieure, LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS SES MÉTHODES ET SES RÉSULTATS Bien que la Revue ait eu soin de décrire, & mesure qu'ils se sont produits, tous les travaux relatifs à la pho- lographie des couleurs, un grand nombre de nos lecteurs nous ont exprimé le désir de trouver, en un article d'en- semble, l'exposé précis de nos connaissances sur ce grand sujet. C'est à ce désir que répondent, — avec de nouveaux éléments de critique et leur haute autorité de praticiens et de savants, — les éminents auteurs de la présente étude. (LA DIRECTION.) Le grand problème de l'obtention photogra- phique des couleurs, dont la solution n’a fait au- eun progrès pendant de longues années, a subi un essor remarquable depuis la découverte mémorable de M. Lippmann !. Des chercheurs, enthousiasmés par l'idée vrai- ment géniale de ce savant, se sont engagés avec ardeur dans cette nouvelle voie, puis bientôt d'autres ont repris les méthodes proposées anté- rieurement; de sorte que la méthode Lippmann, indépendamment de sa valeur propre, — qui est incontestablement considérable, — a eu encore le mérile de ramener l'attention d’un grand nombre d'expérimentateurs sur la question fort délaissée de la représentation photographique des objets avec leurs couleurs. Les publications sur ce sujet ont été nom- breuses depuis quelque temps, soil en France, soil à l’Étranger, et, suivant les auteurs de ces publica- lions, nous avons vu émettre des opinions très variées el souvent contradictoires surla valeur des différentes méthodes conduisant au but cherché. Depuis plusieurs années, nous avons successive- ment étudié les diverses solutions proposées ; nous avons apporté de nombreuses modificalions dans 1 Cette découverte a été exposée ici même par notre illustro collaborateur. M. G. Lippmann, avec tous les détails qui s’y rapportent. Voyez à ce sujet la Revue du 30 janvier 1892, tome JII, pages 41 à 45. (Nole de la Direction.) la mise en œuvre des procédés décrits jusqu'ici. Nous croyons qu'il n'est pas superflu de signaler les efforts que nous avons tentés et de montrer les avantages el inconvénients qui nous ontparu exis- ter dans chacune des méthodes employées. Il est à remarquer que chaque fois qu'une solu- tion du grand problème qui nous occupe est pro- posée, chaque fois qu'un résultat est exhibé, les appréciations diverses qui s’y rattachent dépassent les limites de la vérité ; il y a une sorte d’engoue- ment général, provenant, sans aucun doule, de l'importance considérable de cette question. Notre but principal, en écrivant cet article, est non seulement d'enregistrer nos expériences, mais surlout d'exposer les remarques auxquelles ces expériences nous ont conduits, et les conclusions que nous croyons pouvoir formuler relativement à l’état actuel de la question et à l'avenir des diffé- rentes méthodes, sans aucun parti pris pour les unes ou pour les autres. Nous ne nous arrêterons pas aux solutions pro- posées par Becquerel, Niepce de Saint-Victor, Poi- Levin de Saint-Florent, qui n’ont d'intérêt, pour le moment, qu'au point de vue théorique et qui n’ont fourni jusqu'ici que des résullals lrès incom- plets. | | [. — MÉTHODE DE LA DESTRUCTION DES COULEURS !. Tout récemment, M. Vallot ? a indiqué un très intéressant procédé basé sur la destruelion par la lumière de certaines matières colorantes; ce pro- cédé consiste à exposer à la lumière, sous un cliché coloré, une feuille de papier enduite d’un mélange de couleurs rouge, jaune et bleueaussi fugaces que possible. Nous avions fait dans celle voie, il y a plusieurs 1 À propos de cette méthode, voyez dans la Revue du 30 août 1895 l’article que M. Bernard Brunhes a consacré aux /dées nouvelles sur la Pholographie des couleurs. ? Monileur de la Photographie, 1895, p. 139. A. ET L. LUMIÈRE — LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS 1035 - années, une série d'expériences qui n’ont d'ailleurs pas été publiées. En employant comme matière colorante la cya- -avons pu arriver à une sensibilité plus grande que celle du mélange indiqué par M. Vallot (bleu vic- loria, pourpre d’aniline, curcuma) ; mais aussi les - épreuves, qu'il n’était pas possible de fixer, s’alté- - raient beaucoup plus rapidement. à On n’entrevoit pas acluellement dans les subs- * lances que la Chimie met à notre disposition, la possibilité d'utiliser une telle méthode. - L'impression, en effet, est très lente; il est extrè- 1 mement difficile de trouver des couleurs élémen- - taires convenables et douées de sensibilité concor- _dante; de plus, les images ne peuvent être fixées ; - nous avons bien réalisé un commencement de fixage, avec certaines couleurs, en traitant l’image colorée par des sels métalliques appropriés, qui forment des combinaisons plus stables que les + matières colorantes elles mêmes. Le fixage est - incomplet et a encore l'inconvénient de modifier -les couleurs de l’image. — Nous avons vu de tels inconvénients à ce procédé que nous n'avons pas - poursuivi nos recherches dans ce sens. ll Reis AS ORNE L',28 À A 4 d Ces différentes méthodes étant éliminées, il en -resle deux qui présentent incontestablement une - valeur bien plus grande et qui sont bien près de - constituer la solution pratique cherchée, sans * cependant atteindre encore ce but d’une facon complète; nous voulons parler : 1° De la méthode énterférentivlle de M. Lipp- _ mann; 9 De la méthode directe, dont le principe a - été indiqué par MM. Cros et Ducos du Hauron, et dont les applications ont été étudiées surtout par M. Léon Vidal. - Nous nous proposons d'examiner l’état actuel de la question dans ces deux cas. > J]. — MÉTHODE INTERFÉRENTIELLE DE M. LiPPMANN. Nous ne reviendrons ici ni sur le principe de la méthode, ni sur les manipulations bien connues qui ont été instituées; nous nous contenterons d'examiner les avantages et les inconvénients de cette solution. Lorsque M. Lippmann a divulgué son admirable découverte, ce fut de toutes parts un véritable enthousiasme dans le monde photographique, enthousiasme bien légitime; n’est-il pas, en effet, merveilleux de déduire d'idées théoriques sur la nature ondulatoire de la lumière un procédé d’en- _registrement photographique des couleurs ? Indépendamment de la reproduction des cou- leurs, la géniale découverte de M. Lippmann cons- nine, le rouge de quinoléine et le curcuma, nous” titue incontestablement une éclatante et lumineuse confirmation de la théorie des ondulations. Aussi n’entendons-nous pas que les critiques que nous pourrons formuler , uniquement au point de vue de l’utilisation pratique de cette méthode, puissent en rien diminuer la valeur considérable d’une des plus grandes découvertes de l’époque. On sait que les images interférentielles sont miroitantes, comme les anciens daguerréotypes : chaque opération ne donne qu’une seule épreuve, et, pour avoir d’aulres exemplaires, il faut recom- mencer la série des opérations; on n'entrevoit pas le moyen, pour l'instant du moins, de produire des épreuves sur papier, faciles à voir, sans recou- rir à la projection. On sait aussi que les couleurs changent avec l'incidence sous laquelle la photographie est exa- minée. La méthode exige l'emploi de plaques pho- tographiques sans grains appréciables; or, jusqu'ici il n’a pas été possible d'obtenir des préparations remplissant cette condition, tout en présentant une grande sensibilité. La sensibilité des plaques photographiques est liée à l'état moléculaire sous lequel se présentent les sels haloïdes d'argent, et l’on a remarqué que toutes les fois que cette sensibilité est augmentée, les dimensions des particules de sel d'argent aug- mentent aussi. En se plaçant dans les meilleures conditions possibles d'éclairage, en utilisant des objectifs fonctionnant à 41/3 et même 1/2,7, limite bien dif- ficile à dépasser, il n’a pas été permis, malgré les nombreuses tentatives faites jusqu'ici, d’abaisser le temps d’exposilion au-dessous d'une minute. Ces difficultés actuelles de la méthode interfé- renliellenesont peut-être pas insurmontables; mais il en est une plus grave contrelaquelle nousn’avons cessé de nous heurter au cours des expériences très multiples auxquelles nous nous sommes livrés: nous voulons parler de la constance dans les résul- tats et surtout dans l’orthochromatisme des prépa- ralions, Il faut remarquer que ce procédé ne constitue une solution complète du problème de la photogra- phie des couleurs qu’à la condition de supposer que l’orthochromatisme delasubstance sensible em- ployée est absolument complet. Or, nos recherches spéciales dans cette voie! tendent à montrer que l'or- {hochromalisme absolu ne peut guère être obtenu avec les moyens dont nous disposons actuellement. Mais, en admettant que cetteditliculté soit résolue, — et, pratiquement, on peut jusqu’à un certain point (etlorsqu'on profite de tous les moyens connus) SE PRES LUS NP SRE ae UN 1 Congrès des Sociélés savantes, 189% et Moniteur de la Photographie, 1895. 1036 négliger les erreurs provenant de cette cause, — il manque encore la constance dans les résultats, constance qui a toujours fait défaut, quels que soient les soins que l’on apporte dans les manipu- lations. En opérant avec des poids de substances aussi égaux que peuvent les donner les balances et les instruments de mesure les plus perfectionnés, en séparant les opérations successives par les mêmes intervalles de temps, en se plaçant dans des con- dilions aussi identiques que possible de tempéra- ture, de degré hygrométrique, de milieu, ete..., on ne peut produire les mêmes résullais avec cons- tance. Ces variations paraissent tenir à deux causes principales : 1°L’actionsurl'orthochromatisme que présentent desinfluences diverses, même assez faibles, est très notable, eLcet orthochromatisme doit être prati- quement rigoureux pour fournir des: épreuves exactes. Nousavons pu remarquer que les moindres variations de température, de qualité et dequan- lité des réactifs, d'intervalles entre les manipula- tions, ete., agissent dans de larges limites:sur le ou de l’actinisme. 2° Les couleurs dépendant d'une Den ane extrêmement délicate, on comprend toute limpor- tance des changements, même minimes, prove- nant du développement, du fixage, du renforce- ment, etc., et de toutes les causes qui peuvent modifier l'épaisseur de la couche sensible, la quantité d'argent réduit ou son pouvoir réfléchis- sant. La méthodeinterférentielleestdonc fortdélicate ; certains éléments de variation, qui échappent, compromettent à chaque instant les résultats ou les moditient plus ou moins profondément. Siles inconvénients qui viennent d’être cités peuvent un Jour être supprimés ou alténués dans une large mesure, la méthode Lippmann sera bien la plus complète des méthodes indiquées jus- qu'ici. Elle à, en effet, un avantage sur toutes les autres : elle offre un poiat de repère important: lorsque les blancs de l’objet photographié sont dépourvus de toute coloration sur la reproduction photochro- mique, on peut être assuré que les couleurs y sont toutes représentées avec exactitude. IT. — MÉruopE INDIRECTE. Dans la méthode indirecte, les procédés propo- sés dérivent du principe énoncé il y a plus de 23 ans par Cros el Ducos du Hauron ; ils peuvent tous êlre classés en deux catégories : 1° Ceux qui utilisent un seul négatif; 2° Ceux qui exigent trois négalifs. A. ET L. LUMIÈRE — LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS $ 1. — Méthode à un seul négatif. Dans le cas d’un seul négatif (procédé Joly !) on saitque, pour la production du cliché, on étendune : émulsion panchromatlique sur une lame de verre. préalablement recouverte d’un réseau composé de. lignes transparentes, orangées, violettes-et vertes, . ou bien rouges, jaunes et bleues. On effectue ainsi le triage des couleurs sur une plaque unique. Gette . méthode a de grands inconvénients. Indépendam- ment des dificultés de manipulation, elle ne parait pas pouvoir donner des colorations intenses; en. effet, supposons que l’on veuille représenter une . partie d’un objet coloré en rouge vif; seules les . lignes rouges du réseau ne seront pas couvertes par l'argent réduit de l'épreuve; or, ces lignes rou-. ges n’occupent que le Liers de la surface; donc, sur l'épreuve, la surface occupée par la partie consi- dérée sera composée d’un tiers de rouge etde deux … tiers de noir. Ce sera donc une représentalion . faible et inexacte de la nature. Le mode opératoire de M. Joly présente encore un désavantage important sur la méthode à trois … négatifs. Dans cette dernière onutilise des plaques Lt dont lasensibilité aélé fortement augmentée, mais seulement pour les rayons que les Écrane le ele passer: c'est-à-dire que, pour le négatif du bleu, l par exemple, on emploie, avec l'écran orangé, des. à plaques très sensibles à l’orangé et aussi peu insensibles que possible aux autres rayons colo- rés. Avec celte précaution, on augmente l'effet de 4 l'écran et on assure une sélection à peu près par- faite des couleurs; dans la méthode Joly, on est À forcé de recourir à Le émulsions panchromaliques et le triage des couleurs en souffre notablement, « — Cette méthode ne parait donc pas, à priori, pou- 1 voir rivaliser avec les suivantes. Li $ On a fait à ces méthodes des objections bien immérilées. On a dit notamment qu'il est impossi- À ble, avec trois couleurs, d'oblenir une image spectrale avec la pureté de couleurs que l'on” devrait rencontrer dans une représenlalion rigou-n reusement fidèle. Si cela est vrai au point de vue théorique, on arrive cependant pratiquement à, des effets très approchés. | On a dit aussi que trois épreuves ne suffisaient pas el qu'il convient AIQULSE une quatrième. épreuve d’un lon neutre ; or, nous avons entre les" mains des images fournies seulement par trois monochromes et qui sont des reproductions frap- pantes d’exactitude desobjels qu’ellesreprésentent. Mais ces dernières sont actuellement difficiles à 1 Pholo. News. 1895, 4 2 D osrarotun il faut, pour avoir une grande exactitud e et toute l'intensité désirable, partir de couleurs … rouge, jaune et bleue extrêmement vives et pures, - et, dans ces conditions, la moindre prédominance + à Fe D? 4 =. £ ÿ 3 "À 6 de l’un des monochromes compromet le résultat. - Il est beaucoup plus facile d’avoir des épreuves - d'aspect agréable, mais inexacteset de faibles colo- ons, en ajoutant une quatrième épreuve ou en employant des couleurs ternes. On peut considérer comme résolue la première difficulté de la méthode indirecte:le triage des couleurs est assuré si l’on fait usage d'écrans con - venables et de plaques photographiques dont la sensibilité, pour les radiations qui traversent l'écran et pour ces radiations seulement, a été exaltée au plus haut degré. Mais malheureusement, si l'analyse des couleurs est réalisée, leur synthèsen’est pas aussi avancée. On manque de point de repère dans le tirage des monochromes : tel est l'inconvénient actuel le plus grave de ce procédé, qui est loin d’avoir l’élé- gance de la méthode interférentielle, mais qui ne mérite pas les critiques qu'on lui adresse. Sa valeur pratique deviendrait sûrement prépon- dérante si l’on découvrait le critérium qui a fait défaut jusqu'ici. C'est dans cette voie que nous avons beaucoup travaillé depuis quelques mois. Nous avons même trouvé une solution quirend complètement sûre la synthèse des couleurs; empressons-nous d'ajouter que cette solution est mauvaise, parce que les images sont mal fixées et ne se conservent pas; nous publierons cependant nos expériences sur ce point pour montrer que le critérium dont nous avons parlé n’est pas une utopie et que la réalisa- tion du desideratum tant cherché n’est peut-être pas aussi éloignée qu'on pourrait le croire. $ 3. — Synthèse des couleurs. Si l’on possédait des procédés photographiques donnant, à l'impression par contact, des images monochromes de couleurs convenables, de façon que l'impression n’exige aucun développement et que l’on puisse la suivre en quelque sorte pas à pas, le problème serait résolu. C'est dans cette direction quenousavonscherché; nous avons pensé tout d’abord àutiliser les procé- dés au diazosulfite de Feer, procédés dont nous rappellerons sommairement le principe : Les diazoïques et tétrazoïques forment avec les sulfites alcalins des combinaisons instables que la lumière dissocie rapidement ; la combinaison sul- fitique masque l’action des azoïques surles phénols et les amines. Si l’on mélange des diazosulfites ou des tétrazosulfites avec des amines ou des phénols, et que l’on expose ces mélanges à la lumière, les A. ET L. LUMIÈRE — LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS 1037 combinaisons sulfiliques sont décomposées et les azoïques mis en liberté réagissent sur les phénols et les amines pour donner des matièrescolorantes. Au fur et à mesure que la décomposition a lieu, la couleur devient de plus en plus intense; on peut suivre celte réaction et l'arrêter lorsqu'on juge que l'épreuve est suffisamment venue. Pour utiliser ce principe, nous avons rencontré plusieurs difficultés. Le substratum auquel nous nous sommes arrêtés est le collodion; or, si les couches sensibles sont parfaitement sèches, l’im- pression n'est pas visible, ou fort peu visible, et s’accentne par immersion dans l'eau; dans ces conditions, on perd le bénéfice cherché, qui con- siste à suivre l'impression et à l’arrêter au mo- ment opportun; nous avons eu l'idée, pour remé- dier à ce défaut, d'additionner le collodion d’une petite quantité de glycérine, grâce à laquelle le but proposé a été complètement atteint. D'autre part, toutes les tentatives pour obtenir des monochromes d'une couleur bleue convenable ont échoué ; nous avons essayé un très grand nombre de diazo- et de trétrazo- associés à de nom- breux phénols et de nombreuses amines, et lesessais méthodiques, guidés par les,lois qui rattachent la couleur à la constitution chimique, n’ont pas abouti à des images d'une couleur franchement bleue. Nous avons dû recourir à un artifice pour avoir le monochrome bleu qui était obtenu en premier lieu. Cet artifice consiste à traiter une épreuve po- sitive au gélatino-bromure d’argent, provenant du cliché négatif du bleu, d'abord par le ferricyanure de potassium, puis, après lavage, par le perchlo- rure de fer acidulé. Après élimination du chlorure d'argent formé, par un fixage dans l’hyposulfile, lavage et séchage, le premier monochrome bleu était recouvert de collodion au trétrazo-sulfite capablede donner une image rouge, par impression directe. Les mélanges qui ont fourni les meilleursrouges sont les suivants : Tétrazotolylsulfite de soude et chlorhydrate de 8 naphtylamine éther. Tétrazoanisidinesulfite de soude et chlorhydrate de 6 naphtylamine-éther. Après fixage, lavage prolongé, puis séchage, on recommençait la même série d'opérations avec un collodion au diazosulfite donnant des images jaunes. Les mélanges qui nous ont paru le mieux conve- nir pour le jaune sont les suivants : Diazo-orthotoluidine-sulfite de soude et métami- dophénol (base). Diazoorthotoluidine-sulfite de soude et résorcine. Nous avons constaté que, lorsqu'on peut suivre 1038 E. SOREL — L'ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DES PHOSPHATES EN FRANCE l’action de la lumière sans être obligé de recourir à aucune indication photométrique, à aucun déve- loppateur, lorsqu'on part de clichés négatifs bien triés, on arrive à coup sûr à reproduire les couleurs avec une facilité etune vérité étonnantes. Il est regrettable que les images ne soient pas suffisamment fixées par les lavages les plus abon- dants. Nous avons bien tenté, mais sans succès jusqu'ici, de trouver d'autres fixateurs. De plus, l’altération rapide des épreuves par disparition des couleurs quimanquentdestabilité,enlève à cetteap- plication des procédés de Feer tout intérêt pratique. Celte application a cependant le mérite d'indi- quer une voie dans laquelle on trouvera peut-être une solution du problème de la reproduction des couleurs par la photographie. IV. — ConNcLUSIoN. En résumé, on peut considérer que, au point de vue pratique, deux méthodesexistent actuellement: L'ÉTAT DE L’INDUSTRIE DES PHOSPHATES ET SUPERPHOSPHATES EN FRANCE I. — HISTORIQUE. Pour les hommes de notre généralion, le prin- cipe de la restitution au sol des éléments fertilisants enlevés par les récoltes parait une vérité évidente. I ne faut cependant pas remonter loin pour re- connaitre que la notion de la restitution est loute récente, et il n'y a pas lieu de s’en étonner, car, jusqu’au moment où l’analyse chimique fut devenue assez parfaite pour permettre à l’agronome de faire la statistique de ses cultures, on était réduit à des conjectures sur les causes d’appauvrissement du sol arable. C'est à de Saussure qu’on doit la démonstration de la nécessité de l'azote pour la croissance des végélaux et des animaux, qui font des premiers l L'exploitation des phosphates naturels sera exposée ultérieurement dans la Revue. Le présent article vise uni- quement les phosphates artificiels, résultant d’un traitement chimique. La partie économique et sociale de cette indus- trie, l'organisation, si intéressante, des services techniques dont elle est l’objet dans les grands établissements, — fran- cais et étrangers, — de produits chimiques, seront, pour éviter des redites, décrites à la suite de la monographie de la soude et du chlore, ces matières étant souvent fabriquées dans les mêmes usines que l'acide sulfurique et les phos- phates. (Note de la Direction.) la méthode Lippmann, qui a déjà fourni des résul- tats absolument complets, mais qui est d'une appli- cation délicate et n’a pas permis, jusqu'ici, la mul- tiplication des épreuves d’après une image type,et. la méthode indirecte à l’aide de trois négatifs. (Ducos du Hauron), qui, grâce aux perfectionne- ments dans la sensibilisation chromatique des couches sensibles, offre la possibilité d'obtenir des représentalions suffisamment approchées, possède l'avantage de permettre la multiplication des copies, mais présente quelque infidélité dans les. résultats qu’elle fournit. C Tout en ayant confiance dans l'avenir, qu'il. s'agisse de l’une ou de l’autre de ces méthodes, nous croyons n'être pas laxés de pessimisme en disant que,si l’on a déjà franchi la plus grande. partie du chemin, le but n’est point encore atteint d’une façon définitive, Auguste Lumière et Louis Lumière, Manufacturiers à Lyon. ACTUEL leur nourriture, et, pendant longtemps, on mesura la valeur des matières fertilisantes par leur teneur … en azote et par la rapidité avec laquelle elles . livraient cet élément au sol sous forme assimilable, On était, jusque vers 1840, absolument imbu de ces idées exclusives, et, si l’on employait dans l'agriculture les os plus où moins concassés, on était convaincu que leur utilité se bornait à apporter au sol les quelques centièmes de matières azotées qu'ils contiennent. Il ne fallut pas moins que les longues études, … l'énergie et l'autorité de Liebig, pour faire accepter la notion nouvelle de la nécessité du phosphore: : c'est ce grand savant qui montra comment l’ap- pauvrissement des régions répulées jadis, comme les greniers de la république romaine, provenait. de l'épuisement de leurs réserves en phosphore, qui établit que l’ancien système de culture, basé sur l'emploi exclusif du fumier, aboutissait fata- lement à l'appauvrissement du sol et montra l’ab- solue nécessilé de restituer les matières organiques exportées annuellement avec les récoltes. Il n’y a qu'à lire dans ses écrits les imprécalions qu'il pousse contre les populations assez folles pour laisser l’agriculture anglaise drainer leur réserve dindate tré Eten pates dir do ds Pntinat à E. SOREL — L'ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DES PHOSPHATES EN FRANCE 1039 - d'os, pour comprendre quelle importance il altri- buait aux phosphates. Pendant longtemps on ne connut comme source de phosphore que les débris animaux et les dé- jections. Il faut arriver à l’année 1845 pour voir entrer en scène les phosphates accumulés dans les étages - géologiques. Cet immense progrès, qui a donné un admirable essor à l’agriculture moderne, est dû au professeur anglais Henslow à la suite de la découverte du gisement de coprolithes de Suffolk. Mais, comme toujours, le praticien se défiait du théoricien, et il fallut la publication des essais agricoles pratiqués en 1848 par M. Paine, de Farn- ham (Angleterre), pour vaincre la routine et décider les agriculteurs à utiliser les immenses ressources accumulées par la nature. Toutefois, on reconnut rapidement qu'il ne suf- fisait pas de broyer plus ou moins grossièrement les phosphates naturels, commeles os des animaux contemporains, pour les rendre rapidement uli- lisables. En 1856, au Congrès d'Arras, il fut recom- mandé d'amener les phosphates naturels au plus grand état possible de division, afin de faciliter leur diffusion et de les mettre plus facilement à même de se laisser attaquer par l’acide carbonique du sol et par les sécrétions acides des racines. Bobierre, Malaguti conseillent de les mélanger aux fumiers et aux litières pour hâter leur disso- lution, grâce à l’action des acides humiques. Mais, à cette époque, les gisements de phos- phates réellement exploitables étaient peu nom- breux et l'utilisation de ces richesses naturelles paraissait réservée à quelques régions favorisées. Élie de Beaumont appela, en 1856, l'attention publique sur les services que les phosphates naturels rendraient à l’agriculture, et bientôt on vit s'ouvrir dans les Ardennes, à Grand-Pré, la première exploitation continentale des phospates minéraux. Un infaligable chercheur, industriel malheureux, M. de Molon, se fit le propagateur de la nouvelle industrie et découvrit de nombreux gisements de phosphates minéraux sur l’affleurement des grès verts tout le long du bassin anglo-parisien. Mais bientôt l'attention des agriculteurs fut dé- tournée de l'emploi direct des phosphates natu- rels par une découverte de Liebig. Ce savant avail montré, en 1840, que la puissance fertilisante des phosphates était remarquablement augmentée si la désagrégation de la molécule était obtenue. Il ne s'agissait plus d’une trituration mécanique plus ou moins parfaite : c'était l’état chimique même du corps qu'il fallait modifier, grâce à Vintervention de l’acide sulfurique. L'industrie des superphosphates était créée. Le premier qui suivit les conseils de Liebig fut l'agriculteur Fleming, à Barochan, qui traita pour son propre compte les coprolithes. Cette lecon pratique ne fut pas perdue, et, dès 1843, un marchand de poudre d'os, Lawes, commença à fabriquer le superphosphate sur une grande échelle dans son usine de Depford, princi- palement aux dépens des coprolithes. Ce fut pour lui l'origine d’une immense fortune, dont il fit, du reste, plus tard un noble usage en créant, avec le docteur Gilbert, sur ses terres, un vaste ensemble de recherches agricoles, enrichissant ainsi la science agronomique de données précises obtenues avec une patience et une intelligence admirables. Bientôt la nouvelle industrie se répandit rapi- dement en Angleterre et en Allemagne. La France n’entra que plus tard dans ce grand mouvement. II. — IMPORTANCE DE LA CONSOMMATION. Pour donner une idée du rûle que jouent ac- tuellement les composés phosphatés en agriculture, mettons sous les yeux du lecteur la production des phosphates en 1891, d’après un bulletin statis- tique des États-Unis : Caroline SU Lee: 600.000 tonnes HPAN GERS LES Et ec « 450.000 HIOTeEEZ CES Ce Creer dd. 200.000 ETC TE RE TOO TRIAL EE CEE 200.000 NON ET OMIS ER DOS 0 CODE e Es 40.000 ADDleTEr LE. ec-ee-coe-srstenx 20.000 CAT EE PRE EEE ee 15.000 Norvèse-Rnssie, etC.. 4..." 100.000 1.625.000 Ces matières premières ont élé employées par les divers pays dans les proportions suivantes : états e U Tien De ee 500.000 tonnes AMDIeler TEE enter eme eme 300.000 FrAnee annees Dire tte 350.000 ATEN RE Se ere ent pt 250.000 Belgique et Hollande............. 75.000 Italie, Espagne, Suède............ 150.000 1.625.000 On voit, d'après cela, que la fertilité du sol des États-Unis n’est pas uniquement due, comme on le répète souvent, à l'état relativement vierge de leur sol, et que les anciens États de l'Est, tout au moins, sont déjà obligés de restituer à la terre une partie de leurs exportations. Si l’on rapporte les quantités totales d'engrais phosphatés à la superficie cultivée, on verra, par le tableau de la pagesuivante, l'importance, au point de vue des rendements, de l'emploi des engrais dans chacune des nations signalées ci-dessus. Comme on le voit, c’est l'Angleterre qui emploie le plus d'engrais, puis vient la Belgique; notre pays,malgré ses richesses naturelles merveilleuses, n'arrive que bien après; or, la production moyenne en hectolitres de blé à l’hectare s'établit comme il suit : 1040 Anrléterre NME Creer Ph 28,0 hectolitres Belogique:s-v ces. 2e Oe-st 21,0 Hola ae A Traleree à lat eve tea Pas ete 21,0 NOPVÉSE eee serrer eee 20,0 Allemagne. rianherrdtee Eee 17,0 DanemArCR EP PAL Lean 17,0 France ARR ESIMNRREES Ie 15,0 Autriche. 36 -2 ES dada 14,0 HSDAON EL ER ere et nee . 14,0 Canada 2 es tr ORNE SRE 12,0 AUSITAN PE ep ee A NET Tu Pie EAN lee 11,0 JD EU fon fe 4 es Me AE ET 10,5 Italiens ANR REC 10,5 INTER GES BA dObb ns Spor 10,5 Indes an plaises 520.0 10,0 Russie. SNRii Manidiidu Rincer 8.0 Ce tableau montre quels progrès nos compa- triotes ont encore à réaliser pour atteindre la production de pays dont le sol n’est pas plus riche que le nôtre, mais qui savent pratiquer le proverbe : « Aide-toi, le ciel t'aidera », au lieu de réclamer constamment une sorte de manne gou- vernementale. IT. — ORIGINE ET PREMIERS TRAITEMENTS DES DIVERSES SORTES DE PHOSPHATES. Aux débuts de la fabrication des superphos- phates, on s'adressa aux os dégélatinés ou non, aux noirs épuisés de sucreries, aux guanos phos- phatés, et aux phosphates naturels presque purs, dont on connaissait déjà un certain nombre de gisements. Mais bientôt ces ressources devinrent insuffisantes pour parer aux besoins, toujours croissants, de laconsommation, et il fallut chercher de tous côtés des gisements de phosphates naturels moins riches, mais encore traitables. Certains étages du lias et du grès vert fournirent longtemps presque exclusivement des phosphates de richesse moyenne, titrant de 42 à 60 ‘/, de phosphate tricalcique de chaux, mais générale- ment le phosphate de chaux est accompagné de doses déjà notables de fer et d’alumine, qui créaient pour le producteur des difficultés dont il sera question plus loin. Des phosphates d'une origine toute différente, provenant évidemment de la dissolution d’autres couches et d'apports thermaux, suivant les cas, furent trouvés et exploités dans le Quercy, dans le Gard en France, dans la vallée de la Lahn en Allemagne, dans le sud de la Russie, où ils pa- raissent former des gisements presque inépui- sables, mais que les conditions locales rendent d’rn commerce difficile. Pendant longtemps, on crut que l'acide phos- phorique était le propre de certains étages géolo- giques, el les recherches se cantonnèrent sur ces élages. Il est cerlain que la découverte des malériaux phosphatés y élait plus facile, puis- qu'ils se présentaient sous la forme de blocs et plus souvent sous la forme de rognons aisément reconnaissables. L'exploitation resta donc, chez E. SOREL — L'ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DES PHOSPHATES EN FRANCE nous surtout, limitée à ces élages : le lias et le gaull: et, comme la loi française sur les mines n'avait pas prévu cette exploitation, elle resta sou- mise à la législation sur les carrières : d’où l’impos- sibilité de créer des sociétés puissantes obtenant la concession de vastes gisements. Il fallut traiter, morceau de terre par morceau de terre, avec les propriétaires du sol, subir leurs exigences sou- vent exagérées, et, par suite, opérer hàtivement, sans plan bien suivi, et se contenter d'extraire du sol superficiel, aux moindres frais, les phosphates facilement séparables, et sacrifier une partie des richesses qu'une législation plus rationnelle eût permis de retirer avec un certain profil. Aussi de l'extraction des phosphates de ce genre, avons-nous peu de choses à dire : suivant leurs dimensions, on se contente d'un fanage désagré- geant les sables argileux, suivi d’un criblage à sec ou d’un lavage au trommel, plus ou moins perfec- tionné. Une quantité notable de phosphate en pelils grains ou en nodules facilement désagré- geables était et est encore ainsi perdue. A ce travail préliminaire succède parfois une dessiccation tout aussi primitive, soil en Las mé- langés de büches, comme en Floride, soit sur des plaques chauffées inférieurement, comme dans l’Auxois. Cette dessiccation a pour but, ou d’en- richir les phosphates par élimination de l’eau, où de rendre moins attaquable l’oxyde de fer qui les accompagne : dans ce dernier cas, on alteint bien le but commercial que l’on se propose; mais,comme une partie notable de l’oxyde de fer est combiné à l'acide phosphorique, on est amené forcément à une perte d'acide phosphorique ayant une valeur commerciale, car ou celui-ci reste insoluble à l'état de phosphate de fer calciné, ou il se transforme en pyro ou métaphosphate de fer, qui n’est pas dosé par les méthodes ordinaires. La découverte des phosphates en grains dans la craie grise el la craie brune a amené des chan- gements si considérables dans le mode d’exploi- tation des phosphates naturels qu’il est nécessaire d'en dire un mot ici. Ces élages présentent des amas de matériaux phosphatés contenus dans des poches coniques, quelquefois terminées par des puits naturels cylindriques, creusés dans la craie sénonienne et formant des zones de teintes généralement diffé- rentes, grossièrement parallèles aux génératrices du cône renversé qui leur sert de gite. Les couches supérieures sont généralement plus pàles et moins riches : elles titrent de 40 à 45 °/,; au-dessous, les nodules contiennent de 60 à 65 °/, de phosphate de chaux. La craie, qui forme les parois, est elle-même riche en phosphales, et titre de 30 à 40 °/, de d: 2 Le % ste Ad dré bot él ne de dd ni ait" Lui nn di D nn : linclinaison même de la poche phosphatée. E. SOREL — L'ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DES PHOSPHATES EN FRANCE 1041 phosphate de chaux. Mais, sil’ons’écarte des parois assez nettes de la Horn on voit le titre baisser rapidement et on finil par ne trouver que de la craie dont la richesse en phosphate varie, suivant la distance, de 40 à 12 ou 15°/, et quelquefois moins. Dans ces poches on rencontre des concrétions de la grosseur du poing, tantôt éparses dans la masse, tantôt formant des lits bien distincts, qui suivent Ces concrétions semblent corrodées. L'examen des gisements isolés de phosphates, existant dans cel horizon géologique, a montré à notre compatriote, M. Lasne, qu'ils se présentent d'une facon uniforme à la rencontre de deux lignes de fractures traversant la couche de craie phos- phatée, et l'ont amené à conclure que ces gise- ments riches, répartis au milieu d’une couche phosphatée pauvre, proviennent d'une sorte de sélection due à la dissolution du carbonate de chaux qui englobail primitivement les nodules phosphatés : la disposition des concrétions atta- quées, celle des couches argileuses et des nodules siliceux corrobore cette opinion. Lanalure de l’agent dissolvant est, d’ailleurs, ma- nifeste:car la craiesénonienne contient de nombreux nodules de pyrite blanche qui, au contact de l’eau aérée superficielle, a dù fournir, par son oxydation, de l’acide sulfurique; celui-ci, attaquant la craie, a donné lieu à la production d’eaux chargées d'acide carbonique, qui, se rencontrantaux lignes de jonc- lion de ces diaclases, ont rongé el dissous la roche calcaire et laissé, comme témoins de l'attaque, d’une part les cavités coniques que l’on trouve à la jonction de ces diaclases, d'autre part les silex, l'argile et les nodules de phosphates analogues à l'apatite, qui restent comme résidu de l'attaque. Tant que l’on se contente d'exploiter le contenu de ces poches, l'opération est relativement très simple et ne comporte, après extraction, qu'un lavage soigné et un séchage. Mais, si l'on se limitait à celte extraction som- maire, on laisserait comme improductive une énorme accumulation de richesses minérales : il faut également songer à utiliser la craie phos- phatée elle-même, au moins dans ses parties trai- tables, et à en retirer, par un traitement approprié, le phosphate de chaux à un état utilisable dans l’agriculture, soit directement, soit après trans- formation chimique. La nécessilé de ce traitement s'impose, car les phosphales riches provenant - d'opérations naturelles lentes et localisées s'é- puisent : aussi voil-on se développer, sur les gise- ments de la craie grise, l'emploi de laveries qui promet à cette industrie une longue existence. Les procédés d’enrichissement proposés ou bre- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES 1895. | être complèle et à peu près velés sont, pour ainsi dire, innombrables; les pro- cédés adoptés dans la pratique sont peu nombreux. De 187% à 1894, il n'a pas été pris, en Belgique seulement, moins de 250 brevets, dont la plupart d’ailleurs sont frappés de déchéance. Tantôt on a cherché à obtenir l'enrichissement par voie mécanique, tantôt on s’est adressé aux agents chimiques. Jusqu'ici, aucun procédé chimi- que n’a conduit à des résultats rémunérateurs, et la raison en est simple : il faudrait, en effet, disposer de produits chimiques d’un prix très bas, car la matière à obtenir n'a pas grande valeur, el la moindre perte de l’agent employé grève d'une facon fàacheuse le prix de production : la régénération de l'agent chimique doit done gratuite, ou être payée par la valeur industrielle du résidu.Jusqu'ici aucun procédé chimique ne remplit ces con- ditions. On s’est donc adressé à la voie mécanique: on réduit la matière en poudre aussi homogène que possible, et l’on cherche à copier les phénomènes d'enrichissement mécanique employés en mélal- lurgie pour la préparation des minerais. C’est donc en prenant l'eau comme agent de classement que l’on opère; mais, comme la différence entre la densité du phosphate et celle de la roche calcaire est relativement faible, il a fallu modifier les types mélallurgiques ou créer des appareils nouveaux, Nous ne pouvons pas, dans cet arlicle, nous livrer à la descriplion de tous les appareils employés : nous citerons seulement, pour le traitement des fines : les enrichisseurs Solvay, Bouchez, les Lables dormantes ou mobiles, l'appareil Castelnau, qui forment sensiblement les types des diverses classes d'appareils où l’on utilise les différences de densité pour le classement et l'enrichissement des maté- riaux contenus dans les craies phosphatées. Ve Quelle que soit leur origine, les phosphates destinés à la production des superphosphates doivent être secs et, de plus, amenés à un grand état de division. En effet, le seul agent industriel employé à la fabrication des superphosphates est l'acide sulfu- rique ; or celui-ci donne, avec la chaux des phos- phates, un composé presque insoluble et cristalli- sable, le sulfate de chaux, qui enrobe les fragments imparfaitement attaqués et peutles mettre à l'abri du réaclif s'ils sont trop volumineux. On est donc astreint à recourir à la mouture des matières premières. Suivant leur nalure et celle de la gangue qui les accompagne, on emploiera les meules horizontales ou verticales agissant par cisaillement, comme en meunerie les meuletons 23** — FABRICATION DES SUPERPHOSPHATES 1042 E. SOREL — L'ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DES PHOSPHATES EN FRANCE agissant par pression el Lorsion, les broyeurs à mar-, chaux resté inaitéré et l'amène à l’état d'un sel eaux ou à force centrifuge, ete. Celle opération sera suivie d’un blutage envoyant au magasin les phosphates de finesse convenable, et faisant retourner à l'atelier de broyage les frag- ments insuflisamment divisés. Le type d'appareils broveurs et le degré de finesse doivent, somme toute, être déterminés d'après la nature du phosphate à employer, et des différences de rendement considérables peuvent résulter d’un mauvais choix de ces appareils préparateurs. Certains phosphates se cliveront facilement par cisaillement, tandis que, soumis à la pression el torsion, où à la division par chocs, ils donneront des poudres formées d'éléments plus où moins sphériques. Tout en passant par les trous d’un même tamis, ayant la même finesse apparente, ils ne se comporleront pas forcément de la même facon au travail. En effet, dans le premier cas on aura des plaquettes très minces, dans l’autre cas des sphères grossières présentant la même section méridienne : le rapport de la surface au volume sera donc beaucoup plus grand dans le premier cas que dans le second, et la vitesse d'attaque sera plus grande : il en résullera une augmentation de température de la masse, dont nous verrons plus loin les effets, bons ou mauvais, suivant les cas. D'autres phosphates seront poreux, incomplète- ment transformés en apalite cristallisée : ils seront facilement pénétrés par l'acide sulfurique et rapi- dement attaqués avant d'être recouverts et impré- gnés de sulfate de chaux ; la température s’élèvera rapidement et fortement et pourra atteindre le degré produisant le phénomène de rétrogradation. Il convient donc de bien fixer, par des expi- riences préliminaires, le degré de finesse à adopter pour un phosphate délerminé et d'abandonner l’'habilude, que nous avons vue dominer dans cer- laines grandes Sociélés, d'imposer à priori une finesse de mouture uniforme pour tous les phos- phales mis en œuvre. La fabrication des superphosphates présente deux phases, souvent très distinctes : Dans la première, l'acide sulfurique attaque une partie du‘phosphate et porte son action ultérieure sur le phosphate déjà attaqué, de façon à s'emparer de toule sa chaux et à le transformer en acide phosphorique. C'est ce que l’on constate fort aisé- ment en reprenant la matière aussitôt après l'at- laque par lalcool. On trouve que presque tout l'acide sulfurique a disparu, et est remplacé par de l'acide phosphorique, tandis que le résidu inso- luble est constitué par un mélange de sulfate el de phosphate de chaux. Dans la seconde phase, l'acide phosphorique attaque plus où moins lentement le phosphale de moins basique. Le but de la fabrication du superphosphate étant la production de phosphate monocalcique soluble dans l’eau, il faut donc théoriquement faire agir deux molécules d'acide sulfurique sur une de phos- phate tricaleique. Mais la question se complique par l'existence de matières élrangères, et la dose d'acide sulfurique à employer est toujours prali- quement plus grande. On peut s’en faire une idée très approchée en dosant non pas l'acide phosphorique, mais ce corps el la quantité de bases combinées à des acides monobasiques. La pratique industrielle corrige ensuite rapidement les essais de laboratoire. L'acide sulfurique doit apporter avec lui la quan- lité d'eau nécessaire à la cristallisation du sulfate de chaux, à la constilution même du phosphate monocalcique et à sa cristallisation ; enfin il faut encore tenir compte dela quantité de vapeur qui va se dégager sous l’action de la chaleur développée pendant l'attaque. La concentration de l'acide sul- furique n'est donc pas indifférente : si l'acide employé est trop concentré, le phosphate monocal- cique ne peut se produire, il reste un produit päleux contenant de l'acide phosphorique libre et du phosphate non atlaqué; si l'acide est trop étendu, l'attaque pourra êlre complète, mais le produit ne sera marchand qu'après un très long séjour en magasin où un séchage artificiel. Uneélévation de température trop forte produira le même effel, grâce à l’évaporation de l’eau, que l'emploi d'acide trop concentré. Elle pourra même provoquer un accident plus grave, à savoir la trans- formation d'une partie del’acide phosphorique libre ou combiné en acide pyrophosphorique, dépourvu de valeur vénale. De nombreuses et longues discussions ont eu lieu au sujet de la possibilité de la production de l'acide pyrophosphorique ou des pyrophosphates aux températures de 125° à 150°, atteintes pendant la fabricalion. Il ne parait pas facile de mettre en évidence la formation de pyrophosphate de chaux, quoique cerlains résultals semblent la confirmer: mais on peut conclure, par analogie, à cette for- mation en voyant avec quelle facilité le phosphate acide d’argent se transforme en pyrophosphale même à 400°. De ce qui précède, nous concluons que, théori- quement, l'acide sulfurique doit litrer 53° Baumé environ, c'est-à-dire que l'on doit employer l’acide même des chambres de plomb ordinaires, mais que, dans nombre de cas. pour refroidir le mélange, on sera amené à n’employer que de l'acide à 51° el même à o0° Baumé. Il peut sembler extraordinaire que l'acide sulfu- ONE NIV AN pasi Ts | ss £ Mn -P DE, re 21 E. SOREL — L'ÉTAT ACTUEL DE L’INDUSTRIE DES PHOSPHATES EN FRANCE 1043 rique borne son action à la transformation d'une partie du phosphate tribasique en acide phospho- rique, si l’on se reporte aux tables donnant les cha- leurs de combinaison de la chaux avec l'acide phosphorique. En effet, la chaleur de combinaison de l’acide phosphorique avec le troisième équiva- lent de base est si faible, que l’acide carbonique lui-même est capable de s'emparer de cet équiva- lent, tandis que la chaleur de combinaison avec le premier équivalent correspond sensiblement à celle de la chaux avec les acides forts. Mais on compren- dra cette anomalie apparente en se rappelant que les phosphates naturels ne sont pas du phosphate de chaux, mais un mélange de phosphate triba- sique de chaux et d'apatite, le plus souvent même de l'apatite. La première phase de la réaction porte donc sur de l’apatite, corps relativement stable, et, quand une partie de cette apatite est décomposée, l'acide sulfurique a moins d'énergie à dépenser pour réagir sur les produits de la destruction de cette espèce minérale phosphates bicalcique ou mo- nocalcique) que sur une nouvelle portion d’apatite. Dans la seconde phase de laréaction,avons-nous dit, l'acide phosphorique mis en liberté réagit sur le phosphate non attaqué pour le transformer en phosphate monocalcique cristallisé. Celte transfor- mation n'est pas aussi simple que semble l’indi- quer la formule traduisant la réaction finale. En effet, le phosphate monocalcique en solution con- centrée n’est pas stable : il se décompose partielle ment suivant la température : en phosphate bical- cique hydraté et acide phosphorique libre, jusqu'à 80°: en phosphate bicalcique anhydre et acide phos- phorique au-dessus de 80°, — jusqu'à ce qu'un cer- ain équilibre soit atteint, équilibre exigeant l'exis- tence d’une quantité d'autant plus grande d'acide phosphorique libre que la température est plus élevée. Si donc nous envisageons le cas très simple où nous attaquons un phosphate de chaux pur par l'acide sulfurique, et si nous rappelons que la pre- mière phase de la réaclion est la mise en liberté de tout l'acide phosphorique et dégage une quan- lité de chaleur telle que la masse est porlée à une température supérieure à 100°, nous devons oble- nir, au début de la transformalion, une masse pâleuse formée de sulfate de chaux, de phosphate de chaux non attaqué, de phosphate bicalcique, d'un peu de phosphate monocalcique, et d’une quan- lilé d’aulant plus grande d’acide phosphorique que la température initiale a été supérieure à 80°. A mesure que la température s’'abaisse, l’équi- libre se modifie, le phosphate bicalcique disparait en fixant une quantilé équivalente d'acide phospho- rique sous forme de phosphate monocalcique eris- tallisé, et, si toutes les condilions favorables sont réunies, on oblient une masse sèche uniquement composée de sulfate de chaux et de phosphate mo- nocalcique. Si même on a employé une dose un peu trop forte d’acide sulfurique pour assurer l'attaque totale, ce qui se traduit par l'existence d’une petite quantité d'acide phosphorique trihydraté non combiné, la masse formée de sulfate de chaux et de phosphate monocaleique cristallisés joue le rôle d’éponge, absorbe l'excès d’acide phosphorique et reste suf- fisamment sèche. Mais, si l'acide sulfurique employé est trop dilué ou la température trop basse, l’attaque du phos- phate de chaux ou plutôt de l’apatite est lente, l'acide phosphorique hygroscopique attire l’humi- dilté de l'air, s'affaiblit encore, et l’on obtient, comme résultat final, un magma poisseux conte- nant, à côté d’acide phosphorique libre, du phos- phate minéral non attaqué, qui ne se transformera qu'au bout d’un teraps très long. Ainsi, une température trop élevée, une tempéra- ture trop basse, comme une dilution trop grande de l'acide sulfurique ou une trop grande com- pacité du phosphate détermineront une mauvaise attaque. Mais le cas que nous venons d'étudier est pure- ment thécrique : tous les phosphates naturels con- tiennent, à côté du phosphate de chaux et du fluo- rure de calcium, d’autres malières attaquables par les acides forts : silicales basiques, oxydes de fer, alumine, purs ou combinés à une partie de l'acide phosphorique, carbonate de chaux, sels de magné- sie, etc. On peut évidemment tenir compte des sels de chaux et de magnésie attaquables dans le caleul de la quantité d’acide sulfurique à employer, et la présence de ces corps ne se traduit que par une augmentation de frais et un abaissement de titre, conditions qui peuvent toutefois rendre pratique- ment impossible la fabrication du superphosphate avec les phosphates calcaires pauvres. Muis la présence du sesquioxyde de fer et de l’alumine a présenté une difficulté autrement sé- rieuse et même insurmontable, tant qu'on s'est tenu à la définition primitive et rigoureuse du su- perphosphate: c'est-à-dire tant qu'on n’a considéré comme ayant une valeur vénale que l'acide phos- phoriaue à l'état soluble dans l’eau. En effet, le sesquioxyde de fer, libre ou plus généralement combiné à l'acide phosphorique, est altaqué, dèsle début de la réaction, par l'acide sul- furique, et, — suivant son état de combinaison ou d'hydratation, la compacité du minéral, la quantité ou la force de l'acide, ainsi que la température dégagée par la réaction, — peut être attaqué plus ou moins rapidement etcomplètement, en donnant, 1044 soit un phosphate acide de fer,soit même de l'acide phosphorique libre : 3FePhO{+3H2.SO0{=FePhO1{,2H#PhOi+Fe?3(S0i) 2FePhOi+3H? SOI—2HSPhOiH+Fe?3(S04). Une partie de ce sulfale de sesquioxyde de fer entre ensuile en réaction avec le phosphate acide de chaux pour donner un corps gélalineux, inso- luble dans l’eau, et d’abord hydraté, tandis que le restant est sans action : ae ja H°2(Ph0°) 7 Fe?3(S05) + :H°0 2(Fe PhO4, 2H20, 2H5 PRO + 3 Ca SO4 Ce phosphate acide se décompose lentement sous l’action de lachaleur, comme sousl’action de l'excès d'eau employé dans l'analyse, et donne, à côté d'acide phosphorique libre, un phosphate de ses- quioxyde de fer, qui se déshydrate peu à peu pour céder son eau au sulfate de chaux, et devient inso- luble : FePhO4,2H20+CaSO0i=FePhO#+CaSOi,2H20. Cette réaction du sulfate de sesquioxyde de fer sur le phosphate acide de chaux est limitée par la présence d'acide phosphorique libre, comme on peut le voir par l'analyse de l'extrait aqueux d’un superphosphate : on trouve ainsi que 2 °/, de sesquioxyde de fer sont sans danger,et qu’on peut même atteindre 4 °/, en employant un léger excès d'acide. Mais on ne peut aller bien loin dans cette voie sans s'exposer à obtenir un produit päteux et peu vendable. Quand donc on fut amené à ne plus traiter des os ou des phosphates minéraux purs, on se heurta à une grave difliculté commerciale : la perte de la valeur vénale d’une partie de l'acide phospho- rique. Toutefois, ayant remarqué, comme l'a montré M. Schlæsing, que, dans le sol, presque tout l'acide phosphorique est insoïubilisé par le sesquioxyde de fer et l’alumine, M. Petermann entreprit des expériences de culture et en conclut que le phos- phate de fer est un excellent aliment pour les plantes. Les fabricants d'engrais s’empressèrent de répandre cette notion, et l’on chercha un réactif permettant de doser l'acide phosphorique réelle- ment désagrégé, mais redevenu insoluble par le fer. Grâce aux travaux de Neubauer et Frésénius, puis de Joulie, on convint de prendre comme réactif d'abord une solution neutre de citrate d’am- moniaque, puis une solulion ammoniacale du même sel, et de considérer comme ayant une valeur marchande tout le phosphate soluble dans le citrate d'ammoniaque ammoniacal. On fait cependant sou- vent une différence de prix entre le phosphate soluble dans l’eau, et le phosphate soluble dans le citrate d'ammoniaque ammoniacal. E. SOREL — L'ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DES PHOSPHATES EN FRANCE V. — RÉTROGRADATION Mais les difficultés ne s'arrétèrent pas là dès que les besoins croissants de la consommation obligè- rent les fabricants à s'adresser à tous les gisements de phosphates de richesse moyenne. Il fallut traiter des phosphates de plus en plus ferrugineux et alu- mineux. On reconnut bientôt que les minerais très riches en fer, attaqués par l'acide phosphorique ou transformés en sulfates, puis réagissant{ sur l’acide phosphorique et le phosphate acide de chaux, don- naient lieu, sous l’action de la température élevée de la réaction, ou sous l’action du temps de séjour dans les magasins, à la production de phosphates basiques insolubles non seulement dans l’eau, mais dans le réactif citrique. On donna à ce phénomène fâcheux le nom de rétrogradaltion. On combatlit bien en partie ce danger en atla- quant les phosphates ferrugineux en couches minces par de l'acide plus étendu et les laissant sécher sur place, mais on n'avait ainsi qu'un pal- lialif médiocre. Les produits obtenus restaient boueux et perdaient quand même à la longue leur richesse. On fut réduit à travailler ces phosphates avec d’autres plus purs, pour les ramener aux con- ditions où la rétrogradation devient faible. La présence de l’alumine, que l’on observe en quantités relativement considérables dans certains phosphales naturels, n’entraine pasle danger de la rétrogradalion ; tous les phosphates d’alumine sont, en effet, solubles dans le citrate d'ammoniaque ammoniacal, mais ils communiquent à la masse un état gélatineux qui la rend peu propre à l'emploi agricole. Certains silicates lentement attaquables peuvent également causer la rétrogradation. La question de l'acidité des superphosphates au point de vue de l'emploi agricole a soulevé nombre de discussions : on entend encore souvent dire que les superphosphales contenant un excès d'acide conviennent surtout aux sols calcaires, les super- phosphates sans excès d'acide ou rétrogradés el & fortiori les phosphates précipités, dont il sera ques- tion plus loin, aux sols acides dont ils compense- raient l'acidité. Cette opinion, logique en apparence, n’est pas toujours exacte. Il se pourrait fort bien que, dans cerlainssols tourbeux, lesacideshumiques fixassent plus facilement l'acide phosphorique libre sous une forme assimilable, ou que l'acide phosphorique des phosphates acides pût circuler et se diffuser plus parfaitement dans ces sols avant de se fixer. L’au- teur de cet article a vu les propriélaires des prairies de la Crau d'Arles refuser, après essais, les super- phosphates bien secs et à peine acides, et rechercher les superphosphales se metlant en pelotes sous la E. SOREL — L'ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DES PHOSPHATES EN FRANCE 1045 pression de la main, grâce à la présence d'un excès d'acide libre. Cette préférence parait vérifiée par les résultats obtenus dans certains districts tourbeux de l'Allemagne du Nord. Dans les régions calcaires du centre de la France on rejette, au contraire, les superphosphates un peu pâteux et l’on n'accepte que les produits bien pul- vérulents, c’est-à-dire ceux qui ne contiennent pas d'acide libre. On arrive même dans nombre de régions calcaires à considérer comme équivalents le phosphate monocalciqne et le phosphate bical- cique précipité. VI. — OBTENTION DE LA PULVÉRULENCE ET DE LA SICCITÉ L'emploi de plus en plus fréquent des instruments mécaniques agricoles, et, en particulier, du semoir mécanique en agriculture a déterminé les cultiva- teurs à exiger des superphosphates pulvérulents et secs. Or, comme beaucoup de phosphales naturels ne peuvent donner directement des superphos- | phales secs sans subir une rétrogradation notable, ila fallu recourir à une dessiccation artificielle suecédant à l'opération de l’attaque. L'emploi des _ séchoirs, très rare autrefois, se généralise donc aujourd'hui. Le plus souvent, le superphosphate est étendu en couches minces dans des wagonnels à élages que l’on introduit dans une sorte de tunnel fermé par des portes roulantes : de l'air chaud arrive à travers le sol à l’une des extrémités, traverse les étages des premiers wagonnels, puis circule horizontalement, pour redescendre à l’autre extré- mité à une cheminée qui l'amène dans des colonnes de lavage. Jusque vers 1883, on a fait circuler méthodique- ment le superphosphate, c’est-à-dire qu'on faisait entrer les wagonnets dans le tunnel par l'extré- mité où sortaient les gaz, et on sortait les wagon- nets chargés de superphosphate sec du côté de l’arrivée de l'air chaud. Cette pratique élait très vicieuse : car, d’une part, le superphosphate froid condensait de la vapeur d’eau, qu'il fallait de nou- veau éliminer; d'autre part, le superphosphate presque sec était exposé à la température la plus élevée et subissait une rétrogradation. On courait même le risque d'en transformer une partie en pyrophosphale. Pour se mettre à l'abri de cet inconvénient, il fallait n’employer que de l’air peu chaud, et, par suite, la différence de température à ménager entre l'air entrant et l'air sortant était faible, pour ne pas permettre une condensation exagérée de vapeur d'eau. Le rendement des séchoirs était donc médiocre, et la consommation de charbon exagérée. Actuellement, on fait circuler la matière et les gaz dans le même sens,l’air peut entrer très chaud sans danger, puisqu'il se refroidit instantanément au contact du superphosphate froid et humide, et, rencontrant toujours du superphosphate chaud, il le dessèche lentement et sans condensation de vapeur, si le débit d'air est convenablement cal- culé : on arrive ainsi à une augmentation de ren- dement des séchoirs et à une meilleure utilisation de la chaleur; de plus, on observe souvent un léger gain en acide phosphorique ayant une valeur vé- nale, au lieu de constater, comme jadis, une rétrogradation ou même une disparition d'acide orthophosphorique. Pour que le produit reste soluble dans le citrate d’'ammoniaque, il faut qu'il ne soit pas déshy- draté ; d'autre part, pour qu’il n’encrasse pas le semoir, il ne doit pas contenir plus de 12°/, d'hu- midité. On règle d'habitude le séchage de façon que la masse ait uniformément 10°/, d'eau hy- groscopique à la sortie du séchoir. Du séchoir le phosphate passe aux appareils de broyage, puis au magasin. On ne l’ensache qu'à mesure des livraisons pour éviter que les sacs soient percés avant d'arriver à destination. VII. — FABRICATION DE L'ACIDE PHOSPHORIQUE ET DU SUPERPHOSPHATE DOUBLE Nous avons vu combien la présence du sesqui- oxyde de fer ou de l’alumine dans les phosphates bruts est préjudiciable au fabricant de superphos- phate, en donnant au produit un état compact el colloïdal, et en déterminant une forte rétrograda- tion. Un certain nombre de phosphates naturels sont, par ce fait, impropres à une fabricalion ré- munératrice de superphosphate. Mais si, au lieu d'attaquer le phosphate brut par de l'acide sulfurique des chambres, on le sou- met à l'action d'acide à 5 ou 10 °/,, on observe que presque tout le phosphate de chaux cède son acide, tandis qu'il ne passe en solution que des traces de phosphates de fer et d’alumine. Il suffit donc d'employer, à l'état étendu, une quantité convenable et facile à déterminer d'acide sulfurique pour extraire de ces phosphates bruts l'acide phosphorique suffisamment pur pour être utilisable. On opérera de la façon suivante : le phosphate, réduit en poudre aussi fine que possible, est dé- layé lentement dans un malaxeur, qui contient une quantité d'eau suffisante pour ramener à 15° environ tout l'acide sulfurique qu'il faut em- ployer. La dose d'acide sulfurique, calculée d'avance, a été mesurée dans un bac en plomb, et, une fois le phosphate délayé, on laisse couler l'acide et on fait fonctionner le malaxeur jusqu'à ce qu'un 1046 E. SOREL — L'ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DES PHOSPHATES EN FRANCE échantillon filtré et additionné d’une solution acide de chlorure de baryum ne donne presque plus de précipité. L’acide sulfurique libre s’est donc fixé sur la chaux. Cette opération dure en- viron 1/2 heure. Pendant la réaction, la tempéra- Lure s’est élevée notablement, et a atteint envi- ron 60°. Le contenu du malaxeur est vidé, puis envoyé par des pompes dans des fillres-presses qui re- tiennent le sulfate de chaux, le sable, et les com- binaisons insolubles de fer et d’alumine, tandis qu'il coule une solution claire d'acide phospho- rique, contenant de 10 à 11 °/, d'acide. On pro- cède ensuite au lavage, el on envoie les petites eaux à la concentration, tant qu’elles donnent avec les eaux fortes un mélange à 8 °/,; le res- tant sert à diluer l'acide sulfurique dans une attaque ultérieure. L'acide phosphorique étendu est ensuite con- centré jusqu'à la température de 113° dans des appareils analogues aux chaudières de plomb em- ployées dans les fabriques d'acide sulfurique ; toutefois, pour éviter les coups de feu provoqués par les incrustalions, on emploie généralement les bassines à chauffage par la surface libre. On obtient ainsi un produit très sirupeux, qui peut contenir jusqu'à 50 °/, d'acide phosphorique anhydre. Ce produit est trop étendu pour réagir sur les phosphales très compacts; mais,si on l’emploie au traitement de produits phosphatés facilement dé- composables, on obtient la réaction : Ca*2PhOS+ 4H$PhOi+3H20=3(CaH42Ph0O4,H20). La matière s'attaque toutefois plus lentement que dans la fabrication du superphosphate, et ne sèche qu’à la longue, parce qu'elle ne contient pas de sulfate de chaux pour fixer l'excès d’eau. IT faut donc lui faire subir une dessiccation artifi- cielle avant de l'envoyer à l'atelier de broyage. On oblient ainsi ce qu'on appelle le superphos- phate double litrant de 40 à 45 °/, d’anhydride phosphorique soluble dans le citrate d'ammo- niaque. M. Barbe à proposé de brasser de l'acide phos- phorique concentré, lilrant de 48 à 50 °/, d'anhy- dride avec 20 à 23 parties de chaux éteinte. Le magma s’échauffe beaucoup, dégage de la vapeur, el fait prise presque immédiatement. On obtiendrait ainsi un produit que l'inventeur a ap- pelé phosphate triple, et litrant jusqu'à 48 et 50 ‘/, d'anhydride phosphorique. Mais le procédé ne s’est pas répandu dans l’industrie. in effet, des produits aussi riches n’ont pas d’ap- plication directe dans l’agriculture, car la réparti- tion uniforme sur un hectare de la dose utile d'acide phosphorique devient d'autant plus dif- ficile que le titre de l'engrais est plus élevé. Ils ne peuvent donc servir qu'à la production d'engrais enrichis artificiellement ; dès lors il y a peu d'in- térêt à les fabriquer s'ils coûtent cher el sont d'une préparation difficile. Or, c’est le cas du su- perphosphate triple, qui ne peut se solidifier que si l’on remplit toutes les conditions suivantes : 1° Pureté de l'acide concentré et de la chaux; 2° Intimilé absolue du mélange d'acide et de chaux ; 3° Elévalion convenable de lempéralure. VIII. — FABRICATION DU PHOSPHATE PRÉCGIPITÉ L'industrie chimique met à notre disposilion des dissolulions étendues d'acide phosphorique en allaquant soit des phosphates minéraux par l'acide sulfurique faible, soit des os frais par l'acide chlor- hydrique en vue de la fabrication de la gélatine. Au lieu de concentrer ces solutions pour les faire réagir ensuite sur des phosphates facilement altaquables, on peut les transformer directement par addition de chaux en phosphate bicalcique de chaux insoluble dans l'eau, mais soluble dans le citrate d’ammoniaque ammoniacal. Le succès de l'opération dépendra des soins apportés, et de la connaissance des réactions qui se passent entre les bases et l'acide phosphorique en présence de l’eau. Ajoute-l-on lentement soit du carbonate de chaux finement divisé, soit un lait de chaux dans une solution étendue d'acide phosphorique à la température ordinaire, on tend à produire une solution de phosphate monocalcique ; mais ce corps est instable vis-à-vis de l'eau et se décom- pose partiellement en acide phosphorique, phos- phate bicalcique hydraté et phosphale monocal- cique non décomposé. Le lableau de la page suivante, emprunté aux éludes de M.Joly, donneune idée du phénomène.Il indique comment se décompose, en présence de 100 parties d’eau, un poids déterminé de phos- phate monocalcique à la température de 15°. Ainsi, dès le début de l'addition de chaux, nous voyons apparaitre une proporlion d'autant plus grande de phosphate bicalcique hydraté que la li- queur est plus riche en acide phosphorique, et il tend à se produire un état d'équilibre dans lequel le rapport de l'acide phosphorique total à l'acide combiné est égal à 1,5 : c'est-à-dire que, si nous ajoutons une quantité de chaux théoriquement capable de neutraliser tout l'acide phosphorique, ce dernier se parlagera de la façon suivante : 1/4 sera transformé à 150 en phosphate bicalcique hydraté, 1/2 » » » phosp. monocalcique hydraté, 1/4 restera à l'état acide. E. SOREL — L'ÉTAT ACTUEL DE L’INDUSTRIE DES PHOSPHATES EN FRANCE 1047 Si nous élevons progressivement la température 2 JS AND jusqu’à 78-80°, le rapport des poids £ , pour une même valeur de P, ira constamment en croissant, de sorte qu'il se déposera une quantité de phos- phate bicaleique hydraté d'autant plus grande que et les précautions sont sans valeur, est impossible à obtenir pratiquement. On divise donc l'opération en deux. Dans la première,on précipite environ les 2/3 de l'acide phosphorique, et on hâte souvent l'opération en portant la masse à 75-80° ; puis, le dépôt de phosphate bicalcique obtenu, on traite le Décomposition du Phosphate monocalcique en présence de l’eau. 1e POIDS DU PHOSPHATE MONOCALCIQUE EMPLOYÉ total combiné 4.02 0.81 2.16 2,05 6.41 1.21 3.34 3.07 9°3£ 1.67 4.75 4.93 15.36 2.59 7.61 6.57 28.01 %.40 13.49 (6 31.13 4.74 14.78 12.02 38.71 5-02 17.94 13,97 49.01 6.45 22.00 16.35 54.46 6.90 24.10 17.50 64.32 7.95 28.22 20.16 la température sera plus élevée, comme il ressort du tableau suivant : Valeurs de 5 P û° 159 s0° LPS 0,01 0,02 0,07 DR eteietelsre ea 0,02 0,05 0,14 ra VTT 0,03 0,07 0,21 SE St 0,0% 0,09 0,28 S. 2 0,055 0,12 0,35 BA Eee 0,07 0,1# 0,42 Het ü,08 0,17 0,49 ShRre 0,09 0,19 ILES 0,10 0,21 DSL ü,11 0,2# Mais, si la température dépasse 80°, le phosphate bicalcique devient anhydre, et la fraction du sel décomposé croit très rapidement. La pratique présente, il est vrai, un phénomène plus compliqué : lorsque nous ajoutons dans une solution d'acide phosphorique un lait de chaux ou de magnésie, il se produit d’abord un précipité gélatineux de phosphate tricalcique, puis une réaction s'établit entre le phosphate tricalcique et l'acide phosphorique libre jusqu'à ce qu'on soit arrivé à l’état d'équilibre défini ci-dessus. Si l’on ajoute plus de base alcalino-terreuse, la réaction se ralentit, en même temps qu’une partie du phosphate monobasique se transforme en phosphate bibasique; par suite de la saturation de la quantité d'acide phosphorique libre, nécessaire à l'équilibre, on pourrait arriver finalement à la saturation complète et à la transformation absolue de l'acide phosphorique initial en phosphate biba- sique hydraté; mais ce résultat, facile à réaliser par le chimiste dans son laboratoire, où le temps PRODUITS RESTÉS EN DISSOLUTION EE —— ACIDE PHOSPHORIQUE libre GS DDLeSSe #4 R RAPPORT DE L’ACIDE P HORS HE SE PHOSPHORIQUE TOTAL ONE OSE D'ESOSSOSE A L’'ACIDE COMBINÉ RS PRE Re SEE CE ENS AE DES ee ST il 0.38 0.09 4.05 21 0.96 0.45 1.08 52 1.82 0.19 1.43 04 3.170 0.24 1.16 34 8.28 0.30 1.20 76 9.80 0.32 1.23 97 14.07 0.36 1.32 65 19.98 0.41 1.34 60 23.02 0.52 1.38 06 28.54 Û.## 1.40 liquide par un léger excès de chaux; on précipite ainsi l'acide restant à l’état tribasique, et l’on a un produit gélatineux qui sert à commencer la saturation de l'acide phosphorique de l'opération suivante. Si l'on porte la température au-dessus de 80°, nous avons vu qu'au début on obtient de l'acide phosphorique et du phosphate bicalcique anhydre, tant que la proportion de base ajoutée correspond à la transformation de l’acide phosphorique total en phosphate monocalcique; mais, si l'on pousse plus loin l’addilion de base, le phénomène se com- plique. Nous en aurons une idée simple en sou- mettant à l’action de l’eau bouillante du phosphate bicalcique hydraté. L'auteur, en étudiant cette question avec M. Joly, a constaté que le sel se dédouble d’abord en don- nant de l’acide phosphorique libre et du phosphate tricalcique, puis qu'il s'établit entre ces deux corps une réaction d'autant plus lente que le mélange est plus étendu dans l’eau, et que, si l'on met de 42 à 15 grammes de sel dans un litre d’eau, l'état d’équilibre est obtenu par la création d’un nouveau produit cristallisé, qui, abstraction faite de l’eau de constitution, a pour formule: 3(Ca2H.2Ph?04) + Ca2Ph?04, En même temps le liquide contient en dissolution du phosphate monocalcique. Pour des richesses plus grandes, on obtient un mélange de ce corps avec le phosphate bicalcique anhydre, et leliquide contient un mélange d'acide phosphorique libre et de phosphate monocalcique ; pour des richesses plus faibles, on obtient un mélange de ce corps 1048 E. SOREL — L'ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DES PHOSPHATES EN FRANCE avec le phosphate tricalcique dans une solution de plus en plus étendue de phosphate monocalcique. Or, la réaction finale est d'autant plus lente que le liquide est plus étendu ; de plus, le nouveau sel est presque insoluble dans le réactif citrique alcalin; la précipitation à chaud, au-dessus de 80°, doit donc être évitée avec soin par le fabricant soucieux de la valeur commerciale de ses produits. Cette réaction peu connue doit ètre également prise en considération pendant la dessiccation du phosphate précipité, car on ne peut prétendre à laver industriellement d’une façon parfaite le pré- cipité volumineux de phosphate bicalcique : or, si nous chauffons du bicalcique hydraté, imprégné de chlorure de calcium, au-dessus de 80°, nous mettrons en liberté de l'acide phosphorique et celui-ci réagira sur le chlorure de calcium pour chasser l'acide chlorhydrique ; nous n'aurons plus, après refroidissement, la quantité d'acide phos- phorique libre nécessaire pour réagir sur le phosphale plus ou moins basique formé sous l’action de la chaleur, el le produit surchaufté aura perdu sa valeur commerciale. On doit donc opérer la dessiccation au-dessous de 70°. IX. — ScorINS DE DÉPHOSPHORATION Jusqu'en 1879, on considérail comme impropres à la fabrication de l'acier les fontes phospho- reuses : les minerais du Cleveland, du Luxem- bourg et du bassin de la Moselle étaient donc sans valeur à ce point de vue. Ce fut une révolution industrielle quand MM. Thomas el Gilchrist, de Batltersea (Surrey), imaginèrent le procédé de dé- phosphoration basé sur l'emploi, dans le conver- tisseur Bessemer, d'une addition de matières ba- siques, craie ou dolomie. Dans ce nouveau procédé on recourt à une addition de chaux vive, qui atteint de 15 à 20 par- lies pour 100 parties de fer brut contenant 3 °/, de phosphore. L'air refoulé à travers la masse fondue brûle d'abord le manganèse, le silicium. puis le carbone, comme dans le procédé Bessemer, et enfin le phosphore avec une telle rapidité que la température s'élève de 700°, et que la chaux forme, avec l'acide phosphorique résultant de la combustion du phosphore, une scorie qui surnage sur l'acier. A la fin du soufflage, quand paraissent les fumées rouges du fer, on vide la scorie dans des wagons. On obtient ainsi une tonne de scories pour 4 à 5 tonnes d'acier. Si on laisse la matière refroidir lentement, elle forme une masse friable, sinon c’est un bloc très dur. Au reste, la masse est d'autant plus friable que le rapport du sesquioxyde de fer au protoxyde est plus grand : on doit avoir Fe0%:Fe0=> 1:3 pour pouvoir pulvériser la scorie. Avec des minerais riches en phosphore ou con- venablement mélangés, el en employant une dose de chaux appropriée, on peut obtenir des scories très riches : leur composition varie entre : PRÉ OP. RE ere ce RE ne 12 à 20 % CAO RE Te 30 50 SM Er ne CR ter ce do le CRUE US D 20 Fer OF eO AE. LE PAT OMR 41 30 MnO RE EE NE MR NE TU 3 2415 MAO A, CAS AMMISER ESNGES a Pal ETLI DA M re SRE e A 02 0,6 VOA De Rte Ne MALE 15 Dansles cavités de la scorie, on trouve souventde petites plaques cristallines minces et translucides, grises, brunes ou bleues, auxquelles quelques auteurs allribuent la composilion Ca‘Ph°0°, ana- logue à celle de l'isoclase de Hilgenslock à 38,8 °,, d'acide phosphorique, obtenue par la fusion d'un mélange convenable d'acide phosphorique et de chaux avec du spath-fluor comme fondant. Ces scories ont élé longtemps accumulées près des aciéries comme remblais :sans valeur : on chercha à en retirer par divers procédés chimiques l’acide phosphorique. Mais leur utilisation agricole ne date réellement que des travaux de Reiss et d'Arend (1886), qui élablirent que l'acide phos- phorique devient soluble dans l'eau chargée d'acide carbonique, en présence du silicale de chaux. Jensch montra que l'acide phosphorique des scories est assez soluble dans les acides citrique etoxalique, ainsi que dans les solutions acides ou alcalines de citrate d'ammoniaque. Toutefois, celte solubililé diminue quand la dureté augmente, et les expériences de cullure de Wagner ont établi que des scories d'origine différente sont loin d’avoir lamême action fertilisante. Aussi demande- t-on souvent au moins une garantie de solubilité dans l'acide citrique, en plus de la garantie de finesse el de richesse en acide phosphorique total. On peut produire des scories dont 75°/, de l'acide phosphorique sont solubles dans le citrate. Aux aciéries de Hærde, on arrive à obtenir des scories titrant au moins 24 °/, d'acide phospho- rique en n'introduisant d’abord dans le conver- Lisseur qu'une quantité insuflisante de chaux ; cette scorie riche éliminée, on y ajoule le restant de la chaux, et la scorie pauvre oblenue repasse au haut fourneau. Depuis quelque temps, on substitue à la chaux des craies phosphaltes pauvres, pour augmenter la richesse des scories. On a cherché, par imilalion, à rendre plus assi- milables les craies phosphalées en les soumettant à la tempéralure du blanc; on nommait les pro- duits obtenus {Lermo-phosphales ; mais, comme il faut porter la masse à une température de 1.900°, les frais de fabrication sont trop élevés. Les scories sont d’abord brisées au marteau È | 4 4 ; } ’ D: A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE pour en dégager les fragments d'acier qu’elles contiennent, puis pulvérisées dans des broyeurs à boulets en acier. X.— CONCLUSION Nous avons vu qu'au début, les phosphates _ moulus étaient employés par l'agriculture, soit _ directement, soit après mélange dans le fumier où . ils devenaient plus rapidement assimilables. L'invention des superphosphates, d'une énergie plus grande, coïncidant avec les eflorts tentés vers une culture intensive, avait fait abandonner presque radicalement cet emploi. On élait per- suadé que le phosphate soluble devait pouvoir se diffuser jusqu'à un certain point et se répartir assez uniformément dans le sol avant d’y repasser à l’état insoluble. Les racines avaient donc, dans l'opinion des agriculteurs, plus de chances pour rencontrer à propos l'engrais introduit et l’utiliser rapidement. Mais, lorsque l'épuisement des gise- ments de phosphates riches et purs eùt forçé à | recourir à l'emploi de phosphates plus ou moins ferrugineux, les fabricants se heurtèrent à de grandes difficullés par suile des phénomènes d’in- solubilisation et de rétrogradation, et se hätèrent de préconiser, surtout après les expériences de Petermann sur l'assimilabilité du phosphate de 1049 fer, le réactif citro-ammoniacal qui permettait de donner une valeur au superphosphate rétrogradé. Vinrent ensuile les phosphates précipités, com- plètement insolubles dans l’eau, mais solubles dans le réaclif citro-ammoniacal, enfin les scories de déphosphoration. Il y avait dès lors lieu de regarder en arrière et de se demander si une division mécanique suffi- sante ne permettrait pas d'obtenir à peu de frais le bénéfice assuré par la désagrégation chimique. Il n'est pas encore possible de se prononcer d’une facon absolue à ce sujet. Toutefois il est reconnu déjà qu'avec certaines provenances et dans nombre de sols, le phosphate minéral bien pulvérisé est assimilable, quoique plus lentement que les phos- phates traités chimiquement. Si l’on tient compte de la différence de prix, il semble établi que, dans nombre de cas, il est plus avantageux même d'employer une dose massive de phosphale mi- néral lentement assimilable, mais augmentant les réserves du sol — et peut-être verrons-nous se vé- rifier le proverbe naissant: Le phosphate naturel est l'engrais du propriétaire, le superphosphate est l'engrais du fermier. E. Sorel, Ancien Ingénieur des Manufactures de l'État, Ancien Directeur aux usines de St-Gobain, Professeur suppléant au Conservatoire des Arts et Métiers REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE Dans ces Lemps où les hommes qui aiment les sciences sont « heureux de vivre », les progrès que permeltent de réaliser la technique, sans cesse re- nouvelée, des investigations scientifiques et la multiplication facile des expériences, les bou- leversements apportés par l'édification de théo- ries appuyées sur des preuves surabondantes rendent l’étude de la médecine de plus en plus intéressante. La découverte de mondes vivants inexplorés, la vérification de lois nouvelles, si elles augmentent notre savoir, n'en font pas moins surgir des diffi- cultés imprévues et rejettent au nombre des er- reurs les vérités de jadis. Aujourd'hui, il est impossible d’être encyclopédique, et l'on se perd dans l'énorme univers que représente le coin le plus infime de la plus restreinte de nos sciences. La médecine, en particulier, qui, plus que loute autre, a besoin du concours de la plupart d'entre elles, a tant agrandi son domaine qu'on ne peut plus avoir la prétention de le parcourir tout entier. Aussi choisirai-je, pour les signaler, quelques-uns seulement des points qui, cette année, ont retenu davantage l'attention des médecins. I. — TUBERCULOSE. Les notions acquises depuis quelques années sur celte affection, et surtout sur son agent causal, le bacille de Koch. ont été réunies dans un livre magistral publié, au début de cette année, par M. le Pr Straus!'. C'est cetouvrage,admirablementexposé et documenté, qui établit l’état actuel de la science sur tous les points de cette question capitale. On sait avec quel intérêt on recherche actuelle- ment le mécanisme de la transmission de la tuber- culose. Les produits alimentaires, entre autres la viande et le lait provenant de bêtes tubercu- leuses, ont été, à juste titre, incriminés. Des expé- riences curieuses avaient élé entreprises sur une assez large échelle en Allemagne, où l’aulorisalion fut donnée en certaine ville de délivrer à des fa- milles pauvres des viandes suspectes et dont la vente était d'ordinaire interdite. On n’y remarqua point que l'absorption de ces viandes ait favorisé l’éclosion de la tuberculose chez les gens qui les 1 La Tuberculose el son bacille ; Rueff, Paris, 1895. 1050 D: A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE avaient employées. Le rapport récent de la Com- mission Royale anglaise chargée d'étudier cette question d'alimentation, fournit des conclusions importantes au point de vue hygiénique. Les ex- périences qu'elle fit confirmèrent les notions acquises en France depuis plusieurs années déjà par Villemin, Chauveau, Arloing, etc., que l’in- gestion de produits tuberculeux donne la tuber- culose aux animaux, que l’ébullition du lait doit être obtenue et maintenue quelques instants pour en assurer ‘l'innocuilé, que la chair musculaire, même provenant d'animaux tuberculeux, mais ne contenant pas de foyers agglomérés, est probable- ment inoffensive pour l’homme, à la condition for- melle d’être suffisamment cuite. La Commission a, en outre, insisté sur ce fait que la viande, lors du | dépecage, pouvait être contaminée par les instru- ments des bouchers qui viennent de sectionner des foyers tuberculeux collectés dans les viscères. Des tentatives thérapeutiques nombreuses sont faites de toutes parts pour limiter ou empêcher l'action du bacille de Koch sur l'organisme hu- main : je ne puis ici parler que des plus récentes. Depuis plusieurs années, MM. Richet et Héricourt recherchent la guérison de la tuberculose par les injections de sérum provenant d’animaux immu- nisés ou réfractaires. En 1889 déjà, ils avaient montré qu'on pouvait retarder l’évolution de la tuberculose aviaire par ce moyen chez le lapin. Celte année, d'expériences comparatives faites sur des cobayes inoculés avec la tuberculose, après injection de diverses humeurs provenant d’ani- maux sains où tuberculisés, ils ont conclu à la possibilité d’enrayer le développement de la ma- ladie par l'injection du sérum microbien. Des résultats comparables ont été obtenus par MM. Redon et Chenot. Expérimentant avec le sérum d'âänes et de mulets ayant subi des inocu- lations tuberculeuses, ils ont vu que cette humeur injectée à des cobayes ou lapins luberculisés avait une action empêchante manifeste sur l’évolulion de la maladie. De même, le sérum d’une chèvre préalablement trailée par la tuberculine avait, entre les mains de M. Boinet, empêché le développement de la tubereu- lose sur des cobayes inoculés après injection sous- cutanée préalable de ce sérum. Des expériences encouragèrent l’auteur à essayer sur l’homme l'effet d’injections sous-cutanées de 2 centimètres cubes à 4 centimètres cubes de sérum de chèvre. Il eut des résultats suffisants dans les tuberculoses à marche lente, chronique, nuls dans les formes fébriles, creusantes, et à poussées intermittentes. M. Broca a publié tout récemment de très inté- ressan{s essais dans letraitement des tuberculoses culanées au moyen du sérum de chiens inoculés avec la tuberculose, non réfractaires à celle afec- tion, mais lui présentant une certaine résistance. Dans les formes cutanées, ce traitement eut des suites favorables très dignes d’attention. C'est encore sur l’emploi du sérum d'animaux divers immuhisés par des subslances {oxiques issues des cultures de tuberculose, mais non déli- nies, que M. Marigliano a fondé la méthode de traitement qui fit ces jours derniers tant de bruit dans la presse quotidienne et sur laquelle ilse propose d'éclairer le public médical au prochain Congrès de Rome. En résumé, en médecine humaine les expé- riences sont encore trop peu nombreuses pour amener à une conclusion valable. En outre, la tuberculose guérit parfois, et souvent elle affecte une marche si chronique et des rémissions si longues qu'on ne peut savoir au juste quelle part revient au traitement dans les améliorations observées. Nous sommes donc encore loin de posséder un agent curatif sérieux de la tuber- culose, Si encourageants que paraissent certains résultats, on en est encore à la période de täton- nements. La voie suivie promet d'être féconde, mais ce ne sont que des promesses. La pratique des injections diverses révèle, che- min faisant, des faits curieux comportant un ensei- gnement utile : telle la constatation, qui fut faite par M. Hutinel et signalée par d’autres auteurs (Galliard, Variot, Sevestre), sur le pouvoir lher- mogène des solutions salines injectées aux tuber- culeux. Toute injection sous-cutanée de sérum ou d’eau salée estsusceptible, dans certaines propor- tions, de déterminer un appareil fébrile chez un individu sain. Chez le tuberculeux, il suffit d’une proportion beaucoup moindre pour provoquer unefièvre plus intense. On trouve là un moyen incertain, il est vrai, mais parfois utile pour dépister une tuberculose latente. Mentionnons encore les recherches poursuivies par M. Fernet au moyen d'injections de naphtol porté dans le tissu pulmonaire même, les résultats obtenus par M. Rendu avec le naphtol camphré dans la péritonite tuberculeuse, résultats toutefois mitigés par les dangers d'accidents signalés par M. Netter. I. — Corrs TIYROÏDE Malgré loutes les recherches faites jusqu'ici sur le corps thyroïde, on est très peu fixé sur le rôle physiologique de cette glande. On ne peut préciser son action, et, quand on a besoin d’y faire allusion, c'est toujours en termes vagues et mal définis. M. Nothine (de Kiew) est arrivé à extraire de la glande thyroïde des animaux un produit déter- miné chimiquement, qu'il appelle la {yroprotéiteet qui se trouve dans la substance colloïde contenue D' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE 1054 dans les alvéoles glandulaires. Cette thyroprotéide est toxique dans tous les cas; mais, en privant expérimentalement les animaux de tout ou partie de la glande thyroïde, la toxicité de ce principe est considérablement augmentée. M. Notkine pense que ce fait tient à ce que le corps thyroïde . normal secrète un ferment spécial qui modifie cette thyroprotéide et en neutralise les effets. Quand la glande, enlevée ou malade, ne peut plus sécréter ce ferment destructeur, l'animal est intoxiqué avec une plus grande intensité. Cet agent toxique joue un rôle dans certaines affections où l'intégrité du corps thyroïde est en cause; tels le goitre exophtal- mique et le myxœdème. Les rapports du corps thyroïde et de la maladie de Basedow (goitre exophtalmique) ont élé sinon élucidés, du moins mis au point par les travaux du Congrès de Médecine mentale lenu à Bordeaux en août dernier. Le très remarquable rapport de M. Brissaud a bien établi les notions acquises jus- * qu'ici sur cette question. Les faits nouveaux apportés au Congrès laissent intactes ses conclu- sions, qui aboutissent à une théorie éclectique sur la pathogénie du goitre exophtalmique.Lamaladie de Basedow est, en effet, un syndrome, un groupe de symplômes alliés les uns aux autreset évoluant selon un {ype assez nettement déterminé. À quoi sont-ils dus? A une perturbalion nerveuse cen- trale, bulbo-protubérantielle, suivant les uns; à une intoxication produite par le fonctionnement anormal de la glande thyroïde, suivant les autres. La première théorie, admise autrefois presque exclusivement, fut ébranlée après les travaux de Gauthier, Môübius, Joffroy et Renaut : la théorie thyroïdienne prit sa place et l’on pensa qu'une sécrétion thyroïdienne excessive produisait la ma- ladie de Basedow, et qu'insuflisante ou abolie, elle déterminait le myxædème. Ce dernier point _ seul est établi avec certitude. D'autres auteurs _ combinent les deux théories. M. Marie croit, par exemple, que la cause première de l'affection réside dans le système nerveux et que ce trouble nerveux amène secondairement la perturbation thyroï- dienne : celle-ci se manifesterait, d’après M. Marie, par un excès de fonction de la glande, par l'hyper- thyroïdation. Cette théorie est admise par Briner. Le rôle du corps thyroïde dans la maladie de Basedow est rendu évident par les lésions cons- tantes de cet organe. MM. Joffroy et Achard avaient établi l'anatomie pathologique thyroï- dienue de cette affection. M. Brissaud, dans des recherches spéciales qu’il fit à ce sujet, reconnut la constance des lésions et la fréquence d’un même type d’alléralion, dont les caractères l'a- vaient fait qualifier par Lélienne decirrhose hyper- trophique thyroïdienne. M. Renaut (de Lyon), poursuivant avec sa grande compétence le délail de ces lésions par la technique des injections, put constater que, dans les corps thyroïdes ainsi lésés, les interstices lobulaires sont marqués par de larges tractus conjonctifs, el que tout le système des lymphatiques intralobulaires est annulé. En outre, M. Renaut établit une différence entre deux élats de la substance élaborée par l'épithélium thyroïdien : l’un, la #yromuvoine, non colorable par l’éosine, produit direct de la glande; l’autre, la #hyrocolloine, modification de la précédente. Or, c'est à la thyromucoïne résorbée parles veines au centre du lobule que l’'éminent histologiste attri- bue le rôle nocif dans la thyroïdation, c'est à elle qu'il attribue l’'empoisonnement basedowien. Cet empoisonnement a été, d’autre part, réalisé expérimentalement au cours des belles recherches de MM. Ballet et Enriquez. Ces auteurs sont arri- vés, par l'injection de suc thyroïdien, à reproduire sur des chiens une sorte de goitre expérimental et quelques-uns des symptômes de la maladie de Basedow. Dans un but thérapeutique, MM. Ballet et Enriquez ont essayé les injections de sérum de chiens éthyroïdés, c'est-à-dire contenant, à la suite de la suppression de la glande thyroïde, un poison que l’hypersécrétion thyroïdienne des Base- dowiens passe pour devoir neutraliser. Ces essais, dans neuf cas, ont été suivis de bons résultats. Les lentatives thérapeutiques dirigées contre la maladie de Basedow s'appuient presque toutes sur l'emploi du corps thyroïde même. M. Jules Voisin a cilé des observations intéressantes de malades trailés par ingestion de corps thyroïde; MM. Taty et Guérin par l'ingestion de thymus. MM. Bruns ‘de Tubingue), Kocher s'accordent à dire que l'in- gestion thyroïdienne ne donne pas de résultals dans les goitres kystiques ou colloïdes; mais même dans le goitre endémique, pourvu qu'il n'ait pas subi les dégénérations précilées, ils ont eu des régressions assez marquées. M. Gaide, dans une série d'expériences poursuivies en Savoie, à pu déterminer, par l'ingestion thyroïdienne chez des goitreux simples et même des crétins goi- treux, une amélioration sensible. Ce n’est pas seulement dans les affections thy- roïdiennes que ce traitement a été institué. La thy- roïdine a été employée dans des circonstances très diverses, dans certaines maladies mentales, contre l'obésité et surtout pour améliorer des dermatoses rebelles. Wilson à traité un psoriasis généralisé, chez une femme, par l'ingestion quotidienne de 3 grammes de thyroïdine pendant trois mois. Au bout de ce temps, la peau élait redevenue normale. Scatchard à employé avec succès les tablettes d'extrait thyroïdien contre le pityriasis rosé. Les essais d'Hallopeau, de Dubreuilh dans le psoriasis 1052 ont élé négatifs. Mossé, au contraire, a réussi dans le psoriasis, et temporairement amélioré divers autres malades. Thibierge eut des résultats inconstants dans le psoriasis. Jouina appliqué cette médication aux fibromes utérins. Dans ces traitements le corps thyroïde employé est celui du mouton ou du veau. Lans(de Berne) vient de montrer que celui du porc est également efficace. On peut ingérer le Lissu même, cru, ha- ché, élendu sur du pain. On fait aussi des ta- blettes d'extrait thyroïdien, de l'extrait glycériné. Fletcher Ingalli recommandait dernièrement l’em- ploi de la glande desséchée et administrée soit en injection hypodermique, soitpar la voie stomacale. Mikuliez a obtenu avec le thymus des améliora- tions nolables dans la maladie de Basedow : il est à signaler que l'ingestion du thymus frais de mou- ton ne détermine ni l’amaigrissement ni l'affaiblis- sement que provoque le plus souvent l’ingestion du corps thyroïde. C'est que la médicalion (hyroïdienne ne va pas toujours sans inconvénients. M. Béclère en a montré les dangers, la production de la mort subite par syncope après un traitement mème relativement court. L'apparition de la glycosurie, à la suite d'ingestion de tablettes de thyroïdine, ayant amené la guérison d'un myxædème, a élé signalée par Ewald. Il est acquis que le sue thyroï- dien en injections sous-cutanées de 0 gr. 50 à 1 gramme, ou le Lissu de la glande pris par la voie stomacale, détermine un amaigrissement con- sidérable. Ce faitest surtoutremarquable chez cer- tains obèses (Charrin, Roger, Gley). Cet amaigris- sement s'arrête dès que l’on suspend le traitement. La médicalion thyroïdienne semble, dans un grand nombre de cas, cesser ses effets dès qu'elle n'est plus suivie. Aussi l'intérêt thérapeutique reste-t-il, pour une grande part, au traitement chirurgical dela maladie de Basedow. Il consiste en l'extirpation partielle de la glande thyroïde, par- lielle pour éviter la cachexie strumiprive consé- cutive. L'exothyropexie, la fixation à l'extérieur du corps thyroïde hypertrophié, préconisée par Poncet etJaboulay, estencore à l'étude. La ligature des qua- tre artères thyroïdiennes des deux côtés et en deux séances éloignées est estimée par certains chirur- giens, dont Kocher et Treudelenburg (de Bonn. Citons encore les cas curieux où le goitre exoph- lalmique s’est amendé ou à guéri après des opé- rations pratiquées sur des organes sans connexions apparentes avec le corps thyroïde : après la cau- lérisation de la muqueuse nasale (Henk, Franckel), l'extirpation des polypes du nez(Hopmann), l’exci- sion d’un cornet (Musehold), après le traitement d’une maladie intestinale (Federn), d'un rein mobile, etc. D' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE Dans le myxœdème la médication thyroïdienne a donné des résultats importants, car ils sont presque constants et rapides. Ils ont été l’occasion de recherches intéressantes sur le sang.des myxæ- démateux. Ainsi MM. Lebreton et Vaquez ont pu examiner les modifications du sang chezun myxæ- démateux en traitement. Ils ont constaté une augmentation du nombre des globules rouges et un retour de l'hématie à ses dimensions normales, alors qu’elles étaient augmentées avant le traite- ment. Les globules blancs sont également plus nombreux. La leucocytose chez ces malades est caractérisée par la présence de grandes cellules mononucléaires, dont le noyau est pâle et fixe peu la matière colorante. D'autre part, Masoin à montré que le sang des myxædémaleux élail moins chargé d’oxyhémoglobine que le sang nor- mal. Après le traitement lhyroïdien, la quantité d’oxyhémoglobine augmente, sans toutefois al- eindre la teneur du sang normal. Des consta- lations analogues ont été failes par Albertoni et : Tizzoni après l'exlirpation du corps thyroïde : l'oxyhémoglobine diminue dans le sang des ani- maux éthyroïdés. Cet abaissement est évalué de 3°/, à 17 °/,. Ce fait n’est toutefois pas constant: car Weber sur les chiensa constaté, après l’ablation de la glande, un taux normal d’hémeglobine. Les désordres qu'amène chez les animaux la suppression du corps thyroïde sont bien connus. Comme expériences récentes, celles de Lanz sur le pouvoir procréateur des animaux éthyroïdés sont à signaler. Les poules privées de corps thyroïde deviennent stériles en peu de temps. Au contraire, l’ingestion quotidienne de corps thyroïde augmente la ponte, maisl'auteur n'indique pas la fécondité des œufs ainsi produits. Les lapines hyperthyroïdées donnent naissance à des petits dont le développement ne tarde pas à péri- cliter et qui finissent par présenter de la parésie des membres postérieurs. IT. — DraAbère. Cette question suscile de constantes recherches. Chaque année, elle s'enrichit de nouveaux faits. Ceux-ci aboutissent, comme il arrive sur beaucoup d’autres points, à des résullats d'apparence con- tradictoire, mais qui sont d'une haute utilité et altendent comme matériaux de classement leur emploi dans l'œuvre définilive. La caractéristique du diabète est la présence permanente de la glycose dans l'urine. La glyco- surie dérive directement d'une teneur trop grande du sang en sucre. Celle hyperglycémie provient elle-même d'une formation excessive de glycose dans l’économie. Il est normal que le sang con- tienne une certaine proportion de sucre. Celui-ci D' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE 1053 . est employé par la nutrition intime des tissus. Au fur et à mesure qu'il est dépensé, il s’en reforme de nouveau. L'équilibre, à l’état normal, se main- tient entre ces deux actes. Tous les tissus consom- - ment de la glycose, surtout quand ils sont en état _ d’aclivilé. C’est le foie qui débite la ration propor- . tionnelle de sucre qui leur est nécessaire. Deux théories sont en présence pour expliquer l'hyperglycémie. Suivant l’une, il y a trop de sucre | dans le sang, parce qu'il s’en forme trop au niveau du foie ; suivant l’autre, parce qu'il ne s'en consomme pas assez au niveau des tissus. Les expériences de Chauveau et Kauffmann prouvent que l’hyperglycémie est toujours due à un trouble de la fonction glycogénique détermi- nant la formation du sucre en excès. On sait que la fonction glycogénique re se compose pas seu- lement du pouvoir qu’a le foie de transformer et de fixer le sucre, mais aussi d’une action pancréa- tique qui permet aux substances amylacées d’être saccharifiées, et qui favorise leur fixation par le parenchyme hépatique. Le pancréas a une double sécrétion : l’une intestinale, qui facilite la saccha- rification des matières amylacées et les prépare à être fixées par le foie; l’autre, sécrélion interne, modère le déversement du glycogène et en favo- rise l'accumulation. Loin d’être opposées, ces deux actions sont parallèles. Elles sont grossièrement comparables à la double action d’un flotteur auto- matique qui, en même temps qu'ilouvre la bouche d'entrée de l’eau destinée à remplir un réservoir, en ferme l’orifice de sortie. Il faut encore, dans le diabète, tenir compte d’un autre élément : le rôle du système nerveux est très important dans la production des troubles de la fonction glycogénique. La célèbre expérience de Claude Bernard, déterminant par la piqüre du plancher du quatrième ventricule cérébral l'hyper- glycémie et la glycosurie, en est une preuve sans réplique. Dans cet ordre d'idées, M. Kauffmann a produit des expériences fort intéressantes. Il a démontré que celte piqüre faite sur des chiens dont le foie et le pancréas ont été préalablement éner- vés, détermine des effets différents si l'expérience porte sur des chiens dépancréatisés, ou sur des chiens rendus glycosuriques. Sur les premiers, il n'y a aucun effet; sur les seconds, il y a accrois- sement de glycosurie. M. Kauffmann en conclut qu'à la suite de la piqûre du quatrième ventricule, le foie fonctionne plus activement et que le sang lui apporte en excès des substances propres à être transformées en sucre et dont la surproduction est due à une histolyse exagérée. M. Thiroloix, de son côté, a fait des expériences différentes des précédentes, mais comportant des résultats généraux semblables. Pratiquant la sec- tion des nerfs du foie et des nerfs du pancréas, il vit qu'elle ne suffisait pas à déterminer la glyco- surie. Sur un animal ainsi préparé, celle-ci s'éta- blit si l’on extirpe le pancréas. Cette glycosurie est même plus grave que celle que produit l’abla- tion simple du pancréas entier. Mais, conrme elle, la greffe pancréatique la fait disparaiire. Dans toutes ces recherches, l’action dominante semble devoir être attribuée à la cellule pancréa- tique elle-même. L'expérience de Minkowski, ré- pélée par Hedon, Gley, Thiroloix, étc., esl reslée irréfutable : l’extirpation totale du pancréas a pour conséquence la glycosurie. Thiroloix, en atro- phiant le pancréas par divers procédés, a obtenu les mêmes effets; mais ceux-ci ne surviennent que si l’atrophie est complète. S'il reste quelque peu de la glande sécrétante, cette partie minime s'op- pose à l'établissement de la glycosurie. C'est pro- bablement ainsi qu’il faut expliquer l'absence de glycosurie dans les faits signalés par Mouret et autres. Mouret, après avoir injecté de l'huile dans le canal de Wirsung et lié ce canal, a déterminé de la sclérose pancréatique, des dégénérescences de l'épi- thélium glandulaire, de la dilatation des vaisseaux sans que ces lésions fussent suivies de diabète. M. Lépine, continuant ses recherches sur le fer- ment glycolytique, lrouva que la diastase saccha- rifiante produite par le pancréas perd, par l’acidi- fication au moyen de l'acide sulfurique dilué, son pouvoir saccharifiant, et prend, au contraire, des propriétés glycolytiques. En outre, pendant que le pancréas, par une excitation périphérique du vague, produit la diastase saccharifiante, le sang de la veine pancréatique ne possède qu'un pouvoir glycolytique insignifiant. Il y aurait donc une sorte de balancement entre la sécrétion externe {sac- charifiante) du pancréas et la sécrétion interne (glycolytique). M. Lépine, par hydratation de la diastase du maltde l’amylase, a obtenu un ferment glycolytique et il l’a ingénieusement expérimenté dans le traitement du diabète. Ses observations, où sont notées les quantités d'urée et de sucre uri- naire obtenues sous l'influence de ce ferment, sont dignes d'attention. M. Lépine a insisté sur la disproportion qui existe, dans certains cas, entre l’hyperglycémie et la glycosurie. De la teneur d’une urine en sucre on ne peut nullement induire la surcharge du sang en sucre. L'hyperglycémie semble seulement être en raison inverse de la polyurie, ce qui est logique. La mème loi peut, d’ailleurs, s'appliquer à presque toutes les substances trouvées dans l’u- rine (albumine, acide urique, etc.). Etant donné le courant des idées acluelles, il élait ralionnel d'essayer, dans letraitement du dia- bête, l'ingestion de suc ou de tissu pancréatique. 1054 D' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE L'expérience a été faile par M.Grube de Neuenahr. Il a employé de préférence l'extrait alcoolique de pancréas de bœuf. Les résultats ont élé nuls sur la glvcosurie même, mais ce traitement semble avoir eu une influence favorable sur lestroubles dyspep- tiques et la constipalion. M. Aussel, ayant d'abord expérimenté sur des chiens qui avaient subi l’extirpation du pancréas el ayant vu que l'ingestion de pancréas de veau faisait disparaitre la glvcosurie, soumit un diabé- tique au même lraitement el réussit à maintenir la disparilion du sucre el l'état normal des urines. Signalons encore l'intéressantessai de M. Cassael surla levure de bière employée comme médicament antidiabétique. La dose quotidienne de 50 grammes de levure de bière a amené une amélioration no- table dans l’état de quelques malades déjà arrivés : à la période cachectique ou atteints de tuberculose. IV. — GOUTTE Celte affection si commune est, en général, délais- sée dans les recherches des pathologistes. La cause en est à sa rareté relative dans les milieux hospi- laliers. Les (travaux récents faits sur ce sujet nous vien- nent surtout de l'étranger. La déclaration de van Noorden que l'allération des tissus, dansla goutte, ne serait pas due à l’acide urique, mais à un fer- ment spécial inconnu, est de nature à bouleverser les idées régnantes sur la goutte. Nous ne pouvons que la signaler, sans y insister, puisqu’aucune dé monstralion précise n’a jusqu'ici été donnée du bien-fondé de cette hypothèse. Il est à remarquer toutefois qu'avant la découverte de l'acide urique et l'établissement des théories chimiques qui domi- nent la pathogénie de la goutte, les anciens assi- milaient cette affection aux « fièvres » et que Boerhaave la Lenail pour contagieuse. F. Levison, dans un travail récent, reprend l’an- cienne conception de la rétention urique. Pour lui, la goutte tiendrait plutôt à une rélention de l'acide urique dans le sang qu'à une hyperproduction de cel acide. Il ne resterait dans l'organisme qu'à cause de l’altération des reins. Les lésions rénales sont constantes dans la goutte, les accidents ne surviennent qu'après que le rein malade est devenu imperméable à l'acide urique. Levison trouve un appui dans cerlaius faits cliniques inconteslables : il montre les intoxications, le salurnisme par exemple, agissant sur le rein et finissant par déter- miner la goutte; il dil que les urines des goutteux renferment en général moins d'acide urique que celles des individus sains, ce qui est vrai dans cer- laines phases de la maladie. Mais ces interprétations ne constituent pas des preuves irréfutables. Plus importants et plus sûrs sont les résultats obtenus par G. Klemperer. Ils confirment ce que nous savons de l'excrétion de l'acide urique dans la goutte : elle est lantôt augmentée, tantôt dimi-. nuée; mais, landis que chez les individus sains on ne constate dans le sang que des traces d’acideuri- que, chez les goutteux l'excès d'acide urique est constant dans le plasma sanguin. Il ne faut pas croire toutefois que ce soit là un signe réellement pathognomonique : car, dans d'autres maladies, dans laleucémie, ce même excès existe. De plus, il n'y a pas de rapport entre l'uri- cémie et l'acide urique contenu dans l'urine: l’uri- cémie ne coïncide même pas d'une façon absolue avec les accès de goutte. Les expériences fort instructives de G. Klem- perer ont montré que, malgré la surcharge urique du sang des goutteux, celui-ci n’est jamais à salu- ralion, et qu'il peul encore dissoudre plus d'acide urique qu'i n'en contient. Il y a donc autre chose qu'un acte chimique simple. Klemperer croil que le processus nécrosique estle premier en dale et que l'acide urique est fixé par lui :ceserait donc la confirmalion des vues d'Ebstein qui pense que le dépôt d'acide urique est précédé d'une altéra- lion musculaire du cartilage, altération surtout appréciable par l'examen du tissu à la lumière polarisée. Klemperer fail de même justice de la suralcalinilé du sang. Sang trop riche en acide urique, nécrose des Lissus sont deux faits cerlains. Sont-ils sous la dé- pendance immédiate l’un de l'autre ? On vient de le voir, nous ne pouvons l'aflirmer. Sont-ils tous deux causés par un processus dominant, encore inconnu? La question soulevée par van Noorden vient là se poser à l'esprit. À part l'emploi du salicylate de strontium pré- conisé par Wood à la dose de 0 gr. 60 à 1 gramme dans la goutte chronique avec troubles digestifs, aucune thérapeutique nouvelle n’a élé employée avec salisfaction contre la goutte. On cherche tou- jours à modifier le milieu sanguin et à déterminer la solubilité des sels uriques circulant dans l'orga- nisme, comme Nicolaïer el Bardet l'ont fait avec l'urotropine. Mais celle méthode est illusoire; et, si elle étailralionnelle autrefois, conforme aux con- ceplions d'alors, elle perd de jour en jour sa raison d'être. V. — CANCER La question de l'origine du cancer est loujours pendante. On sail que, pourles uns, le cancer se- rail parasilaire, dû à un agent figuré encore mal déterminé; pour les autres, ilrésullerait d'une dévia- tion dans l'évolution de certains tissus sous l’action d'une cause ignorée, d’une prolifération désor- donnée elatypique de certains éléments cellulaires. Le système nerveux liendrait sous sa dépendance D: A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE le processus morbide. Il est intéressant d’enregis- trer les recherches qui ont été faites récemment _ dans ces deux sens, / Jusqu'ici on a décrit dansle cancer des éléments figurés, sur la valeur desquels l'accord est loin d’être universel. On y a vu des figures coccidiennes, des sporozoaires (Malassez, Albarran, Darier, Thoma, Soudakewitch, Jurgens, Foa, etc.), des corpuscules de Russell, des cellules de morphologie spéciale et -de réactions colorées variables, des corps qui ne : seraient que des formes de dégénération cellulaire (Cornil, Cazin). M. Fabre-Domergue a consacré un lravail à l'explication de ces formes cellulaires et à la réfutation de leur nature parasitaire. Bref, les études de ces divers corps, tant micrographiques ! ) Srapniqt qu'expérimentales, n'ont pu aboutir à une preuve pleinement démonstralive du parasilisme du can- cer. Toutefois, les expériences d’inoculabilité du cancer fournissent des faits curieux. Les tentatives d'inoculation du cancer d'un genre animal à un aulre genre ont été infructueuses; les essais n’ont élé positifs que sur des animaux de même race; de chien à chien, de souris à souris. Quant à la greffe vancéreuse chez l'homme, elle n’a été obtenue que sur l'individu même quiétait porteur delanéoplasie. Les tentatives thérapeutiques ont été multipliées. Elles sont de deux ordres : les unes recherchent la guérison du cancer par l'injection des toxines microbiennes ; les autres par la sérothérapie. La marche de certaines Llumeurs malignes ayant semblé avoir été favorablement influencée par l'apparition fortuite d’un érysipèle, on essaya de _ réaliser artificiellement cette donnée. Friedreich injecla des toxines provenant des cultures de di- xerses bactéries et surtout du streptocoque. Les résullals ont été nuls sur les carcinomes; sur les sarcomes, une seule fois l'expérience a amené une amélioration de l'état général du sujet, mais non une régression vraie de la tumeur. Kocher, recou- rant au même procédé, a vu la mort survenir après une diminution passagère du néoplasme. Enfin, Coley a imaginé un procédé qui consiste à injecter des cultures sur bouillon du streptocoque érysipé- laleux, chauffées à 100°, filtrées et addilionnées d’autres toxines issues de cultures du Bucillus prodli- yiosus. Les expériences ne sont pas concluantes : il sembleraitseulementqueces méthodesseraientplus aclives à l'égard des sarcomes que des carcinomes. On a pensé augmenter les chances de succès et diminuerles dangers des inoculatious en employant non les produits issus des cullures, mais le sérum d'animaux inoculés avec le streptocoque de l’éry- sipèle. Ce sérum, entre les mains d'Emmerich et Scholl, aurait donné des résultats remarquables dans des récidives post-opératoires de cancer du sein. Par contre, ce même sérum a élé non seule- ment inefficace, mais encore toxique chez certains malades à qui Bruns l'avait injecté. D'ailleurs, il peut rester dans ce sérum, par suile d'erreurs de prépa- ration faciles à commettre, des streptocoques viru- lents: témoin ce cas de Freymuth, qui, se servant du sérum d’Emmerich et Scholl, donna au malade qu'il traitait pour un cancer de la langue un éry- sipèle vrai, qui se transmit à la femme du patient. MM. Richet et Héricourt emploient un autre procédé. Ils s'adressent au sérum anticancéreux vrai obtenu par l'injection de suc cancéreux aux animaux. Leursexpériences, par lasurprise qu'elles ont causée, méritent d’être relatées. Un ostéosar- come de la jambe ayant été opéré, on injecta le suc de la tumeur broyée à un âne et à deux chiens, qui ne présentèrent aucune réaction et sur qui on préleva ensuite une certaine quantité de sérum. Ce sérum fut injecté à une malade de M. le Professeur Terrier, qui portait une tumeur récidivée d’appa- rence fibrosarcomaleuse, dont le développement devenait menaçant. Après une dose totale de 120°° de sérum, la tumeur s’élait réduite des deux liers, ne formant plus qu'une plaque d’induration : concurremment l'élat général s'améliora. Ce même traitement fut appliqué à un malade de M. Reclus, portant une lumeur de la région stomacale. L'amélioration fut telle qu'elle dépassa tout espoir, si bien qu'on pensa avoir fait une erreur de diagnostic. Usant d’un procédé analogue, M. Boureau aurait obtenu, dans sept cas, non des guérisons, mais des améliorations notables dans l’état des malades. Tous ces essais sont trop récents, trop rares pour qu'on puisse en tirer une conclusion sérieuse. Terminons par les intéressantes communications de M. Delbet. Cet auteur proposé de substituer à la sérothérapie qui n’emploie que le sérum seul, c'esl- à-dire une humeur privée de certaines parties essentielles du sang, l’hémothérapie, qui uliliserail le sang complet. L'injection du sang brut ayant des inconvénients Lirés de son défaut de conserva- lion et de sa coagulation, M. Delbet y pare en s’op- posant à celle dernière par la précipilalion des sels de chaux au moyen de l’oxalale de soude. Le sang conserve alors sa fluidité ; il n’est privé ni de sa fibrine, ni d'une partie de ses malières albuminoïdes, et l’on peut, malgré la présence des oxalates, l’injecter sans danger. Le procédé per- mettrait, en outre, d'employer, suivant les circons- lances, soit le sang Lotal avec des globules rouges cl blanes (hémothérapie), soit le sang débarrassé par décantalion de ses éléments figurés (plasma- thérapie).M. Delbetautilisé celte méthode pour trai- ter un lymphadénome ganglionnaire généralisé avec le sang d’un chien préalablement inoculé. D' A. Létienne. 1056 L'air comprimé, comme agent de transmission de la force motrice, a certes dans l’électricité une sérieuse concurrente, Cependant il semble être loin de dispa- raitre complètement, et son emploi est encore passa- blement répan- du, par exemple dans Pexploita- tion des tram- ways, dans les travaux de mi- nes. Aussi lé- tude des perfec- tionnements à apporter aux ap- pareils qu'il u- ülise est - elle toujours ardem- ment poursuivie par quelques in- génieurs. Nous citerons aujour- d'hui un nou- veau type de compresseur d'air faquelle principe d’après lequel il est construit rend très intéressant, Letravail pro- duit quand Île piston d’une ma- chine à vapeur se déplace d’une quantité donnée est plus grand au commence - ment qu'à la fin de Ja course. En effet, ce ira- vail est repré- senté par le pro- duit P.S.d,—P étant la pres- sion de la va- peur, S la sur- face du piston, d le déplace- ment. Or, à par- tir du moment où commence la détente , P dé- croit continuel- lement. Au con- traire, lorsqu'on comprime de l'air, la pression croit de plus en plus pendant une course du piston, et le travail dépensé, correspondant à un certain déplacement, progresse de la même facon. Il n’est donc pas possible, quand les deux pistons sont directement reliés l’un à l'autre, d’équilibrer à chaque instant le tra- vail produit et le travail dépensé. La même particularité se présente dans les machines à vapeur ordinaires; mais alors la différence est plus faible que dans notre cas, ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES UN NOUVEAU TYPE DE COMPRESSEUR D'AIR dE (l CU ge LL sn in] ——_—_—_— 1 NL LH LORS SERRES ——_— l'Hperr | Fig. 2. — Représentalion du mouvement combiné du piston à vapeur el du piston à air.—Y, cylindre à vapeur; au-dessous, U, cylindre à air; 1, tige du piston à vapeur; H, tige du piston à air; À, levier de manœuvre; D, E, points fixes: B, C, petites üges reliant le levier À aux points fixes D, E; F, G, points où les tiges B, C, s’articulent au levier A. — A droite de la fiture, le dessin en traits pleins repré- sente une position extrème du piston; le dessin en traits tirés, la position con- traire. — Les lignes verticales dans les deux cylindres séparent des déplace- ments correspondants de leurs pistons, déplacements numérotés de 1 à 5. ! American Machinist. Vol. 18, n° 26, puisque le travail dépensé est en général à peu près constant pendant un tour de l'arbre. Il faut avoir recours, dans les compresseurs d’air, à des arlilices spéciaux : on emploie de très forts volants; on dispose plusieurs séries de pistons de manière à équi- librer, autant que possible, la somme des tra- vaux, ete, Mal- gré de telles pré- caulions,la mar- che de ces ma- chines est tou- jours assez irré- sulière. Dans le nou- veau type cons- truit par la New York Air Brake Company ! (fig.f), il n’y a pas de ces com- plications. On y trouve seule - ment un cylin- dre à vapeur or- dinaire , deux cylindres à air à simple effet et deux pelits vo- lants. L'équili- bre de travail est obtenu grà- ce à un mode ingénieux de liaison entre les tiges des diffé- rents pistons . Notre figure 2 en donne le dé- tail. Iest la tige du piston du cylindre à va- peur V ;H, celle du piston du ey- lindre à air U, Si la première conduisait la seconde au moyen d’un le- vier oscillant autour d’un point fixe, la vi- tesse du piston à vapeur serail dans un rapport invariable avec celle du piston compresseur et nous n’aurions aucun équilibre entre le travail de l’un et celui de l’autre. Soient S etsles sections des deux pistons et à un moment donné V etv leurs vi- tesses respectives; P, la pression de la vapeur, p celle de l'air. Si nous écrivons que le travail produit est égal an ETS en LE NO ENUT GRR RE Er A NS : ñ “ ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 1057 — trafail dépensé, nous obtenons :S.V.P=—svp. Supposons, | simple, peu coûteux, peu encombrant et dont la régu- CA AA | larité de marche ne laisse pas à désirer. Il nous reste à montrer comment varient les centres de rotation successifs du levier A de la figure 2. Ce r simplifier, S — 5; il reste : VP = vp, ou v E: s à P, | levier peut être représenté schématiquement par le . Par conséquent, pour que l'équilibre fût parfait, il fau- |! quadrilatère ABGF (fig. #), relié aux pointsfixes DetE rait que le par deux barres rigides FD et GE, articulées avec lui en Fet G. Ces deux der- niers points peu- vent donc dé- crire respecti - vementune Cir- conférence au- tour de D et de ipport des vi- _tesses fût tou- jours en raison inverse du rap- &. port des pres- … sions. C’est ce _ que l’on a cher- _ ché à réaliser _ aussi approxi - _ mativement que NII III 772 4 CZ 72277) Tai Z (27 772 ÿ LIL _ possible dans | B——— Ô ne |/ E. Les quantités Vexemple qui ou féermuirf | D - À, dns" #Aee rw dont se dépla- | nous occupe au- É EL RE Fam :/h7" cent les pistons ? jourd’hui. Pour . cela, le levier A, “I qui réunit les deux tigesIetH du compresseur sont à chaque instant propor- tionnelles aux 2 RÉ Ar = SN AM . (fix. 2), est relié A : F B projections -des à deux points Fig. 3. — Coupe du compresseur. —C, cylindre à vapeur; À,B, cylindresäair;p,q, Yitesses des fixes D et E au pistons des cylindres à air; w, 0, soupäpe d'entrée de l'air dans les cylindres; sommets A et B moyen de deux s, L, soupapes d'entrée de l'air dans leréservoir; 4; b, leviers de manœuvre. sur une droite etits bras mo- parallèle à leurs iles, B et C, articulés avec lui en F et G. Nous montre- | tiges, et c’est la loi de variation du rapport de ces quan- rons tout à l’heure que, par suite d’une telle dispo- | tités qu'il nous faudrait chercher. Le problème ainsi sition, le rapport des vitesses des deux extrémités du | présenté est passablement long et ce serait sortir de levier À varie constamment et suivant une loi que l’on | notre cadre que d’en exposer la solution complète. Nous peut déterminer à l'avance. Divisons la course totale | essaierons seulement de prévoir les résultats qu’elle du piston à vapeur en 5 parties égales marquées 1, 2, | donnerait. Dans une figure en mouvement, les différents 3, 4, 5 sur la figure 2; nous | points ont des vitesses proportionnelles à leur distance avons, avec les dimensions | au centre instantané de rotation. Ilest doncutile d’obte- des organes adoptées dans | nir le lieu de celui-ci, rapporté au plan du quadrilatère notre cas, des courses corres- | ABGF (fig. 4). Soit (fig. 5) fg une position du côté pondantes du piston compres- | FG de la figure 4. Le centre instantané de rotation se seur qui sont inégales; on | trouve à la rencontre des normales menées par deux les a marquées des mêmes | points quelconques aux courbes décrites par ces nombres 1, 2, 3, 4, 5. On voit | points dans leur mouvement. Ce sont, pour f'et g, les que plus la pression de la | prolongements des rayons fD et g E. Nous obtenons vapeur est forte, plus le pis- | ainsi le point 0. Considérons la position ab pour ton du second cylindre mar- | laquelle la droite est venue che vite par rapport à celui | dans le prolongement du du premier cylindre,et réci- | rayon b E. Le point 0 est proquement. On n'arrive évi- | alors en f. Il viendrait de A demment pas à l'équilibre | même en d pour une position D parfait, mais on s’en rappro- | de, telle que la droite pro- È A che suffisamment pour ren- | longe le rayon D. Si, pour / dre la marche de la machine | toutesles positions comprises ANT assez régulière avec deux | entre a b et de, nous cher- ‘7 f--. petits volants. chons aiusi le centre instan- ° = > ; La figure 3 montre la dis- | tané de rotation et que nous Fig. #. — Représentation Losition du compresseur com- | le reportions sur la figure 4, o chématique des liaisons : RE 3 da “HSE de ln ire > plet. Les cylindres à air À et | nous obtiendrons une courbe — Lelevier Adelafigure> B sont placés à la base, Ils | semblable à F O G. Lorsque est représenté dans cette Sont tous deux à simple effet | le point O se déplace sur figure par le quadrilatère et, dans leur ensemble, ils ABGF. I1 est relié aux jouent le rôle d'un seul cy- | cette courbe, le rapport — deux points fixes D et E Jindre à double effet. Mais 98 Mere dsbarres pes leurs pistons, grâce aux deux | dont est fonction le rapport RE traits mixtes FOG donne leviers articulés a etb,ont des | des déplacements des pistons mobile FG de lu le lieu des centresinstan- Mouvements absolument in- | du compresseur, varie d'une figure 4. — Les positions tanés de rotation du qua- dépendants, Une enveloppe | manière continue entre des successives du côté FG drilatère AFGB;,rapporté d’eau froide ies entoure com- | valeurs qu'il est facile de dé- sont représentés ici par au plan dece quadrilatère. plètement, sauf aux endroits | terminer. En modifiant les ab, gf, cd. où, dans les fonds, on a logé | dimensions du quadrilatère A les soupapes s et { donnant passage à l’air lors de son | BGF, les longueurs FD et GE, la distance entre les cen- entrée dans le réservoir. Les soupapes ” et 0, servant | tres Det E,etc., on peut obtenir la loi de variation dé- à l'entrée de l'air extérieur dans le cylindre, ontété pla- | sirée ou tout au moins s’en rapprocher d’une manière cées sur les pistons p et q. À la partie supérieure du | absolument satisfaisante. compresseur, se trouve une petite machine à vapeur Le compresseur de la New-York Brake Air C° offre ordinaire dont le cylindre est en C. La figure 1 donne | donc une intéressante application de la Géométrie une vue de l’ensemble. On a en somme un appareil | pure à la Mécanique pratique, A. Gay. 1058 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques. Cousin (Pierre), Ancien Elève de l'Ecole Normale Supérieure, Professeur au Lycée de Caen. — Sur les Fonctions de x variables complexes. (Thèse de la Faculté des Sciences de Paris.) — Extrait des Acta Mathemalica, Stockholm, Central-Tryckeriet, 1895. Le développement d’une fonction y, de n variables complexes æ, 41, ..., In —1, en série S, procédant sui- vant les puissances entières et positives des x, sert sur- tout à établir l’existence de y, considérée, par exemple, comme intégrale d’un certain système d'équations dif- férentielles. Mais étudier les propriétés de y sur Selle- même, c’est en général très malaisé. Pourn — 1, la. question est relativement avancée, grâce aux travaux notamment de MM. Mittag-Leffler, Weierstrass, Poin- caré... On sait construire S de facon à attribuer à y certaines propriétés choisies à l'avance, à fixer par exemple les zéros de y (valeurs de + où y est nulle); on sait quelquefois reconnaitre que S est le quotient de deuxautres séries... Pour n — 2 plusieurs résul- tats importants ont été obtenus par M. Poincaré. M. Cousin s'occupe de les étendre àäun nombre x quel- conque. Toute la thèse est la démonstration d’un théorème unique; l’analyser est impossible. On n’a le choix qu'entre une reproduclion presque complète, qui ne saurait trouver place ici, et un résumé de quelques lignes,dont je dois, à mon grand regret, me contenter. Une fonction y peut avoir des « pôles » où elle est infinie et des « singularités essentielles » où lesallures de y sont plus compliquées. Tout cela est bien connu. Rappelons aussi qu'une variable complexe # « est si- tuée à l’intérieur d’un cercle ayant l’origine pour centre et R pour rayon », lorsque le module de # est infé- rieur à R. Le théorème suivant est dù à M. Poincaré : « Si une « fonction analytique de deux variables complexes n'ad- « met, à distance finie, que des singularités non essen- «tielles, elle est le quotient de deux fonctions entiè- « res.» Il est généralisé par M, Cousin ainsi qu'il suit : « Si une fonction de » variables complexes n’admet « que des singularités non essentielles à l’intérieur de «n cercles, ayant pour centres les n origines et dont «chacun a un rayon fini ou infini, cette fonction est le « quotient de deux Séries entières par rapport aux « n variables, convergentes à l'intérieur des n cercles, » Voilà, àcause des nombreuses applications possibles, une importante contribution à la théorie des fonctions et une excellente thèse. Léon AUToNxE. Wirtinger (Wilhelm), Professeur à l'Université d'Innsbruck, — Untersuchungen uber Thetafune- tionen. — 1 vol. in-4° de VIII-125 pages. (Prix : 11 fr. 25.) B. G. Teubner, éditeur, Leipzig, 1895. Le trait caractéristique de l'ouvrage est la représen- talion des fonctions 6 par des séries infinies ; l’auteur a renoncé à les étudier en les considérant comme un cas particulier des fonctions périodiques générales de degré 2 n. L'ouvrage est divisé en deux parties. La première, consacrée aux fonctions $ en général, contient, après quelques remarques sur la notation employée et l’ex- position des plus importants théorèmes sur les rela- tions qui existent entre les fonctions 6, la théorie d’une figure algébrique de p dimensions dans un espace à 2P— 1 dimensions, figure qui peut-être considérée comme le cas le plus général des surfaces de Kummer. Dans la seconde partie, l’auteur étudie les figures BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX algébriques les plus facilement abordables et suffisam- ment générales dont les fonctions 6 de Riemann se dé- composent en facteurs après une tranformation, el l'équation qui comporte le plus grand nombre de paramètres pour un de ces facteurs. Après quelques chapitres sur l'annulation des fonc- tions 6 et leur représentation algébrique, l’auteur ar- rive à celte conclusion importante : Les fonctions 9 de p variables considérées dans cet ouvrage sont, dans le cas de # ou 5 variables, les plus générales possibles : lorsque p > 5, elles dépendent de 3 p paramètres; elles sont donc de trois paramètres plus générales que les fonctions 6 de Riemann, qu’elles renferment comme cas limite. 2 L. B. 2° Sciences physiques. XWitz (Aimé), Docteur ès sciences, Ingénieur des Arts et Manufactures, Professeur à la Faculté libre des Sciences de Lille. — Cours élémentaire de Mani- pulations de Physique.— 2° édition. — 1. vol. in-8° de?18 pages avec 77 fig. (Prix : 5 fr.) Gautluer-Vil- lars et fils, éditeurs. Paris, 1895. Ce volume n’est point, comme son titre pourrait le faire supposer, une réduction, à un point de vue plus élémentaire, de l’excellent Cours de Manipulations édité en 1883 et actuellement épuisé. En publiant cette nouvelle édition, M. Witz a pensé, avec raison, être utile à une certaine catégorie d'élèves en groupant dans un volume séparé un certain nombre de manipulations détachées de l’ensemble de l'Ouvrage et choisies en vue du cadre de leurs études : c’est ce volume qui vient de paraître sous le titre de Cours élé- mentaire et qui est spécialement destiné aux candidats à certaines écoles et au nouveau certificat des études physiques et naturelles. Mais, si les sujets des trente-sept manipulations réparties en dix chapitres que contient ce livre ont été choisies dans les parties relativement élémentaires de la Physique, chacune d'elles y est traitée avec autant de développements que dans l'ouvrage primitif. L'an- cienne rédaction, conservée dans son ensemble, à mème été complétée en différents points, notamment par des applications heureusement choisies pour in- téresser les élèves. Chaque manipulation est précédée d’une introduction théorique rappelant les formules qui devront être appliquées et généralement suffisante, malgré sa con- cision, pour permettre d'opérer sans recourir aux trai- tés. La description des instruments et le manuel opé- ratoire qui suivent, contiennent sans longueurs, mais avec la netteté et la clarté qui caractérisent l’Ouvrage, toutes les indications pratiques nécessaires pour mener les opérations à bonne fin; c’est surtout dans le choix et l'exposé de ces instructions que consiste la valeur d’un traité de manipulations; sous ce rapport il suffit d’un coup d'œil sur l'ouvrage de M. Witz pour y reconnaitre la main d’un professeur expérimenté et d’un habile praticien. 2 Ce premier volume est, pour ainsi dire, l'introduction au second, qui contiendra les manipulations relatives | | | | | | | | | aux parties plus élevées de la Physique; l’ensemble | formera donc un cours complet de manipulations, qui continuera à rendre, aux candidats à la licence et à ceux qui veulent pousser plus loin l'étude de la Phy- sique, les services qu'a déjà rendus l'édition de 1883; nous ne pouvons que souhaiter à la nouvelle édition le succès bien mérité de celle qui l’a précédée, E. H. AMaGar. D BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Limb (Claudius), Préparateur de Physique à la Faculté des Sciences de Paris. — Mesure directe des Forces éléctromotrices en unités absolues électroma- gnétiques, (Thèse pour le Doctorat de la Faculté des sciences de Paris.) Gauthier-Villars et fils, éditeurs. Paris, 1895. ‘ La mesure absolue d’une force électromotrice se ramène le plus souvent à la mesure d'une résistance et . d’une intensité. M. Limb s’est proposé de comparer directement la force électromotrice inconnue à une force électromotrice d’induction dans un cas où celle- ci est calculable, Dans les expériences de l’auteur, cette force électro- motrice est produite par la rofation d’un aimant à l'intérieur d’une bobine longue ; la valeur maxima de la force électromotrice sinusoïdale ainsi produite sera, sauf de légères corrections, égale au produit par #7 du nombre des spires par unité de longueur sur la bobine, multiplié par le moment magnétique de l’aimant, multiplié encore par la vitesse angulaire de rotation. Pour connaître exactement le nombre de spires, on mesure le pas de la vis du tour, et l’on multiplie le nombre par la raison du train d’engrenages qui com- mandait cette vis au moment du filetage de la bobine, Le moment magnétique est déterminé par la méthode classique de Gauss; quant à la vitesse de rotation, on l’obtient en enregistrant simultanément sur le cylindre de l'appareil de Marey les tours de l’aimant, et les oscil- lations d’un pendule à seconde; on a pu, d’aillèurs, maintenir cette vitesse remarquablement constante au moyen d'un frein à ficelle en se guidant sur les indi- cations d’un tachymètre, dont le très ingénieux prin- cipe a été donné par M. Lippmann. La comparaison de la force électromotrice induite et de celle des élé- ments que l’on veut étalonner, se faisait à l'aide d’un -potentiomètre spécial habilement disposé. Avec l’ap- pareil utilisé, les forces électromotrices développées par induction étaient de l’ordre d’un demi-volt; l'au- teur indique qu'il serait facile, avec une bobine plus considérable, d'obtenir une valeur quatre ou cinq fois plus grande, et, par suite, une précision plus haute; mais de la discussion des expériences il ressort incon- testablement que les résultats sont déjà des plus sa- tisfaisants, les valeurs trouvées pour les éléments étudiés sont certainement exacts jusqu’au troisième chiffre décimal, ainsi les forces électromotrices à 0° sont1 volt#53 pour l’étalon Latimer Clark, 1 volt392 pour l’étalon Gouy; le volt employé ici est, bien entendu, le volt absolu, et non le volt légal. Ces nombres sont presque identiquement ceux que divers expérimenta- teurs avaient trouvés indirectement. Le travail de M. Limb est, pourrait-on dire, parfait; il est conduit avec une véritable autorité. Ge n'est certes point l'essai encore hésitant d'un débutant, mais bien l’œuvre assurée d’un expérimentateur consommé. Quelques personnes, à qui, sans doute, manquerait la persévérance nécessaire pour poursuivre sans dé- faillance un travail d'aussi Jongue haleine, pourraient être tentées de demander si l'intérêt, incontestable d’ailleurs, qu’il y avait à obtenir une évaluation directe des forces électromotrices confirmant les résultats déjà obtenus indirectement, était cependant assez puissant pour justifier un effort aussi considérable,et si le résultat atteint récompense suffisamment les années et le talent dépensés. A ces sceptiques, il serait aisé de répondre que le résultat principal n’a pas été le seul fruit du travail ; une foule de résultats, de détails ont été obtenus par surcroît : M. Limb a prodigué à chaque pas les idées Les plus heureuses. Citons, par exemple, de très importants perfectionnements apportés à la méthode de Gauss, une modification très avantageuse, universellement adoptée aujourd’hui, de l’électromètre Lippmann, la construction d’un potentiomètre com- mode et précis, etc.; et, certes, ce ne sont point là des résultats négligeables. Lucien Poincaré. 3° Sciences naturelles. Jacob de Cordemoy (Hubert). — Recherches sur les Monocotylédones à accroissement secon- daire. (Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris.) — Un vol. in-8° de 108 pages, avec 3 planches. Imprimerie Le Bigot, Lille, 1895. On sait que certaines plantes monocotylédones offrent, par exception, dans quelques-uns de leurs or- ganes, des tissus secondaires produits parun méristème à activité temporaire ou permanente. Ces plantes n’ont été l’objet d’aucun travail général. L’auteur de ce mé- moire s’est proposé de comparer le plus grand nombre de types possible, appartenant aux diverses familles qui présentent ces dispositions. Elles se rencontrent chez les Liliacées où elles sont fréquentes, chez les Ama- ryllidées, les Iridées et les Dioscoréacées où elles viennent d’être l’objet d’une étude très approfondie de la part de M. C. Queva. Il ne paraït pas que M. Jacob de Cordemoy ait eu l’occasion d'examiner aucune des Iri- dées frutescentes où l’on a signalé des formations se- condaires. La plupart des plantes examinées par l’auteur n’ont pas de formations secondaires dans leurs racines ; on y remarque seulement un grand développement du bois et du liber primaires, développés postérieurement à la différenciation des faisceaux primitifs, aux dépens de certaines cellules du tissu conjonctif central. Dans plusieurs espèces de Dracæna seulement, des forma- tions secondaires se produisent dans l’écorce; les fais- ceaux secondaires, corticaux, sont mis en relation avec les faisceaux primaires, grâce à une prolifération des cellules du péricycle qui forment, à travers l’endo- derme, des faisceaux d’union pourvus de trachéides. On doit distinguer deux types de tiges chez les Mo- nocotylédones à accroissement secondaire. Chez les Dracæna, Cordyline et Aloe, le parenchyme secondaire se lignifie, Ailleurs il reste mou, Le méristème qui produit l’ensemble des tissus secondaires est d’origine péricyclique. On connait le développement des fais- ceaux secondaires corticaux des Dracæna et des Yueca ; ils se composent de trachéides et de tissu libérien; dans les rhizomes des Dioscoréacées, il n‘y aurait pas de trachéides ; tous les faisceaux, primaires et secon- daires, y seraient construits sur le même type; ce se- raient des faisceaux libéro-ligneux normaux. Quand le parenchyme se lignifie, il constitue un organe de sou- tien pour la plante ; quand il reste mou, ses cellules se remplissent de substances de réserve. Quant aux fais- ceaux, partout où ils existent, ils remplissent les fonc- tions ordinaires de faisceaux et forment, en outre, la base d'insertion du système vasculaire des racines et de celui des bourgeons. L'auteur considère l'apparition des tissus secondaires chez les Monocotylédones comme un perfectionnement qui rapproche ces plantes de cer- taines familles Dicotylédones. Il n’y a de formations secondaires ni dans l'axe flo- rifère ni dans les feuilles. En ce qui concerne les Dioscorées, on comparera avec intérêt le travail que nous venons d'analyser à celui que M. C. Queva a consacré à ce sujet (Voy. Re- vue générale des Sciences, 1895, p. 861). C. FLAHAULT. Michotte (Félicien), — Traité scientifique et in- dustriel des plantes textiles. Supplément au tome III : L'ortie. — 1 vol. in-8° de 80 pages avec fig. (Prix 2 franes). Office technique. 21, rue Condorcet et J. Michelet, 25, quai des Grands-Augustins, éditeurs. Paris, 1895. L'auteur, continuant ses études sur les textiles d’o- rigine végétale, entreprend aujourd’hui la réhabilitation de l’Ortie; il montre quel parti pourraient en tirer l’a- griculture et lindustrie, Mais la routine est si puis- sante et la mauvaise réputation de cette malheureuse plante si bien établie que les louables efforts de l’auteur ne réussiront sans doute pas à vaincre des préjugés si fortement enracinés. 1060 Aubert (E.), Docteur ès sciences, Agrégé de l'Univer- sité, Professeur au Lycée Charlemagne. — Histoire naturelle des Etres vivants. Tome I : Anatomie et Physiologie animales et végétales. 1 vol. in-8° de 56% pages avec 579 fig. — Tome II. Fascicuie I : Reproduction chez les animaux et compléments. A vol, in-8° de 108 pages avec 69 fig. Fascicule IT : Classifications zoologiques et botaniques. 1 vol. in-8S° de 830 payes avec 946 fig. (Prix de l'ouvrage relié: 16 fr.) André fils, éditeur, 6,rue Casimir-Dela- vigne. Paris, 1894-96. Si l’on fait abstraction des traités spéciaux écrits pour les étudiants en médecine, il n'existe pas chez nous d'ouvrages intermédiaires entre les livres néces- sairement succincts destinés à l’enseignement secon- daire et les grands ouvrages spéciaux sur l'anatomie, la physiologie et la classification des êtres vivants. L'Histoire naturelle des Étres vivants de M. Aubert vient très heureusement combler cette lacune et sa publica- tion correspond précisément à l’organisation d’un nouvel enseignement créé il y a un an dans nos Facul- tés des Sciences. On voit en effet qu'un décret du 31 juillet 1893 a institué un nouveau grade, le bacca- lauréat des sciences physiques et naturelles, exigible des futurs étudiants en médecine. La préparation à cet examen qui pouvait fort bien être confiée à l’en- seignement secondaire, au même titre d’ailleurs que sa préparation aux grandes écoles, a été, par une mesure spéciale, transportée dans les Facultés des Sciences el nous devonsreconnaître que cette infusion d'un sang nouveau a sauvé quelques-unes de ces Facul- tés d’une mort qui paraissait imminente. C’est spécialement au programme de ce nouvel en- seignement que correspond l’Histoire naturelle des Ëtres vivants de M. Aubert. Le premier tome, comprenant l'anatomie et la physiologie desanimauxet desplantes, convient aussi bien à l'enseignement des lycées qu’à celui des nouveaux cours institués dans les Facultés, L'auteur a su exposer très clairement les notions que tout homme instruit doit possédersur les êtres vivants De nombreuses figures schématiques, parfaitement choïsies, viennent compléter le texte. M. Aubert, nous l'en louons sans réserve, n’a pas voulu reproduire, sous une forme nouvelle, comme on le fait trop sou- vent, des vérités et des erreurs consacrées par un long usage. Nous pourrions citer maintes questions qu'il a su exposer clairement en s'inspirant des travaux les plus récents ; ct on reconnaîtra sans peine que cette partie de l’ouvrage consacre très nettement un progrès. D'ailleurs l'auteur a profité de la publication du premier fascicuie du tome Il, pour ajouter quelques compléments sur certaines glandes (thymus, corps thyroïde, etc.), sur les organes photogènes et pour exposer en quelques pages les principaux résultats des plus récents travaux sur la structure du système ner- veux. En dehors de ces chapitres qui viennent complé- ter le tomel, ce fascicule contient un résumé très clair de la reproduction et du développement des ani- maux. Le dernier fascicule du tome II comprenant plus de 800 pages avec 945 figures est consacré tout entier à la classification des animaux et des plantes. L'auteur a condensé dans un cadre relativement restreint les ca- ractères permettant d’embrasser dans son ensemble la multitude si variée des êtres vivants. De nombreuses figures, les unes d’après nature, les autres schéma- tiques, représentent les caractères extérieurs ou l’orga- uisation des principaux types. j Enfin quelques notions de paléontologie jointes à deux chapitres distincts sur la distribution géogra- phique des animaux et des plantes donnent au lecteur la possibilité de se représenter, au moins dans ses grandes lignes, la répartition des êtres vivants dans le temps et dans l’espace. Tel qu'il est concu, l'ouvrage de M. Aubert nous pa- rait non seulement appelé à rendre de réels services BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX dans l’enseignement secondaire et à servir de guide aux jeunes étudiants qui se préparent à subir les épreuves du baccalauréat des sciences physiques et naturelles ; maisilnous semble aussi qu'un telouvrage sera de la plus grande utilité aux personnes qui, s’in- téressant aux sciences naturelles sans avoir le loisir d’en faire une étude approfondie, désirent cependant, soit acquérir une idée d'ensemble du monde organisé, soit rechercher à l’occasion les caractères d’un groupe déterminé. Enfin, dans les sciences naturelles comme partout ailleurs, l’enseignement pour porter tous ses fruits doit être progressif et nous pensons qu’une lec- ture attentive du tome Il, consacré aux classifications, sera pour les étudiants à la licence une excellente pré- paration qui leur permettra d’embrasser les caractères généraux d’un groupe avant d'aborder les détails. Répondant à des besoins si divers, l’Histotr'e naturelle des Êtres vivants ne peut manquer de rencontrer le suc- cès que ses qualités lui assurent et que nous sommes particulièrement heureux de lui souhaiter. H. LEcONTE. 4° Sciences médicales. Galippe (V.),Chef de Liboraloire à la Faculté de Méde- cine de Paris, et Barré (G.), Docteur en Médecine, Ingénieur-agronome. — Le Pain. Tome 1 : Puysio- LOGIE. COMPOSITION. HYGIÈNE. Tome IT : TECHNOLOGIE, PaINS DIVERS. ALTÉRATIONS. — 2 vol. pelits in-8 cle 224 et 216 p., de l'Encyclopédie scientifique des Aide- Mémoire, publiée sous la direction de M. H. Léauté. (Prix chacun ; broché, 2 fr. 50 ; cartonné,3 francs.) Gau- thier- Villars et G. Masson, éditeurs. Paris, 1895. Ces 2 nouveaux volumes de-l'Encyclopédie des Aide- Mémoire sont bien faits pour conserver sa réelle valeur à la publication que dirige M. Léauté, Ils mettent en. lumière, avec documents de fous ordres à l'appui, ce fait qui devrait n'avoir pas besoin d’être démontré, à savoir que nous avons dans le pain dont nous usons chaque jour un aliment de première importance, ca- pable de réparer nos forces et de nous aider à résister aux atteintes de la maladie; ils montrent, par contre, comment, sous prétexte d'améliorer cet aliment essen- tiel, nous lui avons fait perdre une grande partie de sa valeur nutritive, nous privant ainsi d'une ressource ali- mentaire précieuse. Nous ne voulons plus manger que du pain blanc, du pain de fantaisie, tandis que nous aurions tout avantage à manger du pain bis, le pain de ménage de nos campagnes. Les auteurs ont compris que, pour faire entrer cette manière de voir dans l'esprit du public, il était néces- saire d'apporter des preuves convaincantes. On peut dire qu'ils n’ont rien négligé pour atteindre ce but etils ont développé, avec une logique saisissante et toute scientifique, un plan, d’ailleurs très simple, mais tout à fait suggestif, et qu'on peut résumer en quelques lignes : L'acide phosphorique est un élément indispensable à la vie. Nous avons bien reconnu pour les plantes, puisque nous leur fournissons des engrais riches en phosphates. Or la même nécessité existe pour les ani- maux. MM. Galippe et Barré le prouvent surabondam- ment dans un chapitre qui est certainement un des plus intéressants de leur ouvrage. Dès lors n'est-il pas tout simple de redemander aux plantes, aux céréales, qui l'ont emmagasiné, le phosphate dont nous avons besoin. C’est précisément ce que nous pouyons faire en ayant soin de ne pas systématiquement éliminer ces phosphates dans la préparation du pain. Mais il y a pain et pain. Les analyses nous démontrent que les pains de luxe bien blancs, d’un bel aspect, ne sont guère qu'un mélange d’eau et d’amidon; en excluant énergi- quement telles parties de l'enveloppe du grain de blé qui pourraient enlever à la farine sa blancheur imma- culée, nous excluons par cela même la presque totalité des phosphates, tandis que ceux-ci se trouvent conser- vés, au contraire, dans le pain bis d’où l'enveloppe du BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1061 grain n’est pas rejetée. C'est ainsi que les farines pro- | spontanée des lapins, ceile des furets ; la Rinderseuche, venant des moutures au moyen de cylindres, malgré la faveur qui les accueille, ne valent pas les farines obtenues des meules, car les premières sont réduites ou à peu près à l’amidon du blé, tandis que les secondes conservent plus de principesnutritifs. On trouvera dans le deuxième volume des renseignements techniques très intéressants sur la panitication, les dizerses varié- tés de pains (pains de luxe, pains de munition, de seigle, d'avoine, de maïs, etc.); on y verra que l'erreur des pains de fantaisie ne date pas d’hier et qu'aux xu° etre siècles il en existait plus de 20 variétés, depuis les « pains de pape, de cour, de la bouche, de cheva- lier, d’écuyer, de chanoine » etc. jusqu’au Doubleau, au pain de Chailly, au pain bourgeois, au pain bisblanc, bis, etc. etc. Un-chapitre spécial est consacré aux altérations du pain. En fin de compte, les auteurs ont fait œuvre des plus utiles, comme on pouvait l’attendre d'eux, et nous nous associons pleinementaux dernières lignes de leurs conclusions, quand ils écrivent : « Nous ne voudrions pas qu'on nous accusât de faire, du pain bis et, d'une facon plus générale, des aliments riches en phosphates, une paracée universelle, capable de rendre à l'huma- nité son énergie physique primitive ;mais nous pensons que tout ce qui produit, tout ce qui dépense, tout ce qui grandit, a besoin d'éléments minéralisateurs et que le pain, préparé d’une facon rationnelle, est -une source inépuisable d'éléments d’entretien etde restau- ration. » Dr H. BEAUREGARD. Nocard (Ed.), Professeur à l’ Ecole vétérinaire d'Alfort, Membre de l'Académie de Médecine, et Leclainche (E.), Professeur à l'Ecole vétérinaire de Toulouse, — Les Maladies microbiennes des Animaux. — { vol. gr. in-8° de 816 pages. (Prix: 16 fr.) G. Masson, Paris, 1895. _ Ce livre n’est pas seulement destiné aux élèves des Ecoles vétérinaires; tout homme de science, s’occupant de pathologie générale, le lira avec fruit et y trouvera plus d’un utile renseignement. Cet ouvrage est, en effet, extrêmement documenté; l’historique de chaque ma- ladie est traité avec un soin particulier ; on assiste pas à pas aux progrès de la science, et on la voit se rap- procher de plus en plus de la vérité, qu’elle est desti- née à ne jamais atteindre. La lecture de cette partie de l'ouvrage est particulièrement attachante, les détails peu connus abondent, et l’on constate souvent avec plaisir que les auteurs tirent d’un oubli immérité un travailleur inconnu, dont la découverte méritait de fixer l’attention, et dont les mémoires étaient parfois laissés longtemps de côté par les sociétés qui les avaient accueillis, Après l’historique vient l'étude bac- tériologique et anatomopathologique de la maladie étudiée, Cette partie a une valeur considérable, et heu- reusement est fort développée : c’est la partie vraiment scientifique de l'ouvrage, et la grande compétence des auteurs nous inspire toute confiance dans les rensei- gnements que lon peut y chercher. La distribution géographique de la maladie étudiée, les espèces ani- males qui peuvent en être affectées, la statistique, l'étude clinique chez les différentes espèces, si cela est nécessaire ; les différentes formes que peut revêtir la maladie, les lésions, le diagnostic sur le vivant et sur le cadavre; létiologie et la pathogénie; le traitement, la vaccination quand elle est possible, la prophylaxie et la législation, forment autant de chapitres divisant l’article destiné à chaque maladie; tous sont traités avec une érudition considérable, et nous offrent un résumé exactet très complet de l’état actuel de chaque question. Les maladies qui figurent danscetimportant ouvrage sont les suivantes : Les septicémies hémorrhagiques. Sous ce titre sont décrits: les choléras et entérites des diffé- rents oiseaux de basse-cour, ainsi que les maladies des grouses, des palombes et des canaris ; la septicémie maladie des Bovidés et des Ruminants sauvages, qui, en 1872, a décimé les cerfs des parcs des princes de Bavière; le « barbone » des buffles; la maladie du mais-fourrage, la pleuro-pneumonie septique des veaux, la pneumonie contagieuse du porc et la pneumonie- entérite ou infectieuse. Les auteurs insistent sur la grande analogie de ces différentes maladies, analogie signalée pour la première fois par Hueppe, et qui justifie leur groupement dans un même chapitre. Viennent ensuite : le Rouget du pore, la fièvre charbon- neuse, le charbon symptomatique, la péripneumonte, la peste bovine, le coryza gangréneux des Bovidés, la fièvre aphteuse, la vaccine (horse-pox, cow-pox), la clavelée, la maladie des chiens, la gourme, la tuberculose, l'actino- mycose, la botryomycose, le farcin du bœuf, la lymphagite épizootique, la morve, la dourine, la rage, la pyélo-né- phrile bacillaie des Bovidés et les mamimites des vaches et des brebis, Pour donner au lecteur une idée plus complète de la manière dont ce livre a été concu, nous ferons une courte analyse de l’étude d’une maladie, la vaccine par exemple. L'historique renferme l'exposé des travaux bien connus de Jenner, à qui l’on doit la substitution de la vaccine inoffensive à la pratique dangereuse de la variolisation ; puis les recherches de Loy, de Péte- lard, de Samans et de Lafosse. Enfin Henri Bouley dé- montre, en 4862, que le cheval est l'hôte naturel de la maladie, qu'ildéerit dans toutes ses formeset à laquelle il donne le nom du horse-pox. Déjà Jenner avait éla- bli l’origine équine du cow-pox, et découvert les pustules de horse-pox sur les jambes des chevaux, ma- ladie à laquelle il avait donné le nom de « Sore-heels ». Puis les recherches de Chauveau ‘nous montrent que l'agent virulent revêt la nature corpusculaire ; ce savant provoque chez le cheval des éruptions généralisées en injectant le pus vaccinal dans les lymphatiques ou les vaisseaux sanguins, ou enles faisant pénétrer dans l'organisme par les voies naturelles de l'absorption. Les auteurs insistent ensuite sur le peu de confiance que l’on doit avoir dans les travaux des bactériologistes qui croient avoir isolé les parasites causes de la mala- die. Vientensuite une intéressante discussion de la question d'identité des deux maladies : vaccine et va- riole, question queles travaux déjà anciens de Chauveau nous autorisent à trancher par la négative; les affir- mations contradictoires (Eternod et Haccius, Hime, etc.) étant basées probablement sur des expériences enta- chées d'erreur. Exécutées dans des instituts vaccinaux, ces expériences ne peuvent entrainer la conviction, car les animaux en observation, maniés par le personnel in- férieur de l'établissement, ont pu être accidentellement contaminés par le vaccin. Vientensuite l'étude spéciale du « horse-pox », son histoire spéciale ; la description des symptômes de la maladie, des éruptions buccale pituilaire, conjonctivale et cutanée; l'exposé des lésions. Dans le chapitre réservé au diagnostic, sont décrits les caractères qui empêchent, suivant les cas, de confondre la maladie avec la morve aiguë, la dou- rine, l'exanthème gourmeux, l'acné contagieux, le farcin, les eaux-aux-jambes, etc. L'étiologie, le traite- ment et la prophylaxie terminent cette étude. Le cow-pox est l’objet d'un travail semblable. Enfin, le chapitre de la vaccine se termine par l'exposé de son étude expérimentale. Là sont résumées les recherches relatives à la virulence des différents tissus pris surun sujet malade, à la réceptivité des différents animaux, au mode de pénétration du virus chezles sujets sains, à la pathogénie, et nous voyons à chaque page le nom de M. Chauveau, à qui est due la majorité de ces im- portantes recherches. Nous trouvons ensuite l'étude de l’immunisation et de la préparation du vaccin animal. En résumé, ce livre, que l’on ne saurait trop louer, comble une importante lacune dans la science, et il serait à souhaiter que nous en eussions un autre, fait avec le même soin, traitant des maladies microbiennes de l’homme, Ch. CONTEJEAN, 1062 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 18 Novembre 1895. Liste des candidats présentés en remplacement de M. Verneuil: 1° M. Ollier, 2° M. Lannelongue, 3° M. Just Lucas-Championnière. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES.— M. le Secrétaire perpé- tuel signale un mémoire de M. Wilhelm Schur ayant pour titre : « Die OErter der helleren Sterne der Præ- sepe », extrait des Annales de l’Observatoire de Gôt- tingue. — M. Sarrat soumet un mémoire ayant pour titre: Démonstration du théorème de Fermat. Impossi- bilité de l’équation at Æ br — € en nombres entiers. — M,9J. Guillaume adresse les observations du Soleil, faites à l'Observatoire de Lyon (équatorial Brunner), pendant le deuxième trimestre de 1895. La somme des taches continue à diminuer tandis que le groupe de facules ne présente pas de variations sensibles, — MM. L. Baclé et Ch. Frémont ont utilisé leur élasti- cimètre, enregistrant le diagramme du travail dans le poinconnage et le cisaillement des métaux, comme méthode d'essai pour ces derniers corps. Ils ont déter- miné, par des observations multiples, l'interprétation à donner aux divers éléments caractéristiques des dia- grammes de poinconnage et de cisaillement. L’ordon- née maximum du diagramme de poinconnage fournit, sur la résistance du métal, un renseignement aussi précis que l'essai à la traction. Les autres éléments du diagramme apportent aussi des indications sur la malléabilité et permettent d’en apprécier la nature aussi complètement que la traction, — M. Charles Henry donne la description d’un dynanomètre de puissance spécialement applicable aux études physio- logiques; cet appareil fournit une courbe des puis- sances instantanées caractéristique de chaque sujet et de chaque masse musculaire. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Laborde adresse une note sur les causes de la formation de la grêle. — M. Lecoq de Boisbaudran signale une bande d’ab- sorption observée dans certaines portions d'un frac- tionnement de terbine et caractéristiqne d’un élément nouveau. L'auteur désigne par Z3 l'élément caractérisé par cette raie L— #87,7.— M.T. L. Phipson a établi, par un certain nombre d’expériences, les résultats sui- vants concernant l’origine de l'atmosphère : 1° Dans les périodes géologiques les plus éloignées, l'azote for- mait, comme aujourd’hui, la partie principale de lat- mosphère de la Terre. 2 La présence de l'oxygène libre dans cette atmosphère est entièrement due à la végétation; les plantes primitives étaient le moyen dont la nature s’est servie pour fournir ce gaz à l’air, 3° Les plantes de nos jours, comme étaient celles des plus anciennes époques géologiques, sont essentielle- ment anaérobies. 4° À mesure que la quantité d'oxy- gène libre a graduellement augmentée dans la suite des siècles, la cellule anaérobique a dû se modifier pour devenir plus ou moins aérobique. 5° Les algues unicellulaires les plus inférieures donnent encore au- jourd’hui beaucoup plus d'oxygène que les plantes supérieures. 6° Le système nerveux cérébro-spinal s’est développé de plus en plus avec l’augmentation de la quantité d'oxygène libre. — M. Ch. Moureu a réa- lisé la synthèse du méthyleugénol et établi ainsi défi- nitivement la formule de l’eugénol qui est un allyl- gaiacol. Le procédé consiste à faire réagir l’iodure d’allyle sur le vératrol en présence de la poudre de zine, qui provoque l'élimination de l'acide iodhydrique; celui-ci déméthyle partiellement le vératrol en donnant de l’iodure de méthyle, du gaïacol et de la pyroca- téchine.— M. E. Gérard a étudié les cholestérines des végétaux inférieurs, tels que la levure de bière, le mu- cor mucedo et le lichen pulmonaire; toutes ces choles- térines appartiennent à un groupe bien spécial, au groupe de l’ergostérine. Ces cholestérines se différen- cient nettement de la cholestérine animale par l'ac- tion de l’acide sulfurique concentré seul ou en pré- sence du chlorure de carbone. — MM. G. Bertrand el A. Mallèvre ont recherché la pectase dans le règne végétal et l'ont rencontré dans tous les organes, les racines, les tiges, les feuilles, les fleurs et les fruits; elle est répandue universellement dans les plantes vertes; mais elle est surtout abondante dans les feuilles et c'est probablement de là qu’elle se répand dans les autres organes. La richesse de certaines feuilles permet dé réaliser la préparation de ce fer- ment. — M.A. Lacroix a reconnu que le chromocre, la glauconie, la céladonite, la chamosite, la bavalite, l'aerinite et la magnésite, qui à l'œil nu ont une struc- ture compacte ou terreuse, ne sont pas amorphes, mais sont formés, en tout ou en partie, par une substance cristalline à propriétés définies ef spéciales à chacun d’entre eux. Ces substances possèdent toutes la struc- ture des micas, caractérisée par un clivage facile, lamelleux, qui en outre est plus ou moins perpendicu- laire à une bissectrice aiguë négative, —M,.Fr. Walle- rant à cherché à reconnaitre si les feldspaths sont isomorphes au point de vue optique par la comparai- son de leurs constantes optiques fixées récemment par M. Fouqué. L'auteur n'a pu tirer de cette comparai- son aucune conclusion certaine. —M. $S. Winograd- sky a pu isoler l’agent microbien durouissage du lin ; il a pu reconnaitre que :1° Le bacille peut faire fermen- ter le glucose, le sucre de canne, le sucre de lait, l’'amidon, mais à la condition que le liquide contienne de la peptone; avec de l’ammoniaque comme source unique d’azote le microbe est absolument dépourvu d’actionsur ces substances, 2° Les matières pectiques, pecline ou acide pectique, extraites du lin, des poires, des carottes, etc., sont décomposées déjà, en présence d'un sel ammoniacal comme seul aliment azoté, avec une facilité extraordinaire. 3° La cellulose est absolu- ment inattaquable par ce bacille, la gomme arabique ne l’est pas non plus. C. MATIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Ad. Chatin fournit les caractères d’une nouvelle truffe de Téhéran. Elle forme des tubercules de 15 à 60 grammes, à périderme lisse, parfois fendillé, brun noir, se foncant encore après la récolte, La chair en est blanchâtre, passant au bistre par la dessiccation, assez molle, peu sapide. Les spo- ranges sont ovoides, à très court pédicule, octospores, à membrane souvent disparue à la maturité des spores, Spores rondes, caractéristiques du genre Terfezin. Cette nouvelle espèce se rapproche de T. Leonis, el l’auteur lui donne le nom de Terfezia IHanotauxii, — M. Pieri a étudié, comme suite à sesrecherches sur les Tapidés, la résistance de ces mollusques aux varialions de milieu, telles que la diminution et l'augmentation de salure, Cette dernière est mieux supportée que la première. L'auteur examine aussi l’action de diverses substances toxiques (créosote, laudanum, nicotine, co- caine, cyanure de mercure). — M. Marchal fournit les résultats de ses étudessur la reproduction des Guêpes, Un nid de Guêpes se compose de deux ordres de cellules, les petiteset les grandes, Ces dernières constituent la partie inférieure, les autres la partie supérieure, La reine chez les Guèpes marque un stade moins perfec- tionné dans les phénomènes relatifs à la reproduction que chez l’Abeille, car, en présence des petites cel- Jules, elle pond au hasard des œufs qui donneront des mäles ou des ouvrières. En présence des grandes cel- . Jules, elle fournit des œufs fécondés et femelles, - Quant à la production d’ouvrières fécondes, elle est liée au mode de nutrition de l'adulte, c’est-à-dire lorsque lacolonie récoltantel’emporte de beaucoup sur - la colonie larvaire. — M. Vuillemin signale une ma- . ladie du prunellier contractée spoutanément par un Erable. L’Uncinula Prunastri peut se développer en effet surl’Acer campestre, mais n’en est pas un habitant nor- mal. — M. Remy Saint-Loup, au coursde recherches expérimentales relatives aux modifications de l’espèce, à obtenu l'apparition, chez des cochons d'Inde, d’un _ doigt supplémentaire aux paltes postérieures, transmis actuellement jusqu’à la troisième génération, L'auteur n'a pas encore déterminé, parmi les causes qui ont . pu agir, celle qui est principale ou unique. — M. de - Mojsisowics, en examinant des débris de Céphalopodes fossiles provenant de la Nouvelle-Calédonie, a reconnu un genre Arcestes d'ammonites du Juvavien, puis un Phylloceras du même étage et un Orthocéras du Juva- vien supérieur. Les couches à Céphalopodes de la ;. Nouvelle-Calédonie appartiennent donc au Trias. — - è = : MM. Phisalix et Bertrand étudient l’emploi du sang de vipère et de couleuvre comme substance antiveni- meuse. Ces reptiles sont immunisés pour leur propre venin par une sorte d’auto-vaccination, J. MARTIN. Séance du 25 Novembre 1895, M. Lannelongue est élu membre de la Section de Médecine et de Chirurgie en remplocement de feu M. Verneuil. — MM. Daubrée et Tisserand sont nom- més membres de la Commission du prix Lecomte. — M. P. Déherain fait hommage, au nom de M. E. C. Ber- trand et au sien, d’une brochure intitulée : « Julien Vesque, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences et à l’Institut agronomique. » 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Rayet adresse ses observations de petites planètes, faites au grand équatorial de Bordeaux. — M, Esmiol donne ses ob- _ servations de la nouvelle comète Perrine, 16 no- vembre 1895, faites à l'observatoire de Marseille (équa- torial d’Eichens de 0,26 d'ouverture). — M. Camille Flammarion compare les observations des neiges polaires de Mars faites à l’observatoire de Juvisy avec - celles de Barnard à l'observatoire Lick (Californie). La diminution des neiges est évidente dans les deux séries d'observation ; en outre,ces diminutions sont du même ordre de part et d'autre. — M. Maurice Fouché étudie le déplacement d’un trièdre trirectangle autour de son sommet quand la position dece trièdre dépend de deux paramètres et établit des relations entre certains inva- riants relatifs à l’ensemble des positions du trièdre. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Gouy a repris l'étude expérimentale des propriétés capillaires de l'acide sulfurique étendu et détermine,pointpar point, la dérivée d°h av= 1° Le maximum de la hauteur est d'autant plus petit que la solution est plus concentrée, 2° La dérivée seconde est toujours négative; par suite, la courbe re- présentative de la hauteur ne présente ni point d'in- ilexion, ni tendance vers une limite. 3° La valeur absolue de la dérivée seconde n’est pas constante. 4°Les variations de température produisent une petite varia- tion de la hauteur. — M. Grimaux a préparé le quino- phénéthol ou quinéthol, en faisant agir la glycérine et l'acide sulfurique sur le phénate d'éthyle ou phéné- thol ; il donne les propriétés de ce corps qui fournit un dérivé nitré quand on le traite par un mélange d'acide azotique et d'acide sulfurique. Le nitroquinéthol, ré- duit par le chlorure stanneuxen solution chlorhydrique, donne l’amidoquinéthol C!!H10(AzH?) Az0, — M.Mau- rice François a étudié la décomposition de l'iodure mercureux sous l'influence du phénol; cette décompo- sition à l’ébullition est limitée par la quantité d'iodure mercurique existant en solution. La décomposition ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1063 s’arréte toujours quand100parties deliquidecontiennent 26°,75 d’iodure mercurique. Le phénol chargé de plus de 25°,75 d’iodure mercurrique dissout à l’ébullition un peu d’iodure mercureux et lelaisse déposer par refroi- dissement en cristaux microscopiques, mélés de beau- coup d’iodure mercurique. — M. Vigouroux indique la préparation et les propriétés du siliciure de manga- nèse, Ce corps peut être préparé de trois facons difré- rentes : 1° action directe du silicium sur le métal; 2° action du silicium sur l’oxyde; 3° action du carbone sur un mélange de silice et d'oxyde. C’est un corps à éclat métallique, dur et cassant, bien cristallisé, que le chlore, le brome, l’iode et surtout le fluor attaquent facilement. Les acides étendus le décomposent aussi, tandis que la potasse en solution est sans action. Il répond à la formule SiMn?. — M. Brociner rappelle ses travaux antérieurs sur la toxicité de l’acétylène : 1° S'il existe une combinaison réelle de l’acétylène et de l’hémoglobine, cette combinaison est très instable et nullement comparable, sous ce rapport, à la combinai- son que forme l’hémoglobine avec l’oxyde de carbone. 2° L’acétylène paraît n’exercer qu’une action toxique très faible et quin’est pas plus marquée que celle des carbures d'hydrogène ordinaires, tels que le formène, l’é- thylène,le propylène. —M.Magnier dela Source expose un certain nombre de réactions de l'acide tartrique el des tartrates alcalins, réactions intéressantes au point de vue de la chimie analytique.— MM. Bourquelot et Bertrand établissent que la laccasse (ferment soluble oxydant) existe non seulement dans les plantes vertes, mais qu'on la trouve également, et dans des conditions plus faciles à étudier, chez les plantes dépourvues de chlorophylle. — M. Balland à étudié la répartition des matières azotées et des matières minérales dans le pain : contrairement à l'opinion admise de Rivot et de Barral, la cuisson du pain se fait sans destruction de matière, et l’on netrouve pas plusde matières azotées et de matières salines dans la croûte de pain que dans la mie lorsque les produits ont été ramenés au même degré de déshydratation. Le pain ne renferme pas plus de matières nutritives que la farine sèche employée à le préparer; il en résulte que la détermination de l’eau dans une farine permet d'évaluer mathématiquement la quantité de pain, à un degré d’hydratation voulu, qu’elle peut fournir et que la détermination simultanée de l’eau dans le pain et dans la farine permet de s’as- surer que le rendement en pain n’a pas été exagéré par une addition illicite d’eau. —M. P. Richard indique un procédé de dosage rapide de l'azote nitrique dans les produits végétaux, qui repose sur la coloration que prend la brucine au contact de l’acide azotique libre ou dégagé d’un nitrate par l’action de l'acide sulfu- rique concentré. Le procédé s'applique aussi aux subs- tances renfermant des nitrites moyennant un dosage préalable de l'azote nitreux et son oxydation par le chlore avant l'essai à la brucine. C. Mamienon. 3° SCIENCES NATURELLES, — M. Caullery fournit une interprétation morphologique de la larve double dans les Ascidies composées du genre Diplosoma, Dans ce groupe, l'œuf fournit deux individus dont l’un possède seul les organes sensoriels etles parties du système nerveux caractéristique du têtard des Ascidies; l’autre estsemblable à l’un quelconque des individus formés ultérieurement par les processus connus du bourgeon- nement. Pour l’auteur, l’ensemble des deux individus est la réunion d’un oozoïde et d’un blastozoïde, né du premier suivant les lois du bourgeonnement, Le bour- geonnement ordinairement plus tardif se serait pro- duit ici dès la période embryonnaire, — M, Garnault donne les résultatssatisfaisants des effets produits, chez le lapin et chez le pigeon, par l'extraction de l’étrier ou de la columelle etla lésion expérimentale du ves- tibule membraneux. Les expériences autorisent à pra- tiquer, chez l’homme, l'extraction de l'étrier soudé, lorsque l’appareil percepteur est intact, en raison des résultats considérables qu'on est en droit d'attendre de cette opération. F, MARTIN. 106% ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 19 Novembre 1895. M. Simon Duplay fait une communication sur le traitement des fistules vésico-vaginales par la suture intra-vésicale (cystorraphie interne). Il insiste sur le manuel opératoire suivi dans ce cas, c'est-à-dire sur le mode d’avivement et de suture. Le dédoublement de la paroi vésico-vaginale, au pourtour de la fistule, les deux rangs de suture, l’une profondeet extra-vésicale, l’autre superficielle et intra-vésicale, paraissent devoir être adoptés à l'avenir comme le seul procédé capable d'assurer le succès de l'opération, Séance du 26 Novembre 1895. M. Pinard faitunecommunication sur les services ren- dus par les « Refuges ou Asiles des femmes enceintes. » Il a comparé un grand nombre de femmes, ayant tra- vaillé pendant toute la durée de leur grossesse, avec d’autres reposées et soignées dans les refuges ; chez ces dernières la durée de la gestation a été plus longue et le poids des enfants nés beaucoup plus élevé. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 9 Novembre 1895. MM. Charrin et Gley présentent deux lapins atteints de malformations curieuses; ils sont nés d’une lapine saine et d’un mäle qui avait recu tous les cinq jours, pendantun moisetdemi, des doses progressives detoxine pyocyanique. Ce fait justifie l'opinion de ceux qui pensent que les maladies des parents, en particulier la syphilis dans l'espèce humaine, peuvent amener l’ap- parition, chez les enfants, de malformations variées. — M. Féré fait remarquer que ces malformations sont tout à fait analogues aux amputations congénitales qui sont dues à d’autres causes. — M. Giard estime que l'infection a pu modifier la cellule génératrice mâle, ce qui à amené un développement anormal de embryon. C’est un nouveau fait qui vient à l'encontre de la théorie de Weissmann., — M. Curtis (de Lille) envoie une note relative à la découverte d’un nouveau parasite, trouvé chez un homme, dans une tumeur qu'on croyait de nature myxomateuse. — M. Giard fait remarquer que ce parasite est analogue à celui qui produit les galles dans le règne végétal, — MM. Langlois et Athanasiu ont constaté que les sels de cadmium agissent sur le sang en colorant fortement le sérum et en facilitant la dialyse ; les sels de zinc n’ont pas cet effet. — MM. Ba- binski et Zacharia@ès apportent une importante con- tribution à l’étude de la pathogénie des névrites péri- phériques des membres inférieurs, par la relation détaillée de deux cas de paraplégie crurale par mal de Pott dorsal. SOCIETE FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 15 Novembre 1895. Au début de la séance, M. Cailletet, président, rap- pelle la mort récente de M. Mouton. M. Bouty résume en quelques mots les travaux du défunt. M, Mouton a travaillé d’abord au Laboratoire de Physique de l'Ecole Normale, et quand la maladie l’a arrêté, il était Maître de Conférences à la Facullé des Sciences de Paris et sous-directeur du Laboratoire d'Enseignement de la Physique, fondé par M. Desains. Dans son premier travail, qui parut en 1876, il étudiait les oscillations des courants induits à circuit ouvert; il avait imaginé un appareil fort ingénieux qui lui permettait de mesu- rer des différences de potentiel variables à des inter- valles de l’ordre de ee de seconde ; il reconnut que lamortissement des vibrations était faible, et que leur période était constante à partir de la deuxième; les périodes observées variaient entre 0 sec. 0001 et 0 sec, 00003. C'est le seul travail paru en France sur la question avant les recherches qu'ont suscitées les expériences de Hertz. M. Mouton s’est occupé en- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES suite de la chaleur rayonnante; il était certes à bonne école chez Desains, mais il introduisit dans ces recherches une précision qu’on ne connaissait pas en: core ; il créa, pour étudier le spectre infra-rouge, une méthode qui a été continuellement appliquée depuis et qui lui permit de pousser jusqu’à la longueur d’onde 2,5 & pour le spectre solaire. Il étendit aux rayons obscurs la vérification, faite par Jamin pour les rayons lumineux, des lois de la réflexion métallique ; il eut aussi l’occasion d'étudier la dispersion de double réfrac- tion du quartz et ses travaux ont été utilisés depuis à maintes reprises, en particulier par M. Macé de Lépi- nay. Enfin M. Mouton a remarqué que, si l'on construi- sait la courbe des intensités dans le spectre en pre- nant pour abscisses, non pas les déviations dans un spectroscope quelconque, mais les déviations que don- nerait un réseau, déviations qui sont proportionnelles à la longueur d'onde; si, en d’autres termes, on étu- diait la répartition de l'énergie dans le spectre normal, le maximum ne se trouverait plus dans l’infra-rouge, mais au voisinage de la raie D. Cette prévision a été vé- rifiée depuis par M, Langley, qui avait à son service les admirables réseaux de M. Rowland. Ces différents travaux ont été publiés pendant une période de quatre ans; depuis quinze ans, la maladie avait brusquement mis un terme à une carrière scientifique qui s’annon- cait si brillante, — M, Poincaré résume en quelques mots un mémoire adressé par M. Bandsept sur un brülewr- auto-mélangeur-atomiseur. La chaleur de combustion du gaz est très mal utilisée dans les appareils actuels; il conviendrait de mettre en présence des proportions de gaz et d'air répondant à la combinaison qui doit se produire ; il faut aussi que le mélange soit très intime, sans quoi diverses causes amènent une séparation. L'auteur atteint ce but par deux méthodes : soit en fai- sant passer les gaz par des chicanes nombreuses, soit en les brassant par de petits moulins à aileltes. L'épi- thète d’atomiseur indique la perfection du mélange obtenu, On arrive, par ce procédé, à produire, avec le gaz d'éclairage ordinaire, une flamme qui peut fondre des tubes de cuivre ; on peut aussi porter à l’incandes- cence des capuchons, tels que celui du bec Auer, avec 50°/, d'économie, — M. Violle expose les recherches qu'il a exécutées avec M. Vautier sur la propagation du son dans les tuyaux cylindriques. Les expériences effectuées par les mêmes auteurs dès 1885, à Grenoble, avaient laissé subsister quelques desiderata. D'une part, la correction relative au diamètre du tuyau n'avaitpuêtre introduite qu'en utilisant lesrésultats d’ex- périences de Regnault qui n'avaient point été faites dans ce but; d'autre part, on n'avait pas pu élu- dier les sons musicaux, à cause de la longueur trop grande des conduites utilisées et de leur peu de sono- rité. La conduite utilisée appartient à l'égout construit pour l’épandage des eaux de la ville de Paris dans la plaine d'Achères ; les expériences ont été faites dans un segment rectiligne de 3 kilomètres de longueur ; lo section est circulaire, et son diamètre est de 3 mètres. La note de ce tuyau est ré,. Le tuyau est très sonore el par suite le son a une portée considérable ; c’est ainsi que la chute d'une goutte d’eau, pendant le calme de la nuit, s’entendrait très bien d’un bout à l’autre du tuyau. Dans les expériences de Grenoble, le son d’une grande flûte d'orgue de 16 pieds, qui donne uf,, ne pou- vait être entendu au delà de 6 kilomètres; au delà, la perturbation ne se propageait plus que sous forme d’une poussée qui pouvait être même sensible sur la joue, mais l'oreille n’était plus impressionnée. Toute action observable cessait à une distance de 25 kilomètres, avec 1 réilexion. À Achères, au contraire, la poussée disparaît presque immédiatement comme à Pair libre, et le son se fait encore entendre à 23 kilomètres, après 7 réflexions, dont chacune équivaut à un trajet égal à la longueur du tuyau. Ces différences ont élé cause que la plupart des préparatifs faits en vue des expé- riences se sont trouvés êtreinutiles. Toutefois on à pu procéder à de nombreuses inscriptions, mais le dé- pouillement n'en élant pas coraplètement terminé, - M. Violle n'indique que les résultats obtenus à l’aide de l'oreille seule. On a employé des instruments à vent : flûte de 16 pieds, donnant ut —,+ et d'autres flûtes … donnant wf, et uf,, des instruments de musique mili- . taire, l’hélicon et les sarussophones qui donnent des - notes aussi graves, puis des flûtes d'orchestre jusqu’à …_ la petite flûte donnant le ré? qui est la plus haute note - utilisée dans les orchestres; on à ainsi une échelle - s'étendant de 32 à 4.500 vibrations doubles par seconde. - On s’est servi, en outre, du violoncelle, d’une cloche et de gongs prêtés par M. Mascart. On a pu étudier la _ portée des sons, le rôle du tuyau et la vitesse de pro- pagation. 1° La portée d’un son va en diminuant quand - Ja hauteur s'élève. Ainsi, pour uwf,, onobserve#retours, ce qui correspond à 8 fois la longueur du tuyau, avec … 2réflexions:pour uf,,3 retours, et5 réflexions ; pour uf,, ï retours et 3 réflexions; pour wf,, 1 retour et 1 ré- flexion, pour ut, et mi, de même; mais mi, n’est déjà plus guère au retour qu'un bruit, dont on ne saurait fixer la hauteur si onn'avait pas entendu le son initial; le résultat dépend d'ailleurs de la netteté de l'émission. Pour les sons plus élevés, on les produisait à des distances graduellement croissantes et on a ainsi déterminé les portées suivantes : fa,, 2.600 mêtlres; la? 2.600 mètres; ré? 1800 mètres; à 200 mètres plus loin toule sensation auditive avait complètement disparu, 2 Dans les modifications qu'il produit, le tuyau joue le rôle d’un analyseur qui réalise une décomposition. Le son fondamental arrive d'abord, puis la série des harmoniques, en commencant par les plus élevées; l'harmonique 7 est presque toujours absente, soit que nous manquions de sensibilité dans la perception de ce son inusité, soit que les instruments de musique soient construits de facon à ne pas le produire, La décompo- sition commence à une certaine distance, 1.400 mètres environ pour ut, et elle va s’accentuant, Le tableau ci- joint indique les harmoniques que l'on entend au pre- mier retour, lorsqu'un instrument a émis l’un des sons indiqués dans la première colonne; on verra que des sons peuvent être sensibles, comme harmoni- ques, à des distances où ils auraient depuis longtemps disparu comme sons simples; c'est ainsi que fa, revient comme harmonique de fa, émise par la basse. ul VIOLONCELLE DE GRAND ORGUE BASSE EN | SARRUSSOPIONE | PISTON EN si bp ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1065 Le nombre des harmoniques dépend de la nature de l'instrument; les sons voilés de la flûte d'orgue n’en donnent pas, tandis que les sons bien timbrés (violon- celle, basse en ut) en donnent un grand nombre; un sarussophone de M. Couesnon donnait souvent le dixième, l'hélicon, très souvent le neuvième et le huitième. Ce nombre va en diminuant quand la hau- teur du son s'élève ; c’est ainsi que la trompette et le piston cessent d’en donner à partir du sol,, bien avant d'avoir atteint la limite aiguë de leur échelle. Si l’on enflamme, à l’origine de la conduite, un peu de cette poudre fusante composée de zine et de chlorate de potasse que les photographes appellent poudre-éclair, il se produit un bruit fusant sourd, mais au retour le bruit est devenu plus fort qu'un coup de pistolel ; ceci indique que le front de l’onde s’est rapidement redres- sé. La continuation de ce phénomène peut amener un déferlement et le son devient un bruit, puis l'onde cesse d’impressionner l'oreille, Celte destruction est, comme on l’a vu, beaucoup plus rapide pour les sons aigus que pour les sons graves; la différence ne tient d’ailleurs pas à leur varialion d'intensité; les sons émis par un bon musicien ont sensiblement la même intensité physiologique. Ce résultat est d'accord avec une expérience vulgaire : en parlant d'une voix grave et basse, on se fait souvent mieux entendre à distance qu’en criant. Il y aurait intérêt à employer, pour les signaux acoustiques, des sons graves, au lieu des sons aigus en usage ; dans les expériences, le son d’un sif- flet n’a jamais été entendu au retour, pas plus que le son d'une cloche de 50 kilog donnant le la,, tandis que le bruit des gongs, beaucoup moins intense, restait sen- sible au premier retour. 3° Lesdivers sons se propagent- ils avec la même vitesse? On n’a rien pu conclure-de l'étude de deux sons émissimultanément; on n’ajamais remarqué non plus de rythme au retour, en exécutant à l’origine des batteries rapides composées de la succes- sion de deux sons; ces résullats sont d'accord avec ceux de Biot. Mais le tuyau lui-même fournit un ana- lyseur plus sensible; à part le son fondamental, que son intensité particulière ramène d’abord, les sons les plus élevés reviennent les premiers. La théorie indique d’ailleurs que le coefficient d’extinction estproportion- nel à ÿ», # étant le nombre de vibrations par seconde, fl et le retard proportionnel à — vn aigus doivent aller plus vite et s’éteindre plus tôt que les sons graves. Les résultats relatifs à l'extinction et à la vitessse de propagation se trouvent donc d'accord avec la théorie. — M. Lamotte décrit les expériences de M. Lebedew sur les ondes électriques. L'auteur s’est préoccupé d’abaisser encore la limite des longueurs d'onde obtenues jusqu'ici ; la production d’ondes très courtes présente en particulier cet intérêt qu'on peut réaliser des appareils analogues à ceux de l'optique, ayant des dimensions telles que la diffraction ne masque pas tous les phénomènes, ce qui était certainement le cas avec les ondes de plusieurs mètres qu'avaitd’abord obtenues Hertz. M. Lebedew a opéré avec un excitateur du {ype de M. Righi : l'excitaleur est constitué par deux fils de platine de 1"#3 de long sur 05 de diamètre soudés dans des tubes de verre, Ces fils ne sont pas reliés métalliquement à la bobine, mais recoivent leur charge par des étincelles, Le cireuit comprend un condensateur et une résistance consti- tuée par une colonne d’eau, qui suppriment les oscil- lations étrangères. Les étincelles actives jaillissent suivant la ligne focale d’un miroir parabolique de 20 millimètres d'ouverture de12 millimètres de hauteur. L'observation de l’étincelle, déjà fort délicate dans les expériences de M. Righi, ne peut être tentée ici. M. Lebedew utilise, comme l’avait déjà fait M. Klemen- cie, l'échauffement produit par l’absorption des radia- tions, Le résonateur est constitué par deux fils recti- lignes auxquels sont fixés deux anneaux, l'un de fer, l’autre d’un alliage de nickel et de manganèse. Le dia- .c’est-à-dire que lessons 1066 mètre des anneaux est de Owm3;: ils sont soudés et font partie d’un couple thermo-électrique dont l’autre soudure est maintenue à température constante, C’est avec ces appareils que M. Lebedewrépète les expériences de l’optique; tous les accessoires sont renfermés dans une boîte qui n’a pas 15 cm. sur 20 cm. Le prisme, qui pesait 600 kilos dans les expériences de Hertz, est ramené au poids de 2 grammes. Le point le plus intéressant de ces recherches est l'étude de la double réfraction. On a taillé dans un cristal naturel, deux prismes de soufre dont l’arête réfringente a 2 centi- mètres de long, le côté environ 1 centimètre et l’angle 25°, Dans l’un, l’arête est parallèle à la direction du maximum de pouvoirinducteur spécifique ; dans l’autre, au minimum. Les indices observés sont respectivement 2,25 et 2,05. Les valeurs théoriques sont les racines carrées des pouvoirs inducteurs spécifiques ; les expé- riences de Boltzmann ont donné 2,18 et 1.95. M. Lede- dew réalise aussi un nicol en taillant un parallélipi- pède de soufre, le coupant en deux et interposant une Die d’ébonite entre les deux parties, Il répète égale- ment les expériences de polarisation chromalique et circulaire, avec une lame de soufre quart d'onde, mais on ne peut utiliser des épaisseurs plus fortes à cause de Pabsorption. Dans ces expériences, les longueurs d'onde couramment employées ne dépassent pas 6 millimètres; un des appareils permet de descendre jusqu’à 3 millimètres,maisleseffets observés deviennent extrêmement faibles, Ces longueurs d'onde sont seule- ment cent fois plus grandes que celles que Langley a dé- celées dans le spectre solaire à l’aide du bolomètre, C. Ravrau. SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS Séance du 9 Novembre 1895. M. L. Franchet : Sur le calcaire réniforme de Ville- juif. — M. Bioche : Observationsreïatives aux glaciers du Val de Bagnes — M. Fouret : Méthode nouvelle pour l’extraction des racines. Séance du 23 Novembre 1595. M. Hua signale la découverte à Konakry par M. Dy- bowski d’un Euadenia nouveau, qu'il décrit sous le nom de E. major. — M. Henneguy présente un mémoire de M. Thélohan sur les Myxosporidés. Ch. Biocue. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Mémoires récemment présentés : M. Bowden : Sw un effet électromagnétique. Un long tube de verre con- tenant du mercure, et sur lequel on a implanté un petit tube pour indiquer la pression hydrostatique, passe entre les pôles d’un électro-aimant. Eu faisant passer dans le mercure un courant de 30 ampères, et en dis- posant le petit tube de facon qu'il indique successive- ment la pression dans le sens des lignes de force du champ, ou dansle sens perpendiculaire, on observe des mouvements du niveau du mercure dans ce tube. Quand il est perpendiculaire aux lignes de force du champ, le mercure monte ou baisse suivant le sens du courant. Mais, quand le petit tube est parallèle aux lignes de force du champ, le mercure monte toujours, quelle que soit la direction du courant. — M. S, P. Thompson dit qu’il semble y avoir là trois effets inex- pliqués : l’un proportionel au courant et au champ et réversible; un autre, indépendant de Ja direction du courant du champ; et un troisième, qui ne se produit que quand le courant change d'intensité. Il pourrait y avoir un quatrième effetqui n’a pasété signalé encore : le mouvement du mercure, dans la première expérience de M. Bowden, est;en sens opposé du mouvement d’un radeau mobile sur un conducteur transportant le cou- rant, Un accroissement apparent de pression pourrait être dû à une diminution de la densité du mercure “ ’ produite par la chaleur dégagée par le courant, — ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES M. Rhodes : « La réaction de l’armature dans les ma- chines à courants alternatifs à une phase, » M. Bla- kesley discute les conclusions de l’auteur. — M. Shel- ford Bidwell : « Les propriétés électriques du sélénium. » L'auteur montre que : 1° La conductibilité du sélénium cristallisé semble tenir surtout aux impu- retés dues à la formation de séléniures métalliques. IL se peut que lès séléniures aient une conductibilité électrolytique, et que l'influence de la lumière, qui ac- croit la conductibilité, tienne àla propriété de faciliter la combinaison du séléniure avec les métaux qui sent en contact avec lui. 2 Une pile à sélénium, à élec- trodes de platine, et faite avec du sélénium auquel on à ajouté 3 °/, de séléniure de cuivre, est bien supé- rieure, au double point de vue de la conduretibilité et de la sensibilité, à une pile à sélénium ordinaire. 3° Le sélénium rouge, au contact du cuivre ou du laiton, noircit rapidement à la lumière, à cause sans doute de la formation d’un séléniure. 4° Le sélénium cristallisé est poreuxet absorbe l'humidité de l'air ; cette humidité est la cause de la polarisation du sélénium après le passage du courant, 5° La présence de l'humidité n’est pas essentielle pour la sensibilité, mais elle semble, à un faible degré, lui être favorable. 6° Si l’on prend du séléniure de cuivre pour cathode dans une pile hy- dro-électrique, et une bande de platine plongeant dans l’eau pour anode, du sélénium rouge, mélé à des par- celles détachées du séléniure, se dépose dans l’eau. T° Les courants photo-électriques, produits quand la lumière tombe sur le sélénium, dépendent de La pré- sence de l'humidité et ont sans aucun doute une ori- gine voltaique. 8° Le sélénium parfaitement sec est au- dessous du platine dans la série thermo-électrique, — M. Minchin émet l'idée que la pile à sélénium pourrait être appelée une résistance à sélénium. Une grille ayant une de ses extrémités faite d'alumi- nium et l’autre de cuivre peut former une véritable pile, et engendrer une force électro-motrice quand la lumière tombe sur elle; il voudrait savoir si Pauteur a trouvé une pile, telle que la lumière, en y tombant purementet simplement, engendre une f.6.m. Lui-même ne croit pas qu’une action chimique soit nécessairement provoquée par l’action de la lumière sur lä pile. — M. Appleyard demande si l’auteur a soumis les résistances de sélénium à l’action des oscil- lations électriques. Séance du 25 Oc!obre 1895. M. Hunt: « Sur le développement des fonctions arbi- traires, » — M. Lanchester: « Le curseur radical, nou- velle addition à la règle à calcul. » Ce perfectionne- ment permet de calculer avec les règles des exponen- tielles à exposants fractionnaires, SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Communicalions recues pendant les vacances MM. Raphaël Meldola F. R. S$S. et William Streatfeild ont préparé le dibromonitronaphtalène C0H5BrAzO?Br (1: 2:#4.) qu'ils ont converti en dibromo- g-naphtylamine correspondante dont ils ont fait le dé- rivé acétylé. Si lon diazole la dibromo-8-naphtyla- mine en présence d'un excès d'acide minéral, et sil’on lait bouillir la solution aqueuse du diazo, le groupe AzH? n'est pas remplacé par r'hydroxyle, comme c'est le cas dans la réaction de Griess, mais le brome estremplacé et il se forme un diazoxyde suivant l'équation : Br CI0H Br 0 ji => COHIBre | + HBr AZOiH NA? Le diazoxyde a la constitution suivante : Os A7 "Br = MSNM La chlorobromo-8-naphtylamine C'CHÿCIAzH?Br a été également obtenue ainsi que ses composés acétylés et benzoylés. — M. J. Wallace Walker, en faisant réagir les iodures alcooliques surle sel d'argent an- hydre, a obtenu les éthers sels méthylique, éthylique ef propylique de l'acidelactique actif. Les sels bromo- propioniques correspondants aux éthers lactiques sont préparés au moyen du pentabromure de phosphore, Pour ces deux séries de sels, on remarque une difré- . rence constante dans le pouvoir rotatoire; elle est de 5°,9 dans le premier, et de 14°,2 dans le second cas, pour les deux membres de la série les plus voisins. Les éthers chloropropioniques, préparés par l’action du pentachlorure de phosphore sur l’acide lactique, pos- sèdent un degré d'activité optique très élevé etles valeurs trouvées sontplus fortes que celles données - parLe Bel, Walden, Frankland et Henderson pour r quelques-uns de ces corps. Les résultats obtenus ne : . concordent pas avec la loi de Guye. —M. Charles Mills, étendant la réaction de Baeyer pour la préparation de l’'azobenzène au moyen de l’action du nitrosobenzène - sur une amine en solution acétique, a pu préparer les corps suivants: m. acétylamidoazobenzène; dipara- diphényldisazophénylène ; parabenzène azotoluène; chlorure dep. benzène azotoluène sulfonique; p. ben- zène az0 0, acétotoluide ; benzène 0. azo 0, acétotoluide; m. amidobenzène, o. azotoluène. — MM. Bedford et A. G. Perkin présententlerésultatde leurs recherches sur quelques dérivés de la maclurine C'#H1006 et s'étendent spécialement sur la benzène azomaclurine à laquelle ils attribuent la formule suivante : OH CéHS(0H)2CO// \Az : Az.C6HS oH\ /0H Az : Az.C6H5 MM. A. G. Perkin et F, Cope ont trouvé que les constituants de la matière colorante de l’Artocarpus integrifolia étaient composés principalement d’une substance ayant pour formule CiSH1007, identique à la morine, et d’un autre corps, quia pour formule C!$H1206, qu'ilsappellentcyanomaclurine. — MM. Purdie,F.R.S. et H. W. Bolam continuent leurs recherches sur les propriétés optiques des acides méthoxy et propoxysuc- cinique. — MM. Purdie, F.R.S. et S. Williamson: Sur les éthers-sels des acides méthoxy et éthoxysucci- niques actifs, étudiés au point de vue du pouvoir ro- tatoire, — M. E. Sonstadt a trouvé que, si l’on chauffe du chlorure de platine sec avec du mercure, laréaction est différente suivant les proportions de mercure em- ployées et a lieu suivant les équations : 1) 2KCL. PIC +4Hy—2KCI-+-Pi+4HgCl 2) 2KCI1.PLCL+2Hy—2KC14-Pt+2HyCL. Le chlorure d'argent sec n’est pas décomposé par le mercure même à une température élevée ni lorsqu'il est mélangé ou combiné avec un sel de platine. — M. A. G. Perkin, par l’action de l’iodure de méthyle sur l'acide 6-résorcylique, a obtenu un corps ayant pour constitution: CSH2Me(OMe).OH.COOMe. IL est probable que le groupé hydroxyle dans l'acide 8 résorcylique qui résiste à la méthylation se trouve être en position ortho parrapport au groupe carboxyle. L'iodure d’éthyle donne, avec le même acide g résorcy- lique, un corps insoluble dans les alcalis et contenant seulement deux groupes éthoxy. Il a pour formule : CSH® (OEt) (OH) COO Et. L'action de l'iodure de méthyle sur la résacétophénone donne comme principal produit : C5H2(0Me) Me. (OH) COOCH® insoluble dans les alcalis. L'insolubilité de ces corps ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1067 qui, très vraisemblablement contiennent un groupe hydroxyle libre, est due sans doute à ce que l'oxygène de ce dernier a prisles propriétés cétoniques; on pour- rait donc donner à ces substances la constitution : OCH3 OC2H5 7 LÉ. É | V0 K79 COOCHS3 COOC2H5 Le mêmeauteur a pu obtenir également la gallacé- tophénone oxime : É CSH2(OH)5C : AzOH.CH® et la quinacétophénone oxime : CSH3(OH)2C : AzOH.CHS M. A. Glendinning a remarqué que le pouvoir réduc- teur exercé par la maltose sur les solutions cuivriques a une valeur différente suivant que l’on a employé, pour la préparation de la liqueur de Fehling, de la po- tasse ou de la soude. Suivant les conditions de l’ex- périence le pouvoir réducteur de la maltose serait : avec la soud?2 : K,.,, — 61, avec la potasse K,,, — 64. — MM. Ruhemann et J. P.Orton ont étudie l’action de l'ammoniaque, de l’aydrazineet de la phénylhy- drazine sur la dibromomalonamide, L'ammorniaque fournit la diaminomalonamide : C (Az H2)? (CO Az H?)2 L’hydrazine et la phénylhydrazine fournissent l’hy- drazone etla phénylhydrazone correspondantes de la malonamide. L'acide nitrique donne un corps nitré; par réduction on a l’acide aminomalonique. — M. Chi- kashigé publie une note sur le perchlorate mercu- rique : Hg(C101)2 6H20, et le perchlorate mercureux: (HgC104)24H20 ; le premier de ces sels présente à 400° le phénomène le fusion et d’ébullition sans subir de décomposition; de deuxième n’est pas décomposé, mais ne présente pas les phénomènes de fusion ni d’ébullition. — M, C. M. Luxmoore à préparé le dihydrobromure d’éthylène hydroxylamine en chauffant le bromure d'éthylène avec une solution méthylique d'hydroxylamine auquel il attribue la formule : PSS VE à fa CH?.0—AzH?HBr ce qui le porte à croire que la formule de l’hydroxy la- mine correspond au groupement 0 — AzH*. Le même auteur donne un compte rendu de ses recherches sur l'isomérie présumée du nitroso-sulfate de potasse. — MM. C. T. Heycock F. R. S. et F. H. Neville ont étudié l'influence de différents gaz sur la température de fusion de l’or et de l'argent. Les points de fusion les plus élevés et les plus constants ont été ceux ob- servés en présencede l'hydrogène et du gaz d'éclairage. Ils relatent l’action exercée par la présence de l’oxy- gène qui, dans les cas extrèmes, produit un abaissement de 20°; mais cette action peut-être atténuée par l’action de l’azote ou de l'hydrogène. ACADÉMIE DES SCIENCES D’AMSTERDAM Séance du 26 Octobre 1895. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. de Vries :« Sur une classe de fonctions entières.» EndésignantparY, la fonction de y dont les zéros sont données par la 1068 ——— 2k formule 2 cos pr (RM; An + démontre que la suite des fonctions de Sturm de l’é- quation Y, — 0 est formée par les fonctions dé = A Re A): .…. n), l’auteur La fonction Y, satisfait à l'équation connue Yn = Yn 2 Yn-s = (f). Ensuite l’auteur fait voir que la fonction la plus géné- rale qui vérifie cette équation, peut être représentée par (ay + L) Qui — € Quss ici Q s’évanouit pour : k 1,2 ) nn A7 M2 ET) n +1 (% sa / Cette solution générale comprend aussi les fonctions 2k+1 . COS TG 2n + 1 y — 2COS U, et V, dont les racines sont 2k +1 ) hp 7 AL EX0 RS gcc LS 2n teur trouve que, pour les fonctions Q,, U,, Vn la suile des fonctions de Sturm se forme de la même manière que pour Y,,. La note se termine par quelques re: ! 2 > m lations entre des produits de cosinus de la forme cos ah — Rapport de MM. W. Kapteyn et P. H. Schoute sur le mémoire de M. J.-C. Kluyver, intitulé : « Sur une surface minima à connexion double, » L'auteur s’oc- cupe du problème dela surface minima par laquelle on puisse joindre l’une à l’autre deux faces parallèles d'un parallélépipède droit. Il trouve que la surface n'est possible qu'autant que la distance des deux rec- tangles à dimensions données ne surpasse pas une certaine limite; si la distance des deux rectangles est inférieure à celte limite, il y a deux solutions. Ensuite il aborde la question : laquelle de ces deux solutions forme le minimum analytique, à l’aide du raisonne- ment géométrique dont se sont servis Moigno el M. Lindelôf dans la distinction entre les deux caté- noïdes du problème analogue des circonférences de cercle. Enfin l’auteur étudie la surface trouvée et ses dégénérations. 90 SCIENCES PHYSIQUES, — M. H. Kamerlingh Onnes communique les mesures de M. P. Zeeman sur l’ab- sorption des vibrations électriques dans les électro- lytes, mesures suggérées par M. Cohn, de Strasbourg, et exécutées au Laboratoire de Physique de Leyde, L'excitateur employé était celui.de M. Blondlot. Sui- vant le principe de Bjerknes, on fait parcourir aux vibrations deux fils parallèles, d'une longueur de 60 mètres. Ces fils se prolongent dans un bassin qui contient la solution diluée. L'énergie dans l'électrolyte, mesurée d’après la méthode de M. Cohn, par de petites bouteilles de Leyde qui peuvent glisser le long des deux fils de l'appareil, est communiquée à un Polo- mètre. Les résultats provisoires sont: 1° En parcou- rant l’électrolyte, l'énergie des vibrations diminue selon la loi logarithmique. 2°Pour des vibrations de 6,5 mètres de longueur d'onde, parcourent une solu- tion de chlorure de soude d'une conductibilité x — 3200, 10-10 en unilés mercurielles, l’énergie est devenue la moilié de l'énergie initiale en passant par une couche de 5,7 centimètres d'épaisseur, — Ensuite M. Onnes présente une communication de M. H. J. Oosting intitulée: « Recherches strobosco- piques et photographie intermittente des vibrations forcées de fils tendus de caoutchouc. » Elle fait suite à une communication précédente (Rev. gén.des Se.tome VI, p. 296), — M. H. A. Lorentz présente un mémoire de M. A. Smits : «Description d'un micromanomètre, » Un a ——_—_——— ——’ —"————— ———————…——“û“—û“—û“û—_.——û—û—_—û2————— Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17 ( —=0, 4,2... 7 —H) Enfin, Lau: CORRESPONDANCE tube en forme de U est placé verticalement; à la par- tie supérieure les deux parties du tube se terminenten des vases plus larges, tandis qu'au milieu courbé Île tube est étroit, Ainsi, si D et d représentent les sec- tions, le déplacement des parties ouvertes est mesuré à la partie courbée par un déplacement + fois plus grand. Ce tube doit être rempli de deux liquides dont l'un n’est presque pas soluble dans l’autre et qui admettent une surface de séparation bien distincte. Le choix de ces deuxliquides forme la difficulté du pro- blème. Pour que le manomètre fût à même de fonc- tüonner dans le vide, l’un des deux liquides employés était Peau, si facile à isoler à l'aide d'une couche d'huile ; l’autre des liquides, l’aniline, satisfait aux trois conditions suivantes : {°ilne surpasse l'eau en poids spécifique que d’une quantité minime, 2 il forme avec l’eau un ménisque convexe distinct, 30 il ne cohère pas aux parois du tube, etc. A l’aide de cet instrument dont la sensibilité surpasse #1,6 fois celle du manomètre ordinaire à l’eau, on atteint sans . . 1 TS peine une exactitude de —= millimètre de mercure. 3° SCIENCES NATURELLES, — A l’aide d’un examen de quarante espèces de fossiles tertiaires des iles Philip- pines, recueillies par C. Semperet placées dansle Musée géologique de Leyde, M. K. Martin prouve l'existence de formations éocènes sur Lucon, Gébu et probable- ment sur Mindanao, de formations néo-éocènes sur Lucon et Cébu, des formations pliocènes sur Minda- nao, etprobablement sur Luçon et Samar, de formations quaternaires sur Lucon, Samar et Cébu. Ces couches correspondent donc aux derniers sédiments de Java ; même à la période néo-éocène, les îles Philippines et lArchipel indien faisaient partie d’une région à même faune marine — M,C. A. Penelhamig présente un mémoire de M, W. Koster Gzu intitulé: «Le point de rotation de l'œil. » Sont nommés rapporteurs : MM. Th. Place et H, Kamerlingh Onnes. P.-H. ScHouTE. CORRESPONDANCE . M. P. Marguerite-Delacharlonny, à l’occasion des expériences de Hannay et Hogarth, citées dans la Revue du 30 août dernier !, nous écrit que, dès 1886, il avait observé que certains solides dissous dans les liquides les suivent, lors de l’évaporation, sous laforme de molécules gazeuses. Dans une Note présentée à l'Académie des Sciences le 6 décembre 18862, M. Marguerite-Delacharlonny relate les expériences que voici : Des dissolutions d'acide sulfurique, de soude, de sulfate ferrique, de carbonate de potasse furent ex- posées à une température de 65 à 70°; au bout de quelques heures des papiers réactifs témoignaient tous de la présence des corps dissous dans la vapeur qui s'élevait de la dissolution. La même expérience, répétée à la température ordinaire, donna des résul- tats identiques, Les expériences relatées dans l’article de la Revue du 30 août dernier étaient relatives à l’évaporalion au delà du point critique. ; 1 Voyez, dans le numéro du 30 août 1895, la Revue annuelle de Chimie pure, page 781, deuxième colonne. 2 Comples rendus de l'Académie des Sciences, tome CUI, page 1128. Le Directeur-Gérant : LouIS OLIVIER ER UN CR RE ER PE EE mt N° 24 À 30 DÉCEMBRE 41895 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER LETTRE SUR L'ÉNERGÉTIQUE Monsieur le Directeur, C'est avec Le plus grand plaisir que j'ai lu, dans le numéro du 15 décembre de votre Revue, l’article de M. Brillouin. Rencontrer un adversaire aussi fin, aussi courtois est toujours agréable. Mais c’est, je l'avoue, un effet de contraste qui m'a fait particulièrement remarquer et apprécier dans cet écrit la bienveillance et l’urbanilé, l'esprit de jus- tice, l'absence complète de parti pris, toutes qua- lités qui honorent l'écrivain et sont les conditions essentielles d’une discussion scientifique réelle- ment fructueuse. J'ai été particulièrement heureux de constater que M. Brillouin n’a pas méconnu le sentiment sérieux, la sincérité dans la recherche de la vérité, qui m'a inspiré. Aussi vous prierai-je, Monsieur le Directeur, de me laisser ciler en note un passage de mon manuscrit que vous aviez cru pouvoir supprimer, dans la conviction qu'il ne pouvait y avoir méprise sur mes intentions !. Le lecteur se 1 Ce passage était le suivant : « Mon entreprise, je le reconnais, va me mettre en contra- diction avec des hommes qui ont beaucoup mérité de la science et vers lesquels nous levons les yeux avec admira- tion. Qu'ils n’aillent pas pourtant me taxer de présomption! Est-ce présomption quand le matelot en vigie crie : « Bri- sants en proue! » et détourne ainsi de sa route le grand navire à bord duquel il n’est qu'un modeste serviteur? Non, car son devoir est d'annoncer ce qu'il- voit. Au même titre, je m’acquitte ici d'un devoir. Moi aussi, je crie : « Brisants en proue! » mais personne n’est tenu de changer à ce simple cri sa route scientifique : que chacun seulement se rende compte si mes yeux ont vu une réalité ou un mirage trompeur. Ma vocation, en me conduisant vers certaines branches de la REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. persuadera ainsi qu'en dépit d’un titre dont je ne suis pas responsable, mon honorable contradic- teur ne s’est pas trompé sur mes sentiments. Cela dit, j'arrive au fait. Il Les éléments subsistent-ils dans les combinai- sons chimiques? Sur ce terrain, M. Brillouin me combat avec mes propres armes. L'existence des propriétés additives est, dit-il, une preuve de la persistance des éléments. Mais ne puis-je retourner l’arme contre lui? En dehors de la masse, iln'y a pas de propriétés additives, au sens strict du mot. Toutes les autres propriélés qui portent ce nom ne sont additives qu'approximativement. Dans tout le vaste domaine de la Stœchiométrie, je n’en connais, en fait, pas une seule qui soil indépen- dante de la constitution chimique. Si l’on parle en ce sens de la conservation de la matière, il faut ajouter qu'il s’agit seulement d’une image gros- sière, dont les traits s'écartent partout de la réalité qu'elle veut représenter. Il En ce qui concerne la théorie de l’éther élas- tique, je suis bien éloigné de nier les grands services rendus à la science par les savants qui science, m'a permis d’apercevoir divers phénomènes plus clairement qu’ils n’apparaissaient à d'autres points de vue: je croirais manquer si je renoncais, pour des raisons étran- gères à la science, à dire ce que j'ai vu. » 24 1070 l'ont adoptée. Mais, entre les mains de Newton, son auteur, la théorie de l'émission n’a-t-elle pas donné des résultats, ne füt-ce que l'explication des anneaux colorés, à laquelle un siècle et demi n’ont pu rien ajouter? La considérons-nous d'aprés cela comme exacte ou même comme utile? Toute hypothèse qui représente certaines parties de la Nature, même sous un côté restreint, peut con- duire à des découvertes précisément de ce côté. Avons-nous le droit d'en conclure qu'elle est dé- montrée? Mon éminent contradicteur juge que la question de la stabilité de l’élher n’est pas résolue, par cela seul qu'on se borne aux équations différentielles. Sans doute; mais, pour moi, la question de savoir s’il peut exister un éther stable me paraît tranchée, du moment qu'on sait, en somme, se passer de l’éther. La théorie optique de l'avenir ne connaîtra dans l’espace que l'énergie, dont la densité sera une fonc- tion périodique du temps et des coordonnées, et celte fonction exprimera tout ce que nous savons des propriélés physiques de la lumière. Comment, en effet, ne pas reconnaitre que les difficultés de la théorie élastique résident en ce que cette hypo- thèse, à côté des éléments utiles, indispensables, en introduit d’autres qui ont élé déterminés par la nature non de la lumière, mais du véhicule sup- posé des phénomènes lumineux. Tel est précisé- ment le reproche qu'encourent toutes les théories mécaniques : elles renferment trop ou trop peu de paramètres, et, par suite, amènent des difficultés qui tiennent, non pas au /#it, mais à son symbole!. III J'en dirai presque aulant de la théorie cinétique des gaz. Je m’empresse de reconnaitre avec quelle ingéniosité Maxwell et Clausius ont su rendre l'image conforme à la réalité, au point de pouvoir 1 11 semble piquant de rapprocher de ce passage cette remarque que notre illustre collaborateur M. H. Poincaré exprimait, il y a plusieurs années, dans la préface d'un de ses ouvrages : « La théorie des ondulations repose sur une hypothèse moléculaire; pour les uns, qui croient découvrir ainsi la cause sous la loi, c’est un avantage; pour les autres, c'est une raison de méfiance; mais cette méfiance me parait aussi peu justifiée que l'illusion des premiers. « Ces hypothéses ne jouent qu'un rôle secondaire. J’au- rais pu les sacrifier; je ne lai pas fait parce que l’exposi- tion y aurait perdu en clarté, mais cette raison seule m'en a empéché. «En effet, je n’emprunte aux hypothèses moléculaires que deux choses : le principe de la conservation de l'énergie et la forme linéaire des équations, qui est la loi générale des petits mouvements, comme de toutes les petites variations. « C’est ce qui explique pourquoi la plupart des conclusions de Fresnel subsistent sans changement quand on adopte la Voyez : H. Poincaré, Théorie mathématique de la Lumière, tome I, Préface, G, Carré, Paris, 1889. (Note DE LA DIRECTION.) W. OSTWALD — LETTRE SUR L'ÉNERGÉTIQUE établir à priori, avant toute expérience, les rela- lions entre la diffusion, le frottement interne et la conductibilité calorifique. Quel triomphe! Mais aussi quelle stérilité après ce premier fruit! Que contiennent depuis de longues années les travaux sur ce sujet? Une extension de nos connaissances sur les propriétés physiques des gaz? Non pas, mais seulement l'examen des fondements théo- riques de l'hypothèse. Vienne l'hypothèse à êlre reconnue insuffisante, —— la chose est possible, de l’aveu même de ses parlisans, — et tout ce travail aura élé fait en pure perte. Je crois utile de dire ici ce qui éveilla en premier lieu ma défiance à l'égard de la théorie cinétique. Elle n'a pas prévu les lois de Van t'Hoff relatives aux solutions, lois dont on ne saurait exagérer l'importance; plus encore, elle s’est trouvée dans l'impuissance d'établir ces lois, même une fois connues, à l’aide d'hypothèses tant soit peu plau- sibles. Mais, quand on a voulu tirer de celte impuissance un argument contre les propositions de Van LHoff, quand on à voulu nier des faits, parce qu'ils n'étaient pas d'accord avec la théorie, je devais me dire : Cette théorie est plus qu'inu- ile : elle est nuisible. Et, qui pourrait dire com- bien de fois nous avons laissé de côté des faits importants, parce qu'ils ne cadraient pas avec l'hypothèse que nous nous étions forgée sur une question douteuse ! IV Reste le grave problème de la subjectivité de toutes nos connaissances. M. Brillouin pense que nous ne pouvons nous passer de symboles : je suis dans un certain sens de son avis. Mais nous avons bien le droit,le devoir même de choisir les symboles qui répondent le mieux possible à notre but. L'É- nergélique, elle aussi, imagine des symboles; mais seulement, à la différence de lascience antérieure, elle apporte un soin scrupuleux à ce que ses sym- boles ne contiennent rien de plus, rien de moins que les J'aits à représenter. J'ai insisté déjà sur ce que les théories méca- niques usuelles ne satisfont pas à cette condition; el j'ai des raisons de croire que, par essence même, elles ne peuvent jamais y satisfaire. Il m'est mal- heureusement impossible d'exposer ici ces raisons . avec tout le développement nécessaire ; mais je puis en indiquer la Lendance. Comme on le sait, on * s Ë | ; | | distingue, depuis Hamilton, deux espèces de gran- & deurs physiques : tiellement différente, et l’on ne peut jamais repré- … senter l'une par l’autre. Je suis persuadé qu'il existe un plus grand nombre de grandeurs d'es-" : les sealaires el les vecteurs. Ces \ deux espèces de grandeurs sont de nature essen- Ps . . et sence différente; et je me crois fondé à admettre À que les diverses formes de l'énergie sont caracté- risées toutes par des grandeurs possédant une telle individualité. Que cela soit confirmé, et le fait que jusqu'à présent la Mécanique n’a pu donner une image complète de la Nature, apparaîtra - comme une #écessitée. Une telle notion serait aussi . précieuse pour la science que l’a été, en son temps, la notion de l’individualité des éléments chimiques, et les modernes adeptes des théories mécaniques, en prétendant ramener toutes les formes de l’éner- gie à l’énergie mécanique, ne feraient pas œuvre utile plus que les alchimistes cherchant à trans- muter le plomb en or. Que, dans un pareil labeur, on ait fait toutes sortes de trouvailles intéressantes autant qu'inattendues, ce n’est qu’une ressem- blance de plus avec l’activité, souvent féconde, de ces chercheurs opiniâtres. Mais, dira mon adversaire, il n’est pas démontré que les choses se passent ainsi. Sans doute ; seule- ment, du moment qu’elles peuvent se passer ainsi, c'est une raison suffisante pour examiner si cette méthode discutable est la seule qui puisse faire G. MOURET — LE FACTEUR THERMIQUE DE L'ÉVOLUTION SR ——"— —"—— — ——] —— ——"————…—”…"”"’_ ——— — —— — 1071 progresser la science. De fait, il en existe une autre moins hypothétique : la méthode de l'Énergétique. Pourquoi s'engager dans une voie incertaine, quand il en est une plus sûre ? En terminant ces remarques, j'éprouve, si je ne m'abuse, le même sentiment qu'a éprouvé mon honorable adversaire : notre divergence d'opinion n'est déjà pas si grande. Pendant dix années j'ai cherché sans succès à édifier une théorie méca- nique des affinités chimiques, et je me suis con- vaincu que c’est seulement dès qu'on a renoncé à toute analogie mécanique qu'on peut trouver des résultats de quelque utilité. Il est elair que mon adversaire n’a pas passé par semblable épreuve : il a conservé une certaine tendresse pour la Méca- nique. En ce qui me concerne donc, je crois rem- plir mon devoir scientifique en détournant mes collaborateurs des chemins qui, s'ils ne les con- duisent à l'erreur, les entraineraient sûrement à de longs détours. W. Ostwald, Professeur de Chimie physique à l'Université de Leipzig. LE FACTEUR THERMIQUE DE L'ÉVOLUTION « Nos formules et nos théorèmes les plus remar- quables sont bien moins utiles en eux-mêmes que cette sorte de métaphysique qui les éclaire et les domine. » Porsor. Deux premières études ! sur la science de la chaleur ont été consacrées à l'exposé de ses lois et notions fondamentales, restées jusqu'ici dans l'ombre. Dans cette troisième et dernière élude, nous avons à rattacher à ces bases nouvelles les résultats généraux que la Thermodynamique ne permet d'atteindre qu'indirectement. Ce sera l’occasion, en établissant la notion d’en- tropie totale et formulant les lois de ses varia- tions, d'éclaircir les formules, d’ailleurs bien con- nues, qui traduisent ces résullats, et de meltre en relief leur signification physique. Ce sera aussi l’occasion d’esquisser le rôle que joue l’entropie dans les phénomènes d'ordre phy- sique, et de démontrer comment la considération de cette quantité fournit le moyen de préciser, sur un point essentiel, la doctrine de l’évolution. Le lecteur saisira bien la portée du sujet s’il se re- porte, au préalable, au livre des Premiers Principes, d’'Herbert Spencer, ouvrage considérable dans le- quel, réserve faite des hypothèses cinéliques de l'illustre philosophe, la doctrine en question se trouve exposée sous la forme la plus scientifique 1 Voyez Revue du 30 Octobre et du 30 Novembre 1895, que comporte l’état actuel de nos connaissances en Physique et en Biologie. I. — ENTROPIE TOTALE L'entropie n’a élé définie, dans les études sus- mentionnées, que pour les corps homogènes, de température et de pression uniformes. Cependant nous avions cité un exemple où l’on peut mesurer la variation d’entropie d’un corps formé de deux gaz différents, oxygène et hydrogène. Rien ne nous aurait empêché, d'ailleurs, de supposer ces deux gaz primitivement à des températures et à des pressions initiales différentes, à condition, avant de les combiner, de les amener, par une opération réversible, à avoir la même température et la même pression. On peut généraliser cette observation, et définir la différence d’entropie de deux états À et B d’un système hétérogène, composé de corps de nature chimique différente, à des pressions, températures, tensions électriques différentes, de la même ma- nière qu'on définit la varialion d’entropie d'un corps uniforme, c'est-à-dire par une mesure calo- rimétrique effectuée par voie réversible, le système passant par une transformation réversible de l’état À à l’état B. La réversibilité doit être ici le carac- tère, non seulement des opérations qui s’accom- plissent entre le système et le calorimètre, mais en- core de celles qui s’accomplissent exclusivement 1072 G. MOURET — LE FACTEUR THERMIQUE DE L'ÉVOLUTION ———————————————————————————————— TT à l’intérieur du système. Par exemple, pour amener les éléments du système à lamême pression, il faut, à l’aide d’une force extérieure qui accomplit ou dépense du travail, laisser les détentes et les com- pressions s'opérer lentement (afin d'éviter une transformalion de force vive en chaleur), et sans que les éléments à des températures différentes puissent échanger de la chaleur. Si des échanges de chaleur ont ensuite lieu à l’intérieur du système, il faut que ce soit à l’aide d'une machine de Carnot fonctionnant réversiblement, comme c’est la con- dition pour les échanges de chaleur entre les dif- férentes parties du système el le calorimètre. Grâce à ces conditions, la loi fondamentale sur la-réversibilité est applicable, et, quelle que soit l'opération réversible accomplie, la quantité de chaleur cédée ou empruntée au calorimètre reste toujours la même: elle ne dépend que des élals A et B. Elle est, par définition, la mesure de la varia- tion d’entropie du système. Propriété additive de l'entropie. — H y a entre la varialion d’entropie d’un système et la variation d'entropie de ses éléments — au moins quand ceux-ci sont chimiquement libres ! — une relation simple qui achève de caractériser la nouvelle grandeur. À ce point de vue, il est indispensable de distin- guer deux types fondamentaux de systèmes. En premier lieu viennent les systèmes hétérogènes pro- prement dits. Ce sont ceux dont les éléments ho- mogènes (corps à un état thermique, physique, électrique et chimique uniformes) occupent chacun un lieu distinct de l’espace, et ne sont, par consé- quent, ni diffusés les uns dans les autres, ni com- binés les uns aux autres. Cilons comme exemple le système vapeur et eau, le carbonate de chaux dissocié, ete. En second lieu viennent les systèmes homogènes, dont toutes les parties sont exactement au même état, et ne présentent entre elles aucune différence à quelque point de vue que ce soil. Ces systèmes sont chimiquement décomposables en éléments homogènes de nature chimique distincte ou non, éléments dont la masse lotale, à l’état libre, est, d’après la loi de Lavoisier, égale à la masse même du système. Ce sont donc des systèmes dont les éléments occupent le mème lieu de l’espace, soit par dissolution ou diffusion, soit par combinai- son. Citons, comme exemple, tous les corps com- posés, et aussi les vapeurs des corps simples po- lyatomiques (hydrogène, phosphore, etc.). Dans les systèmes hétérogènes, il faut encore distinguer deux types de systèmes : les sys/èmes 1 C’est-à-dire ni dissous, ni combinés, physiques, ou systèmes dont les éléments ont des masses invariables, quoiqu'ils puissent eux-mêmes subir des transformations chimiques, et les systèmes chimiques, où systèmes dont les éléments ont des masses variables, mais se transforment les uns dans les autres. Si les éléments des systèmes physiques ne peu- vent échanger leur masse, ils peuvent échanger de la chaleur, de l'électricité. Leur volume, leur pres- sion, leur température, leur entropie, ete., peut varier, soil par l'effet de leurs actions et réactions mutuelles, soit par l'effet d'actions du dehors. Quand, par suite des changements que provo- quent les causes intérieures et extérieures, un système physique passe d'un état À à un état B, il est toujours possible de revenir par voie réversible de l’état B à l’état À, tout en s'astreignant à opérer sSéparément sur chaque élémentisolé et,en quelque sorte, extrait du système, isolé lui-même et main- tenu à un état invariable. Si l’on a, d’ailleurs, soin d'accomplir les opérations successives à l’aide d'une seule source de chaleur, ou de ramener toutes les sources sauf une, qui est le calorimètre, à leur état initial, par définition la quantité totale de chaleur cédée ou empruntée au calorimètre mesure, avons-nous dit, la variation d’entropie du système; mais celle quantité de chaleur est la somme des quantités de chaleur respectivement empruntées ou cédées par les éléments du sys- tème, et celles-ci mesurent les variations d’en- tropie de ces éléments. La variation d’entropie du système est donc égale à la somme algébrique des variations d'entropie de ses éléments. Or, le zéro d’entropie du système répond au cas où tous les éléments sont eux-mêmes au zéro absolu d’entropie ; sans quoi l’on pourrait encore emprunter de la chaleur au système, fournir de la chaleur au calorimètre, et, par suite, abaisser l’en- tropie du système. Il faut conclure de là que si, ce qui parait bien probable, il existe une limite inférieure finie de l'entropie d’un corps, l’entropie absolue d'un système physique est la somme des entro- pies absolues de ses éléments. Telle est ia relation re- marquable que nous avions en vue. Appliquée à un corps homogène, considéré comme un système hétérogène formé de parties semblables, elle montre que l’entropie d'un corps de masse variable, mais maintenu toujours au même état \, varie proportionnellement à la masse du corps. Ce prin- cipe constitue la dernière des généralisations dont la notion d’entropie est susceptible. Il prouve que l'entropie est, suivant une expression empruntée au Professeur W. Ostwald, une qualité additive de la matière, comme le sont la masse el l'énergie. PR 1 Par exemple, l'eau dans sa vaporisation sous pression constante. El à 1 pr, G. MOURET — LE FACTEUR THERMIQUE DE L'ÉVOLUTION 1073 È Ê - Pour évaluer la variation d’entropie d’un corps à dont la masse et l'élat changent à la fois, il suffit - de considérer la succession de deux transforma- 1 tions; dans la première, le corps, conservant sa … masse, change d'état; dans la seconde, son état … ne change pas, mais sa masse est accrue ou dimi- . nuée. Par conséquent, la variation totale de l’en- — lropie de ce corps est exprimée par la formule : va £ : ÈS — mdS +S dm, où ÔS est la variation totale d'entropie, d4S la va- riation d'entropie de l’unité de masse, » la masse - el dm la variation de la masse. ; Grâce à cette formule, il devient possible de … iraiter le cas des systèmes hétérogènes chimiques, - c'est-à-dire ceux dont les éléments peuvent se - transformer totalement les uns dans les autres. Prenons comme exemple le système eau et vapeur à des températures et des pressions varia- bles. Soit » la masse de l’eau, »#'la masse dela vapeur, ét dm la masse infiniment pelite d’eau vaporisée, On peut évidemment, qu'il s'agisse ou non d'une transformation infiniment petite, consi- dérer ce système comme un système physique formé de lrois éléments de masse invariable : la masse d'eau 7— dm, la masse de vapeur #', et la masse dm qui passe de l’état liquide à l’état de vapeur. Le théorème précédent est donc applicable; la varialion d'entropie àS du système est égale à la somme des variations d'entropie de chacune des trois masses, et l’on a : ÈS = (in — dm) dS + m'dS + dm (S —S), S étant l’entropie de l’eau, S’ l'entropie de la va- peur, et 4S et dS'les variations de ces quantités . résultant des variations de pression et de tempé- ralure. Supprimant l'infiniment pelit du second . ordre, la relation devient: ÈS= mdiS + mdS + dm (S'— S); ou encore : ÈS = (m'dS! + S'dm) + (mdS — Sdm), formule qui montre que le changement d’entropie du système est encore égal, quoique les masses de ses éléments varient, à la somme des variations d’entropie de ses éléments. Ainsi, dans tous les systèmes hétérogènes, phy- siques ou chimiques, et, par suite, dans les sys- tèmes mixtes, l’entropie conserve sa propriété additive. Malgré les aclions et réaclions des élé- ments du système, malgré les échanges de toute nalure qui ont lieu entre eux, ÿ compris les échanges de masse, leurs entropies ne cessent pas de se cumuler, dans toutes les transformations du système, pour fournir l’entropie totale. Il y a là REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES 1895. une sorte de conservation de l’entropie, parallèle à la conservation de la masse. Quand, de la considération des systèmes hété- rogènes, on passe à celle des systèmes homo- gènes, la question devient plus délicale. D'abord, le seul fait d'amener des éléments homogènes à occuper le même lieu de l’espace (dissolutions et combinaisons chimiques) suffit souvent pour dé- terminer une augmentation de l'entropie totale. Maintenant, peut-on définir l’entropie propre d’un élément engagé chimiquement avec d’autres? El, si cela est possible, existe-t-il encore une relation déterminée entre la variation d'entropie des élé- ments et l'augmentation d’entropie du système? Malgré son importance, nous ne chercherons pas à résoudre ce double problème, extrêmement inté- ressant; il se rattache directement à la question des lois propres de la Chimie’, et, pour cette raison même, n’apparlient pas exclusivement à la science générale de la Chaleur. IT. — LA TEMPÉRATURE ABSOLUE. Dans le cas le plus général, c'est-à-dire le plus complexe, de la transformation d'un corps homo- gène, il n’y a pas de rapport déterminé entre la mesure d’un changement d'entropie et la quan- lité de chaleur absorbée ou dégagée dans ce chan- gement. Mais il n'en est pas de même s'il s’agit d'une transformation isotherme, et de la défini- lion de la variation d’entropie il résulte immé- diatement qu'il y a alors proportionnalité entre les deux quantités, de sorte qu’on peut écrire la rela- tion : Q=K#(S —S), où Q est la chaleur latente, S et S’ les valeurs de l’entropie initiale et finale et # un coefficient nu- mérique constant indépendant de la nature du corps considéré, mais fonclion de la température considérée et de celle du calorimètre. À une autre température on aurait la relation : Q'= #(S' —S). Le rapport qui existe entre les coefficients # et k' est, d’après ces relations, le même qu'entre les chaleurs Q et Q”, qu'on peut considérer comme les chaleurs mises en jeu, aux températures t et #!, dans un mème cycle de Carnot. Carnot admettait que ce rapportest égal à l'unité, de sorte que, pour 1 Je ne fais pas allusion ici aux lois de la Thermochimie, qui sont tout simplement des applications à la Chimie des principes de la Science de l'Energie. Je veux parler des lois quantitatives spéciales aux réactions chimiques. Je profite de l’occasion pour faire des réserves formelles sur le rôle exclu- sif que M. le Professeur W. Ostwald attribue à l’Energétique dans les Sciences physiques, et sur la place que le savant professeur fait occuper au concept de l’Enervgie, relative- ment au concept matière. (Cf. La Déroule de l'Alomisme, dans la Revue du 15 novembre 1895. 24* 1074 lui, il n'y aurait pas eu lieu de distinguer la varia tion d’entropie de la quantité de chaleur : c’eût été une seule et même chose. Mais la donnée de Carnot est inexacte ; précisément la loi sur l’irréversibi- lité conduit à ce corollaire que, si la température # est supérieure à la température /', la quantité Q est plus grande que la quantité Q'. Ainsi donc, relati- vement à une température donnée du calori- mètre, le coefficient Æ varie avec la température du corps qui subit la transformation isotherme, el dans le même sens que cette Llempérature. Il est d’ailleurs le même pour tous les corps pris à la même température; il peut donc servir de mesure absolue à la température, et on l'appelle fempéra- ture absolue, en le représentant par ia lettre T. C'est ce qu'exprime la formule bien connue : Q=TASINS);, (1) qui élablit une relation simple entre la chaleur la- tente Q, ou chaleur mise en jeu par voie réversible le long d'une isotherme, la température absolue T de l’isotherme, et la variation d’entropie S —S. En faisant, dans cette relation, S'—S égal à l’u- nilé, et désignant par Q, la chaleur latente corres- pondante, on a Te QU (2) c’est-à-dire que la température absolue est mesurée par la chaleur absorbée dans une transformation iso- lherme qui accroît l'entropie d'une unité. Signification physique de la température absolue. — Mais cet énoncé si précis ne constitue cependant pas une définition suffisante de la nouvelle notion. On n'en saisira bien la signification physique que par les considérations suivantes, basées sur le « déplacement » d'enlropie qui s'opère dans un cycle de Carnot". Le fait que, dans le cycle de Carnot, la quantilé Q est supérieure à la quanlité Q’, peut s'exprimer en disant que, par une transmission réversible de cha- leur du corps froid au corps chaud, ou inversement, il y a destruction ou création de chaleur.Peu importe d'ailleurs d'où est tirée la chaleur créée, et ce que devient la chaleur détruite; ce qui importe dans le cas présent, c'est, d’une part, que celte trans- mission est accompagnée de varialions égales el opposées d'entropie, une partie de l’entropie se déplaçant, en quelque sorte, d'un corps dans l’autre; c'est, d'autre part, que le déplacement de l'entropie n'est accompagné d'une création ou d'une destruction de chaleur que si les deux corps sont à des températures différentes. À tout écart de température est donc nécessairement lié, dans un déplacement donné d’entropie, une création l Cf, Leçons de Ther modynamique de M Lippmann, p.78. G. MOURET — LE FACTEUR THERMIQUE DE L'ÉVOLUTION ou une destruction d'une quantité déterminée de chaleur, quantité qui ne dépend pas de la ma- chine thermique, mais seulement de la tempéra- ture initiale et finale. Si l’une de ces températures est modifiée, l’autre restant invariable, la quantité de chaleur détruite ou créée est modifiée dans le même sens que l'intervalle de température. Si l’in- tervalle grandit, la quantité de chaleur augmente; s’il devient plus faible, elle diminue. Gràce à cetle connexion, qui repose sur la qua- trième loi fondamentale, ilest possible de compa- rer deux intervalles de température même quand les températures initiales et les températures finales ne sont pas les mêmes, et cela à l'aide des quantités de chaleur ÿ et g' détruites ou créées dansle déplacement réversible d’une quantité d'en- tropie invariable. Si la quantité 7 est égale à la quantité g', on dira que les intervalles sont égaux. Si elle est trois fois plus grande, on dira que l'intervalle correspondant est trois fois plus grand que l'autre. D'une manière générale, un intervalle de lempérature peut être considéré comme une grandeur mesurable, c'est-à-dire comme la somme d'un certain nombre d’intervalles égaux à l’unilé. Si gest la chaleur détruite ou créée répondant à l'intervalle pris pour unilé (par exemple l'intervalle de 0° C. à 1° C), la mesure de : q tout intervalle sera le rapport —, Mais la mesure d’une température ne saurait êlre que la mesure de l'intervalle qui la sépare d’une température fixe et déterminée, arbitrairement choisie /, (par exemple 0° C, température de fusion de la glace). Une température { aura donc pour mesure le rapport: Qo—Q, r=® qi Qc et Q, étant les chaleurs latentes de dilatation aux températures { et 4, pour un accroissement d'entropie égal à une valeur quelconque ç. Elce rap- port est parfaitement indépendant de la nature de la substance (hermométrique aussi bien que la valeur 5, qu'on peut supposer, en particulier, égale à l'unité. Maintenant, alin de simplifier la formule, au lieu d'attribuer à la température {, la valeur 0, conve- Un tons une unité d’entropie, Lelle que lachaleur 7, dé- truile ou créée, répondant à l'intervalle de &C à 1° G, soitégale à l'unité. Laformule se réduit alors à: 1— 1) Y1 nons de lui attribuer la valeur ;en outre, adop- c'est-à-dire à la formule (2), qui entraine la rela- lion fondamentale (1). Celle-ci se trouve ainsi su- bordonnée à une certaine relation entre les unilés de variation d’entropie, de quantité de chaleur, et # 2 à . d'intervalle de température. Si les unités étaient - quelconques, la relation fondamentale devrait - contenir un coefficient numérique. Conclusion pratique. — La marche que nous ve- - nons de suivre pour arriver à définir la tempéra- - ture absolue est assurément moins simple que - celle qui consiste à définir celte grandeur, sans … autres explications, par un rapport numérique. Mais elle a cet avantage, d’abord de mieux mettre en évidence la dépendance des unités (c'est-à-dire, - selun l'expression à la mode, les « dimensions » - de la température absolue), ensuite et surtout de - faire ressortir l’origine profonde de la nouvelle - grandeur et la raison de son utilité. Il ne suflirait - pas, en effet, pour atteindre ce résultat, de dire - que la température absolue est la grandeur me- surée par la quantité de chaleur mise en jeu le long de l'isotherme, dans un changement d'en- tropie égal à 1. Il est essentiel d'expliquer que les varialions de cette grandeur expriment propor- lionnellement les quantités de chaleur détruites ou créées dans la transmission réversible de cha- leur, donc la quantité maxima d'énergie que peul lransformer une machine thermique. C’est, en effet, que la définition de la mesure d'une grandeur ne saurait être arbitraire ; il n’y a rien de conventionnel dans une science bien cons- truite et tout est imposé par la nature des choses. La définition de la mesure d'une grandeur doit être en accord avec la définition de la grandeur elle-mème ; elle doit dériver de la propriété fon- damentale qui caractérise celle-ci. Or la tempéra- ture, comme la force mécanique, la pression élas- _Lique, la tension superficielle, la force électromo- trice, elc., est une puissance de transformation, une force, au sens général du mot. Il faut donc que ses variations soient mesurées par le rendement en travail, ou par la quantité de chaleur transformée, ou, ce qui revient au même, par les varialions d° la chaleur latente, à égalité de variation d’entropie. Non seulement ce mode d’évalualion s'impose théoriquement, mais, pratiquement, il est indis- pensable ; car il dispense une fois pour toutes d’avoir recours aux machines thermiques réver- sibles : et il permet de ramener toutes les mesures thermiques à de simples mesures calorimétriques. En effet, une fois les températures absolues éva- luées en fonction dés températures thermomé- triques, par des expériencesfaites sur une machine thermique réversible particulière Gun gaz, une va- peur saturée, elc.), on peut se dispenser, dans l'é- tude d'un phénomène quelconque, de procéder par voieréversible !, Il suffit de mesurer à tout instantles 1 Sans pouvoir éviter, bien entendu, d'avoir recours aux transformations réversibles des corps ou systèmes étudiés. G. MOURET — LE FACTEUR THERMIQUE DE L'ÉVOLUTION températures du système, ainsi que les quantités de chaleur échangées avec le calorimètre; les varia- tions d’entropie peuvent alors être calculées par la formule (1). III, — LE ZÉRO ABSOLU DE TEMPÉRATURE La définition rationnelle de la température abso- lue, telle que nous venons de la donner, est par- faitement indépendante de la question de l’exis- tence du zéro absolu de température : car, dans nos explications, nous n'avons rien eu à supposer à ce sujet. Il est cependant intéressant d'étudier ce que deviennent, au zéro absolu, les nouvelles quantités : entropie et température absolue. I règne, en celte matière, quelque incertitude dans les exposés courants, et l’on confond parfois le moyen, que nous n'avons pas, de réaliser le zéro absolu avec la possibilité d'existence de cet état thermique. Zéro absolu. — Tout d’abord, et réserve faite de la question toute théorique des tempéralures négatives !, il est évident qu'il existe une limite inférieure de la température, soil qu'on évalue la tempéralure par les moyens ordinaires, dilata- tions ou pressions, soit qu'on la mesure par les quantités de chaleur. Dans le premier cas, celte limile répond à l’état des corps sous leur minimum de volume (à pression constante), ou à leur minimum de pression ou maximum de tension (à volume constant). Dans le second cas, elle répond à l’élal des corps pour lequel la chaleur latente de dilatation, rapportée à l'unité de varialion d’entropie, est un minimum. Expliquons cette dernière définition. Si une ma- chine réversible emprunte à une source chaude, à une température fixe et déterminée T,, une quan- tité de chaleur fixe et déterminée Q,, la chaleur Q transmise à une source froide est inférieure à la quantité Q, d’une quantité d'autant plus forte que la température T de cette source froide est plus basse. Mais la quantité de chaleur cédée ne peut, d'après la loi sur la réversibilité, devenir négative; elle à donc une limite inférieure et la température abso- lue de la source froide pour laquelle cette limile serail alleinte est la valeur absolue inima de la température. Si cette limite est zéro, el rien n'em- pêche de concevoir la possibilité d'une limite nulle, — tout au contraire la fait présumer —., la valeur minima correspondante est ce qu’on doit ralionnel- lement appeler le zéro absolu. Ainsi la définition du zéro absolu est d'ètre la #mpérature d’une source ] froide à l'aide de laquelle on pourrait détruire toute lu 1 S’il existait une série de températures négatives, l'exis tence du zéro absolu en serait, d’ailleurs, une conséquence nécessaire. 1076 chaleur empruntée à une source chaude (en Ja trans- formant en travail ou autre énergie extérieure). Nous pouvons maintenant juslifier la convention que nous avions faite, au sujet de la température absolue, en attribuant au repère de la nouvelle échelle de température une valeur égale à Fe Cette 1 quantité mesure précisément l'intervalle compris entre la température repère et le zéro absolu, de sorte que la température absolue : LE — 2er qi n'est autre que la mesure des températures rap- portées au zéro absolu. On peut donc dire que la température T est dou- blement absolue, absolue parce qu’elle n’a aucune relation avec un corps thermométrique particulier, absolue aussi parce qu’elle est comptée à partir du zéro absolu. La quantité T n’est d’ailleurs point une quantité théorique ; sans doute, en pratique, on ne peut la mesurer directement, mais, comme nous l'avons déjà dit, on peut Ja calculer à l’aide des lois spé- ciales à certaines classes de corps, nolamment des gaz parfaits. Prenons comme exemple le calcul de la tem- pérature absolue T, de la glace fondante, en adop- Lant pour unité d'intervalle le degré centigrade, c'est-à-dire l'intervalle de température de OC. à 41°C. Soient, pourune variation déterminée d’entropie, Q,la chaleur latente au zéro centigrade, et Q, la chaleur latente à 1°C. La température cherchée T,, sera donnée par la formule : Q QG ‘ Appliquons celle formule à un gaz parfait, c’est- à-dire à un corps dont l'énergie intérieure, qui ne dépend que de la température, est proportionnelle à sa mesure absolue, et dont le volume à tempé- rature constante varie en raison inverse de la pression. Puisque l'énergie de ce corps ne dépend que de sa température, les quantités Q, et Q, doi- vent être respectivement égales, par application du principe de l’équivalence, aux travaux de détente isotherme ; mais, d'après la loi de Boyle, ces travaux sont proporlionnels aux pressions, de sorte que l'on a finalement: EE Po « Pi — Po n (P1 et Po, pressions à volume constant). Or, ce rapport est égalau coefficient de dilatation du gaz, par rapport au volume à 0°C, coefficient dont la valeur a été reconnue égale, par des expé- riences directes, à 1/273, On a donc, en définitive : Dr 219 G. MOURET — LE FACTEUR THERMIQUE DE L'ÉVOLUTION Si nous avons reproduit ce petit caleul, c'est pour bien montrer que le chiffre de 273, si sou- vent invoqué, n'est point un chiffre théorique ou hypothétique. Non seulement il ne suppose pas l'existence réelle d'un zéro absolu de température, mais encore il n'implique d'aucune manière que les lois des gaz parfaits soient vraies à toutes les températures, chose peu vraisemblable d'ailleurs, etmême inconcevable s’il s'agit du zéro absolu. Il suflil, pour que le chiffre de 273° soil positivement justifié, qu'il existe un seul corps satisfaisant aux lois de Joule et de Boyle, entre 0° et 41°C et dont le coefficient de dilatation soit égal à 1/273. On doit donc poser en principe, comme une conséquence logique des lois de la chaleur et de la manière dont se comportent cerlains corps entre 0°C. et1‘C., que, si le zéro absolu existe, il est à 273° (en unités centigrades, et en mesure absolue) plus bas que le zéro centigrade. Æntropie au zéro ahsolu. — Quand on applique la relation fondamentale (1) à une transformation infiniment pelile, on la met sous la forme : dQ TA, (3) où 4Q est la quantité infiniment petite de chaleur absorbée !, el 4S la variation infiniment petite d'en- tropie. Si G est la chaleur spécifique, on peut aussi écrne (4 où dS est la variation d’entropie répondant à une variation de température dT à pression constante. On a conclu de celte formule qu’en supposant C constant aux basses températures, comme cette quantilé Pest aux températures expérimentées, pour une classe nombreuse de corps, la valeur de l'entropie au zéro absolu serail infinie. Quelle que soit la validité de la supposilion rela- tive aux valeurs de C, la conclusion est erronée: car la formule (4) cesse d'être exacte quand les valeurs de T sont voisines du zéro. La substitution dans la formule (3) de la quantité CdT à la quantité 4Q n’est | plus alors permise, parce que la différence de ces deux quantités devientun infiniment petit du même ordre que les quantités elles-mêmes. D'ailleurs, la définition mème de l’enltropie montre que cette grandeur dépend de deux variables, et qu'au zéro absolu elle doit varier avec la pression ou le volume 1 Cette formule suppose que la chaleur réellement absorbée dQ et la chaleur latente 4L, entre les mêmes adiabatiques, sont des infiniment petits du même ordre dont le rapport est, à la limite, égal à l'unité. C'est une condition dont il faut se préoccuper, quand on cherche à appliquer la formule aux transformations opérées au zéro absolu, ou à celles d'un solide ou d'un liquide parfait, c'est-a-dire totalement dépourvu d’élasticité, opérées à une température quelconque. G. MOURET — LE FACTEUR THERMIQUE DE L'ÉVOLUTION 1077 . -spécifique du corps considéré. À supposer même qu’au zéro absolu ces quantités soient complète- ment déterminées, c’est-à-dire que les adiabatiques aient toutes un même point commun avec l'iso- therme zéro, tout ce que l’on pourrait dire, c’est que l’entropie est indéterminée en tant que fonc- tion du volume et de la pression, mais non qu'elle est infinie. Il faudrait plutôt, par application de la Joi de la réversibilité, considérer que le corps, tout en conservant la même pression, le même vo- lume et la température zéro, soit cependant sus- ceplible d'un certain changement d'état qui serait marqué par le changement d’entropie. Toutefois, si les chaleurs spécifiques pouvaient rester cons- tantes jusqu'au zéro absolu, il faudrait en conclure que l’entropie n'a pas de limite inférieure. Nous préférons croire que les chaleurs spécifiques, rap- portées à l'unité absolue d'intervalle de tempéra- ture, diminuent avec la température. En résumé, il n'y a rien de particulier à dire sur la valeur de l’entropie au zéro absolu. Celte valeur peut être quelconque, nulle ou finie, et les lois de sa variation ne sont, d’ailleurs, pas différentes des lois de sa variation à température finie. Ce sont ces lois que nous allons maintenant examiner, en exposant les théorèmes généraux de la science de la Chaleur, ou règles s'appliquant, non plus à un cas simple, comme les lois sur la réversibilité et l'irréversibilité, mais à un phénomène thermique quelconque. Nous allons voir que, grâce à la no- tion de l’entropie, le nombre de ces théorèmes se réduit à deux, et que les théorèmes eux-mêmes prennent une forme très simple, qui dispense de toute formule différentielle dans les énoncés. IV. — CoNSERVATION DE L'ENTROPIE Le premier des théorèmes en question est un corollaire immédiat de la loi sur la réversibilité et de la définition de l’entropie totale d’un système. Supposons qu'un système quelconque, isolé thermiquement, c'est-à-dire enfermé dans une enceinte imperméable à la chaleur, subisse une transformation réversible, par laquelle il passe d’un état À à un élat B. Metions ensuile le sys- tème dans le calorimètre, et ramenons-le, encore par une opéralionr réversible, à son élat initial A. Dans l’ensemble réversible de ces deux opéralions, le système a fonctionné comme machine ther- mique, échangeant de la chaleur avec une source unique qui est le calorimètre. En vertu donc de la loi sur la réversibilité, le calorimètre, finalement, n'a pu gagner ni perdre de chaleur, ce qui prouve que, dans le retour à l’état initial, l'entropie du sys- tème n’a pu varier; autrement dit, que la différence d’entropie entre les états A et B est nulle. De là le théorème suivant : PREMIER THÉORÈME GÉNÉRAL. — Quand un système, isolé thermiquement, subit une transformation réversible, son entropie se conserve. Une telle transformation, homologue dela trans- formation adiabatique d’un corps homogène, s'ap- pelle transformation isentropique. Ilest, le plus souvent, impossible d'appliquer directement le théorème à la transformation réversible d’un système isolé quelconque; les élé- ments numériques font défaut. Pour traiter le cas général, on suppose le système ramené à son élat initial par une autre transformation réversible, c’est-à-dire qu'à la considération d'un cycle réver- sible ouvert on substitue la considération d'un cycle fermé; de cette manière, les seuls change- ments définitivement accomplis le sont dans les sources, et par conséquent sont directement me- surables. D'ailleurs, peu importe la température des sources, pourvu que les écarts de température entre le système et les sources conservent le sens convenable. Le cycle suivi par le corps ne dépend que de ce senset des quantités de chaleuremprun- tées ou cédées. On peut supposer, en particulier, qu'il. n’y à entre les sources et le corps que des différences de température infiniment petites, et alors l’opé- ration doil être considérée comme réversible, si le cycle lui-même, ce que nous supposons, est réver- sible. Mais le système total, composé du système considéré et du système des sources, est un sys- tème isolé thermiquement, dont l’entropie, d’après le théorème fondamental qui vient d’être énoncé, n'a pas varié. On peut donc écrire la relation générale : AN) — = 0, J3 où 4Q est la quantité de chaleur empruntée à une source, et T la température commune de celte source et du système ou de la portion du système avec laquelle l'échange de chaleur a lieu. Cette formule a été établie, pour la première fois, par Clausius. Nous reviendrons, au paragraphe suivant, surlesobservations que suggèrent laforme du premier membre de la relation. V. — AUGMENTATION DE L'ENTROPIE On vient de voir que l’entropie se conserve dans les phénomènes réversibles ; quelle est la loi de sa variation dans les phénomènes irréversibles ? La question a paru délicate au point que cer- tains auteurs se sont abstenus de la traiter dans toute sa généralité, et que d’autres ont émis des doutes sur l'exactitude de la solution avancée par Clausius. Les explications qui suivent seront peut- être de nature à lever les difficultés de pure forme 1078 et à faire adopter une théorie qui n’est plus guère contestée à l'Étranger, et qui, en France, a plus ou moins indirectement inspiré une partie des travaux de M. Berthelot et de son École. Ces explications ont pour base la quatrième loi fondamentale, telle que nous l'avons formulée d’après M. Ariès, celte loi suivant laquelle, si une opération irréversible est accomplie sur un système de sources de chaleur, à l’aide de machines ther- miques, l’une des sources, au moins, absorbe de la chaleur. L'expérience, avons-nous dit, estle véritable crite- rium d’exaclitude des lois fondamentales, La loisur l'irréversibililé n'échappe pas à cette règle; mais, sans chercher ici à montrer comment elle se « pré- juge » en qualité de corollaire d’une loi fondamentale de l'Énergie, et comment, par conséquent, elle se raltache à une mullitude de faits où la chaleur ne joue aucun rôle, il n’est pas inutile de signaler les rapports qu'elle présente avec les principes de la Thermodynamique, et, revenant sur un point sim- plement signalé dans la première partie de cette étude, de montrer que douter de son exactitude, ce serait douter du principe de Carnot sur la pro- duction de force motrice par la chaleur. On peut, en effet, après qu’une opération irré- versible a été accomplie sur un système desources!, ramener par voie réversible toutes les sources de chaleur à leur état initial, sauf une seule toutefois, qui, d’après la loi en question, à finalement ab- sorbé de la chaleur. Or, si l’on considère l'énergie des différentes parties du système, celle des ma- chines ainsi que celle des sources, sauf une seule, n'ont pas varié, puisqu'il y a eu retour à l’état ini- tial. Seule, l'énergie des systèmes extérieurs en relation avec les machines, systèmes qui sont sup- posés n'avoir subi que des transformations réver- sibles, a varié, en même temps que s’est accrue la chaleur d’une source. On peut donc dire, par application du principe de l’équivalence, qu'il y a eu uniquement transformation en chaleur de tra- vail ou d’autre énergie potentielle extérieure. Mais si, au contraire, la source avait perdu de la chaleur, il faudrait conclure qu’il y a eu transfor- mation de la chaleur en travail. La loi sur l'irré- versibilité revient donc à dire qu'on ne peut, à l’aide d’une seule source de chaleur, transformer de la chaleur en travail. C’est une des formes géné- ralisées du principe de Carnot. De la loi sur l'irréversibilité et du théorème général sur la conservation de l’entropie, nous allons maintenant tirer le second théorème géné- ral applicable à un système quelconque, compor- ‘ Les températures de ces sources étant supérieures au zéro absolu. G. MOURET — LE FACTEUR THERMIQUE DE L'ÉVOLUTION tant ou ne comportant pas de sources de chaleur, . Ce théorème a trait au sens de la varialion d’en- tropie dans une transformalion irréversible. Soit un système quelconque À, isolé thermique- ment. Supposons que ce système, hors d'équi- libre intérieur, subissse une transformation irré- versible qui l'amène de l’état À à l’état B. Il est possible, théoriquement du moins, et quoique la transformalion opérée soil irréversible dans les conditions d'isolement admises, de ramener réver- siblement le système È à son élat initial. Il suffit pour cela de faire cesser l'isolement et de fournir ou de soustraire de la chaleur aux éléments du système, opérations qui elles-mêmes peuvent être accomplies par voie réversible. Ces opérations faites, on peut, de la même manière, ramener à leur état initial toutes les sources de chaleur aux- quelles on à eu recours, sauf une seule. En défini- tive, trois opérations se sont succédé : 1° Transformation irréversible du système isolé Z de l’état À à l’état B. 2° Retour réversible du système X à l’état initial A, avec pertes el gains de chaleur par les sources; 3° Retour réversible des sources, sauf une seule, à leur état initial. Considérées dans leur ensemble, ces trois opé- rations successives constituent une opéralion irré- versible, et le principe fondamental sur l'irréver- sibilité s'applique au système total qui comprend les sources et le système considéré X. La source unique à donc absorbé de la chaleur; par suite son entropie a augmenté, et, puisque la variation d’en- tropie d'un système est la somme des variations d'entropie de ses éléments, l’entropie du système total a augmenté. Mais les deux dernières opéra- tions, élant réversibles, n’ont pu modilier l’entro- pie du système total. Il faut donc que l’augmen- lation d’entropie se soit produite lors de la pre- mière opéralion, laquelle ne portait que sur le système considéré £. De là, ce théorème général, « dû à Clausius : DEUXIÈME THÉORÈME GÉNÉRAL. — Si un système quelconque ", isolë thermiquement, subit une lransfor- M mation irréversible, son entropie auymente. | Formule de Clausius. — Sous la forme qui précède, le principe fondamental s’appliquerait directement à tous les phénomènes irréversibles sans exception, - mais d'habitude, et pour les raisons qui ont été” exposées au paragraphe précédent, le problème est ainsi posé: Étant donné un cycle fermé quelconque, exprimer que ce cycle est irréversible. A Dans la plupart des traités, on commence par démontrer que si l'irréversibilité est uniquement … due à des différences de température entre des. 1 Hétérogène ou homogène, physique ou chimique. corps qui échangent de la chaleur, ona la relation: ! [+ T < 0, 1) d Q étant la quantité de chaleur ‘ absorbée par le corps à la température T, pendant une transfor- mationinfiniment petite. Puis, on pose en principe, avec ou sans réserves, que cette formule ne cesse pas d'être vraie quand l’irréversibilité est due à une cause quelconque. Mais, comme le fait obser- ver M. J. Bertrand, il n’y a rien qui vienne à l'appui de cette généralisation. Remarquons-le bien, l'ex- pression : G. MOURET — LE FACTEUR THERMIQUE DE L'ÉVOLUTION dQ T ne représente pas la variation d’entropie du corps qui, revenant à son état initial, conserve la même entropie. Cette expression ne parail même pas avoir de signification physique relative au corps considéré, et il n’existe aucune raison d’analogie ou autre qui puisse faire prévoir qu'elle repré- sente une quantité négative. il ne faudrait pas, cependant, conclure de là que le problème posé ne comporte pas de solution vraiment générale, ni même que, comme on l’a dit, larelation (1) ne soit pas satisfaite pour certains phénomènes. La vérité est que, dans aucun cas, pas même dans celui où l'irréversibilité résulte uniquement d’un simple phénomène de conduction, on ne peut démontrer la formule (1) sans avoir à invoquer une loi préalable, que ce soit le principe de Carnot généralisé, ou une loi propre de la chaleur. D'un autre côté, onne peut trouver l’occasion d'appli- quer l’une ou l’autre de ces lois qu'à condition de ne pas s'attacher exclusivement, comme on est porté à le faire, à la considération d’un cycle et d’une formule mathématique, qu'à la condition de faire intervenir dans les raisonnements, outre le sys- tème dont le cycle figure la transformation irré- versible, les sources de chaleur gràce auxquelles la transformation peut être effectivement accom- plie. Quoique ces sources n'apparaissent pas dans les diagrammes, elles n’en jouent pas moins un rôle essentiel. En réalilé, les quantités dQ et T qui figu- rent dans les formules doivent être rapportées à ces sources et non pas au système, et, nous allons le prouver, l'expression (2) représente, au signe près, la variation d’entropie des sources, variation qui, d'après notre Lhéorème général, doit être positive, quelles que soient les causes d'irréversi- bilité. ——, 1 La chaleur absorbée par le corps est comptée positive - ment, et la chaleur dégagée est comptée négativement. 1079 D'une manière générale, ce n’est pas le cas d’un cycle fermé qu’il faut tout d'abord considérer. La méthode pour traiter une question quelconque d'irréversibililé est identique à celle que nous avons appliquée aux cas de réversibilité ; elle con- siste à délimiter le système isolé qui subit une transformation irréversible, et qui comprend non seulement le corps ou le système dont on étudie les lois de transformation, mais aussi les sources de chaleur, ainsi que les autres corps qui, dansles con- dilions où ils sont placés, subissent des transfor- mations irréversibles. On examine ensuite ce qui se passe quand ces corps et le corps ou le système considéré sont ramenés à leur état initial par voie réversible, et l’on écrit que la variation totale d’en- tropie des sources est positive. Peu importe que le cycle spécialement considéré suit ou non fermé, la conclusion est toujours la même. Toutefois, il convient de remarquer que, dans le second cas, étudié en général, il serait vain de chercher à élablir une formule qui ne com- prendrait que des éléments numériques se rappor- tant au corps lui-même, tels que la température et la chaleur absorbée ou dégagée. On ne peut éva- luer l'augmentation d’entropie du corps que par le procédé même qui sert de base à la démonstra- tion du théorème et qui dicte la méthode à suivre, c’est-à-dire par le retour réversible à l’élat initial du corps considéré. C'est l'augmentation d'entro- pie des sources, dans cette dernière opération, qui donne la mesure de l'augmentation d’entropie du corps dans la première opération (s'il élait alors isolé), et, par conséquent, la formule finale ne peut comprendre que des éléments numériques se rap- portant aux sources de chaleur. Au cas seulement où le corps considéré possède des propriétés spé- ciales (gaz parfaits, vapeurs saturées, systèmes homogènes, etc.), il devient possible d'établir des formules d’une application directe, Sans faire in- tervenir explicitement les sources de chaleur. Démonstration de la formule de Clausius. — Avant d'appliquer la méthode au cas général, nous exa- minerons d’abord le cas particulier d’un système de température et pression uniformes, qui suit un cycle fermé irréversible en empruntant ou cédant de la chaleur à un nombre fini de sources, à des températures qui peuvent ne pas être celles du corps. C’est notamment le cas des phénomènes qui s’accomplissent à l'air libre. L'ensemble du système et des sources constitue un système isolé thermiquement, qui subit une transformation irréversible, tant en raison de l'ir- réversibilité du cycle lui-même que des écarts de tempéralure qui existent entre le système et les sources. D’après le théorème général, l’entropie totale du système complet a augmenté. Mais celle 1080 G. MOURET — LE FACTEUR THERMIQUE DE L'ÉVOLUTION du système considéré n’a pas changé, puisque le cycle est fermé; donc l'entropie des sources à augmenté. Alors, si T, T', T”’, etc., sont les tempé- ratures des sources, et Q, Q”, Q”, ete., les chaleurs échangées avec le système, comptées posilivement quand elles passent des sources dans le système, et négativement dans le cas contraire, la relation cherchée sera, par conséquent, la suivante : Qu NON A0 Thptt:.<0 (3) C'est le théorème dû à MM. Potieret Pellat. Maintenant, vbservons que cette formule sub- sisie encore si les sources sont à une température infiniment voisine de celle que possède le système au moment des échanges de chaleur, puisque le cycle est supposé irréversible, et, dans ce cas, les quantités T, T', T”, etc., peuvent alors êlre consi- dérées comme se rapportant au système. Mais, de même que pour les transformations ré- versibles, nous pouvons admellre qu'un cycle ir- réversible quelconque, comportant des varialions continues de températures du système ou de ses éléments, soit réalisé à l’aide d'un nombre très grand de sources de chaleur qui cèdent ou em- pruntent de la chaleur au système, à des tempéra- tures infiniment peu différentes de celles du sys- tème, c’est-à-dire à la limite, à l’aide d'un nombre infini de sources aux températures du système, ou encore à l'aide d’une source unique dont la tempé- rature varie comme celle du système. Dans l'une ou l’autre de ces deux hypothèses, nous nous trou- verons ramené au cas qui vient d’être traité, et, parsuite,àla formule (3). Les quantitésQ.Q"',Q";,elc., deviennent alors les quantités infiniment petites dQ échangées avec les sources, et les quantités T, 1", T1”, ete., sont égales aux diverses températures que prend le corps. On peut donc écrire la rela- tion : où les quantités dQ et T se rapportent au système considéré, et celte relation, dont l'exactitude a été contestée, se trouve ainsi effectivement démontrée à litre de corollaire du théorème général sur l'ir- réversibilité. La démonstration confirme, d'ailleurs, ce que nous avions avancé, à savoir quil faut in- terpréter la quantité constituant le premier nombre de la relation comme représentant une variation extérieure d'entropie. Principe du travail maximum. — Nous avons dit que, d'ordinaire, le théorème général concernant les phénomènes irréversibles est énoncé à l'occa- sion des cycles fermés. Cependant, M. Berthelot, dans ses études de thermochimie, a considéré le cas du cycle ouvert que suit un système chimique hors d'équilibre et abandonné à lui-même, tout en étant maintenu ou finalement ramené à sa tem- pérature initiale. Le savant chimiste a énoncé celte loi que, de toutes les réactions susceptibles | de s'accomplir dans un pareil système, sans l'in- tervention d'énergie étrangère, et compatibles . avec les conditions du système, celle qui s'accom- plira sera celle où il y a dégagement de chaleur, ce dégagement de chaleur étant le plus grand possible. Les considérations dans lesquelles nous sommes entré permettent de prouver aisément que l'exac-. titude d'un principe ainsi formulé ne s'impose pas. . ILest vrai que toute réaction chimique, accomplie | dans les conditions qui viennent d'être précisées, est un phénomène irréversible et que, par consé-. quent, une augmentation d'entropie doit y ré-. pondre. Mais la variation d’entropie à consi- . dérer n’est pas celle relative au système chimique, c'est la somme algébrique des variations d’entropie du système ef du calorimètre. La première de ces variations peut être positive ou négalive suivant la nalure de la réaction, et, si elle est positive, elle peut avoir une valeur absolue plus grande que la valeur absolue de la seconde. On comprend donc que celle-ci puisse être négative, | sans que le principe d'augmentation de l’entropie se trouve infirmé, et de fait, il y a des réactions chimiques accompagnées d'une absorption de cha- leur, c’est-à-dire d'une diminution extérieure d’en- tropie. Pour que, dans tous les cas, on soit certain qu'il y aura dégagement de chaleur, c’est-à-dire augmentation d'entropie à l'extérieur, il faut que le système chimique se trouve ramené à son état inilial, ce qui exige, si la réaction étudiée est en- dothermique, que de la chaleur soit reslituée au calorimètre. Le théorème sur l'augmentation de l’entropie nous permet, de plus, de prévoir que la quantité de chaleur restituée sera supérieure à la quantité de chaleur empruntée lors de la réaction. En résumé, l'énoncé du principe. du travail. maximum doit être rectifié. Ou il faut dire que : toute réaction chimique accomplie sans l’interven- … tion d'énergie étrangère, dans un système chi- nique hors d'équilibre, se traduit par une augmen- tation de l’entropie /ofale du système et des sources … de chaleur; ou il faut dire que, cette réaction étant terminée, si le système chimique est ramené par voie même réversible à son élat inilial, il y a fina- lement dégagement de chaleur. Sous l’une ou l’autre de ces formes le principe. ne souffre plus aucune exception. Conclusion. — Nous lerminerons par une re- marque destinée à prévenir toute illusion sur le ER PR PT ET Le mot travail est employé comme synonyme de chaleur latente. re Fr | e ‘4 \ F ESS s - # 1 4 | G. MOURET — LE FACTEUR THERMIQUE DE L'ÉVOLUTION 1081 degré d'utilité à tirer du théorème concernant l'augmentation de l’entropie. Dans aucun cas, l’ap- _plication de ce théorème ne saurait conduire à des relations numériquement définies. Toute son utilité consiste en ce qu'il permet, moyennant certaines données numériques établies au préalable par l’ex- périence, de prévoir le sens de certains phéno- mènes : le sens d'une variation de température, de pression, de volume, le sens d’un déplacement élec- trique, d'une réaction chimique, ete. !. [Il n'indique . rien quant àla grandeur de ces variations, rien quant à la possibilité et à l'importance de ceschangements. Il faut, pour obtenir des évaluations définies, invo- - quer, ouire leprincipe de conservalion de l'Éner- gie, les lois propres de l'Élasticité, de l'Électri- cité, du Magnétisme, de la Chimie, lois quel'Ener- gétique la plus généraliséene saurait faire prévoir. VI. — ROLE DE L'ENTROPIE DANS LA NATURE. La masse, l'énergie se conservent; la force, la quantlilé de chaleur, de mouvement? et bien d'autres quantilés physiques ne se conservent pas. L’entropie est du nombre, mais elle jouit d’une propriété remarquable que celles-ci n’ont pas: de même que la masse et l’énergie, elle est une qua- lité « addilive » de la matière. Il y a donc, dans le monde, une entropie totale. Mais, d'après la loi de conservalion et d’augmen- tation de l'entropie, l'entropie d’un système ne peut diminuer qu'à condition que l'entropie d’un autre système augmente au moins d'une égale quantité, el, si un systèmeest isolé, son entropie ne peut jamais diminuer : ou elle reste constante, ou _ elle augmente. Donc, quand l’entropie du monde varie, elle varie dans le sens d’une augmentation. En fait, toutes les fois qu’un changement a lieu, l'entropie totale du monde augmente toujours, caril n'y a point de phénomènes strictement réversibles. En effet, si partout, dans la Nature, il y a, entre les corps, une absence d'équilibre, vérilable moteur uni- versel, sans lequel ni la vie, ni les changements inorganiques ne seraient possibles, partout aussi il y a des froltements intérieurs, qui entravent le rétablissement de l'équilibre. La réversibilité, comme le mouvement uniforme, n’est qu'une con- ceplion théorique; tous les phénomènes sont irré- versibles, tous sont accompagnés d’une augmen- lalion de l’entropie_ tolale. Clausius l’a déjà dit, l'entropie du monde tend constamment vers un maximum, et l'on peut ajouter, comme consé- quence, que les énergies ulilisables ou forces molrices s'usent incessamment, qu'elles se trans- 1 Voir l'étude que nous avons publiée en collaboration avec M. H.Le Chatelier sur les Eguilibres chimiques, dansla Revue des 2$ févricr ct 15 mars 1891. ? Il s'agit, bien entendu, des quantités de mouvement prises en valeur absolse. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. forment en chaleur, et tendent vers zéro. Augmen- tation de l’entropie, dissipation de l'énergie uti- lisable, voilà les deux faces d'un grand fait, découvert par le génie de William Thomson, fait qui règle l’évolution des substances et des êtres. Cette vue d'ensemble permet d'apporter quelque précision dans nos conceptions hypothéliques sur l'origine et la fin du monde. Si, comme le veulent toutes les cosmogonies, l’état initial du monde a été le chaos, c'est-à-dire une absence générale et uni- verselle d'équilibre, disons aussi une absence com- plète de chaleur, une entropie zéro, l’état final sera, à en juger par ce que nous connaissons, le rétablissement d’un équilibre général et universel, marqué par la transformation des énergies poten- tielles chimiques et autres, en chaleur uniformé- ment distribuée. Le monde existera encore, mais il sera sans mouvement et sans vie. Mais pourquoi vouloir que l'évolution du monde ne soit pas éternelle, pourquoi vouloir qu’elle ait eu un commencement, qu'elle soit destinée à avoir une fin, pourquoi vouloir que la vie el l’ordre ne brillent que d'un éclair dans une éternelle immu- tabilité des choses ? Ne devons-nous pas plutôt admettre, avec Herbert Spencer, que l’état initial qui préoccupe tant les mélaphysiques et les reli- gions devait êlre l’état final d’une ancienne évolu- tion, el que la fin de l'ère présente ne sera elle- même que le début d’une ère nouvelle? Pour donner à des spéculations objectives de ce genre un haut degré d’ampleur, il faut concevoir que, semblable au mobile qui, lancé dans l'air, retombe, après avoir atteint le sommet de sa trajectoire avec une vilesse nulle, le monde, par- venu à son maximum d'entropie ou niveau ther- mique le plus élevé que comporte son énergie potentielle initiale, et transformé en un tout homo- gène et sans mouvement, se trouvera dans un état de complète instabilité. C’est alors que l'effort persistant de tension qui limite l’activité univer- selle jouera un rôle actif en venant défaire l’œuvre accomplie par la vitesse initiale, et que commen- cera une lente évolution en sens contraire, qui ramènera l'univers, par une diminulion graduelle de son entropie et une augmentation correspon- dante des énergies utilisables, vers l'état de chaos d'où il était sorti. L'éternité serait donc l'infini d’une série d’oscil- lations grandioses entre le chaos et l'équilibre, entre le mouvement et la chaleur, l'infini d'un rythme à longue période, scandé par les abaisse- ments et les relèvements de la chaleur, par le flux et le reflux de la marée thermique immense, dont Pentropie mesure les insensibles progrès. Georges Mouret, Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées 24x+ 1082 F. LE DANTEC — LES MYXOSPORIDIES LES MYXOSPORIDIES Depuis quelques années l'attention des patholo- gistes s’est particulièrement portée sur les mala- dies infectieuses où semblent intervenir des agents animés différents des bactéries. Les cancers et carcinomes paraissent offrir un lype de ces affec- lions, et tout récemment nous avons décrit ici même ! l’évolution des organismes |Cytozoaires) que certains inclinent à considérer comme les parasiles producteurs de ces néoplasmes. Nous voudrions aujourd'hui signaler l'intérêt que présentent, et pour la Pathologie et pour la Zoologie pure, de récentes études sur un autre groupe voisin de Sporozoaires : les Myxosporidies. Dans le cycle évolulif des Sporozoaires Cylo- zoaires, on constate toujours, à la fin du dévelop- pement, une division du noyau en un nombre plus ou moins grand de parties, dont chacune devient le noyau d'une spore ou d’un sporozoïle suivant les cas (archéspores de Labbé), Toute la substance nucléaire se répartit done au moment de la sporu- lation entre les corps reproducteurs; la sporulation est le {erme de l’évolution d'un Cytozoaire. Chez les Myxosporidies il n'en est pas de même : au cours du développement de la masse sarcodique primilivement munie d’un seul ou de deux noyaux, ce où ces noyaux se divisent en plusieurs parties, dont les unes entrent dans la constitution des spores; les autres continuent à jouer leur rôle assi- milateur el permettent l'accroissement de la masse sarcodique elle-même; la sporulation se fait donc pelit à petit, au cours du développement de l'être, el sans arrêler ce développement. Celle particularilé suffirait à séparer les Myxo- sporidies des Cytozoaires; en outre, les premières n'ont aucune phase intra-cellulaire el, de plus, leurs spores bivalves offrent un caractère très constant qui permet de réunir ces êtres dans un groupe zoologique nalurel : la présence d’une ou plusieurs capsules à filament. J. Müller avait observé ces spores et les avait C'est Dujardin qui conslala que les Psorospermies ne appelées « Psorospermies des Poissons ? ». sont pas des organismes autonomes, mais bien les spores ou corps reproducteurs d'êtres sarcodiques que nous désignons aujourd'hui sous le nom de Wyrosporidies (Bütschli). Ce nom a l'avantage de ne 1 F. Le Daxrec: Les Coccidies. Revue générale des Sciences, tome VI, pages 715 à 180 (n° 16 de 1895). ? De dwpa. gale, parce que ces êtres produisent des pus- tules cutanées ; « spermic », parce que l'auteur avait trouvé aux spores qu'il avait observées l'apparence d’un sperma- tozoïde, pas indiquer l'habitat des êtres qui le portent; la plupart des Myxosporidies connues habitent les Poissons, mais il y en a qui habitent d’autres Vertébrés et des Invertébrés. De plus, il y a d’au- tres Sporozaires habitant les Poissons et qui sont. de véritables Coccidies. Il faut done se baser sur toute autre chose que l'habitat pour classer les Sporozaires, elles Myxosporidies sont nettement caractérisées par leurs spores bivalves munies d'une ou plusieurs capsules à filament. Les Myxosporidies ont été étudiées par beau- coup d'auteurs, parmi lesquels il faut citer surtout Bütschli et Balbiani. Un jeune savant, qui vient de mourir, P. Thélohan, en a fait une étude très approfondie; il a vérifié les faits déjà connus et a mis en lumière beaucoup de points encore obscurs de l’histoire de ces Sporozaires. MM. Balbiani ets Henneguy viennent de publier * le mémoire ina- chevé où il avait rassemblé tous les documents re- lalifs aux Myxosporidies, et l'on peut considérer ces mémoire comme l'exposé de l’élat actuel de nos connaissances sur cet intéressant groupe de pa- rasites. 1. — MORPHOLOGIE DE LA MASSE SARCODIQUE. 1. Formes libres. — On entend par formes libres de Myxosporidies, les espèces qui vivent en liberté duns les cavités organiques de l'hôte, par opposi- lion avec celles qui vivent au sein des lissus. Sou= vent, chez ces êtres, la masse sarcodique est véri- lablement amiboïde ; il n'y a pas alors, à propre-m ment parler, de forme du corps; des pseudopodes 1 naissent indifféremment de tous les points de la surface, de sorte que la forme varie constamment. Chez certaines espèces, cependant, il y a seule ment une région où peuvent naitre les pseudopodes; comme faisant partie du même genre, d’après las constitution de leurs spores, des espèces de Myxow sporidies dont l’une a une forme spécifique et dont l'autre est amiboïde : c'est surlout chez les jeunes’ individus que les varialions de la forme du corp sont considérables. Dr 9. Formes vivant au sein des tissus. — Ici, il peut sen présenter deux cas: ou bien le corps protoplass mique s'est élendu, infiltré entre les élément 2 Bull. sc. de la Fr. el de La Belg., 1895. T F. LE DANTEC — LES MYXOSPORIDIES -histologiques comme un mycelium de champignon, et alors on peut à peine le distinguer; le parasite ne se manifeste que par des spores éparses çà et là dans les interstices des tissus ; c’est le cas de l’infil- dration diffuse de Thélohan. Ou bien, il se présente, É Lu contraire, sous une forme ramassée et donne ieu aux actions que l’on appelle kystes: alors a périphérie seule de ce corps protoplasmique épais est en contact avec les tissus de l’hôte. La forme des kystes est globuleuse, à peu près régu- ü ièrement sphérique et, dans la noue des cas, naaucun caraclère Reno cependant, Fo “ques rares Myxosporidies des branchies présentent “une forme qui suffit à faire reconnaitre l'espèce. … 3. Structure du corps protoplasmique. — Bütschli a signalé la différenciation qui existe entre la partie Ja plus externe et la partie la plus centrale du corps protoplasmique ; cette distinction s'observe avec beaucoup de nellelé dans les formes libres ; elle est le plus souvent à peu près nulle dans les formes des tissus. À La zone périphérique ou ecloplasma est dépourvue de coloration, homogène, très finement granu- ‘leuse et donne naissance aux pseudopodes. Le pro- Htoplasma central ou endoplasma, à granulations beaucoup plus grosses, renferme les noyaux et des matières de réserve ; il est le siège de la produe- tion des spores. Les pseudopodes des formes libres sont toujours incapables de déterminer l'ingestion de matières solides. Chez les formes des tissus, on distingue lous les intermédiaires entre certains cas où la constitution de la couche périphérique ne diffère en rien de celle des parties profondes et d'autres où elle s’en montre, au contraire, aussi distincte que celle de l’ectoplasma des formes libres. Thélohan a montré que l’ectoplasma est dé- pourvu de noyaux. Bütschli avait cru le contraire, mais Balbiani avait déjà protesté contre cette ‘assertion. Thélohan a également détruit l'erreur de Pfeiffer, qui avait cru voir la paroi des kystes revèlue de cellules épithélioïdes; il a montré que c'esi une apparence due à la rupture des fibres conjonclives ambiantes de l'hôte. Chez les Myxosporidies des tissus, l’endoplasma des kysles forme toujours trois zones : 4° une zone périphérique d'’étendue variable, formée uniquement de protoplasma sans noyaux nispores; 2° une zone renfermant des noyaux et dans laquelle se différencient les masses isolées ou sporoblastes qui donneront naissance aux spores; 3° une partie centrale, composée presque uniquement de spores. Noyaux. — Les noyaux sont, en général, fort nombreux dans l'endoplasma ; mais il y a quelques espèces de Myxosporidies chez lesquelles le corps proloplasmique ne donne naissance qu'à deux 1083 spores, et ces espèces sont munies d’un nombre de noyaux beaucoup plus restreint. Chez les Myxosporidies polysporées, on constate, dans l’endoplasma, la présence d’un grand nombre de noyaux bien avant le début de la sporulation ; ils sont disséminés sans ordre et très irrégulière- ment. À ce moment-là, le corps protoplasmique est bien réellement plurinucléaire; il ne semble guère vraisemblable de penser que ces noyaux ne jouent pas tous le même rôle fonctionnel dans le corps protoplasmique ; mais, dès que la sporulation commence, il n'en est plus de même; un grand nombre d’entre eux sont renfermés dans des portions spécialisées du protoplasma, que nous étudierons tout à l’heure sous le nom de sporo- blastes; seuls, ceux qui sont en dehors des sporo- blastes peuvent être considérés comme étant les véritables noyaux fonctionnels du corps proto- plasmique, qui continue de vivre et de se mouvoir pendant la période de sporulation comme aupa- ravant. Il n’a pas toujours été possible de dé- montrer, chez les espèces disporées, l'existence de novaux en dehors des sporoblastes dans le protoplasma non sporogène; mais il est probable qu'il y en a au moins un, puisque la marche de la sporulation n'apporte aucun trouble appa- rent dans les fonctions de la vie végétative de ce corps protoplasmique. Les noyaux de l’endoplasme des Myxosporidies se divisent par karyokinèse. 5. Spores. — Les spores des Myxosporidies, consi- dérées jusqu'à Dujardin comme l'organisme adulte lui-même, ont des formes extrêmement caracté- ristiques très commodes pour la classification; mais, malgré la variété de leurs caractères mor- phologiques, on peut cependant trouver des tran- sitions qui permettent de rattacher les formes les unes aux autres et de constater la grande homo- généité de la classe des Myxosporidies. Voici, en effet, des caractères généraux qui appartiennent à tout le groupe : Les spores présentent fowjours une enveloppe formée de deux valves accolées ; cette enveloppe n’est pas cellulosique ; on observe dans leur cavité : 4° Des capsules polaires très réfringentes, dont le nombre varie de 1 à 4; elles sont fixées aux valves au voisinage de la suture et chacune communique avec l'extérieur par un petit canal; elles sont piriformes avec une sorle de col plus ou moins allongé. Leur cavité contient un filament enroulé en spirale, de longueur variable, d'ordinaire fili- forme, parfois beaucoup plus gros et de forme conique ‘, filament qui peut se dérouler et faire 1 Chez le Sphæromyxa Balbianii, le filament, sorti de la 1084 saillie à l'extérieur de la spore. Ces capsules occupent dans la spore différentes positions déter- minées spécifiquement. 2° Une petite masse de protoplasma occupant d'ordinaire la plus grande partie de la cavité de l'enveloppe et contenant toujours deux noyaux. 6. Sporulation. — Le premier stade de la sporu- lation consisle dans la différenciation, autour d'un des noyaux de l’endoplasma, d’une petite sphère de protoplasma à contour net qui semble limitée par une mince enveloppe résultant de la conden- sation de sa couche ‘périphérique; c’est ce que Thélohan a appelé une sphère primitive. Le noyau de la sphère primitive présente d’abord les caractères d’un noyau au repos et possède gé- néralement un gros granule chromatique central figurant un nucléole. Bientôt on voit celui-ci dis- paraitre, et la chromatine se dispose en filaments dans l’intérieur du noyau, dont la membrane ne tarde pas à se rompre; la division chromatique se poursuit, et, bientôt, la sphère primitive possède deux noyaux; ceux-ci continuant à se diviser, elle en possède bientôt une dizaine. Il se différencie alors dans la sphère primitive deux petites masses secondaires ayant chacune trois noyaux, appelées par Bütschli des sporoblustes ; ces deux masses secondaires restent enfermées dans l'enveloppe de la sphère primitive dont les noyaux restés inemplovés entrent en dégénéres- cence avec le reliquat du protoplasma, sans avoir joué aucun rôle (reliquat de segmentation). Chaque sporoblaste se divise en trois parties contenant chacune un noyau et représentant de véritables cellules. De ces trois cellules, deux sont plus petites et donneront les capsules po- laires; la troisième, plus grosse, constituera la masse protoplasmique de la spore. Or, nous l’avons vu, le protoplasma de la spore adulte renferme toujours deux noyaux : le noyau de la grande cellule du sporoblaste se divise, en effet, de bonne heure, de si bonne heure, quelque- fois, qu'il est impossible d'affirmer que le sporo- blaste ne contenait pas guatre noyaux dès le début de sa formation. Les deux autres cellules, que l’on peut appeler cellules capsulogènes, renferment chacune un noyau ; auprès de ce noyau on voit se produire une petite vacuole de forme sphérique qui apparait capsule, a la forme d’un véritable cône relativement court: il est creux, et sa cavité se continue avec celle de la capsule. Cette forme et cette épaisseur du filament ont permis à Thélohan de constater nettement, chez cette espèce, que les parois du filament se continuent avec celles de la capsule et que sa sorlie a lieu par dévaginalion, cette espèce d'appen- dice seretournant en doigt de gant pour arriver à l'extérieur, observation que sa trop grande minceur rend impossible sur les spores des autres Myxosporidies. F. LE DANTEC — LES MYXOSPORIDIES comme un espace clair el se distingue du proto plasma par l’absence de granulations. Sur un points quelconque de la paroi de cette vacuole, il se forme un petit bourgeon protoplasmique qui fait saillie dans la vacuole en refoulant la substance claire qu la remplit: Ce bourgeon, d’abord hémisphérique s'allonge peu à peu, et, au bout de quelque temps on a ainsi un petit corps piriforme entouré d’une couche claire formée par le contenu de la vacuole et relié par un pédicule au reste du protoplasma dont il conserve absolument l'apparence. Le pédicule s'étrangle progressivement, ethien: tôl le petit corps piriforme devient libre; il a pris les caractères d’une capsule polaire et s’est entouré d'une membrane pendant qu'un filament se for mait dans son intérieur. Cette genèse d’une capsule polaire, décrite par Thélohan, est identique à ce que Bedot a observé dans le développement des cnidoblastes des Ve lelles et des Physalies !. Autour de la capsule polaire ainsi constituée, on trouve les restes de la cellule qui lui a donné nais sance el le noyau que celle-ci renfermait; cepen dant, le reliquat de la cellule capsulogène ne per siste pas toujours ; quelquefois, on n’en retrouve plus de trace dans la spore adulte. Pendant toute cette évolution des capsules, la spore est arrondie ou oblongue ; ce n’est que plus tard qu’elle prend sa configuration £ypique et son enveloppe bivalve, contre laquelle les capsules viennent se fixer à leur place spécifique définitive Une fois complètement développées, les spores restent encore pendant quelque temps réunies danslamembrane dela sphère primitive; puis cell ci finit par disparaitre el on trouve les spores libres dans l'endoplasma (Myxosporidies libres) ou au centre du kyste (Myxosporidies des tissus). Toute l’observalion précédente de Thélohan se rapporte à des espèces dont les spores contiennen deux capsules ; on peut la considérer comme repré sentant la marche Lypique de la sporulation che les Myxosporidies. Nous y avons vu la sphèn primitive donner naissance à deux spores, c’esl un cas très fréquent; chez d'autres Myxospork dies, la sphère primilive peut donner normalement naissance à une seule spore; chez d’autres, huit spores ou à un nombre plus considérable inconslant. La forme des spores est spécifiquement déte minée; mais, chez les Myxosporidies des Lissus particulièrement, il peut se présenter dans leu constitution des anomalies portant sur la forme di l'enveloppe, le nombre el la situation des capsules 1 Bepor. Recherches sur les cellules urtlicantes. Rec. Z00 Suisse, 1588. ©... M. Balbiani a constaté que, lorsqu'unemême spèce de Myxosporidie se développe dans divers >rganes d'un même poisson, les individus parasites es organes plus profonds présentent, dans leurs pores, une dégradation manifesle par rapport aux ndividus parasites des organes plus superficiels. IL. . Thélohan a basé sur la morphologie des spores a classification qui semble aujourd’hui la plus na- turelle. Il a divisé les Myxosporidies en 4 familles, ont on peut résumer la définition dans le tableau suivant : ; — (CLASSIFICATION. pores piriformes, avec une seule capsule polaire or- _dinairement non apparente sans le secours de réac- » tifs; dans le protoplasma, à la grosse extrémité, une vacuole claire non colorable en rouge brun par l'iode. Glugéidées. Spores à 1 ou 2 capsules, ayantdans leur protoplasma F une vacuole à contenu colorable en rouge brun par l’iode. Myxobolidées. Spores n'ayant pas de vacuole dans le protoplasma : æ 2 capsules polaires. Myxididées. … G 4 capsules polaires. Chloromyxidées.. La famille des Glugéidées est devenue très inté- ressante par la découverte récente, due à Thélohan, de le nature myxosporidienne du parasite de la pébrine des vers à soie. M. Balbianiavait déjà placé ce parasite dans les Sporozoaires à côté des Myxo- Sporidies ; il l'avait réuni à d'autres Sporozoaires, la plupart parasites d’Arthropodes, sous le nom de Microsporidies où Psorospermies des Arliculés. Thé- lohan à découvert une capsule à filament dans les spores des J/icrosporidies. “ALT: Les Myxosporidies ne se rencontrent pas seule- ment dans les Poissons (saufles Myxobolidées) ; on en trouve aussi chez des Amphibies, des Reptiles, divers Arthropodes,un Bryozoaire; Lieberkühn en a observé chez un Ver (Waïs Proboscidea) : il semble qu'il n'y en a pas chez les Vertébrés à sang chaud. Nous ne connaissons pas d'espèce de Myxospo- ridies pouvant vivre indifféremment dans deux hôtes qui appartiennent à deux groupes zoolo- giques aussi différents que les Poissons et les Crus- tacésparexemple,maisil yadesespèces qui peuvent être parasites de plusieurs poissons très distincts ; d'autres ne peuvent exister que dans une espèce déterminée, et même, quelquefois, dans un seul or- gane ou un seul tissu de cette espèce déterminée !. — LOn a trouvé des Myxosporidies dans tous les tissus, sauf peut-être le nerveux; des recherches récentes ont mème semblé prouver que ce dernier tissu pouvait être infecté — HABITAT, SIÈGE, ROLE PATHOGÈNE. F. LE DANTEC — LES MYXOSPORIDIES } , Plusieurs Myxosporidies d'espèces différentes peuvent cohabiter chez un même hôte, soit dans des organes ou des tissus différents pour chaque parasite, soit dans le même organe et le même lissu. Thélohan a étudié très longuement le rôle patho- gène des Myxosporidies des tissus particulière ment. Le plus souvent, il est probable que ces para- sites nuisen{ surtout à leur hôte d'une manière indirecte et purement mécanique; ils. favorisent dans certains cas une infection microbienne secon- daire très dangereuse (maladie des Barbeaux). IV. — ÉVOLUTION DE L'INDIVIDU; INFECTION. Les spores müres peuvent tomber dansle milieu extérieur, soit naturellement, si le parasite habite la vésicule biliaire ou urinaire, soit par rupture de kystes superficiels, soit enfin par dissociation du corps de l'hôte après sa mort. Dans des conditions convenables, — et, d’après Thélohan, ces conditions ne se trouveraient réa- lisées que dans Le tube digestif d'un nouvel hôte ayant avalé la spore, — celle-ci s’ouvre par déhis- cence des valves, comme l’a observé Lieberkühn, et laisse sortir son corps protoplasmique qui res- semble à une amibe. Cette masse amiboïde péné- trerait dans le corps de l'hôte, gagnerait un tissu, un organe déterminé, el s'y développerait petit à petit tout en divisant son noyau en noyaux de plus en plus nombreux. M. Balbiani a suivi le déve- loppement de ces masses amiboïdes dans les na- geoires de la Tanche. Une. Myxosporidie complèle proviendrait donc du corps protoplasmique d'une spore de Myxosporidie. Nous avons vu comment se fait la sporulation. Le eyele évolutif est fermé. (Il est bien connu pour le Gluyea Bombyris de la pébrine.) Nous ne savons pas si le parasite, une fois installé dans un hôte, peut s’y multiplier et y produire de nouveaux i#dividus de Myxosporidies. ! Il semble probable que cette multiplication est possible. Tel est, rapidement résumé, l’état de nos con- naissances sur cette classe de Sporozaires, dans laquelle les recherches de Thélohan surtout ont apporté la lumière, mais où il reste encore beau- coup à découvrir. Félix Le Dantec, Maitre de Conférences de Zoologie à la Faculté des Sciences de Lyon. (Polyneurilis parasiliea trouvé par L. Pfeiffer dans les nerfs du Thymaillus vulgaris). 1086 E. HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE Rien ne permet mieux de se rendre compte des progrès réalisés par les sciences géologiques en ces dernières années qu'une comparaison entre deux éditions successives d’un manuel comme celui de Dana, ou même d’un ouvrage de vulga- risation, tel que l” « Erdgeschichte » de Neumayr. La quatrième édition du célèbre Hanuel de (Gréo- logie de James D. Dana !, publiée bien peu de temps avant la mort du grand savant américain, reflète surtout les progrès de la géologie aux Élats- Unis. Beaucoup de chapitres du livre sont entié- rement remaniés, notamment la description des terrains, qui est basée en grande partie sur les « Correlation Papers » que publie le U. $S. Geolo- gical Survey. L’ « Zrdgeschichte », l'histoire de la Terre, de Melchior Neumayr — connue surtout en France par les adaptalions que M. Priem en a publiées sous les titres de « la Terre, la Mer et les Continents » et de « la Terre avant l'apparition de l'Homme » — est sans conteste le meilleur ouvrage de vulgarisalion que nous possédions en géologie. La publication, parue déjà en 1886, avait besoin d’une nouvelle mise au point, en harmonie avec les plus récents travaux. Nul mieux que M. Uhlig ?, un des élèves les plus distingués du regretté géologue et paléon- tologiste viennois, n’était qualifié pour mener à bonne fin celte tâche. Parmi les chapitres qui ont été l’objet des plus nombreux remanieioents, on peut citer ceux qui ont trait au Dévonien, au Trias, aux chaînes de montagnes. Les chapitres relatifs au système jurassique et à la formation de la Méditerranée, qui étaient ceux dans lesquels Neu- mayr avait introduit le plus d'idées personnelles, ont été conservés à peu près intacts dans la nou- velle édition par un sentiment de piélé de l’élève pour le maitre que l'on ne saurait Lrop louer. I. — LES PHOSPHORITES DE LEIPZIG. Toul ce qui à trait aux phosphates devient au- Jourd'hui une actualité ; aussi ne lira-t-on pas sans intérêt l'exposé d'une nouvelle théorie présentée par un savant géologue allemand, M. Hermann Credner #, dans le but d'expliquer l'origine des ! James D. DAna. Manual of Geology. 4 edit., 1087 p. 14895 ? Melchior Neumayr, Erdgeschichte. 2te Auflage, neu- bearbeitet von Prof, Dr Viktor Uhlig, 2 vol. in-80. Leïpzig et Vienne. 1895. De nombreuses figures nouvelles ont été ajou- tées à cette 2° édition. 3 Die Phosphoritknollen des Leipziger Mitleloligocäns. Abh., d. math.-pnys. Classe d. k. Sächs. Gesellsch. d. Wiss. t. XXII, no 1. nodules de phosphorites qui se trouvent en abon dance dans les sables de l'Oligocène moyen des environs de Leipzig. Les phosphorites de Leipzig se trouvent en place, sous forme de nodules isolés, au milieu d’un sable siliceux. Ces nodules sont constitués par une agglomération de grains de quartz, cimentés par du phosphate de chaux, auquel se trouven mélangées des quantités assez considérables de carbonate de chaux. Une grande partie des nodules renferme au centre un creux correspon dant à la disparition d'une coquille, qui n’a plus laissé que son moule externe etson moule interne. Ces moules proviennent, pour la plupart, de Pectuneulus Plilippii et d’Aporrhais spèciosa. D'autres nodules contiennent, au centre, des dents, des écailles ou des os de poissons, ces derniers (rès altérés. La forme des concrétions dépend essen- tiellement de la forme des restes organiques inclus. On peut conclure de ces faits que les con- crétions se sont formées autour d’un noyau orga- nique, et qu'elles se sont formées — comme indiquent la disparition des coquilles et l’altéra- tion des ossements — aux dépens de ce noyau. IL est manifeste que leur mode de formation est différent de celui des concrélions dans lesquelles le test est intact, et qui sont dues à la précipila- lion du phosphate de chaux contenu dans les eaux marines à la suite de la dissolution, par ces eaux, grâce à l’acide carbonique qu'elles renfer- maient, du phosphate des ossements accumulés _au fond de la mer !, M. Credner admet que, dans le cas des phos- phorites de Leipzig, le carbonate de chaux, qui se trouve dans les concrétions, est emprunté au test des mollusques, tandis que le phosphate provient des parties squeleltiques des poissons. Pour expliquer la dissolution et la précipitation de ces deux éléments, il fait intervenir l'acide carbonique et l’ammoniaque résultant de la décomposition de la matière organique des poissons. Une faible quantité du phosphate de chaux des ossements est dissoute par l’eau chargée d'acide carbonique ; en même temps, l'acide carbonique agissant sur l’am- moniaque donne naissance à du carbonate d'am- monium, qui, en présence du phosphate decalcium, donne du phosphate d’ammonium et du carbonate de calcium. Si l'acide carbonique est employé tout entier à faire du carbonate d’ammonium, ce der- V. l’article de M. ne LaPPARENT : Sur la formalion de la craie phosphalée en Picardie. Revue générale des Sciences, 30 juin 1891. E. HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE! 1087 nier agit directement sur le phosphate des os et la même réaction se produit. La solution de phosphate d’ammonium, filtrant à travers le sable, se trouve alors en contact avec le carbonate de calcium du test des mollusques en voie de dissolution, et il y a précipitation de phosphate de calcium sous forme de concrétion. D'autre part, le bicarbonate de calcium, filirant à travers le sable, atteint le phosphate d'ammonium en voie de formation autour des os, et, dans ce cas, il y a précipitation du phosphale de calcium autour des restes de poissons. Les réactions indiquées expliquent donc le mode de formalion simultané des deux catégories de concrétions. M. Credner à pu vérifier expérimentalement sa théorie en trai- lant par une solution de carbonate d'ammonium des cartilages ou des os de poissons ou du phos- phate de chaux obtenu par précipitation. Au bout de quelques semaines le phosphate de calcium était complèlement dissous et il s'était déposé du carbonate de calcium sous forme de cristaux microscopiques de calcite. La solution contenail du phosphate d'ammonium, car, addi- tionnée de bicarbonate de caicium, elle donnait un précipité de phosphate de calcium. Or, on sait que déjà Becquerel avait obtenu du phosphate de chaux en faisant agir de l’acide carbonique et du phos- phate d’ammoniaque sur du calcaire. M. Credner termine son (ravail par un aperçu sur les gisements de phosphates de l'Allemagne du Nord. Des phosphorites se trouvent à divers ni- veaux, depuis le Lias jusqu'à l'Oligocène; ils occupent surtout deux zones, l’une suivant les côtes de la Baltique, l’autre passant au nord du Harz. Ces deux zones sont évidemment continues en profondeur et ne sont actuellement séparées que par la couverture de terrains quaternaires, qui contient également des phosphorites à l'état re- manié. Le gisement de Leipzig constitue, sans doute, une zone indépendante des deux autres. II. — LES CHEVAUCHEMENTS. Nous désignons habituellement en France, à défaut d'un terme plus heureux, sous le nom de chevauchement (en anglais : {hrust où overthrust; en allemand : Ueberschiebung), un mode de dislocation très répandu dans les régions plissées. On dit, en géologie, qu'il y a chevauchement lorsqu'une couche ou une série de couches est refoulée sur des couches plus récentes, de telle sorte que, le long d'une surface de glissement, l’on observe une superposition anormale, un recouvrement des terrains plus récents par les terrains plus anciens. Depuis les travaux grandioses de M. Heim sur le double pli de Glaris, on s’est habitué à considérer les chevauchements dont on connaissait depuis longtemps des exemples dans la Lusace, dans les Appalaches, dans le Jura suisse, commele résullat de l’étirement du flanc inverse d’un plidéversé ou couché, étirement suivi d’une rupture supprimant entièrement le flanc inverse. C'est en admettant cette interprétation des che- vauchements qu’on a souvent désigné ces disloca- tions sous les noms de pli-faille, de pli-faille inverse. M. Rothplelz, qui, en plusieurs circonstances, avait déjà employé toute sa dialectique à démon - trer, pour le double pli de Glaris, la non-existençce du flanc inverse étiré, et qui avait proposé de rem- placer le terme de double pli par celui de double chevauchement {« Glarner Uberschiebung »), a consacré récemment tout un livre ! à combattre la théorie des plis-failles. Ce livre, publié à un mo- ment où les exemples de plis à flancs inverses étirés se multiplient de jour en jour (Dent du Midi, Chablais, environs de Christiania, etc.) est trop visiblement rédigé dans un esprit de polémique; on sent trop contre quiil a été écrit et la mauvaise humeur de l’auteur y perce à chaque page. M. Roth- plelz, dans un exposé plein d'érudition, passe suc- cessivement en revue les principales régions dans lesquelles on observe des chevauchements : Alpes de Glaris, Sentis, Jura Suisse, Écosse, Saxe, mas- sif rhénan et ardennais, Provence et Alpes fran- çaises, Amérique du Nord. Cet exposé, quoique souvent empreint de partialité, rendra de grands services à toutes les personnes qui s'intéressent aux problèmes de la tectonique. En s’élevant contre l'emploi de l'expression de pli-faille, M. Rothpletz fait une regrettable confu- sion entre le pli-faille proprement dit et le pli à flane inverse éliré. Il y a là, bien entendu, deux termes d’une même série continue, allant du pli normal à flancs d'épaisseur égale au grand che- vauchement horizontal; mais personne n'a jamais admis qu'un pli-faille supposàt nécessairement, dans tous les cas, la préexistence réelle d'un pli à flanc inverse éliré, avec laminage préalable du flanc médian renversé. Si, dans bien des cas, le pli-faille n'est que le cas-limite de l'étirement du flanc inverse d'un pli couché, dans d’autres cas, probablement les plus nombreux, la rupture du pli a été brusque et le chevauchement le long de la surface de rupture a pu atteindre des proportions gigantesques, pour peu que les compressions horizontales aient continué à se faire sentir. Le chevauchement n’en est pas moins un pli-faille, puisqu'il y a eu pli préexistant, dont souvent les charnières primitives sont encore visibles. On pourra donc sans crainte continuer à employer 1 A. Roruprerz. Geoleklonische Probleme. 1 vol. in-8° 175 p., 107 fig. et 40 pl. Stuggard, 1894. 1088 l'expression de pli-faille, qui est certainement celle qui convient le mieux dans les régions comme, par exemple, celle de Castellane (Basses-Alpes), dont M. Zürcher! vient lout récemment de faire connaitre la structure dans une étude des plus remarquables, région dans laquelle la subordina- tion des « lignes de discontinuité » aux plis est des plus manifestes. Ilest évident cependant qu'il ne faudrait pas chercher à attribuer la même origine à tous les chevauchements et qu'une fois de plus des causes différentes pourront avoir des effets semblables, voire même identiques. Aussi la classification des chevauchements donnée par M. Bayley Willis ? dans son mémoire sur « le Mécanisme de la struc- ture appalachienne » mérile-t-elle d'attirer notre attention. Voici les quatre catégories de chevau- chements (#hrus!s) que distingue le géologue amé- ricain : 1° Chevauchement par coupure (skeaur-thrust). Les couches opposent par leur rigidité une résis- tance telle au plissement qu'elles sont coupées par un plan de faille oblique à la stratification, qui devient une surface de glissement. Ex. : Nord- Ouest des Highlands d'Écosse. 2 Chevauchement par rupture (break-thrust). La compression latérale détermine d’abord la forma- ion d’un pli anticlinal, mais bientôt la flexibilité des couches, leur capacité de se plisser atteint son maximum et ilse produit une rupture, suivie d'un chevauchement sur la surface de rupture. C'est le pli-faille, tel que nous l'avons défini plus haut. Ex. : Appalaches. 3° Chevauchement par étirement (s#retch-thrust). C'est le plissement poussé à ses dernières limites, jusqu'à l'élirement du flanc renversé du pli. Ex. : double pli de Glaris. 4° Chevauchement par érosion préalable (erosion- thrust. L’érosion agissant sur la charnière d’un anticlinal assez surbaissé, cet anticlinal peut être chevauché par une couche rigide d'un synclinal adjacent, sous l'effet d’une simple poussée au vide. Ce dernier type de chevauchement, donton a signalé des exemples dansles Appalaches et qui cor- respond à l'interprétation que M. Mühlberg a donnée des chevauchements du Jura oriental, est évidemment un cas particulier, qui ne doitse pré- ! Ph. Zürcuen, Nole sur la slructure de la région de Cas- lellane. Bull. Serv. Carte géol. n° 48, 37 p., 6 pl. 1895. ? Bailey Wiuus, The Mechanics of Appalachian structure. 131%: ann. Report of the U. S. Geol. Survey, Part I, p. 211-281, pl. 46-96. « Dans la littérature géologique, le terme de structure appa- lachienne évoque l'idée de couches comprimées en plis longs et étroits, généralement parallèles entre eux et quelquefois renversés ou chevauchés.» E. HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE senter que dansles régions où le plissement s’est. produit en plusieurs phases distinctes. Les troispre- miers types, parcontre, sonttrois termes successifs d'une même série et doivent présenter tous les in- termédiaires. La production d’un chevauchement suivant l’un ou l’autre des trois types dépendra. essentiellement des conditions de rigidilé ou de chargement des couches soumises à la compression latérale. M. Bailey Willis a cherché à réaliser . expérimentalement ces conditions et, par de nom- breuses expériences très judicieusement disposées, … il a pu reproduire des types de dislocation iden- tiques à ceux que l’on rencontre dans les régions de piissement intense. La place nous manque malheureusement pour résumer le travail de | M. Bailey Willis el nous n'insisterons pas davan- age sur les considérations théoriques et sur les lois de la « structure compétente » qui forment le fond de ce travail. Nous estimons d’ailleurs que des considérations théoriques de cette nature au sujet de la structure géologique d’une région ne sauraient sans inconvénient. précéder l'étude de délail de cette région. Elles nous paraissent presque dépourvues d'intérêt lant qu’elles ne sont pas publiées sous forme de conclusions d’une étude monographique. IT. — Le masstr Du MÉNEZ-BÉLAIR, EN BRETAGNE. Depuis que M. Charles Barreis a publié, sur la carte géologique de la France au 4/1.000.000", les premiers résullats de ses belles recherches sur la Bretagne, on sait qu'à la notion d’une presqu'ile armoricaine conslituée par deux grands plateaux el par deux grands bassins indépendants, doit être substituée celle d'une région comprenantune série nombreuse de pelits synclinaux très étroits, parallèles enire eux et indéfiniment allongés de l'ouest à l'est. La carte de Bretagne prend ainsi l'aspect de lacarte d’une région plissée du lype dit « appalachien ». M. Barrois a pu établir que les grands traits de l'orographie sont dus à un ridement du sol, postérieur au Culm et antérieur au terrain houiller supérieur, mouvement qui refoula laléralement et en même lemps toutes les strates, sur une largeur deplus de trois degrés de latitude, de la Normandie à la Vendée, en leur donnant une direction dominante uniforme! 0.20° N.-E. 20°S. Si ces grandes lignes sont désor- mais bien établies, les détails de la structure du massif breton sont encore en grande partie insuf- fisamment connus; aussi la première étude sur la tectonique d’une région déterminée de la Bretagne, que M. Barrois a publiée cette année, offre-t-elle ——_———— 1 Charles Barrotis, Le bassin de Ménez-Bélair (Côtes-du- din did ‘hd dés D Rs | - Nord el Ille-et-Vilaine). Ann. de la Soc. géol. du Nord, t. XXII, p. 181-350, pl. HI-X. | L 4 . . E. HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE 1089 _ tout l'attrait de lanouveauté. Cette étude magis- trale est consacrée au bassin du Ménez-Bélair, _ sorte de détroit rétréci, long de 100 kilom., faisant 2. . communiquer le bassin carbonifère de Châteaulin . avec celuide Laval, et remarquable à la fois par les caprices de son contour et par sa faible largeur, parfois réduite à 1 kilom. Il est constitué par une série d'assises siluriennes, dévoniennes et carbo- nifères, limitée de part et d'autre par les phyllades de SL-LÔô, d'âge précambrien. Mais le bassin du Bélair n'est pas un simple synclinal, sur les deux bords duquel la même série de couches est répélée en sens inverse : malgré la concordance apparente el le parallélisme des diverses bandes d’affleure- ment des terrains, on constate qu’il y a de nom- breuses lacunes dans la série, en même temps que des réapparitionsde certains termes, sous forme de nouvelles rayures parallèles. On voit, de plus, que le nombre et l'âge de ces diverses bandes ou rayures varient suivant les divers méridiens consi- dérés et que, par conséquent, la structure de ce bassin n'est ni uniforme ni régulière, du N. aus. ou de l'O. à l'E. Par la comparaison des coupes transversales, M. Barrois est arrivé à reconnaitre que toutes ces coupes se déduisent rationnellement de la considé- ration d’un synelinorium , déjeté au $S. dans la por- tion occidentale, déjeté au N. dans la région orien- tale et débité ensuite uniformément par des failles, qui présentent toutes une inclinaison de 30 à 45° vers le N. Les tranches ainsi découpéesparces failles glissèrentles unes sur les autres de manière à déter- miner un effondrement des tranches moyennes du synclinorium, comprises entre les tranches super- ficielles et les tranches les plus éloignées de la surface. Ces tranches profondes et les superti- cielles, abandonnées également en arrière, pen- dant le mouvement d'affaissement, furent plus tard balayées par les dénudations, qui ne respectèrent que les tranches affaissées, faisant ainsi partout disparailre les charnières des plis. En réalité, le bassin de Bélair n’a jamais cor- respondu à un pli synclinal simple; il dépend d'un synclinorium composé de plusieurs ondes syneli- nales parallèles, parmi lesquelles le pli de Gahard et le pli de Liffré, qui se suivent sans interruption d’un bout à l’autre du bassin. Tandis que le pli de Gahard ne contient en aucun point de formatio ns plus récentes que le Dévonien, le pli de Liffré présente des couches carbonifères, qui reposent toujours directement sur le Silurien, sans inter- posilion de Dévonien. Ce fait très remarquable montre d'une façon positive quelle énorme réduc- 1 Série de plis dont l'ensemble se comporte comme un synclinal. tion superficielle les-mouvements orogéniques ont fait subir au synclinorium de Bélair, puisque sa trace, réduite parfois à 4 kilomètre de largeur sur nos cartes, correspondait à deux bassins de dépôts parallèles et assez distincts pour que les mers dévoniennes se soient limitées à l’un et les mers carbonifères, à l’autre. : Enfin, on peutconstater que la charnière syncli- nale du bassin de Bélair ondule verticalement dans le sens de sa longueur, présentant en trois points des convexités, séparées par des concavités. Par suite de ces dénivellations, on trouve, dans les trois tronçons surélevés, à la surface actuelle d’affleurement, des tranches plus voisines du fond de synclinorium que dans les tronçons compris entre eux. C’est pour celte raison que l’affleure= ment devient si étroit dans ces parties et relative- ment si large dans les régions intermédiaires ; ces affleurements représentent, en effet, dans ces deux cas, des sections horizontales, inégalement dis: tantes de la charnière synclinale du bassin. Les trois relèvements anticlinaux du bassin de Bélair coïncident exactement avec le prolonge- ment, à travers le bassin du Bélair, de lignes anticlinales relevées indépendamment, au milieu des schistes précambriens et des gneiss, des axes anticlinaux de Fougères, de Dinan, de Saint-Malo. Ainsi la région de Bélair fournit un exemple curieux de croisement et de superposition de deux systèmes de plis orogéniques. Elle permet, de plus, de constater l'influence perturbatrice que ces deux systèmes ont exercée l'un sur l’autre et, par suite, de reconnaitre leur superposition dans le temps. La torsion du synclinorium de Bélair, qui s'effectue précisément au passage du pli anticlinal de Fou- gères, établit nettement la postériorité du plisse- ment de Fougères à celui de Bélair, puisque celui- ci a été dérangé par Le passage du premier. Ce fut pendant la seconde moitié des temps carbo- nifères (après le Culm), sans qu'il soit encore pos- sible d’en préciser les moments, que se sont pro- duits tous les ridements du sol qui déterminèrent les grands traits de l’orographie bretonne. Ces mouvements doivent se rattacher à deux systèmes de plis conjugués, à peu près contemporains : le plus ancien dirigé N.-0. (axes de Gahard, de Liffré), l'autre dirigé N.-E. (axes de Saint-Malo, de Dinan, de Fougères, de Rennes). Les traces du second étant mieux conservées au nord de la Bre- tagne (région naturelle du Léon), M. Barrois l'a désigné sous le nom de sysfème du Léon; celles du premier, étant plus marquées sur les côtes méridionales du pays (Cornouaille bretonne), ont été réunies sous le nom de système de lu Cornouaille. Il importe de constater que ces deux systèmes de plis conjugués ne sont pas orthogonaux el r 1090 E. HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE qu'ils tendent à se rapprocher d’une direction moyenne commune 0.-E., correspondant à l’allon- gement de la presqu'ile armoricaine. Les synclinaux du système de la Cornouaille sont affectés, dans le bassin de Bélair, par de nombreuses failles, qui se répartissent en failles d’étirement, failles de lassement et failles de décro- chement. Les premières sont en relation intime avec la formalion des plis et correspondent à leurs flancs inverses élirés. Il a déjà été question plus haut des failles de tassement, longitudinales et parallèles aux lignes directrices, de même que les failles d’étirement. Quant aux failles de décru- chement, elles sont transversales et présentent, dans leur groupement en gerbes, une relation avec la torsion d'ensemble du bassin. Tous ces accidents, plis et failles, doivent être considérés comme des manifestations différentes d’une même cause fondamentale ; mais les plis et les failles d’étirement sont antérieurs à la venue du granite dans la région, tandis que les failles de tassement et de décrochement sont posigra- niliques. Cette intrusion du granite à l'époque carbo- nifère, postérieurement au ridement, est établie par les observations suivantes : le granite coupe transversalement les couches paléozoïques; les schistes sont transformés en schistes micacés-ma- clifères ; mais, landis qu'ils s'arrêtent brusquement au contact du granite, les assises interstratifiées de quartzite se poursuivent dans le massif grani- tique, où elles constituent des crêtes quartzeuses remarquables. Les failles de tassement et de décrochement ont affecté en plusieurs points les masses granitiques. Ces masses elliptiques sont disposées en chapelels parallèles, alignés suivant des directions coïncidant exactement, voire même comme position, avec les axes anticlinaux du sys- tème du Léon, coupant par conséquent oblique- ment l'axe du synclinorium de Bélair. Si les graniles ont effectué leur mise en place suivant les anticlinaux, à la faveur des derniers grands mouvements de plissement, l'ascension du magma en fusion qui a produit les diabases de la région, en filons innombrables, est en retation avec un autre mouvement du sol, postérieur aux ridements de la Cornouaille et du Léon : elle a été déterminée par les effondrements des tranches médianes des plis synclinaux, dont, les failles d'affaissement ont fourni la preuve. Le magma prolila pour son ascension des failles de décroche- ment, ouverles antérieurement dans la région, lors de la propagation du mouvement de torsion subi par le bassin du Bélair. On voit, en somme, que les accidents de plisse- ment, de torsion et ceux qui déterminèrent les failles, comme aussi la mise en place des roches cristallines massives, sont le résultat d’un même mouvement, d’un effort dont le sens a été constant et dont l'expression extérieure a seule varié, IV.— LA COLLINE DE TURIN Les collines du Monferrat et, en particulier, la colline de Turin, qui surgissent au milieu de la plaine du Pô, ont attiré, dès le commencement du siècle, l'attention des géologues. On a eu recours aux hypothèses les plus diverses pour expliquer l'isolement de ces collines au milieu d'une plaine alluviale limitée au nord et à l’est par la concavilé de l’arc alpin, au sud par l'Apennin ligure, et les accumulations de conglomérats qui prennent une part très considérable dans leur constilution. . Aucune de ces hypothèses n’a paru satisfaisante à M. Virgilio, qui a consacré un volume {rès remar- quable ! à l’étude du mode de formation de la colline de Turin. Toutes les hypothèses tendant à expliquer la genèse des conglomérats oligocènes et miocènes de la colline de Turin devront, d'après l’auteur, tenir compte des fails suivants, qui sont établis d'une manière indubitable : Les conglomérals se sont formés sous les eaux de la mer pendant la période oligocène et une partie de la période miocène; leurs banes sont dépourvus de fossiles marins, qui, par contre, se trouvent en abondance dans les couches mar- neuses et sableuses intercalées. Les éléments des conglomérats sont, en général, de vrais cailloux roulés, de dimensions variables. Les blocs non roulés, en partie à angles non arrondis, souvent de grande taille, épars sur les flancs des collines, sont des restes de bancs de conglomérats détruits par l'érosion. Les cailloux proviennent, en majeure partie, de roches alpines existant en place sur le versant italien depuis les Alpes Maritimes jusqu'aux Alpes Lépontiennes ; en moindre parlie, de roches des Apennins et en partie tout à fait minime de roches en place dans les collines mêmes. L'élé- ment serpentineux est prédominant. La présence de véritables cailloux glaciaires peut être niée. Au point de vue tectonique, la colline de Turin est un pli anticlinal dont le flanc nord est plus incliné el moins développé que le flanc sud. Dans les deux flancs l'inclinaison des diverses assises va en augmentant de l'extérieur vers l’intérieur dans la direction de l'axe. Le climat qui régnait pendant toute la longue 1 ViraL1o : La collina di Torino in rapporlo alle Alpi, all Appennino ed alla pianura del Po. 4 vol. in-8°, 159p., 4 pl. Turin, 1895.— Id.: Argomenti in appoggio della nuova ipotesi sulla origine della collina di Torino. Atti della R. Accad. delle Scienze di Torino, vol. XXX, 19 mai 1895. [7 ET né. PP EN EE OT E. HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE 1091 période durant laquelle se formaient les conglo- mérats était intertropical et d'au moins 11° plus chaud que la température moyenne actuelle. La nature des éléments roulés indique avec évidence un transport lointain, mais les: hypo- thèses impliquant un transport par d&es cours d’eau ou par des glaces doivent être écartées. La principale difficulté que rencontre l'interprétation des conglomérats réside évidemment dans leur grand éloignement de la côte et dans l’impossibi- lité d'admettre l'existence d'une ile émergée sur Femplacement actuel des collines du Monferrat, antérieurement à l'époque tortonienne, en raison de la continuité des couches contenant les élé- ments roulés. M. Virgilio a eu recours à une inter- prétation extrêmement ingénieuse : il considère les galets comme formés sur le littoral même de la mer oligocène et miocène, tant sous l'influence des vagues que par suite d’apports lorrentiels venant de la terre ferme. Un écoulement lent se produisant sur le fond incliné de la mer aurait ensuite amené les amas de cailloux, englobés dans une vase mouvante, du littoral au centre du bassin, c'est-à-dire du bord interne, oriental et méridional de l'arc alpin et du bord externe septentrional de l’Apennin ligure à leur emplace- ment actuel, où les éléments de provenances différentes se seraient plus ou moins mélangés. Voici par quelles phases ! aurait passé successi- vement la région occupée actuellement par la col- line de Turin depuis la fin de l’époque éocène, c'est- à-dire depuis le moment où, par suite des premiers plissements alpins, le bassin du Pô se trouvait circonserit à peu près dans ses limites actuelles : A l'époque tongrienne se déposèrent, sur les côtes, sur un fond constitué par des dépôts anté- tertiaires et éocènes, des calcaires et des marnes scaglieuses, puis des conglomérats à petits éléments de provenance alpine (environs du lac Majeur) ou apenninique. Peu à peu ces conglomérats lon- griens, formés dans le voisinage des rivages par les torrents venant des Alpes et des Apennins, s’écoulèrent lentement sur le fond de la mer vers le centre du bassin. Les dépôts aquilaniens, con- tenant des conglomérais à plus gros éléments que les comglomérats tongriens et formés dans des conditionsanalogues, s’accumulèrentsur lelittoral, exerçant une pression sur les dépôts sous-jacents, facilitant ainsi la continuation du phénomène d'écoulement sur un plan incliné vers le centre du bassin. Les dépôts langhiens continuèrent à exercer cette même pression, qui détermina finalement la 1 Ces phases successives sont illustrées au moyen d’une série de coupes publiées par l’auteur dans sa note supplémen- taire. rencontre et le mélange des éléments alpins et de ceux qui provenaient du versant nord de l’A- pennin. Par suite de l'existence de deux poussées agissant en sens inverse, cette rencontre donna lieu à la formation, à l'époque helvétienne, d’un premier bourrelet, occupant l'emplacement actuel de Ja colline de Turin. En même temps se dépo- saient sur les côtes, en alternances avec des marnes grises et des mollasses, des conglomérats à très gros éléments et à arêtes vives, dont le glis- sement vers le centre du bassin était facilité par la présence des marnes intercalées dans la série. A l’époque tortonienne, la colline de Turin a dû commencer à émerger du sein de la mer, car les argiles tortoniennes font entièrement défaut sur son versant nord-ouest. Le mouvement de plissement atteignantson maximum danses Apennins, el sur- tout dans les Alpes, à la fin de la période miocène et l’'émersion dela colline de Turin s'accentuant de plus en plus, la pente du fond de la mer, allant des côtes vers le centre du bassin, devait nécessai- rement devenir plus considérable, de telle sorte que l'écoulement vers la colline de Turin des maté- riaux déposés sur les rivages devait avoir lieu encore plus facilement qu'aux époques précé- dentes. Par suite de l’accentuation du plissement, le bassin s'approfondissait graduellement, de telle sorte que, au début du pliocène, des argiles de mer profonde pouvaient se déposer sur tout le pourtour de la colline. A la fin de la période pl'iocène les couches ont atteint leur position actuelle et la mer, qui occupait l'emplacement actuel de la vallée du Pô, s’est comblée progressivement par l'accumulation de formations détritiques. A l’époque quaternaire, sous l’action des agents atmosphériques, la colline de Turin prend son relief actuel. Les puissants dépôts de læss qui recouvrent les formations tertiaires doivent être attribués, selon l’auteur, au ruissellement super- ficiel résultant de la fonte annuelle des neiges, vers la fin de la période glaciaire. Comme on a pu le voir, M. Virgilio est un fervent adepte des théories de Reyer!, d’après lesquelles les phénomènes de plissement seraient principale- ment attribuables à un écoulement des masses stratifiées sur un plan incliné, sous la simple action de la pesanteur. V. — LA SÉRIE SÉDIMENTAIRE DANS L'ASIE CENTRALE. Les chaînes de montagnes qui s'élèvent au nord del'Himalaya, dans le Turkestan et dans le Thibet, 1 V, l'articte de M. W. Kirrax sur les Essais de géologie expérimentale de M. Heyer, dans la Revue générale des Sciences du 15 juillet 1893. 1092 E. HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE n’ont encore été visitées que par un nombre fort limité d'explorateurs, et deux géologues seulement ont exploré ces régions inhospitalières : Stoliezka, il ya plus de vingt ans, et, plus récemment M. Bog- danovitch. Ils ontrecueilli, dans le Kuen-Lun occi- dental, dans le Pamir et dans les chaînes méridio- nales du Tian-Chan, des fossiles qui ont été commu- niqués à M. Suess!. L’illustre géologue viennois a étudié ces séries paléontologiques avec la collabo- ration de quelques spécialistes (MM. Frech, von Mojsisovics, Teller et Uhlig), et, quelque rudimen- taires que fussent ces matériaux, ils lui ont permis de reconstituer dans ses grands traits l’histoire straligraphique de l'Asie centrale. M. Bogdanovitch a reconnu dans le Kuen-Lun occidental deux grandes transgressions: la trans- gression du Kuen-Lun, qui vient se placer au début du Dévonien moyen, et la transgression thibétaine, qui a eu lieu après le dépôt de l'étage moscovien à Productus semireticulatus. On peut se convaincre, d’après un savant exposé dû à M. Frech et intercalé dans le mémoire de M. Suess, que la transgression du Dévonien moyen est un phénomène tout à fait général dans l'hémi- sphère nord et qu’elle n’est que le prélude de la transgression plus étendue encore du Dévonien supérieur. Dansle Tian-Chan et dans le Kuen-Lun, le Dévonien moyen est le terrain sédimentaire le plus ancien dont on connaisse des fossiles ; il fait suite immédiatement à une formation détri- tique par laquelle débute la série transgressive qui repose en discordance sur les schistes cristallins. Plusieurs localités sont très fossilifères et ont fourni de nombreux Polypiers et des Brachiopodes déterminés par M. Frech, et qui tous sont très voisins d'espèces de l’Europe centrale et souvent mème identiques. Le Dévonien supérieur n’esl pas connu encore dans l'Asie centrale. Le Carbonifère' inférieur (Dinantien, Munier- Chalmas et de Lapparent) est représenté dans le Tian-Chan et dans le Kuen-Lun par des calcaires à Chonetes comoides el Streptorhynchus crenistriu; le Carbonifère moyen (Moscovien), par des calcaires à Productus Fusulines. C'est au- dessus de ce niveau que vient se placer la trans- gression thibélaine de M. Bogdanovitch; les grès rouges el les conglomérals carbonifères supé- rieurs du Kuen-Lun reposent en discordance sur le Carbonifère moyen. On sait que, dans l'Europe occidentale, d'importants mouvements se font semireliculalus et également sentir à l’époque du Carbonifère moyen, el que le Carbonifère supérieur est généralement concordant avec le Permien. Dans l'Asie centrale, 1 E. Suess. Beilräge zur Slraligraphie Central-Asiens. Denkschr. math.-naturw, Cl. d. k, Akad. Wiss. Vol. LXI. 38 p. 1 pl. 1894. il paraît en être de même, mais la généralité du faitne pourra êlre aflirmée que lorsque l’âge de certaines couches transgressives, telles que les calcaires à Brachiopodes du fleuve Gussass, dans le Kuen-Lun occidental, sera délerminé avec cer- titude. Des marbres rouges signalés par Stoliezka au nord du col de Karakorum contiennent des XPn0- diseusetun (astrioceras,etsont considérés par M. von Mojsisovics comme permiens. Le Trias du Pamir oriental présente des carac- tères essentiellement alpins; on y signale des calcaires à Brachiopodes contenant des Æulorella en partie identiques à des espèces du Trias su- périeur des Alpes orientales, ainsi que des bancs à Monotis salinaria, forme bien connue du Salzkam- mergut. La découverte, sur les rives du Karakash, d’Am- monites calloviennes, déterminées par M. Ubhlig, pourrait indiquer que la grande transgression callovienne s’est également fait sentir dans l’Asie centrale. Enfin, sur les bords de la dépression du Tarym, l’'Éocène est représenté par des grès contenant des huitres, parmi lesquelles M. Suess a pu recon- naitre la Gryphen Esterhazyi, espèce caractéristique des couches à Nununuliles perforata de Hongrie. On voit par cet aperçu que les mers primaires, secondaires et tertiaires de l'Asie centrale conte- naient des faunes présentant le plus souvent des analogies frappantes avec les faunes synchroni- ques des mers de l’Europe. Les principales discor- dances dans la série sédentaire paraissent s’être produites simultanément dans l'Europe occiden- tale et dans l'Asie centrale. Enfin, l’on retrouve, aussi bien dans les chaines plissées de l'Himalaya et du Thibet que dans lesrégions de l'Europe affec- tées par les plissements alpins, les traces d’une mer parallèle à l’équateur, réunissan! ies deux bords du Pacifique, en passant par les Antilles, l'Europe méridionale, el traversant l'Asie en écharpe. Cette mer, à laquelle M. Suess à donné récemment le nom de 7helys, parait s'être mor- celée à l’époque tertiaire, et la Méditerrante en serait untronçon, tandis que l'Atlantique et l’o- céan Indien se sont formés sur l'emplacement de continents qui existaient pendant toute la durée de l'ère secondaire. Le moment précis de la séparation des eaux de la Méditerranée de celles des mers plus orientales ne peut encore être déterminé avec certitude, mais on peut affirmer, grâce à la découverte de la Gryphæa Esterhazyi sur les bords de la dépression du Tarym, qu'à l’époque éocène la mer qui recou- vrait la région alpine s’étendait vers l’est, au moins jusqu'à ce point extrême. À cette époque, L L# E. HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE 1093 l'océan Indien élait certainement déjà ébauché, par suite de l'effondrement de l’ancienne Indo- Afrique. VI. — LES DÉPÔTS GLACIAIRES DES ALPES ET DES PYRÉNÉES. A la suite du Congrès géologique international de Zurich, eut lieu, du 17 au 23 septembre 1894, sous la direction de MM. Penck, Brückner et Du Pasquier, une « excursion glaciaire » destinée à faire connaitre aux participants les régions des Alpes méridionales et septentrionales qui sont les plus propres à l’élude de la succession et de la disposition des formations glaciaires. Cette excursion, qui partit de Lugano pour aboutir à Munich, en passant par Ivrée, Milan, Riva, Innsbruck, fut couronnée d’un plein succès et eut pour résultat de consacrer définitivement cerlaines nolions exposées déjà dans plusieurs ouvrages spéciaux, mais insuffisamment connues de la majorité des géologues. EL Mieux que l’excursion, dont le nombre des par- ticipants fut forcément restreint, un Guide, publié en vue de cette excursion par MM. Penck, Brück- ner et du Pasquier !, contribuera à répandre ces notions. Ce sont les principales données conte- nues dans ce Guide que nous allons entreprendre de résumer ici. Les auteurs du Guide distinguent, au point de vue de leur origine, parmi les dépôts glaciaires alpins, deux catégories : 1° Les dépôls glaciaires proprement dits, générale- ment non stratifiés et à éléments non calibrés, caractérisés par la présence de cailloux polis et striés, souvent aussi par celle de fragments de roches venant de très loin et imparfaitement roulés. Ce sont les produits du glacier lui-même, ses anciennes moraines. 2 Les dépôts fluvio-glaciaires, formations gla- ciaires remaniées par les eaux courantes, compo- sées en conséquence d'éléments erraliques usés, roulés, arrondis et déposés comme les galels d’un cours d’eau en couches horizontales allernant souvent avec des lits à structure inclinée (stratifi- cation torrentielle). Le glaciaire proprement dit présente une surface irrégulière, onduleuse, composée d’une succession de monticules et de vallons marécageux, plus ou moins parallèles ou concentriques. C’est ce que Desor appelait le paysage morainique. Ce paysage morainique entoure une région intérieure en cuvette, souvent occupée par un lac et nommée 1 Pexck, BrückNER et pu Pasquier. Le système glaciaire des Alpes, quide publié à l'occasion du Congrès géologique international. Bull. de la Soc. des Sc. nat. de Neuchâtel, t. XXII, 1893-1894. pour cette raison la dépression centrale. De ce grou- pement de formes résulte quelque chose d'ana- logue à un amphithéâtre, si bien que l’ensemble de la dépression centrale et de sa circonvallation de moraines a souvent été désigné sous le nom d'amphithéâtre morainique. A l'extérieur, à l’aval de l’amphithéâtre, s'appuie le fluvio-glaciaire, formant, à une altitude bien supérieure à celle du fond de la dépression cen- trale, un vaste plan incliné descendant des moraines. C’est un cône de déjection portant encore des moraines : le cône de transition, qui correspond à une zone de passage du glaciaire au fluvio-glaciaire, zone caractérisée souvent par des alternances de ces deux formations. En aval, ce cône devient de plus en plus plat à mesure que sa structure intérieure gagne en régularité de strati- fication; c’est la région du fluvio-glaciaire pro- prement dit, des alluvions glaciaires, formant de vastes plaines ou des terrasses régulières. Il est facile de se rendre compte de la genèse de ce « complexe » : devant le front du glacier, les torrents, surchargés de matériaux, alluvion- naient, tandis que le glacier lui-même déposait, sous forme de moraine terminale, tous les élé- ments qui n'étaient pas entrainés par les eaux courantes. Quant à l'espace occupé par le glacier, aucune accumulation ne s’y produisait et le gla- cier abandonnait après son retrait une surface déprimée, la dépression centrale, entourée par une circonvallation morainique et caractérisée par le polissage des roches qui la constituent. On concoit que la circonvyallalion ait souvent endigué un lac. Le bord alpin présente des exemples nombreux de cette disposition, les plus célèbres sont décrits dans le Guide et ont élé visités par les participants à l’excursion. Nous mentionnerons surtout l’amphi- théâtre morainique de l’ancien glacier de la Reuss, où la petite ville de Mellingen occupe le fond de la dépression centrale; celui du glacier de l’Inn, dont le centre est occupé par la ville de Rosenheim; puis, sur le versant méridional des Alpes, le célèbre amphithéàtre d'Ivrée et celui du lac de Garde, tous deux caractérisés par la hauteur énorme qu'atteignent les moraines au-dessus du niveau de la dépression centrale. En amont des grandes moraines qui marquent la principale phase d'arrêt du glacier s'observent, de distance en distance, des séries de dépôts gla- ciaires et fluvio-glaciaires tout à fait analogues à celle que nous venons de décrire, mais de dimen- sions beaucoup plus restreintes, et correspondant chacune à une phase d'arrêt dans le retrait des glaces. Ces complexes suceessifs s’imbriquent les uns sur les autres et constituent la série des fut à 1094 E. HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉULOGIE dépôts d'une seule et même glaciation, avec ses | correspondant à ces trois périodes distinctes onl phases d'arrêt et de retrait; leur répétition ne sau- rail, en aucun cas, être considérée comme un indice de plusieurs glaciations successives, sépa- rées les unes des autres par un profond hiatus géologique. Pour démontrer l'existence, dans une même région, de plusieurs glaciations successives, il faut avoir recours à d’autres caractères et notamment au degré d’altération des dépôts. On a pu constater que les formations glaciaires de la période quaternaire étaient généralement altérées jusqu'à une certaine profondeur, par suite d’une décalcification superficielle sous laclion des agents atmosphériques. D'une manière générale, l'altération des grandes moraines terminales de la glaciation alpine n'atteint qu'une épaisseur insi- gnifiante ; il n'en est pas de même pour certains dépôts que l’on rencontre au delà de la limite des moraines terminales: ce sont des cailloulis alltérés superficiellement jusqu à plusieurs mètres de pro- fondeur, de telle façon que les éléments calcaires en ont disparu et qu'une grande quantité de galets crislallins sont entièrement décomposés, kaoli- nisés, devenus friables jusqu'à pouvoir être coupés au couteau. En raison de la prédominance des éléments ferrugineux résultant dela décalcification, ces produits d’altération ont reçu des géologues lombards le nom de /erreto. Ges dépôts alltérés sont d'anciennes moraines, qui ont perdu sous l’in- fluence du temps leurs formes adoucies; ainsi s'établit un contraste frappant entre ces moraines extérieures et les moraines intérieures, plus jeunes, qui ont conservé toute leur fraicheur. Sur plusieurs points, on conslate que les moraines externes allérées passent sous les moraines internes, ce qui établit bien leur antériorilé. Dans d'autres cas, plus fréquents, la période d’allération des mo- raines externes fut suivie de puissants ravine- ments qui déterminèrent le creusement des vallées, dans la masse de ces moraines:; les moraines internes furent déposées dans le fond de ces vallées, par conséquent à un niveau inférieur à celui oc- cupé par les moraines externes. Il n'y a donc plus superpos'lion, mais emboitement des moraines el de leurs alluvions respectives les unes dans les autres. Il importe de faire remarquer que l'on ne con- state pas qu'une seule superposilion : il y en a deux. Les moraines extérieures sont, en eftet, divisées elles-mêmes en deux élages superposés ou emboilés, séparés l’un de l’autre, aussi bien qu'ils le sont des moraines internes, soit par des couches d’allération subaérienne, soit par des ravinements profonds. On a ainsi, dans les Alpes, l'indice de trois glaciations successives. Les alluvions élé désignées, les plus anciennes, sous le nom d'al- luvions des plateaux (Deckenschotter), les moyennes sous celui d'alluvions des hautes terrasses, les plus récentes sous celui d’alluvions des basses terrasses. On a constaté que, vers l’amont, chacun de ces niveaux d’alluvions passait à des moraines indépendantes les unes des autres. Le Nord de la Suisse fournit des exemples nombreux de l’exis- tence de trois lerrasses fluvio-glaciaires distinctes et de leur emboitement, etil en est de même de la région des lacs, dans la plaine lombardo-véni- tienne; mais c'est. surtout dans la plaine de Munich ‘ que l’on observe la superposition, quel- quefois dans une même coupe, des cailloulis cor- respondant aux trois glaciations. Ces trois cailloutis sont séparés les uns des autres par des couches de lehm d'altération ; le plus ancien est le plus con- gloméré et se distingue par la rareté des éléments crislallins ; chacun est superficiellement altéré : la couche d’alléralion qui le sépare des dépôts plus récents est la plus épaisse dans le «Decken- schotter »; elle est la plus mince dans l’alluvion fluvio-glaciaire la plus récente. On connait depuis longtemps, dans les Alpes françaises , grâce surtout aux observations d'Alphonse Favre, de Charles Lory, de Charles Martins, de MM. Falsan et Chantre et, plus récem- ment, de M. David Martin, de puissantes masses de dépôts glaciaires, Lémoins d'une ancienne et très considérable extension des glaciers; mais personne n'avait tenté de coordonner systématiquement les différents termes de la série glaciaire ni d'y voir les traces de plusieurs glacialions successives. Cette lacune vient d'être comblée au moins pour le bassin de la Durance, grâce aux remarquables observations de MM. W. Kilian et A. Penck ?, qui ont montré quela vallée de la Durance méritait de devenir un type classique pour l’élude de la succession des dépôts glaciaires. Dans les environs de Sisteron, ces auteurs ont distingué trois terrasses de graviers, dont la plus ancienne correspond,par sa posilion el par ses caractères d'altéralion, au Deckenschotter. Elles sont généralement séparées par des affleurements du substratum, elles sont plus ou moins conglo- mérées et l’on trouve, dans les deux dernières, des blocs remaniés de conglomérat, provenant des terrasses préexistantes. Leur pente est plus grande que celle de la vallée actuelle. 1 Sous Je titre « Die Gegend von München, » M. L. vox Aumox vient de publier un bel ouvrage {in-89, 152 p., ! carte, 6 pl. en phototypie, 12 fig.) sur les environs de Mu- nich, dans lequel l'étude des reliefs glaciaires tient uno place considérable. 2 Les dépôts glaciaires et fluvio-glaciaires du bassin de la Durance, Comptes rendus Acad. Se., 11 juin 1895. CUT T LR ru "D se Ÿ HA D CROSS 0 dl rie RS ON QT SRI TRS: = ; # : Le Pope à LP 3 E. HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE 1095 M É she dns eh à à 17 de Lé ini dé _ Le Deckenschotter occupe une position très élevée au-dessus du thalweg actuel de la Durance . et paraît antérieur au creusement de la vallée. La 4 haute terrasse domine de 80 à 100 mètres le lit de la Durance; elle passe en amont à de véritables moraines, qui n’ont pas conservé la fraicheur des moraines internes; quant aux alluvions elles- - mêmes, leur altération superficielle atteint 1 à 2 mètres. La basse terrasse s’abaisse jusqu’au niveau des alluvions modernes, l’altération y est très superficielle; elle s’adosse en amont à un triple rempart de moraines frontales, qui forme au Poët un véritable amphithéâtre morainique, avec pente douce vers l'aval et versant abrupt vers l’amont. En arrière, souvre la dépression centrale, large et tapissée de glaciaire, sous lequel les graviers de la basse terrasse se conli- nuent, mais ne tardent pas à se terminer en bi- seau, de sorte que, en amont de la Saulce, aucune des trois terrasses n'est plus visible. Mais plus haut, entre Montdauphin et Embrun, des. allu- vions fortement cimentées prennent un grand développement, occupant un niveau de 80 à 130 mètres plus élevé que le lit actuel de la Du- rance. Elles sont superposées à des moraines de front typiques et supportent elles-mêmes d'autres dépôls glaciaires qui reposent sur leur surface polie et coupée obliquement à la stratification. La terrasse interglaciaire d'Embrun-Montdauphin correspond à un retrait d'au moins 70 kilomètres du glacier de la Durance et constilue une preuve incontestable de la pluralité des glacialions dans cette partie des Alpes françaises, L'existence de deux terrasses alluviales avait été reconnue, il y a longtemps déjà, dans les Pyrénées, par Noulet et par Leymerie. Aux envi- rons de Toulouse, ces terrasses sont siluées, l'une à 12 mètres, l’autre à 28 mètres au-dessus du ni- veau de la basse plaine. M. Boule ! S'est altaché à les suivre en amont aussi loin que possible et les a retrouvées dans la région qui touche aux mon- lagnes l’une à 15 mètres, l’autre à 50 mètres en- viron au-dessus du niveau de la Garonne. Il a pu conslater que la terrasse inférieure se reliait en amont, par l'intermédiaire d'un cône fluvio-gla- ciaire, avec la belle moraine de Labroquère. La terrasse supérieure présente des caractères d’alté- ralion qui dénotent une bien plus grande anti- quité : tout semble indiquer qu'elle correspond à une phase d'extension glaciaire plus ancienne que celle qui correspond à la terrasse inférieure; mais les moraines qui représentenl celle extension sont encore inconnues. 1 Marcellin BouLe, Le Plaleau de Lannemezan et les allu- vions anciennes des hautes vallées de la Garonne et. de la Nesle. Bull. Serv. Carte géol., n° 43, 23 p., 4 pl. 1895. Il parait y avoir dans les Pyrénées, comme dans les Alpes, des indices d’une glaciation encore plus ancienne. La surface des plateaux de Lannemezan, d’Orignac, etc., est recouverte d’un manteau épais d’alluvions à très gros élements, dont la plupart ont disparu par décomposition; seuls de nombreux blocs de quartzile, souvent de grande dimension, ont résisté et jonchent la surface du plateau. Ces blocs, souvent à peine dégrossis et présentant, à côté de faces arrondies, des arêtes vives, doivent être considérés comme de véritables blocs erra- tiques. Leur présence sur les plateaux de Lanne- mezan ne peut s'expliquer que par un transport glaciaire, car, pour arriver à leur gisement actuel, ils ont dû franchir de longues distances, traverser toute la partie calcaire des Pyrénées, sans perdre leurs arêtes vives. La position des alluvions de Lannemezan indique que la direction des vallées anciennes des Pyrénées devait concorder à peu près avec celle des grandes vallées actuelles. Ainsi, M. Boule a été le premier à reconnaitre, dans une région française, la trace de trois glacia- tions successives; mais, tandis que, dans les Alpes, on ne peut, la plupart du temps, fixer que l’âge relatif des trois formations glaciaires, M. Boule, plus heureux, a pu, dans les Pyrénées, grâce à des découvertes paléontologiques, déterminer l'âge absolu des trois formations. L'âge de la terrasse inférieure, correspondant à la dernière époque glaciaire dans les Pyrénées, peut être établi avec certitude grâce à un certain nombre de restes d'Ælephas primigenius. C'est l'é- poque où régnait en Europe la faune du Mam- mouth, avec le Rhinocéros à narines cloisonnées, l'Ours des cavernes, etc. Cette époque est netle- ment antérieure à ce que les préhisloriens appel- lent l'âge du Renne, lequel est marqué par une faune assez différente de celle du Mammouth et par une civilisalion humaine toute spéciale. Une visite à la célèbre station du Schweizersbild, près de Schaffhouse, avait montré à M. Boule que, dans le Nord de la Suisse, l'Homme de l’âge du Renne ne s'était établi qu'après le retrait des der- niers glaciers. Pour M. Steinmann, par contre, la faune de l’âge du Renne doit être considérée comme interglaciaire. Or, M. Boule et d'autres sa- vants ont pu constater que, dans les Pyrénées, les grottes qui abritèrent la faune du Renne, à l’é- poque où le glacier de la Garonné édifiait les mo- raines de Labroquère, élaient enfoncées sous une épaisse couche de glaces et de névés. Ces grottes n'ont élé habitées que postérieurement au retrait des glaciers, et leur faune est si identique à celle de l’âge du Renne en Suisse qu'il est impossible de ne pas admettre le synchronisme des gisements dans les deux pays. 1096 E. HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE Les alluvions de la terrasse supérieure n’ont pas encore fourni de fossiles, mais elles sont ravinées par une argile jaune contenant des ossements de la faune qui accompagne partout dansle Midi de la France l'Ours des cavernes et sont, par consé- quent, plus anciennes et appartiennent au Pléis- tocène le plus inférieur. Enfin, les alluvions du Lannemezan doivent être considérées comme pliocènes, car elles reposent sur des couches contenant une faune du Miocène supérieur et sont antérieures au creusement des vallées sur le flanc desquelles on a trouvé la faune chaude du Quaternaire le plus ancien. VIT. — LES PHÉNOMÈNES DE CONTACT DE LA LHERZOLITUE. Depuis le mémoire classique de M. Damour, la composilion minéralogique de la lherzolithe {oli- vine, bronzite, diopside chromifère vert et spinelle noir) est bien connue ; mais on ne possédait encore que des données assez vagues sur les conditions de gisement, sur l’âge et sur les phénomènes de contact de cette célèbre roche pyrénéenne. M. La- croix vient de combler cette lacuneen publiant sur la lherzolithe deux mémoires d’une importance capitale !. Les principaux gisements de Ja lherzolithe dans les Pyrénées se trouvent dans l'Ariège et dans la Haute-Garonne ; les conditions de gisement sont remarquablement identiques partout où la roche peut être observée : elle se rencontre exclusive- ment dans les masses calcaires désignées par J. de Charpentier sous le nom de calcaire primitif et presque toujours sur leur lisière, non loin des gra- nites ou schistes cristallins qui leur servent de substratum. L'âge de ces calcaires dits primitifs a élé établi par MM. de Lacvivier et Roussel; leur composilion stratigraphique est la suivante dans l’Ariège : A. Brèche calcaire renfermant des fragments des roches anciennes lui servant de substratum et représentant probablement le Lias inférieur. B. Calcaires gris ou noirs alternant avec des caleschistes, des schistes argileux ou des schistes gréseux et contenant des fossiles du Lias moyen. C. Dolomies noirätres et calcaires blanes souvent bréchiformes à divers niveaux, correspondant, d'après M. Roussel, à tout le Jurassique moyen el supérieur et au Néocomien. La Iherzolithe pénètre en bosses intrusives, dans les calcaires B qu’elle a métamorphosés. : A. Lacroix. Étude minéralogique de la lherzolithe des Py- rénées el de ses phénomènes de contact. Nouvelles archives du Muséum, 3e sér., t. VI, p. 209-308, pl. V-X.— Id. Les phéno- mènes de contact de la Lherzolithe et de quelques oplutes des Pyrénées. Bull. Serv. Carte géol. t, VI, n° 42, 140 p., 3 pl. mais elle a toujours laissé intacte la série C dont les brèches contiennent des galets de la roche éruptive. L'âge liasique ou tout au plus jurassique moyen de la Iherzolithe se trouve donc ainsi démontré avec certitude. Un certain nombre de coupes montre de plus que la lherzolithe n’est pas venue au jour. Les lherzolithes sont traversées fréquemment par des filons de pyroxénolithes et d'amphibololithes, c'est-à-dire de roches grani- toïdes dépourvues à la fois de feldspath et d’oli- vine. En un seul point M. Lacroix a pu voir la lherzolithe traversée par des filons d’une roche feldspathique qui a la composition de la diorite. La lherzolithe ne présente aucune modification endomorphe à son contact avec les roches sédi- menlaires; ces dernières ont, au contraire, subi au contact de la roche intrusive de profondes modi- fications exomorphes. Les calcaires et les mar- nes calcaires traversés par la lherzolithe sont transformés en calcaires cristallins ou, le plus souvent, en roches entièrement silicatées, telles que cornéennes ou schisies micacés. Toutes ces roches de contact contiennent les minéraux sui- vants, associés d’ailleurs, suivant les gisements, des manières les plus diverses : dipyre, feldspaths, micas, amphiboles, pyroxènes, tourmaline, rutile, ete. Dans les roches de contact immédiat le pig- ment charbonneux qui les colorait avant leur transformation a disparu; il n’enest plus demême quand on étudie ces roches à quelques centaines de mètres de la lherzolithe : la matière charbon- neuse y est alors intacte ou transformée en gra- phite. Toutes les fissures des roches mélamorphi- ques, y comprisles calcaires, aussi bien au contact de la lherzolithe que loin d’elie, sont tapissées de nombreux erislaux de zéolithes, parmi lesquels domine la chabasie. Ces phénomènes de contact sont totalement différents de ceux que l’on rencontre dans les cal- caires traversés par des péridotites; au contact de ces roches il se forme, dans les calcaires avoisi- nan(s, du grenat, de l'idocrase, de l’épidote, miné- raux qui font entièrement défaut dans les contacts de lherzolithe, tandis que le dipyre, la tourmaline, les micas, les feldspaths manquent le plus souvent autour des pyroxéniles. M. Lacroix a eu l'idée de comparer les phéno- mènes de contact de la lherzolithe avec ceux que l’on observe dans le voisinage des ophites pyré- néennes. Il à pu constater que les minéraux for- més dans les calcaires traversés par les deux roches élaient en grande partie les mêmes. Le dipyre, la lourmaline, les micas, l'albile, les amphiboles, elc., se rencontrent dans lesdeux cas ; dans les sédiments modifiés par la lherzolithe ces minéraux sont souventaccompagnés d'orthose, Ê E. HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE 1097 de microcline, de feldspaths tricliniques basiques, - de pyroxène; tandis que l’albite et la chlorite (leuchtenbergite) sont plus communs au contact . des ophites. L'intensité du métamorphisme est moins grande au voisinage des ophites qu'à proximité des lherzolithes; les transformations dues aux ophites peuvent être comparées à celles qui s'effectuent à quelque distance delalherzolithe, plutôt qu'à celles que l’on observe au contact immédiat de cette roche. La lherzolithe seule, en effet, détermine la formation de roches entière- ment silicatées dont la cristallinité rappelle celle des schistes cristallins. Les cornéennes formées aux dépens de calcaires et de schistes argilo-calcaires par les granites, les syéniles, les diorites, les diabases, les pérido- tites (autres que les lherzolithes des Pyrénées), etc., présentent une telle analogie de composition mi- néralogique dans les gisements les plus divers, qu'aucune d'entre elles n’est vraiment caractéris- tique de l’action métamorphique d’une roche éruptive déterminée; le grenat, l'idocrase, la wollastonite, l’épidote, en sont les éléments les plus fréquents, souvent associés, du reste, avec du pyroxène, de l’amphibole, du mica et des feld- spaths. Les contacts de lherzolithe et d’ophite des Pyrénées viennent rompre cette monotonie en présentant des minéraux spéciaux et des types pétrographiques particuliers. Il importe enfin de remarquer que les calcaires modifiés au contact de la lherzolithe, roche essen- tiellement magnésienne et à peu près dépourvue d'alcalis, se chargent surtout de minéraux riches en alcalis (albite, orthose, microcline, dipyre, micas), ainsi que d’autres éléments, tels que le bore, le titane, qui n’existent pas davantage dans la roche éruptive. Ce fait montre d'une façon éclatante que Les modifications métamorphiques ont été effectuées non par la Uherzolithe elle-même, mais par les fumerolles ou sources {hermales qui ont accompagné sa venue. L'ana- logie des transformations effectuées par les ophites et par les lherzolithes fait voir,en outre, que, dans les Pyrénées, ces deux roches, de composition différente, ont été accompagnées de fumerolles de composition qualitativement, sinon quantitative- ment, identiques. VIII. — LES ROCHES FILONIENNES SODIQUES DE CHRISTIANIA. La Norwège méridionale est depuis longtemps une terre classique aussi bien pour le minéralo- giste que pour le pétrographe; des travaux célè- bres ont élé consacrés par plusieurs auteurs — pour ne citer qu'un exemple — aux syénites éléo- lithiques, si riches en minéraux intéressants et en «terres rares ». Les environs de Chrisliania, en particulier, présentent une telle variété de ro- ches éruptives diverses que M. Brügger a entre- pris d'en publier une monographie détaillée, dont le premier volume‘, consacré aux roches de la série des grorudites et des tinguaïtes, a paru et contient déjà un exposé des plus intéressants des idées théoriques que l’étude des roches des envi- rons de Christiania a suggérées au savant pétro- graphe norvégien. La thèse principale que M. Brüzger se propose de soutenir dans sa monographie peut se résumer ainsi : tous les types de roches qui affleurent dans la région de Chrisliania, si multiples et si variés qu'ils soient, sont reliés entre eux par leur genèse et doivent être considérés comme les produits de différenciation d'un même magma initial riche en soude. Cette teneur en soude, qui va de pair avec l'absence presque complète de la magnésie et de la chaux, est due à l'abondance, dans les roches de Chrisliania, de certains silicates sodiques tels que l'ægirine, l’arfvedsonite, l'anorthose, et souvent aussi l’éléolithe. Les roches étudiées par M. Brügger dans le pre- mier volume de sa monographie sous les noms de grorudite, sülvsbergile et linquaite représentent les termes acide, mixte et basique d'une série continue de roches réunies par tous les termes de passage et caractérisées minéralogiquement par la pré- sence d’orthose et d’anorthose, souvent en associa- tion microperthétique, et de l’ægirine, avec ou sans ‘quartz, avec ou sans néphéline. Les feldspalhs calco-sodiques y font entièrement défaut. Par leur composition, ces trois roches rentrent donc dans les familles des granites, des syénites et des syé- nites éléolithiques; elles constituent les corres- pondants à deux temps de consolidation des gra- nites sodiques (nordmarkiles) et des syénites éléolithiques. Un pétrographe français aurait dé- signé une grorudite sous le nom de microgranulite à ægirine, une sülvsbergite sous celui d'ortho- phyre à ægyrine, et il aurait assimilé une tin- guaïte à une phonolithe. C’est dans ces questions de dénominations que s'affirme une fois de plus le profond dissentiment qui existe en pétrographie entre l'École allemande, à laquelle se rattache M. Brügger et dont le chef est M. Rosenbusch, et l'École française, repré- sentée par MM. Fouqué et Michel Lévy. Les deux Écoles ne parlent évidemment pas le mème lan- gage scientifique, etle malentendu qui les sépare va en s’accentuant de jour en jour. Il n’y a pas là seulement une question de nomenclature de 1 W. C. Brôccer, Die Éruplivgesleine des Kristianiage- bieles, 1. Die Gesteine der Grorudit-Tinguail-Serie. { vol. gr. in-89, 206 p., 3 pl. Kristiania, 1894. 1098 E. HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE détail; de part et d'autre on ne s'entend pas sur les principes qui doivent présider à la classifica- cation des roches éruplives. Tandis que, pour M. Michel Lévy, cette classification doit être basée uniquement sur la structure et sur la composition minéralogique des roches, M. Rosenbusch et son École cherchent à faire intervenir l'élément géo- logique, les conditions de gisement. C’est ainsi que M. Rosenbusch divise les roches éruptives en roches de profondeur, roches filo- niennes el roches d’épanchement. L'établissement d'une subdivision des roches filoniennes a surtout été combatlu par de nombreux auteurs; aussi M. Brügger, ayant retrouvé leur structure habi- luelle dans les salbandes de roches de profondeur, a-t-il substitué le nom de roches hypabyssiques à celui de roches filoniennes,rangeant dans cette catégorie. les roches qui, par leur structure, sont intermé- diaires entre les véritables roches granitoïdes de formation intratellurique et les roches volca- niques proprement dites. Le caractère principal de ces roches hypabyssales est leur structure holo- cristalline (absence de matière vitreuse dans le magma de deuxième consolidalion), qui corres- pondrait à un refroidissement lent, que l’on peut retrouver aussi bien sur les salbandes d’un magma de profondeur que dans un dyke, ou encore dans les parties centrales d'une coulée épaisse. De plus, les roches hypabyssales présentent souvent dans leur masse des traces de structure fluidale, caractère qu’elles partagent avec les roches d'épanchement. D'après M. Brügger, on doit envisager les roches « hypabyssiques » comme un terme de passage entre les roches « abyssiques » et les roches « superficielles », quitte à ne pas leur attribuer dans la classification une importance égale à celle des deux autres catégories. Dans chaque famille de roches basée sur la composition chimique (famille des granites, famille des syénites, etc.) on devra toutefois distinguer par des noms spé- ciaux les roches appartenant aux trois catégories. Mais il y a plus : M. Brügger admet encore parmi les roches hypabyssales deux groupes différents - de roches : 1° les roches aschistes, dans lesquelles il y a eu simplement différenciation du magma de profondeur, de manière à donner naissance à une - roche de composition identique, mais de structure j hypabyssale ; 2 les roches dinschistes, dues à une évolution du magma inilial, qui a donné nais- sance par sécrétion, par séparation, à une roche de composition différente. Lorsqu'un magma de pro- fondeur évolue de manière à former des dykes diaschistes, il se produit le plus souvent parallèle- ment des dykes de composition chimique diverse ; M. Brügger donne le nom de roches complémentaires à ces roches hypabyssales originaires d'un magma commun. Pour M. Brügger, toutes ces roches, proches parentes par leur genèse, devront être réunies dans une même famille, mais devront être distinguées par des noms spéciaux. La série des grorudites, des sülvsbergites et des tinguaïles est une série de roches diaschistes; chacune de ces roches se différencie de la roche de profondeur correspondante par une plus grande richesse en oxydes de fer, par une moindre teneur en alumine. Les roches complémentaires, telles que la lindüite, différenciées du même magma inilial, sont, par contre, plus riches en alumine et moins riches en oxydes de fer. On peut se demander si la différenciation des roches de la série des grorudites et des tinguaïtes s’est faite au niveau des laccolithes ou à une plus grande profondeur. M. Brügger se prononce pour la deuxième alternative: car, nulle part, les lacco- lithes de granites sodiques ou de syéniles sodiques neprésentent sur leurs bords le faciès hypabyssal desgrorudites et des sülvsbergites. : Le magma primaire aurait donc donné directe- ment naissance au magma des laccolithes, d’une part, aux magmas des dykes diaschistes et des dykes complémentaires, de l’autre. Emile Haug, Chef des Travaux pratiques de Géologie à la Faculté des Sciences de Paris. ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 1099 ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES UN NOUVEAU SYSTÈME DE TRAMWAY A CONDUCTEUR SOUTERRAIN — NOUVEAUX APPAREILS LE DÉBRAYAGE ET FREINAGE AUTOMATIQUES La question des tramways à conducteur souterrain est en ce moment étudiée par beaucoup d’inventeurs, et un bon nombre de systèmes ont déjà été proposés. C'est qu’en effet, si le trolley aérien a pour lui l’avan- tage du bon marché, il a aussi l'inconvénient d'offrir un aspect fort peu artistique, dans les courbes et les croisements tout au moins. Par suite, il y a actuelle- ment une tendance à restreindre son emploi aux villes secondaires où les questions d'esthétique sont de faible importance, et aux faubourgs ou banlieues des villes principales, qui veillent avec un soin jaloux à la beauté de leurs rues. Même de l’autre côté de l'Océan, en Amérique, il semble qu’une place soit sur le point de se faire pour le conducteur souterrain, à côté de la place très large qu'occupera toujours, par la force même des choses, le conducteur aérien. Car Tige au trolley portée par le tramway Niveau du _so/ = a À NI Lt tnt ie de à din ln de Fig. 1.— Coupe du caniveau contenant les conducteurs. — C, conducteur principal; a b, petites tiges métalliques ; L, le- vier: p, pivot; D, conducteur sectionné ; T, tige de trolley ; t, trolley; B, brosse. : les endroits d'où on veut bannir celui-ci, sont peu nom- breux, et il conserve, somme toute, la part du lion. Le fil qui amène le courant peut être nu sur toute sa longueur et placé sous la voie dans une galerie laissant un passage longitudinal pour le frotteur ou trolley servant de liaison avec les moteurs de la voiture. Mais les isolateurs sont alors constamment couverts d’hu- midité et salis par les boues. ILest difficile de main- tenir un bon isolement, et de fréquents nettoyages sont nécessaires. Dans d’autres systèmes, le conduc- teur est logé dans un conduit complètement fermé. Par un moyen magnétique ou mécanique, il est relié, au moment voulu, avec les moteurs. Enfin, le càâble principal peut être tout à fait enterré, et suscep- tible d’être mis en communication avec une série de tronçons de conducteur, isolés les uns des autres, placés à fleur de sol ou dans un endroit accessible, Les contacts sont établis par la voiture elle-même pendant son passage. Le mauvais isolement du conduc- teur sectionné est ici de peu d'importance, puisqu'il n’est jamais traversé par le courant que dans une faible longueur. C'est à ce dernier type que se rattache le système dont nous voulons dire quelques mots aujourd’hui, système dû à M. John La Burt et exploité par The Burt Electric Railway Company de New-York 1. La figure 4 en donne le détail, Le conducteur isolé C, est de distance en distance, connecté à une petite tige métallique a, terminée par une ouverture conique en face de laquelle se trouve l’extrémité d’une seconde tige b, portée par un levier L oscillant autour d’un pivot p et soutenant l'un des bouts d’un troncon du conducteur sectionné D. Les divers troncons de celui-ci sont réunis par des cordes flexibles isolantes. La hauteur du trolley { est réglée de telle facon qu’il soulève D lors de son passage et, au moyen de L, éta- blisse ainsi le contact entre « et b. Considérons (fig. 2, position 1) le moment où le trolley vient d'arriver en b; Position 1 Position 2 c l TTL ñn € À (4 B de D Position 5 c {À mn n € de A ab B DRE Position 4 c l 7 n A «a B de Fig. 2.— Fonclionnement du conducteur seclionné. — Pour simplifier la figure, le conducteur C estsupposé placé au- dessus du conducteur sectionné auquel il peut être relié par les contacts / mn.— A, B, D, différentes parties du conduc- teur sectionné. les sections À et B sont alors reliées au conducteur. Lorsque le trolley est en c, il soulève entièrement la barre B, mettant A, B et D en communication avec C (fig 2, position 2); quand il est en d, les extrémités « et b s'abaissent et le contact cesse pour A (fig. 2, posi- tion 3). Il cessera pour B lorsque le trolley sera par- venu en f, extrémité de D (fig. 2, position 4). Le net- toyage du caniveau qui contient le conducteur D (fig. 1) se fait automatiquement au moyen d'une brosse B portée par la tige T. L’axe de cette brosse est disposé de telle facon que, par suite du frottement contre les parois, elle prend un mouvement de rota- tion sur elle-même. Afin que le courant ne soit pas in- terrompu pendant le passage d’un tronçon au suivant, le trolley est double et se compose de deux petites pou- lies placées l’une en avant de l’autre. Tel est le fonctionnement du système, théoriquement assez simple, mais dont nous ne pouvons, faute de ren- seignements, juger la valeur pratique, 1 The Electrical World, du 5 octobre 1895. 1100 cautions pourdéfen dre contre les accidents les ouvriers qui, parce qu'ils se sont à la longue accoutumés au danger, s’y exposent souvent avec la plus grande im- prudence. Aussi les appareils de sûreté, quel que soit appartiennent, présentent-ils tou- intérêt, Ceux que nous décrivons Les industriels ne sauraient prendre trop de pré- | le genre auquel ils jours le plus grand aujourd’hui sont dus à M. Franchet, d'Elbeuf, Ils ont une qualité dont on se rend facilement compte au premier examen : c’est leur grande simplicité. En voici le principe: Un cordon A (fi- gure 1), dit cordon de sirelé, passe au- dessus de toutes les poulies d'un arbre de transmission T, T. Ce cordon est attaché (fig.2),d’une part en un point fixe a, d'autre part à l’u- ne des extrémités À d'un ressort B dont l’autre extrémité b est immobile, En est également ac- croché un levier coudé et à déclic C, pouvant pivo- ter autour d'un axe g. Cevlevier (Gen maintientun second E, dont le pivot est en eet dont le bras horizontal est solli- cité de haut en bas par un contrepoids F. Son bras vertical porte une ouverture dans laquelle est engagé un doigt d guidant une règle D, capable seulement d’un mouvement la- téral horizontal . Tout ce qui précède constitue l'appareil de débrayage. Nous verrons tout à l'heu- re comment il fonc- tionne. L'appareil de frei- nage est réalisé par un levier L pouvant tourner autour d’un axefet portant d’un côté un contre - poids H, de l’autre un sabot I, En temps ordinaire, une chaîne G, attachée au bras horizontal de E, empêche le mouvement que H ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES k B LEA] = ans Fig. 1. — Vue générale de l'appareil Franchetl disposé au-dessus série de poulies. d'une Fig. 2. — Appareil Franchel dans sa position normale. A, cordon de sürelé ; ? coudé; F, contrepoids; G, chaîne; H, contrepoids ; J, poulie; K, arbre de transmission; &, b, points fixes; d, doigt conduisant nl B, ressort; C, levier à déclic; D, verrou; E, levier I, sabot de frein; le verrou D; e, f, g, pivots. Fig. 3. — Appareil Franchet après son fonctionnement. Les lettres ont la mème signification que dans la figure 2. — M est le corps qui à déterminé le fonctionnement de l'appareil. tend à imprimer à L. Supposons qu'un corps quelconque M (fig. 3) vienne appuyer sur le cordon de sùreté, le ressort B se détend, le levier C tourne autour de get rend libre E (fig. 2) qui cède (fig. 3) à l’action du contrepoids F et entraine la règle D. Celle-ci, avons-nous dit, est assujettie de manière à ne pouvoir prendre qu'un mouvement hori- zontal de translation. Sur la figure 3, nous avons indiqué en traits mixtes sa position primitive, en traits. pleins sa position actuelle. Si donc cette règle 1 porte une fourchette entre les dents de laquelle passe une courroie, celle-ci seraentrainée latéralement et amenée, . par exemple, à passer d’une poulie fixe sur une pou- lie folle, ce qui arrêtera toute une ligne de transmis- De sion. La règle D peut aussi conduire dans son mouvye- ment le manchon d'un embrayage à friction. D'autre part, au moment où le contrepoids F s’est abaissé, la chaîne G s'est détendue et à permis au conire- | poids H de projeter. le sabot I sur une poulie J apparte- nant à la transmis- sion qui venait d’être débrayée. On : a ainsi produit un. puissant effet de freinage. Le cordon de sü- reté A, que nous avons représenté assez Court sur nos figures, est en réa- lité beaucoup plus long. Il passe (fig. {) au-dessus et aussi … près que possible ‘ de toutesles poulies fixées .sur l'arbre detransmissionque l'on veut protéger. Supposons qu'un corps quelconque, parexemple la main d'un ouvrier, se trouve prise entre une courroie etune poulie. L'homme est entrainé par la poulie et vient bu- ter contre le cor- don A. Immédiate- tement le déclic G (fig. 2 et 3) fonc- tionne et l'arbre s'arrête. D'autre part, il peut arriver qu'un ouvrier se trouve pris dans un engre- nage commandé par l'arbre de transmis- sion. Dans ce cas, l'un de ses voisins peut lui venir tout de suite en aide; il n’a, pour cela, qu'à agir, au moyen d'une perche, sur le cordon A. Gräce à cette disposition, l’ouvrier succès. qui veut secourir son camarade n’a au loin et souvent à l’extrémité de l'arbre pour en arrêter la rotation. C’est sur place même qu'il agit; la rapidité de son intervention est ici une chance de pas à courir A. GAY, Ancien élève de l'Ecole Polytechnique. NT DOFUS A DORE PORN A RES SU et EN NN PES À LT er es ET < 2") AR £ BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1101 1° Sciences mathématiques. Lelieuvre (M.), Professeur au Lycée et à l'École prépa- _ saloire à l'Enseignement supérieur de Rouen. — Sur _ les surfaces à génératrices rationnelles, (Thèse de Doctorat présentée à la Facullé des Sciences de Paris.) 4 vol. in-8° de 107 pages. Gauthier- Villars et fils, im- primeurs-libraires , 55, quai des Grands-Augustins, Paris, 1895. Supposons les trois coordonnées d’un point sur une surface S exprimées à l’aide de deux paramètres fetu, rationnellement en f{. Les courbes unicursales G, u — Ce, sont alors les génératrices rationneiles de S. On peut choisir { de facon qu'à un point de G corresponde une valeur unique de t. Si cela est, M. Lelieuvre dit que, sur la surface $, les lignes G sont divisées homographi- quement par les lignes { — Ct°. Sout considérées ensuite, les courbes E de S inté- grales de l’équation H : p=m dt \r ASE ms > ï es) Re p=0 où les = fonctions A, sont des polynômes en { à coeffi- Le quelconques en u. Dans le type E rentrent les ignes : CHANT EPERMPMM RE Toe l Trajectoires orthogonales .... | des G sur S Asymptotiques............... EUR IT AS ME eat de ete note / ( de la surface S C’est ce qui explique l'intérêt du problème. Une attention spéciale est méritée par les équations H, du type de M. Fuchs, à poinis critiques fixes. Alors A} doit être en t de degré égal ou inférieur à 2p. Si cela est, l’auteur dit que H est « normale ». Sont étu- diées à ce point de vue, les surfaces S réglées (G est une droite) et cerclées (G est un cercle); on trouve ou retrouve ainsi, par des considérations générales et simples, beaucoup de résultats géométriques élégants. Telle est la matière de la première partie de la thèse ; la seconde est consacrée aux relations mutuelles entre les courbes E et les courbes { — C!°. Une discussion géométrique approfondie est développée pour le cas où G est plane ou cubique gauche, les E étant les con- juguées de G surS et divisant harmoniquement G. C'est ‘le sujet de la troisième partie. On cherche aussi à reconnaitre, dans le cas indiqué, quand l’équation H, relative aux asymplotiques, est normale, puis à inté- grer H. En résumé, très intéressante thèse, dont je regrette vivement de ne pouvoir exposer plus en détail les im- portantes théories géométriques. ; Léon AUTONNE. Greenbhill (Alfred Georges), F. R. S. Professor of Mathematics in the Artillery College of Woolwich. — A Treatise on Hydrostatics. — 1 vol. p2tit in-8° de 536 pages, avec fig. (Prix : 9 fr.). Macmillan and C”, London and New-York, 1895. Malgré son petit format et sans serrer outre mesure le texte, ce traité est extraordinairement plein de ren- seignements variés et précis. Chacune des plus récentes applications de l’Hydrostatique aux problèmes pra- BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX : tiques les plus variés est exposée à sa place naturelle, accompagnée des renvois bibliographiques nécessaires. A titre d’exemple.analysons les questions traitées dans le chapitre X, Pression des liquides dans les vuses en mou- vement, p. 423-461 : — Effet d’une mise en mouvement brusque vertical ou horizontal. — Pression dans un vase qui tourne autour d’un axe horizontal, roue hy- draulique, — ou dans un bateau qui oscille; — dévia- tions apparentes de la verticale, application à la charge des navires à grains ou à pétrole ; — vase tournant au- tour d’un axe vertical; — appareils à séparer le lait de la crème. — Position d’un corps flottant sur le liquide tournant. — Mesure de la vitesse de rotation au moyen du changement de forme de la surface du mercure tournant. — Surface libre de l'Océan. Voici la table des matières : I. Principes fondamentaux, — II. Pression hydrosta- tique, — III. Principe d’Archimède, Balance hydrosta- tique, Aréomètre. — IV. Equilibre et stabilité des corps flottants et des navires. — V. Equilibre des corps flot- tants de forme régulière et des corps en partie appuyés. Oscillations des corps flottants. — VI. Equi- libre des liquides dans les tubes courbes ; Thermomè- tre; Baromètre; Siphon. — VII. Pneumatique, lois des gaz. — NII. Machines pneumatiques. — IX. Tension des vases. Capillarité. — X. Pression des liquides dans les vases en mouvement. — XI. Hydraulique. — XII. Equations générales de l’Equilibre. — XIII. Théo- rie mécanique de la chaleur, Tables numériques. Bien entendu, l’auteur a fait un large usage du cal- cul différentiel élémentaire ; «il est plus facile de l'ap- prendre que de suivre une démonstration où l’on tente de s’en passer. » On a apporté un soin particulier aux applications aux constructions navales, et les Transac- tions de l'Institution des « Naval Architects » ontétélar- gement mises à contribution pour les exemples. — Les dessins ont été dressés exactement à l'échelle — « On « n’a pas essayé de rivaliser avec les belles figures om- « brées des traités francais, dans la crainte d’obseurcir «les principes essentiels. » k Comme pour tant d’autres ouvrages anglais, on ne peut que conseiller la lecture de ce livre, ne lui con- naissant aucun analogue en France. MarceL BRILLOUIN. Dudebout et Croneau, Ingénieurs de la Marine. — Appareils accessoires des Chaudières à vapeur. — 1 vol. petit in-8° de 176 pages avec 46 figures de l'Encyclopédie scientifique des Aide-mémoire, publiée sous la direction de M. H. Léauté, membre de l’Institut. (Prix : broché, 2 fr. 50; cartonné, 3 francs.) Gauthier - Villars et fils et G. Masson, éditeurs, Paris, 1895. Voilà un petit volume plein de choses, écrit avec un ordre et une méthode digne d’éloges, dans lequel les industriels trouveront de précieux renseignements et des descriptions fort claires : nous ne saurions en dire davantage pour leur en recommander la lecture. Quel- ques-uns d’entre eux promèneront leur regard perpen- diculairement aux lignes à travers cinq ou six pages de formules relatives à la théorie des injecteurs, mais c’est la seule excursion que les auteurs se soient permise en dehors du domaine pratique. : Un premier chapitre est consacré aux appareils des- tinés à assurer le fonctionnement normal des chau- dières; le second décrit les appareils de contrôle, le troisième les appareils de sécurité. Cette division est nette et très rationnelle, et elle renferme tout le programme de ce livre, qui est très complet, A. Wurz. 1102 2° Sciences physiques. Gérard (Eric), Professeur à l'Université de Liège, Di- recteur de l'Institut Electro-technique Montefioré. — Mesures électriques. (Leçons professées à l'Institut Montefiore)., — 1 vol. in-8° de 458 pages avec 198 fig. (Priæ relié : 12 fr.) Gauthier- Villars et fils, Paris, 1896. IL est peu d'hommes qui joignent au même degré que M. Eric Gérard la connaissance profonde des choses pratiques à la limpidité cristalline de l’exposi- tion. La faveur avec laquelle le public accueille ses ouvrages, empreints de ces éminentes qualités, est une preuve de plus qu'ils viennent à leur heure, et s'adaptent merveilleusement à un besoin du moment. Les Mesures, qui viennent de paraître, forment une suite digne des Leçons de l’éminent professeur. Très moderne, documenté à fond, cet ouvrage contient, en des phrases dont tous les mots portent, sans qu’au- cun d’eux puisse être relranché, l'exposé des méthodes employées pour la mesure de toulesles grandeurs élec- triques, soit dans les laboratoires, soit dans l’industrie. L'ouvrage est divisé en trois parties: dans la pre- mière, on entre en matière par un exposé des prin- cipes généraux qui doivent guider dans toute expé- rience de laboratoire. Ce premier chapitre ne saurait être trop lu et relu par ceux-là mêmes qui ont déjà fait leurs preuves en la matière. En somme, le calcul des erreurs possibles ou probables des mesures, tout utile qu’il est dans certains cas, est bien illusoire dans la plupart des recherches un peu compliquées. Là, le bon sens, la connaissance intime des méthodes sont le guide le plus sûr de l’expérimentateur. Mais le bon sens lui-même peut, en quelque mesure, être dé- veloppé par l’éducation, et c’est cette éducation du coup d'œil de l’expérimentateur dont l’auteur pose les principes dès le début. L'introduction est close par deux chapitres consacrés aux mesures géométriques et mécaniques et aux expériences photométriques. Puis viennent, dans les trois parties composant le reste de l’ouvrage, les chapitres dans lesquels sont traitées les mesures électriques et les mesures magné- tiques, enfin, un grand nombre d'applications à des exemples pratiques. On à appris, dans les chapitres précédents, à connaître les instruments et les mé- thodes dans toute leur généralité: ici, on les combine dans des problèmes spéciaux, plus ou moins com- plexes, tels que la mesure de la résistance des terres, l'isolement des canalisations, les constantes des lignes télégraphiques, l'essai des réseaux électriques. Signalerons-nous quelques imperfections notées au passage? Dans le premier chapitre, une terminologie des erreurs, tout aussi rationnelle, il est vrai, que la terminologie officielle, s’en écarte sans une raison suffisante, et sans que l’auteur le fasse observer. Dans les mesures photométriques, où M. Eric Gérard s’est inspiré des idées réformatrices de M. Blondel, il eût convenu de pousser la chose à fond, en abandonnant définitivement l’expression d'éclat intrinsèque, le quali- ficatif étant parfaitement inutile, et ne faisant qu'em- brouiller la notion bien nette de l'éclat. Puis une erreur de fait, dans laquelle sont tombés, du reste, la plupart de ceux qui ont fait de la photométrie photo- graphique, savoir, que la lumination, produit de l’éclai- rement par sa durée, est le facteur unique, ou à peu près, de l’effet photochimique ou visuel. Enfin, l’indica- tion d’une construction Siemens des boîtes de résis- tance contient un défaut évident, qui a trompé plus d’un physicien. Ces petites exceptions dans un ou- vrage tel que les Mesures électriques sont de celles qui confirment la règle; elles se fondraient dans l’en- semble si l'ouvrage était médiocre et nous n'aurions pas eu alors à les signaler. Ch.-Ed. GUILLAUME, Estaunié (E.), Ingénieur des Télégraphes. — Les Sources d'Energie électrique. — 1 wol. in-8 de 343 pages avec 144 fig. (Prix : cartonné, 6 fr.) Librairies- Dnprimeries réunies. 7, rue Saint-Benott. Paris, 1896. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX L Petit (Paul), Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy, Directeur de l'Ecole de Brasserie de Nancy. — La Bière et l'Industrie de la Brasserie. — 1 vol. in-18 de 420 pages, avec T4 fig. de l'Encyclopédie de Chimie industrielle. (Prix, cartonné :5 francs.) J.-B, Baillière et fils, éditeurs. Paris, 1895. M. Petit, par la situation qu'il occupe, par les nom- breuses relations qu'il a parmi les brasseurs, était bien désigné pour écrire un tel ouvrage; aussi son livre constitue-t-il un traité complet de la fabrica- tion de la bière; les détails techniques abondent et comportent toujours leur justification théorique; le livre est bien fait, très soigné et, de plus, il a été écrit dans un but très louable : celui de continuer l’œuvre poursuivie depuis quelque temps à Douai par l'Ecole des Industries agricoles et à Nancy par l'Ecole de Brasserie, en permettant à notre pays de n'être plus tributaire de l'Allemagne pour l’enseignement spécial de la brasserie. Les travaux de l’illustre Pasteur occupent tout nalu- rellement la plus grande place dans l'étude de la fer- mentation, de la conservation et des maladies de la bière, De nombreuses figures, intercalées dans le texte, permettent au lecteur de s’éclairer au sujet des divers organismes étudiés et des différents appareils employés. Peut-être cependant, à ce dernier point de vue, pourrait-on faire à l’auteur le léger reproche de ne s'être pas assez étendu sur la description des divers appareils; encore cette lacune s’explique-t-elle par le fait que l'ouvrage de M. Petit est destiné principale- mentaux brasseurs,qui ontla grande habitude des appa- reils susceptibles de fonctionner dans les brasseries. L'auteur, dont le volume comprend treize chapitres, a adopté le plan suivant : î Le premier chapitre, notions générales, renferme les indications sur les principales substances que lon rencontre dans l'orge, le malt et la bière, l'étude de la saccharification et une revue des ferments normaux et pathologiques de la bière. Le chapitre n s'occupe des matières premières, orge, mais, riz, glucose et sucre. Le chapitre 11, maltage, étudie la germination et le touraillage, en insistant sur les procédés de fabrication des malts pour les divers genres de bières et sur le mallage pneumatique. Les deux chapitres suivants sont consacrés à l'exa- men de l’eau, du houblon, de la poix et des autres substances employées accessoirement dans la produc- tion de la bière. Puis viennent les méthodes de brassage relatives aux fermentations haute et basse, la cuisson, le hou- blonnage, le refroidissement et loxygénation des moûts. L'auteur a insisté sur la comparaison entre les oxygénateurs et les bacs, encore employés presque universellement, La fermentation fait l’objet du chapitre 1x; les di- verses opérations qu'elle comporte sont indiquées d’une facon très détaillée. Les maladies de la bière, les remèdes qu'on peut y apporter, les précautions à prendre pour les éviter sont exposés; suit une étude sur le contrôle de la fabrication, qui tend heureusement de plus en plus à se répandre, Enfin, l'ouvrage se termine par deux courts cha- pitres, qui ont trait l’un à la consommation et à la valeur alimentaire de la bière, l’autre à l'installation générale d’une brasserie et à l’enseignement tech- pique, A. HéBERT. Pionchon (J.). Chargé du Cours d'Electricité indus- trielle à la Faculté des Sciences de Grenoble. — Leçons surles Notions fondamentales relatives à l'Etude pratique des Courants alternatifs. (4° année du Cours d'Electricité industrielle). — 1 vol in-8° aulogra- phié de 315 pages avec 102 figures (Prix : 10 fr.) A. Gratien, éditeur, 23, Grande-Rue, Grenoble, 1895. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1103 3° Sciences naturelles. Jacob de Cordemoy (E.), Docteur en Médecine, — Flore de l'Ile de la Réunion. —- 1 vol. in-8° de 914 pages. (Prix : 20 fr.) Paul Klinchsieck, éditeur, 22, rue des Ecoles. Paris, 1895. L'île de la Réunion, avec ses deux massifs monta- gneux réunis par une série de plateaux, constitue une terre éminemment pittoresque et présente, en outre, au botaniste une flore des plus variées : car les conditions de'la végélation se modifient rapidement à mesure que des bords de la mer on s'élève aux altitudes de 2.500 mètres et même 3.000 mètres (Piton des neiges, 3.069 mètres). Et ces accidents géographiques localisés sur un territoire peu étendu provoquent, pour certaines . plantes, une aire de dispersion remarquablement res- -treinte. L'ouvrage que M. de Cordemoy consacre à cette flore si intéressante et si variée ne sera pas seulement pour les botanistes voyageurs le guide le plus sùr; mais il constitue, en outre, un document précieux de géographie botanique. Enfin l’auteur a réservé, avec raison, une large place aux indications concernant les propriétés économiques et industrielles des plantes. A ces divers litres la «Flore de l’Ile de la Réunion » sera, nous n’en doutons pas, favorablement accueillie et par les botanistes et par toutes les personnes qui s’inté- ressent aux productions végétales de nos colonies. Henri LEcoure. Trouessart (D'E. L.), Membre de la Société Ento- mologique de France. — Les Parasites des habita- tions humaines et des denrées alimentaires ou commerciales. — 1 vol. petit in-8° de 168 pages et 53 figures, de l'Encyclopédie scientifique des Aide-mé- more publiée sous la direction de M. H. Léauté, de l'Institut (Prix : broché, 2 fr. 50; cartonné, 3 francs). Gauthier- Villars et fils et G. Masson, Paris, 1895. Comme l'indique l’auteur dans son Introduction, le but de ce petit livre est de réunir en quelques pages, dégagées de toute érudition inutile, les notions que l’on possède sur les Insectes que l’on rencontre le plus ordinairement dans nos maisons, et qui manifestent leur présence, Soit par leur piqüre, soit par les dégâts qu'ils commetlent sur les malières qui sont pour l'homme d'un usage journalier. L'ouvrage est divisé en deux parlies. La première comprend, après quelques pages consacrées aux métamorphoses des Insectes, à l'importance de la connaissance des larves, l'étude méthodique des différents groupes qui ont des repré- sentants parmi la faune des locaux habités par l'homme. La seconde partie étudie les Insecticides, les parasites et les moyens de les détruire. L'auteur préconise une série de procédés qui, appliqués exactement à chaque cas particulier, seront d’un grand secours dans la pra- tique. Mais toujours le meilleur procédé de se pré- server de l’action des parasites est encore de prévenir leur arrivée possible, par les soins de propreté et l'étanchéité absolue des vases destinés à contenir les produits susceptibles de destruction. J. MARTIN. Encausse (G.), Docteur en médecine de la Faculté de Paris. — L’Anatomie philosophique et ses divi- sions, prérédées d'un Essai de Classification mé- thodique des Sciences anatomiques. — 1 vol in-8° de 164 p. Chamuel, éditeur, 20, rue de Trévise, Paris, 1895. M. Encausse s'est livré à un exercice qui pouvait être de mode du temps des Philosophes de la Nature, mais qui a beaucoup moins d'intérêt à notre époque, où l’on a trop à faire, je le crains, pour discuter posé- ment des questions de définitions, de subdivisions et d'accolades. L'auteur expose assez longuement les opinions de quelques auteurs français sur la classification des sciences anatomiques et propose une classification nouvelle, Dans une seconde partie, il donne des ana- lyses d’un certain nombre de travaux peu connus d’a- natomie philosophique (paralléllisme des membres inférieurs et supérieurs, membres ‘céphaliques, triple dualité du corps humain, ete.), et termine par des cita- tions d'Oken, de Spix et surtout d’un certain Malfatti, qui donnent une bonne idée des effets de l'aliénation mentale appliquée à l'anatomie, L. Cuénor, 4° £ciences médicales. Déjerine (J.), Professeur agrégé à la Faculté de Mé- decine de Paris, Médecin de l'Hospice de Bicètre et Déjerine-Klumpke (Mme), Docteur en médecine. — Anatomie des Centres nerveux. Tome I : Mé- «THODES GÉNÉRALES D'ÉTUDE. EMBRYOGÉNIE. HISTOGENÈSE ET HISTOLOGIE. ANATOMIE DU CERVEAU. — À vol. grand in-8° de 816 p. avec 401 figures dont 4ï en couleurs. Rueff et Cie, éditeurs, Paris, 1895. L'étude du cerveau humain comporte déjà une riche bibliographie, et cependant c’est avec une vive satisfac- tion que l'ouvrage de M. et M Déjerine a été accueilli par tous ceux qui s'occupent de Pathologie nerveuse ou de Psycho-physiologie. ' L'analyse d’un tel livre arrive bien tardivement, mais elle aura, pour cette raison même, à défaut de l'avan- tage de présenter un livre nouveau, n'ayant pas encore subi les critiques des lecteurs compétents, celui de constater un succès remarquable, non seulement en France, mais également, nous serions presque tentés de dire surtout, à l'Etranger. Et disons-le de suite, si le grand honneur en revient à l’auteur principal, à Déjerine qui a mis dans ce livre la quintescence d’un labeur infatigable etininterrompu de quinze ans de recherches cliniques et anatomo-patho- logiques, on ne saurait oublier le rôle important joué par ses collaborateurs et, en premier lieu, celui de Mme Déjerine-Klumpke qui, associée depuis long- temps aux recherches de son mari, a apporté, dans ce travail fait en commun, une collaboration des plus actives. Si nous avons parlé de collaborateurs au pluriel, c'es: que, dans ce livre, l’œuvre de l'artiste joue unrôle essentiel et qu'il est souvent plus pénible et plus ardu, pour un dessinateur de talent, de s’astreindre à re- produire rigoureusement la nature que de laisser de temps en temps son tempérament d'artiste corriger, améliorer quelques trajets de fibres peu élégants, de foncer certains points pour harmoniser le dessin. Or, dans cet ouvrage, toutes les coupes sont reproduites avec une exactitude scrupuleuse, une mise au point mathématique, et, pour ne rien laisser à l'imagination, presque toutes ont été dessinées après décalques faits au moyen d’agrandissements faibles, les détails étant repris sur des agrandissements plus forts. Enfin, il nous paraît Juste de signaler ici l'initiative intelhgente de l'éditeur, M. Rueff, qui a su entreprendre cette publication si riche et si documentée en planches originales. Un tellivre ne se résume pas, nous dirons même qu'il ne se lit pas, entendant par là qu’à l'exception des pre- miers chapitres, cet ouvrage constitue, surtout et avant tout, un véritable atlas du système nerveux cérébral, mais un atlas documenté, développé, pourvu d'une série de considérations indispensables. C’est aujourd’hui le livre qu'il faut avoir quand, étant en présence d’une pièce intéressante, dont l'examen présente des difficultés d’interprétation, on veut s'appuyer sur un guide éclairé, sur un contrôle sérieux. Des ouvrages decette nature ne sauraient être jugés, appréciés à la première lecture. Le livre de Déjerine est en réalité un instrument de recherches: c’est seu- lement après l'avoir manié qu’on peut tenter de porter un jugement. Le premier volume, le seul paru actuellement, com- prend deux parties : 1104 Dans la première on trouve exposées toutes les tech- niques utilisées pour l'étude du système nerveux. Nous sommes loin de l’année 1824, quand Rolando faisait les premières coupes minces dans les centres nerveux. Les méthodes de durcissement, qui permirent à Sulling de faire les coupes en séries, ont fait, dans ces dernières années, de rapides progrès grâce-aux acqui- sitions nouvelles que l’Histologie doit à la Chimie et à l’ingéniosité des constructeurs. Il en est de même des procédés de coloration et on peut suivre les progrès successifs réalisés depuis l’em- ploi du carmin par Gerlach jusqu'aux méthodes si élé- ga ntes et si instructives de Golgi et de Ramon y Cajal. Ces méthodes sont évidemmentconnues des histolo- gistes, elles sont reproduites dans tous les ouvrages spéciaux; mais, Ce qui donne un cachet d'originalité spéciale au chapitre consacré à leur exposition, c’est qu'on sent bien vite que l’auteur les a essayées, em- ployées, que ses critiques ou ses approbations sont ap- puyées par l'expérience, qu'il n'existe pas de partipris en faveur de l’une d’elles, mais que,suivant le but cher- ché, chacune peut donner des résultats heureux. On trouve dans le volume des coupes du cerveau en- tier, en grandeur naturelle, coupes qui, ainsi que nous le signalions plus haut, ont étédécalquées sur des pièces originales agrandies. La technique employée pour ob- tenir de telles pièces, la description des microtomes monstres, des microscopes à dispositif spécial, de l’ap- pareil à projection utilisé pour obtenir les décalques, intéresseront ceux qui voudront marcher dans cette voie. Dans les chapitres qui suivent, Déjerine expose nos connaissances actuelles sur le développement du sys- tème nerveux, sur l'histogenèse et l'histologie des élé- ments nerveux.Cette mise au point était nécessaire avant d'aborder l'étude complète des centreseux-mêmes. Il est impossible, en effet, de comprendre l’anatomie des centres nerveux et leur physiologiesans connaître l’his- toire de leur développement. Un grand nombre des planches sont ici empruntées au remarquable travail de His, quelques-unes à l’atlas embryogénique de Mathias Duval; mais un certain nombre de fisures sont dessinées d’après nature, et, bien que Déjerine n’ait pas pour les schémas une tendresse exagérée, préférant la reproduction scrupuleuse de la nature, nous devons si- gnaler ici les excellents schémas 52 à 63 dans lesquels il montre la formation des noyaux cérébraux, mode si important pour la conception, aujourd'hui encore si vague, des fonctions de ces noyaux émis de la péri- phérie vers l’intérieur. Le chapitre consacré à l’histologie générale du sys- tème nerveux de l’adulte est très intéressant, par-les faits nouveaux qu'ilmet en relief, La conception ancienne de Gerlach sur les anastomoses qui réunissent entre elles tous les éléments nerveux est aujourd'hui renver- sée. La brillante conception du. neurone appuyée sur les travaux de Golgi, de Forel, de His, de Ramon y Cajal, règne aujourd’hui en maitresse, La découverte des collatérales du cylindre-axe est venu, sinon simpli- fier, tout au moins éclairer d’un jour nouveau les idées sur les différents modes de conduction dans les centres, sur le rôle réciproque joué par les cellules entre elles. La deuxième partie consacrée à l'anatomie du cerveau, est la plus originale, Dans la première partie, ce sont plutôt les qualités du professeur, la clarté de l’expo- sition et la mise au point des questions nouvelles, que nous avons eu à signaler; mais, dans la deuxième par- tie de l'ouvrage, c'est surtout le travail personnel de Déjerine qui apparaît, L'étude des travaux étrangers sur la morphologie cérébrale est rendue plus difficile encore par la déter- mination différente que chaque auteur ou tout au moins chaque Ecole donne aux circonvolutions cérébrales : aussi est-on reconnaissant à Déjerine d'avoir traité lar- sement celle question de la synonymie, On pourra, grâce à ce travail, suivre avec moins de peine les travaux élrangers dans le texte original, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Le cerveau est examiné systématiquement par des séries de coupes microscopiques, mais les auteurs ont insisté sur la nécessité d'étudier comparativement des séries faites suivant des directions différentes, C’est le seul procédé permettant de se rendre compte de la marche des faisceaux. Aussi ont-ils donné trois séries différentes, les unes faites suivant le sens horizontal, les secondes suivant le sens verlico-transversal, en- fin les troisièmes sagittales. Il suffit de comparer les coupes se rapportant aux corps opto-striés, à la région de la capsule interne, pour constater les différences d'aspect de ces régions et l'utilité d’une telle multipli- cation des séries : Sigalons, parmi les déductions nouvelles inspirées de l'étude de ces coupes : la division de la capsule in- terne en deux régions, l’une supérieure ou thalamique, l’autre inférieure ou sous-thalamique, — et, dans cette région sous-thalamique, la discussion sur l’origine du faisceau de Turck, qui dérive, d’après Déjerine, non du lobe occipital, mais du lobe temporal ; — enfin le déve- loppement donné à l’étude de la région sous-optique de Forel, permettant de savoir la marche des fibres nerveuses qui, provenant de l'écorce ou des corps opto- striés, traversent cette région pour gagner la calotte et le bulbe. Après avoir étudié, dans un chapitre spécial, la struc- ture des circonvolutioes cérébrales, les auteurs abordent, dans le dernier chapitre de ce volume l'exposition des systèmes de radiation et d'association. C’est, après le travail analytique si rigoureux des pages précédentes, un ensemble synthétique des plus intéressants, puisque la connaissance exacte des trajets des faisceaux d’asso- ciation, des fibres commissurales pourrait nous donner la clef de bien des symptômes observés à la suite des lésions de l’encéphale, Mais combien d'erreurs ont été professées déjà sur le trajet et sur le rôle de ces diffé- rents faisceaux commissuraux ! Erreurs qui auraient pu être éyitées peut-être, si l'analyse avait été pour- suivie avec plus de rigueur. L'étude critique du fais- ceau sensilif ou faisceau longitudinal inférieur est cu- rieuse à cet égard, mais nous ne pouvons insister ici. Nous terminerons cette analyse, incapable de donner une idée suffisante de l’œuvre de M. et Mme Déjerine, en exprimant le souhait qu'après avoir suivi avec eux le trajet des fibres d'association et des fibres commis- surales, nous puissions suivre bientôt, sous leur direc- tion, les fibres de projection, dont l’étude doit commen- cer le second volume. Dr P. LaxGLois. Lyon (Dr Gaston), Chef de Clinique médicale à la Fa- culté de Médecine de Paris. — Traité élémentaire de Clinique thérapeutique — 1 vol. in-8° de 96% pages (Prix : 15 fr.). G. Masson, éditeur, 120, boulevard Saint- Germain, Paris, 1895. M. le D'G. Lyon a réuni dans cet ouvrage les divers moyens thérapeutiques actuellement employés. Toutes les maladies, quelque appareil ou quelque système qu'elles affectent, sont passées en revue, et leur des- cription est suivie de la méthode de traitement qui leur est généralement appliquée. Certaines questions, et, en particulier, les maladies de l'estomac, ont été traitées par M. G. Lyon avec une compétence spéciale. Les notions fournies par l'examen chimique du suc gastrique, par le chimisme stomacal sont exposées avec précision et détail. : La thérapeutique générale des dyspepsies s'appuie donc sur des données scientifiques d’une certaine rigueur, : < Ce livre, qu'on ne peut analyser ici aussi longuement qu'il l’exigerait, puisqu'il embrasse toute la pathologie interne, est exclusivement destiné au public médical. Il a été composé avec soin, élaboré avec patience. Les formules médicamenteuses en ont été choisies et sim- plifiées. Les indications des divers modes de traitement y sont données avec d’amples CÉÉRPR RENE d ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1105 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS fonction dans tout le domaine considéré. — M, Paul Séance du 2 Décembre 1895. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — MM. G. Rayet et L. Pi- cart adressent leurs observations de la comète Perrine (16 novembre 1895) faites au grand équatorial de Bor- deaux. La Comète se rapproche rapidement du Soleil et de la Terre; elle doit devenir très belle. — M. Ros- sard communique les observations de la comète Swift (1895, 20 août) faites au grand télescope, et de la co- mète Perrine (1895, 16 novembre) faites à l'équatorial de 0°,25, à l'Observatoire de Toulouse. — M. Auric compare la durée de l’année solaire avec celle des di- vers calendriers; le calendrier perse donne la valeur la plus approchée, mais il est possible d'obtenir une approximalion plus grande qu'avec ce dernier calen- drier, en admettant que toutes les années dont le mil- lésime est divisible par 4 sont bissextiles sauf celles dont le millésime est divisible par 128. L'approxima- tion devient ainsi dix fois supérieure à celle du calen- drier grégorien. — M. Emile Picard a indiqué autre- fois une voie à suivre pour étendre aux équations diffé- rentielles linéaires ia théorie de Galois relative aux équations algébriques; il montre aujourd'hui qu’une équation auxiliaire, jouant un rôle essentiel, est définie dans son travail d’une facon trop particulière et qu'on est conduit de la manière la plus satisfaisante à la notion de groupe de transformation d’une équation linéaire, groupe qui est entièrement l’analogue du groupe de Galois pour une équation algébrique. — M. H. Poincaré fait une remarque sur un mémoire de M. Jaumann intitulé : « Longitudinales Licht »; il montre que les conséquences de la théorie proposée par l’auteur sont en contradiction avec les faits. — M. G. Floquet considère une équation différentielle linéaire, homogène, à coefficients elliptiques, demêmes périodes 2 w et 2 w', et développe sur un exemplesimple une méthode qui, dans certains cas, permet d'obtenir aisément les conditions d’uniformité de l'intégrale générale, puis son expression sous forme explicite, — M. J. Beudon étend la méthode de Cauchy aux sys- tèmes d'équations aux dérivées partielles d'ordre quel- conque, en démontrant le théorème suivant : Etant donné un système complètement intégrable, définissant z en fonction de æ,... x, et tel que toutes ses équations ont été amenées à être du même ordre p, si la diffé- rence entre le nombre des dérivées d'ordre p de z et le nombre de ces équations est inférieur au nombre des variables, la méthode de Cauchy est applicable et le système jouit des mêmes propriétés que les systèmes d'équations aux dérivées partielles du premier ordre. Dans le cas contraire, on devra employer la méthode de M. Darboux pour compléter le nombre des équa- tions. — M. Emile Borel, qui a indiqué autrefois pour les fonctions d’une variable réelle, admettant dans un intervalle donné des dérivées de tous les ordres, un développement en série tel que les dérivées de Ja fonc- tion s’obtiennent en dérivant la série terme à terme, a étendu ce théorème à une fonction de deux variables réelles, æ, y, admettant des dérivées partielles de tous les ordres dans un rectangle, par exemple dansle carré défini par les inégalités : EEE + 7 — T < y EL TL T- De plus, le développement est convergent ainsi que toutes ses dérivées partielles (prises terme à terme) et ces dérivées représentent par suite les dérivées de la Adam démontre que la sphère et le cylindre sont les seules. surfaces qui, dans deux translations rectilignes distinctes, que l’on peut (d’après la théorie des sys- tèmes triples orthosonaux) toujours supposer rectan- gulaires, engendrent une famille de Lamé. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — Ch. V. Zenger adresse une note ayant pour titre : «Etudes de Physique moléculaire», où l’auteur dit avoir trouvé une relation simple entre la densité et la chaleur spécifique des éléments chi- miques, relation qui permet d'envisager sous un jour nouveau les actions moléculaires qui ont présidé à la formation des éléments eux-mêmes. — M. D. Hurmu- zescu a effectué une nouvelle détermination du rap- port ventre les unités électrostatiques et électromagné- tiques, en utilisant la méthode de Maxwell, fondée sur la mesure des forces électromotrices, et en modifiant cette méthode de facon à la rendre aussi précise que les autres procédés. La valeur de r est comprise entre 3,000 5.141010 et3,0020.1010, — M, Georges Lemoine a étudié la décomposition provoquée par la lumière dans les dissolutions de chlorure ferrique et d'acide oxalique et utilise cette décomposition pour mesurer l'intensité de la lumière. L'auteur conclut, au moins comme première approximation, que la décomposition chimique du mélange de chlorure ferrique et d’acide oxalique est proportionnelle à l'intensité lumineuse. La réaction n’éprouve pas sensiblement de relard au début et cesse, ou à très peu près, avec la suppression de la lumière. — M.Ch. Moureu areconnu la présence de l’argon et de l’hélium dans la source naturelle de Maizières (Côte-d'Or); de plus, le volume de ces deux gaz est compris entre le 1/10 et le 1/5 du volume total. — M. Henri Moissan areconnu la présence dusodium dans l’aluminium préparé par électrolyse à la Praz (France), à Neuhausen (Suisse) et à Pittsburg (Etats- Unis); la teneur varie entre 0,1 et 0,3 %. Le sodium rend l'aluminium beaucoup plus facilement attaquable, car tout alliage non homogène est d’une conservation difficile : il se forme des petits éléments de pile qui facilitent les réactions chimiques. — MM. Troost et Ouvrard se sont demandé si les gaz argon et hélium, qui existent dans les eaux sulfureuses de Cauterets, proviennent simplement de l'atmosphère. Dans ce but ils ont examiné les gaz extraits de l’eau de Seine, et de l’eau de mer; ceux-ci donnent des traces à peine sen- sibles, et même souvent douteuses, du spectre de l’hé- lium. L'hélium contenu dans certaines eaux minérales provient probablement des roches contenues dans les terrains (raversés par ces eaux minérales. — M. Bou- chard ajoute que les propriétés médicinales de ces eaux ne sont pas dues à l’argon et à l’hélium, mais peut-être à des combinaisonsde ceséléments.—M.Louis Campredon donne un procédé pour déterminer expé- rimentalement le pouvoir agglutinant des houilles; il consiste à mélanger la houille avec un corps inerte et à soumettre le mélange à la carbonisation en vase clos. La houille retient sous forme de culot solide d’autant plus de matière inerte qu'elle est plus collante. Il n'existe en outre aucune corrélation entre la compo- sition d’une houille établie par l'analyse immédiate et son pouvoir agglutinant. — M. J. Férée a préparé de grandes quantités d’amalgame de chrome par l’élec- trolyse d’une solution de chlorure chromique dans l'acide chlorhydrique; cet amalgame répond à la for- mule Hy3Cr; comprimé à une pression de 200 kilos par centimètre carré, il abandonne du mercure et se trans- forme dans l’amalgame HgCr. Ces amalgames, distillés dans le vide au-dessous de 300°, donnent du chrome 1106 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES pyrophorique à froid, qui s’enflamme spontanément à l'air en absorbant à la fois les deux éléments, azote et oxygène, L'acide carbonique, l'oxyde de carbone, l'acide sulfureux réagissent immédiatement sur ce chrome et le portent à l'incandescence. — M. Albert Colson, en distillant dans le vide le produit de la réac- tion du chlorure d’acétyle sur le nitrile lactique, a ob- tenu, outre l’éther acélique de ee nitrile, une masse visqueuse qui bout à 170° sous une pression de 15mil- limètres de mercure et donne des cristaux par refroi- dissement. Ce composé nouveau est un amide com- plexe répondant à la formule Az H (C2H30) [CO. CH (C? H5 0?) CH?].— MM. Ph. A. Guye et Ch. Goudet donnent de nouveaux exemples de la superposition des effets op- tiques des carbones asymélriques. Le pouvoir rotatoire d’un corps contenant plusieurs carbones asymétriques est la somme des pouvoirs rotatoires correspondants à chacun d'eux. — M. P. Termier a trouvé en Suisse des échantillons de quartz présentant deux formes nouvelles : le rhomboèdre ef et le scalénoëdre l,. — M. E. Mau- menéadresse une note portant pourtitre : « Etude miné- ralogique », — M. Garrigou-Lagrange, à propos des effets des révolutions tropiques du Soleil et de la Lune sur la pression barométrique, présente les conclusions suivantes : « 1° L’atmosphère éprouve, entre le solstice d'hiver et l’équinoxe du printemps, sur l'hémisphère nord, des mouvements d’oscillation correspondant aux révolutions tropiques du Soleil etde la Lune. Ces oscil- lations se manifestent par des mouvements baromé- triques. 2° L'action de la révolution tropique du Soleil se manifeste par un abaissement continu et progressif du gradient à partir du solstice d'hiver. L’abaisse- ment est dû à la jonction des maxima continentaux. 3° La comparaison des années qui présentent le même caractère montre que l'intensité de l’action [lunaire est proportionelle à l'amplitude du mouvement de l’astre en déclinaison. C. MATIGNON. 3° SCIENCES NATURELLES. — M, Ranvier, dans une note sur la structure des ganglions mésentériques du pore, dit qu'on trouve à la base du mésentère plus d’une centaine de ganglions lymphatiques, reposant sur un organe rubané, constitué par du tissu érectile ou ca- verneux. Les ganglions ne sont composés que de folli- cules sphériques, de !/, à !/, millimètre de diamètre, disséminés dans toutes les parties du ganglion. Ilssont entourés d’une pseudo-capsule sans être isolés toutefois du tissu intermédiaire, Les follicules, comme d'’ordi- naire, sont caractérisés par la présence du réseau ca- pillaire. En somme, le ganglion tout entier est formé de tissu conjonctif réticulé et la lymphe peut circuler dans toutes les mailles de ce réseau. — M. L. Roule a exploré la Corse au point de vue zoologique. Ily a surtout étudié les poissons d’eau douce d’abord. L’au- teur a rencontré des truites, des anguilles et le Blen- nius Cagnota Val. Cette faune semble être un emprunt direct à certaines formes marines, sans aucun appoint fourni par le continent. Quant à la faune marine, les golfes. d’Ajaccio et de Valinco sont remarquable- ment riches en Poissons, Crustacés, Mollusques, M. Caullery, dans une étude sur l'anatomie et la position systématique des Ascidies composées du genre Sigillina Sav., montre que ce genre diffère des Polyclinidæ par la position du cœur et par celle des organes génitaux. Ce genre diffère également des Distomidæ, avec lesquels il n’a de commun que la position du cœur et du testicule et la structure de la tunique; lPauteur propose de réunir les Sigillina et une ascidie récemment décrite sousle nom de Poly- clinopsis dans une famille appelée Polyclinopsidæ. — M. Maquenne, dans une note sur l'accumulation du sucre dans les racines de betteraves, établit que l’os- mose est l’un des facteurs essentiels de l'accumula- tion des principes immédiats. Puisque l'égalité n'existe pas entre la composition chimique des diffé- rentes parties d’une même plante, il faut nécessaire- ment que la diffusion soit contrebalancée par une autre influence : c’est ordinairement la transformation chimique que subissent les principes immédiats au. cours même de leur migration qui produit cet effet. La différence de concentration des sucs cellulaires de la plante.s’explique par ce fait que les pressions osmo- tiques sont en raison inverse des poids moléculaires des corps dissous. Le poids moléculaire du saccharose étant double de celui des glucoses, la concentration du premier sera le double de celui du second, —. M Boule étudie les glaciers pliocènes et quaternaires de l'Auvergne. Les moraines des fonds des vallées du Cantal sont reconnues comme telles par tous les géo- logues ; l’auteur démontre que les brèches volcaniques du sommet des collines et des surfaces des plateaux sont également des moraines. — M. Fournier décrit la géologie et la tectonique du Caucase central. J. MARTIN. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 3 Décembre 1895, L'Académie procède à l'élection d’un membre titu- laire dans la troisième section (Pathologie chirurgicale), en remplacement de M. Verneuil. M. Charles Monod est déclaré élu. — M. Moncorvo communique ses recherches sur l'influence du tanin dans le traite- ment de la diarrhée dans l'enfance. Il a administré le tanin sous forme de tannigène, combinaison définie dediacétyl el de tanin, qui se dédouble lentement sous l'influence des sécrétions alcalines de l'estomac. Les doses administrées à des enfants de { moisà6ansont varié de 25 centigrammes à 2 grammes par 24 heures, Elles ont été très bien supportées etontdonné de bons résultats là où le salicylate de bismuth et le benzo-naph- tol avaient échoué. — M. Layetcommunique une série d'expériences, faites avec- le concours de MM. les D'S Le Dantecet Benech, pour vérifier l’unicité de la variole et de la vaccine ; il conclut à la négative. — M. le D' de Valcourt lit un mémoire sur les bains de mer à Cannes pendant l'hiver. — M,le D'J. Bertillon lit un mémoire sur la statistique des hernies. Séance du 10 Décembre 1895. Séance publique annuelle pour 1895. —M. Cadet de Gassicourt lit le « Rapport général sur les prix décernés par l’Académie en 1895 ». — M. Empis pro- clame les noms des lauréats des prix. — M.J. Berge- ron prononce l'éloge de M, Gubler. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 16 Novembre 1895. MM. Thomas et Roux présentent deux communica- tions : 4° De l'évocation spontanée des images audi- tives verbales chez les aphasiques moteurs (aphasie motrice de Broca); 2° Essai sur la psychologie des as- sociations verbales et sur la rééducation de la parole dans l’aphasie motrice. Ils ont constaté qu’en montrant bien aux malades les mouvements d’articulation, on arrivait assez rapidement à leur faire prononcer des syllabes et même des mots. — M, Ch. Contejean a re- cherché la cause pour laquelle les injections intra- veineuses de peplone empèchent la coagulabilité du sang. La peptone n’agit pas directement, mais bien par un ferment qui se produit par l'irritation desnerfs du foie, — M. Fournier présente des cultures de pneumo- coques sur sang délibriné; elles sont plus abondantes que dans tout autre milieu. Séance du 23 Novembre 1895. M. Gley démontre l'intervention du foie dans le phé- nomène de l'incoagulabilité du sangaprèsdesinjections intra-veineuses de peptone ; le foie sécrète probable- ment une substance sous l'influence de la peptone. — M. Phisalix pense qu'il existe à la fois, dans le sang de la vipère, un principe toxique et un principe immu-. nisant, le premier se détruisant sous l'influence de la chaleur, —M. Rémy-Saint-Loup présente des cobayes … ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1107 ayant quatre doigts aux pattes de derrière, anomalie . qui s’est étendue à plusieurs générations et qu'ilattri- bue à un régime particulier qu'il fait suivre à ces ani- . maux. — M. P. Bonnier a étudié les fonctions de la vessie natatoire des poissons en relation avec celles du labyrinthe. — M. Mangin communique ses re- cherches sur un parasite de la fleur des Immortelles. — M. Nicolas (de Lyon)envoie une note sur les propriétés bactéricides du sérumantidiphtérique.—M. Iscovesco rapporte un cas d’hypothermie dans la paralysie géné- rale. — M. Beauregard a étudié un bloc d'ambre gris de 25 centimètres cubes ; on sait que l’ambre gris est un calcul intestinal du Cachalot. — M. Ch. Henry pré- sente un nouveau dynamomètre. Séance du 30 Novembre 1895. M. Suchard est élu membre de la Société. — M. Ranvier communique ses recherches sur la struc- ture des ganglions lymphatiques. Le ganglion peut être considéré comme une cavité pleine de lymphe, à l'excep- tion des travées et du tissu conjonctif. — M. G. Mari- nesco relate quelques cas de polynévrites avec lésions associées des centres nerveux.— M. Déjerine rapporte l'observation d’un malade atteint de sclérose primi- tive des cordons latéraux de la moelle et ayant pré- senté, pendant sa vie, de la paralysie spasmodique des quatre membres avec signes classiques de la démarche et exagération des réflexes. — MM, Haushalter et * Guérin communiquent l’histoire d’un idiot de 6 ans, ayant présenté de la cachexie, de l’ædème et de la nucléo-albuminurie qui ont disparu sous l'influence du traitement thyroïdien. — M. Arthaud envoie une note sur l'influence héréditaire de la tuberculose, SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 22 Novembre 1895, M. Béchamp a reconnu dans ses remarquables re- cherches que le lait est spontanément altérable. On a confondu jusqu'à ce jour sous le nom de matières or- ganiques deux choses absolument distinctes. 1° Les solutions de matières organiques dans un dissolvant quelconque, mixte physico-chimique, n’ayant jamais eu de vie ou n'ayant rien conservé de ses origines, si lesproduits en présence découlaient d'organismes ayant vécu; 2° les liquides physiologiques au s:ns réel du mot, produits dérivant directement d’un organisme vi- vant, tels que le sang, l’urine, le lait. La première es- pèce de matière organique est inaltérable, si on la conserve en présence d’un volume limité d'air ordi- naire et de créosote. Au contraire, la secondeclasse de substances dans les mêmes conditions, traitée de la même manière, ne tarde pas à subir des transformations diverses. Le lait par exemple est spontanément alté- rable ; les germes venant du dehors ne jouent aucun rôle dans les phénomènes d’aigrissement et de coagu- lation. En se placant dans les conditions qui lui avaient réussi avec les liquides de la première espèce, M. Bé- champ n’est pas parvenu à arrêter les transformations du lait. La coction prolongée, considérée à l'heure ac- tuelle comme un procédé permettant de censerver au lait ses propriétés et qualités, l’altère réellement; les microzymas qui sont les éléments vivants du lait per- dent dans ces conditions leur activité. M. Béchamp expose ensuite ses idées sur les microzymas existant dans tous les liquides et tissus de l'organisme, et surles microzymes de l’air, de la terre (microzymas géologi- ques) provenant des organismes détruits aux époques géologiques. Ces granulations moléculaires séparées, après la mort de l'individu, du substratum où elles se sont formées, n’en restent pas moins capables d'entrer en jeu lorsque les conditions de milieu deviendront fa- vorables à leur évolution. — M. George F. Jaubert communique l'historique très détaillé des safranines et des indulines ; il démontre, par une nouvelle synthèse de la safranine, que laformule de cette dernière doit être symétrique et correspondre à la constitution suivante : M. Jaubert a préparé aussi une série de safranines dans lesquelles le radical phénylique relié à l’azote azinique est remplacé par un radical méthylique, na- phtylique, etc. M.Jaubert poursuit ses recherches.—Il a été déposé à cette séance une note de M. Brizard sur quelques sels d'argent du ruthénium nitrosé, une note de M. Winter sur la température de congélation des liquides de l'organisme ; application à l'analyse du lait, et trois notes de M. Brochet sur l’action du chlore dans la série propylique. E. Caron. SOCIETE DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 8 Novembre 1895. M. Everett : « Le champ magnétique d’une bobine cylindrique ou d’un circuit plan. » C'est l'indication d’une méthode pratique de calcul. — M. Griffiths et Miss Dorothy Marshall : « La chaleur latente de va- porisation de l’eau.» La perte de chaleur due à la vapo- risation est compensée principalement par la chaleur fournie par un courant électrique : cette énergie peut être déterminée avec beaucoup de précision. On trouve : L = 107,05 — 0,1581 O. où Oest la température et où l’on emploie l'unité thermique à 15°. — M. Ramsay et Miss Marshall : « Sur une méthode de comparaison des chaleurs de vaporisation desdifférents liquides à leurs points d’ébul- lition. » Le liquide à étudier est enfermé dans une am- poule de verre, et mis dans une enveloppe extérieure remplie de la vapeur du même liquide. Un tube ouvert est fixé au sommet de l’ampoule, de facon qu'il y ait libre communicalion entre l’intérieur et l'enveloppe de vapeur, et aucune perte de matière. A l'intérieur de l’'ampoule est une spirale de fil de platine fin attachée à des bornes de platine qui sont scellées dans le verre. La température du liquide dans l’ampoule s’élève jus- qu’au point d'ébullition grâce à l’enveloppe de vapeur; alors, quand on lance un courant dans Île fil, l’intégra- lité de la chaleur développée est dépensée à convertir une portion du liquide en vapeur. Deux ampoules sem- blables sontreliées en série, etlerapport deleurs pertes de poids est en raison inverse des chaleurs de vaporisation des liquides. Il y a à faire une correction relative à l'inégalité de résistance des spires, et le rap- port desdifférences de potentiel aux deux bouts des deux spirales, quand le courant passe, est déterminé à cha- que expérience parla méthode de Posgendorff. M.Ram- say appelle spécialement l'attention sur les valeurs de X T° M étant le poids moléculaire, T la température ab- solue, et L la chaleurlatente, On remarque de curieuses différences dans le cas de l’eau, de l’alcool et de l'acide acétique. — M. Carey Foster exprime son admiration pour cette méthode, qui évite la nécessité de connaître la chaleur spécifique du liquide et de la vapeur. Après unediscussion à laquelle prennentpartMM.S.Thompson, Rücker, Abney, Rodger, Appleyard, Griffiths et Rhodes, M. Ramsay expose qu’une légère surchauffe de la va- peur n’altère pas sensiblement les résultats, puisque, au voisinage des températures auxquelies on opère, la chaleur latente varie peuavec la température. Ilestime . que d'expériences faites avec M. Young il résulte qu’une enveloppe de vapeur est absolument imper- * méable à la chaleur rayonnante venant de l’intérieur. 1108 SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 7 Novembre 1895. M. le Président donne lecture d’un télégramme adressé à Mme Pasteur à l'occasion de la mort de son illustre époux, membre étranger de la Société. Il com- munique également le texte du télégramme adressé à l'Institut de France à l'occasion de son centième anni- versaire, — M. Arthur Smithells publie le détail de ses expériences sur la température de la flamme de l’acétylène et sur la théorie de son pouvoir [lumineux. — MM. Frederick, D. Chattaway et Harry Ingle ont recherché de nouvelles méthodes pour la préparation de nouvelles séries d’hydrazines qui, théoriquement, doi- vent fournir six séries de dérivés substitués. Pratique- ment on n’en connaît que trois. Ils ont obtenu les hydra- zines quaternaires en faisant réagir le sodium ou l’éthy- late de sodium sur une amine secondaire jusqu’à rem- placement de l'hydrogène par le sodium. Ils décrivent la tétraphénylhydrazine (C6H5)2Az. Az(COH5)? et la té- traparatolylhydrazine (CéH*CH3#)?Az.AZ(COHICH#). — MM. G.-G. Henderson et David Prentice ont fait réagir les oxydes d’arsenic et d’antimoine sur cer- tains sels d'acides hydroxylés. Avec les citrates de po- tassium, sodium et ammonium, loxyde d’antimoine donne des composés de formule générale : SbOM®(CH607)2 x H20 et l’oxyde d’arsenic donne des composés analogues. Ils ont pu obtenir également des composés avec les mucates, quoique beaucoup plus difficilement, Ce sont les corps : 2SbOKC5HSOSKCSH?05.6H20 et SbOKCS5HS0O8 .4H20 — MM. E. Divers, F. R.S. et T. Haga ont déterminé indirectement par voie quantitative la formule du nitro- sosulfate de sodium qu'ils ont trouvé être : NaOAz : AzU.SOSNa Dans une deuxième communication,ils passent en revue une série de nitrososulfates dont ils fixent la composi- tion, —-MM, G.-L. Thomas et Sidney Young F.-R.-S. ont pu retirer l’hexane normal de l’éther de pétrole. Ils donnent les constantes physiques du corps qu'ils sont parvenus à isoler, et en décrivent les différentes propriétés, — M. Augustus E. Dixon décrit une sérié de thiocarbimides à radicaux acides et spéciale- ment les thiocarbimides à radicaux acides valérique et cinnamique. — M. A.-G. Perkin publie ses recherches sur les substances constituant le rouge retiré du Poly- gonum cuspidatum. Le corps principal est formé d’une glusocide : C21H2010,— M. G.-S. Newth : Note sur l’ac- tion de l’acide fluorhydrique sur le silicium. — M. G.-E. Show a étudié les periodures de théobromine qu'il a obtenus en saturant d'acide iodhydrique une solution de théobromine., II leur attribue la composition sui- vante : (QTH3#Az'O?HIP. — M. George Joung à pu réaliser la synthèse de la diphényloxytriazoline en faisant réagir la benzaldéhyde sur la phénylsémicar- bazide déjà décrite par lui. Cette synthèse se produi- rait suivant l'équation : CTH?Az30C7H60OHO0—C'HIIA7Z8O —MM.Wyndham,R.Dunstan F.R.S. et Francis H. Carr : Note sur la piperovatine et description de la dibenzaconine et de la tétracétylaconine. —M. A. Went- worth Jones publie le tableau des changements de volume moléculaire durant la formation de solutions diluées dans des liquides organiques; il croit que ces changements sont analogues aux variations observées dans la loi de Boyle pour certains gaz. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Communications recues récemment : SCIENCES NATURELLES. — M. V, Ebner : Structure de la corde dorsale de l’Amphioxus lanceolatus. — M. AI- fred Nalepa : Nouveaux microbes de la bile (12° Com- munication). L'auteur décrit le Phytoptus macrotubercu- latus, le Phytoptus Ruhsaameni et le Trimerus gemmicolu. Séance du 24 Octobre 1895. M. C. Weierstrass, de Berlin, est élu membre hono- raire. — M, H. Seeliger, de Munich, est élu membre correspondant. SCIENCES PHYSIQUES. — M. Edouard Mazelle: Etudes sur la marche diurne de la variation de température de l'air. La variation diurne de la température, étudiée sur un ensemble d'observations poursuivies pendant dix ans, manifesteune double oscillation qui devient presque une oscillation simple pendant l'hiver, En hiver, les plus grandes variations coïncident avec le minimum de température, En été, on constate deux maxima et deux minima très nets.— M.J. Holetschek : Recherches sur la grandeur et l'éclat des comètes, Première partie : Les comètes jusqu’en 1760. — MM. Ederet Valenta ont étudié le spectre de l’argon dans sa partie rouge. Le gaz fourni par Lord Rayleigh était placé dans un tube bien fermé à la pression de 1 à 3 mm. Les lignes les plus caractéristiques correspondent aux longueurs d'ondes suivantes : x — 462856; 4596,22; 4522,49; 4510,85 ; 4300,18; 4272,27; 4259,42: 4251,25. — M. Jo- seph V. Geitler : Etude des oscillations dans l’excita- teur de Hertz. —M.V.Lang: Etudes d’interférences des ondes électriques. Ces études sont fondées sur le même principe que les recherches acoustiques bien connues de Quincke, Séance du 7 Novembre 1895. Sir Archibald Geikie de Londres est élu membre correspondant étranger. SCIENCES PHYSIQUES.—M. J. Herzig : Sur l’hématoxy- line et la brassiline (3° communication). On peut éli- miner quatre atomes d'hydrogène de ces composés ou de leurs dérivés acétylés et alkylés, sans faire dispa- raître la fonction due à la présence de l’oxygène. Ces corps sont donc des dérivés tétrahydrés de combinai- sons aromatiques. — MM. Eder et Valenta : Sur le spectre du cuivre, de l’argentet de l’or, — M. Wilhelm Sigmund : Action de l’ozone sur les plantes. — Obser- vatoire de Vienne : Ensemble des observations météoro- logiques et magnétiques faites pendant le mois de juillet. Séance du 14 Novembre 1895. 4° SCIENCES PHYSIQUES. — M, Puschl : Points d’ébulli- tion et température critique. — M. Richard Go- deffroy : Sur la constitution des hydrales de carbone. — MM. Kostanecki et J. Tambor : Recherches synthé- tiques dans la série de la gentisine. La gentisine est obtenue par la méthylisation de la 1,3,7 trioxyxanthone obtenue par condensation de l’acide hydroquinoncar- bonique avec la phloroglucine; la formule de constitu- tion est l’un des deux schémas suivants : 0 OCH: OH CO OH ASS 0 OH CH:0 \Y CO OH 20 SCIENCES NATURELLES.— M. Richter adresse une com- munication provisoire sur ses études géologiques de la Norwège entreprises à l’instigation de l’Académie. Paris. — Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 11. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER PU VE S PORN ET TER" 4 CONTENUES DANS LE TOME VI DE LA REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES (Du 15 JANVIER AU 30 DÉCEMBRE 1895) I. — ARTICLES ORJIGINAUX Actualités scientifiques et industrielles La-soudure de l’Aluminium.......................... La mesure des petites résistances en électricité........ Les transmissions électriques. ...:.....:............. Sonnerie électrique industrielle destinée aux endroits HADUDR ER CURE uses -rer-pente reset Nouvelle bouée de sauvetage.................-....... Les locomotives électriques de Baltimore and Ohio Rail- TON rates Monet TT once dun due Troubles causés sur les lignes téléphoniques par une dis- tribution à courants alternatifs................... Communications téléphoniques entre les trains et les SAHDBS dE CR EMINS AC ETS Crete Le relèvement des câbles sous-marins................ Nouveau type de locomotive minière.................. Une nouvelle forme de trolley.............. ......... Le prolongement souterrain de la ligne de Sceaux... Les décharges électriques à travers les gaz......... 2e Jrefficacrtérdel’électrocution:......:-.......-.110..54. L'emploi des courants triphasés à la station centrale délectrictederChemnitz.- "7" ERR--0e...re Les propriétés magnétiques du fer sont-elles influencées par des renversements fréquents de polarité?...... Deux nouveaux explosifs de grande puissance....... - Detroinsarair Genette= 22e ssearteieceee ÉRISÉDASALETASWVEEL. 28 cel meieise mecs see cniseesietee L’électricité employée comme moyen de chauffage. .... Une sablière pour tramways. ...........:............ Les transports de force et les transformateurs de grande HS SAN GORE EE eer-e-rreERenoesceie Traitement électrolytique des sels d’aluminium........ Commutateur automatique.................... Nouveau système de distribution d'électricité; mpnocychque AUDE I Bel te... Sur l'extension de l'électrochimie industrielle.......... OCT AMP ANA CERTIÈNE. 2e eme seeeccie eue ciiaec ste Le Cinématographe de MM. Auguste et Louis Lu- FAR EE LR ER bat bd er ot CPS DORPI EU DER AÎUMINIUN eee este mmese e) se cie/e.e Action des courants alternatifs à haute tension sur l’'homme....... Food toc a ropiron ne Ho EnE nee La mesure des petits allongements dans les essais de PÉRSRACETTESEMEAUX- 2. - eee en ne LL ue La cémentation des lingots destinés aux plaques de blindage UT DEN se dabias der n slots siatele ie aaiiquie elle Les usines à transmissions électriques aux États-Unis. Un moteur-alternateur destiné aux recherches de labo- ratoire à University-College (Londres)............. Les locomotives de la Ballimore and Ohio Railroad CHOUINEME RE Oo na d DE Le comparateur automatique enregistreur de M. le com- DATA ALIM den e ene SSe s'a eemes Le retour du courant dans les lignes de tramways élec- triques et la soudure des rails...,................ Exemples de transport d’énergie électrique à grande AS TE 08 OO one ET RE RON nr La technique de la séparation de l’Argon et l'analyse de l'air. Appareils de lord Rayleigh et du profes- SOLAIRE AMEAVEE SUR Eos even eme RM en ee Un nouveau type de compresseur d’air................ REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1895. Un nouveau système de tramway à conducteur souter- L'IVTÉRS DODGE TOR RE MAEATE OR ES ee Astronomie et Météorologie CaspaRi (E.). — Les études récentes sur le Pendule... TeissereNc DE Borr (L.). — La Météorologie au Con- DDÉSES DANS Eee ie deb eee TissERAND (F.). — Revue annuelle d’Astronomie...... Botanique et Agronomie Coxverr (F.). — Le rôle de la Science dans l’évolution d'éVAOTICULINT eZ ANS Le Die enr eur e DEu£RaIN (P.-P.). — Revue annuelle d’Agronomie..... Ducasr. — L'état actuel de la Vinification en Algérie ATOME EE O0 CS R OUEST ST PE tre FAYMOREAU D'ARQUISTADE (A. de). — Les grandes ex- ploitations agricoles à Madagascar : Canne à sucre, Cotonnier, .Vanillier, Pignon d’Inde, Caféier, Ca- caoyer, Tabac, Aloës et Agavé, Riz et autres cul- ÉTEND a /ote e rataiRin ee te ete nt ae Se Ne M PACS LARÉALÉTRIER (A.). — Culture de l'orge de brasserie et du houblon ent HTANCO EEE ere meer trees Lezé (R.). — La laiterie moderne et l'industrie du lait CONGO TTE ME Eee eee ds sue lete ie ete le Lianier (O.). — La Botanique au Congrès de Caen... Roos (L.). — Etat actuel de la Vinification en France. Rousseaux (E.). — L’Agronomie au Congrès de Caen. Chimie CaxpLor (E.). — Industrie des chaux hydrauliques et déstiments en TANGER tr ra ee ee Cuarpy (G.).— Les recherches du Professeur W.Ram- say sur’ ArpontetilHéliume se. ee eee en — Les actions chimiques de la lumière et de la cha- leur, méthode de M. G. Lemoine........,.,....... Érarp (A.). — Revue annuelle de Chimie pure... ..... FreunpLer (Ch.). — La Chimie au Congrès de Caen... Hazcer (A.). — L'enseignement chimique à l’Étranger. HaboratoireSNONVEAUXS 220... -ees JEAN (Ferdinand) et Jean (Jules), — L'industrie des suifs comestibles et industriels... Le Cuareuier (H.). — Les alliages métalliques Le VerRieR (U.). — Revue annuelle de Métallurgie... Lewes (V.-B.). — La synthèse industrielle des hydro- carbures employés à l’éclairage................... Liver (L.). — Évolution de la sucrerie..... ........ MaquenxeE (L.). — Asymêtrie et fermentation, à propos des'travaux de M. Em. Fischer. :..............1. Marienon (C.). — Description des nouveaux labora- toires de la Faculté des Sciences de Lille....,.... Moissan (H.). — L'Institut de Chimie de la Faculté des Sciencesidenlnlle tree eee me nee ce Cl — Sur la préparation industrielle du carbure de cal- TUNER ae een nn CPS Müzzer (P.-T.). — L'Institut chimique de Nancy. Ozivier (L.). — Remarques sur l’industrie du sucre... 29559 56 1008 141 1110 — L'Oxygène est-il un -corps simple”{.:-..../. 141 184864 — Remarques sur l’industrie du suif,. PSE CAE 4957 RaYLEIGx (J.-W.) et Ramsay dues — Aron, nouvel 2211 élémentide l'atmosphéte 0... 90 SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES. — Discussion sur l’Ar- 103 France tree. nee eee ce EE et LINE 4 5899 — L'industrie des phosphates et superphosphates en Frances feer RONDS op nor Co t CHE bp oc CPE RER 1038 URBAIN (E.). — Etat de la sucrerie en France......... 204 — Une révolution dans l'éclairage au gaz. Utilisation vommerciale et industrielle du carbure de calcium pour, la production.de l’Acétylène......,........... 446 Chi-urgie, Médecine, Hygiène, Microbie médicale HarTMANN (H.). — Revue annuelle de Chirurgie... ..... 937 JAYLE (F.). — La Médecine et l’'Hygiène au Congrès de (ETES Bd DS TT NO RETOREL e .. 174 Lacaze (Dr). — Pathologie de Madagascar. — Condi- tions sanitaires de Majunga à Tananarive. Hygiène du soldat et acclimatement du colon.... ......... 745 LérTieNNe (Dr A). — Revue annuelle de Médecine... 1049 RouLe (L.). — La Phagocytose normale. .............. 586 SPRINGER (Dr M.) — Les progrès de la Pathologie gé- ÉTAE", lee tesrae Resrale store eee EN ces Pa STE Las ON CO ae 974 Géographie, Géologie et Paléontologie BiGor (A.). — La Géologie au Congrès de Caen....:,. 169 CausTiEr (E.). — Le münde malgache. Gé éographie et aspect général de Madagascar. Le sol, la flore, les forêts. Les races inälgaches et leur civilisation... 650 DEnERAIN ER — Revue annuelle de Géographie. ...... 620 FoucarT (G.). — L'état du commerce à Madagascar et l'avenir économique de Pile Re eee IEEE 718 GRANDIDIER (A.). — Les Hova de Madagascar. Hs 4 Hauc (E.). — Revuc annuelle de Géologie...:........ 1086 Launay (L. de). — L'avenir géologique de l'or et de l'argent. Conséquences économiques et sociales... 362 SUBERBIE (L.). — Les gisements aurifères de Mada- PASCALE ele ea ele dehrimmielneie ep ei ES PUS en Sie tele te NE NE 715 XX: —— Questions d'Afrique. Le Soudan francais... 506 XXX. — L'expansion francaise en Afrique....... + 20593 Mathématiques Larsanr (C.-A.). — Les Mathématiques au Congrès de (GET SNA CR AR ARE ce Ve 159 Mécanique appliquée et Génie eivil BRiILLOUIN DE — Les progrès des machines volantes. DÉADILTO ER EESEr ee C E e 166 CRONEAU (A.). — Revue rte des progrès de la Ma- HE POS UD Don POP D oc ados anne vin anne nte coca 451 DEMENGE (E.).— Etat actuel du travail du Fer et de l’A- cier: Are partie : Forgeage et laminage........,........ 870 2e partie : Produits de forge. Conditions géogra- phiques et économiques de la production.......... 917 DWELSHAUVERS-DERY (V.). — Inscription des varia- tions de la température des parois métalliques des CYUNATES A YANEUD Eee ed secee TRE gore nMiTé) Gay (A.). — Les moteurs à pétrole de faible puis- FENTE E MOOT LAB NSAE DNA OA RC AE ô 513 LAVERGNE (Gérard). — Les applications mécaniques ‘de l'électricité dans les mines. CHHASBbD ion Dose 8 Viver (L.). — Le Congrès des Naval Architects à Paris GnFJuin A8 Are EE ere LEnRe PARTS or en MDe 816 Wyrz (A.). — Les dernicrs progrès de la machine à VADOUT 5 hate nids mers DTA PO OI LI à SE . 615 Physiologie CuarriN (A.). — Les Toxines : mécanisme de leur ac- TABLE IANAEYTIQUE DES MATIÈRES! DELice (Y.). —.Une science Us Ponte pu ouAH S DIQUE sr ser 30100 .-—,/. C0. arrété HERZEN (A.). — La digestion. iriptiquié des Albumines 1.1 et la sécrétion interne de la rate...... RENTE . 494 Ricner (Dr P.). — La morphologie physiologique de la marche del HOMME EEE Eee EE .. 335 Soury (J.). — Revue annuelle de Psychologie physio- DISQUE SEP 0 née tas erineinese ie CE IR 62 Weiss (G.). — La théorie chimique de la vision....... 253 Physiqueoo1#107 | Bruvxes (Bernard). — Idées nouyelles sur la Photo- graphie des couleurs, d'aprés SEE derniers travaux de M. Otto Wiener.......:: PAPER UN ANS EX à 604 BrizLouIN (M.). — Pour la matière: .14 x... La} 1) vad4032 Cornu (A.). — Quelques mots de réponse à La Déroule. de l'Alomisme contemporain... 2.044417... .414: 204030 Crookes (W.). — Les spectres de l'Argon,: 1: 1 sas 99 Dee ar, — Les anomalies dans la de de l'A- 2.30 sosie eut 107 PIERRE 550 GossarT (Eye — La Physique au Done de Caen... 160 Gouy (G.). — Le mouvement brownien .ct les mouve- ! ments moléculaires. berne). 22,7 }-as sand GuizzauMEe (Ch.-Ed.). — L'Exposition de là \Sactétéf francaise de Physique. Séances de Pâques, 16 et LT An LRO NES ee ES AO 1.60. dre. LOT — La convention du-métreliens Minnie. 24e 386 Lumière (Auguste et Louis). — La Photographie des couleurs. Ses méthodes et ses résultats.......... .. 1034 Mararas (E.). — La liquéfaction de l'hydrogène. Déter- mination de la température critique et de la tempé- rature d’ébullition normale de l’hydrogène......., 617 Mourer (G.). — L'Entropie, sa mesure et ses varia- tions : {re partie : Méthode, lois fondamentales.:...,.... 11900 2e partie : Mesure de la reversibilité des transfor- mations isotherme USE CAEN ee . 4001 — Le facteur thermique de l’évolution............., 1071 OLszewski (K.). — La liquéfaction et la solidification del'ATrONM EME CARE Hour ADO BAT AU OsrwaLD (W. . — La déroute de PAtomisme contem- POTAINNE PPARMONEE ONE NÉMAIEUMEEECE tele Sn 4200983 —-léttre sur l'Energétique. 20 PRO IEC Ie 1069 Zoologie et Anatomie BEAuREGARD (H.). — Revue annuelle d’Anatomie..... MISE Jourpax (Et.). — Le tissu musculaire dans la série ani- males near receren-er ec eee CLP ECC 407 KœuLer (Dr R.). — Revue annuelle de Zoologie... 0214 Le Danrec (F.). — Les Coccidies............ ve AMEN 775 — Les Myxosporidies....... PAR ee Me RIAULES 22e 1082 Muixe-Enwarps (A.). — Les animaux de Madagascar. Conférence faite au Museum...... RARE ARCS . 693 Prenant {A.). — Le corpuscule cé traLt et la division cellulaire... Do 15423 Rerrerer (E.). — Le placenta des Carnassiers, d’après M. le Professeur Mathias Duval.............. 200902 Rocné (G.). — L'état actuel de l'industrie francaise des pêches maritimes........................... : . 109 Rouvizze (E. de). — La Zoologie au Congrès de Caen. 170 Sciences diverses Gariez (C.-M.). — Les travaux de la Conférence biblio- graphique de Bruxelles........... Ourvier (L.). -- La Politique fronpatse à Madagascar. 753 Kevues annuelles BEAUREGARD (H.). — Anatomie............. Crongau (A.). — Progrès de la Marine... DenéraiN (H.). — Géographic..... Fran ob DenéraiN (P.-P.). — Agronomie.................... Érarp (A.). — Chimie pure......... RE EU oee SLA pe xaRtEL (C.-M.). — Physique........... TO UD 1 DU Gartez (C.-M.) ysiq pe HarrManx (H.). — Chirurgie.......,.........s..e.s.. : 1° Sciencesmäathématiques. F Eau RTS Mathématiques _ BAcnmaxx (P.). ee Zahlentheorie.….. 19185 Le 5106 lee Banpey (Dr E .). — Zur Formation quadratischer Glei- ChunegonQ ui sois ati zou les edit | CANtroR (M.). — Vorlesungen über Geschichte der Ma- Pbuthematik (32 volume}. l 5 25uimém 0e ee 0 Meke v < . Darsoux (G).:1— Lecons sur la Théorie générale des 101 Surfaces et les applications géométriques du Calcul h« infinitésimal. 3e partie Lignes géodésiques et Dul courbure géodésique. Paramètres différentiels, Dé- formation des surfaces (3e fascicule). .........,.... ErgeruarD (Dr V.). — Ueber die Grundlagen und Ziele dérsRamtlehrez- PRET RM... He eee Ganrer (H.) et Rupio. — Elemente der Analytischen PMGaqmetrie der Ebene.. 2"... :04d-th GRASSMANN. — Gesammelte mathematische und he lische Werke (4er volume). 11e partie : Die Aus- dehnungslehre von 1844 und die Geometrische Ana- LR PR RP AN FREE LLC. GREENHILL (A.-G. ). — Les fonctions elliptiques et leurs applications, traduit de l'anglais par J, Griess..... Hexry (Charles). — ie de la théorie des Fonctions ÉRAIQUES PA cer ee ananas me ee Der dr HorzmüzLer (Dr G.): — Methodisches Lehrbuch der Elementar Mathematik....,.....,.......,.. 388 et KRArT (F.). — Précis de Calcul géométrique d’après les théories de Grassmann (en allemand)...,........... Laisanr (C.-A.).— Traité d'Aritmétique suivi de notes sur l'Ortografe simplifiée, par P. Malvezin........, LaALLEMAND (Ch.).— Rapport présenté à la Commission extraparlementaire du Cadastre sur l’état actuel du Bornage des propriétés en France................ Mérax (Ch.). — Lecons nouvelles sur l'Analyse infini- tésimale et ses applications géométriques.......... Ni wENGLo wsKI (B.).— Cours de Géométrie analytique : l'ASections/CONIQUES..-..,.....44.0.2- 0e sense - +0 II. Construction des courbes planes et compléments DETMES RC OMIUES Aer = ere ep rem ceueeace ee ScxLesiNGER (Prof. Dr L.). — Handbuch der Theorie der linearen Differential-Gleichungen, t. 1........ Scuuzke (D° A.). — Vierstellige Logarithmen Tafeln, nebst mathematischen-physikalischen und astrono- mischen Tabellen für den Schulgebrauch........., Scorr (C.-A.). — An introductory account of certain modern ideas and methods in plane Analytical Geo- TR SR re a EM ape SrurM (Rudolf). — Traité synthétique des figures du premier et du second degré dans la Géométrie li- néaire. 4e partie : Complexes linéaire et tétraédral. 2e partie : Congruences du premier et du second ordre (en allemand) RS: ELEC CEE OO Tanxerx (J.). — Introduction à l’Étude de la Théorie des Nombres etde l'Algèbre supérieure. Conférences faites à l'École Normale, rédigées et complétées par MM°K Borel'et J. Drach..7...... ne VERONESE (Giuseppe). — Principes fondamentaux de la Géométrie à plusieurs dimensions (en allemand)... WiRriNGer (W.). — Untersuchungen über Thetafunc- LATTES SM PR EP RER Astronomie et Météorologie Bicourpax (G.). — Sur la mesure micrométrique des petites distances angulaires célestes et sur un moyen de perfectionner ce genre de mesures...... 31 LeiVerRier (U.). — Métallurgie... 1, ...44.. al Harr (Ph.). VisciceNus. (D-W.-F.). Astronomische Chrono- OP STES een dien ote ete STE RTE Es Thermodynamique, Mécanique générale et Mécanique appliquée ALgeir1G (M.) et Rocue (C.). — Traité des machines à VADEU ST A ARSS seau n tes ae ss Etes c ei Bôcaer (M.). — Sur les développements en séries dans LthéoNeduipo enter, tes TER RS SRE Bourcer (C.). — Traité des bicycles et bicyclettes, suivi d’une application à la construction des vélo- CRE) EVA A, PR rs Caspari (E.). — Les chronomètres de marine......... CHaLox (P.-F.). — Aïde-mémoire du mineur.......... CRoNEAU (A.). — Construction pratique des navires de guerre... CRT SE RE ER RE A e * Degaixs_(A.). — Instructions pratiques sur lutilité et l'emploi des machines agricoles. I. Labours. IL. Se- mailles HP GR ÉCOLES SEP ser a rec he es Dexrer (J.). — Charpenterie métallique. Menuiserie en femet.Serrurernie, Tee mrnamm ee te ARRET RSR QUE Dupesour et CRONEAU. — Appareils accessoires des CHAUTÉTES AEVAHEUT ANS: EPS GREENKILL (A.-G.). — Traité sur l’Hydrostatique (en ARTS) EE ER ee ES nos TEE Mixez (P.). — Régularisation des moteurs des machines LCA 9 GC EE UP PAR EN RAR M RES PAINLEVÉ (Paul). — Mémoire sur la transformation des équations de la Dynamique............,........., ResaL (H.). —- Traité de Mécanique générale. I. Ciné- matique. Théorèmes généraux de la Mécanique. De l'équilibre et du mouvement des corps solides, II. Frottement. Équilibre intérieur. Élasticité. Hy- SA RRNRE Hydrody namique. Hydraulique RCE . RicHaRD (G.). -— Les moteurs à gaz et à pétrole en 1893 OR RTE SET ner ondes nn CAR ce VaLuER (E.). — Balistique des nouvelles poudres..... Wirz (A.). — Les machines thermiques (à vapeur, à air chaud et à gaz tournants)...................... 2° Sciences physiques. Physique ApperT (L.) et Hexrivaux (J.). — La Verrerie depuis vingt ANS.....,-.-:142 4e sers denerseee denses Bepezz (F.) et CREHORE (A.-C). — Étude analytique et graphique des courants alternatifs.............. BerruiEr (A.). — Manuel de Photochromie interféren- CU SRS R R ni cn DEA AE AS IE / BruxEL (G.). — La Photographie pour tous........... è Brunes (Bernard). — Cours élémentaire d’ Électricité, Cozsox (R.). — La perspective en Photographie. ..... Demarçay (E.). — Spectres électriques................ Du Bois (H.). — Magnetische Kreise, deren Theorie und Anwendung ...........2....#se.sssssene tele 5 Dumourix (E.). — Les couleurs reproduites en Photo- graphie................... ERREURS . Earz (A.). — Lecons pratiques sur les mesures Shysk ques (en anglais} re ses eurent ‘ Esraunié (E.). — Les sources d'énergie électrique. Fourrtær (H.). — Les lumières artificielles en Photo- graphie...........................-.............. Fucus (Gotthold). — Guide pour la détermination du poids moléculaire par les méthodes cryoscopiques et ébulliscopiques de Beckmann (en allemand)... H Soury (J.). — Psychologie physiologique... us y 62 D — ne TISSERAND(E.),— Jisranonne Sym a fe Lino 1380: FANS II. — BIBLIOGRAPHIE DES MARS Rec en Sen . 1020 242 S98 898 1 œ a À 348 984 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 1112 Gérarp (Eric). — Mesures électriques................ 1102 LANDAUER (J.). — Analyse au Chalumeau, ie à GUERRONNAN (A.). — Dictionnaire synonymique fran- LE VERRIER (U.): — Cours de Métallurgie. Droféssé à de 30 F cais, allemand, anglais, italien et latin des mots l'École des mines de Saint-Etienne. Mélalurgie de 2e rl techniques et scientifiques employés en Photogra- Ja RONtE ss eee Re RER VAR 38 phie 860 | Moon (Ed.-G.). — Stéréochimie.. 107 H£Ex (P. de) et DweLsnauvers-DERY (F. Osrwazn (W. ee — Les bases scientifiques de Ja Chimie re comparative des isothermes observées par M. Ama- analytique (en allémand)......-...:......... ASE gat et des isothermes calculées par la formule de RENARD (A.). — Dictionnaire d'Analyse des Énbstentls nor 1 AE RO ACTE TS Ann dBésace EC RES 243 organiques industrielles et commerciales... ....... 132 Hexry (A.). — Etude expérimentale de la vaporisation Rey (J.). — The Increase in Weight of Tin and Lead dans les chaudières de locomotives faites dans les on calcination (6930) RM Va MERE 565 ATBLOLSIQULP ELITE ME REPARER Etre 243 | SERRANT (E.).— Applications de la Chimie à PArt mil. La Baume-Piuvinez (A. de). — La théorie des Pro- taire modénne te UNS NO RINNEEAT EUR TEL CES IPHOIO PANNES EE ere RE ue ere 600 | Serres (L.). — Traité de Chimie avec la Notation ato- Lecros (Ct V.). — Description et usage d'un appareil mique. Métalloides, Métaux, Chimie organique... 899 élémentaire de Photogrammétrie. ........ ........ 468 | SorEL (E.). — La Distilation:L : ee MR CNNREES Se 829 MarécraL (H.). — L’ Éclairage AMPArIS EE 2 Mere 132 | C Mie (P,1. — L’Électricité appliquée à à la : marine..... 187 : : Morrau (G.}: — Étude industrielle des gites métalli- SERIE NDS NE TEE LODES PNR RAI 0000 EE PER JR 168 Géologie, Paléontologie, Hydrographie MuLLIN (A.). — Instructions pratiques pour produire des épreuves photographiques irréprochables...... 388 | BernarD (F.). — Eléments de Paléontologie, 2e par- NicuoLs (E.). — A laboratory manual of Physics and LEP RNOBANE aTaés Mine Tao do nn de D RUE MÉCD0S dne 2 900 apphed#blectricityes rence meitie come ee #32 | GirarD (T.). — La Géographie littorale. ..........1... 949 Perir (P.). — La Bière et l'Industrie de la Brasserie... 1102 | Hirscn (A.). — Comptes rendus des séances de la Com- Pioncon (M.-J.). — Electricité industrielle : Lecons mission permanente de l'Association géodésique sur les notions fondamentales relatives à l'étude ct internationale réunie à Innsbruck, du 5 au 10 sep- à la mesure de l'Énergie électrique................ 71 tembre 1894, suivis des Rapports sur les travaux géo- — Lecons sur les notions fondamentales relatives à désiques accomplis dans les différents pays pendant l'étude pratique des courants alternatifs. .... ..... 1102 lTELDIÉLE A TNERE ee Eee PTE 56% PorxcaRE (H.). — Les Oscillations électriques. Lecons MarreL (E.-A.). — Les Abimes. Les eaux souterraines, professées pendant le premier trimestre 1892-1893, les cavernes, les sources, la spéléologie..... M BoE 566 rédigées par Ob IMAUriITe elec ere 983 | Viccars (E. de). — Statistique générale des richesses PResroN (Th.) — La théorie de la Chaleur (en an- minérales et métallurgiques de la France et des BTAIS) Te Te ete PL PR RUE AS APE Enr En 987 principaux Etats de l'Europe... 949 Sorer (A.). — Cours théorique et pratique de Photo- É BLAP TE CUP PEER TEE EEE Eee eee 187 Botanique LROMESON ÉD pee anne EN ET ÉRSIECtrOEMEE BerraaucT (F. — Les Prairies. Prairies naturelles ; canique, traduit de l’anglais par E. Boistel........ 600 ; GS En CA) ee (Conte lélémentaolde ia ie de Prades Tales Cane e EU E EEE 168 Physique ÿ ; 1058 BROILLIARD (Ch.). — Le traitement des Bois en France. 133 Ts OR OMR SPL aire ti eu SET er tr Dexaree (Clément et Henri) — Manuel de Culture Chimie fourragère .............. nereereereereseesessessss 468 É GasrTiNE (G.). — Sur la résistance au Phylloxera des 3 Arreer (L.\ et Henrivaux (J.). — La Verrerie depuis Vignes américaines. Moyens de la mesurer........ 1SS vinetiansuec ocean OR AR Mot ... 389 | Grvpes (P.). — Chapters in modern Botany.......... 433 ANDRIEU (P.). — Le Vin et les Vins de fruits......... 39 | GérarniN (L) et Guëpe (H.). — Botanique. Anatomie Arno (J.-O.). — Steel Works analysis............…. 826 et Physiologie végétales One dnsseesestesee 602 Beauper (L.), Percer (H.) et SatzzaND (Ch.). — Traité Jacos pe Corpemoy (E.). — Flore de l'ile de la Réunion. 1103 de la Fabrication du Sucre de betteraves et de LapzanouE (M.-C. de). — Dictionnaire iconographique CANNES AA. ANANUENC EL MEME CROP + 826 des Champignons supérieurs d'Europe, Algérie et BerrueLor (D.). — De l'Allotropie des corps simples.. 77 Tunisie.........;................. ssghess sed TT Brrry (E. de). — Fabrication de la Fonte. ............ 38 | Laveroe (G.). — Le Black-Rot et son traitement pra BourGoin (A.-E.). — Acides organiques à fonction com- Que... stress ins HARAS sors 2390 plète"(29partie) Eee PE RTE 3$ | Maaxix (A.). — Les lacs du Jura : MAT ! Cross (C.-F.) et Bevan (E.-J.). — Cellulose, an Outline N° 1. Généralités sur la limnologie jurassienne. of the Chemistry of the structural Elements of No 2. Végétations des lacs du Jura suisse... 861 Pléntss tue Muse ICE nt en Ee mr ae 601 — Florule adventive des saules télards de la région ErarD (A.). — Les nouvelles théories chimiques... 1021 lyonnaise ..................:...... rorsrerereeeses 986 Garçon (Jules). — La Pratique du Teinturier. I. Les Massarr. (J.). 5 La Rôcapitulation et l'Innovation en méthodes et les excès de Teinture. Le Succès en Embryologie végétale. Ontogénie de la plantule. Teinture. II. Le Matériel de Teinture.......... 98% Organogénie de la feuille............. Pet er 24 GascarD (A): — Contribution à l'étude des gommes MicnoTre (E.). — Traité scientifique et industriel des laques des Indes et de Madagascsr................ 156 plantes textiles. Supplément au tome II : L’Ortie. 1059 Guenez (E.). — Décoration céramique au feu de Pasr (C:). — Électricité agricole...:................. 366 MOoufe re ee RO | tele DL ie lie EU N U 38 | Queva (Ch). — Recherches PRE NUS CAE Hazer (A). — L’Industrie chimique.,............... 7» pareil végétatif des Taccacées et des Dioscorées..…… :861 Hern (A.). — Les Alcaloïdes de l'Opium...... ....... 187 Ve es ARS ; i * Her (G.). — Grandzüge der Mathematischen Chemie. 349 Zoologie, Anatomie et Physiologie de l'Homme Hixricus (G.-D.). — The Elements of Atom-Mechanics. CHARS 1er volume : The true atomic Weights of the Che- Augerr (E.). — Histoire naturelle dés tres vivants. mical Elements and the Unity of Matter RE NE a 756 I. Anatomie et Physiologie animales et végétales. Howe (H.-M.). — La Métallurgigde l’ TO ESS Do 35 II. Reproduction chez les animaux et compléments. Isrrart, — Cours élémentaire de Chimie, rédigé con- Classifications zoologiques et botaniques.......... 1060 formément à la nouvelle Nomenclature proposée Bareson (W.). — Materials for the study of Va riation par le Congrès de Genève................. Edo . 065 treated with especial regard to discontinuity in the Jacquer (Louis). — Fabrication des eaux-de-vie....... 565 ONIPIN OFFSPOCIÉS =. cree PNR 10 DE 11 sep ere crmipeeesee Ares .. 433 AG Je A que du milieu, sur lès animaux.. 188 LENBERGER (Dr WW.) et BauM (H.). — Anatomie des- criptivé et me du Chien...... re ee CR AS AUSSE (G.). — L'Anatomie philosophique et ses di- visions, précédée d’un essai de classification métho- dique des Sciences anatomiques............ : 1103 “yan). — Le système nerveux le Asa SEA OS OCR DOI RL EE UE bi) Dre De l'origine du Pathétique et de la racine supé- rieure du Trijumeau. RÉDSEEN PEr I CAPI EUS tee 985 E N(A.). — Les microorganismes de la fermen- | LE op RE CRE TEE AUSE P SERRE OP SE .+ 566 | Meunter (VAGLOD) Ne Sélection et perfectionnement D animal. FHCO SRE SETÉSASOHET AE sara meet » Parowx (Corrado). — l'Hdeinihulogie italienne depuis ses premiers temps jusqu’à 1890 (en italien)... . RAUAXT DA PANIERS PE RSC ... 188 PAULHAN (Er). — Les Caractères.........2...,,.... .. 520 D NE Introduction à l’étude des Mollus- û TARN LA RD TNT DE DR UE fee ads d'A DA PLaNcHoN (L) |. — Produits fournis à la matière médi- …. ,, cale par la famille des Apocynées....... SERBIE RAS - Ricner (Ch.). — Trayaux de laboratoire : I. Système nerveux. Chaleur animale. II. Chimie physiologique. Toxicologie. III. Chloralose. Sérothérapie. Tuberculose. Dé- fense de l'organisme... ER MT OR nn en LE) - Sacus (H.). — La substance blanche des Hémisphères ñ du cerveau humain. MelobenLnia le Reese sde eere-tosaue NE BEF) Trouessartr (E.-L.). — Les Parasites des habitations humaines et des denrées alimentaires et commer- ciales-. PO En Ste GR Ua 1103 4° Sciences médicales Chirurgie, Gynécologie, Ophtalmologie Augeau (Dr). — Applications de la Micrograplie et de la - Bactériologie à la précision du Diagnostic chirur- ICE RO TOR Lo nn oRe BHO ME TO Mn JAP 134 Bauprox (Dr E.). — De l'Hystérectomie vaginale ap- pliquée au traitément chirurgical des lésions bila- térales des annexes de l’utérus..... SA TAB RSA 19 HarTMANN (H.) et Quénu (E.). — Chirurgie du Rec- Oo PE SP Ge e ERA PTE 567 Morax (V.). — Recherches bactériologiques sur l'étio- logie des conjonctivites aiguës et sur l’asepsie dans la “chirurgie oculaire. ...... LS TR MAT ÉTO 603 Oruxr (L.). — Régénération des 0 os s et Résections sous- DÉRIOSTPBS Ne rentree séance F0 dE St MER: PÉAN. — Lecons de Clinique chirurgicale professées à l'Hôpital Saint-Louis pendant les années 1889 et LEE ob oten re oo n eo done bond 902 Reczus (Dr P.) — Ciiniques chirurgicales de la Pitié.. +134 — "La Cocaine en Chirurgie................ ete te 950 Médecine, Hygiène et Microbiologie médicale AUBEAU (Dr). — Applications de la Micrographie et de la Bactériologie à la précision du Diagnostic chi- rurpicalit-" 3.200. CETTE CPE RIM ENTER Bérexcer-Féraun. — Lecons cliniques sur les Tænias ded'Hommenirctré le. NTI eR es ent SPA : BerrranD (L.-E.) et Foxrax (J.). — Traité médico-chi- rurgical de l'Hépatite suppurée des pays chauds. Grands abcës du:foie...:..... RO ERA. ae Broca (L.) et Jacquer (L:). — Précis élémentaire de Dermatologie. III. Dermatoses microbiennes. Néo- DCR SSI RENE ORNE 0 Crarcor, Boucnarp et Brissaup. — Traité de méde- Cine OMIS. Rs LES Eee AUS aa En LES En ed Déserine (J.) et Déverine -KiumPrxe (Mme). — Anatomie des Centres nerveux. I. Méthodes générales d’é- tude. Embryogénie. Histogenèse et Histologie. Ana- 134 19 391 603 288 1113 tomie du cerveau..." BP COIN 0 ue . 1103 DemeziN (D'). — La mort apparente du nouveau-né... 902 DryeponDr (D° G.): — Guide pratique et médical du Voyageur.au Congo......:...1. re SIC 522 Dupuy (E.). — Cours de pharmacie, t. II, Pharmacie Chimique. 1tr fascicule : Médicaments chimiques appartenant à la Chimic minérale,......... Héron 008 Frarau (Dr E.). — Atlas du cerveau humain et du tra- jet des fibres nerveuses à l’usage des médecins et elnHantsienmedecine nd ertias er ME eue Éd 758 FLecasic (D: P.). — Gehirn und Sccle.......:...4... 190 Gazippe (V.) et Barré (G.). — Le Pain. I Physiolo- gie, Composition, Hygiène. 11. Technologie, Pains divers MALÉLATONS. FLE RUES ENS Te LRU 1060 Garnier (Dr L.). — Chimie médicale. Corps miné- TAUX. COTPS OLDANIQUESS reel ME eee ner 950 GRASSET (H.). — Etude sur le Muguets................ 4 Harrezius (T.-J.). — Traitement des maladies par la Gymnastique SUÉdOISeA Rte Ce ... 158 HarTmanx (H.j et Morax (V.).— Note sur la Péritonite aiguë généralisée aseptique. Quelques considéra- tions sur la Bactériologie des suppurations péri- MÉTIER Ce ec re tele Jante 1392 Lay (H.). — La Syphilis des Centres nerveux........ 950 Laurenr (E.). — Le Nicotinisme. Etude de Psychologie: pathol0oiqQueeEr- FA Sen i-C2OE 41 — Les Bisexués : Gynécomastes et Hermaphro- dites 2e meet re IE cle neue 1023 Leruzze (Dr M.). — Pus et Suppuration.............. 245 Lorrer et VIALLETON. — Etude sur le Bilharzia hæmato- bia etila Bilharzose re ere Ier 158 Lxox (G.). — Traité élémentaire de Clinique thérapeu- HUE 2e Aeu teen HVoeiE - dpi 1104 Marrax (D'). — La Péritonite tuberculeuse chez les en- ET RE NS C0 na EU PGO Cp EE re 189 Mesxer (Dr E.). — Le Somnambulisme provoqué et la Fascination eee ere RAT de Te ie .. 986 Miquez (P.).— De la désinfection des poussières sèches des appartements au moyen de substances gazeuses RS EEE PE NET NS SRE re 3 901 Moussous (A.).— Maladies congénitales du Cœur...... 758 Nicoras (Dr A.). — Manuel d'Hygiène coloniale........ 159 Nocarp (Ed.). — Les Tuberculoses animales; leurs rapports à avec la Tuberculose humaine............ 434 Nocarp (Ed.) et LecLaixone (E.). — Les maladies mi- crobiennes des animaux.. ....... er cr PT ES 1061 Pasteur (L.). — Publication de ses œuvres See Sr ir crraneulres leo ve oote LODEL) 869 ReNTERGHEM (A.-W. van) et EEpeN' (F.van): — /Psy- chothérapiesu.1s...... rar . ui. saeinaunn te, ad. 828 Sicaup (D: C.). — Traité des troubles fonctionnels mé: caniques de l'appareil digestif. Evolution naturelle de la dyspepsie 432244 4,4 01 miens trie 0. 5 469 Sourrer (Henri). — Traité de Thérapeutique et de Phar- macologie, suivi d’un Memento formulaire des mé- dicaments nouveaux. ...... RNA MECS ER LEO UE 301 Viau (G.). — Formulaire pratique pour les maladies de la bouche et des dents, suivi du Manuel opératoire de l'anesthésie par la cocaïne en chirurgie den- i tainer 1. mime RU Al ve del) 20390 Werniore (C.) — Arbeiten aus der psychiatrischen Klinik in Breslau, HeftiIl...., 4.1. Léna 862 Wurrz (R.). — Précis de Bactériologie clinique.:. 522 5° Sciences diverses. BeaureGarD (H.). — Nos bêtes. Animaux utiles et nui- CH MR RS ET Sue 522, 640, 758 et, 950 Biner (A.). — Psychologie des. grands calculateurs et joueurs d’échecs.....:.......... PISE : TT ba «1 289 Granre ExcycLopénte (La). — Inventaire raisonné des Sciences, Lettres et Arts, 5050 et 506 livraisons... 50e et HS IVraisONnS ect cran arte ro 0: 00 “ — 5090, 3106 et 5112,LyraisOnS.;...2,.- 1.1. rime 134 = HlOoset pla DVraISONS.. a RE th ot 02110 - 190 — Dlke eti510 LVrAISONSE Re dE het 245 EN 6 tits ABLE ANAËVTIQUET DES ENS = 516€ et 5110 livraisONS..... see semmmereccees 900!| Cure (P.).:— Propriétés magnétiques LAURE On 207 — 518e et 519 livraisons 32! Yerses TEMPÉrALUTES Lee UE EU o Fete 09 æ 520° et 521° livraisons 392! | Érarx (Li). Contribution à l'étude de vhs aptes p—10222 et 5H230iYTa1S0NnS 2. - niet: 434 | ESNDIDASIQUES Er etee EPS ROC EE io 1022 Ft92%0 et 595 livrAisSOns-r cree ere ect ….. 469! |"FavoLrar (J:). : Recherches sur ae dérivés à 115260 et 5218 VT01SONS..----n-ree--=se-e--e..ere 522, | tartriques on structure dissymétrique.S=l£ ..... a NO Op 5288 et DOM ILVTaISONS EEE ER -eRr----ePeee 567 | Goavuez (M.-H.): — Contribution ä l'étude des arséniates HE HJ0 Mel DIE IVTASONS 2 E-e---cHR-----eree 603 et des ‘antimoniates cristallisés prépare par voie FÉNOOLONIVTAISOIS ee ee een eee e-Eee 640 humide etc. RE Cu RE ci do QU HAT tr 533e et 534c livraisons ........ ...:.. DB DH0 donc 863, |: Gramoxr (Arnaud de). — PR directe des fe DDOINTAISON: 22» san cu eee eee rte 950 minéraut: see OURS CREER 1021 OS 0 INT ISO eee Ce eee 987 | Houzrevraue (L.).— De l'influence de l’aifnantation sur KŒNIGLISCHE (GESELLSCHAFT DER Ne ISSENSCHAFTEN de les phénomènes thermoélectriques... {il ........ 7. 899 Güttingnepiszd 4h.nonse à AE Cou ndo 135 | LaveniR (P.). — Sur les variations des propriétés op- Lousroso (Cesare). — S Rratee te ‘falien). can LP tiques dans les métanges de sels isombrphes..... 388$ - MaLvEzIN (P.). — Notes sur l’Ortografe simplifiée. :. 2 1020 | Limp (C.). — Essai sur la préparation der mé- . Prévize (A. de). — Les Sociétés africaines. Leur ori- tallique : 94S gine, leur évolution, leur/avenir.i....l........7. 352 — Mesure directe des Forces électromotricés en unités ReBièRE (A.). — Les Femmes dans la Science... 7. 190 absolues électromagnétiques......... RD —.. 1059 Marie (T.). — Recherches sur les acides 'céfotique rot Re MÉHESIAUE RER eee A DEN Te 899 PerREau (E.).-— Étude expérimentale della Dispersion THÈSES POUR LE DOCTORAT PRÉSENTÉES A LA FACULTÉ. et de la Réfraction desipaz en eedeente 1021 ENCRES TE S - Pere DES SCIENCES DE PARIS (1894 1895) ET ANALYSÉES 55 sciences maturelis E DANS LA REVUE EN 1895 Bixer (A.). — Contribution à l’étude du système ner- 5 : , : veux sous-intestinal des Insectesik...4.........…. 900 1 SOS PENSE SET Borpas (H.). — Rp glandulaires des Hyménop- BorEL (E.). — Sur quelques points de la théorie des téres.…... 9 LENTIPET |P JB ALL ABASE "0. 0. 639 FONCUONSE ME ete Te ae ane ee none à eme seat 637! | CauLzLeryx (M). — Contabutiont à l'étude des Ascidies CAHEN (E.). — Sur la fonction £(s) de Riemann et sur COMPDSÉES EE Te eee ee rene et EAN AE 919 dus) fonGtions AnalONUES a eee eo-s eee 364 | Fauror (L.). — Étude sur l'anatomie, l’histologie et le €arTan (E.). — Sur la structure des groupes de trans- développement des Actinies........... DR TO UD 757 formations finis/ebtontinus,f..2.25- et. stosm 431 | Gain (E.). — Recherches sur le rôle phy te de Cousin (P.). — Sur les fonctions de nr variables com- lEanndans#lasVéeétations ner torche here 1022 DICxES Et uen ON nee co eee ete le ie 1058 | Jacor ne Corpemoy (4. ). — Récherches sur les Mono- : DELEMER (J.). — Sur le mouvement varié de l’eau dans cotylédones à accroissement secondaire........... . 1059 les tubes capillaires cylindriques évasés à leur en- Jamues (L.). — Recherches sur l'organisation et le dé- tirée et sur l'établissement du régime uniforme dans veloppement des Nématodes.......,........ DATE L 602 CES MUDESS enr ieerese nero CARE ; 947 | Lornerter (A.). — Recherches anatomiques sur les Licour (E.).— Sur des fonctions d'un point analytique épines et les aiguillons des Plantes. Influence de à multiplicateurs exponentiels ou à périodes ration- l’état hygrométrique et de l'éclairement sur les tiges Dee Reese enr ae DAC LR 387 et les feuilles des Plantes à piquants.............. 985 Du D2u _ Du - Marmier (L.). — Sur la Toxine charbonneuse........ 1023 — Sur l'équation de la chaleur — Sr TT 387 | Mesnarp (E.). — Recherches sur la formation des E. 4 Ge huiles grasses et des huiles essentielles dans les ELIEUVRE (M). — Sur les surfaces à génératrices ra- CA EUR Tip Edo ce dau Aou S 00 Jon 10 DEEE 24% L Sr tes 1 Mes l 2 “E OS R ET nn 1101! | Mwsniz (E.). — Sur le mode de résistance des Verté- ES AQÈr LP PSE) HAUEEREMUEE (ES RSS dre brés inférieurs aux invasions microbiennes artifi- néairés aux dérivées partiélles du second ordre à CITES = eee rer here Apececieieue tee TRI 5 640 on MR ea FR PE NEER 286 | Nunras (B. de). — Recherches histologiques el organo- pers 10. b leptiques sur les centres nerveux des Gastéro- tales dans la théorie des formes quadratiques et de ddes . 826 la multiplication complexe d’après Kronecker. 286 Re Le (SANS Contribution CN te ee EE morphologie de l'armure génitale des Insectes..... 562 2° Sciences physiques (Physique et Chimie). Poimaucr (G.). — Recherches anatomiques sur les Crypioramesivasculaires- 2216 ---- tCecMee-tre 520 Barraz (E.). — Recherches sur quelques dérivés sur- Rapais (M.). — Contribution à l'étude de l'anatomie chlorés du phénol et du benzëne......7......,.... 860 comparée du fruit des Conifères....,....1......,. 789 CamicneL (Ch.). — Etude expérimentale sur l'absorption Tuirier (A.). — Recherches géologiques sur le Lias de dénladumiérémmarles cristaut ce: rene 860 la bordure sud-ouest du Massif ardennais.......... 1022 UT. — ACADEMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER Académie des Sciences de Paris Séances des 28 janvier re ELA 191 — # février NEED DEN ea 192 Séances des 10 décembre ARE 100 T0 42 — 11 — Te CIO 193 — 17-24 = Re RC ee 43 — 18-25 — MP MAS CURE DUB à LD 216 = su EL EEE 80 -— 4 mars RP PORT 291 — 1 janvier IRON RS st sl — 11 — RE OR LM LT 292 = 14 = abs 20 135 — 18 — = res cette 353 — 21 = eee 136 — 25 — RENE Eee 304 eoriièb 2oudbup RE 20-2%upi ST % estrinders 29% sbus 25% sur A8 pr - 2 « È .. Zi squat 435 ) 470 Ge MOIS Si 799 — 15 760 =qo edlSirqoY eo! 192 =... .eoda moe 2t5 NS SET TA ESS 193 em murs poaoût RENE RS EE OA 829 .—. .. 19-26 — Se ETS alt 864 2uu nu 2259, septembre PT A NE TA 903 bEUL .— J 16 — ENT EE TS 904 nn: 28-30 — ERA PAR ES 951 PUB. — +. 1-14. octobre RE ES 988 noc1902i( 21 GE A ces ee fe EN epimp ts 989 ON — 28 — ER ET ET ra 1024 = 4 novembre RE Es 1025 == Étlart5s En ee Le voie Te 1026 — 18 — y se A nn te 1062 = 25 — RM) 2e def def 1063 ne. — 2 décembre aNeni-222n2 sg 1105 VE Académie de Médecine z Séances des 18-26 décembre ASE Eee 44 _ 8-15 janvier AO RE TE a sl — 22-29 — NS PRES PR 137 — 5-12 février Re PE OS It 194 — 19-26 _— 7 ca 0 mel CHAT 248 — 5-12 mars A cn me 293 — 19-26 — nn SR DE Po ter 305 — 2 avril TE 355 — 9-16 _— Me EE 394 — 16-23 — ORNE PEN IN SELRS ER 437 — 1-14 mai ET tone GR #71 — 21 — ne Mapa men à ANS 524 ee 28 _ Tama to cle 525 — 4,2, juin Re 569 — il _— RE 20 pen 510 — 18-25 — RAR RE ere 606 _ 2-9 juillet ROSES PTT: 64# — 16-23 — NE Dream are 761 = 30 -- or SANS ER 194 — 6-13-20 aout = PA een 830 — 27 — D douar e ete pepe à 865 — 3-10 septembre Te re 865 — 11 — Se he Pelonenleu fans 904 — 24 — PS RS ÉRARES 951 — {er-8 octobre DNS 951 — 15 — RER NES 990 — 22 — ER SL ea lee Sat 991 — 20 — NP R RENE TRE 1027 _ 5-42 novembre RP AN ESS UE 1027 — 19-26 — EE ee Ac Re 1064 _ 3-10 décembre A a Name SO AUS PRO 1106 Société de Biologie Séances des 15-22 décembre ADS et uses er tee 44 — 29 — = ne sd sue Me Sels 82 — 42 janvier 1 LEE IR DES Où TE PSV O5 82 — 19-26 — = Re 137 : 2-9 février Or ee de. : 194 — 17-23 — RL ME CT ENS 248 — 2-9 mars MO EE 293 -- 16-23 - — bn. rage EU 355 — 30 — On LP MO 356 _ 6 avril — onde Me AC 39% = 21 — UT - DS 437 — 4-11 mai —— Mae lie de Mac noie 472 2TABLE/, ANALYTIQUE, DES/MATIÈRES ,| Séances des 18-25 SON TATES juin — 15-22 — — 6 ‘juillet — 13-20 — BA 97 ue = 19 octobre — ‘2 novembre = 16-23 — É 30 + Société française de Physique Séances des 1 décembre TT SRE ARE _ 144 _ 21 —= DE RON OT RS Vo aie <32 _ ÿ janvier REPRISE BEN TE 83 — 18 — ET OS CE 138 — 1er février ee nee helene 194 DE 15 — ER A Ne 293 —_ ler mars RAS Rome neo 356 — 19 _— ER DE ES Et 394 _ 5 avril ES ERA UC 437 — 47-194 7 — A0. 240% 5102. 240 525 = 3 mai REA AE RTE 0 370 — 17 — TR EE 606 _ si juin Ron ob eent 645 — 21 — PAPA VA de dent 761 — 5 | juillet ne CD Fo LE) — 19 _ LR RE 330 — 15 novembre Re DE CU 1064 Société Chimique de Paris Séances des 5 décembre 1898. RIRE ION 46 — 14 — SE NET es tohle VIE 138 — A4 - janvier 1895... CRC 139 pe 95 — PES AN ARTE 294 — 6-8-22 février EME IUTRE PAM AN 357 — 6-8 mars CELEER ES Eu ON STAR EE ERES NA 395 — 22 — por RS QUE 435 — 26 avril ES RG re ele ANTO 412 — 4er mai TEA IUEREER TEL: D'OPETE EE AN 526 — 10 — he vrere teen D OUT 571 — 2% — Re DOTE I TEE 646 — 5-14 juin EE ASE TT Tu 646 — 28 — SG ere ASS VOTE 196 — 3-12 juillet RER AT ER 196 Communieations 1 lee nosns antenne pare 865 Séances des 8 novembre RCE PRO SET 1027 — 22 — RENE RES 1107 Société Mathématique de France Séances des 19. décembre 18Maoustrilunr si 46 — 23 janvier RENE Sonore rte 198 = 6 février EE ar te ait TE 195 _— 20 — inortobsno der 249 : _— 6 mars nice e ie de ele lpe ele BI 294 = 20 — PR SR RE FE 396 Æ 3 avril PR AUS 2 NN O NT EU 396 — 15 mai SR ATEN API ENT 526 Société Philomathique de Paris Séances des 9-22 décembre Rnousdoneten rt 46 -- 42 janvier RERO en dede à 84 = 26 — Pa CE LI OO DOE 11! 249 _ 9-23 février ae een 249 = If mai RS MS EM PNR 526 = 22,, juin ACTE CE APRES 646 = 43 juillet NE Eee ed 762 LE 9-23 novembre Esp. NE. RRQ 1066 Société Royale de Londres COMMUNCAHONSE em LE dass ece de -hhhenes LG ER. TE ST SE CE PETER TE USE 1116 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES, Commun allons serrer eee e eee Men ee e te 195 Séance du ( EC CO OO OO On de one 2491 |= Communications en. PE ET ER ER EN SR = 0 ER ee TE OA TT 295 — 2 M RE AE ME ee CRE 396 AAC Re 4 Re oo imite don douacooe dUCe cost 413 | Séance du T novembre HÉÉERRETTSS COCb Lee VIORT EE CRT CL RL em PC M 526 ; "es 7 = LT Si EP RÉ GENEEUR 0 2 OPITEU 571 Société Royale d'Edimbourg RE Rte AL Rat à 647 PRES Re 163 Séances des 21 novembre ASE RTC S6 FN ES Bi LEURS Ne 1e SIT PCs PAS 866 -— 3 décembre RS Pr 86 æ NS UND de Æ 1 gs IR ÆCPRARE V1) = cs ET RRe Er DAS Ci Ne FRS 932 — T janvier ARÔBE LEE rec t 140 ROMENR Se Meet PT I CONSEILS ggy|: Communigations "ER ee 474 ARE AR EC LRO. À 3 Séance du 17 avril ABS. eme -e0 ee DS Société d "si TE È c CLP ERREUR Académie des Sciences de Vienne SOTMUDILSANONSAANET AMI NUE NE MARINE ce ET Séances des 29 novembre 4894...... .......... 48 FE MU Aie Acte ae os DÉC ENS ENe" SE — 8: décembre Let LC ES 48 Séances des A1 janvier RÉF ES ad es dot 196 | Communications............:...... DT TRUE r 0 Mb 140 i 2: Car AN AN ERA 251 Séances des 18 janvier 1895... 197 — S février St Ten BA ie 251 ue 9 Le - à je 952 _— S-92 inars CEE TT n399 arS 7 évier ER Rene 239 CoMmMMICANONSES SLR de meer ee nee 866 LH 14-20 = a ? D 90 AS nuresessssesesseesreseeessesssene .. 1066 ae q Are RE ARR Ne 2 338 Séances des 25 octobre LOGE Enr ele Cire 1066 ee 14-21 LE otre ; 239 a SRE EEE ET 4 M0 = 10-17 octobre SEAR he 1028 COMMUNICATIONS EME EEE PER PE ET . 1108 Société de Chimie de Londres Séances des 24 octobre 10 RÉ 20e 1108 Si ARTE — 7-14 novembre Re Up RE 1108 COMMUNICATIONS eee ere ce eree mrreer ce 41 CR AE OU Rp CPR E EE EST CR 3 a Académie des Sciences d'Amsterdam ER ANRT qe ACCRA RE em On 252 | Séances des 29 décembre SO ee 86 Séances des 21 février ANDRE CE re 20 — 26 janvier ASIE ER RU 197 — 1 mars D NE . 38 — 23 février RE RE . 295 — 21 — Te O0 A LC — 30 mars fasse cran 400 — 21 (QUO) nee e RO VTE — 18 avril PSE energies 474 — 27 — Ne ER OS PR A GPA — 25 mai AA TT CS 648 = 23 avril SR 2 PuS01 | MCOMMUNICALONSR RER EE ee A EE EE re 867 — 2 mai RS TB de 572 — De eee ee OR LEE L'ÉREEe 907 GOMIMUDICAIONS 22e PLU re M cer ep eee 607 | Séances des 28 septembre 18m: Mae 992 A eo one sen NEC Pot LA PAS Be Ro 647 — 26 octobre RO OS 1067 IV. — CHRONIQUES Laurent (Achille), — L'empoisonnement des rivières — L'unification des méthodes d'analyse dans les tran- CHÉANSIPANOME LEA EME ee pere 439 SACHONSIALIAASNCTETICe ee eee CE De RCE 908 Orivier (L.). — L'Argon et le système des éléments... 199 V. — CONGRES Les travaux de l'Association francaise pour l’Avance- hinpton)2r mea ner PCR Dee 24% ment des Sciences au Congrès de Caen............ 159 | Congrès des Sociétés d'instruction populaire.......:... 797 Congrès géologique international (session de Was- Le Congrès des Naval Archilects à Paris en juin 1895. 816 VI. — CORRESPONDANCE Sur l'action physiologique des courants de grande fré- | Schmidt (lettre de M. Dwelshauvers-Dery)......... 832 quence {lettroide MS. Leduc)... 4... 81 | Sur les expériences de Hannay et Hogarth citées dans Sur l'Enseignement chimique en France (lettre de M. Ch. | la Revue du 30 août 1895 (lettre de M. P. Margue- 1 ET RE TR rein AE dot 358 | rite-Delacharlonny)e--#-"#7-"""tr0 errant 106$ | Sur un parallèle établi entre les machines Allis et “0b-9008 745) Lens iqu pente LE VI — NOTICES S NÉCROLOGIQUES F3 Ut se (0 EE TA PE PNEE De nue DIVERS ser Hommage à la mémoire de MRachenly. Ahomiea tr 1029 : Le monde mécanique et le monde énergétique. ....... 1030 TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS nee Her A: L., 110%. Abadie (Ch.), 761. Abadie (Dr), 991. Abbadie (d’), 243, 291, 951. Abelous, #4, #72, 606. Abney (capitaine), 251. Abraham, 393, 437. Adam.(A.), 565. Adam (P.), 989, 1105. Adamkiewicz, 761. Agassiz, 435. Aignan, 393. Alberda van Ekenstein (voir Ekens- tein). Albert Ier de Monaco, 81. Alheilig (M.), 898. Alvernhe (Dr), 392, 52: Amagat (E.-H.), 291, Amaral (A.-P. do), 64. Ambassade impériale de Russie, 81. Anderson, 251. Andouard, 42, 193, 195. . Andrade, 43, 353, 605, 989. André (D.), 193,.249,,393,,396, 526. Andreasch (R.), 197. Andrée (J.-A.), 604. Andrée (S.-M.), 470. Andrews (E.-R.), 547. Andrieu (P.), 39. Angot (A.), 1024. Apostoli, 354, 355 Appell ( Re 387, 519. Appert,.(L,), 389. Appleyard, "867, 1066. Archdeacon, 861. Arctowski, 159. Argyll (duc d’), 474. Arloing, 510. Armstrong Armstrong Arnaudeau, 192, 523. Arnold.(J.-0.), 826. Arnoux, 83, D Arsonval ca Artaud, 293, Arth, 139. Arthaud, 1107. Arthus, 1027. Aston (E.) ), 648. Astre (Ch.), 355, 4170830, Athanasiu, 645, 1064. Attems (Carl), 1#0. Aubeau (Dr), 13#. Aubert (E.), 1060. Auché, 82. Audain (Dr), 994. Auger, 412. Auric, 1105. Ausché, #4. Auscher, 525. Ausset, 138, ; 390,,010, 645, 760. 989, 990. 1 Les noms)imprimés ‘en, caractères gras sont ceux des auteurs des articles origmaux, Les chiffres gras reportent à ces articles. OITI4AHALA LI AT Autonne (L.), 37, 131, 186, 242, 131, 637, 947, 1026, 1058, 4101: ) Ayrton, 85, 251. #5) Azam, 761. Azoulay, 4454194. LES 1! 3o1fu6) B ) Babes (V.), 81, 137:2248,:1945:830! Babinski, 1064. 49 Bach, 44. \ { Bachmann (P.), 242. -1169 Bachmetjew, 295. Backer (Dr), 82 Backlund, 6%1. Baclé (L.), 1062. Baczewski, 1028. Baeyer!(A. de), 989. Baïlhache, 1026. Baillaud, 354. Baïllon, 185, 192 «3 Baker (J.-L.), 252, 831. Bakhuis Roozeboom, 87, 400: Bakhuysen (voir van de SandetBakhuy- sen). Balitrand,495.0- ” Bailand, 291, 354,436, 643, 865,990, 1063. Baly, 399. Bandsept, 1064. , Barbey, 568. Barbier, 760. Barbier (L.), 605. Barbier (P he ), 642. Bardes, 241. Bardey (Dr E.), 825. Barnett (R.-E.), 572. Barral (E.), 860. Barré (G.), 1060. Barré (L:), 490. Barillé, 81. Barthe, 139. Basin: (A.),:433. ii Basso, 829. Bateson (W.), 77. Battandier, 1925-6035, Baubigny, 396. Baudron (Dr I.), 79. Baum (Dr H.), 133. Baux, 353, Bayle, 400. Beadle, 295. Beattie, 140. Beaudet (L.), 826. Beauregard (H.), 522, 640, 158, S43% à 855, 950, 1061, 1107, Béchamp, 139, 1107. Becke, 295. Becker, 992, Bedell (F.), 788. Bedford, 1061. Bedson (Philipps), 867. Béhal, 411, 472, 569, 646, 193:1194,1.196 865, 951. Behrens (Th.-H.), 868. Beilth (Donald), 140. Bellairs, 648. UT-.H) srsfod ous rsilo T4 ,(.A) sono À=-N) sn04 +00 401 (snmoë ANSE TS ) 1908 Td0l ., Ort ,TE0t ,STA (4) s9iano4 .B6I ,.L) 064 | Belliard, 568. £ER PSSPIOE | Bemmelen EE 6,0 ,26b104 Bemmelen (W. van), 992: -H} esbroë Benech, 1106. 319 ,IT? ,oibrod Benischke, 48. bc Iorod Bentleyil85,1358,106 681 ,1& [of b13104 Berdal, 355. Bérenger-Féraud, 19. LE? ,(0110)-45z0€ Berg, 193, OUT LT) sdszzot Ber ger (P: 137, 355, 1027222 ,bisdomod Bergeron. 161, 1106. - CùÜ sbrsdouoë Bergonié, 248. dossdonofl Bergson, 290. l busuobuoëd Berlemont, 646. 08 Ffyoél Berlioz, 354, 355. E 08 «sisauod Bernard (Félix), 900, 990. sdli0o Bernardières (de), 1026. er fu Berrubé, 136. Berry (R.), 140. Berthault, 355, 468. Berthelot (D.),17, 436, 606, 607: a Berthelot (M.), 243,1136, 193,,246,- 2921) 353, 9354, 436, 524, 1568.61; 989, 1028. Berthier (A.), 565. Berthold Jeïteles, 440. Berthon, 188$. Bertillon (J.), 355, 1106. Bertrand (D'), 394. Bertrand (E.-C.), 1063. 11% 1p$14 Bertrand (G.), 42, 136, 139,:192,:3517, 606, 160, 761, 79%, 796, 1062, 1063. Bertrand (J.), 43, 136, 246, 292, 604: Bertrand (L.), 760. É Bertrand®(L.-E.), 391. nicol{irit Bertrand de Fontviolant, 4025. ©4142 Besancon, 42, 82, 951. Besson (A.), 191, 760. Beudon, 193, 470, 1105. : Bevan (E.-J.), 295, 601. ë Bevan (L.), 48. Bevyerinck, 908. Biarnès, 44. Bierens de Hahn (D.), 904, 992. Bictrix, 46, 249. Bigot (A.), 469 ct 430, 251. Bigourdan (G.), 523, 755, 1020. Billy (E. de), 38, 564. Binet (A.), 289, 193; 900. Bioche (Ch.), 46, 84, 195, 249, 646, 762, 1066. Birkeland, 524, Blache (R.), 830, 1027 Blackman, 250. Blaise, 646, 194, 796, S65. Blanc, 81. Blanchard (Em. hi 471, 523, 051,988 Blanchard (R.), 79, 189, 471. Blaschke (E) dos Bleicher, 355, 568. Bloch (M.), 1021. Blondel (A.), 193, 292. 3ôcher (M.), 348. Bœkel, 19%. Boinet, 606, 645. Boissieu (de), #72. Boistel (E.), 600. Boix, 570. 294,526; Bolam (H.-W.), 1061. Boltzmann, 140, 197. Bone (A.), 414. Bone (W.-A.), 47, 8 Bonnal, 194, 604. Bonnet, 1027. Bonnier (G.), 192. Bonnier (P.), 82, 248, 472, 1027, 1107. Boot (J.), 199. Bordage, 433. Ah Bordas, 46, 355,606, 1026. ! Bordas (E.), 639: 7 Bordier, 471, 644. Borel (A.), 642. Borel (E.), 131, Borrelly, 864. Bosek (Otto), 439. Bosscha (J.), 760. Bouchard, 288, 903, 1105. Bouchardat, 642. Boucherot, 525. Boudouard, 794. Bouffard, 864. Bougaïeff, 80, 247 Bouilhac, 1026. Boule, 194, 1106. Bourgès, 44. Bourgoin (A.-E.), 38. Bourlet (C.), 466. Bourquelot, 761, 1026, 1063. Boussinesq, 605, 641, 642, 643, 759. Boutan, 191, 761. Boutroux, 471. Bouty (E.), 605, 762, 796, 1064. Bouveault (L.), 605, 642, 760. Bouvier, 291, 641, 762, 821. Bowden, 1066. Branly, 436, 410. Braquehaye, 830. Brauner, 439. Brenkeleveen (van), 198. Brenning (Dr), 471. Bricard, 135. QE 193, 354,/637, 1105. Brillonin (M), 366 à 772, 948, 1037 à 1034, 1101. Brioschi, 1024. Brissaud, 288. Brizard, 1107. Broca (A.), 195, 356, 194, 831. Brocard, 192. Brochet, 80, 136, 139, 247, 292, 351, 646, 760, 1025, 1107. Brociner, 1063. Brocq (L.), 603. Broilliard (Ch.), 133. Brongniart, 46, 641. Brouardel, 1025. Brown (H.-T.), 295, 831. Bruce, 867. Brun (Ch.), 951. Brun (H. de), 131. Brunel (G.), 77. Brunel (H.), #4. Brunelle, 44. Bruner (L.), 471, 644 Brunhes Bras 717, 353, 524, 609 à 643, 762, 948. Brunner (Karl), 48, 252, 1028. Bryan, 140, 197, 866. Buchanan, 196. Budlay (K.), 439. Bukowski (Gejza v.), 48, 358. Burcker, 604, 646, 865. Bureau (Ed.), 135, 192, 193. Burke, 46. Burker, 1024. Burrow (W.), 358. EAUX GA TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS pe ge RE NS PE PE Et € LA. 403. IUOITA [qi Cadet de Gassicourt, 44, 606, 1106. Cadiot, 44, 794. Cahen (E.), 564. Cailletet, 294. Callandreau (0O.), 353. Calmette, 643. Cambier, 136, 139, 247, Camichel, 293, 860. Campredon, 524, 1105. Camus, 355, 394, 523. Canälot (E.), 299 à 335. Cannieu, 410. Cantor (Moritz), 76. Capon, 43. Cappelle (H. van), 87. Capstick, 249. Carey Foster, 1107. Cari- rene 521. Carles, 81. Carnot (A.), #3, 292, 353, 354, 641, 750. Carpentier (J.), 135, 291. Carr (F.-H.), 252, 867, 1108. oi e (E.), 292, 431. Carvallo (E.), 4 ee 135, 247, 29% Casalonga (D.-A.), 793, 989. Case, 251. Caspari (E.), 387, 404 à 40%. Castelnuovo, 793. Caullery (M.), 949, 1063, 1106. Cauro, 193. - Causse, 438. Caustier (E.), 293, 650 à 692. Cavalier (J.), 644, 796. Caventou, 44. Cayeux, 193, 246, 524. Cayley (A.), 192. Cazeneuve (P.), 355, 605. Cazes, 571. Chabrié, 294, 396, 604. Chalon le -F.), 564. Chapel, 42, 354. Chapman (A.-C.), 196, S61. Chappuis (J.), 471. Charcot, 288. Charcot (J.-B.), 248. Charlton Bastian (H.), 905. Charon (E.), 46, 139, 357, 396, 438, 472, 226, 571, 646, 796, S66, 1028, 1107. Charpentier (P.), 247, 304. Charpy (G.), 38, 136, 29% et 298, 131, SS2 à 585, 156, 189, 826, 899, 946, 988, 1019. Charrin (A.), 24 à 3%, 42, 82, 293, 355, 356, 525, 604, 606, 645, 161, 194, 1026, 1027, 1064. Chassevant, 293, 1027. Chatin (A.), 292, 524, 568, 644, 865, 1062. Chatin (J.), 191, 433, 410, 525, 606, 761. Chattavay, 764, 1108. Chaussey, 293. Chauveau, 293, 436, 571, 644, 760, 991. Chauveaud, 137. Chauvin, 645. Chavanne, 241. Chéron, 829. Chikashigé, 1067. Chipault, 830. Chorley (J.-C.), 358. Chrétien, 988. Chrystal, 474. Claisse, 1027. Clève, 436, 604. Clowes (Frank), 473. Clozier, 82, 394. 292, 357, 646. , 295, 898. 1119 Coculesco, 81. Coggia, 829. Cohen (3.-B.), 867. Cohn, 252, 295, 359, 992. Cein (J.-C.), 47 Cole, 4174. Colin (G.), ru 355, 865. Colin (L.), Colin (le b. , ‘980. Collie (Norman), 252, 413, 861. Collin, 394. Colombo, 137. Colson (A.), 43, 135, 357, 523, 642,106. Colson (R.), 80, 187. Combalot, 194. E Combes (A), 44, 138, 646. Commenge (D'), 525. Comte, 82. Coniel (J.), 135. Contejean (Ch.), 1061, 1106. Convert (F.), 536 à 62. Coote (A.-H.), 252. Cope (F.), 1067. Cordier (P.-L.-A.), 43. Coret (A.), 989, 990, 1025. Corlieu (Dr), 904. Corneau, 1026. Cornevin, 524. Corniel, 43. Cornil, 293, 471, 525. Cornu (A.;, 81, 52, 1030 et 14031. Cornu (M.), 191, 192. Cosserat (E.), 605, 643. Cotton (A.), 523, 524, 761. Courmont, 194, 472, 79%. Courtade, 194. Courtier, 793. Cousin (P.), 1058. Craig (Th.), 354. Crehore (A.-C.), 788 Crochetelle, 355. Croft, 251. Croneau (A.), 187, 1101. Crookes (W.), 99 à 401, 527 Cross (C.-F.), 295, 601. Crossley (A.-V.), 18. Crotte, 641. Crouzel, 605. Cruls, 435, 990. Crum Brown, #14. Cuénot (L.), 78, 1103. Curie (P.), 138, 637. Curtis, 1064. Czapek, 439, 1028. Czermak (P.), 140. 44, 19%, 525, 645, 761, 607, 762, 829, 951, A5A à 163, 947, 188, 433, 701, 950, D Daille, 137, 410. Damato, 80. Damour, 246. Damour (Emilio), 389. Dangeard, 136. Darboux (G.), 76, 292, 793. Daremberg, 644, 794, 990. rs 991. arier (Dr), 569, 644. Darzens (R.), 160. Dastre, 82, 248, 642, 991. Daubrée, 81, 136, 523, 604, 1063. Dautscher (Victor v.), 439. Davidson (B.), 48. 203, 354, 356, 437, 472, 1120 Debains (A.), 599. Debaussaux, 293. Debierre, 761. Debove, 394, 830. Debray, 471. Deer (N.-K.), 764. Defforges (G.), 471. Degrully, 604. Dehéraïin (H.), 620 à 632, 949. Dehérain (P.-P.), 35, 191, 393, 644, 192, 4008 à 4046, 1063. Déjerine (Mr), 293, 353: 356, 394, 510, 606, 645, 794, 1103, 1107. Déjerine (Mme), 356, 394, 1103. Delacre, 137, 866. Delage (Y.), 441 à 446. Delahaye (V.), 435. Delassus (E:), 643. Delaunay (N.), 525. Delauney, 1026. Delaurier, 354, 864. Delbet, 642. Delden (A. van), 475. Delebecque, 81, 435, 643, 861. Delemer (J.), 947. Delépine, 43, 136, 395. Delezenne, 525. Delhôtel, 357. Deligny, 903. Delley (R.-M.), 252, Delmas, 1026. Delorme (D'), 525, Delvalez, 988. Demarcay (E.), 519. Demeczky, 81. Demelin (D'), 902. Demenge (E.), 936. Denaiffe (Clément), 468. Denaiffe (Henri), 468. Denfer (J.), 242. Denigès (G.), 81, 354, 435. Deniker (J.), 133. Denza, 43. Depéret (Ch.), 136, 904. Desaint, 195, 292. Descroix (L.), 829. Deslandres (H.), 80, 247, 393, 568, 569, 605, 641, 903. 109$. Desoubry, 412. Despagnet, 570. Devaux (R.-L.), 988. Devereux Marshall (Ch.) chall). Devivaise, 865. Dewar, 140% et 403, 760. Diard, 760. Diener (Carl), 439. Diesen (van), 198, 992 Dieulafoy, 437, 471, 525 Diners (E.), 252. Ditte (A.), 135, 191, 193. Divers, 528, 1108. Dixon (A.-E.), 641, 648, 1108. Dixon (H.-H.), 84. Dobbie (J.-J.), 85. Dojes (P.-H.), 198, 295. Donciu (L.), 197. Doran (R.-E.), 641. Douvillé, 400. Douxami, 525, 642 Doyen (D'), LE. Doyon, ip sy Drach (J.), 131, 4: Dragendorf, 7 Drillon, 193. 139, 191, 291, 393, 870 à 886, 947 à (voir Mars- , 510, 644. Drouin (R.), 139. Druce Lander, 867. Dryepondt (Dr G.), 522. Dubois, 355. 5x) Dubois (A.), 759. Du Bois (H.), 349. Dubois (Raph.), 248, 293, 352. Duchartre (P.), 87. Ducla, 192, 246, 291, 192, 829. Dudebout, 1104. Duez, 160. Dufau (E.), 989, 1026. Dufet, 246. Dufour (Ch.), 792. Dugast, 141 à 158. Dujardin-Beaumetz, 248. Dumoulin (E.), 39 Dupare, 435. Dupasquier, 305, 646, 794. Duplay (S.), 606, 1064. Duponchel, 137, 491. Dupont, 616, 796. Dupuis (Ch.), 990. Dupuy (Edm.), 603. Durand (de Gros), 291. Durand-Fardel (Dr Ray.), 469. Durante, 44, 293, 471, 525. Duret (D'), 355. Dussau, 43. Dutil, 1024. Duval (Mathias), 82, 194, 248, 993. Dvwelshauvers-Dery (F.-V.), 243. Dwelshauvers-Dery (V.),, 923 et 274, 832. Dyck (Walther), 80, 81. Dyer (Bernard), 607. E Earl (A.), 287. Easton, 86. Eberhard (Dr), 431. Ebner (von), 197, 1028, 1108. Eder, 1108. Edna Walther, 867. Edser, 399. Edwin M. Eagles, 140. Eeden (F. van), 828. Effront, 605. Eginitis, 990, 1025. Einthoven, S67. Ekenstein (Alberda von), 992. Elevy (Dr), 471. SRE (Dr W.), 133. Elliot, Elster, . Empis, #4, 1106. Encausse, 1103. Enestrom, 523. Enge!, 46, 396, 438, 646. Engei (Fr.), 859. Engel (R.), 989. Engelmann, 643, 868, 1028. Enriques (F.), 793. Esmarch, 525. Esmiol, 1063. Espine (d’), 524. Estaunié, 1102, Etaix (L:.), 1022. Etard (A.), 193, 524, 1021. Etienne, 351. Eumorfopoulos, 196. Everett, 1107. Ewart, 474. Ewing, 140. 780 à 785, . et .sn4nst14 FE :i£0! ,19{bowox4 CHE 6 SO (19 x91bars A Fabre (Aug.), 988, :c{ Jh.., {ol ! Fabre-Domergue, 52%): 1e Fabry (Ch. M493:9: pce Fairbaïn, 474: : ny} (rot RE 194: 3 T0: Wal Faure (Camille)! 93, 988. toD\-edou' Faurie, 642, 864. Où (it) zou Faurot (L.), 751. Fauvel (D), 137.:» Fauvel (P.), 904. Fava:rd, 523. f 03,9 .0 Faye (H.), 193, 435, 989F01 Cl} wir Faymoreau d'Arquistadé (Alirde), 208 à TEA! 201 (10) ilemossls9 Fayollat (J.), 156.226 buse noilén Fayolle, 865. l ,301 {) sqqtieD Fchr (H.), 31, 16, 599) (788, 8254 8590 Felder (Cajetan v.), 48. 16 1072) Fenton (E.), 867. (CH) toit Fenton (H.-J.-H.), 196,18311) nosrsn Féré} #44, 82,948, 355, 991, 1027, 1064. Férée (J.), 4405. # Ferrand, 139, 644, 830, 904. J Féry (Ch.), 393. o Fick, 758. Fiesse (Ch.), 864. } Finger (J.), 48. Fischer (Ern.), 53. Fitzgerard (C.), 193. Fizeau, 81,246, 989. Flahault {Ch.), 44, 88,244, 1059. Flammarion (C.), 247, 1063. Flatau (D'° Edward), 758. Flechsig (Dr P.), 190. Fleischmann (L.), 439. Fleissner, 197. Fleurent, 793. Fleury, 396. Flinders Petrie, 528. Floquet (Ch.), 431. Floquet (G.), 4026, 1105. Flower (Sir Will.), 760. Folet, 293. Fontan (D'), 830, 4027. Fontan (J.), 391. Forcrand (de), 80, 355, 393, 604, G4# Forel, 829. Forster (0. 252,0527. Fe 2)2. Foucart (G.), 18 à 744. Fouché (E.), 353. Fouché (M.), 1063. Fouqué, 643, Fouret, 46, 195, 1066. Fournier, 1106. Fournier (D°), 570. Fournier (A.), 471. Fourtier (H.), 243. Foussereau, 135, 138, 356, 570. Fouzes-Diacon, 866. Foveau de Courmelles, 80, 248, Franchet, 249, 646, 1066. Franchimont, 198. Francois (Maurice), 193, 1063. Francois-Franck (C.-A.), 644 Frankland, 568. Frankland (E.), 764. Frankland (Percy), 414. Fraser (Th.-R.), 763. Frédérick, 1108. Frémont, 42. Frémont (Ch.), 642, 830, 1062. 258,561, 985, * Krenkna, 197. À LL Freundler, 1027. % Freundler (Ch.), 467 à 169. Freycinet (de), 1025.22 ou 2), 941084 _ Friedel, 294, 568SC «ou21smro(l-51d8 4 Friedel (Ch.), 359, 565$ 2642.40) vtr … Fritsch (Anton), 140. Ti «mdrr Fuchs (de Vienne), 197, 6420? ,%219 71 Fuchs (Gotth6ld), 1984, Fuchs (Th.), 140. fioso) ous i086 ,£19 G Fe l [) 1 G. C., 468, 949. ve: Gain (E.), 102220 ati ,£t ! (Gaillot, Sber-ivops£'h 0: : Galezowski (Dr), 194, 1027+ Galien Mingaud, 523,,° Galippe (V.), 194, 1060. Galt{Alex.), 396. Gannon, 84 Ganter (H.), 37 Garcon (J.), 984. Gariel (C.-M.), 294, 550 à 560,833 à 839. Garnault, 248, 437, 525, 1027, 1063. Garnett (H.), 139. Garnier (Christian), 294: Garnier (J.), 191. Garnier (Dr L.), 950. Garrigou-Lagrange, 193, 1106. Gascard (A.), 756. Gastine (G.), 188. Gaubè, 570, 645. : Gaudier, 44, 194. Gautier (Armand), 246, 102+. Gay (A.), 36, 75, 130, 185, 241, 285,346, 386, 388, 430, 465,517, 363,578 à 5SS2, 598, 636, 187, 82+, 858, 897, 1056, 1104. Gayon, 1027. Geddes (P.), 433. Gehuchten (A. van), Geikie, 1108. Geitler, 295, 1108. Geldard, 528. Genty (Paul), 46 Georgievics (G. v.), 48, 439.7 Gérard (E.), 292, 1062, 1102. Gérardin (L.), 602. Germe, 568. Gestel, 197. Giard (A.), 471, 1064. Gibier, 642. Gilbert, 44, 570, 794 Gilchrist, 414. Gilson, 523. Gin, 471. Gintl (Heinrich), 140. Girard (de Toulouse), 248. Girard (Aimé), 246, 523, 569, 192. Girard (Ch.), 355. Girard (J.), 949. Gladstone (J.-H.), 764. Glendiuning (A.), 1061. Gley, 44, 82, 137, 355, 394, 161, 865, 1026, 1064, 1106. Glücksmann (Carl), 1028. Godefiroy, 1108. Goguel (M.-H.), 788. Goguet, 569. Goldschmiedt (Guido), 1028. Gonessiat, 353. Goodwin (W.), 85. Gossart (E.), 160 à 164, Goudet, 1106. Gouré de Villemontée, 43. 350, 985. 223, 1615, Gourfein, 829. Goursat (E.), 195, 246, .2 396, 326, 1026. Gouy (G.), 4 à 7, 411, 1063. Gowland Hopkins, 41. Gramont (A. de), 435, 759, 1021. Grande Encyclopédie, 44; 19, 134, 190; 245, 290,2352,r 392. 434, 469, 522, 567, 603, 640, 863, 950, 987. Grandidier (A.), 49 à 53, 301. Grandjean, 196. Grandval, 568. Granger, 411, 866. Grasset (E.), S0 Grasset (H.), #1. Grassmann (Hermann), 859. Greenhill (A.-G.), 518, 568, 1101. Greeves (A.), 861. Gregg W ilson, S6. Gregor Fee ), 14028. Gréhant (N.), 3:36, 569, 644, 194, QOÙ. Griess (J.), 518. - Grifliths, 524, 568, 1107. Griffiths (A.-B.), 951. Griffiths (E.-N.), 295. Grimaux, 758, 196, 1063. Grimbert, 991, 4027. Grobben, 1028. Gross (Dr), 248. Gruvel, 44, 137, 193. Gubler, 1106. Guecia, 435, 470. Guebhard, 292, 524, 568. Guède (H.), 602. Guénard, 525. Guenez (E.), 38. Guëniot, 131. Guépin, 137. Guerbet, 796. Guérin, 248, 829, 1107. Guermonprez, 830. Guerronnan (A.), 860. Guignard (L.), #4, 136, 192, Guilbaud, 355. Guillaume, 83, 138, 294, 195. Guillaume (Ch.-Ed.), 243; 987, 349, 3274 à 380, 467, 525, 600, SS6 à 894, 984, 1102. Guillaume (J.), 43, 192, 605, 1062, Guillot, 792. Guinard, 292, 394, 472, 761, 793. Guinchant (J.),.604, 64%, 864. Guldberg, 643. Gulland, 4174. Guntz, 139, 435. Guppy, 140. Guye (Ch.-Eug.), 388. Guye (Ph.-A.), 137, 241; 288, 292,:349, 354, 410, 605, 641, 984, 1021, 1106. Guyon, 794. Guyot (A.), 193, 759. Guyou, 192, 291. 195, 246. H H. D., 352. Haberlandt, 197. Hada (S.), 252. Hadamard (J.), 42, 76, 564. Haddon, 605. Haga (T.), 528, 1108. Haiser, 252. Haller (A.), 187, 19%, 241, 565, 368, 604, 64, 192. Hallion, 62. 201 à 204, 644, 157, 159, Hallopeau, 394, 437, GH, 644. Halphen, 646. , Halt, 1027. Hambly, 831. Hamburger (H.-J.), 199, 296, 868, 907. Hanot, 138, 606, 761. Hanriot, 137, 357, 990. Harcourt (A. Vernon), 521: Hardy, 193, Harlé, 136. Harris Morris (G:), 29, 339, 831. Hartelius (T.-J.), 758. Hartmann (H.), 19, 392,52:, 567, 93% à 944, : Haton de la Goupillière, 989. Hatt (Ph.),,1020. Haudié (Edgard), 46, 83, 138, 193, 394, 356, 395, 438, 526, 511,.607, 645, 162 796, 831. Hauer (V.), 358. Haug (Emile), 80, 641, 900, 1022, 1086 à 4098. Haushalter, 1107. Hautefeuille, 135, 191. Hay (G.), 86. Hayay-25P:} bp Haycraîft (H.-C.), 85. Hayem, 248. Heberdey (Ph.), 197. Hébert (A.), 191, 246, 395; 950, 1102. Hcen (P. de), 243. Held (A.), 187. Hellriegel, 989. Helm (G.), 349. Helmholtz (de), 81. Henderson (G.-G.), 440, 410$. Henderson (James), #14. Henneguy (EF.), 901, 1066. Henriquez, 82. Henrivaux (J.), 389. Henrot, 951, 990. Henry, 43. Henry (A.), 243. Henry (Ch.), 136, 192, 643, 1062, 1107. Henry (L.), 436, 193, 436, 605, 192 1024. Hepperger (von), 439, Héricourt, 82, 4137, 394, 471, 990. Heringa, 992. Herissey, 1026. Hermary, 412. Hermite, 42, 136, 192, 951. Herrgott, 136, 191. Herroun, 866. Herselin, 865. Hervieux, #4,.525, 644, q91. Herzen (A.), 494 à 506. Herzfelder, 164. Herzig, 48, 1108. Hesselgren (E.), 643. Hescock (C.-T.), 139, 1067. Hibbert (Walther), 164. Hilber, 48. Hill (L.), 495. Hilt, 44 Hinrichs (G.-D.), 156. Hirsch (A.), ETS Hirsch (R.), 1028. Hirst (H.-R.), 867. Hlawapch (Carl), 295. Hodgkinson, 252, 648. Hoek (P.-P.-C.), 992, Holetschek, 1108. Holland Crompton, 140, 295. Holzmüller (Dr G.), 388, 947. Hoppe-Seyler, 194, 830. 469, 565,866, Howette, 435 Houllevigue (L.), 899. Hoive (H.-M.), 38. Howorth, 358. Hua, 1066. Hubert, 1027. Hubert (A.), 864. Hubert (d'), 760. Hübner (E.), 48 Hubrecht, 296. Hudelot, 137. Huggh Ramage, 295. Huguet (Dr), 865. Hugo (L.), 43, 136, 291. Hugot (C.), 792. Hugounenq, 248. Humbert (E.), 348. Humbert (Georges), 195, 470. Hummel (J.-J.), 439. Hunt, 1066. Hurmuzeseu, 42, 19%, 1105. Huxley, 643 Huygens (Christian), 904. 246, 241, 396, Imbert (Dr), 81. Imhof, 1025. Ince (Walter-H.), 139. Ingle (Harry), 648, 1108. Inspecteur de la navigation, 194. Iscovesco, 1107, Istrati, 565. J Jack (William-R.), 90%. Jacob de Cordemoy (H.), 1059, 1103. Jacolin, 990. Jacquet (Louis), 565. Jacquet (Lucien), 603. Jacquiot-Constant, 193. Jacquot, 472. Jadin, 751. Jammes, 602, 794. Tandrier, 989. Janet (Ch.), 80, 246, 411, 1024. Janet (P.), 83, 133, 195, 294. Jannettaz (Paul), 38, 789, 825. Janssen (J.), 135, 292, 436, 605, 641,793, 903, 988. Japp (Fr.-J.), 48, 196, 861. Jarry, 642, 795. Jaubert (G.-F.), 1107. Jaumann, 197, Javal, 865, Jay, 395, 646, 194. Jayle (F.), 4734 à 47%. Jean (Ferdinand), 4142 à 425. Jean (Jules), 412 à 425, Joergensen (Alfred\, 566. Joffre, 395, 526. Joly (A.), 641. Joly (J.), 84 Jolyet, 525. Jonchère, 82. Jonnesco (Dr), 1027. Jonquières (de), 247, 292, 56$. Jordan (Ch.), 292, 354, 605, Josué, 82, 472, 794. Joubin (L.), 602. Joué, 605. Joung (G.), 1108. Jourdain (P.), 954. Jourdan (El), 407 à 412. Jousseaume, 46. Jowett, 252. Julius (W.-H.), 648. Julliard, 355, 356. Jungfleisch (E.), 80, 193. Ki Kaiser (Wilhelm), 197. Kalindero, 194. Kalt (Dr), 248. Kamerlingh Onnes (H.-A.), 86. Kantor (S ), 989. Kapteyn (J.-C.), 648. Kapteyn (W.), 86. Kaufmann, 82, 136, 138, 394, 437, 991. Kellas (A.-M.), 571. Keisch, 248. Kelvin (Lord), 396, 1024. Kern (E.), 830. Kilian, 80, 246, 641, 643. Kirmisson, 569, 194, 1027. Klemencic, 295, Klobb, 951, Kluyver, 992, 116. Knoll, 295. Knott, 474. Koch (G.), 135. Koch (H. von), 136, 989. Kœæhler (Dr R.), 188, 639, 62, 988. Kéænigs (G.), 286, 470, 523, 526. Kæppen (Lothar de), 470. Kohn (L.);, 194. Koninck (voir Oeschner de Koninck). Konovaloff, 1095. Korda (Désiré), 353. Kostanecki, 1108. Koster Gzu (W.), 1068. KoubanoiT, 248. Kowalewsky, 641, 760. ER (TJ. de), 135, 138. Kraft (F.), 186. Kratshemer, 197. Kuenen, 868. Kunckel d'Herculais, 455, 523. Künstler, 793. 274 à L L. B., 348, 1058. L. O. (voir L. Olivier). La Baume- Pluvinel (A. de), 600. . Labbé, 43. Labbé (A.), 246. Laborde (J.-V.), 137, 194, 248, 355, 760, 830, 1027, 1062. Laborde (de Bordeaux), 606. Lacaze (Dr), 7245 à 353. Lacaze-Duthiers (de), 760. Lacour (E.), 387. Lacroix (A.), 194, 246, 394, Lafay, 43. Lafon, 246, 471. Lagneau, 355, 394. Lagrange (C.), 641. Lagrange (Dr F.), 471. Laguesse, 1027. Laigue (de), 1025. Laisant (C.-A.) 294, 396, 467, 526, 1020. Lajoux, 568. Lalesque, 761. Lallemand (Ch.), 186. Laloy (Dr L.), 133. Lamy (H.), 950. Lancereaux, 293, 830. 1062. de Lies, 14 re AE 191, 292, 293, 282, 46, 84, 459 ct 460, TABLE ALPHABÉTIQUE /DESIAUTEURS Lanchester, 1066..666 ,(.4-.L) enoz5bnsil Landauer (J.), 18934 ,£1 (19) owrstgodl Landerer (1.-3.), 1081 -(aoul 96) sn1qè Landouzy, 794. eat 160 (A) oniqédl Lang, 1108. 106 ,zy019 Langemeyer (Dr), ac8. (1) zu018I Langlois, 190, 355, 47242525, G4b3 194 901, 106%, 1104. SG EL ol Lannelongue, 11062, 4063: 1 9b yo a Lannoy (Stéphane dé), 470:! xost out Lapicque, 44/1137}/41384 203. on 529,1 603, 1027. of D BÉCAN! Laplanche (M.-C. de), 2% 4.14) 54229 Lapwoïth (A)$ 4781 (A 2() sanoit54 Larbalétrier (A), 938 41924. Larmor (J.), 41. C'.(17 20 Larrey (baron), 246, 951, 988.01 Lasne (Henri), 644. 1} rt Lauder (A.), 85 : Laugier, 44. noinas se SJ Laulanié, 248, 570. ùT ,ù Launay (L. de), 362 à #29, 6#1. ll Laurent (A.), 440. COX ZE A Laurent (E.), 41, 1023. 5x9} Laurie, 47, 295. ui Laussedat, 42. Laussedat (A.), 604. Lauth, 292, 616. Lavenir (A.), 388. Laveran, 44, 19%, 642, 994. Lavergne (Gaston), 350. Lavergne (Gérard), 8 à 23, 243. Laye, 192. Layet, 1106. Leau, 241. Lebeau, 988, 1024, 1025. ebetlo 1065. Le Bel, 472. Lebret (A.), 198, 992. Le Cadet (G.), 43, 864. Lecercle, 642, 193. Lechappe, 291. Le Chatelier (A.), 81. Le Chatelier (H.), 538, 830. Leclainche (E.), 1061. Lecomte (H.), 191, 246, 1060, 1103. Lecoq de Boisbaudran, 246, 292, 410, 520, 568, 604, 759, 1062. Lecornu, 396. Le Dantec (Félix), 80, 191, 194, 640, 275 à 280, 1082 à 1085, 1106. Ledé (Dr), 830. Le Dentu, 355, 437, 524. Leduc, 81, 394. Leduc (A. \, 247. Leduc (S.), 81. Lefèvre, 293, 472. Lefèvre (Léon), 29#. Lefrancois (voir Limonet). Léger, 193. Léger (E.), 80 Léger (M.), 354. Legrain, 131. Legros (Ct V.), 468. Leidié, 641. Leleux, 471. Lelicuvre, 131, 1101. Leloir (H.), 355. Lemaire, 796. Lemaistre (Dr), 437. Lemoine (E.), 1020. Lemoine (G.), 247, 582, Lemoine (J.), 1020. Lemoult, 864, 865, 903. 606, | 186, 529 à DEA 94 304, 24, 1105. - Lenderens (J.-B.), ABLE) ALPHABÉTIQUE DES | AUTEURS 1123 353..0001 ,101201{o1x Lepierre (Ch.), ÆTLET (.L) 1susbn Lépine (de Lyon), 1941 , ET 1919b084 Leroux, 39%, 1021. 8011 ours Leroux (J.), 524. 210 (1) savons Le’ Ro (H.9$ 2867 Le Roy, 191, 353. 4011 ,390t ,H0e Le Roy de Méritourt,c44/13%, 47444027. Le Royer (Alent}} G£h onelqte) we LeScœürs CS SE LUEUR Lesseps (Ferdinand de), 42, .f! Lesska (Fr.), T6& ,(:6 .9-.M Létienne (Dr A.), 189; 245, < 603, 758, BI ADEALA 1OSS I: led Letulle (Dr M.), 245. .(i É Levat, 526..880 ,1£0 ,9} ! Levavasseur (R.), 435, 410, 604) 793.2 Leveau (G.), 989. Le Verrier (U.),38, 197 à 183, Lévi, 606, 761. Lévy (LAF&BT Li Lévy (Maurice), ei 903. Lewes (V.-B.), Lezé (R.), 539 Lhuillier, 864. Lieben (Ad.), 295. Liebermann, 252. Liégeois, 194. Liévin, 568. 4 Ligvoier (0.), 472 ct 133. Limb (C.), 792, 830,948, 1059. Limonet dit Lefranc Wiss 829. ? Lindet (Louis), 46, 224 à 234, 216. 351, 192. Linder, 246, 292. Ling (Arthus L.), 252, 831. Linossier (G.), 355. Lion, 82, 137 Liouville (R.), 470. Lippmann (de Vienne), 197: Lippmann (G.), 82,83, 247, 524 Litleton (Mile F.-T.), 252. Livache, 436. Liveing, 760. Lobatschevsky, 1029. vif Lobry de Bruyn, 907, 992. Lockyer (N.), 568, 952,990, 991. Lodin (A.), 569. Loewy (Maurice), #3, 81, 439;:643, 159. Loir (D"), 434. Lombroso (Cesare), 902. Lorentz (H.-A.), 87. Lortet, 758: Lory, 193. Lothelier (A.), 985. Longuinine (W.), 990. Lovén, 903. Loven (Sven Ludwig), 1028: Lowy (E.), 439. Lucas (A.), 604. Lucas (Félix), 759: Tépine (R.), 934,988. 20 ,xuobosil I à 271: F +0 Lucas-Championnière (J.), 248; 471, 194, 1062. Ludwig, 568, 1027. Lumière (Aug.), 410, 601, 4034 à 1035. Lumière (L.), 410, 601, 1034 à 1058. Luxmoore (C.-M.), 8617, 1067. Luys, 525, 760. Lyon (G.), 1104. Mac-Callum (W.), 252. Mac-Clelland, 251. . | Macdonald (G.), cé ,001 e2iolensdl 5711. Mac-Donald (G.-W.), 4 | Macé, 829. . Macé de Lépinay{(d.), 435. | Mac-Gillavry, 87, 215. Mac-Kendrich, 86. Maclean (Magnus), 396. Mac-Laurin, 252. Magitot, 293, 355. Magnan, 760. Magnier dela Source, 1063. Magnin (Ant.), 861, 986. Mahler, 358. Malassez, 82. Malbot. (A.), 904. Malbot (H.), 904. Malgat (D'), 248 Malherbe (de), 2#1. Mallèvre (A.), 42, 136, 139, 1062, Maltézos (C.), 435, 829. Malvezin (P.), 1020. Mamert (Thomas), 138. Manceau, 1025. Maneuvrier (G.), 642. Mangin, 525, 1107. Mangin (L.), 524. Mann (Harold-H.), 648. Mannheim (A.), 46, 354. Maquenne (L.),.38, 357,. 433, 468, , 150, 1022, 1106. Marchal, 606, 1063. Marchand (Dr), #71. Marchaux, 1027. Marchis, 294. Maréchal (A.), 132. Marey, 136, 160, 830. Marfan (Dr), 189. 860, 53 à 56, 899, . 903, Marguerite-Delacharlonny (P.), 1068. Marie (T.), 899. Marillier (L.), #1, 522, Marinesco, 137, 194, > 1107. Marion, 1024. Marjolin, 293. Markoff (André), 524. Marmier (Louis), 1023. Marmorek, 248, 356. Marqfoy, 1024. Marre (Eug.), 350. Marsden Manson, 135. Marshall (B.-C.), 527. 8 8, Marshall (Oh. Devereux), 572. 196, 1407. Marshall (Dorothy), Martel, 990. Martel (E.-A.), 566, Martin (F.), 1065. Martin (J.), 193, 194, 394, 435, 604, 606, 19%, 829, 2465 248, 292; 436, 410, 471, 642, 643, G44, 864, 865, 904, 951, 988, 28, 987, 1023. 356, 606, 1027, 43444, S0, 51,.436,11317,192 293,354, 35b; 524, 1568, 569, 160, 761,793, 989; 990, 1026, 1027, 1063, 1103, 1106. Martin (K.), 907, 1068. Martinaud (V.), 643, 988: Martinet, 642. Mascart, 410. Masoin, 194, 355. Massart (Jean), 214. Masséé (Jean), 826. Massey, 568. Massieu, 795. Massol, 792, 865. Matheron, 81, 135. Mathias (E.), 61% à 649. Matignon (C.), 42, #4, 80, 81, 136, 137, 193, 246,.2£8, 291, 191, 192, 292, 354, 139, 355, 394, 435, 470, 471, 429 à 493, 523, 524, 568, 569, 604, 606, 641, 649, 760, 761, 193, 194, 829, $30, 864; 903, 904, 951, 988. 989, 990, 1024; 1026, 1027, 1062, 106-. 1106-5404 Mäaumené, 42, 44, 46, 435,439, TR 472, 569, 571, 606, 646, 865, 1106. ‘ Maurain, 793. f Maurange (G.), 134, 289,,392,,567, 603; 194, 902, 950. Maurin (Ch.), 983. Mayencon, 292. I Maze (abbé), 393, 7192. il Mazelle (E.), 1108. At Medley, 85, 251. Meerens (Ch.), 568. Mégnin (P.), 991. Meldola (R;),197: 647,.1066. Mendel (Prof.), 758. Mendeleef, 903. Mensbrugghe G. van der), ÿ5L, Mer ( (Em.), 193 Méray (Ch.), 347. Mertens (F1.), 295; ‘ Meslans, 135. Meslin (G.), 192. # Mesnard (Eug.), 244. Mesnet (Dr E.), 986. Mesnil (F.), 640, 1023. Mettetal, 1024. Meunier, 138. Meunier (Stanislas), 492, 4026. Meunier (Victor), 901. Meyer, 355, 645. Michaels (Dr), 137. Michel-Lévy (A.), 193; 644, 793. Michotte (F.), 14059. Mignet (F.), 1024: Mignot (Dr), 951. Miles Walker, 85. Millardet, 42, 44. Millet (S.), 194. Mills (Ch.), 1067. Milne-Edwards 207%. Minchin, 399, 647, 1066: Minel (P.), 187, 859. Minguin, 568: Ministre de la Guctre, 989. Ministre de l'nstruction publique, 81. Ministre des Affaires étrangères, 135, 191. Miquel (P.), 904. Mirallié, 293, 356, 645 Mirinny, 435. Mislawsky, 645. Moëssard, 568, Es Moissan (H.), 42, 43, 80; 81, 136, 494, 195, 472% à 499 154% 515, yet 568, 644, 642, 951 "188, 990, 1025, INTER Mojsisowics (deŸ, 1063 Molteni, 438. Moncoryo! 865, 1106. Mond (L.), 866. Monet (E.), 470. Monod, 472. Monod (C.), 137, 1106. Monod (Ed.-G.), 467. Montessus (de), 569. Montessus de Bällore (dé), Moody (Gérald-T.), 439, Morat (de Lyon), 248. Morax (V.), 392, 603. Moreau (G.), 192, 353, 468. Moreau (H.), #4. Moreigne, 357. 01 #30 8 Moret de or 1026. (A.), 292,902: 11 1Q % TABLE ALPHABÉTIQUE DÉS AUTEURS ! Morisani, 355. Morisot, 793. Morris Travers, 861. Mosnier (A.), 247. Mosnv, 82. Mossé (A.), 1027. Motet, 82, 644 Mott (Fr.-W.), 763. Mouchet (Dr), 82. Mougeot, #4, 131. Mounet, 291. Mourcaux (Th.), 81. Mouret, 248. Mouret |G.), 909 à 947, 1004 à 1008, 1071 à 1081. Moureu, 1027, 1062, 4105. Mourier (Dr), 761. Mourlot (A.), 792. Moussous (A.), 758. Mouton, 1064. Moynier de Villepoix, 292. Mulder, 907, 992. Muller, 643. Müller (P.-T.), 32 à 35. Müller (Th.), 247 Mullin (A.), 388. Munro, 474. N Naber, 399. Nabias (B. de), 826. Nalepa (Alf.), 252, 1028, 1108. Nansen, 643. Nastukoff, 989. Natterer, 197. Nencki, 1027. Nepveu, 606. Nerville (F. de), 788. Neville (F.-H.), 139, 1067. Newall (F.), 249. Newcomb (S.), 42, 641. Newth (G.-S.), 1108. Neumann, 604. Nicaise, 569, 606, 991. Nichols (Edward), 432. Nicolaïew (de), 903. Nicolas (Dr Ad.), 189. Nicolas, de Lyon, 1107. Niewenglowski (B.), 431, 519. Niewenglowski (G.-H.), 187. Nivière, 864, 1027. Nobécourt, 1021. Nocard (Ed.), 19%, 434, 569, 991, 1061, Nodel, 865. Noé, 19%, 437, 569. Noguës, 136, 990. Nolan, 642. Nordenskiold, 470. Norman Collie (voir Collie). Norman Lockyer (voir Lockÿer). 0 Oates (W.-H.), 85. Obermayer (Albert v.), 1028. Ocagne (M. d’), 195, 249, 295, 393, 396, 1020. Œschner de Coninck, 393, 569, 570, 194, Œttinger (Carl), 358 Olivier (E.), 355, 602. Olivier (L.), ou L. O., 87, 134, 200, 235 à 238,358, 361,425 à 427, 253 et 254, 151, 908. Ollier (L.), 289, 1062. Olszewski (K.), 104 à 403, 796. 135, 246, 247, Omelianski, 1026. Onimus, 1027. Oosting (H.-J.), 296, 1068. Orme Masson, 41. Orton, 1067. Osaka (Y.), 252. Osmond (F.), 1026. Ostrousky, 604, 645. Ostwald (W.), 988, 1069 à 4071. Oudemans, 906. Oustimovitch, 193. Ouvrard, 903, 1105. Overeem (M. van), 648, 907. P Pabst (Camille), 566. Pachon, 44, 570, 865. Pagnoul, 436. Painlevé (Paul), 131, 195, 829. Pallas, 759. Panas, 248, 993, 644 Papavasiliu, 295. Paquier, 524, Parenty (H.), 80. Päris (Amiral), 291. Parmentier (F.), 1025. Parona (Corrado), 188. Paschl (C.), 1098. Passy (Jacques), 291. Pasteur (L.), 869, 954, 988, 1094, 1029. Pate, 764. Patein (G.), 989. Paton (Noël), 140, 474. Pattison Muir, 140. Paulhan (Fr.), 520. Péan, 137, 355, 525, 902, 991. Pech de Cadel, 903. Peddie (W.), 86, 140, 474, 528. Pekelharing (C.-A.), 475. Pélabon (H. ), 903. Pellat, 83, 395, 435, 438, 607, 645 Pellet (A.), 604. Pellet (H.), 826. Pelsencer (P.), 434. Penck, 641. Pépin (P.), 605. Perchot, 410. Perez, 193. - Périer (Ch.), 606. Perkin (A.-G.), 252, 439 1108. Perkin (W.-H.), 47, 474. Perman (E.-P.), 572. Perreau (F.), 1021. Perrier (E.), 294. Perrier (G.), 471, 643. Perrin (A.), 80, 989. Perrin (H.-W.), 295. Perrin (R.), 42, 43, 80. Perroncito, 761. Perrot, 796. Perrotin, 990, Petit (H.), 354. Petit (P.), 133, 5@6, 1102. Pétrie (voir Flinders Petrie). Pétrovitch, 435, 1025. Peyrou (J.), 43. Peytoureau (S.-A.), 862. Phipson (T.-L.), 1062. Phisalix, 436, 606, 19%, 1063, 4106. Picard (Em.), 43, 247, 292, 295, 643, 792, 1105. 228, 164, 1067, 48, 85, 252, 358, 1024. 354, N T1 24 LR" 7 + TF8 Mr ve A PR AE DRE RS 953 à 958, 291, 333, 159, 1028, id 119 ,51u0099$ Picart (L.), 1105. Pickering (J.-W.), 641. Dis Pickcring (S.-U.), 764. :25F past (Raoul), 42, 43, 81, 36, 194, 1020 Dane 81, 1062. Pigeon (L.), 355.. Pillet, 44, 794, 991, 1027. Piltschikoff. "992 Pinard (A.), 82, 830, 1064. Pionchon, 11, 410, 1102. Pittard (Eugène), 416. Pizon, 248, 794. Planchon (L.), 288. Platt, 951. Plimpton, 358. Pocher, 472. Pohl (Julius), 140. Poincaré (A.), 435, 643, 951, 1026. ‘ Poincaré, (H.), 135, 492, 216, 247,435, 983, 1105. Poincaré (L.), 71, 899, 948, 1021, 4059. Poirault (G.), 520, 761, 829. Pollak (F.), 252. Pomel, 42, Pomeranz, 48. Poncet (Dr), 137, 525, 991. Ponsot (A.), 45, 46, 193, 247, 523, 570. Pope (W.-J.), 85, 252, 358, 439. Porter (A.-W.), 196. Pousson, #70. Pozzi (Dr), 137, 355. Prada (Manuel Vasquez), 1025. Prenant (A.), 123 à 428. Prentice (D.), 1108. Preston (Th.), 281. Préville (A. de), 352. Prillieux, 191, 192. Prompt, 246. Proust (A.), 44. Prud'homme, 295, 438, 288, 353, 639, 860, 472, 646, 796, 984. Prunet, 44, 192. Prunier, 991, 1027. Puiseux, 439, 643, 159. Pum (G.), 252. Purdie, 607, 1067. Puschl, 1108. Putnam (G.-R.), 568. Q Quénu, 524, 567. Quesneville (G.), 989. Queva (Ch.), 861. Rabaut (Ch.), 568. Raciborski (M.), 761, 829. Racovitza, 44, 248, 761. Radais (Maxime), 789. Rafly, 249, 295, 396, 526. Raichline, 645. Raillet, 472. Rambaud, 43, 604. Ramsay (W.), 90 à 99, 192, 197, 354, 393, 524, 527, 760, 866, 867, 1107. Ranvicr, 44, 81, 1106, 1107. Raoult (F.-M.), 792. Rasch (J.-W.), 193. Rateau (A.), 348. Ratz, 140. Raveau (C.), 82, 1066. Rayet (G.), 292, 1063, 1105. Rayleigh (J. W.), 99 99, 192. Rebière (A.), 190. coura, 641. clus a IE AN .. 64 qu! me ddro À SR : ë enaut (de Lyon), 293. | Renaut (B.), 137. unie (Edward-H.), 867. -Rénon, #4, 194, 355, 437, 525, 645, 19%, 1027. Renou (E.), 291. Renterghem (A.-W. van), 828. Repelin, on _Repin, 2 Resal (H, Se 16, 291, 898, 988. Rettérer (E), 82, 993 à 1000. Retzius, 192. Revil, 136, 642. Rey (Jean), 565. Rey-Pailhade, 525. Revt, 43, 246. Rhodes, 866, 1066. Richard (G.), 825. Richard (J.), 135, 394. Richard (P.), 1063. Richelot, 293. Richer (D' P.), 3335 à 343, 437. Richet (Ch.), 44, 82, 137, 389, 394, 471 525, 510, 990. Richter, 48, 1108. _Richthofen (von), 80, 135. Rietsch, 865. Rigollot (H.), 760. Riquier, S0. Ritter, 435. Rivals, 292, 354, 568, 604, 642. Rive (de la), 523. Rivière, 161, 1026. Robin (A.), 570, 991. Rochard (J.), 606, 608, 1027 Roche (C.), 898. Roché (G.), 409 à 422, 291. Rocques (X.), 246. Roger, 248, 356, 525, 191. Roguel (F.), 641. Romanès (G.), 140. Romburgh (P. von), 87, 296. Romilly (F. de), 136, 292. Roos (L.), 393 à S15. Roques (Ferd.), ?69. Roques (G.), 355. Rosard, 291. Rose (T.-K.), 607, 867. Rosensthiel (A.), 191, 192, 193, 357, 393‘ 438, 472. Rossard, 354, 1024, 1105. Rosthner (Ernst), 48. Rouché, 292. Roula (Franz), 1028. Roule (L., 193, 586 à 593, 760, 1106. Rousseau, 990. Rousseaux (E.), 133 et 134. Roussy, 356. Rouvier (G.), 569. Rouville (E. de), 420 et 174. Roux, 645, 1106. Rücker, 399. Rudio (F.), 31. .- Rué, ns . Ruhemann, 1061. Ruiz-Castizo (José), 1026. © + [ec] CU . el V'T$ 91" TABLE, ALPHABÉTIQUE DES, AUTEURS ! Sabatier, 191, 760. Sabatier (A.), 81. Sabatier (P.), 353, 569, 571, 604. Sachs (H.), 39. Saillard (Ch.), 826 Saint-Loup (Remy), 1063, 1106. Saint-Philippe (Dr), 431. Salisbury (marquis de), 951. Salomon (H.), 43. Salomons (Sir David), 46. Salvert (F. de), 524, 604. Sanchez-Toledo, 4% Sande Bakhuysen (van de), 197. Sans (E.), 193. Saporta (A. de), 39, 191. Saporta (G. de), 191, 359. Sappey, 248. Sappin-Trouffy, 135, 864. Sarrat, 136, 1062. Sarrau, 159. Sauvageau (C.), 350, 520, 566, 390. Sauzier, 904. Saville Shaw, 867. Savoire, 606. Sayn, 193. Scheurer-Kestner, 990. Schlesinger (Prof. Dr L.), 599, 642. Schlæsing père, 246, 292, 864. Schlæsing fils, 605, 989, 1024. Schoute (P.-H.), 87, 199, 296, 400, 474 415,648, 868, 908, 992, 1068. Schrader, 643. Schrawhofer {Franz), 1028. Schrœæder van der Kolk (J.-L.-C.), 87 Schubert, 247. Schulhof, 1025. Schulke (Dr A.), 859. Schumann (V.), 252. Schunck (Edward), 197. Schur {W.), 1062. Schuster (A.), 81, g Schutzenberger, 355, 523, 269. Schwarz, 643. Scott (C.-A.), 348. Sedgwick (Miss A.-P.), 473. Seeliger (H.), 1108. Séguier (J.-A. de), 286. Seguy, 393, 192. / Sellier, 525. Senderens, 569, 604. Sergent, 431, 472. Serrant (Ern.), 899. Serres (Louis), 899. Serret (Paul), 864, 865, 904. Seynes (de), 435. Sharp, 866. Shelford Bidwell, 1066. Sherrington (C.-S.), 763. Shields (J.), 866. Show, 1108. Siacci, 43. Sibenrock, 1028. Sidney Young, 46, 1108. Sicrtsema (L.-H.), 198. Sigalas, 470. Sigaud (Dr C.), 469. Sigmund (W.), 1108. Silvestri (de), 194. Simon, 395, 438, 569, 196. Sipière, 192. Skinner, 251. Skraup, 140, 252. Smith (John), 86. Smithells (A.), 1108. — Smits (A.), 1068. l Société Royale de Londres, 103 ! R à 407%. = Sonstadt (E.), 1067. l Ï Sorel (E.), $25, 839 à 846, 1038 à 4049. CUT FF Pr Soret (A.), 187. % Sorter (A.-W.), 5%6. # Sottas, 510, 606. 2 Soulié, 412, 323, 510. . Soulier (Henry), 351, 644. Soupault, 830. EUR Souques, 525. LA Soury (J.), 41, 62 à 2 351, 158, 191, 2 863, 902, 986. + Springer (Dr M), 971 à 97% 7 Stæckel (P.), 43, 903, 988. 5 Stanley Kipping (F.), 85, 295, 358, 439, " 512. Ù Starch, 606. 4 Steindachner, ua “| ; Stern (A.-L.), 4 À Stieljes, 80. à Stodolkiewitz (A.-J.), 84, 353, 436, Stokvis (B.), 992. Stoney (Johnston), 399. È Stouft, 42. à Streatfeld (F.-W.), 197, Stricht (Van der), 355. Stroobant (P.), 755. Sturany (Rudolf), 197. Sturm (Rudolf), 37 Suberbie (L.), 745 à 217%. Suchard, 1107. Sudborough (J.-I.), Sulliot, 159. Sundt (Lorenzo), 135. Suringar (W.-F.-R), 296. Surmont, #4, 194. Swyngedauw (R.), Sy, 43, 604. 1066. 48, 85, 521, 528. 159, 192. T Tacchini (P.), 136, 393, Tait, 86, 140, 474. Tambor, 1108. Tannenberg (Wladimir de), 354. Tannery (:), 131. Tannery (P.), 246. Tanret, 191, 294, 354, 646. Tarchanow, 606. Tardy, 642. Tarnier, 248. Tassilly, 393, 641. Tchebichef, #2. Téguor, 829. ù Teisserene de Bort (L.), 164 à 46%, 436. Teissicer, #4, 193. Teissier (de Lyon), 194. Teissier (P.), 761. Termier, 1027, 1106. Testut (Léo), 394. Thézard, 568, 760. Thierry (de), 435. Thiriet (A.), 1022. Thiroloix, 356. Thomas, 395, 645, 196, 1106. Thomas (G.-L.), 1108. Thomas (V.), 247, 357, 568, 160, 192. Thomas-Mamert, 866. Thompson (Silvanus-P.), 85, 600, s6b 1066. Thoulet (J.), 248, 353. Thybaut {A.), 988. 238, 524, 57, 1126 Tieghem (van), GA Tilden (Will.-A.), Tillaux, 44. Tillie (J.), 763. Tillo (Alexis de), 990, 102€, Timiriazeff, 248. Tissandier (G.), 523. Tisserand (F.), 136, 380 à 384, 989, 1063. Tissot, 293, 354, 356, 645. Torrés (Léonardo), 393. Touche (P.-E.), 760. Touchimbert (F.-S. de), 136 Toulouse (E.), 1027. Traguair, #74. Traverso, 354. Treik (Jos.), 252. Tresse, 247. Troost, 903, 1105. Trouessart, 138, 79%, 1103. Trouillet, 761. Trubert (A.),.42, 605. Tudor Cundall (J.); 867. Tamlirz (O.), 358. Turner (Six W.), 47 136, 759, 193, 089, 14. U Urbain (E., 204 à 223,146 à 450, 826, 1028. v Vaillant (L.), 248, 526. Vaillard, 569. Valcourt (Dr de), 1106. Valenta, 1108. Vallier (E.), 136, 155, 989. Vallin, 44, 525. Vallot (J.), 566. Valois, 570. Vaquez, 293. Varet (Raoul), 353, 646, 864, 903, 988, Vaschy, 43, 135, 192. Väudin (L.), 435, 864. Vautier, 642, 643, 1064. Vayssière, 643. Veley (H.), 140. Venukoff (général), 191, 642 Verneuil, 395, 606, 608, 641. ° een 1022, , LL dRë CHEN hs8:l Verschaffelt (J.), 907. Vesque, 394. lVedsioti(e)}1 13%. ) Vialleton, 158. Viard Di) 102700 ai TA Viau (G.), 901. Vieille (P.), 755. [AHIIA f Vigouroux, 135,246; 292, 569, 1026, 1063. Villard, 191, 605, 759, 795, 642 Villars (E. de), 949. Ville (J.), 410. Villiers (At), 43, 80, 81, 135, 136, 139101011498, 1291, 29480 395, 865. Vincent (DrH.), 522. Vinot (J.), 81, 605, 829. Violle (J:),410, 642, 643, Te 106%. Vislicenus (D.-W.-F.), 242 Vitzou (Ales.-N. |, 904. Vivet (L.), 816 à S24, 898, 947. Vivien, 136. : Vogel (Dr), 400. Vogt.(Carl), 475, 523. Vries (J. de), 86,992, 1067. Vuillemin, 293, 1063. Vuillemin (D° C.), 758. W Waals (J.-D. van der), 198, 648, 907. Wallace Walker (J.), ‘607, 648, 831, 867, 1067, Wallerant, 293,523, 4062, Wallon, 355. Wardell Stles (D' Ch.), 471 Wassmuth (A.), 439. Wedensky, 44 Wesscheider (R.), 252. Weierstrass, 246, 353, 4 Weineck, 358. Weisack, 292. Weiss (G.), 195, 253 à 269, 1021 Weiss (Pierre), 393, 438, 195. Welsch, 606. Wenieck, 197. Wentworth Jones, 1108. Wernicke, 862. ï ! ERRATA P, 46, au licu de Faurel, lire Fouret. P:1685, = Thomson (S. P.), lire Taomrson (S. P.\. POST — P:M431} _ J. Drack, lire J. DracH. P. 439, — 189 139, —— Wyndham R. Dunsion, lire WyÿNp#au Pe927 — R. Duxsran. 1 159, - P:4194 — Audouard, lire ANDOUARD. P. 864, — PA98 — Alfred ©. Clapman, live ALrre C. ; DES AUTEURS fDIAO 24 J0IT HAE RC SUV: ATON Wertheimer (E.), 391. RÉERA o1. Nes r dar, ee Wickersheiïm, Wiener (Otto), 609. Wilkomm (Moriz), 1028. Williamson (S.), 1067. Willotte, 81. Winogradsky (S.), Winter, 1026, 1107. À Wirtinger (Wilhelm), 358, 1028, 1058. Witz (A.), 243, 348, 432, G43 à 647%, 825, 829, 859, 1058, 1101. Womack, 85. Workler ner 474: ? 1062. CR : — ,23MI44 Worms; 764105liqe 81 ,2591u002 251 Worohine, 4025: AJ 44 2017410842 Wright (Lewis T3; BY 16q —- "| Wulker:(MllerC:},:252. —" at mo0 À Wurtz, 1437, 522 osent Wyndham R. Dunstans:1139;252, 867, 1108. Wiyÿnne (W.2P.),-572; 867:041u02 ao A Wyrouboft, 46, 138, 394, 395, 4028:10 2 6/99 1 — x À XXX.. 506 à 514, 593 à 595. y Yersin, 570. Young (Gvorges), 164. Yule (G.-V.), 196, 399. VA Zachariadès, 1064. Zdenek Peske, 439. Zeemann (P.), 198, 992, 1068. Zeiller, 43, 492, 360, 604. Zenger (Ch.-V.), 353, 411, 568, 569, 605, 641, 864, 865, 903, 904, 1105. Zickel, 1028. Zochios, 435. Zorn (L.), 44. Zwaardemaker (B.), 908. Zwiers (H.-J.), 198, 295. CHAPMAN. Ebnor (V.), lire von Eëxer. Harvis Morris, lire Harris Morris. Anslrong (Dr), lire ArMSrROoNG (D"). Sarran, lire SARRAU. Guinchaut, lire GuINCHANT. CAUATUA 840 AUQTIASLHIJZ AJAZT .10E (D: Jontiodtio 7 | ; AHAS (brsubs X)